SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Paris. — [rmprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 9 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE PR ui. DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 TOME NEUVIÈME PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ AUE DE GRENELLE-SAINT-GERNAIN, 84 1562 LISTE DES MEMBRES SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PENDANT L'ANNÉE 1861. ADAMOWICZ, conseiller d’État, ancien professeur à l’Université de Vilua (Lithuanie), — Correspondant à Paris : M. Ad. d'Avril, rue Marbeuf, 13. ANDOUARD (AMBROISE), pharmacien, rue Saint-Clément, 96, à Nantes. BARTHÉS (CHARLES), librairg-éditeur, rue de Verneuil, 5, à Paris. BASSEVILLE, horticulteur, rue des Tournelles, 6, à Passy (Paris). BIANCA (JosErx), à Avola (Sicile). BOURGADE (EMMANUEL), docteur en médecine, rue Lamothe, à Libourne (Gironde). CASTELLO DE PAIVA {le baron de), rue de Chiado, 40, à Lisbonne. COURBON (ALFRED), chirargien-major de la frégate l’Astrée (division navale du golfe du Mexique). vi SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DALIMIER (PauL), docteur ès sciences, rue des Écoles, 72, à Paris. DELAMARE, docteur en médecine, professeur à l’École de médecine, rue Piron, 1, à Nantes. DUFOUR (Épouaro), licencié ès sciences, directeur de l'École supérieure professionnelle, rue des Coulées, à Nantes. 4 GENEVIER (GASTON), pharmacien, à Mortagne-sur-Sèvre (Vendée). GUINGUE (HiPPOLYTE), docteur en médecine, à Jarnages (Creuse). HÉNON, docteur en médecine, député au Corps législatif, rue Madame, 40, à Paris. LAUTOUR, pharmacien, à Vassy-près-Vire (Calvados). LOLLIOT, pharmacien, à Soissons (Aisne). MALINVAUD (ERNEST), interne en médecine, à l'hôpital de Limoges (Haute- Vienne). MARION DE BAULIEU (RENÉ), rue Saint-Laurent, 8, à Nantes. MAURICEAU, Boulevard Montparnasse, 147, à Paris. MIÉGEVILLE (l'abbé), à Notre-Dame de Garaison, par Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées). MILLARDET (ALExIS), étudiant en médecine, rue des Écoles, 72, à Paris. PASTEUR (Louis), directeur des études scientifiques à l'École normale supé- rieure, rue d’'Ulm, 45, à Paris. PLU (ALFRED), docteur en médecine, au Grand-Lucé (Sarthe). ROYET (EUGÈNE), docteur en médecine, à Issoudun (Indre). SAINT-GERMAIN (Louis DE), docteur en médecine, rue de la Pépinière, 11, à Paris. SALVE (SÉBASTIEN DE), propriétaire, place des Prêcheurs, 4, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). SIMON (JULESs), docteur en médecine, rue de la Victoire, 85, à Paris. THIOUVENEL (AUGUSTE), ancien officier d'état-major, conservateur du jardin botanique, faubourg Bourgogne, 92, à Orléans. TRIBOUT (A.), docteur en médecine, médecin-major au 20° régiment d'infan- terie, à Givet (Ardennes), LISTE DES MEMBRES. Admis comme membres à vie. CHATIN (Adolphe). FERMOND (Charles). Royer (Charles). WALKER (Arthur). Ross (David). Membres décédés. LIMMINGHE (le comie Alfred de), avril. HENSLOW, 16 mai. LA PERRAUDIÈRE (Henri de), 31 juillet. LECLÈRE (Louis), 4°" décembre. CADET DE CHAMBINE (Edmond), 7 décembre. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 10 JANVIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. BRONGNIART. M. Eug. Fournier, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 27 décembre 1861, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l’admission de : M. BaBiNGToN (Charles-Cardale), professeur de botanique à l’Uni- versité de Cambridge (Angleterre), présenté par MM. J. Gay et de Schœnefeld. M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation. Lecture est donnée de lettres de MM. l’abbé Miégeville, Aug. Thouvenel, E. Malinvaud et S. de Salve, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société: 4° De la part de M. C. Gide : Atlas du Cosmos (livr. 4). 2° De la part de M. Hasskarl : Horti malabarici clavis nova. 3° De la part de M. F.-W. Schultz : Zusætze und Berichtigungen zur Flora der Pfalz, sowie Beitrege zu Th. Guembel’s Moosflora der Pfalz und botanische-geologische Reise in's Nahethul. Archives de Flore (suite), avril 4861. EAU + à 1 A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. k° De la part de M, Andersson : Fregatten Eugenies Resa omkring Jorden : 11, Botanik. 5 De la part de la Société d’'Horticulture de la Gironde : Bulletin de cette Société, 12° année, n° 1. 6° En échange du Bulletin de la Société : Wochenschrift fuer Gcærtnerei und Pflansenkunde, 1862, n° 1. Pharmaceutical journal and transactiôns, janvier 1862. Bulletin de la Société géologique de France, novembre 1861. L'Institut, décembre 1861 et janvier 1862, deux numéros. Conformément à l’art. 28 du réglement, M. le Président fait con- naître à la Société les noms des membres des diverses Commissions nommées par le Conseil, pour l’année 1862, dans sa séance du 27 décembre dernier. , Ces Commissions sont composées de la manièré suivante : 4° Commission de comptabilité, chargée de vérifier la gestion de M. le Trésorier : MM. Brice, Gide et A. Jamain. 2° Commission des archives, chargée de vérifier la gestion de M. l'Archiviste : MM. Laségue, Le Maout et de Schænefeld. 3° Commission permanente du Bulletin : MM. Cosson, A. Jamain et Prillieux. b° Commission permanente des gravures : MM. Decaisne, J. Gay et Moquin-Tandon. 5° Commussion chargée de recueillir les opinions émises relati- vement à la tenue de la prochaine session extraordinaire, et de for- muler une proposition sur le lieu et l’époque de cette session : MM. Boisduval, Cosson, J. Gay, le comte Jaubert et de Schœnefeld. M. le Président annonce que les fonctions de MM, de Schœænefeld, secrétaire, Eug. Fournier, vice-secrétaire, et de Bouis, archiviste, nominés en 4858, sont expirées. M. le Président annonce en outre que, par suite du tirage au sort fait le 5 décembre dernier, les membres du Conseil sortant cette année sont: MM, J. Gay, le comte Jaubert, le marquis de Noé et Prillieux. On procède ensuite à l'élection du président pour l’année 1862. M. Ad. CaTiN, ayant obtenu 114 suffrages sur 135, est proclamé président de la Société pour 1862. SÉANCE DU 10 JANVIER 1862. 3 La Société nomme ensuite successivement : Vice-présidents : MM. Cosson, Gubler, Roussel et de Bouis. Secrétaire général : M. de Schænefeld. Secrétaire : M. Eug. Fournier. Vice-Secrétaire : M. Éd. Prillieux. Archiviste : M. À. Jamain. Membres du Conseil : MM. Lasègue, Moquin-Tandon, Brongniart, Ernest Roze, T. Puel et A. Passy. Il résulte de ces nominations que le Bureau et le Conseil d’admi- nistration de la Société se trouvent composés, pour l’année 1862, de la manière suivante : Président. M. Ad. CHATIN. Vice-présidents. MM. de Bouis, MM. Gubler, Cosson, Roussel. Secrétaire général. M. de Schœnefeld. Secrétaires. Vice-secrétaires. MM. Duchartre, MM. À. Gris, Eug. Fournier. Ed. Prillieux. Trésorier. Archiviste. M. Fr. Delessert. M. A. Jamain. Membres du Conseil. MM. Brice, MM. Lasègue, Ad. Brongmiart, Em. Le Dien, Ed. Bureau, Moquin-Tandon, Decaisne, A. Passy, Fermond, T. Puel, Gide, E. Roze. Avant de se séparer, la Société vote des remercimenñts unanimes à M. Ad. Brongniart, pour le dévouement avec lequelil a bien vouiu diriger ses travaux pendant l’année qui vient de finir. h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 17 JANVIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN. M. le Président, en prenant place au fauteuil, remercie la Société de lavoir appelé à diriger ses travaux pendant l’année qui vient de s'ouvrir. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 10 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. DELoyxes, rue des Cordeliers, 15, à Poitiers (Vienne), pré- senté par MM. l'abbé de Lacroix et l'abbé Chaboisseau. M. Ernest Malinvaud, membre de la Société, est proclamé membre à vie, sur la déclaration faite par M. le Trésorier, qu’il a rempli la condition à laquelle l’art. 14 des statuts soumet l'obtention de ce titre. Lecture est donnée d’une lettre de M. René Marion de Beaulieu, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Emilio Baptista : Discussion sur les caractères distinctifs de la famille des Parony- chiées. 2 De la part de M. Paul Gervais : Rapport sur les travaux de la Faculté des sciences de Montpellier pendant l'année 1860-61. 3° En échange du Bulletin de la Société : Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie, 3° série, tome III. L'Institut, janvier 1862, un numéro. M. J. Gay donne lecture de la note suivante : J'ai annoncé, dans la séance du 8 novembre 1861, que le 7rientalis europæa avait été récemment observé dans les montagnes de la Savoie. Voici maintenant quelques détails sur les circonstances de cette découverte ; je les tiens de l'inventeur lui-même. SÉANCE DU 17 JANVIER 1862. b) Le 7rientalis europæa se trouve au sommet du Grand- Bois, vers le Mont- Bésane, commune de Crest-Voland, en Savoie, où il existe en immense quan- tité, sur un espace d'environ 300 mètres carrés, croissant là, sur un terrain de bruyère en partie marécageux, au pied de vieux troncs de Sapins à moitié pourris, à une altitude de 1700 à 1800 mètres (celle de l’église de Crest- Voland est de 1226 mètres). La commune de Crest-Voland est située dans les montagnes qui séparent le bassin de l’Arve de celui de l'Isère, entre Sallanches et Albertville, à deux ou trois lieues au nord-nord-est de cette dernière ville; depuis l’annexion, elle fait partie du canton d’Ugine, arrondissement d’Albertville (département de la Savoie). C’est là que le Tr2entalis europæa a été découvert, le 2 août 1860, par M. l'abbé Chevalier, professeur de physique au petit séminaire de la Roche (près Bonneville, vallée de l’Arve), qui l'y a recueilli de nouveau en septembre de la même année et le 40 juillet 1861, la plante étant en pleine fleur à cette dernière date, et si abondante que M. Chevalier n'évalue pas à moins de 5000 le nombre des échantillons que lui et ses compagnons de voyage ont pu en récolter ce jour-là. Ges compagnons étaient MM. Perrier (d’Albertville), Chapin et Rapin (du canton de Genève). Les échantillons que je présente à la Société proviennent, les uns directe- ment de M. l'abbé Chevalier, les autres de M. Rapin par l'intermédiaire de M. Edmond Boissier. ; Il est bon de noter que M. l'abbé Chevalier a fait jusqu'ici de vaines re- cherches pour trouver le 7rientalis ailleurs que dans la localité ci-dessus indiquée, quoiqu'il lui ait donné, cette année 1861, une grande attention dans toutes ses courses de montagne. Je dois faire remarquer que si « le sommet du Grand-Bois » a de 1700 à 1800 mètres d'altitude, c’est, à une seule exception près, la plus élevée des six localités du 7rientalis que je connais dans la chaîne des Alpes. L'exception porte sur l’A/p nova près Pontresina dans la haute Engadine, dont l'altitude est évaluée à 1900 mètres. Les cinq autres localités sont toutes comprises entre 924 et 1666 mètres. M. Eug. Fournier dit qu’il à reçu dernièrement de M. Victor Personnat des échantillons de Trientalis europæa recueillis dans la même localité, à 1800 m. d'altitude, le 27 août 1861. M. Chatin ajoute qu’on lui a montré cette plante dans un des hôtels de Thun (Suisse); elle avait été recueillie dans les montagnes voisines. M. de Schænefeld met sous les veux de la Société des échantillons de Trifolium hybridum L. et de Tr. elegans Savi. 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le Zrifolium hybridum, dit M. de Schœnefeld, a été découvert le 10 août 1861 par mon ami M. de Boucheman, dans les prairies de Chaville près Ver- sailles, où, bien qu'il soit très abondant, il avait échappé jusqu'ici aux yeux des nombreux botanistes qui explorent les environs de Paris. C’est aussi M. de Boucheman qui à trouvé en 1856 (ainsi que j'ai déjà eu l’honneur de le dire à la Société) le 77. elegans sur le plateau de Satory près Versailles. Notre honorable confrère, à qui malheureusement l’état de sa santé ne permet pas d'entreprendre de longues courses, étudie avec d'autant plus de soin le champ restreint auquel ses explorations se trouvent réduites, et l’on voit par ces deux découvertes combien un œil habile et exercé peut, même dans un espace peu étendu, trouver encore de faits intéressants. J'ai cru devoir mettre simultané- ment ces deux Trèfles sous les yeux de la Société, pour montrer qu’il est aisé de les distinguer à première vue, quoiqu'ils aient été confondus par quelques auteurs. — Je profite de cette occasion pour annoncer à la Société que, dans une rapide excursion que j'ai faite, avec mon ami M. Le Dien, dans le dépar- tement du Morbihan, en août dernier, à la suite de la session de la Société à Nantes, nous avons constaté la présence, dans ce département, du Wolffia arrhiza Coss. et G. de St-P. (F7, par. édit. 2, p. 716) à deux localités peu éloignées l’une de l’autre : 1° dans une petite mare à Menec près Carnac, au milieu même du fameux champ de pierres druidiques ; et 2° dans une petite mare au bord de la grande route de Plouharnel à Aurav, à peu près à égale distance de ces deux villes. M. JS. Gay dit qu’il possède dans son herbier le Tre/olium elegans recueilli dans le parc et les bois d’Armainvilliers près Tournan (Seine-et-Marne), où cette plante est très abondante; il ajoute qu’elle a été figurée, sinon décrite, dans le Botanicon parisiense de Vaillant (1726). M. Cosson dit qu'il n’a jamais vu jusqu'ici d’échantillon de Tri/o- hum hybridum recueilli aux environs de Paris; il ajoute que la présence de cette plante dans les prairies de Chaville est probable- ment le résultat d'anciennes cultures. M. Ed. Prillieux, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : EXAMEN CRITIQUE DE QUELQUES CARACTÈRES D'ESPÈCES, par ME. HD. CLOS. (Toulouse, janvier 4862.) Durée du Stellaria negleeta, — Au nombre des caractères assignés par SÉANCE DU 17 JANVIER 1862. 7 Les auteurs au Sfellaria neglecta Weïhe (St. latifolia DC.), se trouve celui d’une durée annuelle. Cette Stellaire est représentée par le signe © dans le Prodromus (t. T, p. 396), dans le Potanicon gallicum, p. 82, dans la Flore de l'Ouest de M. Lloyd, p. 80, et dans la Ælore de France, t. I, p. 264. MM. Grenier et Godron, à l'exemple de Koch, Py rapportent comme variété au Stellaria media Vill. Ayant fait mettre l'an passé un pied de St. neglecta dans l’école de botanique du Jardin-des-plantes de Toulouse, je me suis assuré que, contrairement au S£. media, cette plante ne se flétrit pas à la suite de la floraison pour disparaître bientôt après, mais qu’elle persiste avec tous les caractères d’une plante vivace. Comme les signes distinctifs des deux espèces sont peu tranchés, je crois qu’il sera bon désormais d’avoir égard à la durée ; et peut-être aussi y aura-t-il dans ce nouveau fait un motif, aux yeux de ceux qui ne voient dans le Sf. neglecta qu’une variété, pour l’élever au rang d'espèce. Monoïcité de l'Ortie dioïque.— La plupart des auteurs classiques (Linné, Lamarck, De Candolle, MM. Grenier et Godron) s'accordent à donner à l'Ur- tica dioica X, des sexes séparés sur des pieds différents (1). J’ai observé, le 6 juin dernier, sur un emplacement jadis occupé au Jardin-des-plantes de Toulouse par un fossé, des pieds monoïques de cette espèce. La moitié supé- rieure de l’inflorescence était uniquement composée de fleurs femelles, l’infé- rieure de fleurs mâles, ces deux sortes de fleurs affectant, abstraction faite de la monoïcité, tous les caractères propres à chacune de ces deux sortes d’in- florescence. A l'aisselle de la paire de feuilles qui établissait la limite entre l’inflorescence mâle et l'inflorescence femelle, on trouvait deux petites panicules (vulgaire- ment grappes), offrant une réunion de ces deux sortes de fleurs, c'est-à-dire androgynes : dans l’une, les deux tiers supérieurs des giomérules terminaux étaient composés de fleurs mâles, et le tiers inférieur de fleurs femelles ; dans l’autre, la plupart des fleurs étaient femelles, et parmi elles se trouvaient seu- lement quelques fleurs mâles. On a déjà signalé, chez les plantes dioïques, de nombreux exemples de transformation de sexes, dont plusieurs sont rapportés par M. ‘Treviranus dans sa Physiologie (t. IH, p. 322). La réunion des deux sexes sur un même pied chez l’Ortie dioïque, «toit d'autant moins surprendre que la plupart des autres espèces du genre Ortie sont monoïques. (1) Cependant M. Reichenbach (F1. germ. eæcurs. p. 181), M. Spach (PI. phanér. t. XI, p. 28), M. Kirschleger (F1. d'Alsace,t. I, p. 54) et MM. Le Maout et Decaisne (F1. du jard. et des champs, p. 679) disent les fleurs de cette espèce dioiques ou polygames. Mais, pour que cette dernière qualification fût exacte, il faudrait que l’on eût constaté (et l'a-t-on fait?) chez l'Ortie dioïque l'existence de fleurs hermaphrodites, car Linné a écrit : « Planta polygaäma constat floribus hermaphroditis necessario, dein alios habet alterius » sexus. » (Philos. bot.) En 1843 et 4857, M. Godron (F1. de Lorraine, éd. 1,1, II, p. 278; éd. 2, t. I[, p. 210) donnait à celte espèce des fleurs presque loules dioïiques. 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. J'ai vu depuis deax autres échantillons semblables pris sur des pieds différents. Ne serait-ce pas là la loi générale pour le genre? De l’Althæa ficifolia Cav. — Linné avait distingué de l’A/cea rosea, sous le nom d'A. ficifolia, une plante originaire de Sibérie, caractérisée par ses feuilles palmées; et le prince des botanistes ajoutait : vix sufficienter a præ- cedente distincta(Spec. plant.). Après lui cependant ces scrupules ont disparu, et l’on trouve la plante admise comme espèce par la plupart des phytographes, en particulier par Cavanilles, De Candolle et M. Spach. Ce dernier savant ajoute : ses fleurs sont toujours jaunes (Plant. phanér. t. XIE, p. 357). Mais déjà Lamarck avait reconnu que ces fleurs varient par la couleur (Encycl. méthod. Bot. t. X, p. 77). Conservant quelques doutes sur la légitimité de ces deux espèces (rapportées aujourd'hui au genre Althæa), j'ai pris des graines de l’une et de l’autre sur deux pieds bien distincts, et je les ai semées dans deux terrines séparées. À l’état jeune, je n’ai pu découvrir entre elles aucune différence, Au moment de la floraison, on voyait le groupe de pieds d'A. rosea uniformes; mais le vase qui n’aurait dû offrir que des individus d’A. ficifolia, en montrait autant de cette espèce que de l’autre. Je ne veux pas donner à cette observation plus de valeur qu’elle n’en mérite, car il est possible que le pied d’À. ficifolia sur lequel j'ai recueilli les semences fût un hybride, ou qu’une partie des graines des fruits de cette plante aient été fécondées par le pollen de l'A. rosea L. Pour que l’expérience eût toute sa valeur, il faudrait semer des graines d’A. ficifolia provenant du pays natal. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : NOTE SUR UN CATABROSA AQUATICA À ÉPILLETS MULTIFLORES ET SUR LE GENRE CATABROSA, par M. J. DUVAL-JOUVE. (Strasbourg, 29 décembre 1861.) En août dernier, M. Honoré Roux (de Marseille) me donna quelques beaux échantillons d’une Graminée récoltée par lui à Eyguières (Bouches-du-Rhône) et étiquetée Catabrosa aquatica P. de B. A première vue, je me récriai qu’il y avait méprise, que jamais Catabrosa n’avait eu des épillets multiflores, et, en confirmation de mon assertion, je lus daus la Æ/ore de France de MM. Gre- nier et Godron : « CATABROSA... Épillets renfermant deux fleurs hermaphro- » dites, l’inférieure sessile, la supérieure stipitée... » (KIT, p. 529.) Or ma plante avait à ses épillets 3, 5, 6 et même 7 fleurs sessiles sur l'axe; ce n’était donc pas un Catabrosa. Mais un examen comparatif me fit reconnaître : 1° que la Graminée de mon ami M. Roux est bien de tout point conforme à mes autres échantillons de SÉANCE DU 17 JANVIER 1562. 9 Catabrosa, sauf le nombre des fleurs ; 2° que des sujets récoltés par moi dans le département du Var et dans le département du Haut-Rhin, près de Ribeau- villé, ont à la plupart de leurs épillets 3 ou 4 fleurs; 3° enfin que mes nom- breux échantillons à épillets biflores ont presque tous des épillets uniflores à l'extrémité des rameaux de la panicule. Très fier d’avoir découvert dans la Flore de France cette double lacune sur le nombre des fleurs du Catabrosa, je * prenais déjà la plume pour la signaler à la Société, lorsque je crus prudent de jeter un coup d'œil sur les auteurs, afin de ne point m’exposer à donner pour nouvelle une observation publiée peut-être depuis un ou deux siècles. Bien m'en prit, car, dans son À grostographia, le consciencieux Scheuchzer ajoute à la description de ma plante, p. 177, la mention d’épillets uniflores (1). Schreber signale une variété de l’Aëra aquatica L. « spiculis sexfloris », et ajoute : « spiculæ quædam in apicibus ramulorum cassæ sæpius occurrunt » (Spic. fl. lips. p. 49, 1771). Comme le genre linnéen Aira était caractérisé par « calyx 2-florus », Schreber communiqua ses échantillons et ses observa- tions sur la pluralité des fleurs à Linné, qui les mentionna, dès 1767, dans le Syst. nat. ed. 12, IF, p. 91, et, en 1774, compléta son texte dans le HWan- tissa AT, p. 323: « Variat in loco sicco calycibus 5-7-floris, ut Poa, sed » flosculis valde remotis, forte imera varietas Poæ. » Pour éclairer son doute sur le vrai genre de notre plante, Linné la cultiva, et il ajouta : « Aira duos » in eodem calyce flosculos gerit; si rudimentum tertii adest, dicitur Melica. » Aîra uquatica in salinis addit florem tertium. » (Prælect. ed. Giseke, p. 147.) « Sata sæpe mutatur et ad faciem ?oæ palustris accedit. » (0. c. p. 148.) Ces textes, si positifs qu’ils paraissent, sont néanmoins sans valeur, attendu que, d’après l'examen de l’herbier de Linné fait par Hartmaun, les échantillens envoyés par Schreber et annotés de la main de Linné se rappor- tent au Poa distans L., et non à l’Aira aquatica L. (Hartmann, Annot. herb. linn. p. 36). Mais les variations dans le nombre des fleurs de cette plante n’en sont pas moins réelles ; elles sont même si fréquentes qu’elles ont été observées et men- tionnées, l’une par Gaudin : « spiculæ unifloræ » (Agrost. helv. I, p. 119), l’autre par M. Duby (Zot. qall. p. 525), et par Koch: « Variat spiculis » 3-5-floris. Varietas hæc e speciminibus constat luxuriantibus, quales ante » multos annos in planitie Rheni Palatinatus vidi » (Syn. ed. 3, p. 701); toutes les deux par Mutel (77. fr. IV, p. 115) et par Rœmer et Schultes : « B spiculis unifloris, - spiculis 3-4-floris » (Syst. veg. EI, p. 696), enfin par MM. Andersson et E. Fries. Le premier mentionne la forme « pumila, angus- (1) Ceci me rappela que j'avais précédemment trouvé dans le même auteur (Agrost. P- 216) une bonne mention de l'Aira cupaniana Guss., p. 233, une excellente des- cription avec assez bonne figure (tab. IV, fig. 23) de l’Aira capillaris Host., ainsi qu’une bonne description de l’Aira provincialis Jord.; le tout comparé au type dont Linné a fait son Aira caryophyllea. 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » tifolia, spiculis semper unifloris », comme si étroitement liée au C'afabrosu algida, « ut sit habitu omnino similis, nec characteres dentur fidi quibus » diagnosi ulla certe distinguantur » (Gram. Scand. p. 58). M. E. Fries émet la même opinion sur les rapports qui unissent la forme uniflore au Catabrosa algida(Summ. veg. Scand. p. 246). Tous les deux mentionnent la fréquence, dans les contrées du nord, de la forme uniflore et l'absence de la forme multiflore : « apud nos nunquam multiflora (specimina s. d. aliena - » sunt), sed sæpe uniflora » (E. Fries, Summ. Scand. p. 245). I est en effet évident que la forme multiflore ne doit pas se rencontrer là où les influences locales réduisent la plante à son moindre développement. Or si, de la forme réduite et uniflore des régions froides, on a fait le Calabrosa algida, si quelques petites aspérités sur le dos des glumelles ont fait établir en 1823 par Dumortier une troisième espèce, C. ochroleuca (Agrost. belg. p. 408), adoptée depuis par le trop facile Steudel, pourquoi, de la forme multiflore et luxuriante des régions plus chaudes, ne ferait-on pas une qua- trième espèce, C. fervida? — Ce serait logique, soit; mais bien décrire le type, montrer comment il se réduit ou se développe sous des influences diverses, et marquer les degrés qui unissent les formes éloignées, me paraît, sauf erreur, plus logique encore que de choisir parmi ces formes des sujets extrêmes, ou, comme on dit quelque part, des échantillons bien caracté- risés, pour en faire, aux dépens d’un même type, autant d'espèces que ce type peut devoir de modifications à l’altitude, à la latitude, à l'humidité ou à la sécheresse du climat, du sol, etc. Ces variations doivent être nombreuses pour le C'atabrosa aquatica, qui végète depuis la Laponie et le Grænland (Andersson, Z. c.) jusqu'à Constantine (Cosson, F2 Ag. p. 135); elles n’af- fectent pas seulement la dimension totale de cette plante et le nombre des fleurs de ses épillets, mais elles modifient, jusqu'aux dernières limites du pos- sible, les proportions des parties. Ainsi, sur la grande forme multiflore, la glume inférieure est presque nulle, et la supérieure très développée et comme foliacée, tandis que sur le type biflore les glumes sont ordinairement moins inégales, et que sur la forme uniflore elles sont tantôt presque égales, tantôt très inégales, et tantôt réduites à une seule, à la supérieure. Mais en même temps ces variations n’existent pas sur tous les épillets d’une même panicale ; ainsi, sur la forme type, les épillets uniflores des extrémités ressemblent à ceux de la forme réduite, et sur une panicule à épillets généralement multi- flores les épillets des extrémités sont biflores et alors semblables à ceux du type. J'ai donc dû, après examen, renoncer au plaisir d'établir une espèce de plus, et, malgré les sept fleurs de quelques-uns de ses épillets, j'ai dû laisser la plante de M. Roux avec le €. aquatica. Cela va de soi pour l’espèce ; mais pour le genre en est-il de même ? Linné a hésité sur le genre de cette plante, mais ses hésitations, rapportées ci-dessus, ne sont rien en comparaison de ce qui a eu lieu depuis. Notre plante, qui SÉANCE DU 47 JANVIER 1862. 11 était pour Linné Aîra aquatica, est devenue pour Kæler Poa airoides, pour Loiseleur Melia aquatica, pour Wibel Wolinia aquatica, pour Reichenbach Glyceria airoides, pour Hartmann Æydrochlou airoides, pour Mutel Fes- tuca airoides, pour Trivius Colpodium aquaticum, et enfin pour Palisot de Beauvois Catabrosa aquatica. Ajoutons que la forme réduite et uniflore, ou si l’on veut le Catabrosa algida, a été successivement pour Wahlenberg Agrostis algida, pour R. Brown Phippsia algida, pour Trinius Vilfa algida, pour Rœmer et Schultes 7richodium algidum, et certainement j'en omets, ce qui n’en fait pas moins douze genres qui ont, depuis Linné, reçu la même plante et dont plusieurs ont été créés pour elle. Tout cela dans les cinquante premières années de ce siècle, ce qui fait en moyenne un change- ment de nom tous les quatre ans. A voir la longueur des diagnoses génériques modernes, on se sent tout d’abord heureux, se croyant en présence de genres caractérisés par de nom- breuses différences entre lesquelles on n’a qu’à choisir; mais une lecture comparative dissipe vite ce bonheur. Toutes ces lignes énoncent des caractères communs, et la différence se réduit à un tout petit caractère, vague, indécis, insaisissable. Ainsi, pour le genre C'atabrosa que son auteur, Palisot de Beau- vois, présente sans numéro d'ordre, ce caractère différentiel consiste en : « Palea inferior subtruncata, eroso-denticulata » (A grost. p. 97) ; mais ce carac- tère Ini-même est encore commun au genre Glyceria du même auteur, lequel genre ne comprend pour lui que le G. fluitans. Palisot de Beauvois avait repoussé tout caractère tiré du nombre des fleurs (0. c. p. xxv), mais Kunth, Nees d’Esenbeck, MM. Andersson et Godron, qui ont adopté le genre Catu- brosa, tiennent graud compte de ce nombre. M. Andersson dit expressément = a À (:lyceria, cui sine dubio maxime affinis, differt C'atabrosa spiculis 1-2-flo- » ris » (0. €. p. 57); et tous les quatre différencient le même genre par cet autre caractère : « flore inferiore sessili, superiore pedicellato ». Or le nombre des fleurs cesse d’être caractéristique en présence des épillets à une fleur et à sept fleurs. Le second caractère n’a pas plus de valeur. En effet, chaque fleur est sessile sur le rachéole de l’épillet ; la supérieure seule fait une exception apparente, mais en réalité elle ne fait qu'illusion, en ce que, sessile elle- même, mais à l'extrémité du dernier entre-nœnd du rachéole, elle semble avoir pour support spécial ce dernier entre-nœud. Ainsi, de toutes ces longues diagnoses, il ne reste pour le genre de notre plante aucun bon caractère diffé- rentiel, et il semble plus naturel de la rattacher, avec Koch, au genre G/y- ceria, que d’en faire un genre distinct. Signalons, en terminant, les contradictions qu'amène nécessairement l’em- ploi des caractères de détail dans la diagnose d’un genre. M. Andersson dit du genre Catabrosa : « spiculæ persistentes » (0. c. p. 57); M. Kirschleger dit au contraire : « fleurs très caduques» (#2. As. II, p. 331). M. Andersson attribue au même genre : « paleæ inferiores dorso lævissimæ » (0. e. p. 57); 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et Dumortier caractérise son €. ochroleuca « flosculis villosis ». M. Andersson distingue le Catabrosa du Glyceria par ceci que le caryopse du premier est « exsulca » ; mais cet éminent auteur semble oublier que le genre Glyceria, qui précède immédiatement, a été divisé par lui en deux sections : « IL. Hy- » DROCHLOA ((. fluitans, etc.) Caryopsis sulcata » (0. €. p. 51); « IL. HELEO- » CHLOA (G. distans, etc.) Caryopsis leviter impressa » (0. c. p. 53) Ainsi s’affaiblit ou disparaît cette autre différence essentielle. Mais pourtant Nees d’Esenbeck affirme de son côté que, dans les Glyceria, le caryopse est « sulco » profondo notata », et l'embarras redouble quand on arrive à la page 501 de la 2° édition du Synopsis de MM. Cosson et G. de Saint-Pierre, et qu’on y lit que, dans le genre Glyceria (qui précisément ne comprend à Paris que la section HYDROCHLOA d’Andersson), les caryopses « ne présentent pas de » sillon à la face interne ». Il est évident que ces assertions, partant d’obser- vateurs éclairés et consciencieux, ne se contredisent que parce qu’elles por- tent sur des caractères secondaires, variables peut-être selon les lieux et le degré de maturité, et qui, en tout cas, ne devraient pas servir pour l’éta- blissement de distinctions aussi importantes que celles des genres. Sans doute les genres sont difficiles à établir et à caractériser dans la famille des Graminées, « dont le vaste ensemble, répandu sur tout le globe, forme un réseau à mailles » si serrées et si entrelacées qu’elles se confondent » (Trin. Fund. agrost. » p. 52). Mais alors ne vaudrait-il pas mieux marquer et reproduire en quelque sorte cette affinité et ce mélange par de vastes genres convenablement seclionnés, que de multiplier des genres comme le Catabrosa « in quo formæ » vagæ nec perfecte circumscriptæ sunt »? (Trin. o. c. p. 137.) M. Eug. Fournier insiste sur la variabilité du nombre des épillets observés dans une même espèce par M. Duval-Jouve, et rappelle qu'il vient de paraître un livre intitulé : Essai d’une classification nouvelle de la famulle des Graminées (1), dont l’auteur, M. Remy, établit les tribus sur le nombre des fleurs de l’épillet. Sans prétendre critiquer le travail de M. Remy, on ne peut s’empêcher, dit M. Four- nier, de se demander quelle peut être la valeur d’une classification fondée sur un caractère aussi variable. M. Cosson met sous les yeux de la Société quelques espèces nou- velles pour la science ou pour l'Algérie, recueillies en 1861 dans la Kabylie orientale. Voici la liste des espèces nouvelles dont M. Cosson a exposé les caractères principaux (2) : (1) Voyez le Bulletin, t. VIII, p. 494. (2) Une grave indisposition ne permettant pas à M. Cosson de mettre la dernière main à la rédaction de son manuscrit, la Commission du Bulletin a décidé que les descrip- tions de ces espèces seraient annexées au compte rendu d’une des prochaines séances. SÉANCE DU 17 JANVIER 1862. 43 Epimedium Perralderianum Coss. Sinapis indurata Coss. Silene Choulettii Goss. Moœhringia stellarioides Coss. Sedum multiceps Coss. et DR. Galium Perralderii Coss. Lampsana macrocarpa Goss. Lysimachia Cousiniana Coss. Scrofularia tenuipes Coss. et DR. M. le comte Jaubert insiste sur l’extrême intérêt que présentent, notamment au point de vue de la géographie botanique, les impor- tantes études faites par M. Cosson sur la végétation algérienne, et demande à M. Cosson à quelle époque pourra enfin paraître la continuation de la Flore d'Algérie qu'il publie conjointement avec M. Durieu de Maisonneuve, et dont l’achèvement est impatiemment attendu par les botanistes. M. Cosson répond à M. le comte Jaubert : Que l'importance même et le nombre des documents recueillis pendant ces dernières années ont très notablement augmenté les difficultés d'exécution de la Flore d'Algérie. En effet la flore algérienne, en raison de ses affinités avec l’ensemble du littoral de la Méditerranée, en même temps qu'avec les plateaux de la Castille, les steppes de la région caucasienne, les montagnes de la Grèce et de l'Asie-Mineure, ainsi qu'avec l'Égypte, le midi de la Syrie et les autres régions désertiques de l'Orient, etc., exige de longues et patientes recherches et des études très approfondies. Aussi la publication préliminaire d’un Pro- drome de la flore d'Algérie est-elle presque indispensable pour la coordi- pation de l’ensemble du travail. Ce Prodrome, qui pourra être rédigé d'ici à deux ans, permettra de reprendre bien plus utilement et de continuer avec plus de célérité la publication de la //ore d'Algérie. M. Eug. Fournier donne lecture de la note suivante : Ayant eu dernièrement l’occasion d'examiner une petite collection de Pha- nérogames recueillies aux environs de Rodez (Aveyron), et principalement à Carcenac et Bonnecombe, par notre honorable confrère M. le docteur Ad- de Barrau, j'ai remarqué dans cette collection quelques plantes intéressantes pour la localité, savoir les Digitalis purpurascens Roth (présentant deux formes l’une velue et l’autre presque glabre), Parbarea intermedia Bor., Jasione perennis L., Trifolium Bocconi Savi, 17. montanum L., Polypodium Dryopteris L., Galium vernum Scop., etc. 4h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 31 JANVIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 17 janvier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. Lecture est donnée d’une lettre de M. Delamare, qui remercie la Société de l’avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : 4° De la part de M, J. Lange, de Copenhague : Pugillus plantarum imprimis hispanicarum. 2 De la part de M. Aug. Todaro, de Palerme : Index seminum Horti regii panormitani, 1861. 3° De la part de M. Fr.-W. Schultz : Archives de Flore (suite). h° En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, de- cembre 1861. Bulletin de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, dé- cembre 4861. L'Institut, janvier 1862, deux numéros. M. le Président annonce à la Société qu’elle a reçu de M. Émile Martin (de Romorantin) un paquet de plantes destinées à son her- bier, et contenant principalement des espèces du centre de la France. M. le Président informe ensuite la Société que le diplôme destiné à conférer le titre de membre de la Société pourra être présenté dans la prochaine séance. D’après une décision prise par le Conseil, la réception de ce diplôme, dont le prix est de deux francs, sera facultative pour les anciens membres de la Société, mais obligatoire pour les nouveaux. M. À. Gris, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : SÉANCE DU 34 JANVIER 4862. 45 SUR LES PLANTES DES VIEUX CHATEAUX, DANS LA RÉGION ALSATO-VOSGIENNE, par ME. K'r. KHIRSCHEEGER. (Strasbourg, 31 décembre 1861.) Jé viëns de lire, dans le dernier numéro de notre Bulletin (juin 4861), un article de M. Chatin sur les plantes des vieux châteaux (1). C’est un point que j'ai cherché à élucider aussi bien que possible dans un article de ma Végéta- tion alsato-vosgienne (p. 98) intitulé : Murs des fortifications anciennes et modernés, quais, anciens châteaux, vieilles églises, bätiments en ruines, ec. M. Chatin a parfaitement raison de distinguer le groupe du moyen âge, que l’on peut faire remonter à l’époque de Charlemagne. En effet, dans le cha- pitre Lxx de ses Capitulaires, le grand empereur prescrit la culture d’un certain nombre de plantes médicinales dans les jardins des villæ impe- riales (2). Ces plantes sont les suivantes, rangécs d’après leur ordre de fréquence. La Matricaire (Zeucanthemum Parthenium ), qui est encore aujourd’hui une de nos plantes naturalisées, pariétales et rudérales, les plus répandues depuis huit siècles. L'Artemisia Absinthium rentre dans la même catégorie. L'/ris germanica, plante murale des plus anciennement répandues sur les vieux murs ; elle est spontanée et extrêmement abondante sur une colline de calcaire oolithique à Turkheim ; partout où elle est sporadique, on peut dire qu’elle est naturalisée depuis des siècles. La Rue (Æuta graveolens) subspontanée sur quelques murs, sur les décom- bres des vieux châteaux; elle est connue de temps immémorial dans nos régions, notamment au Sponeck, ruine située sur un promontoire du Kaiser- stuhl, immédiatement au bord du Rhin. La Joubarbe (Sempervivum tectorum) existe depuis Charlemagne sur les toits, les murs d’enceinte, les rochers près des ruines; elle est estimée du peuple pour les maladies inflammatoires des bêtes à cornes; son suc passe pour rafraîchissant. Le Vettonica de Charlemagne pourrait fort bien être le Dianthus Caryo- phyllus, qui se rencontre çà et là, mais moins fréquemment que le 2. cæsius, lequel n’est une plante d'ornement que depuis le xv° siècle, L'Hyssopus officinalis ne croît que fort rarement sur nos vieux murs ; il date aussi du vit siècle. De même : Mepeta Cataria, Melissa officinalis, Salvia Sclarea, Leunu- (1) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 359. (2) Voyez ma Végétation alsalo-vosgienne, p. 156. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rus Cardiaca, Salvia officinalis, Levisticum officinale, Althæa officinalis; parmi les espèces annuelles ou bisannuelles, Satureia officinalis, Euphorbia Lathyris, etc. Ce sont là les plantes médicinales. En effet, au xvi° siècle arrivent les ornementales; et ici nous savons parfaitement à quoi nous en tenir, grâce aux ouvrages de Tragus, et un peu plus tard à ceux de Mattioli, Dodoëns, C. Gesner (Æorti germanici), Lobel, Robin, Dalechamp, etc. Nous appre- nons surtout par Gesner et Tabernæmontanus quelles sont les plantes univer- sellement cultivées pour orner les jardins des abbayes, des châteaux et de la bourgeoisie. | Parmi les plantes d'ornement qui, au xvi° siècle, se répandirent hors de l'enceinte de ces jardins, nous devons principalement citer, comme exemple de large vulgarisation, le Linaria Cymbalaria, qui se trouve sur les murs de presque toutes les villes des bords du Rhin, où il abondait déjà en 1732, sui- vant l'expression de J. Bæcler : « Pulchrum vegetabile olim Italiæ proprium, » Hunc vero à 200 annis muros argentinos nostros condecorat. » À Bâle il n'existait pas encore en 1622, époque où G. Baubin écrivit son catalogue des plantes des environs de cette ville ; aujourd’hui il y est commun. On doit aussi mentionner, au nombre des plantes d'ornement très répandues et qui semblent presque spontanées, le Cheiranthus Cheiri, dont Tragus dit qu'il orne les murs de la cathédrale de Cologne; il orne aussi, depuis des siècles, les murs du jardin de l’abbaye de Sainte-Odile, les ruines du chà- teau de Landscron près Bâle, etc. Une autre naturalisation, mais toujours très localisée, dans plusieurs ruines d'Alsace, est celle de l’Æemerocallis fulva, qui croît au Wildenstein (val de Saint-Amarin), au Saint-Ulrich près Ribeauvillé, au Herrenstein près Saverne, et à Coteau-Fouviers près Montbéliard. Cette plante provient d’anciens jardins établis près des châteaux forts; elle n’est signalée ni par Tragus, ni par Gesner; Clusius et G. Bauhin en font mention. Linné lui assigne la Chine pour patrie. Son introduction en Alsace ne peut dater que du commen- cement du xvir* siècle. Nous citerons aussi le Zychnis Coronaria, dont M. Puel a récemment entretenu la Société (1). C’est encore une plante des murs des vieux monas- tères et des châteaux en ruines. Tragus en parle sous le nom de Æosa Mariana, et il ajoute : « sativum et hortense genus. » Pollich (Æist. pl. Palat, Y, hh3) la désigne sous le nom d’Agrostemma Flos Jovis (erreur de diagnose), mais il décrit parfaitement cette plante, qu’il indique à la montagne sur laquelle est bâti le monastère de Limburg. En Alsace, le Z. Co- ronaria se trouve au château ruiné de Winstein près Niederbronn. M. Fr. Schultz (FT. d. Pfalz) le signale encore sur plusieurs ruines du Palatinat (1) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 331. SÉANCE DU 31 JANVIER 1862, 47 bavarois. Son aire de distribution n’augmente pas comme celle du Zinarra Cymbalaria. Au nombre de nos plantes naturalisées dans les cours des châteaux, nous devons mentionner l’£ranthis hiemalis, au château de Landsberg près Barr ; il y occupe à peu près 20 mètres carrés, parmi des buissons et de vieilles murailles, et ne se trouve pas ailleurs. On le rencontre encore à Montbéliard, sur le coteau du cimetière. J. Bauhin l'avait cultivé dans cette ville au com- mencement du xvsi° siècle. Sa diffusion ultérieure ne fait aucun progrès. Quant à l'Ægopodium Podagraria, c’est une plante si commune et si envahissante, qu’elle ne mérite pas de mention spéciale, au moins dans la France orientale. Le Salvia Sclarea ne se trouve dans nos régions que sur les murs de quelques vignobles à Obernai, Altkirch, Ruffach, etc. On avait jadis l’habi- tude de faire fermenter cette plante avec le moût, afin de donner à celui-ci une saveur musquée. Le Fenouil (Fæniculum officinale) se multiplie facilement dans quelques vignobles, comme dans les jardins. Quant aux plantes annuelles que l’on trouve naturalisées parmi les décom- bres, elles sont nombreuses : les unes médicinales, les autres d'ornement ou fortuites. Ainsi, parmi les Carduacées, le Silybum Marianum est fréquent sur les décombres ; l’£chkinops sphærocephalus persiste quelquefois pendant plusieurs années; plus rarement c'est le Cnicus benedictus. Parmi les Labiées, les Leonurus Cardiaca, Nepeta Cuataria, etc., apparaissent comme espèces spontanées. Nous en dirons autant du Datura Stramonium, dont Tragus nous donne la première indication en 1540. Une autre plante, dont la distribution est curieuse, est le Medicago sativa, qui, introduit dans le département du Bas-Rhin au xviri° siècle, et ayant ren contré sur les bords des routes le M. falcata, a produit avec celui-ci des hybrides fertiles, aussi communs de nos jours, aux environs de Strasbourg, que le M. falcata type, à fleurs jaunes. Dans ma Végétation alsato-vosgienne (p. 114), j'ai parlé, à l’article Natu- ralisations, de tutes nos plantes naturalisées ou subspontanées. Parmi les plus intéressantes, il faut citer les Œnothera biennis, Œ'. muricata, Lepidium Draba, Oxalis stricta, Aster salignus, A. Novi Belgii, Amarantus retro- flezus (qui a aujourd’hui une grande extension), Centaurea solstitialis, Soli- dago virginica, S. glabrata, et exceptionnellement le Potentilla norvegica qui a disparu. — Une des espèces les plus curieuses par leur rapide diffusion est le WMimulus luteus, qui se trouve sur les bords de la Bruche depuis Fra- mont jusqu'aux portes de Strasbourg (50 kilomètres). Je m'arrête ici, en renvoyant à la page citée plus haut de ma Végétation alsato-vosgienne, où, dans mon article Naturalisations, je crois avoir épuisé LE p 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE: DE. FRANCE: la matière pour l’est de la France. C’est une des études les plus intéressantes, mais elle exige l’érudition botanique, c’est-à-dire la connaissance de l’histoire des plantes depuis le xvI° siècle, à commencer par Tragus, Dalechamp, Dodoëns, Gesner, Lobel, Clusius et les Bauhins. Nous ne pouvons sortir des diflicultés inhérentes au sujet sans l’aide de nos vénérables devanciers. C'est pourquoi j'engage tous les floristes et rédacteurs de catalogues raisonnés à recourir toujours, pour l’histoire de chaque espèce, aux auteurs antérieurs à Linné. On s'apercevra bientôt combien ces sayants-làa ont herborisé, cultivé, planté, introduit, naturalisé, etc, I! est vrai toutefois que toutes les provinces de France n’ont pas eu, comme les régions rhénanes, le bonheur de donner le jour à des botanistes tels que Tragus, Gesner, Tabernæmontanus, les Bauhins, Haller, Lachenal, Hermann, Mappus, Lindern, etc. M. Chatin dit qu’il a observé l'Æ/emerocallis fulva sur les ruines du château de Wildenstein dans la vallée de Saint-Amarin (Haut- Rhin). M. J. Gay fait à la Société la Communication suivante : UNE EXCURSION BOTANIQUE A L'AUBRAC ET AU MONT-DORE, PRINCIPALEMENT POUR LA RECHERCHE DES ISOETES DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE, par ME, J. GAY. (QUATRIÈME PARTIE) (1). De retour au Mont-Dore, le 28 août, à peu près sain et sauf, mais très fatigué, plusieurs jours de repos n'étaient devenus nécessaires, ce qui inter- disait toute excursion au dehors. Je fus néanmoins très occupé dans mon cabinet : occupé d'abord, soit à préparer mes dernières récoltes, soit à don- ner aux précédentes les soins nécessaires à leur conservation, ce en quoi je fus merveilleusement servi, à certaines heurvs, par le four de cuisine de M Co- badon, et à d’autres heures par un soleil caniculaire qui, en moins de rien, séchait mes plus gros paquets de papier mouillé ; occupé ensuite à recevoir quelques jeunes botanistes de passage au Mont-Dore, qui ayaient la bonté de m'apporter le fruit de leurs récoltes journalières, MM. Beziau et Ravin, deux ecclésiastiques angevins, de qui je recevais le Swertia perennis L., récolté par eux au marais de la Croix-Morand, sur la route de Clermont, à l’est et non loin du lac de Guéry, lieu dont l'altitude, au moins celle de la Croix- Morand, est de 1598 mètres, et le curieux Weconopsis cambrica Vig., qu'ils avaient cueilli dans les bois de Hôêtres du voisinage immédiat du village ; M. Victor Campenon, jeune lycéen de Tonnerre qui, prenant goût pour la (1) Voyez le Bulletin, t. VIT, p. 508, 541 et 619. SÉANCE DU 31 JANVIER 1662. 19 première fois à la botanique, m’apportait successivement le Cercæa interinedea et le Æibes petrœum, cueillis dans le voisinage immédiat, le premier riche de stolons filiformes, qui pourtant n'avaient pas encore développé leur tubercule terminal, le second tout chargé de ses belles grappes de fruits mûrs, tout à fait semblables, pour le volume, la forme et la couleur, à ceux du /tbes rubrum, mais d'une acidité évidemment moins agréable ; occupé surtout à étudier et à comparer vivants les deux Zsoëtes du plateau central, le lacustris, que je venais de pêcher au lac Chauvet, et l'echinospora, don un copieux envoi venait de m'arriver du lac de Saint-Andéol, récolté cinq jours après ion passage en ce dernier lieu. Spécifiquement comparées, les deux plantes ne nr'offrirent pas d’autres différences essentielles que celles que j'ai déjà indiquées plus baut. J'ajou- terai cependant ce caractère moins important, quoique constant, que hors de l’eau les frondes se comportent autrement dans les deux espèces : plus roides dans le lacustris, elles restent hors de l’eau ce qu'elles étaient sous l’eau, parfaitement libres et distinctes les unes des autres; dans l’echinospora, au contraire, d'étalées qu’elles étaient, les frondes se redressent plus où moins lorsque la plante a été retirée de l’eau, et, tout en opérant ce mouvement, elles s’agglutinent les unes aux autres, trois à trois, quatre à quatre, etc., de ma- nière à diviser la touffe en plusieurs fascicules distincts, qui resteraient tels sous la presse si l’on n'avait la précaution d'en isoler les éléments à la main pour en rendre la déssiccation plus facile, chaque fascicule résultant de plu- sieurs frondes superposées, dont les inférieures appliquent étroitement leur face antérieure plane ou un peu canaliculée sur la face postérieure un peu con- vexe de la fronde immédiatement supérieure. Ce caractère, en apparence insi- gnifiant, est pourtant très constant et très frappant, je le répète, lorsqu'on a simultanément les deux plantes vivantes sous les yeux. Si, au point de vue spécifique, la comparaison des deux espèces n'’ajoutait presque rien à mes observations précédentes, il n’en était pas de même à un point de vue plus général. Jusque-là, je n'avais eu qu’une idée très imparfaite de la morphologie du genre /soêtes ; entouré comme je l'étais maintenant de copieux et excellents matériaux, l’occasion était belle pour apprendre de cette morphologie ce que pouvaient en enseigner deux espèces voisines, et je ne la laissai pas échapper. La souche, trilobée dans quelques espèces, est ici presque invariablement bilobée ; j’ai pourtant eu sous les yeux quelques exemples d’un /soëtes lacus- tris manifestement trilobé (1). (1) La souche de l’Isoètes lacustris est normalement bilobée, mais avec une particu- larité et une irrégularité qui n’existent, à ma connaissance, dans aucune autre espèce. Dans l’Isoëtes lacustris (au moins dans celui du lac Chauvet, le seul que j’aie étudié sous ce rapport), les deux lobes ont le dos creusé dans sa longueur de trois à cinq ou même sept sillons parallèles, et suivant leur profondeur ces sillons peuvent modifier considé- 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'axe de la souche passait jusqu'ici pour être indivis (1) et n’avoir, en conséquence, qu'un seul faisceau vasculaire, et tel est, en effet, l’état normal de tous les /soëtes, mais il n'est point rare de voir ce faisceau unique subdi- visé en deux ou trois, qui s'épanouissent à l'extérieur en autant de fascicules de feuilles ou frondes, développés en même temps que le fascicule central, et destinés à en être détachés, pour vivre d’une vie séparée, par la pourriture du point d'attache, ce qui, pour le dire en passant, pourra être d’une grande res- source, à défaut de succès par semis, pour multiplier les espèces qu’on vou- drait cultiver et dont on ne posséderait qu'un petit nombre d'individus (2). M. Durieu est le premier qui ait observé ce double ou triple bourgeon de la souche des /soëtes ; après lui, je l’ai fréquemment reconnu dans les /soètes lacustris, echinospora et setacea. Les racines ne sont point réparties sur toute la périphérie de la souche ; elles naissent exclusivement des sillons dont elles occupent toute la longueur, y compris même la base bi- ou trifurquée de la souche, et sont par conséquent distribuées en deux ou trois rangées longitudinales, suivant le nombre des sil- lons de la souche. Entremêlées, grêles, fragiles, de couleur brune et toujours plus ou moins agglutinées de limon, il n’est pas facile de les isoler pour recon- naître leur forme, mais on y parvient avec un peu de patience et après les avoir agitées dans un baquet d’eau, On découvre alors qu’elles ne sont point irrégulièrement rameuses, comme elles ont été partout figurées jusqu'ici, mais, quatre ou cinq fois et régulièrement dichotomes, à partir de leur milieu, la moitié inférieure étant seule indivise. Sur ce point je suis parfaitement d’ac- rablement la forme générale de la souche. Sont-ils légers et superficiels, la forme des lobes ne sera point sensiblement altérée, et une coupe transversale les montrera seule- ment crénelés sur les bords; sont-ils profonds, ce qui arrive très souvent à un des deux lobes, ce lobe prendra dans la coupe transversale une forme digitée (semblable à celle du tubercule palmé de quelques-uns de nos Orchis indigènes), et il pourra même paraître bilohé si un des sillons a été plus profondément creusé que ses voisins. La souche pourra donc paraître tri- ou même quadrilobée, lorsqu'elle n’est réellement que bilobée. Dans tous les cas, elle est irrégulière, comparativement à d’autres espèces, entre autres l'Isoëtes echinospora, où les lobes de la souche ne sont jamais sillonnés. Ceci est à ajouter aux caractères spécifiques qui distinguent l’soëtes echinospora du lacustris, et il en résulte qu’il y a un nom à corriger dans le mémoire de M. Hugo de Mohl : Ueber den Bau des Stammes von Isoètes lacustris (Linnœæa, XIV, 1840, p. 181- 193, tab. 3). La plante du Feldsee, qui a fourni les matériaux de ce savant mémoire, n'est pas l’{soëtes lacustris, mais l’Isoëtes echinospora, comme le prouvent suffisamment la souche régulièrement bilobée de la plante (d’après les figures et d'après tout le “hs du mémoire) et ses frondes étalées non dressées (d’après les fig. 1-4 de la pi. 3). (1) M. Hofmeister disait encore en 1852: Die Isoëten sind die einzige bekannte Gattung mit ausnahmslos unverzweigter Hauptachse (Cp: 423). (2) C'est par ce moyen que douze plantes de l’Isoëtes setacea, rapportées de Montpellier en 1857 et distribuées dans trois pots, ont pu être multipliées au Jardin-des-plantes de Paris de manière à fournir sept pleines potées dans l'automne de 1861, sans que cette multiplication ait pu être attribuée à la germination des spores, qui, je crois, sont toutes restées stériles, SÉANCE DU 91 JANVIER 1562, 24 cord avec M. Durieu, et, avant nous, M. Alexandre Braun avait déjà claire- ment signalé le fait de la dichotomie (Flora, 1847, I, p. 35, lin. 6-10); mais, en disant qu’elle n’est pas rare, il laisse supposer qu’elle peut manquer, comme, en disant les racines une ou plusieurs fois dichotomes, il suppose que leur dichotomie peut être réduite à une seule bifurcation, ce qui est contraire à mes observations, suivant lesquelles chaque racine est toujours dichotome, jamais irrégulièrement rameuse, et toujours plusieurs fois divisée, au moins dans son état adulte, au moins dans les espèces que j'ai étudiées sous ce rap- port, lacustris, echinospora, setacea, Hystrix et riparia (1). Ajoutons que ces racines sont très glabres dans les espèces lacustres ou palustres, et velues dans les espèces xérophiles, comme M. Braun l'a déjà dit (Bot. alq. 1849, fascicule non encore publié). Au sommet de la souche ainsi constituée naissent les frondes ou feuilles, en nombre indéfini, contractées en rosette dans un ordre spiral qui me paraît encore douteux, puisque les deux éminents auteurs qui en ont parlé ne sont pas d'accord entre eux, l’ordre phyllotaxique étant de 8/20 dans l’/soêtes lacustris pour M. Braun (Ælora, 1844, p. 34), et de 5/13 pour M. Hofmeis- ter (Gefæsskrypt. 1852, p. 160, in nota). Sur ce point je n’ai aucune obser- vation qui me soit particulière ; ces observations sont difficiles et presque tou- jours incertaines là où les feuilles sont nombreuses. Ajoutons que les frondes sont parfaitement droites dans la préfoliation, et nullement roulées en crosse. De la rosette de l’/soëtes détachez avec soin une fronde adulte quelconque, de manière à l’avoir bien entière. Elle est indivise, subulée, brusquement dilatée et semi-embrassante à la base, de forme, par conséquent, semblable aux feuilles de beaucoup de Liliacées bulbeuses ; la structure est néanmoins bien différente. On distingue dans cette fronde, suivant la terminologie de M. Braun, le pAyllopode, le voile, l'aire, \e sporange, la ligule et le limbe. Le phyllopode est la base dilatée et semi-embrassante de la fronde; ce serait le pétiole si on prenait la fronde pour une feuille. Ce phyllopode est creusé dans son milieu d’une large poche qui occupe une bonne partie de sa largeur et un peu moins de sa longueur, toujours plus ou moins ouverte du côté de l'axe, le plus souvent largement ouverte sous une forme arrondie ou elliptique, mais dans quelques espèces percée à la base seulement d’un très petit trou difficile à reconnaître. Le voile est ce qui reste de la membrane fermant antérieurement la poche et plus ou moins entamée par l'ouverture. Une bande étroite, d’un tissu particulier, circonscrit extérieurement la poche; c’est l'aire. L’aire est elle-même circonscrite par une membrane plus large et plus mince qui est le bord du phyllopode. A l’intérieur de la poche, antérieurement plus ou moins (1) M. Hofmeister a montré l’origine anatomique de cette dichotomie dans une coupe longitudinale de la racine primordiale indivise de l’Isoëètes lacustris. Voir tab. 13, fig. 1 (expliquée p.147 et 166) de son beau mémoire : Beitræge zur Kenntniss der Gefæss- krypt., Leipzig, 1852, gr. in-8°. 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. recouverte par le voile, et longitudinalement fixé à la nervure médiane du phyl- lopode, est un sac membraneux, clos de toutes parts, et intérieurement tra- versé, dans son petit diamètre, par trois, cinq ou plusieurs barres parallèlement superposées (1). Cette bourse est remplie de corps reproducteurs, et on l'appelle en conséquence sporange. En dehors de la poche à sporange et immédiatement au-dessus, toujours sur la face antérieure de la fronde et sur sa nervure médiane, est une petite écaille d’un tissu très mince et très fugace, qui se pré- sente ordinairement sous une forme ovale acuminée, avec base cordiforme. Elle est souvent si petite, si ténue et si bien appliquée à la surface de la fronde, qu’elle échapperait facilement à l'attention de tout observateur non prévenu; averti, on la trouvera néanmoins sans peine, avec l’aide d’une pointe solide quelconque qui puisse la soulever lorsqu'elle est trop exactement accolée à la fronde (2). Cette petite écaille, toujours unique sur une fronde d’Jsoëtes, est la ligule &e M. Braun. M. Hofmeister la croit de même nature que les paillettes, où Spreublætter, qui couvrent en si grand nombre le stipe et les frondes de beaucoup de Fougères (Beitr. zur Kenntn. der Gefess- krypt. 1852, p. 135). Tel est le phyllopode avec toutes les parties dont il se compose, ou qu'il embrasse. Le reste de la fronde, c’est le Zimbe, de forme subulée, comme je l’ai déjà dit, avec dos convexe et face plus ou moins creusée en gouttière, au moins dans sa moitié inférieure. Intérieure- ment le! limbe est partagé, dans toute sa longueur, par quatre cloisons qui rayonnent du centre à la circonférence, en autant de loges, formant quatre longs tubes, interceptés de distance en distance par de minces diaphragmes qui, dans chaque tube, alternent avec ceux des trois autres tubes {3). Les stomates manquent dans la plupart des espèces submergées ; ils sont plus où moins nombreux dans les espèces xérophiles et dans la partie émergée des (1) Ces barres transversales, dont j'ignore la fonction, ont été bien figurées par Wahlenberg (F1. Lapp., 1812, tab. 26, fig. B, C, H), par Bischoff (Kryptog. Gewæchse, fasc. 2, 4828, tab. 9, lig. 37, et par M, Hofmeister (Beitr. zur Kennin.der Gefæsskrypt., 4852, tab. 14, fig. 8). Sous la forme d’étroites lamelles linéaires, elles traversent le sporange de son angle interne au point opposé, adhérant au sporange par leurs deux extrémités (en quoi les figures de Wahlenberg me paraissent fautives), libres sur les côtés, de sorte qu'elles ne sauraient être prises pour des cloisons. Wahlenberg et Bischoff les représentent (au moins dans les macrosporanges) comme des réceptacles portant les spores (Bischoff, 1. c., tab. 9, fig. 38 et 40). M. Hofmeister ne s’explique pas sur leur nature. Pour moi, qui n’y ai pas vu adhérer les spores, je ne saurais rien dire de leurs fonctions. — J’ai compté jusqu’à onze de ces barres transversales dans l’J. echinospora. (2) Linné, qui n’était pas prévenu, a fort bien su la découvrir, et cela dès 1751, mais il la comprenait bien mal lorsqu'il l’appelait un calice (Skanska Resa, p. 417-420). (3) Les individus stériles du Juncus lamprocarpus et du Littorella lacustris ont exté- rieurement de grands rapports avec nos /soëtes, et, au premier aspect, ils peuvent faci- lement ètre confondus avec ces derniers, au milieu desquels ils vivent très souvent, mais on les distinguera toujours sûrement à la structure interne toute différente de leurs feuilles, où manquent les quatre cloisons longitudinales, et aussi à leur souche, qui est rampaute dans le Juncus et stolonifère dans le Littorella, au lieu d’être indivise comme dans l’/soëtes. SÉANCE DU 34 JANVIER 1862. 93 espèces palustres:; on les retrouve encore dans quelques espèces lacustres, telles que Malinverniana et Duriæana. Remarquons que limbe et phyllopode peuvent être de consistance très différente et n'avoir point la même durée. C’est ainsi que, dans les /soëtes Hystrix et Durici, deux espèces xérophiles, le phyllopode, durci et devenu corné ou coriace, persistera de longues années sur la souche, ‘après la destruction du imbe, sous la forme d’une écaille 2- ou 3-cuspidée ; tandis que, dans les autres espèces, où le tissu de la fronde est de nature molle, herbacé où membraneux, le phyllopode se décomposera de bonne heure et tombera en pourriture en même temps que le limbe. J'ai dit que toute fronde d’/soëtes portait à sa base excavée une bourse close, plus ou moins recouverte par le voile et renfermant des organes reproducteurs. Ces organes sont de deux sortes, les macrospores et les microspores, chaque sorté ayant son sporange particulier sur une fronde différente, de telle sorte que l'ensemble des frondes est partagé en deux cycles consécutifs dont le premier, où inférieur, dans chaque pousse de l’année, appartient aux macrosporanges, tandis que le second, composé d’un nombre de frondes un peu moindre, est réservé aux microsporanges, après lesquels il n’est pas difficile de reconnaître, à la fin de la saison, un ou deux nouveaux cycles préparés dans le même ordre pour l’année suivante. Felle étant la distribution des deux sortes de sporanges, voyons ce que sont leurs spores. Les macrospores sont des corps globuleux, d’un demi-millimètre de diamètre plus où moins (leur volume est variable suivant les espèces, mais il est, d’après M. Durien de Maisonneuve, constant dans chaque espèce), ét extérieurement d’un blanc mat à la maturité, au moins dans les espèces européennes. On y distingue deux hémisphères à peu près égaux, dont l’un à superficie parfaitement égale, l’autre divisé en trois pans triangulaires égaux par autant de crêtes longitudinales plus ou moins saillantes et abou- tissant à un sommet commun, les pans ainsi formés présentant à leur sur- face, suivant les espèces, une grande variété de saillies, tantôt tuberculeux et à tubercules plasou moins nombreux, plus ou moins obtas on aigus, tantôt réticulés on foréolés, tantôt enfin, mais très rarement, lisses etunis. L'intérieur de la spore, sous un tégument propre composé de trois couches, est entièrement rempli par un liquide blanc de lait qui se conerètera bientôt en uñ corps céllnleux (le prothallium), au sommet duquel se développent uñe où plnsieurs cellules subcutanées d’une nature particulière (archégones), desquelles fécon- dées naîtra embryon d’une nouvelle plante. Les microspores, infiniment ples petites et plas nombreuses (leur ensemble a l'aspect d’une farine branâtre), sont aussi d’une structure toute différente. Je n’entrerai dans ancun détail à ce sujet, parce qu’il s’agit ici de la plus fine micrographie, branche de là science à laquelle je suis malheureusement étranger. Je dirai seulement qu'on trouve dans les cellales. des nricrospores ces singuliers eorpuscules 2h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. animés ? vermiformes et ciliolés (anthérozoïdes, spermatozoïdes, Samenfwden) qu’on sait exister, concurremment avec les archégones, dans beaucoup de familles Cryptogames, et qui sont chargés de féconder les archégones par un procédé qui n’est pas encore bien connu (on n’a pas encore vu les anthéro- zoïdes en contact immédiat avec les archégones). M. Mettenius est le pre- mier qui ait constaté l'existence des anthérozoïdes dans le genre Zsoëtes {Beitr. zur Bot. fasc. 1, 1850). IL est bien entendu que les sporanges des deux sortes et les macrospores elles-mêmes étant indéhiscents, la fécondation de ces dernières ne peut avoir lieu que par la décomposition putride de leurs enveloppes, laquelle n'arrive, je crois, que très tard dans la saison, si toutefois elle arrive avant la fin de l'année, au moins dans les espèces lacustres de la montagne, là où les eaux doivent être prises de glace pendant tous les mois d'hiver. Ce qui est certain, c'est qu'ayant eu, du 24 août au 21 octobre, six fois l’occasion d'examiner vivantes les deux espèces du plateau central, non-seulement je n’ai rencontré aucune germina- tion, ni à l'intérieur, ni à la proximité immé:liate d'aucune touffe de ces plantes, mais que je n’ai jamais vu les. macrospores dans leur état parfait de développe- ment. Quoique adultes en apparence par leur volume et le revêtement carac- téristique de leur surface, l’intérieur de ces macrospores était encore liquide, même à la date du 21 octobre, et leur sommet ne s'était point encore ouvert pour donner passage aux anthérozoïdes ; elles n'étaient point mûres, et le moment où elles pourraient être fécondées n’était point encore arrivé, d’où je conclus qu'ici très probablement la fécondation et la germination n’ont lieu qu’au printemps. Ce n’est pas qu'aux mêmes dates d’août, septembre et octobre, je n’aie trouvé autour des mêmes touffes des germinations nom- breuses ; mais, déjà munies de deux, trois ou plusieurs frondes, elles m'ont paru trop avancées, et d’ailleurs trop éloignées de la touffe actuellement spo- rifère pour qu’elles pussent provenir de Ja même période végétale ; selon toute probabilité, elles provenaient de spores formées dans le cours de l’année pré- cédente. J’ai dû noter ce fait de biologie, tel qu’il m'est apparu dans nos deux espèces de la montagne, en attendant que M. Durieu nous fasse connaître comment les choses se passent dans les espèces de la plaine, tant lacustres que xérophiles. Telle est sommairement, et en dehors de toute analyse microscopique, la morphologie de l’/soëtes, autant que j’ai pu la comprendre, après étude atten- tive faite au Mont-Dore sur les deux espèces du pays, et après avoir lu plu- sieurs des beaux travaux publiés en Allemagne sur la même matière, par- ticulièrement ceux de MM. Al. Braun et Hofmeister, ce dernier portant la date de 1852 et compris dans son mémoire Beitr. zur Kenntn. der Gefæss- krypt. p. 123-167, tab. 1-16, où l’auteur décrit la germination de l’/soëtes dans le plus grand détail, en confirmant la découverte des anthérozoïdes faite avant lui dans ce genre de plantes par M. Mettenius. Quant à M. Braun, SÉANCE DU 31 JANVIER 1862. 25 qui s'occupe depuis si longtemps d’/soëtes avec l’habileté d'observation que tout le monde lui connaît, il. existe un texte de lui, générique et spécifique, préparé dès l’année 1848, pour la Botanique algérienne, où il avait été appelé à décrire le genre /soëtes. Ce travail, déjà ancien, est malheureusement resté jusqu’à ce jour inédit, par suite de circonstances étrangères à l’auteur, mais on en trouve un extrait dans la #lore de France de MM. Grenier et Go- dron (III, 1856, p. 649), et c’est là que j'ai pris la nomenclature des organes employée dans les pages qui précèdent (1). On trouvera, d’ailleurs, tous les principaux détails de la morphologie de l’/soëtes parfaitement représentés, de la main même de M. Braun, dans les planches coloriées 36 et 37 de la Bota- nique algérienne, livr. 12 et 14, publiées en août et novembre 1849, où ont été figurées les quatre espèces algériennes velata, adspersa, Hystrix et Duriæi. Six jours venaient de s’écouler dans ce repos studieux, et mes jambes avaient repris quelque force, mais elles étaient bien loin de suffire à l’exploration que j'aurais voulu faire de plusieurs localités remarquables de la vallée du Mont- Dore, quoique toutes plus ou moins voisines du village des Bains. Je devais renoncer au pic du Capucin, à la gorge de la Cour, au Puy-Ferrand, ce rival du Puy-de-Sancy qui ne lui est supérieur que de 32 mètres, aux hauteurs de Chaudefour, à la cascade du Serpent, etc., toutes localités que MM. Lecoq et Lamotte citent fréquemment dans leur Catalogue des plantes du plateau cen- tral, sans la visite desquelles je ne pouvais me flatter d’avoir appris à con- paître suffisamment la statistique végétale des Monts-Dores. Il fallait aban- donner tout cela. Mais, au début et au retour de ma dernière excursion, j'avais été frappé de la belle verdure qui tapissait les pentes abruptes du sommet de la vallée, c’est-à-dire la base du revers septentrional du Puy-de- Sancy, entre les hauteurs de la gorge de l'Enfer et la mine d’alun, sous les rochers dits les Aëguillettes. Cette verdure ne pouvait provenir que d’une végétation bien nourrie, et à cette altitude d’environ 1600 mètres (c’est l’alti- tude présumée de la mine d’alun, d’après M. Lecoq), on pouvait se flatter de trouver là réunies la majeure partie des espèces subalpines de la contrée, Ces pentes, quoique richement gazonnées, sont escarpées à tel point qu'elles ne peuvent être ni fauchées ni pâturées, et ceci ajoutait beaucoup à mon intérêt par la certitude que les plantes à cueillir seraient là dans un parfait état d’intégrité. Je résolus donc d'entreprendre encore cette course qui n’était pas longue, (1) C’est à tort que, dans le texte de M. Grenier, le mot area de M. Braun a été rendu par auréole ; il ne peut être traduit que par aire. Je ferai, de plus, remarquer en passant que M. Grenier me paraît avoir décrit sous le nom d’/soëtes lacustris, non l’espèce à laquelle ce nom doit rester, mais celle que M. Durieu de Maisonneuve distingue sous le nom d’echinospora ; c’est à cette dernière espèce seulement que conviennent les caractères de feuilles d'un vert clair et de macrosporanges (pour macrospores) très finement muriqués-spinuleux que M. Grenier attribue à son /soètes lacustris (1. c., p. 650). 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. puisqu'elle pouvait se faire en une demi-journée, me proposant de gagner les hauteurs de la gorge de l'Enfer, pour de là cheminer horizontalement, au tra- vers de la prairie vierge, jusqu’à l'entrée de la mine d’alun, d’où je redescen- drais facilement dans la vallée par le chemin en zigzag que la compagnie concessionnaire de la mine a récemment fait établir. Le 3 septembre donc, au inatin, je m’acheminai dans cette direction, accompagné de Jean fils, et nous eûmes bientôt atteint l’entrée de la gorge de l'Enfer, où devait commencer la partie sérieuse de l’ascension. Le bas de I gorge, accessible aux vaches, n'offrait aucune difficulté, quoique encombré d'énormes blocs de rochers, descendus des hauteurs voisines ét créant dans ce lieu un affreux chaos. Après un quart d'heure de marche au milieu de ce dédale, bien digne du nom qu’il a reçu, nous traversàmes le tor- rent, alors très guéable, qui reçoit les eaux de la gorge pour les porter un peu plus bas à la Dordogne naissante, et nous nous trouvâmes au pied du premier des nombreux ravins qui déchirent le côté gauche de cette gorge et qui justi- fient de plus en plus son nom. Ce ravin, peu profond, mais étroit, abrupt, rectiligne, à parois nues et déchirées, embarrassé de pierres roulantes ayant souvent le calibre d’un rocher, le fond rongé par un torrent, réduit aujour- d’hui à un filet d’eau qui rend le chenal plus glissant ; ce ravin, dis-je, parais- sait tout à fait impraticable à des jambes même exercées, et pourtant c'était la seule voie qui pût me conduire au but. ....Quid non mortalia pectora cogis, Auri sacra fames ! Les fleurs étaient pour moi plus que de l'or. Donc je m'engage résoläment dans le ravin, et moitié en marchant, moitié en rampant, usant parfois des genoux et des coudes pour remonter un étroit défilé, fréquemment soutenu par la main de mon guide où par son bâton tendu de haut en bas, gêné pen- dant tout ce rude exercice par ma boîte dé fer-blanc, qui n’avait pas quitté mon épaule gauche, après une grande heure de pénibles efforts, j'arrive enfin, haletant, au point jugé de niveau avec la mine d’atan (j'ai déjà dit que cette altitude était d’énviron 1600 mètres) et où devait commencer la traversée horizontale. Le gazon était Rà tout près, succédant brusquement au canal raviné, le gazon frais, parfaitement vierge, et promettant une grande variété d'espèces subalpines. La berge est bientôt escaladée, et me voilà au milieu des hautes herbes, véritable Auerta dans le désert de la montagne. Mais ici la côte s'abaisse Sous un angle qui rappelle exactement celui du Puy-de-Sancy. Je suis, de plus, informé qu’une succession de hauts et de bas, sur cette pente ondulée, compliquera singulièrement les difficaltés de la marche horizontale sur une ligne qui n’est pratiquée ni per les hommes ni par les vaches. J'essaie néanmoins, mais bientôt, vacillant, trébuchant, je suis obligé de m'arrêter, reconnaissant avec dépit que je n’ai plus ni le pied ni la tête assez moñta-: SÉANCE DU 931 JANVIER 1862. 97 gnards, surtout après l’aventure des 27 et 28 août, pour affronter les risques de l'entreprise. La retraite par l'échelle brisée du ravin, bien autrement diffi- cile à la descente qu’à la montée, paraissait même impossible. Heureusement qu’une glissade, proposée par mon guide, une glissade faite sur la pente ga- zonnée, le corps étendu sur le dos, me permit de franchir en peu d’instants une bonne partie de la rampe que j'avais si laborieusement montée, ce qui me fournit le moyen, ayant ainsi les yeux au niveau des herbes, d’inspecter de près et sur un plus long espace, le tapis végétal qui couvrait le sol, suppléant ainsi presque verticalement à ce que je n'avais pu faire en suivant la ligne horizon- tale. Après cette glissade, nous rentrâmes dans la partie inférieure et plus praticable du ravin qui, en montant, nous avait servi d'échelle, En un quart d'heure je me retrouvai au bord du torrent auquel aboutit le ravin, et après un autre quart d'heure j'étais rendu en lieu sûr, à l’entrée de la gorge, si jus- tement appelée de l’Enfer. Cependant ma boîte s'était remplie et elle renfermait plusieurs bonnes choses capables de me faire oublier les fatigues de la rude corvée que je ve- nais d'accomplir, bien propres surtout à me faire mieux connaître la végétation de cette zone inférieure du Sancy, que quelques jours auparavant j'avais trou- vée si pauvre sur la ligne du col, parce que là elle avait été depuis longtemps tondue par les vaches. Dans la partie inférieure de la gorge de l'Enfer, depuis l'entrée jusqu’au torrent à traverser, partie sèche, brûlée par le soleil et déjà pâturée, j'avais trouvé sur les rochers inaccessibles aux vaches : Androsace carnea KL. (en très petite quantité et entièrement passé), Æ/ieracium vulyatum Koch, Libanotis montana GB minor Koch, Saxifraga Aizoon Jacq. (à panicule depuis long- temps desséchée), Dianthus monspessulanus XL. (bien fieuri), Dianthus cœæsius Sinith (assez commun, mais depuis longtemps flétri) et Cerastium alpinum var. lanatum (j'en ai vu des restes très reconnaissables, mais tout à fait passés, sans fleurs ni fruits, et que pour cette raison j'ai négligés) {1). Dans les creux et sur les côtés frais du ravin d’ascension, à partir du tor- rent, ligne inaccessible aux bestiaux, j'avais cueilli Zuzwla glabrata besv. (L. spadicea B DesvauxiiE. Mey.), Saxifraga stellaris L., Phyteuma spi- (1) La gorge de l'Enfer est le seul endroit où, dans le cours de mon dernier voyage, j'aie rencontré la forme lanatum du Cerastium alpinum L. Mais cette plante, si émi- nemment alpine, est d’ailleurs assez répandue sur les points culminants de l'Auvergne. MM Lecoq et Lamotte ne lui assignent pas moins de neuf localités (Catal. p.107). Grâce à MM. Des Étangs et de Lambertye, je la possède de trois de ces localités : sommet du Puy-de-Saney, Puy-Mary et Plomb-du-Cantal. Le 17 août 1821, j'ai pu la récolter moi-même au sommet de cette dernière montagne, à une altitude de très peu inférieure à celle du Puy-de-Sancy (1858 mètres suivant Ramond). Ramond l’a vue lui-même au sommet du Sancy, et il en parle comme d’une plante très semblable à celle qu'il avait précédemment trouvée au Mont-Perdu dans les Pyrénées, très semblable aussi à celle qu'il avait reçue des montagnes d'Autriche (Applicat. des nivellem., 1815, p- 462). 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. catum L. (défleuri), Hrieracium prenanthoides Vi. (Æ. spicatum AM.), Tri- folium badium Schreb., Trifolium pratense B nivale Koch (belle variété, très velue, dans le plus bel état de végétation), Æpilobium trigonum Schrank (avec de gros bourgeons sessiles et écailleux, paraissant sortir d’une souche vivace, par conséquent très différents de ceux de l'£pilob. montanum et de l'Epil. palustre), Chærophyllum hirsutum L., Arabis alpina L. (une seule touffe, en fruit), Angelica pyrenæa Spr. (en fruits parfaits), Biscutella lævi- gata B montana Lecoq et Lamotte Cat., Poa glauca [une seule toufle, à feuilles vertes et à panicule très glauque), /mperatoria Ostruthium L., Rumex arifolius All, Anedostyles albifrons Rchb. et Mulgedium alpinum Less, Au sommet de l'échelle, à 1600 mètres d'altitude présumée, parmi ces verts gazons qui de loin avaient excité ma convoitise, mais dont je n’avais pu explorer qu’un petit coin, oh! déception, deux seules plantes méritaient d’être cueillies, le Pedicularis foliosa L. (en fruit), et une Ombellifère dont je vais dire quelques mots. J'ai récemment décrit, comme espèce nouvelle, sous le nom de Meum ado- nidifolium, une plante qu’en l'année 1850 j'avais récoltée à la Val, dans la haute Tarantaise { Bull, Soc. bot. de Fr. VIX, 1860, p. 575 in nota). Cette plante était évidemment très voisine du Meum Mutellina Gærtn., mais sa taille était plus élevée, quoiqu’elle ne fût encore qu’au commencement de sa floraison (le 3 juin), et ses feuilles radicales, plus finement découpées, étaient supportées par un pétiole plus allongé, circonstances d’où ressortait un port particulier que je n'avais pas observé dans le Meum Mutellina, même fructi- fère, croissant plus haut dans la montagne. Je crus donc à une nouvelle espèce et je cherchai à l’appuyer par des caractères tirés de son ombelle à rayons gla- bres, non scabriuscules, de ses involucelles à folioles moins nombreuses, de son fruit plus petit, enfin de ses styles plus courts et plus épais. C’est avec cet ensemble de caractères bien légers, inais soutenus par une différence de port, que j'ai cru pouvoir, l’année dernière, introduire la nouvelle espèce dans le monde. Quels n’ont donc pas été ma surprise et mon désappointement, lors- qu’au 3 septembre 1861, retrouvant la même plante au Mont-Dore, la même pour la taille et pour le port, et croyant avoir ajouté quelque chose à la statis- tique végétale de l'Auvergne, j'ai été obligé de reconnaître après étude, qu'il n’y avait pas lieu de se fier aux caractères indiqués, qu'ils étaient tous varia- bles, et que par conséquent l'espèce n’était pas tenable ! Ce n’est qu’une forme élancée du Meum Mutellina, qui, nain dans la zone alpine au col du Sancy, à 1785 mètres d'altitude, comme dans toute Ja chaîne des Alpes, al- longe considérablement sa tige et ses feuilles radicales lorsqu'il descend dans la zone subalpine, comme il le fait à Tignes et à la Val en Tarantaise (1120 et 1400 m. d'altitude), et sur les flancs de la gorge de l'Enfer au Mont-Dore (alt. d’environ 1600 m. et au-dessous). Cette forme est pourtant bonne à SÉANCE DU 31 JANVIER 1862. 29 conserver dans les herbiers pour montrer quel aspect différent une différence de taille, accompagnée de feuilles plus amples et plus longuement pétiolées, peut imprimer aux individus d’une même espèce, croissant aux deux limites extrêmes de leur zone. Cette différence de taille est souvent ici de plus du double, car les plus longues tiges que j'aie pu mesurer étaient de 20 centi. mètres pour la plante du col du Sancy (le vrai Meum Mutellina, pareil à celui de la région alpine de la chaîne des Alpes), et de 50 centimètres pour celle de la gorge de l'Enfer, où la taille ne descend que rarement à 25 centimètres, au moins dans la plante fructifiée et complétement développée, telle que je l'ai rencontrée le 3 septembre 1861. | Le pic du Capucin (1392 mètres d'altitude), qui flanque à l’ouest la vallée du Mont-Dore, a le sommet entièrement dénudé. Une forêt de Hêtres garnit sa base jusqu’à la limite des prairies qui cernent le village des Bains (alt. 1044 mètres) (1). Une vaste forêt de Sapins (Abies pectinata) succède immé- diatement aux Hêtres et couvre toute la zone intermédiaire de la montagne. Un sentier presque horizontal traverse cette dernière forêt, presque dans toute sa largeur, du sud au nord, à environ 170 mètres au-dessus du fond de la vallée, en passant un peu au-dessous de la clairière qu’on appelle le Salon du capucin. Du haut de la vallée, au sortir de la gorge de l'Enfer, mon guide à voulu me ramener au gîte par ce sentier, et je lui en ai su bon gré, car je ne crois pas avoir jamais terminé plus agréablement une journée de fatigues. Le charme de ces lieux, surtout pour qui sort de l'Enfer, c’est la beauté des arbres, la fraîcheur des sources, la vigueur de la végétation herbacée, bon nombre de fraises encore sur pied, avec le parfum que leur donne la montagne, et surtout une prodigieuse quantité de framboises, que le voyageur altéré rencontre avec grand plaisir, quoiqu'à peine arrivées à leur parfaite maturité. Quant aux plantes qui seraient pour moi remar- quables à d’autres titres, elles sont rares sur les bords du sentier dans lequel je suis engagé, et je n’aurai pas besoin de mes cinq doigts pour les compter. est d’abord le Silene rupestris L., plante de la zone supérieure, que je (4) Trois jours auparavant, voulant essayer mes jambes encore bien faibles, je dirigeai une courte promenade à quelques portées de fusil au S.-0. du village, de manière à suivre sur ‘une certaine étendue la base de la zone de Hêtres dont il s’agit ici. Sur cette lisière ou dans les prairies immédiatement sous-jacentes, je pus cueillir le C'entaurea nigra L. (partout trè$ commun au Mont-Dore), le Digitalis purpurea L., l’'Orobus tuberosus L. (en fruit) et le Fragaria vesca L. (sans fleurs ni fruits, mais avec des cou- lants de plus d’un mètre de longueur). Là se trouvaient encore le Ribes petrœæum Jacq., le Senecio Cacaliaster Lam. et le Doronicum austriacum Willd., mais dans un état trop avancé pour être récoltés. Je remarquai enfin que, ce jour-là, on moissonnait un dernier champ de Seigle à proximité du village. C'était le 1‘ septembre, par conséquent quatre ou cinq semaines après l’époque où se fait généralement la récolte des céréales dans les plaines du nord de la France. Le Seigle, l’Orge, l’Avoine et le Sarrasin sont les seules céréales qui puissent être cultivées dans la vallée des Bains du Mont-Dore, encore n'est-ce que dans sa moitié inférieure. Le climat est trop froid pour le Froment ainsi que pour toute espèce d’arbres fruitiers. 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rencontre ici en petite quantité et en un seul endroit, sur un escarpement qui aboutit au sentier, et qui est sans doute descendue des hauteurs du Capucin. C’est ensuite le /0sa alpina, très commun dans la forêt, en ce moment en fruit, comme on le pense bien, mais à fruits encore verts. C'est, enfin, une forme du Genista pilosa L., remarquable par sa tige droite, s’élevant d'environ A décimètres au-dessus du sol, et d’ailleurs très rameuse, comme la forme couchée, J'ai trouvé cette forme curieuse assez abondante à l'extrémité nord du sentier, là où il se perd dans une clairière de la forêt de Sapins, là où j'allais quitter la hauteur pour descendre presque en droite ligne au village des Bains. Il est bon de dire que je n’ai pas vu le Genista pilosa ailleurs au Mont-Dore. Quant à la forme ordinaire de la même espèce, je l'ai moi-même cueillie sur les flancs de l’Aubrac, étroitement collée sur le sol (voy. & VIII, p. 509). Un chemin de chèvres, précipiteux et mal indiqué au travers de la double zone de Sapins et de Hètres, m’eut bientôt ramené aux premières prairies, qui sur la route de Rigolet, ceignent du côté de l’ouest le village des Bains, et là je récoltai dans une haie un Rosier en fruits verts, dont l'espèce est encore dou- teuse pour moi, quoiqu'il appartienne certainement au groupe du /osa canina; c'était le symbole de la vie que j'avais menée au Mont-Dore : des fleurs beau - coup, mais aussi beaucoup d’épines. (La suile à la prochaine séance } M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR DEUX ORCHIDÉES , par ME. P, DUCHARTRE. J'ai l'honneur de mettre sous les veux de la Société les fleurs de deux Or- chidées exotiques qui, l’une et l’autre, me semblent avoir assez d'intérêt pour mériter de fixer un instant son attention. La première est l'Angrecum (1) ses- quipedale Du Pet.-Thou., espèce de Madagascar ; l’autre est un bel Oncidium qui a été importé du Guatemala, il y a déjà plusieurs années, et que néan- moins j'ai tout lieu de regarder comme n’ayant pas 616 décrit jusqu’à ce jour. Je dois la communication de ces deux belles plantes à notre collègue M. Kéte- leër, dans les serres de qui elles sont en ce moment en pleine floraison. I. — Angreeum sesquipedaie Du Pet.-Thou. Cette Orchidée, dont les fleurs sont regardées par M. Lindley comme les (1) Ce genre d'Orchidées tire son nom du mot malais Angurek, par lequel sont désignées certaines de ses espèces. Dès lors on ne conçoit guère pourquoi Du Petit- Thouars y a introduit un æ qui lui donne fort à tort une apparence d’étymologie grecque. Pour ce motif, je crois devoir suivre l’exemple de M, Reichenbach fils, qui l'écrit Angrecum et non Angræcum. SÉANCE DU 31 JANVIER 4862, 31 plus grandes qu'on ait encore observées dans cette vaste famille, était connue, jusqu'à ces dernières années, seulement par la figure non accompagnée d'une description, que Du Petit-Thouars en avait publiée dans son Æistoire particu- lière des plantes Orchidées recueillies sur Les trois îles australes d'Afrique (pl. 66 et 67). Elle a été introduite vivante en Angleterre par M. Ellis, qui l’a vue fleurir dans sa serre, pour la première fois en 1857, et pour la deuxième fois en 1559; M. Kételeër s’en procura un pied en Angleterre, au prix énorme de 1206 francs; c’est ce pied qui a fleuri chez lui en 1860 (1), et qui se trouve en fleur en ce moment, pour la seconde fois. Depuis qu'il est devenu la pro- priété de cet horticulteur distingué, il a pris un développement remarquable, Aujourd’hui sa tige unique, chargée de feuilles distiques serrées sur toute son étendue, n’a pas moins de 0",60 de hauteur; elle porte quatorze magnifiques fleurs en forme d'étoile à six rayons, d’un blanc d'ivoire, légèrement translu- cides, qui mesurent 0",20 de largeur, et qui ont chacune un gigantesque éperon, loug d'environ 0,30. Je ne crois pas devoir donner une description de l'Angrecum sesquipedale, mais je demande à la Société la permission de consigner dans cette note quel- ques détails sur divers points de l’histoire de cette remarquable Orchidée. On doit à M. Ellis des renseignements précis sur les localités dans lesquelles on trouve cet Angrecum, à Madagascar. Il y est beaucoup moins répandu que l'A. superbum ; il y est même peu abondant. Il croît dans les parties les plus basses et les plus chaudes de l’ie, et s'attache en général aux arbres qui se trouvent soit sur la lisière des forêts, soit en groupes peu serrés et épars, cou- vrant imparfaitement certaines plaines ; sur ces arbres, les pieds les plus forts de l’épiphyte se montrent à la hauteur de 4 à 6 mètres au-dessus du sol, fixés aux parties les plus sèches du tronc et des branches. Au total, M. Ellis a cru reconnaître que l’Angrecum sesquipedale existe surtout dans les lieux où abon- dent la lumière et l'air. Là les feuilles de cette plante ne sont ni nombreuses ni grandes, mais elle fleurit abondamment, et ses fleurs ont une teinte de crème bien plus prononcée que sur les pieds venus à l'ombre. D'après le même voyageur, les racines de cette Orchidée ne sont pas entre- lacées ni molles conne celles de l'A. superbum, mais elles sont, au contraire, peu nombreuses, séparées, longues et fermes ; elles descendent souvent le long des arbres sur une longueur de plusieurs mètres, et contractent avec l'écorce une telle adhérence qu’il faut exercer un effort très énergique pour les rompre ou les détacher. Comme je l'ai dit plus haut, l’Angrecum sesquipedale a été signalé pour la première fois au monde botanique par Du Petit-Thouars, qui en a donné la ligure sans description dans son ouvrage sur les Orchidées des îles australes (1) La Revue horticuie a publié (1860, p. 164 et 165) une figure réduite de cetle plante telle qu’elle était pendant sa première floraison. 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'Afrique. Cet ouvrage, en format in-8°, porte la date de 1822 ; sur la planche 66 on y trouve la représentation médiocrement exacte et de grandeur naturelle d’un fruit et d’une feuille, tandis qu’à la planche 67 on voit la repro- duction réduite d’un pied jeune, qui présente deux pédoncules florifères. Mais antérieurement à la publication de cet ouvrage, qui n’a pas été terminé, Du Petit-Thouars avait exécuté des figures beaucoup plus soignées de sa plante favorite, Ces figures, en format in-folio et coloriées avec soin, n'ont pas été publiées ; elles font partie d’une série de six planches sans texte, dont on ne trouve pas la mention dans le Thesaurus de M. Pritzel, mais qui existent dans la riche bibliothèque de M. Delessert et dans l’herbier d’Orchidées de Richard, qui est aujourd'hui entre les mains de M. Prillieux. Sir Will Hooker dit les posséder également. La première de ces planches (n° 1 de la série) porte au bas l'indication suivante : A. P. ad viv. del. 1795 et sc. 1804, c'est-à- dire Aubert du Petit-Thouars ad vivum delineavit 1795 et sculpsit 1804. La figure qu’elle renferme est la même, sauf les proportions, que celle qui occupe la planche 67 de l'ouvrage in-8°. Quant à la seconde (pl. 2), elle représente un pied également fleuri, mais attaché à un tronc d'arbre. Je dois faire observer que la manière dont ce pied a été représenté fixé à l'arbre est absolument inadmissible, et en contradiction formelle tant avec ce qu’on sait du mode d’adhérence des Orchidées épiphytes en général, qu'avec les détails donnés par M. Ellis et reproduits plus haut au sujet de la situation de l’Angrecum sesquipedale sur les arbres qui le portent. En effet, cette figure montre l'extrémité inférieure de la tige de l’épiphyte sortant d’une étroite fente transversale de l’écorce et munie seulement de deux racines, l’une à droite, l’autre à gauche, qui s’étalent horizontalement. Lorsque l’Angrecum sesquipedale a fleuri en Angleterre en 1857, M. Lindley en a publié dans le Gardeners” Chronicle une figure gravée sur bois qui re- présente de grandeur naturelle une fleur isolée (Gard. Chron. 1857, p. 253). À la deuxième floraison de la plante, en 1859, sir Will. Hooker en a fait exé- cuter par M. Fitch une belle figure coloriée, qu'il a publiée dans le Botanical magazine (tab. 5113), avec une description. Cette dernière figure a été re- produite par M. Van Houtte dans sa Flore des serres, pl. 1413-1414. Or, la comparaison de ces figures de notre plante dues à Du Petit-Thouars et à sir W. Hooker soulève une difficulté singulière. Tous les pédoncules florifères sur les deux pieds différents qui ont été dessinés par Du Petit-Thouars lui-même montrent ce fait curieux et anomal, que l’épanouissement des fleurs marche- rait de haut en bas, c’est-à-dire que la fleur supérieure s'y montre épanouie, tandis que les deux placées plus bas sont encore à l’état de bouton fermé ; cette particularité, si elle était exacte, s’écarterait entièrement de l’ordre qu'on observe dans l'épanouissement des fleurs, des épis et des grappes. D’un autre côté, la figure publiée dans le Botanical magazine n'offre rien de semblable ; les fleurs v montrent l’ordre habituel d’épanouissement du bas vers le haut. SÉANCE DU 934 JANVIER 4862. 33 J'aurais beaucoup d'siré reconnaître par moi-même quelle est celle des deux figures, contradictoires à cet égard, de l’Angrecum sesquipedale, qui est con- forme à la nature, Malheureusement lorsque j'ai vu la plante de M. Kételeêr il était déjà trop tard; les fleurs étaient toutes épanouies, et leur examen ne pouvait plus m'instruire à ce sujet. Ayant appris que cette rare espèce existe aussi chez M. le comte de Nadaillac, et qu’elle à fleuri cette année dans les serres de cet amateur zélé d'Orchidées, j'ai tâché d’obtenir de ce côté quel- ques renseignements ; mais cette fois encore mes efforts ont été vains, La plante que possède M. de Nadaillac est jeune et faible; ses pédoncules n’ont amené chacun qu’une seule fleur à son épanouissement. Je suis donc forcé de laisser sans réponse, pour cette année, la question que je viens de soulever ; toutefois si l’analogie peut être ici de quelque poids, elle donne raison à M. Fitch, le dessinateur de la figure du Botanical magazine ; en effet, l'épanouissement du bas vers le haut se montre non-seulement chez la géné- ralité des Orchidées, mais encore dans les autres espèces d’Angrecum. Je suis donc très porté à croire, sans toutefois en avoir encore la preuve directe (1), que Du Petit-Thouars a renversé par inattention l’ordre réel de l’épanouisse- ment des fleurs de sa plante, de même qu’il a donné à la tige de celle-ci un mode d'attache dont on ne peut guère admettre la réalité. En figurant la fleur de l’Angrecum sesquipedale dans le Gardeners’ Chro- nicle (loc. cit.), M. Lindley a retracé en même temps la coupe transversale de l'ovaire de cette plante. Mais son dessin, fait probablement à la suite d’un examen à la loupe, ne donne guère que le contour extérieur, et laisse ignorer diverses particularités curieuses que montre une section transversale examinée altentivement. Je ne puis, faute de figures explicatives, entrer ici dans des détails circon- stanciés sur ce sujet intéressant ; je crois cependant devoir y consacrer quel- ques lignes, afin de donner une idée de la constitution de l’ovaire de cette plante. L'ovaire de l’Angrecum sesquipedale est parfaitement continu au pédicule qu'il surmonte, de telle sorte que l'examen le plus attentif, à l'extérieur, ne peut apprendre où l’un commence ni où l’autre finit. Une nombreuse série de coupes transversales m'a montré qu'il en est de même à l’intérieur, à tel point que la structure anatomique des épaisses parois de l'ovaire découle par des nuances successives de celle du pédicule, et qu’elle est déjà bien constituée, avec ses caractères distinctifs, à un niveau notablement plus bas que celui où (1) Sans posséder non plus à cet égard d'observation tout à fait concluante, M. Pril- lieux est très porté à donner raison à M. Fitch contre Du Petit-Thouars ; il se rappelle, en effet, avoir vu, sur un pédoncule floral, la fleur inférieure déjà un peu fanée et jaunie, tandis que les deux supérieures plus jeunes avaient encore toute leur blancheur. IL a bien voulu m'autoriser à rapporter cette circonstance observée par lu, — (Note de l'auteur communiquée pendant l'impression.) T. IX a) 3h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. commence à se creuser dans le centre de la masse une petite cavité ovarienne, L'ensemble des deux, pédicule et ovaire, a 0,09 de longueur totale. L'ovaire est üssez fortement renflé, à trois faces à peu près planes, qui correspondent aux trois sépales et qui alternent avec les trois placentas. Les trois angles formés par la réunion de ces faces sont creusés chacun d’une profonde gout- tière longitudinale que convertit en canal à moitié fermé une dilatation mem- braneuse et fortement ondulée des bords des deux faces adjacentes. Si l’on exa- mine de près, sur une coupe transversale, les parois de l’une quelconque de ces gouttières, on voit que les deux latérales dont je viens d'indiquer la nature convergent obliquement l’une vers l’autre ; quant à la face qui constitue le fond ou plancher de la gouttière, elle est convexe et n’est pas autre chose que la portion libre d'une sorte de grosse côte arrondie, que circonscrivent deux fentes profondes. En d’autres termes, chacun des trois angles de cet ovaire. forme une sorte de grosse côte à section demi-circulaire ; mais cette côte est embrassée et fortement débordée par les deux expansions marginales des faces adjacentes ; il résulte de là que ces trois côtes non-seulement ne font pas saillie aux angles de l’ovaire, mais encore qu’elles s’y trouvent cachées au fond d'autant de gouttières longitudinales. J'ajouterai que dans l'épaisseur même des parois ovariennes, une ligne de tissu particulier, à cellules étroites et serrées, part du fond de chacune des fentes rayonnantes qui circonscrivent les trois grosses côtes dont je viens de parler et s'étendent vers les côtés des trois placentaires. On distingue donc dans les parois ovariennes trois masses longi- tudinales et placentifères à l’intérieur, équidistantes, qui répondent aux trois angles de l’organe entier, et trois triangles interposés à ces masses qui viennent s'épanouir extérieurement pour former les trois faces de ce même organe, Cette structure est l'indice manifeste des six valves de deux natures différentes que sépare la déhiscence de la capsule des Orchidées en général. J’ajouterai que les épaisses parois de cet ovaire sont parcourues longitudinalement par des faisceaux en bien plus grand nombre qu’on n’en observe chez la généralité des Orchidées. Je ferai observer que le pied d’Angrecum sesquipedale que possède M. Ké- teleër porte une douzaine de grosses et fortes racines aériennes brunes, épaisses d'environ 0®,04, qui naissent isolément de la tige dans l'intervalle des feuilles distiques et sur un plan perpendiculaire à celui dans lequel celles-ci sont comprises, Ces racines sortent indifféremment sur les deux côtés opposés de la tige ; cette disposition n'offre rien d’extraordinaire, tandis qu’un: très fort pied d’Angrecum superbum, qui est placé à côté du premier, et dans des conditions identiques, a développé un grand nombre de racines aériennes moins grosses et de couleur plus claire, sur un seul côté de sa tige, IL. — Oneidium splendidum À. Rich. La seconde Orchidée, dont j'ai l'honneur de mettre une inflorescence sous SÉANCE DU 34 JANVIER 4862. 35. les yeux de la Société, est une belle espèce du grand genre Oncidium. M, Pril- liéux, qui possède aujourd'hui l’herbier d’Orchidées des deux Richard, a bien voulu m’appreñdre que cette plante est représentée dans cette précieuse col- lection par une fleur accompagnée de l'étiquette suivante-: « Oncidium splen- didum A. Rich., Guatemala. M. Herment, 4852. » Je dois inême à son obligeance la communication de cette fleur, dont j'ai pu ainsi reconnaître la parfaite identité avec celle de ma plante. Cette identité recoit son complément de démonstration de ce fait, que le pied qui est en ce moment fleuri chez M. Kételeër, et sur lequel a êté pris l’échantillon que je présente, provient également du Guatemala, et a été donné à notre collègue par M. Herment, de Caen. C’est donc, sans le moindre doute possible, l'espèce nommée O. splen- didum par A. Richard, dans son herbier. Toutes les recherches que j'ai faites m'ont confirmé dans l’idée qu’A. Ri- chard n’a publié nulle part la description de cette Orchidée, qu'il avait reconnue comme nouvelle, Il me semble donc utile de donner ici l'indication des ca- ractères qui la distinguent. ONCIDIUM SPLENDIDUM A. Rich., in herb. (sect. Pentapetala plurituber- culata sarcoptera Vindl.), espèce voisine de l'O. tigrinum Lla. et Lex. O. pseudobulbis brevibus, rotundatis, ancipitibus, monophyllis ; foliis ob- longis, subacutis, superne canaliculatis et basi conduplicatis, crassis rigidisque, undique sub lente punctulatis; scapo pruinoso, erecto; racemo nutante, sub- 10-floro; sepalis petalisque subæqualibus, lineari-oblongis, undulatis, apice revolutis; labello erecto, amplo, convexiusculo, pandurato auriculis parvis reflexis : lobo medio amplo reniformi stipitato, apice emarginato ; tuberculis tribus totidem cristas angustas longitudinales efformantibus, duobus inferio- ribus minoribus inter se parallelis cum tertio multo majore alternantibus ; columnæ alis geminis carnosis, obliquis, oblongis, semi-ellipticis, integris. Guatemala. En fleurs au mois de janvier 4862, chez MM. Thibaut et Kéte- leér, rue de Charonne, 146, à Paris, qui l’ont reçu de M. Herment, de Caen. L'Oncidium splendidum À. Rich. à des pseudobulbes courts, comprimés, arrondis où un peu ovales, monophylles. Ses feuilles, oblongues, un peu aiguës, formant gouttière, surtout à la base, sont très épaisses et fort roides, Sa tige florifère s'élève de 0",55 à 0",65 ; elle est dressée, un peu arquée où penchée dans sa portion florifère, qui comprend environ 0",25 de sa longueur ; l’inflo- réscence est une grappe qui réunit 9 ou 10 grandes fleurs, longues de 55 mil: limètres, d’un beau jaune, sur lequel tranchent de grandes macules et bandes transversales rouge brun, couvrant la majeure partie des sépales et pétales, d’un beau jaune uniforme sur le labelle, dont les deux oreillettes basilaires portent chacune une macule marginale rouge brunâtre Dans ces fleurs, les sépales et les pétales sont linéaires-oblongs, aigus, largement ondulés aux bords, roulés en dehors au sommet ; les pétales {(0",25) sont un peu plus longs que les sépales (0,20), faiblement arqués : le labelle est dirigé en haut, très 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. grand, trilobé, ses deux lobes basilaires formant deux petites oreillettes réflé- chies en dessous, son lobe médian étant beaucoup plus grand, rétréci infé- rieurement en pédicule, élargi ensuite en un grand limbe réniforme et échan- cré au sommet, dont-la ligne médiane est relevée d’une forte saillie lisse, en carène très proéminente, qui suit deux autres crêtes plus petites, en alternant avec elles. Vers son extrémité, la colonne présente deux ailes obliques, sub- marginales, en demi-cercle, entières, charnues. M. Eue. Fournier fait à la Société la communication suivante : SUR UNE MONSTRUOSITÉ DE RUBUS, par MM. Eugène FOURNIER et Maurice BONNET. M. Maurice Bonnet a recueilli au mois d'août dernier des échantillons d’un Rubus monstrueux, aux environs de Baden-Baden, dans la Forêt-Noire et près des ruines du vieux château d'Yburg, pendant une herborisation faite avec M. Gaudefroy. La plante offrait dans toutes ses fleurs des traces d’une anomalie telle que celle qui est figurée dans la planche I de ce volume. Les calices en sont considérablement hypertrophiés et un peu charnus, les pétales, au contraire, plus petits qu’à l’état normal, verts et imparfaitement développés. Nous n'avons pas vu de vestige des étamines. Les carpelles sont portés sur ün axe élevé de 4 à 2 centimètres au-dessus de la fleur, mince et cylindrique ; ils sont pédiculés, ascendants, arqués et concaves du côté de l'axe, glabres et complétement secs, terminés par un style presque aussi long que le fruit. Nous en avons ouvert plusieurs sans trouver de graines à leur intérieur. Voilà donc un Æubus dont les fruits présentent extérieurement les caractères du genre voisin Geum, par leurs carpelles secs, munis d’un long style. Il est vrai que ce style n’est point articulé comme dans ce dernier genre ; d’ailleurs il y a des Æubus munis à l’état normal d’un style tout aussi long. Ach. Richard a décrit dans sa Flore d’ Abyssinie, t. I, p. 256, le Æubus ex- succus Steud., comme pourvu de « carpellis in capitulum ovoideum aggregatis oblongis compressis subarcuatis siccis foveolato-reticulatis glabris ». Le nom spécifique de cette plante et la description de ses fruits concorderaient assez bien avec la monstruosité que nous avons sous les yeux. Mais la description et le nom sont mauvais tous deux. M. Joseph Hooker, dans une florule de l’île de Fernando-Po (1), fait remarquer que le Æubus exsuccus Steud., qu’il considère comme une forme du 2. apetalus Poir., porte des fruits comestibles d’après le témoignage de MM. Roth et Kirke ; ce dernier avait récolté lui- (1) On the vegetation of Fernando-Po (Journal of the proceedings of the Linnean Society, vol. VI, n° 21, Bot, p. 9). SÉANCE DU 31 JANVIER 1862. a7 même l'espèce pendant l'expédition dirigée par M. Livingstone, en 1860. D'ailleurs les échantillons que Richard avait eus à sa disposition pour tracer les caractères de l'espèce, portaient des fruits trop jeunes, et qui, vu les exem- plaires déposés dans l’herbier du Muséum, paraissent en effet secs et arqués; tandis que des échantillons plus avancés du même Æubus, envoyés en 1853 par M. Schimper sous le numéro 796, présentent des baies violettes à péricarpe mince, il est vrai, mais très apparent. Notre plante est bien une forme monstrueuse et non point un type spéci- fique. D'ailleurs les fleurs n’en sont pas toutes semblables, et la dimension des différents organes qui les constituent varie dans tous les échantillons. On pour- rait voir un exemple de balancement organique dans le développement du calice, développement qui coïncide avec l’atrophie des carpelles; quant à l'ab- sence des akènes, elle est sans doute due à l'absence des étamines et au défaut de fécondation. M. Prillieux, vice-secrétaire, donne lecture des communications suivantes, adressées à la Société : ENCORE UN MOT SUR LE CLIMAT DE LA FRANCE AU MOYEN AGE, par BE. le baron de MÉLICOCA. (Raismes, 7 janvier 4862.) Déjà nous nous sommes efforcé de prouver que le climat de la France avait varié et qu’il n’était plus le même qu’au moyen âge (1), puisque la Vigne était alors cultivée dans plusieurs localités du nord de ce royaume, localités où le raisin n’arriverait plus aujourd’hui à une parfaite maturité, même dans les années les plus favorables, si la Vigne y était encore cultivée en pleine campagne (2). Le document suivant, que nous empruntons à un compte de l’église Saint- (1) En 1499, le vin nouveau est mentionné à Béthune dès le onze seplembre. — Dans une charte de l’an 706, on parle de Vignes situées à Solesmes près Valenciennes (Champollion-Figeac, Documents inédits sur l’histoire de France, t. II, p. 398-400). — Si nous en croyons Baccius (De naturali vinorum historia, lib. VII, p. 338), Louvain, en Belgique, se glorifiait de ses vendanges. — En août 1472, une ordonnance des échevins de Péronne dit: que nuls subjects ne soit sy hardi de vendre roisins pour ceste année, sur paine de vis. Nous savons déjà qu’à cette époque de vastes vignobles existaient auprès de cette ville. (Voy. Bull. Soc. bot. de Fr.t. V,p. 24.) (2) Un auteur du xv° siècle, parlant des ravages que les insectes font éprouver aux Vignes et aux Oliviers, dit: Comedit locusta, et residuum locuste comedit brucus, el resi- duum bruci comedit erugo (sic) (sans doute eruca, ms. n° 91, fol. 106 v°, bibl. de Valen- ciennes). — La laouste (sauterelle), dit un autre moraliste de la même époque, mengue le résidu et les reliefz de la honnine (chenille), et le haneton mengue le résidu de Ja laouste, et le miella mengue le résidu du haneton. — ou bois s’engendre le ver quy le mengue et le ronge; aussy fait ou drap l& mote et ès arbres la honnine (ms. n° 233, ibid. , fol. 111** vr1 v°, LXxVI v°). 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pierre de Guise, viendrait, suivant nous, confirmer ce que nous avions alors avancé. Nous y lisons que le « bocquet de feu... Barbier devait, tous les ans, le jour de la Sainte-Trinité à la confrairye de la Sainte-Trinité de l’église Saint-Pierre cinq solz, ou un pot de freize. » Or, presque toujours la fête de la Trinité à lieu dès le commencement de juin, quelquefois même vers la fin de mai, et, à cette époque, la fraise de bois, la seule dont il puisse être question ici, n’est pas encore, de nos jours, arrivée à une parfaite maturité dans le nord de la France. Le document suivant, que nous fournit l’argentier de la ville de Lille, déclare, il est vrai, que, en 1464, « x1It bonnés de coulleur viollet, furent dé- livrés au rewart et x11 eschevins qui portèrent le celet audessus de la fiertre de Notre-Dame de la Treille, au lieu de chappeaux de rozes, obstant ce que l'on ne pouvoit recouvrer des boutons de rozes, aftendu qu'il estoit tempre (1) en saison (que la saison était peu avancée). » Or, la procession de Notre- Dame de la Treille ayant toujours eu lieu après celle de la Fête-Dieu, et la fête de Pâques ayant été célébrée, en 1464, le 4°* avril, cette procession serait des premiers jours de juin, époque où les Rosiers cultivés au moyen âge devaient, en effet, n'avoir encore aucune fleur (2). Toutefois, un moraliste de la même époque nous dit : « Si les arbres flori - ront en avril et les roses seront en may, les bleds en aoust et vendenges en octobre » (ms. n° 291, ibid. fol. LxXII v°). NOTE DE M. le baron de MÉLICOC@ SUR DES TRUFFES DE BOURGOGNE ENVOYÉES A PHILIPPE-LE-BON EN 1438. (Raismes, 7 janvier 1862.) Les précieux renseignements fournis par notre savant confrère M. A. Passy, et consignés pp. 232-35, t. VIII de notre Bulletin, m'ont remis en mémoire que la récolte des truffes avait lieu en Bourgogne dès le xv° siècle, puisque le (1) Ce mot nous rappelle les quesnes et les quesneaulx temprez, aussi bien que les quèsnes moilens, mentionnés par les argentiers de Béthune, qui parlent aussi fréquem- ment des eras ormels, nom sous lequel l'Orme à écorce d’Érable est encore désigné auprès de St-Pol, en Artois. (2) Rosa ad gelum noctis clausa, ad solis radiosum splendorem se aperire festinat. — Quando fit ista aqua rosacea, quod per virtutem ignis separatur, humor pura a rosis, et remanet id quod est impurum et siccum (ms. n° 217, ibid. fol. cexvi r°, x1v£ sièele). — Noune aliquis herba tam minima, que non germinet, vel frondescat, vel aliquem viriditatem ostendat, nisi desit ei humor et fit sicea? (ibid. fol. cet v°).— Videmus quod humor diversos ramos arboris in uno slipite connectit et fit una arbor (ibid. fol. ceix r°).— Empruntons encore à ce moraliste du x1v° sièele le passage suivant, important, selon nous, pour l’histoire de la médecine à cette époque reculée : Sanguis de membris fugit ad cor, et quando cor confortatur de sanguine, redit sanguis ad membra, et tunc homo securus et audax eflicitur (fol. CCLXI r° et v°). — Fol, ecLvi vw, il dit : Sanguis per multam coctionem fit lac, unde lac non aliud est quam sanguis biscoctus. SÉANCE DU 31 JANVIER 1862. 39 comptable du duc de Bourgogne déclare « qu’il a remis VE vin s., en 1438, à Jehan Chapponnel, de Villers-le-Duc, pour don, quant nagaires, yl apporta à Ms. le duc des truffes, en Brabant, et pour soy en retourner en Bour- gongne (1). » Il est certain que Champier déclara que les truffes les plus estimées ve- naient de Franche-Comté, de Bourgogne, de Saintonge, du Dauphiné et de l’Angoumois. , Il faudrait maintenant tâcher de découvrir, dans les manuscrits du xv° siècle, si les procédés aujourd’hui en usage dans la Haute-Marne et la Côte-d'Or datent de cette époque reculée. M. de Schœnefeld rappelle qu'au xv° siècle, l’année civile se trouvait en retard de neuf jours sur l’année astronomique, et que, par conséquent, les divers phénomènes de végétation résultant de la marche des saisons devaient, à cette époque, se produire un peu plus tôt qu’on ne les observe depuis la réforme du calendrier, dite grégorienne, qui a été effectuée en 1582. M. Duchartre dit que le changement supposé du climat de la France lui paraît fort contestable. Il se rappelle qu’Arago refusait d'admettre ces variations. Il croit cette question, qui a été savam- ment traitée par M. le professeur Fuster (de Montpellier), résolue aujourd’hui en sens contraire de l'opinion exprimée par M. de Mélicocq. Il rappelle que, si la Vigne était jadis cultivée dans quel- ques pays septentrionaux de l’Europe, c'était probablement à cause de la difficulté des communications et parce que les habitants de ces contrées aimaient mieux avoir de mauvais vin que de n’en pas avoir du tout (2). M. Prillieux rappelle (à cette occasion) que l’on trouve, dans le Misopogon de l'empereur Julien, un intéressant renseignement sur le climat de Paris à l’époque de la domination romaine, d’où il résulte que, si le Figuier y était cultivé, comme du reste il n’a cessé de l'être depuis (notamment à Argenteuil), ce n'était pas chose moins indispensable au 1v° siècle qu’au xIx°, de protéger cet arbre artificiellement pendant l'hiver. Voici la traduction du passage indiqué : L'hiver n’y (à Paris) est pas rude, ce qu'ils (ses habitants) attribuent à (1) Arch. gén. du Nord, reg. aux comptes de la maison de Bourgogne. (2) Voyez le Bulletin, t. V, p. 23-25 et t. VI, p. 448. 0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Océan, dont ils ne sont qu’à 900 stades... Quoi qu’il en soit, ils ont de bonnes Vignes, et des Figuiers même, depuis qu’on prend soin de les revêtir de paille et de ce qui peut garantir les arbres des injures de l'air. Cette année-là, un hiver extraordinaire couvrit la rivière de glaçons. Vous connaissez les carreaux qu’on tire des carrières de Phrygie ; je ne puis repré- senter autrement ces pièces énormes de glace qui flottaient au gré des eaux et qui, se suivant sans relâche, étaient près de se rapprocher et de faire un pont (Œuvres de l'emp. Julien, trad. Tourlet, Paris, 1821, t II, p. 374). M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de l'extrait suivant d’une lettre adressée à la Société par M. l'abbé Miégeville : LETTRE DE M. l'abbé MIÉGEVILLE. A MM. les membres de la Société botanique de France. Notre-Dame-de-Garaison (Hautes-Pyrénées), 25 janvier 1862. Messieurs et honorés confrères, La note de M. J. Gay relative au Zrisetum découvert par moi dans les Pyrénées, et insérée dans le Bulletin de la Société, t. VIII, p. 449, est aussi pleine d'intérêt que de vérité. Je l’ai lue avec plaisir, et je remercie M. de Schæœnefeld de me l'avoir envoyée. Mais, puisque notre plante est une acqui- sition nouvelle et vraiment précieuse pour la botanique française, il n’est pas hors de propos d’en achever la monographie. Je ne viens point contredire les savantes annotations de notre honorable confrère, je viens les confirmer. Permettez-moi de vous communiquer les observations que j'ai faites avant de connaître son travail, et d’y joindre celles que j'ai faites depuis. Elles me semblent n'être pas dépourvues d'intérêt; j'ose espérer que la Société les accueillera avec faveur. Je vous ai signalé le petit coin des Hautes-Pyrénées où notre plante fleurit. Vous savez qu’elle croît spontanément entre Pinède et le Mont-Perdu en Espagne, et Gavarnie, Barrèges et Aragnouet en France. Vous savez que nous l'avons observée dans trois montagnes de la vallée de Héas. Mais vous ignorez encore le point fixe où elle stationne dans chacune de ces localités. Il importe cependant de l'indiquer, afin que d’autres puissent se promettre de la retrou- ver après nous et sans nous. C’est pour ce motif que j'aurai l’honneur de remeltre sous vos yeux une esquisse rapide et nette des trois herborisations qui en ont amené la découverte. 4° Le 3 août 1860, pour la première fois, nous recueillimes notre Graminée dans le Camp-Long, près des tours les plus élevées qui en surmontent les crêtes hardies. Mêlée aux Festuca Eskia, Pou alpina, Agrostis rupestris, etc., elle se trouve assez rapprochée des Grentiana glacialis, Gregoria Vitaliana, SÉANCE DU 34 JANVIER 186°. Al T'halictrum alpinum, etc. De tous les gîtes que je lui connais, c’est le plus élevé ; et ce gîte occupe une exposition méridionale et chaude. 2° Plus tard, le 5 septembre (même année), je la retrouvai en compagnie des Avena montana, Carex capillaris, Kobresia Bellardi (Elyna spi- cata), etc., au-dessus de la région habitée par le Gentiana nivalis, à peu de distance des premiers glaciers qu’on aperçoit dans la partie sud du ‘cirque de Trémouse. Cette deuxième station, toute boréale et peu visitée par le soleil même en plein été, est moins haute que la première. 3° Enfin, le 22 août 1861, j'ai pu constater la croissance spontanée de notre Trisetum à la base du Gabiédou et à côté du torrent alimenté par les glaciers qui le couronnent en tout temps. Il a pour voisins l’Agrostis alpina, et les Carex frigida, curvula, rupestris, etc. Cette troisième demeure boréale, comme la deuxième, est située entre le Mont-Ferrant et les pics de la Canaou. Elle est à un kilomètre environ du Maillet, petit vallon qui est comme le mar- chepied des montagnes de Trémouse et du Gabiédou. Elle regarde en face les riches pâturages de la montagne de Groûte. Il résulte de ces faits que la petite zone où notre plante se développe est comprise entre la haute et la basse région alpine. Les botanistes savent qu’on peut prendre pour termes de la végétation, dans la haute chaîne de nos mon- tagnes, la demeure de l’'Armeria alpina Willd., et celle de l’Agrostis alpina Scop. L’Armeria alpina n’habite que les cimes, et semble marquer les der- nières limites de notre végétation. L’Agrostis alpina ne s'élève pas à cette hauteur, et on le retrouve jusque sur les rochers de la basse région alpine. Notre plante ne monte pas aussi haut que celle de Willdenow ; elle ne descend pas aussi bas que celle de Scopoli. Telle est sa situation géographique dans les Hautes-Pyrénées. Après avoir exactement fixé le lieu d’origine de notre Graminée, il sera utile de l’étudier en elle-même. Lorsqu'elle sera bien connue, on pourra facilement lui assigner le rang qu’elle doit occuper dans la flore de France. D’après plusieurs auteurs, loin de constituer une espèce à part, elle ne serait pas autre chose qu’une forme du Zrisetum subspicatum de Palisot de Bauvois. M. J. Gay n’est pas de ce sentiment, et tout porte à croire qu'il a raison. Ces deux plantes, il est vrai, ont bien des caractères communs qui les rapprochent; mais il en est un surtout qui les sépare totalement et ne permet point de les confondre sous un même nom spécifique. Je veux parler de l’inflorescence. L'inflorescence du 7risetum subspicatum, comme le dit M. J. Gay, consiste en un épi dense et toujours fortement contracté. L’in- florescence du nôtre consiste en une panicule GRÊLE, LACHE, agrostoide, même étalée à l’époque de l’anthèse. Cela est si vrai, qu’au premier aspect on le confond avec l'A grostis alpina qui s'élève à ses côtés. M. Gay a très bien saisi ce caractère, quoiqu'il ne possédât pour son travail d'analyse que de fort maigres échantillons. 11 en a compris toute la valeur. Il faut donc h?2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tenir avec lui notre Zrisetun pour spécifiquement distinct du 7. subspn- catum, plutôt que de le considérer comme une variété de cette plante. Il est peut-être plus facile encore de confondre notre plante avec le Trise- tum flavescens P. B. Ces deux espèces ont bien des points de similitude : même port, même inflorescence, même panicule, et parfois même couleur dans les épillets. L’Avena alpestris DC., qui n’est qu’une forme du Trisetum flaves- cens, a ses épillets panachés de blanc, de jaune et de violet, à peu près comme notre Zrisetum. On dirait que notre Graminée est celle de De Candolle rabou- grie et étiolée, Mais l'épaisse touffe des nombreux faisceaux de feuilles qui se déploient de tous côtés à la base rameuse du chaume de notre Zrisetum, établit une énorme différence entre ces deux espèces. C’est le principal carac- tère de notre plante ; c’est son caractère vrai et spécifique. On ne peut la voir sur pied sans être frappé de ce phénomène de végétation, Aussi we suis-je toujours appliqué à la récolter entière et avec de fortes racines. Malgré des précautions minutieuses, mes herborisations sont restées imparfaites à cet égard. Les rejets feuillés dont il s’agit sont si frêles que la plupart se brisent et se détachent du tronc principal, tandis qu’on le dégage des nombreuses plantes presque toujours déracinées avec lui, Le 22 août de l’année dernière, au Gabiédou, après y avoir perdu un temps considérable, il me fallut renoncer à cette délicate opération. Je ne pus obtenir qu'un seul échantillon qui fût presque complet. Notre Zrisetum est donc aussi distinct du 7, flavescens que du 7°. subspi- catum. On ne saurait admettre l'identité de ces deux plantes. La nôtre est en outre remarquable par son extrême rareté, M. J. Gay, avec tout son savoir et les ressources de son riche herbier, n’a pu lui découvrir que trois colonies : l’une en Laponie, l’autre dans la Sibérie orientale, et la troisième dans le coin des Pyrénées où je l’ai surprise, Je dois ajouter qu’il s’en faut bien qu’elle y soit commune. Je ne lui connais que trois gîtes fort restreints, et je vous les ai signalés. Il y a environ sept ans que j’explore les montagnes de Héass il est peu de ravins abordables où je n’aie pénétré, peu de pics accessibles que je n’aie escaladés, peu de pentes et de rochers que puisse tenter le pied de l'homme, où je n’aie grimpé, 11 me semble que j'ai apporté à mes investigations uu soin suffisant. Toutefois notre Graminée s'était jus- qu'ici dérobée à mes regards. Je n'ai pu d’ailleurs en recueillir qu’un assez petit nombre d'échantillons : une douzaine au Camp-Long, deux seulement au cirque de Trémouse, et une soixantaine au Gabiédou. Peu satisfait de ma récolte du 22 août dans celte dernière localité, j'y retournai cinq ou six jours après. Il me fut impossible d'en retrouver uu seul pied. Il ne s’agit plus que de décrire fidèlement notre Graminée. Personne ne we parait plus propre à une opération de cette nature que celui qui l'a maintes fois observée vivante et fraîche. Pour ce motif, je me suis essayé à formuler, à rédiger moi-même une description exposant les caractères vrai- SÉANCE DU 31 JANVIER 1862. A3 ment spécifiques saisis par moi dans l'ensemble des échantillons qui ont passé sous mes yeux. Les mots soulignés expriment les caractères qui distinguent notre Zrisetum, soit du 7. subspicatum, soit du 7. flavescens. Cette des- cription me semble avoir toute l'exactitude désirable ; j'espère que la Société ne la jugera pas indigne de sa bienveillante attention. La voici : TRISETUM AGROSTIDEUM Fries. — Panicuale grêle, lâche, agrostoide et non spiciforme, à rameaux solitaires ou réunis 2-5 ensemble, composés de 1-5 épillets; les inférieurs semi-verticillés. Épillets glabres, luisants, bi- tri- flores, bigarrés de vert, de jaune et de violet, Glumes ovales, aiguës ; l’infé- rieure à 1, la supérieure à 3 nervures. Glumelle supérieure bifide, à 2 lobes aigus; l'inférieure presque uninervée, terminée par 2 courtes soies et por- tant sur son dos à peine rude au-dessus du milieu une arête droite d’abord, puis tortillée et plus longue que la fleur. Feuilles courtes, linéaires, peu aiguës, constamment planes, à bords rudes el souvent ciliées ; glabres où munies de quelques poils épars, étalés ainsi que la gaîne très allongée, Languette ovale, tronquée-déchirée. Chaumes solitaires ou fasciculés, frès glabres méme au sommet, courbés à la base, puis redressés. Souche vivace, fibreuse, rarement traçante, émettant en tous sens d'épaisses touffes de stolons stipités. J'ai cru devoir ajouter à mes premières communications les notes supplé- mentaires que vous venez de lire, pour ne pas laisser incomplète l’histoire de notre petit Zrisetum et pour lui décerner les honneurs que lui mérite sa qualité de nouveau-venu dans la flore de France. Je les abandonne à votre intelligente appréciation et à votre fraternelle indulgence. M. le Président montre à la Société le dessin d’un Champignon monstrueux, et donne lecture de l’article suivant d’un numéro du journal de Bolbec (Seine-Inférieure), où a été décrit ce phénomène : « Il existe, dans le cimetière des Trois-Pierres, un fort bel If, cinq ou six fois séculaire, dans le tronc duquel M. l'abbé Deschamps, curé de la paroisse, a eu l’heureuse idée de créer une miniature de chapelle gothique. — A dater de ce moment, l’If-chapelle commença d’être visité par les pèlerins, dont le nombre a toujours été croissant. — Or, dans les premiers jours de juin de la pré- sente année, un ancien officier légionnaire qui habite la Remuée, l'honorable M. Desmares, venant à passer devant l’If, aperçut, à travers la porte vitrée de la chapelle, une forme étrange qui attira son attention. Il regarda de plus près, etreconnut un Champignon colossal qui, pour se faire jour, avait percé, on ne sait comment, l’épaisse couche de plâtre qui revêt le dedans de la cha- pelle. Ce Cryptogame, haut d'environ 35 centimètres, sur 20 de largeur, outre son développement inusité, affectait des manières d’être tout à fait extraordinaires. En effet, comme on en peut juger d’après le dessin exact dà au crayon de M. Jules Loisel, instituteur de la commune, la base du Cham- A1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pignon est formée par une sorte de pied difforme à trois doigts. Immédiate- ment après, on distingue l'empreinte d’un pas d'homme. Au-dessus, et c’est là le plus intéressant, apparaît une tête parfaitement caractérisée, avec un beau front, l'œil bien fendu, l’arcade sourcilière bien ouverte, un nez qui rappelle le type bourbonnien, et une perruque àtrois, voire à quatre mar- teaux. Seulement le bas du visage est voilé comme par une draperie. Cette tête supporte un chapiteau relevant de l’ordre roman le plus fantastique. Du sommet du front se projette une fort jolie valve, de tout point semblable à certains bénitiers de nos églises. Plus haut s’entr’ouvre une grosse vilaine bouche, dont le menton sert d'attache à une autre coquille recourbée qui semble n’attendre, pour remplir sa destination présumée, que de l’eau bénite. Vis-à-vis de cette dernière, il est facile, avec un peu de bonne volonté, de reconnaître un ange extatique à genoux, les ailes éployées. Puis enfin, au milieu resté libre entre l'ange et la bouche gargantualesque, repose gracieu- sement une conque des plus élégantes à bords renversés et frangés qu'on dirait contenir des fruits. » M. Chatin ajoute que le Champignon dont le journal de Bolbec donne une description si fantastique n’est autre que le Polyporus sulfureus Fries, grande espèce rameuse et irrégulière, affectant fréquemment les formes les plus bizarres. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, AVRIL 1862. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Einige Beobacbtungen aus dem Gebicte der Pflanzen- Anatomie (Quelques observations du domaine de l'anatomie végétale); par M. le docteur F. Hildebrand. In-4° de 28 pages, avec 2 planches litho- graphiées, 1861. Bonn, chez Henry et Cohn. Ge petit recueil contient six articles différents : le premier traite de la pré- sence de stomates sur l’épiderme des pétales. En énumérant les différents cas où l’auteur a pu observer ce phénomène, il les divise en six catégories, et parle : 1° des stomates qui ne se trouvent que sur les parties des pétales qui, dans le bouton floral, sant à découvert ; 2° des stomates qui occupent une seule face, soit la supérieure, soit l’inférieure, des pétales complétement couverts dans le bouton; 3° des stomates situés sur les deux faces, lorsque, dans le bouton, l’une est couverte, l’autre découverte; 4° des stomates occupant les deux faces lorsque les pétales sont entièrement couverts dans le bouton ; 5° des pétales dépourvus de stomates lorsque, à l’état de bouton, ils restent couverts pendant un long espace de temps ; et enfin 6° des pétales dépourvus de stomates quoique étant peu ou n'étant point du tout couverts à l’état de bouton. Le second article contient les observations de l’auteur sur le pollen du Morina elegans, et en particulier sur les phénomènes qui se présentent lorsque les tubes polliniques de cette plante se développent. Le troisième article nous offre les observations de l’auteur sur la structure anatomique de quelques fruits capsulaires qui sont doués d’une déhiscence circulaire. Dans le quatrième article, M. Hildebrand expose ses observations sur la position de l'embryon par rapport à l’axe floral et la tige, dans la famille des Crucifères et dans quelques autres familles dicotylées. Le cinquième article traite des bourgeons hivernaux du Potamogeton cris- pus. L'auteur s’est livré ici de préférence à l'étude de la structure anato- mique de ces organes. Le sixième article donne la description de quelques cas de présence de 7 bourgeons superposés dans l'aisselle d’une feuille, h6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ce recueil intéressant est accompagné de deux planches lithographiées au trait, dont les dessins ont été exécutés par l'auteur. JOHANNES GRŒNLAND. Production de la matière verte des feuilles sous lPin- fluence de ln lumière électrique; par M. Hervé Mangon (Comptes rendus, 1. LI, pp. 243-24h). L'auteur de cette note a observé le développement de la chlorophylle sur de jeunes pieds de Seigle soumis à la lumière électrique. Dans ses expé- riences, l'électricité était produite par une machine électro-magnétique mise en mouvement par une machine à vapeur. La lumière était cbtenue par une lampe à charbon. Nous renvoyons à la note de M. Mangon pour les antres détails. D' EUGÈNE FOURNIER. Recherches chimiques sur les éléments minéraux €con- tenus dans quelques plantes épiphytes du Jardin des plantes et du jardin du Luxembourg; par M. S. de Luca (Comptes rendus, t. LAIT, pp. 244-246). On trouvera dans cette note l'indication des résultats obtenus par l'analyse chimique de quelques Orchidées et Broméliacées épiphytes et de deux Curlu- dovica. Il résulte de cet examen que les cendres de ces plates renferment toutes de la potasse, de la soude, de la chaux, de la magnésie, de l’alumine, de la silice, du fer, du manganèse, du chlore, de l'acide sulfurique et de l’acide phosphorique ; on a trouyé aussi du cuivre dans quelques cendres. E. F. Recherches expérimentales d’organogénie et de plhy- siologie végétales; par M. Hétet (Comptes rendus, 1 LI, pp. 1004-1007). M. Hétet avait présenté déjà à l’Institut, il ÿ a plus de deux ans, un tra- vail où il montrait, après M. Trécul, que les plaies faites à des arbres par décortication, et soustraites à l'influence de l'air comme de la lumière, se recouvrent de plaques contenant les éléments de l'écorce et nées sur place de la couche génératrice, ce qui est, comme on sait, une preuve contre la théorie des décurrences. M. Hétet avait de plus remarqué que chez tin végétal monocotylédoné, le Yucca aloifolia, il ne sé développait aacane de ces pla- ques, mais bien un bourrelet qui augmentait le diamètre de l'axe immédia- tement au-dessus de sa section. Encouragé par l'approbation de l’Académie, M. Hétet à poursuivi ses recherches. I fait connaître aujourd’hui une expé- rience pratiquée sur le Pircunia dioica Moq. Dans cette expérience, la décor- tication ayant été pratiquée profondément ét au delà de Ja couche génératrice, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h7 les tissus vasculaires enlevés ont été reproduits par les couches celluleuses qui séparent les zones ligneuses du tronc ; l’auteur explique ce fait par la rapidité de la végétation des Pircunia, qui produisent, comme on sait, plusieurs couches ligneuses chaque année, et par Ja vitalité particulière de la masse utriculaire de leur tige, laquelle offre, même jusqu’au canal médullaire, une légère coloration verte. L'auteur ajoute qne cette expérience démontre d’ail- leurs encore l'impossibilité d'admettre la théorie des fibres descendantes pour expliquer l'accroissement des tiges des Dicotylédons. E. F. Sur la nature des gaz produits pendant la décomposi- tion de lPacide carbonique par les feuilles exposées à Ia lumière; par M. Boussingauit (Comptes rendus, t. LI, pp. 862-864). | | M. Boussingault s’est proposé de répéter les expériences de Théodore de Saussure sur les fonctions des feuilles exposées à la lumière, mais en perfec- tionnant les méthodes employées. C'est ainsi qu'ayant reconnu combien il est difficile de purger par l’ébullition l'eau des gaz qu'elle renferme, il a résolu de faire trois expériences pour arriver à reconnaître si les feuilles fixent de l'oxygène, et dans quelle proportion, quand le soleil les éclaire. Le savant physicien extrait d’abord les gaz dissous dans l'eau qui doit servir à ses expériences ; il analyse ensuite les gaz contenus dans les feuilles qu’il doit mettre en observation ; enfin il étudie ce qui se passe dans l’eau chargée d’acide carbonique où il place ses feuilles en les exposant au soleil. Cette triple observation le met à l’abri de diverses causes d'erreur auxquelles n'avaient pas échappé d’autres observateurs. 1] a étudié les phénomènes offerts dans ces circonstances par les feuilles du Pin-maritime, du Potamogeton natans, d’une Renonculacée aquatique, du Laurier-Rose, du Pêcher, d’un Saule et du Lilas ; il résume les données obtenues par ces expériences dans un tableau auquel il ajoute quelques-uns des résultats obtenus antérieurement par des recherches analogues. On voit par ces faits que tantôt l'oxygène apparu par la décomposition de l'acide carbonique, a dépassé le volume dis- paru de ce gaz, et que tantôt il lui a été inférieur, Il y a eu de plus une légère apparition d’azote bien plus faible que celle indiquée, par d’autres observa- teurs, mais appréciable cependant et coustante. Il a trouvé une petite proportion de gaz combustibles (oxyde de carbone, hydrogène protocarboné), mélangée avec ce résidu d'azote. M. Boussingault termine en faisant remarquer que la production de ces gaz, qui, come on le sait, sont délétères, a toujours lieu quand le soleil frappe des végétaux placés dans une eau chargée d'acide carbonique, et qu'il faudrait peut-être voir là la cause de l’insalubrité des contrées marécageuses. E. F. AS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Aperçu sur la flore de arrondissement de Chartres, supplément ; par M. Ed. Lefèvre. In-8° de 8 pages. Chartres, 1860). L'aperçu donné en 4859 par M. Lefèvre sur la végétation de l'arrondisse- ment de Chartres, ne renfermait que des généralités. Il entre aujourd'hui dans plus de détails, et signale les localités spéciales qu’il a constatées aux environs de cette ville depuis le mois de juin 1859, suivant l’ordre de familles adopté par MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre dans leur Flore des envi- rons de Paris. E. F. Nouvel hybride de Cérséesm; par M. Alfred Wesmael (Académie royale de Belgique, classe des sciences, séance du 2 novembre 1861 ; L'Institut, 30° année, p. 62). Cet hybride offre un intérêt particulier, parce qu'il résulte, d’après l’au- teur, d’une fécondation croisée entre deux espèces qui appartiennent à des sections différentes du genre Cirsium, les C. arvense L. et C. lanceolatum L.. Il paraît qu'il aurait déjà été observé en Silésie par MM. Krause et Weimer. Les caractères de cette plante sont intermédiaires entre ceux des espèces dont on la croit provenir; on remarque même sur certains échantillons de l'hybride des rameaux ailés et des rameaux non ailés ; d’ailleurs il se rap- proche davantage du C. arvense, que l’auteur considère comme la mère ; il nomme, en conséquence, son hybride C'irsium lanceolato-arvense. On trou- vera dans l’article cité une minutieuse description de cette plante. E. F. Descrizione di una nuova specie del genere T'utipa (Description d’une nouvelle espèce du genre Tulipa); par M. le docteur César Bicchi, professeur de botanique au lycée royal de Eucques (7 Giar- dini, VIII° année, août 1861, pp. 50-53). Cette Tulipe appartient à la section Zulipanum du genre Tulipa; en voici la diagnose : Tulipa Beccariana Bicc. — Bulbo parvam nucem latitudine æquante, sæpe stolonifero, glabro; foliis 3, scapum subæquäntibus, viridi-glaucis, marginibus glabris; flore reflexo, inodoro, pallide roseo, basi flave maculato ; perigonii phyllis exterioribns oblongo-lanceolatis, interioribus elliptico-lan- ceolalis, basi ad margines ciliatis ; staminibus pistillo longioribus. E. F. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 Plantes nouvelles cultivées dans le jardin botanique de luniversité d’Utrecht; par M. F.-A.-W,. Miquel (Journal de botanique néerlandaise, t 1°, pp. 33-36). Les espèces décrites dans ces notes sont les suivantes : 4. Hoœmanthus leucanthus (Amaryllidées). — Folia gemina scapo sublongiora, evaginata, subspathulata, patule ciliata ; scapus glaber; involucri phvlla 3 ovata, retrorsum ciliata, stamina majora æquantia; umbella multiflora; flores sub- sessiles; perigonii albi laciniæ lineares, conniventes, staminibus breviores. Crescit ad Caput Bonæ-Spei. 2. Benitzia suaveolens (Burmanniacées). — Herba carnosa, parasitica, phyl- lodiis squamiformibus dense imbricatis stolones stipantibus; foliolis mivutis, remotis; cyma terminali; floribus odoratis, albis, trimeris, perianthii lobo medio dentibus lateralibus minoribus instructo ; antheris flavescentibus, stig- mate crocco appendiculis longissimis instructo. Crescit in silvis provinciæ Caracas. 3. Limnostachys cyanea (Pontédériacées). — Herba pulcherrima, rhizomate repente, caule humiliori teretiusculo, racemis floriferis erectis; calycis laciniis pollicaribus, exterioribus viridi-albescentibus, interioribus cyaneis; filamentis cyaneis, antheris aureis; stylo cæruleo; capsula semiunciali ; seminibus nitidulo-fuscis. Crescit in terra Arnhem's land, ad flumen Victoriam. E. F. On Villaresia (Sur le Villaresia) ; par M. John Miers (7he Annals and Magazine of natural history, février 1862, pp. 107-117). Ce travail a pour objet de faire connaître plus complétement qu’on ne l’a fait jusqu’à ce jour le genre Villaresia de Ruiz et Pavon et d’en décrire les espèces. Ce genre, attribué par différents auteurs aux Aurantiactes, aux Myrsinées ou aux Schizandracées, appartient en réalité aux Aquifoliacées, comme l'avait reconnu Adr. de Jussieu ; c’est d’ailleurs un genre américain, et employé même par les habitants du Brésil à confectionner une sorte d: thé ; il est probable, dit M. Miers, que le Villaresia Congonha (Ilex Con- gonha Mart.) contient de la théine de même que l'/lex paraguayensis (1). L'auteur donne sur les caractères de ce genre de nouveaux détails, et décrit longuement les Vi//aresia mucronata R. et P., V. pungens Miers, V. Con- gonha Miers, V. cuspidata Miers, V. megaphylla Miers, V. virescens Miers, V. ramiflora Miers et V. paniculata Miers. Quatre de ces espèces sont entièrement nouvelles pour la science. E. F. (1) Voyez le Bulletin, t, VIII, p, 564, AS Le h ! 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Collection des Orchidées les plus remarquables de Farchipel Indien et du Japon; par M. Ch.-L. de Blume. Tome I, in-folio de 190 pages, avec une préface de 6 pages et 66 plan- ches lithographiées et coloriées. Amsterdam, chez J.-C.-A. Sulpke. 1858-1859. Feu l’illustre botaniste de Leyde a livré sous ce titre au public botanique un travail d’une haute importance sur les Orchidées des Indes orientales, qui forme une partie de son Flora Javæ dont la publication avait été arrêtée long- temps par la nécessité où s’est trouvé l’auteur d'éditer presque entièrement à ses propres frais ce magnifique, mais très coûteux ouvrage. Après avoir dit, dans l'introduction, que ce livre traitera des Orchidées de ces pays lointains, soit entièrement nouvelles, soit plus ou moins générale- ment inconnues, M. de Blume parle du charme exquis des fleurs d’Orchi- dées en général et de l'emploi particulier qu’en font comme parures les dames indiennes de distinction. Ayant rappelé les formes parfois si bizarres des Orchidées, il entre dans un examen de leur organisation et de l’interpré- tation qu’on doit donner aux différentes parties florales de ces intéressants végétaux. Les parties qui, dans leur forme et leur organisation, offrent les plus grandes irrégularités, sont le gynostème et les anthères. Selon M. de Blume, les étamines, dans les fleurs des Orchidées, réduites le plus souvent à une seule comme dans presque tous nos genres indigènes, tantôt au nombre de deux comme dans les C'ypripedium, parfois, mais rarement, au nombre de trois comme dans les Neuwrviedia, appartiennent à deux verticilles floraux diffé- rents. Ainsi, dans les Orchidées monandres, on trouve souvent l’anthère accompagnée de deux staminodes latéraux, dont la position, n'alternant pas avec les folioles intérieures du périgone, indique qu'ils dépendent d'un ver- ticille autre que celui de l’anthère fertile. Dans les Orchidées diandres, les deux anthères fertiles appartiennent à ce verticille intérieur, et le staminode qu'on trouve placé entre elles représente les traces du verticille extérieur. Enfin celles qui portent trois étamines ne se distinguent des fleurs dian- dres que par la présence d’une véritable étamine à la même place où se trouve dans celles-ci le staminode. Quant aux trois autres étamines qui devraient se trouver vis-à-vis du labelle, M. de Blume dit qu’une partie de la matière staminifère se trouve transportée de la face antérieure du gynostème à la surface intérieure du labelle ; en d’autres termes, que les saillies, les crêtes, les glandes, les tubercules, qui souvent existent à la face interne du labelle, représentent les trois étamines qui manquent, la médiane au verticille staminal interne, les deux latérales au verticille externe. L'ovaire est le plus géné- ralement uniloculaire à trois placentas pariétaux bilobés; rarement, comme dans les genres Apostasia, Neuwiedia et certains Cypripedium, il est trilo- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE: 51 culaire par la soudure des placentas qui se rencontrent au centre de l'ovaire. Les stigmates, au nombre de trois dans les Apostasia et les Neuwiedia, prennent généralement aussi un développement très irrégulier, de sorte qu'on p’en distingue, dans la plupart des fleurs des Orchidées, qu'un seul sous la forme d’une dépression ou d’une convexité couverte d’une matière glutinenuse, située à la face du gynostème vis-à-vis du labelle. Il est vraisemblable, dit l’auteur, que les deux stigmates opposés aux feuilles intérieures du périgone ne se développent pas du tout où sont transformés en parties accessoires, comme, par exemple, dans le rostelle ou androcline, et qu'il n’y a que celui qui est situé vis-à-vis du labelle à la face du gynostème, au-dessous de l’an- thère, qui se développe ; ou plutôt que le stigmate, du moins à l’état où il se présente dans la plupart des Orchidées, est formé par la réunion très intime des deux stigmates opposés aux feuilles intérieures du périgone, tandis que celui qui se trouve vis-à-vis du labelle avorte presque entièrement. L'organisation remarquable du gynostème dans les genres Anectochilus, Hetæria et quelques autres de la tribu des Néottiées, plaide éminemment en faveur d'une réunion des deux stigmates. Pour les Orchidées contenues dans ce magnifique ouvrage, M. de Blume donne des descriptions en latin accompagnées de notes détaillées en français. La plupart de ces plantes sont terrestres, et un certain nombre d’entre elles ont des affinités avec nos espèces indigènes. On sait qu’un grand nombre de ces plantes indiennes, surtout celles qui appartiennent au groupe des Goodyé- rées et les Pogonia, sont très recherchées par les horticulteurs à cause de l'extrême beauté de leur feuillage. L'ouvrage du savant professeur hollandais est donc d’une grande importance pour tous ceux qui se livrent à la culture des Orchidées. Voici la liste des plantes décrites et figurées dans ce premier volume : Acan- thephippium javanicum; Anectochilus neglectum, A. regale, A. Reinwardtii, A. Roxburghii, A. setaceum; Apetalon minutüm ; Aphyllorchis pallida ; Argyrorchis javanica ; Bletia aphylla, B. hyacinthina, B. hyacinthina var. Gebina ; Cephalanthera erecta, C. falcata, C. longibracteata; Cheirostylis cochinchinensis, Ch. flabellata, Ch. grandiflora, Ch. montana; Chlorosa latifolia ; Chrysoglossum ornatum, Ch. villosum ; Corymborchis assamica, C. Thouarsii, C. veratrifolia ; Corysanthes cailosa, C. fornicata, C. mucro- nata, CG. picta; Cryptostylis arachuites, C. filifortmis ; Gyperorchis elegans ; Cypripedium barbatum, C. caudatum, C. japonicum, C. javanicum, C. insi-* gne, C. purpuratum, C. Thunbergü, C. venustum; Cystopus elongatus, C. Hassehii, C. occultus, C. pubescens, €. spicatus, C. uniflorus; Cystorchis javanica, C. marginata, C. obscura, C. variegata; Dicerostylis lanceolata ; Diglyphis latifolia; Dilochia Wallichii; Dossinia marmorata ; Epipactis longi- folia ; Eucosia carnea; Eulophia bicolor, E. macrorthiza; Galera nutans; Gastrodia antennifera, G. crispata, G. elata, G. gracilis, G, Hasseltii, G. ver- 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rucosa ; Goodyera bifida, G. colorata, G. japonica, G. parviflora, G. pusilla, G. reticulata, G. rubescens, G. similis, G. viridiflora, G. Waitziana ; Gyro- stachys æstivalis, G. autumnalis, G. australis, G. australis var. amœæna, G. australis var. crispata, G. australis var. flexuosa, G. pusilla ; Haplochilus parviflorum, H. regium; Hetæria cristata, H. lamellata, H. micrantha, H. obliqua, H. oblongifolia, H. purpurascens; Hylophila mollis:; Iridorchis gigantea; Lecanorchis japonica, L. javanica; Lepidogyne longifolia ; Leucor- chis silvatica; Listera japonica; Ludisia discolor, L. Furet, L. odorata; Macodes Petola; Mitopetalum plicatum, M. speciosum, M. trinervium ; Mæbhrenhoutia plantaginea ; Myrmechis glabra, M. gracilis; Nephelaphyllam cordifolium, N. pulchrum, N. tenuiflorum ; Odontochilus flavescens, O. lan- ceolatum; Pachychilus pantanum, P. pubescens, P. speciosum ; Phajus Blu- mei, Ph. callosus, Ph. crispus, Ph. flavus, Ph. indigofer, Ph. maculatus, Ph. pauciflorus ; Physurus bracteatus, Ph. humilis, Ph. latifolius ; Platylepis goodyeroides ; Plocoglottis dilatata, PL javanica, PL. moluccana ; Pogonia bicarinata, P. concolor, P. ciispata, P. dilatata, P. discolor, P. gracilis, P. hirsuta, P. Nervilia, P. pendula, P. punctata, P. similis, P. Thouarsii; Prescottia plantaginea; Queteletia plantaginifolia; Stereosandra javanica ; Thelasis capitata, Th. carinata, Th. contracta, Th. elongata, Th. pygmæa, Th. triandra ; Thelymitra javanica ; Tropidia assamica, T. graminea, T. pe- dunculata, T. squamata; Vrijdagzynea albida, V. albida var. flavescens, V. elongata, V. gracilis, V. nuda, V. purpurea, V. uncinata; Zeuxine clan- destina, Z. gracilis, Z. integerrima, Z. membranacea, Z. procumbens, Z. purpurascens. Les beaux dessins de ce splendide ouvrage, exécutés avec un soin extrême, ont été faits pour la plupart d’après les plantes vivantes et sur leur sol natal, lorsque l'auteur habitait l'île de Java en sa qualité de directeur du jardin bota- nique de Buitenzorg. En dehors des figures du port de ces Orchidées, le savant auteur nous offre de nombreux dessins analytiques ; nous trouvons aussi çà et là des gravures sur bois intercalées dans le texte. La mort de l’au- teur de cet admirable livre donne malheureusement lieu de craindre que la publication de cet ouvrage monumental ne soit pas continuée au delà de ce premier volume. d. G. Revue du groupe des Verbénacées; par M. H. Bocquillon, docteur ès sciences (/ecueil d'observations botaniques, à IL, pp. 80-165, 1861-62, avec trois planches gravées). L'auteur de ce travail nous fait connaître d’abord, dans une introduction de deux pages, les caractères communs reconnus aux Verbénacées par Ja plu- part des auteurs, et ceux qui appartiennent seulement à un certain nombre de plantes de cette famille, I1 passe ensuite à la recherche des types et à REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 l'examen des genres qu’il distribue en douze séries; il a recours dans celte étude à la méthode préconisée par Payer, et d’après laquelle on caractérise un genre en le rapportant à un genre déjà connu, et en indiquant le carac- tère qui l’en sépare. Après cet examen rapide, l’auteur conclut que les Ver- bénacées, dans l’état actuel de la science, sont loin de présenter l'homo- généité d’une famille naturelle. Son travail se continue par l'étude de l’organogénie florale des C'lerodendron fœtidum Bunge, Blairia mexicana Gærtn., Aolmskioldia sanguinea Retz., Petrea racemosa Nees et Mart., Vitex incisa L., Callicarpa purpurea Juss. et Lantana Camara L. Il étudie ensuite successivement : l’inflorescence, très variée dans cette famille; le calice, toujours gamosépale et symétrique ; la corolle, dont la préfloraison est très variée, à tel point qu’elle offre peu d'importance pour la distinction des genres ; l’androcée, ordinairement didyname et toujours symétrique, dont les anthères ont une déhiscence transversale ou longitudinale, et portent un connectif développé de diverses façons, mais insuffisant, d’après l’auteur, pour fonder des genres ; le disque, placé à la base de l'ovaire sous forme d’anneau glanduleux ; l'ovaire lui-même, dont M. Bocquillon expose longuement l'orga- nogénie, remarquable par sa tendance à devenir vluriloculaire, mais à des époques différentes ; la symétrie florale des Verbénacées, dont le type est offert par le Geunsia, et subit de nombreuses modifications ; le fruit, dont le péricarpe est intermédiaire entre l'état sec et l’état charna, si bien que le nom de drupe peut lui être appliqué; les graines, munies d’un raphé nette- ment indiqué et d’une chalaze qui en occupe toujours la partie supérieure ; les organes de la végétation, feuilles, bractées, épines, poils et aiguillons, glandes ; et enfin les affinités naturelles de cette famille qui, d’après l'auteur, se rattache aux Desfontainées par le Geunsia, aux Gentianées par le Bruckhea, aux Ehrétiées et aux Cordiacées par le Petitia ; aux Labiées par les Verbena, Clerodendron, etc., et surtout par l'Oxera, ainsi qu'aux Gesnériacées ct aux Myoporinées par la série dont le genre Vifex est le type. Ce mémoire se termine par l'explication des figures relatives au genre Stachytarpheta de Vahl, aux Duranta Plumieri Jacq., Amasonia erecta L. et Vitex incisa Lam. E. F. Notes on Caryophytleæ, Porlulaceæ, and some allica orders (Notes sur les Caryophyllées, Portulacées ct quelques familles voisines); par M. George Bentham (Journal of the proceedings of the Linnean Society, vol. VE, n° 22, mars 1862, pp. 55-71). Nous avons déjà rendu compte de plusieurs mémoires de M. Bentham sur diversés questions de taxinomie. Ces travaux offrent un intérêt particulier en ce qu'ils nous font connaître par avance certaines parties du Genera plantarum que le célèbre botaniste anglais prépare en collaboration avec M. J. Hooker, ou 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du moins les idées adoptées dans ces fragments. Aujourd'hui M. Bentham traite des diverses familles que plusieurs auteurs sont disposés à réunir dans l’ordre des Cyclospermées; on voit que M. Bentham conserve trop de respect pour les prin- cipales divisions établies dans les Dicotylédones par De Candolle, pour se prêter à une combinaison qui méconnaisse la division en Thalamiflores, Caliciflores, Monochlamydées, etc. Il ne parle avec détail, dans le travail que nous analy- sons, que des Caryophyllées, Portulacées, Mollaginées et Paronychiées, réser- vant pour un examen ultérieur les groupes des Ficoïdes, des Chénopodiacées et autres. Il soumet les genres des Caryophyllées à une révision sévère, et n’admet dans cette dernière famille que les genres suivants : Velezia L., Dianthus V., Tunica Scop., présentant des graines peltées portant le hile sur une de leurs faces, et munies d’un embryon droit; Acanthophyllum C. A. Meyer, Drypis L., Gypsophila Y., Saponaria L., Silene L., Cucubalus X. (ex parte), Lychnis L., Wibelinia Hochst., présentant des graines munies d'un hile marginal et d’un embryon courbé; Æolosteum L., Cerastium L., Stellaria L., Brachystemma Don, ArenariaL., Buffonia L., Sagina L., Colobanthus Bart, 7’ylacospermum Kenzl, Schiedea Cham. et Schlecht., Queria L., Spergula Y,. et Spergularia Pers. L'auteur adopte d’ailleurs !: division clas- sique en deux tribus, Silénées et Alsinées. On voit qu’il n’a pas exclu de la famille les deux genres Sperqula et Spergularia, que la présence de stipules a quelquefois fait ranger parmi les Paronychiées. Il rejette un certain nombre de genres, et notamment les suivants : Æohlrauschia, créé par Kunth pour le Dianthus prolifer L., qu’il place dans le genre Gypsophila ; Fiedlera, établi par M. Reichenbach pour une section des Tunica; Jordania Boiss., lequel lui paraît se rattacher étroitement à l'Acanthophyllum ; Banffya Baugm. et Dichoglottis Fisch. et Mey., distingués uniquement par leur inflorescence, ce qui n’est pas un caractère générique suffisant; //eterochroa Bunge et Vacca- ria Medik., qu'il rattache au Saponaria ; Heliosperma Rchb. et Ælisanthe Fenzl, qu’il considère seulement comme des sections du genre Silene ; Melan- drium Rœhl., Viscaria Rœbl., Agrostemnra L. et même Petrocoptis Al. Braun, qu'il fait rentrer dans le genre Lychnis. Dans les Alsinées, il sup- prime encore les genres : Mænchia, lequel passe dans le genre Cerastium ainsi que les Stellaria cerastioides L., St. viscida Bieb., Arenaria purpurascens Ram,; Zarbrea S'-Hil., Malachium Yr., Arascheninikowia Turcz., Leuco- stemma Benth., Adenonema Bunge, et Schizotcchium Fenzl, qu'il retient dans le genre Stellaria; enfin les genres A/sine, Cherleria, Siebera, Mi- nuartia, Dolophragma, Triplateia, Gouffeia, Lepyrodiclis, Odontostemma, Honcheneja, Merchia, Sabulina, Tryphane, Facchinia, Alsinanthe, Neu- mayera, Wierzbeckia, Plinthine, Pettera et Eremogone, qu’il fond dans le grand genre Arenaria, M. Bentham réunit encore aux Caryophyllées les Polycarpées, et par conséquent les genres Drymaria Willd., Polycarpon L., Ortegia L., Lœflingia L., Cerdia Moc. et Sess., Pycnophyllum Remy, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55 Lyallia ook. fil., Microphyes Phil., Séipulicida Rich., Polycarpæa Yam. et Sphærocoma Anderss. Il supprime encore, comme on le voit, quelques genres proposés pour cette famille. Dans les Portulacées, l’auteur admet seulement les genres Portulaca L., Por- tulacaria Jacq., Grahamia Gill, Talinopsis À. Gray, Anacampseros L., T'ali- num Adans., Calandrinia H. B. et K., ClaytoniaK., Spragnea Torv., Mono- cosmia Fenz, Montia LL. , Silvæa Phil., Calyptridium Nutt. et Lewisia Fursh. Les Molluginées, qu’on les considère, dit l’auteur, comme une tribu des Phytolaccées ou comme un ordre à part, doivent comprendre les genres Ma- carthuria Endl., Telephium L., Oryqia Forsk.,? Glinus L., Mollugo L., Pharnaceum L.. et C'œlanthium E. Meyer. Quant aux Paronychiées, l’auteur ne paraît pas avoir encore terminé l’exa- men de cette famille. Le travail de M. Bentham contient une foule d’aperçus sur l’organisation des genres qu’il étudie et que nous n’avons pu même indiquer dans cette analyse. E. F. Prodromus systematis naturalis regni vegetahilis, etc, editore et pro parte auctore Alph. De Candolle, pars XV, sectio posterior, fasc. 1, in-8° de 190 pages. Paris chez V. Masson et fils, janvier 1862. Ce nouveau fascicule du Prodromus contient seulement l'étude du sous-ordre des Euphorbiées de la famille des Euphorbiacées. IL est l’œuvre de M. Bois- Sier ; la synonymie et les caractères de la famille sont tracés par M. J. Mueller, qui doit publier dans le Prodromus les autres sous-ordres des Euphorbiacées. On voit par ces prémisses que M. Mueller ne considère pas comme distinct des Euphorbiacées le groupe des Buxacées, qu'il en sépare les Callitrichacées, et qu'il y réunit diverses familles établies par Klotzsch. Les genres traités par M. Boissier sont, dans ce fascicule : les genres Pedilanthus avec 15 es- pèces, dont une complétement nouvelle, P. Fendleri; ÆEuphorbia, avec le chiffre énorme de 723 espèces, dont un certain nombre également nouvelles, toutes distribuées dans 27 sections, dont plusieurs ne sont que les genres éta- blis par Klotzsch et Garcke dans leur étude sur les Tricoccées de Linné, et dont une, le C'alycopeplus, contient le seul £uphorbia paucifolia Klotzsch; Synadenium, nouveau genre établi pour l'£uphorbia arborescens E. Mey. et pour une plante récoltée à Bourbon par Boivin; et Anthostema Juss., avec deux espèces. Ge fascicule se termine par un errata de deux pages. E. F. Annales botanices systematieæ; par M. le docteur C. Mueller. T. VI, fasc. 4, in-8° de 160 pages. Leipzig, chez Ambroise Abel, 1861. Le dernier cahier paru des Annales de Walpers, continuées par M, Muller, 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. contient le relevé de toutes les plantes phanérogames nouvelles décrites pen- dant les années 4851-55, dans les monocotylédones exalbuminées, ainsi que dans les monocotylédones albuminées supérovariées et inférovariées. L'auteur s'arrête au milieu des Commélynées. Il espère pouvoir bientôt publier le recensement des Orchidées dû à M. Reichenbach, et celui des Graminées que prépare M. Andersson. Dans son travail actuel, il passe en revue notamment les descriptions nouvellement tracées par M. Caspary dans les Hydrocharidées, par M. Hooker dans les Zingibéracées, par M. Bentham dans les Burmannia- cées, par M. Boissier et d’autres auteurs dans les Iridées et les Liliacées. Nous avons remarqué parmi celte longue série de descriptions trois espèces nouvelles, qui sont les suivantes : 1. Ptychomeria fimbriata (Burmanniacées;. — Humilis, rigida, squamis ovalis lanceolatisve, cyma subcapitata, floribus sessilibus bracteisque orbiculatis imbricatis, perianthii laciniarum exteriarum lobo medio fimbriato. Crescit in silvis dictis Coatingas ad flumen Uaupes prope Panuré. 2. Bilbergia excellens (Broméliacées). — Folia basibus in cylindri cavi specie aggregata, radiato-recurva, lanceolato-linearia, ad margines spinulis com- pressisserratulata; pedunculus centralis pendulus, foliis brevior, apice confertim spiciflorus, bracteis nanis, floribus sessilibus clausis; sepala lanceolata, ovario fere triple longiora, carnea ; petala lanceolata, superne violescentia. Crescit in Guiana. 3. Ludisia argyroneura (Orchidées). — Caulis basi radicens, stolonifer ; foliüs 4-6 e vagina rubella breviter petiolatis, eleganter argentatis ; pedun- culus cum spica pluriflora glanduloso-pubescens, bracteis lanceolatis; sepala oblongo-ovata, fusco-rubella, apice albida ; labellum albidum, sepalis brevius. Ex horto javanico introducta. E. F. Bryologia javanicea, seu descriptio Muscorum frondosorum archipe- lagi indici, iconibus illustrata ; auctoribus F. Dozy et J.-H. Molkenboer, post mortem auctorum edentibus R.-B. van den Bosch et C.-M. van der Sande Lacoste. Vol. F, in-4° de 161 pages, avec cxxx planches gravées. Il y a plusieurs années que la publication du Bryologia javanica a été com- mencée. La terminaison du premier volume nous fournit l’occasion de faire ici mention de cette importante publication, et de consigner dans notre Revue le nom des espèces qui y sont étudiées. L'ordre suivi dans le Bryologia javanica est à peu près systématique, en tant que les circonstances l'ont permis; ainsi les auteurs ont commencé par la description des Mousses acrocarpes, qui forme le premier volume, tandis que le deuxième, qui est déjà commencé, renfermera les pleurocarpes. Mais on conçoit très bien qu'ils aient été forcés de faire quelquefois infraction à l’ordre méthodique, lorsqu'ils recevaient communication de quelque espèce REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 intéressante, et non encore décrite dans leur ouvrage, bien que le groupe auquel appartient cette espèce y eût déjà été traité antérieurement. — Les descriptions de chaque Mousse sont toujours faites avec une diagnose étendue, et reçoivent des développements particuliers, quand les espèces sont nouvelles. Voici le relevé des planches qui composent le premier volume : Tab. I. Fissidens Zollingeri Mtge. 2. F. Zippelianus Dz. et Mb. 3. F. Cey- lonensis Dz. et Mb.; F. javanicus Dz. et Mb. 4 F. Hollianus Dz. et Mb. 5. F. Teyssmannianus Dz. et Mb. 6. F. cryptotheca Dz. et Mb. 7. EF. filicinus Dz. et Mb. $. F. japonicus Dz. et Mb. 9. F. geminiflorus Dz. et Mb. 10. Leuco- brvum chlorophyllosum Muell. 11. L. aduncum Dz. et Mb. 12. L. sanctum Hmpe. 13. L. Hollianum Dz. et Mb. 14. L. falcatum Muell. 15. L. pentasti- chum Dz. et Mb.; L. Teysmannianum Dz. et Mb. 16. Lencophaues Rein- wardtianum Muell. ; L. Blumii Muell. 147. Schistomitrium robustum Dz. et Mb. 18. Sphagnum Junghuhnianum Dz. et Mb. 19. S. Gedeanum Dz. et Mb. 20. S. Hollianum Dz. et Mb. 21. S. sericeum Muell. 22. Entosthodon Busea- nus Dz. et Mb. 23. E. Mittenii Dz. et Mb. 24. E. javanicus Dz. et Mb.; Buxbaumia javanica Muell, 25. Diphyscium rupestre Dz. et Mb. 26. D. mu- cronifolium Mitt. 27. Racclopus pilifer Dz. et Mb. ?8. Oligotrichum javani- cum Dz. et Mb. 29. Pogonatum microphvllum Dz. et Mb. 30. P. clavatum Dz. et Mb. 31. P. Junghuhnianum Dz. et Mb. 32. P. Teysmannianum Dz. et Mb. 33. P. Teysmannianum var, tortile Dz. et Mb. 34. P. cirratum Sw. 35. P. macrophyllum Dz. et Mb. 36. P. Neesii Muell. 37. Calymperes moluccense Schw. 38. CG. Motlevi Mitt. 39. C. Hampei Dz. et Mb. 40. C. serratum AL Br. k1. C. fasciculatum Dz. et Mb. 42. Calymperidium Muelleri Dz. et Mb. 43. Syrrhopodon Gardneri Schw. 44. S. tristichus Nees. 45. S. Labœæanus Dz. et Mb. 46. S. Junggulian Mitt. 47. S. Sullivanti Dz. et Mb. 48. S. ciliatus Schw. 49. S. tenellus Dz. et Mb. 50. Pottia julacea Dz. et Mb. 51. P. vernicosa Hmpe. 52. P. javanica Muell. 53. Dicranum molle Muell. 54. D. assimile Hmpe. 55. D. reflexum Muell. 56. D. brachypelma Muell. 57. D. Braunii Muecll. 58. D. Blumii Nees. 59. D. dives Muell. 60. D. reflexifolium Muell. 61. Campy- lopus nanus Muell. 62. C. reduncus v. d. Bosch et Lac. 63. C. comosus v. d. Bosch. et Lac. 64. C. Zollingerianus v. d. Bosch et Lac. 65. G. cau- datus Mont. 66. C. euphorocladus v. d. Bosch et Lac. 67. C. aureus v. d. Bosch et Lac. 68. C. Blumii v. d. B. et Lac. 69. C. exasperatus Brid. 70. Di- cranella coarctata v. d. Bosch et Lac. 71. Holomitrium javanicum Dz. et Mb. 72. Trematodon acutus Muell. 73. T. paucifolius Muell. 74. Seligeria Mique- liana Muell. 75. S. apiculata Dz. et Mb. 76. Leptotrichum Boryanum Muell. 77. ‘Trichostomum brevicaule Hmpe. 78. T. cuspidatum Dz. et Mb. 79. T. subdenticulatum Muell. 80. T. aggregatum Muell. 81. Barbula indica Brid. 82. B. inflexa Muell. 83. B. pilifera Muell. 84. Rhacomitrium javani- cum Dz. et Mb. 85. Zygodon affinis Dz. et Mb. 86. Z. tetragonostomus Al. Br. 87. Z. Reinwardtii AL Br. 88. Macromitrium goniorrhynchum Mitt, 89. 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Blumei Nees. 90. M. Zollingeri Mitt. 91. M. longipilum Al. Br. 92. M. cuspidatum Hmpe, 93. M. elongatum Dz. et Mb. 94. M. Braunii Muell. 95. M. ochraceum Muell. 96. M. longicaule Muell. 97. M. angustifolium Dz. et Mb. 98. M. Salakanum Muell. 99. M. pungens Mitt. 100. M. Zippelii v. d. Bosch et Lac. 104. M. javanicum v. d. Bosch ei Lac. 102. M. subulige- rum v. d. Bosch et Lac. 103. M. calvescens v. d. Bosch et Lac. 104. Xi. Rein- wardtii Schw. 105. M. semipellucidum Dz. et Mb. 106. M. humile v. d. Bosch et Lac. 107. M. orthostichum Nees. 108. M. Miquelii Mitt. 109. M. ty- lostomum Mit. 410. M. concinnum Mitt. 411. M. macrorrbynchum Mitt, 412. Webera leptocarpa v. d. Bosch et Lac. 113. W. Hampeana v. d. Bosch et Lac. 114. Brachymnium Hookeri v. d. Bosch et Lac. 115. B. coarctatum v. d. Bosch. et Lac. 116. B. leucostomum v. d. Bosch et Lac. 117. Bryum plumosum var, majus Hmpe. 118. B. coronatum Schweigg. 119. B. Jun- ghuhnianum Hmpe. 120. B. Gedeanum v. d. Bosch et Lac. 121: B. gigan- teum Hook. 122, Mnium integrum v. d. Bosch et Lac. 123. Bartramia java- pica Dz. et Mb. 124. Philonotis laxissima v. d. Bosch et Lac. 125. Ph. mollis v. d. Bosch et Lac. 126. Ph. secunda v. d. Bosch et Lac. 127. Ph. Turneriana Mitt. 128. Ph. revoluta v. d. Bosch et Lac. 129. Ph. longicollis Hmpe. 130. Breutelia gigantea v. d. Bosch et Lac. Les planches représentant ces espèces contiennent des dessins très ampli- fiés du port de la plante, de l’urne, du péristome et de divers autres détails anatomiques, ainsi qu’une étude microscopique de la base et de l’extrémité supérieure de la feuille. Ces planches sont en partie fort analogues à celles du Bryologia europæa. Ce premier volume se termine par une table alphabétique des espèces qui y sont figurées. E. F. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE. On the vegetation of Clarence Peak, Fernando -1Po ; with descriptions of the plants collected by M. Gustav Mann on the higher parts of that mountain (Sur la végétation du pic Clarence à F'ernando-Po, avec la description des plantes récoltées par M. Gustave Mann sur les par- ties les plus élevées de cette montagne); par M. J.-D. Hooker (Journal of the proceedings of the Linnean Society, vol, VE, n° 24, pp. 4-23). Ce nouveau travail de M. Joseph Hooker offre un grand intérêt au point de vue de la géographie botanique. On sait que l’île de Fernando-Po est située sur la côte occidentale d'Afrique, dans la baie de Biassa, à quelques degrés au nord de l'équateur. Le pic qui s'élève près de la ville de Clarence, et que M. Gustave Mann, attaché comme botaniste à l'expédition du docteur Baillie dans la Nigritie, vient d'explorer, offre de 3000 : à 4000 mètres d'altitude, Le fait REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 capital qui ressort de l'examen des plantes qui le recouvraient est l’affinité de cette végétation avec celle de l’Abyssinie. En effet, sur un total de 76 espèces récoltées par M. Mann, 37 sont semblables et 46 autres fort analogues à des espèces de ce pays. Il y a encore d’étroites analogies entre la flore de Fer- nando-Po avec celle des îles orientales de l'Afrique. Par contre, on ne lui trouve aucune relation avec celle du Cap de Bonne-Espérance, non plus qu'avec celle des îles occidentales dont Fernando-Po est plus voisin. Cesfaits, dit M. Hooker, sont d'accord avec l'existence aujourd’hui prouvée de mon- tagnes élevées dans le centre de l'Afrique, montagnes qui permettent à la végétation des plateaux de l’Abyssinie de se relier avec celle de Fernando-Po. Malgré ces affinités, M. Hooker a reconnu dans les récoltes de M. Mann un certain nombre d'espèces nouvelles. Ce sont les suivantes : Pittosporum Mannii. — Koliis elliptico-lanceolatis, utrinque attenuato- acuminatis, margine undulatis; paniculis ramosis, multifloris, puberulis; floribus parvis; capsula parva, latissime obovoidea. Impatiens filicornu. — Koliis longe petiolatis, late ovatis, acutis, setoso- crenalis; pedunculis elongatis gracillimis, apice floriferis ; bracteis imbricatis, cymbiformibus, caducis; sepalis lateralibus obtusis, vexillo erecto, late oblongo, labello planiusculo, calcare strictiuseulo, gracillimo, alis æquilongo. 1. Mannii. — Caule gracili, basi repente; foliis subdistantibus, petiolo glanduloso, ovatis, acuminatis, setuloso-crenatis; pedicellis 1-2 axillaribus, gracilibus, ebracteolatis, 1-floris; sepalis lateralibus parvis, vexillo mediocri, labello late conico, calcare gracili, curvo, alis longe et gracile petiolatis. 1. bicolor. — Suffruticosa, foliis confertis, petiolatis, elliptico-lanceolatis, basi attenuatis, serratis; pedicellis unifloris, ebracteolatis; vexillo parvo, erecto, labello amplo late saccato, basi in cornu valido contracto, alis parvis, late oblongis, obtusis. 1. hians. — Herbacea, foliis alternis longe petiolatis, basi rotundatis, longe setosis, crenatis; bracteis ovali-lanceolatis, persistentibus; floribus magnis hiantibus, vexillo amplo erecto orbiculari, labello demisso, longe et crasse conico, alis linearibus. Gomphiu micrantha. — Glaberrima, foliis lanceolatis, acuminatis, serru- latis, venis remotis, arcuatis; racemis terminalibus, elongatis, paucifloris, vix ramosis, folio brevioribus; floribus minutis, remote fasciculatis, glaberrimis. Cytisus Mannii.— Sericeo-pilosus, ramulis divaricatis, villosis ; foliis parvis, brevissime petiolatis, stipulis subulatis, foliolis elliptico-lanceolatis, involutis; floribus ad apicem ramulorum confertis, sessilibus; calycis labio superiore late bifido. Agrocharis gracilis. — Caule elongato ramoso foliisque hispidulo-pilosis, foliis gracile petiolatis, bipinnatisectis, segmentis lanceolato-acutis, incisis ; pedunculis elongatis, sub apices flexuosis pilis patentim hispidis obsitis; floribus dense congestis. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Paratropia Mannii. — Glaberrima, foliis 4-9-foliolatis, petiolis petiolulis - que gracilibus, foliolis longe acuminatis, integerrimis, superne lucidis, venis inconspicuis, marginibus subundulatis; floribus in capitulo arcte connatis, capitulis secus ramos simplices et elongatos racemosis, longe pedunculatis. Anthospermum asperuloides. — Parvulum, caule flexuoso, foliis parvis, fasciculatis, sessilibus, stipulis rigide subulatis; floribus parvis, tetrameris ; coccis oblongis, lævibus. Vernonia clarenceana. — Erecta, herbacea, gracilis, subbispido-pilosa ; caule parce diviso, subflexuoso; foliis linearibus, sessilibus, semiamplexicau- libus, serratis; capitulis multifloris, ad apicem caulis congestis, involucri late campaoulati squamis rigidis purpureis, dorso pilosis, subherbaceis. Dichrocephala oblonga.— Hispidulo-pilosa, caule tereti; foliis patulis, irre- gulariter pinnatifido-lobatis, marginibus recurvis, lobis subremotis, incisis ; capitulis late oblongis, purpureis, involucri squamis 6-8 herbaceis, pubescen- tibus, receptaculo columnari. Helichrysum Mannii. — Caule robusto, apice ramoso; foliis densissimis, sessilibus, patulis, demum reflexis, semiamplexicaulibus, integerrimis, enerviis, subtus marginibusque tomentoso-niveis; pedunculis basi foliaceo-bracteatis ; capitulis magnis albis, involucri squamis numerosissimis, hyalinis, acuminatis. Senecio clarenceanus.— Herbaceus, glaberrimus; foliis amplis patulis, basi auriculatis, semipinnatifidis, lobis grosse dentatis; capitulis gracile pedicellatis, multifloris, involucri foliolis linearibus, flosculis omnibus tubulosis, achæniis glabris. S. Mannii. — Glaberrimus, ramis apice foliatis; foliis longe acuminatis, breve petiolatis, dentatis; paniculis terminalibus, multifloris, capitulis angustis, paucifloris, involucri squamis paucis, erectis, anguste linearibus. Lobelia columnaris. — Tota pubescenti-tomentosa, foliis confertis, sessi- libus, anguste oblongis, denticulatis, dense tomentosis; racemo clongato, conico, densifloro; floribus dense pubescentibus. Wahlenbergia polyclada. — Hispido-pilosa, superne glabra, caulibus e collo numerosissimis, ascendentibus, apice dichotomis; foliis sessilibus, inte- gerrimis, unduletis; floribus parvis, calyce longo obconico, corolla brevissima, capsula biloculari. W. arguta. — Glabra, caulibus elongatis ascendentibus, apice pedunculos elongatos gerentibus; foliis sessilibus ; floribus mediocribus, calyce brevissimo obconico, corolla campanulata, capsula 3-loculari. Ericinella Mannii. — Ramulis puberulis, foliis appressis, glabris, nitidis ; pedicellis folia superantibus; sepalis superioribus corolla dimidio brevioribus, antheris muticis, inclusis, stylo breviter exserto. Anthocleista scandens.— Caule tetragono, foliis petiolatis, obovatis, apicu- latis; petiolis non alatis, basi exauriculatis; corolla 12-mera, antheris fauce corollæ sessilibus. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 Swertia clarenceana. — Glaberrima, caule erecto, anguste alato; foliis cordato-subrotundis, margine recurvis; sepalis oblongis, obtusis, corolla dimi- dio brevioribus, corollæ lobis obtusis, staminibus 5. Plectranthus glandulosus. — Herbaceus, superne glandaloso-pilosus, foliis petiolatis acutis, crenulatis ; racemis laxe paniculatis, paniculæ ramis paten- tüibus, paucifloris, pedicellis gracilibus; corollæ defractæ labio inferiore por- «recto, Saccato. PI. ramosissimus. — Pilosus, caule herbaceo, erecto, ramis divaricatis, foliis petiolatis, crenatis, utrinque pilosis, floralibus sessilibus; cymis evolutis secus ramulos floriferos seriatim dispositis; pedunculis 10-12-floris, calyce villoso, corollæ tubo pubescente, recto. Stachys aculeolata. — Caule tenui, procumbente, elongato; foliis petiolatis, ovato-cordatis, crenatis; calyce obconico, subæqualiter 5-dentato, lobis spinu- losis, corollæ tubo exscrto, labio inferiore porrecto, amplo, trilobo, lobo medio bilobo. Veronica Mannii. — Caule e basi decumbente, bifarian pubescente ; foliis sessilibus, serrulatis; racemo terminali conferto, tomeutoso; staminibus corolla brevioribus, capsula crbiculata, marginata. Plantago palmata.— Rhizomate perenni, horizontali; foliis longe petiolatis, late cordato-orbiculatis, palmatim 5-7-lobis; spica gracili, capsulis dispermis. Thesium tenuissimum. — Ramis e collo perplurimis, ramulosis; racemo ramoso, bracteolis 2 bracteam superantibus; perianthii subcampanulati 4-5- fidi lobis inflexis, exauriculatis, stylo stamina attingente. Euphorbia ampla. — Herbacea, glaberrima, foliosa, caule simplici, superne patentim ramoso; foliis membranaceis, petiolatis, subtus glaucescentibus, floralibus late ovato-cordatis, glandulis semilinearibus, cornubus brevibus instructis. - Claoxylon Mannii. — Glaberrimum, foliis alternis petiolatis, basi biglan- dulosis ; floribus masculis laxe paniculatis, gracile pedicellatis, perianthio late campanulato, 4-5-fido, lobis triangularibus valvatis; fl. fem. perianthio 2-lobo, glandulis 2-lobis alternantibus, ovario 2-loculari, stigmatibus elongatis. Schæœnus ? erraticus. — Pusillus, glaberrimus, foliis filiformi-setaceis, supra canaliculatis, subtus convexis; culmis basi bulbosis, nudis, sulcatis, apice monocephalis; anthela 4-3 spiculis lineari-oblongis composita. E. F. Verzecichniss der Gefæsspflanzen Neu-Vorpommerns und Ruegens (£numération des plantes vasculaires de la Pomé- ranie et de l'ile de Rugen) ; par M. J.-C. Fischer. In-4° de 56 pages avec une préface de 11 pages. Stralsund, 1861. Imprimerie royale de la Régence (Kæœnigl. Regierungs Buchdruckerei). Cet ouvrage, entrepris par son auteur à la demande de ses collègues pro- 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fesseurs au lycée de Stralsund, et offert par ceux-ci au directeur de cet éta- blissement, M. le professeur Nizze, à l’occasion de son jubilé de cinquante ans, contient un exposé sommaire des plantes vasculaires du territoire indi- qué par le titre, la mention des localités et quelques notes descriptives et synonymiques. L'auteur, qui, dans ce travail, suit l’ordre alphabétique, ajoute aux noms des genres qui ont déjà été employés avant Linné les noms des anciens auteurs qui s’en sont servis pour la première fois. Pour les espèces - énumérées dans cet opuscule, dont l’auteur se borne à nous donner quelques synonymes, il a soin de citer de préférence ceux des auteurs antélinnéens ; quelques plantes sont accompagnées d'observations intéressantes sous forme de notes. Ce petit ouvrage comprend 447 genres et 1070 espèces. ; 3. G. MÉLANGES. Das Mikroskop und seine Anuwendung, inshesondere fuer Pflanzen-Anatomie (Ze microscope et son emploi, en particulier pour l'étude de l'anatomie végétale); par M. H. Schacht, professeur de botanique à l’université de Bonn. 3° édition. Berlin, 1862, chez G.-W.-F. Mueller. In-8° de 296 pages, avec 300 figures intercalées dans le texte et deux planches lithographiées. Dans cette troisième édition de son livre sur l'emploi du microscope, le savant auteur nous offre un ouvrage enrichi de nombreux résultats nouveaux de ses recherches et de ses expériences ; aussi a-t-il raison de considérer, dans son préambule, cette troisième édition, accompagnée de nouvelles planches, comme un livre entièrement nouveau. Dans l'introduction, l'auteur expose en général les difficultés que l’on rencoutre lorsqu'on commence à se livrer à des observations microscopiques, et la nécessité de suivre une méthode rigoureuse pour éviter d'interpréter d’une manière erronée ce qu’on a vu. La division suivante du livre traite des instruments et des autres objets nécessaires pour entreprendre des observations microscopiques. Elle com- mence par un exposé des qualités indispensables d’un microscope composé, et à cet effet l’auteur examine séparément et avec beaucoup de détails les différentes parties de cet instrument, et discute leur valeur en s'appuyant toujours sur ses propres expériences. Il donne ensuite les descriptions com- paratives des microscopes sortis des ateliers les plus célèbres, accompagnées de figures représentant les instruments des deux ateliers parisiens de M. Hart- fack et de MM. Nachet père ét fils. Après avoir donné des conseils pour l'acquisition d’un microscope, selon le genre d’études qu’on doit entreprendre, M. Schacht passe en revue les différents objets-testes dont on se sert pour s'assurer des qualités de son instrument, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 Le second chapitre parle du microscope simple comme servant à préparer les objets qu’on veut observer sous le microscope composé, et à cette occa- sion il recommande le prisme-redresseur de M. Nachet, dont l'adaptation au microscope composé permet de préparer sous de très forts grossissements. Les chapitres suivants donnent les descriptious et l'appréciation des appareils accessoires dont on a besoin lorsqu'on veut entreprendre des recherches microscopiques, tels que les Inupes, les chambres claires, les pinces, les scal- pels, les aiguilles, etc. Le vingtième chapitre est consacré aux réactifs chimi- ques employés en micrographie; le vingt-deuxième chapitre parle des appareils de polarisation. La troisième division du livre donne les règles générales à suivre pour l'emploi du microscope et pour la préparation des objcts; cette partie traite en détail de toutes les manipulations nécessaires pour la réussite d’une observa- tion, et indique les causes d’erreurs qu’on peut rencontrer et les moyens de les éviter ou de les contrôler. La quatrième division, qui forme en quelque sorte un traité pratique d’anatémie et de physiologie végétales, débute par un exposé de la valeur d’une bonne méthode scientifique, et donne des conseils spéciaux pour l’exé- cution de l'observation, en énumérant en détail toutes les précautions à prendre pour arriver à un résultant satisfaisant. Cette division se compose de plusieurs chapitres, dont le premier parle de la voie à suivre pour les recherches sur la cellule végétale en général et son contenu. Le savant auteur nous ouvre ici le riche trésor de ses nombreuses observations et expériences, en donnant, pour chaque fait qu’il expose, la marche à suivre pour le reproduire et pour le contrôler. Le second chapitre parle de la multiplication des cellules, soit par division, soit par formation libre, telle qu’elle à licu surtout dans l’albumen de certaines graines. Le troisième chapitre est consacré aux observations de la matière intercellulaire et de la cuticule des végétaux. Dans le quatrième, le savant auteur enseigne la manière d'étudier les différentes sortes de tissus cellulaires que l'on rencontre dans les plantes; le cinquième s'occupe des observations sur les faisceaux fibro-vasculaires. Dans le sixième chapitre, M. Schacht parle des observations ayant pour but la connaissance des tiges et des racines, et le septième traite des feuilles des végétaux. Le huitième cha- pitre a pour objet la formation des spores, la fécondation et la germination des plantes cryptogames dépourvues de véritables tiges, c’est-à-dire des Cham- pignons, des Lichens, des Algues et des Characées. Dans le chapitre suivant, l’auteur, traite au même point de vue, des Mousses, des Hépatiques et des Cryptogames vasculaires. Le dixième chapitre trace la marche à suivre pour entreprendre des recherches sur les fruits et les fleurs des Phanérogames. Enfin le dernier chapitre parle de la méthode à employer pour faire des recherches sur le développement de l'embryon des végétaux. Une cinquième division du livre, qui, en quelque sorte, forme un supplé- 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment à la précédente, donne une série d'exemples d'observations sur le déve- Joppement de la fleur; les plantes dont l'auteur trace ici l’organogénie sont les suivantes : Ananassa sativa, Matthiola maderensis, Lythrum virgatum, Cuphea strigosa, Cuphea platycentra et Cecropia palmata. La sixième division du livre de M. Schacht s'occupe tout spécialement de la manière de reproduire les objets d'histoire naturelle, et notamment les objets microscopiques, soit par le crayon, soit par les couleurs. Les conseils précieux que l’auteur donne ici sont d’une importance d'autant plus grande, qu'il est lui-même sans contredit un des premiers maîtres de l'art en ce genre. La septième division parle en détail des moyens qu’on peut employer pour conserver les préparations microscopiques qui ont servi aux observations faites. L'auteur fait ressortir ici toute l'importance que peuvent avoir de telles préparations, et il donne à cet égard beaucoup de conseils précieux. L'ouvrage se termine par l’explication des deux planches lithographiées qui l’accompagnent. Les éditions successives de ce livre, depuis sa première apparition en 1851 (trois en langue allemande et deux en langue anglaise), témoignent d’une manière éclatante de l’accueil favorable qui lui a été fait à si juste titre par le monde savant. 3. G. NOUVELLES. — M. J. Grœnland commencera prochainement des conférences particu- lières de micrographie végétale, consistant exclusivement en démonstrations faites au microscope. Ces conférences, au nombre de huit et de deux heures chacune, seront continuées pendant les mois de mai et de juin. La souscription est de vingt-quatre francs par personne. Le nombre des souscripteurs est strictement limité à huit. Les conférences seront ouvertes dès que quatre personnes au moins se seront fait inscrire. S’adresser à cet effet à M. J. Grœnland, 58, rue de la Ville-l’Évêque, à Paris. — M. E. Bourgeau vient de partir pour explorer les Alpes Pontiques et les environs de Baïbout et de Gumuch-Khaneh, au sud-est de Trébizonde. M. Boissier, qui a pris ce voyage sous son patronage, veut bien se charger de la détermination des plantes que rapportera M. Bourgeau. Le prix sera de 30 ou 35 francs par centurie, selon les frais de voyage, qu’il est difficile d'apprécier dès à présent. Les personnes qui désirent souscrire à ces collec- tions sont priées de s'inscrire dès à présent auprès de M. E. Bourgeau fils, rue Saint-Claude, 14 (au Marais), à Paris. E. F. Paris. — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2 dd Ci mr — SÉANCE DU 14 FEVRIER 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD, CHATIN. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 31 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. DuyarpiN-BEAUMETZ, docteur en médecine, rue des Saints- Pères, 16, à Paris, présenté par MM. Chatin et Prillieux; DEscrorzizces fils, docteur en médecine, rue Louis-le- Grand, 5, à Paris, présenté par MM. Chatin et G. Maugin. M. le Président annonce à la Société la mort bien regrettable de M. le docteur Menière, membre de la Société et l’un de ses anciens vice-présidents, décédé à Paris le 7 de ce mois. M. Eug. Fournier, secrétaire, demande la parole et s'exprime en ces termes : M. Prosper Menière, chevalier de la Légion d'honneur, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, médecin en chef de l'Institut impérial des Sourds-Muets, avait été membre du Conseil, puis vice-président de la Société pendant l'année 1859, et avait ouvert en cette qualité la session de Bordeaux. Tous nos confrères avaient pu apprécier le charme de sa parole élégante, en même temps que les qualités de son cœur et de son esprit, M. Menière a suc - combé, après une courte maladie, à l’âge de soixante-trois ans, le 7 février dernier. Ses obsèques ont eu lieu au milieu d’un grand concours de parents, d'amis et de professeurs des différentes Facultés ; la Société était représentée dans cette triste cérémonie par MM. Gubler, vice-président, Decaisne et Moquin-Tandon, membres du Conseil. Trois discours ont été prononcés sur la tombe de notre regretté confrère, par M. Orfila, secrétaire général de l'Asso- Le 1X 4) 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ciation des médecins de la Seine; par M. Barth, professeur agrégé à la Faculté de médecine; et par M. Vaïsse, censeur des études. Nous extrairons du discours prononcé par M. Orfila les passages suivants : > « Menière a débuté dans la carrière médicale sans aucune ressource, sans aucun appui ; c’est grâce aux qualités de son esprit et de son cœur qu'il a pu surmonter les difficultés de l'isolement et de la pauvreté. Je ne pourrais, sans un effort que je n'ai pas le courage de tenter, retracer, ni même rappeler ici les travaux scientifiques de l’interne des hôpitaux, de l'agrégé à la Faculté, de l’annotateur d’Itard, du traducteur de Kramer, qui, à l'étude de la spécialité dans laquelle il avait acquis une si légitime notoriété, avait préludé par les études médicales classiques les plus sérieuses. Faut-il vous rappeler ces nombreuses et vastes publications dans lesquelles le savant auteur de tant de recherches scientifiques nous à fait connaître les idées médicales des principaux poëtes latins? Avec quelle finesse, avec quelle sagacité il a commenté ces œuvres immortelles! Vous le savez tous. Vous n'ignorez pas non plus que ce n’était pas encore assez de ces délicates jouissances pour occuper les rares loisirs du praticien. Esprit souple et curieux, il approfondissait les connaissances de botanique qu’il avait accu- mulées dans sa première jeunesse. » Mais, en ce moment, de tous les dons que la nature avait départis à Menière, il en est un surtout que je me complais à considérer. Je veux parler de ce culte de l’amitié, qui est l’indice certain d’une âme supé- rieure. La fidélité, le dévouement pour quiconque avait des droits à son estime et à sa reconnaissance, notre bien-aimé confrère les portait à un degré rare. » Dons faits à la Société : 4° De Ia part de M. Gavino-Gulia : Tentamen ichthyologiæ melitensis. 2° De la part de M. Hasskarl : Horti malabarici clavis nova. 3 De la part de M. Éd. Lefèvre : Aperçu sur la flore de l'arrondissement de Chartres (supplément). 4° De la part de M. Ch. Martins : Jndez seminum Horti monspeliensis, anno 1861. 9 De la part de M. Paul Madinier : Aunales de l'Acriculture et des Colonirs, quatre numéros. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1862. 67 6 De la part de la Société d'Horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, septembre et octobre 1861. 7° De la part de la Société d’'Horticulture et d’Arboriculture de la Côte-d'Or : Bulletin de cette Société, septembre et octobre 1861. 8° Annales des sciences zoologico-botaniques de Vienne, tome X (1860). 9° En échange du Bulletin de la Société : Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, quatre numéros. Atti dell” I. R. Istituto veneto, t. VI, n° 10 et 11,t. VII, n° 4. Pharmaceutical journal and transactions, février 1862. L'Institut, février 4862, deux numéros. Lecture est donnée d’une lettre de M. Joseph Bianca, qui remer- cie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. le Président met sous les veux de la Société le diplôme dont il a été parlé dans la dernière séance (voyez plus haut p. 44). M. Ad. Brongniart fait à la Société la communication suivante : NOTICE SUR LES SAXIFRAGÉES-CUNONIÉES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, par MM. Ad. BRONGNIART «ct Arthur GRIS. La famille des Cunoniacées, ou la tribu des Cunoniées dans la famille des Saxifragées, suivant qu'on adoptera l'opinion de R. Brown et de M. Lindley ou celle de De Candolle et d’'Endlicher, constitue un des groupes les plus remar- quables de Ja végétation de l'hémisphère austral ; on aurait tort cependant de croire qu'il y présente une grande prépondérance spécifique, car le genre Weinmannia, par le nombre des espèces qui croissent dans l'Amérique sep- tentrionale, contre-balance presque les genres nombreux et variés, mais limités jusqu'a ce jour à peu d'espèces, qui habitent l'Australie,. la Nouvelle- Zélande, le Chili et l'Afrique australe. Les régions intertropicales de l'ancien continent pouvaient déjà aussi récla- mer quelques représentants dans les grandes îles d’Asie, et la Nouvelle-Calé- donie avait dû aux explorations de Forster et de Labillardière deux nouveaux genres de ce groupe, le Codia et le (xeissois, limités chacun jusque dans ces derniers temps à une seule espèce. L'exploration des îles de l’océan Pacifique par l'expédition américaine com- mandée par le capitaine Wilkes avait fourni à M. Asa Gray une noyvelle espèce de Geissois et deux espèces d’un nouveau genre, le Spiræanthemum, provenant des îles Viti et Samoa, très voisines de la Nourvelle-Calédonie. 68 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mais les recherches des botanistes français à la Nouvelle-Calédonie appor- tent à la flore de cette région un nouveau contingent bien inattendu ; en effet, grâce surtout aux collections formées par M. Vieillard, médecin de la marine, complétées par celles de son collègue M. Déplanche et de M. Pancher, direc- teur des cultures de cette colonie, le nombre des espèces de cette famille crois- sant à la Nouvelle-Calédonie se trouve porté à 26, dont 3 seulement étaient déjà connues, à savoir : le Codia montana de Forster, le Geissois racemosa de Labillardière et le Spiræanthemum vitiense de M. Asa Gray, signalé seulement aux îles Viti (ou Fecdjee des auteurs anglais). Par ces nouvelles découvertes, le genre Geissois, qui ne comprenait que l'espèce de Labillardière et le Gerssois ternata À. Gr. des îles Viti, se trouve augmenté de trois nouvelles espèces; le genre Codia, qui n’en comprenait qu’une, en renfermera cinq, toutes de la Nouvelle-Calédonie ; les Syiræan- themum s'accroîtront de deux nouvelles espèces; les Weënmannia, déjà assez répandus dans l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Polynésie, seront représentés à la Nouvelle-Calédonie par deux espèces nouvelles. Enfin deux formes génériques, ou nouvelles ou étrangères jusqu'à présent à cette région, viennent s'ajouter à cette famille. L'un de ces genres est le Cunonia lui-même, dont on ne connaissait que l’ancienne espèce type de ce genre et propre à l'Afrique australe (Cunonia capensis) (1), et qui paraissait bien isolé pour donner son nom à la famille ou à la tribu qui le renferme, tandis que les Weinmannia en offrent le type le plus varié et le plus nombreux. Grâce aux recherches que nous signalons, les Cunonia, bien caractérisés par leurs fleurs et leurs fruits, comprennent, à la Nouvelle-Calédonie, cinq espèces nouvelles qu’il nous paraît impossible de séparer génériquement de l'espèce de l'Afrique australe, et qui établissent un rapport inattendu entre les deux flores de ces deux pays. Les Codia nous fournissent non-seulement des espèces nouvelles, mais leur examen montre que le caractère donné par Labillardière et reproduit depuis lors, doit être modifié profondément en ce qui concerne surtout la présence d’uñ prétendu calicule et la structure de l'ovaire et du fruit. À ces formes génériques connues, nous devons ajouter un genre très dis- tinct, tout à fait nouveau et riche en espèces. Son port et surtout son inflo- rescence porteraient à le confondre avec les Codia et les Callicoma, mais l'examen de ses fleurs et de ses fruits l’en sépare complétement. Nous propo- (1) Blume a signalé deux espèces de ce genre, Cunonia indica et Cunonia celebica, comme croissant dans l'Asie tropicale, et De Candolle les a citées dans le Prodromus ; mais ces espèces paraissent être restées douteuses pour la plupart des botanistes, car Endlicher limite le genre à l’espèce du Cap et Walpers les exclut du genre ; elles devront être vérifiées sur des échantillons authentiques. Mais, en supposant qu’elles se rapportent réellement au genre Cunonia, elles diffèrent évidemment de celles de la Nouvelle- Calédonie. SÉANCE LU 14 FEVRIER 1862, 69 sons de le nommer PANCHERIA, afin de rappeler l’active coopération de M. Pan- cher pour éten:lre nos connaissances sur la flore de la Nouvelle-Calédonie ; c’est à lui en particulier que nous devons les premiers échantillons d'une des plus jolies espèces de ce genre, le Pancheria elegans. Les Pancheria se distinguent de toutes les Cunoniacées par leurs fleurs unisexuées par avortement ; les échantillons que nous possédons présentent, soit des capitules de fleurs mâles avec un indice d’ovaire avorté, soit des capi- tules dont les fleurs offrent des ovaires bien constitués ou des fruits accom- pagnés d’étamines courtes et imparfaites. Le calice, formé de 3 ou 4 sépales distincts, ovales, scarieux, est tout à fait libre; un second verticille est formé de 5 ou 4 pétales ressemblant beaucoup aux sépales, mais un peu plus longs et plus étroits; les nombres 3 et 4 varient d’une espèce à l'autre, et souvent même dans les fleurs d’un même capitule; jamais nous n'avons observé de fleurs à 5 parties. La préfloraison est imbri- quée. Les étamines sont au nombre de 6 à 8, quelquefois une ou deux paraissent manquer. En dedans et autour de la base de l’ovaire se trouve un disque, tantôt composé d'autant de filaments qu'il v a d’étamines et paraissant alterner avec elles, tantôt d’une sorte de cupule membraneuse, crénelée ou sinueuse sur son bord; ce disque existe également dans les fleurs mâles, et on trouve alors un rudiment d’ovaire, beaucoup plus court que lui, et plus ou moins profondément bilobé. Dans les fleurs femelles, les étamines, qui sont très saillantes dans les capitules mâles, sont au contraire très courtes et por- tent des anthères qui paraissent imparfaites. Il y a deux carpelles libres et distincts l’un de l’autre jusqu’à la base, ordinairement velus sur toute leur surface et terminés chacun par un style court et conique et un stigmate obtus. Chaque carpelle ne renferme que deux ovules collatéraux semi-anatropes, attachés latéralement vers la base de leur cavilé et offrant leur extrémité micropylaire dirigée supérieurement. : Les fruits sont des follicules, souvent anguleux par suite de leur pression, ordinairement velus extérieurement, coniques au sommet, s’ouvrant par une fente interne et renfermant une ou deux graines ovales ou ellipsoides, termi- nées supérieurement par une aile membraneuse qui égale ou dépasse en lon- gueur le corps de la graine. I] y a un périsperme charnu, et l'embryon, à cotylédons elliptiques et plats, présente une tigelle cylindrique dont l’extré- mité radiculaire est dirigée supérieurement vers la base de l’aile de la graine. On voit que ces arbustes, qui ressemblent entièrement par leur inflores- cence aux Codia et aux Callicoma, en diffèrent complétement par leurs fleurs diclines et par plusieurs caractères de la fleur et du fruit: ainsi les Codia ont un ovaire adhérent, un calice à préfloraison valvaire et un fruit indéhiscent monosperme ; les Callicoma se rapprochent davantage des Pancheria par leur calice libre, mais les deux carpelles en sont réunis en un ovaire indivis, les ovules en sont nombreux et les graines non ailées. 70 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les carpellés libres et distincts l’un de l’autre établissent une certaine ana- logie avec les Spiræanthemum, qui s’en éloignent autant par la structure des enveloppes florales que par leur port. Nous pouvons ajouter, pour facäiter la distinction des C'odia et des Pün- cheria, que tous les Codia ont les feuilles opposées et très entières, tandis que les Pancheria les ont verticillées par trois, quatre ou cinq, et plus ou moins dentées ou crénelées. Nous allons maintenant résumer les caractères des genres et des espèces de Cunoniacées de la Nouvelle-Calédonie. GEISSOIS Labill. Calyx liber quadripartitus, sepalis acutis margine crassis, intus hirsutis, caducis, præfloratione valvata. Corolla nulla. Stamina 12-14, hypogyna. Pistillus ovario oblongo-conico, basi in discum annularem crenulatum angustum expanso, biloculari, ovulis numerosis biseriatis ascendentibus, stylis duobus gracilibus basi unitis, stigmatibus parvis acutis. Fructus : capsula elongata, stylo basi simplici cuspidata, bilocularis, carpellis ab apice septicide et rima interiori dehiscentibus, endocarpio tenui ab epicarpio non secedente. Semina imbricata, apice alata ; albumen carnosum. Embryo radicula inferiori, cotyledonibus ellipticis planis. Arbores vel frutices foliis digitatis oppositis; stipulis interpetiolaribus magnis; floribus racemosis axillaribus; pedicellis subfasciculatis articulatis ; bracteis nullis vel minimis. À. GEISSOIS RACEMOSA Labill. G. foliis digitatis, foliolis quinatis, petiolatis, obovato-oblongis, margine integris, unduülatis, glabris ; stipulis ovatis villosis; racemis axillaribus 3-A-fas- ciculatis, pedicellis prope basim articulatis; sepalis lancéolatis acuminatis mémbränaceis, intus villosis; capsula cylindrica elongâta. Géissois racemosa Labill. Sertum austr. caled. p. 50, tab. 50. Arboôr maxima, floribus purpureis. — Habitat secus flumina Novæ Calé- doni& (Pañcher, in hérb. expos. colon., n° 635; Vieillard, n° 606). 2. GEISSOIS PRUINOSA. G. foliolis quinatis, petiolatis, ellipticis, integerrimis, glabris, discoloribus, pagina inferiore petiolis ramulisque albo-pruinatis; racemis solitariis?, pedi- cellis versus apicem articulatis incrassatis, sepalis coriaceis ovatis purpureis, intus pilis candidis dense barbatis. Var. GB. macrantha : foliis obovato-ellipticis obtusioribus, racemis sæpius 2-3 -fasciculatis, floribus majoribus (G'issoës cartilayinea Vieill. mss. ). Arbor. — Hab. in Novæ Caledoniæ montibus, vulgo Wont d'Or (Vieillard, n° 607); var. G. in montibus Kanala (Vreillard, n° 605; Déplanche, n° 381). SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1862. 71 3. GEISSOIS MONTANA Vieill. mss. G. foliolis ternatis rariusve quinatis, petiolatis, obovatis, obtuse acuminatis, integerrimis, glaberrimis, concoloribus, stipulis #magnis ellipticis glabris; räcemis Solitariis?, pedicellis medio-articulatis; sepalis ellipticis, acutis, intus dense et longe pilosis. Arbor. — Hab. in silvis montium Novæ Caledoniæ, prope Balade (Viei!- lard, n° 608, et in herb. expos. colon., n° 638). Obs. — Species affinis Geissor ternatæ Asa Gray (Un. Stat. Pac. exped. Botany, p. 679, tab. 86) quæ differt foliolis brevius petiolatis elliptico-lan- ceolatis, sepalis intus vix pubescentibus, stipulis canescenti-hirsutis. h. GEISSOIS HIRSUTA. G. foliolis ternatis, magnis, breve petiolatis, oblongis, obtusis, basi angus- tatis, lateralibus obliquis subsessilibus, utrinque præcipue junioribus rufo- hirsutis; stipulis oblongis obtusis pilosis; racemis elongatis, in pedunculo communi ternatis; rhachibus floribasque externe dense rufo-tomentosis; sepalis interne et germine fulvo-hirsutis. Arbor. — Hab. in Nova Caledonia, ad Kanala ( Vieillard, n° 601). CUNONIA L. C'alyz liber quinquepartitus, sepalis obtusis, caducis, præfloratione quin- cunciali. Petala quinque, integra, præfloratione quincunciali. Stamina decem, longe exserta, hypogyna. Prstillus disco annulari crenulato angusto impo- situs ; ovario biloculari, apice bidentato, ovulis numerosis biseriatis horizonta- libus vel pendulis; stylis duobus, e basi distinctis, filiformibus; stigmatibus aculis parvis. Fructus capsularis bilocularis; carpellis dehiscentia septifraga, sæpius à basi ad apicem discretis, columella placentari versus apicem con- natis, epicarpio spongioso ab endocarpio crustaceo secedente. Semina biseria- Lim imbricata, apice vel margine membrana angusta alata. Arbores vel frutices foliis pinnatis vel trifoliolatis, oppositis, stipulis inter- petiolaribus magnis ; floribus racemosis axillaribus. 1. CUNONIA MACROPHYLLA. €. foliis pinnatis, longe petiolatis, bijugis vel superioribus unijugis ternatis, foliolis oblongis vel elliptico-lanceolatis obtusis petiolulatis, lateralibus basi obliquis, denticulatis, crassis coriaceis, glaberrimis ; stipulis magnis rotun- datis lucidis ; raceinis axillaribus solitariis foliis brevioribus, floribus geminis vel fasciculatis; fructibus obovato-ellipticis, stylis subduplo longioribus coropatis. Hab. in Nova Caledonia, in monte Yaté {Vicéllard, n° 604; Déplunchr, n° 380). 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2. CUNONIA DEPLANCHEI. C. foliis trifoliolatis, breve petiolatis, foliolis sessilibus obovatis vel obovato- oblongis, obtusis vel retusis, vix versus apicem denticulatis, utrinque lucidis ; stipulis magnis elliptico-cordatis puberulis ; racemis fructiferis foliis brevio- ribus ; fructibus rubescentibus oblongis, stylis duplo brevioribus superatis. Hab. in Nova Caledonia (Déplanche, n° 379). 3. CUNONIA VIEILLARDIL. C. foliis trifoliolatis, Innge petiolatis, foliolis sessilibus obovato-oblongis crenato-dentatis, basi integerrimis ; stipulis elliptico-cordatis glabris: racemis ex axillis superioribus erectis elongatis ; fructibus oblongis, apice dehiscen- tibas, bivalvibus, endocarpio crustaceo ab epicarpio subcarnoso distincto. Frutex floribus candidis. — Hab. in Novæ Caledoniæ montibus excelsis (Pancher), in monte Yaté (Vieillard, n° 602). k. CUNONIA PURPUREA. C. foliis ternatis vel pinnatis bijugis, breve petiolatis, foliolis oblongo-lan- ceolatis sessilibus, ultra medium integerrimis, apice dentatis, supra lucidis, junioribus pilis caducis adspersis, infra adpresse ferrugineo-pubescentibus ; stipulis rotundatis dense sericeis ; racemis ex axillis superioribus nascentibus, foliis multo brevioribus, rhachi pedicellisque sericeis, calyce, petalis, fructi- busque purpureis. Frutex. — Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, in monte Yaté (Vieillard, n° 603); in Mont-d'Or (Pancher, herb. expos. col., n° 634). 5. CUNONIA PULCHELLA. C. foliis pinnatis bi-trijugis, rhachi margine alata, foliolis lanceolatis sessi- libus serratis, utrinque pubescentibus; stipulis ovatis sericeis, cito caducis; racemis subterminalibus brevibus, floribus parvis dense approximatis. Frutex. — Hab. in silvis montium Novæ Caledoniæ, prope Balade (Vreil- lard, n° 571). WEINMANNIA L. Calyx k-5-fidus, persistens, lobis in præflorationc valvatis vel vix margine imbricatis. Petala subrotunda sessilia. Sfamina 8-10, filamentis gracilibus, subæqualia ; glandulæ totidem cum staminibus alternantes. Pistillus ovario biloculari, ovulis pluribus biseriatis (in speciebus sequentibus 10 pendulis), stylis duobus e basi divergentibus, stigmatibus parvis subcapitatis. Fructus : capsula bilocularis, dehiscentia septicida et rima interna aperta, carpellis demum bifidis. Semina ovata pilosa. Arbores vel frutices foliis oppositis simplicibus, ternatis vel sæpius pinnatis ; floribus racemosis vel racemis compositis paniculatis. SÉANCE DU 1h FEVRIER 1862. 73 1. WEINMANNIA SERRATA, W. foliis oppositis trifoliolatis glaberrimis, foliolis ovato-lanceolatis acumi- natis, margine callosis, profunde serratis, medio attenuato-petiolato, latera- libus sessilibus; floribus tetrameris, in racemis terminalibus bis ternatis gracilibus dispositis, petalis ovatis. à Arbor. — Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, prope Balade (Vieillurd, n° 5720 2. WEINMANNIA DICHOTOMA. W. ramis dichotomis vel ternatim quaternatimve furcatis; foliis oppositis trifoliolatis, foliolis obovatis vel obovato-oblongis, coriaceis, crenatis, glaberri- mis ; racemis terminalibus plerumque geminis et furcatis ; floribus tetrameris, petalis subrotundis. Arbor. — Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, prope Balade ( Vreillard, n°* 569 et 570). SPIRÆANTHEMUM Asa Gray. Flores hermapbroditi vel polygami. Calyr h-5-fidus (in eodem speci- mine), persistens, lobis acutis in præfloratione valvatis. Corolla nulla. Stamina 8-10 vel 4-5, hypogyna, filamentis gracilibus, antheris subglobosis bilobis. Discus : squamulæ hypogynæ carnosæ, truncatæ vel emarginatæ, cum staminibus alternantes. Péstillus carpellis 4-5 (vel rarius 2-3), liberis; ovaria ovoideo-fusiformia, in stylum gracilem attenuata; stigmate parvo capitato; ovulis 4-5, angulo interiori latere affixis, amphitropis, micropyle superiori. Fructus : folliculi 2-5 vel abortu fertiles solitarii, rima interiori dehiscentes. Semina pauca (1-2), superne vel utrinque in alam producta. Em- bryo (ex Asa Gray) subcylindricus, albumine carnoso parum brevior, radicula supera. Frutices foliis oppositis vel ternis simplicibus, stipulis interpetiolaribus deciduis ; floribus parvis paniculatis, pedicellis articulatis. * Flores diplostemones. 1. SPIRÆANTHEMUM VITIENSE À, Gray, Unit. stat. exped. p. 669. tab. 83, Var. 6. macrophyllum. S. foliis ternatim verticillatis, elliptico-lanceolatis vel obovato-oblongis, (1) Cette espèce est évidemment très voisine du Weinmannia australis de Cunnin- gham, auquel M. Vieillard, dans ses manuscrits, a cru devoir la rapporter ; mais, n'ayant pu la comparer avec les échantillons de la Nouvelle-Hollande, nous avons cru devoir considérer les deux plantes comme distinctes : 1° à cause de légères différences dans la caractéristique beaucoup trop brève de Cunningham; 2° parce que le W. auñtralis a été recueilli dans la partie très australe de la Nouvelle-Galles du sud, entre Sidney et Bathurst, ce qui établit une différence considérable en latitude (13 à 14°) entre l'habitat de ces deux plantes. 7h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. in petiolum pollicarem attenuatis, integerrimis, glaberriinis; paniculis laxis foliis paulo brevioribus, floribus 4-5-meris diplostemonibus; carpellis ple- rumque 4-5, stylo brevi, ovariis ovoideis uniovulatis ; seminibus superne alatis. Hab. in mnontibus Novæ Caledoniæ, circa Balade (Vieillard, n° 567) et prope Diaué { Vieillard, n° 3141). 2. SPIRÆANTHEMUM DENSIFLORUM. S. foliis ternatim verticillatis, oblongo-lanceolatis, obtusis, petiolatis, inte- gerrimis, glaberrimis; paniculis foliis multo brevioribus, floribus approxi- matis 5-4-meris diplostemonibus; carpellis plerumque 3, stylo gracili, ovariis sub-5-ovulatis, seminibus… : Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, prope Balade { Vieillard, n° 566). ** Flores isostemones. 3. SPIRÆANTHEMUM AUSTRO-CALEDONICUM. S. foliis ternatim verticillatis, ovato-lanceolatis obtusiusculis, breve petiolatis, integerrimis, glabris; paniculis foliis brevioribus laxis, floribus 5-4-meris isostemonibus ; carpellis 2-3, stylo gracili, ovario 2-ovulato rarius 3-ovulato ; seminibus solitariis utrinque membrana filiformi appendiculatis. Var. . pauciflorum : paniculis brevioribus, paucifloris. Hab. in Novæ Caledoniæ montibus, prope Balade (Vieillard, n° 568); var. f. ad montem Poïla ( Vieillard, n° 578). PANCHERIA Ad. Br. et A. Gris. Flores diclines, dioici, capitati. MascuLr: Flores tri- vel tetrameri in eodem capitulo. C'alyx sepalis liberis, scariosis, obtusis, in præfloratione imbricatis. Petala cum sepalis alternantia, subconformia, paulo longiora, imbricata. Stamina 6-8, rarius 5 vel 7 (uno abortivo), inæqualia, petalis longiora plerumque alternatim inæqualia, antheris subglobosis didymis dorsifixis. Discus vel membranaceus cupuliformis vel e filamentis subulatis 6-8, liberis, cum staminibus alternantibus compositus. Ovarium abortivum, cupula seu filaméntis disci brevius, bilôbum.— FÉMINEL : Sepala, petala et discus florut masculorum. Sfamina breviora inclusa, antheris imperfectis (an semper? et aliquando flores hermaphroditi). Pistiflus carpellis Guobus liberis, in stylam conicum brevem attenuatis, stigmate simplici. Ovula duo, collateralia, angulo interiori prope basii lateraliter affixa, Suspensa, micropyle saperiori: Fructus : folliculi düo, rima interiori dehiscentes, endocarpio cartilagineo, epicarpio crasso sæpius hispido, mono-dispermi. Semina (in Pancheria ferruginea, Vieillardi et ternata) ovata, superius in alam membranaceam extensa, albu- mine carnoso ; embryo radicula superne ad basim alæ versa, tigella cylindrica, cotyledonibus ellipticis planis. SÉANCE DU 1 FÉVRIER 1862. 75 Frütices foliis simplicibus vel rarius ternatis, verticillatis, dentatis ; floribus glomerato-capitatis, pilis non involucratis; capitulis axillaribus, sphæricis, pedunculatis. * Discus filamentis distinctis cum staminibus alternantibus compositus. 1. PANCHERIA ELEGANS. P. foliis quinatim verticillatis, lineari-lanceolatis, basi attenuatis, subses- silibus, remote serratis, glaberrimis; stipulis subulatis caducis; capitulis ex axillis superioribus nascentibus, pedunculis gracilibus folia subæquantibus, floribus trimeris, disci filamentis gracilibus. Frutex bimetralis. — Habitat in Nova Caledonia (Pancher, herb. expos. colon., n° 633), prope Kanala ( Vieillard, n° 600). (Specim. masc. et fem.) 2. PANCHERIA ALATERNOIDES. P. foliis quaternatim verticillatis, oblongis vel ellipticis, breve petiolatis, glabris, junioribus puberulis, obtuse crenatis, stipulis linearibus caducis ; capitulis ex axillis superioribus nascentibus, pedunculis gracilibus, simplicibus vel iterum verticillatis, pubescentibus, folia æquantibus vel superantibus ; floribus tetrameris, disci filamentis gracilibus. Hab. in niontibus Novæ Caledoniæ, prope Kanala (Vieillard, n° 598; Déplanche, n° 378). (Specim. masc.) 3. PANCHERIA PIRIFOLIA. P. foliis ternatim verticillatis, ellipticis, breve petiolatis, versus apicem vix denticulatis, glaberrimis ; stipulis oblongis caducis; capitulis axillaribus, pedun- culis puberulis gracilibus foliis brevioribus ; floribus tri-tetrameris, filamentis disci subulatis acutis brevibus. Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, circa Balade (Vieillard, n° 594). _ (Specim. fem. v. hermaphr.) ** Discus membranaceus cupuliformis. h. PANCHERIA OBOVATA. P. foliis ternatim verticillatis, obovatis obtusis, in petiolum brevem atte- nuatis, subintegris, versus apicem obtuse crenatis, glaberrimis; stipulis üblongo-lancevlatis caducis; capitulis florum axillaribus, pedunculis foliis brévioribus ; floribns tri-tetrameris in evdem stirpe. Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, prope Balade (Vieillard, n° 591). (Specim. masc.) 5. PANCHERIA VIEILLARDI. P. foliis ternatim verticillatis, ellipticis obtusis, breve petiolatis, crenato- serratis glaberrimis, stipulis ellipticis vbtusis; capitulis axillaribus et termina- 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. libus subcymosis, foliis superioribus abortivis; floribus trimeris et tetrameris in eodem capitulo, Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, prope Kanala (Vreëllard, n° 593). G. PANCHERIA FERRUGINEA. P. foliis ternatim verticillatis, ellipticis v. elliptico-lanceolatis, breve petio- latis, cartilaginco-marginatis, serratis, junioribus ramulisque villosis, infra ferrugineo-tomentosis, adultis glabrescentibus; stipulis ovatis subrotundis ferrugineo-villosis; capitulis axillaribas breve pedunculatis, pedunculis soli- tariis vel fasciculatis; floribus fulvo-lanatis, tri-tetrameris ; fructibus epicarpio crasso villoso, endocarpio cartilagineo. Hab. in Nova Ca!edonia, ad montem vulgo Wont-d'Or (Pancher, in herb. expos. colon., n° 632); in montibus circa Kanala (Vieillard, n° 585). (Specim. masc. et fruct.) 7. PANCHERIA TERNATA. P. foliis ternatim verticillatis et digitato-ternatis, petiolo communi 1-2- pollicari, foliolis crenato-serratis, lateralibus ellipticis basi obliquis sessilibus, medio obovato basi in petiolüum attenuato, capitulis florum versus apices ramu- lorum subcymosis approximatis ; fructibus puberulis. Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, prope Balade (Vieillard, n° 590). (Specim. fruct.) CODIA Forst. Calyx tubo obconico ovario adnato, extus pilis densis elongatis vestitus et pilis receptaculo insertis (nec calyculo) involutus, limbo 4-5-fido, lobis acutis in præfloratione valvatis. Petala sepalis alterna et æqualia, angusta, spatulata ve! lanceolata, aut nulla. Sfamina 8-10, cum petalis inter calycem et ovarium inserta, filamentis apice subulatis inflexis, antheris globosis bilobis, dorsifixis, connectivo sæpius apiculato. Ovarium inferum vel semi-inferum, superne dense pilosum, biloculare, loculis biovulatis, ovulis collateralibus, septo latere affixis, micropyle superiori. Styli duo, subulati pilosi; stigmata integra acuta. Fructus nucamentaceus, calyce persistente indurato superatus, monospermus. Frutices foliis oppositis simplicibus integerrimis; stipulis interpetiolaribus; floribus in capitula sphærica aggregatis, pilis intermixtis; capitulis basi bracteis brevibus involucratis. Sect. 1. Eucodia. — Flores petalis prœditi. 4. CODIA MONTANA Forst. C. foliis ellipticis, obtusis v. emarginatis, coriaceis, integerrimis, discoloribus, SÉANCE DU Ah FÉVRIER 1862. 77 glabris; junioribus, stipulis, ramulis pedunculisque pubescentibus; capitulis geminis, pedunculis foliis duplo brevioribus angulosis. Codia montana Forst. Gen. 1. 30; Labill. Sert. austr. caled, p. h5, tab. 46. Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, prope Balade (Vieillard, n° 586). 2. CODIA FLORIBUNDA. C. foliis coriaceis ellipticis, integerrimis, breve petiolatis, superioribus multo minoribus; capitulis in paniculam terminalem digestis ; ramulis pedunculisque compressis puberulis. Hab. in montibus Novæ Caledoniæ, circa Balade (Vieïllard, n° 592). 3. CODIA FERRUGINEA. C. foliis late ovatis acuminatis undulatis integerrimis, breve petiolatis, adultis superne glabris lucidis, infra dense tomentosis, junioribus utrinque, ramulis stipulisque ferrugineo-villosis; capitulis parvis cinereo-tomentosis, pedunculis vix petiolis longioribus. Hab. in montibus Novæ Calcdoniæ, ad Kanala (Vierllard, n° 584). Sect. 2. Codiopsis. — /’lores apetali. h. CODIA SPATULATA. C. foliis obovato spatulatis, basi in petiolum attenuatis, integerrimis, gla- berrimis; pedunculis gracilibus puberulis, solitariis vel geminis in axillis folio- rum superiorum, foliis brevioribus ; floribus pilis rufis involutis et tomento brevi cinereo extus et intus vestitis. Hab, in montibus Novæ Caledoniæ, circa Balade (Vieillard, n° 589). 5. CODIA OBCORDATA. C. foliis late obovatis, sæpius emarginatis obcordatis, in petiolum brevem attenualis, glaberrimis et integerrimis; ramulis et foliis junioribus, stipulis pedunculisque flavo-puberulis; pedunculis gracilibus, geminis vel subfasci- Culatis. Var. 8. discolor: foliis adultis inferius pube brevi densa flavescente vestilis. Hab. in Nova Caledonia, ad montem Yaté (Vieillard, n° 588), ad littora maris (Déplanche, n° 382) ; var. B in montibus (Pancher). M. Eug. Fournier donne lecture de la note suivante : Messieurs, Je désire revenir en quelques mots sur la communication que j'ai eu l'hon- neur de faire à la Société dans sa dernière séance, relativement à un Æubus 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. monstrueux (4). J'ai appris de M. Decaisne qu’il a observé une anomalie sem - blable sur un échantillon de son herbier. M. Moquin-Tandon m'a dit derniè- rement qu’une espèce de Phytolacca avait été décrite comme pourvue de carpelles secs, de même que le ÆRubus exsuccus Steud., mais que cette des- cription était due cette fois aussi à une erreur, les fruits de Phytolacca ob- servés étant trop jeunes, et leur péricarpe imparfaitement développé. D'ail- leurs M. Moquin-Tandon m'a fait remarquer, à propos de ma communication, l'importance de cette loi générale, d’après laquelle tout végétal monstrueux reproduit l’état normal d'un autre végétal : c'est ainsi que mon Æubus était transformé en Geum, moins l'articulation du style, il est vrai; mais le savant professeur ajoute que l'articulation est un caractère très variable dans le règne végétal, et souvent dans un même genre de plantes. On sait que les Zriticum, dont l'épi continue le chaume sans interruption, produisent des hybrides fer- tiles avec les Æ'ilops, chez lesquels l'épi est articulé à sa base. M. Cosson, au sujet du peu de valeur, comme caractère générique, de l'articulation de lépillet chez les Graminées, rappelle que, dans le genre Avena, les fleurs sont tantôt solidement fixées à l'axe principal, et tantôt articulées avec lui. Dans ce dernier cas elles se détachent au moindre choc, notamment chez les espèces du groupe de VA. fatua, ce qui empêche de cultiver utilement ces espèces. M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : UNE EXCURSION BOTANIQUE A L'AUBRAC ET AU MONT-DORE, PRINCIPALEMENT POUR LA RECHERCHE DES ISOETES DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE, par M. DJ. GAY. (CINQUIÈME PARTIE) (2). J'ai déja dit que, n'ayant exploré qu’une partie des Monts-Dores, je ne pou- vais me flatter d’en bien connaître la végétation. Les plantes, au nombre d’une centaine, que j'ai récoltées ou remarquées au-dessus de 1044 mètres d’alti- tude, et qui sont mentionnées dans les pages précédentes, peuvent néanmoins donner une idée assez juste de cette végétation, et d’abord au point de vue géographique. La plupart de ces plantes viennent de la grande chaîne centrale des Alpes, et ne font que traverser l'Auvergne pour gagner les Pyrénées, d’où quelques- (1) Voyez plus haut, p. 36. (2) Voyez le Bulletin, t, VIII, p. 508, 541, 619, et t. IX, p. 18. SÉANCE DU LA FÉVRIER 1562. 79 unes pénètrent jusque dans l’intérieur de l'Espagne. Deux d’entre elles sont remarquables en ce que, venues des Pyrénées, elles se propagent jusqu'aux Alpes sans dépasser le bas Valais : ce sont l’Androsace carnea Al. et le Sèsym- brium pinnatifidum DC. Une troisième se montre à l'extrémité orientale des Alpes, en Carinthie, et manque dans tout le reste de la chaîne, pour repa- raître brusquement en Auvergne et sauter de là aux Pyrénées, offrant ainsi un exemple frappant de stations disjointes : c’est le Doronicum austriacum Jacq. Quelques autres de ces plantes viennent des Alpes et s'arrêtent en Auver- gne, ou, du moins, n’ont pas encore été reconnues comme existant d’une manière certaine aux Pyrénées; tels sont : Amphoridium Mougeotit Schimp., Carezx vaginata Yausch, Salix Lapponum L., Rumex arifolius AU, Cirsium £risithales Scop., Meum Mutellina Gærtn., Circœa intermedia Gærtn., Dianthus silvaticus Hoppe et Poa sudetica Hænke. D'autres viennent du nord ou du nord-est, sans presque avoir touché aux Alpes; les unes pour s'arrêter en Auvergne, /soëtes echinospora DR. , C'en- taurea nigra discoidea et Dianthus cæsius Smith; les autres pour continuer leur route jusqu'aux Pyrénées, /soëtes lacustris L., Alisma natans L. et Genista pilosa X. Deux autres sont des plantes occidentales qui ont en Auvergne leur limite orientale : l’'Euphorbia hiberna L., qui, après avoir lancé en Corse une co- lonie disjointe, s'étend depuis les Pyrénées jusqu’à la Loire, où il disparaît pour reparaitre dans le midi de l'Angleterre et de l'Irlande (d’où le nom de Tithymalus hibernicus, etc., qui lui fut donné originairement par Dillen) ; et le Weconopsis cambrica Vig., qui se trouve aux Pyrénées, en Bretagne, en basse Normandie et sur la côte N.-O. de l’Angleterre, dans le North Wales (d’où lui est venu le nom spécifique de cambrica : Cambria, pays de Galles). Plusieurs viennent du sud-ouest, c’est-à-dire des Pyrénées, et s’avancent plus ou moins vers l’est. L’Asfrocarpus sesamoides DC. (in Duby Zot. Gall. excl. B, qui est Astroc. Clusii Gay), s'arrête en Auvergne, comme les deux précé- dentes. Le Silene ciliata Pourr. et le C'ytisus purgans Boiss. et Spach (1), que je n’ai pas rencontrés au Mont-Dore, mais qui y existent certainement, sont encore dans le même cas. Le Senecio artemisiæfolius Pers. , qui a la même origine et suit la même route, a sa limite orientale un peu plus à l’est, dans le département de la Côte-d'Or. L'Angelica pyrenæa Spr. se propage, dans la même direction, jusqu'aux Vosges. Une seule plante du Mont-Dore échappe à cette classification, parce qu’elle est particulière aux montagnes du plateau central de la France : c’est le Senecio Cacaliaster Lam. Il en est de même de l’Arabis cebennensis DC., mais celui- ci, qui se trouve dans les départements de la Lozère, de l'Aveyron et du Cantal, ne remonte pas jusqu’au département limitrophe du Puy-de-Dôme. (1) Voir, pour le Cylisus purgans, la sixième partie de ce travail, plus bas, p. 102-103. 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Celle est, aumériquement et géographiquement, la végétation des Monts- Dores, ainsi que j'ai pu la voir et la comprendre après trois excursions sé- rieuses, mais trop souvent gênées par la fatigue. Cent plantes, c’est là tout ce que j'ai pu récolter ou annoter. Des herborisations plus nombreuses et diri- gées sur un plus grand nombre de points eussent pu doubler ce chiffre, je n’en doute pas. Mais, alors même, je n'eusse point obtenu la preuve d’une riche végétation; celle du Mont-Dore est évidemment inférieure à celle de beaucoup de points particulièrement favorisés des Alpes et des Pyrénées. Les genres Carex, Androsace, Primula, Pedicularis, Gentiana, Hieracium, Saxifraga, Astragalus, Oxytrojis, Phaca, Ranunculus, etc., si riches dans les deux chaînes que je viens de nommer, manquent ici, comme sur tout le plateau central, ou n’y sont représentés que par un très petit nombre d'espèces. On regrette surtout l'absence du charmant Æhododendron ferrugineum, qui joue un rôle si ornemental sur toute la ligne des Alpes et des Pyrénées. Ces ab- sences s'expliquent, du reste, souvent par le défaut d'altitude des montagnes de l'Auvergne. Le maximum est ici de 1884 mètres. C’est un peu plus que les plus hautes sommités du Jura occidental {Dôle, 1680 mètres, Reculet de Thoiry, 1720 mètres), mais c’est trop peu pour beaucoup de plantes qui, dans les Alpes et les Pyrénées, ne vivent qu’à une altitude supérieure, ou qui n'arrivent à ce niveau qu’à la condition d’y descendre d'un lieu plus élevé, où est leur véritable zone (1). Quelques espèces, cependant, paraissent moins dépendantes des conditions d'altitude : tels sont le Salir Lapponum, V'An- drosace carnea, V'Homalotheca supina, le Cerastium alpinum et le Sisym- brium pinnatifidum, qui vivent ici à une altitude beaucoup moindre que dans les Alpes et les Pyrénées, où ils sont strictement confinés dans la région al- (1) Ramond dit à ce sujet, après avoir signalé l'absence du Rhododendron au Mont- Dore : « [1 manque tout de même dans les Pyrénées et les Alpes, quand la hauteur totale » des montagnes n'excède pas de beaucoup celle de la zone où cet arbrisseau se coufine. » Rien de plus simple : la limite inférieure où s’arrètent les végétaux ainsi cantonnés » remonte vers les sommets à mesure que ceux-ci s’abaissent, parce que, à élévation » égale, le froid diminue, cornme la hauteur et le volume des montagnes. » (Application des nirellements, etc., 1815, p. 163.) — Si j'ai bien compris ce passage, Ramond croyait qu'entre deux chaînes de montagnes voisines et de hauteur très inégale, la tempé- rature, à allitude égale, est plus élevée dans la basse que dans la haute chaîne, ce qui expliquait pour lui l'absence du Rhododendron dans la basse chaîne des Monts Dores. Mais cette supposition est, je crois, mal fondée, et c’est la proposition contraire qui serait, suivant moi, la vérité, savoir qu'entre deux chaines de montagnes voisines l’une de l’autre, et de hauteur absolue très inégale, la température, à altitude égale, est plus généralement élevée dans la haute que dans la basse chaîne. Des faits nombreux témoigneraient, au besoin, de cette vérité. Je n’en citerai qu’un, qui est à ma connais- sance personnelle, et que j'emprunte à la culture comparée du Froment dans le Jura et dans les Alpes du Valais. Dans le Jura donc, qui est une basse chaîne de montagnes, le Froment a sa limite supérieure de culture au bord du lac de Joux, à l'altitude de 1007 mètres, et là c’est une culture très chanceuse, qui ne réussit pas tous les ans; je crois même qu'elle y est aujourd'hui complétement abandonnée. Cette culture forme, au contraire, une des principales richesses de la commune de Zermatten, située au fond de la vallée de la Viége, au pied septentrional du Matterhorn et du Mont-Rose, dans la SÉANCE DU 4/4 FEVRIER 1862. 81 pine. L'Androsace carnea et le Cerastium alpinum sont surtout remarqua- bles à cet égard, car ils descendent jusqu’à 1500 mètres dans la gorge de l'Enfer, ce qui est un abaissement prodigieux pour qui a vu les mêmes plantes dans les deux chaînes de montagnes voisines. Notons que plusieurs des es- pèces qui s’abaissent ainsi, Salix Lapponum, Homalotheca supina et Ceras- tium alpinum, ont leur centre de végétation au delà du cercle polaire; c’est de là qu’elles partent pour venir peupler les Alpes et les Pyrénées, en passant par l'Auvergne. (La fin à la prochaine séance.) M. Gubler fait à la Société la communication suivante : DES ANOMALIES ABERRANTES ET RÉGULARISANTES À PROPOS DE DEUX CAS TÉRATO- LOGIQUES, L'UN DE GÉANTISME ET L'AUTRE D'HERMAPHRODISME, OBSERVÉS SUR LE PISTACIA LENTISCUS, pa M. Adolphe GUBLER. Les animaux supérieurs, dans leur évolution embryonnaire et fœtale, pas- sent à travers une succession d'états transitoires justement comparés par M. Serres et d’autres savants aux formes permanentes de la série zoologique. Cette vue philosophique, heureusement appliquée à la tératologie par Meckel, Gœæthe et Geoffroy Saint-Hilaire, nous explique par des arrêts de développe- ment certaines monstruosités qui rappellent de loin la conformation des es- pèces plus imparfaites. Bien qu'il soit permis d’assimiler aux plantes acotylédones les états d’abord celluleux puis cellulo-vasculaires, avec une structure très simple, sous lesquels se montre l'embryon dans l’ovule et dans la graine, il n’existe pourtant aucune grande chaîne des Alpes. Là le Froment prospère, sur le flanc droit de la vallée, entre 1618 et 1718 mètres d'altitude (le premier chiffre indiquant l'altitude de l’église du village). J'ai même évalué à plus de 2200 mètres l'élévation d’un dernier champ de Froment-d’hiver que j'ai vu encore sur pied, le 28 août 1827, au quartier in den Rieben, sur le flanc gauche de la gorge qui conduit de Zermatten au glacier de Finelen, champ qui touchait à la limite supérieure des arbres, ici occupée par le Mélèze et le Pinus Cembra. I n'en faut pas davantage pour démontrer que la thèse de Ramond est insou- tenable, et que, si le Rhododendron manque aux Monts-Dores, ce n’est point à cause d'une température plus élevée, résultant de l’abaissement de leurs sommets. Ce qui ie prouve encore, c’est que le Rhododendron se trouve sur plusieurs des points culmi- nants du Jura, à des altitudes qui toutes sont inférieures au Puy-de-Sancy, et qui excèdent de très peu de chose les 1600 mètres où est généralement fixée sa limite inférieure dans les Alpes et les Pyrénées. Non, la température des montagnes, agissant sur la végétation, n’est pas réglée comme l’entendait Ramond : elle sera basse sur les cimes des basses chaînes, comme sont les Monts-Dores, comme est le Jura, et même dans leurs vallées, si elles sont ouvertes du côté du nord, comme celle du lac de Joux et comme celle du Mont-Dore (aussi y a-t-il, au Puy-de-Sancy, plusieurs plantes très alpines, comme on va le voir); elle pourra être relativement très élevée à de grandes altitudes, dans une haute chaîne, là où des altitudes supérieures fourniront des abris, soit contre les vents du nord, soit pour retenir et condenser les rayons du soleil, comme cela est particulièrement le cas à Zermatten. LE L- 6 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. anomalie dans laquelle un végétal supérieur se rapproche d’une Algue ou d’une autre Cryptogame quelconque. C’est que, dans une espèce perfectionnée, la plantule simplement cellulaire ne saurait vivre d’une existence indépendante : elle périt nécessairement dans ses enveloppes si elle ne parvient à franchir cette phase de son développement. D'un autre côté, nous ne voyons pas davantage une Dicotylée revêtir provisoirement les caractères de la classe des Monocotylées. Mais il est des formes juvéniles, je l'ai établi dans mon précédent travail (1), dont la durée se prolonge quelquefois bien au delà du terme qui lui est habituellement assi- gné, et qui constituent, pour l'individu collectif, des anomalies comparables aux permanences des états embryonnaires ou fœtaux, étudiés en zoologie. Cette classe d'anomalies n'avait pas encore été signalée dans le règne végétal, et les exemples jusqu'ici en sont fort rares. En revanche, rien de plus commun que de voir, par d’autres causes que des arrêts de développement, un individu d’une espèce déterminée ramené, par une déviation tératologique, au type d’un genre de sa propre famille ou d’une famille plus ou moins éloignée. Les phytologistes modernes ont insisté sur ce phénomène, et M. Moquin-Tandon l’a fait ressortir dans sa.ératologie toutes les fois que l’occasion s’en est pré- sentée. « La structure accidentelle d’un végétal, dit le savant professeur, présente » généralement la structure habituelle d’un autre végétal (2). » C’est tout l'inverse pour les animaux, chez qui la forme est moins flexible, les écarts plus incompatibles avec l'existence individuelle. Aussi, est-il sans exemple peut-être que les anomalies d’une espèce zoologique reproduisent un type normal dans une autre espèce, d’égale perfection, ou même plus haut placée dans l'échelle organique et appartenant à une famille ou à un genre différent. D'après ce que nous venons de dire, une monstruosité végétale n’est donc jamais sans modèle dans la nature régulière ; autrement dit, toute déviation morphologique accidentelle trouve toujours son analogue dans un type spéci- fique constant. Gette vérité, proclamée par d’éminents tératologistes, brille maintenant à tous les regards et n’a pas besoin d’êfre fortifiée par de nouvelles preuves ; seulement il importe, à mon avis, d'établir une séparation profonde entre deux ordres de faits directement opposés : tantôt, à la vérité, l’anomalie rapproche l'individu qui la porte d’une espèce dont la forme est irrégulière et insolite ; tantôt, au contraire, la déviation fait rentrer momentanément l’es- pèce, représentée du moins par le sujet anomal, dans la règle commune dont elle s’éloignait naturellement. (1) Sur une anomalie du Pinus Pinea constituée par la permanence de la foliation primordiale transitoire (Bull. Soc. bot. de Fr., t. VII, novembre 1861, p. 327 et suiv.).. (2) Eléments de Tératologie végétale, p. 242. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1862. 33 Pour faire mieux comprendre la valeur de cette distinction capitale con- tenue dans les travaux contemporains, mais que je m'ellorce de rendre plus explicite et d’une application plus générale, j'ai besoin d'entrer ici dans quel- ques développements. Il suffit de jeter un coup d'œil sur l’ensemble des classes du règne végétal pour déméler aussitôt, au milieu de la diversité apparente des formes, un fond comumun de caractères essentiels qui lient étroitement entre eux les êtres composant ces grandes divisions. Il semble qu'un premier type réalisé ait servi ensuite de modèle à toutes les autres créations, lesquelles, à part des variantes qui ne touchent pas au fond même de l’organisation, n’en seraient ainsi que des copies plus ou moins ressemblantes. Abstraction faite de ces modifications sans importance, on peut dire que toutes les plantes supérieures, par exemple, sont construites d'après le même plan général, et que, dans la conformation comme dans le nombre, la distri- bution et Les rapports de leurs parties, elles obéissent aux mêmes lois. Si l'on descend dans les divisions secondaires, les analogies augmentent encore; mais, pour nous en tenir aux grandes coupes, nous rappellerons que les végétaux cotylés n'ont la plupart qu'un ou deux cotvlédons ; que leur axe, simple ou ramifié, est muni d’appendices laminaires de couleur verte ; que leurs orzanes reproducteurs mâles et femelles, ordinairement réunis dans la même fleur, sont disposés toujours dans le même ordre, les Glamines en dehors, les pistils en dedans ; que, des deux enveloppes protectrices formées de pièces isolées, la verte est toujours la plus extérieure ; que les folioles modifiées qui compo- sent les verticilles successifs de la fleur alternent les unes avec les autres dans deux verticilles consécutifs, etc. Après cela les Monocotylées se ressemblent par leurs feuilles habituellement indivises, à nervures simples et parallèles, par la structure fasciculée de leurs tiges, par leurs fleurs à verticilles trimères ou hexamères. Les Dicotylées, à leur tour,'se rapprochent et se distinguent par leurs troncs à couches concentri-. ques, par leurs feuilles, souvent découpées, à nervures arborisées et réticulées ; par leurs fleurs tétra- ou pentamères, quelquefois décamères au moins dans l’androcée. En outre, dans l’une et l’autre classe, les parties sont ordinairement symé- triques et régulières. Ainsi, les feuilles sont opposées ou distribuées en spi- rale sur la tige, le plus souvent en quinconce; les différentes pièces d’un même verticille floral, toutes semblables entre elles, sont symétriquement disposées autour du centre, en sorte que les fleurs sont dites régulières. Tel est l'ensemble de caractères qui se répète dans toutes, ou du moins dans l'immense majorité des espèces. Les différences génériques et spécifiques portent sur des modifications secondaires qui n’atteignent point les attributs essentiels des plantes les plus parfaites. Par un groupement méthodique de ces caractères communs, on obtient donc # SA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. un type artificiel, soit de Mono-, soit de Dicotvlée, qui s'applique, sauf les dé- tails, à la plupart des plantes de l’un ou de l’autre embranchement du règne végétal. Les familles, les genres ou les espèces, placés en dehors, constituent l'exception et peuvent être envisagés comme des déviations héréditaires et constantes du prototype idéal, déduit de la généralité des espèces. En d’autres termes, si l’on admet ce type abstrait et dominant comme ori- ginairement réalisé par la nature, les formes diverses qui s'en éloignent et le contredisent peuvent, malgré leur permanence actuelle, s'expliquer par le fait de la production d'anomalies plus ou moins anciennes, dues à des conditions climatériques ou autres, entretenues quelque temps par ces modificateurs, puis définitivement fixées en vertu de la loi d’atavisme. Dans l'esprit des botanistes, l'idée de régularité et de symétrie : de ce que Du Petit-Thouars, dans un langage moins juste que pittoresque, appelait gé60- métrie vivante; cette idée est inséparable de ce qu'ils ont nommé le plan normal, l'ordre essentiel, le type primitif. Les vues de‘Correa de Serra, les recherches de De Candolle, celles de Robert Brown, Aug. de Saint-Hilaire, Adr. de Jussieu, Ch. Gaudichaud, et de MM. Ad. Brongniart, Lestiboudois, Moquin-Tandon, etc., ont démontré, en effet, la généralité et la constance de cette loi de régularité, et justifié l'hypothèse dans laquelle les exceptions sont envisagées comme des déviations de la forme originelle. Voilà comment Mirbel était conduit à considérer les fleurs des Labiées comme devant avoir une co- rolle à cinq lobes, tandis que Cassini, allant plus loin, voulait que le type de celte famille fût une fleur régulière, à cinq étamines ; comment De Candolle, observant les pélories des Personées, en concluait que ces plantes ne sont que des altérations du type des Solanées, et ainsi de suite. Dans cette manière de voir, l’irrégularité de forme dans la fleur, la sépara- tion des sexes sur un ou deux individus, la suppression du calice ou de la corolle, celle d’une ou de plusieurs pièces des cycles floraux, tout cela consti- tuerait autant de faits tératologiques par rapport à la forme typique primitive. Eh bien! ces anomalies normales, si j'ose ainsi parler, disparaissent quelque- fois accidentellement chez un individu qui, par une infraction à la règle de son espèce, retourne ainsi au type fondamental et rentre dans la loi commune de la famille ou de la classe, Il y a donc des anomalies régularisantes ou réintégrantes, comme il y a des anomalies aberrantes : celles-ci éloiguant du type régulier, celles-à y ramenant au contraire, Les espèces naturellement irrégulières sont les seules, cela va sans dire, qui puissent nous fournir des exemples du premier mode tératologique. Aussi les cas connus, susceptibles de jeter le plus de jour sur la question, se rappor- tent-ils à des plantes à fleurs en masque, précisément appelées anomales par les anciens botanistes. Tout le monde connaît, du moins par la description des auteurs, ces fleurs monstrueuses de Linaria vulgaris à cinq divisions égales, + SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1862. 85 munies chacune d’un éperon à la base et portant cinq étamines. Ce prodige, désigné par Linné sous le nom grec de pélorie, après avoir passé pour repré- senter la soudure de cinq fleurs distinctes, à fini par recevoir sa véritable interprétation. C’est le résultat du développement pareil de toutes les parties de la fleur, lesquelles naturellement restent fort inégales, où même avortent partiellement dans le genre Zinaria. Cassini, le premier, a reconnu le fait et l’a caractérisé. « Dussé-je être ac- » cusé de témérité par un tel paradoxe, s'écrie l’auteur de la Synanthérologie, » je considérerai la pélorie comme un retour accidentel au type primitif, » dont la fleur irrégulière est une altération habituelle; et, suivant ce système, » une fleur péloriée sera une fleur régularisée (1). » Cette audace, partagée plus tard par De Candolle et Ratzeburg, ne devait plus être qu'une heureuse initiative. Le paradoxe d'hier est aujourd’hui une vérité acquise. La monstruosité observée d'abord sur le Zinaria vulgaris s’est retrouvée ensuite non-seulement sur beaucoup d'espèces de Linaires, mais encore dans la Calcéolaire rugueuse, dans bon nombre de Labiées, de Rhinan- thacées, même d’Orchidées, de Légumineuses, de Composées. La variété de Glozinia caulescens, à fleurs dressées et régulières, doit encore être mise au nombre des pélories. « M. Rœper a reconnu avec raison, dit M. Moquin-Tandon, que les pélo- » ries peuvent avoir rapport à la forme ou bien au nombre, » L'éminent téra- tologiste applique en conséquence le nom de pelorisation au retour des pièces d’un verticille à leur état numérique normal. Cette nomenclature ne peut soulever aucune objection si la régularisation numérique accompagne la pélo- risation proprement dite ; mais ce serait, à mon avis, témoigner trop de défé- rence pour le grand nom de Linné, ou trop d’indulgence pour un mot eupho- nique et sonore, que de l'appliquer à toute anomalie par réversion au type général ; pélorie, après tout, ne signifie pas autre chose que monstruosité, et n’a point le privilége de désigner une classe spéciale d'anomalies ; à moins que, d'un accord unanime, les phytologistes ne conviennent d'appeler arbi- trairement fératies les anomalies aberrantes et pélories les anomalies régula- risantes. Mais, si l’on était tenté de prendre cette mesure, je ferais remarquer que le mot tératologie, consacré par l’usage, cesserait dès lors de s’appliquer à une grande partie de la science des monstruosités. D'ailleurs il est des retours au type fondamental qui s’éloignent tellement de ce qu’on appela d’abord pélorie, qu'il serait peu acceptable de leur im- poser cette dénomination. Tels sont les cas dans lesquels l'apparition insolite d'un ou de plusieurs organes vient compléter le verticille, dont l’état numé- rique habituel semble indiquer une réduction normale du nombre des pièces (1) Cassini, De l'influence que l'avortement des étamines parait avoir sur les pe- rianthes, in Opuscules phytologiques, t. I, p. 331. Paris, 1826. S6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui devraient le composer, d’après le plan général de la section. Tel est en- core le cas de la production du verticille corollaire ou staminal tout entier, chez des plantes qui en sont ordinairement dépourvues. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, notre savant collègue, M. J. Gay, a découvert des éta- mines dans les utricules du Carex glauca ; Aug. de Saint-Hilaire à remarqué qu'au Brésil la Bctterave offre souvent cinq stigmates ; le professeur éminent qui présidait naguère notre Société, M. Ad. Brongniart, a trouvé un carpelle surnuméraire dans l'Anchusa italica; enfin Adanson à vu un individu de Bocconia cordata dont les fleurs étaient munies d’une corolle. . Combien ces faits s'éloignent déjà de la monstruosité décrite par Linné! Si l'on persiste à nommer pélories toutes ces réversions au type fondamental, il faudra englober sous le même titre les disjonctions qui isolent accidentelle- ment les pièces des cycles floraux, lesquelles, on le sait, sont libres chez la très grande majorité des plantes. Il faudra désigner de même les diminutions de nombre des parties de la fleur qui, d’après mes observations, ramènent au type normal tétramère les fleurs à cinq divisions des plantes à feuilles opposées eu croix, affectées de nanisme (1). Mais ce n’est pas tout, ces restaurations accidentelles du type nuit ont lieu aussi bien pour les organes axiles et foliaires que pour les organes repro- ducteurs. Par exemple, une Dicotylée acaule (Cirsium acaule) devient caulescente: un Mimosa de la Nouvelle-Hollande, normalement réduit à ses pétioles élargis, développe de véritables folioles; une variété pourpre revient à la coloration verte, une race fasciée reprend une ramure régulière ; faudra-t-il encore mettre ces anomalies sur le compte de la pélorisation ? Personne assu- rément n'oserait aller jusque-là. Reconnaissons donc qu’il vaut mieux renoncer à l'expression de pélorie, en tant que terme général servant à désigner les retours au type fondamental, et, par respect pour la mémoire de l'immortel Linné, réservons ce mot aux régularisations des fleurs appelées anomales dans les anciennes classifications. J'ai employé précédemment les dénominations d'anomalies régularisantes et d'anomalies aberrantes ; si l’on tenait à se servir d'expressions univoques, je proposerais celles de fazitéries et idiotéries (2) ; la première, signifiant mons- truosités conformes à la règle, la seconde, monstruosités personnelles, en ce sens qu’elles tendent à singulariser le sujet parmi la wultitude de ceux dont il (1) Ad. Gubler, Observations sur quelques plantes naines, suivies de remarques générales sur le Nanisme dans le règne végétal (Mémoires de la Société de Biologie, ann. 1851). (2) Puisque la science moderne ne voit plus dans les monstres des prodiges inex- plicables, il serait assez rationnel d'éviter les dénominations qui rappellent une idée fausse. À la place des expressions proposées ci-dessus, on pourrait donc introduire celles d’anataximorphoses et d'apotaæimor phoses, c’est-à-dire modifications de formes suivant l'ordre habituel ou contrairement à cet ordre. Ces anomalies anatypiques et apotypiques s'appelleraient ézalement bien des anatyposes et des apotyposes. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1562, 87 se sépare. Les êtres organisés paraissent en effet soumis à deux influences con- traires, l’une qui les pousse dans de nouvelles voies morphologiques, l'autre qui les retient dans les conditions héréditaires. Des modifications saisissables des circonstances cosmiques, ou des déviations inexpliquées de la force plas- tique, produisent des altérations du type et donnent naissance, selon le cas, à des variétés ou à des monstres. Mais l’atavisme, comme la force d'attraction, s'oppose à ces aberrations centrifuges et ramène incessamment dans la forme normale, qui est le fond commun de l’organisation de la classe. Et, s’il était vrai que le type régulier, retracé plus haut, eût été primitivement le seul réa- lisé, si les formes différentes n’en étaient qu’une suite de déviations, il est clair que la loi d’atavisme s’appliquerait aux réversions de ces formes, constamment anomales, vers le prototype, aussi bien qu’à la disparition de l’anomalie indi- viduelle. Ces réflexions générales me sont suggérées par deux cas particuliers, à l'exposition desquels elles serviront de prolégomènes et de corollaires. Voici maintenant les faits : Le 23 mars 1861, je visitai une dernière fois les îles de Lérins, en compa- gnie de M. O. Larevellière-Lépeaux, qui a bien voulu vérifier avec moi plu- sieurs points de géographie botanique des envirous de Cannes. Dans cette excursion, j’eus la bonne fortune de rencontrer à la fois deux anomalies inté- ressantes dans un même buisson de Lentisques, situé sur la partie méridio- pale de l’île Sainte-Marguerite, derrière un enclos d’Orangers fameux par l'excellence de leurs fruits. Ce buisson, d’un beau développement, n'était pourtant formé que de deux individus, aussi différents entre eux qu'ils s’éloignaient chacun du type de l'espèce. L'un de ces sujets, haut de 2 mètres, d’une envergure à peu près égale, offrait, quoique jeune encore, un tronc robuste, une ramure vigou- reuse, un feuillage abondant, et semblait protéger de son ombre, je ne dis pas son semblable, mais du moins un être de son espèce, bien humble, bien grêle, et de maigre verdure, perdu pour ainsi dire dans la Juxuriante végétation de son puissant voisin. | Le géant se laissait reconnaître tout d’abord pour un Lentisque mâle; l’autre individu, frêle et délicat, je l'aurais voulu femelle; chose prodigieuse ! c'était un bermaphrodite. Avant de vous entretenir de ce dernier monstre, permettez- moi de revenir au Lentisque unisexué. Celui-ci présentait jusque dans son inflorescence la preuve de cette richesse de séve, dont sa taille élevée, ses pousses robustes et ses larges feuilles fai- saient éclater la réalité aux regards les moins attentifs. Ainsi, tandis que dans l'espèce les fleurs sont disposées en grappes axillaires, spiciformes, très sim- ples; ici, au contraire, elles étaient portées sur des axes ramifés, formant des grappes composées, plus longues et plus fournies que dans les sujets ordinaires. Ces grappes composées étaient aussi plus nombreuses que d'habitude dans 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'aisselle de chaque feuille : j'en ai compté trois, quatre et même cinq, au licu de deux en moyenne ; les fleurs, également plus grosses, portaient en général six ou sept étamines et autant de divisions calicinales. Rarement les étamines et les pièces du périanthe étaient-elles au nombre de cinq seulement, qui est le chiffre normal donné par les auteurs. Au résumé, nous voyons là non-seulement un développement excessif du végétal dans les dimensions de ses diverses parties, mais en même temps une multiplication d'organes comparable à celle qui caractérise les fleurs du sommet de l’axe principal dans les Sedum, les Rues, les Sureaux, et notamment l’Yèble, dans l’Arenaria peploides, etc. Chez le Lentisque, comme dans les autres cas, la multiplication se produit par un mécanisme facile à comprendre. Une exu- bérance de sucs, une sorte de pléthore séveuse à pour conséquences simulta- nées l’hyperplasie et l’hypergénèse. Tout cela peut se rendre par l'expression de géantisme. Les auteurs gardent à la vérité le silence sur la multiplication des éléments floraux par le fait du géantisme. Le phénomène se trouve pourtant indiqué dans un petit nombre d'observations particulières, sans que le rapport ait été remarqué ; ajoutons qu'il aurait pu être prévu, car la puissance de végétation qui se révèle par le développement excessif de la taille, est nécessairement une circonstance favorable à la production des individus élémentaires dont la col- lection constitue la plante. D'ailleurs, si le nanisgme, comme je l'ai démon- tré (1), entraîne réduction de nombre des parties de la fleur, il est tout naturel que l’état inverse amène des résultats opposés. Arrivons maintenant à la description du Lentisque hermaphrodite. Il est superflu de rappeler devant des botanistes que le Pistacia Lentiseus, ainsi que ses congénères, est dioïque, c’est-à-dire qu'il offre des fleurs unisexuées, por- tées, les mâles sur un pied et les femelles sur un autre, Je ne sache pas que per- sonne ait cité une exception à ce caractère constant du genre, La réunion des deux sexes sur un seul individu et dans chacune de ses fleurs constitue par conséquent un fait très singulier et digne de toute notre attention. J'ai indiqué tout à l'heure l'aspect grêle du sujet qui présente cette ano- malie ; il n'appartient pourtant pas à cette variété, à laquelle des feuilles sub- linéaires ont mérité l’épithète d’angustifolia. La seule particularité offerte par son système végétatif, c’est que ses rameaux, plus que ceux des individus de taille moyenne ou élevée, sont chargés de macules de tissu subéreux, appe- lées lenticelles. Quant à l'appareil reproducteur, il se fait remarquer par les caractères suivants : Une paire de grappes simples, comme dans le type, naît de l’aisselle de cha- cane des feuilles supérieures, et porte des fleurs beaucoup plus petites que celles du mâle gigantesque et d'une plus vive coloration. Malgré leur exiguité on y (1) Loc. cit. (Mém. de lu Soc. de Biologie, 1851). SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1862. 89 distingue, au milieu de l’androcée, un corps violet noirâtre qui ne peut être autre chose qu'un pistil. En effet, l'examen à l’aide de verres grossissants permet de s'assurer que les organes mâles et femelles sont réunis dans toutes les fleurs sans exception. Les étamines sont au nombre de cinq seulement ; toutefois j'ai dessiné une fleur qui, par exception, en offre six. La petite co- lonne, de couleur pourpre très sombre, qui occupe le centre de la fleur, atteint mais ne dépasse pas la longueur des étamines, et se termine par une sorte de trèfle recourbé, dû à la réunion de trois stigmates. Les étamines, d’un vert blanchâtre très pâle, ou d’un blanc jaunâtre, quelquefois lavées de rouge à leur sommet, sont sessiles et constituées régulièrement par une longue anthère biloculaire et légèrement apiculée ; seulement les loges, moins épaisses relati- vement à leurs autres dimensions qu’elles ne le sont dans les sujets ordinaires, paraissent moins remplies de substance pollinique. Cette demi-vacuité, jointe à la pâleur du tissu, laisse soupconner une imperfection de structure par rap- port aux étamines des fleurs exclusivement mâles, lesquelles ont naturellement des anthères turgides et d’un vert olivâtre. Des études microscopiques à des grossissements considérables sont venues confirmer cette prévision. Tandis que les anthères du Lentisque mâle m'ont présenté des grains de pollen parfaitement conformés, il m’a été impossible, au contraire, de découvrir ces petits organes à l’état normal dans les fleurs her- wmaphrodites. Le pollen normal du Lentisque consiste en des cellules sphériques Ysses, pleines de granules libres, ou bien amoncelés en amas irréguliers et colorables en bleu noirâtre par le perchlorure de fer, la paroi se teignant en jaune par le même réactif. A la place, dis-je, de ces éléments polliniques régu- liers, j'ai trouvé tout le parenchyme intérieur de l’anthère formé d’un tissu cellulo-utriculaire, dont les éléments, très cohérents, n'avaient encore aucune tendance à se séparer. Néanmoins les cellules de ce tissu, ainsi que le démon- trait l’action du persel de fer, renfermaient également des granulations con- stituées en partie par du tannin. Parmi plusieurs préparations provenant des étamines du sujet hermaphrodite, il ne m'a été donné de rencontrer qu’un seul élément pollinique, libre et de forme globuleuse : encore était-il deux ou trois fois plus petit que les grains de pollen du Lentisque mâle. Je n'ai pas cherché à approfondir la structure de l'organe femelle, mais je suis porté à croire, en raison de son petit voluine, que son organisation, com- parée à celle des pistils solitaires des Lentisques femelles, laisse également à désirer. Pour rendre compte de cette imperfection relative des fleurs hermaphro- dites, deux hypothèses peuvent être proposées. En premier lieu, il est plau- sible d'admettre que le sujet, naturellement chétif, était moins avancé dans sa végétation, mais qu'avec le temps il aurait conduit à leur plein et régulier développement les deux séries d'organes sexuels exceptionnellement accou- plés dans ses fleurs. Une seconde supposition se présente également avec un 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. certain caractère de vraisemblance, c’est que les étamines et les pistils de l’her- mapbrodite, frappés, en partie du moins, de stérilité, auraient conservé défi- nitivement leur imperfection de structure. Des observations ultérieures faites à l’époque de la fructification pouvaient seules me permettre de lever tous les doutes à cet égard ; mon retour à Paris dans les premiers jours d'avril m'a rendu cette vérification impossible. Peut-être quelqu'un des nombreux visi- teurs de la prison du Masque de fer, qui s’intéressera à Ja botanique, retrou- vera-t-il mon buisson de Lentisques, et nous donnera-t-il des renseignements plus complets sur la fertilité actuellement problématique de l'hermaphrodite dont je viens d’esquisser les caractères. Au reste, que l’on ait affaire à un sujet neutre ou à un véritable herma- pbrodite, ou bien encore à une sorte d’androgynisme, il n’en est pas moins vrai que nous constatons ici une tendance manifeste au retour vers le type bisexué qui règne dans la presque totalité des végétaux phanérogames. Si l’ef- fort a été incomplet chez notre sujet, ce qui n’est pas démontré, il aura sans nul doute un plein succès dans une autre circonstance, Ce cas n’est pas sans analogue dans la science : d’une part, les Afriplex, sui- vant Ja remarque de M. Moquin-Tandon (1), portent habituellement quelques fleurs hermaphrodites parmi le grand nombre de celles qui n’ont que des éta- mines ou un pistil. Voilà pour l’état normal : voici maintenant pour les ano- malies proprement dites. D'autre part, Robert Brown a trouvé des étamines dans les fleurs femelles du Carezx acuta, et M. J. Gay dans un Carex glauca venant de Rodez. L'hermaphrodisme a été observé aussi dans le Cucurbita Melopepo. « On » trouve, dit M. Moquin-Tandon, des fleurs hermaphrodites anomales dans » certaines plantes où elles sont habituellement unisexuées : tels sont quel- » ques Peupliers parmi les Amentacées, l’Épinard parmi les Chénopodées, et le » Chanvre parmi les Urticées (2). » Mon collègue M. Baillon a vu des fleurs hermaphrodites sur le Mercurialis annua (3). M. Moquin-Tandon a constaté également la réunion des deux sexes dans le Wercurialis perennis et dans le Maïs (4). D'après cela il est probable que l’hermaphrodisme accidentel se rencontrera dans toutes les espèces monoïques ou dioïques à titre d’anomalie régularisante où réintégrante, de même que l’absence du gynécée ou de l’androcée se montrera dans les fleurs bisexuées comme anomalie aberrante, Mon but principal a été d'appeler l'attention des botanistes sur l'utilité de cette division dichotomique des anomalies. Mais j'insisterai aussi en terminant sur la généralisation probable de l’hermaphrodisme accidentel dans les plantes unisexuées et sur le fait, non signalé jusqu'ici, de la multiplication des pièces (4) Moquin-Tandon, loc. cit., p. 343. (2) Loc. cil., p.343. (2) Voyez Bull. Soc. bot. Fr.;,t, IV, p. 694, (4) Communication orale. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1862. | 94 florales sous l'influence du géantisme. C’est la contre-partie exacte du phéno- mène de réduction que j'ai décrit, il y a plus de dix ans, sur les nains et les pyginées du règne végétal. M. Brongniart dit qu’il serait intéressant de bouturer le Pistacia Lentiscus hermaphrodite observé par M. Gubler, afin de voir si l’hermaphrodisme persisterait. M. Gubler répond qu’il lui sera facile d’en obtenir des boutures. À propos des considérations présentées par M. Gubler sur les végé- taux péloriés, M. Éd. Bureau dit : Qu'il existe dans la famille des Bignoniacées, laquelle a ordinairement, comme on le sait, des fleurs irrégulières, deux genres (Calosanthes el Rhigo- zum) dont la fleur est normalement péloriée, et présente même six parties au lieu de cinq, nombre habituel dans la famille. M. Bureau rappelle en outre qu’il a fait connaître à la Société, dans une des séances de la session extraor- dinaire d'août 1861, des pélories coïncidant avec une multiplication du nombre des parties, pélories observées par lui sur des Cyrtandracées, mais cette fois comme monstruosités. M. Moquin-Tandon rappelle que, chez le Teucrium campanula- tum, la pélorie est normale dans les fleurs supérieures ; le nom de l'espèce est tiré de cette particularité. M. Gubler ajoute que Cassini a admis que la situation des fleurs en provoquait dans certains cas l’irrégularité. M. Cosson annonce à la Société que, pendant l’excursion faite au Mont-Viso lors de la session tenue par la Société à Grenoble (août 1860), M. Henri de la Perraudière a découvert le Sesrpus alpinus, plante des plus rares du globe, trouvée en Perse par M. Kotschy. M. J. Gay ajoute que cette espèce habite en Sibérie la région polaire. 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862, ; PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN, M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de Ja séance du 44 février, dont la rédaction est adoptée. Dons faits à la Société: 4° Par M. L. Pasteur : Mémoire sur les corpuscules orgunisés. Etudes sur les Mycodermes. 2 Par M. A. Gris : Note sur le développement de la graine du Ricin. 3° Par M. le comte Jaubert : Note nécrologique sur M. Biot. &° De la part de M. de Martius : Ucber den Charakter und die systematische Stellung der Gattungen Labatia und Pouteria. Mouroucoa, eine æchte Convolvulaceen-Gattung. 5° De Ja part de M. Éd. Morren : Choiz de graines récoltées au jardin botanique de l'Université de Liége, 1862. * | 6° De la part de M. W. Nylander : Expositio Lichenum Novæ Caledoniæ. Note sur la distribution géographique des Champignons, par M. E. Fries (traduction française). 7° De la part de la Société d’Horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, novembre et décembre 1861. 8 De la part de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne : Bulletin de cette Société, t. XV (3° trimestre). 9° En échange du Bulletin de la Société : Journal de la Société impériale et centrale d’Horticulture, jan- vier 1862. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. 93 Bulletin de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, jan- vier 1862. Atti dell" I. R. Istituto veneto, t. VIX, n° 2. L'Institut, février 1862, deux numéros. M. le Président annonce la mort regrettable de MM. van den Bosch et Basseville, membres de l1 Société, décédés le premier à Goes (Pays-Bas), le 18 janvier, dans sa soixante-et-unième année, le second à Paris, en février. M. J. Grœnland demande la parole et s'exprime en ces termes : Notre honorable confrère, M. le docteur Roclaf-Benjamin van den Bosch, était né à Rotterdam, mais il reçut sa première éducation à Neuwied (Prusse rhénane). Il fit ensuite ses études médicales à l’université de Leyde. Après y avoir obtenu le grade de docteur en médecine, il alla s'établir à Goes (Zé- lande), où il inaugura ses travaux botaniques par des recherches sur la flore phanérogamique et cryptogamique des environs de cette ville et des îles qui composent la province de Zélande. Ses £numerationes plantarun Zelan- diæ belgicæ indigenarum ont été publiées dans le T'ijdschrift voor natuur- lijke Geschiedenis en Physiologie (Journal d'Histoire naturelle et de Phy- siologie). I se mit bientôt en relation avec les botanistes les plus célèbres de l'étranger, et consacra principalement à l'étude des Cryptogames les loisirs que lui laissait la pratique de la médecine. M. van den Bosch prit une part très active à la fondation de la Société pour la flore des Pays-Bas et des possessions néerlandaises d'outre-mer (Vereenigung voor de Flora van Nederland eu zyne overzeesche Bezittin- gen), dont il resta président jusqu’à sa mort. Il élabora, pour le Prodromus Floræ batavæ, les Phanérogames, les Lichens et les Algues. D'après les recherches poursuivies pendant une série de vingt années, on devait s’atten- dre à la prochaine publication d’une Flore des Pays-Bas. Il avait été convenu que les membres de la Société se partageraient le travail, et M. van den Bosch s'était chargé des Thalamiflores. 11 s’occupa en même temps avec ardeur de l'étude des Cryptogames des Indes orientales, pour achever la publication d’un Prodrome de la flore des possessions néerlandaises d'outre-mer, ouvrage commencé par ses défunts amis Dozy et Molkenboer. Hélas! ces beaux pro- jets ne devaient pas se réaliser; d'immenses matériaux ont été accumulés, Mais malheureusernent la plus grande partie de ces matériaux n’a pas été mise en œuvre. M. van den Bosch a aussi publié, en collaboration avec M. Mon- tagne, les Lichens dans le Sylloge de ce dernier savant et dans les Plantæ Junghuhnianæ. On trouve ses recherches sur les Hyménophyllacées dans le Nederlandsch kruidkundig Archief (Archives néerlandaises de botanique) 9h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et dans les Mémoires (Verhandelingen) de l'Académie des sciences d'Amster- dam, dont il était membre. Il continua également, après la mort de ses amis Dozy et Molkenboer, le r yologia juvanica, en collaboration av ec M. le doc- teur van den Sande Lacoste. M. le Président annonce ensuite à la Société que le Conseil, sur le rapport d’une Commission composée de MM. Boisduval, Cosson, J. Gay, le comte Jaubert et de Schænefeld, et chargée d'examiner les avis reçus des départements, relativement à la tenue de la prochaine session extraordinaire, a décidé que la proposition sui- vante serait, conformément à l’art. 47 du Règlement, soumise à l'approbation de la Société. La Société tiendra cette année une session extraordinaire à Béziers et Nar- bonne, qui s'ouvrira, dans la première de ces deux villes, le lundi 2 juin. — La séance ordinaire annoncée pour le 13 juin est supprimée. La Société adopte cette proposition à l'unanimité. M. le Président annonce enfin à la Société que M. Éd. Prillieux ayant été appelé par elle aux fonctions de vice-secrétaire, et étant ainsi devenu membre de droit de la Comrñission du Bulletin, le Conseil a dû, dans sa séance de ce jour, pourvoir à son rempla- cement comme membre électif de ladite Commission. Le choix du Conseil est tombé sur M. J. Grœnland. En conséquence, confor- mément à l’art. 28 du règlement, M. Grœnland est proclamé membre de la Commission du Bulletin pour l'année 1862. M. L. Pasteur fait hommage à la Société de son mémoire sur les générations dites spontanées, qui a paru dans le cahier de jan- vier 1862 des Annales de chimie et de physique et qui doit être inséré également dans les Annales des sciences naturelles. I offre en outre à la Société un tirage à part de la note qu’il a publiée récemment dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences sur les Mycodermes et en particulier sur les Mycoderma vini et aceti. A l'occasion de ce dernier travail, dont quelques résultats ont été déjà communiqués à la Société (1), M. Pasteur appelle l'attention de la Société sur les phénomènes de combustion dont les êtres les plas inférieurs sont la cause déterminante. On pouvait croire jusqu’à présent que l’acide carbonique (1) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 536. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. 95 et la vapeur d’eau qui se dégagent pendant la vie de ces êtres, n’étaient que le résultat d'actes respiratoires ou de nutrition, comme cela arrive chez les êtres supérieurs. M. Pasteur a reconnu qu’à côté de ces actes bien réels et qui concourent au développement de l'être, il y a des phénomènes de fixation d'oxygène en proportions considérables, de telle sorte qu’en même temps que la plante se nourrit et se multiplie, les principes immédiats qui sont présents | se trouvent brûlés ou transformés en produits intermédiaires plus oxygénés. . L'acétification n’est pas autre chose que la manifestation dans les Mycodermes de cette propriété, dont la généralité d’application ouvre un champ tout nouveau à la physiologie. M. Duchartre met sous les yeux de la Société un rameau fleuri de Rhododendron argenteum. Cette magnifique espèce a été découverte par M. J.-D. Hooker sur le Sikkim-Himalaya. Elle croît entre 2500 et 3000 mètres d'altitude. Le pied sur lequel a été cueilli le rameau présenté par M. Duchartre paraît être le premier qui ait fleuri en France; on peut le voir dans le bel établissement de MM. Thibaut et Kételeêr, à Paris. Ce /Æ?hododendron, qui est très abondant, à l'altitude indiquée, sur certaines pentes de l'Himalaya, a les feuilles d’un vert foncé en dessus, argentées en dessous comme celles de l'Elæagnus angusti folia, atteignant 3 à 4 décimètres de longueur et serrées vers l'extrémité des rameaux, que terminent des inflorescences en grappes raccourcies comprenant chacune environ 15 grandes fleurs blanches, à peu près inodores. ; M. de Schœnefeld donne lecture des extraits suivants de lettres qui lui ont été adressées : LETTRE DE M. AUGÉ DE LASSUS A M. DE SCHŒNEFELD. Poligny (Jura), 22 février 1862. Je viens de lire dans la Æevue bibliographique de notre Bulletin (t. VIII, p. 554), un fait relatif au Pilobolus, qui me rappelle une de mes anciennes observations sur le C'yathus striatus Hoffm. En 1846, étant à la Poussinière, localité des environs de Nantes, remar- quable par sa richesse en Champignons et autres Cryptogames, je trouvai de beaux Cyathus striatus sur un tronc d'arbre couché depuis lougtemps et servant de banc, et je remarquai que les lenticules nombreuses de ce Cham- pignon étaient suspendu:s par leurs filets aux feuilles d'arbres, à plus d'un mètre au dessus des végétaux qui les avaient produites; elles étaient toutes à la face inférieure des feuilles et avaient été évidemment lancées par les C'ya- 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. thus. A-1-0n déjà observé ce fait? Je l'ignore, mais j'en avais gardé la note, le trouvant intéressant. J'ai même conservé en herbier des feuilles garnies de ces lenticules. Ladecture du récit de l’excursion de M. J. Gay à lAubrac (1) m'a d'au- tant plus attaché que j'ai moi-même parcouru ce pays, où j'ai recueilli l'Adoza Moschatellina et V £rythronium Dens cants, en compagnie de mon regreuté maître M. Prost, si connu par ses recherches sur les Cryptogames, et dont le précieux herbier est en bonnes mains, puisque c’est M. Henri Lecoq qui le possède. On conserve en outre à Mende l’herbier spécial des plantes du département de la Lozère recucillies par Prost. Le lac des Saillants, que M. Gay n’a pu explorer, s'écoule par une cascade des plus curieuses par ses roches basaltiques et qui se’ voit de très loin. Au reste, les divers lacs de lAubrac se trouvent tous dans les cratères d'anciens volcans. LETTRE DE M. BUCHAINGER A M. DE SCHŒNEFELD. Strasbourg, 22 février 1862. ... Les deux /soëtes dont parle M. Gay (2) vivent ensemble dans les lacs de la Forêt-Noire (feldsee et Titisee), d’après les renseignements et les échantillons soumis à M. Al. Braun par M. De Bar. Il s'agira de les retrou- ver aussi en compagnie dans les lacs des Vosges. Ce qui permet de l’espérer, c’est la présence, dans les lacs de la Forêt-Noire, de plantes identiques avec celles des Vosges (Sparganium uffine, Nufar Spennerianum, etc. ). Note sur l'Euphorbia hyberna EL. — Linné (Species, ed. 1, p. 462) a fondé le nom de la plante qu'il appelle £uphorbia lyjberna, sur le Tithyma- lus hibernicus de Dillenius. On ne voit pas pourquoi il a fait subir un double changement au nom de Dillenius, en mettant un y au lieu d'un ?, et en don- nant au mot une autre terminaison qui semble n'être pas très heureuse. Le mot hyberna pourrait facilement induire en erreur certaines personnes qui verraient dans la plante une espèce hivernale. Dans la monographie des Euphorbes qui vient de paraître dans le Prodromus, M. Boissier écrit £. Hy- berna; M. Gay (dans le Bull. Soc. bot. Fr. t NH, p. 512) écrit £. hibernu. Ne serait-il pas convenable de restituer à la plante le nom d’E, uIBERNICA, pour éviter toute possibilité d'erreur à son égard ? M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : (4) Voyez le Bulletin, &. VIT, p. 508 et suiv. (2) Voyez le Bulletin, t. VIF, p, 512. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. 97 QUELQUES OBSERVATIONS CRITIQUES SUR LES ESPÈCES DU GENRE MONOTROPA L, pr M. SJ. MORIÈRE. (Caen, 15 février 1862.) A la fin de septembre 1858, j’eus l’occasion de rencontrer au bois d'Omon- ville (Seine-Inférieure) un assez grand nombre d'échantillons de Monotropa en pleine floraison, qui, presque tous, étaient uniflores. — Je n’attachai d'abord qu’une médiocre importance à ce fait, qui pouvait être le résultat d’une floraison tardive et appauvrie. Toutefois, je me promis de visiter de nouveau le bois d'Omonville l’année suivante, à la même époque, et de véri- fier si réellement je n'avais eu affaire qu’à un accident. En octobre 1859, je pus encore recueillir un grand nombre de pieds de Monotropa dans la même localité, et, de même que ceux recueillis en 1858, ils étaient presque tous uniflores ou bien offraient seulement deux ou trois fleurs sur un petit nombre de pieds. Les mêmes faits se sont reproduits en 1860 et en 1861, et toujours à la même époque. J’ai donc lieu de me préoccuper aujourd’hui de ma découverte et de rechercher si cette Monotropée, quelquefois pauciflore, mais presque toujours uniflore, se rapporte à une espèce déjà connue ou bien si elle constitue une espèce nouvelle. Commençons par rappeler ce que les auteurs de botanique descriptive disent du genre Monotropa. MA. Cosson et Germain de Saint-Pierre ne signalent, dans leur Flore des environs de Paris, qu'une seule espèce de Monotropa, le M. Hypopitys de Linné, qui est pour eux la même plante que l’Hypopitys multiflora de Sco- poli, et qu'ils décrivent ainsi : « Souche écailleuse, souvent pourvue de fibres radicales intriquées épaisses » charnues. Tige de 4 à 3 décimètres, ordinairement pubescente ou velue, » à poils glanduleux, dressée, simple, chargée d’écailles ovales-oblongues » apprimées entières. Fleurs disposées en une grappe pluriflore ou multiflore. » Pétales denticulés-ciliés. Étamines à filet ordinairement velu-hérissé, presque » aussi large que l’anthère. Capsule ovoïde. Z. Juin-août. » Var £. glabra. — Tige glabre. » Ainsi, pour MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, il n’y a qu’une seule espèce, le Monotropa Hypopitys où Hypopitys multiflora; \ Hypopitys glabra est simplement une variété qui ne diffère du type que par le glabrisme de sa tige. Dans leur Catalogue des plantes vasculaires qui croissent spontanément dans le Calvados, MM. Hardouin, Renou et Leclerc regardent le Wonotropa Hypopiys de Linné comme représentant l'Æypopitys glabra du Prodromus, FE D. 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et ils lui rapportent la plupart des échantillons trouvés dans le Calvados, para- sites sur les racines du Chêne, du Hûtre, etc. Ils ajoutent : « Var. £. hirsuta Koch (Hypopitys multiflora DC. Prodr.). » — Sépales, pétales, étamines et pistils velus-hérissés. Parasite sur les racines » du Sapin. » On voit que ces botanistes sont loin d’être d’accord avec MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, puisque les auteurs de la Flore parisienne rap- portent l’Aypopitys multiflora au M. Hypopitys de Linné, tandis que les premiers considèrent la plante linnéenne comme n'étant autre que l’Aypo- pitys glabra. M. Durand-Duquesnay (1) rapporte les pieds de Monotropa qu'il a trouvés dans les arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Évêque au Monotropa Hy- popitys L. M. de Brébisson (2) regarde le M. Hypopitys L. comme étant le même que l’Æ. glabra du Prodromus; suivant lui, la plupart des échantillons signalés dans la Normandie appartiennent à cette espèce, à laquelle il rattache comme variété le M. hirsuta Roth, « qui est un peu pubescente entre les » fleurs, dont les bractées sont ciliées, qui a le bord des pétales, PAAEnE » des sépales, les étamines et le pistil ciliés. » Ouvrons maintenant le Synopsis de Koch (3), et nous verrons que le bota- niste allemand admet ‘une seule espèce de Monotropa, le M. Hypopitys de Linné, dont il fait deux variétés ainsi caractérisées : a. glabra. — Tota glabra, ovario punctis minutis elevatis obsesso. GB. hirsuta. — Caule inter flores pubescente, bracteis ciliatis, sepalis interne et margine petalis utrinque staminibus pistilloque hirsutis. L'auteur ajoute : inter varietatem à et multæ reperiuntur formæ inter- mediæ, quæ promiscue crescunt, tam in silvis frondosis quam acerosis. MM. Le Maout et Decaisne (4) indiquent deux espèces d’Zypopitys : 1° Æ. multiflora Scop., qu'ils considèrent comme étant le M. Hypopitys de Linné, et dont les caractères sont les suivants : « Plante pubescente ou poilue- » glanduleuse. Pétales et étamines hérissés. Capsule ovoïde-oblongue. — Para- » site sur le Pin, le Sapin, le Hêtre »; 2° l’Æ. glabra Bernh., qui est une plante complétement glabre, à grappe pauciflore, à style plus court que dans l'espèce précédente et dont la capsule est globuleuse, — Parasite sur le Hêtre. Dans leur Flore de France, MM. Grenier et Godron n’admettent qu’une seule espèce, le W. ÆHypopitys L., dont ils font deux variétés, les mêmes que celles de Koch. (1) Coup d'œil sur la végétation des arrondissements de Pont-l'Évéque et de Lisieux, 1846. (2) Flore de la Normandie, 3° édit., 1859. (3) Synopsis floræ germanicæ et helveticæ, edit. 2, 1848. (4) Flore élémentaire des jardins et des champs, 1855 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 41862. 99 © À la variété glabra Roth, plante glabre, ils rapportent le M. hypophegea de Waliroth. La variété Airsuta Roth, plante plus ou moins pubescente ou poilue-glandu- leuse, est pour eux le Ÿ. Hypopitys de Wallroth. M. Boreau (1) reconnaît deux espèces d’Æypopitys, dont nous allons transcrire les principaux caractères : « H. multiflora Scop. (M. Hypopitys L.). — Plante de 1 à A décimètres, » d’un blanc jaunâtre, noircissant par la dessiccation; racine écailleuse ; tige » simple, garnie d’écailles apprimées ovales-oblongues, les inférieures imbri- » quées ; grappe terminale, serrée, penchée d’abord d’un côté, se redressant » ensuite ; fleurs d’un jaune clair, velues à l'intérieur, à odeur suave; capsule » ovale-oblonque. Mai-juilleu. A. /2. % au pied des arbres dans les forêts et les » bois couverts. » A. glabra DC. Prodr. (M. hypophegea Wallr.). — Port et caractères » du précédent; grappe un peu moins fournie, serrée, glabre partout; » ovaire subglobuleux, chargé de ponctuations très fines; style conique; » stigmate largement pelté, dépassant peu les étamines très glabres. Juin- » juillet. Z 22. » Enfin, l’illustre auteur du Prodromus indique deux espèces européennes d’Aypopitys, dont nous reproduisons seulement les caractères essentiels : « 4° 7. multiflora (Scop. Carn. ed. 2, n° 178), capsula ovali-oblonga, » petalis genitalibusque hirsutis. Z in Europæ silvis, parasitica in radicibus » Pini silvestris, Abietum et aliarum arborum, imo ex Reichenbach Fagi » silvaticæ. » A cette espèce il rapporte comme synonymes le M. Hypopitys de Linné et le M. Hypopitys var. hirsuta de Roth. « 2° 1. qglabra (Bernhardi ex Reichenbach #7. excurs. sub Monotropa), » Ccapsula globosa, petalis staminibusque glabris. Z in silvis super radices » Fagi silvaticæ parisitica in Germania præsertim Erfordensi et Thuringinca » (Rchb.) rarius et forte in Gallia et Anglia. Prioris varietas a pluribus (forte » non immerito ex Drees in Linnæa 1827, p. 237) habetur. Differt racemo » paucifloro, glabritie fere tota, stylo breviore, capsula globosa. » On voit, par les citations qui précèdent, que les auteurs sont loin d’être d'accord, ce qui tient probablement à ce que plusieurs d’entre eux n’ont pas toujours été à même d'étudier les plantes sur le vif et surtout de pouvoir com- parer un grand nombre d'échantillons. Depuis quatre ans nous nous sommes appliqué à recueillir des Monotropa, surtout dans le Calvados, et à les exa- miner en place ; nous avons pu aussi, grâce à l’obligeance de nos correspon- dants, nous procurer un certain nombre de spécimens provenant de divers points de la France; nous avons même eu la bonne fortune de recevoir de notre savant confrère, M. Le Jolis (de Cherbourg), des échantillons types de (1) Flore du centre de la France et du bassin de la Loire, 3° édit., 1857. 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Aypopitys glabra recueillis en Allemagne. En réunissant ces divers éléments, nous nous sommes efforcé de faire une étude aussi consciencieuse que possible des espèces françaises de Monotropa et assez complète peut-être pour rectifier les erreurs de quelques Flores. Nous avons dû nous poser d’abord cette question : Existe-t-il deux espèces bien distinctes de Monotropa ou bien une seule espèce offrant plusieurs variétés ? En examinant et en comparant avec la plus scrupuleuse attention les nombreux échantillons que nous avons recueillis sur divers points du Calva- dos, et notamment au bois de Reux près Pont-l’Évêque, à Esson près Har- court, au bois de la Trésorerie près Lisieux, dans le bois du Val-Richer, dans les futaies de Notre-Dame de Courson, dans la forêt de Touques et, au mois de juillet dernier, aux environs de Laigle et à la Trappe de Mortagne (Orne) ; en comparant, dis-je, ces divers échantillons, il nous a été impossible de reconnaître deux espèces distinctes. Certains individus avaient une tige complétement glabre, d'autres une tige pubescente, surtout entre les bractées ; celles-ci étaient glabres ou velues, ciliées ou entières; tantôt l’intérieur des sépales était glabre, tantôt couvert de poils ; les pétales ont offert également divers degrés de villosité à l’intérieur ; mais, dans tous les échantillons, les filets des étamines et les pistils étaient plus ou moins hérissés. Les pieds que nous avons reçus de diverses parties de la France nous ont offert les mêmes caractères, et, dans ces derniers comme dans ceux que nous avons recueillis nous-même, la capsule était ovale-oblongue. En classant convenablement les échantillons qui étaient à notre disposition, nous avons pu passer par nuances insensibles de la variété glabra de certains auteurs à la variété hirsuta; ces échantillons appartiennent donc à une seule et même espèce, que nous rapporterons à l'ÆZypopitys multiflora Scop. et qui doit être la même plante que Linné a décrite sous le nom de Monotropa Hypopitys. L'Hypopitys glabra de M. de Brébisson et de MM. Hardouin, Renou et Leclerc, de même que la variété glabra de MM. Cosson et Germain de Saint- Pierre, appartient, selon nous, à cette division; le M. Hypopitys de Linné ne représente pas l’Æ. glabra du Prodromus : la plupart des auteurs français ont dû attribuer ce nom à une variété glabre, au moins dans sa tige, de l'Hypopitys multiflora. | Nous serions surpris que le savant auteur du Synopsis floræ germanicæ et helveticæ n’eût pas eu bien réellement en vue le véritable Æ. glabra lors- qu'il a établi deux variétés, glabra et hirsuta, du M. Hypopitys de Linné ; et cependant nous serions porté à en douter, en voyant qu’il oublie, en donnant la caractéristique de ces variétés, de signaler la différence de forme de la capsule, ovale-oblonque dans la variété hirsuta, globuleuse dans la variété glabra. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. 101 Maintenant n’existerait-il qu’une seule espèce de Monotropa? L'H. glabra signalé dans les Flores de MM. Le Maout et Decaisne, de M. Boreau, et surtout dans le Prodromus, est-il véritablement une espèce ? Le glabrisme ou la vil- losité sont des caractères trop fugaces, variant trop souvent avec la nature du sol, pour qu'il soit permis de les employer à définir une espèce, mais il n’en est pas de même de la forme de la capsule, et nous croyons que l’ensemble de caractères indiqués par De Candolle : un petit nombre de fleurs, un glabrisme presque complet, un style dépassant à peine les étamines, et surtout une CAPSULE GLOBULEUSE, suflisent pour constituer une espèce distincte. Cette espèce a-t-elle été jusqu'à présent trouvée en France? En indiquant : les diverses localités où elle a été rencontrée, l’auteur du Prodromus dit : rarius (et forte) in Gallia et Anglio. Ce serait donc une plante très rare en France, et, en effet, nous ne l'avons trouvée réellement décrite avec tous ses caractères que dans la Flore du centre de la France, qui en indique trois localités où elle fleurit de juin à juillet. Il ne nous reste plus qu’à énumérer les caractères de notre Monotropa d'Omonville et à examiner s’il ne se rapporterait point à cette seconde espèce, c'est-à-dire s’il ne serait point le véritable 77. glabra du Prodromus. Voici sa description : Plante de 6 à 45 centimètres, d’un blanc jaunâtre, un peu charnue, noir- cissant par la dessiccation. Tige simple, dressée, chargée d’écailles apprimées ovales-oblongues, uniflore ou bien portant 2 ou 3 fleurs au plus, compléte- ment glabre. Stigmate largement pelté, ne dépassant pas les étamines qui sont glabres ainsi que les pétales. Capsule globuleuse. %. Fleurit en septembre et en octobre. On le voit, ces caractères appartiennent en grande partie à l’Æ. glabra, et nous sommes porté à regarder la plante d’Omonville comme se rapportant au véritable 7. glabra du Prodromus. Toutefois, en comparant notre plante avec les échantillons authentiques recueillis par M. E. Lehmann et que nous devons à l’obligeance de notre confrère M. Le Jolis (de Cherbourg), il nous a semblé qu'il faudrait en faire une variété particulière basée à la fois sur ce qu’elle est ordinairement uniflore et sur ce qu’elle fleurit aux mois de sep- tembre et d'octobre, c’est-à-dire à une époque où l’on trouve en graines les autres Monotropa qui défleurissent à la fin de juillet. En résumé, nous considérons les échantillons d’Æypopitys que nous avons l'honneur de soumettre à l’examen des membres de la Société botanique de France comme une variété de l’Æ/. glabra, et nous croyons que cette espèce est beaucoup plus rare en France que certains auteurs ne l'ont supposé. M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. UNE EXCURSION BOTANIQUE A L'AUBRAC ET AU MONT-DORE, PRINCIPALEMENT POUR LA RECHERCHE DES ISOETES DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE, par ME. 3. GAY. (SIXIÈME ET DERNIÈRE PARTIE) (1). . Je venais de faire ma troisième course, et le soin de mes récoltes pouvait seul me retenir quelques jours de plus au Mont-Dore, où d’ailleurs la saison des eaux touchait à son terme (elle devait être close officiellement le 15 sep- - tembre), emportant avec elle les baigneurs, les cuisiniers, les pianos et tout ce qui embellit la vie du Mont-Dore pendant la belle saison. IL fallait partir, mais la ligne du retour, celle par laquelle je gagnerais Clermont, pouvait ajouter encore quelque chose à ma récolte botanique. MM. Lecoq et Lamotte ont décrit, sous le nom de Sempervivum arvernense, une plante qu'ils ont observée sur les rochers granitiques et basaltiques du Puy-de-Dôme, du Cantal, de la Lozère et de l'Ardèche, et qu’ils distinguent du Sempervivum tectorum, lequel n’existerait dans leur circonscription qu’à l’état de domes- ticité, y ayant été importé du dehors, et ne s’y trouvant que sur les toits et les vieilles murailles (Catalogue, 1848, p. 179). Ce que vaut cette nouvelle espèce, je l’ignore, parce que je ne l'ai encore vue que sèche. Mais elle a deux localités certaines, indiquées par les auteurs eux-mêmes, dans la vallée de la Couse, sur la route du Mont-Dore à Issoire, au Puy-d'Éreigne et sur le bord de la route entre Saint-Nectaire et Champeix. Or, je puis à la rigueur prendre cette route pour me rendre à Clermont. Ce sera plus cher qu'en passant par Randanne. Mais qu'importe ? Une folie de plus ou de moins ne Lire pas à conséquence. Le 8 septembre donc, au point du jour, me voilà en route, dans une calèche attelée de deux chevaux, qu'il m'a fallu louer exprès, parce que, depuis le 1° septembre, les voitures publiques ne fonc- tionnent plus sur la route d’Issoire. La forêt de Chaneau fut bientôt traversée, et bientôt j’eus atteint le point culminant, voisin de la Croix-Morand, où la route se bifurque pour condnire d'un côté à Randanne, de l’autre à Murols et Saint-Nectaire, point dont l’alti- tude est d'environ 1400 mètres, celle des bains du Mont-Dore n'étant que de 1044 mètres. À peine ce point culminant fut-il dépassé, et ma voiture lancée sur la route de Murols, qu’un arbuste d’un aspect singulier et abon- damment répandu sur le bord de la voie, vint fixer mes regards. Je n’y tou- chaï pas, car il était par trop avancé, mais je le reconnus de suite pour le Cytisus purgans Boiss. et Spach (Genista L., Spartocytisus Webb, Saro- thamnus Gren. et Godr.), le même que j'avais cueilli sur l’Aubrac, quelques (1) Voyez le Bulletin, t, VIE, p. 508, 541, 619, el t. IX, p. 18, 78. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. 408 jours auparavant, dans une situation plus basse, le même qu’en 1821 j'avais rencontré à une altitude moindre encore, à Massiac, sur la route de Brioude à Saint-Flour (1). Plus loin, mais à une altitude toujours considérable, près d'un monticule tout couvert de pierres-ponces, je remarquai des champs de Seigle, nouvellement ensemencés et déjà en pleine germination, huit jours après l'époque où j'avais vu moissonner la même céréale au Mont-Dore, et où il n’était pas encore question de semailles. A cette hauteur on est obligé d'avancer les semis, afin de prévenir la neige qui ne tardera pas à couvrir le sol pour ne plus disparaître qu’au printemps suivant, — Bientôt nous eûmes le lac Chambon en vue sur notre droite, ce lac qui marque l'entrée de la vallée de Chaudefour, laquelle aboutit au Puy-de-Sancy par des crêtes formi- dables dont les touristes du Mont-Dore vont admirer les horreurs. Je note en passant que le lac Ghambon n’a pas encore été exploré pour les /soëtes, Peut-être son altitude de 873 mètres est-elle trop faible, sous cette latitude, pour convenir au tempérament des deux espèces du Mont-Dore. — Murols vint eusuite (825 mètres) avec les imposantes ruines de son château, puis Saint-Nectaire-le-Bas (qu’on prononce Sénectaire), où il fallut dételer pour laisser reposer l’attelage, arrivé, à dix heures du matin, aux deux tiers de sa course. Que faire pendant ces deux heures de halte, dont un estomac sans besoin ne réclame aucune part (2) ? Il y aurait à voir les deux établissements ther- maux, dont les eaux, analogues, dit-on, à celles de Vichy, attirent ici bon nombre de malades pendant la belle saison. Il y aurait à voir le mont Corna- dor, qui est là tout près, avec ses cryptes à stalactites et ses eaux incrustantes dont l’art tire un parti surprenant. Mais je suis trop occupé d'herbes pour songer à autre chose. Voyons donc si le tapis végétal de Saint-Nectaire ne pourra pas me fournir quelque utile distraction. Partout le Pin silvestre en vue, et nulle part le Sapin ni le Hêtre; d’où la conséquence que nous sommes ici à un niveau bien inférieur à celui des Bains du Mont-Dore, ce que confirme (1) Le Cytisus purgans passe de la Sierra de Guadarrama (au centre de l’Espagne) aux Pyrénées orientales, et de là au plateau central de la France, où il a sa frontière orientale. Là il peut s ‘élever jusque sur les plus hauts sommets, comme est le Puy- Mary (1660 mètres), d’où j’en possède un échantillon récolté par M. de Lambertye, mais sa zone est ordinairement renfermée entre 1000 et 1500. De là il est souvent entraîné jusque dans les plaines par les torrents et les rivières. C'est pour cela qu’on le trouve à Clerment, au bord de l'Allier, à 411 mètres d’altitude, et beaucoup plus bas dans les îles de la Loire jusqu’à Orléans. Tout cela a été fort bien dit par M. Lecoq (Études sur la géographie botanique de l'Europe, V, 1856, p. 451-453). J'ajoute que les fleurs jaunes de ce charmant arbuste exhalent une odeur très prononcée de vanille, ce que j'ai pu observer le 23 avril 1822, dans le jardin de Cels, où la plante était cultivée. Le mois d’avril est l’époque où ete fleurit dans les lieux les plus bas; à sa limite supérieure, comme au sommet du Puy-Mary, c’est seulement au commencement de juillet, deux mois plus tard au moins. (2) Depuis longues années, j’ai entièrement supprimé le déjeuner, et, en voyage comme à domicile, je me contente d’un seul repas qui me suffit parfaitement. 404 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cucore une allée de Tilleuls, à la vérité de petite taille, que je vois s’allonger devant l'hôtel Boëtte. Un autre indice encore mieux probant, c’est une par- celle de Vigne que j’apercçois sur le bord de la rivière (nous sommes ici dans la vallée qu’arrose la Couse, tributaire de l’Allier), à une portée de fusil de l'hôtel. C’est la première Vigne que j'aie rencontrée sur ma route, là où le Nover et, à plus forte raison, le Châtaignier font encore défaut. Nous avons donc ici une limite supérieure de l’arbuste vinifère. Ramond fixe cette limite, pour le département du Puy-de-Dôme, à 600 mètres (Applicat. des nivellem., p. 155). Elle est certainement ici beaucoup plus haute, mais le chiffre en est encore incertain, attendu qu’elle n’a point encore été mesurée barométrique- ment. Je lai évaluée approximativement à 700 mètres, et M. Lecoq (in lift.) à 780. — Quoi qu’il en soit, ce quartier de Vigne ayant attiré mon atten- tion, je voulus l’examiner de plus près, et là m'attendait une surprise à laquelle mes herborisations du Mont-Dore ne m’avaient point préparé. Un mince filet d’eau suintait plutôt qu'il ne coulait sur un des côtés du petit vignoble. L'humidité avait attiré là une épaisse verdure, contrastant fortement avec la nudité des parties voisines, brûlées par le soleil. Ma main se porte sur ce tapis végétal et rapporte. quoi? le Glaux maritima et le Plantago maritima (PI. maritima auct. fere omn., PI. graminea Lam.)! Aussitôt mon doigt va consulter l'élément liquide qui nourrit cette végétation maritime à cent lieues de l'Océan, et il y reconnaît une eau non-seulement tiède, mais encore dislinctement salée. Ce fait d’une végétation maritime développée sous l'action de l’eau salée est très connu, non-seulement à Saint-Nectaire, où lon cite encore le 7Triglochin maritimum et le Spergularia marginata mais encore sur d’autres points de l'Auvergne (Ramond, Applic. des nivel- lem., 4845, p. 166; Lecoq, Études sur La géogr. bot. de l'Europe, K, 1854, p. 41-45), sans parler des autres localités innombrables où le même phénomène se produit à l’intérieur de notre continent. Je le savais parfaite- ment, mais je n'en avais pas encore été le témoin oculaire, et j'avoue qu’a- près cette rencontre toute fortuite, qui venait de mettre sous mes yeux un exemple frappant d’une influence chimique sur deux espèces de plantes, je ne regrettai plus du tout la halte forcée que j'avais dû faire à Saint- Nectaire. Sur ces entrefaites, l'heure du départ était arrivée, et je descendais rapide- ment la vallée de la Couse, lorsque, entre le hameau de Saillans (ou Sailhant) et le village de Montaigu, je reconnus à gauche, sur le bord de la route, les rochers de granite sur lesquels devait se trouver la plante (Lecoq et Lam. Cat. p. 179) pour laquelle j'avais pris cette route, au lieu de celle de Ran- danne. Le Sempervivum arvernense y était, en effet, assez commun, mais dans un tel état d’épuisement, vu la saison avancée (8 septembre) et vu la longue durée de la sécheresse, qu'il n’y avait presque aucun parti à en tirer pour l'étude. J'en recueillis de nombreuses rosettes qui, distribuées en bons lieux, SÉANCE DU 28 FÉVRIER 4862. 405 serviront plus tard à résoudre la question encore pendante de son autonomie spécifique. Je puis dire dès à présent que si la plante diffère réellement du vrai Sempervivum tectorum (celui qui est spontané à la Zastille de Grenoble et qu'on voit partout en France sur les toits et les vieilles murailles), ce n'est certes pas par les fruits ni par les graines, car j'ai pu comparer les deux plantes dans cet état de fructification, et je n’ai su y voir aucune diffé- rence (1). Ma fantaisie du Sempervivum arvernense satisfaite, j'eus bientôt gagné Montaigu et son vignoble, déjà en bon pays, et à l’heure de midi mon voitu- rier me déposait au bourg de Champeix, après avoir franchi en sept heures (y compris la halte à Saint-Nectaire) une distance d’environ 48 kilomètres. . Trois heures plus tard, un omnibus me conduisait d’abord au grand village de Coudes, puis à la station du même nom, d’où un convoi du chemin de fer, venant de Brioude, me transporta à Clermont avant la nuit, à travers cette plantureuse Limagne dont la richesse ne saurait être trop admirée, surtout pour qui la contemple au sortir des montagnes. Ce jour là, 8 septembre, la vendange ne paraissait pas encore devoir être très prochaine à Clermont (elle n’a été ouverte que le 28 septembre). Une visite à M. Lecoq, notre honorable confrère, auteur bien connu de plusieurs savants ouvrages sur la botanique de l’Auvergne, termina ma journée de la manière la plus instructive. Je ne trouvai pas chez lui la solution du problème relatif à l'/soêtes du lac de Montsineire, mais je fis beaucoup en signalant cette lacune à son attention intéressée, et j'espère bien qu'elle sera prochainement remplie soit par lui, soit par M. Lamotte, son collaborateur dans l'étude des plantes d'Auvergne. Je parcourus, malheureusement en courant et de nuit, à la lumière d’une lampe, les vastes salles d’un musée qui est la création de M. Lecoq et qui occupe deux étages d’une maison construite tout exprès, musée d'histoire naturelle, où ont été rassemblées à grands frais, pour être tenues dans le meilleur ordre, toutes les productions que les trois règnes fournissent au plateau central de la France, intercalées dans une collection plus générale qui embrasse bien d'autres contrées, et où se trouvent quelques séries d’une grande richesse, particulièrement dans la classe des mollusques. On ne saurait mieux employer une belle fortune, ni dans un but plus géné- reux, car M. Lecoq ne cache point qu'il travaille pour la ville de Clermont, à (1) La localité où j'ai fait cette cueillette a acquis un nouvel intérêt depuis que M. Lamotte y a indiqué un second Sempervivum, voisin du S. tectorum, qui serait nouveau, lui aussi, et auquel il a donné le nom de S. Pomelii (voy. Bull. Soc. bot. de Fr., IE, 1855, p. 200). Celui-là m'est tout à fait inconnu, mais peut-être sortira-t-il de quel- qu’une des nombreuses rosettes que j'ai rapportées. M. Lamotte le distingue du S. ar- vernense, entre autres par ses rosettes presque fermées, non ouvertes, et par ses écailles hyrogynes plus allongées et sublamelliformes, non glanduliformes. — Je dois dire que plus tard M. Lamotte a changé d'opinion sur le S. Pomelii. Ille considère maintenant comme un hybride des S, arvernense ct arachnoideum (voyez le Bulletin, t. V, 1858, p. 149-150). 106 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. laquelle il veut léguer ses collections (4). — M. Lecoq me montra sa carte géo- logique du département du Puy-de-Dôme, dressée au 40 millième et coloriée par la chromo-lithographie, travail qui est sur le métier depuis bientôt trente ans et qui est maintenant sur le point de paraître. C’est là que j'ai pris les altitudes des lacs Chauvet et Montsineire, que je n'avais trouvées relevées ni par Ramond, ni par Bouillet dans sa carte du Mont-Dore, — Avant la nuit, j'avais visité aussi le jardin de M. Lecoq et observé R plusieurs plantes inté- ressantes, entre autres un hybride dont il faut que je dise quelques mots. C’est M. Lecoq qui a lui-même obtenu cet hybride en fécondant artificielle- ment le Mirabilis Jalapa par le pollen du Wirabilis longiflora. K n'y a rien de bien remarquable dans le fait de ce croisement de deux espèces congénères; mais ce qui est tout à fait extraordinaire, c’est que l’hybride est devenu fertile et qu’il se maintient tel, depuis plus de treize ans, dans le jardin de M. Le- coq, comme j’ai pu m'en assurer moi-même. L’hybride que j'avais sous les yeux formait une énorme touffe, double ou triple, en taille et volume, de ses père et mère cultivés tout auprès, êt, de ses sommités dichotomes, on pouvait détacher un grand nombre de fruits parfaitement conformés. Ge sont les der- nières fleurs, les fleurs d'automne, qui arrivent ainsi à perfection ; car les fleurs d’été restent stériles et tombent toutes, les unes après les autres, sans avoir fructifié, à moins que la plante n'ait été bâtonnée ou autrement mutilée, auquel cas même les premières fleurs peuvent devenir fertiles. M. Lecoq a déjà fait connaître ces faits, mais, suivant moi, d’une manière trop succincte (Études sur La géogr. bot. de l'Europe, 1, 1854, p. 162, sous le nom de Mirabilis intermedia, et Bullet. Soc. bot. de Fr., V, 1858, p. 449; voir aussi Godron, De l’Espèce, 1859, I, p. 246 et 247), et je voudrais bien qu’il pôt nous donner quelque jour l’histoire détaillée de cette création qui a dû avoir ses phases d’hésitation et de fertilité croissante avant d'arriver à la perfection que nous lui voyons aujourd’hui. La chose en vaut la peine, car cela touche à la notion philosophique de l'espèce, par conséquent aux fondements de la science. Je ne connais jusqu'ici qu’un seul autre exemple, à peu près certain, d'un hybride fixé, à la suite de plusieurs générations, de manière à simuler une véritable espèce, après être devenu aussi fertile que ses parents. Get exemple est celui de l’Ægilops triticoides Req., hybride naturel de lÆgi- lops ovata et du Triticum vulgure, devenu Æ'gilops speltæformis Jord. et se maintenant tel après vingt générations. Je ne dois pas oublier de dire qu’à Clermont, dans le jardin de M. Lecoq, les racines tubéreuses des deux Mirabilis et de leur hybride n’ont besoin de couverture que dans les pre- mières années de leur vie: plus tard, les tubercules s’enfoncent dans le sol, de manière à dépasser la couche superficielle qui peut être atteinte par la gelée. Retenu à Clermont, le lendemain 9 septembre, par le retard d’un voitu- _ (4) Voyez le Bulletin, t. UE, p. 459-461. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. . 107 rier qui devait apporter mes effets du Mont-Dore, ma journée fut à peu près stérile, au moins botaniquement. J’eus cependant une grande satisfaction à revoir, à une petite lieue à l’ouest de la ville, la gorge de Royat, avec ses beaux ombrages et le bel établissement thermal qui a été récemment trans- feré en ce lieu, où est la source des eaux minérales. Nous sommes ici à 518 mètres d’altitude au plus, par conséquent fort au-dessous de la limite supérieure de la Vigne, et, à plus forte raison au-dessous de celle du Châtai- gnier. Aussi est-ce cette dernière essence qui domine, sous les plus belles formes, dans la gorge de Royat, où, à défaut de granite, elle se contente du terrain volcanique qui recouvre tout le vallon. L'épais feuillage du Châtaignier n’a pourtant pas suffi pour protéger le sol contre les effets d’une sécheresse prolongée. Rien à cueillir sous ces ombrages, si ce n’est le Fragaria collina qui, en ce moment sans fleurs ni fruits, étale sur le sol ses longs coulants d’une structure particulière, au moyen desquels cette espèce peut être facilement distinguée de toutes les autres congénères, comme je l’ai montré ailleurs (Ann. sc. nat. 4° série, t. VILLE, p. 185-208, 4° cahier, publ. le 16 août 1858). Une autre curiosité de Royat est un cavéau, muré, reste, je crois, d’une construction romaine, situé devant l'établissement thermal, à deux pas du puits en maçonnerie qui encaisse aujourd’hui les eaux de la puissante source minérale. On mie fit entrer dans ce caveau fermé à clef, et appliquer le nez sur l'orifice d'un tube de fonte planté verticalement dans le sol et plongeant par son extrémité inférieure dans une caverne souterraine, probablement en rap- port avec les eaux de la source. Je ne restai pas longtemps dans cette position inclinée, car de ce tube sortait une émanation des plus déplaisantes, quoique inodore, et c'était évidemment du gaz acide carbonique! Le territoire de Clermont a donc sa grotte du chien, et ce n’est pas la seule, car Ramond a parlé d’une autre caverne méphitique qui se trouve beaucoup plus près de la ville, à l'extrémité de la même coulée de lave, dans l’enclos de la maison de Campagne dite Mont-Joly (Nivellem. barom., ete., 1815, p. 120). Il est bon de noter que cette dernière grotte existe encore aujourd’hui avec ses éma- nations malfaisantes. De retour à Clermont, je visitai avec un extrême intérêt, dans le faubourg de Saint-Alyre, un des établissements où se produisent, plutôt qu'ils ne se fabriquent, sous des eaux chargées de carbonate de chaux, ces mille objets iicrustés qui sont devenus, pour Clermont et pour Saint-Nectaire, l’objet d’un commerce assez important. Jadis on n’employait ces eaux que pour revêtir d’une couche inaltérable des objets naturels, tels que nids d'oiseau, œufs, fruits secs, elc., ou des ustensiles de ménage, petits paniers, petites corbeilles, etc. Depuis, le mouleur s’en est emparé, et, au moyen de moules en soufre fondu, pris sur la bosse métallique, on reproduit une multitude de petits objets d'art, tels que médailles, camées, portraits, statuettes, etc., qui sortent de leur gangue avec une finesse et une pureté de grain, avec un poli, qui défient le 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus pur albâtre. Avec le temps, ce qui n’était qu’une pratique sans combi- naison est devenu un art véritable qui mérite toute sorte d'encouragement. A Saint-Alyre, une même source, distribuée par des chenaux de bois, alimente plusieurs établissements. IL suffit, m'a-t-on dit, de deux mois d'immersion ou d’arrosement par l'eau incrustante pour obtenir la couche de carbonate de chaux qui doit reproduire solidement en relief le creux du moule. En rentrant à mon auberge, je passai avec respect devant l'hôtel de la pré- fecture, ce même hôtel qui abrita pendant huit années la vie multiple du célèbre baron Ramond, à la fois administrateur et savant, botaniste, géologue et physicien, physicien surtout, qui perfectionna l'emploi du baromètre pour la mesure des hauteurs jusqu’à le faire rivaliser avec les instruments de tri- gonométrie, Nous lui devons 230 nivellements barométriques, exécutés dans le seul département du Puy-de-Dôme (voy. son mémoire présenté à l'Institut dans les séances des 24 et 31 juillet 1815, Sur Le nivellement barométrique des Monts-Dores et des Monts-Dômes), ce qui explique comment j'ai pu indi- quer si souvent, dans les pages qui précèdent, Ja mesure des hauteurs (1). Théoricien et praticien des plus habiles sur ce terrain, en même temps qu’é- crivain élégant, il avait encore un autre mérite à mes yeux. Je me rappelle toujours avec reconnaissance que, revenant des Pyrénées et traversant Cler- mont le 19 octobre 1813 {2), je me présentai à lui, sans aucune recomman- dation, pour en obtenir je ne sais plus quel renseignemeut scientifique. Il me reçut avec la plus grande bienveillance, moi alors jeune homme et jeune homme inconnu, répondit à toutes mes questions, et poussa l’amabilité jusqu’à m'ouvrir son herbier pour en retirer quelques échantillons qu'il savait devoir m'être particulièrement agréables. Parmi eux se trouvait l’'Androsace ciliata DC. qui, comparé trente-sept ans plus tard, avec d’autres formes congénères, m'a singulièrement aidé à mieux comprendre le petit groupe d'espèces alpines et pyrénéennes auquel appartient cette espèce, groupe resté très obscur jus- qu'a ce jour pour diverses causes. Ce serait ici une occasion de publier les observations que j'ai pu faire à ce sujet en 1850. Mais j'ai déjà été bien (1) Les mesures de Ramond ont été modifiées d’après les travaux du colonel Bonne, qui a reconnu que la cuvette du baromètre de l'Observatoire de Paris était trop élevée de 5 mètres 77 centimètres (Lecoq, Le Mont-Dore et ses environs, 1833, p. 34, en nole). C'est donc 5 mètres T7 centimètres qu’il faut retrancher des chiffres de Ramond pour avoir la valeur exacte de ses mesures. J'ai opéré cette réduction partout où j'ai eu à donner une altitude d’après Ramond. (2) Ceci me permet de rectifier une erreur de date qui s’est glissée à la page 25 de l'Eloge historique de Ramond par Cuvier (16 juin 1828), où il est dit que l’ancien préfet du Puy-de-Dôme obtint sa retraite en janvier 1813, et vint alors s’établir auprès de Paris. C’est sans doute janvier 1814 qu’il faut lire, puisque j’ai vu Ramond dans son hôtel de la préfecture de Clermont le 19 octobre 1813, ce qui résulte et de mes registres de voyage et des annotations que portent les étiquettes des plantes que je reçus alors de la main du préfet. SÉANCE DU 98 FÉVRIER 1862. 109 long, et je crois qu’il vaut mieux renvoyer cette communication à un autre temps. Le lendemain, 10 septembre, je rentrais à Paris par la même voie rapide qui m'avait amené, et par le seul jour sombre, pluvieux et froid que j'eusse rencontré depuis mon départ. Je rentrais sans rhume, ni catarrhe, ni cour- bature, et plutôt fortifié qu’affaibli. Pourtant j'avais, dans les journées du 27 et du 28 août, couru un véritable danger, et peu s’en était fallu que cette témérité ne fût la dernière. C'était sans doute un avertissement donné par la bonne Providence. Profitera-t-il à l'avenir cet avertissement? Je ne voudrais pas en répondre, aussi longtemps que l'amour des plantes habitera ce vieux corps, avec quelques restes de jeunesse dans l'esprit et dans le cœur. Note supplémentaire ajoutée au moment de l'impression (avril 1862). — J'ai raconté plus haut comment tous les auteurs s'étaient accordés jusqu'ici à reconnaître dans l’/soêtes un axe primaire absolument individis; comment M. Duriceu de Maisonneuve d’abord, et moi ensuite, nous avions rencontré des exemples certains d’une souche d'/soûtes émettant latéralement un, deux ou même trois bourgeons, indépendamment du bourgeon terminal; comment enfin, la multiplication rapide de l'/soëtes setacea, cultivé au Jardin-des- plantes de Paris, multiplication obtenue sans coopération au moins suffisante de germinations, avait fortifié en moi l'idée que la production de bourgeons latéraux pourrait bien être un moyen fréquent de reproduction pour les plantes de ce genre, ce qui était aussi l'opinion de M. Bernard Verlot, l'habile jardinier chargé de cette culture au Muséum d'histoire naturelle (1). Cette impression que j'avais reçue, j'ai voulu la soumettre à l'étude, mais je n'ai pu le faire que le 23 de ce mois d'avril, lorsqu'il était déjà trop tard Pour introduire à sa place, dans les pages qui précèdent, le résultat de mon examen, C’est ce qui m'oblige à le mentionner ici en post scriplum. Une touffe de l’/soëtes setacea m'a été livrée, choisie parmi les plus gazon- nantes et soupçonnée devoir fournir, s’il y avait lieu, le plus grand nombre de bourgeons latéraux. ; (1) On cultive en ce moment au Jardin-des-plantes de Paris, six espèces françaises d'Isoëtes qui y réussissent parfaitement, au moins en ce qui concerne leur végétation. On les gouverne diversement, suivant leur nature. Le Lacustris, l'echinospora et le Boryana (espèces lacustres) sont tenus submergés dans un petit aquarium qui peut être couvert en hiver. Le setacea, qui est palustre plutôt que lacustre, ne demande qu’à avoir le pied dans l’eau, et il se contente même de la terre sèche, pourvu que celle-ci soit arrosée de temps en temps. Quant à l’Hystrix et au Duriæi, ce sont des espèces relativement xérophiles, et, au Jardin-des-plantes, pas plus que dans leur pays natal, elles n’ont besoin d’un sol constamment humecté; on les tient à sec, et l’eau du ciel leur suffit amplement, pourvu qu’elles soient plantées dans la terre sablon- neuse qui leur convient. — Les deux espèces pensylvaniennes, riparia et Engelmanni, reçues de Philadelphie en février dernier, ne donnent en ce moment aucun signe de vie; elles ont mieux réussi au jardin de Bordeaux, où elles sont actuellement en pleine végétation. 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La plante avait été extraite d'un pot où elle était cultivée à sec, sous châssis, circonstances qui, en modifiant considérablement son port, l'avaient rendue presque entièrement semblable à l’/soëtes echinospora (taille de 9 à 14 centi- mètres, frondes étalées et d’un vert clair), dont elle se distinguait pourtant facilement à ses souches tri- non bilobées. Cette touffe, alors en pleine végétation, montrait à l’extérieur six faisceaux polyphylles à peu près d’égale force, et parfaitement distincts les uns des autres, comme auraient été autant de plantes indépendantes dans un même gazon. En démolissant cette toufle avec toutes les précautions requises, je reconnus d’abord, qu’outre les six fascicules visibles à l'extérieur, elle en renfermait trois autres beaucoup plus jeunes et composés de sept à huit feuilles seulement, ce qui portait à neuf le nombre total des faisceaux de la touffe générale. Il ne m'a pas été possible de distinguer l’attache des trois jeunes faisceaux, ce qui me fait supposer qu’ils étaient nés libres et qu'ils provenaient de germinations, quoique j'aie lieu de croire que la reproduction par spores ne s'opère que difficilement et rarement dans les /soëtes cultivés. Je reconnus ensuite que les six faisceaux principaux étaient tous reliés entre eux par une même base, à laquelle ils étaient pour ainsi dire articulés, mais dont ils se détachaient facilement sous le moindre effort, tous ayant déjà leur souche propre {souche trilobée, suivant le caractère de l'espèce) et leurs racines propres, au moyen desquelles ils vivaient d’une vie indépendante, Je reconnus, enfin, que trois des six faisceaux provenaient d’un faisceau central principal, auquel ils avaient primitivement appartenu comme bour- geons latéraux, et que les faisceaux 5 et 6 provenaient de même, mais cette fois isolément, de l’un des faisceaux 2, 3 ou 4. Le lien vasculaire qui unissait originairement chaque faisceau à son faisceau- mère, ce lien est actuellement atrophié, de sorte que le faisceau se détache sans opposer de résistance, mais ce dernier laisse sur la souche dont il procède une cicatrice reconnaissable. Cette cicatrice est toujours, si je ne me trompe, placée au sommet d’un ou de plusieurs des trois sillons de la souche-mère; c'est là qu'était fixé le bourgeon dans l’origine. Voilà donc un même individu de l’/soëtes setacea, qui en a produit cinq autres, par voie de bourgeonnement, dans un espace de temps qui ne peut pas être de plus de cinq années (c'est en 1857 que la plante a été apportée de Montpellier au Jardin-des-plantes de Paris). La reproduction par spores est, sans doute, bien plus puissante dans l’état de nature, pour cette espèce, comme pour toutes ses congénères; mais On conçoit que ces deux moyens réunis doivent prodigieusement favoriser dans ce genre la multiplication de l'espèce. De là, sans doute, cette vie éminemment sociale que nous remar- quons dans tous les Zsoëtes (au moins européens et aquatiques) et qui leur fait tapisser le fond des lacs de gazons serrés ou de prairies continues. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862, 411 . J'ai plusieurs fois entendu demander si les /soëtes ne se propageraient pas par stolons. Je dois dire que je w’ai rien vu jusqu'ici qui pût autoriser celte supposition. Les bourgeons latéraux que j'ai rencontrés dans ce genre étaient toujours parfaitement sessiles sur leur souche, Autre note supplémentaire (mai 1862). — A quelle époque de l’année s'opère la germination des spores des /soëtes du plateau central de la France? Dans un passage de cette relation (voyez plus haut, page 24), j'ai dit que ce ne pouvait pas être avant la fin d'octobre (quoique, à cette date, les macrospores fussent depuis deux mois parfaitement formées), et que les nombreuses germi- nations existant alors sur presque toutes les touffes d’/soëtes provenaient indu- bitablement d’une période végétale antérieure. Mais je n’avais alors aucune donnée précise sur l’époque où se fait en réalité l’évolution de l'embryon. Aujourd’hui j'ai quelques informations de plus à ce sujet, grâce à un copieux envoi d’/soëtes vivants que je viens de recevoir et qui ont été récoltés, le 6 de ce mois de mai, dans le lac de Saint-Andéol, le même que j'explorais en personne le 18 août dernier. Ce nouvel envoi est instructif à plus d’un titre. Les deux espèces s’y trouvent, et cette fois l’Zsoëtes lacustris est plus nom- breux que précédemment, quoique encore en grande minorité (15 échantillons contre 124). L’herbe des deux espèces est aussi développée qu’elle l'était au même lieu l'été dernier, et elle conserve tous ses caractères de port et de couleur, La végétation des deux plantes n’a éprouvé aucun temps d’arrêt; seulement les sporanges des deux sexes y sont à peine ébauchés, et c’est à peine si je puis y reconnaître quelques anciens sporanges encore munis de leurs macrospores en repos. L'/soëtes echinospora ne m'a offert aucune germination sur aucun de ses 124 échantillons. Ont-elles été enlevées par un lavage trop soigneux, ou bien manquent-elles par quelque autre cause? Dans l’autre espèce (/soëtes lacustris), au contraire, des particales de limon ont échappé au lavage, et là se voient en abondance des germinations récentes. Elles sont toutes nouvelles, ces germinations, car non-seulement elles ne se Cumposent que d’une ou deux, très rarement trois frondes capillaires, longues de 10 à 44 millimètres seulement, avec deux, trois ou quatre racines simples (elles paraissent être telles à cet âge, et non pas ramifiées dichotomiquement), mais plus d’une fois j’y ai trouvé adhérente la carapace de la macrospore d’où l'embryon était sorti. Je ne saurais dire quel est l’âge précis de ces jeunes plantes, mais à vue d'œil elles ne paraissent pas avoir plus d’un mois de date. Ce serait donc dans la première semaine d'avril que, dans les eaux froides du lac de Saint-Andéol, les macrospores de l’/soêtes lacustris arriveraient à germi- nalion, après une longue incubation qui remonterait peut-être au mois d'octobre 1412 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. précédent, ou même beaucoup plus haut si l’on comprenait dans la même période le temps qui précède la fécondation et où la spore femelle a déjà pris tout son volume et tout son relief. C’est ainsi que les choses me paraissent se passer pour l’/soëtes lacustris au lac de Saint-Andéol, à 1200 mètres environ d’altitude. Il en serait sans doute autrement à la plaine, surtout pour des expé- riences faites dans un lieu clos. Là, la germination pourrait bien être avancée au mois de janvier. C’est même ce que je crois pouvoir conclure des expériences de M. Hofmeister (Ueber die Entwickelungsgesch. der Tsoët. lacustris, 1852, p. 130 et 131), qui pourtant ne sont pas datées avec assez de précision. ‘Toujours est-il que, dans l’Zsoêtes lacustris, les spores ne germent que plu- sieurs mois après avoir été produites, et qu'aucune des germinations visibles dans les mois d’été sur une touffe de cette espèce ne peut être attribuée aux spores de l’année courante, Les individus de l’/soëtes lacustris qui m'ont fourni ces observations sont remarquables, entre tous ceux que j'avais rencontrés jusqu'ici, par l'ampleur et l’irrégularité de leur souche. Les deux lobes de cette souche ne sont qu’exceptionnellement descendants et parallèles. C’est plus exceptionnellement encore qu’on les voit relevés horizontalement et tournés d’un même côté. Le plus souvent ils divergent fortement l’un de l’autre, jusqu’à paraître se con- tinuer sur une même ligne. De forme arrondie ou conique, ils sont en même temps très gros et très saillants, formant à droite et à gauche de la touffe centrale une protubérance de 15 à 25 millimètres de longueur, ce qui porte à 15-65 millimètres la largeur totale de la souche, en y comprenant Île noyau central. C’est plus que je n’ai vu dans aucun autre /soûtes, et c’est au moins le double de ce que mesure en été une souche adulte de l’/soëtes lacustris, dont les lobes sont d’ailleurs toujours, à cette époque de l’année, parallèlement descendants, ou au moins très peu divergents. D'où vient cette différence de volume? C’est qu’en été, la souche a perdu les deux gros appendices que je viens de décrire. Dès aujourd’hui, 6 mai, ces appendices sont en pleine décomposition, leur tissu, déjà noir, spongieux et complétement atrophié, sera bientôt entièrement détruit, et de la grosse souche il ne restera plus rien que son noyau central, portant les feuilles, noyau charnu et blanc, tel que nous le voyons en été, lorsque la plante développe ses organes sexuels. Réduite ainsi à son plus petit volume, la souche ne tardera pas à se dilater de nouveau par intussusception (ce qui n’est pas un des traits les moins remarquables de la physiologie de l’/soëtes), pour rentrer plus tard dans sa période de décroissement, et la même alternative se reproduira indéfiniment, d'année en année. Tous les /soëtes ont, sans doute, le même mode de végé- tation, mais je doute qu’il soit nulle part mieux accentué qu'ici en ce qui regarde l’état hivernal de la souche, et c’est encore là un caractère qui pourra servir à distinguer l’/soëtes lacustris de tous ses congénères connus de moi. L'Isoêtes echinospora, entre autres, est tout différent, si j'en juge d’après SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. 113 les 124 échantillons vivants que j'ai sous les yeux et qui ont été cueillis le même jour, 6 mai, dans le même lac de Saint-Andéol. Ici la souche est comparativement petite ou médiocre (le maximum est de 15 millimètres de diamètre); ses lobes sont courts, descendants, parallèlement rapprochés et sans protubérance latérale appréciable, ce qui emporte l'absence presque complète de la couche atrophiée qui, dans l’/soêtes lacustris hivernal, enve- loppe le noyau vivant de la souche, laquelle couche est, au contraire, très prononcée dans l’echinospora estival. C’est le contraire de ce qu'on voit dans le lacustris. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE POLYMORPHISME DE LA FLEUR CHEZ QUELQUES ORCHIDÉES, par M. P. DUCHARTRE. Parmi les particularités plus ou moins remarquables que présente la famille des Orchidées, il n’en est pas de plus étrange que la diversité de forme et de coloration qu’on a observée, depuis un certain nombre d'années, dans les fleurs de quelques-unes de ces plantes. Ce fait, certainement l’un des plus Curieux qu’on ait encore constatés dans le règne végétal, s’est offert d’abord dans le genre Catasetum, avec ses voisins Myanthus et Monachanthus, ainsi que dans le genre C'ycnoches ; tout récemment on l’a remarqué aussi chez un Vanda (1); mais le peu qui vient d’être publié relativement à ce dernier exemple laissera, j'ose l’espérer, quelque intérêt aux détails le concernant que je me propose de consigner dans cette note. Qu'il me soit permis de pré- senter d'abord un exposé historique, qui me semble d'autant plus à propos que les éléments en sont épars dans de grands ouvrages et recueils dont le prix élevé explique la rareté dans les bibliothèques. L.-C. Richard avait établi, dans le Synopsis des plantes équinoxiales, un genre d'Orchidées américaines, qui rentre dans la vaste tribu des Vandées et auquel il donna le nom de Catasetum pour indiquer que, chez les plantes dont (1) Je rappellerai que M. Reichenbach fils, dans son mémoire intitulé: De pollinis Orchilearum genesi ac structura, etc. (thèse in-4°, Leipzig, 1852), a distingué les Quatre catégories suivantes de polymorphisme chez les Orchidées : 1° Périanthe di- Morphe; gynostème nul dans les fleurs presque régulières (péloriacées), bien conformé dans les fleurs normales; exemples : Oncidium heteranthum Pœpp., peutadactylum Lindl., abortivum Rchb. f.; lonopsis. 2° Gynostème seul dimorphe : Herschelia cœlestis Lindl., Odontoglossum zebrinum Rchb. f., Vanda teres Lindl. 3° Périanthe di- (tri-, tétra-?) morphe ; gynostème dimorphe : Catasetum. 4° Périanthe nettement dimorphe; gynos- tème presque dimorphe : Cycnoches. De ces catégories, la première ne me semble rentrer que fort indirectement dans le cas du polymorphisme floral, puisqu'il paraît n'être qu’une conséquence de l'avortement complet des organes reproducteurs. Je crois devoir laisser de côté la deuxième; quant à la troisième et à la quatrième, on voit que leur distinction repose sur un sub; je ne vois donc pas d’inconvénient à les réunir dans cette noie. AS + à () RL: SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. il est formé, la colonne ou gynostème présente, vers sa base, deux soies diri- gées en bas. Un autre caractère de ce groupe générique consistait en ce que le labelle s’y montrait creusé en casque. M, Lindley ne tarda pas à adopter ce genre, et bientôt après, en 1832 (1), il en proposa deux autres qu'il regar- dait comme voisins du premier, mais cependant comme caractérisés d’une manière suffisante : l'un, nommé par lui Myanthus, par la combinaison des deux soies descendantes des C'afusetum avec un labelle plan ou simplement concave, l’autre, auquel il donnait le nom de Wonachanthus, par l'absence de ces deux soies et par la direction non renversée de la fleur qui portait en haut son labelle creusé en manière de casque. Bientôt des faits intéressants firent naître des doutes sur la légitimité de ces genres. Déjà en 1826, un pied de Catasetum cristatum Lindl., cultivé dans les serres de la Société d’Horticulture de Londres, ayant présenté des fleurs normales, c’est-à-dire caractérisées par la présence de nombreux pro- cessus sur leur labelle, à côté de deux ou trois fleurs anomales dont le labelle était identique, pour Ja forme en casque et l’absence de tout processus, avec celui du Catasetum tridentatum Mook., le savant orchidographe anglais avait conclu de ce fait que les caractères tirés de la conformation du labelle avaient peu de valeur dans ce genre (2). Des observations beaucoup plus curieuses, qui furent faites à peu près simultanément sur deux points fort éloignés l’un de l’autre, en Angleterre et dans la Guyane anglaise, vinrent confirmer ces doutes et les étendre aux trois genres nommés plus haut. Le 15 novembre 1836, Lambert donna lecture à la Société Linnéenne de Londres d’une note qui lui avait été envoyée de la Guyane anglaise par M. Robert-H. Schomburgk, et qui fut imprimée avec une planche dans les Transactions de la même Société, sous le titre suivant : Sur l'identité de trois prétendus genres d'Orchidées épiphytes (3). Cette note eut pour sujet principal un pied de Monachanthus qui avait produit sur la même hampe six fleurs de onachanthus viridis et deux fleurs de Myan- thus barbatus. L'auteur dit que ce fait n’est pas isolé et qu'il a été observé au moins une autre fois dans une collection d’Orchidées appartenant à une dame, amateur de ces plantes. 1l ajoute que, dans une autre collection, un : pied vigoureux, qui avait développé en premier lieu des fleurs de Monachan- thus viridis, avait donné, deux mois plus tard, une hampe portant unique- ment des fleurs de Catasetum tridentatum. H rapporte ensuite qu’un M. Bach, zélé collecteur d'Orchidées, ayant semé, toujours à la Guyane britannique, des graines de Monachanthus viridis sur un tronc en décomposition, en vit naître plusieurs plantes dont l’une produisit une hampe chargée de fleurs de (1) Botanical Register, pl. 4538. (2) Botanical Regisier, pl. 966, avril 4826. (3) On the identity of three supposed Genera of Orchideous epiphytes (Linnæan Transactions, XVII [1837], pp. 551-552, pl. xx1x). SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. 1415 Catasetum tridentatum ; M. Schomburgk a vu cette curieuse plante, et il affirme avoir rencontré lui-même des pieds sur lesquels la même hampe portait des fleurs de Monachanthus et de Catasetum, tandis que celui qui fait l’objet principal de sa note réunissait l’organisation florale des Monachanthus à celle des Myanthus. Une conséquence découle nettement de ces instructives observations, et le titre même de la note que je viens de résumer montre que l’auteur n’a pas hésité à la déduire : c’est que les trois genres Cafasetum L.-C. Rich., Monachanthus Lindl. et Myanthus Lindi. n’en forment en réa- lité qu’un seul dont les espèces peuvent se présenter sous trois formes le plus souvent distinctes, rarement et accidentellement réunies. Quant à la question de savoir quelle est celle de ces trois formes qui peut être considérée comme fondamentale, M. Schomburgk ne la résout pas définitivement, mais il signale un fait qui semble de nature à en faciliter la solution : c’est que plusieurs centaines de pieds qu’il a observés croissant spontanément à la Guyane, ne lui ont jamais montré une seule capsule, tandis que, au même lieu, tous les A/onachanthus viridis « l’étonnaient par leurs fruits gigan- tesques ». | Cette observation est évidemment très significative, et je puis l’appuyer d’un nouveau témoignage. M. Aug. Rivière, l’habile jardinier-chef du Luxembourg, qui, depuis plusieurs années, cultive avec prédilection les Orchidées et qui a su acquérir une dextérité spéciale dans la fécondation artificielle de ces plantes, m'a dit n'avoir jamais pu réussir à féconder une seule fleur de Catasetum, bien qu'il ait fait à cet égard des essais nombreux qui ont porté sur plusieurs espèces. Il à même reconnu que, pour peu qu’on touche le rétinacle de ces fleurs, les masses polliniques sont lancées par l’effet de l’élasticité de leur caudicule jusqu'à une distance relativement considérable qui peut aller jus- qu'à 2 mètres, ce qui pourrait bien expliquer la stérilité de ces Orchi- dées (1), | A l’époque à laquelle M. Schomburgk signalait à la Société Linnéenne de Londres le résultat de ses remarquables observations, c’est-à-dire au mois de novembre 1836, un fait analogue se produisait en Angleterre, dans les célè- (1) À la séance tenue par la Société Linnéenne de Londres, le 3 avril 1862, M, Ch, Darwin a fait une communication relative aux trois formes sous lesquelles peuvent se présenter les fleurs de Cataselum. Déjà M. Schomburgk avait présumé que ces formes pourraient bien se rattacher à des différences sexuelles; M. Ch. Darwin a essayé d'appuyer cette idée sur l'observation directe, et voici les résultats auxquels il a été conduit par l'examen attentif d’une plante conservée aujourd'hui dans la collection de la Société, et sur laquelle se trouvent réunies des fleurs de Catasetum tridentaltum, de Monachanthus viridis et de Myanthus barbatus. Parmi ces fleurs, celles de Catasetum tridentatun lui ont semblé appartenir à une forme mâle par leur ovaire court et lisse, leurs ovules à moitié atropliés et portés sur un funicule court, enfin par leur stigmate dépourvu d'humeur visqueuse. Les fleurs qui offrent les caractères des Monachanthus sont regardées par l’ingénieux botaniste anglais comme femelles, à Cause de leur ovaire beaucoup plus long, plus épais et sillonné, de leurs ovules plus 416 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bres serres du duc de Devonshire, à Chatsworth. Cette fois ce fut un pied de Myanthus cristatus qui donna des fleurs de Monachanthus, et qui pré- senta plusieurs degrés de transition entre ces deux états extrêmes. La hampe qui réunissait ces formes diverses ayant été envoyée à M. Lindley, fut figurée et décrite par lui dans son Botanical Register, pl. 1951 * (1837). Ce savant botaniste fut conduit ainsi, dès cette époque, à exprimer l’opinion suivante : « La conséquence nécessaire de ceci est que les genres supposés WMyanthus et Monachanthus doivent être réunis au Catasetum, et maintenant je ne doute pas que le genre Mormodes ne doive avoir le même sort, bien que jusqu’à ce jour on n'ait rien vu qui le prouve. » Cette opinion a été universellement adoptée, et elle a reçu sa pleine confirmation de nouveaux faits plus récem- ment observés, tels, par exemple, que celui d’un pied de Catasetum deltoi- deum qu'on a vu revêtir l’organisation florale et les proportions du Mona- chanthus viridis (1). Un genre d’Orchidées voisin du Catasetum, et appartenant aussi à la sous- tribu des Catasétidées, le C'ycnoches Lindl. a présenté à son tour des faits très remarquables de polymorphisme floral ; seulement ici les changements n’ont pas altéré la colonne ou gynostème, qui a conservé sa forme grêle, allongée et arquée en cou de cygne, et elles ont porté uniquement sur le labelle ainsi que sur le périanthe proprement dit. Le premier fait de ce genre qui paraisse avoir été signalé remonte à l’année 1836; il est rapporté par M. Lindlev (2). Ce savant botaniste avait reçu, au mois d'août 1836, un échantillon fleuri d’un Cycnoches qui lui sembla con- stituer une espèce nouvelle, distincte du C. Loddigesii et dont il fit son C. cucullata ; mais peu de mois plus tard, ce C'ycnoches, ayant fleuri dans les serres de la Société d’Horticulture, produisit, sur les deux côtés opposés de la même tige, deux épis, l’un de fleurs de C. Zoddigesii, à odeur de vanille, l’autre de celles du C. cucullata, inodores, à pétales larges, à colonne courte et élargie dans le haut, à labelle large et arrondi. Un autre fait, plus curieux en raison d’une extrême dissemblance dans les deux sortes d’inflorescences et de fleurs produites par la même plante, a été constaté sur le C'ycnoches E'gertonianum Batem. Voici, en résumé, ce qu’on pulpeux et plus longuement funiculés, de leurs masses polliniques rudimentaires, enfin de leur chambre stigmatique bien apparente en profonde fente transversale. Quant aux fleurs de Myanthus barbatus, M. Ch. Darwin les regarde comme hermaphrodites, parce que leur chambre stigmatique est à peu près intermédiaire pour les dimensions entre celles des Catasetum et des Monachanthus ; que leur ovaire droit et bien sillonné dans sa longueur est près de deux fois aussi long que celui des Monachanthus; que leurs ovules moins nombreux sont opaques et pulpeux; enfin, que leurs masses polliniques semblent être parfaites. Il conclut de ces faits que le genre Catasetum offre trois formes sexuelles généralement portées sur des pieds différents, mais quelquefois aussi rassemblées sur le même pied. (Note de l’auteur, ajoulée pendant l'impression.) (1) Botanical Register, 1840, Miscell. n° 157. (2) Ibid, pl. 1951 *, 1837 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1562. 117 lit à cet égard dans le rare et splendide ouvrage de M. Bateman, sur les Orchidées du Mexique et du Guatemala (pl. 40): « Dans les premières collections formées par M. Skinner au Guatemala, on remarqua particulière- ment les échantillons d’une Orchidée qui, avec le port d'un C'ycnoches, pré- sentait les longues tiges d’un Gongora... Quelques pieds vivants de cette plante furent bientôt envoyés par M. Skinner; mais, lorsqu'ils fleurirent, ils donnè- rent simplement les fleurs du C'ycnoches ventricosum, espèce déjà bien connue, On soupçonna qu’il y avait eu là une méprise, et l'on pria M. Skinner de faire un nouvel envoi de pieds dont il pût garantir l'authenticité. Cet envoi fut fait ; mais les plantes qui le composaient furent à peine placées dans une serre, qu’elles produisirent encore des fleurs de €, ventricosum. On s'adressa de nouveau à M. Skinner qui, étant au moment de retourner en Europe, eut l'idée d’emporter avec lui un pied de cette espèce, de manière à ne pas le perdre de vue pendant le voyage et à exclure par là toute possibilité de confu- sion et de désappointement. À son arrivée, la plante fut placée dans la serre, à Knypersley, où elle se mit à pousser avec une extrême vigueur. La floraison arriva, mais elle amena la même contrariété et le inême étonnement, car les fleurs produites, au lieu d’appartenir à la nouveauté si vivement désirée, furent absolument celles du €. ventricosum. Elles tenaient encore à la tige lorsque cette inexplicable plante développa un épi de fleurs d’une nature entièrement différente et semblables à celles des échantillons récoltés au Gua- temala ainsi qu’à celles qui avaient été produites pendant le voyage. » La magnifique planche publiée par M. Bateman représente cette Orchidée portant à la fois deux inflorescences complétement dissemblables, l’une dressée, à deux grandes fleurs de C'ycnoches ventricosum, colorées en jaune verdâtre, avec le labelle blanc, ovale, aigu, convexe, entier ; l’autre pendante, réunissant plu- sieurs fleurs de C. Egertonianum, deux fois plus petites, colorées en rouge pourpre sombre et pourvues d’un labelle ovale ou arrondi, remarquable par les longs prolongements capités qui en garnissent tout le pourtour. Ces deux sortes de fleurs étant venues en deux inflorescences distinctes, quelques personnes ne pouvaient se défendre d’un peu de doute relativement à leur production par le même pied, bien que l’autorité de M. Bateman fût certainement suffisante pour faire accepter un fait, quelque bizarre qu’il pût être; mais, comme pour faire disparaître toute possibilité d’incer- titude, un autre pied de cette singulière plante produisit, au mois de septembre 1843, en Angleterre, chez M. Rob. Steyner, une inflorescence qui a été décrite et figurée par M. Lindley (1) et dans laquelle se montraient entre- mêlées sans ordre les fleurs des €. ventricosum et Egertonianum. La fleur inférieure de l’épi tenait plus du C. EÆgertonianum que du ventricosum ; la deuxième était presque entièremént une fleur de C. ventricosum ; la troi- (1) Botanical Register, 1843, Miscell. n° 117. A18 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sième ressemblait plus au €. ventricosum qu’à l'£Egertonianum; entin les supérieures avaient tous les caractères du €. Æ'gertonianum. À la vue de cet inexplicable mélange de caractères, M. Lindley n’a pu s'empêcher de dire que de pareils faits renversent de fond en comble toutes les idées admises en botanique relativement aux espèces et à la stabilité de l’organisation dans le règne végétal. Voilà, du moins à ma connaissance, les exemples de polymorphisme floral qui ont été signalés jusqu'à ce jour dans la famille des Orchidées. Je ne crois pas qu’il faille rattacher à ce polymorphisme, dans lequel toutes les fleurs se montrent bien conformées et pourvues d’un gynostème avec ses diverses parties, le mélange curieux qui a été observé chez quelques espèces de fleurs fertiles et de fleurs stériles réduites à un périanthe et à un labelle imparfaits, sans traces d'organes reproducteurs. Ce dernier fait à été constaté particuliè- rement chez quelques Oncidium (0. pentadactylon Lindl., OQ. cultratum Lindi., ©. retusum Lindl., section Pentapetala plurituberculata hyme- noptera heterantha ; O. heteranthum Pœpp. et Endl., Nov. gen., I, p. 34, pl. 60, section Pentapetala basilata) ; on peut en prendre une bonne idée en consultant la description et la figure que Pœppig et Endlicher ont données de cette dernière espèce. Les exemples précédents de vrai polymorphisme floral ne se sont présentés que dans les genres, fort analogues entre eux, qui forment la petite section des Gatasétidées. Celui dont je dois m'occuper maintenant s’est offert dans un genre assez éloigné des précédents, qui constitue le type fondamental de la grande tribu des Vandées. La plupart des détails que je me propose de signaler à ce sujet ont été communiqués de vive voix par M. A. Rivière à la Société impé- riale et centrale d’Horticulture, dans ses séances des 14 et 28 novembre 1861: C’est dès lors grâce à cet habile et intelligent jardinier, ainsi qu’à l'examen des objets qu'il a communiqués à la Société d’Horticulture, que je puis en entretenir aujourd’hui la Société botanique. La belle et très rare plante qui vient de fournir ce nouvel exemple de polymorphisme floral a été signalée pour la première fois en 1847 (Garde- ners Chronicle, 1847, p. 259), sous le nom de Vanda Lowir, par M. Lind- ley, qui l’a dédiée au collecteur bien connu M. Hugues Low jeune, par qui elle avait été découverte dans les forêts de Sumatra. En 1853, le même botaniste l'a caractérisée plus complétement dans sa monographie des Vanda (p. 2, n° 3) qui fait partie du premier volume de ses Folia orchidacea, et A: il en a modifié le nom spécifique en V. Lowei. L'espèce se distingue, entre autres caractères, par des feuilles coriaces, roides, distiques ; par des pédon- cules floraux (ou hampes) dirigés de haut en bas, même flasques, d’une lon- gueur considérable qui atteint 3 mètres en moyenne, couverts de poils blancs, comparés ingénieusement par M. Lindley aux processus qui hérissent le calice des roses moussues, Chacune de ces hampes porte un long épi de-grandes SÉANCE DU 28 FEVRIER 1862. 119 fleurs espacées, qui mesurent 0,07 à 0",08 de largeur, dont la texture est ferme, et dont la couleur est un jaune citron, sur lequel tranchent de nom- breuses macules et barres transversales du plus beau brun rouge. Dans ces fleurs, les sépales et pétales, presque égaux entre eux, sont lancéolés, acu- minés, ondulés et réfléchis sur les bords, surtout les pétales, rudes et velus extérieurement, lisses et unis intérieurement; le labelle est beaucoup plus petit, onguiculé, triangulaire, très aigu et concave, redressé de manière à embresser la colonne qui est courte, épaisse et velue, à sa face dorsale. M. Lindley fait observer avec raison que les limites du genre Vanda sont fort difficiles à tracer ; il ajoute que son V. Zowei, tout au moins, devra plus tard en être séparé, et qu'il ressemble sous divers rapports aux Arachnan- the ; ceci explique pourquoi M. Reichenbach fils, qui fait des Arachnanthe une simple section du genre Æenanthera, tel qu'il le circonscrit, a décrit notre plante sous le nom de Æenanthera Lowei (4). Le Vanda Lowei Lindi. croît naturellement dans les forêts de Bornéo et de Sumatra, sur les grands arbres, dans des endroits très humides. En 1853, M. Lindiey disait que tous les pieds vivants qu’on en avait envoyés en Europe avaient péri, et qu'il n'existait pas encore vivant dans les jardins. C’est seulement en 1857 que MM. Veitch, horticulteurs anglais bien connus, à qui l’on doit un grand nombre de précieuses introductions, sont parvenus à en obtenir quelques pieds vivants, dont un a fleuri dans leurs serres peu de temps après son arrivée. De là sont provenus les pieds qui représentent aujourd'hui cette rare espèce dans quelques grandes collections d’Orchidées, notamment dans celle de M. Bertrand, amateur passionné de ces plantes qu’il a réunies en grand nombre dans ses serres à la Queue-en-Brie (Seine-et- Oise). Le pied vigoureux qui représentait cette belle espèce dans la collection de M. Bertrand a développé en même temps trois hampes florifères qui ont atteint 2 mètres, 1",80 et 1",60 de longueur Sur ces trois hampes on a vu d’abord deux boutons de fleurs jaunes, chacun embrassé par une grande bractée verte, et qui, pendant longtemps, n'ont pris qu’un accroissement fort lent, sans s'épanouir. Au-dessus de ces deux fleurs, écartées l’une de l’autre d'environ 0,05, se trouvait un long entre-nœud qui n'avait pas moins de 0®,15 à 0%,18 de longueur, après quoi se sont montrées successivement des fleurs nombreuses, écartées l’une de l’autre seulement de 0",04 ou 0",05, Ces dernières fleurs se sont épanouies l’une après l’autre et régulièrement du bas vers le sommet de la hampe, tandis que les deux basilaires restaient encore à l’état de bouton fermé. Elles ont offert la coloration et tous les Caractères qui distinguent le /Æenanthera Lower. C'est seulement au moment Où la douzième d’entre elles ouvrait son périanthe que les deux boutons (1) Xenia orchidacea, 4° livr., 1855, p. 89, n° 10. 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. basilaires se sont épanouis à leur tour; alors on à vu que ces deux fleurs, dont l'épanouissement avait été si lent, différaient entièrement des fleurs norinales de l'espèce. Grâce à la magnifique figure à l’aquarelle que M. Riocreux a exécutée, avec son talent et son exactitude bien connus, pour la Société impériale et centrale d’Horticulture, figure que j'ai l'honneur de mettre sous les veux de la Société botanique, je puis faire apprécier l'importance des différences qui distinguent ces deux sortes de fleurs venues avec des circonstances et des caractères identiques sur trois hampes distinctes. Les fleurs normales développées par le Vanda Lower Lindl. chez M. Ber- trand ont de 7 à 8 centimètres de largeur. Sur leur fond jaune tranchent un grand nombre de fortes macules et de bandes irrégulières transversales qui semblent formées par la confluence de plusieurs macules arrondies. Ces macules et bandes sont d’un rouge-pourpre un peu brunâtre. Les trois sépales sont sensiblement plus longs et plus larges que les deux pétales, et les uns comme les autres ont leurs bords largement ondulés et réfléchis, de sorte qu'il reste un vide assez large entre ces folioles ; leur sommet n’est que légè- rement déjeté en dehors. Leur face est unie et seulement marquée, dans son tiers supérieur, d’un sillon médian peu profond. Quant aux deux fleurs infé- rieures, leur couleur est un beau jaune orangé uniforme, sur lequel se déta- chent des points épars brun rouge, configurés en C pour la plupart. Les sépales et pétales sont faiblement ondulés et non réfléchis sur les bords; ils paraissent ainsi beaucoup plus larges, à ce point que les pétales recouvrent largement les sépales par leur partie inférieure. Le sommet des uns et des autres est fortement révolaté; enfin leur surface est marquée de plusieurs sillons longitudinaux dont on ne voit aucun indice sur les fleurs normales. La substance des fleurs de ce Vanda est ferme et un peu épaisse ; mais, sous ce rapport, les fleurs jaunes dépassent beaucoup les fleurs normales et sont même coriaces. Enfin on a constaté qu’elles ont une odeur qu’on n’a pas reconnue aux fleurs normales venues sur la même hampe. — Comparés dans les deux sortes de fleurs, le labelle et la colonne n'ont révélé aucune différence appré- ciable. Par une coïncidence remarquable, deux floraisons du Vandu Lowei Lindi. ont eu lieu sur le continent européen à fort peu d'intervalle l’une de l’autre. Le 29 septembre 1861, M. Moritz Reichenheim, qui possède une riche col- lection de plantes rares, présentait à l’exposition horticole de Berlin un pied fleuri de cette Orchidée, et c’est dans sa séance du 14 novembre 1861 que la Société impériale d'Horticulture apprenait de M. A. Rivière que cette rare espèce avait déjà complétement épanoui ses fleurs dans les serres de M. Ber- trand. D’après deux courtes notes publiées, l’une par M. Ch. Koch dans son Wochenschrift fuer Gértnerei und Pflanzenkunde (21 novembre 1861, n° 41, p. 369), l’autre par M. Reichenbach fils, dans le Botanische Zeitung SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1862. 491 (21 février 1862, n° 8, p. 62), le pied qui a fleuri chez M. Mor. Reichenheim n’a développé qu’une seule hampe longue de 2",33 ; dans la partie inférieure de son inflorescence se sont montrées rois fleurs colorées en beau jaune orangé, marquées de quelques points pourpres, plus grandes que les supé- rieures qui avaient toutes la coloration et la forme normales. Malheureuse- ment ni l’un ni l’autre de ces savants ne nous apprennent l’ordre relatif d'épanouissement de ces deux sortes de fleurs, ni si, comme dans l’exemple dont je viens d'entretenir la Société, les fleurs anormales étaient longuement séparées des autres. Lorsque le Vanda Lowei a fleuri pour la première fois en Angleterre, chez MM. Veitch, il a aussi donné les deux mêmies sortes de fleurs; mais M. Rei- chenbach fils, à qui un échantillon de l’une et de l’autre avait été envoyé, ne dit rien sur leur situation relative, ni sur leur nombre, pas plus que sur l’ordre de leur épanouissement. De son côté, M. Ch. Koch rapporte avoir appris qu’en Angleterre on a vu un pied du même Vanda porter plusieurs fleurs jaunes dans la portion moyenne de son inflorescence. Enfin ce qui achève de prouver que le dimorphisme floral est un fait constant chez cette belle Orchidée, c’est que, d’après les renseignements communiqués à M. Reichenbach fils, la plante spontanée réunit toujours sur la même hampe les deux sortes différentes de fleurs. La constance qui paraît exister dans le dimorphisme des fleurs du Vanda Lowei Lindi. donne à cette curieuse particularité un intérêt bien supérieur à celui qu’offrent les variations des C'atasetum et des Cycnoches. En effet, celles-ci étant accidentelles, rares même, rentrent simplement dans la catégorie de ces jeux de la nature qui échappent à toute règle et se refusent à toute explication; au contraire, la production de deux sortes de fleurs par notre Vanda étant un fait constant, paraît dépendre de la constitution même de cette plante, et l'on se sent amené, presque malgré soi, à essayer de l’expli- quer. Or, si l’on songe au rôle important que jouent les insectes dans la fécondation des Orchidées spontanées et au transport qu'ils doivent opérer fréquemment des masses polliniques d’une espèce sur le stigmate d’espèces différentes ; si l'on se rappelle que l’hybridation artificielle paraît être facile chez ces plantes, puisque le petit nombre d'essais de ce genre qui ont été faits jusqu’à ce jour ont déjà donné des résultats heureux (1) ; si l'on réfléchit à la difficulté qu’on éprouve souvent pour limiter les espèces de cette famille, peut-être en viendra-t-on à penser que diverses Orchidées, regardées comme espèces distinctes, pourraient bien n'être que des hybrides, que le Vanda Lowei particulièrement pourrait être issu de l’union de deux espèces diffé- (1) Ainsi, en Angleterre, M. Dominy a obtenu récemment le Calanthe Dominii Lindi., en fécondant entre eux les Calanthe Masuca Lindl. et furcata Batem., ainsi que le Cattieya Dominiana Lindl., en agissant de même sur le Cattleya labiata Liudl. et le C. amethystina, simple forme du C, Loddigesit Lindi. 122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rentes, et que ses deux sortes de fleurs, venant sur un même pédoncule, pourraient n'être qu'an nouvel exemple. de la remarquable dissociation qu'offre habituellement aussi le Cytisus Adami et qui a été si bien étudiée par M. Al Braun, dans son grand et beau mémoire sur le rajeunissement dans la nature (Betrachtungen ueber die Erscheinung der Verjuengung in der Natur ; Leipzig, 1854, in-4°). Je ne donne cette explication que comme une idée dont j'avoue que j'étais moi-même peu partisan tant que le dimorphisme du Vanda Lowei était pour moi un fait isolé et non constant, mais à laquelle je trouve aujourd’hui une assez grande vraisemblance. Les botanistes décideront si elle mérite d’être admise. Après avoir parlé des diverses manières d’être sous lesquelles peuvent s'offrir les fleurs d’une même Orchidée, me sera-t-il permis de dire que le polymor- phisme, dans le règne végétal, n’est pas circonscrit à la fleur et peut se mon- trer dans presque tous les organes des plantes? Je n’ai nullement l'intention de consigner davs cette note, déjà trop longue peut-être, une énumération complète de tous les exemples de ce genre qui ont été observés jusqu’à ce jour; mais je crois devoir rappeler que les feuilles offrent fréquemment des varia- tions qui, lorsqu'elles deviennent notables et habituelles, caractérisent les plantes dites héférophylles. Parmi les plus remarquables d’entre celles-ci figurent le Cephalotus follicularis et quelques Dischidia. Rien n’est plus remarquable que l'extrême différence qui existe entre les feuilles normales, c'est-à-dire planes, lancéolées, qui occupent le centre de la touffe du Ce- phalotus follicularis R. Br., et les ascidies munies de leur couvercle qui pro- viennent d’une profonde modification des feuilles extérieures de la même touffe. De même il n’est guère possible de voir une dissemblance plus curieuse que celle qui existe entre les feuilles inférieures des Dischidia Raf- flesiana Wall. et timorensis Dene (1) développées en des sortes d’outres oblongues, dans l'intérieur desquelles se produisent généralement des racines, et les feuilles supérieures normales et planes de ces plantes. Il faut toute la puissance d'une analogie incontestable pour faire admettre que ces organes si dissemblables sont en réalité de la même nature. Le fruit lui-même peut présenter des cas de polymorphisme. L'exemple Je plus remarquable que j'en connaisse a été signalé dans ces dernières années par M. Durieu de Maisonneuve, qui l’a observé chez une Fumariacée de l’AI- gérie découverte par lui et à laquelle il a donné le nom de Ceratocapnos umbrosa. Xci chaque inflorescence produit deux sortes de fruits entièrement dissemblables, que l’auteur décrit de la manière suivante (2): « Fructus (1) Voyez, pour la première de ces plantes, Wallich, Plantæ asialicæ rariores, Il, p. 35,1. 142; pour la seconde, Nouvelles Annales du Muséum, WU, p. 377, t. 47. (2) Voyez Giornale Lotanico italiano, 1, 1844, p. 336. - SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1869. 193 duplex : nux monosperma, ovata, utrinque 5-costata, costa media lævi, ner- viformi, lateralibus crassiusculis, carnoso-rugosis, apice in rostrum anceps nuce ipsa longius, Costatum, ad basim rugoso-tuberculatum producta, rostro decedente dehiscens; vel capsula lanceolato-acuminata, 2-valvis, unilocularis, 2-sperma, valvis submembranaceis extus 5-costatis, costis lateralibus striulatis. » M. Durieu de Maisonneuve ayant bien voulu me communiquer, il y a quelques années, un échantillon frais et fleuri de son C'eratocapnos umbrosa, j'ai pu en faire une étude attentive et suivre, en particulier, le développement de la fleur et du fruit de cette espèce remarquable. Les résultats de cette étude ont été consignés en partie dans l’analvse détaillée qui est jointe à la figure de port, sur la planche 78 de l’£xploration scientifique de l'Algérie (9° livr., publiée en 1848); mais aucun texte n’accompagne encore cette planche, et d’ailleurs les figures qu’elle réunit sont relatives simplement à l'analyse de la fleur et des fruits adultes; je crois donc qu’il me sera permis de consigner ici quelques détails organogéniques destinés à montrer le lien qui existe réellement entre les deux états sous lesquels se montre ce fruit. L'inflorescence du Ceratocapnos est une petite grappe simple qui réunit une douzaine de fleurs environ. Parmi ces fleurs, les 2 à 4 supérieures don- nent naissance à autant de fruits capsulaires oblongs, bivalves et dispermes, tandis qu'aux inférieures succèdent les fruits nucamentacés et monospermes. Il n'existe pas de transition entre ces deux sortes de fruits dissemblables ; cependant, à l’origine, les pistils qui ont donné naissance à l’une et à l’autre ne présentaient aucune différence. Ainsi, lorsque le pistil est déjà bien formé dans ses diverses parties et mesure environ un demi-millimètre de longueur, il offre des caractères identiques dans les fleurs supérieures et inférieures. Dans cet état, son ovaire ovoïde, uni à sa surface externe, est surmonté d’un style à peu près aussi long que lui, largement tubalé, que termine un gros stigmaté comprimé par les côtés et presque digité à son bord libre. La loge unique de cet ovaire renferme constamment deux ovules semblables, super- posés, attachés sur les deux côtés opposés, supérieur et inférieur, des parois Ovariennes. Cependant on peut alors, par un examen très attentif et une mesure micrométrique exacte, reconnaître que les parois de l'ovaire sont un peu plus minces et le tube stylaire un peu plus large dans les fleurs supérieures que dans les inférieures. Bientôt une inégalité marquée dans le développement com- mence à distinguer le pistil des fleurs supérieures de celui des fleurs inférieures. Dans les premières, la forme générale s’allonge notablement, et, comme par compensation, les parois ovariennes gagnent peu en épaisseur; en outre, la partie supérieure de cet ovaire se rétrécit insensiblement pour passer au style ; enfin les deux ovules continuent à se développer à peu près également. Dans” les dernières, au contraire, les parois de l'ovaire augmentent assez prompte- 42h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment en épaisseur et en consistance ; en même temps elles se relèvent à l’exté- rieur de côtes longitudinales arrondies ; cet organe tout entier ne s’allonge pas, et sa portion supérieure s’élargissant forme bientôt un ressaut prononcé à la base du style; enfin, des deux ovules qu’il renfermait, l'inférieur senl continue son évolution normale, tandis que le supérieur reste fort en arrière pour son développement, n'opère pas son mouvement d'incurvation et mani- feste une forte tendance à l’atrophie. De cet état jusqu’à telui dans lequel il doit se montrer dans la fleur adulte, le pistil dessine de plus en plus nette- ment les différences qui doivent exister finalement entre les fleurs supérieures et inférieures. Dans la fleur épanouie ou même déjà un peu passée, les deux formes de ce pistil sont nettement accusées et fort distinctes. Dans l’une et l’autre, l'ovaire se prolonge au sommet en un bec conique, un peu plus court que lui, à l’extrémité duquel un étranglement le distingne des deux tiers supérieurs du style ; c’est à ce niveau que celui-ci va bientôt se détacher. Les parois ovariennes, dans les fleurs inférieures, se sont maintenant relevées à l’extérieur de fortes côtes longitudinales au nombre de huit, dont les deux plus fortes suivent la ligne de réunion des deux faces, dont les deux plus fai- bles occupent chacune le milieu d’une face, tandis que les quatre autres sont intermédiaires aux précédentes. Ces côtes sont crénelées ; elles manquent sur l'ovaire des fleurs supérieures. Enfin dans celles-ci, les deux ovules ont com- plété leur formation, mais l'inférieur a pris en général un accroissement plus considérable, tandis que dans les premières on ne voit plus que de simples restes de l’ovule supérieur. Dans le fruit mûr, les différences se sont accusées plus nettement encore. Extérieurement le bec s’est allongé de part et d’autre au point d’égaler à peu près la longueur de la portion qu’il surmonte ; il est dès lors notablement plus long sur les fruits supérieurs, qui sont oblongs, que sur les inférieurs qui sont aussi larges que longs. Ces fruits supérieurs ont maintenant chacune de leurs faces relevée de trois légères côtes linéaires, tandis que les inférieurs ént encore épaissi les leurs, sauf la médiane qui est fort étroite et unie ou à peu près. Intérieurement les parois du péricarpe se sont divisées, dans les deux cas, en deux enveloppes concentriques séparées par un grand vide, et dont l'interne correspond à l’endocarpe ; enfin les fruits inférieurs ne renferment qu’une graine, toute trace de l'ovule supérieur ayant disparu, tandis que les fruits supérieurs contiennent chacun deux graines bien confor- mées, mais dont la supérieure est généralement la plus petite, Ainsi cette différence, extrême en apparence, entre les fruits produits par les fleurs supérieures et par les fleurs inférieures, dans chaque inflorescence du Ceratocapnos umbrosa DR., tient à une inégalité dans le développement de leurs deux parties constitutives. Les fruits supérieurs, dans lesquels les deux ovules produisent deux graines parfaites, épaississent faiblement leur péri- carpe, tandis que les inférieurs, rendus monospermes par l'avortement de SÉANCE DU 928 FÉVRIER 4862. 495 l’un des deux ovules, se distinguent par l'épaisseur et la consistance de leurs parois péricarpiennes. En d’autres termes, le développement du péricarpe et celui des graines sont ici en raison inverse l’un de l’autre. Au total, comme je me suis proposé de le rappeler, le polymorphisme peut se montrer dans les feuilles, les fleurs et les fruits ; les cas qu’on en connaît aujourd’hui sont sans doute fort peu nombreux encore, mais ils ont tous un intérêt réel, et d’ailleurs il est probable que le nombre en sera augmenté par la suite. Quoi qu’il en soit à cet égard, c’est l’un des points les plus dignes d’être étudiés par les botanistes, et je serais heureux si cette note avait pour résultat d'appeler leur attention sur ce sujet. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. Deuxième fascicule d'observations tératologiques; par M. D. Clos (Extrait des Â/émoires de l’Académie impériale des sciences de Toulouse, 5° série, t VE, pp. 51-70 ; tirage à part en brochure in-8° de 20 pages, mars 1862). Notre /evue a déjà rendu compte d’un premier fascicule d'observations tératologiques publié par M. Clos il y a trois ans (1). Les faits actuellement signalés par notre honorable confrère sont les suivants : L Feuilles alternes passant au verticille chez le Veronica latifolia Lin. — La tige de la plante observée offrait, sur une longueur de 45 centimètres environ à partir du bas, soixante feuilles normales quant à la forme, mais toutes disposées en une spirale serrée et parfaitement régulière, décrivant cinq fois environ le tour de la tige. Sur l'écorce se montraient aussi des stries de torsion. Les autres feuilles étaient verticillées-ternées, et l'axe se terininait par une inflorescence normale. IT. Passage chez un Anagallis de l'opposition des feuilles au verticille par dissociation. — Un pied d’'Anagallis collina Schousboe portait à chaque verticille, sur plusieurs branches, trois ou quatre feuilles quelquefois distinctes, mais souvent soudées deux à deux et formant deux feuilles bifides. Chaque feuille avait à son aisselle un pédoncule axillaire, et les feuilles bifides, qui étaient doubles, en présentaient deux. Le calice de ces fleurs offrait deux divisions profondes, subdivisées l’une en deux et l’autre en six parties. La corolle offrait huit divisions, et l’androcée huit étamines régulières. HI. Soudures et partition de feuilles chez une Lentille à tiges fasciées. — Dansle cas rapporté par M. Clos, les tiges étaient toutes fasciées dans leur longueur, à l'exception de la base, et souvent terminées par des parti- tions; l'aplatissement s’étendait même parfois aux pédoncules; les feuilles, gémiuées dans le bas, étaient ternées ou même quaternées dans le haut; les pétioles en étaient alors quelquefois soudés ; d’autres fois les feuilles subissaient une véritable partition, ce dont témoignait la présence à l’aisselle de leur pétiole d’un seul bourgeon axillaire; on voyait même parfois une des (4) Voyez le Bulletin, t. VE, p. 456. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 branches de la partition se bifurquer à son tour ; dans ces cas, chaque moitié de la bifurcation avait les caractères d’une feuille complète. IV. Virescence d’un Trèfle. — Dans ce cas, à l’extrémité supérieure d’une racine pivotante naissait un capitule de petites fleurs vertes réduites à leur calice et à un pistil normal ; vers le centre du capitule s’étaient dévelop- pées fquatre feuilles trifoliolées, à long pétiole, et entourant d’autres petites fleurs. V. Anémone à métamorphose descendante. — Un pied d’Anemone Coro- naria KL. offrait à son involucre de trois à cinq bractées dont l’une, ovale entière et colorée, avait tout à fait l'aspect des sépales. VI. Capucine tricolore anectariée. — M. Clos a observé une fleur de Tropæolum tricolorum Sw., sans éperon, portée sur un pied dont toutes les autres fleurs étaient éperonnées. 11 pense que, dans les Tropéolées, cet organe est une partie secondaire de la fleur, et en quelque sorte accessoire. VII. Pélorie à type quaternaire du Salvia grandiflora Ehrb. — La plante observée offrait au sommet de deux branches une fleur presque régulière, munie d'un calice à 4 lobes 3-nerviés, avec lesquels alternaient les 4 lobes subégaux de la corolle, ainsi que de 4 étamines égales et semblables à celles des autres fleurs. La tache de la lèvre inférieure de la corolle avait disparu. L'auteur rappelle que, d’après les observations de Mirbel et de M. Billot, on connaît aujourd'hui dans la famille des Labiées trois types de pélories, à 5, 6 et 4 parties. _ VIIL Pélorie du Linaria spuria L. — Il y avait dans ce cas de nombreux intermédiaires entre la fleur normale personnée et la pélorie parfaite. Les fleurs monstrueuses ne se trouvaient que sur les axes secondaires; elles S’'épanouissaient avant celles qui, situées au-dessous d'elles, auraient dû les devancer. Les plus parfaites d’entre elles avaient pris une forme tubuleuse régulière et présentaient un limbe très court à cinq lobes et cinq éperous en cercle. IX. Multiplication des organes floraux du Bignonia capreolata L. — Dans ces exemples on voit les étamines se transformer en pétales, à commen- cer par l’étamine médiane, et le pistil devenir triloculaire. X. Rapports des Rutacées et des Zygophyllées, confirmés par une ano- malie florale de la Rue. — Une fleur de Æuta graveolens offrait, à la place d’une des étamines intérieures, opposée aux pétales, deux étamines soudées inférieurement, caractère qui rappelle le genre Peganum, confondu avec le Ruta par G. Baubin et Morison, et placé dans les Rutacées par Adrien de Jussieu, par d’autres dans les Zygophyllées. Pourquoi, dit M. Clos, ne pas réunir ces deux familles ? XL Aypertrophie des carpelles d'un Delphinium. — C’est le Delphinium Dictyocarpum DC. qui a présenté cette fois des carpelles anormaux, les uns longuement stipités, clos, infléchis ou contournés, les autres (appartenant à 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des fleurs différentes) ouverts et portant sur leurs bords des ovules avortés sous forme de petites feuilles. XII Nature des styles des Caryophyllées. -- L'auteur expose ici que la portion ovarienne des carpelles des Caryophyllées représente très probable- ment la lame de la feuille, la plus grande partie du sépale, l'onglet du pétale, le filet de l'étamine, et que les styles de ces plantes sont en quelque sorte une partie surajoutée, partie qui se dessine souvent au sommet des dents du calice, pour prendre un plus grand développement au-dessus de l'ovaire. XII. Prolification médiane d'un Papaver, dévoilant l'organisation de ses carpelles. — Dans les fleurs qui appartenaient à la prolification ct nais- saient du fond de l'ovaire, M. Clos a trouvé des folioles qui se transformaient peu à peu en pistils isolés ; sur le milieu de la face interne de cet organe et le long d’une ligne verticale, se produisait une excroissance fongueuse et ver- ticale : c'était le placenta chargé de nombreux ovules. Dans les considérations qui suivent, l’auteur cherche à prouver que les cloisons de l'ovaire des Papa- véracées sont de vraies cloisons, bien qu’elles naissent du milieu de la feuille carpellaire et correspondent aux stigmates. D' EUGÈNE FOURNIER. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Catalogue des plantes qui croissent naturellement dans le département des Bouches-du-Rhône ; par L. Castagne, avec une préface, la biographie de Castagne et un aperçu général sur la végétation du département des Bouches-du-Rhône, par M. Alph. Derbès, professeur de botanique et de zoologie à la Faculté des sciences de Mar- seille. In-12 de £LIY et 205 pages. Marseille, chez Camoin frères, 1862. Le Catalogue des plantes qui croissent aux environs de Marseille, par Castagne, est maintenant épuisé, et les botanistes sauront gré à M. Derbès de leur avoir donné un livre qui le remplace avec avantage, et dans lequel on trouve, outre l’'énumération des espèces du département, des détails intéres- sants sur les botanistes qui ont herborisé à Marseille, et surtout sur la vie de Castagne, ainsi que des notions importantes de géographie botanique. Les ser- vices rendus à la science par le rédacteur du C'ataloque des plantes de Con- stantinople inédit, mais souvent cité par Alph. De Candolle dans sa Géographie botanique, et l'explorateur assidu de notre littoral méditerranéen, sont assez connus pour qu'il nous soit inutile d’insister sur la bibliographie spéciale que lui a pieusement consacrée M. Derbès. Dans son aperçu général sur la végéta- tion du département des Bouches-du-Rhône, l’auteur en divise la surface en sept régions botaniques, le littoral, la Grau et la Camargue, les étangs salés et leurs bords, les cours d'eau, canaux et mares d’eau douce, les champs cultivés, les bords des champs et les flancs des collines incultes, enfin les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 429 sommets. Une huitième région comprend le bois de la Sainte-Baume, carac- térisé comme on sait par une végétation toute spéciale, et que l’auteur a fait entrer dans son étude pour en élargir le cadre, bien qu’il ne fasse pas partie du département. Le littoral présente, parmi une foule d'espèces intéressantes, les Viola arborescens, Buplevrum gluucum, Anthemis secundiramea, Statice minula, St. virgata, St. globularifolia, St. duriuscula, St. Girardiana, St. caspia, Posidonia C'aulini, Cymodocea æquorea, Merendera filifolia, etc. Les côtes offrent d’ailleurs assez d'accidents pour que la végétation, quoique toujours maritime, en soit fort variée. Les plaines imprégnées de sel de la Camargue, tout en fournissant encore certaines plantes du littoral, offrent dans les endroits secs le Preslia Cervina et l'Erianthus Ravenne ; les étangs salés ne contiennent aucune espèce bien particulière, car on n’a pas revu l'Agropyrum louxii décrit par MM. Grenier et Duval-Jouve : mais les mares et Canaux d’eau douce fournissent à la fois l'Alchenia filiformis, le Salvinia natans et l’Aldrovanda vesiculosa retrouvé dernièrement par M. Duval- Jouve. La région des champs cultivés est distinguée par l’auteur en prairies artificielles et champs cultivés; c’est dans les prés qu’'apparaît la grande majorité des espèces ubiquistes mentionnées dans le Catalogue. Au contraire, les bords des champs et les flancs des collines incultes offrent la végétation indigène la plus remarquable. C’est là que l’on trouve les Anemone Corona- ria, Helianthemum lavandulifolium, Polygala exilis, Dianthus liburnicus, D. hirtus, Gouffeia arenarioides, Lathyrus ciliatus, Saxifraga hypnoides, Thapsia villosa, Seseli tortuosum, Scabiosa gramuntia, Cirsium ferox, Crepis Suffreniana, Teucrium pseudo-Chamæpitys, Euphorbia spinosa, Colchicum longifolium, Ophrys lutea, Melica Magnolii, Asplenium Petrar- chæ, etc., etc. Sur les sommités on remarque les /beris saxatilis, Silene r'upestris, Arenaria tetraquetra, Genista uspalathoides, Buplevrum ranun- culoides, Centranthus angustifolius, Serratulanudicaulis, Jurinæa Bocconi, Globularia nana, Armeria bupleuroïdes, etc. Le bois de la Sainte-Baume, élevé environ à 14000 mètres, offre le contraste le plus frappant avec la végé- lation de la plaine, puisqu'on y trouve, au milieu des plantes du nord (Ranunculus silvaticus, Polygula calcarea, etc.), des plantes méridionales (Delphinium Ajacis, E‘uphorbia sulcata), et des plantes de la région monta- gneuse (Geum silvaticum, Anemone Hepatica, Rhamnus alpina, Centaurea Montana, Daphne alpina, Lilium Martagon, etc. On conçoit qu'avec une telle variété de stations, le département des Bou- ches-du-Rhône, quoique d’une surface moyenne, puisse réunir le chiffre de près de dix-neuf cents espèces énumérées dans le Catalogue, qui ne renferme Cependant que les plantes vasculaires, l’auteur réservant pour une publication ultérieure l'étude des plantes cellulaires. E. F. 55 De 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Plantes critiques du département du Tarn, ou extrait de : Ja Flore du Tarn (inédite) ; par M. Victor de Martrin-Donos. Fragment I; in-8° de 52 pages ; Toulouse, imprimerie de Chauvin, 1862. Avant de publier sa Flore du Tarn, notre honorable confrère M. de Mar- trin-Donos a voulu soumettre au jugement des botanistes son appréciation sur plüsieurs plantes critiques ou nouvelles de ce département. Nous donnerons les caractères des espèces qu'il signale comme nouvelles, et nous mentionne- rons les variétés qu'il indique. Les espèces proposées comme nouvelles sont les suivantes : Caltha pallidiflora de Martrin. — Feuilles caulinaires cordiformes arron- dies ou à sinus peu ouvert, pétiolées ; sépales d’un jaune pâle, rétrécis insen- siblement vers l’onglet ; bec des capsules divergent, court. — Lieux maréca- geux de la montagne Noire. Avril-mai. — Vivace. Alsine intricata de Martr. — Tiges très nombreuses dès la base et for- mant une grosse plante touffue, à rameaux très nombreux, flexueux, d'autant plus écartés de la tige qu'ils s’approchent davantage du sommet; panicule “étalée et large supérieurement ; pédicelles étalés-dressés ; sépales légèrement poilus, glanduleux à la base, plus longs que les fleurs et plus courts que la capsule ; feuilles finement et longuement subulées. — Terrains caillouteux ou sablonneux; bords de l’Agout près le pont de Saint-Sulpice. — Mai- juillet. — Paraît bisannuel. Prunus virgata de Martr. — Buisson épineux au port élancé; écorce noirâtre, présque lisse; jeunes rameaux pubescents ; feuilles oblongues ou elliptiques, lancéolées, pétiolées à la fin, glabres ; fleurs nombreuses, petites, à anthères jaunes; calice verdâtre; fruit petit à pédoncules glabres. — Haies, bords des bois, buissons. — Fi. mars, fr. septembre-octobre. ÿ Prunus densa de Martr. — Buisson très épineux, touffu, à écorce d’un brun grisâtre, raboteuse; feuilles ovales, courtes, pétiolées, pubescentes sur les deux faces et surtout en dessous; fleurs nombreuses, petites, blanches, à anthères rouges ; calice rougeûtre, fruit plus gros, de 9-42 millim., à pédoncules pubescents. — Broussailles, rochers, terrains incultes ; rarement dans les haies. Ces deux espèces sont, dit l’auteur, des formes remarquables du Prunus spinosa, qu'il a cru devoir distinguer. Circæa ericetorum de Martr; C. pubescens Pohl? — Plante moins haute que le Crrcæa lutetiana X., à racine grêle, simple, pivotante, dépourvue de stolons ; tige souvent rameuse ; feuilles vertes en dessus, grisâtres en dessous, couvertes, ainsi que la tige, de petits poils arqués; panicule munie de brac- tées foliacées, linéaires-aigués, bientôt caduques supérieurement ; fruit piri- forme à poils crochus. — Parmi les Bruyères, à Valence (Tarn). — Sep- tembre ; vivace. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 154 Myriophyllum montanum de Martr. — Lanières des feuilles surmergées longues, capillaires ; celles du sommet des tiges stériles réunies en pinceau souvent obtus; fleurs en 2-3 petits verticilles écartés et formant un épi grêle non surmonté de feuilles; bractéoles indivises ou obscurément pecti- nées, plus courtes que les fleurs; fruit conique-tronqué. — Eaux vives de l’Arn, près Anglès. — Juin-août. — Cette espèce a le port grêle, les feuilles ténues et les fruits du Myriophyllum alterniflorum DC. Dipsacus microcephalus de Martr. — Capitules presque arrondis, trois ou quatre fois plus petits que ceux du D. laciniatus et bien moins allongés; aiguillons fins, réfléchis ; feuilles étroitement lancéolées-aiguës, dentées, à dents étalées, ciliées sur les bords, les inférieures largement dentées, les supé- rieures presque entières, linéaires, largement connées à la base; folioles de l’involucre inégales, lancéolées, ordinairement plus courtes que le capitule, carénées sur le dos; paillettes scarieuses, terminées par une pointe longue et subulée, ciliée à la base, presque glabre au sommet; fleurs blanches. — Baiit- Urcisse (Tarn). — Juillet, bisannuelle. Senecio viridulus de Martr. — Plante d’un vert gai ; tige presque glabre, à rameaux longs, étalés-dressés; calathides grosses, peu nombreuses, écartées les unes des autres ; feuilles larges, molles, minces, planes, à lobes nombreux, celui du sommet aigu, beaucoup plus large que les autres dans les feuilles supérieures et plus étroit dans les inférieures, — Bords du Tescou. — Août- octobre ; vivace. Leucanthemum subglaucum de Larambg. — Plante haute, robuste; feuilles : inférieures oblongues, insensiblement atténuées en long pétiole, les caulinaires lancéolées-aiguës, les plus supérieures entières; écailles de l’involucre lan- céolées ; akènes de la circonférence pourvus d'une demi-couronne dentée ; ceux du disque nus. — Coteaux calcaires d’Ambialet. — Juin-juillet ; vivace. L. commutatum Timbal et de Martr. — Rameaux divergents ; écailles de l’involucre lancéolées-arrondies, entourées d'une membrane scarieuse lacérée ; feuilles atténuées en pétiole ailé à la base et muni de dents profondes et étalées, — Commun dans les Pyrénées et la montagne Noire, descend jusque dans les plaines. — Juillet-août ; vivace. Centaurea Timbali de Martr. — Calathides moyennes; péricline ovoide- globuleux ; appendices blanchâtres, subitement arrondis, scarieux, entiers où lacérés, mais non ciliés ; feuilles étroites, linéaires ; pédoncules longs, grêles; akènes nus. — Sauveterre, au Cournadou., — Août-octobre; vivace. — Gette Plante se distingue par son akène nu du €. amara L.., dont le fruit est pourvu d’une très courte aigrette. Taraxzacum laciniatum de Martr. — Plante haute d'environ 2 déci- mètres ; feuilles grandes, à lobes lancéolés-aigus, laciniées; folioles de l'invo- lucre ovales, courtes; corolles grandes, dépassant l’involucre; akènes d’un 432 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rouge brique, hérissès au sommet de pointes tuberculeuses égalant la longueur de l'aigrette. — Saint-Urcisse. — Avril-mai; vivace. Les variétés où hybrides décrites dans ce premier fascicule sont les sui- vantes : Adonis flammea Jacq., var. grandiflora de Martr., Ranunculus aconitifolius L., var. flexicaulis de Martr., À. chærophyllos L., var. adpres- sus de Martr. (2. chærophylloides Jord.?); Barbarea intermedia Bor., var. vicina de Martr.; Capsella Bursa-pastoris Mœnch., var. canescens de Martr., forma foliosa de Martr., forma abortiva de Martr. (C. gracilis Grenier); Dianthus prolifer, var.? gracilis de Martr.; Sagina apetala A, var. filicaulis de Martr. (S. filicaulis Jord.) ; Mœhringia trinervia Clairv., var.? erecta de Martr.; Malva silvestris L., var.? acutiloba de Martr.; Geranium Rober- tianum L., var. Graniticarum de Martr. (G. semiglabrum Jord.?); Epilo- bium montanum L., var. majus de Martr.; £'pilobium obscuro-lanceolatum de Martr.; Æ£, montano-obscurum de Martr.; Æ£. obscuro-montanum de Martr. ; Galium lutescens de Martr.; Bellis perennis L., forma subcaulescens de Martr., forma sertulifera de Martr.; Senecio erucifolius L., var. glome- ratus de Martr.; S. Tasconensis de Martr., var. microcephalus de Martr. ; Achillea monticola de Martr. (A. setacea Becker), var. distans (A. distans Willd.?); /Znula Conyza DC., var. rubescens de Martr. L'auteur a en outre inséré dans ces notes la description du Glaucium aurantiacum de Martr., qu'il a publiée dans le Æ/ora, numéro 11, mars 1856; cette plante avait été récoltée par lui près de Narbonne, à la Fenal, en juillet 4855. E. F. In Hypecrici genus ecjusque species animadversiones : scripsit Lud.-Christ, Treviranus. In-4° de 15 pages; Bonn, 1861. Au moment où notre vénérable confrère M. Treviranus écrivait ces lignes, il accomplissait la soixantième année de son doctorat en médecine. Son nouveau travail se compose de considérations sur le genre Hypericum, ses feuilles, ses glandes, son inflorescence, sa fleur, les vésicules que l’on remarque sur la face antérieure du connectif de ses anthères et ses ovaires; ce chapitre contient cncore quelques détails sur la famille des Hypéricinées. Le deuxième chapitre nous entretient de la description ou de la synonymie des 4 ypericum elatum H. etK., Æ. hircinum L., H. clympicum L., H. canariense L., H. Ascyron L., H. patulum Thunb., Æ. calycinum Willd., A. balearicum L., À. virginia- num L., 4. uliginosum H. B. etK., H. punctatum Lam., H. dolabriforme Vent., À. cistifolium Lam., H. myrtifolium Lam., H. prolificum X., A. quadrangulum L. B dubium, H. crispumx., H. pilosum Walt, Æ. ægyptia- cum L., H. humifusum X., H. perforatum L., À. quinquenervium Walt., H. thymifolium H.B.etK., H. silenvides' Juss. : H. canadense L., H. origanifolium Willd., Æ. Elodes L., H. tomentosum L., 4. lanuginosum REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 Lam., Æ. hirsutum L., A. elegans Steph., H. dentatum Lois., H. monta- num L., À. fimbriatum Lam. B Burseri, H. ciliatum Lam., A. serpyllifo lium Lam., Æ. hyssopifolium Vill., Æ. linarifolium Vahl, A. orientale L., H. scabrum ., H. Coris L., H. ericoides L., H. Struthiolifolium Juss., H. acerosum H. B. et K.; A. laricifolium Juss., H. mexzicanum L., H. fasci- culatum Lam. et 4. Brathys Sm. E. F. Études sur les genres Oxera et Deplanchea ; par M. Vieillard (Extrait du Zulletin de la Société linnéenne de Normandie, t VII, tirage à part en brochure in-8° de 11 pages). Caen, chez H. Har- del, 1862. L'auteur décrit dans ce travail les dix espèces qui composent aujourd'hui le genre Oxera, de la famille des Verbénacées, et le nouveau genre Deplanchea, actuellement monotype, créé par lui et dédié par M. Déplanche qui s’est joint à MM. Vieillard et Pancher pour faire connaître les richesses végétales de la Nouvelle-Calédonie. Le genre Oxera, dont il n'existait dans la science qu’une seule espèce décrite par Labillardière, est divisé par l'auteur en sections fondées sur la forme de la corolle et la longueur des étamines. Les espèces décrites sont les suivantes : Oxera pulchella Kabill., O. subverticillata Vieill., O. baladica Vieill., O. robusta Vieill., O. longifolia Vieill., O. Morierii Vieill., 0. glan- dulosa Vieill., ©. oblongifolia Vieill., O. ovata Vieill., O. cordifolia Vieill. Le genre Deplanchea, bien qu'ayant, de l’aveu de l’auteur, de grandes affinités avec les Bignoniacées, est placé provisoirement par lui à la suite des Verbénacées. Voici les caractères du genre : Calyx 5-6 dentibus æstivatione valvatis instructus; corolla campanulato- tubulosa, 4-fida ; staminibus didynamis imo tubo insertis, filamentis longe exsertis, antheris introrsis, longitudinaliter hiantibus ; ovario e disco epigyno enato, 2-—loculari, loculis multiovulatis ; seminibus numerosis, septo valvis Contrario horizontaliter affixis:; fructu ?.… L'espèce encore unique de ce genre est le Deplanchea speciosa Vieill. L'auteur a soin de citer pour chacune des plantes qu’il décrit les numéros Correspondants de son Herbier de la Nouvelle-Calédonie, dont des doubles ont été déposés au Musée des Golonies et au Muséum d'histoire naturelle. Son travail est rédigé presque complétement en latin. E. F. Études organogéniques sur quelques genres de Buett- nériacées ; par M. le docteur H. Baillon {Xecueil d'observations bota- niques, t. II, pp. 166-181). M. Baillon expose, dans ce travail, ce qu'il a observé du développement 13h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. floral des.genrès Puettneria, Theobroma, Myrodia, Astrapæa, Hermanma, Melochia et Lasiopetalum; il y ajoute quelques détails sur les genres Plilippodendron et Visenia, qu'il n’a pu étudier que sur le sec. Nous don- uérons un abrégé de ses observations. ; EL Le Buettneria gracilipes a cinq sépales dont les divisions, d’abord libres, sont soulevées plus tard par une base commune; cinq pétales dont la partie moyéniie, trilobée, se forme longtemps après la partie terminale, lan- céolée, qui en est le vrai limbe ; un androcée à dix étamines, dont les cinq fértiles haissent à l’aissélle des pétales ; ün pistil dont les cinq carpelles sont superposés aux pétales, et s’élévent pour former le style, tandis que les ovales sé inontrént en face d'eux, sur le réceptacle, 4u point qui formera l'angle interne de chaque loge. IH, Le Theobroma présente un androcée également à dix éléments, dont les cinq filets fertiles en représentent deux et portent quatre anthères disposées en croix : le gynécée a encore cinq carpelles, mais c’est sur leur bord libre et itérieur que se produisent les ovules. HI. Dans le Myrodia, le tube commun qui réunit les anthères n’apparaît que postérieurement à la naissance des étamines, lesquelles, primitivement en cinq faisceaux, se dédoublent plus tard latéralement-et de haut en bas. Le pistil comprend deux ou trois carpelles, et les ovules collatéraux naissent à l'angle interne des loges. C’est avec raison, dit M. Baillon, qu’on a placé les Hyrodra près des Plagianthus dans l'ordre des Bombacées. IV. L'Astrapæa, par le développement de son androcée et par son organo- génie en général, se rapproche beaucoup des vraies Malvacées ; il n’en diffère que par la présence de deux loges complètes dans chaque anthère. Y. Dans l'Æermannia, les loges ovariennes soût superposées aux sépales, cé qui permet de le séparer des Malvacées. Les Mahernia doivent, d’après l’au- teur, être réunis aux //ermannia. VL Les Melochia ont encore cinq étamines fertiles superposées aux pétales, et cinq petites saillies alternés avec les pétales, saillies qui représentent des étamines stériles. Les carpelles sont opposés aux pétales. VIL Le genre Lasiopetalum, étudié dans le traité d’organogénie de Payer, offre une singulière déhiscence des anthères; les sillons de ces organes, qui sont extrorses, se prolongent en haut en contournant leur sommet, pour aller se terminer sur leur face intérieure ; c’est là que se fait la déhiscence par une fente courte, mais non par un véritable pore. Le genre Philippodendron, dont le pistil porte un ovule unique suspendu au sommet de la loge, paraît à l’auteur rappeler bien plus les Hélictérées qu’un type quelconque des Buettnériatées. Quant au Visenia, il conclut de ses obser- vations que celte plante est une Lasiopétaléé, et qu'elle se distingue de tous les genres de ce groupe par son port, son mode d’inflorescence et ses loges oyariennes uniovulées.. E. F. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1395 On some species of Oaks from northern China, collected by W.-F. Daniell, M. D. (Sur quelques espèces de Chênes de la Chine septentrionale récoltées par M. le docteur W.-F. Daniell) ; par M. Wil- liam Carruthers (Journal of the proceedings of the Linnean Society, vol. VI, n° 21, pp. 31-33, 1861). Les échantillons de Chênes décrits dans cette note ont été recueillis dans le sud de la Mantchourie; ils appartiennent à sept espèces, parmi lesquelles sont les Quercus obovata Bge., ©. mongolica Fisch., @. serrata Thunb., deux espèces incertaines et deux nouvelles, qui sont les suivantes : Quercus Mac-Cormickii, — Koliis obovatis, sinuato-lobatis, lobis muticis a media parte decrescentibus, subtus glaucis, fere glabris; cupulæ squamis externis triangulatis sericeis, internis lineari-lanceolatis, membranaceis, cupu- lam excedentibus obsitæ ; nuce rotundata cupulæ squamas vix excedente, styli basi apiculata. Q. acutissima. — Koliis ovali-lanceolatis, acutissimis, serratis; fructibus breviter pedunculatis; cupulæ squamis sericeis, externis parvis, internis elongatis, subulatis, cupulam excedentibus. E. F. . Species Filicum, being descriptions of all known Ferns (Species Filicum, ou description de toutes les Fougères connues) ; par Sir Wil- liam Hooker. Vol. IV, 1° partie (13° partie de l'ouvrage); in-8° de 64 pages avec 20 planches lithographiées. Ce nouveau fascicule du Species Filicum contient les genres Scolopen- drium Sm., Didymochlæna Desv., Aspidium Sw. (in parte) et Nephrodium Rich. L'exposition de ce dernier genre est seulement commencée. Les figures qui accompagnent cette treizième partie représentent les Aspidium Plaschnickianum Sw., A. lachenense Hook., A. cæspitosum Walh., A. sti- mulans Kie, A. tridens Hook., A. mucronatum SW., À. lepidocaulon Hook., À. auriculatum Sw., À. munitum Klfs., À. trussimense Hook., À. obtusum Metten, 4. Hichardi Hook., À. Prescottianum Wall., A. adscendens Hew, A. amabile B1., A. varium Sw., À. eystostegia Hook., À. oculatum Hook., A. Berteroanum Colla, À. Seemanni Hook. Nous ne pouvons entrer dans le détail des observations recueillies par le Savant botaniste anglais ; nous signalerons seulement comme fait intéressant la distribution géographique de l’Aspidium aculeatum Sw., plante assez com- mune en France et dans toute l'Europe, et qui se rencontre à Madère, à Ténériffe et aux Açores, en Abyssinie et dans l’île de Fernando-Po, au cap de Bonne- -Espérance, sur le continent indien, à Ceylan, dans la Malaisie, en Chine et au Japon, aux États-Unis, dans la Colombie, au Brésil, au Chili, 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans la Nouvelle-Hollande et dans plusieurs îles de la Polynésie. Il est vrai que, pour arriver à ce résultat, l’auteur est obligé de réunir un très grand nombre de formes considérées par plusieurs auteurs comme espèces distinctes, et qu'il regarde comme de simples variétés de l’Aspidium aculeatum Sw. E. F. Prodromo della Flora toscana (Prodrome de la Flore toscane) ; par M. ‘Théodore Caruel, fascicule 2 : Calyciflores polypétales. In-8° de 129-304 pages; Florence, chez l’auteur; Paris, chez J.-B. Baillière et fils, janvier 1862. Nous avons annoncé, il y a quelque temps, le premier fascicule du Pro- drome de la Flore toscane ; nous avons fait connaître le plan et le but de cet ouvrage, et il nous reste peu de chose à en dire, si ce n’est d’en annoncer la continuation. Le second fascicule comprend les Calyciflores, et s'étend des Staphyléacées aux Caprifoliacées. On y remarque bien peu d'espèces étran- gères à notre flore, et l’on ne peut guère citer à cet égard que les 7r2folium obscurum Savi, T. supinum Savi, Vicia melanops Sibth. et Sm., Amman- nia verticillata Lam., Umbilicus horizontalis DC, Hydrocotyle natans Cyr., Astrantia parviflora Bert., Cyclospermum Ammi Lag. (espèce amé- ricaine), Peucedanum sulcatum Caruel, P. verticillare Mert. et Koch, Daucus Michelii Car. et C'hærophyllum magellense Ten. Nous rappellerons que le Prodrome de la Flore toscane, qui est rédigé sous forme de catalogue, avec la mention des localités, et se borne en général à la citation des auteurs italiens, sera publié en quatre ou cinq fascicules, qui doivent paraître successivement à une année environ d'intervalle, et former un gros volume d'environ cinquante feuilles d'impression. E. F. Prodromus Floræ hispanieæ, seu Synopsis methodica omnium plantarum in Hispania sponte nascentium vel frequentius cultarum quæ innotuerunt, auctoribus Mauritio Willkomm et Joanni Lange. Voluminis I pars altera, pp. 193-316. Stuttgart, chez E. Schweizerbart, 1862. Nous avons annoncé récemment (1) le commencement de cet ouvrage qui paraît devoir être publié rapidement, puisque la seconde partie du pre- mier volume vient de paraître. Cette second partie s'étend des Colchicacées aux Aristolochiées, c’est-à-dire à la fin des Dicotylédones apétales, selon la classification adoptée par les auteurs. Le plan de l'ouvrage ayant déjà été indi- qué par nous, nous ne reviendrons pas sur ce sujet. On trouve à la fin des principales divisions du Prodrome le relevé des genres et espèces énumérés dans ces différentes parties. Le fascicule qui vient de paraître renferme une (1) Voyez le Bulletin, t. VIT, p. 648. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 introduction de xxx pages, destinée à être placée en tête du premier volume. Elle contient l’énumération des ouvrages cités dans le Prodromus Floræ his- panicæ, l'indication des collections de plantes recueillies en Espagne ou dans les contrées voisines, et publiées jusqu’à ce jour, ainsi que le tableau synop- tique des classes adoptées par MM. Willkomm et Lange, et dont quelques- unes leur sont particulières ainsi que l’ordre dans lequel ils les ont placées. Ce tableau est complet et s'étend des Champignons aux Magnoliacées. Le volume se termine par un addenda, un errata et une table des genres qui y sont compris. E. F. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET PALÉONTOLOGIQUE. Sur la végétation de quelques localités du littoral de la Chine; par M. Debeaux (Zecueil de mémoires de médecine, de chirurgie et de pharmacie militaires, 3° série, t. VE, pp. 334-351, 1861). Nos lecteurs ont déjà trouvé, dans les comptes rendus de nos séances, des détails intéressants fournis par M. Debeaux sur la végétation d’une province de la Chine. Aussi ne ferons-nous que signaler ce travail de notre honorable confrère, Il commence par tracer le tableau des observations botaniques qu’il a faites à Ténériffe, au cap de Bonne-Espérance, à Singapoor et à Hong- Kong, pendant qu’il se rendait en Chine comme pharmacien attaché à l'armée expéditionnaire, Il donne ensuite quelques détails sur la végétation d’Amoy, de Shang-Haï et de Tché-Fou, dont la flore offre un aspect tout particulier, selon qu’on la considère sur le littoral ou dans la région montagneuse, laquelle ne contient que des Pins ou des Chênes comme représentants de la végétation arborescente. Une grande partie des récoltes de M. Debeaux est encore à déterminer. - Er. Expositio Lichenum Novæ Caledoniæ; scripsit W. Nylander (Ann. sc. nat., L° série, t XV, pp. 35-54). Nos confrères connaissent les travaux intéressants publiés sur la flore phané- rogamique de la Nouvelle-Calédonie par MM. Ad. Brongniart et A. Gris. M. Nylander poursuit actuellement l'étude des Lichens du même pays, qu'il a déjà commencée dans les Annales (h° série, t. IIT). Son nouveau travail contient la description ou la mention des Lichens de la Nouvelle-Calédonie, qui sont au nombre de 104, et qui appartiennent aux tribus des Collemer, Caliciei, Sphærophoreï, Cladoniei, Usneei, Ramalinei, Parmelier, Pyxinei, Lecanorei, Lecideei, Graphidei et Pyrenocarpei. Les espèces nouvelles décrites par M. Nylander sont au nombre de 18. ss 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On the Cedars of Lebanon, Taurus, Algeria and India (Sur les Cèdres du Libun, du Taurus, de l'Algérie et de l’Inde); par M. Joseph Dalton Hooker (7he natural history review, janvier 1862, pp. 11-18, avec 3 planches). M. Joseph Hooker a observé par lui-même, dans leur pays natal, les Cèdres du Liban, du Taurus, de l'Algérie et de l'Himalaya, sur les quatre points élevés et distants les uns des autres où se rencontrent seulement ces arbres à l’état spontané. Il donne sur leur station, sur leur âge, sur quelques passages de l'Ancien Testament relatifs aux Cèdres du Liban, des détails pleins d’inté- rêt. On sait que les Cèdres ont été classés sous trois espèces botaniques : le’ Cedrus Libani, habitant le Liban et le Taurus, et donnant naissance, dans chacune de ces montagnes, à une variété argentée qui est le €. argentea des horticulteurs; le €. atlantica Man., qui ombrage les pentes de l'Atlas, et que beaucoup d'auteurs regardent comme une variété du €. Zibani ; enfin le C. Deodara Roxb., hôte des forêts de l'Himalaya. M. Hooker décrit et différencie ces plantes, et conclut de cette étude que le C. Zibant est, par ses caractères comme sa position géographique, intermédiaire entre Îles formes de l'Atlas et de l'Himalaya, celle-ci, le €. Deodara, croissant dans des lieux plus humides, et ayant les feuilles plus allongées ; le €. atlantica, au contraire, exposé au climat saharien, et possédant les feuilles les plus courtes, ainsi qu'un port beaucoup plus roide, M. Hooker est fort disposé à regarder ces trois plantes comme trois formes bien caractérisées d’une même espèce, formes ordinairement distinctes, mais qui passent parfois de l’une à l’autre en vertu de plusieurs signes communs, et comme si elles descendaient d’une même origine. Ici se place une hypothèse de l’auteur dont nous devons tenir compte. Il fait remarquer que les vallées où croissent maintenant les Cèdres dans la chaîne du Liban sont traversées par des moraines qui attestent la descente d'anciens glaciers, et l’existence antérieure de neiges éternelles sur les som- mets voisins, c'est-à-dire un climat plus froid que le climat actuel de la Syrie, et qu'il faut rattacher à la période glaciaire des géologues, placée par eux au commencement de l’époque quaternaire. Si l’on trouve aujourd’hui les Cèdres sur l'emplacement des anciens glaciers, c’est évidemment, continue l’auteur, parce qu'ils ont remonté sur les flancs de la montagne quand le climat s’est réchauffé lors des circonstances géologiques qui ont déterminé le climat actuel, et il en a probablement été de même dans le Taurus, sur les pics de l’'Hima- laya comme sur les montagnes de l'Atlas, c’est-à-dire que, dans cette hypo- thèse, il aurait existé, lors de la période glaciaire, une immense forêt de Cèdres dont les représentants auraient dû, lors du réchauffement du climat, s’étager sur des montagnes plus élevées, pour continuer à jouir de la température nécessaire à leur espèce ; il ne se serait ainsi conservé que quatre colonies REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 de Cèdres, qui auraient peu à peu varié légèrement dans leurs caractères, eu égard aux différentes conditions d'habitat auxquelles elles se sont trouvées soumises. | Le mémoire de M. Hooker est accompagné de trois planches lithographiées qui représentent le port d’un rameau, les cônes et les écailles des Cedrus Libani, C. atlantica et C. Deodara. E. F. Contributions à la flore fossile italienne, troisième mémoire ; par MM. le marquis Carlo Strozzi et Th. Gaudin (Nouveaux mémoires de la Societé helvétique des sciences naturelles, t. XVII ; in-4° de 20 pages avec A planches lithographiées. Zurich, 1860). Le troisième mémoire des Contributions à la flore fossile italienne est relatif aux travertins de Massa. Ces travertins, formés d’un calcaire tantôt compacte, tantôt caverneux et contenant de petits amas de sel marin, renferme aussi de nombreuses empreintes de végétaux qui, d’après M. Gaudin, ont été contemporains et ont fait partie de la même forêt. Parmi les espèces qui y sont renfermées, les unes sont éteintes aujourd’hui, les autres peuvent être identifiées avec des espèces vivant actuellement en Italie, telles que les Quer- cus pyrenaica Lam., var. lobulata, Q. Thomasii Ten., Q. Cupanriana Guss., Q. Æsculus Dab., Acer pseudoplatanus L., var. paucidentata; Hedera Helir L. Pour M. Gaudin, la flore fossile de Massa est antérieure à la végé- tation actuelle et se rapproche beaucoup des dépôts de Cannstadt, qui ren- ferment un petit nombre d'espèces perdues mêlées à des espèces actuellement vivantes ; comme d’ailleurs ces espèces perdues ont leurs analogues en Amé- rique, l’auteur pense que les espèces américaines se sont maintenues quelque temps sur les rivages de l’ancien monde après le soulèvement des Alpes, des Pyrénées et de l’Apennin, et la disparition de l’Atlantide, mais qu’il s’est fait, par l'irruption des eaux, un dépôt de graviers marins qui a recouvert les travertins de plusieurs localités italiennes peu avant l’époque glaciaire, époque à laquelle l'abaissement de température produit dans notre hémisphère en à pour jamais chassé les espèces qui prospèrent encore aujourd hui dans les forêts du nouveau monde. Le troisième mémoire renferme la description de deux espèces nouvelles qui sont les suivantes : Cyperites anconianus Gaud. — Feuille large de 15 millimètres environ, coupée par un sillon longitudinal, pourvue de chaque côté du sillon de six nervures longitudinales distinctes. — Ces feuilles sont accompagnées de frag- ments de tiges très épaisses à trois faces très prononcées. Pavia Ungeri. — Feuille supportée par un long pétiole muni d’une arête, élargi à la base, et creusé pour protéger le bourgeon, digitée à 5-6? folioles membraneuses, pétiolées, finement dentelées, ovales-acuminées ; nervures 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. secondaires arquées, formant avec la nervure médiane un angle de 60 degrés environ. E. F. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Monographie botanique ct horticole des Peupliers cultivés en Belgique; par M. AIS Wesmael (Bulletin de la Fédé- ration des Sociétés d’horticulture de Belgique pour 1861, pp. 315-354, avec plusieurs gravures sur bois intercalées dans le texte. Gand, 1862). Ainsi que l'indique son titre, cette monographie a été entreprise au double point de vue botanique et horticole. Le savant auteur de ce mémoire, M. A. Wesmael, a donc dû diviser son travail en deux parties distinctes : la pre- mière réservée exclusivement à la botanique, la seconde consacrée tout entière à la plantation et à la culture des diverses espèces de Populus, el embrassant en même temps les graves questions si peu étudiées quoique si importantes pour l’horticulteur, des maladies et des insectes nuisibles. Voici, du reste, un aperçu rapide de ce mémoire, Après un exposé succinct de l’ouvrage et une courte notice sur la spontanéité de certaines espèces en Belgique et l’introduc- tion plus ou moins récente des autres, l’auteur fait l’énumération des espèces et des variétés du genre Populus. Il en décrit ensuite les caractères botaniques en y joignant des figures représentant les feuilles et les fleurs. Un tableau dichotomique basé sur des caractères simples et d’une détermination aisée, facilite encore l'étude de ce genre si difficile. La seconde partie du mémoire est, comme nous l'avons dit, consacrée an choix, à la culture et à l'emploi des divers Peupliers, soit comme espèces forestières, soit comme plantes d'ornement. L'auteur traite d'abord des diffé- rents modes de plantation le plus généralement adoptés. Un chapitre tout entier est ensuite réservé à la taille des jeunes sujets; puis après une étude approfondie des maladies et des insectes nuisibles qui causent trop souvent la perte de ces beaux arbres par l'ignorance du cultivateur à y porter remède, M. Wesmael nous enseigne des moyens préservateurs dont une longue suite d’expériences sérieuses faites par lui-même a confirmé la valeur. Nous ne saurions trop insister sur l'utilité de cette partie du mé- moire qui est traitée avec un soin tout particulier jusque dans ses moindres détails. Un dernier chapitre est consacré au cubage, au poids et à la valeur calori- fique comparée des diverses espèces le plus fréquemment cultivées. Une table des figures, une table des synonymes, et enfin une table générale terminent ce mémoire. E. F. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. An New ameriean remedies : Podophyllum pellatum (Nou- veaux remèdes américains; le Podophyllum peltatum); par M. Robert Bentley (Pharmaceutical journal, vol. TIE, n° 9, mars 1862, pp. 456-46h). L'honorable professeur qui publie aujourd’hui ce travail se propose de faire connaître, par une suite d'articles analogues, les végétaux d’origine améri- caine nouvellement introduits dans la pratique médicale, ainsi que leurs applications. Il s’agit aujourd’hui du Podophyllum peltatum, que l'auteur rapporte à la famille des Renonculacées. Il en donne d’abord l’histoire bota- nique et médicale, puis les caractères généraux et spécifiques, et rappelle l’origine de cette plante, qui croît spontanée dans l'Amérique du Nord. Relativement à ses propriétés, il fait remarquer qu'elles sont dues à un principe volatil qui s'échappe quand elle est sèche. Ce principe existe sur- tout dans le rhizome, qui est cathartique à un haut degré, tandis que le fruit est comestible, bien qu’un peu laxatif. Le principe actif a reçu le nom de podophylline, L'auteur s'étend longuement sur les caractères que présente le rhizome au point de vue de la matière médicale, sur l'analyse chimique qu’en ont faite MM. Hodgson junior (de Philadelphie) et John Lewis, et en indique le mode d’action, qu’il regarde comme analogue à celui du Jalap. Il paraît que la podophylline est assez active pour avoir causé une inflammation pustuleuse du nez et des paupières chez des personnes qui travaillaient à sa préparation. La dose en est de 2 à 3 grains comme purgatif, quand elle est pure ; celle de l'extrait de Podophyllum, de 5 environ, et celle de la poudre du rhizome de 10 à 12. E. F. Die nucetzlichen und schædlichen Schwæmme (Les Cham- pignons utiles et nuisibles); par M. le docteur H.-0. Lenz. In-8° de 148 pages, avec 12 planches lithographiées et coloriées contenant 59 figures; 3° édition, 4862. Gotha, chez E.-F. Thienemann. Ce petit livre fait pour être à la portée même de ceux qui ne veulent pas étudier spécialement les Champignons, commence par une introduction de 10 pages, dans laquelle se trouveut des notions élémentaires sur la place qu'occupent ces plantes dans le règne végétal, sur leur organisation intérieure, sur leur culture, et sur les mesures à prendre lorsqu'on à affaire à des Cham- pignons suspects ou en cas d’empoisonnement. L'auteur comprend dans son livre non-seulement les Champignons comestibles ou vénéneux, mais encore tous ceux indigènes en Allemagne qui peuvent être déterminés sans qu’on ait recours au microscope. Dans la partie descriptive, l’auteur suit la classification établie par M. Fries. Une table placée à la fin donne, par ordre alphabétique, les noms allemands et latins des Champignons dont le livre contient les descriptions. JOHANNES GRŒNLANN, 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Synopsis plantarum diaphoricarum. Systematische Uebersicht der Heil- Nutz- und &Gift-Pflanzen aller Lænder (Apercu systématique des plantes médicinales, industrielles et vénéneuses de tous les pays)|; par M. le docteur D.-A. Rosenthal. In-8° de 480 pages, première partie, 1861. Erlangen, chez F. Enke. Le titre de ce livre en indique déjà d’une manière sommaire le contenu; aussi n’y trouvons-nous aucun préambule donnant d’autres explications sur le but que s’est proposé l’auteur, Cette première partie, commençant par les Algues et suivant l’ordre adopté par Endlicher dans son Genera plantarum, s'arrête à la famille des Rhinan- thacées. Les plantes y sont mentionnées par leurs noms allemands et latins, quelquefois avec un certain nombre de synonymes ; elles ne sont pas dé- crites, mais les noles détaillées ajoutées à chaque espèce contiennent d’abord l'étude des parties employées, ensuite leurs noms vulgaires et techniques quel- quefois très nombreux. 1 à MÉLANGES. Mémoires et Souvenirs daugustin-Pyramus De Can- delle, écrits par lui-même et publiés par son fils. In-8° de xvs et 593 p. Genève et Paris, chez Joël Cherbuliez, 1862. C'est avec un grand intérêt que les botanistes de notre époque, vieux ou jeunes, ont accueilli la publication des Mémoires et Souvenirs. Ge livre était pour plusieurs un moyen de vivre encore quelques instants avec l'ami qu'ils avaient pleuré, avec le savant qu'ils avaient admiré ; pour beaucoup l’occasion d'apprendre par un exemple singulier coment on fait servir les dons heureux de la nature aux progrès de la science et au bien-être de ses concitoyens : offrant aux uns un touchant retour dans le passé, aux autres un enseignement précieux pour l’avenir, à tous de sérieuses méditations. Sans parler de la curiosité qui s'attache aux premiers commencements des hommes de génie, par lesquels on aime à deviner ce qu’ils seront ensuite, il y avait un attrait particulier à connaître comment les ouvrages qui ont si puissamment influé sur la botanique dans ce siècle, la Flore française, la Théorie élémentaire, le Prodromus, ont été successivement conçus et entrepris par leur auteur ; il fallait comprendre à l'aide de quelle soigneuse épargne de la vie journalière et de quelle prodigieuse activité cet homme illustre avait pu, au milieu d’une existence traversée par des changements, réunir et soigner une collection qui est devenue l’une des plus importantes, et publier non-seulement les ouvrages fondamentaux que nous rappelions tout à l'heure, mais une foule de mémoires sur diverses branches de la botanique, sans cesser de vivre à la fois pour les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 4113 siens qu’il chérissait et pour le monde qu’il charmait, pour les élèves qu'il instruisait et pour Genève qu’il défendait. I fallait surtout pénétrer, derrière la vie officielle du professeur, dans cette intimité si intéressante ici, qui devait nous faire apprécier à des traits certains l’homme de bien et le citoyen coura- geux, en même temps que l’esprit le plus délicat. Les Mémoires et Souvenirs répondent pleinement à l'attente da lecteur: l’auteur s’y est peint lui-même avec autant de grâce que de bonhomie, et le naturel y perce partout; c’est l’homme que l’on y trouve plutôt que le savant. Des récits, des impressions, des anecdotes, et point de dissertations. La simplicité du ton a prêté matière à quelques critiques, qui ne peuvent influer sur le sentiment général, ni faire accuser d’une fidélité trop scrupuleuse le respect filial qui a présidé à la publication de ces notes écrites sous l'impulsion du moment. L'éditeur n’a presque jamais modifié, il a cru seulement devoir retrancher quelques passages trop intimes, ou concernant trop particulièrement certaines familles. L'ouvrage publié par les soins de M. Alph. De Candolle, précédé d’une préface où il rappelle la grande place que son illustre père s’est faite dans la science, et un peu la cause de ces succès, précédé encore d’une préface de l’auteur lui- même, est divisé en cinq livres. Le premier nous fait connaître l'enfance de De Candolle, ses travaux scolaires, puis son adolescence, ses études à Paris, ses relations avec Dolomieu, Desfontaines, Cuvier, Lamarck, Senebier, la famille Delessert. Le second livre nous initie à la jeunesse du biographe, depuis le commencement de son séjour à Paris jusqu’à son départ pour Montpellier. Nous le voyons entreprenant sous les auspices de Desfontaines et avec la collaboration de Redouté, l’Æistoire des plantes grasses, publiant l’Astragalogia, refaisant la Flore française de Lawarck sur un plan nouveau, lié avec les membres de la Société d'Arcueil, présenté plusieurs fois à l’Institut, chargé d'étudier la géographie botanique de la France, et enfin nommé pro- fesseur dans la Faculté de Rabelais : tout cela dans l’espace de dix années. Dans le treisième livre, De Candolle est parvenu à l’âge virä, fl publie la Théorie élémentaire ; mais surviennent les désastres de l’empire, les Cent- Jours, les agitations des partis ; il veille avec autant de solicitude à la sûreté des élèves qu'aux intérêts des professeurs. Pour prix de son honnête con- duite, l'autorité du roi lui enlève, après Waterloo, le rectorat que lui avait conféré le ministre impérial trouvant sa nomination préparée dans les cartons, ct la Société de la Loge l’élimine de son sein : abreuvé de dégoûts, il se décide à quitter Montpellier (1816). Le quatrième livre est plus calme; l’auteur y décrit son âge mûr. I! fonde à Genève le jardin botanique et diverses institutions atiles, donne pour augmenter son revenu plusieurs cours destinés aux élèves de l'Auditoire ou aux gens du monde, et public les deux volumes du Systema, puis le Prodromus. Cette période s'étend jusqu'à l'époque où il se démet de ses fonctions de professeur (1835). Le cinquième livre est le résumé des tristes années où la santé s’affaiblit, où les amis nous précèdent AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au tombeau, où beaucoup d’espérances s’évanouissent ; il fallait renoncer à achever le Prodromus. La biographie cesse peu de mois avant la mort de l’auteur (1841). Le livre se termine par des pièces justificatives et des notes additionnelles ; on y trouve la liste complète des ouvrages ou mémoires de De Candolle publiés ou inédits, avec l'indication d'ouvrages qui lui ont été faussement attribués ; la liste des familles, genres et espèces établis par lui, celle des cours publics qu'il a donnés, des fonctions publiques qu’il a remplies, et des voyages qu'il a faits; l’éditeur a placé ensuite quelques détails intéressants sur la bibliothèque et l'herbier qu'il a continués à enrichir après la mort de son père. La suite de cette dernière partie est remplie par la publication de quelques lettres de De Candolle et de ses amis, de quelques pièces de vers fort gracieuses, dont l'illustre savant était l’auteur inédit, et de quelques-unes de ses dispositions testamentaires. E. F. NOUVELLES. Le troisième volume de la Flore d’Alsace de M. Kirschleger, dont nous rendrons compte dans notre prochain numéro, se termine par une nouvelle que nous devons faire connaître sans retard : Il vient de se fonder, grâce aux efforts persévérants de M. Kirschleger, une Société destinée, sous le nom d’Association philomathique vogéso-rhénane, à continuer les études phytostatiques commencées en Alsace et dans les Vosges par plusieurs observateurs. Tous les naturalistes sont appelés à faire partie de cette association ; il leur suffira, pour en être déclaré membre, d'en faire par écrit la demande au bureau. Les publications de l’Association se borne- ront à deux ou trois feuilles d'impression par an. La cotisation de chaque membre sera d’un franc par feuille. Deux réunions auront lieu par an; la prochaine sera tenue dans les Vosges. Le rendez-vous général est donné le dimanche 8 juin, à dix heures du matin, au col de la Schlucht, pour l’explo- ration da Hohneck. Toutes les demandes concernant l'Association doivent être adressées à M. le docteur Fr. Kirschleger, professeur à l’École supérieure de pharmacie de Strasbourg, président provisoire de l’Association. Collection de plantes à vendre. On annonce la vente de l’herbier de M. Kuczinski, qui sera cédé à très bas prix. Cet herbier, dont les échantillons sont tous nommés et ont été recueillis eu 1860 et 1861, est particulièrement riche en Composées, en Graminées et en Fougères ; il contient une collection recueillie dans les steppes d’Astracan, dans le voisinage de la mer Caspienne. — S’adresser à M. Frédérick Y. Bro- cas, botaniste, 25, Hart Street, Bloomsbury, London. E, F. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 14 MARS 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation, ét fait part à la Société de la perte douloureuse qu’elle vient de faire dans la personne d’un de ses membres les plus zélés et les plus dévoués, auquel un brillant avenir scientifique semblait réservé, M. Eugène Michalet, décédé à Dôle (Jura) en février dernier. M. Guilloteaux-Vatel, membre de la Société, est proclamé membre à vie, sur la déclaration faite par M. le Trésorier, qu’il a rempli la condition à laquelle Part. 14 des statuts soumet l'obtention de cetitre. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Lange : Prodromus Floræ hispanicæ, auct. Willkomm et Lange, tome T (1"° et 2° partie). 2° De la part de M. G. Schweinfurth : Versuch einer Vegetationskizze der Umgegend von Straussberg und des Blumenthals bei Berlin. 3 Bulletin de la fédération des Sociétés d'Horticulture de Belgique, Gand, 1862. k° En échange du Bulletin de la Société : Wochenschrift fuer Gœærtnerei und Pflanzenkunde, quatre numéros. Pharmaceutical journal and transactions, mars 1862. L'Institut, mars 1862, deux numéros. vi 10 116 | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. À. Jamain, archiviste, annonce que M. Joseph de la Perrau- dière a fait don à la Société de l’exemplaire du Prodromus de De Candolle (t. I à VI) ayant appartenu à son frère Henri de la Perraudière. M. A. Gris, vice-secrétaire, donne lecture de la lettre suivante, adressée à la Société : LETTRE A M. 3. GAY, SUR LA FLORAISON SIMULTANÉE DE 4500 AGAVE AMERICANA DANS LES PLAINES DE MUSTAPHA PRÈS ALGER, par M. Ch. MARTINS. Montpellier, 17 février 4862. La séance du 13 décembre dernier, où la floraison de l’Agave americana fit le sujet d’une conversation animée au sein de la Société botanique, n'est point, je l’espère, entièrement effacée de votre souvenir. Selon moi, l’Agave, confirmant les vues théoriques de Linné (1) et de Gœthe (2), fleurit lors- qu’une cause débilitante arrête lessor de sa végétation. Une transplantation, une forte mutilation, l’arrachement total du végétal ont souvent déterminé une floraison vainement attendue depuis longues années (3). Je communi- quais ces faits dimanche dernier à la Société d’horticulture de l'Hérault, en appelant l'attention de ses membres sur ces phénomènes. Le colonel du génie Crassous, prenant la parole, raconta l’histoire d’une expérience involontaire faite sur une grande échelle et confirmant ma théorie, Lorsque les Français débarquèrent à Sidi-Ferruch en 1830, ils trouvèrent les environs d'Alger couverts d’un grand nombre d’Agave que les Arabes avaient laissés multiplier depuis fort longtemps comme moyén de défense contre un ennemi quelconque qui aurait voulu opérer une descente sur leurs côtes. Un parapet de sable régnait tout le long de la mer à l'est de la ville, et il était convert d'Aloès-pittes énormes. La plaine même de Mustapha, qui sert actuellement de champ de manœuvres et de courses, était hérissée de ces végétaux. M. Crassous, qui est originaire de Montpellier et qui connaissait parfaitement l’A gave, n’en vit aucun en fleur pendant l'été de 1831. L’ad- ministration de la guerre ayant décidé l'établissement d’un camp dans cette plaine, les soldats commencèrent, dès le mois d'octobre 1831, à les mutiler de toutes les manières : ils s’'amusaient en particulier à abattre d’un coup de sabre les extrémités du cône central de feuilles tendres qui constitue le bourgeon terminal de la plante. Les mutilations continuèrent pendant tout l'hiver de 1831 à 1832. Au printemps de 4832, tous ces Agave si maltraités (1) Prolepsis plantarum (Amænitates academicæ, t. NI, p. 327). (2) Métamorphose des plantes, $ 30. (3) Voyez ma note (Bull. Soc. bot. de Fr.,t. NUL, p. 575 et suiv.). SÉANCE DU 44 Mars 1862. 447 commencèrent à pousser leurs hampes. Le colonel en estime le nombre à 1500 au moins, et, lorsque les candélabres se chargèrent de fleurs, leur ensemble présentait un magnifique spectacle. Les hampes desséchées à l’au- tomne furent employées à faire les chevrons de huit grandes barraques et de cabanes destinées à abriter un bataillon de zouaves commandé par le colonel Duvivier, qui depuis trouva la mort à Paris dans les tristes journées de juin 1848. On s'attendait à voir les Agave qui avaient été épargnés fleurir l'été suivant, mais il n’en fut rien; aucun d’eux ne poussa de hampe. Que vous semble, mon cher confrère, de cette expérience de physiologie végétale exécutée sur une grande échelle par un bataillon de zouaves? C’est peut-être la seule fois que ces impitoyables coupeurs d'arbres auront servi la botanique sans le savoir. Mais le fait constaté par un officier instruit ne vous paraît-il pas décisif? N’est-il pas probable que chaque fois qu’un Agave fleurit, c’est qu’une cause visible ou invisible a arrêté l’essor de sa végétation ? Lorsque nous avons vu, dans le Jardin-des-plantes de Montpellier en 1857, fleurir trois rejetons un an après la mort de la plante-mère (1), d’autres fleu- rir à Langaran la même année que leur mère, ne serait-ce pas que celle-ci leur avait enlevé, en poussant sa hampe, une partie de la séve qui les alimen- tait auparavant? L'appel de la séve vers la hampe, qui produit l’amincissement et la prostration des feuilles, détermine donc souvent la floraison des rejetons. Quand des A gave fleurissent près des gouttières de descente des toits, à la suite des pluies trop abondantes, ne serait-ce pas que ces plantes, si vigoureuses dans les terrains les plus secs, souffrent de cet excès d'humidité? ‘Toutes ces observations concordent, et je prévois le temps où l'on pourra faire fleurir à volonté un Agave adulte en diminuant la force de sa végétation par des mu- tilations bien combinées. J'espère être en état, dès l'été prochain, de vous faire connaître le résultat des expériences que j'ai commencées sur ce sujet. M. J. Gay fait remarquer que c’est sans doute parce qu’en 1857, lors de la session tenue à Montpellier, 1l s’est occupé de la floraison des Agave, que M. Martins lui a adressé personnellement cette lettre, M. le docteur Paul Sagot, ancien chirurgien de la marine, fait à la Société la communication suivante : EXPLICATION PHYSIOLOGIQUE DE LA MAUVAISE VÉGÉTATION DES LÉGUMES DES PAYS TEMPÉRÉS SOUS L'ÉQUATEUR. — CARACTÈRE GÉNÉRAL DES PRODUITS VÉGÉTAUX DES DIVERS CLIMATS, par M. Paul SAGOT. En mars 1860, j’eus l'honneur de remettre à la Société botanique une (4) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 616. 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. notice sur la culture des plantes potagères d'Europe à la Guyane, que la Société impériale et centrale d'Horticulture aÿait bien voulu publier dans son Journal, et dont j'avais fait tirer à part quelques exemplaires. Je reviens aujourd’hui sur le même sujet, mais pour le considérer à un nouvesu point de vue. J'avais, dans ce premier travail, exposé simplement les faits; je me propose maintenant d’en tenter l'explication physiologique. J'espère y réussir et développer devant vous des propositions générales et importantes de physio- logie végétale et de géographie agricole. Je vous rappellerai d’abord très sommairement les faits. Les légumes des pays tempérés sont d’une culture difficile sous l'équateur : plusieurs refusent absolument d’y réussir, la Lentille, l’Oignon, l’Artichaut, la Fève-de-marais, par exemple; d’autres, comme seraient le Chou, le Haricot, la Ciboule, tout en y donnant des produits assez satisfaisants, v exigent beaucoup plus de soins qu'ils n’en réclament en Europe. Tous demandent une terre absolument jar- dinière, très fumée et très ameublée; pendant la sécheresse ils veulent être arrosés tous les jours, et, pendant les pluies, l'écoulement facile des eaux sur- abondantes doit être assuré par la disposition et l’exhaussement des carreaux; l'ombre d’un arbre voisin leur fait un grand tort, et ils ne peuvent supporter ni la moindre soustraction de lumière, ni le mélange avec les plantes équa- toriales, dont la puissante végétation les étoufferait. Leur développement, sous ces cieux nouveaux, à quelque chose d’anomal et de déréglé; la durée de leur évolution est abrégée d’un quart, d’un tiers même; les feuilles sont pâles, petites, molles, les racines faibles et peu développées. Plusieurs ne fleu- rissent pas, comme l'Oseille, le Chou, le Persil ; d’autres, qui donnent quel- ques fleurs, grainent peu ou point, le Petit-Pois, la Fève-de-marais. La saison sèche, pourvu qu’on arrose, est plus favorable à leur culture que la saison des pluies. Si l’on s'éloigne de l'équateur de 12 ou de 14 degrés, comme en se portant de Cayenne aux Antilles, on voit la végétation des légumes devenir beaucoup plus facile. É Voilà les faits, arrivons à l'explication physiologique : considérons successi- vement une plante (non pas une espèce botanique déterminée, mais un végé- tal en général, une plante abstraite en quelque sorte) croissant dans les pays tempérés, puis sous l'équateur, et rendons-nous compte de la manière dont elle accomplit les phénomènes de végétation sous l’un et l’autre climat. Pays tempérés : Elle pousse, suivant les saisons et les lieux, par une tem- pérature moyenne de 10, 15, 20 degrés, avec des écarts considérables entre les maxima et les minima du thermomètre. En raison de ces variations consi- dérables, du mouvement des vents et des moindres pluies de ces climats, l'air est sec ou du moins n’a qu'une humidité latente médiocre et fort inférieure au point de saturation ; une lumière abondante, conséquence d’un ciel plus pur et aussi, quoique à un moindre degré, de la longueur des jours, est versée sur la terre et favorise l'exhalation de vapeur d’eau par les feuilles et l'accom- SÉANCE DU 14 Mars 1862. 149 plissement des actes chimiques de la nutrition végétale, Dans ces conditions, la plante évapore beaucoup d’eau par son feuillage, et, comme cette eau exhaléce est sans cesse remplacée par de l’eau puisée dans le sol par les racines, la séve ascendante, avant d'être organisée dans les pousses, éprouve une concentra- tion considérable ; la plante forme un tissu moins aqueux, plus serré, plus ferme et aussi plus riche en matière azotée, car l'humidité prise dans le sol est généralement plus abondamment fournie de matériaux alibiles carbonés que de principes azotés, et de l'acide carbonique peut être exhalé dans l’expi- ration des feuilles, ce qui ne saurait avoir lieu pour les nitrates. Pays équatoriaux : La chaleur moyenne est de 27 à 28 degrés, et l’écart des imaxima et des minima est très faible; l’atmosphère est chargée d’une humidité latente énorme, conséquence des pluies incessantes et de l’uniformité de la température; la lumière solaire est moindre en raison de l'abondance des nuages et de la demi-vapeur qui règne de dix heures à deux heures, même dans les beaux jours, en raison encore, mais à un moindre degré, de l'égalité des jours et des nuits. Dans de telles conditions, la végétation est rapide et puis- sante, mais elle organise des sucs bien moins concentrés; le feuillage ne pou- vant pas exhaler beaucoup d’eau, les matières alibiles puisées dans le sol res- tent en solution très diluée, et, les matériaux carbonés prédominant sur les matériaux azotés, la plante forme plus de ligneux, mais relativement peu d'albumine végétale. Ainsi, Climats tempérés : Chaleur et humidité modérées, lumière abon- dante; végétation plus humble, mais produits végétaux moins aqueux et plus riches en albumine. Climat équatorial : Chaleur et humidité excessives, lumière moindre ; végétation plus puissante, mais produits végétaux plus aqueux et plus pauvres en albumine végétale relativement au poids du ligneux. J'ai dit que je comparais, sous l’un et l’autre climat, non une même plante, mais une plante en général; en effet, il ne faudrait pas croire que la même espèce botanique puisse, dans l’une ou l’autre région, former des tissus d'une composition chimique différente. La composition chimique, comme la forme, est intimement liée à la vie : elle ne peut varier que dans de fort étroites limites au delà desquelles la vie cesserait. C’est dans les plantes différentes de l’une et de l’autre zone, considérées, non dans une seule espèce, mais dans la somme générale des espèces, que cette diversité de composition se constate, et c'est précisément parce que ces végétaux ont une organisation et une com- position chimique différentes que les uns sont adaptés à un climat, les autres à un autre. Revenons à nos légumes d'Europe, rustiques dans les pays tempérés, déli- Cats et exigeant tant de soins sous l'équateur. Ils souffrent à la Guyane, et d’une lumière insuflisante (insuffisante surtout relativement à la chaleur), et d'une atmosphère trop humide qui s'oppose à la juste transpiration de leurs 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles. C’est pour cela qu'ils viennent mieux, pourvu qu'on les arrose, dans là saison sèche où le soleil paraît tous les jours et où l’air est un peu moins humide; c’est pour cela qu'ils souffrent gravement de la moindre soustraction de lumière, et que le voisinage d’un arbre qui projette sur eux quelque om- brage, quand même ses racines n'arrivent pas jusqu'aux carreaux où ils poussent, leur porte un préjudice irréparable. C’est pour cela que leurs feuilles sont aqueuses, molles, pâles, petites et comme légèrement étiolées; que l’évolution de la plante est précipitée, irré- gulière, souvent incomplète. C’est pour cela qu’ils demandent un sol bien plus fumé et plus riche qu’en Europe; car, ne pouvant, par l’exhalation des feuilles, porter à une juste con- centration les substances nutritives que l’eau puisée dans ce sol contient à un état de grande dilution, il faut que ces substances se trouvent dans le sol en grande abondance. rest pour cela que plusieurs plantes potagères ne fleurissent pas, car la flo- raison, dans beaucoup de plantes, suppose un développement antérieur par- “fait des feuilles, une accumulation, dans les feuilles, la racine ou les bour- geons, de sucs nutritifs tenus en réserve et destinés à fournir à l’évolution de Ja fleur et de la graine. Ce qu’on appelle à la Guyane le coup de soleil, qui tue fréquemment la Tomate, le Navet, l’Aubergine, est proprement une suffocation par une humi- dité excessive, la désorganisation des racines par une imbibition exagérée d’eau. Le soleil n’a pas causé le mal, il le met en évidence, parce que, lors- qu'il vient à luire après les grosses averses, les feuilles, sous son influence, jaunissent et se flétrissent, ne recevant plus de séve des racines qui sont désor- ganisées. Ce coup de soleil, en effet, ne se produit pas dans la saison sèche où Le soleil luit tous les jours, mais après de grosses pluies. Toutes les fois que j'ai arraché des plantes qui en étaient frappées, j'ai trouvé les racines pour- ries ; le mal datait de la pluie, mais il n’était devenu apparent que lorsque, les rayons du soleil venant à paraître, les feuilles s'étaient flétries. Il n'est pas plus difficile de comprendre pourquoi les plantes équatoriales végètent mal et lentement dans l'été des pays tempérés et même dans la région désertique. La cause en est sans doute en partie dans une chaleur insuffisante, mais elle est peut-être plus encore dans une humidité atmosphé- rique insuffisante. Aux Canaries, en Égypte, dans le Grand-Désert, le Bana- nier, l’Ananas et une foule d’autres plantes de nos colonies n’ont pas une bonne végétation où même né viennent pas. Le Bananier, aux Canaries même, comme je le tiens de mon ami le docteur Pérez, connu de plusieurs membres de votre Société, exige une culture jardinière, un terreau abondant et des arrosements réguliers. J'ai osé affirmer cette proposition générale : Beaucoup de lumière, humi- dité médiocre, végétation humble, produits végétaux riches en albumine ; SÉANCE DU 14 MARS 1862. 451 beaucoup de chaleur et d'humidité, lumière moindre, végétation luxuriante, mais produits végétaux pauvres en albumine relativement au poids du ligneux. Je puis vous assurer que tous les faits agricoles convergent vers la démons- tration de cette assertion, qai me paraît un beau et grand théorème de physiologie et de géographie végétales. Il serait beaucoup trop long de les énumérer, je me bornerai à vous en présenter quelques-uns. Faits agricoles pris dans le climat équatorial. — La végétation arbores- cente prédomine ; le pays est, pour ainsi dire, une forêt. Les fleurs apparais- sent bien plus rares que dans les pays tempérés ou dans les pays chauds et secs. Les céréales propres aux pays chauds n’ont qu’un rendement un peu faible et inégal. Le Maïs, le Sorgho (grand Couscous ou Dourra) ne sont pas, sous l'équateur, des plantes alimentaires principales, comme dans les contrées juxtatropicales. Le Riz rend en grain, sur une même surface, moins que dans des climats plus riches en lumière. Les Légumineuses qui, dans les pays chauds, remplacent nos Haricots et nos Pois, Pois de sept ans, Phaseolus lunatus, Pois-Chiche, Dolichos sphœ- rospermus, Pois d’Angole, Cajongi ou Ambrevade, Cajanus flavus, Pois- Boucoussou (Guadeloupe), Z.ablab vulgaris, ont un rendement inférieur à celui des Légumineuses nutritives des pays tempérés, Le rendement forestier des arbres est, au contraire, sous l'équateur, beau- coup plus considérable que dans le nord ; un arbre de cinq ans y a la force d'un arbre de vingt dans nos climats ; et, en comparant, non le produit d’une année, mais celui d’un semestre (puisque dans le nord la végétation n'est en activité que pendant six mois), on trouve toujours un produit au moins double. Les racines farineuses et les fruits que l’agriculture équatoriale fournit en grande abondance ne sont que d’une nature nutritive assez faible. Le Manioc, la Patate, l’Igname, la Banane, ne sont pas des substances très riches en albu- mine; leur pourriture, quand ils se corrompent, n’est pas très fétide, leur combustion sur les charbons n’exhale pas une odeur de corne brûlée qui révèle la richesse en azote ; les hommes de sang blanc qui les font entrer pour une trop forte part dans leur alimentation souffrent dans leur santé. Les hommes des pays chauds mais plus secs et plus lumineux que la Gayane, comme les Hindous, se plaignent qu'ils ne sont pas assez nourrissants. La valeur alimentaire de l’herbe est faible ; le pâturage des savanes et même des cultures d’herbe entretient faiblement le bétail. On est obligé, à Cayenne, de donner aux chevaux que l’on soigne une partie de leur ration en foin d'Europe, Parini les savanes, quelques-unes seulement, celles en particulier qui sont situées au bord de la mer, semblent porter de bon fourrage. La valeur alimentaire des herbes qui croissent sur les terres médiocres et fatiguées est presque nulle. Sur des terres épuisées que j'ai trouvées par 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'expérience incapables’ de donner, même après une façon à la bêche, une récolte tant soit peu satisfaisante de Maïs et de Pois-Chiches ou même de Manioc et de Patates, croissent spontanément de hautes herbes touffucs qui atteignent un mètre, mais ces herbes sont si pauvres en azote, que non-seule- ment le bétail n’en veut pas, mais que, enfouies en grande quantité sous le sol, elles y servent à peine d'engrais. Dans les Graminées équatoriales, et surtout celles qui croissent dans les sols médiocres, les graines n’ont, par rapport à la tige et aux feuilles, qu'un poids relatif faible. Il est évident qu’en parlant des régions équatoriales, je n'ai en vue que les terres placées au niveau de la mer ou à une faible altitude; les plateaux situés entre 4000 et 2000 mètres, et surtout les hautes montagnes sont dans des conditions climatériques absolument différentes. Faits agricoles pris dans les climats tempérés. — Le foin d’une année très pluvieuse, même qüand il a été récolté par un beau temps, est peu nutritif, Le rendement des céréales, dans une année très pluvieuse, est faible; elles donnent plus de paille que de grain. (Cette proposition, comme plusieurs utres, ne s'applique pas au climat méditerranéen, ni surtout à celui du nord de l'Afrique, région naturellement très sèche et très lumineuse. Une année pluvieuse y est excellente, parce qu’elle rétablit un juste équilibre entre la pluie et l’action du soleil. ) Le produit de la Vigne et des arbres à fruit, après une aunée très plu- vieuse, est généralement faible, le bois est mal préparé, comme disent les jar- diniers, les bourgeons à fleur se montrent en petit nombre, et beaucoup de fleurs coulent, beaucoup de jeunes fruits tombent, sans que les intempéries de l’année actuelle en donnent la raison. Dans les climats tempérés, et plus encore dans la région alpine et dans la zone méditerranéenne, on observe dans les plantes une grande puissance des racines relativement aux feuilles, et relativement aux feuilles un poids con- sidérable des graines. L'Égypte est le pays da monde où le Blé et les habitudes de l’agriculture européenne pénètrent le plus loin au sud. L'herbe sauvage des climats chauds mais très secs est courte, mais très nourrissante, La soustraction d’une certaine quantité de lumière par le voisinage de groupes d'arbres est préjudiciable, dans nos jardins de France surtout, aux Haricots et Pois, plantes qui fournissent un rendement considérable de graines très azotées. C’est surtout dans la région méditerranéenne que l’on peut sans inconvé- nient planter dans les champs des arbres et de grands arbustes. Dans les jardins du midi de l'Espagne et du nord de l'Afrique, l'irrigation SÉANCE DU 14 MARS 1862, 153 suffit en quelque sorte aux légumes, et permet de les obtenir dans un sol qui n’est pas très richement fumé. Les faits et les considérations que nous avons exposés nous conduisent à apprécier, par quelques propositions courtes, mais fertiles en déductions inté- ressantes, la nature si diverse d'action qu’exercent sur les végétaux la chaleur, la lumière et l'humidité. La chaleur nous apparaît avant tout comme une condition de développement. A partir d'un minimum déterminé, + 5, 8, 10, 15 degrés, telle ou telle espèce commence à végéter; quelques degrés au-dessus de ce minimum, à 12, 20, 27 degrés, la végétation s’accomplit le mieux et avec le plus d’acti- vité; mais, quelques degrés de plus encore, et un effet inverse se produit, la plante souffre de l’exagération du calorique ou même meurt. Sans sortir de notre France, et pour citer des espèces qui nous soient familières, ne voyons-nous pas la Mâche (Valerianella olitoria), l'Oignon, le Petit-Pois, le Blé refuser, dans les chaleurs de l’été, de pousser normalement. En général, la chaleur accélère l’évolution végétale, la chaleur humide surtout. La chaleur humide incite la plante à produire des organes nouveaux aux dépens des sucs que son tissu tenait en réserve; c’est pour cela qu’en horticulture on fait enraciner les boutures à la chaleur douce d’une tannée, dans un air confiné extrêéme- ment humide et sous une lumière affaiblie. La chaleur sèche brûle et dessèche les plantes dont l'organisation n’est pas destinée à supporter les climats déser- tiques, plantes du nord, plantes équatoriales ; la chaleur humide étiole les végétaux qui ne sont pas organisés pour un tel climat, plantes du nord et plantes du désert. La lumière exerce surtout son influence sur les actes d’assimilation; c’est au concours de cette grande force physique que le végétal doit de pouvoir décomposer l'acide carbonique, opérer la combinaison du ligneux et celle des substances quaternaires, opérations chimiques prodigieuses, qui laissent loin derrière elles les réactions de nos laboratoires. Plus de chaleur et la plante pousse plus vite; plus de lumière et elle pousse plus grande, plus verte et graine plus abondamment. C’est parce que la lumière intervient surtout dans l'assimilation qu’elle est inutile à la germination, où la plante ne fait qu'utiliser pour le développement d’organcs nouveaux des sucs tenus en réserve dans les cotylédons et le périsperme ; qu'elle est au contraire de la nécessité la plus majeure et exerce sa plus hante influence dans cette période d'assimi- lation où la plante développe ses racines et ses feuilles, période ou non-seule- ment la lumière est absolument nécessaire, mais où le degré et la quantité de la lumière influent si puissamment sur la quantité de développement et le rendement agricole. La lumière est donc non-seulement une condition, mais un agent de la végétation ; comme nous le faisait remarquer M. le professeur Gavarret: elle est utilisée comme force, elle s'éteint dans la plante, et les rayons réfléchis émanés de feuilles vertes ne s’impriment pas en photographie. 454 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Tout végétal qui reçoit une lumière insuffisante, quelque riche que soit le sol, quelque favorable que soit la température, pousse chétif, étiolé, graine peu ou point. Je ne parle évidemment que des Phanérogames ; quelques classes de Cryplogames ont des conditions de développement différentes. On voit plusieurs Cryptogames pousser dans l'obscurité, Il y aura à rechercher si elles n’empruntent pas à quelque degré, à une décomposition chimique actuelle des matières au milieu desqueiles elles croissent, le concours de force physique que d’autres plantes empruntent à la lumière, et si ce n’est pas pour cela que le bois pourri, les feuilles mortes, sont si favorables à leur développement. L'humidité incite l'évolution végétale, mais, au delà du point où elle est utile à chaque espèce, elle nuit. Exagférée et soutenue trop longtemps, elle fait beaucoup de mal et porte aux récoltes un grand tort. La sécheresse, qui se lie nécessairement avec une surabondance de lumière, donne d’abord aux plantes une certaine fermeté et une belle verdure; trop vive et trop pro- longée, ele nuit beaucoup, arrête les pousses, fait sécher les fleurs, réduit les rendements agricoles ; poussée à l’extrême, elle fait périr les plantes. La juste proportion de lumière et d'humidité, jointe à la température qui convient à chaque espèce, est la condition du parfait développement, mais il n’est guère de climat, ni d'année, qui présentent des conditions si favorables. L’alternative de périodes courtes de lumière et de sécheresse, puis d'humidité, est encore une bonne condition de végétation, et dens nos climats tempérés elle est la constitution la plus fréquente de nos bonnes années agricoles. Après deux ou trois semaines de beau temps et de séchéresse, des pluies venues à propos déterminent une pousse vigoureuse et réparent pleinement le tort et le retard que les récolles avaient paru éprouver ;, elles ne sauraient le réparer si la sécheresse avait été plus prolongée. J'ai remarqué avec intérêt que, dans des années très sèches, l’arrosement régulier des jardins potagers ne pouvait pas remédier complétement au dommage que les légumes ressentaient, et que la moindre pluie naturelle avait une tout autre efficacité que lui. M. Alph. De Candolle, dans sa remarquable Géographie botanique, fait observer qu'il est difficile de séparer l’action de la lumière de celle de la chaleur, parce que les rayons solaires directs, qui ont la plus haute intensité lumi- neuse, échauffent en même temps les végétaux. Cela est vrai dans nos climats, mais, sous l’équateur et dans les basses montagnes des pays chauds, nous trouvons des climats très chauds et médiocrement éclairés. Dans nos cultures artificielles, les serres chaudes nous montrent encore une chaleur élevée avec une lumière médiocre. En observant la végétation s’accomplir dans de telles conditions, on se rendra facilement compte de la profonde diversité d'action de la chaleur et de la lumière. Que dans une serre chaude on s'amuse à cultiver dans un pot rempli de très bonne terre quelque plante avide de lumière, on la verra venir misérable. M. de Gasparin, dans la théorie agricole des climats, qui termine son SÉANCE DU 14 Mars 1862. 155 grand ouvrage, livre si complet, si précis et si plein de considérations philo- sophiques profondes, affirme quelques propositions semblables à celles que je vous développe. L'abondance des produits végétaux riches en albumine et celle des produits oléagineux lui paraissent liées avec la richesse de l'illumina- tion solaire; mais l’illustre auteur, qui n’a pas suivi la végétation au delà des régions chaudes et sèches jusque dans les régions chaudes et humides, n'a pu avoir sous les yeux cet ensemble des faits qui jette tant de jour sur la nature d'influence de la lumière, de lhumidité et de la chaleur. Moi-même je suis loin d’avoir vu un nombre suffisant de climats, et je dois regretter de n'avoir pu observer la végétation sur les hautes montagnes et dans les régions désertiques ; la Société compte dans son sein des botanistes qui ont visité les unes et les autres, et elle peut espérer d'eux d'intéressantes obser- vations. L'étude des régions chaudes et sèches me semble, je l'avoue, devoir compléter, à béaucoup d’égards, la théorie agricole des climats. Les légumes d'Europe, en été du moins, n’y viennent peut être pas mieux que sous l’équa- teur, mais probablement pour des raisons fort opposées; il est vraisemblable qu'ils y souffrent d’une expiration exagérée des feuilles, et que l’arrosement même assidu peut difficilement leur donner une belle pousse et un frais feuil- lage. Les formes végétales si remarquables du désert, ces tiges dures et rameuses, ces feuilles petites et facilement caduques, ces puissantes racines qui pénètrent au loin dans le sol, répondent à des besoins physiologiques, comme dans d’autres contrées l’épiderme épais des Cactus et des Agave, et la structure des plantes bulbeuses du Cap. L’herbe du désert paraît nourrissante, et je vois que ceux qui ont traversé le Sahara pour pénétrer jusqu'au pays des nègres, ont remarqué que les animaux, dans les hautes herbes des.savanes intertropicales, pâturent avec moins d’avidité que dans le désert et s’alfai- blissent, Le Sénégal, dont le. climat se ressent du voisinage du Sahara, offre pour le bétail des ressources que la Guyane ne présente pas. J'ai vu des moutons sénégalais dépérir à Cayenne, ou tout au moins n’y conserver de la vigueur que dans des localités particulières et favorisées. L'été du désert et du Sénégal exerce bien aussi une influence fâcheuse sur les troupeaux, mais il semble que les maladies qu'il détermine ne sont pas celles que provoque la chaleur humide de l'Amérique équinoxiale. De plus longues considérations sur ce sujet nous feraient sortir du domaine de la botanique. Je terminerai en vous faisant remarquer que les observations récentes des physiciens sur la plus grande absorption des rayons caloriques et lumineux dans un milieu saturé de vapeur d’eau, sont en pleine concordance avec les faits que j'ai mis sous vos yeux. M. Duchartre dit : Qu'il a entendu avec beaucoup d'intérêt la communication de M. Sagot, 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais qu'il ne paraît pas exister de données bien précises sur les différences d'intensité lumineuse que peuvent présenter les pays équatoriaux et les pays tempérés ; et que l'influence attribuée par M. Sagot à ces différences, sur les développements imparfaits de nos légumes dans la zone torride, lui semble un peu exagérée. M. Sagot répond : Que l'impression naturelle de la lumière sur la vue lui a paru établir très nettement qu’à la Guyane l'atmosphère est moins limpide et moins transpa- rente qu'en Europe; que les expériences modernes des physiciens établissent qu’un mnilieu chargé de vapeur d’eau absorbe beaucoup plus de rayons lumi- neux et caloriliques qu’un milieu qui n’en contient pas; et qu’enfin les photographes ont déjà remarqué que les épreuves s’impriment plus lentement et moins nettement dans les contrées voisines de l'équateur. Le peu de trans- parence de l'air dans la région torride est encore établi, selon lui, par ce fait si curieux, que la température d’un jour serein n’y dépasse que de 3 ou 4 degrés celle d’un jour sombre. M. Sagot fait remarquer qu’il n’en serait pas ainsi dans le cas où l’atmosphère laisserait passer librement les rayons calori- fiques, et demande s’il n’est pas vraisemblable qu’elle retienne aussi quelques rayons lumineux, M. Ducharire dit : Que, même en admettant qu'il v ait une différence dans l'intensité lumi- neuse, il ne faudrait pas lui attribuer une trop grande importance ; que la transpiration, qui augmente avec la température, paraît moins sensible à l’action de la lumière, bien que les expériences de Guettard aient établi qu’elle éprouve, sous cette dernière influence, une différence, mais une différence assez faible. M. Dachartre ajoute que la haute température du climat de la Guyanc pourrait compenser l'effet de la grande humidité de l'air, et permettre aux plantes d’évaporer une assez grande quantité d’eau par les feuilles; que, d’ailleurs, ces plantes pompant abondamment dans le sol une eau peu chargée de matières azotées et carbonées, le rôle de l’humidité consi- dérable qui imprègne ce sol pourrait entrer pour beaucoup dans l'explication des faits signalés par M. Sagot. M. Sagot répond que la très lente dessiccation des plantes re- cueillies et des fleurs coupées prouve matériellement combien les végétaux évaporent lentement leur humidité à la Guyane. M. Duchartre est d’avis qu’il ne faut pas généraliser le fait de la production faible et inégale des graines dans les pays appartenant àla région équatoriale, puisqu'on sait par exemple que, dans la SÉANCE DU 1/4 MARS 1862. 157 Colombie, le Maïs, semé dans les cendres d’une forêt brûlée, peut donner un rendement de 500 à 600 grains pour un. M. Sagot répond que la Colombie est un pays dont le climat est aussi chaud, mais plus sec que celui de la Guyane, et qu’à la Guyane le Maïs ne rend beaucoup que dans les terres basses, humides, et pendant la saison sèche. M. Gubler rappelle qu’il faut tenir compte de ce fait que Ja lumière solaire contient des rayons lumineux et calorifiques qui agissent simultanément, et que par conséquent il faudrait faire intervenir dans les expériences les propriétés des corps diather- manes. À propos du Maïs semé dans les cendres des forêts brûlées, M. Garousse dit que les Orges et les Seigles donnent de beaux pro- duits en Normandie, sur les terres amendées par les cendres des Bruyères et des Genèêts. M. Éd. Bureau ajoute qu'en Bretagne cette pratique est très répandue. M. Gubler dit qu’il se propose de soumettre à la Société quelques observations swr la nécessité d’une réforme dans la détermination des espèces. L'heure avancée de la séance ne lui permettant pas d'entreprendre la lecture de son travail, il se contente de mettre sous les yeux de ses confrères deux exemples à l’appui de la thèse qu'il soutient contre les partisans de la multi- plication indéfinie des types spécifiques. Dans l’un de ces exemples (relatif au Æanunculus aquatilis), il fait voir l'influence de la saison sur les dimensions de la fleur. L'autre cas appartient au Ficaria ranunculoides, et M. Gubler démontre que le Ficaria calthi- folia Rchb. n’est qu’un état de géantisme de la Ficaire ordinaire. M. Gubler se réserve de donner ultérieurement la description détaillée de ces formes. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 28 MARS 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN, M. A. Gris, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 mars, dont la rédaction est adoptée. A l’occasion du procès-verbal, M. le docteur Paul Sagot présente les observations suivantes : Les études bibliographiques que je poursuis sur la climatologie et l'agro- nomie des pays chauds m'ont fait passer sous les yeux quelques documents intéressants sur l'élève du bétail dans les //anos de l'Orénoque et les campos du Brésil. 1ls confirment plasieurs des assertions que j'ai émises devant vous dans la séance précédente, Les /lanos de l'Orénoque, si bien décrits par Alex. de Humboldt (Voy. rég. equin.), sont placés entre la vallée du fleuve et la chaîne de montagnes côtière du Venezucla. Us ont un climat aussi chaud que celui de la Guyane, mais beaucoup plus sec, et conséquemment un ciel plus lamineux ; les nuées venues de l'Océan se déchargeant, soit sur les montagnes du littoral, soit dans les forêts de la vallée du bas Orénoque. Une herbe plus basse et plus rare que celle des savanes de la Guyane, y nourrit de nombreux troupeaux de bœufs et même des chevaux, animal qui souffre plus que le bœuf du climat équatorial. Les campos, qui occupent une si grande partie de l'intérieur du Brésil, présentent pour le bétail des conditions plus favorables encore; mais il faut reconnaître qu'une nouvelle cause vient exercer dans beaucoup de localités son influence ; c’est une altitude assez élevée pour que le climat soit sensible- ment plus frais. Aug. de Saint-Hilaire a décrit avec beaucoup d’exactitude et de charme les campos de Minacs-Geraes, leur ciel plus serein que celui de la côte, la végétation basse et en forte partie herbacée qui les décore. Les muletiers savent fort bien que, lorsque leurs animaux quittent ces régions pour tra- verser les forêts humides de la côte, ils souffrent dans leur santé et risquent souvent de périr, et que l'herbe qu'ils paissent dans les éclaircies des bois les nourrit faiblement. Aussi ne s’y engagent-ils qu'après avoir adressé leurs invocations à San-Joa0-dos-Campos. ’ar suite de la présentation faite dans Ja dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. RoGET DE BELLOGUET (Maurice), rue Saint-Dominique, 71, à Paris, présenté par MM. Decaisne et A. Gris. SÉANCE DU 28 MARS 1862. 159 M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Kirschleger : Flore d'Alsace, t. HET (3° partie). 2 De la part de M. Carbonneaux-Leperdriel : De l'Ergot de Froment. 3” En échange du Bulletin de la Société : Mémoires de la Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg, Lu VIII, 1861. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, fe- vrier 4862. Bulletin de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, fe- vrier 14862. L'Institut, mars 1862, un numéro. M. de Schænefeld, secrétaire général, annonce que S. Exc. M. le ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics a bien voulu, comme les années précédentes, accorder à la Société une subvention de 600 francs à titre d'encouragement. M. le Président propose à la Société de nommer une Commission chargée de donner son avis sur les plantes critiques ou nouvelles qui pourraient être envoyées à la Société. La Société adopte cette proposition. Une Commission est immé- diatement nommée : elle se compose de MM. Bescherelle, Cordier, Cosson, J. Gay, Grœnland, le comte Jaubert et Roussel. M. Durieu de Maisonneuve donne lecture de Pextrait suivant d’une lettre qui lui a été adressée par M. O0. Debeaux, pharmacien aide- major à l’armée expéditionnaire de Chine : LETTRE DE M. ©. DEBEAUX A M. DURIEU DE MAISONNEUVE. Shang-haï, 23 décembre 1861. . J'ai donc eu le loisir d'étudier cette année la végétation de deux loca- lités distantes de plus de 300 lieues en latitude, et de recueillir de nombreux spécimens de la flore de ces deux pays. La végétation de Tien-sin et de la plaine du Peï-ho est analogue à celle de Tché-fou, dans le Chan-tong, à l'exception toutefois de la flore montagneuse, qui est particulière au Chan-tong. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. + Sur les bords du Peï-ho et dans toute la plaine qui s'étend de Takon à Tien-tsin et de Tien-tsin à Péking, on rencontre une végétation uniforme et identique selon le degré d'humidité ou de sécheresse du terrain. A l’embou- chure du Peï-ho, et dans tous les lieux soumis à l'influence du voisinage de la mer, on rencontre les plantes littorales déjà recueillies à Tché-fou : Séatice, Convolvulus Soldanella?, Cyperus, Sonchus, Salsola, Atriplex, Chenopo- dina, et surtout un Xanthium très abondant, Ces espèces ne s’observent déjà plus à Tien-tsin. Sur les bords du Peï-ho on recueille en quantité : Ranuneulus (deux espèces dont l'une me paraît être le #?. sceleratus), Lepi- dium ruderale?, un Echinospermum, un Myosotis, un Nonnea, un Sisym- brium. Dans les lieux sablonneux secs, on trouve : Carex distans?, un Scorzonera, un Astragalus, un Digitalis, un Convolvulus, deux Potentilla, un Moricandia, Ricinus communis, etc., etc. La flore arborescente est représentée par le Æraxinus sinensis, le plus grand et le plus bel arbre du nord de la Chine, puis par le Sophora japonica et le Salix alba qui est abondant partout et acquiert une taille très élevée. Je n’ai vu d'arbres conifères que dans les jardins; ils viennent probablement des montagnes de la Mongolie. Ces arbres appartiennent aux genres Pinus (1 espèce), Zhuiïa (1 espèce), C'upressus (1 espèce). Dans les jardins, on cultive le Syringa persica, le Punica Granatum, le Nerium Oleander, V'Amygdalus communis à fleurs roses et doubles, et VAmygdalus Persica comme arbres d'ornement. J'ai trouvé peu de Cucurbitactes dans le nord (Takon et Tien-tsin). Je rapporte des graines d’une Bryone (?) grimpante, à fruits verts semblables à des cornichons, devenant rouges à la maturité, et des graines d’une Coloquinte. Lorsqu'on écrase le frait de cette Coloquinte pour en avoir les graines, il éclate avec détonation, et les graines en sont lancées dans toutes les directions. L'écorce étant très dure, il faut prendre des précautions pour ne pas être blessé par les éclats du fruit. La flore de Shang-haï offre un aspect tout à fait européen. Le territoire est coupé par de nombreux canaux, nécessaires pour l’arrosage des rizières el des champs de coton dont tout le pays est couvert pendant l’été. On trouve à Shang-haï une nombreuse flore palustre, dont voici les principaux représen- tants : Acorus Calamus, Lemna jol yrrhiza, Sagittaria sagittifolia, Hydro- charis Morsus ranæ, Myriophyllum verticillatum, Nymphæa Nelumbo, etc. Au bord des fossés aquatiques ou des canaux, on rencontre en quantité : Phragmites (2 espèces), Pulicaria (4 espèce), Aster (1 espèce) et l'ubiquiste Chrysanthemum sinense. Pour apercevoir quelques plantes non palustres, il faut visiter avec soin les nombreux tumulus qui s'élèvent dans la plaine. Au printemps, on rencontre sur ces tumulus un petit Androsace, puis quelques Labiées : Mentha, Bru- nella, etc., le Daucus Carota, quelques Æanunculus ét surtout une Gra- SÉANCE DU 28 Mars 1862. 161 minée du genre 2mperata qui abonde sur tout le littoral de la Chine, depuis Amoy (Fo-kien) jusqu’à ‘Tché-fou (Chan-tong). Autour des tumulus on rencontre en quantité, mais seulement à Shang-haï, le Vo/kameria japonica ou fœtida et une petite Aroïdée. La flore murale est représentée à Shang-haï par : Æumaria ou Corydalis (1 espèce), Galium (1 espèce), Urtica nivea, Broussonnetia papyrifera, Pteris (A espèce), Asclepias où Cynanchum (2 espèces), etc., etc. J’appelle surtout votre altention sur la rareté des végétaux cryptogames. A Tché-fou, après six mois de recherches nombreuses, je ne trouve que deux Lichens saxicoles, une Mousse (1) et une Fougère (Aspidium). Aux environs de Tien-tsig je ne rencontre aucune Cryptogame, et à Shang-haï je ne puis signaler qu’une: Fougère (Pteris) et trois Mousses, dont un Zarbula, un Hypnum, et le Bryum argenteum, tous les quatre sur les vieux remparts de la ville chinoise. A Hong-Kong la végétation cryptogamique est plus nom- breuse en espèces, mais seulement parmi les Fougères et les Lycopodiacées, familles propres aux pays tropicaux. Malgré mes recherches, je n’ai pu trouver les Sphéries que vous m’aviez principalement recommandées. Le nombre des végétaux est très restreint dans les provinces nord de la Chine, et il en est de même des espèces animales. Malgré de nombreuses recherches conchyliologiques, je n’ai pu rencontrer dans les provinces du (1) Note de M. Durieu de Maisonneuve. — Il existe au moins deux Mousses dans le territoire de Tché-fou. Il y a quelques mois, M. Debeaux voulut bien m'envoyer dans une lettre un pulvinule de sa plante, d’un centimètre carré à peine. J’y reconnus un très petit Trichostomum, assez difficile à déterminer, et qui, peut-être, est nouveau; je ne l’ai pas encore suffisamment étudié. Mais, en examinant à la loupe l’ensemble de cette Mousse, j'aperçus, parmi ses tiges pressées, des feuilles qui ne paraissaient pas lui appartenir. Ayant dégagé avec précaution cette production étrangère, je parvins à retirer une tige d’Archidium en bon état et munie d’une capsule à point. Je pus extraire de même quelques autres tiges également fructifères. Le nombre des espèces décrites de ce singulier genre étant très borné, je crois avoir constaté que la Mousse chinoise est nouvelle; toutefois, mes matériaux étant encore insuffisants pour permettre de donner une diagnose rigoureuse de cette espèce, je vais me borner, en la signalant, à indiquer les caractères les plus saillants qui la distiguent de ses congénères. ARCHIDIUM SINENSE. — Très distinct de l'A. alternifolium Schimp. (4. phascoides Brid.) par ses feuilles disposées autour de la tige et rapprochées, non distiques et écartées, par les feuilles périchétiales plus larges à la base, moins longuement subulées, munies d’une plus forte nervure, et surtont par ses capsules latérales. Il diffère éga- lement de l’A. capense Hornsch. par ce dernier caractère qui, d’autre part, le rapproche des À, ohioense Schimp. et 4. laterale Bruch, chez lesquels la capsule est aussi latérale ; il se distingue du premier par l'épaisseur de ses rameaux, du second par la forte nervure de ses feuilles, et de tous deux par ses feuilles périchétiales extérieures bien plus courtes que les intérieures, ne dépassant pas ou dépassant peu la capsule, tandis que toutes les feuilles périchétiales dépassent longuement la capsule dans les autres espèces. L’A. Sinense paraît plus voisin d’une espèce algérienne encore inédite (4. Duriæanum Schimp.) dont il a presque les feuilles caulinaires; mais, dans celle-ci, outre le caractère Pr gs que je viens de mentionner, la capsule est terminale comme dans l'A. allerni- olium. Récolté par M. le docteur 0. Debeaux, à Yan-taï près Tché-fou (nord de la Chine), le 11 mars 1861. T. IX. . 4162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ghan-tong et du Petchili que 2 espèces du genre //elix, 3 espèces du genre UÜnio, 2 espèces d’Anodonte et 1 de Cyrène. N'est-ce pas là une pau- vreté relative, qui indique suffisamment que les animaux mollusques, comme les plantes, ne trouvent pas sur ce sol les conditions nécessaires à leur existence ? J'ai visité ces jours derniers mes collections botaniques, faites depuis le commencement de l'expédition, et je les ai trouvées dans le meilleur état de conservation. J'ai conservé des graines de toutes les espèces dont j’ai pu avoir des fruits mûrs. M. Éd. Bureau fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LES BIGNONIACÉES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, par M. Édouard BUREAU. La Nouvelle-Calédonie était restée jusqu’à ces derniers temps à peu près inconnue sous le rapport botanique. Depuis quelques années, plusieurs bota- nistes zélés, parmi lesquels on doit citer au premier rang MM. Vieillard et Pancher, ont exploré soigneusement ce pays si dangereux à parcourir, et ont fait parvenir en France des collections précieuses qui permettent désormais de se faire une idée assez exacte de sa flore. M. Brongniart, qui à étudié ces matériaux avec l’aide de M. Gris, a déjà entretenu plusieurs fois la Société des types végétaux les plus remarquables rue présente cette Île. Amené par les recherches que je fais en ce moment examiner les Bignoniacées de la Nouvelle-Calédonie, j'ai pensé qu'il ne erait pas inopportun d’en dire ici quelques mots comme appendice aux com- munications si intéressantes de M. Brongniart. Il n'existe dans les herbiers récoltés à la Nouvelle-Calédonie que trois espèces rentrant dans la famille des Bignoniacées, et ces espèces appartiennent à trois genres différents. , La première n’est autre chose que le Spathodea Rheedii Wall., espèce de la côte de Malabar, de Timor et de Rawak, que l’on ne devait guère s'attendre à rencontrer aussi loin des localités déjà connues. Elle a été trouvée à Balade, par M. Vieillard, et porte dans sa collection le n° 1001 (Mus. de Paris et Mus. des colonies). La seconde est un 7ecoma de la section Pandorea, section propre à la Nouvelle-Hollande. C’est une espèce qui paraît nouvelle : elle ne pourrait être confondue qu'avec le Tecoma ochrozantha Kih. et Bouché (Znd. sem. Hort. berol. 1847), auquel elle paraît ressembler beaucoup; mais ce dernier a, d’après la description citée, des feuilles très entières, ovales-oblongues, en coin à la base et des grappes d'environ six fleurs, caractères qui ne se SÉANCE DU 28 MARS 1862. 163 trouvent pas dans l'espèce de la Nouvelle-Calédonie. Voici la description de cette dernière : TECOMA (Pandorea) AUSTRO-CALEDONICA. T. sarmentosa, glaberrima, foliis imparipinnatis, 2-3-jugis, superioribus 3-foliolatis; foliolis latissime ellipticis, obtusis, sub acumine sæpe 2-4-den- tatis, interdum fere rotundatis; paniculis terminalibus e cymis oppositis compositis, 15-20-floris ; floribus minimis, dimidio minoribus quam flores T. australis. Frutex sarmentosus, scandens, glaberrimus, ramis teretibus striatulis. Folia opposita, simpliciter imparipinnata, 2-3-juga, superiora 8-foliolata. Foliola 2 1/2-3 centim. longa, 1 1/2-2 centim. lata, lateralia sessilia aut vix in petiolulum attenuata, impar vix majus longe petiolulatum, omnia late elliptica, interdum fere rotündata, sæpe sub apice obtuse 2-4-dentata, cæterum integra, margine (in sicco tamen) revoluta, apice subacuminata obtusa, inferne punctulata et præterea notata passim glandulis punctiformibus in paren- chymate depresso foveolatis, primum membranacea, demum subcoriacea, supra lucidula. Petiolus communis superne petiolulusque folioli terminalis paululum marginati. Inflores- centia terminalis, cymis in paniculam dispositis instructa, circiter 13-20-flora, foliis sæpe intermixla, secus ultimos ramos puberula. Florés minimi, 4 centim. longi. Calyx alabastri campanulatus, floris fere cupulatus, margine ciliatus, 5-lobatus, lobis nervo medio apiculatis. Corolla campanulata, tubo extus glabro, intus parte antica barbato, limbo utrinque densissime puberulo, obtuse 5-lobato. Stamina imo tubo inserta, 4 fertilia didynama, filamentis arcuatis, basi pilis capitatis brevissimis discrete conspersis, cæterum glabris, antheris 2-locularibus, glabris, loculis ovatis divaricatis, quinto postico sterili, brevi, filiformi, capitato. Ovarium ovatum, pilis capitatis brevissimis discrete conspersum, aliis insuper paucis rectis simplicibus 2-ordinatis additis, disco carnoso planiusculo impo- situm, biloculare. Placentæ in utroque loculo 2, longitudinales, ovula numerosa quincun- cialia circiter 6-7 sericbus, id est in utroque loculo 12-14 seriebus ordinata, anatropa, horizontalia gerentes, medio septo nudo. Stylus filiformis glaber. Stigma bilamellatum, lamellis subrhombeis obtusis glabris. Fructus ignotus.— Montagne de Balade. M.Vieillard, n° 1002. (Mus. paris. et Mus. colon.) Nous devons encore à M. Vieillard la troisième espècé de Bignoniacées de la Nouvelle-Calédonié. Cette espèce constitue un genre nouveau, qui à été publié récemment (1) par M. Vieillard lui-même, sous le nom de Deplanchea. M. Vicillard, tout en signalant l’affinité de ce genre avec les Bignouiacées, l’a placé provisoirement à la suite des Verbénacées. J'ai eu l'occasion d'analyser quelques boutons et une bonne fleur du Deplanchea, et je me suis assuré qu’il appartient incontestablement à la famille des Bignoniacées. On peut aussi regarder comine certain que cette plante, bien que son fruit ne soit pas Connu, ne doit pas entrer dans la tribu des Eubignoniées, comprenant les Bignoniacées dont le fruit a la cloison parallèle aux valves. Ses feuilles simples et ternées la rapprochent beaucoup des Catalpa, tandis que son calice épais et coriace, ainsi que la forme de son disque, la rattachent aux Zecoma et aux Delostoma, tous genres appartenant à la tribu des Técomées. 11 est donc à (1) Étude sur Fe genres OxERA et DEPLANCHEA, par M. Vicillard, médecin de la Marine, membre de la Société Linnéenne de Normandie, ete. Extrait du VII® volume du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie. Caen, 1862. 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peu près sûr que le genre Deplanchea doit faire partie de cette dernière tribu, et que son fruit a, par conséquent, la cloison perpendiculaire aux valves. Je dis à peu près sûr, parce qu’il ne serait pas impossible que ce fruit fût indéhiscent et que la plante vint se ranger près des Crescentia, qui ont aussi des feuilles simples ; mais cela n’est pas probable, car les Crescentia s'éloignent du Deplanchea par leurs feuilles alternes et leurs fleurs naissant sur le tronc ou sur les vieux rameaux, et d’ailleurs l’ensemble des caractères du genre en question le rapproche, comme je l'ai déjà dit, des Catalpa et des Delostoma. Les Delostoma sont américains, les Catalpa sont les uns d’Ainérique, les autres de la Chine; il est donc fort remarquable de trouver, dans les trois espèces de Bignoniacées de la Nouvelle-Calédonie, trois types d'organisation différents : l’un spécial à la Nouvelle-Hollande, la terre la plus voisine qui produise des Bignoniacées, mais les deux autres rappelant des flores très éloignées : le premier identique avec un type indien, le dernier se rattachant à des formes plus spécialement américaines. Quelque peu nombreuses que soient les Bignoniacées de la Nouvelle-Calédonie, elles ne sont donc pas sans intérêt au point de vue de la géographie botanique. Réunissant mes propres observations aux détails très importants déjà donnés par M. Vieillard, je proposerai de modifier comme il suit la description du Deplanchea. DEPLANCHEA Vicillard in herb. Nov. Caled. et Études sur les genres Oxera et Deplanchea. Calyx coloratus, coriaceus, tubuloso-inflatus, basi attenuatus, 5-dentatus, dentibus rectis, subacutis, margine subsquarrosis, ad apicem dorso apiculato- hamatis, æstivatione valvari; dente uno postico. Corolla campanulato-tubulosa, ventricosa, incurva, tubo æstivatione valde contorto, limbi 5-fidi laciniis obtusis subæqualibus, æstivatione cochleari, subbilabiata, labio superiore concavo, 2-laciniato, inferiore patente, 3-laciniato. Stamina basi tubi inserta, fertilia 4 didynama, longe exserta; filamenta crassa, tortuosa, lævia, incurva; antheræ glabræ, apice omnino trancatæ, sub apice connectivo dorsali affixæ, loculis 2, præter apicem liberis, inferne productis, lanceolatis divergentibus ; stamen sterile filiforme, apice bilobum, æstivatione incurvum. Ovarium conico- oblongum, disco hypogyno plano vix marginato impositum, 2-loculare, uno loculorum antico, altero postico. Placentæ in utroque loculo 2, ovula nume- rosa, quincuncialia, horizontalia, micropyle externa, anatropa, fere amphitropa gerentes, medio septo late nudo. Stylus filiformis, æstivatione antheris introrsis amplexus et parte superiore ante antheras inflexus, ita ut stigma bilamellatum lanceolatum haud procul a basi staminum accedat, post anthesim autem longe exsertus, arcuatus. Inflorescentia terminalis, cyinis longe pedunculatis SÉANCE DU 28 Mars 1562. 165 in racemum dispositis instructa. — Arbor foliis ternatis simplicibus, austro- caledonica. DEPLANCHEA SPECIOSA Vieillard, /. c. Arbor procera, corlice lævi griseo, ramis ad summum foliosis erectis, cicatricibus cor diformibus foliorum delapsorum notatis. Folia ternata! interdugn opposita (fide Vieillard), peliolata, petiolo puberulo, 3 1/2-4 centim. longo, basi dilatato paulum amplexi- cauli (nempe tertiam partem caulis cireumveniente), simplicia, obovata, utrinque obtusa, integra, penninervia, nervis ultimis reticulatis, primario et secundariis subtus puberulis, limbo cæterum glabro, subtus pallidiore. Inflorescentia terminalis, cymis in racemum dispositis, longe peduneulatis, et bracteis lineari-lanceolatis violaceis dense instructa. Flores magni pedicellati, erecti, crocei. — In silvis montium Novæ Caledoniæ prope Balade, Yate, Vieill. Note, etc.; et in ejusdem herb. Bois des Montagnes, Bondé, n° 1036, 1855-60. (Mus. paris. et Mus. colon.) M. A. Gris, vice-secrétaire, donne lecture de la lettre suivante : LETTRE DE M. le colonel CLARINVAL. A M. le Secrétaire général de la Société botanique de France. Metz, 17 mars 1862. Monsieur, J'ai remarqué dans le n° 5 du tome VII de notre Bulletin (p. 306), un article sur le Prièmula variabilis que plusieurs savants botanistes, MM. J. Gay, Godron, etc., etc., ont trouvé dans des localités bien éloignées les unes des autres, et dans chacune en compagnie des Pr. grandiflora et officinalis, à l'exclusion du Pr. elatior. Je ne connais qu’une des localités signalées, celle que M. Godron a indiquée dans sa Ælore de Lorraine, le bois de Malzéville près Nancy. Curieux de connaître une plante rare en Lorraine et même partout, nous avons formé le projet, MM. Taillefert, Monard et moi, de faire le voyage de Nancy en temps opportun. Le 9 avril 1861, nous nous sommes mis en route pleins d'espoir de satisfaire notre curiosité, Nous avons pris, pour aller au bois, le chemin qui, de l’église de Malzéville, conduit à une carrière très élevée, près des premiers arbres de la forêt. Nous avions à peine fait cent pas dans le taillis, que nous nous sommes trouvés dans un grand parterre de Pr. gran- diflora et officinalis. Plus ou avance, plus on trouve de ces fleurs : le plateau en est couvert. Après quelques recherches, nous avons reconnu le Pr. variabilis, qui se présente souvent en fleurs portées sur des hampes, et de temps en temps en fleurs sur des hampes et sur des pédoncules radicaux. Mais le Pr. elatior doit-il être exclus de cette localité? J'ai des doutes à ce sujet, car je crois me Souvenir d’avoir vu quelques individus très rares du Pr. elatèor en société avec les autres Primula. Je ne puis néanmoins le dire positivement. Nous avons formé de nouveau le projet de retourner le mois prochain an 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bois de Malzéville. Mes recherches auront plutôt pour but d’y trouver le Pr. elatior que le Pr. variabilis, car celui-ci est assez commun pour qu’il pe m’échappe pas, et je ferai part à la Société du résultat de mon herbo- risation. Il est encore question du Pr. variabilis dans le Bulletin (n° 4 du t. VIT, p. 7). M. Lebel dit adssi dans sa lettre que le Pr. variabilis se trouve en compagnie des Pr. grandiflora et officinalis, à l'exclusion du Pr. elatior. Il paraît donc bien prouvé que le Pr. variabilis n’a pour parents que les deux Primula au milieu desquels on l’a jusqu’à présent trouvé, car les quelques rares touffes du Pr. elatior que je crois avoir remarquées dans le bois de Malzéville, n’ont pas dû contribuer à la naissance du Pr. variabilis qui y est très commun. J'ai cru remarquer, en lisant les articles publiés sur le Pr. variabilis, que plusieurs de MM. les membres de la Société, présents aux séances des 11 mai 1860 et 11 janvier 1861, n'avaient eu à leur disposition pour les examiner que des échantillons desséchés de cette plante. Je prends donc la liberté, Monsieur, de vous adresser un vase contenant un Pr. variabilis qui tient de son père et de sa mère par des fleurs à hampes et par des fleurs à pédoncules radicaux; j’espère qu’il arrivera sans accident au siége de la Société. Je l’ai rapporté en fleurs l’année dernière de Malzéville. Sa floraison est plus avancée que celle de ses congénères des bois, parce qu'il a passé Phiver daus une chambre sans feu, à l’abri des intempéries des saisons. Il n'a pas donné de graines l’année dernière, Ses étamines sont maintenant chargées de pollen, mais sera-t-il propre à la fécondation? Le temps l’ap- prendra. “1 ADDITION À LA SÉANCE DU 17 JANVIER 4862. 16 ADDITION AU COMPTE RENDU DE LA SÉANCE DU Â7 JANVIER 4862. NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D’ALGÉRIE, par M. E. COSSON (1). Les plantes qui font l’objet de cette communication ont toutes été recueil- lies en 1861 dans un voyage d'exploration de la Kabylie orientale et spéciale- ment du massif montagneux compris entre Collo et Bougie. Dans cette intéressante exploration, j'étais secondé par MM. H. de la Perraudière, Kralik et À. Letourneux. Plusieurs espèces rares ou nouvelles ont été trouvées par notre dévoué compagnon de voyage H. de la Perraudière, dont la mort im- prévue a inspiré à tous les membres de la Société de si profonds regrets. Nous avons été heureux de consacrer le souvenir de l’important concours qu’il nous a prêté en donnant son nom à celles de nos espèces nouvelles dont la décou- verte est due plus spécialement à ses recherches (2). EPIMEDIUM PERRALDERIANUM Coss. ap. Kralik P/, Alger. select. exsicc. n. 100. Rhizoma fuscum, crassiusculum, sublignosum, elongatum, simplex vel superne bi-triceps, horizontale, supra vestigiis pedunculorum radicalium et petiolorum tuberculatum, fibris radicalibus elongatis deorsum pendentibus. Folia omnia radicalia, 2-4 apice rhizomatis vel ejus ramulorum, longe petiolata petiolo albido vel albido-fuscescente, pinnato-trisecta, segmentis longe petiolatis, petiolo ad petiolulorum insertionem incrassato fuscescente et pube crispula parce pubescente, petiolulis eodem modo ad segmentorum insertionem incrassatis pubescentibusque, segmentis 25-60 millim. longis, 20-40 millim. latis, membranaceo-chartaceis, ovatis acutis vel acuminatis, cordato-subpeltatis lobis basilaribus subæqualibus rotundatis, facie nitidis læte viridibus nervis pallidioribus, pagina inferiore pallidioribus opacis nervis venulisque albidis prominentibus crebre reticulato-anastomosantibus, margine cartilagineo dentato dentibus in spinulas longiusculas abeuntibus. Pedunculus radicalis gracilis. Cætera ignota. In silvaticis umbrosis quercinis regionis montanæ in provinciæ Cirtensis Kabylia orientali, ad 1200-1500 metr., Pæoniæ Russi socia : in ditione Bent- (1) Voyez plus haut, p. 12. (2) Voir dans le Bulletin, tome VIII, p. 604-610, la Notice dans laquelle se trouvent exposés l'itinéraire suivi dans notre voyage et la large part prise par H. de la Perraudière dans nos recherches. 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Foughal ad fontem El-Ma-Berd ! (H. de la Perraudière), in monte Tababor! haud infrequens, in monte Babor ! Par ses feuilles toutes radicales l'£. Perralderianum se rapproche de VE. pinnatum, mais il en est distinct par ses feuilles toutes à trois segments, et non pas ordinairement à deux paires de segments latéraux, et par les seg- ments à dents plus longuement épineuses et à lobes basilaires arrondis pres- que égaux, et non pas à lobes basilaires anguleux inégaux. IL est très probable que les organes de la fleur et du fruit, qui nous sont inconnus, fourniraient d’autres caractères différentiels. SINAPIS INDURATA Coss. ap. Kralik P/. Alger. select. exsice. n. 102. Planta perennis, undique pubescens pilis subadpressis. Caudex lignosus, ramosus, multiceps, ramis crassiusculis Jignosis tortuosis, in radicem fusifor- mem abiens. Gaules diffuso-ascendentes vel decumbentes, 1-4 decim. longi, basi frutescentes, simplices aphylli vel subaphylli, vel basi ramulos aliquot anno sequente florituros emittentes, sæpius fere a basi florigeri. Æolia plera- que in rosulas radicales vel subradicales congesta, juniora saltem pube sericea adpressa subcanescentia, petiolata, /yrato-pinnatipartita, lobis inferioribus remotis brevibus lanceolatis vel dentiformibus, mediis ob/ongo-lanceolatis acutis apice dentatis, ferminali majore ovato. Racemi ebracteati, fructiferi elongati sæpe flexuosi, demum fragillimi. Flores flavi. Pedicelli teretes demum superne valide incrassati, recti vel subarcuati, erecti cum siliquis rachi sub- adpressi, inferiores saltem valvis siliquæ longiores. Calyx dense sericeo-villosus. Siliqueæ erectæ, pilis subadpressis plus minus villosæ, 12-45 millim. longæ, teretes, inferne valvis divergentibus et infra insertionem productis subhas- tatæ, apice 1n rostrum conico-subulatum desinentes, subindehiscentes valvis haud torulosis vel vix torulosis subenerviis plus minus. indurato-incrassatis inter se cohærentibus, septo incrassato indurato, loculis 4-5-spermis, rostro aspermo valvas subæquante basi conico superne in stylum subulato-filifor- men desinente, stigmate capitato. Semina ovato-subglobosa, compressiuscula, testa lævi. Cotyledones subemarginatæ, complicatæ, radiculam amplectentes. — Fructifera 14° die julii 4861 lecta. In pascuis apricis et petrosis calcareis montis Marouf! in Kabvlia orientali prope oppidulem Æ! Miliah circiter ad 1000 metr. Cette plante est très voisine, par la plupart de ses caractères, du S. pubes- cens L. Elle en diffère par la pubescence soyense des feuilles, par les lobes latéraux des feuilles plus étroits aigus, et par les siliques presque hastées à la base en raison de la divergence des valves prolongées au-dessous de leur insertion. Ce dernier caractère, malgré la forme toute spéciale qu’il donne à la silique, n'a peut-être pas une valeur spécifique, car le Matthiola oxycer as offre une variété basteeras qui ne diffère du type que par une disposition sem- blable des valves, ADDITION A LA SÉANCE DU 17 JANVIER 1862. 169 SILENE CHOULETTIL Coss. ap. Kralik PL. Alger. select. exsice. n. 105. Caudez sublignosus, crassiusculus, in radicem fusiformem abiens, superne laxe ramosus pluriceps, ramis subtortuosis, foliorum emarcidorum vestigiis squamiformibus approximatis obtectis et caule florigero continuatis. Caules plures, graciles, inferne diffusi superne ascendentes, simplices vel ramos 1-2 eittentes, inferne pilis longiusculis crispulis pluriarticulatis villosi pube bre- vissima furfuracea glandulosa immixta, superne furfuraceo-puberuli pube glandulosa. Folia inferiora sæpius sub anthesi emarcida vel etiam evanida, obovata obtusa sæpius apiculata vel oblonga acuta, in petiolum attenuata, pagina utraque ut et caulis villosa, parte petioliformi infima eodem modo sed longius ciliata; caulina inferiora subconformia sed angustiora; supe- riora sæpius remotiuscula, oblonga vel oblongo-linearia; bractealia parva, linearia, margine longe crispulo-villosa. #Ælores erecti, ir pseudoracemos terminales subsecundos 2-5-floros laxiusculos dispositi, floris inferioris pedi- cello sæpius folia bractealia superante, superiores breviter pedicellati. Calyx sub lente puberulo-subglandulosus, 12-14 millim. longus, ubuloso-infun- dibuliformis, ovario crescente superne clavatus, post anthesin apice haud constrictus et basi haud ampliatus, membranaceus inter nervos albidus, nervis 10 inferne tantum filiformibus et prominulis virentibus vel violascentibus su- perne latioribus et venulis anastomosantibus, dentibus tubo multoties brevio- ribus sub anthesi et post anthesin erectis triangularibus vel lanceolato-triangu- laribus acutiusculis late membranacco-marginatis. Petala longe exserta, per noctem tantum patentia, facie pallide lilacina, dorso subvirescentia, limbo profunde bifido lobis linearibus apice obtusis et paulo latioribus, limbi ad basim /amina prominente albida bipartita lobis elongatis linearibus obtusis prædita. Genitalia inclusa. Staminum filamenta glabra. Capsula calycem æquans, oblonga, séipitata stipite longitudinem capsulæ dimidiam superante. Semina minute corrugata, dorso late canaliculata, utraque facie planiuscula, margine crassiusculo prominente haud undulato auriculiformia, — Junio- julio et interdum autumno iterum florens. In pascuis apricis et petrosis calcareis regionis montanæ ad 1000-1100 metr. In provincia Cirtensi hucusque tantum obvia : prope Constantine in monte Djebel-Ouach 23° die novembris 1857 a cl. Choulette, cui grato animo dicatam esse voluimus, primum inventa; in Kabylia orientali, prope Collo in monte Gouffi loco dicto Æadjer-el-Maïz! (H. de la Perraudière), hand procul ab oppidulo £/ Miliah montis Tufertas! ad cacumen (A. de la Per- raudière), in ditione Zeni-Foughal ad fontem £l-Ma-Berd !, in declivitate septentrionali montis Z'ababor ! Le S. Choulettii doit être placé dans la section Sfachymorpha Otth (in DC. Prodr. I, 371); dans la classification établie par M. Godron (Obs. crit. infl. Sil. 32), il appartient à la section Æusilene, où il forme, avec les S. Legionensis Lag., Aflantica Coss. et DR., céliata Pourr., elegans Link 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et Græfferi Guss., le petit groupe des Fruticulosæ Willk. (1e. et deser. pl. Eur. austro-occ. 13 et 75). — Il diffère des S. Legionensis et Atlantica par les ramifications de la souche ne donnant pas naissance à une rosette termi- nale de feuilles au-dessous de laquelle naissent les tiges dans les aisselles infé- rieures, par le support de la capsule n’égalant pas sa longueur, etc. — Par les ramifications de la souche se continuant avec les tiges florifères il est plus voisin des S. ciliata, clegans et Græfferi; mais il en diffère par la souche non condensée en toufle et n’émettant pas ou n’émettant que rarement des rejets non florifères, par les feuilles radicales ordinairement détruites lors de la floraison, et non pas persistantes jusqu’à la floraison, obovales ou oblongues assez larges, et non pas lancéolées ou linéaires-oblongues étroites, et surtout par le calice beaucoup moins ample inférieurement, et non pas très ample et beaucoup plus large que le support de la capsule. MOEHRINGIA STELLARIOIDES Coss. ap. Kralik P{. Alger. select. exsiec.n. 104. Planta perennis, caudice late repente superne ramoso ramis sæpius elon- gatis caules 1-3 emittentibus. C'aules 1-5 decim. longi, graciles, teretes, ad nodos valde incrassati et fragiles, simplices vel basi ramosi, decumbentes vel _diffuso-ascendentes, sæpius flexuosi, ad nodos undique et inter nodos sæpius subbifariam pubescentes. Folia opposita, interdum ramulis axillaribus haud evolutis pseudoverticillata, ovato-oblonga vel oblongo-lanceolata, acuminata, in petiolum brevissimum basi pubescenti-ciliatum atfenuata, 20-45 millim. longa, 12-18 millim. lata, læte viridia, membranacea firmula, integerrima, glabrescentia vel sub lente in pagina utraque pube punctiformi conspersa, nervo medio valido pinnatim ramoso venulis crebre anastomosantibus et ad marginem utrumque in nervum confluentibus. Flores pro genere majuseuli, in cymas axillares dispositi ; cymis 2-4-floris, laxissimis, pedunculatis, pedunculo subfiliformi folia sæpius superante ad dichotomias bracteolis linea- ribus membranaceis nervo tantum virentibus donato, pedicellis filiformibus calyce multoties longioribus sub anthesi strictis demum horizontaliter patenti- bus vel etiam refractis. Calyx circiter 5 millim. longus, sepalis ovato-lanceo- latis acuminatis, late membranaceo-marginatis, glaberrimis, trinerviis nervis lateralibus parum conspicuis vel etiam subobsoletis. Petala alba, marcescentia, calycem xix vel dimidio superantia, oblongo-linearia vel inæqualiter oblonga, apice obtusa haud -emarginata, inferne in unguem vix attenuata, superne cito involuta. Sfamina 10, petalis breviora, filamentis inferne pubescentibus. Ova- rium subglobosum. Stiymata 3. Capsula subglobosa, glabra sub lente acriore minute punctulata, calyce paulo brevior, 6-valvis, valvis apice acutiusculo recurvato. Semina sesquimillim. longa, suborbiculato-reniformia, a latere compressiuscula, testa nigro-fuscescente nitida sed crebre tuberculata tubercu- lis prominentibus concentrice dispositis, hilo distincte strophiolato strophiola crassiuscula sordide albida. — Junio-julio. ADDITION À LA SÉANCE DU 17 JANVIER 1862. A7! In regione montana à 950 ad 1400 metr. in humo tenui silvarum quer- cinarum nec non in fissuris rupium humo repletis. In Kabylia orientali hu- cusque tantum nota : ad cacumen montis Gouffi! prope Collo, in ditione Beni-Foughal ad fontem £7-Ma-Berd!, in monte T'ababor ! haud infre- quens. Le M. stellarioides doit être placé à côté du M. lateriflora Fenzi (Are- narta lateriflora 1.) et du M. umbrosa Fenzl (Arenaria umbrosa Bunge in Ledeb. FT. AUE. — A. macrophylla Hook.). — Il est très distinct de la pre- mière espèce par le port moins grêle, par les pédicelles réfractés et non pas dressés après la floraison, et surtout par le calice à sépales acuminés et non pas très obtus. — Il est plus rapproché du 4. umbrosa, mais il en diffère par les tiges plus robustes diffuses-ascendantes ou étalées, et non pas ascendantes ou dressées, par les feuilles acuminées, et non pas obtusiuscules ou aiguës, par les fleurs en cymes pédonculées, et non pas solitaires sur un pédoncule égalant ou dépassant la feuille, par les pédicelles étalés et même réfractés après la floraison, et non pas dressés, par les pétales linéaires-oblongs ou irréguliè- ment oblongs, et non pas obovales-spatulés. SEDUM,MULTICEPS Coss. et DR. ap. Kralik P/. Alger. select. exsicc. n. 116. Caudex crassiusculus, carnuloso-suffrutescens, valde irregulariterque ra- moso-mulhiceps ramis elongatis vel abbreviatis sæpius tortuosis vel flexuosis fibras radicales aliquot deorsum dependentes emittentibus, in radicem fusi- formem desinens, caules florigeros et caudiculos anno sequente florituros numerosissimos emiltens. Gaules 5-15 centim. longi, glabri, basi procum- bentes et sæpe radicantes, superne ascendentes vel erecti, simplices vel ad basim in ramos 4-2 vel plures divisi, superne ramulos florigeros gerentes, ante anthesin apice haud hamato-deflexi. Folia viridia, nonnunquam ru- bentia, sub. lente crebre papillato-crystallina, alterna, sessilia, crassiuscula, tereti-complanata utraque pagina convexa, linearia, apice obtusa mutica, infra insertionem in calcar submembranaceum éruncatum producta, patula, in caulibus florigeris approximata caulem totum obtinentia, sæpe ex axilla ramulum abbreviatum emittentia, in caudiculis et ramulis axillaribus pluri- fariam congesta inferiora ante anthésin emarcido-persistentia superiora in rosulain densam subglobosam conferta. Flores 5-7-meri, subsessiles, in cymas Subscorpioideas 2-4 breves glabras 2-6-floras cymam corymbiformem genera- lem eficientes d'ispositi. Sepala linearia, obtusa, carnosula, planiuscula dorso convexiuscula. Petala lutea, sepalis subduplo lougiora, oblongo-lanceolata, acumanato-cuspidata, patentia. Stamina petalis numero dupla et subtriente breviora. Carpella a latere valde compressa, stylo longiusculo aristata, demum in stellam divergentia, oblongo-triangularia ventre supra basim in gibbum Convexo. Semina oblonga, chalaza prominula, sub leute crebre tuberculata. — Maio-julio. 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hæc planta jamdudum in hortis botanicis plaribus à cl. et amicissimo Du- rieu de Maisonneuve qui ex Algeria sine designatione loci proprit habuerat evulgata, nobis in Kabylia orientali inter Collo et Bougie haud infre- quens occurrit. In rupestribus et petrosis regionis montanæ etiam infe- rioris usque ad 1200-1500 metr. : in monte Gouffi! prope Collo (A. de la Perraudière), in monte Marouf ! prope eppidulum £7 Miliah, in con- valle amnis Oved Afran!, in monte Zababor !, in monte Gouraia ! à Bougie, etc. Le S. multiceps doit être placé, dans la section des Seda genuina Koch (Syn. ed. 2, 286), à côté du S. Boloniense Lois. (S. sexangulare DC. non L.) dont il diffère par ses feuilles plus comprimées, chargées de papilles cristallines, prolongées au-dessous de leur insertion en un éperon tronqué et non pas presque aigu, rapprochées en rosette subglobuleuse au sommet des tiges devant fleurir l'année suivante et des rameaux axillaires, par les sépales presque plans un peu convexes seulement sur le dos, etc. GALIUM PERRALDERII Coss. ap. Kralik P/. Alger. select. exsicc. n. 123. Planta perennis, pusilla, cæspitem densum intricatum mollem diffusum efficiens. Caules numerosissimi, 3-10 centim. longi, filiformes, tegragoni angulis tenuibus concoloribus /œvibus. Folia nitida, læte virentia, sicca- tione lutescentia vel nigrescentia, 4-7 verticillata, patula, oblongo- vel lineari- lanceolata, 3-40 millim. longa, 4-2 millim. lata, basi attenuata, apice lon- giuscule aristato-cuspidata, sub lente punctulato-pellucida, tenuia, glabra, marginibus lævibus haud vel vix revolutis, uninervia nervo \ævi subtus haud prominente venulas aliquot laterales emittente. Ælores paucr in axillis ver- ticillorum 3-5 superiorum, pedunculis unifloris, superior ibus subumbellats, folia demum longissime excedentibus, defloratis rectis. Calycis margo obso- letus. Corolla alba, rotata, majuscula, lobis acutis haud acuminatis. Styli sub anthesi fere ad basim liberi. Fructus pro ratione plantulæ maximus, sæpius e carpellis duobus suborbiculatis constans, circiter 3 millim. latus, tuber- culatus parce setosus vel sæpissime sefis albis diametrum dimidium carpel- lorum æquantibus undique hispidus. — Junio-julio. In rupestribus umbrosis regionis montanæ ad 1700-1900 metr. obvium: in monte Djurdjura in ditione Beni-bou-Addou juxta fauces 'zi-Tsennent ! dictas primum ab amicissimo semperque flebili 4. de la Perraudière 23° die junii 1854 inventum ; in Kabyliæ orientalis monte 7ababor ad speluncam Asakif ! ab H. de la Perraudière 21° die julii 1864 repertum. Le G. Perralderii, en raison de son port et de la plupart de ses carac- tères, doit, malgré ses fruits habituellement chargés de longues soies, être rapporté à la sous-section Zeioyalia de la section Æugalium DC. (sect. Eugalium Koch}; il doit y être placé à côté des G. pumilum Lmk, Pyrenai- cum Gouan et cæspitosum Ram. — Il diffère du G. pumilum par ses feuilles ADDITION A LA SÉANCE DU 1Â7 JANVIER 1862. 473 planes, à nervure non saillante en dessous, par son inflorescence à pédoncules uniflores, par ses fruits ordinairement bérissés de longues soies et très gros relativement à la taille de la plante, etc. — Par ses feuilles et ses pédoncules uniflores, il se rapproche davantage des G. Pyrenuicum et cæspitosum ; mais ilen est très distinct par la longueur de ses pédoncules fructifères et par le volume de ses fruits ordinairement hérissés de longues soies. SENECIO PERRALDERIANUS Coss. in herb. — S. Atlarticus Coss. in Bull. Soc. bot. III, 706, non Boiss. et Reut. In pascuis et silvaticis montium 7Zababor ! {Kralik pl. Alger. select. exsice. n. 125 sub nomine S. Aflanticus) et Babor! Kabrliæ orientalis haud infrequens. : Cette espèce, que mon regrettable ami Henri de la Perraudière et moi avions découverte en 1854 dans le Djurdjura et que j'ai décrite sous le nom de S. Atlanticus, ne doit pas conserver ce nom spécifique, déjà attribué à une autre plante du genre par MM. Boissier et Reuter (Puy. pl. nov. 59), et je suis heureux de lui substituer celui de $. Perralderianus en souvenir de l'affection si dévouée que m'a montrée mon excellent compagnon de voyage dans l'exploration alors si difficile des montagnes du Djurdjura. LAPSANA MACROCARPA Coss. ap. Kralik P/. Alger. select. exsiec. n. 129. Planta annua, radice brevi obliqua in fibras elongatas ramosas soluta. Caulis 3-12 decim. longus, erectus, teres, striatus, superne laxe corymboso- paniculatus, inferne pubescenti-villosus villis elongatis flexnosis patenti-sub- deflexis, superne pubescenti-glandulosus pilis patentibus. Folia pubescenti- villosa ; inferiora petiolata, Iyrata lobo terminaliovato maximo repando-dentato basi sæpius cordato, lobis lateralibus sæpius binis oblongis parvulis vel etiam nullis; media brevius petiolata, ovala acuta vel acuminata, dentata; suprema sessilia, oblomgo-linearia vel lincaria. Capitula quam in L. communi subdi- midio #ajora, longe pedunculata pedunculis aphyllis subfiliformibus rigidis, apice ramulorum 3-8 in corvymbum laxum disposita, corymbis paniculam generalem laxam efficientibus. Involucrum campanulatum, glabrum vel foliolis in costa media pilis perpaucis donatis, foliolis sæpius 9 æqualibus subuniseriatis oblongo-lincaribus nervo medio prominente demum carinatis apice nigrescentibus etiam post achæniorum disseminationem suberectis, basi Squamis 5-6 brevissimis subinæqualibus lineari- vel lanceolato-triangularibus demum inferne incrassatis et coadunatis calyculatum. Receptaculum mini- mum, nudum, foveolatum. Ælosculi crocci, involucrum paulo excedentes. Achænia fere 5 millim. longa, oblonga inferne sensim angustiora, a dorso Compressa, æqualiter maltistriata, coronula et pappo destituta, areola epigyna angusta. — Junio-julio. In pascuis regionis montanæ imprimis in terra mobili et ad silvarum mar- Â7h SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gines : in monte Zdough ! (A. Letourneux) prope Bône haud infrequens, in Kabylia orientali in ditione Beni-Foughal ! et in monte Zababor ! Le L. macrocarpa est très voisin, par la plupart de ses caractères et par son port, du Z. communis dont il n’est peut-être qu’une variété remarquable. Il en diffère par la pubescence glanduleuse de la partie supérieure de la tige et des pédoncules, par les capitules et les akènes beaucoup plus gros. — Par sa pubescence glanduleuse il se rapproche du Z. adenophora Boiss. (Diagn. pl. Or. ser. 1, 1V, 23), mais il en est très distinct par les corymbes beaucoup plus lâches, par les capitules campanulés plus gros et moins nombreux, et par les fleurons dépassant peu les folioles de l’involucre, et non pas deux fois plus longs que ces folioles. LYSIMACHIA COUSINIANA Coss. ap. Kralik P/. Alger. select. exsice. n. 135. Planta glabra, facie Anagallidis, radice et parte inferiore caulium indu- ratis perennis, r'adice fusiformi descendente in fibras nonnullas elongatas soluta. Caules sæpius plures, 4-5 decim. longi, ascendentes vel diffuso- ascendentes, cæspitem laxum efficientes, in parte inferiore interdum radican- tes, nonnunquam vinoso-purpurascentes, subsimplices vel ramosi, acute tetraquetri, duriusculi demum inferne indurato-suffrutescentes. folia cras- siuscula, carnuloso-coriacea, nonnunquam cum caulibus purpurascentia, opposita, séssilia vel inferiora tantum in petiolum brevissimum latiusculum attenuata, ovata vel oblongo-lanceolata acutiuscula vel obtusiuscula, supe- riora anqushora sœæpe lanceolata, margine angustissime subcartilagineo tenuiter denticulato-scabro. Flores arillares, solitarii, pedicellis iliformibus erecto-patentibus folia excedentibus sub anthesi rectis demum apice hamato- recurvis. Calycis laciniæ lineares apice subulatæ, margine membranaceæ. Corolla pulchre lutea, tubo brevissimo fere rotata, sinubus edentulis, calyce subduplo longior, lobis oblongo-obovatis obtusis integris margine tenuissime et brevissime c/iolato-glandulosis. Stamina 5, corolia dimidio breviora, subæqualia, fauci inserta, basi Aaud coalita et cum lobis corollæ basi non coadunata ; filamentis filiformibus, glabris, anthera longioribus, ovarium non tegentibus; antheris oblongo-linearibus basi subsagittatis, Appendices interstaminales squamiformes, subglandulosæ, brevissimce subquadratæ, in fauce corollæ ad unumquemque loborum sinum sitæ. Capsula chartacea, ca- lycem subæquans vel brevior, globosa, glabra, regulariter 5-valvis vel valvis alterutris cohærentibus irregulariter dehiscens. Semina majuscula, immar- ginata, peltata, dorso convexiuscula, ventre valide convexa, pressione mutua angulata, testa crebre et tenuiter tuberculata. — Maio-julio. In montium hamiliorum silvaticis vel dumetosis in regione littorali pro- vinciæ Girtensis inter Collo et Bougie obvia : prope Co/lo in monte Msala!, in montanis ditionis Ouled-Atia! ad amnem Oued Zhour a cl. Cousin præ- fecto inilitari ditionis Collensis primum inventa et inde ab ipso in horto calta, ADDITION A LA SÉANCE DU 17 JANVIER 4862. 175 haud procul à Zougie in silvaticis ad ostium amnis Agrioun! et in monte Si-Rehan ! Le Z. Cousiniana est dédié à M. le capitaine Cousin, commandant supé- rieur du cercle de Collo, qui nous a fait l’accueil le plus cordial et qui, dans les limites de son commandement, a bien voulu nous guider dans nos explorations et nous fournir les indications les plus utiles sur la végétation du pays. Cette espèce doit être placée dans la section Lysimastrum Duby (in DC, Prodr.) à côté des Z. nemorum L. et anagalloides Sibth. et Sm. (F1. Grœc. IL, 74, t. 190). Elle diffère du Z. anagalloides, observé en Crète (Sibth., Sieber exsicc.) et à plusieurs localités en Grèce (Aucher-Éloy exsicc. n. 2599, Zory), par son port plus robuste, par ses tiges et ses rameaux à angles très saillants, par ses feuilles beaucoup plus amples, par les divisions du calice beaucoup plus étroites subulées au sommet et plus longues, et non pas oblongues-lancéolées, par la corolle environ de moitié plus longue que le calice, à lobes ordinairement plus étroits, et non pas environ de la longueur du calice ou le dépassant peu. | SCROFULARIA TENUIPES Coss. et DR. ap. Kralik P/. Alger. select. exsicc. n. 136. Planta perennis, glanduloso-pubescens, caudice crassiusculo sæpius caules plures emittente. Caules herbacei, 1-2 metr. longi, erecti, ascendentes vel diffuso-ascendentes, sæpius ramosi ramis elongatis subsimplicibus superne ranulos inflorescentiæ emittentibus, tetragoni angulis obtusiusculis. ÆFolta petiolata, petiolo haud auriculato, ovata vel triangulari-ovata basi profunde Cordata, acutiuscula vel obtusiuscula, inæqualiter argute dentata vel cre- nata, nervis lateralibus parce ramosis vix prominentibus venulis crebre reticulato-anastomosantibus sed vix conspicuis. Panicula elongata, laxe foliata, cymis longiuscule graciliterque pedunculatis laxe plurifloris bis- quater dichotomis, pedunculis gracilibus filiformibus crebre brevissimeque pubescenti-glandulosis, pedicellis etiam florum in axillis dichotomiaram sito- rum calyce demum multoties longioribus; bracteolis parvis lineari-subulatis. Calyx corolla subduplo brevior, laciniis ovato-lanceolatis acuminatis im- Marginatis. Corolla circiter 5 millim. longa, flavo-virens dorso plus minus violaceo-purpurascens, tubo haud ventricoso, fauce ampla, lobis 2 superiori- bus porrectis cœteris subduplo Llongioribus. Stamina subinclusa, quinti Sterilis rudimento obovato-suborbiculato integro. Capsula parvula, subglo- bosa breviter apiculata. — Junio-augusto. In regione montana etiam inferiore usque ad 1200-1400 metr. — In provinciæ Algeriensis montibus Pjurdjura (0. Debeaux). In provinciæ Cirtensis monte Edouyh! {A. Letourneuz) secus rivulos haud infrequens ibique à cl. Arémer prinum inventa, inter Collo ! et Bougie! in humidis et 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. secus rivulos plurimis locis obvia, in montibus ditionis Beni-Foughal ad fon- tem £l-Ma-Berd! Le S. tenuipes appartient à la section Scorodonia (G. Don, Benth. in DC. Prodr. X, 30h). Par son port et sa panicule feuillée, il se rapproche du $. Scorodonia, mais il en est très distinct, ainsi que de la plupart des espèces de la section à cyme feuillée et à souche vivace, par les divisions du calice ovales-lancéolées acuminées dépourvues de bordure scarieuse, par les pédon- cules grêles filiformes, par la petitesse des capsules, etc. CALAMINTHA GRANDIFLORA Mœnch var. PARVIFLORA. — (€. Aflantica Coss. in Lerb. Caules petiolique plerumque densius hispidi. Folia late ovata, utrinque profunde et grosse 4-7-dentata dentibus patentibus terminali maximo. Calyx 9-10 mnillim. longus. Corolla calyce subduplo longior, fauce modice ampliata, — Junio-julio. In silvaticis regionis montanæ, hucusque tantum in Kabyliæ orientalis montibus Zababor ! et Babor ! ad 1260-1590 metr. obvia. Cette variété, que j'avais d’abord considérée comme une espèce distincte, est très différente du C. grandiflora type de l'Europe centrale par la forme des feuilles et les dimensions du calice et de la corolle; elle se rapproche davantage de la plante de Calabre, de Sicile et de Grèce, et elle n’en diffère guère que par les dimensions moindres du calice et par la corolle moins ample, moins longue relativement au calice et à gorge moins dilatée. — Les nucules du C. grandiflora {vpe et celles de notre plante sont identiques, elles sont oblongues, presque noires, et deux fois plus grosses que celles du €’. offi- cinalis. | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. JUIN 1862. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Beobachtungen uebcr die Organisation, Theïilung und Copulation der Diatomeen (Observations sur l’organisation, la division et la copulation des Diatomées) ; par M. Joh.-E. Lueders (Bota- nische Zeitung, n° 6, 7,8 et 9, pp. 41-43, 49-52, 57-61, 65-69, pl. IT). L'auteur commence cet intéressant mémoire en disant qu’il considère, avec la plupart des naturalistes, les Diatomées comme appartenant au règne végétal; que ces organismes sont des Algues pourvues d’une coque siliceuse, Dans le premier chapitre, il traite de l’organisation des Diatomées. D’après les observations de M. Lueders, le cytoblaste ne fait défaut à aucune cellule de Diatomée ; tantôt il est très facilement visible, tantôt il est plus ou moins Caché par le contenu coloré de la cellule. L'auteur décrit ensuite les différentes formes sous lesquelles le nucléus se présente, et ilnous apprend qu'il occupe toujours le milieu de la cellule, jamais les extrémités. Outre ce cyto- blaste, la cellule contient un liquide aqueux incolore et, de plus, une matière plus ou moins épaisse, tantôt incolore, tantôt d’une couleur qui varie entre le jaune doré et le brun, et ne se mélangeant pas avec le liquide aqueux. Le contenu coloré se présente sous des formes déterminées dans les différentes plantes ; l’auteur en décrit et en figure plusieurs. Celui de la cellule de Diatomée se trouve dans un état de mouvement continuel. Outre le mouvement du contenu coloré, il y a encore un autre mouvement plus accéléré, que présen- tent de petits corpuscules incolores qui se trouvent en grand nombre dans les cellules. M. Lueders n’a jamais pu observer dans les cellules la présence de fécule, mais très souvent elles contiennent des gouttelettes d'huile. L'abon- dance d'huile paraît dépendre des circonstances extérieures, et l’auteur donne des détails fort curieux sur ses observations, qui semblent prouver qu’elle se manifeste au plus fort degré lorsque le manque d’eau menace de dessécher ces organismes. Le contenu de la cellule est enveloppé dans un utricule pri- mordial (Primordialschlauch), qui devient très visible lorsque les cellules se divisent et lorsque les cellules du sporange se développent. L’utricule primor- dial, de son côté, est entouré d’une membrane cellulaire très délicate; celle ci ne s’épaissit pas; elle n’est pas plus forte dans les vieilles cellules que dans celles qui viennent à peine de se former. LL 1 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La coque siliceuse, qui constitue l'enveloppe externe de la cellule de Diato- mée, est formée par une sécrétion de silice de la cellule; cette sécrétion a lieu sans interruption durant toute la vie de la cellule. Malgré la diversité de formes et de dessins élégants des coques des Diatomées, toutes ont cela de commun qu’elles se composent de deux parties latérales (Nebenseiten de Kuetzing) qui sont réunies entre elles par un anneau (auptseiten de Kuetzing). Le second chapitre parle de la division des Diatomées. La division à tou- jours lieu dans la direction de l'anneau. Avant qu’elle s'opère, la cellule gran- dit dans le sens des deux parties latérales, et, par une sécrétion continue de silice, l’anneau devient de plus en plus large. L'auteur décrit en détail cet | accroissement de l'anneau. Lorsque le développement en est achevé, il s’écoule encore plusieurs heures avant que la division de la cellule ait lieu. C’est pendant cette époque que le contenu de la cellule offre le mouvement le plus vif. Au moment de la division, les parties colorées du contenu de la cellule se trouvent toujours placées vers les deux extrémités. L'auteur cite cependant, comme la seule exception à cette règle qu’il ait pu observer, l'AcAnanthes subsessilis Kuetz. La division est précédée d'un accroissement considérable du cytoblaste dans le sens de l'accroissement de la cellule ; elle s’opère par étranglement de l’utricule primordial, étranglement qui se manifeste sur la ligne médiane de l'anneau, et qui, en se poursuivant, finit par diviser la cellule et le cytoblaste. Cette division s'opère, si elle n’est pas troublée, dans l’espace de deux minutes. Immédiatement après la division, les deux moitiés du cyto- blaste se trouvent comme des masses granuleuses des deux côtés de la nou- velle paroi, mais bientôt elles s’avancent vers le milieu de leurs cellules respectives. L'auteur nous offre de nombreux exemples des divers phé- nomènes qui accompagnent cette division, et il discute à ce sujet les opinions émises, sur quelques-uns de ces phénomènes, par M. Hofmeister et M. Pring- sheim. Les recherches que M. Lueders a faites pour s'assurer du temps qu'il faut à une cellule née par ce mode de division pour se subdiviser à son tour, lui ont démontré que ce laps de temps est toujours le même dans le même genre, et qu’il est indépendant des saisons, Il donne à ce sujet des notes détaillées sur l’Achnanthes longipes Kuetz. Le troisième chapitre traite de la copulation des Diatomées. L'auteur, suivant en cela les observations publiées par M. Smith dans un ouvrage intitulé : A Synopsis of british Diatomaceæ, distribue les Diatomées, au point de vue de leur copulation, en quatre classes. La première contient celles chez les- quelles, du contenu de deux cellules génératrices (œælterliche Zellen), sortent deux cellules sporangiales; la seconde comprend celles chez lesquelles une seule cellule sporangiale naît du contenu de deux cellules génératrices; la troi- sième se compose des Diatomées chez lesquelles le contenu d’une cellule génératrice produit une seule cellule sporangiale ; et la quatrième contient celles REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 chez lesquelles deux cellules sporangiales se développent’ du contenu d’une cellule génératrice. Le mode de copulation de la première classe est le plus généralement répandu. M. Lueders nous en donne comme exemple le Cocconema C'istula Ehrb. Le premier signe d’une copulation prochaine se manifeste par une position particulière que prennent deux cellules une vis-à-vis de l’autre. Souvent elles restent pendant plusieurs jours dans cette position avant que l’acte de la copulation commence. Cet acte débute par un gonflement du contenu des cellules vers leur milieu, gonflement qui ne tarde pas à entraîner une rupture des coques siliceuses. Par le dégagement d’une sorte de mucilage, provenant probablement d’une dissolution des utricules primordiaux, les deux cellules s’entourent d’une matière gélatineuse limpide qui les enveloppe ensuite pendant toute la durée de la copulation. Plus tard le contenu de cha- cune des deux cellules se divise en deux masses qui d’abord sont entière- ment dépourvues de toute membrane. Les deux masses qui se regardent ne tardent pas à s’unir en un seul corps et à se revêtir ensuite d’une enveloppe qui tout d’abord à une texture gélatineuse, qui devient plus tard membraneuse, et qui à la fin se couvre d’une coque siliceuse. L'auteur choisit comme exemple du second mode de copulation Le Coconeis Pediculus Ehrb. Ici, on voit d’abord le contenu de deux cellules voisines se gonfler et entr’ouvrir ainsi leur anneau. De chacune des cellules sort alors une partie de leur contenu ; puis ces parties forment un seul corps qui ensuite se couvre d’une membrane. Le troisième mode de copulation est étudié par M. Lueders d’abord sur l’Achnanthes subsessilis. Le développement commence, dans ce cas, par un gonflement du contenu d’une cellule qui cause une rupture de la coque. Il en sort ensuite un corps gélatineux dans lequel le contenu de la cellule se divise en deux portions, qui cependant plus tard se réunissent de nouveau pour former la cellule sporangiale. L'auteur décrit également le mode de formation de la cellule sporangiale pour les Melosira varians Ag. et M. Bor- reri Grev. Comme exemple du quatrième mode de développement de cellules spo- rangiales, M. Lueders nous offre le Æhabdonema arcuatum Kuetz. Ici, la formation de ces organes est intimement liée à la multiplication des cellules en général. Elle est également précédée d’une rupture de la coque siliceuse, d’où sortent deux portions de la cellule, qui ne tardent pas à s’envelopper d’une matière gélatineuse dans laquelle a lieu ensuite la formation de deux cellules Sporangiales. Les nombreuses figures qui accompagnent l'intéressant mémoire de M. Lue- ders rendent fort claire la démonstration des singuliers phénomènes dont il nous entretient. JOHANNES GRŒNLAND, 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sullo sviluppo della cosi detta membrana secondaria della cellula vegctale e sulle sue varie modificazioni (Sur le développement et les diverses modifications de la membrane dite secondaire de la celluie végétale); par M. le docteur Arnaldo Cantani (Atti della Societä italiana di scienze naturali, volume IIT, 5° fascicule, pp. 419-441). Le mémoire de M. Cantani est plutôt une exposition de l’état actuel de la science sur le développement de la cellule végétale, que le compte rendu de recherches propres à l’auteur; ce qui lui est particulier dans ce travail, c’est principalement l'interprétation des faits généralement admis, et non la découverte de faits nouveaux. Il se compose d’une introduction et de trois chapitres. Dans l'introduction, M. Cantani explique ce que l’on doit entendre par utricule primordial, membrane primaire, membrane secondaire, en se référant aux observations de MM. de Mobl, J.-G. Agardh, Schleiden, Schacht et autres botanistes. Il insiste sur l'importance de la cellule dans le règne végétal, et rappelle les travaux de MM. Keælliker et Virchow, qui, dans une autre branche des connaissances humaines, ont fondé pareillement sur la cellule d'importantes théories physiologiques et pathologiques. Dans le chapitre premier, l’auteur s’étend longuement sur les phénomènes de diffusion, soit d’endosmose, soil d’exosmose, qui se passent dans le végétal de cellule en cellule, et auxquels il attribue la formation des couches d’accrois- sement, lesquelles forment en dedans de la membrane externe de la cellule, dite membrane primaire, ce qu’on a appelé la membrane secondaire. Il fait voir que la membrane primaire ne peut donner passage aux courants endos- motiques que dans certains points qu’il nomme des lieux de passage (diodi). Il en résulte qu’elle s’encroûte intérieurement dans tous les points intermé- diaires aux diodi par la stagnation des liquides qui baignent la paroi imper- méable, et par le dépôt des molécules solides qu'ils contiennent. Quand toutes les couches d’accroissement se sont ainsi constituées, elles sont traversées par des canalicules qui confinent d’une part aux diodi et d’autre part à l’utricule primordial. C’est alors seulement, d’après l’auteur comme d’après d’autres savants, que se forme un revêtement organique particulier qui tapisse Ce système de canaux et constitue une membrane tertiaire. M. Cantani pense que le dépôt de différentes couches à l’intérieur de la cellule tient à des périodes successives d'humidité et de sécheresse, chaque couche se formant pendant que l'abondance des sucs aqueux active la circulation et par suite le dépôt des matériaux solides, et ce processus vital cessant presque entièrement pendant la sécheresse. Il compare ces phénomènes à la formation des couches qui partagent en zones concentriques le bois des arbres dicotylés; il trouve dans la saison hivernale, pendant laquelle le mouvement des liquides végé- taux s'arrête, l’analogue des jours de sécheresse qui séparent la formation REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 181 successive de deux couches cellulaires voisines; et il fait remarquer que quel- quefois on voit en une seule saison se former deux couches d’aubier dans le tronc d’un arbre, quand cette saison a été marquée au commencement et à la fin par des chaleurs séparées par des pluies de longue durée. Des considé- rations analogues ont été émises pour expliquer les floraisons automnales de certaines plantes. Le deuxième chapitre est relatif aux formes diverses que présentent les diodi, qui sont des points, des raies, des anneanx, etc.; il en résulte des cellules présentant intérieurement toutes les modifications de structure que lon connaît. L'auteur expose ensuite comment les extrémités perméables des canaux cellulaires s’abouchent avec les mêmes points des cellules voisines, ce qui permet à l’endosmose de s'effectuer. Il nous apprend aussi l'existence de canaux analogues dans les cellules de l’épiderme, canaux aboutissant à l'extérieur et favorisant d’après lui l'absorption des gaz extérieurs et de l'eau qui mouille les feuilles. Ce chapitre se termine par l'étude des ponctuations spéciales que présente le tissu des Conifères. L'auteur regarde chacune de ces ponctuations comme formée par l'extrémité élargie d’un canalicule cellulaire. Selon lui, les parois de deux cellules juxtaposées s’écar- teraient tout autour de l’orifice de ce canalicule, et circonscriraient ainsi une petite cavité dont le contour serait marqué par l’aréole qui entoure la ponctuation. Dans le troisième chapitre, l’auteur étudie seulement la trans- formation des séries cellulaires en vaisseaux par absorption de leurs parois transversales, et applique à l’explication des ponctuations et raies vasculaires tout ce qu'il a dit sur les organes analogues considérés dans les cellules. Il termine cet exposé par l'étude des laticifères, qu’il est disposé à appeler cellules plutôt que vaisseaux laticifères, et dont il explique la formation par des anastomoses qui s’établiraient entre les extrémités de cellules étoilées, toujours pat la destruction de certaines membranes et grâce à l'impulsion exercée par le courant endosmotique. D' EUGÈNE FOURNIER. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Flore d’Alsace et des contrées limitrophes ; par M. Fré- déric Kirschleger. Troisième volume. In-12 de 456 pages. Strasbourg, chez l'auteur et les principaux libraires; Paris, chez J.-B. Baillière et fils, 1858-1862. Nous avons annoncé, dans notre dernier numéro, la publication de la der- nière partie de la #lore d'Alsace. Ce n’est qu’au bout de douze années de travail non interrompu que M. Kirschleger a pu venir à bout de la tâche consi- dérable qu'il avait entreprise. On sait, en effet, sur quel plan avait été conçu le programme de son livre et combien de matériaux importants et divers l'auteur à réunis sous le titre modeste de Flore. On peut consulter, à cet 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. égard, l'analyse qui a été publiée des deux premiers volumes de la #lore d'Alsace dans cette Revue (1). Ces volumes avaient achevé déjà l’énumération et la description des espèces spontanées ou cultivées dans les pays étudiés par l’auteur. Le tome troisième contient quatre parties : la géographie bota- nique des régions rhénano-vosgiennes ; le guide du botaniste dans ces mêmes régions ; un dictionnaire des termes botaniques et des additions nombreuses. La première partie a déjà été examinée ici (2); la deuxième, quoique tracée avec beaucoup de détails, ne comporte pas une longue analyse; c’est le récit des nombreuses herborisations de l’auteur et l’exposé de celles qu’il conseille de faire, en indiquant d’avance les récoltes qu’elles devront fournir. Ces courses s'étendent jusqu'aux environs de Soleure et de Berne. M. Kirschleger ne manque pas d'indiquer tous les détails qui, chemin faisant, peuvent inté- resser l'esprit ou récréer les yeux, les souvenirs historiques, les détails anec- dotiques qui concernent certaines localités. Le Guide est suivi de chapitres qui traitent de l’herborisation en général et des moyens d'établir un herbier. Viennent ensuite des additions au texte des deux premiers volumes de l'ou- vrage, et une table spéciale de la deuxième partie du troisième volume. Le Dictionnaire des termes botaniques qui ne se trouvent pas expliqués dans le Dictionnaire de l’Académie forme la troisième partie. L'auteur y donne souvent la traduction du mot français en latin et en allemand, et son étymologie grecque. Le Dictionnaire est encore suivi d’additions relatives à diverses parties de l'ouvrage. E. F. Observations botaniques sur quelques plantes de la Peña blanca; par M. Timbal-Lagrave (Extrait des Mémoires de l’Académie impériale des sciences de Toulouse, 5° série, t. VI); tirage à part en brochure in-8° de 12 pages. Toulouse, décembre 1861. M. Timbal-Lagrave rappelle d’abord dans ce travail le caractère géologique et la végétation particulière de Ja. montagne qui forme, sur le versant espagnol des Pyrénées, en face de la Maladetta, le revers méridional du Port de Vénasque, et qui, à cause des dolomies blanchâtres dont ses sommités élevées sont recouvertes, a reçu des paysans aragonais le surnom de Peña blanca. I signale plusieurs plantes de cette localité sur la détermination spé- cifique desquelles les botanistes sont loin de s'entendre, et décrit ensuite deux de ces plantes qui sont les suivantes : Campanula ficarioides Timb. (C. rotundifolia Lap. part., C. pusilla Zetterst.). — G. radice crassa, napiformi, rhizomate diffuso, foliis inferioribus longe pedunculatis, limbo reniformi, inæqualiter dentato, ciliato ; foliis cæteris (4) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 828. (2) Voyez le Bulletin, t. V, p. 571. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 ellipticis, obtuse dentatis vel integris, summis linearibus ; caulibus herbaceis A-h-floris; pedunculis brevibus; corolla apicibus barbata, pisüllis corollam excedentibus. — Floret septembri. Euphrasia Soyeri Timb. (Z, Lapeyrousii Soy.-Will. £, alpina var. parviflora s.-x. laxa Soy.-Will.). — M. Timbal a cru devoir changer le nom de cette espèce, parce qu’il pense que Lapeyrouse ne l’a point connue. Nous renvoyons à son travail pour la description de cette plante et l’étude des diffé- rences qui la séparent des espèces voisines, étude que l’auteur à pareillement entreprise pour son Campanula ficarioides. E. F. Hilustrations of the VNueva Quinologia of Pavon, with coloured plates by W. Fitch, and observations on the barks described, by Jobn Eliot Howard (/{lustrations de la Nueva Quinologia de Pavon, avec des planches coloriées dues à M. W. Fütch, et des observations sur les écorces décrites, par M. John Eliot Howard). In-folio de 10 livraisons pagi- nées séparément, avec 29 planches gravées et coloriées, 1859-1861. Lon- dres, chez Lowell, Reeve et Ci°). Comme son titre l'indique, le magnifique ouvrage dont il est ici question est destiné par son auteur à faire connaître dans tous leurs détails les différents Quinquinas décrits par José Pavon dans un manuscrit intitulé Nueva Quino- logia (Nouvelle Quinologie). Ge manuscrit, non publié par Pavon, est devenu la propriété de M. Eliot Howard, ainsi qu’une collection de plus de quarante échantillons d’écorces qui accompagnaient les descriptions du célèbre bota- nisté espagnol. C’est avec ces excellents matériaux que M. Howard à entrepris l'ouvrage que nous analysons. Il nes’est point borné, d’ailleurs, au rôle d’édi- teur, et le public lui saura gré d’avoir profité de ses connaissances spéciales ponr élucider ce sujet difficile. Il n’a pas accepté toutes les espèces de Pavon, et il en a créé de nouvelles sous son propre nom. D'ailleurs il n'a pas eu l'intention d'étudier tout le genre C'inchona, mais seulement les Cinchona qui croissent au Pérou. Ces derniers se trouvent au nombre de trente-neuf. Les articles correspondants ont pour objet non-seulement la description de la plante, mais l’étude de son écorce et l'indication de sa constitution chimique. La dernière livraison, qui n’a été distribuée qu’en avril 1862, renferme une introduction où M. Eliot expose l’état actuel de nos connaissances sur les Quinquinas, et les travaux qui ont avancé la science à cet égard depuis la publication de l'ouvrage de Van Bergen, intitulé Versuch einer monographie der China, et paru en 1826. Cette livraison contient encore le résumé d’obser- vations microscopiques faites sur la structure interne de l'écorce de ces arbres. On y voit que cette structure diffère un peu, surtout dans l'épaisseur des différentes couches, selon la hauteur à laquelle on l’étudie. L'auteur donne ensuite quelques considérations sur le développement et le siége des alcaloïdes 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans l'écorce; il pense que ces principes naissent d’une réaction produite entre l’acide quinotannique et l’ammoniaque, et il se montre opposé à l'opi- nion de M. Weddell, d’après lequel la cinchonine se produirait spécialement dans l'enveloppe herbacée, et la quinine dans le liber. En effet, dans diverses expériences faites sur le Cinchona succirubra, il n’a pas vu cette proportion se vérifier, mais la quinine se trouver en plus grande abondance dans les couches extérieures au liber. 11 fait remarquer, en outre, un fait intéressant, c’est que l'acide quinique se trouve combiné à la chaux dans le liber, tandis que c’est la magnésie qui prédomine comme base dans l’enve- loppe subéreuse. Un paragraphe spécial est relatif à l'existence dans l'écorce des Quinquinas de raphides dans lesquels l’auteur a reconnu la présence de la quinine. Deux planches donnent, à un grossissement de 50 à 60 diamètres, de nombreuses figures relatives à l'anatomie de l’écorce ; une légende spéciale en facilite l'étude. D'ailleurs 27 planches in-folio ont été consacrées par l’anteur à l'illustration des Cinchona qu'il a décrits. E. F. On Goupia (Sur le Goupia); par M. John Miers (7he Annals and Magazine of natural history, avril 1862, pp. 289-294). Le petit genre Goupia, figuré etdécrit par Aublet, a été placé par Wilidenow dans lés Araliacées, par Jussieu dans les Rhamnées, par M. Bentham et M. Reis- seck au voisinage des Buettnériacées. M. Miers, avec Endlicher et M. Lindley, le croit éloigné de cette dernière famille par ses étamines libres, alternant avec les pétales, et rapproché des Célastrinées par ses ovules dressés, et munis d’une expansion de la primine qui forme à l'extérieur comme un faux arille; des Hippocratéacées par l'insertion des étamines à l’intérieur d’un disque cupuli- forme, des Icacinacées par lestivation des sépales ct des pétales, ces derniers terminés par une extrémité longuement infléchie. En conséquence M. Miers place le genre Goupia dansle Celastral alliance, et crée pour lui la famille par- ticulière des Goupiacées, réduite à un seul genre et à deux espèces. 11 expose, sous forme de tableau synoptique, les caractères qui distinguent la nouvelle famille de celles des Célastracées, Chaillétiacées, Hippocratéacées, Aquifolia- cées, Cyrillacées et Icacinacées. 11 donne ensuite une longue description du genre (roupia et des deux espèces qui le constituent, G. glabra Aubl. et G. tomentosa Aubl. E. F. Xenia orchidacea. Bcitræge zur Kenntniss der Orchi- dcen (Contributions à la connaissance des Orchidées); par M. H.-G. Reichenbach fils. 2° vol., 1° cahier, pl. 101 à 410; texte, feuilles 1 à 3; in-ñ. Leipzig, chez F.-A. Brockhaus, 1862. Les plantes figurées et décrites dans ce premier cahier du second volume REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 sont les suivantes : Phalænopsis Schilleriana Rchb. fil. pl. 101; Vanda Stan- geana Rchb. fil. pl. 102; Cypripedium superbiens Rchb. fil. pl. 103 ; Aërides Reichenbachii Linden pl. 104; Arundina pentandra Rchb. fil. pl. 405, I, fig. 4-12; A. Wallichii Rchb. fil. pl. 105, IX, fig. 13-15; Neuwiedia Zollin- geri Rchb. fil. pl 106; Dipodium squamatum R. Br. pl. 107, I, fig. 1-8; D. pictun Rchb. fil. pl. 107, II-IV, fig. 9-12; Pleurothallis laurifolia H. B. et Kth. pl. 108; Dendrobium callopogon Rchb. fil. pl. 109, E, fig. 1-2; D. Hasseltii Rchb. fil. pl. 109, IL, fig. 3-5; D. striolatum Rchb. fil. pl. 109, I, fig. 6-8; D. grandiflorum Lindi. pl. 410, I, fig. 1-5; D. euphlebium Rchb. fil. pl. 410, IT, fig. 6. L'auteur nous donne, outre la description détaillée de ces plantes, rédigée en latin et en allemand, un aperçu synoptique des espèces qui composent les genres Phalænopsis, Doritis, Stauropsis, Dipodium, Grammatophyllum, Grarmmangis et Ansellia. Les figures en taille douce sont en partie coloriées. 4. G. Annales hbotanices systematieæ, tomi sexti fasc. IL; auctore C. Mueller berolinensi, In-8° de 161-320 pages; Leipzig, chez A, Abel, 1861. Notre Æevue a annoncé dernièrement la publication du premier fascicule du tome VI des Annales de Walpers, continuées par M. C. Mueller. Le deuxième fascicule continue le recensement des Monocotylédones nouvelle- ment décrites ; il renferme la suite de l’énumération des Commélynacées et une partie de la famille des Orchidées (dont l'étude est due ici à M. Reichen- bach fils), c'est-à-dire le sous-ordre des Malaxidées Lindl., et le commence- ment du sous-ordre des Épidendrées. Les espèces nouvelles décrites dans ce fascicule, dont l’espace nous manque pour transcrire les caractères en détail, et que d’ailleurs on trouvera facilement dans les Annales, sont les suivantes : Cœlia quatemalensis Rchb. f., Cœlogyne cymbidioides Rchb. f., Dendro- chilum magnum Rchb. (., D. bracteosum Rchb. f. et D. erosum Rchb. f. E. F. PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. Recherches sur le climat et la végétation du pays ter- tiaire; par M. Oswald Heer, professeur de botanique et directeur du jardin botanique de Zurich. Traduit de l'allemand par M. Charles Gaudin, docteur en philosophie et membre correspondant des Sociétés de Zurich et de Neuchâtel, avec des coupes géologiques et une carte de l'Europe. In- folio de 220 pages et 20 pages de tableaux, avec 2 planches lithogra- phiées. Winterthur, chez Jean Wurster et Ci°; Genève et Paris, chez Joël Cherburliez, 1862. Get ouvrage important se divise en deux chapitres principaux, dont le 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. premier (p. 3-19) s'occupe de la stratigraphie de la molasse suisse. Après avoir étudié la composition de cette formation ainsi que l’étendue qu’elle occupe en Suisse, l’auteur examine avec le plus grand soin et dans tous leurs détails les différentes régions de ce pays au point de vue de leur faune et de leur flore fossiles. Le second chapitre est intitulé : Conditions de la végétation à l'époque ter- tiaire. Le premier paragraphe s'occupe des fiores locales en établissant quatre étages différents : 1° celui des lignites inférieurs, ou étage aquitanien, qui est subdivisé en deux sections, celle de la molasse rouge (grès de Ralligen) et celle des marnes et grès à lignites; 2° l’étage de la molasse grise d’eau douce, ou mayencien ; 3° l’étage de la molasse marine, ou helvétien ; 4° celui de la formation des lignites supérieurs d'OEningen. Pour chacun de ces étages, l’auteur passe en revue les localités où ils se présentent. Le second paragraphe nous offre la comparaison des flores de ces quatre étages, et nous montre par un tableau spécial que, dans le premier étage, on a trouvé 336 différentes espèces de végétaux, dans le second, 211 espèces, dans le troisième, 92 espèces, et dans le quatrième, 566 espèces; il indique en même temps le nombre des espèces qui sont communes à plusieurs étages. Le troisième paragraphe s'occupe de l’ensemble de la flore du sol tertiaire suisse. L'étendue du terrain molassique de la Suisse comprend environ 151 milles géographiques, c’est à peu près 1/5° de ce pays. L'auteur arrive, par des comparaisons, à conclure que la flore tertiaire de la Suisse a été bien plus riche en espèces que ne l’est la flore actuelle. La flore fossile était également bien plus variée en familles que celle d'aujourd'hui. Un tableau nous fait connaître la répartition numérique de quelques-unes des familles phanérogames les plus riches dans chacun des étages tertiaires ainsi que dans leur ensemble. Après avoir traité ces questions générales, M. Heer entre, au quatrième paragraphe, dans des études détaillées entreprises spécialement au point de vue de la répartition des plantes tertiaires ; puis il consacre une section de ce paragraphe à comparer les plantes de la flore tertiaire avec les plantes actuel- lement vivantes. Prenant en considération le caractère particulier de la flore tertiaire suisse, l'auteur dit qu’elle était composée de types de plantes aujourd'hui disséminés sur toute la surface du monde, mais dont la majorité correspond à des espèces américaines. Un grand nombre d'exemples très curieux sont réunis par l’auteur dans le but d'établir l’époque relative de la frondaison, de la floraison et de la maturation des fruits des plantes tertiaires. Le cinquième paragraphe est consacré à la revue des flores tertiaires. L'auteur examine comparativement tous les pays de l’Europe qui présentent cette même formation géologique; il traite avec moins de détails l'Afrique, l'Amérique et l’Asie tropicale. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 Le sixième paragraphe, qui contient une revue rétrospective du climat tertiaire, renferme en même temps de nombreux documents relatifs à la géographie botanique. Le livre se termine par un catalogue où sont mentionnées toutes les plantes tertiaires de la Suisse, Cryptogames et Phanérogames, et auquel est joint un tableau synoptique du nombre des espèces, ainsi qu’un autre tableau com- paratif des localités principales où ces plantes ont été trouvées. Il est en outre accompagné de deux cartes représentant l'étendue du terrain tertiaire et de plusieurs coupes géologiques. Le botaniste, aussi bien que le zoologiste et le géologue, trouve dans ce magnifique ouvrage une quantité considérable de documents, non-seulement sur les plantes fossiles, mais encore sur la répar- tion des végétaux de notre époque actuelle. 3. G. The Atlantis hypothesis in its botanical aspect (Z’ypo- thèse de l'Atlantide au point de vue botanique) ; par M. D. Oliver (The natural history review, avril 4862, pp. 149-170). On connaît l'importance qu'a prise, dans l'étude des causes de la distribu- tion actuelle des végétaux, l'hypothèse suivant laquelle aurait existé, entre les côtes occidentales de notre Europe et celles du Nouveau-Monde, un continent aujourd’hui disparu, l’Atlantide, dont a parlé Platon sur la foi d’un prêtre égyptien. MM. les professeurs Heer et Unger, dont notre /evue a souvent analysé les écrits, se sont faits les défenseurs de cette opinion, qu'ont cherché à réfuter MM. Asa Gray et Ch. Darwin. Ces derniers naturalistes pensent qu'il n’est pas besoin de recourir à l’Atlantide pour expliquer les relations de l’ancienne flore tertiaire de l’Europe avec la végétation du nord de l’Amé- rique; pour eux les migrations d'espèces que démontrent ces relations ont dû avoir lieu d’occident en orient, et des rivages de l’Asie vers ceux de l’Amé- rique septentrionale, par le moyen de quelque terre placée au nord de l'océan Pacifique; cela supposerait que cette terre aurait joui pendant la période tertiaire d’une température plus élevée que celle qu’on observe aujourd’hui dans les latitudes correspondantes, mais l’ensemble des faits géologiques permet d'accepter cette supposition. Le mémoire de M. Oliver est écrit pour appuyer l'opinion de MM. Gray et Darwin. Pour lui, les analogies de la flore améri- caine avec la flore européenne de l’époque tertiaire résultent d’une commu- nication dont le Japon et les îles Aléoutiennes représentent aujourd’hui les seuls vestiges. M. Oliver a travaillé pour la rédaction de son mémoire avec les matériaux rassemblés par d'autres observateurs, dont il s'est proposé seulement de dis- cuter et de comparer les opinions pour en déduire certains résultats. C'est ainsi qu’il examine le caractère général de la flore tertiaire d'Europe d’après les ouvrages de M. Unger, et surtout d’après les recherches de ce savant sur 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la flore tertiaire de la Suisse; c’est ainsi qu’il la compare successivement à la flore européenne actuelle, à la flore japonaise, à la flore des États-Unis, d’après les travaux de divers naturalistes. Il examine ensuite les rapports de la végétation japonaise avec la végétation américaine, et étudie celle des îles de l'Atlantique. Son principal point de vue est d’insister sur les caractères phy- tostatiques d’une zone de terrain, qui, commençant au voisinage de la Médi- terranée, s'étend par l'Asie Mineure et le Caucase le long de l'Himalaya, et traverse la Chine pour aller, par le Japon, se relier à la flore américaine; zone caractérisée par les genres Pferocarya, Juglans, Quercus, Ulmus, Ficus, Platanus, Liquidambar, Chamærops, etc. Il est à remarquer que les pays compris dans cette zone ont une flore d’autant plus analogue à la flore tertiaire, qu'ils sont plus orientaux, et que le Japon se place sous ce rapport après les États-Unis. Quant aux Acores et aux Canaries, M. Oliver admet, pour expliquer les rapports de leur flore avec celle des rivages de la Méditerranée, que ces îles ont pu jadis être jointes à notre continent, tandis qu’il ne voit que très peu d’analogie entre leurs végétaux et ceux de l'Amérique, et aucune raison pour supposer un continent disparu à l'occident de ces îles. Le mémoire de M. Oliver se termine par des observations de détail sur plusieurs déterminations de plantes fossiles admises par M. Unger dans son ouvrage sur les plantes fossiles de la Suisse. BOTANIQUE APPLIQUÉE. The Forester, à practical treatise on the planting, rearing, and general management of forest-trees (Le Forestier, traité pratique de la plantation, de la coupe, et en général de l’aménagement des arbres forestiers); par M. James Brown, inspecteur des forêts. Troisième édition, augmentée ; un volume grand in-8° de 1x et 700 pages. Londres, chez William Blackwood et fils, 1861. L'important Traité de l’art forestier de M. J. Brown, dont la deuxième édition date de 1851, n'a pas été analysé dans notre Æevue, ce qui nous donne l'occasion d’en faire connaître le plan à propos de la troisième édition, qui vient d’en être publiée. Il est divisé en treize chapitres. Le premier, qui contient surtout des généralités, renferme un exposé rapide de l’histoire de l’arboriculture, et des détails sur l'importance des grandes forêts et leurs effets sur le climat, ainsi que sur la valeur qu’ils donnent à la terre, et sur ce que doit savoir le silviculteur. Ce chapitre, comme la plupart des autres, est d’ailleurs rédigé à un point de vue exclusivement anglais, bien que l’auteur fasse de temps à autre des excursions dans les pays voisins, pour y prendre des termes de comparaison. Le deuxième chapitre s'occupe des détails de la plantation, du choix des terrains, de l’utilité des clôtures pour REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 protéger les jeunes arbres, etc. Le troisième chapitre concerne les méthodes de culture ; l’auteur y étudie particulièrement l’importante question du drainage dans ses applications à l’arboriculture, et les services que rendent les grands chemins dans les plantations. Le quatrième chapitre est le plus botanique; l’auteur y passe en revue les différentes essences forestières, les Chênes, le Frêne, l’'Orme, le Hêtre, le Sycomore, le Platane, les Peupliers, les Saules, le Bouleau, l’Aulne, le Châtaigner, le Marronnier, le Tilleul, le Noyer, le Tuli- pier, le Charme, le Cerisier, l’Aubépine, le Houx, le Sorbier des Oiseaux (Pirus aucuparia), le Gytise, les différentes espèces de Pins et de Sapins, le Mélèze, les Cèdres du Liban, de l'Inde et de l'Atlas, et l’Araucaria imbricata. Ces arbres sont tous figurés à l’aide de gravures sur bois fort bien exécutées et intercalées dans le texte. Ils sont étudiés dans leurs caractères botaniques au moyen d’une courte description empruntée à l’Arboretum britannicum, mais surtout dans leur aspect extérieur et dans leur emploi forestier. Le chapitre cinquième et les trois suivants traitent encore de quelques détails de la plantation et de l’amé- nagement des forêts. Le neuvième et le dixième sont relatifs à l’exploitation particulière de quelques arbres, comme celle du Chêne pour le tannage, et aux maladies de quelques autres, maladies dont l’auteur étudie avec méthode les causes et les symptômes. Le chapitre onzième entretient encore le lecteur de l’effet de la transplantation sur la constitution des arbres, et de l'influence de la futaie sur le développement des arbres élevés. Enfin les deux derniers chapitres traitent des applications industrielles de l’art forestier et du système à adopter pour la coupe réglée des bois. E. F. Note sur la Valériane, sur l'analyse de sa racine par la méthode de déplacement et sur le valérianate d’ammoniaque; par M. Pierlot, pharma - cien. In-8° de 11 pages, avec 3 planches. Le principal point qui nous frappe dans ce petit travail, est la distinc- tion faite par l’auteur entre deux variétés du Valeriana officinalis, variétés également tranchées selon lui par leurs caractères botaniques et leurs vertus thérapeutiques. L'une, nommée par lui Valeriana elatior uliginosa, se rencontre dans les prairies découvertes, marécageuses; l’autre, Valeriana elatior silvestris, croît au milieu des taillis récemment coupés, dans les terrains sablonneux ou parmi les bruyères. La première diffère de la variété stlvestris, d'après M. Pierlot, par ses feuilles beaucoup plus grandes, à folioles dentées en scie et opposées de même que ses fleurs, ainsi que par sa Proportion une et même deux fois moins considérable des principes actifs qu'elle contient. L'auteur soutient que le Valeriana officinalis, regardé comme vivace Par tous les botanistes, est seulement bisannuel. Les deux planches jointes à cet opuscule représentent le port des deux variétés silvestre et palustre du Valeriana officinalis et du Valeriana 4190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dioica, dont la racine se trouve souvent, dit-on, mélangée avec celle de l'espèce précédente. E. F. NOUVELLES. __ M. Chatin fera cette année une grande herborisation dans les Hautes- Pyrénées. Le départ aura lieu de Paris le 30 juillet. Après de courtes stations destinées à l'exploration des environs immédiats de Bordeaux et de Toulouse, peut-être de Tours et de Poitiers, on se rendra à Bagnères-de-Luchon, qui sera le centre des excursions. — La flore de la Nouvelle-Calédonie est en ce moment l’objet des recher- ches de plusieurs botanistes des plus autorisés. Nos lecteurs ont déjà trouvé, dans les comptes rendus de nos séances, des articles importants sur plusieurs familles ou genres de Phanérogames de ce pays, dus à MM. Ad. Brongniart et A. Gris; M. Nylander en a étudié les Lichens; M. G. Mettenius vient d'en faire connaître les Fougères, Équisétacées et Lycopodiacées, sauf les Hymé- nophyllacées, déterminées par M. van den Bosch, et les Se/aginella, soumis à M. Al Braun ; on trouvera tous ces travaux dans les derniers cahiers des Annales des sciences naturelles. En outre, M. Baillon vient de commencer, dans son Æecueil d'observations botaniques, l'étude des Euphorbiacées de la Nouvelle-Calédonie, et M. Bureau poursuit celle des Bignoniacées de la même région. Grâce à ces recherches et à d’autres encore, rendues possibles par les découvertes et les beaux envois de MM. Vieillard et Parcher, la science pos- sédera dans peu de temps des documents aussi exacts que nombreux sur une végétation fort intéressante que Labillardière n’avait fait qu’entrevoir. — On annonce la mort de M. le docteur Mackay, auteur du Flora hiber- nica. M. Mackay, qui a succombé le 25 février à Dublin, exerçait dans cette ville les importantes fonctions de directeur du Jardin botanique de Trinity college. —— M. Ervendberg, qui a déjà recueilli au Mexique d’importantes collec- tions botaniques, serait disposé à faire dans ce pays un voyage destiné à des récoltes de plantes, s’il trouvait un certain nombre de souscripteurs qui s’in- scrivissent d'avance pour acheter ses collections. S’adresser à M. le professeur Asa Gray. Collections de plantes à vendre. — M. G. Mandon, un des botanistes qui ont le plus utilement contribué à l'exploration de la flore des environs de Paris, vient de passer plusieurs années dans la Bolivie. Pendant le séjour qu’il a fait dans la région supérieure des Andes, il a réuni d'importantes récoltes botaniques, qu'il est occupé en ce moment à classer, et qui seront mises en vente au prix de 40 fr. la centurie. Les plantes qui composeront ces collections, munies de numéros d'ordre et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 194 d'étiquettes détaillées, sont toutes déterminées au moins génériquement. M. Mandon se propose, du reste, de compléter ces déterminations dans un travail ultérieur, entrepris avec la collaboration de M. Weddell. Les collections contenant le plus grand nombre d’espèces se composeront d'environ huit à dix centuries ; les collections les moins riches de deux à trois. Les botanistes qui voudront souscrire à ces collections devront s'adresser à M. H. Weddell, 14, rue de la Tranchée, à Poitiers (Vienne). E. F BIBLIOGRAPHIE. Botanische Zeitung, Articles originaux publiés dans le premier trimestre de 1862. Hoffmann (H.). — Ein Versuch zur Bestimmung des Werthes von Species und Varietæt. (Essai d’une détermination de la valeur de l'espèce et de la variété), n° 4, pp. 1-2. Peyritsch (J.). — Zur Kenntniss der Gattungen (Note sur les genres) /?hyn- chelythrum Nees und Monachyron Parl. n° 1, pp. 3-4. Schlechtendal (D.-F.-L. von), — Abnorme Bildungen {Formations ano- males), n° 4, pp. 4-6. Letzerich (Ludwig). — Ueber die Befruchtung und Entwicklungsgeschichte des Embryon von Agrimonia E‘upatoria (Sur la fécondation et le dévelop- pement de l'embryon de l'Agrimonia Eupatoria), n° 2, pp. 9-11, pL I, A, fig. 1-6. Mueller (Karl). — Beitræge zu einer Laubmoosflor der Canarischen Inseln (Contributions à une flore bryologique des îles Canaries), n° 2, pp. 11-13. Buchenau (Fr.).— Cotula coronopifolia L. Ein Beitrag zur Naturgeschichte der einheimischen Gewæchse (Note relative à l’histoire naturelle des végé- laux indigènes), n° 3 et 4, pp. 17-19, 25-30, pl. I, B, fig. 1-16. Seehans (C.). — Ist die Eibe cin norddeutscher Baum? (L'If est-il un arbre de l’Allemagne septentrionale ?), n° 5, pp. 33-39. Lueders (Joh.-E.). — Beobachtungen ueber die Organisation, Theilang und Copulation der Diatomeen (Observations sur l’organisation, la division et la copulation des Diatomées), n°° 6, 7, 8 et 9, pp. 41-43, 49-52, 57-61, 65-69, pl. IL. Oudemans (C.-A.-J.-A.). — Das Hornparenchym Wigands (Le parenchyme corné de M. Wigand), n° 6, pp. 43-44. Milde (Z.). — Ueber das Vorkommen von Gymnogramma leptophylla bei Meran in Tirol (Sur la présence du Gymnogramma leptophylla près de Méran en Tirol), n° 6, pp. 44-45. Beichenbach fil. — 1. Hieracium Medusæ Rechb. fil. 2. Dimorphismus 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. und Dichromie einer Orchidee (Dimorphisme et Dichromie d’une Orchi- dée), n° 8, pp. 61-62. Alefeld. — Ein hæufig unbeachtetes Axiom der Art (Un axiome souvent négligé de l’espèce), n° 9, pp. 69-70. Hartig (Th.). — Ueber die Bewegung des Saftes in den Holzpflanzen (Sur le mouvement de la séve dans les plantes ligneuses), n°° 10, 11, 42, 15, pp. 73-76, 81-87, 89-94, 97-100. Wicke (Wilh.).— Ueber das Vorkommen und die physiologische Verwen- dung der Kieselerde im Pflanzeureich (Sur la présence et l'emploi phy- siologique de la silice dans le règne végétal), n° 10, pp. 76-79. Gansauge (von). — Ueber Taxzus baccata (Sur le Taxus baccata), n° 12, pp. 94-95. Regel (E.). — Ueber Betulaceen (Sur les Bétulacées), n° 43, pp. 100-104. Flora oder allgemeine botanische Zeitung. Articles originaux publiés dans les six premiers numéros de 1862. Trevisan (V.). — Summa Lichenum coniocarporum, n° 4, pp. 3-7. Landerer. — Ueber die Gartencultur in Griechenland (Sur l’horticulture en Grèce), n° 1, pp. 11-14. Sachs (Julius). — Ueber die Wirkung des Frostes auf die Pflanzenzelle (Sur l’action de la gelée sur la cellule végétale), n° 2, pp. 17-26. Nylander (W.). — De scriptis Friesianis novæ animadversiones, n° 2, pp. 27-30. Sachs (Julius). — Ergebnisse einiger neueren Untersuchungen ueber die in Pflanzen enthaltene Kieselsæure (Résultats de quelques recherches nou- velles sur l’acide silicique contenu dans les plantes), n°°3, 4, 5, pp. 33-40, 49-55, 65-71. Hasskarl (J.-KÆ.). — Nachtræge und Verbesserungen zu (Suppléments et corrections du) « Horti malabarici clavis nova », n° 3, 5, pp. 41-48, 73-80. Nylander (W.). — Circa Parmeliam colpodem, n° 5, pp. 71-73. Nylander (W.). — Ad lichenographiam Grœnlandiæ quædam addenda, n° 6, pp. 81-83. Schultz-Schultzenstein. — Nortræge ueber die Entstehungsgeschichte der Lebenssaftgefæsse (Sur le développement des vaisseaux laticifères), n° 6, pp. 83-86. J. G. EE — Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 11 AVRIL 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Consranr (Alexandre), banquier, à Autun (Saône-et-Loire), présenté par MM. Ozanon et de Schænefeld ; Reuy (Jules), ancien voyageur du Muséum d’hisioire natu- relle, rue Jacob, 22, à Paris, présenté par MM. J. Gay et de Schæœnefeld ; LABaLBary, docteur en médecine, à Bourg-la-Reine (Seine), présenté par MM. Chatin et A. Jamain. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société: 1° Par M. C. Montagne : Florula gorgonea. Neuvième centurie de plantes cellulaires nouvelles. 2 Par M. Duchartre : Recherches expérimentales sur les rapports des plantes avec la rosée et les brouillards. $ De la part de M. Derbés : Catalogue des plantes du département des Bouches-du-Rhône, de Cas- tagne, édition de M. Derbès. T'IL M 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. k° De la part de M. Clos : Deuxième fascicule d'observations tératologiques. 5° De la part de M. J.-E. Howard : Illustrations of the Nueva Quinologia of Pavon, part. 8 à 10. 6° De la part de M. de Schlechtendal : Bemerkungen ueber Pontederia azurea. 7° De la part de M. P.-G. Lorentz : Beitræge zur Biologie und Geographie der Laubmoose. 8° De la part de la Société d'Horticulture et d’Arboriculture de la Côte-d'Or : Bulletin de cette Société, novembre-décembre 1861. , 9° En échange du Bulletin de la Société : Linnæa, Journal fuer die Botanik, t XV, livr. 1 et 2. Botanische Zeitung, 1861 (2° et 3° trimestre). Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, quatre numéros. Pharmaceutical journal and transactions, mars-avril 1862. Atti della Societa italiana di Scienze naturali, t. TT (fasc. 5). L'Institut, avril 1862, deux numéros. M. le Président met sous les yeux de la Société une médaille commémorative du concours des Sociétés savantes des départe- ments, qui lui a été envoyée par S. Exc. M. le ministre de l’instruc- tion publique et des cultes. M. Gubler fait à la Société la communication suivante : PRÉFACE D'UNE RÉFORME DES ESPÈCES FONDÉE SUR LE PRINCIPE DE LA VARIABILITÉ RESTREINTE DES TYPES ORGANIQUES, EN RAPPORT AVEC LEUR FACULTÉ D'ADAP- TATION AUX MILIEUX, par M. Adoïphe GUBLER. I Les vérilables espèces sont noyées dans la multitndé des mauvaises. (DECAISNE, Bull. Soc. bot. de Fr. avril 1860, t. VII, p. 263.) Le nombre des espèces admises par les botanistes va toujours croissant, les types linnéens vont se subdivisant sans cesse, au désespoir des bofano- philes et même des savants qui, voués à des études générales, n'ont pas le temps de se pénétrer des détails de la partie descriptive de la science. SÉANCE DU 11 AvRIL 1862. 195 Si cette dissociation continue, la botanique, hérissée déjà de difficultés, n'aura plus qu’un petit nombre d'’adeptes, et ceux que ne pousse pas un entrainement irrésistible vers l'étude de la nature, rebutés dès les premiers obstacles, s’attacheront seulement, comme à l'époque romaine, au côté artis- tique et utilitaire, et se contenteront des notions empiriques de nos garçons jardiniers. Cependant le concours des plus humbles amateurs doit profiter à l’avance- ment des connaissances en histoire naturelle. La Société botanique de France l’a si bien compris qu’elle a ouvert ses portes, pour ainsi dire, à deux battants, et n’a pas demandé la moindre preuve de capacité à ceux qui voulaient en franchir le seuil. C’est donc entrer dans l'esprit de Ja compagnie, et particu- lièrement dans les intentions des savants qui l'ont constituée, que de chercher à rendre plus faciles les abords du temple. Tel sera, je l'espère, l’un des résultats de mes efforts. Mais, en entreprenant ce travail, mon but principal, je l’avoue, n’est pas simplement d’aplanir la route à ceux qui nous suivent; je tiens surtout à faire voir que la distinction a été poussée assez loin, que l'analyse a fourni assez de matériaux à la science; qu'il est temps enfin de grouper les détails, de déga- ger quelques faits généraux, je n'ose dire des lois, qu’en un mot le tour de la synthèse est arrivé. Au reste, si jamais, à aucune autre époque, la manie d’émietter les anciens types spécifiques n’a été poussée aussi loin ‘que de nos jours, la tendance du moms n’est pas nouvelle, et des hommes autorisés se sont élevés dès longtemps Contre cette multiplication irrationnelle des espèces. Un observateur, par exemple, qui fixa ses recherches sur l’un des genres les plus polymorphes et se prêtant le mieux à ce luxe de subdivisions arbi- traires, Seringe, s’exprime en ces termes : « Il est probable que si Willdenow » avait vécu plus longtemps, s’il avait décrit comme espèces toutes celles que » M. Schleicher dit avoir été nommées par lui, il aurait, en multipliant d’une » manière prodigieuse le nombre des espèces, été très nuisible à cette partie » de la botanique. Tous les auteurs qui, dans l'étude des Saules, ne feront » qu'un travail de cabinet, manqueront certainement leur but ; il faut les » cultiver, les voir à chaque instant et dans l'état frais; les étudier sur les » mêmes individus, retirés du même pied par boutures ou marcottes, plantés » dans des terrains arides, humides, argileux, sablonneux, etc. (4). » Mais auparavant une voix plus éloquente, celle de Lamarck, s'était fait entendre dans ce débat toujours ouvert entre ceux qui ne voient que des diffé- rences et ceux qui recherchent les analogies, entre ceux qui ne se préoccu- pent que de la diversité des formes et ceux qui voient, au delà des apparences, l'identité d’origine ou l’unité de plan. Laissons la parole à ce grand naturaliste : (4) Seringe, Monographie sur les Saules. Berne, 1815. 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. « Il me sera facile de montrer, dit Lamarck (1), que tout ce que je viens » de dire à l’égard des familles et des genres a aussi parfaitement lieu pour » les espèces, et que l’étude de la botanique à cet égard est encore embar- » rassée de mille incertitudes et de difficultés insurmontables; car, au lieu » de chercher à distinguer les espèces par des caractères tranchants, toujours » confirmés par la constance dans la reproduction, et sans jamais employer le » plus ou le moins (2), presque tous les botanistes à présent multiplient infi- » niment les espèces aux dépens de leurs variétés; ils ne connaissent plus de » bornes à ce désir de créer de nouveaux êtres : la moindre nuance dans la » grandeur, dans la couleur ou dans la consistance de deux individus leur » suffit pour former deux espèces particulières. » Et plus loin, Lamarck s'écrie : « Que va devenir la botanique fondée sur » de pareils principes ? Quel chaos! et comment se reconnaître? » Ce même cri de détresse a été arraché plus d’une fois, depuis lors, à d'éminents naturalistes par les excès des amateurs de savantes minutes. Per- sonne, parmi nous, n’a oublié l’énergique et chaleureuse protestation d'un de nos maîtres, en faveur d’une méthode plus rationnelle, M. Decaisne nous disait un jour (3), avec l’accent d’une conviction irrésistible : « Afin de » faire comprendre dans quel chaos on précipite aujourd’hui la botanique, » je crois devoir mettre sous les yeux de la Société quelques chiffres qui » dénotent assez ce qu’il y a d’absurde et de faux dans cet accroisse- » ment indéfini d'espèces qui nous inonde depuis une quarantaine d'années. » Une fois qu’on est lancé sur cette pente, il n'y a plus de raison de » s'arrêter, et Dieu sait où l’on ira chercher dorénavant des caractères spéci- » fiques. » « Les véritables espèces, ajoute M. Decaisne, sont noyées dans la multitude + des mauvaises. » Gette sentence sévère résume fidèlement la situation actuelle de la science. « Cependant, comme il est dans l’ordre des choses que tout excès amène une » réaction qui en est le correctif, je ne désespère pas, dit en terminant le » savant professeur, de voir les esprits sérieux revenir à des appréciations » plus saines des caractères spécifiques, et les Flores débarrassées de cette » superfétation de noms qui surchargent la mémoire la mieux douée, sans qu'il en résulte le moindre bénéfice pour la science (4). » Ces paroles commencent à porter leurs fruits. Séance tenante, un floriste très compétent, M. Cosson, à déclaré s’associer de tout point à l'opinion énergiquement exprimée par M. Decaisne, non-seulement dans cette circon- stance, mais déjà en 1857, dans un excellent travail qui renferme, à l'occa- S œ (1) Lamarck, Discours préliminaire de la 2° édition de la Flore française, p. 25. (2) Cette exigence de Lamarck ne nous paraît pas justifiée. (3) Séance du 27 avril 1860. Voyez le Bulletin, t. VII, p. 263. (4) Loc. cit., p. 263-264. SÉANCE DU 11 AvRIL 1862. 197 sion d’une étude sur un point très limité, l'exposition de vues hautes et judicieuses sur les généralités de la science (1). De son côté, M. le comte Jaubert, dans un discours aussi bien écrit que sagement pensé, déclarait, dès 1858 (2), que le danger dont la botanique était menacée lui venait de « l’accroissement démesuré de la nomenclature », et se rangeait résolâment du côté de M. le professeur Decaisne. « Remanier indis- » crètement les anciennes espèces pour en tirer de prétendues nouveautés à » l’aide de différences impalpables, c’est, dit notre éminent collègue, s’ap- » pauvrir sous prétexte de perfectionnement. » Ainsi, Messieurs, si la plupart des floristes sont encore entraînés dans le tourbillon de l'école ultra-analytique, il en est d’autres, et des plus autorisés, parmi lesquels je suis heureux de citer encore M. Ad. Brongniart, qui cher- chent à enrayer ce mouvement désordonné et qui proclament des principes contraires dont il est permis d’entrevoir le triomphe prochain. M. le profes- seur Chevreul, à qui les généralités de toutes les sciences sont également familières, pense de son côté que, faute d’une application rigoureuse de la méthode expérimentale, les espèces sont multipliées d’une manière abusive. Il ne fallait pas moins que de pareils exemples pour m’encourager à aborder une question brûlante, dans laquelle je dois heurter tant d'opinions adverses et rencontrer devant moi tant de noms justement estimés. La déviation que Lamarck, Seringe, MM. Decaisne, Jaubert et d’autres savants reprochent aux descripteurs, semble avoir commencé en Allemagne, et c’est encore de l’autre côté du Rhin que la subdivision indéfinie des types paraît le plus en honneur. Quand on cherche à se rendre compte des causes qui ont entraîné veu à peu les botanistes si loin des traces du grand législa- teur de la science, on en découvre aisément plusieurs. D'abord, Linné ayant confondu dans une même dénomination certaines bonnes espèces parfaitement distinctes, il était tout naturel d’en opérer après lui la séparation. De plus, l’auteur du Système végétal ayant çà et là laissé s'introduire, parmi la multitude de ses types irréprochables, un petit nombre d'espèces douteuses ou manifestement entachées de vices rédhibitoires, la porte était ouverte à l’abus. En élevant des variétés à la dignité d'espèces on ne faisait qu’imiter l'exemple du grand homme. Ajoutez à cela la contemplation habituelle d'un petit nombre de types qui fait découvrir des différences insaisissables de prime abord et porte à leur accorder une importance qu'elles n’ont pas. De là vient que les descripteurs allemands, moins bien partagés sous le rapport de la richesse florale, ont dû, (1) Decaisne, Note sur l'organogénie florale du Poirier, précédée de quelques consi- déralions générales sur la valeur de certains caractères spécifiques (Bull. Soc. bot. de Erit Et, p. 338). . @ pee Discours d'inauguration de sa présidence (Bull. Soc. bot. de Fr. .V, p. 9). 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. toutes choses égales d’ailleurs, se laisser glisser plus rapidement que les autres sur la pente qui aboutit à l’infinie subdivision des types spécifiques. Enfin le désir bien légitime d’attacher, je ne dis pas son propre nom, je suppose les savants toujours désintéressés, mais du moins celui d’un ami ou d’un Mécène, à une forme nouvelle, n’a pas peu contribué à entretenir ce zèle des distinctions illimitées. Une seule chose eût pu modérer cet entraînement fâcheux, c’eût été une notion saine de la définition de l'espèce. Par malheur, ce frein salutaire vint à manquer. L'espèce étant devenue synonyme de forme distincte, on se crut en droit d’ériger en autant d'espèces toutes les formes qu'à l’aide de raffinements descriptifs, on parvint à rendre reconnaissables. pour les habiles seulement. Est-ce à dire pour cela que les travaux analytiques aient été sans profit pour la botanique? Loin de moi cette pensée! Les matériaux amassés par l'école moderne ne paraissent encombrants que parce qu'ils n’ont pas encore trouvé leur véritable emploi et n'ont pas reçu la disposition qui leur convient dans l'édifice de la science. Toutes les formes décrites sont bien réelles; les différences signalées ne sont pas chimériques et, pour être moins saillantes que celles sur lesquelles Linné ou Jussieu ont fondé la diagnose des espèces, elles n’en sont pas moins incontestables. Parcourez attentivement du regard la riche plate-bande des Rosiers indigènes dans le jardin botanique de la ville d'Angers, vous n’hésiterez pas à reconnaître, avec le savant directeur de ce bel établissement, que chacune des nombreuses formes réunies dans ce coin de terre se distingue des autres par quelque caractère suffisamment net et défini. Ce qui est vrai des Æosa de M. Boreau, le serait sans doute, dans une cer- taine mesure, des Æubus de M, Mueller et des plantes de M. Jordan. Il n’y a pas de doute à concevoir sur la justesse des remarques de ces honorables botanistes. J'ajoute qu'il n’y a pas de distinction, quelque subtile qu'on la suppose, qui ne mérite d’être consignée dans nos livres et qui ne soit plus ou moins digne de notre attention. Toute modification morphologique, si légère soit-elle, mérite qu’on y prenne garde ; car elle a sa raison d’être et soulève toujours un problème de physiologie ou de physio-pathologie, dont la solution importe à nos connaissances générales. Je ne me plains donc pas de la scrupu- leuse exactitude avec laquelle la plupart de nos confrères transmettent à la postérité la physionomie des êtres de l’époque actuelle; nous devons, au contraire, leur savoir gré du travail constant et quelque peu ingrat par lequel ils enrichissent de précieux détails le domaine de l’histoire naturelle. Ce que je ne puis approuver, c’est l'importance injustement égale attachée par eux à toutes les modifications constatées des types spécifiques. En conséquence, si je crois devoir protester, après d’illustres devanciers, contre l'introduction d'un grand nombre d'espèces nouvelles dans le cata- Jogue de nos flores, je me garderais bien d’ailleurs de demander la suppres- SÉANCE DU 11 AVRIL 1862. 199 sion de toutes les formes décrits. Ces formes, je les accepte sans peine, à la ondition de les catégoriser et de leur assigner leur véritable rang dans la nomenclature. Les considérer comme non avenues, ce serait nier les résultats de l'observation ; les ranger purement et simplement sous une dénomination spécifique commune, ce serait, selon moi, établir la confusion sous le pré- texte de faire de la synthese. Aucune observation ne doit être négligée en histoire naturelle; le plus mince détail, encore une fois, lorsqu'il est mis à sa place, contribue à la perfection de l’ensemble. A ce titre les analyses délicates des floristes servi- ront certainement nos véritables intérêts ; sachons seulement les utiliser en les interprétant. ‘ Mais, en faisant descendre un grand nombre d'espèces de création mo- derne à l’humble rang de simples variétés, on ferait un acte de justice qui, par lui-même, serait presque sans avantage pour les naturalistes. En effet, de deux choses l’une, ou bien l'on tiendrait compte de ces variétés, qui seraient inscrites sous leurs noms actuels, et dans ce cas la mémoire ne se trouverait nullement soulagée ; ou bien ces mêmes variétés seraient, sinon effacées, du moins négligées d'abord, oubliées plus tard et fondues dans une description plus compréhensive, mais plus vague en même temps, du type spécifique. A cela la phrase caractéristique perdrait sa netteté : qu'y gagnerait la science? Rien assurément ; elle aurait même rétrogradé, car il vaut mieux trop distin- guer que trop confondre. C’est la supériorité de l'affirmation sur la négation, ou mieux, du savoir sur l'ignorance. Le seul moyen de concilier ces exigences, en apparence contradictoires, consiste à enregistrer soigneusement toutes les modifications quelconques des types organiques en les groupant d’après leurs affinités naturelles, et leur impo- sant des dénominations en rapport, soit avec la nature anatomique de la dégé- nérescence, soit avec la cause cosmique plus ou moins complexe qui l’a déterminée. Tel est le but que j'envisage depuis plusieurs années, et bientôt j'aurai l'honneur de soumettre à la Société quelques exemples de l'application de ces principes à certains cas particuliers. Il L'empreinte de chaque espèce est un type dont les prin- cipaux traits sont gravés en caractères inefaçables et per- manents à jamais; mais toutes les fouches accessoires varient. (Buffon, Hist. nat, t. XII, p. 9, 1765.) Mais la solution de ces questions repose tout entière sur la définition de l'espèce, A mon tour, je vais donç, non sans crainte, aborder la discussion de cette notion fondamentale en histoire naturelle. 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'espèce est-elle un type primitivement créé, propagé héréditairement à travers les âges et plus ou moins profondément transformé? Est-elle, au con- traire, une forme distincte et immuable transmise par génération? Enfin n'est-ce qu’un aspect de la matière organisée, en voie d'évolution depuis l'ori- gine des choses, et doit-on l’envisager plutôt comme un assemblage arbitraire des êtres qui par hasard se ressemblent le plus aujourd’hui, qui se sépareront peut-être demain au point de vue morphologique, et qui, en tout cas, n'ont d’autre lien commun que cette similitude fortuite ? Voilà, en définitive, les trois hypothèses principales qu peuvent être pro- posées. La seconde est celle d’après laquelle semble se diriger aujourd’hui la majorité des naturalistes. La troisième est l'expression résumée de la manière de voir d’un petit nombre d'hommes distingués dont l'opinion, par cette raison toute personnelle, mérite d’être prise en sérieuse considération. La première, soutenue par Buffon et par Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, plus récemment exposée par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, est, à mon avis, la seule admis- sible. Je fais bon marché de la circonstance que le type daterait des premiers jours de la création, me bornant à constater qu’il remonte au delà des âges historiques jusqu’à la dernière révolution du globe, et que ce n’est pas forcer l'induction que d'admettre une antiquité plus reculée encore. A part cette vue hypothétique, la thèse défendue par l’auteur de l'Histoire naturelle générale me paraît, je le répète, appuyée sur les données les plus positives, et la seule compatible avec l’ensemble des observations acquises à la science. L'idée de faire reposer la définition de l'espèce sur la similitude plus ou moins exacte des formes est évidemment celle qui a dû se présenter la première à l'esprit des observateurs. Placez un homme intelligent, mais profondément ignorant des choses de la nature, au milieu des richesses Zz00- logiques et botaniques d’une contrée, cet homme sera frappé de prime abord des différences profondes qui séparent les deux règnes. Puis, dans chacun d’eux, par une sorte d’intuition. il saisira les grandes coupes, et par une obser- vation répétée et soutenue, il démélera enfin les groupes secondaires qu'il subdivisera encore jusqu’à ce qu'il arrive à reconnaître la presque identité de certains êtres se rapprochant autant par leurs caractères communs qu'ils s’éloignent par là de ceux qui les environnent. L'espèce se trouvera dès lors constituée sur l’une de ses bases fondamentales. Toutefois, remarquons-le bien, la même raison qui conduit cet observateur novice à réunir certains êtres, le pousse à en éloigner d’autres, qui cependant ne peuvent être séparés sans violer les lois naturelles les plus strictes. Pour lui, la chenille se rapproche plus d’un ophidien et surtout d’un myriapode que d’une chrysalide, et celle-ci sera aussi loin du papillon que de l'oiseau ou du mammifère. Mais, que notre curieux assiste à la transformation de la larve en nymphe et de la nymphe en insecte ailé et brillant, aussitôt ses idées seront bouleversées, un rayon de SÉANCE DU 11 AVRIL 1862. 201 lumière aura pénétré dans son esprit et lui aura révélé une seconde condition de l'espèce naturelle, à savoir l’unité d’origine. Ces deux points de vue par lesquels a passé notre observateur solitaire sont ceux sous lesquels les générations savantes sont venues successivement se placer. Et la connaissance d’une foule de métamorphoses dans l'individu et dans l'espèce, c’est-à-dire des phases et des stases si communes dans les deux règnes, nous oblige maintenant à restreindre beaucoup la valeur de Ja forme dans la définition de l'espèce. L'identité morphologique reste assurément la meilleure preuve de l'identité spécifique, mais la dissemblance la plus com- plète des caractères extérieurs n'implique pas nécessairement la distinction originelle des races. Sans parler des phases d'évolution, embryonnaire et fœtale, ni des sfases constituées par les générations alternantes, à l’occasion desquelles la discussion ne saurait s'élever un instant, j'ose aller jusqu’à prétendre qu'un être orga- nisé pourrait perdre à la fois tous les traits qui passent pour le caractériser, sans cesser néanmoins d’appartenir à son espèce. En effet, les caractères dont nous composons la phrase diagnostique des espèces végétales ou animales ne sont que l'expression des attributs les plus grossiers des êtres qui les compo- sent. Nous choisissons, pour les reconnaître et les signaler, les particularités les plus visibles et les plus tangibles, celles qui sont soumises au nombre, au poids et à la mesure. Des caractères incomparablement plus nombreux et tout aussi importants, mais plus cachés, plus fugaces ou plus difficiles à rendre par le langage, sont passés sous silence. Ainsi le veut l’imperfection de nos moyens. Et pourtant les propriétés omises forment un ensemble tellement Caractéristique, qu’à l'exclusion de toutes celles sur lesquelles s'appuie la diagnose officielle, elles suffisent à faire reconnaître les espèces. Les forestiers habiles ne savent-ils pas discerner à première vue l'essence à laquelle ils ont affaire d’après l'examen d’un seul rameau ou d’une seule rondelle de bois, sans le secours des feuilles ni des organes reproducteurs? Eh bien! les micro- graphes en feront autant à l’aide d’une tranche excessivement mince du tissu de la plante. Déjà l'étude de la structure intime des diverses familles donne des résultats d’une netteté inespérée. Dorénavant une coupe microscopique d’une extrémité radiculaire suffira, d’après les belles anatomies de notre pré- sident (1), pour prononcer qu'une plante est réellement parasite. Un de nos zélés secrétaires, M. Eug. Fournier, vient de nous apprendre que les feuilles des diverses sections du genre Polytrichum ont des structures élémentaires très différentes qui permettraient de les classer naturellement d’après ce seul caractère. Qui sait à quel degré de précision arrivera la diagnose par des investigations patientes et laborieuses exécutées à l’aide des moyens perfec- Uonnés que la physique et la chimie mettent aujourd’hui à notre disposition? (1) M. Chatin. 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Un grand avenir est réservé, sans aucun doute, à cet ordre de recherches. Pour ma part, je suis convaincu que les traits caractéristiques de l’espèce sont empreints dans la structure intime comme dans l’organisation extérieure, que chaque élément histologique reproduit, dans son état matériel et son fonctionnement, des modalités comparables à celles qui distinguent l'individu tout entier, et qu’en outre le cachet de la spécificité y est imprimé d’une manière plus indélébile encore. Ceci vaut la peine d’une explication. Prenez un demi-centimètre cube, par exemple, du parenchyme charnu d'un Cactus, ou d’une plante grasse quelconque; placez cette petite masse dans des conditions de chaleur et d'humidité favorables à la végétation : alors, l'une des cent mille utricules qui composent cette fraction de la plante, va se gonfler, se colorer : elle va devenir le siége d’une nutrition plus active et le centre d’une production d'éléments nouveaux qui s'agenceront de telle sorte qu'il en résultera un Cactus semblable à celui auquel vous avez emprunté ce fragment de parenchyme, Pourtant rien ne vous eût avertis de cette aptitude merveilleuse de la cellule privilégiée, Elle ne se distinguait préalablement par aucun signe: et de fait, il est infiniment probable qu’elle n’était point pré- destinée et que tout autre élément du tissu utriculaire aurait aussi bien propagé la race. La cellule qui s'anime, pour parler le langage imagé de Gaudichaud, n’est pas au fond différente de ses congénères : c’est celle qui se trouve accidentel- lement recevoir à la fois la plus grande somme de sucs nutritifs et la plus juste mesure de radiation solaire. D'ailleurs, toute autre à sa place en eût fait autant. Chaque élément histologique d’une plante, comme chaque parcelle d'un animal inférieur, comme lovule des êtres plus haut placés dans l'échelle organique, recèle donc l'aptitude à revêtir tous les attributs de la plante entière. En ce sens, toute utricule végétale est un ovule, ou ce qui revient au même, toute utricule végétale est un individu en puissance. L'exemple choisi fait, si je ne m’abuse, ressortir jusqu’à l'évidence la par- ticipation possible de chaque molécule intégrante d’un organisme aux proprié- tés de l’ensemble. 11 nous montre la spécificité attachée à la dernière utricule microscopique du végétal, aussi bien qu’à l'individu collectif tout entier. Sans doute les différents éléments de la trame organique ne sont pas tous doués, même à l’état potentiel, de cette somme de qualités qui appartient aux cellules vertes des plantes ou bien au sarcode des Zoophytes ; mais tous, à mon avis, retiennent du moins quelques caractères intimes qui les distinguent de leurs homologues dans les autres espèces naturelles. Voilà ce qui constitue, à proprement parler, l'essence de l'espèce ; car cette modalité des parties intégrantes, ou plutôt des véritables individus rudimen- taires, est la propriété immanente par excellence, L'agencement, l'accumulation SÉANCE DU 11 AVRIL 1862. 203 de ces organes élémentaires, la configuration extérieure de l'être composé, son volume, sa masse, tout cela, au contraire, est sujet à varier. Si la dissemblance la plus évidente cache parfois la communauté d'origine et l'identité essentielle, d’un autre côté une similitude morphologique presque parfaite peut masquer la multiplicité originelle et la différence radicale des types. Il n'est guère d'animaux plus voisins par la forme que l’âne et le cheval, tellement qu’un crayon malhabile représente involontairement le premier quand il croit nous tracer l’image du second. Des contours un peu plus arrondis ou plus maigres, des oreilles un peu plus ou un peu moins longues, voilà à quoi se réduisent les caractères les plus saillants. Et cependant quelle distance sépare ces deux êtres au point de vue de la structure, de la manière de vivre, de l'intelligence et du caractère! Malgré leurs grandes affinités morphologiques, la nature elle-même s'est plu à rendre infranchissable l'espace qui les sépare, en frappant leurs hybrides de stérilité. Preuve mani- feste de la profonde différence organique des deux espèces en même temps que de leur essence distincte, La conformité presque absolue des types n’est donc à son tour qu'une présomption en faveur de l'identité spécifique. J'en ai dit assez pour faire voir que le caractère tiré de la forme est insuf- fisant ou trompeur, et qu'il exige, à titre de complément ou de correctif, la notion de filiation ou d’origine commune. Sans entrer plus avant dans cette controverse, je crois devoir proposer dès à présent les définitions suivantes : Envisagée du point de vue de la forme, l’espéce est l'ensemble des êtres qui, sous des conditions extérieures identiques, se ressemblent presque exacte- ment, aux diverses périodes respectives de leur évolution collective ou individuelle. Fondée sur l'essence, l'espèce est un type organique transmissible héré- ditairement, d'une manière indéfinte, sans altération profonde et irréver- sible (4), du moins pendant la période géologique actuelle. La suite de mon travail sera la justification de ces deux formules complé- mentaires l’une de l’autre, et qu'il suffirait de souder pour donner une notion complète de l'espèce. En attendant, je me contenterai de faire remarquer que je tiens un juste compte des opinions des anciens maîtres : Linné, Jussieu, De Candolle d'une part; Buffon, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire de l'autre, en profitant des vues émises par MM. Chevreul, Flourens, Goüron, de Quatre- fages sur la méthode à suivre el les principes à sauvegarder dans la définition .(1) Ce mot n’est pas entré dans la langue; j'espère qu’on me pardonnera ce néolo- gisme utile, en considérant que les radicaux réversion et réversible ont déjà leur place dans le dictionnaire, 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de l'espèce ; et qu’en outre mes formules concordent parfaitement avec l’es- prit de la définition adoptée par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, l’une des plus grandes autorités dans la question. (La suite prochainement.) M. Duchartre fait hommage à la Société de son mémoire intitulé : Recherches expérimentales sur les rapports des plantes avec la rosée et les brouillards, et en donne une analyse verbale. M. Eug. Fournier donne lecture de la note suivante : NOTE SUR LE TRIGLOCHIN LAXIFLORUM Guss., par ME. Eugène FOURNIER. En étudiant, avec notre honorable vice-président M. Cosson, une collec- tion de plantes récoltées aux environs de la Calle (Algérie) par M. Lefranc, et dont je mettrai prochainement le catalogue sous les yeux de la Société, j'ai recueilli un fait intéressant pour la fiore de France. M. Cosson m'a fait remarquer la présence du 7riglochin laxiflorum Guss. en Corse. Cette espèce a été distribuée par Soleirol sous le numéro 4043 et sous le nom de T. Barrelieri Lois. Les étiquettes portant 4043 A indiquent la plante au cap Riveloto près Calvi, en octobre. Les étiquettes portant 4043 R l’indiquent à Saint-Florent ou Calvi. Dans les deux cas, l'espèce distribuée est parfaite- ment reconnaissable. Elle existe aussi dans l’'herbier de France au Muséum; on y trouve, dans la chemise qui porte le nom de 7°. laxiflorum, la plante de Soleirol et un échantillon recueilli à Bonifacio par M. Belair, mais très jeune, et qui ne peut être rapporté qu'avec doute à la même espèce ; il en est de même d'échantillons trouvés à Bonifacio par M. Kralik et conservés dans l’herbier de M. Cosson. Loiseleur avait déjà indiqué en Corse le 7°. laxi- florum d’après des échantillons recueillis par le docteur Robert (voy. Loi- seleur, Flora gallica, pars prima, p. 265, et Nouvelle notice sur les plantes à ajouter à la Flore de France, in Ann. Soc. Linn. paris. 4827, p. 168). Cependant MM. Grenier et Godron, considérant la détermination de Loiseleur comme erronée, ont exclu cette espèce de la flore française (F7. de Fr. A, 310). Elle doit y être rétablie, Le Zriglochin laziflorum se distingue du 7. maritimum par son fruit à trois et non à six carpelles, du 7. maritimum et du 7. palustre par sa souche bulbiforme et composée de bulbes agrégés ; enfin du 7. Barrelieri, dont il est le plus voisin, par son port plus grêle, ses feuilles planes et non demi-cylin- driques, ses pédicelles arqués et appliqués contre l'axe à la maturité, et non étalés-dressés. De plus le 7. Zaxiflorum se développe dans l'arrière-saison, de septembre à décembre, tandis que le 7, Barrelieri estuneplantedu printemps. On le connaît aujourd'hui en Corse, en Sicile et sur le littoral algérien. SÉANCE DU 11 AVRIL 1862. 205 M. Ed. Prillieux, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : SUR LE LIGUSTRUM DES LATINS ET SUR LA DIFFICULTÉ DE RATTACHER LA NOMENCLATURE BOTANIQUE DES ANCIENS A LA NOTRE, par NE. A. FÉE. (Strasbourg, mars 1862.) TL. — Les travaux d’érudition ayant pour bat de rattacher la nomenclature botanique des anciens à la nomenclature moderne, présentent, faute de données suffisantes, des difficultés très souvent insurmontables. C’est en comparant soi- gneusement les textes et en suivant la tradition nominale à travers les siècles que l'on peut espérer d'y réussir. Malheureusement ces textes sont très pauvres en renseignements précis, et nous sommes séparés des auteurs, auxquels nous les devons, par de longues périodes de ténèbres qui laissent le présent complé- tement isolé du passé, sans qu’il soit possible de lier l'un à l’autre, de sorte que si l'on marche, c’est quelque peu au hasard et privé de guide. I faut for- muler ses décisions sur de simples épithètes ou sur des descriptions vagues, telles qu’on les trouve dans les écrits de Pliue et de Dioscoride, auteurs qui se répètent ou se contredisent. On ne saurait donc présenter ses opinions avec trop de réserve, car si, dans certains cas, il est permis de croire à la certitude, il est bien plus ordinaire de rester dans le vague. On voulait la vérité, et il faut se contenter de la vraisemblance. Très peu de commentateurs réunissent les connaissances nécessaires pour réussir dans ce genre de travaux; très peu connaissent à fond la flore des terres classiques, très peu savent le grec moderne, langue dans laquelle on peut retrouver des lambeanx de la nomenclature de Théophraste et de Diosco- ride. Le docte Martyn était Anglais, Retzius Suédois, Sprengel Allemand, et, parmi les Français qui ont écrit sur fes plantes de l'antiquité, il n'en est aucun qui ne soit ou qui n’ait été plus ou moins étranger à la flore de la Grèce et à celle de l'Italie méridionale. Ce qui prouve la difficulté de la matière, c’est de voir les érudits toujours en désaccord, de manière que la controverse est perpétuelle, Aux yeux des commentateurs qui tranchent sans hésiter les questions les plus ardues, les comwentateurs réservés semblent trop timides, et ceux-ci ne peuvent s’em- pêcher de trouver les autres trop hardis et trop confiants en eux-mêmes. Autrefois Le monde littéraire s’intéressait à ces luttes, qui aujourd'hui passent inaperçues, ce qui, du reste, n’a rien de précisément regrettable. Li. — Pari les plantes des anciens qui offrent le plus de difficulté dans leur détermination (peut-être parce qu’on s’est trop souvent évertué pour y parvenir), se trouve certainement le Ligustrum. 206 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les poëtes en font une plante à fleur blanche (Virgile) (1), d’une blancheur comparable à celle de la neige (Ovide) (2), exhalant une douce odeur (Sidoine Apollinaire) (3); ajoutons que Columelle (4), qui en fait aussi une plante odorante, lui attribue des fruits noirs, Liqustrum nigrum. Pour les prosateurs, c'était un arbre assez gros pour qu’on püût en tirer des tablettes, éessera, sur lesquelles on écrivait le mot du guet (Pline) (5), à feuilles semblables à celles de l’Olivier, quoique plus larges, plus molles et plus vertes, à fleurs blanchâtres et à semences (baies?) noires (Dioscoride) (6). Enfin, si le xflaorpo de Théophraste (7) devait être regardé comme la même plante que le Ligustrum des Latins (ce dont il est permis de douter grandement), il fau- drait ajouter, d’après l’auteur grec, qu’il vit dans les lieux montueux, qu'il est toujours vert et que ses rameaux robustes peuvent servir à faire des cannes. Tel est l’ensemble des éléments de détermination d’après lesquels on peut espérer de reconnaître le Ligustrum, ne comptant pour rien Martial et Clau- dien qui se contentent de parler de la blancheur de sa fleur : convenons que c’est bien peu. Dioscoride (/. c.) paraît confondre sous le nom de #6mpos le Ligustrum et le Cypros, bien distincts l’un et l’autre chez Pline. L'auteur grec et l’auteur latin s'accordent à dire que le C'ypros est un arbre d'Égypte et de Judée, où en effet le Henné, Lawsonia inermis L., est extrêmement commun. Il sem- blerait que Dioscoride aurait été induit en erreur par ces mots du naturaliste romain (8), mots qu’il aurait connus : Quidam hanc esse dicunt arborem que in Italia LIGUSTRUM vocetur. « Quelques personnes croient que le Cypre est le même arbre qui porte en Italie le nom de Ligustrum. » Or on sait que jamais le Henné n’a été trouvé en Europe. Dioscoride, ainsi égaré, aurait commencé par décrire le Ligustrum et terminé son chapitre en parlant du Cypros ou Henné des Arabes. Quant au xflæores, de Théophraste (/. c.), je ne crois pas, contrairement à l'opinion de Sprengel (9), qu'il s'agisse du Zigustrum des Latins, le peu qu’il dit dans le texte invoqué se rapportant à une tout autre plante. 11 résulte de ce qui précède que les documents fournis par les Grecs, en ce qui concerne le Ziqustrum, sont incertains et sans valeur réelle ; il faut donc se contenter de ce qu’en disent les Latins, et l’on voit alors combien sont fai- bles les bases sur lesquelles reposent les déterminations qu’il est possible de hasarder sur la plante qui fait l’objet de cette note. Mattiole, Daléchamp, le P. Hardouin, Sprengel et tous les traducteurs de Virgile se sont accordés pour désigner le Troëne, Ligustrum vulgare L., et ce point de botanique ancienne (1) Virgil. Ecl. I, v. 18. — (2) Ovid. Melam. XII, v. 789. — (3) Sidon. Apollin. Epist. IX, 13. — (4) Colum. De hortor. cult. lib. X, v. 302.— (5) Plin. Hist. nat. XVI, 31. — (6) Diosc. lib. 1, c. 125. — (7) Theophr. lib. I, 45, 3, 4. — (8) Plin. Hist. natur. lib. XII, c. 51,— (9) Sprengel, Hist. r. herb. I, p. 76. SÉANCE DU 11 AVRIL 1862. 207 paraissait désormais réglé. Une ancienne opinion, il est vrai, avait prétendu voir dans le Ziqustrum notre grand Liseron, C'onvolvulus sepium L., devenu un Calystegia; mais elle ne pouvait être admise, même avec doute, car, s’il est difficile de trouver la vérité, il ne l’est pas le moins du monde de recon- naître l’erreur. Mattiole, dans ses commentaires sur Dioscoride, se moque du bon Servius, qui le premier à proposé cette désignation que Daléchamp, à son tour, repousse comme absolument invraisemblable. En effet, si l’on veut ne tenir aucun compte du texte de Pline qui en fait un arbre, il n’existera plus aucune base de discussion, et toute plante d’Ita- lie à fleur blanche, pourvu qu’elle soit odorante, car ainsi le veulent les textes de Columelle et de Sidoine Apollinaire, pourra être indiquée sans qu’il soit possible d'élever la moindre objection sérieuse ; or, si la fleur du grand Liseron est blanche, elle n’a point d’odeur. Si les Latins n’eussent pas connu le grand Liseron, si le nom de Convol- vulus n'existait pas pour notre plante si bieu décrite par Pline qu'il est impos- sible de la méconnaître, on pourrait comprendre qu’on la cherchât chez les poëtes et ailleurs ; mais tel n’est pas le cas, et supposer que Virgile ait nommé Liqustrum ce que Pline appelle C'onvolvulus, quand ce dernier auteur a un Liqustrum, me semble tout à fait déraisonnable. Je n’hésiterais pas à regarder comme impossible de reconnaître le Liqus- trum, faute de données suffisantes, si la tradition nominale ne venait en aide ; mais on sait que, parmi les noms donnés au Troëne en Italie, se trouvent ceux de Zigustro et de Guistrico, même mot sous deux formes différentes. J'ajouterai que, pour les Espagnols, c’est ie Zigustre et, pour les Portugais, le Ligustro. Lorsque la tradition nominale, loin de contrarier les textes, les éclaire, elle a une importance incontestable. S'agit-il des plantes d’'Homère et de Théocrite, il est nécessaire de consulter la nomenclature botanique des Grecs modernes; faut-il déterminer celles de Virgile ou d'Ovide, il est indis- pensable de s'assurer s’il n’existe pas des rapports entre les noms latins et les noms italiens. On cherche souvent en vain ces analogies, mais il ne faut pas pour cela se décourager ; ne sait-on pas qu'il suffit souvent de quelques lettres conservées sur une médaille frusie pour qu'il soit possible d’en deviner la légende ? IL — Le Zigustrum dont parle Columelle dans le livre X De re rusfica, consacré à la culture des jardins, livre où, pour parler des fleurs, il quitte la prose pour les vers, est-il bien le même que celui de Pline et des poëtes latins ? Quelques personnes en ont douté, se basant sur l’épithète de nigrum qui lui est donnée. Ce n’est pas pour nous une raison, car si elle ne peut être appliquée à la fleur, elle convient merveilleusement au fruit. Nous donnons le nom de Sambucus nigra L. au Sureau, non à cause de sa fleur qui est blanche, mais à cause de ses baies qui sont noires. Il n’en est pas autrement 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du Troëne, blanc par la fleur, noir par ses fruits. Au lieu de conclure d’une manière aussi simple, on a été chercher je ne sais quelles plantes, entre autres l’Zpomæa Nil de Linné qui, outre qu’il n’a rien en lui de noir, n’a été trouvé que dans les régions tropicales. Nous le cultivons depuis un cer- tain nombre d'années dans nos jardins, mais certainement les bergers de Virgile, ni les poëtes latins qui les font parler, n’ont pu le connaître. Lorsque Gesner écrivait (1) que cet /pomæa était le il des Arabes, il acceptait une erreur et la propageait. Columelle, dans le passage où il place le Zigustrum (2) parmi les fleurs odorantes, paraphrase Virgile, de sorte qu’il est question chez tous les deux d’une seule et même plante. À quoi bon alors se préoccuper de l’épithète dif- férente qui lui est donnée, autrement que pour constater qu'il s’agit bien d’un arbre ou arbuste à fleurs blanches odorantes et à fruits noirs, circonstances qui, venant s'ajouter à la tradition nominale, permettent de conclure plutôt en faveur du Troëne que de toute autre plante? Agir autrement n'est-ce pas se créer des difficultés et s'éloigner du but quand il est tout proche? Les voies les plus directes sont toujours les plus sûres. Mais, en rappelant ces préceptes, il en est un que je dois m’appliquer, celui qui conseille la sobriété aux com- mentateurs. J'en ai dit assez, d’ailleurs, pour montrer l'extrême difficulté de rattacher la nomenclature botanique ancienne à la nôtre; aussi ne craindrai- je pas de déclarer que, parmi les auteurs qui se sont occupés de pareils travaux, les plus sages (je n’ose dire les plus habiles) sont bien moins ceux qui affirment que ceux qui doutent. (1) Voyez C. Bauhin, Pinaæ, p. 295. (2) Le mot Ligustrum est d’origine obscure; il ne vient ni de ligare, comme l'a prétendu Vossius, ni de Liguria (Ligurie), parce qu'il serait originaire de ce pays. Troëne dérive, dit-on, de l’anglo-saxon treo, arbre, d’où tree en anglais, mais rien ne parait moins certain. SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 209 SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 11 avril, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l’admission de : MM. Larcuer, chef du bureau de l'instruction .publique à la Préfecture de la Seine, place Lacépède, 9, à Paris, pré- senté par MM. Chatin et Cosson; GarRoUTE (l'abbé), professeur à l'École de Saint-Caprais, à Agen (Lot-et-Garonne), présenté par MM. Amblard et Eug. Fournier. Dons faits à la Société : 1° Par MM. Roze et Bescherelle : Muscinées des environs de Paris, fasc. 1 et 2. 2° Par M. Dujardin-Beaumetz : De l'ataxie locomotrice. 3° De la part de M. Fée : Sur la morphologie de la fleur de l'Iris. Sur les urilles et Les arillodes. 4° De la part de M. Duval-Jouve : Nouvelles études sur Le pétiole des Fougères. 5° De la part de M. de Martrin-Donos : Plantes critiques du département du Tarn, 1° fragment. 6° De la part de M. Caruel : Prodromo della Flora toscana, fasc. 2. 7° De la part de M. Vieillard : Etudes sur les genres Oxera et Deplanchea. 8 En échange du Bulletin de la Société : Atéi dell I. R. Istituto veneto, novembre et décembre 1861. T. IX. 14 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Journal de la Société impériale et centrale d’Horticulture, mars 1862. Bulletin de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, fé- vrier 1862. L'Institut, avril 1862, deux numéros. MM. Roze et Bescherelle font hommage à la Société d’un exem- plaire des deux premiers fascicules de leur exsiccata, portant pour titre : Muscinées des environs de Paris. Lecture est donnée d’une lettre de M. Descroizilles, qui remercie la Société de l’avoir admis au nombre de ses membres. M. le Secrétaire général communique à la Société les dispositions réglementaires suivantes, arrêtées par le Conseil : RÈGLEMENT SPÉCIAL DU COMITÉ CONSULTATIF. Art, 4%, Le Comité consultatif, institué par la Société botanique de France dans sa séance du 28 mars 1862 (1), a pour mission : 1° d’aider, autant que possible, les membres de la Société dans la détermination des plantes nouvelles recueillies par eux en France ou en Algérie; 2° de con- courir au classement des plantes destinées à entrer dans l’herbier de la Société. | Art. 2. Le Comité se composera de sept membres, nommés chaque année par le Conseil au scrutin secret. Les membres sortants seront rééligibles, et le Comité pourra demander l’adjonction des membres qu’il croira être à même de seconder utilement ses travaux, Art. 3. Le Comité se réunira, au local de la Société deux fois par mois, à des jours et heures qu’il pourra fixer à son gré (provisoirement le premier et le troisième jeudi de chaque mois, à trois heures). Sont invités à s’ad- joindre, le plus souvent possible, au Comité ceux des membres de la Société qui voudront prendre part à ses travaux. Délibéré en Conseil, à Paris, le 45 avril 4869. Le Président de la Société, Le Secrétaire général, AD. CHATIN. W. DE SCHOENEFELD. M. Chatin dépose sur le bureau des échantillons de Spergula pentandra L., destinés à Therbier de la Société et recueillis par lui le jour même au Perray près Rambouillet (Seine-et-Oise). (1) Voyez plus haut, p. 159. SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 211 M. Lecoq fait à la Société la communication suivante : DE LA FÉCONDATION INDIRECTE DANS LES VÉGÉTAUX, par M. Henri LECOAQ. Les organes de la reproduction, dans la majeure partie des végétaux, sont réunis dans la même fleur et placés de telle manière que souvent ils se tou- chent, et qu'au premier abord le contact du pollen et du stigmate paraît assuré. D’autres plantes ont les sexes séparés, bien que plusieurs d’entre elles portent les deux sexes sur le même pied. De là les dénominations de De hermaphrodites, monoïques ou dioiques. La fécondation paraît donc plus facile dans les êtres hermaphrodites, moins certaine dans les plantes monoïques, plus difficile dans les espèces dioïques. On n’a tenu compte jusqu'ici que de ces trois états possibles : nous verrons qu'il existe un grand nombre d’intermédiaires. En étudiant la situation relative des organes sexuels dans les plantes, pour reconnaître les moyens de contact si variés que nous offre la nature, j'ai été surpris des difficultés nombreuses qui se présentent dans certaines fleurs pour empêcher ou gêner ce contact, et je suis arrivé à ce résultat qu’un pistil fécondé par le pollen de sa propre fleur est l'exception et non la règle. Nous réserverons pour ce dernier cas le nom de fécondation directe, et nous réunirons tous les autres sous le titre de fécondation indirecte. Dès l’année 1827, nous avons cité des exemples assez nombreux de fécon- dations indirectes sur des fleurs hermaphrodites. Ces exemples, nous pourrions les multiplier à l'infini ; nous préférons, pour abréger, indiquer les princi- pales circonstances dans lesquelles les fleurs hermaphrodites ne peuvent se féconder elles-mêmes. Ce sont : 1° L’avortement plus ou moins complet de l'organe mâle ou de l'organe femelle, ce qui tend déjà à la monœcie ou à la diœcie ; 2° L’imperfection du pollen ; &° La situation des anthères, ou trop élevées ou trop basses, relativement au stigmate ; 4° L'ouverture extrorse des anthères ; 5° La non-concordance d'aptitude des organes mâles et des organes femelles ; 6° La viscosité du pollen. Il existe évidemment un motif pour que la nature mette autant d'obstacles à la fécondation directe, et ce motif est surtout accusé par l'impuissance où sont certaines espèces de se féconder avec les étamines de leur propre fleur, ou même avec les étamines d’autres fleurs situées sur le même pied. On à des exemples parfaitement constatés de ce fait sur plusieurs Passi- flores. W. Herbert rapporte que les Zephyranthes carinata et Z. tubispatha ne donnent pas de graines en Angleterre, mais, si le dernier est fécondé par 212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le pollen du premier, il fructifie et produit des graines fertiles. Le même fait s’est reproduit sur des Amaryllis cultivés par M. Herbert. M. Aug. Rivière, l'habile et savant jardinier du Luxembourg, a inutilemen tenté de féconder l’Oncidium Cavendishianum par son propre pollen; mais, en recueillant ce pollen sur un autre pied de la même plante, l'imprégnation a eu lieu immédiatement, et l'échange réciproque des étamines de ces deux pieds a constamment réussi. Si nous pouvions supprimer pour quelque temps le vent et les insectes, nous verrions un bien plus grand nombre de ces unions infertiles pour cause de parenté. Les judicieuses observations de M. le docteur Pigeaux lui ont démontré qu’un arbre fruitier isolé est toujours moins fertile qu’un groupe d'arbres de même espèce, et que les individus placés sous le vent qui peut frôler les autres arbres sont toujours plus chargés de fruits. L’utilité de la présence des ruches dans un verger n’est plus contestée. Dans l’état naturel des végétaux, une foule de causes s'opposent, comme nous l'avons dit, aux fécondations directes, tandis que de nombreuses disposi- tions facilitent la fécondation indirecte. C’est principalement dans les inflorescences que nous trouvons la preuve de ces sortes de fécondations. Ainsi il arrive souvent, dans les épis, qu’une fleur inférieure est fécondée par celle qui est placée au-dessus d’elle, celle-ci par celle qui lui est supérieure, et ainsi de suite. Quelquefois c'est le pollen de la troisième ou de la quatrième fleur qui tombe sur le stigmate de la pre- mière, et il arrive fréquemment que l'aptitude du stigmate de la première fleur est en rapport avec l’anthèse de la seconde, de la troisième ou de la quatrième, phénomènes qui donnent une grande importance aux modes et aux temps de l’inflorescence. Ce qui se passe dans les épis se présente, avec quelques différences, dans les cymes, dans les corymbes, dans les ombelles et surtout dans les calathides des Synanthérées, dont Linné a si bien saisi les curieuses dispositions. Dans les plantes monoïques, il arrive plus souvent que les fleurs femelles sont placées au sommet des rameaux, tandis que les fleurs mâles sont insérées plus bas. Les Pins, les Sapins, les Châtaigniers, les Noyers et une foule d’autres végétaux ont leurs fleurs femelles au sommet des rameaux. Dans la plupart des cas, leurs pistils sont fécondés par les étamines du rameau supérieur, €t ainsi de suite. Ces plantes rappellent les fécondations étagées des épis. Dans le Noisetier, les fleurs mâles sont situées au-dessus des fleurs femelles, mais souvent il n’existe plus de chatons quand les styles pourprés sortent des bourgeons, et la fécondation devient forcément dioïque. D'un autre côté, l'examen du Noisetier nous montre que les fleurs mâles appartiennent au bois de l’année pendant laquelle les feuilles se sont développées, et que la floraison vernale de cet arbre est une floraison tardive, tandis que les fleurs femelles SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 213 enfermées dans le bourgeon qui va s'ouvrir appartiennent à une autre année et sont plus jeunes d’un an que celles qui doivent les féconder. Or on consi- dère les bourgeons et, par conséquent, les branches comme autant d'individus greffés naturellement les uns sur les autres, et la différence d’une année d’exis- tence entre les deux sexes équivaut certainement à une fécondation dioïque. La tendance à la diæcie se manifeste plus encore sur des végétaux monoï- ques qui, pendant leurs premières années de floraison, sont réellement dioï- ques. C’est ainsi que le Noisetier donne des chatons mâles plusieurs années avant d’avoir des fleurs femelles, tandis que le Pin silvestre montre au som- met de ses jeunes pousses des cônes de pistils entourés d'écailles, longtemps avant d’avoir le pollen qui peut les imprégner. Les mollusques hermaphrodites présentent aussi les mêmes faits de fécon- dation indirecte et réciproque, comme on le voit dans les //elix, de fécon- dation en série, comme dans les limnées, et de l'apparition d’un sexe avant l’autre, comme dans les huîtres. La nature semble avoir antipathie pour les fécondations directes des plantes, comme pour les alliances consanguines des animaux. Seulement, les inconvé- nients de ces alliances directes entre parents paraissent d’autant plus sérieux que les êtres sont placés plus haut dans la série. Faibles dans les plantes et dans les animaux inférieurs, les conséquences fâcheuses de ces unions devien- nent plus graves chez les oiseaux et les mammifères, si terribles dans l'espèce humaine qu'une grande partie des dégradations qui touchent même à l’intel- ligence proviennent de mariages entre parents. La conséquence de ces faits est la tendance des végétaux à la diœcie ou tout au moins à la fécondation dioïque. Les expériences que j'ai faites à cet égard sur les Mirabilis et sur les Pri- mula fécondés entre individus distincts ne me laissent aucun doute sur les avantages que l’agriculture et l’horticulture peuvent retirer de ces alliances. Les individus qui en proviennent sont plus robustes, plus fertiles que ceux qui résultent de l’union directe des étamines d’une fleur avec son propre pistil, lorsque toutefois cette union peut avoir lieu. 11 n’est aucune plante qu’on ne puisse améliorer par la fécondation indirecte artificielle. Il est vrai que la nature opère elle-même des croisements par les tribus turbulentes des insectes qui, pendant tout le jour et souvent pendant la nuit, viennent butiner sur les fleurs et deviennent ainsi les médiateurs les plus actifs de leurs mariages. A toutes les causes de fécondation indirecte que nous avons énumérées, il faut ajouter encore le dimorphisme dans les organes sexuels, phénomène assez fréquent dans les plantes, et qui n'est d’ailleurs qu’une tendance à l'avortement de l’un ou de l’autre sexe. M. Charles Darwin a appelé sur ce sujet l'attention des botanistes dans un mémoire très intéressant sur le dimorphisme dans le genre Primula. 214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On savait, et ceux qui hybrident le savent mieux que les autres, que, dans les Primevères de nos prairies, comme dans les Auricules et les Pri- mevères-de-Chine, on distingue deux formes très différentes par la longueur du style et par la position des étamines, mais on n’en savait pas davantage. Dans l’une de ces formes, le stigmate est inclus, et les étamines se mon- trent à l'issue du tube de la corolle ; dans l’autre, ce sont les étamines qui sont enfermées et le stigmate qui fait saillie, porté par un long style. Ceux qui cultivent les Auricules appellent c/ouées celles qui présentent ce dernier carac- tère, ils donnent le nom de paillettes aux étamines saillantes, et désignent sous le nom d’æi{ la réunion des étamines au sommet du tube quand le stigmate est inclus. Après avoir reconnu que, dans la plupart des Primevères, et peut-être dans toutes, il y avait un nombre à peu près égal d'individus cloués et d'individus œillés, M. Darwin en a recherché la cause. Il à fait précéder cette recherche des observations suivantes : « Les Primevères longuement stylées ont un pistil beaucoup plus long, » avec un stigmate globuleux et beaucoup plus rugueux situé bien au-dessus » des anthères. Les étamines sont courtes ; les grains de pollen moins volu- » imineux et de forme oblongue. La moitié supérieure du tube de la corolle * est plus renflée, le nombre des graines produites est relativement plus faible. » Les Primevères brièvement stylées ont un pistil court, dont la longueur » est moitié de celle du tube de la corolle, avec un stigmate lisse, aplati, placé » au-dessous des anthères; les étanines sont allongées ; les grains de pollen » Sphériques et plus volumineux ; le tube de la corolle conserve son même » diamètre jusqu’à son extrémité supérieure ; le nombre des graines produites » est relativement plus grand. » « J'ai examiné, dit M. Darwin, un grand nombre de fleurs, et, quoique la » forme du stigmate et la longueur du pistil soient variables, surtout dans la » forme à court style, je n’ai jamais vu aucune transition graduelle entre » ces deux formes. Il n’y à jamais le plus léger doute relativement à la forme » sous laquelle on doit classer l'individu, jamais je n'ai rencontré les deux » formes sur la même plante. » Après ce court résumé des longues observations de M. Darwin, on se demande avec lui si ce dimorphisme n’indiquerait pas une tendance à la diæcie, et si ces plantes à long style ne tendraient pas à devenir femelles ou à en jouer le rôle, tandis que les individus à étamines saillantes rempliraient les fonctions de mâles. M. Darwin est arrivé à reconnaître cette tendance, mais avec cette différence que ce sont les plantes à court style qui seraient les femelles. Ce sont les plus fertiles, dans la proportion de 41 à 34. « Quoi qu'il en soit, dit M. Darwin, la possibilité du passage lent et gra- » duel d’une plante à l’état dioïque mérite d’autant plus d’être mentionnée » que le fait pourrait facilement échapper à l’observation. » SÉANCE DU 25 AvRIL 1862. 245 En poursuivant son expérience sur le plus ou moins de fertilité des Pri- mevères, M. Darwin eut l’idée de les isoler au moyen d’une gaze et de mettre ainsi les ombelles fleuries à l’abri des insectes turbulents qui pourraient venir contrarier ses essais. Il obtint ce résultat curieux que les plantes à court style, munies. ensemble de 27 ombelles de fleurs, ne produisirent que 50 graines, et que 18 plantes à long style, pourvues de 74 ombelles, n’en donnèrent pas une; d’autres plantes abritées dans la serre furent également stériles. Ici, comme dans la plupart des plantes dioiques, l'intervention des insectes est donc indis- pensable. Mais il faut remarquer que, dans le transport du pollen par les insectes, la fécondation est souvent indirecte, c’est-à-dire qu'ils peuvént prendre sur une fleur le pollen dont ils saupoudrent le stigmate d’une autre fleur, et c’est ce qui arrive dans les Primevères. La plus curieuse peut-être des expériences de M. Darwin est d’avoir fécondé artificiellement, d’un côté les plantes à court style par leur propre pollen, celles à long style aussi par leur propre pollen, et, d’un autre côté, celles à court style par le pollen de celles à long style, et réciproquement : ce qu’il appelle fécondation komomorphe dans le premier cas, fécondation hétéromorphe dans le second. Toutefois, dans les fécondations homomorphes, il a pris soin encore de prendre le pollen sur une fleur différente de celle qui était destinée à la recevoir. Or les fécondations hétéromorphes, ou entre plantes dissemblables, ont toujours été plus fertiles que les autres, et cela dans la proportion de 64 à 40 pour le Primula sinensis et de 54 à 35 pour le P. veris. La signification et le but de l'existence, dans les Primula, de deux formes en nombre à peu près égal, avec leur pollen approprié à une union réci- proque, sont suffisamment clairs ; le but est de favoriser le croisement entre individus distincts. Parmi les végétaux, il y a de nombreuses combinaisons qui tendent à cette fin, et on ne peut comprendre la cause finale ou la struc- ture d’un grand nombre de fleurs si l’on ne tient compte de ce fait. M. Darwin croit tellement à la nécessité de ces croisements, qu’il est per- suadé que le pollen d’une Primevère, de l’une des deux formes à court ou à long style, doit être préféré par le stigmate de la forme opposée. « Les deux formes, dit M. Darwin, quoique présentant chacune les deux » sexes, sont en fait dioïques ou unisexuelles. Quelque avantage qu'il puisse y » avoir à la séparation des sexes, séparation vers laquelle nous trouvons une » tendance si fréquente dans la nature, cet avantage est ici si exactement réa- » lisé, qu’une des deux formes est fécondée par l’autre et réciproquement; et » cela parce que la poussière fécondante de chaque forme 4 moins d'action » que celle de l’autre forme sur son propre stigmate. » Que l'état dimorphe des Primuln, continue M. Darwin, ait on non 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » quelque rapport avec d’autres points d'histoire naturelle, il a de l’impor- » tance en ce qu’il montre comment la nature s'efforce, si je puis m'expri- » mer ainsi, à favoriser l'union sexuelle d'individus distincts de la même » espèce. Les ressources de la nature sont sans bornes ; et nous ne savons pas » pourquoi les espèces de Primula ont acquis ce nouveau et curieux secours, » pour empêcher de continuelles fécondations de la plante par elle-même, au » moyen de la séparation des individus, ou deux groupes d’hermaphrodites » possédant une puissance sexuelle différente, au lieu de la méthode plus » fréquente de la séparation des sexes, ou bien de l’aptitude à des périodes » distinctes des organes mâles et femelles, ou enfin de tout autre artifice. » Nous regardons, ainsi que M. Darwin, le dimorphisme comme une ten- dance à la diæcie. Nous terminons par une simple observation sur l'ancienneté relative des végétaux dont les sexes sont distincts. Il semble que les groupes que l’on considère comme ayant paru les pre- miers sur la terre soient principalement dioïques ou monoïques. Presque tous les végétaux cryptogames dont la fructification est bien connue sont monoi- ques. Les sexes sont aussi séparés dans les Gymnospermes; ils sont distincts dans un grand nombre de Monocotylédons, dans les Cypéracées, les Palmiers, les Typhacées, les Aroïdées, tandis que la fécondation est le plus souvent indirecte dans les Graminées, les Iridées, les Orchidées, qui sont herma- phrodites. Parmi les Dicotylélons, dans les Amentacées, que l’on considère comme les plantes de cette grande classe qui ont apparu les premières sur la terre, la séparation des sexes est constante, tandis que les végétaux à corolle gamopé- tale, que l’on regarde comme les plus parfaits et les derniers créés dans l’ordre chronologique des apparitions sur la terre, sont généralement herma- phrodites. Nous ne voulons pas examiner ici cette hypothèse de savoir si, dans la suite des siècles, la tendance bien positive à la séparation des sexes peut amener dans les espèces la monœcie ou la diœcie. Nous réserverons aussi les applications de ces données scientifiques à la pratique des fécondations croisées et de l'hy- bridation. Nous citerons seulement les différents degrés de parenté ou d’al- liance que l’on peut observer dans les unions des plantes entre l’hermaphro- disme réel et la diœæcie; nous les indiquerons dans l’ordre de leur éloignement de la fécondation directe et hermaphrodite. Premier deyré. — Ya fleur est fécondée par son propre pollen, c'est-à-dire par les étamines de cette même fleur où existe le stigmate. Deuxième degré. — La fleur est fécondée par le pollen d’une autre fleur, appartenant à la même grappe, au même épi, ou enfin à la même inflores- cence. Troisième degré. — La fleur est fécondée comme ci-dessus, mais par le SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 247 pollen d’une fleur appartenant à une autre inflorescence ou à un autre rameau florifère du même individu. Quatrième degré. — La fleur est fécondée par le pollen de la même espèce, mais pris sur un autre individu. Cinquième degré. — La fleur femelle est fécondée par une fleur mâle, appartenant au même rameau ou à la même inflorescence. Sixième degré. — La fleur femelle est fécondée par une fleur mâle appar- tenant à un autre rameau ou à une autre inflorescence, mais sur le méme pied. Septième degré. — La fleur femelle est fécondée par le pollen d’une fleur mâle, située sur un autre pied. Huitième degré. — La fleur hermaphrodite ou unisexuée est fécondée par le pollen d’une autre variété. Neuvième degré. — La fleur hermaphrodite ou unisexuée est fécondée par le pollen d’une espèce différente. Dixième degré. — La fleur hermaphrodite ou unisexuée hybridée est fécondée par le pollen d’une autre fleur également hybride. On comprend tous les intermédiaires qui peuvent exister entre ces derniers degrés, et toutes les exceptions que les insectes peuvent apporter partout en troublant les unions les plus régulières. Le végétal qui naît de ces divers degrés de croisement est d'autant plus vigoureux que le chiffre indiquant le degré d'union est plus élevé. M. Eug. Fournier cite l'opinion de M. Bentham, qui est porté à attribuer une grande importance aux fécondations croisées dans la nature. M. J. Gay demande à M. Lecoq des renseignementssur les hybrides de Mirabilis qu’il a obtenus par fécondation artificielle. . M. Lecoq répond en faisant à la Société la communication sui- vante : DE L'ESPÈCE ET DE SES CROISEMENTS DANS LE GENRE MIRABILIS, par M. Henri LECO@Q. Le genre Mirabilis de Linné ne renferme jusqu’à ce jour qu’un petit nombre d'espèces, dont la plus commune, connue de tout le monde, est le #. Jalapa, cultivé dans tous les jardins pour la beauté de ses fleurs. On remarque, dans les mêmes lieux, le M. longiflora L., dont les fleurs singulières répandent tous les soirs des émanations parfumées. Une troisième espèce est le #. dicho- tomu L. du Mexique, vivace par ses racines ; puis vient le M. hybrida Lepelt. de la Nouvelle-Grenade. Deux autres espèces, le M. suaveolens Hort. brit. et le M. uniflora Schrank, sont indiquées comme provenant, la première du 218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mexique, la seconde du Brésil. Enfin, j'ai reçu du jardin botanique de Bruxelles deux espèces désignées sous les noms de M. ambigua et M. plani- flora, toutes deux à fleurs rouges, très difficiles à distinguer entre elles et différant à peine du MW. Jalapa, si ce n’est par leurs graines plus arrondies et plus fortement striées, caractère qui a peu d'importance dans le genre dont nous nous OCCupons. J'ai cultivé, à l'exception des W. suaveolens et uniflora, dont je n’ai pu me proëurer les graines, ces divers Mirabilis, et, pour le moment, je ne puis reconnaître pour espèces bien distinctes que les quatre suivantes : M. Jalapa, fleurs rouges. M. longiflora, fleurs blanches. M. hybrida, fleurs carnées. M. dichotoma, fleurs jaune pâle. Je ne puis me prononcer sur les M. suaveolens et uniflora, ni sur le M. diva- ricatu Low indiqué à Madère. Les expériences que je vais rapporter doivent d’ailleurs rendre très circonspect sur la création d’espèces nouvelles dans ce genre. J'ai bien reçu aussi, il y a quelques années, du Jardin-des-plantes de Paris, un Mirabilis dont je ne me rappelle pas le nom, ce qui a du reste peu d'importance, puisque je n’ai pu faire germer aucune de ses graines. Ces plantes sont vivaces, même dans nos climats, si l’on a soin de soustraire leurs racines à l’action de la gelée; et les horticulteurs qui voudront les traiter comme les Dahlia, les bouturer et les collectionner, en obtiendront d’admi- rables résultats. Le M. Jalapa, originaire du Pérou ou du Mexique, et dont le type a la fleur rouge, est naturalisé et se reproduit de lui-même dans nos jardins, et surtout à la Guadeloupe. Il a produit en premier lieu deux variétés très distinctes : la blanche et la jaune. Ces trois couleurs se sont depuis longtemps mélangées, et l’on obtint d’abord les variétés rouges et blanches, plus tard des panachures de rouge et de jaune, et enfin, plus tard encore, les Mirabilis blancs et jaunes, qui restèrent longtemps assez rares. Aujourd’hui ces six variétés se reprodui- sent constamment de graines; ce sont des races fixées. On a même obtenu accidentellement quelques pieds qui produisaient des fleurs où les trois cou- leurs primitives des trois premières variétés, le blanc, le rouge et le jaune, se montraient à la fois; mais, quoique j'aie reçn plusieurs fois des graines inti- tulées variété tricolore, et que je n’eusse aucune raison de soupçanner une fraude ou une erreur dans le certificat d'origine, je n’ai jamais obtenu de ces semences que des fleurs bicolores. Admettons cependant l'existence de cette dernière variété. Ajoutons-y une autre variation d’un rouge moins vif et plus violacé, et nous porterons ainsi à huit le nombre des variétés connues et dis- tinctes du #/. Jalapa. Quant au Ÿ. longiflora, c'est une espèce d’une grande constance que nous SÉANCE DU 25 AvRiL 1862, 219 n’avons jamais pu ébranler par la culture; ses fleurs sont restées constam- ment blançhes, ses jeunes pousses glutineuses, et le tube de son périanthe n’a pas varié de longueur. J'ai reçu, il est vrai, plusieurs fois sous le nom de longiflora, variété violette, des graines qui ont donné naissance à une plante velue analogue au longiflora, mais très différente par ses fleurs violettes à tube moins long, par sa grande vigueur et par le petit nombre de graines qu’elle produit. Elle a tous les caractères d’une hybride, mais ses graines la reproduisent constamment; et si, lorsqu'on les achète, on trouve souvent dans les semis des prétendus retours au type primitif, cela tient à ce que les semences étant toujours rares, on fournit quelquefois les paquets avec les graines du /ongiflora ordinaire, ce qui occasionne le retour de bon nombre d'individus. Celles que l’on récolte chez soi n’offrent pas de méta- morphose. Si, comme tout porte à le croire, cette prétendue variété est une hybride d'espèces, elle ne me paraît pas due au Jalapa, à moins que le Zongiflora n'ait agi comme porte-graine, état que je n'ai jamais pu observer. | Tel était l’état de mes connaissances et de mes variétés quand j'ai tenté les premiers essais sur la culture et le croisement de ces Nyctaginées. Avant de m'occuper des résultats, je dois dire quelques mots sur les habitudes de ces plantes et sur ma manière d'opérer. Nous allons donc étudier : 1° les mœurs des Mirabilis et les moyens de les hybrider ; 2° la fécondation des Mirabilis par eux-mêmes; 3° les hybrides de variétés ; 4° les hybrides d’espèces ; 5° les hybrides d’hybrides. A ce sujet j’aurais bien voulu, pour mieux préciser la valeur du croisement, réserver, comme l'avait proposé Louis de Vilmorin, le terme d’Aybride pour les mariages entre espèces différentes, et donner le nom de métis aux résultats de l’union de simples variétés entre elles. On s’aperçoit bientôt dans la pra- tique que cette distinction est impossible, et cela pour deux raisons : la pre- mière, c’est qu'il est parfois impossible de distinguer une espèce d'une variété ; la seconde, c’est qu'il existe des plantes qui résultent du croisement d’une véritable hybride avec l’un de ses parents; c’est qu’il existe des hybrides de métis, des métis d’hybrides, des hybrides d’hybrides; et je demande si, par exemple, en compulsant l'état civil des Fuchsia et des Pelargonium, on pour- rai séparer les métis et les hybrides. I. Moœurs et habitudes des Mirabilis. Dans nos climats, les graines de Wirabilis qui tombent à l'automne restent enfouies jusqu’au printemps suivant, et ne sortent guère de terre qu’au mois de mai. Elles passent quelquefois plusieurs années sans se montrer et sans perdre leur faculté germinative. Si on les sème, c’est à la fin d’avril seulement qu'il faut faire cette opération ; car les moindres gelées sont à craindre, et la 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plante serait perdue. Elle végète avec rapidité, montre ordinairement ses pre- mières fleurs en juillet, donne ses premières graines un mois après J’épanouis- sement, et continue ainsi à épuiser la série dichotomique de ses rameaux usqu’aux gelées ou jusqu’à ce qu’elle périsse d’épuisement. Le nom de Belle-de-nuit, donné à ces végétaux, indique suffisamment qu’ils appartiennent à ces groupes de plantes nocturnes qui accomplissent de nuit les mystères de leur fécondation, et, en effet, leurs fleurs éphémères craignent les rayons du soleil; elles s'ouvrent le soir et se ferment le matin pour ne plus reparaître sur la scène du monde. Toutefois l’heure de leur épanouissement est variable, et la température semble avoir sur elles au moins autant d'influence que la lumière. | Dans les derniers jours de juillet et pendant les chaleurs du mois d’août, les fleurs s'ouvrent tard et se ferment de bonne heure. C’est vers cinq heures du soir qu’elles commencent à éclore; c’est quelquefois avant huit heures du matin qu’elles sont fermées, et, quand les journées sont extrêmement chaudes, elles attendent six heures du soir et même sept, sans être soumises le matin à aucune compensation; mais, à la fin d'août et dans les premiers jours de’ septembre, l'épanouissement avance à mesure que la température s’abaisse. Les fleurs s’ouvrent dès quatre heures du soir; souvent à dix heures du matin elles sont encore épanouies, et l’on voit, pendant certaines journées fraîches et par un ciel nuageux, la floraison se prolonger d’un soir à l’autre et les fleurs de la veille se flétrir seulement au moment où les autres vont éclore. Le . Ja- lapa s'épanouit presque toujours plus tôt que le #. longiflora : il arrive très souvent que ce dernier ne s'ouvre complétement que pendant la nuit, et le matin ses périanthes sont déjà flétris alors que ceux du M. Jalapa brillent encore de tout leur éclat. Rien du reste n’est plus facile que d'opérer l’hybridation entre ces deux espèces. Les étamines, au nombre de cinq, donnent un pollen assez gros, visible à l’œil nu, qui reste longtemps fixé sur la membrane de l’anthère. Il suffit donc, dès quatre à cinq heures du soir, d’enlever les étamines des fleurs que l'on veut féconder ; mais auparavant il est nécessaire de préparer le sujet, de lui ôter une partie de ses branches, de détacher les fleurs précédemment épanouies et les fruits qui ont pu leur succéder, afin d’avoir des graines réel- lement hybridées et de restreindre le nombre considérable de semences que peut produire un seul pied. Une fois les étamines enlevées aux fleurs qui sont à peine épanouies, il faut attendre que l’anthèse ait lieu pour se procurer du pollen. C’est vers sept à huit heures du soir que l’on voit les étamines du MW. Jalapa couvertes de grains de pollen. On détache alors un certain nombre de fleurs, et l’on pose à la main le pollen sur les pistils des fleurs préparées par la castration. Pour recueillir du pollen du #7. longiflora, il faut attendre le lendemain matin ou bien presser légèrement les anthères entre les doigts pour en ouvrir les loges. SÉANCE DU 25 AvRIL 1862. 294 Rien de plus simple, comme on le voit, que ces procédés, et ils permettent d'obtenir d'innombrables variétés dont l'éclat est au-dessus de ce que l’on peut imaginer et dont la durée récompense amplement des premiers soins qu’elles exigent. IT. Croisements entre individus semblables de la même variété. Avant de chercher à croiser les couleurs entre variétés différentes, j'ai voulu voir quel serait le résultat de l'union de Mirabilis exactement semblables, mais d'individus distincts. J'avais remarqué que, pendant les belles soirées d'été, ces fleurs étaient Courtisées par un grand nombre de sphinx et de bourdons, ct je supposais que ces insectes pouvaient jouer un rôle important dans le croisement de ces fleurs. Je m'apercus bientôt du contraire. Les sphinx, et surtout celui du Liseron, qui est le plus commun, ont une telle adresse qu'ils ne touchent pas aux étamines, et la longueur de leur trompe est assez considérable pour qu’au moyen d’un vol rapide ils se tiennent à une certaine distance des fleurs. Quant aux bourdons, ils savent très bien qu'ils n’atteindraient pas au fond d’un long tube, et ils le coupent à sa base pour recucillir le produit de quelques sillons nectarifères sans toucher aux étamines. Si d’ailleurs les insectes de nos climats hybridaient ou métissaient ces plantes, nous n’observerions pas cette constance de reproduction par graines qui existe réellement pour chaque variété. J'ai donc posé le pollen d’une variété rouge sur un pied de même couleur, le pollen d’une variété jaune sur un autre pied jaune, et ainsi de suite, opé- rant ainsi une fécondation indirecte entre plantes semblables. Comme je m'y attendais, je n’ai pu obtenir une seule variation de couleur ; mais je suis arrivé à un autre résultat, à des plantes plus robustes, à des fleurs plus amples, en un mot à cette vigueur des générations croisées, état tout à fait inverse de celui des produits de mariages entre parents. UT. Æybrides entre variétés différentes du Mirabilis Jalapa. Nous avons vu plus haut que le nombre des variétés que nous avions à notre disposition était de huit seulement, et que ces variétés diverses ont servi à nos essais. Nous ne prétendons pas que ce soient les seules connues, nous croyons même que plusieurs autres coloris ont été accidentellement obtenus ; mais nous pensons qu'à notre époque ces huit variétés tout au plus se repro- duisent de graines sous notre climat, tandis que, sous un ciel plus chaud, il existe d’autres coloris qui ne sont également que des variations du M. Jalapa. J'ai donc tenté, en 1846, de nombreuses hybridations entre les six pre- mières variétés que j’ai citées, pour obtenir des variations dans la couleur du M. Jalapa. On sait que dans cette espèce on n'obtient guère de couleurs fon- dues de tons différents, comme dans les Auricules et les Primevères, mais 222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plutôt et presque toujours des panachures plus ou moins complètes. Ainsi les trois couleurs, telles que le rouge, le blanc, le jaune, restent séparées dans une même fleur et donnent des mélanges de deux de ces couleurs qui pro- duisent un très bel effet. Rarement ces panachures sont régulières, et presque jamais elles ne se reproduisent identiques sur toutes les fleurs d’un même individu. Au contraire, on trouve sur le même pied toutes les panachures possibles, depuis une égale proportion des deux nuances employées jusqu’à une séparation complète, puisque souvent on voit sur un même rameau des fleurs unicolores et diffé- rentes représentant chacune une des deux nuances qui panachent les autres fleurs. Il faut dire cependant que, dans ce cas très ordinaire pour la plante qui nous occupe, une fleur à nuances uniformes qui naît sur un pied panaché participe souvent des deux couleurs fondues. C’est ainsi que le rouge et le jaune se fondent pour constituer les fleurs cuivrées ou d’un rouge briqueté, tandis que le blanc s’unit très rarement avec le rouge pour produire des fleurs couleur de chair ou d’un rose pâle. Tous ces jeux de couleur dans ce Mirabilis me le firent considérer comme une espèce très propre à quelques essais que je voulais entreprendre, d’autant plus que l’on sait très bien que cette plante reproduit exactement ses variétés par sa graine. Je choisis donc six pieds de M. Jalapa, tous de couleurs diffé- rentes, trois unicolores et trois panachés, et j’opérai avec soin une féconda- tion croisée sur cent fleurs environ de chaque pied. Les sujets avaient été bien préparés, beaucoup de branches retranchées, bon nombre de fleurs suppri- mées, et après la fécondation toutes les fleurs ultérieures furent pincées avant leur épanouissement. Ce travail fut long, mais j'obtins près de six cents graines parfaitement mûres qui furent semées en 1847. J'avais basé mon hybridation sur le désir que j'avais d’obtenir des fleurs tri- colores, et de voir si les couleurs, qui, réunies deux à deux, tendaient à rester . distinctes au lieu de se fondre sur la même fleur, continueraient à rester sépa- rées et m'offriraient de triples panachures. Je fécondais donc une fleur uni- colore par le pollen d’une plante possédant les deux autres nuances, cherchant à réunir chaque fois les trois couleurs blanc, rouge et jaune en une seule, et j'ajoutais par conséquent la couleur qui manquait quand j’hybridais des pieds déjà panachés. Toutes mes plantes furent ainsi mises à même de me donner les trois couleurs réunies. Un résultat tout à fait inattendu vint me surprendre dans toutes ces hybri- dations : je n’obtins, sur six cents plantes, que deux ou trois pieds entièrement blancs, que je suppose avoir échappé à la fécondation artificielle, un très petit nombre de panacbures blanches et rouges, un nombre plus considérable de panachures rouges et jaunes, et une quantité prodigieuse de rouges de toute les nuances. SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 223 Il est évident, dans cette expérience, que le blanc a pour ainsi dire disparu, et que le rouge, au contraire, s’est étendu, tandis que le jaune a joué un rôle mixte. Aucune plante ne m'a donné franchement des fleurs tricolores, mais plusieurs pieds m'ont offert de temps en temps les trois couleurs entièrement séparées sur quelques-unes de leurs fleurs. Examinons maintenant séparément comment chaque couleur s’est com- portée. Blanc. — Dans toutes les hybridations, le blanc, comme nous venons de le dire, s’est presque complétement effacé. Le pied-mère, de couleur blanche, hybridé par rouge et jaune, ne m'a, pour ainsi dire, fourni que du rouge et un mélange fondu de jaune et rouge assez terne et comme cuivré. Je n’ai obtenu ni panachure ni rouge pâle, ou du moins très rarement, et, sur deux cents graines, je n’ai eu que deux pieds blancs que j'attribue très positive ment à des fleurs qui auront échappé à l’hybridation. Ainsi, chaque fois que le rouge et le jaune se sont trouvés en contact avec le blanc, non-seule- ment le blanc s’est comporté comme teinte neutre et sans influence, mais le jaune s’est combiné au rouge et a produit des nuances cuivrées ou plus ou moins orangées. Il y a eu cependant quelques plantes à fleurs d’un carmin très pâle, dans lesquelles le blanc a eu une certaine action. Rouge. — Cette couleur est certainement la nuance-type du Mirabilis Jalapa. Dans les variétés le plus ordinairement cultivées, on distingue surtout deux nuances de cette couleur : le rouge vif écarlate sur les bords du périanthe, et le rouge carminé tirant un peu sur le violet, Dans mes hybridations, un pied rouge écarlate d’une nuance 1rès vive a reçu le pollen de la variété blanche et faune. Je n'ai obtenu de ces graines que des fleurs rouges ; les unes ressemblant à la mère, et la plupart offrant une teinte de rouge contenant évidemment du jaune et tirant à l'orangé. Toutes les nuances saumonées se sont montrées dans ces différents rouges ; quelques fleurs ont approché de l'aurore, des teintes cuivrées, wais le blanc a disparu, et l'attraction du rouge pour le jaune a été telle, que partout les deux couleurs se sont associées. Après avoir attendu de mes nombreuses hybrida- tions une foule de panachures, j'ai été surpris de voir surgir cette variété de nuances fondues qui provenaient toutes du mélange en proportions différentes de rouge et de jaune. Malgré cela, l’orangé pur, si brillant dans la Capucine et dans la variété du Rosier-Églantier, ne s’est jamais montré, et cela tient évidemment à ce que le rouge du Mirabilis contient toujours un peu de bleu ; et l'on sait que le mélange des trois couleurs primitives, surtout si les proportions sont inégales, donne des tons sales et brunâtres qui masquent toujours la vivacité des cou- leurs binaires. On voit pourtant dans la nature quelques exceptions. Ces nuances si suaves et si pures du chamois et de la teinte sanmonée sont for- mées de trois couleurs affaiblies par du blanc qui agit en éloignant, en sépa- 22h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rant chaque cellule diversement colorée, et en empêchant le mélange intime qui n’agit plus sur l'œil de la même manière. Ainsi, dans la Belle-de-nuit, la petite quantité de bleu qui donne aux fleurs rouges une teinte de violet s'op- pose aux belles nuances d’orangé que donnerait le mélange du jaune et du rouge par les hybridations. Jaune. — Nous venons de voir la grande attraction du jaune pour le rouge. Aussi Lous les mélanges dans lesquels le jaune a été fécondé par le blanc et rouge ont donné des fleurs cuivrées ou fauve orangé, et enfin très différentes des belles panachures que j'attendais. Le blanc a également disparu. Je n'ai pas obtenu, de ces fécondations croisées, beaucoup de plantes entièrement jaunes; cependant plusieurs se sont montrées, quelques-unes d’un jaune assez pâle, et d’autres d’un jaune plus foncé. Cette couleur n’a donc été remar- quable que par sa fusion avec le rouge. Panachures. — Peu satisfait des résultats que j'avais obtenus, je repris en 1847 mes hybridations; et cette fois je fécondai des pieds panachés, et par conséquent bicolores, par d’autres fleurs qui offraient aussi deux couleurs, dont l’une était différente de celles des fleurs que j’hybridais. J'avais alors à ma disposition les panachures ordinaires, qui sont des mélanges binaires de blanc et de rouge, de rouge et de jaune, et de jaune et de blanc. Je n’avais pas vu encore de plantes franchement tricolores. Ces diverses panachures ont été hybridées soit entre elles, soit par des fleurs carminées, et j'ai pu recon- naître encore dans ces hybrides l'attraction du rouge pour le jaune ; dans les plantes jaunes et rouges, hybridées par rouge et blanc, le rouge a pris le dessus et s’est souvent mêlé au jaune sans panachures. D’autres fois les pana- chures sont restées, mais le rouge s'est montré sur du jaune affaibli par du blanc. Dans les rouges et blanches hybridées par jaune et blanc, le jaune s'est uni au rouge qui, de carminé qu'il était, s’est orangé ou cuivré, et le blanc est resté intact ; enfin, quand ces différentes plantes panachées ont été hybridées par la couleur rouge carminé, c’est-à-dire contenant un peu de bleu, ce bleu ou carmin violacé s’est constamment uni au rouge, même dans les panachures sur fond jaune, et s’est soigneusement séparé de cette couleur complémen- taire. Aussi ai-je obtenu de très belles variétés dans les panachures jaunes, Sur lesquelles le carmin violacé s’est montré par bandes ou macules, ou comme pointillé plus ou moins fin. Plusieurs pieds m'ont offert des fleurs tricolores, mais en petit nombre et très remarquables ; en sorte que, sous le rapport pratique, ce sont surtout les variétés panachées qu’il convient d’hybrider entre elles ou avec des fleurs carminées. En 1848, j'essayai ce que je nomme l’hybridation en mélange, c’est-à-dire qu'après avoir préparé quelques pieds dont un tricolore, j'en hybridais les fleurs avec un mélange de pollen recueilli sur un plus grand nombre, ou du SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 295 moins sur plusieurs variétés. J'oblins ainsi en grande quantité des pieds à fleurs tricolores, provenant indistinctement, ou de la plante qui présentait déjà ces caractères, ou des autres qui avaient reçu l'imprégnation du pollen composé. En continuant longtemps ces croisements, je n'ai pu produire plus d'une vingtaine de variétés distinctes, mais j'ai toujours obtenu des plantes d’une extrême vigueur. IV. Aybrides entre les Mirabilis Jalapa et longiflora. Nous avons déjà dit qu'il était facile de croiser ces deux plantes, et, dès 1846, j'avais entrepris des fécondations artificielles qui m'ont conduit à des résultats assez curieux. Ignorant que l’on avait déjà obtenu autrefois quelques hybrides de ces deux espèces si distinctes, j'avais préparé un pied de M, longiflora destiné à être fécondé par le /alapa, et un pied de Jalapa destiné à recevoir le pollen du précédent. La première combinaison fut infertile, et le M. longiflora, fécondé avec tous les soins possibles, ne me donna pas une seule graine. Il n’en fut pas de même du #Z. Jalapa, dont les fleurs étaient rouges ; les graines parurent comme à l'ordinaire, mais je croyais si peu à la possibilité d'hybrider ces deux espèces très distinctes, que je négligeai la récolte des graines, persuadé qu'elles avaient été fécondées de nouveau et après moi, tous les soirs, par les sphinx du Liseron, qui étaient alors extrêmement communs. Ce fut par hasard et négligemment que je recueillis quelques graines qui furent mêlées à d’autres provenant du ÆZ. Jalapa. Au printemps de 1847, je remarquai avec surprise, au milieu des Jalapa, trois pieds qui avaient l’appa- rence du M. longiflora. Certain de n'avoir semé que des M. Jalapa, je soup- Çonnai bientôt ces plantes de provenir de graines hydridées, et, en effet, elles présentaient des caractères parfaitement intermédiaires entre les deux espèces. Les fleurs parurent et me confirmèrent dans mon opinion : elles étaient aussi intermédiaires ; leur couleur était blanche ou d’un lilas violet, et souvent elles se montraient panachées ou seulement partagées par ces deux couleurs. L'odeur était celle du M. longiflora, et leur aspect général rappelait beaucoup plus le père que la mère. Cependant la plante n'était pas visqueuse, le tube était rac- courci, et les trois pieds étaient, sauf quelques variations dans la couleur des fleurs, parfaitement identiques. Vers le milieu de l’été, ces plantes fleurissaient en abondance, mais aucun fruit ne nouait et mes trois pieds étaient stériles. Me promenant un jour avec un bâton à la main, je donnai, comme plaisanterie, une forte correction à une de mes plantes sous prétexte de lui faire porter graines; il restait à peine + 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelques rameaux, et je fus très étonné, peu de jours après, de remarquer que leurs fleurs donnaient des graines qui vinrent à maturité parfaite. Les deux autres plantes, qui n'avaient pas été mutilées, m'ont aussi donné des semences, mais à la fin de l'automne seulement, quand les individus eurent perdu en partie leur vigueur. Les racines de ces plantes étaient énormes ; elles furent conservées, bou- turées au printemps, et les boutures donnèrent une assez forte récolte de graines. Voyant ce résultat, en 1847, je m’empressai de préparer des sujets et de les féconder par le 47. Zongiflora. Un pieä rouge, et surtont un jaune, furent déstinés comme porte-graines, et la récolte, assez abondante, fut soigneuse- ment cultivée en 1848. J'avais un grand nombre d’hybrides dont la plupart étaient blanches et lilas, comme celles de l’année précédente; quelques-unes violettes, pâles, montraient de temps en temps un peu de blanc, une seule était jaune et très différente des autres; elle n’avait pas le port du #. longi- flora, mais ses fleurs avaient un long tube et un limbe très rétréci, la fleur s’ouvrait à peine, le pied n’était pas vigoureux, et il n’a pas donné de graines malgré des fécondations artificielles avec son propre pollen et avec celui des autres. J'aien ce moment, dans mon jardin (juin 4862), un pied hybride qui date de 1848 (quatorze ans) et qui, depuis cette époque, a passé tous les hivers sans couverture. Cette circonstance est due sans doute à la profondeur à laquelle se trouve cette racine. Des pousses énormes sortent de terre au com- mencement de juin, et la plante commence à fleurir avant le 4°" juillet. Elle forme un buisson d'environ 3 mètres de diamètre, elle se couvre tous les soirs de plusieurs milliers de fleurs odorantes, blanches, lilacées, violettes, et plus souvent panachées de ces diverses couleurs ; j'ai été heureux, l’année dernière (1861), de pouvoir présenter ce Mirabrlis à notre savant et vénéré collègue M. J. Gay, à son retour du Mont-Dore. Tous les ans cette plante me donne plusieurs milliers de graines, mais Ce sont seulement les fleurs d'automne qui sont fertiles. La plante, emportée par sa vigueur, ne fructifie pas tant qu’elle produit de nouvelles branches, mais, quand le calme est revenu, quand les organes de la végétation s’affaiblissent, l'ovaire est fécondé et les graines mûrissent parfaitement et promptement ; la loi du balancement des organes se présente ici dans toute sa vérité. Voilà donc une hybride +, résultant de deux espèces bien distinctes, qui est elle-même fertile. J'ai semé et je sème tous les ans des graines de cette belle hybride, et j'en obtiens des plantes très variées. On voit la nature en oscillation avant de se fixer ; quelques plantes, dès la troisième génération, retournent au J/alapa à fleurs blanches ou rouges. © Un grand nombre offrent de charmantes fleurs se rapprochant plus ou moins SÉANCE Du 25 AvRrIL 1869. 597 de celles de l'hybride. Enfin quelques pieds sont semblables à la plante dont ils sont issus, presque tous sont fertiles, et, en agissant alors par voie de sélection, on arrive à maintenir des types qui pourraient être considérés comme des espèces nouvelles. Ce ne sont plus que des questions de stabilité et d'habitude, c’est-à-dire des questions de temps. V. Hybrides d'hybrides. Lorsqu'en 1848 j’eus obtenu des hybrides très nettes et très tranchées, parfaitement intermédiaires par tous les caractères entre les 4. Jalapa et lon- gtflora, j'essayai de féconder ces hybrides par leurs antécédents et récipro- quement. J’obtins difficilement quelques graines des hybrides fécondées par le M. Jalapa ; je ne pus en recueillir du M. longiflora croisé par les hybrides, ni réciproquement ; mais les A7. Jalapa hybridés par les hybrides me donnè- rent des graines nombreuses, et par la suite des plantes extrêmement curieuses et presque toutes fertiles. Ces expériences ont été continuées pendant un grand nombre d’années et je les continue encore en 1862. | J'ai toujours choisi pour pieds-mères des M. Jalapa et surtout des plantes à fleurs jaunes ou panachées de rouge, mais j’ai opéré aussi sur des tricolores et des plantes de toutes les couleurs. Il me serait impossible de décrire les types qui sont nés de ces croisements; ils sont en trop grand nombre, et tellement différents des W. Jalapa et longiflora, qu’on les prendrait facilement, du moins plusieurs d’entre eux, pour des espèces tout à fait distinctes. Ce qu'il y a de certain, c’est que les différences spécifiques étaient plus grandes que celles qui existent entre toutes les espèces de Mirabilis et le M. Jalapa. Quelques-unes de ces plantes étaient glabres partout, d’autres hérissées et velues. Les tiges étaient couchées dans les unes et dressées dans les autres ; les fleurs tantôt rares et éparses, tantôt rassemblées et dressées en magnifiques bouquets; le tube était plus long que dans le Jalapa, et l'odeur rappelait encore le M. longifiora. Le limbe, dans plusieurs fleurs, mesurait de 50 à 54 millimètres de dia- mètre (une pièce de 5 francs d'argent en mesure 37), tandis que l’on en voyait de beaucoup plus petites que celles du M. longiflora ; l'heure de l’épanouisse- ment était très différente, et, en général, elle retardait sur celle du #. Jalapa; il y avait même des fleurs qui ne s'ouvraient pas du tout, et les plantes qui présentaient ce caractère ne me donnèrent pas de graines. La forme des corolles offrait aussi beaucoup de variations : on rencontrait des limbes très profondément divisés et des fleurs étoilées ; on en voyait d'autres Parfaitement arrondis sans échancrures et simulant des Liserons. Quant aux couleurs, il m'est impossible aussi d’en rendre compte, tant elles Sont variées ; j'avais des fleurs à long tube, jaunes ou panachées de rouge et de 228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. jaune et toutes stériles. J'avais de larges fleurs carnées, roses ou violettes, entièrement semblables, pour l'aspect, à celle de la Pervenche-de-Madagascar. Certaines variétés étaient veinées à l’intérieur comme la fleur de la Jusquiame- noire, d’autres, d’un blanc de neige, avaient le tube et la gorge violets; les teintes de saumon, de jaune soufre passant au rose, d'abricot, de fauve et d’orangé se montraient fréquemment. Toutes les panachures imaginables, marbrures, macules, pointillé, bandelettes, stries, enfin toutes les combinai- sons possibles, se présentaient, et certains pieds offraient des fleurs dans les- quelles il était facile de distinguer cinq ou six nuances bien différentes. Ces singulières modifications se sont encore manifestées sur les graines : certains pieds n’en donnaient aucune, d’autres les produisaient en abondance, pas une fleur n’avortait, et quelquefois même la plupart des fleurs avaient deux ovaires et donnaient deux graines mûres. Leur couleur variait entre le noir, qui est la couleur de la graine du M. Ju- Lapa, et le brun moucheté, que montre celle du #. {ongiflora. On remarquait tous les intermédiaires possibles entre ces deux nuances. Les formes étaient plus curieuses encore ; les graines, rarement rondes et plus courtes que celles du A7. Jalapa, étaient souvent plus longues et quel- quefois même très pointues, à côtes plus ou moins saillantes. Enfin la variété était telle dans ces plantes obtenues par des fécondations faites au moyen de pollen en mélange qu’il n'existait aucun moyen de séparer nettement les espèces et de reconnaître les types. J'ai obtenu aussi cette année des hybrides entre les W. Jalapa et dichotoma. Les fleurs sont restées jaunes ou jaune et blanc panaché. Les graines de ces nombreuses variétés ou espèces, ou, pour ne rien basar- der, de ces curieuses modifications, n’ont pas toujours donné des plantes semblables à celles dont elles provenaient, Elles ont donné des individus à couleur différente, et sont retournées la plupart au M. Jalapa. De nombreux essais restent encore à faire sur les Mirabilis. On peut les considérer comme des plantes éminemment propres à mettre sur la voie de la valeur que l’on peut donner aux variations et aux hybridations. 11 serait à désirer qu’on pût recueillir leurs différentes espèces, très rares ou incon- nues dans les jardins, et que les essais d’hybridation et de croisement pussent avoir lieu sous différents climats. VI Considérations générales sur l'hybridation des Mirabilis. On peut tirer de mes essais d’hybridation la conséquence que, dans les hybrides entre espèces, au moins pour les Mirabilis,le produit est exactement intermédiaire; mais on arrive aussi à cet autre résultat singulier, que les hybrides d’hybrides ne suivent plus cette loi, et deviennent infiniment variés en s'éloignant quelquefois beaucoup de leurs types. SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 229 Ainsi j'ai obtenu des Mirabilis à fleurs étoilées et d’autres à fleurs de Liséron, des Mirabilis à fleurs étroites ou à fleurs fasciculées qui s’éloi- gnaient beaucoup de leurs ascendants. On peut aussi être certain d’un fait, c'est que tous les végétaux hybrides ne sont pas stériles, puisque nos plantes croisées donnent des graines en petite quantité, mais des graines fertiles, et que, en croisant ces hybrides avec leurs propres parents, on obtient des sujets d’une grande fertilité. D'un autre côté, nous voyons ces graines fertiles avoir une grande tendance au retour vers les anciens types, et nous voyons la force de l'habitude, un moment suspendue par nos efforts, se montrer de nouveau, dès que nous ne nous opposons plus à son développement. Il serait prématuré de tirer des conclusions générales d’un seul fait, quel- que précis qu’il soit, et des études sur les Mirabilis ne peuvent donner le droit d'établir des théories applicables à tout le règne organique; nous pou- vons cependant nous baser sur ces faits et sur ces expériences, pour donner de la valeur à l'opinion que j'ai émise depuis longtemps, que l’hybridation quand elle est possible est bien plus prompte que la variation pour modifier l'espèce. Je suis de ceux qui croient à la filiation de l'espèce, et, par conséquent, à la variation possible, même nécessaire, de la succession des individus, et nous avons partout des preuves de cette variation. Sans sortir de notre sujet, nous savons que lors même qu’une seule espèce de Wirabilis, le M. Jalapa, était connue, cette plante a varié ses couleurs seulement, et nous a donné des variétés qui se sont maintenues et multipliées par la culture; mais ces variétés se sont montrées lentement à plusieurs reprises, et, si nous faisons abstraction de celles qui sont connues de tout le monde et que nous avons citées au commencement de cet article, les autres ne se sont montrées que de loin en loin et ne se sont pas conservées. Si donc j'ai pu, en quelques années, faire revivre les anciennes variétés et en ajouter de nouvelles, au point que cette année j'ai pu en séparer quarante bien distinctes, c’est que j'ai eu à ma disposition un moyen plus actif que l'espoir des variations naturelles ou accidentelles, c’est que j'ai pu ébranler la Stabilité des races et des variétés connues. L'hybridation m’a donné ce moyen, et, une fois la plante dérangée de ses habitudes, elle tend à les reprendre, il est vrai, mais elle donne alors de nombreuses variétés qu’elle n'aurait pu pro- duire auparavant. Cela est si vrai, que les graines de Mirabilis que je recueille Maintenant en masse et qui proviennent toutes d'individus autrefois hybridés, c'est-à-dire ébranlés et ramenés par des croisements successifs au A7, Jalapa, donnent seules et sans hybridation de nombreuses et nouvelles variétés, que je ne puis prévoir et dont je suis moi-même étonné. Un phénomène semblable m'est arrivé pour les Prémula. Après avoir créé le P. variabilis par la fécoudation réciproque des Primevères acaules et des 930 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Primevères à ombelles de nos jardins, j’ai obtenu une race dont les variations ne s'arrêtent pas, en choisissant toujours les graines sur de jeunes pieds et sur es variétés nouvelles. : Cette facilité d’ébranler les races et même les espèces par l'hybridation, de les rendre fertiles par de nouveaux croisements qui les rapprochent de leurs types, et de les rendre ainsi propres à fournir des variations et des modifi- cations multipliées, ne serait-elle pas applicable à de nombreuses espèces des deux grandes divisions du règne organique, et ne pourrait-elle pas contribuer à faire entrer dans la domesticité des races qui s’y refusent, ou qui attendent de la part de l’homme de nouveaux efforts ou des méthodes différentes de celles qui ont été employées? Quand on considère ces faits et que l’on pense à l’énergie de la nature lorsque les espèces étaient encore jeunes, on se demande si des types, aujour- d’hui si différents et stabilisés par une longue habitude, par un entourage prolongé des mêmes conditions et des mêmes milieux, ne proviennent pas de souches communes dont les variations et les hybridations les auraient fait dériver. Il est difficile de ne pas admettre cette opinion pour les genres nombreux en espèces; il est presque impossible de ne pas croire à la filiation quand on voit ces mêmes formes se reproduire dans la série des âges, quand on observe ces créations parallèles si bien indiquées par Geoffroy Saint-Hilaire, et quand on étudie géographiquement l'aire d'extension des espèces dans tout le règne organique. M. 3. Gay dit que le Mirabilis hybride obtenu par M. Lecoq est seulement, dans la science, le second exemple d’un hybride fertile et simulant une espèce légitime. Il cite l'opinion de M. Godron, qui, dans son remarquable ouvrage sur l’Espêce, considère les hybrides comme ordinairement stériles. M. de Schœnefeld rappelle que généralement, chez les hybrides, Porgane sexuel femelle est apte à la reproduction, et que la stérilité habituelle de ces végétaux provient presque toujours de limper- fection de l’organe sexuel mäle. C’est donc la fertilité du pollen d’un hybride qui lui paraît le fait le plus remarquable dans les expériences de M. Lecoq. M. Duchartre dit : Que, quand la fécondation artificielle échoue, ainsi que M. Lecoq l'a observé plusieurs fois sur certaines espèces légitimes de Mirabilis, il serait possible que cela tint à l’imperfection des organes essentiels à cette fonction et notamment du pollen, qui ne serait pas apte à la fécondation dans les pre- SÉANCE DU 5 AVRIL 1862. 231 iiers âges de la plante. A l'égard des hybrides obtenus par M. Lecoq, il doute que ces plantes doivent être regardées comme bien fixées, parce que le savant professeur de Clermont en a conservé des individus plutôt qu'il n’en a suivi des générations. M. Duchartre dit encore que la situation supérieure des fleurs mâles lui paraît, chez les plantes monoïques (Carex, Arum, Mays), plus fréquente que ne le pense M. Lecoq. Il a observé dans son jardin, à Meudon, plusieurs Poiriers appartenant à la même variété, qui fructifiaient peu, tandis qu’un pied de la variété dite Louise-bonne, unique dans ce jardin comme aux alentours immédiats, était toujours chargé de fruits. Il est impos- sible, dans ce cas, ajoute M. Duchartre, d'admettre l'influence des féconda- tions croisées. M. Lecoq répond que le pollen de ses Wirabilis hybrides lui a paru apte à la fécondation toutes les fois qu'il Va examiné au microscope. Il reconnait d’ailleurs qu’il y aurait encore des études à faire à ce point de vue. M. Cosson cite deux faits à rapprocher des précédents : 4° Chez les Dattiers, les fleurs mâles apparaissent ordinairement avant les fleurs femelles, si bien que généralement on à coutume de conserver les grappes de fleurs mâles pour pratiquer plus tard la fécondation artificielle. L'interruption de cette pratique en Égypte, lors de l'expédition française en 1798, amena dans ce pays la stérilité de la plupart des Dattiers. 2° M. Cosson à vu dans la pépinière d'Alger des Zambusa, à belle vé- gétation, qui n’y fleurissaient jamais. Cependant il a observé des fleurs sur un pied de ces végétaux, qui, planté au bord d’une allée, était chétif et brisé en partie. M. Hardy, directeur de la pépinière, lui avait cité un fait analogue. M. Chatin dit qu'il tient d’un étudiant originaire d'Égypte, que les habitants de ce pays mettent la rain remplie de pollen au fond des grandes spathes femelles pour opérer la fécondation des Daitiers. M. Eug. Fournier rappelle qu’il résulte des observations de M. Martins que la floraison des Agave est favorisée par les mauvais traitements que l’on fait subir à ces plantes. M. l’abbé Chaboisseau fait hommage à la Société de quelques échantillons de Mentha rares ou critiques, de la part de M. le docteur Fr. Schultz (de Wissembourg). Ces exemplaires sont accom- pagnés des notes synonymiques suivantes, rédigées par M. Schultz 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et contenant quelques rectifications aux noms adoptés par M. Timbal- Lagrave dans son travail sur le genre Mentha (1) : Mentha Maximilianea F. Schultz in Flora (1854), n° 30, p. 472, et in Jahresb. d. Poll. (4854), p. 24, 29, 35 et 37; Arch. de F1. (4856), p. 221; Herb. norm. n° 1145 et n° 116 (1856), — M. rotundifolio-aquatica F. Schultz in Ælora (1854), n° 45, p. 226, et omnibus locis citatis (1854 et 1856) ; Timbal in Pull. Soc. bot. Fr. (1860), t. VIT, p. 355. Var. «, inclusa F. Sch. A. n. n° 415; M. Mazximilianea Y. Sch. Var. B, exserta, K. Sch. A. n. n° 116 ; M. Weissenburgensis K. Sch. Mentha Wohlwertiana F. Schuliz in Jahresb. d. Poll. (485h), p. 29, 37et38; Arch. de F1, (4856), p. 234; Herb. norm. n° 117 (1856) et n° 535; Arch. de F1. (1858), p. 266, — M. rotundifolio-arvensis F. Schultz locis citatis (1854, 1856 et 1858); Timbal in Bull. Soc. bot. Fr. (1860), & VIE, p. 357. Var. «, tnclusa F. Sch. Æ. n. n° 117. Var. B, exserta F. Sch. H. n. n° 266. Mentha Muelleriana F. Schultz in Jahresb. d. Poll. (1854), p. 29, 38, 39 et 40, — M. arvensi-rotundifolia F. Schultz loc. cit. (1854) et Arch. de F1. (1856), p. 235; Herb. norm. n° 118 (1856). Mentha Schultzii Boutigny (1857) in sched. — M. aquatico-rotundifolia Boutigny (1857) in sched. et in Arch. de F1. (1858), p. 266; Æerb. norm. (1858), n° 338; Timbal in Bull. Soc. bot. Fr. (1860), t. VII, p. 357. Mentha hirta Willd.! Enum. hort. Berol. 11, 608 (non Timbal in Zull. Soc. bot. Fr. VIX, 355); Rchb. Fl. exeurs. p. 310. — Forma latifolia F. Schultz Aerb. norm. n° 557, — M. incano-hirsuta Wirtgen Herb. Menth. rh. (texte) p. 7, (exsicc.) ed. 4, n° 20, ed. 2, n° 34 (non Timbal), — M. silvestri-hirsuta Wirtgen F1. d. Preuss. Rheinprov. p.355, — M. nepe- toides var. hirsuta Koch Syn. ed. 2, p. 633 (non autem M. rotundifolio- aquatica F. Schultz cum qua confundit cl. Timbal, loc. cit). D' F.-G. SCHULTZ. M. l'abbé Chaboisseau ajoute les observations suivantes : Les Mentha que je viens de mettre sous les yeux de la Société paraissent être pour la plupart hybrides ; j’avoue que j'ai vu avec une véritable satisfac- tion M. le docteur Schultz leur donner un nom simple, au lieu de suivre &b- solument la nomenclature de Schiede. À mon avis, il ne convient pas d’exclure (4) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 231, 254, 328 et 352. SÉANCE DU 29 AVRIL 1862. 233 les hybrides d’un ouvrage descriptif ; car ils se rencontrent assez souvent, ct quelquefois en assez grande quantité pour que le botaniste collecteur désire être averti de leur présence et savoir à leur sujet l’opinion du maître. Mais il n’est pas rationnel de les traiter sur le pied des espèces légitimes. La diffi- culté sera, ce semble, suffisamment aplanie, si on les marque du signe d’hy- bridité, sans numéros d'espèces. Si l’hybridité est éncontestable et si en même temps les fonctions des parents sont bien connues, on doit leur appliquer la nomenclature binaire de Schiede, le nom du père étant mis le premier, Mais, dans Le cas où il reste des doutes (ce qui arrive presque toujours), je ne saurais approuver l'emploi d’une nomenclature qui préjuge gratuitement la plus diffi- cile et la plus contestable des questions. Les plantes que je viens d'offrir à la Société font partie d’une publication trop importante pour qu’il me soit permis de la passer sous silence. M. le docteur Schultz, malgré les difficultés de toute sorte qui ont traversé sa car- rière, est parvenu à publier d’abord une première série de 1600 plantes toutes rares ou critiques, Arrêté quelque temps par suite d’un accident qui a ruiné ses collections, il a repris sans se décourager le cours de ses travaux, et publie une nouvelle série sous le titre d’Æerbarium normale, dont il a paru six cen- luries, Ceci porte jusqu’à présent à 2200 numéros les plantes publiées par M. Schultz : résultat considérable si l’on réfléchit qu'il ne donne pas de plantes vulgaires, et surtout qu’il n’admet que des échantillons parfaitement choisis et bien préparés, en fleur et en fruit. Quelques numéros cités ici de l'Æer- barium normale donneront idée de l'intérêt que présente cette publication : 408. Æanunculus auricomus L., à fleurs parfaites; h10. Ranunculus velutinus Tenore ; h31. Viola Schultzii Billot ; 224. Viola persicifolia Schreber (V. stagnina Kit.) ; Vresque tous les Polygala de la flore de France, avec des notes synony- miques très importantes ; 442. Arenaria massiliensis Fenzl; Presque tous les Cerastium de France, y compris le €. aggregatum LR., et de plus le rare C. silvaticum W. K., ainsi que le C. campanulatum Nix., bien distinct de notre C. litigiosum de Paris; Plusieurs 7>ifolium recueillis par M. Savi; des Æubus dont je ne veux pas vous faire sentir les épines ; Toute une série d'£pilobium admirablement préparés ; Une série très curieuse de Potentilla; 486. Galium sarcharatum AN. , et des hybrides voisins du G. verum ; 497. Filago neglecta Soyer-Will. ; 501. Gnaphalium pilulare Wablenberg, qui est le G. uligincsum de tous les auteurs français, mais non la plante de Linné; Une série très intéressante de Cirsium, et surtout un grand nombre d’Aie- 23h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. racium sur lesquels j'appelle spécialement l’attention, parce que le premier fascicule de la monographie de ce genre par MM. Schultz frères sera bientôt publié ; De nombreux Mentha étudiés avec le plus grand soin, et d’une synonymie étendue. Je passe à regret la troupe brillante des Orchidées et des Liliacées pour arriver à deux plantes très curieuses : 367. Æeleocharis amphibia DR., et 368. Scirpus Duvalii Hoppe, suivies d’un groupe charmant de Carex, dont le roi est le C'arex brevicollis DC. Les genres Aira et Serrafalcus, si difficiles, sont abondamment repré- sentés,. | La collection comprend même des Mousses et des Hépatiques, avec les Cryptogames vasculaires. J'ai eu l’heureuse chance de pouvoir y faire figurer : Isoëètes tenuissima Bor., Jungermannia nigrella De Not. et Chara coronata Ziz, trois plantes fort rares et très curieuses. Je vous demande pardon, Messieurs, de m'être étendu si longuement sur ce sujet : je l’ai fait assurément pour avoir l’occasion de témoigner publique- ment à l’auteur toute ma sympathie ; mais je l’ai fait surtout dans la convic- tion que cette importante publication méritait une mention spéciale, et je suis sûr que vous l’accueillerez avec bienveillance, moins comme une preuve d'amitié personnelle que comme un acte de justice. J'ajouterai ici une simple observation : parmi les plantes vivantes que j'ai reçues.ces jours-ci de M. le docteur Schultz, figuraient des Lycopodium Selago; j'ai remarqué que leurs racines sont parfaitement dichotomes. M. J. Gay a observé le même caractère sur les /soëtes de l'Auvergne. C'est un rapprochement de plus entre les deux familles déjà si voisines des Isoëtées et des Lycopodiacées. M. J. Gay demande à M. l'abbé Chaboisseau si les hybrides observés et mentionnés par M. Schultz ont été étudiés au moyen de fécon- dations artificielles et suivis dans leur descendance, ou si ces plantes ont été considérées comme hybrides seulement d’après l'inspection de leurs caractères et par le fait de leur stérilité. M. Chaboisseau dit qu'il ne saurait répondre à cet égard. Il ajoute que les plantes du genre Mentha décrites comme hybrides lui ont toujours paru stériles. M. Boisduval fait connaître à la Société que, cette année, la plupart des pots dans lesquels il cultive des plantes rares ont donné naissance à des Morilles, sans qu'aucune circonstance puisse expliquer ce fait; les pots, remplis de terre d’origine et de nature fort différentes, étaient presque tous dans le même état depuis deux ou trois années, SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 235 sans qu'un fait de ce genre se füt présenté. M. Boisduval en met un exemple sous les yeux de la Société. Il lui présente, en outre, une touffe de Ramondia pyrenaica couverte de fleurs, et des Agraplhis nutans à fleurs roses. M. de Schœnefeld dit qu’il a trouvé cette variété de l’Agraphis, la veille, dans la forêt de Saint-Germain. M. Ed. Prillieux, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : NOUVELLES REMARQUES SUR LE PRIMULA VARIABILIS Goup., par M. Alph. de ROCHEBRUNE. (Angoulême , 43 avril 1862.) Le Primula variabilis Goup. est-il une espèce bien tranchée, où bien n'est-ce que le produit hybride des P. officinalis Jacq. et P. grandiflora Lam. ? Cette question a été plusieurs fois débattue dans le sein de la Société bota- pique de France, et il semble que, devant l'autorité des grands noms qui l'ont résolue, toute espèce de doute devrait disparaître. Nous venons cependant aujourd’hui plaider cette cause précédemment jugée ; mais, quelque faible que puisse être le poids de notre conviction per- sonnelle, nous avons à cœur d'exposer les preuves que nos observations nous ont fournies et de défendre la légitimité du P. variabilis. Rien n’est moins prouvé à nos yeux que l’hybridité de la plante en litige, nous nous hâtons de le dire avec M. le docteur Lebel (1). Notre savant collègue (/oc. cit.) appuie son opinion sur des faits qu’il à observés dans les environs de Valognes, et qui peuvent se résumer ainsi : 1° Stations des trois espèces, éloignées ; 2° Fécondité du ?. variabilis. Nos preuves contre l’hybridité de l’espèce sont les mêmes. En examinant d’abord les stations des environs d'Angoulême, nous consta- tons deux localités pour le P. variabilis, La première dans le bois du Cimarre, Sur un terrain oolithique, humide, où la plante est très rare et où le P. gran- diflora manque complétement ; la seconde dans la forêt de Basseau, sur un terrain d’alluvions anciennes, où, à la suite d’une coupe d’une partie du bois, l'espèce s’est montrée très abondante, et continué à croître depuis ; là absence complète du 2. officinalis. Le P. grandiflora est très commun dans la généralité de nos bois, parti- (1) Bull. Soc. bot. de Fr. t, VIII, p. 1. 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. culièrement ceux qui sont humides et ombragés, tandis que le P. variabilis préfère les taillis rocailleux. Quant au P. officinalis, très commun aussi dans ses différentes stations, on ne le rencontre que dans les prairies, beaucoup plus rarement sur le bord des bois humides, ainsi que nous l'avons établi dans un ouvrage récent (1). Les Primula charentais offrent, comme on le voit, une très grande ana- logie d'habitat avec ceux signalés par M. le docteur Lebel; un contraste, au contraire, très grand avec ceux cités par notre vénéré collègue M. J. Gay (2). Relativement à ces derniers, nous voyons que, dans la Dordogne, aux envi- rons de Nancy, en Suisse, les trois espèces vivent toujonrs réunies, tandis que, dans la Charente, il n’y a jamais société complète entre elles, et que l'on rencontre constamment et sans exception, ici, P. grandiflora et P. variabilis, là, P. officinalis et P. variabilis. Reprenant en second lieu l'opinion de nos deux savants collègues, nous voyons, premièrement, négation absolue de la fécondité du P. variabilis par M. Gay; secondement, presque affirmation, mais non pas certitude complète de cette fécondité, par M. le docteur Lebel. En effet, tout en n’admettant pas la stérilité de l'espèce, ce dernier déclare n'avoir jamais vu la graine ; il ne s'appuie, pour justifier son opinion, que sur de jeunes individus bi- ou uni- flores, arrivant à leur première floraison, à souche mince, portant seulement trois ou quatre feuilles (oc. cit.). En présence d’une négation absolue et d’une presque certitude, il nous fallait une preuve complète, positive. Cette preuve, nous l'avons trouvée : Dans le développement complet et l’organisation intime des anthères; dans la constitution du pollen ; dans la forme et les dimensions normales du pistil; dans la conformation parfaite des ovules; dans l'abondance et la maturation des graines (3) ; dans la reproduction de l'espèce par les semences du porte- graine, reproduction identique avec les échantllons-mères. Tous les échantillons observés nous ont fourni sans exception ces faits évi- dents, palpables. Indépendamment de ces preuves, qui, une fois établies, doivent suffire, ce nous semble, à démontrer que le P. variabilis n’est pas d’origine hybride, nous rencontrons, dans l'examen comparatif des trois espèces, des différences (1) De Rochebrune et Savatier, Cat. Ph. Char. p. 132 (1861). (2) Bull. Soc. bol. de Fr.t. VII, p. 306. (3) M. Cosson (Bull, Soc. bot. de Fr.t. NII, p. 10) dit qu’il existe incontestablement des hybrides fertiles qui se perpétuent de graines, par exemple le Cirsium hybridum. Nous avons toujours pensé que l'absence complète ou même partielle de graines fertiles était un caractère inhérent aux hybrides; c’est du reste l'opinion de plusieurs auteurs, notamment de MM. Grenier et Godron (F1. Fr. t. II, p. 554). La culture, selon nous, est le guide le plus certain pour arriver à une délimitation exacte des types et des hybrides. SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 237 assez appréciables, des caractères assez tranchés, et qui nous paraissent suff- sants pour justifier la création du 2. variabilis. Le tableau suivant permettra de constater ces différences : PRIMULA GRANDIFLORA. Disposées en rosette radi- cale, fortement ridées, réti- culées, glabres, d’un vert blanchâtre en dessus, mol- lement tomenteuses poilues en dessous, irrégulièrement ondulées, dentées, ovales- oblongues, insensiblement at- ténuées en pétiole ailé, à nervure médiane cotonneuse en dessus et en dessous, Presque nulles par avorte- ment. Poilus, laineux, à poils égalant deux fois le diamètre du pédicelle, munis à la base d'une bractée lancéolée, su- bulée, très étroite, d’un vert pâle rosé à la base. Pentagonal, velu sur les angles, d’un vert foncé dans son tiers supérieur, à dents longuement lancéolées, acu- minées, égalant le tube et se Courbant en dehors. PRIMULA VARIABILIS. Feuilles. Disposées en rosette radi- cale, faiblement ridées, réti- culées, vertes et glabres en dessus, faiblement tomen- teuses en dessous, irréguliè- rement ondulées, dentées, à dents profondément accu- sées, obovales, brusquement atténuées en pétiole ailé (1), à nervure médiane faiblement tomenteuse seulement en des- sous. Hampes. Dépassant les feuilles, ou presque nulles par avortement sur le même pied ; tomenteu- PRIMULA OFFICINALIS. Disposées en rosette radi- cale, mollement ridées, réti- culées, irrégulièrement on- dulées, dentées, glabres, d’un vert foncé en dessus, blan- châtres en dessous, subcor- diformes, très brusquement atténuées en pétiole ailé, à nervure médiane glabre. Dépassant les feuilles, pu- bescentes. ses dans Je premier cas. Pédicelles. Poilus, faiblement laineux, à poils égalant à peine le diamètre du pédicelle, munis à la base d’une bractée ovale, brusquement atténuée, su- bulée, carénée, à carène verte, brunâtre à la base. Calice (2). Pentagonal, faiblement poi- lu sur les angles, d'un vert foncé dans sa moitié supé- rieure, à dents aiguës, lan- céolées, égalant la moitié du tube, se courbant en dedans. Brièvement tomenteux, à tomentum glanduleux, légè- rement visqueux, ordinaire- ment irès courts, munis d’une bractée ovale, atténuée au sommet, subulée, dentée, blanchâtre, à carène d’un vert foncé. À angles faiblement to- menteux, lisse, d’un blanc verdâtre, enflé, très ouvert au sommet, à dents ovales, tomenteuses sur jeurs bords, brièvement mucronulées, éga- lant le tiers environ du tube. (1) D’après la note 2 de Ja communication de l'honorable M. Gay (loc. cit.), le carac- tère des feuilles insensiblement atténuées en pétiole est particulier aux Primula gran- diflora, P. intricata et P. amæna. Ce caractère est cependant attribué par lui au P. va- riabilis, comme hybride ayant la plupart des caractères du P. grandiflora; nous n'avons jamais pu le constater dans nos échantillons charentais, qui présentent toujours, et sans intermédiaires, des feuilles brusquement atténuées en pétiole, et se rapprochent, sous cet autre point de vue, de ceux cités pur M. le docteur Lebel (loc. cit.). (2) Nous ne pensons pas, comme le suppose M. de Schœnefeld, qu’il ne faille attacher qu'une médiocre importance caractéristique à la forme et aux dimensions du calice comparé au tube de la corolle (Bull. Soc. bot. de Fr.t. MI, p. 241). Notre honorable collègue se fonde sur un échantillon unique de A do officinalis portant trois fleurs à 238 PRIMULA GRANDIFLORA. A gorge plissée, à limbe plan, égalant une fois la lon- gueur du tube, d’un jaune pâle tirant sur le blanc ver- dâtre, à divisions ovales, en cœur au sommet, à larges macules d’un jaune terne à la base. Lisse, égalant le tube, à PRIMULA VARIABILIS. Corolle. À gorge plissée, à limbe plan, égalant la moitié du tube, d’un jaune orangé, à divisions ovales, fortement en cœur au sommet, à macules étroites orangé foncé à la base. Style (1). Lisse, dépassant le tube, à SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. PRIMULA OFFICINALIS. À gorge plissée, à limbe concave seulement au début de l’anthèse, égalant le tiers du tube, d’un jaune orangé foncé, à divisions cunéiformes, en cœur au sommet, à macules étroites rouge orangé à la base. Velu, égalant le tube, à stigmate globuleux, verdâtre ,[stigmate globuleux, jaunâtre, |stigmate globuleux, verdâtre, presque lisse. Lancéolées, blanchâtres. Inodores. Ovoïdes , égalant la lon- gueur du tube du calice étroi- tement appliqué sur elles. Brunes, ridées, réticulées. Les bois de haute futaie, humides. Fl. mars. Fruct. juillet. cotonneux. Anthères. Linéaires, mucronulées , orangées. Fleurs. Très faiblement odoran- tes. Capsules, Plus courtes que le tube a calice évasé et non appli- qué sur elles. Graines. Rhomboïdales, brunes, al- véolées, Habitat. Les bois taillis. F1. avril- mai. Fruct. août, papilleux, plus court que le tube dans notre variété bre- vistyla. Ovales-elliptiques, apicu- lées, jaunes. | Odorantes. Ovoïdes, égalant la moitié du tube du calice évasé et non appliqué sur elles. Brunes, pyramidales, ré- ticulées, couvertes de papilles argentées. Les prairies. Fl, mars- avril. Fruct. juin. Par l'exposé de ces caractères, il est permis de constater que de grandes différences existent entre le P. variabilis et ses deux parents supposés, et, loin d'y voir avec M. Gay (loc. cit.) le P. grandiflora sous un aspect, sous un facies modifié, nous y trouvons le P. variabilis limité et dessiné nettement. Quelques variétés existent dans le P. variabilis comme dans le P. gran- diflora, variétés ou variations constituées par le plus ou moins d’ampleur du calices complétement différents, Nous n’y voyons qu’une anomalie exceptionnelle qui, par sa rareté, n'implique en rien la non-valeur du caractère, soit pour les espèces, soit pour les variétés. (1) Nous avons exposé (Cat. rais. Ph. Char. p. 431) que la longueur et la brièveté du style n’existaient que dans le Primula officinalis, ce qui nous a engagés à créer la variété brevistyla Nob.; depuis la publication de cet ouvrage, nous avons cherché vainement à constater ce fait en dehors du P. officinalis, et nous persistons à le considérer comme étant spécial à cette espèce. \ SÉANCE DU 25 AVRIL AS62. 939 limbe de la corolle. Une forme acaule se rencontre également; mais, à part son manque de hampe, il est facile de ne pas la confondre avec le P. gran- diflora par ses feuilles et les autres caractères exposés. Cette forme est très rare, tandis que les échantillons à hampes multiflores et uniflores sur le même individu (1), que nous considérons comme le type, sont très répandus et constituent la presque totalité des échantillons que nous avons recueillis. On observe aussi une troisième forme, à hampe multiflore seulement, également peu commune. Le style, dans le P. variabilis, dépasse le tube de la corolle de 3 à 4 milli- mètres, tandis que les anthères sont situées à la base de la gorge, c'est-à-dire à 1 centimètre environ au-dessous du stigmate. Cette disposition pourrait faire conclure à la stérilité de l'espèce. Cependant, en observant les phénomènes qui se passent au moment de l’anthèse, il est facile de se convaincre du con- traire. | Dans la position qu’occupent les fleurs avant l’anthèse, les pédicelles floraux se trouvent droits ou ne présentent qu’un angle très aigu à leur insertion. Lors de l’anthèse complète, au contraire, ces pédicelles se courbent et offrent un angle obtus à la perpendiculaire, pour reprendre insensiblement leur pre- mière position à l’époque de la maturation des ovules. Pendant la période de courbure des pédicelles, le pollen est entraîné sur la surface stigmatique par un liquide nectarifère sécrété à la base du style, à son insertion sur l'ovaire, liquide qui, en lubrifiant la paroi du tube, facilite le cheminement de la ma- tière fécondante sur l'organe fécondé. Cette courbure momentanée des pédicelles, courbure unilatérale, présente pendant cette phase végétative un caractère commun avec le ?. officinalis, Caractère qui a pu échapper aux observations, et faire dire du P. variabi- lis (2) : Pédicelles allongés, tous également dressés, non unilatéraux. Des trois Primula charentais (car nous faisons abstraction du ?. elatior, très rare dans nos régions), le seul que nous pourrions appeler stérile est le P. grandiflora. I est excessivement rare, en effet, de rencontrer les graines mûres de cette espèce, et cependant tout, dans son organisme, présente des garanties pour la fécondité. On ne doit en attribuer la cause qu’à un petit gastéropode, le Vertigo pyg- mwa, qui s'introduit par l'ouverture du calice sans en endommager la paroi et ouvre les ovules avant leur entière maturation. L'humidité du bois qu'af- fectionne le P. grandiflora, et surtout ses pédicelles appliqués sur la terre aussitôt la floraison terminée, contribuent puissamment à la destruction de ses graines, en les mettant en quelque sorte à la merci de ces petits animaux. Telles sont les observations que nous avons faites et répétées depuis plusieurs (1) Lloyd, F1. de l'Ouest, p. 369. (2) J. Gay, loc, cit. 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. années successives. Aussi est-ce avec une conviction profonde que nous ter- minons en concluant par la fixité et la constance des caractères du ?. variabilis. Nous espérons que de nouvelles et scrupuleuses études seront poursuivies sur ce sujet, qu’elles viendront plus tard confirmer nos recherches, et lui rendre la place que nos devanciers lui avaient assignée. M. Ramond dit que, dans la note de M. de Rochebrune, il n’est question que de trois espèces de Primula, parmi lesquelles ne se trouve pas le Pr. elatior, et que c’est peut-être cette espèce que M. de Rochebrune regarde comme le Pr. variabilis. I ajoute que pour lui (qui s’est occupé spécialement de cette question pendant son long séjour en Normandie), les prétendus Pr. variabilis ne sont que des formes caulescentes du Pr. grandiflora (1). M. Lecoq fait observer que l’on ne trouve jamais ensemble les quatre espèces de Primula établies aux dépens du Pr. veris L., et que, partout où se montre le Pr. variabilis, il n’existe pas de Pr. elatior. M. Lecoq est en conséquence disposé à regarder le type de Goupil comme une variété de cette dernière espèce. M. Cosson rappelle que notre regretté confrère H. de la Perrau- dière a également constaté, en Anjou, l'abondance du Pr. variahilis et l'absence du Pr. elatior (2). M. J. Gay rappelle qu’il a trouvé le Pr. variabilis dans la forêt de Hallate (3). M. Cosson ajoute que les divers Primula dont il vient d’être question sont quelquefois nuancés par de nombreux intermédiaires, de même que les espèces d’Orchis établies aux dépens de l'O. mili- taris L., et qu’il a observées l’an dernier aux environs de l’Isle- Adam (Seine-et-Oise). M. Lecoq dit qu’en fécondant artificiellement le Pr. grandiflora (1) Note ojoutée par M. Ramond pendant l'impression. — Le procès-verbal de la séance du 12 avril 1861 (voyez le Bulletin, t. VIII, p. 197), dans lequel se trouve mentionné l’envoi que j'avais fait à M. J. Gay d’échantillons de Primula récoltés dans la forêt de Tancarville, donnerait lieu de penser que je considérais alors le Pr. variabilis comme une espèce légitime. J'avais voulu seulement montrer que ces Primula ne provenaient pas de l’hybridation du Pr. grandiflora par le Pr. officinalis, qui manque tout à fait dans cette partie de la Normandie. Le Pr. grandiflora abonde à Tancarville, sans mélange d’autres espèces, et il y présente de nombreux passages de la forme simple- ment acaule à la forme en partie acaule et en partie caulescente et à la forme exclu- sivement caulescente. On constate fréquemment aussi la transition des feuilles insensi- blement atténuées en pétiole ailé aux feuilles brusquement contractées en pétiole. Quelquefois les deux formes existent sur le même pied. (2) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 253. (3) Ibidem, p. 306. SÉANCE DU 25 AVRIL 1862. 21 par le Pr. purpurea des horticulteurs, il a obtenu des formes très analogues au Pr. variabilis. M. Ramond invite le secrétariat à demander à M. de Rochebrune des échantillons de son Pr. variabilis pour l’herbier de la Société. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la note suivante, adressée à la Société : NOTE SUR LES BOURGEONS REPRODUCTEURS DU RANUNCULUS LINGUA, par M. BELHOMME, jardinier-chef du jardin botanique de Metz, (Metz, 15 avril 1862.) Le Aanunculus Lingua L. n’est pas une espèce tout à fait aquatique; néan- moins cette plante peut rester submergée pendant un certain temps sans cesser pour cela de végéter. Elle émet alors des feuilles rubanées à la manière des Scirpus. Cependant, si elle restait longtemps dans cet état, elle finirait par s’épuiser, et disparaîtrait du lieu où elle serait ainsi, pour venir se fixer sur le bord. On sait que, chez certaines Monocotylédones aquatiques (Sératiotes, Hy- drocharis, etc.), il se forme, à l’aisselle des feuilles, des bourgeons qui se détachent du ‘pied-mère et vont se fixer dans le lieu le plus favorable à leur développement. Le Æanunculus Lingua présente le même mode de repro- duction. Si, à l'automne, on laisse tomber les tiges, encore en vie, de cette Renon- cule, elles hivernent au fond de l’eau, et, au printemps suivant, on voit repa- raître à la surface les mêmes tiges à demi décomposées. A chaque zisselle de feuille, il s’est formé deux ou même trois bourgeons, qui se détachent, vont se fixer sur le bord des eaux et émettent des racines ; puis les tiges se forment, et bientôt chaque bourgeon a produit un nouveau pied de la plante. J'ai été à même de constater ces faits dans le bassin de notre école de botanique. Pour éviter que la gelée n’atteigne quelques plantes aquatiques, je place leurs pots au fond du bassin vers la fin de l’automne, et je les rap- proche de la surface de l’eau au premier printemps, afin de mettre autant que possible ces végétaux dans leur habitat normal. Les graines de Ranunculus Linqua étaient, sur les pieds cultivés, presque toutes stériles, Je ne sais pas s’il en est de même lorsque la plante croît spon- tanément. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. AOUT 1862, PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. On the fibrin and latex of vegetables, and on the €oa- gulation of fibrin without evolution of ammonia (Sur la fibrine et le latex des végétaux, et sur la coagulation de la fibrine sans évaporation d’ammoniaque); par M. George Gulliver, pro- fesseur d'anatomie comparée et de physiologie au Collége royal des chirür- giens (7he Annals and Magazine of natural history, mars 1862, pp. 207-211). M. Gulliver insiste dans cette note sur la présence dans les végétaux d’'uû liquide coagulable auquel il donne le nom de fibrine, pour le rapprocher de la fibrine du sang. H dit l'avoir souvent observé dans les racines charnues, et sur des plantes appartenant aux familles des Papavéracées, Caimpanulacées, Convolvulacées et Urticées. Si ce liquide, dit-il, est retiré de la plante, il se coagule promptement, en moins de quatre minutes, sur une plaque de verre. La rapidité avec laquelle se manifeste le phénomène dépend de la température et de la saison ; en février et durant les mois d'hiver, il est plus long à se pro- duire ou même fait complétement défaut. Le gramcau formé par la coagula- tion, souvent sans structure appréciable, est quelquefois composé de fibrilles. La liqueur végétale diffère d’ailleurs remarquablement du sang des animaux, en ce que la coagulation en est fréquemment aidée par l'addition d'une cer- taine quantité d’eau. M. Gulliver, à l'occasion des théories produites pour expliquer le changement d’état de la fibrine animale, insiste sur ce qu'il n'a jamais observé de dégagement d’ammoniaque pendant la coagulation du sérum ou des sucs végétaux. Quant au latex, il fait remarquer que la couleur et l’opacité de ce liquide résultent de la présence de petits granules solides analogues à ceux qu'on observe dans le chyle des mammifères. 11 ajoute que, dans certaines Convol- vulacées, Cinarocéphales et Urticées, on rencontre des globules analogues à des gouttelettes d'huile, de grandeur variable et à bords distincts. I décrit ensuile les corpuscules en forme de bâtonnets qui se trouvent dans le latex des Euphorbes, et que l’iode colore en bleu. D' EUcÈNE FoUnNIER. RÉVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 243 Sur les cônes des Conifères; par M. Ph. Parlatore (Z’/nstitut, 30° année, n° 4481, pp. 164-165), Nos lecteurs ont déjà trouvé dans cette Revue l'exposition des idées de M. Parlatore sur la constitution morphologique da cône des Coni- fères (1). Le savant directeur du Musée d'histoire naturelle de Florence revient aujourd'hui sur ses vues antérieures, dont il trouve la confirmation dans une monstruosité offerte par l’Abies Brunoniana Wall. Dans plusieurs cônes de cet Abies, écrit-il, la presque totalité des écailles qui les composent se sont changées en rameaux plus ou moins développés et plus ou moins chargés de feuilles. Des diverses modifications de longueur et de soudure présentées par les organes anomaux, il reconnaît comme manifeste que l'organe écailleux est entièrement formé par les feuilles d’un rameau axillaire, soudées ensemble et réduites à l’état de bractéoles, le rameau étant lui-même extrêmement rac- courci dans l'état ordinaire. D'ailleurs, dans les cônes monstrueux, la bractée était toujours distincte de l'organe écailleux, ce qui est le propre des Sapins, M. Parlatore donne ensuite quelques nouvelles preuves à l'appui de l’inter- prétation morphologique de l’écaille des Conifères qu’il a présentée antérieu- rement. Il insiste sur ce que, dans plusieurs genres de cette famille, les feuilles sont soudées aux branches par une partie de leur limbe, de sorte que l'on prend généralement pour la feuille ce qui n’en est que le sommet; il insiste encore sur la tendance qu'ont généralement les rameaux de ces plantes à se raccourcir. E. F, On the various contrivances by which british and fo- reign Orchids are fertilised by insects, and on the good effects of intercrossing (Des divers modes suivant les- quels les Orchidées anglaises et exotiques sont fécondées par les insectes, et des bons effets de la fécondation croisée); par M. Charles Darwin. Un vol. in-8° de 365 pages, avec gravures sur bois intercalées dans le texte. Londres, chez John Murray, 1862. L'auteur du traité De l'origine des espèces avait avancé que la féconda- tion croisée entre deux individus de la même espèce est une loi de la nature, et que les plantes hermaphrodites ne peuvent se reproduire sans un con- Cours étranger pendant une longue série de générations. Blâämé pour n’ayoir Pas appuyé cette doctrine sur des faits suffisants, il publie aujourd'hui un volume entier où il étudie la fécondation à distance chez les végétaux qui s'y prêtent le mieux. En effet, les masses anthérales des Orchidées étant enlevées par les insectes qui en transportent le pollen sur d’autres fleurs, on à, par (1) Voyez le Bulletin, t. Vif, p. 318. 2h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'observation directe de ce qui se passe dans cette famille, la preuve palpable du concours réclamé de ces utiles auxiliaires pour la fécondation croisée dans le plan général de la nature, Le livre de M. Darwin contient, sous ce rapport, les observations les plus précises. Il ne lui suffit pas de faire connaître la structure des organes sexuels des divers genres d’Orchidées ; il a étudié attentivement les insectes qui en visitent habituellement les fleurs et nous en donne la liste ; il les a surpris emportant les masses polliniques attachées à leur trompe; il a examiné, dans quelques prairies, toutes les fleurs de certaines espèces d'Orchidées indigènes, et compté dans combien de fleurs ces masses avaient été enlevées ; ce nombre est en moyenne le double de celui des fleurs restées intactes en apparence. L'Orchis fusca, qui est fort rare en Angleterre, lui a paru recevoir la visite des insectes bien moins souvent que les autres Orchidées indigènes, car les masses polliniques en étaient rarement enlevées. Les observations les plus intéressantes de ce chapitre sont peut-être celles qui tendent à montrer l'intégrité des fleurs d'Orchidées dont l’éperon est endommagé ou imparfaitement développé, et qui ne peuvent, en conséquence, attirer les abeilles par leur nectar. M. Darwin s’est fondé sur ces faits pour mettre en doute l'opinion de plusieurs auteurs qui refusent à nos Orchidées la faculté de sécréter un liquide dans l’intérieur de leur fleur. Cependant, à quelque heure du jour qu’il examinât le tube nectarifère des Orchis, il le trouvait toujours sec. Enfin il a reconnu que l’éperon floral de beaucoup de ces plantes est formé de deux tuniques séparées par un large espace où s’accu- mule le nectar, et que la tunique intérieure en est si délicate qu’elle peut être très aisément traversée. Dans le Gymnadenia conopsea et Y Habenaria bi- folia, au contraire, l’éperon renferme toujours de la liqueur, et les deux tuniques en sont étroitement accolées l’une à l’autre. L'auteur est disposé à croire que, dans le premier cas, la trompe des hyménoptères est capable de pénétrer à travers la membrane interne du tube nectarigène jusque dans sa cavité interstitielle. Il a encore remarqué que le rétinacle visqueux auquel sont attachées les masses polliniques des Orchidées se dessèche très prompte- ment et se transforme en substance solide, de sorte qu’il maintient l'organe tout entier attaché au corps de l'abeille qui l'emporte en butinant. Nous regrettons que l’espace nous manque pour suivre M. Darwin dans le détail de toutes ses ingénieuses observations; nous voudrions le montrer examinant un à un divers genres d’Orchidées, et cherchant en général à prouver que les fleurs en sont organisées plutôt pour recevoir un pollen étranger que pour se féconder elles-mêmes, Après avoir étudié les Ophrydées et les Néottiées, il passe aux Orchidées exotiques, et nous fait connaître le mode d’imprégnation très simple des Cattleya (Épidendrées), et celui du Masdevallia fenestrata (Malaxidées), dont la fleur se ferme après être demeurée épanouie pendant quelque temps, et présente alors entre les sépales REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 245 extérieurs deux petites ouvertures latérales pour la pénétration des insectes ou seulement de leurs trompes. L'auteur examine ensuite la structure florale des Vandées, à l'occasion de laquelle il adopte une terminologie un peu par- ticulière. On sait que les organes sexuels des Orchidées comprennent un rostre séparant l’anthère, qui lui est supérieure, du stigmate au-dessus duquel il se prolonge. Il est terminé par une surface visqueuse qui s'étend inférieure- ment sur sa portion recourbée, et que M. Darwin appelle un disque, attri- buant le nom de pédicelle à la partie supérieure et non visqueuse du rostre; c'est ce pédicelle qui porte en arrière les masses polliniques, fixées par leurs caudicuies, lesquels s’enfoncent dans leur intérieur. Le rostre, qui termine la partie médiane de la colonne, dépend enfin pour l’auteur, au point de vue morphologique, du pistil postérieur du gynécée, tandis que le stigmate lui paraît formé par les extrémités réunies des deux pistils antérieurs. Dans les Ophrydées, il a reconnu deux disques séparés; dans le genre Æabenaria, ‘ deux pédicelles. Le caudicule est, d’après lui, quelquefois très long ou sus- ceptible de s’allonger beaucoup sans se rompre, ce qui est favorable à la fécondation croisée opérée par les insectes, à cause des frottements que subissent les masses polliniques pendant le transport. Continuant son examen, il nous montre les organes mâles de l’Angrecum sesquipedale de Madagascar conformés de façon à nécessiter pour leur transport l’action d’un hyménoptère de très grande taille et pourvu d’une trompe extrêmement longue, de telle façon, dit-il, que si cette espèce d’insecte disparaissait de l’île, l’Angrecum en disparaîtrait aussi. M. Darwin a souvent présenté des considérations ana- logues dans son grand ouvrage. Il conclut de ces études qu'aucune Vandée ne pourrait être fécondée sans l’aide des insectes, du moins dans les trente- quatre genres qu’il a examinés. La sous-tribu des Catasétidées est dans son livre l'objet d’un chapitre particulier. 11 insiste sur l’anisexualité de quelques espèces de Catasetum, pour prouver l'utilité du rôle que jouent les insectes dans la fécondation de ces plantes, décrit par quel mécanisme les masses polli- niques en sont lancées avec élasticité à quelque distance, pour être ensuite reprises et transportées par les insectes, fait connaître la sensibilité spéciale des poils qui en bordent la colonne, et rappelle le polymorphisme des fleurs de C'atasetum, étudié par M. Duchartre (1), et que l’auteur anglais considère aussi comme en rapport avec les différences sexuelles de la fleur. Le dernier 8enre. étudié par M. Darwin est le genre Cypripedium, dans lequel la fécon- dation ne peut encore, selon lui, s'accomplir qu’à l’aide des insectes, mais ici différemment du mode ordinaire. Dans la plupart des autres Orchidées, l'insecte fait pénétrer sa trompe dans l’intérieur de la fleur pour en sucer le nectar, et, en la retirant imprégnée d’une matière visqueuse, il emporte avec elle une ou deux des masses polliniques, qu’il transporte sur une autre fleur. (1) Voyez plus haut, p. 113 et suiv. 916 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans les Cypripediom, d'après la structure de leurs fleurs, la trompe de l'insecté emporte avec elle, en rasant d’abord l’anthère lorsqu'elle y pénètre, quelques graiñs du pollen glutineux de la plante, qu’elle va déposer sur la surface lubrifiée du stigmate. L'ouvrage que nous analysons est si rempli de faits, qu’il nous est impos- sible même de les mentionner tous. L'auteur, après avoir passé en révue divers genres d'Orchidées, étudie d'une manière générale la sécrétion du nectar dans ces plantes, les rapports des divers types qu'elles présentent, éclaircis par l'examen de leur développement, là structure du rostre, du pollen et les principaux groupes de cette famille. Il pense, conformément à la théorie générale qu'il a produite antérieurement, que les différences qui sépa- rent quelques-uns de ces groupes, et notamment celui des Cypripedium de tous les autres, sont dues à l'extinction des types intermédiaires qui n’ont pas traversé les dernières périodes géologiques. M. Darwin examine encore en terminant quelques détails organographiques. Il conclut en disant que la fécondation de soi par soi est rare dans les Orchidées, ce qui, à ses yeux, doit être étendu à la généralité du règne végétal, la nature ne voulant pas, selon lui, que la lignée d’un seul individu se reproduise perpétuellement en se fécondant elle-même. E. F. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. L’herbier de la Lozère et M. Prost; par M. Henri Loret (Extrait du Bulletin de la Société d'agriculture, industrie, sciences tt arts du département de lu Lozère, 1862, & XHIT). Tirage à part en bro- chure in-8° de 54 pages. Montpellier, 26 décembre 1861. L'auteur des Glanes d'un botaniste dans le midi de la France vient d’ap- pliquer les connaissances approfondies qu’il possède sur les plantes de notre région à l'étude de la végétation de la £ozère et à la rectification de plusieurs des déterminations admises par M. Prost, dont l’herbier lozérien est conservé au musée de la ville de Mende, bien que M. Lecoq se soit rendu acquéreur de l’herbier général de ce savant d’où le précédent avait été extrait. Comme le Bulletin de la Société de la Lozère est peu répandu, nous croyons remplir un devoir en faisant connaître avec quelques détails les principaux points traités par M. Loret. ° Le À. nemorosus DC. in bherb. Prost, recueilli dans les bois à Mende, est pour M. Loret le Æ, fuberosus Lap. (2. nemorosus DC. var. elatior Lec. et Lamotte, Z?. Lecohi Bor.). H lui est impossible d'admettre les différences par lesquelles M. Timbal-Lagrave distingue les 2. tuberosus et Lecokit ; V'incli- naison du bec des carpelles, qu'on suppose partir de la base dans le À. tube- rosus, et du milieu seulement dans le ZX, ZLecokii, lui a paru également REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 247 variable des deux côtés, sur le même pied et sur le même réceptacle. — Le Nufar luteum Sm. in herb. Prost, lac de Saliens, est pour l’auteur le N. pumilum Sm., rectification fort intéressante déjà indiquée par M. Lecoq. — L'AHutchinsia procumbens Desv. in herb. Prost devient une nouveauté pour la flore de France, lZZ. pauciflora (sub Capsella) Koch (77. Prostii Gay ined.). M. Loret l’a comparé avec des échantillons de la localité même du Tirol où Koch signale son espèce. M. Cambessèdes a signalé une seconde station de cette plante dans les Cévennes. — A l’occasion de l’Arenaria ciliata K. in herb. Prost, et qui est l'A. ligericina Lec. et Lam., M. Loret fait remarquer que cette plante doit recevoir le nom de lesurina, Liger désignant la Loire et Zesura la Lozère. — Le Cytisus capitatus Jacq. in berb. Prost est le €. elongatus Waldst. et Kit. — Pour le Sempervivum tectorum L. in herb. Prost, l’auteur donne la svnonymie suivante : $. arver- nense Lec. et Lamotte (S. vellavum Lamotte ined., S. Boutignianum Bill. et Gren.). D'après cette réunion, les hybrides décrits par lui sous les noms de S. Boutigniano-arachnoideum et S. arachnoiïdeo-Boutignianum doivent être nommés S, arvernensi-arachnoideum et S. arachnoïdeo-nrvernense. — Le Saxifraga pubescens DC. in herb. Prost cest nommé par M. Loret S. nuxta Lap. Abr. 128 (excl. var.) (S. pubescens DC. non Pourret, S. Prostiana Ser. mss., Benth. Cat. Pyr.). — Le Linaria origanifolia DC. in herb. Prost, Mende, vieux murs, — Z. crussifolia Mut.; M. Loret regarde cette dernière espèce comme intermédiaire entre les Z. rubrifolia DC. et L. origanifolia DC. — Le Salix du bois de la Vabre, où il n'existe qu’un seul pied femelle, est nommé par M. Loret S. incano-caprea, etc., etc. Dans la nombreuse série de rectifications et de discussions qu’il a par- courue, l’auteur insiste souvent sur la nécessité de comparer un très grand nombre d'échantillons de localités et même de régions diverses pour se bien fixer sur les limites assigées par la nature à la variabilité de certaines espèces, et avant d’en instituer de nouvelles. Il insiste surtout sur ce conseil au sujet des formes du Galeopsis Ladanum L: et à propos du Melica nebro- densis Parl., dont il ne peut distinguer le M. Magnolii Godr. par des carac- tères solides. Le travail de M. Loret se termine par la citation d’an certain nombre d’es- pèces de l’herbier de la Lozère qui ne figurent pas dans le Catalogue rai- sonné des plantes vasculaires du plateau central de la France, sans doute Parce que MM. Lecoq et Lamotte n’en ont pas vu d'échantillons. Ce sont, en général, des espèces méditerranéennes qui se sont élevées assez haut sur les Pentes méridionales des Cévennes. De ce nombre sont l'Aquilegia viscosa Gouan, auquel l'auteur réunit comme synonymes l'Aguilegia pyrenaica B. decipiens Gren. et Godr., et avec doute l'A. alpina GB. Sternbergii des mêmes, l'A. ZLinseleana Schulz et l'A. viscosa Koch, Waldst. et Kit. — À Propos du C/ypeola gracilis Pianch., que l'on pourrait rencontrer dans les 248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cévennes, M: Loret dit qu’il le rapporte au CZypeola microcarpa Moris, et que M. Grenier adopte cette détermination, ainsi que celle de l’Autchinsia de Mende et du Saule de la Vabre. . Il y a sans doute encore des nouveautés à trouver pour la flore de la Lozère, car M. Loret a rencontré, dans quelques herborisations autour de Mende, et dans les collections de MM. Paparel et Boissonade, des espèces qui ne se trouvaient pas dans l’herbier de Prost. E. F. Beïitræge zu einer Laubmoosflor der Canarischen Inseln (Contributions à une flore bryologique des îles Canaries); par M. C. Mueller (Botanische Zeitung, n° 2, pp. 11-13). L'auteur, après avoir dit qu’on a cru à tort jusqu’à présent la flore des Cana- ries extrêmement pauvre en Mousses, nous apprend que récemment M. Con- rad Trumpff a entrepris, à l’instigation de M. Hampe, une exploration de cet archipel, qui déjà, à l'heure qu’il est, a eu pour résultat la découverte de huit espèces nouvelles, dont il donne des descriptions très détaillées. Ces nou- velles espèces sont : 4. Dicranum (Orthodicranum) canariense Hmp. — Insulæ canarienscs, in montibus elevatis; D° Gundlach. Boca das Voltas, 2000 ped. alt., ad truncos putridos; C. Trumpff. 2. Dicranum (Orthodicranum) erythrodontium Hmp. (in litt.). — Tene- riffa, monte del Agua, 4000 ped. alt.; C. Trumpff. 3. Dicranum (Campylopus) læte-virens C. Muell. — Insulæ canarienses, Machini, 1000 ped. alt.; C. Trumpff. &. Bryum (Eubryum) Teneriffæ Mmp. (in litt). — Insula Teneriffa, Agua-Garcia, alt. 2500 ped.; C. Trumpff. 5. Polytrichum (Aloïdella) subaloides C. Muell, — Teneriffa, monte del Agua, 4000 ped. alt.; C. Trumpff. Ex insula Madeira, ut cl. Hampe commu- nicavit, cl Heer retulit. 6. Æypnum (Aptychus) substrumulosum Hmp. (in litt.). — Insulæ cana- rienses, Lanceiros, in truncis putridis, 2000 ped. alt.; C. Trumpff. 7. Hypnum (Gupressina) pseudocupressiforme ©. Muell. — Teneriffa, ubi ad lignum, alt. 2500 ped., legit C. Trumpff. 8. Hypnum (Plicaria) canariense Hmp. et C. Muell. — Teneriffa, Agua- Garcia, 2500 ped. alt.; C. Trumpff. JOHANNES GRŒNLAND. Species Euphorbiacearum ; Euphorbhiaceæ neo-ceale- donieæ ; par M. le docteur H. Baillon (Adansonia, Recueil d'observa- tions botaniques, 1. IL, pp. 211-242, mars-avril 1862). Cette énumération, rangée suivant l’ordre adopté par M. Baillon dans son REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2h19 Étude générale des E‘uphorbiacées, comprend un genre nouveau et un grand nombre d’espèces nouvelles. Le genre nouveau, dédié à M. Bocquillon, se place dans les Euphorbiacées diclines uni-ovulées à préfloraison définitivement valvaire, entre les genres Aparisthmium Endl. et Cladogynos Zippel. Les espèces nouvelles, trop nombreuses pour que nous puissions en reproduire la description, sont les suivantes : Euphorbia Pancheri Bn, Æ. Aubryana Bn, E'. Vieillardi Bn, Æ. Cleo- patra Bn; Baloghia Pancheri Bn, B.? carunculata Bn, B. alternifolia Bn; Croton insulare Bn; Cleidion coriaceum Bn, Cl. macrophyllum Bn, CI. Vieillardi Bn, CT. spathulatum Bn, Cl. verticillatum Bn;. Acalypha Weddelliana Bn, A. Pancheriana Bn, À. exaltata Bn; Bocquillonia sessi- liflora Bn, B. spicata Bn; Briedelia stipitata Bn, Br. laurina Bn, Br. buxifolia Bn; Kirganelia Vieillardi Bn; Phyllanthus æneus Bn, Ph. macrochorion Bn, Ph. baladensis Bn, Ph. bupleuroides Bn, Ph. Vesper- tèlio Bn, Ph. kanalensis Bn, Ph. Chamæcerasus Bn, Ph. Bourgeoisii Bn, PR. Pancherianus Bn, Ph. cornutus Bn, Ph. Vieillardi Bn, Ph. Fagueti Bn, Ph. chrysanthus Bn, Ph. micrantheoides Bn, Ph. loranthoides Bn, Ph. urceolatus Bn, Ph. dracunculoides Bn, Ph. salicifolius Bn, Ph.? Qymnanthus Bn; Melanthesa neo-caledonica Bn; et Glochidion kana- lense Bn. M. Baillon fait observer, dans des Æemarques générales sur les Phyllan- thées de La Nouvelle-Calédonie, qui suivent ces descriptions d'espèces, que presque toutes les Euphorbiacées bi-ovulées observées dans ce pays appartien- nent au groupe des Phyllanthées. Il dit que presque toutes les Phyllanthées néo- calédoniennes sont des espèces nouvelles, et ajoute encore des remarques inté- ressantes sur la valeur de plusieurs des genres de la famille des Euphorbiacées, remarques inspirées par l'examen des plantes décrites dans son article, et sur quelques sections nouvelles qu'il a, en conséquence, établies dans ces genres. E. F. Notes on Coutoubea volubilis Mart., and some other Gentia- neæ of tropical America (Votes sur le Coutoubea volubilis Mart. et quel- ques autres Gentianées de l’ Amérique tropicale) ; par M. A.-H.-R. Gri- sebach. Une Gentianée herbacée récoltée dans l’île de Cuba par M. Wright, et étu- diée par M. Grisebach, lui a paru se rapporter parfaitement au Coutoubea volubilis de M. de Martius, et lui a fait voir en même temps que cette espèce différait du genre C'outoubea par son stigmate et son port singulier. M. Gri- sebach propose pour elle le nouveau genre Gæppertia, bien qu’il y ait déjà eu, dans les Laurinées, un genre Gæppertia Nees, rayé aujourd'hui de la nomenclature ct fondu dans le genre Aydendron avec lequel il était identique. Voici les caractères du Gæppertia Griseb. 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Galyx 5-partitus, ?-bracteolatus ; flos pentamerus ; corolla infundibuliformis; stamina exserta, antheris oblongis erectis immutatis ; ovarium 1-loculare, style deciduo, stigmate indiviso ovoideo, basi in marginem prominulum producto ; capsula septicida, valvis introflexis ; semina marginalia, funiculis dentiformi- bus inserta. — Gæppertia volubilis Griseb. M. Grisebach donne encore quelques détails sur plusieurs Gentianées, à propos des observations critiques publiées par M. Bentham sur Ja classification qu'il a proposée pour cette famille. Une autre plante recueillie à Cuba par M. Wright lui fournit encore l’occasion d'établir un nouveau genre sous le non de Zonanthus. En voici les caractères abrégés : Zonanthus Griseb. — Involucrum calycem cingens; calyx campanulatus; corolla hypocraterimorpha, dextrorsum contorta, ad medium fere 5-loba; stamina medio corollæ tubo inserta, filamentis exsertis, loculis connectivo dilatato adnatis; ovarium placentis suturalibus prominentibus fere 4-loculare, stylo elongato, stigmate 2-lamelloso ; capsula septicida, bivalvis, semi-4- locularis, polysperma. — Zonanthus cubensis Griseb. E. F. PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. Contributions à la flore fossile italienne; quatrième mé- moire ; Fravertins toscans; par MM. Charles-Th. Gaudin et le marquis Carlo Strozzi (Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles, t. XVITT, 1860). Le quatrième mémoire des savants dont nous avons déjà souvent analysé les travaux à rapport comme le précédent, à des dépôts fossiles de l'époque quaternaire. Les auteurs y donnent de nouveaux détails sur des espèces déjà mentionnées ou décrites antérieurement par eux, et dont ils ont découvert de nouveaux échantillons. Leur travail est accompagné d’un tableau intitulé Esquisse d'un tableau de La flore diluvienne, dans lequel ils ont rangé par colonnes les différentes stations et localités où ont 6t€ tronvés les végétaux qui appartiennent à cette flore. La plupart de ces végétaux sont analogues avec des espèces actuellement vivantes en Europe, comme le Lierre, le Hêtre, l’Arbre-de-Judée, etc., ou avec des espèces éteintes de mature américaine. Sept planches lithographiées, contenant un grand nombre de figures, sont destinées aux fossiles des travertins toscans. L'ensemble de leurs études permet aux auteurs de regarder comme très probable l'hypothèse d’un continent aujourd'hui disparu, J’Atlantide, hypothèse qui préoccupe aujourd’hui beaucoup les géologues et dont il a été plusieurs fois déjà question dans cette Æevue. Is pensent aussi que l'apparition de l’homme sur le globe est antérieure à ce grand changement, et que notre espèce a été en Europe contemporaine d’une flore aujourd’hui en partie détruite, et dont les repré- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 251 sentants disparus se retrouvent encore en grande partie dans l'Amérique du Nord. E. k. BOTANIQUE APPLIQUÉE. The forests and gardens of south India (Zes foréts ct les Jardins de l'Inde); par M. le docteur Hugh Cleghorn, conservateur des forêts dans la présidence de Madras. Un volume in-8° de xvr et 412 pages, avec une carte géographique, 13 planches lithographiées et plusieurs figures intercalées dans le texte. Londres, chez W.-H. Allen et C'°, 1861, Le livre dont nous rendons compte ici est moins un ouvrage qu’une série de documents officiels, fort intéressants d’ailleurs, concernant la silviculture praliquée aux Indes par les Anglais, et la fondation ou l'accroissement de divers jardins botaniques créés à l'instar de celui de Calcutta. On y trouve un grand nombre de rapports adressés aux autorités compétentes de 1855 à 1861, sur la situation des principales exploitations forestières du pays, sur les essences qui y sont cultivées, l'aménagement et les divers procédés employés, et les produits qu'on en retire. On consultera avec beaucoup d'intérêt la liste des bois envoyés en 1853 à l'exposition de Madras, dans laquelle on trouvera, par ordre alphabétique, l'énumération de la plupart des arbres de produit ou d'ornement spontanés ou cultivés dans l'Inde anglaise, avec la mention de lenrs différentes propriétés, et de leurs synonymes en anglais ou dans plusieurs dialectes de l'Inde. On apprendra ainsi, par exemple, que l'Acacia arabica possède un bois très dur, employé, non dans la charpente, parce que l'arbre est tortu et qu'il ne fournit pas de longues planches, mais pour confectionner des socs de charrue et des moyeux de roue ; qu’il croît facilement et rapidement dans les endroits les plus arides et que son écorce teint le cuir en rouge ; que l’Arfocarpus inte- grifolia, recherché pour son port dans la plantation des avenues et pour son fruit comestible, fournit un excellent bois de construction ; que le Bignonia suberosa ne produit qu'un liége d’une qualité inférieure ; que le CAlorozylon Swietenia donne un bois dur, de couleur orange clair, à grain très fin et prenant facilement un beau poli qui lui a mérité le nom vulgaire de bois de satin, qu'il s’altère et perd son aspect flatteur à moins d’être verni, et qu'il est très propre à confectionner des cadres de tableaux ; que le Dalbergia latifolia donne des planches larges de quatre pieds anglais; que le bois du Mangifera indica est le moins cher qu’on puisse se procurer à Madras; que le Teck (Zectona grandis), le plus connu aujourd’hui peut-être des bois de l'Inde avec Je Sandal, mérite sa réputation par sa dureté et sa durée, ainsi que par la facilité avec laquelle il se laisse travailler; que de Varica robusta {Biptérocarpées), en hindou Sa/, est fort estimé pour la construction 252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des maisons et des vaisseaux, pour la confection des portes, elc., etc. Gette liste comprend 455 espèces. On n’y trouve pas le Quinquina, et c'est à un autre endroit de l’ouvrage qu’on apprend les efforts que les Anglais ont faits pour acclimater ce précieux arbre aux Indes, dans les monts Nilgherries, à l'exemple des cultures créées par les Hollandais à Java. Leurs tentatives, on peut même dire leurs succès, sont loin d’être stériles pour la botanique pro- prement dite. Le livre de M. Cleghorn nous raconte la fondation d’un nou- veau jardin botanique à Lal-Bagh, près de Bangalore, et l'agrandissement de celui d’'Utakamand, établissements qui viennent se joindre à ceux de Madras, de Calcutta et autres, et qui auront certainement une heureuse influence sur la botanique indienne. Le jardin de Bangalore contient un grand nombre de plantes dont la liste nous est donnée, appartenant à 142 familles, des Renonculacées aux Marsiléacées. On s'occupe de cultiver dans les jardins des espèces indigènes et d’autres médicinales. M. Cleghorn a même rassemblé des matériaux qui doivent servir à la publication d’un Manual of indian botany, dont ses nombreuses occupations l'ont forcé à différer jusqu'ici la publication. 11 a placé, à la fin de son ouvrage, un résumé des recherches botaniques à faire dans l'Inde, le royaume de Siam, l’Archipel indien, la Chine, etc., résumé extrait du Manuel des recherches scientifiques dressé par l’amirauté. Enfin une partie spéciale, intitulée Bibliographie, énumère les ouvrages spéciaux à la botanique de l’Asie tropicale et méridionale, et ceux qui peuvent intéresser les horticulteurs ; dans la partie économique de la bibliographie sont mentionnés, par ordre alphabétique, les noms anglais des plantes indiennes, accompagnés de l'indication des ouvrages où mémoires spéciaux qui les concernent. Cet ouvrage renferme une carte géographique de l'Inde méridionale, carte où les plantations de Teck, de Sal et de Sandal sont figurées par des teintes particulières. On y voit que celles de Teck sont les plus importantes el étendues sur la côte occidentale et sur le versant des montagnes; celles de Sandal placées dans la partie occidentale du district de Mysore, et celles de Sal limitées au nord-est du Nagpur. Les planches sont destinées à la repré- sentation de quelques paysages indiens et à l'illustration de quelques pratiques industrielles ou de quelques détails d'histoire naturelle. E. F. New american remedies. — Hydrastis canadensis (Nou- veaux remèdes américains : l'Hydrastis canadensis) ; par M. Bentley (Pharmaceutical journal, mai 1862, pp. 540-546). M. le professeur Bentley continue de faire devant la Société pharmaceu- tique de Londres l’histoire des médicaments d’origine américaine nouvellement introduits dans la thérapeutique. Son nouveau travail est relatif à une sub- stance à laquelle des propriétés assez différentes semblent encore attribuées REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 258 par plusieurs observateurs, mais qui paraît surtout agir comme tonique, et que l'on retire d’une plante de la famille des Renonculacées, l'Aydrastis cana- densis L. (Warneria canadensis Mill.). M. Bentley décrit successivement les caractères botaniques, la composition chimique et les usages médicaux de cette plante. Nous ne pouvons le suivre dans ces détails, où l’auteur s’est pro- posé d’exposer l’état de la science plutôt que de l’augmenter. On y voit un fait assez curieux au point de vue chimique, c’est qu'il existe dans l’Æydrastis un principe répandu dans la famille des Berbéridées, que les chimistes ont nommé berbérine, et que l’on a aussi rencontré dans les groupes voisins des Ménispermées et des Anonacées. On y trouve en outre un alcaloïde ou un principe regardé du moins comme tel et désigné sous le nom d’hydrastine ; il constitue une substance active à la dose de quelques grains; c’est principa- lement du rhizome qu’on le retire. Le travail de M. Bentley est suivi d’une note de M. Perrins sur l'analyse chimique de l'Hydrastis; une autre note de M. Perrins annonce qu'il a con- staté la présence de la berbérine dans une autre plante de la famille des Renon- culacées, le Xanthorrhiza apiifolia. E, F. MÉLANGES. Das Buch der Natur von Konrad von Megenberg. Die erste Naturgeschichte in deutscher Sprache (Ze Livre de la Nature de Conrad de Megenberg. La première histoire naturelle en langue allemande) ; publié par M. le docteur Franz Pfeiffer. In-8° de 806 pages, avec un préambule de 62 pages. Stuttgardt, chez Karl Aue, 1862. Ce livre intéresse autant le naturaliste, qui y trouve une encyclopédie complète des connaissances d'histoire naturelle au moyen âge, que le philo- logue, pour lequel il constitue un document important de la langue allemandé de cette époque. Le préambule contient d’abord la biographie de l’auteur, né en 1309, mort en 1374, et qui était chanoine à Ratisbonne. La première publication de cet ouvrage eut lieu en 1349-1350. M. Pfeiffer nous donne ensuite des indica- tions détaillées sur les différéntes éditions de ce livre, qui toutes sont d’une grande rareté dans les bibliothèques. Le livre est divisé en 8 parties, dont la 4° et la 5° (pp. 311-430), traitant du règne végétal, nous intéressent en particulier. La 4° est subdivisée en 2 sections : A. Von den Paumen (Sur les arbres); Z. Von den wolsmec- kenden Paumen (Sur les arbres fruitiers); la 5° partie est intitulée Von den Krœutern (Sur les herbes). Les descriptions de plantes contenues dans ces chapitres sont parfois très 95h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. courtes et assez vagues, mais nous y trouvons beaucoup de détails curieux sur les vertus et qualités attribuées à tort ou à raison aux végétaux, qui y sont cités par leurs noms allemands et latins. Ce livre sera consulté avec beaucoup de fruit par les savants qui se livrent à des recherches sur l’histoire de la botanique. 4. G. NOUVELLES. M. Brouzet, propriétaire dans les Cévennes, où il est à la tête de magna- neries importantes, a dernièrement annoncé à l’Académie des sciences qu'il avait trouvé un moyen de prévenir les ravages que la muscardine exerce sur les vers à soie. « Chargé, dit-il, d’une fourniture de poteaux télégraphiques pour l’État, j'ai mis en pratique le procédé du docteur Boucherie pour l'in: jection des bois. J'ai employé cette année des planches provenant d’arbres injectés au sulfate de cuivre, et les vers à soie qui ont accompli leurs diverses mues sur ces planches, ont parfaitement réussi... tandis que les vers proye- naut de la même graine, élevés dans le même local sur des planches non injec- tées au sulfate de cuivre, ont été atteints de muscardine et de pébrine et n'ont pas donné des résultats aussi satisfaisants que les premiers. » Ces faits sont particulièrement intéressants au point de vue botanique, puisque la muscardine est un végétal cryptogamique, et que d’après les expé- riences de M. Bazin le sulfate de cuivre arrête la végétation des Mucédinées. — L'exposition annuelle de la Société d’horticulture et de botanique de l'Hérault s'ouvrira à Montpellier le 16 septembre prochain. Comme dans le précédent programme, une catégorie spéciale comprend, parmi les objets susceptibles de récompense qui peuvent être envoyés à l'exposition, les Ouvrages, Mémoires, etc., publiés récemment ou en cours de publication, traitant spécialement de la flore du département de L Hérault. — L'association philomathique vogéso-rhénane, dont nous avons annoncé la fondation dans un de nos derniers numéros (1), a inauguré au mois de juin la série de ses excursions. Le rendez-vous était donné sur le Hohneck, le 8 du mois. Les botanistes présents ont fait de fort belles récoltes, parmi lesquelles le Veronica alpina, nouveau pour Ja chaîne des Vosges. La pro- chaine course aura lieu le 17 août aux environs de Ribeauyillé (Haut-Rhin). — La Société batave de physique expérimentale de Rotterdam vient de publier le programme de dix-neuf prix qu’elle propose de décerner en 1865 aux amateurs de tous pays qui lui auront adressé, avant le 4° janvier 1865, des réponses satisfaisantes aux demandes qu’elle énumère dans son programme. Voici les questions relatives à la botanique : 9. Question de physiologie végétale, — M. le docteur Schacht a publié (1) Voyez plus haut, p, 144. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 255 récemment (Ann. des se. nat., BOT., h° série, t. VIT, p. 164) des obser- Yations nouvelles sur l’origine des vaisseaux laticifères du Curica Papaya, et ces observations confirment celles antérieurement émises par lui dans son Traité d'anatomie et de physiologie des végétaux, ainsi que dans le Bota- nische Zeitung de MM. de Mobhl et de Schlechtendal, en 1851. D'un autre côté, ces observations sont en contradiction avec celles bien connues d’un anonyme publiées dans le même Botanische Zeitung, en 1846. La Société désire, en conséquence, de nouvelles observations, afin de lever, s'il est possible, tout doute sur l'origine des organes dont il s'agit. Elle demande done : Comment naissent les vaisseaux laticifères (Vasa lactea où laticis) dans le règne végétal? Naissent-iis dans des canaux intercellulaires, dans des cellules ou de toute autre manière? Et ces organes sont-ils, comme le prétend M, Schacht, identiques avec des cellules corticales ramifiées? Là Société exige que les observations s'étendent sur différentes familles naturelles de végétaux, et qu’elles soient éclaircies par des dessins, et même, s’il est possible, par des préparations microscopiques. 10. Question de pathologie végétale. — Depuis un certain nombre d'années, plusieurs plantes sont affectées de diverses maladies, au point que les récoltes manquent en tout ou en partie et que la plante même languit où meurt. Ce phénomène paraissant mériter l'attention sous le rapport scientifique non ioins qué sous le rapport économique, et les explications qui en ont été données étant contradictoires et manquant de beses positives, la Société demande : Que l'on fasse un examen anatomico-physiologique des maladies d'une ou de plusieurs plantes de culture, choisies parmi les plus importantes ; que l’on fasse la discussion critique des principales vues théoriques qui ont été émises concernant ces maladies; et, en: woisième lieu, que l’on indique les moyens soit de les prévenir, soit de les combattre. La Société désire en ième temps que l’on publie autant que possible les préparations microsco - Piques et lés dessins résultant de cet examet. 13. La Société propose également un prix pour la description anatomico- physiologique et la monographie d’une ou de plusieurs espèces d’une famille de plantes des Pays-Bas ou d’une de leurs colonies, qui n’ait pas éncore été l'objet d’un travail de cette nature, où qui ne l'ait pas été d’une manière satisfaisante, Chacun de ces prix consiste en une médaille d’or du poids de 30 ducats (350 francs) on en sa valeur au choix de l’auteur. Il pourra en outre être accordé une prime de 50 à 450 florins à celui des mémoires qui en sera jugé digne. 11 pourra êtré également accordé une médaille d’argent à la réponse qui s’approchera le plus de celle qui aura remporté la médaille d'or, sf elle à quelque mérite particulier. Les mémoires pourront être écrits dans une des cinq langues hollandaise, française, anglaise, allemande ou latine, mais par une autre main que celle de l’auteur. 256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — Le gouvernement badois a accordé à l’Université de Heidelberg un budget extraordinaire de plus de 100 000 florins, en vue d’édifier des con- structions nouvelles pour les collections d’histoire naturelle. Collection de plantes à vendre. M. le docteur C.-H. Schultz Bipontinus vient de publier, sous le titre de Cichoriaceotheca, sive Cichoriaceologiæ prodromus, un exsiccata de cent Chicoracées rares ou critiques, parmi lesquelles se trouvent, entre autres plantes d’un grand intérêt, 40 Æieracium en échantillons authentiques pro- venant des auteurs mêmes des espèces (77. Schultesii, H. pilosellinum, H. fallacinum K. Schultz!, Gren. et Godr.!, Æ. auriculiforme Kries! etc.). On y remarque aussi Zragopogon Tommasinii Schultz Bip. ap. Bischoff Beitr. p.97, Taraxacum Pacheri Schultz Bip. in Flora B, Z. 1848, p. 170, Bisch. Beitr. p. 158, etc. Cette collection a été formée avec le concours de MM. Billot, Bourgeau, le rév. Brunner, Dæll, Dolliner, G. Engelmann, Facchini, C. Geyer, Hinterbu- ber, le rév. C. Kœænig, Mead, le rév. Dav. Pacher, G. Reichenbach fils, Sauter, F.-G. Schultz, Sendtner, Tommasini, Turczaninow, etc. Les échantillons sont tous fixés sur des feuilles de papier blanc pour éviter toute transposition et en garantir ainsi l'authenticité. Le prix de la collection est de 60 francs ou 28 florins du Rhin. MM. les botanistes qui désirent souscrire sont priés d’envoyer cette somme, soit à l’auteur (à Deidesheim, Bavière rhénane), soit à son frère M. le docteur F.-G. Schultz, à Wissembourg (Bas-Rhin). É. F, BIBLIOGRAPHIE. On Antiaris Bennetti, a new species of Upas-Tree from Polynesia (Sur l’Antiuris Bennettii, nouvelle espèce d'Upas de la Polynésie); par M. Ber- thold Seemann (7he Annals and Magazine of natural history, t. IX, n° 53, mai 1862, pp. 405-407). Vide etiam Bonplandia, t. IX (1861), p. 259, et ibid., t. X, p. 3, tab. 7, 1862. Sur la nature des gaz produits pendant la décomposition de l'acide carbo- nique par les feuilles exposées à la lumière; par M. Boussingault (Ann. des se. nat., t. XVI, pp. 1-27, 1861). — Les expériences de M. Boussin- gault, publiées dans les comptes rendus de l’Institut, ont déjà été analysées dans cette Æevue. Note sur la culture et la greffe des Luculia, par M. L. Neumann (Adansonia, Recueil d'obs. bot., t. I, n. 7, pp. 198-201, mars 1862). Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2, . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 9 MAI 1862. PRÉSIDENCE DE M. E. COSSON, VICE-PRÉSIDENT. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 25 avril, dont la rédaction est adoptée. A l’occasion du procès-verbal, M. Eug. Fournier communique à la Société l'extrait suivant d’une lettre qu’il a reçue de M. de Rochebrune : LETTRE DE M. Alph. de ROCHEBRUNE A M. EUG. FOURNIER. Angoulême, 5 mai 4862. Monsieur et cher confrère, Je regrette de ne pouvoir, en ce moment, satisfaire au vœu de la Société. J'ai récolté cette année d'assez nombreux spécimens du Primula variabilis Goupil, et je les ai aussitôt distribués à mes correspondants qui me les avaient demandés depuis longtemps. Il ne n’en reste aucun exemplaire. Si j'avais reçu votre avis plus tôt, j'aurais pu en adresser de nombreux échantillons à la Société. Toutefois j'aurai l'honneur de lui en adresser en quantité au printemps prochain, et je désire que la question puisse se décider d’une façon péremp- toire. Je ferai simplement observer que je ne pense pas que nous açons affaire à une variété du Pr. elatior, cette dernière espèce étant très rare dans la Charente et offrant, en outre, des caractères spécifiques qui l’éloignent du Pr. variabilis type ou des quelques formes qu'il présente rarement. De plus, mes correspondants auxquels j'ai adressé le Pr. variabilis ont tous confirmé ma détermination. Quoi qu’il en soit, un examen plus attentif, si c’est pos- sible, viendra, je l'espère, confirmer ou détruire mes suppositions. Quant à considérer l'espèce comme hybride, je ne puis m’y résoudre : les motifs que j'ai énumérés dans ma note me paraissent plus que suffisants, Tr IX, 47 258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Veuillez, Monsieur et cher confrère, tout en témoignant mes regrets à la Société, l'informer que j'aurai l'honneur de lui adresser l’année prochaine, avec de nombreux Primula variabilis, des spécimens de nos raretés phanéro- gamiqués charentaises, si cela peut lui être agréable. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. M. Charles-Cardale Babington, membre de la Société, est pro- 4 clamé membre à vie, sur la déclaration faite par M. le Trésorier, qu’il a rempli la condition à laquelle l'art. 14 des statuts soumet l'obtention de ce titre. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. R. Caspary : Schriften der Koœniglichen physikalisch-æconomischen Gesellschaft zu Kæœnigsberg, 2° année, 1861, livr, 4 et 2. 2 De la part de la Société d'Horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, janvier et février 1862. 3° En échange du Bulletin de la Société : Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, quatre numéros. Pharmaceutical journal and transactions, mai 1862. Bulletin de la Société impériale zoologique d'A cclimatation, mars 18672. L'Institut, avril-mai 1862, deux numéros. M.'le Secrétaire général annonce que la Société a obtenu de la bienveillance éclairée de toutes les Compagnies de chemins dé fer de France, pour son prochain voyage à Béziers, les mêmes avañ- tages qui lui ont été accordés pour ses précédents voyages. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : RECHERCHES SUR LE CLANDESTINA RECTIFLORA Lam., par M. Alph. de ROCHEBRUNE. {Angoulême , 10 avril 1862.) La majorité des auteurs s'accordent à dire que le Clandestina rectiflora Lam. croît en parasite sur les racines des arbres, et plus particulièrement Sur SÉANCE DU 9 MAI 1862, 259 celles des Populus pyramidalis Roz., Alnus glutinosa Gærtn., Carpinus Betulus L. et Salix. Un seul, à notre connaissance, M. D. Clos, il y a à peine une année, annon- çait, dans un savant article (4), une exception à cette règle presque généra- lement adoptée, exception formulée par la présence des sucoirs du Clandes- tina sur les rhizomes et les racines du Crithmum maritimum L. Le fait et la découverte se passaient dans une des plates-bandes de l’école du jardin botanique de Toulouse. « Faudra-t-il, s’exprimait en terminant l’éminent professeur, faudra-t-il »-désormais, considérant le fait du parasitisme de la Clandestine sur le Crith- » mum come. accidentel et exceptionnel, continuer à dire, avec plusieurs » auteurs modernes, qu’elle croît en parasite sur les racines des arbres? J1 y » a lieu, je crois, avant d’y répondre, de se livrer à de nouvelles investiga- » tions à cet égard et de rechercher si d’autres plantes vivaces ne lui servent » pas aussi de support. » Le 3 avril dernier, après de pénibles recherches, nous avions le bonheur de constater de nouveaux faits venant répondre, en quelque sorte, à l'appel de M. Clos. Nous:devons rappeler que le parasitisme du Clandestina sur les racines du Crithmum s'était effectué au jardin botanique de Toulouse à la suite d’une transplantation. On pourrait supposer que, dans ces conditions, le parasitisme observé n’était qu'une exception à la règle, et que cette espèce, enlevée à ses stations habituelles, privée de l'entourage des arbres qu’elle choisit de préférence, avait été poussée, par un besoin de vivre, à s'implanter sur les racines d’une espèce complétement étrangère à son habitat. . Des faits analogues à celui décrit par M. Clos ne doivent pas, ce nous semble, être considérés comme exceptions, lorsqu'ils se passent dans les loca- lités où le C/andestina croît d'ordinaire; et si, comme l’avancenit les auteurs, il ne s'implante que sur les racines de certains arbres, du moment que ces arbres. se trouvent à sa. portée, qu'il est environné de leurs racines, il doit s’y attacher exclusivement et laisser à l’abri de ses étreintes les espèces autres qui l’avoisinent. Dans le ças contraire, on ne doit voir qu’une propension de l'espèce à s'at- tacher aux végétaux qui sont à sa portée, propension commune à d’autres parasites. Cinq localités différentes du Clandestina nous sont eonnues-dans:la Gha- vente: Barillon près la‘ Couronne, bords: d’un: fossé ; Rouillac, berges de la Nouère et fossé du bord des prairies ; (1) Clos, Remarques sur la Clandestine (Bull. Soc. bot. de Fr.t. VIII, p.295). 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Boisseau, bord d’un bois légèrement frais ; Chemin des Argentiers, au pied d’une haïe ; Bois humide de la Poudrerie, le long du chemin du séchoir. Dans la première localité, où croissent le Peuplier-d’Italie et l'Ormeau, la Clandestine croît sur les racines de ce dernier; Dans la seconde, notre ami M. le docteur Lecler (1) a constaté sa présence sur celles du Peuplier-d’Italie ; Dans la troisième, elle croît encore sur l’'Ormeau; Dans la quatrième, même habitat. C’est dans la cinquième localité seulement qu'après un déblai de deux heures nous avons recueilli nos documents et constaté son parasitisme : 4° Sur les racines d’Ulmus campestris Smith; 2 Sur les racines du Æubus fruticosus L. ; 3° Sur les racines et les souches de l’Arum italicum Mill. ; L° Sur les racines de sa propre espèce, ou parasite sur parasite (2). Le parasitisme sur les racines de l’Ormeau, qui semblerait indiquer une préférence du Clandestina pour cet arbre, puisque, sur les cinq localités connues, quatre nous le fournissent dans des conditions identiques, n’im- plique pas cependant cette conclusion ; pour que cela fût, il serait nécessaire que l'abondance des sucçoirs et la force de végétation fussent plus grandes dans les trois premiers exemples que dans le dernier; et cependant elles sont les mêmes, les racines des Æubus et Arum présentant un nombre de suçoirs de forme et de force égales à ceux supportés par les racines d'Ormeau. Par son parasitisme sur elle-même, la Clandestine semble se rapprocher des Zhesium et de l'Osyris alba L. (3). Cependant, dans ces derniers, les suçoirs d’un individu s’implantent sur les racines d’un autre; ce qui ne se passe pas exactement de la même façon dans la Clandestine, d’après ce que nous avons observé. Examinons d’abord le premier état de la plante. D’après M. Boisduval (4), qui a observé la manière dont les Zathræa Squamaria L. et Clandestina rectiflora Lam. commencent à se développer, «on voit, de place en place, sur la racine nourricière, de petits tubercules » blanchâtres rappelant la forme du Psora decipiens. De ces petits corps (1) Parmi nos rares collègues charentais, M. le docteur Lecler est un de ceux dont l'amitié ne nous a jamais fait défaut, et qui s’est empressé de nous aider, dans n0$ recherches toutes les fois que ses rares moments de loisir le lui ont permis. (2) Depuis la rédaction de cette notice, nous avons fait de nouvelles recherches, et nous avons constaté encore le parasitisme du Clandestina sur les espèces suivantes : Vitis vinifera L., Evonymus europœus L., Cornus sanguinea L., Quercus pedunculala Ehrh. et Ornithogalum sulfureum Bor. (3) Sur le parasitisme de l'Osyris alba, par M. E. Planchon (Bull. Soc. bot. de Fr. + V,p. 445). (4) Bull. Soc. bot. de Fr.t. HI, p. 245. SÉANCE DU 9 Mal 1862. 261 » sortent ensuite les tiges, qui, dans leur premier état, ont l'apparence de » petits champignons. » M. Chatin (1) pense que ces tubercules pourraient être les suçoirs du Lathræa, et il fonde ses conjectures sur les dessins de M. Bowman. Nous ne connaissons ni les travaux de M. Bowman ni ceux de M. Duchar- tre sur ce sujet, et, par conséquent, nous ignorons si le fait que nous avons observé est nouveau ou déjà connu ; quoi qu’il en soit, le voici tel que nous l'avons vu (2) : L’organe que nous considérons comme le début de la plante (et en cela nous différons très peu d'opinion avec M. Boisduval) est semblable de forme, de volume et de couleur avec les suçoirs de la Clandestine ; il diffère seule- ment en ce que, au lieu d'être situé sur le trajet des racines du parasite, il se trouve isolé sur les racines nourricières et qu'il présente à son sommet un bec d’un demi-centimètre de longueur, courbé à angle droit, à extrémité effilée, le tout présentant dans son ensemble la figure d’un chapiteau d’alam- bic. Ce bec se développe, acquiert insensiblement les caractères constitutifs des souches écailleuses de la plante adulte, et l’utricule, le suçoir qui lui sert de base, émet sur son pourtour des radicelles jaunâtres analogues à celles de la Clandestine parfaite. Or, dans le cas de parasitisme cité plus haut, c’est sur ce rudiment de végétal, sur-ce suçoir primitif que les suçoirs des racines parfaites viennent s'attacher. Nous n’avons pa découvrir leur trace sur aucune autre parlie sou- terraine de la plante. Nous voyons, par ce qui précède, que le parasitisme du Clandestina rec- tiflora est réparti ainsi qu'il suit : AMPÉLIDÉES : Vilis vinifera L. CÉLASTRINÉES : Evonymus europœus L. ROSACÉES : Rubus fruticosus L. OMBELLIFÈRES : Crithmum marilimum L. CORNÉES : Cornus sanguinea L. OROBANCRÉES : Clandestina rectiflora Lam. ULMACÉES : Ulmus campestris Sm. CUPULIFÈRES : Quercus pedunculata Ehrh.; Carpinus Belulus L. SALICINÉES : Salix; Populus pyramidalis Roz. BÉTULACÉES : Alnus glutinosa Gærtn. LILIACÉES : Ornithogalum sulfureum Bor. AROÏDÉES : 4rum italicum Mill. Nous pensons qu'il faut conclure de ces faits que la Clandestine se com- porte comme le font la plupart des’espèces parasites, qu’elle n’est point par- üculière à tel ou tel arbre, mais qu'elle s'attache aux racines des différents (1) 1bidem. (2) Les détails qui suivent étaient nécessaires pour démontrer le parasitisme de la Clandestine sur les individus de son espèce, le support des suçoirs n'étant pas un végétal parfait, mais l'état primitif de ce végétal. 262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. végétaux qui sont dans son voisinage, végétaux qui, pour répondre au vœu de la nature, doivent être, sans exception, vivaces. | M. T. Puel dépose sur le bureau des exemplaires d’un Lichen récemment découvert à Paris, sur les murs du jardin du Luxembourg, par M. Nylander, et donne lecture de la note suivante : NOTE SUR UN NOUVEAU LICHEN, par BE. VW. NYLANDER. (Paris, mai 1862.) PLACODIUM MEDPIANS Nyl — T'hallus vitellino-flavus opacus, ambitu radiosus, centro cinerascente (vel vitellino-cinerascente) minute granuloso (vel quasi leprose-dissoluto), mediocris (latit. fere pollicaris) ; apothecia sor- dide viteMlina (latit. circa 4 millim.), margine thallino vitellino integro aut crenulato cincta ; sporæ 82 oblongo-ellipsoideæ simplices, longit. 0,011-17, crassit. 0,0045-0,0065 millim. Supra lapides murorum horti Luxembourg Parisiis satis frequens, socium Placodii murorum et callopismi. Le Placodium medians, qu’à première vue 6n pourra confondre avec le PT. murorum DC. , se distingue facilement à son thalle grisâtre et finement granuleux au centre, ainsi qu’à ses spores simples (c’est-à-dire formées par une seule cellule creuse), tandis que les spores du 24. murorum sont biloculatres. Le Placodium medians à la couleur du thalle et des apo- thécies du ZLecanora vitellina, avec lequel il ne manque pas d’une certaine analogie. M. Ramond fait à la Société la communication suivante : SUR LA CULTURE DE LA VIGNE AUX ENVIRONS DU HAVRE, pa M. A. RAMOND. Une note de M. le baron de Mélicocq ({) ayant signalé comme indice du refroidissement du climat de la France l’abandon de la culture de la Vigne dans diverses localités, M. Duchartre a rappelé, dans notre séance du 34 janvier dernier, que des faits analogues sont déjà connus, mais qu’on s’accorde en général à n’y voir que le résultat de l'amélioration des voies de transport :. depuis qu'il est devenu facile de se procurer le vin de contrées plus favo- risées, on aura cessé d'en produire là où ik était habituellement de mauvaise qualité. ? Il me semblerait utile que la Société donnât la publicité de son Bulletin à un (1) Voyez plus haut, p. 37. SÉANCE DU 9 MAI 1862. 963 fait de date récente, bien authentiqnement constaté, qui vient à l'appui de l'opi- nion exprimée par M. Duchartre. Le Havre est au nombre des localités où l’on a pu boire autrefois le vin du cru. La tradition veut que les moines d’une abbaye voisine (l'abbaye de Graville) aient eu des vignobles sur les pittoresques coteaux qui dominent le port et que couvrent aujourd’hui d’élégantes villas. M. Borély, membre de la Société havraise d’études diverses, possède sur ces mêmes coteaux un jardin où se trouve un bon nombre de pieds de Vigne. A l'exemple des moines de Graville, il a voulu faire du vin, et il y a réussi sans beaucoup de peine. Un mémoire de M. Borély, imprimé dans le Recueil de la Société havraise pour 1855-1856, rend compte avec détail de cet essai. M. Borély compare son vin à celui de Condrieux. De son côté, la Société havraise en a constaté la très bonne qualité dans ses deux rapports annuels de 1856 et de 1857. Je n’en- tends pas dire que cette appréciation n’ait pu être empreinte d'un peu de bien- veillance, mais, dans tous les cas, il reste hors de doute qu’en 1856, année pluvieuse, peu favorable par conséquent à la récolte du raisin, M. Borély a obtenu du vin très potable, de véritable vin. Or ce qui donne au fait, me semble-t-il, une réelle importance, c'est que le Havre est fort éloigné des limites actuelles de Ja culture de la Vigne. On sait que cette culture s’arrête dans le voisinage de la mer bien plus tôt qu'à l'inté- rieur, parce que la douceur relative des hivers, l’un des caractères essentiels du climat maritime, est sans influence utile sur la végétation de la Vigne, tandis que ce climat ne donne pas en été la chaleur nécessaire pour la matu- ration du raisin. Sur le littoral, les derniers vignobles ne dépassent pas l'en- bouchure de la Vilaine. De là au Havre, la distance est de plus de cinquante lieues. 1 Il est aussi à ma connaissance qu'à Saint-Servan, où, comime au Havre, la culture de la Vigne a été abandonnée depuis fort longtemps, on a fait, il y a quelques années, dans un jardin des environs, une assez grande quantité de vin. M. Cosson demande à M. Ramond quels étaient les plants de Vigne cultivés sur la côte d’Ingouville. M, Ramond répond que c’étaient probablement des plants de Chasselas, M. Cosson fait remarquer que l’on ne doit pas comprendre dans la zone géographique de la culture de la Vigne, les lieux où elle n’est culiivée que sur des coteaux ou dans un sol particulier, ’est-à- dire dans des conditions exceptionnelles ou factices. La limite de la culture du Dattier doit être déterminée avec la même réserve, 264 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Gubler continue la lecture de son travail intitulé : PRÉFACE D'UNE RÉFORME DES ESPÈCES FONDÉE SUR LE PRINCIPE DE LA VARIABILITÉ RESTREINTE DES TYPES ORGANIQUES, EN RAPPORT AVEC LEUR FACULTÉ D'ADAP- TATION AUX MILIEUX, par M. Adolphe GUBLER (!). IT Les caractères des espèces ne sont ni absolument fixes, comme plusieurs l'ont dit, ni surtout indéfiniment variables, comme d’autres l'ont soutenu. Ils sont fixes pour chaque espèce, tant qu’elle se perpétue au milieu des mêmes circon- stances. Ils se modifient si les circonstances ambiantes viennent à changer. (Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, Hist. nat. gén. t. Il, p. 431.) Chacune des formules précédentes suppose implicitement la notion de variabilité des types organiques. En faisant cette réserve dans les définitions, je prenais donc l'engagement de démontrer que l’espèce n’est pas immuable, comme semblent le croire quelques personnes, aux yeux de qui les êtres d’une même essence originelle doivent être aussi semblables que le seraient entre elles deux statues de bronze coulées dans le même moule. Quelle que soit la définition de l'espèce à laquelle on s'arrête, qu'on la considère comme un type créé et propagé par voie de génération ou qu’on en fasse l’ensemble des individus qui se ressemblent le plus, en d’autres termes, qu’on fonde l'espèce sur le principe de l'essence ou sur celui de la forme, il est impossible de ne pas reconnaître que les types se modifient et s’altèrent suivant les conditions diverses au milieu desquelles ils sont appelés à vivre: A vrai dire, l'immutabilité absolue n’a jamais eu de partisans avoués : per- sonne n'a jamais soutenu que deux êtres créés, pour appartenir à la même espèce, dussent pouvoir se superposer exactement à la manière de deux figures géométriques, égales et semblables. Seulement, beaucoup d’auteurs, Linné, Cuvier, C. Duméril, Ach. Richard, etc., n’admettent comme possible que ces nuances fugitives qui distinguent les membres d’une même famille, ou tout au plus d’une même race humaine. D’autres naturalistes, Lamarck, Gœæthe, Fréd. Gérard, MM. Darwin, Wallace, Germain de Saint-Pierre, tombant dans un excès contraire, ne croient devoir assigner aucune limite à la variabilité des types. Il en est enfin qui, avec Étienne et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, avec MM. Alph. de Candolle, de Voaerhges la veulent restreinte. C'est à leur suite que je me range. Ainsi l’on s'accorde généralement sur le fait des variations; mais où discute, ans s'entendre, sur la question de savoir dans quelle mesure a lieu la varia- (4) Voyez plus haut, p. 194. SÉANCE DU 9 Mar 1862. 265 bilité des espèces. Comment s'étonner de ce désaccord? Aucun principe n'autorise à tracer d'avance le cadre dans lequel seront enfermées les modifi- cations des types spécifiques. Si l’analogie permet d’entrevoir une série indé- finie de transformations dues, pour ainsi parler, à l'initiative individuelle ; d’un autre côté, la loi d’atavisme, sauvegarde de la fixité du type, autorise à considérer comme inévitable le retour aux qualités héréditaires. Dans cette lutte engagée entre deux forces contraires, qui pourrait décider à priori le sens et l'intensité du mouvement? La question est donc de celles qui ne se jugent que par l'observation et l’expérimentation, en un mot, par la méthode à posteriori. Interrogeons par conséquent les faits. C'est une opinion accréditée que les races de chevaux, celles plus nom- breuses et plus diverses des chiens domestiques, dérivent d’une seule espèce primitive des genres Æquus et Canis. Il en est peut-être réellement ainsi; cependant la démonstration péremptoire de cette proposition ne sanrait être fournie. Fidèle à une logique rigoureuse, je consens donc à me priver de ces preuves pour établir la réalité des variations considérables des types orga- niques. Mais, si la formation des races canines se perd dans la nuit des temps, et si leur origine d’un couple unique, contestable d’ailleurs, ne peut être admise que par induction, il est des altérations morphologiques des animaux privés et des plantes de culture qui se produisent journellement sous nos yeux et qui témoignent hautement en faveur de la possibilité des autres métamorphoses. ; Chaque jour voit éclore, sous les mains habiles des horticulteurs modernes, quelque forme nouvelle de fleurs, de légumes ou de fruits, aux dépens de races plus anciennement cultivées. Sans être aussi spontanées et aussi journalières, d’autres variétés, obtenues depuis un certain temps par les efforts combinés de la nature et de l’art, n'en ont pas moins une généalogie parfaitement connue, et leur histoire authentique nous les montre se séparant, à un moment donné, d’une souche qui leur est commune avec d’autres formes très différentes par leurs caractères extérieurs. Tels sont le mouton mérinos, le bœuf de Durham et le cheval anglais ; et, comme produits plus récents, la race ovine à laine soyeuse, dite de Mauchamp, due à M. Graux, la sous-race de Gévrolles, etc. Il est prouvé maintenant, par les ingénieuses recherches de M. Naudin, que, dans les Cucur- bitacées, chaque espèce donne naissance à des variétés tellement disparates que l'expérience seule peut en faire admettre l'identité essentielle. Toutes les familles assurément ne jouissent pas du polymorphisme au même degré; mais néanmoins il n’en est aucune qui ne puisse offrir des exemples de modifica- tions typiques importantes. Parfois même ces modifications peuvent être rapi- dement imprimées aux organismes vivants. C’est ainsi que Louis de Vilmorin, de regrettable mémoire, parvenait, en deux ou trois années à peine, à trans- 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. former le pivot sec et désagréablement aromatique du Daucus C'arota sauvage, en cette racine succulente, sucrée et savoureuse qu’on sert sur-nos tables depuis des siècles. L'art de créer des races à pris, surtout en Angleterre, un développement inespéré. C’est avec un véritable étonnement qu’on lit la description des formes singulières et diversifiées obtenues du pigeon ordinaire (Columba Livia) par les deux célèbres Pigeon-clubs de Londres. On peut se faire une idée de la puissance exercée par l'homme sur les pro- priétés plastiques des animaux soumis à son empire, en écoutant ces paroles de lord Somerville : « Il semblerait, disait-il en parlant des éleveurs de » moutons, qu'ils eussent esquissé sur une muraille une forme parfaite en » elle-même et lui eussent ensuite donné l'existence. » De son côté, le plus habile éleveur de la Grande-Bretagne, sir John Sebright disait, à propos des pigeons : « Qu'il reproduirait en trois ans quelque plu- » mage donné que ce fût, mais qu'il lui en faudrait six pour obtenir une tête » ou un bec. » Au résumé, non-$eulement les types organiques se modifient selon les circonstances, mais l’homme peut à son gré déterminer le sens de ces dévia- tions morphologiques, en profitant des tendances naturelles des sujets, en les provoquant même au besoin et les dirigeant, ou les exagérant ensuite, selon son utilité ou son caprice. ; De plus, entre les descendants d’une même lignée, les différences survenues spontanément ou produites artificiellement sont, en certains cas, si considé- rables qu'elles équivalent aux signes caractéristiques servant à déterminer deux espèces naturelles proprement dites. Pour s’en convaincre il suffit de comparer les variétés de melons et de citrouilles, de choux, de poires et de pommes, de raisins, etc. ; celles des poules et de tant d’autres espèces animales ou végétales. 6 Dans tous ces exemples, je ne crains pas de l’affirmer, les traits distinctifs des variétés s'élèvent souvent à la hauteur de véritablés caractères spécifiques. Bien plus, ils offrent, en quelques circonstances, la valeur de caractères réputés génériques et même d’un ordre plus élevé encore, Voyez ce qui se passe chez les nains des végétaux à feuilles opposées, où les fleurs affectent le type tétra- mère, tandis que les verticilles sont pentamères dans l'espèce. Or c'est uni- quement sur le nombre des étamines que Linné a fondé les douze premières classes de son système. S'ensuit-il de là que des espèces, des genres nouveaux puissent se former ainsi aux dépens de types préexistants, et que les êtres organisés, dans une perpétuelle métamorphose, se séparent graduellement de leurs ancêtres, en multipliant et singularisant de plus en plus leurs formes ? L'imagination conçoit de telles transformations, mais aucun fait expérimental n’en prouve la réalité, Pour avoir acquis des particularités morphologiques qui les distinguent plus ou moins réellement de leurs parents, les variétés n'en SÉANCE DU 9 MAI 4862. 267 retiennent pas moins l’immense majorité des caraclères connus ou ignorés de l'espèce. Alors même qu’ils s’éloignent de l’état habituel par un caractère haut placé dans la hiérarchie, ce caractère perd toute importance, soit par son isole- ment, soit par son infransmissibilité héréditaire. Certaines fouches de la physionomie du type peuvent s’altérer, mais les véritables observateurs ne s’y tromperont pas. Ni l’ovule qui par la fécondation deviendra apte à reproduire l'animal ou la plante, ni l’utricule végétale qui s'animera pour propager la souche : en un mot, ni les éléments histologiques, ni les germes, n’ont subi aucune atteinte, l'apparence seule s’est modifiée. Derrière ce masque d’un jour l'essence subsiste. Le fond de l'organisation a si peu changé, que si la génération suivante ne rentre pas dans la forme normale, elle s’y achemine du moins, et le retour ne tardera pas à s’effectuer complétement, pourvu que l'action de la cause perturbatrice ne soit pas permanente et n’intervienne pas incessamment pour maintenir la déviation. Je ne saurais donc partager l'opinion de Lamarck sur la transmutation indéfiuie des êtres naturels. Cette doctrine de l’origine commune des animaux, que réprouve instinctivement l'orgueil humain, je ne la repousse, moi, qu'au note de la saine observation. Lamarck assigne, il est vrai, une double source à l’animahité : d’une part les vers intestinaux, d'autre part les infusoires. L'homme est libre de choisir celle à laquelle il lui conviendra de se rattacher, mais il ne saurait échapper à cette alternative, de toute façon peu séduisante. Au reste, la priorité de cette manière de voir n'appartient pas au naturaliste français : un grand peintre italien l'avait déjà i/lustrée en figurant sur la même tuile toutes les dégradations par lesquelles le type humain peut être ramené à celui des batraciens, dont l’homme procéderait. Dans le tableau de Léonardde Vinci, la série commence par une grenouille et finit par un Apollon. Que cette œuvre de l'auteur de la Joconde doive être considérée comme le fruit d’une imagination malade, je l'accorde; mais il n’en est pas moins vrai que l'idée, un peu transformée, a fait son chemin dans le monde. Il est encore aujourd’hui bon nombre de Caucasiques du Nord et du Sud qui se plaisent à considérer les Nègres comme des singes réussis et qui les traitent en conséquence. .…. par respect pour les principes. - Des opinions plus scientifiques sont venues appuyer les vues émises par Lamarck touchant l’origine commune de toutes les espèces du règne animal d'une part, et du règne végétal de l’autre, ou du moivs sur leur émanation d'un très petit nombre de types primitifs. La doctrine de ce que j'appellerai la mono- ou l'oligogénèse (1), en histoire naturelle générale, jouit depuis quelque temps d’une faveur marquée, grâce aux travaux de M, Wallace et (1) La monogénie s'entend particulièrement de l'opinion qui attribue à toutes les races humaines une souche commune. J'ai dû choisir une autre désinence pour l'expression formée des mêmes racines par laquelle je veux désigner une vue analogue, pour l'appliquer à l’ensemble de l’animalité et de la végétalité. 268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. surtout de M. Darwin, qu’on peut à bon droit considérer comme chef d'école. Dans un ouvrage qui a fait sensation chez nous et ailleurs (1), M. Darwin s'empare des idées exposées par Lamarck dans sa Philosophie zoologique, il les développe, les fortifie par des faits nombreux, habilement groupés, et par des considérations présentées avec un talent incontestable. Pour le savant anglais, comme pour notre illustre compatriote, la variabilité est illimitée. Mais, à ses yeux, les conditions climatériques n’ont aucune importance dans l'étiologie des modifications offertes par les animaux, non plus que dans celles des plantes. 11 reconnaît une influence plus marquée à la nourriture, aux habitudes et à l’exercice ou au défaut d'emploi des organes. Néanmoins, la toute-puissance appartient, selon lui, à la sélection naturelle. La sélection procède par la destruction des uns, par la conservation et la multiplication des autres. Tous les êtres vivants ont des ennemis dans les rigueurs climatériques, dans les parasites des deux règnes et dans les animaux herbivores ou carnivores, voire même dans leurs semblables. Ce sont par conséquent les individus d’abord, et plus tard les races les plus vigoureuses et les plus prolifiques qui, résistant mieux aux intempéries de même qu’à toutes les autres causes de destruction, demeurent maîtresses du terrain. Les mons- tres s’éteignent sans progéniture; les faibles sont la proie des forts. Certaines races disparaissent et d’autres s'élèvent pour les remplacer. Ainsi vont se modifiant, se consolidant et même se perfectionnant les êtres doués de vie ; ainsi vont se créant de nouveaux types spécifiques aux dépens des anciens qui disparaissent ; ainsi se renouvelle par degrés la face du monde organique. Les espèces ne sont en effet que des aspects de l’organisation, aspects transi- toires, si l’on envisage l'éternité, mais plus ou moins fixes relativement aux époques finies enregistrées par l’histoire, L'espèce est constituée par les êtres qui se ressemblent le plus à un moment donné ; elle n’a pas d’autre valeur que celle d’une race plus durable, et n’est, comme le genre ou les autres groupes de modifications, qu’une division arbitraire, à limites nécessairement indécises, puisque la métamorphose est continue et puisqu'il s'établit incessamment des passages d’une forme à une autre, dans cet enfantement perpétuel dont la nature organique offre constamment le spectacle. Après avoir conclu que les animaux sont descendus seulement de trois ou (1) On the origin of species by the means of natural selection, on the preservalion of favoured races in the struggle for life, by Charles Darwin. London, 1859. — Voir les excellents articles publiés sur cet ouvrage par M. Auguste Laugel, dans la Revue des Deux-Mondes (1° avril 1860), et par M. le docteur Ed, Claparède dans la Revue germanique, t. XVI. — Au moment de livrer ces pages à l'impression, je viens de parcourir une traduction française du livre de M. Darwin, par Mlle Clémence-Auguste Royer (De l'origine des espèces, Paris, 4862). Ce travail vulgarisera parmi nous les idées de l’auteur. SÉANCE DU 9 mar 1862. 269 quatre ancêtres, et les plantes d’un nombre égal ou moindre, l’auteur ajoute : « L’analogie me portcrait à faire encore un pas en avant, c’est-à-dire à croire » que tous les animaux et les plantes descendent d’un seul prototype, mais » l’analogie peut être un guide trompeur (1). » J'ai tenu à résumer d’un seul trait les principales propositions formulées par l’auteur, afin de ne pas les affaiblir en les isolant, et de faire mieux saisir l'ensemble de la doctrine. Je vais maintenant les reprendre une à une pour en discuter la valeur. D'abord je m'étonne de voir refuser aux conditions cosmiques presque toute influence sur les modifications des types spécifiques. Cependant, pour montrer jusqu'où M. Darwin porte sur ce point l'incré- dulité, je placerai sous les yeux de mes collègues le passage suivant. Après avoir constaté que la plus grande obscurité règne sur la question de savoir quels effets directs les différences de climat, de nourriture, etc., exercent sur les êtres vivants, l’auteur ajoute : « My impression is that the effect is extre- » mely small in the case of animals, but perhaps rather more in that of » plants (2). » Ainsi, l'effet produit par le climat, etc., serait extrémement petit pour les animaux, Faut-il lire : plus minime encore pour les plantes? Je ne le pense pas, Un autre passage dissipe d’ailleurs toutes les incertitudes. Il est difficile, selon M. Darwin, d'apprécier dans chaque cas de variation ce qu'il faut attribuer à l’action directe de la chaleur, de l'humidité, de la lutuière, de la nourriture : « Mon impression, dit-il encore, est que pour » les animaux de tels agents ont produit de bien petits effets directs, quoique » plus apparents dans le cas des plantes (3). » En prenant cette dernière phrase comme l'expression de la pensée du savant naturaliste, je ne saurais m'associer à l'opiriion qu’elle exprime. Pour moi, comme pour les deux Geoffroy Saint-Hilaire et la majorité des observateurs, l’influence des circon- stances cosmiques sur les qualités des êtres vivants est aussi puissante que certaine. Sans dvute, il ne faut pas demander aux agents physico-chimiques de faire, à l'exemple de la sélection, des espèces, des genres, des familles ou des classes ; mais il est indubitable qu'ils font des variétés et des races (4). Je n'en veux pas, davantage. | Au reste, pour être logique, la doctrine de la sélection devrait accorder plus de valeur à l’action des milieux ambiants; car, après tout, la sélection n'est qu’rin choix inconscient ou raisonné, fait par la nature ou par l'homme ; et, pour que ce choix s’exerce, il faut qu’au préalable il y ait des modifications (4) Loc. cit, p. 484. (2) Mon impression est que l'effet est excessivement petit dans le cas des animaux, Mais peut-être bien davantage dans celui des plantes. d ne (3) Loc. cit., p. 10. Je vois avec plaisir que le traducteur de l’Origine des espéces, M! Jioyer, professe sur ce point des opinions très différentes, et fort analogues à celles que je soutiens. (Note ajoutée pendant l'impression.) (4) Et même des espèces, telles que les adoptent la plupart des naturalistes. 270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. produites dans les êtres vivants ; il faut, en un mot, quelque chose à choisir. Or le procédé de la sélection est complétement étranger à la genèse des varia- tions ; donc, de toute nécessité, il doit exister en dehors de lui des causes capables d’agir sur la plasticité des types organiques. Où trouver ces agents modificateurs, si ce n’est dans les forces naturelles et dans les substances qui leur servent de support ? Au point de vue de leur mode de production, je ne vois que deux sortes d’altérations possibles des caractères morphologiques des êtres naturels : les unes lentes et graduées, rarement très profondes, sont amenées à la longue par l’action peu violente, mais soutenue, de conditions cosmiques particulières et déterminées ; les autres apparaissent brusquement, sans cause appréciable, ou du moins sans cause bien manifeste, et jettent tout à coup l'espèce dans des voies très divergentes par rapport à celle qu’elle suivait régulièrement. Les premières sont les variétés proprement dites, les secondes sont les mous- truosités. Celles-ci n’échappent pas plus que celles-là à la loi des actions réciproques que les forces diverses de la nature exercent les ures sur les autres. Les modi- fications soudaines et fugaces, désordonnées en apparence, qui constituent les monstruosités, sont soumises, quoique d’une manière plus obscure, aux influences des agents extérieurs. Ce serait une erreur de croire qu’elles ne procèdent que du hasard ou du caprice de la force plastique. Les expériences d'Ét Geoffroy Saint-Hilaire, continuées et étendues par mon distingué col- lègue en biologie, M. Dareste, démontrent la possibilité de faire à volonté des monstres, en soustrayant une portion de l’œuf à l’action de l'air et des exci- tants naturels de la vie. Il est donc extrêmement probable cque les monstruosilés dites spontanées reconnaissent également pour point de départ des conditions matérielles défectueuses, mettant obstacle au développement complet du germe, ou bien des distributions anormales des stimulants æ€t des matériaux de l’organisation, amenant l’irrégularité de la forme. Par ces considérations, je me crois autorisé à conclure, sauf une:plus ample démonstration ultérieure, que toutes les déviations quelconutues des. types vivants ont leur raison d’être dans l'intervention d’une ou de pluisieurs-forces naturelles, diversement combinées. L’étiologie des altérations mo "phologiques se réduit toujours, en dernière analyse, à une question de climat et d'hygiène. C'est à tort que, méconnaissant ce rôle, en quelque sorte organis, 1teur, des agents physiques, ou n’y voudrait voir que des instruments de destruction pour les races vouées au rebut. Les influences extérieures, nous reviendrons longuement sur ce sujet, impriment réellement aux êtres vivants des nn odifica- tions déterminées par le sens de leur action. Ces modifications se trans \ettent héréditairement et, pourvu que les conditions physiques ne changent’ PS: elles s'accroissent jusqu'au point de constituer ane variété plus ou: t NoÏtis distincte et plus ou moins fixe. SÉANCE DU 9 Mar 1862. 271 Tel est le fait primitif et fondamental. La sélection, même entendue comme le fait l’auteur de l’Origine des espèces, n'est qu’un faitsecondaire dans l’ordre des temps, secondaire aussi par l'importance. Voyons maintenant si ce procédé peut donner tous les résultats qu'on se plaît à lui attribuer. Avant tout, il importe de distinguer de la sélection naturelle l'élimination pratiquée par l'homme. Ce qui convient à l’une ne s'applique pas à l’autre. L'intervention de l’homme est trop récente pour avoir eu une grande part dans la physionomie des types organiques du monde actuel. D'un autre côté, ses moyens d'action sont bien autrement puissants que ceux des espèces ani- males les plus destructives. D'ailleurs, M. Darwin s'appuie exclusivement sur la sélection naturelle ; attachons-nous donc à cette dernière. Dans cette lutte pour la vie (séruggle for life) dont il est tant question, les êtres le moins doués pour la résistance ou pour l'attaque sont, d’après l’auteur, destinés à périr. À ne considérer que les individus, la proposition est fondée; mais il n'en est plus tout à fait de même si l'on envisage l'espèce dans son ensemble, La durée d’une espèce repose, em effet, sur deux conditions principales et diamétralement opposées : à savoir, les causes de destruction qui l’atteignent et la fécondité qui lui est dévolue. Quand celle-ci répare à chaque instant les désastres, l'espèce est sauve. Ainsi, de nos jours, comme au temps des Romains et à des époques plus reculées encore, l'Atlas abrite à la fois les grands carnassiers et leurs proies. La timide gazelle vit depais des milliers d'années, si ce n’est de siècles, à côté du lion dévorant, Le roi des animaux prélève bien de temps à autre une innocente victime sur son peuple effrayé, Mais une naissance vient aussitôt combler le vide, et l'équilibre entre la pro- duction et la consommation peut se maintenir indéfiniment, d'autant mieux que si la proie devenait plus rare, la gent carnivore, moins repue, serait aussi moins apte à la reproduction. Les mêmes remarques s'appliquent également bien à tout autre exemple tiré du règne amimal, en sorte que, pour rester dans le vrai, il serait juste de dire que les ennemis-nés des espèces faibles ne parviennent jamais à exter- miner celles-ci, mais qu'ils les empêchent seulement de pulluler. Je doute que es rats surmulots, nouveau-venus dans les égouts de Paris, anéantissent jamais les rats noirs autochthones, bien qu'après des combats réitérés les vigoureux étrangers aient conquis de haute lutte leur droit de domicile dans la ville souterraine. Des objections plus nombreuses encore se présentent quand il s’agit du règne végétal. Là les espèces n’agissent plus les unes sur les autres par des moyens de destruction directe; elles ne peuvent que se disputer le terrain, et la plus robuste se substituer partiellement à celle qui l'est moins. Encore que d'obstacles ne rencontrerait pas une pareille substitution ? Supposons une seule année où les conditions météorologiques fussent particulièrement défavorables 272 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à l'espèce envahissante, aussitôt l'espèce expulsée regagnerait en partie ce qu'elle aurait perdu antérieurement. D'ailleurs, il n’y a pas de race absolument supérieure sous tous les rapports. L'une est luxuriante de végétation, mais pauvre de semences; l’autre est maigre, mais d’une excessive fécondité ; telle brave la sécheresse, qui redoute l’inondation, et vice versà. D’où cette conclusion pratique : que souvent la plus robuste ne pourrait se maintenir, dans sa forme, là où de plus frêles réussissent, et qu’elle ne saurait être élue à l’exclusion de toute autre. Les plantes les plus ubiquistes et les plus prolifiques elles-mêmes ne se plaisent pas également en tous lieux et dans toutes les circonstances de sol et de climat. Sans cela des espèces cosmopolites, telles que le T'araxacum Dens leonts, finiraient par couvrir toute la surface du globe. Chaque type botanique ne prospère que dans certaines conditions déterminées, conditions plus ou moins strictes, plus ou moins élastiques au contraire, mais qui, en tout cas, imposent des limites à la dispersion des espèces conquérantes et réservent par là d’amples espaces de la superficie terrestre à celles qu’une organisation moins souple attache à leur centre primitif de création. Toujours est-il que nous ne voyons pas une plante en exclure absolument une autre. Je ne sache pas que l’£'rigeron canadensis, devenu si abondant en Europe, ait fait disparaître l’une quelconque des nombreuses espèces qui croissent de tout temps sur les che- mins et les lieux cultivés. On pourrait encore naturaliser dix mille espèces exotiques dans nos contrées, sans diminuer d’une seule unité les richesses de notre flore spontanée. Seulement, comme la matière est impénétrable, il est clair que le nombre des individus représentant les espèces aborigènes dimi- nuerait proportionnellement à celui que répandraient sur le sol les espèces introduites du dehors. En définitive, la sélection naturelle ne produit de toutes parts que des 7es- trictions et non des extinctions de races. En admettant que ce procédé pût, comme le veut la doctrine, renouveler à la longue la face des règnes organiques, il n’atteindrait donc ce résultat qu'en donnant naissance à des formes différentes et non en supprimant les anciennes. Eh bien! voyons jusqu’à quel point la doctrine de la sélection naturelle pour- rait nous rendre compte de la diversité des types actuels par ces métamor- phoses continues et indéfinies, supposées chez les êtres vivants. Rappelons-nous d’abord que la sélection proprement dite, qui procède par destruction, doit être mise hors de cause, car, ainsi que je le disais tont à l'heure, et comme M. Darwin le reconnaît lui-même quelque part, elle ne peut rien pour former des types nouveaux, elle n’est appelée qu’à supprimer certains d’entre eux. La question doit par conséquent rouler tout entière sur le rôle actif et direct des causes cosmiques dans la production des espèces. A première vue, il semble bien difficile d'admettre que les circonstances extérieures, si diverses qu’on les suppose, puissent expliquer les différences SÉANCE DU 9 MAI 1562. 273 profondes et l’infinie variété des types organiques. Quelle part, je le demande, le climat et les habitudes pourraient-ils prendre à la production d’une fleur anomale labiée ou en masque? Comment concevoir que les mêmes agents physiques déterminent à la fois la transformation d’un prototype en Rose et en Orchis? Telles sont les difficultés qui surgissent aussitôt à l’esprit et dont on ne trouve pas la solution dans le livre de M. Darwin. D'un autre côté, si les agents physiques étaient les promoteurs réels de toutes les formes organiques qui peuplent la terre, les mêmes combinaisons de ces agents auraient dû produire des modifications semblables dans le proto- type imaginé par les monogénésiaques. Or il n’en est rien. En effet, cette identité de conditions climatériques existe parfois entre deux localités placées dans des hémisphères opposés, et qui devraient avoir des flores ct des faunes identiques : c'est pourtant ce qui n’a jamais lieu (1), bien que la similitude des milieux soit telle, en certains cas, que les espèces d’une région se propagent dans l’autre avec une merveilleuse facilité et s’y maintien- nent définitivement avec la même solidité que les aborigènes. I y a plus, chaque flore comprend des types morphologiques si profondé- ment distincts les uns des autres qu’on s’étonnerait de les voir réunis dans une même contrée, si l’on raisonnait au point de vue de la mono- ou de l'oliyo- génèse, et que leur coexistence dépose formellement contre la doctrine. En vain supposerait-on que les espèces spontanées sont loin d’être généralement indigènes, que chaque grand type de famille ou de classe a pris naissance dans une contrée du globe, pour de là se répandre en tous lieux, et que les flores et les faunes se composent ainsi de formes ayant les provenances les plus multipliées et les plus opposées. Tel climat aurait-il par hasard formé les Graminées, tel autre les Composées, les Légumineuses ou les Crucifères ? Aucun fait d'observation, aucune raison sérieuse ne venant appuyer cette nouvelle hypothèse, la discussion scientifique n’aurait pas à en tenir le moindre compte. Est-ce à dire pour cela qu’un climat très spécial n’exerce aucune influence sur les êtres vivants? Loin de moi cette pensée. Je démontrerai au contraire que cette influence est réelle : seulement elle ne saurait, à mon avis, se faire sentir que sur quelques-uns des caractères et sur lés traits superficiels des espèces organiques, jamais sur cette manière d’être, intime et immanente, qui fait leur essence et qui tend invinciblement à les ramener à leurs formes pri- mitives dès que l’action perturbatrice vient à cesser. Prenons, par exemple, la Nouvelle-Hollande. Là végétaux et animaux, tout a une physionomie singulière, sans doute, mais ces êtres n’ont pas une organisation fondamentalement diffé- (1) Les seules espèces communes à deux pays séparés par la longueur d’un méridien sont de celles qui vivent dans la mer et dont la dispersion à grandes distances est facilitée Par l'élément liquide; ou bien de celles qui, telles que les Mousses alpines, ont dù occuper de vastes étendues pendant la période glaciaire. Je ne parle pas des plantes apportées par l’homme. TL IX 18 25h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rente de celle des autres animaux et des autres plantes. Le dromée se place naturellement à côté du casoar et non loin de l’autruche; les kanguroos auprès des sarigues ; les Mimosa à la suite des nombreuses espèces du genre. Ce qu'a pu donner le continent australien, c’est le plumage presque piliforme aux oiseaux, c’est l'avortement des folioles et la formation des phyllodes chez les Mimeuses, ce sont des différences d'ordre spécifique ou sous-générique seulement. En réalité, M. Darwin ne parvient pas à prouver qu'il se produise, dans la nature, des modifications typiques plus considérables sous l'empire de la sélec- tion (1). Les altérations plus profondes, il les adinet par analogie; et, quand il se laisse entraîner jusqu’à entrevoir l’origine commune de tous les êtres vivants, il se montre évidemment plus épris de la simplicité séduisante du procédé que soucieux de la sévérité des preuves expérimentales. Si c'était ici le lieu de discuter à fond le traité de l'Origine des espèces, il serait facile de montrer qu’à côté d’un grand nombre de faits exactement observés et d’inductions logiques, dont la doctrine de la variabilité restreinte fait naturellement son profit, il existe beaucoup d’interprétations contestables, où même de vues purement conjecturales qui échappent entièrement au Con- trôle de l’expérience. L'ouvrage de l’éminent naturaliste n’en est pas moins l’un des plus remar- quables de notre époque et des plus utiles à consulter pour les excellents matériaux qu'il renferme. Il fourmille de fines observations, d’aperçus ingé- nieux, et chaque page exhale un parfum de loyauté et de conviction réfléchie qui donnela meilleure opinion de l’auteur. On comprend qu'avec de pareilles qualités, ce livre intéressant ait conquis à la doctrine de la sélection un bon nombre d’esprits des plus distingués, de ceux principalement qui répugnent aux choses extranaturelles et qu’effraie à tort le mot de création. L'hypothèse d'un point de départ unique dans un prototype, simple de structure, microscopique d’étendue, semble à beaucoup de penseurs plus facile à concevoir que celle de créations successives, faisant surgir tout à COUP des êtres compliqués et volumineux, tels qu'un éléphant ou un Sequoia. En fait de création, ni la dimension, ni la perfection de l’œuvre ne font rien à la difficulté : « Donnez-moi le moyen de fabriquer une cellule, disait M. Raspail, » et je me charge de refaire le monde organisé. » Soit, mais là gît précisé- ment l'impossibilité. La création d’un Profococcus ou d'un protozoaire est un miracle aussi bien que celle d’un mammifère ou d’un arbre. C’est la faiblesse de notre intelligence qui nous fait envisager la chose autrement. Certes, si nous réfléchissions à la multiplicité des actes et conséquemiment (1) Tous les dérivés du Columba Livia, si bizarres qu'ils soient, sont restés tout simplement des pigeons; ils ne feraient pas la plus légère illusion au plus vulgaire observateur, qui les reconnaîtrait à première vue pour ce qu’ils sont réellement. SÉANCE DU 9 Mat 1862. 275 des organes, ou du moins des aptitudes de la matière dans une monade, nous serions plus émerveillés de voir tant de choses réunies dans une molécule matérielle, que nous ne le sommes de l’organisation des êtres massifs, et none trouverions plus difficile peut-être de réaliser l’un que l’autre. Une montre de moyenne grandeur n’est qu’un instrument vulgaire; un chronomètre de Bréguet, enfermé dans le chaton d’une bague, est un chetf- d'œuvre. D'ailleurs, à considérer les choses de haut, la masse perd toute valeur. Supposez un géant, à la taille monstrueusement colossale, au regard d’une prodigieuse pénétration, assis au sommet de l'Himalaya et contemplant à ses pieds la fourmilière des peuples de l’Inde et de la Chine : combien l'humanité lui semblera chétive! L'homme en était-il plus facile à créer? (La suite prochainement). M. Éd. Prillieux fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR UNE FLEUR DIMÈRE DE CATTLEYA AMETHYSTINA, rar M. Éd. PRILLIEUX. Je dois à l’obligeance de l’habile jardinier en chef du Luxembourg, M. Aug. Rivière, la connaissance d’une fleur monstrueuse d’Orchidée, qui fournit un exemple nouveau du genre d'anomalies que j'ai décrit dans une commu- nication précédente (voyez le Bulletin, 1. VIIX, p. 149). C’est une fleur de Cattleya amethystina Morren, que j'ai l'honneur de présenter aujourd’hui à la Société, et qui s’est épanouie dans les serres de M. de Merval à Canteleu. Sa structure bizarre a frappé sur-le-champ l'œil exercé de M. Rivière qui par- Courait les collections de M. de Merval. Deux mots sufiliront pour faire com- prendre en quoi elle consiste, si l’on veut bien se rapporter à ce que j'ai dit (loc. cit.) au sujet de fleurs dimères d'Æpidendrum Stamfordianum., car l’anomalie du Cattleya amethystina que je désire faire connaître, est tout à fait pareille à celle que j'ai décrite dans ma précédente note sous le n° 2. C'est-à-dire qu’au lieu de trois pièces, chaque verticille du périanthe n’en Contient que deux qui sont opposées l’une à l’autre et alternent d’un verticille à l’autre, de telle façon que les pièces de l'enveloppe florale sont au nombre de quatre et sont décussées. Les deux extérieures ont la forme des sépales, les deux intérieures celle des labelles des fleurs normales, Ce que nous voyons ici est à peu près ce qui a été observé par M. Dumoi- tier sur une Orchidée qu’il considère comme le type d'un genre nouveau auquel il à donné le nom de Mælenia. « La fleur du Mælenia, dit le savant observateur belge (1), se compose de quatre divisions, deux externes et deux . (1) Notice sur le genre Mælenia, par B.-C. Dumortier (Extrait des Mémoires de l'Académie des sciences de Bruxelles, p. 12; Bruxelles; 1834). 276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. internes. Les deux divisions externes sont opposées et situées l’une en avant, l'autre en arrière de la colonne génitale. Ces deux divisions sont à peu près égales. Les deux divisions intérieures, également opposées, sont absolument latérales et opposées en croix sur les deux inférieures, en sorte que la fleur à quatre divisions, et si les deux supérieures n'étaient un peu plus étroites que les deux autres, cette fleur serait absolument régulière. » Dans le #ælenru, chacune des deux divisions intérieures a donc l’aspect d’un pétale; dans notre plante, elles ont tout à fait l’aspect du labelle des fleurs ordinaires, c’est là la différence principale que nous pouvons reconnaître entre la disposition de notre fleur anomale de Caftleya amethystina et celle que M. Dumortier con- sidère comme normale dans son Meælenia paradoxa, plante qui, du reste, se rapproche, selon lui, du genre Caftleya, et rappelle « en particulier la fleur du Cattleya Forbesii par sa grandeur, son aspect et sa couleur ». Dans l’une et dans l’autre, la fleur est dimère et régulière. Je n'’insisterai pas davantage, quant à présent, sur la structure de cette fleur de Catéleya que j'ai voulu présenter fraîche à la Société. Dans une pro- chaine communication, j'indiquerai quelles sont les modifications que subis- sent les organes de la fécondation dans ces fleurs amoindries et devenues dimères et régulières, tant dans l’£pidendrum Stamfordianum que dans le Cattleya amethystina. 9 1 J SÉANCE DÜ 23 Mar 1862. SÉANCE DU 23 MAI 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 9 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l’admission de : MM. ANDERSsON (N.-J.), professeur de botanique à l’Académie de Stockholm (Suède), présenté par MM. Cosson et T. Puel; Posru (J.), associé de la maison Vilmorin-Andrieux, avenue Victoria, 11, à Paris, présenté par MM. Grœnland et Eug. Fournier. Lecture est donnée de lettres de MM. l'abbé Garroute et Larcher, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Alph. de Candolle : Mémoires et souvenirs d'A.-P. De Candolle. De la flore européenne à l’époque tertiaire, d'après l'ensemble des tra- vaux de M. le professeur Heer. 2° De la part de M. Kirschleger : Flore d'Alsace, t. III (complément). 3 De la part de M. V. Personnat: L’Abeille de Chamonix, trois numéros. &° En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de La Société impériale zoologique d'Acclimatation, avril1862. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, avril 1862. L'Institut, mai 1862, deux numéros. M. Gustave Maugin fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES STATIONS DU LISTERA CORDATA, par M. Gustave MAUGIX. M. Chatin a publié dans notre Bulletin une liste très complète des espèces récoltées pendant l’intéressante excursion bota nique qu'il a dirigée, en août 978 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1860, à travers la Savoie et la Suisse. Dans cette liste, il a mentionné deux localités où a été rencontré le Zistera cordata R. Br. : 1° le bois des Mon- tets (alt. 850 mètres), et 2° le bois (alt. 2000 m.) que l’on traverse au pied des aiguilles de Charlanoz, en se rendant de Priampraz à la Fléchère (1). Notre savant président me permettra, je l’espère, de signaler deux autres localités où nous avons trouvé cette plante dans le cours de la même excur- sion, Savoir : 4° Le bois de Larix et d’Abies (alt. env. 1450 m.) que nous avons traversé le 6 août 1860, après la fontaine du Caillet, en faisant l’ascension du Mon- tanvert ; 2 La splendide forêt de Magnin (alt. 1900 m.), à travers laquelle nous sommes descendus, le 7 du même mois, du col de Balme dans la sauvage vallée du Trient. Cette charmante petite Orchidée épidendre, qui croît sur les troncs à demi pourris des Abies, Pinus et Larix, n’est pas fréquente en France ; cependant MM. Grenier et Godron n’en ont pas précisé les localités. Elle a, en outre, le privilége (dont la valeur sera bien comprise des botanistes collecteurs) de me rappeler d’autres points, d’autres dates de fructueuses courses faites par la Société botanique, où je la recueillis également en compagnie de M. Chatin, notamment : le bois du Capucin (alt. environ 1250 m.), dans l’excursion en Auvergne conduite par MM. Lecoq et Lamotte, le 27 juillet 1856 (2), et la forêt (alt. env. 900 m.) que nous traversâmes, dans les Vosges, en quittant le lac de Lispach et en nous dirigeant vers les faignes de la Vologne pour atteindre Wildenstein, le 17 juillet 4858, guidés par M. Kirschleger (3). Le Listera cordata a encore été indiqué : dans un bois de Sapins (alt. euv. 800 m.) situé sur le versant du Hobneck, du côté de Gérardmer (4); au lac de Luitel (alt. 1250 m.) (5), et sur quelques points du Jura, à partir de 1200 mètres d’altitude (6). Il m'a semblé curieux de constater que l’on trouve le Zistera cordata, bien qu’il ne soit pas commun, depuis 800 m. jusqu’à 2000 m. d'altitude, aux expositions les plus variées ; de le voir dans les mêmes régions des Alpes, des Vosges et de l'Auvergne que certaines espèces parisiennes, telles que le Triglochin palustre, V'Herminium Monorchis et le Botrychium Lunaria (qui, dans les Alpes, ne descend pas au-dessous de 1200 mètres d'altitude). Je crois possible d'espérer qu’un jour nous pourrons rencontrer, dans n0S promenades, ce gentil parasite des Conifères, comme nous avons, le 23 juillet 1854, trouvé, sous la direction de M. Chatin, au Mail d'Henri IV, le G00- dyera repens, qui en est proche parent. Avec les plantes que je viens de (1) Voyez le Bulletin, t,. VIN, p. 1441 et 218. — (2) Jbidem, t. II, p. 507 — (3) 1bidem, t. V, p. 530. — (4) Ibidem, p. 490. — (5) Ibidem, t. VI, p. 658: — (6) Ibidem, p. 714. SÉANCE DU 23 MAI 1862. 279 citer, avec le ZLychnis siluestris (commun dans les Alpes, que l’on trouve aux environs de Paris et qui est abondant vers le nord de la France), avec le Salixz Lapponum, le Viola sudetica et tant d'autres plantes, il viendrait alors à l’appui de la théorie de Tournefort, qui envisage, au moins au point de vue botanique, une haute montagne, prise de sa base dans la vallée à son sommet neigeux, comme la miniature d’un hémisphère terrestre. M. J. Gay fait à la Société la communication suivante : SUR LA PATRIE DE L'AJAX MUTICUS, par ME. J. GAY. Dans une note d’une communication insérée, il y a quelque temps, dans notre Bulletin, j'ai eu occasion de dire quelques mots d’un Ajax (ou Nar- cisse de la section Ajax), qui était cultivé depuis longues années au Muséum d'histoire naturelle sous le nom de Pseudonarcissus tardif. Cette plante dif- férait considérablement de toutes les autres Narcissées connues de moi, et je lui donnai le nom d’Ajax muticus, pour rappeler un de ses caractères essen- tiels, tiré de la structure de la graine (Zullet. VII, p. 308). Pour moi, c'était une espèce nouvelle, et une de celles qu’il est impossible de ne pas admettre lorsqu'on a épuisé toutes les recherches comparatives. Elle avait cependant une grande infirmité, puisqu'elle sortait d’un jardin, sans aucun certificat d'origine, et que sa patrie était totalement inconnue. D'où pouvait-elle provenir ? Je me le demandais en vain, lorsque M. Georges Amé, notre honorable confrère de Bordeaux, me rapporta, l’automne dernier, sept bulbes de Narcisse, qu’il avait récoltés à ma prière aux environs de Bagnères-de-Luchon, c’est-à-dire dans le centre dela chaîne des Pyrénées : six au Mail-de-Criq, sur la frontière de la vallée d’Aran, et le septième à la montagne d'Esquierry, vallée d'Oo, deux localités que sépare une distance de quelques lieues, et qui appartiennent l’une et l’autre à la région subalpine supérieure, Ces bulbes ayant été immédiatement plantés dans un même pot et entourés sur ma fenêtre de tous les soins nécessaires, j'ai attendu avec une certaine curiosité le résultat de l'expérience. Des six bulbes du Mail-de-Criq, un seul a fleuri, le 21 mars 1862, dix jours après l’Ajaz Pseudonarcissus du bois de Vincennes, dont il ne différait que par sa moindre taille. Quant au bulbe unique d’Esquierry, il ne donnait, au 21 mars, aucun signe de vie, et longtemps je l’ai cru perdu, lorsque enfin il s’est mis en mou- vement pour arriver à floraison aujourd'hui même, 23 mai, soixante-trois jours après son parent du Mail-de-Criq: je dis son parent, car j'ai l'honneur de le présenter en nature à la Société, et l'on pourra voir que ce n’est pas l’Ajax Pseudonarcissus. Par ses feuilles larges, par sa fleur réfléchie de 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. manière à former un angle aigu avec la hampe, par sa couronne cylindrique et non pas obconique, et par sa floraison très tardive, c'est évidemment mon Ajax muticus, quoique, forcé de conserver cet échantillon unique pour mes études ultérieures, je ne puisse montrer en ce moment l'intérieur de son ovaire, ou plutôt ses ovules, dans lesquels réside le caractère essentiel de l'espèce, comme je l’ai dit dans la note citée plus haut (1). Donc l’hôte égaré du Jardin-des-plantes de Paris croît spontanément dans les Pyrénées, à la montagne d’Esquierry, et il faut espérer que, l'attention une fois éveillée sur ce point, on lui trouvera bientôt d’autres localités, soit dans la même chaîne, soit en Espagne, de manière à lui assurer une base ter- ritorialer espectable. Ceci prouve bien, pour le dire en passant, que les Pyré- nées n’ont pas dit encore leur dernier mot, et qu’elles ne sont pas encore épuisées, malgré les nouveautés nombreuses qu’elles ont fournies à notre science depuis les publications de Lapeyrouse. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : DE L'AVORTEMENT DES PÉTALES DU RANUNCULUS AURICOMUS L., par M. Alph. de ROCHEBRUENE. {Angoulème, 22 avril 4862.) L'avortement des pétales du Æanunculus auricomus 1. a été signalé par plusieurs auteurs qui ont considéré cet état de la plante comme le résultat, soit d’une floraison vernale, soit d’une station géologique. Pour MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre (2), « les pétales avortent » souvent d’une manière plus ou moins complète dans les fleurs qui se » développent au premier printemps. » M. Boreau (3) partage la même opi- nion et il la développe : « Les fleurs qui paraissent au premier printemps » n’ont pas de pétales, s'exprime le savant professenr, et leur calice coloré » peut faire prendre cette plante pour une Anémone; celles qui viennent » ensuite ont de 1 à 3 pétales, les dernières enfin en ont 5. » M. Letourneux (4), au contraire, ne tient aucun compte de l’époque de la (1) Je retrouve la même plante, au moins quant aux caractères extérieurs ici mentionnés, dans un échantillon sec qui m’a été donné par M. Durieu de Maisonneuve sous le nom de Narcissus Pseudonarcissus, et qui avait été récolté par lui en fleur, le 40 juin 1860, à la montée du port de Vénasque, au-dessous du Culet, à une altitude approæimative de 1600 mètres. Ceci est encore dans le voisinage de Bagnères-de- Luchon, et il est très probable que c’est une seconde localité de mon Ajax mulicus. (Note ajoutée au moment de l'impression.) (2) Flore des environs de Paris, 2° édit. p. 16. (3) Flore du Centre, 3° édit. p. 14. (4) Bull. Soc. bot. de Fr. t. NII, p. 124. SÉANCE DU 23 MAI 1862. 281 floraison, et il constate « deux formes remarquables : l’une à pétales déve- » loppés, et qui mérite son nom spécifique (auricomus) ; l’autre à pétales » toujours plus ou moins avortés. » La première forme est la seule que notre savant collègue ait vue dans le calcaire de la Vienne, à Poitiers et à Lusignan ; il la retrouve également dans l’île de Maillezais. Quant à la seconde forme, elle lui semble appartenir aux terrains primitifs : du moins il n’en a pas ren- contré d'autre dans la Bretagne et dans le Bocage de la Vendée. Selon nous, ni l'époque plus ou moins précoce de la floraison, ni l’ossature des localités habitées par le Æanunculus auricomus ne sont les causes de l'avortement des pétales. Nous n'avons point constaté la présence de cette espèce dans nos régions granitiques ni dans nos schistes cristallins. Les localités où nous la connais- sons, bois Beaudreau, Sonneville, Condac et la forêt de Basseau, reposent sur la formation jurassique et sur la formation crétacée, les deux premières sur l'étage kimméridgien, la troisième sur l'étage oxfordien, et la quatrième sur l'étage carentonien (1° banc à tchthyosarcolites, 2° sous-étage, de notre savant maître M. H. Coquand); cependant, dans ces conditions, nous avons recueilli toutes les formes intermédiaires entre l'absence complète de pétales et leur état parfait. Ces différentes formes peuvent être portées à sept, et ainsi définies : a. Absence complète de pétales, calice coloré, sépales tous pétaloïdes. b. 1 pétale bien conformé, sépales colorés pétaloïdes, avec étamines égale- ment pétaloides. ce. 1 pétale mal conformé, moitié de l'état normal; 3-4 étamines péta- loïdes ; 4 sépales normaux, 1 atrophié elliptique naviculaire. d. 1 pétale très développé, à dimensions doubles de l’état normal, 4 pétale atrophié présentant au centre un rudiment d'étamine, et une crête pétaloïde à la base. e. 2 pétales bien conformés, absence complète des autres; 3 sépales pré- sentent des crêtes pétaloïdes soudées, indice de l’atrophie des pétales. f. 3 pétales bien conformés, 4 rudimentaire moitié des dimensions nor- males ; 2 sépales elliptiques-lancéolés, aigus au sommet, les trois autres très larges, ovoides, carénés, fortement poilus. g- 3 pétales bien conformés; 7-8 étamines pétaloïdes; sépales réduits à 3, pétaloïdes, Les fleurs parfaites présentent dans nos échantillons quelques différences avec les descriptions des auteurs; nous croyons utile de les signaler : Sépales étalés à centre vert, largement bordés, toujours pétaloïdes sur Les bords jaune doré, L-5-nervés confusément, pubescents sur les nervures à poils mous égalant la moitié de leur diamètre. Pétales 5, ovales-cunéiformes, à moitié inférieure d’un jaune doré brillant comme vernissé, tranchant sur la seconde moitié d'un jaune terne, striés longitudinalement et comme plissés. 282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous avons dit que l’époque plus ou moins précoce de la floraison n’était point une cause d’avortement des fleurs. L'examen de nombreux échantillons récoltés à des dates assez éloignées nous a fourni d’abondantes preuves de cette assertion. L'espèce fleurit, sous notre climat, vers le 2 avril, et, dès cette époque, il nous à été facile de recueillir des pieds avec fleurs parfaitement développées et avec fleurs avortées; il en est de même pour ceux recueillis à la fin de leur période de floraison qui cesse ici vers le 20 mai. Cette année (1862, par exception), où la végétation est beaucoup plus précoce que les années précédentes, aujourd’hui 22 avril, on ne rencontre que de rares échan- tillons en fleur : tous, ou à peu près, sont déjà en parfait état de fructifi- cation, L'ossature des terrains n’exerce également aucune influence sur le À. auri- comus, et, quoique nous ne l’ayons pas jusqu'ici récolté sur un sol granitique, la présence dans le jurassique et le crétacé des sept formes précédentes suffit amplement pour démontrer que l’avortement n’est pas le résultat d’une station géologique. Une seule cause peut provoquer l’atrophie de tel ou tel des organes floraux : nous pensons qu’elle doit être attribuée au plus ou moins de sécheresse ou d'humidité des localités habitées par le ZX. auricomus. Dans les stations charentaises où croit l'espèce, on remarque que, sur les parties élevées et sèches des bois, l'avortement est très rare, que là les sujets sont faibles, d’un aspect souffrant, et produisent des carpelles nombreux et fertiles; dans les parties basses, herbeuses et humides, au contraire, les échantillons sont fort vigoureux, les fleurs presque constamment avortées aiusi que les carpelles. Nous sommes donc porté à considérer l'avortement des parties constitu- tives de la fleur du ZX. auricomus, ou leur développement normal, comme le résultat d’une exubérance vitale d’un certain nombre d’organes de la plante, dans des conditions données, et cela au détriment des autres organes ; nous Y trouvons également un nouveau moyen à ajouter à tous ceux que la nature emploie pour maintenir l'équilibre qui régit le monde, loi immuable que tout ce qui marche, rampe ou végète ici-bas doit suivre d’une manière invariable. NOTICE SUR LE VOLVARIA CONCHYLIOIDES DC., par ME. Héon DUFOUR. (Saint-Sever-sur-Adour, 10 mai 1862.) Minima non spernenda. Ce n’est point ici le lieu de suivre Wallroth, Meyer, Fries, sur la morpho- logie des Lichens. Je me restreins à l'appréciation de celui qui fait le sujet de ma notice. C’est sur un échantillon de mon herbier, aujourd’hui encore sous mes yeux, qu'en 1804 De Candolle fonda son Vo/varia conchylioides, et il SÉANCE DU 23 MAI 1862. 283 l’étiqueta de sa main. Je devais ce Lichen à mon savant ami le docteur Vil- lermé, qui l'avait trouvé sur un grès friable à Étampes (Seine-et-Oise), Citons le texte de De Candolle : « Cette espèce de Lichen n'offre pas de croûte sensible; on y remarque des » tubercules arrondis, aplatis, blancs et légèrement enfoncés, qui s'ouvrent » au sommet et mettent à découvert un réceptacle noir, orbiculaire, en forme » de lentille. Dans cet état on croirait voir un très petit Lichen foliacé, dont » chaque feuille porte un seul tubercule. À la fin de la vie de la plante, le » réceptacle tombe, et l’on voit alors une coupe concave, blanche, crustacée, » et qui ressemble à une petite coquille. » (F4. fr. 1805,t. IX, p. 375.) M. Duby (Bot. gall. 4830, p. 673), n'ayant pas vu ce Volvaria, a dû composer sa diagnose sur la description de son illustre prédécesseur, et, frappé du mode d'évolution présumé plutôt que constaté par De Candolle, il a placé cette production dans le genre Thelotrema. M. Fries, qui n’a connu ce litigieux Lichen que par la description de la #/ore française, l'a au hasard compris dans les modifications du Lecanora coarctata (Lich. eur. 1831, p. 405) (1). Ni Acharius, ni Schærer, ni M: Nvylander, ni aucun auteur, que je sache, n'ont mentionné ex visu le Volvaria conchylioides. Les praticiens attentifs et sincères de la lichénologie n’ignorent point que, soit par les progrès de l'âge, soit par l’action comminutive des agents extérieurs, le disque coloré ou la lame proligère des apothécies de certains Parmelia, notamment des vulgaires subfusca et atra, est sujet ou à se détacher de son réceptacle, qui devient alors une coupe écailleuse blanchâtre, ou à tomber en déliquescence, en ne laissant que de faibles traces de son existence. Le Lichen revêt alors une physionomie étrange qui peut séduire les yeux peu exercés où trop prévenus, On n’a pas d'idée combien un même type, étudié au premier âge ou à sa décrépitude, diffère de son état adulte ou de sa parfaite évolution. Ç’a été et c’est encore là la source d'innombrables erreurs et de cette fausse richesse de noms qui écrase la science. L'établissement de notre Volvaria va en fournir un exemple irréfragable. Son thalle, brisé, usé par l’âge et les influences météorologiques, celles-ci puissamment secondées par la facile caducité des aspérités aréneuses du sup- port, finit par disparaître, tandis que les apothécies, subissant l'action du temps et la privation du placenta thallique, s’altèrent, se détériorent et perdent en tout ou en partie leur lame fructifère, Il n'était pourtant pas difficile à une loupe bien éclairée et tant soit pen scrupuleuse de distinguer, sur ce même échantillon fondamental, si malheu- (1) Dans un travail, déjà avancé, sur les Lichens du Dauphiné, je parlerai plus en détail du Lecanora coarctata, qui a aussi des problèmes à résoudre. 28h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. reusement interprété par De Candolle, quelques apothécies qui, ayant con- servé leur caractère typique, pouvaient mettre sur la voie de la vérité. Ces apothécies sont, en effet, brunes ou couleur châtain, avec une marge thallique blanche. Et comment ces légitimes scutelles n’ont-elles pas sauté aux yeux du célèbre botaniste? Comment ne les ont-elles pas dessillés? Hélas! il poursuivait l’idée d’une évolution comparable à celle du Zichen exanthema- ticus dont il a fait aussi un Vo/varia, et cette idée l’a tenu sous le charme. Oui, il m'est prouvé à moi, vieux lichénophile, que le Volvaria conchy- lioides de la Flore française n'est qu'un individu décrépit des innombrables polymorphies du Parmelia subfusca, et en particulier des variétés saxatiles de ce protée. Ce Volvaria doit donc disparaître, comme genre et comme espèce, du catalogue des Lichens, et ne figurer désormais, dans la synonymie inextri- cable de ceux-ci, que pour mémoire et comme débris informe du Parm. sub- fusca taînant à sa suite toutes les lettres de l'alphabet grec. OBs. — Le Lecanora leucopis Ach., à en juger par des échantillons reçus et du lichénographe suédois et de l’Helvétien Schleicher, qui primitivement avait transmis à Acharius ce Lichen pour la constitution de l'espèce (LicA. univ. p. 354), présente les mêmes altérations que j'ai mentionnées dans l'in- sidieux conchylioides. Seulement son état de détérioration est moins avancé, et son thalle, qui repose sur une roche granitique bien plus dure et moins attaquable par les agents destructeurs que le grès, est plus ou moins continu. Mais j'y vois des apothécies, les unes brunes, régulières, adultes, avec une bor- dure blanche, les autres plus foncées, déformées, diffluentes ; enfin je trouve à ce thalle des fossettes conchoïdes dont la lame proligère a disparu. M. Fries, qui a eu sous les yeux des échantillons du Z. leucopis Ach., à eu l'inspiration de le ranger dans les variations du Parm. atra (Fries, L. €. p. 142). Il y a donc de la conformité dans la manière d’envisager ce Lichen, el, si ce savant ami avait vu comme moi les apothécies brunes du Zeucopis, il n’aurait point hésité à le placer dans les formes dégradées du subfusca, ainsi que l’a fait Schærer. NOVUM CICHORIACEARUM GENUS, auctore C.-H. SCHULTZ-RIPONTINO. (Deideshemii, d, 3a m, Maii a. 1862.) CERAMIOCEPHALUM (xtpastov, urceolus et xepaln, caput.) Capitulum multiflorum, homocarpum, semper erectum. Anvolucrum ovato-cylindraceum, medio attractum, 6 lin. altum, biseriale, foliolis seriei externæ n. 7-8 lineari-lanceolatis, obtusiusculis, laxiusculis, intimis duplo quadruplove brevioribus, seriei internæ n. 11-13 subæquilongis, linearibus, SÉANCE DU 23 MAI 1862. 289 dorso pubescenti-farinaceis, carinaque pilis simplicibus albidis, parce hirtis, margine scariosis, apice obtusiusculo ciliatis; parte superiore involucri foliola nigro-virentia glabrescunt ; involucrum urceolatum demum valde induratur achæniaque veluti in nido totum fere per annum fovet. Flores involu- crum duplo superantes, aurei, lingulati, externi 8 lin. longi, tubo diluto, subpubescente, lingula apice dentibus 5 granuliferis munita, triplo breviore; antherarum cylinder 2 lin. longus, aureo-aurantiacus; séyli rami arcuate reflexi, aurei. ÆXeceptaculum 2 lin. diametro metiens, planum, imo subcon- cavum, nudum, punctatum. Achænia conformia, 4 Ÿ lin. longa, oblonga, cylindraceo-compressiuscula, glabra, brunnea, 20-striata striis 5 magis pro- minentibus, inferne paulo, superne magis attenuata in rostrum breve, cras- sum, ab achænii corpore vix distinctum, pappo coropata nectarii longitudine, brevissimo, vix À lin. longo, caducissimo, uniseriali, setis facto inæqualibus, lineari-setaceis, denticulatis, acutis, albentibus. Herba perennis, vernalis, viridis, in arenosis provinciæ algeriensis Con- stantine, prope La Calle abundans, ÆAizoma breve, præmorsum, crassum, quandoque magnitudine castaneæ parvæ, tuberosum, fibris numerosissimis instructum filiformibus, imo una alterave (more Thrinciæ tuberosæ) napifor- mibus, collo petiolis anni vel annorum præterlapsorum, integris, $-1 4 poll. longis, basi 4-5, superne 2 lin. latis, in sabulo subabsconditis coronato. Folia radicalia rosulata, arrecti-decumbentia, 3-5 poll. longa, 3-1! poll. superne lata, obovato-lanceolata, dentato-runcinata vel sublyrata, dentibus subtriangularibus, apice obtuso-rotundata, basin versus angustata in petiolum alatum 2 4-3 lin. Jatum, ciliatum, viridia costa albente, nudo oculo glabra, sub lente vero granulis minimis obsita, crassiuscula, C'aulis erectus vel ad- scendens, pedalis (bipedalis et altior sec. Poiret), crassitie pennæ anserinæ, teres, sulcato-striatus, pilis brevissimis mollibus pubescens (cultus inferne glaber), medulla farctus, mox supra basin dichotome ramosus, ramis pl. n. 3 virgatis, 1-3 poll. distantibus, spithameis vel dodrantalibus, superiore vero palmari, monocephalis, rarius apice in ramum secundarium, cum capitulo 2 poll. longum divisis, nudis, vel supra medium foliolo lineari, 5 lin. longo munitis, inferiore et medio in axilla folii aurito-semiamplexicaulis, foliis radi- Calibus similis, sed minoris orientibus, superiore vero in axilla folioli linearis, acuti, 5 lin. longi, quale in ramis quandoque observatur. Caulis sceleton Persistit cum involucro urceolato, indurato, achænia fovente secundum observationes amiciss. Durieu de Maisonneuve, m. Decembri a. 1840, ergo 8 menses post florendi tempus, in loco natali institutas. In planta horti mei monocephala rami non evoluti foliis caulinis 3 indicati Sunt, plantæ spontaneæ similibus, sed minoribus. Descriptionem feci sec. specimina 2 spontanea, a cl. Durieu de Maison- neuve largita et sec. specimen vivum in horto meo cultum, primo anno folio- rum rosam edens, die 27° m. Maii a. 1843 florens. 286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Historia. — Planta nostra floræ algeriensi (La Calle) peculiaris, paucis visa, imo in Munby Catal. pl. in Algeria sponte nasc. (Oran 1859) desi- deratur. Acutissimus Poiret, in itinere ann. 1785-86 in Barbarjam suscepto, pri- mus omnium stirpem observavit nostram, — Crepis patula Poir. Voy. en Barbarie, t. EH, p. 227. (CG. foliis inferioribus lyrato-obtusis, caule subnudo, laxe ramoso. — C’est une très belle espèce, qui a plus de 2 pieds de hauteur. Sa tige est légèrement velue, surtout vers la base; elle est presque nue et très divisée en quelques rameaux longs, écartés, glabres, qui se terminent par une seule fleur; les calices sont hérissés de poils. Les feuilles radicales, en forme de lyre, sont très obtuses, presque glabres, avec quelques dents rares; les caulinaires sont petites, oblongues, aiguës. Cette plante vient dans les lieux humides. Poiret, eo) Clarissimus Æloræ atlanticæ auctor, cui oculatissimus Poiret plantam suam communicaverat exsicCatam, invita natura, pappum non observans caducissimum, Zampsanæ generi adscripsit nomenque Poiretianum aptissi- mum mutavit, — Lapsana virgata Desf. FT. atl.t TI, p. 235, tab. 215 (anno 1799). — Willd. Sp. pl.t. TEE, p. 1624 (non vidit). — Pers. Syn. t. II, p. 378. Lampsana virgata Cass. Dict. sc. nat.t. XXV, p. 213 (point observé). — DC. Prodr. t. VIE, p. 77, n. 4 (non vidit). Post rev. Poiret, amiciss. Durieu de Maisonneuve observationes optimas, in loco classico institutas, mihi humanissime communicavit. Wallroth (Beitr. XI, p. 129) in generis Zampsanæ monographia dubitat an Zampsana virgata huic generi sit adscribenda. Genus Ceramiocephalum affine Billotiæ meæ in Sceleto syst. C'ichoria- cearum, p. 5 (anno 1841) prolatæ. Species unica — CERAMIOCEPHALUM (Crepis Poir, anno 1789, non Chev. nec Desf.) PATULUM Schultz: Ê 1,020 »| Un bon échu le 21 novembre 1861 \ (intérêt compris). . . . - - . - - 2,040 s!) —————— Total des recettes et de l’encaisse. . . + - + : 33,656 28 364 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dépenses des années 1860 et 1861. NATURE DES DÉPENSES. 1860. 1861. D 550 » | 4,000 » 7 CDIRBS 66 ÉCHIMEE, . . . : . : . - 22) 200 » 3° Impression du Bulletin. . . . . . .: . . . 3,614 10 | 7,293 92 L° Revue bibliographique. . . . . . . . . . 834 35 505 » 5° Frais degree”? TRE, 0 540 » 65 3 0° Porte Dale. 2 7: 395 60 304 08 7° Impression de lettres et circulaires. . . . » 399 » 8 Ports de lettres et affranchissements. . . 248 79 273 05 9 Mobilier et bibliothèque. . . . . . . . . 21 55 152: 40° Dépenses drones : : 346 25 114 65 11° Honoraires du conservateur de l’herbier. » 250 » 42° Traitement de l’agent comptable. . . . . 133 50 351 » 13° Gages du garçon de bureau. . . . . . . 208 50 dl Versement au Trésor contre divers bons portant MÉTODO US NOEL can 5,000 » | 6,000 » Totaux 12,417 hh 117,238 70 À, ne Dépenses des deux années. . . . . 29,656 14 Résumé. Rs 33,656 28 DÉDEUESs 29,656 14 PE CCE s ; 1000 10 Excédant de recettes. { En un récépissé de la k,000 14 Caisse des dépôts. . 3,000 » Plus en valeurs diverses : Un bon du Trésor à échoir au 18 juillet 1862. . . . . 3,120 » … à échoir au 31 août 1862. . . . . 4,040 » — à échoir au 22 novembre 1862. . . 2,100 » Solde en caisse au 31 décembre 1864. . . . . 40,260 14 Telle était, au 1°° janvier 1862, la situation financière de la Société, d’après les écritures de M. le Trésorier et les pièces justificatives produites à l'appui de ses comptes. Toutefois, ainsi que nous l’avons dit au commencement de ce rapport, SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 369 diverses dépenses de 1860 et de 1861, restées en arrière, ne sont encore ni liquidées, ni soldées. Ce seraient d’abord, sur 1860, les frais d'impression de la seconde partie non encore publiée de la session de Grenoble, éva- lués approximativement à une dépense d'environ. . . . . . : . 625 » Puis les numéros du Bulletin de novembre et de décembre 1860, lesquels, avec la table des matières du tome VIT, pourront coûter approximativement. 4 . . + . + + + + + + + + + + + à sue 74 875 » Enfin, sur 4861, le compte rendu de la session de Nantes et la table des matières du tome VIIL, le tout évalué. . . . . . . . : 1,250 » A Somme qu’il faut déduire du solde en caisse au 1°" janvier 1862, indiqué ci-dessus, soit 40,260 fr. 44 c., ce qui réduirait ce même solde à 7,510 fr. 14 c. Maintenant, pour satisfaire au désir de M. le Trésorier, nous allons commu niquer à la Société l’aperçu des sommes reçues et payées depuis le 1°‘ jan- vier 1862 jusqu’au 31 mai suivant. Il est entendu que cette communication est purement officieuse et à titre de simple renseignement, car la Commission s’exposerait elle-même à apporter la confusion dans nos comptes administratifs, si, dans son rapport, elle scindait à la fin du mois de mai l'exercice financier de 1862. Sous cette réserve, nous dirons donc que les recettes effectuées dans les cinq premiers mois de l’année courante ont été de. . . . h,792 » Que les dépenses soldées sont de. . . . . . . . . dsbert ee Jai) 08 D'où résulte un excédant de recettes de. . . . . . . . 7 Di 01 Si maintenant nous réunissons ce chiffre à celui du restant dis- ponible au 4°* janvier 1862, soit comme ci-dessus. . . . . . se 1910 18 nèue trouvons nn.total:de.. 4 6 sé su vers enderianté 4 cie 0,687 41 Laquelle somme exprime le chiffre de l'avoir de la Société à la date du 31 mai dernier, sous la réserve toutefois des quelques chiffres approximatifs que nous avons dû admettre pour les dépenses non encore liquidées des exercices 1860 et 1861. Il va sans dire que ces chiffres, admis ici provisoirement, devront être ulté- rieurement rectifiés dans le compte définitif de l’exercice courant et lorsque ces dépenses auront été liquidées et soldées. Le résumé que nous venons d’avoir l'honneur de mettre sous les yeux de la Société est le résultat de l'examen attentif et du dépouillement complet des comptes de M. le Trésorier et des pièces justificatives produites à l’appui de sa gestion pendant les années 1860 et 1861. Ce résumé, Messieurs, vous permet d'apprécier d’une manière exacte notre 366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. situation financière, qui doit vous paraître, comme à nous, tout à fait satis- faisante. En effet, depuis la fondation de la Société, depuis huit années, notre réserve de fonds n’a cessé de s’accroître, lentement il est vrai, mais progres- sivement, malgré l’arriéré permanent d’une partie de nos recettes, l’exiguité de nos ressources en général et l'augmentation obligée de nos dépenses par suite de notre installation dans un local mieux approprié à nos besoins et infiniment plus convenable sous tous les rapports. Ce résultat, que nous sommes heureux de constater ici, est dû, vous ne l'ignorez pas, Messieurs, aux lumières et à la fermeté de votre Conseil d'administration, si bien secondé dans son action par l’esprit d'ordre et de régularité de notre honorable trésorier. En terminant cet exposé, la Commission de comptabilité a l’honneur de proposer à la Société de vouloir bien donner son approbation aux comptes de gestion de M. le Trésorier pour les années 14860 et 1861, et de voter en même temps des remerciments à l'honorable M. François Delessert pour les soins, si précieux pour nous, qu’il apporte dans l'administration de nos finances. Les membres de la Commission : A. JAMAIN, C. GIDE, G. BRICE, rapporteur. Paris, 25 juillet 1862. Les conclusions de ce rapport sont adoptées par la Société. M. Roze fait à la Société la communication suivante : BRYOLOGIE PARISIENNE. — RÉCIT DE TROIS EXCURSIONS AUX ENVIRONS DE BEAUVAIS, par RIM. E. ROZE ct L. MARCILLY. La bryologie parisienne n’a pas été étudiée jusqu'ici avec un soin tel, qu’il ne reste encore à inscrire dans son catalogue un certain nombre de nouvelles espèces, et à découvrir des localités nouvelles pour les plantes intéressantes, dont les stations déjà citées demandent même à être vérifiées de nouveau. Nous avons donc pensé qu'on ne consulterait pas sans quelque intérêt les résultats d’une triple excursion que, vers le 15 juin dernier, nous avons faite dans le bois de Belloy, la forêt de Hez et la vallée de Bray. Ce mois, ordinaire- ment tiède et pluvieux, est favorable à la récolte des Hépatiques et des Mousses qui habitent les marais et les tourbières ; les Sphagnum surtout commencent alors à mürir leurs fruits, et, si nous les citons en particulier, c’est que leur abondance déjà signalée autour de Beauvais n’était pas ce qui nous excitait le moins vivement à explorer les environs de cette ville. Notre première excursion se fit avec le concours de M. Rodin, très zélé botaniste de Beauvais, dans le bois et le marais de Belloy et aux extractions 7 SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 367 des terres tourbeuses et vitrioliques de Goincourt. Voici les espèces intéres- santes que nous avons recueillies dans cette première journée. Dans le bois de Belloy : Sphagnum fimbriatum Wils., assez bien fructifié, dans une petite mare tapissée d’Æypnum fluitans Hedw., et presque entièrement desséchée, à l'en- trée du chemin Marin. Cette belle espèce, de création récente, n’avait pas encore figuré dans les catalogues parisiens. Jungermannia crenulata Smith, couvrant les chemins argileux détrempés par les pluies. Dicranum undulatum Bryol. Eur., stérile, en belles touffes, dans les bruyères humides et ombragées du bois, près d’une vaste plantation de Pins silvestres, sur la lisière de laquelle M. Marcilly avait constaté la présence, au printemps de 1861, de plusieurs pieds de Buxbaumia aphylla Hall., que nous n’avons pas eu le plaisir de retrouver. Il serait bon de faire remarquer ici que le Déicranum undulatum Turn., mentionné dans ce même bois par M. Graves, est très probablement celui que nous y avons récolté, tout en tenant compte de la réunion dans l'espèce de ce nom des Dicranum undulatum et palustre Schimp. Dans le marais de Belloy : Hypnum stellatum Schreb., assez bien fructifié. Bryum bimum Schreb., abondant et bien fructifié. Sphagnum acutifolium Ehrh., fructifié. Aneura pinguis et multifida Dum., stériles. Scapania undulata Mont. et Nees, stérile. Les talus des extractions des terres vitrioliques de Goincourt ne nous offri- rent que le Dicranella cerviculata Schimp., en très grande partie stérile. Cette espèce, commune dans les terrains tourbeux, n’avait pas non plus été signalée dans la flore parisienne. Nous devions, du reste, la retrouver en très grande abon- dance dans les tourbières de Bretel près Saint-Germer, deux jours après. Le lendemain, nous pénétrions dans la forêt de Hez par le chemin de la Neuville à Boulaincourt. Les talus sablonneux qui bordent ce chemin nous ont offert successivement : Mnium punctatum Hedw.? (1). Hylocomium brevirostrum Schimp., plus abondant stérile que fructifié. Scapania nemorosa Nees, chargé de nombreuses capsules. (1) Le Mnium qui recouvre ces talus sur une assez grande longueur, et dont nous navons pu récolter que des urnes presque entièrement desséchées , offre tous les Caractères du M. punctatum Hedw., quant aux feuilles. Mais la petitesse même de la plante, et de plus sa station assez surprenante sur des talus peu ou point humides, nous font remettre au printemps prochain le soin de nous fournir plus de certitude sur la détermination de notre espèce. 368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. > Tetraphis pellucida Hedw., bien développé sur les vieilles souches d'arbres. Lepidozia reptans Vind. Plagiochila asplenioides Mont. et Nees (forma minor). Jungermannia trichophylla X. Diphyscium foliosum Mohr, formant de petits gazons très nombreux et bien fructifiés, d’un vert gai ou d’un rouge sanguin, qui couvraient, sur une surface d'environ 2 mètres carrés, les talus à gauche et à droite de la route. Cette curieuse plante, que Mérat indique comme très abondante à Montmo- rency, Meudon, Saint-Germain, n’est malheureusement pas aussi commune dans nos environs que cette allégation le ferait supposer. Ce n’est pas non plus en hiver qu’il faut la chercher, comme il le dit encore, mais bien en été et au plus tard en automne. Enfin, au bord du chemin rectificatif de la route Bourbon, sous l’ombrage des hautes futaies, nous recueillions encore en abondance : £phemerum serratum Hampe, dont les urnes presque mûres laissent croire que la plante peut se récolter pendant toute l’année en bon état de fructifica- tion, le printemps et l'automne la montrant également en cet état. Le jour suivant, accompagnés de M. Rodin, qui la veille n'avait pu se joindre à nous, nous partions de bon matin en voiture pour Saint-Germer-en- Bray, en suivant la route impériale de Beauvais à Gournay. Après avoir récolté, en traversant le village du Pont-qui-penche, le très rare Potamogeton acuti- folius Link, dans une des mares qui bordent la route, nous atteignions, peu de temps après, les bruyères de Saint-Aubin-en-Brav, qui s'étendent jus- qu'à la rivière d’Avelon, et que nous nous étions promis d’explorer. Voici la liste des espèces intéressantes de cette localité : Sphagnum rigidum Schimp. var. compactum, twès abondant ct presque partout fructifié. Cette espèce, de création également récente, et qu’il ne faut pas confondre avec le S. cymbifolium Ehrh. var. congestum, n'avait pasencore été signalée dans nos environs. Sphagnum subsecundum Schimp., dans un fossé rempli d’eau où il avait très bien fructifé. Aulacomnium palustre Schwægr., se développant et fructifiant assez bien dans les touffes de Sphagnum rigidum. Polytrichum commune (L..ex parte) in Schimp. Syn. Assez répandue dans cette localité, l'espèce litigieuse, ou plutôt peu connue dont il s’agit ici, demande quelques explications. Constatons d’abord que nos auteurs parisiens, Mérat, Chevalier et M. Graves lui-même dans son Catalogue de l'Oise, paraissent avoir confondu ce Polytrichum avec le P. formosum Hedw.: Mérat, en donnant ce dernier comme une simple variété du P. commune L.; Chevallier et M. Graves, en indiquant le P. formosum Hedw. comme rare, et le P. commune L. comme très abondant. Nous comprendrons dès lors SÉANCE DU 29 JUILLET 1862. * 369 très bien que, l'erreur ainsi accréditée, la plupart des herbiers parisiens offrent le P. formosum Hedw. sous le nom de P. commune L., d'autant mieux que ce dernier est de beaucoup le plus rare des deux dans nos environs, et qu'il n’est, au contraire, pas un de nos bois, pas une de nos forêts, où le P. formosum Hedw. ne se rencontre, pour ainsi dire, à chaque pas. Bientôt nous nous hâtions de sortir de ces bruvyères tourbeuses, pour reprendre la route de Saint-Germer et nous diriger vers les tourbières de Bretel, but final de notre excursion. Nous avons perdu d’abord quelque temps à nous orienter pour découvrir cette localité qui, par les chemins vicinaux du pays, est assez peu abordable : nous arrivämes enfin à des tourbières livrées à l’exploitation, mais dont une grande partie subit le repos nécessaire à la reconstitution du produit d'extraction. Là nous avons recueilli : Dicranella cerviculata Schimp., en larges cespitules chargés d’urnes, et dont j'ai parlé dans notre première excursion. Polytrichum gracile Menzies, assez abondant et bien fructifié. Cette espèce, nouvelle pour notre flore, avait été découverte un mois plus tôt par M. de Mercey, dans les marécages tourbeux de Vaux-de-Cernay (Seine-et- Oise). * Camptothecium nitens Schimp. , stérile. Bryum bimum Schreb., déjà récolté dans le marais de Belloy. Leptobryum piriforme Schimp., peu abondant, mais bien fructifié. IL est bon d'ajouter ici que cette plante est beaucoup plus rare dans nos environs que ne l’indiquent nos auteurs. Philonotis fontana Brid., forme minime, stérile. Sphagnum cymbifolium Ebrh., stérile, inondé. Les parties plus humides de la localité ne nous ont offert que des touffes d'Hypnum aduncum et cuspidatum, entremêlées de frondes de Marchantia Dolymorpha et de longues tiges de Mnium affine var. elatum, au-dessus desquelles le Comarum palustre élevait ses fleurs pourprées. Cependant, avant de quitter cette intéressante localité, il nous fut encore donné d'y recueillir en très bei état de fructification l’Anfhoceros lœvis L., dont la forêt de Compiègne et le bois de Chaville nous avaient déjà offert antérieure- ment plusieurs nouvelles stations. Notre retour s’effectua rapidement sur Beauvais et par le même chemin que l’arrivée. M. Rodin, qui depuis longtemps travaille à compléter le C'ata- loque de l'Oise par M. Graves, retrouva près de l’église de Saint-Germer le Scrofularia vernalis, et nous fit récolter sur les talus de la route le Lathy- rus Nissolia, omis dans le catalogue, et le Vicia lutea. En arrivant près de Beauvais, sur la craie même qui se montre là en masses assez Com- Pactes, nous recueillions encore le Seligeria pusilla Br. Eur., et peu après nous rentrions en ville, tous trois satisfaits d’une agréable et fructueuse EXCursion. T. IX. ; 2h 370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Gubler achève la lecture de son travail intitulé : PRÉFACE D'UNE RÉFORME DES ESPÈCES FONDÉE SUR LE PRINCIPE DE LA VARIABILITÉ RESTREINTE DES TYPES ORGANIQUES, EN RAPPORT AVEC LEUR FACULTÉ D'ADAP- TATION AUX MILIEUX, par ME. Adolphe GUBLER (1). IV Le plan normal de la nature exprime, à mes yeux, la subordination des organismes aux lois qui gouvernent la matière en général, et la réalisation de la vie sous des conditions déterminées d'avance par des forces supérieures et antérieures à son apparition. Si nous avons pris à partie les opinions de M. Darwin, ce n’est pas que ’auteur du 7raité de l’origine des espèces ait édité pour la première fois la doctrine de la monogénèse et qu’il en soit seul responsable, mais bien parce que son livre en est la plus récente et la plus fidèle expression. Ainsi que je l’ai dit antérieurement, les idées de M. Darwin sont à peu près celles de M. Wallace et de tant d’autres. Frédéric Gérard les avait expri- mées en France dès longtemps dans le Dictionnaire universel d'histoire naturelle. Les uns et les autres ont eu pour devanciers Buffon, dans une cer- taine partie de ses écrits, Gœthe et surtout Lamarck, chez qui la doctrine à revêtu une forme plus arrêtée et plus hardie, L'auteur de la Philosophie zoologique a exposé la théorie de l’origine commune des êtres avec beaucoup de développements, et l’on peut dire qu’il a touché à toutes les grandes questions qui s’y rattachent ; souvent même il à rencontré des vues ou des solutions partielles qui se retrouvent, sous une forme presque identique, dans le livre de M. Darwin. Fréd. Gérard mérite d’être cité au même titre, car il s'appuie sur les phénomènes géologiques aussi bien que l’auteur anglais sur les idées de M. Lyell. Une telle conformité n’a rien de surprenant ; les aspects sont les mêmes pour qui se place au même point de vue; néanmoins cet accord ne laisserait pas que d'agir sur des convictions peu réfléchies et sur des esprits moins libres chercheurs que soumis à l'inspi- ration magistrale. Par bonheur, de notre temps, on ne jure plus d’après les autorités, on apporte des raisons; on ne se contente plus de vues spéculatives, on exige des preuves de fait, N'est-ce pas au nom de l'observation que la monogénèse elle-même prétend réformer les vieilles erreurs des ontologistes ? Or la doctrine de la séleetion, fondée en ce qui concerne l’existence même du procédé naturel ou artificiel désigné sous ce nom, vérifiée aussi pour un grand nombre de points accessoires, est complétement en dehors de l'observation dans ses dernières visées. À côté des conjectures qu’elle émet, d’autres con- (1) Voyez plus haut, p. 194 et 264. SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 371 jectures peuvent s'élever avec le même degré de vraisemblance. Hypothèses pour hypothèses, il est donc permis de choisir celles qui nous répugnent le moins, de donner la préférence aux interprétations qui s'accordent le mieux avec nos principes philosophiques ou bien avec les résultats de notre expé- rience personnelle. C’est le cas, ou jamais, de pratiquer à notre profit la sélection consciente dans l’ordre des idées. Et, puisque la mutabilité indéfinie échappe à toute démonstration directe, puisqu'elle est contredite d'avance par la loi de réversion au type ancestral, on ne trouvera pas mauvais que nous refusions de suivre les monogénésia- ques dans cette voie d'aventures où ils se lancent en quelque sorte à corps perdu. En nous arrêtant au seuil de la fantaisie et nous attachant aux légitimes inductions tirées de l'observation et de l'expérience, nous dirons : Il n’est pas absurde de croire que toutes les formes actuelles dérivent d’un seul type primitif ; mais, si la chose n’est pas absolument impossible, rien ne prouve qu’elle soit; plusieurs raisons concourent même à faire admettre qu’elle n’est pas. Les variations morphologiques des êtres vivants n’en sont ni moins réelles, ni moins incontestables pour cela; la variabilité est même beaucoup plus grande qu’on ne l’imagine généralement, sans cesser pourtant d’être limitée, ce qui rend probable que la plupart des types actuellement existants ont une origine distincte. Telle est ma conclusion finale. D'ailleurs, la théorie de l’origine commune des êtres est grosse de consé- quences embarrassantes, niées ou méconnues par ses partisans et cependant inévitables. Si les organismes supérieurs du monde actnel ne sont autres que le prototype simple des premiers âges, compliqué et perfectionné avec le temps, d’où viennent donc ces milliers d'espèces inférieures qui forment pour ainsi dire les bas-fonds des deux règnes, et dont les instruments grossissants peuvent seuls nous révéler l'existence ou nous démontrer la structure ? L’objection, posée avant nous (1), ne peut être levée sans ébranler l'édifice de la monogénèse. On fe comprend pas, en effet, l’immutabilité perpétuelle d’un type dans la doctrine de la mutabilité incessante et indéfinie. M. Darwin a beau s’extasier sur l’admirable complication des infusoires de ce temps-ci, beäucoup d'animalcules de la même classe, dont les tests composent des bancs Puissants de l’écorce du globe, ne le cédaient pas en perfection, d’après le témoignage d’Ehrenberg lui-même, à nos polygastriques contemporains. Sans Parler des échelons intermédiaires de l’animalité, il y a donc une multitude d'êtres qui, depuis des myriades d'années ou de siècles, n’obéissent pas à cette (1) MM, Broun, en Allemagne, H.-C. Watson, en Angleterre, et le professeur Pictet, ne ont combattu la doctrine de la séléction par des arguments d’une grande valeur, 372 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. impulsion de progrès qui emporterait, dit-on, toutes les espèces dans les sphères plus élevées du perfectionnement organiqne. Je cherche vainement la loi, en présence de si nombreuses et si flagrantes exceptions. Ou si, comme le voulait Lamarck, ce sont des générations dites spontanées qui, de toutes parts et à chaque instant, font éclore des êtres si infimes, que devient la génésophobie de nos savants contradicteurs, forcés d'admettre de véritables créations au nombre des phénomènes permanents de la nature orga- nique actuelle ? La monogénèse porte encore dans ses flancs une autre difliculté qu'il est impossible de dissimuler, et qu’il faut aborder franchement. Du moment où les formes existantes sont éminemment instables; où les types actuels n'ont rien d’essentiellement distinct ; du moment enfin où ce ne sont que des acci- dents de la morphogénie universelle, l'espèce, à vrai dire, n'existe plus. Des hommes autorisés n’ont pas reculé devant cette conséquence logique. M. Dar- win est de ce nombre; mais, avant lui, Eamarck, Fréd. Gérard et le grand géologue belge, M. d'Omalius d’Hailoy, avaient formellement conclu à la négation de l'espèce considérée comme entité réelle, la réduisant à la valeur d’un groupe systématique, moins compréhensif que le genre ou la classe, mais tout aussi indéterminé et tout aussi artificiel que ces derniers. Que ce vague et cette incertitude des choses de la nature répondent mal à l'idée d'ordre et de durée qui s’attache aux œuvres de la création, qu'ils jet- tent même le trouble dans nos esprits étonnés : affaire de sentiment; je n'ai pas à m’en occuper. Mais ce dont je ne saurais faire aussi bon marché, c'est de l’ensemble des raisons qui militent en faveur de l'entité réelle des types organiques. La réalité concrète des espèces serait établie si l’on parvenait à prouver que chacune d’elles a été créée indépendamment des autres. A défaut d’une pareille démonstration qui est au-dessus de nos moyens, diverses considéra- tions se réunissent pour nous faire envisager de cette manière l’origine des êtres vivants. De ce nombre sont la fécondité continue des types purs opposée à la stérilité ordinaire des hybrides, et la transmission héréditaire, indéfinie, des qualités morphologiques et autres, chez les animaux ou les plantes dont nous suivons les générations successives. En sorte que, si l'on étend à la durée du monde les résultats constatés pendant quelques vies d'hommes, 0n est conduit à dire, avec Cuvier et M. Flourens, que les individus qui composent une espèce peuvent être considérés comme issus d’un couple unique. D'autre part, les phénomènes d’atavisme, joints à l'aptitude de chaque utri- cule à conserver virtuellement les propriétés de l'individu tout entier et à les manifester de nouveau dans des conditions convenables, établissent nette- ment, à mon avis, la séparation de l’essence et de la forme; la première res- tant immuable, malgré la variabilité de la seconde. SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. | 373 Consultez le grand ouvrage de M. Godron sur l'espèce (1), vous serez édifiés sur la constance des formes organiques depuis les temps historiques les plus reculés. Je dis constance et non pas immutabilité, car la forme spécifique ne reste pas identique avec elle-même à travers le temps, ni surtout à travers l’espace. Modifiable selon la période géologique, elle varie certainement d’un moment à l’autre, non dans la masse des individus qui constituent l’espèce, mais dans quelques-uns d’entre eux; seulement elle retourne à son ancien mode, ou manifeste sa tendance à la réversion, comme le ressort sur lequel s'exerce une pression momentanée. L'Océan non plus n’est pas immobile entre les continents ; sans parler des ouragans qui le bouleversent de fond en comble, il est incessamment agité par le flux ou le reflux, ce qui ne l'empêche pas de rester enfermé dans ses limites et d’être constant à ce point que les astronomes ont soumis au calcul ses moindres oscillations. En dehors des monstruosités, qui sont les tempêtes mor- phologiques, la forme d’une espèce oscille de même autour de son type per- sonnel; mais elle est assujettie à parcourir toujours le même arc ou la même figure de révolution, et, quoi qu’en dise la monogénèse, ses déviations acci- dentelles ne l’entraînent jamais, sans retour, dans une hyperbole sans fin. Ainsi, l'essence subsiste sans altération. Seule la forme se modifie tempo- rairement ou mieux provisoirement, car la durée n’est qu’une circonstance secondaire ; ce qui caractérise le fait, c’est la réversibilité. Une forme acquise peut se maintenir depuis quelques années jusqu’à une période géologique tout entière, mais, en admettant que l’ensemble d’un archétype offre aujourd’hui une physionomie sensiblement différente, je me crois fondé à soutenir qu'il serait possible de le ramener à son état primitif, en restituant les conditions cosmiques anciennes et les laissant agir pendant une suite de siècles, équiva- lente à l’âge actuel de l’espèce. La monogénèse argue contre nous de l'embarras extrême où l'on se trouve pour séparer les espèces dans ce qu’on nomme les genres par enchaînement. A cela je répondrai que la difficulté serait singulièrement amoindrie si l’on avait fait le travail préalable, instamment recommandé par Linné, de réunir toutes les variétés à leurs types spécifiques. On trouvera d’ailleurs plus loin des règles destinées à fournir la solution du problème. Les partisans de la monogénèse se font encore une arme des divergences des ontologistes : le nombre des espèces, disent-ils, n'ayant rien de fixe, et chaque descripteur le multipliant ou le restreignant à son gré. Cette objection n'est que spécieuse. Elle équivaut à la constatation pure et simple de l’état d’imperfection de nos connaissances actuelles, mais elle ne prouve rien contre l’origine distincte des types. De ce que les hommes n'ont pas su jusqu'ici (1) D.-A. Godron, De l'espèce et des races dans les élres organisés, el spécialement de l'unité de l'espèce humaine. Paris, 1859. 374 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. déméler les véritables espèces, ou de ce qu’ils les ont trop scindées, il ne s'ensuit pas qu'il leur soit défendu à tout jamais d’en définir les limites, ni encore moins qu’on soit autorisé à nier les entités spécifiques. Une autre prétention de la doctrine monogénésiaque, c’est de nous rendre un service signalé en nous délivrant d’un être de raison qu'on appelle le plan général de la nature : chimère trop longtemps caressée par les natu- ralistes idéologues. Elle explique plus simplement, dit-elle, les affinités ou les similitudes d'organisation en nous montrant que tous les êtres proviennent les uns des autres par des modifications progressives qu’en faisant intervenir une prétendue conformité de plans imaginaires suivis par le Créateur. Voyons si le service qu’on croit nous rendre est aussi méritoire qu’il le paraît. Cette analogie fondamentale des êtres, cette uniformité dans l'ordonnance générale du corps des animaux ou des plantes, qui s'appelle plan normal, ordre essentiel, n'est-elle donc, comme on l’a dit, que l'expression des catégories de la pensée créatrice ? Si je croyais la science moderne condamnée à s’en tenir à cette formule, sous peine d’embrasser les errements de la monogénèse, je verrais dans cette circonstance une condition d’infériorité pour la polygé- nèse que je défends, ainsi qu'une présomption de succès pour la doctrine adverse. Mais tel n’est pas le cas. L'unité de composition, exposée avec tant de supériorité par Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, n’est pas simplement une manière de concevoir certains rapports d'organisation entre les différentes espèces de la série zoologique; elle possède une réalité plus concrète et trouve sa raison d'être, sa nécessité même, dans les conditions cosmiques où se développe l’animalité, Les êtres vivants, ayant été créés postérieurement à la matière brute et aux forces qui la régissent, devaient subir les influences du milieu qui leur était imposé. Formés de matières soumises, malgré la vie, à l'empire des forces générales de la nature, leur organisation ne pouvait manquer de refléter les lois physiques. De cette domination exercée par les agents physiques sur la vie découlent, pour l'anatomie et la physiologie, en un mot pour l'orga- nisation, des règles générales auxquelles les deux règnes sont également assujettis. Par exemple, il est aujourd’hui reconnu par tous les physiciens qui se sont occupés de la corrélation des forces (1) que la chaleur est l'intermédiaire le plus efficace pour établir des relations entre les divers agents, principes de la nature, c'est-à-dire pour mettre en jeu les autres forces, et que l’action chi- mique est le meilleur moyen de faire évoluer de là chaleur. Il est clair, d’après (1) Consultez principalement sur ce sujet : MM. Grove, Hirn, Joule, Meyer, Séguin, etc: J'ai moi-même exposé longuement cette théorie, dans ses applications à l’économie humaine, dans un cours de pathologie générale professé à l’École de médecine (1858-59, suppléance de M. le professeur Andral), et depuis, M. J. Béclard a publié un excellent mémoire sur un point fondamental de la question, SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 375 cela, que les machines animées qu’on appelle mammifères, oiseaux, reptiles ou poissons, etc., devaient trouver la source de leurs forces dans les combi- naisons, spécialement dans la combustion, la plus vive de toutes, et dont l'agent principal, l'oxygène, est répandu partout à profusion. Cette première condition en entrainait beaucoup d’autres à sa suite, Il fallait non-seulement des combustibles, mais des appareils adaptés au travail chimique de l’oxydation. La forme de ceux-ci pouvait varier : elle est effecti- vement très diverse, selon les classes animales, mais les principes de leur construction devaient reposer sur un petit nombre de lois qui gouvernent la matière brute aussi bien que l’autre. Et, comme les actions moléculaires ne se passent qu’à des distances excessivement petites, il fallait bien que les corps destinés à agir les uns sur les autres fussent mis en présence, ou mêmé en contact. Pour faire pénétrer l'air dans l’intérieur du corps, il y avait à pro- fiter de la pression atmosphérique, d’où le mécanisme du soufflet respiratoire, réalisé, avec des variantes, chez tous les animaux supérieurs; ou bien à uti- liser l'oxygène en dissolution dans l’eau, d’où les organes proéminents qu’on nomme branchies. La combustion devant être la source de toute force, chez des êtres ambu- lants et libres, il devenait indispensable aussi de les douer d’une cavité inté- rieure servant de réservoir alimentaire ; le canal digestif reçut cette destina- tion. Voilà, par conséquent, des points essentiels de la conformation générale des animaux, qui étaient commandés par ce seul fait que les actions chimiques sont ici-bas le moyen le plus commode de développer et d’emmagasiner de la force. Il serait aisé, remarquons-le bien, de concevoir la machine animale fondée sur de tout autres principes. Admettons, pour un instant, qu’en vertu d'une modification des lois primordiales de la nature, la force dont un organisme a besoin puisse lui être intégrée directement par la radiation solaire; alors l’at- mosphère devient inutile, les divers appareils respiratoires restent désormais sans but. La surface du corps recevant les ondes calorifiques et lumineuses en condensera la force, ou bien, dans une autre hypothèse, s’imprégnera de la substance impondérable qu’Aristote avait sans doute en vue lorsqu'il parlait du diaphane (4), qu’on nomme actuellement l’éfher et dont les divers modes de vibration donneraient lieu aux phénomènes de chaleur, de lumière et d'électricité, De cette manière, l'organisme se trouvera chargé. Pour obtenir ce résultat, il suffirait de dispositions physico-chimiques que l'imagination (1) On lit avec étonnement dans la Psychologie d’Aristote (voy. l'excellente traduction et les notes savantes de M. J. Barthélemy Saint-Hilaire ; Paris, 1846) des considérations générales sur le mécanisme des couleurs, des sons et des odeurs, qui dénotent, de la Part du grand philosophe de l'antiquité, des vues synthétiques aussi larges que celles qui, sous les noms de théorie de l’éther ou de théorie de la corrélation ou de la transfor- Mälion des forcés physiques, semblent le couronnement de la science moderne. 376 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. conçoit sans trop d'efforts en présence des phénomènes aujourd’hui bien vulgaires, mais toujours merveilleux de la plaque daguerrienne. La nutrition pourrait, à la rigueur, s’exécuter d’une manière analogue par des courants de molécules matérielles introduites concurremment avec celles des fluides impondérables. A ce compte, des êtres pensants et doués d'organes sensitifs et locomo- teurs, mais, bien entendu, autrement organisés que les animaux telluriens, pourraient vivre sur des planètes dépourvues d'atmosphère, Il ne serait donc pas impossible que de tels êtres existassent dans la lune et dans un astre quelconque privé d’enveloppe gazeuse ou muni d’une enveloppe de gaz inerte. Dans cette même hypothèse d’une intégration directe des forces, sans l'in- termédiaire des actions chimiques et de la chaleur, le tube digestif et ses annexes, les différents appareils respiratoires et ceux de la circulation qui en sont le complément, se trouvent supprimés à la fois. Ainsi, des parties essentielles de l'organisme sont subordonnées non- seulement quant à leur modalité, mais même quant à leur existence, à un fait purement physique. Il en est de même pour tous les autres élé- ments de l’organisation. L'appareil locomoteur doit en partie sa structure à la préexistence de la gravitation universelle : l'usage des leviers suppose un point d’appui. Tandis que si, par impossible, l'attraction était anéantie, ‘ou si un organisme se trouvait dans le vide céleste, à égale distance de toute masse gravitante, sans pesanteur, et conséquemment dans une sorte d'indifférence vis-à-vis du reste du monde, le mécanisme des leviers et des poulies lui serait inapplicable. Son déplacement pourrait alors s'effectuer en vertu d’une rupture d'équilibre, produite par un procédé quelconque, dans la tension de l’éfher ambiant, ou bien à l’aide de courants attractifs et répulsifs, improvisés dans les êtres avec lesquels cet organisme se trouverait en rapport. Ici encore l'appareil est visiblement subordonné à une condition matérielle. Le règne végétal, à son tour, nous offre de semblables connexions entre les forces générales de la nature et l’organisation des plantes. La couleur verte des parties herbacées, par exemple, est en rapport avec les qualités spéciales du rayon vert du spectre lumineux. Nulle couleur, aussi bien que le vert, ne se prêtait à la décomposition de l’acide carbonique en ses éléments. Au reste, le rôle d'appareils réducteurs, dont les végétaux sont chargés dans l’économie du monde organique, étant le corollaire de la disposition inverse chez les ani- maux, dépend encore indirectement du fait primordial auquel se rattachent les dispositions fondamentales de l’organisation dans l’autre règne, à savoir que la chaleur est le meilleur trait d'union entre les forces générales de la nature. Si nous descendions aux détails de la question, nous rencontrerions les mêmes nécessités, la même subordination des organismes aux forces phy- SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 977 siques, la même harmonie entre les deux ordres de phénomènes du monde vivant et de la matière brute. Il me serait facile de poursuivre le cours de cette démonstration. Sans renoncer pour l'avenir à ce travail séduisant, je me contente pour le moment de dévoiler ce nouvel horizon et d'appeler de ce côté les méditations de mes collègues. Une comparaison fera mieux saisir ma pensée sur la similitude fondamen- tale des êtres vivants, rendue par ces mots d’ordre essentiel, de type général, d'unité de composition. Quels que soient les aspects divers des monuments égyptiens, grecs, romains, gothiques ou composites, leurs ressemblances, quand on veut aller au fond des choses, sont plus grandes encore que les différences des ordres architectoniques. Au milieu de la diversité des styles, il y a quelque chose de nécessaire et de constant, à quoi l'imagination la plus hardie, le génie le plus inventif ne sauraient soustraire l’art de bâtir: c’est de faire des murs, sinon verticaux, témoin la tour de Pise, du moins établis de telle sorte que la verticale abaissée du centre de gravité tombe dans l’intérieur du périmètre de la base : c’est de ménager des ouvertures pour le passage de la lumière et de l’air, vu que les matériaux sont opaques et imperméables : c'est encore d'utiliser la pesanteur, en respectant ses lois, pour établir des cintres au-dessus de ces solutions de continuité. Toutes ces conditions essentielles se retrouvent forcément dans les monuments de tous les âges et de tous les peuples. Eh bien! la conformité de structure fondamentale qui se remarque dans la série des êtres vivants était exigée par les lois physiques, comme les principes fonda- mentaux de l'architecture. Le plan normal de la nature exprime à mes yeux la subordination des organismes aux lois qui gouvernent la matière en général, et la réalisation de la vie (1) sous des conditions déterminées d'avance par des forces supérieures et antérieures à son apparition. Dès lors, l'unité de composition s'explique selon les lois naturelles dans la doctrine de la polygé- nèse aussi bien que dans la fhéorie de l'origine commune, et nous n ’avons que faire de la solution qui nous est offerte par les monogénésiaques. Si l'organe fait la fonction, une exigence fonc- tionnelle entraîne à son tour une modification organique correspondante. Les conditions auxquelles s’astr eignait la puissance divine, lors de la créa- tion des premiers êtres vivants, sont encore celles qui régissent les modifica- tions acquises temporairement par les types or ganiques du monde actuel. Cette vérité ressortira clairement de l'aperçu que nous allons tracer us du mécanisme de production des variations dont la réalité se trouve précé- demment établie. - (1) C'est-à-dire des êtres vivants. 378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La sélection, qu'il ne faut pas confondre en ce cas avec la monogénèse, s’in- quiète fort peu des causes déterminantes des altérations morphologiques : elle se contente de supposer une déviation du nisus formativus, presque aussi fortuite et inexplicable que l’étaient autrefois ces bizarreries de la nature mises sur le compte d’une force vitale capricieuse et déréglée, et qui, grâce au travail classique d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, constituent la science moderne de la tératologie. Soutenir contradictoirement que rien ne se produit en opposition avec les lois de la nature; que l’anomalie n’est autre chose qu’un phénomène naturel, soumis à des combinaisons de conditions génératrices, extraordi- naires dans le sens grammatical du mot, c’est plaider une cause gagnée. Les irrégularités de la force plastique, aussi bien que les autres, sont susceptibles d'être ramenées à des lois qu’il convient de rechercher, et ces lois, nous le savons d'avance, sont celles de la physiologie. Les circonstances modificatrices sont, par conséquent, les agents naturels dont nous allons étudier l'influence sur la variabilité des types. Avant de pénétrer dans le domaine de l’observation positive, je ne puis cependant résister au désir d'ajouter une hypothèse à toutes celles qui ont été émises pour expliquer les transformations des types, à partir de la création. Dans un grand nombre d'espèces botaniques et zoologiques, les individus sont sujets à de véritables métamorphoses connues de toute antiquité. La science moderne, allant plus loin, a constaté des changements analogues, se produi- sant dans les deux règnes par l'intermédiaire de la reproduction, ce qui con- stitue les générations alternantes. Ne serait-il pas possible que certaines espèces, en apparence constantes, fussent réellement dimorphes ou polymor- phes, mais que les transformations du type, au lieu de se produire à chaque génération, ne se manifestassent que tous les dix, tous les vingt ans, tous les siècles, et même à des intervalles plus longs encore? Tellement qu’un type pour ainsi dire immuable pendant une fraction plus ou moins considérable d'une période géologique, ou même durant une période géologique tout entière, fit place ensuite à un autre type entièrement différent, et dont rien, anatomiquement du moins, ne ferait soupçonner la filiation par rapport au premier. Je n'iasiste pas sur cette vue conjecturale, que je livre pour ce qu’elle vaut, et je me hâte d'arriver à l’action des causes extérieures sur les variations morphologiques des espèces. Cette question réclame une étude d’ensemble fondée sur des recherches multipliées et approfondies. Je ne puis émettre ici que des considérations générales et poser quelques jalons, me réservant de publier ultérieurement les résultats de mes investigations sur plusieurs points circonscrits de ce vaste sujet. Les causes modificatrices de la matière organisée vivante, négligées par les partisans de l’inmutabilité presque absolue des types, n’ont été convenable- ment appréciées que par ceux qui admettent la variabilité restreinte, ou par SÉANCE DU 25 JUILLET 1862, 379 les monogénésiaques, qui, sous ce rapport, ont bien mérité de la science. Lamarck, Étienne et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Fréd. Gérard ont insisté sur cet ordre de faits et accordé l’importance qu’elles méritent aux conditions de nourriture, d'habitat, de climat, En faisant l'application de ces données au cas des animaux domestiques, plusieurs auteurs ont émis, selon moi, des propositions erronées, contre lesquelles il importe d'autant plus de se pré- munir que les règles déduites de l'observation des êtres placés constamment sous nos yeux sont ensuite appliquées à l’ensemble des règnes organiques. On a dit que la domesticité créait des genres de vie bien plus différents que ne fait l’état sauvage. Or, à part les habitudes communiquées par l'éducation, c'est justement l'inverse qui est vrai. En effet, combien sont variables les circonstances de température et d'humidité, suivant le jour et la nuit, suivant la contrée géographique sous des parallèles peu éloignés, suivant l’époque de l’année dans chaque lieu. Par la domestication, les animaux échappent en grande partie à ces vicissitudes ; chaque nuit les étables les abritent; les bes- tiaux ne quittent même plus leurs toits pendant la rude saison. Ensuite, sous la protection de l’homme, il n’y a plus pour eux ces alternatives de superflu et de disette que les rigueurs de l'hiver ou les ardeurs de l’été amènent pério- diquement dans les régions glacées ou dans les pays brûlés du soleil. La nour- riture est abondante, mais réglée ; il n’y a ni excès ni famine, Les qualités mêmes des aliments sont sensiblement pareilles sous des lati- tudes assez différentes. Les prairies artificielles sont formées à peu près des mêmes essences au nord et au midi de l'Europe, et, quant aux prairies natu- relles, l’industrie humaine tend à les rendre presque semblables, en ce que l'irrigation artificielle venant humecter celles qui sont trop arides, et le drai- nage, ou tout autre système, assécher celles qui sont trop mouillées ou maré- Cageuses, le tapis végétal y devient, pour ainsi dire, uniforme, Je ne parle pas des amendements, qui finiront par effacer les distinctions des sols en sili- ceux et calcaires. . Au résumé, l’homme s'ingénie partout pour se garantir des injures des élé- ments. Ici, il se barricade contre le froid, là, contre la chaleur, ailleurs contre l'humidité ou la sécheresse extrêmes. Il se confine, au besoin, dans une atmosphère restreinte, afin d'échapper aux causes de maladie ou de destruction qui le menacent, et les êtres associés à son existence parli- Cipent à ces conditions tutélaires. Les animaux domestiques, en particulier, sont soumis à des influences plus uniformes que leurs espèces à l’état sauvage. L'excès de nourriture des animaux domestiques et des plantes cultivées, n'étant qu’un fait exceptionnel, ne saurait être, comme le veut Andrew Kaight, la source de toutes les variations observées chez les uns et les autres. J’accor- derai que l'alimentation excessive puisse être, dans certains cas, un facteur dont il faille tenir compte, mais je maintiens que la variabilité des races sou- 580 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mises à l'empire direct de l’homme tient à d’autres causes que la plus grande diversité des conditions physiques qui leur sont faites. Ces causes, il faut les chercher surtout dans l’action lente des habitudes imposées aux animaux par leurs maîtres et dans l'intervention du choix volontaire de l’homme qui, par mode ou autrement, préfère en certains temps des formes qu "il négligera plus tard. Le carlin s’en va, le chien-loup se propage. Il en est de même des preneurs-de-rats, devenus tout à fait indispensables à Paris depuis l'invasion des surmulots et la longanimité des chats nourris dans une molle oisiveté. L'entraînement et la sélection méthodique prennent une large part à la production des races domestiques. Cette cause n’est pas la seule; l’hybridation, d'après MM. Darwin et Giebel, serait un élément puissant de variabilité chez les chiens, qui proviendraient originellement de deux espèces sauvages distinctes. La métisation de deux races géographiques de la même espèce peut sûrement, dans une certaine mesure, augmenter la flexibilité des types. Voici comment je conçois l’étiologie des variations chez les animaux domes- tiques. Le défaut d'exercice, d’aération et d’insolation constitue une cause prédisposante de ces déviations typiques. En affaiblissant et en amollissant les organismes, il les rend plus ductiles et les prépare à recevoir l'empreinte des agents extérieurs. La métisation, intervenant à son tour, affolerait les espèces ; puis les agents cosmiques, agissant en qualité de cause occasionnelle, déter mineraient le sens et l'étendue des écarts. Enfin, parmi les variations produites, l'homme ferait choix de celles qu'il lui plairait de propager. Ainsi se formeraient et s’accu- seraient de plus en plus, par l’hérédité, les ràces si nombreuses et si diverses des espèces domestiques. Quant aux animaux et aux plantes qui restent à l’état sauvage, ils sont sou- mis à des influences analogues: seulement, en l'absence de la sélection volon- taire exercée par l’homme, leurs variations sont moins nombreuses, moins dissemblables et plus lentes à se former. Quand on étudie, au point de vue étiologique, les diverses modifications des types spécifiques, on ne tarde pas à reconnaître que chaque déviation se rencontre au milieu d’un concours de circonstances toujours semblables, et que des conditions extérieures différentes engendrent des formes également distinctes. Quelle est la part de chaque élément dans le résultat commun? C’est ce que nous aurons à préciser plus tard ; mais, dès à présent, le rapport de causalité est au-dessus de toute contestation. Le sens de la déviation est si bien déterminé pour chaque groupe de conditions cosmiques, qu’étant donnée une variété d’un type quelconque, il sera souvent facile de remonter à l'en- semble des circonstances de climat et de terrain au milieu desquelles elle s’est produite, Empruntons nos exemples au règne végétal, nous verrons qu'une série de modifications typiques, engendrées par les diverses conditions SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 381 d'existence des plantes, peut se rencontrer dans toutes les espèces indistinc- tement. Un sol riche, ombragé et humide, élève la taille, fait prédominer les parties foliacées sur les organes reproducteurs, etc. Chaque espèce possède ainsi une variété xmbrosa. Un terrain sableux, aride, l'exposition en plein soleil produisent des effets opposés : brièveté de la taille, sécheresse des tissus, coloration plus intense, villosité plus prononcée. Lamarck et Linné ont déjà noté le fait. Lorsque les excitants et les aliments de l'organisme font simultanément défaut, les dimensions des individus se trouvent tellement réduites qu'il en résulte des nains. Mais, suivant les combinaisons de circonstances qui ont amené cette excessive diminution de la taille, les plantes naines offrent une physionomie différente. Ont-elles été étouffées, pour ainsi dire, au milieu d'espèces plus vigoureuses, comme l'Æ/ypericum humifusum dans les blés : alors les individus sont grêles, à tiges filfformes, simples, pauciflores. C'est la variété segetalis, qui mériterait mieux encore le nom de famélique. Est-ce, au contraire, la chaleur qui a manqué ou le vent qui a sévi: la plante, rabougrie, déprimée, semble ne pouvoir se détacher de la terre, qui la nourrit, l’échauffe et l’abrite. Elle est constituée par une simple rosette de feuilles, du milieu de laquelle se détache à peine un axe florifère, raccourci, portant deux ou trois fleurs en apparence sessiles. C’est la variété alpine, que je proposerai d'appeler frimaire, parce qu’elle se rencontre ailleurs que sur les sommités montueuses et qu’elle appartient à beaucoup d’espèces précoces de nos contrées. L’immersion continue dans l’eau détermine aussi des changements remar- quables chez beaucoup d'espèces végétales. Les feuilles s’allongent, en tous cas, et se découpent souvent en divisions capillaires. Citons les Renoncules batraciennes, plusieurs Ombellifères, le Sagittaria sagittifolia, inondé, à feuilles rubanées, et le Sagittaria natans, à feuilles dimorphes, observé par Pallas en Sibérie. C’est la variété aguatilis. L'eau salée, l'atmosphère maritime et les autres circonstances dues au voisinage des mers produisent d’aussi profondes altérations de la forme spécifique. Il en résulte une taille plus courte et plus robuste, des plantes trapues, munies de tiges, de feuilles surtout, charnues, succulentes, souvent glabres, quelquefois pourtant plus chargées de poils que dans les types Mméditerriens (4). Telle est la forme maritime la plus habituelle. Il y ispensable à l'expression du fait que je (1) Qu'on me pardonne ce néologisme, ind F1 t dans le milieu des Yeux indiquer. Les plantes méditerriennes sont celles qui viven ( terres, à J’abri des influences maritimes. Je ne pouvais les nommer méditerranéennes, ce qui eût signifié tout autre chose; elles ne sont pas non plus exclusivement conti- Frs Quant à l’épithète terrestres, elles ne la méritent pas plus que les especes du oral. 352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en a d’autres que je passe sous silence, pour épargner des longueurs inu- tiles (1). AUDE Après ce. coup d'œil jeté sur les principales variations, une étude plus attentive fera reconnaître que les modifications, considérées en elles-mêmes, sont de plusieurs sortes : les unes directes et consistant en de simples chan- gements matériels d'ordre physico-chimique ; les autres indirectes, plus ou moins complexes et organico-vitales. A la première catégorie se rapportent les faits suivants : Dans un terrain dépourvu de calcaire, les plantes qui éliminent de la chaux par des glandes spéciales, ont des feuilles moins tuberculeuses, parce qu'elles sont moins chargées de sels terreux. Les chaumes des céréales sont moins élevés et moins résistants dans un sol où manque la silice. D'un autre côté, M. Moquin- Tandon et d’autres observateurs ont remarqué que les mollusques terrestres ont des coquilles transparentes comme la corne dans les terrains primitifs ou siliceux. Enfin, suivant l'intensité de la lumière, la coloration des feuilles et des enveloppes florales, chez les plantes, est plus ou moins foncée; les coquilles des mollusques, les élytres des insectes sont plus ternes ou plus brillantes. Rien de plus facile à comprendre que ces particularités : ce sont des effets purement physiques, comparables à l'opacité du papier obtenue à l’aide de l'introduction du sulfate de chaux dans la pâte, ou à ces colorations des matières organiques, dues à la combustion lente de substances chromatogènes, à laquelle M. Liebig a donné le nom d'érémacauste. Mais d’autres modifications morphologiques ne se rattachent pas aussi clai- rement à leur cause supposée. De quelle manière agissent les circonstances extérieures pour déterminer un pilosisme exagéré, la découpure capillaire du système foliacé, ou bien la transformation charnue des parties vertes? Ici les phénomènes sont plus compliqués et leur enchaînement est plus obscur. Cherchons cependant à nous en rendre compte. Tout changement dans le milieu ambiant et, quand il s'agit des animaux, tout changement d'habitude, déterminent une modification correspondante dans le fonctionnement et la nutrition de l'être vivant, car toute altération des con: ditions extérieures, tout ce qui est autre, devient une cause d'activité pour les organismes. Que l’altération ait lieu en plus on en moins, il en résalte toujours une excitation pour l'économie vivante, semblable en cela à la pile thermo-électrique, dans laquelle on produit un courant, soit qu'on échauffe ou qu'on refroidisse l’une des soudures. D'ailleurs, la stimulation s'adresse tantôt à un appareil, Lantôt à un autre, sauf à s'étendre ou à se généraliser plus tard, (1) Le travail que j'ai préparé sur les formes maritimes se trouve indiqué d'avance paf l'illustre auteur de l'Histoire naturelle générale, à qui j'en avais communiqué les prin- cipales conclusions (voy. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire naturelle générale des règnes organiques, t. IT, 2° partie, p. 373): SÉANCE DU 25 JUILLET 186. 383 en vertu de ce consensus qui fonde l’unité individuelle. Pour éclaircir cette proposition, prenons un cas vulgaire. Le froid stimule la sensibilité et la circulation capillaire de la peau; il aug- mente l’hématose cutanée et la chaleur périphérique, provoque à l'exercice musculaire, et conséquemment à la dépense de combustible, aiguise l'appétit et active les fonctions digestives, appelle des aliments plus substantiels et favo- rise la nutrition. Finalement il développe la masse du corps et crée le tempé- rament sanguin avec la constitution athlétique, si ce n’est d'emblée chez l'individu, du moins à la longue, dans sa race. C’est ce qui a lieu dans les âpres climats du Nord. Des effets inverses se produisent sous l’action éner- vante de la température des tropiques. Chaque circonstance exerce de même, sur l’organisme, une influence locale ou générale, légère ou forte, dont le sens, la valeur ei la diffusion sont déter- minés par des lois biologiques en partie connues, telles que celles de l’excita- bilité, des sympathies, du balancement organique, de la corrélation de déve- loppement, etc. L'agent extérieur porte son action sur un organe ou sur un appareil, dont il élève, abaisse ou pervertit les actes physiologiques. Consécutivement, les phénomènes nutritifs et plastiques subissent un changement analogue, attendu que l’activité fonctionnelle est le véritable régulateur de la nutrition. Mais, chez les êtres vivants, la réaction est rarement égale à l’action ; d'ordinaire elle lui est supérieure: mais parfois aussi elle est nulle. De plus, chacun répond à sa manière aux excitations du dehors. Dès lors on conçoit que l’action des causes cosmiques donne des résultats disproportionnés à sa puis- sance et différents selon l’état de l'individu à qui elle s'applique et selon l’es- pèce à laquelle cet individu appartient. Il n’en existe pas moins un certain l'apport, et même un rapport certain, entre la nature de la cause et le sens des déviations organiques ; seulement l'organisme n’est pas astreint à réagir Suivant une seule direction. Contre chaque atteinte de la matière brute, il a plusieurs manières de manifester sa résistance. Cette lutte engendre à la longue, dans les parties affectées, des altérations de forme, d’étendue, de rapports, etc. (1), qui, sans faire des organes entièrement nouveaux, constituent cependant une modalité nouvelle dans l'économie de l'animal ou de la plante. La transformation n’est donc pas l'effet immédiat de la cause externe. Provoquée par la condition insolite (1) Toutefois, les effets du milieu sur les organismes ne se traduisent pas toujours par des changements extérieurs très apparents. Chez les plantes et chez les animaux, l'adap- tation peut s'effectuer à l’aide de modifications dans le fonctionnement, la crâse des humeurs et la structure intime, sans altération grossière des caractères morphologiques. Le type organique se conserve, mais le tempérament change. Il suit de là que tous les 'eprésentants d’une espèce extensive, pris indifféremment au centre et aux limites de son aire de végétation, pourraient se ressembler presque exactement au point de vue de la Conformation et de l’aspect extérieur. 38/ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du milieu, elle est effectuée par les forces organiques anormalement excitées. -Or, en se modifiant elles-mêmes, les espèces végétales et animales tendent constamment à ce but : de rendre leur économie moins accessible aux trou- bles suscités par les agents physiques qui conspirent à sa perte, bien qu'ils lui fournissent à toute heure ses moyens d’existence. Un sang plus riche permet aux animaux hyperboréens de fabriquer plus de chaleur, une fourrure plus épaisse et souvent blanche les empêche de la perdre par le contact ou par le rayonnement. Grâce à ces dispositions, l'existence des mammifères et. des oiseaux devient possible jusque sur les glaces des pôles. La prédomi- nance hépatique chez les peuples tropicaux a visiblement pour but l’élimina- tion des matières incomburées qui échappent à une respiration imparfaite. La couche pigmentaire épaisse de la peau du nègre me paraît destinée à éteindre les vibrations lumineuses de la radiation solaire et à préserver d’une désorganisation les parties si délicates dévolues à la sensibilité tactile. C’est ce qui fait que la plupart des hommes de la race blanche brunissent si rapidement quand ils s’exposent aux ardeurs du soleil. Je vois encore une preuve de cette admirable harmonie, entre les besoins et l’organisation, dans la formation d’une membrane interdigitale, favorable à la natation, chez les chiens de Terre-Neuve, qui sont, par leurs mœurs, de véritables amphibies. Je montrerai plus tard que les types végétaux sont également appropriés à leur milieu, et que les variations accidentelles de ces types, notamment les variétés frimaires, aquatiques et maritimes, sont en rapport avec l’accommodation des organismes aux circonstances particulières de leur habitat. En se plaçant à ce point de vue, des particularités de structure, qui parais- saient auparavant des traits insignifiants du type morphologique, prennent aussitôt la valeur d’un caractère biologique d’une importance considérable, et l’on se trouve amené à cette conclusion : à savoir que, sé l'organe fait la fonction, ce qui a l'évidence d’un axiome, une exigence fonctionnelle entraine à son tour une modification organique correspondante. Ces points fondamentaux une fois établis, la solution d’un certain nombre de questions subsidiaires en découle presque naturellement. Telles sont celles de l’acclima- tation et des limites de la variabilité. VI Le principe de l'adaptation me paraît dominer toute la question de la variabilité des types. Les espèces ne varient que dans la mesure nécessaire à cetle adap- tation. Les naturalistes qui se sont occupés de la mutabilité des types se sont géné- SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 389 ralement contentés d'établir que les variations existent et qu’elles résultent de l’action des agents physiques de la nature (1). Dans cette simple donnée, rien ne permet de prévoir où les variations acci- dentelles du type doivent s'arrêter; car, si les causes complexes de ces muta- tions de formes se réduisent à des influences de chaud et de froid, d'ombre et de soleil, d'humidité et de sécheresse, de légèreté et de pesanteur ou de calme et d’agitation de l'air, il est évident que les effets produits seront pro- portionnels à l'intensité de ces influences, et que, celles-ci devenant excessives, les changements survenus devront être énormes. En d’autres termes, les con- ditions de température, de lumière, de pression, d’hygrométrie, etc., étant indéfiniment variables suivant les latitudes et les périodes géologiques, il s’en- suit que les formes d’un même type primitif sont nécessairement indéfinies elles-mêmes. Or la conséquence et le principe me paraissent également faux. Non, les circonstances telluriques et météorologiques ne sont pas la raison suffisante des changements qui s’opèrent dans les êtres vivants; elles ne sont que les causes déterminantes de ces métamorphoses, dont la véritable cause efliciente réside dans l'aptitude des organismes à s’accommoder aux condi- tions nouvelles des milieux où ils sont appelés à vivre. Cela est tellement vrai, que certains d’entre eux résistent à ces influences inaccoutumées et périssent plutôt que de s’y soumettre. Si d’autres organismes, plus maniables, se lais- sent transformer, ce n’est pas qu'ils ressentent les actions des forces physiques à la manière des corps bruts; ce n’est pas qu’ils se laissent simplement gon- fler par l'humidité, dessécher par le vent ou brûler par le soleil ; leur rôle est loin d’être absolument passif; ils réagissent, au contraire, contre ces influences devenues offensantes, et se façonnent si bien qu'après avoir résisté à des causes presque délétères ils finissent par fonctionner régulièrement dans leur nouveau milieu. Les mutations des espèces animales ou végétales, par le fait de leurs condi- tions d'existence, ne sont donc pas des effets directs et nécessaires de ces circonstances physiques, elles en sont les conséquences détournées et contin- gentes. La chaleur, par exemple, n’est pas plus la cause efficiente et suffisante de la formation d’une variété, qu’elle n’est la cause efficiente et suflisante de la germination d’une graine, ou que la main qui met en mouvement un mécanisme compliqué n’est la cause génératrice des tissus fabriqués par cette Ierveille de l’industrie. / Ainsi les modifications des êtres créés ne sont pas des empreintes laissées (1) Lamarck, à la vérité, accordait une grande importance aux habitudes, mais il en exagérait le rôle aux dépens des actions physiques, et de plus il ne paraissait pas se faire une idée exacte de l’enchaînement des phénomènes fonctionnels et nutritifs con- Courant au résultat final. Les auteurs plus récents n’ont pas insisté non plus sur cette corrélation, tout en tenant compte de l'influence des habitudes. TL 1x 25 386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par les agents de la nature; ces modifications révèlent une réaction orga- nique contre des influences insolites exercées par ces agents, et elles ont pour but, ou si l’on veut pour résultat, de conformer l'espèce à ses nouveaux besoins. Le principe de l'adaptation me paraît dominer toute la question de la varia- bilité des types. Les espèces ne varient que dans la mesure nécessaire à cette adaptation. Ce qui change, ce sont les conditions de forme et de structure devenues incompatibles avec le milieu ambiant ; les caractères immuables sont ceux qui n’importent pas au fonctionnement régulier de l'espèce. Que sert l’éperon aigu des fleurs de Linaire à la vie normale de la plante, et en quoi ses trans- formations pourraient-elles aider l'espèce à supporter un climat qui ne lui convient pas? Qu'importe à la végétation, ou même à la reproduction, que les feuilles soient peltées ou bien réniformes ; que les fleurs soient jaunes ou rouges, régulières ou anomales; que les étamines soient soudées en un ou deux faisceaux ; que les tiges soient volubiles à droite ou à gauche ? Eh bien! toutes ces particularités, qui n’expriment, pour ainsi dire, que l’idée créatrice, d'autres diraient que les caprices de la force plastique, tout cela échappe à l'influence des vicissitudes cosmiques. Il en est tout autrement pour les caractères de glabréité ou de pilosisme, pour la présence ou l'absence de l’enduit cireux, pour l'existence de racines fibreuses ou pivotantes, courtes ou prolongées, sèches ou tubéreuses, et encore de feuilles entières ou finement découpées, laminaires ou charnues, à stomates nombreux ou rares, à épiderme mince ou calleux. Voilà les détails d'organisation qui influent sur le mode de végétation de la plante et qui doi- vent subir des changements en rapport avec ceux du milieu. D'après cela, l’action des climats se fera sentir sur le système végétatif, de préférence au système reproducteur; elle s’exercera principalement sur les caractères superficiels, non sur ceux qui touchent au fond même de l'organi- sation. Ou bien, si elle s'étend aux organes de la reproduction, comme chez les nains, elle respectera, en tous cas, l'immense majorité des qualités qui distinguent les types. L'essence, telle que nous l'avons définie, ne changera donc pas. Et, comme les caractères supérieurs de classe, de famille et même de genre se tirent de l’anatomie de structure et ‘de l'appareil reproducteur, plutôt que des particularités de formes du système végétatif énumérées ci-dessus, il est clair queles végétaux pourraient difficilement par leur trans- formation passer d’un genre à un autre, et à plus forte raison d’une classe à une autre. ; Nous voilà donc conduits, par l'induction, à une conclusion tirée déjà de l'observation directe des faits. Les agents extérieurs, je le répète, ne chan- gent pas l'essence d’un type organique, c’est-à-dire qu’ils n’en altèrent que certains traits plus ou moins apparents, en respectant les caractères vraiment SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 387 fondamentaux. « Malgré l’étonnante mobilité des formes, dit M. Decaisne, » les véritables caractères spéciaux restent tout à fait inébranlables; » ce qui permet à l’être vivant, ainsi modifié, de revenir à sa forme première, lorsqu'il retourne à ses anciennes conditions d'existence, ou de changer encore s’il est soumis à d’autres influences cosmiques. Seulement ces réversions ou ces transformations seront d'autant plus lentes et plus difficiles à effectuer que la modification première aura été elle-même plus profondément burinée par le temps, et qu’elle aura traversé, en se perpétuant, de plus nombreuses géné- rations. L'atavisme donnera, en certains cas, aux caractères acquis, une fixité qui pourra faire illusion sur l’autonomie d’un type organique dérivé, et lui fera accorder le titre d’espèce indépendante. En pratique, il ne sera donc pas tou- jours aisé de décider la question de savoir si l'on a affaire à une espèce dis- üncte ou seulement à une race ancienne. Ceci nous ramène à jeter un dernier coup d’œil sur la définition de l'espèce. Puisque la forme n’est qu’un élément de diagnose de l'espèce, et un élé- ment de valeur secondaire par rapport à l'essence, il semblerà peu convenable de continuer à donner le nom d'espèce (species, apparence) à un type orga- nique qui, sans cesser d’être lui-même, peut offrir plusieurs aspects morpho- logiques très éloignés. La dénomination de genre (genus) serait assurément plus rationnelle pour exprimer la collection des formes multiples, issues d’une même souche primordiale, comme une famille humaine d’un père ou généra- teur commun. Mais une pareille réforme de langage serait bien difficile à faire accepter de l’universalité des savants. Depuis Tournefort, l’espèce est consti- tuée sur ses bases actuelles, et le mot species s'applique aux types dont le polymorphisme est reconnu, sans qu’on ait songé à voir une contradiction entre cette expression et les caractères des êtres qu’elle désigne. En parlant de l’espèce naturelle, on peut discuter sur la prééminence de tels ou tels carac- tères ; mais tout le monde s'entend aujourd’hui sur ce dont il s’agit. Le sens étymologique du mot a fait place, depuis longtemps, à une signification con- ventionnelle ; il est même si bien oublié, que les mots spécifique et spécificité sont pris maintenant, en histoire naturelle et en médecine, dans la même acception que ceux d’essentiel et d’essentialité. Je ne prétends pas que cette Corruption ne soit pas fâcheuse, je constate seulement le fait et l'impossibilité de rompre à présent avec un usage général et invétéré. Toutefois, l'abus des distinctions spécifiques, si regrettable d’ailleurs, aura Peut-être l'avantage de ramener la science à de plus saines applications des expressions dont je critique l'emploi. La subdivision excessive des types lin- néens conduit, en effet, à accorder à l'espèce la valeur d’une variété, et au genre celle d’une espèce. Si telle doit être l'influence de l'école ultra-analy- tique, je me sens disposé à lui faire grâce d'avance des torts qui lui sont impu- tables à d’autres égards. 385 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quand le mot species (32) sera restitué à sa véritable signification, on s’en servira pour désigner des races plus fixes que les autres, et relativement irréversibles. Alors il sera juste de dire, avec l’un des botanistes les plus pro- fonds de notre époque, M. Naudin, que les variétés se spéciéisent de plus en plus par la continuité d'action des circonstances qui leur ont imprimé leur cachet distinctif, Mais, en même temps, le genre se sera substitué à l’espèce, et c’est à lui que s’appliqueront dorénavant les vues qui nous ont guidé dans l'étude de cette dernière. En attendant, je suis obligé d'accepter l’espèce telle qu’elle est établie du consentement unanime des naturalistes, et telle que la comprennent ceux-là mêmes dont les errements taxonomiques tendent à en fausser la définition. Ces explications entendues, à quoi bon poser la question de savoir si le changements amenés par les circonstances climatériques peuvent être assez considérables pour faire une espèce nouvelle aux dépens d’un type préexis- tant? La réponse, en effet, sera affirmative ou négative suivant l’idée qu'on se fera de l’espèce. J'ai signalé ailleurs, chez les plantes naines, des particularités qui, dans la manière de procéder des botanistes modernes, conduiraient logiquement à les constituer non-seulement à l’état d'espèce, mais à l’état de genre séparé, puisque, indépendamment de modifications dans le port et les organes appen- diculaires, le nombre des parties de la fleur subit, en certains cas, une réduction obligée. Les faits analogues à ceux que j'ai rapportés dans mon mémoire sont très nombreux; ils se multiplient pour moi à mesure que j’observe davantage, et, quand ils seront bien appréciés de la majorité des botanistes descripteurs, ils serviront, j'en suis convaincu, à réformer bon nombre d’espèces et à rectifier la taxonomie. Beaucoup d'espèces, décrites séparément dans les livres, ne sont représentées que par les nains des types auxquels elles appartiennent. Je me réserve d’en dresser une liste dans un prochain travail. Les expériences bien connues de M. Decaisne l'ont conduit à réduire le nombre des espèces dans plusieurs genres de plantes; pour lui les P/antago devraient être ramenés à quatre ou cinq types seulement. « Des observations déjà anciennes, dit le savant » professeur, que j’ai faites sur les Zsatis, m'ont démontré qu’une multitude » de plantes, décrites comme espèces distinctes et des mieux caractérisées en » apparence, finissaient par se fondre, dans nos jardins, en une seule, le » classique /satis tinctoria. Il en a été de même d’un genre de Crucifères » découvert en Dahourie, le Tetrapoma, si curieux par la structure de s02 » fruit, qui a repris en peu d’années, au Jardin-des-plantes, la forme n0r- » male d’une Caméline (1). » (1) In Bull. Soc. bot. de Fr. t. IV, p. 338. SÉANCE DU 25 JUILLET 1862, 389 M. Moquin-Tandon (1) considère le Fraxinus argentea, qui croît en Corse, comme une variété du Fr. excelsior. Le Chenopodium conca- tenatum Thuillier n’est à ses yeux qu’une forme du CA. viride, qu’on pourrait obtenir à volonté en coupant le sommet de l'axe principal de ce dernier. M. James Lloyd (2), ayant cultivé, dans son jardin à Nantes, le Pyrethrum maritimum Smith, l'a vu revenir au type 2yr. inodorum. Le professeur Buckman a réussi, après dix ans d'essais, à anoblir le Panais sauvage, comme Louis de Vilmorin la Carotte, et à lui donner une racine charnue très mangeable. Le même expérimentateur, ayant fait comparative- ment, avec toutes les précautions désirables, des semis d’un grand nombre d'espèces de Fétuques, est arrivé à démontrer l'identité spécifique des £es- tuca ovina, duriuscula, rubra et tenuifolia d’une part, et d'autre part des Festuca elatior, pratensis et loliacea. M. Backman va jusqu’à prétendre que le Glyceria fluitans s’est transformé sous ses yeux en Poa aquatica, chose incroyable et qui ferait douter des autres résultats annoncés, si les étroites affinités qui unissent les espèces des différents groupes du genre Festuca ne rendaient excessivement vraiseinblable leur dérivation, pour chaque groupe, d’une même souche originelle. Quoi qu’il en soit, il me serait facile d’allonger la série des exemples favorables à ma thèse, d’après des remarques consignées dans les auteurs ou d’après mes propres observations. Je signalerai ultérieu- rement les faits de ce genre au fur et à mesure que l’occasion s’en présentera; Mais j'affirme dès aujourd’hui qu’une multitude d’espèces, reconnues comme distinctes par les naturalistes, ne sont que de simples formes dues aux circon- Stances climatériques ou hygiéniques, et que les déviations en sens contraires, sous l’empire de conditions opposées, donnent lieu parfois à une telle diver- gence de produits, que deux variétés d’un même type ont pu être placées dans deux genres différents. Voilà à quelles conséquences déplorables conduit la préoccupation trop exclusive de la forme dans la classification des êtres de la nature (3). Le règne animal fournirait aussi bien la preuve des nombreuses illusions auxquelles le métamorphisme organique expose les nomenclateurs. Là, comme chez les végétaux, beaucoup de types créés se trouvent subdivisés arbitrai- (1) Communication orale. (2) Flore de l’ouest de la France, p. 243. (3) J'ignorais, en écrivant ce travail, que je pusse invoquer en ma faveur l’autorité de Linné lui-même. L'immortel auteur de la Philosophie botanique eut, de son vivant, l’occasion de condamner la subdivision excessive des types. [1 exhale ses plaintes à peu près en ces termes : « Les anciens, dit-il, s’appliquaient à nous transmettre des espèces » distinctes, soin superflu! Les modernes, depuis la fin du siècle dernier, plus soucieux » d'augmenter le nombre des plantes, infestent la science de variétés, mises à la place » des espèces, puisqu’un caractère de la plus mince valeur suffit à créer une espèce, au » détriment de la botanique. Tel a été l'entraînement de l'opinion, que les variétés sont » devenues des espèces et les espèces des genres. Vaillant, le premier, s’est opposé à 390 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rement en autant d'espèces qu'ils offrent de formes dissemblables, Dans les deux grandes divisions de l'empire organique, une dissociation abusive des êtres réclame donc pour correctif une synthèse rationnelle. Quelques exem- ples tirés de la zoologie viendraient à point compléter la justification de cette proposition générale ; je m’en dispense, afin de rester fidèle au titre de ce travail, déjà trop long peut-être. Toutefois, je ne saurais me défendre, puisque l’occasion s’en présente, d'exprimer mon avis en ce qui concerne la classifi- cation des variétés de l’espèce humaine. Avec la plupart des philosophes et même des naturalistes, avec M. de Qua- trefages le dernier et l’un des plus habiles défenseurs de la doctrine monogé- niste, je crois à la communauté d’origine, indépendamment de toute consi- dération de dogme et de tradition écrite. Si différents que soient entre eux les Éthiopiens, les Mongols et les Indo- Européens, l’analogie indique qu’ils peuvent procéder d’une seule et même espèce primordiale. D'ailleurs, l'observation démontre qu’il n’est pas un seul caractère qui appartienne en propre à l'une de ces races à l'exclusion des autres, et l’on passe à travers des nuances insensibles en parcourant le cerele des variations morphologiques de l'humanité actuelle. Ainsi la coloration enfumée ou noirâtre des tissus fibreux intérieurs et des enveloppes de l’encé- phale, qui passait pour n’appartenir qu’à la race nègre, je l’ai retrouvée à l'état normal chez les sujets bruns de notre pays, et j'ai eu la satisfaction de voir ce détail utilisé par M. de Quatrefages dans son éloquent plaidoyer en faveur de la monogénie (1). Maintenant, quel est le type primigène de l'humanité, quelles en sont les formes dérivées? Le premier couple était-il blanc ou noir? Les nègres sont-ils des caucasiques torréfés, ou bien, n’en déplaise à l'aristocratie de couleur; Japhet n'était-il qu’un albinos (2), et ne serions-nous que les pâles descen- dänts d’ane race au teint plus foncé? Tout cela je l’ignore, mais ce que je sais de science à peu près certaine, c’est que les différences qui séparent les hommes sont de celles qu'engendrent les influences extérieures, agissant durant tine longuë suite de siècles. Jusqu’à démonstration du contraire, j'äd- ÿ cette hérésie, ensuite moi, bientôt Jussieu, Haller, Royen, Gronove et nombre d’autres, de peur de voir s’abimer la science. » Voici le texte latin de cette importante déclaration : « Veterum constantiam in speciebus distincte tradendis vicit recentiorum studitim numerum plantarim augendi sub fine præcedentis seeuli, et infecit seientiam varietatum introductione, loco specicrum, dum ob notam leviderisem nova species éreabatur in detrimentum Botanices ; eo usque processit opinio, ut varietates evaderent Species, et Species Genera : huic Hæresi sese opposuit -primus Vaillantius, dein Ego; mox Jussiœæus, Hallerus, Royenus, Gronovius, aliique non pauci, ne rueret scientia: » (Car. Linnæi Phil. bot. p. 248. Coloniæ Allobrogum, 1787.) (1) Voyez Mémoires de la Société d’ Anthropologie, 1°® année. (2) Fr. Gérard a imaginé cette singulière hypothèse, qu’il serait aussi malaisé de soutenir que ‘’e combattre. S ÿ Y ÿ D y SÉANCE DU 295 JUILLET 1862. 391 mettrai donc la communauté d’origine comme base naturelle de la fraternité humaine. Démontrer que les modifications contingentes des types morphologiques ne sotit pas des jeux de la nature, mais dés moyens d’accommodation aux conditions nouvelles où les créatures sont appelées à vivre et à se propager, c'était justifier en grande partie les espérances de ceux qui se sont voués aux travaux d’acclimatation. Le principe d’acclimatement n’est qu’un corollaire du fait général d'adaptation aux milieux. Les espèces s’acclimatent à la condition de varier, et les organismes les plus flexibles sont nécessairement ceux dont l’acclimatement est le plus facile. Aussi les animaux ou les plantes qui occupent les aires les plus étendues, à la surface du globe, sont-ils ceux dont le type est le plus varié. Il en est de même pour les genres dont les espèces, qui ne sont guère que des races fixées, sont les plus nombreuses et 168 mieux nuancées. On a donné de ces faits d’autres interprétations en harmonie avec la doctrine monogénésiaque, Je laisse aux savants le soin de décider de quel côté se trouve la plus grande soïnme de probabilités, mais je tiens à signaler une cause d’erreur attachée à la manière habituelle de comprendre l'espèce. Tous Ceux qui n’y voient qu’une forme distincte ont dû méconnaître non- Seulement le phénomène de variabilité accommodative et la possibilité d’ac- climatement, mais encore les lois qui président à la distribution géographique des végétaux et des animaux. Chaque fois qu’un type change de physionomie avec la latitude et les autres conditions cosmiques, il leur apparaît comme une espèce nouvelle; par conséquent, les limites assignées à l’aire des espèces sont généralement trop étroites et les règles déduites de l’étude de ces limites inexactes pèchent par les données fondamentales. L'impossibilité d’acclimater les variétés ou les races découle encore du prin- cipe de l'adaptation, attendu qüe, les variétés ou les races étant produites à peu près uniquement par les influences climatériques et telluriques, ces modi- fictions des types primitifs doivent subir de nouvelles transformations dans des circonstances autres que celles où elles ont pris naissance (1). La variété n’est, en effet, qu’tine fôrme revêtue par une essence dans des Conditions extérieures déterminées et différentes de celles de son centre de création: Une espèce ubiquiste ou flexible peut se propager dans des climats Pour ainsi dire contraires; mais on aurait tort de croire que les traits dis- tinctifs d’une variété permanente pussent se perpétuer loin des circonstances limatériques qui l'ont engendrée. Les Choux dits de Bruxelles prospètent à ‘ (4) Répandre une plante dans une région très éloignée de celle qu’elle habite natu- rellement, mais analogue d’ailleurs pour le sol, l’exposition, les températures moyenne, Maxima et minima, ce n’est pas faire de l’acclimatation, mais simplement de la trans- Planiation. On confond souvent ces deux vrdres de faits. 392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gand et dégénèrent à Malines; les Oignons-doux et les Piments d’Espagne prennent de l’âcreté dans le nord, et ainsi de suite. Il faut donc renoncer à l'espoir chimérique de naturaliser définitivement les chevaux arabes sous le ciel brumeux de la froide Europe. Gette race ner- veuse, souple, élégante, est fille du soleil et ne fleurit qu’au désert. Le cheval arabe peut vivre et se reproduire dans nos contrées, mais à chaque généra- tion il s'éloignera, bien que d'une manière insensible, des caractères qui le distinguaient à son origine, pour revêtir ceux des races autochthones. L’amé- lioration de l’espèce chevaline repose donc bien plus sur les soins hygiéniques accordés à chaque race locale et sur le choix éclairé des animaux reproduc- teurs, que sur l'introduction de souches étrangères, ou même sur la méti- sation. Ce n’est pas à dire pour cela que des variétés ne puissent jamais se main- tenir dans leurs formes pendant une longue suite d'années, en dehors de leur première patrie. Les races les plus anciennes résisteront d’abord avec succès à l'influence modificatrice des agents extérieurs ; les végétaux ligneux sur- tout, qui se propagent par boutures, échapperont longtemps à l'empreinte du climat, mais enfin les uns et les autres finiront par subir la loi d’accommo- dation. Au résumé, la réalité de l’acclimatement est fondée sur l'observation jour- nalière des faits, et la condition du phénomène est la faculté d’adaptation dont jouissent, à un degré plus ou moins élevé, toutes les espèces orga- niques. Aussi, sans partager les illusions de ceux qui s’imaginent que tous les êtres pourraient vivre indifféremment en tous lieux, moyennant une éducation préalabie, je me refuse à ne voir dans l’acclimatation qu’une décevante utopie. La vérité est entre ces deux extrêmes. Je n’admets donc pas que les Palmiers parviennent jamais, durant la période géologique actuelle, à reprendre la place qu'ils occupaient, sous le 50° parallèle, du temps de la mer parisienne. En revanche, je crois fermement que les efforts des bommes d'initiative, entraînés par les conseils et par l’exemple d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, parviendront à doter la France et l’Europe d’un certain nombre de végétaux et d'animaux utiles, empruntés à d’autres continents. Pour achever cette étude préliminaire d’une réforme taxonomique, il ne me reste plus qu’à donner en quelques mots l'indication de la méthode à suivre pour instituer les espèces sur Jeurs bases naturelles. L'espèce, avons- nous dit, est fondée sur la forme et sur l'essence tout à la fois; seulement la ‘orme, étant variable, ne saurait être le critérium absolu de la détermination spécifique. D'un autre côté, l'essence n’étant pas directement saisissable et ne pruvant être induite que d’un ensemble de circonstances difficiles à réunir, il en résulte parfois une incertitude fâcheuse pour la fixation du type. Tâchons cependant de nous frayer une route a travers tant d'obstacles accumulés. SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 393 D'abord une forme exactement semblable prouve clairement que les indi- vidus sont de même espèce; mais l'identité se cache aussi sous des masques très divers ; alors il faut chercher d’où procèdent les sujets auxquels il s’agit de marquer leur place dans la classification ; il faut s’enquérir de leurs ancè- tres et même en attendre la progéniture. Si l’on assiste à la naissance d’une variété ou d’une monstruosité, ou bien si l’on saisit le retour de ces déviations au type habituel, la conclusion est facile à tirer. Il en sera de même dans les cas de génération alternante. Ce que ne nous apprend pas notre expérience personnelle, la tradition peut nous l’enseigner, C’est ainsi que les curieuses recherches historiques et phi- lologiques de M. Alph. De Candolle nous font entrevoir la première patrie et la souche sauvage de plusieurs plantes actuellement cultivées et dont l’origine semblait se perdre dans la nuit des temps. L'inspection attentive et patiente des fossiles et l'étude des analogues parmi les espèces vivantes, combinées avec la connaissance historique des migrations * de ces dernières, ainsi qu'avec celle de leur distribution géographique actuelle, ont conduit Isidore Geoffroy Saint-Hilaire à rattacher les rhinccéros de notre époque à ceux de. la période antédiluvienne. De semblables considérations permettront, en quelques cas, de remonter à l’origine commune de plusieurs ivpes morphologiques. D'autre part, on sera porté à soupçonner l'existence de simples variétés dans les groupes d'espèces des genres dits par enchaïnement, et ce soupçon se convertira en probabilité, ou même en certitude, si l’on éprouve de sérieuses difficultés à saisir les limites qui séparent ces prétendues espèces, et si l’on passe insensiblement d’une forme à l’autre, par une série de nuances graduées. Le mélange de plusieurs formes dans la même localité, si souvent invoqué en faveur de la distinction spécifique des variétés litigieuses, ne prouve absolument rien. Les races, on le sait, conservent quelque temps, en vertu de l’atavisme, la physionomie acquise dans des circonstances particu- lières de sol et de climat. Les présomptions fournies à l'appui de l’identité essentielle par la multipli- cité des formes intermédiaires qui relient entre eux les types extrêmes, arbi- trairement choisis, se trouveront singulièrement fortifiées si, mettant en regard la série des modifications d’un type supposé unique, et les conditions physiques où chacune d’elles se rencontre, on remarque une concordance parfaite entre les déviations observées et celles que faisait prévoir la théorie. Au contraire, si le type morphologique est inverse de celui qui aurait dû se produire dans les conditions physiques où il se rencontre, il est évident qu'il n’est pas accidentel, mais fondamental et qu'il caractérise une espèce réelle- ment distincte, Deux exemples serviront à élucider ces propositions générales. On connaît le rapport direct qui existe entre l'intensité de la lumière et celle de la teinte des fleurs et du feuillage. Si, par conséquent, deux espèces 39h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. voisines différent par leur coloration, de telle sorte que celle qui vit à l'ombre soit vivement colorée, tandis que l’autre venant en plein soleil sera pâle ou blanche, on devra en inférer que ces deux types sont essentiellement diffé- rents, car, s’ils appartenaient à la même espèce, c’est tout le contraire qui aurait lieu. Tel est le cas pour les Zychnis vespertina et diurna, si semblables d’ailleurs, dont lé premier, à fleurs blanches, habite les décombres et les rochers exposés au soleil, tandis que le second, à fleurs rouges, à feuillage mêlé de pourpre, se tient dans les lieux humides et ombragés des contrées tempérées ou froides. Voici maintenant l'Arenaria rubra pris dans l’intérieur des terres: il offre des feuilles minces, subulées; une autre plante recueillie au bord de la mer lui resseinble presque de tout point, sauf l'épaisseur du feuillage dévenu remarquablement charnu. Kst-ce une autré espèce? Non, car l'observation apprend que beaucoup de végétaux, à feuilles laminaires loin de l'Océan, prennent des feuilles grasses dans l'atmosphère maritime et dans le sol salé. L’Arenaria rubra à donc subi la loi commune. Tels sont en abrégé quelques-uns des moyens à l’aide desquels on rendra probable, soit la séparation, soit l'identité spécifique de deux êtres vivants, rapprochés par d’étroites affinités. Mais la question ne pourra être décidée que par dès recherches expérimentales trop négligées jusqu’à ce jour. Pour démontrer péremptoirement l'identité essentielle de deux types orga- niques, il faut, d’une part, les féconder l’ün pär l’autre et constater que les croisements sont indéfiniment fertiles. C’est là là pierre de touche, d’après M. Decaisne. En second lieu, il est indispensable dé cultiver ces types dans des conditions entièrement semblables, afin de les ramenér à üne forme unique, qui sera celle dé l’un d'eux ou d’un troisième appartenant, du reste, à la même espèce. Seulement, pour ne pas tirer de ces dernières expériences des conclusions préinaturéés et erronées, il importe de les répéter uh grand nombre de fois et d'en proportionner la durée à la fixité présumée de la race qu’on véut mo- difier. Or, si trois ou quatre années suffisent, en certäins cas, pour rameher un type dérivé à la forme de celui dont il procède, il ne faut pas oublier qu'un espace de témps triple ou quadruple sera souvent nécessairé pour obtenir ce résultat. Le procédé sera donc très laborieux, mais l'acquisition de la vérité est à ce prix. « L'histoire naturelle en général, äprès n'avoir été longtemps qu'utié » science d'observation, doit tendre, dit M. Decaisne, à sé faire sciencé d’éx- » périmentation; la botanique, en particulier, doit recourir à l'épreuve des » expériences, pour fixer, d’une manière certaine et définitive, les caractères » d'un nombre immense d'espèces indéterminées (1). » (4) Bull. Soc. bot. de Fr. t. IV, p, 339. SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 395 La voie du progrès est nettement indiquée par l’éminent professeur, et la science ne peut manquer de s’y engager bientôt. Il appartient à la Société botanique de France de donner l'impulsion. M. Decaisne dit : Qu'il partage généralement les vues de M. Gubler sur la manière dont on doit envisager et délimiter les types spécifiques. Il a lui-même protesté à plusieurs reprises contre l'abus de la multiplication des prétendues espèces, et reconnu notamment que, dans le genre ?/antago, les véritables types spéci: fiques sont bien moins nombreux qu'on ne l’admet généralement, Cependant il ne faut pas aller trop loin dans cette voie, ct plusieurs des réunions d’espèces où de genres que l’on à proposées reposent sur des erreurs. Ainsi M. Buck- man a prétendu avoir reconnu l'identité spécifique du Glyceria fluitans avec le Poa aquatica. Or M. Detaisne a demandé à M. Buckman des graines de ses plantes, et ces graines, seinées au Muséum, loin de produire une plante intermédiaire entre les deux Glyceria, ont dotiné naissance au Poa sudetica, dont les semences se trouvaient probablement, à l’insu de M: Buckman, däns le terrain consacré à ses expériences. Les espèces varient dans certaines liites, plus ou moins larges dans les divers genres, mais toujours infran- chissables. M. Decaisne ajoute que la botaniqüé descriptive n’est point une science de tact, mais doit devenir de plus en plus une science d’expérimenta: tion. C’est la culture seule qui lui paraît devoir servir de critérium à la valeur des éspèces qui sont un éternel sujet de discussion pour les botanistes. A l’appui de l'opinion qu'il vient d'émettre, M: Decaisne signale à la Société les variations de port et d'organisation que présente le Æobinia Pseudacacia, d'où sont sortis les Æ. pyramidalis et pabularis : le premier de forme élancéé et comparable pour la taille à nos Peupliers-d’Italie; le second toût à fait nain, à rameaux mous, dépourvus d’épines et constituant une plante fourragère herbacée. Il rappelle, en oùtre, que le Robinier a déjà fourni par semis des individus dont les feuilles sont réduites à une seule grande foliole teriminale (/?. monophylla), et des individus à feuilles en quel: que sorte bipennées par la découpure des folioles. A ces variations du port et de l'aspect général s'ajoutent des modifications d’un autre genre : ainsi, dans le Faux-Acaciä, on voit non-seulement des individus inermes et glabres, mais on ef trouvée éhiéore à rameaux pubescents, glanduleux et presque aussi visqueéux que ceux du À. viscosa. Enfin l’horticulture possède des variétés du mêmé arbre à fleurs d’ün rose vif et semblables à celles du 2. hispida. En présence de changeinétits si considérables, M. Décaisne a cherché si là structuré des fleurs ne lui fournirait pas des caractères propres à distinguer les formes décrites dans le Prodromus comme espèces distinctes, et ses observations l'ont amené à conclure que les À. Pseudücacta, R. dubia et À. viscosa ne 396 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. constituent qu’une seule espèce, qui se présente avec des rameaux inermes ou épineux, lisses ou visqueux, avec des fleurs blanches ou roses et des fruits glabres ou glanduleux. Quant aux légères différences que l’on observe dans les époques de floraison de ces diverses variétés, M. Decaisne fait observer qu'on ne saurait en faire un caractère d’espèce, puisque la plupart d’entre elles ont fourni à l’agriculture ou au jardinage des variétés plus ou moins hâtives ou tardives; quant aux nuances diverses du coloris des fleurs, elles n'ont pas plus de valeur comme caractères spécifiques, puisqu'on les constate sur le Lilium candidum, sur le Convallaria maïalis, le Convoloulus sepium et beaucoup d’autres plantes à fleurs blanches, qu’on trouve çà et R à fleurs roses dans nos jardins. Passant ensuite au AÆobinia hispida, M. Decaisne signale le singulier phé- nomène de stérilité qu’il présente, et qui est si général qu'il lui a été impos- sible de s’en procurer des fruits aux États-Unis (Philadelphie), en Algérie, en Sicile, en Italie, etc., etc., pour essayer de découvrir par le semis l'origine des variétés de cette espèce qui existent dans les jardins. Il suppose que ces variétés ne sont que de simples modifications produites accidentellement, c’est-à-dire sans cause connue, sur des pieds normaux, et que la greffe aura ensuite multipliées. La plus remarquable est celle que les jardiniers désignent sous le nom de Æobinia arborea et qui a bien tous les caractères du R. hispida, mais qui en diffère par la glabréité parfaite des rameaux et des calices. Ainsi le 2. Pseudacacia, dont les rameaux sont lisses et secs, donne des variétés qui deviennent visqueuses, de même que le Z. hispida, si caracté- risé par la vestiture qu’indique son nom, a produit fortuitement une forme à rameaux complétement glabres. A ces exemples de variations bien constatés et qui n’ont aucune ressemblance avec les transformations prétendues du Glyceria fluitans en Glyceria aqua- tica, M. Decaisne ajoute un fait singulier de fusion d’une espèce en une autre. Le Muséum a reçu, il y a quelques années, des graines d’une espèce annuelle d'Æelianthus, V H. argophyllus Torr. et A. Gr., qui se distingue des autres plantes du même groupe par ses feuilles blanches et soyeuses, rappelant assez bien la villosité de l’Æieracium eriophorum. Cet Helianthus, cultivé soit dans les parterres du Muséum, soit à l’école de botanique, a pro- duit, dès la première année, des graines d’où est sorti le type à peu près pur de l’Æelianthus annuus. L'année dernière encore des graines récoltées sur des pieds parfaitement caractérisés de l'A. argophyllus, et qui lui ont été remises par un de nos confrères, M. Alphonse Lavallée, ont donné naissance, au Muséum, à l’Æelianthus annuus pur et simple. Ge dernier féconderait-il l'argophyllus, ou bien s’absorberait-il, comme le Datura Stramonium fécondé par le D. ceratocaula fait disparaître toute trace de ce dernier dans les hybrides qui résultent de ce croisement, ou bien encore l'Æ. annuus, dont on SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 397 ignore la patrie, ne serait-il qu’une variation de l’argophyllus qui nous est venu du Texas ? C’est ce qui reste enveloppé d’une profonde obscurité. Quoi qu’il en soit de ce dernier fait, ceux qui viennent d’être exposés suf- fisent pour faire comprendre à la Société quels services la culture peut rendre lorsqu'il s’agit de déterminer les espèces contiguës. Elle peut remarquer aussi que ces faits sont conformes en bien des points à ceux que M. Naudin à observés sur les Cucurbitacées, et dont M. Decaisne a eu l’honneur, il y a quelques années, d'entretenir la Société (1). M. Gubler se félicite d’être d'accord avec les opinions émises par M. Decaisne. Il rappelle que quelques botanistes ont eu l’heureuse inspiration de réunir en un seul type spécifique des espèces consi- dérées par d’autres comme distinctes. Il cite notamment M. Lloyd, qui manifeste cette tendance à l’occasion de diverses prétendues espèces de Sélene, de Pyrethrum, etc. , M. Cosson est aussi d’avis que la culture est un des meilleurs moyens d’expérimentation pour reconnaître la valeur des espèces. Cependant, dit-il, par l'étude de nombreux échantillons d’herbier et surtout par l'examen des plantes à des stations nombreuses et variées, le botaniste descripteur est généralement à même d'apprécier la limite des changements que peuvent produire les différences de sol, d'exposition, de latitude, d'altitude, etc., et d’arriver à déter- miner les types réellement spécifiques. M. de Schœnefeld donne lecture de l'extrait suivant d’une lettre qu'il a reçue de M. le docteur Schultz-Bipontinus : Deidesheim (Bavière rhénane), 23 juillet 1862. J'ai en ce moment, dans mon jardin et en pleine terre, un certain nombre de Cassiniacées frutescentes du Mexique (que l’on rentre pendant l'hiver). Parmi ces végétaux se fait surtout remarquer un pied de mon Podachcæ- nium eminens, de plus de 2 mètres de hauteur et à feuilles colossales (en raison desquelles M. C. Koch a choisi pour la plante le nom très approprié de Cosmophyllum). Les plus grandes de ces feuilles atteignent une largeur de 0",54 et une longueur de 0",47, non compris le pétiole de est lui-même long de 0,25 et a la grosseur du petit doigt. L'ampleur et l'épaisseur de ces feuilles les ont fait récemment comparer avec justesse, par un de mes amis, à de petits tabliers de cuir. Non loin du gigantesque Podachænium se trouvent de très grands échan- (1) Voyez le Bulletin, t. VI, p. 480, et t. VII, p. 381. 398 | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tillons de Neurolæna bicolor Sch.-Bip., de Neurolæna Noackii Sch.-Bip. (à grandes feuilles ressemblant à celles de l’Æortensia), de Sinclairia disco- Lor Hook. et Arn. (superbe plante, dont les feuilles ont la face inférieure d’un blanc de neige), de Senecio Sartorii Sch.-Bip. (voisin, mais très distinct, du S. Petasites DC.), d'Eupatorium Schultzii Schnittspahn !, d’£upatorium rivulare Sch.-Bip., etc. Cette dernière espèce, à cause de sa belle et riche floraison pendant l’hiver, est très recherchée par les horticulteurs. C.-H, SCHULTZ-BIPONTINUS. M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante : < LETTRE DE M. Ch. DES MOULINS. À M. le Président de la Société botanique de France. LL Bordeaux, 24 juillet 1862. Monsieur le Président, Pendant sa session extraordinaire d’août 1859 à Bordeaux, la Société bota- nique de France fut vivement intéressée par la rencontre d’un Sagittaria de très grande taille, qui habite les vases molles de la rive droite de la Garonne du côté de Lormont (et aussi les deux rives, en aval comme en amont de Bordeaux, presque jusqu’au point où le flux cesse de se faire sentir). Plusieurs de nos collègues reconnurent dans ce magnifique végétal, et particulièrement dans ses rhizomes, des caractères qui devaient le faire dis- linguer spécifiquement du $, sagittifolia; et peut-être se seraient-ils imposé la tâche d’en poursuivre l'étude et d’en publier la description, si M. Durieu de Maisonneuve n’avait pas pris en main la cause d’un ami dont un deuil de famille avait rendu l'absence inévitable à l’époque de cette session. Il fit remarquer que j'avais, le premier, signalé cette plante en France, ainsi qu'il conste de la mention qu’en fait le Botanicon gallicum, p. 438 (specimina 5-8-pedalia, foliis ovatis plerumque obtusis, in Garumna prope Burdigalam observavit Des Moulins), ét demanda qu’on voulût bien m’abandonner le soin et l’honneur d’en achever l'étude. L'importation à Bordeaux de deux plantes américaines, Panicum vagina- tum SW. et Cyperus vegetus Willd., est un fait assez notable pour avoir appelé notre attention sur ces naturalisations possibles ; et, ma plante n’ayant été trouvée nulle part ailleurs en France, je fis des démarches pour me pro- curer la connaissance directe de quelques espèces exotiques. Ces démarches ont réussi. J'ai reçu, ?/ y a peu de jours, de la généreuse obligeance de notre compatriote et collègue M. E. Durand (de Philadelphie), la collection pr sue complète des Sagittaria de l'Amérique du Nord. I n’y a pas de place pour le plus léger doute : notre plante est le SAGITTARIA SÉANCE DU 25 JUILLET 1862. 399 VARIABILIS, Var. OBTUSA Engelm. (S. obtusa Willd.). Je vous prie, Monsieur le Président, d’avoir la bonté de le faire connaître à la Société. Mais ma tâche n’est pas terminée, et je vais, au plus tôt qu'il me sera possible, m'occuper de rédiger une description complète et comparative (sauf pour les fruits qui ne mûrissent pas ici) de cette belle plante; et je soumettrai cette description aux botanistes avec l'historique de la décou- verte, Agréez, etc, M. Chatin annonce qu’il a trouvé, le 13 de ce mois, aux Planets près Saint-Léger (Seine-et-Oise) le Splachnum ampullaceum (que M. Decaisne y avait déjà recueilli il y a une trentaine d'années), ainsi que le Sphagnum rigidum var. compactum. M. de Schœnefeld rappelle que le Splachnum ampullaceum a été aussi recueilli, à cette même localité, par MM. G. Thuret et Éd. Bornet, en juin 1852, M. Roze ajoute que Vaillant avait déjà signalé la présence de cette Mousse à Saint-Léger; elle est figurée sur la planche xxvr du Botanicon parisiense de cet auteur. M. Chatin annonce que M. Morière a trouvé dans le pare de Lasson près Creully (Calvados), le Smyrnium perfoliatum. Jusqu'ici celte Ombellifére n’était connue en France que dans le département du Var (1). M. T. Puel fait à la Société la communication suivante : -. REVUE CRITIQUE DE LA FLORE DU DÉPARTEMENT DU LOT, par BE, ', PUEL (suite). HERBIER DU LOT, — Fascicule II. 21. Arenaria grandiflora L. 31. Crupina vulgaris Cass. 22. Linum gallicum £Z. 32. Jasminum fruticans L. 23. — angustifolium Huds. 33. Euphrasia lutea L. 24. Althæa cannabina L, 34. Satureia hortensis Z. 25. Ruta graveolens Z,. 35. Salvia officinalis L. 26. Rhamnus Alaternus Z, ; 36. Plantago Cynops L. 27. Rhus Coriaria L. 37. Chenopodium Botrys L. 28. Doryenium suffruticosum Vill. 38. Gladiolus segetum Gawl: 29: Argyrolobium Linnæanum Walp. 39. Ophrys Scolopax Caw, 30. Artemisia camphorata Vill. 40. Phleum asperum Vill. La plupart des espèces qui composent ce fascicule sont d’origine mé- diterranéenne : je les ai groupées à dessein, afin d'éviter des répétitions (1) Voyez le Bulletin, t. V, p. 621. A00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trop fréquentes des mêmes considérations de géographie botanique. Il me suffira ainsi d'examiner, pour chacune de ces plantes en particulier, sa dis- tribution géographique en dehors du bassin du Rhône, et spécialement ses extrémités de végétation, soit dans le bassin de la Gironde, soit au nord de ce bassin. (La suite prochainement.) M. Garousse met sous les yeux de la Société une Conferve desséchée; c’est le Conferva glomerata L. (Chantransia glome- rata DC.). M. le Président déclare close la session ordinaire de 1861-62. La Société se réunira de nouveau le 14 novembre prochain. Conformément au paragraphe 2? de l’art. 41 du réglement, le procès-verbal ci-dessus a été soumis le 30 octobre au Conseil d'administration, qui en a approuvé la rédaction. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. OCTOBRE 1862. N.-B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. 3. Rothschild, libraire e la Société botanique de France, rue de Buci, 14, à Paris. * PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Om Dværggrene og disses Indfiydelse pan Træecrnes Form. Et Bigrag til Træernes Architectonik (Des rameoux nains et de leur influence sur la forme des arbres. Une contri- bution à l'architectonique des arbres) ; par M. le professeur A.-S. OErsted. In-8° de 29 pages avec 16 figures gravées sur bois, intercalées dans le texte. Tirage à part sans indication ni du recueil ni de l'éditeur. L'auteur commence ce mémoire intéressant par quelques considérations générales sur les arbres et sur leur ramification. Selon lui, l'arbre, tout en étant dans un certain sens un individu, constitue en même temps un ensemble d'individus, ainsi que le corail constitue une colonie d'animaux nés les uns des autres par voie de bourgeonnement. Mais, dit-il, dans l'arbre, tous les bourgeons doivent subir la gouverne de l'arbre pris dans son ensemble ; et c’est précisément sur le bel équilibre qui existe entre la liberté de déve- loppement et la loi de la limitation, que repose l'harmonie qui nous frappe dans la forme des arbres. À côté des bourgeons qui, en se développant, constituent les éléments per- sistants architectoniques des arbres, il existe encore des bourgeons destinés à donner naissance à des fleurs et des fruits, et qui disparaissent plus où moins Promptement après leur développement; mais, outre ceux-ci, il y a encore, dans la plupart des arbres, d’autres bourgeons qui produisent ce que l’auteur appelle, d’après leur forme et leur organisation, des rameaux nains, et qui, sous plusieurs rapports, constituent une sorte de transition entre les rameaux Proprement dits et ceux transformés en fleurs. Ces rameaux nains, trop sou- Yeut négligés, jouent cependant un rôle assez remarquable dans la forme de l'ensemble des arbres. L'auteur, en décrivant en détail la structure des pousses de l'année du Hêtre, nous apprend d’abord quels sont ceux des entre-nœuds inférieurs de cet arbre qui sont destinés à produire ces rameaux nains. Les Pousses de l’année des autres arbres sont en général analogues à celles du Hôtre, en ce que leurs entre-næuds augmentent de longueur vers l'extrémité, où se lr'ouvent les bourgeons les plus vigoureux qui, les années suivantes, donnent T. 1X 26 h02 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. naissance aux pousses les plus longues ; mais elles offrent d’ailleurs des diffé- rences très grandes : 1° quant au nombre et à la longzeur des entre-nœuds, 9 quant à la disposition des feuilles d’où résulte naturellement celle des rameaux, et 3° quant à ceux des bourgeons qui sont destinés à produire, l’année suivante, soit les rameaux proprement dits, soit les rameaux nains, ou bien qui ne prennent aucun développement. Mais, dans tous les arbres, ce sont les pousses de l’année qui fournissent l'élément architectonique de tout l'édifice du végétal. C’est donc leur organisation et la disposition de leurs bourgeons qui déterminent le s/yle, et, lorsqu'on connaît exactement la com- position de la pousse annuelle, on est à même d’en conitruire toute la forme de l’ensemble de l'arbre. Les principaux types architectoniques des arbres sont, selon M. OErsted: le type en forme de colonne, chez les arbres monocotylédonés ; Le type conique, pyramidal ou étagé, chez les Conifères; le type subombellifère (halvskjærm- formig), chez le Peuplier; le type noucux-sinueux, chez le Chêne; et enfin le type cintré, chez le Hôtre. L'auteur décrit ensuite chacun de ces types dans les détails de sa composi- tion, en le déduisant de la disposition des bourgeons et de leur mode de déve- loppement, et il passe en même temps en revue les différentes modifications qui peuvent se présenter parmi les végétaux appartenant au même tvpe. Un assez grand nombre de belles figures, intercalées dans le texte, aident puis- samment à donner unc idée claire et nette des faits exposés dans ce petit mémoire, qui, S'appuyant sur des recherches scientifiques, nous montre aussi d'une manière très saisissante les rapports qui existent entre les formes des arbres et celles que l'architecture a données à nos édifices. 11 compare ainsi très ingénieusement les Palmiers avec leurs troncs dressés aux colonnes des temples grecs ornées de leurs chapiteaux, les Conifères aux flèches gothiques, le Hôtre aux dômes de nos Cglises, etc. Le mémoire de M. OErsted ne s'adresse pas d’une manière exclusive au public scientifique; cependant il est basé sur des observations rigoureuses, êt les botanistes y trouveront une foule de renscignements très intéressants sur la morphologie des arbres. JOHANNES GRŒNLAND. Zur Morphologie und Systemaiik der Gattungen Ai chèsm und Ascggriea (Sur La morphologie des genres ‘Trichia et Arcyria ef sur leur place dans le système) ; par AL A. Wigand. FR dans les Jahrbuecher fuer wissenschafitiche Botanik, dirigés par M. docteur N. Pringsheim, tome IEF, 4° cahier; in-8°, pp. 4-58, avec 3 ri ches lithographiées. Les organismes qui font le sujet de cet important mémoire ont acquis, dans ces derniers temps, un intérêt particulier, par suite des controverses REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 403 qui se sont élevées à leur égard parmi les savants. La plupart des naturalistes, les plaçant, comme l’auteur de ce mémoire, dans le règne végétal, donnent an groupe dans lequel ils sant compris le nom de Myxomycetes; tandis que M. De Bary, ayant cru devoir les regarder comme appartenant au règne ani- inal, leur a donné le nom de Aycetozces. Le mémoire de M. Wigand se divise en trois parties : la première rend compte de la structure des fructifications de ces curieux végétaux ; la seconde donne des descriptions très détaillées de celles des espèces de ces deux genres qui ont été à la disposition de l’auteur ; la troisième enfin discute la place qu'il faut assigner à ces organismes dans la série des êtres organisés, et réfute les idées émises à leur égard par M. De Bary et par plusieurs zoolo- gistes. Le corps reproducteur, le péridium, naît d’une mince couche (hypothalle) membraneuse, emorphe, qui est appliquée étroitement et solidement sur le substratum, Cet hypothalle est irrégulièrement circonscrit et disparaît chez plusicurs espèces ou semble être confondu dans le tissu du substratum. Selon M. De Bary, c’est le résidn des cordons de sarcode, qui primitivement avaient été mucilagineux en offrant dans cet état des mouvements particuliers. Le corps reproducteur peut se présenter sous deux formes typiques différentes: dans la grande majorité des espèces, il est nettement circonscrit et régulier ; mais, dans quelques-unes, la forme en est indéterminée et irrégulière, vermiculaire, parfois ramifiée de manière à former une sorte de réseau, et alors il est tou- jours appliqué étroitement au sol. Le premier de ces types offre des formes globuleuses, ébovales, en poire, en massue, etc. ; les péridiums y sont sessiles où plus ou moins longuement pédicellés, et leur mode de groupement, très .Yarié, offre des caractères distinctifs pour les différentes espèces. Le péridium constitue une simple cavité qui se continue dans le pédicelle jusqu’à son extré- mité inférieure, élargie et pédiforme ; la paroi en est entièrement homogène, c’est-à-dire qu'elle n’est composée que de plusieurs cellules; la membrane en est incolore lorsqu'il est encore jeune, mais, vers l'époque de la maturité, elle Prend des teintes jaunes, brunes ou noires. Les réactifs chimiques nous apprennent qu'elle est constituée par de la cellulose, qui cependant présente ici une modification particulière, semblable à celle qu’on remarque dans le tissu des Champignons. La cavité des péridiums est remplie par les spores € le capillitium. Ces deux éléments sont placés de telle sorte que le capnl- litium occupe de préférence le centre de la cavité, et les spores l'espace Compris entre le capillitium et la paroi. Les spores sont le plus généralement globuleuses, plus rarement allongées ou polyédriques ; la surface en est lisse, ou verruqueuse, ou même hérisséc ; l coulear en est, dans la plupart des espèces, d'un jaune pâle, semblable à la nuance du capillitium, plus rarement d'un jaune doré ou rouge; la Paroï en est formée par de la cellulose. A0! SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le capillitium se présente sous deux formes principales, essentiellement différentes, qui caractérisent les deux genres Zrichia et Arcyria. Dans les Trichia il est formé de nombreuses cellules particulières filiformes, le plus souvent simples ou peu ramifées, dont les extrémités pointues et libres les font regarder comme des organes indépendants les uns des autres. Dans les Arcyria, au contraire, le capllitium n’est pas seulement très ’ramifié, mais encore les ramifications s’anastomosent entre elles, formant ainsi un réseau à mailles plus ou moins grandes, qui paraît être constitué par une seule cellule ramifiée, car ordinairement on n'y voit point de parois transversales. Le réseau se trouve libre dans la cavité du péridium. De ces structures différentes du capillitium dans les deux genres, résultent des phénomènes extérieurs diffé- rents. Tandis que, dans les Zrichiu, à l'époque de la déhiscence du péridium, les filaments entremêlés de spores sent jetés au dehors en se disséminant ou en formant une masse informe, dans les Arcyria, au contraire, le réseau conserve plus où moins sa cohérence et une forme qui correspond à celle du péridium, et ce n’est que grâce à son élasticité qu’il change de volume. Les filaments qui composent le crpillitiun sont surtout remarquables par la dis- position en spirale ou en anneau qu'ils présentent, phénomène par lequel ces deux genres se distinguent de tous les organismes voisins. Mais il se mani- feste également ici, entre eux deux, une différence très profonde qui, jointe au mode différent de la ramification du capillitium, offre, pour les distinguer l'un de l’autre, des caractères très tranchés. En effet, dans toutes les espèces de Zrichia, la paroi des filaments présente une configuration spirale; dans les Arcyria, au contraire, elle offre des anneaux plus ou moiñs complets ou bien de petites protubérances en forme de dents. Quant à la structure anato- mique de ces formations spirales ou annulaires, on croyait jusqu'à présent assez généralement qu’elles résultaient d’un dépôt secondaire sur la membrane (comme cela a lieu réellement dans les élatères des Hépatiques, avec lesquels elles offrent une grande ressemblance) ; mais cette supposition ne saurait être admise, puisqu'elles font saillie vers l'extérieur et non pas vers l’intérieur de la cellule. Ce sont donc des renflements de la membrane en forme de spires ou d’anneaux. Les deux genres 7richia et Arcyria forment un groupe très naturel dans la famille des Myxomycetes : 4° par les proéminences des filaments de leur capillitium, et 2° par cette particularité que les filaments n’adhèrent pas à la paroi du péridium. Quant à la place qu'occupent les Myromycetes, cele famille offre, si l'on considère le mo le de développement des végétaux qui la composent, le plus d’analogie avec ics Algues, tout en se rapprochant des Champignons par leurs conditions d'existence. Mais parmi ces derniers il n'existe pas de section auprès de laquelle on puisse ranger les Wyxomy- cetes, Car une certaine ressemblance qu'on ponrrait leur supposer avec les Gasteromycetes, ne repose que sur un examen superficiel, et les obser- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 05 vations que nous possédons actuellement sur ces végétaux lui ôtent toute valeur. Voici l'exposition systématique des espèces de ces deux genres que l’auteur a observées : TRICHIA. A. — Péridiums libres, sans hypothalle commun, celui des péridiums isolés aussi disparaissant généralement : 4. 7° piriformis Hoffm. 2. 7! fallax Pers. 3. 7. clavata Pers, 4. T°. furcata Wigd. 5. 7. obtusa Wigd. 6. T. nigripes Pers. 7. T. turbinata With. 8. 7. varia Pers. 9. T. abietina Wigd. B. — Péridiums étroitement serrés, soudés ensemble à leurs bases, à hypo- thalle commun : 10. 7°! rubiformis Pers. 11. 7. chrysosperma DC. C. — Péridiums non séparés, d’une forme indéterminée, raiwpant vermicu- lairement ou offrant la forme d’un réseau de cordons, sans hypothalle, jaune : 42. 7, Serpula Fr. ARCYRIA. À. — Péridiums jiédicellés : 1. A. punicea Pers. 2. A. incarnata Pers. 3. À. cinerea F1. dau. 4. A. ochroleuca Kr. 5. A. ramulosa Wigd. B. — Péridiums sessiles ou à peine pédicellés : 6. A. nutans Fr. C. — Péridiums d’une forme indéterminée, rampant vermiculairement : 7. À. Serpula Wigd. L'outeur doune des descriptions extrêmement détaillées, non-seulement des espèces énumérées ici, mais aussi de toutes celles de Icurs différentes formes qu'il a eues entre les mains; et il pense que plusieurs d’entre elles mérite- raient bien d’être élevées au rang de variétés ou même d'espèces; toutefois il se borne à les décrire sous le nom de celles des espèces avec lesquelles elles offrent le plus de rapports. Dans la troisième partie du mémoire (qui, sous le titre de supplément, nous offre un examen critique des théories émises par M. De Bary et par ceux qui veulent reléguer les A/yxomycetes dans le règne animal), M. Wigand dit d'abord qu’il veut bien admettre les faits tels que M. De Bary les expose lors- qu'il assure que la sore, en s'ouvrant, laisse échapper un corps globuleux incolore, offrant des mouvements et des changements de forme particuliers ; que ce corps (Schwærmer) contient des vacuoles contractiles; qu'ensaite il subit des divisions réitérées constituant, pendant cette phase de son développe- ment, des organismes ressemblant aux Amibes, et qui, à leur tour, donnent baissance aux cordons de sarcode, dans lesquels on aperçoit une circulation intérieure ; qu'enfin sur ces cordons se développe en dernier lieu le corps repro- ducteur. 11 faut cependant remarquer, ajoute M. Wigand, que la transformation des cordons n’est que vraisemblable et nullement encore prouvée d'une ma- h06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nière irréfutable, car un autre observateur très habile en pareille matière, M. Hoffmann, l’a mise nettement en doute. Pour résoudre la question de la place que doivent occuper les Wyromy- cetes, M. De Bary avait suivi deux voies différentes : 4° en essayant de tracer une ligne de démarcation entre les deux règnes organiques, et 2° en recher- chant, dans l’un ou l’autre, des groupes présentant des analogies. En ce qui touche le premier de ces deux points, M. De Bary n’admet qu’un seul crité- rium, c’est le mode différent de nutrition. Les animaux absorbent des matières solides pour les digérer dans leur intérieur, les plantes n’absorbent qu’une nourriture liquide. Abstraction faite de la valeur de ce critérium, M. Wigand pense que, pour s’en servir comme caractère distinctif, il faudrait avant tout que deux choses fussent bien avérées : d’abord que l'absorption des matières solides fût accompagnée de mouvements particuliers-ayant pour but cette absorption, et ensuite que ces matières fussent réellement employées comme aliments. Mais M. De Bary avoue ne pas avoir observé l’acte de l'absorption, et il veut bien convenir que les corpuscules qu’il a vus dans ces organismes en leur état d’Amibes, pourraient être entrés accidentellement dans leur corps extrême- ment peu solide, de même que les changements qu’on a vu subir à ces ingesla solides pourraient être causés par un simple acte de décomposition indépendant d’une digestion. Mais, comme il croit devoir penser, par plusieurs raisons majeures, que les Amibes qui habitent l’eau se nourrissent de la même ma- pière que celles qui appartiennent aux Mycetozoes, M. De Bary en conclut que ces dernières aussi appartiennent au règne animal. Ces raisons majeures ne consistent cependant au fond qu’en quelques analogies avec des phéno- mènes que présente un animal indubitable, l'Actinophrys Sol, chez lequel M. Kælliker a observé l'absorption et la digestion de matières solides. Sans entrer dans une discussion au sujet de ces observations, M. Wigand n’admet pas ces conclusions comme soutenables, ni pour les Amibes de l’eau, ni pour celles des Mycetozoes, cette hypothèse n'étant basée que sur une prétendue affinité qui existerait, suivant les idées de M. Kælliker et de M. Dujardin, entre les Amibes et l’Actinophrys. Si M. Kælliker avait su, ainsi que le sait M. De Bary, que très probablement toutes les Amibes ne constituent point des orga- nismes achevés, mais simplement des phases prélimiaaires d'organismes qui, après avoir parcouru tout leur développement, finissent par devenir des êtres doués de tous les caractères de véritables végétaux, il aurait peut-être hésité à placer ces organismes dans le règne animal. Mais supposons même, ce qui est très peu probable, que les Myxomycetes absorbent réellement de la nourti- ture solide pendant leur phase d’Amibe et même encore lorsqu'ils constituent les cordons de sarcode : pourquoi M. De Bary n’arrive-t-il pas plutôt à en conclure que des organismes, qui d'ailleurs se comportent en véritables plantes, absorbent pendant une certaine période de leur existence une nour- riture solide? Ge mode d'absorption cesse donc, par ce fait, d’être un crité- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 107 rium rigoureux pour la nature animale ou végétale d’un organisme. Si M. De Bary objecte à cela que ce mode d'absorption est sans analogie dans le règne végétal, on est bien en droit de lui répondre qu'on ne connaît non plus nulle part dans le règne animal des organismes dont la reproduction ait lieu par des spores couvertes d'une membrane de cellulose, En examinant les organismes en question selon les trois périodes principales de leur développement, nous voyons : 4° L'état de spore, sans mouvement, avec une membrane de cellulose; 2° Une période qui, tout en étant de courte durée, constitue néanmoins la plus grande partie de tout le développement de l'individu. Dans cette période sont compris l’état de Schwcærmer (4) qui sort de la spore, l'état d’Amibe et l’état de cordons de sarcode, jusqu’au développement du corps reproducteur ; elle est caractérisée physiologiquement par des phénomènes particuliers de mouvement, par des changements de forme résultant d’une grande contractilité, par une membrane ciliée et une circulation intérieure; elle est caractérisée chimiquement par la présence d’une matière azotée (sarcode) dans le contenu comme dans sa membrane. 3° L'état de la maturité du fruit, c'est-à-dire d'une cellule solitaire dans la paroi de laquelle on peut distinguer, chez plusieurs espèces, différentes cou- ches et toujours la présence de la cellalose. Dans l’intérieur de cette cellule naissent d’autres cellules nombreuses se présentant en partie comme filaments, en partie comme spores. Ce n’est évidemment que la seconde de ces périodes dont la nature végétale Pouvait être mise en doute; mais ne trouve-t-on pas quelque chose de très analogue, sous plusieurs points de vue, dans les zoospores des Algues? Cela paraît prouver suffisamment que les Myxomycetes commencent et finis- sent leur existence doués d’un caractère parfaitement végétal, et qu'entre ces deux phases il en existe une autre qui offre quelques phénomènes analogues à ceux que présentent les organismes du règne animal. Or, comme aujour- d'hui personne ne voudrait admettre que le même individu pât, à un moment donné, être un animal, et à un autre une plante, il n’y a aucun motif de mettre en doute désormais que les Myxomycetes ne soient véritablement des plantes. Quant aux analogies des Myxomycetes avec d'autres groupes des règnes organiques, il a déjà été dit que, malgré les rapports qui existent physiologi- quement entre eux et les Champignons, il faut les rapprocher plutôt des Algues, et que dans cette classe ils rencontreraient le plus d’analogies dans le groupe des Siphonées et des Saprolégmiées; un examen superficiel seul, basé (1) Schwærmer est un mot allemand difficile à rendre exactement en francais : on ne pourrait guère le traduire ici que par corpuscule erran! ou vagabon 1. Le mot français vibrion exprime aussi à peu près la mème idée. A08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur la forme extérieure, pourrait les faire placer, comme on l'a fait, à côté des Gasteromycetes. M. Wigand discute ensuite en détail les raisons qui avaient conduit M. De Bars à comparer ses Mycetozoes aux Grégarines et aux Rhizopodes, et enfin il résume sa manière d'envisager la question de la manière suivante : 4° Dans ce groupe de végétaux, la cellule primordiale, non couverte de cellulose, occupe toute la période végétative de l'individu. 20 Dans le courant de la vie de la cellule primordiale, on distingue trois phases : l’état de Schwærmer, l'état d’Amibe et l'état de cordons de sarcode, 3° La première de ces phases se divise en plusieurs générations par une division réitérée par étranglement, semblable à ce qui a lieu lorsque l’utricule primordiale des cellules ordinaires se divise. L'important mémoire de M. Wigand est orné de trois planches lithogra- phiées contenant 50 figures dues au crayon de l’auteur. 3. G. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. On Æxtoxicum and Bursinopetalum (Sur les genres Æx- toxicum ef Bursinopetalum) ; par M. John Miers (7he Annals and Maga- zine of natural history, mars 1862, pp. 214-223). Sir William Hooker, en 1837, avait rapporté le genre Æzxtoxicum de Ruiz et Pavon aux Euphorbiacées, n’en ayant vu que la fleur mâle ; M. Miers le croit, au contraire, très rapproché des Aquifoliacées. Pour justifier son opinion, il décrit longuement l'unique espèce de ce genre, dont les fleurs sont, d’après lui, polygames-dioïques, et s'attache surtout aux organes consi- dérés par sir William Hooker comme des nectaires et qu’il regarde comme des staminodes. L’Ærtoxicum lui paraît se rapprocher beaucoup des Vil- laresia, avec cette différence qu’il présente une seule bractée florale et cinq staminodes. Enfin il explique qu'il croit devoir admettre lÆ'xtozicur? parmi les Aquifoliacées, bien que les divisions de leur androcée dépassent en nombre celles de la corolle, attendu que des différences analogues se rencontrent dans des familles remarquables par l’isomérisme de leurs verticilles ; toutefois il en fait le type d’une tribu distincte dans la famille. Il en donne une diagnose latine étendue, générique et spécifique. | Le Bursinopetalum Wight, longtemps attribué aux Olacacées, el récem- ment par M. Thwaites aux Araliacées, n’est depuis longtemps pour M. Miers qu'une Aquifoliacée. Il cherche encore dans l’organisation de la plante de nouvelles preuves à l'appui de son opinion, et expose les caractères qui l’éloi- gnent, selon lui, des Araliacées, c’est-à-dire son inflorescence, son ovaire semi-infère et toujours uniloculaire, avec un seul ovule suspendu. Le Bursi- nopetalum ne diffère à ses veux du Vi/laresia que par la position relative des REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 étamines et de l'ovaire dans les deux genres. Il en vient à créer encore une nouvelle tribu dans les Aquifoliacées, celle des Bursinopétalées. Puis il carac - térise longuement le genre Bursinopetalum et ses trois espèces, 2. arboreum Wight, 2. macrophyllum Thw. et 2. tetrandrum Thw. D' EUGÈNE FouRNIER. L] Wesi african tropical Orchids (Orchidées tropicales de l'Afri- que occidentale) ; par M. le docteur Lindley (Journal of the proceedings of the Linnean Society, vol. VI, n° 23, pp. 123-140 ; mai 1862). La plupart des plantes dont parle M. Lindley dans cette note ont été recueil- lies pendant l'expédition dirigée sur la côte occidentale d’Afrique par le doc- teur Baikie, et grâce au zèle de M. Barter qui est mort victime de son dévouement à la science. Plusieurs de ces plantes se rapprochent par leurs caractères de certaines espèces du Cap ou de l'Afrique orientale ; mais elles offrent en général peu de rapports avec les Orchidées d’Abyssinie. M. Lindley fait connaître dans ce travail un grand nombre d’Orchidées nouvelles qui sont les suivantes : Bolbophyllum Rhizophoræ Lindl., B. distans Lindl., 2. co- chleatum Xindl., 2. tenuicaule Lindl., 2. gravidum Lindl., 2. lupulinum Lindl., 2. elaidum Lindi., B. intertextum Lindl., B. apetalum Lindl. (à fleurs qui rappellent en petit celles de l’Aconitum lycoctonum), B. micropetalum Lindl., 2. falcipetulum Lindl., 8. pavimentatum Lindl., 2. comatum Lindl.; Megaclinium purpuratum Lindi.; Calanthe corymbosa Lindl.; Polystachya ensifolia Lindl., P. bifida Lindl., P. laxiflora Lindl., P. odorata Lindl,, P. tessellata Yindl., P. pyramidalis Lindl., P. setifera Lindl., P.? alpina Lindl., P. elastica Lindl.; £'ulophia longicollis Lindl., £. lutea Lindl., E, viridis Lindl.; Galeandra longibracteata Lindl.; Lissochilus arenarius Liadl., L. purpuratus Lindl.; Cymbidium adenoglossum Lindl.; Angrecum tridens Lindl., A. vagans Lindl., A. infundibulare Lindi., A. ichneumo- neum Lindl., A. émbricatum Lindl., À. capitatum Lindl ; Vanilla africana Lindl., V. grandifoliu Lindl. (sa feuille a 7 pouces anglais de longueur); Notiophrys glandulosa Lindl.; Penthea Pumilio Lindl.; Amphorchis occi- dentalis Lindl.; Habenaria paludosa Lindl., A. stenochila Lindi., Æ. ma- crandra Lindl. se Notice sur un Pandanus spiralis R. Br. mâle, qui à fleuri dans le jardin botanique d'Amsterdam; par M. C.-A.-J.-A. Oudemans. In-8° de 6 pages, avec 2 planches lithographiées. Cette notice est destinée à faire connaître plus complétement qu'on ne l'a fait jusqu'ici une espèce de Pandanus décrite par R. Browa dans le Prodro- mus Flore Novæ Hollandiæ. Le botaniste anglais n’en avait pas connu les fleurs mâles, qui se sont développées au jardin botanique d'Amsterdam. h10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Après les avoir longuement décrites, M. Oudemans prouve que le Pandanus spiralis R. Br. est spécifiquement distinct du ?. utli$ Bory. Son travail est accompagné de deux planches représentant le port du Pandanus spiralis, son spadice et divers détails organographiques. E.F. On Æfanburia, na Cueurbitaccous genus from Hexico (Sur l'Hanburia, genre de Cucurbitacées du Mexique); par M. Berthold Seemann (The Annals and Magazine of natural history, cahier de jan- vier 4862, pp. 9-12). M. Secmann avait décrit en 1858 le genre Ælanburia dans un mémoire lu à la Société Linnéenne de Londres, et dans le Zonplandia, mais n'avait eu à cette époque que des matériaux insuffisants pour l’étudier complétement. 1 revient aujourd'hui sur so ancien travail, à l’aide de dessins envoyés depuis par M. Hugo Trick avec une description, et donne une nouvelle diagnose du genre /Zanburia, E. F. Spoecies Filiewum, being descriptions of all known Ferns (Species Filicum, ou description de toutes les Fougères connues); par sir William Hooker. Vol. IV, 2° partie (44° partie de l'ouvrage). In-8° de 95 pages, avec 19 planches lithographiées). Ce ncuveau fascicule du Species Filicum contient la suite de l'exposition du genre Nephrodium Rich. (sections Æunephrodium et Lastrea), et celle des genres Nephrolepis Schott, Oleandra Cav., Faydenia Hook. et Onoclea Mett. Les planches qui accompagnent cette quatorzième partie de l'ouvrage représentent les Aspidium semibipinnatum Hook., A. Lobbii Hook., À. melanochlanys Fée, A. melanostictum Kze, A. abbreviatum Schrad., À. ne- phrodioides Hook., À. Teysmannianum Hook., À. fœniculaceum ook. ; N'ephrodium aristatum Mook., N. Wrightii Hook., N. extensum BI. N. hirsutum J. Sm., N.cyathoides K., N. abruptum Pr., N. Imrayanum Hook., N. Macrotis Hook., N. decipiens Hook., MN. crinibulbon Hook., N. Raddianum Hook., NV. aureovestitum Hook., AN. velatum Hook., 1 spiciflorum Mook., N, hirtipes Hook. et N. microstegium Hook. Additamentum ad Ichenographiam Andium bolivien- Sêuan ; scripsit W. Nylander (Ann. se. nat., t. XV, pp. 365-382). Nous avons parlé, dans un des derniers numéros du Bulletin (1), des col- lections rapportées par M. Mandon des montagnes de la Bolivie. M. Nylander à étudié les Lichens de ces collections, et publie aujourd’hui le résultat de son (1) Voyez plus haut, p. 190. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A11 travail. Il y a trouvé 97 espèces de Lichens, parmi lesquelles 55 européennes seulement et quelques espèces nouvelles qui sont les suivantes : Lep'ogiun resupinans Nyl, Parmelia distincta Nyl. et Squamaria rhodocarpa Nyl, E, F. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Manuel de l'amateur des jardins, traité général d'horticalture, par MM. J. Decaisne et Ch. Naudin; I"° partie, contenant les principes de botanique et de physiologie végétale les plus nécessaires au cultivateur, ainsi que l'exposé théorique ct pratique des opérations dans la culture des plantes d'utilité et d'agrément. Un vol. in-8° de vri£ et 706 pages, accom- pagné de figures dessinées par M. Riocreux et gravées par M. Leblanc. Paris, Firmin Didot, 1862. Le jardinage n’est qu'une branche de l’agriculture, une branche cadette, si l'on veut, mais dans notre état social, où le luxe est devenu une nécessité, il atteint presque au niveau de son ainée. Eu égard à la quantité et à la nature diverse des éléments qu'il met en œuvre, c’est aujourd’hui plus qu'un art, une véritable science, qui exige des connaissances approfondies, surtout en botanique, et qui a ses principes ct ses règles. Les savants auteurs du traité que nous annonçons se sont proposé de les faire connaître. Par la nature même du sujet, et ainsi qu'ils le déclarent, leurs matériaux seront classés sous quatre chefs distincts, ce seront : 1° des notions de botanique et de physio- logic végétale ; 2° l'étude des conditions générales de la culture et de ses divers procédés; 3° la culture particulière des plantes d'utilité, légumes et arbres fruitiers ; 4° enfin la culture propre aux végétaux de simple agrément. Les deux premiers points seulement sont traités dans le premier volume qui vient de paraître et qui se divise, par conséquent, en deux parties. La première partie contient douze chapitres. Dans le premier chapitre, les auteurs étudient les organes élémentaires des végétaux, leur composition chimique et leur structure anatomique; dans le deuxième, les organes com- posés des plantes, du moins ceux de nutrition et de reproduction des Pha- nérogames ; dans le troisième, les caractères généraux des Monocotylédons; dans le quatrième, ceux des Dicotylédons; dans le cinquième, les appareils de la génération chez les Champignons et les Mousses; dans le sixième, la physiologie des végétaux, c'est-à-dire la germination, l'absorption, la respira- lion, la circulation, la nutrition et les sécrétions des plantes; dans le septième, les principes de la taxonomie ; dans le huitième, le système de Linné et la méthode naturelle. Il paraît, d’après la rédaction de tous ces détails, que les auteurs ont voulu présenter au lecteur un tableau aussi simp'e que possible des connaissances acquises aujourd’hui en botanique, sans négliger pourtant les découvertes récentes ; ils se sont surtout attachés à rappeler les applications h12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pratiques qui découlent d’elles-mêmes de la connaissance de certaines lois naturelles. Les derniers chapitres de la première partie renferment des explica- tions sur la structure des principales familles du règne végétal, depuis les Algues jusqu'aux Composées. La classification adoptée par MM. Decaisne et Naudin est une modification de celle qu'a proposée Adrien de Jussieu, et se rapproche beaucoup de celle qu'ont suivie, dans la flore des jardins et des champs, MM. Le Maout et Decaisne; elle n’en diffère que par quelques transpositions. Des tableaux synoptiques placés en tête des chapitres consacrés aux grandes divisions permettent de comprendre d’un coup d’œil la méthode des auteurs. Dans ce vaste exposé, qui remplit près de 200 pages, ils ont eu évidemment pour but dé faire connaître les végétaux utiles à l’agriculture ou introduits dans les jardins à titre de plantes d'ornement ; mais ils ajouteront encore à ce sujet de nouveaux détails lorsqu'ils décriront les espèces cultivées. La première partie se termine par un aperçu de géographie botanique, dans lequel ils ont voulu surtout faire sentir au lecteur que les espèces végétales sont subor- données à un ensemble de conditions sans lequel elles ne peuvent vivre, et qu’il faut s'attacher à reproduire artificiellement dans la culture. La seconde partie du traité a pour objet d'étudier ces conditions pre- mières d'existence, ainsi que les moyens de les créer. C'est ainsi que le chapitre premier de cette seconde partie est relatif à la météorologie hor- ticole, et enseigne à l’horticulteur les moyens de corriger les désavantages du climat, et d'essayer avec chance de succès la culture d’un nombre presque illimité. de végétaux par l'exposition, le chauffage artificiel et les abris : l'exposition devant varier suivant les plantes qu’on veut cultiver, le chauffage permettant d'augmenter la température du sol (couches chaudes, chauffage par le feu, drainage), ou celle de l'air (murs d’espalier), les abris comprenant tous les accessoires destinés à défendre la plante contre les injures du climat, depuis les murs et leurs chaperons jusqu'aux serres chaudes. On lira avec intérêt, dans ce chapitre, les détails donnés sur la culture géother- mique que M. Naudin a proposée récemment pour les plantes d'orangerie, lesquelles pourraient être dorénavant cultivées en pleine terre, au moyen de l'échauffement artificiel du sol; ce procédé vient d’être pratiqué et apprécié en Angleterre, Dans le deuxième chapitre de la même partie, les auteurs étu- dient le sol, sa composition, l’influence des amendements et des engrais, les diverses méthodes d'irrigation. Ils reconnaissent la difficulté de la question des engrais, première base d’une agriculture perfectionnée, mais qui est aujourd’hui toute une science compliquée, placée dans le domaine du chi- miste autant que de l’agriculteur, et dont les règles sont, par conséquent, fort difliciles à obtenir. Dans le chapitre troisième, ils décrivent les travaux relatifs au sol et les ustensiles employés à ces diverses opérations. Le cha- pitre quatrième traite de la multiplication des plantes par semis et autres procédés ; les diverses espèces de greffe y sont examinées avec un soin parti- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h13 culicr. Le chapitre cinquième est le plus étendu ; il se divise en cinq sections, dont la première expose la théorie générale de la culture, la division des plantes d’après leur durée, la nécessité du repos hivernal de la végétation ; la deuxième, les divers procédés de la culture proprement dite; la troisième, ceux de la taille des arbres et des plantes herbacées ; la quatrième, plus inté- ressante au point de vue scientifique, traite de la fécondation naturelle et artificielle des végétaux, du croisement et des hybridations, du choix des porte-graines et des variétés, de l'acclimatation et de la naturalisation des plantes et de la rotation des cultures. On y voit que les hybrides se recon- paissent à deux sortes de caractères, les uns essentiels, les autres accessoires : les premiers consistant dans le mélange plus ou moins intime des caractères propres aux parents, les seconds dans le développement des organes de la végétation, et quelquefois dans une production considérable et longtemps continuée de fleurs presque ou tout à fait stériles. Relativement à la pos- térité des hybrides fertiles, les auteurs disent qu'on n’est pas suffisamment renseigné, mais qu’au moins la très grande majorité des formes hybrides n'a qu'une durée limitée, d'où découle le mode de multiplication à adopter pour celles que l’on veut conserver telles qu’elles sont. Le sixième chapitre traite des accidents auxquels les plantes sont exposées; des maladies causées par les diverses influences météorologiques, les végétaux cryptogamiques et les animaux nuisibles; plusieurs gravures sur bois sont consacrées à la repré- sentation de ces animaux. Les auteurs insistent avec une juste raison sur la coopération que nous apportent les oiseaux pour la destruction des insectes nuisibles et sur la funeste habitude, déjà trop invétéréc, que l'on à dans nos campagnes de tucr ces utiles auxiliaires ; ce scrait, disent-ils, le devoir de ceux qui exercent quelque influence sur la population agricole, les maires, les ecclésiastiques, les instituteurs, les propriétaires éclairés, de lui faire com- prendre ce que demande ici l'intérêt général, et de lui apprendre en même temps quelles espèces d'animaux il faut détruire et’ quelles autres il faut respecter. Puisse leur voix être entendue! ie Plantes utiles de la Nouvelle-Calédonie; par M. E. Vicillard (Ann. sc. nat., IV° série, 8° année, t. XVI, pp. 28-78). Nos lecteurs connaissent les intéressants travaux qui se poursuivent en ce moment sur la flore de la Nouvelle-Calédonie, et savent qu’une partie de ces recherches a été entreprise sur les matériaux envoyés par M. Vieillard, qui réside dans ce pays en qualité de chirurgien auxiliaire de la marine; nous leur avons déjà signalé une étude de ce naturaliste sur les genres Oxera et De- planchea. M. Vicillard vient d’utiliser ses connaissances de la végétation néo - calédonienne et des coutumes du pays pour tracer le tableau du tribut qu'y paie la botanique à l'alimentation, à la médecine ou à d'autres usages. On y AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. voit que les Algues riveraines, et surtout le Laurentia Wrightit Kuetz., les Fougères, et notamment l’Angiopteris erecta Hoffm., l'ÆZeleocharis esculenta Vieill., le Dioscorea alata L. et plusieurs autres espèces du même genre, le Tacca pinnati fida Forst., le Colocasia esculenta Schott, le Cycas circinalis.., le Batatas edulis, introduit dans l'ile, fournissent de la fécule aux indi- gènes ; que la Ganne-à-sucre cst abondamment répandue sur toute la surface de l'île, où clle donne de fort beaux produits, quoique mal cultivée; que l'Aeleocharis austro-cal:donica Vicill., plusieurs Bananiers, l'Æeliconia austro-caledonica Vicill., divers Pandanus, le Broussonnetia papyrifera Forst., le Ficus prolixa Forst., produisent dans leurs feuilles ou dans leur écorce une matière textile employée dans le pays; que les Araucaria, Calo- phyllum, Elæocarpus, donnent d'excellents bois de construction, etc. Nous ne pouvors, faute d'espace, mentionner les applications intéressantes pour la teinture et la médecine indiquées par M. Vicillard. Son travail renferme encore beaucoup d’autres détails curieux sur les mœurs du riche pays dont il a étudié la végétation ; on ne déplore en le lisant qu'une chose, c’est le mau- vais usage fait de toutes ces richesses, la culture mal entendue de la Canne, et le défaut d'aménagement qui menace notre co'onie de perdre le Santal et les Pins colomnaires (Araucaria intermedia R. Br.). M. Vicillard a profité de l’occasion qui lui était offerte pour décrire som- mairement un certain nombre d'espèces nouvelles; comme ces espèces ont été publiées déjà par lui dans son herbier de la Nouvelle-Calédonie, et qu’elles sont en ce moment l’objet des études de plusieurs observateurs qui les feront connaître, nous ne croyons pas nécessaire d'en transcrire ici l'énumération. E. F. Éléments dhorticulture, où Jardins pittoresques exp'iqués dans leurs motifs, représentés par un plan destiné aux amateurs pour les guider dans la création et l’ornementation des parcs et des jardins publics; par M. R. Sicbeck, entrepreneur de jardins publics; traduit de l'allemand par M. St. Lepoitier. Un vol. in-8° de 54 pages, accompagné de‘ planches in-folio chromo-lithographiées. Paris, chez J. Rothschild, 1862. Cet ouvrage a obtenu en Allemagne un assez grand succès pour que l'éditeur ait entrepris de le faire traduire à la fois en anglais et en français. Son but est de faire connaître l'art de dessiner les jardins paysagers. Pour le remplir, l'auteur à tracé, dans un petit solume, les règles de cet art, et ajouté à l'appui de cette exposition, quatre grandes cartes qai, fuxtaposées, représentent sur unc Cchelle considérable, et avec tous ses embc!lissements, un parc dessiné par lui au pied des Carpathes. Dans la partie théorique, M. Siebeck insiste sur les divers éléments mis à la disposition du dessinateur de jardins, l'espace, l'ensemble, les allées, le gazon, l’eau, les monticnles, les montagnes et les rochers, les fleurs, les constructions et autres travaux d'art dont il traite selon REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A5 l'ordre de leur importance; il étudie ensuite, au moyen de la carte, la manière de réaliser sur le terrain les divers préceptes qu’il a donnés. E. F. Manuel de synonymie chimico-phharmaceutique, chîi- mique ct pharmacentique, ou Nomenclature de toutes les dénominations latines, allemandes et françaises des produits chimiques et matières premières médicinales ; par M. Ernest-Frédéric Anthon; ?° édition. Un vol. in-8° de 864 pages. Paris, chez J. Rothschild, Le titre de ce livre en indique suffisamment l'objet, étranger à la botanique proprement dite, mais intéressant d'assez près des sciences voisines pour que nous en disions quelques mots. Il se divise en plusieurs parties; la première contient, par ordre alphabétique, les noms latins des différentes substances connues en matière médicale, et chacun d’eux est suivi de la mention quelquefois très longue des synonymes. Vient ensuite un catalogne des noms latins des plantes fournissant les produits cités dans la première partie, accom- pagnés de numéros qui y renvoient le lecteur, puis un index des noms latins des produits, renvoyant également à la première partie, et facilitant les re- cherches de synonymie, et des index analogues pour les noms allemands et français. L'ouvrage se termine par un supplément ct des corrections annexés aux différentes parties qui le constituent. . Collections de plantes à vendre. M. Henri van Heurck, professenr de botanique et vice-président de la Société botanique d'Anvers, prépare la publication d’un herbier de plantes rares ou critiques de la Belgique. Cette collection sera publiée par fascicules de 50 espèces. Chaque plante sera accompagnée d’une étiquette imprimée, donnant tous les renseignements nécessaires. — Le prix du fascicule est fixé à 7fr. 50 c., les frais de transport restant à la charge du souscripteur. Il ne paraîtra qu’un fascicule chaque année; le premier est annéncé pour le mois de janvier 1863. — On peut adresser sa souscription, soit directement à M. H. van Heurck, à Anvers (Belgique), soit à son correspondant, M. E. Le Sourd-Dussiples, quai Voltaire, 25, à Paris. BIBLIOGRAPHIE. Botanische Zeitung. Articles originaux publiés dans le deurième trimestre de 1852. Hartig (Th.). — Ueber die Bewegung des Saftes in den Holzpflanzen (sur le mouvement de la séve dans les plantes ligneuses), fin, n° 14, pp. 105-109, pl. IL. A16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gœppert (H.-R.). — Ueber das Verhalten einer Mimosa pudica wæhrend des Fahrens (Sur la manière dont s’est comporté un Wimosa pudica pen- dant son transport en voiture), n° 44, pp. 110-111. Unger (F.). — Ueber die Structur ciniger rcizbarer Pflanzentheile (Sur la structure de quelques parties irrilables des végétaux), n° 15, pp. 113-118, pl. IV. Wigand (A.). — Einige Sætze ueber die physiologische Bedeutung des Gerbstoffes und der Pflanzenfarben (Quelques mots sur le rôle que jouent physiologiquement le tannin et les couleurs des plantes), n° 16, pp. 121- #25. Weiss (Adolf) und Wiesner (Julius). — Beitræge zur Kenntniss der che- mischen und physikalischen Natur des Milchsaftes der Pflanzen (Contribu- tions à la connaissance de la nature chimique et physique du latex des végétaux), n° 16, pp. 125 127. Buchenau (Franz).— Vorkommen gefuellter Blumen bei einer wildwachsen- den Pflanze (Présence de fleurs doubles sur une plante sauvage), n° 16, pp. 127-128. Wigand (A.). — Ueber das Verhalten der Zellenmembran zu den Pigmenten (Sur les rapports qui existent entre la membrane cellulaire et les matières colorantes), n° 17, pp. 129-135. Wigand (A.). — Ueber den Sitz der China-Alkaloïde (Sur le siége des alca- loïdes du Quinquina), n° 18, pp. 137-143. Sachs (Julius). — Zur Keimungsgeschichte der Græser (Sur la germina- tion des Graminées), n° 19, pp. 145-1514, pl. V. Berg (0.).— Die Balsamodendron-Arten der Berliner Herbarien (Les espèces du genre Balsamodendron contenues dans les herbiers de Berlin), n° 20 et 21, pp. 153-156 et pp. 161-164. Hertzer. — Ueber diesjæhrige Unfruchtharkcit der Rosskastanie (Sur la stérilité du Marronnier d’Inde dans cette année), n° 20, pp. 156-157. Dippel. — Zur Histologie der Coniferen (Histologie des Conifères), n° 22, pp. 169-174, pl. VI. Nylander (W.). Expositio synoptica generis C'œnogonit, n° 23, pp. 177-178. Caspary (Robert). — Aldrovandia vesiculosa, n°° 24, 25 et 26, pp. 485- 188, 193-197 et 201-206, pl. VIF, Jiossmann (Julius). — Zum Verstændniss der Delphinium-Bluethe (I anterpré- tation de la fleur des Delphinium), n° 24, pp. 488-190. K'anitz (August). — Botanische Notizen (Notes botaniques), n° 24, pp 190- 191. Philippi. — Besuch der Bæder von Chillan in Chile (Visite aux bains de Chillan dans le Chili), n° 25, p. 197. Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, ruc Mignon, 2. + SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN. La Société se réunit à sept heures et demie du soir, dans le local ordinaire de ses séances, rue de Grenelle-Saint-Germain, 84. M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1862-63. M. le baron de Castello de Païva est proclamé membre à vie, sur la déclaration faite par M. le Trésorier, qu’il a rempli la condition à laquelle l'art. 14 des statuts soumet l'obtention de ce titre. Lecture est donnée de lettres de MM. J. Remy, G. Gautier, l'abbé Ravain, J. de Martin et H. Rodin, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. M. le Président annonce que le Conseil d'Administration a décidé que les collections de la ‘Société seront dorénavant ouvertes à MM. les membres de la Société, pour leurs études, le jeudi de chaque semaine (à moins que ce ne soit un jour férié), de une heure à quatre heures. Dons faits à la Société: 4° Par MM. Ad. Brongniart et A. Gris : ’ Notice sur les Saxifragées-Cunoniées de la Nouvelle-Calédonie. 2° Par M. A. Gris: De l'application des sels de fer à la végétation. 3° Par MM. J.-B. et Ém. Baillière : Bulletin bibliographique des sciences physiques, naturelles et médi- cales, 4"° année, 1860. fn + 21 A18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. h De la part de M. Alph. De Candolle : Note sur un nouveau caractère observé dans le fruit des Cliènes et sur la meilleure division à adopter pour le genre Quercus. 5 De la part de M. Atulio Tassi : Sulla flora della provincia senese e Maremma toscanu. 6° De la part de M. N. Pringsheim : Ueber die Vorkeime der Charen. 7° De la part de M. H. Ardoino : Catalogue des plantes vasculaires qui croissent aux environs de Menton et de Monaco. 8 De la part de M. Ch. Des Moulins : De la connaissance des fruits et des graines. 9° De la part de M. H. Lecoq: De la fécondation naturelle et artificielle des végétaux et de l'hybri- dation, 2° édition. 40° De la part de M. Godron : Essai sur la géographie botanique de la Lorraine. 14 De Ja part de MM. J.-E. Planchon et J. Triana : Mémoire sur la famille des Guttifères. 12 De la part de M. Delbos : Rapport sur les puits artésiens du Sahara algérien et sur les collec- tions de M. Zichel. 13° De la part de M. Jullien-Crosnier : Catalogue systématique de quelques plantes nouvelles pour la flore orléanaise. | 14° De la part de M. Alph. de Rochebrune : Observations sur le Ruscus aculeatus. Note sur le Dracocephalum virginianum. Nouvelles remarques sur le Primula variabilrs. 45° De la part de M. Malmgren : Œ foersigt af Spetsbergens Fanerogam-Flora. 46 De la part de M. Fr. Crepin : Notes sur quelques plantes rares ou critiques de la Belgique, fase: ? SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1862. h19 47° De la part de MM. Baillet et Timbal-Lagrave : Essai monographique sur les espèces du genre Galium des environs de Toulouse. 18° De la part de M. N. Doûmet : Aperçu des herborisations faites par la Socièté botanique de France pendant la session tenue à Béziers-Narbonne en 1862. 19° De la part de MM. Besnou et Bertrand Lachônée : Catalogue raisonné des plantes vasculaires de l'arrondissement de Cherbourg. 20° De la part de M. le baron H. Aucapitaine : Mollusques terrestres et d’eau douce observés dans la Haute-Kabylie. 21° De la part de la Société d'Horticulture de la Gironde : Annales de cette Société, 1. XII, n° 2. 2% De la part de la Société d'Horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, mai-juin 1862. 23° De la part de la Société d’Horticulture et d’Arboriculture de la Côte-d'Or : Bulletin de cette Société, mai-juin 1862. 24° De la part de la Société d’Horticulture et de Botanique de l'Hérault : Annales de cette Société, t. II, n°° 2 et 3. 25° En échange du Bulletin de la Société : Linnœæa, Journal fuer die Botanik, t XV, livr. 4. Flora oder allgemeine botanische Zeitung, 1862, n° 11. Botanische Zeitung, 1862, 2° trimestre. Journal of the proceedings of the Linnean Society, n°° de novembre 1861, de mars et mai 1862, et liste des membres. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1861, Lee DUR Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, dix-huit numéros. Atti della Societa italiana di Scienze natural, t. IV, fasc. 2. Pharmaceutical journal and transactions, août-novembre 1862. Atti dell I. R. Istituto veneto, t. VIL, livr. 7-9. Bulletin de la Société des sciences de l'Yonne, années 1847, 1849, et 1851 à 1861. h20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Journal de la Société impériale et centrale d’Horticulture, juillet- septembre 1862. Bulletin de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, juillet- septembre 1862. L'Institut, juillet à novembre 1862, seize numéros. M. J. Gay fait hommage à la Société, de la part de M. Malmgren, d’une brochure intitulée : OEfversigt af Spetsbergens Fanerogam- Flora, et insiste sur l'intérêt que présente cette publication. M. Eug. Fournier dépose sur le bureau, de la part de M. V. Per- sonnat, un fascicule de plantes provenant des environs de Chamounix (Haute-Savoie), destiné à l’herbier de la Société. M. AL. Jamain dépose aussi sur le bureau une série des plantes les plus intéressantes recueillies par lui aux environs de Béziers et de Narbonne, pendant la session extraordinaire tenue dans ces deux villes, en juin dernier, par la Société. M. l'Archiviste ajoute que la Société possède dans son herbier la plupart des plantes des autres sessions, qui se trouvaient dans les collections de M. H. de Ra Perraudière, sauf les récoltes faites aux environs de Nantes, en août 1861, et qu'il serait à désirer que les membres qui ont assisté à la session de Nantes pussent en fournir les principales plantes. M. de Schænefeld dit qu'il espère pouvoir offrir à la Société presque toutes les espèces intéressantes recueillies durant la session départementale de 1861. M. J. Gay fait connaître à la Société (à l’occasion de la session de Nantes, dont il vient d’être question) que l’/soëtes echinospora à été recueilli cette année par M. Lloyd, sur les bords d’une rivière qui sort du lac de Grandlieu (Loire-Inférieure). M. le Secrétaire général met sous les yeux de la Société un exeni- plaire de la centurie de Chicoracées, publiée par M. le docteur Schultz-Bipontinus sous le titre de Cichoriaceotheca (1). Lecture est donnée d’une lettre de M. Bernardin Martin (datée d’Aumessas [Gard] 16 août 1862), par laquelle il annonce qu'il à trouvé, le 6 juin dernier, le Parietaria lusitanica L., à Cases-de- Pêne (Casas-de-Peña) près Perpignan. Cette espèce n aval encore été signalée dans les Pyrénées-Orientales qu’à Banyuls-sur-Mer. — (1) Voyez plus haut, p. 256, l’annonce de cet exsiccala. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1862. h21 A l'appui de son indication, M. B. Martin envoie un échantillon de la plante, qui sera déposé dans l’herbier de la Société. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communica - tion suivante, adressée à la Société : SUR UNE FORME pu COCHLEARIA DANICA, par ME, Aug. LE JOLIS. (Cherbourg, 18 octobre 4862.) Tous les auteurs sont d'accord pour caractériser le Cochlearia danica principalement par ses feuilles £outes pétiolées, et c'est même la seule note employée dans les tableaux dichotomiques pour le faire distinguer à première vue des €’. cfficinalis et C. anglica, dont les feuilles caulinaires sont sessiles. Toutefois ce caractère, attribué d’une manière si absolue au €. danica, n’est pas en réalité aussi invariable que les ouvrages descriptifs pourraient le faire croire; et j'ai rencontré à plusieurs reprises une plante qui, pour moi, appar- tient sans aucun doute à cette espèce, et qui pourtant a les feuilles cauli- naires sessiles. Cette forme croît de préférence au pied des falaises, dans les endroits herbeux et humides, où elle acquiert un vigoureux développement (3 à 6 décimètres), tandis que d'habitude le (’. danica est de petite taille et décrit comme tel. Les feuilles caulinaires, ainsi que je viens de le dire, sont généralement toutes sessiles et même un peu embrassantes; quelquefois lon voit sur le même pied des feuilles sessiles et d’autres portées sur un très court pétiole, mais il semblerait que, plus la plante est robuste, plus la sessilité générale des feuilles est prononcée. Du reste, la longueur des grappes lâches, la briè- veté des pédicelles assez épais, la petitesse des fleurs, la caducité des valves du fruit, jointes à un port différent de celui du €. officinalis, ne permettraient pas de la séparer du C. danica, quand bien même on ne trouverait pas de nombreux intermédiaires entre cette forme et le type. J’ajouterai qu’il ne serait peut-être pas impossible que la forme sur laquelle j'appelle l'attention des botanistes eût été prise quelquefois pour le €. offici- nalis et donné lieu à certaines indications qui me paraissent avoir besoin d’être vérifiées de nouveau. Ainsi, par exemple, c’est bien cette forme que j'ai reçue des falaises d'Étretat, seule localité où le €. of ficinalis soit indiqué en Normandie. Le C. officinalis est une plante septentrionale, qui descend des bords de la mer du Nord, par les Pays-Bas, jusqu’à Dunkerque; mais celte dernière localité est la seule de tout le littoral français où il m'ait été encore possible de constater la présence de cette espèce qui semble appartenir à peine à notre flore. M. J. Gay fait remarquer que la brochure suédoise, sur la flore h22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du Spitzberg, qu'il vient de présenter à la Société, contient un article relatif aux Cochlearia du nord. Il ajoute que, pour lui, il considère le prétendu Cochlearia pyrenaica des Pyrénées et du Jura comme identique avec le C, officinalis, et qu’il a récolté cette dernière espèce, au mois d'août dernier, au sommet du Snowdon, la plus haute montagne du pays de Galles (alt. 1089 m.). Elle y croissait avec l’Armeria maritima. M. T. Puel dit qu’il a récolté à la Teste (Gironde) le Cochlearia officinalis et le C. danica. M. Eug. Fournier donne lecture de la note suivante : ® Notre honorable confrère M. Ém. Martin, de Romorantin (Loir-et-Cher), vient encore de faire dans la Sologne deux trouvailles intéressantes. Il s’agit d’abord du ÆRanunculus confusus G.G., trouvé par lui dans le lac de Soings, à 25 kilomètres de Romorantin, et dont il a soumis quelques échantillons à M. Grenier. Le savant professeur de Besançon n’a pas hésité à y recon- naître une variété du Æ. confusus, à feuilles toutes laciniées capillaires, qu'il ne connaissait pas quand il a travaillé à la rédaction du premier volume de la Flore de France. La seconde plante est le Zemna arrhiza, connu dans l'Yonne, la Nièvre et dans Indre-et-Loire, mais qui n'avait pas encore été rencontré dans Loir-et-Cher ; il couvre en grande partie la mare de Sainte- Marthe, commune de Villefranche, près de Romorantin. M. Martin a envoyé une boîte pleine de Zemna arrhiza vivants que je mets à la disposition de nos confrères. M. Eug. Fournier fait ensuite à la Société la communication suivante : SUR LA VÉGÉTATION DES ENVIRONS DE LA CALLE (ALGÉRIE), par M. Eugène FOURNIER. Notre honorable confrère M. Edm. Lefranc, attaché en qualité de pharma- cien-major au service des hôpitaux militaires d'Algérie, a fait, dans deux localités fort différentes de ce pays, de nombreuses herborisations, dont les résultats seront consignés dans la Flore d’ Algérie que préparent en ce moment MM. Cosson et Durieu de Maisonneuve. M. Lefranc a exploré avec soin, et pendant des mois entiers, résidant sur les lieux, les environs de Batna dans les hauts-plateaux, et plus récemment ceux de la Calle dans la région littorale. Le haut pays ayant été parcouru par M. Cosson, qui d’ailleurs avait visité pendant son voyage les collections recueillies à Batna par M. Hénon et par M. Lefranc, celles que ce dernier botaniste a rapportées de Batna n’offrent plus aujourd’hui l'intérêt de la nouveauté, sauf deux ou trois espèces que M. Cosson SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1862. h23 a récemment signalées ; tandis que les récoltes faites à la Calle par notre honorable confrère ajoutent quelques acquisitions à la flore algérienne, et nous ont paru mériter les honneurs d’un petit catalogue spécial. Ce catalogue n’a pu d’ailleurs être dressé que grâce à la bienveillante obligeance et aux con- naissances spéciales de M. Cosson. Tous les échantillons de la collection ont été déterminés par li, et les plantes qu’il a reconnues pour nouvelles ou particulièrement intéressantes seront l’objet de notes spéciales qui feront suite au catalogue (1). Le rivage sur lequel est située la ville actuelle de la Calle dessine, sur une étendue de quatre à cinq lieues, une demi-lune rentrante entre le cap Rosa à l'ouest, et à l’est le cap Nègre qui sépare nos possessions de celles du bey de Tunis. Le littoral présente, dans ce court espace, trois stations différentes : vers l’ouest l'embouchure du lac Melah, lac salé à bords vaseux; puis les rochers maritimes da bastion de France, où croît le Déanthus Caryophyllus au Inilieu des /nula crithmoides ; et enfin une bande étroite de dunes qui se développe vers l’est, vers l'endroit où la petite rivière de la Messida se jette dans la Méditerranée, Au sud de la Calle, le pays est rempli de Palmiers- nains, formant là ces broussailles impénétrables qui abondent sur le sol algé- rien. Puis le terrain se relève sur les pentes d’une colline couverte du côté du nord de Chênes-Liéges ; la colline atteint environ 200 mètres et s’abaisse ensuite vers les prairies et les lacs. Ces pentes boisées, arrosées par de nom- breuses sources, jouissent au printemps d'une certaine humidité. Derrière la chaîne de collines, et toujours au sud, se trouve la région des pâturages, entrecoupée de lacs d’eau douce, les lacs Tonga et Houbera, et de grands bois qui s’abaissent peu à peu vers les lacs. Dans les pâturages se trouvent les prairies de Bou-Merchen et de Demetrean, les villages de Roum-el-Souf et du Tarf; ils sont bornés par le cours de l’Oued-el-Kebir, derrière lequel le sol se relève de nouveau. Get aperçu, entrevu à vol d'oiseau, du territoire de la Calle, nous permet de présumer que la végétation doit en être fort variée. On n’y trouve, en effet, pas moins de dix stations différentes : dunes, lacs salés, rochers, broussailles, coteaux, bois, lacs d’eau douce et pâturages, bords des chemins et lieux incultes. Chacune de ces stations sera mentionnée avec soin, à la suite du nom des plantes qui les occupent, dans le catalogue Suivant : Catalogue des plantes recueillies aux environs de la Calle (Algérie) par M. E, Lefranc, et déterminées par M. E. Cosson. Clematis cirrosa L. — Bois, bords du lac Tonga; janvier-février. Anemone palmata L.— Broussailles, coteaux. Ranunculus aquatilis L, var. capillaceus forma terrestris. — Bords du lac Tonga. (1) Elles seront marquées d’un astérisque dans le catalogue. h24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ranunculus Flammula L.— Marécages ; printemps. — ophioglossifolius Vill. — Prairies marécageuses, bords du lac Houbera. — bullatus L. — Coteaux, pâturages, bords du lac Tonga. — flabellatus Desf. (R. chærophyllos L. var. flabellatus). — Coteaux. — macrophyllus Desf, — Lieux humides. — trilobus Desf. var. — Marécages. — scelcratus L. — Marais. — muricatus L. — Marécages. Ficaria calthifolia Rchb. — Pentes humides; premier printemps. Nymphæa alba L. — Lac Tonga. Glaucium flavum Crantz. — Sables maritimes; août. Matthiola sinuata R. Br. — Dunes à l'embouchure de la Messida ; avril-mai 4861. Nasturtium amphibium R. Br. — Bords du lac Tonga. * Sisymbrium malcolmioides Coss. et DR. sp. nov. — Dunes à l'embouchure de la Messida. Biscutella apula L. — Coteaux, broussailles, pâturages. Brassica Maurorum DR. — Bois. Cakile maritima Scop. var. australis Coss. — Dunes. Rapistrum Linnæanum Boiss. et Reut. — Coteaux. Raphanus Landra Mor. — Dunes. Helianthemum halimifolium Wäilld. — Coteaux secs; abondant, forme les broussailles à Bou-Merchen, — Tuberaria Mill, — Collines. — guttatum Mill. var. — Coteaux secs. Reseda alba L.— Dunes à l'embouchure de la Messida. Frankenia lævis L. — Sables maritimes. — intermedia DC.— Ibid. Gypsophila compressa Desf. — Broussailles de Coulifa et du bastion de France. Dianthus Caryophyllus Z. — Rochers maritimes. Silene gallica L. — Dunes, terrains incultes. — quinquevulnera L.— Dunes, sables, bords des chemins. — hispida Desf. — Broussailles. — nicæensis All. — Dunes. — rosulata Soy.- Will. et Godr. — Rochers maritimes. — Pseudatocion Desf. — Coteaux, dunes. — sedoides Jacq. — Commun sur les dunes. Lychnis læta Ait. — Bords des ruisseaux à Bou-Merchen. — Coœli rosa Desf, — Coteaux, broussailles, pâturages. — macrocarpa Boiss. et Reut. — Broussailles. Sagina procumbens L.— Coteaux humides. Spergula arvensis L. — Dunes, lieux incultes. Khodalsine procumbens J. Gay.— Coteaux sablonneux. Arenaria spathulala Desf. (A. cerastioides Poir.). — Broussailles ; printemps. Stellaria media Sm. — Bords des chemins; abondant. Mæœnchia erecta Baumg. — Pentes fraîches, broussailles. Cerastium glomeratum Thuill. — Pâturages, broussailles, coteaux. Linum gallicum L. — Broussailles, coteaux, pâturages. — Strictum L. var.— Coteaux, pâturages. — corymbiferum Desf.— Coteaux, pâturages, broussailles. * — grandiflornm Desf. — Tarf. — angustifolium Huds. — Broussailles. Lavatera trimestris L. — Coteaux. — olbia L. var. hispida. — Endroits humides, ravins. Hibiscus esculentus L. (Gombo des nègres). — Cultures à Bou-Merchen. Sida Abutilon L.— Jardin de M. Lefranc. Hypericum repens L.— Broussailles, bords du lac Houbera. — afrum DC.— Marécages à Bou-Merchen. Geranium molle L.— Broussailles, SÉANCE DU 1h NOVEMPRE 1862. 425 Geranium Robertianum L.— Lieux incultes. Erodium Botrys Bert. — Pàäturages. * — pachyrrhizum Coss. et DR. sp. nov. -— Pâturages, broussailles. Ruta bracteosa DC.— Dunes et broussailles, vieille la Calle. Rhamnus Alaternus L. — Dunes, broussailles. * — Frangula L.— Bois du Tonga. Calycotome intermedia DC.— Coteaux pierreux, broussailles. Genista aspalathoides Lam. — Coteaux, broussailles ; abondant. — ulicina Spach. — Broussailles, coteaux, rocailles. — ferox Poir.— Coteaux, broussailles ; fleurit en avril. Retama Duriæi Webb (fl. et fr.). — Dunes. Cytisus triflorus L’Hér. — Broussailles. Lupinus angustifolius L. — Lieux incultes. — luteus L.— Ibid. Ononis villosissima Desf. — Pâturages, bords des chemins, lieux inculies. — variegata L. — Dunes mobiles; juin. — diffusa Ten. — Dunes. Anthyllis Barba Jovis L. — Rochers maritimes abrupts. — hamosa Desf. (A. cornicina Poir. non L.), — Coteaux sablonneux. — Vulneraria L. var. floribus purpureis. — Coteaux sablonneux. Medicago sphærocarpa Bert. — Pâturages. — Echinus DC. — Prairie de l’Oued-el-Kebir. Melilotus neapolitana Ten. (M. gracilis DC.). — Bords des fossés. Trifolium arvense L. var. — Coteaux. — phleoides Pourr. lappaceum L. — Pâturages. Bocconi Savi. — Bords des chemins, pâturages. scabrum Z. — Coteaux, pâturages. squarrosum ZL. — Prairies fraîches. Cherleri L. — Pâturages secs, coteaux. lævigatum Desf. — Prairies à Bou-Merchen. maritimum Huds.— Pâturages frais. resupinatum L. — Pâturages, coteaux frais. : tomentosnm L. — Pâturages. micranthum Viv. — Prairies humides à Bou-Merchen. Borycnium rectum Ser. — Lieux frais, bords des fossés et des ruisseaux. Lotus edulis L. — Pâturages. — creticus L. — Sables maritimes. — hispidus Desf. — Clairières humides. — parviflorus Desf. — Ibid. — major Sm.— Marécages, clairières humides. Tetragonolobus biflorus Ser. — Pâturages, bords des chemins. Psoralea bituminosa L. — Broussailles, coteaux. Astragalus bæticus L. — Coteaux sablonneux. Biserrula Pelecinus L.— Prairies sablonneuses. Scorpiurus vermiculata L. — Bords des chemins, prairies. Arthrolobium ebracteatum DC.— Coteaux sablunneux. Coronilla juncea L. — Coteaux sablonneux. — repanda Boiss. (Ornithopus repandus Lam.).— Dunes. Ornithopus compressus L.— Sables, coteaux. Hedysarum coronarium L.—- Lieux incultes. Vicia atro-purpurea Desf. — Broussailles. — (Calcarata Desf. — Broussailles, fossés des dunes. — altissima Desf.— Buissons humides dans les ravins. — lutea L. var. hirta. — Prairie de l'Oued-el-Kebir. Lathyrus sativus L. — Subsp.? — latifolius L. — Bois, broussailles. Orobus atro-purpureus Desf. (Vicia sicula Guss.). — Tarf, RÉRERERE I h26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Agrimonia Eupatoria Z.— Coteaux, broussailles. Poterium Duriæi Spach. —- Rois. Cratægus monogyna Jacqg. — Bois, camp des Faucheurs. Myrtus communis L. — Broussailles. Epilobium hirsutum L.— Marais de la Messida. — molle Zam.-— Marais de la Messida. — Tournefortii Michalet (E. tetragonum L. var. grandiflorum Salzm.).— Marais de la Messida. Isnardia palustris L. — Bords des lacs, sables, Bou-Merchen, lac Houbera. Myriophyllum verticillatum L. — Lacs Houbera et Tonga. Peplis Portula L. — Prairie du lac Houbera. Tamarix africana L.-:— Bords des ruisseaux, pied des dunes. Corrigiola littoralis L. — Sables, bords des lacs. Paronychia echinata Lam. — Coteaux. Polycarpon alsinifolium DC. — Dunes. Illecebrum verticillatum L.— Bords du lac Houbera. Pistorinia hispanica DC. var. — Rochers maritimes. Glinus lotoides L. — Terre tourbeuse, bords des lacs Tonga et Houbera ; juin-juillet. Eryngium Barrelieri Boiss. — Prairies marécageuses du Tonga inondées l'hiver. — dichotomum Desf. — Coteaux. Helosciadium crassipes Koch. — Eaux à Bou-Merchen. — nodiflorum Koch. — Marécages, ruisseaux. Carum mauritanicum Boiss. et Reut.— Coteaux. Pimpinella lutea Desf, — Coteaux. OŒEnanthe globulosa L. — Lieux humides. — anomala Coss. et DR. — Prairies humides. Fæœniculum officinale All. — Coteaux, broussailles. Kundmannia sicula Scop. — Coteaux et broussailles. Ferula sulcata Desf, — Coteaux et broussailles ; mai. Thapsia polygama Desf. -— Dunes mobiles. Elæoselinum meoides Koch. — Coteaux et broussailles. Orlaya maritima Koch. — Dunes. Daucus parviflorus Desf. -—— Lieux incultes. — siculus Tin. — Rochers maritimes. — laserpitioides DC. — Lieux incultes, bords des chemins, broussailles ; très abondant, novembre-décembre. % — maximus Desf.? — Pâturages frais ; très abondant. — muricatus L.— Prairie du Tarf. Cachrys pungens Jan. — Bords du lac Houbera. Magydaris tomentosa Koch. — Ravins. Viburnum Tinus L. — Bois exposés au nord. Crucianella maritima L.— Dunes. Rubia lævis Poir. — Broussailles. — peregrina L.— Broussailles. Galium tunetanum Lam. — Broussailles, coteaux. — Palustre L. var, debile (G. debile Desv.). — Marécages. — Saccharatum All. — Pâäturages, lieux incultes. : Centranthus Calcitrapa Dufr. — Coteaux. Fedia cornuta Spach in herb. Mus. — Sables, coteaux, pâturages, lieux incultes. Valerianella microcarpa' Lois. — Clairières des bois. Scabiosa Succisa L.— Clairières des bois humides. — urceolata Desf. — Dunes. — monspeliensis Jacq. — Broussailles, coteaux près du Tarf. Bellis annua L. — Marécages des bois. Evax asterisciflora Poir. — Coteaux, pâturages, bords des chemins, Inula viscosa L.— Coteaux, pâturages humides. Inula crithmoides L. — Rochers maritimes. — graveolens Desf. — Coteaux. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1862. 427 Jasonia sicula DC. — Coteaux, bords des chemins ; septembre-octobre, Pulicaria odora Rchb.— Coteaux, broussailles. Plagius virgatus DC. — Ravins frais. Filago gallica L.— Coteaux, pâturages. Helichrysum Fontanesii Camb. — Dunes, rochers. Arlemisia arborescens L. — (Coteaux maritimes. Lonas inodora Gærtn.— Champs en friche, sables, broussailles. Diotis candidissima Desf. — Dunes, sables maritimes mobiles. Anthemis maritima L. — Dunes, sables maritimes mobiles. Ormenis mixta DC. — Pâturages. Chrysanthemum coronarium L. — Lieux incultes, — segetum Z.— Lieux incultes. Senecio erraticus Bert. — Marais à Bou-Merchen. Calendula suffruticosa Vahl. — Dunes. Cirsium giganteum Spreng.— Ravins humides. Carlina involucrata Poir. — Coteaux. — sulfurea Desf. — Pâturages dn Tonga. Atractylis gummifera L. — Dunes, coteaux sablonneux. Serratula mucronata Desf. — Coteaux, broussailles. Centaurea tagana Brot. — Bois, broussailles. — sphærocephala L. — Sables maritimes. — napifolia L. — Pâturages. — nicæensis All, (C. fuscata Desf.). — Prairie du Tarf. Carduncellus multifidus Coss. et DR. — Coteaux et broussailles. Hyoseris radiata L. — Coteaux frais, au milieu des Palmiers-nains. Tolpis barbata Gwærtn.— Pâturages. — altissima Pers. — Coteaux, broussailles. Thrincia tuberosa DC. — Pâturages, coteaux. Helminthia asplenioides DC.— Coteaux argilo-sablonneux. — Comosa Boiss. — Coteaux secs et broussailles. Hypochæris neapolitana DC.-— Coteaux. Andriala integrifolia L. — Coteaux, broussailles. Laurentia Michelii Al. — Marais. Campanula Rapunculus L. — Clairières des bois, pâturages. — alata Desf. — Fossés des bois. — dichotoma L. —- Coteaux, broussailles. Arbutus Unedo L. — Bois, broussailles maritimes. ; Phillyrea media L. — Broussailles, bois. Fraxinus australis L.— Bois. Nerium Oleander L.— Bords du Tonga, embouchure de la Messida. Chlora grandiflora Viv. — Broussailles, friches. Erythræa maritima Pers. — Coteaux. — major Link. — Coteaux et broussailles. Convolvulus tricolor L. — Broussailles. Calystegia sepium R. Br. — Haies, broussailles. Heliotropium supinum L. — Lieux desséchés au bord du lac Houbera ; juin-juillet. Cynoglossum pictum Ait. — Pâturages, coteaux. Borrago longifolia Poir., — Bords des chemins, ravins. Cerinthe gymnandra Gasp. — Pâturages maritimes. Echium calycinum Viv. — Coteaux, pâturages. Myosotis palustris With. — Marécages. — versicolor Roth.? — Broussailles, au pied des Palmiers-nains. Verbascum Blattaria L.— Lieux humides des bois. Scrofularia sambucifolia Poir. — Lieux frais des dunes. Antirrhinum Orontium L. — Pâturages. Linaria græca Chav. — Clairières fraîches. — reflexa Desf. — Broussailles, coteaux, pâturages. — flava Desf. — Sables, dunes. 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Linaria virgata Desf. — Pâturages. — heterophylla Desf. — Pâturages, coteaux, dunes. Orobanche condensata Moris. — Broussailles. Odontites rigidifolia Benth. — Coteaux, broussailles ; abondant. Trixago viscosa RChb. — Prairies marécageuses. — apula Slev. — Prairies. Lavandula Stœchas L. — Dunes, coteaux, broussailles. Lycopus europæus L.— Marécages des bois. Thymus numidicus Poir. — Coteaux, bois. Micromeria græca Benth. — Buissons, coteaux, broussailles. Calamintha Nepeta Clairv. — Bois, broussailles, coteaux secs. — heterotricha Boiss. et Reut.— Bois, bords des chemins Stachys arenaria Vahl. — Dunes. — marrubifolia Viv. — Pâturages frais. — hirta L. — Lieux incultes. Brunella algeriensis de Noé. — Commun; prairie du camp des Faucheurs. Prasium majus L. — Broussailles. Ajuga Iva Schreb. — Lieux incultes. Teucrium Pseudoscorodonia Desf.— Bois, bords des chemins. — fruticans L.— Coteaux rocailleux, bastion de France. Vitex Agnus castus L. — Bords du lac Melah. Lapania nodiflora Lam. — Prairies à Bou-Merchen, sables des bords du lac Houbera. Anagallis crassifolia Thore.— Ruisseaux marécageux près de Bou-Merchen. — arvensis L. — Lieux incultes. Armeria mauritanica Wallr. — Dunes. Statice oxylepis Boiss. — Rochers. — spathulata Desf.— Ibid. — virgata Willd. — Sables maritimes. Alternanthera denticulata R. Br. — Bords du lac Tonga. Euxolus viridis Mog.-Tand. (Amarantus Blitum auct.). — Lieux incultes. Salsola Tragus L. — Dunes; octobre-novembre. ; Atriplex Halimus L. — Dunes. — portulacoides L.— Ibid. Emex spinosa Campd, — Lieux incultes. Rumex pulcher L. — Ibid. — crispus L. var. foliis planiusculis. — Lieux marécageux. — conglomeratus Murr. — Lieux humides. -—* bucephalophorus L.— Dunes. ï Thymelæa Passerina Coss. et G. de St-P. var. pubescens. — Coteaux et broussailles. Thesium humile Vahl. — Coteaux, pâturages. Osyris alba L.— Dunes, broussailles. Euphorbia Peplis L. — Dunes. — pubescens Vahl. — Sables, lieux humides. — provincialis Willd. — Sables. — exigua L.— Ibid. — cuneifolia Guss. — Bords des chemins. Quercus Mirbeckii DR. — Grands bois du lac Houbera. — Suber L.— Forme la masse des bois à la Calle. Alnus glutinosa Gærtn. Chamærops humilis L. — Très abondant sur les dunes. Alisma ranunculoides L.— Prairies des lacs d’eau douce. Triglochin laxiflorum Guss. — Prairies, pâlurages des bois. Potamogeton oblongus Viv. — Ruisseaux à Bou-Merchen. Sparganium ramosum L.— Marécages. Arisarum vulgare RChb. — Coteaux sablonneux. Orchis longicornu Poir.— Broussailles humides. — latifolia L. var. — Marécages à Bou-Merchen. Serapias Lingua L. — Broussailles, clairières des bois, Bou-Merchen. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1862. 129 Serapias cordigera L.— Prairies à Bou-Merchen. Iris Sisyrinchium L. — Coteaux herbeux. — stylosa Desf., — Bois humides. — juncea Desf. — Coteaux, broussailles. — Pseudacorus L.— Fossés des bois. Gladiolus Ludoviciæ Jan. — Pâturages. Trichonema Bulbocodium Ker.— Coteaux sablonneux. Narcissus Tazetta L. var. algeriensis. — Broussailles, clairières des bois. — serolinus L. — Ibid. — €legans Spach, J. Gay (N. oxypetalus Boiss.).— Pâturages, clairières des bois ; abondant. Pancratium maritimum L. — Dunes. Ruscus Hypophyllum L. — Bois, broussailles, coteaux. Smilax mauritanica Desf. — Broussailles humides. Anthericum planifolium L. — Lieux frais des bois. Ornithogalum umbellatum L.— Pâturages, coteaux. — arabicum L.— Cotcaux, pâturages. Scilla autumnalis L.— Coteaux, broussailles. — lingulata Desf.— Bois, pâturages, coteaux ; avril. — parvifolia Desf. — Coteaux boisés, pâturages. — anthericoides Poir, — Coteaux, broussailles, champs cultivés ; septembre-octobre. Urginea fugax Steinh. — Prairie du lac Tonga. Muscari maritimum Desf. — Dunes. Allium triquetrum L. — Coteaux, broussailles hurnides. — Chamæmoly L.— Coteaux, broussailles. — pallens DC. — Pâturages. Colchicum autumnale L. — Prairies du Tonga. — Bertolonii Stev. — Coteaux herbeux. Juncus maritimus Lam. — Lieux marécageux. — acutus L.— Fossés des bois. — Communis Mey. var. effusus.— Fossés des bois. — heterophyllus L. Duf. — Ruisseau de la fontaine du Marabout. — bufonius L.— Lieux humides. — L. var. fasciculatus (J. fasciculatus Brol.). — Ibid. foliosus Desf. — Lieux marécageux. pygmæus Thuill. — Lieux humides des bois. capitatus Weig. — Ibid. perus fuscus L. — Bords des ruisseaux, près des lacs. flavescens L. — Ibid. esculentus L. (C. aureus Ten.). — Dunes ; octobre. badius Desf. — Lieux humides. fascicularis Desf. — Prairies marécageuses de Demetrean. Pygmæus Rottb. — Bords des lacs Tonga et Houbera. Scliænus nigricans L. — Coteaux humides. Cladium Mariscus R. Br. — Marais de Demetrean. Scirpus lacustris L. — Bou-Merchen. — Holoschænus L.— Dunes. — Marilimus Z. — Bou-Merchen. * Isolepis uninodis Delile. —- Sables, bords des lacs Tonga et Houbera; septembre- décembre. Fimbrist ylig squarrosa Vahl. — Bords des lacs Tonga et Houbera. Carex gyfomane Bert. — Broussailles, bois. — divist Huds. — Plateaux argileux. — Vulpina L. — Broussailles humides. Carex divulsa Good. — Coteaux, bois. 7 lemota L. — Broussailles humides. — $ynobasis Vill. — Broussailles, coteaux pierreux. — Slauca Scop. var. serrulata. — Plateaux argileux. 4 Et ERET EE 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Carex echinata Desf. — Marécages à Bou-Merchen. Andropogon hirtus L. — Coteaux, pâturages. Pollinia distachya Spr. — Coteaux, pâturages. Digitaria sanguinalis L. — Prairies à Bou-Merchen. - Panicum repens L. — Sables. — numidianum Lam.— Ravins humides des dunes, Echinochloa Crus galli Beauv. et var. mutica. — Sables humides. Phalaris minor L.— Coteaux, pâturages. — paradoxa L. — Ibid, — Cærulescens Desf. — Pâturages. Imperata cylindrica Beauv. — Dunes. Crypsis alopecuroides Schrad. — Bords des lacs. Psamma arenaria Rœm. et Schult. — Dunes. Gastridium lendigerum Gaud. — Coteaux, pâturages. Piptatherum miliaceum Coss. (Agrostis miliacea L.). — Broussailles. Phragmites communis Trin. var. isiacus. — Bords des eaux. Arundo Donax L. — Bords des ruisseaux. — mauritanica Desf. — Ibid. Ampelodesmos tenax Link. — Coteaux, broussailles, Kœleria villosa Pers. — Coteaux, sables, pâturages. Aira capillaris Host var. Tenorii (Airopsis pulchella Ten.).— Broussailles. Holcus lanatus L. — Pâturages. Anthistiria glauca Desf. — Coteaux, broussailles ; abondant sur l'argile. Avena sterilis L. — Pâturages. :— barbata Brot. — Ibid. Melica pyramidalis Desf. (M. minuta var. latifolia Coss. Eragrostis megastachya Link. — Sables. — — var. microstachya. — Ibid. * — pilosa Beauv. — Coteaux sablonneux. Poa trivialis L. — Prairies. Glyceria fluitans R. Br. — Clairières humides des bois. Dactyloctenium ægyptiacum Wälld. — Dunes; octobre-novembre. Cynosurus polybracteatus Poir. — Pâäturages, coteaux. Vulpia geniculata Link. — Coteaux. — Broteri Boiss. et Reut. — Coteaux, pâturages. Festuca maritima DC. — Dunes. — divaricata Desf. — Ibid. — cærulescens Desf. — Coteaux pierreux, humides. Brachypodium silvaticum Rœm. et Schult. — Bois. Bromus mollis L. — Pâturages. Gaudinia fragilis Beauv. — Pâturages. Agropyrum junceum Beauv. — Dunes. Lolium temulentum L. — Lieux incultes. Monerma cylindrica Coss. et DR. var. gracilis. — Dunes. Hemarthria fasciculata Kunth. — Buissons humides, à Bou-Merchen;, octobre- novembre. Isoëtes adspersa A1. Braun. — Ruisseaux, Bou-Merchen. Polypodium unitum Desf, — Bois du Tonga. Polystichum Thelypteris Roth. — Ibid. ). — Broussailles. Parmi ces plantes, on remarque le Æhamnus Frangula et l’£Eragroslis pilosa, qui sont pour la première fois signalés en Algérie. L’/solepis uninodis Del. £g. p. 152, tab. 6, £ 4, est à peu près dans le même cas; il était représenté daus l’herbier de M. Cosson par un échantillon envoyé par M. À. Letourneux, mais n'avait pas encore été indiqué. Sa présence vient se joindre à celle de l'O/denlandia sabulosa DC, récemment découvert par M. A. Le- SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1862. h31 tourneux, et de quelques autres plantes égyptiennes, pour constituer sur le littoral de l’Algérie une colonie intéressante. Le Zinum grandiflorum, spécial à la province d'Oran, n'avait pas encore été recueilli dans celle de Constantine, et l’on doit faire observer qu'il y avait des traces d'anciennes cultures dans l'endroit où M. Lefranc l’a trouvé. Deux espèces nouvelles ont été observées par M. Cosson dans les récoltes de M. Lefranc: ce sont les Sisymbrium malcolmioides et Erodium pachyr- rhizum, En voici les descriptions : Note communiquée par MM. E. Cosson et Durieu de Maisonneuve. SISYMBRIUM MALCOLMIOIDES Coss. et DR. in kerb. Planta annua, Malcolmiæ parvifloræ facie, radice gracili descendente, oculo nudo glabrescens, sub lente pilis irregulariter ramosis sæpius bi-trifurcis Conspersa. Caulis 5-30 centim. longus, sæpius in parte inferiore arena im- mersus et foliis destitutus, subsimplex erectus, vel sæpius a basi ramosus ramis ascendentibus vel diffuso-ascendentibus. Æolia Sparsa, crassiuscula, uninervia, infima in speciminibus suppetentibus evanida, caulina oblonga interdum inferne subangustata sessilia, omnino exauriculata, obtusa, integra vel latere uno alterove grosse unidentata. Flores parvi, apice caulis et ramorum axillariun in racemum corymbiformem aphyllum pluriflorum conferti, siliquis longissime superati. Pedicelli floriferi calycem subæquantes, suberecti, fruc- üleri 4-5 millim, longi superne incrassati erecto-patuli. Calyx laxiusculus, sepalis late membranaceo-marginatis, margine vel undique purpurascentibus, lateralibus basi subsaccatis. Corolla purpureo-lilacina, calycem duplum Subæquans, petalis longe unguiculatis limbo obovato vel oblongo-obovato haud emarginato. Staminum filamenta compressa submembranacea, edentula. Glan- dulæ hypogynæ 2, minimæ, subbilobæ, singulatim supra insertionem staminum lteralium sitæ, Siliquæ graciles, in racemum vix elongatum rachi haud flexuoso confertum dispositæ, inferioribus sæpius superiores subæquantibus, 20-30 millim. longæ, 24-30-spermæ, pedicello quintuplo subæquilongæ, tereli-compressæ, torulosæ, glabrescentes pilis paucis conspersæ, apice in roStrum sensim attenuatæ; rostro 3-3 À millim. longo, lanceolato, tereti- COMpresso ; séigmate depresso-subcapitato subbilobo lobis subrotundis ; valvis cito deciduis, linearibus, circiter 4 2 milliw. latis, concavis, uninerviis utrinque obsolete venulosis; dissepimento nervis 2 crassis latissimis subconfluentibus Subopaco, eximie alveolato. Semina uniseriata, minima, immarginata, Ovato- oblonga, compressa, radicula prominula umbonata, testa læviaurantiaca. Cofy- ledones vadicula breviores, ovato-oblongæ, éncumbentes, exterior plano- COnvexa, interior planiuscula. Radicula dorsalis nempe dorso cotyledonuim incumbens, — Maio. h32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. In arenosis maritimis ad orientem urbis La Calle amnis Messida ad ostium (DR., À. Letourneux, Lefranc). Cette plante, par le port, se rapproche beaucoup du Malcolmia parvi- flora DC.; mais elle ne peut être rapportée au genre Malcolmia, en raison de son stigmate déprimé-capité subbilobé à lobes arrondis, et non pas conique aigu composé de deux lamelles conniventes. — La forme du stigmate la rattache au genre Sisymbrium, dans lequel elle doit être placée à côté du S. binerve (C.-A. Mey. Ænum. pl. Cauc. 189; Jaub. et Spach JUlustr. pl. Or. 1. 298. — Malcolmia parviflora Balansa PL. Alger. essice. n. 155; Kralik PL. Tun. ezsicc. n. 31; Heldreich Æerb. Græc. norm. n. 550 non DC.), plante orientale (souvent confondue avec le Malcolmia parviflora), que M. Kralik a trouvée dans le sud de la régence de Tunis, que M. Balansa a recueillie en Algérie sur le littoral près de Mostaganem, et que nous avons observée à plusieurs localités de la région saharienne. Elle diffère de cette dernière espèce par sa pubescence peu distincte et peu abondante, et non pas ord. abondante et tomenteuse; par les siliques moins grêles atténuées insensiblement en bec assez long, et non pas brusquement rétrécies en bec court; et surtout par la fausse-cloison presque opaque eu raison de l'épaisseur de ses deux nervures qui occupent presque toute sa largeur, et non pas membraneuse-transparente à nervures étroites très distinctes. ERODIUM PACHYRRHIZUM Coss. et DR. in kerb. — £. Numidicum Coss. et DR. olim (non Z. Numeidicum Salzm. PL. Ting. exsicc.). Planta perennis, caudice carnoso éncrassato-tuberiformi fibris radicalibus ipsis nonnullis hinc inde éncrassato-tuberiformibus, sæpius multicaulis vel pluricaulis. Caules erecti, ascendentes vel diffusi, præsertim in parte inferiore hispidi pilis eglandulosis patentibus vel retrorsis. Æolia præsertim in pagina inferiore et ad nervos pubescenti-villosa; radicalia inferioraque ambitu ovata vel ovato-oblonga obtusa, cordata, sublobulata lobulis grosse inæqua- literque crenato-dentatis, petiolis hispidis pilis eglandulosis patenti-retrorsis ; superiora longiuscule petiolata, ovato-oblonga oblongave, indivisa sinuato- dentata vel grosse inæqualiterque dentata. Stipulæ majusculæ, lato-ovatæ, membranaceo-scariosæ, fuscescentes. Pedunculi 5-9-flori, pedicellis lon- giusculis glabrescentibus vel parce hispidis pilis eglandulosis. Involucri bracteolæ membranaceo-scariosæ, ovato-suborbiculatæ, pedicellis multo bre- viores. Flores majusculi, purpurei. Sepala pubescenti-hirta pilis eglandulosis, oblonga, abrupte et longiuscule cuspidata, exteriora subæqualiter 5-7-nervia. Petala calycem duplum subæquantia, inæqualia, obovata, utrinque ad unguen? brevem ciliata. Staminum fertilium flamenta inferne dilatata parte dilatatà dorso villosa edentula. Fructus rostrum sæpius 5-7 centim. longum. € arpella breviter hispida, late foveolata foveolis suborbiculatis, sub foveola utrague SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 186. 133 plica transversal impressa donata, rostro demum inferne laxiuscule spiraliter contorto intus inæqualiter piloso. — Aprili-Junio, interdum autumno iterum florens. In dumetosis regionis littoralis in provincia Cirtensi : Za Calle (DR., Lefranc), ad El Arrouch inter Philippeville et Constantine (DR.). L’£, pachyrrhizum doit être placé à côté de l'£, Mauritanicum Coss. et DR. (in Bull. Soc. bot. IT, 309). Il en diffère par la souche renflée-tubt- riforme à fibres radicales elles-mêmes ord. renflées-tubériformes, et non pas cylindrique à fibres non renflées ; par les feuilles supérieures indivises, et non pas 3-5-fides; par les pétales dépassant moins longuement le calice ; par les carpelles beaucoup plus gros à fossettes plus larges, présentant un pli transversal au-dessous des fossettes, et non pas dépourvus de pli transversal, à bec plus lâchement contourné à la maturité. M. A. Gris fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE SYSTÈME TÉGUMENTAIRE DE LA GRAINE DU RICIN, par M. A. GRIS. Tout le monde sait que sur le tégument crustacé et cassant de la graine du Ricin il se trouve une couche parenchymateuse très ténue. M. Ad. Brongniart (1), dès 1827, dans un mémoire qui fait époque dans l’histoire de la science, considérait cette couche externe comme appartenant au testa (primine), tandis qu’il rapportait le tégument épais, fibreux, placé dessous, au fegmen (secondine). M. Schleiden (2), en 1837, adopta cette opinion, et A. de Saint-Hilaire (3), en 1840, l’a rendue pour ainsi dire vulgaire. Dans ces derniers temps, M. H. Baillon, étudiant le développement des téguments de la graine dans l'£uphorbia Lathyris, arriva aux mêmes con- clusions. Je pus enfin me convaincre moi-même (4) de l'exactitude des faits que M. Ad. Brongniart avait signalés le premier. Mais, lorsque je publiai mon travail sur ce sujet, je ne jugeai pas à propos d’insister sur l’origine des deux Parties si distinctes du système tégumentaire dans la graine du Ricin, car je la croyais bien démontrée et généralement acceptée. Cependant il n’en était pas ainsi. Dans le récent travail que MM. Planchon (1) Sur la génération et le développement de l'embryon chez les Phanérogames (Ann. Sc. nat. t, XII, 1827). (2) Ueber Bildung des Eichens und Entstehung des Embryos bei den Phanerogamen . — Voyez l'explication de la belle figure concernant l’Euphorbia pallida. (3) Morphologie végétale, p. 728. (4) Ann. Sc. nat. 4° série, t. XV. : A à 28 A3 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et Triana viennent de publier sur les Guttifères, on peut lire en effet que l'opinion avancée par mon illustre maître, et confirmée depuis par d’autres observateurs, ne repose que « sur de simples apparences, » que « la pré- tendue primine de quelques auteurs a depuis longtemps été reconnue par M. Schleiden, par A. de Saint-Hilaire et par M. Planchon, comme un simple élément du test ». D'après les citations que nous avons faites plus haut, nous voyons avec quelque surprise M. Planchon ranger M. Schleiden et A. de Saint-Hilaire parmi les partisans de sa manière de voir : nous regrettons surtout de nous trouver en contradiction avec un aussi habile botaniste sur un point que l'étude des développements permet d’élucider si complétement. Que l’on fasse, en effet, une coupe longitudinale d’une jeune graine de Ricin ayant 6 à 7 millimètres en longueur, de manière que cette coupe passe par le micropyle, on pourra s’assurer : 1° Que la primine est formée d’un parenchyme protégé sur ses deux faces par une mince couche de cellules épidermiques ; 2° Que la secondine est revêtue sur sa face externe d'une lary ge zone de cellules très allongées, très étroites, qui s’infléchissent pour tapisser les bords de l’endostome. Ces deux téguments forment deux systèmes indépendants, parfaitement nets, très distincts au point de vue anatomique, Personne ne pourra les confondre dans les phases successives de leurs transformations ulté- rieures. Il suffira dès lors de quelques coupes bien faites et observées sous le micro- scope, même à un faible grossissement, pour constater ce qui suit : A mesure que la jeune graine s'approche de son état parfait, la zone ex- teune de la secondine s'épaissit, se colore, devient fibreuse et constitue fina- lement l'enveloppe crustacés, cassante et brunâtre, qui protége les parties profondes de la graine. À la suite de cette communication, M. Gris met sous les yeux des membres de la Société des dessins faits à la chambre claire et repré- sentant des coupes longitudinales de jeunes graines de Ricin à divers degrés de développement. M. Duchartre fait connaître à la Société qu'il y a en ce mo0- ment au Muséum un pied de Cycas circinalis, pourvu de feuilles ovulifères; il ajoute que de nombreux bourgeons adventifs se sont développés tout le long de la tige de ce Cycas , circon- stance qui peut être favorable pour la multiplication de ceile plante. M. Ch, Martins dit qu'il existe au Jardin de Montpellier un pied SÉANCE DU 44 NOVEMBRE 1862. 435 très âgé de Cycas circinalis, qui doit y avon” été introduit du temps de Broussonnet, qui a donné des fleurs tous les trois ou quatre ans, et qui a plusieurs fois produit des bourgeons adventifs au ras du sol. M. J. Gay dit que la même plante a fleuri au Jardin de Bor- deaux. - M. Duchartre fait remarquer que, dans la zone intertropicale, la reproduction des Cycadées offre un intérêt particulier, à cause de la facilité avec laquelle ces plantes reprennent de bouture. Il cite, de mémoire, et d’après l'autorité de Gaudichaud, un des archipels asiatiques, où les indigènes coupent au ras du sol des troncs déjà volumineux de Cycas spontanés, font de petits trous en terre, et y insérent les pieds tronqués, qui bientôt végètent vigoureusement et forment des haies massives et impénétrables. M. Martins dit qu'il a vu, en 1854, au Jardin d'Amsterdam, un Zamia du Cap, très vieux et pourvu d’un tronc cylindrique, et que M. Miquel lui à assuré que ce pied avait été arraché dans un terrain très rocailleux; on avait dù en.couper presque entière- ment les racines, ce qui ne la pas empêché de reprendre parfai- tement. M. Duchartre ajoute que généralement les pieds d'Encephalartos ne sont arrachés au Cap et transportés en Europe que par un pro- cédé pareil. ’ M. de Schœnefeld présente à la Société un pied de Sempervivum arachnoideum à inflorescence vivipare, et ajoute ce qui suit : La plante que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société provient des cultures du Muséum de Paris, et c’est M. Bernard Verlot qui a eu l'obligeance de me la donner il y a deux ou trois ans. Elle a passé l’été dernier dans un endroit très sec, à l'abri des pluies, et n’a été que très rarement arrosée. C’est peut-être celte circonstance qui lui a fait produire tardivement (en août) une inflorescence très incomplétement et bizarrement développée. La tige mesure à peine 5 centimètres, et trois des fleurs se sont transformées (comme la Société peut s'en convaincre) en trois rosettes de feuilles, exac- tement semblables à celles que la plante émet de sa base dans les années où elle ne fleurit pas. Ce phénomène de viviparité est assez fréquent chez les Monocotylédones, notamment chez les A/lium et chez quelques Gra- Minées (Poa bulbosa, P. alpina, Aira cœæspitosa, etc.); mais il est rare, je crois, chez les Dicotylédones. On le remarque cependant chez quelques 436 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Echeveria, qui n'émettent pas de rejets, mais que l’on peut multiplier au moyen de petits bourgeons naissant sur la hampe florale, parmi les fleurs, et, comme celles-ci, à l’aisselle de bractées. — Depuis sept ans que je cultive un grand nombre d’espèces du genre Sempervivum, je n’avais jamais observé ce phénomène chez ces plantes, et je crois, en conséquence, devoir le signaler à l'attention de la Société. Je ferai remarquer, en outre, que la courte tige de ma plante est complétement desséchée, et que les trois rosettes qu’elle a produites, encore attachées à leurs pédicelles marcescents, el ainsi suspendues à quelques centimètres au-dessus de la terre du pot, sont parfai- tement vivantes et fraîches; ce fait semble prouver une fois de plus que c'est surtout dans l'atmosphère que les plantes grasses puisent les éléments nécessaires à leur uutrition. M. de Schœnefeld annonce ensuite que, dans une herborisation qu'il a faite, le 24 août dernier, avec MM. G. Maugin, M. Tardieu, Gaudefroy, E. Mouillefarine, etc., de Maisons-sur-Seine à Conflans- Sainte-Honorine (Seine-et-Oise), les plantes suivantes ont été recueillies : , Erucastrum Pollichii Sch. et Sp. — Bord de la Scine (rive droite), près de Sartrouville. Quelques pieds seulement, provenant probablement de graines apportées par les eaux, des parties du bassin de la Seine où l'espèce est abondante. Leersia oryzoides Sw. — Mème localité. Très abondant. Arenaria setacea Thuill. — Bois sablonneux (sables de Beauchamp des géologues) entre Herblay et Conflans-Sainte-Honorine, assez élevés au-dessus du cours de la Seine. Phleum arenarium KL. — Même localité. La plante, qui fleurit en mai, était tout à fait desséchée, mais encore parfaitement reconnaissable. Tragus racemosus Hall. — Même localité. Cette espèce, dont les premiers échantillons ont été trouvés par M. E. Mouillefarine, n’était connue jusqu'ici dans la flore parisienne qu’à Étampes, Malesherbes et Fontainebleau, c'est-à- dire à 60 kilomètres au moins au sud de Paris. La nouvelle localité où nous l'avons recueillie, située à 28 kilomètres au nord de Paris, est probablement la plus septentrionale de France. M. Chatin annonce qu’il a observé, en août dernier, le Melica nebrodensis Parl. (M. ciliata auct. gall.), à Givet (Ardennes). M. T. Puel dit que son frère, M. Louis Puel, a constaté récem- ment aux environs de Figeac (Lot) la présence des Cratæqus Pyra- cantha, Viola palustris, et Santolina Chamæcyparissus. SÉANCE DU 44 NOVEMBRE 1862. h37 MM. les Secrétaires donnent lecture des communications sui- vantes, adressées à la Société : NOTE SUR LE CATABROSA AQUATICA A ÉPILLETS UNIFLORES, par ME. J. DU VAL-JOUVE. (Strasbourg, 17 août 1862.) Le 17 janvier dernier, j'ai soumis à la Société quelques observations sur une forme de C'atabrosa aquatica à épillets multiflores, et, en rappelant tout ce qu’il y a de variable dans le nombre des fleurs de cette plante, je mention - nais la forme « subtilis, pumila, angustifolia, spiculis semper unifloris , (Anderss. Gram. Scand. p. 58), et les rapports qui, selon MM. Andersson et Fries, unissent cette dernière au Catabrosa algida Fr. (voy. plus haut, p. 8 et suiv. de ce volume.) Dans les derniers jours de mai, je me rendis à la station de Geispolsheim (6 kilomètres de Strasbourg), pour rechercher la forme multiflore, aux bords des mares qui, en automne, servent de routoirs pour le chanvre, Je ne tron- vai des épillets multiflores que sur trois ou quatre pieds, et encore y étaient- ils fort peu nombreux ; mais en revanche je rencontrai, dans une même mare, toutes les formes, grandes ou réduites, que je pouvais désirer et que j'étais loin de m'’attendre à trouver réunies. D'abord la grande forme, dont Dumortier à fait son Catabrosa ochroleuca, haute de plus d’un mètre, avec de gigantesques panicules verdâtres, soit terminales, soit axillaires, croissait à l'extrémité de la mare dans la bourbe encore couverte d’un peu d’eau et à l'ombre de grands arbres. À mesure qu’elle s’avançait vers la partie desséchée et bien exposée au soleil, ses pani- cules se coloraient en violet, sa taille se réduisait à 50 centimètres avec panicules étalées, puis à 30 et à 20 centimètres avec des panicules à rameaux courts et réfléchis ; simulant alors à s’y méprendre les petites formes du Glyceria distans, ce qui explique la méprise de Schreber et de Linné (voir plus haut, p. 9). Enfin, sur le bord, elle finissait par n'avoir plus que 2 à 3 centimètres de haut, répondant alors de la manière la plus exacte, par sa taille, par ses épillets uniflores, parles dimensions de ses feuilles, à la figure que M. Andersson a donnée du Catabrosa algida Fr. (1). Je n’ai pu constater qu’une seule diffé- rence ; M. Andersson dit en effet : « Stamina fere semper duo inveni » (p. 6), tandis que j'ai constamment trouvé trois étamines aux sujets que j'ai analysés. Mais le mot /ere rend cette différence très légère. Dans cette même mare croissait le Glyceria fluitans; sur la partie encore (1) CaTABROSA ALGIDA Fr. ap. N.-J. Andersson. Stockholm, 1849, in-8 de 8 pages, avec une planche. h38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. couverte d’eau il avait sa grandeur ordinaire, et, en s’avançant vers la partie desséchée, il décroissait comme le C'afabrosa et arrivait à la variété £ pu- mila Fr., « racemo spiciformi incurvato adscendente, palea exteriore apice subtricuspidata » (Anderss. Gram. Scand. p. 51). Ce qui m'a surpris et ce que je crois digne de remarque, c’est qu’un an a suffi pour cette réduction extrême sur ces deux espèces; car l’an dernier la mare était pleine d'eau, et, sur le bord aujourd’hui à sec, j'ai récolté une provision de ces deux Graminées. | Je me suis fait un devoir de recueillir, à l'appui de cette note, et pour mettre sous les yeux de la Société, une série d’échantillons de ces deux espèces. SUR LE PRIMULA VARIABILIS, par M. E. LEBEL. (Valognes, septembre 1862.) A l’occasion des nouvelles remarques sur le Primula variabilis Goup., communiquées à la Société botanique dans sa séance du 25 avril dernier ({) par M. de Rochebrune, une opinion nouvelle et assez inattendue s’est fait jour. J'avais précédemment (Bullet. Soc. bot. de Fr. & VIN, p. 7) montré cette plante croissant toujours, dans la presqu'île de la Manche, loin du père qu'on lui attribue, se reproduisant naturellement de semis et ne passant jamais à l’un ou à l’autre des types prétendus générateurs. M. de Rochebrune vient de prouver que les choses ne se passaient pas autrement dans la Charente, et il a même eu cette bonne fortune de trouver le P. variabilis en fruit, éloigné tantôt de l’un, tantôt de l’autre des parents qu’on lui suppose. En présence de ces faits, on pouvait croire l’hybridité jugée et l’état civil du P. variabilis désormais assuré : il en est advenu tout autrement. Le célèbre auteur des Études sur la géographie botanique de l'Europe à fait observer que l’on ne trouve jamais ensemble les quatre espèces établies aux dépens du P. veris L., et que, partout où se montre le P. variabilis, il n'existe pas de P. elatior. Il est, en conséquence, disposé à regarder le type de Goupil comme une variété dé cette dernière espèce. On pourrait faire remarquer à notre honorable confrère que ses prémisses pourraient être vraies sans que la conséquence qu'il est disposé à en tirer fût exacte : je me bornerai à lui répondre par des faits. Ces faits, je les prends dans le domaine de notre flore normande. ILest bien connu, et depuis longtemps déjà, que les quatre espèces de Pri- mevères, démembrement du type linnéen P. veris, vivent simultanément (4) Voyez plus haut, p. 235-241. SÉANCE DU 1 NOVEMBRE 41862. h39 dans le département du Calvados. Le Catalogue des plantes vasculaires de ce département, publié en 1849 par MM. Hardouir, Renou et Leclerc, les indique toutes : Primula acaulis Jacq. (C.), P. officinalis Jacq. (C.), P. va- riabilis Goup. (A. C.), P. elatior Jacq. (A. X.). 11 énumère sept localités pour l’avant-dernière espèce, et six pour la dernière. Mais c’est surtout dans l'arrondissement de Lisieux que ces quatre Prime- vères abondent. C’est là, quelques années plus tôt, que le regrettable Durand- Duquesney en à fait le sujet d’études suivies et d’intéressantes recherches. C’est lui qui, le premier, a cru et cherché à faire croire à l'origine hybride du P. variabilis. Le premier aussi il a décrit et dénommé un produit croisé du P. elatior et du P. grandiflora (P. elatiori-grandiflora D.D.). I signalait en même temps un autre type à fleurs pourpres, regardé par lui comme le résultat d’un premier degré d'action du P. grandiflora sur le P. elatior. Enfin il connaissait la variété à petites fleurs du ?. elatior (P. elatior var. parviflora Bor.). Ses idées sur ces différents points, avec d’abondants exemplaires à l'appui, ont été communiquées dans le temps à des corespondants nombreux. J'en pourrais citer plus d’un au sein de la Société botanique. Dans le Coup d'œil sur la végétation des arrondissements de Lisieux et de Pont-l'Évêque, publié en 1846, Durand-Duquesney n’admet que trois espèces, avec la mention respective C'C’., et il ajoute en note : « Chacune » des espèces ci-dessus offre, surtout aux environs de Lisieux, plusieurs » variétés intéressantes, dont j'ai essayé de donner la description dans un » mémoire encore inédit. » J’ignore si le mémoire dont il s’agit a été publié; mais, dès l’année sui- vante, l’auteur, mieux fixé sur la valeur de ses types, distribuait les uns comme espèces croisées, les autres comme simples variétés. Je conserve de chacun plusieurs exemplaires, les plus anciens en date d'avril 1847, les plus récents en date de mai 4851; et je ne doute pas que plusieurs herbiers Parisiens n’en soient richement pourvus. En voilà assez, ce me semble, pour mettre hors de doute que le P. variabilis et le 2, elatior ne s’excluent pas réciproquement, et que, dans les pays où ils croissent en même temps, on sait à merveille les distinguer. La confusion serait-elle facile d’ailleurs, ‘est-elle même bien supposable entre des espèces que leur calice fait reconnaître et séparer au premier coup d'œil ? En montrant, comme je crois lavoir fait, que les allégations de l’hono- rable M. Lecoq sont contredites par les faits, j’ai ramené la question au point où M. de Rochebrune et moi l’avions laissée : aux maîtres de la juger. Avant de finir, je tiens à faire observer que nos Primevères de la Manche présentent, avec leurs homonymes de la Charente, quelques traits différen- tiels de peu de valeur. Ainsi, chez nous, la Primevère à grande fleur est tou- jours odorante. Comme la plante est très répandue et très abondante, il n'est h40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pas un enfant qui n’en connaisse l'odeur. Les styles, sur le P. variabilis, sont plus souvent hérissés que glabres. Le stigmate atteint d'ordinaire ou même dépasse un peu la gorge de la corolle, plus élevé alors que les anthères : quel- quefois il est plus court que le tube du calice et n’atteint pas les anthères, Ces variations proportionnelles des organes sexuels n’ont, du reste, rien que d’analogue à ce qui s’observe sur quelques autres espèces de Primulastrum. HIERACIT NOVA SPECIES, auctore C.-H. SCHULTZ-BIPONTINO. (Deideshemii, d. 7a m. Octobris a, 1862.) HIERACIUM GRANDIFOLIUM Schultz-Bip. in litt. ad cl. D'°" Cosson, d. 5° m. Julii a. 1862, datis. Aphyllopodum, glaucescens. Caulis corymbo oligocephalo terminatus. Folia ovata, acuta, magna, papyracea, apiculate denticulata, subtus pallida; infima longe petiolata ; reliqua amplexicaulia, præcipue costa et margine pilis, infra basin confertioribus, obsita. Pedunculi et involucra pilis stellatis floccosa et glanduliferis hispida; foliolis involucri subimbricatis, obtusis, atro- viri- dibus. Ligalæ ciliatæ. Achænia castanea. Caulis (pedalis vel sesquipedalis) 3-6 decim. longus, pseudophyllopodus, foliis imis cum petiolo fere 2 decim. nr. 6 centim. latis ; rameis 12 centin. longis, 6 ! centim. latis. Capitula mediocria, florentia 2 centim. longa. Achænia castanea, h millim. longa, glabra. Pappus 6 millim. longus, sordide albens, biserialis, radiis fragilibus, dentatis, imo barbellulatis : exterioribus brevioribus. Afline Æieracio papyraceo Sch.-Bip. in Flora B. Z. 1859, p. 152 (4. prenanthoides e monte Majella [Gussone!], et e Serbiæ silvis abietinis, alt. 2500 ped., Aug. 1859 [Pancic!}), cui vero achænia pallide testacea ; folia minora angustiora, basi auriculis majoribus rotundatis, amplexicaulia ; capi- tula parva in corymbum polycephalum disposita. Hieracium grandifolium in Algeria (rochers près de la grotte Asakif, au Djebel-Tababor, prov. de Constantine), d. 23° m. Julii a. 1861, à cl. E. Cosson ! detecta et benevole communicata. PISTINCTION DE L'AGARIC-PROTÉE ET DE L'AGARIC-DE-COUCHE, D'APRÈS DES RECHERCHES DE FEU LE DOCTEUR J.-A. CLOS, par BE. D. CLOS. (Toulouse, 15 octobre 1862.) Feu le docteur Jean-Antoine Clos, mon père, communiqua en 1840 à l’Académie des sciences de Toulouse un mémoire sur le Champignon qui produit le plus d'empoisonnements dans le pays toulousain (1). (1) Sur le rapport de notre Ar confrère M. Moquin-Tandon, constatant que M. J.- A. Clos avait rendu un véritable service au pays, ce travail fut approuvé par l'Académie. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1862. hh1 Ce Champignon avait, disait-il, la singulière propriété de ressembler dans sa jeunesse au Mousseron (Agaricus Mouceron Bull.) et dans l’âge adulte à l’Agaric-comestible ou Champignon-de-couche (Agaricus campestris L.), différant du premier par son apparition en automne, par la présence d’un anneau, par le peu d'épaisseur et de consistance de la chair, par la largeur des lames et leur couleur rose ou brune (jamais blanche), par son pédicule bulbeux et irrégulièrement tortueux; différant du second par son pédicule plus allongé, plus tortueux et ordinairement renflé dans une partie de sa lon- gueur, par sa collerette plus grande et plus rabattue, par son chapeau moins déprimé dans son milieu et à chair plus épaisse en proportion des lames. Mon père avait cru devoir désigner provisoirement ce Champignon sous le nom d’Agaric-Protée (Agaricus Proteus), et cette même année le Journul de médecine et de chirurgie pratiques publiait une note de lui sur le même sujet (voy. t. XI, p. 549 et suiv.), note dans laquelle il cherchait à démontrer que deux cas d’empoisonnement consignés dans ce recueil et attribués l’un à l’Agaricus bulbosus (1), l’autre à des Coulemelles et à des Mousserons, étaient très probablement dus à l’Agaric-Protée. : Quelques mycologistes modernes, et en particulier MM. Noulet et Dassier, dans leur 7raité des Champignons comestibles, suspects et vénéneux, S'alta - chent à démontrer, à l'exemple de De Candolle (Æssai sur les propriétés médicales des plantes, 2° édit.), que l’Agaric-champêtre et toutes ses variétés sont sans danger pour l’homme. Ces deux auteurs, après avoir rapporté un cas d’empoisonnement par cette espèce emprunté au docteur Roques, cher- chent à pronver qu'il doit être attribué au vase de cuivre dans lequel ces Champignons avaient été préparés. Voici des documents qui me semblent démontrer que dans certains cas l’Agaric-champêtre peut être vénéneux. En 1788, un Italien, Dardana, publiait une brochure sous ce titre : /n Agaricum campestrem veneno et patria infamem acta ad amicissimum et amantissimum Victorium Picum : un des cas d'empoisonnement cités par lui dans cet opuscule est très significatif, car, sur une famille de dix personnes, huit (les seules qui mangèrent ce Champignon) furent malades, et l’une d'elles mourut même. On lit dans la Flore de la ci-devant Auvergne, par Delarbre, 2° part. p. 865, au sujet de l'Agaricus campestris L. : « On doit faire attention que s’il paraît sur ce Champignon la moindre putréfaction, il devient un poison. » Toutefois le fait signalé par Dardana ne doit pas être rapporté à celte cause, car cet auteur dit expressément : Utraque species (il parle aussi des accidents occasionnés par l’ingestion d’un Bolet) recens erat, pulchra et optima aspectu et odore, ita ut noxæ vel minima subesse suspicio posset. (1) L’Agaric-bulbeux de Bulliard diffère de l’Agaric-champêtre et du Protée, entre autres caractères, par la couleur blanche de ses lames. A42 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Un botaniste dont le nom fait autorité dans la science, Willdenow, dit dans sa Flore de Berlin, à la suite de la description de l’Agaricus campestris L, : Locis siccis crescens esculentus, locis vero humaidis fit nocivus (Floræ berol. Prodr, p. 379). Si cette assertion était fondée, ce Champignon participerait de la propriété que l’on à depuis longtemps reconnue chez plusieurs Ombel- lifères. Quoi qu’il en soit, l’Agaric-Protée est vénéneux alors même qu'il a crû dans un endroit sec. Les faits d’empoisonnement par ce Champignon, constatés par feu le docteur J.-A. Clos dans sa longue pratique médicale aux environs de Sorèze (Tarn), méritent d’être signalés. Le 30 septembre 1807, un aubergiste de Sorèze et sa famille, ayant préparé et mangé un plat de Champignons composé, croyaient-ils, d’un Mousseron et de plusieurs Agarics-champêtres, éprouvèrent tous pendant la nuit les effets d’un empoisonnement : pesanteurs et douleurs d’entrailles, nausées, vomis- sements, crampes et contractions douloureuses dans tout le corps, particulière- ment dans les membres, rétraction des muscles fléchisseurs des doigts, etc. Mon père, ayant cueilli des Champignons dans l'endroit même où avaient été pris ceux dont il vient d’être question, reconnut que ce prétendu Mousseron et les prétendus Agarics-champêtres n'étaient autres que son Agaric-Protée. Le 8 octobre 1808, mon père alla soigner mademoiselle Charlotte de Lame- zan et ses deux domestiques qui, après avoir mangé de prétendus Mousserons, avaient été pris dans la nuit de maux de cœur, d’angoisses, de coliques d’esto- mac, de vomissements, etc. Le 5 novembre 1822, une dame et un notaire italiens, ayant mangé chez M. Descombes à Sorèze des Champignons dont l'aspect et l'odeur étaient ceux du Mousseron, furent pris de vomissements et de diarrhée qui durèrent toute la nuit avec des crampes et des tiraillements des membres : l’ingestion de lait fit disparaître ces accidents. Au mois de septembre 1829, madame Gauzy de la Bastide d'Anjou, très friande de Mousserons, ayant mangé vers la fin de l’été la moitié d’un Cham- pignon qu’elle croyait appartenir à cette espèce, tomba dans un état convulsif tellement alarmant que les médecins la croyaient perdue. Cependant une médication énergique la rendit à la santé. Le 12 octobre 1842, un médecin de Sorèze, son fils et M. Croux, mar- chand dans la même ville, ayant mangé chacun la moitié d’un Champignon crû, pris par eux pour le Mousseron, éprouvèrent tous les symptômes d’un empoisonnement, surtout M. Croux, qui en avait pris un peu plus que les autres, et qui resta malade pendant plus de huit jours. Mon père, s'étant procuré de ces Champignons, reconnut qu'ils appartenaient à l’Agaric-Protée. Voilà donc cinq observations détaillées qui ne permettent pas de douter des propriétés malfaisantes de l’Agaric-Protée, car très certainement dans deux d'entre elles, et très probablement dans les trois autres, ce Champignon à été la cause des accidents morbides, On voit que c’est surtont au mois d'octobre, ULE) mais quelquefois aussi dans les mois de septembre où de novembre qu'il se développe. « Quoique le Protée, dit mon père, n'ait pas une très forte âcreté, et qu’il soit en réalité moins vénéneux que beaucoup d’autres Champignons, c'est pourtant le plus malfaisant de tous à raison des méprises dont il est cause ; et, si j'en juge par mon expérience, je puis le signaler comme l'auteur de presque tous les empoisonnements de ce genre qui ont lieu dans cette contrée et même bien au loin; car ce.Champignon est très répandu. » Vest aussi, je crois, à bon droit que le docteur J.-A. Clos a cherché à démontrer, comme il a été déjà dit, que l’Agaric-Protée devait être la cause de deux cas d’empoisonnement rapportés par M. Moquin dans le Journal de médecine et de chirurgie pratiques (cahier de novembre 1839, art. 1924) et qui s'étaient produits au mois de septembre de cette même année (voy. /bid. t X, art. 2142). Qu'il me soit permis d’invoquer enfin, à l'appui des consi- dérations exposées dans cette note, l’imposante autorité de M. Léveillé, «11 existe, dit ce savant mycologiste, quelques observations qui prouvent que l'Agaricus campestris peut causer les plus graves accidents » (in Diction- naire universel d'histoire naturelle, t. I, p. 180). Il est digne de remarque que l’Agaric-Protée, contrairement à l’Agaric- champêtre, ne se montre pas régulièrement tous les ans, du moins dans les mêmes localités. Mon père constata son absence pendant les automnes de 1840 et 1841, et moi-même je lai vainement cherché, certaines années, là où, dans d’autres, il vient assez abondamment. Les nombreux échantillons que j'ai pu recueillir à partir du 19 septembre dernier, m'ont permis de dresser un tableau comparatif des différences caractéristiques des deux espèces ; les voici : SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 186?. AGARIC-CHAMPÊTRE OU DE-COUCHE, AGARIC-PROTÉE. Individus ordinairement par groupes et fré- quemment soudés et même confondus par la base, très consistants, Individus souvent isolés, rarement soudés ensemble, peu consistants, surtout quand le chapeau est étalé, peu pesants, Pédicule grèle cylindrique, non bulbeux, terminé à la base en cône régulier ou peu irrégulier. Filaments du mycélium très grêles et ne restant pas adhérents au pédicule ar- raché. Chapeau à surface extérieure et à bords unis, à contour horizontal, fimbrié ou cotonneux, s’étalant et à pellicule supérieure soyeuse ou chatoyante, pesants. Pédicule long, fort, tordu sur lui-même, se terminant rarement en cône irrégulier à la base, plus souvent par un épatement rugueux qui parfois est plus épais que le pédicule. Filaments assez forts et restant souvent adhérents. Chapeau bosselé extérieurement vers son milieu et aussi à son bord, qui n’est pas fimbrié, et dont un côté descend souvent plus bas que l’autre. ne s’étalant que rarement, à pellicule d'un blanc mat, hhh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. AGARIC-CHAMPÊTRE OU DE-COUCHE. AGARIC-PROTÉE. Chapeau peu épais, à chair égalant l’épais- | Chapeau épais, à chair dépassant l’épais- seur des lames, seur des lames, à couleur des lames assez intense. à lames souvent pâles. Anneau toujours adhérent au pédicule. Anneau semblant, dans le jeune âge, laisser un interstice circulaire entre son bord interne et le pédicule. Végétation rapide, décomposition prompte. | Végétation plus lente, partie aérienne plus persistante. Croît surtout dans les prés, aux lieux dé- | Croît près des haies, aux lieux ombragés. couverts. Apparition précoce. Apparition de quelques jours plus tardive. Odeur agréable. Odeur peu prononcée. Je dois faire observer que les deux groupes d’Agaric-Protée que j'ai cueillis en septembre dernier, aux environs de Sorèze (Tarn), à la suite de grandes pluies, étaient au voisinage de Frênes ; et une paysanne près de l’habi- tation de laquelle ils se trouvaient et qui les distinguait très bien de l’Agaric- champêtre me disait : C’est probablement le Frêne qui les fait, ajoutant qu’elle n’en mangeait pas, qu’elle ne les croyait pas bons. On les désigne parfois en patois sous le nom de Caberla, réservant le nom de Pradelet pour l’Agaric-champèêtre. . Voici les diagnoses comparatives des deux : Agaricus campestris : Pileo depresso, um- | Agaricus Proteus : Pileo campanulato gib- bellato, parce carnoso, margine æquali boque, carnoso, crasso, margine inæquali integro, lamellis roseis; stipite tenui crenato, lamellis pallide roseis; stipite recto, basi attenuato, rarius vix incras- crasso firmoque, elongato, tortuoso, sato. basi irregulariter bulboso vel incras- sato. Il appartient aux savants cryptogamistes que compte dans son sein la Société botanique de France, de décider : 4° si l’Agaric-Protée se trouve déjà décrit ailleurs; 2° s’il doit prendre rang d'espèce ou être compté au nombre des variétés de l’Agaric-champêtre. MM. Roussel et Cordier, membres du Comité consultatif, sont priés de vouloir bien examiner les Champignons envoyés par M. Clos. M. Cordier veut bien se charger de remettre une note à ce sujet dans la prochaine séance (voyez plus bas, p. 446). SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. h45 SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD. CHATIN. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 novembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation, et informe la Société d’un bien fâcheux accident arrivé, il y a environ quinze jours, à M. Ad. Brongniart, qui, en faisant une chute, s’est fracturé le péroné; il ajoute qu'après des souffrances assez vives, notre honorable ancien Président est heureusement en bonne voie de guérison. M. le Président annonce ensuite à la Société la perte bien regrettable qu’elle vient de faire dans la personne de M. Honoré Giraudy, décédé à Marseille dans les premiers jours de ce mois, et donne lecture de la lettre suivante, qui lui a été adressée à ce sujet par M. Alph. Derbès, professeur à la Faculté des sciences de Marseille : Marseille, 26 novembre 1862. Monsieur le Président, J'ai l'honneur de vous faire part de la perte douloureuse que nous avons faite dans la personne de M. Honoré Giraudy, membre de notre Société. Ge savant, qui poussait la modestie jusqu’à l’abnégation, n’était guère connu que des correspondants auxquels il se faisait un plaisir de distribuer les richesses botaniques du midi de la France. L'aménité de son caractère lui faisait des amis de tous ceux qui avaient des rapports avec lui. Son nom lui survivra au moins dans la Faculté des sciences de Marseille, à laquelle il a légué ses collections et ses livres. Agréez, etc. ALPH. DERBES. M. Roussel, vice-président, rappelle que M. Giraudy, prosecteur à la Faculté des sciences de Marseille, était membre de notre Société depuis sa fondation. Il ajoute que notre regretté confrère a pris une grande part aux beaux travaux sur les Algues, de MM. Solier et Derbès (qui ont valu à leurs auteurs un prix de l’Académie des sciences), et que son herbier, légué par lui à la Faculté de Mar- seille, est riche en Graminées, en Fougères et surtout en Algues, car on y trouve la plupart des espèces recueillies par M. Harvey dans son voyage autour du monde. MM. Solier et Derbès lui ont h46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dédié le genre Géraudia, ainsi que les Polysiphonia Giraud et Tetraspora Giraudii, jolies Algues de la Méditerranée. Dons faits à la Société : 4° Par MM. Roze et Bescherelle : Muscinées des environs de Paris, fasc. 3 et 4. 2° De la part de M. Daniel Oliver : On the structure of the anther. On Hamamelis and Loropetalum, with a descriptiun of a new Ant- sophyllea. 3° En échange du Bulletin de la Société : Mémoires de la Société de Biologie, 3° série, tome IIL. Journal de la Société impériale et centrale d’ Horticulture, octobre 1862. L'Institut, novembre 1862, deux numéros. MM. Roze et Bescherelle font hommage à la Société des 5° el h° fascicules de leurs Muscinées des environs de Paris, qui com- plètent la première centurie de cette collection. Dans cette centurie se trouvent quatre espèces nouvelles pour la bryologie parisienne (à ajouter au catalogue de M. Ém. Le Dien), savoir les Dicranum undulatum Br. et Sch., Campylopus torfaceus Br. et Sch., Tri- chostomum convolutum Brid., et Orthotrichum Sturmii Hoppe et Horsnch, M. Cordier donne lecture de la note suivante : NOTE DE M. CORDIER SUR DES CHAMPIGNONS ENVOYÉS À LA SOCIÉTÉ PAR M. CLOS (1). M. Clos, lorsqu'il avait sous la main à l’état frais les deux Champignons qu’il a adressés à la Société botanique, ne s'étant pas cru suffisamment éclairé pour prononcer si ces Champignons appartenaient à deux espèces distinctes ou s’ils n'étaient pas de simples variétés d’une seule et même espèce, il était à présumer que les membres du Comité consultatif de la Société, auxquels ces mêmes Champignons ont été communiqués, ne se croiraient pas non plus suffisamment éclairés pour se prononcer sur la nature spécifique de ces Cham- pignons : c’est ce qui est arrivé. L'un de ces végétaux est l’Agaricus campestris, Champignon comestible par (4) Voyez plus haut, p. 440. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. hh7 excellence, qui croît à peu près sous toutes les latitudes et que partout on mange impunément, à ce que l’on assure, quel que soit le terrain sur lequel il pousse. L'autre, que M. Clos propose d'appeler Agaricus Proteus, si plus tard il est reconnu que ce soit une espèce distincte, serait, d’après les observations qu’il a recueillies, un poison qui aurait plus d’une fois occasionné de graves accidents, et cependant il pourrait bien n'être que la variété de l'Agaricus campestris, appelée par Krombholz Agaricus spodophyllus (Ag. pratensis Schæff.), puisque, comme celle-ci, il a le pédicule légèrement bulbeux à sa base; mais cette variété est comestible. M. Clos est disposé à rapporter l’Aga- ricus Proteus à l'Agaricus silvaticus de Schæffer, et peut-être a-t-il raison, car celui-ci est signalé comme suspect. J'ai examiné avec attention les spécimens envoyés par M. Clos, et j'avoue que je n’ose pas me prononcer sur leur identité ou leur non-identité avec telle ou telle espèce. Je me demande si, malgré les observations rapportées par M. Clos dans la notice qu’il a adressée à la Société, il est suffisamment démontré que l’A ga- ricus Proteus ait occasionné les accidents qu’on lui attribue; il sera permis, ce me semble, de conserver des doutes sur les propriétés malfaisantes de ce Champignon jusqu'à ce qu’il ait été essayé à l’état frais sur des animaux, ce que vraisemblablement M. Clos pourra faire lorsqu'il le rencontrera de nou- veau. Si ce Champignon, examiné avec plus de soin encore, vient à prendre rang parmi les espèces, ne serait-il pas convenable de lui imposer un nom autre que celui de Proteus, lequel, si je ne me trompe, a déjà été donné par Bul- liard à un Agaric? Ce Champignon d’ailleurs ne paraît pas plus variable dans sa forme, sa couleur, etc., que beaucoup d’autres. Les noms spécifiques de fallax, mendax, decipiens ou infidus lui seraient plus applicables, à cause des méprises auxquelles il expose. J'ai communiqué les Champignons objets de cette note à notre savant collègue M. Montagne. Il n’a, pas plus que moi, osé décider si l’Agaricus Proteus constitue une espèce distincte ou s’il est seulement une variété de l’Agaricus campestris. A l’occasion de cette note, M. Duchartre dit que M. Chevreul vient de faire connaître à la Société impériale d'Agriculture que M. Labourdette a obtenu des pieds d’Agaricus edulis dont le cha- peau mesurait près d’un mêtre de circonférence. M. Cordier rappelle que l'année dernière on a présenté à l'Aca- démie des sciences des Champignons très volumineux. M. Bureau dit qu’on trouve assez fréquemment, dans le départe- hAS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment de la Loire-Inférieure, des Champignons d’une taille remar- quable, un peu distincts de l’Agaricus edulis par une teinte d’un blanc mat, jaunâtre par places sur le stipe et sur le chapeau, et par une odeur anisée très prononcée, qui remplace l'odeur agréable de l’Agaric-comestible. Il ajoute que ce Champignon a été désigné dans le catalogue de M. Penot sous le nom d’Agaricus edulis var. anisatus. M. Cordier dit que ce Champignon est probablement l’Agaricus arvensis de Fries, mais que, d’ailleurs, cet auteur a trop multiplié les espèces. M. Cordier considère toutes les variétés de l'A. eduls comme comestibles, tandis que toutes celles de l'A. bulbosus sont nuisibles. M. Bescherelle fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UNE VARIÉTÉ BULBILLIFÈRE DU PLEURIDIUM NITIDUM Bridel, par M. Émile BESCHERELLE. On sait que les Mousses se reproduisent beaucoup moins par les spores qui s’échappent des capsules, que par les propagules qui se développent sur différentes parties de la plante et qui continuent pour ainsi dire la vie des Mousses acrocarpes. Ainsi certaines espèces des genres Phascum, Mnium, Pogonatum émettent à la base une sorte de feutre d’un vert foncé qui con- stitue un prothallium radical, d'où naissent ensuite de nouveaux individus. D’autres fois, ce sont des gemmules qui sortent de l’aisselle des feuilles du Webera annotina où du Barbula paludosa, ou des granulations qui terminent le pseudopode de l’Aulacomnium androgynum ou qui remplissent les petites coupes du Zetraphis pellucida. Souvent aussi ce sont des filaments qui pa- raissent se rapprocher des radicelles et qui s’éparpillent sur le limbe des feuilles de l'Orthotrichum Lyellii, ou se forment en faisceaux à l'extrémité de la nervure des feuilles de l’Ulota phyllantha. Ainsi que je viens de le dire , on avait remarqué que les Phascacées , Ces plantes infiniment petites qui forment le premier degré de la belle et intéres- sante classe des Mousses, se reproduisaient aussi bien par les spores que par des propagules radicellaires, mais jusqu'ici on n'avait pas encore observé ou du moins signalé, dans cette famille, des propagules naissant à l’aisselle de chaque feuille. C’est sur ce phénomène que j'ai l'honneur d'appeler aujourd’hui l'at- tention de la Société botanique. J'ai récolté, à la fin de l’été dernier, sur les bords desséchés de l'étang du Trou-Salé près Versailles, le PAyscomitrium sphæricum Brid., qui S'ÿ était développé en très grande abondance, mêlé à une autre Mousse stérile, dont SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. h49 les tiges dépassaient longuement les capsules de cette petite Funariacée. En séparant ces tiges (que j'avais d’abord considérées comme des innovations semblables à celles que l’on pourrait observer sur des échantillons de Furaria hygrometrica que l’on aurait placés dans l’appartement sous une cloche), je fus frappé du grand nombre de petits points globuleux qui garnissaient l’ais- selle de chaque feuille. Amené ainsi à examiner cette petite production, je reconnus bientôt que j'avais affaire, non à une Funariacée étiolée, mais au Pleuridium nitidum Br. et Sch., plante de la famille des Pleuridiées (Br. et Sch.), qui est loin de présenter un port aussi élancé, et qui n’a jamais été observé, ou du moins signalé avec des propagules axillaires. Ces corpuscules, en forme de granulations d’une teinte roussâtre, d’abord arrondis, puis ovoïdes , sont composés d’un petit nombre de cellules et supportés par une sorte de pédicelle qui paraît être identique avec les radicelles qu’on observe à \a base de la plante. Ces filaments, quelquefois assez longs, puisqu'on en trouve qui mesurent l’espace occupé sur la tige par trois feuilles, se détachent, à une certaine époque, de l’aisselle des feuilles et se transforment en radi- celles; ces radicelles produisent bientôt un prothallium qui donne ensuite naissance à de nouveaux individus. Ge fait m'avait paru assez intéressant, et je crus devoir le soumettre à l’émi- nent bryologue, M. W.-Ph. Schimper, que je supposais avoir dû, dans le cours de ses travaux sur la morphologie des Mousses, rencontrer le phénomène dont J'ai l'honneur d'entretenir la Société. M. Schimper a bien voulu me répondre qu'il n'avait jamais trouvé le Pleuridium nitidum accompagné de propagules axillaires, comme c’est le cas dans les échantillons que je lui ai communiqués. Je pense donc qu'il convient de séparer cette forme du type de l'espèce, et d'établir une variété bulbilliferum, qui sera suffisamment caractérisée par ses tiges élancées, grêles, hautes de 10 à 15 millimètres, et offrant, à l’aisselle des feuilles, un ou plusieurs propagules granuliformes, sessiles ou pédicellés, M. Eug. Fournier fait à la Société la communication suivante : DE LA CLASSIFICATION ADOPTÉE PAR MM. G. BENTHAM ET J.-D. HOOKER, FOUR LES GENRES DE LA FAMILLE DES CRUCIFÈRES, par M. Eugène FOURNIER. On sait que jusqu'à présent les bases posées par De Candolle pour la classi- fication des Crucifères ont été généralement acceptées par les auteurs qui ont traité de cette famille depuis la publication du Systema. Si Koch, dans son Synopsis floræ germanicæ, a cru devoir prendre la forme du fruit pour caractère de première valeur dans le groupement des genres de cette famille, il a seulement déplacé les tribus instituées par De Candolle, sans les modifier en aucune façon. Eudlicher, dans son Genera, n’a fait qu'intercaler dans le cadre tracé par l’illustre Genévois les genres décrits après la publication du ru 29 h50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Prodromus, en indiquant seulement par des astérisques ceux dont la position lui paraissait incertaine dans là famille. Plusieurs auteurs ont cependant élevé des objections plus ou moins graves contre la prédominance reconnue par De Candolle aux caractères de l'embryon dans les Crucifères, notamment MM. J. Gay, Monnard, Barnéoud et d’autres auteurs. On s’est même accordé généralement à penser que la position latérale ou dorsale occupée par la radicule à l'égard des cotylédons a moins de valeur taxonomique que l'inclu- sion de cette même radicule entre des cotylédons condupliqués; témoin les faits présentés par les genres Æutchinsia, Cochlearia, Draba, Sisymbrium, dans lesquels la radicule a été trouvée dorsale, oblique où même latérale. C'est à ces considérations qu'ont évidemment obéi MM. Decaisne et Le Maout quand ils ont réuni les tribus des Pleurorrhizées et Notorrhizées de De Candolle en une sous-famille unique, celle des Platylobées; mais ils ont respecté les divisions des Diplécolobées et des Spirolobées. MM. G. Bentham et J.-D. Hooker ont atteint plus profondément l’ordre établi par De Candolle. Ils ont supprimé les divisions fondées sur la spiralité ou la duplicature des cotylédons, et n’ont gardé qu’une partie de celles de De Candolle, tout en les modifiant et en y adjoignant des genres que les définitions du Systema en auraient écartés. Ils ont partagé entre cinq séries les genres de la famille qui nous occupe : la série A comprend les Crucifères à fruit en général déhiscent, non comprimé perpendiculairement à la cloison, et par conséquent les tribus des Arabidées, des Alyssinées, des Sisymbriées, des Ca- mélinées et des Brassicées ; la série B renferme les Crucifères à fruit déhiscent comprimé perpendiculairement à la cloison, et par conséquent les Lépidinées et les Thlaspidées ; la série C contient les Crucifères indébiscentes, et ordinai- rement uniloculaires et monospermes ; MM, Bentham et Hooker n’y reconnais sent qu’anc tribu, celle des Isatidées ; la série D englobe une grande partie des Lomentariées du Prodromus, sous le nom de Cakilinées (Crambe, Muricaria, Rapistrum, Cakile, Enarthrocarpus, Hemicrambe, Erucaria, Guiraou, Fortunyia, Physorrhynchus et Morisia); enfin la série E, caractérisée par des siliques allongées, indéhiscentes et polyspermes, ne déroule que la tribu des Raphanées, où sont inclus les genres Æaphanus, Raffenaldiu, Cryptospora; Anchonium, Goldbachia, Parlatoria, Chorispora, Sterigma et C'arponema. Il y a plusieurs remarques à faire sur la constitution de ces tribus, pour faire voir combien elles diffèrent de celles que De Candolle avait établies sous le même nom. Pour ne citer que quelques exemples, les genres Schisopetalum: Heliophila et Chamira, bien que distincts de tous les autres par la direction que suivent leurs cotylédons dans l'embryon, ont été laissés dans la tribu des Sisymbriées ; les genres qui constituaient la majeure partie de la tribu des Vellées de De Candolle, réunis aux Brassicées ; les genres Stubendorfiti Schouwia et Psychine, qui ont l radicule incluse entre les cotylédons condu- pliqués, ont él€ placés dans les Lépidinéés; enfin la tribu des Isatidées du SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. h51 nouveau Genera n’est plus la tribu des Isatidées de De Candolle, mais bien la division des Nucamentacées de cet auteur, puisqu'elle enclôt des genres à cotylédons accombants, incombants ou condupliqués, et même le genre Bunias où ils sont décrits comme spiraux. Nous ne voulons pas faire, à priori, un reproche aux éminents auteurs du houveau (renera plantarum de n'avoir pas accepté le plan de De Candolle dans la classification des Crucifères. Nous savons que la prééminence des ca- ractères fournis par l'embryon a été mise en doute par plusieurs savants des plus autorisés, et, aux noms de ceux que nous citions tout à l'heure, nous pourrions joindre ceux de MM. Chatin et Cosson qui ont déclaré devant la Société, dans sa séance du 27 avril 1860 (1), que les caractères tirés de la forme de l'embryon ont, dans les Crucifères, moins de stabilité qu’on ne le croit généralement. M. Chatin avait même présenté à l’Académie des sciences, douze ans auparavant, une nouvelle classification des Crucifères, dans laquelle les caractères tirés du fruit se trouvent au premier rang, et ceux des cotylé- dons au second rang seulement. Nous aurons nous-même à présenter quelques faits nouveaux sur la variabilité des caractères fournis par l'embryon dans certains genres de cêtle famille. Nous n’avons donc pas l'intention de criti- quer le point de départ des auteurs anglais; mais nous sommes en droit, puisqu'ils ont produit un arrangement nouveau, de rechercher si cet arran- gement réalise un progrès pour la science. Or tout changement apporté dans Ja classification d’un groupe végétal, quel- que petit qu’il soit (et il s’agit ici d’une des familles les plus naturelles et les plus difficiles par conséquent dans la séparation des genrés), tout changement de cette nature, selon nous, peut servir la science par l'invention de quélque système perfectionné ou par une plus juste intelligence des rapports naturels Le système favorise souvent la reconnaissance des plantes, et, quand il est com- mode, il n’a pas un mince mérite. C’est là ce qui a fait longtemps la fortune du plan proposé par De Candolle pour la détermination des Crucifères, plan systé- Matique par quelques points, il faut bien l'avouer, mais fort admiré tant qu'on n'avait pas reconnu que les caractères de l'embryon variaient dans certains genres. Les types nouveaux que l’on à découverts pendant ces trente dernières années, examinés simultanément dans la structure de leur fruit et de leur embryon, avaient une place marquée à l'avance dans le cadre qu’il avait tracé, dussent-ils même constituer une tribu nouvelle, comme les Fortuyniées de M. Boissier. Cependant la méthode, bien que plus difficile à employer dans l’ap- plication que le système, doit toujours être le but de nos recherches, puisqu'elle est le plus conforme à la nature, et par conséquent, si l’on pouvait trouver, pour la classification dé la famille qui nous occupe, une méthode plus naturelle que celle du Prodromus, il est évident qu’elle satisferait la généralité des botanistes. (1) Voyez le Bulletin, t: VI, p. 252-253. h52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Examiuons donc successivement, au double point de vue du système et de la méthode, la valeur de l’ordre adopté pour les Crucifères dans le nouveau Genera. Au point de vue du système, on verra bientôt que cet ordre ne saurait faciliter un travail quelconque de détermination. En effet, s’il était ordinai- rement aisé de reconnaître dans une Crucifère les caractères d'une des tribus de De Candolle, il n’en est pas de même pour celles des auteurs anglais, tant sont nombreuses les exceptions présentées aux caractères de ces tribus par des genres y inclus, qu’ils sont obligés d'indiquer nommément au-dessous de la diagnose de la tribu; j'en citerai seulement quelques-unes : les genres Lonchophoru et Anastatica, qui présentent des cloisons transversales à l'in- térieur du fruit, sont cependant gardés dans les Arabidées; les Æ/eliophila de la section Selenocarpæa, qui ont une silicule suborbiculaire, sont adñis dans la tribu des Sisymbriées ; le genre Leptaleum, qui présente une silique allongée et indéhiscente, est intercalé dans les Camélinées. On conçoit combien cela doit jeter de vague dans la caractéristique de toutes ces tribus, puisque les auteurs sont forcés de prévoir et d'indiquer ces exceptions. Aussi sont-ils obligés d’avertir eux-mêmes que dans leur série B, caractérisée par st/iqua brevis, per totam longitudinem dehiscens, il se rencontre une douzaine de genres dont le fruit est à peine ou n’est point du tout déhiscent. Quelle incer- titude pour les recherches ! Comment deviner que le genre Sobolewskia, qui présente un fruit allongé divisé en plusieurs loges transversales, est laissé dans la tribu des Isatidées ? Sans doute les auteurs avertissent, mais si l’on ignore le nom du genre que l’on cherche, comment savoir que c’est sur lui que porte l’avertissement ? Il y aurait bien d’autres observations analogues à énumérer ici, mais chacun les fera de soi-même en ouvrant le Genera, parce qu’il trouvera en tête de chaque tribu les noms des genres dont les caractères ne s'accordent pas avec ceux de la tribu où ils sont placés. Nous pouvons donc conclure que, envisagé comme système, le plan suivi par les auteurs anglais ne réalise point un perfectionnement. Au point de vue de la méthode, nous aurons de plus graves reproches à leur adresser. Il y avait dans le Prodromus une série extrêmement naturelle, celle qui passe des Arabidées aux Alyssinées par les genres Dentaria, Ptero- neurum, Ricotia, Lunaria, etc., et cette série était devenue mieux marquée au coin de la nature depuis que M. Boissier avait fait connaître des espèces de lèicotia qui, tout en conservant le port spécial à ce genre, offrent des siliques allongées et munies d’une cloison , rappelant tout à fait les fruits des P£ero- neurum, sauf les ailes du système placentaire (1). Une des graves raisons à opposer aux auteurs qui, postérieurement aux travaux de De Candolle, (1) Les Ricotia Lunaria DC. et R. tenuifolia Sibth. et Sm. ont le fruit élargi, lunä- tiforme, et manquent de cloison. Dans le R, sinuata Boiss., le fruit est moins large, tenant le milieu entre celui des Lunaria et celui des Dentaria, et il porte des vestiges de cloison. Dans le R, cretica Boiss. et le A, carnosula Boiss., espèces très voisines, le SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. 153 ont repris la division linnéenne des Crucifères en siliqueuses et silicu- leuses, c’est qu'ils ont brisé cette série si naturelle. MM. Bentham et Hooker n'ont pas échappé à ce reproche, puisque, dans leur plan, le genre Zunaria est séparé du C'ardamine, auquel ils réunissent le Pteroneurum, par les genres dont le fruit porte des cornes sur les valves (MNotoceras, Paro- linia, ete.). D'autres faits de détail indiquent qu'ils ont fait peu de cas d’afli- nités reconnues par l’immense majorité des auteurs. Ainsi le genre Sisym brium porte dans leur énumération le n° 49, et le genre Zraya, placé dans la tribu des Camélinées, le n° 70, tout le groupe des Héliophilées étant intercalé entre les deux: le genre Vella, placé dans les Brassicées, porte le n° 85, et le Zoleum (qui était un Fella pour Linné, et ne diffère guère du Vella que par le défaut complet de déhiscence) a reçu le n° 149 dans la tribu des Isatidées, où il entre à cause de cette indéhiscence même, Les genres Clypeola et Peltaria ont été, par un raisonnement analogue, éloignés des Alyssinées, dont ils représentent le type obscurci par des avortements et des soudures, pour être réunis à la grande tribu des Isatidées, tribu essentielle- ment artificielle, puisqu'elle n’est fondée que sur un seul caractère, et qu’on viole, en l’imposant au classificateur, plusieurs affinités naturelles. Ce n’est certes pas que les auteurs anglais n’aient eu conscience de ces affinités ; ils les indiquent eux-mêmes, et cependant ils n’en ont pas tenu compte dans leur classement. Or, pour dire ici franchement ce que nous pensons, ce n’est pas là l’indice d’une saine méthode. Il y aurait, à notre avis, bien d’autres faits de détail à reprocher à l’ouvrage que nous étudions; nous nous en tiendrons là, pensant que d’autres feront aussi bien que notfs des remarques analogues aux précédentes, et nous constaterons, en terminant, que la véritable méthode de classification à appliquer aux Crucifères, si l'on ne se contente pas de celle de De Candolle, nous paraît encore à découvrir. M. A. Gris, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : NOTE SUR LA SYNONYMIE DU POA PALUSTRIS L. (P, SEROTINA Ehrh., P. FERTILIS Most), par ME. J. DUVAL-JOUVE. (Strasbourg , 7 août 1862,) En lisant la synonymie et les descriptions de cette espèce, on ne saurait Voir sans quelque étonnement : 1° Que plusieurs auteurs rapportent le Poa palustris L. en synonyme au Phalaris oryzoides du même; fruit est une silique allongée et la cloison complète. Celle-ci disparaît à mesure que le fruit s’élargit. C'est un fait qu'Auguste de Saint-Hilaire aurait assurément cité en faveur de la théorie du balancement organique. 5h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 2° Que les noms de cette espèce en apparence si caractérisée, noms tous significatifs, sont très opposés, accusés constamment d’impropriété, et suivis de descriptions où les caractères les plus saillants sont aussi ou très différents où même tout à fait opposés. Ainsi Koch dit de l’épithète serotina : « Nomen incongruum, nam planta » non serius floret quam affinis P. nemoralis et hujus varietates » (Syn, ed, 3°, p. 698), Rœmer et Schultes, en assignant pour caractère « panicula » angustata subsecunda », sont tellement en contradiction ayec le nom de Host, P, fertilis, et avec les caractères du même « panicula ramosissima » patente », qu'ils ont été contraints de faire de la plante de Host une variété f (Syst. veg, I, p. 553). Et ainsi de beaucoup d’autres. Or, comme toutes ces assertions, plus ou moins contradictoires, émanent d’observateurs distingués, il m'a semblé certain qu’elles ne pouvaient être dénuées de fondement, et j'ai cru qu'il y aurait quelque intérêt à chercher, dans l’examen du mode de végétation et des développements de cette plante, ce qui peut les justifier et les expliquer, Cela m'a été d'autant plus facile que ce Poa abonde aux environs de Strasbourg. J’examinerai en ‘second lieu l'opinion qui rapporte le Poa palustris L. au Phalaris oryzoides L. En faisant donc pour un instant abstraction du nom de Poa palustris, qu'à mon avis Linpé imposa à cette plante dès 1759 dans la 40° édition du Syst, naturæ, et que Roth Jui conserva (ent. flor. germ, AY, p. 417, 1789), le nom le plus ancien est celui d'Ehrhart, P. serotina (Beitr, VI, p. 83, 1791); il est justifié par cette circonstance que l’auteur avait trouvé ce Poa en état de reproduction à une époque de l’année (août et septembre) où l'on ne voit plus trace de ses congénères; c’est ce nom que Koch qualifie « incongruum ». En 1799, Wibel donna à la même espèce le nom de P, polymorpha (Prim, {l. werthem. p. 143), le plus juste sans contredit de tous ceux qu’elle pouvait recevoir. Presque en même temps, elle était distinguée et signalée par J. Wolf, D. M., qui la communiquait sous le nom de 2. riparia à G.-F. Hoffmann, et ce dernier la publiait en la ramenant au P. serotina Ehrh. (Deutschl. Flor. p. 42, 1800), tout en la faisant suivre du P. palustris L., « priori similis », mais pourtant très distinct par le nombre des fleurs, par l’époque de la flo- raison indiquée en août pour le P. serotina Ebrh., en juin pour le P. palus- tris L., et ce, remarquons le bien, « quoad exemplaria in Suecia ab ipso » Ehrharto lecta » {o. c. p. 43). Ce qui prouve qu’Ehrhart lui-même voyait dans son P. serotina une plante très voisine du L. palustris L. Toutes les descriptions des ouvrages cités ci-dessus, courtes et sans figures, étaient peu faites pour amener à des distinctions certaines, Aussi, en 4805, Persoon dé- crit de nouveau notre plante sous le nom de P. hydrophila (Syn. X, p. 89, n° 17), en conservant néanmoins (n° 19) le P. palustris L., qui a pour caractère « panicula diffusa », tandis qu’il caractérise son P. hydrophila pat « panicula subattenuata ». La même année, Host la publie de son côté sous le SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. 455 nom de P, fertilis, justifié par le nombre des fleurs, par l'ampleur de la panicule des tiges principales, et par le grand nombre des panicules des tiges secondaires naissant des nœuds inférieurs. Mais cette fois la description était longue, minutieusement exacte, et surtout appuyée d’une belle et bonne figure (Gram. austr, VIT, p. 10, t. 14, 1805, et 7. austr. I, p. 149, 1827), Cette double circonstance a fait que la plupart des auteurs modernes ont pré- féré le nom de Host, sachant plus exactement à quel type il se rapportait, En 1807, Villars, professeur à Strasbourg, y retrouvait « cette belle espèce » parmi les bois, le long des eaux », et, la regardant « comme le vrai P, pa- » lustris de Linné, de Haller et de Scheuchzer » , il en donnait une bonne des- cription et une excellente figure, moins brillante que celle de Host, mais plus exacte encore et surtout plus précieuse, en ce que la même planche offre du P. palustris V. et du P. pratensis L. une analyse comparative très bien faite (Cat. méth, d. pl. du Jard. de Strasbourg, p. 71, pl. IH, fig. 1 et 2), Mal- heureusement l'ouvrage de Villars, peu répandu et même non cité dans les Flores françaises, ne contribua pas à mieux faire connaître cette espèce, En 1814, P. Kitaibel la recueillait en Hongrie et la communiquait à titre d'espèce nouvelle, P. effusa, à J.-A. Schultes, lequel la publiait dans la 2° édition de son Œstr. Flor. I, p. 227, et la conservait sous le même nom dans le Syst. veg. TE, p. 554, « ut P, serotinæ affinis, sed satis distincta ». Enfin, en 1820, Wablenberg crut y voir le P. angustifolia L. (FL. ups. n° 66, s, n° 11h), C'était à tort, comme M. Andersson l’a très bien démontré {Gram, Scand. p. 41), mais néanmoins le nom de Wabhlenberg fut adopté par M. Reichenbach, dans son lor. germ. excurs. p. 7, n° 316, et c’est sous ce nom que ce dernier auteur a donné trois assez bonnes figures (Deutschl. FL. tab, CLX, fig. 410-412), de trois formes de cette espèce, à laquelle il ramène le P, pa- lustris Roth, le P. effusa Kit., le P. fertilis Host, sans dire à laquelle de ces formes il rapporte le P. serotina Ehrh,; et, comme il ajoute : « Habitus » fere P. nemoralis coarctatæ » (F1. excurs. |. c.), il est de toute évidence que de cette plante qu'il dit peu répandue, « nicht gemein », il n'a jamais vu les grandes formes décrites et figurées par Host. Ces noms si divers et ces descriptions si nombreuses, sous lesquels les bota- nistes ne pouvaient d'abord reconnaître une même espèce, montrent à priori qu’il doit s’agir d’une plante tout à fait polymorphe. C'est là ce qui est en effet et ce qui fera comprendre comment, à chaque constatation d’une nouvelle forme, on croyait avoir affaire à une espèce « affinis quidem, sed satis » distincta ». La plante croît de préférence, j'oserais presque dire exclusivement, au bord des eaux ou dans leur voisinage immédiat : c’est ce qu'indiquent suffisamment les noms de Poa palustris Roth, Vill ; P. riparia Wolf; P, hydrophila Pers. Elle fleurit et fructifie depuis le printemps jusqu'à l’automne, comme le Carex Œ deri ; la première floraison a lieu, à Strasbourg, vers la fin du mois de mai, et, h56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comme en général ce Poa croît dans les lieux très herbeux, il fant toute l'atten- tion d’un observateur prévenu pour le distinguer des grandes formes du P. tri- vialis L. Ses panicules sont alors très grandes, pyramidales ou un peu pen- chées à la pointe, à rameaux étalés et semi-verticillés par cinq. Il justifie tout à fait alors le nom et la description de Kitaibel : « P. effusa, panicula diffusa » patentissima apice cernua...» (op. €. ), ainsi que le nom de Host, P. fertilis et le caractère « panicula ramosissima patente » (Gram. austr. I, p. 10). Or, dans le courant de juin, il arrive de deux choses l’une : ou la plante est coupée avec le foin, ou elle persiste dans les lieux qui n’ont pas été fauchés. Le résultat est, dans les deux cas, à peu près le même. Si elle a été fauchée, de ses nœuds inférieurs naissent pendant tout l'été et l'automne des tiges secondaires (c'est en cet état que les membres de la Société l'ont recueillie à Strasbourg le 13 juillet 4858, Bulletin, V, p. 82) ; si elle est restée intacte, ses grandes panicules se dessèchent, et, des nœuds inférieurs, naissent égale- ment des tiges secondaires qui portent aussi des panicules jusqu'aux premières gelées de novembre. Mais toutes ces nouvelles panicules ne sont plus, comme les premières, grandes, étalées, richement munies de rameaux et d’épillets; elles sont allongées, quelquefois contractées, toujours pauvres en rameaux et en cpillets. C’est alors qu’elles justifient cette ressemblance que M. Reichenbach leur trouvait avec celles du P, nemoralis coarctata; c’est alors qu’elles répondent exactement au nom d’Ehrhart P. serotina, et au caractère « pani- » cula angustata subsecunda », que l’auteur oppose à celui de « panicula » diffusa » assigné par Linné à son P. palustris, et qu’elles font comprendre les différences et les ressemblances qu'Ehrhart voyait entre sa plante et celle de Linné. Suivant la force des pieds ou des restes épargnés par la faux, ces panicules varient de taille et de forme, et leur peu de ressemblance entre elles et avec les formes printanières justifie plus qu’on ne saurait dire le nom de P. polymorpha Wib. C’est surtout en été et en automne que ce Poa se fait remarquer, parce qu’alors ses congénères ont complétement disparu. Si nous ajoutons cette particularité que cette espèce a les feuilles fortement carénées, toujours un peu pliées vers la pointe qui est très aiguë et un peu courbée, que ces feuilles fraîches sont très irritables, et que, malgré toutes les précautions, elles se plient sur toute leur longueur, si la plante, après avoir été arrachée, reste deux heures seulement sans être mise en presse, et qu’alors elles paraissent très étroites, on comprendrä ce qui à induit en erreur Wahlenberg et l'a porté à voir dans cette espèce le P. angustifolia L. Et tout ce qui pré- cède fera également comprendre à quoi est due la diversité des noms et des descriptions successivement appliqués à une seule et même espèce. Un mot encore sur la synonymie de Schrader. Ce descripteur si conscien- cieux donne le nom de P. serotina Ebrh. à une plante qu'il dit « in vineis, » muris alibique non infrequens » (Æ/. germ. p. 300); ce qui, en vérité, ne * peut guère s'appliquer à notre espèce. Koch rapporte la plante de Schrader SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. h57 à la forme rigidula du P. nemoralis « secundum specimen ab ipso auctore » et egregiam descriptionem : ligula brevis, truncata » (Syn. ed. 3°, p. 698). Dans sa #lore de France, WA, p. 541 et dans sa Alore de Lorraine, 2° édit. I, p. 424, M. Godron s’est rangé à l'opinion de Koch. M. Andersson, au contraire, ne tranche point la question, et ce n’est qu'avec le signe du doute qu'après la description de la forme firma du P. nemoralis, il ajoute : « Huc referenda est P, serotina Schrad.? » (Gram. Scand. p. 42.) Nous croyons qu’en effet le doute est bien permis, car, si, d’une part, un échan- tillon provenant de l’auteur et les mots « ligula brevis, truncata » indiquent le P. nemoralis, de l’autre, il faut remarquer que Schrader ajoute : « Variat » pro soli diversitate, 1° colore.....; 2° culmis altioribus et crassioribus; » 3° culmorum atque vaginarum superficie plus minus scabra ; 4° ligula » exserta » ; ce qui se rapporte à notre plante ; et enfin que, dans une addi- tion à la p. 423, il indique comme type de sa plante la figure de Host, qu'il est impossible de rapporter au P. nemoralis. Nous croyons donc qu’on serait dans le vrai en disant : ?. serotina Schrad. pro parte (1). Arrivons maintenant à l'opinion qui ne veut voir dans le Poa palustris de Linné qu’un double emploi, et le rapporte au Phalaris oryzoides du même auteur. | La première mention, à moi connue, s’en trouve dans Schrader, en ces termes : « Gramen a LINNÆO in Spec. plant. sub hoc nomine (P. palustris) » descriptum propriam speciem, ut cl. SMITHIUS me certiorem fecit, non » COnStituit, sed, quoad notam e SEGUIERI Flora receptam et synonyma » Citata (2), procul dubio idem est cum Leersia Oryzoides » (F1. germ. p. 301). Ainsi ce n’est point sur l'examen de l’herbier de Linné que Smith s'appuie, mais sur la synonymie et sur la présence, à la suite de la description, d’une observation empruntée à Séguier, et qui très évidemment se rapporte au Leersia oryzoides. L'énormité de l'erreur qu’aurait commise Linné défend à priori de la lui attribuer comme simple erreur, et fait tout d'abord soupçonner qu'il y à eu simplement méprise et déplacement dans l’interpolation de la note empruntée à Séguier. Une minutieuse comparaison des textes confirme ensuite ce soup- on et donne une explication assez facile de cette interpolation, ainsi que je vais essayer de l’exposer. La première édition du Species plant. (1753) mentionne le Phalaris ory- zoides sans synonymie antérieure, et ne contient point le Poa palustris. (1) 1 peut se faire qu’il en soit de même pour le P. polymorpha Wib., que Rœmer et Schultes (Syst. veg. 11, p. 553) rapportent à notre espèce, tandis que Koch « sec. » specim. âuthent. » Je rapporte à la variété + rigidula du P. nemoralis (Syn. ed. 3° P. 698). M. Dœll est de l'avis de Koch (FI. bad. p. 177). Rien n’est plus facile à Concevoir qu’un mélange d'échantillons de ces deux espèces. (2) Gaudin, citant cette phrase, ajoute ici avec raison : « Excepto tamen Scheuchze- » riano, quod certe ad P. serotinam pertinet. » (Agrost. helu. 1, p. 210.) 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans la dixième édition du Syst. nat. (1759), Linné publie son Poa palus- tris, mais encore sans aucune synonymie antérieure. Dans la deuxième édition du Species plant. (1762), Linné accompagne la plupart de ses espèces de la synonymie antérieure, et il le fait notamment pour les deux plantes en question. Or quelle synonvmie Linné peut-il citer pour ses deux plantes ? Scheuchzer, ce descripteur si exact, nous donne, p. 184, n° 2 : GRAMEN paniculatuin aquaticum, angustifolium, panicula speciosa, locustis parvis. L'ensemble de la longue description qui suit cette phrase ne peut laisser aucun doute, et les traits suivants ont une valeur si particulière qu'aucun agrosto- graphe n’a hésité à voir notre espèce dans la plante de Scheuchzer : « Copiose » prodeunt et sparguntur radiculæ capillares albidæ vel subfuscæ... », aucun Poa ne présente en effet un chevelu comparable à celui du P. palustris; « .… vagina ad internam folii basin terminatur in membranulam tenuem duas » circiter lineas longam », tandis que la ligule est presque nulle sur le P. nemoralis et le Leersia oryzoides;.. « panicula late sparsa, pyramidalis.…., » locustæ angustæ, acuminatæ, pulchellæ..., folliculi duo saltem, frequen- à tius tres, apice fusco, subtilissima lanugine donati », etc. De plus, Scheuchzer indique comme époque de floraison « julio et augusto » et comme localité les fossés de Zurich : « Copiose ad margines fossæ aquosæ civitatis » nostræ »; et c'est à Zurich que Gaudin a retrouvé et mentionné cette plante, et je l’y ai récoltée moi-même en juillet dernier, On n’a de notre Poa aucune autre description antérieure à Linné, mais celle-ci est indubitable et suffisante. Les mentions antélinnéennes du Zeersia sont beaucoup plus nombreuses. Pontedera lui consacre la phrase : « Gramen paniculatum aquaticum, aspe- » rum, locustis planis et orbiculatis » (Comp. tab. p. 59, 1718), et une description reconnaissable où il parle des blessures que les feuilles de cette plante font aux mains des ouvriers travaillant dans les rizières. L'année suivante, Gius. Monti signale la même plante : « Gramen miliaceum, » palustre, serotinum, paniculis ex locustis compressis compositis », et de plus il donne une assez bonne figure des épillets, et rapporte sa plante au « Gramen palustre, panicula speciosa C. Bauh. Pin. 3 » (Catal. Prodr. p. 51 et tab. Ic. fig. 58, 1719). Remarquons que cette année est précisément celle de la publication de l'Agrostographia de Scheuchzer, et que ce dernier n'avait encore à celte époque vu ni en nature, ni en figure le Leersia ory- zoides ; il ne le reçut que très postérieurement, ainsi que le constate Haller, dans la mention qu'il fait de son HOMALOGENCHRUS non décrit par Scheuchzer, mais existant « apud Scheuchzerum in horto sicco » (Append. in Scheuchz. Agrost. p. A5). Or Scheuchzer, en donnant à notre plante (2. palustris) la phrase précitée, avait ajouté : « An Gramen palustre, panicula speciosa C. B.?» Hine prima mali labes.. Lorsqu’en 1745 Séguier publia son Plantæ vero” SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. h59 nenses, il cita la phrase de Pontedera, la phrase et la figure de Monti, avec le synonyme de G. Bauhin, le nom vulgaire Asperella donné au Leersia, puis, séduit par la synonymie que Scheuchzer avait cru entrevoir entre sa plante et celle de G, Baubhin, il cite la phrase de Scheuchzer, mais en faisant dispa- raître toute expression et tout signe de doute, Et ainsi il confond les deux plantes, Or c’est précisément cette confusion elle-même qui nous fournira le moyen de distinguer la vérité. En effet, lorsque Linné voulut établir la syno- nymie de son Phalaris oryzoides et de son Poa palustris, il démêla très bien . la confusion opérée par Séguier. D'une part, il rapporta à son A, oryzoides la plante de Pontedera, la phrase et la figure de Monti, la mention de Séguier, et enfin le synonyme de G. Bauhin ; d'autre part, il sut très exactement distraire du texte de Séguier la phrase de Scheuchzer et la rapporter à son P, palustris ; ce qui ne permet pas le doute sur la distinction des deux plantes, A la suite de ce synonyme vient l’interpolation, qui consiste, remarquons- le bien : 4° dans la citation du Gramen palustre, panicula speciosa C. B., déjà rapporté au PA, oryzoides ; 2° dans la reproduction un peu modifiée et sous forme de note, après l'habitat, d’une partie du texte de Séguier, ainsi qu'il spit : « Dignoscitur, dum runcantur agri oryzacei, tenella foliis glaucis, » adultior spinulis foliorum, Segu. veron. » (Sp. pl. ed. 2*, p. 99 (4).) Or il est de toute évidence, par la citation distincte, d’une part, du texte et de la figure de Monti pour le PA. oryzoides, et, d'autre part, du texte de Scheuchzer pour le P. palustris, que la distinction des deux plantes était très bien faite par Linné ; qu’il ne pouvait plus rapporter à la seconde le Gramen palustre C. B., rapporté à la première; que dès lors ce synonyme et la note qui le suit, distraits du texte de Séguier, étaient destinés à faire suite au Ph. oryzoides ; que ce n’est que par interpolation qu'ils ont été intercalés après la description et la synonymie du P. palustris; et que cette méprise est due à ce que le malheureux synonyme de Bauhin avait figuré dans Scheuchzer et plus tard dans Séguier. Cette erreur est donc une erreur de transposition et non une erreur de distinction ; elle ne saurait en aucune façon permettre de dire avec Smith : « P. palustris propriam speciem non » conslituit » (Schrad. I. c.), ni avec Link (2): « Linnæus P. palustrem » non vidit » (Æort. berol. I, p. 179). Linné a si bien vu sa plante qu'il y a rapporté la description de Scheuchzer, en démêlant la confusion de Séguier ; il l'a si certainement vue et décrite sur nature que dans son Spec. plant. il (1) Le texte exact de Séguier est : « In agris Oryza satis frequenter oritur, et cum » runcatur seges ab illa dignoscitur, dum tenella est planta, foliis glaucis, tum cum pro- » cerior evaserit, spinulis, quibus foliorum ora armantur. » (Plant, veron. I, p. 351.) Dans cette phrase, « foliis glaucis » peut se rapporter à Oryza, ce qui est plus conforme à la vérité. (2) Au même lieu, Link a rendu à notre espèce le nom de P. palustris, mais malheu- reusement, sans discussion et sans dire pourquoi, il change le nom linnéen P. nemoralis en celui de P. serotina Ehrh., ce qui amène une regrettable confusion. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en fait suivre la description du signe + qui indique l'insuffisance de l'échan- tillon étudié par lui (1). Le caractère « panicula diffusa » nous indique de plus que Linné a eu sous les yeux la grande forme printanière; et, s’il existait un doute sur le facies général de la plante décrite par Linné, il serait levé par ce passage des Prælectiones : « Sata Aïra aquatica sæpe mutatur et ad faciem » Poæ palustris accedit » (Præl. ed. Giseke, p. 148 (2). Le nom spéci- fique palustris nous indique aussi que, lorsque Linné a décrit son ?. palus- tris pour la première fois, il a cru que la plante se rapportait non-seulement à la plante de Scheuchzer, mais encore au synonyme cité de G. Bauhin, Gramen palustre, panicula speciosa, car on sait que Linné prenait autant que possible pour nom spécifique le mot le plus saillant de la phrase de ses devanciers. Il aura ensuite oublié d'effacer le synonyme de G. Bauhin, lequel aura ainsi attiré après lui l’interpolation de la note extraite de Séguier. Or, encore une fois, cette erreur qui s’est glissée dans le texte de Linné ne nous paraît pas permettre de dire avec H. Richter « planta inexplicabilis » (Cod. linn. n° 575), ni par suite d’exclure cette plante des espèces linnéennes. Il nous semble au contraire qu’on peut, sans trop de chances d’erreur, en revenir à l’opinion de Roth et de Villars, rendre à cette plante son nom princeps et en établir la synonymie ainsi qu'il suit : 41719. Gramen paniculatum, aguaticum, panicula speciosa, locustis parvis Scheuchz. Agrost. p. 184. 1759. POA PAILUSTRIS L. Syst. nat. ed. 10°, n° 8; Spec. pl. ed. 2°, p. 9 (excl. syn. CG. Bauhini et nota e Seguiero recepta). 1789. P. palustris Roth Tent. fl. germ. XX, p. 117, cum descr. optima! 1791. P. serotina Ehrh. Beitr. VI, p. 83. 1799. P. polymorpha Wibel Prim. fl. werthem. p. 113, secund. Rœm. ct Schult.; non secund. Koch et Dœll ; pro parte ? 1800. P. riparia Wolf in Holfm. (Deutschl. FL p. 42, et in Schrad. FF. germ. p. 299). 1805. P. kydrophila Pers. Syn. X, p. 89, n° 47. 1805. P. fertilis Host Gram. austr. LE, p. 10, tab. 14. 1807. P. palustris Vill. Cat. Jard. Strasb. p. 71, pl. 2, fig. 2, ad dextr. 1814. P. effusa Kit. in Schult. Œstr. FL ed. 2°, I, p. 227. (1) « Non visas plantas heic omisi, si vero aliquando contigerit non suficienter » inspexisse plantam, vel specimen imperfectum obtinuisse, signo + hoc notavi, ut alii » eandem accuratius examinent. » (Sp. pl. præf. p. 8.) (2) Rappelons que, d’après le témoignage de Hartman (Ann. herb. Linn. p. 56; VOy- le Bulletin, t. IX, p. 9),les Aira aquatica envoyés par Schreber et semés par Linné. étaient du Poa distans L. Mais, qu’il s’agisse véritablement de l’Aira aqualtica où du Poa distans L., dont le port est analogue, il est impossible, avec la meilleure volonté du monde, de trouver aucune ressemblance entre le Leersia oryzoides et l'une quelconque de ces deux plantes, si développée qu’elle soit par la culture, tandis qu'il y a même facies pour un grand échantillon de ces plantes et une grande forme de Poa palustris L. SÉANCE DU 2S NOVEMBRE 1862. 461 1820. P. angustifolia Wahlobg ZT. ups. n° 66; Rchb. Æ. exc. p. 47, n° 316, et Deutschl. FT. 1. crx, fig. 410-412 (non L.). M. Chatin fuit à la Société la communication suivante : RECHERCHES SUR LE DÉVELOPPEMENT, LA STRUCTURE ET LES FONCTIONS DES TISSUS DE L'ANTHÈRE, par ME, Ad. CHATEN. État de la question. Les cellules des anthères, nommées par le docteur Purkinje cellules fibreuses (ce/lulæ fibrosæ), sont l’objet essentiel de ce travail, dans lequel je comprends cependant aussi des observations se rapportant à quelques autres points de l’anatomie des étamines. L'histoire du sujet sur lequel je rappelle l'attention des botanistes est presque toute moderne, En effet, nos connaissances sur les cellules fibreuses, qu’on désigne aussi par les mots cellules à filets (De Candolle), cellules spiralées, cellules élastiques, sont généralement reportées à la date de 1830, époque qui vit paraître le grand travail : De cellulis antherarum fibrosis, nec non de granorum pollinarium formis, du professeur Purkinje, de Breslau. Dans ce travail, digue d’être cité pour le nombre et l’exactitude générale des observations, le savant naturaliste allemand a exposé, en l’accompagnant de dessins nombreux, le résultat de ses recherches sur environ 300 espèces végétales réparties dans 120 familles. La structare propre de l’anthère, dans laquelle il distingue deux mem- branes, l’une épidermoïdale, qu’il nomme exothèque (exothecium), l’autre intérieure, constituée par les cellules fibreuses, et qu’il désigne sous le nom d’endothèque (endothecium) ; Les formes qu’affectent les cellules fibreuses ; Les fonctions de ces cellules (liées, admet-on, à la déhiscence des loges qu’elles détermineraient par leur élasticité et leur hygroscopicité, mises en jeu par les alternatives d'humidité et de sécheresse) ; Enfin, les rapports qui existent entre la forme des cellules fibreuses des anthères et les groupes naturels, sont considérés par le savant Purkinje dans des chapitres spéciaux. Déjà cependant le sujet traité par Purkinje dans un travail resté classique, avait fixé l'attention de deux botanistes célèbres, Mirbel et Meyen. Purkinje fit honneur à Meven des premières observations (1). Mais les observations de Meyen ne dataient que de deux ans (1828), et c’est précisé- iMent à cette époque que remontait l’entreprise du travail de Purkinje, travail (4) J.-E. Purkinje, De cellulis antherarum fibrosis.… præfatio, p.1.— Meyen, Anat. Physiol. Untersuchungen ucber Len Inhalt der Pflansensellen. Berlin, 1828. 462 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. terminé et publié en 1830. L’honneur concédé par Purkinje à son devancier ne diminuait ainsi que bien peu sa propre gloire. Mirbel se plaignit d’avoir été oublié. Il rétablit ses titres en publiant, à l’occasion de son premier travail sur le Harchantia, une note concise, mais concluante (1). Mirbel y rappelle que dès 1806 et en 1815, dans ses Observations sur un système d'anatomie comparée des végétaux fondé sur l'organisation de la fleur (travail imprimé dans les Hémoires de l’Institut pour 4808), il signala dans les anthères l’existence d’une lame de cellules découpées par des fentes horizontales ou verticales et se contractant par la sécheresse, se dilatant par l'humidité. Il lui paraît en particulier que la phrase suivante, empruntée à la première de ces publications, est le point de départ du travail de Purkinje : «Il n’est pas facile d’apercevoir les ressorts délicats qui font mouvoir et » ouvrir les anthères; mais ces organes sont d’une si grande importance et » leurs formes si variées, qu’on ne saurait les examiner avec trop de soin. La » nature du tissu qui compose Îles lames contractiles latérales et dorsales, » mérite d’être connue : les premières font ouvrir les valves, les secondes s recourbent les anthères en arrière. » (Mém. de l'Inst., 1808, p. 347.) Au tome [*, p. 246, de ses Éléments de physiologie végétale, Mirbel s'exprime comme il suit : « J'ai remarqué... que les valves des loges sont » composées de deux lames cellulaires eontinues entre elles, mais distinctes » par leur nature; que l’une, située à l'extérieur, a ses parois dilatées, en- » tières et renflées en petits marmelons à sa superficie; que l’autre, située sous » la première, a ses parois découpées verticalement, et qu’elle jouit, à un » degré considérable, de la propriété de se dilater à l'humidité, de se con= » tracter à la sécheresse. C’est encore par le moyen de lanatomie que j'a » reconnu que le nombre ordinaire des loges des anthères est dé quatre et » nou de deux, selon l'opinion commune. » Je ne veux rien dire qui puisse amoindrir l’intéressant travail de Parkinje, mäis il sérait injuste, d’après les citations précédentes, dé ne pas reconnaître que non-seulement Mirbel a reconnu l’existence et le siége des cellules fibreuses, et qu'il leur a attribué le rôle physiologique admis jusqu’à ce jour, mais aussi qu'il à distingué nettement les deux membranes auxquelles Purkinjé a imposé les noms d’exothecium et d’endothecium. Plus tard, les recherches de Mitbel sur le développement dés anthères du Cucurbita Pepo, etc. (2), le portèrent à admettre que la transformation (1) Brisseau-Mirbel, Recherches anatom. et physiol. sur le Marchantia, in Nouvelles Annales du Muséum d'histoire naturelle, t. 1, p. 116. (2) Brisseau-Mirbel, Complément des observations sur le Marchantia, suivi de recher- ches sur la métamorphose des utricules et sur l’origine, les développements et la structure de l’anthère et du pollen dans les végétaux phanérogames, in Mémoires de l’Académie royale des sciences, t. XIIT, 1835. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. 163 des cellules à parois simples en cellules découpées ou cellules fibreuses se pro- duit brusquement vers le moment de la maturation de l'organe. Il n’est pas superflu, afin de bien préciser l’état de nos connaissances sur les cellules dites fibreuses, d'emprunter quelques citations aux auteurs classiques. Ces citations ne sont d’ailleurs qu’un développement utile du travail de Purkinje. M. Alph. De Candolle s'exprime ainsi (1) : « La structure intime des an- 5 thères à été étudiée avec beaucoup de soin, dans ces dérniers temps, par » M. Purkinje. Quoiqu'il ne le dise pas explicitement, on voit qu'il regarde » Chaque loge comme formée par l’un des côtés du limbe d’une feuille, en » sorte que la fente ou sillon longitudinal répondrait au bord de la feuille, et » tout le contenu de la loge au mésophylle. IT distingue ün épiderme, qu'il » nomme exothecium, au-dessous un tissu cellulaire, d’une nature très » spéciale, qu’il nomme endothecium, et au centre le pollen. » L'endothecium se compose de cellules, que l’auteur nomme fibreuses » (fibrosæ), parce qu’elles sont entourées de filets (2) extrêmement petits, » cylindriques et disposés en réseau. M. Parkinje dit que l’on trouve quel- » quefois des cellules sans filets et des filets sans cellules, quoique d'ordinaire » les deux choses soient réunies. L’endofhecium contient un ou plusieurs » rangs de ces cellules singulières, dont la forme, naturellement arrondie, » devient ellipsoïde, cylindrique ou polyédrique, suivant la pression qu’elles » subissent. » Achille Richard dit en substance (3) : « Il résalte de l’intéressañt travail de Purkinje que chaque loge de l’anthère se compose d’un épiderme ou exothèque, et d’ane membrane interne (endothèque) que composent des cel- lules à fibres internes élastiques. Ces cellules, de formes très variées, sont semblables ou du moins fort analogues dans une même famille naturelle. Dans les Graminées, par exemple, ces cellules ont wie forme réctañgulaire, et offrent des fibres courtes, droites, implantées sur leurs côtés à la manière de clous ; tandis que dans les Cypéracées elles sont cylindriques et à fibres annu- laires transversales... Les cellules de l'endofhèque sont d'abord simples, ce n'est que plus tard que les fibres s’y manifestent. » Adr. de Jussieu (4) rappelle « que les anthères se composefit d’une mem- (1) Alph: De Candolle, Introduction à l'étude de la Botanique, 1835, t, 1, p. 143-144. (2) Le mot filet (filum) doit être substitué, ce me semble, à celui de flbre, car ce dernier s'applique depuis longtemps aux faisceaux de vaisseaux et de cellules allongées, ce qui est tout à fait différent (Alph. De Candolle, loc. cit., en note): — On peut ajouter que le mot fibre est souvent, comme le dit plus loin Adc. de Jussieu, employé pour désigner les cellules allongées elles-mèmes (surtout les cellules du bois). Nous nous servirons souvent du mot proposé par M. Alph. De Candolle. (3) Ach. Richard, Nouveaux éléments de Botanique, 7° édition, p. 366, ét Précis de Botanique, 1852. (1) Adr. de Jussieu, Botanique élémentaire, 1" édition, p. 348. AGA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. brane épidermique souvent parsemée de stomates, plus d’une couche profonde d’un tissu particulier dont on conçoit facilement la nature et la forme, en considérant qu’il a commencé par une réunion de cellules spiralées ou annu- lées, ou plus souvent encore réticulées (ex. Cobæa). Mais ordinairement la membrane de ces cellules a complétement disparu aux approches de la matu- rité de J'anthère. On a nommé cellules fibreuses ces cellules à claire-voie, ainsi réduites aux lames qui les doublaient, à leurs fibres, en attachant à ce mot, non l’idée d’une utricule allongée, mais celle d’un ruban plein. Gette couche fibreuse va en diminuant d'épaisseur à mesure qu’elle se rapproche de la ligne de débiscence, point où elle s’interrompt complétement. Ces petites lames, très élastiques et hygrométriques, doivent se tendre, se détendre, s’allonger, se recourber, suivant que l’anthère est plus sèche ou plus humide, et ces variations doivent suivre, d’une part, le développement de l’anthère, d'autre part, l’état de l'atmosphère..., et c’est ainsi que la loge se rompt sur les points où la couche fibreuse est interrompue. » Quelques observations, éparses dans des travaux ayant un tout autre objet que l’étude particulière des anthères, sont venues confirmer les données de Purkinje et de Mirbel, plutôt qu’y ajouter. Cependant le fait de la loca- lisation des cellules à filets le long de la ligne de déhiscence, constaté par M. Duchartre dans l’anthère du ZLathræa Clandestina, doit être spécialement mentionné (1). Quant à nos connaissances sur l'anatomie du filet et du connectif, c’est encore à Mirbel qu’elles remontent : « J'ai remarqué, dit cet illustre bota- niste (2), que souvent les trachées du filet pénètrent dans le connectif. » Ce qui est parfaitement vrai, contrairement à cette assertion deux fois inexacle, comme je l'établirai dans le cours de ce travail, d'Achille Richard : « Le filet est parcouru par un faisceau central fibro-vasculaire qui s'étend de la base au sommet, SANS PÉNÉTRER dans le connectif (3). » Les propositions suivantes peuvent être déduites des recherches de Mirbel, de Meyen et de Purkinje : 1° La jeune anthère est d’abord à 4 logettes, puis à 2 loges. 2° Les anthères sont formées de deux membranes (signalées par Mirbel, dénommées exothèque et endothèque par Purkinje), jamais plus, jamais moins. 3° L’exothèque, épidermoïdale par son siége et de texture généralement délicate, ne manquerait jamais. X] n’est pas dit si elle supplée, aide ou entrave eu aucun Cas, l’endothèque pour la déhiscence des loges de l’anthère. 4° L’endothèque est formée généralement de cellules dites fibreuses par (1) P. Duchartre, Observations anatomiques et physiologiques sur la Clandesline d'Europe, pl. VI, fig. 86-89. Paris, 1847. (2) Brisseau-Mirbel, 1808 et 1815, Loc. cit. (3) Ach. Richard, Précis de Botanique. Paris, 1852, SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. 165 Purkinje, cellules découpées par Mirbel, cellules à filets par M. Alphonse De Candolle; les cellules à filets sont plus rares vers la ligne de déhiscence. 5° L’élasticité et l’hygroscopicité des cellules à filets formant la seconde membrane, sont la cause de la déhiscence des loges. — Gette déhiscence n'est pas expliquée dans les quelques cas, observés par Purkinje, d’anthères privées de cette sorte de cellules. 6° La forme des cellules dites fibreuses est généralement la même dans les mêmes groupes naturels (1). — Rien n’est dit touchant, non plus la forme, mais la séructure, la disposition et les connexions des cellules à filets, soit au point d'attache des loges de l’anthère au connectif, soit dans l’épaisseur du connectif Ini-même, soit par rapport aux groupes naturels des végétaux. 7° La métamorphose des utricules simples de la seconde membrane en cellules dites fibreuses est si rapide, qu’elle ne peut être saisie par l’observa- on; elle n’a lieu que vers l’époque de la déhiscenre (Mirbel). S° Les trachées ou vaisseaux spiraux du filet pénètrent souvent dans le connectif (tirbel). — Il n’est pas signalé que les trachées puissent ne pas exister sur toute la longueur du filet (Ach. Richard affirme même que /es trachées s'étendent toujours de la base au sommet du filet). Cette analvse, que je me suis efforcé de rendre complète et fidèle, des tra- vaux de Mirbel, de Mevyen et de Purkinje sur la structure de l’anthère, montre déjà, avec les questions qu’on regarde comme fixées par ces savants botanistes, quelques-unes de celles qu'ils n’ont pas éclairées, quelques autres qu'ils ont méconnues. Or il me paraît utile, soit pour établir les rapports des présentes recherches avec celles de mes illustres devanciers, soit afin de donner par avance un aperçu des points traités, et aussi pour profiter de la clarté que jette sur un exposé sa préalable délimitation, d’énumérer les questions principales sur lesquelles j'apporte mon tribut d'observations, savoir : * 4° La jeune anthère est-elle toujours divisée en quatre logettes? L’anthère mûre est-elle toujours à deux loges? (Les faits communs d'anthères mûres à quatre loges (Zetratheca) où à une loge (Malvacées, etc.) sont réservés.) 2° Les anthères ne sont-elles composées que de deux membranes? Le nombre de celles-ci peut-il être de moins de deux ? 3° Existe-t-il un certain nombre d’anthères. sans cellules fibreuses ou à lilets? h° Quand les cellules à filets existent, occupent-elles toute l'étendue des valves ? 5° Quelles sont la structure et la fonction des cloisons des logettes e1 (1) Cette remarque de Purkinje, généralement juste, peut être opposée à l'opinion des botanistes qui nient encore aujourd’hui l'existence de corrélations entre la structure anatomique des végétaux et leurs caractères morphologiques. Fr 0 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des appendices cellulaires placentiformes qu’elles portent souvent sur leurs côtés ? 6° Quelle est la structure du connectif? Cette structure peut-elle influer sur la déhiscence ? 7° Quelle est la structure des filets ? 8° Quelles sont les formes sommaires de la déhiscence ? Quelles causes, tant organiques que physico-chimiques, favorisent ou entravent celle-ci? 9° Les fonctions habituelles de chacune des membranes de l’anthère peu- vent-elles être en quelques cas interverties ? 10° La structure et la disposition des tissus de l’anthère sont-elles, comme leur forme, en rapport avec les divisions naturelles des végétaux ? Tels sont les points sur lesquels portent les présentes études, poursuivies pendant plusieurs années et rendues souvent difficiles par la délicatesse ou la petitesse des objets dont il fallait cependant obtenir des coupes très nettes pour exposer, non simplement des lambeaux du tissu, mais l’ensemble de la structure de l'appareil. Plus d’une fois les sujets sur lesquels j'avais passé beaucoup de temps ont dû être abandonnés, par insuffisance de netteté dans les observations. J'ai toutefois l'espoir que ces études, susceptibles de déve- loppements, et dans lesquelles je me borne souvent à l'exposition de têtes de chapitre, seront jugées avec indulgence, surtout par cette considération qu'il ne m'est donné que de glaner dans les champs dont la moisson a été faite par d'éminents botanistes, (La suite prochainement.) M. À. Gris fait à la Société la communication suivante: NOTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'ALEURONE DANS LES GRAINES DE QUELQUES LÉGUMINEUSES, par M. Arthur GRIS. On doit à M. Hartig la découverte d’une substance extrêmement répandue dans l’albumen comme dans l’embryon des graines et spécialement des graines oléagineuses. Cette substance se présente sous la forme de granules qui ne sont pas sans quelque ressemblance extérieure avec les granules amylacés, mais qui s’en distinguent aisément, entre autres caractères, par leur altération sous l'in- luence de l’eau et par la coloration brune que leur donnent les réactifs 1odés. Cette action de l’eau explique comment les granules d’aleurone (car c’est ainsi que M. Hartig les a nommés) ont pu si longtemps échapper aux obser- vateurs. C’est dans le suc cellulaire même, dans l'huile, l’éther ou l'alcool, que M. Hartig conseille de les étudier. Leur origine et leur swucture ordinairement compliquées ont été l’objet SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. h67 d'études minutieuses de la part de l’anatomiste heureux qui les signala le pre- mier à l’attention des savants. M. Trécul, parmi nous, et M. Maschke, en Allemagne, ont porté depuis leur attention sur quelques points particuliers de la question que M. Hartig a embrassée dans son ensemble. Dans le cours de l'été dernier, j'ai moi-même essayé de m'éclairer sur l’origine de ces formations aleuriques, dont l'importance, au double point de vue de l'anatomie ét de la physiologie, est vraiment capitale. Je me propose d'entretenir aujourd’hui la Société du mode de développe- ment des grains d’aleurone dans les Légumineuses. M. Hartig à étudié (1) ce développement dans les Zupinus luteus et albus. Je n’essaierai point d’analvser ici les phénomènes que l’auteur a longuement décrits sous une forme souvent difficile à saisir à cause d’une nomenclature particulière et très compliquée. Je me contenterai pour le moment de men- tionner que, selon M. Hartig, les grains d’aleurone résulteraient, dans ces plantes, de la transformation des grains de fécule. M. Trécul (2) a fait quelques observations sur les Zupinus varius et muta- bilis. « Dans le Lupinus varius, dit-il, je n’ai remarqué de l’amidon à aucune » époque. Il m'a paru que des grains verts nés au pourtour de la cellule, » d'abord pleins, puis vésiculaires, se transformaient en aleurone sans passer » par l’état amylacé. Il y avait aussi dans le centre de la cellule des corpus- » cules plus petits, de formes diverses, dont je n’ai pas constaté le dévelop- » pement ultérieur. » « Au pourtour interne des cellules de l'embryon jeune du ZLupinus muta- » bilis, dit le même savant, il naît des globules d’abord pleins, très légè- » rement jaune verdâtre. Plus tard, ces globules présentent une cavité » centrale, leur contenu se distribuant à la périphérie de leur membrane » vésiculaire. Plus tard encore, ils sont répandus dans la cellule et contiennent » deux ou trois petits granules. L’iode n’y dénote pas d’amidon. Dans un » embryon plus âgé, les cellules contiennent des grains pleins, dont les plus » jeunes sont légèrement vert jaunâtre et les plus gros incolores : ce qui » semble indiquer que ces derniers provenaient des vésicules verdâtres obser- » vées dans les embryons plus jeunes. A cette époque, de petits grains » d'amidon étaient quelquefois mêlés à ceux de l’aleurone. Quoique ultérieu- » rement on ne trouve que des grains aleuriques, il me paraît évident que » dans ce Lupin l’aleurone n’a jamais été de l'amidon. » Voici maintenant ce que j'ai vu dans le Zupinus polyphyllus : Les cellules de très jeunes cotylédons contiennent un nucléus volumineux, qui est comme le centre d'où rayonnent souvent des filets muqueux plus cu moins bifurqués. Autour de ce nucléus et sur ces filets muqueux, se trouvent (1) Entwickelungsgeschichte des Pflanzenkeims, etc. (2) Ann. sc. nat. 4° série, t. X, 1858. 58 SOCIÉTÉ LOTANIQUE DE FRANCE. des globules verts contenant ordinairement deux ou trois petites ponctualions brillantes et amvylacées. Mais les choses ne demeurent pas longtemps en cet état. On trouve bientôt, en effet, dans les cellules, à côté des grains chloro-amy- lacés que je viens de signaler, c’est-à-dire autour du nucléus et dans les filets muqueux rayonnants, quelques petits globules arrondis et incolores. Par suite du développement, le nombre de ces petits:globules augmente rapidement ; ils sont épars dans la cellule au milieu des grains chloro-amylacés, et leur diamètre est très variable. On trouve, en outre, dans les cellules, aux trois âges que je viens de passer en revue, un nombre considérable de très petits granules, dont la présence se manifeste surtout sous l'influence de l’eau et qui brunissent sous l’influence des réactifs iodés. J'aurais déjà dû faire remarquer que les globules blancs que nous avons vus apparaître et grandir sont très sensibles à l’action de l’eau, à peu près indifférents à celle de l'éther, et deviennent finement ponc- tués et rougeâtres si on les traite par le chloro-iodure de zinc : ce sont des grains d’aleurone. Ces grains sont bientôt assez nombreux et assez volumineux pour être contigus dans les cellules, tout en conservant leur forme arrondie; mais c’est là une forme transitoire qui n’a sans doute que bien peu de durée, car ce passage échappe souvent à l'observateur, qui rencontre plus souvent l'état dans lequel les formations aleuriques ont déjà pris une forme polygonale par suite de leur pression réciproque. A partir de ce moment, les grains chloro-amvylacés, qui sont encore très nombreux, vont commencer à se résorber, et l’on n’en trouve plus de traces lorsque la graine est mûre. J'ai observé des faits très analogues à ceux que je viens de décrire, dans le Lupinus succulentus, et, bien que je n’aie pu suivre aussi complétement que je l'aurais désiré le développement de l’aleurone dans le Cytise, je suis porté à croire, d’après ce que j'ai vu, que les choses ne s’y passent point trop diffé- reminent. | M. Trécul, dans le mémoire que j'ai déjà cité, s'exprime ainsi à l'occasion du Colutea arborescens : « Je n’y ai point trouvé d'amidon, mais des grains » jaunissant par l’iode qui commencent par n'être que de très petites grapu- » lations incolores ou légèrement jaune verdâtre, suivant la partie de l'em- » bryon. Is grossissent peu à peu et acquièrent la propriété de se liquéfier » dans l’eau, en prenant les divers aspects représentés par les figures 11 à 1 » de la planche XIL » J'ai-suivi avec le plus grand soin le développement de l’aleurone dans le lolutea arborescens. Cette plante ne présente pas autant de difficultés à l'étude que les Lupins et le Cytise. Contrairement à l’epinion de M. Trécul, y à, à tous les âges, dans les cellules des cotydélons, des grains chloro- - SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. A6) amylacés dont le développement et la résorption se font comme dans les espèces de Lupins que j'ai soumises à l'observation. L Soi des formations aleuriques v est la même, et je ne pourrais que répéter ici, à peu de chose près, ce que j'ai dit à l’occasion du Zupinus polyphyllus. Nous avons vu, en commencant, que, selon M. Hartig, les grains d’aleu- rone, dans les Zupinus luteus et albus, résultent de la transformation des grains de fécule; que, selon M. Trécul, les grains d'aleurone, dans les Lupinus varius et mutabilis, résultent de la transformation des vésicules chloro- phylliennes. Les faits que nous avons observés dans les Zupinus potyphyllus et succulentus, dans le Cytisus Laburnum et le Colutea arborescens, nous paraissent peu favorables à la généralisation des idées de ces deux savants observateurs. M. Dalimier demande à M. Gris si les grains aleuriques dont il vient d'exposer le développement contiennent des granules. M. Gris répond que ces grains ne contiennent pas de granules ; qu'ils sont tantôt homogènes, tantôt très finement ponctués et bordés d’un contour clair. M. Alph. De Candolle donne verbalement des informations sur un mémoire de lui qui s’imprime actuellement à Genève pour le journal de la Bibliothèque universelle (partie scientifique) (1); ilest intitulé : Étude sur l espèce, à l'occasion d'une révision de la famille des Cupulifères : L'auteur, ayant eu de très nombreux matériaux et voyant qu'ils ne contenaient à peu près aucune forme nouvelle, s’est attaché surtout à bien limiter les espèces et à soigneusement étudier leurs modifications. 11 à espéré pouvoir ainsi arriver à des notions plus justes sur l'espèce en général. Dans les groupes où le nombre des échantillons recueillis par divers voya- geurs s'élevait quelquefois à cent et même deux cents, il a constaté les variations qui se présentent, pour tel ou tel caractère, sur un même rameau, Par exemple, il peut certifier que, sur cent échantillons de Quercus Cerris, il y en a tel nombre ayant la base des feuilles ou obtuse ou aiguë dans le même rameau; telle autre proportion ayant les pédoncules dont la longueur varie au delà de la proportion de 1 à 3, qui n’aurait rien d’extra- Ordinaire, etc. Ces variations, observées sur une même branche, prouvent que les caractères en question ne peuvent pas servir à constituer des espèces, Mais seulement des variétés. C'est ce que l'auteur à fait, et, pour éviter tout reproche, il n’a pas voulu conclure de ses observations dans un groupe (4) Livraison de novembre 1862, 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. spécifique à l'existence de semblables variations dans un autre groupe d’es- pèces du même genre, comme le font plusieurs botanistes. Il a constitué d’autres variétés, en observant les transitions de formes d’un rameau à un autre, De cette manière, il peut justifier dans chaque cas des motifs pour lesquels il a appelé un groupe variété oa espèce. La méthode n’a pu être appliquée rigoureusement que dans les Chênes les plus connus d'Europe, d'Orient ou des États-Unis, et il reste un nombre considérable de formes appelées espèces dans les ouvrages, qu’il faudra probablement réduire lors- qu’on possédera des échantillons plus nombreux, recueillis dans toutes les localités de l’habitation, Une des conséquences du travail a été, par exemple, de maintenir comme espèce le Quercus Robur de Linné, ainsi que l'avaient déjà fait MM. Webb et J. Gay, après des recherches approfondies, mais le Pro- dromus contiendra une classification plus complète de ses variétés, au nombre de vingt-huit spontanées. Une fois certaines espèces constituées sur des bases bien solides, M. De Candolle s’est proposé d'étudier leur histoire, puisque l’origine des espèces est un point de vue si important et malheureusement si obscur, dont la notion préoccupe les naturalistes, surtout depuis les théories de Darwin. En partant de l’état actuel des choses, il faut constater d’abord combien les graines pesantes des Chênes s'opposent à une naturalisation accidentelle au travers d’un bras de mer. Elles perdent vite leur faculté de germer, et, par un ensemble de causes, il est impossible de supposer qu’une forêt de Chêne s’in- troduise dans une île. Lorsqu'elle s’y trouve, cela ne peut provenir que d’une jonction antérieure de l’île avec une terre ferme voisine, ainsi que M. De Candolle pense l'avoir prouvé complétement dans sa Géographie botanique. De là des conséquences à la fois géologiques et botaniques assez curieuses. Ainsi le Quercus Robur L. var. sessiliflora existe aujourd’hui dans les îles Britanniques; ce qui prouve une ancienne contiguité de ces îles avec le con- tinent, et une présence assez ancienne de l'espèce et même de la variété en Europe, puisque la séparation de l'Irlande, au dire-des géologues, est plus ancienne que la formation du Pas-de-Calais. Ce dernier phénomène, un des plus récents, géologiquement parlant, est encore bien antérieur à l'époque historique. Le Hêtre (Fagus silvatica) et le Châtaignier (C'astanea vulgaris) ne sont pas considérés comme vraiment spontanés dans les îles Britanniques, et M. Vaupell a prouvé que le Hêtre s’est répandu sur la côte occidentale de notre continent, vers la Hollande par exemple, seulement depuis les Romains. Ce sont des arbres qui ont marché vers l’ouest, longtemps après le Chêne. Ces trois espèces existent sur les collines et les montagnes de Sicile, de Corse et de Sardaigne, d’une manière bien générale et spontanée, mais elles manquent aux montagnes de l'Algérie. Donc elles se sont répandues vers Îe midi de l’Europe à une époque où les îles principales de la mer Méditerranée tenaient à notre continent, et où cependant le climat était assez peu élevé SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1862. A71 pour qu’elles aient pu prospérer. Ces conditions pouvaient exister à l’époque dite glaciaire, lorsque d'immenses glaciers, dont on voit les traces, existaient en Italie. Leur présence dans cette région, après l’époque tertiaire, suppose une température modérée, et des conditions favorables aux espèces de notre Europe tempérée actuelle, même de nos Alpes. Le Chêne, le Hêtre et le Chà- taignier ont pu alors se répandre dans des plaines maintenant submergées ; puis, les glaciers ayant disparu, elles ont dû s’élever sur le flanc des collines et des montagnes en Sicile et en Sardaigne, comme en Italie et en Espagne, et c’est là que nous les voyons aujourd’hui, Mais pourquoi ces mêmes arbres manquent-ils à l'Algérie? Assurément ils trouveraient sur l’Atlas, à telle ou telle élévation, toutes les conditions physiques de certains points de la Sicile, de la Sardaigne ou des hauteurs de la péninsule espagnole. Il faut ou qu’un bras de mer ait séparé déjà l'Afrique de l’Europe, lorsque ces espèces se sont avancées vers le midi, ou que des températures fort élevées les aient fait périr en Algérie, si elles y ont existé anciennement. Cette dernière hypothèse paraît la moins probable, parce que des sirocos très intenses, renouvelés pendant une série d'années, de manière à atteindre même les sommets de l'Atlas, auraient probablement expulsé les mêmes espèces des îles de Sardaigne et de Sicile, extrêmement rapprochées de la côte d'Afrique. L'auteur arrive ainsi à reconnaître, dans la végétation méditerranéenne, deux catégories d'espèces : les unes anciennes, remontant peut-être à l’époque tertiaire, quoique M. Heer n’ait pu affirmer l'identité spécifique d'aucune plante tertiaire avec les plantes actuelles; les autres ayant pénétré dans la région pendant l’époque glaciaire, alors que les Alpes avaient déjà leur éléva- tion, mais que la mer Méditerranée n'avait pas tout à fait sa configuration actuelle. La plupart des Quercus de la flore méditerranéenne, par exemple les Q. coccifera, Îlex, lusitanica, Libani, etc., dateraient de la première époque, et effectivement ils ressemblent bien plus aux espèces fossiles tertiaires et aux espèces analogues du Mexique et du Japon que le Quercus Robur. Celui-ci, avec le Hêtre et le Châtaignier, serait de la seconde époque. A la demande de M. J. Gay, M. De Candolle expose ensuite à la Société les observations qu'il a faites sur la place occupée dans le fruit des Chênes par les ovules avortés (1). M. Delavaud fait à la Société la communication suivante : SUR UNE ANOMALIE OBSERVÉE SUR UN BELLIS, par M. €. DELAVAUD. J'ai trouvé, le 6 octobre 1862, sur les pelouses du fort Lamalgue, à Toulon, (1) Ces observations de M. Alph. De Candolle ont déjà été publiées par lui dans un travail dont on trouvera plus bas l'analyse (voyez la Revue bibliographique de ce numéro). 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une Pâquerette (Zellis perennis ?), qui offre une monstruosité dont l'explica- tion morphologique me semble assez diflicile. Vers la partie moyenne de son pédoncule, long de 20 centimètres environ, est soudé latéralement un axe transversal, dirigé un peu obliquement et partagé en deux portions inégales. L'une des branches de cette sorte de balancier, plus relevée et plus longue, est terminée par un capitule ; l’autre, plus déclive et plus courte, porte à son extrémité deux feuilles opposées. La page inférieure de celles-ci regarde le point de soudure, et entre elles on aperçoit un rudiment de bourgeon. Au sommet du pédoncule principal existent deux capitules normaux, bien déve- loppés, sessiles et rapprochés l’un de l’autre. Enfin, entre eux prend encore naissance un axe filiforme que termine un assemblage de bractées séparable en deux capitules rudimentaires. J'ai essayé d'appliquer à ce cas tératologique diverses interprétations, mais aucune d'elles ne me parait bien satisfaisante. L’axe transversal peut consti- tuer une seule production ou deux productions distinctes. La continuité des deux portions droite et gauche milite en faveur de la première hypothèse, mais l’opposition dos à dos des deux bourgeons qui les terminent ne permet guère cette supposition : j'y reviendrai néanmoins après avoir examiné la seconde. On peut admettre que les deux branches de l’axe transversal constituent deux axes secondaires de même génération, l’un terminé par un bourgeon floral, l’autre par un bourgeon feuillé, Plus haut, le pédoncule principal donne également naissance à deux productions secondaires, représentées par des capitules normaux; enfin l'axe primaire se continue en s’épuisant et ne fournit plus au sommet que deux capitules mal conformés. Il y aurait donc tendance à une production d’axes opposés qui rappelle la cime des autres Corym- bifères. Cependant l'absence de bractées au-dessous des axes secondaires, des deux inférieurs du moins, la direction relative de ceux-ci, qui devraient être symétriques, leur soudure sur le pourtour de l’axe vertical au sein duquel ils devraient prendre leur origine, constituent de graves objections à cette manière de voir. Il serait possible que les deux portions de l'axe transverse appartinssent à deux générations différentes. L'une d’elles continuerait le pédoncule primaire et serait déjetée comme dans les inflorescences oppositifoliées ; l’autre, adven- tive, appartiendrait à une seconde génération, et elle serait déviée elle-même par la partie supérieure de la plante, adventive aussi et de plus usurpatrice. Mais ici encore une bractée manque sous une des branches du pédoncule transversal. Revenons à la première supposition, d’après laquelle ces deux branches, continues en apparence, le sont également en réalité et forment une produc- tion axile unique. Il n’est pas rare de rencontrer des Pâquerettes dont les pédoncules sont soudés deux à deux dans toute leur longueur souvent consi- SÉANCE DU 2$ NOVEMBRE 1562, h73 dérable. J'en ai recueilli plusieurs de cette sorte à Toulon. Or, ici, trois pédoncules ont pu être originairement rapprochés : l’un d'eux, incompléte- ment soudé et moins vigoureux que l’ensemble des deux autres, s’est détaché à sa base et a été entraîné avec un mouvement de bascule. Son extrémité infé- rieure, alors, libre dans l'air, a produit un bourgeon adventif foliacé, qui rappelle par sa direction ceux de l'arbre retourné de Duhamel. Quant aux bractées du sommet, on peut aussi les considérer comme accessoires, ainsi que l’axe qui les porte, car rien n’oblige à rattacher toutes ces productions, accidentellement rapprochées, soudées et développées, à une même inflores- cence., Remarquons toutefois que les traces de la soudure longitudinale des pédoncules n'existent pas dans l’anomalie en question, tandis qu’elles sont bien apparentes dans les Pâquercttes soudées par deux auxquelles je la rapporte. M. Delavaud dépose sur le bureau l’échantillon anomal qui à donné lieu à son observation. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. FÉVRIER 1863. N.-B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire de la Société botanique de France, rue de Buci, 14, à Paris, ‘ PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Sur les sues propres des Apocynées, des Aselépiadées et des Légumineuses; par M. A. Trécul (L'/nstitut, 30° année, n° 1487, p. 215). Cette note a été communiquée par M. Trécul à la Société philomatique dans sa séance du 21 juin 4862. Il s’est proposé de déterminer le siége du suc laiteux des Apocynées et des Asclépiadées, placé dans les laticifères par Bernbardi, dans les fibres libériennes par M. de Mirbel, M. Schultz, MM. Meyen, Schleiden et Schacht. Pour résoudre le problème, il a comparé le latex au suc contenu dans les fibres libériennes; voyant que les deux liquides ne se ressemblent pas, il a cherché quelle est la position qu’occupe réellement le latex; il a reconnu qu’il réside dans des vaisseaux très ténus situés, d’une part, dans l’écorce, et d'autre part, autour de la moelle. Le latex, quand il est coloré comme dans le Warsdenia evecta, diffère complétement du contenu des fibres libériennes, qui sont incolores; d’ailleurs, quand il est blanc, il ne renferme que des granules blancs, tandis que ceux que contient la matière des fibres libériennes ont une teinte légèrement fauve. Enfin cette dernière est susceptible d’être colorée par l’iode seul ou par l’iode uni à l'acide sulfurique, ce qui empêche qu'on ne l’assimile à un suc laiteux. Les observations de M. Trécul ont porté sur le Vinca major, le Marsdenia erecta, le Plumiera alba, V'Apocynum hypericifolium et \ Ansonia latifolia. Certain que le latex ne se trouve pas dans les fibres du liber, il pense que l’erreur des savants qu ont soutenu une opinion contraire tient à ce que dans certaines plantes il très difficile d’apercevoir le latex dans les laticifères, tant sont ténus ces Vals- seaux el tant il s’en échappe avec facilité. M. Trécul à fait encore des observations analogues sur le suc propre des Légumineuses, et notamment sur le Vigna glabra, V'Onobrychis sativa, le l’haseolus nanus, le Robinia Pseudacacia, le Lotus corniculatus, le Coro- nilla varia, le Medicago sativa, le Trifolium pratense, le Melilotus arvensts. Il à toujours trouvé les laticifères de ces plantes soit au pourtour de la moelle, soit dans la partie interne de l'écorce, autour des faisceaux libériens. ll à REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 remarqué que le latex des Légumineuses bleuit sous l'influence du sulfate de fer, ce qui prouve qu'il contient une notable quantité de tannin, du moins dans les parties jeunes de ces végétaux. D' EUGÈNE FOURNIER. Des causes qui déterminent les brûlures et les taches des feuilles, spécialement dans les serres ; par M. L. Neumann (Adan- sonia, t. IT, pp. 312-315). M. Neumann a remarqué dans les serres du Muséum que des plantes placées près des vitres souffraient dans certains cas quand elles étaient serin- guées intempestivement et que les portes étaient fermées ; les feuilles en étaient alors brûlées sur plusieurs points, et M. Neumann a reconnu que ces brûlures se produisaient sur les points en contact avec l’eau, par suite de l’échauffement des gouttelettes d’eau formant lentille à la surface des feuilles immobiles, derrière les vitres fermées. Il a vu que le même phénomène ne se produit pas quand la serre est ouverte, parce que l’air du dehors agite les feuilles; en effet, quand elles sont exposées à l'air, mais maintenues immo- biles par de petits fils de fer, elles brunissent néanmoins quand elles sont mouillées. L'auteur ne prétend pas attribuer aux mêmes causes toutes les taches qu’on remarque fréquemment sur les plantes de serre; mais je puis assurer, dit-il, que toutes celles qui se produisent en peu d’instants sont dues à l’immobilité des feuilles, lorsque les plantes sont tenues dans des serres mal ventilées, et surtout lorsqu'on les arrose ou trop tardivement, ou par un temps trop calme. E. F. Nouvelles recherches anatomiques et physiologiques sur les Oscillaires:; par M. Ch. Musset (Thèse pour le doctorat ès-sciences naturelles). In-4° de 28 pages, avec une planche. Tou- louse, 1862. Ce travail commence par un historique des travaux publiés par Vaucher, Bory de Saint-Vincent et M. Kuetzing sur les Oscillaires; à propos des espèces différentes reconnues dans ce genre par les deux premiers de ces naturalistes, l’auteur dit avoir vu dans l'Oscillaria Adansonii tous les caractères essentiels de structure décrits dans plusieurs espèces distinguées par eux; il a même remarqué que des Oscillaires recueillies en divers endroits et qui, soit à la vue simple, soit au microscope, présentaient d'abord quelques légères diffé- rences, mises dans des capsules de verre sur une même table du laboratoire, Ont toujours fini par montrer le même aspect et la même structure. Il donne ensuite le résultat de ses observations anatomiques. Il insiste beaucoup sur un fait indiqué par M. Kuetzing, à savoir l'existence de filaments très ténus, inco- lores, qui couronnent chacune des extrémités de l’Oscillaire, et que l’on voit 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. se rapprocher, s'épanouir et se contracter sans relâche : il leur donne le nom de tentacules. I décrit la progression de l’Oscillaire dans le tube amorphe qui la renferme, tube dont elle finit par se dépouiller comme un serpent de son épiderme : elle attend alors longtemps avant d’en sécréter un nouveau, et ce sont les débris de ces fourreaux épidermiques qui constituent en grande partie la gangue qu'on remarque dans les tapis d’un vert noirâtre, formés sur les pierres humides par les Oscillaires. On sait que l’Oscillaire se divise quelque- fois en plusieurs fragments qui exécutent dans le tube commun des mouve- ments indépendants. M. Musset croit avoir trouvé l'explication de ce fait en étudiant la reproduction de ces singuliers êtres. Cette reproduction offre d’après lui deux modes, reproduction par scissiparité, déjà entrevue par Vau- cher, et par diasporogénèse, C’est au printemps et au commencement de l'été qu'on observe la première. On voit alors se former au milieu du filament une sorte de bourrelet, constitué par un segment plus gonflé et plus foncé que les autres; dans les deux moitiés ainsi constituées se montrent bientôt d’autres bourrelets analogues. L'Oscillaire, dit l’auteur, ressemble alors à un chaume de Graminée, ou pourrait être prise par un observateur peu exercé pour un Nodularia spumigera; puis une strie partage en deux ces bourrelets ou « nœuds vitaux », dont chaque moitié se sépare très lentement de sa congé- nère, et l’Oscillaire se trouve ainsi divisée en un certain nombre de tronçons qui deviendront bientôt des individus complets, portant à une extrémité la touffe de tentacules, et à l’autre une cupule résultant du fractionnement du nœud vital, laquelle se couronne plus tard aussi de tentacules. Le deuxième mode de reproduction s’observe aux mois de septembre et d'octobre. Alors les disques ou anneaux de l’Oscillaire se délimitent en s’arrondissant, se segmentent, et donnent lieu à de petits corps ovoïdes assez irrégulièrement placés, aux- quels l'auteur applique le nom d’oospores, tout en faisant observer que ces organes sont bien plus analogues à des œufs qu’à des spores. Il a trouvé des Oscillaires dont une moitié était normale et l’autre convertie en oospores. Ces derniers sont animés d’un mouvement obscur ; leur forme devient bientôt elliptique ; à l’une des extrémitéside leur grand axe est une zone transparente autour de laquelle paraissent bientôt deux ou trois tentacules. L'auteur com- pare ces phénomènes à la dissociation cellulaire que M. Jæger a observée sur les polypes d’eau douce, et les caractérise, à l'exemple de ce savant, par le terme de Diasporogénèse. Il figure encore des Oscillaires sur le point de se dis- soudre en globules reproducteurs, et hérissées d’un nombre considérable de petits filaments très courts et roides, fixés De LA à leur axe, el dont if dit n’avoir jamais soupçonné l’origine. Dans la suite de son travail, M. Musset recherche si les êtres qui en font l’objet doivent être placés dans le règne animal ou dans le règne végétal. On devine qu’il conclut en faveur du premier. Reconnaissant, dit-il, chez les Oscillaires le type annelé hautement accusé; voyant ces êtres munis de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h77 segments contractiles et tentaculifères ; ayant démontré chez eux la reproduc- Lion par scissiparilé naturelle et artificielle, si bien caractérisée dans la classe des vers, entre autres des Naïdes; remarquant, ce que tout le monde sait, qu'ils ont une odeur ammonijacale, considérant leur locomotion vermiculaire, et nous rappelant enfin que chaque type animal ou végétal se termine par des représentants tellement dégradés qu'ils conservent à peine le droit d'y ètre inscrits, nous dirons que, selon nous, l'Oscillaire est à la classe des annélides ce que l'Amphioæus est à la classe des poissons. E. F. Ricerche sulila embriogenia della Canape (/echerches sur l'embryogénie du Chanvre); par M. G. Gasparrini (Comptes rendus de l’Académie royale des sciences physiques et mathématiques de Naples, 1° fascicule, mai 1862). Tirage à part en brochure in-4° de 8 pages. Ce travail a été entrepris à l’occasion des recherches faites sur la parthéno- génèse par divers savants, recherches dont nous avons plusieurs fois entretenu nos lecteurs. MM. Al. Braun, Radikofer et d’autres avaient cité le Chanvre en faveur de leurs opinions sur la génération effectuée sans le secours du mâle, en invoquant les observations et les expériences de Spallanzani. M. Gasparrini reconnaît que ces expériences et observations ne prouvent presque rien, à cause du développement possible et quelquefois observé d’or- ganes staminaux dans l'inflorescence du Chanvre femelle. Malgré cette croyance, il a étudié avec grand soin les phénomènes de la fécondation dans celte plante, afin de prouver qu’ils ne diffèrent pas en général de ceux qu'on a observés dans les autres Phanérogames. Nous remarquons dans ses observa- tions deux faits particuliers : le premier est l'apparition dans le sac embryon- naire, vers son sommet, de corpuscules d’abord oblongs, puis fusiformes, limités par une vésicule diaphane, contenant une substance azotée, el doués dans le principe d’un mouvement moléculaire bien distinct; le second est le changement chimique qui lui a paru s’accomplir dans le boyau pollinique peudant qu’il descend le long des poils collecteurs ; sa substance devient alors d'un jaune orangé et acquiert un peu plus de densité. E. F. On germination of Heticularia wmbrénes (Sur la gornunu- lion du Reticularia umbrina) ; par M. Frédéric Currey (The natural history review, n° VILL,. octobre 1862, pp. 406-408). On sait que le genre Æeticularia est au nombre de ceux dans lésquels M. De Bary a reconnu l'existence de zoospores, et qu'il est disposé à placer dans le règne animal (4). M. Currey a vu le contenu des spores brunes et mu- (4) Voyez plus haut, p. 402 et suiv. A78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. riquées du Æeticularia umbrina prendre la forme de vésicules globuleuses incolores et immobiles qui, quand elles ont été exposées au soleil, se sont transformées en zoospores, tels que ceux de l’Æfhalium septicum et de l’Ar- cyria punicea, figurés par l'honorable professeur de Fribourg. Leurs mouve- ments étaient limités à un court espace ; ils ne tournaient pas sur eux-mêmes, et ne traversaient pas le champ du microscope comme le font les zoospores des Algues. Il paraît, d’après des expériences contradictoires faites par M. Currey dans l'obscurité et sous l’influence de la lumière solaire, que celle-ci exerce une influence favorable sur la germination du Zeticularia. H a vu se former une cavité vers l’extrémité élargie de ces zoospores, mais n'a pas pu voir si les parois en étaient ou non contractiles. E. F. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Genera plantarum ad exemplaria imprimis in herbariis kewensibus servata definita ; auctoribus G. Bentham et J.-D. Hooker. Voluminis primi pars I, sistens Dicotyledonum polypetalarum ordines LVI (Ranunculaceas- Connaraceas). Un volume grand in-8° de xIx et 454 pages. Londres, 1862. Nos lecteurs ont déjà trouvé dans cette Æevue l'analyse de plusieurs extraits du Genera plantarum de MM. Bentham et Joseph Hooker, publiées par les auteurs dans divers recueils anglais, et relatifs aux Ternstræmiacées (1), Cru- cifères (2), Tiliacées (3), Bixacées (4), Caryophyllées (5), Malvacées et Ster- culiacées (6). Ils apprendront avec un vif intérêt que l’ensemble de l'ouvrage se trouve maintenant en cours de publication. Le nouveau Genera débute par un exposé de la classification des Dicotylé- dones polypétales. Les auteurs les ont divisées en trois groupes, sous les noms de Thalamiflores, Disciflores et Calyciflores. Les Disciflores sont caractérisées par leurs étamines insérées en dedans, au-dessus ou autour d’un torus sou- vent élargi en disque. Chacun de ces trois groupes ou series se subdivise ensuite en cohortes dans lesquelles sont rangées les familles. Les Thalamiflores comprennent 6 cohortes : celle des Æanales renferme les Renonculacées et familles voisines ; celle des Parietales, les Polypétales hypogynes à placenta- tion pariétale. depuis les Sarracéniées jusqu'aux Violariées et Bixinées ; celle des Polygalinw, les Pittosporées, Trémandrées et Polygalées; celle des Caryophylline, les Frankéniacées , Caryophyllées , Portulacées et Tama- (1) Voyez le Bulletin, t. VIE, p. 56. (2) Jbid., t. HE, p. 324. — Une faute typographique, commise dans le Journal 0/ the proceedings, a fait imprimer, dans cet article, Patidées pour Isatidées. (3) Ibid. t. VILLE, p. 496. (4) Ibid. t. VIII, p. 647. (5) Ibid., t. IX, p. 53. (6) Ibid. t. IX, p. 306. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 riscinées ; celle des Guftiferales, les Élatinées, Hypéricinéces, Guttifères, Ternstræmiacées , Diptérocarpées et Chlénacées ; celle des Walvales, les Malvacées, Sterculiacées et Tiliacées. Les Disciflores nous présentent quatre cohortes : celle des Geraniales contient les groupes voisins des Géraniacées et Rutacées, ainsi que les Malpighiacées et les Méliacées ; celle des Olacales, les deux familles des Olacinées et des Ilicinées ; celle des C'elastrales, les Cé- lastrinées, Stackhousiées, Rhamnées et Ampélidées, et celle des Sapindales, les Sapindacées, Sabiacées et Anacardiacées ; enfin sous la rubrique « Ordines seu potius genera anomala » se rencontrent les groupes des Coriariées et des Moringées. Tel est sommairement l’ordre suivi dans le livre que nous avons sous les yeux, et qui prête à quelques remarques générales. Les auteurs ne manquent jamais d'indiquer, après avoir tracé le caractère d’une division principale, d'une famille ou d’une tribu, les types qui, placés dans ce groupe, s’en éloi- gnent par quelqu'un de leurs caractères. On trouve souvent en outre, avant ces indications, la mention des affinités qui relient le groupe étudié à d’autres fort éloignés souvent dans l’ordre suivi par eux. Après la description de chaque genre, ils citent les principaux auteurs qui l'ont étudié, mais sans faire connaître toutes les sources à consulter à son sujet ni toutes les planches où les types en ont été figurés. Le Species et autres ouvrages de Linné, le Prodromus et les suppléments de Walpers, le Genera d’'Endlicher, le Vegetabile Kingdom de M. Lindley, les /cones selectæ de Benjamin Delessert et les Zcones floræ germanicæ et helveticæ de MM. Reichenbach sont à peu près les seuls Ouvrages généraux auxquels ils renvoient le lecteur. Nous pensons que nos confrères nous sauront gré de leur signaler les prin- Cipales modifications de détail apportées par les botanistes anglais à la constitu- tion des groupes généralement reconnus par les auteurs. Nous passerons sous silence, dans cet examen, les familles dont M. Bentham avait publié séparé- ment l'exposition déjà analysée dans cette /evue, à moins que nous n’ayons quelque modification nouvelle à v signaler; nous suivrons la division en cohortes employée par les auteurs. 1° Ranales. — Le genre Atragene L. est fondu dans le Clematis, ainsi que Ceux qu'avait établis M. Spach aux dépens de ce dernier genre. Il en est de même des Ficaria et Ceratocephalus, réunis avec d’autres au /anunculus, et du Garidella, réuni au Nigella. Les genres Glaucidium Sieb. et Zucc. et Xanthorrhiza Marsh. sont placés parmi les Renonculacées. — Le 7etracar- Pœa, placé par Endlicher dans les Dilléniacées, est reporté aux Saxifragées ; le Æicaurtea identifié avec le Doliocarpus, et le Trachytella avec le Delima : dans le grand genre Æ/ibbertia sont réunis encore, à titre de sections, plusieurs genres proposés par divers anteurs. — Dans les Ménispermées, les auteurs ont adopté les tribus établies par MM. J. Hooker et Thomson dans leur Ælora ‘ndica ; es Lardizabalées sont considérées comme une tribu des Berbéridées, 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et les Schizandracées comme une tribu des Magnoliacées. On remarque dans les Mévispermées deux genres nouveaux, établis pour des plantes de l’Afrique tropicale, le Synclisia Benth. (Cocculées), voisin du genre Tèhucora et remarquable par la soudure de ses sépales intérieurs, et le Zriclisia Bentb. (Onchygonées), rapproché des genres Fibraurea Lour. et Sciadotænia Miers par l'absence de pétales, mais caractérisé par ses sépales intérieurs pétaloïdes et sa graine réniforme, — Les Nymphéacées sont divisées en trois tribus, Cabombées, Nymphées et Nélombonées. 2° Parietales. — Les Fumariacées sont considérées comme un sous-ordre des Papavéracées. — La famille des Crucifères, remaniée sur un plan nou- veau que nous avons déjà fait connaître, présente trois genres nouveaux, le Porphyrocodon Hook. f., établi pour le Cardamine picta, dont l'embryon est notorrhizé, le Notothlaspi Hook. f., rappelant le fruit des Thlaspi, mais possédant également un embryon notorrhizé et de plus un très grand nombre de graines portées par des funicules capillaires, et l'Amemosperma Hook. Î., créé pour le Sisymbrium cinereum Desf. On remarque en outre dans celte famille la suppression d’un très grand nombre de genres : du Phænicaulis, réuni au Cheiranthus, du Aoripa, réuni au Nasturtium, des T'urritis el Stevenia, réunis à l’Arabis, des Dentaria et Pteroneurum, réunis au Car- damine, des Schivereckia, Meniocus, Berteroa, etc., réunis à l'Alyssum, des Petrocallis et Holargidium, réunis au Draba, des Taphrospermum € Kernera, réunis au Cochlearia, du Perreymondia, réuni au Schizopetalon, du Sfrophades, réuni à l'£rysimum, des Eudema et Aphragmus, réunis au Braya, des Sinapidendron, Sinapis, Erucastrum et Hirschfeldia, réunis au Prassica, de l'Aussonia, réuni à P£nar throcarpus, da Reboudia, réuni à l'£rucaria, etc. — Des réunions analogues se remarquent encore parmi les Capparidées dans les genres Cleome et Capparis, et parmi les Violariées dans le genre A/sodeia. Les Sauvagésiées forment un sous-ordre des Viola- riées. — On rencontre dans les Bixinées un genre nouveau, le Peridiscus Benth., créé pour une plante du Brésil septentrional et caractérisé, dans la tribu des Flacourtiées, par l'existence d’un disque autour de l'ovaire et de 3 à & styles distincts. 3° Polygalinæ. — Le genre Soulamea, jadis placé dans les Polygalées, à été reporté aux Simaroubées; le Zrigonia aux Vochysiées, et le Diclidan- thera aux Ébénacées. L° Caryophyllinæ. — La famille des Frankéniacées est réduile au seul genre l'rankeniä, auquel sont réunis les Æypericopsis et Beatsonia, les genres l'ouquiera et Bronnia étant reportés aux Tamariscinées, et le Luxemburgia étant considéré comme une Ochnacée. — Les Paronychiées et les Mollugi- nées sont éloignées des Caryophyllées, et seront placées parmi les Monochla- mydées; mais les Polycarpées sont maintenues dans les Caryophyllées. 5° Guttiferales. — La famille des Élatinées est réduite aux genres Elatine REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 181 et Pergia.— Les genres Oxystemon, Triplandron, Arrudea, Androstylium, Polythecandra, Asthothecu, Quapoya, Cochlanthera, Cahotia et Lipophyllum sont réunis au grand genre Clusia, dans lequel les auteurs reconnaissent seulement trois sections, modifiant beaucoup l’ordre admis dernièrement dans les Guttifères par MM. Planchon et Triana ; le genre CArysopia de Dupetit- Thouars est joint au Symphonia de Linné, etc. 6° Malvales. — On remarque dans les Malvacées deux genres nouveaux, le Dicellostyles Benth., genre indien de la tribu des Hibiscées, caractérisé par son fruit qui se partage à la maturité en deux coques indéhiscentes, et le Cœlostegia Benth., de la presqu'ile de Malacca, appartenant au sous-ordre des Bombacées, qui se distingue par son ovaire à demi enfoncé dans le tube du calice. — Dans les Sterculiacées, le genre nouveau Chetrolæna, de l’île Maurice, diffère des autres'genres de la tribu des Dombeyées par ses pétales caducs et ses staminodes pétaloïdes. 7° Geraniales. — La famille des Linées est divisée en quatre tribus, qui sont les Éulinées, Hugoniées, Erythroxylées et Ixonanthées ; on remarque dans les Erythroxylées deux genres nouveaux, Aneulophus Benth., du Gabon, et Aebepetalum Benth., du Brésil septentrional, distingués de l’£rythrozylon par leurs étamines soudées à la base en anneau et non en tube, et ayant le premier les sépales libres et les feuilles opposées, le second les sépales soudés à la base et les feuilles alternes. — Le genre Vitraria est placé dans les Zygophyllées. — La famille des Géraniacées contient sept tribus, les Géra- niées, Pélargoniées, Limnanthées, Vivianiées, Wendtiées, Oxalidées et Balsa- minées. — Les Rutacées présentent sept tribus, les Cuspariées, Rutées, Diosmées, Boroniées, Zanthoxylées, Toddaliées et Aurantiées ; les genres nouveaux qu’on y remarque sont les Zeptothyrsa Hook. f., créé pour une plante de M. Spruce, et de la tribu des Cuspariées, qui présente une fleur conformée sur le type tétramère et des graines ovoïdes; Æyptiandra Hook. f., genre australien de la tribu des Boroniées, dont les étamines sont libres, et les anthères cordiformes et glabres; Medicosma Hook. f., genre australien établi pour l'Acronychia Cnninghami Hook.; Pentaceras Hook. f., genre australien, dont le disque est couronné par l'extrémité saillante des cinq loges de l'ovaire, et dont le stigmate est simple; Decatropis Hook. f., genre mexicain ainsi que les deux suivants, dont l'ovaire inséré sur l'extrémité du disque présente des loges saillantes et bicarénées sur leur dos, avec un Slüigmate 5-lobé; Polyaster Hook. f., dont le disque est obscurément 10-lobé ; Megastigma Hook. f., dont les étamines sont au nombre de huit, et l'ovaire seulement biloculaire; ces cinq derniers de la tribu des Zanthoxylées. On trouve dans les Toddaliées le genre Ptelea; mais les genres Atlantus, Brucea, Cneorum et d’autres voisins ont été reportés à la famille des Simaroubées à cause de leurs feuilles non glanduleuses, de leurs ovaires complétement séparés et d’autres caractères encore. — La famille des Simaroubées, telle Lu. 31 A32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'elle est reconnue par les auteurs, qui l'ont considérablement augmentée, ne diffère des Rutacées que par l'absence de glandes aux feuilles, lamertume ordinaire de l’écorce et les dents qui se trouvent généralement sur les filets staminaux. On rencontre les genres nouveaux suivants dans la tribu des Si- maroubées : Mannia, genre africain dédié à l'explorateur de l'ile de Fer- nando-Po, caractérisé par ses fleurs hermaphrodites et ses étamines au nombre de dix-huit; Picrolemma Hook. f., brésilien, dioïque, dont les fleurs mâles sont tétramères et ont un disque rudimeptaire, et dout la graine est insérée au sommet de la cavité ovarienne ; Cneoridium Hook. f., établi pour le Pitavia dumosa Nutt. — La famille des Ochnacées renferme un genre nouveau, Wallacea Spruce, de la tribu des Luxemburgiées, caractérisé par un ovaire uniloculaire à trois placentas pariétaux. — Dans les Burséracées est renfermé le petit groupe des Amyridées ; dans la tribu des Bursérées se rencontre le genre nouveau Crepidospermum Hook. f., brésilien, caractérisé par la forme de ses semences. — Les Méliacées comprennent les tribus des Méliées, Tri- chiliées, Swiéténiées et Cédrélées ; on remarque dans les Trichiliées le genre. nouveau Beddomea Hook. f., des montagnes de l'Inde, caractérisé par un tube staminal court, crénélé, portant cinq anthères sessiles. 8° Olacales. — La famille des Olacinées renferme les tribus des Olacées, Opiliées, Icacinacées et Phytocrénées ; les genres Champereia et Adelanthus, dans lesquels les auteurs ne peuvent distinguer un double périanthe, et les genres Zodina, Arjoona, Myoschilos et Quinchamalium , dans lesquels M. Miers a décrit comme un calice ce qui leur paraît une réunion de bractées, sont reportés par eux aux Santalacées. On trouve dans les Icacinacées un genre nouveau, Leptaulus Benth., présentant une corolle gamopétale et des anthères ovoïdes, dorsifixes. 9° Celastrales. — La famille des Célastrinées comprend deux tribus, Célastrées (£vonymus, Celastrus, Elæodendron, Goupia, etc.) et Hippocra- téacées. On remarque dans la sous-tribu des Éléodendrées le genre nouveau Tripterygium Hook. f., de l’île Formose, caractérisé par un ovaire émergé hors du disque et des graines trigones. — La famille des Rhamnées contient les tribus des Ventilaginées, Zizyphées, Rhamnées, Collétiées et Gouaniées. On remarque dans la troisième tribu les genres nouveaux esiota Hook. f., créé pour le Philyca elliptica Roxb., et Lasiodiscus, arbrisseau grimpant de l'Afrique occidentale, voisin du précédent. 10° Sapindales. — La famille des Sapindacées contient les sous-ordres des Sapindées, Acérinées, Dodonées, Mélianthées et Staphylées. On y remarque dans les Sapindées les genres nouveaux Diploglottis Hook. f., créé pour le C'upania Cunninghamii Hook.; Dittelasma Hook. f.. de la Chine méridionale, créé pour le Sapindus Rarak DC.; Eriocælum Hook. f., de l'Afrique occi- dentale, distinct du (xpantia par son port et la présence d’un disque membra- neux patériforme chargé de côtes rayonnantes ; Chytranthus Hook. f., de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h83 l'Afrique occidentale, voisin de l’Anomosanthes, dont il diffère par les pétales inégaux, les étamines disposées en deux phalanges, etc.; Glenniea Hook. f., indien, créé pour le Sapindus unijugus Thw.; Akania Hook. f., de la Nou- velle-Hollande, avant des fleurs complètes à cinq étamines et deux ovules dans chaque loge. — La famille des Anacardiacées renferme la plupart des types des Térébinthacées de Jussieu (Æhus, Pistacia, Schinus); elle se divise en deux tribus, Anacardiées et Spondiées ; on remarque dans la première les genres nouveaux ZLozopteryqium Hook. f., de la Guyane française, dont le fruit est une samare; £'uroschinus Hook. f., de l'Afrique orientale, distinct du genre Schinus par son disque 10-lobé ; 7richoscypha Mook. f., du Gabon, dont le disque porte un grand nombre de poils allongés, et Drimycarpus démembrement du genre indien Æoligarna, dont il diffère par la présence d’un seul style au lieu de trois. L'exposition de la famille des Connaracées, qui est la première de la classe des Calyciflores, est la dernière du demi-volume paru. On y trouve les deux tribus des Connarées et des Cnestidées, et dans cette dernière les genres nouveaux Zæniochlæna Hook. f., et £'Ulipanthus Hook. f., dont les étamines sont réunies à leur base comme daus le genre voisin 7richolobus, et qui s’en distinguent : le premier par la présence de plusieurs carpelles au lieu d’un seul, et le second par la forme des pétales et la capsule stipitée. L'ouvrage se termine par des addenda et corrigenda et un index ; les addenda contiennent encore quelques genres nouveaux, savoir : le MWicro- clisia Benth., des Ménispermées (Pachygonées), différent du 7riclisia par la présence des pétales, rapproché du Pachygonum par les feuilles et le fruit, mais bien distinct de ce dernier par les trois rangs de sépales dont les deux extérieurs sont imbriqués et l’intérieur en préfloraison valvaire; puis l'Ade- liopsis Benth., de la même tribu, présentant des pétales et deux ovules dans chaque carpelle. E. F. Nouvelle Flore française; descriptions succinctes et rangées par tableaux dichotomiques des plantes qui croissent spontanément en France et de celles qu'on y cultive en grand, avec l'indication de leurs propriétés et de leurs usages en médecine, en hygiène vétérinaire, dans les arts et dans l’économie domestique; par M. Gillet, vétérinaire principal de l’armée, et M. J.-H. Magne, professeur de botanique à l'école d’Alfort. Un vol. in-8° de xxvIII et 620 pages, avec 97 bois intercalés dans le texte. Paris, chez Garnier frères. L'ouvrage dont nous annonçons ici la mise en vente est rédigé sur un plan qui n’a pas été récemment appliqué à l'ensemble de la flore française, et qui était réservé ordinairement aux ouvrages d’une portée plus restreinte; nous voulons parler de la méthode dichotomique ; de plus, l'intelligence des descrip- sh SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tions y est facilitée par de nombreuses gravures sur bois réunies en 97 plan- ches. Ces deux conditions et un prix modéré paraissent propres à assurer du succès à cet ouvrage, destiné d’ailleurs, de l’aveu des auteurs, aux élèves et aux cultivatears. Leur première intention avait même été de traiter seule- ment des plantes utiles ou nuisibles que le médecin, le vétérinaire, l'agri- culteur, le pharmacien ont intérêt à connaître ; mais ils ont été détournés de cette voie par l'impossibilité de faire un choix rationnel des végétaux à décrire. Ils ont donc tâché d'indiquer toutes les espèces généralement admises ; mais, pour abréger leur livre, qu’ils voulaient faire aussi succinct que possible, il leur est arrivé assez souvent de faire servir la même diagnose à plusieurs plantes. Le nom de la principale d’entre elles est dans ce cas imprimé en lettres grasses et ceux des espèces ou variétés qui ne s’en distinguent que paf un où deux caractères indiqués au-dessous, sont placés en italique à la suite de la mention de ces caractères. Quant au nombre d’espèces signalées, ils paraissent avoir fait un triage très sévère, n'étant pas d'accord, disent-ils, avec les auteurs qui s’attachent aux différences les plus légères et trouvent ainsi toujours des espèces nouvelles. En parcourant leur livre, on remarque qu'ils ont cédé, dans quelques points, au désir d'innover. La classification qu’ils ont suivie est, en général, celle de De Candolle, mais les Empétrées sont placées à côté des Frankénia- cées, et les Polygalées entre les Gentianées et les Polémoniacées. Plusieurs familles nouvelles ont été établies par eux, dans l'intention de simplifier les descriptions et le travail des élèves, surtout aux dépens de genres anomaux ; nous citerons, par exemple, les Actéacées, Cératoniacées, Arbutacées, Aza- léacées, Daturacées, Véronicacées, Littorellacées, etc. ; ils ont suivi un prin- “ipe analogue en élevant au rang de genres des groupes considérés comme sections de genre par des auteurs précédents; par exemple les Brassicaria Gr. Godr., Zberidella DC. , et Nasturtiastrum Gr. Godr. dans les Crucifères. On comprend qu'ils aient dû, suivant une telle méthode, séparer les groupes des grandes classes, telles que les Légumineuses, les Rosacées et les Urticées, cn familles distinctes déjà acceptées par la plupart des floristes. C'est à cause de tous ces dédoublements que le nombre des familles décrites dans la nou- velle Flore de France s'élève à 175, y compris d’ailleurs les familles crypto- gamiques, dont les auteurs ont tracé une étude plus ou moins détaillée. « On nous reprochera peut-être, disent-ils, d’avoir été partiaux dans Îe choix » des noms des plantes ; au lieu de donner la préférence, comme le font ordi- » nairement les auteurs, aux noms les plus anciens, nous avons préféré » adopter ceux qui nous ont paru les plus appropriés à la plante qu'ils devaient » désigner. » Ils ont aussi modifié les noms de plusieurs familles. C’est ainsi qu'ils ont imprimé Tléacées pour Ilicinées, Vitacées pour Ampélidées ou Vinifères, Punicacées pour Granatées, Celtiacées pour Celtidées, Humnulacées pour Cannabinées, Castanéacées pour Cupulifères, Saliacées pour Salicinées, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85 Orchiacées pour Orchidées, etc. Ils ont même encore innové dans la manière de citer les auteurs originaux; ainsi MM. Grenier et Godron sont indiqués par eux comme ayant décrit des espèces étudiées dans leur Flore de France, mais créées par R. Brown, Dunal, G.-A. Meyer, etc. L'ouvrage de MM. Gillet et Magne comprend une préface à laquelle nous venons de faire quelques emprunts, l’exposé des classifications de Tournefort, Linné, Jussieu et De Candolle; la liste des auteurs cités et l'explication des abréviations employées, la clef de la méthode dichotomique, un tableau des familles, un errata, l'étude des plantes, un vocabulaire des termes scientifiques, puis une partie spéciale intitulée Guide du botaniste. C’est une énumération des plantes qui croissent dans les différentes régions françaises, ainsi divisées : Alpes; Dauphiné ; Provence, Languedoc et Roussillon; Pyrénées ; Gascogne et Guyenne; Angoumois, Saintonge et Poitou; Bretagne; Anjou, Touraine et Maine; Normandie; Flandre, Artois, Picardie et Ile-de-France; Beauce, Sologne et Berry ; Nivernais et Bourbonnais; Marche, Limousin et Périgord ; Auvergne, Rouergue et Quercy ; Cévennes, Gévaudan et Forez ; Lyonnais ; Bourgogne ; Champagne; Franche-Comté, Alsace et Lorraine ; côtes mari- times; Corse. Dans cette longue énumération, les auteurs citent un grand nombre de localités spéciales que leur plan ne leur permettait pas d'indiquer dans le corps de l’ouvrage. Leur Flore se termine par une table des classes, des families et des genres, par une table des noms français et des noms vulgaires et par une table générale. E.F. Essai monographique sur les espèces du genre Galétm des environs de Toulouse; par MM. C. Baillet et E. Timbal- Lagrave (Extrait des Mémoires de l’Académie impériale des sciences de Toulouse, 5° série, t. VI, p. 217). Tirage à part en brochure in-8° de 39 pages. Dans leurs herborisations multipliées autour de la ville de Toulouse, MM. Baillet et Timbal-Lagrave ont recucilli vingt-trois formes appartenant au genre Galium, savoir vingt formes qui constituent pour eux des espèces tranchées, une qu’ils considèrent comme une simple variété du G. elatum Thuill., et deux qui leur paraissent être des hybrides. Ils tracent d’abord l'énumération par sections, puis le tableau dichotomique et enfin la descrip- tion de ces diverses formes, parmi lesquelles nous remarquons trois espèces proposées comme nouvelles, et que nous nous faisons un devoir d'indiquer. Ge sont les suivantes : G. Nouletianum Baillet et Timbal. — G. Bocconi y supinum Noul.?; G. papillosum Loret in Bull. soc. bot. VE, p. 778; non Lap. D'après ces auteurs, cette plante est différente du G. papillosum Vap., qui s'en distingue par son inflorescence en petits corvmbes lâches et peu fournis, h86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. portés par des entre-nœuds très longs ; par ses feuilles linéaires couvertes de papilles argentées ; par ses fleurs plus petites dont la corolle, entièrement blanche, ne porte que des lobes peu apiculés; enfin par l’époque de sa floraison, qui a lieu en juin seulement, tandis que le G. Nouletianum fleurit au mois de mai. G. chlorophyllum Baïllet et Timb. — G. papillosum Benth. Cat.? Tiges croissant en touffes ascendantes, quadrangulaires, lisses, glabres ; feuilles verticillées par 7-8, oblongues-spatulées, d’un vert pâle, plus ou moins papilleuses en dessus, chargées sur leurs bords de petits aiguillons très fins et très serrés ; fleurs très petites, disposées à l’extrémité de rameaux longuement nus en petits corymbes denses, distants inférieurement, souvent unilatéraux ; lobes de la corolle ovales-lancéolés, subaigus, non apiculés; styles distincts dans presque toute leur hauteur, un peu coalescents seulement à la base; fruit petit, d’un vert nuancé de jaune, très légèrement rugueux et papilleux. Floraison tardive. G. silvivagum Bail. et Timb. — G. commutatum Arrondeau, Noulet, non Jord.; G&. lœve Serres, non Thuill. Le G. silvivagum diffère du G. commutatum Jord. par ses tiges ordinai- rement peu nombreuses; par ses feuilles un peu élargies au sommet, rudes et scabres sur les bords et même sur les faces, ainsi que par ses rameaux peu nombreux, presque dressés et non écartés. Entre autres espèces de ce genre, MM. Baillet et Timbal-Lagrave ont constaté aux environs de Toulouse la présence du G. microspermum Desf. (G. litigiosum DC., G. parisiense Arrondeau). Les formes hybrides reconnues par eux sont le G. vero-dumetosum Baill. et Timb. (G. rubioides Lap., G. decolorans Timb. non Gr. et Godr.), et le G. dumetoso-verum Baill. et Timb. E. F. Note sur un nouveau caractère observé dans le fruit des Chênes, et sur la meilleure division à adopter pour le genre Q@uercus ; par M. Alph. De Candolle (Extrait de la Bibliothèque universelle de Genève, livraison d'octobre 1862). Tirage à part en brochure in-8° de 13 pages. Occupé d'étudier le genre Quercus pour la rédaction du Prodromus, M. À. De Candolle a voulu mentionner un caractère qui paraît n’avoir jamais été remarqué dans ce genre. Ce caractère est la position que gardent les ovules atrophiés relativement à la graine toujours unique , ou si l’on veut, relative- ment à l'ovaire. Tantôt ces ovules sont placés au-dessous de la graine, par exemple dans les Quercus Robur, Q. Cerris, Q. Pseudosuber, Q. occiden- talis, Q. coccifera, (. Vallonea, de notre continent, et 4. crassifolia, (42 splendens, etc., d'Amérique ; tantôt ils se trouvent constamment au-dessus, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1h57 par exemple dans une longue série de Chênes américains comme les Q. fal- cata, Q. rubra, Q. xalapensis, Q. acutifolia, etc. Quand les ovules restent au sommet de l'ovaire, c’est que primitivement ils étaient pendants ; quand ils sont à la base, c’est qu’ils étaient dans leur jeunesse ascendants. L'état im- parfait des herbiers n’a pas permis à M. De Candolle de vérifier ce fait aussi souvent qu'il l'aurait voulu, mais il l'a trouvé constant dans toutes ses obser- vations. D'ailleurs il existe des positions un peu intermédiaires des ovules avortés, et le caractère nouveau n’est pas aussi tranché qu'on pourrait le croire ; les espèces dans lesquelles il diffère sont fort analogues. Le caractère que M. J. Gay a reconnu dans la durée des fruits, qui sont annuels ou bisan- nuels, n’a pas paru non plus à l’auteur offrir une grande importance pour la subdivision du genre Quercus ; on sait en effet qu’il varie chez les Q. Suber et Q. occidentalis, si voisins qu’on les à confondus pendant longtemps. Après ces considérations, M. De Candolle donne le tableau abrégé de la division à laquelle il a soumis définitivement le genre Quercus, dont les espèces se groupent pour lui en cinq sections ou sous-genres parfaitement naturels, fondés sur la nature de la cupule et confirmés par des caractères d'inflorescence ou de port. Ce sont à peu près les sections indiquées par Endlicher dans son quatrième supplément, et par Blume dans le Museum Lugd. bat., avec certaines modifications. Elles ont reçu de l’auteur les noms suivants : EL ZLepidobalanus (Quercus sect. Lepidobalanus Endl., excel. spec.). — Amenta gracilia, pendentia, floribus masculis solitariis, absque ullo pistilli vestigio ; bracteis solitariis, caducis, interdum deficientibus. Stamina plerum- que erga perigonium non manifeste symmetrica. Cupula squamis imbricatis tecta, ore aperta ; ovula abortiva nunc propre basin, rarissime in medio, nonnunquam prope apicem seminis persistentia. — Omnes ex hemisphærico boreali. IT. Androgyne (Q. densiflora Hook., species sectionis Zepidobalani Endl.), — Spicæ ima basi flores femineos, supra masculos gerentes, erectæ. Klores masculi fasciculati, fasciculis 3-bracteatis, nullo pistilli vestigio instructi ; Stamina lobos perigonii numero duplo superantia, antheris minimis. Stigmata 3-6 in div. floribus rami. Cupula sect. Zepidobalani. Ovula abortiva erga semen supera. — In California. IT, Pasania (sec. Lepidobalanus End. part.; Quercus $ 2 Blume in Mus. Lugd.; sect. Pasania Miq. adjunctis char.). — Amenta erecta, floribus masculis sæpius fasciculatis, fasciculis 3-bracteatis, pistillo rudimentario, libero. Stamina perigonii lobos numero sæpius duplo superantia, Flores femi- nei secus spicas proprias vel basi spicarum androgynarum segregati. Flores fem, et ideo fructus involucris sæpe conniventibus. Cupulæ Lepidobalant. Ovula abortiva supera. — In Asia meridionali. IV. Cyclobalanus (Endi. gen. 1847; sect. Gyrolecana BI. Mus. Lugd. A8S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4850). — Inflorescentia et flores masculi Pasaniæ. Flores feminei distincti. Cupula ore aperta, squamis in lamellas concentricas vel subspirales, integras vel sero crenatas lateraliter coalitis. Ovula supera. — In Asia meridionali. V. Chlamydobalanus (Endl. gen. 1847 ; sect. Castaneopsis Blume Mus. Lugd. non Castanopsis Don). — Inflorescentia et flores masculi Pasaniæ et Cyclobalani. Flores feminei distincti. Gupula glandem undique tegens, sæpius apice irregulariter fissa (in eodem ramo clausa vel fissa), concentrice squamis connatis verticillatis cincta. Ovula supera. — In Asia meridionali. Le groupe ZLepidobalanus , qui renferme à lui seul plus de la moitié des espèces du genre, a été subdivisé d'après la position des feuilles et la durée de la maturation des fruits. E. F. Note sur les Figuiers de Ia Nouvelle-Hollande; par M. F.- A.-W. Miquel (Journal de botanique néerlandaise, 1861, 3° cahier, pp. 250-243). M. Miquel fait connaître par cet article, dans un Synopsis Ficearum in Nova Hollandia hactenus detectarum, un certain nombre d'espèces nouvelles qui sont les suivantes : Urostigma leucotrichum, U. Muelleri, U. Leichardtii, U. nesophilunr, U. vitellinum, U. lachnocaulon, U. squamellosum, U. Backhouser ; Ficus Beckleri, F. Fitzalani et F. coronulata. Ges espèces ont pour la plupart été découvertes par M. Ferdinand Mueller, directeur du jardin botanique de Melbourne. E. PF. Remarques sur quelques espèces de Nepenthes; D” M. F.-A.-W. Miquel (Journal de botanique néerlandaise, 4861, 3° cahier, pp. 272-280, avec deux planches). On trouvera dans ces notes la description détaillée de deux espèces de Ne- penthes créées antérieurement par M. Miquel dans son Flora Indicæ batav®, les N. Teysmanniana Miq. et Nepenthes trichocarpa Miq., et de plus des remarques sur la distribution géographique des Vepenthes et sur la structure de leur tige. Er Organogénie florale des Acrongchia;: par M. le docteur H. Baillon (Adansonia, recueil d'observations botaniques, t. IF, pp. 253-257, avril 1862). D’après l'auteur, les fleurs tétramères de l’Acronychia, disposées en cyme bipare, se développent de la manière suivante : les sépales postérieur et anté- rieur apparaissent fort longtemps avant les sépales latéraux ; les quatre pétales REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A89 se montrent simultanément aux quatre angles du réceptacle floral, qui se transforme bientôt, en restant quadrilatéral, mais en ayant les pétales sur les faces du carré qu'il représente ; il se développe alors quatre étamines super- posées aux sépales, puis quatre autres superposées aux pétales. Le gynécée se compose de quatre carpelles qui naissent simultanément en face des pétales, marchent à la rencontre les uus des autres, mais n'arrivent jamais à se tou- cher. Il apparaît dans leur intérieur deux ovules, d’abord orthotropes et col- latéraux, qui deviennent ensuite anatropes et superposés ; on voit ultérieure- ment les styles se souder et le disque se produire par un gonflement très tardif de la base des carpelles ; il a quatre lobes primitifs semblant chacun se subdiviser en deux par un sillon vertical peu profond. Le genre Acronychia avait été rapporté aux Aurantiacées par M. Lindley et M. Baillon lui-même ; il a été placé par Endlicher dans les Genera Zan- thoæyleis affinia. Ses carpelles isolés le font ranger aujourd’hui par M. Baillon parmi les Diosmées. E. F. Observations sur les genres Orera Kabill. et Asme- thystea h.; leur organisation comparée à celle du Clerodendron W.; par M. H. Bocquillon, docteur ès-sciences. (Adansonia, t. IE, p. 294-305, avec une planche gravée.) L'auteur rappelle d’abord combien a été discutée la place que le genre Oxera doit occuper dans la classification naturelle. Il étudie les diverses opi- nions produites à cet égard, et affirme que, par son ovaire, l'Oxera n’appar- tient ni aux Bignoniacées ni aux Scrofularinées. 11 reconnaît ensuite que ce genre présente certains caractères des Labiées et des Verbénacées, et arrive à conclure qu'il constitue un terme intermédiaire entre ces deux familles, et qu’elles peuvent être considérées comme formant un groupe à mêmes affinités ; il donne ensuite une longue diagnose latine du genre Oxera. Étudiant ensuite le genre Amethystea, M. Bocquillon dit que l’ovaire de cette plante est uniloculaire, présentant latéralement deux placentas pariétaux qui divergent chacun en deux branches à chaque extrémité desquelles est attaché un ovule semi-anatrope. Cette structure lui paraît se rapprocher bien plus des Verbénacées que des Labiées, et il conclut en conséquence que l'Amethystea doit être placé dans le premier de ces deux groupes, soit qu’on les considère comme deux familles distinctes ou comme deux sections d’une même famille, La planche qui accompagne ce travail représerte l’organogénie du genre Clerodendron (Verbénacées), dont l'ovaire se développe, au moins quant aux parties essentielles, de l même manière que celui de l'Oxera et que celui de l'Amne thystea. E. F. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Remarks on natural order Bignoniaceæ (liemarques sur l’ordre naturel des Bignoniacées); par M. Berthold Seemann (The Annals and Magazine of natural history, cahier de mars 1862, pp. 192-196). L'auteur du Synopsis Crescentiearum a pris à tâche dans ce travail de réfuter quelques-unes des opinions émises l’an dernier par M. Miers dans ses Observations sur les Bignoniacées, analysées dans cette Æevue (1). M. Miers avait considéré les Crescentiées comme une tribu des Bignoniacées et soutenu des assertions contraires sur plusieurs points à celles de M. Seemann. Ce der- nier botaniste pense aujourd’hui démontrer que les Crescentiées doivent être regardées comine formant une famille distincte des Bignoniacées, à cause de leur fruit indéhiscent et de leurs graines non ailées. Il attribue à des erreurs de dessin les exemples que M. Miers a pris dans certaines planches pour appuyer ses opinions, et affirme que le genre Zanæcium ne saurait être par- tagé en deux autres par l'examen de son fruit, qui est indéhiscent comme celui du Parmentiera. N regarde encore comme incorrectes certaines figures qui représentent des graines ailées dans le genre Colea, de la famille des Crescentiées ; il hésite d’ailleurs beaucoup à admettre que le genre Adeno- calymna, qui appartient aux Bignoniacées, puisse avoir des graines non ailées. Les autres genres à graines aptères placés par M. Miers dans sa tribu des Platycarpées lui paraissent devoir être retirés des Bignoniacées ; l'Henriquezia notamment et le Platycarpum seront, selon lui, bien mieux placés entre les Rubiacées et les Loganiacées, et formant comme un passage entre ces deux familles. Il ajoute encore quelques observations sur des points de détail. Le travail de M. Seemann est suivi d’une longue lettre de M. Miers, qui en avait reçu communication avant qu'il fût publié. M. Miers soutient, en s£ fondant sur les caractères fournis par l'ovaire, la différence des genres Schle- gelia et Tanæcium emend.; affirme, d'après les dessins de M. Seemann lui- même, que le Parmentiera doit avoir un fruit déhiscent et appartenir aux Bignoniacées, et répond à d’autres critiques émises par cet auteur. E. F. PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. Études sur la végétation du sud-est de la France à l'époque tertiaire; par M. Gaston de Saporta (Comptes rendus, tu LV, n°9, 1° septembre 1862, pp. 396-400). Nos confrères savent que M. Gaston de Saporta s’est occupé avec persévé- rance, et depuis longues années, de la végétation tertiaire de la Provence. (1) Voyez le Bulletin, t. VIII, p. 108 et p. 645. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A91 Un travail spécial de cet observateur distingué a été inséré sur ce sujet dans le Flora tertiaria Helvetiæ de M. Oswald Heer. Il a présenté à l’Institut le résumé de ses recherches, qui le conduisent à reconnaître dans les couches tertiaires de la Provence, ou du moins dans les terrains qu'il désigne sous le nom de système à gypse, l'existence de sept flores particulières, celle du gypse d'Air, celle du gypse de Gargas et de la vallée de Sault, celle de Saint- Zacharie, celle des calcaires du bassin de Marseille, celle d'Armissan, celle des environs de Manosque, et celle des argiles du bassin de Marseille, la première étant la plus ancienne. La flore du gypse d’Aix se distingue par l'abondance des formes australes et tropicales, surtout de celles dont les analogues vivent à présent dans les Indes orientales; on y remarque l’infériorité numérique des Gamopétales; celle de Gargas et de Sault est peu importante ; celle de Saint-Zacharie, qui compte environ quatre-vingts espèces décrites, s'éloigne de la première flore par la prédominance des Apétales; celle des calcaires da bassin de Marseille, qui annonce de nouvelles modifications dans le monde végétal, représente, avec quelques espèces de plus, celles du dépôt d’Hæring dans le Tyrol. E. F. BOTANIQUE APPLIQUÉE. Botanique populaire, contenant l’histoire complète de toutes les parties des plantes , et l'exposé des règles à suivre pour décrire et classer les végétaux, avec application à l’agriculture et à l'horticulture, par M. H. Lecoq; un volume in-8° de 408 pages avec 215 gravures intercalées dans le texte. Paris, Librairie agricole, 1862. Prix : 3 fr. 50. Le livre que nous annonçons ici est, sous une forme qui en rend la lecture facile aux gens du monde, un véritable traité élémentaire de botanique. Le chapitre premier est une sorte d'introduction où l’auteur fait connaître d’une manière générale l’organisation des végétaux, leurs relations entre eux et avec le sol qui les porte. Dans le deuxième chapitre, il étudie les tissus cellulaire et vasculaire ; dans le troisième, l’épiderme et les pores dont il est percé. Avec le chapitre quatrième commence l’examen des organes ; chacun d'eux est l'objet de paragraphes relatifs à sa définition, ses caractères distinctifs, son organisation, sa composition et son accroissement, sa situation et sa direction absolues ou relatives, son nombre absolu ou relatif, sa figure ou sa forme, l’aspect de ses surfaces et ses appendices divers, ses dimensions absolues ou relatives, sa consistance, sa couleur, son odeur et sa saveur, son milieu de végétation, l’action des agents atmosphériques sur lui, ses fonctions, son existence, les adhérences qui s’établissent entre lui et ses semblables ou des organes différents, les avortements ou dégénérescences qui en obscurcissent la nature, son développement et son origine, ses fonctions, sa durée et ses h92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. espèces. C’est à ces différents points de vue que M. Lecoq étudie successive- ment la tige et ses ramifications, la racine, les tubercules et les bourgeons, les feuilles et les stipules, les organes accessoires (glandes, poils, épines et aiguillons, vrilles), la fleur et quelques sujets qui s’y rapportent (pédoncule, réceptacle, époque d’épanouissement, méthode de Tournefort, bractées), le fruit et ses diverses espèces, la graine ; enfin le chapitre douzième est un résumé des principales idées émises dans le cours de l'ouvrage, où l'auteur examine synthétiquement l’organisation primitive des organes, leur accrois- sement, leur situation absolue ou relative, leur nombre, leur figure, l’aspect de leur surface, leurs dimensions, leur consistance, leur couleur et enfin les différents points de vue qui ont été développés isolément à l’occasion de chacun d’eux. L'ouvrage est terminé par une table des matières. E. F. The field hotanists companion, comprising a familiar account, in the four seasons, of the most common of the wild flowering plants of the British Isles (Le compagnon du botaniste aux champs, contenant une description succincte faite pour les quatre saisons des plantes sauvages. les plus communes dans Les îles Britanniques) ; par M. Thomas Moore, direc- teur du jardin botanique de Chelsea. Londres, chez Lowell Recve et C". Un vol. in-8° de xxvVIII et 414 pages, avec 24 planches lithographiées en couleur. Le titre de cet ouvrage en indique la nature et le plan. Il est divisé en quatre parties, relatives aux plantes de printemps, d'été, d'automne et d'hiver; dans chacune de ces parties, l’auteur étudie d’abord les ordres, puis les genres et enfin les espèces, le tout suivant la méthode de De Candolle. Un glossaire est annexé à l'ouvrage; les planches représentent les végétaux les plus communs ou ceux dont les fleurs sont les plus belles. E. F. New american remedies. Xanthorzhiza apiifoltin Willd. FeZloic-root (Noueaux remèdes américains; le Xanthor- rhiza apiifolia Willd. ou Racine jaune); par M. le professeur Bentley (Pharmaceutical journai, vol. IV, n°1, juillet 1862, pp. 12-14). M. Bentley continue l'étade des remèdes nouveaux que l'Amérique du Nord fournit à la thérapeutique. 11 examine cette fois les propriétés d'une Renonculacée de la tribu des Péoniées, le Xanthorrhizu apiifolia Wild, propriétés connues depuis longtemps des habitants, dans la partie occidentale et méridionale des États-Unis, mais peu estimées des médecins de ces contrées. Cependant elie possède une vertu tonique bien prouvée, et en outre elle est employée par les indigènes pour la teinture en jaune. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 193 M. Bentley trace les caractères génériques et spécifiques de cette plante, ct cite les ouvrages où elle est décrite. Il s'occupe de sa composition chi- mique, et nous apprend que M. Perrins y a constaté la présence de la berbé- rine, découverte déjà dans le Berberis vulgaris, le Cocculus palmatus, le Menispermum fenestratum, Y Unona polycarpa et V'Hydrastis canadensis, c'est-à-dire dans les familles voisines des Berbéridées, Ménispermécs, Anoua- cées et Renonculacées. Suit l'exposé des réactions que manifeste infusion de Xanthorrhiza traitée par les principaux agents chimiques, et des moyens de l’administrer comme médicament. Sous ce dernier rapport, on pourrait l'employer comme on emploie le Quassta. E. F. NOUVELLES. L'Académie des sciences a décerné le grand prix des sciences physiques pour 1862, dans sa séance du 29 décembre dernier. La question mise au concours était la suivante: Étudier les hybrides végétaux au point de vue de leur fécondité et de la perpétuité ou non-perpétuité de leurs caractères. Le prix a été obtenu par M. Naudin: une mention très honorable a été accordée à M. Godron. — Le prix quinquennal de botanique, fondé par Augustin-Pyramus De Candolle, a été décerné l’année dernière par la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, à M. de Bunge, professeur à l’Université de Dorpat, pour une monographie de la tribu des Anabasées. Le travail de M. de Bunge sera publié dans les A/émoires de l'Académie impériale de Saint-Péters- bourg. — M. Ernest Faivre, professeur à la Faculté des sciences de Lyon, est actuellement chargé, à titre de suppléant, du Cours d'histoire naturelle des êtres organisés, au Collége de France. M. Faivre traite De l'Espèce en his- toire naturelle, Ses leçons ont lieu les lundis et jeudis, à deux heures, et se Continueront dans le semestre d'été. — Le journal anglais 7ke Lancet, du 10 mai dernier, publie une lettre de M. Rimmington, de Bradfort, reproduite dans le Pharmaceutical journal, numéro de juillet 4862, p. 38, et par laquelle on apprend le résultat d'expé- riences analogues à celles de M. Pasteur, M. Rimmington a vu se développer dans du lait des Mucédinées qui y ont déterminé, par un phénomène d’oxyda- tion, la formation d’acide oxalique, et par suite le dépôt de cristaux d’oxalate de chaux. — L'un des numéros des Proceedings de la Société linnéenne de Londres nous apprend que l’on a découvert le &ladiolus illyrieus Koch dans l'île de Wight ; mais on n’en a trouvé qu’un échantillon. h94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Collections de plantes à vendre. On annonce la mort de M. N. Blytt, professeur à l’Université de Norvége, directeur du jardin botanique de Christiania, membre de l’Académie des sciences de Stockholm, etc. Les collections de botanique laissées par lui sont mises en vente par sa famille. Elles se composent de diverses parties qui pourront êtres vendues séparément, savoir : 1° Un herbier contenant toutes les plantes phanérogames trouvées jusqu'ici en Norvége, très riche surtout en échantillons d’Aieracium , de Carex et de Gramninées, ainsi qu’en variétés et en types polymorphes. On pourrait en faire une vingtaine d’herbiers complets de la flore norvégienne. 2 De grandes collections de plantes cryptogames norvégiennes et étran- gères : Algues, Lichens, Hépatiques, Mousses, Champignons, Fougères. La flore cryptogamique norvégienne y est représentée par une grande quantité d'échantillons. 3° Un herbier général de plantes phanérogames des cinq parties du monde, contenant environ 50,000 espèces. Toutes ces plantes sont bien conservées. c’est à l'acheteur à indiquer le prix qu’il en offre. S’adresser pour traiter de la vente à M. Axel. Blytt, cand. philos. , au Jardin botanique, à Christiania, Norvége. — À. Bourgeau met en vente diverses collections de plantes de ses voyages en France, en Espagne, en Algérie, aux Canaries et en Lycie, ainsi que d’autres collections de diverses provenances : Plantes des environs de Paris, 10 lots, de 94 à 248 espèces, à... 8 fr. le cent. Plantes diverses de France, 7 lots, de 54 à 242 espèces, à...... 10 Plantes des Alpes maritimes (E. Bourgeau, PI. des Alpes maritimes), BHOOCP OPEN E TT PTÉ boooc duo oocnononnmnovaont : là Plantes des Alpes de Suisse, recueillies par M. l'abbé HARSE 2 1ots de 200 espèces, a... He me... 42 Plantes de France et de Corse, 10 lots, de 111 à 2145 espèces, a. 10 Plantes diverses d'Europe, 10 lots, de ‘28 à 66 espèces, à....... 12 Plantes d’Espagne et d’Algérie, 4 lots, de 79 à 92 espèces, à.... 15 Plantes d'Algérie, un herbier de plantes d’Algérie, spécialement des environs de Batna et de Biskra, empoisonné et en bon état de conservation, composé de 716 espèces, à.................. 45 Plantes d'Algérie, recueillies par M. Durando, empoisonnées, collec- tion de S58 /espéces À. 2 0 15 Plantes d'Algérie (E. Bourgeau, PL. d'Algérie, 1856), empoisonnées, 4 lot de 289 BSPOCER RES AR. ai eNar ne 20 Plantes de Tunisie (L. Kralik, PI, Tunetanæ, 1854), empoisonnées, 4 lot de 292/esDeces, 2 20 Plantes d'Égypte et de Tunisie, 40 lots, de 85 à 163 espèces, à... 15 Plantes des Canaries (E. Bourgeau, PI. Canarienses, 1855), empoi- sonnées, 1 lot, de 368 espèces, à Plantes des Canaries (E. Bourgeau, P}, Canarienses, 1855), empoi- sonnées, 4 lots, de 113 à 208 espèces, à......,.,,,....... 20 Plantes de Lycie (E. Bourgeau, PI. Lyciæ, 1860), 3 lots, de 59, 67 et 78 espèces, ä.. ......:4 din bd in divine PE 2 KEVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 BIBLIOGRAPHIE. Quelques observations sur l’histoire naturelle de l'île de Madoura, par M. H. Zollinger (Journal de botanique néerlandaise, 1861, 2° cahier, pp. 130-134; extrait d’une lettre à M. Bleeker publiée dans le Natuur- kundig Tijdschrift voor Nederlandsch Indie, vol. XVIL, pp. 242-249, Batavia, 1858. Bourgeons développés sur les racines des Fougères (Diplazium malabaricum) ; par M. F.-A.-W. Miquel (Journal de botanique néerlandaise, 1861, 2° cahier, pp. 134-135). Remarques sur les arbres qui produisent le Getah-Pertja et sur les espèces de cette matière du sud-est de Bornéo, d’après les notes manuscrites de feu James Motley, publiées par M. W.-H. de Vriese (Journal de botanique néerlandaise, 1861, 3° cahier, pp. 254-262 ; extrait du Natuurkundiy Tijdschrift voor Nederlandsch Indie, vol. XXI, pp. 299-315). Examen d’une matière blanche, inorganique, déposée dans l’intérieur du tronc de l’arbre Djati (Zectona grandis), à Java; par M. Ples (Journal de botu- nique néerlandaise, 1864, 2° cahier, pp. 135-136 ; extrait du MVatuur- kundig Tijdschrift voor Nederlandsch Indie, vol. XV, p. 345-348). Température élevée du spadice d’un ?hilodendron selloum C. Koch, dans le jardin botanique de l’Université d'Utrecht (Journal de botanique néer- landuise, 1861, 2° cahier, pp. 144-146). Recherches sur les arbres qui produisent la gomme élastique dans l’île de Sumatra (Journal de botanique néerlandaise, 1861, 3° cahier, pp. 263- 268 ; extrait du Vatuurkundig Tijdschrift voor Nederlandsch Indie, vol. XXII, pp. 381-385). Note sur quelques espèces d'huiles extraites de fruits dans l’île de Banca ; par M. H.-L. van Bloemen Waanders (Journal de botanique néerlandaise, 1561, 3° cahier, pp. 268-271 ; extrait du Natuurkundig Tijdschrift voor Nederlandsch Indie, pp. 268-271). Remarques sur le genre Vania ; par M. F.-A.-W. Miquel (Journal de hota- nique néerlandaise, 3° cahier, pp. 292-297, avec une planche représentant le Nania vera Miq. (Metosideros vera Rumph.). Notes recueillies pendant un voyage dans les Moluques et l’île de Célèbes ; par M. J. Teysmann (Journal de botanique néerlandaise, 1861, h° cahier, pp. 297-344; extrait du Natuurkundig Tijdschrift voor Nederlandsch Indiv, 1861). Rapport sur la quatorzième assemblée annuelle de la Société pour la flore de la Néerlande, etc., tenue à Arnhem, le 22 juillet 1859; rapport sur la quinzième assemblée, etc., tenue à Levde, le 20 juillet 1860 (Journal de botanique néerlandaise, 1861, 4° cahier, pp. 370-379 ; extrait du Veder- 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. landsch Kruidkundig Archief, & V). — On trouve dans ces notes la description de plusieurs Algues nouvelles. Nouvelle observation sur le Cælebogyne ilicifolia J. Sm.; par M. AL Braun (Anni:se, nat., h° série, L XVI, p. 77). Révision d’une des sections du genre Sideritis; par M. D. Clos (Ann. se. nat., L° série, t. XVI, pp. 78-82). Conspectus generis Thelotrematis; quem scripsit William Nylander (Ann. sc. nat, he série, t. XVI, pp. 95-96). Conspectus specierum generis Aconifi quæ in flora rossica et in regionibus adjacentibus inveniuntur ; auctore Ed. Regel (Ann. sc. nat., 4° série, tu XVI, pp. 144-153). Les migrations des végétaux, conférence faite à la Société d’acclimatation le 9 mars 1861 ; par M. A. Dupuis, in-8° de 15 pages. Paris, chez Ch. Albes- sard et Bérard. De l'application des sels de fer à la végétation, conférence faite à la Société d’acclimatation, le 27 mai 1862; par M. A. Gris (extrait du Bulletin de la Société impériale zoologique d’acelimatation, juillet 1862). Des plantes à sucre ; par M. le docteur J.-Léon Soubeiran (extrait des Annules de la Société linnéenne de Maine-et-Loire, t. V). De l'unité organique dans les animaux et les végétaux ; par M. Ch, Martins (extrait de la /?evue des Deux-Mondes, livraison du 15 juin 1862). Principes généraux de géographie agricole ; par M. le docteur P. Sagot (extrait de la /evue du monde colonial) ; in-8° de 17 pages. Paris, 1862. Nomenclature des Pêches et des Brugnons; par M. E.-A. Carrière, chef des pépinières au Muséum d'histoire naturelle (extrait de la, Aevue horticole, année 1862), in-12 de 68 pages. De la connaissance des fruits et des graines; par M. Ch. Des Moulins (extrait des Actes de l’Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux) ; tirage à part en brochure in-8° de 32 pages. Bordeaux, 1862. Éclaircissement d’une question d'orthographe; par M. Ch. Des Moulins (extrait des Actes de l'Académie de Bordeaux, année 4861) ; tirage à part en brochure in-8° de 8 pages. Études sur quelques cépages cultivés dans les départements de la Haute-Gà- ronne et de Tarn-et-Garonne ; par MM. E. Kilhol et Timbal-Lagravé (extrait du Journal d'agriculture pratique et d'économie rurale pour le midi de la France, mai 1862). Mémoire sur la famille des Guttifères; par MM. J.-E. Planchon et José Friana (extrait des Annales des sciences naturelles) ; in-8° de 336 page avec 6 planches gravées. Paris, chez V. Masson et fils. Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, ?. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862. PRÉSIDENCE DE M. AD, CHATIN. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 novembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : : M. LomparD (Armand), propriétaire, au Vigan (Gard), présenté par MM. Diomède Tuezkiewicz et Bernardin Martin. M. MouiLLEFARINE (Edmond), ancien membre de la Société, est admis, sur sa demande, à en faire de nouveau partie. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : 1° Par M. Duchartre : Note sur deux Orchidées. Note sur le polymorphisme de la fleur chez quelques Orchidées. Rapport sur La floraison du Vanda Batemanni. 2° Par M. E. Cosson : Annuaire de La Société impériale zoologique d'Acclimatation, pre- inière année, 1863. 3° De la part de MM. Ch. Des Moulins et Elias Durand : Autonomie du genre Schu fix. Notes sur une publication de M. Clos. Vrilles de La Vigne-vierge. Vites boreali-americane. T. IX. 32 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. k° De la part de M. Vénance Payot: Observations météorologiques faites à Chamounix en 1858 et 1859. Végétation de la région des neiges, ou Flore des Grands-Mulets (Mont- Blanc). 5° De la part de M. J. De Notaris : Musci italici, fasc. T, avec 35 planches. 6° De la part de la Société impériale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers : Bulletin de cette Société, t. IIX, 4° cahier; t. IV, cahiers 1 à 3. 7° De la part de la Société d’Horticulture de la Haute-Garonne : Annales de cette Société, juillet-août 1862. 8° De la part de la Société Smithsonienne : Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, ann. 1861, f. 7 à 36; ann. 1862, n° de janvier à avril. Fifteenth annual report of the Ohio state board of agriculture. Annual report of the board of regents of the Smithsonian Institution, ann. 1860. Catalogue of publications of the Smithsonian Institution, juin 1862. 9° En échange du Bulletin de la Société : Wochenschrift fuer Gærtnerei und Pflanzenkunde, trois numéros. Pharmaceutical journal and transactions, décembre 1862. Bulletin de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, 0c- tobre 1862. L'Institut, décembre 1862, deux numéros. M. Cosson, vice-président, dépose sur le bureau un exemplaire de l'Annuaire de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, qu’il offre à la bibliothèque de la Société. Il donne par les extraits suivants le résumé d’un article qu’il a publié dans ce recueil, sous le titre de : . CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ALGÉRIE, ÉTUDIÉE SURTOUT AU POINT DE VUE DE L'ACCLIMATATION, par ME. E. COSSON. Prise dans son ensemble, l’Algérie peut être considérée comme un massif inontagneux à deux versants principaux, l’un septentrional, l’autre méri- dional. Le versant septentrional (7e/!, Région méditerranéenne) regarde la Méditerranée; le versant méridional (Sahara algérien, Région saharienne) SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862. h99 s'incline vers les immenses plaines du grand désert de l'Afrique centrale, avec lesquelles il se confond au sud. De vastes steppes, d’une altitude moyenne de 700 à 1000 mètres (Æauts-plateaux, Région des Hauts-plateaux), forment le faîte déprimé du massif qui, sur quelques points seulement, est surmonté de montagnes plus ou moins élevées. Ces montagnes, ainsi que celles de la région méditerranéenne, forment de vastes chaînes ou des pics isolés, et souvent atteignent une assez grande altitude (1) pour différer notablement, par leur climat et leurs productions naturelles, des autres parties du pays, et pour pouvoir être considérées comme une région naturelle (/égion montagneuse). La Région méditerranéenne doit à l'influence maritime, qui peut s'exercer au loin en raison du peu d’élévation et de la pente générale du sol, et à la direction des montagnes qui la garantissent des vents du sud, une uniformité et une douceur de température qui lui sont communes avec les points corres- pondants de l’Europe et dont ne jouissent pas les autres régions. L'étude de la végétation de cette région et la comparaison sérieuse de ses éléments avec ceux des contrées européennes du bassin méditerranéen permettent de con- stater, par les chiffres les plus probants, son analogie avec les parties corres- pondantes du littoral européen. Ainsi la région méditerranéenne de la pro- vince de Constantine rappelle surtout la Sardaigne, la Sicile, l'Italie et Malte ; celle de la province d’Alger, le nord-est de l'Espagne, les Baléares et le midi de la France ; celle d'Oran a les plus nombreux points de contact avec le midi et le sud-est de l'Espagne. En un mot, les affinités des divers points de la région méditerranéenne de l'Algérie se produisent surtout selon la longitude avec les parties les plus rapprochées du continent ou des îles de l’Europe, tandis que dans les régions des Hauts-plateaux et du Sahara nous verrons les affinités selon la latitude devenir prédominantes. Par ses étroites affinités avec les contrées correspondantes de l’Europe, la région méditerranéenne de l'Algérie sera toujours pour les Européens le centre principal de colonisation, la région de culture par excellence. Ses riches pro- ductions en céréales l’appellent à être le grenier d’abondance de la France, comme elle à été jadis avec la Sicile celui de Rome. A son climat tempéré con- viennent surtout les animaux et les cultures du midi de l’Europe, avec lequel lui sont communes la plupart de ses richesses agricoles et horticoles actuelles. Les seules acclimatations tropicales qui, réalisées en grand, aient donné jusqu'ici des résultats plus ou moins satisfaisants, telles que le Cotonnier (2), (1) Les plus hautes sommités dans les régions méditerranéenne et des Hauts-plateaux atteignent environ 2300 mètres. (2) La région littorale de la province d'Oran convient mieux au Cotonnier que celle des deux autres provinces ; en effet, cette culture y trouve, comme conditions plus favorables, des pluies automnales plus tardives et des terrains salés ou humides. Dans les provinces d’Alger et de Constantine, au contraire, le Cotonnier est d’une culture plus difficile et moins productive, les pluies d'automne venant le plus souvent en compromettre la récolte. La réussite du Cotonnier sur des points limités du littoral algérien est encore une nouvelle 500 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la Caune-à-sucre, l'Arachide, la Patate, l’Igname, etc., ne réussissent pas noins bien ou existent depuis longtemps dans les parties les plus méridionales de l’Europe. Il en est de même de l’Agave americana et de l'Opuntia Ficus indica (Figuier-de-Barbaric) actuellement si répandus en Algérie, au moins dans la région méditerranéenne. Avant d'essayer en grand les cultures de la région équatoriale qui deman- dent, pour la plupart, des conditions d'égalité de température, d'humidité et d’abri qu’elles ne peuvent trouver en Algérie que dans des localités exception- nelles ou par des soins complétement horticoles (1), il y aurait lieu d’épuiser toutes les larges ressources qu'offrent à l’acclimatation le centre et le midi de l’Europe, auxquels l'Algérie a déjà fait les plas nombreux et les plus utiles emprunts. On évitera ainsi de faire passer le superflu avant le nécessaire, et de donner aux colons des espérances que l'expérience viendrait bientôt démentir, Dans la plupart des jardins d'essai ou d’acclimatation fondés en Algérie par l’administration, de nombreux végétaux utiles de la région équa- toriale croissent en plein air et acquièrent un beau développement ; mais l'introduction de ces plantes est trop récente ou faite dans des conditions trop spéciales pour qu’on puisse la dire acquise à l’ensemble du pays. Nous devons ajouter qu’en Espagne, à Montpellier, Hyères, Naples, etc., une grande partie d'entre elles existent dans les jardins botaniques où leur développement esl presque aussi complet, et cependant elles n’ont pas pris place dans les cultures du pays. Selon nous, on a beaucoup trop insisté sur les avantages que pré- senterait en Algérie la culture des plantes tropicales ou équatoriales; et, Ch général, elles nous paraissent devoir, à l'avenir comme actuellement, ètre plutôt un objet de luxe et de curiosité qu’une véritable source de production. Il ue faut pas oublier du reste la lenteur avec laquelle s’accomplissent les progrès dans la culture ; et, pour le développement rapide de la colonisation, il vaut beaucoup mieux que le cultivateur du nord ou du midi de la France puisse retrouver les productions de son pays natal, que d’avoir à changer toutes ses habitudes et à se livrer à l'apprentissage d’une agriculture toute nouvelle pour lui, et dont, dans nos colonies d'outre-mer, l'expérience à démontré tout le danger pour les Européens. preuve de l’affinilé de la région méditerranéenne algérienne avec les parties correspon” dautes de l'Europe (l'Espagne, le sud de Italie, la Sicile, etc.), où le Cotonnier est cultivé de vieille date, sans toutefois y donner de riches produits Même en France, dans I département du Gard, par une année sèche et chaude il est vrai, le Coto:nier à Pu one cultivé et donner encore un rendement satisfaisant (De Fournès, in Bull. Soc. Acel. IX, 487-193). (1) Réciproquement, les céréales et les légumes des pays tewpérés réclament, dans Ja région équatoriale, des soirs horticoles non moins attentifs que ceux qu'exigent #7 plantes équatoriaies sous notre climat. Quelques légumes même, qui, comme Ja Fève l’Artichaut, l'Oignon, etc., tiennent une large place dans les cultures algériennes, ne peuvent y réussir. M. P. Sagot (in Bull. Soc. Lot. IX, 147-155) a appelé, dans un intéressant mémoire, l'attention sur ces faits importauts, et en a donné l’explicalion physiologique: SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862, 501 La légion montagneuse re peut pas être limitée géographiquement : elle est caractérisée surtout par l'altitude des reliefs du sol qui, soit vers la côte, soit dans l’intérieur du pays, sont isolés ou forment des chaînes continues. La végétation de la partie inférieure des montagnes, environ de 600 à 1000 mètres d’altitade, diffère en général assez peu de celle des plaines ou des vallées voisines. À partir de cette hauteur, l'influence de la décroissance progressive de la température, la condensation de l'humidité atmosphérique, et, pour les montagnes élevées, la présence de la neige au moins pendant une partie de l'hiver, modifient profondément le climat et par conséquent la végétation qui se rapproche beaucoup de celle de l'Europe centrale. La région montagneuse inférieure et les parties montueuses des régions méditerranéenne et des Hauts-plateaux participent aux caractères des régions voisines, mais présentent pour les cultures du centre de l’Europe les conditions les plus avantageuses. C'est là que la Vigne en particulier est destinée à don- ner les plus abondants produits ; et l’importance toujours croissante des plan- tations aux environs de ‘Tlemcen, de Milianah, de Mascara, de Médéabh, etce., démontre que les colons et même les indigènes comprennent tout l’avenir réservé à cette culture, qui non-seulement affranchira l'Algérie du tribut qu’elle paie à la France et à l'Espagne pour les vins destinés à la consommation locale, mais qui lui promet en outre des produits pouvant rivaliser avec les vins liquo- reux les plus estimés. La culture de l’Olivier, qui est généralement répandue et qui constitue l’une des principales richesses des tribus kabyles, est appelée également à prendre un magnifique développement. Le Chêne-Liége, qui forme l'essence principale des grandes forêts de la partie inférieure de la région montagneuse littorale, est dès maintenant, surtout dans la province de Constantine, l'objet d'importantes exploitations, Les autres essences fores- tières offriront de précieuses ressources à la colonisation, lorsque, par leur aménagement régulier et une active surveillance, elles seront partout sous- traites aux déprédations des indigènes qui trop souvent, par l'incendie et le pacage des troupeaux, menacent d’une complète destruction le boisement des sommités. La rapidité de développement des arbres viendra du reste récom- penser bientôt les soins de l’administration, ainsi que le prouvent celles des forêts algériennes qui, soumises au régime forestier, sont en voie de réparer toutes leurs pertes. Un grand nombre des arbres ou arbustes de la région montagneuse appar- tiennent à la flore européenne et même souvent à la flore des pays de plaines du centre de l’Europe, l'altitude compensant la différence de latitude. De même que dans les montagnes'de l'Europe, les plantes vivaces sont en nombre presque double de celui des plantes annuelles. Les espèces européennes for- ment presque les cinq sixièmes du total de la végétation, et la plupart appar- tiennent à l’Europe centrale. Les affinités selon la latitude sont démontrées Par la présence fréquente, dans une même montagne, de plantes espagnoles, 502 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de plantes orientales et de plantes se trouvant à la fois en Espagne et en Orient. Les steppes de la Zégion des Hauts-plateaux dans les provinces d'Oran et d'Alger sont, au nord, séparées géographiquement de la manière la plus nette des terres productives du Tell, par la grande chaîne qui s’élève presque par- tout comme une véritable muraille. Cette chaîne s’étend obliquement du sud- ouest au nord-est, depuis la frontière du Maroc, à peu de distance de Sebdou, jusqu’au nord de Msila, où elle se divise en deux branches; les postes de Saïda, Frendah, Boghar et la ville d’Aumale sont établis à la limite sud du Tell, sur cette chaîne même, sur son revers ou à sa base nord. Des deux branches principales résultant de la bifurcation de la chaîne au nord de Msila, l’une, se dirigeant au nord de Sétif, vient se confondre avec le massif des montagnes de Constantine; l’autre, en s’infléchissant vers le sud-est, se réunit près de Batna avec le système montagneux des Ouled-Sultan. Il résulte de cette bifurcation de la chaîne que, dans la plus grande partie de la province de Constantine, les régions montagneuses et des Hauts-plateaux, au lieu de se développer paral- lèlement et de présenter une limite tranchée comme dans les provinces d'Alger et d'Oran, tendent à se confondre, et que leur limite n’est guère déterminée que par l'altitude (700-1000 mètres) et l'aspect particulier des vastes plaines dépourvues de bois qui les caractérisent. Ces plaines ne sont ici, à vrai dire, qu’un premier étage de la région montagneuse et participent, au moins au voisinage des montagnes et sur les points irrigables, à la richesse du Tell ; elles contrastent heureusement, au point de vue de l’acclimatation et à celui de la colonisation, avec les Hauts-plateaux des provinces d'Alger et d'Oran, qu’elles rappellent seulement par leur altitude, le nivellement général de leur surface et les caractères les plus saillants de leur végétation, — Au sud, les Hauts-plateaux sont séparés de la manière la plus tranchée de la Région saharienne par une chaîne de montagnes qui s'étend presque parallèlement à la chaîne que nous avons vue former la limite septentrionale de la région ; elle se dirige du sud-ouest au nord-est en passant au nord de Tyout, d'El Abiod- Sidi-Cheikh, de Brézina, de Laghouat et de Biskra (1). Au nord de cette chaîne, le Dattier n’est cultivé çà et là que comme arbre d'ornement et n€ porte pas de fruits, tandis que, au sud et dès le pied même de ce relief mon- tagneux, il est planté en vastes oasis et ses fruits deviennent l’une des bases principales de l’alimentation, — Le climat est caractérisé par ses extrêmes de température ; il neige souvent jusqu’en mars et même jusqu’en avril et mal, et il n’est pas rare qu’à cette époque, sous l'influence du rayonnement du calorique, le thermomètre descende pendant la nuit au-dessous de ZÈrO, (1) L’oasis de Bou-Sada, les plaines de Hamama, etc., qui, situées au nord des limites indiquées, reçoivent l’influence des vents du sud par des coupures de la chaîne, sont de véritables îlots sahariens dans la région des Hauts-plateaux. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862. »03 tandis qu'à midi la température sera de + 25-28 degrés centigrades. Même au mois de juin, le froid déterminé par le rayonnement nocturne se fait quelquefois sentir avec assez d'énergie pour congeler l'eau à sa surface et tuer les jeunes pousses des végétaux qui, comme le Noyer et la Pomme-de-terre, ne peuvent supporter des variations aussi brusques de température. Les rapides alternatives des vents du nord et du sud ne contribuent pas moins à la varia- bilité du climat qui ne comporte qu’une végétation rustique pouvant s’accom- moder à ces écarts de température. Aussi, dans la flore des Hauts-plateaux, le nombre des plantes vivaces égale ou dépasse même souvent celui des plantes annuelles, et les plantes européennes le plus généralement répandues consti- tuent environ les quatre cinquièmes du total des espèces. Les influences selon la latitude sont démontrées par la proportion assez notable d’espèces orientales et surtout par le nombre des plantes de cette région qui existent à la fois en Espagne et en Orient. Il va sans dire que, dans cette description sommaire, nous avons eu surtout en vue les steppes de la partie centrale des provinces d'Alger et d'Oran ; les plateaux au voisinage du Tell, et ceux qui sont entourés ou hordés par des montagnes (comme les plateaux du Sersous et de Sétif et l’ensemble de la région des Hauts-plateaux dans la province de Constantine), se rapprochent davantage, par leur climat plus uniforme et plus européen, des conditions générales du Tell au point de vue de la végétation spontanée et de l’acclimatation. Il résulte des données qur nous venons d'exposer que, dans les Hauts-pla- teaux proprement dits, les cullures, si ce n'est toutefois vers la limite de la région méditerranéenne, au voisinage des montagnes et dans les endroits frais ou irrigables, ne peuvent occuper que des espaces relativement restreints. Le boisement, en entretenant la fraîcheur du sol, en brisant la violence des vents et en s’opposant à l'intensité du rayonnement du calorique, pourrait modifier de la manière la plus utile le climat des Hauts-plateaux. Les cultures, dans la région des Hauts-plateanx, sont nécessairement très analogues à celles de la région montagneuse, et ne diffèrent pas sensiblement de celles de l’Europe centrale. Les pâturages des immenses territoires inculles de cette région sont particulièrement propres à l'élevage. La Luzerne (Medi- cago sativa), qui croît abondamment à l’état sauvage sur plusieurs points de la région, est un indice certain du succès réservé à l'établissement de prairies artificielles dans les endroits irrigables ou dans les dépressions où l'humidité se conserve plus longtemps. La vigueur et l'abondance de la végétation dans ces stations, avant qu'elles aient été ravagées par les troupeaux, démontrent quelles précieuses ressources l’agriculture trouverait dans l'aménagement de ces prairies naturelles, qui pourraient être soumises à des fauchages réguliers dont les produits permettraient en hiver la stabulation des bestiaux. La Région saharienne est, comme nous l'avons dit plus haut, séparée au nord des Hauts-plateaux par les montagnes les plus méridionales de l'Algérie, 504 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui, formant une chaîne presque continue, comme une véritable muraille de rochers, ne permettent l'accès du Sahara que par des cols ou d’étroites cou- pures au travers desquelles des cours d’eau torrentueux ont creusé leur lit, En raison de l’obliquité de cette chaîne du sud-ouest au nord-est, la région saharienne ne commence à l'ouest que vers le 33° degré de latitude, tandis qu'à l’est elle remonte vers le nord jusqu’à El Kantara vers le 35° degré. Au sud, la région saharienne s'étend bien au delà de nos possessions et se confond avec le désert central de l'Afrique, qui, comme on le sait, s'avance jusqu'à la région des pluies estivales. C’est là seulement que commence la région équa- toriale proprement dite, dont la limite nord oscille par ses sinuosités entre le A7 et le 12° degré de latitude nord. On voit que les limites du Sahara sont bien plutôt politiques que naturelkes. Le point extrême soumis à l'autorité française est l’oasis d'Ouargla, située sons le 32° degré de latitude, dans la vaste dépression connue sous le nom de Ghechia d'Ouargla ; à cette dépression aboutissent au nord-ouest les grands ravins du relèvement du Mzab, l'Oued Mzab et l'Oued en Nsa, et au sud le ravin de l'Oued Mia qui vient du pays des Touaregs cet traverse les vastes dunes situées au sud d’Ouargla. Nos posses- sions sahariennes appartiennent à l'immense zone désertique qui en Afrique, au sud de la chaîne la plus méridionale de l'Algérie, sur une largeur de près de cinq cents lieues, s'étend des bords de l'océan Atlantique à travers tout le continent africain, et reproduit à l'est le type uniforme de sa végétation jusque vers l’Indus dans les déserts asiatiques. L'ensemble de cette immense région naturelle est caractérisé surtout par l'extrême rareté des pluies, la sécheresse de l'atmosphère, des températures extrêmes (1), l'absence de grands relève- ments montagneux et de cours d’eau permanents, l'aspect tout spécial de la végétation désertique, et par le type caucasique qui domine encore dans les populations malgré leurs nombreux croisements avec la race nègre. La culture en grand du Dattier groupé dans les oasis, dont il forme la base, est l'expres- sion essentielle d’un concours de conditions physiques et climatériques si spécial. Le caractère Le plus saillant de Ja végétation saharienne est son uniformité, mise en évidence par la présence des mêmes espèces caractéristiques dans des stations qui diffèrent par l'altitude (2), la nature ou les accidents du sol. (1) Dans le Sahara algérien, en été, la température s'élève souvent à 45 degrés à ombre, et quelquefois même à 49 et 51 degrés, scus l'influence du vent du sud ; en hiver, elle peut s’abaisser jusqu’à — 3, et quelquefois même, sous l'influence du raïon” nement du sol, jusqu’à — 8 degrés. + (2) L'oasis de Tyout est à environ 1000 mètres d'altitude, celle de Laghouat à p't$ de 800 mètres, celle de Biskra à 437 mètres ; les grandes dunes qui existent à l’extrème sud de la province d'Oran (Daya de Habessa) sont environ à 400 mètres ; la plupart des villes de la confédération des Beni-Mzab sont à une altitude de 300 à 500 mètres; la ville de Tougourt est à 90 mètres ; celle d’Ouargla à 150 mètres. Quelques points, comme le Chott Melrir, sont même au-dessous du niveau de la mer. Ti SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862, 505 L'ensemble des végétaux croissant spontanément dans le Sahara algérien, en dehors des cultures, ne dépasse pas le chiffre de 500 espèces. Le plus grand nombre d’entre elles sont vivaces, croissent en touffes et ont un aspect sec et maigre, un port roide et dur tout à fait caractéristique. De nombreuses espèces sont plus ou moins ligneuses, mais les véritables arbres, sauf le Dattier (qui a été évidemment introduit et dont la patrie originelle est inconnue) et les autres plantations des oasis, ne sont que des exceptions. Si l’on compare la flore désertique des environs de Biskra, où se trouvent réunies la plupart des espèces sahariennes, à celle des contrées analogues, on voit que le nombre des espèces caractéristiques des déserts y dépasse celui des espèces curopéennes et méditerranéennes, que, sur ce nombre, celles qui ne sont pas spéciales existent dans les régions désertiques de l'Orient, et qu’une quantité assez notable de ces dernières se retrouvent dans le sud-est de l'Espagne qui, par son climat et la culture en grand du Dattier à Elche, se rapproche beaucoup des conditions générales du Sahara algérien. De l’ensemble de ces données, il résulte que le Sahara algérien se relie par d'étroites affinités avec l'Orient désertique représenté surtout par l'Égypte, une partie de la Syrie, de l'Arabie et de la Perse méridionale. C’est donc prin- cipalement dans la région saharienne que nous trouvons la confirmation de cette loi, énoncée ailleurs par nous, d’après laquelle les influences selon la latitude sont dominantes dans l’intérieur, tandis que dans la région méditer- ranéenne les affinités se produisent surtout selon la longitude, On peut dire, au point de vue de la géographie botanique et zoologique, que s'avancer en Algérie vers le sud dans le sens du méridien, c'est moins se rapprocher du tropique que de l'Orient (1). Le Sahara algérien, en raison ‘de ses conditions physiques et climatériques si spéciales, est la partie de l'Algérie la moins favorable pour la colonisation. Cependant déjà les oasis septentrionales de Biskra et de Lagouat se sont enri- chies par l'introduction de nombreuses cultures due à l’intelligente activité de l’administration, et ces nouvelles sources de production sont appelées à se Bénéraliser bientôt. Ainsi, la plupart des espèces et variétés de nos arbres fruitiers et presque toutes nos plantes potagères ont été acclimatées dans ces deux oasis, où, grâce à l'ombrage fourni par le Dattier et à l'influence de (4) Nous devons faire observer toutefois qu’en raison de la sécheresse atmosphérique que les déserts de l'Afrique doivent à leur situation continentale et à l'absence de grands Cours d’eau permanents, les plantes désertiques s’avancent plus vers le nord en Algérie qu’en Égypte par exemple. Les plantes tropicales, en raison des mêmes influences de sécheresse, ont, au contraire, dans le désert du centre de l'Afrique, leur limite septen- trionale plus reculée vers le sud qu’elle ne l'est en Orient. Ainsi le Palmier-Doum (Cucifera thebaica) qui, en Égypte, s’avance vers le nord jusqu’au 29° degré (Bové), aurait, dans le désert africain, sa véritable limite nurd vers le 21°, d’après M. le docteur Barth. Plusieurs espèces du genre Acacia et le Séné (Cassia obovata) qui, en Égypte, se rencontrent jusque sous la latitude du Caire (30° degré), n’ont encore été observés dans le désert africain que vers Rhat, sous le 25° degré (Bouderba, H. Duveyrier). 506 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'irrigation, elles retrouvent pour ainsi dire un milieu européen. On pourra également faire quelques utiles emprunts à l'Orient. — La culture en grand du Cotonnier, qui, comme on le sait, tient une large place dans l’agriculture égyptienne, paraît devoir obtenir un succès assuré dans les terrains irri- gables, ainsi que le démontrent les importants essais faits à Biskra et à El Outaïa, ainsi que son existence dans les jardins des oasis de l’Oued-Rir et de Rhat. Il résulte d'une manière évidente, de la division que nous venons d'indiquer de l'Algérie en quatre régions très distinctes entre elles par leur climat et leurs productions, que l'on ne peut dans la plupart des cas, sans grave erreur, attribuer à l’ensemble de notre riche colonie ce qui n’est vrai que pour l'une de ses régions seulement. Trop souvent, avant les explorations récentes qui se sont étendues à une grande partie du pays, on a considéré la région médi- terranéenne comme présentant la moyenne des conditions générales de l'Al- gérie. Nous espérons avoir démontré qu'il n’en est pas ainsi, et que, au point de vue scientifique comme au point de vue pratique, il y a le plus grand intérêt à tenir compte des caractères et des affinités naturelles de chacune des régions. M. Duchartre dit qu’il est heureux d’entendre M. Cosson exprimer une opinion qui était celle de Louis de Vilmorin : Il a entendu le célèbre agriculteur insister, dans une discussion relative aux produits de l'Algérie, sur la nécessité d’éloigner les colons algériens de la cul- ture des végétaux appartenant à la région intertropicale, On doit leur conseiller, disait Vilmorin, de planter la Vigne, l'Olivier, et en général les arbres et les plantes cultivés dans la région méditerranéenne, et surtout de ne pas sophis- tiquer leurs produits, notamment le vin, auquel ils ajoutent une foule de drogues, suivant d'anciens usages du pays, et qui ainsi n’est plus de vente en Europe, tandis qu’ils pourraient aisément fournir au commerce des vins sucrés et liquoreux comparables à ceux de l'Espagne. — A l'égard de la culture du Cotonnier, M. Duchartre tient d’un délégué de l'exposition française à Londres, qu’il serait possible d’en tirer de beaux bénéfices en Algérie, durant quelques années; mais qu'il faudrait pour cela choisir les variétés de coton les plus recherchées dans le commerce, et notamment les Géorgie-longue- soie, avoir de bonnes machines à égrener, et tous jes détails d’un matériel convenable. M. Cosson répond : Que l'extrême cherté de la main-d'œuvre en Algérie diminue les bénéfices de la production du coton. Il ajoute que la province de Constantine, où le sol commence à s'élever à une faible distance du littoral, est peu propre à la SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862. 507 culture du Cotonnier; que la province d'Alger ne lui offre guère que la Mitidja; mais que la province d'Oran, où les pluies sont tardives et réglées, s’y prête davantage. En effet, la pluie, en pénétrant dans la capsule mûre et en mouillant les graines, cause le plus grand dommage à la récolte. En Algérie ce sont surtout les variétés hâtives de Cotonnier qui ont le plus de chances de réussir. M. Cosson cite encore les points irrigables de la lisière du Sahara comme favorables à la croissance du Cotonnier ; mais il ajoute que la culture de cette plante y serait une mauvaise spéculation, en raison de l'éloignement du littoral et de la cherté des transports, à moins que l’on n'établit des filatures dans le pays, et que l’on ne produisit du coton pour la consommation des indigènes et non pour l'exportation. M. Gubler, vice-président, fait à la Société la communication suivante : ENCORE QUELQUES MOTS SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DE L'HELICHRYSUM ARENARIUM, par M, Ad. GUBLER, Je crois devoir revenir sur la distribution géographique de l’Æelichrysum arenarium, à l’occasion d’une lettre qui m’a été adressée par un membre dis- tingué de la Société, habitant les Ardennes. M. A. Callay, pharmacien au Chesne, m'écrit que l'espèce, loin de manquer à la Belgique, est signalée dans ce pays par Dumortier (Prodr. p. 69), par Lejeune (Compend. f. belgicæ, 1. XII, p. 138), et par Crepin (Manuel de la] flore de Belgique, p. 128). M. Callay ajoute qu’il tient de M. Crepin cette plante récoltée à Margny (Ardennes), le 26 juillet 1856, mais qu'il ne l’a pas encore rencontrée lui- même dans les Ardennes françaises, qu’il explore cependant depuis quinze ans. Ainsi, d’une part, l'Æelichrysum arenarium existe dans quelques localités de la Belgique, bien qu'il paraisse manquer tout à fait aux pays-bas de la Hollande et de la Flandre, offrant en général des conditions de sol et d’alti- tude plus semblables à celles de son habitat favori; d'autre part, un auteur recommandable l’a récolté dans une contrée française des Ardennes, mais il est assez rare pour qu'un botaniste, parcourant le département depuis un grand nombre d'années, ne l’ait jamais rencontré. Ces circonstances me portent à penser que la Belgique n’est pas plus que la Hollande dans l’aire de la végétation normale de l’Immortelle-des-sables, et que les représentants de l’espèce qu’on voit çà et là en petit nombre dans la région montagneuse du royaume, proviennent d’une dissémination, à partir du Bas- Rhin comme centre, et d’une colonisation accidentelle comparable à celle des localités de la Lorraine. 508 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les remarques de M. Callay portent encore sur un autre point. J'avais pré- sumé que la variété aurantiacum de l'Æ. arenarium, admise par Persoon, ne représentait qu’un état moins avancé de la plante ; notre collègue combat cette opinion en m'envoyant deux échantillons provenant de Margny (Ardennes), dont l’un appartenant au type, et l’autre à sa modification plus colorée. Celui-ci, je dois l'avouer, offre une couleur crangée prononcée même dans les fleurs épanouies. Toutefois, conformément à mon observation (1), les capitules très jeunes et fermés, sont incomparablement plus vivement teintés que les autres et d’un orangé rouge au lieu d’être simplement d’un jaune orangé. La règle est donc bien telle que je l'avais établie précédemment pour la variété aussi bien que pour le type: seulement cette coloration rougeâtre du début se maintient dans certains individus même lorsque l'anthèse est avancée, tandis que chez d’autres elle fait place à une nuance d’un jaune de plus en plus clair, au fur et à mesure de l'épanouissement des calathides. Reste à savoir maintenant si les /Z. arenarium d'un rouge orangé forment une race distincte, dans laquelle ce caractère de coloration se transmet héré- ditairement, ou si, au contraire, ce n’est qu’un accident, une modification contingente du type spécifique. J'ai cité autrefois devant la Société, à l'occa- sion d'un hybride de Primula officinalis et de P. grandiflora que je faisais connaître (2), plusieurs cas de corolles plus fortement colorées appartenant à des fleurs stériles ; cette observation me conduit à me demander si la couleur orangée qui persiste chez certaines Immortelles-des-sables, ne dépendrait pas d’un certain degré d’avortement de leurs fleurs. Ce qui justifierait cette hypo- thèse, c'est que l’inflorescence, beaucoup moins développée, conserve dans la variation quelque chose de la forme compacte qui caractérise le jeune âge, et conséquemment l’imperfection sexuelle. En tout cas, si les individus à couleur orangée constituent une race, ils ne méritent guère d’être élevés au rang d’une véritable variété. M. de Schœnefeld dit qu'il a récolté en 4838, aux environs de Berlin, les deux formes de l'A. arenarium (l'une à capitules jaune soufre et l’autre à capitules couleur de feu), bien distinctes lune de l’autre et toutes deux bien développées. M. Chatin ajoute que l’on a trouvé aussi la plante sous ; ces deux formes aux environs de Haguenau (Bas-Rhin) pendant la session extraordinaire tenue en Alsace en juillet 1858. M. A. Gris, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : (1) Voyez le compte-rendu de la séance du 11 juillet 1862, p. 346. (2) Voyez le Bulletin, t. VIT, séance du 23 novembre 1860. SÉANCE DU 42 DÉCEMBRE 1862. 09 OBSERVATIONS SUR LES CISTINÉES, par ME. J.-E. PLANCHON. (Montpellier, 43 octobre 4862.) Après les remarquables travaux de Dunal, de M. Spach et de M. Moritz Willkomm, tout semble dit sur cette intéressante famille. Mais la nature ne livre jamais son dernier mot : elle laisse toujours libre le champ des recherches. Où d’autres et de très habiles ont moissonné, il reste encore au moins à glaner. Et puisqu'il s’agit d’un groupe de plantes indigènes, constamment placé en quelque sorte sous les seux des observateurs, il n’est pas sans intérêt de démontrer, une fois de plus, combien d'observations neuves ou d’inter- prétations inattendues peut révéler l'étude attentive des types en apparence les plus connus. La nature même des présentes notes exclut tout ordre rigoureux d'expo- sition. Chaque sujet aura donc son titre spécial, sauf à rapprocher tacitement, sous des groupes respectifs, ce qui touche à la morphologie, à la physiologie et à la classification. L I. — Nature des pièces calicinales. On sait que, sauf exception, le calice chez les fleurs pentamères des Cisti- nées se compose habituellement de cinq pièces. Peu inégales chez les Cistus, ces pièces le deviennent beaucoup chez la plupart des Æelianthemum. Dans ce cas, les trois intérieures, plus ou moins larges, plus ou moins persistantes ou même accrescentes, semblent seules constituer le calice : les deux exté- rieures, bien plus petites, presque toujours uninerviées, prennent toute l'ap- parence de bractéoles accessoires, d'autant plus accessoires qu'elles manquent absolument chez des espèces d’/Zelianthemum dont les fleurs conservent cinq Pélales dans un calice à trois pièces. Quelle est la nature morphologique de ces pièces externes du calice ? Sont-ce de vrais sépales dans le sens ordinaire du mot, c'est-à-dire des organes répon- dant à des feuilles modiliées? Seraient-ce par hasard des stipules calicinales, aualogues à celles des Potentillées ? Ces deux hypothèses ont eu leurs partisans respectifs : exposons-les toutes deux, en commencant par la première. 1° Les pièces calicinales des Æelianthemunmt sont toutes des sépales ordi- naires. Telle est l'idée implicitement admise par tous ceux qui n’aflirment pas l'opinion contraire. A.-L. de Jussieu, Dunal, Aug. de Saint-Hilaire dans sa Flore du Brésil, M. Spach, Adr. de Jussieu, Ach. Richard, Payer ct la grande majorité des botanistes considèrent ainsi le calice des Cisunées, n'y voyant rien d'exceptionnel par rapport aux autres calices des fleurs pentamceres. 2° Les Æelianthemum, pour d'autres auteurs, n’ont jamais que trois 510 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sépales véritables : les deux pièces sépaloïdes externes, lorsqu'elles existent, seraient des bractéoles accessoires, répondant à des stipules. Cette idée a été mise d’abord en avant par Aug. de Saint-Hilaire qui, sup- posant une analogie évidente entre les bractées de la grappe des Hélianthèmes et l’une des stipules de leurs feuilles, crut retrouver sous le calice ces mêmes bractées de nature stipulaire (Morpholog. p. 371). Séduits par les mêmes apparences et peut-être entraînés par l'autorité d’Aug. de Saint-Hilaire, Endlicher, dans son Genera (p. 904-906), et M. Le Maout, dans son Af/as élémentaire de botanique (p. 112), donnent indiffé- remment à toutes les Cistinées, les Cistes compris, un calice trimère à deux bractéoles, sans se prononcer du reste sur la nature stipulaire de ces organes. Plus récemment, en 1856 (1), M. Malbranche, sans connaître l'hypothèse de Saint-Hilaire, et sur l'observation isolée de l’Æelianthemum guttalum, n'hésite pas à nommer bractées stipulaires les deux pièces externes du calice de cette espèce. Il les considère en même temps comme analogues à ce que M. Clos a nommé stipules bractéales dans l’involucelle des Malvacées (2). Déjà du reste, dès décembre 1854, M. Clos, étendant aux Géraniacées, aux Cistées, aux Légumineuses et aux Rosacées l'hypothèse qu’il avait appliquée en premier lieu aux pièces involucrales des Malvacées, proposait d'appeler sipu- lium l'ensemble des pièces, suivant lui stipulaires (3), qui constituent chez ces diverses familles, tantôt des involucres, tantôt des involucelles, tantôt des pièces accessoires bractéiformes du calice (4). Pour ce qui regarde les Cis- tinées en particulier, l’auteur n’invoque pas d’autre argument que celui de Saint-Hilaire, savoir une analogie supposée entre la stipule d’un côté d'une feuille, la bractée latérale par rapport à chaque pédicelle et les pièces brac- téoliformes du calice des Hélianthèmes. Reprenant la question en détail et l’étendant par l’étude de l’ensemble des Cistiuées, M. Clos, dans une communication plus récente (14 août 1859), résume comme il suit ses idées sur Je calice de ces plantes : « La famille des » Cistées nous présente : 1° des calices uniquement formés de sépales vagi- » nanx, tous Ceux des vrais Cistus et ceux à trois folioles des ÆZelianthemum ; » 2° des calices à sépales, les uns vaginaux, les autres limbaires, savoir ceux » à cinq parties des //e/ianthemum dépourvus de stipules ; 3° des calices à » sépales, les uns vaginaux et les autres stipulaires, ceux à cinq pièces des » Helianthemum stipulés (5). $ Mais, après ces conclusions, l’auteur hésite (1) Bull. Soc. bot. de Fr.t. TI, p. 32, ann. 1856. — L'observation de M. Malbranche date, du reste, de 1854. (2) Bull. Soc. bot. de Fr. t. X, p. 298, ann. 1854. (3) Le même auteur (op. cit. t. III, p. 683), blâmant l'expression de bructées slipu- laires, propose d'appeler ces pièces stipules bractéales. (4) Clos, op. cit. t: Il, p. 4, ann. 1855. (5) Op. cit. t. VI; p. 585-586. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862. 511 et se demande s’il ne faudrait pas plutôt admettre chez les Æelianthemum un calice toujours à trois sépales (vaginaux, c’est-à-dire formés par la gaîne de la feuille), tantôt nu, tantôt accompagné d’un stipulium ou bien de deux bractéoles. A ces vues de notre savant confrère, M. Cosson, d’une part, et M. Durieu de Maisonneuve, de l’autre, opposent, séance tenante, des doutes impliquant beaucoup de réserves et contestant la légitimité de ces interprétations. Enfin, et pour en finir avec ce long historique, le monographe le plus récent et le plus accrédité des Cistinées, M. Willkomm, désigne sous le nom d’epi - calyx les deux pièces externes du calice à cinq parties qui, pour lui, devient un alice toujours trimère, même chez les Cistes. Il compare ces folioles de l'epicalyx à la fois à des stipules florales et à des brartéoles, sans ajouter peut-être à ces expressions un sens morphologique bien rigoureux : £picalyx sæpissime e foliolis duobus per æstivationem valvatis vel patulis, basi vel dorso sepalorum adnatis, cum stipulis floralibus bracteolisve et collocatione et forma fere semper omnino congruentibus compositus. En résumé, la théorie de la nature stipulaire des folioles externes du calice des Hélianthèmes, affirmée par Aug. de Saint-Hilaire, appuyée et développée (du moins pour la plupart des espèces) par M. Clos, admise dans la magnifique Monographie des Cistinées de M. Willkomm, aurait grande chance de trouver faveur dans la science. Raison de plus pour la combattre loyalement, si nous la jugeons contraire à la juste interprétation des faits. Et d’abord l’étude comparative des C'istus et des Æelianthemum montre de la façon la plus évidente l’analogie exacte des pièces calicinales chez les deux genres. Il est un Ciste à calice simplement trimère, le Cistus laurifolius : son calice répond à celui des Æelianthemum trisépalés de la section des Halimium. Intermédiaire à divers égards entre les Cistus monspeliensis et laurifolius dont il dérive par hybridation, le Cistus Ledon montre tantôt une, tantôt deux pièces bractéoliformes, souvent adnées au bord d’un sépale adjacent, mais d’ailleurs évidemment analogues aux sépales externes des Hélianthèmes. Donc, si ces derniers sépales sont des stipules chez les Æelianthemum, ils doivent en être aussi chez les C'istus. Mais puisque les Cistes sont tous totalement privés de stipules, est-il logique de penser que ces organes, absents à la base des feuilles, iraient se trouver juste à la base du calice ? M. Clos a prévu l’objection. Aussi, revenant sur une première hypothèse trop absolue, propose:t-il de considérer comme vrais sépales ou modifications des feuilles, toutes les folioles calicinales des Cistus, et celles même des Helianthemum sans stipules. Mais est-il rationnel de regarder comme mor- phologiquement différents les calices d’ailleurs en tout semblables des divers Hélianthèmes de la section Z'uberaria, parce que les uns ont des stipules 512 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (H. qutiatum, H. macrosepalum, etc.), et que d’autres en sont dépourvus (Æ. Tuberaria et affines)? Encore l’AHelianthemum guttatum n’a-t-il souvent _ de stipules que sur les feuilles (alternes) de la partie moyenne des tiges, et ces organes disparaissent-ils graduellement de la base des feuilles supérieures. Par quelle étrange anomalie reparaîtraient-ils sous le calice ? L'argument vraiment spécieux en faveur de la nature stipulaire du soi- disant sfépulium ou epicalyx, c’est la position habituellement latérale qu'oc- cupe la bractée primaire à la base de chaque pédicelle uniflore, chez la plu- part des Zelianthemum. On a cru voir dans cette bractée latérale l’analogue d'une des stipules des feuilles caulinaires ou raméales, illusion d'autant plus excusable que le pédicelle lui-même présente souvent vers son point d'insertion sur le rachis, une petite nodosité articulaire qu'on pourrait prendre pour un _vestige d'insertion d'une bractée avortée. Ce ne sont là pourtant que des apparences. Un peu d'attention va nous montrer les faits sous leur vrai jour. Quelle est, en effet, l'inflorescence des Æ/eliañthemum eu question ? Tout le monde l’a vu et le verra, Aug. de Saint-Hilaire et M. Clos, comme tout le monde : c'est en apparence une grappe, mais dans le fait une cyme unilatérale plus ou moins manifestement scorpioïde. Chaque pédicelle uniflore y repré- sente un petit rameau éerminal. Or, en pareil cas, quelle est la position de la bractée sous-pédicellaire ? N'est-ce pas presque toujours à côté du pédicelle, quand ce n’est pas diamétralement vis-à-vis ? Prenez la cyme scorpioide de la Jusquiame, de le Bourrache, de mille autres plantes sans stipules, vous Y verrez la braciée placée, non au-dessous, mais à côté du pédicelle. Dira-t-0n là que cette bractée soit une stipule ? D'ailleurs, là bractée latérale des Hélianthèmes en question serait-elle une stipule, il faudrait prouver que les sépales externes répondent morphologi- quement à cette bractée. La preuve en ressortirait aisément d’une étude com- parative dont nous croyons devoir supprimer les détails. Mais nous persistons à considérer comme feuille modifiée la prétendue stipule bractéale, et nous puisons dans l’analogie même de cette feuille avec les folioles externes du calice une preuve en faveur de l'opinion ici défendue. Ce ne serait pas ici le lieu de discuter à fond et dans son ensemble la théorie du stipulium, telle que l'a exposée M. Clos. Sas adopter un mot qui peut être remplacé par des épithètes appropriées, toujours plus élastiques et par cela même plus vraies qu’un substantif, nous craignons que notre savant €t ingé- nicux confrère n'ait vu plus d’une fois des stipules là où la nature n'a mis que des feuilles modifiées. En tout cas, lorsque des stipules latérales ou adnées au deux côtés du pétiole des feuilles se retrouvent soudées deux à deux pour constituer des bractées ou des sépaics, il faut reconnaitre dans bien des cas un reste du pétiole persistant eutre elles au moins sous forme de nervure, ec l'on ne saurait ainsi couvrir du seul mot s/épulium les diverses combivaisons QUE SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862. 513 doit nécessairement offrir la fusion à divers degrés des stipules et des éléments vaginal, pétiolaire ou limbaire de la feuille. L’avortement constant ou variable d’une partie des sépales et par suite la diversité numérique entre les pièces du calice et celles d’une corolle à pétales en nombre défini, tel est le fait exceptionnel que présentent les Cistinées. Nous retrouvons ce fait chez de nombreuses Portulacées, et c’est un argument de plus pour rapprocher l’une de l’autre ces deux familles. 11. — Symétrie du calice et de la corolle. Ni Dunal, ni Aug. de Saint-Hilaire, ni la plupart des botanistes qu'ont préoccupés les questions de symétrie, ne semblent s'être doutés que la loi dite d’alternance des pièces florales fût sujette à de flagrantes exceptions : tous ont cru, du moins avec De Candolle, que dans une fleur normale, et sauf les cas de dédoublement, les pièces d’un verticille alternent avec celles du verti- cille qui précède et celles du verticille qui suit. De Candolle seul avait signalé dans le genre Zernstræmia le fait insolite de pétales opposés aux sépales (1). Mais cette observation isolée, perdue dans un ouvrage descriptif, n’empêche pas le principe de l'alternance de figurer, sans restriction, dans les ouvrages élémentaires les plus classiques. Cependant, dès 1836, dans ses belles études sur les Cistacées (2), vrai chef- d'œuvre d'observation analytique, M. Spach avait reconnu chez les plantes de ce groupe une déviation à la loi de l'alternance entre les verticilles calicinal et corollin. Petala aut 5 (calyte 3- v. 5-sepalo) sepalorum respectu haud symmetrice disposita, aut 3 (calyce 5-sepalo) cum sepalis interioribus alter- nantia. Ce dernier caractère s'applique particulièrement à la tribu des Lechidicæ. Quant aux Cistées proprement dites, l’auteur se contente de mentionner la position non symétrique de leurs pétales par rapport aux pièces du calice, sans signaler en particulier les divers modes qu’affecte cette asy- métrie, Peut-être cette réserve venait-elle de la difficulté de ramener à des lois précises ces variations diverses, difficulté qui, pour nous-même, reste encore à peu près entière et demande encore une solution. Plus absolu dans ses assertions parce qu'il a vu moins de faits, Payer, dans son Organogénie comparée (p. 16), écrit sans hésiter les lignes suivantes :. « La corolle (des Cistinées) est composée de cinq pétales libres qui naissent » simultanément ; mais, chose singulière, tandis que dans les C'istus ils sont, » comme dans la plupart des fleurs, alternes avec les sépales, dans les » Helianthemum ils sont placés ainsi : un devant le sépale 4 et deux devant (1) Cette opposition, imparfaite et souvent partielle, est soumise aux mêmes irrégu- larités que chez les Guttifères et les Cistinées, où elle se présente également. (2) Conspectus monographiæ Cistacearum, in Ann. sc. nat. Bot. sér. 11, t. VI, P. 357 ct suiv.; Suites à Buffon, Bot. t. VI, p. 4 et suiv. ann. 1838. D 17 33 514 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » chacun des sépales 3 et 5. 11 y a donc, en considérant le côté de la fleur » superposé à la dernière bractée comme le côté antérieur, quatre pétales » antérieurs superposés par paire aux deux sépales antérieurs 3 et 5, et un » pétale postérieur superposé au sépale postérieur 4. Cette disposition des » pétales est bien remarquable : elle a beaucoup embarrassé les botanistes, qui » voyaient bien que ces pétales n'étaient point alternes, mais qui ne pouvaient » préciser exactement leur situation, qu’on ne peut bien déterminer, du reste, » qu'en remontant à leur origine. » A ces assertions catégoriques, voici ce que répondent nos observations, portant sur l'étude d’un nombre considérable de fleurs de toutes les Cistinées - de la flore de Montpellier. - 4° Chez les Cistus, l'alternance parfaite des pétales avec les sépales est un fait rare, exceptionnel, qui se rencontre parfois chez toutes les fleurs de tel exemplaire donné. Nous l'avons vue sur un pied cultivé de Cistus salvifolrus, et çà et là sur des exemplaires spontanés de Cistus albidus (environs de l’abbaye de Valmagne près Montpellier). L'opposition plus ou moins complète des pétales aux sépales peut être considérée comme la règle, comme le fait habituel et normal. 2 Chez les Helianthemum, l'opposition des pétales aux pièces du calice pentamère est parfois plus ou moins complète; mais plus souvent aussi elle n’est que partielle et incomplète, un ou deux ou même trois pétales alternant avec des sépales internes, et cela sans qu'il soit possible d’assigner une loi rigoureuse à des variations qui se présentent sur les fleurs d’une même grappe. Entre l'alternance et l’opposition il y a d’ailleurs des positions intermédiaires dont les angles de divergence varient, soit par rapport aux sépales adjacents, soit par rapport aux pétales entre eux. 3° Au milieu de ces variations néanmoins, il est assez facile de saisir comme disposition dominante l'opposition des cinq pétales aux cinq sépales, argument de plus en faveur de l’idée que les sépales extérieurs sont des feuilles et non des stipules. h° La réunion, dans la même fleur, de pétales alternes avec les sépales, et d’autres qui leur sont opposés, ne se rencontre pas seulement chez les Helian- themum. Les Cistus présentent aussi le fait avec des nuances très variées. 5° Une des difficultés les plus grandes qu'offre la recherche des rapports de position entre les pétales et les sépales des Cistinées, vient de ce que, l'esti- vation de la corolle étant presque toujours convolutée, il est à peu près impossible d’assigner un rang d'évolution à ces diverses pièces corollines. Il arrive parfois que tel ou tel des pétales est recouvert ou recouvrant de deux côéé, ce qui rompt la régularité habituelle de l’estivation; mais, dans ce Cas,. le pétale ou les pétales déviés n’occupent pas un rang invariable, par rapport aux pièces du calice avec lequel ils sont en relation. 6° Le sens dans lequel tourne l’estivation convolutée de la corolle varie SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862. 515 dans les fleurs d’une même inflorescence, tantôt de gauche à droite, tantôt de droite à gauche. La première direction semble pourtant être la plus fréquente. 7° Dans l’article Cistineæ du Prodromus de De Candolle, Dunal a signalé comme un caractère constant et général la direction inverse de convolution des sépales et des pétales. Ce fait est fréquent chez les Cistes, mais il souffre aussi de nombreuses exceptions. La même espèce, par exemple (Cistus ladaniferus, C. laurifolius), nous présente des fleurs à calice convoluté de droite à gauche dans le même sens que les pétales, où de gauche à droite, en sens inverse de la corolle. Nous citons ces anomalies pour montrer combien est compliqué le problème de la symétrie florale dans le groupe des Cistinées, puisque ni la loi dite d’alternance, ni l’estivation, ni l’ordre spiral des pièces florales ne s’y présentent avec la fixité relative qu’ils affectent chez la plupart des familles, En présence de faits embarrassants et peut-être encore trop isolés, le moment est-il venu de proposer avec assurance quelque théorie capable de les expliquer ? Nous n’osons encore l’espérer. Mais rien n’empêche d'exposer avec bonne foi toutes les difficultés du problème, et de démontrer sur ce point l'insuffisance des hypothèses admises comme lois générales. Rattacher aux lois de la disposition des feuilles sur la tige ou les rameaux la disposition des pièces florales sur le réceptacle, tel est le but qu'ont souvent poursuivi les botanistes, et presque toujours, il faut l’avouer, sans atteindre une solution satisfaisante. Dans les cas, par exemple, où les pièces du calice et de la corolle forment des verticilles alternes, isomères, parfaitement réguliers, on constate simple- ment le fait nommé prosenthèse chez les verticilles foliaires, mais ce mot n’explique rien par lui-même, se bornant à exprimer une disposition constante, qui ne se rattache pas toujours aisément à la disposition spirale des feuilles alternes, Dès qu’il s’agit de la disposition dite en quinconce si fréquente chez les calices pentamères, et qui se reproduit de loin en loin chez des corolles à estivation imbriquée, on peut aisément retrouver dans le calice l’arrangement phyllotaxique exprimé par la fraction 2/5 : on peut même retrouver cette même fraction dans la corolle : mais, comme l’a démontré Adr. de Jussieu à l'occasion des Malpighiacées, la spire des pièces florales, pour être identique avec celle des feuilles en quinconce, devrait présenter sa pièce n° 6 au- dessus du n° 4, le n° 7 au-dessus du n° 2 et ainsi de suite, c’est-à-dire que tous les pétales devraient tomber juste sur les sépales {leur être opposés comme on dit ordinairement, superposés comme dit Payer). Or, le plus sou- vent, au contraire, les pétales alternent avec les sépales, c’est-à-dire que les deux cycles pentamères du calice et de la corolle se comportent comme deux verticilles de feuilles, et non comme le feraient les feuilles d’une spire continue, 516 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Chez les Cistes, il est vrai, comme chez les Zernstræmia, comme chez diverses Guttifères-Clusiées (1), avec des fleurs pentamères, l'opposition des pétales aux sépales est un fait des plus fréquents, et, dans ce cas, on croit retrouver, au premier abord, chez la fleur, la même spire quinconciale 2/5 que présentent tant de feuilles alternes. Mais, d'une part, la succession des pétales dans l’ordre d’estivation ne répond pas toujours exactement à la place que leur assiguerait la loi phyllotaxique ; d'autre part, la disposition 2/5 des pièces florales ne répond nullement à celle des feuilles des Cistes et des Guttifères qui sont régulièrement décussées : enfin l'opposition parfaite des pétales aux sépales n’est pas tellement constante qu’on ne puisse y signaler, chez les fleurs d’une seule et même influrescence, toute sorte d’infractions et d’irrégularités. _ C’est ici le cas de faire apparaître une théorie que Payer a proposée dans ses Éléments de botanique (1° partie, p. 49) et dans son Organogénie comparée (p. 707-709 et p. 15). D’après l'hypothèse en question, la spire dite quinconciale, comprenant cinq rangées droites ou courbes de feuilles alternes, ne serait qu’une trausfor- mation de la disposition décussée, c’est-à-dire de quatre rangées de feuilles, dont une rangée se dédoublerait, se bifurquerait en deux, et dont les éléments dissociés se disposeraient en cinq rangs. De même, le calice à cinq pièces quinconciales comprendrait normalement deux paires de pièces décussées, plus une pièce supplémentaire (sépale n° 1 ou n° 3), qui serait le résultat du dédoublement d’un sépale de l’une ou l'autre paire (sépale m° 2 ou sépale n° 5). Chez les Cistes en particulier, le sépale supplémentaire serait le n° 3, dérivant par dédoublement du n° 5 et placé plus bas que le n° 4. Appliquée aux fleurs des Guttifères et des Cistes, cette théorie a quelque chose de séduisant, et nous l’avons implicitement admise, sans la connaître, M. Triana et moi, dans l'explication de la symétrie florale des Guttifères OpP0* sitipétalées (2. c. p. 282). Elle explique assez bien, ce nous semble, le passage de la décussation au quinconce, passage si fréquent chez le calice ou la corolle de certaines Guttifères-Clusiées. Mais, en admettant cette hypothèse comme assez plausible au total, il faut, ce nous semble, l’entourer de nombreuses réserves, et se garder d’y voir autre chose qu’une idée ingénieuse destinée à prendre sa place dans une théorie plus générale et plus en rapport avec {ous les faits connus. Il faudrait surtout éviter de prendre à la lettre les assertions ? D (1) Voir à cet égard les considérations exposées par M. Triana et moi dans n0$ Études sur les Guttifères, in Ann. sc. nat. 1v° série, t. XVI, p. 276 et seq. — Quand cette Cars de notre travail a élé imprimée, nous n’avions pas eu connaissance de la téorie de Payer sur les calices à estivation quinconciale, dont il va être question plus Join; E cela, nous aurions cité et discuté ces idées, qui se rapprochent, à quelques égards; ; ; l'explication donnée par nous sur le calice du Clusia (Renggeria) acuminala et espéce analogues. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1862. 517 de Payer sur la position des pétales chez les Helianthemum : car, en les sup- posant approximalivement exactes pour quelques cas, l'étude attentive d’un très grand nombre de fleurs de nos Hélianthèmes indigènes ne nous a jamais montré clairement des pétales opposés deux par deux aux pièces n° 3 et 5 du calice. Quant à la bifurcation d’une des quatre rangées des feuilles opposées en croix, d'où résulteraient les cinq rangées longitudinales des éléments du quin- conce, on trouverait plus d’une objection à cette manière d'envisager la transformation d’une double spire 1/2 en une simple spire 2/5. Et néanmoins, il y a peut-être dans cette idée le germe d’une théorie plus satisfaisante que les combinaisons purement mathématiques sur lesquelles s’est souvent appuyée la phyllotaxie. Étudier, en effet, la distribution interne des faisceaux ligneux dans leur rapport avec les feuilles ; tenir compte des dispositions verticales de ces faisceaux plutôt que de la spirale toute superficielle des feuilles; admettre le dédoublement dans le sens de fasciation pour les organes de la végétation comme pour ceux de la fleur, c’est une voie dans laquelle l’organographie végétale a plus de découvertes à faire qu’en suivant la méthode, souvent idéale et parfois fictive, de l’abstraction mathématique. Ces réflexions, que nous laissons à dessein à l’état de vagues conseils, ne sauraient remplacer sans doute une théorie positive et nettement formulée. Mais notre but est justement de montrer combien les théories actuelles sont insuffisantes pour expliquer certains faits de symétrie, et, si nous évitons de formuler sur ces faits des opinions bien arrêtées, c’est qu’un problème aussi complexe nous semble appeler et de nombreuses recherches et de sérieuses réflexions et surtout les inductions les plus prudentes. Poser les questions, apporter des données, c’est la tâche modeste qui prépare, en les précédant, les plus fécondes généralisations. III. — Mybridation chez les Cistinées. Nous serons bref sur ce sujet, parce que nous l'avons traité, très sommai- rement aussi, dans une note du Bulletin de la Société d'Horticulture et de Botanique de l'Hérault. Ce croisement des espèces est, comme on sait, extrêmement fréquent chez les Cistes. Soupçonné par De Candolle et M. Ben- tham, admis par Dunal, Delile, MM. Grenier et Godron, MM. Willkomm, Clos, etc., il est établi, sans contestation, dans les intéressants travaux de M. Timbal-Lagrave. Je ne pourrais apporter à l'appui que des observations de détail, notamment la stérilité habituelle des anthères du Cistus Ledon, fait observé pour la première fois cette année, dans les bois même de Murwviels. J'ajouterai la découverte dans les environs de Montpellier du Cistus floren- tinus de Lamarck, hybride déjà reconnu par M. Timbal, comme dérivé des Cistus monspeliensis et salvifolius. Enfin j'insisterai sur ce caractère impor- 518 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tant qui vient à l'appui de tant de faits du même genre, savoir la fertilité partielle des hybrides entre espèces, fertilité qui leur permet des croisements avec leurs parents et les ramène souvent au type maternel ou paternel par des nuances variées. Quelques-uns, néanmoins, le Cistus Ledon par exemple, dans sa localité classique de Murviels, conservent une remarquable fixité de caractères, et semblent constituer presque l'équivalent d’une race, sinon d’une espèce. Quant à reconnaître, d’après les traits de l’hybride, la part que chacun des parents a prise à sa formation, le rôle de père ou de mère que chacun d’eux a joué, je n'oserais suivre jusque-là M. Timbal-Lagrave, ni reconnaître avec lui comme parfaitement légitime le critérium tiré de la forme diverse des feuilles sur les pousses de printemps et sur les pousses d'été (diversité de feuillage signalée en premier lieu par M. Spach). Le plus sûr, en pareil sujet, me paraît être l’expérimentation directe; et c’est après de longues épreuves de ce genre, faites sur des plantes spontanées ou cultivées, qu’on pourra peut-être tirer quelques conclusions positives sur la filiation des hybrides les mieux fixés. La méthode contraire, celle qui veut deviner les parents d’après les traits de l’hybride, peut conduire des botanistes même très habiles à des notions absolument fausses. Témoin l’idée de l’hybridité du Cistus Pouzolzii Delile, plante que j'ai étudiée souvent sur le vif et dont les deux parents supposés (Cistus crispus et C. monspeliensis) manquent tous deux dans les localités classiques de la plante, Ce Ciste, parfaitement fertile, est une espèce des mieux caractérisées. Un mot, pour terminer, sur la nomenclature des hybrides. Sans mécon- naître les avantages de la méthode de Schiede, surtout appliquée aux hybrides d'espèces au premier degré, je ne crois pas devoir l’adopter d’une manière absolue, lorsque la preuve du rôle des deux parents n’a pas été établie par l’observation ou l'expérience. En l’absence de preuves du rôle paternel ou maternel des ascendants, je réserve à l’hybride un nom simple, surtout lorsque ce nom existe déjà (par exemple Cistus Ledon Lamk, et Cistus florentinus Lamk), mais en joignant à ce nom le mot hybride en parenthèse. De cette façon, on peut éviter provisoirement toute confusion avec les espèces véritables, et se réserver d'employer le double nom paternel et maternel (laurifolio- monspeliensis, monspeliensi-salvifolius, albido-crispus, etc.) lorsque la filiation est nettement établie. Il me resterait, pour achever cette communication, à présenter quelques remarques sur la distribution géographique des Cistes. Mais, resserré par l’espace, je renvoie à l’article déjà cité du Bulletin de la Société d’Horticul- ture et de Botanique de l'Hérault. M. Ed. Prillieux, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : SÉANCE DU 412 DÉCEMBRE 1862. 519 NOTE DE M. CLOS EN RÉPONSE AUX OBJECTIONS DE M. PLANCHON SUR LA NATURE DES PIÈCES DU CALICE CHEZ LES CISTINÉES. (Toulouse, 5 novembre 1862.) J'ai le regret de ne pouvoir assister à la séance où sera faite la com- munication de M. Planchon sur cet objet. Mais mon collègue a bien voulu me confier son manuscrit, et je crois devoir répondre comme suit à ses objections. J'ai écrit, et c’est encore ma conviction, que dans beaucoup d'espèces d'Hélianthèmes stipulés, les deux pièces en dehors du calice trimère sont formées par deux stipules constituant un stépulium. PREMIÈRE OBJECTION. — Le Cistus Ledon Lam. montre tantôt une, tantôt deux pièces bractéoliformes souvent adossées au bord d’un sépale adjacent, mais d'ailleurs évidemment analogues aux sépales externes des Hélian- thèmes. Mais puisque les Gistes sont tous et totalement privés de stipules, est-il logique de penser que ces organes, absents à la base des feuilles, iraient se retrouver juste à la base du calice ? RÉPONSE. — Non, ce n’est pas logique, et le raisonnement de M. Planchon me paraît entaché d’une pétition de principe. Le sépale ou les deux sépales extérieurs du €. Zedon ont une tout autre signification morphologique que les deux pièces extérieures au calice chez les Hélianthèmes stipulés. Le C. Ledon est, d’après M. Timbal-Lagrave, un hybride des C. monspe- liensis L. et laurifolius L. N’est-il pas naturel qu'il tienne exactement le milieu entre ces deux espèces, dont la première a cinq et la seconde trois sépales ? DEUXIÈME OBJECTION, — Dans la section Zuberaria, certaines espèces d’AHelianthemum ont des stipules, les autres non, et cependant leurs calices sont semblables. RÉPONSE. — Je n'ai jamais dit que, dans les espèces munies de stipules, ces organes dnssent nécessairement accompagner le calice; et puisque, dans une même espèce d’Æ/elianthemum (VX. quttatum X.), on les voit exister ou manquer aux feuilles, pourquoi s'étonner qu’il en soit ainsi des stipules eu égard au calice ? TROISIÈME OBJECTION. — Quand l’Æ. guttatum est pourvu de stipules, of les voit disparaître graduellement vers le haut de la tige ; « par quelle étrange anomalie reparaîtraient-elles sous le calice ? » RÉPONSE. — La grappe de cette espèce appartenant au groupe des inflo- rescences de partition (1), feuilles et stipules y disparaissent #rusquement et à (1) Voyez, dans ce recueil (t. VIII, p. 11-19 et 36-41) mon Nouvel aperçu sur la théorie de l'inflorescence, séances des 11 et 25 janvier 1861. 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la fois. Les feuilles reparaissant dans la formation du calice, quoi de plus normal que d'y voir reparaître les stipules ? QUATRIÈME OBJECTION. — On a cru voir une stipule dans la bractée laté- rale de la grappe scorpioïde des Hélianthèmes ; cette #/{lusion serait excusable si la Jusquiame, la Bourrache, plantes dépourvues de stipules, n'avaient aussi des cymes scorpioïdes munies de bractées latérales. RÉPONSE. — Oui, dans les deux dernières plantes citées, les bractées déri- vant de la feuille sont latérales, et j'ai cherché ailleurs à donner l'explication de cette apparente anomalie (1). En ce qui concerne les Æelianthemum, on peut remarquer : 4° Que, dans les À. canum Dun. et ifalicum Pers., espèces sans stipules, les feuilles décroissent vers le haut et passent insensiblement à l’état de bractées offrant le pédoncule à leur aisselle, à 2 Que, dans les 22. intermedium Thib., niloticum Pers., ledifolium Pers., salicifolium Pers., chaque pédoncule de la grappe est opposé à une bractée (de nature foliaire) accompagnée de deux stipules. Que cette bractée et une de ses stipules avortent, l’autre stipule sera latérale. 3° Que ces stipules latérales aux pédoncules et faisant fonction de bractées ne se rencontrent que dans les espèces pourvues de stipules, savoir : H. pulverulentum DC., H. apenninum DC., H. vulgare Gærtn., À. hirtum Pers., Æ. pilosum Pers., H. glaucum Pers., H. papillare Bois. Du moins je n’ai pu constater cette disposition dans les espèces sans stipules. 4° Que, dans l'A. intermedium, les stipules et les deux pièces du stipulium sont également très petites, tandis que les individus à stipules de l’Æ. niloti- cum ont les stipules et les pièces du stipulium spatulées. Enfin on peut reconnaître jusqu’à l'évidence, en présence de bons échan- tillons de l’Æ. lavandulifolium Lam. (tels que ceux de la collection Billot, n° 109 &es), que les deux pièces extérieures au calice et si distinctes des sépales, sont identiques, au double point de vue morphologique et anatomique, avec les stipules comme elles lancéolées-subulées, longuement ciliées et de couleur souvent roussâtre à l’état sec. Je crois avoir répondu à toutes les objections précises et en apparence motivées de M. Planchon. Libre à lui de rejeter l'expression stipulium. Mais mon savant collègue ne veut voir que des feuilles modifiées Rà où j'ai vu des stipules; j'ai toujours donné mes raisons à l'appui de mes détermi- nations morphologiques d'organes, mais on me trouvera constamment prêt à renoncer à mon opinion devant des arguments péremptoires. Je prie donc M. Plauchon, s’il en a par devers lui, de vouloir bien les produire. La science, dont le mot doit être synonyme de certitude et de vérité, ne peut qué _ (4) Voyez le t. VIII de ce recueil, p. 16. SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 186. 5291 gagner à ces discussions, inspirées par la bonne foi et par une estime réci- proque. La séance est subitement interrompue par la nouvelle d'un grave accident arrivé à M. A. Jamain, archiviste de la Société, au moment où il venait de quitter la réunion. SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1862. PRÉSIDENCE DE M, AD, CHATIN, M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 12 décembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Payor (Vénance), naturaliste, à Chamounix (Haute-Savoie), présenté par MM. Chatin et G. Maugin; TourniaiRE (Joseph-Étienne), rue Montorgueil, 54, à Paris, présenté par MM. Oudinet et de Schœnefeld. M. le Président annonce à la Société la perte bien douloureuse qu’elle vient de faire dans la personne de M. le docteur Alexandre Jamain, archiviste de la Société, que. la mort a frappé subitement, pendant la dernière séance, au moment où il venait de quitter la réunion. M. de Schœnefeld, secrétaire général, demande la parole et s'exprime de la manière suivante : Messieurs, Les obsèques de M. le docteur Jamain ont eu lieu le 14 de ce mois, au milieu d’un nombreux concours de parents, d'amis et de collègues. La Société botanique de France y était représentée par son Président, par son Bureau presque au complet, et par un grand nombre d’autres membres. Plusieurs discours ont été prononcés sur la tombe de notre excellent confrère, au nom de MM. les Chirurgiens des hôpitaux de Paris, au nom de l'Administration de l'assistance publique, au nom de l'Association générale des médecins de France, au nom de la Rédaction de la Gazette des hôpi- taux. Un de nos honbrables vice-présidents, M. le docteur Gubler, a bien 522 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. voulu être aussi l'interprète de nos regrets unanimes, et lui a rendu, en notre nom, le tribut d’éloges qui lui était dû. Je vais avoir l’honneur de vous donner lecture du discours de M. Gubler. Discours de M. Ad. Gubler. « La perte des gens de bien est toujours un deuil public ; mais l’émotion » générale est plus poignante, les regrets sont plus amers, quand la mort » frappe tout à coup un homme dans la force de l’âge et de la santé. » Ces deux causes réunies aggravent en ce moment notre affliction. » Le docteur Jean-Alexandre Jamain s'était voué particulièrement à la » carrière chirurgicale ; plusieurs travaux classiques d'anatomie et de chirurgie » l'ont fait connaître avantageusement. Il a même eu l'honneur de collaborer » à l'œuvre magistrale d’un professeur déjà illustre, maintenant devenu popu- » laire. Ces travaux professionnels ne l’occupaient pourtant pas d’une manière » exclusive. Jamain avait hérité d’un goût prononcé pour l’histoire naturelle » et surtout pour la botanique. Des herborisations fréquentes aux environs de » Paris, des voyages plus lointains dans diverses régions de la France, et le » soin de ses collections, absorbaient à peu près des loisirs trop rares dans » la profession médicale. Toutefois, il trouvait encore le temps de s'occuper » activement des intérêts de la Société botanique de France, dont il était l'un » des fondateurs, et dans laquelle il remplissait les fonctions d’archiviste avec » un zèle des plus méritoires. » Après une journée de fatigues consacrée à ses malades, Jamain, müû par » le sentiment du devoir, assistait encore avant-hier à notre dernière réunion. » Cependant il se plaignit à moi d’une souffrance insolite qu’il attribuait au » froid, et me pria de l’ausculter. Je trouvai les signes d’une angine de poi- » trine en rapport avec une lésion du cœur, et lui prescrivis de se retirer » aussitôt chez lui pour se soigner. Il sortit, en effet, quelques instants après, » suivant mes conseils; mais à peine était-il arrivé dans la rue, qu'il s’affaissa » sur lui-même pour ne plus se relever, » Cette mort foudroyante a frappé de stupéfaction à la fois et de douleur » {ous ceux qui, cinq minutes auparavant, l'avaient vu en apparence plein de » vie ét de santé, » Notre infortuné collègue succombe au moment où, après avoir emporté » au concours la place enviée de chirurgien des hôpitaux de Paris, il allait » jouir enfin de la position méritée qu’il avait si laborieusement conquise. | » Je suis l'interprète de la Société botanique de France ; mais j'obéis aussi » à un sentiment personnel, en venant déposer un juste tribut de regrets sur » la tombe d’un de ses membres les plus notables et les plus aimés. » M. le Secrétaire général continue en ces terres : SÉANCE DU 26 DÉCEMPRE 1862. 593 Messieurs, je n'ai rien à ajouter, au nom de la Société, aux éloquentes paroles de notre honorable vice-président. Je n’ai pas non plus la mission de rappeler le mérite éminent de Jamain comme membre du corps médical, ses importantes publications, ses longs et pénibles travaux, enfin couronnés de succès au moment même où une mort subite et prématurée allait lui en ravir le prix. D’autres voix, beaucoup plus autorisées que la mienne, se sont digne- ment acquittées de ce soin. Cependant, Messieurs, je me sens pressé de joindre l'expression de mes propres regrets à ceux que vous avez entendus. Jamain était notre ami à tous; mais, depuis quelques années surtout, j'avais eu de nombreuses occasions d'apprécier ses excellentes qualités, j'avais reçu de lui des preuves de cordiale amitié et je lui avais voué une affection sincère. Le deuil de la Société est donc pour moi un deuil personnel, et il doit m'être permis de rendre un dernier hommage au zélé collègue, au bon camarade, à l'ami dévoué que j'ai perdu. ‘ Jamain avait, on peut le dire, la passion de l’histoire naturelle et surtout de la botanique, et je ne doute pas que si les obligations impérieuses de la car- rière qu’il avait embrassée lui eussent laissé plus de loisirs, il ne fût devenu un naturaliste distingué. Rien ne le rendait plus heureux que les rares instants qu'il pouvait consacrer à la récolte, à l’étude et au classement des plantes. Depuis une année environ, il avait voué tous ses moments disponibles à l’accomplissement de ses fonctions d’archiviste de notre Société, et c’est avec un véritable bonheur qu’il se plaisait à mettre en ordre les richesses de notre bibliothèque et de notre herbier. Le soir même de sa mort il me proposait un rendez-vous pour le lendemain, afin de faire ensemble un petit travail dans l'intérêt de la Société. Lorsqu'il lui était possible de prendre part à nos sessions départementales, on le voyait toujours en tête de notre troupe, et, bien que parvenu à la matu- rité de l’âge, il savait donner l’exemple aux plus jeunes et aux plus ardents. Il était chaque matin le premier au départ; et, chaque soir, le dernier d'entre nous, il éteignait sa lumière après avoir soigneusement rangé ses récoltes de la journée. Mais ce qui le distinguait surtout, c'était l’affabilité, la douceur de son caractère, une modestie pleine de charme, une constante égalité d'humeur, un enjouement communicatif, un joyeux dédain des tracas de la vie, qui en faisaient le plus aimable des camarades; un désintéressement, une obligeance, un dévouement à toute épreuve, qui en faisaient un ami sûr et précieux. Ajoutez à cela le sentiment du devoir, toujours présent et toujours écouté, même au milieu des élans de la plus vive gaieté. Quand nous étions ensemble, l'été dernier, à jouir de quelques rapides journées de vacances aux bains de Lamalou, je lai vu tout quitter pour courir à la recherche de trois de nos camarades égarés dans la montagne, et faire plusieurs lieues pour aller visiter 52h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. un malade en faveur duquel un médecin du pays avait réclamé le secours de son expérience, Jamain comprenait bien que la noble profession du médecin est, avant tout, une sorte de sacerdoce, une carrière d’abnégation, une mis- sion d'humanité. Grands ou petits, riches ou pauvres, connus ou inconnus, tous les êtres souffrants dont son habileté pouvait soulager les maux étaient sûrs de trouver auprès de lui le même accueil toujours empressé et bienveillant. Enfin, Messieurs, n'oublions pas les circonstances, doublement doulou- reuses pour nous, dans lesquelles nous avons perdu notre ami. C’est ici même, assis parmi nous, en remplissant ses devoirs de membre de notre Bureau, qu’il a éprouvé les premières atteintes du mal presque foudroyant qui nous l'a ravi. C’est sur le seuil de cette maison qu'il a rendu le dernier soupir. Nous pouvons vraiment dire que c’est en servant notre Société qu'il a succombé. Que sa mémoire reste donc chère et honorée parmi nous, et que le souvenir de son dévouement, de ce dévouement qui a duré jusqu’à l'heure suprême, nous serve de modèle à tous ! Lecture est donnée d’une lettre de M. Armand Lombard, qui remercie la Société de l’avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : 1° De la part de M. Alph. De Candolle : Rapport sur les travaux de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, 1861-62. 2° De la part de M. Ch. Martins : Index seminum Horti monspeliensis, anno 1862. 3° De la part de M. Malbranche : Revue des plantes rares ou critiques de la Seine-Inférieure, 1° mé- moire. 4° De la part de M. Maxwell T. Masters : Vegetable morphology, its history and present condition. Note on a unusual mode of germination in the Mango. 5 De la part de la Société d'Horticulture et de Botanique de l'Hérault : Annales de cette Société, t. II, n° 4. 6 De la part de la Société d'Horticulture et d’Arboriculture de la Côte-d'Or : Bulletin de cette Société, juillet-août 1862. SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1862. 525 7° En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société des sciences de l’Yonne, 1862, trim. 1 et 2. Atti della Societa italiana di Scienze naturali, t. IV, fasc. 3. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture, novem- bre 1862. Bulletin de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, novem- bre 1862. L'Institut, décembre 1862, deux numéros. M. le Secrétaire général donne lecture des extraits suivants de deux lettres qui lui ont été adressées : LETTRE DE M. J,. DUVAL-JOUVE. Strasbourg, 28 novembre 1862. .…. Dans son charmant article sur la synonymie du Æanunculus Philo- notis Ehrh., M. Aug. Gras a mis la plus gracieuse urbanité à faire entendre que j'ai à tort reproché à Ehrhart d’avoir mal dérivé le mot 7elmateia de l'adjectif +epareatos (Bull. 1. VIIT, p. 639). Notre savant confrère « croit » plus probable qu’Ehrhart à formé son substantif de +éux, +uaros, boue » et de x, herbe, de la même manière qu'avec x et réyxy25, marais, il aura » forgé Zenageia » (Bull. t. IX, p. 333). Certainement cela est plus pro- bable, et M. Aug. Gras doit tout à fait avoir raison contre moi. Je le crois d'autant plus que j'avais songé moi-même à cette formation du mot 7e/ma- teia, et, en remerciant M. Gras de sa rectification, je demande la permis- sion d'exposer les raisons qui m'avaient empêché de suivre ma première opinion. En cherchant #:+ dans les dictionnaires grecs les plus récents (dans celui d'Alexandre et dans le Thesaurus de H. Estienne, édition de Didot), j'avais trouvé : 1° Que #ia ou ta ne signifie pas Lerbe, mais provisions, nourriture : Polaris ÉAiguiaiy ctLeG AV, aïre 28° Oary Ovoy, 7220 akiov re, Ov 7’ Tix É)OVTAt (Hom. Jliade, XIE, 103); puis, par extension, nourriture des herbivores, fourrage. 2° Que #ïa n’est pas un singulier, mais un nom pluriel inusité au singu- lier. (Le Thesaurus cite aussi ciat, eist, ci, Mais sans singulier.) Il m'avait donc semblé que si Ehrhart avait voulu employer ce radical, il aurait forgé Ze/mateion, comme il avait fait Zæothryon, de Bax:, petit, et 526 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bpboy, jonc, car ce naturaliste avait un faible pour les épithètes à majuscule; et, plutôt que d'attribuer à Ehrhart l’énormité d’un nom terminé par un radical au pluriel, je pensai alors qu'il avait pris le féminin d’un adjectif, féminin gouverné par un sous-entendu quelconque du même genre, x6x, ou herba. Mais évidemment M. Aug. Gras a raison; Ehrhart n’y aura pas regardé de si près, et, d’ailleurs, il est juste de dire à sa décharge que j'ai moi-même, mais plus tard, trouvé dans le Zexicon manuale græcum de B. Hederich, édition de 4755, eix, comme nom singulier, traduit par kerba, gramen, sur l’autorité de Suidas et de Hesychius. Je me range donc tout à fait à l'opinion de M. Aug. Gras. LETTRE DE M, C. BILLOT. Mutzig (Bas-Rhin), 45 décembre 1862. Mon cher confrère, | La note élégante et très érudite, dans laquelle la justice de M. Aug. Gras enlève à Ehrhart, pour les rendre à Crantz, les honneurs du nom princeps que doit porter le Æanunculus sardous (1), a été lue par moi avec un intérêt que vous comprendrez facilement lorsque j'aurai ajouté que, déjà en avril 1850, j'ai moi-même formé la même réclamation en faveur du botaniste autrichien. Hélas! elle n’était pas, comme celle de notre savant confrère de Turin, embellie de tous les charmes de l’érudition; elle consistait en une simple étiquette de mes centuries, mentionnée dans les Archives de la Flore de France et d'Allemagne, p. 156 et 158, et ainsi conçue : « 306. RANUNCULUS SARDOUS Crantz, Austr,, ann. 1763. — À. Philo- » notis Retz. Obs. 6, p. 31, ann. 1774; K. Syn. 19; D. 12; G.G. I, p. 56. » — Mai 1848. Lieux humides près d’Ajaccio ; rec. par Requien. » J'ose néanmoins vous prier de vouloir bien en faire mention à la Société, non que j'aie l’intention de revendiquer un vain droit de priorité sur celle rectification de synonymie (dont M. Grenier m'avait parlé sans en user dans sa Flore de France), mais seulement à l’effet de montrer que je partage entièrement l’avis de M. Aug. Gras (2). Recevez, etc. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : (1) Voyez plus haut, p. 324 et suiv. (2) Note ajoutée par M. Billot pendant l’impression (janvier 1863). — Dans l'OEs- . terreichische botanische Zeitschrift de janvier 1858 se trouve une notice sur des syn0” nymes inexacts de quelques espèces de la Basse-Autriche, par M. Aug. Neilreich. On y lit: « Ranunculus sardous Crantz Stirp. austr. 11 (1763), p. 111, et non R. Philonotis » Ehrh. Beitr. 11 (1788), p. 445. Ehrhart connaissait le nom plus ancien de Crant’; » on ne conçoit pas pourquoi il l’a ainsi changé. » SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1862. 527 SUR UNE FORME NAINE DE L'AJRA MEDIA Gouan, par ME. J. DUVAL-JOUVE. (Strasbourg, 16 novembre 1862.) Le 12 septembre 1860, en compagnie de notre confrère M. Billot, je trouvai au bord du petit étang de Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône) des échantillons d’un Aira que sa petite taille (0",08 à 0,15) m'empêcha d’abord de déterminer ; bientôt j'en vis de plus grands et j'y reconnus l'A ira media Gouan. J’attribuai, alors comme aujourd’hui, la réduction de la plupart d’entre eux à l'influence du sol maigre et desséché de la plaine stérile et caillouteuse de la Crau; et, sans y attacher aucune importance, j'en recueillis quelques- uns comme simple souvenir de localité. En octobre dernier, M, le docteur Diomède Tuezkiewicz m'adressait un échantillon d’une plante récoltée par M. le docteur Martin d’Aumessas, en juin, à Alzon (Gard), sur un terrain sablonneux calcaire. A première vue, je reconnaissais ma plante de la Crau, mais plus réduite encore, car le spécimen d'Alzon n’a pas tout à fait 6 centimètres de hauteur. Il était étiqueté : « Aira » subtriflora Lag.; voir J. Gay, Bull. Soc. bot. V, p. 334 et suiv. » Cette précieuse indication me fit recourir à la note si intéressante que M. J. Gay à publiée en 1858 sur des échantillons qu'il possède de l’Aira subtriflora Lag., et qui lui viennent « de Madrid ou de ses environs ». J’y vis que notre savant confrère « établit en fait que l’Aira subtriflora n’est pas une espèce, mais » un état maladif de l’Arra media »; que l’altération des organes sexuels, due à la présence du Z'lletia Caries Tulasne sur l'Aira media, « comme sur « l'Agrostis vulgaris, entraîne trois autres modifications principales dans » les autres parties de la plante » : 4° la réduction au quart environ de la taille habituelle ; 2° la contraction de la panicule ; 3° l'augmentation du volume des épillets. Vérification faite de l'échantillon de M. le docteur Tuezkiewicz, il se trouva que, bien qu’il n'ait pas 6 centimètres de haut : 1° ses panicules ne sont point contractées ; 2° ses épillets ont la grosseur ordinaire ; 3° les orgaues sexuels sont dans l’état normal, avec un pollen bien conformé et des ovaires bien déve- loppés. Même état normal sur ceux que M. le docteur Tuezkiewicz conserve dans son herbier, d’après sa lettre du 29 octobre dernier; même état sur les échantillons un peu plus grands récoltés par moi en Crau. De là il résulte que, s’il est d’une incontestable certitude que, sur les échan- tillons espagnols et sur celui de l'Aÿra subaristata possédés par M. Gay, la: réduction de la taille se montre en même temps que la Carie, il est d'une certitude non moins incontestable que cette réduction ne dépend pas de cette cause unique, qu'elle peut exister sans cette altération, avec des organes reproducteurs parfaitement sains et des caryopses bien développés. Dés lors, n'est-ce pas aller trop loin que de ramener les Aëra pumila Vill. (Aira 528 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. media G. Mutel), Aira triflora Rœm. et Schult., Deschampsia subtriflora Parlat., en un mot les formes naines de l’Aira media, à n'être qu’une défor- mation résultant de cet état maladif? Lagasca se borne à dire des glumelles : « Corollis basi pilosis infra medium aristatis ». On concçoit qu’une description aussi courte n’a pas exigé une analyse bien minutieuse et a pu laisser ignorer l'altération des organes sexuels. Mais la description des mêmes parties par Rœmer et Schultes est si complète et si détaillée qu’elle a dû être précédée d’une analyse très attentive, et qu’elle porte à croire que l'échantillon était dans un état normal. 1l est à remarquer encore que les mêmes auteurs disent : « Panicula patentiuscula..., ramis in nostris erectiusculis », tandis que La- gasca, dans sa description qu'ils rapportent, dit très expressément : « Panicula » erecta confertiuscula ». Villars dit, il est vrai, de sa plante: « Panicula » fastigiata » (Mutel, F7. fr. IV, p. 50); mais je possède des individus très grands, de 0,60 de haut, très bien développés, et dont la panicule est con- tractée; et Mutel lui-même (/. c.) mentionne « une variété ç une fois plus » grande et plus robuste que la var. a, à panicule allongée, resserrée »; ce qui me paraît ôter presque toute importance au caractère tiré du degré de contraction de la pauicule. Je vois dans le Prodromus flor. hisp. de M. Will- komm le Deschampsia flezuosa caractérisé par « panicula effusa », et immédia- tement après une variété de cette même espèce, ainsi mentionnée et caracté- risée : « y brachyphylla GAY in Dur. pl. exs. Astur, Nana, foliis abbre- » viatis, recurvis, panicula contracta angusta brevi » (p. 66). Voilà, d’après M. J. Gay lui-même, une forme naine de l'Atra flezuosa sans aucune appa- rence de Carie, répondant exactement à la forme naine de l’Aira media d’Alzon et de la Crau. Il me semble donc, je le répète, que c'est aller trop loin que de rapporter à une altération des organes sexuels de l’Aira media toute la synonymie qui a trait à la forme réduite de cette espèce (Bull. V, p. 336). Rœmer et Schultes conservent l’Aira juncea Vill. et l’Aira media Gouan comme espèces distinctes, la première « foliis subulatis, arista e basi calycis », la seconde « foliis setaceis, bipollicaribus, arista subterminali » (Syst. veÿ- II, p. 487 et 488). J'ai dû examiner s’il n’y avait pas lieu d'établir pour l'Aira media, comme M. Willkomm l'a fait pour l'Aira flexuosa, deux variétés bien caractérisées par la longueur des feuilles et le point d'insertion de l'arête- Mais cela est tout à fait impossible. On trouve des feuilles de toutes les lon- gueurs comprises entre 2 et 25 centimètres; les plus courtes sont courbées en dehors, les plus longues dressées et jonciformes, absolument comme on le remarque sur les diverses formes du Festuca duriuscula L. D'autre part, comme le fait avec raison remarquer M. J. Gay, l’arête est très variable quant à son insertion et à sa longueur, médiane, subapiculaire, comme l'a dit Gouan, ou tout à fait apiculaire et très courte ; bien plus, elle manque abso- lument sur un grand nombre de sujets, tandis que sur d’autres elle est basi- SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1862. 229 laire, torduc ct genoullée !, dépassant de beaucoup la longueur des épillets ; et cela avec des chaumes et des feuilles de toute longucur, de telle sorte que la révision des 74 échantillons de mon herbier, provenant de 46 localités, ne m'a pas permis de trouver deux caractères s’accompagnant constamment. L'établissement de deux variétés ne pourrait se faire que sur deux échantil- lons choisis parmi les formes extrêmes, et encore ne serait-il pas bien sûr que les caractères assignés existassent sur tous les pieds d’une même touffe, sur tous les épillets d’une même panicule. À la suite de cette communication, M. J. Gay présente les obser- vations suivantes : Il résulte de la communication qui vient de nous être faite au nom de M. Duval-Jouve, que le Deschampsia media peut se trouver à l'état nain sans que cette différence de taille soit accompagnée d'aucune altération dans les organes sexuels de la fleur ; d’où l’auteur conclut que j'aurais été trop loin en rapportant à l'Aira subtriflora de Lagasca, considéré comme un état maladif du D. media, toute la synonymic du nain de cette dernière espèce. Si j'ai eu quelque tort à ce sujet, ce n’est que relativement à une plante de l'Ardèche, que Mutel a distinguée sous le nom d’Aira media B, et qui, sui- vant le même auteur, serait l’Aira pumila Vill. ined. N'ayant vu aucun échan- lillon de cette plante, d’ailleurs très imparfaitement décrite, il eût sans doute été plus prudent de ma part de n’en tenir aucun compte; mais on comprendra que, la voyant décrite comme naine et n’ayant alors aucune connaissance d’un D. media nain sans altération des organes floraux, j'aie été presque irrésis- tiblement porté à l'enregistrer parmi les synonymes du 2. media maladif, C'est-à-dire de l’Aira subtriflora Lag. Quant aux autres synonymes dont j'ai accompagné l’histoire de l'A ira sub- triflora, ils ne sauraient guère être contestés, puisque ceux de Lagasca et de Faye proviennent d'échantillons authentiques, et que les autres se rapportent à des plantes espagnoles données par les auteurs eux-mêmes pour l'Aira subtriflora. Je maintiens, au surplus, tout ce que j'ai dit de la nature de l'Azra subtri- flora, et je répète que c’est une monstruosité du Deschampsia media princi- palement caractérisée par son nanisme et ses organes génitaux atteints de carie ; ce qui n'empêche pas que la mûne espèce ne puisse se trouver à l'état nain, Sans Carie, comme M. Duval-Jouve vient de nous le montrer. Il est bon d'ajouter que MM. Willkomm et Lange, qui ont fouillé avec tant de soin les herbiers de Madrid pour y chercher principalement les échantil- lons aulographes de Lagasca, adoptent pleinement ma manière de voir à ce sujet : Zuc pertinet etiam Atra subtriflora Lag., disent-ils dans une observa- tion qui fait suite à leur Deschampsia media, que nikil est nist status Us à QU 530 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D. mediæ morbosus Uredine Caries genitalia corrumpente productus (Prodr. fl. hisp. 1, 1861, p. 66, où ils veulent bien citer mon petit mémoire). Il est vrai que M. Cutanda ne connaît aucun Deschampsia media mon- strueux par carie, et qu’il persiste à ne voir dans l’Aëra subtriflora de Lagasca que le Desch. cæspitosa (Flora compendiäna de Madrid y su provinaa, 1861, p. 696). Mais, indépendamment du témoignage contraire de MM. Reu- ter, L. Dufour, Willkomm, Graëlls et Lange (je les cite dans l’ordre des dates, de 4842 à 1854), qui tous m'ont envoyé, sous le nom d’Aira subtri- flora, la plante dont il est ici question, de M. Wilkomm surtout, dont l'échan- tillon provenait de l’herbier de Boutelou, à qui il avait été envoyé par Lagasca lui-même ; indépendamment, dis-je, de ces témoignagnes, je puis invoquer contre M. Cutanda la diagnose de l’Aira subtriflora publiée par Lagasca, p. 39 du volume intitulé : Varied. de cienc., litt. y art., t. IV (Madrid, 1805). Cette diagnose, à laquelle se réduit toute la description, est ainsi conçue : « AIRA SUBTRIFLORA, panicula erecta, confertiuscula ; calycibus plerumque »_trifloris : corollis basi pilosis , infra medium aristatis ; arista recta, floribus » subæquali : foliis subulatis, strictis. Cum icone edenda. » Figure qui sûre- ment n’a jamais été publiée. Cette diagnose est assurément bien incomplète, mais ce qu’elle dit de la panicule un peu serrée et des feuilles strictement subulées ne saurait absolu- ment pas s'appliquer au Desch. cæspitosa , tandis que ces mêmes expressions répondent parfaitement à ce que MM. Reuter, L. Dufour, Willkomm, Graëlls, Lange et moi, prenons pour l'Aira subtriflora. D'où je suis autorisé à con- clure que M. Cutanda aura été mal informé. Je finis ce trop long commentaire en notant que le nom de media donné à l'espèce dont l’Atra subtriflora n’est qu'une monstruosité, n’est peut-être pas définitif. C’est effectivement J'Aira media Gouan (//L. 1773, p. 3) qui à transmis son nom à l’espèce dont il s’agit. Or, j'ai reçu de Dunal, en 1817, sous le nom d’Aëra mediz Gouan, une plante qui n’était même pas congénère de notre espèce, puisque c'était le Corynephorus articulatus P. B. Je n'y pris pas garde d’abord, supposant que c’était un échantillon mal déterminé, mais le même avis me revenait vingt-deux ans plus tard (en 1839) par : bouche de feu Boivin, disant avoir vu et même posséder des échantillons el voyés par Gouan et par Pourret à madame du Gage de Pomméreuil sors le nom d'Aira media, lesquels échantillons appartenaient encore au Corynephorus articulatus! Y a-t-il entre ces deux avis un accord fortait et fautif? Ou bien est-ce ua fait synonymique qui se révèle tardivement ? C'est ce qu'il sera probablement facile de vérifier, soit dans l'herbier de Gouan conservé * Kew, soit dans celui de Pourret conservé au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Au cas où l'Aëra media Gouan (que l’auteur a décrit trop imparfoite- SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1862. 531 ment) serait réellement synonyme du Corynephorus articulatus, V'Aira media auct., ou Deschampsia media R. S., devrait prendre le nom de Desch. Juncea, parce que l’Aira juncea Vill. est, après le temps de Gouan, le plus ancien synonyme certain de notre plante. M. Duchartre met sous les yeux de la Société des feuilles ovulifères de Cycas revoluta, qui lui ont été envoyées de Montpellier par M. Ch. Martins, et donne les détails suivanis sur les ovules portés par ces feuilles : SUR UN CAS DE GROSSISSEMENT, SANS FÉCONDATION, DES OVULES DU CYCAS REVOLUTA, par RE. PP. DUCHARTRE. J'ai eu l'honneur de signaler à la Société, dans une de ses dernières séances (1), les deux particularités remarquables que vient d'offrir, au Jardin- des-plantes de Paris, un beau pied de Cycas circinalis L., qui a développé, pour la première fois, un volumineux faisceau de feuilles ovulifères, et qui en même temps a produit une grande quantité de bourgeons adventifs sur toute la longueur de son tronc ; aujourd’hui je crois devoir appeler un instant son attention sur un fait intéressant que vient de présenter, dans le même établis- sement, une autre espèce du même genre, le Cycas revoluta Thunb. Un bel individu de cette espèce y avait déjà fleuri antérieurement; il vient de développer encore, cette année, son curieux faisceau de feuilles ovuli- fères ; on voit donc que c’est un pied femelle, comme la généralité des Cycas revoluta qui existent en Europe. Il aurait été intéressant de féconder les ovules qui s'étaient montrés en grand nombre; mais l'impossibilité de se procurer du pollen de la même espèce fit perdre tout espoir à cet égard; seulement un pied de Ceratozamia mexicana Brong. portant un chaton mâle au même moment, dans les serres du Jardin-des-plantes, M. Houllet eut l’idée d’en mettre le pollen sur les ovules du C'ycas revoluta. Comme le savait très bien l'habile jardinier en chef des serres de ce grand établissement, en supposant que l’hybridation soit possible chez les Cycadées, ce que je ne sache pas que l'expérience ait encore démontré, il n'y avait guère lieu de s'attendre à la voir réussir entre deux genres aussi dissemblables d'organisation que les Cycas et Ceratozunia: aussi cet essai de fécondation croisée n’a-t-il pas donné lieu à la formation d’un embryon. Toutefois ce résultat négatif a été accompagné d'un résultat positif qui ne manque pas d'intérêt. En effet, parmi les ovules de Cycas revoluta qui ont reçu le pollen du Ceratozamia, quelques-uns ont Pris un accroissement considérable qui approche de celui qu’on observe à la (1) Voyez plus haut, p. 434. 532 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. suite d’une fécondation légitime, dans les contrées d’où nous viennent ces beaux végétaux. Ainsi celui que je mets en ce moment sous les yeux de la Société mesure 0,04 de longueur sur 0,03 de largeur et 0,02 d'épaisseur. A part l'embryon, dont on n’observe pas de vestige, toutes les autres parties de cet ovule devenu fruit, s’il est permis de s'exprimer ainsi, sont parfaitement développées. Un volumineux albumen y forme une masse centrale ovoïde, un peu comprimée, longue d'environ 0,025 sur 0",02, qui en remplit toute la cavité ; la couche résistante qui constitue l’espèce de noyau du fruit des Cycas s’y montre assez dure pour résister fortement au couteau; enfin la couche charnue externe, colorée en rouge-orangé dans toute sa masse, à 4 ou 5 mil- limètres d'épaisseur. Il y a donc eu, ce me semble, dans ce développement des parties constitutives de cet ovule, un fait analogue, dans certaines limites, à celui grâce auquel plusieurs plantes cultivées, le Raisin-de-Corinthe, les Bananiers, l’Arbre-à-pain, etc., donnent des fruits qui sont comestibles, tout en restant inembryonés ; seulement, dans notre Cycas, ce sont les parties de l’ovule qui se sont accrues, comme le font, dans les plantes que je viens de citer, le péricarpe et quelquefois des organes extérieurs à la fleur elle-même. Si, comme je suis porté à le croire, il faut attribuer cet accroissement à une excitation produite par le pollen qui n’a pu déterminer la formation d’un embryon, ce serait là une circonstance analogue à celle que M. Naudin à constatée dans quelques-unes de ses expériences, dans lesquelles une fécon- dation croisée, tout en restant impuissante à faire paître un embryon d'hy- bride, a cependant amené le développement de l'ovaire en un fruit normal de volume et d'apparence, mais dépourvu de graines, ou ne contenant que des graines sans embryon. C’est là ce qui m'a semblé avoir assez d'intérêt pour mériter d’être signalé à la Société. Le motif qui me fait attribuer au pollen du Ceratozamia agissant sur les ovules du C'ycas revoluta Y'accroissement considérable qu'ont pris ces der- niers, c'est la comparaison qu’un heureux hasard m'a permis d’en faire avec des ovules de la même espèce qui avaient été abandonnés à eux-mêmes. Je viens, en effet, de recevoir de M. Martins queiques feuilles ovulifères d'un Cycas revoluta très fort, qui existe au jardin botanique de Montpellier, et qu! y fleurit à peu près régulièrement tous les deux ans, au moment où 08 le retire de la serre pour le placer en plein air. J'ai lieu de croire que M. Mar” tüns, en me faisant cet envoi, avait choisi celles de ces feuilles qui portaient les ovules les plus avancés; or ceux-ci s'étaient déjà tous détachés et le plus gros d'entre eux n’a que 0",02 de longueur. L’albumen qu'il renferue n'occupe qu'une portion de la cavité interne, et sa substance translucide est presque gélatineuse. D’un autre côté, lorsque le Cycas revoluta dont il vieu d’être question a eu sa première floraison au Jardin-des-plantes de Paris Û n'a pas développé ses ovules à beaucoup près autant qu'il vient de le faire, cette année, sous l'influence du pollen de Ceratozamta. SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1862. 533 Si cependant l'idée que je viens d'exprimer n'était pas fondée et que l’in- fluence du pollen de Ceratozamia n’eût été pour rien dans l'accroissement qu'ont pris les ovules du Cycas revoluta, il resterait encore à un exemple remarquable et bien digne d’être signalé d’ovules dont les parties constitutives de second ordre, s’il est permis de désigner ainsi celles qui entourent l’em- bryon, seraient susceptibles de passer par toutes les phases de leur évolution normale, et cela spontanément, sans qu’on pât en voir la cause ni dans une fécondation, ni même dans une excitation d'aucune sorte. M. À. Gris, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : LETTRE DE M. BELNOMME. A M. le Président de la Société botanique de France. Jardin botanique de Metz, 13 décembre 1862. J'ai reçu, en avril 1862, de la Société impériale zoologique d’Acclimatation, des graines d’une espèce de Maïs, dite du Sénégal. Ces graines ont été semées en pleine terre et ont parfaitement réussi. Les plantes ont végété vigoureusement, bien que placées dans un sol très maigre ; elles ont atteint la hauteur de 2",10. Une variété à tige, feuilles et enveloppe florale violacées, est sortie du même semis, mais identique en tout comme végétation. Ce qui me paraît remarquable, au point de vue botanique, et sur quoi j'insiste, c'est que les épis femelles sont androgynes, ce qu’il est facile de vérifier sur l'échantillon que j'ai l'honneur de transmettre à la Société, L’axe de l’épi femelle est terminé en une courbure assez forte, longue d’en- viron 0,45, dont la moitié est couverte d’étamines, et dont l’autre partie, terminant l'axe, porte des stigmates ; sur d’autres épis, cette courbure n’est couverte que d’étamines ; leur disposition est la même que celle des ovules sur l'épi. Les filets des étamines sont très courts. Est-ce un caractère particulier à cette espèce? Ce n’est point une anomalie, Puisque tous les pieds ont présenté ces mêmes caractères. Les épis mâles, terminant l’axe, comme dans toutes les espèces, se sont développés les premiers, avant les épis femelles, de sorte qu'au moment de la floraison de ces derniers les anthères étaient vides. Est-ce une prévoyance du Créateur vis-à-vis de cette espèce, que de voir les deux sexes, sur l’épi femelle, qui se développent juste au moment où les stigmates ont besoin du pollen pour être fécondés ? Je laisse aux savants le soin de résoudre ces questions qui, je crois, offri- ront quelque intérêt à la Société botanique de France; en tont Cas, sj ce 534 © SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. caractère physiologique suffit pour établir une espèce, ce Maïs méritera bien le nom de Zea androgyna. Recevez, etc. M. A. Gris donne ensuite lecture d’une lettre qui lui a été adressée par M. Planchon au sujet de la communication que M. Gris à faite à la Société, dans la séance du 14 novembre dernier (1) : LETTRE DE NE. d.-E, PLANCHION À M. À GRIS. Montpellier, décembre 1862. Monsieur et cher confrère, Je vous remercie de la courtoisie que vous avez mise à éclairer et à rectifier mes idées sur la nature du test du Ricin. Les pièces anatomiques, les dessins que vous avez bien voulu me soumettre, sans suppléer entièrement à l'étude directe du développement graduel des tissus en litige, me semblent néanmoins tout à fait favorables à votre manière de voir, et, si j’ai usé librement du droit de contester une opinion que je croyais fausse, la loyauté me fait un devoir de reconnaître que c’est très probablement moi qui me trompais. Permettez-moi seulement d'expliquer à quel genre d’illusion j'ai cédé, et cela moins pour sauvegarder mon amour-propre que pour prévenir, s'il est possible, d’autres déceptions du même genre. Dans le dessin de l’ovule de Ricin que je vous ai communiqué, vous avez remarqué vous-même deux couches contiguës de cellules fibreuses, perpendi- culaires à la surface de la graine. La couche externe, plus mince, vous Ja regardez comme appartenant à la primine, dont elle représenterait l'épiderme intérieur ; la couche interne, plus épaisse, et peut-être la seule qui devienne franchement crustacée (2), vous la considérez comme partie intégrante de là secondine. Pour moi, ne jugeant que d'après un dessin sans texte datant d’une ving- taine d'années, j'ai cru que les deux couches appartenaient au même système et représentaient par rapport à la primine l’endocarpe osseux des drupes. Ea cela, je me suis probablement trompé, et j'ai trop consulté les apparences de la graine mûre. Mais avouez que la fig. 3 de votre première note sur la graine, de Ricin (Ann. des sc, nat. L° série, t. XV, tab. 2) semblait confirmer mon propre dessin en montrant la couche crustacée comme liée plutôt à la primine qu'à la secondine, Mon erreur aura donc eu cet effet utile de vous engager à publier d'excellents dessins qui méritaient de voir le jour et dont je suis le premier à reconnaître la valeur. (1) Voyez plus haut, p. 433. (2) Cette couche seule devient crustacée (A. G.) SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1862. 535 Quant aux citations erronées d’Aug. de Saint-Hilaire et de M. Schleiden, je ne me les pardonnerais pas si j'avais à me les reprocher dans un travail ex professo sur la question. La seule circonstance atténuante, c’est que j'ai cité de mémoire avec trop de confiance et dans la persuasion que mon excellent maître Aug. de Saint-Hilaire, sous les yeux duquel mon mémoire sur l'arille avait été fait et imprimé, n'avait pu avoir là-dessus d’autres idées que les miennes. J'aurais encore bien des choses à ajouter sur ce sujet, mais je craindrais de faire une apologie, tandis qu'il s’agit d’un aveu sincère et d'un hommage loyal aux droits de la vérité. M. Eug. Fournier fait à la Société la communication suivante : SUR L'EMBRYON DU GENRE STROGANOWIA, par ME, Eug. FOURNIER. Le genre Sfroganowia, qui appartient à la famille des Crucifères, a été décrit par MM. Karelin et Kirilow dans le Zulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1841, p. 386. Ils en ont alors regardé les cotylédons comme condupliqués : « embryonis exalbuminosi cotyledones conduplicatæ. » L'année suivante, les mêmes auteurs, revenant, à propos de nouvelles espèces, sur les caractères du genre, s'expriment ainsi (Bull. Soc. nat., 1842, p. 535) : « Genus Stroganowiæ nostrum in nullo e subordinibus a cel. Candolle » Constitutis rite est collocandam, et probabiliter subordinem proprium, » Orthorizeæ nominandum, sistere debet, de qua re seminis ejus examen » accuratius nos instruxit. Cotyledones enim illius non ut in Orthoploceis lon- » gitudinaliter conduplicatæ, neque ut in Diplecolobeis bis plicatæ, sed semel » transversaliter paulo infra medium sunt plicatæ. Radicula recta, basi coty- » ledonum contraria, dorsi earum partem superiorem spectans. » Peu de temps après, MM. Fischer et Meyer, dans l'énumération des plantes recueillies par Schrenk, donnent au genre S/roganowia « cotyledones bicrures, » dissepimento parallelæ ; radicula dorsalis, ascendens, valvularum nervo paral- » Jela »; et ils ajoutent : « Genus insigne, seminum structura Senchieram » exacte refert, a qua habitu et fructus fabrica differt. » Quant aux ouvrages d'Endlicher et de Walpers, ils n'ont fait que repro- duire ces diverses opinions. M. J. Hooker, dans le nouveau Genera planta- rum, dit seulement, en décrivant le genre : « cotyledones planiusculæ v. inte- » riore concava » (p. 88): J'ai examiné avec soin un grand nombre de graines parfaitement mûres des Stroganowia brachyota et Str. intermrdia, prises sur les échantillons Envoyés au Muséum par le Musée de Saint-Pétersbourg ; et j'ai eu l'explication des contradictions que je viens de citer. En effet, dans le S!r. brachuota, j'ai 536 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trouvé plusieurs fois la radicule parfaitement commissurale, dans une autre graine elle était oblique, les cotylédons n'offrant rien de particulier. Dans le Str. intermedia, la radicule s’est toujours montrée dorsale, et dans quelques graines les cotylédons se recourbaient de chaque côté autour de la radicule, mais sans l'enfermer complétement; cela nous explique pourquoi on avait placé le genre parmi les Orthoplocées. Enfin quelques graines de cette der- nière espèce m'ont offert des cotylédons qui, vers le tiers supérieur de leur hauteur, se repliaient sur eux-mêmes, et dont le pli mesure 4 millimètre de hauteur environ, après quoi ils descendent de nouveau verticalement. Le genre Stroganowia, dont toutes les espèces se ressemblent, et qui paraît fort naturel, offre done un nouvel exemple de la variabilité des caractères embryonnaires dans la famille des Crucifères. Le seul caractère constant qu'en présente l'embryon est dans la brièveté de la radicule. En effet, celle-ci n’atteint pas toujours le niveau de l'extrémité des cotylédons, contre lesquels elle est recourbée, et quand elle l’atteint, c’est à cause de la plicature de ces organes ; en outre, la naissance des cotylédons n’a pas lieu, comme dans la plupart des Crucifères, au point où existe la courbure de l'embryon, mais à peu près à la moitié de la hauteur du côté que la radicule occupe ordinairement tout entière. Il est évident, d’après ce peu de mots, que l’on perdra son temps si l'on cherche à classer le genre Stroganowia en prenant pour guide la forme de son embryon. Or son fruit est celui d’une Caméline, dans lequel deux graines seulement se seraient développées. 1l offre un peu le port des Camélines, et leur ressemble par ses feuilles auriculées, et surtout par les valves du fruit, mucro- nées et soudées avec le style, circonstance qui entraîne la chute du style avec celle des valves. El est vrai que le fruit est légèrement comprimé contrairement aux valves, et non sphérique comme dans les Camelina, ce qui a engagé M. J. Hooker à le placer dans les Lépidinées. Nous noterons, en passant, que l'éminent botaniste anglais ne reconnaît qu’une espèce de Sroganowia, ce qui prouve en tout cas combien ce genre est naturel. M. J, Gay dit : Que l'importance reconnue aux caractères de l'embryon des Crucifères par Gærtner, R. Brown et De Candolle est bien affaiblie aujourd’hui. Il rappelle qu'il a contribué luismême à modifier sur ce point les opinions reçues. Il ajoute que d’ailleurs Gærtner ne considérait ces caractères que comme des caractères spécifiques ; que R. Brown ne les a pas pris d’une manière absolue comme caractères génériques, et s’en est seulement servi quelquefois pour appuyer [a formation d'un genre; et que De Candolle, qui les a étudiés avec plus de soin, ne leur a pas cependant attaché une importance exagérée, témoin le tableau à double entrée, placé dans le Systema, et dans lequel il semble SÉANCE DU 26 DÉCEMPRE 4862. 537 donner une importance égale aux caractères du fruit et à ceux de l'embryon, dans la constitution des tribus des Crucifères. M. Gay conclut des faits observés jusqu'ici qu'il n’y a dans cette famille aucun caractère dominant qui doive servir à la diviser en sections. M. Cosson partage l'opinion que vient d’exprimer M. Gay, et ajoute qu'il en est ainsi dans toutes les familles vraiment naturelles. Il dit avoir observé que la tribu des Érucariées présente des cotylé- dons plans, concaves on condupliqués, transition qui, d’ailleurs, est très rare dans la famille des Crucifères, tandis que les types à radicule dorsale ou latérale sont reliés par de nombreux intermé- diaires. liectification du compte rendu de la séance du 28 novembre 1862. L'observation de M. Bureau (mentionnée plus haut, p. 447-448) doit être rectifiée et complétée de la manière suivante : Dans le département de la Loire-Inférieure, dit M. Éd. Bureau, il n’est pas rare de rencontrer des Agaricus campestris L., d'une taille qui dépasse plus ou moins les dimensions habituelles de l'espèce, surtout dans les prairies situées sur des terres grasses ct fortes. Ce qu’il y a de remarquable, c'est que ces individus, plus vigoureusement constitués, perdent très souvent l'odeur caractéristique de leur espèce, pour prendre une odeur d'anis des plus pro- noncées ; leur chapeau est lisse et d’un blanc pur, au lieu de présenter des écailles grisâtres, et il est fréquemment marqué par places d’une teinte jaune ; celte dernière particularité se voit aussi sur le pédicule. Ce sont là les seules différences que l’on puisse indiquer entre le type de l'espèce et cette curieuse variété; souyeut même on ne peut guère la reconnaître qu’à l'odeur. Elle est mentionnée dans le Catalogue des plantes cryptogames recueillies dans le dé- partement de la Loire-Inférieure, par M. Pradal (1), p. 150; Nantes, 1858. Je ne l'ai trouvée signalée dans aucun autre ouvrage. M. Pradal la dit comes- lible et même très bonne, et l'indique seulement à la Quarterie près Nantes; mais elle est très répandue surtout dans le nord du département. Je l'ai recueillie maintes fois aux environs de la Meilleraie, de Riaillé et de Mouzeil. (1) M. Pesneau (et non Penot, comme on l’a imprimé par erreur, p. 448) connatssait très bien cette variété, et la désignait habituellement sous le nom de var, anisalus; mais il n'en a‘pas fait mention dans son Catalogue des plantes recueillies dans le dépar- lement de la Loire-Inférieurc; Nantes, 1837. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. MARS 1863. N.-B. — On pent se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. 3. Rothschild, libraire de la Société botanique de France, rue de Buci, 14, à Paris. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Note on the structure of the anther (Vofe sur la structure de l’anthère); par M. le professeur Daniel Oliver (Extrait des 7ransactions of the Linnean Society, vol. XXUL, pp. 423-428). Tirage à part en bro- chure in-4°, avec une planche gravée. Ce mémoire a été lu par son auteur à la Société Linnéenne de Londres le 7 novembre 1861. Il contient l'exposition d’une nouvelle manière de com- prendre la constitution morphologique de l’anthère, fondée principalement sur l'examen d’étamines monstrueuses offertes par le Geranium pratense. L'au- teur commence par rappeler les opinions diverses soutenues sur le sujet qu'il étudie par MM. H. de Mohl, Neumann, A. Gris, Grisebach, Asa Gray, Lindley, Bischoff, Treviranus, et par d’autres observateurs. il montre que ces opinions peuvent être ramenées à deux : celle de Cassini, qui rapporte les quatre loges polliniques que l’on observe dans l’anthère encore jeune au développement du parenchyme de la feuille staminale, et qui assimile les lignes de déhis- cence de l’anthère aux bords de cette feuille ; et celle de Bischoff, lequel admet que ces loges naissent sur la page supérieure du limbe de la feuille, de chaque côté de la nervure médiane et bien en dedans des bords, lesquels ne coïncident pas avec la ligne de déhiscence. Il ne cite guère que pour mé- moire l'interprétation donnée dans le Æeuw Garden Miscellany, par Un au- teur qui rapproche les loges anthérales des glandes pétiolaires de certaines feuilles ; pour M. Oliver, l’anthère est bien un limbe métamorphosé. Les élamines anomales de Geranium qu'il a observées, et dont il figure un grand nombre, se présentaient comme de petites feuilles déroulées, ce qui est assez fréquent ; de plus, on y remarquait quatre épaississements développés SUT la page supérieure de cette feuille : deux près de la nervure moyenne faisant des saillies ovoïdes, et deux sur les bords de la feuille. M. Oliver voit là les quatre lobes de l'anthère, ceux des bords venant se placer au-devant des lobes inté- rieurs quand le développement est complet, et il trouve dans les deux ratés épidermiques qui les entourent et qui s’accolent alors, l'origine de la cloison intérieure qui règne transversalement dans le jeune âge de l’anthère ; En REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 539 outre, la ligne de déhiscence est placée pour lui au point de jonction des lobes antérieurs et des postérieurs, à l’extrémité de la cloison; c'est là que la couche fibreuse interne ferait défaut. Ce seraient du moins à les phéno- mènes présentés par la plupart des anthères introrses, dans lesquelles l’enrou- lement de la feuille staminale se ferait vers l'intérieur ; dans les anthères extrorses de certaines Asparaginées, l’auteur pense au contraire que les lobes postérieurs naissent sur la page inférieure de la feuille staminale. I fortifie son opinion en rappelant la présence de quatre loges anthérales superposées chez certaines Laurinées, et en insistant sur la constitution de l’étamine du Zo- ranthus europæus, qui présente aussi quatre loges, les deux antérieures étant placées un peu plus bas que les postérieures, et la déhiscence ayant lieu dans le sillon qui sépare celles-ci de celles-là. D' EUGÈNE FoURNIER. Xylologische Studien (Ztudes zylologiques); par M. C. de Gernet (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, ann. 1861, n° 2, pp. 423-462, avec une planche lithographiée). Ce mémoire se divise en deux parties. La première nous offre les résultats des observations de l’auteur sur la structure anatomique de la tige du Tha- lictrum flavum, comparée à celle d’aatres plantes. Dans la seconde, l’auteur se livre à l’examen minutieux d’un bois d’origine inconnue, qu'il avait reçu de la maison Meyer (de Hambourg), muni de l’étiquette Balta-Patagonien. La planche qui accompagne ce mémoire intéressant nous donne sept figures représentant la structure de la tige du T'halictrum flarum sur des coupes prises dans divers entre-nœuds de cette plante ; la figure 8 offre un dessin de grandeur naturelle d’un morceau du bois Zalta, et la figure 9 représente la structure intime de ce singulier bois sous un grossissement de deux cent soixante fois. JOHANNES GRŒNLAND. Production de la gomme chez le Cerisier, le Prunicr, lAmandier, l'Abricotier et le Pècher; par M. A. Trécul (L'Institut, 30° année, n° 1490, pp. 241-244). Cet article est le compte rendu d’une communication faite à la Société phi- lomatique par M. Trécul; il y complète les documents qu'il avait déjà donnés sur la maladie de la gomme. Nous ne reviendrons pas sur les points que nous avons déjà fait connaître, et sur lesquels insiste de nouveau M. Trécul. Il étudie avec grand soin le tissu pris par d’autres auteurs pour un réseau de canaux contenant de la gomme ; les cellules qui constituent ce tissu lui ont offert des particularités intéressantes dans l'écorce de l'Abricotier. Elles y présentent des dilatations quelquefois à l’une des extrémités, ou aux deux bouts, ou encore dans leur partie moyenne ; ces dilatations sont souvent 510 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. séparées par des cloisons plus ou moins complètes. Il existe quelquefois des chapelets de cellules ainsi constituées, et M. Trécul a assisté au mode de for- mation de ces singuliers organes. La membrane cellulaire lui paraît seule prendre une part directe à leur formation ; elle se renfle, dit-il, sur un point, et produit une petite protubérance de substance homogène, blanche comme la matière de la membrane même; cette protubérance grossit, en produit une semblable, celle-ci une troisième, et ainsi de suite. Pendant que ces dernières se développent, la première formée se creuse, puis la seconde, puis la troi- sième; alors la cloison qui sépare les deux premières se résorbe, puis la deuxième cloison disparaît, etc. La réunion de ces cavités produit une seule cellules à loges séparées par des diaphragmes en voie de résorpuon. M. Trécul passe ensuite aux substances gommeuses elles-mêmes. Il à observé dans les vaisseaux du bois mort une matière sécrétée, selon toute pro- babilité, par les fibres ligneuses elles-mêmes, qui ne subit absolument aucun changement de forme ni dans l'eau froide, ni par une ébullition assez prolongée dans ce liquide. Mais elle se dissout après un très long séjour dans l'eau, en lui communiquant une teinte d’un rouge brunâtre, sans posséder aucune réaction alcaline ou acide, D'autre part, ni l’iode, ni l'acide sulfurique n'agissent sur elle, même après coction dans la potasse caustique. M. Trécul propose de nommer cérasome cette substance, qui n’est ni de la gomme, ni de la cellulose, et qu'il a observée principalement dans le bois de l’Amandier. Il décrit encore une substance qu'il a trouvée dans des cavernes à gomme situécs très profondément dans l’aubier, entourant la vraie gomme déposée au centre de ces cavernes. Cette substance ne se gonfle pas dans l’eau, et prend une très belle teinte d’un rose vif sous l'influence de l’iode et de l'acide sul- furique. E. F. Schædilicher Einfluss des Schnees auf Bæume und hœhere Stræœuche, ferner auch einige phyto-clima- talogische Bemerkungen (Sur l'influence nuisible de la neige sur les arbres et arbustes, suivi de quelques observations phyto-climato- logiques); par M. le D' Th. Basiner (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, année 1861, n° 2, p. 481-490). Les intéressantes observations dont cette note rend compte ont été entre- prises pendant les froids excessivement rigoureux qui ont sévi à Kiev pendant l'hiver de 1860-61. C'est surtout entre le 27 janvier et le 2 février que la température a baissé à un degré extrême, car le thermomètre marquait, le 28 janvier, — 28°,7 R.; le 29, — 926°,4: le 30, — 26°,5; le 31, — 28°,5; et le 2 février, — 27°,2; avec ce froid l’air était d’un calme absolu, et le ciel sans nuages, et en même temps le sol était couvert d’une couche de neige de 11/2 à 2, jusqu'à 3 pieds d'épaisseur, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5h Tout Ie monde sait que la neige, en couvrant le sol, préserve les parties des plantes qu'elle enveloppe: mais par contre l'influence de la réflexion des rayons lumineux et calorifiques du soleil projetés sur les parties dégagées des végétaux, paraît exercer parfois une influence funeste sur les organes des plantes qu’elle frappe. M. Basiner croit devoir attribuer les dégâts causts de cette manière à l’échauffement brusque de ces parties qui, d'un état de forte congélation, passent immédiatement au dégel. Pour prévenir ces effets nuisibles de la réflexion des rayons solaires par la neige, l’auteur conseille d'asperger la neige de terre, de cendres ou de toute autre matière propre à empêcher le rayonnement, ou d’envelopper les végétaux de paille, ou bien de les couvrir d’une couche de chaux ou de craie pour que les rayons ne soient pas absorbés. En examinant les arbres et arbustes qui ont été ainsi endommagés ou détruits par suite des rigueurs de l'hiver, M. Basiner a fait cette curieuse observation que plusieurs végétaux appartenant à des climats plus méridionaux, tels que le Prunus Mahaleb, les diverses variétésde Prunier, le Noyer, le Müôrier, le Zhus Cotinus, les différentes espèces du genre Æobinia, etc., avaient, en général, mieux supporté les froids que d’autres plantes d’une origine évidemment plus boréale, telles que l'Acer Pseudoplatanus et le Frêne. Outre le Prunus Mahaleb et les Pruniers, il y avait encore un grand nombre d'arbres et d’ar- bustes incapables d'hiverner à Saint-Pétersbourg, où pourtant, en général, l'hiver est moins rigoureux, qui n’avaient point, ou du moins avaient très peu souffert pendant cet hiver exceptionnel de Kiev. Il faut donc, selon l’auteur, attribuer ce fait plutôt à la durée trop courte de l'été à Saint-Pétersbourg, qui ne permet pas aux végétaux d'atteindre leur maturité complète, qu’à là rigneur du climat. Voici la liste des végétaux qui ont fait preuve de cette rusticité remarquable : Populus dilatata Ait., Juglans regia L., Morus alba L., Fagus silvatica L., Rhus Cotinus L., Rbus typhina L., Elæagnus angusti- folia L., Syringa chinensis “Willd., Ampelopsis hederacea DC., Staphylea tri- foliata L., Acer Negundo L., Robinia Pseudacacia L., R. viscosa L., R. his- pida L. Même le Catalpa syringifolia Sims. et le Sophora japonica L., couverts d’une enveloppe très mince de paille qui n’a pu avoir d'autre effet que de les préserver de l’action directe des rayons du soleil, sont restés parfai- tement intacts. L'auteur tire de toutes ces observations la conclusion que ce n’est pas toujours la distribution géographique des végétaux qui peut décider de leur plus ou moins grand degré de rusticité, et que souvent ils s'accommodent aux conditions climatériques des pays où on les introduit ; en d’autres termes que, dans certaines limites, il existe chez les végétaux une faculté d’acclimatation, ainsi qu'il l’admet aussi pour les animaux et pour diverses races da genre humain. 4, G: 542 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. De la formation du nitrite d’ammoniaque et du rôle que joue ce sel dans la nutrition des végétaux. Traduit de la Nouvelle Gazette de Hanovre, du 1° août 1862. M. le professeur Schænbein (de Bâle), le célèbre inventeur de l'ozone, à dernièrement, à Gættingue, devant un nombreux auditoire composé de pro- fesseurs et d'étudiants, rendu compte de ses observations très intéressantes sur la formation du nitrite d’ammoniaque. Il a démontré, par une série d'ex- périences entièrement nouvelles, que ce sel se forme avec une grande facilité dans les circonstances où il peut naître directement des éléments de l'eau et de l'azote de l'air. Ainsi, le nitrite d’ammoniaque se produit lorsqu'on met en contact avec l’air du phosphore plongé à moitié dans de l’eau. Le vase de verre dans lequel le savant professeur exécuta cette expérience, se remplit bientôt des vapeurs blanches du sel en question. Le cuivre et le nickel, mis en con- tact avec de l’ammoniaque et avec l'air, déterminent la formation de l'acide pitreux aux dépens de l’ammoniaque. Lorsqu'on verse de l’eau dans une cornue métallique préalablement chauffée, de sorte que cette eau se distille rapidement, on peut aussitôt constater dans le produit de la distillation la présence du nitrite d’ammoniaque. Ce sel se forme dans toute eau qui s'éva- pore. Pour le prouver, M. Schænbein fit évaporer de l’eau dans une capsule de porcelaine, après avoir suspendu au-dessus d’elle quelques petites bandes de papier imprégnées d’une solution affaiblie de potasse caustique. Le papier présenta bientôt les réactions de l’acide nitreux. Même lorsqu'on laisse l'eau s’évaporer spontanément jusqu’à un dixième environ de sa quantité primitive, on trouve du nitrite d’ammoniaque dans le résidu. Ces expériences, d'une grande importance, ont des rapports étroits avec la nutrition des végétaux. Pour obtenir la réaction de l'acide nitreux, M. Schæœnbein se sert d'empois d’amidon additionné d’iodure de potassium, qu'il ajoute au liquide qui doit être expérimenté; ensuite il fait dégager l'acide nitreux au moyen d'acide sulfurique pur étendu d’eau. L’amidon se colore aiors, par l'effet de l’iode rendu libre, plus ou moins en bleu, suivant la quantité de l'acide nitreux. Il résulte de ces dernières expériences qu’il doit se former aussi des sels nitreux dans le linge qui sèche à l'air. Au moyen des sels calcaires qui se trouvent dans l’eau, on voit le plus souvent se produire du nitrite de chaux. M. Schœnbein a démontré la présence de ce sel dans une serviette alternati* vement plongée dans l’eau et séchée à plusieurs reprises. Il en a tiré la con- clusion que l’acide nitreux joue un rôle important dans le blanchiment du linge sur le gazon. Les expériences destinées à prouver la présence des nitrites chez les végé- taux ont été surprenantes, M. Schænbein a surtout indiqué, comme contenant ces sels en abondance, les Lactuca sativa, Leontodon Taraxacum et Dactylis glomerata. 1 suffit d’écraser quelques parties de ces plantes dans de l’eau, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 543 de décanter ensuite l’eau et de la traiter de la mamière ci-dessus indiquée, pour observer immédiatement une très forte coloration en bleu de l’amidon. On peut obtenir la même réaction en employant des fleurs de Leontodon. Il v à d’autres plantes qui, au lieu de nitrites, contiennent des nitrates ; mais si l’on expose ces plantes à l’air après les avoir écrasées, on voit bientôt s'y produire la réaction de l’acide nitreux. Cet acide se forme donc aussi par la désoxydation de l'acide nitrique dans l'acte de la décomposition et de la putréfaction des végétaux. Pour ces expériences, M. Schœnbein s’est servi de feuilles de Carotte et de Pavot. Toutes ces observations paraissent avoir une portée considérable pour l'étude de la nature organisée. Jusqu'ici on avait considéré surtout le carbonate d'ammoniaque comme fournissant aux végétaux leur nourriture azotée. Il est vrai que récemment on a bien reconnu aux nitrates une participation à la nu- trition azotique des plantes, mais on ne connaissait pas la présence si générale des nitrites et des nitrates dans les végétaux. On avait encore moins une idée de la formation si facile, et si universelle dans la nature, du nitrite d’ammo- niaque. Il est évident que, en raison du rôle. important que jouent, comme on le sait, les matières azotées dans la nutrition des végétaux, les découvertes de M. Schœnbein ne présentent pas seulement un intérêt théorique, mais qu’elles ont aussi une grande utilité pratique. M. Schænbein a de plus fait connaître, comme un fait intéressant de phy- siologie, qu’il avait constaté dans la salive une quantité notable de nitrite d’ammoniaque. 3. G. Nouvelles recherches expérimentales sur lhétérogénie ou génération spontanée; par M. Ch. Musset. (Thèse pour le doctorat ès-sciences naturelles, présentée à la Faculté des sciences de Bor- deaux, le 5 juin 1862.) In-4° de 44 pages avec une planche lithographiée. Toulouse, 1862. Ceux de nos lecteurs qui lisent les Comptes rendus de l’Académie des sciences connaissent les efforts qu'ont tentés dans ces dernières années MM. Joly et Musset, pour soutenir, avec M. Pouchet, la théorie de la géné- ration spontanée. Le mémoire dont nous rendons compte ici est un résumé des études de M. Musset sur cette question controversée ; il est divisé en quatre parties. Dans la première, l'auteur esquisse à grands traits la partie historique du sujet ; la deuxième est destinée à la description des expériences qu'il a répétées ou inventées; dans la troisième, il traite la question au point de vue théorique; et, dans la dernière, il donne ses conclusions. Nous ferons principalement connaître la partie expérimentale et critique de ce travail. Elle débute par une analyse microscopique de l'air, dans lequel l’auteur n'a ren- contré que « les différentes substances organiques ou inorganiques qui nous oh! SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. environnent ». Quant aux œufs d’Infusoires et aux spores de Champignons, la présence en à été très rare dans toutes ses observations. Une étude atten- tive des flocons de neige, faite au moment de leur chute, quand ils viennent de balayer l'atmosphère, ne lui a procuré que des parcelles de fumée, des dé- bris d'insectes, quelques brins de laine et de soie, des écailles de papillons, des fragments d’épiderme animal ou végétal, quelques rares grains de pollen, de fines particules siliceuses, plus ou moins transparentes et arrondies, de la fécule brate ou panifiée, et quelques spores. Dans la suite de son travail, M. Musset nous apprend qu'il a répété les expériences de Schulze et de Schwann, souvent citées contre la théorie de lhétérogénie, et qu'il a vu, contrairement aux assertions produites par ces savants, des Aspergillus ou des Infusoires se développer dans de l’eau bouillie, au contact de matières orga- niques et d’un air qui avait dû traverser pour entrer dans le ballon d’expé- rience un appareil à boules de Liebig, chargé d'acide sulfurique. L'auteur a fait encore les contre-épreuves de l'expérience indiquée par M. Milne Edwards, d’une autre que M. H. Hoffmann a fait connaître dans ses études mycologiques sur la fermentation, et des principales expériences de M. Pas- teur, et dit avoir obtenu dans tous ces cas des résultats opposés à ceux qui avaient été donnés par ces divers savants. Il a ensuite répété une observation de Mantegazza, faite dans des éprouvettes, sur du mercure bouilli et dans de l'air purifñé par la potasse et l’acide sulfurique ; il a encore vu s’y développer des animalcules. M. Musset passe ensuite aux expériences qui lui sont propres et qui sont au nombre de quatre. La première est faite avec l’air contenu dans la cavité na- turelle d’un potiron, et qui contient environ quatre centièmes d'acide carbo- nique, « Dans ce cas, dit-il, nous faisons bouillir pendant deux heures, €t » dans de l’eau distillée, quelques morceaux de foie de mouton; puis nous » prenons un tube soufflé en poire à l’une de ses extrémités, ouvert et effilé à » l’autre. Nous le chauffons pendant une demi-heure, jusqu’à ramollissement » du verre. À ce moment, nous le fermons à la lampe d’émailleur ; quand il » est refroidi, nous plongeons sa pointe effilée dans l’infusion bouillante, €t » NOUS Cassons cette pointe sous le niveau de cette même infusion. Une por- » Lion de celle-ci se précipite immédiatement dans le tube, que nous mettonÿ » aussitôt sur des charbons incandescents; l’ébullition commence et nous » fermons de nouveau le tube, au moment même où la vapeur s'échappe » encore. L’ébullition, qui continue quelquefois pendant plus d’un quart > d'heure lorsque le tube est éloigné du feu, nous avertit que le vide est aussl » parfait que possible. L'appareil une fois refroidi, nous en plongeons Ja » pointe dans la chair de la courge, et nous la cassons en l’enfonçant; dès » qu’elle a pénétré dans la cavité du fruit, une petite quantité d'air s’intro- » duit dans le tube qui contient l’infusion, Par excès de précaution, nouÿ » mettons autour de la plaie faite par ce même tube une couche épaisse de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 545 > vermillon imbibé de vernis au copal. » L'auteur a trouvé, au bout de six jours d’attente, de nombreuses Bactéries dans l’infusion. — La deuxième expérience de M. Musset est fondée sur la loi du mélange des gaz à travers les membranes humides ; il s’est servi de cette propriété pour faire pénétrer de l’air dans des cæcums de mouton, remplis d’abord d’eau, dans laquelle ils avaient bouilli, puis aux trois quarts de gaz d'hydrogène, et il pense que l'air en filtrant à travers les pores microscopiques de la membrane animale, a dû se débarrasser de tous les germes qu'il pouvait contenir, ce qui ne l'empêche pas de favoriser le développement des Infusoires. — La troisième expérience a été pratiquée avec un appareil de Woolf, dont l'air était lavé par insufflation, et dans les flacons duquel avaient été placées des quantités variables de substances animales en putréfaction ; le développement des êtres organisés a progressé dans la même raison que ces diverses quantités. — La quatrième expérience de M. Musset est relative à la genèse spontanée de la levûre de bière ; il en a déjà été rendu compte dans le Zulletin (1). Nous extrayons des conclusions de l’auteur les remarques suivantes : Puisque les prétendus germes atmosphériques ne se trouvent ni dans l'air, ni dans l’eau, ni dans le corps putrescible, ils ne sauraient donc donner nais- sance aux Microphytes et aux Microzoaires observés dans les macérations, Ces êtres nouveaux doivent leur origine à la matière organique en décomposition ou en dissolution dans l'eau. Le phénomène initial de l’hétérogénie consiste dans la formation d’une pellicule proligère, pellicule née à la surface du liquide en fermentation, et composée elle-même de molécules ou cellules organiques excessivement té- nues, que l’on voit, pour ainsi dire, s’essayer à la vie, puis en jouir dans toute sa plénitude, en passant à l’état de Bactéries ou de Vibrions. Cettepremière génération détruite, on voit se former de ses débris mêmes une nouvelle pellicule, au sein de laquelle apparaissent de véritables œufs spontanés qui, à leur tour, produisent une seconde génération d’une organisation plus complexe que la première (Monades, Volvox, Kolpodes, Paramécies, Vorticelles). Une planche annexée à ce travail représente les appareils employés par M. Musset dans ses recherches. Ke BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Note sur le Préimula variabilis Goup.: par M. le docteur Alfred Perrier (Extrait du VI° volume du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie). Tirage à part en brochure in-8° de 6 pages. Caen, chez A. Hardel, 1861. M. Perrier rapporte dans ce travail les opinions soutenues à diverses re- (1) Voyez le Bulletin, t. VIH, p. 492. T. 1X. 39 546 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. prises sur l’hybridité du Prèmula variabilis dans le sein de la Société (1). Il a rencontré dans le bois de Lisores (Calvados), où le Primula variabilis est abondant, au milieu des P. grandiflora et P. officinalis, un grand nombre de transitions entre le P. variabilis et le P. grandiflora. 11 admet que la plante décrite par Goupil est une hybride, bien qu'elle porte quelquefois des graines fertiles à l'exemple du Cirsium hybridum, et pense d’ailleurs que sous le nom de 2. variabilis se cachent plusieurs formes ombellifères de Primula, et que cette plante peut se modifier à l'infini suivant ses degrés de parenté avec le P. grandiflora et le P. officinulis, peut-être même aussi d’après les terrains où elle se développe. Il pense aussi que cette étude a été compliquée par l'existence d’une forme intermédiaire entre le ?. grandiflora et le P. elatior, forme hybride dont il donne la description suivante : Feuilles légèrement velues en dessus et fortement en dessous, rétrécies plus ou moins brusquement en pétiole. Hampes multiflores, pubescentes, accompagnées assez souvent de pédicelles uniflores, non colorées au point où naissent les pédicelles; ombelles moins longues que dans le P. variabilis, droites et se déjetant après la floraison. Calice étroit, prismatique, pubescent, à divisions aiguës atteignant rarement le haut du tube de la corolle, dont elles se rapprochent après l’anthèse ; corolle inodore, d’un jaune soufré, à limbe plan, parcourant tous les degrés intermédiaires de largeur entre les fleurs du P. grandiflora et du P. elatior. Les taches de la base des pétales varient de nuance, du jaune orangé au jaune citron, et se confondent entre elles ; il n’y a pas de bourrelet apparent à l'entrée du tube de la corolle. Le style est généralement inclus ; alors les anthères sont saillantes. E. F. Morphologische Untersuchungen ueber die Eiche (/ie- cherches morphologiques sur le Chêne) ; par M. le docteur Heinrich Mœbl. Cassel, 1862, chez Theod. Fischer; in-4°, pp. 35, avec 3 planches litho- graphiées. L'auteur nous donne dans ce mémoire les fruits de ses observations entre- prises avec un soin extrêmement minutieux, pour établir la loi qui régit la . disposition des bractées du bourgeon et des feuilles de nos deux espèces indi- gènes Quercus Robur et Quercus pedunculata. IN soumet, dans le même but, à un examen approfondi la forme et la nervation des feuilles, espérant parvenir ainsi à établir entre ces espèces des distinctions tranchées qui permettraient de les déterminer même dans le cas où l’on n’aurait pas à sa disposition les carac- tères offerts par l’inflorescence ou par l’ensemble de la végétation. De nom- breux tableaux intercalés au texte, donnent en chiffres les résultats des mesures (1) Voyez le Bulletin, t, VIT, pp. 2533 307, et t: VIN, p. 72 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 547 prises soit sur la position des bractées et des feuilles dans le bourgeon, soit sur le mode de ranification des nervures des feuilles. Le mémoire de M. Mæhl est accompagné de trois planches lithographiées dont les dessins ont été exécutés par l’auteur lui-même. J. G. Catalogue systématique de quelques plantes nonvelles pour la flore orléanaise ; par M. A. Jullien-Crosnier {Extrait des Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, XII° volume). Tirage à part en brochure in-8° de 20 pages. Angers, 1862. Il n’est question dans ce travail que des plantes trouvées dans le départe- ment du Loiret depuis 1857, date de la publication de la troisième édition de la Flore de M. Boreau; néanmoins l’auteur a cru devoir y mentionner les plantes rares découvertes de 1805 à 1813 par Aug. de Saint-Hilaire. On re- marque dans cette liste les Papaver collinum Bongenh., P. strigosum Bœn- ningb., Capsella rubella Reut., Viola derelicta Jord., V. subtilis Jord., V. contempta Jord., Potentilla decumbens Jord., Rosa arenivaga Deségl., R. cuspidata M. Bieb., À. subglobosa Sm., un certain nombre des espèces nouvelles reconnues dans le genre Âieracium par M. Jordan, les Mentha origant folia Host, M. intermedia Beck., A. acutifolia Sm., M. Pauliana Schultz, M. ovalifolia Opiz, M. Hostii Bor., M. pulchella Host et Gagea sSlenopetala Rchb. Plusieurs des localités nouvelles reconnues dans le Loiret par M. Jullien-Crosnier, constatent l'extension vers le nord de plantes com- munes en Sologne, par exemple des NVasturtium pyrenaicum R. Br., Are- naria montana L. et Sedum albescens Haw. Nous devons signaler les descrip- tions spéciales dont plusieurs espèces critiques du genre Æosa ont été l’objet dans son travail. E. F. Revue des plantes critiques ou nouvelles de la Seine- Inférieure; 1% mémoire ; par M. Malbranche (Extrait du Précis de l’Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen ; année 1861-62); brochure in-8° de 30 pages. Les plantes étudiées par M. Malbranche dans ce mémoire sont les sui- vantes : Æanunculus trichophyllus Chaix, var. foliis superioribus 3-5 par- ütis, flabellatis ; Fumaria capreolata XL. (F, pallidiflora Jord.), F. Bastardi Bor., Capsella rubella Reut., Trifolium pratense L., var. capitulis pedun- Culatis (7. sativum Rchb.), Prunus spinosa L. (P. virgata et P. densa Martr.), P. fruticans Weihe (P. spinosa var. macrocarpa auct.), P. stlva- tica Desv., Sambucus nigra L., var. rotundifolia Malbr.; Picris hieracioides L., var. diffusa Bréb. et var. glabriuscula Bréb.; Mentha candicans Crantz, M. hirsuta L., var, latifolia et var. acutifolia, M. aquatica L., M. Lloydii 518 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Bor. (M. pyramidalis Lloyd), M. plicata Opiz, M. elata Host, var. subspi- cata el var. latifolia, M. urvensis L., var. villosa, var, rotundifolia Wirtg. et var. glabrescens, M. gentilis L. var. elliptica, Var. procumbens Thuïill. et var. latifolia, M. Hostii Bor.; Digitalis purpurascens Roth ; Orobanche Galit var. Ligustri Gr. et Godr.; Verbascum thapsiforme Schrad. ; Muscari neglectum Guss.; Amarantus deflezus X., A. ascendens Loisel. (Æuxolus vr- ridis Moq.), A. sélvestris Desf., À. patulus Bertol., A. spinosus L., À. re- troflexus L.; Chenopodium album L. (Ch. paganum Rchb., Ch. viride L.) ; Blitum rubrum KRchb.; Atriplex microtheca Moq., A. laciniata L., À. patula L., var, genuina Gr. et Godr., var. angustissima Gr. et Godr., et var. muricata Ledeb., À. littoralis L.; A. angustifolia Sm.; Polygonum aviculare L., P. monspeliense Pers., P. arenastrum Bor., P. polycnemr- forme Lec. et Lam., P. denudatum Vesv.; Populus canescens Sm., et Andropogon 1schæmum L. :@% remarquera avec intérêt la constatation faite dans la Seine-Inférieure de plusieurs espèces méridionales, telles que les Amarantus patulus, Muscart neglectum et Andropogon Ischæmum. L'Amarantus spinosus, originaire de l'Inde et importé sans doute avec des marchandises de ce pays, a été trouvé au Havre par M. le docteur Beauregard; on l’avait déjà signalé à Nantes. On distinguera particulièrement dans le travail de M. Malbranche l'étude des espèces difficiles du genre entha, pour la détermination desquelles il a été aidé par M. Timbal-Lagrave. Il en publie un tableau dichotomique spécial. E. F. Notes sur quelques plantes rares ou critiques de la Belgique; par M. François Crepin (de Rochefort), 2° fascicule. Brochure in-8° de 75 pages. Bruxelles, chez C. Mayolez. Il y a trois ans que le premier fascicule de ces notes a paru. Depuis M. Crepin a rassemblé un certain nombre de détails nouveaux qui font l’objet de ses notes actuelles. Il insiste notamment sur les variétés du Ficaria ranun- culoides Mœnch, parmi lesquelles se trouvent, d’après M. F. Schulz, Je Ficaria calthifolia Rehb., et d’après M. Crepin très probablement le #. am- bigua Bor.; sur la différence spécifique des Sagèna depressa C.-F. Schultz (S. patula Jord.) et S. apetala L., des Oalis stricta L. et 0. Navier! Jord., des Sedum du groupe du S$. elegans, de diverses espèces critiques de Rosa (R. coronata Crepin, R. sabauda, Rosa Sabini Woods, À. Doniana Woods, ?. mollissina Wild, Rosa arduennensis Crepin, À. tomentosa S., R. rubiginosa L. et R. micrantha Sm.) ; M. Crepin étudie encore les carac- tères de plusieurs espèces d’£yilobium (E. LamyiF. Schultz, Æ. palustre L.), et ceux de quelques variétés de WMyosotis ; il trace ensuite un article étendu sur les espèces du genre Zappa, qu'il termine par une courte description do L. Kotschyi Boiss., et un autre sur le groupe du Senecio nemorensis Le}; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5A9Y nous menlionnerons en outre une longue diagnose de l’Æieracium mosanum Crep., qui est comparé par l’auteur aux espèces voisines pour en être distingué. Il signale encore comme espèce nouvelle un 7/Alaspi dont nous reproduisons la diagnose en abrégé. Thlaspi neglectum Crep.— Tige de 15 à 35 centimètres, rameuse, glabre, glaucescente. Feuilles un peu épaisses, légèrement dentées, les caulinaires oblongues, embrassantes, à oreillettes obtuses. Style égalant le tiers de l'ovaire et dépassant longtemps l’échancrure. Ovaire presque tétragone, s’échancrant tardivement; silicule très renflée, gibbeuse, non déprimée au sommet, très étroitement ailée; cloison large, loges 4-6-spermes; style court, égalant l’échancrure sur le fruit mûr, Bisannuel. Ce Thlaspi est voisin du 7. perfoliatum L. et du T. erraticum Jord., mais s’en distingue à première vue, dit M. Crepin, par la forme particulière de sa silicule, Entre autres espèces trouvées récemment dans la flore de Belgique, M, Crepin signale l’Arabis muralis Bertol. et le Subularia aquatica 1. E. F. Uehersicht der Arten der Gattung T'halictrum, welche im Russischen Reiche und den angrenzenden Læn- dern wachsen (/evue des espèces du genre Thalictrum qui croissent dans l'empire russe et dans les pays voisins); par M. E. Regel (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, année 1861, n°1, P. 14-63, avec 3 planches). Dans un court préambule, l’auteur développe ses idées sûr la marche à suivre lorsqu'on veut entreprendre un travail monographique d’un genre aussi difficile que les Z'halictrum, dans lequel on rencontre fréquemment des difficultés extrêmes pour caractériser nettement les différentes espèces. Dans ce cas, dit-il, il y a deux voies à suivre. L'une, malheureusement trop souvent Parcourue aujourd’hui, donne, pour chaque forme qu’on rencontre, une des- Cription plus ou moins longue en l’élevant hardiment et sans scrupule au rang d'une nouvelle espèce. M. Regel n’a pas voulu suivre cette voie, plus commode il est vrai, mais funeste pour la science; selon lui, le devoir du botaniste descripteur consciencieux doit être de rechercher des caractères distinctifs COnStants et de ne pas reconnaître comme véritables espèces celles qui sont dépourvues de ces caractères. De cette manière on parviendrait à diminuer considérablement le nombre des espèces, et à simplifier ainsi la notion de l'ensemble du genre. Pour plusieurs des espèces qui sont traitées séparément dans ce mémoire, l’auteur admet même la probabilité de leur réunion pro- chaine, à la suite d'observations ultérieures plus nombreuses et plus précises. Voici la liste des dix-neuf espèces, avec leurs variétés et sous-variélés, qui sont 550 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. décrites dans ce mémoire avec les plus grands détails et accompagnées de notes critiques : 4. Thalictrum aquilegifolium L. — 2. Th. contortum L. — 3. Th. sparsi- florum Turcz. — 4. Th. baicalense Turcz, — 5. Th. filamentosum Maxim. — 6. Th. alpinum L.— 7. Th. petaloideum L.— 8. Th. fœniculaceum Bnge. — 9. Th. isopyroides C.-A. M. — 10. Th. trigynum Fisch. —11. Th. minus L.: var. a Jacquini; GB. procerum; y. nutans; d. virens; <. appendiculatum; €. puberulum ; ». glandulosum. — 12. Th. elatum Jacq.: var. à. glaucum : Lusus a. macrophyllum, #. microphyllum, €. macrostigmum, d. pubescens; B. virens : lusus a. inucronatum, 6. acuminatum, c. gracile, d. densiflorum, e. agreste; y. stipellatum: Zusus a. Ledebouri, 4. chinense. — 13. Th. fœtidum LE, : var. «à. genuinum : lusus a. cinereum, 4. virens, c. glaucum, d. virescens ; B. pilosulum : lusus a. glaucum, 6. glaucescens, c. virens; y. gla- brum : lusus a. obtusilobum, à. acutilobum, c. concinnum; 6. stipellatum. — 14. Th. majus Jacq. : var. à. genuinum ; B. umbellatum; y. globiflorum. — 15. Th. kemense Fr. : var. à. exstipellatum ; B. stipellatum. — 16. Th. simplex L.: var. « verum; GB. strictum; y. intermedium; d. Jordani ; . galioides; €. affine. — 17. Th. angustifolium Jacq.: var. à. stenophyllum; 8. heterophyllam; y. laserpitiifolium. — 18. Th. flavum L. : var. a. genui- num; B. exaltatum ; +. nigricans ; 3. rufinerve, — 49, Th. glaucum Desf. L'important travail de M. Regel est accompagné de trois planches lithogra- phiées, exécutées au trait, qui représentent les Thalictrum sparsiflorum Turcz., Th. filamentosum Maxim., Th. baicalense Turez., Th. fœniculaceum Bnge, Th. kemense Fr. et Th. trigynum Fisch. : 3. G. Florula mallica; par M. M.-P. Edgeworth (Journal of the proceedings of the Linnean Society, vol. VI, n° 24, novembre 1862, pp. 179-210). Le pays dont M. Edgeworth vient de décrire la flore est situé entre l'Arabie d’une part et le nord-ouest de l'Inde d'autre part; on y distingue deux parties géographiquement et botaniquement distinctes, la portion cultivée et voisine des rivières, nommée Æachhi par les indigènes, et les plateaux inté- rieurs, nommés Bar. La première porte des céréales, et de belles forêts dont les principales essences sont les Acacia Lebbek et arabica, et un Dalbergia ; la production y est, bien entendu, en rapport avec leur degré d'humidité. Les plantes aquatiques y sont fort rares, et l’auteur n’y a trouvé aucune Lentibu- lariée, Alismacée, Naïadée ou Characée. Le haut pays présente, à la fin de la saison des pluies, des gazons ombragés par des Salvadora ou des Tamariz, et par endroits des dunes et des terrains renferment de la soude où naissent seu- lement des Salsolacées. Les Phanérogames sont, dans la florule de M. Edge- worth, au nombre de 334, si l’on excepte 113 espèces qui sont seulement cultivées ; quant aux Cryptogames, les Champignons mis à part, On 1 y REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 551 trouve qu’un HMarsilea, un Æquisetum, V'Adiantum Capillus Veneris et un Phascum. La florule est suivie de tableaux indiquant en quelle proportion les plantes qui en font partie se trouvent dans les régions voisines, puis de notes sur quelques-unes de ces espèces, et notamment sur les espèces nou- velles, qui sont les suivantes : Hibiscus laguneoides, Monsonia mallica, Trianthema crystallina, Tr, hydaspica, Ceropegia esculenta, Boucerosia edulis, Limeum indicum Stocks mss., Panicum hydaspicum, Andropogon Ariani, Aristida hystricula, A. mallica, À. articulata. E. F. Sur quelques plantes nouvelles de la Flore indienne; par MM. Teysmann et Binnendijk (Journal de botanique néerlandaise, 1861, L° cahier, pp. 364-369). On trouve dans ces notes une description du Wormia subsessilis Miq. (W. revoluta Teysmann et Binn.), et d’une espèce nouvelle de la famille des Combrétacées, £'mbryogonia arborea Teysm. et Binn.; enfin l'étude de deux genres nouveaux, l’un de la famille des Bignoniacées, Aou de celle des Térébinthacées, dont voici les caractères : 1° Nyctocalos Teysm. et Binn. — Calyx brevis, campanulatus, truncatus, extus adnato-5-dentatus; corolla hypocraterimorpha, ad faucem glabra, interne pubescens, 5-lobata, lobis obtusissimis, rotundatis, basi auriculatis, subæqualibus. Stamina 5, corollæ tubo inserta, omnia fertilia, duo antica paulo longiora, inclusa. Antheræ biloculares, tortiles, lamellatæ, connectivo excedente, Annulus hypogynus, carnosus. Ovarium oblongum, compressius- culum, quadrangulare, biloculare. Ovula horizontalia anatropa. Stylus ere filiformis ; stigma bilamellatum. Ce genre, d’après les auteurs, est voisin du Æ#higozum, et doit prendre rang dans la sous-tribu des Catalpées ; l'espèce unique, MNyctocalos brun- felsiæflorum, est originaire de l’île de Java. 2° Anauxanopetalum Teysw. et Binn. — Flores hermaphroditi. Calyx Cyathiformis, 5-partitns, persistens. Petala 5, calycis fundo inserta, patentia, sepalis, triplo longiora, æstivatione imbricata. Stamina 5, basi disci circum Ovarium inserta, corolla breviora, alterna, duobus erectis, tribus curvatis. Filamenta subulata, glabra; antheræ biloculares, oblongæ, longitudinaliter dehiscentes, Ovarium epigynum, sessile, pilosum, uniovulatum. Stylus brevis, Crassus, cylindricus, unisulcatus, sublateralis, apice curvatus, staminibus æquilongus. Stigma truncatum, depressum, unisulcatum. Folliculas inæquali- Oblongus, basi petalis adnatis, accretis, reflexis cinctus. Semen e basi subla- teraliter ascendens, exarillatum, exalbuminosum. Cotyledone scrassæ, plano- Convexæ, oblongæ, radicula longissima erecta. D’après les auteurs, ce genre se distingue dans les Térébinthacées par la 552 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. persistance des pétales après la fécondation, et diffère des Anacardiacées par son fruit débiscent ; sa place est incertaine dans la famille. L'espèce unique du genre, Anauxanopetalum Schwenkii, a été recueillie par M. le major Schwenk dans la petite île de Moursala, à l’ouest de Sumatra. E. F. k Sur Porganisation florale du Condalia microphylla Cav.: par M. le docteur H. Baillon (Adansonia, Recueil d'observations botaniques, t. XX, pp, 257-261, mai 1862). Le Condalia microphylla Cav. est l'ancien Zizyphus myrtoides d'Ortega. D'après M. Baillon, le genre Condalia s'éloigne considérablement du genre Zizyphus, parce que dans ce dernier les loges de l'ovaire sont l’une antérieure et l’autre postérieure, et qu'elles sont latérales dans une fleur de Condalia ; l’auteur ajoute que ces deux loges ne sont qu'apparentes dans le Condalia, et résultent d’une cavité carpellaire unique séparée en deux parties par l’accrois- sement assez rapide d’une cloison placentaire. Cette circonstance explique, dit-il, l'intégrité du style de la plante. Note sur le Burasaia Du P.-Th.; par M. H. Baillon (Adansonia, Recueil d'obs. bot., t. IT, pp. 316-322). M. Baillon publie dans cette note une description modifiée de la fleur femelle du Burasaia madagascariensis Du P.-Th. 11 lui paraît que le genre Burasaia offre l'organisation générale des vraies Ménispermées, dont le Coc- culus est le type, et doit être placé parmi elles et non dans la section des Lardizabalées, laquelle devrait être bornée, selon M. Baillon, aux plantes à anthères extrorses, formant les deux premières tribus établies par M. Decaisne dans les Lardizabalées. E. F. Revision of the natural order Bignoniaceæ (Révision de l'ordre naturel des Bignoniacées) ; par M. Berthold Seemann (The Annals and Magazine of natural history, cahier de juillet 1862, pp. 29-33). Nous avons déjà fait connaître à nos lecteurs les idées nouvelles présentées dans ces derniers temps sur la famille des Bignoniacées par M. Miers (4), M. Bureau (2) et M Seemann lui-même, Ce dernier auteur nous fait aujour- d'hui connaître les résultats de ses études sur une partie de ce gronpe végétal. Il n’est question dans son dernier article que des tribus des Eubignoniées el des Catalpées, et d’une troisième, celle des Jacarandées, composée des genres (1) Voyez le Bulletin, t. VIII, p. 408 et 645. (2) Voyez plus haut, p, 317. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 553 Jacarandu, Dolichundrone, Astianthus et Heterophragma: nous avons déjà vu M. Bureau concevoir la nécessité de créer la tribu des Jacarandées ; comme Îni M. Seemann réunit le Pteropodium au Jaracanda. L'ordre qu'il propose diffère encore par plusieurs autres points de celui qui a été suivi dans le Prodromus pour la famille des Bignoniacées. Ainsi les genres Distictis et Anemopægma sont transférés des Eubignoniées monostictides aux Eubigno- niées pléostictides ; les genres Zeyhera et Pajanelia des Catalpées monostic- tides aux Catalpées pléostictides ; en outre, ce qui est plus remarquable, les genres Delostoma et Cybistax sont portés des Eubignoniées aux Catalpées, la cloison dans ces plantes étant contraire aux valves d’après M. Seemann, On voit que cet auteur a conservé les divisions établies sur le nombre des ran- gées où les graines sont placées dans chaque loge du fruit. Après avoir fait connaître la division qu'il adopte dans le classement des genres des Bignoniacées, M. Seemann étudie le genre Asfianthus de D. Don, dont il modifie les caractères, et fait connaître le genre nouveau C'ampsidium créé pour le Tecoma? Guarume Hook. in Bot. mag. tab. 4896 non DC, (Bignonia alata Pavon). En voici les caractères : Campsidium Reiïss. et Seem. mss. in hort. Vindob. — Calyx campanulatus, ecostatus, limbo 5-dentato, æquali ; corolla tubulosa, leviter curvata, limbo 5-lobo, lobis subæqualibus ; stamina 4, didynama, cum vestigio quinti ; antheræ parallelæ, nudæ ; stigma bilobum ; capsula terctiuscula, lævis, locu- licida ; septum valvis contrarium. Ce genre est voisin par son port du Campsis de Loureiro, mais en diffère par la forme de Ja corolle et la situation des loges anthérales, qui sont paral- lèles et non divariquées. E. F. Quelques observations sur le genre Cænogonium ; par M. W. Nylander (Ann. se. nat., h° série, t, XVI, pp. 83-94). Notre Revue a rendu compte l’année dernière d’un important travail de M. Karsten sur la parthénogenèse (1), dans lequel sont consignées des obser- vations relatives à l’embryogénie d’un Lichen du genre C'ænogonium. Ces observations n’ont pas paru exactes à M. Nylander, qui les réfute, en soute- nant que M. Karsten a pris pour des archégones de jeunes ramifications du thalle ; et que ce qui constituerait, d'après ce savant, un appareil de génération hermaphrodite, n’est en réalité pas autre chose qu’un premier état des jeunes rameaux. À l'appui de son opinion, il expose le développement des apothécies du Cœnogonium. | profite ensuite de l'occasion qui lui est offerte pour donner une monographie de ce genre, qui comprend dix espèces. Ce travail ést accompagné d’une planche qui représente divers détails anatomiques des (4) Voyez le Bulletin, t. VHE, p. 248 et suiv. 554 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cœnogonium Linkii Ehrenb., €. Leprieurii Mnt. et C. interplezum Nyi. On trouvera encore, dans le Bofanische Zeitung, n° 23, un travail de M. Nylander sur le genre C'ænogonium. E. F. Icones analyticæ Fungorum. Abbildungen und Beschrei- bungen von Pilzen mit besonderer Ruecksicht auf Anatomie und Entwicklungsgeschichte (Zigures et des- criptions des Champignons considérés particulièrement au point de vue de leur anatomie et de leur développement); par M. Hermann Hoffmann, professeur de botanique à l'Université de Giessen; 2° cahier. Giessen, chez J. Ricker; in-folio de 24 pages, avec 6 planches gravées et en partie coloriées. Dans le cahier de juin 4861, t. VIII, p. 4014, de ce recueil, on trouve une analyse du premier cahier de cet ouvrage important. Cette seconde livraison, pp. 33-56, débute par une note critique sur les rapports qui existent entre les genres £'ndogone et Hymenogaster ; l'auteur donne à ce propos les figures de l'Æymenogaster Klotzschii Yul., pl. VII, fig. 1 (1-9), et Endogone ma- crocarpa Tul., pl. VIL, fig. 1 (10-16). Les autres plantes figurées, décrites et accompagnées d'observations critiques, sont les suivantes : Agaricus (Pra- tella) conopilus Fr.; Sepedonium chrysospermum Fr.; Asterophora Pezizae Cd.; Hypocrea lactea Fr.; Sphæria (Sphærella) Corrigiolæ n. sp. ; Sphæria (Sphærella) punctiformis Fr.; Cortinarius decipiens P.; Coprinus fimetarius (L.) Fr. ; Paxillus ponæolus Fr.; Paxillus involutus (Batsch) Fr. ; Agaricus (Tricholoma) nudus Bull.; Agaricus {Entaloma) sericeus Bull. ; Agaricus (Derminus Hebeloma) lacerus Fr. ; Agaricus (Collybia) rancidus Fr. 16. BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET PALÉONTOLOGIQUE. Catalogue raisonné des plantes vasculaires de l'arron- dissement de Cherbourg; par MM. Besnou et Bertrand Lachênée. Un volume in-8° de 257 pages (Extrait du tome If du Congrès scientifique de France, 27° session tenue à Cherbourg). Cherbourg, chez Mouchel, 1862. Prix: 3 francs. Ge livre débute par un avant-propos où les auteurs donnent des détails sur la spontanéité ou l’introduction de certaines espèces dans le rayon de la flore, ainsi que sur la constitution géologique du pays qu’ils ont étudié. Ils ont suivi la classification adoptée par MM. Le Maout et Decaisne dans leur Flore des Jardins et des champs. Les déterminations de leurs plantes ont été faites par eux avec le plus grand soin, sur des sujets vivants. S'ils n’en ont pas adressé d'échantillons aux principaux auteurs de monographies, « c'est que, disent- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 555 » ils, tout en rendant justice à leur savoir, nous aurions à craindre les mé- » prises qui résultent forcément des analyses ou des vérifications opérées sur » des exsiccata. » Leur Catalogue ue comprend que les plantes dont ils ont constaté eux-mêmes l'existence dans l'arrondissement de Cherbourg ; il ren- ferme l'indication de plusieurs plantes qu’ils y ont découvertes : Petasites vulgaris, Phelipæa cœærulea, Scirpus Rothii, Bromus asper, Milium multi- florum et M. cœærulescens (ces deux derniers probablement introduits, etc.) ; nous noterons encore une observation faite par eux, d’après laquelle le Petro- selinum segetum ne croîtrait pas sur le calcaire, dans les environs de Cher- bourg, bien que cette plante y ait été indiquée comme trouvée entre des pierres constituées par des talcites calcarifères; leur opinion est fondée sur . l'analyse chimique de ces pierres, ainsi que des roches granitiques et de toutes les terres où ils ont rencontré le Petroselinum. Ns paraissent avoir été, en général, réservés dans l'admission des espèces proposées comme nouvelles par divers botanistes. Une liste placée à la fin de leur catalogue présente l'énumération des espèces qu’ils n’ont pas encore remarquées dans l’arron- dissement de Cherbourg, mais qui y ont été indiquées par d’autres explorateurs. Catalogue des plantes vasculaires qui croissent sponta- nément aux environs de Menton et de Monaco, avec l’in- dication des principales espèces de Nice, Sospel, Vintimille, San-Remo, etc. ; par M. Honoré Ardoino. Brochure in-8° de 46 pages. Turin, 1862. On connaît la situation singulière, probablement unique en Europe, que présente le coin de terre qui renferme Menton et Monaco, compris entre la Méditerranée et un hémicycle de montagnes dont la hauteur moyenne dépasse 1200 mètres et dont les défilés ne s’abaissent guère au-dessous de 900. C’est à cette configuration topographique qu’il faut attribuer l’in- croyable richesse de la végétation observée depuis vingt-cinq ans avec un soin persévérant par M. Ardoino. Il a constaté l'existence de mille espèces de plantes vasculaires sur une superficie moindre de cinq lieues carrées. Il a eu la curiosité de s’enquérir de l’étendue qu'il faut en divers pays pour réunir le même nombre d'espèces, et a dressé des tableaux intéressants pour ceux qui s'occupent de géographie botanique, où il compare la végétation des environs de Menton avec celle des environs de Gênes, de Toulon, de Marseille, de Turin, de Paris et de Londres, et avec celle des îles Canaries; toujours l'avantage du nombre est du côté de Menton. M. Ardoino rappelle les rares observations faites dans la circonscription de sa flore par Allioni et par M. De Notaris, ainsi que les herborisations de M. Louis Pretti, dont l’herbier, fruit de ses excursions en Piémont, en Provence et dans les Pyrénées, est déposé à l'hôtel de ville de Menton. Pour la série et la nomenclature, l’auteur à suivi 556 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la Flore de France de MM. Grenier et Godron dans les Dicotylées, et le Flora italiana de M. Parlatore dans les Monocotylées, sauf quelques légères modifcations ; il a adopté les espèces créées par M. Jordan, toutes les fois qu’il a pu saisir et apprécier par lui-même les différences signalées par cet auteur. Sulla flora della provineia senese € Maremma toscana (Sur la flore de la province de Sienne et de la Maremme toscane) ; par M. le docteur Attilio Tassi (Extrait du Guide à Sienne, publié à l'occasion du dixième congrès des savants italiens). Tirage à part en brochure in-8° de 63 pages. Sienne, 1862. Cette brochure débute par la diagnose du Æosellinia Tassiana Cesati et De Notaris. Elle comprend une longue énumération des auteurs qui ont herborisé dans la province de Sienne et dans la Maremme toscane, des ouvrages dans lesquels sont décrites des plantes de ce pays et des auteurs qui les ont étu- diées. Vient ensuite une description topographique et géologique des environs de Sienne, et l'indication des plantes que l’on trouve dans les localités les plus importantes de cette circonscription botanique. Enfin l'ouvrage se ter- mine par le catalogue des plantes spontanées qu'on y a observées. Ce cata- logue est dressé suivant un ordre méthodique, des Renonculacées aux Algues. Un tableau synoptique indique le nombre de genres, d’espèces et de variétés compris dans chaque famille. E. F. Verzeichniss der Phanerogamen and Gefæsskrypto= Samen des Berner-Ohcrlandes und der Umgebuns von Thun (£numération des Phanérogames et des Cryptogames vas- culaires de l’Oberland bernois et des environs de Thun); par M. L. Fischer, professeur de botanique à Berne. Berne, 1862, chez Dalp; petit in-8°, pp. 128. Ce petit livre, destiné à servir de guide aux botanistes qui voudraient explorer les environs de Thun, et la partie de l’Oberland bernois souvent visitée par les voyageurs, donne une simple liste de plantes, disposée suivant l'ordre du Synopsis de Koch, sans aucune description, mais en ajoutant pour chaque espèce l'indication très précise des localités où elle se trouve. L'auteur divise en trois catégories les altitudes de ces localités : l'inférieure s'élève jusqu’à la limite du Hètre (environ 4000 pieds), la moyenne jusqu'à celle des Pins (environ 5800 pieds), et enfin, la supérieure jusqu'à la limite des neiges perpétuelles et au delà (environ 8300 pieds). J. G. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 557 BOTANIQUE APPLIQUÉE. New american remedics; Caulophyllum thalictroides, Blue cohoslh (Nouveaux remèdes américains, le Caulophyllum tha- lictroides où Cohosh bleu) ; par M. Bentley (Pharmaceutical journal, vol. IV, n° 11, août 1862, pp. 52-56). Ce nouvel article de M. Bentley est rédigé sur le même plan que ceux que nous avons déjà fait connaître à nos lecteurs. Il nous apprend que les rhizomes du Caulophyllum thalictroides Mich. (Leontice thalictroides %.), sont em- ployés depuis longtemps par les peuplades indigènes de l'Amérique du Nord pour faciliter l'accouchement. Ces rhizomes ont ordinairement plusieurs pouces de longueur, sont très ramifiés ; leur diamètre est en moyenne d’un ticrs de pouce; une section transversale de ces rhizomes montre deux cou- ches, l’une intérieure, l’autre extérieure, chacune d’un blanc jaunâtre, sépa- rées par un tissu d’un brun foncé. Son aspect général ressemble à celui de la racine de Serpentaire. Il renferme, d'après certains auteurs, un alcaloïde nommé caulophylla, matière encore peu connue, et laisse déposer, quand on traite par l’eau sa teinture alcoolique concentrée, une matière résineuse connue sous le nom de caulophyllin, qui en est la substance active. Les pro- priétés médicales de cet agent sont encore à l'étude; on lui en à attribué de fort nombreuses, comme à presque tous les remèdes nouveaux; ce qui paraît le plus positif, c’est qu'il exerce sur l’utérus une action analogue à celle de l’ergot de seigle. La dose en est d’un quart de grain à un grain, on la répète trois ou quatre fois par jour. E. F. Outhe Cascarilla, and other species of Crofton, of the Bahama and west India island (Sur /a Cascarille et les autres espèces de Croton de Bahama et des iles des Indes occidentales); par M. William F. Daniell ( Pharmaceutical Journal , vol. IV, n° 4, octobre 4862, pp. 144-150, avec deux planches gravées). On trouvera dans cet article de nombreux et intéressants détails sur l’ori- gine des écorces qui nous viennent des Antilles sous le nom de Cascarille, et qui appartiennent, d’après l'auteur, à trois espèces : les Croton Eluteria Benn., Cr. Sloanei Benn. , et Cr. lucidum L. C'est la première qui fournit la plus grande partie de la Cascarille que l’on trouve dans le commerce ; la deuxième donne la Cascarille de la Jamaïque, et la troisième la fausse Casca- rille de Bahama. L'auteur étudie longuement la synonymie fort controversée de ces trois espèces et les décrit ensuite au point de vue botanique et médical. Les planches annexées au travail représentent les Croton Elureria et Cr. Sloanei. > 558 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Medicinisch-pharmaceutische Botanik, nebst Atlas en- thaltend die Analysen der wichtigsten Pfanzenfa- milien (Zotanique medico-pharmaceutique, accompagnée d'un atlas contenant les analyses des familles les plus importantes du règne vé- gétal); par M. le D' J.-B. Henkel, professeur de pharmacie à la Faculté de médecine de Tubingue, Tubingue, 1862, chez H. Laupp et Siebeck ; in-8; préambule et partie générale, pp. 33 ; partie spéciale, pp. 303; atlas in-8”, 4'° livraison, planches 1-20, avec 8 pages d’explication des figures. La plupart des ouvrages qui traitent des plantes médicinales et économi- ques étant ou trop volumineux, ou bien, lorsqu'ils sont accompagnés de figures, d’un prix trop élevé pour être à la portée de tous ceux qui se livrent aux études de ce genre, l’auteur a voulu nous offrir ici un petit livre qui, sous une forme très succincte, embrassât tout le règne végétal. L’atlas donne, en belles figures lithographiées, les analyses çà et là accom- paguées des dessins du port des plantes que l’auteur a choisies comme représen- tant les familles décrites dans l'ouvrage. Ces figures ont été en partie dessinées d’après nature, en partie empruntées aux ouvrages de MM. Lindley, Moquin- Tandon, Le Maout et autres. L'ouvrage se divise en deux parties, ayant chacune une pagination à part, dont la première traite des généralités de la science. Une courte introduction est suivie d’une esquisse rapide de l'histoire de la botanique. Le chapitre suivant parle des rapports de la botanique avec les sciences médicales et pharmaceutiques; et l’auteur s'efforce d’y faire ressortir toute l'importance, trop souvent méconnue, qu’elle a pour ces sciences. Le troisième chapitre offre une revue des systèmes de classification les plus en usage, et expose les principes sur lesquels est basée la botanique systématique. La seconde et plus grande partie du livre nous offre la description spéciale des végétaux traités dans l'ouvrage. L'auteur ne comprend pas seulement dans son cadre les plantes médicinales, mais il mentionne aussi les végétaux de la grande culture et ceux employés dans l’industrie ; il a également soin de nous instruire sur la composition chimique des végétaux, ainsi que sur leur emploi et leur mode d’action. L’atlas paraîtra en trois livraisons, dont la première contient vingt planches ; les deux autres doivent être publiées avant la fin de l’année courante. É œ MÉLANGES, Notice sur la vie et les travaux de M. J. Scheidweiler ; par M. Émile Rodigas; in-4° de 31 pages, avec un portrait lithographié de M. Scheidweiler. Gand, 1862, Il y a plusieurs mois déjà que notre Æevue a annoncé la perte que la science REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 559 venait de faire dans la personne de M. Scheidweiler, professeur de botanique à l'École de Gendbrugge-lez-Gand. Son successeur à l'École de Gendbrugge, M. Rodigas, a voulu honorer la mémoire de M. Scheidweiler en retraçant les principales circonstances de sa vie, Nous extrairons de sa notice les détails suivants : Michel-Joseph-François Scheidweiler était né à Cologne le 1° août 1799; orphelin dès les premières années, il alla faire ses études humanitaires dans la petite ville de Siegburg, et bientôt, après quelques voyages, se fixa à Cologne, puis à Aix-la-Chapelle, pour y exercer la pharmacie et y fonder ensuite une fabrique de produits chimiques qu'il dut bientôt fermer, car il préférait ses études de botanique aux soins de son établissement, qui péricli- tait d’une manière sensible. Après avoir séjourné quelque temps à Liége, il vint se fixer à Bruxelles, où il fut favorablement accueilli par tous ceux qui s'occupaient de sciences; et, lors de la création de l’École de médecine vétéri- naire et d'agriculture de la Belgique, il fut chargé d’y enseigner à la fois la botanique, l’agronomie, l’économie rurale et les applications de la chimie à l'agriculture ; sa carrière professorale ne dura pas moins de vingt-cinq ans. Les principaux travaux de Scheidweiler sont des descriptions de plantes nouvelles, notamment de Cactées rapportées du Mexique par Galeotti; un Cours raisonné et pratique d'agriculture el de chimie agricole, et un ouvrage intitulé : 7raité théorique et pratique de l'élève et de l'amélioration des bêtes à cornes. Plusieurs publications de Scheidweiler se trouvent éparses dans le Zinnæa, le Wochenschrift, le Botanische Zeitung, la Flore des serres, le Journal d'agriculture pratique et beaucoup d’autres recueils. L'un des principaux mérites de Scheidweiler est d’avoir travaillé à répandre le goût de la botanique en dirigeant de nombreuses excursions, et d’avoir formé plusieurs élèves. C’est dans une de ces promenades qu’il eut l’idée, rapporte M. Rodigas, de naturaliser, dans les étangs de Ledeberg, l’Anacharis Alsinastrum du Canada; cette plante s’est de là répandue dans les canaux environnants. On lira avec un vif intérêt, dans la notice que nous avons sous les yeux, l'éloge de ce savant modeste, que les critiques malveillantes, et, ce qui est pis, l'indifférence, n’ont pas empêché de suivre d’un pas résolu la route qu'il s'était choisie et de remplir noblement une carrière utile. E. F. BIBLIOGRAPHIE, The Flora of Essex, or a list of the flowering plants and Ferns found in the county of Essex, with the localities of the less common species ascertained by recent observation and reference to former authors, and illustrated with four coloured plates of the plants peculiar to the country, and a map (Flore d'Essex, ou Liste des plantes phanérogames et des Fougères trouvées dans 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le comté d’Essex, avec le tableau des localités des espèces rares dressé par des observations récentes ou d’après les anciens auteurs, quatre planches coloriées représentant les plantes propres au pays, et une carte géographique); par George Stacey Gibson, membre de la Société Linnéenne de Londres. Un volume in-8° de 470 pages. Londres, chez W. Pamplin. On the three remarkable sexual forms of C'atasetum tridentatum, an Orchid in the possession of the Linnean Society (Sur les trois formes sexuelles remarquables du Catasetum tridentatum, Orchidée des collections de la Société Linnéenne) ; par M. Ch. Darwin (Journal of the proceedings of the Linnean Society, vol. VI, n° 24, novembre 1862, pp. 151-157, avec deux gravures sur bois intercalées dans le texte): Remarques sur l’organisation des Berbéridées ; par M. H. Baillon (Adanso- nia, t. LU, pp. 268-291). Sur une Protéacée et une Laurinée polycarpellées ; par M. H. Baillon (Adan- sonia, t. II, pp. 292-293, juin 1862). Étude d’une Crucifère (Buntas) à fleurs monstrueuses ; par M. H. Baillon (Adansonia, t. 11, 306-311). Des phénomènes généraux de la variation dans le règne végétal ; par M. Joseph D. Hooker (Extrait de la préface de la Flore de Tasmanie; Ann. sc. nat. 1862, t. XVI, pp. 97-143). Conspectus specierum generis Aconiti quæ in flora rossica ct in regionibus adjacentibus inveniuntur ; auctore E. Regel (Ann. se. nat. 1862, t. XVI, pp. 144-153). : Espèces et variétés nouvelles de Cucurbitacées cultivées au Muséum d'histoire naturelle, en 1860 et 1861 ; par M. Ch. Naudin (Ann. se. nat. 1867, t AVI, pp. 154-199, avec 4 planches gravées). Recherches sur les Algues marines Acetabularia Lamx et Æspera Dene; par M. Michel Woronine (Ann. sc. nat. 1862, t. XVI, pp. 200-214, avec 6 planches gravées). Note sur une monstruosité des cônes de l’Abies Brunoniana Wallich; par M. Ph. Parlatore (Ann. sc. nat. 1862, t XVI, pp. 215-217, avec une planche gravée). Recherches expérimentales sur la formation des couches ligneuses dans le Pircunia; par M. Hétet (Ann. sc. nat. 1862, t. XVI, pp. 218-222). Sur la morphologie des genres 7richia et Arcyria et la place qu'ils doivent occuper dans le système naturel; par M. A. Wigand (Ann. sc. nat. 1862, Lt XVI, pp. 223-262, avec 2 planches gravées). Etudes sur la végétation du sud-est de la France à l’époque tertiaire ; par M. le comte Gaston de Saporta (Ann. se. nat. 1862, t. XVI, pp. 309-349; avec une carte géographique). Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, ruc Mignon, 2. SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET A NARBONNE EN JUIN 1862. La Société, conformément à la décision prise par elle dans sa séance du 28 février dernier, s’est réunie en session extraordinaire à Béziers, le 2 juin. — Les séances de la session ont eu lieu le 2 et le 4 (à Béziers), le 8 (à Narbonne), et le 11 (à Béziers). Pendant cette session, qui a duré dix Jours, la Société a exploré successivement les environs de Béziers (Roquehaute, le Pas-du- Loup, etc.), d'Agde et de Narbonne (Fontfroide, le Pech-de-lAgnel, l’île Sainte-Lucie et la Clape). Le Comité chargé d'organiser la session et nommé par le Con- seil (conformément à l’art. 5 du règlement spécial des sessions extraordinaires), se composait de MM. E. Cosson, AI. Jamain, Mar- mottan, Maugeret et Théveneau, auxquels furent adjoints dans la réunion préparatoire (2 juin) MM. G. Lespinasse et de Pommaret. Les membres de la Société qui ont pris part aux travaux de la session sont : MM. Bras. MM. Larambergue (H. de). MM. Ozanon. Chatin. La Savinierre (E. de). Planchon (J.-E.). Clos. Lebel. Pommaret (E. de). Cosson. Le Dien (Ém.). Salve (le vte S. de). Derbès. Lespinasse. Schænefeld (W. de). Doûmet (E.). Lombard. Senot (Ch. de). Duhamel (L.-N.). Magnan. Seynes (J. de). Durieu de Maisonneuve. Marmottan. Testenoire. Gautier (G.). Martin (B.), Théveneau (A). Germa. Martin (J. de). Thibesard. Guichard. Martin (L. de). Timbal-Lagrave. Jamain (A.). Martins (Ch.). Walker. Jamin (F.). Maugeret. Un grand nombre de personnes étrangères à la Société ont pris Fr 36 562 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. part aux diverses réunions et excursions, tant à Béziers qu'à Nar- bonne. Parmi elles, nous citerons : A Béziers : M. AUGUSTE FABREGAT, maire de Béziers. MM. AZAIS. BERNARD, pharmacien, ancien maire. BISCAYE. BoNGRAND, procureur impérial. BONNET. Bouvarp, bibliothécaire-archiviste de la ville. BRAUN, capitaine en retraite. BROUARDEL (de Paris). CABAXES, docteur en médecine. CaROU, président de la Société archéologique. CAVAILLER, juge au Tribunal civil. CHAVERNAC, membre du Conseil d’arrondissement. DAUREL, juge d'instruction. DELLON, ingénieur des ponts et chaussées. Doumer (N.) fils, de Cette. DuRAND (l'abbé), archiprêtre. EUSTACHE (Osear). FABRE, président du Tribunal civil. FARRET (Jules). FicxoL (Henri), de Toulouse, étudiant. FOURNIER, horticulteur. GalLHAC, adjoint au maire. GENSON, conseiller municipal. HEIRISSON (Louis). LABOR (Charles). s LANGE (Frère), professeur de physique au pensionnat des Frères de la doctrine chrétienne. LAURENCIE (de Paris), chef de bureau au Ministère de l'instruction publique. LAURENCIE fils (de Paris), étudiant. j LLOBERUS (Frère), professeur de botanique au pensionnat des Frères de la doctrine chrétienne. LOCRÉ (de Paris). MARTIN, conseiller municipal. MATHON, adjoint au maire. NOGUIER, ancien magistrat. PERRÉAL, docteur en médecine. POoRTALON (de). PouJoL, jardinier de l'École de pharmacie de Montpellier. RAMADIÉ (labbé), curé de Saint-Jacques. SABATIER, doclèur en médecine. THRÉVENEAU (Urbain). Tomas, docteur en médecine. ViNas, agent-voyer de l'arrondissement. VIVIER, architecte de la ville ; etc., etc. A Narbonne : M. PÉCHIN, sous-préfet de l'arrondissement de Narbonne. M. PEYRUSSE, maire de Narbonne, MM. AMARDEL, adjoint au maire, Bayssas, artiste, SESSION EXTRAORDINAIRE À BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862, 563 MM. BiRAT (Hercule), homme de lettres. BORIES, notaire. CASTANIER, ingénieur civil. CAUVET, avocat. DARAGON, professeur de mathématiques. DuREAU, bibliothécaire de la ville. ESPALLAC (Auguste), propriétaire. FAURE (Hippolyte), propriétaire. GUY DE VILLENEUVE (Charles de). JALARD, pharmacien. JALARD fils, étudiant. LARRAYE, architecte. MARTIN (de), docteur en médecine, médecin des hospices civils et militaires de la ville, etc. PAILHEZ, président du Tribunal civil de Limoux. PARAZOLS (Hippolyte), négociant. PEc (Augustin), docteur en médecine. PECH (Louis), docteur en médecine. PRAx (l'abbé), professeur de sciences physiques et naturelles. Py, docteur en médecine. ROSSIGNOL, propriétaire. - SABATIER (Marc), propriétaire. SALIS, receveur municipal], SELLIER, inspecteur du télégraphe, à Carcassonne. VIENNET, receveur des finances ; etc., ete. Réunion préparatoire du ? juin 1862. La Société se réunit à Béziers, à huit heures et demie du matin, dans la grande salle de l'hôtel de ville, que l’administration muni- cipale a bien voulu mettre à sa disposition pour toute la durée de la session extraordinaire. La réunion est présidée par M. Chatin, président de la Société. Conformément à l’art. 14 du règlement spécial des sessions ex- iraordinaires, M. de Schœnefeld, secrétaire général, donne lecture dudit règlement. En vertu de l’art. 11 des statuts, un Bureau spécial doit être organisé par les membres présents pour la durée de Ja session extraordinaire. En conséquence, M. le Président propose à la So- ciété de nommer pour faire partie dudit Bureau : Président (pour le département de l’ Hérault) : M. E, DOUMET, maire de Cette, député au Corps législatif. Président (pour le département de l'Aude) : M. J.-E. PLANCHON, professeur à la Faculté des sciences et directeur de LA . l'École de pharmacie de Montpellier, 56/1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Vice-présidents : MM. Derbès, professeur à la Faculté des sciences de Marseille ; le docteur Lebel (de Valognes) ; le docteur Théveneau (de Béziers) ; Timbal- Lagrave, professeur suppléant à l'École de médecine de Toulouse. Secrétaires : MM. L.-N. Duhamel (de Paris) ; Alexandre Maugeret, directeur des lignes télégraphiques, à Cahors; le vicomte Sébastien de Salve {d’Aix-en-Provence) ; le docteur Jules de Seynes (de Montpellier). Ces choix sont unanimement approuvés par la Société. L'installation de ce Bureau spécial aura lieu aujourd’hui même, à la séance publique d’ouverture, qui commencera à une heure. M. le Président donne lecture du projet suivant de programme de la session extraordinaire : LUNDI 2 JUIN. — A 8 heures 1/2, réunion préparatoire à l'hôtel de ville de Béziers. — A 1 heure, séance publique à l'hôtel de ville. — Après Ja séance, excursion au Coteau de la Pioule. MAD 3. — Herborisation à Roquehaute (aller et retour en voiture). MERCREDI 4. — À 10 heures 1/2, séance publique. — Excursion à Agde. — Départ à ? heares (aller et retour en voiture). JEUDI 5. — Herborisation au Pas-du-Loup (aller et retour en voiture). VENDREDI 6. — Préparation des plantes. — Départ pour Narbonne. SAMEBI 7. — Excursion de Narbonne à Fontfroide (aller et retour en voiture). DIMANCHE 8. — Herborisation au Pech-de-l’Agnel. — Retour à Narbonne pour déjeuner, — Préparation des plantes. — Séance publique à 5 heures du soir, LUNDI 9. — Excursion à Sainte-Lucie et à la Nouvelle (aller et retour el chemin de fer). MARDI 10. — Herborisation à la Clape. — Retour à Béziers pour coucher. MERCREDI 11. — Séance de clôture à Béziers, à 8 heures 1/2 du matin: Ce programme, rédigé d'avance par MM. les membres du Comité chargé d'organiser la session, est unanimement adopté, et la Société se sépare vers neuf heures et demie. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862, 565 SÉANCE DU ? JUIN 1862. La Société se réunit à Béziers, à une heure, dans la grande salle de l’hôtel de ville. M. Chatin, président de la Société, occupe le fauteuil. Il est assisté de MM. E. Cosson, vice-président, de Schænefeld, secrétaire général, et A. Jamain, archiviste. Un grand nombre de personnes notables de Béziers et des envi- rons honorent la réunion de leur présence. Sur l'invitation de M. le Président, M. Fabregat, maire de la ville, et M. Carou, président de la Société archéologique, prennent place au bureau. M. le Maire procède à l'installation de la Société en prononçant le discours suivant : DISCOURS DE M. À, FABREGAT. Messieurs, En trouvant réunis dans cette enceinte les membres les plus éminents de la Société botanique de France, je suis tenté de m'écrier comme autrefois ce doge de Venise dans le palais de Versailles : Ce qui m'étonne le plus, c'est de les y voir. A quelle cause en effet uv’est-il permis d'attribuer une faveur conférée jusqu’à ce jour aux seules villes où le culte des lettres, des sciences et des arts fut toujours en honneur, ou qui sont dotées d’écoles célèbres ? J'ai cru d'abord que, pensant avec Platon que la science est l’amie de tous, vous aviez voulu traiter sur le pied d'égalité les petits comme les grands cen- tres, et faire, sans acception de titres et de droits, une lumineuse et utile propagande. Plus tard, creusant plus profondément votre pensée, j'ai dû rattacher au souvenir de Vanière le choix de notre ville pour ia tenue de votre septième session. Vous voilà dans la cité de Vanière, en présence du buste de ce poëte qui dans des vers d’une latinité aussi élégante qu'harmonieuse, a célébré ie oliviers, les vignes et toute la riche végétation de nos contrées que fécondent les rayons d’un beau ciel. nie loca quæ fortunatissima vestit Purpurea sol luce...…. (Lib. 1, v. 41.) Notre Vanière observait la nature en botaniste et la chantait en poët: Il a consacré le neuvième chant de son Prædium rusticum aux jardins Potagers ; il a passé en revue les légumes et les plantes qui nous servent de 566 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nourriture ou de remède; il n’a cru aucun de ces végétaux indigne d’avoir place dans son poëme, Sa poésie, comme la lumière, se répand sur tous les brins d'herbe et sur les plus frêles tiges. Purpureis alii redolentes floribus hortos Principibus cecinere viris; ego rustica tractans Prædia, divino quondam meditata Maroni, Tenuia difficili complectar oluscula versu. (Lib. 1X. Olus.) Comme Virgile son modèle, il sympathise avec les plantes et voit dans leur vie une image de la vie humaine. Arboreas terræ suceus pro sanguine venas Irrigat ; et frondes, vitæ fons, manat in omnes. Spemque metumque facit plantarum infantia, primo Luxurians et flore nitens juveniliter ævo, Sed vix stare potens crebrisque agitata procellis. (Lib. VI. Arborum morbi.) Le poëte décrit ensuite leur adolescence féconde en végétation luxuriante que doit réprimer la faucille; puis leur âge mûr propice aux fruits ; enfin leur vieillesse qui dépouille leur front et laboure de rides leur écorce. Vous le voyez, Vanière est un des vôtres, et c’est à bon droit que je reven- dique pour ses travaux et sa mémoire l'honneur qui est fait aujourd’hui à sa ville natale. Vous allez explorer le sol fertile qu’a chanté ce poëte botaniste. Je regrette vivement que mon ignorance absolue de la science des Tourne- fort, des Linné, des Jussieu, me prive de vous accompagner dans vos exCur- sions et de goûter avec vous les jouissances poétiques que doit procurer aux initiés l’étude des plantes. Quel consolant contraste pour vous! Tandis que vous voyez les animaux se faire la guerre et s’entre-dévorer, tandis que, autour de vous, les hommes livrés à l'envie, à l'ambition et à tous les débor- dements des passions, font de la vie un combat perpétuel qui amène décep- tions et dégoûts pour finir par la misanthropie, vous opposez à ces mœurs cruelles, à ce désenchantement, à ce désespoir peut-être, la nature paisible des plantes, et vous concluez qu’on n'est heureux qu’en aimant les fleurs et la verdure. Quelques adeptes, à notre défaut, éclaireront vos pas, dirigeront vos recher- ches et vous feront les honneurs des quelques plantes rares particulières à notre sol. Hs vous montreront sur les coteaux de Roquehaute le Ranunculus lateri- florus, qui ne se trouve que là en France ; le Mañsilea pubescens, plante décou- verte par M. Esprit Fabre, d'Agde, et qui a valu à ce modeste et intelligent botaniste une mention dans les publications de l’Institut; enfin l'Iris Xiphium, plante d'Espagne, découverte par un de nos Frères de la doctrine chrétienne. SESSION EXTRAORDINAIRE À BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 567 Vous trouverez encore, à quelques kilomètres de notre ville, l’Astragalus Glaux, plante de l'Afrique septentrionale, l’Aséragalus narbonensis et le Cistus ladaniferus. Nos vœux vous suivront dans vos courses. Nous viendrons dans vos réunions publiques apprendre à aimer la science charmante qui délasse le promenenr, lui fait braver les fatigues et le rend si heureux de la possession d’une plante nouvelle où peu connue. Puisse votre court passage au milieu de nous, inspirer à notre jeunesse l'amour de votre science et lui recruter de nombreux partisans! Puisse-t-il influer efficacement sur la réalisation d’une de nos pensées les plus chères : la création, dans notre future promenade des Poëtes, d’un jardin botanique doté par le Gouvernement d’un professeur et d’ün cours public ! Notre ville, et j’en suis fier, compte parmi ses enfants des célébrités de plus d'un genre. Illustrations dans l’armée : deux maréchaux de France et bon nombre de généraux ; illustrations dans les sciences et les lettres : Riquet, Vanière, Esprit, Pellisson, Mairan; illustrations dans l’art de guérir : Bouillet et Miquel; dans l’art lyrique : Gaveaux; illustrations dans la classe ouvrière : Perret et Cordier. Il manquait à cette galerie une illustration dans la bota- nique. C'est en s’associant à vos travaux qu’un enfant de Béziers, Duchartre, à conquis à vos côtés les palmes de l'Institut. Ce premier fait, jaime à le prophétiser, contient en germe tout un avenir. Si Montpellier, notre chef-lieu, est fier des éminents botanistes qu'il a pro- duits: Richer de Belleval, Magnol, Gouan, Broussonnet, Delile, De Candolle, Auguste de Saint-Hilaire, Dunal et Moquin-Tandon; si, par les soins de l’un d’eux, la flore de Montpellier a été mise en lumière, le mérite scientifiqne de notre Duchartre suffit à réhabiliter Béziers. Puisse, un jour, ce savant con- sacrer ua de ses rares loisirs à publier la flore de sa ville natale! En attendant ce travail digne de lui, laissez-moi vous dire que l’adminis- tration municipale, interprète des sentiments de tous les habitants de Béziers, vous remércie d’avoir songé à planter dans ses murs le drapeau de la science botanique, C’est avec bonheur qu’elle vous octroie droit de cité. Sa bibliothèque, son musée naissant, les locaux de son hôtel de ville, ses employés municipaux, sont dès ce moment à votre disposition. Si vous ne trouvez point ici toutes les ressources des villes importantes adoptées déjà pour vos réunions périodiques, croyez du moins qu’on ne vous vit jamais avec plus de sympathie, qu’on ne vous fit jamais des offres avec plus de cœur, et qu’on ne sera jamais ni moins oublieux ni plus reconnaissant de la visite des illustres pèlerins de la science botanique. M. le Président remercie M. le Maire et prononce le discours suivant : 568 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DISCOURS DE M, CHATIN. Messieurs, mes chers collègues, Notre reconnaissance est grande envers les autorités municipales de ces vieilles et célèbres cités, Béziers et Narbonne, qui nous donnent une hospitalité aussi gracieuse qu'empressée. Notre bonheur est grand aussi, car nous allons explorer ensemble, en ces charmantes réunions qui, tout en étendant nos con- naissances sur les œuvres toujours admirables de la création, et en nous pré- parant de doux souvenirs, cimentent ou préparent ces bonnes camaraderies, parfois ces sincères amitiés dont la vie du naturaliste, par un de ses meilleurs privilèges, est heureusement fleurie. La végétation de Béziers et de Narbonne représente, vous le savez bien, et votre présence ici suffirait à l’attester, l’un des meilleurs coins de notre riche flore méditerranéenne, de cette flore dont notre savant collègue M. Gosson, com- plétant, par de pénibles et fructueux voyages, les observations de Desfontaines, établit les rapports avec celle d'Algérie et des autres états du nord de l'Afrique, depuis l'Égypte jusqu’au Maroc. Au nom de M. Cosson, et à la citation de ses voyages en Afrique, votre pensée associe, Messieurs, le nom de notre cher collègue M. Durieu de Maisonneuve, son savant collaborateur, votre souvenir s’attriste de la mort cruellement prématurée de Henri de la Perraudière. Mais restons à Béziers et à Narbonne. Sous la direction bienveillante et empressée de M. le docteur Théveneau et de plusieurs autres de nos collègues, MM. Derbès, Martins, Planchon, de Larambergue, de Pommaret, Maugeret, etc. , les localités classiques de Roque- haute, du Pas-du-Loup, de la Clape, d'Agde, de l'île Sainte-Lucie, vont remplir nos boîtes d’une foule d'espèces rares ( Astragalus narbonensis, Opopanaz Chironium, Linum narbonense, Micropus bombycinus, Scandix hispanica, etc). M. Timbal-Lagrave nous vient de Toulouse, pour présider à Fontfroide et dans le bois de Cascatel, ces lieux favorisés du rendez-vous général des Gistes de France, à la récolte des espèces du beau genre de plantes que ses travaux ont si bien fait connaître. Vous regretterez tous que l'absence de M. Tournal, l’éminent géologue de Narbonne, nous prive des lumières qu'il eût jetées au milieu de notre réunion, sur l'association intime par laquelle la nature des roches se rattache à celle des végétaux, mais nous nous dédommagerons dans la mesure du possible, en visitant le musée intéressant qu'il a contribué plus que personne à créer dans sa ville natale. Le riche musée de Narbonne reporte nos souvenirs vers celui, si beau, que notre collègue M. Doûmet, ce digne petit-fils d’Adanson, à formé à Cette, et dont il nous fit avec empressement les honneurs en 1857, à la session départementale de Montpellier. C2 SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 569 Béziers, cité patriotique, savante et lettrée, a fourni, depuis l’époque de la Renaissance, des hommes qui ont pris une place élevée au milieu de leurs contemporains. Riquet (qui vécut de 1604 à 1680), et dont la trace est aujourd’hui suivie et élargie par Ferd. de Lesseps, engagea 34 millions à faire creuser, sous la direction de l’ingérieur Andréossv, le grand canal qui réunit les deux mers sur lesquelles, par un privilége unique entre les grandes nations de l'Europe, la Krance est assise. Pellisson (de 1624 à 1693), qui, premier commis de l’ambitieux Fouquet, mérita d’être de l’Académie française, écrivit l'histoire du grand roi, de la mort de Mazarin (1659) à la paix de Nimègue (1678), et fut enfermé cinq ans à la Bastille, où il rédigea, pour la défense de Fouquet, trois mémoires qui témoignent de sa fidélité au malheur et sont l'honneur du barreau français. Béziers compte aussi, parmi ses plus hautes illustrations, le père Vanière, dont le marbre, placé sous vos veux, reproduit la figure intelligente, grave et inspirée. Par son Prædium rusticum, Vanière s’est rapproché de l’auteur des Géorgiques autant que pouvait le faire le représentant français d’une vieille colonie latine. Il naquit aussi dans les régions botaniques que nous allons explorer, Pourret, l’auteur du C'hloris narbonensis. Arrivons sans transition jusqu’à nous, Messieurs, pour rappeler que lun de nos plus éminents collègues, dont l'absence en ce moment n’est que trop sentie, qui a fait en botanique des travaux estimés sur l’organogénie, où, avec notre savant collègue Guillard, il a tracé les premiers sillons, sur l'anatomie, sur la botanique descriptive, où il a montré l’heureuse alliance des idées de généralisation et de l’exactitude dans les détails d'observation, sur la physiologie, où ses recherches sur la non-absorption des liquides par les parties vertes des végétaux ont rectifié des erreurs accréditées sur la foi et l'expérience des maîtres les plus vénérés de la science, que M. Duchartre, dont les travaux viennent d’être récompensés par un fauteuil à l'Institut et par les hautes fonctions universitaires qui le retiennent aujourd’hui loin de nous, est un enfant de Béziers. / L'un des principaux avantages que nous offrent les réunions départementales consiste en Ja comparaison que chacun de nous fait, échange sur la végétation actuellement observée et celle de la région qui lui est la plus familière. M. le docteur Lebel nous dira celles des espèces méditerranéennes (Lagurus ovatus, Inula crithmoides, Cynosurus echinatus, Zannichellia macros- temon, etc.), qui favorisées par les climats tempérés de la zone marine, s'avan- cent sur les plages océaniques. M. de la Savinierre nous apprendra, en l'absence regrettée de MM. Bourgault-Ducoudray, Lloyd et Boreau, quelles plantes (Si/ene portensis) s'avancent des chaudes régions de l'Hérault et de 570 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Aude sous le doux ciel des rives de la Loire. Les botanistes parisiens, venus surtout pour écouter, diront peut-être aussi quelles espèces du midi (Aséra- galus monspessulanus, Melica nebrodensis, Arum italicum, etc.), de l'ouest (Lobelia urens, Deschampsia uliginosa, Myrica Gale, Carum verticil- latum, etc.), du nord ou des Alpes (Æepatica triloba, Daphre Mezereum, Thlaspi montanum, Aconitum Napellus, Nardus stricta, Suwertia pe- rennis, etc), croissent dans leurs contrées presque sans relief et à demi- boréales. | Mais je m’arrête dans cette pensée, que chacun de vous complétera sur le terrain. Le repos (relatif) dont nous pourrons avoir besoin, les loisirs forcés que pourrait nous faire un ciel cependant presque toujours hospitalier, seront agréablement et utilement employés à visiter les établissements, les monu- ments du pays. Sur les restes des murailles de Béziers, qui abritèrent plusieurs conciles, vous trouverez écrite l’histoire de celte cité antique où les Romains ont laissé un amphithéâtre ; plusieurs fois prise et détruite par les Goths au v° siècle, reprise par Charles-Martel aux Arabes d’Espagne, saccagée enfin par le cruel Simon de Montfort (dont les terres circum-parisiennes fournissent aux bota- nistes de la capitale tant de rares espèces), Béziers vit massacrer dans ses murs 60,000 hommes durant la funeste guerre des Albigeois. Fertile en vins, en fruits, etc., le territoire de Béziers est aujourd’hui fécondé encore par une Société savante, autour de laquelle se sont groupés ceux de ses enfants, et ils sont nombreux, qui s’adonnent aux sciences, aux lettres et aux arts. Comme à Narbonne, les archéologues nés en quelque sorte des traditions et des témoins matériels de sa vieille histoire, se sont réunis en une Société, qui de pierres souvent plus qu'à demi-elfacées, fait jaillir, éclairés d'une vive lumière, des événements sur lesquels se sont en vain accumulées les dépréda- tions et la poussière de vingt siècles. A Narbonne, plus encore peut-être qu’à Béziers, vous trouverez l'histoire romaine du chef-lieu de la Gaule narbounaise, tracée sur des ruines dont un grand nombre ont été recueillies et sauvées par la Commission archéologique. Mais j'oublie, Messieurs et chers collègues, et que je suis incompétent à signaler, même par occasion, des choses qui ne peuvent manquer de vous intéresser beaucoup, en prenant un autre interprète (M. le président de la Société archéologique de Béziers, que vous allez entendre), et que les instants d’un pouvoir que je vais remettre aux dignes mains que vous avez choisies, sont comptés. Je me retire, en priant de nouveau, M. Fabregat, maire de la ville, d'agréer nos plus sincères remerciments pour son cordial accueil, pour les suins qu'il a donnés à notre installation, et de vouloir bien transmettre au Conseil muni- SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 571 cipal de Béziers l'expression de notre vive gratitude pour la généreuse libéralité avec laquelle il nous à accordé une faveur tout exceptionnelle en votant une allocation spéciale destinée à couvrir les dépenses occasionnées par notre session actuelle. M. Carou, président de la Société archéologique de Béziers, adresse à la Société l’allocution suivante : DISCOURS DE M. CAROU. Messieurs de la Société botanique, Permettez-moi, au nom de la Société archéologique, scientifique et litté- raire de Béziers, de m’applaudir et de vous remercier de votre présence dans ces murs. Institués pour seconder et développer parmi nous tout ce qui tient à la culture de l'esprit, nous devons considérer comme un événement heureux votre session à Béziers. Nous n’aurons point à vous faire les honneurs de la cité ; vous êtes partout chez vous, car vous n’avez qu’à demander à la nature de vous laisser voir ses richesses infinies, c’est le privilége de votre science. Vous trouverez ici des hommes qui l’aiment et qui la cultivent avec distinc- tion ; à eux l'honneur de vous servir de guides dans les explorations que vous allez entreprendre, et que la variété des conditions géologiques de notre sol doit rendre aussi fructueuses qu’intéressantes. Puisse le spectacle de votre réunioi, l'attention qu’elle ne peut manquer d’exciter et l'intérêt qu’elle inspirera, eh répandre le goût plus qu’il ne l’est, en révélant à ceux qui l’ignorent le chärme d’une étude qui convient à tous les âges, à tous les sexes, à toutes les situations de la vie, dont la matière est partout, qui offre à la curiosité de l'esprit un aliment aussi pur qu’inépuisable, et qu’une éducation plus avancée fera un jour, nous l’espérons du moins, entrer plus profondément dans nos habitudes, à l'exemple de plusieurs parties de l’Europe. M. Chatin remercie M. le Président de la Société archéologiqne. M. de Schœnefeld, secrétaire général, donne lecture d’une lettre que M. le baron Servatius, sous-préfet de l’arrondissement de Bé- ziers, a bien voulu adresser à M. le Président pour lui exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance. M. Chatin procède ensuite à l'installation du Bureau spécial de la session, nommé dans la réunion préparatoire de ce jour. M. E. Doûmet, président de la session (pour l'Hérault), prend place au fauteuil. MM. Planchon, président (pour l'Aude); Derbès, 572 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lebel, Théveneau, Timbal-Lagrave, vice-présidents ; Duhamel, S, de Salve, J. de Seynes, secrélaires, s’asseient au bureau. En prenant place au fauteuil, M. Doûmet remercie la Société de l'avoir appelé à présider les travaux de sa session dans le départe- ment de l'Hérault. M. Durieu de Maisonneuve présente des échantillons de Tha- lictrum tuberosum qu'il vient de recueillir dans la Malepeyre, chai- non de l’Alaric, et veut bien en faire la distribution aux Membres présents. M. Planchon fait remarquer que cette espèce, d’une culture facile, devrait être introduite dans les jardins, où ses Îeurs seraient d'un effet agréable au premier printemps. — Il met sous les yeux de la Société et veut bien distribuer aux Membres présents de nombreux échantillons de Cistus Ledon et C. albido-crispus, plantes dont il compte entretenir la Société dans une prochaine séance. Et la séance est levée à deux heures et demie. L’excursion au côteau de la Pioule, qui devait termimer celie journée, n’a pu avoir lieu à cause d’une pluie torrentiele et inces- sante. Les autres herborisations de la session ont d’ailleurs été favo- risées par un temps magnifique. Le lendemain 3 juin, conformément à son programme, la Société à consacré toute la journée à l'exploration des garrigues de Prègnes, des rochers et des mares du plateau de Roquehaute et des sables maritimes voisins. (Voyez plus bas le rapport de M, Théveneau Sur cette excursion.) Le 4, de grand matin, pour se dédommager de la course man- quée au coteau de la Pioule, quelques membres sont allés faire une petite herborisation aux Neuf-Écluses et aux côtes de Bayssan: (Voyez plus bas le rapport de M. Clos sur cette excursion.) SÉANCE DU 4 JUIN 1562. PRÉSIDENCE DE M. E. DOUMET. La séance est ouverte à onze heures et demie du matin, dans la grande salle de hôtel de ville de Béziers. M. Jules de Seynes, secrétaire, donne lecture des procès-verbaux SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 573 de la réunion préparatoire et de la séance du 2 juin, dont la rédac- tion est adoptée. M. A. Jamain rend verbalement compte de l’herborisation faite le 3 juin aux garrigues de Prègnes, sur le plateau et les dunes de Roquehaute (1). RAPPORT DE M. A. THÉVENEAU SUR L'HERBORISATION DIRIGÉE PAR LUI, LE 3 JUIN, AUX GARRIGUES DE PRÈGNES ET A ROQUEHAUTE. (Béziers, novembre 1863.) La mort si cruellement prématurée de notre regretté collègue le docteur A. Jamain, est venue priver notre Bulletin de la relation qu’il devait faire de l'excursion du 3 juin à Roquehaute. Jamain, pendant cette course qu'il avait souvent animée par sa verve et son entrain, avait pris des notes sur toutes les récoltes, et sur les savantes observations des maîtres de la science qui nous accompagnaient. En l'absence de ces documents, nous avons cru devoir céder à la prière de MM. Cosson et de Schœnefeld, qui s'occupent avec tant de soin de la publication de notre Bulletin et de l’organisation de nos sessions extraordi- naires. Ne voulant pas laisser incomplète la relation de la session de Béziers et Narbonne, ils nous ont chargé de parler de l’herborisation de Roquehaute. Nous ne pourrons pas dire ce qui a été récolté dans la course du 3 juin, mais nous tàcherons d'indiquer ce que l’on a pu y récolter; familier avec cette riche localité, que nous avons si souvent parcourue et qui est à nos portes, peut-être indiquerons-nous quelques plantes qui n’ont pas été rencontrées dans cette herborisation. Heureux si cela pouvait décider quelques-uns de nos collègues à venir nous demander de les accompagner dans une nouvelle her- borisation à Roquehaate. Boquehaute est le nom d’une ferme située à 12 kilomètres à l’est de Béziers, sur les bords de la Méditerranée. Elle doit ce nom à l'énorme amas de rochers volcaniques sur lequel elle repose, et d’où elle domine les terrains marécageux qui l'entourent et la plage de la Méditerranée. Aussi l'herborisation de Roquehaute est-elle triplement fertile. On y rencontre trois flores bien dis- ünctes. Ge sont d’abord les plantes des terrains secs du midi de la France, (des garrigues, vastes landes ordinairement remplies de Quercus coccifera, vulgairement Garric); puis viennent les plantes des terrains marécageux, et enfin les plantes maritimes. Ce triple bouquet qui entoure Roquehaute, et (4) Nous avons eu le malheur de perdre, le 12 décembre 1862, notre excellent confrère M. le D' A. Jamain, avant qu’il ait eu le loisir de rédiger ce rapport. — M. le D: A. Théveneau a bien voulu y suppléer, et nous le remercions vivement de cette nouvelle preuve de dévouement, (Note de la Commission du Bulletin.) 57h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui est toujours gracieusement offert aux botanistes par le propriétaire actuel M. Mandeville, tend à rendre cette localité classique pour la flore de France. En partant de Béziers, on traverse d’abord la belle plaine de l'Orb, si richement fertile, et où la Vigne tend tous les jours à se substituer aux autres cultures. Les Romains, qui l’avaient appelée Vitis collis amans, n'avaient sans doute pas essayé de planter la Vigne dans les terrains d’alluvion ; leur ancienne colonie de Béziers ( Ziterræ ), a été l’une des premières à tenter cet essai, et elle a trouvé dans l’abondance des produits le principal élément de l’accroissement de sa richesse. A 7 kilomètres de Béziers, la route longe les prairies de Cers. Les fossés qui entourent ces prairies, arrosées par les eaux du canal du Midi, sont bordés de Cladium Mariscus R. Br., Iris Pseudacorus L., Narcissus Tazetta XL. et Bellevalia romana Rehb. A un kilomètre plus loin, l'on sort de la vallée de l'Orb par la montée de Caylus. Ici, la route est bordée à droite et à gauche par de magnifiques touffes de Cinara Cardunculus L., de Galactites tomentosa Mœnch, de Scolymus maculatus L. et hispanicus L. Le Microlonchus salmanticus DC. s'y rencontre, au milieu des Carlina lanata L. et Carlina corymbosa L., des Picnomon Acarna Cass., Centaurea melitensis L., Centrophyllum lanatum DC., Cnicus benedictus L., Ono- pordum Acanthium L. et O. illyricum L. Au bout de la côte, on arrive sur un vaste plateau, formé de terrain argilo- siliceux, et occupé en grande partie par les garriques. Ici lon entre en pleine herborisation, et les boîtes se garnissent rapidement. On récolte : Fumaria spicata Z. Hirschfeldia adpressa Mœnch Diplotaxis Erucastrum G.G. — erucoides DC. Malcolmia africana R. Br. : Bunias Erucago L,. Cistus crispus L. — salvifolius Z, — monspeliensis L, Helianthemum guttatum Mill. Fumana procumbens G.G. — vulgaris G.G. Ulex parviflorus Pourr. Genista Scorpius DC. Lupinus hirsutus Z, Melilotus sulcata Desf. Trigonella monspeliaca Z,. Trilolium stellatum L. — Bocconi Savi Psoralea bituminosa L. Vicia bithynica L. Rosa myriacantha DC, Poterium Magnolii Spach Seseli tortuosum LZ, Chrysanthemum segetum Z, Cota altissima Gay Asteriscus spinosus G.G. Cupularia viscosa G.G. Echinops Ritro L. Tyrimnus leucographus Cass. Microlonchus salmanticus DC. Tolpis barbata }Villd. Urospermum Dalechampii Desf. Picridium vulgare Desf. Pterotheca nemausensis Cass. Calluna vulgaris Salisb. Erica arborea L,. — cinerea L. Jasione montana L. Asterolinum stellatum Link Coris monspeliensis L, Convolvulus Cantabrica L. Nonea alba DC. Echium italicum Z. — plantagineum L. Cynoglossum cheirifolium L. Lavandula Stæchas L. Phlomis Lychnitis L. — Herba venti L. Plumbago europæa Z, SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 575 Camphorosma monspeliaca L, Airopsis globosa Desv. Daphne Gnidium L. Corynephorus articulatus P. B. Osyris alba Z,. Briza maxima L. Cytinus Hypocistis L. Melica Magnolii G.G. Aristolochia Pistolochia Z. Ægilops ovata L. Euphorbia Characias L. — triaristata Wild. Quercus coccifera L. — triuncialis ZL. Alopecurus bulbosus L. — triticoides Req. (4). Tragus racemosus Hall. Après avoir parcouru ces garrigues siliceuses, où il serait facile de récolter un plus grand nombre de plantes plus vulgaires et que l’on trouve partout, on arrive au pied du plateau volcanique de Roquehaute. Parmi les éboulis de 1ochers de lave, et au milieu de tailiis de Quercus Ilex, on rencontre: Clematis Flammula Z. Tamarix africana Poir. tanunculus muricalus L. Scleranthus polycarpus DC.? Ficaria calthifolia Rchb. Lonicera implexa Ait. Teesdalia Lepidium DC. Centranthus Calcitrapa Dufr. Cistus monspeliensis L. Asteriscus aquaticus Hœneh Helianthemum intermedium Thib. Evax pygmæa Pers. Silene quinquevulnera L. Urospermum picroides Desf. Velezia rigida L. Scolymus maculatus L. Ruta montana Clus. Phillyrea angustifolia L. Coriaria myrtifolia L. Jasminum fruticans L. Rhamnus infectoria Z. Vincetoxicum nigrum Mœnch Pistacia Lentiscus Z. — officinale Mæœnch Genista Scorpius DC. Chlora imperfoliata L. Medicago tribuloides Lam. Convolvulus lineatus L. Trifolium Cherleri L. Lithospermum apulum Vahl — lappaceum L. Echinospermum Lappula Lehm. — subterraneum L. Sideritis romana L. — suffocatum Z. Brunella hyssopifolia Bauh, Lotus conimbricensis Brot. et var. gla- Plantago Bellardi AI. berrimus DC. Rumex thyrsoides Desf. Lathyrus Nissolia L. Euphorbia sulcata De Lens (très rare) — latifolius L. Juncus communis L. Ervum gracile DC. Elymus crinitus Schreb. — pubescens DC. Asplenium Adiantum nigrum L. Rosa sempervirens L. Le plateau volcanique de Roquehaute a été exploité depuis longtemps, et principalement depuis la construction du canal du Midi, pour ses carrières, remarquables par la qualité des pierres qu’elles donnent. La plupart des travaux d’art du canal, dans le département de l'Hérault, ont été construits avec la lave; et l’on trouve à chaque pas, sur le plateau, des carrières dont le plus grand nombre sont abandonnées aujourd’hui. C’est surtout dans ces car- rières, toutes inondées en hiver, que le botaniste vient faire ses récoltes les plus précieuses. Ainsi, à côté du Myosurus minimus L., on y rencontre, (1) On sait que cette Graminée, cultivée par M. Esprit Fabre, a été, dans ces derniers temps, l’objet d’une vive polémique. 576 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. souvent en très-grande quantité, d’autrefois en petit nombre, le Æanunculus lateriflorus DC. (seule station française connue de nous), les Lythrum Thy- mifolia L. et bibracteatum Salzm., Peplis erecta Req., Tillæa muscosa V., Bulliarda Vaillantii DG., Sedum cœspitosum DC., Erythrœæa spicata Pers., Cicendia filiformis Delarb., Myosotis lingulata Lehm., Preslia cervina Fresen., Alisma ranunculoides L., Trichonema Bulbocodium KRchb., Mar- silea pubescens Tenore et /soêtes setacea Delile. L’herborisation du 3 juin est venue ajouter une plante des plus intéres- santes à la longue liste des richesses de Roquehaute. Notre habile collègue M. Durieu de Maisonneuve, qui a si complétement étudié et si bien décrit les /soètes, ne laissa pas échapper une plante qui, s’éloignant un peu du bord des mares et venant pousser jusque sous les Cistus monspeliensis, ne nous avait pas frappé jusqu’à ce jour, et que personne n'avait encore su trouver à Roquehaute, malgré son extrême abondance. Aussi un des épisodes les plus intéressants de l’herborisation du 3 juin, fut le moment où le savant profes- seur de Bordeaux annonça la découverte de l'/soêtes Duricæi Bory, en invitant tous ses compagnons à venir partager sa récolte. En descendant du plateau par le côté sud, on se dirige, à travers des terrains marécageux, vers la Méditerranée qui n’est plus qu’à un kilomètre, et, après avoir traversé le canal du Midi, on arrive aux sables maritimes. Gette partie de l’herborisation n’est pas la moins intéressante, et elle four- nit la plus grande partie des plantes maritimes du sud de la France. On y récolte : Clematis maritima DC. Ammi Visnaga Lam. Raphanus Landra Moretti Echinophora spinosa L. Malcolmia littorea R. Br. Matthiola sinuata R, Br. Cardamine pratensis L. Alyssum maritimum Lam. Hutchinsia procuinbens Desv. Lepidium latifoliun L. Cakile maritima Scop. Frankenia pulverulenta L. Sagina maritima Don Spergularia media Pers. Linum strictum 2 laxiflorum G.G. Ononis ramosissima Desf. — arenaria DC. Medicago marina L, — littoralis Rhode — Braunii G.G. Trifolium Xatardii DC. Dorycnium gracile Jord. Hippocrepis ciliata Wild. Lœflingia hispanica L, Orlaya maritima Koch Caucalis eretica Salzm. Bupleurum Columnæ Guss. — aristatum Bartl. Crucianella maritima . Bellis annua L. Artemisia gallica Wüilld. Authemis maritima L. Scorzonera parviflora Jacq. Crepis bulbosa Cass. Utricularia vulgaris L. Anagallis tenella L. Cynanchum monspeliacum L. Erythræa pulchella Horn. — Centaurium Pers. — maritima Pers. Limnanthemum Nymphoides Link Convolvulus Soldanella L. Phelipæa arenaria Walp. Orobanche cernua Lœfl. Teucrium Polium L. Helichrysum Stæchas DC. Plantago crassifolia Forsk. — Cornuti Gouan Statice echioides L. — ferulacea L. — bellidifolia Gouan — virgata Wild. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 6577 Statice serotina Rchb. Potamogeton pectinatus L. Atriplex crassifolia C.-A. Mey. Zannichellia palustris L. — leciniata L. Ruppia maritima ZL. — Halimus Z. Typha angustifolia L. Obione portulacoides Mog. Juncus conglomeratus L. Beta maritima L,. — effusus L. Corispermum hyssopifolium LZ. — acutus var. a L. Salicornia herbacea L. Cyperus schœnoides Griseb. — fruticosa L. Scirpus maritimns L, — macrostachya Moric. — Holoschænus L. Suæda fruticosa Forsk. * — romanus Koch — maritima Dum. Carex punctata Gaud. Salsola Soda L. Crypsis schœnoïdes Lam. — Kali L. — aculeata Ait. Rumex tingitanus Z. Erianthus Ravennæ P. B. Polygonum maritimum L. Imperata cylindrica P. B. Euphorbia pubescens Desf. Psamma arenaria R. et Sch. — Paralias L. Sporobolus pungens Kunth Mercurialis tomentosa L, Polypogon monspeliensis Desf. Ephedra distachya L. — maritimus Wild. Asphodelus cerasiferus ? Gay Lagurus ovatus L. Trichonema Columnæ Rchb. Scleropoa maritima Parl. Iris Xiphium Ehrh, — Hemipoa Parl, Leucoium æstivum £Z. — Jloliacea G.G. Pancratium maritimum L. Æluropus littoralis Pari. Orchis fragrans Poll. Hordeum maritimum With. — palustris Jacq. (et leurs hybrides) Agropyrum junceum P. B. Vallisneria spiralis L. — scirpeum Pres Triglochin Barrelieri Lois. Lepturus incurvatus Trin. — maritimum L. — filiformis Trin. L'Jris Xiphium, qui tapisse aujourd’hui de ses belles fleurs toutes les prairies maritimes de Roquehaute, pourrait .bien n'être que récemment introduit dans cette localité. Longtemps nous l'avons parcourue sans le rencontrer, et il n’y a guère qu’une dizaine d’années que M. le capitaine Braun, accompagné des Frères Indes et Lloberus, le trouva pour la pre- mière fois et en très-petit nombre dans une prairie à l’ouest de l’ancien sémaphore. Aujourd’hui il s’est étendu dans toutes les prairies maritimes comprises entre le canal du Midi et la mer, sur plusieurs kilomètres de longueur. Il nous reste à dire un mot d’une plante très-intéressante pour la flore française, et qui se trouve abondamment dans les sables maritimes de Roquehaute. Nous récoltions en mai 4860 une plante dont nous envoyâmes une centurie à M. Billot, qui la publiait, quelque temps après, au n° 3008 de sa collection, et sous le nom de Malcolmia parviflora DC, nom sous lequel nous la lui avions nous-même envoyée. Cette plante fut ainsi reçue par les nombreux souscripteurs de M. Billot, et la confiance que l’on avait en lui fit facilement passer sur l'erreur que nous avions commise. Cependant elle n’échappa point à l'observation de M. Cosson, et le 7 avril 1863, nous recevions de lui une lettre dont il nous permettra de transcrire ici un paragraphe. T. IX 37 578 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. « Le Malcolmia que vous avez recueilli dans les sables maritimes à Agd», en mai 4860, pour les centuries de M. Billot, où il a été publié, sous le n° 3008, et sous le nom de Malcolmia parviflora DC., ne doit pas être rap- porté à cette dernière espèce. C’est un Sisymbrium ! par son stigmate capité et non pas aigu, et une espèce des plus rares, le Sisymbrium nanum DC. (S. binerve C.-A. Mey.), qui n’a encore été observé qu’en Algérie, en Tunisie, en Grèce et dans la Géorgie caucasienne. Votre plante diffère du Mulcolmia parviflora (dont elle a tout à fait le port), non-seulement par le stigmate, mais encore par la cloison largement transparente sur les bords et non pas opaque. » Ainsi, grâce à l'observation d’un des savants auteurs de la #lore de l’Al- gérie, voilà nos côtes enrichies d’une plante de plus, et le Sisymbrium nanum que nous avons récolté abondamment et chaque année, depuis le cap d'Agde jusqu'à l'embouchure de l’Aude, est venu prendre rang parmi les espèces françaises (1). M. J.-E. Planchon rend compte de l’excursion qu’il a faite l’avant- veille et la veille au mont Caroux : UNE EXCURSION BOTANIQUE AU MONT CAROUX PRÈS LES BAINS DE LAMALOU (HÉRAULT), par M. J.-E. PLANCHON. Le mont Caroux, ou, comme on dit dans le pays, le Æoc de Carous, est un des points culminants de ce massif montagneux qui, limité vers le sud et l’est par le cours de la Jaur et de l’Orb, longe vers le nord et le nord-est les départements de l'Aveyron et du Tarn. Inférieures par l'altitude aux vraies Cévennes du Gard, ces montagnes leur ressemblent d’ailleurs par là nature granitique de leurs sommets, par la ceinture de schistes siluriens ou de marnes et grès triasiques qui contourne leurs flancs et leurs bases, par les dépôts de terrain houiller qu’on exploite dans leurs vallons, enfin par celte échelle de cultures ou de végétation spontanée qui, partant des Oliviers et des Vignes de la plaine ou des coteaux, s’élève par les Châtaigniers et les Hêtres jusqu'aux pâturages subalpestres des sommités dénudées. On pourrait donc, sans forcer les analogies, appeler cet ensemble de mon- tagnes les Cévennes de l'Hérault, et voir en elles un îlot détaché du plateau central, séparé des hautes Cévennes par la région des causses de l'Aveyron el par le massif volcanique de l’Escandorgue. Les groupes du Sommail, de l’Espinouse, du Caroux, des montagnes de Saint-Gervais et de Graissessac, (4) Voyez dans le Bulletin (t. X, p. 397) la note détaillée de M. Cosson sur cette plante. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 579 forment, en allant du sud-ouest vers le nord-est, les divisions principales de cette chaîne irrégulière, dont les eaux se déversent d'un côté par l’Orb et ses affluents dans la Méditerranée, et de l’autre par les affluents du Tarn dans le vaste bassin de la Gironde, Entraînés par l'exemple de Rondelet (1), de Magnol et de Sauvages, séduits peut-être par le tableau trop flatté des richesses végétales de l’Hort de Dioou (Hortus Dei), la plupart des botanistes de Montpellier semblent avoir regardé comme principal annexe de leur flore les vraies Cévennes du Gard, et négligé relativement les plus hautes montagnes de l’Hérault. Gouan seul, après Richer de Belleval (2), a dû connaître quelques points de cette région subalpestre : car les noms de Lamalou, de Villemagne et de l’Espinouse reviennent souvent dans son #lora monspeliaca où son Hortus monspe- liensis : mais par suite d'erreurs probables soit dans la détermination des espèces, soit dans la mention des localités, la plupart des plantes qu'il y indique ont un caractère trop alpin pour qu’on puisse espérer de les y trouver; et, par contre, les espèces les plus curieuses semblent avoir échappé à ses recherches. Comme exemples d'indications au moins douteuses et presque sûrement inexactes, citons : Gentiana purpurea, punctata et acaulis, Androsace septentrionalis, lactea, Vitaliana et carnea, Primula farinosa et integrifolia, Tussilago alpina, Pedicularis rostrata, Lycopodium alpinum, Linnæa borealis. Comme preuves d'omissions singulières, nous verrons: Saxifraga Clusi et Prostii, Chrysanthemum monspeliense, Alsine verna, Helianthemum umbellatum, Campanula hederacea, toutes plantes faciles à reconnaître et qu’on suppose à peine avoir pu être mal déter- minées. Quoi qu’il en soit de ces indications et de ces lacunes, un désir très-naturel me poussait à l'exploration directe de ces montagnes très-négligées ou très- oubliées et qui promettaient aux recherches un champ d'observation presque neuf; car les excursions de M. Touchy à l’Espinouse et celles du docteur Théveneau aù mont Caroux n’ont été l’objet d'aucune publication écrite, et (1) Comme preuve que Rondelet herborisait avec ses élèves dans les Cévennes, notamment à l’Espérou (Mons calcaris) et à l’Hort de Dioou (Hortus Dei, Viridarium Dei), nous avons le témoignage positif de Lobel (in Advers. sub Celtica altera). Le Couvent où Rondelet administra à un des moines la racine d’Arnica (Cellica allera Lob.) est évidemment celui de Banahu, dont les ruines conservent encore, dans leur Voisinage, l’Arabis cebennensis, que tous les botanistes de Montpellier y ont cueilli tour à tour depuis trois siècles. (2) Une induction assez plausible me fait supposer que Richer de Belleval, dans son ardeur pour enrichir le Jardin-des-plantes de Montpellier, n'avait pas négligé les mon- tagnes dont il est ici question. Je crois, en effet, reconnaître l’Alsine verna dans l’une des cinq planches gravées de ses cuivres, aujourd’hui perdus. Elle y porte le nom d'Alsine alpina, £xetoç. (Voy. A. Richer de Belleval, Dessein touchant la recerche (sic) des plantes du pays de Languedoc, Montpellier, 4605, réimprimé, avec d’autres opus- Cules du même auteur, par A. Broussonnet, Paris, 1785.) Ni Magnol, ni Gouan, ne Signalent la même plante. 580 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ne pouvaient être connues que par une étude d’herbiers (1). Un fait d’ailleurs venait encore stimuler mon désir; c'était la découverte de l’A/sine verna dans les environs de Graissessac, lors d’une trop rapide excursion, en mai 1861. Observant à cette altitude très-faible une plante supposée alpestre, je pensais, non sans raison, qu’elle était descendue des hauteurs voisines et qu'on pourrait la retrouver sur le Caroux. C’est par le Caroux, en effet, que je viens d'ouvrir l'exploration des mon- tagnes dont il constitue le point culminant, son altitude étant de 4093 mètres, tandis que celle du pic de Montahut près Graissessac n’est que de 1063 (2). Dans l'exposé qui va suivre, l'itinéraire et le récit tiendront peu de place. J'insisterai davantage sur les rapports de la végétation avec le sol. En tout cas d’ailleurs, cette notice n’a pas d'autre prétention que de faciliter aux bota- nistes les moyens de compléter les résultats d’un premier et très-rapide coup d'œil. Ici je cesse de parler au singulier, pour laisser leur part de mérite à mes deux compagnons de course, mon excellent ami M. Jules de Seynes et mon aide, aussi intelligent qu’infatigable, M. Poujol, jardinier de l'École de pharmacie. Partis de Béziers avant-hier 2 juin par le chemin de fer de Graissessac, nous arrivions vers 10 heures du soir aux bains de Lamalou-le-Haut. Une pluie battante promettait peu de succès pour une excursion dans les montagnes. Mais, en fait de projets, qui n’ose rien n’accomplit rien, et le botaniste doit souvent croire à la devise : Audaces fortuna juvat. Cette confiance nous porta bonheur. Car, dès le matin, par un de ces aimables retours dont notre climat a le privilége, un soleil radieux saluait notre réveil et récompensait nos espérances. En route dès 6 heures et demie, 40 minutes d’ascension très-modérée nous conduisaient au hameau de Villecelle, but favori de promenade pour les bai- gneurs de Lamalou. Toute cette zone du pied du Caronx consiste en schistes talqueux délités, semblables à ceux des Cévennes, et nourrissant, comme Ces derniers, un groupe de plantes silicicoles, parmi lesquelles le Châtaignier est l'essence dominante et presque le seul arbre cultivé, En fait d’arbustes : Sarothamnus vulgaris, Erica cineren et arborel, Calluna vulgaris, Lavandula Stæchas, Cistus salvifolius ; en fait de cuitures, quelques champs de Seigle, d’'£rvum monanthos et d'Ervum Ervilia ; comme végétation herbacée : Helianthemum guttatum, Jasione montana, T olpis barbata, Andriala sinuata, Teucrium Scorodonia, Teesdalia nudicaulis, (4) Ceci soit dit sans intention de déprécier les recherches de ces modestes, mais très habiles explorateurs, dont les efforts ont augmenté la connaissance pratique de la flore de nos contrées, alors même que leurs découvertes n’ont pas été publiées. À (2) Ces deux chiffres sont bien inférieurs à ceux des principales altitudes des vraies Cévennes, dont le plus haut sommet, celui de l’Aigoual, atteint 1568 mètres. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 581 Silene gallica, Aira caryophyllea, Psilurus nardoides, Briza maxima, Veronica officinalis ; tels sont les principaux types à signaler dans cette asso- ciation de plantes que repousse le calcaire pur, et dont la présence est un indice certain de l'existence de la silice (ou parfois de la dolomie). Moins dépendants de la nature du sol, le Pois-Chiche (Cicer arietinum), la Gesse (Lathyrus sativus), la Pomme-de-terre sont cultivés çà et là dans les éclaircies de châtaigneraies : le Blé lui-même, sous sa forme dite Touzelle (Triticum sativum var. hibernum) se rencontre de loin en loin en plein sol de schistes, c’est-à-dire dans le terrain où le Seigle et l’Avoine lui sont habituel- lement substitués, Au-dessus de la Caral, les Châtaigniers deviennent rares : ils disparaissent même, une centaine de mètres plus haut, sans que cet effet puisse être dû à l'altitude. On traverse alors un terrain détritique et tout rocailleux, formé de galets de quartz et de débris de schistes talqueux, où surgissent, en buissons clair-semés, le Calluna vulgaris, le Genévrier-commun et le Genêt-à-balais. Çà et là des champs de Seigle ou d’Avoine avec leur parure de Bluets. Partout les touffes compactes du Plantago serpentina, les jets étalés et fleuris du Potentilla verna (?), et dans les interstices des pierres le Scleranthus perennis, espèce silicicole, à côté de l’ubiquiste Scleranthus annuus. Nous retrouvons les Ghâtaigniers au-dessus du hameau de Combes que nous voyons sur notre gauche. La Digitale-pourprée apparaît de loin en loin, moins abondante que dans les Cévennes; puis, tout à coup, près du Logis-neuf (9 h. 50 m. du matin), se montrent les premiers pieds de Sarothamnus purgans, encore mêlés au Saroïhamnus vulgaris qu’ils vont supplanter dans une zone supérieure. Des Chênes à cîme allongée et étagée, tels qu’on en voit autour d’Avesnes- les-Bains, sont clair-semés dans cette région. Nous n’avons pu les voir de près et juger si, comme ceux d’Avesnes, ils rentrent dans le type Quercus pu- bescens. Un paysan nous les signale sous le nom languedocien de Garrits 1), mot qui nous rappelle à la fois et le Quercus des latins et la Garrourlle ou Quercus coccifera de nos garrigues (querceta ?), Encore des champs de Froment dans un sol schisteux. Quelques lambeaux de prairies, dans lesquelles domine par la taille l’Heracleum Lecokii, Ombellifère à fleurs jaunâtres, signalée dans les Cévennes, mais non dans le département de l'Hérault, Plus loin, rocailles et pelouses émaillées de Potentilla verna (?). L'Alchi- milla alpina accuse déjà l'influence de l’altitude, influence peu sensible, du reste, à ce niveau de 700 à 800 mètres au plus. Le Carlina acanthifolia, si (1) L'abbé Boissier de Sauvages, dans son Dictionnaire languedocien-frangais, t. 1°", P. 369, cite garic, garig, comme nom du Chêne, garigas comme forme augmentative de ce nom. D’après le même auteur, garigo (garrigue), en basse lativité garigiæ, vien- drait d’un mot ceke, gari. 582 : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. commun sur les causses des Cévennes, se montre ici dans les schistes, sans exiger évidemment une prédominance d’élément calcaire dans le sol. Franchi à pied sec le petit ruisseau de Madèle. Ici, les prairies, mieux arrosées, deviennent plus abondantes et plus riches. Le Pedicularis silvatica mêle ses fleurs roses aux grappes bleues de la Bugle (Ajuga reptans) et du Polygala vulgaris. De nombreuses Fougères bordent les canaux d'irrigation. Le Brassica Cheiranthus fleurit sur les berges, le Serpolet (Thymus Ser- pyllum) , le Brunella grandiflora (forme à très-grandes fleurs) sur les pelouses, les Orchis maculata et coriophora dans la prairie inondée, le Æubus corylifolius dans les haies. Des Aubépines en arbre, des Hôtres en buisson se dressent çà et là sur les pentes gazonnées : un sentier, où se déverse le trop plein des eaux courantes, nous conduit en quelques minutes à la ferme du Cabaretou, une des masures dites Cabarets de Douch et qui forment comme les avant-postes du village de ce nom. Ici le sol est formé d’un mélange de schistes talqueux et de débris de micaschistes, ces derniers descendus des pentes supérieures de la montagne, dont le sommet en plateau ne nous présente que la ligne onduleuse de son bord septentrional. Restaurés par un déjeûner rustique, dont le jambon frit, les œufs et le pain de seigle forment la base, nous commençons dès midi 20 minutes la véritable ascension. Jusque-là, en effet, sauf au début, la marche s’est faite sur des pentes très-adoucies, alternant même avec des espaces de terrain presque horizontal. Voici maintenant les flancs de la croupe terminale qui se redres- sent en talus rapides, dont l’absence d’ombrage rend l'ascension assez pénible, sous un soleil du mois de juin. Une heure nous suffit à peine pour franchir l'espace qui, d’en bas, par une illusion fréquente, semblait devoir être dévoré en quelques minutes. Nous avons traversé d’abord un torrent, puis des pentes rocailleuses semées de gros blocs de granite, où se mêlent les plaques de gazon, de bruyères et les bouquets de Hêtre en buisson. Le Sarothamnus scopartus qui reparaît de nouveau, le Centaurea pectinata, le Carlina acanthifolia (encore sans fleur), les Genista anglica et pilosa, le Conopo- dium denudatum, le Potentilla verna (?) abondent sur ces pelouses. Les Vaccinium Myrtillus, Blechnum Spicant, Melampyrum silvaticum S'y mêlent aux touffes de Bruyère : la seule plante rare et nouvelle pour la contrée n'y montre plus que des feuilles aux trois quarts flétries : c'est l'£rythrontum Dens canis, dont les jolies fleurs roses ont dû saluer le pre- mier printemps. Une fois ces pentes franchies, l'œil embrasse un vaste plateau dont la sur- face ondulée offre de grands tapis de bruyères, entrecoupés de buissons de Hêtre et de quelques champs dénudés. Le travail patient du paysan à gagné ces maigres lambeaux de culture, en entassant par monceaux les cailloux de micaschiste, comme on le fait sur les causses des cailloux de calcaire et de SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 583 dolomie. Coupant a'ors les bruyères et les plaques de gazon et les brûlant par le procédé de l’écobuage, on sème du Seigle pour une saison , après quoi le champ laissé en friche donne aux troupeaux une herbe plus fine et plus abondante. A quelque distance vers l’ouest, la tour ou signal de Cassini marque sur une légère ondulation le point culminant de la montagne. Ce signal est une pyramide creuse et tronquée, solidement construite en blocs de micaschistes, mais largement ouverte sur ses quatre faces et ne pouvant offrir contre un orage qu’un abri des plus précaires. Des bruvyères arides, des pelouses nues, entourent cette vigie de pierre. Mais quelques pas faits en arrière, vers le nord et le nord-ouest, nous ména- geaient une trouvaille inattendue. Là, parmi des blocs de rocailles bizarre- ment entassés, s’étalaient en énormes coussins les touffes fleuries du Saxti- fraga Prostii. Elle s’offrait donc sous nos pas, de plain-pied et à portée de la main des promeneurs, cette rare espèce que nous avions récoltée dans les Cévennes, sous les escarpements de la Luzette et dans les précipices mou- vants qui plongent de la Seraïrède au saut de l'Hérault. Enchantés d’une découverte d'aussi bon augure, nous partons aussitôt du signal, pour atteindre les crêtes rocheuses de la montagne, dont les escarpe- ments tournés au midi dominent la vallée de lOrb et la route de Bédarieux à Saint-Pons. Deux ravins, ou, si l’on veut, deux vallées profondes, partent de la crête et descendent vers cette route ; l'un, plus à l’ouest, passe par le hameau d’Héric et vient aboutir à ceux de la Coste et du Verdier ; l’autre, plus oriental et plus rapproché de Lamalou, descend vers le village de Colom- bières. C’est ce dernier que nous choisimes (1). En tout cas, pour aller du signal aux crêtes rocheuses, il faut tra- verser sur un assez long espace la portion ondulée et gazonnée du pla- teau. C’est ce que nous fimes en nous dirigeant vers le sud. Quelques minutes et quelques mètres de descente nous amenèrent dans une dépression de terrain, où des eaux, en partie stagnantes, en partie courantes (sources du torrent de Caroux ?), donnent lieu à la formation de tourbières peu étendues, phénomène toujours rare dans nos montagnes méridionales, et dont les Cévennes du Gard n'offrent que des exemples peu fréquents. Ici, comme dans les cas les plus habituels, les Sphagnum sont le signe essentiel de la tourbière. Des plaques de Polytrichum commune couvrent les intervalles les moins humides. Le Drosera rotundifolia, la Tormentille (or- mentilla erecta), le Carex stellulata, le Pedicularis silvatica, sont les plantes (4) Sans cette bonne inspiration, nous aurions eu probablement le sort de {rois intrépides botanistes, qui, plus hardis ou moins heureux, couchèrent quelques jours après, à la belle étoile, dans les précipices du vallon d’Héric. — Voyez, à cet égard, le piquant récit d’un des héros de l'aventure, M. N. Doûmet, in Ann. de la S0c. de bot. et d'hort, de l'Hérœuit, t. IL, p. 204 et suiv. (Note ajoutée au moment de }'impression). 584 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, les plus caractéristiques. Une forme glabrescente de l’Æelodes palustris flotte en abondance dans les eaux un peu profondes ; çà et là, dans la pelouse, per- cent les fleurs jaunes du Scorzoncra humilis. De gros blocs de gneiss abritent, dans leurs fissures, l'Anfirrhinum Asarina, et, sous leurs flancs, l’Orni- thogalum affine Boreau (fide Durieu). Ces blocs, d’abord disséminés, forment comme Les avant-postes de la grande crête rocheuse, d’où nous descendons dans la vallée de Colombières par la gorge dite du rec (ou ruisseau ) d’Arbine, une des branches supérieures du torrent qui porte le nom de Caroux,. Il est 3 heures 20 minutes lorsque nous nous engageons dans la vallée. D'abord élargie en bassin, elle offre, sous les murs de rochers qui lui forment une ceinture, des pentes revêtues de pelouses ou de Hètres rabougris. Partout sur ces rochers, l’A/sine verna var. Thevenœi (Adsine Thevencei Rent. ), le Sazifraga Prostii, l'Hieracium Planchonianum Timb.-Lagrave, l'Anthemis montana, implantent leurs touffes compactes ; l'Anemone nemorosa cherche les abris humides ; à droite, sur les pentes herbeuses, entre des galets de gneiss, l’Æelianthemum umbellatum se montre en pieds clair-semés; ua brin d'If (Taxus baccata), à moitié caché par les herbes, fait supposer par sa pré- sence que cette espèce a pu former des arbres dans la région; enfin, le Zeu- canthemum palmatum Gren. et Godron (Chrysanthemum monspeliense L.) et le Satifraqga Clusii, tous deux nouveaux pour notre flore, s’abritent sur la gauche, dans les fissures humides des rochers à pic. Ici la gorge se rétrécit et se creuse, le torrent se précipite en cascades parmi des blocs de gneiss entassés, le sentier serpente et se perd à tout moment entre les broussailles, Notre pensée, détournée des plantes, se porte vers les difficultés de la route, et trois quarts d’heure au moins d'efforts nous suffisent à peine pour nous amener, hors de tout sentier, à une jasse ou ber- gerie, qui nous sert de point de mire pour atteindre le fond de ce mauvais pas. De la bergerie en question, l'œil suit presque avec effroi la continuation de la gorge, où se dresse comme une sentinelle hardie la vieille tour carrée de Colombières. Mais le sentier laisse prudemment à droite le torrent, et, d’abord par de longues files d'escaliers, dont chaque marche est un bloc de gneiss, puis courant obliquement sur le flanc méridional du Caroux, il atteint, en déclinant vers l’ouest, le village de Golombières , d'où quelques centaines de pas nous font rejoindre la grande route de Bédarieux à Saint-Pons. Cette descente rapide, et relativement facile, n’est pas sans intérêt bota- nique. Dès la sortie de la gorge supérieure, le Hêtre disparaît complétement pour faire place aux châtaigneraies. Bientôt quelques plantes à type méri- dional attestent l'influence d’une exposition plus chaude. De ce nombre sont le Daphne Gnidium etle Cistus albidus. Mais la plante Ja plus intéressante et la plus nouvelle observée entre la bergerie susdite et Colombières est le W ah- lenbergia hederacea, dont les tiges débiles et délicates rampent entre les touffes de Scirpus setaceus, autre espèce rare dans nos contrées du midi. SESSION EXTRAORDINAIRE À BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 585 Arrivés sur la route carrossable, dans la riche vallée de l’Orb, nous y retrouvons à la fois, et l'Olivier avec son cortége de plantes à type méditerrra- néen, et le Châtaignier, luxuriant et plein de vigueur dans le sol profond et humide des alluvions riches en silice, et le Zavandula Stœchas qui, manquant aux sols purement calcaires, affectionne presque également la silice et la dolomie. Il est six heures du soir quand nous partons de Colombières; à sept heures, nous sommes au Poujol ; à huit heures, nous retrouvons Lamalou-le-Haut, terme quelque peu désiré de notre excursion. Ici se terminent notre itinéraire et notre compte rendu. Sans doute des plantes intéressantes appelleraient des observations spéciales, mais nous en ajournons volontairement l'exposé jusqu’à l’époque prochaine dans nos désirs, où de nouvelles explorations nous auront mieux fait connaître la région montagneuse dont le Caroux fait partie (1). À la suite de cette communication, M. Planchon a l’obligeance de mettre à la disposition des Membres présents de nombreux échantillons de la plupart des plantes intéressantes qu’il a recueil- lies dans son excursion. M. Timbal-Lagrave est d'avis que les Silene qgallica et quinque- vulnera ont des caractères différentiels assez saillants pour être con- sidérés comme espèces distinctes : ainsi l'ovaire du S. quinquevul- nera est deux fois plus long que celui du S$. gadlica, et chez ce dernier il est plus globuleux. — Relativement au Brunella grandi- flora, M. Timbal dit qu’il a observé que du côté de Toulouse, dans la région alpine des Pyrénées, celte plante présente des fleurs de plus en plus grandes et des tiges de plus en plus courtes à mesure qu’elle s'élève au-dessus du niveau de la mer; ses tiges sont tou- jours simples, toutes florifères et terminées par un seul épi de fleurs, tandis que dans le Br. vulgaris les tiges sont rameuses quelquefois dés la base, les rameaux ne sont pas tous florifères, mais le principal se términe par un épi de fleurs, souvent accom- pagné par deux autres épis placés à l’aisselle des deux feuilles supé- rieures. — Enfin il ajoute que l’on rencontre fréquemment dans le (4) Depuis que ces lignes sont écrites, nous avons traversé (en juin 1863) le principal massif de l’Espinouse, et nous pourrions, en combinant le fruit de cette exploration avec les découvertes de M. Barthez, pharmacien à Saint-Pons, ajouter à la note acttelle des détails et des considérations &’ensemble qui ne seraient pas sans intérêt. Mais nous réservons ces remarques pour un travail ultérieur, nous contentant de signaler, comme fait saillant de géographie botanique, le caractère occidental de cette partie de notre flore. (Note ajoutée pendant d'impression.) 586 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. département du Tarn l’Æelichrysum anqustifolium, et que le Saxi- fraga ladanifera, qui lui paraît très-différent du S. Prosti, ne croît que sur le versant espagnol des Pyrénées. M. Planchon répond à M. Timbal-Lagrave que le Si/ene quin- quevulnera type, qu'il a observé jadis à Hyères, paraissait avoir des caractères très-tranchés, mais qu’on rencontre une série d’in- termédiaires qui conduisent au S. gallica; c’est, dit-il, ce dont on peut se convaincre surtout aux environs de Montpellier. M. Timbal-Lagrave reconnaît qu’en effet, dans les localités où abonde le Silene gallica, on trouve des variations dans la coloration des fleurs, qui sont tantôt blanches, tantôt roses, souvent blanches avec des taches roses plus ou moins foncées au centre du limbe. Mais, ajouta-t-il, ces formes ont toujours l'ovaire globuleux et les tiges un peu rameuses, à rameaux divariqués, ce qui n’a jamais lieu dans le véritable S. quinguevulnera de Toulon et de Perpi- gnan. M. Théveneau rappelle qu’il a récolté sur le mont Caroux lA/- sine cité par M. Planchon, et que cette plante, communiquée par M. l'abbé Chavin à M. Reuter (qui la place entre l'A. verna el VA. recurva), a Été désignée par ce savant botaniste sous le nom d’Alsine Thevenæi. M. Durieu de Maisonneuve met sous les yeux de la Société une nouvelle série de dessins (Atlas des Characées du sud-ouest de la France) formant suite à ceux qu’il a déjà présentés aux sessions de Grenoble et de Nantes (1), ainsi que plusieurs planches destinées à accompagner son travail monographique sur les Zsoëtes, et repré- sentant avec la plus scrupuleuse exactitude le port et les organes reproducteurs de presque toutes les espèces de ce curieux genre de plantes. Les habiles artistes auxquels est due cette double série de splendides illustrations continuent d’apporter à l’œuvre qu'ils exécutent, sous la direction de M. Durieu de Maisonneuve, autant de talent que de précision scientifique. Tous les Membres présents expriment à M. Durieu de Maison- neuve leur unanime admiration pour ces travaux d’un mérite hors ligne. M. Durieu de Maisonneuve saisit cette occasion pour annoncer (4) Voyez le Bulletin, t. VII, p.626, ett. VIII, p. 690. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 587 que M. Émile Martin désire qu’une rectification soit faite au sujet du Chara coronata Ziz, dont la découverte, dans les étangs de la Sologne, est due M. l'abbé Ringault et non à M. Martin (1). M. Timbal-Lagrave, vice-président, met sous les yeux de la So- ciété un Orchis hybride, trouvé dans les dunes de Roquehaute, et fait à ce sujet la communication suivante : NOTE SUR UN ORCHIS HYBRIDE, par M. Éd. TIMBAL-LAGRAVE. ORCHIS CORIOPHORO-PALUSTRIS Nob. — Fleurs de 8 à 10, en épi allongé, étroit, de couleur violet pourpre foncé. Bractées blanches, scarieuses, lan- céolées, cuspidées, avec une nervure saillante et plus colorée sur le milieu, égalant l'ovaire. Divisions supérieures du périanthe égales, ovales-elliptiques, obtuses, non conniventes au sommet ; les deux intérieures réunies avec la médiane extérieure pour former un casque, tandis que les deux latérales sont redressées et étalées en arrière; labelle à trois divisions peu profondes, la médiane plus petite, émarginée ainsi que les latérales, veloutées en dessus et d’une couleur pourpre foncé. Éperon blanchâtre, incliné ou horizontal, conique-obtus, plus court que l'ovaire. Feuilles très-étroites, linéaires-lancéolées, très-aigües ; les supérieures à limbe engaînant, canali- culées en dessus. Tiges de 2 à 3 décimètres. Tubercules petits, égaux, très-arrondis. Cette hybride a été trouvée (deux exemplaires séparés) sur la plage de Roquehaute près Béziers (Hérault), parmi les Orchis palustris Jacq. et O. coricphora var. fragrans G. G. Elle présente le port, les feuilles, les bractées et le mode d’inflorescence de l'O. palustris Jacq., mais la forme du périanthe et de ses divisions la rap- . Proche beaucoup de l'O. coriophora L., dont certainement elle est issue. Cet Orchis a quelques rapports avec une autre forme croisée, trouvée à Castres (Tarn) par M. de Larambergue, et que nous avons décrite (2) sous le nom d'Orchis coriophoro-laxziflora Nob. L'affinité de ces deux hybrides ne doit pas paraître surprenante, si l’on se rappelle que les 0. palustris Jacq. et O. laxiflora Lamk ont entre eux des caractères si peu tranchés que pen- dant longtemps plusieurs botanistes ne les ont pas distingués, et qu’aujour- d'hui encore il est probable que bien des personnes ne veulent pas les admettre comme espèces distinctes, ce qui n’est pas fondé, selon nous. Cependant nos deux hybrides peuvent bien se distinguer quand on connaît bien les O. palustris Jacq. et O. laxiflora Lamk. Celle qui a pour mère (4) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 632. (2) Mémoires de l'Académie de Toulouse, 5° série, t. IV, p. 59. 588 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'O. palustris a la taille plus élevée, les feuilles plus étroites, plus canali- culées, les supérieures engaînantes, et se distingue par ses bractées plus cus- pidées, blanches, scarieuses, par ses fleurs en épi plus étroit allongé, plus aigu ; l’éperon est aussi plus gros et plus court, un peu recourbé; les tuber- - cules sont plus petits (1). M. Planchon dit qu'aux environs de Montpellier on trouve des Orchis coriophora mêlés en grand nombre aux O. palustris. Les hybrides sont si fréquents entre ces deux plantes qu’on les voit en quelque sorte converger l’une vers l’autre et qu’on serait tenté de n’en faire qu'une seule et même espèce, si l’on ne tenait compte des phénomènes variés d’hybridation et de retour progressif vers les types primitifs. M. Cosson félicite M. Timbal-Lagrave de ses belles recherches sur les hybrides, mais il voit quelque inconvénient à donner des noms aux hybrides. 11 y a des cas où il se produit, par des hybrida- tions successives, un si grand nombre d’intermédiaires entre deux espèces, que l’on aurait à nommer et à décrire une multitude de formes hybrides. M. Timbal répond que c’est précisément pour parer à cet incon- vénient qu'il a proposé de ne nommer que deux hybrides entre deux espêces (d’après la nomenclature de Schiede), suivant que l’un ou l’autre des deux parents a rempli le rôle de père ou de mére de l’hybride. | M. Planchon, tout en rendant hommage aux travaux de M. Tim- bal-Lagrave, craint aussi la confusion qui peut se glisser dans la nomenclature. Il préférerait voir les hybrides pourvus d’un nom qui ne préjugeit rien, quant à leur origine , jusqu’à ce que l'expé- rimentation directe eût précisé cette origine au moyen de nom- breuses hybridations artificielles. M. de Schænefeld rappelle à cette occasion l'exemple de M. Fr. Schultz, qui au lieu d'adopter la nomenclature de Schiede, a sou- vent désigné des hybrides (notamment du genre Mentha) par des noms de personnes (Wentha Marimiliana, par exemple). (1) Les deux échantillons d’Orchis coriophoro-palustris trouvés à Roquehaute ont été plantés au jardin de l’École vétérinaire de Toulouse, où ils ont fleuri depuis. Ils n'ont offert encore aucune variation dans leurs caractères essentiels. Cependant, en 1863, les fleurs, au lieu d'être violet-pourpre foncé, ont présenté le casque violet-clair et le tablier blanchâtre au centre, bleûté aux bords. — (Note ajoutée pendant l'impression; décembre 1863.) SESSION EXTRAORDINAIRE À BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862, 589 M. Timbal-Lagrave répond à MM. Cosson et Planchon qu’au début de ses travaux sur l’hybridation, il ne se préoccupait nullement de la nomenclature : il voulait seulement prouver que beaucoup de formes végétales, envisagées comme variétés, n'étaient que des hybrides. C’est surtout de l'observation pure et simple des faits qu'il est parti. M. Clos rend compte de la petite herborisation faite le matin même aux côtes de Bayssan : RAPPORT DE M. I. CLOS SUR LA COURSE FAITE DANS LA MATINÉE DU #4 JUIN AUX COTES DE BAYSSAN. Quelques Membres ont voulu utiliser les premières heures de Ja matinée d'aujourd'hui, et les côtes de Bayssan ont été désignées pour une exploration botanique, sous la direction de M. le docteur Théveneau et de M. le capitaine Braun. Il s'agissait plutôt d'une promenade que d’une course, mais d’une promenade qui promettait à l'avance une jolie moisson. Le coteau de Bayssan, appelé dans le pays cétes de Bayssan, forme un repli de terrain presque à pic, à 1 kilomètre au sud de Béziers. C’est du haut de ce coteau, formé de rochers calcaires, que le canal du Midi se précipite graduellement, par une série de neuf écluses successives, dans la rivière d’Orb. Un magnifique pont-canal, construit dans ces derniers temps par M. l'ingé- nieur Simoneau, est venu faciliter la navigation, qui n'est plus interrompue par les crues très-fréquentes de cette rivière. Nous avous traversé l'Orb sur le pont-canal, et nous avons récolté d’abord les Zonicera etrusca et Caprifolium, Catanance cœrulea, Centranthus Calcitrapa, Rhamnus infectoria, Urospermum Dalechampii, Rumezx buce- Phalophorus, C'eltis australis, Arum italicum, Coriaria myrtifolia, Linum narbonense, et quelques autres espèces intéressantes, notamment un 7halie- trum, voisin du 7h. minus, s’il en diffère; puis on se dirigea vers les trois plantes qui étaient comme les points de mire de l'herborisation, savoir : Opopanaz Chironium, Ononis breviflora, Alkanna tinctoria. La première commençait à peine à ouvrir ses fleurs ; la seconde, quoique plus avancée, était encore sans fruits ; et la troisième avait déjà mûri ses graines. Enfin, nous rentrions à neuf heures, charmés de notre récolte et de Ja beauté des sites parcourus. M. E. de la Savinierre, en présentant à la Société des échantillons de diverses plantes dont il a l’obligeance d'offrir des doubles à MM. les Membres présents, fait la communication suivante : 590 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR UNE FORME DE L’EUPHORBIA GERARDIANA dacq., par M. Édouard de la SAVINIERRE, L'Euphorbia Gerardiana Jacq. présente, dans les calcaires siliceux de la commune de Truyes (Indre-et-Loire), une forme anormale qui, depuis dix ans qu’elle a été observée pour la première fois par M. Delaunay, continue tou- jours à se reproduire. La taille et le port de la plante lui donnent un facies si différent de celui du type, qu’il faut l’examiner de près pour y reconnaître l'Euphorbia Gerardiana. Les tiges, nombreuses, sont presque toutes couchées- ascendantes ; leur taille ne dépasse guère 0",20. Sur un espace d'environ 1 kilomètre carré, où cet Zuphorbia croît en abondance, je n'ai encore jamais vu un seul pied se rapprochant du type. Ce fait tient-il uniquement à la nature du sol ? La plante croît sur un plateau aride et pierreux, où le roc est souvent à fleur de terre, ce qui expliquerait comment, les racines ne pouvant s'étendre libre- ment, les tiges se produisent ainsi modifiées. Et pourtant, sur le même pla- teau, on voit croître, çà et là, avec un développement ordinaire, le Spira Filipendula, V Euphorbia Cyparissias, et bon nombre d’autres espèces, dont la plupart, soit dit en passant, sont rares dans nos contrées, telles qu: : Linum montanum, L. suffruticosum, Helianthemum apenninum , Fumana procumbens, Ononis Columneæ, Bupleurum aristatum, Trinia vulgaris, Vale- rianella eriocarpa, Micropus erectus, C'arduncellus mitissimus, Globularia vulgaris, Polycnemum arvense, E uphorbia falcata. Toutefois le Bupleurum aristatum est toujours de petite stature (0,05 à 0",06). À part cette station, l'£uphorbia Gerardiana n’a été rencontré jusqu'ici, en Indre-et-Loire, qu'avec sa forme normale, Il manque complétement aux environs immédiats de Tours; mais il est très-commun dans la vallée de la Vienne, depuis la limite du département de ce nom jusqu’à celle de Maine-et- Loire, ou jusqu’au confluent de la Vienne avec la Loire ; dans la vallée du Doit près de Bourgueil; enfin, on le trouve encore aux environs de Loches (1). Et la séance est levée à une heure. Le même jour (4 juin), la Société s’est rendue à Agde, et, apr ès avoir exploré les environs immédiats de cette ville et notamment (1) Depuis cette communication, M. Delaunay a découvert dans la commune d’Athée, voisine de celle de Truyes, une autre station où l'Euphorbia Gerardiana se retrouve dans ses deux états, la variété sur les parties stériles et plates de la localité, le type sur des déblais d’anciennes carrières, (Note ajoutée pendant l'impression. SESSION EXTRAORDINAIRE À BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 591 les mares de Rigaud, elle est rentrée à Béziers à une heure assez avancée de la nuit. Le lendemain 5, a eu lieu l’excursion au Pas-du-Loup. Le 6, la Société s’est rendue à Narbonne, et a consacré la journée du 7 et la matinée du 8 à l'exploration des coteaux de Fontfroide et du Pech-de-l’Agnel. (Voyez plus bas les rapports de MM. Théveneau, N. Doûmet, Maugeret et Planchon, sur ces diverses excursions.) — Le 8, vers le soir, une séance a été tenue à Narbonne. SÉANCE DU S JUIN 1862. PRÉSIDENCE DE M. J.-E, PLANCHON. La Société se réunit à Narbonne, à cinq heures du soir, dans une des salles de l’hôtel de ville, que M. le Maire a bien voulu mettre à sa disposition. Un grand nombre de personnes notables de Narbonne honorent la réunion de leur présence (voyez leurs noms plus haut, p. 562). Sur l'invitation de M. le Président, M. Péchin, sous-préfet de l’ar- rondissement, et M. Peyrusse, maire de la ville, prennent place au bureau. M. le Maire procède à l'installation de la Société en prononçant le discours suivant : DISCOURS DE M. PEYRUSSE. Messieurs, Je suis heureux de souhaiter la bienvenue aux membres de la Société bota- nique de France, et je me félicite d'avoir à leur offrir l’hospitalité dans cette enceinte, au nom de la ville de Narbonne. Notre antique cité n’est pas seulement riche en souvenirs historiques, mais le sol qui l'entoure présente encore aux naturalistes de nombreux et intéres- sants sujets d'étude. Les dernières ramifications des montagnes viennent s’y perdre aux bords de la mer et des étangs salins, et il en résulte un ensemble de végétation aussi riche que varié. Plusieurs espèces ou variétés ne se ren- contrent que sur ce sol accidenté et d’une nature toute particulière ; aussi de tout temps l’étude des plantes a-t-elle trouvé dans notre contrée de fervents adeptes. 11 suffit de rappeler les noms de l'abbé Pourret, dont les ouvrages contiennent de si précieuses révélations, et de M. Delort de Mialhe, qui a laissé de si bons souvenirs au sein de la Société botanique. 592 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je regrette, Messieurs, que mes études et mes travaux personnels ne m’aient pas mis à même de prendre part à vos recherches et de vous servir de guide dans vos explorations. Je n’en suivrai pas moins avec un vif-intérêt vos travaux, connaissant les importants services que la science botanique rend à l’art médical et à l’agriculture. Je puis d’ailleurs assurer à la Société botanique de France le concours le plus empressé de la part de tous Les agents de l’administration municipale, et je crois pouvoir lui promettre qu’elle trouvera dans la population entière un accueil sympathique et cordial. | M. le Président remercie M. le Maire, et s'exprime en ces termes : DISCOURS DE M. J.-E. PLANCHON. Messieurs, Il est, dans le domaine de la botanique, des régions privilégiées. La nature leur à prodigué les belles plantes ; la science les a rendues classiques en décri- vant de bonne heure leurs produits; la tradition y conserve, avec le respect des gloires acquises, l'habitude et le goût des études d’observation. À tous ces titres, Narbonne méritait d’être choisie comme un des centres de nos assises botaniques. Nous venons y saluer avec bonheur les ombres aimées des Pourret, des Pech, des Delort; nous y trouvons, dans l'accueil empressé d’un public d'élite, dans la cordialité de nos hôtes et de nos guides, cetie sympathie qui fait de nos sessions de province de vraies fêtes pour les esprits ‘et les cœurs. Montpellier vous avait offert, il y a cinq ans, les prémices de la flore méri- dionale. Rappelez-vous vos transports au milieu de ces maigres garrigues, de ces rochers gris et pelés, où vos yeux de botaniste savaient découvrir tant de richesses. L'Olivier, le Chêne-vert, l'humble Garrouille (Quercus coccifera); le Thym, les Lavandes, les Cistes, couvrent à peine la nudité de ces espaces arides : mais, en revanche, quelle éblouissante lumière! quelle netteté dans les horizons! quel éclat dans l’azur du ciel! quels parfums dans cette atmos- phère sèche et vivifiante! Ici, nous avons retrouvé tous les caractères de ce paysage et de cé climat : nous sommes encore en pleine région de l'Olivier. Fontfroide, dans ses fourrés d’Arbousiers, de Bruyères, de Cytises épineux, nous à fait voir comme un tablean réduit des maquis de la Corse, et, dans sa profusion de Cistes, l'avant-garde de cette légion de Cistinées qui Couvre de ses bataillons serrés la péninsule ibérique. Les rocailles grises du Pech-de- l’Agnel nous ont livré le même tribut de plantes maigres et odorantes : Labiées, Ombellifères, Synanthérées, Diosmées. Sainte-Lucie, avec ses vastes plages salines, parmi ses tapis de Salicornes et de Soudes, nous montrera le plus riche ensemble de Sfatice que réunisse un coin limité de la France: La Clape enfin, sur ses plateaux jadis boisés, aujourd’hui d'une nudité monotone, SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 593 #ir ses longs escarpements, dans ses ravins accidentés, vers ses pentes littorales dont le pied se perd dans les dunes, la Clape récompensera de quelques raretés botaniques les rudes épreuves de marche dont votre intrépidité ne s’effraiera pas. Mais, entre ces fatigues d'avance récompensées, s'interpose une séance de » capitules presque globuleux et peu blanchâtres, un peu plus gros que dans le C. ef » ceolatum; feuilles décurrentes. Cela ne peut être le C. crinitum Boiss., qui à les lus tard pour bier SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 633 croire à une erreur de sa part ou de celle des savants botanistes qui l'y ont signalée d’après lui (Gren. et Godr. F2. Fr. t. II, p. 209). Je me rapprochai alors rapidement de la falaise, et, ayant trouvé un passage dans la barre de rochers, je descendis sur ses flancs, de plus en plus acces- sibles en avançant vers le sud. Je recueillis encore, sur la pente qui regarde le littoral de Sigean, le Xœleria phleoides, Graminée commune dans le midi. Je traversai un étroit bosquet de Myrtus communis encore en boutons, et, passant au-dessous de la petite colonie de l’Arundo Pliniana, dont les tiges florifères de l’an dernier balançaient à l’abri du rocher leurs panicules dessé- chées, je regagnai la côte. Dans les sables d’ane petite anse, croissaient quelques touffes d’Achillea Ageratum, remarquables par leur station tout à fait maritime. Les eaux bleues et tranquilles de cette baie, fermée par la chaussée du chemin de fer, for- maient un délicieux contraste avec les flots agités de l'étang. Cette chaussée offrait un raccourci considérable, nous la suivimes ; bien qu’elle soit de créa- tion récente, elle est déjà envahie par les plantes maritimes. L’£uphorbia Paralias, d'énormes touffes d’Obione portulacoides, de Crithmum mari- timum, s’y développent vigoureusement, avec le Medicago marina aux tiges argentées, aux fleurs d’or, qui rampe dans les débris coquilliers qui s’y accu- mulent. Le chemin de fer touchait de nouveau la terre ferme. Nous nous arrêtons un moment pour admirer les jolies fleurs du Convolvulus althæoides ; sus- pendues à une touffe de jonc, elles flottaient au vent au-dessus d’une petite source d’eau douce. Nous remontâmes sur la falaise, élevée ici de quelques mètres à peine au-dessus des bas-fonds sablonneux. Sur nos pas, nous ren- contrâmes, sortant des fentes du poudingue, le Sfatice duriuscula, recon- naissable à son aspect ferme et roide, et un échantillon de Sfatice echioides à tiges nombreuses et pressées, à souche manifestement bisannuelle. Cette plante devait sans doute cette durée inaccoutumée à l’aridité excessive de la roche où elle croissait; ce fait, toutefois, paraît être assez fréquent, car, bien que MM. Grenier et Godron aient négligé de le constater, M. Duby a fait suivre, à titre égal, la diagnose de cette espèce des deux signes admis pour désigner les types annuel et bisannuel, du reste si voisins entre eux. Ainsi donc se montraient déjà les sentinelles avancées des prairies salées. » capitules deux fois plus gros que le C. lanceolatum. Sainte-Lucie, Aussières, Font- » froide. » — La plante dont il s’agit est-elle une simple variété du C. lanceolatum ? Est- elle le C. crinitum de Boissier ? Je n’ose décider la question. Quoi qu’il en soit, je l'ai récoltée, en 14857, à Sainte-Lucie, sur le plateau et derrière le poste des douaniers qui regarde la Vieille-Nouvelle; en 1859, dans les sables transportés de la gare de la Nouvelle; et enfin je l’ai fait récolter en boutons non ouverts à Fontfroide, le 7 juin 1862, sur les bords du torrent, au-dessus du couvent.— Il y a toutes apparences que c'est cette même plante qu'a voulu désigner Requien (in DC. Prodr. VII, 305). « Circa » Narbonam!, » inquit DC. 63h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans les sables, au pied de la falaise, poussait le Zrachypodium dista- chyon. La vaste étendue qui nous entourait, bornée à notre droite par la ligne du chemin de fer, à gauche par la Robine de Narbonne, cachait entièrement à nos regards son sol sablonneux sous un épais tapis de Statice. C'étaient tantôt le Statice lychnidifolia où le St. Girardiana , tantôt le S£. bellidifolia qui nous appelaient. Le St. diffusa règne vraiment en maître sur ces plages; ses larges touffes y croissent serrées et fournies, occupant tout le terrain et en chassant leurs congénères; mais c’est à peine si nous pûmes trouver de rares boutons épanouis sur quelques pieds épars de cette espèce. Atiirés d'une plante à l’autre, et ne sachant à laquelle donner la préfé- rence, nous arrivàmes rapidement près du Poste-des-Salins. Là, nous ren- contrâmes la station du Séatice ferulacea ; ses rameaux à peine développés ne portaient point encore les élégantes fleurs roses dont ils se couvrent plus tard; entre ses souches charnues et rougeâtres rampait l'Æluropus litto- ralis et croissait le Lepturus filiformis. Le Statice ferulacea, ainsi que le Limoniastrum monopetalum et le Statice diffusa, appartient à la flore de France par son habitat sur les plages de Sainte-Lucie et des environs ; il v est bien moins abondamment répandu que cette dernière espèce, et n’y couvre pas comme elle de vastes espaces (1), Passant à côté de la roue à auges qui élève l’eau de mer dans les marais salants, nous traversâmes, sur une étroite chaussée, les bassins d’évaporation, et, longeant la rangée des pyramides de sel, nous suivimes les bords du canal; l'Agropyrum scirpeum s'y montrait en grosses touffes. Bientôt se présen- tèrent à nous les premières touffes du Limoniastrum monopetalum ; les rameaux gris cendré de cette Plombaginée frutescente, chargés de leurs grandes fleurs violettes, excitèrent notre admiration. Le temps passe vite en herborisant, plus vite encore à Sainte-Lucie que partout ailleurs ; nous atteignimes ainsi l'extrémité de la Robine de Narbonne, Un pont, jeté sur son embouchure, réunit ses deux rives, et ses eaux viennent s’écouler dans le grand canal des Étangs. Ce chenal sert de port à la petite ville de la Nouvelle, dont les quais étaient en face de nous, et établit les communications maritimes entre la mer et l'étang de Sigean. Un bateau, amarré à la façon des bacs, nous porta bientôt sur le bord opposé. Quelques minutes après, nous nous trouvions tous réunis dans une salle de l'hôtel Deramon, autour d’une table préparée à l’avance, grâce à l’obligeante solli- citude d’un de nos collègues qui avait pris les devants. (1) Note de M. Maugeret. — Le Statice ferulacea se retrouve sur les plages de la Clape, à plus de 12 kilomètres de Sainte-Lucie, au lieu dit Eldepal. Le Limoniasirum monopelalum et le St. diffusa se trouvent sur les bords du canal dès après J'écluse es aura c’est-à-dire à 10 kilomètres plus haut sur l'isthme qui conduit à panier ucie. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 635 Après avoir installé dans nos cartables le trop-plein de nos boîtes, nous ne voulâmes point laisser passer inoccupées les quelques heures dont nous pou- vions encore disposer. Le temps est trop précieux au botaniste pour qu'il se résigne aisément à ne pas en profiter. Malgré le vent impétueux, nous nous remîmes en marche. Notre bande se divisa : les uns, longeant le port, allèrent explorer les plages de la Nouvelle, tandis que les autres, en plus petit nombre, repassant en bac le canal des Étangs, retournaient aux prairies salées parcourues le matin. Notre but était de visiter les vastes plages situées entre la Robine de Narbonne et la mer. Les sables du canal nous offrirent bientôt le Cérsèum echinatum, toujours en petite quantité, l’//e/iotropium curassavicum, plante de Buenos-Avres, coim- plétement naturalisée aujourd’hui sur plusieurs points de nos côtes du Languedoc, et le Passerina hirsuta. Dirigeant ensuite nos pas vers la mer, nous nous engageämes dans une immense prairie de Salicornia fruticosa et probablement aussi de S. macro- stachya, si universellement répandu sur tout le littoral de la Méditerranée; mais la saison ne nous permit pas de constater sûrement ici sa présence. Quelques rares Sfatice diffusa épars et ne formant plus d’épais gazons comme sur l’autre rive, se montraient çà et là mélangés aux S£. lychridi- folia et bellidifolia et à quelques pieds chétifs du Sf. serotina déjà fleuris. Plus nous avançions et plus les Salicornia envahissaient le sol à l'exclusion d’autres végétaux. Prolonger notre course dans cette direction était peine et temps perdus ; nous dûmes donc rebrousser chemin. Les berges du canal de Narbonne nous montrèrent l'£uphorbia Pithyusa croissant entre Les pierres de la chaussée ; puis, traversant une seconde fois le pont de la Robine, nous nous dirigeâmes dans les sables vers la ligne du chemin de fer. Nous admirâmes en passant de superbes touffes du Zimoniastrum monopetalum, couvertes de leur magnifique parure de fleurs améthystes, tandis que généralement la floraison de cette rare espèce était à peine à son début, En avançant, nous retrouvâmes le Sfatice Girardiana déjà vu le matin, mais toujours peu abondant. A côté se rencontra, sur nos pas, une localité assez étendue du Sfatice confusa G.G. Pendant ce temps, deux de nos confrères (MM. Cosson et À. Jamain) nous rejoignirent, rapportant de leur excursion, prolongée au-delà du Poste-des- Salins, le rare Statice duriuscula, assez abondant en cet endroit. Nous nous remiîmes aussitôt en marche, car l'heure avançait, et je n'ai à mentionner, après notre passage au petit bac du chenal, que la présence du Polygonum Roberti, allongeant ses tiges ligneuses dans les sables accumulés autour de la gare de la Nouvelle. Moins heureux que nous, ceux de nos confrères restés sur la terre ferme pour en explorer la plage n'avaient trouvé que de vastes prairies de Sulicor- ia fruticosa. Ils avaient recueilli toutefois l’£chtum calycinum et un Ana- 636 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cyclus. A la première analyse, je pris cette dernière plante pour l'Anacyclus valentinus, à cause d’un rang de petits fleurons ligulés, cachés dans les écailles del’involucre, et des ailes un peu divergentes dont les ovaires des fleurons extérieurs du capitule étaient couronnés ; mais, après mûre inspection, je crois ne devoir la considérer que comme une simple variété discoïde de l'Anacyclus clavatus. Bientôt, traversant le canal des Étangs sur un pont-viaduc aux abords encombrés de Suæda fruticosa, mous pouvions parcourir rapidement du regard les lieux que nous venions de quitter, apercevoir une dernière fois encore, à notre gauche, le petit îlot de la Nadière avec son groupe de blanches maisons émergeant des flots et habitées par des pêcheurs sur les mœurs desquels circulent des bruits dont je ne veux pas me faire ici l’écho, dire un dernier adieu au bouquet de Myrtes, à l’Arundo Pliniana, admirer sur la chaussée les touffes en fleur de Glaucium luteum et les flancs des grandes falaises couvertes d'Euphorbia Characias, de Teucrium Polium, d’/nula viscosa et de Scolymus hispanicus. Une heure après, chacun de nous rentrait à Narbonne pour y préparer dans le silence de la nuit les richesses amassées dans l’activité du jour. Telle est donc l’île Sainte-Lucie, avec ses fameux terrains salés, son aride mamelon et ses hautes falaises, enserrée par cette double enceinte d’eau et de fer que l’industrie lui a faite. Peut-être ai-je pu énumérer la plupart des espèces récoltées dans cette riche herborisation. Mais, ce que je n’ai jamais eu la prétention de faire, c’est de donner une idée, même affaiblie, des souvenirs laissés à chacun de nous par cette journée, où la douce cordialité de la réunion ne le cédait en rien à l'intérêt des lieux parcourus. M. Napoléon Doûmet rend compte de l’herborisation faite le 10 juin, à la Clape : RAPPORT DE M. Napoléon DOUMET SUR L'HERBORISATION FAITE LE 10 JUIN A LA CLAPE, ET DIRIGÉE PAR M. MAUGERET. Partis de Narbonne à six heures du matin, sous la direction bienveillante de M. Maugeret, nous nous dirigeàmes d’abord par les bords du canal, puis à travers champs, vers les collines de la Clape, où nous devions explorer . principalement le ravin de Combemale. Le long de la route, nous cueillimes successivement les Malva nicæensis AI., M. parviflora L., Samolus Vale- randi L., Œnanthe silaifolia Bieb. Nous vimes, dans des fossés pleins d’eau qui bordent le chemin, le Ranunculus aquatilis L. var. heterophyllus. Ayant fait une pointe à gauche dans les terres, nous rencontrâmes une forme de Phragmites communis Trin. , assez intéressante en ce que ses tiges stériles SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 637 s’allongent démesurément en rampant sur le sol (1). Continuant toujours notre course, nous récoltâmes encore les Allium multiflorum DC., Triticum glau- cum Desf., Trifolium resupinatum L., Glyceria convoluta Fries, Lepturus incurvatus Trin., Sperqularia marginata Fenzl, et nous nous arrêtämes un certain Lemps dans les champs où croissent les Wedicago intertexta DC. (1. ciliaris Willd.) et M. pentacycla DC. Le long de la partie de la route qui est bordée par de vastes marais, on trouve les : Euphorbia pubescens Desf. Sisymbrium Irio L. Linum maritimum L. Allium neapolitanum Cyr. (2) Sonchus maritimus L. Rottbællia incurvata L. f. Œnanthe Lachenalii Gmel. Poa divaricata Gouan Roripa amphibia Bess. Frankenia pulverulenta L. Hordeum maritimum With. Spergularia rubra Pers. Carex vulpina L. — media Pers., et bientôt après on arrive près du ravin de Combemale, au pied de la Clape. C'est là que croît en abondance une des plantes qui faisaient le principal objet de la course, le Lotus Delorti Timb. -Lagr., dont nous fimes ample Moisson, lant pour nous que pour les absents. Immédiatement après la station de cette jolie plante, le ravin se resserre, les rochers se redressent et surplombent, de gros blocs gisent épars dans le lit desséché du torrent, le pied s'assure avec difficulté, la végétation devient essentiellement épineuse par la présence du Genista Scorpius L., qui y règne en maître ; les voix sont répétées par un écho creux et bizarre, quel- ques rares oiseaux qui veillent au bord de leurs nids inaccessibles font entendre des cris de détresse, le renard fuit rapidement vers son terrier, tout enfin prend un aspect sauvage et fantastique ; on dirait presque les abords désolés de l’antre de quelqu'un de ces monstres de la mythologie, qu'Ovide dépeint en si beaux vers dans ses poétiques Métamorphoses; et, comme si la nature avait encore voulu ajouter à l'illusion, on finit par aboutir à un trou en forme de marmite, d'environ 1",50 de profondeur sur autant de dia- mètre, et dont les parois glissantes et les bords surplombants ne permettent, dit-on, de sortir qu'avec la plus extrême difficulté. Au-dessus du trou, le rocher s'élève perpendiculairement des deux côtés, et ferme ainsi l'accès de Ce ravin, à la fois si curieux et si dangereux. « De Lort, nous dit M. Maugeret, » ÿ tomba un jour, et eut beaucoup de peine à en sortir. Depuis lors, » quand j'y venais, je ne manquais jamais de jeter une pierre au fond et » d'engager tous ceux qui m'accompagnaient à en faire autant. » Ajoutons que, si chacun suivait l'exemple de notre aimable cicérone, le gouffre finirait bientôt par se combler, car la Clape est un des lieux que tout botaniste de (4) Voyez le Bulletin, t. X, p. 396. (2) Dans une haie, passé fleur. 638 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. passage à Narbonne doit visiter, tant en raison des plantes qui s’y tronvent qu’à cause de la célébrité que De Lort lui a imprimée. - Ces escarpements donnent asile aux : Euphorbia nicæensis All. Amelanchier vulgaris Moœnch Phagnalon sordidum DC. Galium murale All. Genista Scorpius L. Viola scotophylla Jord. Piptatherum cærulescens P. B. Aphyllanthes monspeliensis L. Lavatera maritima Gouan Mercurialis tomentosa L. Dianthus brachyanthus Boiss. (D. pun- Euphorbia serrata L. gens Poir. non L.) Asterolinum stellatum Link Ferula communis DC. Jasminum fruticans L. Vincetoxicum laxum G.G. Cynoglossum cheirifoliun Z. Lactuca tenerrima Pourr. Vaillantia muralis L. Melica minuta L. Cneorum tricoccon L. Alyssum spinosum L. Erodium chium Wäilld, toutes plantes que l’on cueillit avidement, non toutefois sans courir de sérieux dangers, car l’un de nous, s’élançant à la conquête d’une touffe de Dianthus brachyanthus, tomba à la renverse de plusieurs mètres d'élévation, et se fût peut-être grièvement blessé, sans la présence d’esprit de celui qui, se trou- vant le plus près de lui, se jeta à sa rencontre et atténua son choc sur le rocher. Sortis du ravin, nous nous reposâmes quelques instants à la campagne de Ricardel, dont le propriétaire, M. Riols, nous fit gracieusement les honneurs, et la voiture d’un de nos collègues nous ramena promptement à Narbonne, pour préparer notre butin du jour et celui des jours précédents. MM. les Secrétaires déposent sur le bureau, de la part de M. Mau- geret, la liste suivante, destinée à être annexée au compte rendu de la session extraordinaire de 4862 : © LISTE DES PLANTES QUE L'ON PEUT RÉCOLTER A NARBONNE PENDANT LE MOIS DE © JUIN (1) (AVEC INDICATION DES LOCALFFÉS POUR LES PLUS REMARQUABLES ET POUR CELLES QUI NE SE TBÔVERT Que DANS DES STATIONS DÉTERMINÉES), par ME. A. MAUGERES . | "a J'ai pensé qu’il serait agréable et peut-être utile aux botanistes qui Ont suivi les herborisations de la Société pendant la session extraordinaire de 1862, de trouver réunis en une liste séparée les noms des espèces qu'ils ont pu recueillir pendant les quelques jours qu'ils ont passés à Narbonne. Pour rendre ce travail aussi complet que possible, j'ai uuilisé les notes el (1) J'entends en fleurs ou en fruits. Quelques plantes ont été mentionnées dans ee rapports sur les herborisations de la Société, bien qu'elles ne fussent pas en pon et pour la récolte (ainsi l’Heliotropium curassavicum à Sainte-Lucie, etc.) ; elles ne figuren | point sur cette liste. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 63% . lherbier de notre cher et bien regretté collègue, M. Delort, qui a exploré le pays pendant près de vingt-cinq ans. J’y ai joint les quelques observations. qu'il m'a été donné de faire pendant un séjour de six ans à Narbonne. Le mérite de ce travail, s’il en a, révient donc à M. Delort. Clematis Flammula L. — maritima DC. Adonis autumnalis L. — micrantha DC. — Narbonne ; Lasfons près Bize. Ranuaculus Philonotis Retz. — parviflorus L.— Sainte-Lucie ; bois de Céleiran. — reticulatus Schmitz. (R. arvensis var. inermis). — Rouquette. Nigella damascena L. Delphinium pubescens DC.— Saint-Crescent; Donos; Raourel; Cuxac. Papaver Rhœas L. — Argemone L. Rœmeria hybrida DC. Glaucium corniculatum Curt. — Bassin de Junquières. — luteum Scop. Hypecoum pendulum Z. — Saint-Crescent; Lestagnol; entre le Pech-de-l’Agnel et l’aqueduc. Fumaria Vaillantii Lois. Nymphæa alba L. —- Ricardelle, aux trois ponts. Senebiera Coronopus Poir. Bunias Erucago L. Raphanus Raphanistrum L. Rapistrum rugosum All. Diplotaxis tenuifolia DC. Erucastrum obtusangulum Rchb. Sinapis arvensis L. — incana L. nigra L. Lepidium Iberis DC. — Jatifolium Z. — ruderale L. — Narbonne, remparts, terrains salés. Erysimum orientale R. Br.— Donos ; Fontjoucouse ; talus du chemin de fer en face du Pech-de-l’Agnel. : : Cakile maritima Scop.— Entre l’étang de Gruissan et le canal; plages de Sainte-Lucie, de la Clape. Biscutella ambigua DC.— Pech-de-l'Agnel. Iberis pinnata L. — Pech-de-Y Agnel. Clypeola Jonthlaspi L. (fruils). — Çà et là, dans les garrigues. Alyssum spinosum L. — Rochers calcaires à la Clape; Pech-de-l'Agnel; Campane, Pech-Rascal, etc. Matthiola sinuata R. Br.— Sainte-Lucie. Rhus Coriaria L. — Pech-de-l’Agnel ; Cap-de-pla. Pistacia Lentiscus L. — Pech-de-l’Agnel; Frontfroide. — Terebinthus Z.. -— narbonensis Z, Cneorum tricoccon L.— Dans les garrigues. Dictamnus albus L. — Pech-de-l’Agnel. Ruta angustifolia Pers. — Montana Lam. — Montfort. Tribulus terrestris L. Geranium mediterraneum Jord. : Erodium chium Willd. — Mandirac ; Sainte-Lucie, entre l'étang et le canal ; Clape, à la Combemale. 6A0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Erodium littoreum Zém.— Sainte-Lucie. — petræum Wüilld. — Clape; Pech-de-l’Agnel ; Campane ; Quillanet, etc. Linum catharticum L.— Bois de Céleiran ; Rennes-les-Bains. — læve Rchb. — Pastouret. — angustifolium Huds. — strictum L. — gallicum L. — Quillanet ; Fontfroide ; Pradines;, Saint-Martin-de-Thoques. Malva parviflora L. — Narbonne, à la porte Sainte-Catherine, à Koland. — silvestris L. — nicæensis L. — ambigua Guss. : ; Lavatera maritima Gouan. -— Clape, à la Combemale, au Rec, à Lasportes, à Moujan ; fontaine de Salces. Althæa officinalis L. ? Tamarix gallica L. Hypericum perforatum L. * — montanum L.— Pinède de Fontfroide. Vitis vinifera L,. Coriaria myrtifolia L. Acer campestre L. — Saint-Martin-de-Thoques ; bords de l’Aude. Polygala rupestris Pourr.— Clape, au Rec, à l’Espitalet, à Pech-Redon. — vulgaris L. — Fontfroide. — rosea Desf. — Fontfroide aux Coumbos-caoudos (ex Timbal-Lagrave). — monspeliaca L. — Clape, à Pech-Redon; à Montplaisir, au Moulin du Roi. Viola Riviniana Rchb. (fruits). — Fontfroide. Viola scotophylla Jord. — Clape, rochers calcaires. Frankenia intermedia DC. — Plages de Sainte-Lucie, de la Clape. — pulverulenta L.— Terrains salés, Rouquette. Cistus salvifolius L.— Fontfroide ; Quillanet. — populifolius L. — Fontfroide ; Fontlaurier ; Pradines. — longifolius Lam. — Fontfroide : Fontlaurier ; Pradines. — monspeliensis L.— Partout dans les garrigues. — crispus L. — Clape; Céleiran ; Fontfroide ; Quillanet, etc. — albidus L.— Dans les garrigues. — albido-crispus Delile. — Fontfroide. — crispo-albidus T.-Lagr. — Fontfroide. — salvifolio-populifolius T.-Lagr.— Fontfroide. — populifolio-salvifolius T.-Lagr.— Fontfroide. — monspeliensi-populifolius T.-Lagr. — Fontfroide. — salvifolio-monspeliensis T.-Lagr.— Fontfroide. — monspeliensi-salvifolins T.-Lagr. — Fontfroide. — albido-monspeliensis T.-Lagr. — Fontfroide. Helianthemum pilosum Pers. — Partout, dans les garrigues. — denticulatum Thib. (in Pers.). — Crabit; Pech de l’Agnel; Fontfroide. — Jledifolium Wäilld. — Crabit ; Quillanet. — guttatum Mill, — Aussières ; Fontfroide. Reseda Luteola L. — lutea L. — Phyteuma Z. Lathyrus tuberosus L. — Au Quatourze. — pratensis L. — hirsutus Z. — Cicera L. — annuus L. — Aphaca Z. — sétifolius L.— Dans les garrigues. — ciliatus Guss. — Clape, chemin de PRicardelle à Pech-Redon, Pla-Vinié. — angulatus L. — Narbonne; Fontlaurier. roc de las Gueitos ; SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 641 Vicia segetalis Thuill. — onobrychioides L.— Dans les garrigues : Pech-de-l’Agnel. — Cracca L. — amphicarpa Dorth. — Dans les garrigues : Clape; Pech-de-l'Agnel. — lathyroides L. — Aussières ; Fontlaurier ; Fontfroide. Ervum tetraspermum L. — gracile DC. — birsutum L. Onobrychis Caput galli Lam. — supina DC. — Pech-de-l’Agnel. — sativa Lam. Hedysarum spinosissimum L. — Clape, à Pechredon; Montplaisir, au Moulin du Roi; Coursan, au Pas-du-Loup. Hippocrepis unisiliquosa L.— Pech-de-l’Agnel, etc. — comosa L.— Narbonne ; Lasfons près Bize. — ciliata Wild. — Dans les garrigues. Ornithopus compressus L. — Aussières. Coronilla scorpioides Koch. — minima L.— Dans les garrigues: Pech-de-l’Agnel; Sainte-Lucie. — glauca L. (fruits). — Fontfroide; Clape, au Rec. — Emerus L.— Fontfroide. Scorpiurus subvillosa L. Astragalus Stella L. — Lespignan; bassin de Junquières. — narbonensis Gouan. — Levrettes, vers l'resquet; Pech-Moungiou , vers l’Estagnol ; Pas-du-Loup, vers Lespignan. — sesameus L. — Narbonne, sur les remparts; Pas-du-Loup. — incanus L. — Crabit; Montredon, au Mourel. — Glaux L.— Pas-du-Loup; Levrettes; Pech-del'Agnel. — hamosus L. — Pech-de-l’Agnel, Grangeot-de-Rieux. — pentaglottis L. — Lespignan; Levrettes ; Junquières. Colutea arborescens L. — Pech-de-l'Agnel; Fontfroide. Psoralea bituminosa L. Tetragonolobus maritimus Roth. — Terrains salés. — siliquosus Roth. — Quillanet. Lotus corniculatus L. — decumbens Poir. — Sainte-Lucie. — Delorti T.-Lagr. — Clape; Pech-de-l’Agnel; Pastouret. — symmetricus (nom provis.).— Pinède de Fontfroide. Bonjeania recta Rehb.— Bords de la Mayral. — hirsuta Aichb. — Sainte-Lucie ; Clape, à Marmorières, au Rec; Mandirac. Doryenium suffruticosum Vill. — gracile Jord. — Plages de la Clape, Eldepal. Trifolium agrarium L. Si tepens li: fragiferum L. Stellatum ZL. lappaceum L. angustifolium L. glomeratum L.— Aussières ; Fontfroide; Lasfons près Bize. Cherleri L. — Aussières; Fontlaurier. arvense L. — Lieux sablonneux : Saint-Crescent. ochroleucum L.— Pinède de Fontfroide. birtum All. — Quatourze. suffocatum L.— Aussières; Fontlaurier, Coumbo-de-Ferro. resupinatum Z. Subterraneum L.— Aussières. — maritimum Huds.— Terrains salés : Rouquette; Sainte-Lucie, etc. Meliloius sulcata Desf. le IX L1 AA RES ESS À PS 612 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Melilotus neapolitana Ten. — Lasfons ; la Fenal, graviers de la Cesse. — indica All. — vulgaris Willd. Trigonella Fœnum græcum L. — Bassin de Junquières; Lespignan. — gladiata Stev. — Pech-de-l’Agnel; Cap-de-pla. Medicago lupulina ZL. — sativa L. — falcata L. — nigra Wäilld. — media Pers. — tribuloides Lam. — Murex Wild, — Braunii G.G.— Sainte-Lucie ; plages de la Clape. — littoralis Rhode. — Plages de la Clape, de Sainte-Lucie, et dans les garrigues. — Jeiocarpa Benth. — Junquières; Fontfroide, en montant au roc de las Naous; Pechs de l’Agnel; de la Fenno-Morte, de Campane ; Montredon; Bizanet; Fresquet; Clape, au Rec, à Pech-Redon. — marina L. — Sainte-Lucie, dans les sables. — coronata Lam.— Pech-de-l'Agnel, Cap-de-pla. — intertexta DC. (non AU.). — Terrains salés : Rouquette, Langel. — truncatulata Gærtn. — Sainte-Lucie; Crabit. — disciformis DC. — Crabit ; Pech-de-l’Agnel ; à la Campane ; Montredon. Anthyllis Dillenii Schult. — Pech-de-l’Agnel; coteaux de Moussan. Ononis minutissima L. — reclinata L.— Pech-de-l’Agnel. — pubescens L. — Montfort, au bord de l’étang de Bages, Pas-du-Loup. — mollis Savi. — Sainte-Lucie, vignes de la Cantine. Adenocarpus telonensis DC.— Pinède de Fontfroide. Argyrolobium Linnæanum Walp. — Partout, dans les garrigues. Cytisus sessilifolius L. — Chemin de Bizanet. Genista Scorpius DC. (fruits). — pilosa L. — Clape ; Fontfroide. Sarothamnus scoparius Koch. — Pinède de Fontfroide ; Rennes-les-Bains. Spartium junceum Z. . Calycotome spinosa Link. — Quillanet; Fontlaurier ; Fontfroide, etc. Prunus Mahaleb L. (fruits). — Pech de la Fenno-Morte; Pech-Ventoux ; Fontfroide. Rosa sempervirens L. — rubiginosa L. Rubus discolor Weihe. — coryÿlifolius Smith. — cæsius L. Fragaria collina Ehrh. — Clape, au bosquet de Pech-Redon. Potentilla reptans L. — hirta L. — Quillanet; Tauran; Fontfroide. Geum urbanum L. — Bois de Céleiran, de Fontfroide. — silvaticum Pourr. — Fonilaurier; Fontfroide. Agrimonia Eupatoria L, Alchimilla arvensis Scop. — Aussières. Poterium Delorti Jord. (P. polygamum W. K.). Spiræa Filipendula L.— Quillanet; Fontlaurier. Cratægus Oxyacantha L. (fruits). — Bois de Céleiran. — monogyna Jacq. (fruits). — Azarolus L. — Clape, à Armissan. ; Amelanchier vulgaris Mœnch (fruits). — Clape, ravin de Combemale, ravin des Mounges ; Fontlaurier ; Rennes-les-Bains. Punica Granatum L. Myrtus communis L. — Sainte-Lucie; Clape, vers Notre-Dame-des-Aourils. Lythrum Hyssopifolia L. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 643 Lythrum bibracteatum Salzm.— Rouquette. Myriophyllum verticillatum L. Epilobium montanum L. — — $ collinum Koch. — Sur l’aqueduc de Narbonne. Ecbalium Elaterium Rich. Bryonia dioica Z. Aristolochia Pistolochia L. — Pech-de-l’Agnel; Levrettes ; Crabit. — Clematitis L. Cytinus Hypocistis L. — Aussières, Fontiaurier, Fontfroide. Thesium divaricatum Jan (in G.G.). Osyris alba L. Passerina Thymelæa DC.— Clape, à Pech-Redon ; Prat-de-Cest ; Nissan, au télégraphe ; Pradines ; Levrettes. Rhamnus infectoria L. — Pech-de-l’Agnel, — Alaternus L. Euphorbia Peplus L. — Narbonne ; Sérame. — pubescens Vahl. amygdaloides L. — Narbonne; Saint-Martin. nicæensis All. — Narbonne ; Rennes-les-Bains. — exigua L. — Peplis L. — Plages à Sainte-Lucie, à Montolieu de la Clape. — Pithyusa L. — Sainte-Lucie ; la Nouvelle ; Saint-Pierre. — suffruticulosa Lecog. — Pech-de-l’Agnel, vers lous rocs grisés ; Pas-du-Loup,; Fresquet. — provincialis Wäilld. — Bois de Céleiran. — serrata L. — segetalis L. — silvatica L. — Chaixiana Timb.-Lagr. — Fontfroide. Mercurialis tomentosa L. Buxus sempervirens L. — Pech de la Fenno-morte ; Pradines, etc. Arbutus Unedo L. — Fontfroide. Calluna vulgaris Salisb. — Fontfroide. Erica cinerea L. — Fontfroide; Fontlaurier ; Aussières. — arborea L. — Fontfroide. — Scoparia L, — Fontfroide. Tillæa muscosa L. — Aussières. Sedum album L. — dasyphyllum ZL. — Clape ; Fontfroide. — acre L. Umbilicus pendulinus DC. Silene inflata Smith. — italica DC. — gallica LZ. — Quinquevulnera L. — Muscipula L. — Prat de Cest; Levrettes ; Junquières, Céleiran ; Clape, etc. Vaccaria vulgaris Host. Dianthus prolifer L. — pungens Benth. — Clape. — brachyanthus Boiss. — Clape, au Rec, à Lasportes, à la Combemale. Mœnchia erecta Rchb. — Aussières. Cerastium alsinoides Lois. ; - Mœæbhringia pentandra Gay. — Clape ; Pech-Rascal; Aussières et Fontlaurier Alsine tenuifolia Vahl. Buffonia perennis Pourr. — Garrigues calcaires. Sagina apetala L. — Bords de l’Aude. — Maritima DC, — Plages de la Clape. Spergularia rubra Pers. — Terrains salés : Rouquette. 6h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Spergularia marina Pers. — Terrains salés : Rouquette. — media Pers. — Terrains salés : Rouquette. Polycarpon tetraphyllum Z. Lœflingia hispanica L. — Saint-Crescent; Aussières ; Sainte-Lucie. Telephium Imperati L. — Clape ; Pech-de-l’Agnel. Paronychia argentea Lam. — Garrigues sablonneuses. — capitata Lam. — Pech-de-l'Agnel; Clape. Seleranthus Delorti Jord.? — Fontlaurier. — divaricatus Dumort. (Scl. Delorti Gren.?). — Aussières, Herniaria glabra L. — cinerea DC. — lenticulata L. — Pastouret ; Quillanet ; Fontfroide ; Clape. Beta vulgaris Z, Camphorosma monspeliaca L. Kochia prostrata Schrad. — Cap-de-pla. Suæda fruticosa Forsk. — Terrains salés. Petroselinum sativum Hoffm. — Pech-de-l’Agnel ; Cap-de-pla. Trinia dioica Gaud. — Pech-de-l'Agnel ; Pevron. Bunium Bulbocastanum L. — Pech-de-l’'Agnel ; Campane ; Cap-de-pla. Helosciadum nodiflorum Koch. Ammi majus L. Bupleurum aristatum Bartl. — Pech-de-l’Agnel. — fruticosum L. — Clape; Fontfroide ; Moussoulens. — glaucum Rob. et Cast. — Plages de la Clape, à Montolieu; Sainte-Lucie. Œnanthe fistulosa L, — silaifolia Bieb. — Rouquette. — pimpinelloides Z. — Lachenalii Gmel. Fœniculum vulgare Gœærtn. Crithmum maritimum L. — Rochers maritimes. Ferula communis L. — Clape, au Rec, à las Gueitos ; Fontfroide. Tordylium maximum L. — Fontfroide. Thapsia villosa L. — Quillanet ; Conilhac. Laserpitium gallicum L.— Pech-de-l’Agnel. Orlaya maritima Koch. — Plages de la Clape, de Sainte-Lucie. — platycarpos Koch. — Pech-de-l’Agnel ; Lespignan. Turgenia latifolia Hoffm. — Donos et Fontjoucouse. Caucalis daucoides L. Torilis heterophylla Guss. — Clape, au Rec; Fonttroide, Cachrys lævigata Lam. — Pech-de-l’Agnel; Sainte-Lucie. Bifora testiculata DC. — Ciape, à Pech-Redon; Pech-de-l’Agnel. Sambucus nigra L. Viburnum Tinus L. — Fontfroide ; Clape, ravin de Combemale. Lonicera implexa Ait. — Narbonne ; Pech-de-l'Agnel; Fontfroide ; Crabit. — etrusca Santi. — Narbonne et Rennes-les-Bains. Asperula arvensis L. Crucianella angustifolia L. — Clape ; Pech-de-l'Agnel. Rubia tinctorum L, — peregrina L. Galium verum L. palustre L. tricorne Vill. erectum Huds. rigidum Väll. anglicum Huds. litigiosum DC. — Fontfroide ; Pradines. corrudifolium Vill. maritimum L. PLRBEE EE SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. Galium spurium L. — — var. Vaillantii. — divaricatum Lam. — Clape. — decipiens Jord. — Saint-Hippolyte. — murale Al. — Mandirac ; Sainte-Lucie ; Saint-Martin-de-Thoques. Vaillantia muralis L. Vinca media Link. — Armissan ; Fontfroide. Vincetoxicum nigrum Mœnch. — Clape ; Crabit ; Pech-de-l’Agnel. — officinale Mænch. — — var. luteum Seb. — Pech-de-l’Agnel ; Pech de la Fenno-morte; Clape. ÆChlora perfoliata L. — imperfoliata L.f. — Sainte-Lucie ; Quillanet. Convolvulus arvensis L. — liaeatus L. , — lanuginosus Desr. — Ravin de Rouquette près Montolieu de la Clape. — althæoides L. — Sainte-Lucie. Echium plantagineum L. — pustulatum Sibih. — pyrenaicum £. Nonne2 alba DC. — Bois de Céleiran ; La Fenal ; Raounel, Anchusa italica Retz. Lithospermum fruticosum L. — Pech-de-l’Agnel ; Pradines ; Pas-du-Loup. — officinale L. — apulum Vahl. — Aussières ; Laragnoux. Myosotis lingulata Lehm. Echinospermum Lappula Lehm. Cynoglossum cheirifolium L. (fruits). Hyoscyamus niger L. — Montfort. — major Mill. — albus ZL,. Solanum Dulcamara L. Verbascum Boerhavii L. — Pech-de-l’Agnel ; Cap-de-pla. — sinuatum L. — Céleiran; Clape ; Rennes-les-Bains. — Blattaria L. Serofularia peregrina L. — aquatica L, — — var. Balbisii. Aatirrhinum Orontium L. — majus L. : — Asarina L. — Ferrals près l’Alaric. — villosum L.-— Albières, dans les Corbières. Linaria minor Desf. — simplex DC. ; : — arvensis Desf. — Aussières ; Fontlaurier ; Fontfroide. — Pelliceriana DC. — Aussières ; Fontlaurier ; Fontfroide. 645 — micrantha Spr. — Vignes à la porte de Perpignan ; et à la Claro-vidal, au Quatourze. — corbariensis Martrin-Donos. — Portel des Corbières. Veronica Anagallis L. Trixago apula Stev. — Quillanet. Coris monspeliensis L. Phelipæa ramosa Mey. Orobanche cruenta Bertol. Anagallis arvensis L. — tenella L. — Fontiaurier. Samolus Valerandi L. Statice monopetala L. — Sainte-Lucie et plages voisines. — bellidifolia Gouan. — Plages de Sainte-Lucie et de la Clape- — cuspidata Delort (in Jord. Obs.). — Plages à Eldepal de la Clape. 646 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Statice virgata Wüilld. — Sainte-Lucie et plages de la Clape. — echioides L. — Sainte-Lucie et plages de la Clape. : — diffusa Pourr. — Sainte-Lucie et plages de la Clape ; Mandirac. — ferulacea L. — Sainte-Lucie ; Eldepal de la Clape. — major L. Plantago Lagopus L. — Jlanceolata L. — Coronopus L. — Psyllium Z. — indica L. : — serpentina Vill. — Clape, vers l'Espitalet; Pech-de-Céleiran, Pas-du-Loup, Rennes- les-Bains. — Bellardi Al. — Saint-Crescent ; Aussières; Sainte-Lucie. — recurvata L, — Sainte-Lucie et plages de la Clape. Fraxinus excelsior L. (fruits). — Levrettes. — australis L. — Levrettes ; Fontfroide. | Olea europæa L. — Spontané à la Clape ; Pradines ; Saint-Hippolyte. Ligustrum vulgare L, — Fontfroide ; Capoulade. Lavandula Stæchas L. — latifolia Vill. Calamintha Acinos Gaud. — Clinopodium Benih. Salvia officinalis L. — Montredon; Nevian ; chàteau de Saint-Pierre. Rosmarinus officinalis L. Melittis Melissophyllum L. —- Lasfons. Stachys recta L. Betonica officinalis L. — Fontfroide ; Fontlaurier. Sideritis fruticulosa Pourr. — bhirsuta L. — Çà et là, dans les garrigues. — romana LZ. — Clape, le Peyron. Marrubium vulgare L. Ballota nigra L. Phlomis Lychnitis £, — Herba venti L. — Crabit, Quatourze, etc. ; Brunella hyssopifolia Z. — Clape, à Pech-Redon ; Levrettes ; Junquiéres. — Jaciniata L. — Fontfroide. Ajuga [va Schreb. — Pech-de-l'Agnel; Pastouret ; Quillanet ; Clape. — Pseudiva Rob. et Cast.— Sainte-Lucie ; Clape, aux Empherrets ; guë du Veyret. Teucrium flavum L. — Clape, au Rec. Verbena officinalis L. Vitex Agnus castus L. — Clape, à Montolieu. Globularia vugaris L. — Pech-de-l’Agnel ; Clape. Jasione montana L. — Dans les garrigues. Campanula Rapunculus L. — Erinus L. Specularia Speculum À. DC. — hybrida À. DC. à - Phagnalon sordidum DC. — Remparts de Narbonne en bourg ; roc de Pastouret ; Pech de-l’Agnel ; Clape, à la Combemale. Bellis silvestris Cyr. 5 .de- Evax pygmæa Pers. — Sainte-Lucie ; Clape, au raviu de Rouquette ; Pech-André-de Montredon. Asteriscus aquaticus Mœnch. — Sainte-Lucie. — spinosus G.G. Inula squarrosa L. — montana L. — Mont-Alaric. Filago spathulata Presi (F. Jussiæi Coss. et G. de St-P.). — montana L. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 647 Filago gallica L. — Aussières. Gnaphalium luteo-album L. Helichrysum Stœæchas DC. — serotinum Boiss. — Clape, à l’Espitalet ; Rennes-les-Bains. — angustifolium DC. — Pech de la Fenno-morte. Santolina Chamæcyparissus L. Achillea odorata L. — Crabit ; Pas-du-Loup. Anthemis altissima Z. — mixta L. — arvensis L. — Cotula L. — — var. incrassata Lois. Chrysanthemum Leucanthemum L. — monspeliense L. — Clape, au ravin de Montolieu ; La Fenal, graviers de la Cesse. Leucanthemum pallens DC. — Fontlaurier ; Fontfroide. Pyrethrum corymbosum Willd. — Pech-de-l’Agnel. Senecio lividus L. — Fontfroide. — Doria L.— Clape, au Rec. — Cineraria DC. — Mandirac ; Sainte-Lucie. Onopordum illyricum L. — ambiguum Fries. Cirsium echinatum DC. — Crabit; Clape ; Sainte-Lucie. — monspessulanum All. — tuberosum All. — Clape, à Pech-Redon, etc. Carduus pycnocephalus Jacq. — nutans L. — tenuiflorus Curt. — hamulosus Ehrh. — junquières ; Clape. — nigrescens Vill. Galactites tomentosa Mœnch. Silybum Marianum Gœærin. Cnicus benedictus L. Microlonchus salmanticus DC. Centaurea Jacea L. — pectinata L. — Fontlaurier ; Fontfroide. — Cyanus L. — collina L. — Junquières ; Montfort. , — corymbosa Pourr. — Clape, au Rec, à las Portes. — aspera L. — prætermissa Martrin-Donos. : — melitensis L. — Pech-de-l'Agnel ; Campane ; Clape, Mandirac. Crupina vulgaris L. — Pech-de-l'Agnel. Leuzea conifera DC. — Dans les garrigues. , Stæhelina dubia L. — Pech-de-l’Agnel; Cap-de-pla ; Fontfroide. Xeranthemum inapertum Will. — Cap-de-pla ; Moussan, Lapsana communis L. : Rhagadiolus stellatus Gærtn. — Aussières. Catanance cærulea L. — Dans les garrigues. Cichorium Intybus L. Tolpis barbata Gærtn. — Aussières. Hypochæris glabra L,. — Garrigues sablonneuses. — radicata L. — maculata L. — Fontlaurier. Thrincia hirta Roth. — hispida Roth. Leontodou crispus Vil. — Pech-de'Agrel- Helminthia echioides Gærin. Urospermum picroides Desf. 648 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Scorzonera parviflora Jacqg. — Plages de la Clape, à LDC E — crispa Bicb. (fruits). — Pech-de-l’Agnel. Lactuca viminea Schullz. — perennis L. — tenerrima Pourr. — Crabit; Cap-de-pla; Clape. Sonchus tenerrimus L. — maritimus L. — aquatilis Pourr. — Au-dessus du moulin de Guä. Picridium vulgare Desf. Barkhausia recognita DC. Crepis pulchra L. — virens L. — Aussières ; Vinassan ; rec de Veyret. Aëtheorrhiza bulbosa Cass. Hieracium Pilosella L. — cinerascens Jord. — Pech-de-l’Agnel ; Clape. Cephalaria leucantha Schrad. Knautia hybrida Coult. Scabiosa maritima L. Valeriana tuberosa L. (fruits). — Pechs de l’Agnel, de la Fenno-morte. Valerianella pumila DC. — coronata Koch. — Pech-de-l’Agnel; Aussières. — eriocarpa Desv. — La Coupe ; Fontlaurier. — -— var. erecta. — La Coupe ; Fontlaurier ; Crabit. — dentata Poir. (V. Morisonii DC.). — Sérame. — discoidea Lois. Rumex pulcher L. — Hydrolapathum Huds. — bucephalophorus L. — Moussan; Céleiran. — crispus L. — divaricatus L. — conglomeratus Murr. — thyrsoides Desf. — Pech-de-l’Agnel; Peyron, Polygonum aviculare Z. — maritimum L,. — Plages à Sainte-Lucie ; à la Clape, fort Saint-Pierre. — Bellardi Al. — Convolvulus L. — salicifolium Brouss. — La Mayral, Populus alba L. — nigra L. Urtica dioica L. — balearica L. Parietaria officinalis L. » — judaica DC. non L. Ulmus suberosa Ehrh. — Condom, Belvèze, — campestris L. Quercus Ilex L. — coccifera L. — Dans les garrigues. Ephedra distachya L. — Sainte-Lucie ; Clape. Juniperus communis L. — Fontfroide. — Oxycedrus L. — Dans les garrigues. — phœnicea L. — Clape; Pradines. Pinus maritima L. — Fontlaurier ; Fontfroide. Typha latifolia L. — angustifolia L. — media Schleich. — minima Hoppe, — Fosses d'emprunt du chemin de fer, à la Croix-des-Pèlerins. Arum italicum Mill, Lemna trisulca L. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. Lemna minor L. — gibba L. Zannichellia palustris L. Potamogeton crispus L. — densus L. — polygonifolius Pourr. Triglochin Barrelieri Lois. — Plages à Montolieu de la Clape, — maritimum L. -— Terrains salés. - Alisma Plantago L. — ranunculoides L. — Rouquette. Butomus umbellatus L. — Aux trois ponts de Ricardelle. Vallisneria spiralis L. — La Mayral. Orchis pyramidalis L. — Bois de Céleiran. — picta Lois. — Fontfroide. — fusca Jacq. — Crabit ; Pech-de-l’Agnel. Satyrium hircinum L. — Céleiran ; Fontlaurier. Ophrys apifera Smith. — Quillanet. Epipactis latifolia L. — Pech de la Fenno-morte. — microphylla Ehrh. — Céleiran. Limodorum abortivum Swartz. — Fontlaurier ; Fontfroide. Iris pumila L. (fruits). — Pech-de-l’Agnel. — fœtidissima L. — Bois de Céleiran. Gladiolus communis L. Pancratium maritimum L. — Vers Montolieu de la Clape. Ornithogalum narbonense L. — pyrenaicum L,. — Quillanet, Uropetalum serotinum L. — Pech-de-l’Agnel; Cap-de-pla. Allium vineale L. — pallens L,. — multiflorum DC. — sphærocephalum L. — Dans les garrigues. Asphodelus ramosus L.— Pech-de-l'Agnel; Fontlaurier ; Clape. Anthericum Liliago L. — Pech-de-l’Agnel ; Fontlaurier ; Clape. Asparagus officinalis L. — Narbonne ; Rouquette. Aphyllanthes monspeliensis L, Juncus inflexus Leers. acutus L. obtusiflorus Ehrh. articulatus L. Gerardi Lois. effusus L. — Fontlaurier. bufonius L. — var. agglomeratus (J. mutabilis Savi). TE 2 AE 22 dans le Yeyret. — Sphærocarpus Nees. Cyperus longus L. : — — var. spicis longissimis incurvis. — Creissel, bords du canal. — badius Desf. Schœnus nigricans L. — Fontfroide, dans la Lironde. Scirpus littoralis Schrad. — Plages, étang de Bages. — lacustris L. — Maritimus L. — — var. macrostachys. — — var. monostachys. Heleocharis palustris R. Br. atratus Krock. — Aussières ; Lestagnol ; chemin de Saint-Hippolyte à la Cresse, capitatus Weig. — Dans les garrigues entre Junquières et Aussières ; Saint-Crescent, 649 Isolepis Saviana R. et Sch. — Rec de Veyret; rec du Sigala; Saint-Crescent ; Fontlaurier, etc. 650 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Isolepis Holoschœnus R. et Sch. — — var. romana. Carex gyromane Bert. — Fontlaurier, au roc de las Naous. — gynobasis Vill. — distans L. — — var. maritima. — Plages de la Clape, à Montolieu. — extensa Good. — Plages de la Clape, à Montolieu ; Sainte-Lucie. Tragus racemosus Desf. Imperata cylindrica P.B. — Plages de la Clape, entre Saint-Pierre et Montolieu. Anthoxanthum odoratum ZL. Phalaris arundinacea L. — minor Retz. —- Sainte-Lucie; Grandvignes. — paradoxa L. — nilida Presl. Phleum arenarium L. — Pech-de-l'Agnel, aux Emprious. — Bœhmeri Wib. — nodosum L.— Dans les garrigues. Alopecurus bulbosus L. — Rouquette ; Livières; Céleiran. Polypogon monspeliensis Desf. Agrostis maritima Lam. — capillaris L. — Sstolonifera L. — alba L. Lagurus ovatus L, — Céleiran ; Vinassan ; Capitoul ; plages de la Clape. Psamma arenaria R. ei Sch. — Clape ; Sainte-Lucie, plages. | Gastridium lendigerum Gaud. — Chemin de Saint-Hippolyte à Narbonne ; Albufalin. Piptatherum cærulescens P. B. — Clape, à las Gueitos, à la Combemale, au Rec. — paradoxum P. B., — Clape. — multiflorum P. B. — Fontfroide, terrasses. Stipa juncea L. — Garrigues : Cap-de-pla ; Pech-de-l'Agnel. — Aristella Pourr. — Terrasses de Fontfroide. Echinaria capitata Desf. Schismus marginatus P. B. — Remparts de Narbonne ; plages de 1ä Clape, à Eldepal. Kæleria cristata Pers. — ciliata Delort (Phalaris ciliata Pourr.) — Plages de Sainte-Lucie et de la Clape vers Montolieu. Aira media Gouan.— Rec de las Tinos, au-dessus de Pastouret ; Prat de Cest; Clape; Albufalin. — Cupaniana Guss. — Aussières. Corynephorus articulatus P. B. — Aussières ; Fontfroide ; Céleiran. Holcus lanatus L. Avena fatua L. — flavescens L. — hirsula Roth. — Pech-de P'Agnel ; Cap-de-pla. ù — sesquitertia L. — Pech-de-l’Agnel ; garrigue Sainte-Croix. — pratensis L. — — longifolia. — Fontfroide. Avellina Michelii Parlat. — Saint-Crescent ; Aussières ; Junquières; Fontfroide. Arrhenatherum elatius M. K. Triodia decumbens P. B. — Pinède de Fontlaurier. Melica Bauhini All. — Crabit. — nebrodensis Guss. — Pech-de-l’Agnel. — Magnolii G.G. — Narbonne; Rennes-les-Bains, — pyramidalis Lam. — Pech-de-l’Agnel; Clape, rochers calcaires. Briza maxima L. — Junquières ; rec de Veyret. — media L. — Bords de l'Aude. — minor L. Poa nemoralis L.— Fontfroide ; pinède de Rivière. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 651 Poa nemoralis var. coarctata DC. — Terrasses de Fontfroide. — compressa L. Glyceria fluitans R. Br. — convoluta Fries. — Terrains salés; Rouquette, etc. Molinia arundinacea Schrank. — Rennes-les-Bains ; fontaine du Cercle. Dactylis hispanica Roth. — litioralis Willd. — Terrains salés ; Rouquette. Cynosurus echinatus Z, Sclerochloa rigida Link. Festuca elatior L. ciliata Danth. (Vulpia Myuros Rchb.). duriuscula ZL. sciuroides Roth. — Albufalin. bromoides L. — Céleiran. Myuros L. rubra L. — uniglumis Ait. — Sainte-Lucie. Bromus rubens L. squarrosus L. — Dans les garrigues. pratensis Ehrh. — Rouquette. arvensis L. — var. à fleurs pubescentes (B. multiflorus Weig.). — Levrettes ; La Coupe. macrostachys Desf. Brachypodium phœænicoides R. et Sch. — ramosum À. et Sch. — distachyon P. B. — Dans les garrigues. Catapodium loliaceum Link. — Sainte-Lucie. Triticum repens L. — — var. aristatum. — — var. acutum. — Terrains salés. — pungens Pers. — glaucum Desf, ' Secale cereale L. Elymus crinitus Schreb. — Vignes à Ginestas. Hordeum secalinum Schreb. — murinum L. — maritimum With. — Terrains salés. Psilurus nardoides Trin. — Aussières ; Albufalin. Lolium rigidum Gaud. — arvense With. — Quillanet. — temulentum L. Ægilops ovata L. — triaristata Willd. — Pech-de-l’Agnel. — triuncialis L. Lepturus filiformis Trin. — Rouquette. » — incurvatus Trin. — Région maritime et garrigues. — Cylindricus Trin. — Champs salés : Rouquette. Osmunda regalis L. — Fontfroide. Ceterach officinarum Wälld. . Asplenium Adiantum nigrum L. — Fontfroide ; Fontlaurier. Adiantum Capillus Veneris L. — Clape, sources du rec. Equisetum arvense L. — Telmateia Ehrh. — Tamosum Schleich. | El EI PE à M. Séb. de Salve, secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : 652 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DISCUSSION DE QUELQUES POINTS DE GLOSSOLOGIE BOTANIQUE, par ME. D. CLOS (suite) (1). (Toulouse, juin 1862.) Revue critique des dénominations françaises des plantes. I. — Plus la science phytographique fait de progrès, et plus on doit s'attacher, ce semble, à en faciliter l'étude, à la rendre populaire. Aussi regrettons-nous que des botanistes éminents de la génération actuelle négligent uu moyen bien propre, à notre avis, à contribuer à ce résultat, la connaissance des dénominations françaises des plantes. Sans doute on peut, à la rigueur, les négliger dans les ouvrages qui ne s'adressent qu'aux savants; sans doute, dans tout travail descriptif sérieux, on devra donner le pas aux noms latins bien moins variables. Mais, s’il est vrai qu'on ait parfois quelque peine à découvrir, soit le nom générique d’une plante dans la Botanique de l’£ncyclopédie, par Lamarck et Poiret (où les genres sont disposés et décrits d’après l’ordre alphabétique), soit le nom spécifique dans le tableau dichotomique des espèces placé en tête de la Flore française de Lamarck et De Candolle, où ces noms sont uniquement français, on doit louer, à ce point de vue, les auteurs qui ont su prendre un moyen terme, et fait suivre le nom latin du français; tels Tournefort (/nstit. rei herb.), A.-L. de Jussieu (Genera plant.), Desfontaines (Tabl. de l'École bot.) (2), MM. Jacques, Hérincq, Duchartre (Manuel des plantes), Spach (Plant. pha- nérog.), Dubois, Mutel, Boreau, Lagrèze-Fossat, Saint-Amans, etc., dans leurs flores respectives. Mais, même dans ces sortes d'ouvrages, à moins qu'ils ne soient destinés qu'aux dames et aux herboristes, le nom latin doit toujours précéder le nom français, nonobstant l'opinion contraire avancée par Desvaux (Traité de bot. p. 870}, et mise à exécution ‘dans sa Flore d'Anjou. Nous avons vu avec peine les dénominations françaises, génériques et spécifiques, exclues, soit de la }lore de France de MM. Grenier et Godron, soit des étiquettes de plusieurs écoles de botanique de l’empire. On à dit qu’il est de ces mots presque ridicules et qui, à peine tolérables en latin, ne le sont plus dans notre langue. Cet argument n’est pas sans portée ; mais rayer, de parti pris, de nos catalogues et de nos flores, les déno- minations françaises, n'est-ce pas oublier que la botanique est une des sciences les plus accessibles aux dames, n’est-ce pas fait pour en éloigner une certaine Q Voyez le Bulletin, t. IV, p. 738; t. VI, pp. 187 et 241; t. VIII, p. 615; t. IX, p- 355. (2) Nous regrettons, à l'exemple de Desvaux (Traité de bol. p. 362), que Desfon- laines, dans la 3° édition de cet ouvrage intitulé Catalogus plantarum, ait cru devoir supprimer les dénominations françaises. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 653 catégorie d’hommes, dont les études grecques ou latines ont été négligées, et qui cependant pourrait lui rendre de grands services ? N'est-ce pas se réduire bénévolement à répondre, au curieux qui nous interroge, quelques mots d’un latin insignifiant pour lui (1)? Rappelons-nous les judicieuses remarques de Jean-Jacques Rousseau sur l'appareil pédantesque de l'an- cienne nomenclature botanique. On se préoccupe aujourd’hui plus que jamais des dénominations latines; on s’efforce de remonter aux sources et de resti- tuer à chacun ses droits. Mais, en France, on laisse la nomenclature fran- çaise livrée à l’arbitraire, et ce dédain tend à la faire tomber dans le discrédit et le chaos. Loin de nous la prétention de revendiquer pour elle les mêmes honneurs, les mêmes priviléges que pour son aînée, un des plus beaux titres de gloire de notre science favorite, Mais pourquoi ne pas lui appliquer, en ce qui touche la priorité et le mode de formation des dénominations, les règles qui sont en vigueur pour celle-ci ? On va voir, par la comparaison des dénominations génériques françaises données par les divers auteurs à une même espèce, combien il y aurait à faire pour établir, en pareille matière, Cette uniformité sans laquelle la science ne peut progresser. Nous nous bor- nerons à mettre en regard un certain nombre d’entre elles, empruntées aux quatre ouvrages suivants : {nstitutiones rei herbariæ de Tournefort, ed. 3, 1719, in-4°; le Dictionnaire botanique de l Encyclopédie, par Lamarck et Poiret ; la Flore française, de Lamarck, 2° éd. , de l’an INT ; celle de Lamarck et De Candolle, 3° éd. Tournefort n’a pas donné de nom français spécial aux genres suivants : 19 Empetrum, que Lamarck et d’après lui De Candolle appellent Camarine. (1) Notre savant confrère et ami M. Durieu de Maisonneuve, dans la récente Ouver- ture du cours municipal de Bordeaux (17 pages in-8), repousse les dénominations françaises, car, dit-il, en admettant la traduction française des noms scientifiques latins, NOUS aurions affaire à la plus ridicule des nomenclatures (p. 10). Je ne vois pas qu'Inule dysentérique, Mauve à feuilles rondes, Peuplier noir, etc., soient plus ridi- cules qu’Inula dysenterica, Malva rotundifolia, Populus nigra, elc., etàcoup sûr, dans les Sociétés d'agriculture et d’horticulture, les premières de ces dénominations seront mieux accueillies que les secondes. (ue les savants écrivent pour les savants, fraient le plus possible les uns avec les autres, c’est un des côtés de leur mission ; mais il en est une autre qui a bien aussi son importance, c’est de faire aimer la science. Voulez-vous Jui gagner des adeptes, sachez la rendre aimable, surtout au début, et en éloigner les ti Que de fois, dans nos premières herborisations de chaque année, instruit par l Ve a rience, n’avons-nous pas hésité à nommer en latin aux débutants les plantes suivantes : Arrhenatherum elatius, Himantoglossum hircinum , Barkhausia taraæacifolia, etc., Cherchant à atténuer l'espèce de répulsion produite par ces sortes d évocalions mere en les faisant précéder de Fromental ou Avoine élevée, Orchis à odeur de bouc, ar- khausie à feuilles de Pissenlit, etc. Dans nos cours municipaux, uniquement destinés aux &ens du monde, nous avons trouvé profit à faire précéder le nom ee du . français. Enfin, dans diverses écoles de plantes médicinales, fourragères, c der “ créées au Jardin-des-plantes de Toulouse, en vue, les unes, des herboristes s es at maciens, les autres, des agriculteurs, le nom français, trivial ou pharmaceutique, nou a paru devoir être placé, sur les étiquettes, avant le nom latin. 654 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 20 Cucubalus, traduit par Cucubale dans l'Encyclopédie, par Carnillet dans la F1. fr. de Lamarck, par Cucubale dans celle de Lamarck et De Candolle, 3° Aphyllanthes, inscrit Nonfeuillée ou Aphyllante (Encycl.), Non-feuillée (F1. fr. 2e éd.), Aphyllante (F1. fr. 3° éd.). h° Lycopsis, Grippe (F1. fr. 2° éd.), Lycopside (Encycl. et F1. fr. 3° éd.). 5° Stramonium, Pommette (F1. fr. 2° éd.), Stramoine (Encycl.), Datura (F1. fr. 3° éd.). 6° Smilax, Smiguet (F1. fr. 2° éd.), Salsepareïlle (Encycl.), Smilax (FI, fr. 3° éd.). 7° Astrantia, Astrance (Encycl.), Radiaire (F1. fr. 2e éd.), Astrance (F1. fr. 3° éd.). 8° Ketmia (Hibiscus), Ketmie (Encycl.), Hibisque (F1. fr. 3° éà.). 9° Galega, Galéga (Encycl.), Lavanèse (F1. fr. 2° éd.), Galéga (F1. fr. 3° éd.). 40° Xanthium, Lampourde (Encycl.), Glouteron (F1. fr. 2° éd.), Lampourde (F1. fr. 3° éd.). 41° Nigella, Nielle (F1. fr. 2° éd.), Nigelle (Encycl. et F1. fr. 3° éd.), Noms français établis par Tournefort et changés par Lamarck : Corneille (Lysimachia), Lisimaque (F1. fr. 2° éd. et Encycl.), Lysimaque (F1. fr. acréde): Caillelait (Galium), Gaillet ou Caillelait (Encycl.), Caillelait (F1, fr. 2° éd.), Gaillet (FL. fr. 3° éd.). Couleuvrée (Bryonia), Bryone (Lamarck et De Candolle). Cabaret (Asarum), Asaret (Encycl.), Cabaret (FI. fr. 2° éd.), Asaret (FI. fr. 3° éd.). Bacille (Crithmum) (Encycl.), Criste (FL. fr. 2° éà.), Crithme (F1. fr. 3° éd.). Noms français admis d’abord par Lamarck et puis abandonnés par lui: Dryade (Encycl.) pour Dryas, Chenette (F1. fr. 2° éd.), Dryade (F1. fr. 3° éd.). Cocrète (Encycl.) pour Rhinanthus, Cocriste (FL. fr. 2° éa.), Rhinanthe (F1. fr. 3° éd.). Hydrocotle (Encycl.) pour Hydrocotyle, Gobelet-d’eau (F1. fr. 2° éd.), Hydrocotyle (FL fr. 3° éa.). Cinéraire (Encycl.) pour Cineraria, Cendriette (F1. fr. 2° éd.), Cinéraire (FI. fr. 3° éd.). Plumeau (F1. fr. 2° éd.) pour Hottonia, Hottone ou Plumeau (Encycl.), Hottone (FI. fr. 3° éd.). Pédane (F1. fr. 2° éd.) pour Onopordon (trad. littérale), Onoporde (Encycl .), Ono- pordone (F1. fr. 3° éd.). Griset (F1. fr. 2° éd.) pour Hippophaë, Argoussier (Encycl., F1. fr. 3° éd.). Caret (F1. fr. 22 édit.) pour Carex, Laiche (Encycl.), Carex (FI. fr. 3° éd.). Chalef (Encycl., Fl. fr. 3° Ed.) pour Elæagnus, Olinet (F1. fr. 2° éd.). Perlière (F1. fr. 2° éd.) pour Gnaphalium, Gnaphale ou Cotonnière (Encycl.), Gnaphale (F1. fr. 3° éd.). Noms français que De Candolle a eu tort de changer : Guainier Tourn., Gainier Lmk (Encyl.) pour Cercis, Cercis (F1. fr. 3° éd.). : Chenille Tourn., Lmk (F1. fr. 2° éd.) pour Scorpiurus, Chenille et Chenillette (Encycl.), Scorpiure (F1. fr. 5° éd.). Orpin Tourn. pour Anacampseros, Lmk (F1. fr. 2° éd. et Encycl.) pour Sedum, Sédum (F1. fr. 3° éd.). ; Morène Lmk (F1. fr. 2° éd. et Encycl.) (abrégé de Morsus ranæ) pour Hydrocharis, Hydrocharis (F1. fr. 3° éd.). Rouvet Lmk (F1. fr. 2° éd. et Encycl.) pour Osyris, Osyris (FL. fr. 3° édit.)- SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 14862. 655 Uvette (de Uva marilima de G. Bauhin) (Fl. fr. 2€ éd. et Poir. Encycl.) pour Ephedra, Éphédra (F1. fr. 3° éd. ). Lamarck, et après lui De Candolle, ont eu raison de remplacer les mots composés suivants de Tournefort : Épine-vinette par Vinettier, Arrête-bœuf par Bugrane, OEillet-d’Inde par Tagète, Épine-jaune par Scolyme, Pomme-de-merveille par Momordique, Pois-Chiche (admis encore par Lamarck, #7. fr. 2° éd.) par Ciche (Æncycl. et FT. fr. 3° éd.), Pain-de-pourceau (admis aussi dans F1. fr. 2° 6d.) par Cyclame ( Æneycl. ), ou par Cyclamen (F4 fr. 3° éd.), Bec-de-grue (adopté dans F7. fr. 2°6d.) par Géranion (1), Patte-d'oie (Chenopodium), Pied-de-lion (AZchimilla), Pied-de-veau (Arum), Pied-d’oiseau (Ornithopus), (mots admis dans #7. fr. 2° 6d.) par Ansérine, Alchimille, Gouct, Orni- thope (Æncycl. et FI. fr. 3° Ed.). C’est encore à bon droit que Lamarck a remplacé : Fleur-de-la-passion (Tourn.) par Grenadille (trad. de Granadilla de Tourn.), Pied-d’alouette (Tourn.) par Dauphin (F1. fr. 2° éd.), mot auquel il a préféré plus tard Dauphinelle (£ncycl. et FI. fr. 3° Ed.). De Candolle a changé en Bunium (#1. fr. 3° éd.), Terre-noix de Tour- nefort, de Lamarck (#17. fr. 2° éd.), de Poiret (Encycl.). Lamarckavait remplacé Verge-dorée (Tourn.) par Verge-d’or (77. fr.2°éd.), mot adopté par Poiret{Æneycl.), mais justement rejeté pour Solidage (F7. fr. 3° éd.) ; Housset (Æuscus) de la FT. fr. 2° éd, par Fragon (£neycl. et F1. fr. 3° 64.) ; Orcille-de-souris (Tourn.}, par Scorpione (F1. fr. 2° éd.), auquel Poiret (Æncycl.) et De Candolle (FT. fr. 3° éd.) substituent Myosote, Dans l'Encyclopédie, Poiret préfère à Dent-de-chien, de Lamarck (71. fr. 2° éd.), Vioulte, et De Candolle choisit Erythrone (F7. fr. 3° éd. ); ù Double- scie (FT. fr. 2° 6d.), Ratcau, et De Candolle, Biserrule; à Épi-d’eau, de Lamarck (F7. fr. 2° éd.), Potamogéton, et De Candolle, Potamot. Mais pourquoi changer en Terrette, le Glécome (#/. fr. 2° éd.) ou Gléchome (F1. fr. 3° éd. ); en Vergerolle (£rigeron), la Vergerette (F1. fr. 2° éd.}; en Perce- Mousse, le Polytric (FL. fr. 2° et 3° éd. )? Si le désir de réunir deux mots en un seul a pu l’autoriser à écrire Volandeau (Æncycl.) pour WMyriophyllum, au lieu de Volant-d’eau (F{. fr. 2° et 3° éd.), pourquoi suivre la pratique inverse pour Polytric ? Lamarck, et après lui De Candolle, ont adopté comme noms génériques des noms qui d’abord ne s’appliquaient qu’à une des espèces du genre ; tels : 4° Dentelaire du Dentellaria Rondeletit J. Bauh., Tournefort ne donnant (4) Il yavait pour ce genre double motif de transformation, car, avant la séparation des Erodium, il eût fallu traduire Geranium ciconium L. par Bec-de-grue à bec de cigogne, singulier pléonasme qu'on évitait en partie seulement en écrivant Bec-de-grue ciconier. 656 ._ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pas de dénomination française à Plumbago; 2° Passerage (pour Zepidium), mot qui, dans Tournefort, ne désigne que le Lepidium latifolium. C’est à bon droit que Lamarck, De Candolle et Mütel ont préféré Limo- selle à Plantaginelle de Villars, Bulbocode à C'ampanette (mot adopté d’abord par Lamarck (#7. fr. 2° éd.), C'upidone (mot ancien) à Catananche, dénomination admise par Desfontaines et par M. Spach. Faut-il imiter Mutel écrivant Scléranthe, quand le mot Gnavelle (dérivé de Ænauel ou Anawel, désignations allemandes de la plante } (1) est admis par Lamarck (#2. fr. 2° éd. et E’ncycl.), par A.-L. de Jussieu, par De Candolle, etc. ? Dans les cas où une espèce, considérée jusque-là comme le type du genre, vient à en être démembrée, comme on l’a fait du Calluna, le nom français ne devra différer du latin que par la terminaison. Mais comme il s’agit ici d’une plante universellement connue sous le nom de Bruyère, je traduirai ainsi Calluna vulgaris : Callune où Bruyère commune. Dans les genres composés d’une seule espèce, on pourra faire du nom générique latin le nom générique français, en modifiant la terminaison, surtout si l’usage a consacré cette dénomination. Tel Hoscatelline prin- tanière, admis par De Candolle pour Adoxa Moschatellina ; tel Tubé- reuse des jardins pour Polyanthes tuberosa L. : tels encore Belladone baccifère Lamk, Grenadier commun, Mais cultivé, car dans les genres Atropa, Punica, Zea, l'existence d’espèces autres que l’espèce-type est, où douteuse, ou sujette à discussion; mais ces exemples ne doivent être que rarement imités. Tournefort avait imposé à son genre Ocimum le nom fran- çais Basilie, et il a bien fallu le conserver, même après que Linné eut bapuisé une des espèces 0. Basilicum, que l’on a dû traduire par Basilic commun. Mais c’est à tort que Lamarck a donné aux Schinus le nom générique fran- çais Mollé (E'ncycl.), l'espèce la plus connue, ou le Schinus Molle L., étant devenu pour lui le Mollé à folioles dentées. Par le même motif, De Can- dolle à eu raison de repousser les mots Patience, Stramoine, appliqués comme génériques, l’un aux Æumex, l'autre aux Datura par Lamarck, et de leur préférer Rumex, Dature, bien que Tournefort eût établi les genres Pa- tience, mais pour ses Lapathum seulement, et Stramonium. On aurait bien dû agir ainsi à l'égard du mot Bermudienne, désignation générique proposée par Tournefort pour son genre Bermudiana, et généralement conservée par les modernes au genre Sisyrinchium. Aussi, voyez quelle confusion dans les dénominations spécifiques du S. Bermudiana L.! C’est, pour Lamarck, la Bermudienne bicolore ; pour M. Spach, la 2. à feuilles d’Iris; pour M. Du- chartre, la Z. des Bermudes. Et c’est probablement pour éviter cette sorte de pléonasme (Jogique pourtant, et presque forcé pour qui admet la dénomi- (4) On lit dans Tragus, en tête de l’article consacré par lui au Scleranthus annuus : « De Polygono quod Germani Knawel appellant. » ( De stirp. hist. p. 392.) SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 657 pation générique Bermudienne), que De Candolle, dans les Ziliacées de Redouté, après avoir appelé le Sisyrinchium striatum, Bermudienne striée (pl. 66), désigne plus loin (pl. 149) le S. Bermudiana, sous ie nom de Sisyrinche Bermudienne. Cette dernière appellation, ou cette autre donnée par MM. Le Maout et Decaisne : Sisyrinque des Bermudes, mérite la préférence. Il. — Il ne sera peut-être pas inutile de passer ici en revue, à titre d'exemples, les modifications qu'ont subies ou que doivent subir quelques dénominations génériques françaises, par suite des changements survenus dans la constitution des genres. MORGELINE. — J. Bauhin désignait le Stellaria media sous la dénomina- tion de A/sine vulgaris sive morsus gallinæ (Hist. pl. 1. NL, p. 3633). Tournefort admet pour son genre A/sine le nom générique français Morge- line, auquel De Candolle substitue A/sène, bien qu'il laisse dans ce genre l'Alsine media C. Bauh., sous le nom d’A/sine intermédiaire. Aujourd'hui, le genre appelé en latin A/sine, ayant perdu la vraie Morgeline devenue Stellaria media, ne peut plus conserver le nom français adopté par Tour- nefort, et son nom doit être calqué sur le latin. Quant à l'espèce désignée, on peut l'appeler, ou Sfellaire intermédiaire (le mot Morgeline lui étant con- servé comme trivial), où avec Mutel, Séellaire Morgeline. MIELEFEUILLE. — Mot appliqué par Tournefort à plusieurs espèces de Mille folium des anciens, les Péarmica étant réunis par lui en un genre dis- tinct, La fusion des deux genres en un seul ne permet plus de conserver à ce dernier (Achillea) le nom de Millefeuille, qui redevient la propriété de VA. Millefolium L. Lamarck avait d’abord écrit Achillée (Encycl.), mot justement adopté par les auteurs, mais auquel il a substitué plus tard A chil- dière (FL. fr. 2° 6d.). Desfontaines conserve à tort Willefeuille {Catal.). VELAR. — Tournefort a désigné sous ce nom (emprunté au Ve/arum de Pline) et aussi sous celui de Tortelle ses Erysimum (p. 228), dont plusieurs espèces sont, aux yeux des modernes, des Sisymbrium (S. officinale Scop., S. Trio L., S. polyceratium L., S. acutangulum DC.), en français Sisym- dres. Quant au mot Velar, s’il pouvait représenter encore le genre Erysi- aum pour ceux qui, comme Poiret (Æncycl.), y comprenaient le Sisym- brium officinale (le Velar par excellence), il aurait dû, chez les auteurs modernes, céder la place à Zrysime, et n'être plus qu'un des noms triviaux de la dernière espèce citée. CROISETTE. — G. Bauhin avait donné la dénomination générique de Cru- ciata, et Tournefort celle de Croisette, à un groupe de plantes connues des modernes sous les noms de Galèum Cruciata Scop., G. vernum Scop., G.boreale L., G. rotundifolium L., etc. Lamarck eut tort d'appcier d'abord Croisette les Crucianella (F1. fr. 2° éd. p. 371); mais, dans l'Encyceo- pédie, il admet Crucianelle et Croisette, noms dont le premier seul à été re L2 658 SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. justement adopté par De Candolle, par Mutel, etc.; le nom de Croisette joint à Carlle-lait étant devenu le nom spécifique français du Galium Cru- ciala. PERCE-NEIGE. — Tournefort assigne cette dénomination à son genre NVar- cisso-Leucoium, divisé par Linné en Zeucoium et Galanthus. Mais, à partir de ce moment, on voit le mot Perce-neige appliqué aux ZLeucoium par Lamarck (FL. fr. 2° éd.) et par Villars (F7. du Dauph.t. TI, p. 247); au Galanthus par A.-L. de Jussieu (Genera p. 55), par Ventenat (Tabl. du régne vég. t. I, p. 180), par l’auteur du Voyage dans l'empire de Flore, .p. 27, par Mérat et de Lens (Dict. de mat. méd. ? TI, p. 322), par Mutel (ET. fr. & AN, p. 273), etc., tandis que d’autres auteurs conservent ce nom, comme trivial, à la fois aux Zeucoium et au Galanthus (in Dict. class. et Dict. pitt. d'hist. nat., Flore d’Alsace de M. Kirsch- leger, Vég. phan. de M. Spach). En cet état de choses, le mot Perce- neige devrait être abandonné s’il n’était si connu, si populaire. Leucoium sera traduit, comme l'ont fait Poiret (Æncycl.) et De Candolle, par N1- véole; Galanthus, soit par Galant (FT. fr. 2 6d.), soit par Galantine (Encycl., FT. fr. 3° éd.), et l’on dira Galant des neiges ou Galant Perce- neige; dans le premier cas, le mot Perce-neige, qui s’applique beaucoup mieux au Galanthus qu'aux Leucoium, pourra être considéré comme nom trivial. BUGLE (Bugule Tourn.). — Nom consacré aux Ajuga, parmi lesquels les modernes ont inscrit l’Ayuga de Lobel (/con. 382), compris par Tournefort (p. 208) dans son genre Chamwæpitys ou lvette. Or celui-ci se composait notamment de l'Ayuga Chameæpitys Sehreb. (Petite Ivette) et de l'A. Îva Schreb. (/vette musquée). La section Chamæpitys, étant admise par Îles auteurs, doit porter le nom français d'Zvette. TABOURET. — Le Bursa pastoris ou Tabouret de Tournefort comprenait le Capsella Bursa pastoris Mœnch avec ses variétés et le 7Alaspi montanum L. Le créateur des genres n’admettait pas de nom français spécial pour ses vrais Z’hlaspi. Lorsque, après lui, ces deux espèces eurent été rangées dans le genre Thlaspi, Lamarck, Poiret et De Candolle (F1. fr. 3° éd.) donnèrent au nouveau groûpe le nom français de Tabouret. Dans ce cas, ce dernier mot a subi une grande extension ; mais si l’on distingue le genre Capselle, il ne reste plus dans le genre 7Alaspi, si nombreux en espèces, qu'un des T'abou- rels primitifs, et, dans ce cas, mieux vaudrait admettre comme dénomi- nations françaises Capselle'et Thlaspi, et rendre au Capsella Bursa pastoris le nom triviai de Tabouret, dont il était seul en possession avant l'établisse- ment des genres. CRANSON. — Tournefort désigne en français les Cochlearia sous la déno- mination d’Aerbe-aux-cuillers, à laquelle Lamarck, De Candolle, Mutel, sub stituent Cranson. Cependant, dans les auteurs qui les ont précédés, Je ne SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 659 trouve les noms de Cram, Cran, Cranson, appliqués qu'au Cochlearia rusti- cana Lawk. (C. Armoracia L.); et c'est ainsi que l'ont entendu Desfontaines (Cat.), Mérat et de Lens (Dict. de mat. méd.), Ach. Richard (Hist. nat. méd. t. IX, p. 388), qui tous, à bon droit, admettent pour nom générique français : Cochléaria. FLUTEAU. — Tournefort inscrit au nombre des Reuoncules les plantes nommées depuis par Linné Alisma Plantago, À. ranunculoïdes, et ne donne pas de nom français spécial à son genre Darmasonium. Le D. stellatum est appelé Æläte de berger par Dalibard (flor. paris. prodr. p. 113), Fläteau par A.-L. de Jussieu (Gen. pl. p. 46), nom que Du Mont de Courset applique au genre Damasonium (Le bot. cult. t. 11, p. 180); ces deux derniers auteurs réservent le nom de Plantain-d'eau au genre Alisma. Villars, qui réunit le Damasonium aux Alisma, leur applique le nom générique de Plantaën- d'eau. Lamarck, De Candolle, Mutel, les réunissent aussi, mais sous le nom générique de Æläteau, qui reçoit ainsi une grande extension. 11 nous semble qu'aux yeux de ceux qui admettent la distinction des deux genres, ce dernier nom devrait appartenir au Jamasonium, et que le nom latin A/isma peut très-bien, comme l’a fait Desfontaines, être aussi admis comme générique dans la langue française. CRESSON. — Tournefort donne ce nom à son genre Nasturtium, comprenant des Lepidium, des Hutchinsia, des Teesdalia des auteurs modernes, et son genre Cardamine ne reçoit pas de lui de dénomination française. Lamarck appelle en français Cresson, les Cardamine de Tournefort et de Linné, et y comprend, sous le nom de C'ardamine fontana, le Cresson de fontaine. De Candolie conserve le genre français Cardamine, mais fait rentrer dans les Sisymbrium l'espèce citée, qui devient pour lui le Sisymbre Cresson. Enfin, Mutel admet comme De Candolle le genre français Cardamine, et qualifie de Cressonsles Nasturtium des modernes, au nombre desquels est le Vastur- tèum officinale où Cresson de fontaine. Or les Nasturtium d'aujourd'hui (N. officinale, N. palustre, N. amphibium, N. silvestre, etc.) appar- tenaient au genre Sisymbrium de Tournefort. Dès lors, les mots génériques Nasturtium et Cresson ont été détournés de leur signification prnitive. Mais, comme le Cresson par excellence (C. de fontaine) est devenu un Wastur- tiumn, il n’y a peut-être pas d'inconvénient à conserver le mot Cresson pour les Nasturtium, et celui de Cardumine pour les espèces réunies sous cette dénomination. DORADILLE — Tournefort traduit Asplenium par Ceterac, genre dans lequel il comprend, outre le Ceterach officinarum, le Notochlæna Marantæ. Après lui, Lamarck appelle Doradille son genre Asplenium, auquel il rap- porte l'A. Ceterach L. De Candolle et Mutel, admettant avec Adanson la Création du genre Ceterach, pour le €. officinarum, imposent à cette plante le nom générique français C'éférach, et conservent Doradille pour Le geure 660 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Asplenium, suivis par Ac. Richard et par M. Moquin-Tandon. Mais il suffit d'ouvrir les anciens auteurs pour reconnaître que le mot Doradille apparte- nait d’abord uniquement au Ceterach officinarum. C'est de cette espèce que Lemery et Valmont de Bomiare disent : « Les Languedociens l’appellent » vulgairement Æerbe dourade où dorée; » et le second ajoute qu'elle se nomme, en castillan, Doradilla ! La loi de priorité voudrait donc que Dora- dille fût réservé au C'eterach, et qu’Asplenium fût traduit par Asplénie. CLANDESTINE, CATALPA. — Tournefort ne connaissait qu’une espèce de Clandestine (Clandestina). Après lui, Lamarck adopte le genre Zathræa, qu'il traduit par Clandestine, mot auquel De Candolle préfère ZLathrée. Aujourd'hui, par suite de la subdivision du genre linnéen Lathræa, ces deux dénominations génériques françaises ont droit d'admission, car elles s’appli- quent à des êtres distincts. — Il en est de même du genre Pignonia de Linné, démembré en Bignonia, Tecoma, Catalpa, etc. Le Catalpa commun {Catalpa communis Dum. Cours.) appelé par Desfontaines Bignone Catalpa, a pu légitimement reprendre en botanique le nom consacré par l'usage, depuis qu’il est devenu pour lés phytographes modernes Catalpa bigno- nioides Walt. IMMORTELLE. — C’est pour le$ anciens (Lemery, Valmont de Bomare) l'Elychrysum Stœchas DC. (F1. fr.), ou mieux l'Æelichrysum Stæchas DC. (Prodr.). Tournefort admet le genre Æ£/ichrysum (/mmortelle), et y com- prend un très-grand nombre d’espèces, en tête desquelles est inscrit l'Eli- chryson sive Stæchas citrina angustifolia C. Bauh. Celui-ci devient, pour Lamarck, Gnaphaliunf"Stæchas (le genre Elichrysum de Tournefort étant divisé en Gnaphalium et Xeranthemum). De Candolle admet, outre ces deux derniers genres, le genre Elychrysum, puis Helichrysum, et donne, comme l'avait fait Lamarck, le nom d’Zmmortelle au genre Xeranthemum. A _ suit de là que la véritable Zmmortelle se trouve exclue du genre de ce nom. Mieux vaudrait, à coup sûr, admettre en français les dénominations géné- riques Gnaphale et Xéranthème, et traduire, avec Tournefort, Helichrysum par /mmortelle. CRAPAUDINE. — La plupart des phytographes (Tournefort, Lamarck, De Candolle, Necker, Du Mont de Courset, Dubois, Mutel, Boisduval, MM. Le Maout et Decaisne) admettent le mot Crapaudine comme dénomination du genre Sideritis. Or, depuis les auteurs anciens jusqu’à nos jours, le Séachys recta L. est connu sous les noms de Crapaudine, La Crapaudine, qui lui sont appliqués, soit dans le nord, car on le trouve cité dans la Flore populaire de Norman- die, par M. Le Héricher, p. 64 ; dans la Flore d'Alsace, par M. Kirschleger, t I, p. 64; dans le Synopsis de la Flore parisienne de Mérat, p. 219; soit dans le midi, car il l’est dans les F/ores de Tarn-et-Garonne, par M. Lagrèze- Fossat, p. 300, et du Gard, par de Pouzolz, p. 188, etc.; et, chose étrange SESSION EXTRAORDINAIRE À BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 661 au premier abord, ce nom est donné comme trivial au Stachys recta L. par ceux-là mêmes qui conservent aux Séderitis le nom générique français de Crapuudine, 1els Lamarck, Mutel, de Pouzolz, Villars, MM. Le Maout et Decaisne. On lit dans la #/ore du Dauphiné de Villars, t. IT, p. 377, au sujet du Stachys mentionné : « La plante a pris en français le nom de Crapau- » dine, à cause de quelques taches de sa fleur, qu’on à prétendu ressembler » à la peau d’un crapaud; c’est sous ce nom qu'on la connaît à Paris... » C'est que le Stachys recta L. était un Sideritis pour les anciens auteurs de botanique, G. Bauhin, Tournefort, Rai, Rivin, ct même pour Gouan. Les premiers auteurs dans lesquels je trouve mentionné ce mot de Crapau- dine (appliqué aux plantes) sont d’abord Ruellius qui, traitant du Sideritis tertia, s'exprime ainsi : « Nonnulli Crapodinam, quod bufonis modo semper » sessilis humi resideat, nominant (De Natura stirp. p. 187, ann. 1536); » puis Charles Estienne qui, en 1629, dans son Prædium rusticum, p. 332, dit : « Tertia Sideritidis species, quæ vulgo vocatur Crapauldine »; puis Tournefort qui, dans ses /nstitutiones, en fait la désignotion générique des Sideritis ; puis Lemery ( Dict. des drog. simpl. L° éd. p. 506) qui, sous le nom de Sideritis, n’a en vue que le Sfarhys recta L., comme le prouvent les synonymes et la description donnés par lui (1); enfin, Dalibard, qui est plus explicite encore (For. paris. prodr. p. 176), car, signalant trois espèces de Sideritis, il ne donne qu’à la première, c’est-à-dire au Stachys recta L., le nom de Crapaudine. Remarquez aussi que c’est la première espèce du genre inscrite dans l'ouvrage de Tournefort, et que c’est une des plantes les plus communes en France. N’y a-t-il pas de fortes raisons pour croire que le mot générique Crapaudine n’a été étendu à toutes les espèces de Sideritis qu'après avoir été possédé en propre par le $. hirsuta procumbens C. Bauh., devenu le Stachys recta L.? Et n'est-il pas étrange de le voir encore aujour- d’hui admis comme nom de genre des Sideritis, alors que la vraie Crapau- dine n’est plus qu’une Épiaire droite ? C'est probablement en vue de remé- dier autant que possible à cette sorte de contradiction ou de désaccord que, d’une part, Villars et Thuillier désignent en latin le Stachys recta L., le pre- mier sous le nom de Stachys Sideritis (L. c. p. 375), le second sous celui de Stachys bufonia(Fl. de Par. 2° éd. p. 295), et que, de l’autre, Poiret choisit pour nom français celui de Stachys Crapaudine (Hist. phil. des pl. t. XV, p. 478), et Desvaux celui d'É piaire Crapaudine (Flore de l'Anjou p. 151). En cet état de choses, il serait mieux, à coup sûr, afin de se conformer à la tradition et d'éviter toute confusion à l'avenir, de réserver uniquement ce mot Crapaudine au Stachys recta L., et de considérer, à l'exemple de Dale- (4) Il en est de même de Valmont de Bomare, qui, sous les noms de CRAPAUDINE, SIDERITIS, fait uniquement allusion au même végétal ( Dict. univ. d'hist. nat. 3° éd., t. II, p. 94). J'ai vainement cherché ce nom de Crapaudine dans l'Histoire des plantes de Dalechamps et dans celle de Jean Bauhin. 662 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. champs (Hst. gén. des pl. t. II,p. 21), de Villars (Z. c. p. 372) et de Poiret (Z. ce. p. 465), le mot Sideritis comme désignation générique à la fois latine et française, la latine ne différant de la française que par l'addition d’un accent. C’est probablement par erreur que, dans son Æépertoire des plantes utiles, p. 80, Duchesne signale parmi les dénominations triviales du Galeopsis Ladanum 1. , celle de Crapaudine des champs ; car cet auteur rapporte en synonyme à la plante de Linné le Tetrahit herbariorum Lob., qui est regardé par tous les botanistes comme étant le Séachys recta L (1). Où ne saurait s’autoriser des variations que nous venons d'indiquer dans une partie de la nomenclature française pour condamner celle-ci sans appel. Là, comme partout, on ne s’est astreint d’abord à aucune règle ; la marche la plus convenable n’a été entrevue qu’un peu tard. De Candolle, dans sa Flore francaise, erut devoir faire passer dans notre langue les mots Osyris, Carex, Rhinanthe, Cereis, Sédum, Scorpiure, Hydrocharis, É’phédra? Mais pour- quoi, s’il était dès lors convaincu de la nécessité de cette réforme, ne pas l'ac- complir tout entière? Pourquoi conserver Lampourde pour Xanthium, Cama- rine pour £mpetrum, Vinettier pour Berberis, Fragon pour Ruscus, Volant- d'eau pour Myriophyllum, V. ergerette pour Ærigeron, Passerage pour Lepidiun, Dentelaire pour P lumbago, et tant d’autres encore ? C’est qu'avec son jugement si sain, De Candolle a reconnu sans doute que les inconvé- nients d’un changement aussi radical dépasseraient les avantages, et il s’est arrêté. Toutefois, s’il convient de garder en français les noms génériques anciens (C'henille, Orpin , Gaïnier, etc.), il faudra se borner, pour les nou- veaux, à donner une désinence française aux termes latins, à moins que la dé- nomination latine n'ait promptement reçu une sorte de sanction populaire, comme Ç'a été le cas pour Dahlia, Fuchsia, Pelargonium, Orchis, etc. Je doute fort que les systématistes absolus, eux-mêmes, osassent, dans un cours public et alors même qu’ils ne s’adresseraient pas à des gens du monde ou à des dames, dire Populus noir ou d'Italie, Saliz blanc, Castanea nain, Quercus Yeuse, etc., et s’ils admettaient la nomenclature française dans leurs écrits, ils ne les adopteraient assurément pas. Toutefois doit-on conserver aussi, comme dénominations génériques françaises, les suivantes, extraites de l'En- cyclopédie, qui sont, j'imagine, connues de bien peu de botanistes, et qui s’éloignent tant des latines : Zonate pour C alorophus,\Valo pour Campynemas Varoquier pour Centrolepis, Urule pour Comesperma, Z'énale pour Halo- (4) Une autre phase intéressante de l’histoire du Stachys recta L. est relative à ses propriétés. Tenue à cet égard en grande réputation par les anciens et mise, par DI000 ride, au rang des meilleurs vulnéraires, elle n’est plus même signalée de n0S Jours dans les matières médicales ou les traités de botanique médicale (celui d’A. Richard ou celui de M. Moquin-Tandon par exemple). On peut voir cependant, par les Flores de Pouzolz et de M. Kirscbleger, que cette espèee est encore estimée pour ses verlus dans certaines parties de la France. SESSION EXTRAORDINAIRE A BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 663 ragis, Vanelle pour Stylidium, Trixide pour Proserpinaca, Verbi pour Calothamnus, Vampri pour Cookia, Velote pour Déllwynia, Zorille pour Gompholobium, Zarolle pour Goodenia, Vaubier pour Hakea, et tant d’autres ? J'hésiterais à répondre, par respect pour les droits de priorité, si je ne trou- vais, dans les Végétaux phanérogames de M. Spach, les dénominations géné- riques françaises suivantes : C'alothame, Cookia, Dillwynia, Gompholobe, Gocodenia, Hakea. Quant au nom spécifique, ou il ne différera pas du nom latin, si celui-ci n’a pas de signification (tel À phaca pour la Gesse de ce nom), ou il en sera la traduction , exemple : Pyrethrum macrophyllum , Pyrèthre à grandes feuilles. « Je pense, dit De Candolle, que les noms admis dans chaque langue » par les botanistes doivent être des traductions littérales du nom spécifique » Jatin (Théor. élém. 3° 64. p. 218, en note). » Mais, dans quelques cas spé- claux, ces noms doivent en être l'explication. Ainsi Ononis reclinata, Astra- galus hamosus , Lonicera nigra, Hibiscus præmorsus, seront traduits par Bugrane à gousses penchées, A stragale à fruit crochu où en hamecon, Chèvre- feuille à fruit noir, Ketmie à feuilles tronquées, etc. Les dénominations françaises des familles sont presque toutes calquées sur les latines, au grand avantage de la science ; car on a eu le bon esprit de pré- férer Éléagnées à Chalefs, OEnothérées à Onagres, Cypéracées à Souchets, Rhodoracées à Rosages, etc., et c’est parce qu’un des plus illustres botanistes de la Grande-Bretagne n’a pas suivi cet exemple, que son ouvrage (7he vege- table Kingdom, par M. Lindley) offre aux étrangers de grandes difficultés, et perd, par cela même, de son utilité. J'ajoute que deux réformes proposées par cet auteur dans la nomenclature n’ont pas été goûtées en France, le pays du goût par excellence, et c'est justice, car elles entraînent plus d’inconvénients que d'avantages; je veux parler : 1° de cette désinence uniforme des noms de famille en acées, produisant ces termes bizarres et mal sonnants : Dipsa- cacées, Grossulariacées, Valérianacées, Plantaginacées, Orobanchacées, etc. ; 2° de la règle absolue de dériver le nom de famille du nom de genre: Bras- sicacées, Fabacées, Apiacées, seront toujours sacrifiés à Crucifères, Papi- lionacées, Ombellifères, qui ont acquis depuis longtemps droit de bour- geoisie. HIT. — 1] est enfin quelques questions relatives aux désinences des noms génériques français, et qui méritent d’être discutées. Nous avons vainement cherché dans les auteurs les plus recommandables quelques règles à cet égard. Non-seulement ces règles ne se trouvent pas écrites, mais le même botaniste donne parfois, aux noms français traduits par lui de noms latins à désinence uniforme, des terminaisons différentes. C’est en vue de mettre un terme à ce désaccord, que je me suis permis de proposer quelques règles, ne fât-ce que Pour provoquer, s’il y a lieu, des observations propres à éclaircir ce sujet. Les mots dont la dernière syllabe n'a qu'une voyelle, et qui se termi- 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nenten 4, en us, en um, doivent être généralement traduits par un mot calqué sur le latin, mais terminé par nn e muet; tels: Menthe, Ballote, Cameline, Brome, Carthame, Cynosure, Corisperme, Cynanque, Chrysan- thème, Crithme ; sont exceptés les suivants, consacrés par l’usage : Datura, Calla, Bardane, Fétuque, Charagne, Cnicus, Lolier, Fusain, Vulpin, Agripaume, Sumac, Seringat, Jasmin, Asaret, Ers, Doronic, Cestreau, Sphaïqne, Troëne, Tulipier. On ne voit pas pourquoi, quand Desfontaines adopte £lyme, Chionanthe, Tamne, Eriosperme, Lampsane, il conserve Acorus, Maïanthemum, Uro- spermum, Cyanella, Luzula, etc. Ledum à ë&té traduit par Lède (Lamarck, Æncycl.), par Lédier (Lamarck, FL. fr. 2° 6d.), par Lédon (DC. F1. fr. 3° éd.), par Lédum (Desf., Spach). La première version est préférable. Les mots français calqués sur les mots latins terminés en zum doivent-ils prendre la désinence e, te, ter, ion ? Remarquons d’abord que ces mots latins, étant neutres, peuvent être tra- duits indifféremment par des masculins ou des féminins francais. Desfontaines est resté fidèle à la terminaison tum; mais De Candolle écrit d’une part en français : Aspidium, ÆErodium, Dorycnium, Eri- neum, etc.; de l’autre : Æélopode, Gymnosporange, et enfin Thésion. Mutel écrit d’une part : Gastridie, Aspidie, Cnidie, Cladie, Doryenie, Érodie, Picridie; de l’autre, avec De Candolle : Érythrone, Télèphe, Botryche, Tordyle et Thésion. M, Spach écrit: Gauridium, Gastrolobe, Parinare, Lamium, dernier mot traduit par Zamier dans les ouvrages de De Candolle et Mutel. Cette terminaison me paraît convenablement rendue en français, pour les herbes, par e, et, pour les arbres et arbrisseaux, qui doivent être en notre langue masculins, par e, comme Gastrolobe, etc. L'usage à consacré C'eraiste, Épilobe, etc.; il faut les conserver. La désinence latine ta doit être remplacée en français par ée, comme l'a fait De Candolle ; exemples : Drépante, Sibbaldie, Sibthorpie, Suffrénte, Montie. Mais pourquoi écrit-il Shérarde, Menzièse ? Pourquoi Poiret dit-i ici : Sibbalde, Sibthorpe, Scheuchzère, et là : Sclérie, Schopfie ; puis encore : Scolopier, Scopolier (Encycl.)? Enfin pourquoi Lamarck a-t-il écrit à la fois : Shérard et Sibbaldie, Deutz, Dodart ? Desfontaines conserve en français : Bonplandia, Ricotia, etc.; l'usage à consacré : C'amellia, Exvia, Thuia, Pavia, Fuchsia, Magnolia, Paulownte, Catalpa, Hégonia, Clutelle (pour Clutia), Tilleul. : Il nous semble que, pour les herbes, la terminaison £e doit être à peu prés généralement adoptée; mais qu’en français les arbres et arbustes devant être du genre masculin, force doit être de faire passer dans notre langue : SESSION EXTRAORDINAIRE À BÉZIERS ET NARBONNE, JUIN 1862. 665 nom latin sans modification. Exemple : S’yphelia, Malpighia, à moins de préférer la terminaison ter, comme dans Clusier. De même l'ea latin doit être traduit par ée (Leuzée, Lathrée, Leskée), comme le fait De Candolle (1), à l'exception des arbres et des arbustes, pour lesquels on conservera la désinence latine, à moins que, pour certains mots, l'usage n'en ait consacré une autre, comme c’est le cas pour Sfa- phylier (admis par De Candolle), auquel cependant M. Spach a préféré Staphylea. À la désinence aria doit correspondre, en francais, aire : Globulaire, Pénicillaire, Bacillaire, etc. : Quant aux nombreux mots latins terminés en #s, et dont la plupart déri- vent du grec, ils devraient, croyons-nous, offrir une désinence analogue à celle des génitlifs grecs, c’est-à-dire la désinence 2de (comme le montrent Propontide, Atlantide, Argolide), en exceptant toujours ceux qu’a sanc- tionnés l’usige, tels : Orchis, Myosotis, Iris, Parisette, Digitale, Dactyle, Clématite, Concombre. Le plus grand désaccord règne à cet égard dans les auteurs. On lit dans Lamarck {Æneycl.) ici : Anthyllide, Arachide ; la : Axyris, Drimis, Drypis, Epacris. De Candolle écrit : Crypsis, Pteris, Diotis, Atractylis, Corydalis, Ana- gyris, Oxytropis, et aussi Hyoséride. Mutel, d’une part : Crypse, Struthioptère, Anagyre, Atractyle, Cory- dale, Oxytrope ; de l'autre, Æyoséris, et comme De Candolle : Osyris, Epi- pactis, Coris, Malaxis, Hydrocharis ; enfin : Picride, Crépide, Adonide, Agrostide, Phlomide, Péplide, Phalaride. Desfontaines fait passer le mot du latin au français sans modification. Necker écrit : 1° Æyosérie, Lycopsie ; 2° Hydrochare, Phlomée ; 3° Amy- ride, Phalaride ; k° Orchise. M. Spach adopte: Oxalide et Phlomis, Anagyre et Ampélopsis, Hy- Ppoxis, etc. Pourquoi ne pas suivre, dans la traduction des mots latins à désinence #5, la règle que paraissent avoir adoptée De Candolle et Mutel, à l'égard de ceux qui se terminent en as, car ces deux savants écrivent : Dryade, Asclépiade, Nayade, etc.? Parfois les noms latins tirés du grec peuvent très-convenablement être tra- duits en français, comme : MVivéole (pour Leucoium), Ratoncule (pour Myo- surus), Vulpin (pour Alopecurus), Consoude (pour Symphytum), Barbon (pour Andropogon), Dorine (pour CArysosplenium) ; il peut en être ainsi des noms latins, tels : Fléchière (pour Sagittaria), Grassette (pour Pinquicula). (4) Mais pourquoi cet auteur écrit-il Marsile, auquel Mutel a judicieusement préféré Marsilée ? 666 SO€IÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On ne veut pas de nomenclature française, comme s’il était permis de rompre ainsi avec la tradition et de ne tenir aucun compte de ces nombreux et parfois importants ouvrages, qui établissent le lien d'union entre la science pure et ses applications. Rappelierons-nous que presque tous les dictionnaires d'histoire naturelle et, en particulier, le Dictionnaire des sciences naturelles et le Dictionnaire universel d'histoire naturelle (le plus récent de tous) ont une disposition d’après les noms français ; qu’il en est ainsi de la Flore des jardins et des champs de MM. Le Maout et Decaisne (1), des Z'léments de botanique médicale de M. Moquin-Tandon ? Pourquoi, quand le siècle est à la diffusion des lumières, quand notre langue gagne tous les jours du terrain en Europe, pourquoi le phytologiste français voudrait-il s’isoler et n’être compris que par ses émules ? Il ne le peut pas, car ce serait renier bien des titres de gloire de la botanique française, Qui à jamais osé critiquer ces jolies lettres de Rousseau sur cetle science, bien qu’on n’y voie guère figurer de mots latins? Il faut donc que les botanistes purs et érudits consentent parfois à être un peu français, pour faire trouver grâce, aux yeux des gens du monde, à la nomenclature latine. L'espoir de contribuer à rétablir et à cimenter cet accord, nous a dicté les considérations qui précèdent, heureux si elles recevaient la sanction de la Société. La clôture de la session extraordinaire de 1862 est prononcée : Sur la proposition de M. Al. Jamain, archiviste de la Société, portant la parole au nom du Bureau permanent, la Société vote des remerciments unanimes à MM. les Présidents et membres du Bureau de la session extraordinaire, ainsi qu’à MM. les membres du Comité chargé d’organiser la session et aux municipalités de Béziers et de Narbonne. M. Jamain exprime surtout la vive gratitude de la Société à MM. Théveneau et Maugeret, pour le zèle et le dévouement avec lesquels ils ont organisé et dirigé les fructueuses herborisations faites durant la session qui vient de finir. Et la séance est levée à dix heures et demie. Conformément au paragraphe 2 de l’art. 41 du règlement, le procès-verbal ci-dessus a été soumis, le 24 octobre 1863, au Con- seil d'administration, qui en a approuvé la rédaction. (1) On lit dans l’avant-propos de cet utile ouvrage, p. 5 : « Le public (et nous » avons pu, en mille occasions, consulter sa pensée), le public veut, dans une Flore, les » noms français en regard des noms latins. » REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. —— N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire de la Société botanique de France, rue de Buci, 44, à Paris. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ueber den anatomischen Bau des Holzes von Sucopira Asseu (Sur la structure anatomique du bois de Sucopira Assu); par M. W. Kabsch ( Botanische Zeitung, 1863, pp. 25-30, avec une planche). Le bois désigné dans le commerce sous le nom de Sucopira Assu, ou d’Assu Palmira, n’est rapporté qu'avec doute par M. Kabsch au Zowdichia major Martius (Papilionacées-Sophorées), en raison de son origine et des caractères de sa tige, qui la rapprochent de celle des Légumineuses. L'auteur n'est même pas certain que le bois qu’il a examiné soit le même que celui dont a parlé M. Peckolt dans son travail sur Ja gomme de Sucopira, publié en 1862 dans les Archives de pharmacie. M. Kabsch étudie avec grand soin , dans leurs plus grands détails anato- miques, le parenchyme et le prosenchyme lJigneux de ce bois, les rayons mé- dullaires et les vaisseaux ponctués qui entrent dans sa composition. Les prin- cipaux faits mis en lumière dans son travail nous paraissent relatifs aux ponc- tuations qu’on observe dans les cellules des rayons médullaires, dans celles du parenchyme ligneux et dans les vaisseaux. Ces ponctuations sont bien plus abondantes dans les cellules des rayons que dans celles du parenchyme ligneux , et les couches d’accroissement sont plus épaisses dans les pre- mières, Chacune d’elles résulte d’ailleurs, dans ces deux sortes de cel- lules, d’un canal en forme d’entonnoir étroit, dont l'extrémité s’abouche au travers de la membrane cellulaire avec l'extrémité d’un canal sembleble, formé à travers les couches d’accroissement de la cellule voisine; ces canaux sont très-étroits, et l’on n’aperçoit point de chambre aréolaire entre les deux cellules voisines des rayons ou du parenchyme, dans le point où se corres- pondent les ponctuations. Dans les vaisseaux ponctués, il existe à la fois deux faits différents. Les ponctuations qui en garnissent la surface représentent la terminaison de canaux étroits, séparés par des couches d'accroissement épaisses ; au contraire, celles qui existent sur la ligne de jonction de deux des grandes cellules superposées, dont se composent ces vaisseaux (que l'auteur nomme cellules vasculaires), représentent la terminaison de canaux fort larges, séparés par des couches d’accroissement minces et fragiles, et elles sont séparées 668 : __ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des ponctuations voisines de la cellule adjacente par autant d’aréoles lenti- culaires. Dr EUGÈNE FOURNIER, Des vaisseaux propres en général et de ceux des Cyna- rées laiteuses en particulier; par M. A. Trécul (Z'nstitut, 30° année, n° 1493, août 1862). M. Trécul continue ses études sur les laticifères et les organes analogues. Il pense aujourd’hui prouver qu’on ne doit point émettre de distinction entre les laticifères contenant un suc laiteux et munis de parois propres, et les canaux oléorésineux ou laiteux, non munis de parois particulières, tels qu'on en remarque dans les Ombellifères, les Clusiacées, les Térébinthacées, les Conifères et la plupart des Composées. Il réunit tous ces organes sous le nom de vaisseaux propres. À i’appui de son opinion, il fait remarquer que le Sanguinaria canadensis ne présente dans son rhizome que des cellules superposées en séries longitudinales ou même isolées, renfermant -un suc rouge limpide, et que ces vaisseaux rudimentaires correspondent aux latici- fères tubuleux renfermés dans les pétioles de la plante. Il ajoute que l'oléo- résine des Ombellifères, très divisée et émulsionnée dans les parties jeunes de ces végétaux, y prend l’aspect d’un suc laiteux; et que le suc des Ombelli- fères, comme celui des plantes à laticifères membraneux, disparaît de bas en haut à mesure que la plante avance en âge. Enfin, dans les Composées, on rencontre des laticifères parmi les Chicoracées, et des canaux privés de membranes propres dans les tribus des Sénécionidées et des Astéroïdées, et de plus la seule tribu des Cynarées renferme à la fois les deux formes; les genres Arctium, Carduus et Cirsium laissent échapper du suc blanc dans la jeunesse, et les genres C ynara, Rhaponticum, Serratula, Cardun- cellus, Centaurea, etc., ne possèdent que des canaux oléorésineux. Il Y à plus, car chez beaucoup de Composées (Cirsium, Carduus, Silybum, Lappa, Vernonia), M. Trécul a constaté que dans la racine les vaisseaux propres n'ont pas de paroi et ne contiennent qu’un liquide limpide, d’aspect huileux, tandis que dans la tige ils ont une membrane et renferment un suc laiteux- Toutefois il reconnaît que la partie occupée par ces organes dans la racine est un peu différente de celle qu'ils ont dans la tige. E. F. Sur In faculté attribuée aux racines des plamées de rejeter, sans les absorber, les matières anormales ou vénéneuses qui leur sont présentées ; par M. Daubeny (L'Institut, 30° année, n° 1502, pp. 336-337). Les expériences qui font le sujet de ce travail ont été exposées par M. Daubeny devant la Société chimique de Londres, et reproduites dans la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 669 Bibliothèque universelle de Genève (1) par M. Marcet. M. Daubeny divise en deux classes les matières susceptibles d’être absorbées par les plantes : les unes sont normales, c’est-à-dire se trouvent normalement dans le tissu de la plante ; les autres sont «normales, c’est-à-dire ne se rencontrent pas norma- lement dans ce tissu. D’après lui, les premières sont absorbées indistinctement daus les proportions où elles se trouvent dans le sol; les secondes ne le sont pas, à moins qu'elles n’exercent une action corrosive sur les spongioles, et qu'elles ne pénètrent dans la plante après leur destruction, par l'effet d’une simple endosmose physique. On voit que l'opinion de M. Daubeny se rap- proche beaucoup de celle qui a été soutenue sur le même sujet par M. Cau- vet (2). M. Marcet, qui a publié, en 1824, des observations fort connues sur l'absorption radiculaire, critique, dans la Bibliothèque de Genève, l'opinion deM. Daubeny ; il fait remarquer que des Haricots, placés dans des solutions peu concentrées de matières toxiques incapables d’en corroder les spongioles, sont morts au bout de quelques heures. Ces matières étaient de l'extrait de belladone, d’opium ou de noix-vomique, de l’eau de Laurier-Cerise ou de l'acide prussique étendu. E. F. Étude sur les Champignons rouges du pain, suivie de quelques considérations sur la propagation des corps organiques inférieurs ; par M. Comwmaille, pharmacien aide-major de 1'° classe, professeur sup- pléant à l’École de médecine d’Alger (Recueil des mémoires de médecine, de chirurgie et de pharmacie militaires, 3° série, 1862, t VIIE, pp. 383-408, avec quatre planches lithographiées). L'auteur rapporte d’abord les faits connus dans la science sur le sujet qu’il étudie : le rapport de M. Payen sur les Champignons développés à Paris sur le pain de munition (Annales de chimie et de physique, septembre 1843), les de- scriptions faites par M. Montagne (Penicillium sitophilum Mgne, 4° centurie), celle donnée par M. Léveillé de l'Oidium aurantiacum. Y donne ensuite le résultat de ses observations sur des tranches de pain recouvertes de Champi- gnons rouges, dont il a suivi le développement au microscope. Il a remarqué que ces Champignons appartenaient à deux espèces : J’une à mycélium cloi- sonné, l’autre à mycélium non cloisonné. Il a fait développer ces Champi- gnons sur des tranches de pain, sur de la colle d’amidon, sur le lait et sur l’eau; il a repris des expériences analogues, en modifiant la température el en chauffant les Champignons, soit à 80°, soit à 400°, et même à 120”, en employant un bain d'huile. Il a essayé de faire produire des Cham pignons rouges aux farines qui avaient servi à la fabrication du pain envahi, (1) Bibl, univ. (Arch. sc.). février 1862. (2) Voyez le Bulletin, t. VIE, p. 476. 670 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en plaçant quelques grammes de cette farine dans un endroit humide et clos; mais il s’est développé alors des Champignons différents, de sorte que l’auteur pense que les germes des Champignons rouges ont été déposés dans le pain par le levain. Il rapporte ceux qu’il a observés à l'Oidium aurantiacum Lév. et au Penicillium roseum Link?. Il faut noter qu’il a vu se produire, dans ses expériences, Concurremment avec les Champignons rouges, de nombreux Penicillium, et surtout le 2. glaucum, principalement lorsque les substances mises en expérience subissaient la fermentation acétique. Dans üne deuxième partie de son travail, M. Commaille recherche quelle est l’origine des Champignons rouges. Il rappelle les étonnantes transforma- tions des végétaux inférieurs, et notamment des 7ürula, qui, réduits aux cellules de la levüre pour M. Ch. Robin, serait susceptibles, suivant d’autres savants, de donner naissance à un mycélium particulier, le Leptomites Cere- visiæ Duby, et même à des Penicillium, des Periconia, et même des Ascophora. U cite la transformation du glucose en alcool, au moyen du Zorula qui existe sur l’épisperme des pépins de raisin, et le passage de l'alcool au vinaigre, sous l'influence du mycélium qui naît de cette levûre, et d’autres faits analogues, empruntés principalement à M. H. Hoffmann. Il se demande ensuite pourquoi le phénomène si général, si constant d’une production cryptogamique plus développée que la levûre, toujours observée pendant ou après les fermentations, n’aurait plus lieu pendant la panification, qui peut com- prendre trois de ces fermentations : l’alcoolique, l’acétique et la lactique. Ordi- nairement, dit-il, la levûre détermine les fermentations acétique et lactique ; “le mycélium, la fermentation acétique, et un microzoaire (ordinairement des vibrions), la fermentation butyrique. On devine que, pour M. Commaille, l'Oidèum aurantiacum, le Penicillium sitophilum et autres végétaux ana- logues seraient des phases de développement plus élevées d’un ferment intro- duit dans le pain pendant sa préparation, et que la cuisson n’aurait pas détruit. Il soutient, en effet, que l’on reconnaît dans le pain cuit, en le traitant par l’eau iodée, un grand nombre de petites sphères réfractant la lumière, et ayant les mêmes dimensions et le même aspect que les nucléoles des cellules de levûre, E. F. De l'importance comparée des agents de In production végétale; par M. G. Ville (Comptes rendus, 4860, 2° semestre, t. LI, pp. 246-248, 437-h41 et 874-878). Ce mémoire a été divisé par l’auteur en trois parties communiquées sépa- rément à l’Académie des sciences, et relatives à la fonction de la potasse dans les engrais, à l’action exercée sur la végétation par la soude, ainsi que par les nitrates et les sels ammoniacaux. Les expériences de l’auteur ont été REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 671 faites sur des grains de Blé semés dans des pots en biscuit de porcelaine d'une pâte dure et compacte. II a reconnu, relativement à l’action de la po- tasse, que vingt grains de blé environ cultivés dans du sable calciné et lavé à l'acide chlorhydrique, avec le secours d’un mélange de phosphate de magnésie, de phosphate de chaux et de nitrate de chaux en proportion équivalente à 08,110 d'azote, produisent 65",02 de récolte ; tandis qu’en ajoutant 3 gram- mes de silicate de potasse au mélange précédent, il a vu la récolte monter à 22 grammes. Il a observé des faits analogues en employant comme sol la terre des landes , naturellement dépourvue de potasse , comparativement avec une terre qui renfermait ce principe. Il a étudié ensuite la question de savoir si Ja soude peut remplacer la potasse, et, par une expérimentation analogue, il a reconnu qu'il n’en est rien, tandis que la potasse remplace la soude dans la constitution chimique de quelques végétaux maritimes croissant dans l’inté- rieur des terres. Enfin il a voulu comparer l’action de divers principes azotés, et il déclare que les nitrates agissent sur la végétation plus favo- rablement que le sel ammoniaque et l’urée, et le sel micux que lurée. I} conclut qu’il est absolument nécessaire de définir, au point de vue agricole, la nature chimique des composés assimilables dont l’azote fait partie, puisque à proportion d’azote égale, ces composés sont capables, à leur tour, de produire les effets les plus inégaux. M. Ville a depuis continué ses recherches sur le même sujet. E. F. BOTANIQUE DESCRIPTIVE. Précis des principales herborisations faites en Maîne- et-Loire en 1861 ; par M. Boreau (Mémoires de la Société acadé- mique de Maine-et-Loire, 42° vol., 1861, pp. h1-56), 1862. Ce précis renferme deux catégories de faits : d'abord le récit des princi- pales herborisations faites par M. Boreau aux environs d'Angers, en 1861, avec l'indication des plantes qu'il y a rencontrées, puis des notes intéressantes sur plusieurs de ces espèces. L'auteur rappelle que, dans les formes qu'il rapporte à l’Agropyrum repens, les nervures des feuilles sont assez écartées entre elles pour qu'on aperçoive le tissu des feuilles, tandis que dans les autres espèces les stries sont contiguës, et que l'œil armé de la loupe ne peut découvrir entre elles le tissu interposé. M. Boreau reconnaît, par des observations postérieures à la publi- cation de son Catalogue raisonné des plantes de Maine-et-Loire, que les Gagea bohemica et G. saxatilis se trouvent tous deux dans l’ouest de la France; la première de ces espèces doit conserver presque toutes les localités indiquées par l’auteur dans sa Ælore du centre de la France; la seconde y être ajoutée avec les localités de Thouars, la Baumette et Pont-Barre près 672 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Beaulieu ; c’est encore la plante de Nemours ; les deux formes sont notam- ment distinctes par leur ovaire, qui est obcordé, à côtes concaves dans le G. bohemica, et oblong-ovale subrétus, à côtes un peu convexes dans le G. saxatilis. L'Anemone montana ñe croît que sur les terrains tertiaires plus ou moins mélangés de silice, et l'A. pulsatilla sur le calcaire. L’Agrostis pumila L., généralement regardé comme une forme de l’A. vulgaris altérée par le développement d’une Urédinée, a été observé par l’auteur à fleurs non altérées, sans que le port général qui lui est habituel en fût modifié. M. Boreau décrit une nouvelle espèce de Rosier, Æosa conspicua, distincte da /?. arvensis auct. par ses tiges droites, ses grandes proportions et ses folioles plus larges, et du Æosa bibracteata Bast. par ses rameaux d’un vert clair et son feuillage d’un vert tendre et luisant, d’une consistance moins ferme. Elle croît aux environs d'Angers, dans une localité où l’auteur a recueilli pour la première fois le Zubus Mougeotii Bor. 6 Apereu des herborisations faites par la Société hota- nique de France pendant la session tenue à Béziers- Narbonne en 1862; par M. Napoléon Doûmet (Extrait des Annales de la Société d'horticulture et de botanique de l'Hérault}; tirage à part en brochure in-8° de 24 pages. Montpellier, 1862. E. F. Nous avons déjà fait connaître à nos lecteurs, il y a plusieurs mois, le récit pittoresque fait par M. Doûmet de la session de Grenoble (1). Celui des herbo- risations de Béziers et de Narbonne ne le cède en rien à son aîné, et il acquiert d’autant plus d'intérêt, même pour ceux qui ont assisté à la session de 1862, qu'on y trouve la relation d’une course aux bains de Lamalou et au Mont- Caroux, exécutée après la session par quelques-uns de ceux qui y avaient pris part. E. F. Flore du département du Gard, ou description des plantes qui croissent naturellement dans ce département ; par de Pouzolz; t. Il, 2° partie, publiée par M. Courcière, professeur de physique au lycée de Nimes. Un vol. in-8° de 300 pages environ. Nîmes, chez Waton, 1862. Les botanistes français apprendront avec un vif intérêt l'achèvement de la Flore du Gard, qu'une mort bien regrettable avait laissée incomplète. M. Courcière, pour terminer ce livre, a trouvé dans l’herbier de M. de Pouzolz des matériaux nombreux et parfaitement coordonnés, et il à pu, grâce à des échantillons authentiques libéralement fournis par d’habiles bota- nistes, vérifier presque toutes les déterminations de l’auteur. Cette tâche (1) Voyez le Bulletin, t. VII, p. 831. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 673 remplie, il a fait la description des genres et des espèces, en suivant l'ouvrage de MM. Grenier et Godron. Le dernier demi-volume, paru récemment, contient les familles monocoty- lédonées et les Cryptogames vasculaires (Fougères et Équisétacées). E. F. Matériaux pour la flore atlantique ; par M. À. Pomel (Brochure in-8° de 16 pages; Oran, le 1°" mars 1860). Cette brochure, assez rare et peu connue, nous ayant été dernièrement remise, nous croyons devoir, malgré sa date un peu ancienne, faire con- naître ici les matières qui y sont traitées. L'auteur a eu pour bat principal de proposer des coupes génériques nouvelles, qui sont les suivantes : C/ausonia (Asphodelus acaulis Desf.?), Verinea (A. fistulosus auct., A. tenuifolius Cav.), Fouha (Colchicum bulbocodioides Stev.? non Brot.), Purandoa (voisin des Æentrophyllum, présentant des akènes de deux formes : les extérieurs trigones , les autres tétragones, rugueux, excavés sur presque toute leur longueur, à disque épigyne cupuliforme, régulièrement denticulé sur les bords et marqué en dedans de côtes rayonnantes), Zamottea (Cardun- cellus pectinatus Choulette exs. n°62 non DC., Carthamus multifidus Desf., C, cœruleus L., C. pectinatus Desf., Carduncellus hispanicus Boiss., €. araneosus Boiss. et Reut., €. calvus Boiss. et Reut.), Zelliopsis (Doro- nicum rotundifolium Desf.), Pomelia Durando (Daucus setifolius Desf.), Munbya (Psoralea polystachya Poir.), Dianthella Clauson ( Gypsophila compressa Desf.), Fumanopsis (Fumana lœvipes Spach, F° viscida Spach), Rapistrella (différent du Rapistrum au même titre que les Cordylocarpus du Aremeria), Velleruca (ayant le style des Æruca et la silicule des Carrichtera), et Rupicapnos (Fumariæ species). Cn trouve encore dans le travail de M. Pomel la mention d’un certain nombre d'espèces proposées comme nouvelles, appartenant pour la plupart aux genres précédemment indiqués, et l'énumération, accompagnée de diagnoses, des genres qui doivent, selon lui, constituer la section des Ortho- plocées dans la famille des Crucifères. Il considère comme groupes de même Valeur, et d’un rang supérieur aux types spécifiques, les divisions suivantes : Erucastrum, Brassicaria, Nasturtiops (Sinapis amplexicaulis DC.), Mela- nosinapis et Brassica, réunies collectivement par plusieurs auteurs sous ce dernier nom générique. + Aufzæhlung der von Radde, in Baïikalien, Dahurien und am Amur, so wie der vom Hcrrn von Stubendorf auf sciner Reise durch Sibirien nach Kamtschatka u. s. w. gesammelten Pflanzon (Énumération des plantes ré- T. IX, L3 674 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. coltées par M. Radde en Baikalie, Dahurie et aux bords du fleuve Amur, ainsi que de celles récoltées par M. de Stubendorf pendant son voyage à travers la Sibérie jusqu'au Xamtschatka, etc.) ; °° section : Dicotyledoneæ polypetalæ; par M. E. Regel (Bulletin de la Société impériale des natu- rahistes de Moscou, année 1861, n° 3, pp. 1-211, et n° 4, pp. 458-578), avec 7 planches lithographiées. Un préambule de six pages donne des renseignements détaillés sur la prové- nance des plantes contenues dans cette énumération ainsi que sur les per- sonnes qui les ont récoltées. Nous y rencontrons, outre le nom de M. Radde, celui de M. le docteur de Stubendorf, actuellement gouverneur à Irkutzk, qui, de 1845 à 1859, exécuta un voyage dans la Sibérie orientale, jusqu'au Kamtschatka. Les riches collections de MM. Rieder, Kussmisscheff, Mertens, Peters, Stewort, Eschscholtz, du Kamtschatka, une collection de plantes de la Dahurie, par M. de Sensinoff, etc., s’y trouvent également, et cet important mémoire est destiné, en quelque sorte, à former un supplément au Flora rossica de Ledebour. Le grand ouvrage dont ce mémoire de M. Regel nous offre une première partie, a été distribué entre plusieurs collaborateurs : M. Regel s’est chargé de l'étude des Polypétales, Apétales, Monocotylédones et Cryptogames; M. F. de Herder a déjà commencé à rédiger la partie qui comprend les Mono- pétales; enfin, M. G. Radde lui-même publiera la partie générale contenant un aperçu d'ensemble sur les territoires parcourus par lui, et des considérations sur la distribution des plantes qui caractérisent la flore de Sibêie. Pour chaque plante mentionnée dans ce travail, M. Regel cite: 4° le non de l'auteur qui a établi l'espèce ; 2° le Flora rossica de Ledebour; 3° le nom du savant qui a fourni à Ledebour des renseignements sur la flore; 4° lors- qu’il le paraît nécessaire, les ouvrages qui concernent des flores voisines, prin- cipalement ceux de MM. W.-J. Hooker, Asa Gray, de Bunge, Reichenbach, Koch, de Siebold et Zuccarini, etc. ; 5° la station et l’époque de la floraison; 6° les diagnoses et les descriptions ne sont données que pour les espèces et variétés nouvelles, ou bien lorsque les échantillons mis à la disposition de l’auteur ont offert l’occasion de rectifier où de compléter les diagnoses déjà publiées. Les familles dont se composent les plantes mentionnées dans la partie con- tenue dans ces deux cahiers du Zulletin de la Société des naturalistes de Moscou, sont les suivantës! Æanunculaceæ, n, 142, Menispermaceæ, à. 1435, Schizandraceæ, n. 14h, Berberidecæ, n. 145-147, Nymphæaceæ, n. 148-151, Papaveraceæ, n. 152-169, F'umariaceæ, n. 163-171, Cruciferæ, n, 172-249, Violarieæ, n. 250-266, Droseraceæ, n. 267-272, Polygaleæ, n. 273-274, Sileneæ, n. 275-300. Sept planches lithographiées accompagnent cette partie de l'ouvrage; elles donnent les dessins du port, et quelques analyses d'environ REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 675 cinquante plantes choisies dans le nombre des trois-cents qui se trouvent dans l’énumération. JOHANNES GRŒNLAND, Note où Hamamelis and Loropetalum, with à description ofanew Anisophyllea from Malacca (Note sur l’'Hamanelis et Le Loro- petalum, avec la description d'un nouvel Anisophyllea de Malacca ; par M. Daniel Oliver (Extrait des 7ransactions of the Linnean Society, vol. XXII) ; tirage à part en brochure in-8° de 5 pages, avec une planche gravée. Ce mémoire a été Ju par son auteur à la Société Linnéenne de Londres le 20 février 1862. Il contient un tableau synoptique des genres qui composent aujourd’hui la famille des Hamamélidées, avec leurs diagnoses latines. Parmi ces genres se trouve le Zoropetalüm R. Br. (Hamamelis chinensis), qui se distingue du genre Z/amamelis par ses anthères à quatre valves, ouvertes en manière de battants de portes, ses feuilles persistantes, etc. Une seconde note de l’auteur est relative à une espèce nouvelle du genre Anisophyllea, découverte par Griffith dans la presqu'île de Malacca, et qu’il nomme Anisophyllea Griffithit. Elle diffère des deux espèces connues du genre (A. laurina R. Br. et A. zeylanica Benth.) par la forme des pétales et l’absence de côtes latérales bien marquées sur les feuilles. L'auteur dit incidemment que le genre Anisophyllea lui paraît mieux placé dans les Rhizo- phorées, où l’a classé M. Bentham, que dans les Hamamélidées ou les Bar- ringtoniées, Une planche gravée représente le port et la fleur de l'espèce nouvelle, + Annexes © et P aux notes sur l'île de la Réunion ; par M. L. Maillard; BOTANIQUE : Cryptogamie, par MM. Montagne et Millardet; Phanérogamie, par M. Duchartre. Un fascicule in-8° de 30 pages, avec 4 planches lithographiées en couleur. Paris, chez Dentu, 1862. La partie cryptogamique de ces nouvelles annexes à l'ouvrage de M Mail- lard sur l’île Bourbon comprend la détermination des Algues recueillies par lui sur quelques points du littoral de cette île, entre les villes de Saint-Pierre et de Saint-Paul. On y remarque un certain nombre d'espèces nouvelles qui sont les suivantes : Déctyosphæria enteromorpha Mont. et Mill, Pachycar- pus? Morelii Mont. et Mill, Phyllophora Maillardi Mont. et Mill, Rhodhy- menta Millardetii Mont., Gelidium scoparium Mont. et Mill., Amphirou ungulata Mont. et Mill, Corallina polydactyla Mont. et Mill, SLT Frappieri Mont, et Mill Cés espèces sont figurées dans les planches, ainsi que le Polyclada C'ommersonti Mont. _ La partie phanérogamiqué du travail que nous avons SOUS les yeux, rédigée 676 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par M. Duchartre, comprend la description du nouveau genre Waillardia, de la famille des Artocarpées, dejà distingué par M. Frappier, qui habite l’île de la Réunion. En voici la diagnose abrégée : Maillardia Frapp. et Dctre. — Flores dioici; masculi spicati, squamis peltatis suffulti, calyce 4-lobato, staminibus 4 hypogynis, anthera floris expausi extrorsa, loculis 2 inferne sagittatim divergentibus. Flores feminei axillares, solitarii, involucro polyphyllo stipati, calyce 4-denticulato, ovario semi-adhærente, 1-loculari, ovulo unico, anatropo, ex apice loculi pendulo ; stylo brevi, stigmatibus 2 subulatis. Drupa globosa, obsolete 4-costata, 1-sperma; seminis integumentum duplex, embryonis radicula supera, cotyledonibus inæqualibus, altera conglobata, maxima alteram minimam fovente. Le Maillardia borbonica Detre, appartenant à la tribu des Olmédiées, est le seul végétal de cette tribu qui ne se trouve pas en Amérique. C'est un arbre qui croît dans les forêts de l’île de la Réunion à l'altitude de 500 à 1200 mètres. 6, F: Fragmenta phytographiæ Australiæ: contulit Ferdinand Mueller. 2 volumes in-8°, avec 45 planches lithographiées. Melbourne, 1858-1861. Ces fragments ne sont que des descriptions de plantes, dont un grand nombre sont nouvelles; descriptions présentées sans ordre par l’auteur. Notre cadre ne nous permet d'indiquer que les genres nouveaux proposés par M. Mueller, qui sont les suivants: £mblingia (Capparidées), /xiosporum (Pittosporées), Cadellia (Malpighiacées), Lysiosepalum, Walcottia, Hanna- fordia (Buettnériacées), Barklya, Burgesia {Légumineuses), Warburtonia (Rosacées), Æ/odgkinsonia (Rubiacées), Spiropodium, Glossogyne, Ethu- liopsis, Acanthocladium, C'yathopappus (Composées), Wittsteinia (Vacci- niées), Rhyncharrhena (Asclépiadées), Denisonia (Verbénacées), Monococeus (Phytolaccées), £chinocroton (Euphorbiacées), Arthrochilus, Ledgeria (Or- chidées), Petermannia (Dioscorées), Agrostocrinum, Hodgsonia (Liliacées), Rieedia (Cypéracées). Plusieurs tables alphabétiques permettent de trouver facilement les genres et espèces décrits dans ces divers fragments. E. F. Sur un nouveau genre de la famille des Myrtacées ; Pi M. H. Baillon (Adansonia, Recueil d'obs. bot., t. IF, pp. 323-329). Ce genre nouveau, £remopyxis, est créé par l’auteur pour le Bœæckea cam- phorata R. Br., qui présente l'apparence, le périanthe et l'androcée d'un Leptospermum avec les caractères pistillaires d'un Genetyllis, et sert de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 677 passage entre les Myrtacées proprement dites et les Chamélanciées. Voici les caractères du nouveau genre : Eremopyxis Bn. — Flores hermaphroditi. Receptaculum depresso-turbi- nalum, concavum. Calyx superus, margini receptaculi insertus, 5-merus ; æstivatione imbricata. Corollæ petala 5, receptaculi fauci cum sepalis inserta iisque alterna, præfloratione imbricata. Stamina aut 10 per paria sepalis op- posita, aut 6-9, sepalis 1-4 stamine uno tantum superposito stipatis. Fila- menta libera subulata in alabastro inflexa. Antheræ biloculares, introrsæ, rima longitudinali dehiscentes, summo connectivo glanduloso globoso coronatæ. Ovarium in fundo receptaculi inmersum inferum uniloculare, placenta parie- tali; ovulis geminis collateraliter ascendentibus anatropis ; stylus erectus fili- formis apice capitato stigmatosus. Discus epigynus tenuis subcomplanatus, Capsula? infera unilocularis monosperma, E, F, Mémoire sur la famille des Juglandées; par M. Casimir De Candolle (Ann, se, nat., 4° série, t XVILT, pp. 4-44), avec 6 planches gravées. M. C, De Candolle s’est occupé de la révision de la famille des Juglandées pour le xvi° volume du Prodromus. Il complète le travail descriptif qu'il a préparé à cet effet en publiant séparément le résultat de ses observations sur la morphologie et la géographie botanique de la famille des Juglandées, et sur les Juglandées fossiles de l’époque tertiaire. L'auteur présente d’abord des remarques intéressantes sur les modifica- tions et la vernation des bourgeons dans les genres et les espèces de la famille; il dresse même un tableau spécial de ces modifications. II donne ensuite quelques détails sur la disposition, l’organogénie et la forme des feuilles. 11 s'occupe ensuite de l’inflorescence, qui est la même dans toute la famille; les fleurs sont toujours en inflorescence indéfinie, car un chaton n’est qu'un épi raccourci ; la disposition des chatons par groupes de trois dans le Carya résulte de ce que, dans ce genre, les prophylles de la feuille-mère sont fertiles au lieu d’être stériles, comme dans les Juglans et Pterocarya ; le J. cinerea, dont les épis portent un grand nombre de fleurs femelles, sert de passage aux épis très-allongés et aux grappes des Pterocarya et des Engelhardtia. Les caractères de la fleur servent à la distinction des genres. Dans le Platycarya, la fleur mâle manque de périgone; dans le Carya, elle est formée par une bractée soudée avec un périgone réduit à deux ou trois lobes; dans les Engelhardtia, Pterocarya et Juglans, par une bractée soudée avec un périgone à six lobes, et la fleur femelle par deux périgones soudés avec un ovaire ; le périgone externe étant constitué par la bractée seulement dans le genre £ngelhardtia, par la bractée et ses deux prophylles dans les deux autres genres, Quand la fleur est très-jeune, son ovaire est uniloculaire et son pla- 678 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. centa central s'élève librement du fond de la loge, portant à son sommet un ovule orthotrope sessile; bientôt il se forme dans l’intérieur de la loge des cloisons toujours interrompues au sommet. Le péricarpe est membraneux et ne se sépare jamais du fruit dans les genres Platycarya, Engelhardtia et Pterocarya ; il se déchire irrégulièrement dans le J. regia, et il est déhiscent dans le C'arya. La forme de la graine dépend du nombre et de l'épaisseur des cloisons et de la surface intérieure de la coque lisse on plissée. Dans toutes les Juglandées, le testa est muni de stomates sur sa face externe, et parcouru par des trachées qui se réunissent toutes en deux gros faisceaux alternant avec les cotylédons. Ces derniers sont enveloppés par la seconde tunique de l’ovule, formant une endoplèvre qui pénètre dans tous leurs replis, générale- ment incolore, rouge dans le J. nigra. L'auteur donne, à la fin de son travail, les diagnoses des espèces et variétés nouvelles : Juglans regia L. var. Kamonia, var. sinensis, var. boliviana ; Carya texana, Pterocarya stenoptera, Engelhardtia philippinensis et E. pirifolia. Étudiant ensuite les affinités de la famille, il dit que les feuilles composées, les fleurs unisexuées en inflorescence indéfinie, et l’ovule unique, orthotrape, sessile au sommet d’un funicule partant de la base de l'ovaire, rapprochent les Pistacia, et en général les Anacardiacées, des Juglandées. Il traite enfin des Juglandées fossiles ; toutes celles dont il a pu examiner le nom lui paraissent devoir être rapportées au J. regia. 11 pense que les déterminations de M. Heer pourraient être fausses quant aux genres ; quant à la classification adoptée par M. Unger, il trouve difficile de distinguer les genres Juglans et Juglandites, et de juger les caractères tirés du bois sur lesquels sont établis les genres Mirbellites et Juglandinium. F.F. Physiographieal sketch of that portion of the Rocky mountain range, at the head waters of south Clear creek, and east of Middle-Park : with an enume- ration of the plants collected in this district in the summer months of 1861 (Zsquisse physiographique de la partie de la chaîne des Montagnes-Rocheuses située à La source des affluents de la baie Clear du sud, et à l'est de Middle-Park, avec l'énumération des plantes récoltées dans ce pays pendant les mois d’été de 1861); par M. C.-C. Parry, docteur en médecine (Extrait de 7he American Journal of Sciences and Arts, vol. XXXIII, 1862); tirage à part en brochure in-8° de 22 pages. Dans ce mémoire, M. Parry décrit longuement l'aspect de la partie des Montagnes-Rocheuses qu'il a visitée, où s'élèvent des pics de 2500 mètres environ d’altitude, et insiste sur les différentes zones de végétation qu'il y à rermarquées. Les plantes qu’il a rapportées ont été déterminées par M. Asa REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 679 Gray, aidé de notes que lui ont fournies MM. Engelmann et Torrey; on y remarque quelques espèces nouvelles qui sont les suivantes : Boltonia latisquama Asa Gray. — Foliis lineari-lanceolatis et magnitudine capitulorum inter Z. glastifoliam et B. diffusam media ; squamis involucri spathulatis vel obovatis nervo crasso excurrente mucronatis vel cuspidatis ; pappo pluri-squamellato et 1-2-aristato. Aplopappus (Pyrrocoma) Parryi Asa Gray. — Caule pedali superne subviscoso-puberulo apice . corymboso-polycephalo, pedunculis brevissimis ; foliis sabmembranaceis fere glabris angusto-oblongis obtusis integerrimis, -inferioribus spathulatis in petiolum attenuatis, sammis basi latiore subam- -plexicaulibus; involucri campanulati squamis lato-lanceolatis tenuiter coria- ceis apice subfoliaceo laxo, ligulis plurimis parvis; achæniis glaberrimis; pappo albo haud rigido. Senecio cernuus Asa Gray. — Fere glaber; caule gracili sesquipedali apice polycephalo ; foliis lanceolatis basi in petiolum marginatum subciliatum longe attenuatis, parce argutissime dentatis vel subintegerrimis; capitulis par- volis nutantibus; involucro bracteolis laxis subcalyculato; ovariis gla- berrimis. S. amplectens Asa Gray. — Lana decidua glabratus; caule apice nudo 1-2- cephalo ; foliis membranaceis subdentatis oblongis, caulinis e basi lata subam- plexicaulibus ; pedunculo gracili ; involucro calyculato pilis brevibus atropur- Pureis parcis miuutis; ligulis elongatis linearibus apice fissis; achæniis gla- berrimis. Draba streptocarpa Asa Gray. — Rosula ampla; caulibus foliatis, foliis seta bifurcata hispidis; racemis paniculatis ; petalis aureis calyce duplo longio- ribus ; siliculis linearibus hispidulo-ciliatis, maturis eximie spiraliter tortis. Sedum rhodanthum Asa Gray. — Floribus hermaphroditis plerisque tetra- meris pedicelfo plus duplo longioribus; sepalis linearibus ; petalis læte roseis lanceolatis sensim acuminatis stamina paulo superantibus; ovariis rectis; stylis filiformibus. S. a/gido affine. Talinum pygmœum Asa Gray. — Acaule, radice perenni fusiformi, foliis spathulato-linearibus, pedunculis unifloris, 8-2-bracteolatis. Cymopterus alpinus Asa Gray. — Caudice cæspitoso ; foliis pinnatisectis, pinnis 3-7-partitis, foliolis lincari-lanceolatis ; scapo 2- &-pollicari umbellam subcapitatam gerente, involucellis subunilateralibus 5-7-partitis; floribus aureis; alis fructus æqualibus suberoso-incrassatis, valleculis 1-2-vittatis, commissura 4-vittata. Trifolium Parryi Asa Gray. — Involucratum, glabrum, surculosum, subcaulescens; scapo 3-4-pollicari basi foliato; stipulis ovatis scariosis ; foliolis oblongis argute dentatis; involucro scarioso 5-7-partito capitulo multum breviore; calycis corolla subtriplo brevioris dentibus subulatis ; legu- mine sessili 3-4-spermo. 680 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Astragalus Parryi Asa Gray. — Cæspitoso-multicaulis ; radice crassa, laxe villosus; stipulis fere discretis liberis, integris ; foliolis 15-21 ovalibus, pedunculis folium subæquantibus ; racemo brevi 6-10-floro; floribus subpa- tentibus, corolla viridulo-lutea, carina purpurascenti; legumine pollicari hirsuto coriaceo subinflato incurvo, suturis intrusis, — À. succumbens Torr, et Gray (non Dougl.). E. F. Note sur quelques espèecs de Cinchona; par M. F.-A.-W. Miquel (Journal de botanique néerlandaise, 1861, pp. 139-143). M. Miquel décrit dans cette note deux espèces nouvelles : les Cinchona . coronulata et C. govana: la première, recueillie par M. W. Lechler sur les penchants orientaux des Andes du Pérou près de San-Govan, a été prise par M. Hohenacker pour le C. purpurea Ruiz et Pavon, mais en diffère par la forme des capsules ; elle diffère également du C. Mutisit Wedd. par la corolle intérieurement glabre et les anthères presque sessiles, et du C. ovata R. et P, var, rufinervis Wedd. par la base arrondie et décurrente des feuilles, la forme ovoïde des capsules, etc. La seconde, de la même localité, a été décrite par M. Hohenacker sous le nom de C. pubescens Vahl, dont elle s'éloigne cependant par plusieurs caractères essentiels. ÿ M À Illustrations of the genus Care (/conographie du genre Carez) ; par M. le docteur Francis Boott, 2° partie, un volume in-4° con- tenant 28 pages de texte et 410 planches gravées, Londres, chez W. Pam- plin, 1860. Nous continuerons à donner la liste des planches consacrées par M. Boolt à l’iconographie du genre C'arex (1). Ce sont les suivantes: » ‘Tab. CCI.-CCIIT. Carex cruenta Nees. Tab. CCIV-CCVIL GC. Koæstlinii Hochst. Tab. CCVIIT. C. conferta Hochst. Tab. CCIX. C. bonariensis Desf. Tab. CCX. C. involucrata Boott. Tab. CCXI, C. Franklinii Boott, Tab. CCXHI. C. fuliginosa. Sternb. et Hoppe. Tab. CCXHIE. C. laxa Wablnb. Tab. CCXIV-CCXV. C. livida Willd. ‘Tab. CCX VI. C. limosa L. Tab. CCX VII. C. rariflora Sm. Tab. CCXVIII-CCXX. C. magellanica Lam. Tab. CCXXI. C. monostachya Rich. Tab. CCXXIL C. glomerata Thunb. Tab. CCXXIII- CCXXY. C. rosea Schrank, Tab. CCX XVI. C. retroflexa Muehlb. Tab. CCXXVIT- C. bromoides Schkuhr. Tab. CCXX VIIL. C, desponsa Boott. Tab. CCXXIX- CCXXXIIT. C. Myosurus Nees. Tab. CCXXXIV-CCXXXIX. C. paccans Nees. Tab. CCXL-CCXLIIL C. bengalensis Roxb. Tab. CCXLIV. C. raphi- docarpa Nees, Tab. CCXLYV. C. fissilis Boott, Tab. CCXLVI, C. spatiosa Boot. (4) Voyez le Bulletin, t, VII, p. 946. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 681 Tab. CCXLVII-CCXLIX. C. condensata Nees. Tab, CCL-CCLIV, C. indica EL. Tab. CCLV. C. Harlandi Boott. Tab. CCLVI. C. tenebrosa Boott. Tab. CCLVIT. C. japonica Thunb. Tab. CCLVIIL C. alopecuroïdes Don. Tab. CCLIX. C. Petiliana Rich. Tab. CCLX. C. brasiliensis Saint-Hil. Tab. CCLXI-CCLXIHIT. C. glaucescens Elliot. Tab. CCLXIV. C. turgescens Torr. Tab. CCLXV. C. Elliottii Schw. et Torr. Tab. CCLXVI. C. Schweinitzii Dewey. Tab. CCLXVIL GC. rostrata Michx. Tab. CCLXVIII-CCLXIX. C. folliculata L. Tab. CCLXX. C. subulata Michx. Tab. CCLXXI, C. Shortiana Torr. Tab. CCLXXII-CCLX XIV. C. debilis Michx. Tab. CCLXXV. CG. glabra Boot. ‘Tab. CCLXX VI. C. retrorsa Schw. Tab, CCLXXVII-CCLXX VIIL. C. tentaculata Muehlb. Tab, CCLXXIX. C. Haleyi Carey. Tab. CCLXXX- CCLXXXI. CG. squarrosa L. Tab. CCLXXXIT. C. stenolepis Torr, Tab. CCLXXXIIT. C. pilulifera L. Tab. CCLXXXIV. C. azorica Gay. Tab. COLXXXV. C. Novæ-Angliæ Schw. Tab. CCLXXXVI-CCLXXXVIL C. Emmonsii Dewey. Tab, CGLXXXVIII-CCLXXXIX. C. varia Muehlb. Tab. CCXC-CCXCL C. pennsylvanica Lam. ‘Tab. CCXCII-CCXCIV. C. umbel- lata Schkubr. Tab. GCXCV. C. Rossii Boott. Tab, CCXCVI. C. nigro-margi- nata Schw. Tab. CCXCGVIL, C. floridana Schw. Tab. CCXCVIIT. C. Richard- soni R. Br. Tab, CCXCIX. C. Tolmiei Boott, Tab, CCC. C. miliana Muehlb. Tab. CCCI-CCCY. C. Wahlenbergiana Boott. Tab, CCCVI-CCCIX. C, crini- gera Boott, Tab. CCCX. C. cryptostachys Ad. Br. on Species Filfcum; being descriptions of all known Ferns (Species Filicum ou description de toutes les Fougères connues); par sir William Jackson Hooker. Vol. IV, 3° et 4° parties, XV° et'X VI° parties de l'ouvrage total, In-8° de 292 pages, avec 30 planches lithographiées. Londres, chez W. Pamplin, 1862. Nous continuons d'indiquer les différentes parties de cette importante publication au fur et à mesure de leur apparition (1). Celle que nous annon- çons ici contient la description des genres Onoclea Mett. (sect. Struthio- Pteris) et Polypodium 1. (sect. £upolypodium et Phegopteris). Les planches représentent les MVephrodium Brunonianum Hook., N. refractum Hook., N. erythrosorum Eat., N. Falconeri Hook., N. Napoleonis Bory, N. co- gnatum Hook., N. Ascensionis Hook., N. athamanticum Mook., NN. tene- ricaule Hook., N. Parishii Hook., N. membranifolium R., N. purpu- rascens Hook., N. flaccidum Hook., N. villosum Hook., À. recedensHook., N._ oppositum Hook.. N. mexicanum Hook., N. squamisetum Hook., N. funestum Hook., NN. squamigerum Mook. et Arn., {V. acutum Hook., Polypodium sessilifolium Hook., P. zeylanieum Mett., P. hirtum Hook. , (4) Voyez Je Bulletin, t. IX, p. 410, 682 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. P.,? binerve Hook., P, subscabrum K]., P. parvulum Bory, P. subtile Ke, P. Pteropus Hook., P. glandulosum Mook., P. Skinneri Hook., P. alter- nifolium Hook., P. athyrioides Hook., P. longisetosum Hook.; P. Lob- bianum Mook., P. Hildebrandii Hook., P, decipiens Hook. et P. pteroi- deum KI, E, F. Nouvelles espèces d'Hyménophyllacées; par M. R.-B. van den Bosch (Journal de botanique néerlandaise, 1864, 4° cahier, pp. 344-364; extrait du Vederlandsch Kruidkundig Archief, V, 1861, pp. 135-186). Ce travail est comme un supplément au Synopsis Hymenophyllacearum de feu M. van den Bosch. Nous donnerons la liste des nouveautés qu'on Y remarque ; ce sont les suivantes : | Cephalomanes australicum (Nouvelle-Calédonie); €. Wilkesi (Trichomanes javanicum Brack. in Wilkes expl. exped. XVI, p. 261, îles Fiji); Zricho- manes subpinnatifidum, aff. T. philippino Sturm. (Ceylan) ; 7. Teysmanni (Sumatra); 7°. bimarginatum (T. muscoides Brack. 1. c. p. 249, non alior., îles Fiji); 7. Lenormandi (île Mayotte, coll. Boivin) ; 7. Motleyi (Bornéo); T. delicatum (Quito, coll. Cuming n° 21); 7! ornatulum (Brésil, Gaudichaud); T. macilentum (Rio Negro, coll. Spruce); 7. undulatum (T. crispum Mett. non L., Pérou, coll. Lechler); 7. Schomburgkii (T. cristatum auct. part., Guyane anglaise, coll. Schomb. n° 442 part.); 7: Gardneri (Guyane fran- çaise, Brésil, Venezuela, Pérou); 7. Langsdorffii (Brésil, Bolivie, coll. Langsdorff, Weddell, etc.) ; 7. sublabiatum (Quito, coll. Cuming n° 17); T. debile (Venezuela, coll. Funck et Schlim n° 596); 7, subexsertum (Quito, coll. Jameson, Cuming; Pérou, coll. Matthews) ; 7° tenuissimum (Équateur, coll, Hall); 7, gracile v. 4, Bosch non Moritz (Java, coll. Kubl et van Has- selt) ; 7. borbonicum (Bourbon, coll. Boivin n° 908); 7! lineare (Quito, coll. Cuming n° 71); 7. Boschianum Sturm inss. (Alabama, coll. Peters) ; 1! corcovadense (Brésil, coll. Gaudichaud n° 678, Claussen n° 2103); T. virgatulum (Brésil, coll. Langsdorff, Guillemin n° 307); 7! Anéillarum (Jamaïque, coll. J. Smith); 7. mexicanum (Mexico, coll. Schiede n° 806, Schaffner n° 7); 7. Sandvicense (îles Sandwich, coll. Wilkes); 7. furcalum (Guyane française, Leprieur n° 29); 7. Sonderi (Brésil, coll. Martius); T° Weddellii , aff. T. Prieurei (Bolivie, coll. Weddell, Guyane anglaise, coll. Schomburgk ; Brésil, coll. Sellow); 7! opacum (T. anceps Mett. non Hook., Pérou, coll. Lechler n° 2175); 7. setaceum (Singapore, coll. Gaudichaud ; Banca, coll. Aman); 7’. elatum (Sumatra, coll. Korthals ; Amboine, coll. Labillardière ; îles Philippines, coll. Cuming n° 162); 7. intermedium (7: anceps var. B. Brack. non Hook. , îles Fiji, coll. Wilkes); 7. Asæ Grayi (T. longisetum Brack. Bory, îles Fiji, coll. Wilkes); 7. dentatum (T. rigidum Brack. non alior., Nouvelle-Calédonie, coll. Cuming n° 7; Taïti, coll. Wilkes) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 683 Ce travail contient encore des notes sur des espèces déjà connues : celles-ci et les espèces nouvelles sont précédées d’un numéro qui indique la place qu'elles devraient occuper dans le Synopsis Hymenophyllacearum, parmi les espèces du genre auquel elles appartiennent. Dans l’énumération précédente, il faut faire suivre du nom de M. van den Bosch toutes les espèces dont l’auteur n’est pas indiqué. EF. Musei italiei, auct. J. De Notaris; fasc. I; in-8° de 64 pages avec 35 planches. Genève, chez l’auteur, Turin, chez Læœscher. Il y avait longtemps déjà que M. De Notaris avait promis aux bryologues de figurer les Mousses italiennes. Il réalise l'espoir qu'il avait donné dans son Syllabus Muscorum Italiæ en commençant l’iconographie annoncée par le genre Jortula, dont il n'accepte pas le démembrement. Les espèces qu'il figure sont les suivantes : Tortula aloides DNtrs, T. ambiqua Wils., 7. rigida Wils. , et var. piligera DNtrs, 7, squamigera DNtrs, T. crassinervia DNtrs, T. marginata Wils., T. pellucida Lindb., T. Valliana DNtrs, T, cuneifolia Hook. et Grev., et var. spathulæfolia DNtrs, 7. canescens Mtgne, T. muralis Hdw., T. princeps DNtrs, 7! ruralis Sw., et var. crénita DNtrs, 7. aciphylla Lindb., T. lævi- pilæformis DNtrs, T, virescens DNtrs, 7’. alpina DNtrs, T. inermis Mtgne, T. subulata Hdw., T. mucronifolia Schwægr., T. ungquiculata Brid., T. paludosa DC., 7. convoluta Sw., T. revoluta Brid., T. Hornschuchiana DNtrs, 7. gracilis Hook. et Grev., T°. fallar Sw., T. vinealis Wils., 7. squarrosa DNtrs, T. Northiana Grev., T, inclinata Hdw., 7, tortuosa Schrad., et var. rotacana DNtrs, 7. fragilis Wils. Le texte de l'ouvrage est écrit en latin, l'introduction exceptée ; les espèces qui y sont étudiées sont d’abord réunies en un tableau synoptique qui pré- sente leurs diagnoses, puis longuement décrites dans le corps du livre. E. F. Musei cubenses, or Mosses collected by Charles Wright in the eastern part of the Island of Cuba during the years 18356, 1857 and 1858 /Musci cubenses, ou Mousses récoltées par Ch. Wright dans la partie orientale de l'ile de Cuba, pendant les années 1856, 57 et 58); par M. William S. Sullivant (Extrait des Pro- ceedings of the American Academy of Arts and Sciences, août 1861) ; tirage à part en brochure in-8° de 16 pages, sans pagination spéciale, Ce travail est simplement une énumération des Mousses récoltées dans l'ile de Cuba par M. Wright, avec l'indication de leurs stations, des détails sur leur organisation et la description des espèces nouvelles, qui sont les suivantes : 684 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Weissia edentula, Fissidens similiretis, F. dissitifolius, F. densiretis, F. cuspidulatus, F. rufulus, F. angustifolius, F. sphagnifolius, F. cla- vipes, F, petrophilus ; Trichostomum macrostegium, Tr. involutum; Bar- bula obscura, B. subulifolia, B. mniifolia; Dicranum albulum ; Campylopus giganteus , C. cubensis, C, tenuissimus; Holomitrium Wrightii, Leuco- bryum tenui folium, L. robustum ; Calymperes tenuifolium ; Syrrhopodon elongatus, Leptotheca Wrightii, Pogonatum cubense, Bryum leptocladon, B. ovalifolium, Mnium Wrightii ; Fabronia cubensis ; Cryphæa? lepto- clada ; Cylindrothecium amplirete, Pilotrichum lophophyllum , Hookeria cubensis, H. varians ; Hypnum exilissimum, H. insularum, H. acestros- tegium, H. fletuosum, H. admixtum, H. dissolutum, H. cultelliforme. Toutes ces espèces sont signées par M. Sullivant. Elles atteignent, avec les espèces déjà connues, le total de 131 espèces composant la collection recueillie par M. Wright, . Outlines of a british fungology, containing characters of above a thousand species of Fungi, and a complete list of all that have been descri- bed as natives of the british isles (£squisse d’une fungologie anglaise, con- tenant les caractères d'environ mille espèces de Champignons et une liste complète de tous ceux qui ont été décrits comme indigènes dans les îles Britanniques); par le révérend M.-J. Berkeley. Un vol. in-8° de 442 pages, avec 2h planches lithographiées et en partie coloriées. Londres, chez Lowell Reeve, 1860. Notre Revue est un peu en retard pour signaler à nos confrères cet impor- tant ouvrage de l’auteur de l’/ntroduction to the cryptogamic botany, et forcée pour cette raison de n’en donner qu’une analyse sommaire. Entière- ment écrit en anglais, ce livre contient des notions préliminaires où sont rapidement décrites la structure des Champignons et leur classification , leur mode de croissance, leur habitat, leur distribution géographique, leur repro- duction, leurs variatious, leurs usages dans l'alimentation, les maladies qu'ils déterminent et la manière de les cultiver. La suite de l'ouvrage n'est que l'exposition des caractères, des ordres, des genres et des espèces de Champi- gnons, étudiés depuis les Agarics jusqu'aux Mucédinées. Voici la clessiGcation suivie par M. Berkeley : Ordo I. Hymenomycetes : 1. Agaricini. 2. Polyporei. 3. Hydnei. k. Auricularini. 5. Clavariei. 6. Tremellini. Ordo II. Gasteromyeetes : 1. Hypogæi. 2. Phalloidei. 3. Trichogas- tres. 4. Myxogastres. 5. Nidulariacei. Ordo IIT. Coniomycetes : 1. Sphæronemei, 2, Melaneoue. 3, Toru- lacei. 4, Pucciniei, 5, Æcidiacei. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 685 Ordo IV. Hyphomycetes : 1. Isariacei. 2. Stilbacei. 3. Dematei, k. Mucedines. 5. Sepedoinei. 6. Trichodermacei. Ordo V. Ascomyeetes : 1. Helvellacei. 2. Tuberacei. 3. Phacidei. h. Sphæriacei. 5. Perisporiacei. 6. Onygenei. Ordo VI. Physomycetes : 1, Antennariei. 2. Mucorini. L'ouvrage est terminé par un vocabulaire des termes scientifiques qu'il renferme, une liste des auteurs cités, et un index des genres et des espèces. E. F. Notiec of a eollection of Algæ made ou the North-West coast of north America, chiefly at Vancouver’s Island, by David Lyall M.-D., in the yenrs 1859-61 (Zzamend’une collection d’Alques faite sur La côte nord-ouest de l'Amérique du Nord, principalement à l’ile Vancouver, par M. le docteur David Lyall); par M. W. A. Harvey (Journal of the Proceedings of the Linnean Society, vol. VI, n° 24, novembre 1862, pp. 158-178). Les”Algues récoltées par M. Lyall sont au nombre de 107, dont 7 d’eau douce et 100 marines. Il n’y a rien à noter sur les premières; dans les secondes, M. Harvey a reconnu plusieurs formes nouvelles qui sont les suivantes: Agarum fimbriatum, Laminaria apodu, Ectocarpus oviger, Rhodomela Lyallii, Polysiphonia scuticulosa, Hymenena latissima, Cys- toclinium gracilarioides , Callophyllis flabellulata, Prionitis Lyallii, Schizhymentia coccinea et Callithamnion subulatum. La plus remarquable de ces espèces est le Laminaria apoda, caractérisée par « stipite nullo. » M. Harvey s'occupe longuement de la distribution géographique des Algues recueillies par M. Lyall. Il donne ensuite l’énumération de ces plantes, dressée suivant l’ordre des numéros de la collection, avec la description des espèces nouvelles, et de nombreuses notes sur les espèces déjà connues, E. F, BOTANIQUE APPLIQUÉE. Osscrvazioni sopra alenne malattic degli organi vege- tativi degli Agrmmi (Observations sur quelques maladies des organes de végétation des Citrus); par M. G. Gasparrini (Ati della R. Academia delle scienze fisiche matematiche di Napoli, vol: 1). Tirage à part en brochure in-4° de 25 pages. Naples, 1862. Ce travail comprend cinq parties. Dans la première, l'auteur considère, en général, les maladies qui ont affecté les Citronniers et les Orangers, surtout ceux qui sont cultivés sur les bords du lac de Garde; maladies qui sont au nombre de quatre, ainsi désignées : maladies de la gomme, de l'huile, du vinage et du chancre. Lans les suivantes il étudie en détail chacune d'elles. 686 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La maladie de la gomme se produit au printemps ou au commencement de l'été; elle consiste dans une désorganisation locale de la couche de rénova- tion, L'auteur l’a observée une fois dans la racine ; la gomme produite par la liquéfaction des cellules, et dont M. Paoli a fait l'analyse chimique, transsude à travers l'écorce ou s'échappe en dehors, au travers des fissures de celle-ci. M. Gasparrini a observé au microscope toutes les transitions entre l'état des cellules intactes et leur liquéfection complète; il rappelle les travaux de M. Trécul sur ce sujet (1). Il ne pourrait s'expliquer sur l'origine de la partie soluble de la matière gommeuse. Quant à la cause de cette alté- ration, ilest disposé à la reconnaître dans une diminution de l’évaporation des feuilles. L'évaporation peut être, en effet, diminuée par une grande hu- midité de l’atmosphère, par le défaut d’une lumière ou d’une chaleur suffi- sante; alors la séve, n’étant pas altérée dans les feuilles, demeure stagnante dans la couche de cambium. Il ajoute que les contusions, les compressions, les ligatures, et toute cause qui force les liquides à stagner dans les parties, produisent aussi la formation de la gomme. Il rappelle aussi que, dans le Mûrier-blanc, on remarque sinon le même accident, du moins l’extrava- sation de sucs dans certains points de l'écorce, et cela quand on leur a enlevé une partie de leurs feuilles, et diminué ainsi d'autant l’évaporation qui leur est nécessaire. M. Gasparrini cite encore, comme une cause de la production gommeuse chez les Citronniers, d’après les cultivateufs, l'agitation des rameaux par un vent violent ; il assure que, dans ce cas et d’après les expé- riences de Kinght, la nutrition et l’afflux séveux se font beaucoup mieux dans le sens du mouvement que dans l’autre, ce qui lui paraît favorable à sa théorie, — Comme cette maladie n’attaque pas les arbres âgés ou affaiblis, ne siége pas sur la circonférence entière de leur tige, et n’est pas accom- pagnée du vinage ou du chancre, ele doit compromettre rarement leur existence. La maladie de l'huile, beaucoup moins grave que la précédente, siége exclusivement dans les feuilles. Elle consiste dans la transsudation d’une humeur brunâtre, visqueuse, semblable à de l'huile pour la consistance, qui a lieu suftout à leur face supérieure. Les feuilles les plus affectées se détar chent, mais au retour du printemps l'arbre entre de nouveau en végétation. Cette humeur ne provient pas des glandes nombreuses et transparentes dont le parenchyme de la feuille est muni, et dont la sécrétion est toute différente, mais du tissu cellulaire intermédiaire. C’est dans l'hiver qu’on en à observé la production. Les cultivateurs l’attribuent vaguement à l'influence du froid ; M, Gasparrini au défaut d'élaboration des sucs contenus dans les feuilles. Quel- quefois l’humeur soulève l’épiderme de la feuille sans le traverser, et en amène l’altération; que suit de près celle du parenchyme qu'il protégeail: (4) Voyez le Bulletin; t. VIII, p. 769 et t: IX, p. 539. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 687 M. Gasparrini a observé aussi l’extravasation de liquides analogues dans l’axe des fruits et à leur surface. Il rapporte aussi avoir observé une sécrétion analogue sur des 7ilia europæa ; elle tombait des feuilles en forme de goutte- lettes. Un jardinier lui a assuré qu’il avait vu des gouttelettes de même nature sur les feuilles et les rameaux du #érmiana platanifolia ; il cite encore d’autres exemples, Le vinage attaque la partie descendante de l'arbre, c’est-à-dire l’écorce et le bois des racines, et lui communique une couleur de lie de vin, qui lui a fait donner son nom. Tantôt elle se montre sur des points, tantôt sur un côté, et tantôt sur toute la circonférence de la partie affectée. Cette altération des racines amène du désordre dans fa natrition de l'arbre et gène la maturation de ses fruits, mais il est difficile de juger de la gravité spéciale de cette maladie, parce qu'elle coexiste souvent avec la gomme ou avec le chancre. En examinant au microscope les tissus altérés par le vinage, M. Gasparrini y a reconnu, outre différents degrés de désorganisation des cellules, la présence d'un Champignon inférieur, le: Zhizoctonia violacea Tulasne, dont le mycé- lium d’un rouge violacé formait des saillies arrondies sur divers-points de la surface des racines. On sait que ce Champignon s'attaque à une foule de plantes différentes ; la maladie qu’il produit doit être regardée comme extré- mernent contagieuse. . Le chancre a été étudié et décrit par M. V. Rendu, inspecteur-général de l'Agriculture (voy. les Comptes rendus, 1851, t. XXXIII, p. 682). Sur les racines affectées de cette maladie, M, Gasparrini a trouvé, entre le Liber et l'aubier, à la place de la zone de rénovation, une substance gélatineuse mêlée de grains de carbonate calcaire, dans laquelle serpentaient des filaments de mycélium chargés de granulations arrondies, Il pense que c'est là l'état fructipare du AÆhizoctonia, dont le mycélium a été seul décrit, et que, par conséquent, le vinage et le chancre, qui coexistent souvent sur les mêmes racines, résultent du développement, à des degrés différents, d’un seul et même parasite, BF Note sur un fébrifuge annamite, appelé 7huong-son (pronon- cez Thueung cheunne); par M. Weber, médecin-major au 2° bataillon de chasseurs à pied du corps expéditionnaire en Cochinchine (Aecueil de mémoires de médecine, de chirurgie et de pharmacie militaires, 3° série, 4862, t, VIIL, pp. 142-152).! Le fébrifuge dont il s’agit ici est un arbuste toujours vert, à feuilles opposées, dépourvues de stipules, appartenant à la famille des Acanthacées. M. Weber, qui est rentré en France, en a remis des graines à M. Decaisne, et le genre auquel appartient cette plante, probablement nouveau, sera déterminé ultérieu- rement d’une manière précise. En tout Cas, elle ne saurait être rapportée au 688 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. genre Dichroa Lour., comme le fait, d'après le Ælora cochinchinensis, le Dictionnaire annamite-latin de l’évêque d'Adran. L'élégance du port de celte plante et la beauté de ses fleurs en feraient une plante d'ornement assez remar- quable, La culture en serre en serait probablement facile en France, car elle paraît très-rustique et se multiplie avec une très-grande facilité ; en Algérie, elle pourrait réussir en pleine terre, dit l'auteur, dans les localités chaudes et humides. I v a longtemps que les indigènes de la Cochinchine se servent du Thuong- son comme fébrifuge; M. Weber l’a expérimenté sur quatorze malades à l'état de décoction (6 grammes de feuilles sèches dans un quart de litre d’eau) ; chez huit d'entre eux les accès disparurent après des doses répétées depuis deux jusqu’à six fois; chez les six autres, il crut devoir revenir au sulfate de qui- nine pour diverses raisons. — Un dessin du Thuong-son, dû à M. Cham- penois, accompagne cet article. E. F. Examen chimico-physiologique du principe amer con tenu dans le Coccutus crispus DC; par M. J.-J. Altheer (Journal de botanique néerlandaise, 1861, 3° cahier, pp. 223-229). Ce mémoire a été publié originairement dans le Journal médical des Indes néerlandaises, puis dans le Natuurkunde Tidjschrift van Nederlandsch Indie, vol. XXI, pp. 148-164. Nous extrairons du résumé qu’en donne le Journal de botanique néerlandaise les détails suivants sur l'anatomie et les vertus médicales du Cocculus crispus. A l'intérieur de la tige, on trouve une moelle épaisse, puis un tissu paren- chymateux et lâche dans lequel se montrent les vaisseaux fibro-vasculaires ; on remarque entre les vaisseaux une série de canaux aérifères disposés assez régulièrement à mesure qu’ils s'éloignent du centre; ces éanaux sont très uombreux et souvent assez grands pour être facilement distingués à l'œil nu. L'épiderme, d’une couleur vert brunâtre pâle, est formé de cellules à parois épaisses et à quatre ou cinq angles. Les jeunes bourgeons sont remplis d'un suc épais et visqueux dans lequel on distingue, au microscope, une quantité de petits globules. Après avoir fait connaître son examen chimique, l’auteur s'exprime ainsi : « 11 résulte donc de l'examen précédent que le principe amer contenu dans le Cocculus crispus est un principe propre, qui n’a, pour ainsi dire, que le goût amer de commun avec les autres plantes de cette famille. » Il a tiré 2 grammes de cette substance de 2 litres et demi de tiges fraîches; il la désigne sous le nom de picrorétine. D'après lui, la picrorétine se rencontre en général en dissolution, mais en grande partie en émulsion, dans le suc extrêmement gluant qui, surtout durant la saison des pluies, remplit presque toute la tige de la plante et se rencontre cependant en plus grande partie dans les jeunes REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 689 rejetons verts. Des expériences faites par l’auteur lui ont prouvé qu'on ne saurait attribuer à la picrorétine aucune action vénéneuse. E. F. New american remedics; Jefersonia dtphylla Pers., twin leaf (Vouveaux remèdes américains; le Jeffersonia diphylla Pers., ou feuille jumelle); par M. le professeur Bentley (Pharmaceutical Journal, vol. IV, n° 3, septembre 1862, pp. 104-107). Ce nouvel article de M. Bentley cst rédigé sur le même plan que les précédents, que nous avons déjà fait connaître à nos lecteurs, Le Jeffersonia diphylla, aujourd’hui généralement rapporté à la famille des Berbéridées, est originaire, comme on sait, des États-Unis, où il se trouve dans les bois humides et ombragés; l'emploi de son rhizome contre le rhumatisme y est populaire. Ce rhizome, tel qu’on le trouve dans le com- merce, à un à deux pouces de longueur et est de la grosseur du doigt auri- culaire environ. Sa surface est raboteuse et présente les rudiments des tiges aériennes; sa couleur varie du blanc au jaune brunâtre ; sa cassure est rési- neuse ; sa saveur, d'abord mucilagineuse, est faiblement narcotique; quand le rhizome a été recueilli depuis un temps même assez court, elle devient âcre, nauséeuse et comparable à celle du Polygala Senega. Cette saveur appar- tient exclusivement à la portion corticale du rhizome. L'auteur s'étend en- suite longuement sur les réactions chimiques que manifeste l’infusion faite avec ce rhizome, réactions presque identiques avec celles que fournit, dans les mêmes circonstances, le Caulophyllum thalictroides, qui est aussi une Berbéridée. . Supplement to Gordon’s Pénefuon, containing descriptions and additional synonymes of all the coniferous plants not before enumerated in that work, with corrections up to present time (Supplément au Pinetum de Gordon, contenant les descriptions et la synonymie de toutes les Coni- fères non antérieurement décrites dans cet ouvrage, etc.) ; par M. George Gordon. Un vol. in-8° de 119 pages. Londres, chez Henry Bohn, 1862. Un grand nombre de Conifères nouvelles ont été apportées depuis plusieurs années en Europe, notamment par M. Veitch après son voyage au Japon, C’est là ce qui a motivé la publication d’un supplément important au Pine- um de M. Gordon quelques années seulement après sa publication, car l'ou- vrage date de 1858 ; supplément d'ailleurs peu susceptible d'analyse, car il ne fait qu’ajouter une série de détails à l'ouvrage original auquel il renvoie page par page. On y remarque cependant un article spécial sur les Pins recueillis au Mexique par M. Ræzl, qui n’avaient encore été déterminés par l’auteur qu'avec doute, et le sont maintenant avec toute l'exactitude désirable, On y T. IX, hu . 690 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. remarque encore une liste des noms que portent les Conifères en Chine et an Japon, liste dressée sans doute avec des matériaux fournis, en partie au : moins, par M. Veitch, auquel le'professeur Lindley a dédié le nouveau genre Veitchia. Le Veitchia décrit par M. Gordon présente les feuilles d’un A bres et les graines d’un Chamæcyparis avec des cônes presque sphériques. Ï E. F. MÉLANGES. Joannis Georgii Gmelini reliquias quæ supersunt Com- mercii epistolici cum Linnæo, Hallero, Stellero et aliis botanicis publi- candas curavit G.-Th. Plieninger. Un vol. in-8° de 196 pages. Siutt- gard, 1861. C’est toujours un fait important pour l'étude de l’histoire naturelle que la publication de lettres inédites datant de plus d’un siècle, quand ces lettres sont signées de ceux qui tenaient à cette époque les premiers rangs dans la science. Sous ce rapport, M. le docteur Plieninger aura rendu à l’histoire de la botanique le même service que lui avaient rendu dix ans aupa- ravant MM. Endlicher et de Schreiber en publiant la correspondance de Linné et de Jacquin. Un heureux hasard avait fait tomber en la possession de M. Plieninger, grâce à des relations de parenté, des lettres échangées entre Gmelin et Linné de 4744 à 1751, entre Gmelin et Haller de 4743 à 1751, entre Gmelin et Steller de 1739 à 1744, ainsi que deux lettres adressées par Gmelin à Krascheninikow en 1740, une autre à Collinson en 1744, et deux lettres écrites en 4741 par le professeur Mueller. C’est cette collection qui est aujourd'hui publiée, sur l’ordre et aux frais de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. Les lettres de Gmelin concernent principalement son voyage en Sibérie et sa Flore de ce pays; elles jetteront certainement une nouvelle lumière sur un certain nombre de plantes décrites dans cette Flore et qui sont restées douteuses même pour M. Ledebour. En effet, la dernière partie du tome III et le tome IV de l’ouvrage de Gmelin ont été publiés vingt ans après sa mort à Saint-Pétersbourg, par son neveu Samuel Gmelin, et ce dernier n’avait pas à sa disposition les lettres de Haller et de Linné, dans lesquelles se trouvent de nombreux renseignements sur ces plantes et souvent leur détermination suivant la nomenclature linnéenne. Ce petit ouvrage Se termine par un fac-simile d’une lettre adressée à Gmelin par Linné. E. F. — L'exposition internationale de Londres ayant eu lieu précisément pendant l'été de 1862, nous avons cru utile de réunir dans ce numéro l’énumération des publications faites à ce sujet, la plupart sous forme de catalogues, et relatives aux produits botaniques qui ont été envoyés à l'Exposition. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. | 691 Catalogue des produits des colonies françaises envoyés à l'exposition univer- selle de Londres de 1862 (Extrait de la Revue maritime et coloniale, avril 1862) ; in-8° de 111 pages ; Paris, chez Challamel aîné. Catalogo dei prodotti inviati alla esposizione di Londra del 1862 dalla pro- vincia di Pesaro e Urbino (Catalogue des produits envoyés à l’exposition de Londr:s de 1862, par la province de Pesaro et Urbino); par M. le professeur L. Guidi. Pesaro, 1862. Synopsis of the vegetable products of Norway (Synopsis des productions végétales de la Norvéyge); par M. le docteur F.-C. Schuebler ; traduit en anglais par le rév. M.-R. Barrand. In-4° de 31 pages, avec 2 planches, 1862, Descriptive Catalogue of articles exhibited by the royal Society of Arts, Jamaica (assisted by the Society of Industry, Hanover, Jamaica) at the international exhibition 1862 ( Catalogue des articles envoyés de la Jamaïque à l'exposition internationale de 1862, par la Société royale des arts, assistée de la Société de l’industrie de Hanover); par E. C. esq. In-8° de 18 pages. Londres, chez Tailor et Francis, 1862. À descriptive catalogue of the collection sent from the island of Trinidad to the international exhibition of 1862 (Catalogue descriptif de la collection envoyée de l'ile de la Trinité à l'exposition internationale de 1862) ; par M. Herman Crueger. In-8° de 24 pages ; Londres, chez Wertheimer et Cie, 4862. Catalogue of contributions transmitted from british Guyana to the London international exhibition of 4862 (Cataloque des envois faits par la Guyane anglaise, etc.) ; imprimé par le comité de correspondance de la Société royale agricole-et commerciale de la Guyane anglaise. In-8° de C et 108 pages, avec 2 cartes et une planche. Georgetown, 1 862. A descriptive catalogue of the Natal contributions to the international exhi- bition of 1862 (Catalogue descriptif des envois de la côte de Natal, eic.); par M. le docteur Mann. In-8° de 29 pages ; Londres, chez Jarrold et fils. Catalogue of the natural and industrial products of New South Wales , etc. (Catalogue des produits naturels et industriels de la Nouvelle-Galles du sud, avec une carte géographique et une introduction relative à la popu- lation, au commerce et aux ressources générales de ce pays. In-8° de 64 pages. Londres, chez W. Clowes et fils, 1862. Catalogue of the Victorian exhibition, with prefatory essays, indicating the progress, resources, and physical characteristics of the colony (Catalogue de l'exposition de la colonie de Victoria, avec une préface indiquant les progrès, les ressources et les caractères physiques de la colonie); par MM. W.-H. Archer, Ferd. Mueller, R. Brough Smith, prof, Neumayer, Frederic Mac Coy, A.-R.-C. Selwyn et W. Birkmyre, In-8° de 263 pages. Melbourne, chez Shallard et C'°, 692 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. An account of the colony of South-Australia, prepared for distribution at the international exhibition of 1862 ; together with a catalogue of all the pro- ducts of South-Australia, exhibited in the south-australian court of the international exhibition (Description de la colonie de l'Australie du Sud, préparée pour être distribuée à l'exposition internationale de 1862 ; par M. Frédéric Sinnett, avec le Catalogue de toutes les productions de cette colonie exposées dans la section de l'Australie méridionale à l'exposition internationale). In-8° de 96 et A pages, avec une carte. Londres, chez Robert K. Burt, 1862. Catalogue of the natural and industrial products of Queensland (Catalogue des produits naturels et industriels de la Terre-de-la-Reine). In-8° de LS pages. Londres, 1862. A catalogue of the contributions to the Ceylon court at the international exhi- bition of 1862 (Catalogue des envois faits à la section de Ceylan, à l'exposition internationale). In-8° de 25 pages. Nova-Scotia and her resources (La Nouvelle-Écosse et ses ressources). In-8° de 87 pages, publié par ordre des commissaires de la Nouvelle-Écosse à l'exposition internalionale, Halifax, chez W. Mackinlay; Londres, chez Sampson Low fils et Ci*, 1862. Die botanischen Produkte der Londoner internationaler Industrie-Ausstel- lung (Les produits botaniques de l'exposition internationale de Londres) ; par M. le docteur Franz Buchenau. Brême, chez H, Gesenius, 1863. : E. F. NOUVELLES. (mars 1864.) — Des conférences viennent d’être ouvertes à la Sorbonne, sous le titre de Soirées scientifiques et littéraires, avec l'autorisation de S. Exc. M. le mi- nistre de l'instruction publique. Ces conférences ont lieu les lundis et vendredis de chaque semaine, à huit heures du soir ; la conférence du lundi est consacrée aux sciences, et celle du vendredi aux lettres. Le comité qui dirige ces COn- férences est présidé par M. Milne-Edwards, membre de l’Institut, doyen de la Faculté des sciences. Un grand nombre de membres de l’Institut, de littéra- teurs et de savants distingués, professeurs des Facultés de Paris et de pro- vince, du Muséum d'histoire naturelle, du collége de France ou des lycées de Paris, membres de la Société des gens de lettres ou de la Société des amis des sciences, se sont empressés de promettre leur concours aux membres du comité. — Par décret impérial, en date du 28 février 1864, il a été institué près le ministère de l'instruction publique une commission, à l’effet de préparer l'orga- nisation d’une expédition scientifique au Mexique, et d’en suivre les résultats. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 693 La botanique est représentée, dans cette commission, par M. Decaisne, membre de l'Institut. Dans le rapport ministériel qui précède le décret et qui est renvoyé par l'Empereur au conseil d'État, on remarque la proposition d’un projet de loi portant ouverture, au ministère de l'instruction publique, d’un crédit de deux cent mille francs pour subvenir aux frais de l'expédition. — On vient de signaler un nouveau cas d’empoisonnement par les feuilles de l’If, à ajouter à ceux qui ont été rassemblés par M. Carrière dans son Traité des Conifères. D'après le Publicateur de Louviers, qui rapporte ce fait, il s’agit d’un cheval qui est mort après avoir brouté une haie d’Ifs à laquelle on l'avait attaché. — La Société impériale zoologique d’acclimatation a tenu le 12 février 1864 sa séance publique annuelle, M. Joseph Michon a prononcé l'éloge de M. Moquin-Tandon. Parmi les prix décernés dans cette séance; une grande médaille d’or, à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, a été accordée à M. E. Wilson de Melbourne, qui a enrichi l'Australie de toutes les meilleures espèces d'animaux domestiques et de végétaux alimentaires de l’Europe et des autres parties du monde. Trois autres médailles d'or ont encore été décernées, l'une à M. le marquis de Fournès, pour la culture du Cotonnier, exécutée par Jui sur une grande échelle , dans le département du Gard ; la deuxième à M. Linden, le célèbre horticulteur belge, dont les serres, situées à Bruxelles, renferment d'innombrables merveilles végétales de toutes régions du globe ; la troisième à notre honorable confrère, M. Hasskarl, ancien directeur du jardin botanique de Buitenzorg, qui a contribué, comme nous l'avons rapporté, à établir les pépinières de Quinquina dans l’île de Java. — On annonce la mort de M. Guilhelm Vrolik, décédé à Amsterdam le 22 décembre 1863. M. Vrolik avait publié divers travaux de botanique en collaboration avec M. de Vriese. — On vient d'apprendre d'une manière certaine la déplorable fin de M. Li- vingstone, Le célèbre voyageur avait tenté une nouvelle expédition dans l'Afrique orientale, pour reconnaître les contours du lac Nyassa; sachant qu'il aurait à vaincre de grandes difficultés, il avait réuni une escorte de cent hommes ; arrivé sur les bords du lac, il reconnut qu'il lui serait impossible de continuer sa route à cause des obstacles mis à sa marche par les tribus qu'il traversait, et il se décida à rebrousser chemin; mais pendant son retour, il fut assassiné avec tous les siens par les naturels. — Un congrès international d’horticulture, organisé par la fédération des Sociétés d’horticulture de Belgique, se réunira à Bruxelles les 24, 25 et 26 avril prochain, en coïncidence avec l'ouverture de l'exposition universelle d’horticulture que la Société royale de Flore prépare avec le patronage du gouvernement. Le congrès s'ouvrira le dimanche 24 avril, à trois heures pré- cises, au palais ducal à Bruxelles. La Fédération invite toutes les personnes 694 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui se proposent de faire partie du congrès , à faire parvenir leur adhésion le plus tôt possible, et au moins avant le 15 avril, à M. Ed. Morren, secré- taire général de la commission organisatrice, à Liége. Il serait utile que les personnes qui se proposent de traiter une ou plusieurs questions du pro- gramme voulussent bien faire part en même temps de cette intention. Quant à ce programme, il est des plus larges et des plus intéressants. — Une association pour la culture du Cotonnier vient de se former dans l'arrondissement de Bône, entre un certain nombre d’indigènes et un Euro- péen, capitaine en retraite, ancien chef du bureau arabe militaire de Bône. Aux termes de la convention passée entre les parties contractantes, les indi- gènes s'engagent à fournir la main-d’œuvre et les terrains; l’Européen, de son côté, doit faire les avances de fonds, mettre à la tête des chantiers des contre- maîtres expérimentés, surveiller les cultures, faire procéder à l’égrenage, à l'expédition et à la vente des produits; les bénéfices seront partagés par moitié. Cette entreprise est un fait d’une grande importance, et peut exercer une influence décisive sur le développement de la production du coton en Algérie. En effet, l’extension de cette culture chez les Européens rencontre des difficultés sérieuses; d’abord la main-d'œuvre y est rare et chère, et les colons ne peuvent cultiver le Cotonnier avec quelque chance de bénéfice qu'à condition d’en limiter la culture au nombre des bras dont se composent leur famille; de plus, les terrains qu'ils possèdent ne sont pas tous propres à cette culture. — On à apporté dernièrement d'Amérique une rondelle d’un Pin améri- cain, qui mesurait 30 pieds de diamètre : en comptant le nombre des couches, on a calculé que l’âge de ce Pin devrait être de six mille trois cents ans. BIBLIOGRAPHIE. On the distribution of plants in Burren, county of Clare (De La distribution des plantes à Burren, comté de Clare); par M. F.-J. Foote (7rans. Irish Acad, XXIV, n° 143). Epicrisis generis Æieraciorum ; par M. Fries. In-8°, 158 pages ; Upsal, 1862. Anteckningar rœrande en i Paris befintlig Linneanska væxtsamling (Vote concernant une collection linnéenne de végétaux qui se trouve à Paris); par M. Th. Fries (Stockholm Fœrhandl., 1861, p. 255). On the functions of the nitrogenous matter of plants (Sur les fonctions de la matière azotée dans les plantes); par M. L. Garreau (Ann. of nat. history, 3° série, X, p. 33). Ueber den Hemmungsprozess in der Antherenbildung (Sur l'arrêt de déve loppement dans la formation des anthères) ; par M. H. Gieswald. In-4° de 35 pages, avec une planche, Dantzig, 1862. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 695 Enumeration of plants collected in the Rocky Mountain range (£numération des plantes recueillies dans la chaîne des Montagnes-Rocheuses) ; par M. Asa Gray (Am. Journ. of sciences, 1862, XXXIII, pp. 8, 404, XXXIV, p. 949; avec un supplément par MM. Engelmann et Gray). Revision of the genus Castilleja (lievue du genre Castilleja) ; par M. Asa Gray, tbid., p. 335. Review of the genus Wertensia (Revue du genre Mertensia); par M. Asa Gray, ibid., p. 339. Fertilization of Orchids trongh the agency of insects (Fécondation des Orchi- dées par le moyen des insectes); par M. Asa Gray, 1bid., p. 120. Additional note on the genus #hytidandra (Note additionnelle sur le genre Rhytidandra) ; par M. Asa Gray (Proceedings of the American academy, 1869, p. 55). Synopsis of the genus Pentstemon (Synopsis du genre Pentstemon); par M. Asa Gray (ibid., p. 56). Revision of the north american species of the genus Calamagrostis, sect. Deyeuxia (Revue des espèces nord-américaines du genre Calamagrostis, sect. Deyeuxia); par M. Asa Gray (ibid., p. 77). Specimen of a flora of Canada (Spécimen d'une flore du Canada) ; par M. W. Hincks (C'anud. Journ., 1861, p. 276). Botanical magazine, par sir W. Hooker; volume de 1862. On y trouve les descriptions de deux nouveaux genres : l’Acanthonema, de Fernando-Po (Gyrtandracées), et le Berberidopsis, du Chili (Berbéridées). Prodromus monographiæ Scitaminearum; par M, P. Horaninow. In-folio de h5 pages, avec 4 planches. Saint-Pétersbourg, 1862. L'auteur y décrit cinq genres nouveaux : Achirida, fondé sur le Canna tridiflora R. et P.; Dymezewiezia, pour des espèces de Zingiber ; Nicolaia, pour quelques Alpinia; Geocallis, pour le Renealmia fasciculata Rosc., et Ensete pour le Musa Ensete. Beobachtungen ucber rankende Gewæchse, namentlich ueber Epheu (Æecher- ches sur Les végétaux grimpants, notamment sur le Lierre); par M. G. von Jæger (Wurtt. Jahresb., 1862, p. 62). Ueber die Verbreitung einiger Holzpflanzen in der Provinz Preussen (Sur lextension de quelques espèces ligneuses dans la province de Prusse); par M. C.-J. von Klinggræff (Æænigsb. Schriften, 1861, p. 119). Histoire et révision du genre Pilocereus ; par M. Ch. Lemaire (Æevue horti- cole, 1862, p. 426). Ueber die geographische Verbreitung der Schmarotzerpflanzen (Sur l'extension géographique des plantes parasites) ; par M. Liebe; °° livraison, traitant des Loranthacées, des Cuscutacées et des Rhizanthées. In-4° de 24 pages. Berlin, 1862, Description of Otacanthus, a new genus of Acanthaceæ from Brasil (De- 696 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. scription de l'Otacanthus, nouveau genre d'Acanthacées du Brésil) ; pa M. J. Lindley (}lore des serres, 1862, tab. 1526). Ueber das Einschliessen jeder Pflanzen-Species in eine Papier-Huelse, als Mittel um Herbarien gegen Insekten zu sichern (Sur un moyen de garantir les herbiers contre les insectes, qui consiste à enfermer chaque espèce dans une feuille de papier); par M. M.-J. Lœbr (Æheinl. Verhandl. XIX° année, p. 335). A manual flora of Madeira and the adjacent islands of Porto-Santo and the Dezertas (Manuel de la flore de Mudère et des îles adjacentes de Porto- Santo et des îles Désertes); par M. R.-T. Lorne. Londres, 1862 ; 2° partie ; s'étend des Célastrinées aux Rosacées. Ofversigt af Spetsbergens Fanerogam-Flora (Revue de la flore phanéroga- mique du Spitzberg); par M. J. Malingren (Ac«démie royale des sciences de Copenhague, 1862, p. 229). Vegetable morphology : its history and present condition (La morphologie végétale; son histoire et son état actuel ; par M. Maxwell T. Masters (British and foreign medical review, janvier 1862). Golowninia, un nouveau genre de la famille des Gentianées ; par M. G. Maxi- mowicz, avec une introduction de M. Regel et une planche (Bulletin de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, IV, p. 250). Béitræge zur Anatomie der Cycadeen (Æecherches sur l’anatomie des Cyca- dées); par M. G. Mettenius (A. S. Wiss. Leipzig, VIL, p. 567, avec 5 planches). The Flora of the west riding of Yorkshire (La flore du canton ouest du comté d’York); par MM. L.-C. Miall et B. Carrington. In-8° de 97 pages. Londres. Over die geographische verspreiding der Ficeæ, welke in America, Door- delijk van de landergte van Panama voorkommen (Sur la distribution géographique des Ficées qui se trouvent en Amérique, au nord de l'isthme de Panama); par M. F.-A.-W. Miquel (Verslægen der Konin- klijke Akademie, XWI, p. 382). Amsterdam, 1862. A systematic arrangement of the plants noticed around the gulf of Carpen- taria, from the Roper to the Gilbert-River (Arrangement systématique des plantes signalées aux environs du golfe de Carpentarie, de Roper à la rivière Gilbert) ; par M. F. Mueller. In-8° de 16 pages. Melbourne, 1862. Description of a new species of C/erodendron from Old-Calabar, which flowered in 1861, in the royal botanical garden of Edinburgh (Description d’une nouvelle espèce de Clerodendron du Vieux-Calabar, qui a fleuri en 1861 au jardin botanique royal d'Edimbourg) ; par M. J.-H. Bal- four ; 4 pages, avec une planche (Ædinburgh philosophical Journal, new series, XX). Trabalhos da commissao scientifica de exploraçao. — Seeçao botanica (7ra- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 697 vaux de la commission scientifique d'exploration ; section botanique. Fasc. I. Rio, 1862. On the structure of the bark of Araucaria imbricata, with special reference to palæontology (De la structure de l'écorce de l'Araucaria imbricata, principalement au point de vue de la paléontologie) ; par M. J.-H, Bal- four (Proceedings of the royal Society of Edinburgh, IV, p. 571). Notes on a trip to the north of Italy and Chamouni in 1861 (Notes sur une excursion dans le nord de l'Italie et à Chamonix en 1861, avec une liste de plantes); par M. J.-H. Balfour (7ransactions of the royal Society of Edinburgh, VW, p. 255). Beitræge zur næheren Kenntniss der Genesis und Function von Pflanzen- Farbstoffen (Æssai pour approfondir la connaissance de la genèse et de la fonction des substances colorées des plantes), par M. J. Bœhm (Sitzungsbe- richte der X. Akad. der Wissensch. zu Wien, XLY, p. 399). Ueber abnorme Blattbildung von /rina glabra, in vergleich mit analogen Vorkommaissen bei anderen Pflanzen (Sur un développement anormal de feuilles chez l'Irina glabra, comparé à des cas analogues observés sur d'autres plantes); par M. Al Braun (Aœnigsb. Verh. Nat. [Bot.], 5 pages, avec une planche). Appendix plantarum novarum et minus cognitarum quæ in horto botanico berolinensi coluntur ; par M. AL Braun. 14 pages, mars 1862. On trouve dans cet opuscule une description minutieuse du Festuca Bruechkmanni, hybride supposé des #, gigantea et Lolium perenne ; une distribution nouvelle des espèces des genres Asarum et Helleborus, et les résultats de l'examen d'un grand nombre de fleurs du Cælebogyne ilicifolia. L'auteur n’a trouvé dans les fleurs femelles de cette plante ni étamines pollinifères, ni staminodes ; il en a été de même de dix fleurs examinées dans le même temps au Jardin de Leipzig, par M. Mettenius. Das Verhalten der sogenannten Protoplasmastræme in der Brennhaaren von Urtica urens gegen die Schlæge des Magnetelektromotors (Comment se comportent les courants de protoplasma dans les poils brälants de l'Urtica urens sous Les décharges maynéto-électriques) ; par M. E, Bruecke (Sitzungsb. der. K. Acad. der Wiss. zu Wien, XLVI, p. 35). Sur l'Amygdalopsis Lindleyi; par M. Carrière (Æevue horticole, 1862, p. 91). Sur les facultés germinatives des graines; par M. Carrière (ibid., p. 288). Notes on Cyperaceæ (Notes sur les Cypéracées); Carez Grahami, Eleo- charis palustris et espèces voisines); par M. B. Carrington (7ransactions of the botanical Society of Edinburgh, 4862). Eine Kanadische Pappel vom Blitz getroffen ({n Peuplier du Canada frappé de la foudre); par M. R. Caspary (Xænigsb. Schrift. IX, p. k1). Ueber die contractilen Staubfæden der Disteln (Sur les filuments staminaux 698 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. contractiles des Chardons) ; par M. F. Cohn (Zeitschr. f. wiss. Zool., XII, Heft 3, et Flora, 1862, p. 583). Orobanche Cirsii oleracei; par M. Caspary (ibid., p.46). Nuphar luteum L, var, rubropetalum; par M. Casparv (ibid., p. 49). Vergruenungen der Bluethe der Weissen Klee’s (De la chloranthie du Trifo- lium repens) ; par M. Caspary (2bid., p. 51). Flora compendiada de Madrid y sa provincia, o descripcion sucinta de las plantas vasculares que spontancamente crecen en este territorio (Flore âbrégée de Madrid et de sa province, ou description succincte des plantes vasculaires qui croissent spontanément -dans ce territoire); par M. V. Cutanda. In-8° de 759 pages ; Madrid, 1861). Notes on some Chinese condiments obtained from the Xanthozylaceæ (Notes sur des condiments chinois fournis par la famille des Xanthoxylées); par M. F. Daniell (Annals of nat. history, ser. LIT, p. 10-195 ; avec des de- scriptions dues à M. Bennett, de deux nouvelles espèces asiatiques de Xanthoxzylum). Brief summary of a report on the flora of the north of Ireland (Abrégé d'un rapport sur la flore du nord de l'Irlande) ; par M. G. Dickie (Brit. ass. rep., 1861, p. 940). Die phanerogamen Pflanzen von Koronczo und dessen Umgebung (Les plantés phanérogames de Koronczo et de ses environs) ; par M. Fr. Eben- hœch (Presb. Verh. V, p. 45). Revision of the ŒÆnotheræ of the subsection Onagra (Revue des OEnothera de la sous-section Onagra) ; par M. Engelmann (American journal, ser. IL, XXXIV, p. 332). Ueber Missbildungen verschiedener Culturpflanzen und einiger auderer Landwirthschaftlicher Gewæchse ( Sur des monstruosités de diverses plantes cultivées et de quelques autres végétaux employés en agri- culture) ; par M. Fleischer (Monstruosité de la fleur et du fruit du Bras- sica Napus, var. oleifera Koch; du Carum Carvi, du Dipsacus F ullo- num, des Trifolium hybridum et T. repens, du Poterium polygamum et du Colchicum autumnale; tiges fasciées de Betterave et d’autres plantes ; feuilles monstrueuses de Morus alba), In-8° de 18 et 100 pages, avec 7 planches lithographiées. Esslingen, chez Weychardt. | Monographic Sketch of the Conifers of Japan (Æsquisse monographique des Conifères du Japon); par M. A. Murray (Proceedings of the horticul- tural Society, IX, pp. 265, 409, 496, 633, 719, avec planches). Descrizione di una nuova specie di Znula (Description d'une espèce nouvelle d'Inula, I. acutifolia); par M. G.-A. Pasquale (Annali dell’ Academia degli aspiranti naturalisti, 3° sér., 1° volume, pp. 17-21). Naples, 1861. Die Farben der Pflanzen (Des couleurs des plantes) ; par M. G. von Mar- tens (Wuertt. Jakresb. XXIII, p. 239). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 699 Beitræge zur Westfælischen Phanerogamen-Flora (Contributions à la flore phanérogamique de Westphalie); ‘par M. E. Evercken (Rhein!, Ver- hand!. XIX Jabrg., p. 212). Osservazioni sopra due Funghi minutissimi (Observations sur deux très- petits Champignons, Sphæria versicolor et Pistillaria favosa) ; par M. Fran: cesco Briganti (ibid., pp. 21-26). Nota sopra una nuova specie di Ophrys (Note sur une nouvelle espèce d'Ophrys, O. longipetala T'en.) ; par M. Vincenzo Tenore (ibid., 27-28). Nota sur talune produzioni fungose dei vecchi rami di Castagno (Note sur certaines productions fongoïdes, observées sur les vieux rameaux du Châtaignier); par M. Francesco Briganti (bid., pp. 29-34). Osservazioni sul somno e la veglia dei fiori di WMesembrianthemum (Observa- tions sur le sommeil et la veille des fleurs de Mesembrianthemum); par M. Nicola Ant. Pedicino (ibid., pp. 42-51). Die Scetonnen der Elbmuendung. Ein Beïtrag zur Thier- und Pflanzen-Topo- graphie (Les bouées marines de l'embouchure de l’Elbe; additions à la topographie des animaux et des plantes) ; par M. Kirchenpauer (Abhandl. aus dem Gebiete der Naturwissenschaften herausgegeben von dem natur- wissenschaftlichen Verein in Hamburg, t. VII, 3° livraison). In-4° de 59 pages. Hambourg, 1862. Expériences entreprises pour rechercher s’il y a émission de gaz azote pen- dant la décomposition de l'acide carbonique par les feuilles. — Rapport existant entre le volume d’acide décomposé et celui-de l'oxygène mis en liberté ; par M. Boussingault (Annales de chimie et de physique, 3° série, t. 66, 1862, pp. 295-429); (voy. le Bulletin, t. IX, p. 47). Étude comparée du bassin lombard et du pays toulousain, au point de vue géologique et botanique ; par M. Cauvet (ARecueil de mémoires de méde- cine, de chirurgie et de pharmacie militaires, IXI° série, t. 6, pp. 55-73). Exposé des principales expériences faites au sujet des générations dites spon- tanées ; par M. Cauvet (ihid., III° série, t, 7, pp. 162-174, 261-271, 356-370, 143-458, 512-527). Nouvelle note sur la transformation de l’amidon en glucose et dextrine; par M. Musculus (#hid., 3° série, t. VIT, pp. 154-158). Prodromus Floræ novo-granatensis, ou énumération des plantes de la Nouvelle. Grenade, avec description des espèces nouvelles; par MM. J. Triana et J.-E. Planchon (Annales des sciences naturelles, t, XVII, pp. 1-190,. 319-389 ; t. XVIII, pp. 258-381). Études sur la végétation da sud-est de la France à l’époque tertiaire; par M. le comte Gaston de Suporta (3° partie, 2bid., t. XVII, pp. 191-311). Études sur l'ozone exhalé par les plantes; par M. C. Kosmann (Extrait des Comptes rendus de l'Académie des sciences du 10 novembre 1862 ; Ann. se. nat., t. XVIII, pp. 111-117). 700 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Du rôle physiologique de l’oxygène chez les Mucédinées et les ferments ; par M. F.-V. Jodin (Extrait des Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, séance du 28 avril 1862 ; Ann. sc. nat.,t. XVIIT, pp. 118- 124). | Recherches sur la formation de la matière grasse dans les Olives ; par M. S. de Luca (Extrait des Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, séance du 22 septembre 1862; Ann. sc. nat., t. XNIIT, pp. 125-129). Flore de l'ile de Dissée (mer Rouge); par M. Alfred Courbon (ibid., pp. 130-158). Cucurbitacées cultivées au Muséum d'histoire naturelle en 4862; description d'espèces nouvelles et de quelques formes hybrides obtenues de plantes de cette famille ; par M. Ch. Naudin (ibid., pp. 159-208). Compositarum genera duo nova Algeriensa, auctore E. Cosson (iid., pp. 209-243). Note sur deux espèces du genre Scolopia Schreb. , par M. H.-F. Hance (ibid., pp. 214-217). Manipulus plantarum novarum, potissime chinensium, adjectis notulis non- nullis affinitates, etc., respicientibus; scripsit H.-F, Hance(ibid., pp. 217- 238). Excursion botanique aux monts Cameroon; par M. G. Mann (Lettre adressée à sir W. Hooker, et extraite du Journal de la Société linnéenne de Londres, lue le 5 juin 1862 (Zbid., pp. 239-254). Note sur l'usage de lÆschynomene aspera L. (/Æ. aguatica Roxb., Æ,. in- dica Wall, Hedysarum Lagenaria Lour.); par M. J. Lépine (ibid. pp. 254-257). Note sur le Pinus Bungeana Zucc. (ibid., pp. 381-382). Verzeichniss der bei Hameln und in der Umgegend wild wachsenden Pflanzen (Catalogue des plantes croissant spontanément à Hameln et dans les envi- rons); par M. Chr. Fr. Pfluemer (Jahresbericht der naturhistorischen Gesellschaft zu Hannover, t. XI, 1862, pp. 11-30). Ueber die Entzuendbarkeit der Bluethen von Dictamnus albus (Sur l’in- flammabilité de la fleur du Dictamnus albus); par M. le docteur Hahn (ibid., pp. 30-31). Die Nutzpflanzen Griechenlands (Les plantes utiles de la Grèce); par . M. Théodore de Heldreich (avec l'indication des noms vulgaires en grec ancien et moderne); in-8° de VIII et 404 pages ; Athènes, chez Wilberg. Kritische Uebersicht der naturwissenschaftlichen Bibliographie (Revue cri- tique de la bibliographie des sciences naturelles); par M. J. Pelzholdt (Extrait du Veuer Anzeiger fuer Bibliographie und Bibliothekwissen- schaft, 3. 1861 u. 1862); tirage à part en brochure in-8°. Dresde, chez G. Schænfeld, 1862. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 701 Botanische Untersuchungen zum Verstændniss der heimatlichen Flora. Voll- stændiges Lehrbuch der Botanik in neuer und praktischer Darstellungs- weise (Æecherches botaniques pour l'intelligence de la flore indigène. Traité complet de botanique présenté d'une manière nouvelle et pra- tique) ; par M. B. Auerswald. Livraisons 1-4, avec 32 planches; Leipzig, chez Mendelssohn. Medizinisch-pharmaceutische Botanik, nebst Atlas enthaltend die Analysen der wichtigsten Pflanzenfamilien (Botanique médico-pharmaceutique, avec un atlas renfermant les analyses des principales familles de plantes) ; par M. J.-B. Henkel. In-8° de XXXIV et 34 pages; Tubingue, chez Laupp. The useful plants of Great Britain ; a treatise upon the principal native vege- tables capables of application as food, medicine, or in the arts and manu- factures (Les plantes utiles de la Grande-Bretagne ; étude des principaux végétaux indigènes susceptibles d'être employés dans l'alimentation, la médecine, les arts ou les manufactures); par M. C. Pierpont Johnson ; illustré par M. John E. Sowerby. In-8° de 320 pages. Londres, chez Kent, 1862. De l’Oïdium, de sa cause, et des moyens de guérir les Vignes qui en sont atteintes, d'améliorer et de soigner les vins oïdiés. In-8° de 22 pages. Paris, chez Chamerot, 1862. Beitræge zur Morphologie der Meeresalgen (Contributions à la morphologie des Alques marines); par M. Pringsheim (Extrait des Mémoires de l'Aca- démie des sciences de Berlin, 1861) ; tirage à part en brochure in-8° de 37 pages, avec 8 planches lithographiées. Berlin, chez A. Hirschwald. Die Moose und Flechten Deutschlands, mit besonderer Beruecksichtigung auf Nutzen und Nachtheile dieser Gewæchse (Les Mousses et Les Lichens d'Allemagne, avec une revue des propriétés utiles et nuisibles de ces végé- taux) ; par M. Julien Redslob; 1'° et 2° livraison. In-4° de 14 pages, avec 8 planches gravées et coloriées. Leipzig, chez W. Bænsch, 1863. Anleitung zum Bestimmen der vorzueglichsten essbaren Schwæmme Deuts- chlands fuer Haus und Schule (Manuel pour la détermination des prin- cipauxz Champignons comestibles d'Allemagne, destiné aux particuliers et aux écoles) ; par M. Auguste Sollmann. In-8° de VIITet 84 pages, avec 8 planches lithographiées. Hildburghausen, chez Kesselring. Flax and its products in Ireland (Ze Lin et ses produits en Irlande) ; par M. William Charley. In-8° de 196 pages. Londres, chez Bell, 1862. Charakterbilder Deutscher Waldbæume (/conographie des arbres forestiers de l'Allemagne), par M. E.-A. Rossmæssler. In-folio de IV et 12 pages avec 17 planches dessinées par M. Ernest Heyn,. et gravées sur cuivre par MM. A. Krausse et Adolphe Neumann. Heïdelberg et Leipzig, chez C.-F. Winter, 1862. 702 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Chocolate and Cocoa; Cocoa, its growth and culture, manufacture, and modes of preparation for the table (Ze chocolat et le cacao; le Cacaotier, sa croissance, sa culture, son traitement, et les divers modes de prépu- ration de ses fruits pour l'alimentation); par M. Charles Hewett. In-12 de 90 pages, avec planches. Londres, chez Simpkin, Marshall et C°. Untersuchung der reifen Samen der Rosskastanie (Æecherches sur les semences mûres du Marronnier-d’Inde); par M. Friedrich Rochleder . (Extrait des Comptes rendus de la classe de mathématiques et d'histoire . naturelle de l’Académie impériale et royale de Vienne); tirage à part en brochure in-8° de 44 pages; Vienne, chez G. Gerold fils, 1862. Huelfsbuch fuer den ersten Unterricht in der Pflanzenkunde in Real- und hœheren Buergerschulen (Guide des premières leçons de botanique dans les écoles professionnelles et secondaires); par M. C.-A. Fechner. In-”° de 48 pages; Gærlitz, chez M. Remer, 1862. Vegetation-Ansichten von Kuestenlændern und Inseln des Stillen Oceans, aufgenommen auf der Entdeckungsreise der kaiserlich russischen Cor- vette Senjawin unter Capitæn Luetke (Aspects de la végétation des rivages et des îles de l'Océan Pacifique, relevés durant le voyage de découverte de la corvette impériale russe Senjawin, commandée par le capitaine Luetke); par M. F.-H. von Kitlitz. Deuxième édition, corrigée et augmentée, 1"° livraison. In-folio de 24 pages avec 6 planches gravées. Berlin, chez Th. Grieben, 1862. The vegetable products of the world in common use {Les produits végétaux généralement employés) ; par M. Thomas Croxen Archer. In-16 de 200 pages. Londres, chez Routledga, 1862. Ueber Eichenzucht (Sur la culture du Chêne), par M. Heiorich Burckardt (Extrait du Æannoversches Land- und Forstwissenschaftliches Vereins- blatt, 1862) ; tirage à part en brochure in-8° de 39 pages. Hildesheim, chez Gerstenberg. Anabasearum revisio ; par M. AI. de Bunge (Extrait des Mémoires de l’Aca- . démie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, H° série, tome IV); tirage à parten brochure in-4° de 102 pages. Hlustrirtes Handbuch der Obstkunde (Manuel illustré de pomologie) ; entre- pris avec le concours de plusieurs savants, par MM. F. Jabn, Eduard Lucas et J.-G.-C. Oberdieck; t. IV, 4° livraison (in-8° de 192 pages, avec figures). Stuttgart, chez Ebner et Seubert. De la culture du coton en Égypte. Historique, état actuel, avenir; par M 3. Grégoire (Extrait des Mémoires de L'Institut égyptien, t. 1); tirage à part en brochure in-4° de 42 pages. Paris, impr. Lainé et Havard. Notions sanitaires sur les végétaux dangereux, sur leurs caractères distinctifs et sur les moyens de remédier à leurs effets nuisibles ; par M. Achille Comte. In-4° de 31 pages, avec 3 planches représentant des Champignons comes- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ‘703 tibles, des Champignons dangereux, et des plantes vénéneuses, et contenant environ 100 figures de grandeur naturelle, imprimées sur papier à fond noir et coloriées. Nantes, chez l’auteur; Paris, chez Charpentier. Prix : 20 francs. De l’opium indigène extrait du Pavot-æillette, de l’identité de sa morphine avec celle de l’opium exotique et de quelques sels nouveaux de morphine ; par M. M. Decharme. In-8° de 50 pages avec planche. Amiens, impr. Yvert; 14862. Histoire générale des plantes et herbes , avec leurs propriétés hygiéniques et médicinales ; par Léonard Fachs. Nouvelle édition, corrigée, augmentée et entièrement refondue d’après les données de la science moderne ; avec figures. In-32 de 120 pages. Lons-le-Saulnier, impr. Damelet, 1862. De l’Olivier, sa culture, son fruit et son huile ; par M. Joseph Reynaud. In-12 de 503 pages. Paris, chez Lacroix, 1862. De la Digitale-pourprée comme agent antipyrétique ; par M. H.-E. Coblentz (thèse inaugurale). In-h° de 86 pages. Strasbourg, impr. Christophe, 1862. La botanique des écoles. Petit traité de physique végétale ; par M. J. Pizzetta. In-18 de 151 pages ; Paris, chez P. Dupont, 1862. Abrégé pratique sur la‘tulture de l’opium indigène, pour servir de guide aux habitants des campagnes ; par M. Alphonse Oleph (Extrait de l’Union pharmaceutique, journal de la pharmacie centrale de France); tirage à part en brochure in-8° de 7 pages. Paris, impr. Walder, Synopsis plantaram diaphoricarum ; systematische Uebersicht der Heil-, Nutz- und Giftpflanzen aller Lændern (Zubleau méthodique des plantes salu- taires, utiles et nuisibles de tous les pays); par M. David-Auguste Rosenthal. In-8° de 1362 pages. Erlangen, chez Enke. Taschenbuch fuer Pomologen, Gærtner und Gartenfreunde ( Annuaire des pomologistes, des jardiniers et des amateurs de jardin), publié par l’In- stitut pomologique de Reutlingen, 2° année. Un volume in-16 de XII et 100 pages, avec 18 gravures sur bois. Plantes fourragères ; album du cultivateur. Atlas de 60 planches, représen- tant les plantes de grandeur naturelle, avec une légende, In-folio de 414 pages. Thionville, chez Charier. Floræ Columbiæ terrarumque adjacentium specimina delecta in peregrinatione duodecim annorum observata; par M. H. Karsten, t. II, fasc. 1. In-folio de 40 pages, avec 20 planches lithographiées; Berlin, chez Duemmier, Flora der Umgegend Revals (Flore des environs de Revel): par M. Edmond Russow (Extrait de l'Archiv fuer die Naturkunde Liv.-, Est- und Kur- lands) ; tirage à part en brochure in-8° de 122 pages. Dorpat, 1862. Fuehrer ins Reich der Deutschen Pflanzen, eine leicht verstændliche Anweiï- sung die in Deutschland wildwachsenden und hæufg angebauten Gefæss- pflanzen schnell und sicher zu bestimmen (Guide dans l'empire des 70h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantes d'Allemagne, ou méthode simple et facile pour déterminer promptement et shrement les végétaux vasculaires sauvages ou fréquem- ment cultivés en Allemagne) ; par M. Maurice Willkomm. Premier demi- volume. In-8° de 186 pages. Leipzig, chez Mendelssohn, 1862. Farnflora der Gegend von Hannover (Flore des Fougères des environs de Hanovre) ; par M. G. von Holle. In-8° de IV et 31 pages. Hanovre, chez C. Rumpler, 1862. Der Kuechengarten, oder Anlage und Einrichtung des Kuechengartens und Kultur der zum Kuechengebrauche dienenden Gewæchse, oder Gemuese und Gewuerzkræuter (Le jardin potager, ou plantation et arrangement du jardin potager, et culture des végétaux employés dans l’art culinaire, comme légumes ou comme condiments) ; par M. J. Hartwig (in-8° de XIT et 273 pages, avec 5 planches lithographiées. Weimar, chez Voigt, 1863). Pflanzenblætter in Naturselbstdruck mit der botanischen Kunstsprache fuer die Blattform (Feuilles des plantes reproduites par impression sur nature, avec les termes techniques relatifs à la forme des feuilles). Texte in-8°, 42 planches in-folio; 2 livraisons parues sur 7. Stuttgart, chez Schwei- zerbart. Die Deutschen Giftpflanzen (Les plantes vénéneuses de l'Allemagne); par M. Ludwig Heros. In-8° de VIII et 247 pages; Leipzig, chez Keil. Ueber die Gefæssbundel der Pflanzen (Sur Les faisceaux vasculaires des plantes) ; par M. R. Caspary (Monatsbericht der Aœnigl. Preuss. Akad. der Wissenschaften zu Berlin, 1862, p. 448). Recherches physiologiques et anatomiques sur le mouvement des végétaux ; discours prononcé à la rentrée de l’École de médecine de Tours, le 15 décembre 1859, par M. Leclerc. Deuxième édition. In-8° de 32 pages. Tours, 1861. Index Equisetorum omnium, auctore D'° S. Milde (Extrait des Verhand- lungen der XX. zool.-bot. Gesellschaft in Wien, février 1843) ; tirage à part en brochure in-8° de 12 pages. ; On the occurrence of /soêtes echinospora DR. in Scotland (Sur la présence de l'Isoëtes echinospora DA. en Écosse); par M. William Sutherland (£dinburgh botanical transactions, vol. VIX, p. 343). ; Notes regarding some new and rare british Nosses (/Votes concernant quel- ques Mousses rares ou nouvelles) ; par M. John Sadler (ibid., p. 269). Principes de classification des Lichens, et énumération des Lichens des envi- rons de Genève; par M. F. Mueller (Extrait de la 2° partie du tome XVI des Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, 1862). Paris, — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. Bull. de la Joc.Bot. de france’, Lim. ÂX. PLZ M Doutiot re. Aug. lournier de. À Rémond. 1mp. r: Pieille Ærtrapade;, 15, à Juris Tome/X F1 Bullet. de la Soc Bot de france . lp Lenercier rade Serre # lars Anabasis arelioides Moy Tand.et Coss. .Bull de la Soc. bot de France. Tome IX.PI II] 12 Juin 13 13 4h (pr 15 4 8% Ju sou | 2 Du sou AL Du’ sou” sk du malin. mul 74 du win 0 © È = © Fa A, Fa 45 . AG . 46 17 17 18 … A8 il À du sou GF Ju malin] 1% Du sou LS du malin. n du 4ou- 7h Jumalin.| 9% Ju sou 19 19 19 “20 20 T 7 7 malin. | 26 Du soir waiuuil LE Jw soir. miuuut Satin mil. 22 22 22 23 23 93 Ju 76 du mabu. 3 Du sou muuul. 8" Du malin.| mil. = o uruuut. 2 = R © J 5 A 2h 4 25 25 25 95 26 86 Ju/matio. | 86 Ju’ sou: | 16 dumatin| 7% du matin | 86 du sou | mit” | 86 Du matin 26 26 27 97 SE 28 28 GR du sou miumul 7 À Duwamatin/ AS du sou mul 86 Du malin. | 2 Ou sou 29 29 1 Juillet 2 3 29 76 Du malin 94 du so à 8" Jumatiu nuit c> Ni & du malin. ul: A Maugin dei on 1 : Lità. Ddarurile r de la Verrerre TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME NEUVIÈME. N.-B. — Les numéros indiquent les pages. — Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes. Ainsi, pour trouver Orltie, cherchez Urtica, etc. A Acclimatation (Considérat. sur l'Algérie, étudiée surtout au point de vuc de |’ }, 498. Acronychia Forst., 488. Actæa spicata L. trouvé à Mantes, 344. Adaptation aux milieux (Préface d’une ré- forme des espèces fondée sur le principe de la variabilité restreinte des types or- ganiques en rapport avec leur faculté d’), 194, 264, 370. Adeliopsis Benth. g. nov., 483. Adventifs ( Bourgeons ) d’un Cycas, 434. Ægilops hybrides, 106. Ægopodium Podagraria L., 17. Æxtoxicum R. P., 408. Agaricus edulis Bull. très-volumineux, 447.— var. anisalus, 448, 337. — Pro- teus Clos, sp. nov., 441, 447. Agave americana L. ( Floraison simultanée de 1500)pr.d’Alger,146.—(Mouvement du cône central de P'), 360. Agde {Sisymbrium nanum trouvé à), 578. — Voyez Herborisations. Agrocharis gracilis Hook. f. sp. nov., 59. Agrostis pumila L., 672. Aira media Gouan ( Sur une forme naine de P), 527. — subtriflora Lag., 530. Ajax muticus J. Gay. Sa patrie, 279, Akania Hook. f. g. nov., 483. Alaric (Thalictrum tuberosum recueilli dans la mont. d’), 572. Aleurone ( Développ. de l’) dans les graines de quelques Légumineuses, 466. Alger (Floraison simultanée de 1500 Aga- ve pr. d'),,146. Algérie (Flore de l’ }: 4gave americana, 146. — Anabasis aretioides M.-T. C., 299.— Artemisia atlantica C. DR.,298. Calamintha grandiflora var. parviflora Coss., 176. — Cedrus atlantica, 438. — Ceramiocephalum Sch. Bip., 284. -— C. palulum, 284. — Ccralocapnos :;""- Le IX brosa, 122, — Deverra Reboudii C. DR., 296. — Durandoa Pom., 673. — Epi- medium Perralderianum Coss., 13,167. — EÉragrostis pilosa, 430. — Erodium pachyrrhizsum C. DR., 432. — Galium Perralderii Coss., 43, 172. — Hiera- cium grandiflorum Sch. Bip., 440. — Isolepis uninodis, 430. — Kalbfussia Muelleri Sch. Bip., 287. — Lapsana ma- crocarpaCoss., 13,173. — Linum gran- diflorum, 431. — Lysimachia Cousiniana Coss., 13, 174. — Malabaila numidica Coss., 297. — Mœhringia stellarioides Coss., 13, 170. — Oldenlandia sabulosa 430. — Ptycholtis allantica C. DR., 296. — Rapistrella Pom., 673, — Rhamnus Franqu'a, 430. — Scrofularia tenuipes C. DR., 13, 175. — Sedum mulliceps C. DR., 13, 171. — Senecio Perralde- rianus Coss., 173. — Silene Choulettii Coss., 13, 169.— Sinapis Choulettiana C. DR., 295. — S. indurala Coss., 13, 168. — Sisymbrium malcolmioides C. DR., 431. — Velleruca Pom., 673. — Voyez Acclimatation, Cosson, E. Four- nier, ct (dans la table de la Revuc bi- bliogr.) Hooker et Pomel. Alnus glutinosa Gærtn., à feuilles dimor- phes, 355. Alsine intricata Martr. sp. nov., 130. Althæa ficifolia Cav. (De l’), 8. — offici- nalis L., 16. Amarantus retroflexus L., 17. Amethystea L., 489. Ammosperma Hook. f. g. nov., 480. Anabasis arelioides M.-T. C. sp. nov., 299. Anacamptis pyramidalis Rich. trouvé au bois de Boulogne, 354. Anauxanopelalum T. B. g. nov., 551. Anciens ( Sur la difficulté de rattacher la nomenclature des ) à la nôtre, 205.