SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE o Paris, — Imprimerie de E, MANTINET, rue Mignon, CR BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 TOME SEIZIÈME ! PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 1869 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE AU 30 JUIN 1869. Siége de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. ABZAC DE LADOUZE (le comte D, au château de Bori- Petit, commune de Champcevinel prés Périgueux. ALANORE, pharmacien, à Clermont-Ferrand. Membre à vie. ALMANSI (EMMANUEL), Borgo San Croce, 54, à Florence (Italie). AMBLARD (Louis), docteur en médecine, rue Paulin, 144, à Agen. AMBROSI (FR.), directeur du Musée, à Trente (Tirol, empire d'Autriche). ANDOUARD, pharmacien, rue du Calvaire, 1, à Nantes. ARDOINO (Honoré), à Menton (Alpes-Maritimes). Membre à vie. AVICE, médecin-major au 10* de ligne, à Vannes (Morbihan). AYASSE, Grand quai, 18, à Genève. BABINGTON (CHARLES-CARDALE), professeur à l'Université de Cambridge (Angleterre). Membre à vie. BAILLET, professeur à l'École vétérinaire d'Alfort (Seine). BAILLIÈRE (ÉMILE), libraire-éditeur, rue Hautefeuille, 19, à Paris. BALANSA, naturaliste-voyageur du Muséum, à Nouméa (Nouvelle-Calédonie). BALL (JOHN), palazzo Tiepolo,'San Toma, à Venise (Italie). BARAT, professeur au lycée de Tarbes (Hautes-Pyrénées). Membre à vie. BARLA (J.-B.), directeur du Musée, à Nice (Alpes-Maritimes). BARNSBY (DAvip), directeur du jardin botanique, à Tours. BARRANDON, huissier, rue Terral, 13, à Monipellier. BARTHES (CHARLES), libraire-éditeur, rue de Verneuil, 41, à Paris. BARTHEZ (MELCHIOR), pharmacien,'à Saint-Pons (Hérault). BAUDOIN (ANTONIN), élève en pharmacie, Haute-Grande-Rue, 7, à Nantes. BEAUTEMPS-BEAUPRÉ, juge au tribunal de la Seine, rue de Vaugirard, 22, à Paris. BÉKÉTOFF (ANDRÉ), professeur à l'Université de Saint-Pétersbourg. BELLOC, greffier de la justice de paix, à Langon (Gironde). vj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BENTHAM (GEORGES), au jardin botanique de Kew prés Londres. BESCHERELLE (ÉMILE), sous-chef au ministère de l'agriculture, da commerce et des travaux publics, rue Barouillère, 9, à Paris, BESNOU (LÉON), ancien pharmacien de la marine, rue Saint-Yves, 13, à Brest. BIANCA (JOSEPH), à Avola (Sicile). BLANCHE (EMMANUEL), docteur en médecine, directeur du jardin botanique de Rouen. BLANCHE (Henri), à Dôle (Jura). BLANCHE (ISIDORE), consul de France, à Tripoli (Syrie). BOCQUILLON, docteur en médecine et ès sciences naturelles, boulevard Saint- Germain, 7, à Paris. BOISDUVAL , docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 22, à Paris. BOISSIER (EDMOND), à Genève. BOLLE (CARL), docteur ès sciences, place de Leipsick, 13, à Berlin. Membre à vie. BORDÈRE, instituteur primaire, à Gèdre par Luz (ilautes-Pyrénées). BORIES (PAUL), pharmacien de la marine, à Saint-Denis (ile de la Réunion). BORNET (ÉDOUARD), docteur en médecine, à Antibes (Alpes-Maritimes), et rue de Bourgogne, 19, à Paris. Membre à vie. BOUCHARDAT, professeur à la Faculié de médecine, rue du Cloitre-Notre - Dame, 8, à Paris. BOUCHEMAN (EUc. DE), rue de l'Orangerie, 27, à Versailles. BOUDIER, pharmacien, à Montmorency (Seine-et-Oise). BOUILLÉ (le comte ROGER DE), au château de Goué, par Mansle (Charente). BOUIS (DE), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 168, à Paris. Membre à vie. BOURGAULT-DUCOUDRAY, rue du Bocage, 2, à Nantes. BOURGEAU (EUGÈNE), naturaliste-voyageur, rue Saint-Claude, 1/4, à Paris. Membre à vie. BOUTEILLE, à Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise). BOUTEILLER, professeur, à Provins (Seine-et-Marne). BOUTIGNY, sous-inspecteur des forêts, à Auch (Gers). BOUVIER, docteur en médecine, à Lancy près Genève. BRAS (A.), docteur en médecine, à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron). BRAUN (ALEXANDRE), membre correspondant de l'Institut, professeur à l'Univer- sité de Berlin. BRESSON, licencié és sciences naturelles, rue de Rennes, 143, à Paris. BRETAGNE (PAUL LEROUX DE), chef de bureau au ministère de l'intérieur, 14, rue Bayard, à Paris. Membre à vie. BRINGUIER ( ANTÉNOR), docteur en médecine, rue Saint-Guilhem, 27 ou 49, à Montpellier, BRONGNIART (Ap.), membre de l'Institut, professeur de botanique au Muséum, rue Cuvier, 57, à Paris. BROU (l'abbé), curé à Oulins près Anet (Eure-et-Loir). BRULLÉ, docteur en médecine, à Hesdin (Pas-de-Calais). BRUTELETTE (B. DE), rue Saint-Gilles, à Abbeville Somme). BUFFET (JULES), pharmacien, rue d'Aboukir, 99, à Paris. BULLEMONT (DE), chef de division à la préfecture de police, rue de Saint- Pétersbourg, 53, à Paris. LISTE DES MEMBRES. MT BUREAU (ÉDOUARD), docteur en médecine et ès sciences naturelles, quai de Béthune, 2/4, à Paris; et à Cop-Choux, commune de Mouzeil, par le Boulay -des- Mines (Loire-[nférieure). BURLE (AUG.), rue Neuve, 41, à Gap (Hautes-Alpes). BURNAT (ÉMILE), maison Dollíus- Mieg, à Dornach (Haut-Rhin). CABASSE (PAUL), pharmacien, à Raon-l'Étape (Vosges). Membre à vie. CALMEIL, médecin en chef de la maison impériale de Charenton (Seine), CANNART D'HAMALE (DE), sénateur, à Malines (Belgique). CARON (ÉDOUARD), à Rubempré près Villers-Bocage (Somme). CARON (HENRI), à Bulles (Oise), Membre à vie, CARUEL (Tu.), professeur extraordinaire à l'École de pharmacie, à Florence (Italie), Membre à vie. CASARETTO (JEAN), docteur en médecine à Chiavari (Italie), Membre à vie. CASPARY, professeur à l'Université de Kænigsberg (Prusse), CASTELLO DE PAIVA (le baron de), à l'Académie polytechnique, à Oporto (Por- tugal). Membre à vie. CAUVET, docteur és sciences, pharmacien-major de premiere classe à l'hópital militaire de Bougie (Algérie). CESATI (le baron), directeur du jardin botanique de Naples. CHABERT (ALFRED), médecin-major, à l'hópital militaire de Lyon. CHABERT, juge de paix, à Saint-Vallier (Dróme). CHABOISSEAU (l'abbé), rue Saint-Martin, 300, à Paris, CHASTAINGT, conducteur des ponts et chaussées, à La Châtre (Indre). CHATIN (AD.), professeur à l’École supérieure de pharmacie, rue de Rennes, 129, à Paris. Membre à vie. CHEVALIER (l'abhé E.), professeur au séminaire d'Annecy (Haute-Savoie). CLARINVAL (le colonel), rue Saint-Marcel, 18, à Metz. CLOS (D.), professeur de botanique à la Faculté des sciences et directeur du Jardin- des-plantes, à Toulouse, Membre à vie. CLOUËT, rue Saint-Jacques, 189, à Paris. COEMANS (l'abbé EuG.), place Saint-Pierre, 6, à Gand (Belgique). CONSTANT (ALEXANDRE), banquier, à Autun (Saône-et-Loire). Membre à vie. CORDIER, docteur en médecine, quai Saint-Michel, 19, à Paris, CORNU (MAXIME), élève de l'École normale, rue d'Ulm, 45, à Paris. COSSON (EnRNEST), docteur en médecine, rue du Grand-Chautier, 12, à Paris. Membre à vie. COSSON (PAUL), rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. COURCIERE, professeur au lycée de Nimes, CRÉVÉLIER, greffier du tribunal, à Confolens (Charente). CROUAN, rue de la Vierge, 31, à Lambézellec près Brest (Finistère). DARRACO, pharmacien, à Saint-Esprit près Bayonne (Basses-Pyrénées). DE BARY, professeur à l'Université. de Halle (Prusse). DEBEAUX, pliarmacien- major, à l'hôpital militaire de Bastia (Corse). DECAISNE, membre de l'Institut, professeur de culture au Muséum, rue Cuvier, 57,à Paris. viij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DE CANDOLLE (ALPH.), membrecorrespondant de l'Institut, cour Saint-Pierre, 3, à Genève. DELACOUR (THÉODORE), quai de la Mégisserie, 4, à Paris. DELAUNAY, manufacturier, boulevard Heurteloup, 72, à Tours. DELONDRE (AUGUSTIN), rue Saint-Pierre, 3, à Sèvres (Seine-et-Oise). DERBES, professeur à la Faculté des sciences, rue des Minimes, 10, à Marseille. DEROUET, rue Chabannais, 1, à Paris, et rue des Fossés-Saint-Georges, 4, à Tours. DERUELLE, avocat, rue des Bons-Enfants, 28, à Paris. DES ÉTANGS, juge de paix, à Bar-sur-Aube (Aube). DES MOULINS, rue et hótel de Gourgues, à Bordeaux. DEZANNEAU, docteur en médecine, à Saint-Pierre-Montlimart, par Montrevault (Maine-et-Loire). Membre à vie. DORVAULT , directeur de la Pharmacie centrale, rue de Jouy, 7, à Paris. DOUMET (NAPOLÉON), secrétaire de la Société d'horticulture et de botanique de l'Hérault, à Cette (Hérault). DROUSSANT, boulevard du Temple, 34, à Paris. DUBY (le pasteur), rue de l'Évéché, 5, à Genève. DUCHARTRE (P.), membre de l’Institut, professeur de botanique à la Faculté des sciences, rue de Grenelle, 84, à Paris. Membre à vie, DU COLOMBIER, inspecteur des lignes télégraphiques, place des Signaux, à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). DUCOT (FRÉDÉRIC), rue Saint-François, 7, à Bordeaux. DUFOUR (ÉDOUARD), licencié ès sciences naturelles, président de la Société aczdémique de la Loire-Inférieure, rue de l’Héronnière, 6, à Nantes. Membre à vie. DUHAMEL, rue Saint-Honoré, 191, à Paris. DULAC (l'abbé), rue Férou, 4, à Paris. DUPUY (l'abbé), professeur au petit séminaire d'Auch (Gers). DURAND, pépiniériste, à Bourg-la-Reine (Seine). DURIEU DE MAISONNEUVE, directeur du Jardin-des-plantes, hôtel Bardi- neau, à Bordeaux. DUSSAU, pharmacien, place de Rome, 9, à Marseille. Membre à vie. DUVAL-JOUVE (J.), inspecteur de l'Académie, rue de l'Argenterie, 20, à Mont- pellier. DUVERGIER DE HAURANNE (EMMANUEL), rue de Tivoli, 5, à Paris, et à Herry (Cher). Membre à vie. DUVILLERS, architecte-paysagiste, avenue de Saxe, 45, à Paris. Membre à vie- EICHLER, professeur à l'Université, Karlsplatz, 29, à Munich (Bavière), ELOY DE VICQ, place de Cerisy, à Abbeville (Sommej. FAIVRE (ERNEST), professeur à la Faculté des sciences, avenue de Noailles, 54, à Lyon. FAURE (l'abbé), professeur au petit séminaire de Grenoble. FÉE (A.), professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg. FERMOND, pharmacien en chef à la Salpêtrière, à Paris, Membre à vie. LISTE DES MEMBRES. ix FLEUTIAUX, boulevard des Filles-du-Calvaire, 22, à Paris. FOURNIER (EUGÈNE), docteur en médecine et ès sciences naturelles, rue de Seine, 72, à Paris. Membre à vie. FRANCHET (ADRIEN),au château de Cheverny, par Cour-Cheverny (Loir-et-Cher). FRANQUEVILLE (le comte ALBERT DE), rue Palatine, 5, à Paris, et au château de Bisanos, par Pau (Basses-Pyrénées). Membre à vie. FRÉMINEAU, docteur en médecine et ès sciences naturelles, rue de Turbigo, 68, à Paris. GAILLARDOT, médecin sanitaire de France, à Alexandrie (Égypte). GALLICHER, quai Voltaire, 5, à Paris. GARIOD, juge suppléant au tribunal de Gap (Hautes-Alpes). GAROVAGLIO (SANTO), directeur du jardin botanique de Pavie (Italie). GARROUTE (l'abbé), chez M. le marquis de Saint-Exupéry, à Agen. GAUDEFROY, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, 8, à Paris. GAY (CLAUDE), membre de l'Institut, rue de la Ville-PÉvéque, 26, à Paris. Membre à vie. GENEVIER, pharmacien, quai de Ja Fosse, 83, à Nantes. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, au château de Saint-Pierre-des-Horts près Hyères (Var), et avenue Victoria, 15 bis, à Paris. Membre à vie. GILLOT (XAVIER), interne des hôpitaux de Paris. GOBERT, propriétaire à Bouaye (Loire-Inférieure). GODRON , doyen de la Faculté des sciences, rue de la Monnaie, 4, à Nancy. GOEPPERT, professeur à l’Université de Breslau (Prusse). GONOD D'ARTEMARE, pharmacien, à Clermont-Ferrand. Membre à vie. GONTIER, docteur en médecine, rue Saint-Honoré, 36/4, à Paris. GOUMAIN-CORNILLE, secrétaire de la mairie, place du Panthéon, à Paris. GOUVILLE, ancien pharmacien, à Carentan (Manche). GRAS (AUGUSTE), bibliothécaire de l'Académie royale des sciences de Turin. GRAS (FRANÇOIS), horticulteur, au bas de la Croix -de-heynier, à Marseille. GRENIER (CH.), professeur d'histoire naturelle à la Faculté des sciences, Grand'- rue, 106, à Besancon. GRIS (ARTHUR), docteur ès sciences naturelles, aide-naturaliste au Muséum, rue Guy-de-la-Brosse, 5, à Paris. GROENLAND (JOHANNES), rue Guy-de-la-Brosse, 13, à Paris. GUBLER (AD.), professeur à la Falcuté de médecine, rue de Seine, 6, à Paris. GUIARD (l'abbé), rue Saint-Dominique, 23, à Paris. GUICHARD, rue de l'Algérie, 22, à Lyon. GUILLARD (ACHILLE), docteur és sciences, rue de Bruxelles, 15, à Paris, et à Labruyére, par Vaugneray (Rhóne). GUILLON, inspecteur des contributions indirectes, à Cognac (Charente). GUILLOTEAUX-VATEL, rue Mademoiselle, 2, à Versailles. Membre à vie. GUIRAUD, docteur en médecine, grand'rue Ville-Bourbon, à Montauban (Tarn- et-Garonne). r HACQUIN, rue Bourtibourg, 9, à Paris. HALLEY, professeur au collége d'Avranches (Manche). X SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. HASSKARL (J.-K.), docteur en philosophie, à Cleves (Prusse rhénane). Membre à vie. HÉBERT, pharmacien en chef à l'hópital des Cliniques, place de l'École-de- Médecine, à Paris. HENNECART, ancien député, rue Neuve-des-Mathurins, 41, à Paris. HÉNON, docteur en médecine, cours Morand, 56, à Lyon. HERVIER-BASSON (JosEPH), rue de la Bourse, 31, à Saint-Étienne (Loire). HOMOLLE, docteur en médecine, rue Bonaparte, 7, à Paris. HOWARD (JonN-ELIOT), à Tottenham près Londres. Membre à vie. HULLÉ, professeur d'hydrographie, à Blaye (Gironde). HUSNOT (TH.), maire de Cahan, par Athis (Orne). SACQUEL (l'abbé), curé à Coinches, par Saint-Dié (Vosges). SAMIN (FERDINAND), horticulieur, à Bourg-la-Reine (Seine). JAUBERT (le comte), membre de l'Institut, au domaine de Givry, par Jouet-sur- l'Aubois (Cher). JEANBERNAT, docteur en inédeciue, rue du Musée, 4, à Toulouse. JORDAN (ALEXIS), rue de l'Arbre-Sec, 40, à Lyon. JOURDAN (PascAL), ingénieur civil, garde-mines, à Guéret (Creuse). Membre à vie. JULLIEN-CROSNIER, conservateur du Musée, rue d'Illiers, 56,à Orléans. KANITZ (AUG.), à Lugos (Hongrie). KÉTELEËR, horliculteur, rue Houdan, 87, à Sceaux (Seine). KIRSCHLEGER, professeur à l'École supérieure de pharmacie, Grand'rue, 136, à Strasbourg. KRALIK (LOUIS), rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. Membre à vie. KRESZ, docteur en médecine, rue des Bourdonnais, 14, à Paris. LABOURET, rue d'Austerlitz, 12, à Angoulême (Charente), Membre à vie. LAGRANGE, docteur en médecine, au Bois-de-Rosoy, par Hortes (Haute-Marne), LAUNE, ancien principal du collége, boulevard du Sud, à Avranches (Manche). LAMBERT (FABIEN), architecte, rue Monsieur-le-Prince, 48, à Paris. LAMOTTE, professeur d'histoire natureile, à Clermont-Ferrand. LAMY (EUGÈNE), banquier, à Limoges. LANGE, bibliothécaire au jardin botanique de Copenhague. LANNES, capitaine des douanes, aux Salins-d’Hyères (Var). LARAMBERGUE (HENRI DE), à Augles-du- Tarn (Tarn). LARCHER (AD ), chef du bureau de l'instruction publique à la Préfecture de la Seine, rue des Moines, 21 (Batignolles), à Paris. LARÉVELLIÈRE-LÉPEAUX, au Gué du Berger, par Thouarcé (Maine-et-Loire), LA SAVINIERRE (E. DE), rue de la Monnaie 7, à Tours. LASÈGUE, rue de l'Ancienne-Comédie, 3, à Paris. LAUTOUR, pharmacien, à Vassy-près-Vire (Calvados). LAVALLÉE (ALPHONSE), rue de Penthièvre, 6, à Paris. LAVAU (GASTON DE), au château de Moncé, par Pézou (Loir-et-Cher). Membre à vie. LEBEL, docteur en médecine, à;Valognes (Manche). LISTE DES MEMBRES. X| LEBEUF (FERDINAND), pharmacien, à Bayonne (Basses-Pyrénées), LECOQ (lENRI), membre correspondant de l'Institut, professeur à la Faculté des sciences, à Clermont-Ferrand. Memóre à vie. LE DIEN (ÉuILE), ancien avocat à la Cour de Cassation, boulevard Malesherbes, 172, à Paris. LEFÈVRE (Ép.), rue de Constantine, 27 (Plaisance), à Paris. LEFRANC (EDMOND), pharmacien en chef de la garde de Paris, à la caserne de la Cité, à Paris. LEFRANC DE VILLELONGUE (LÉON), rue des Martyrs, 37, à Paris. LE GRAND (ANTOINE), agent voyer d'arrondissement, cloître Notre-Dame, à Montbrison (Loire). LEGUAY (LÉON), au château de Serceaux, commune de Valframberl par Alençon (Orne). LESOURDAN, directeur du Jardin-des-plantes, place Saint-Michel, 7, à Mar- seille. LE MAOUT, docteur en médecine, rue de Poissy, 2, à Paris. LEPELTIER, docteur en médecine, rue de Feltre, 10, à Nantes. LÉPINE (JULES), chirurgien de la marine, chez M. J, J. Saulnier, rue Sainte- Catherine, 102, à Bordeaux. LE SOURD, docteur en médecine,rue de l'Université, 8, à Paris. LESPINASSE (GUSTAVE), rue de la Croix-Blanche, 25, à Bordeaux. LESTIBOUDOIS , conseiller d'État, membre correspondant de l'Institut, rue de la Victoire, 92, à Paris. LETOURNEUX (ARISTIDE), conseiller à la Cour impériale d'Alger. LETOURNEUX (TlACITE), président du tribunal civil de Fontenay -le -Gomte (Vendée). LOCK, pharmacien, à Vernon (Eure). LOMBARD (ARMAND), au Vigan (Gard). LOMBARD (F,), rue Chabot-Charny, 48, à Dijon. LORET (HENRI), rue Barthez, 4, à Montpellier. LORTET, docteur en médecine, avenue de Saxe, 69, à Lyon. LOYSEL .Cu.), rue de l'Ancieune-Comédie, 13, à Paris. MAILLARD (AUGUSTE), docteur en. médecine, rue du Petit-Potet, 34, à Dijon. MAIN PÈRE, docteur en droit, à Melle-sur-Béronne (Deux-Sèvres). MALINVAUD (ERNEST), rue Clément, 6, à Paris. Membre à vie. MALINVERNI (ALESSIO), à Quinto près Verceil (Halie). MANCGEAU, conservateur de la bibliothèque de la ville, rue de Rivoli, 2, au Mans (Sarthe. Membre à vie. MANESCAU, ancien représentant, à Pau (Basses-Pyrénées). MARCHAND (LÉON), docteur en médecine et ès sciences naturelles, rue Guy-de- la-Drosse, 13, à Paris. MARCILLY, inspecteur des forêts, boulevard Neuf, 1, à Nice. MARES (PAUL), docteur en médecine, à Alger. MARJOLIN, chirurgien des hôpitaux, rue Chaptal, 16, à Paris. Membre a vie. MARMOTTAN, docteur en médecine, rue Desbordes-Valinore, 31 (Passy), à Paris. MARTIN (BERNARDIN), docteur en médecine, à Aumessas près le Vigan (Gard). xij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MARTIN (ÉMILE), juge, à Romorantin (Loir-et-Cher). MARTIN (JosEPH DE), docteur en médecine, à Narbonne (Aude). MARTIN (Louis DE), docteur en médecine, boulevard Jeu-de-Paume, 22, à Mont- pellier. MARTINS (CHu.), membre correspondant de l'Institut, directeur du Jardin-des - plantes, à Montpellier. Membre à vie. MARTRIN-DONOS (VICTOR DE), au château de Sainte-Urcisse près Salvagnac (Tarn), et rue de la Chaine, 6, à Toulouse. MASSON (VICTOR), libraire-éditeur, place de l'École-de-médecine, à Paris, MATHIEU, inspecteur des foréts, vue Stanislas, 46, à Nancy. MATIGNON (E.), à Fontainebleau (Seine-et-Marne). MAUGERET, inspecteur du télégraphe, rue Colbert, 14, à Nimes. MAUGIN, avoué, rue Guénégaud, 12, à Paris. Membre à vie, MÉHU, pharmacien, à Villefranche (Rhône). MERCEY (ALBERT DE), rue Bréa, 23, à Paris. MERMOUD (l'abbé), chez M. Dufresne, avocat, à Saint-Jeoire (Haute-Savoie). MICHEL (Auc.), rue Lemercier, 48 (Batignolles), à Paris. MICHEL (ÉVARISTE), docteur en médecine, rue La Bruyère, 14, à Paris. MIÉGEVILLE (l'abbé), à Notre-Dame-de-Garaison, par Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées). MIGNOT, docteur en médecine, à Beaumont-sur-Oise (Seine-et-Oise). MILLARDET, docteur en médecine, rue dela Croix, 19, à Strasbourg. MOGGRIDGE (J. TRAHERNE), maison Gastaldi, à Menton (Alpes-Maritimes), et 112, Gloacester-Terrace, à Londres (W.) Membre à vie. MONARD (P.), ancien médecin en chef des armées, rue de l'Évéché, 25, à Metz. MOQUIN-TANDON (OLIVIER), rue de Sèvres, 44, à Paris. MORIERE (J.), professeur à là Faculté des sciences de Caen. Membre à vie. MORIS, sénateur, professeur à l'Université de Turin. MORREN (ÉDOUARD), professeur à l'Université de Liége (Belgique). MOTELAY (LÉONCE), rue Guillaume-Brochon, 7, à Bordeaux, Membre à vie. MOUGEOT (ANTOINE), docteur en médecine, à Bruyères (Vosges). MOUILLEFARINE, avoué, rue Ventadour, 7, à Paris. Membre à vie. MOURA-BOUROUILLOU (B.), docteur en médecine, rue Molière, 25, à Paris. NÆGELI (CARL), professeur à l'Université de Munich (Bavière). NETTO (LADISLAU DE SOUZA MELLO Y), directeur de la section d'agriculture et de botanique au Musée impérial de Rio de Janeiro (Brésil). NOÉ (le marquis DE), rue du Bac, 196, à Paris. NOUEL, directeur du Musée d'histoire naturelle, à Orléans. NOULET, professeur à l'École de médecine, rue du Lycée, 14, à Toulouse. OUDEMANS (C.-A.-J.-A.), professeur de botanique, à Amsterdam. OZANON (CHARLES), à Rougeon, par Buxy (Saône-et-Loire). PAIRA (MICHEL), cultivateur, à Geadertheim près Brumath (Bas-Rhin). LISTE DES MEMBRES. xiij PARIS (le commandant), au 3* régiment de tirailleurs algériens, à Constantine. Membre à vie. PARSEVAL-GRANDMAISON (JULES DE), avocat, aux Perrières prés Màcon. PASSY (ANTOINE), membre de l’Institut, rue Pigalle, 69, à Paris, et à Gisors (Eure). Membre à vie. PASTEUR (Louis), membre de l’Institut, rue d'Ulm, 45, à Paris. PAYOT (VÉNANCE), naturaliste, à Chamonix (Haute-Savoie). PEDICINO, professeur à l'Institut technique, via del Fico a Foria, 24, palazzo Février, à Naples. PELLAT, sous-préfet de l'arrondissement de Gannat (Allier). PELTEREAU (ERNEST), notaire, à Vendome (Loir-et-Cher). PENCHINAT, docteur en médecine, à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales). PÉRARD (ALEX.), rue Guy-de-la-Brosse, /j, à Paris. PERRIER DE LA BATHIE (EUGÈNE), à Conflans près Albertville (Savoie). PERRIO, rue des Pyramides, à Napoléonville (Morbihan). PERSONNAT (VICTOR), à Sallanches (Haute-Savoie). PETERMANN (C.-E.), rue Foy, 9, à Saint-Quentin (Aisne), PETIT (GUILLAUME), député au Corps législatif, à Louviers (Eure). Membre à vie, PETIT (PAUL), pharmacien, rue des Quatre-Vents, 16, à Paris. PETUNNIKOW, à Moscou. — Correspondant à Paris : M. Wyroupoff, rue des Beaux-Arts, 5. PEYRE (ARMAND), banquier, rue Deville, 6, à Toulouse. PIRÉ (Louis), secrétaire de la Société royale de botanique de Belgique, rue d'Orléans, 15, à Bruxelles. PLANCHON (GUSTAVE), professeur à l'École supérieure de pharmacie, boulevard Saint-Michel, 139, à Paris. PLANCHON (J.-E.), professeur à la Faculté des sciences et directeur de l'École supérieure de pharmacie de Montpellier. POMEL, ingénieur garde- mines, à Oran (Algérie). POMMARET (E. DE), à Agen. PRADEL, pharmacien, rue Racine, 12, à Paris. PRÉVOST, docteur en médecine, à Alencon (Orne). PRILLIEUX (ÉDOUARD), docteur ès sciences, rue Cambacérès, 4/1, à Paris. PUGET (l'abbé), chez Madame de Livet, à Pringy prés Annecy (Haute-Savoie). QUESTIER (l'abbé), curé à Thury-en-Valois, par Betz (Oise). RAMBUR (P.), docteur en médecine, aux Délices, 53, à Genève. RAMES FILS, pharmacien, à Aurillac (Cantal). RAMOND (A.), administrateur des douanes, rue des Écoles, 38, à Paris. RAVAIN (l'abbé), professeur au collége de Combrée (Maine-et-Loire). REBOUD, médecin-major au 3* régiment de tirailleurs indigènes, à Bone (Algérie); actuellement à Paris, caserne de la rue de Lille, 60, REMY (JuLES), ancien voyageur du Muséum, à Louvercy, par Châlons-sur Marne. Membre à vie. RICHTER, chef de bureau des douanes, rue Pages, 4, à Montpellier, RIPART, docteur en médecine, rue de l'Arsenal, 1, à Bourges (Cher). XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. RIVET, rue Lemercier, 89 (Batignolles), à Paris. ROCHEBRUNE (ALPH. TRÉMEAU DE), rue de Beaulieu, 65, à Angoulême (Charente). RODIN, chef d'institution, à Beauvais (Oise). RODRIGUEZ (JEAN), calle de la Libertad, 48, à Mahon (Espagne). Membre à vie. ROGET DE BELLOGUET, rue de l'Université, 15, à Paris. ROSS (DaviD), 14, Parksede-street, à Édimbourg (Ecosse). Membre à vie. ROUMEGUERE (C.), rue Riquet, 51, à Toulouse. ROUSSEL, docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 26, à Paris. ROYER (CHARLES), avocat, à Saint-Rémy pres Montbard (Cóte-d'Or). Membre à vie. ROYET, docteur en médecine, à Saint-Benoit-du-Sault (Indre). ROZE (ERNEST), attaché au ministère des finances, rue des Feuillantines, 101, à Paris. SAINT-EXUPÉRY (GUY DE), à Agen. SALDANHA DA GAMA (J040 DE), à Rio de Janeiro ; par M. Thorin, libraire, bou- levard Saint-Michel, 58, à Paris. SALVE (SÉB. DE), place des Précheurs, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). SAPORTA (le comte DE), à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). SAUBINET AÎNÉ, à Jouy près Reims (Marne). SAUZE (l'abbé), licencié ès sciences naturelles, professeur au petit séminaire de Grenoble. SAUZET (DE), rue d'Astorg, 3, à Toulouse. SAVATIER (Lupovic), chirurgien de la marine, au Japon. Membre a vie. SAVI (PIETRO), professeur d'histoire naturelle, à Pise (Italie). SAVY (F.), libraire-éditeur, rue Hautefeuille, 24, à Paris. SCHMITT, pharinacien- major, à l'hópital militaire de Colmar (Haut-Rhin). SCHOENEFELD (W. DE), rue de Bellechasse, 35, à Paris. Membre d vie. SENOT DE LA LONDE (CH.), à Rosseau par Corné (Maine-et-Loire). SERRES (HECTOR), pharmacien, à Dax (Landes). SEYNES (JULES DE), professeur agrégé à la Faculté de médecine, rue Cassette, 27, à Paris, et à Lassalle (Gard). SONGEON (ANDRÉ), rue de Roche, à Chambéry (Savoie). SOUBEIRAN (J.-L.), secrélaire de la Société impériale zoologique d'acclimatation, rue de Lille, 19, à Paris. SPACH (ÉDOUARD), conservateur de la galerie de botanique au Muséum, rue Cuvier, 57, à Paris, SPÉNEUX (Louis -EUGENE), pharmacien, à Napoléon-Saint- Leu (Seine-et-Oise). TAILLEFERT, rue de la Haie, 8, à Metz. TANTENSTEIN, rue Paillet, 29, à Paris. TARDIEU (MAURICE), rue de Tournon, 6, à Paris. TARGIONI-TOZZETTI, professeur d'histoire naturelle,à Florence. TASSI (ATTILIO), professeur d'histoire naturelle, à Sienne (Italie). TCHIBATCHEF (PIERRE DE), membre correspondant de l'Institut, par M. Guérin, libraire, rue Bonaparte, 5, Paris, THÉRY, docteur en médecine, à Langon (Gironde). Membre à vie. LISTE DES MEMBRES. XV THÉVENEAU, docteur en médecine, à Béziers (Hérault). THIBESARD, rue Saint-Martin, 25, à Laon (Aisne). THOREL (Clovis), rue Racine, 2, à Paris. THURET (G.), membre correspondant de l'Institut, à Antibes (Alpes-Maritimes). TIMBAL-LAGRAVE, professeur adjoint à l'École de médecine, rue Romiguière, 15, à Toulouse, Membre à vie. TISSEUR (l'abbé), aux Chartreux, à Lyon. TITON, docteur en médecine, à Chàlous-sur-Marne (Marne). Membre à vie. TOCQUAINE, pharmacien, à Remiremont (Vosges). TODARO, direcieur du jardin botanique, à Palerme (Sicile). TOURLET, à Chinon (Indre-et-Loire). TRIBOUT (A.), médecin-major au 20° de ligne, à Périgueux. TROUILLARD, banquier, à Saumur (Maine-et-Loire). TUEZKIEWICZ (DIOMEDE), docteur en médecine, au Vigan (Gard). TULASNE (L.-h.), membre de l'Institut, aide-naturaliste au Muséum, à Chaville (Seine-et-Oise), et à Paris, rue Cuvier, 57. VALON (ERNEST DE), conservateur des hypothèques, à Coulommiers (Seine-et- Marne). VAN TIEGHEM (PH.), docteur ès sciences, maitre de conférences à l'École nor- male, rue de Sorbonne, 4, à Paris. VERLOT (J.-B.), directeur du Jardin-des-plantes, à Grenoble. VIAUD-GRAND-MARAIS, professeur à l'École de médecine, rue Beausoleil, 2, à Nantes. VIBRAYE (le marquis DE), membre correspondant de l'Institut, au château de Cheverny, par Cour-Cheverny (Loir-et-Cher). VIGINEIX (GUILLAUME), rue de la Harpe, 49, à Paris. VILMORIN (HENRI), rue du Bac, 29, à Paris. VINCENT, médecin de la marine. VOELKER, docteur en médecine, à Paris, WALKER, docieur en médecine, 32, Melville-street, à Édimbourg (Écosse) Membre à vie. WARION, médecin aide-major, à l'hópital militaire de Vincennes (Seine). WATELET, officier d'Académie, à Soissons (Aisne). WATTERS (JAMES), Dallreitle road, Belleville, près Édimbourg (Écosse). WEDDELL, docteur en médecine, rue de la Tranchée, 14, à Poitiers, ZETTERSTEDT, professeur à l'Université d'Upsal (Suède). xvj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sociétés correspondantes, Académie des sciences (Institut impérial de France). Société géologique de France, Société impériale zoologique d'acclimatation. Société impériale et centrale d'horticulture. Société de biologie, Société impériale des naturalistes de Cherbourg. Société Linnéenne de Bordeaux. Société industrielle d'Angers. - Société académique de Maine-et-Loire. Société des sciences de l'Yonne. Société d'histoire naturelle de Colmar. Société Linnéenne de Londres. Société pharmaceutique de Londres, Société botanique d'Édimbourg. Académie royale des sciences des Pays-Bas. Société royale de botanique de Belgique. Société phytologique d'Anvers. Société helvétique des sciences naturelles. Institut royal de Venise. Société des sciences naturelles de Milan. Académie royale des sciences de Munich. Société d'histoire naturelle de Bonn. Société d'histoire naturelle et de médecine de Giessen. Société botanique pour la province de Brandebourg. Académie impériale des sciences de Vienne. Société impériale zoologico-botanique de Vienne. Société d'histoire naturelle (Lotos) de Prague. Société des sciences naturelles de Brême, Académie royale des sciences de Copenhague. Société impériale des naturalistes de Moscou. Société des sciences naturelles d'Helsingfors. Paris, — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIETE BOTANIOUE DE FRANCE SEANCE DU 8 JANVIER 1869. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE. M. le Président ouvre la séance en annonçant quatre nouvelles présentations. Conformément à l'art. 28 du règlement, M. le Président fait en- suile connaitre à la Société les noms des membres des diverses Commissions nommées par le Conseil, pour l'année 1869, dans sa séance du 27 décembre dernier. Ces Commissions sont composées de la manière suivante : 1" Commission de comptabilité : MM. de Bouis, A. Passy et Roze. 2° Commission des archives : MM. Bureau, Aug. Michel et J. de Seynes. 3 Commission permanente du Bulletin : MM. Bureau, Eug. Fournier, G. Planchon, Tardieu et H. Vilmorin. h° Commission permanente des gravures : MM. Decaisne, Græn- land et Prillieux. 5" Commission chargée de recueillir les opinions émises relati- vement à la tenue dela prochaine session extraordinaire et de for- muler une proposition sur le lieu ct l'époque de celte session : MM. de Bretagne, Cosson, Eug. Fournier, le comte Jaubert et Rivet. 6" Comité consultatif chargé de la détermination des plantes de France et d'Algérie soumises à l'examen de la Société : MM. Bes- T. XVI. (SÉANCES) 1 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cherelle, Cosson, Fournier, Grænland, le comte Jaubert, Roussel et J. de Seynes. M. le Président donne lecture de la note suivante : IMPRESSIONS FAITES EN 1868 POUR LE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4° Partie publiée à la date du 8 janvier 1869 : Session extraordinaire de 1863, à Chambéry... eere meses ss. D feuilles. Table du tome X, 1863.....,......... VEMMMIIPIP-—-—— 1 feuille. Session extraordinaire de 1864, à Toulouse... ..... eee benanan 7 f. 4/4 Table du tome XI, 1864.............. sue. eer stre eus 4. A/A Session extraordinaire de 1865, à Nice....... eem m TIED .. 3 3/4 Table du tome XII, 4865...... ele ee Hast esee tn OE M Compte rendu des séances de 1866 i Jun, à | partir de la séance du 23 mars 1866, numéros 3, 4 et 5.. etr TOPPED sous 18 1/2 Table du tome XIII, 4866................................ esee... A Afh Compte rendu des séances de 1867 (t. XIV), l’année entière formant trois numéros. MAP . sonneries ses esse etur 19 Revue bibliographique, numéros s E, F de 1867.. ese eret eO 6 — numéros À, D, € de 1868 .. ss. . 2e. 9 77 f. 4/4 2° Partie déjà composée, mais non publiée, à la date du 8 janvier 1869 : Compte rendu des séances de 1868, 9 placards formant. Trois feuilles sont en pages. — Les 9 placards comprennent jusqu'à la séance du 17 avril inclusivement. Revue bibliographique, numéro D, de 1368.. « uso $e nnn ss | Total........ 84 f. 3/4 ou.... 1356 pages. Pour ces diverses publications, les manuscrits ont été revus, l'impression a été dirigée et les épreuves ont été corrigées par le secrétariat tout entier, com- posé de MM. de Schænefeld, secrétaire- général, Cosson et Roze, secrétaires Bescherelle et Larcher, vice-secrétaires, ct aussi par quatre membres de la Commission du Bulletin, MM. Bureau, Eug. Fournier, G. Planchon, M. Tar- dieu. M. Eug. Fournier, en particulier, a rédigé seul la Revue bibliographique et publié les comptes rendus des sessions extraordinaires tenues à Cham- béry, Toulouse et Nice. Enfin, M. Ramond a bien voulu concourir à l'exécution de ces travaux considérables, en faisant le dépouillement de la table du tome XH (1865). M. le Président annonce que les membres du Conseil devant sor- ur cette année sont : MM. Ad. Brongniart, A. Passy et Brice. On procède à l'élection du président pour l'année 1869. M. LasEGUE, ayant obtenu 80 suffrages sur 103, cst proclamé pré- vident de la Société pour 1869. La Société nomme ensuite successivement : SÉANCE DU 8 JANVIER 1869. 3 Vice-présidents : MM. Gubler, de Seynes, Germain de Saint- Pierre, et Prillieux. Trésorier : M. Ramond. Membres du Conseil: MM. Duchartre, Planchon, Bureau, Edm. Lefranc, Beautemps-Beaupré. Il résulte de ces nominations que le Bureau et le Conseil d'admi- nistration de la Société sont composés, pour l'année 1869, de la manière suivante : Président. M. LASÈGUE. Vice-présidents. MM. G. de Saint-Pierre, MM. Prillieux, Gubler, G. de Seynes. Secrétaire général. M. de Schœnefeld. Secrétaires. Vice-secrétaires. MM. E. Cosson, MM. Bescherelle, Roze. Larcher. Trésorier. Archiviste. M. Ramond. M. Eug. Fournier. Membres du Conseil. MM. Beautemps-Beaupré, . MM. Fermond, P. de Bretagne, A. Gris, Bureau, le comte Jaubert, Chatin, Lefranc, Decaisne, Aug. Michel, Duchartre, G. Planchon. Avant de se séparer, la Société vote des remerciments unanimes à M. Duchartre pour le dévouement avec lequel il a bien voulu di- riger ses travaux pendant l'année qui vieut de finir. A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 22 JANVIER 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASÈGUE. M. le Président, en prenant place au fauteuil, prononce l’allocu - tion suivante : Messieurs, Je ne saurais dissimuler que j'éprouve un certain trouble en. venant m'as- scoir à ce fauteuil où m'ont appelé les votes bienveillants des membres de la Société. En sougeant aux hommes éminents et si haut placés dans la science qui m'ont précédé dans l'honorable fonction que je vais remplir pour la première fois, mon embarras redouble, et c’est alors que je mesure toute mon insufli- sance ; je m'efforcerai d'y suppléer par mon zèle et par mon dévouement aux intérêts de la Société. Si, dans les circonstances actuelles, la marche administrative de la Société doit être l'objet des préoccupations et de la sollicitude de votre Président, il n'en est pas de méme en ce qui touche la direction de vos séances. Combien cette tâche lui est rendue facile par l’urbanité, par la parfaite convenance qui régnent dans vos discussions, chacun de vous faisant céder bien vo- lontiers au profit de la science les satisfactions de son amour-propre. Vous le savez, Messieurs, une perte. douloureuse est venue, vers la fin de l'année dernière, nous affliger tous. Je veux parler de la mort de notre dévoué et honorable trésorier, M. Francois Delessert. Ce n'était pas une chose aisée que de le remplacer dans cette fonction qui devient une charge pour la per- sonne qui veut bien l'accepter. Nous avons eu cette chance heureuse, à nos dernieres élections, de trouver à M. Delessert un digne successeur. En effet, notre nouveau trésorier assure à la Société, comme par le passé, une gestion de ses affaires financières entourée de toutes les garanties que peuvent donner un zèle et une intelligence des plus éprouvés. La mort de M. Francois Delessert, il faut le dire ici, a eu malheureusement des conséquences désastreuses pour la science que nous cultivons. Alors que, depuis tant d'années, des matériaux précieux, tenus par une noble libéralité à la disposition des travailleurs, concouraient au progrés de la Botanique en lui donnant chaque jour une impulsion nouvelle, il arrive que par une suite de circonstances imprévues cette magnifi que ressource va prochainement dispa - raitre. Le riche herbier qui faisait partie de ce qu'on appelait le Musée Delessert, vient d'ètre donné en totalité à la ville de Genève, et bientôt il ne restera plus, vers nous, que le souvenir de cette grande collection, illustrée de nombreusés SÉANCE DU 22 JANVIER 1869. 5 et importantes annotations, et de ce Musée qui fut, pendant près d'un demi- siècle, le rendez-vous de toutes les célébrités botaniques. Quant à la bibliothèque, la plus complète peut-être, qui existe dans sa spé- cialité, vous avez pu apprendre qu'elle a été offerte à l'Académie des Sciences, sous la condition qu'elle serait jointe à la bibliothèque de l'Institut, dans une salle distincte avec le nom de Bibliotheque Delessert. L'Académie ayant fait connaitre son acceptation, c'est donc pour le monde botanique un fait accompli. Qu'adviendra-t-il, une fois cette translation opérée? Comment fonctionnera la bibliothèque isolée désormais ? Je l'ignore. — Je ne la suivrai point. Dans an tel état de choses, ce morcellement de deux collections considé- rables, dont la réunion si rare et pourtant presque indispensable, facilitait au plus haut point les recherches et les travaux botaniques, a frappé de conster- nation tous ceux qui, par goüt ou par nécessité, se livrent à ce genre d'étude. Il en résulte donc que la séparation de l'herbier et son installation daus une ville étrangère, que la bibliothèque arrêtée, par sa disposition nouvelle, dans ses ac- croissements, et par conséquent dans les services qu'elle rendait, constituent pour notre pays une grande perte et, pourrait-on ajouter, un malheur pour la science. Voilà, Messieurs, ce que je tenais à vous dire. Et, maintenant, nous allons reprendre nos travaux accoutumés. Puissent ces tristes incidents ne pas trop assombrir notre première séance de l'année ! Messieurs, la Société botanique de France compte aujourd'hui quinze ans d'existence : elle vient d'entrer dans sa seizième année ; elle a eu ses mo- ments difficiles. Espérons qu'elle vivra longtemps encore ! MM. les Secrétaires donnent lecture des procès-verbaux des séan- ces des 11 décembre 1868 et 8 janvier 1869, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Husnor (Th.), maire de Cahan, par Athis (Orne), présenté par MM. Eugène Fournier et de Schænefeld. Warrkns (James), à Belleville-Neurington prés Édimbourg (Écosse), présenté par MM. Chatin et de Scheenefeld ; LEFRANC DE VILLELONGUE (Léon), rue des Martyrs, 37, à Paris, présenté par MM. Chatin et de Schoenefeld. ALMANSI (Emmanuel), à Florence, présenté par MM. Caruel et Targionni-Tozzetti. Il annonce en outre à la Société que MM. J.-E. Howard et Ala- 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nore, membres de la Société, sont proclamés membres à vie, sur la déclaration faite par M. le Trésorier, qu'ils ont rempli la condi- tion à laquelle l'art. 14 des statuts soumet l'obtention de ce titre. A la suite de ces diverses proclamations, M. Eugène Fournier s'ex- prime en ces termes : Il dit que M. Th. Husnot a déjà fait deux explorations botaniques impor- tantes, l’une aux Canaries, l’autre aux Antilles et au Venezuela ; il ajoute que les plantes rapportées de ce voyage sont actuellement étudiées par M. Husnot, qui adéjà déterminé les Fongères et les Lycopodiacées, et qui se propose de communiquer à la Société quelques détails sur les résultats de ses recherches. M. Fournier, à propos de cette exploration américaine, annonce à la So- ciété que M. Paul Lévy, attaché antérieurement à une expédition scienti- fique aux îles du Cap-Vert, et qui a pris part à l'exploration scientifique du Mexique, où il a assisté M. Bourgeau dans la récolte et dans la préparation de ces plantes, se propose d'entreprendre une exploration encore plus importante. Il doit partir très-prochainement pour le Nicaragua. L'hospitalité lui est assu- rée pour un temps illimité dans le bel établissement que M. Ménier possède sur les bords du lac de Nicaragua, au Valle Ménier, pour la culture et l'explora- tion du Gacaoyer; il y trouvera un centre précieux pour préparer, emmagasiner et successivement expédier ses récoltes, et en méme temps toutes les facilités que le pays peut offrir. M. Lévy est évidemment appelé à une exploration impor- tante d'un pays que les botanistes connaissent assez peu. M. Sallé, qui l'a habité, n'y a pas fait de collections ; quant à MM. OErsted et Warscewicz, qui y ont séjourné, si le premier de ces naturalistes a méme commencé à ce sujet une publication importante, cepéndant leurs voyages n'ont guere enrichi les collections de plántes du Nicaragua. M. Eugène Fournier annonce ensuite à la Société que M. Howard, qui vient d’être proclamé membre à vie, et qui est bien connu des botanistes pour ses travaux sur les Quinquinas, et notamment par ses ///ustrations of the nueva Quinologia of Pavon, est sur le point de publier un nouvel ouvrage concu sur le méme plan que celui-ci, et relatif aux Quinquinas cultivés dans l'Inde anglaise : On the Quinology of the East Indian plantations. Cet ou- vrage sera publié dans le méme format que les Z//ustrations ; il comprendra des planches qui représentent les sections de l'écorce vues au microscope à différents âges, et des recherches chimiques très-détaillées sur les propriétés des Quinquinas. L'auteur y insiste sur les avantages du « moussage (1) » de l'écorce, et entre dans des détails fort intéressants sur la proportion d'alealoides que cette pratique fait développer dans l'écorce. (1) Voyez à ce sujet une communication de M. Weddell insérée dans les Actes du Congrès international de botanique, p. 37 et suiv. SÉANCE DU 22 JANVIER 1869. 7 Sur l'invitation de M. le Président, M. Alphonse de Candolle, pré- sent à la séance, prend place au bureau. M. de Candolle rappelle alors à la Société que le terme pour le concours du prix de 500 francs fondé par De Candolle, pour [a meilleure monographie d'un genre ou d'une famille de plantes, échoit le 4°* juillet 1869. Les manus- crits présentés doivent être rédigés en latin ou en francais et inédits. On peut les adresser au Secrétaire de la Société de Physique et d'Histoire. naturelle de Genève, M. Marignac, ou à M. Alphonse de Candolle, à Genève. A cette occasion, M. de Candolle croit devoir faire ressortir l'uti- lité que les jeunes botanistes peuvent retirer des recherches qu'exige la rédaction d'une monographie ; illes encourage donc vivement à se livrer à des études de cette nature qui les prépareront d’elles-mê- mes à entreprendre des travaux plus considérables. M. E. Roze présente à la Société des échantillons de Wo//fia Mi- chelii Schleid. (Lemna arrhiza L.) recueillis dans les environs de Romorantin, et des rosettes de feuilles radicales d'Erigeron cana- densis L. récoltées prés de Cháteauneuf-sur-Loire, sur lesquels M. Max. Cornua le premier constaté la présence de deux nouveaux Champignons entophytes, dont l'un se rattache à la famille des Saprolégniées et peut étre considéré comme un genre intermédiaire entre cette famille et celle des Péronosporées, et dont l'autre con- stitue un nouveau type générique pour cette dernière famille où il prend place entre les genres Cystopus et Peronospora. MM. E. Roze et Max. Cornu font ensuite à la Société la commu- nication suivante : SUR DEUX NOUVEAUX TYPES GÉNÉRIQUES POUR LES FAMILLES DES SAPROLÉGNIÉES ET DES PÉRONOSPORÉES, par MM. E. ROZE ct Maxime CORNU. 1° CYSTOSIPHON, n. g. Le premier de ces types est représenté par un Champignon parasite du Wol- jia Michelii Schleid. (Lemna arrhiza L.) que nous avons nommé provisoire- ment Cystosiphon pythioides, et que nous rattachons à la famille des Saprolé- gniées (1). Si l'on récolte, à la fin de l'automne et avant les. grands froids, des frondes de ce Wol ffa, au bord des mares où il se. plait l'été, et qu'on les maintienne (1) Voyez : Pringsheim, Jahrbuecher fuer wissenchaftliche Botanik, t. Y, p. 1. [Ann. des sc.nal. , 4° série, t. XI, p. 273]; De Bary, in Pringsheim, Jahrb. f.i. Botanik, t. IL, p. 172; Pringsheim, Jahrb.f. w. Botanik, t. II, p. 216; Hildebrand, in Pringsheim Jahrb. f. w. Botanik, t. VI, p. 249. [Ann. des sc, nat., 5° série, t. VIII, p. 3141, 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur de l’eau dans des soucoupes, à une température d'environ 15 degrés, on remarque au bout de quelques jours qu'un certain nombre d'entre elles des- cendent au fond des vases en prenant une teinte d'un vert intense et en n'of- frant plus qu'un tissu cellulaire mou et flasque. Examinées alors sous un grossissement suffisant, elles se montrent envahies et parcourues dans leur intérieur par un mycélium rameux, dont les extrémi- tés de certains rameaux se renflent et produisent, dans quelques-unes des cel- lules de la périphérie, des sphéroides vésiculeux, plus ou moins réguliers, remplis d'un plasma grisâtre, qui sont autant de zoosporanges. Ces zoosporanges, isolés du mycélium par une cloison spéciale, présentent à leur maturité, dans leur plasma, une grosse vacuole, indice que ces organes vont entrer dans une nouvelle phase biologique. C'est alors en effet que leur masse plasmique va chercher à se frayer une issue hors de la plante nourri- cière. Pour cela, un tube part du sporange, arrive à la membrane externe de la fronde, s'y arrête quelque temps, puis perfore cette membrane et se gonfle légèrement à son extrémité en pénétrant dans l'eau ambiante. Une demi-heure aprés environ, une sorte d'épanchement du plasma du zoosporange se fait à l'extrémité de ce tube, sous la forme d'un globule sphéroidal qui ne présentera de paroi extérieure visible qu'un. quart d'heure plus tard, lors du retrait ou dela contraction de ce plasma. Cette paroi, du reste, est d'une ténuité extréme. Au sein de cet organe de nouvelle formation, et que nous sommes conduits à considérer comme une grande vésicule-mére, ont lieu successivement de cinq en cinq minutes les phénomènes suivants : le plasma contracté laisse apercevoir dans sa masse comme un réseau de lignes un peu plus claires, indice de la partition qui s'y opère; puis les portions ainsi accusées se détachent de plus en plus et s'isolent les unes des autres; enfin, elles se séparent tout à fait, et chacune d'elles constitue alors une zoospore irrégulièrement réniforme, munie de deux cils antéro-postérieurs, à l'aide desquels elle tourne en tous sens dans la cavité interne de la vésicule-mère. Bientôt le sommet de cette vési- cule se résorbe, et toutes les zoospores s'élancent l'une aprés l'autre, en nageant dans l'eau environnante. Dés lors, la vésicule disparait insensiblement dans le liquide. Les zoospores nagent de la sorte pendant environ trente à cinquante mi- nutes : après quoi, elles s'arrétent, perdent leurs cils et se transforment en glo- bules de plasma granuleux qui ne tardent pas à se pevétir d'une membrane propre. Ces petites cellules, ainsi constituées, émettent un tube, quelquefois assez long, et qui offre à son début des petites cloisons transversales; lorsqu'elles se trouvent prés d'une fronde de Wolffia, ce tube en perfore la paroi cellulo- sique et y développe le mycélium que nous signalions en commençant. En outre, d'autres frondes du Wolffia offrent un second mode de reproduc- tion du Champignon., Les filaments du mycélium, en s’y ramifiant, présentent dans leur longueur des renflements sphéroïdaux (oogones) sur lesquels SÉANCE DU 22 JANVIER 1869. 9 viennent s'implanter, par leur extrémité, d'autres filaments terminés par une cellule de forme spéciale (anthéridie), qui déverse son plasma fécondant. Du mélange copulatif de ces deux plasma résulte une formation nouvelle : c'est une sphérule à'parois épaisses et à surface rugueuse, destinée sans nul doute à conserver le germe du parasite contreles rigueurs de la saison d'hiver, c'est en un mot l'oospore sur lequel nous n'avons encore jusqu'ici rien pu observer de particulier. 2° BASIDIOPHORA, n. g. Le second type dont nous désirons entretenir la Société appartient à la famille des Péronosporées (1). Tout en attendant les résultats d'études ultérieures, nous avons cru devoir lui donner le nom de Basidiophora entospora. Il se rencontre pendant l'hiver sur les feuilles radicales de l' Erigeron cana- densis L. Le mycélium du parasite, qui a envahi la plante, sort par les stomates des feuilles sous la forme de tubes claviformes trés-amincis à leur base. Le sommet de ces tubes, légèrement renflé, porte une aigrette de 4-10 très-courtes spinules, surmontées de zoosporanges ovoides, fermés par une petite papille apicale, transparente, hémisphérique. Ces zoosporanges, à leur maturité, se détachent de leur baside : placés dans l'eau d'une préparation microscopique, on voit, au bout d'une heure et demie environ, le plasma qui les remplit se con- tracter légérement, puis se sectionner assez rapidement, ce qu'accuse une sorte de réseau de lignes plus claires, se séparer enfin, suivant ces mémes lignes, en autant de zoospores, munies de deux cils antéro-postérieurs, qui nagent trés- rapidement dans l'intérieur du zoosporange. Dans le méme temps, la papille se résorbe, ce qui offre une communication entre l'eau. ambiante et la cavité in- terne du zoosporange. Alors, chaque zoospore vient à son tour se presser à l'en- trée de cet étroit passage, et, pour le franchir, s'allonge et se contourne sur elle-même, pour reprendre ensuite à la sortie sa forme première et nager pen- dant près d'une heure au sein du liquide environnant. Ces zoospores sont aprés ce temps susceptibles, comme celles du C ystosiphon, de se convertir en une cellule avec émission ultérieure de tube germinatif. Mais, daus nos expé- riences, ce phénomène n'avait lieu que très-rarement, quoiqu'il soit évidem- ment trés-normal. De plus, si l'on dissèque attentivement le parenchyme foliaire de l Æ rigeron, couvert de ces mêmes basides et déjà marcescent, on y trouvera des corps jau- nàtres, sortes de sphéroides irréguliers, sillonnés de quelques côtes assez rares : ce sont les oospores, dont les oogones ne sont guère visibles que dans le premier âge, ainsi que les anthéridies. Le rôle ultérieur de ces oospores nous est en- core inconnu. | Tels sont les faits assez curieux que présentent ces deux Champignons ento- (1) Voyez A. de Bary in Ann. sc. nat., 4€ série, t. NX, p. 1. \ 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. phytes, dont la découverte, au point de vue systématique, nous parait offrir également un assez grand intérêt. En effet, le Cystosiphon peut être considéré comme ayant à la fois et le zoosporange des Pythium (Saprolégniées) et l'oo- spore des Péronosporées. C'est donc comme un lien entre deux familles qui tendent, avec les Chytridinées, à ne former qu'un seul groupe naturel : ce qui achève en même temps de prouver que les Saprolégniées ne doivent pas être rattachées aux Algues, mais bien à la classe des Champignons. Quant au Basidiophora, il crée un type nouveau qui a sa place naturelle toute marquée entre les Cystopus et les Peronospora , les deux seuls genres entre lesquels jusqu'ici se partageaient les cinquante espèces connues de l'intéressante famille des Péronosporées. M. Eugène Fournier revient sur le groupe des Lennoacées (dont il a déjà entretenu la Société (1) dans sa séance du 27 novembre dernier) à l'occasion d'une note publiée sur ces plantes par M. le comte de Solms-Laubach dans le Botanische Zeitung, n° 3, 15 jan- vier 1869. M. Fournier se félicite de s'être généralement rencontré avec M. de Solms- Laubach dans l'étude qu'il a faite du Zennoa madreporoides. Yl signale cependant un point sur lequel cet observateur a été plus heureux, sans doute grâce à des matériaux plus étendus. M. Fournier n'a vu, dans le fruit mûr de cette espèce, que des graines attachées par leur base interne à un tissu feutré sur le sec et condensé à la partie inférieure et centrale du fruit; il a dü y voir un placenta basilaire. M. de Solms établit au contraire, par l'examen. d'indi- vidus plus jeunes, que ce tissu est seulement le vestige du tissu central de l'ovaire qui s'est peu à peu creusé et détruit pendant la maturation des graines; il établit aussi que les cloisons périphériques existent dans la jeu- nesse de l'ovaire. M. Fournier fait remarquer que ces observations tendent à confondre les genres Corallophyllum H.B.K. et Lennoa LaLl. et Lex., suivant l'opinion d'Endlicher. En effet, sur des jeunes fleurs du Corallophyllum cæruleum con- servé dans l'herbier de Kunth, il a bien vu un placenta central volumineux avec des loges périphériques. Alors les genres de Lennoacées connus se rédui- sent à deux, Zennoa (Corallophyllum, Pholisma) et Ammobroma. Il reste une difficulté, que M. Duchartre a signalée dans la séance du 27 novembre, et que M. de Solms n'éclaircit pas : il ne se prononce pas nettement sur la nature du placenta du Lennon, et Fon sait que dans la figure de l Ammobroma cet organe est représenté comme franchement axile par M. Torrey. ll résulte de R que le genre Zennoa peut être constitué de la manière suj- vante : (1) Voyez le Bulletin, t. XV (Séances), p. 163, SÉANCE DU 22 JANVIER 1869, 11 LENNOA La Ll. et Lex, Nov. veg. descr. fasc. 4, p. 7 (1824). 1. L. madreporoides La Vl. et Lex. 7. c. Corolla octoplicata, lobis recurvis, dentatis, calyci duplo æquilonga. In Mexico, pr. Vallisoletum (La LL), Orizaba (Bourg.), in terra calida (Ghiesbr.). 2. L. arenaria, — Pholisma arenarium Nutt. in Hook, Ze. plant. VII, tab. 626. Corolla sexplicata, lobis recurvis dentatis. In California, Monterey et San Diego. 3. L. caerulea, — Corallophyllum cœruleum H. B. K. Nov.gen. et spec. VII, 21^, tab. 660 bis; Syn. IV, 267. Corolla octoplicata, lobis erectis dentiformibus vix prominulis, a calyce superata. Pr. urbem Mejico (Humb. et Bonpl.). M. Chatin donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre que M. Cordier lui a tout récemment adressée d'Alger : s. Vous aviez raison, mon cher maître, lorsque vous disiez à la Société botanique que les Oranges étaient quelquefois couvertes de fumagine (Clado- sporium Fumago Link) ainsi que les feuilles de l'Oranger. Je vois ici de nom- breux exemples de cefait. Les Oranges, de méme que les feuilles, sont fréquem- ment attaquées aussi par une espèce de coccus noirâtre dont il est bien difficile de les débarrasser. Lecture est donnée des lettres suivantes : LETTRE DE M. J. de SEYNES. Paris, 22 janvier 1869. Monsieur le Président, Une indisposition m'empéchant d'assister à la séance de ce soir, je viens vous rendre compte de la détermination fungique dont j'avais été chargé. Le Champignon, dont quelques échantillons ont été envoyés par M. Lock, de la part de M. Blanche, président de la Société des Amis des Sciences natu- relles de Rouen, àla Société Botanique de France, est le Lycoperdon Corium DC., espèce peu connue, essentiellement francaise et occidentale, qui a donné à M. Desvaux l'occasion d'établir un genre nouveau, sous le nom de Mycenastrum. L'incertitude qu'ont manifestée plusieurs auteurs au sujet de ce Lycoperdon ou M ycenastrum, faute de l'avoir vu en réalité ou en figure, me détermine à faire sur ce Champignon une communication plus étendue que jaurai l'honneur de soumettre à la Société daus sa prochaine séance. 19 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LETTRE DE M. MOUILLEFARINE 4 M. DE SCH(ENEFELD, [ZEE Paris, 20 janvier 1869. | Dans une rapide promenade, faite le 12 janvier courant à Angerville-la- Rivière, près Malesherbes (Loiret), j'ai observé en fleur les espèces suivantes : Spontanées. Mehringia trinervia. Euphorbia Peplus, Bellis perennis, Taraxacum Dens leonis. Senecio vulgaris. Stellaria media. Poa annua,’ Hedera Helix. Corylus Avellana. Veronica arvensis. Capsella Bursa pastoris. Mercurialis annua. Crepis biennis, Cultivées. Rosa (plusieurs espéces). Vinca major. Lonicera Caprifolium. Helleborus hiemalis. Viburnum Tinus. Cornus mas. Cette réunion de refloraisons automnales et de floraisons vernales, en avance de plusieurs mois, était due à l'influence d'une température exceptionnellement douce, qui est du reste subitement refroidie dés le lendemain. M. Eugéne Fournier donne lecture dela communication suivante, adressée à la Société: DE L'INNOCUITÉ DES FRUITS DE L'IF COMMUN, par M. D. CLOS. ( Toulouse, décembre 1868.) En 1859, à l'occasion d'une discussion qui s'éleva au sein de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, sur les propriétés toxiques de l'If commun (Taxus baccata L.), un des membres de cette Compagnie, M. Lavo- cat, n'hésita pas à déclarer que « les fruits (1) de l'If sont dangereux pour l’homme et les animaux », et notre confrère ajoutait : « Ces petites baies, que l'arbre porte en automne, ont une saveur assez douce; prises en petite quantité, elles déterminent des coliques et une assez forte purgation ; en plus grande quan- tité, elles deviennent toxiques et entraînent la mort (in Mém. de l'Acad. des Se., etc., de Toulouse, 5° sér., t. 3, p. 488).» La Belgique horticole de 1864 publiait un article, reproduit dans la Revue horticole, qui semblait confirmer de tous points l'assertion de M. Lavocat ; en voici la substance : Le jardinier du cimetière de Finchley, en Angleterre, vit sa petite fille manger des baies d'If, et ne l'empécha pas. En rentrant chezelle, la jeune fille se trouva mal et expira avant l'arrivée du médecin. L'auteur (anonyme) de l'article ajoute : « Ce qu'il y (1) Les mots fruit et baie seront indistinctement employés dans ce travail pour dési- ner l'appareil femell ü , : : : T d'un pistil. e et mùr de VIf, sans rechercher si cet appareil provient d'un ovule SÉANCE DU 22 JANVIER 18609. 13 a de singulier dans le fruit de l'If, c'est que la chair en elle-même est inoffen- sive; au contraire, l'enveloppe et les graines sont trés-fortement vénéneuses. Comme cet arbre est trés-commun dans les cimetières, on ne saurait donner trop de publicité au fait que nous signalons ( Belgiq. hort. de 1864, p. 331). » A la lecturede cet article et des réflexions de son auteur, je me rappelai que, dans une de mes conversations avecle docteur Houlés, de Sorèze (Tarn), ce mé- decin distingué m'avait dit que, dans sa jeunesse, ses camarades et lui mangeaient souvent en abondance des baies d'If (y compris la pellicule et la graine), sans en éprouver jamais la moindre incommodité. Un nouvel appel aux souvenirs de cet habile praticien a pleinement confirmé sa premiere assertion. Des faits et des témoignages aussi contradictoires sur une question afférente à la fois à la Bota- nique, à la Toxicologie et à la Médecine, étaient de nature à provoquer quel- ques recherches. Le relevé des opinions des auteurs sur ce point dévoile chez lesuns une telle indécision, chez les autres de si grandes différences d'apprécia- tions, que j'ai cru devoir les soumettre à un sérieux contróle, afin de dissiper les doutes et d'eu dégager, s'il était possible, la vérité. Le plus ancien botaniste de l'antiquité, dont les œuvres nous soient parve- nues, Théophraste, écrivait, longtemps avant notre ère, au sujet de l'If : «Fruc- tus et ab aliquibus hominibus mauditur, suavisque est, atque innoxius (De Histor. plant. lib. III, cap. x, trad. de Th. Gaza). Pline et Dioscoride sont les premiers à attribuer des propriétés malfaisantes à ces fruits. On lit dans l'un : « Mas (1) noxio fructu. Lethale quippe baccis, in Hispania precipue, venenum inest. (Hist. nat. lib XVI, cap. Xx.)» Et dans l'autre : « ces grains (de l'If) engendrent le flux du ventre aux personnes qui en man- gent. (Comment. de Matthiole sur Diosc., trad. de Du Pinet, p. 409); » le savant Commentateur du xvi* siècle ajoute : «Le fruit de lIf est fort dommageable à ceux qui en mangent » (/bid. p. ^10); et plus bas:« J'ai pansé plusieurs pasteurs et autres bücherons qui, ayant mangé desdits grains à raison de leur douceur, étaient tombés en fièvres chaudes et fort aiguës, conjointes à un flux de ventre au grand danger de leur vie (Zbid., p. 560). » À la méme époque, Lobel reproduit l'assertion de Dioscoride : « Qui ederint easdem (baccas) homines, alvi profluvio corripiuntur (Plant. seu Stirp. Ob- serv., p. 637), » et Tragus ou Le Bouc en émet une analogue : « Prodide- runt... veteres.... jumenta si baccas rubras (Taxi) degustaverint, necari. (De Stirp. histor., p. 1070.) » En voilà plus qu'il n'en faut pour influencer le jugement de la plupart des auteurs ultérieurs, Au commencement du xvr siècle, un des médecins les plus distingués du (1) L'auteur prend iei, comme c'est ordinairement le cas chez les anciens, l'un des sexes des plantes pour l'autre. Ah SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Midi frappait de réprobation les fruits de l'1f; le D" Fr. Sanchez, professeur en lA- cadémie de Toulouse, écrivait : «... Homines, boves, equosque comesta folia vel fructus (Taxi) strangulant (Opera medica, Tolosæ, 1636, p. 285, ouvrage pos- thume). » Lémery, dans son Dictionnaire des Drogues, adopte le sentiment de Matthiole : « Ses baies donnent la dyssenterie et la fièvre à ceux qui en man- gent (p. 538 de la 4° édition). » Et cependant, Lobel, avant d'écrire le passage cité plus haut du Plantarum seu Stirpium historia (dont la date est de 1576), avait émis, en collaboration avec Pena, une assertion diamétralement opposée. On lit en effet dans leur Stirpium adversaria nova de 1570, p. 450 : « Quam- vis prorsum feralis et pernecabilis credita Taxus, et sic vocata sit apud Paulum origine graeca... ejus tamen baccas rubentes, Coccinas, teretes, persimiles et subpares Smilacis asperæ, vel Asparagi granis, innoxie, pueruli esitant in An- glia, nosque gustavimus sub hiemem, non ingrato sapore, sed fatuo, vel amari- cante, ubi porci passim eas, quasi glandes pascuntur. » Quelques années auparavant, Ruellius disait : « Sunt qui fructum (Taxi) mandant suavi cibo et innocentem praedicant... sunt qui tradunt ejus baccis alvum resolvi, et altiles, et cohortales gallinas saginari. (De natura Stirptum, p. 350-354). » Ainsi s'explique l'hésitation de Magnol, formulée en ces termes en 1697 dans son Hortus regius monspeliensis, p. 192 : « Arbor baccifera (Taxus) quam alii venenum putant, alii baccas innoxie comedisse asserunt, » Le grand phytographe anglais de cette époque, Rai, ne pouvait laisser non plus cette question dans l'ombre, et il commence à ébranler la tradition : « Hujus arboris fructus perniciosos esse etlethales non veteres tantum sed eneo- tericis plurimi tradiderunt... Gerardus etiam nostras tum semetipsum tum plurimos e condiscipulis suis eos AD SATIETATEM USQUE sepius ingéssisse nar- rat... nec tamen minimum inde nocumentum aut incommodum unquam sen- sisse. Sed et Camerarius Taxum innoxiam esse tradit; acinos ejus rubros avide expeti ab avibus, sed inde attonitas reddi, quæ facile postea capiantur. Vel ERGO FALSA SUNT quæ de Taxo tradunt veteres, vel aeris constitutio et conditio soli hanc in ejus qualitatibus diversitatem efficiunt (Hist. plantar., t. V, p. 1516-1417). » Au xyi” siècle, Garidel se borne à reproduire les assertions de Gérard et de Lobel (Histoire de Provence, p. h55). L'encyclopédique Haller, aprés avoir écrit du fruit de If : « Bacca dulcis, fatui saporis, mucilaginei », ajoute : « Neque de quoque audivi, qui quidquam ab eo fructu sinistrum passus sit (Hist. Stirp. Helvet., t. il, p. 822). » Duhamel, et aprés lui Lamarck, Gilibert, Evelyn, La Tourette, sont plus affirmatifs sur l'innocuité de ces baies : « J'ai vu des enfants en manger quan- tité sans en être incommodés », rapporte le premier (Traité des arbres, t. V, p. 303). « On peut en manger sans qu'ils incemmodent », déclare le second (Dictionnaire de Botanique, t. 11, p. 228). Dans son bel ouvrage sur les arbres forestiers, Evelyn dit avoir fréquemment fait l'essai, sans le moindre dan- SÉANCE DU 22 JANVIER 1869. 15 ger, de l'ombre et des fruits de FIf (1). Gilibert n'est pas moins explicite : « Baccæ (Taxi; certe non sunt venenosa, quas pluribus vicibus deglutii absque noxa : sunt dulces, mucilaginez, fatui saporis.... (Supplem. System. Plant. Europe, cité par Nocca). » L'abbé Rozier reproduit la déclaration suivante des continuateurs de la Matière médicale de Geoffroy : « Nous avons vu plusieurs fois des enfants manger des baies d'If au Jardin du Roi à Paris, sans aucun mauvais retour (Cours complet. d' Agric. t. V, p. 613) ; » et Lightfoot, dans son Flora scotica, p. 627, déclare que les baies de cet arbre ne sont assuré- ment pas vénéneuses (2). Voilà, au xvit“ siècle, bien des témoignages en faveur de l'innocuité des fruits de l'If. Suffiront-ils à extirper les préjugés ? On va en juger : Si La Tourette écrit : « J'ai mangé jusqu'à quatre baies sans en éprouver aucun accident », il se háte d'ajouter : « Cependant, on trouve quelques observations qui prou- vent que des enfants qui en avaient mangé plusieurs sont morts (Démonstr. élém. de Bot. h° édit. t. MI, p. 365). Mais où sont consignés ces faits? Ven- tenat aussi reste dans le doute : « Les auteurs ne sont pas d'accord, dit-il, sur les qualités de son fruit, il en est qui le regardent comme un poison, tandis que d'autres prétendent qu'on pent en manger beaucoup sans s'exposer au moindre danger (Tableau du règne végétal, t. VI, p. 578.)» Schkuhr s'ex- prime à peu prés dans les mémes termes, conseillant de ne pas mettre à l'épreuve des fruits qui n'ont rien de succulent et qui n'ont aucun usage (Botan. Handbuch, h* part. p. 299). Villars et Bulliard observent la méme réserve : Le premier énonce qu'il woserait en garantir l'essai (Flore du Dauphiné, t. HI, p. 815); etle second n'est pas méme convaincu par une expérience plu- sieurs fois répétée sur lui-même; car, à cette déclaration précise : « J'ai avalé plusieurs fois des baies d'If à l'exemple des enfants. . . je n’en ai jamais éprouvé la moindre incommodité », succède aussitôt cette restriction : « Ce n'est pas une raison pour qu'on doive manger avec confiance une grande quantité des fruits de cet arbre, parce qu'il est possible que dans ce nombre il s'en trouve à qui l'exposition des lieux, la nature du sol, l'âge méme de l'arbre, aient donné une qualité délétère que les autres n'avaient pas. (Plantes vénén. de la France, p. 352)». Cependant, des botanistes de la fin du siècle dernier ou du commencement de celui-ci n'en ont pas moins continué à tenir les fruits de l’If pour dange- reux. Dans son Flora lipsensis (de 1790), J. -C.-G. Baumgarten écrit, p. 378 : « Baccæ certe suspectæ et hominibus lethales »; et Hoppe avance aussi que les baies de cet arbre, mangées par les enfants, ont parfois occasionné la mort ( Botanisches Taschenbuch, p. 65). (1) «This E have never tricd, but that of the shade and fruit I have frequently, with- ^ut any deadly or noxious effects. » (Silva, p. 380.) 1), F — : : (2) The berries are certainly no! poisonous. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quant à De Candolle, il termine ainsi, dans sa Flore française, t. HI, p. 280, sa description de l'If : « Son fruit passe pour vénéneux. » A la méme époque, les auteurs du Nouveau Duhamel (Loiseleur-Deslong- champs et Étienne Michel) se prononcent en sens contraire : « La pulpe cupu- liforme n'est vénéneuse ni pour l'homme ni pour les animaux. Les oiseaux en sont friands. Mais il est possible que si l'on en mange beaucoup, elle donne la dyssenterie comme d'autres fruits acerbes ou visqueux..... L'amande que ren- ferme le noyau a le goüt des pignons et des noisettes ; elle est agréable et nour- rissante; on peut en manger sans craindre le moindre inconvénient. Ces amandes s’altèrent en vieillissant et deviennent rances ; elles sont alors dange- reuses par leur âcreté. Elles servent à nourrir et à engraisser la volaille (Traité des arbres, nouv. édit. t. I, p. 66). » Cette dernière assertion ne concorde pas avec celle qu'émettait en 1819 un des rédacteurs du Dictionnaire d' Histoire naturelle, Leman. Aprés avoir dit des baies : « On peut les manger sans inconvé- nient », il ajoute : « Mais il n'en est pas de méme lorsqu'on mange l'amande un peu amère et purgative qui est contenue dans le noyau (t. XXXII, p, 593.)» A partir de ce moment, la plupart des auteurs se prononcent en faveur de l'innocuité cu fruit de l'If. « Quelques personnes, dit Bosc, ont prétendu par analogie que les fruits de l'If doivent étre également dangereux ; mais beau- coup de faits et ma propre expérience prouvent qu'il n'en est rien (in Nouveau cours d' Agric. t. VIII, p. 226). » « Ils ne sont dangereux, énonce à son tour Poiret, ni pour l'homme ni pour les animaux. ... On a vu des enfants en man- ger méme en assez grande quantité sans en être incommodés; cependant, l'excès peut produire la dyssenterie (Aist. des P1. d' Europe, t. VIE, p. 566). » Je lis dans la Flore de la Cóte-d'Or de Loret et Duret, t. IF, p. 827 : « On a longtemps cru que ses baies (de l'If) étaient vénéneuses, on voit la preuve du contraire dans les endroits où il est commun, par les enfants qui en sont avides. » Voici encore un témoignage d'une haute valeur, car il émane de M. Fée, professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg : « Souvent, moi ct mes jeunes compagnons, nous nous sommes amusés à manger des baies d'If, et, ni les émanations de cet arbre, ni ses fruits, n'ont interrompu nos jeux (Notes du livre XVI de l Hist. nat. de Pline, t. X, p. 223, édit. Panckoucke). » « En Angleterre, dit Jolyclerc, les enfants en mangent tous les jours les fruits, qui servent aussi de nourriture aux pourceaux. On pourrait en user de méme à Paris (Phytogr. univ. t. III, 17° part. p. 206). » En 1836, Mutel qualifie ainsi les fruits de l'If : agréables, non vénéneuz, au moins ceux de l'arbre cultivé (Flore franc. t. IIT, p. 21^). Loiseleur-Deslongchamps, fort de Pau- torité du chirurgien Percy, qui, ayant fait des expériences su?vies sur l'emploi des fruits d'If à l'intérieur, s'était assuré qu'ils étaient adoucissants, diuré- tiques et laxatis, conclut qu’ils paraissent être exempts des mauvaises qualités propres aux feuilles, au bois et à l'écorce (in Diet. des Sc. nat. t. XXII, p. 6 et 8 Duchesne et Achille Richard ont été plus hardis, écrivant, l'un : « Les SÉANCE DU 22 JANVIER 1869. 17 enfants mangent quelquefois les baies (Répert. des Plant. utiles, p. 337) ; » l'autre : « Les enfants en mangent en abondance sans en être incommodés (Hist. nat. méd. h° édit. t. II, p. 203). » L'innocuité des fruits del'If est encore admise par Thiébaut de Berneaud (in Dictionn. pittor. d' Hist. nat. t. IV, p. 120), par M. Spach (Végét. phanér. t. XI, p. 294), par M. Duchartre (in Dict. univ. d'Hist. nat. t. VIT, p. 21), par M. Hofer (Dict. de Bot. p. 667, où l'auteur reproduit presque textuelle- ment l'assertion déjà citée de Poiret), enfin par MM. Carrière (Traité des Co- niferes, p. 529), et Cazin (Traité de l'emploi des Plantes médic. indig. p.222) : « Il est certain, écrit ce dernier, que dans nos contrées les fruits de l'If sont dépourvus des qualités délétéres contenues dans les feuilles et les rameaux. Ils causent tout au plus une légère diarrhée lorsqu'on en mange avec excès. » Après tant de témoignages positifs, émanés de savants dignes de toute con- fiance, peut-on douter encore? Cependant quelques auteurs modernes, faute de les connaitre assurément, se prononcent avec hésitation : Tel M. Moris, con- signant ainsi son opinion dans le tome III du Flora sardoa, p. 353 : « Fructus impune, numero pauci, comedi possunt, uberius noxii sunt. » — « Cette fausse baie, dit à son tour M. Guibourt, paraît exempte des qualités malfaisantes que l'on reconnait généralement aux feuilles, à l'écorce et à la racine de l'If (Hist. des Drogues simples, h° édit. t. II, p. 232). Endlicher, Lindley, M.M. Le Maout et Decaisne, dans des ouvrages classiques d'une haute valeur, tout en déclarant les baies de l'If non malfaisantes, tiennent en suspicion ses graines. L' Enchiridion botanicum du premier porte ces mots : « Fructuum carnosam cupulam.... sine noxa comedi asserunt, seminis amari vim narcotico- acrem, deleteriam alii perhibent (p. 145), » et le Vegetable Kingdom du se- cond, ceux-ci: « The berries are not dangerous; The seeds are said to be unwholesome (1) (p. 231). » Enfin, on lit dans l'important Traité de Botanique des deux autres savants cités, p. 339 : «. .. mais la graine, et surtout les feuilles sont réputées trés-vénéneuses. » Faudrait-il donc établir une distinction au point de vue des effets des fruits de l'If sur l'homme et les animaux entre la pulpe et le noyau central ? L'analyse de chacune de ces parties aurait à cet égard un grand intérêt. En attendant, remarquez d’une part qu'à l'exception de l'assertion de Leman, les dernières citations sur la nocuité des graines ne reposent que sur des conjectures, sur la tradition; de l'autre, que les auteurs du /Vouveau Duhamel (dans le passage rapporté plus haut) déclarent l'amande agréable et nourrissante à l'état frais, mais âcre et dangereuse lorsqu'elle est rance. yest ici le cas de rappeler deux expériences déjà anciennes de M. Grognier, démontrant pour certains animaux l'innocuité de l'une et de l'autre de ces parties du fruit. è « 1. Vers le commencement de l'automne de 1816, on prit 240 grammes de (4) C'est-à-dire : «les baies ne sont pas dangereuses; on dit que les graines sont mal- faisantes. » T. XVI. (SÉANCES) 2 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fruits de l' If, dont on avait ôté les pepins ; on les fit bouillir dans un litre d'eau jusqu'à réduction demoitié; la décoction fut donnée à un chien barbet qui était à jeun ; sa santé n'éprouva aucune altération. » 2. Huit hectogrammes de pepins d'If, mêlés à une quantité double d'a- voine, ont été présentésà un cheval également à jeun ; illes a mangés avec difli- culté, mais il n'a donné aucun signe d'empoisonnement. » Suivent des expériences analogues faites avec les feuilles de l'1f et prouvant leurs propriétés délétères. Orfila, au Traité de Toxicologie duquel nous empruntons ces faits (t. H, p. 317), conclut ainsi à bon droit, quoique avec trop de réserve: « Il paraît... que toutes les parties de cette plante ne sont pas vénéneuses. » L'importance du sujet discuté dans cette note justifiera peut-être aux yeux de nos confrères cette longue et fatigante énumération de textes et de citations, qui, sans nul doute, est encore bien incomplète, tant est riche la bibliographie botanique ! Mais si dans cette laborieuse compilation, vous négligez les assertions dé- pourvues de preuves, les FAITS se réduirontà DEUX : c'est Matthiole, déclarant avoir soigué des pasteurs et des bücherons, dont la maladie reconnaissait pour cause l'ingestion de ces fruits; c'est un anonyme, attribuantla mort d'une petite fille à l'action de ces baies (1). Quant au premier, il n'est assurément pas entouré de toutes les données dési- rables et de nature à démontrer que le mal devait être uniquement imputé aux fruits de PIF. Le second réclame évidemment une tout autre explication que celle d'un empoisonnement. En l'absence de toute description, soit des phéno - menes d'intoxication, soit des lésions anatomiques, n'est-on pas autorisé à sup- poser que la mortsi prompte de cette enfant a été produite par l'introduction de quelqu'un de ces fruits daus les voies respiratoires? Quand Pena et Lobel, les continuateurs de la matière médicale de Geoffroy, Duhamel, Bosc, Lory et Duret, Duchesne, Achille Richard, disent avoir vu des enfants manger de ces baies sans la moindre incommodité ; que Gérard, Evelyn, Gilibert, La Tou- rette, Bulliard, les docteurs Fée et Houlès déclarent expressément avoir éprouvé sur eux-mêmes la parfaite innocuité de ces baies (2), quels autres témoi- gnages faudra-t-il, et que doivent être auprès de ces faits quelques vagues cita- tions, se transmettant sans contrôle de siècle en siècle, et parfois méme (comme (4) On ne saurait accuser les fruits de l'If de empoisonnement par Vif du roi Cati- vuleus : l'historien César se borne à dire : «,... taxo, cujus magna in Gallia Germaniaque copia est, se exanimavit, (De Bello gallico, lib. vi, c. 31). » D. Nocca, dans une dissertation sous ce titre : /llustratio usus et nominis Plantarum qua in Julii Cesaris commentariis indigitaffur, 1812 (dissertation qui m'a été gracieusement communi uée par M. Eug. Fournier), est porté à attribuer aux feuilles de lIf la mort de Caliv i « nam baccæ innocentes sunt, p. 17.» n (Q3 Je tiens de l'agent-voyer en chef du département de la Haute-Garonne, qu'il a bien souvent mangé des fruits d'lf sans en avoir jamais été incommodé, jg SÉANCE DU 22 JANVIER 1869. 19 c'est le cas pour celles de Lobel) se contredisant l'une l'autre chez un même auteur? Columelle n'avait-il pas annoncé de méme que la Péche (ce fruit divin) est vénéneuse en Perse (De re rustica, lib. X. vers. 405-406)? N'est-il pas étrange, en ce qui concerne l'If, qu'après plus de vingt-deux siècles de débats sur une question de faits, nous soyons ramenés à cette conclusion déjà citée au début de ce travail, émise par le premier botaniste de l'antiquité : « Fructusque- Taxi a nonnullis hominibus estur suavisque est atque innoxius (Traduct. d'un passage de Théophraste par Ruellius : De natura Stirpium, p. 216)? » Il en est de l'If comme-du Laurier-Cerise, dont les enfants mangent les baies sans in- convénients, bien que les autres parties de l'arbre soient imprégnées d'un principe des plus actifs. Me sera-t-il permis de croire, en terminant, que la démonstration complète de l'innocuité des fruits de l'If peut avoir, en dehors de la théorie, un côté d'utilité pratique. On sait combien les enfants se laissent facilement entrainer à manger les fruits rouges qui se présentent sous leurs mains. Les documents qui précèdent sont de nature à rassurer pleinement les parents et les médecins, qui, forts de l'autorité de plusieurs auteurs recommandables et en particulier de De Candolle, croiraient devoir s'alarmer à l'avance et attribuer uniquement à l'ingestion des fruits de l'If les indispositions ou les maladies survenues après elle, et les combattre par des moyens énergiques. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : SUR LES ARBRES ET ARBUSTES TRUFFIERS, par M. Ad. CHATI V. Désirant mettre à profit la présence de M. De Candolle à la séance de ce jour, je vais faire part à la Société des obervations que j'ai faites en ces der- niers temps sur les arbres truffiers, à l'occasion d'un travail d'ensemble sur les conditions de la production truffière en France, On sait qu'on donne le nom d'arbres truffiers aux individus, appartenant d'ailleurs à des essences fort diverses, qui produisent des truffes, ou plus exactement, qui abritent des truffieres. Les Chénes sont les arbres sous les- quels on rencontre le plus habituellement la truffe, et c'est précisément en raison de l'étude complète qu'il a faite, pour le Prodromus, de ce beau genre forestier, que je soumets à M. De Candolle les observations que j'ai été conduit à faire sur ces arbres, parmi lesquels j'ai distingué, au moins à ce qu'il m'a paru, comme de bonnes variétés, deux Chénes, l'un à feuilles persistantes et tenant à l'Yeuse; l'autre, à feuilles caduques et tenant au. Chéne-pubescent. Vénumérerai succinctement les divers Chênes sous lesquels on trouve la truffe (j'ai spécialement en vue la truffe noire où Tuber melanosporum), mettant à leur place naturelle les variétés que j'ai distinguées, variétés sur lesquelles nous serons tous heureux d'avoir l'opinion de M. De Candelie, 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Arbres ct arbustes truffiers. Chacun sait que les Chênes sont, de toutes les essences forestières, les plus favorables à la production de la truffe; mais on trouve celle-ci sous beaucoup d'autres végétaux, dont les principaux appartiennent, comme les Chênes, à la grande famille des Amentacées, plusieurs à la famille des Conifères, quelques- uns aux Rosacées, etc. On n'a trouvé la truffe sous aucune Dicotylédone herbacée, sous aucune plante monocotylédone, ni dans la dépendance de végétaux cryptogames. M. de Lamothe, secrétaire général de là Société d'agriculture de Périgueux, m'ayant assuré qu'on pouvait trouver la truffe sous la plupart des arbres, le Chátaignier, le Peuplier et le Noyer exceptés, j'ai pris de nombreux rensei- gnements et fait des recherches desquels il ressort : 1° que le Chàtaignier pro- duit assez souvent des truffes; 2» que le Peuplier en donne quelquefois ; 3° qu'on n'a que des observations négatives quant au Noyer. Il n'est pas douteux que la liste des espèces non truffières ne puisse être étendue ; en méme temps que, d'autre part, le nombre des végétaux regardés comme produisant la truffe noire, sera peut-étre réduit par des observations établissant que certains d'entre eux n'abritent que d'autres espèces de truffes. Il est d'ailleurs évident qu'il doit y avoir généralement exclusion entre la truffe, qui réclame un sol sec et calcaire, et les végétaux qui ne prospèrent que dans les terres humides et siliceuses. Tels sont le Chátaignier, arbre essen- tiellement silicicole, et dont la présence est en effet habituellement exclusive de celle des truffes, et le Peuplier, arbre des lieux humides. Mais que le Chà- taignier vienne à croître dans une terre où une certaine quantité de chaux se mêle à la silice, ou bien le Peuplier dans un lieu sec et d'ailleurs calcaire, et la truffe pourra trouver sous ces arbres, dans ces situations pour eux exception- nelles, les conditions de son développement (1). C'est à d'autres causes qu'il faut rapporter l'absence de truffes sous le cou- vert des arbres calcicoles des lieux non humides, comme le Noyer. L'Olivier, qui croit dans la Provence aux mémes lieux que les Chénes truffiers, souvent mais on esque jamais de ru, sun es reg que far dx cueillis. , enseignements que J'ai re- , ` M x La J'énumère ci-après les Chênes et les autres arbres sous lesquels des truffes auraient été trouvées. A. Chénes. a. Chênes à feuilles caduques. 1. Quercus pubescens Willd. (Q. Robur à. lanuginosa Lam. et DC; Q. (4) Je viens de voir se réaliser cette conjecture pour le Peuplier-blanc SÉANCE DU 22 JANVIER 1869, 21 sessiliflora B. Smith). — Chéne-gris, Chéne-noir du Poitou et du Périgord, Chéne-blanc de Provence. J'ai reconnu que cet arbre, qui se distingue du vrai Chéne-Rouvre par sa tige plus tortueuse et plus courte restant longtemps buissonneuse, par ses feuilles d'abord tomenteuses et à la fin au moins pu- bescentes à leur face inférieure, est, parmi les Chénes à feuilles caduques, l'espèce essentiellement truffière. Bien connu des habitants du Loudunois, qui l'emploient exclusivement au peuplement de leurs bois truffiers, le Chéne- pubescent, analogue à l'Yeuse par la lenteur de sa croissance, est le seul que j'aie vu abriter des truffiéres en Poitou, dans le Périgord et la Pro- vence. C'est donc à lui qu'il faut rapporter tout, ou presque tout ce qui a été dit du Chéne-Rouvre comme essence truffiére. Du moins, depuis que mon at- tention s'est portée sur cet objet, n'ai-je jamais vu de truffieres sous ce der- nier ; si je ne me trompe, c'est là une observation capitale pour la pratique de la trufficulture et peut-étre aussi pour sa théorie. Comme les Chénes-verts (Yeuse et Kermés), le Chéne-pubescent est bien l'arbre des garrigues, des galluches, des rocailles arides. 2. Quercus pubescens B. pedunculata. — Chéne-blanc du Loudunois. Cet arbre, d'un port élancé, à glands plus arrondis que ceux du Quercus pubes- cens et portés sur des pédoncules ordinairement longs de 4 à 4 centimètres, m'avait été signalé par les propriétaires du Loudunois sous le nom de Chéne- blanc, comme se plaisant dans les lieux frais etne donnant pas de truffes, der- nière qualité qu'expliquerait suffisamment son habitat. Je m'attendais donc à trouver en lui le Quercus pedunculata, quand je constatai une bonne variété du Quercus pubescens, ou méme une espèce qui, à part ses pédoncules moins longs que dans le Quercus pedunculata, est au Quercus pubescens ce qu'est ce dernier au Quercus sessiliflora. Il est encore bien digne de remarque que cet arbre, comme le Quercus pedunculata vrai, est d'un port élevé et ne prospère que dans les lieux frais. On en voit une belle futaieà Beuxe, prés des marais et sur la route de Loudun à Chinon, à l'endroit où est la ligne de séparation entre les départements de la Vienne et d'Indre-et-Loire. Je voudrais qu'on vérifiàt par l'expérience si, planté sur les galluches, le Quercus pubescens B. pedunculata ne donnerait pas de truffes. 3. Quercus sessiliflora Smith. — Rouvre, Chéne-noir, Chêne à fruits ses - siles. Analogue au Chéne-pubescent par ses fruits sessiles et comme lui désigné sous le nom de Chéne-noir, il a une croissance plus rapide, une tige plus droite, des feuilles glabres. Très-répandu en France, où il se plaît dans les terres saines plutôt que fraiches, il a passé jusqu'à ce jour pour être la principale espèce truffiére ; mais, ainsi que je l'ai dit en parlant du Chéne-pubescent, le rôle du Chéne-Rouvre dans la production des truffes est au moins singulière- ment amoindri en faveur de ce deruier. l, Quercus pedunculata Willd. — Chéne-blanc, Secondat, Chéne-pedonculé. 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le plus grand de nos Chénes, cet arbre qui ne parvient à toute sa taille que dans les sols frais, a des fruits longuement pédonculés et des feuilles glabres différant de celles du Chêne-Rouvre par leur cadncité beaucoup plus grande, fait aussi bien connu des chasseurs que des forestiers (1). On cite des Chénes-blancs comme produisant des truffes, en Poitou et en Périgord (D' Labrunie). Jusqu'à un certain point en désaccord avec lha- bitat de ce Chêne dans les lieux frais, ces indications demandent à être véri- fiées, surtout en Poitou où le nom de Chêne-blanc s'applique aussi à une variété du Quercus pubescens. b. Chênes à feuilles persistantes. 5. Quercus Ilex L, — Yeuse, Chéne-vert, Éousé. Cette espèce, qui donne beaucoup de truffes en Provence, et forme la base des cultures truffières de Carpentras, produirait, suivant M. Rousseau, dont l'opinion est surtout con- testée en Périgord, des truffes préférables à celles des Chénes à feuilles ca- duques. 6. Quercus Pseudilex. — On trouve, mêlé et confondu avec l'Yeuse, un Chéne-vert lui ressemblant par la taille, mais à feuilles non tomenteuses en des- sous. J'ai vu, à Carpentras et ailleurs, des truffes sous cette Fausse-Yeuse, fort semblable au Chéne Faux-Kermés, mais à fruits annuels au lieu d'étre biennés dans leur maturation. Le nom de Pseudilez me parait rappeler ses ressem- blances tout en consacrant sa distinction spécifique. 1. Quercus coccifera Lin. — Chêne-Kermès. Ce petit arbuste, dont les buissons n'atteignent pas ordinairement à 4 mètre de haut, produit des truffes très-parfumées, que M. Rousseau croit pouvoir distinguer de celles de l’ Yeuse par le diamant encore plus fin de l'enveloppe. Il est très-propre à former des haies défensives, lesquelles ont l'avantage de donner une récolte de truffes. Le Chéne-Kermes aurait d'ailleurs l'avantage de produire des truffes des sa quatrième année, tandis qu'avec l'Yeuse il faut attendre cinq à six ans, et avec les Chênes à feuilles caduques , sept à huit ans ou méme plus long- temps, la précocité de la production truffiére étant ainsi. en raison inverse de la taille des arbres truffers. On n'a pas signalé la truffe sous d'autres Chénes que ceux mentionnés ci- dessus ; mais il n'est pas improbable qu'on la trouve un jour sous les espèces suivantes : | Quercus Toza Bosc ( Tauzin) ; du pied des Pyrénées et des landes de l'ouest ; (1) Les jeunes pousses du Chéne-blanc n'ont pas d'ailleurs la coloratio àt que présentent celles du Chène-Rouvre. P ton reugento SÉANCE DU 22 JANVIER 1569. 23 Quercus apennina Lam.; de quelques collines pierreuses du midi de la France ; Quercus Cerris L. ; de l'ouest et du Jura; Quercus Fontanesii Guss. ; du midi; Quercus Suber L. (Chéne-Liége) ; du midi ; Quercus occidentalis Gay ; du midi et de l'ouest. B. Espèces truffiéres, autres que les Chênes. 1. Corylus Avellana L. — Noisetier, Coudrier. Le Noisetier est, aprés les Chênes, l'essence forestière sous laqueile la truffe se trouve le plus commu- nément. La truffe du Noisetier, assez commune dans la Drôme et l'Isère, est de fort bonne qualité. Je me souviens d’avoir vu récolter durant de longues années de nombreuses truffes sous une grosse cépée de Noisetiers existant dans le jardin de M. Lacombe, à Tullins {Isère). C'est sous le Noisetier que croit surtout, dans la Haute-Marne, la truffe rousse (A. Passy). 2. Carpinus Betulus L.— Charme, Charmille. Cet arbre donne assez sou- vent, outre la truffe noire, la truffe musquée ( Tuber brumale), de qualité mé- diocre. 3. Castanea vulgaris Lam. — Chátaignier. Assez rare sous le Chàtaignier pour qu'on ait pu croire qu'elle n’y croissait jamais, la truffe croit sous les Chátai- gniers des sols siliceux non tout à fait privés de calcaire. C'est presque exclusi- vement sous les Châtaigniers qu'on trouve la truffe à Montferrer prés Amélie- les-Bains. Je l'ai vue aussi souvent sous le Châtaignier que sous le Chêne dans les environs de la Bastide- Murat, à Ussel et Caniac (Lot), et tandis qu'un truffiier de Saint -Quentin-sur-Isere (Borel-Faure) im'assurait, comme M. de Lamothe (de Périgueux), que jamais la truffe ne venait sous le Chàtaignier, je la trouvais à 5 kilometres de là, à Tullins, guidé par l'habile truffier Pierre Achard au milieu d'une chátaigneraie d'arbres séculaires. La truffe du Châtaignier est grosse et ronde (ce qui paraît tenir à la nature meuble du sol généralement sableux), d'excellente qualité. h. Fagus silvatica L. — Hétre, Fau, Fouteau, Fayard. Cet arbre, qui m'a été signalé comme donnant des truffes dans l'Isère, par M. le comte de Galbert et par Borel-Faure, dans la Vienne par M. Guitteau, compléte ainsi la série de nos genres d'Amentacées-cupuliféres comme essences truffières. 5. Petula alba L. — Bouleau. H produit la truffe noire, mais surtout, suivant M. Tulasne, la truffe d'été et la truffe mésentérique. 6. Populus Tremula L. — Tremble ; cité comme truffier par quelques rabas- siers de Provence. 1. Populus nigra L, — Peuplier-noir, Peuplier-franc, Liardier. Des truffes ont été trouvées sous cet arbre à Genissieu (Drôme) par M. Berthe, percepteur 2h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à Valence, bomme distingué et très-digne de foi. Les Peupliers forment une avenue isolée dans une terre sèche et calcaire. 8. Populus alba L. — Ypréau, Blanc-de-Hollande. On a trouvé à Cadenet (Vaucluse) des truffes sous cet arbre , qui ne craint pas les terres sèches (1). 9. Salix viminalis Lin. — Des truffes (musquées) ont été trouvées pres de cet arbrisseau (2). 40. Platanus orientalis L. — Platane. Encore un arbre de la famille des Amentacées sous lequel on aurait trouvé des truffes près de Cahors, etdans le département de la Drôme. AL. Juniperus communis L. — Genévrier. La truffe du Genévrier est fort estimée aux environs de la Bastide-Murat ; on la dit plus noire que celle du Chéne. 12. J. Oxycedrus L. — Genévrier à Cade, Cadier, Cèdre-piquant. Il pro- duit aussi des truffes, qui passent pour tenir de l'arome peu agréable de la plante. 43. J. phenicea L. — Genévrier de Phénicie. Cet arbre donne quelques truffes sur les côtes de la Provence. 4h. Pinus Cedrus L. var. africana. — Cèdre de l'Adas. On a trouvé en Algérie des truffes sous cet arbre, variété du Cèdre du Liban, qu'il dépasse par la rapidité de sa croissance et sa plus grande taille. 45. Pinus halepensis Mill. — Pin d'Alep, Pin de Jérusalem, Pin-blanc. Commun dans le midi de la France et presque le seul cultivé en Provence, cet arbre est cité, aprés les Chénes, le Noisetier et les Genévriers, parmi ceux qui donnent le plus de truffes. M. Rousseau, qui le compte parmi ses plantations de Carpentras, m'a assuré que sa truffe avait quelque peu l'odeur de résine. On cite en Vaucluse les riches truffières que M. le marquis des Isnards pos- sede dans ses pépinières du château de Martinet. 16. Pinus silvestris L. — Pin-silvestre. Donne des truffes dans la Haute- Marne (A. Passy), en Dauphiné, Provence, etc. 47. Abies excelsa DC. — Épicéa, Faux-Sapin. Des truffes ont été trouvées sous ce bel arbre : près de Thiviers, par M. Meilhodon ; dans le département de l'Isère, par le truffier P. Achard, de Tullins. Nul doute que beaucoup de Conifères, autres que celles ci-dessus, ne favo- risent la production des truffes. C'est ainsi que M. de Fayolle récolta à Péri- gueux, pendant plusieurs années, des troffes sur toute la bordure d'un massif de jeunes arbres-verts, parmi lesquels on comptait, avec le Pinus silvestris, des espèces trés-variées, (1) Le fait de la présence de truffes sous le Peuplier-blanc a été constaté par M. Jac- cuème, interne en pharmacie à l'Hôtel-Dieu de Paris, à qui je dois de nombreux ren- seignements sur la production truffiére du département de Vaucluse. (2) La grosse truffe blanche du Piémont vient fréquemment sous les Saules et les Peupliers. SÉANCE DU 22 JANVIER 1869. 25 48. Ulmus campestris Sm. — Orme. On l'a vu produire des truffes (A. Mar- tin, comte de Galbert). 49. Prunus spinosa L. — Prunellier, Épine noire. Cette Rosacée est fré - quemment truffière. Elle m'a été en effet signalée comme telle : en Périgord par le docteur Labrunie et par M. Meilhodon (de Thiviers) ; dans l'Isére par les truffiers P. Achard et Borel-Faure; en Poitou par M. Guitteau. Le Prunellier est aussi cité comme essence truffiére par M. Vergne, pharmacien à Martel, dans son Histoire naturelle de la truffe (Sarlat, 1810). L'Amandier, voisin du Prunier, et fort répandu dans les contrées truffières du midi et du Poitou, ne donne pas de truffes, m'a-t-on assuré. 20. Cratægus Oxyacantha L.— Aubépine, Épine blanche. Des truffes ont été récoltées sous cet arbuste en Périgord (Vergne), dans le Poitou (M. Guit- teau), en Dauphiné (P. Achard). 21. Sorbus Aria Crantz. — Alisier commun. Des truffes croissent à son ombre dans le département de l'Isère (P. Achard, Borel-Faure). 22. Sorbus domestica L.— Cormier, Sorbier-domestique. Essence truffière dans les basses montagnes du Dauphiné (Comte de Galbert, Borel-Faure, Martin Ravel). 23. Rosa canina L. — Églantier, Rose des chiens. On a trouvé des truffes sous cette espèce (et sans doute sous plusieurs de ses congénères, À. arvensis, etc.) dans le Lot (Vergne), l'Isère (P. Achard), et surtout dans le parc de M. de Mallet, à Sorges (Dordogne). 2h. Rubus fruticosus L. — Ronce. Vergne cite cet arbuste parmi les plantes truffi?res du Périgord. 25. Pistacia Terebinthus L. — Térébinthe, Faux-Pistachier. Cette Téré- binthacée paraît donner quelquefois des truffes en Provence (Vergne). 26. Robinia Pseudacacia L. — Faux-Acacia. Cet arbre, la plus utile de nos naturalisations forestières, est la seule Légumineuse sous laquelle la truffe ait été quelquefois trouvée. 27. Buxus sempervirens L. — Buis. Des truffes ont été vues (Vergne) près de cette Euphorbiacée, essentiellement calcicole. 28. Tilia silvestris Desf. — Tilleul commun. Des truffes ont été signa- lées à son ombre : dans la Drôme, par M. Berthe ; dans l'Isére, par M. de Gal- bert; dans la Vienne, par M. Guitteau ; Berchoux cite le Tilleul à la suite du Chéne et du Charme (1). 29. Acer campestre L. — Érable commun, Auzerole, Bois de poule. Cité comme truffier par A. Martin. (1) Le propriétaire du château de Villor (Vaucluse) avait dans son pare un vieux Tilleul qui donnait beaucoup de truffes. Un rabassier du pays, qui depuis longtemps cueillait celles-ci, apprenant que l'arbre était menacé par un projet de dégagement des vues du château, offrit 100 francs au maître de l'arbre pour qu'on le laissât debout (Jac- quéme). 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 30. Ficus Carica L. — Figuier. Vergnel'a compris au nombre des essen- ces truffières. 31. Olea europea L. — Olivier. Produit bien rarement des truffes, aux- quelles on reproche d'ailleurs d'avoir un goüt d'huile. 32. Vitis vinifera L. — Vigne. C'est une opinion fort accréditée que la Vigne produit des trufles (Vergne et docteur Labrunie pour le Lot, quelques truffiers du Périgord, du Dauphiné et du Poitou); mais, avec M. Guitteau qui a observé dans la Vienne, je ferai à ce sujet d’explicites réserves. Des Chênes, des Châtaigniers, des Prunelliers, etc., ne sont le plus souvent pas fort éloi- gnés de la truffière. J'ai, en ce qui me concerne, récolté, dans les vignes de Tullins (Isere), des truífes engagées sous un cep de vigne et entre ses racines ; mais un examen attentif m'a fait reconnaitre, mêlées aux racines de la vigne, celles d'un Chéne situé en bordure de bois à la distance de 6 metres. Je termine cette énumération des essences truffières en rappelant, mais seu - lement pour mémoire, que suivant M. Vergne (de Martel), on aurait observé des truffes sous le Noyer et près d'une Graminée herbacée, le Bromus (Bra- chypodium) silvaticus, et que, d’après M. Léveillé, les Genêts et les Bruyères compteraient parmi les végétaux truffiers. Au résumé, des truffes auraient été trouvées sous 39 essences ligneuses, sa- voir ; 7 Chênes et 32 autres végétaux. SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASÈGUE. M. Roze, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 janvier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce à la Société les pertes bien regrettables qu'elle vient de faire dans la personne de deux de ses membres, MM. G. Brice et E. Doumet. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UN CAS DE FORMATION DE RACINES ADVENTIVES INTÉRIEURES, par M. P. DUCHARTRE. M. Le Jolis, de Cherbourg, m'a envoyé un fragment de tige que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société, et dans laquelle se montre une particu- larité trés-intéressante. Ce fragment, fourni par un pied d'üEnanthe crocata L., comprend une grande partie de deux entre-nœuds avec le nœud qui les réunit. La tige de cette plante étant largement fistuleuse, chacun de ces nœuds forme SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869, 27 un plancher épais interposé aux tubes constitués par les mérithalles. Ce plan- cher nodal est devenu le point de départ d'un développement abondant de racines adventives qui se sont étendues à l'intérieur des tubes caulinaires. Le nombre de ces productions est considérable, puisque j'en compte plus d'une trentaine, et le développement qu'elles ont pris est également remarquable, la plupart ayant de 07,20 à 07,25 de longueur, sur un millimètre ou. un peu plus d'épaisseur. Elles sont toutes parfaitement blanches et comme ondulées ou plus ou moins fortement sinueuses. Mais le fait le plus remarquable dans ce développement de racines intérieures, c'est qu'il a été également intense aux deux faces du plancher nodal; je compte en effet un nombre à peu prés égal de racines sorties de ces deux faces supérieure et inférieure, et celles qui sont nées du cóté supérieur sont tout aussi longues que celles qu'a émises le cóté inférieur. Ce qui ajoute à la singularité de ce fait, c'est que les racines qui se sont formées en dessus du nœud se sont étendues de bas en haut, tout aussi directement que celles qui sont nées en dessous l'ont fait de haut en bas, de telle sorte que les unes et les autres se sont développées dans deux direc - tions diamétralement opposées. Cette particularité devient encore plus frap- pante, lorsqu'en examinant leur origine sur la préparation malheureusement un peu lacérée, parce que la tige qui l'a fournie a été ouverte et passablement écrasée, on en voit plusieurs qui semblent se rattacher au méme point, dans l'épaisseur du tissu nodal, pour se porter immédiatement en sens inverse. Tout singulier qu'il est, ce fait n'était pas isolé; M. Le Jolis m'écrit en effet : « J'ai rencontré cette disposition dans plusieurs pieds d'GEnant^e crocuta, et jusqu'au sommet de la plante. » Il me semble, en outre, mériter toute latten- tion des botanistes à deux points de vue différents, auxquels je demande à la Société la permission de me placer quelques instants. D'abord, ilest assez curieux de voir une production si considérable de racines adventives avoir lieu. dans les cavités parfaitement closes d'une tige; toutefois, l'exemple que I GE'nanthe crocata nous présente de cette remarquable particula- rité n'est probablement pas isolé; je suis méme porté à croire qu'il est assez fréquent dans les circonstances analogues à celles dans lesquelles se trouve habituellement cette espèce. En second lieu, le développement de racines adventives de bas en haut, sur une grandelongueur, me semble avoir un haut intérét physiologique. Je ne veux pas m'y arréter longtemps en ce moment; mais je crois devoir faire observer qu'il me semble étre en désaccord formel avec la théorie toute mécanique que M. Hofineister a présentée, dans ces dernières années, relativement à la direction habituellement descendante des racines. théorie qu'il s'est attaché à baser sur la Structure anatomique de ces organes. On sait en effet que les racines ont leur extrémité méme formée par un tissu cellulaire assez ferme qui constitue leur pilorrhize et que, sous cet abri protecteur, c'est-à-dire à une faible distance de cette extrémité, se trouve leur point végétatif, c'est-à-dire le tissu naissant qui 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fournit peu à peu les matériaux de leur allongement. M. Hofmeister admet que ce tissu extrêmement délicat est dans un état de demi-fluidité ; par suite que, non- seulement il obéit à l’action de la pesanteur sans pouvoir lui opposer la moindre résistance, mais encore que la pilorrhize plus ferme, mieux formée, agit sur lui pour ajouter à cet effet, et que de là résulte nécessairement l'allongement graduel de la racine dans le sens que lui imprime la pesanteur, c'est-à--dire plus ou moins directement de haut en bas. Cette théorie a une analogie marquée avec celle de Knight et 4.-P. De Candolle, que le dernier de ces botanistes résume dans les termes suivants (1) : « Les racines ne s'allongent que par leur extré- mité : la pointe naissante de chaque racine est donc dans un état de mollesse qu'en peut comparer à une demi-fluidité. L'action continue de la gravitation doit donc la forcer sans cesse à descendre ; l'énergie avec laquelle chaque racine tendra à se diriger vers le centre de la terre sera proportionnée au degré de mollesse de ses extrémités naissantes. » J'avoue que je ne comprends pas du tout comment cette théorie mécanique peut se concilier avec la formation des racines d'O/nanthe de bas en haut, dans l'intérieur d'un tube rempli seulement d'air humide, qui avait au moins un centimétre de largeur et dans lequel aucun obstacle n'empéchait l'extrémité de ces organes de se recourber en crochet si une cause quelconque, gravité ou autre, l'avait sollicitée dans ce sens. Si elles étaient restées toujours exacte- ment verticales, on pourrait admettre, à la rigueur, que, leur point flexible se trouvant constamment soutenu, elles devaient persister dans la méme direction ; mais elles ont dévié de cette verticale pour décrire des ondulations, et ensuite elles se sont redressées pour s'élever de nouveau vers le zénith. Je crois donc qu'il y a une contradiction formelle entre le fait présenté par l GEnanthe et la théorie de Knight, A.-P. De Candolle et M. Hofmeister. D'un autre cóté, dans une note présentée à la Société botanique de France en 1856 (2), j'ai cherché à montrer, en m'appuyant sur des faits précis, que l'action de l'humidité, plus particulièrement d'un air saturé de vapeur, agissait puissamment sur la direction des racines, les affolait, si je puis m'exprimer ainsi, au point de les déterminer à se porter, non plus comme d'habitude de haut en bas, mais plus ou moins directement de bas en haut. Je vois dans le fait qui m'a fourni le sujet de cette note une nouvelle confirmation de cet énoncé : enfermées dans le tube des entrenœuds que remplissait une atmosphère saturée d'humidité, les racines de l'ŒÆnanthe ont pu altérer complétement, sous cette influence, leur direction normale et s'élever au lieu de descendre. Sans doute, expliquer ce fait anormal de cette ma- niere, c'est renoncer à voir dans les plantes une pure et simple machine obéis- sant uniquement à des forces physiques; mais c'est continuer à voir en elles (1) Physiol. végét. II, p. 822, (2) Bulletin de la Soc. botan. de Francs, t, III, pp. 583-591. SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869. 29 des êtres vivants, soumis non-seulement aux lois physiques, mais encore à une influence vitale, dont les manifestations, rarement explicables, n'en sont pas moins évidentes dans tous les cas, et j'avoue que cette manière de les consi- dérer ne me répugne nullement. À l'appui des observations qui précédent, M. Prillieux dit que dans les serres à Orchidées, on voit fréquemment des racines qui n'obéissent en aucune façon à l'action de la pesanteur, et il cite no- tamment le RAenanthera coccinea, dont les racines, au lieu de se diriger de haut en bas, suivent une direction horizontale. L'humi- dité de l'atnosphére parait étre ici la cause de ces anomalies. M. Duchartre cite également des PAcniz, des Cycadées, dont les racines, dans les serres, s'élévent verticalement. À l'appui de ce qui vient d'étre dit, M. de Seynes rappelle une expérience qu'il a faite et qui rentre dans le méme ordre de phé- noménes montrant également l'influence directrice que l'humidité peut exercer sur les racines. M. de Seynes fait à Ia Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LE GENRE MYCENASTRUM, par MI. J. de SEEY NES. M. Lock, de Vernon, a envoyé à la Société botanique plusieurs échantillons d'une enveloppe épaisse et coriace volumineuse appartenantà un Champignon de la famille des Lycoperdacés ; les échantillons étaient accompagnés de la note Suivante : « Recueillis par M. Blanche, dans un herbage à sol sablonneux, auprès du cimetière de Saint-Sever (Rouen), en novembre 1868. Ils y existaient en immense quantité, le vent les avait entrainés au pied des haies entourant l'herbage en nombre tellement considérable, qu'à certaines places il y en avait de véritable tas. » La forme de cette enveloppe ou peridium est globuleuse, irréguliérement fendue, souvent en étoile ; son épaisseur est de 3 à 5 milli- mètres ; sa consistance est celle du liége ou plutôt du cuir desséché devenu cassant. Le diamètre du peridium entier est d'environ 10 à 15 centimètres; la paroi interne est rendue tomenteuse par l'adhérence de filaments du capillitium et des spores, La surface extérieure est lisse, de couleur brune plus claire que l'intérieure, et présentant en. divers points des écailles d'un gris blanchátre offrant l'aspect d'un épiderme qui se détache par une sorte de desquammation. La consistance de ce peridium m'avait d'abord fait penser au genre que M. Léveillé a détaché des Scleroderma sous le nom de Sclerangium, et « dont l'enveloppe externe, au dire de l'auteur, à l'époque de la maturité, se divise en 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quatre on cinq fragments plus ou moins aigus au sommet, qui se déjettent en dehors et se réfléchissent à la maniere des téguments du Geasfer. » Toutefois, l'adhérence du capillitium au perídium coriace, ne laissait pas supposer un peridium interne, la couleur et la consistance elle-même de ce peridium con- cordaient peu avec les caractères du genre Sclerangium. J'ai demandé à M. Léveillé de me montrer ses types de Se/eraugium, et notre éminent confrère m'a donné quelques indications qui m'ont conduit à comparer les échantillons de M. Lock avec le Lycoperdon corium, espèce éta- blie par De Candolle sur des exemplaires envoyés aussi des environs de Rouen par M. Guersent. La description a été insérée par De Candolle dans les additions au deuxième volume de la Flore française, p. 598. La rareté de cette plante ne permit pas tout d'abord de l'étudier avec soin, et Fries parut tenté mal à propos de placer ce Champignon parmi les Bovista ; M. Duby lui a donné une place dans les Scleroderma, et cette espèce est ainsi restée litigieuse jusqu'au moment où Desvaux l'étudia sur place, en 4842, et lui trouva des caractères assez tranchés pour en faire un genre sous le nom de Mycenastrum; il nomma l'espèce de Guersent et De Candolle Mycenastrum Cortum (Sur le genre Mycenastrum du groupe des Lycoperdées , par M. Des- vaux (Ann, sc. nat. 2° sér. XVII, p. 142). Les caractères assignés à ce genre par M. Desvaux sont d'une part la double nature du peridium, dont la partie extérieure forme une pellicule mince et fragile directement en rapport avec le mycelium, tandis que l'intérieure est épaisse et coriace; d'autre part, sa ruptilité ou déhiscence naturelle qui se fait assez ordinairement par cinq ou six lobes plus ou moins réguliers, offrant dans leur ensemble une sorte d'étoile, de là le nom de Mycenastrum (Cham- pignon étoilé). Ces caractères de consistance et de ruptilité paraissent ati premier abord assez insignifiants pour séparer cette espèce des vrais Lycoperdon ; aussi, Bonor- den, tout en admettant le genre Mycenastrum dans son Manuel de mycologie générale (1851), exprime quelques doutes : « La description de Desvaux, dit- il en terminant, place ce Champignon sans doute dans les Zycoperdacés, mais malheureusement il n'a fait de lui aucune observation microscopique, il n'a méme pas donné la couleur et la forme des spores. » Toutefois, avant la publication de l'ouvrage de Bonorden, Montagne et M. Léveillé avaient comblé cette lacune et donné ainsi au genre Wycenastrum sa véritable valeur. Montagne a méme déterminé une espèce sur des fragments de capillitium, et sans voir l'enveloppe; voici son observation qui mérite d’être rapportée en entier. « C'est sans doute se hasarder beaucoup de proposer l'établissement d'une espèce de ce genre sur le chevelu (capillitium) et les spores isolés de leur perid ium : organe, dont l'exemplaire de M. Miquel n'offre pas le moindre frag- ment. Toutefois, j'ai montré ailleurs, et M. Berkeley en a seul tenu compte, SÉANCE DU 12? FÉVRIER 1869. 31 que les caractères génériques résidaient autant, et plus peut-être dans la struc- ture et la forme du capiliitium que dans la nature subéreuse et le mode de déhiscence du peridium, où plutôt que les uns et les autres de ces caractères étaient corrélatifs. J'ai en outre observé, sur les trois espèces que nous con- naissons bien, que le chevelu et les spores elles-mêmes pouvaient fournir de bonnes notes caractéristiques propres à distinguer ces plantes entre elles. En effet, la couleur, la ramification du chevelu, le nombre, la forme et la direction des aiguillons dont il est hérissé, la grandeur des spores qui peuvent être aussi lisses ou tuberculeuses, tous ces caractères, si je ne m'abuse, doivent servir à limiter les espèces ; sinon, il n'y a rien de mieux à faire que de les réunir en bloc sous un seul et même nom. J'avais d'abord pensé que ce capillitium que j'avais sous les veux pouvait bien appartenir au M. pheotrichum Berk., originaire de la même contrée. Les ayant donc attentivement comparés, j'ai constaté d'abord, à la vue simple, que le mien avait la couleur de la rhubarbe en poudre, tandis que l'autre était d'un brun de suie; puis, sousle microscope, que le premier avait ses spores parfaitement lisses, brunes, transparentes, légè- rement pédicellées, et que le second avait les siennes opaques et chagrinées. J'airemarqué encore dans le Champignon de Drége, que ces corps reproduc- . teurs contenaient dans leur. nucléus une goutte oléagineuse qui équivalait presque à la moitié de leur diamètre, circonstance que je n'ai point observée dans les M. Corium, chilense et phæotrichum. Je propose en conséquence pour cette espèce le nom de WMycenastrum lerospermum (1). » Berkeley a donné aussi dans son introduction à la botanique cryptogamique le caractére du capillitium des Mycenastrum, dont les filaments, dit-il, sont plus développés que d'ordinaire, sont ramifiés et présentent des pointes comme des épines. D'accord avec M. Montagne, M. De Bary ajoute une grande importance aux Caractères tirés du capillitium, et dans son dernier ouvrage sur la Morphologie et la physiologie des Champignons (Physiologie botanique de Hofmeister), il à développé ce point de vue et donné une figure comparative du capillitium d'un Geaster, d'un. Bovista et d'un Mycenastrum. Le capillitium du Mycenastrum consiste, dit M. De Bary, en filaments épais, Courts et non cloisonnés, présentant l'aspect d'un tronc qui se partage en branches COurtes, épaisses, fusiformes, lesquelles, surtout vers les extrémités, por- tent des pointes (Morph. und Physiol. der Pilze, ete., p. 78). I m'a été facile de constater l'identité de la structure indiquée par ces auteurs avec celle du capillitium conservé dans les échantillons de M. Lock. Les spores sont brunes, opaques, légèrement hérissées, ce qui concorde également avec la description qu'ont donnée les auteurs qui les ont examinées. 4) €. Montagne, Enumeratio Fungorum quos a Cl. Drège in Africa meridionali collectos, etc. (Ann. sc. nat, 1847, 2* série, t. VIL) 59 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Il ne peut donc subsister aucun doute sur l'identité de ce Champignon, qui est bien le Mycenastrum Corium de Desvaux, genre dont la légitimité, qui pa- raissait d'abord douteuse, me semble désormais établie par les analyses mi- croscopiques que je viens de citer. Le Mycenastrum Corium a été trouvé en 1811 dans la Loire-Inférieure et, en 1842, dans des terrains sablonneux, près du Croisic, méme département ; en 1815, il avait été envoyé à De Candolle par M. Guersent, qui l'avait trouvé dans des champs de luzerne entre Sotteville et Rouen. C'est encore de Rouen qu'il nous est envoyé aujourd'hui. M. Léveillé a le souvenir de l'avoir rencontré une fois au bois de Boulogne dans l'état où se présentent les échantillons de M. Lock; je nel'ai jamais vu dans le sud-est, et il n'est pas figuré dans les collections Dunal et Delile; il n'existe pas dans l'herbier du Jardin-des-plantes de Montpellier. Cette es- péce appartient donc surtout à la France occidentale; son aire de végétation ne parait pas s'élever vers le nord, car elle n'est mentionnée ni dans les Pays- Bas, ni en Angleterre, ni en Allemagne. Les autres espèces connues appar- tiennent aux pays chauds. Leur nombre est restreint et les descriptions en étant disséminées dans diverses publications, il ne sera pas sans intérét de les ` réunir ici avec les diagnoses des auteurs quiles ont nommées. MYCENASTRUM. Desvaux, in Ann. sc. nat. 2° sér. 1842, XVII, 143. — Bonorden Handbuch, 1851, p. 253.— Zobel, in Corda /con. Fung.185h, VI, 17, fig. 29. Peridium in initio carnosum, dein solidum, cortice duplici: cortex exterior tenuis, fragmine delapsus ; cortex interior, crassus, induratus, persistens, sub- stellatim erumpens ; pars interior peridii carnosa alba, dein dense stuposa fusca adhzrens apice fibroso-pulveracea. Desv. [Floccis capillitii unicellularibus breviter ramosis, sæpius in extremis ramis fusiformibus echinatis, sporis rotundatis fulvis aut fuscis minute verrucosis aut levibus. | 1. M. ConiUM Desv. in Ann. sc. nat. 2° sér. 1842, XVII, 143. — Lyco- perdon Corium Guers. in DC. Fl. fr. suppl. II, n. 716. — Sleroderma Corium Graves, in Duby Bot. gall. II, 852. Subglobosum albescens, dein griseo-brunneum, lævigatum, liberum, coria- ceum. Peridio sicco fragili, saepe stellatim rupto, levi, decem usque ad quinde- cim centimetra longiori diametro mensurante; floccis capillitii ochraceis cras- sis, ramosis, apice echinatis sporis fuscis, minute verrucosis, opacis. Crescit ad terram. in arenosis maritimis (sept.-octob.) in Gallia occidentali repertum et presertim prope Rotomagum in locis dictis Sotteville, Saint- Serer. SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869. 33 2. M. PHÆOTRICHUM Berk. Enum. of Fungi collected by Herr Zeyher in Uitenhage, in London Journ. Bot. 4853, II, 507. La description est la méme que celle de l'espèce précédente, sauf la couleur du capillitum , qui ne parait devoir fournir qu'un caractère de simple variété. « Dans la plante de Zeyher, dit M. Berkeley, le capillitium est d'un brun pourpre et légèrement plus épais. » Trouvé au Cap, en janvier, dans une forêt près de Uitenhage. (L'exemplaire de l'herbier du Muséum de Paris est à l'état jeune, les spores sont à peine nuancées de brun et le capillitium est incolore.) 3. M. CHILENSE Montg. Cent. 1v, n. 97, in Ann. sc. nat. 2° sér. XX, 315. — Fl. Chil. VII, 514, tab. 10, fig. 8. — Sylloge gen. et spec. crypt. 1856, p. 289. Obovoideum, turbinatumve, arrhizum ; peridio suberoso, crasso, fuligineo- plumbeo lvi, stellatim rupto, cortice secedente, floccis sporisque olivaceo- fuligineis. Hab. in montosis circa Rancagua reipublicae chilensis (Bertero, Corda, /con. fung. VI, 17 et IV, fig. 43). l [Le capillitium et les spores de cette espèce ont de grands rapports avec les mêmes organes du M. Corium, mais le peridium offre des caractères assez tranchés ; ses dimensions, beaucoup moindres (4 ou 5 centimètres de diamètre), la teinte plombée et la finesse de l'écorce extérieure, le font distinguer faci- lement, sans qu'on puisse affirmer d’après l'étude de deux ou trois échan- tillons secs que ce soit vraiment une espèce et non pas une simple variété du M. Corium.] h. M. LEIOSPERMUM Montg. Enum. Fung. in Ann. sc. nat. 3° sér. 1847, VII, 175. — Sylloge gen. et spec. crypt. 1856, 289. Peridio....; capillitio rhabarbarino ; sporis lævissimis. Hab. in locis montosis aridisque Africæ australis ad W'itpoorberg (Drège). [Nous avons rapporté plus haut (voyez p. 30) l'observation dont M. Mon- tagne a fait suivre cette courte diagnose et qui précise les caractères du capil- litium et des spores.] 5. M. FRAGILE Lév. Champ. exot. in Ann. sc. nat. 1844. Peridio turbinato crasso, fibroso, fragili, scabro umbrino ; capillitio sporisque glabris fulvis. Hab. Montevideo ad terram (Gaudichaud) in herb. Mus. Par. Cette espèce a. la forme d'une toupie, 10 centimètres de haut et 7 à 8 de diamètre. Le peridium, épais de 2 millimètres, est fragile, brun, couvert de granula- tions entremélées de points étoilés ; il se fend en plusieurs lambeaux à sa partie T. XVI. SÉANCES) 3 34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE. supérieure; ses spores sont glabres et rousses. [Elles sont de plus extrêmement petites, elles ont environ 0°",005 de diamètre, tandis que dans les espèces précédentes, elles ont en moyenne 07,010. Les filaments du capillitium sont d'un calibre assez inégal, mais ni inférieur, ni supérieur à celui des filaments des autres espèces; ils sont beaucoup plus longs, peu ramifiés, lisses, et se terminent en cul-de-sac plus ou moins obtus, Si le peridium desséché a d'assez grandes analogies avec celui du M. Cor vm dans le méme état, on voit que les spores et le capillitium présentent les caractères les plus tranchés et les plus éloignés du type du M. Corium, caractères qui sembleraient indiquer des affinités avee le genre Geaster. | M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture de la communication sulvante, adressée à la Société : NOTE SUR LES FEUILLES NORMALES DU LATHYRUS APHACA L., pr M. Armand LOMBARD. (Le Vigan, 23 novembre 1868.) „Les graines du Lathyrus A phaca commencent à germer vers la fin de jan- vier, dans le midi de la France : Les cotylédons restent enfouis dans le sol et recouverts de leur tunique ; il se forme d'abord de petites bractées sur l'axe qui grandit, puis deux, ou rare- ment trois feuilles espacées de 1 à 2 centimètres et tout à fait normales, c’est- à-dire composées de deux folioles oblongues ou lincaires-oblongues, imucronu- lées, à pétiole trés-finement et brièvement aristé, muni de stipules bien plus petites, mais d'une forme à peu près semblable à celles qui bientôt vont occuper la place des feuilles dans le reste de l'axe. La tige, en se prolongeant, n'offre plus dés lors que des stipules, et, en méme temps, à l'aisselle de petites bractées qui ont précédé les feuilles nor- males, se développent les rameaux qui porteront plus tard les (leurs, tandis que le rameau primitif se dessèche par la base et perd ses feuilles composées, dont il ne reste plus trace dans le courant du mois d'avril lorsque commence la floraison. M. Duchartre dit que le fait cité par M. Lombard n'est pas isolé chez les Légumineuses. C'est un fait intéressant à joindre à ceux déjà connus. MM. les Secrétaires donnent lecture des deux communications suivantes, adressées à la Société : DES CARACTÈRES FLORAUX DU GENRE KŒLREUTERIA, par MI. D. CLOS. (Toulouse, 20 novembre 1868.) il est un petit arbre, extrémement rustique, aussi remarquable par la beauté SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869. 35 du feuillage que par ses amples panicules de fleurs jaunes, trés-répandu dans les jardins et les parcs, et dont la structure florale est encore, si je ne me trompe, assez mal connue. Le Kælreuteria paniculata Laxm. est une espèce essentiellement polygame. En 1799, Willdenow le classe dans l’Octandrie monogyme (Spec. plant. JI, 330), et on le retrouve encore dans cette classe du système linnéen dans le Synopsis de Persoon de 1805 (I, 413) et méme dans la seconde édition de l Hortus Kewensis de 1811 (II, 351). En 1801, Duhamel, dans sa seconde édition du 7raité des arbres et arbustes de la France, décrit longuement le Kælreuteria paniculé, lui consacrant plus de trois pages, mais sans faire la plus légère mention de sa polygamie. En 1822, Poiret écrivant sur ce sujet, n'en parle pas non plus (in Dictionn. sc, nat. XXIV). Mais, chose plus étrange! Cambessedes, en 1829, publie un mémoire sur les Sapindacées, et y représente une fleur hermaphrodite de Kalreuteria, sans signaler la polygamie dans la description florale du genre (Mém. du Muséum, XXVII, 33, pl. 1). La méme omission se retrouve dans l’Aistoire des Phanérogames par M. Spach (III, 66, 1834), dont les descriptions sont ordinairement si exactes et si développées, ainsi que dans le Genera plantarum d'Endlicher (n° 5622). MM. Bentham et D. Hooker, dans leur récent ouvrage sous ce méme titre (p. 396), ont évité l'erreur, commençant leur description du Xælreuteria par ces mots : Flores irregulares, polygami ; toutefois, leur description n'est pas suffisamment détaillée. Récemment aussi, MM. Le Maout et Decaisne ont trés- exactement figuré les fleurs stériles ( Traité général de botanique, 326); mais leur plan ne comportait pas les descriptions génériques. Enfin, M. Schuizlein, dans son Iconographia familiarum (cahier Xv), se borne à donner des figures du fruit et de la graine du Xœlreuteria. Déjà, l'an passé, j'avais remarqué les variations que présentent les fleurs de cet arbre; un nouvel examen, fait en juillet dernier, m'a dévoilé quelques autres particularités florales intéressantes, consignées dans cette note. Il suffit de jeter les yeux sur une inflorescence de Kælreuteria paniculata, pour reconnaitre qu'un petit nombre de fleurs seulement émettent des fruits. Mais, dans quel rapport de forme et de position sont les fleurs hermaphrodites fertiles aux fleurs stériles ? Tantót, toutes les fleurs d'une panicule sont stériles ; tantôt, une grande par- tie d'entre elles sont fertiles, chaque petite grappe corymbiforme (dernier terme de division de l'inflorescence générale) offrant, à l'exception des termi- nales complétement stériles, une fleur fertile ; tantót, enfin, la panicule n'a que très- peu de fleurs fertiles. C'est toujours le pédoncule inférieur de chaque petite grappe qui porte la fleur fertile quand celle-ci existe. Les fleurs stériles sont de deux sortes, les /ongistamtnóes et les brévistami- 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nées, semblables quant à l'organisation du pistil qui, dans les unes et les autres, reste à l'état de rudiment. Les premières ont les lames des pétales réfléchies, les étamines à filets longs et trés-saillants, incurvés souvent par moitié en deux directions différentes, les anthères dorsifixes. Les secondes ont les lames des pétales dressées ou méme infléchies, les filets staminaux tous dressés et parallèles, dépassant à peine les onglets, les anthères basifixes. Ces fleurs ne sont-elles qu'un premier état de développement des autres? La théorie semble l'indiquer ; mais, — chose difficile à comprendre, — j'ai fait de vains efforts pour m'en assurer; toutes les panicules que j'ai pu recueillir cette année avaient leurs fleurs déjà épanouies, et j'ai eu beau tenir dans l'eau celles qui, avec des fleurs /ongistaminées, en avaient de brévistamt- nées, j'ai vu celles-ci se flétrir sans passer aux premieres (1); il est vrai que les branches de la plante n’absorbent que très-peu de liquide par la coupe qui y plonge. Voici les caractères des fleurs fertiles : Les pétales sont trés-promptement caducs ; à peine l'ovaire commence-t-il à s'élever, qu'on ne les trouve plus dans la fleur ; ils persistent dans les fleurs sté- riles; cet ovaire s'accroît avec une excessive rapidité, activée peut-être par le développement considérable d'un gaz à l'intérieur (car les parois sont toujours tendues), gaz auquel il faut encore rapporter sans doute les trois fentes basi- laires et terminales que présente aux angles le péricarpe. Un gynandrophore sépare l'ovaire du calice, et c'est probablement au rapide accroissement des deux premiers organes que l'on doit attribuer la caducité des pétales. Le calice s'étale presque en rosace, tandis qu'il reste cupuliforme dans les fleurs stériles. ` Les étamines entourant le pistil au nombre de 5 à 8, et naissant du sommet du gynandrophore, ont les filets hérissés de poils jusqu'au sommet, tandis que les étamines exsertes de la plupart des fleurs stériles ont les filets déclinés, plus longs et glabres dans leur tiers supérieur. Les pistils fertiles ont les faces presque glabres et les angles ciliés, les pistils stériles sont pubescents, subhispides méme à l'union deleur cóne inférieur avec le supérieur et surtout à leurs angles. Je ne dirai rien ni de l'intérieur des ovaires, ni de la placentation et desovules, qui ont été figurés par M. J.-G. Agardh (Theoria systematis plantarum, tab. 19, fig. 2 et 3), ni de la graine et de sa structure interne, représentées dans les ouvrages cités soit de MM. Le Maout et Decaisne, soit de M. Schnizlein. On est loin de s'accorder surla symétrie florale des Sapindacées. M. Radlko- (1) Une seule de ces fleurs s'est montrée le lendemain à pétales réfractés, mais les étamines y sont restées courtes. SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869. 37 fer dit avoir constaté, dans les genres Sapindus et Cupania, que les sépales, en préfloraison quinconciale, sont ainsi disposés, que le deuxième est contre l'axe primaire de l'inflorescence, et que la place du pétale avorté est opposée au qua - trième sépale ou alterne avec le troisième et le cinquième (Actes du Congrès internat. de botanique, p. 24). En ce qui concerne le Kælreuteria, le dia- gramme floral donné par MM. Le Maout et Decaisne semble assigner à ce pétale avorté la partie supérieure de la fleur (loc. cit.). Il m'a paru qu'en conservant à la fleur sa position naturelle, il se trouve opposé à la bractée supérieure de l'inflorescence et que dés lors il est inférieur. NÉCESSITÉ D'UN NOUVEAU SIGNE POUR EXPRIMER LA DURÉE DE LA VIE CHEZ QUELQUES PLANTES, par M. Ch. ROYER. (Saint-Remy prés Montbard, 5 janvier 1869.) Vivace pour MM. Duby et Boreau, le Zibanotis montana All. est bisannuel pour MM. Godron (Flore de France) et Koch ; enfin, MM. Grenier (Flore Jurassique), et Cosson et Germain de Saint-Pierre (Fl. des environs de Paris) le font à la fois vivace ou bisannuel. Les dissentiments et les incertitudes de ces éminents botanistes m'engagérent à un examen attentif de la souche de cette Ombellifere, et voici ce que je constatai : Pendant plusieurs années, le Zibanotis montana ne pousse à chaque saison qu'une rosette de feuilles. La souche s'allonge, grossit, devient napiforme et présente vers son sommet une couronne de filaments, restes desséchés des pétioles des anciennes feuilles. Le grand nombre de ces filaments dans les sujets âgés témoigne au moins de six à huit années d'existence. Observée à ce point de vue, la plante a pu paraitre vivace; mais si, au. contraire, on n'a égard qu'aux individus florifères, que tous, sans exception, on trouve morts à la fin de l'automne, il vient naturellement à l'esprit de regarder cette espèce comme bisannuelle. Le Libanotis montana n'est donc ni vivace, ni bisannuel ; il tient le milieu entre ces deux états. Son existence a deux périodes distinctes, la période foliaire qui dure plusieurs années, et la période florifère qui ne compte qu'une seule année, toujours suivie de la mort du sujet. Pendant la premiere période, la plante emmagasine dans sa souche ce qu'exigera de matériaux l'évolution compléte d'une tige robuste. Aussi, aprés la fructification, remarque-t-on dans lasouche morte une très-notable diminution de volume. Dans le langage descriptif actuel, nul signe ne répond exactement à la durée de telles espèces. Ne conviendrait-il pas d'emprunter le signe propre aux plantes bisannuelles, mais en remplacant dans le cercle le chiffre 2 par un 8 transver- sal, abréviation du mot plusieurs? Un tel signe se traduirait par le mot péren- nant. Seul, le Libanotis montana ne justifierait pas cette innovation, mais j'ai 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. grandement lieu de soupconner que, parmi les Ombellifères surtout, il se ren- contrera d'autres espèces également pérennantes; et j'ai d'ailleurs reconnu aussi l /nu/a Conyza DC. (que toutes les flores désignent comme bisannuel), comme pouvant devenir une plante pérennante, tout en restant monocar- pienne. M. Cosson dit que le Libanotis montana, ainsi que les quelques espèces offrant le même mode de végétation, ne doit pas être dési- gné sous le nom de pérennant. Pour lui, la qualification de plante pérennante doit étre exclusivement réservée pour les plantes qui, normalement annuelles, peuvent, en raison de conditions de climat ou d'exposition particulières, surtout dans les pays chauds, vivre pendant plusieurs années par l'induration des tissus de leur tige. Le Cheiranthus Cheiri, Ye Malcolmia egyptiaca, le Piptatherum miliaceum, etc., dont les tiges indurées peuvent fleurir plusieurs fois, sont, dans ce cas, des types de plantes pérennantes. M. Duchartre trouve que la distinction que voudrait établir M. Royer est sans objet et qu'il suffit de s'en tenir à la division des plantes, proposée par De Candolle, en monocarpiennes et polycar- piennes. Le Libanotis montana serait ainsi une plante monocar- pienne, de même que l'Agave americana L. M. Eug. Fournier dépose surle bureau la cominunication suivante, adressée à la Société : SUR LES VARIATIONS PARALLÈLES CHEZ QUELQUES ESPÈCES DE VERBASCUM CROISSANT EN FRANCE OU DANS LE CENTRE DE L'EUROPE, par M. A. FRANCHET. (Cour-Cheverny, 1*' octobre 1868.) Dans la séance du 21 avril 1865, M. Duval-Jouve développait devant la Société botanique de France des considérations tendant à établir que dans cer- taines espèces linnéennes, quelques individus réunis sous un nom commun, « pré- » sentent assez souvent entre eux des séries de différences qui les ont fait » grouper, par les uns en variétés subordonnées, par les autres en espèces nom- » breuses affines, en lesquelles s'est résous le type primitif ». (Bull. Soc. bot. France, XI, 196.) T ajoutait plus loin (p. 197) : « J'ai voulu rechercher ce » que sont ces différences ou variations dans un genre donné, et si les variations » que présentent les espèces de ce méme genre ont de l'analogie entre elles. » Or, j'ai trouvé que sur la plupart des espèces d'un. méme genre, certaines » variations se produisent parallèlement d'une espèce à l'autre. » La connaissance de ce fait n'était pas à proprement parler entièrement nou- SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869. 39 velle, ainsi que M. Duval-Jouve le constate lui-même, lorsqu'il observe, que dans son travail sur les Cypéracées et les Graminées de France, M. Go- dron établit une sorte de parallélisme entre les variations de plusieurs espèces (1) appartenant à un méme genre. Mais il n'en est pas moins vrai de dire que la notion bien nette de cette particularité, en méme temps que la fréquence des cas où elle se présente, paraissent avoir échappé aux botanistes, et que M. Duval- Jouve doit être considéré comme ayant le premier formulé le fait d'une ma- nière précise, avec preuves évidentes à l'appui. C'est à lui que nous devons également d'en avoir tiré les conséquences pratiques, quand il ajoutait comme conclusion : « Ces faits m'ont paru dignes d’être notés et propres peut-être à » jeter du jour et de l'ordre dans la description des types, ainsi qu'à prévenir » l'inutile promotion à la dignité spécifique des groupes d'individus affectés » d'une de ses variations, qui, plus ou moins lontemps transmissibles par » atavisme, semblent ne devoir constituer que des variations subordonnées. » La constatation d'une particularité aussi intéressante en elle-méme, l'ordre que la notion du fait introduisait dans l'appréciation des variations des étres, la direction méthodique qu'elle imprimait à la recherche des caractères spéci- fiques, sujet si ardemment controversé de nos jours, tout enfin recommandait aux méditations des botanistes la communication de M. Duval-Jouve. Pour ma part, je tentai de l'appliquer, autantdu moins que me le permettrait le champ modeste de mes observations, au genre Verbascum, comme étant plus parti- culièrement l'objet de mes études. On reconnaitra du reste que les espèces de ce genre étaient propres entre toutes à cette expérience, si l'on considère les appréciations diverses dont elles ont été l'objet au point de vue de leur auta- nomie spécifique, le trouble qui régne dans leur synonymie, conséquences nécessaires des modifications nombreuses que beaucoup d'entre elles sont sus- ceptibles de revétir. Je dois avouer, en outre, qu'il me semblait particulièrement intéressant de rechercher et d'étudier avec ordre et méthode ce que pouvait, en fait de modi- fications, la nature abandonnée à ses propres forces et par conséquent libre et dégagée des tortures que lui infligela direction de l'homme, désireux dela voir se plier aux exigences de ses besoins ou de ses caprices. Certes, j'admire celui dont la patience intelligente et souvent la haute science dérobant à la nature quelques-uns de ses moyens d'action, arrive à produire parallèlement avec elle une méme substance offrant tous les caractères de l'identité, ou parvient (1) Scirpus maritimus, S. lacustris, Heleocharis multicaulis, qui tous trois ont une variété digyne coincidant avec des akènes comprimés ; Bromus tectorum, B. mamimus, B. erectus, Serrafalcus secalinus, S. macrostachys qui varient parallèlement dans la disposition de la panicule et la grosseur des épillets. (M. Franchet a fait à cette note, aprés la mise en pages, une addition dont l'étendue a obligé la Commission du Bulletin, pour ne pas retarder le tirage de la feuille, à renvoyer l'insertion à la fin de l'article, On la trouvera p. 57.) A0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à modifier les formes d'un être, j'oserai presque dire à sa fantaisie. Mais je me demande parfois si la modification est aussi complète, si l'analogie est aussi par- faite que l'on se hâte de le proclamer; en un mot, si nous sommes compléte- ment dans le vrai lorsque nous négligeons l'observation intelligente et con- sciencieuse des faits tels que nous les vovons se produire naturellement, pour reporter toute notre confiance, appuyer toutes nos théories sur nos expérimen- tations et sur la provocation artificielle de ces faits ou de leurs accidents, lors méme qu'il y a désaccord avec les durnées fournies par l'observation. Mais ce n'est point ici le cas de traiter cette question, dont l'importance est grande, du moins à mon sens. J'espére avoir un jour occasion d'y revenir (1). Ce qui frappe tout d'abord l'observateur dans l'étude des espèces du genre Verbascum, c'est d'une part la grande fixité des formes de quelques organes, tels que le stigmate, les anthères et leur mode d'insertion, la conformation des poils constituant le tomentum, la disposition des rameaux floraux, etc.; c'est d'autre part l'extréme variabilité de certains autres organes, tels que la forme des feuilles, leur mode de crénelures et le prolongement de leur décurrence, la longueur relative des bractées, la dimension des corolles, le degré d'abon- dance du tomentum, l'absence ou la présence de rameaux floraux latéraux. Une particularité non moins saillante, à côté de cette grande puissance de variabilité innée, offerte par la majorité des espèces du genre, réside dans le mode selon lequel nous la voyons se produire. Ce ne sont point des variations isolées naissant indépendamment des unes des autres, sans ordre et sans rela- tion; mais bien au contraire certaines manières d’être qui semblent être sou- mises à des lois fixes et se manifester constamment de la méme facon. Ainsi, par exemple, si dans une espèce nous constatons chez les feuilles deux formes ou deux modifications principales, l'une à tomentum épais, l’autre à tomentum rare, nous verrons ces deux modifications offrir les mêmes variations dans la couleur de l'indument, dans la manière d’être des crénelures, dans la longueur (1) De ce que l'homme puisse à son gré modi(ier dans une certaine mesure les formes de plusieurs animaux domestiques, allonger les cornes des bœufs ou les leur retrancher tout à fait, augmenter le nombre des plumes de la queue du pigeon, changer ses rou- coulements en rires ou en éclats de trompette (Darwin, De l'origine des espéces, traduit par M!!* Cl. Royer, p. 42 et suiv.) ; de ce que, dans un autre ordre de productions, le jardinier puisse faire disparaitre les épines qui couvrent, à l'état sauvage, le tronc de plusieurs de nos arbres fruitiers, métamorphoser les étamines en pétales, varier le coloris des fleurs ou les panachures des feuilles, je ne vois pas qu'on soit suffisamment autorisé à conclure, à l'exemple de quelques-uns (M. Darwin entre autres), que les individus sont soumis à des modifications indéfinies, à une transformation incessante, opérée par la nature abandonnée à ses propres forces, de ce que nous considérons comme type spé- cifique, N'est-il pas évident d'ailleurs que les résultats, ainsi obtenus par l'artifice de l'homme, constituent des monstruosités, des déviations à l'ordre, conservées à grand'- peine, quoi qu'on en dise, et non pas de véritables variétés telles qu'elles se produisent spontanément, et qu'en outre elles prouvent trop, en ce sens qu'elles établiszent souvent plus de distance entre deux individus domestiques ayant certainement une origine com- mune qu'entre deux individus sauvages appartenant à deux genres différents. SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1809. M ou la brièveté de leur pétiole, soit même dans la forme de leur limbe. Les espèces du groupe V. nigrum peuvent être particulièrement citées à l'appui de ce que j'avanceici, même en les réduisant à deux V. nigrum et V. Chaizii. Il n'est peut-étre pas inutile de noter ici que les variations se présentent surtout dans la portion inférieure de la plante. Ainsi, tandis que dans cer- taines espèces nous ne voyons pas deux individus offrir des feuilles inférieures semblables, ex : V. floccosum, la plus grande analogie existe toujours entre leurs feuilles supérieures. C'est encore au bas de la tige et sur les feuilles cau- linaires inférieures que le degré d'abondance ou de rareté du tomentum pré- sente la plus grande instabilité. De méme si les crénelures des feuilles doivent subir des modifications, c'est principalement au point d'insertion du limbe qu'elles aiment à se manifester. Il importe beaucoup de faire observer que chez les Verbascum, le parallé- lisme des variations ne se montre pas nécessairement d'une espèce à une autre dans toutes les espéces du genre, mais que ce parallélisme peut étre limité aux formes principales d'un type spécifique et que, de plus, les modifications n'af- fectent pas toujours les mémes organes chez des espéces, du reste, assez voi- sines. On se convaincra facilement de la vérité de ce que j'avance ici, en par- courant le tableau comparatif des variations parallèles, tel que je l'établis plus loin. M. Duval-Jouve ne signale point, ce me semble, cette particularité, ou du moins il ne la précise pas. Ilest possible qu'elle ne se présente point d'une facon aussi accentuée chez les Glumacées qui, seules, lui fournissent ses exemples, que chez les Verbascum, auxquels j'emprunte les miens. Mais on comprendra l'importance de cette remarque si l'on réfléchit que la modifica- tion de tel organe, qui, dans un groupe ou une section ne saurait fournir un caractere spécifique en raison de son parallélisme, peut au contraire dans un autre groupe ou dans une autre section, justement parce qu'elle se produit indépendamment de ce parallélisme, faire prendre rang d'espéce à l'assem- blage d'individus qui s’en montre affecté. Par exemple, chez les espèces du groupe V. nigrum, la base du limbe peut étre, dans toutes leurs variations, incisée ou seulement crénelée, tandis que dans un groupe voisin, celui des V. Lychnitis, nous ne voyons les crénelures dégénérer en lobes dans aucune forme ou variété. Le floriste sera donc plutót en droit de considérer le mode de crénelures comme note vraiment spécifique dans un groupe que dans uu autre, et c'est sur cette donnée qne l'on ne saurait séparer du V. Chatzit Vill., les V. dentatum et urticefolium, tandis qu'a mon sens, M. Boissier était suf- fisamment autorisé à distraire du V. floccosum, son V. granatense, ou toute autre espèce, sur la seule considération des sinus des feuilles. Le principe forinulé par M. Duval-Jouve n'est donc pas seulement destiné à mettre de l'ordre dans l'étude des variations des étres, ou propre à faire descendre du rang d'espèce tout ce qui aurait usurpé ce titre; mais je le crois aussi appelé A2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à constituer une sorte de criterium, qui permettra souvent d'apprécier à leur juste valeur certaines modifications, dont l'importance est fort discutée au point de vue spécifique. En vertu de ce principe, toutes les fois qu'une modi- fication appréciable se produira en dehors des variations parallèles, il en pourra naitre une forte présomption que la réunion d'individus sur lesquels elle se manifeste devra prendre rang parmi les espèces. Par modification appréciable, j'entends celle qui atteint notablement un organe dans ses formes, soit qu'elle se montre isolément, soit que sa présence coincide avec d'autres modifications de moindre valeur atteignant d'autres organes, comme c'est le cas le plus fréquent. Tout observateur se convaincra bien vite que, dans la pratique, l'arbitraire sera en partie banni, du moment où les variations parallèles seront écartées comme caractère spécifique, et que l'établissement des espèces en deviendra beaucoup plus facile en méme temps qu'il sera dégagé de beaucoup d'incertitudes. Toutefois, je ne prétends pas dire que les botanistes trouveront dans l'ap- plication de ce principe un criterium infaillible qui lèvera tous les doutes relatifs à l'espèce. On ne saurait se dissimuler qu'en raison de l'imperfection de nos moyens d'observation, et j'oserai méme dire de la faiblesse de notre entendement, des difficultés se présenteront fréquemment dans la pratique, parce que les floristes ne seront pas toujours à méme d'affirmer si telle ou telle modification rentre ou non dans le cas des variations parallèles. Mais il n'en est pas moins permis d'espérer que, grâce à cette théorie, plusieurs especes, indüment séparées, devront nécessairement disparaitre, tandis que la légitimité de l'existence de plusieurs autres en sera consacrée. J'ai dit plus haut que l'étude et la saine appréciation du parallélisme des variatious aurait pour résultat de rendre, dans plusieurs cas, l'établissement des espèces moins arbitraire. Je sens qu'on pourrait m'objecter ici que dans certaines familles, un bon nombre d'especes ont été établies sur des modifications réellement parallèles sans que leur valeur et la légitimité de leur élévation au rang de type spécifique puissent en étre infirmées, ce qui, cependant, semblerait logique si la théorie de M. Duval-Jouve, telle que je viens de la formuler ici, était appliquée avec rigueur. Ainsi, par exemple, la plupart des espèces du genre Reseda ont été séparées sur des caractères dont le parallélisme est évi- dent, comme il est facile de s'en convaincre en parcourant la monographie de ce genre, telle que M. J. Mueller l'a faite pour le (Prodromus XVI, pars 2, p. 560). Je répondrai à cette objection, fort sérieuse du veste, qu'il existe certaine- ment plusieurs degrés dans l'importance des modifications des étres, qu'elles soient. parallèles ou non, que leur parallélisme n'infirme leur valeur, au point de vue spécifique, que dans le cas oà elles atteignent des organes dont la mobi- lité de forme nous est attestée, soit par la simple observation des faits naturels, soit par l'expérience acquise dans les semis de graines prises sur un méme indi- vidu. Et, d'ailleurs, n'existe-t-il pas un véritable parallélisme dans les caracteres SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1859. A3 qui ont donné lieu à l'établissement de certaines familles, dans les divers em- branchements du règne végétal? En faudrait-il conclure à la radiation de ces familles ? Cette conséquence ne me parait pas admissible dans l'état actuel de nos connaissances. Mais tout en posant en principe que le parallélisme dans les modifications des étres semble constituer une des grandes lois qui préside à leur production, tout en admettant en méme temps que ces modifications, quoique parallèles, nous fournissent d'excellents moyens de distinction quand elles atteignent profondément certains organes, il parait également rationnel de reconnaitre que leur importance diminue graduellement, et que, parvenues à leur plus bas degré, à leur minimum de force de mauifestation, elles arrivent, justement en raison de leur parallélisme, à ne plus constituer que des différences individuelles ou propres tout au plus à caractériser les diverses manières d’être d'un type spécifique. Tel est du moins, ce me semble, l'enseignement qui res- sort de l'expérience de tous, et dès lors je dirai du sens commun. Ceci étant admis, ne doit-on pas accueillir avec empressement toute donnée, toute théorie nous fournissant les moyens d'étudier avec méthode, de classer ces variations, comme étant éminemment propre à faciliter la connaissance de l'espéce et à rectifier l'appréciation des caractères sur lesquels on croit pouvoir l'établir ? C'est dans ce sens que j'attribue à la théorie de M. Duval-Jouve une véritable utilité pratique. A l'exemple du savant botaniste de Strasbourg, je présenterai les variations des espèces du genre Verbascum sous forme de tableaux, cette méthode me paraissant de nature à en faire mieux saisir le parallélisme. Je me bornerai à mentionner les types dont j'ai pu examiner des échantillons nombreux et de provenances diverses, conditions essentielles pour unesemblable étude. Comme preuve que les variations signalées dans mon travail sont bien réelles et nulle- ment théoriques, comme on serait peut-étre tenté de le supposer, je donnerai à l'appui de chacune d'elles une localité tirée ordinairement de mon propre herbier, ou plus rarement d'une autre source que j'aurai soin d'indiquer à l'occasion. Du reste, je puis affirmer à priori que toute collection un peu con- sidérable, renfermant des échantillons bien complets et de localités variées, offrira la plupart des modifications mentionnées ici, et d'autres sans doute qui me sont restées inconnues. Je dois ajouter que les hybrides, si fréquents dans le genre qui m'occupe, seront exclus, bien qu'il soit facile d'établir aussi un parallélisme entre les variations de plusieurs d'entre eux. Je n'ai pas dû, non plus, tenir compte des modifications anormales résultant de la section des tiges ou de tout autre accident. hh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SECTION I. — Anthères insérées toutes transversalement. GROUPE A. LYCHNITIS. — Poils des filets staminaux tous blancs. 1. V. speciosum Schrad. Tomentum jaunátre « Feuilles (1) étroitement oblongues Tomentum très-épais. — V. megaphlomos Boiss. et Heldr. (Grèce). Tomentum assez mince, — V. longifolium DC. (Suisse, d'aprés un spécimen de Schleicher). Tomentum grisâtre ou verdâtre. €. Feuilles oblongues. Tomentum mince (Autriche). y. Feuilles obovales. Tomentum mince (Autriche) . 9. V. floccosum Waldst. et Kit. Tomentum d'un beau blanc, épais ; acumen des feuilles supérieures nul ou allongé ; fleurs grandes ou petites. «. Feuilles obovales (Autriche). €. Feuilles oblongnes (Loir-et-Cher). y. Feuilles étroitement oblongues (Loir-et-Cher). Tomentum d'un blanc verdâtre, trés-làche ; acumen des feuilles supérieures nul ou allongé; fleurs grandes ou petites. Ÿ. Feuilles obovales (Rhône). t. Feuilles oblongues (Espagne). 3. V. Lychnitis L. Feuilles minces, seulement pubérulentes en dessous ; bractées longues ou courtes ; fleurs jaunes ou blanches. æ. Feuilles oblongues (Autriche). G. Feuilles obovales (Pyrénées-occidentales). Feuilles à tomentum assez épais grisátre ; bractées longues ou courtes ; fleurs jaunes ou blanches. Y Feuilles oblongues (Savoie). . Feuilles obovales (Suisse). GROUPE B. NIGRUM. — Poils des filets staminaux violacés. 4. V. nigrum L. Tomentum fin et grisàtre ; feuilles caulinaires inférieures presque concolores; tige simple ou à rameaux courts. a. Feuilles en cœur, régulièrement crénelées (Prusse). €. Feuilles en cœur, profondément lobées à la base (Tirol). y. Feuilles tronquées subatténuées, crénelées ou lobées à la base (Côte-d'Or). Tomentum épais grisâtre; feuilles caulinaires inférieures discolores; tige simple ou à rameaux courts. 9. Feuilles en cœur, régulièrement crénelées (Loir-et-Cher). t. Feuilles en cœur, profondément lobées à la base (Dordogne). n. Feuilles tronquées subatténuées, crénelées ou lobées à la base (Haute -Saône). (1) Les feuilles dont il est ici question sont les feuilles caulinaires inférieures, Cette observation s'applique à toutes les espéces qui vont suivre. SÉANCE DU 12 rÉvRIER 1869. h5 5. V. Chaixü Vill. Tomentum fin ; feuilles caulinaires inférieures concolores. « Feuilles atténuées, régulièrement crénelées (Pyrénées-Orientales). 6. Feuilles atténuées, incisées-lobées à la base (Savoie). Feuilles caulinaires inférieures à tomentum assez épais, grisátre ou jaunátre. y. Feuilles atténuées, régulièrement crénelées (Ardèche). 9. Feuilles atténuées, incisées-lobées à la base (Var). t. Feuilles tronquées-subcordiformes, lobées ou crénelées à la base (Savoie). 6. V. austriacum Rom. et Schult. Tomentum trés-fin ; feuilles caulinaires inférieures concolores. 4. Feuilles atténuées, réguliérement crénelées (Autriche). 6. Feuilles atténuées, lobées à la base (Carniole). y. Feuilles tronquées-subcordiformes, crénelées ou lobées (Basse-Autriche). Feuilles caulinaires inférieures à tomentum épais, grisátre. ò. Feuilles atténuées, régulièrement crénelées (Tirol, herbier univ. d'Insbruck). t. Feuilles atténuées, lobées à la base — — n. Feuilles tronquées-subcordiformes — — 7. V. orientale M, -Bieb. Feuilles caulinaires inférieures presque glabres en dessus, finement velues en dessous 4. Feuilles réguliérement dentées (Géorgie, Caucase). 6. Feuilles lobées à la base (fide M.-Bieb. Fl. Taur.-Caucas.). Feuilles caulinaires inférieures à tomentum assez épais, grisátre. y. Feuilles régulièrement dentées (fide M.-Bieb. Fl. Taur.-Caucas.). ò. Feuilles lobées à la base (Caucase in herb. Delessert). GROUPE C. SINUATUM.— Feuilles décurrentes. NoTA. Les espéces de ce groupe sont surtout orientales. La France n'en posséde qu'une, le V. sinuatum. Il ne m'a pas été possible de voir un assez grand nombre de spécimens des autres espéces pour donner le tableau de leurs variations paralléles. 8. V. sinuatum L. Feuilles subsinuées, tomentum blanchátre ou d'un vert jaunátre. æ. Feuilles brièvement décurrentes (Hérault). 6. Feuilles demi ou longuement décurrentes (Vénétie). Feuilles profondément lobées-sinuées, tomentum blanchâtre ou d'un vert jaunâtre. Y. Feuilles brièvement décurrentes (Vaucluse). . Feuilles demi ou longuement décurrentes (Vaucluse). SECTION II. — Anthères des deux étamines inférieures insérées obliquement ou latéralement sur le filet. GROUPE D. MAIALE. — Feuilles jamais décurrentes. NoTA. Une seule espéce de ce groupe existe en France. Les autres se rencontrent en Italie, en Grèce ou en Asie Mineure. L'espéce française est remarquable par ses va- riations. 9. V. Borhaviü L. Tomentum épais, peu floconneux; bractées allongées ou presque nulles ; glomérules écartés ou rapprochés. 2. Feuilles lancéolées ou oblongues, un peu atténuées à la base (Hérault). €. Feuilles tronquées à la base, subdeltoides (Pyrénées-orientales). Y. Feuilles presque arrondies trés-obtuses (Pyrénées-orientales). hô SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Tomentum lâche floconneux; bractées allongées ou presque nulles; glomérules écartés ou rapprochés. 9. Feuilles oblongues (Alpes-Maritimes). t. Feuilles largement ovales, trés-obtuses (Algérie). GROUPE E. EUTHAPSUS. — Feuilles plus ou moins décurrentes ; pétiole long ou court. 10. V. montanum Schrad. Tomentum jaune-fauve ; poils des filets staminaux inférieurs nuls ou assez abondants ; pétiole long ou court. a. Feuilles inférieures oblongues (Suisse). €. Feuilles inférieures obovales (Dordogne). Tomentum blanchâtre ; poils des filets staminaux inférieurs nuls ou assez abondants; pétiole long ou court. . Feuilles inférieures oblongues (Rhóne). ?. Feuilles inférieures obovales (Loir-et-Cher). 11. V. Thapsus L. Tomentum jaune-fauve; poils des filets staminaux inférieurs nuls ou assez abondants ; pétiole long ou court. z. Feuilles inférieures oblongues (Vaueluse). €. Feuilles inférieures obovales (Hérault). Tomentum blanchâtre ou verdátre; poils des filets staminaux inférieurs nuls ou assez abondants ; pétiolelong ou court, y. Feuilles inférieures oblongues (Autriche). 3. Feuilles inférieures obovales (Loir-et-Cher). 12. V. phlomoides L. Décurrence des feuilles trés-courte; glomérules ordinairement écartés; tomentum fauve, jaunâtre ou verdàtre, a. Décurrence arrondie. — V. phlomoides type (Hérault). €. Décurrence cunéiforme (Loir-et-Cher). Demi-décurrence ; glomérules ordinairement assez rapprochés; tomentum fauve, jau- nâtre ou verdâtre. y. Décurrence arrondie (Loir-et-Cher). 9. Décurrence cunéiforme. = V. australe (Rhône). 13. V. thapsiforme Schrad. Glomérules trés-rapprochés; décurrence large ou étroite ; tomentum fauve, jaunâtre ou verdâtre. a. Feuilles cuspidées (Loir-et-Cher). €. Feuilles seulement aiguës (Rhône). Glomérules espacés ; décurrence large ou étroite ; tomentum fauve, jaunâtre ou verdâtre. y. Feuilles cuspidées (Loir-et-Cher). d, Feuilles seulement aiguës (Rhône). SECTION III. — Poils des rameaux floraux en partie glanduleux ; capsule arrondie, GROUPE F. BLATTARIA. — Anthères des étamines inférieures insérées obliquement. 14. V. Blattaria L. Feuilles radicales à peu prés régulièrement crénelées. 4. Bractées inférieures plus courtes que le pédicelle (Var). e r, ^. Bractées inférieures plus longues que le pédicelle (Vénétie) SÉANCE DU À? FÉVRIER 1869. h7 Feuilles radicales sinuées-lobées. Y Bractées iuférieures plus courtes que les pédicelles (Doubs). . Bractées inférieures plus longues que les pédicelles (Loir-et-Cher). 15. V. blattarioides Lam. Feuilles radicales à peu près régulièrement crénelées. «, Pédicelles solitaires (Loir-et-Cher). 6. Pédicelles 2-4 (Loir-et-Cher). Feuilles radicales lobées-subsinuées. +. Pédicelles solitaires (Loir-et-Cher). 9. Pédicelles 2-4 (Loir-et-Cher). GROUPE G. PHOENICEUM. — Toutes les anthéres insérées transversalement. 16. V. phæniceum L. Tiges simples, non ramifiées, a. Feuilles à peu prés glabres sur les deux faces (Tirol). €. Feuilles velues ou finement tomenteuses en dessous (Hongrie). Tiges plus ou moins ramifiées. y. Feuilles à peu prés glabres sur les deux faces (Piémont). 9. Feuilles velues surtout en dessous (Piémont). A l'occasion des tableaux comparatifs qui précèdent, je ferai quelques obser- vations. 1° Les variations parallèles sont reliées entre elles par de nombreux intermé- diaires; elles n'expriment donc que les manifestations les plus extrêmes des modifications subies par tel ou tel organe de la plante. On comprendra facile- ment qu'il me suffisait d'énoncer les divergences les plus accusées, comme faisant mieux ressortir le parallélisme. 2° Les variations parallèles d'une espèce à une autre, où d'un groupe à un autre groupe, sont limitées dans leur manifestation. Ainsi, chez le V. floccosum, le tomentum peut varier du blanc presque pur au jaune verdàtre, mais nous ne le voyons dans aucun cas offrir la teinte grisâtre de celui du V. Lychnitis. Dans le groupe Euthopsus, la décurrence peut être très-courte, mais elle ne fait jamais complétement défaut. Dans le groupe nigrum, les feuilles sont ou non incisées, mais cette variation atteint seulement leur base et jamais tout leur pourtour comme chez le V. sinuatum. Il résulte de tout ceci qu'une mo- dification, dans laquelle on ne doit voir qu'une simple variation, tant qu'elle est contenue dans le cercle de son parallélisme, peut constituer en réalité un bon caractère spécifique lorsqu'elle se manifeste en dehors de ces li- mites, 3° Dans certains groupes, celui des £uthapsus, par exemple, l'établissement des variations parallèles, quelle que soit la manière dont on l'applique, ne saurait échapper tout à fait au reproche d'arbitraire. Tous ceux qui connaissent les différentes manières d’être des espèces qui composent ce groupe seront en droit de me demander pourquoi je n'ai point, de préférence, signalé le parallé- A8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lisme du degré de décurrence si éminemment variable dans ces plantes, ce qui eüt peut-étre nécessité la réduction à deux, des quatre types présentés : le V. montanum n'étant guère qu'un V. Thapsus à décurence réduite, et le V. thapsiforme un V. phlomoides à décurrence trés-développée. Je ne saurais méconnaitre la justesse de cette observation et ne vois d'autre réponse à faire que celle-ci : on n'a pas encore signalé, entre les V. Thapsus et montanum, d'intermédiaires sous le rapport de la décurrence; d'autre part, chez le V. thapsiforme, le maximum de longueur de la décurrence coincide généralement avec le plus grand rapprochement des glomérules et vice versa. S'il est vrai de dire qu'il n'est pas rare de rencontrer des intermédiaires entre les deux états, il faut en méme temps reconnaitre qu'il est toujours possible de les rapprocher d'un type plutót que d'un autre. Je ne serais du reste nullement surpris, si plus tard il venait à étre complétement démontré que les V. monta- num et V. thapsiforme nesont que l'expression la plus extrême d'une suite non interrompue de variations chez les types primitivement décrits V. Thapsus et V. phlomoides. Je souscrirais alors très-volontiers à leur radiation du nombre des espèces. Cette communication ne serait pas complète, si, à l'appui de ce que j'avance, je ne donnais une courte diagnose des espèces mentionnées dans mon travail, et de quelques autres, dont l'étude et la mise en lumière ressort nécessaire- ment de monsujet. J'aurai soin de prendre les notes spécifiques en dehors des variations paralléles, comme conséquence logique du principe énoncé plus haut. Je bornerai strictement mes observations critiques à celles qui sont propres à jeter du jour sur la connaissance des types spécifiques. A. V. speciosum Schrader. — Tomentum persistant, non floconneux ; stig- mate lancéolé ; capsule cylindrique. Presque tous les floristes caractérisent cette espèce par la forme de ses feuilles étroitement oblongues, ondulées, et par l'absence presque compléte de crénelures. Tout en reconnaissant que le V. speciosum emprunte à ces carac- teres, quand ils existent, un cachet tout particulier, je crois devoir faire obser- ver que, d'une part, ils ne sont pas constants, puisqu'il n'est point rare de ren- contrer des individus à feuilles planes obovales, et dont les crénelures sont assez apparentes en raison du peu d'abondance de leur tomentum, et que, d'autre part, on trouve fréquemment, surtout dans les sables arides, des spécimens du V. floccosum à feuilles inférieures étroitement oblongues-lancéolées, ondulées, et dont le tomentum est si épais que les crénelures disparaissent tout à fait. Aussi, je pense qu'il est beaucoup plus sûr de différencier le V. speciosum par la fixité de son indument et surtout la longueur de ses capsules, caractères qui, dans aucun cas, ne lui sont communs avec le V. floccosum. Quant au fomentum, sa couleur, non plus que son degré d'abondance, en sauraient constituer un caractére spécifique bien réel, Dans la variété mega- SÉANCE DU 412 FÉVRIER 1869. A9 phlomos Boiss. et Heldr. (1), l'abondance de l'indument semble atteindre son maximum d'intensité ; la couleur est d'un jaune fauve très-accusé. Dans un autre spécimen, publié par Schleicher, sous le nom de V. longifolium DC., la cou- leur est également jaunâtre, mais l'indument est très-fin, et dés lorsles feuilles très-minces. Chez quelques individus de Rospath (Basse-Autriche), qui m'ont été envoyés par M. Kerner, le tomentum est grisâtre et son épaisseur des plus variables. Une curieuse particularité se manifeste assez souvent chez le V. spe- ciosum : les feuilles et la portion inférieure de la tige prennent par la dessicca- tion une teinte bleuâtre. Schanz, qui semble avoir le premier constaté ce fait, le considérait comme une note spécifique, et conséquemment établit son V. cæ- ruleum sur les individus qui offraient ce caractère. Schrader en fit justice quelques années plus tard. Je l'ai observé sur les individus à tomentum gris, aussi bien que sur ceux dont l'indument est jaunâtre. A l'état frais, ils tachent le papier en bleu foncé, 2. V. floccosum Waldst. et Kit. — Tomentum blanc ou d'un jaune verdâtre, fleconneux, caduc ; stigmate lancéolé ; capsule ovoide. 9. V. Lychnitis L. — Tomentum grisâtre, fin, ni floconneux, ni caduc ; stig- mate capité ; capsule ovoide. De toutes les espèces françaises, le V. Lychnitis est celui dont la capsule offre le plus d'instabilité dans ses dimensions. Les variations se manifestent parfois sur un méme rameau, bien que plus ordinairement elles se montrent sur des individus différents. Le degré de fertilité des graines prises dans les capsules, petites ou grosses, est le méme, ce qui écarte toute idée d'un état maladif chez les unes ou chez les autres. ^. V. nigrum L. — Tomentum égal, jamais longuement laineux, feuilles irré- gulièrement crénelées, parfois subincisées à la base ; tige très-anguleuse, simple, ou à rameaux courts épais dressés parallèlement à l'axe. Le V. nigrum est bien caractérisé, indépendamment de ses feuilles inférieures cordées, par la briéveté et la direction de ses rameaux floraux. Les crénelures, wés-variables quant à leur profondeur, comme je l'ai montré plus haut, sont toujours arrondies au sommet et souvent très-larges et fort inégales. La cou- leur des feuilles est invariablement le vert foncé; elles ne paraissent grises que par suite de l'abondance du tomentum dont elles sont parfois recouvertes, 5. V. lanatum Schrad. — Tomentum inégal, constitué surtout à la base des tiges et des pétioles inférieurs par de longs poils mous; feuilles triplement crénelées, souvent sinuées; tige roide, simple, anguleuse. Cette espèce, réunie mal à propos en synonyme au V. nigrum par M. Beni (1) Le V. megaphlomos Boiss., considéré d'abord comme une espèce distincte, et réun ensuite comme variété au V. speciosum, pourrait bien étre un hybride. Les capsules n'étaient développées sur aucun des spécimens que j'ai pu voir, malgré l'état avancé de la plante, et de plus les glomérules étaient composés d'un nombre inusité de fleurs, J'en ai compté trente-quatre dans un seul glomérule. (Note ajoutée à l'impression.) T. XVI. (SÉANCES) A 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tham (Prodr. X, 238), s’en distingue nettement à mon avis par la nature de son tomentum. Chez le V. nigrum, tous les poils formant l'indument sont com- posés de deux à trois articles portant chacun à leur base quatre à cinq rameaux (articles simples) disposés en faux verticilles ; il en résulte que ces poils sont à peu près tous égaux entre eux. Le V. lanatum, au contraire, offre, outre des poils constitués ainsi que je viens de le dire, d'autres poils, naissant surtout à la base des pétioles, simples, mous, allongés, formés de trois à huit articles. Ces grands poils sont rarement munis cà et là, et principalement dans le haut, de rameaux (articles simples) solitaires ou plus rarement géminés, mais jamais verticillés. Cette différence dans la constitution des poils chez les deux espèces, peut au premier abord sembler d'une importance minime. Toutefois, si l'on réfléchit à la grande similitude des poils du tomentum dans toutes les espéces de Verbas- cum qui ne font point partie de la section Blattaria, on sera convaincu de l'autonomie du V. /anatum, d'autant plus qu'à cette note distinctive vient s'en joindre une autre qui n'est pas sans importance, le mode de crénelure des feuilles « subtriplicato-crenatis », comme le dit Koch dans son Synopsis. Schrader figure cette espèce avec des feuilles subsinuées 3 mais cette particula- rité ne semble pas commune à tous les individus. Les capsules m'ont paru plus glabres qu'elles ne le sont d'ordinaire dans les espèces du groupe nigrum. Mais je ne suis pas suffisamment renseigné sur la valeur de ce dernier caractère. 6. V. Chaixii Vill. — Feuilles d'un vert sombre au moins sous le tomentum, décroissant régulièrement de grandeur, les supérieures subpétiolées, cré- nelées ; rameaux floraux gréles, ascendauts, flexueux. La disposition des rameaux floraux sépare si nettement cette espèce du V. nigrum, que je m'étonne de voir un botaniste sérieux, tel que Bertoloni, proposer de la lui réunir comme variété. Cette opinion du savant italien semble du reste avoir passé inaperçue, et si M. Bentham la relève c'est pour la condamner. Les tiges sont moins anguleuses que celles des deux précédents, sans être tout à fait arrondies, comme on pourrait en inférer de la description de quelques floristes. Le peu de fixité du degré de profondeur des crénelures ne permet pas de voir autre chose que des simples synonymes du V. Chaizii dans les V. dentatum et urticæfolium. Quant au V. monspessulanum, main- tenu au rang d'espèce par Schrader, je pense qu'il ne constitue qu'une forine plus grêle du V. Chair, 7. V. austriaeum Hem. et Schultes. — Feuilles d'un vert sombre, au moins sous le tomentum ; feuilles décroissant brusquement vers le milieu de la tige, trés-finement et régulièrement crénelées ; rameaux floraux très- gréles, flexueux, ascendants. Le V. austriacum a tout d'abord été établi sur des spécimens à duvet rare et court, et. des lors à feuilles très-minces. Plus tard, on constata que certains SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869. 51 individus offraient un tomentum assez abondant et parfois grisátre; aussi, Schrader, qui connut bien la variabilité de l'indument, se vit-il réduit à séparer cette espèce du V. Chaixii sur la seule considération de la forme des feuilles, atténuées à la base dans le V. austriacum et cordées dans la. plante de Villars. J'ai montré précédemment que ces deux formes étaient loin d'étre le par- tage exclusif de l'une ou de l'autre des deux espèces, et que, dans des cas nombreux, il y avait pour ainsi dire échange entre elles sous ce rapport, aussi bien que sous celui de la profondeur des crénelures des feuilles inférieures. Reichenbach (Flor. excurs. Y, 381), tout en faisant aussi des feuilles cordées l'apanage exclusif du V. Chaixii, apprécie mieux le V. austriacum que ses devanciers, quand il compare son port et son feuillage à celui du V. ZycAnitis. Cette assimilation, empruntée du reste à Schrader, mais sur laquelle il appuie davantage, est très-heureuse. En effet, comme chez cette dernière espèce, les feuilles caulinaires du V. austriacum diminuent brusquement de grandeur vers letiers ou vers le milieu de la tige, ce qui n'a point lieu, à ma connais- sance du moins, chez le V. Chaizii. De plus, j'ai remarqué que les crénelures des feuilles supérieures du V. Chaixii étaient profondes, tandis que dans le V. austriacum elles se montraient fines et très superficielles. La constance de cétte particularité, chez tous les spécimens des deux espèces que j'ai pu exami- ner, me porte à croire qu'elle peut servir à les distinguer. Les botanistes, habi- tant les contrées où elles croissent, feront bien toutefois de s'assurer de sa fixité sur un plus grand nombre d'individus. 8. V. orientale M.-Bieb. — Feuilles d'un vert pâle, dentées ; le reste comme dans le V. austriacum. .. Cette espèce, établie par Marschal de Bieberstein (Flor. taur.-cauc. 1, 160), à été réunie par lui-même au V. austriacum dans le supplément au même ouvrage (p. 154). En effet, elle diffère encore moins du V. austriacum que celui-ci ne diffère du V. Chaizi?. Ses variations sont les mêmes que celles de ces deux dernières espèces quant à la forme des feuilles, la profondeur des créne- lures et le degré d'abondance du tomentum ; la description originale en fait foi aussi bien que les spécimens recueillis par Steven. et ceux publiés par Hohe- nacker. Toutefois, Schrader (Monogr. p. 168) et Reichenbach (Flor. excurs. I, 381) attribuent au V. orientale, comme notes spécifiques distinctes, des feuilles d'un vert pâle ou jaunâtre et des crénelures aiguës terminées par un Mucron. J'ai pu m'assurer de l'exactitude de leurs assertions sur plusieurs Spécimens de l'herbier Delessert et sur quelques autres de mon propre herbier, provenant de la Géorgie caucasienne. Je me plais à reconnaitre qu'aucune autre espèce du groupe nigrum n'offre exactement le mode de crénelure, non Plus que la couleur des feuilles du V. orientale : mais je ne puis m'empêcher d'avouer qu'en général, de pareilles modifications n'ont qu'une bien mince Valeur au point de vue spécifique. 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Caractérisé, comme je l'ai fait précédemment, le V. orientale semble con- finé dans l'Europe orientale et le Caucase. On le signale dans la Basse-Autriche, et dans le Tirol et méme en Savoie. Mais les individus que j'ai vus sous ce nom, provenant du Tirol, ne constituent qu'une forme à feuilles trés-tomenteuses du V. austriacum. Quant à la plante de Savoie, je n'y puis voir qu'une variété à feuilles subcordées du V. Chaizii. Pour résumer ce que j'ai dit des V. Chaixii, austriacum et orientale, je dois convenir que les modifications qui les Séparent sont peu importantes en elles-mêmes, que leur valeur tient à leur fixité et aussi à ce qu'elles sont en dehors de tout parallélisme. Si l'on n'établit pas l'autonomie du V. aus- triacum sur la finesse des crénelures et la brusque décroissance des feuilles caulinaires, et celle du V. orientalesur la teinte pàle de son feuillage et le mu- cron de ses crénelures, il faudra admettre en France la présénce de ces deux espèces (1) conjointement avec le V. Chaixii et souvent dans les mêmes loca- lités. Je possède des spécimens de l'Hérault et du Var qui sont tout à fait à l'appui de mon assertion. Mais, en caractérisant les trois espèces ainsi que je l'ai fait, il faudra limiter l'habitat oriental du V. Chaiziiau Piémont, l'habitait occidental du V. austriacum au Tirol. Quant au V. orientale, il atteindrait tout au plus la Transylvanie et le Banat. Je reconnais que là où je crois devoir admettre trois espèces, d'autres admettront peut-être des races, empruntant leurs modifications aux milieux dans lesquels elles végètent. Ce n'est point ici le lieu de discuter cette question, qui, selon le sens où elle sera résolue, entrai- nera fatalement la déchéance d'un certain nombre des espèces connues ou consacrera leur autonomie. 9. V. hanatieum Schrad. — Tige violacée, finement striée, arrondie ou à angles peu apparents ; feuilles radicales profondément lobées dans leur partie inférieure ou dans leur pourtour, doublement crénelées, les supé- rieures dentées, largement ovales, cordiformes, amplexicaules ; rameaux floraux gréles, flexueux, ascendants ; poils des filets staminaux en partie violacés ; anthéres insérées toutes transversalement ; stigmate capité ; cap- sule......; tomentum plus ou moins abondant, verdâtre ou grisâtre. Gette plante est fort peu connue et c'est ce qui m'a engagé à Ja décrire plus longuement que les espèces précédentes. J'ai rédigé ma description sur un spécimen qui m'a été communiqué par M. Kerner, directeur du jardin bota- nique d'Insbruck, et recueilli dans le Banat par Rochel ; son authenticité est donc incontestable. Le V. banaticum est, par son port, aussi bien que par ses caracteres, intermédiaire entre les V. austriacum et sinuatum, Rochel, dans ses exstccata, le considérait méme comme analogue à cette dernière espèce. Plus tard, il crut devoir l'en séparer comme variété 8 Banaticum. Enfin, (1) Schreber et, d'après lui, Loiseleur-Deslongchamps indiquent le V. austriacum en Frace. SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869. 53 Schrader (Monogr. p. 172) l'éleva au rang d'espèce, le distinguant avec raison du V. sinuatum par l'absence complète de décurrence, un tomentum moins épais et moins feutré. Les rameaux floraux, quoique gréles ct effilés, sont aussi beaucoup moins allongés que dans cette espèce. Le V. banaticum se sépare bien nettement des trois espèces précédentes par la forme de ses feuilles supérieures largement ovales presque deltoides, cor- diformes et embrassant la tige par deux oreillettes arrondies, tandis que dans les V. Chaixii, austriacum et orientale, elles reposent par une base arrondie sur un pétiole, qui, bien que parfois très-court, ne m'a jamais paru faire com- plétement défaut. Les feuilles sont assez souvent sinuées-lobées dans tout leur pourtour comme celles du V. sinuatum. Aussi, je crois que M. Bentham a réuni mal à propros le V. banaticum à son V. Chaizit ; il avoue, du reste (Prodr. X, 238), avoir opéré cette réunion « fide speciminis hortensis ». Je n'ai vu qu'un trop petit nombre d'échantillons de cette plante pour étre en mesure de lui assigner avec quelque certitude des limites de variation. Les sinus sont plus ou moins accusés, parfois méme les lobes sont distincts à la base du limbe., L'herbier de M. Kerner renferme trois feuilles inférieures et une rosette de première année ; l'une des feuilles radicales présente des sinus dans tout son pourtour, les autres, seulement dans le tiers inférieur ; celles de la rosette sont ovales, seulement crénelées, mais à crénelures plus profondes vers la base du limbe ; il faut sans doute attribuer l'absence des sinus au jeune âge de la plante. Le tomentum, d'un jaune grisâtre ou verdâtre, fait quelquefois à peu prés complétement défaut, et dans ce cas, la plante est presque verte. Walpers (Repert. VII, 133), dit que les poils des filets staminaux sont tous blancs, ce qui me semble contraire au texte de Schrader : « Florum structura omnino V. sinuati. » Reichenbach (Fl. germ. XX, 16) lui attribue des poils d'un blanc jaunâtre et le rapproche du V. Lychnitis, et, sous ce rapport, il a, je crois, méconnu ses véritables affinités. Le V. banaticum ne parait pas encore avoir été signalé en dehors du Banat. ‘Toutefois, sa présence en France me pa- rait incontestable d'aprés un échantillon recueilli aux environs de Toulon par M. Robert. Serait-ce une importation? C'est une question que je soumets aux botanistes de la localité. 10. Y, sinuatum L. — Feuilles sinuces, les caulinaires décurrentes; poils des filets staminaux presque égaux entre eux. Cette plante forme, avec quelques autres espèces orientales, un petit groupe très-naturel, caractérisé surtout par la présence sur les filets des étamines de poils nombreux à peu prés égaux entre eux et non pas trés-inéógaux, ceux du milieu et du sommet plus allongés, comme on le voit dans presque toutes les espèces du genre. 5A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 11. V. Bærhavii L. — Feuilles jamais décurrentes (1) ; poils des filets stami naux en partie violacés, moins abondants sur les étamines inférieures, dont les anthères sont insérées obliquement ; (leurs solitaires, rarement ternées. C'est uniquement sur l'autorité de M. Bentham et de MM. Grenier et Godron que je rapporte au V. Bærhavii I. la plante du midi de la France, décrite par De Candolle sous le nom de V. maiale, espèce caractérisée, selon l'auteur de la Flore française, par des filets staminaux inférieurs nus, les trois supé- rieurs converts de poils jaunâtres. Schrader, si exact d'ordinaire, et qui fut à méme d'examiner la plante de De Candolle, modifia avec raison la description primitive en lui attribuant des poils en partie violacés et des filets inférieurs velus dans leur partie moyenne ; mais il se méprit singulièrement en ajoutant que toutes les anthères étaient égales « antheris cequalibus », ce qui semble écarter la notion d'obliquité. Depuis Schrader, les floristes, dont j'ai pu con- sulter les travaux, sans en excepter M. Bentham, ont déclaré les anthères du V. maiale toutes transversales, sauf MM. Grenier et Godron qui ont par- faitement apprécié leur forme et leur mode d'insertion. Si le V. maiale est réellement la méme plante que ces auteurs ont décrite sous le nom de V. Bærhavii, il faut convenir que De Candolle a bien mal observé sa plante, car aucun des caractères essentiels qu'il lui attribue n'est exact. Mais d'autre part on ne voit pas trop à quelle autre espéce on pourrait appliquer la dénomination linnéenne, et telle a été sans doute la raison déterminante de M. Bentham et des auteurs de la Flore de France, sans tou- tefois que cette raison justifie complétement à mes yeux la réunion du V. maiale au V. Bocrhavii, fort insuffisamment caractérisé par Linné. Peut- être eüt-il été plus rationnel de conserver le nom imposé par De Candolle, en introduisant dans la description les corrections nécessitées par une observation plus attentive. Le V. Bærhavii est une plante éminemment variable, ainsi que Schrader l'a fait remarquer depuis longtemps. Le tomentum, la forme des feuilles, le rapprochement des glomérules ne présentent aucune fixité et dés lors ne sau- raient être invoqués pour l'établissement de nouveaux types spécifiques. J'ai réuni un grand nombre d'exemplaires de localités diverses et je puis dire qu'ils ne se ressemblent nullement entre eux. Pour leur appliquer la même dénomi- nation, j'ai dû faire appel à des caractères plus intimes que ceux tirés de leur port, de la forme de leurs feuilles, etc. l'outefois, aucun de mes échantillons, ni aucun de ceux que j'ai pu voir daus d'autres herbiers, ne m'a présenté des feuilles offrant la moindre tendance à la décurrence, comme ledit M. Bentham (1) M. Bentham (Prodr. 1. X, p. 231, attribue au V. Borhavii des feuilles parfois très-brièvement décurrentes : « Foliis... rarius brevissime subdecurrentibus ». Ceci est évidemment une erreur. La décurrence des feuilles n'existe que chez les hybrides du V. Beorhavii avec les espèces de la section Thapsus, ex : V. Thapso X Boerhavii Laramb. SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1869. 55 dans le Prodromus. Je n'ai pas été non plus à méme de voir aucun spécimen à feuilles inféricures incisées, lobées, et représentant, au témoignage de MM. Gre- nier et Godron (F7. France, II, 551), le V. bicolor Badarro.$ En considération du mode d'insertion de ses anthéres inférieures, cette espèce doit rentrer dans la section Thapsus, dont elle présente en outre l'in- florescence, les grands calices et les grosses capsules. Elle doit y constituer un petit groupe avec quelques autres espéces orientales, si, toutefois, le vrai mode d'insertion des anthéres de ces espèces a été bien apprécié par les flo- ristes qui les ont décrites. 12. V. Thapsus L.— Feuilles à décurrence parcourant tout le mérithalle ; an- thères inférieures insérées obliquement ; stigmate capité. Il n'est point rare de rencontrer, surtout dans les contrées méridionales, des individus de cette espèce dont les filets staminaux inférieurs sontassez abondam- ment pourvus de poils. Ce fait, négligé par la plupart des floristes, est intéres- sant, en ce sens qu'il montre que cette espèce est intermédiaire sous ce rapport, comme sous celui du mode d'insertion des anthères, entre les espèces de la section. Zychnitis etles V. phlomoides et thapsiforme, représentant la limite extrême de la manifestation de l'obliquité des anthéres chez les Verbascum. 13. V. montanum Schrad. — Feuilles brièvement ou semi-décurrentes ; le reste, comme chezle V. Thapsus. Il ne faudrait pas considérer dans cette plante, comme caracterespécifique, la couleur fauve du tomentum. Elle n'existe guère que chez les individus végétant dans les lieux trés-secs et bien exposés au soleil ; aussi est-elle plus fréquem- ment observée dans les échantillons provenant des contrés méridionales, que chez ceux nés dans le centre de la France. Cette observation s'applique égale- ment à l'espéce précédente et aux deux suivantes. Je n'ai point à revenir ici sur le peu de valeur de l'unique caractère spécifique qui sert de base au V. montanum; je me suis suffisamment expliqué plus haut à cet égard. 1^. V. phlomoides L. — Feuilles brièvement ou semi-décurrentes ; anthéres inférieures tout à fait adnées ; stigmate lancéolé. La forme à feuilles brièvement décurrentes en une aile arrondie est plus commune dans le midi que dans le nord, J'ai vu des échantillons, provenant de Montpellier, sur lesquels la décurrence était si peu accusée que pour la décou- Vrir il était nécessaire d'avoir la notion préalable de son existence. Cette parti- cularité explique fort bien l'erreur de quelques floristes qui lui ont attribué des feuilles sessiles amplexicaules. 15. V. thapsiforme Schrad. — Feuilles décurrentes d'une feuille à l'autre ; 1 reste comme dans l'espéce précédente. Il est certain que cette espèce est reliée an V. phlomoides par des intermé- diaires nombreux qui semblent infirmer notablement son autonomie. Schra- 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. der en a considéré plusieurs comme espèces distinctes. J'ai vainement tenté de leur trouver un caractère pris en dehors des variations parallèles présentées parle degré de décurrence des feuilles, le rapprochement des glomérules, etc. Le V. thapsiforme ne semble établi que sur les individus offrant l’ensemble des modifications les plus extrêmes. 16. V. Blattaria L.— Poils tous glanduleux, capités ; pédicelles plus longs que la bractée: 17. V. blattarioides Lam. — Poils simples subulés ou fourchus, mélangés d'autres poils glanduleux capités ; pédicelles tous plus courts que la bractée. 18. V. pheeniceum L. — Anthères insérées toutes transversalement; feuilles presque glabres en dessus, velues en dessous ; fleurs d'un pourpre foncé. Les anthères inférieures de cette espèce ne sont jamais obliques, mais toujours parfaitement transversales. Reichenbach (F7. germ. t. XX, p. 9 et 10) con- teste le fait: « V. pheeniceum sepius vidi gaudere antheris obliquis ». Mais il est très-probable que cette variation ue se manifeste que dans les jardins, sur des individus entachés d'hybridité. Ici se termine l'exposé des observations que j'ai l'honneur de soumettre à "appréciation de la Société botanique de France. J'ai voulu démontrer que le tissu éminemment souple de plusieurs espèces de Verbascum permettait à certains de leurs organes de revétir des formes en apparence très-diverses et tout à fait de nature à égarer l'observation. J'ai cru qu'il était permis de m'at - tacher que peu d'importance à ces modifications, par la raison méme qu'elles se manifestaient presque toujours parallèlement, soit dans les formes d'une méme espèce, soit d'une espèce à une autre. J'espère avoir prouvé en méme temps qu'il est possible d'invoquer en faveur de la réalité de certains types spécifiques des caractères plus ou moins notables pris en dehors de ces variations dites parallèles, ou que, du moins, rien n'autorise jusqu'ici à ranger dans cette caté- gorie. C'est à l'avenir qu'il appartient d'invalider les faits que j'énonce aujour- d'hui, ou de leur donner la consécration du nombre et de l'expérience. Ce que M. Duval-Jouve a si bien dit des Glumacées, ce que j'ai cru pouvoir moi- même appliquer aux Verbascum, d’après les principes posés par lui, nul doute Qu'on ne le puisse dire de beaucoup d'espèces appartenant à d'autres familles et à d'autres genres. La théorie de M. Duval-Jouve demande à être généra- lisée ; c'est alors qu'elle sera probablement la source féconde d'enseignements précieux bien propres à guider dans l'étude d'un ordre de faits éminemment controversés et controversables, justement parce que jusqu'ici ils ont été appré- ciés sans méthode, sans se rendre compte des relations qui pouvaient exister entre eux, sans réfléchir que peut-être ils s'expliqueraient l'un par l'autre, et ue la lumière tant cherchée sur l'espèce sortirait, en partie du moins, @’une SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 57 classification bien entendue des modifications que la plupart d'entre elles offrent aux yeux de l'observateur. Je me prends parfois à croire que la théorie de M. Duval-Jouve, lorsqu'elle aura recu tous. les développements dont elle est susceptible, pourra bien étre appelée à mettre d'accord les deux camps qui divisent aujourd'hui tous ceux qui s'occupent d'histoire naturelle. D'une part, elle servira de frein à l'extréme multiplication des types spécifiques, en prouvant à tous ceux qui voudront voir que telle espèce, dite affine, n'est qu'une simple variation d'un type, ayant sa variation parallèle dans une autre forme du même type ou dans une espèce voi- sine, ce qui sera bien de nature, il faut l'avouer, à diminuer l'importance de la modification qui aura provoqué son élévation au rang d'espèce. D'autre part, elle posera une barrière devant la réduction indéfinie dont nous menacent quelques floristes, en forçant de reconnaitre la valeur de tout caractère un peu important pris en dehors des modifications parallèles. On a beaucoup parlé contre la £rituration de l'espèce, mais la tendance à tout réduire, née de l'excès contraire, offre des inconvénients tout aussi sérieux. Je ne parle pas du re- proche d'arbitraire que les deux camps opposés se renvoient avec une égale justice, mais je maintiens que la réduction, telle que la proposent certains floristes, tue l'observation, en ce sens qu'elle fait négliger l'étude d'une foule de formes qui ne sont. pas aussi individuelles qu'on voudrait bien le dire, et sans la connaissance approfondie desquelles on ne possède que la notion très- imparfaite de l'espèce. Complément de la nole (1) placée au bas de la page 39. — M. Darwin, dans son célébre ouvrage : De l'origine des espèces, traite également la question du parallélisme des variations ; mais au lieu de chercher ses exemples dans les produits spontanés de la nature, ce qui les eût rendus bien plus concluants à mon avis, il les emprunte tous à desaccidents provoqués par l'industrie de l'homme chez les animaux domestiques. Du reste, les modifications qu'il invoque viennent si peu à l'appui de sa thése ou tout au moins sont présentées d'une facon si ambiguë que sa plus fervente a lmiratrice, Mlle Clé- mence Royer, n'a pu s’empècher de critiquer dans une note le raisonnement du natura- liste anglais, Je ne puis qu'engager à lire dans l'ouvrage cité tout ce qui a trait à cette question, et les observations du traducteur. — M. Eug. Fournier (Recherches anat. et taxon. surla fam. des Cruciféres, p. 28, Paris, 1868) nous apprend que le principe des variations parallèles, tel que l'a exposé M. Duval-Jouve, est parfaitement applicable à la famille des Cruciféres en général, et notamment au genre Sisymbrium. SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASEGU E. M. Larcher; vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 12 février, dont la rédaction est adoptée. 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MM. James Watters, Germain de Saint-Pierre, Bocquillon et Emm. Duvergier de Hauranne, membres de la Société, sont proclamés membres à vie, sur la déclaration faite par M. le Trésorier, qu'ils ont rempli la condition imposée par l'art. 14 des statuts. M. Eug. Fournier donne communication des lettres suivantes : 4° Lettre relative à la vente de l'herbier de feu Schultz Bipon- tinus. Les enchères seront reçues jusqu'au 30 mars prochain ; % Lettre de M. le professeur Carl Stoitzner, à Weczevo, prés Vuczin (Esclavonie), relative à des propositions d'échanges de plantes ; 3" Lettre de M. F. Kehts (de Dantzick) annonçant la publication d'un herbier des plantes rares de Prusse, dont le premier fascicule de cinquante plantes, au prix de 9 francs, paraîtra vers le mois de juillet prochain. . M. E. Fournier appelle l'attention de la Société sur la publication d'un recueil de planches destinées à l'illustration de la flore fran- gare (1). E. Fournier donne lecture de la communication suivante n à la Société : QUELQUES HEMARQUES SUR LA VÉGÉTATION DE LA PLAINE DU FOREZ, par ME, Ant. LE GRAND. (Montbrison, 20 février 1869.) La plaine du Forez est située entre la chaîne de Pierre-sur-Haute à l'ouest, et celle du Beaujolais à l'est, et au pied des dernières ramifications du Pilat. Au uord, elle est séparée de celle de Roanne par des plateaux qui se relèvent rapidement et laissent filtrer la Loire à travers le défilé de Pinay. Ce fleuve la traverse du nord au sud et la divise en deux parties inégales. Son étendue est d'environ 40 kilometres dans le sens du fleuve, sur 20 de largeur; et son alti tude moyenne de 370 m., soit 25 m.. au-dessus du niveau de la Loire (2). C'est à peine si l'on trouve les localités de cetie plaine citées une quinzaine de fois dans les flores même les plus récentes; et c'est pour remplir cette lacune regrettable que je me suis livré depuis plusieurs années à l'étude des plantes qui croissent spontanément dans le département de la Loire, et en par- ticulier dans la plaine du Forez. Bien que placée sous une latitude relativement méridionale {45° 30"), sa végétation à une analogie évidente avec celle du centre de la France. (1) Voyez le Bulletin, t. XVI (Revue), p. 46. (2) Gruner, Description géologique et minéralogique du dépariement de la Loire. Paris, 1857. SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 59 Les espèces méridionales qui s'avancent jusqu'ici sont : Trifolium subter- raneum, HRanunculus monspeliacus (1), Lolium strictum, Phleum aspe- rum, Tragus racemosus, Eragrostis megastachya et pilosa, et quelques autres, Un plus grand nombre rattache la florule forézienne à celle de l'Auvergne et surtout de la Limagne, telles sont : Cracca monanthos (CC.), Ventenata triflora F. Sch. (GG), Sclerochloa dura (R.), Ceratophyllum suhmer- sum (R.), Senecio erraticus (CCC.), Carex divisa (CC.); et il est remar- quable que le Senecio erraticus foisonne ici comme en Auvergne, à l'ex- clusion du S. aquaticus (2). La florule en question n'a du reste aucun rapport avec celle des plaines du Lyonnais, qui appartiennent à un climat tout différent. La plaine du Forez est presque entièrement cultivée; elle est couverte de nombreux étangs. Les bois y sont très-clair-semés. Parmi les plantes silvatiques les plus notables, je citerai seulement Genista germonica et Peucedanum parisiense. Celles des lieux cultivés sont en général celles des stations analogues du centre de la France : les Adonis, Myagrum perfoliatum, Neslia paniculata, Sper- gula pentandra, Spergularia segetalis, Camelina microcarpa Andrz.(Boreau!), Lathyrus angulatus, Aira multiculmis Dum. (Boreau !) etc., Dans les prairies, outre les espèces habituelles, je signale : Roripa pyre- naica, Scilla autumnalis, Peucedanum officinale (parfois en masses), et dans les haies, broussailles, carriéres, le Peucedanum alsaticum en abondance. Les décombres produisent communément les Lepidium ruderale, Chenojo- dium rubrum et opulifolium. ; Les bords de la Loire méritent une mention spéciale. C’est à que j'observe : Ranunculus monspeliacus et Cheerophyllos, Draba muralis, Bupleurum Jac- quinianum Jord., Mentha Nouletiana Timb. Lagr. et mollissima Boreau !, Centaurea maculosa, E quisetum variegatum et ramosum, etc. Mais la partie la plus intéressante à explorer dans cette plaine uniforme est sans contredit la région aquatique. Les étangs, les fossés marécageux et leur Voisinage fournissent en abondance : Alisma Plantago, Damasonium stella- tum, Marsilia quadrifolia, Chara Braunii Gm. (Boreau!), Nitella flexilis Ag., Elatine Alsinastrum, hexandra, Potamogeton natans, crispus, grami- neus, trichoides, Juncus pygmæus, Heleocharis acicularis, Scirpus supinus, Leersia oryzoides; et plus rarement : Potentilla supina, Isnardia palustris, Littorella lacustris, Rumex maritimus, Hydrocharis Morsus-ranæe, Alisma repens Cav., Butomus umbellatus (RR.), Juncus capitatus, Pilularia globu- lifera, Limosella aquatica, Potamogeton acutifolius, etc. (1) La riomenclature adoptée est celle de la Flore de France de MM. Grenier et Go- dron. Quand elle en différe, on a soin de l'indiquer. (2) Lecoq et Lamotte, Catal. p. 231. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quelques-unes de ces espèces semblent rappeler la végétation des stations analogues de l'ouest, et aussi celle de la Brenne et de la Sologne. Mais vaine- ment chercherait-on ici ees plantes marquantes qui font là-bas le fond du tableau, les nombreuses et élégantes Bruyères et les panaches des Asphodèles, puis encore les humbles Gentianées, etc. En revanche, plusieurs espèces, sinon spéciales, au moins des plus intéres- santes, sont localisées dans cette région. Je citerai en premiere ligne l Z/atine macropoda, dont j'ai recueilli de nombreux et beaux échantillons pour les remarquables centuries du docteur F. Schultz (abondante en 1867, cette plante s'est à peine montrée en 1868), puis : Ranunculus confusus, Agropyrum glau- cum, Trifolium filiforme et parviflorum, etc. Ce dernier, depuis l'apparition du Catalogue de MM. Lecoq et Lamotte, est signalé dans toutes les flores à la localité classique de Fontberland ; je l'ai retrouvé dans trois autres localités trés- distantes les unes des autres et abondamment. Le Potentilla micrantha n'est pas mentionné dans la flore du bassin. de la Loire ; je l'ai adressé à tous mes correspondants et notamment à M. Boreau, mon savant maitre. Rare à Montbrison, il est commun autour de Saint- Étienne. Le Scirpus mucronatus, dont j'ai constaté plusieurs localités abondantes, est encore une espèce inédite pour la flore du bassin de la Loire et celle du plateau central. D'un autre côté, il est très-important de faire ressortir la rareté ou l'absence de plantes généralement communes. Ainsi, l'absence du Thalictrum flavum et de l'£rvum gracile est particulière à la flore d'Auvergne et à celle du Forez, bien que lÆ. tetraspermum soil assez abondant, Les. deux Nénu(ars, la Massette, le Reseda lutea, sont très-rares dans la plaine, dont la pauvreté en Orchidées s'explique par la nature du sol essentiellement siliceux. Le Carex Schreberi, dont je ne connais encore qu'une localité, relieles habi- tats d'Auvergne à ceux du Lvonnais. Au contraire, le Carex divisa abonde dans toutes les parties marécageuses de la plaine, comme dans la Limagne (1). Cette plaine uniforme offre un fait particulier, la présence de pics ou chai- nons basaltiques qui ont percé à une époque relativement récente les couches de terrain tertiaire qui la composent. Les basaltes qui renferment, comme on sait, une très-notable proportion de calcaire, devaient nécessairement offrir quelques végétaux spéciaux. Ma supposition s'est vérifiée, Trois espèces s'y trouvent communément, et ne m'ont pas encore apparu ailleurs, ni sur les granites, ni dans les sables siliceux, ce sont : Fragaria collina, Trifolium alpestre et medium. Plusieurs autres, plus (1) Lecoq et Lamotte, Catal. p. 377. SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869, 61 rares, se rencontrent exclusivement avec celles-ci : Micropus erectus, Lathy- rus niger et Ophrys apifera. Si, de la plaine, je voulais pénétrer dans les montagnes, bien des faits dignes d'être cités se présenteraient aussi. Ils pourront faire l'objet d’une note ulté - rieure, en attendant la publication d'un travail plus considérable sur le dépar- tement de la Loire, pour lequel j'ai déjà des matériaux importants. Je terminerai cet aperçu, esquissé à grands traits, par des observations très- succinctes sur quatre espèces rares du Forez. 1° J'ai découvert en abondance à plusieurs localités un Sempervivum, qui | sera prochainement publié dans les centuries du docteur F. Schultz et que celui-ci a nommé Semp. Legrandi (1); mais M. Lamotte, le savant mono- graphe de ce genre, y a reconnu (au moins pro parte) la var. vellavum du Semp. arvernense (2). 2° L'Asplenium Halleri DC. est une espèce variable. Ni le type (pedicula- rifolium Koch; F. Schultz. Herb. norm. n. 782 et 782 bis), ni le fontanum n'habitent les environs de Montbrison. La forme qui y croit abondamment à, au premier abord, le port de l'Aspl. lanceolatum; mais une étude plus attentive la fait rapporter à l Halleri. Elle en diffère toutefois par ses larges pro- portions, les segments deux ou trois fois plus grands, à divisions moins pro- fondes et souvent seulement dentés. Je l'appellerai Asp/. Halleri var. fore- siacum. 9? L'Asplenium germanicum Weiss est regardé, et je crois, avec raison, comme une plante hybride. Sa rareté en rend du reste difficile l'étude à ce point de vue. Dans la région moyenne de la chaine de Pierre-sur-Haute, sur le revers oriental, cette plante est au contraire abondante dans les rochers, mais plus encore dans les insterstices des murs. Elle est toujours associée aux Aspl. Trichomanes et septentrionale, et tellement mêlée dans les touffes du premier qu'on croirait tout d'abord que les deux sortes de frondes émanent de la méme souche. Ce n'est qu'en arrachant celle-ci, qu'on sépare nettement les ' deux plantes. Elle est très-abondante parfois entre ses parents présumés, et ce n'est que quand elle croit loin d'eux qu'elle se présente en pieds isolés (3). h* Un mot sur le Lycopodium Chamæcyparissus, si rare en France et si bizarrement dispersé, car cette intéressante espéce est du domaine de la flore forézienne. Découverte il y a dix ans par M. l'abbé Peyron, j'ai eu le plaisir (1) In Flora, n° 30, 22 octobre 1867. (2) Lamotte, Études sur le genre Sempervivum. Extr. p. 26. (3) IL n'est pas hors de propos de signaler la divergence des auteurs sur les noms donnés à cette espèce. MM. Cosson et Germain (Flore des env. de Paris, p. 863) attri - buent à la création du nom de germanicum (Weiss), la date de 1770, et celle de 1779 à celle de Breynii (Retz). Au contraire, M. Grenier (Fl. de Fr. WM, 637) écrit : Aspl. Breynii (Reiz, 1769) et germanicum (Weiss, 1779). M. Godron (FL. de Lorr. 2° édit.) a conservé le nom de germanicum, tandis que Koch, MM. Lecoq et Lamotte et M. Boreau ont admis celui de Breynii, 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la retrouver à la localité que ce botaniste m'avait lui-même indiquée avec exactitude et où elle est du reste peu abondante. Elle croît sur la pente nord- est de Pierre-sur-Haute au-dessus du bourg de Chalmazelles, à environ 1100 mètres d'altitude, dans les bruyères. Le savant botaniste de Clermont- Ferrand, M. Lamotte, a fait de son côté la même découverte dans l'ouest du département du Puy-de-Dôme, d’où il a bien voulu m'adresser des échan- tillons. I! est intéressant de résumer les localités aujourd'hui connues de cette rare Lycopodiacée : Env. de Paris (Coss. et Germ. 77. Par. éd. 2., p. 884). — Chaine des Vosges et Haguenau (Grenier et Godron, Z7. Fr. HI, 655). — Puy-de-Dôme (Lamotte ! inédit) (1). — Pierre-sur-Haute! (Peyron- Cariot, Et, des fleurs). — Capcir, *dans les Pyrénées-Orientales (Companyo, Hist. nat. des Pyr.-Or. IX, 768). — Alpes-Maritimes (Ardonio, F7. des Alp.- Mar. h^). Elle parait manquer à la Savoie. M. Cosson dit que certaines formes de } Asplenium Ruta-muraria sont trés-difficiles à distinguer de PA. Breyni Retz. Le seul carac- tère bien net est tiré des pinnules terminales qui sont confluentes dans lA. Breynii, tandis qu'elles sont atténuées et non confluentes dans ces formes de l Asplenium Ruta-muruaria. M. Alph. de Candolle, revenant sur la communication de M. Cha- tin, au sujet des truffes (2), présente les réflexions suivantes : Dans l’avant-dernière séance de la Société, M. Chatin nous a entretenus, d'une maniere fort intéressante, du mode de végétation de la Truffe, observée par lui dans ies contrées de la France où ce Champignon est l'objet d'un grand commerce. Il nous a certifié exacte l’assertion des auteurs qui n'ont vu aucune connexion organique entre les Truffes et les racines des arbres au- prés desquels on les trouve. Elles demandent cependant le voisinage de racines d'arbres d'une certaine élévation, et elles s'accommodent de presque toutes les essences forestieres, quoique leur station la plus ordinaire soit au pied des Chénes. Le développement des Trufles est arrété ou empéché lorsqu'on fouille dans le terrain. Enfin, le semis de Truffes ou de matières liquides contenant des débris de Trufles à la surface du sol et sous des arbres, n'a pas déterminé la formation de nouvelles Truffes, et le seul moyen employé jusqu'à présent pour obtenir des truffières est de semer des Chênes, dans les pays où d'ailleurs la Trufle existe déja. (4) M. Lamotte, qui tient à respecter scrupuleusement les droits queses correspondants ont acquis parleurs découvertes, me fait savoir que celle du Lycopodium est due à M. Gouët, sous-Wispecteur des foréts, et m'en donne comme il suit la station et Ja localité exactes : Landes incultes couvertes de bruyères de la commune de Saint-Avit, canton de Pontau- mur, sur le terrain granitique, prés de la limite du département de la Creuse. (2) Voyez plus haut, p. 19. SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 63 Toutes ces circonstances s'expliquent parfaitement bien, en particulier la non-réussite des semis, si l'on veut tenir compte de circonstances chimiques et physiologiques auxquelles il paraitrait qu'on n'a pas fait attention jusqu'à présent (1). La l'ruffe, de méme que les autres Champignons, les racines, et généralement tous les végétaux et toutes les parties de végétaux de couleur brune, grise ou noirâtre, doit dégager du gaz acide carbonique, au moyen de l'oxygène de l'air et du carbone de son propre tissu. I! y a peu de lois mieux constatées que celle-là dans la chimie végétale. La couche d’un sol non cultivé, à quelques centimètres de profondeur, contient ordinairement pou ou point d'oxygène, parce que l'air y pénètre mal et que les racines et les débris de feuilles ou d'écorces le consomment plus ou moins complétement. Mais s'il Y à dans cette couche beaucoup de jeunes racines absorbant de l'eau avec activité, comme c'est le cas autour dun Chêne de quinze à vingt ans, il est clair qu'il s'établit entre la surface du sol et la couche située au-dessous un courant d'eau chargée d'air atmosphérique et par conséquent d'oxygene. La Truffe, dans de semblables conditions, reçoit ce qu'il lui faut d'oxygène, et elle le reçoit d'une manière modérée et continue. Loin d'un arbre, elle n'aurait pas cet avantage. Elle ne l'aurait pas non plus au pied méme de l'arbre, et M. Chatin nous a dit que les Traffes sont à quelque distance du pied de l'arbre. Enfin, si l'on ouvre le sol avec la pioche, la charrue on par le moyen des pattes d'un chien ou du museau d'un porc, il est clair qu'on introduit brusquement une quantité d'oxygène qui brûle en quelque sorte la Truffe si elle a com- mencé à végéter, et qui l'empêche de s'établir si des spores de Truffes y sont déposées. En partant de ces données, qui nous paraissent incontestables au point de vue physiologique, il semble que les tentatives pour semer des Truffes seraient moins malheureuses si l’on introduisait des débris de Truffes bien mûres et même décomposées à quelque distance du pied des arbres, dans des trous qui pénétreraient jusqu'à la profondeur convenable, qui ne seraient pas assez larges pour gâter les racines et qu'on aurait soin de boucher au moment même avec de la terre tassée fortement. On approcherait du moins ainsi, beaucoup mieux qu'on ne l'a fait, des conditions daus lesquelles la Truffe parait vivre, Si cependant on ne réussit pas, on pourrait encore essayer de faire les trous à des profondeurs variées, en introduisant moins d'air, et en semant des débris de Truffes plus ou moins avancés, ayant été plus ou moins longtemps exposés à l'air, attendu que le mode de germination des spores est jusqu'à pré- Sent plutôt supposé que connu. Il se pourrait que le seul fait de couper une (4) M. Chatin nen a pas parlé, ni M. Tulasne dans le résumé détaillé qu'il donne (p. 154 à 168 de ses Fungi hypogrei) des observations faites avant lvi ou par lui même sur la végétation de la Truffe. Je remarque seulement dans une note à la page 157, quel- ques mots de M. Tulasne sur l'importance de l'air et des eaux pluviales, mais sans dire Comment l'air et les racines des arbres doivent influer, 6h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Truffe à l'air, mit les spores dans une condition d'oxygénation ou de séche- resse qui les rendrait stériles. En général, les circonstances qui permettent la germination des spores de Champignons doivent être compliquées, puisque les cryptogamistes ont beaucoup de peine à l'obtenir dans leurs expériences de laboratoire ; mais quant à la Truffe, il n’est pas inutile de remarquer combien, d’après les faits connus, l'oxygénation modérée du sol, à une certaine profon- deur, paraît une condition nécessaire. M. de Candolle donne ensuite lecture du travail suivant : RÉPONSE A DIVERSES QUESTIONS ET CRITIQUES FAITES SUR LE RECUEIL DES LOIS DE LA NOMENCLATURE BOTANIQUE, TEL QUE LE CONGRÈS INTERNATIONAL DE 1867 L'A PUBLIÉ, par M. Alph. de CANDOLLE. ` Notre Recueil des lois de la nomenclature botanique, préparé pour le Gon- grès de Paris en 1867, amélioré par une commission de ce Congrès et par le Congrés lui-méme, commenté par nous, publié d'abord dans les Actes et ensuite, avec nos commentaires, en francais, en allemand et en anglais (1), se trouve depuis dix-huit mois sous les yeux des botanistes. Critiqué sur quelques points, par diverses personnes, il ne pouvait pas étre blàmé dansson ensemble, puisque nous avons innové fort peu et que notre travail a consisté surtout à classer, justifier et exposer, aussi clairement que possible, les usages ordinaire- ment suivis par les auteurs les plus accrédités. Des témoignages d'approbation nous sont parvenus en assez grand nombre (2). On nous a aussi adressé des questions, des critiques. Celles-ci ont roulé sur les inconvénients d'un Congrès pour traiter de semblables matiéres, ou sur tel ou tel de nos articles en par- ticulier, avecla déclaration expresse que les autres étaient approuvés. On nous a demandé par lettres des explications et l'on a signalé des lacunes. Le moment est venu, ce me semble, de reprendre ces différents peints, sans vouloir cependant les traiter tous. Par exemple, je demanderai la permission de ne plus parler de la citation des noms d'auteurs dans le cas de transposition des especes d'un genre dans un autre. Ce n'est pas que j'aie changé le moins du monde d'opinion, mais aprés avoir exposé longuement mes motifs , on a répondu ; si je répliquais je pourrais involontairement provoquer une espèce de (4) Lois de la nomenclature botanique adoptées par le Congrès international de bota- nique tenu à Paris en août 1867, suivies d'une deuxième édition de l'introduction histo- rique et du commentaire qui accompagnaient la rédaction préparatoire présentée au Con- grès, par Alph. de Candolle ; in-8, 64 pages. Genève et Bâle, 1867, chez Georg, libraire éditeur ; Paris, chez J.-B. Bailliére et fils.— Lacs of botanical nomenclature, etc., trans- lated by H.-A. Weddell, in-8, 72 pages. London, 1868, Reeve and C^. — Regeln der botanischen Nomenclatur, etc., in-8, 69 pages, Basel und Genf. Georg's Verlag, 1868. (2) Articles publiés par MM. Ascherson (Bot. Zeit. 1868) et Asa Gray (Amer. journ. of sc. 1868) approuvant en général et critiquant seulement quelques points ; lettres adres- sécs par MM. Bentham, Asa Gray, Hooker fils, de Martius, Meissner, Naudin, Reichen- bach fils, Wydler, Le Jolis, ctc. SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 65 polémique, chose pour laquelle je me sens une véritable antipathie et qui con. tribue bien rarement au progrès de la science. Les jeunes gens qui n’ont pas encore pris de parti compareront les arguments et se décideront. Je crois aussi, je l'avoue, que plus on verra d'ouvrages rédigés avec le système des doubles citations d'auteurs, dans et hors des parentheses, plus on sera frappé de leurs inconvénients et plus on reviendra volontiers à la forme claire, simple et au fond plus juste, usitée par Linné et nos maîtres subséquents. J'éviterai aussi de parler des questions d'application que beaucoup de per- sonnes confondent avec les questions de nomenclature. Par exemple, on éta- blit dans les lois que les noms de plantes doivent étre en latin ou construits avec des mots grecs ou latins; mais la question de savoir si tel nom est correct est une question de langue grecque ou latine, ce n'est pas une question de nomen- dature. Chaque groupe doit conserver le plus ancien nom valable, voilà le principe; mais la question de savoir si un nom est plus ancien qu'un autre est une question de bibliographie, non pas de nomenclature. Enfin, la détermina- tion des espèces ou des genres est encore bien moins une question de nomen- dature ; c'est l'application la plus ordinaire des lois aux faits individuels, et l'embarras dans lequel se trouvent quelques personues dépourvues de livres, d'herbiers ou de connaissances botaniques, ponr nommer des plantes, ne con- cerne pas les principes. De la discussion dans un Congrés. On a jeté cà et là des paroles de doute sur l'avantage de discuter des ques- tions de principes et surtout de les voter, dans une assemblée dontles membres sont réunis volontairement, pour ainsi dire fortuitement, sans qualité et sans mandat. L'exemple en avait été donné par des zoologistes éminents, dans l'As- Sociation britannique en 1842, c'est-à-dire dans une réunion qui n'avait pas méme, comme un Congres international, l'apparence, et jusqu'à un certain point la réalité, d'une réunion de savants de tous pays. Je comprends les objec- tions basées sur la difficulté des discussions dans une assemblée nombreuse, sur l'absence de plusieurs hommes qui mériteraient au plus haut degré d’être consultés, et sur la faiblesse relative de plusieurs de ceux qui parlent et qui votent. D'un autre côté, ces votations n'obligent personne. Elles n'ont de valeur que comme simples recommandations. Enfin, dans le cas spécial dont il s'agit, la discussion a véritablement amélioré notre projet primitif, et ce projet lui-méme n'aurait pas été rédigé sans la réunion d'un Congrés. Si nous ajou- lons à ces arguments de fait, l'avantage des critiques raisonnées qui ont paru plus tard et dont nous allons parler, on reconnaitra, j'espère, que l'introduc- tion de la question des lois de la nomenclature dans le Congrés international de 1867 n'a pas été inutile. T. XVI, (SÉANCES) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. De la rétroactivité des lois admises. Mon ami, M. le docteur Weddell, à l'occasion de l'article des Urticées qu'il prépare pour le Prodromus, me demandait récemment dans une lettre, jusqu'à quel point les lois de nomenclature admises par le Congrès de 1867 doivent avoir un effet rétroactif, et si, par exemple, il était obligé de changer certains noms faits par lui dans sa monographie des Urticées, eu 1856, parce qu'ils se trouvent contraires aux règles admises aujourd hui. La question est spécieuse, du moins, pour cenx qui savent à quel degré les jurisconsultes tiennent au principe de la non-rétroactivité des lois. Cependant, après quelques moments de réflexion, il est aisé de comprendre que les idées ordinaires du droit ne s'appliquent pas ici. Nous avons pris dans notre recueil des lois dela nomenclature botanique la forme des lois civiles, mais c'est pour avoir un texte clair, bref et commode à discuter, car le fond est d'une tout autre nature. Personne n'est contraint d'observer nos articles, par conséquent ce ne sont pas des lois dans le sens précis du mot. La non-rétroactivité des lois civiles et pénales a pour but de respecter les intéréts d'individus qui ont agi de bonne foi, sous l'empire d'une ancienne législation; or, dans les objets scien- tifiques, c'est l'intérét de la science, non celui des individus, qui doit dominer complétement. Si un botaniste a employé jadis une mauvaise forme de nomen- clature, il est dans le cas d'un chimiste qui s'est servi d'un procédé imparfait d'analvse. Le progrès de la science exige souvent l'abandon de méthodes an- ciennes, Quand Linné reconnut les avantages de la nomenclature binominale, il eut rai-on de laisser de côté les phrases spécifiques, même celles qu'il avait faites lui-même auparavant, ou du moins de ne plus les employer comme des noms. Quand les modernes ont reconnu les avantages de la loi de priorité pour les noms génériques, ils ont répudié sans scrupule les noms que Schreber et autres avaient faits sans avoir égard à cette règle. En étendant, aujourd'hui, ce même principe de la priorité aux noms de variétés et aux noms des espèces qui passent d'an genre dans un autre, on doit procéder de la méme manière. Si l'on voulait conserver des noms irréguliers faits par un botaniste à l'époque où il ne suivait pas une certaine règle, il faudrait savoir dans quelle année chaque auteur à admis une règle introduite peu à peu dans la science, ce qui est absolument impossible. Je ine trouve ainsi conduit à une dernière observa- tion qui a de l'importance, c'est que notre recueil des lois de la nomenclature a eu pour bat essentiellement, non pas de proposer des lois nouvelles, mais de reconnaitre et de définir les règles admises par les auteurs principaux de notre époque. Les lois civiles proclament ce qu'il (aut faire à l'avenir; nos lois con- statent des nsages et ont pour but de généraliser dans la pratique ceux de ces usages qui sont le plus répandus et qui offrent le plus de clarté où de précision. Donc, si l'on admet une des lois énoncées, on doit l'appliquer aux noms anté- SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 67 rieurs comme à des noms nouveaux. Ceci doit s'entendre des injonctions posi- tives du recueil, et non des simples recommandations qui consistent. seulement à prier les auteurs de ne pas emplover telleou telle forme, à cause d'inconvé- nients d'un ordre secondaire. M. Weddell s'est rendu à nos observations, ainsi qu'on le verra bientót dans un volume du Prodromus. Du nom à conserver en cas de subdivision d'une espéce en plusieurs. L'article 56 est ainsi concu : « Lorsqu'on divise une espèce en deux ou plu- » sieurs espèces, si l'une des formes a été plus anciennement distinguée, le nom » lui est conservé. » M. Auguste Le Jolis, dans une lettre où il approuve en général notre recueil des lois de la nomenclature, ajoutait . « Il est cependant un article (56) que » vous n'avez pas cru devoir accompagner d'un commentaire et sur les consé- » quences duquel je prends la liberté de solliciter un éclaircissement. Sans » doute cet article, tel qu'il est rédigé, ne peut soulever d'objection; mais » n'est-il pas certains cas où, en vertu du principe essentiel et dominant con- » sacré à l'article 3 (1), il conviendrait de déroger à la règle de l'article 56? » M. Le Jolis indiquait quatre exemples, et dans une lettre subséquente il en a ajouté un cinquième; j'en relèverai deux très-clairs. Ranunculus acris L. » Quand on cite ce nom, cela veut dire qu'on l'emploie dans le sens de l'école » linnéenne, mais si l'on admet les distinctions d'une école moderne, ce nom » me parait devoir être écarté avec soin, En effet, il ne suffit pas, pour res- » treindre à l'une des formes le sens de l'épithete linnéenne, de constater, par » exemple, que l'échantillon du type conservé dans l'herbier de Linné appar- » lient à cette forme, ou bien que cette forme croit aux environs d'Upsal, car, » d'autre part, il est permis de supposer que Linné a pu connaitre d'autres » échantillons, appartenant à d'autres formes, et que daus sa. pensée il donnait » à son type plus d'étendue que la forme particulière à iaquelleon veut main- » tenant restreindre ce nom. Ranunculus acris L., employé pendant si long- ^ temps dans un sens étendu, est pour moi un nom s£rpien ou concret, et » doit être employé seulement par ceux qui ne voient que des variétés dans » les démembrements modernes, mais sous peine d'une confusion inextricable ? ne saurait être restreint à une seule de ces formes. De même l’£rophila vul- » garis DC. doit vester à l'usage de ceux qui n'admettent pas comme espèces » légitimes les nombreuses divisions actuelles de cette espèce, mais ne peut » être restreint arbitrairement à l'une quelconque de ces divisions, quand bien ^ méme, par un hasard extraordinaire, il se trouverait que les échantillons (1) Art 3, Dans toutes les parties de la nomenclature le principe essentiel est d éviter 9! de repousser l'emploi de formes et de noms pouvant produire des erreurs, des équi- Veques ou jeter de la confusion dans la science. Après cela, ce qu'il y a de plus impor- tant est d'éviter la création de noms inutiles, Les autres considérations, telles que... Sont relativement accessoires. 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » étiquetés par DC. appartiendraient exclusivement à cette forme spéciale, » attendu qu'il est permis de croire que De Candolle ne voyait qu'une seule » espèce dans l'ensemble des diverses formes, et que d'autres auteurs peuvent » continuer à partager la méme opinion...... On serait obligé d'ajouter aux » noms entendus dans le nouveau sens, sensu strictiori, ce qui serait peu com- » mode dans la pratique, et il serait en outre indispensable de citer le nom de » l'auteur suivant lequel le sens est ainsi restreint, puisque la restriction. peut » varier suivant les idées personnelles de chaque auteur. En résumé, il me » semble qu'il y a une distinction à faire entre : 1° une nouvelle espèce déta- » chée d'un ancien type, une variété élevée au rang d'espèce, etc.; et 2° le » scindement d'une espèce jusqu'alors universellement reconnue comme mono- » type, en de nouvelles espéces, d'une égale valeur entre elles, également vul- gaires, etc. » D'après ce principe, M. Le Jolis ayant divisé le Laminaria digitata en deux espèces, selon lui de méme importance et qui vivent dans les mémes localités, avait cru devoir proposer deux noms nouveaux, afin qu'un Laminaria digitata Le Jol. ne fit pas confusion dans les livres avec l'ancien. La question présentée de cette maniere et avec des exemples bien choisis, fait naitre assurément des doutes sur la régle contenue dans l'article 56, ou du moins sur son application dans tous les cas. J'ajouterai aux exemples donnés celui du Quercus Robur L. Les livres dans lesquels on a admis pour les démembrements de l'espéce primitive les noms nouveaux de pedunculata, sessiliflora, pubescens, sont plus clairs que ceux où l'on a restreint le nom de Q. Robur à l'une des formes, et quand je suis revenu, dans le Prodromus, à l'opinion de Linné, aprés examen d'une foule de variétés nouvellement obser- vées, la reprise du nom Q. Robur I.. a été d'une facilité et d'une clarte incon- testables. D'un autre côté, il ne faut pas envisager seulement les cas extr£mes, assez rares, dans lesquels une espèce est divisée en plusieurs formes d'une impor- tance égale, aux yeux de tout le monde, et aisément reconnaissables. Il existe une infinité de cas différents ou qui approchent plus ou moins de ceux dont on vient de parler. Déja, dans le Quercus, le pubescens est regardé par cer- tains auteurs comme analogue d'importance aux pedunculata et sessiliflora, tandis que d'autres le mettent parmi les modifications du sessiliflora, Dans une infinité de cas, aprés la séparation de quelques formes, il reste un groupe qui demeure sans trop de contestation et sans obscurité la souche de l'espèce. Si les deux cas, de fragments égaux d'importance et de fragments inégaux, étaient faciles à distinguer, je dirais : adoptons une règle particulière pour cha- cun d'eux; mais le nombre immense des cas intermédiaires rend désirable qu'on suive plutôt une seule règle et qu’on emploie, au besoin, les procédés explicatifs et accessoires rappelés par M. Le Jolis, pour éviter les confusions. Un motif plus général me fait pencher vers le maintien d’une règle uniforme. Les groupes appelés variétés, espèces, genres, etc., sont, sous le point de z SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 69 vue logique ou philosophique, des choses collectives, auxquelles plusieurs principes communs sont applicables, à cause de la nature nécessairement ana- logue de toutes les associations ou collections. Il est naturel et il est agréable, au point de vue de la clarté, d'avoir les mémes regles dans tous les degrés de la hiérarchie. Or, quand on divise un genre en plusieurs, l'usage est de con- server le nom primitif pour l'un des fragments, quoique bien évidemment on püt faire sur certaines fractions d'anciens genres les mémes raisonnements que sur certaines fractions d'espèces. Il serait facile de citer des genres divisés en deux genres d'une importance égale et dont l'un a conservé le nom primitif. Dans des cas tout à fait différents, on a fait de méme. Ainsi, quand M. Klotzsch divisa le genre Begonia en quarante et un genres, il eut soin de garder le nom de Begonia pour un de ses nombreux genres, quelque différent qu'il füt de l'ancien Begonia. Si, malgré certaines objections, certaines obscurités possibles, on a préféré, depuis Linné, suivre cette méthode dans le démembre- ment des genres, pourquoi faire autrement quand il s'agit des espéces? Comme l'indiquait M. Le Jolis, il y a des mots accessoires qui peuvent diminuer les chances d'erreur ou dissiper ce qui est obscur, et je ne pense pas qu'ils aient de grands inconvénients si on. ne les emploie pas à tout propos. En parlant d'une fraction d'un ancien genre ou d'une ancienne espèce, il peut convenir quel- quefois d'ajouter entre parenthèses, sensu strictiori, ou pro parte, ou sensu... de tel auteur (1), ou méme de citer un auteur nouveau pour un nom ancien, soit générique, soit spécifique, pris dans un sens tout à fait différent du sens primitif. Je ne saurais réprouver d'une maniére absolue cette derniere pra- tique, comme l'ont. fait quelques botanistes à l'occasion des Euphorbiacées de M. Mueller. Assurément, le genre Begonia de Klotzsch n'est pas la même chose que le Zegonia de Linné, et le Quercus Hobur Willd., qui est le 0. Robur B, Linné, n'est pas le Quercus Robur de Linné. Dans des circon- stances pareilles on est bien obligé de dire qu'il y a deux genres Begonia, l'un de Liuné, l'autre de Klotzsch, deux espèces Quercus Robur, l'une de Linné, l'autre de Willdenow. C'est la fréquence dece procédé qu'il faut redou- ler, parce qu'en le suivant constamment il y aurait déja, par exemple, six où huit genres Begonia, attribués à autant d'auteurs, et une vingtaine de Ranunculus acris de différentes flores. Ainsi ne nous refusons pas à dire qu’il Ya un Begonia de Klotzsch et un Ranunculus acris de Jordan, puisque leurs significations s'éloignent complétement des sens primitifs ou ordinaires, mais dans les autres cas, où il s'agit de légères différences, contentons-nous des an- ciens noms, en ajoutant parfois une restriction entre parenthéses, et nous évi- lérons par là une immense et indéfinie multiplication des synonymes. En résumé, je ne conteste pas la justesse des objections de M. Le Jolis, mais € ne puis découvrir le moyen de déroger au principe de l'article 56 sans (1) M. F. Schmidt (Reise in Amur Land) écrit: Aconitum Napellus Le sensu Regel. 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ouvrir la porte à des multiplications de noms qui seraient contestés dans beau- coup de cas et dont on peut à la rigueur se passer en ajoutant, cà et là, dans des circonstances exceptionnelles, deux mots aprés le nom d'auteur pour éviter les confusions. Il y a du reste nn moyen bien plus simple, qu'on peut employer dans beau- coup de cas, pour éviter toutes ces questions et la multiplication désagréable des synonymes. Ce moyen est de désigner les formes contenues dans les an- ciennes espèces comme des sous-espèces ou variétés, avec des noms subordon- vés à l'ancien nom. De cette manière, on satisfait en même temps les bota- aistes qui veulent distinguer et ceux qui aiment à réunir. On ne néglige ni l'indication des affinités ni celle des différences, et en même temps on est plus clair. Filago canescens Jord. wapprend pas à côté de quelles espèces du genre Filago se trouve la forme dont on parle ; tandis que Filago germanica canes- cens l'indique nettement. Autre question relative à l'article 56. M. Auguste Kanitz, qui assistait au Congrés botanique de Paris, a parlé brièvement d'une difficulté relative à l'article 56, mais comme la question paraissait plus d'application que de principe, l'assemblée, qui n'avait pas sous les veux un exposé clair des faits, ne fut pas disposée à s'en occuper. J'ai demandé depuis à M. Kanitz de m'expliquer par écrit l'objet de sa réclamation. Voici en abrégé ce qu'il m'a répondu : En 1812, Kitaibel a mentionné, sans diagnose, dans le Catalogue du jardin bot. de Pesth, p. 10, un Fumaria prehensilis. De Candolle, dans le Systema (IT, p. 134), en a fait, en 1821, son F. media B, dont il donne brièvement le caractère et dit avoir vu un échantillon authentique, venant de Kitaibel (1). La méme chose fut répétée, en 1824, dans le Prodromus, Y, p. 130, avec ceci de plus, que la variété n'était pas seulement appelée $, mais B prehen- silis. M. Ascherson a soutenu l'identité de cette forme avec celle du F. rostel- lata Knaf, publié en 1846, dans le journal Flora, et il a constaté plus tard qu'il existe dans l'herbier de Kitaibel un mélange du F. officinalis avec le F. rostellata Knaf. H dit aussi que, d'après un échantillon de l'herbier de Berlin, Kitaibel aurait appelé la même espèce calycina, avant de l'appeler prehensilis. Par ces divers motifs, M. Ascherson a préféré le nom de Knaf, accompagné d'une description détaillée, à ceux de Kitaibel, en particulier à celui du prehensilis, mais M. Kanitz a des doutes sur la légitimité de cette préférence, le nom de prehensilis étant le plus ancien. Sans vouloir entrer dans une revue des espèces voisines du F. officinalis, je remarque ce qui suit : (1) Cet échantillon est encore dans notre herbier. SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 71 4° Les noms de F. calycina et même de prehensilis n'ont jamais été publiés par Kitaibel, dans le véritable sens du mot (art. 42). 2° Le nom de prehensilis a été publié, pour la première fois, comme va- riété, en 1821, et surtout en 1824, par De Candoile. Il aurait dû être adopté dés lors, comme variété ou comme espèce, par tous ceux qui ont admis la forme sous un titre ou sous l'autre, à moins d'un nom antérieur. 3° Or, Lagasca avait publié, en 1816, avec une diagnose, un F. micrantha (voir De Candolle, Syst. IL, p. 137), auquel M. Parlatore (Monogr. Fumar. p. 61), rapporte l'échantillon du F. prehensilis Kit. in herb. DC. , pour avoir vu cet échantillon et des types venant de Lagasca. L'auteur italien, à son point de vue, ayant reconnu l'identité, devait préférer le nom de 1816 à celui du Systema et du Prodromus, qui est postérieur. ^? Quant au F. rostellata de Knaf, la question est de savoir si la plante de Knaf est différente du F. micrantha Lag. et du F. media prehensilis DC. Si elle diffère des deux, elle doit rester sous son nom particulier; si elle rentre dans le micrantha Lag., le nom de rostellata disparaît comme synonyme; si elle concorde avec la plante de De Candolle, mais non avec celle de Lagasca, elle prendrait le nom ou spécifique ou de variété de prehensilis; enfin, s'il y a trois formes distinctes, elles auraient les noms de micrantha, prehensilis et rostellata, seulement le second de ces noms ne peut étre attribué à Kitaibel, puisqu'il ne l'a jamais publié. Le doute qui subsiste sur ce que Kitaibel entendait par F. prehensilis, montre bien quel serait le danger de donner à des noms inédits ou mention- nés sans diagnose la réalité de noms publiés. Sur les noms spéci fiques tirés des noms d'hommes et des noms de localités. Dans le texte préparé pour la discussion du Congrès, j'avais évité, à dessein, de stipu'er aucune règle sur la manière de dériver des noms spécifiques de noms d'hommes. On a déjà tant fait de noms sous la forme d'un adjectif ou d'un génitif (C/usiana ou Clusit, Wallichiana où Wallichii), sans attacher à la désinence aucun sens particulier, qu'il me paraissait bien difficile, et dans le fond assez inutile, de proposer pour l'avenir un systéme uniforme à cet égard. La commission du Congrés ne s'en occupa pas. C'est dans l'assemblée elle-même qu'on a proposé et voté, sans discussion, l'article 33, ainsi concu : « Les noms d'hommes employés comme noms spécifiques ont la forme du » génitif du nom ou d'un adjectif dérivé (Clusiť ou Clusiana). La première » forme s'emploie quand l'espèce a été décrite on distinguée par le botaniste » dont elle prend le nom; la seconde forme dans les autres cas. Quelle que » Soit la forme adoptée, tout nom spécifique tiré d'un nom d'homme com- * mence par une grande lettre. » En voulant appliquer cette règle, il m'a semblé qu’elle n’est pas toujours 79 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. suffisamment claire. Un voyageur, par exemple, peut étre considéré comme celui qui a distingué une espéce ou comme celui qui l'a simplement recueillie, suivant le sens qu'on donne au mot distinguer. Sila plante porte un numéro, un nom, a-t-elle été suffisamment distinguée par le voyageur? Faut-il une description ? En outre, quelques mots d'une lettre de M. Meissner et l'article de M. Ascherson (Bot. Zeit. 1868, p, 342) m'apprennent que les botanistes désireux de suivre une règle de cette nature, ne l'ont pas entendue d'une ma- nière uniforme, et que, par conséquent, la rédaction iutroduite dans le Congrès n'a pas été suffisamment réfléchie. Essayons de l'appliquer , je le veux bien, parce qu'il est toujours commode de suivre une régle imprimée, qui se trouve sous les veux des botanistes. Met- tons cependant une restriction d'une certaine importance. La forme et la place de l'article 33 lui donnent quelque chose d'impératif. Ceux qui adoptent notre recueil peuvent se croire autorisés à changer la désinence de noms faits anté - rieurement chaque fois qu'ils sont contraires à l'article 33. Or, je crois pou- voir affirmer que telle n'était pas l'intention du Congrés. C'est bien par inatten- tion que l'idée de l'article 33 n'a pas été introduite sous la forme d'une simple recommandation avec la rédaction de l'article 36. L'honorable M. Du Mortier, qui présidait la séance, et auquel j'ai soumis cette observation, est tout à fait du méme avis. Comme rapporteur, je m'accuse le premier de n'avoir pas fait insérer l'article à sa vraie place, par exemple à l'article 36. Personne, assurément, n'aurait objecté. J'oserai donc engager les botanistes qui suivront notre recueil des lois à ne pas prendre l'article 33 pour autre chose que pour une recommandation, et à ne pas changer les noms déjà faits ou qui seraient faits à l'avenir contrairement au vœu de cet article 33. M. Ascherson s'est joint à nous dans cette méme maniere de voir. Deux mots encore sur un point trés-secondaire, l'obligation mise par le congrès d'écrire les noms spécifiques tirés des noms d'hommes avec une grande lettre. Dans ma rédaction primitive j'avais laissé de cóté ce détail, pour que chaque auteur fit ce qu'il croirait préférable. La régle latine est que tout nom adjectif commence par une lettre ordinaire. Mais il est arrivé quelquefois, en botanique, de faire de petites infractions aux usages latins pour obtenir plus de clarté. C'est à chaque auteur de voir s'il veut étre essentiellement classique ou essentiellement clair. Ainsi, quelques botanistes changent l'orthographe des noms propres pour les adapter au latin (Bovinius pour Boivin, etc.), ou tra- duisent des noms modernes (Brunonianus pour de Brown, etc.), tandis que d'autres placent dans une phrase latine des noms modernes avec leur ortho- graphe exacte. Le fondateur du Prodromus avait adopté l'usage (1) de mettre (1) M. Asa Gray (Amer. Journal, July 1868, p. 76) emploie aussi avec raison ce mot d'usage en parlant de l'emploi des lettres capitales qu'il voudrait conserver aux ad- jectifs de localités comme à ceux des noms d'hommes. Il dit qu'en anglais l'usage est favorable à cette forme, En francais, on mettait autrefois dans une foule de cas des grandes ettres que l'usage réprouve aujourd’hui, SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 73 une grande lettre aux adjectifs tirés de noms propres, soit de personnes, soit de localités. Nous l'avons continué dans le méme ouvrage, pour plus de clarté, sans blâmer le moins du monde les auteurs qui préfèrent une orthographe plus latine ; mais ce qui est bizarre, c'est qu'on mette une petite lettre pour les noms dérivés de localités et une grande pour ceux tirés de noms d'hommes. En latin, la régle est la méme dans les deux cas, et les confusions qu'on désire éviter dans l'esprit des lecteurs en adoptant de grandes lettres sont les mêmes dans les deux cas. Ainsi, je comprends qu'on mette une grande lettre au nom Æluminensis, appliqué à une espèce de Rio de Janeiro, pour montrer qu'on ne veut pas dire une espèce croissant au bord d'un fleuve; et je comprends aussi qu'on préfère écrire Grisea, pour indiquer qu'une espèce est. nommée d'après M. Gris, sans être de couleur grise. Une espèce peut avoir été nommée alpina, parce qu'elle croit en Europe, dans la chaine des Alpes, ou parce qu'elle croit sur de hautes montagnes, dans un pays très-différent. Dans le premier cas, je mettrais une grandelettre, puisque le nom est tiré d'une région; dans l'autre cas, une petite lettre, puisqu'ils'agit d'un nom analogue à montana ou collina. Cela me parait plus clair et plus commode, de méme que beau- coup d'expressions latines des livres de botanique qui ne sont pas dans Virgile. Du sens à donner aux mots : Cohors, Ordo, Familia. Les hésitations qui se sont manifestées dans la commission et dans le Con- grès au sujet de ces mots, existent encore. M. Ascherson, à l'exemple de MM. Planchon et Du Mortier, regrette que le mot Ordo soit assimilé à Fami- lia. Il aimerait mieux qu'on n'employàt pas le mot de CoAors et qu'on appli- quàt celui d'Ordo aux groupes supérieurs aux familles. A l'appui de cette idée, on invoque l'exemple des zoologistes, et le fait que le mot Ordo a été usité, Par Linné et par Jussieu, pour des groupes d'une importance plus grande que celle dela plupart de nos familles actuelles. N'étant pas moi-même zoologiste, je crains de ne pas apprécier à sa juste valeur le premier de ces arguments. J'oserai cependant énoncer quelque doute Sur la possibilité d'établir des groupes d'une importance vraiment identique dans les deux régnes, au-dessus des genres. Quand il s'agit de l'espéce, je comprends l'identité, parce que les distinctions physiologiques et historiques Sur lesquelles on s'appuie sont les mêmes. Une fois les espèces reconnues, je comprends que leurs assemblages forment des genres, ayant une impor- lance analogue. Mais, plus on s'élève, plus l'identité de valeur doit deve- nir contestable, puisque les formes et les fonctions sont infiniment plus variées et plus nombreuses dans le règne animal. Au haut de l'échelle aucune Parité ne peut subsister. Le règne végétal ressemble plus à un seul des embran- chements du régne animal qu'à son ensemble. Lorsque la considération du Système nerveux entre pour une partie dans la distinction des ordres ou des 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. classes des animaux, est-il possible de constater une importance égale avec des groupes de végétaux ? L'argument tiré des premiers botanistes me toucherait davantage. Cepen- dant, je ne voudrais pas invoquer l'autorité de Linné pour une expression rela- tive à la méthode naturelle, et quant à Jussieu, il est vrai que plusieurs de ses Ordines ont été divisés depuis, mais d'autres constituent encore tels quels nos fonilles, et avant Jussieu, Magnol et Adanson avaient employé le mot de famille pour des groupes extrêmement vastes. Au milieu des argaments en sens contraire, qui font hésiter, il reste cepen- dant deux motifs qui peuvent, ce me semble, confirmer dans le mode adopté par le Congrès. L'un est que le mot Cohors ne peut pas faire équivoque, ayant été pris toujours dans le sens d’un groupe supérieur aux familles (DC. Systema, Endlicher, Bentham et Hook. Gen., etc.). L'autre est que, pour fonder un usage, les auteurs qui publient des revues complètes des familles et des genres, et surtout des familles, genres et espèces, ont une prépon- dérance inévitable ; or, dans les ouvrages modernes le plus souvent consultés, Ordo est mis, en latin, comme l'équivalent de famille. Collections distribuées, — Priorité. M. Ascherson (Bot. Zeit. 1868, n. 2) objecte à l'introduction dans lar- ticle 42 des collections de plantes, distribuées avec noms, numéros et date, comme donnant un droit de priorité pour les noms. Il se réfère aux motifs qu'il a donnés dans la Botanische Zeitung, en 1857, p. 316, en opposition, dlt il, à l'opinion manifestée par M. Asa Gray. Il se fonde sur le petit nombre des échantillons ordinairement distribués, sur la négligence habituelle des déterminations en pareil cas, et sur la facilité qu'on aurait à débaptiser une plante bien décrite par un auteur, au moyen de quelque échantillon nommé, mais non décrit et peu connu d'un voyageur qui a précédé. Pour lui, l'Asp/e- nium. Dalhousie? Hook. aura toujours le pas sur le nom antérieur A. alter- nans donné par Wallich dans ses listes autographiées. Si l'on pèse attentivement les expressions de l'article A2, on verra que dans l'opinion du Congrès un très-petit nombre de collections offriraient les condi- tions voulues pour donner un droit de priorité. Il faut que les échantillons aient été : 1^ mis en vente ou distribués aux principales collections publiques ; 2° qu'ils soient numérotés; 3° nominés ; 4° accompagnés d'étiquettes impri- mées ou autographiées; 5^ que ces étiquettes portent la date de la mise en vente où dela distribution. — En vérité, quand on lit ces restrictions, ajoutées pour la plupart à notre projet primitif par la commission du Congrès, on se demande s'il existe des collections de plantes sèches qui les fournissent toutes. Les listes de Wallich elles-mêmes, avec leur grande publicité et la distribution libérale qu'elles accompagnaient, sont bien prés de manquer de l'une des SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 75 conditions essentielles, la date. En effet, la distribution a bien commencé en 1828, comme le titre l'indique, mais les pages successives ont été distribuées plus tard, à des époques non indiquées, ou du moins qui ne sont pas indiquées régulièrement au bas de chaque page ni sur chaque étiquette. Avec un peu de peine, en regardant toutes les feuilles, en s'informant à Londres et dans cer- taines bibliothèques publiques, on peut, à la rigueur, découvrir l'année del'émis- sion d'une des pages, à peu près comme on constate la date de certaines livrai- sons d'ouvrages publiés, lorsque fa première seule porte une indication. Les listes de Wallich me paraissent donc pouvoir rentrer dans les conditions voulues, en y mettant un peu d'indulgence à cause de la publicité, dans ce cas bien évidente, des collections distribuées; mais combien peu de distributions ont été faites de cette manière! Les unes n'ont pas de numéros, d'autres ne portent que la date du voyage et non celle dela distribution, d'autres n'ont que des étiquettes manuscrites, ete. Véritablement, si quelqu'un peut se plaindre, ce serait plutôt parmi les collecteurs et distributeurs de plantes, à l'égird desquels le Congrès s'est montré un peu sévère. Pour comprendre les motifs de cette sévérité, il est nécessaire de remonter aux principes, et de bien saisir ce qui fait qu'un nom peut être considéré comme ayant été publié le premier. Il faut : 1° une certaine diffusion dans le public; 2° que cette diffusion ne puisse pas être contestée, ni reprise ; 3° que la date en soit connue, — C'est en réfléchissant à ces conditions que nos articles 41 à 46 ont été rédigés et que l'article 42 a été modifié dans le Congrès. Si l'on admet ces conditions comme constituant la publicité (et il est difficile de ne pas les adinettre en principe), tous les cas ambigus peuvent se résoudre. En voici des exemples. Un ouvrage est imprimé à 50, à 30, peut-être à 20 exemplaires, peut-on dire qu'il est publié ? Oui, s'il v a eu des exemplaires distribués dans le public, par don ou vente, car les journaux en ont probablement parlé, et dans presque tous les pays la loi oblige les imprimeurs à un dépôt, dans quelque étab'isse- ment public, de tout ce qui s'imprime. L'intérêt des auteurs, sous le rapport à la fois moral et pécunaire, est ordinairement une garantie contre ces émissions trop limitées d'exemplaires, On peut en dire autant d'un ouvrage tel que la Flora græca de Sibthorp, tiré (la première édition) à 40 exemplaires, et qui Coûtait 7000 francs. C'est une publicité bien incomplète, mais pourtant elle existe et l'on ne peut pas la méconnaitre. Un professeur fait une lecon publique, un auteur lit un mémoire dans une Séance de Société, les plantes nommées et plus où moins décrites dans une de ces occasions sont-elles, par cela mème, publiées? Non, car les auditeurs qui ont pris des notes, peuvent s'être tromp's; les secrétaires, qui font les pro- Cés-verbaux, se trompent aussi quelquefois, et ils adinettent souvent des recti- fications subséquentes de l'auteur. qui changent le texte primitif La publicité 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vraie commence le jour où il est publié un extrait de la leçon ou un narré de la séance, car alors seulement les faits avancés sont connus d'une facon irrévo- cable. Un auteur publie des noms sans donner aucune explication qui permette de savoir ce dont il s'agit; est-ce une publication conférant un droit de priorité ? — Non. C'est bien, dans un sens strict, une publication, mais c'est quelque chose comme l'annonce d'un titre d'ouvrage. Il manque un corps qui permette de constater ce qu'on a voulu dire et de ne pas confondre l'objet avec tout autre analogue. Il faut quelque description ou explication pour qu'un nom publié ne soit pas une nullité. On est obligé de se contenter de peu, par exemple d'une courte diagnose, car, entre une bonne description et une phrase insignifiante, il y a tous les degrés intermédiaires, et où s'arréterait-on si l'on voulait deman- der des explications suffisantes? Par ce dernier cas, nous entrons sur le terrain le plus contesté. Si un nom de plantes est accompagné des movens de constater à quoi il s'ap- plique, et que ces moyens soient à la portée du public, nous disons que la publicité est suffisante, parce qu'elle vaut un nom accompagné d'une courte diagnose. C'est ce qui arrive pour des planches publiées sans texte, ou des col- lections dûment cataloguées, nommées, datées et distribuées, car une figure (qui est ordinairement accompagnée d'analyses) ou des échantillons, eu appren- nent plus sur un genre ou sur une espèce que les caractères et les diagnoses de beaucoupd'auteurs. Un genre établi par une planche del'ouvrage de Gaudichaud, est plus aisé à reconnaitre que les genres décrits par La Llave ou Rafinesque, et les espèces énumérées sans description par Wallich, mais distribuées, sont plus claires que celles, également de l'Inde, publiées par Roth avec des dia- gnoses. Il est même assez curieux de constater combien certaines descriptions détaillées ont été insuffisantes pour faire comprendre des genres ou des espèces, tandis que les distributions des plantes de voyageurs ont en général suffi pour l'intelligence des faits. Ainsi, la plupart des espèces longuement décrites par Jack, le père Loureiro, le père Blanco et plus récemment par le père Montrou- sier (1), sont de véritables énigmes, àreléguer dansles Species ignota, ou for- inant des synonymes douteux, ce qui n'est point arrivé pour les plantes nommées, mais non décrites de plusieurs voyageurs. I n'en faut pas chercher la cause dans une infériorité des auteurs que je viens de citer, car ils ont montré quel- quefois de la finesse et du jugement dans leurs écrits; elle est tout entière dans leur indifférence à l'égard des herbiers. Ces auteurs n'étaient pas assez au courant de la science, ils n'avaient pas recu une éducation assez bien dirigée, pour savoir que dans les sciences d'observation les choses ont plus d'importance que les mots, et les collections plus que les livres. (4) Flore de l'ile d'Art, près de la Nouvelle-Californie (Extr. du vol. X des Mé- moires de l'Académie de Lyon, 1860). SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 77 De la maniere de citer les noms inédits. M. Asa Gray, qui a bien voulu donner une adhésion explicite à notre recueil (American Journ. of. sc. July 1868), fait cependant objection à l'article 50, d'après lequel un nom tiré d'un herbier, d'un jardin et, par analogie, d'un ma- nuscrit, doit être attribué à l’auteur qui publie, en ajoutant l'indication de l'herbier, du manuscrit, etc. « Il est possible, dit M. Asa Gray, qu'il soit inu- » tile de prendre un nom de Commerson écrit dans son herbier, mais, si on » l'adopte, la vérité parait exiger qu'on cite Commerson. Ainsi, nous nous » croirions obligés de dire Ælacourtia Comm., quoique L'Héritier ou Jus- » sieu aient publié ce nom et méme probablement rédigé les caractéres..... » Personne n'est forcé de publier ce qu'un autre a fait, mais si on le fait, il ne » faut pas qu'on puisse prendre le parrain pour le pére. Ainsi, De Candolle » ayant jugé à propos de publier le genre Leptocaulis d'aprés une lettre de » Nuttall, nous dirons Leptocaulis Nutt. in DC.» Le nom a effectivement été publié sous la forme Nutt. in litt. dans le Pro- dromus, vol. IV, p. 107, mais voici l'inconvénient qui en résulte. Dans tous les catalogues ou dictionnaires et dans toutes les tables, on met Zeptocaulis Nutt, Alors on va chercher dans les ouvrages de Nuttall, peut-étre dans de petits mémoires éparpillés daus les journaux, et c'est bien peine perdue : Nuttall n'avait pas publié ce nom. Il n'aurait peut-être pas voulu le publier, s'il avait examiné la question depuis la lettre qu'il avait écrite. La date du genre est celle de la publication, et vraiment la publication est toujours la chose essen- tielle, car, que seraient les plus belles découvertes si elles n'étaient publiées ? En rédigeant Leptocaulis DC. ex Nutt. litt., l'auteur primitif est également indiqué, mais alors on verra dans les livres Zeptocaulis DC., et chacun trou- vera aisément dans les ouvrages de De Candolle l'origine du genre et la date de sa publication. Ceci, du reste, est une conséquence accessoire du principe géné- ral que l'addition d'un nom d'auteur à un nom de plante a pour but d'indiquer la date et la définition primitive du nom, en mettant sur la voie qui permet de les trouver. Si ce n'était une nécessité de la science, en vérité le mieux serait de ne point citer d'auteur et de parler des plantes comme on parle du thallium ou du chlore, sans indiquer les chimistes qui les ont dénommés. Des noms contraires aux faits. Le tertio de l'article 60 enjoint de changer un nom « quand il exprime un » Caractère ou un attribut positivement faux dans la totalité du groupe en » question, ou seulement dans la majorité des éléments qui le composent ». M. Ascherson craint que l'on n'abuse. de cette règle. I donnerait volontiers à la priorité une importance assez grande pour faire maintenir des noms contraires à la réalité des faits. En cela, dit-il, nous imiterions la nomenclature des familles 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. humaines, car on ne change pas un nom qui a un sens, lorsque les individus actuels de la famille ont des caractères distinctifs opposés au sens du nom. Le défaut de cette comparaison est que dans la nomenclature botanique on a eu fréquemment en vue d'exprimer les caracteres et de les rappeler par les noms, et méme que dans ce but louable on s'est attaché à exprimer par. les noms les caractères génériques ou spécifiques les plus apparents ou les plus importants. Une fois des milliers de noms construits sur cette base, ceux qui se trouvent opposés aux laits sont plus que défectueux, ils trompent. L'article voté et notre commentaire limitent le changement de ces noms aux cas certains et graves, dans lesquels il semble comme impossible de conserver des noms erronés. Du reste, M. Ascherson se rapproche plus de notre manière de voir qu'il ne semble, car il voudrait (p. 34) qu'on abandonnàt le mot Cryptogame, par le motif que la fécondation est constatée dans les plantes désignées sous ce nom. D'après cela, M. Ascherson ferait bien des exceptions à son principe de ne pas s'occuper du sens des noms. Pour nous, un nom qui n'est pas absolument contraire à la vérité doit subsister. La sexualité des Cryptogames a été con- statée un siecle et demi aprés celle des Phanérogames; donc, dans un sens, elle est bien cachée. Aujourd'hui encore elle ne se voit qu'avec le secours du microscope et elle n'est pas constatée dans toutes les Cryptogames. Cela nous suffit pour conserver le nom. Un nom spécifique devenant générique. M. Ascherson (Bot. Zeit. 1868, p. 357) regrette qu'on ait oublié de par- ler des conséquences qui résultent de ce qu'un nom d'espèce devient un nom de genre. Nous aurions pu effectivement indiquer ce qu'il faut faire en pareil cas, mais heureusement la nécessité trace bien clairement la marche à suivre. Comme le nom spécifique est pris pour un nouvel emploi, on est forcé de le remplacer par un autre : [pomæa Quamoclit est devenu Quamoclit vulgaris. Des noms d'hybrides et de métis. Les articles 37 à 39 admettent pour les produits obtenus de deux espèces, ou de deux variétés d'une même espèce, des noms composés, tirés des noms des deux parents (1). Il a été remarqué dans le Gardeners Chronicle de 1868 qu'il en résulterait des noms trés-compliqués et très-incommodes, surtout dans le cas des métis. L'auteur anonyme de cette réflexion n'avait pas apprécié exac- tement la portée de quelques mots de l'article 37, appliquables aussi à Par- ticle 39 : les hybrides d’une origine démontrée. Cette sage restriction, intro- (1) Sur l'ordre des noms du père et de la mère, M, Fr. Schultz, Flora, 1867, p. 467, a critiqué l'opinion que j'avais émise dans mou projet, mais le système recommandé par M. Schultz ayant été adopté dans le Congrès, il est inutile de revenir sur cette question. SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 79 duite par la commission du Congrés, limite à des cas trés-rares l'emploi des noms composés. Il n'y a pas d'origine démontrée dans les hybrides entre deux plantes sauvages, car on la suppose d'aprés les formes et le voisinage de certaines espèces. Dans les plantes cultivées, il est rare qu'on ait pris toutes les précautions nécessaires pour être sûr de l'origine d'une hybride. On peut avoir transporté soi-méme le pollen, mais a-t-on enlevé préalablement les éta- mines de la plante -mère ; a-t-on empêché l'action du vent et des insectes ? Cela n'arrive guère que dans les expériences très-exactes de certains physiologistes. L'immense majorité des hybrides vrais ou sapposés devrait, d'après nos règles, recevoir des noms simples, et assurément les complications des autres noms doivent faire pencher le plus possible dans ce sens. De la nomenclature des plantes cultivées. Les plaintes vagues des horticulteurs, au sujet de la nomenclature botanique, ont été pour beaucoup dans ma tentative de rédiger un recueil des lois admises et de celles, plus rares, qu'il conviendrait peut-étre d'ajouter. Je me suis donné de la peine pour raccorder les subdivisions de l'espèce usitées par les bota- nistes, avec les modifications moins importantes dont on s'occupe en horticul- ture (voir art. 10, 14, 38, 40, et le commentaire sur ces articles). Depuis ma publication, MM. les horticulteurs n'ont rien proposé de différent, et néanmoins je doute qu'ils soient satisfaits. Il me semble même revoir cà et là, dans le Gardeners Chronicle et ailleurs, les anciennes critiques et les plaintes vagues dont je parlais il y a un instant; mais aujourd'huije crois avoir deviné les véri- tables motifs de ces plaint.s. Si l'on murmure, ce n'est pas précisément, comme on le dit, à cause des défauts dela nomenclature, mais parce que faute de livres, d'herbier ou d'instruction générale, on se trouve assez souvent dans l'embar- ras pour déterminer les espèces et les variétés cultivées. Il arrive aussi, dans beaucoup de cas, que l'on ignore si une forme nouvelle provient d'un semis où d'une bouture, d'une graine ordinaire ou d'une graine produite par une fécondation croisée. En d'autres termes, on se plaint de ne pas savoir les choses indispensables pour appliquer un nom exact, et, sous l'empire de cette contrariété, on s'en prend à la nomenclature botanique. La comparaison suivante me fera bien comprendre. Vous entrez dans une salle remplie de monde et vous vous plaignez de ne savoir le nom de personne ou de prendre souvent un individu pour un autre, C'est désagréable effectivement, mais il ne faut vons plaindre ni des lois ni des usages du pays, car chacun des individus qui se trouve dans la salle à ses noms de famille et de baptême parfaitement réguliers, inscrits dans des registres. L'essentiel pour vous serait de les connaitre ou, à défaut, de savoir et de pou- Voir les chercher. Mais, direz-vous, il v a des personnes qui ont changé de noms ; c'est trés-incommode. Rien de plus vrai * cependant les nonis ne chan- 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gent pas sans que le fait en soit constaté quelque part, dans des journaux, des actes ou des registres. Si la notoriété publique ne vous en a pas averti, vous devez chercher. De méme pour les plantes; ce n'est pas de la nomenclature qu'il faut se plaindre, mais de la difficulté des recherches pour un trés-grand nombre d'horticulteurs. Les simples jardiniers ne recoivent presque jamais le degré d'instruction. qui leur permettrait de manier les livres de botanique, et s'ils ont cette instruction, ou s'il s'agit d'horticulteurs d’un ordre plus élevé, ils manquent presque partout de bibliothéques spéciales un peu riches et d'her- biers à leur portée. On pourrait citer plusieurs villes, importantes pour l'horti- culture, dans lesquelles il est à peu prés impossible de déterminer une plante avec certitude. Les Sociétés d'horticulture le comprennent bien; aussi font-elles générale- ment des efforts pour offrir aux jardiniers et horticulteurs des ressources litté- raires moins mesquines. La Société royale d'horticulture de Londres vient d'installer à Kensington la bibliothèque de Lindley, qui s'enrichira sans doute par des dons et achats de livres. Elle à aussi institué un comité scientifique, parfaitement composé, pour étudier les questions moitié botaniques, moitié horticoles, en particulier la maniere de nommer ou plutót de déterminer les plantes cultivées. Plein de confiance dans ce comité, je m'étais hasardé à lui: proposer (1) une chose qui me semblait une amélioration dans la désignation des formes de plantes cultivées, c'était d'adopter deux signes pour indiquer briévement, dans les catalogues un peu plus soignés que les listes ordinaires ou dans les journaux d'horticulture, les semis et les sports. On désigne déjà les hybrides par un signe, et comme les autres origines des formes cultivées sont des semis ordinaires ou des modifications accidentelles sur une plante ou portion de plante déjà déve- loppée, il me semblait avantageux de l'indiquer de la méme manière par des signes typographiques. Quelques personnes, à ce qu'il parait, ont objecté à lem- ploi des signes, d'une maniére générale; cependant nous nous trouvons si bien en botanique des signes pour les plantes annuelles, bisannuelles, vivaces ou ligneuses de diverses hauteurs, des signes relatifs aux sexes et du signe d'hybri- dité, que l'addition de deux signes de plus ne semble pas une difficulté bien réelle. Ce qui l'est davantage, c'est le défaut fréquent de précision dans les ren- seignements relatifs à l'origine des modifications de plantes cultivées. Le comité anglais n'a pas cru qu'il füt possible d'obtenir dans la plupart des cas des infor- mations assez certaines, Il sait beaucoup mieux que moi ce qu'on peut attendre des horticulteurs. Je me range, par conséquent, à son opinion, en ce qui con- cerne la pratique, sans abandonner toutefois l’idée qu'il serait désirable de connaitre mieux l'origine des formes cultivées, et que l'emploi de signes ana- (1) Gardeners’ Chronicle, 1868, pp. 491, 547. SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1869. 81 logues à celui des hybrides serait commode, à condition d'employer ces signes seulement lorsqu'une origine est bien certaine. Les horticulteurs n'en compren- nent peut-être pas assez l'importance, mais tout naturaliste au courant des questions philosophiques soulevées par le dernier ouvrage de M. Darwin sera de mon avis, que l'origine des formes obtenues dans la culture est utile à con- stater. Aprés les catalogues ordinaires de jardins destinés à la vente, on aura, il faut l'espérer, des catalogues scientifiques, dans lesquels on verra ce qu'on sait de l'origine des variétés, et alors on trouvera probablement que deux ou trois signes gagnent de la place et abrégent les recherches. Si les horticulteurs ne s'en soucient pas, il y aura des botanistes pour suivre à ce genre de recher- ches, à peu prés comme on a vu Gærtner fils et M. Naudin publier sur l'hybri- dité les documents les plus complets qui existent. Tels sont les différents points sur lesquels il m'a paru utile de discuter à nouveau des opinions émises ou de répondre à des questions faites par divers botanistes de mes amis. Je ne prétends pas avoir épuisé le sujet, mais les prin- cipes généraux existent et ils peuvent guider presque toujours dans la pratique. C'est, en effet, à ces principes qu'il faut toujours remonter, et si j'ai eu quelque mérite dans mon Ziecueil, c'est de les avoir mis en évidence, de telle manière que les principes admis, le reste se déroule aisément comme par une chaine. M. A. Gris fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LES OVULES DES CYCADÉES, par MK. Arthur GRIS. Il y a quelques mois, M. Miquel a publié un nouveau mémoire sur les Cyca- dées, dans le recueil d'observations botaniques dirigé par M. Baillon. L'auteur y parle de la structure de l'ovule chez ces plantes, de l'adhérence du nucelle avec le tégument et de la remarquable cupule vasculaire qu'il présente. « On a » rencontré postérieurement, dit-il, chez quelques Euphorbiacées, un réseau » vasculaire qui parait être de méme nature. M. Gris l'a étudié avec soin chez »le Ricin : il lui donne le nom d'expansion chalazienne, et je m'étonne que la » comparaison, avec ce qui existe dans l'ovule des C'ycadées, lui ait échappé.» C'est le passage qu'on vient de lire qui doit étonner ceux qui sont au courant de la littérature botanique. Ils savent si je mérite le reproche que m'adresse M. Miquel dans un recueil publié à Paris. J'ai exposé à trois reprises différentes l'analogie de structure qu'offrent les corps reproducteurs des Cycadées et des Conifères avec l'ovule du Ricin. Le 10 juin 1865, j'ai présenté à la Société philomathique une communication Sur la fleur femelle des Conifères et des Cycadées. (Journal //7nstitut, n° 1645.) Je remarquais que les recherches organogéniques faites dans ces dernières années, en France et en Allemagne, dans le but de fixer l'opinion sur la véritable T. XVI. (SÉANCES) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nature des corps reproducteurs de ces plantes, avaient conduit les auteurs de ces recherches à des conclusions complétement opposées. Me basant sur la structure générale de ces corps, comparée à celle de l'ovule dans le Ricin, je disais alors : « La grande analogie d'organisation de ces corps reproducteurs avec les ovules de certaines plantes angiospermes ne parait-elle pas constituer un argument de quelque valeur en faveur de l'opinion qui considére ces corps reproducteurs comme de simples ovules nus ? » Le 12 janvier 1866, j'exposai à la Société botanique (t. XIII, p. 40) le résultat de mes observations sur la structure anatomique des corps reproduc - teurs de deux espèces de Zamia et du Cycas circinalis, et je disais en termi- nant : « ... les corps reproducteurs des Zumia et des Cycas offrent à l'obser- vateur attentif les deux traits les plus caractéristiques de la structure de l’ovule dans le Ricin. Si donc il existe entre les corps reproducteurs de ces plantes de telles analogies de structure, n'est-on point porté à conclure, de l'identité d'or- ganisation dans ce qu'elle a d'essentiel, à l'identité des organes eux-mémes ? Ces analogies de structure ne servent-elles point à confirmer l'opinion émise il y a quarante ans par Robert Brown? » Enfin, dans une lecon du cours de botanique que je fis l'année derniere au Muséum, comme suppléant de mon illustre et excellent maître, j'eus de nou- veau l'occasion d'exposer la structure anatomique comparée des corps repro- ducteurs dans les Gymnospermes et dans les Angiospermes et d'en tirer les mémes conclusions. SÉANCE DU 12 MARS 1869. PRÉSIDENCE DE M, LASÈGUE, M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 26 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. M. Ramond, trésorier, donne lecture de la note suivante : NOTE SUR LA SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. La Société a décidé, le 8 mai 1868, que les comptes de chaque année seraient arrêtés le 4° mars de l'année suivante. Je dépose sur le bureau, avec les pièces à l'appui, le relevé général, au 4°" mars dernier, des recettes et des dépenses de 1868, tant pour la gestion de mon honorable prédécesseur, M. Fr. Delessert, que pour ma gestion personnelle, et je prie la Société de vouloir bien le soumettre à la vérification de la commission de comptabilité. Voici le résumé de ce compte : SÉANCE DU 12 Mans 1869. 83 GESTION DE M. DELESSERT. ACTIF. PASSIF. Solde en caisse au 1*" avril 1868 (date de la clôture du compte précédent)... ........... eer enn n sss. 44,099 95 Recettes, ... ..... eer eh thes nn 10,257 » Dépenses....... .... ee] ra ee eher tes] go 10,954 15 Solde au 31 décembre 1868, transféré à M. Ramond............... 10,402 80 Totaux formant balance................ .... 21,356 95 21,356 95 GESTION DE M, RAMOND. Solde‘ au 31 décembre 1868, de la gestion de M. Delessert. 10,402 80 Recettes... .......,............,... veh hr nn 12,643 » Dépenses. ............. eee oe ehh e tee e emn 4,227 69 CONVERSIONS DE VALEURS. Prix d'achat d'une rente sur l'État de 375 fr. en 3 p. 100................. ........ 8,940 95 Versement au Trésor contre un bon. n° 411, au A février 1870..... Mehr eth n 2,500 » }.......... 14,260 95 Versements en comple courant au Comptoir d'escomple...........,............... 2,820 » | du capital du titre de 375 fr. de Reprise rente 3 p. 100.............. 8,940 95 du capital du bon du Trésor, n° 411. 2,300 » | 14,960 95 en recette | de la créance de la Société sur le Comptoir d’escompte.......... 2,820 » Totaux pour les deux gestions......... ...... 58,663 70 39,845 59 = .--—— MM — Excédant de l'actif. ........................... ......... 18,818 11 Le solde, au 31 décembre 1868, de la gestion de M. Delessert, transféré de la Caisse de mon prédécesseur dans la mienne, est porté pour une somme égale de 10 402 fr. 80, au passif, dans le compte de M. Delessert, à l'actif dans le mien. De méme, les sommes que j'ai employées à des conversions de valeurs (achat de rente, bon du Trésor, dépôt au Comptoir d'escompte) figurent pour un chiffre égal de 14 260 fr. 95 à l'actif et au passif. Ces opérations d'ordre déduites, il reste pour les. recettes réelles et pour les dépenses réelles, savoir : Recettes. Dépenses. Le solde en caisse à la clóture du compte précédent....... 11,099 95 Les recettes faites par M. Delessert......... eh hn 10,257 » elles que Jai faites. ............. ................. 12,643 » Les dépenses acquittées par M. Delessert........................ 10,954 15 Celles que j'ai acquittées ...,...................... ++... 4,227 69 Total en recettes et en dépenses. .............. 33,999 95 15,181 84 ` a — — — 50770 Excédant des recettes (comme ci-dessus). ............. 18,818 11 Cet excédant est représenté par les valeurs ci-après $ 8h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Titre de 375 francs de rente 3 p. 100 sur l'État : capital d’après le prix d'achat. ,..........,....... hm crt rat 8,940 95 Bon du Trésor, n? 411, au 4 ‘février 1870 : capital...,............... 2,500 » Dépót à la Caisse des Consignations ss... ee heh t mn 3,000 » Solde créditeur du compte de la Société au Comptoir d' escompte. RM 2,820 » Numéraire ......................,..........e.ssessss.e oc 1,957 16 Total égal..... ee hh hh eh hn rere TEE 18,818 11 Quant aux recettes et aux dépenses, elles se décomposent comme suit, d'a- près leur nature et l'exercice auquel elles se rapportent : Gestion de Gestion de — Totalpourles Total par caté- M. Delessert. M. Ramond. deux gestions. gories de re- RECETTES. cettes. Solde en caisse au 4°" avril 1868.......... een nn enhn vo... 141,099 95 $5 pour 1863 et les exercices antérieurs. 1,410 » 240 » 1,650 » 23 pour 1864 ...... 150 » 540 » 690 » 2n 34 pour 1865 ...... 150 » 870 » 1,020 » Cotisations 1 47 pour 1866 ...... 480 » 1,230 » 1,510 » annuelles,( 73 pour 1867 ...... 780 » 4,410 » 2,190. » 45.095 » à 30 fr. |220 pour 1868 ..... 3,300 » 3,300 » 60,600 » ? . 48 pour 1869 ...... 120 » 1,320 » 1,440 » 2 à-compte pour 1866. » » 25 » 25 » 4 — 1868. » » 68 » 68 » |, vA — 1869. »o o» 2 » 2 »/ 15 cotisations à vie, à 300 francs (exercice 1868).,........... 2,100 » 2,400 » 4,500 » 4,500 » 1 diplôme à 2 fr. (exercice 1868). » 2 » 2 » 2 » Vente du Bulle- ( pour 1868..... 337 » 311 » 648 » 773 tin. | pour 1869..... » » 1259 » 125 » » lement pour 1867..... » » 120 » 120 ») e Tages. 5 pour 4868..... » » 80 » 80 » j 200 » Subvention du Ministère de l'Agri- culture (exercice 4868)....... 600 » » 600 ». 600 » Subvention du Ministère de l’Iu- struction publique (exerc. 1868). 900 » » 500 » 500 » pour 1863 et les exercices antérieurs. 380 » 90 » 470 » our 1864..... 60 » A0 » 100 » Recettes pour 1863..... 60 » A0 » 100 » accidentelles. } pour 4866..... 60 » 50 » — 4140 » 1230 » pour 1867..... 60 » 50 » 410 » pour 1868..... 10 » 330 » 340 »] Totaux........... 2. 10,257 » 12,643 5» 22,900 » 33,999 95 SÉANCE DU 12 Mans 1869, 85 Gestion de Gestion de — Totalpourles Total par caté- . M. Delessert. M. Ramond. deuxgestions. gories de dé- DEPENSES. penses, | pour 1864..... 1,228 80 » 1,228 80 Impression | pour 1865..... 665 65 » 665 65 du pour 1866..... 2,375 35 236 60 2,611 95 » 8,948 55 Bulletin. | pour 1867..... 2,322 90 884 30 3,207 20 | pour 1868..... 623 35 611 60 1,234 95 Revue bibliogra- ( POV? 1864..... 67 50 » 67 50 phique et Ta- pour 1865..... 75 » » 75 » 1.077 7 bles. pour 1866..... 71 25 D) 71 25 ? f pour 1868..... 864 » » 864 » Frais de gra- (pour 1866..... 100 » » 100 » 338 50 vure. | pour 1867..... 99 50 179 » 238 50 / pour 1864..... 86 15 » 86 15 pour 1865..... . 26 35 86 15 112 50 Brochage et sa- pour 1866..... 56 25 15 70 71 95 | 57 30 du Bulletin pour 1867..... 32 45 86 40 118 85 ` f pour 1868..... » 75 63 10 63 85 pour 1869..... » 4 » 4 » pour 1864..... 20 37 » 20 375 pour 1865..... 37 57 21 85 59 42 Port pour 1866..... 69 14 22 60 91 74 578 94 du Bulletin, pour 1867 .... 57 27 142 71 199 98 pour 1868..... 45 65 160 38 206 03 v pour 1869..... » 1 40 4 40 Circulaires pour 1867..... » 99 » 99 ^] et impressions < pour 1868. ... » 304 50 304 50 493 50 diverses, | bour 1869..... » 20 » 20 »! oyer (exercice 1868)... .... es 790 » 250 » 41,000 » 1,000 » hauffage et éclairage ( exercice 1868).,..,,.,....... essee » 200 » 200 » 200 a4 Por pour 1866..... 64 40 » 64 40) mens aai Por 1867..... 66 » » 66 | 488 35 ` pour 1868..... 236 55 121 40 397 95 Bibliothe ponr 1863 et les herbier eue exercices antérieurs. 121 20 » 121 20 qan al bilier pour 1864..... 75 75 » 75 75 220 95 ' pour 1867..... 24 » » 24 » Dépenses pour 1863 et les e OP exercices antérieurs. 56 » » 56 4 vraies | o 1866..... » 42 42 » 98 » Honoraires du conservateur del'her- bier (exercice 1868)......... 950 » 250 » 500 » 500 » Traitement de l’agent comptable (exercice 1868).....,...... . 250 » 250 » 500 » 900 » ages du garcon de bureau (exer- cice 1868) .............e.. 175 » 175 » 350 » 350 » Totaux............. 10,954 15 4,227 69 15,181 84 15,181 84 RÉSUMÉ. Recettes (En caisse à l'arrêté du dernier compte, compris). 33,999 95 Dépenses................ es crosses 15,181 84 Excédant des recettes, représenté par le solde en caisse au 1*" mars 1868 (voy. ci-dessus, p. 84)....... .......o 18,818 11 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A la clóture du dernier compte, le solde en caisse n'était que de 11 099 fr. 95. Il était, par conséquent, de 7718 fr. 16 au-dessous du solde actuel; et, tandis que les dépenses que la Société avait alors à acquitter étaient évaluées à 9800 fr. , celles qui restent à sa charge aujourd'hui, tant pour 1868 que pour 1867, le seul des anciens excercices dont le passif ne soit pas tout à fait liquidé, ne dépas- seront pas 5800fr. C'est encore à l'avantage du compte actuel une différence de 4000 fr. environ. Autant, l'an dernier, la situation financière dela Société pou- vait causer de sérieuses préoccupations, autant aujourd'hui, grâce aux démar- ches faites, au nom du Conseil, par une commission spéciale, pour obtenir la rentrée des cotisations en retard, cette situation se trouve dégagée de tout em- barras pour l'avenir aussi bien que pour le présent. L'eucaisse actuel est de........................ er n n th ns 18,818 11 Il faut, il est vrai, en déduire, indépendamment des dépenses, prévues qui s'élévent, comme je viens de le dire, à. .. 90,800 » Une somme nette de 1,541 fr. 60, qui appartient à 1369 et devra étre ultérieurement transportée dans le compte de cet exercice . 4... usssésessssseses sos rm n nne 1,541 60 Soit, au total.... ................. 7,341 60 7,341 60 Mais, cette déduction opérée, il reste encore... ......... PRET 11,476 51 Dès aujourd'hui, une réserve de plus de 11 000 fr. est donc acquise à la Société, et elle à la certitude que cette réserve sera conservée en entier, puis- qu'elle a établi comme règle absolue que, pour chaque exercice, les dépenses seraient strictement mesurées sur le revenu de cet exercice. De plus, la Société aura à recevoir : Pour 75 cotisations de 1868, non encore acquittées. .. . . .. 2,250 fr. Et pour les cotisations arriérées des exercices précédents, environ. ...... esososessosessosoeos e nn e. 2,000 Ce sera un total de 4000 fr. , au minimum, qui viendra intégralement s'ajou- ter à la réserve actuelle, car il s'agira de recettes provenant d'exercices aux dépenses desquels il aura été pourvu. La Société est déjà titulaire d'une rente de 375 fr. sur l'État, au capital de 8940 fr. 95, que je viens d'acheter pour elle, avec l'assentiment du Conseil. Lorsque les fonds qu'elle a en dépôt à la Caisse des Consignations lui auront été remboursés, cette rente sera, suivant l'autorisation donnée par le Conseil le 5 de ce mois, portée à 500 fr. Le restant des fonds de la Société, à la seule réserve d'une somme de 1500 à 1800 fr., nécessaire pour lacquittement des dépenses courantes, sera employé en bons du Trésor, ou versé au Comptoir d'escompte, et sera à la disposition de la Société pour les besoins éventuels. La commission de comptabilité a donné, dans son rapport du 8 mai dernier, le relevé général des recettes et des dépenses de la Société, depuis sa fondation. SÉANCE DU 12 MARS 1869. 87 Les recouvrements opérés dans ces derniers mois se répartissant sur presque tous les exercices, ce tableau comporte divers changements. Je le reproduis, rectifié, à la suite de cette note. Il se divise, comme celui qu'il remplace, en deux périodes : 1* La premiére période décennale (1854 à 1863), que l'on doit considérer aujourd'hui comme définitivement Recettes. Dépenses. apurée à l'actif et au passif, et pour laquelle les recettes ont été, au total, de....,............ eet ente 109,787 77 Et les dépenses, de... PRET EP TEE TETE soso. 92,851 23 2° La période, en cours d’apurement, de 1864 à 1868, avec anticipation sur 1869, pour laquelle les recettes totales sont de ...,.....,....... TP 62,154 70 Et les dépenses de.......,,,.,..... evcéetateecvececceooovovasteos 56,223 13 Ainsi, depuis sa fondation, la Société a regu... ........ 167,892 47 Elle a dépensé ...,.,...,.......... ns... esee others 149,074 36 ne o Et l'excédant des recettes, représenté par le solde en caisse à l'arrété du 4°" mars dernier (voyez ci-dessus, p. 84), a été de.....,...,.,,,................ enn 18,818 11 (1) (1) Voyez, plus bas, p. 105, le procès-verbal de vérification de la commission de Comptabilité. Relevé des. recetles.et dépenses de la Société Botanique, MB depuis sa fondation jusqu'au 1^ mars 4869, Première partie. — Exercices apurés. 1854 1855 1856 1857 1858 | | 1859 1860 1861 | 1862 | 1863 |n DES RECETTES. | TOTAL DES DÉPENSES. RECET TES Cotisations annuelles........., ees] 4,940 »| 7,860 »| 7,950 »| 9,120 »| 9,540 n!......... 9,180 »| 9,150 »| 8,760 »| 8,430 »| 9,090 »| Cotisations à vie.....,..,.,...,.. 900 » 600 » 300 » 600 »| 1.200 n1...,..... 900 » » 1,200 »| 2,100 »] 1,500 » Diplómes... ...... DRPRRPEE » » » » » eerte » » » 36 » 90 » Vente du Bulletin ................ 36 »| 148 »| 691 »| 433 »| 866 »j...| 804 »| 874 »| 461 »| 1,124 »| 824 » Remboursements pour excédants de pa- ges et frais de gravure......... . 25 » 40 » 162 50 487 50 » voter 38 » » » » 29 » 105,737 77 Subvention du Ministère de l'Agriculture » » » » » pre: 600 » 600 » 600 » 600 » 600 » Intérêt des bons du Trésor. ....... . » 36 75| | 75 » 82 50] >» eee] 35 »[ 90 »| 440 »| 260 »| 245 » Intérèt du dépôt à la Caisse des Consig*. » A3 » 120 »| 120 » 120 »|...4....1 112 60 90 » 90 » 90 » 90 » Recettes accidentelles.......... T » 7 07 10 » 20 » 61 85,...:... 70 » 70 » 80 » 80 .» 80 » Total par année....... 4| 5,901 »| 8,734 82] 9,308 50|10,863 »111,787 851...::.111,739 60110,874 »111,301 »[12,720 » 12,508 » DÉPEN SES. | Impression du Bulletin. .......... 2,589 90| 4,622 45| 4,087 75| 6,275 15, 5,023 45/.... 5,880 40| 7,151 45] 5,748 55] 5,148 65| 6,100 45 Revue bibliographique et Table... ... 30 »| 1,023 55| 1,043 50] 1,183 45| 937 50|.. 1,053 75| 870 » 754 35| 757 95] 691 05 | . Frais de gravure. ................ » » 34 » » 154 50|.. 119 90 83 » 117 45 268 28 290 15 Brochage du Bulletin...........,.. 447 85| 177 05| 211 30| 269 25| 290 70/...+... 316 44| 348 30| 320 02| 330 60| 404 99 Port du Bulletin ................. 210 95| 352 20| 366 60| 593 35| 512 50|..&--.| 558 40| 496 89| 429 201 410 19| 517 42 Circulaires et impressions diverses. . 396 75 88 50 120 » 325 50 186 50|..p 274 » 238 » 177 » 578 60 161 50 LOYEr users » 400 »| 400 »| 400 »| 400 ajoe 400 »| 550 »| 4,000 »| 1,000 »| 1,000 » 92,851 23 Chauffage et éclairage,........ A 92 75 237 25 198 50 210 75 240 »j|..j* 235 50 225 » 200 » 200 » 200 »\...:......... . , Ports de lettres et menus frais... .... 172 45 173 40 116 90 213 15 230 50)... 225 20 227 30 317 05 306 70 297. 05 Bibliothèque, herbier et mobilier .... 27 45 » ' 364 15 47 75| 112 65/....l.... 91 35| 146 50| 182 35 98 20| 477 42 Dépenses extraordinaires .......... » » » 148 25 100 »j|. ep 196 » 962 45 92 70 296 23 96 » Honoraires du conservateur de l'herbier » » » » » pondre » » 250 » 900 » 900 » Traitement de l'agent comptable..... 300 » 500 » 500 » 500 » 500 nf... 500 » 433 50 401 » 499 80 900 » Gages du garcon de bureau......... 100 » 200 » 200 » 200 » 200 »[..|'::| 200 » 208 50 351 » 351 » 350 » | ——— Total par année,.. ..... e.d 4,038 10| 7,774 40| 7,639 70110,366 30] 8,888 30 ennt 9,970 94 11,540 89|10,340 67|10,746 20|11,546 03, Deuxième partie. — > Exercices en cours d'apurement. 1864 1865 1866 | | 1867 | 1868 1869 RECET | TZS, Cotisations annuelles........ so... 9,000 » 8,610 » 8,575 » ]''p'- 7,890 » 7,148 » 1,442 » Cotisations à vie.............,,.. 900 » 4,200 » 900 » perfon 900 » 5,100 » 0» Diplômes..........,...... sus. 8 » 6 » 4» [eps 86 » 2 » » Vente du Bulletin.....,.......... AMA » 1,075 » 602 n espe 1,393 » 792 » 125 » Remboursements pour excédants de pa- ges et frais de gravure... . ...... 32 50 2 50 » en ' 120 » 80 » » (62,154 70 Subven- $ du Ministère de l'Agriculture... 600 » 600 » 600 » ensg[ ng 500 » 600 » » tions l du Min. de l'Instruetion puble.. » » » DS DS 900 » 500 » » Intérêt des bons du Trésor......... 325 » 315 » 100 » petii 50 » » » Intérét du dépôt à la Caisse des Consig*. 90 » 90 » 90 » eet » » » tecettes accidentelles. ...,....,... 100 » 100 » 110 » eet n 110 70 340 » » Total par année... ... T 11,496 50 11,998 50 10,981 » estin 15949 70 14,562 » 1,967 » / DÉPEN SES, Impression du Bulletin. .....,.,... 5,938 55 5,748 85 7,750 65 ES 6,093 70 1,234 95 » \ Revue bibliographique et Table... ... 1,148 25 1,155 » 1,151 25 est 1,068 75 864 » » Frais de gravure........, ss... 362 40 81 » 373 20 petis 326 50 » » zrochage du Bulletin ............. 164 » 420 41 156 32 evt 362 35 63 85 A » Port du Bulletin .............,... 548 36 947 40 739 42 ett 565 10 206 03 ' 1 40 Circulaires et impressions diverses . . . 309 » 156 50 322 80 est 226 20 304 50 20 » Loyer ........,................ 1,000 » 1,000 » 1,000 » etn 1,000 » 1,000 » » Chauffage et éclairage ........,..., 200 » 200 » 7200 » et tt 200 » "200 » » porte . 56,223 13 Ports de lettres et menus frais. ..... 335 90 308 65 336 75 ent sn 386 35 357 95 » Bibliothèque, herbier et mobilier..... 544 45 454 70 343 75 DS 65 08 » » Dépenses extraordinaires... ....... 194 66 49 50 346 55 eet 384 15 » » Honoraires du conservateur de l'herbier 500 » 500 » 500 » eet 900 » 500 » » Traitement de l'agent comptable..... 500 » 500 » 500 n» enmt 900 » 500 » » Gages du garcon de bureau,........ 350 » 375 » 350 » eet 375 » 350 » » esu X49 3E 1T ! 7 j Total par année... ..... [7 42,395 57 11,497 01 14,370 69 tel 12,393 48 5,981 28 25 40 — / 167,892 47 149,074 36 — — —. Excédant des recettes sur les dépenses. ......... TOPPED ete hn eee eel so... surnom 18,818 fr. 11 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Roze, secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Société : PLANTES NOUVELLES POUR LA FLORE DU DÉPARTEMENT DE LA COTE-D'OR, pr M. Ch. ROYER. (Saint-Remy prés Montbard, 20 février 1869.) Deuxième partie (1). Ranunculus paucistamineus Tausch. — Montbard. platanifolius L. — Ménessaire. Dianthus Carthusianorum L. var. congestus G. G. — Fontenay ; Blaisy-Bas. Silene inflata L. var. puberula (S. puberula Jord ). — Mémont. Alsine Jacquini Koch var. glandulifera. — Feuilles et sépales glanduleux-pubescents.— Baulme-la-Roche. Tilia intermedia DC. — Saint-Remy ; Val des Choues. Fumaria Wirtgeni Koch. — Saint-Remy. Vaillantii Lois. — Lucenay-le-Duc. Barbarea patula Fries. — Ménessaire ; Liernais. intermedia Bor. — Liernais. Capsella rubella Reut. — Semur. Helianthemum vulgare Gærtn. var. albiflorum Koch. — Saint-Remy ; Nuits-sous-Beaune, Trifolium arvense L. var. agrestinum (T. agrestinum Jord.). — Remilly; Liernais. Orobus tuberosus L. var. latifolius (0. pyrenaicus L.). — Selongey. Vicia tenuifolia Roth. — Saint-Remy ; Selongey. Potentilla Anserina L. var. incana Coss. et Germ, — Laignes. Rosa andegavensis Desv. — Saint-Remy. Myriophyllum verticillatum Z. var. intermedium Koch. — Montigny-sur-Aube ; Fon- tailler. Verbascum Bastardii R. et Sch. — Pontailler. Veronica polita Fries, — Saint-Remy. scutellata L. var. pubescens Coss. et Germ. (V. parmularia Poit. et Turp.). — Villy- le-Moutiers. Euphrasia nemorosa Pers. — Saint-Remy. Orobanche Picridis Vauch. — Saint-Remy ; Montigny-Montfort, Origanum vulgare L. var. prismaticum (O. prismaticum Gaud.). — Verdonnet, Calamintha menthifolia Host. — Saint-Remy. Campanula persicifolia L. var. pubescens. — Tiges et feuilles couvertes d'une pubesce nce courte et roide. — Nuits-sous-Beaune. Valerianella Auricula DC. var. lasiocarpa Koch. — Saint-Remy. Cirsium oleracero-bulbosum Nog. — Selongey. bulboso-oleraceum Neg. — Selongey. bulboso-acaule Neg. — Selongey. arvense Lam. var. ferox. — Feuilles extrémement épineuses. — Liernais. palustre Scop. var. leucanthum. — Ménessaire, Centaurea nigrescens Willd. Laignes, Bidens cernuus L. var. rugosus Coss. et Germ. — Lucenay-le-Duc. Filago lutescens Jord. — Fontaine-Francaise ; Liernais. Atriplex patula L. var. microcarpa Koch. — Saint-Remy. Polygonum lapathifolium L. var. incanum (P. incanum DC.). — Semur; Laignes. Poterium muricatum Spach. — Toutry. Salix amygdalina L. var. concolor G. G. — Saint-Remy. Orchis incarnata L..— Saint-Remy ; Val des Choues. Vallisneria spiralis L. — Dans le canal de Bourgogne à Saint-Remy, Buffon, Rougemont, Montbard, Venarey. — CC. (1) Voyez le Bulletin, t. XV (Séances), p. 25. SÉANCE DU 12 Mars 1869. 91 Potamogeton lucens L. var. longifolius (P. longifolius Gay). — Pouillenay. obtusifolius M. K.— Saulieu. Luzula multiflora Lej. var. pallescens (L. pallescens Bess.). — Saint-Remy ; Rouvray. Carex muricata L. var. virens Koch. — Ménessaire. acuta Fries var. breviglumis. — Écailles femelles beaucoup plus courtes que l’utricule. — Saint-Remy. acuta Fries var. Touranginiana (C. Touranginiana Bor.). — Saint-Remy. præcox Jacq. var. cuspidata. — Écailles femelles longuement cuspidées. — Gevrey. flava L. var. intermedia Coss. Germ. — Val de Choues. Festuca rubra L. var. villosa Koch, — Semur. Polystichum spinulosum DC, var. tanacetifolium (P. tanacetifolium DC.). — Saulieu. Chara fœtida A. Br. var. densa Coss, et Germ. — Saint-Remy ; Val des Choues fœtida À. Br. var. longibracteata (C. longibracteata K'uetz.).— Pouilly-en-Auxois. fœtida À. Br. var. contraria (C. contraria A. Br.). — Val de Choues ; Selongey. Pour quelques-unes de ces plantes, voici d'autres localités : M. Lombard a récolté le Fumaria Vaillantit aux environs de Dijon, et M. Blanche l'Oro- banche Picridis, à Pont-de-Pany. M. Duret (Opuscules manuscrits sur la bota- nique bourguignonne) indique le Ranunculus platanifolius à Aubaine et à Savigny; quant aux Vicia tenuifolia, Veronica polita et Euphrasia nemo- rosa, que ces mêmes opuscules indiquent aussi dans le département à Gevrey, Dijon et Saint-Seine, ce sont plantes si communes qu'elles n'ont pu être omises jusqu'alors que par inadvertance. Selon MM. Lorey et Duret, le Barbarea præcox R. Br. (B. patula Fries), de leur #lore de la Côte-d'Or n'est pas spontané dans le département, mais seulement cultivé dans quelques jardins ; je l'ai pourtant rencohtré abondam- ment sur les coteaux incultes à Liernais et à Ménessaire. Je dois à l'extrême obligeance de l'un des savants auteurs de la Flore de France, M. Grenier, la révision de plusieurs déterminations. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : SUR LES PROPRIÉTÉS ENDOSMOTIQUES DES CELLULES GELÉES, par M. Éd. PRILLIEUX. Les plantes exposées à un froid plus ou moins vif gelent. En général, il n'en résulte pas dans leur aspect de changement immédiat bien considérable : elles deviennent rigides et cassantes, s'infléchissent, se courbent plus ou moins; la couleur verte des feuilles devient un peu plus terne, mais rien n'indique si la vie dela plante roidie par le froid et gelée a été ou non profondément atteinte, si elle est vivante ou morte, Ce n'est qu'au moment du dégel qu'on reconnait si elle a été tuée par la gelée. Dans ce cas, toutes les parties qui ont été gelées deviennent molles et flasques, l'eau s'en échappe à la moindre pression ; à l'air, elles brunissent et se dessèchent rapidement, Le phénomène dominant, ce qui peut être donné comme le caractère principal de l'altération des tissus que la gelée a tués, consiste en ce que les liquides primitivement contenus dans les 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cellules ne sont plus arrêtés par les parois et s’écoulent dans les méats inter- cellulaires qu'ils remplissent ; les tissus infiltrés de liquide deviennent trans- parents d'opaques qu'ils étaient ; les liquides de nature différente contenus dans les diverses cellules se mélangent, et subissent, par suite, de notables altérations dans leur composition chimique. Bien longtemps, et cette opinion est encore la plus répandue aujourd'hui, je crois, du moins chez les jardiniers, on a attribué les dégáts causés par la gelée à des déchirures que la glace produirait en se formant à l'intérieur des tissus. On admettait que la séve, en se solidifiant par l'effet du froid, ferait éclater les vaisseaux et les cellules, comme l'eau en se congelant brise les vases qui la con- tiennent. La facilité avec laquelle les liquides s'écoulent des tissus gelés et en produi- “sent l'infiltration semble bien de nature à donner beaucoup de crédit à cette opinion; cependant, M. Goeppert (Ueber die Werme-Entwickelung in den Pflanzen, deren Gefrieren und die Schutzmittel gegen dasselbe. Breslau, 1830, p. 25), déjà il y a près de quarante ans, affirmait que les cellules des organes gelés sont intactes et que leurs parois ne sont pas déchirées. Mais, il faut bien en convenir, les observations directes faites méme avec le plus de soin, ne sauraient sur ce point donner des résultats absolument concluants. Non-seulement, en effet, comme l'a très-bien reconnu M. Nægeli. (Botanische Mittheilungen aus den Sitzungsberichten der K. Bayer. Akademie der Wis- senschaften zu. Muenchen. Ueber die Wirkung des Frostes), on ne peut voir nettement qu'une seule face des tissus engagés dans les tissus gelés; non-seule- ment les matières de diverse nature qu'elles contiennent rendent les études dif- ficiles et obscures, mais quand méme on pourrait tourner les cellules librement dans tous les sens, quand méme leur contenu serait entièrement transparent, comme les fentes de la paroi élastique d'une vésicule se fermeraient naturelle- ment dès qu'une partie duliquide qu'elle contenait s'en serait écoulé, et devien- draient par suite ou presque ou méme tout à fait invisibles, on ne saurait regarder le manque apparent de fentes comme la preuve décisive qu'elles n'exis- tent pas. H. Schacht a fait une remarque très-ingénieuse qui tend encore à prouver que les cellules gelées ne sont ni déchirées ni fendues. Il a observé, et l'expé- rience est trés-aisée à répéter, que quand on presse entre les mains un mor- ceau de pomme-de-terre gelée, le liquide qui s’en écoule en abondance ne contient pas de grains de fécule, ce qui prouve avec certitude sinon qu'il n'y a pas de fentes aux parois des cellules, du moins qu'il n’y a pas de fentes assez grandes pour que les grains de fécule les puissent traverser. Mais il est une autre preuve qui est de nature à lever tous les doutes, c'est le fait, si fréquemment observé et incontesté je crois aujourd'hui, que des plantes peuvent geler et dégeler sans être endommagées lorsque le dégel est lent, tan- dis qu'elles sont tuées par un dégel rapide, ce qui ne saurait se concilier avec SÉANCE DU 12 mars 4869. 93 l'idée que la séve déchire les cellules en se congelant dans leur intérieur, car s'il en était ainsi, tous les tissus seraient également détruits quelles que soient les conditions dans lesquelles se fait le dégel (J. Sachs, Zandhuch der Experi- mental- Physiologie, p. 58). Si les membranes des cellules ne sont pas déchirées, si les liquides qui s'en .écoulent sous la moindre pression ne traversent pas des fentes et des déchirures, mais filtrent à travers les parois, il faut forcément admettre que, sous l'influence de la gelée suivie d'un rapide dégel, elles ont subi de profondes modifications dans leur constitution moléculaire et que leurs propriétés diosmotiques ont été profondément altérées. Les cellules vivantes ont des propriétés fort singulières et sur lesquelles il n'est peut-être pas inutile d'appeler l'attention, car là, mieux peut-être que par- tout ailleurs, on voit se manifester nettement la différence qu'il y a entre l'or- gane vivant paraissant obéir à certaines lois qui lui sont propres et l'organe mort régi dès lors uniquement par les lois générales dela physique et de la chimie. A chaque instant on rencontre dans les tissus des plantes des cellules conte- nant à leur intérieur des liquides trés-différents de ceux qui remplissent les cellules voisines : des cellules contenant par. exemple un liquide rouge au mi- lieu d’autres cellules remplies d'un suc incolore. Ce fait est si fréquent qu'il est inutile d'en citer d'exemple particulier ; or on sait qu'en vertu des lois physiques dela diosmose, quand on interpose une membrane entre un liquide blanc et un liquide coloré, il se forme un double courant à traversla membrane, et les deux liquides se mélangent. Un autre exemple plus frappant encore : M. Payen a montré (Comptes rend. Acad. d. sc. 1848) qu'il y a, au milieu des tissus acides, des cellules contenant un suc alcalin, ce sont, en particulier, celles où se déposent dans les Urticées des concrétions calcaires. Or on sait combien est énergique l'action diosmotique qui s'exerce à travers une membrane qui sépare un liquide acide d'un liquide alcalin, et pourtant, là encore dans la plante vivante, il n'y a pas mélange entre les deux liquides. M. Sachs a signalé un fait analogue et très-frappant dans le fruit de la Courge. Il a montré (Krystallbildungen bei dem Gefrieren ete. in Berichte ueber die Verhandlungen der Kænigl. Scchsischen Gesellschaft der Wissen- schaften, 1860, vol. XIT) que les cellules à parois minces des faisceaux fibro- vasculaires renferment un liquide fortement alcalin qui s'écoule quand on fait une coupe, et forme sur la tranche autant de pelites goutte- lettes sphériques qu'il y a de faisceaux. Ces gouttelettes colorent en bleu le papier de tournesol. Le méme fait peut s'observer sur une feuille : si l'on appuie la coupe d'un pétiole sur un papier neutre de tournesol, on voit se marquer une empreinte rouge, sur laquelle se détache un cercle de points bleus correspondant à la coupe des faisceaux vasculaires. La encore il n'y a pas, dans 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les tissus vivants, échange par diosmose des liquides si différents contenus dans les cellules voisines. La cellule vivante ne laisse filtrer ni la substance colorée, ni la substance alcaline, ni la substance acide qu'elle contient. On peut dire, d'une facon générale, que la quantité de liquide que laisse écouler au dehors, à travers les parois, une cellule vivante qui a absorbé de l'eau jusqu'à la turgescence, grâce à son contenu doué de facultés endosmo- tiques, est déterminée d'une part par la puissance endosmotique du contenu et la perméabilité de la inembrane pour l'eau attirée par ce contenu, et, de l'autre, par l'aptitude de cette membrane à laisser filtrer une portion du contenu sous la pression intérieure. Or, dans les cellules vivantes, cette derniére propriété est extrêmement faible; mais il n'en est plus de méme dans les cellules que la gelée a tuées : l'aptitude de la membrane cellulaire à laisser filtrer son contenu devient extrême; de là, la perte de la turgescence, la flaccidité et l'infiltration des tissus. Le fait est bien facile à observer sur des tissus dont les cellules contiennent un liquide coloré : une tranche fraiche de betterave rouge colore à peine l'eau dans laquelle on la laisse baigner méme pendant plusieurs jours, tandis qu'une tranche gelée de la même racine colore très-rapidement en rouge foncé l'eau dans laquelle on la plonge. M. Sachs, qui a fait de ces questions une étude très-consciencieuse (/oc. cit.), s'est occupé spécialement de rechercher en quoi les propriétés molécu- laires des tissus gelés diffèrent de celles des tissus frais. Tla conclu de ses très- intéressantes expériences, que méme sous l'eau les tissus gelés perdent leur turgescence, laissent écouler une partie de leur contenu et diminuent de poids, et en outre, que les tissus gelés, plongés dans une solution de sel, absorbent plus de sel que les tissus frais. J'ai fait moi-même à son exemple quelques expériences analogues, et les résultats que j'ai obtenus ont été tout à fait d'accord avec ceux de M. Sachs. J'en citerai une seule comme exemple : J'ai coupésur une betterave une tranche que j'ai fait geler en la plaçant entre deux soucoupes dans un mélange réfrigérant. Quand je l'en ai retirée, elle était couverte d'une couche veloutée de glace et durcie entièrement par la gelée. Je l'ai fait alors dégeler rapidement en la plongeant dans l'eau tiède durant un quart d'heure; j'ai mis en méme temps dans la même eau tiède une autre tranche de la méme betterave qui n'avait pas été exposée à la gelée; puis je retirai de l'eau les deux tranches et les essuyai à l’aide de papier de soie et je les pesai : La tranche qui avait été gelée (I) pesait 36,25%. La tranche qui n'avait pas gelé (II) pesait 31,522, Je les plongeai alors toutes deux dans une solution concentrée de nitrate d'ammoniaque où je les laissai séjourner environ vingt heures, puis je les retira. La tranche qui avait été gelée paraissait gonflée, turgescente ; l'autre, SÉANCE DU 12 Mans 1869. 95 au contraire, était contractée et comme retirée sur elle-même. A l'aspect. seul, la première paraissait avoir augmenté, la seconde diminué de volume, Après les avoir épongées avec du papier de soie, je les pesai l'une et l’autre : La tranche gelée I pesait 40,255", elle avait gagné 4s". La tranche non gelée II ne pesait plus que 28,85%, elle avait perdu 2,672". Cette expérience, qui, du reste, n'est pas isolée, mais est entierement d'ac- cord avec toutes celles qui ont été faites à ma connaissance sur ce sujet, prouve, ce me semble, que les tissus tués par la gelée ont des propriétés endosmotiques tout à fait différentes de celles des tissus vivants. Daus la tranche dont le tissu avait été tué par suite de l'action dela gelée, le courant d'endosmose l'avait de beaucoup emporté sur le courant d'exosmose, tandis qu'au contraire, dans celle où le tissu n'avait pas été gelé et était encore vivant selon toute apparence, C'est au contraire l'exosmose qui, dans les mêmes conditions, avait été très- supérieure à l'endosmose. M. Sachs a cherché à expliquer (Handb. 1. c.) de quelle nature sont les modifi- cations que les parois des cellules éprouvent dans leur constitution moléculaire par le gel suivi d'un dégel rapide. Il admet d'abord que les pores des membranes altérées par la gelée sont notablement agrandies, fait qui lui parait résulter de la plus grande intensité du courant salin qui traverse la membrane gelée ; et il croit trouver la clef de cette désorganisation des cellules sous l'influence de la gelée dans les modifications que présentent dans les mêmes circonstances la colle de pâte et le blanc d'œuf. En soumettant à la gelée de la colle de pâte, M. Sachs l'a vue changée après le dégel en une masse spongieuse d’où l'on pou- vait exprimer l'eau avec la plus grande facilité. De méme, pour le blanc d'œuf coagulé par la chaleur : sous l'influence du gel et du dégel, il se transforme également en un corps poreux dont l'eau s'échappe aisément. Selon le savant et ingénieux physiologiste allemand, il en serait de méme des parois des cel- lules : « Sous l'influence (traduction francaise, p. 66) du gel, les molécules de » cellulose et de protoplasma perdent leur attraction pour l'eau et se séparent » d'elle comme, dans une solution exposée à la gelée, un sel se sépare de la » glace. L'arrangement moléculaire est ainsi détruit, puisque l'eau qui s'écoule » après le gel concourait auparavant à l'organisation intérieure de la cellule et » du protoplasma. On peut se représenter la cellule comme une vessie de colle » d'amidon, doublée à l'intérieur d'une couche d'albumine coagulée et com- » plétement remplie d'eau ; après le dégel, soit la couche d'amidon, soit celle » d'albumine deviennent poreuses, spongieuses, et perdent une partie de leur » eau de constitution; alors, le liquide renfermé à l'intérieur commence à » couler à travers les membranes comme à travers un crible, » Pour expliquer par cette théorie le fait que les cellules meurent ou ne meurent pas selon que le dégel a été plus ou moins rapide, M. Sachs admet que lorsque le dégel est lent, les molécules d'eau qui s'étaient séparées de la cellulose et du protoplasma 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sous l'influence de la gelée reprennent leur position première. « Si le dégel » n'est pas trop rapide, dit-il, on peut penser que les mouvements moléculaires » sont assez lents pour que les anciennes forces recommencent à agir; mais si » la fusion des cristaux est trés-rapide, les mouvements moléculaires sont trop » violents pour permettre à l'ancien arrangement de reparaitre. » Cette théorie repose essentiellement, ce me semble, sur la supposition que l'altération des membranes est due par la gelée à la formation de glace dans les pores mêmes de la membrane, comme il s’en forme dans la colle de pâte et dans le blanc d'œuf soumis à la congélation. Or cela n'est pas trés-vraisemblable. Il est difficile d'admettre que l'eau d'imbibition se soit prise en glace dans les pores invisibles des membranes des cellules tuées par la gelée, quand on sait qu'il suffit d'un froid très-faible pour tuer un trés-grand nombre de plantes, tandis que les physiciens ont établi que dans les espaces trés-resserrés l'eau se prend trés-difficilement en glace, que dans des tubes capillaires par exemple, l'eau peut rester liquide, bien que le thermométre s'abaisse à —5 degrés et méme — 7 degrés (voy. en particulier les intéressantes expériences de M. Mous- son dans Poggendorffs' Annal. Bd 105 (1858), p. 161). Il ne parait donc pas naturel de supposer que l'eau se puisse prendre en glace dans les pores si étroits des membranes, à la température, relativement bien peu froide, qui suffit pour tuer un trés-grand nombre d'organes de plantes. L'expérience directe parait du reste peu favorable à l'idée que propose M. Sachs, d'assimilier à l'altération que la gelée produit dans la colle de farine celle qu'elle cause dans la membrane cellulaire. En effet, M. Sachs qui a tant insisté sur le fait d'expérience que la membrane de la cellule végétale est tuée non par la gelée mais par un dégel rapide, et que toujours, en faisant dégeler lente- ment les organes gelés, on peut les préserver de tout dommage, M. Sachs a lui-même affirmé dans un travail antérieur (Die landwirthsch. Versuchssta- tionen, Il, p. 192), comme résultat d'expériences plusieurs fois répétées, que la colle de farine gelée subit toujours les mémes transformations, quelque lent que soit le dégel, quand méme il dure de vingt-quatre à quarante-huit heures. Enfin, on peut encore ajouter une autre preuve qui me semble convaincante. C'est que l'altération quel'on observe dans les propriétés des membranes végé- tales tuées par la gelée, suivie d'un dégel rapide, n'est pas produite exclusive- ment par cette cause. Les tissus végétaux tués non plus par la gelée, mais par la cuisson, présentent dans leurs propriétés des modifications identiques. Par la cuisson, comme par la gelée suivie d'un dégel rapide, les tissus perdent leur rigidité, deviennent flasques et mous ; les cellules ne retiennent plus les liquides qu'elles contenaient auparavant et qui s'écoulent de toute part dans les méats intercellulaires ; les matières colorantes filtrent à travers les cellules et se répandent au-dehors. En somme, la cuisson parait produire, dans les propriétés endosmotiques des cellules, les mémes modifications que la eléc suivie d'un prompt dégel. Pour m'en assurer, j'ai répété sur les tissus SÉANCE DU 12 Mans 1869. 97 tués par la cuisson les mémes expériences que j'avais faites précédemment sur les tissus tués par la gelée, et elles m'ont donné des résultats pareils : on en pourra juger par l'exemple suivant : J'ai pris deux morceaux de betterave à peu prés de méme volume et de méme poids : L'un (I) pesait 32,808". L'autre (II) pesait 33,622". Je les mis tous deux en méme temps daus l'eau : l'un (I), dans l'eau d'une casserole placée sur un réchaud ; l'autre (II), dans i'eau froide, pour éviter qu'il ne perdit de son poids par évaporation, tandis que l’autre trempait dans l'eau chaude. Au bout d'un quart d'heure au plus de cuisson, je retirai le morceau I de l'eau bouillante et le mis dans l’eau froide pour le refroidir; puis je retirai les deux morceaux de l'eau, je les essuyai dans du papier de soie et les pesai. Le morceau cuit (I) pesait 30,6127, il avait perdu, par suite de la cuisson, 2,10zr, Le morceau frais (II) pesait 34,475", il avait gagné 0,855. Ce résultat de la cuisson parait dû à ce que la partie cuite perd avec une extrême facilité l'eau qu'elle contenait tant par évaporation que par expression, tandis que le morceau non cuit a absorbé et retient dans ses cellules un peu de l'eau 'dans lequel il est resté plongé. Quand on cherche à essuyer un mor- ceau de betterave cuit, tout comme un morceau tué par la gelée, on a peine àen tarir complétement la surface en les épongeant avec du papier de soie, beaucoup d'eau s'en écoule : de là, la perte en poids que l'on constate méme après les avoir fait séjourner dans l'eau. Les deux morceaux de betterave cuit et cru sont plongés dans une solution concentrée de nitrate d'ammoniaque, et y demeurent durant vingt-deux heures. Quand on les retire, ils présentent entre eux les mêmes différences d'aspect que le morceau tué par la gelée et le morceau frais dans l'expérience que j'ai rap- portée plus haut. Le morceau cru montre l'apparence d'une contraction, d'un retrait de tissu; le morceau cuit, au contraire, parait gonflé de liquide. Essuyés à la manière ordinaire et placés sur la balance : Le morceau cuit (I) pèse 36,222", il a gagné dans la solution de nitrate d'ammoniaque 5,615. Le morceau cru (II) ne pèse plus que 30,725", il a perdu 3,758, Dans le premier cas, c'est le courant d'endosmose qui a prédominé ; dans le second cas, au contraire, le courant d'exosmose. Ces résultats sont de tout point comparables à ceux que j'ai mentionnés plus haut et que j'avais obtenus avec des betteraves gelées. On peut conclure de ce qui précéde, que les modifications produites par la gelée suivie d'un brusque dégel, dans les propriétés des membranes cellulaires, ne sont pas exclusivement propres à ce mode particulier d'altération, et que T. XVI. (SÉANCES) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ces modifications ne peuvent étre considérées par conséquent comme dues à la formation de cristaux de glace dans les pores des membranes cellulaires, puisque la cuisson y produit les mêmes altérations, les mêmes changements dans les propriétés moléculaires, qui sont manifestés par les phénomènes d'en- dosmose. Dans tout ce qui précède, j'ai exprimé sous le nom d'endosmose et d'exos- mose le brut résultat d'expériences dans lesquelles les cellules plongées dans une c. lation saline augmentaient de poids en absorbant du sel, ou diminuaient de poids en perdant de leur contenu plus qu'ils n'absorbaient de la solution. Si l'on veut étudier plus à fond ce phénomène et chercher à en pénétrer la nature, il faut avant tout considérer la composition de la paroi des cellules et ne pas oublier qu'elle est complexe, que le contenu de la cellule n'est pas ren- fermé dans une simple membrane de cellulose mais dans une double enveloppe ; qu'à l'intérieur de la membrane de cellulose il y a une couche de protoplasma qui tapisse la surface interne de la cavité de la cellule et qui est ce. qu'on a nommé l'utricule primordiale. Or, il est infiniment probable que c'est particu- lièrement à la modification des propriétés de cette enveloppe interne de proto- plasma que sont dus la plupart des changements que l'on observe dans les propriétés endosmotiques des cellules quand la mort vient les atteindre. Le protoplasma cst la partie vivante par excellence de la cellule, et l'on peut s'assurer qu'il possède quand il est vivant d'autres propriétés que quand il est mort. C'est à lui sans nul doute qu'est due la propriété mentionnée ci-dessus, de certaines cellules, de se montrer impénétrables aux substances qu'elles con- tiennent et dont elles empêchent la diffusion tant qu'elles sont vivantes. Sans aborder ici l'étude détaillée des propriétés vitales du protoplasma, je rapporte- rai seulement une expérience qui me parait de nature à jeter quelque lumière sur les phénoménes que nous venons d'étudier. Je prends deux radis ; je fais cuire l'un dans l'eau bouillante durant un quart d'heure environ et je laisse l'autre cru ; puis, sur l'un et sur l'autre, je fais des coupes transversales minces que je mets dans une solution foncée de carmin. Jc les retire de la liqueur au bout de vingt heures, puis je les lave à plusieurs reprises dans leau pure et les examine à l'aide du microscope. La coupe crue est à peine colorée ; dans quelques points seulement, les parois des cel- lules montrent une faible nuance rosée. La coupe cuite, au contraire, est d'un beau rose. On reconnait que dans toutes les cellules, l'utricule primordiale, le nucléus et les épaississements protoplasmiques qui l'avoisinent, sont colorés en rose. Dans les points où l'utricule primordiale est séparée de la membrane cellulaire, on voit très-bien que c'est elle qui a pris la nuance rose. Cette expérience montre,ce me semble, que le protoplasma, et en particulier le revêtement protoplasmique de la paroi cellulaire qu'on nomme l’utricule primordiale, ne s'imbibe pas de matière colorante tant qu'il est vivant, et qu'il s'en imbibe au contraire lorsqu'il a été tuć par la cuisson. H me paraît très- SÉANCE DU 12 Mans 1869. 99 probable que dans les expériences que j'ai mentionnées ci-dessus, les différences de propriétés diosmotiques des cellules gelées et non gelées, cuites et crues, sont dues, moins à une modification de la constitution moléculaire de la mem- brane cellulaire, qui est formée de cellulose, qu'à l'altération que produit la mort sur la couche de protoplasma (utricule primordiale) qui la double. Si le tissu cellulaire gelé ou cuit absorbe plus de sel que le tissu cru quand on le plonge dans une solution saline, c'est sans doute parce que le protoplasma mort s'imbibe de sel comme il s'imbibe de carmin dans la dernière expérience que je viens d'indiquer, tandis que vivant, il ne les laisse pas pénétrer dans son intérieur. . M. Duchartre fait observer à M. Prillieux qu'il serait nécessaire de constater la densité de l'azotate d'ammoniaque dont il se sert: car si le liquide des cellules du tissu gelé était devenu plus dens que la solution, l'hypothése de M. Sachs pourrait se soutenir. Il cite ensuite quelques faits concordant avec les expériences dt M. Prillieux, entre autres les observations du docteur Guillon, qui rapporte quelques cas où des plantes ont gelé à une température au-dessus de zéro, et celles de M. Caspary, sur la rupture des tissus ligneux par un froid intense, une température de —18 à —20 de- grés, par exemple, qui faisait éclater les arbres dans les foréts. M. Martins cite également des exemples d'effets -trés- différents produits par le froid sur les plantes dans le midi de la France, oü trés-souvent à une nuit trés-froide succède une journée très- chaude. Certaines plantes peuvent ainsi geler chaque nuit, dégeler pendant le jour et quelquefois fleurir; tel est le cas du Narcissus Tazetta, du Senecio vulgaris, etc. D'autres plantes, par exemple l Opuntia Ficus-indica, ne peuvent subir cette épreuve que cinq où six fois ; elles périssent ensuite. Dans le Nord, le Pin silvestre, le Bouleau, peuvent supporter des froids extrêmes et geler même jusqu'au centre sans périr. M. Cosson rappelle les variations fréquentes dela température dans certaines régions de l'Algérie. Il cite les observations de M. Du- rieu de Maisonneuve sur des plantes des hauts-plateaux, où elles supportent une température de A0 degrés; ces plantes, semées dans le jardin botanique de Bordeaux, ont résisté à un froid de 12 degrés, alors que beaucoup de plantes indigènes n'avaient pu Supporter sans périr cette température. M. Ramond dit qu'au Havre, en 1859, le thermomètre est. des- 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cendu jusqu'à — 17 degrés. Cependant, sur le littoral, les plantes méditerranéennes, des Lauriers-Tins, des Arbousiers, etc., n'ont subi aucun dommage. Dans l'intérieur des terres, au contraire, toutes ces plantes ont gelé. M. Martins croit que dans le fait cité par M. Ramond, l'air humide agissait tout autrement que l'air sec. La vitalité de certaines plantes, du Ficus repens, par exemple, qui ne se conserve pas dans le Jardin de Montpellier, et qui résiste à Dublin, s'explique par cette raison. M. Duchartre rapporte que M. Rivière a vu planter dans un jardin de Marseille des Araucaria, l'A. excelsa, Y A. brasiliensis, PA. Cunninghamii. Un seul a résisté aux froids de l'hiver : c'est PA. brasiliensis, sur lequel on ne comptait justement pas. M. Martins fait à la Société la communication suivante : L'ANAGYRIS FŒTIDA L., CONSIDÉRÉ COMME UN DES TYPES EXOTIQUES DE LA FLORE FRANÇAISE, par MI. Ch. MARTINS. L' Anagyris fœtida L. est un arbuste appartenant à la famille des Papiliona- cées et à la tribu des Podalyriées, Cette plante est méme le seul représentant de ce groupe en Europe. Parmi les genres voisins, nous trouvons d’abord le genre Piptanthus D. Don, à peine distinct des Anagyris et qui ne renferme qu'une espèce, le Piptanthus nepalensis Don, qui tour à tour avait été rangé dans les Anagyris et les Thermopsis. Ce dernier genre renferme des espèces distribuées dans l'Amérique, l'Asie septentrionales et l Himalaya. Les Baptisia, qui s'éloignent déjà des Anagyris par la forme du fruit, sont également des végétaux du nord de l'Amérique. Tous les autres genres de la tribu, telle que MM. Bentham et Hooker l'ont délimitée, appartiennent à la Californie (Picke- ringia), au Cap (Cyclopia et Podalyria), ou à l'Australie (Brachysema, Oxy- lobium, Chorizema, Mirbelia, ctc. L'Anagyris fœtida est donc réellement une forme de Papilionacée exotique, fort différente par ses caractères, son port et son mode de végétation, des arbrisseaux indigènes de la méme famille. Son mode de végétation est en effet extraordinaire. Il commence à feuiller au mois de novembre, fleurit en décembre, janvier et février, puis perd ses feuilles en août à l'époque où ses fruits mürissent. L Anagyris fœtida est commun aux Baléares, en Sardaigne et en Sicile, assez commun en Corse, dans le royaume de Naples et en Gréce. En Dalmatie, il n'existe que sur les rochers exposés au soleil de l'extrémité septentrionale de l'ile de Bua, prés Spalato (1). En Algérie, les Arabes le désignent sous le nom de Bon menten ou bois puant, nom qu'il porte aussi dans le midi de la SÉANCE DU 12 Mans 1869. 101 France. D'une maniére générale, on le trouve dans toutes les iles et sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, l'Égypte exceptée. Les localités où on le rencontre dans les départements de l'Hérault, du Gard, des Bouches-du- Rhóne, du Var et des Alpes-Maritimes, sont trés-clair-semées. On le citeaux environs d'Arles, de Toulon, de Marseille, de Nice et de Montpellier; mais, comme il est cultivé dans les jardins et se ressème de lui-même, le nombre des stations oü il est réellement spontané doit étre considérablement réduit. A 8 kilomètres de Montpellier, dans un petit cirque calcaire, ouvert vers le S.-S.-O., à 8 metres environ au-dessus de la Mosson, prés du Moulin-du-Trou, on en voit dix touffes fort vieilles que les botanistes connaissent depuis le xvr* siècle. Les plantes avoisinantes sont des Chénes-verts, des Buis, des Arbres- de-Judée, des Lentisques, le Paliurus aculeatus, etc. Dans le méme départe- ment, on le trouve encore sur la montagne percée de Nissan prés Béziers. M. de Pouzolz (Flore du Gard, p. 20^) le cite aux environs de Nimes, mais sans indication précise. La localité de Montmajour, ancien couvent de béné. dictins, bàti sur un ilot molassique de la plaine d'Arles, est connue depuis longtemps; mais le voisinage des ruines, au milieu desquelles il se trouve, pourrait faire concevoir quelques doutes sur sa spontanéité ; il y existe en tout cas depuis fort longtemps, car il est cité p. 391 dans le Pinax de Gaspard Bauhin, imprimé à Bâle en 1623. M. Castagne le mentionne p. 37 de sa Flore des Bouches-du-Rhône sur la route des Martigues et à Saint-Jean de Garguier, M. Ventre l'a recueilli spontané autour du fort Sainte-Marguerite prés Tou- lon, et il l'est également aux gorges d'Ollioules, d’où MM. Jordan et Huet l'ont envoyé à M. Thuret, à Antibes. Je ne citerai qu'avec défiance la montagne du château de Nice, bien qu'Allioni l’y ait déjà remarqué dans le siècle der- nier. Mais on ne saurait douter de sa spontanéité sur la montagne de Varizotti, prés Noli, en Ligurie,où M. De Notaris l'a trouvé en abondance. Dans le midi de la France, cet arbuste ne se trouve que dans des localités trés-abritées et très-circonscrites, il n’est jamais commun et n'existe pas en dehors de ces stations privilégiées ; il semblerait donc qu'il a peu de chances de pouvoir se cultiver dans le nord. Cependant, je ferai observer qu'en Algérie je l'ai observé tout le long du cours dela Seybouse, au-dessus de Guelma, où il tombe souvent de la neige en hiver. Un pied, voisin de mon habitation, dans le Jardin-des-plantes de Montpellier, fournit une preuve de la rusticité de cette espèce : planté en 1855, il a traversé des hivers trés-rudes, sans aucun abri, et jamais ses feuilles ni ses fleurs n'ont été le moins du monde impres- sionnées par le froid. Quelques hivers ont pourtant été rigoureux. Ainsi, en décembre 1859, il y eut dix-sept jours de gelée; le minimum moyen du mois fut de — 095,79, et dans la nuit du 21 au 22, le thermomètre descendit à — 107,0. Le mois de janvier 1860 fut assez doux, car sa moyenne est de 6°,97, (4) Pokorny, Œsterreichs Holzpftanzen, in-4, 4864; et Visiani, Flora dalmatica, 1842, 10? SOLrÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais février fut plus froid que décembre, il y eut vingt-quatre nuits de gelée : le minimum moyen descendit à — 35,54, et les 12, 13, 15, 16, 19 et 24, l'index du thermotmétrographe marqua des températures comprises entre — 8°,0 et — 105,0. Les pieds d' Anagyris du Jardin ne présentèrent pas le plus léger symptôme de souffrance. L'hiver de 1863 à 1864 fut encore plus sévère : la moyenne des trois mois fut de 4°,23, le minimum moyen de — 05,84; le nombre des nuits de gelée de 56, et pendant onze nuits le thermomètre des- cendit à des températures comprises entre — 5? et — 115,8. Le 20 février, il tomba 2i centimètres de neige, puis de la pluie, qui la convertit en un verglas persistant jusqu'au 25, sans que l'arbuste placé non loin des instruments météorologiques fût le moins du monde affecté par ces intempéries. Je citerai enfin l'hiver dernier (1867-1868) : sa moyenne ne dépassa pas 495,37, son minimum moyen est de — 15,89, le nombre des jours de gelée fut de 58, et pendant dix-neuf nuits l'index du thermométrographe se trouvait le matin entre — 5? et — 115,9. Dans les premiers jours de janvier, du 4° au 10, le froid fut si intense et si continu, qu'une bombe que j'avais remplie d'eau éclata sous l'effort de la glace qui s'était formée dans son intérieur. L' Anagyris, près duquel je l'avais placé, n'avait rien perdu de sa fraicheur et continua de fleu- rir comme auparavant. Je ne voudrais pas cependant faire concevoir aux horticulteurs du nord de trop grandes espérances. Il ne faut pas oublier que les froids du Midi sont des froids nocturnes, intermittents ; le thermomètre se tient pendant la nuit au- dessous de zéro, mais le jour il remonte au-dessus; la plante, refroidie pendant la nuit, se réchauffe pendant le jour. Ainsi, l'oscillation diurne moyenne du thermomètre, c'est-à-dire la différence moyenne entre le degré le plus bas de la nuit et le degré leplus élevé du jour, est-elle à Montpellier de 10°,18 pen- dant l'hiver, c'est-à-dire qu'en général quand le thermomètre est dans la nuit à — 5°,0, il remonte dans la journée à + 55,18. Dans l'hiver de 1867 à 1868, Voscillation moyenne s'est méme élevée à 132,31, c'est-à-dire que marquant — 8°,0, par exemple, avant le lever du soleil, le thermomètre dépassait + 5° à l'ombre dans la journée. Un autre cavactére;de ces froids du Midi, c'est d’être presque toujours secs. Il serait cependant extrêmement curieux d'essayer cet arbrisseau dans le Nord et de voir s'il supporterait également des froids humides et continus. Un horticulteur distingué, M. Bravy, l'a conservé pendant plu- sieurs années à Clermont-Ferrand : il a péri par un froid de — 44°, C'est presque toujours dans des lieux secs, pierreux, au pied des rochers exposés en plein midi, que l'on trouve Anagyris fœtida dans les provinces méridionales de la France ; il craint toutefois une trop grande sécheresse. Les individus fort beaux que j'ai observés sur les bords de la Seybouse, en Algérie, sont atteints par les débordements de cette rivière torrentielle. Au Jardin, le pied dont j'ai parlé est voisin d'une conduite d'eau, et j'ai eu le 14 février dernier une preuve convaincante de l'influence de la sécheresse sur SÉANCE DU 2 AVRIL 1869. 103 cet arbuste. Je me rendis sur les bords de la Mosson, près du Moulin- du- Trou, pour le cueillir en fleur; mais les pieds n'avaient ni feuilles ni fleurs, quoique le bois füt encore vert. Une seule touffe, plus basse que les autres, avait été atteinte par le débordement de la Mosson l'automne dernier, et présentait quel- ques rameaux feuillés et fleuris. La cause de cet arrét dans la végétation de ces arbustes, croissant sur une pente au milieu des pierrailles, c'est la sécheresse qui a régné pendant l'annéc 1868 : en effet, du 4% décembre 1867 au 1*' décembre 1868, il n'est tombé que 58^ millimètres d'eau, quantité très- faible pour la région méditerranéenne, où la quantité annuelle est en moyenne de 800 millimétres. Ajoutez à cela que pendant les mois de septembre, octobre et novembre 1867, où l'arbuste s'appréte à entrer en végétation, la terre n'avait recu que 77 millimètres d'eau, tandis que l'automne est en général la saison pluvieuse de cette partie de la France. J'ai recommandé cet arbuste aux horticulteurs du Nord, dans l'intérêt de l'ornementation hivernale des jardins, de l'étude des naturalisations végétales et aussi parce que cette plante est selon moi une espèce tertiaire ou une forme dérivée d'une espèce tertiaire qui, comme d'autres types exotiques, le Pal- mier-nain (Chamcærops humilis), le Myrte, le Caroubier (Ceratonia Siliqua), le Laurier-d'Apollon etle Laurier-Rose, ont survécu à l'époque glaciaire dans le midi de la France, seulement dans quelques localités privilégiées, mais se sont maintenus partout dans le reste du bassin méditerranéen. Un amateur dis- tingué d'horticultare, M. Deshours-Farel, ayant eu l'obligeance de mettre à ma disposition les graines de ses Anagyris pour les réunir à celles du Jardin- des-plantes, m'a mis eu état d'en offrir à toutes les personnes qui voudront bien m'en demander à partir du mois de novembre prochain. SÉANCE DU 2 AVRIL 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASÈGUE. La réunion annuelle de MM. les délégués des Sociétés savantes ayant appelé à Paris un certain nombre de membres de la Société botanique, résidant dans les départements ou à Pétranger, plu- sieurs d'entre eux, MM. les professeurs Engelmann (de Saint-Louis de Missouri), Lecoq (de Clermont-Ferrand), Clos (de Toulouse), Faivre (de Lyon), M. Duval-Jouve, inspecteur de l'Académie de Montpellier, M. Durieu de Maisonneuve, directeur du Jardin-des- 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantes de Bordeaux, M. le comte de Saporta, etc., assistent à la séance de ce jour. M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 12 mars, dont la rédaction est adoptée. A propos du procès-verbal, M. Durieu de Maisonneuve donne quelques détails sur le Ficus repens : 7" C'est une plante de serre chaude dont on se sert habituellement pour garnir le fond des serres. M. Durieu en a planté un pied en pleine terre il y a sept ans pour se rendre compte de sa résistance au froid. Ce pied y est encore et il fructifie chaque année, bien que soumis parfois à de trés-basses températures. Il a supporté, cet hiver, un froid de 11 degrés, dans une mauvaise exposition. M. Durieu ajoute qu'un certain nombre de plantes dites de serre chaude vivent parfaitement sous le climat de Bordeaux en pleine terre et sans abri. Il cite notamment le Cyperus textilis, | Andropogonmuricatus(Vétiver), etc. M. Cosson exprime le désir que des expériences analogues soient répétées sous le climat de Paris. M. Clos voudrait généraliser ces expériences. Il croit qu'il serait trés-important, pour l'étude de la climatologie de la France, que les directeurs des jardins botaniques fissent des observations compara- tives, et il demande que la Société botanique dirige ces expériences et en fasse connaitre les résultats. Aprés diverses observations de MM. Brongniart, de Schoenefeld et Cosson, la Société décide que la question sera mise à l'étude, et que, pour établir de l'unité dans les observations, une liste de quelques plantes, sur lesquelles devront porter les expériences, sera dressée par le Comité consultatif, au moyen des renseignements qui pourront lui étre fournis par MM. les membres de la Société. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Doumer (Napoléon), secrétaire de la Société d'horticulture et de botanique de l'Hérault, à Cette (Hérault), présenté par MM. E. Cosson et de Schonefeld ; PETERMANN (L.-E.), rue Foy, n* 9, à Saint-Quentin (Aisne), présenté par MM. Delacour et Gaudefroy. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. M. le Secrétaire général propose, à la demande de M. le profes- SÉANCE DU 2 AVRIL 1869, 105 fesseur Grenier (de Besancon), de remettre au 12 juillet l'ouverture de la session départementale, fixée d'abord au 5 du méme mois. Cette proposition est adoptée. M. E. Roze, au nom dela Commission de comptabilité, donne lecture du procés-verbal de vérification des comptes de M. le Tré- sorier : PROCÈS-VERBAL DE VÉRIFICATION DES COMPTES DU TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ BOTA- NIQUE DE FRANCE PAR LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ, POUR L'ANNÉE COMPTABLE 1868, COMMENCÉE LE 1er AVRIL 1868 ET CLOSE LE 4er MARS 1869. La Commission de comptabilité a vérifié, dans tous leurs détails, les comptes présentés par la famille de feu M. Fr. Delessert, ancien trésorier de la Société, et par M. Ramond, trésorier actuel : savoir, par la famille Delessert, pour les recettes et dépenses du 1° avril 1868 au 31 décembre de la méme année, et par M. Ramond, pour les recettes et dépenses du 1° janvier au 4°" mars 1869. Lesdits comptes se soldent : Pour la gestion de M. Delessert, par un excédant de recettes de 10 402 fr. 80, qui a été versé dans les mains du nouveau trésorier, et se trouve compris dans les recettes faites par celui-ci ; Et pour la gestion de M. Ramond, par un excédant de recettes de 18 818 fr. 11, düment représenté par les valeurs détaillées dans la note soumise à la Société, dans la séance du 12 mars dernier (1). La Commission a reconnu la complète régularité de ces comptes. Elle propose, en conséquence, à la Société de les déclarer approuvés, et, en outre, de déclarer la famille de feu M. Fr. Delessert déchargée de toute répé- tition de la part dela Société, par suite du versement fait au nouveau Trésorier du solde en caisse au 31 décembre dernier. En terminant, la Commission a la satisfaction de pouvoir dire que, dans tout le cours de la vérification qu'elle vient de faire, elle a été heureuse de féliciter le nouveau Trésorier de l'ordre et du soin extrémes qui régnent dans sa comp- tabilité ; elle croit donc de son devoir de prier la Société, dont elle partage les profonds regrets au sujet de la perte douloureuse faite en la personne du véné- rable M. Delessert, de vouloir bien exprimer sa vive gratitude pour le dévoue- ment actif et consciencieux aveclequel M. Ramond veille, depuis son entrée en fonctions, à tous les intérêts financiers de la Société. Paris, 30 mars 1869. Les membres de la Commission : DE Bouis, A. PASSY, E. ROZE (1) Voyez plus haut, p. 84. 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les conclusions de ce procés-verbal sont adoptées à l'unanimité. M. Duval-Jouve fait à la Société les communications suivantes : SUR LES FEUILLES ET LES NŒUDS DE QUELQUES GRAMINÉES, par M. J. DUVAL JOUVE, « Chaque nœud (de Graminée) émet une feuille, dont la base entoure la » tige par une gaîne fendue longitudinalement » DC. FT. fr. WI, p. 4; 1805. « Folia alterna, ad singulum articulum solitaria, vaginantia, vagina hinc » longitudinaliter fissa » R. Brown, Prodr. fl. Nov. Holl. p. 12; 1810. « Le chaume de toutes les Graminées, un seul genre (Molinia) excepté, est entrecoupé de nœuds, 4 une distance progressive les uns des autres » Pal. de Beauvois, Ágrost. p. XII; 1812. « Folium unum ab basim cujuslibet nodi » Kunth, Agrost. Syn., I, p. 5; 1853. « Internodia inferiora breviora, superiora longiora, summun longissimum » Andersson, Gram. scand. p. v ; 4852. « Folia ad singulum articulum (NODUS) solitaria vaginantia » Steudel, Syn. Gram, , p. 1; 1855. Assurément, s'il y a des propositions traditionnellement admises sur l'orga- nisation des Graminées, de ce nombre sont les précédentes qui peuvent se for- muler ainsi : 1° Feuilles solitaires à la base de chaque nœud ; 2° Longueur des entre-nœuds progressive de bas en haut ; 3» Gaine fendue longitudinalement. Elles se retrouvent jusque dans les ouvrages les plus récents, flores ou trai- tés généraux. Cependant, il faut faire tout de suite des réserves au sujet de la troisième ; il y a déjà plus d'un siècle que sa généralité absolue a été détruite par Adanson, en ces termes : « Elles (les feuilles des Graminées) forment autour » dela tige une gaine qui est fendue d'un cóté sur toute sa longueur dans le » plus grand nombre, et qui est d'une pièce dans quelques autres, tels qu'un » nouveau genre du Sénégal et deux espèces de Melica » (Fam. d. pl., pp. 26 et 27 ; 1763). En décrivant les caractères généraux des Graminées, Koeler dit très-expressément et très-exactement : « Vaginze culmum ambientes, » raro tota tubulosæ, plurimum latere anteriore (folio opposito) ab apice usque » ad medium aut ad basin fissæ » (Descr. Gram. p. 4; 1802), et, dans le méme ouvrage, cet auteur indique la gaine entière comme caractère de cer- tains genres, p 210, et de certaines espèces, pp. 213, 219, 220, 227, 233, 235, 236, 258, 241, etc. Lestiboudois mentionna le même fait, ajoutant avec raison que le caractère de la gaine fendue était alors impuissant « à distinguer » d'une manière précise les Cypéracées des Graminées » (Æss. s. la fam. d. Cypér. p. 10 ; 1819). En la méme année 1819, Dupont publia son mémoire -~ SÉANCE DU 2 AVRIL 1869. 107 « Sur la qaîne des feuilles des Graminées » dans le Journal de physique, t. LXXXIX, pp. 241-247, et fit connaitre que « sur 400 espèces, observées » par lui, 300 seulement ont la gaine fendue », p. 243. Il cita les genres et les espèces à gaine fubuleuse ; indiqua des rapprochements précieux et, en un mot, établit péremptoirement que le caractère de la gaîne fendue ne pouvait plus être allégué comme distinctif de la famille des Graminées, Enfin, en 1859, mon ami regretté, Clauson, vérifia les assertions de Dupont, les augmenta de nombreuses observations, publia une liste de 270 espéces francaises et algé- riennes étudiées par lui, et montra que les gaines fendues et les gaines tubu- leuses se rencontrent quelquefois dans un méme genre, et que, d'autres fois , la présence des unes ou des autres est en parfait accord avec les divisions tirées des autres caractères. Son travail parut dans le Bulletin de la Société bot. de France, année 1859, pp. 199 et suiv.; A82 et suiv. Eh bien, malgré cela, telle est la force de la tradition, que dans des flores toutes récentes et dans des traités généraux (1), on trouve encore comme caractère distinctif des Gram- nées : « feuilles à gaines feudues.... gaines à bords non soudés »...., quand il y a un tiers des Graminées sur lesquelles ce caractère n'existe pas et qui ontla gaine tubuleuse, soit sur sa partie inférieure, soit sur toute sa lon- gueur. Si la troisième des propositions ci-dessus énoncées a été souvent et juste- ment contredite, les deux autres, à ma connaissance du moins, n'ont point encore été contestées, et elles conservent toute leur valeur axiomatique. Elles pèchent cependant aussi par trop de généralité. En effet, que l’on prenne un rhizome de Cynodon Dactylon, de Sporobo- lus pungens, d Æl uropus littoralis, etc. , et l'on verra que les grandes écailles foliaires (feuilles réduites à la gaine), qui en recouvrentles entre-nœuds, nais- sent de chaque nœud au nombre de trois. Si, sur le chaume des mêmes Gra- iinées, on écarte, sans les casser, les feuilles qui le recouvrent, on verra qu'il et naît deux à chaque nœud (trois sur l Zeusinedistans); et, si on les arrache, on verra la place qu'occupait chacune d'elles indiquée par la trace circulaire de son insertion. Ainsi, sur le chaume comme sur le rhizome des espéces pré- citées, les feuilles naissent au moins par deux à chaque nœud, la gaine de l'in- féricure enveloppant. entierement celle de la supérieure. Comme les feuilles, les écailles sont distiques, c’est-à-dire qu'elles ont leurs nervures dorsales dans un même plan ; l'inférieure est la plus courte et la supérieure la plus longue. A Vaisselle de l'inférieure naît un bourgeon qui la perce pour sortir ; souvent un autre bourgeon à l'aisselle de la seconde écaille; plus rarement, un troisième à l'aisselle de la supérieure; latéralement naissent des racines qui, pour sortir, percent également l'écaille foliaire. Je reviendrai sur ce fait. Comme les écailles (4) Kunth avait dit: «Vagina antrorsum plerumque fissa » (Agr. syn. p. 5), et M. Cosson à dit avec parfaite exactitude : « Vagina marginibus sepius incumbentibus liberis, rarius » coalitis » (Fl, Alg. Glum. p. 3). 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE. et les feuilles du chaume sont complétement embrassantes, elles ne peuvent naitre opposées, position qu'affectent leurs limbes; mais elles sont insérées immédiatement les unes au-dessus des autres, à un demi-millimétre à peine de distance. Si l'on n'était habitué à rencontrer dans Palisot de Beauvois des inexactitudes énormes de dessin ou de description, on serait surpris de voir que, dans la figure trés-élégante, mais trés-fautive, qu'il a donnée du rhizome du Cynodon Dactylon, cet auteur n'ait figuré qu'une seule écaille à chaque nœud (Agr. pl. I, fig. 3), disant méme dans l'explication des planches que cette écaille est « bifide au sommet », ce quiest absolument faux, sauf le cas d'une déchirure accidentelle. J'ai constamment trouvé les écailles au nombre de trois (rarement de quatre vers la base des ramifications secondaires) sur tous les pieds de Cynodon Dactylon que j'ai rencontrés en Algérie, en Pro- vence, à Strasbourg et dans la Bavière rhénane. Le dessinateur de Host a figuré deux écailles à un des entre-nœuds du rhizome du Cynodon (Gram. autsr. II, tab. 18) ; mais l'auteur n'en dit rien dans sa description. Maintenant qu'il est avéré que surles Graminées mentionnées il se produit à chaque nœud au moins deux feuilles, il s'agit d'interpréter ce fait et de voir s’il contredit la loi, si souvent formulée, dela naissance d'une seule feuille à chaque nœud, ou s'il demeure en accord avec cette loi, en ce sens que ce seraient les noeuds qui seraient rapprochés et groupés par deux ou par trois, comme à la base des chaumes du Mo/?n?a, et qui donneraient chacun naissance à une feuille. A priori, le groupement des nœuds rapprochés régulièrement par trois sur les rhizomes, par deux sur les chaumes, serait un fait tout aussi étrange que l'autre et aussi complétement en dehors de ce qui a été dit et pro - fessé sur la longueur progressive des entre-nœuds, c'est-à-dire sur l'écartement des nœuds. Mais une section longitudinale des chaumes et des rhizomes permet de s'assurer qu'il n'y a qu'un nœud, en ce sens qu'il n'y a qu'une cloison nodale répondant à la feuille inférieure ; vis-à-vis de l'insertion de l'autre ou des deux autres, il n'y a aucune cloison, aucune modification des tissus. Il n'est pas rare de rencontrer sur d'autres Graminées, à la base; des rameaux du chaume ou à la naissance des rhizomes secondaires, des nœuds très-rapprochés et presque contigus; mais si l'on pratique une coupe longitudinale sur cette région, on voit des cloisons nodales en nombre égal à celui des feuilles ou des écailles foliaires et presque contigués comme les feuilles. Ici rien de semblable, la cloison est mince, unique, et ne répond qu’à la feuille inférieure. Il semble donc qu'on est autorisé à dire qu'il n'y a qu'un nœud donnant naissance à deux ou trois feuilles. Il est impossible de voir ces écailles foliaires superposées comme elles le sont et à insertion presque contiguë, sans être frappé de l'analogie que cette inser- tion présente avec celle des deux bractées (glumes) qui se trouvent à la base de chaque épillet, et pour laquelle il n'y a aussi qu'un seul nœud. Et de même que sur certaines Graminéesil n'y a qu'une seule glume, de méme sur la plu- SÉANCE DU 2 AVRIL 1869. 109 part de celles que nous connaissons, il n'y a qu'une seule feuille à chaque nœud du rhizome ou du chaume. La position des bourgeons sur les rhizomes des Graminées qui nous occu- pent mérite d'étre signalée. On sait que si, à l'aisselle d'une feuille, il se pro- duit un rameau sur le chaume, les feuilles de ce rameau ont leurs nervures dorsales dans un plan qui passerait par l'axe du chaume, et que la première feuille de ce rameau est bicarénée par suite de sa compression entre le rameau et le chaume ramifere (voir Bull. Soc. bot. I, pp. 17-18, et Billot, Annot. fl. Fr. All. pp. 113 et 114). Ici la position est autre : les feuilles du bour- geon sont disposées de maniere à avoir leur nervure dorsale dans un plan tan- gent à la circonférence du chaume, comme les épillets des Agropyrum, et il n'y a point ainsi de première écaille foliaire bicarénée ; toutes les écailles ont une forte nervure dorsale. Sur le Cynodon Dactylon, les racines sont d'un seul côté du rhizome, assez régulierement au nombre de deux, alternativement de chaque cóté d'un bour- geon et à l'opposé d'un autre. Sur le Sporobolus,il ne sort de racines que d'un seul cóté du bourgeon, avec alternance. C'est encore ici le lieu de signaler une des inexactitudes de Palisot de Beau- vois, dont l'autorité est trop souvent invoquée quand il s'agit de Graminées ; d'autant que cette inexactitude a été reproduite dans un grand nombre d'ou- vrages à figures. Cet auteur a représenté les racines du rhizome de Cynodon Dactylon comme émergeant en arrière et au-dessous des écailles foliaires qui recouvrent les entre-nœuds. C'est une erreur. Comme les bourgeons, comme les racines adventives de la base des chaumes (Mais, Sorgho, etc.), les racines naissent AU-DESSUS des feuilles et EN AVANT des écailles foliaires et, pour sor- tir, percent ces organes, s'ils ne sont pas encore détruits. C'est là un fait cer- tain, sans exception. Je ne sais s'il a été signalé et je n’en trouve mention nulle part ; j'en doute d'autant plus que les figures des rhizomes de Grami- nées (Schreber, Græs. tab. ^, 13, 22; Host, Gram. austr. I, tab. 1, 3, 35 ; II, tab. 5, 47, 32, 33, 41, 53, 61, 63, 70, 77, etc.; Reichenbach, 7c. F1. germ. tab. 72, 82, 83, 85, 97, 100, 103, 122, 152, 153, 172, etc.) pla- cent toujours le point d'origine des racines en arrière et en dessous de la gaine. Il semble que l'étude de la panicule et des fleurs a absorbé l'attention. des agrostographes et l'a détournée de l'étude des parties souterraines (1). Au sujet des racines et incidemment, il faut que je mentionne ici une parti- cularité qui trouvera peut-être son application ailleurs. Le 4 février dernier, Jarrachais dans les sables de la plage de Palavas (Hérault) des rhizomes d'Arundo Phragmites, lorsqu'à ma grande surprise je trouvai toutes les racines jeunes terminées par un renflement tuberculeux en forme de poire, ayant en (1) Encore une exception en faveur du dessinateur de Host qui, sur la planche XVIII du tome II, des Gram. austr., a bien placé une des racines du Cynodon Dactydon, 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, diamètre 6 à 7 millimètres, et en longueur de 8 à 10. L'anatomie de cette par- tie me montra que ce renflement était dù à la présence d'œufs et de larves d'insectes. A cette occasion, je me rappelai que j'avais une autre fois trouvé une racine de Juncus lamprocarpus terminée par un semblable renflement, mais je ne l'avais pas analysée. Seraient-ce des renflements dus à la même cause qui ont étésignalés par M. A. Franchet sur le Juncus heterophyllus Duf. dans Billot, Annot. fl. Fr. et All. p. 23h? Ce qui précède se résume en ceci : 4° Un grand nombre de Graminées ont la gaine tubuleuse et non fendue en long : fait déjà trés-connu mais trop souvent oublié ; 2° Certaines Graminées ont deux et trois feuilles à chaque nœud des rhizomes et des chaumes ; 3° Sur les mêmes Graminées, les bourgeons des rhizomes ont leurs feuilles dans un plan tangent à la circonférence du chaume et la première feuille a une nervure médiane ; | h° Les racines naissent au-dessus des organes foliaires ; fait trop méconnu par les dessinateurs et peut-être par les descripteurs. M. Clos demande à M. Duval-Jouve comment, phytographique- ment, il désigne les feuilles du Cynodon Dactylon. M. Duval-Jouve répond qu'il se borne, quant à présent, à signaler le fait. Il se contentera de dire, en attendant mieux, feuilles super- posées sur un méme nœud, M. Brongniart fait remarquer qu'on trouve les mémes dispositions dans quelques plantes dicotylédones. SUR LES PAROIS CELLULAIRES DU PANICUM VAGINATUM Godr. et Gren., pr M. J. DUVAL-JOUVE. Bien que le nom de Panicum vaginatum ne puisse plus appartenir à la Graminée dont j'ai à parler (1) , je le lui conserve encore, parce que la plante (1) Si l’on attribue cette Graminée au genre Panicum, elle ne peut conserver le nom de Pan. vaginatum à elle imposé en 1856 par les auteurs de la Flore de France, at- tendu que ce nom a été appliqué, dés 1829, par C. G. Nees d'Esenbeck à une plante du Brésil (in Martius, Fl. bras. I, p. 156; voyez aussi Kunth Distr. meth. Gram.H, tab, 166; Agr. sym. I, p. 119, n° 300 et suppl. p. 89; Steudel Syn. Gram. p. 85, n° 63). Les noms qui ont été le plus authentiquement attribués à cette plante sont : Paspalum vaginatum Swartz, Fl. Ind. occ. I, p. 135; 1797 (sec. Godron); Digitaria paspaloides Mich. Fl. bor. Am. Y, p. 46 ; 1803 (sec. Des Moulins) ; Paspalum littorale R. Brown, Prod. fl. Nov. Holl. p. 188; 1810 (sec. Godron) ; Paspalum Digitaria Poiret, Enc. méth. suppl. IN, p. 216 ; 1816 (sec. Des Moulins); Panicum Digitaria Laterrade, Fl. Bord. 3° éd. p. 103; 1829. Le nom de Pasp. littorale R. Brown doit dispiraître de la synonymie, parce qu il ne SÉANCE DU 2 AVRIL 4869. 111 ainsi nommée dans la Flore de France est bien connue des botanistes français. M. Ch. Des Moulins l'a décrite et répandue depuis plus de quarante ans; elle a été distribuée dans les centuries de Billot sous le n? 1576, et ainsi nulle confusion n'est possible. La Flore de France indique l'habitat dans les termes suivants : « Plante exotique, complétement naturalisée dans la vallée de la » Gironde et de la Garonne, depuis Blaye jusqu'à Toulouse; Biarritz et » Bayonne », p. 462. Je l'ai trouvée le 25 octobre dernier, à un kilomètre de Montpellier, sur les bords des fossés et dans les champs humides, le long de la route départementale n° 15, à droite, en allant de Montpellier au Port-Juvénal. Cette Graminée vivace croit si abondamment en ce quartier, et ses rhizomes ont tellement pénétré dans les terres, qu'il est évident qu'elle y vit depuis plu- sieurs années déjà. C'est donc une plante qui se répand de plus en plus dans le midi dela France et qui a gagné maintenant le bassin méditerranéen. Je ne sais comment en Amérique elle se comporte pendant l'hiver, mais, à Montpel- lier, comme dans le bassin de la Garonne, elle perd ses feuilles aux premiers froids, et jusqu'en mai, où elle reverdit, elle se réduit à ses rhizomes et à quel- ques stolons blanchis et dénudés. Il est difficile de se faire une idée de la beauté du spectacle microscopique que présentent des coupes transversales d'un rhizome ou d'un stolon de cette Graminée. Je laisserai de cóté la description de ceux des tissus qui n'ont pas se rapporte pas du tout à cette plante, pas méme à une variété, ainsi que le eroyait Nees d'Esenbeck (Kunth. Agr. syn. I, p. 51) ; c'est ce que montre trés-évidemment la belle figure que Trinius a donnée du Pasp. littorale (Sp. Gram. I, tab. 112). Et en même temps la planche CXX du méme auteur nous fait voir que notre plante est identiquement le Pasp. vaginatum Swartz ; mais ce nom, déjà employé, ne peut plus lui appartenir. En 1825, Laterrade (Ami des champs, p. 329) rapporta cette plante au Pasp. Digi- laria Poiret, et de son cóté M. Ch. Des Moulins (Cat. Dord. suppl. fin. p. 356) semble adopter cette synonymie, tout en reconnaissant comme princeps le nom de Pasp. vagi- natum Sw. Mais il s'éléve alors une véritable difficulté : en effet, Poiret donne le Pasp. vaginatum Sw., mentionné et décrit, o. c. p. 313, n° 55, comme une plante parfaite- ment distincte de son Pasp. Digitaria décrit p. 316, n? 68 et identifié au Digitaria pas- paloides Mich.. Ræmer et Schultes mentionnent aussi, dans le Systema, ces deux plantes comme distinctes : Pasp. vaginatum, p. 299 et Digitaria paspaloides Mich., avec iden- tification au Pasp. Digitaria Poiret (pp. 472 et 890). Kunth conserve la méme distinc- tion, donne p. 52, n? 79 Pasp. vaginatum Sw. et, mème page, n° 84 Pasp. Michauxia- num Kunth identifié au Pasp. Digitaria Poiret, et, avec Poiret, au Digitaria paspaloides Mich., et aussi à un Panicum de Dufour et de Raspail, sans dire, il est vrai, qu'il eüt élé recueilli à Bordeaux. Steudel maintient également cette distinction : Pasp. va- ginatum Sw. p. 20, n? 51 et Pasp. Michauzianum Kunth, p. 20, n° 57 avec la syno- nymie de Dig. paspaloides Mich. Je n'ai pu voir de figure authentique de la plante de Michaux, ct, en présence de cette unanimité pour la distinction, qui semble admise par M. Godron, puisqu'i! exclut la syno- nymie de Michaux, j'éprouve une grande indécision, et, tout en proposant le nom de Pa- nicum Digitaria Laterr., je me borne à appeler sur ce point l'attention. des nomencla- teurs mieux placés que moi pour juger de cette affaire de synonymie, entièrement secondaire dans la question qui nous occupe. Le nom serait donc provisoirement : PANICUM DiGrTARIA Laterrade, Fl. Bord. 3* édit. p. 103. Pan. vaginatum G. et G. Fl. Fr. HI, p. 462 ; Des Moulins Cat. Dord. supp. fin. p. 356 (rel. syn. dub.). 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trait direct au sujet de la communication actuelle, et je parlerai seulement des cellules du parenchyme central. Celui-ci consiste en cellules subcylindriques de diamètre inégal, exactement superposées en piles, et circonscrivant de grands canaux aérifères polygonaux (pl. I, fig. 4, a) assez réguliers, ayant de quatre à douze faces courbes rentrantes, et régnant sur toute la longueur d'un entre-nœud. Ces cellules, trois ou quatre fois aussi longues que larges, s'articulent par des faces rectangulaires (pl. I, fig. 2). Leur surface extérieure est presque cylindrique, avec faces planes et faces courbes alternant, mais la surface intérieure de leurs parois épaisses, au lieu d'étre concentrique à l'autre, rentre et se gonfle en courbes convexes, avec des sinus rentrants exactement vers le milieu des faces de contact, de manière que leur cavité centrale se présente avec deux, plus souvent trois, rarement quatre courbes et autant d'angles (pl. I, fig. 4, 6,6). Les plus petites cellules, celles à deux courbes rentrantes, occupent une position invariable qui est le point de moindre épais- seur entre deux canaux aérifères. Sur la tige médiane de chaque face de con- tact des cellules entre elles se trouvent, sous forme de ponctuations vaguement aréolée, les canalicules de communication (fig. 2, e). Des coupes longitudi- nales font voir que vers ces points les parois épaisses des cellules ont des enfon- cements trés-considérables et tout à fait comparables aux piqüres ou points des coussins de voitures (fig. 2, €). Sur des coupes transversales, ces épaisseurs des parois donnent des ellipses dans lesquelles on remarque des séries de lignes et de nuances indiquant des différences de densité (fig. 1, b); quelquefois méme au point central de ces épaisseurs, la densité et l'adhérence sont si faibles qu'on dirait qu'il n'y a que du liquide, et que, sur des coupes trés-minces, les deux cótés d'une paroi épaisse se montrent séparés. Telles étaient les apparences que je constatais dans les derniers jours d'oc- tobre sur des rhizomes frais et vivants que je venais de prendre à des sujets en plein état de végétation et de floraison. Toutes ces courbes, toutes ces petites ellipses diaphanes, avec les faisceaux fibro-vasculaires, formaient d'élégantes rosaces et le plus gracieux des ensembles (1). Mais, malgré sa beauté, je n'eusse pas cru que ce tissu méritàt de vous être signalé, si plus tard je n'avais vu ce qui suit. Vers le milieu de décembre, voulant montrer à un ami ces belles cellules, dont la forme, nouvelle pour moi, me paraissait peu connue, je fus chercher des rhizomes vivants ; mais, à ma grande surprise, mes coupes ne m'offrirent plus le méme aspect; les épaisseurs des parois étaient réduites de moitié au moins, et la surface interne en était toute chagrinée, ridée et plissée (pl. I, fig. 3). Je crus d'abord avoir affaire à une plante maladive, mais j'eus beau changer, toutes me donnèrent la méme apparence, et pour montrer de belles (1) Au premier coup d'œil on est tenté d'attribuer à une méme cellule la couronne de petites ellipses qui entoure chaque canal aérifére; mais avec la lumière polarisée les contours de chaque cellule se dessinent très-neltement en lignes blanches argentées. SÉANCE DU 2 AVRIL 1869, 113 cellules, je dus opérer mes coupes sur les pieds récoltés en octobre, lesquels, malgré la dessiccation, me donnèrent de splendides cellules épaisses. Enfin, vers le 15 février, je fis de nouvelles coupes sur des rhizomes vivants, et, cette fois, je ne trouvai plus la moindre trace d'épaisseur ; mes cellules avaient des parois minces, d'épaisseur uniforme, comme celle de la moelle de Sureau, bien qu'il fût facile de voir que ces parois étaient formées de deux membranes, une interne et une externe unies par une substance moins dense (pl. I, fig. 4). Je soupconnai alors que les parois des cellules du rhizome de cette Graminée étaient susceptibles de s'épaissir et de s'amincir suivant les périodes de végéta- tion. Pour m'en assurer, je mis ces rhizomes à cellules minces en de bonne terre humide, dans un appartement chaud ; au bout de trois semaines appa- rurent quelques bourgeons nouveaux, et des coupes me montrèrent que les cellules de ces rhizomes avaient repris des parois d'épaisseur moyenne, avec face interne chagrinée et ridée comme précédemment. Alors, l'épaississement et l'amincissement alternatifs des parois de ces cellules devinrent évidents pour moi. C'est toujours sur les cellules du centre que les modifications se montrent d'abord; et sur un méme entre-nœud les cellules du centre sont déjà tout à fait amincies que celles du pourtour de la zone interne ne sont encore qu'au second degré, c'est-à-dire plissées et ridées. La méme alternance d'épaississement et d'amincissementa également lieu sur les cellules prismatiques à parois épaisses de la zone externe. J'ai cru, par ignorance peut-étre, que ces faits étaient nouveaux et méri- taient d'étre signalés. Jene connais d'autre mention d'amincissement des parois, une fois épaissies, que celle due à M. Fremy, et relative à la chair des fruits mûrs. Il paraitrait que ce phénomène est plus général. Une autre conséquence, à mon avis plus importante, me parait découler de la constatation de ces faits; elle se rapporte à la question de l'épaississement des parois cellulaires par intussusception ou par dépóts successifs de membranes nouvelles sur la paroi déjà développée. J'ai eu l'honneur d'entretenir la Société de cette question, il y a bientôt un an (séance du 17 avril 1868 : Bull. Sor. t. XV, pp. 49 et suiv.), et je me prononcais pour la théorie de l'intussuscep- tion, mais par induction et par l'impossibilité apparente de concilier l'autre théorie avec les particularités des vaisseaux des Fougeres. Ici, il n'est plus besoin ni d'hypothèse, ni d'induction : on voit le phénomène se produire. Les parois se montrent gonflées avec des couches de densité différente dans leur épaisseur : puis on voit cette épaisseur diminuer, la membrane interne persister et s'affaisser vers l'externe irréguliérement, en se ridant et se plissant, ce qui est inévitable pour qu'elle puisse passer de l'état de surface convexe où elle était à l'état de surface concave, dans lequel plus tard on la voit s'étendre tout unie contre la membrane externe ; comme on la voit de nouveau se rider et se plisser pour revenir de surface concave à être une surface convexe. Il me semble qu'en présence de ce fait, que j'appuie de nombreuses préparations T. XVIL. (s&axces) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ici apportées, le doute n’est plus guère permis sur le mode d'épaississement des parois cellulaires de cette plante. Il a lieu par intussusception entre les deux membranes primitives et persistantes. Explication des figures (Pianche E de ce volume). Fic. 4. Coupe transversale d'un rhizome de Panicum vaginatum Godr, à la fin d'octobre. 492 a. Canaux &ériféres. b. Grandes cellules à parois épaisses. c. Petites cellules. Fic. 2. Coupe longitudinale d'une grande cellule du méme, à la méme époque. ==. d. Face donnant sur un canal aérifére. e. Canalicules de communication des faces de tangence. 483 zu Fic, 3. Coupe du méme en fin décembre ; cellules ridées et plissées, Fic. 4. Coupe du méme en février ; cellules à parois minces. =. M. Clos fait à la Société les communications suivantes : L'IRRITABILITÉ DU STIGMATE EST-ELLE UN CARACTÉRE PHYSIOLOGIQUE ORDINAL DES BIGNONIACÉES? par ME. D. CLOS. Dans la formation des groupes naturels, on n'a eu d'abord recours qu'aux caractéres extérieurs; l'organogénie est bientót venue fournir un nouvel et important élément ; puis on s'est adressé, et avec grand. profit, à la structure interne. Mais il est un point de vue qui, dans cette détermination des familles, doit être pris en grande considération toutes les fois qu'il est accessible : je veux parler des caractéres physiologiques. On a déjà reconnu que plusieurs plantes de genres et de familles différentes, mais se rapprochant par leurs stigmates lamelleux (Mimulus, Diplacus, Mar- fynia), ont ces lamelles irritables. A la date du 24 juillet 1867, je constatais que les deux lames stigmatiques du Tecoma grandiflora Delaun. , semblables à celles des Mimulus, sont, comme celles-ci, irritables, mais seulement peu de temps après leur écartement et alors qu'elles ne sont encore qu'étalées, car plus tard elles se recourbent et perdent toute sensibilité. En juin dernier, je retrouvais ce méme phénomène d'irritabilité, non-seu- lement sur l'espèce citée, mais chez les Tecoma radicans Juss. et jasminoides Don., et aussi sur les C'atalpa bignoniotdes Walt. et Bungei C.-A. Moy. Je me demandai dés lors : 4° sice ne serait pas un caractère général à tous les stigmates lamelleux ; 2° si ce ne serait pas aussi un caractère général de la famille des Bignoniacées. De Candolle a écrit dans sa description de ce groupe : Stigma bilamellosum aut bifidum (Prodr. t. IX, p. 152). Ayant pu consulter, depuis, la belle Monographie des Bignoniacées de SÉANCE DU 2 AVRIL 1869. 115 M. Bureau, j'y ai retrouvé la méme assertion en des termes plus explicites encore : « Le stigmate est toujours formé de deux lamelles obovales ou lancéo- lées, l'une antérieure et l'autre postérieure. » Et en effet, dans les nombreux pistils des genres figurés aux planches de ce travail, le stigmate est représenté bilamellé, et l'auteur a constaté, comme moi, le phénomène d'irritabilité de ces lames : « Dans le Tecoma radicans Juss., dit-il, et probablement dans d’autres espèces, ces lamelles sont irritables et s'appliquent l'une contre l'autre lorsqu'on les touche avec la pointe d'une aiguille..... une fois les lamelles rap- prochées, elles ne paraissent plus s'écarter de nouveau (Loc. cit. p. 188-189). » Je vais plus loin que notre savant confrère, puisque la constatation du phé- nomene sur toutes les espèces observées par moi (malheureusement en petit nombre) me porte à présumer, d'après l'uniformité d'organisation du stigmate, . que le caractére est général à la famille et devra figurer dans sa description. Il serait à désirer que quelque botaniste voulüt bien profiter des ressources qu'offrent les serres du Muséum ou de grands établissements analogues pour y suivre les floraisons de toutes les Bignoniacées cultivées, et vérifier ou infir- mer Ía justesse de cette présomption. Si la question eût été plus tôt posée avec ce degré de généralité, elle eüt pu avoir déjà sa solution, puisque M. Bureau a cité, dans F Horticulteur frangais de 4868 (p. 172 et suiv.), une vingtaine de Bignoniacées nouvelles appartenant à 13 genres divers, et dont les échan- tillons en fleurs et en fruits lui ont été envoyés du Brésil par un botaniste de la province de Saint-Paul, M. Correa de Mello, qui les y a observées et les a décrites à l'état vivant. M. Lecoq dit que dans les Bignoniacées, le stigmate ne devient bilabié et irritable qu'aprés l'anthése. DE LA QUESTION DE PRIORITÉ DANS L'ÉTABLISSEMENT DE LA FAMILLE DES CYCADÉES, par M. D. CLOS. En 1813, dans la première édition de sa Théorie élémentaire de la Botanique, De Candolle fait honneur de cette famille à Persoon (ZncAtr. t. IE, p. 630), et l'exemple du savant génevois est suivi par R. Brown (Prodr. p. 347), par M. Spach (Phanérog. t. Xl, p. 4^0). Tout récemment encore, MM. Le Maout et Decaisne (Traité gén. de Bot. p. 541) citent comme auteurs du groupe, Persoon, R. Brown, L.-C. Richard, tandis que M. Alph. de Candolle hésite entre Persoon et Richard (in Prodromus, t. XVI, sect. post. p. 522). Mais Lindley écrivait dès 1836 (A Natural Syst. 2° éd. p. 312), et encore en 1853 (The Veget. Kingd. p. 225) : « .... the present Order was finally characterised by the late L.-C. Richard in Persoon's Synopsis, in 1807..... ? Cette opinion, déja émise par Kunth (in Humb. Bonpl. et Kunth, Nova Ge- nera), a été aussi celle d'Endlicher. (Genera Plant, p. 70) ; mais, chose 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. étrange! Ach. Richard, soit dans ses Éléments de Bot. 1° éd., p. 655, soit dans son Précis de Bot. 2* part. p. 100, tout en attribuant cette famille à son pere, cite commeorigine le Commentatio de Cycadeis de ce dernier, dont la date est de 1826. En l'absence d'autres documents propres à trancher la question de savoir si la page consacrée à la famille des Cycadées dans le Synop- sis Plantarum seu Enchiridium de Persoon est de ce dernier ou de L.-C. Richard; je ferai remarquer que celui-ci, dans son Analyse du fruit, datée de 1808, s'efforce, à la page 87, de « démontrer quel'embryon des CYCADÉES est dicotylédoné », ajoutant : « Dans un mémoire, qui serait déjà imprimé si j'avais les moyens pécuniaires d'en faire graver les figures, j'espère prouver que les CYCADÉES sont inséparables des CONIFERES. » Or, dans ce mémoire posthume, édité et rédigé quant aux trois quarts du texte par Achille Richard, on lit, p. 173, cette phrase dece dernier savant : « Persoon (Synop. Plant.) donna le premier le nom de Cycadées à une petite famille qu'il forma des deux genres qui nous occupent ici. » Mais voici encore un nouvel élément en ce probléme , élément qui me parait avoir été complétement ignoré ou tout au moins négligé. Dès l'an IV (1795- 1796), Savigny, dans l'Encyclopédie méthodique, part. botanique, t. IV, p. 713, fait suivre son article Palmiers d'une note particulière sur les genres ZAMIA et CYCAS. Aprés y avoir dit que, dans l'opinion de Desfontaines, le Cycas et le Zamia doivent former un ordre distinct et intermédiaire entre la famille des Fougeres et celle des Palmiers, et rapporté un long passage de l'au- teur du Wémorre sur l'organisation des Monocotylédons (1), où sont indi- quées les différences dans la constitution florale des Cycadées et des Fougères, avigny ajoute : « Quant à moi, je n’hésiterais pas à former une famille parti- culière de deux genres qui me présenteraient une réunion de caractères aussi tranchés que ceux du Zamia et du Cycas. » Or, si l'on se reporte aux carac- tères soit des Cycadées, soit des genres Cycas et Zamia tracés dans le Synop- sis de Persoon (loc. cit.), non-seulement on n'y trouvera pas la moindre men- tion de la structure dicotylédonée de l'embryon (décrite cependant un an aprés par L.-C. Richard dans son Analyse du fruit), mais encore on y lira au début méme de la description un sentiment emprunté à Desfontaines et à Savigny : « CYCADEÆ (Cycaset Zamia) familiam quasi intermediam sistunt Palmas inter et Filices. » Peut-on croire dès lors que si L.-C. Richard eût été l'auteur de cette description, comme semble l'indiquer la phrase citée plus haut de Lindley, il n'y eût pas mentionné ce fait si important de l'organisation de l'embryon, qu'il décrit avec tant de soin dans l'opuscule cité plus haut ? Au résumé, dés 1796, Desfontaines et Savigny reconnaissent l'opportunité de séparer les genres Cycas et Zamia, soit des Fougères, soit des Palmiers, pour en faire une famille distincte; mais encore, en 1829, le premier de ces (1) M. Desfontaines, SÉANCE DU 2 AVRIL 1869, 117 botanistes la placait dans les Monocotylédons entre les Joncées et les Palmiers (Catalogus Plant. hort. reg. Parisi. p. 29). En 1807, Persoon donne un corps aux Cycadées, décrivant d'abord les caractères de la famille, puis succes- sivement ceux des genres et des espèces. Un an après, L.-C. Richard a le mé- rite de tracer avec son exactitude scrupuleuse les caractères de l'embryon et d'assigner définitivement la place des Cycadées à côté des Conifères dans le grand embranchement des Dicotylédons. Mais l'ordre des faits et des dates établi, à qui revient définitivement la paternité de la famille? Faut-il en faire honneur à celui qui le premier recon- nait qu'elle doit étre composée de tel et tel genres déplacés dans d'autres groupes, ou à celui qui, plus tard, trace ses caractéres généraux mais d'une manière incomplète, ou enfin à celui qui lui assigne une place désormais incon- testée ? C'est une question dont on cherche vainement la solution dans les lois de la nomenclature botanique adoptées par le Congrès international de bota- nique (2* édit.). Jusqu'à meilleur avis, et pour sauvegarder tous les droits, je proposerai de faire suivre dans les livres le mot Cycadées de tous les noms des parrains de la famille : Desfontaines et Savigny, Persoon, L.-C. Richard. M. le comte de Saporta faitla communication suivante : SUR LA FLORE DES TUFS PLIOCÉNES DE MEXIMIEUX (Ain), pr M. le comte Gaston de SAPORTA. Les questions d'origine étant les plus curieuses, les plus controversées et, il faut bien le dire, les plus obscures en paléontologie, on s'y est attaché plus qu'à toutes les autres, et l'on a toujours signalé avec le plus grand soin les cir- constances qui tiennent au mode d'introduction de chaque type et de chaque forme. L'intérét s'accroit encore lorsqu'il s'agit de rechercher à quel moment les espèces actuelles ont commencé à se montrer sur la scène du monde ou du moins à y revétir les apparences que nous leur connaissons. En ce qui touche la végétation, le savant M. Heer, aprés avoir étudié avec la plus grande exacti- tude près de 700 plantes phanérogames de la molasse suisse (tertiaire miocène) à affirmé qu'il n'en avait rencontré aucune que l'on pût identifier avec celles qui leur correspondent dans l'ordre actuel ; cependant l'analogie est quelquefois si étroite, que pour l'exprimer, le professeur de Zurich a inventé le terme d'Aomologue et regardé les espèces tertiaires homologues des nôtres comme les ancêtres directs de celles-ci. Il était à prévoir, à moins d'admettre des chan- gements brusques, dont l'existence devient tous les jours moins probable, qu'à mesure que nos connaissances s'étendraient au delà de la période interrogée par M. Heer, dans des temps plus voisins des nôtres, on rencontrerait des formes végétales encore plus voisines de celles que nous avons sous les yeux, et qu'en- fin il deviendrait difficile de distinguer spécifiquement les plus anciennes des plus récentes. C'est un phénomène de ce genre que je viens signaler en vous 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parlant de la flore de Meximieux, qui n'avait été étudiée qu'imparfaitement jusqu'ici et dont l’âge méme n'était pas bien fixé. Grâce à la présence de cer- taines espèces trés-nettement caractéristiques et qui se retrouvent, combinées dans le méme ordre, sur d'autres points de l'Europe, particulièrement en Tos- caue, on peut affirmer que le dépôt travertineux concrétionné de Meximieux, classé daus le miocène par quelques géologues, regardé comme quaternaire par d'autres, est en réalité pliocène, c'est-à-dire doit être rangé dans la dernière des trois périodes entre lesquelles on partage ordinairement la grande époque tertiaire. Je ne dois pas oublier de dire ici que la première connaissance des végétaux fossiles de Meximieux est due à M. A. Falsan, jeune géologue de Lyon, bien connu par son ouvrage sur le Mont-d Or lyonnais, et que l'un de nos collégues, M. Gustave Planchon, professeur à l'École supérieure de phar- macie, a bien voulu me transmettre une précieuse collection d'empreintes recueillies par lui sur les lieux, il v a environ dix ans. Les résultats que je vais soumettre à la Société sont loin, par le fait, de m'appartenir exclusivement ; | honneur en revient en grande partie aux deux savants que je viens de citer ; jai profité de leurs recherches, et mon examen, venant aprés le leur, a été d'autant plus décisif qu'il était moins prématuré. Ce sont. évidemment les dépouilles d'une grande forét que les eaux incrus- tantes de Meximieux nous ont conservées à l’état d'empreintes; le nombre des espèces déterminées jusqu'ici s'élève à 31 ; voici la liste exacte : Liste des espèces recueillies dans les tufs de Meximieux (A). 1. Woodwardia radicans Cav. — Yes Canaries. Italie. Espagne. 2*. Glyptostrobus europæœus Al. Br., Heer. (M.). 3**. Bambusa lugdunensis Nob. h*. Quercus Subrobur Goepp. (P. ). 5**. Quercus precursor Nob. 6**. Quercus subvirens Nob. 7*. Fagus attenuata Gæpp. (P.). 8**. Humulus Palæolupulus Nob. 9*. Platanus aceroides Gæpp. (M.). 10*. Liquidambar europeum Al. Br. (M.). 44*. Populus leucophylla Ung. (P. ). 12**. Populus anodonta Nob. 13*. Oreodaphne Heerii Gaud. (P.). 14**. Laurus (Persea) amplifolia Nob. (1) Les espèces précédées d'un * sont tertiaires et déjà décrites: les unes se rencon- trent dès le miocène (M); les autres n’ont été signalées que dans le pliocène (P). — Les espèces précédées de deux ** sont nouvelles dans la flore tertiaire ; enfin, celles dont le nom n'est précédé d'aucun signe existent encore ou du moins ne semblent se distinguer des formes correspondantes du monde actuel qu'à titre de race ou de simple variété, SÉANCE DU 2 AVRIL 1869. 119 15"*. Laurus (Persea) assimilis Nob. 16. Laurus canariensis Webb. — Iles Canaries. 17. Laurus nobilis L. — Europe méridionale. 18. Viburnum Pseudotinus Nob. (Vib. Tinus var.?) — Europe mérid. 19. Viburnum rugosum Pers. — Iles Canaries. 20. Nerium Oleander L. — Europe méridionale. 21*. Diospyros brachysepala Heer (M. ). 22**. Magnolia fraterna Nob. 23*. Liriodendron Procacciuii Ung. (M.). 2h**. Vitis subintegra Nob. 25*. Dombeiopsis tiliæfolia Ung. (Ficus tiliefolia Heer (M.). 26** Acer latifolium Nob. 27*. Acer integrilobum O. Webb. (M.). 28. Ilex Falsani Nob. (Il. balearica Desf. var. ?). — Iles Baléares. 29*. Carya Massalonght Nob. (Pterocarya Massalongi Gaud. (P.). 30. Punica Granatum var. Planchoni Nob. — Europe méridionale. 31. Cercis inæqualis Nob. (Cercis Siliquastrum L. var. ?) — Europe méridionale. Les espèces dominantes dans cet ensemble, non-seulement par le nombre, mais par la fréquence, sont principalement les miocènes, c'est-à-dire celles dont le développement et l'extension datent du milieu des temps tertiaires et qui étaient à cette époque répandues, non-seulement dans l'Europe. entière, mais aussi dans les régions polaires et probablement aussi en Amérique, Ces espèces, comme le Glyptostrobus europæus, le Liquidambar europæum, le Platanus aceroides, le Diospyros brachysepala et plusieurs autres, sont aujourd'hui bien connues, grâce à leur diffusion ; elles ont persisté sur le sol de notre con- tinent jusqu'à la fin de l'époque tertiaire, et si elles en ont été chassées en ce moment, il est à remarquer que toutes sont aujourd'hui représentées dans uotre hémisphère par des formes qui s'en rapprochent de si prés que M. Heer n'hésite pas à croire qu'elles n'en sont pour ainsi dire qu'un prolongement. Quelques-unes des espéces nouvelles ou mieux étudiées de la flore de Mexi- mieux conduisent aux mémes résultats. Le Magnolia fraterna Nob. ne s'écarte guère du M. grandiflora L. que par les dimensions un peu plus petites de ses feuilles ; le Carya Massalonghr, déjà signalé en Toscane par M. Gaudin sous le nom générique de Pferocarya, semble une épreuve très-peu modifiée du Carya alba Nutt., d'Amérique. Le Persea assimilis Nob. reproduit presque sans changement le Persea carolinensis ; tandis que le Persea amplifolia Nob. diffère assez peu du Persea indica Spreng., et que l'Oreodaphne Heerii Gaud., Si répandu dans les dépôts contemporains de la Toscane, ressemble beaucoup à l'Oreodaphne fætens N. On voit que la plupart des affinités que nous révèle l'examen de cette flore nous reportent vers l'Amérique du Nord ou l'archipel des Canaries ; il existait pourtant à Meximieux deux espèces trés-remarquables, 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. très-nettement caractérisées, dont les analogues actuelles doivent être recher- chées au contraire dans l'Asie centrale ou méridionale, ce sont celles que j'ai désignées sous les noms de Bambusa lugdunensis et de Populus anodonta. Les feuilles et méme les tiges de la première abondent dans les tufs de Meximieux, — leur fréquence est due à cette circonstance, aisée à vérifier dans nos jardins, où les Bambusées sont maintenant très-répandues, que les feuilles de ces Mono- cotylédones, rétrécies en forme de pétiole et articulées sur la partie vaginale, se détachent d'elles-mémes et jonchent le sol en toute saison, — les moindres détails de forme, de nervation, joints à la présence de la structure caractéris- tique que je viens de signaler, donnent à l'attribution de la plante de Meximieux un degré de certitude que sont loin de présenter la plupart des espèces fossiles décrites jusqu'ici sous le nom de Bambusium. Les feuilles du B. lugdunensis, très-analogues à celles du B. arundinacea B., n'atteignaient cependant qu'à de moindres dimensions, en rapport du reste avec le diamètre apparent des tiges, beaucoup plus petites que celles des Bambous de l'Inde et de la Chine, et plus semblables sous ce rapport à celles des Arundinaria. Le Populus anodonta rappelle d'une manière frappante le Populus laurifolia Leb. ; ses feuilles sont cependant bien plus largement ovales, presque orbiculaires, et de plus, le bord en est parfaitement entier. Ce Peuplier fossile n'est pas le seul dont les feuilles présentent cette. particularité. J'ai signalé sous le nom de Populus massiliensis un Peuplier des argiles miocènes de Marseille qui se distingue par le méme caractére; M. Heer a signalé des formes analogues daus sa flore fossile des régions arctiques, il a méme trouvé dans les tufs de Kannstadt, en Wurtem- berg, bieu plus récents que ceux de Meximieux, un Peuplier à trés-grandes feuilles, également entières sur les bords, et qu'il a nommé Populus Fraasir. Tous ces Peupliers se rapprochent plus ou moins du P. laurifolia Leb. et dénotent peut-étre l'existence ancienne d'un groupe particulier, autrefois con- sidérable, maintenant réduit à une seule espèce sibérienne. Si l’on compare aux Peupliers actuels ceux dont l'étude des périodes antérieures nous a révélé l'existence, on est forcé de reconnaitre que le genre Populus tend à décroitre et à s'appauvrir, tandis que les Saules sont plus multipliés et plus variés main- tenant qu'ils ne l'étaient autrefois. D'autres espèces de Meximieux se rattachent plus ou moins étroitement à des essences encore aujourd'hui européennes sans que l'on puisse cependant son- ger à les identifier avec celles-ci. Sans parler du Populus leucophylla, évidem- ment très-voisin de notre Populus alba, mais qui rappelle aussi le P. grandi- dentata Ait. d'Amérique, le Chêne, que j'ai nommé Quercus precursor, s'écarte trés-peu des variétés à feuilles entières de notre Q. //ez L. Ses feuilles sont cependant plus grandes, plus allongées, munies de nervures secondaires plus nombreuses, et le gland lui-même affecte une forme plus ovoide et plus atténuée au sommet, Mais les espèces de Meximieux les plus curieuses, celles sur qui je veux surtout attirer l'attention, sont au nombre de neuf; ce sont SÉANCE DU 2 AVRIL 1869. 121 celles qui me paraissent séparées des espéces actuelles par des divergences trop faibles pour que l'on puisse songer à les en distinguer. Jusqu'ici on n'avait pas encore signalé dans les terrains tertiaires des formes vraiment similaires des nôtres, je crois donc pouvoir constater ici les premières identités saisis- sables, et pourtant cette identité pour quelques-unes au moins n'est pas telle- ment compléte qu'on ne puisse apercevoir quelques traits de divergence, trop faibles cependant pour autoriser une véritable distinction spécifique. Les fragments qui se rapportent au Woodwardia radicans Cav. sont peu étendus ; ils suffisent pourtant pour établir l'existence de cette espèce qui s'avance aujourd'hui en Italie et en Espagne jusque vers le 42° parallèle mais dont l'habitat principal est dans l'archipel des Canaries. Le Woodwardia Rœsneriana Ung. est une Fougère tertiaire à peine distincte de l'espèce vivante par le contour moins allongé et la terminaison plus obtuse de ses lobes; et par ces mêmes caractères, l'espèce fossile de Meximieux est justement pareille à celle de nos jours, à laquelle il est naturel de la réunir. Le Laurus canariensis Webb a déjà été observé dans les terrains quater- naires d'Italie et de Florence ; il n'y a donc rien d'étonnant à le retrouver à Meximieux où il est bien plus répandu que son congénérele Laurus nobilis L., qui a seul continué à habiter la partie méridionale de notre continent. La présence du Viburnum rugosum Pers. est bien plus singulière. Cette espéce est maintenant confinée dans les Canaries, dont elle habite la région laurifère ; elle vivait à Meximieux dans des conditions semblables et associée aux mêmes essences qu'aujourd'hui, — une assez longue série d'empreintes de feuilles, pareilles en tout à celles de l'arbuste des Canaries, atteste son ancienne existence sur le sol de notre pays. D’autres feuilles retracent celles de notre Viburnum T'inus par leur forme et leur nervation; cependant, leur base accuse une tendance à devenir cordiforme, et les nervures secondaires, un peu plus obliques, paraissent peut-être un peu plus nombreuses ; mais les feuilles de notre Laurier-Tin offrent de telles diversités suivant l’âge et l'exposition des sujets, qu'on ne saurait reconnaitre dans l'espèce fossile qu'une variété, ou tout au plus une race que je désigne provisoirement sous le nom de Viburnum Pseudotinus. Le Nerium Oleander est impossible à méconnaitre. La forme et la nervation de ses feuilles offrent des traits si caractéristiques, toutes les parties en sont si bien conservées, qu'on nesauraits'y méprendre. Déjà, le Nerium Gaudryanum Brngt., de Coumi, en Eubée, avait présenté l'exemple d'un Laurier-Rose mio- cène, trés-voisin du nôtre, et cependant il suffit de mettre les empreintes de Meximieux à cóté de celle que M. Gaudry a rapportée de Gréce pour voir combien l'espèce de Meximieux est plus semblable encore à la nôtre; cette ressemblance est si étroite, que je n'hésite pas à proposer une identification que la parfaite conformité de tous les caractères tirés de la forme du pétiole ct des détails de la nervation rend pour ainsi dire forcée ; cependant, malgré 122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cette visible affinité, les feuilles fossiles paraissent plus constamment obtuses au sommet que la majorité de celles du Nerium Oleander actuel, quoiqu'il soit possible d'en trouver chez qui cette différence méme disparait. L'/lex Falsani Nob. ne diffère presque pas du Houx de Mahon (Z. balea- rica Desf.), qui n'est souvent regardé que comme une variété de PZ. Aquifo- lium. Le Houx tertiaire affecte la plupart des caractères de forme et de nervation qui distinguent les feuilles entières de P7. balearica. Seulement, chez celui-ci, les feuilles dentées-épineuses se mélent presque toujours aux autres ; tandis que les empreintes de Meximieux ont le bord constamment entier ; leur pétiole est aussi plus mince et plus court ; sous ce dernier rapport, on serait tenté de les rapprocher de l'//ez canariensis Webb et de l7. Cas- sine d'Amérique. Le Cercis inæqualis Nob., comme l'espèce précédente, semble s'écarter assez de notre Cercis Siliquastrum pour qu'on hésite à adopter une assimila- tion définitive ; mais ici les deux seules empreintes recueillies jusqu'à présent sont trop incomplètes pour permettre de trancher la question, et d'un autre cóté, l'inégalité de la base peut avoir été l'effet d'un avortement accidentel de l'un des cótés du limbe, tandis que le moindre développement des nervures latérales basilaires semblerait rapprocher l’espèce fossile du Cercis canaden- sis L., chezqui on remarque le méme mouvement. Le Gainier d'Amérique est lui-même si voisin du nôtre, que le Cercis inequalis, si les caractères que j'ai cru saisir venaient à se confirmer, deviendrait un trait d'union entre les deux espèces actuelles. Il est plus facile de porter un jugement sur la dernière et la plus curieuse des espèces de Meximieux qu'il me reste à mentionner : je veux parler du Grenadier pliocène, que je nomme Punica Granatum var. Plan- choni. I en existe une feuille presque entière et un grand nombre de fleurs à l'état de boutons encore clos ou légèrement entr'ouverts, à divers degrés de développement. La feuille, mutilée à la base, ne laisse pas voir le pétiole qui aurait pu fournir un caractère précieux ; elle est pareille en tout à celles de notre Grenadier, sauf la terminaison plus atténuée de son sommet. En consul- tant un grand nombre de feuilles du Punica Granatum, je n'en ai rencontré qu'un très-petit nombre de semblables à celle-ci ; la plupart sont sensiblement plus obiuses et moins allongées. Ce n'est là pourtant qu'une simple nuance qui ne saurait, surtout. en présence d'un échantillon isolé, devenir l'indice d'une espèce vraiment distincte. Les calices, comme la feuille, malgré leur évidente analogie avec les organes correspondants de la plante actuelle, pré- sentent aussi quelques différences appréciables pour un botaniste. Ils sont plus gros, plus régulièrement ellipsoides, cylindriques vers le milieu, également atténués vers les deux extrémités; les segments calicinaux, toujours au nombre de cinq, sont un peu plus profondément divisés. Ces divergences n'ont pour- tant rien d'assez saillant par elles-mémes pour autoriser une séparation. Tout cet ensemble, on ne saurait trop le faire remarquer, à cause de l’âge SÉANCE DU 2 AVRIL 1869. 123 relativement récent du dépót, trahit un caractére méridional et méme subtro- pical des plus prononcés. L'absence méme de certains arbres, comme les Aunes, les Ormes, les Bouleaux, les Saules, que l'on est habitué à observer dans les flores tertiaires, méme les plus anciennes, fait encore mieux ressortir ce caractère. L'Europe centrale était donc encore trés-chaude vers la fin des temps tertiaires, ou plutôt le déclin de l'ancienne température s'est. prononcé d'une maniere lente et par une gradation pour ainsi dire insensible ; — la prin- cipale circonstance qui trahit ce déclin est ici l'élimination des Cinnamomum, encore nombreux dans le dépót un peu plus ancien d'OEningen et dont on n'a retrouvé encore aucun vestige dans celui des environs de Lyon. Le retrait des Cinnamomum d'une part, de l'autre, la présence d'un certain nombre d’espèces identiques ou subidentiques avec celles que nous possédons encore, tels sont les traits les plus distinctifs de cette végétation. Je le répète, ces espèces sont toutes méridionales, toutes ont depuis quitté les environs de Lvon pour se retirer vers le sud; mais ce mouvement de retrait a été des plus irréguliers dans sa marche et dans ses résultats. Il suffit de descendre le Rhóne jusqu'à Montélimar pour retrouver les Cercis Siliquastrum à létat spontané. Le Punica Granatum, le Laurus nobilis et le Nerium Oleander, croissent encore naturellement dans les parties de la Provence les plus voisines du littoral ; mais il faut franchir les Alpes ou les Pyrénées, si l'on veut recueillir le Woodwardia radicans, et aller jusqu'aux Canaries pour rencontrer le Laurus canariensis et le Viburnum rugosum. Ce sont là des faits du plus haut intérêt, qui prouvent combien M. de Candollea eu raison d'invoquer le concours des causes antérieures pour expli- quer la distribution géographique des plantes de notre époque; les causes actuelles étant presque toujours insuffisantes. Le climat européen a donc changé peu à peu ; il est devenu plus rude, plus inégal, tout s'est transformé dans les environs de Lyon depuis l'époque déjà bien ancienne, quoique récente en géo- logie, où coulaient les eaux incrustantes de Meximieux ; la végétation y présen- tait alors le même aspect que de nos jours aux iles Madère et Canaries ; il faut descendre de 10 degrés plus au sud pour observer les conditions climatériques qui régnaient alors en Europe sous le 47° degré parallèle. Non-seulement on peut le conjecturer, mais, gráce à la présence de certaines essences dont les aptitudes sont bien connues, on peut le calculer à coup sûr, —la présence com- binée du Laurier-Rose et du Laurier des Canaries permet d'admettre l'exis- tence d'une moyenne annuelle de 17 à 18 degrés. Les hivers devaient étre fort doux pour que le Laurus canariensis, bien plus délicat que notre Laurus nobilis, pût prospérer, et les étés chauds, possédant en tout cas une chaleur Moyenne supérieure à 25 degrés, pour que le Laurier-Rose pât fleurir et fruc- fier, M. Heer a évalué à 20 ou 22 degrés en moyenne la température annuelle de la Suisse, lors du miocène inférieur, et à 18 ou 19 degrés celle du méme Pays, dans le miocène supérieur. Ces chiffres s'appliquent sans doute égale- ment aux environs de Lyon ; on voit donc que lors du pliocène, la température 424 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que j'évalue, d’après la considération des plantes de Meximieux, à 17 ou 18 de- grés en moyenne, avait continué à décroitre par rapport à celle des âges anté- rieurs ; aujourd'hui, cette méme température est de 115,8. L'écart entre le miocène inférieur et l’âge actuel est donc de 10 degrés au moins; et la décroissance parait avoir suivi une marche fort régulière, puisque l’âge de Mexi- mieux, qui semble strictement intermédiaire aux deux autres, présente aussi pour sa moyenne annuelle de température un chiffre moyen entre celui du miocene inférieur et celui de la région lyonnaise actuelle. Il faut espérer que des données aussi précises mettront enfin sur la voie de la cause encore incon- nue qui a présidé autrefois à ces changements et qui agit probablement sous nos yeux, mais d'une maniere trop lente et par une marche trop cachée et trop insensible pour que l'homme puisse s'en apercevoir. L'éloignement seul, en condensant, par l'effet d'une sorte de perspective, les phénomènes d'autre- fois, a permis d'en saisir la véritable signification ; c'est par là que la paléonto- logie, en multipliant les observations, multipliera aussi les découvertes et les applications curieuses auxquelles ces découvertes donnent lieu. M. Faivre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LA NATURE MORPHOLOGIQUE DE L'OVULE CHEZ LE PRIMULA SINENSIS, | par M. E. FAIVRE. Au mois de février dernier, les serres du fleuriste au parc de la Téte-d'Or, à Lyon, renfermaient des pieds de Primevère-de-Chine anormalement déve- loppés. Ils étaient atteints de cette altération qu'on désigne sous le nom de virescence, parce que les pièces florales prennent l'aspect et la coloration des organes foliacés. Chez les pieds dont nous parlons, une semblable anomalie s'était produite dans les conditions d'une culture trop riche, d'une alimentation trop abon- dante: aussi se montrait-elle sur bon nombre de pieds développés dans ces con- ditions. L'altération observée consistait dans le passage à l'état foliacé des divers ver- ticilles floraux et dans l'excés de développement pris par ces verticilles. Du calice de plusieurs fleurs, on voyait sortir la corolle gamopétale devenue folia- cée et longuement tubuleuse à sa partie inférieure ; les étamines avaient con- servé leur disposition normale ; l'ovaire s'était considérablement développé et présentait à l'intérieur, surmontant le placenta central, de petits organes folia- cés qui occupaient la place normale des ovules. En examinant un fort grand nombre de ces fleurs, nous avons pu constater que plus la virescence était accentuée et l'élongation des verticilles considérable, plus l'état foliacé des ovules était avancé, moins, au contraire, l'état normal était accusé, et moins l'apparence foliacée marquait l'état ovulaire ; d'un autre cóté, SÉANCE DU 2 AVRIL 1869, 195 en ouvrant les ovaires, nous constations que la transformation foliacée des ovules était d'autant moins complète qu'on examinait les petites lames de la périphérie au centre. De ces remarques découlait la possibilité de suivre avec quelque rigueur la transformation des ovules en feuilles, et d'arriver sur la Primevère à des con- naissances positives, relatives à la formation de l'ovule et à sa nature morpho- logique. L'examen de cette question forme l'objet principal de ce travail. Aun premier examen fait sur plusieurs fleurs déformées, étudiées soigneu- sement dans l'eau, nous avons reconnu ce qui suit : le pédoncule qui supporte la fleur se prolonge à l'intérieur des insertions du calice et de la corolle ; il porte à sa partie supérieure le placenta, sous forme d'une tête plus ou moins évasée, et sur le placenta sont disposés des organes foliacés, diversement transformés en ovules. Si l'on étudie le prolongement axile qui supporte le placenta, on ne saurait . méconnaitre qu'il est formé par le pédoncule floral développé avec excés ; eu effet, la dissection établit qu'il en est le prolongement et l'examen microscopique prouve qu'il est formé par les mémes éléments anatomiques disposés de la méme manière. On peut suivre notamment, du pédoncule jusqu'au placenta, les faisceaux de trachées; ces observations confirmeraient, si elles avaient besoin de confirmation, les vues des botanistes qui soutiennent la nature axile du placenta central des Primulacées. Le placenta central est surmonté, disions-nous, de nombreux ovules pas- sant par degrés à l'état foliacé. Lorsqu'on examine très-attentivement chacune de ces petites formations, on reconnait qu'elles correspondent à autant de feuilles isolées; à la périphérie du placenta, ces petites feuilles sont bien sépa- rées ; elles ont parfaitement leur aspect normal, les découpures ordinaires, les limbes en sont portés sur des pétioles plus ou moins allongés suivant la vigueur des fleurs métamorphosées ; à mesure qu'on étudie plus au centre les forma- tions, on reconnait qu'il s'agit toujours des mémes parties, mais plus ou moins modifiées dans leur développement. L'étude de ce développement prouve que chaque petite feuille pétiolée cor- respond à un ovule dont elle est le point de départ, et il demeure évident que chaque ovule correspond à une feuille et non à un bourgeon, comme on l'avait généralement admis. Mais par quelle suite de modifications l'ovule peut-il provenir dela feuille, est-il possible de les suivre dans leurs détails histologiques ? Telles sont les questions que les pièces tératologiques que nous avions à notre disposition et un examen microscopique minutieux nous ont permis d'éclairer. Le point de départ des métamorphoses est la feuille ovulaire constituée par un pétiole et un limbe diversement découpé. Cette feuille est verte, sa constitution est celle des feuilles de Primevère ; elle est d'autant moins déve- loppée qu'elle est plus centrale. Un degré ultérieur de transformation montre l'appauvrissement progres 126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sif du limbe; les bords opposés se soudent plus ou moins à la base; le limbe foliacé prend la forme d'un cornet, surmonté de deux ou trois laci- niures fort apparentes. La coloration verte est encore prononcée dans ces con- ditions. On passe de cet état à un état subséquent dans lequel l'ensemble du limbe offre la forme d'un tube plus renflé à la base, tandis qu’à l'orifice supérieur les laci- niures se réduisent ou disparaissent. Dans cette région, se montre une production blanchâtre, très-nette, qui donne aux folioles ovulaires situées au centre du placenta un aspect particu- lier; cette production, qui n’est autre que le micropyle, se montre constituée, à un grossissement de 500 diamètres, par une zone de cellules allongées, dis- posées verticalement au pourtour de l'orifice de la feuille ovulaire ; ces cellules, qui forment une ligne ondulée à leur pourtour supérieur, semblent une dépen- dance de l'épiderme foliacé ; en effet, elles donnent insertion à des poils qui ne diffèrent en rien de ceux développés sur épiderme ordinaire. Au moment où l'extrémité micropylaire se caractérise ainsi, des changements notables ont lieu dans l'ensemble du limbe; celui-ci prend une forme renflée, et une nouvelle formation cellulaire apparait à l'intérieur du renflement ovu- laire. Cette formation, que nous n'avons pu voir dès sa première apparition, constitue la masse du nucelle. A l'état de demi-métamorphose dont nous parlons, l'ovule est droit et se continue avec le funicule ou pétiole de la feuille primitive. Il a presque entière- ment perdu sa coloration verdâtre. Étudié à un grossissement de 500 diamètres, il se montre constitué de dehors en dedans par trois parties : 1° La couche épidermique. 2° La couche parenchymateuse. 3^ La masse cellulaire du nucelle. L'observation histologique de la couche épidermique y révèle deux parties : l'une àcellules allongées couvertes de poils, se continuant d'une part avec l'épi- derme du funicule, de l'autre, avec les cellules déjà décrites du micropyle. L'autre partie est formée par un tissu de cellules rameuses, renfermant des granules de chlorophylie et offrant cà et là des stomates très-manifestes; il est facile de reconnaitre, dans ce revêtement extérieur de l'ovule en voie de forma- tion, l'épiderme méme de la feuille ovulaire : la présence des poils et des sto- mates permet de saisir de la maniere la plus directe et la plus frappante le passage du tégument extérieur de la feuille à l'état d'enveloppe ovulaire. Sous la couche épidermique, on distingue trés- bien au microscope la couche parenchymateuse caractérisée dans les feuilles ordinaires ; la plus grande diflé- rence consiste en ce que, dans le parenchyme à l'état d'enveloppe ovulaire, la matière colorante verte se résorbe successivement et disparait. Nous avons cherché et nous avons trouvé, dans le parenchyme des feuilles SÉANCE DU 2 AVRIL 1869. 197 ovulaires imparfaitement modifiées, des cléments vasculaires et particulièrement des trachées, disposés comme dans les nervures des feuilles. . La masse nucellaire, avons-nous dit, occupe la cavité de la feuille ovulaire repliée, elle est constituée par un amas de cellules irrégulières pourvues de granulations, et dont le développement nous a paru se faire de la base vers le sommet de la cavité. La formation du nucelle ne précède pas celle de l'enve loppe ovulaire, mais elle est concomitante; le micropyle, nous l'avons dit, est constitué isolément et des le début. Parvenu à l'état que nous venons de décrire, l'ovule estorthotrope, le hile et la chalaze étant opposés au micropyle ; il commence bientôt à subir un change- ment dans sa direction. L'un des cótés prenant plus d'accroissement, le micropyle se trouve suc- cessivement incurvé et de plus en plus rapproché du hile et du fanicule, sans qu'il y ait déplacement sensible de la chalaze ; l'arcature porte sur l'en- veloppe de l'ovule et sur le nucelle. L'ovule, comme on le voit, est devenu campylotrope et recourbé. Mais dans ce cas-là, la radicule de l'embryon a cessé de correspondre exactement au hile, et l'embryon est ce qu'on à nommé hétérotrope. Tantôt cette courbure est très-prononcée, tantôt elle est arrêtée à un degré intermédiaire, le micropyle restant assez distant du hile; l'ovule peut alors étre dit semi-anatrope. Nous avons observé ces deux dispositions sur des pieds de Primula sinensis normaux et modifiés tératologiquement; la disposition campylotrope nous a paru la plus fréquente. Des observations ci-dessus rapportées, il résulte : 1° Que chaque ovule de Primula sinensis correspond à une feuille modifiée, le funicule répond au pétiole et le limbe à l'ovule lui-méme. 2° L'ovule ‘ne présente qu'une seule enveloppe correspondant au limbe et apparente dés le début. 3° Le micropyle se forme de bonne heure à l'extrémité du limbe modifié ; il se compose de cellules verticales, ondulées à bord supérieur, d'un aspect par- ticulier. h^ Le nacelle se développe secondairement à l'intérieur du limbe replié. 5^ On ne saurait douter que l'enveloppe ne soit constituée par le parenchyme et l'épiderme du limbe de la feuille modifiée ; on y retrouve en effet, méme à un état assez avancé d'évolution, les éléments et les tissus de la feuille elle- méme, 6° L'ovule, d'abord orthotrope, devient par les progrès du développement, semi-anatrope, et le plus souvent campylotrope. Nous nous garderons bien de conclure des faits observés sur le Primula ‘sinensis, à la nature morphologique et à l'évolution de l'ovule chez d'autres plantes; on à souvent cette tendance à une généralisation trop hâtive et les faits viennent la démentir. 4128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En ce qui concerne les ovules, par exemple, nous savons par les travaux de MM. Cramer et Brongniart, que chez les Ombellifères, les Renonculées et les Composées, les ovules ont pour point de départ un lobe de feuille métamor- phosée ; nous savons par les études de MM. Schleiden, Decaisne, qu’il existe des variations, même parmi les genres d’une famille naturelle, soit dans la pré- sence ou l'absence, soit dans le nombre des téguments, soit dans la disposition orthotrope ou anatrope des ovules. Nous renfermons donc strictement nos conclusions dans les limites de l’obser- vation. M. Brongniart fait observer qu'il existe le même rapport entre un carpelle uni-ovulé et un carpelle multi-ovulé qu'entre une feuille simple et une feuille pinnatifide. Il n'y a donc pas contradiction. M. Durieu de Maisonneuve annonce à la Société que M. Motelay vient de trouver en abondance l'/soétes Hystrix sur le territoire de la commune de Mios (canton d'Audenge, Gironde). A ce sujet, M. Cosson fait remarquer que la distinction des espèces d'/soétes en espèces terrestres et en espèces aquatiques, qui parait bonne au point de vue descriptif, n'est pas d'une exactitude absolue en ce qui concerne l'habitat. Des espéces aquatiques se ren- contrent parfois dans les dépressions de terrain desséchées en été. MM. deSchonefeld et Cornu citent des faits qui viennent confir- mer l'observation de M. Cosson. M. Brongniart annonce que M. Dalansa, qui fait un voyage d'ex- ploration dans la Nouvelle-Calédonie, vient d'adresser au Muséum un premier envoi deplantes trés-intéressantes et parmi lesquelles se trouvent un grand nombre d'espéces nouvelles. ADDITION AU COMPTE RENDU DE LA SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1868. LES AGES DU MONDE VÉGÉTAL (1), par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. I. La création des êtres organisés (végétaux et animaux) a-t-elle été simultanée ou successive ? — La création a été successive, puisque (4) Cet article fera partie du NOUVEAU DICTIONNAIRE DE BOTANIQUE de M. Germain de Saint-Pierre (un volume d'environ 1400 pages grand in-8?, et environ 1200 gravures placées dans le texte), actuellement en cours d'impression, à la librairie de MM. J.-B. Baillière et fils, éditeurs, rue Hautefeuille, 19, à Paris. ADDITION A LA SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 41868. 129 dans les terrains sédimentaires inférieurs, les premiers où la production et la vie des étres organisés ont été possibles, les végétaux dont nous retrouvons les débris appartiennent tous aux cryptogames ; puisque, dans les terrains de tran- sition qui succèdent (terrains houillers), nous voyons s'ajouter aux types crypto- gamiques les types gymnospermiques ; puisque cryptogames et gymnospermes se continuent en multipliant leurs genres et espèces, dans les étages successifs des terrains jurassiques, et à l'exclusion des monocotylées et des dicotylées an- giospermes qui constituent aujourd'hui la masse de la végétation ; puisque nous rencontrons pour la première fois des végétaux monocotylés et dicotylés dans l'étage supérieur des terrains secondaires (terrains crétacés), pour se continuer, en multipliant leurs types génériques, aux diverses époques de la période ter- tiaire jusqu'à nos jours, où ils sont infiniment plus nombreux qu'à aucune des époques précédentes. — Ce qui s'est passé pour le règne végétal s'est. passé pour le régne animal : les rayonnés, les mollusques et les articulés se rencon- trent dans les couches inférieures; les premiers vertébrés n'apparaissent que plus tard, et, dans ce grand embranchement, les poissons avant les reptiles, les reptiles avant les oiseaux ; les animaux de l'ordre le plus élevé (les mammifères) n'ayant été produits qu'à des époques relativement récentes, et en méme temps que les types végétaux monocotylés et dicotylés. II. Les êtres organisés (végétaux et animaux) se sont-ils, d'époque en époque, successivement perfectionnés ? — Quel est le terme de l'évolution d'un type ? — Si l'on entend demander, pour le régne végétal, si le type des dicotylées, paru le dernier, est supérieur comme complication organique au type des Algues inférieures, paru le premier; si l'on entend de- mander, pour le règne animal, si le type des mammifères, paru le dernier, est supérieur comme complication organique au type des rayonnés, la réponse affirmative est démontrée jusqu'à l'évidence. — Mais le type des dicotylées ne parait pas être le résultat du perfectionnement, comme complication organique, du type des algues; mais le type des mammifères ne parait pas être le ré- sultat du perfectionnement du type des rayonnés. — Nous ne pensons pas qu'on puisse admettre, ni dans le règne végétal ni dans le règne animal, une série ascendante unique, sorte d'échelle dont chaque création nouvelle représente- rait un échelon supérieur. — Nous sommes porté à admettre (avec le savant physiologiste M. Pouchet) la production, à des époques successives, d'embryous de types divers développés au sein. des membranes proligères formées aux dépens de débris organiques; mais nous n'admettons cette production que pour les embryons des formes primitives les plus simples, formes dont il ne reste pas de traces aujourd'hui, et qui sont les ancêtres des espèces ultérieures produites par des générations successives, — Nous sommes également porté à admettre (avec l'illustre Darwin) que, pour chaque type originaire comme pour chacun des types secondaires nés d’un premier type, il a pu se produire des descendances multiples s'écartant dela forme primitive dans diverses direc- T. XVI (SÉANCES) 9 430 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tions, une sorte de dichotomie ou de rayonnement dont chaque rayon (ou pro- duit de génération) s'est plus ou moins de fois bifurqué ou multifurqué, selon les temps et les circonstances ; les descendants pouvant offrir une exagération, une atténuation ou une déviation des caractères organiques de leurs parents ; en d'autres termes, le fils pouvant être assez différent de la mère pour con- stituer non-seulement une variété, mais une espèce; et de semblables écarts successifs ayant pu donner lieu à des groupes d’espèces très-différentes des premières ; ces groupes constituant des genres naturels plus ou moins bien limi- tés, et à espèces séparées les unes des autres par des caractères plus ou moins tranchés ou seulement par des nuances plus ou moins saisissables. — Quel est le terme de l'évolution d'un type? On ne saurait le déterminer à priori : certains types semblent, en effet, avoir épuisé leur faculté expansive aprés un petit nombre de modifications. En d'autres termes, certains types donnent lieu à peu de familles, certaines familles à peu de genres, certains genres à peu d'espèces, tandis qu'au contraire, d'autres types se sont modifiés, de proche en proche, presque à l'infini. — Ces différences peuvent tenir, soit au type orga- nique lui-méme dont les éléments ou les organes sont susceptibles de présen- ter plus ou moins de combinaisons, soit aux circonstances extérieures (favorables ou non à son développement), dans lesquelles il s'est trouvé successivement placé. — Le maximum d'intensité de la faculté de s'écarter des formes précé- dentes (dans des conditions où la reproduction soit possible) a pu se produire à une époque géologique quelconque ; et les formes ou espèces qui en sont résul- tées ont pu ensuite, soit se maintenir par la génération sans se modifier davan- tage (tout en étant susceptibles de se modifier dans des générations ultérieures, en vertu de conditions extérieures nouvelles données), soit présenter des formes décroissantes, soit disparaitre du monde vivant (ou par mort violente dans les révolutions du globe, ou par impossibilité de vivre dans les nouvelles conditions géologiques). III. Pourquoi ne trouve-t-on pas dans les couches géologiques la série complète des formes ou espèces qui représentent un type, dans toutes les phases de son évolution ? — Pour beaucoup de bonnes raisons. En premier lieu, les recherches géologiques datent à peine d’un siècle, et nous ne connaissons encore que les traits les plus saillants de la constitution de chacra des mondes qui ont jadis vécu; les terrains recouverts par l'Océan, par exem- ple, qui sont trois fois plus étendus que nos continents, ne sont pas accessibles à notre observation directe : nous jugeons de leur disposition par les points émergés avoisinants; mais nous ne pouvons les fouiller pour en tirer les débris organiques qu'ils renferment. Sur quelques points des contrées accessibles, des recherches actives accroissent incessatnment nos connaissances; partout Fin- dustrie vient en aide à la science en bouleversant le sol. Mais, si chaque nou- veau sondage, chaque nouveau coup de pioche des ouvriers dans une carrière ou dans une mine, chaque nouvelle fouille dans un terrain, peut mettre au jour ADDITION A LA SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 14868. 134 un fait nouveau, ce fait peut étre perdu pour la science faute d'observateur pour en profiter. — Secondement, parce que certains organismes, d'une tex- ture inolle et ne renfermant aucune partie solide, ne sont pas de nature à étre conservés (et il est probable que les premières séries d’espèces, dans chaque type, sont dans ce cas, y compris les types vertébrés), et par conséquent ne peuvent avoir laissé de traces. — Troisièmement, parce que certains terrains ou certaines couches de roches poreuses, les grés par exemple, ne sont pas de nature à conserver les débris organiques, qui n'y laissent souvent aucune trace visible. — Quatrièmement, parce que certaines espèces ont pu se repro- duire seulement en très- petit nombre, ou leur existence n'avoir eu qu'une courte durée, et que, dans ce cas, vu la grande étendue de la surface terrestre et le peu d'espace qu'elles ont dà y occuper, il faudrait compter sur de grands et heureux hasards pour en trouver des débris. A plus forte raison, ne doit-on pas s'attendre à rencontrer ou à reconnaitre les productions qui ont pu naitre non succeptibles de se reproduire, et n'ont par. conséquent consisté chacune qu'eu un seul individu, individu qui, cependant, pouvait représenter à certains points de vue un des termes de la série des formes dans l'évolution du type. IV. Quelle signification devons-nons attacher aux mots genre, espèce et variété ? — Les espèces n'ont pas surgi çà et là isolément, et dans nos classifications nous n'avons pas à grouper des êtres créés capricieusement, et chacun de toutes pièces, par la nature. — Un groupe d'espèces voisines, en d'autres termes un genre naturel, parait devoir remonter à une commune origine, à une espèce antérieure (admettons-la très-répandue), dont les indi- vidus (ou une partie des individus) ont (soit à une méme époque, soit à des époques successives) produit des graines desquelles sont nées des plantes dilTé- rant, dans certaines limites, dela plante-mère, et aptes cependant à se multi- plier. Ces différences, produites de génération en génération, ont pu porter sur des augmentations ou des diminutions ; sur l'altération de la forme de tel ou tel organe, sur la disposition relative de ces organes; sur la taille ou sur les dimensions relatives, enfin sur la couleur, etc., etc. — Mais, ainsi que nous l'avons dit, un grand nombre de formes nouvelles, produites par ces écarts sur- venus dans des générations successives, ont pu se trouver inaptes à se reproduire et n'ont pas laissé de traces; un certain nombre de ces formes ont pu au con- traire se perpétuer, et elles constituent nos espèces actuelles. — Selon que le type primordial était plus ou moins ébranlé et était susceptible de se préter à des combinaisons, à des modifications, à des déviations plus variées, le nombre des espèces du groupe a été plus considérable ; dans ce cas, où les nuances intermé- diaires d'une forme à l'autre se sont trouvées représentées et se sont perpétuées, nous nous trouvons en présence d'especes difficiles à délimiter. — Au contraire, plus les espèces sont difficiles à ébranler (c’est-à-dire plus elles sont fixes dans leur exacte reproduction, en d'autres termes moins elles produisent accidentel- ment de variétés nouvelles), plus elles sont distinctes entre elles et faciles pour 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nous à délimiter. Il est un grand nombre de genres où les espèces sont, aujour- d'hui encore, susceptibles d'éprouver des perturbations et de produire de nou- velles variétés ; ces espèces, dites polymorphes, seront considérées, avec presque autant de raison, par les uns comme un groupe de variétés, par d’autres comme un groupe d'espèces. Quant aux types d'organisation qui ne sont, dans le monde végétal actuel, représentés que par un petit nombre d'espèces de formes très-différentes entre elles, il est probable que des extinctions ou destructions accidentelles d'espèces intermédiaires sont la cause des lacunes que nous con- statons (comme transitions de formes) dans leurs séries. Ces espèces n'en sont pour nous que plus faciles à distinguer entre elles; mais la place, dans l'ordre naturel, de ces groupes tronqués et décomplétés est quelquefois difficile à déter- miner. V. En présence de ces inégalités dans l'intensité spécifique, quel est le parti que doit prendre le botaniste classificateur ? — En consi- dérant les groupes naturels, les genres, dont les uns se composent d'espèces peu nombreuses et très-caractérisées (soit en raison de la non-production des formes intermédiaires, soit par suite de leur destruction), et dont les autres se composent de formes très-nombreuses et par conséquent peu différentes de l'une à l'autre, on doit reconnaitre d'abord que, dans les divers genres, les espèces ne peuvent avoir la méme valeur (de méme que, dans les familles dont les genres sont peu nombreux et dans celles où ils sont trés-multipliés, les genres ont aussi des valeurs inégales). — Pour les genres à espèces très-carac- térisées et sans formes intermédiaires, tous les classificateurs sont naturelle- ment d'accord. Les difficultés et les dissidences portent sur les genres à espèces originairement nombreuses, présentant, de la première à la dernière, une série de nuances ou de formes intermédiaires et susceptibles, encore aujourd'hui, de produire des variétés nouvelles; dans ces genres à espèces polymorphes, le naturaliste (nous l'avons dit) est également dans le vrai au point de vue de la nature, soit qu'il attribue des noms spécifiques seulement aux formes les plus saillantes entourées d'espèces secondaires, soit qu'il attribue des noms spécifiques de méme valeur à chacune des nuances. — Mais le naturaliste qui désigne par des noms de valeur égale les formes peu caractérisées et les formes très-carac- térisées, les variétés de deuxième et de troisième degré comme les types spéci- fiques les mieux définis, rend l'étude des êtres naturels confuse et difficile, pour ne pas dire impossible ; en effet, de nuance en nuance, le nomenclateur ne sait plus où s'arréter; il cesse bientôt lui-même de pouvoir se reconnaitre dans le dédale de ces espèces insaisissables et à caractères effacés ; sa nomen- clature de demi-teintes devient si multiple et si délayée, que non-seulement les lecteurs s'y perdent, mais que l'auteur est souvent le premier à s'y égarer. — Au contraire, le classificateur qui désigne par des noms spécifiques les types suffisamment. caractérisés pour étre positivement déterminés, et qui groupe autour de ces espèces (sous le nom de variétés) les formes secondaires ou inter- ADDITION A LA SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1868. 133 médiaires, rend l'étude accessible à tous, à ceux qui ne désirent connaitre que les formes typiques (ce qui est en général suffisant), et à ceux qui aiment à étendre leur attention aux espèces secondaires, aux variétés et variations. VI. Que doit-on penser de la théorie de l'immutabilité actuelle des espéces ? — Nous avons déjà insisté sur ce point, qu'un des caracteres géné - raux des êtres organisés nous paraît être le principe de la mutabilité de l'espèce par écarts de générations successives, dans des limites qui varient selon les cir- constances extérieures, et aussi selon la structure ou le tempérament de l'es- pèce elle-même. Mais, ce principe de mutabilité, toujours prêt à entrer en action, peut rester indéfiniment inactif, s'il ne trouve pas l'occasion de s'exer- cer. — Les animaux dont les cadavres momifiés, les plantes dont les graines (fertiles) conservées depuis trois à quatre mille ans dans les Pyramides, ont été reconnus identiques avec des espèces encore vulgaires aujourd'hui, fussent-ils conservés depuis dix milleans, ne prouvent absolument rien contre notre maniere de voir ; le temps, c'est ici le cas de le dire, ne fait rien à l'affaire, et ne pro- duit aucun changement dans les races, si les circonstances extérieures restent les mémes. Une plante donnée pourra, pendant des milliers d'années, se repro- duire sans modification aucune, dans le méme terrain et sous le méme climat, €t pourra, si les conditions sont changées, si par exemple elle est soumise à des procédés de culture variés, produire des variétés plus ou moins tranchées dans l'espace de quelques générations seulement, c'est-à-dire (si elle est annuelle) en trois ou quatre années. — Une espèce peut, d'ailleurs, se perpétuer indé- finiment identique par telle série d'individus, et fournir en méme temps, sur d'autres points du globe et par d'autres descendances, les plus nombreuses Variétés, — Le dogme scientifique de l'immutabilité absolue de l’espèce con- duirait à de singuliers résultats; il faudrait admettre des créations primitives distinctes, pour des espèces si voisines qu'on éprouve de la difficulté à les dis- tinguer entre elles. Des géologues ont affirmé qu'aucune des espèces végétales fossiles n’est absolument identique avec l'une des espèces analogues vivantes ; il faudrait donc supposer que des séries d'espèces presque identiques avec celles qui vivent aujourd'hui ont été complétement détruites, et le lendemain du cata- clysme, créées de nouveau de toutes pièces avec des différences insignifiantes. On voit dans quel dédale d'improbabilités nous conduirait ce que nous avons appelé le dogme de l'immutabilité de l'espèce. — Il est nécessaire cependant, pour la commodité, nous dirons méme la possibilité de l'étude, de considé- rer l'espèce, sinon comme immuable dans tous les temps, du moins comme n'étant susceptible d'osciller que dans de faibles limites, pendant la durée de l'époque géologique actuelle; la nomenclature basée sur cette maniere de voir, ne füt-elle pas d'une précision irréprochable, a le très- grand avantage de four- nir une base à nos classifications, et de nous mettre à même de désigner les différents types. — On définit généralement l'espèce : une collection d'indivi- dus ou de couples d'individus semblables qui se reproduisent indéfiniment, 13h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. identiques dans leurs caractères essentiels, par voie de génération, et qui, sous certaines influences, et surtout sous l'influence de la domestication ou de la culture, peuvent fournir des descendants différents (dans certaines limites) du type primordial (les limites de variabilité étant plus ou moins étenilues où res- treintes, selon le groupe auquel l'espèce appartient) ; ces descendants écartés du type (ou variétés) produisant, lorsqu'ils cessent d’être cultivés (lorsque leur tendance naturelle cesse d’être contrariée), de nouveaux descendants qui retour- nent au type primitif. — Mais, de même que les espèces actuelles sont proba- blement des subdivisions, des déviations d'espèces antérieures moins nom- breuses, déviations produites dans des conditions géologiques qui ont cessé d’être; de même, une nouvelle constitution physique résultant de nouvelles perturbations géologiques pourrait donner lieu à de nouveaux écarts dans la reproduction des êtres, c’est-à-dire à la production de formes spécifiques ou génériques nouvelles. VII. Chacune des espèces végétales et animales a-t-eile commencé par la création d'un seul individu (an seul couple), dont la posté- rité se serait répandue de proche en proche; ou chaque espèce a-t-elle commencé par la production spontanée et simultanée d'individus nombreux d'une méme espèce ? — Il nous paraît, d’après les considéra- tions qui précèdent, assez facile de répondre d'une manière satisfaisante à cette importante question. — Pour les naturalistes qui admettent Flimutabilité des espèces, le probléme est presque insoluble; s'ils supposent un couple unique créé primitivement pour chaque espèce, ils reconnaissent que l'absence de protection, les causes de destruction si multiples pour certaines espèces, la lenteur des moyens de propagation pour la plupart, constitueraient de telles difficultés et détermineraient une telle lenteur, que, méme en accumulant les siècles, il serait à peu près impossible de peupler ainsi la terre ; — ils préfèrent généralement supposer une création instantanée et simultanée d'un nombre considérable d'individus semblables, pour chacune des espèces du règne végétal et du règne animal; mais, la production spontanée de tous ces individus sem- blables apparaissant en méme temps dans les diverses contrées du globe res- semble beaucoup plus à un récit légendaire qu'à une page de l'histoire de la nature, tant un pareil prodige serait opposé à ce que nous pouvons connaitre des lois qui gouvernent le monde. — Tout semble au contraire naturel, tout est clair, si l'on admet la mutabilité, la progression et la succession continues, plus ou moins actives, plus ou moins indéfinies, et jamais complétement inter- rompues des espèces, depuis les premiers microzoaires, les premieres algues et les premiers zoophytes du premier océan et des premières plages, jusqu'à l'époque actuelle dominée par l'espéce humaine. — Aux formes simples pri- mitives, analogues à celles que nous voyons se produire spontanément dans les eaux (plus ou moins chargées de substances organiques) et qui pullulaient dans les mers primitives et les premiers lacs, s'ajoutent plus tard, par myriades paa ADDITION A LA SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1868, 135 et à la fois sur tous les points où les circonstances sont favorables, de nouvelles productions ovulaires donnant naissance à de nouveaux types animaux ou végé- taux : les uns éphémères et non reproductibles ayant entièrement disparu sans laisser de iraces, les autres assez complets et pourvus d'une force d'évolution suffisante pour devenir chefs de races; ces productions se multipliant et se développant progressivement par des générations innombrables, les formes pri- mitives s'effacant on s'exagérant au profit du développement de l'organisation typique, et toujours en vertu de la grande loi: Variété dans l'unité : ces formes, par d'innombrables séries de générations successives, étant arrivées à produire, sur les différents points du globe, les organismes les plus multiples et les plus compliqués ; un nombre considérable d'espéces s'étant complétement éteintes dans les grands cataclvsmes géologiques ou météorologiques ; d'autres ayant eu l'heureuse fortune de traverser ces époques difficiles dans quelques contrées épargnées, et nous étant ainsi parvenues, soit par des descendances plus où moins rapprochées des types primordiaux, soit par des descendances méconnaissables en raison dela série de modifications produites dans la suite séculaire des époques géologiques. Vill. Comment expliquer la population végétale et animale des îles éloignées des continents, et les espèces identiques appartenant à deux contrées séparées par l'Océan ? — Nous devons d'abord tenir compte du mode général de la dispersion et de la propagation des êtres organisés à la surface entière du globe, dispersion et propagation qui ont dû se produire des pôles à l'équateur ; la terre n'ayant été susceptible de produire une population organique dans les premiers temps que vers les régions polaires, en raison des températures excessivement élevées des autres zones du globe à ces époques, et cette température n'étant devenue que de proche en proche, et lentement, assez tempérée pour que la production d'espèces animales et végétales fût pos- sible jusqu'au voisinage de l'équateur. — Il y a donc lieu d'apprécier ce qui a dû se passer pour les divers points des diverses latitudes du globe sous l'in- fluence : des climats, d’abord très-chauds puis tempérés et actuellement très- froids, des régions polaires ; des climats, d'abord très-chauds puis aujourd'hui tempérés, des régions moyennes ; et des climats, encore aujourd'hui torrides, de la zone intertropicale. — La succession de populations végétales (et animales), Si diverses pour chacune des contrées du globe terrestre, étant bien comprise, on trouvera que l'explication des solutions de continuité dans les diverses par- ties du tapis végétal de la terre (dont les divers lambeaux peuvent présenter à de grandes distances les mêmes espèces) n'oflre aucune sérieuse difficulté. Les tapis ont été morcelés comme les continents l'ont été eux-mêmes ; et, dans ces déchirements et morcellements, une partie des êtres vivants a. dù périr, mais une partie a pu se conserver. — On remarquera que les espèces aquatiques (soit des eaux salées, soit des eaux douces) ont dù surtout se perpétuer aisément et se trouver dispersées au loin à la faveur même de ces bouleversements; les ex- 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. haussements du bassin des mers et des lacs ayant précipité leurs flots dans des bassins nouveaux, la population terrestre végétale et animale des étendues sub- mergées se trouvait engloutie et détruite, tandis que la population aquatique (quand elle n'était pas détruite par les éruptions sous-marines) pouvait être, en partie, conservée, ne füt-ce que par les spores et les graines. Ces remanie- ments de l'écorce terrestre ayant été très-nombreux, et les continents s'étant trouvés, à plusieurs reprises, partiellement engloutis (ne laissant hors de l'eau que quelques-unes de leurs parties jadis continues, et dès lors séparées par de grandes étendues de mers) ; la surface entière du globe terrestre n'ayant (sur- tout pendant les dernières époques) jamais dû se trouver entièrement recouverte par les eaux; les créations antérieures ayant pu, plus ou moins, se conser- ver sur les points ménagés,— ces points ont constitué çà et là autant de centres de propagation s'étendant plus tard aux continents qui pouvaient s'exhausser autour d'eux. En résumé : la terre s'est peuplée, des póles à l'équateur, de productions d'abord analogues aux productions équatoriales actuelles, et ces productions ont successivement fait place, pour chaque latitude, à des productions propres à des climats moins chauds. Pour le règne végétal, les premières époques n'ont produit que des cryptogames (souvent arborescentes) et des gymnospermes ; plus tard sont venus les palmiers et autres monocotylées ; plus tard encore, les dicotylées ; — et, si nous envisageons les morcellements et les raccords successifs de continents tantôt émergés et tantôt submergés, la séparation et le groupement alternatifs des terres les plus éloignées, — nous cesserons d’être étonnés lorsque nous rencontrerons, au milieu de l'Océan, des iles et des archi- pels peuplés de végétaux analogues à ceux qui, à plusieurs centaines de lieues mais sous la méme latitude, peuplent les continents ; — nous trouverons tout naturel de voir les iles Britanniques continuer la végétation du nord de la France, les plateaux et les sommets qui constituent ces îles ayant précé- demment fait partie de notre continent ; et l'on ne s'étonnera pas davantage de voir les cótesde la Provence, la Corse, la Sardaigne, etc. , nous offrir, à quelques différences près dues à la latitude, la végétation de la côte voisine de l'Afrique et de la Syrie; la Méditerranée et ses annexes n'étant considérées que comme un affaissement assez récent, qui aurait disjoint, sur ce point, nos continents. Quant aux diflérences souvent trés-grandes dans les types organiques qui sont particuliers à des continents différents, par exemple à la population végétale et animale de l'Australie qui semble si spéciale, ces différences ne prouvent rien contre l'idée du développement régulier des êtres organisés sur les divers points du globe. Seulement, certains continents datent d'époques plus ou moins anciennes ou relativement plus ou moins récentes; l'Australie semble être res- tée émergée, partiellement du moins, depuis une époque très-reculée, et elle a conservé (malgré les modifications dues, soit à des changements dans le cli- mat, soit au principe de variabilité des espèces) une grande partie de son antique ADDITION A LA SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1868. 137 population animale et végétale, population qui se trouve aujourd'hui isolée par la destruction d'autres continents voisins qui ont dà à certaines époques conti- nuer l'Australie et la rattacher à des terres précédemment peuplées. — L’ Amé- rique actuelle, au contraire, semble dater d'une époque moins ancienne, et sa population se sera constituée sur place et de proche en proche à une époque de conditions extérieures générales différentes de ce qu'elles étaient lors de l'éta- blissement du monde organique sur le continent de l'Australie ; — mais l'Amé- rique, comme l'Australie, doit probablement, en partie, sa populatiou à sa continuité (à diverses époques) avec les autres continents. — Quant aux iles actuelles, elles ne sont certainement pas toutes des débris de continents sub- mergés ; il en est, évidemment, qui sont le résultat de soulèvements partiels, et qui ont surgi du sein de l'Océan à des époques plus ou moins reculées ou plus ou moins récentes; il en est aussi qui sont dues à l’exhaussement des hauts-fonds, par le travail incessant et l'accroissement des grandes surfaces madréporiques, et qui se sont plus ou moins couvertes de végétation. Ces iles, soulevées du sein de ,l'Océan, ont pu (surtout celles qui sont de dates très- anciennes) être le théâtre de formations spontanées, dans des proportions relatives à ce qui avait lieu pour les continents émergés durant les mêmes périodes ; mais elles se sont sans doute surtout peuplées lentement par les graines apportées accidentellement des terres les moins éloignées, soit par les oiseaux (ou dans leurs déjections, ou attachées à leurs plumes), soit par les flots de l'Océan. IX. Quelles lois la nature semble-t-elle avoir suivies dans la pro- duction successive des êtres organisés? — Les lois où principes qui dominent tous les autres dans l'acte éternel et incessant de la création, sont, nous l'avons dit, Ze principe d'unité dans l'ensemble et le principe de varia- bilité dans les détails, principes mis en jeu dans tous les temps, et sans doute dans tous les mondes, pour la production des espèces et l'évolution de chaque individu. — Mais l'application de ces lois immuables était naturellement subor- donnée aux conditions physiques successives au milieu desquelles le monde organique avait à se développer. — Les premières espèces produites ou créées (animales ou végétales) ont été des espèces vivant dans l'eau, c'est-à-dire, pour le règne végétal, des microphytes et des algues; pour le règne animal : des microzoaires, des zoophytes, des mollusques, puis des articulés crustacés, puis enfin des vertébrés de l'ordre des poissons, —et cela pour deux raisons : 1° les eaux couvraient dans les premiers temps à peu près toute la surface du globe, puisque sa mince écorce solide, en se brisant, ne pouvait donner lieu qu'à de faibles inégalités. 2° Les embryons qui prirent naissance dansles membranes pro- liyères (Pouchet) formées dans ces premières eaux ne pouvaient se développer que dans le milieu qui leur était favorable, les espèces animales ou végétales qui seraient nées avec la tendance ou l'obligation organique de vivre hors de l'eau auraient succombé en naissant ; il est probable, du reste, que celles qui se pro- 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. duisaient étaient douées d'un organisme en harmonie avec les circonstances dans lesquelles elles étaient appelées à se développer, et que très-généralement elles devaient naître viables. — Les premiers continents émergés étaient des plaines basses et marécageuses, entrecoupées de grands lacs ; des pluies torren- tielles et d’effroyables ouragans les inondaient fréquemment, et l'eau y coulait alors en nappe, ravinant ces nouveaux terrains et entraînant à la mer leurs débris (matériaux de futurs continents). Les créations vivantes qui peuplaient les eaux de la mer et des grands lacs pendant l'époque précédente, détruites sur certains points par le feu, avaient ailleurs persisté, s'étaient accrues et mul- tipliées : plus tard s'était développée la population animale amphibie des reptiles, puis quelques oiseaux échassiers. Sous une température analogue au moins à la température actuelle de la zone torride, mais modérée par les brouil- lards et les vapeurs qui s'élevaient constamment des mers, des lacs et des ter- rains inondés, la production végétale et animale était d'une merveilleuse activité : à ce monde chaud et humide, la population végétale des fougères était admi- rablement appropriée ; leurs innombrables espèces s'unissaient aux calamites, puis aux lycopodiacés gigantesques et à de magnifiques cycadées, pour former d'immenses foréts impénétrables, d'une végétation exubérante, et dont nos foréts vierges du Brésil (au point de vue non du pittoresque, mais des masses végé- tales) peuvent à peine donner une idée. Ces foréts primitives durent conserver l'empire du sol et y accumuler leurs débris pendant de longues suites de siècles. — Les plantes des climats tempérés, celles des terrains secs, — ot surtout celles qui furent. destinées à des contrées froides et souvent glaciales, ne pou- vaient naturellement paraitre et prospérer que beaucoup plus tard, sur un sol déjà refroidi et dans une atmosphère moins saturée d'humidité. Les premiers végétaux qui ont peuplé la terre sont donc, après les plantes qui vivent submergées, les plantes des contrées tropicales actuelles (et dont les ana- logues vivaient alors dans les régions polaires, seules habitables encore). — Les plantes des climats tempérés, celles des contrées froides de nos régions polaires actuelles, des hautes montagnes et des glaciers, n'ont pu leur succéder qr''alors que l'écorce du globe terrestre s'était suffisamment refroidie et épaissie, et que s'étaient élevées les hautes chaines de montagnes couronnées de neiges et de glaciers ; — c'est dire pourquoi les végétaux dicotylés n'ont apparu sur la terre que vers la fin de la période secondaire, et n'ont pris toute leur importance, comme nombre de types génériques et d'espèces, que pendant la durée des périodes tertiaire et quaternaire. — Mais comment, à l'époque crétacée, les premiers embryons des végétaux dicotylés ont-ils été formés? Pour ces belles et dernières créations {contemporaines de la production des vertébrés mammi- feres), il n'en a pas coûté davantage à la nature que pour avoir produit dans les premiers âges géologiques les corps reproducteurs des fougères et des Ivcopodiacées, et les premiers embryons des cycadées. Ajoutons que, dans le règne végétal comme dans le règne animal, certaines ADDITION A LA SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1868. 139 productions sont le corollaire de productions antérieures. Les végétaux herbacés (surtout les graminées) devaient paraitre avant les mammifères herbivores (comme les fruits avant les frugivores et les graines avant les oiseaux granivores ; comme les herbivores devaient se multiplier avant que les mammifères carnas- siers fussent appelés à venir les dévorer). — Les parasites, soit animaux, soitvégétaux, pouvaient-ils davantage naître avant le festin préparé? Nous ferons remarquer à ce sujet que si, dans le règne animal, les parasites appartiennent surtout aux ordres inférieurs ; que si, dans le règne végétal, de nombreux parasites appartiennent aux groupes inférieurs de la cryptogamie (œcidinées, urédinées, etc.) et aux rhizanthées (balanophorées, cytinées, rafflésiacées), un certain nombre de plantes parasites appartiennent. cependant aux classes supérieures des végétaux, et ont dû, par conséquent, être produites à peu prés les dernieres. Citons le gui (et autres loranthacées), les cuscutes, les oro- banches et les clandestines. Citons encore les plantes épiphytes (attachées aux écorces des arbres), de fantastiques aroïdées et de nombreuses tribus de la splendide famille des orchidées. — L'homme, appelé à dévorer le règne végétal et le règne animal, devait paraître le dernier ! M. Ad. Drongniart dit : Qu'il a entendu avec intérét la lecture de ce travail, dont il loue la forme, mais il déclare qu'il n'admet aucune des idées qui y sont exposées, à l'excep- tion d'un seul point, celui qui concerne la tendance de quelques botanistes descripteurs à fractionner indéfiniment les formes spécifiques. Les théories de M. Darwin sur la transmutation des formes spécifiques et les idées analogues exposées par M. Germain de Saint-Pierre lai paraissent inadmissib'es et con- traires aux faits observés. Une réfutation demanderait l'examen des articles phrase par phrase, et l'heure avancée ne permet pas de s'engager aujourd'hui dans cette discussion. Les plantes, dit M. Brongniart, ne se modilient pas en changeant de climat; une plante de la zone torride, transportée dans le nord, ou méme dans une zone tempérée, n'éprouve aucune modification. dans sa descendance ; si le climat ne lui convient pas, elle ne se modifie pas, elle meurt. M. Germaiu de Saint-Pierre répond : Que l'objection faite par le savant maitre est certainement une des plus fortes à faire valoir, mais qu'il n’éprouve cependant aucune difficulté a y répondre : rien, dit-il, ne prouve que l'on puisse assimiler l'état. physique du globe terrestre pendant des époques géologiques successives, à l'est physique de ses diverses zones pendant la durée d'une même époque géologique, pen- dant la nôtre par exemple. M. Germain de Saint-Pierre ajoute qu'il ne pré- tend pas que le système de la transmutation des espèces (dans l'état des con- 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. naissances actuelles) soit d'une limpidité parfaite, et surtout que ce système soit absolument démontré dans tous ses détails; il maintient seulement que ce systeme (basé en partie sur l'observation de faits connus, et en partie sur des inductions discutables) est, et de beaucoup, plus conforme aux lois de la na- ture (et présente bien moins d'obscurité) que le systéme de ses contradicteurs, obligés d'admettre, pour les créations successives d'espèces végétales et ani- males (à chacune des époques géologiques qui se sont succédé), une série de prodiges en contradiction avec les lois connues de la nature dans l'évolution des étres organisés. SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASÈGUE, M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 9 avril, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance. M. le Président proclame l’admission de : MM. SPÉNEUX, pharmacien, à Napoléon-Saint-Leu (Seine-et-Oise), présenté par MM. Chatin et de Schœnefeld ; PELLAT, sous-préfet de l'arrondissement de Gannat (Allier), présenté par MM. Laségue et Lecoq; BLANCHE (Emmanuel), directeur du jardin botanique de Rouen, présenté par MM. Brongniart et Clos. M. Duchartre, de la part de M. Robert, offre à la Société un exem- plaire de l'Histoire des plantes de Morison. Il donne ensuite lec- ture d’une lettre par laquelle M. Carl Koch, de Berlin, offre le premier volume de sa Dendrologie d'Europe. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : EFFET DE LA GELÉE SUR LES PLANTES. -- FORMATION DE GLACONS DANS LES TISSUS DES PLANTES, par Mi. Éd. PRILLIEUX (1). Il peut se former de la glace dans l'intérieur des plantes. La dureté des organes gelés qui deviennent rigides et friables et craquent quand on cherche à les plier, peut être déjà considérée comme une preuve suffisante de la for- (1) Cette communication forme le complément de celle que M. Prillieux a faite à la séance du 12 mars (voyez plus haut, p. 91), SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. 141 mation de glace dans les tissus : M. Nægeli en a fourni encore une autre démonstration qui est tout à fait convaincante (Botanische Mittheilungen aus den Sitzungsberichten der K. Bayer. Akad. der Wissenschaften zu Aluen- chen, 9 Febr. 1861). Quand on met de l'eau à 0° et une égale quan- tité de glace de méme température dans une pièce chaude, la première s'échauffe beaucoup plus vite que l'autre, parce que la glace, pour fondre, absorbe une grande quantité de chaleur latente. Or de méme, dans une pièce chaude, les pommes-de-terre non gelées prennent bien plus tót la température environnante que celles qui sont gelées, ce qui ne peut s'expliquer que par ce fait que leur eau était véritablement changée en glace. Ainsi, l'on doit considérer comme démontré que les sucs des plantes peuvent se congeler au moins en partie ; mais on peut se demander encore quelle forme prend la glace qui se produit dans les plantes, dans quelles parties elle se montre; si les substances diverses contenues dans les tissus se congelent toutes ou s'il y en a qui ne se solidifient pas. Toutes ces questions doivent étre réso lues par l'observation directe, mais l'observation directe est difficile souvent et ne peut être faite que dans des conditions assez rares dans notre pays, c'est-à- dire par un froid d'au moins —3° à —4? dans le jour. La douceur exception- nelle du dernier hiver ne m'a pas permis d'étudier ces questions comme je le désirais, néanmoins, j'ai pu constater un fait qui m'a paru particulièrement intéressant, c'est celui de la formation de glaçons, non pas dans les cellules, mais hors d'elles, dans les intervalles qui les séparent les unes des autres. Or je ne crois pas me tromper en disant qu'aujourd'hui c'est une croyance géné- rale que la glace se forme à l'intérieur des cellules. On a bien démontré que les parois des cellules ne sont pas déchirées par la dilatation de la glace que l'on suppose se former dans leur intérieur, mais sans contester pour cela la forma- tion elle-même de petits glacons dans la cavité de chaque cellule. Cela est si vrai que M. Nægeli a établi que la paroi des cellules ne devait être ni fendue ni rompue, parce qu'elle est assez dilatable pour céder sans lésion à l'auginenta- tion de volume que prendrait son contenu en se solidifiant. On admet donc que la glace se forme dans les cellules ; néanmoins je ne crois pas que le fait méme ait jamais été directement observé. Dans les journées de la fin du mois de janvier de cette année, où la tempé- rature s'est maintenue constamment entre —3^ et —5° C., j'ai été frappé de las- pect des feuilles de plusieurs pieds d'Zris germanica qui poussent dans mon jardin. Elles étaient marquées sur les deux faces de taches blanchâtres allongées, alternant avec des bandes irrégulièrement limitées, d'un vert foncé, qui bor- daient les nervures. En cherchant à enlever l'épiderme de ces feuilles, ce qui est facile comme on sait sur les Zris, je mis à nu de grands glaçons, des plaques allongées de glace qui s'étendaient parallèlement à la surface de la feuille dans l'intervalle des nervures. Si l'on asoin de laisser exposés au froid durant quelque temps un rasoir bien 442 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tranchant, des lames de verre et un microscope, on peut aisément faire des coupes transversales des feuilles gelées, puis les observer dehors par un froid de —3" à —h° C. en les plaçant sur une lame de verre refroidie. On voit alors bien nettement qu'il v a au-dessous de l'épiderme des deux faces de grandes lacunes remplies de dépóts de glace assez volumineux pour faire bomber trés- fortement au dehors l'épiderme qui les couvre. Ces sailiies de la surface de la feuille au-dessus des plaques de glace se distinguent sans peine à la vue simple, d'une manière très-frappante, Les lacunes remplies de glace s'étendent d'une nervure à l'autre et sont séparées de l'épiderme par une seule rangée de cellules qui contiennent de la chlorophylle et qui semblent (comme toutes les autres cel - lules de la feuille, du reste) n'être ni gelées ni altérées, Les taches blanchâtres apparaissent d'abord isolées en général vers le milieu de l'intervalle des ner- vures, puis elles gagnent peu à peu à droite et à gauche. Quand la gelée est persistante, les parties vertes qui avoisinent les nervures diminuent de plus en plus et les deux faces deviennent plus uniformément blanchátres ; la couche de glace gagne et tend à envelopper la feuille tout entitre. Hors de ces glacons formant prés de la surface une couche épaisse plus ou moins complète, lc reste de la feuille ne paraît pas contenir de glace; ni les parois, ni le contenu des cellules ne semblent gelés. La constatation directe et certaine de plaques de glace dans l'intérieur de la feuille, mais hors des cellules, m'a paru un fait intéressant; reste à savoir s'il est un cas particulier se rapportant à un phénomène général. Malheureuse- ment le temps m'a manqué pour continuer ces recherches, le froid n'a duré que quelques jours. Néanmoins, j'ai pu m'assurer que la formation à l'intérieur des tissus de glacons trop volumineux pour pouvoir étre coutenus dans les cel- lules, a déjà été observée dans des plantes très-diverses par un excellent obser- vateur, Aubert Du Petit-Thouars, et mentionnée par lui dés 1817 dans un mémoire trop peu connu Sur les effets de la gelée sur les plantes (ce mé- moire est un fragment du Verger français, in-8°, Paris, 1817). Il reconnut l'existence d'aiguilles de glace considérables dans le parenchyme de l'écorce des tiges de Daphné d'abord, puis dans celles de la Vigne, des Sureaux, des Sophoras (loc. cit. p. 18). Dans l Hydrangea arborea, la glace formait méme une couche continue autour du parenchyme cortical (le. eif, p. 19). H observa encore un cylindre continu de glace entre l'écorce et le corps ligneux dans le Staphylea (loc. cit. p. 29), et constata des phénomènes analogues dans divers arbres, tels que le Chomeicerasus, les Érables à feuilles de Frêne et dans diverses plantes vivaces, les Ellébores, les Pivoines, la Fraxinelle. Dans le Tradescantia, les glaçons occupaient l'intérieur méme du parenchyme, dans les Cucurbitacées, le vide qui se trouve au centre (loc. cit. p. At). Ces formationsde glace dans les tiges peuvent atteindre des proportions considérables. Des branches de Bourrache, d'une rigidité remarquable, contenaient des eris- tanx de glace, soit sous leur écorce, soit dansle vide du canal médullaire, en telle SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. 143 abondance que Du Petit-Thouars dit en avoir en peu de temps rempli une assiette. Cette glace mit plus de trois heures à fondre dans une chambre chauffée et produisit tout un verre d'eau un peu trouble (loc. cit. p. ^1). L est probable que beaucoup de faits analogues ont été vus sans être publiés ; ainsi, M. Ch. Martins nous disait il y a quelques jours qu'il avaitobservé maintes fois à Montpellier, sur les feuilles d'Agavé, des couches de glace au-dessous de l'épiderme. Enfin, dansle Traité genéral de Botanique qu'a récemment publié M. Sachs, se trouve encore mentionné un fait tout à fait analogue observé par lui sur un gros pétiole de feuille d'Artichaut où les faisceaux fibro-vasculaires entourés de parenchyme étaient séparés les uns des autres par de nombreux gla- cons (J. Sachs, Lehrbuch der Botanik, 1868). La quantité de glace formée ainsi hors des cellules était assez considérable pour que d'un pétiole pesant 396 grammes, M. Sachs ait pu retirer 99 grammes de glace, c'est-à-dire exac- teinent le quart du poids total. En dehors de ces faits, qui sont probablement fréquents, bien qu'ils aient été peu remarqués, il y en a d'autres analogues qui sont rares, mais qui ont frappé les observateurs par leur singularité. Là, les glaçons au lieu de wat- teindre que de faibles proportions, comme dans les feuilles d'Iris, et de pro- duire seulement une légère saillie de la surface en faisant bomber l'épiderine qui les recouvre, prennent au contraire un très-grand développement, déchi- rent les tissus situés au-dessus d'eux et s'étendeat librement au dehors. C'est ainsi qu’on à vu maintes fois, à l'apparition des premiers froids, à l'automne, les tiges des plantes se couvrir de lames de glace très-volumineuses qui sortaient de l'intérieur à travers des déchirures de l'écorce. Plusieurs observateurs ont étudié et décrit ce curieux phénomène. En Angleterre, l'astronome sir John Herschell (Notice of a remarkable deposition of ice round the decaying stems of vegetables during frost by sir Jobn F.-W. Herschell, in : Zond.-/drib.- Dublin philosophical Mag. and Journ. of sciences, 1833, p. 110-111) observa d'abord sur des tiges de Char- don à demi mortes, puis sur des pieds d'Héliotzope, qui avaient été abandon- nés aux hasards de la saison, des masses volumineuses et friables de glace qui couvraient la partie inférieure des souches et avaient l'aspect de rubans ondu- lés. IL remarqua que ces lames de glace étaient de nature fibreuse et que la direction des fibres de glace qui les composaient était perpendiculaire à la tige, c’est-à-dire horizontale. Elles semblaient sortir au travers des crevasses de la lige; on eùt pu croire, dit-il, qu'elles avaient été repoussées à l'état à demi liquide de l'intérieur de la tige ; mais en y regardant avec soin, on voyait qu'elles s’arrêtaient brusquement à la surface du bois, à laquelle elles n'adhéraient même que faiblement; elles n'avaient aucune connexion avec une autre masse inté- rieure de glace; elles se produisaieñt entre le bois et l'écorce, déchivaient et détachaient cette derniere en se développant, Herschell a joint, à la description i Ahh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de ce singulier phénomene, de jolies figures finement gravées qui en donnent une idée trés-nette. En France, F. Dunal observa en février 1848 (Des effets de la gelée sur les plantes, par Félix Dunal, in Mémoires de l’Académie de Montpellier (section des sciences), tome I, p. 153 et suiv., 1848,), des lames de glace offrant une disposition tout à fait pareille sur deux Labiées vivant dans le Jardin-des-plautes de Montpellier, le Sa/via pulchella DC. du Mexique et le Plectranthus rugosus Wall. de l'Inde occidentale. Vers la partie supérieure des tiges de Plectranthus rugosus et dans une étendue d'environ 2 pouces, on vovait sortir de l'aubier, entre les divisions de l'écorce qui s'était fendue en quatre lanières, quatre lames de glace minces et striées qui paraissaient naître des quatre angles de la tige et qui étaient recourbées à leurs bords extérieurs, de sorte que de loin ces lames paraissaient chargées de coques soyeuses de quelque insecte. Sur les tiges de Salvia pulchella, les lames de glace striées étaient beaucoup plus nombreuses, mais sortaient de même de la tige à travers l'écorce déchirée en lanières et offraient la méme disposition et la méme struc- ture. Dunal joint à son mémoire des figures qui représentent très-clairement l'aspect général de ces formations. Selon l'affirmation du jardinier en chef rap- portée par Dunal, ces mémes phénoménes se reproduisent tous les ans à Montpellier sur les mêmes espèces. En effet, M. Ch. Martins nous disait, il y a peu de jours, avoir vu, lui aussi et maintes fois dans ce méme Jardin-des-plantes de Montpellier, de semblables lames de glace sur les tiges de diverses plantes. En Amérique, des formations de glace tout à fait semblables avaient déjà été signalées antérieurement dans la Caroline et la Géorgie par St. Elliot (Sketch of Botany of South Carolina and Georgia, Charleston, 1824, II, 322) sur une plante qui y croit spontanément dans les endroits marécageux, le Pluchea A ons DC. (Conyza L.); et J. Torrey (A Flora of the State of New-York, I, 77) avait signalé l Helianthemum canadense comme 'offrant de semblables productions de glace; mais c'est à John Le Conte, professeur de physique et de chimie à l'université de Géorgie, dans les États-Unis, que l'on doit une étude attentive et complète des phénomènes qu'il a observés en novembre et décembre 1848, en Géorgie, sur le Pluchea bifrons et le Pluchea camphorata (John Le Conte, Observations on a remarkable exudation of ice from the stems of vegetables, etc. during frosty weather, in Lond. - Edinb.- Dubl. Philosoph. Magazine and Journal of Sciences, mai 1850, pp. 329-342). Les lames de glace que portaient ces tiges dépassaient parfois une longueur de 5 pouces ; du reste, le point de la tige d'où elles sortent, leur peu d'adhérence au bois, leur nature fibreuse, et en général toutes les particularités décrites et figurées par Herschell, ont été observées par lui sur ces autres exemples. En Allemagne, M. Caspary fit encore sur ce sujet de nouvelles observations qui portèrent sur un plus grand nombre de plantes (Rob. Caspary, Auffallende Eisbildung auf Pflanzen ; in Bot. Zeitg, 1854, pp. 665 ct suiv.). A l'appa- SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. 1^5 rition des premiers froids, les tiges de divers végétaux exotiques cultivés en pleine terre dans le Jardin de Scheeneberg près Berlin, et encore en pleine végétation, se montrérent couvertes le matin de glacons, qui tantót formaient une couche compacte de 1 1/2 à 4 millimètres d'épaisseur, composée de fibres de glace serrées les unes contre les autres, que l'on voyait seulementà travers les crevasses de l'écorce (dans le Lantana aauleata et le Tagetes bonariensis par exemple); tantót se présentaient sous l'aspect de lames verticales, longues souvent de plus d'un décimètre, larges de plus d'un centimètre et del'épaisseur d'un fort papier. Sur des tiges de 50 à 60 millimètres, on voyait souvent une trentaine de ces lames rayonner de la surface du corps ligneux, en emportant des lambeaux de l'écorce et du cambium détachés et fendus. Ces lames de glace sont striées et frangées sur le bord et peuvent être encore regardées comme formées par l'union de fibres de glace perpendiculaires à la surface du bois. Au nombre des plantes présentant ces lames de glace, M. Caspary cite plusieurs Cuphea, Y Heliotropium peruvianum, où elles avaient déjà été observées par Herschell, le Calceolaria perfoliata, etc. Toutes ces plantes avaient été saisies par le froid dans toute l'activité de leur végétation, tandis qu'elles portaient non- seulement des feuilles mais méme des fleurs. Les glacons en masse ou en lames ne se montrérent jamais qu'une fois sur la méme plante, et pas une ne survécut. L'examen anatomique des tissus gelés montra à M. Caspary que l'altération portait sur le parenchyme qui avoisinait le corps ligneux ; les cellules y étaient molles et flasques comme celles d'un tissu cuit; mais il n'a pas été possible de reconnaitre si la séparation de l'écorce et du bois ou celle de la moelle et du bois avait été produite par le déchirement et la destruction des cellules, ou si les cellules étaient seulement dissociées et séparées les unes des autres. Un autre fait, fort curieux, et qui est analogue aux précédents en ce qu'il fournit comme eux, encore, un exemple de formation de glaçons dans les tissus des plantes, en dehors des cellules, a été observé par M. H. de Mohl. Se trouvant à la campagne, à l'automne, à l'époque de la chute des feuilles, il fut frappé de voir, un matin, à la premiere gelée, des arbres encore couverts de feuilles la veille, s'en dépouiller tout à coup. Les feuilles couvraient déjà la terre peu après l'heure du lever du soleil et tombaient incessamment sans le moindre souffle de vent. En cherchant à se rendre compte de ce phénomène, il constata que le froid avait été assez fort pour produire des glaçons à la sur- face des cicatrices des feuilles. Cela était surtout frappant sur des Paulownia, où chaque cicatrice fraiche de feuille était couverte d'une croûte de glace d'au moins une demi-ligne 'épaisseur que l'on pouvait enlever en un glacon à l'aide d'une aiguille. Cette glace avait pris naissance non pas sur la cicatrice, après la chute de la feuille, mais bien à l'intérieur du tissu ; en effet, dans les feuilles qui tenaient encore à la branche, on voyait la lame de glace dans la couche de sépa- ration de la feuille, et par conséquent, à l'intérieur du tissu comme dans les cas rapportés ci-dessus. T. XVI. (SÉANCES) 10 449 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A peine Herschell eut-il découvert la formation des lames de glace sur les tiges de Chardon et d'Héliotrope, qu'on signala la production de pareils phé- nomènes hors des végétaux. Le professeur Rigaud, d'Oxford (Zond.-Edinb. - Dubl. Philosoph. Mag. and Journ. of Sciences, 4833, p. 190), annonça qu'il avait observé des lames de glace semblables sur un mur de pierres nouvelle- ment construit. Le Conte fut de méme frappé de l'analogie qu'il y a entre les productions de glace qui se forment dans les plantes et celles qui se montrent dans certaines conditions à la surface du sol. Il vit plusieurs fois, durant les hivers de 1848 à 1849 et de 1849 à 1850, après une pluie chaude suivie d'un temps de gelée, par des nuits froides et dans des conditions favorables à la radiation, la terre se couvrir de nombreuses fibres de glace formant par leur agglomération des colonnes qui se levaient à angle droit de la surface du sol. Parfois ces fibres de glace étaient séparables, d'autre fois elles étaient intimement soudées entre elles. Elles semblaient, dit Le Conte, avoir été exprimées à l'état semi-fluide d'innombrables pores capil- laires du sol. M. Caspary vit une fois, dans l'hiver de 1852-1853, sur le bord d'un fossé, de semblables masses fibro-compactes de glace, mais il n'en put pas faire une étude suffisante et n'en rencontra plus depuis. Dans son opinion, toutefois, il n'y aurait pas de rapprochement à faire entre ces productions de glace et celles qui se montrent sur les tiges des plantes. M. de Mohl a rapporté aussi un fait analogue qu'il a observé trés-attentive- ment dans la Forét- Noire, mais il en a jugé autrement. Le phénomène se pro- duisait toujours dans les conditions déjà observées par Le Conte. Aprés une pluie, le temps s'était éclairci, le vent avait tourné au nord, était devenu froid, et la gelée s'était produite; dans les places inclinées et dégarnies de végétation, on voyait de trés-nombreuses colonnes de glace formées de fibres de glace, en partie agglomérées et gelées toutes ensemble, en partie isolées et situées seu- lement les unes auprès des autres, et variant de taille depuis la grosseur d'une aiguille à coudre jusqu'à celle d'une plume de corbeau. Au moment de la for- mation de cette glace, la surface du sol avait commencé à geler et formait une croüte qui avait été soulevée par les colonnes de glace qui, par leur partie infé- rieure, reposaient sur le sol nou gelé. M. de Mohl fui frappé de l’analogie d'as- pect de ces petites colonnes se dressant régulièrement du sol avec les disques de glace reposant sur les cicatrices de feuille des Poulownia, ete., comme Le Conte avait été frappé de l'analogie de productions semblables avec les lames fibreuses de glace qui rayonnaient du pourtour des tiges de Pluchea. Ces productions de glace à la surface du sol ne se montrent que dans des conditions rares et exceptionnelles que l'on n'est pas maitre de reproduire pour étudier le phénomène ; mais M. Sachs a montré (Krystallbildungen bei dem Gefrieren, etc., in Berichte ueber die Verhandl. der K. Sechs. Gesellsch. SÉANCE DU 23 AVRIL 1869, 147 der Wissensch. zu Leipzig (Mathematisch-Physische Classe), XU, febr. 4860) que l'on peut faire, à volonté, apparaitre de semblables cristaux de glace en exposant à la gelée du tissu cellulaire succulent, comme est un morceau de racine de betterave ou de fruit de courge, en ayant la précaution de le tenir dans un espace resserré pour empécher une trop grande évaporation. On voit, dans ces conditions, le tissu charnu se couvrir d'un revétement de fibres de glace perpendiculaires à la surface et juxtaposées de facon à former une croüte compacte qui, grâce à cette structure, présente un aspect velouté. J'ai maintes fois répété cette expérience et j'ai pu m'assurer de l'exactitude des observations de M. Sachs. Examinées au microscope, les fibres de glace rappellent trés-bien l'aspect de petites colonnes de basalte ; chacune contient dans son intérieur et d'ordinaire à peu près dans son axe, une file de petites bulles d'air très-régu- liérement espacées et qui ressemblent à un très-délicat collier de perles. M. Sachs a observé de semblables productions de glace non-seulement sur des courges.et des betteraves, mais sur des carottes, des raves, des pétioles de betterave et de chou-vert. La formation de ces aiguilles de glace cesse quand les parties des plantes d'oü elles naissent sont exposées à un froid tel qu'elles se congèlent entièrement en masse solide. C'est quand la gelée commence à agir sur le tissu gorgé de suc que les glacons se forment, c'est-à-dire, en réa- lité, dans des conditions semblables à celles dans lesquelles les observateurs ont vu se produire des colonnes et des lames de glace, soit sur le sol, soit sur les tiges des plantes. Voyons maintenant quelles explications on a proposé de donner de ces pro- ductions. Herschell, sans découvrir la cause du phénoméne, a bien reconnu, du moins, que la glace qu'il a observée sur les tiges n'était pas due à un dépôt extérieur analogue à la gelée blanche. Remarquant que quand les lames de glace se montrent sur les plantes, la terre n'est pas gelée et qu'elle est. relativement chaude et humide, il attribua à la plante un róle analogue à celui d'une « sorte de cheminée par où se dégagerait la vapeur du sol » (oc. cit., p. 167). Selon Dunal, les lames de glace qu'il a observées sur les tiges de P/ectran- thus et de Salvia sont dues à la cristallisation d'exsudations qui se produisent successivement après que le froid, en occasionnant la contraction des tissus ligneux et corticaux, a opéré la séparation de l'écorce et sa division en lanières; mais il Wa proposé aucune explication touchant la cause de ces exsudations et le pro- cédé suivant lequel elles sont produites. Le Conte admit sans hésiter l'identité des lames de glace des Pluchea et des Colonnes de glace qu'il observa sur le sol. Selon lui, c'est dans l'un et l'autre cas un phénomène purement physique, et voici ce qui se passe : quand la terre relativement chaude et conduisant mal la chaleur est exposée au froid, la couche Superficielle seule se refroidit assez pour se congeler. La glace se forme dans l'extrémité des canaux capillaires du sol, et, par sa dilatation, les élargit un peu 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et leur fait prendre la forme de cônes creux. Quand toute l’eau contenue dans ces dilatations coniques des capillaires du sol se solidifie rapidement, elle exerce contre les parois une pression assez forte pour pousser en avant une colonne fibriforme de glace dans le sens de la moindre pression, c'est-à-dire perpendiculairement à la surface. La glace, expulsée par suite de sa dilatation de l'extrémité des canaux capillaires, ceux-ci se trouvent vides et se remplis- sent d'eau relativement chaude, qui monte de bas en haut en vertu de la capil- larité. Cette eau gèle à son tour et forme un nouveau glaçon qui est expulsé aussi à son tour et continue à élever la colonne de glace. La supposition de la formation de glace dans des canaux capillaires à une température peu inférieure à 0°, sur laquelle repose toute l'explication de Le Conte, me paraît peu d'accord avec le fait constaté par les physiciens, que l'attraction moléculaire des parois des canaux capillaires met obstacle à la congélation, et que, dans des espaces très-étroits, l'eau peut sans se prendre en glace atteindre une température trés-basse. En outre, les colonnes de glace semblent beaucoup trop grosses pour correspondre aux canaux capillaires du sol, et surtout aux petits espaces intercellulaires des végétaux oü elles seraient censées se former. M. Caspary n'a pas admis d'analogie entre ce qui se passe dans le sol et ce qui se produit dans les plantes, chez lesquelles le phénomène n'est pas à son avis purement physique. Il admet que pendant la gelée, l'ascension de la séve est excessivement abondante dans les plantes qui produisent des lames ou des enveloppes de glace ; que le liquide qui se solidifie sous cette forme n'était pas dans la plante au commencement de la congélation, qu'il monte par les vais- seaux dont il traverse les parois, et qu'alors il se congèle et se prend, tantôt en une lame de glace vis-à-vis de chaque groupe de vaisseaux, quand il se solidifie au voisinage méme des vaisseaux, tantót en un revétement de glace, s'il se répand avant de se solidifier dans tout le tissu situé au-dessus du corps ligneux. Toute l'explication proposée par M. Caspary repose donc sur la supposition de l’ascension surabondante de la séve pendant la gelée, supposition qui non- seulement n'est pas prouvée, mais qui me parait au contraire en désaccord avec ce que l'on sait de l'effet de l'abaissement de la température sur l'absorption et la circulation des liquides à l'intérieur des plantes. L'explication que donne M. de Mohl de la formation des glacons, soit sur le sol, soit à la base des feuilles, n'est pas très-éloignée de celle de Le Conte : l'eau se prend en glace à l'orifice des petits espaces capillaires qui traversent le sol, et dès lors il se produit un suintement (très-faible, mais continu) de liquide qui sert à former incessamment de nouvelles assises de glace àla base des aiguilles; de méme pour les disques de glace des cicatrices de feuilles, ils sont dus aussi a la formation successive de minces couches de glace à la limite de tissus imbi- bés de sucs aqueux et non gelés eux-mémes. Quant à la lente exsudation du SÉANCE DU 23 AVRIL 1869, 149 suc à travers les cellules, M. de Mohl pense qu'on peut bien l'attribuer à la contraction produite par le froid sur les tissus de la tige. M. Sachs a repris cette explication de M. de Mohl et l'a modifiée en lui don- nant plus de développements et de précision. Quand une tranche de betterave gèle lentement et à l'abri d'une évaporation trop considérable, des aiguilles de glace se forment à mesure que le liquide sort des tissus pour aller se congeler à la surface. Doit-on admettre, avec M. H. de Mohl, que cette exsudation est produite par une contraction du tissu? M. Sachs ne le pense pas. Il a mesuré des morceaux de betterave et d'autres tissus gelés et non gelés sans observer de changement notable de volume (1). Il est un fait trés-important qu'a signalé M. Sachs, c'est qu'un corps imbibé d'eau, n'en contient pas seulement dans ses pores, mais qu'il est aussi recouvert d'une couche liquide. Il en a montré comme preuve la facon dont se comporte un corps imbibé d'eau par rapport à une couche de résine ou de vernis. Que l'on couvre une membrane perméable, comme l'est un morceau de vessie, d'une couche de vernis de bitume, cette couche adhere très-fortement à la surface de la membrane sèche ; mais qu'on mette cette mem- brane au contact de l'eau, méme seulement par une de ses extrémités, elle s'en imbibe dans toutes ses parties et la couche de vernis cesse d'étre adhérente, elle se détache par plaques : c'est qu'entre la membrane et la couche de vernis s’est étendue une mince couche liquide qui a détruit l'adhérence. Ainsi, il est établi que toutes les surfaces libres des parois des cellules sont constamment recouvertes d'une couche adhérente et trés-mince d'eau. Sous l'action du froid, c'est cette faible couche superficielle d'eau qui, selon M. Sachs, gèle, se solidifie et se comporte alors comme la couche sèche de vernis, c'est- à-dire qu'au-dessous d'elle il se produit aussitót une nouvelle couche d'eau. Celle-ci gèle à son tour et ainsi de suite tant que la membrane est imbibée et n'est pas gelée elle-méme. Je crois que cette explication est voisine de la vérité, néanmoins je ne pense pas qu'il soit possible de l'admettre entièrement et telle qu'elle est pré- sentée. On sait, et j'ai déjà eu occasion de rappeler plusieurs fois ce fait qui me semble d'une importance considérable, que toutes les conditions qui retiennent les molécules dans leur position et génent leur mobilité retardent également leur changement d'état, leur solidification par le froid, leur congélation (V.-A. Mousson, Einige Thatsachen betreffend das Schmelzen und Gefrieren des Wassers, in Poggendorf's Annalen der Physik und Chemie, CV, n°10, 1858). (1) On ne peut pas non plus attribuer l'exsudation du liquide à une dilatation de l'eau contenue dans les cellules entre +- 4? et 0°. Car cette dilatation est beaucoup trop faible pour étre la cause qui permet d'expliquer la formation d'une épaisse couche de glace. En outre, la glace se forme méme sur des tissus qui ont déjà perdu de l'eau par évaporation et où par conséquent les cellules ne doivent pas être turgescentes. 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'attraction exercée sur les molécules d'eau par les molécules solides des parois des espaces capillaires qu'elle mouille met obstacle aux mouvements molécu- taires qui doivent se produire pour que le liquide se prenne en glace. Aussi, l'eau supporte-t-elle sans se congeler un froid d'autant. plus vif qu'elle est con- t enue dans des espaces plus étroits. Même en communication avec de la glace, l'eau contenue dans des tubes capillaires de 0"7,20 demeurait liquide à une température de — 7° C. dans les expériences de M. Mousson. Il est difficile d'aprés cela d'admettre, avec M. Sachs, que la trés-mince couche d'eau que l'attraction moléculaire retient adhérente à la surface des cellules puisse prendre en glace à une température peu inférieure à 0^. Comment donc imaginer que les choses ont pu se passer dans les cas nombreux que nous avons rap- portés où des glaçons se sont formés dans les plantes? Comment est-il possible de se figurer l'action que doit exercer le froid sur ane cellule ? Nous devons d'abord admettre, en nous fondant sur les expériences de M. Mousson, que l'eau d'imbibition ne saurait geler, du moins à des tempéra- tures modérément basses, dans les pores invisibles des membranes cellulaires. Mais quelle sera l'action du froid sur les substances contenues dans l'intérieur des cellules, c'est-à-dire non-seulement sur des solutions salines, mais sur des matières telles que le protoplasma, la masse vivante de la cellule, qui, sans se dissoudre, s'imbibent d'une quantité considérable d'eau? Pour ce qui est des solutions salines, on sait qu'en se congelant elles se séparent en eau à peu prés pure, qui se prend en glace et en une solution saline plus concentrée, dont le point de congélation est plus bas. (Voy. Ruedorff, Ueber das Gefrieren des Wassers aus Salzlesungen, in Poggendorf's Annal. der Physik und Che- mie, CXIV (série IV, 24), p. 63.) Dans les substances organiques qui ne se dissolvent pas, mais dans lesquelles l'eau s'imbibe souvent en quantité considérable, il se passe encore quelque chose d’analogue ; méme quand l'eau que ces substances contiennent est si bien fixée qu'elle semble avoir complétement disparu dans leur profondeur et fait corps avec elles, on la voit sous l'action du froid abandonner la matière dans laquelle elle s'était imbibée, pour venir cristalliser à part et se montrer aux veux sous forme de glacons. J'en ai fait l'expérience d'une facon qui m'a paru très-frappante et trés-in- structive. J'ai mis un œuf dur dépouillé de sa coquille dans une soucoupe, sous un couverc.e de verre, au milieu d'un mélange réfrigérant formé de neige et de sel, c'est-à-dire dans des conditions dans lesquelles j'avais plusieurs fois répété les expériences de M. Sachs, sur la formation de cristaux de glace à la surface de morceaux de betterave. Bientôt, j'ai vu l'œuf dur se couvrir lui aussi d'une couche de glace. En en faisant une coupe, on voyait que la glace ne s'était pas formée seulement à l'extérieur du blanc, mais encore entre le blanc et de mme et dans le blanc Ini-même, Il y avait deux couches complètes de SÉANCE DU 23 AVRIL 1869, 151 glace d'environ un millimètre d'épaisseur ou un peu plus, l'une sur la surface extérieure du blanc de l'œuf, l'autre à l'intérieur à la limite du blanc et du jaune : en outre, le blanc d'œuf était séparé en feuillets et les couches de blanc alternaient avec des assises de glacons formées de plaques de glace d'environ un millimètre d'épaisseur au milieu, plus minces vers les bords et de grandeur assez variable. La structure de ces glaçons et des croütes de glace était absolument la même que celle qui a été maintes fois observée sur les végétaux : ils étaient formés de petites colonnes de glace, perpendiculaires à la surface et aux feuillets du blanc d'œuf, et contenaient dans leur intérieur des files de petites bulles d'air, exactement comme la couche de glace qui, dans des conditions identiques, se forme sur les morceaux de racine de betterave, Quant au blanc d'œuf lui- méme, il reste souple, il n'est devenu ni dur ni cassant, il n'est pas gelé. I! ressort de cette expérience, que quand la température s'est abaissée, l’eau, primitivement adhérente aux molécules du blanc d'œuf coagulé, a échappé aux forces qui la tenaient fixée et qu'elle s'est écoulée vers les points où elle a été se prendre en glacons. Il me semble que ce qui se passe dans les feuilles d'Iris et dans les cas nom- breux déjà que j'ai rapportés plus haut, où des glacons se forment dans les plantes, peut être regardé comme tout à fait analogue : sous l'influence. de l'abaissement de la température, les cellules abandonnent une partie de leur eau, qui s'écoule sous forme de liquide et va se prendre en glace hors de la portée de l'attraction capillaire. Mais comment expliquer cet abandon d'une partie del'eau d'imbibition des substances organiques, cette sorte d'exsudation comparable à celle que consta- taient MM. Dunal, H. de Mohl et Sachs, dans les plantes, par suite de l'abais- sement de la température ? On peut se figurer que l'eau d'imbibition d'un corps tel que le blanc d'œuf dur, par exemple, forme, autour de chaque molécule d'albumine coagulée, une sorte d'enveloppe liquide, qui est retenue auprès de la molécule solide par une force d'attraction d'autant plus grande qu'elle agit à une plus faible dis- lance. Cette enveloppe liquide a une certaine épaisseur qui dépend de causes diverses, telles que l'affinité du liquide pour le solide, la cohésion du solide et celle du liquide méme. Mais ce n'est pas tout : la quantité de liquide que le corps solide peut fixer autour de ses molécules quaud il s'en imbibe, varie aussi, non- seulement selon sa nature et celle du liquide qui la pénètre, mais encore selon la température. (Voy. Ludwig, Lehrbuch der Physiologie des Menschen, vol. 1, p. 51 et suiv.) Que la température s'abaisse rapidement et qu'avec elle Le pou- voir d'imbibition du blanc d'œuf ou, ei d'autres termes, la force qui tient Ja couche d'eau fixée autour de chaque molécule de blanc d'œuf diminue, les molécules de l'enveloppe d'eau les plus éloignées du contact des molécules solides cesseront d’être retenues, elles seront mises en liberté et pourront s'écou- 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ler en dehors des intervalles qui séparent les molécules dans des espaces plus grands, soit entre les couches du blanc d'œuf qui ont été déposées successive- ment, soit à l'extérieur où elles gèlent librement au delà de la portée de lat- traction capillaire. Ainsi s'expliquerait l'apparition dans les plantes, vers le moment de la congélation, de cette grande quantité de liquide disponible qui vient se prendre en glace dans les places où la congélation peut se produire librement : une fois solidifiée, chaque parcelle de glace exerce une nouvelle action capillaire; elleattire de proche en proche le liquide qui se trouvait au milieu des espaces intermoléculaires à l'état coulant et libre d'adhérence intime avec les parois, et qui vient successivement se congeler et grossir la masse de - glace déjà formée. - Quoi qu'il en soit de cette explication, ce que l'expérience démontre, c'est que, sous l'influence du froid, l'eau précédemment contenue dans les cellules vase prendre en glace dans certains points hors des cellules, en se séparant du reste du contenu de celles-ci, qui se concentrede plus en plus sans se congeler. A mesure que le contenu de la cellule diminue ainsi de volume en perdant de l'eau qui va se solidifier en glacons dans certains méats intercellulaires, la membrane cellulaire doit aussi se contracter, et ainsi s'explique la diminution de taille observée sur des organes gelés malgré l'augmentation de volume que doit prendre le liquide en se congelant. Ce phénomène a été très-clairement con- staté par Du Petit-Thouars (loc. cit. p. 18) sur des Daphnés, dont la tige se contractait en se gelant, au point que l'écorce se ridait, puis se gonflait de nou- veau quand le soleil paraissait et que la glace contenue dans la tige fondait. M. Hoffmann est arrivé aussi à constater une diminution de volume des tissus gelés (Herm. Hoffmann, Witterung und Wachsthum oder Grundzuege der Pflanzenklimatologie, 1857, p. 327-329), ainsi que M. Sachs qui, dans le supplément de son mémoire sur la gelée, a fait de la contraction des parties - succulentes des plantes par la congélation une étude spéciale. M. de Schenefeld donne lecture d'une lettre de M. Hervier-Das- son, accompagnant l'envoi d'échantillons du Crocus cristensis récol- tés à Crest par le R. P. Eugéne (1). M. le Président donne lecture de la lettre suivante qui lui a été adressée par M. Loret : LETTRE DE M. Henri LORET SUR LA CONFUSION FAITE ENTRE LE NARCISSUS BIFLORUS ET LE N. POETICO-TAZETTA. Montpellier, 18 avril 1869. Aprés avoir décrit (F7. de Fr. t. TIT, p. 256) le Narcissus biflorus Curt., (1) Voyez le Bulletin, t. XV (Séances), p. 191. SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. 153 M. Grenier transcrit dans une intéressante observation un passage d'une lettre de M. Hénon, relative à quelques Narcisses qui croissent à Montpellier. D'aprés cette lettre, on rencontrerait dansle méme pré, à Lattes prés Montpel- lier, les V. poéticus, N. angustifolius, N. biflorus, N. Tazetta, et un grand nombre de formes intermédiaires. On y trouverait tous les passages du JV. poé- ticus au N. T'azetta, en passant par le JV. biflorus, sans ligne de démarcation appréciable. Cette assertion, produite devant Delile et Dunal, fut d'abord vivemeut repoussée par eux; mais, ajoute l'auteur de la lettre, vérification faite sur place avec M. Delile, il fut reconnu que le fait était hors de doute. ` L'opinion que je viens de citer m'a paru la conséquence naturelle d'un exa- men superficiel, et le plus habile botaniste qui ne verra les choses qu'en pas- sant, les appréciera de cette maniére, s'il ne s'attache point à l'idée, seule vraie selon moi, que l'hybridité, facile à constater ici, explique seule d'une maniere satisfaisante toutes les difficultés. J'ai l'honneur de vous adresser, monsieur le Président, la plante qu'on a prise ici pour le N. biflorus Curt., et qui n'est pour moi que le produit du N. Tazetta, fécondé par le JV. poëticus, c'est-à-dire le N. poëtico-Tazetta. Cette. plante étant desséchée offre, au premier aspect, avec le N. biflorus, certains rapports propres à induire en erreur ; mais l'illusion cesse lorsqu'on prend le temps de voir en détail ce qui se passe sur place dans les prairies de Lattes et de Saint-Brés, où abondent les deux parents. Le /V. Tazetta, plus précoce de quinze jours que le N. poëticus, est presque partout défleuri au moment où son congénère s'ouvre à ses côtés. Le pollen de quelques V. Ta- zetta tardifs peut néanmoins féconder encore quelques fleurs précoces du N. poéticus ; aussi trouve-t-on, quoique rarement, du JV. Tazetto-poëticus. Le N. poëtico-T'azetta est au contraire assez commun, car les stigmates du N. Tazetta sont encore aptes à recevoir efficacement le pollen du N. poëticus lorsque celui-ci s'épanouit. Ce dernier hvbride qui, par lesorganes de végétation, le bulbe assez gros, les feuilles assez larges, ressemble davantage au JV. Ta- zetta, se rapproche au contraire beaucoup plus du père, le N. poëticus, par les organes reproducteurs. La couronne, déformée par la pression dans la plante desséchée, est intermédiaire entre la coupe évasée et crénelée du JV. poëticus et la couronne serrée et entière à son orifice du JV. Tazetfa. La bordure écar- late de la couronne qui distingue si bien le JV. poëticus est comme fondue dans l'hybride avec le jaune du reste de la couronne et lui communique souvent une nuance d'un jaune rougeâtre. Les fleurs, plus grandes et moins nombreuses que celles du JV. Z'azetto-poéticus, sont au nombre de 4 à 3, mais le plus souvent de 2, et c'est alors le faux JV. biflorus de nos herbiers de Montpellier, trés-distinct, selon M. Hénon lui-même (/oc. cit.), des N. biflorus de l'Écosse et de l'ouest de la France. Cela se conçoit facilement, car il s'agit d'une tout autre plante, et le doute n'est pas possible lorsqu'on la confronte vivante avec le vrai V. biflorus, qui en diffère notablement par la forme et la couleur. Sou- 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vent ici, les N. Tazetta et JV. poéticus croissent par groupes isolés dans la même prairie. On trouve alors le JV. poético- Tazet/a au pied de la plante-mère sur laquelle les insectes ont apporté le pollen du W. poëticus, et la position respective de toutes ces formes confirme l'idée suggérée déjà suffisamment par leurs caractères, relativement au rôle des parents. Ce qui achève de mettre ici hors de cause le vrai N. biflorus, c'est que la forme qu'on prenait pour telle est toujours représentée par quelques individus dans les prairies où sont réu- nis les JV. poéricus et N. Tazetta, et ne se rencontre jamais dans celles où l'on ne trouve qu'une de ces deux derniéres espéces. M. Grenier, renseigné sur ces plantes par M. Godron, alors recteur à Mont- pellier, ne mentionne, en fait d'hybrides, dans les prairies de Lattes, que le N. Tazetto-poéticus, moins commun cependant que l'hybride inverse, notre N. poético- Tazetta; mais il a eu l'heureuse idée de ne point inscrire Mont- pellier au nombre des localités du JV. biflorus. Le N. poético-Tazetta, com- muniqué par nous à ce savant botaniste, a été accepté par lui sans hésitation. M. Grenier nous a appris aussi que c'est à cette plante qu'il faut rapporter la localité de Montpellier, citée dans la Flore de France pour le N. incompara- bilis qui ne se trouve, en effet, nulle part chez nous à l'état sauvage. Je dois clore ici, monsieur le Président, cette lettre déjà longue ; mais peut- être pourrai-je adresser un jour à la Société une notice plus détaillée sur les diverses formes de Narcisses qui offrent, chaque année, dans nos prairies, un spectacle curieux pour les botanistes. M. Pérard fait à la Société la communication suivante : NOTICE SUR LA FLORE DE L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUCON (ALLIER), pr M. Alexandre PÉRARD. Ancien éléve du lycée de Moulins, j'ai habité pendant longtemps cette an- tique cité du Bourbonnais. A cette époque d'étude, féconde en amitiés sin- ceres et pleine de souvenirs qui ne s'effacent jamais, nous avons fait souvent, en petit comité, des excursions géologiques dirigées surtout vers la partie ouest du département. Cette contrée est en effet la plus favorable à la connaissance de cette branche de l'histoire naturelle que l'on nomme Géologie, car les ter- rains granitiques y sont largement représentés, et c'est là que se sont accumu- lés presque tous les bassins houillers du département, vastes champs d'explo- ration, surtout au point de vue des débris organiques. Dans le voisinage des puits d'exploitation, à Novant, Fins, Commentry, Dovet, nous avons recueilli, en assez grand nombre, des empreintes de végé- taux fossiles que l’on peut classer généralement parmi les Cryptogames acro- genes. Du côté de Montlucon, nous trouvions les gneiss et micaschistes des terrains schisteux cristallins, les granites d'origine ignée, ainsi que les grès et SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. 455 le calcaire de la formation lacustre de la vallée du Cher et de l'Aumance. Dans la forêt de Troncais prés Cérilly, se présentaient en abondance les marnes irisées du trias, et enfin à Ainay-le-Château, au Veurdre et à Lurcy-Lévy, la limite du terrain jurassique comprenant un lambeau de calcaire du lias. Ces excursions, au point de vue botanique, offrent le plus grand intérét, car l'étude de la nature du sol est intimement liée à celle des plantes qui croissent à sa superficie. La végétation des environs de Montlaçon brille autant par sa variété que par sa richesse; les plantes des terrains grauitiques peuvent étre en grande partie observées, et j'ai rencontré également quelques espèces appartenant aux terrains calcaires. On verra plus loin, dans l'apercu géologique, que ces derniéres ne sont nullement dépaysées au milieu de nos granites. Cette contrée n'ayant pas de hautes montagnes, la végétation caractéris- tique de ces sommités, ct que l'on peut voir dans le département au Mayet-de- Montagne, à Saint-Nicolas-des-Biefs, Saint-Clément, Ferriéres, Arronnes, etc., a chez nous peu de représentants. On y chercherait vainement, je crois, les Ranunculus aconitifolius et platanifolius, Dentaria pinnata, Thlaspi al- pestre, Lunaria rediviva, Sempervivum arachnoideum, Mulgedium alpinum et Plumieri, Hieracium paludosum, Prenanthes purpurea, Polygonatum verticillatum, Allium Victorialis, Lilium Martagon, etc. ; ces espèces habi- tent la région montagneuse de la chaîne du Forez, prolongement des montagnes d'Auvergne, qui traverse la partie sud-est du département, et dont le Puy de Montoncel (1291 mètres) est le point culminant. L Asplenium Halleri, que j'ai découvert récemment dans la gorge de Thizon, oü il croit en abondance, ne semble méme pas, par sa présence, indiquer une station botanique un peu plus élevée, car on peut récolter cette Fougère dans les Pyrénées et dans les Alpes, à des stations qui, par leur altitude, se rapprochent beaucoup de celles de nos plus hautes montagnes. L'histoire de la botanique dans cet arrondissement, et je pourrais presque dire dans le département de l'Allier, date seulement du x1x° siècle. Il est pos- sible que des personnes isolées se soient occupées de cette science à une époque antérieure, mais, comme elles n'ont laissé aucune trace écrite, je suis forcé de m'en tenir au seul document que j'aie pu découvrir. C'est en 1822, dans un ouvrage intitulé : Recherches historiques et observations médicales sur les eaux thermales et minérales de Néris en Bourbonnais, par M. le docteur Boirot-Desserviers, inspecteur de l'établissement thermal de Néris, que je vois apparaitre, pour la premiere fois, quelques pages écrites sur la végétation de celle partie de notre territoire. Le bourg de Néris-les-Bains, situé à 8 kilomètres de Montlucon, a été con- struit sur le plateau qu'occupait l'ancienne ville de ce nom, une des plus anciennes du Bourbonnais, comme l'atteste. le grand nombre d'antiquités romaines découvertes dans ses environs. Ses eaux thermales étaient bien con- 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nues des Romains, qui y avaient fondé un établissement de bains assez impor- tant et sur l'emplacement duquel on a élevé celui qui existe maintenant. Cette petite ville, qui est visitée de nos jours par une grande quantité d'étrangers, attirés par l'efficacité de ses eaux thermales, devait ajouter à sa renommée celle de fournir la première, dans le département de l'Allier, quelques rensei- gnements sur la végétation de ses bois et de ses coteaux pittoresques. Dans l'ouvrage mentionné plus haut et qui n'a pas été réédité, l'article Bota- nique est peu étendu; néanmoins, la plupart des 103 espéces signalées étant communes, je me contenterai de citer les suivantes qui sont plus rares : ** Geranium sanguineum. Digitalis purpurea. Anthyllis Vulneraria. Veronica acinifolia. * Sorbus aucuparia. — Teucrium. Tussilago Farfara. — montana. * Artemisia Absinthium. Orobanche major (0. Rapum). ** Arnica montana. Mentha silvestris. Centaurea lanata (Centrophyllum lanatum). | Salvia Sclarea. * Valeriana rubra (Centranthus latifolius). | Melissa officinalis. ** Globularia vulgaris. ** Asarum europæum. * Sambucus racemosa. Buxus sempervirens. * Lonicera Caprifolium. Euphorbia Lathyris. * Vinca major. Ruscus aculeatus. ** Vaccinium Myrtillus, * Iris germanica, Anchusa...... ** Gladiolus communis. Symphytum officinale. Colchicum autumnale. Pulmonaria officinalis (P. saccharata auct.?) | ** Veratrum album. Chironia pulchella (Erythræa pulchella). Panicum verticillatum (Setaria verticillata). Menianthes trifoliata. Arundo Phragmites. Hyoscyamus niger. ** Melica ciliata (M. nebrodensis?). Gratiola officinalis. Nardus stricta. Quoique toutes ces plantes soient indiquées par M. Boirot-Desserviers comme spontanées dans les bois, les bruyères ou les prairies ; cependant, celles que j'ai marquées d'un * me paraissent échappées des cultures ou subspon- tanées; quant à celles qui sont précédées de deux **, elles ont disparu de la localité, ou nous n'avons pas été assez heureux pour les rencontrer. À ce point de vue, il est donc utile de les signaler à l'attention des botanistes de l'arron- dissement. Néanmoins, la localité me parait trés-douteuse pour le Veratrum album, espèce de la région élevée des montagnes. On voit par cette courte énumération que M. Boirot-Desserviers, en nous faisant connaitre ses observations botaniques sur les environs de Néris, voulait déjà combler une lacune qu'il sentait exister dans la statistique scientifique du département. C'est dix-huit ans aprés que M. Boreau, directeur actuel du jardin bota- nique d'Angers, entreprend ce travail long et difficile dans sa Flore du centre de la France dont la première édition a paru en 1840. A cette époque, quel- ques botanistes avaient suivi l'exemple donné par le docteur de Néris. Plusieur SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. 157 localités avaient été explorées et la nouvelle flore devait profiter heureusement des résultats acquis. MM. Causse, Saul, Servant et de Lambertye sont à peu prés les seuls qui aient fourni à M. Boreau les renseignements dont nous avons été à méme de vérifier, presque toujours, la sincère exactitude. M. Causse, aprés avoir parcouru les territoires de Chavenon, de Saint-Sornin et du Mon- tet-aux-Moines, avait consigné ses observations dans un manuscrit intitulé Bota- nicon elaverense (1). Ce manuscrit n'a jamais été imprimé et M. Boreau seul en a eu communication. M. Servant avait herborisé aux alentours de Montlu- con, M. Saul aux environs de Cérilly et dans la forét de Troncais ; quant à M. de Lambertye, il avait dirigé ses investigations principalement du côté d' Es- tivarcilles, de Verneix et de Marcillat. Ces botanistes distingués avaient déjà donné une idée de la distribution géographique d'un certain nombre d'espèces. Cependant, il ne faut pas se dissimuler qu'il restait beaucoup à faire pour leurs successeurs, car, méme aujourd'hui, quoique plus avancée, l'exploration de cette contrée n'est pas encore compléte. Sur une étendue aussi vaste, il y a bien des endroits qui n'ont pu étre visités jusqu'ici, beaucoup d'étangs dont lesgréves attendent une herborisation, enfin, des ravins ombragés, des bois qui n'ont pas encore été sillonnés par les pas d'un botaniste. Cela ne doit pas nous étonner dans un pays oü l'étude de la botanique, pour des causes inhérentes à toutes les sciences qui ne rapportent rien, mais qui demandent au contraire le plus grand désintéressement, devait nécessairement étre à peu prés complé- tement délaissée. Un seul ouvrage, qui a paru en 1848, le Catalogue des plantes vasculaires du plateau central de la France, par MM. Lecoq et Lamotte, est venu ajou- ter encore quelques renseignements exacts à ceux que nous possédions. Cepen- dant, comme notre région se trouvait sur les limites du grand travail que ces savants avaient entrepris, à part quelques localités nouvelles, ils ont peu augmenté le nombre des espèces citées antérieurement dans la première édi- tion de la Flore du centre de (a France. La forêt de Troncais a été le but principal de mes herborisations dans l'ar- rondissement. En 1860, j'avais visité la partie qui s'étend depuis Maulne jusqu'à Braise, et les étangs tourbeux, disséminés entre cette derniére localité et Ainay-le-Château, m'avaient fourni les Rhynchospora fusca, Pinguicula lusitanica et Utricularia minor. En 1868, je mesuis dirigé sur Cérilly, dans la portion de la forét qui embrasse le triage de Thiaulay jusqu'au réservoir de la Marmande. J'ai parcouru en outre tout l'espace compris entre ce chef-lieu de canton et Saint-Bonnet-le- Désert, en passant par l'étang de Troncais, les forges de Sologne et de Morat. Des tourbières considérables ont envahi le sol mar- neux de cette grande forêt de l'État. L'Osmunda regalis abonde dans celles du triage de Thiaulay et du moulin de la Pierre, prés du réservoir de la Marmande, (4) Elaver est le nom sous lequel les Gaulois et les Romains désignaient l'Allier. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ainsi que les Drosera rotundifolia et intermedia. Les ruisseaux sont également tourbeux, et celui de Fontignoux, avec ses ramifications, nous offre de grandes quantités de Sphagnum. J'ai wouvé là le Nephrodiumspinulosum et le Loma- ria Spicant (Blechnum auct.) qui, du reste, est assez répandu dans plusieurs endroits, Les tourbières marécageuses du Gué, situées sur la routede l'étang de Troncais, présentent à peu prés la méme végétation. J'ai récolté de plus, à cette station, le JVephrodium cristatum, ainsi que le Gentiana Pneumonanthe. Aen juger par les dernières découvertes, cette forêt si vaste, déjà tant de fois explorée, doit encore renfermer des espèces qui ne sont pas signalées méme dans le départe- ment. J'ai poursuivi mes investigations jusque dans la forét de Civray, mais seule- ment dans la partie que l'on appelle l'Ermitage. A l'entrée, du côté de Saint- Pardoux-les-Eaux, il y a des tourbiéres assez étendues où croissent quelques bons Carex et les deux Drosera. Le Lobelia urens, si commun dans la forêt de Tronçais, y existe aussi en grande abondance. La forêt de l'Espinasse près Bizeueuille a été récemment sillonnée pour a premiere fois. M. Isidore Besson, jeune botaniste qui m'a accompagné dans mes dernières excursions, vient d'y découvrir l Angelica montana Schl. Cette plante n'avait été indiquée jusqu'ici que sur les bords de l'Aumance, pres de Chavenon, où j'ai eu le plaisir de la recueillir cette année. Dans toutes les gorges de rochers ayant quelque importance, et où l Asp/e- nium septentrionale abonde, j'ai rencontré l Asplenium Breynii. C'est. ainsi que j'ai constaté sa présence dans six stations aux alentours de Montlucon et principalement dans la gorge du Saut de-Loup, où il forme des touffes assez garnies. A Hérisson, je l'ai observé dans deux stations, sur les rochers aux bords de l'Aumance; et à Bizeneuille M. Besson l'a récolté dans le ravin de Mauvaisinière. Cette Fougère, réputée rare chez nous et qui avait été trouvée, pour la premiere fois, en 1865, par M. le docteur Thévenon, sur les ro- chers en face de Lavaux-Sainte-Anne, est évidemment assez répandue dans l'arrondissement. Enfin, les étangs du Clou prés Chavenon, ceux de Chamblet prés Com- inentry, ainsi que celui de Muret sur la route de Bizeneuille à Cosne, ont été explorés minutieusement. La découverte du Potamogeton obtusifolius et deux localités nouvelles pour P Elatine hexandra sont les fruits de ces récentes herborisations. Ce travail était en cours d'exécution, lorsque M. Migout, professeur au lycée de Moulins, fit paraitre sa Flore élémentaire du département de l'Allier. Si l'on considère le peu de documents possédés par l'auteur, relativement à l’éten- due du territoire embrassé, on peut se demander si une flore descriptive n'était pas prématurée, et s'il n'eüt pas été préférable d'attendre des renseignements plus nombreux, en faisant paraitre seulement un catalogue raisonné, précédé SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. 159 d'un synopsis exact, exemple qui avait été donné par quelques botanistes dans plusieurs départements. En effet, dans le catalogue des plantes d'un seul arron- dissement, à peine la nouvelle Flore de l'Allierest-elle publiée, que l'on cher- cherait vainement dans ses descriptions, celles d'un certain nombre d’espèces que je signale, tandis que cette lacune ne devrait exister que pour quelques plautes dont la rareté peut permettre l'exception. Il en sera de même pour les arron- dissements de Gannat et de la Palisse qui n'ont, pour ainsi dire, pas encore été explorés. Néanmoins, on ne peut que féliciter l'auteur de l'initiative qu'il a prise en cette circonstance, et je regrette vivement de n'avoir eu connaissance de son ouvrage qu'aprés la publication, attendu que je me serais faitun devoir de lui communiquer mes nombreuses observations sur cette contrée. On aurait évité ainsi quelques inexactitudes qui se sont glissées dans la nouvelle Flore et entre autres le Sératiotes aloides (espèce du Nord, qui n'existe en dehors de cette limite que dans certaines localités où on l'a naturalisée) n'aurait pas été indiqué, involontairement il est vrai, comme spontané dans l'étang de la Brosse et par conséquent dans le centre de la France. Ayant vu par moi-même la plupart des localités, j'ai pu définir, d'une facon certaine, la situation botanique d'une assez grande quantité d'espèces. Quel- ques-unes ont disparu depuis 1840, par suite des progrès de l'agriculture et des changements effectués dans les propriétés. Certains étangs (celui des Étour- neaux, par exemple) sont actuellement desséchés, des endroits tourbeux sont assainis tous les jours; quelques bois ont été défrichés en partie. De là néces- sairement une différence sensible dans les indications antérieures. J'ai pu le Voir par moi-même dans les grands prés de Montluçon, où plusieurs plantes, récoltées par moi en 1860, ont été détruites par le voisinage de nouvelles con- structions. C'est probablement pour des motifs analogues ou pour d'autres, que le Spiræa obovata Willd. a disparu des haies de Diéna, les Coronilla scor- pioides et Ranunculus Lingua du pont de la Chambrière et le Doronicum austriacum du bois de la Liaudon. J'ai cherché vainement aussi l'Or/aya grandiflora Hoffm., ainsi que le Laserpitium asperum Crantz. Je pense que ce dernier, indiqué daus les bois de la Brosse et de la Garde, a cessé d'exister aussi par suite des défrichements qui ont été faits dans ces deux bois. En compensation, des espèces nouvelles ont été récemment publiées dans la Flore de l'Allier : quelques-unes, dont j'ai recu des exemplaires, ont été véri- fiées dans mes herborisations, mais il m'a été impossible, malgré des recherches suivies, de trouver dans les localités signalées les TAlaspi alpestre, Stellaria nemorum et glauca, Hypericum quadrangulum, Sedum anglicum, Hypo- chæris maculata, Campanula linifolia, Cheturus Morrubiastrum, Poa sudetica et Lycopodium inundatum. Néanmoins, pour le Poa sudetica, je ferai remarquer qu'il est souvent introduit par les semis de gazon et que, par conséquent, il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'on pût le rencontrer dans ces conditions, 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D'autres plantes ont été mentionnées comme spontanées dans cet arrondisse- ment. Le Glaucium flavum, prés dela Glacerie, a étéévidemment importé là par les graines des petits jardins possédés par les ouvriers de la Glacerie ou de la forge Saint-Jacques. Il peut disparaitre de cette station aussi facilement qu'il y est venu. L'Zfesperis matronalis, des rochers de la rive gauche du Cher, en facede Lavaux-Sainte-Anne, est pour moi subspontané, car on a planté des vignes sur les parties basses de ces rochers et j'ai trouvé là d'autres espéces appartenant généralement à la culture. Quant à l'Znula Helenium, plante d'ornement, citée près du petit bois de Fontbouillant, j'ai tout lieu de penser que les quelques pieds trouvés en cet endroit proviennent des jardins environnants. Le Sfra- tiotes aloides, espèce du Nord, ne pouvait être que naturalisé dans cette contrée. En 1861, j'ai fait jeter dans l'étang de la Brosse quelques pieds re- cueillis par moi dans les mares de la forét de Marly prés Paris. Aujourd'hui cette plante envahit l'étang et chasse devant elle les Vymphæa alba et toutes celles qui occupaient la place avant elle. Mon intention n'a jamais été de faire une flore de cette région, et toutes les espèces du catalogue que je vais publier étant décrites dans la Flore du centre de M. Boreau (3* édition), dont j'ai suivi en grande partie la classification, tous les botanistes pourront recourir à cet excellent ouvrage, qui se recommande autant par son véritable mérite que par sa profonde érudition. Certains types, difficiles à distinguer, mais qui cependant sont adoptés par des bota- nistes sérieux, ont été cités en petit nombre. Ils font partie actuellement du domaine de la science et nous indiquent les progres qui ont été faits depuis trente ans dans cette branche de l'histoire naturelle. J'ai donc pensé qu'il était utile de les faire connaitre, afin de familiariser les botanistes de notre arrondis- sement avec les difficultés que comportent certains genres, tels que les Rubus, Rosa, Mentha et Hieracium, et les engager à en faire la recherche. Je ne nie pas que les caractères qui séparent certaines espèces des genres Rubus et Hie- racium soient quelquefois difficiles à saisir. J'en dirai presque autant des genres Mentha et Rosa qui cependant n'offrent pas encore les mêmes incon- vénients. De là, une difficulté qui éloigne de l'étude de ces genres, par suite du peu de certitude que l'on peut apporter généralement dans la détermination des espèces avec la clef analytique et méme à l'aide des descriptions. L'absence dans les herbiers de types bien nommés, pouvant servir de points de comparai- son, est également une autre cause d'incertitude qui vient s'ajouter naturelle- ment à la précédente. Aussi, je pense qu'entre l'école totalement restrictive et celle qui admet indistinctement toutes les formes d'un méme type au rang d'espéce, il doit y avoir un juste milieu qui consisterait à adopter les espèces nouvelles réellement distinctes et à rejeter celles qui n'ont que des caractères variables propres à chacune d'elles. Mais les limites de ce juste milieu ne peuvent étre encore bien déterminées, aujourd'hui et elles ne le seront définitivement que le jour où toutes les formes de certains types quise modifient plus facilement que d'autres, SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. 161 auront été complétement étudiées et seront à peu prés entièrement connues. Selon moi, une espèce doit se distinguer à priori sur le terrain, d'abord par un faciès différent et ensuite par des caractères réels et immuables. J'ai pu voir aussi par moi-même, et cela pour mon Sedum graniticum (sp. nov.) que l'on trouve à Hérisson, sur le micaschiste, qu'une longue observation de la facon dont se comporte une espèce dans le milieu où elle croit habituellement peut remplacer avantageusement la culture. Cette derniére, en effet, n'est pas toujours un baréme irréprochable, puisque d'un type isolé et reconnu, elle enfante une foule de variétés. Néanmoins, elle peut être également un moyen de confirmer la fixité des caractères, ainsi que la première impression produite par l'aspect différent de la future espèce. Cette opinion mixte, que j'ai énoncée plus haut, je la retrouve dans une brochure qui m'a été adressée de Belgique. M. Armand Thielens, membre de la Société royale de botanique de ce pays, parmi les échantillons nombreux et de provenance diverse qu'il a réunis dans son herbier, a commencé par faire des observations qui seront certainement utiles à la science. Voici le texte d'un passage de sa brochure intitulée : Petites observations sur quelques plantes critiques. (Extrait du Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. VIT, n? 4. Séance du 3 mai 1868.) « Comme on le verra dans les pages suivantes, nous ne sommes point parti- » san de l'école dite moderne et qui divise à outrance; mais, d'autre part, nous » nous tenons éloigué de la réaction qu'a provoquée cette nouvelle école. Au » point de vue de l'espèce, nous croyons que la vérité est entre les deux sys- » tèmes en présence, c’est-à-dire entre les extrêmes. Des deux côtés, il est de » fait qu’on a versé dans des erreurs en ce qui touche à la délimitation des » types spécifiques. Maintes fois, les phytographes de l’ancienne école, les au- » teurs classiques, ont distingué comme espèces des formes trompeuses, de » simples variétés ou accidents, comme les adeptes de l'école moderne ont » divisé, démembré, avec raison, d'anciens types collectifs. La cause des nom- » breux débats soulevés à propos des espèces litigieuses, la source des aflir- » mations d'un cóté et des dénégations de l'autre, est fréquemment le manque » de matériaux suffisants ou complets. » Il est utile de connaitre l'opinion actuelle des étrangers sur cette question importante de l'espèce, et c'est pour ce motif que j'ai cité le passage entier de cette brochure. M. Thielens admet bien que la vérité est entre les extrémes, mais il n'en définit pas les limites. Le travail commencé par lui ne peut que contribuer à nous faire atteindre ce but, qui est encore éloigné. Dans un autre sens, M. Jordan, en nous faisant connaitre toutes les formes de certains types, nous amènera nécessairement à en faire l'examen et à tracer la délimitation qui conviendra à chacun d'eux. Mais nous ne sortirons vérita- blement de l'impasse difficile dans laquelle nous sommes maintenant, que le jour où l'ancienne école, au lieu de se tenir sur la réserve, se décidera à se T. XVI. (SÉANCES) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. joindre à l'école moderne pour admettre les espèces nouvelles qui ont des caractères bien distincts et pour saper les formes douteuses qui ne peuvent qu'étre difficilement séparées par suite du manque de caractéres suffisants et stables. En attendant ce résultat, désiré par nous aussi bien que par les étran- gers, je suis heureux d'avoir pu reconnaitre sur le terrain certains types parmi ceux qui ont été créés dans ces dernières années ; je pense qu'il en est de la botanique comme de toutes les sciences : au lieu de rester dans un statu quo arriéré, elie doit avoir sa marche progressive aussi bien pour ce qui concerne l'organographie et la physiologie végétale que pour la classification et la distri- bution géographique des plantes. J'ai donc suivi en partie le système de la nou- velle école. Du reste, dans tous les grands travaux, du genre de ceux entrepris par l'école moderne, il reste toujours quelque prise à la critique; ce qu'elle bláme disparaitra sans doute avec le temps, mais ce qu'elle approuve n'en sera pas moins acquis à la science. La grande quantité d'échantillons de diverses localités, récoltés par moi- méme à des époques plus ou moins éloignées, et le nombre assez considérable d'espèces recueillies dans ces dernieres années par quelques personnes qui ont bien voulu me communiquer les spécimens de leurs découvertes, m'ont donné l'idée de publier, dans un simple catalogue, le résultat de toutes nos excursions. Le travail que je viens soumettre aux amis de la science est le résumé de nombreuses recherches faites pendant une période trés-prolongée et qui date presque du commencement du siècle. Si un sommeil de vingt ans a paralysé à Montluçon les progrès de la botanique, les résultats qui ont été acquis pen- dant les huit dernières années consécutives viendront, je l'espére, rétablir une juste balance. Des renseignements précieux m'ont été fournis sur la végé- tation d'Audes et sur celle du bois de Blomard, dans le canton dc Montma- rault, par M. Jamet, actuellement curé de Chamblet, M"* Foulhouze, de Montluçon, m'a communiqué les échantillons de ses récoltes aux environs d'Huriel, d'Ouches et de Domérat. M. Isidore Besson m'a fait un envoi de plantes qu'il avait recueillies dans la forêt de l'Espinasse. Enfin, M. Lucand, officier au 59"* de ligne, m'a adressé les spécimens des espèces rares qu'il avait trouvées avec M. le docteur Thévenon, et cela avec un désintéressement que l'on ue saurait trop louer. Je prie toutes ces personnes, qui ont bien voulu me préter leur obligeant concours, de recevoir ines sincéres remerci- ments. On ne devra pass'étonner de trouver dans ce catalogue des indications pré- cises concernant les localités, car les difficultés que nous avons éprouvées pour découvrir les plantes rares citées dans la Flore du centre de M. Boreau ont fait que mon plus grand désir est d'en faciliter la recherche aux bota- nistes de cette contrée, Les noms des endroits prêtent quelquefois à l'équi- voque, et les habitants du pays ue sont pas toujours d'accord eux-mêmes sur SÉANCE DU 23 AVRIL 1869. 163 le nom donné ou sur son orthographe. Ainsi, par exemple, le bois de Douguistre est appelé aussi bois d'Anguitte. Pour trancher cette question, j'ai pris les noms qui figurent sur la carte de France du Dépót de la guerre, et, à part quelques rares exceptions, que je signale, on peut dire qu'ils sont conformes aux noms de pays. Ils ont, en outre, le mérite d'étre faciles à trouver à l'aide de la carte. On sait que les espéces ne sont pas distribuées également à la surface du sol : j'ai indiqué le degré de fréquence ou de rareté par les signes CC—C — A. C—RR—R-—A .R—. Ces signes conventionnels sont tellement con- nus, que je crois inutile d'en donner l'explication. Il en est de méme des suivants : ©. annuelle, ©. bisannuelle, 2. vivace, 5. ligneuse. J'ai indiqué par !!, que j'ai en herbier des échantillons récoltés par moi dans la localité citée, par un seul ! que j'ai également dans mes collections des spécimens que m'ont adressés les botanistes avec lesquels je suis en relation, et seulement pour les plantes rares, je place le ! devant le nom du botaniste qui les a recueil- lies à l'endroit énoncé. Pour ces dernières espèces, j'ai aussi restitué à chacun la part des décou- vertes qu'il a faites dans l'atrondissement, en commençant par MM. Boirot- Desserviers, Causse, Saul, Servant et de Lambertye, qui, les premiers, ont fait connaitre la flore des environs de Montluçon. C'est, selon moi, payer un tribut de reconnaissance à ceux qui, nous faisant part du résultat de leurs découvertes, prix de tant de fatigues, nous ont facilité ainsi des recherches qui peuvent durer de longues années. On a le regret de voir que, dans beaucoup d'ouvrages, ce soin est par trop négligé aujourd'hui. Presque toutes les espèces mentionnées dans ce catalogue sont représentées dans un herbier spéciil que j'ai fait pour l'arrondissement. Cet herbier local renferme les échantillons recueillis par moi-même ou par les botanistes dont j'ai cité antérieurement les noms. Les espèces qui manquent dans cette col- lection sont celles de la Zlore du centre de M. Boreau, qui ont disparu ou qui n'ont pu être retrouvées jusqu'ici. Les unes pouvant être rencontrées ailleurs qu'aux environs de Montluçon, je les ai conservées pour mémoire dans le Catalogue, Quant à certaines autres, ayant acquis la certitude qu’elles ont complétement disparu, j'en ai fait l'objet d'une note explicative. J'ai suivi la même marche pour quelques espèces introduites récemment dans la Flore de l'Allier par M. Migout. Peu confiant dans mes propres forces, basées seulement sur dix aunées d'étude, j'ai soumis à M. Boreau la plupart des espèces dites litigieuses. Ila eu l'obligeauce de me consacrer quelques instants lorsqu'il est venu à Paris pour assister au Congrès botanique de 1857, et je lui ai envoyé à Angers les plantes que je n'avais pas eu le temps de lui communiquer pendant son court séjour àu milieu de nous. Son savant concours a facilité beaucoup pour moi la solu- tion des quelques difficultés qui se présenteat toujours dans la détermination 164^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'une assez grande quantité d'especes. Je saisis donc avec empressement cette occasion de rappeler ici les nombreux services qu'il m'a rendus en cette cir- constance. M. Cosson, l'un des auteurs distingués de la Flore des envir. de Paris, a bien voulu mettre à ma disposition, pour le consulter, le riche herbier qu'il possède à Paris et m'aider en méme temps de ses précieux conseils pour les espéces de la famille des Characées, dont il a fait une étude approfondie. MM. Léveillé et Nylander, dont les noms sont également au-dessus de tout éloge, ont nommé le peu de Champignons et de Lichens que je signale. Enfiu, MM. Bescherelle et Roze, nos bryologues parisiens, si érudits dans cette branche difficile de la botanique, ont revu et corrigé les Mousses que j'avais récoltées. Je prie ces messieurs, ainsi que tous ceux qui m'ont aidé, soit de leur concours, soit en me facilitant les moyens de pouvoir donner une plus grande certitude au travail que je livre aujourd'hui à l'appréciation du public, de vouloir bien croire à l'expression de toute ma reconnaissance. Heureux je serai si, de mon côté, je puis contribuer au progrès de la botanique dans l'arrendissement de Montlucon et étre utile aux étrangers qui désireront con- naitre la végétation d'une des contrées les plus pittoresques du département de l'Allier. ` (La suite à la prochaine séance.) SÉANCE DU 14 MAI 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASÈGUE. M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 23 avril, dont la rédaction est adoptée. M. E. Fournier présente de la part M. L. Besnou des échantillons d'Aponogeton distachyus, recueillis par ce botaniste dans un ruis- seau d'eau courante qui fait partie d'un domaine prés de Lambe- zellec (Brest), localité où il a été naturalisé en abondance. M. Bes- nou fait savoir que cette plante se maintient aussi depuis plusieurs années, à l'air libre, aux environs d'Avranches, sous la latitude de Paris (1). M. G. de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : (1) Ces renseignements complètent ceux qui ont été consignés dans le Bullelin de la Société, t. IV, pp. 580 et 581. SÉANCE DU 1/4 Mar 1869. 165 GENÈSE OU NAISSANCE DU MONDE VÉGÉTAL (1), pr M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Nous avons déjà exposé (2) les faits relatifs à la production successive des étres organisés, et spécialement des végétaux; nous passons ici à la discussion des faits et des hypothèses, et nous répondons aux objections en faisant intervenir par des citations nos plus savants contradicteurs. L'opinion le plus généralement admise, méme dans le monde scientifique, est que toutes recherches sur l'origine des étres seraient vaines, et que nous devons croire que toutes les espèces animales et végétales ont été créées (soit toutes à la fois, soit à diverses reprises) de toutes pieces et d'emblée, telles que nous les voyons aujourd'hui. Un tel prodige serait en opposition manifeste avec les lois connues de la nature. Ce prodige, qui se serait produit à une époque ou à des époques aux- quelles les corps inorganiques : l'air, la terre et l'eau, étaient déjà depuis tant de siècles soumis aux lois qui les régissent (et paraissent les avoir toujours régis), ce renversement des lois naturelles eüt été d'ailleurs sans utilité, puisque des créations d'étres organisés se manifestent encore aujourd'hui sous nos yeux, sans autres prodiges (et c'est assez) que ceux qui constituent l'enchainement unique et régulier de tous les actes de la nature. La vue des merveilles de la création nous inspire de la puissance du Créateur une trop grande idée pour qu'il nous soit possible d'admettre des faits qui nous sembleraient contraires au principe d'unité de ses lois et à l'infaillibilité de sa sagesse. Nous nous croyons plus prés de la vérité en admettant pour l'origine des premiers êtres un phénomène qui s'est manifesté dans toute la série des âges, à partir de l'époque oà une nappe d'eau refroidie a pu se déposer à la surface du globe. — Ce phénomène est la production d'organismes élémentaires, dont les premiers sont de simples cellules, organismes qui, de degré en degré, de modifications en modifications, de complications en complications, d'associations en associations, sous l'impulsion de la force créatrice ou organisatrice, ont pu (pendant la suite indéterminée des siècles, et dans des circonstances de tempé- rature et d'excitations électro-magnétiques favorables) parvenir aux combinai- sons organiques (ou formes spécifiques) animales et végétales actuelles. L'activité polymorphique (la transformation des espèces) parait s'être ralentie pendant notre période géologique ; cette évolution séculaire des formes spécifiques con- tinue cependant encore à se manifester sous nos yeux par la production de générations altérées dans quelques-uns de leurs caractéres, altérations que nous (4) Cet article fera partie du Nouveau Diclionnaire de Botanique de M. Germain de Saint-Pierre, actuellement en cours d'impression. (2! Voyez plus haut, pp. 128 et sviv. 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. désignons sous le nom de variétés quand elles sont peu stables, ou de races quand elles tendent à se fixer. Ges races et ces variétés sont souvent plus carac- térisées que certaines formes ambigués et plus ou moins stables, désignées sous le nom d'espéces. On aobjecté, avec raison, à ceux des partisans de cette théorie qui ont admis pour les étres organisés ou pour chacun des deux régnes animal et végétal une méme série continue (et pensent par conséquent que les embranchements regar- dés comme supérieurs ont continué les embranchements regardés comme infé- rieurs) que, chezles articulés par exemple (insectes, arachnides ou crustacés), la perfection organique n'est pas inférieure à la perfection organique des ver- tébrés. — Cette objection est parfaitement fondée; aussi n'admettons- nous pas qu'un embranchement ait pu dériver d'un autre : chaque embranchement peut être considéré comme constituant un ensemble complet. Ces groupes, partis chacun d'une forme primitive particulière différente des autres (bien que plus ou moins analogue et presque également simple), ont parcouru leur évolu- tion en donnant lieu, selon leur force d'expansion, à des types secondaires, tertiaires, quaternaires, etc., et à des formes spécifiques plus ou moins mul- tipliées. Vous me permettrez, Messieurs, dans une question d'un si haut intérêt et si souvent. controversée, de présenter, sous la forme de discussion, les plus foris arguments opposés par l'école adverse au système que je viens d'ex- poser en quelques mots. — Je ne pouvais, dans ces circonstances, choisir un plus savant et plus loyal adversaire que M. Alph. de Candolle, l'un de nos maitres les plus autorisés dans ses jugements sur les hautes questions bota- niques ; j'emprunte à son beau Traité de géographie botanique raisonnée (page 1106 et suiv.) la série d'objections à laquelle ma confiance, non en mes forces, mais en la solidité de ma cause, me donne l'espoir de répondre avec succes. » La création ou premiere formation des étres organisés échappe par sa na- » ture et par son ancienneté à nos moyens d'observation. » — Réponse : La création ou première formation des êtres organisés n'échappe à notre observa- tion, ni par sa nature, ni par son ancienneté, parce que les lois naturelles, celles qui président à la formation des êtres, comme toutes les autres, sont éternelles et non accidentelles, et que, par conséquent, l'action de ces lois détermine la formation de productions analogues dans tous les temps, aujourd’hui comme aux diverses époques géologiques de la terre, lorsqu'elles trouvent dans les cir- constances extérieures l'occasion de se manifester, « Deux opinions ont été énoncées depuis que l'homme réfléchit. Dans l'une, » le premier ou les premiers êtres organisés sont sortis de la manière inorga- » nique par quelque loi physique à nous inconnue. Dans l'autre, ils ont été » créés ou du néant, ou dela matière inorganique préexistante, par une cause » supérieure étrangère à la matière, » — Réponse : Ces deux opinions, loin SÉANCE DU 14 MA) 1869. 167 d’être contradictoires, se complètent l'une l'autre. La vérité n'est entièrement ni dans l'une ui dans l'autre, mais dans l'une et l'autre. J'écarte l'idée du néant, comme incompatible non-seulement avec l'observation, mais avec le raisonne- ment; j'écarte aussi l'idée d'une loi physique inconnue, puisque les grands phénoménes de la production des espèces peuvent être logiquement expliqués (j'allais dire démontrés) par les lois physiques connues; — et je rapproche les deux termes de la question : « Les êtres organisés sont sortis de la matière, ou par une loi physique, ou par une cause supérieure étrangère à la matière.» Et je dis que : les êtres organisés sont sortis de la matière par les lois phy- siques qui émanent de l'intelligence universelle supérieure à la matière. J'ajoute, comme je le disais ci-dessus, que ces lois sont régulières et non fan-' tasques ou sporadiques; leur application est miraculeuse sans doute, mais c'est le miracle éternel que la puissance créatrice étale avec profusion en tous lieux et dans tous les temps! — La matière organique étant une combinaison d'éléments qui appartiennent à la matière inorganique (éléments de l'air et de l'eau, plus quelques sels également répandus dans la nature), et la création organique ne s'étant manifestée que longtemps après les premières combinai- sons de la matière inorganique, il est de toute évidence que la matière organique est puisée dans la matière inorganique. « Dans la première opinion (l'action des forces physiques), la matière serait » douée d'une faculté spéciale : la génération, qui transformerait les corps » inorganiques en corps organisés. » — Réponse: Nous ne prétendons pas que la matière inorganique soit douée de la faculté dela génération ; le mot génération implique l'idée de parenté, et il n'y a rien de semblable. Nous disons seulement production, et production limitée d'abord, si l'on veut, à une vési- cule ou cellule microscopique. » Ce serait une force dont nous verrions les effets sans en comprendre la » nature intime, comme dans le cas de l'affinité ou de l'attraction. » —Réponse : Précisément. « Maisil y a une différence qui rend l'hypothèse de la génération spontanée » suspecte ; cette différence est que l'affinité, l'attraction, agissent continuelle - » ment sous nos yeux, tandis que la force créatrice des êtres organisés n'a agi » que dans certains moments. » — Réponse : C'est là, comme nous l'avons dit plus haut, ce que nous contestons; et nous espérons démontrer que les lois de la nature ne sont pas des lois intermittentes. « Les expériences dans lesquelles on a cru voir de la matière inorganique se » changer en matière organisée, se sont toujours évanouies devant des moyens » plus puissants ou plus précis d'observation, » — Réponse : Nous contestons celte assertion. Des expériences décisives en faveur dela production ont été faites dans des conditions parfaites de précision. Les plus simples sont les plus concluantes, et sont à la portée de tous les observateurs. Puis l'expression se changer implique une idée de transformations de nature, et par conséquent une 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. idée inexacte qui n'est pas la nôtre, puisqu'il y a simplement arrangement différent dans les parties constituantes. « Ces expériences deviennent plus douteuses encore aujourd'hui qu'on a » montré Ja présence de corps organisés infiniment petits, et par conséquent » de germes dans des milieux où autrefois on ne les soupconnait d'aucune ma- » nière. » — Réponse : Cette assertion ne précise pas suffisamment les faits. Sans doute, l'air peut transporter des corps organisés infiniment petits, du pol- len par exemple, mais cela ne prouve absolument rien relativement aux germes des microzoaires aquatiques qui sont l'objet des expériences citées. Ces micro- zoaires ne vivent que dans l'eau et meurent à l'air libre; ils confient leurs germes reproducteurs, c'est-à-dire leurs œufs, à l'eau dans laquelle ils vivent, et non à l'air, où jamais aucun observateur n'a pu en constater l'existence. « Quelques naturalistes croient échapper à ces questions de création en sup- » posant que les étres organisés se sont développés les uns des autres, au travers » de périodes géologiques trés-longues et d'influences variées» (1). — Réponse: On voit que, quant à nous, du moins, nous ne cherchons à échapper à aucune question. On ne saurait dire que nous supposons que les êtres organisés se soient développés au travers de périodes géologiques longues et variées; car on ne peut donner le nom de supposition à des faits géologiques si clairement (1) Dans une lettre datée de Genève du 1°" juin 1869, que M.Alph. de Candolle m'a fait l'honneur de m'écrire en réponse à une lettre dans laquelle je soumettais diverses ques- tions à son appréciation, et où je parlais de la dissertation ci-dessus, présentée récem- ment par moi à la Société botanique de France, l'illustre botaniste me dit : « Relativement à vos observations sur quelques-unes des idées que j'ai émises dans » ma Géographie botanique raisonnée, permettez-moi de vous faire savoir, si vous ne » l'avez déjà remarqué, que mes opinions sur la succession probable des êtres ont été » modifiées ou plus tôt étendues par le premier ouvrage de M. Darwin publié aprés ma » Géographie, J'ai profité d'un travail sur Jes Quercus pour énoncer alors des opinions » plus favorables à la succession des formes que celles de 1855. Vous les trouverez dans » l'opuscule : Etude sur l'espéce à l'occasion d'une révision de la famille des Cupuli- » féres, in Bibl. univers. (Arch. des sc. phys. et nat.) novembre 1862. — Réimprimé » dans Ann. sc. nat. 4? série, t. XVII, » Je serais encore disposé à écrire sur ces grandes questions ce que j'écrivais en 1862, » seulement, l'hypothése de la transformation des étres dans la série immense des temps » me parait toujours plus probable. Les découvertes de la paléontologie la rendent » presque nécessaire, et les observations de M. Darwin dans son second ouvrage com- » mencent à faire comprendre de quelle maniére et par quelles causes les formes chan- » gent. l'ai vu avec plaisir que dans ce second ouvrage il parle de l'atavisme et des » causes nombreuses de variations, pour le moins autant que de sélection. Ses vues sont » plus larges, ses observations plus diverses, et malgré l'obscurité de son hypothèse » finale (qui n'était pas nécessaire dans un livre aussi positif), malgré certains faits accep- » tés un peu trop légèrement (comme la soudure de deux bourgeons pour le Cytisus Adami, etc.), j'estime qu'il a fait encore avancer la science aprés lui avoir imprimé » d'abord une grande secousse. » La transformation des étres dans la série immense des temps, admise actuellement par un maitre d'une si grande autorité, par celui que nous pouvons nommer le chef de notre infatigable et vaillante phalange, par M. Alph. De Candolle, c'est en réalité la cause gagnée pour cette théorie, dont la démonstration est d'une si haute importance en philo- sophie naturelle. (Note ajoutée au moment de l'impression, juillet 1869.) SÉANCE DU 14 Mar 1869, 169 démontrés. Supposition ne peut s'appliquer qu'à cette assertion sur laquelle repose en effet toute la question : « Les étres organisés se sont développés les uns des autres », c'est-à-dire, une espèce regardée comme bien délimitée a pu être le produit d'une espèce voisine. Ne voyons nous pas se produire sous nos yeux des variétés souvent très-différentes d'aspect de l’espèce-mère? Or, si nous démontrons que les espéces sont des variétés plus ou moins bien fixées, toute l'assertion est bien prés d'étre démontrée. « Ce genre d'hypothése ne dispense pas d'une antre hypothèse sur l'origine » primitive en dehors du cours naturel des phénoménes. Lamarck faisait remon- » ter toutes les espèces à une monade; mais, entre cette monade douée d'une » pareille faculté de développement et un corps inorganique, il v a une diffé- » rence immense. »— Réponse : En effet, si, comme Lamarck, nous ne faisons pas remonter tous les étres organisés à une méme monade, nous les faisons remonter à des multitudes de monades ou organismes les plus simples, c'est- à-dire réduits à une cellule ou utricule. Ces cellules primitives, selon les cir- constances de leur développement, n'étant pas identiques entre elles, leurs productions ont pu , par une série de modifications successives et de longues suites de générations, donner lieu à des types d'organismes différents. Il ne faut pas présenter comme exorbitant le fait d'une pareille faculté de développement de la cellule; cette cellule ne produit en effet qu'une autre cellule un peu modifiée, et ce n'est que par une longue série de productions successives que nous arrivons à un organisme compliqué ; puis, cette série de développements füt-elle plus rapide à se produire, n'avons-nous pas des exemples de développe- ments analogues et aussi merveilleux dans la cellule qui constitue la première trace d'un embryon, et produit si rapidement la graine pour chaque plante, l'œuf pour chaque animal ? La seule objection (mais nous trouvons la réponse facile) serait celle-ci : « Entre cette monade et un corps inorganique, il y a une différence immense. » — Immense, en effet, mais que la puissance créatrice suffit aisément à fran- chir. Il s'agit de la réunion de quelques atomes d'oxygène, d'hydrogène, de carbone et d'azote, dont le groupe à l'état liquide prend la forme globuleuse (forme qui, nous l'avons dit, est celle de tous les liquides à l'état libre : la forme d'une goutte d'eau comme la forme d'une planéte incandescente, comme aussi la forme première d’un être organisé) ; — puis il s’agit de la solidification (en membrane) dela périphérie de ce globule; nous le répétons, nous ne voyons là rien d'exorbitant pour la puissance créatrice et organisatrice. — Or les natu- ralistes dont l'objection est qu'il y a tout un monde entre un corps inorganique et une cellule sont les mémes qui veulent ensuite que l'ensemble de la création organique actuelle, plantes et animaux, ait surgi instantanément (en une ou plusieurs reprises) des mains du Créateur. — Ils trouvent une difficulté insur- montable àla création progressive, dont nous avons des exemples sous les yeux dans la production des variétés nouvelles, — et ils regardent comme plus admis. 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sibles des apparitions successives instantanées de plantes et d'animaux de toutes les classes à la surface de la terre. « Entre une monade ayant la vie végétative et une monade ayant à un degré » aussi faible qu'on voudra la faculté de sensation et la spontanéité qui caracté- » risent les animaux, il y a une différence théorique immense, car le degré de » perception ou de sensation, et le degré de spontanéité, sont peu de chose en » comparaison du fait d'avoir ou de n'avoir pas des qualités pareilles. » — Ré- ponse : C'est nier d'un trait de plume l'existence du groupe immense d'étres organisés intermédiaires, à divers degrés, aux deux règnes végétal et animal, et qui présentent pricisément cet état si curieux, incertain, entre la vie végéta- tive et la vie animale. — « Entre une telle qualité (faculté de sensation, ou » qualité interne de spontanéité) et l'absence de cette qualité, je ne concois pas : de milieu possible, comme entre la lumière et l'absence de la lumière... » — Réponse : Nous aurions choisi,cette comparaison pour exprimer l'opinion inverse; les qualités intermédiaires d'un être qui participe de la nature vé- gétale et de la nature animale, qui posséde une obscure faculté de sensation ou une spontanéité qui consiste dans des mouvements de contraction ou d'os- cillation, n'est ni lumière ni ombre, ni jour ni nuit; c'est, pour continuer la comparaison, l'aurore qui précède le jour, ou le crépuscule qui précède la nuit. « D'ailleurs, l'opinion de Lamarck est aujourd'hui abandonnée par tous les ə naturalistes qui ont étudié sagement les modifications possibles des êtres orga- » nisés. » — Réponse : Si étudier sagement est étudier avec le parti pris d’ar- river à la vérité quel qu’en puisse être le résultat, nous étudions sagement ; — si étudier sagement est étudier en présence d'une limite qu'on ait la volonté de ne pas dépasser, nous avouons n'avoir pas cette sagesse. — Quant à l'opi- nion de Lamarck, que je ne soutiens pas dans ses détails, je dirai que cette opinion, eüt-elle été poussée à des conséquences exagérées et en eüt-on tiré de fausses déductions, cela ne prouverait rien contre le principe en lui-méme, et que ce principe, qui nous semble se rapprocher beaucoup du vrai, loin d'étre abandonné, tend, par les travaux récents de plusieurs naturalistes, à parvenir à un degré parfait d'évidence. « Elle reviendrait (l'opinion de Lamarck) à une hypothése fondée aussi sur » une cause surnaturelle, savoir, que des espéces pourraient se transformer, au » delà de ce que nous voyons, en des espèces totalement différentes : les espèces » d'un genre en espèces d'un autre genre, celles d'une classe en espèces » d'autres classes. » — Réponse : Nous n'admettons pas que la transformation (modification) des espéces au delà de ce que nous voyons puisse constituer un fait surnaturel. Le mot surnaturel a toujours signifié contre les lois naturelles, et, comme les lois naturelles, ou lois du Créateur, sont immuables, le mot sur- naturel est vide de sens. Nous ne voyons rien que de naturel à ce que les cir- constances extérieures, s'étant d'époque en époque modifiées (ce qui n'est pas SÉANCE DU 1/4 MAI 1869, 171 contesté), les espèces aient pu par cela méme être modifiées de degré en degré dans les formes des individus qui ont constitué leur descendance. Tel type, d'ailleurs, a pu, sur tel point du globe, avoir persisté par sa des- cendance dans la forme acquise à une période donnée de son évolution, et sur tel autre point du globe avoir donné naissance (en raison d'écarts pro- gressifs dans les formes de ses descendants) à des formes assez différentes du type précédent pour qu'elles puissent constituer de nouveaux types génériques et spécifiques, et cela sans prodiges extra-naturels, mais en vertu des forces, en vertu des lois naturelles, dont nous constatons les admirables effets dans la production alternante d’un être par un être de forme toute différente, et appar- tenant méme à un genre différent, à une classe différente..., dans les cas par- faitement observés aujourd'hui de générations dites a/ternantes (1). « Si l'on écarte les exagérations de Lamarck, si l'on suppose un premier type (1) Les espèces à générations alternantes paraissent, il est vrai, circonserites (pour chacune de leurs formes diverses) dans les limites analogues à celles des espéces à géné- rations non alternantes. Mais nous nous appuyons, dans nos conclusions, sur ce qui se passe chez les espéces à générations alternantes comme nous nous appuyons sur le grand fait des métamorphoses, (transformations ou mutations de formes) chez les insectes, chez les batraciens, etc.; comme nous nous appuyons sur le fait non moins éloquent de la transformation ou mutation de la vésicule embryonnaire d'un végétal ou d'un animal (formée dans son principe de quelques cellules) en un étre complet, pourvu d'organes multipliés trés-complexes , et constituant méme une agrégation d'individus partiels. Nous nous appuyons, disons-nous, sur ces diverses mutations seulement pour démon- trer une des principales tendances, un des modes d'action les plus puissants de la na- ture : la production d'une forme aux dépens d'une autre ; soit que (comme dans la méta- morphose proprement dite) l'individu lui-même change insensiblement de forme par une suite de modifications organiques intérieures ; — ou que (comme dans le cas de géné- rations alternantes) l'individu produit par graine ou par œuf (par vésicule embryonnaire) soit d'une forme très-différente de la forme de l'individu-mére ; — et nous disons qu'ar- mée d'une si merveilleuse faculté, la nature n'a (pour multiplier dans chaque groupe le nombre des formes, le nombre des espèces) qu'à imprimer un temps d'arrét et à fixer en formes stables les divers termes de l'une de ces sortes d'évolutions. . Nous insistons surtout sur ce point, que ce modus faciendi (pour la production des espèces) ne serait-il pas aussi clairement démontré qu'il l'est réellement dans certaines limites pour la production (sous nos yeux) de races et de varielés chez nos espèces ac- tuelles à type essentiel bien limité, — ce modus faciendi serait incontestablement plus probable que celui qui aurait consisté en la production spontanée (et de toutes pièces) d un premier couple pour chacune des espèces du monde organique (espèces dont les plus voi- sines diffèrent quelquefois à peine l’une de l’autre, et mettent dans le plus grand embar- ras les classificateurs qui voudraient partout des limites tranchées). Les êtres adultes sont tous sortis, disons-nous, de vésicules embryonnaires. I est diffi- cile de supposer que, pour les vertébrés;par exemple, la première de ces vésicules se soil produite ailleurs que dans un ovaire et avec le concours des deux sexes; — mals l'em- barras cesse, si nous admettons la possibilité de la mutabilité progressive des formes, car nous voyons se produire sous nos yeux, au sein de la matière inorgantque, dans l'eau distillée, des globules organisés, globules ou cellules formant par leur agglomération une membrane mére d'ovules (ou de vésicules embryonnaires) d'organismes Lces-simples ; ce Sont des productions analogues que nous regardons comuie les ancétres des organismes plus compliqués. LL D'organismes en organismes, de vésicules embryonnaires ea vésicules embryonnaires, l'esprit de l'observateur ne se refuse nullement à arriver aux formes spécifiques les plus 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » de chaque genre, de chaque famille tout au moins, on se trouve encore, à » l'égard de l'origine de ces types, en présence de la grande question de la » création. »— Réponse : Aussi ne supposons- nous rien de semblable, car nous ne voyons aucune différence à supposer un type spontanément créé de toutes piéces pour chaque genre, ou à supposer un type spontanément créé pour cha- cune des especes de chacun de ces genres. « De toute manière, le naturaliste doit admettre que le mode de formation . des premiers êtres organisés est un phénomène qui échappe aux moyens » d'investigation dont il dispose... Il nous faut raisonner sur les rapports des » étres organisés, sur leur histoire et sur leurs attributs, sansexaminer com- » ment ils ont été créés. » — Réponse : Loin de considérer comme un devoir de ne faire aucune tentative pour arriver à connaitre l'origine des choses, RERUM COGNOSCERE CAUSAS , nous prendrions volontiers ce mot pour devise ; nous regardons comme un devoir de nous y appliquer de toutes les forces de notre intelligence, de toute la pénétration de nos yeux et de notre esprit, dussions-nous, nouveau Prométhée, nouvel Icare, nouveau Galilée, payer d'un travail incessant de corps et d'esprit notre besoin de savoir, dussions- nous succomber au labeur qu'impose à ses adeptes le culte passionné du pro- grès scientifique ! Nous pensons, d’ailleurs, que l’étude des faits actuels se rattache invincible- ment à la connaissance des faits plus anciens. Nous pensons méme que, si l'on manquait de données sur l'origine des étres organisés (ou, ce qui serait encore plus fácheux, si les données que l'on croirait avoir sur cet important sujet étaient en contradiction avec des faits bien observés), il serait extrêmement difficile, méme à l'esprit le plus puissant, de raisonner juste sur les rapports de ces étres entre eux et sur leur histoire. « On pourra constater que certaines espèces dérivent d'autres espèces, comme » on à découvert que la potasse et la soude résultent de combinaisons; mais » on arrivera toujours à certaines formes primitives qui seront pour les natura- » listes comme les corps simples pour les chimistes. » — Réponse : Nous répondrons que les chimistes ne seraient pas arrivés à la connaissance des corps simples s'ils n'avaient pas cherché l’origine des choses, et que leurs corps simples sont précisément nos monades. « À ce point, le domaine des sciences d'observation s'arréte, et celui des » sciences philosophiques commence. » — Réponse : Mettant en dehors de ces questions, que nous traitons en naturaliste, la science théologique, nous disons que c'est faire peu de cas des sciences philosophiques que de les rejeter en compliquées des différents ordres; — ces étres à organisation trés.compliquée que les mouvements volontaires, puis l'intelligence (ce reflet du souffle créateur), rendent si su- périeurs à la substance inorganique première d’où ils sont tirés, se sont en effet mani- festés (dans la longue succession des époques géologiques) : les plus élevés en organisa- tion, — les derniers. (Note ajoutée au moment de l'impression, juillet 1869.) SÉANCE DU 14 Mar 4869. 173 dehors du domaine de l'observation.— Za philosophie, selon nous, est la science et la sagesse qui résultent de la recherche de la vérité dans l'observation de l'univers. Des conceptions qui ne s'appuieraient pas sur l'étude du monde réel ne sauraient étre que des réveries ou des fables. Tels sont les arguments que nous opposons aux arguments des naturalistes qui admettent, soit à l'époque qu'ils nomment le commencement du monde, 30it à plusieurs époques successives, une création générale spontanée de tous les étres organisés, plantes et animaux, tels que nous les voyons constitués aujourd'hui, et qui en méme temps refusent d'admettre que, dans des temps postérieurs, dans le temps actuel, les forces naturelles (sous l'intluence éternelle du principe créateur et organisateur) soient suffisantes pour la production spontanée (c'est-à-dire autrement que par génération, aux dépens d'une ma- tiére inerte) d'une cellule végétale microscopique ! — qui refusent d'admettre que cette grande force universelle soit impuissante à mettre les parois de cette cellule en vibration sous une influence magnétique, et (de mouvement brow- nien ou de trépidation en oscillations, d'oscillations en impulsions vagues, puis en impulsions franchement déterminées) à lancer cette cellule microscopique, cette monade chauffée au souffle divin, dans le domaine de l'animalité ! Tels sont les arguments que nous opposons aux arguments des naturalistes qui admettent l'inamovibilité, l'invariabilité, l'imperturbable stabilité des es- péces qui constituent notre monde organique actuel, espéces dont ils recon- naissent cependant, dans beaucoup de cas, ne pouvoir avec certitude préciser les limites, espéces dont ils signalent eux-mémes de nombreuses variétés. Pour nous, qui reconnaissons, au contraire, qu'actuellement encore certaines espèces sont si peu invariables et souvent si vaguement délimitées dans la na- ture, que, où l'un de nous voit quatre espèces bien tranchées et un certain nombre de variétés, tel autre descripteur, considérant ces variétés comme des types distincts, en voit cinquante ou méme davantage; — pour nous, qui, voyant aussi combien certaines formes spécifiques (étant ébranlées par les pro- cédés de la culture ou par la domesticité) s'écartent facilement de leur forme primitive (et cela au point de devenir méconnaissables et de donner lieu à des races qui, dans certaines circonstances favorables, se conservent ensuite pen- dant une suite indéfinie de générations), — tout en reconnaissant volontiers que la plupart des types spécifiques actuels (espèces) sont suffisamment limités et assez persistants, dans les conditions présentes de nos climats actuels, pour pouvoir être décrits, classés et parfaitement reconnus (à quelques variations près), — nous ne pensons pas que ces espèces soient invariables, et surtont qu'elles l'aient toujours été, — et nous admettons qu'une forme ait pu déri- Ver d'une autre forme par une série d'écarts dans le produit des générations. Nous regardons comme sans importance réelle cette objection présentée comme dominant toute la question, que, depuis les temps historiques (qui, relativement à la durée probable des grandes époques géologiques, datent 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'hier), des types nombreux paraissent n'avoir pas varié dans leur postérité. — Ces types n'ont pas varié parce que, sans doute, pendant cette période, les circonstances extérieures n'ont pas varié elles-mêmes, ou n'ont pas été de nature à mettre activement en jeu le principe de la variabilité. L'objection qui a été faite, que telle espèce actuellement transportée d'un climat dans un autre cesse de se reproduire et meurt au lieu de se modifier, a certainement plus de valeur; mais nous répondrons qu'on ne saurait assimiler l'état météorologique du globeterrestre pendant les diverses périodes géologiques qui se sont succédé, à l'état physique et météorologique des diverses zones du globe pendant la durée d'une méme période géologique, pendant notre période géologique actuelle. Le systéme de la production des étres par l'évolution successive d'organismes trés-élémentaires dans leur principe (le systéme de variabilité des formes), nous semble (malgré d'inévitables lacunes et d'inévitables obscurités), expliquer le développement du monde organique sans blesser les lois de l'analogie, et pour ainsi dire sans sortir du domaine de l'observation, sans nous obliger à avoir recours à la supposition d'invraisemblables renversements sporadiques des lois naturelles. Ce systéme nous fait en quelque sorte assister à la production des formes si variées (et en méme temps si souvent variables) dont se compose le nombre (bien difficile à préciser) des espèces qui, à chaque époque successive de l'évolution du globe terrestre, ont constitué les classes diverses des étres organisés. M. Cosson dit qu'il ne partage pas l'opinion de M. G. de Saint- Pierre au sujet de la transformation des espéces. Rien ne la prouve dans l'époque actuelle. Il y a sans doute des variations dues aux influences locales, ajoute-t-il, mais les types sont nettement tran- chés, et il n'existe aucun exemple de transition d'un type à un autre et conséquemment aucune série continue de formes. Les pré- tendues séries de formes des Rubus, des Rosa, des Hieracium, etc., résultent d'études imparfaites. Tant qu'on ne pourra pas apporter des preuves incontestables de l'existence d'une suite de transitions entre deux types, il maintiendra que toute la théorie des transi- tions est à l'état d'hvpothése. Si les espèces s'étaient transformées d'une maniére insensible, on en trouverait la preuve dans les faits géologiques. M. Germain de Saint-Pierre répond : Qu'il maintient l'existence de formes intermédiaires dans la série des espèces d'un grand nombre de genres vivants et notamment dans les genres Rubus SÉANCE DU 44 mar 1869. 175 Rosa et Hieracium, cités par M. Cosson comme n'offrant pas la preuve de séries continues de formes. La preuve que ces formes intermédiaires ou pas- sages d'une forme spécifique à une autre existent bien réellement (dans certains groupes végétaux de l'époque actuelle) , cette preuve est dans le désaccord des botanistes classificateurs (fort habiles cependant), qui se sont efforcés de trouver des limites tranchées entre ces formes et d'en établir la nomenclature. — Que la série de ces formes soit ou ne soit pas continue, dans un genre donné, de la première à la dernière, c'est un point relativement peu important (les lacunes, les faits négatifs, prouvent moins que les faits positifs), le fait essentiel est que l'existence de nuances entre une forme et une autre soit, pour certaines par- ties de certains groupes, incontestable (puisque des botanistes descripteurs sagaces limitent chacun leurs espèces de manières diverses, et que des botanistes généralisateurs s'abstiennent de se prononcer sur ces points de détail, et per- meltent à chacun de considérer ad libitum ces formes comme des espèces ou comme des variétés se rattachant à un nombre restreint de formes spécifiques). — Relativement aux preuves et aux objections tirées des faits géologiques, M. Germain de Saint-Pierre renvoie à sa dissertation intitulée : Les âges du monde végétal (voyez plus haut, pp. 128 et suiv. ). M. Bureau fait remarquer que M. G. de Saint-Pierre admet que pour animer la cellule primordiale ila fallu une puissance créatrice ; or n'est-il pas aussi simple de supposer qu'il n'a pas été plus difficile à cette puissance de créer un étre compliqué qu'une cel- lule ou une monade ? M. G. de Saint-Pierre répond que pour lui, entre deux hypo- thése (créations d'emblée des étres qui constituent le monde orga- nique actuel, règne végétal el règne animal, — et formations primordiales de cellules préembryonnaires susceptibles d'évolution, puis manifestation successive des types génériques et spécifiques actuels par une longue suite d’écarts dans les séries de produits des générations), il choisit comme plus vraisemblable la seconde hypo- thése, parce qu'elle lui semble plus en rapport avec leslois connues de la nature, lois qu'il regarde comme éternelles et immuables. M. de Schenefeld, en ramenant la question à un point spécial, dit qu'il partage au fond l'opinion de M. G. de Saint-Pierre. Il ne croit nullement à l'immutabilité absolue des prétendus types spéci- fiques, mais il ne pense pas que les générations alternantes puis- sent être invoquées comme un argument en faveur de la théorie de la variabilité de ces types. En effet, les métamorphoses des batra- ciens et des insectes, la yénéayenèse (Quatrefages) des zoophytes, 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des entozoaires, etc., ne constituent pas des déviations d'un type spécifique ; ce ne sont que des phases successives de la vie d'un étre (ou d'un groupe d'étres) dont l'évolution s'accomplit sous des formes diverses, mais qui revient toujours, aprés un temps plus ou moins long, aprés des tranformations plus ou moins nombreuses et plus ou moins sensibles, à sa forme primitive. M. Cosson dit que les générations alternantes prouveraient méme plutôt, suivant lui, la permanence des espèces. M. G. de Saint-Pierre explique qu'il n'a employé cet argument qu'afin de prouver que la nature pourrait facilement produire de nouvelles espéces. Il a voulu dire qu'il y a des espéces dans l'ovaire desquelles se forment des types différents d'eux-mémes et qui, en se fixant, deviendraient des types particuliers (voyezla note insérée au bas de la page 171). M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. Duval- Jouve (en date du 12 mai), annoncant à la Société qu'il vient de trouver le Pilularia minuta DR. dans une mare située à 7 kilomètres d'Agde (Hérault). M. Duchartre est d'avis que la mare dont parle M. Duval-Jouve est probablement une des mares de Roquehaute prés Béziers. M. Cosson ajoute que, s'il s'agit des mares de Roquehaute, la découverte de M. Duval-Jouve, bien que trés- méritoire, n'est pas entièrement nouvelle, puisque M. Balansa a déjà signalé le Pilularia minuta dans une de ces mares en 1866 (1). M. E. Roze présente à la Société des échantillons vivants de C/a- viceps purpurea Tul., obtenus d'ergots du Seigle et de l'Ivraie, et de Claviceps microcephala Tul., produits par les ergots du Molinia cerulea. Après avoir rappelé les observations qu'il avait déjà faites l'an dernier sur ce méme sujet (2), M. Roze dit que les Claviceps purpurea, dont il s'agit ici, proviennent de très-beaux ergots dus à l'extréme obligeance de notre confrère M. Buffet : ces ergots ont été mis en terre en octobre1868, puis maintenus à la température ordinaire et à l'air libre jusqu'à ce jour, d'oü il résulte que ces Claviceps sont bien identiquement les mémes que ceux qui se développent naturellement, et que de plus leur date d'apparition a cela d'instructif qu'elle coincide assez bien avec l'époque méme de la floraison du Seigle. Il ajoute que, (4) Voyez Bulletin, t. XII (Revue), p. 93. (2) Voyez le Bulletin, t. XV (Séances), p. 19. SÉANCE DU 14 MAI 1869, 177 par contre, les échantillons de Claviceps microcephala proviennent d’ergots du Molinia cerulea, recueillis à Chaville et mis en terre l'automne dernier, mais tenus sous cloche dans une serre froide, ce qui a dû contribuer à hâter leur apparition età allonger leur pédicule de plus du double de leur dimension naturelle (1). M. Duvillers met sous les yeux de la Société une fleur anomale de Lilas, dont la corolle présente douze divisions réguliéres. M. G. de Saint-Pierre dit que cette multiplication des divisions des organes floraux se rencontre assez fréquemment, et il cite notamment la fleur dela Tomate cultivée. C'est un fait qui se rattache au phéno- mène tératologique qu'il a désigné sous le nom d’expansivité. M. Pérard fait à Ja Société la communication suivante : CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES PLANTES DANS L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON (ALLIER), par Mi. Al. HIER ARE (2). D’après l'évaluation de la statistique du département de l'Allier, la surface de l'arrondissement de Montlucon est de 208 916 hectares ou 2089 kilomètres carrés, Il est, aprés celui de Moulins, le plus étendu de tout le département. C'est donc un vaste champ d'étude, et quoiqu'il ait été exploré par nous depuis Marcillat jusqu'à Ainay-le-Château, les deux points extrêmes de l'ar- rondissement, nous n'avons pas la prétention d’avoir tout vu. Il reste bien certainement encore d'autres espéces à découvrir, et des observations succes- sives viendront, je l'espère, compléter celles qui ont été déjà faites. On sait que la distribution des plantes dans leurs stations est déterminée par différentes causes, dont les principales sont les suivantes : La température, d’après la latitude, l'altitude, l'exposition et la direction des vents ; Le degré de ténacité ou de mobilité du sol ; Le plus ou moins de stagnation des eaux qui filtrent à travers le sol, et enfin les matières qu'elles contiennent et qui peuvent favoriser la végétation ou lui nuire. Une autre cause, qui a aussi son importance et à laquelle la nature a accordé un róle non moins actif, c'est celle de la nature chimique du sol dans lequel croissent les plantes. Quoique ce fait ne soit pas tout à fait admis, méme par (1) C'est ce qui a été prouvé par des essais de culture comparatifs de ces mêmes er- gots du Molinia cerulea, à la température ordinaire et à l'air libre, car ces ergots n'ont preduit leurs premiers Claviceps qu'un mois aprés. (Note ajoutée pendan! l'impression.) (2) Cette communication fait suite à celle que M. Pérard a déjà faite le 23 avril (voyez plus haut, p. 154). T. XVI. (SÉANCES) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelques sommités de la science, il n'en est pas moins reconnu aujourd'hui par la plupart des botanistes. Pensant que mon opinion, si faible qu'elle puisse étre, ne viendra pas s'ajouter, sans intérét, à celle des amis de la science qui la partagent avec moi, je puis dire que, dans notre arrondissement, oü la na- ture des terrains est essentiellement granitique (à l'exception toutefois de la forét de Troncais et d'Ainay-le-Cháteau), j'ai recueilli également des espéces propres aux terrains crétacés, telles que le Teucrium montanum, par exemple. Mais j'ajouterai aussi que ces dernières se trouvent seulement dans certains îlots calcaires, dont j'indique plus loin la formation, d’après l'avis de M. Bou- langer, ancien ingénieur des mines de ce département. Enfin, la situation botanique de ces espèces calcicoles, observées cà et là, est entièrement con- forme aux données géologiques indiquant des calcaires dans cette contrée. A Marmignolles, un de ces îlots a été exploité autrefois, et l'on peut voir encore le calcaire dans la carrière qui est actuellement abandonnée. Dans ces restes d'exploitation croissent des plantes que je n'ai pas vues ailleurs aux envi- rons de Montluçon, si ce n'est toutefois dans le calcaire à Ainay-le-Château. Le plateau de l'Abbaye, où l'on rencontre en abondance le Teucrium monta- num, est d'une formation identique. Il est donc utile de jeter un coup d’œil rapide sur l'hydrographie et l'aspect topographique de cette contrée, ainsi que sur sa constitution géologique. Nous aurons ainsi une idée des causes qui ont pu influer à la surface du sol sur la distribution des espèces comprises dans la liste que j'exposerai plus loin. Le département de l'Allier est situé entre 45° 55' et 16° 48’ de latitude nord, et entre 0? 5' 40” et 1* 40! de longitude orientale. L'arrondissement de Montlucon présente une des plus grandes vallées que compte le département. Cette vallée du Cher est séparée de celle de l'Allier par la deuxième chaine de montagnes qui traverse le département et qui prolonge celle du Limousin. Cette chaine de montagnes s'étend sur la rive gauche de l'Allier et l'altitude de ses points culminants est moins élevée que celle des sommets de la chaine du Forez. Elle parcourt cette région depuis Marcillat jusqu'à Cérilly, et de nombreuses ramifications peuvent étre observées à Chavenon, Hérisson, Mont- lucon, Huriel et Montmarault. L'altitude de ses sommets montagneux est com- prise entre 200 et 350 mètres, et dans les environs du Montet-aux-Moines, on peut voir des pointes qui ont de 400 à 500 mètres d’élévation. Le Cher, un des affluents de la Loire, prend sa source au hameau du Cher, près Mérinchal (Creuse), et entre dans l'arrondissement de Montluçon aux envi- rons de Saint-Marcel. Non loin de là, il recoit sur sa rive droite les eaux du Bu- ron, torrent qui coule au-dessus de Marcillat. Il sépare ensuite le département de P Allier du département de la Creuse jusqu'au moulin du Mas. De là, il se dirige dans l'arrondissement sur un parcours de 80 kilomètres environ, en passant par Sainte-Thérence, le chateau de l'Ours, Saint-Genest, Lavaux-Sainte-Anne, Montlucon, Saint-Victor, Veaux, Reugny, Vallon, Urcay, et un peu plus loin SÉANCE DU 14 MAI 1869. 179 fait son entrée définitive dans le département qui porte son nom. Ses eaux, à certaines époques, sortent de leur lit habituel et causent des inondations sou- vent très-préjudiciables ; en été, au contraire, elles sont quelquefois si basses que, dans beaucoup d’endroits, on peut le traverser presque à pied sec. A partir de son entrée dans l’arrondissement jusqu’à Lavaux-Sainte-Anne, le Cher est encaissé au milieu de rochers de granite à pic et souvent assez élevés ; aussi, le cours de cette rivière offre-t-il au touriste des points assez pittoresques, et au botaniste, une flore assez variée. Sur sa rive droite, il ne compte qu'un seul affluent un peu important, c’est l'Aumance. Cette petite rivière coule aux environs de Chavenon et de Cosne, s'étend jusqu'à Hérisson et va se jeter dans le Cher prés de Maulne. Elle possède elle-même un affluent qui mérite d’être signalé, l'OEil. Ce dernier, aprés avoir passé par Commentry, Deneuille, Neu- ville et Sauvagny, va déverser ses eaux dans l'Aumance aux environs de Cosne. Sur la rive droite du Cher, on n'observe que trois affluents, qui sont la Meu- selle, la Maggieure et la Queugne. Les deux premiers traversent le canton d'Huriel et se réunissent au-dessus de Chantemerle pour aller à Veaux se jeter dans le Cher. La Queugne prend sa source aux environs de Courçais. Il n'entre pas dans le cadre de cette notice de tracer le cours de tous les tor- rents qui sillonnent cette région, ou celui des ruisseaux qui arrosent sa super- ficie, Je citerai seulement l'Amaron, la Vernoile, la Dure, les ruisseaux de Néris et de Désertines, qui vont grossir les eaux du Cher prés de Montlucon, ainsi que l’Arnon, dans le canton d'Huriel, la Marmande prés de Cérilly, et le Buron prés de Marcillat. Ceux qui déversent leurs eaux dans l'Aumance sont le Bandais et le Morgon réunis, la Luignes et le Moussin. Les principaux affluents de la rivière, l'OEil, sont les ruisseaux de Fragne, de Chaud et de la Banne. Tous ces torrents, impétueux en hiver et presque secs en été, sont alimentés par les petits cours d'eau qui descendent du sommet des montagnes, en suivant les sinuosités de nombreux ravins ombragés et souvent impénétrables, car les ronces et les arbustes les encombrent et en obstruent le passage. Ges cours d'eau doivent leur origine à ces sources nombreuses qui surgissent dans le gra- nite; ils découpent le terrain en une foule de sommets aigus ou arrondis et qui donnent au paysage l'aspect caractéristique des contrées granitiques. Ces ruis- seaux limpides, qui coulent en serpentant du sommet de montagnes généra- lement arides, forment des cascades multipliées, resserrées dans les gorges étroites de rochers escarpés. C'est là, sur leurs bords ombragés et fleuris, que le botaniste pourra recueillir les Lychnis diurna, Oxalis Acetosella, Chry- sosplenium oppositifolium, Montia minor et rivularis, Adoxa Moschatellina, Clandestina rectiflora, Stellaria uliginosa, etc. Les torrents, au contraire, suivent les ondulations de fraîches vallées, enca- drées par des montagnes que décorent les fleurs des Calluna vulgaris, Erica Cinerea, Genista anglica et Ulex nanus. Ces vallées, que l'on peut observer 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à Montlucon, le long des ruisseaux de Désertines, de Néris, de l'Amaron, de la Dure, etc., sont les centres de la végétation dans nos contrées. Le voisinage des eaux et la fraicheur qu'elles entretiennent facilitent la croissance de végé- taux abondants et variés, tandis que les rochers de granite sont émaillés égale- ment de toutes les espéces propres à ces stations. C'est de ce cóté évidemment que le botaniste devra diriger ses pas pour faire ses plus belles récoltes. Les étangs ne sont pas rares, surtout aux environs de Cosne et de Cérilly. Du reste, onles rencontre un peu partout, mais principalement dans les terrains argileux. Ceux de La Brosse, de Chamblet et de Sceauve prés Chavenon, ren- ferment quelques bonnes espèces. Les tourbières abondent également dans le canton de Cérilly et à Quinsaines. Cà et là on trouve aussi quelques prairies spongieuses. Enfin, l'embranchement du canal du Berry traverse notre territoire en sui- vant le cours du Cher, depuis Montlucon jusqu'à Vallon-en-Sully. Ses rives ombragées, plantées de peupliers et de sycomores, tout en offrant une des plus jolies promenades que l'on puisse désirer, ont le mérite aussi de fournir au botaniste une flore aussi riche que celle d'une de nos vallées le mieux favo- risées de la nature. L'aspect général de l'arrondissement se ressent évidemment de sa constitu- tion géologique, et, quoique manquant du grandiose qui caractérise la région élevée des montagnes, on ne pourrait pas cependant lui refuser un certain côté pittoresque, qui, dans les vallées de l'Amaron, de Néris, de Désertines, de Nocq à la Chapelaude, de Thizon à Verneix, ainsi qu'à Lavaux-Sainte-Anne, a toujours été assez apprécié, non-seulement par ceux qui habitent Montlucon, mais encore par les étrangers qui sont de passage en cette ville. La configura- tion du sol est celle de toutes les contrées où le granite domine et qui sont arrosées par de nombreux cours d'eau. Dans les parties montagneuses, ce sont des collines arondies, nues, arides, séparées les unes des autres par des ravins profonds, sillonnées par des ruisseaux ou torrents à cours rapide, et offrant ainsi une longue série de découpures et de festons ondulés. Les vallées et les ravins forment souvent des gorges importantes, et dans nos environs on peut en observer quelques-unes qui sont bien connues dans le pays. Je mentionnerai entre autres la gorge du Roc-du-Saint, à l'entrée de la vallée de l'Amaron, celle du Saut-du-Loup, aboutissant à la vallée de Néris, les gorges du Val-du-Diable prés Désertines, et du ruisseau de la Brosse ou des Maisons-Rouges, prés de son embouchure dans le Cher, celle du Thet, qui longe le boisde Chauvière et se continue en face de Lavaux-Sainte-Anne, enfin celle du Thizon, qui s'étend jusqu'à Verneix. La gorge du ravin dela Chape- laude à Nocq, avec sa vieille église perchée sur son rocherisolé, n'est pas non plus sans intérêt. Les noms bizarres donnés à quelques-unes d'entre elles par les habitants du pays indiquent assez leur configuration accidentée. La gorge du Thizon est, sans contredit, celle qui mérite le plus d'attirer SÉANCE DU 14 MAI 1869. 181 l'attention. Comme elle est plus éloignée, elle a été négligée jusqu'ici, et par conséquent moins appréciée. Cependant, ses rochers de micaschiste élevés et à pic, avecleurs petites crêtes se terminant souvent par des clochers ou par des aiguilles, donnent à cette gorge sauvage et abandonnée un aspect assez pitto- resque. Les ruines du château de Thizon en gardent l'entrée : elles sont peu importantes, mais, néanmoins, ces vieux restes des temps féodaux viennent con- firmer, une fois de plus, que leurs propriétaires savaient bien choisir les endroits les plus favorables à leur défense età la domination qu'ils exercaient sur les pays environnants. Les châteaux en ruine ne manquent pas dans le Bourbonnais, et, dans l'ar- rondissement, on peut citer en premiere ligne celui de Murat, dont les restes sont encore assez bien conservés. Je n'oublierai pas non plus le château de l'Ours, situé dans les environs de Néris-les-Bains. Il avait été bàti du temps de Philippe-le-Bel, et appartenait aux seigneurs de l'Ours, dépendants des comtes Archambault de Montluçon. Maintenant, il n'en existe plus que des ruines, n'offrant d^ intérét que par leur situation au milieu d'une con- trée sauvage et abrupte, bien faite pour entourer un tel repaire, Cette tour isolée, oubliette vivante et dernier débris d'une prison d'État rappelant un triste passé, n'est plus aujourd'hui que le rendez-vous des oiseaux de proie, qui viennent planer de temps en temps au-dessus de ses murailles démantelées. Véritable nid d'aigle, placé sur un rocher qui domine le Cher ; le murmure des eaux vient seul troubler le silence de cette profonde solitude. Ces ruines, heureusement, n'ont plus pour visiteurs que les pátres accompagnés de leurs chévres ou les touristes attirés par la curiosité. Elles laissent un sentiment de tristesse à celui qui vient les visiter seul et qui connaitleur histoire légendaire, sentiment qui n’est pas étranger non plus à l'isolement dans lequel elles se trouvent de nos jours. Quoique l'existence de ces débris de la féodalité nous indique toujours un site accidenté, néanmoins, je laisse cette vieille page de notre histoire pour admirer les bords du Cher depuis le moulin du Mas jusqu'à Lavaux-Sainte- Anne. On peut dire que c'est une longue gorge de rochers, au milieu de laquelle cette rivière se trouve encaissée. Des coteaux boisés, comme ceux de Saint-Genest, de Lavaux -Sainte-Anne, de Chauviére, etc., viennent donner à ces rochers un aspect de fraicheur et de verdure qui contraste agréablement avec la végétation monotone des montagnes couvertes de genéts et de bruyères. Ces taillis sont riches en plantes assez rares, et c'est. dans celui de Chauvière que croit en abondance le Scilla L?lio- Hyacinthus. Parfois, les pentes de ces blocs de granite offrent une terre meuble qui peut produire; aussitôt elle est envahie par la culture. C'est aiusi que l'on peut voir, dans beaucoup d'endroits, des plantations de vignes couronnant le sommet de ces roches qui semblaient vouées pour toujours à la stérilité. Ailleurs, ce sont des champs de Légu- mineuses auxquels le trèfle-incarnat et le sainfoin viennent donner une teinte rougeâtre qui n'est pas sans eflet. 182 COCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Des bois peu importants couvrent fréquemment certaines parties de ce ter- ritoire ; mais, dans les cantons de Cérilly et d' Hérisson, on observe des contrées boisées très-étendues. Je signalerai d'abord la forêt de Troncais et un coin de celle de Civray, qui embrassent à elles deux presque tout le canton de Cérilly. Dans celui d'Hérisson, la forêt de l'Espinassc, les bois de Soulongie, de Venas, du Délat, de la Créte, et enfin une portion de la forét de Dreuille. Les autres cantons sont moins bien partagés sous ce rapport; cependant on peut citer dans celui d'Huriel, les bois de Sugere, de la Chapelaude, d'Huriel ou d’Argentière et de Malleret ; dans le canton de Montmarault, la forêt de Château-Charles et le bois de Sarre ou de Blomard ; dans celui de Marcillat, les bois du Tigoulet, des Fontaines et des Champeaux ; enfin, dans les envirous de Montlucon et de Néris, les bois du Saut, de Douguistre ou d'Anguitte, des Forges prés Commentry, de la Châtre prés Marmignolles, ainsi que ceux de la Liaudon et de La Brosse. J'ai déjà dit que ces foréts et ces bois avaient été en partie visités par nous, mais je puis ajouter qu'ils l'ont été encore bien imparfaitement si l'on considère l'étendue du terrain qui reste encore à explorer. La forét de Troncais est si vaste qu'il faudra encore des années pour qu'elle puisse être connue à fond. Ces considérations générales nous donnent déjà une idée de l'hydrographie et de l'aspect topographique de l'arrondissement : il nous est facile par cet apercu de voir et de comprendre les modifications que les eaux peuvent appor- ter dans la configuration extérieure du sol et l'influence considérable qu'elles doivent exercer sur la distribution des végétaux dans cette contrée. Leur sta- gnation plus ou moins grande dans certains milieux est un fait occasionné par la nature méme du sol. En effet, dans les terrains granitiques et par conséquent montagneux, les eaux sont vives et suivent un plan incliné. Loin d'être dans des conditions de stagnation, elles glissent au contraire sur le granite et ne pénétrent que légérement dans l'intérieur pour former des sources fréquentes qui surgissent dans les parties plus basses. Elles se contentent, dans leur impé- tuosité, de désagréger lesroches de micaschiste ou autres, entrainent ces débris dans les ravins et dans les vallées, et deviennent alors des torrents. Dans les ter- rains arénacés au contraire, lorsque l'argile ou le calcaire se trouve mêlé au sable, et cela habituellement dans les parties planes, les eaux sont retenues à la surface par suite du peu d'inclinaison qu'elles possèdent ; ne pouvant pénétrer profondément dans l'intérieur du sol à cause des couches argileuses qui leur ferment le passage, elles forment alors des étangs et il en résulte quelquefois de vastes tourbières. C'est. ce que l'on peut voir dans les marnes irisées de la forêt de Troncais. Les tourbières considérables que l'on observe se trouvent souvent sur un lit de marnes blanches. De là aussi, la formation des étangs nom- breux et d'une grande étendue que l'on rencontre dans cette forêt ainsi que dans le canton de Cérilly. J'aborde donc maintenant la partie géologique : ce sera l'exposé de la dernière SÉANCE DU 1h Mar 1869. 183 cause appelée à modifier encore la distribution des végétaux dans certaines localités, et nous pourrons expliquer ainsi la présence de quelques espèces qui semblent dépaysées au milieu de nos terrains granitiques. Sans sortir des limites que comporte cette notice, néanmoins, les terrains granitiques embrassant la majeure partie de ce territoire, je crois utile de don- ner brièvement quelques détails sur leur formation. Les roches qui composent ces terrains, appelés autrefois terrains primitifs, sont les premières qui se soient consolidées à la surface du globe incandescent. Dans l'état actuel des connais- sances, on a distingué ces roches en deux catégories : celles qui sont sédimen- taires, schisteuses, cristallines, et celles dites plutoniques, non stratifiées, d'ori- gine ignée. Parmi les premières, le gneiss et le micaschiste, qui, par leur structure cristalline, ont été rangés aussi, par quelques auteurs, parmi les roches métamorphiques, existent dans cette région sur une grande étendue. Produites par les débris des roches ignées refroidies et désagrégées par les eaux, elles se seraient. déposées en couches sédimentaires, stratifiées, souvent trés-importantes. Les roches plutoniques, d'origine ignée, soulevées par les effets de la chaleur centrale de la terre, comme les matières volcaniques de nos jours, ont fait, à différentes époques, éruption dans les dépóts sédimen- taires, qu'elles ont relevés et bouleversés. C'est ce que l'on peutobserver dans la gorge de l'Amaron, au Roc-du-Saint, où les couches sédimentaires du mi- caschiste sont contournées, ondulées et redressées en certains endroits. Ces roches éruptives, d'origine ignée, sont dans l'arrondissement, par ordre de soulévement : Le granite à grains fins, associé au gneiss; Le granite porphyroide ; La pegmatite et le porphyre rouge quartzifère. Il est à remarquer que dans les terrains de micaschiste, qui sont fissurés dans toutes les directions, les montagnes présentent presque toujours une série de crêtes aiguës, et que dans ceux d'origine ignée, où domine le granite por- phyroide, on peut voir cà et là des blocs énormes de rochers isolés qui vien- nent dépasser le niveau du sol. En général, les sources de ces terrains sont nombreuses, mais peu abondantes ; elles sont toujours vives et limpides. Le terrain houiller forme cinq bassins, assis sur les roches granitiques qui l'ont précédé. Ce sont : 4° Le bassin de Commentry ; 2° Le bassin de Doyet et de Bezenet ; 3^ Le bassin de la vallée de l'Aumance (Villefranche); n° Le bassin de la vallée du Cher (Maulne, Estivareilles) ; 5? Le bassin de la Queune qui s'étend jusqu'à Montmarault, et dont nous ne possédons qu'un lambeau. Le sixieme bassin, celui de Bert, se trouve dans l'est du département. Dans ce terrain houiller, on. rencontre en. grande abondance des débris ASA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. organiques de végétaux. Les animaux sont plus rares et représentés principa- lement par des poissons placoides ou ganoides. J'en possède quelques-uns qui viennent des mines de Commentry. Ils sont, en général, renfermés dans les couches de schistes. La flore fossile se compose surtout de Cryptogames acro- gènes, et les principales familles que l'on observe appartiennent aux Fougères, Équisétacées et Lycopodiacées. J'ai recueilli moi-méme un certain nombre de ces végétaux fossiles, dont je me propose de faire plus tard une étude spé- ciale. Les mines de Commentry sont les plus importantes ; mais, dans cette loca- lité, le feu s'est déclaré depuis longtemps, et malgré des efforts surhumains, on n'est pas encore parvenu à l'éteindre entièrement. On pouvait voir, à la nuit tombante, de nombreuses flammes bleuâtres planer au-dessus des four- naises, embrasant les monticules que le feu avait envahis, et donner ainsi un spectacle aussi saisissant que grandiose. Le terrain du trias (seulement les marnes irisées) embrasse toute la forêt de Troncais. On rencontre ces marnes à Maulne, Urcay, le Brethon, Cérilly, Theneuille, Braise et Ainay-le-Cháteau. Le calcaire du lias (partie inférieure du terrain jurassique) n'existe, dans l'arrondissement, qu'à Ainay-le-Château, qui est sa dernière limite. La formation lacustre du terrain tertiaire est une de celles qui présentent pour nous le plus d'intérét, attendu qu'en déterminant la présence du calcaire d'eau douce et des grès argileux dans cette contrée, nous aurons l'explication de ces îlots de plantes calcicoles que l'on trouve cà et là localisées dans quelques stations. Le terrain crétacé et la partie supérieure du terrain jurassique man- quent complétement dans le département. Le calcaire lacustre y existe au con- traire en assez grande quantité. Dans l'arrondissement, les terrains lacustres de la vallée du Cher et de l'Aumance sont en grande partie composés de roches arénacées, grés et marnes, mais avec peu de calcaire ; tandis que dans la vallée de l'Allier, le calcaire prédomine. M. Boulanger, dans sa statistique géologique, nous indique les seuls indices du calcaire d'eau douce qu'il ait observés dans les vallées du Cher et de l'Au- mance. Dans cette question qui, pour nos terrains, a une certaine importance, j'ai pensé qu'il était préférable de citer ici l'extraitsuivant qui constate le résul- tat des recherches du savant ingénieur des mines du département de l'Allier, extrait qui reste empreint de toute l'autorité de celui qui l'a écrit. Aprés avoir énoncé que les roches arénacées de ces terrains sont for- mées aux dépens des roches primitives sur lesquelles elles reposent, M. Boulan- ger s'exprime ainsi : « Les grès et les argiles dont nous venons de parler passent quelquefois » à des calcaires, ceux-ci ne formant d'abord que des concrétions au milieu » des couches arénacées, mais peu à peu, par l'addition d'une plus grande » quantité de carbonate de chaux, ces concrétions se transforment en couches SÉANCE DU 14 MAI 1869. 185 calcaires continues; ce passage peut s'observer particulièrement sur la route de Montlucon à Limoges et sur celle dela Chapelaude à Cullan. » Les dépôts calcaires sont peu considérables dans l'ouest du département de l'Allier; ils constituent, aux environs de Montluçon, à Domérat et à Mar- mignolles, un petit bassin en partie recouvert par les sables alluviens de la rivière du Cher; on trouve aussi un lambeau calcaire à la Chátre, un peu au sud-ouest de Verneix ; auprés de Commentry, deux des puits ont traversé des masses calcaires dont les débris se trouvent encore sur le sol (en 1845). Enfin, à la hauteur de Maulne, le calcaire d'eau douce se présente sur la rive gauche du Cher, et au-dessus d'Urcay il existe un dépót de silex, substance ordinai- rement subordonnée au calcaire. A Marmignolles, dans les carrières autrefois exploitées pour pierreà chaux, il se trouve en rognons dans lesquels la ma- tière siliceuse, généralement brune ou jaunâtre, empáte de petits fragments anguleux de calcaire. Cette roche bréchiforme se trouve ordinairement à la surface du terrain d'eau douce en son contact avec les sables alluviens. Les silex forment une masse assez importante au-dessus d'Urcay ; là, la matière siliceuse, stratifiée en petites couches, renferme des moules de coquilles d'eau » douce, appartenant aux limnées. La méme matiére se trouve en masses » concrétionnées à Cháteaugay, où elle est exploitée pour l'entretien de la route * de Montlucon à la Chapelaude ; enfin, ces silex existent en abondance sur » l'ancien chemin de Montlucon à Huriel. » Les grés argileux tertiaires se trouvent aussi dans notre arrondissement à Audes et à Saint-Désiré. Les observations botaniques que j'ai faites dans cette contrée concordent entièrement avec les observations géologiques de M. Boulanger, et les seules plantes calcicoles que j'aie rencontrées existent seulement dans le petit bassin calcaire situé à droite de la route de Limoges et qui comprend le plateau de l'Abbaye et de Bienassis, les territoires de Couraud et de Domérat. J'ai récolté également ces espèces aux environs d'Audes, de Commentry, de Maulne, ainsi que dans la carrière calcaire abandonnée de Marmignolles et dans la partie cal- Caire au-dessus de la Châtre. Ces plantes calcicoles, dont l'existence d'un cer- tain nombre a été constatée en 1840, ne sontgénéralement pas communes dans cette région, et, quoique isolées au milieu de nos espèces granitiques, leur présence se trouve maintenant parfaitement expliquée par la nature du terrain Où elles sont stationnées. Quant à la dernière partie de notre étage géologique, les sables d'alluvion, on les trouve en suivant le cours du Cher depuis les environs de Néris jusqu'à lalimite du département, et par conséquent à Lavaux-Sainte-Anne, les Iles, Montluçon, Marmignolles, les Varennes, Audes, Saint-Victor, Estivareilles, Reugny, Vallon, Maulne, Urcay, l'Ételon. Après avoir brièvement esquissé les causes qui peuvent exercer une influence Sur la distribution des végétaux dans l'arrondissement, il sera facile de présen- = x >» x z = x x =x z zx =x = t 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ter leur dispersion dans les divers terrains qu'ils affectionnent. En indiquant les principales espèces qui croissent dans chaque étage géologique, je n'entends pas assigner à chacune d'elles une limite rigoureuse et dire qu'elles ne peuvent croitre que dans les terrains mentionnés. Seulement, je veux montrer que c'est dans tel terrain qu'on les rencontre principalement dans cette contrée. Néan- moins, on verra que nous ne trouvons pas de plantes véritablement calcicoles dans les terrains granitiques purs. 4° TERRAINS GRANITIQUES. — Les plantes observées viennent sur les rochers secs ou ombragés, sur les bords des ruisseaux qui descendent du sommet des montagnes ou sur les rives des torrents qui suivent le cours de fraiches vallées. Je citerailes espéces suivantes dans les lieux secs et sur les pelouses qui recouvrent les rochers et les montagnes : Barbarea præcox (B. brevistyla Jord.). Andriala integrifolia. Biscutella granitica Bor. suppl. inéd. Anarrhinum bellidifolium. Dianthus Carthusianorum. Digitalis purpurascens. Silene Armeria. Thymus Chamædrys Fries. — nutans, Phalangium Liliago. Lotus angustissimus. Buxus sempervirens. Sedum intermedium Déség lise. Ceterach officinarum. — recurvatum Willd, Asplenium Ruta-muraria. — graniticum (1). — Breynii. — micranthum Past. — septentrionale. Senecio artemisiæfolius. (1) SEDUM GRANITICUM (sp. nov.). — Tiges de 2 à 5 décimètres, robustes, peu nom- breuses, radicantes à la base, redressées, droites et ordinairement élevées. — Feuilles souvent glaucescentes, cylindracées et terminées par un mueron blanchátre : celles de la tige trés-grosses, charnues, élargies à la base et se prolongeant en un appendice arrondi, ordinairement alternes et espacées jusqu'à l'inflorescence. — Rejets stériles allongés, flexueux, radicants à la base, à feuilles moins grosses que celles de la tige : les inférieures alternes ou opposées, éparses, láches, étalées, droites ou arquées, mais non recourbées ni en faisceaux spiralés, les supérieures seulement rapprochées au sommet. — Inflorescence large et étalée, à rameaux recourbés avant et aprés l'anthése, se redressant avec le fruit. — Fleurs grandes, subsessiles, disposées en cymes bifides, fortement scorpioides, — (alice à 5-6 sépales, excavés au centre et se terminant en pointe obtuse. — Pétales oblongs-linéaires, d'un jaune assez pâle, obtus, à côte médiane prononcée, au nombre de 5-6 et presque trois fois longs comme le calice, — Étamines égalant les pétales et dont les filets sont dilatés et garnis de poils hyalins à la base. — Anthères oblongues, d'un jaune plus foncé que les pétales et que les filets des étamines.—Carpelles dressés, assez gros (à l'état de maturité) et atténués en un long bec pointu de la longueur des pétales et des étaniines, Habitat. — Rochers de micaschiste, à Hérisson, bords de l'Aumance. Par cette description, il est facile de voir que cette espèce s'éloigne à priori de toutes les autres appartenant à la méme section, et qu'elle se rapproche seulemeut des S. re- flexum et rupestre L. (Bor. Fl. centr. 3° édit.), ainsi que du S. recurvatum Willd. — Elle se distingue: 1° du S. reflexum L., par sa haute taille qui dépasse quelquefois celle du S. altissimum Poir., par ses tiges plus robustes, par ses feuilles trés-grosses, par celles de ses rejets stériles non imbriquées, par ses fleurs à pétales trois fois longs comme le calice, par ses étamines égalant les pétales, et enfin par ses carpelles un peu plus gros ; 2° du S. rupestre L. (Bor, Fl. centr. 3*édit.), qui a les feuilles de ses rejets sté- SÉANCE DU 1/ Mar 1869. 18. Dans les endroits ombragés ou au bord des cours d’eau : Ranunculus hederaceus. — radians Revel. Aquilegia vulgaris. Cardamine udicola Jord. — hirsuta. — silvatica. — impatiens. Lepidium Smith Lychnis diurna. Stellaria uliginosa. Oxalis Acetosella. Geranium pyrenaicum., — silvaticum. Epilobium lanceolatum. — — var. umbrosum. Ribes alpinum. Umbilicus pendulinus. Montia minor. — rivularis. Chrysosplenium oppositifolium. Angelica montana, Adoxa Moschatellina. Inula graveolens. Senecio erraticus Bert. — Fuchsii. Campanula patula. — — var. lasiocalyx. Wahlenbergia hederacea. Lysimachia nemorum. Clandestina rectiflora. Polystichum aculeatum, — angulare. Asplenium Halleri. Les Polygala serpyllacea Weihe, Spergularia rubra, Digitalis purpurea, sont très-abondants dans les terrains houillers. 2° MARNES IRISÉES DU TRIAS ET CALCAIRE DU LIAS. — Sans vouloir attacher une autre importance à cette distinction que celle de plantes calcicoles, je l'ai néanmoins signalée, parce que j'ai recueilli dans ces terrains quelques espèces que je n'ai pas vues jusqu'ici ailleurs dans l'arrondissement. Tels Sont : Medicago falcata. Trifolium medium, Althæa hirsuta. Hypericum montanum, Trapa natans. Seseli montanum. Turgenia latifolia. Micropus erectus. Filago spathulata. Centrophyllum lanatum. Anchusa italica. Rhinanthus hirsutus. Lamium maculatum. Aceras hircina. 3° CALCAIRE LACUSTRE, GRÈS ARGILEUX. — Les localités qui sont le mieux caractérisées, dans les environs de Montluçon, par les plantes qui croissent habituellement dans le calcaire, sont assurément le bassin de l'Abbaye, Cou- raud et Domérat, les alentours de Marmignolles et de la Chàtre, Audes et Commentry. On trouve dans ce terrain : Delphinium Consolida. Helianthemum procumbens Dun. Anthyllis Vulneraria. Ervum gracile. Bupleurum tenuissimum. Inula salicina. Centaurea Duboisii. Cirsium acaule. Lactuca perennis. Sonchus arvensis. riles glauques et imbriquées sur cinq rangs irréguliers spiralés formant des faisceaux oblongs ; 30 du S. recurvatum Willd. Enum. suppl., qui a les feuilles de ses rejets sté- riles glauques et recourbées et dont le port plus robuste diffère peu cependant du S. re- flexum L. : 18S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Anagallis cærulea, Chlora perfoliata. Echinospermum Lappula. Verbascum Blattaria. Veronica Bastardi. Linaria spuria. —- supina. Eufragia viscosa. Melampyrum arvense. Stachys germanica. — annua. Brunella alba. Ajuga Chamæpitys. Teucrium Chamædrys. — montanum, Plantago media. Passerina annua. Aristolochia Clematitis. Orchis odoratissima. Spiranthes autumnalis, Phalangium ramosum, Ces espèces, qui sont si communes dans les terrains calcaires de la France, sont, en général, rares dans notre contrée. h° SABLES ALLUVIENS. — La végétation propre aux régions sablonneuses qui bordent le Cher renferme quelques bonnes espèces. Les suivantes pourront être récoltées, soit dans les lieux secs, soit dans les endroits humides : Corydallis solida. Nasturtium pyrenaicum. Viola Deseglisei Jord. — peregrina J. — gracilescens J. Sagina patula J. Malva laciniata Desr. in Lmk. Trifolium rubellum Jord. — subterraneum. Lathyrus angulatus. — hirsutus. — Nissolia. Potentilla decumbens Jord. Tordylium maximum. Mentha subspicata. — plicata. — origanifolia. — peduncularis. — viridula. Mentha diffusa. — sativa. — nummularia. — acutifolia. — Hostii. — procumbens. — austriaca. Conopodium denudatum., Œnothera suaveolens Desf. Verbascum virgatum. Polycnemum majus. Salix fragilis. — Russeliana. — rubra. Gastridium lendigerum. Aira multiculmis Dum. Festuca Poa Kunth. — tenuicula Link. Eragrostis pilosa. Les bois, les étangs et les tourbières présentent une végétation qui leur est propre à peu près dans tous les terrains. Dans les forêts et les bois, on pourra recueillir à différentes époques : Ranunculus nemorosus. Isopyrum thalictroides. Sorbus torminalis. — domestica. Anthriseus silvestris, Tilia parvifolia. Asperula odorata Scorzonera plantaginea. Hieracium umbelliforme Jord. — grandidentatum J. Hieracium obliquum J. — virgultorum J. — Pseudosciadium Bor. — nemophilum Jord. — paucifoliatum J. — pallidifolium J. — similatum J. — ovalifolium J. — brevipes J. — bunophilum / SÉANCE DU Hieracium rarinævium J. — exotericum J. Verbascum nigrum. Lobelia urens. Pulmonaria affinis Jord. — saccharata Mill. Digitalis lutea. Calamintha ascendens Jord. Melittis grandiflora. Euphorbia dulcis. — hiberna. 44 MAI 1869. 189 Mercurialis perennis. Paris quadrifolia. Endymion nutans. Scilla bifolia. — Lilio-Hyacinthus. Allium ursinum. Bromus asper. Festuca gigantea. Nephrodium spinulosum. Scolopendrium officinale. Lomaria Spicant. Dans les tourbières et les prairies spongieuses : Drosera rotundifolia. — intermedia. Parnassia palustris, Helodes palustris. Comarum palustre. Utricularia minor, Pinguicula lusitanica. Gentiana Pneumonanthe. Menianthes trifoliata. Triglochin palustre. Potamogeton polygonifolius. Orchis conopea. Rhynchospora alba. — fusca. Eriophorum latifolium. Carex pulicaris — canescens. Osmunda regalis. Nephrodium cristatum. Athyrium Filix-femina. Dans les bruyères humides ou sèches : Polygala dubia Bellynck (oxyptera auct. non Rchb.) . Radiola linoides. Lythrum Hyssopifolia var. nanum. Erica scoparia. Cicendia pusilla. — filiformis. Orobanche Ulicis. Euphrasia ericetorum Jord. — rigidula J. — campestris J. Juncus capitatus. — Tenageia. Enfin, dans les mares, dans les étangs ou sur leurs bords : Elatine hexandra. Isnardía palustris. Trapa natans. Myriophyllum alterniflorum. Helosciadium inundatum. Utricularia vulgaris. — neglecta. Hottonia palustris. Limosella aquatica. Littorella lacustris. Alisma ranunculoides. — repens. Alisma natans. Heleocharis ovata. Scirpus fluitans. Potamogeton acutifolius. — obtusifolius, — tuberculatus. Pilularia globulifera. Chara fragilis. Nitella translucens. — syncarpa. — flexilis. — opaca. Plusieurs espèces croissent dans les décombres, sur les ruines ou dans le voisinage des habitations; tels sont les Datura Stramonium, Leonurus Car- diaca, Melissa officinal is, Salvia Sclarea, etc. Dans les vignes, on trouve les Calendula arvensis, Echinospermum Lap- pula, Physalis Alkekengi, etc. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Orobanches, plantes parasites, vivent aux dépens de certaines Ombelli- feres et Légumineuses, et les Cuscutes envahissent les bruyères, les genêts aiusi que les champs de tréfle et de luzerne. Je ne saurais mieux compléter cette notice qu'en parlant de deux sites accidentés et connus qui se trouvent près de Montluçon et sont l'objet de deux charmantes promenades à proximité de cette ville. Ils ont, en outre, l'avantage d'étre, pour le botaniste, deux endroits assez riches en plantes et par conséquent le but de fructueuses herborisations. Je veux parler du Roc- du-Saint, dans la vallée de l'Amaron, et du village de Lavaux-Sainte-Anne, sur la rive droite du Cher. Le Roe du Saint. Ce site est formé par la gorge de rochers granitiques qui ferment l'entrée de cette fraiche vallée, dont le cours de l'Amaron suit les gracieuses sinuosités. Une série de collines généralement arides ou couvertes cà et là de vignes et de champs cultivés, longe cette vallée sur un parcours assez étendu. Le Chatelard en est le point culminant et domine la ville de Montluçon. A sa base, de chaque cóté de l'Amaron, se trouvent des rochers de micaschiste, blocs énormes, qui élèvent leurs crêtes aiguës vers le sommet de la montagne dont ils serrent les flancs. Cette gorge, dans laquelle l'Amaron est encaissé, a reçu des habitants du pays le nom de Roc-du-Saint. Si nous nous reportons dans la nuit des temps, la légende nous montrera une petite excavation au milieu d'un de ces rochers de micaschiste. Elle nous racontera aussi que c'était là le refuge d'un saint anachoréte qui s'était retiré, au milieu de cette nature sauvage, loin d'un monde dont il avait eu probablement à se plaindre. Il faut dire, il est vrai, que le lieu ne pouvait étre mieux choisi pour se livrer à de sérieuses méditations et pour admirer en méme temps la grandeur de celui qui l'avait créé, Pendant longtemps, les murmures de l'Amaron, roulant les cailloux de granite arrachés pendant l'hi- ver aux rochers qui l'étreignent, sont venus seuls troubler le silence qui régnait dans cette solitude. Mais le jour où l'industrie, pour se créer un passage, a fait sauter avec la mine une partie de ces blocs abrupts qui dataient de la création du monde, des tunnels ont été jetés sur l'Amaron, une voie ferrée a été éta- blie et le sifflet aigu des locomotives vient de temps en temps aujourd'hui rompre bruyamment le calme et la tranquillité de cette pittoresque vallée. Alors, plus de méditation possible ; la petite grotte ne servira plus qu'au chas- seur cherchant un abri pendant l'orage, ou aux pátres qui viendront y faire du feu tandis que leurs chèvres iront brouter les gazons des pelouses monta- gneuses environnantes. Le botaniste qui explorera ces rochers de granite et ces cours d’eau lim- SÉANCE DU 14 Mar 1869. 191 pide, fera une ample moisson de plantes assez communes dans ce pays, mais rares dans beaucoup d'autres. Sur les rochers, il pourra recueillir, en abon- dance, suivant les saisons : Barbarea præcox (B. brevistyla Jord.). Biscutella granitica Por. Dianthus Carthusianorum. Silene Armeria, — nutans. Spergula pentandra. Hypericum pulchrum. Sedum micranthum Bast. — recurvatum Willd. Senecio artemisiæfolius. Andriala integrifolia. Anarrhinum bellidifolium. — — var. foliosum (R.). Thymus Chamædrys, Scilla autumnalis. Galeopsis dubia (à fleurs jaunes et rouges). Buxus sempervirens. Asplenium septentrionale. — Breynii (RR. là). Dans les fentes ombragées se cache l Umbilicus pendulinus. Au bord des ruisseaux d'eau vive, il trouvera : Ranunculus hederaceus. — radians Revel. Lychnis diurna. Stellaria uliginosa. Sagina procumbens. Montia minor. — rivularis. Lysimachia nemorum. Ajuga genevensis. Dans les ravins couverts (celui de Beaulieu, par exemple), les : Aquilegia vulgaris. Helleborus fœtidus. Oxalis Acetosella. Epilobium montanum. — lanceolatum. Circæa lutetiana. Chrysosplenium oppositifolium. Viburnum Opulus. Adoxa Moschatellina. Polystichum aculeatum. — angulare., Athyrium Filix-femina. Enfin, sur les bords de l'Amaron, y compris le Diéna, les espèces suivantes ne sont pas rares : Cardamine hirsuta. Nasturtium pyrenaicum. Cirsium eriophorum. Verbascum floccosum. — nigrum. — Lychnitis — Schiedeanum Koch. — mixtum Ram. Myosotis cæspitosa Schultz. Clandestina rectiflora. Mentha subspicata Weih. — plicata Opiz. — origanifolia Host. — nummularia. Cyperus flavescens. — fuscus. Le Ribes alpinum est assez abondant dans les haies. Par cette énumération, il est facile de voir que le Roc-du-Saint est une des belles herborisations que le botaniste est appelé à faire dans cette contrée. Du reste, toutes ces gorges granitiques se ressemblent, et, à part certaines plantes spéciales à quelques-unes d'entre elles, on peut dire que la description d'une seule peut servir à toutes les autres. 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lavaux-Sainte-Anne. En partant de Montlucon par la route de Néris et aprés avoir dépassé le château de Saint-Jean, on se trouve sur les bords du Cher, dans un endroit où le cours sinueux de cette rivière forme une courbe assez prononcée. A l'ex- trémité du sentier qui vous y conduira, j'ai trouvé sur le talus (en 1860), le rare Trifolium glomeratum. Près de là, sur les pelouses sèches des rochers, croit assez abondamment l' Eragrostis megastachya. Un peu plus loin, en sui- vant le chemin pierreux, on rencontrera le 7ordylium maximum et le Cala- mintha silvatica. C'est de ce point de vue que vous pourrez apercevoir le clocher de la vieille église de Lavaux-Sainte-Anne, dominant les grands arbres qui entourent le hameau, et vous aurez là, en face de vous, un des plus jolis paysages que la nature ait jetés au milieu de ces masses de granite émaillées encore une fois de fleurs et de verdure. Le Cher, dont les eaux calmes et lim- pides coulent au bas de ces taillis, semble se perdre au loin parmi les rochers qui l'enserrent. Ses eaux tranquilles viennent parfois se heurter contre les blocs de granite, et retombent en écume blanchátre dans la vague impuissante quilesa apportés. Puis, cette belle nappe d'eau, rencontrant une digue que la civilisation a importée là pour donner le mouvement et la vie à un vieux moulin nouvellement reconstruit, forme une cascade bruissante dont les doux murmures semblent protester contre des obstacles que la nature lui avait épar- gnés. Le village, sur son coteau boisé, plane gracieusement au-dessus de la riviére et semble s'y mirer avec sa verdure, se confondant ainsi avec le bleu du Ciel et l'azur d'une onde pure et claire. Vous y arriverez par un chemin frayé au milieu de prairies que viennent embellir les corolles bleues de l'Ancolie (Aquilegia vulgaris) et les fleurs du Compagnon-rouge (Lychnis diurna). A votre gauche, dans le petit bois montueux que vous cótoyez, allez récolter, au printemps, dans les endroits ombragés, le Corydallis solida, Y Allium ursinum avec ses ombelles d'un beau blanc, ainsi que les petites fleurs bleues du Scilla bifolia. Dans les taillis à découvert, où les rayons du soleil peuvent pénétrer à l'aise, vous trouverez, à une autre époque, les : Hypericum hirsutum. Inula squarrosa. Campanula Trachelium. Picris hieracioides. — persicifolia. — arvalis Jord. Digitalis lutea. Hieracium fruticetorum J. Gnaphalium silvaticum. — umbelliforme J. Dans les endroits arides, le Genista sagittalis, et au bord des ravins, le Polystichum angulare. Arrivé à Lavaux-Sainte-Anne, village simple et champêtre, jetez les yeux, en passant, sur sa vieille église qui date de plusieurs siècles et au pied de SÉANCE DU 414 Mar 1869. 193 laquelle vous pourrez recueillir le Circæa Lutetiana. Quand vous aurez dépassé les dernieres habitations, vous vous retrouverez en face des rochers graniti- ques, et là vous apercevrez facilement les Vincetoxicum officinale, Polygo- natum vulgare, et les périanthes blancs du Phalangium Liliago, dans les fentes des rochers, le Ceterach officinarum, V Asplenium septentrionale et l'Umbilicus pendulinus. Vous pourrez remonter ensuite le cours du Cher jusqu'aux ruines du château de l'Ours, et vous aurez ainsi parcouru l'une des contrées les plus accidentées et les plus pittoresques des environs de Mont- lucon. Si, en été, les eaux du Cher sont assez basses pour vous permettre de le tra- verser presque à pied sec, vous aurez à explorer, sur la rive gauche, en face de Lavaux-Sainte-Anne, les rochers qui font suite à la gorge du Thet. Là, crois- sent encore quelques bonnes espèces, telles que les Asplenium Breynii et Ruta-muraria, Digitalis purpurascens, Peucedanum Oreoselinum, Prunus Mahaleb, Rhamnus catharticus ; plus loin, dans les endroits ombragés au bord du Cher, le Geranium silvaticum. Enfin allez jusqu'au bois de Chau- vière où vous attend le Scilla Lilio- Hyacinthus et vous ferez une riche moisson de plantes aussi rares que variées. Je termine cette notice par quelques observations, qui me paraissent devoir être le complément nécessaire de ce travail. En effet, si l'on compare le chiffre de 1100 espèces environ, citées dans le catalogue d'un seul arrondissement, avec la proportion établie dans des ouvrages d'une circonscription beaucoup plus vaste, on pourrait croire que l'exploration de cette contrée, la mieux connue aujourd'hui de tout le département au point de vue botanique, est bien près d'atteindre sa dernière limite. Cependant, quoique trés-avancée, je la consi- dère encore comme très-incomplète. Car, dans la phanérogamie, des genres difficiles, tels que les Rosa, Rubus, Hieracium et Mentha, n'ont pas été suffi- samment étudiés jusqu'à ce jour dans cette région de la flore francaise, et quoique je mentionne déjà un certain nombre d'espèces dans l'arrondissement, il n'est pas douteux qu'il y a beaucoup à faire de ce cóté, et bien plus encore dans le reste du département de l'Allier, où aucune de ces espèces n'a été signalée jusqu'ici. En outre, la cryptogamie, qui comprend un monde végétal beaucoup plus considérable que celui dont nous avons parlé précédemment, n’est encore indiquée que pour mémoire, et les quelques listes ajoutées à ce catalogue sont les seules qui aient paru jusqu'à ce jour pour le département. Cependant, cette branche intéressante de la botanique possède de nombreux représentants sur nos rochers de granite, aux bords de uos cours d'eau, dans les ravins ombragés, dans les clairières sablonneuses des bois, ainsi que dans les marais et les tourbières. Les botanistes de ce département n'oublieront pas cette phrase de Linné : Natura mazime miranda in minimis, et, en étudiant ces petits êtres, ils apprécieront eux-mêmes la justesse de l'observation du grand T. XVI. (SÉANCES) 43 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. maître. Que chacun se mette donc à aborder les difficultés, et nous pourrons dire alors que nous connaissons entièrement la distribution géographique des espèces qui croissent spontanément dans le département de l'Allier (1). SÉANCE DU 28 MAI 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASEGUE. M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 14 mai, dont la rédaction est approuvée. M. Weddell fait à la Société la communication suivante : LES LICHENS DES PROMENADES PUBLIQUES ET, EN PARTICULIER , DU JARDIN DE BLOSSAC, A POITIERS, par ME. H.-A. WEDDELL. Prise dans son ensemble, la flore indigéne des promenades ou jardins publics ne présente qu'un médiocre intérét. Les plantes qui la constituent sont celles qui pullulent habituellement au voisinage des centres populeux. Une considération spéciale place cependant en dehors de cette appréciation la classe des Lichens, et donne à son étude un intérét assez piquant. Diflérant, sous ce rapport, de la plupart des autres végétaux, les Lichens vivent moins aux dépens des corps sur lesquels ils sont implantés, qu'aux dépens de l'atmosphere qui les baigne, et ne se plaisent que là où l'air est pur. Aussi les voit-on, à quelques exceptions prés, fuir la proximité trop immédiate des grands foyers d'industrie, où l'air peut se trouver vicié par les exhalaisons des (1) Antoine Delarbre, dans sa Flore de l'Auvergne (deux éditions, 1797 et 1800), a, le premier, signalé plusieurs localités de plantes dans le département de l' Allier, et sur- tout dans les environs de Gannat qui avaient été déjà explorés par le docteur Antoine Charles. En 1827, cinq années aprés la publication de l'ouvrage sur Néris par le docteur Boirot-Desserviers, un autre médecin naturaliste, dans le sud-est du départeinent, le doc- teur Alex. Giraudet, faisait paraître sa Topographie physique et méticale de Cusset. Dans cet opuscule, il traitait en abrégé l'histoire naturelle des environs de Cusset, et donnait un aperçu sur les trois régnes. Le règne végétal est classé en soixante -quatre familles natu- relles embrassant chacune un petit nombre d’espèces, Parmi ces dernières, on remarque quelques plantes rares pour le département, tels sont: Myosurus minimus, Stellaria nemorum, Geranium pheum, lucidum et pratense, Reseda Phyleuma, Sambucus ra- cemosa, Inula montana, Arnica montana, Campanula hederacea, Phyteuma orbiculare, Vaccinium Myrtillus, Gratiola officinalis, Leonurus Marrubiastrum, Asarum euro- pœum, Galanthus nivalis, Arbutus Uva-ursi, Briza maxima, Ægilops ovata, Andro- pogon Gryllus, Stipa pennata et capillata, Lagurus ovatus et cylindricus, Melica ciliata, Adiantum Capillus- Veneris. Pour un certain nombre de ces espèces, je crois qu'il serait utile, avant de les admettre, de constater de nouveau leur présence dans la loca- lité. (Note ajoutée au moment de l'impression, août 4869.) SÉANCE DU 28 Mar 4869. 195 usines on manufactures. C'est mon savant ami, M. ledocteur W. Nylander, qui a, le premier, mis ces faits en évidence, dans sa notice sur les Lichens du jardin du Luxembourg (1), et il a, on ne peut mieux, résumé sa pensée en disant que les Lichens, donnant à leur manière la mesure de la salubrité de l'air, constituent une sorte d'Aygiomètre qu'il peut être utile de consulter (2). Rieu de plus facile, d'ailleurs, que de s'assurer, par soi-méme, de l'exac- titude de ces assertions. Il y a, généralement, dans toute promenade publique, un ou deux points mieux exposés que les autres; or, il suffit d'une simple comparaison pour constater que ceux qui sont le plus rapprochés des grands massifs d'habitations sont aussi ceux qui sont le plus pauvres en Lichens. Que l'on pénètre, par exemple, dans le jardin du Luxembourg, par la porte qui avoisine l'Odéon, on aura beau explorer les écorces des arbres qui se trouvent du côté de cette entrée, on n’y trouvera aucune trace de Lichens : dans l'allée de l'Observatoire, au contraire, où laflux de l'air est plus facile, presque aucun arbre n’en est dépourvu. Le jardin des Tuileries, plus central que le Luxembourg, est aussi infini- ment plus pauvre en Lichens ; je n'ai pu y en découvrir que trois ou quatre espèces extrêmement clair-semées. Et, dans l'ancien jardin des Petits-Ménages, qui, par suite de démolitions, vient d’être exposé à la vue du public, c'est à grand'peine si j'ai pu en rencontrer un seul misérable échantillon : la variété pityrea du Physcia pulverulenta ; c'est de tous les Lichens corticoles supé- rieurs celui qui, avec le Physcia parietina, paraît se plaire le plus dans les lieux habités. | La revue des Lichens du Luxembourg a été faite en 1866. Depuis lors, des changements considérables ont eu lieu dans cette promenade, et ont ajouté à ses agréments. Les lichénographes seuls, peut-être, n'y ont pas trouvé leur compte, car, grâce aux remaniements qui y ont été opérés, grâce à la suppres- sion des murs d'enceinte, remplacés par des grilles, grâce enfin à l'abattis de beaucoup d'arbres, le nombre et la diversité des substratums ont si bien dimi- nué, que l'on aurait, je pense, bien de la peine à y rencontrer aujourd'hui les quarante formes de Lichens dont l'oeil exercé du docteur Nylander y a su con- stater la présence; et je comprends que, tout en admirant les plates-bandes fleuries qui occupent le site de ce lieu privilégié que l'on appelait la petite Provence, et du vieux mur tout semé de thalles et d'apothécies qui le bordait, il se soit écrié plus d'une fois : // Troja fuit ! | La pureté de l'atmosphère, la variété des substratums : voilà deux condi- tions essentielles à la richesse de la flore lichénique. Une autre condition, non moins importante, c'est le temps; et, pour donner une idée de son impor- (1) Voyez le Bulletin, t. XHI (Séances), pp. 364 et suiv. (2) Il est. presque superflu de faire remarquer que les miasmes paludéens ou autres ` ui ~ La B B , LA . analogues, qui ne peuvent exercer leur influence pernicieuse que sur l'organisme animal, doivent étre mis ici hors de question. 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tance, il me suffira de rappeler qu'il y a des Lichens crustacés, n'occupant guère, sur la surface d'un rocher, que l'espace que recouvrirait une pièce d'argent de cinq francs, qui, cependant, n'ont pas mis moins d'un siècle à atteindre ce degré de développement. C'est ce qui fait que, méme en admet- tant que l'air du Luxembourg continue à étre aussi pur que par le passé, la réapparition de sa flore lichénique pourra se faire longtemps attendre. Quoi qu'il en soit, la lecture de l'intéressant travail de M. Nylander sur les Licheas de la promenade parisienne m'a donné l'idée d'étudier, au méme point de vue, le jardin public de Blossac, que les habitants de Poitiers regardent, et nou sans raison, comme un des plus beaux de la France. Si les Lichens disent vrai, on peut affirmer, également, qu'il doit compter parmi les plus salubres. Il présente, en effet, toutes les conditions voulues pour que ces végétaux y soient à la fois abondants et variés : c'est-à-dire lumière, aération parfaite, substra- tums de nature diverse, et enfin un àge respectable. Quant à sa topographie, je me contenterai de dire ici que la terrasse qui couronne, sur une longueur d'en- viron 600 mètres, le rocher de calcaire jurassique que l'on aperçoit en venant de Bordeaux avant de pénétrer dans le tunnel de Poitiers, est celle du jardin de Blossac, et que c'est sur le mur de cette terrasse, d’où l'œil plonge sur la jolie vallée du Clain, mur qui faisait partie des anciennes fortifications de la ville, que j'ai recueilli une grande partie des Lichens mis sous les yeux de la Société. Les autres ont été pris, soit sur d'autres points de l'enceinte, soit sur les arbres (1) dont la promenade est plantée ; et là, ainsi que je le montrais plus haut pour les arbres du Luxembourg, on est frappé de la différence de la végétation lichénique dans les parties plus ou moins bien exposées du jar- din : du côté de la terrasse, les écorces disparaissent complétement sous les thalles des PAyscia aux vives nuances; dans le fond du jardin, au contraire, là où la lumière est moins vive et la circulation de l'air moins libre, par suite du voisinage des habitations, les Lichens, tout en se montrant encore en assez grand nombre, se développent moins et sont en lutte avec les Mousses et les Protococcus. Je donne ci-dessous la liste des Lichens, au nombre de 87 (en y comprenant les variétés), que j'ai observés à Blossac, pendant le courant de l'hiver dernier et au printemps de cette année. Elle est, sans doute, incomplète encore, mais elle suffira pour donner une idée satisfaisante de la richesse de cette flore. Je me hâte d'ajouter que toutes mes déterminations ont été rectifiées ou contró- lées par mon excellent ami M. le docteur W. Nylander, dont l'obligeance, je me plais à le reconnaitre, ne s'est jamais démentie, et qui a mis à ma disposition les trésors de sa science avec une libéralité dont je lui suis profondément recon- nalssant. (1) Ce sont les Tilleuls qui s'y rencontrent en plus grand nombre ; puis viennent les Acacias ct les Ormes, Il s'y trouve aussi quelques Marronniers, mais ils ont été plantés assez récemment. Les autres essences n’y jouent qu’un rôle insignifiant. SÉANCE DU 28 Mar 1869. 197 Pour rendre mon énumération comparative, j'ai mis, en regard, celle des espèces ou formes observées par M. Nylander au Luxembourg, et je ne doute pas que cette étude parallèle ne se complète tôt ou tard par quelques tra- vaux analogues dus à des lichénographes habitant d'autres régions de la France, et sur d'autres assises géologiques. Ces nouvelles données compléteront les notions que nous avons déjà sur les espèces qui, en raison de leur fréquence au voisinage des villes populeuses, méritent plus particulièrement l'épithète d'ur- baines. Liste des Lichens des jardins publics de Blossac (à Poitiers) et du Luxembourg (à Paris). 1. Collemei, BLOSSAC. LUXEMBOURG (1). PYRENOPSIS — pictava Nyl. in Flora, ann. 1869, p. 82 (2). — Sur le mur de la terrasse, avec le Lecidea aromatica. — R. SYNALISSA — symphorea Nyl. Syn. p. 94. — Mur de la terrasse. — C. — Ordinairement stérile. CoLLEMA — furvum Ach., Nyl. Syn. p. 107. — Mur d'enceinte N. — A. R. — Une parcelle de thalle, humectée avec ia solution aqueuse d'iode, prend en séchant une teinte rouge de sang (Nyl.). — melenum Ach., Nyl. Sun. p. 108. — Rochers au pied du mur de la terrasse. — A. C. — pulposum Ach., Nyl. Syn. p. 109. — Murs d'en- ceinte, etc. — C. — — var. pulposulum Nyl. — A. C. avec le type. — cheileum Ach., f. platyphyllum Nyl. Syn. p. 111. — Mur d'enceinte N. — A, C. LEPTOGIUM — firmum Nyl. Lich. Scand. p. 34. — Mur d'enceinte N. — A. C. — Différe du L. scolinum par son thalle beaucoup plus épais, la couche corticale de celui-ci n'étant formée que d'une seule série de cellules. 2. Cladoniei. CLADONIA . — pyxidata Fr., Nyl. Syn. p. 192. — Mur du Château- d'eau, et rochers au pied du mur dela terrasse — A. R. (1) Espèces observées par M, le docteur W. Nylander, en 1866. — Voyez le Bulletin de la Société, t. XIII, p. 366. o 00V. (2) Thallus nigricans, opacus, sat tenuis, nodulis mastoideis constans (latit. circiter 0,3 millim.); apothecia pallido-rufescentia (intus incoloria) in nodulis illis inclusa, epi- thecio depressulo ; sporæ Snæ incolores subglobosæ simplices (diametris circiter 0,008- 0,010 millim.), in thecis cylindraceis (una serie ordinate) vel fusiformi-clavatis (serie duplici) ; paraphyses discretæ (crassit. 0,0015 millim.). — In Gallia, Pictavis (Poitiers), Supra murum legit Weddell (Descript. ex Nyl. 1. c.). 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3. Ramalinel. BrossaAc. LUXEMBOURG, RAMALINA | — calicaris Fr., Nyl. Syn. p. 29 3(var. fastigiata Fr., Nyl.). — Sur les Acacias, — R. 4. Parmelijei. PARMELIA PARMELIA — Acetabulum Dub., Nyl. Syn. p. 39/4, —Surles Tilleuls. —R. — Borreri Turn., Nyl. Syn. p. 389. — Sur les Tilleuls. — R.— Son thalle, toujours stérile, se confond, à pre- miére vue, avec celui des Physcia stellaris et pulveru- lenta. PHYSCIA — parietina DN., Nyl. Syn. p. 410. — Sur les Tilleuls, les Acacias, etc. — CCC. — Qà et là également sur les murs. — — subvar, tumida. — Avec le type. — R. — Thalle boursouflé, criblé de spermogonies. — — subvar. virescens Nyl. — Sur les troncs ombragés. — C. — — subvar. sorediosa Nyl. — Lobes thallins ordinaire- ment dépourvus d'apothécies, sorédiféres sur les bords. — Avec la forme précédente. — AC. — ciliaris DC., Nyl. Syn. p. 414. — Sur les troncs et les grosses branches des Acacias.— A.R. — pulverulenta Fr., Nyl. Syn. p. 419. — Sur les écorces. — RR, — Thalle typique, mais stérile. — — var. pityrea Nyl. Syn. p. 420 (subvar. grisea). — Sur les écorces, les pierres, les Mousses, etc. — CCC. — Thalle gris ou olivâtre, presque toujours stérile. — — — subvar. dealbata. — Sur les troncs exposés au soleil, et assez souvent sur les murs. — CC.— Fertile, surtout sur les Tilleuls. — stellaris Fr., Nyl. Syn. p. 424 (var. radiata Ach.).— Sur les écorces, surtout des Tilleuls. — ©, — Son thalle, assez semblable à celui de la forme dealbuta de Ves- péce précédente, est quelquefois tellement mélé avec lui, que les deux paraissent n'en former qu'un. C'est dans les cas de cegeure quela nouvelle méthode diagnos- tique proposée par M. le docteur Nylander est réelle- ment d'un prix inestimable, Il suffit en effet de toucher légérement les deux thalles juxtapposés avec une solu- tion de potasse caustique, pour que l'un (PA. stellaris) prenne aussitôt une couleur jaune verdâtre vive et per- sistante, tandis que l’autre n'éprouve que le change- ment de nuance passager qui résulterait du contact de l'eau pure (1j. — Acetabulum Duby. PHYSCIA — parietina DN. f. virescens. — — var. sorediosa. — pulverulenta Fr. (var. pityrea Nyl.). — stellaris Fr. — var. tenella Nyl. (4) Les principaux réactifs employés par M. W. Nylander sont, outre la potasse, l'hy- pochlorite de chaux et une solution d'iode dans de l'eau additionnée d'iodure de potassium. Les réactions thalliues les plus importantes s'obtiennent au moyen des deux premiers, aucun instrument n'étant préférable, pour les appliquer, à un cure-dent de plume d'oie. Elles ont lieu, soit sur la couche corticale, soit sur la couche médullaire, Dans ce dernier cas, la couche corticale ou épidermique doit être enlevée, dans une très-petite étendue, SÉANCE DU 28 MAI 1869. 199 . BLossac. LUXEMBOURG. PHYSCIA PHYSCIA. — stellaris var. tenella Nyl. — Sur les écorces. — C. — Pres- que toujours stérile. — astroidea Fr., Nyl. Syn. p. 425. — Sur les Tilleuls. — | — obscura Fr, (var. sore- R. — Constamment stérile. Ce n'est probablement diosa). qu'une forme remarquable du Ph. stellaris, ayant avec lui les mêmes rapports que le Ph. pityrea avec le Ph. pulverulenta. — obscura Fr., Nyl. Syn. p. 427. — Sur les écorces des Tilleuls, des Acacias, ete. — C. — Se rencontre éga- lement sur les rochers au pied de la terrasse. — — var. sorediosa Nyl.— Sur les trones ombragés.— A.C. — adglutinata Nyl. Syn. p. 428. — Sur les Acacias.— A.R. — Aux caractères signalés jusqu'ici pour distinguer cette espèce de la précédente, il faut, selon M, le doc- teur Nylander, en ajouter un autre très-remarquable tiré de la forme des spermaties. 5. Lecanorei, PANNARIA — nigra Nyl. Lich. Sc, p. 126 (var. psotina Ach.). — Sur le parapet de la terrasse. — CC, LECANORA LECANORA (Squamaria) — saxicola Nyl. in Bull. Soc. bot. 13, p. 366. — Parapet | — saxicola Nyl. de la terrasse, — RR. — Cette plante est commune sur les tuiles des vieilles toitures de Poitiers, mais rare ailleurs. au moyen d'une section superficielle, et l’on observe, sous la loupe, l'effet produit au centre de la partie dénudée, par le contact de la pointe de l'instrument préalablement trempé dans le réactif. I1 est presque inutile de faire observer que les réactifs doivent être de bonne qualité. L'hypochlorite ou chlorure de chaux (ne pas confondre avec chlorure de calcium) devra, en particulier, être renouvelé dés qu'il se sera éventé. Les résultats obtenus sur les espèces du genre Parmelia, entre autres, avec les agents chimiques indiqués ci-dessus, sont d'un grand intérêt, et je regrette que l’espace me manque pour les exposer en détail. Qu'il me suffise de dire : 1" que le tissu sous-épidermique ou médullaire des unes (PP. tiliacea, scorlea, olivetorum, Borreri, fuliginosa, etc.) prend, sous l'influence de l'hypochlorite, une belle couleur rouge vermillon (Ca Cl); tandis que dans les PP. per- lata, pertusa, sinuosa, saxatilis, cetrarioides, levigata, etc., l'effet du réactif est tout à fait nul (CaCl =); 2° que parmi les espèces insensibles à l'action de l'hypochlorite de chaux, il en est certaines (PP. perlata, pertusa, etc.) dont le tissu médullaire jaunit par la potasse (K TT); Vautres (PP. saxatilis, conspersa, perforata, etc.) où ce même tissu Jau- nit, puis passe au rouge par l'application du méme agent (K 7 rubr.), et d'autres enfiu (PP. cetrarioides, lævigata, etc.) où, sous la même influence, le tissu sous-cortical ne subit aucune altération (KZ). H faut ajouter que la couche épidermique de tous ces Parmelia jaunit instantanément au contact du caustique, tandis qu'il en est un petit nom- bre (PP. caperata, osteoleuca, ete.) dont lépiderme et la couche médullaire sont l'un et l'autre complétement insensibles à l'action de cet agent (K =). , . Comme exemple de l'utilité pratique des réactifs dans l'étude diagnostique des Lichens, je citerai la découverte que je viens de faire, dans deux départements du Poitou, d'une magnifique espèce de Parmelia (P. perforata. Ach., Nyl. Syn. p. 377), probablement assez répandue, mais dont les thalles stériles ressemblent tellement à première vue à ceux du P. perlala, que, gràce à cette similitude, sa présence en France parait avoir été ignorée jusqu'ici. 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE LE FRANCE. BLOSSAC, LUXEMBOURG, LECANORA (Placodium) LECANORA. — murorum Ach, , Nyl. l.c. (var. decipiens. — Placod. deci- | — murorum Ach. piens Arn. in Flora, 1866, p. 530). — Sur le mur| — — var. corticola Nyl. d'enceiute E, et sur le rocher, au pied de la terrasse, àl'ouest. — A,C. — Le Lecanora (Placod.) murorum type est assez rare dans le Poitou ; on prend souvent pour lui la variété plicata de l'espéce suivante — (K+). — eallopisma Ach., Nyl. l. c. — Sur les murs d'enceinte et | — callopisma Ach. les rochers au pied de la terrasse, — €. — (K+), — — var. plicata. — Avec le type; il en diffère par les rayons du thalle épaissis en bourrelet comme dans le L. murorum, dont on le distinguera toujours trés- aisément par ses spores citriformes. — CCC. — (K+). — citrina Ach., Nyl. Lich. Par. n° 35 et l. c. — Sur les | — citrina Ach. murs, — CC. — Ordinairement stérile. Quelques bota- nistes le regardent comme un état lépreux du L. mu- rorum. Je ne lui ai jamais trouvé les spores du L. cal- lopisma, dont onaurait pu, ici au moins, le considérer aussi comme une forme (K+). — incrustans Ach., Nyl. in Litt. — Rochers au pied de la terrasse, à l'ouest, avec le L. aurantiaca var. ery- thrella, — A.R, — Espèce douteuse rapportée au L, ci- trina par le docteur Nylander dans plusieurs de ses ouvrages. Mes échantillons, tous fertiles, ont le faciès de la forme du L. aurantiaca en société duquel je les ai trouvés, Le thalle, peu étendu, est granuleux et citrin ; les spores sont ellipsoides (K--). — teicholyta Ach., Nyl. in Bull. Soc. bot. 13, p. 366, — | — teicholyta Ach. Parapet de la terrasse. — CC, — Ordinairement stérile. Se développe de préférence sur les pierres tail- lées, — circinata Ach., Nyl. Lich. Sc. p. 152, — Parapet de la | — circinata Ach, terrasse, — CC. — variabilis Ach, Placodium variabile Nyl, l. c. p. 138. — Rochers au pied du mur de la terrasse, etc, — A.C. (Eulecancra) — candelaria Ach., Nyl. in Bull. Soc. bot. 13, p. 367. — | — candelaria Ach. Sur les écorces. — CCC, — Ordinairement stérile. 1l était facile autrefois de prendre cette plante pour un état du Physcia parietina. Aujourd'hui, la confusion n'est plus possible. En effet, à peine a-t-on touché le thalle du Physcia avec une gouttelette de potasse que le point atteint devient d'une couleur pourpre intense, tandis que celui du Lecanora candelaria, dépourvu d'acide chrysophanique, conserve, sous la méme in- fluence, sa couleur normale (K—). — medians Nyl. in Bull. Soc. bot. 13, p. 367. Placodium | — medians Nyl, (1). medians ejusd. l. c. 9, p. 262. — Sur les pierres taillées du parapet de la terrasse, à l'abri des rayons directs du soleil. — (K —) — CC, — Souvent incom- plétement développé ; facile à confondre alors, à pre- miére vue, avec le L. citrina. (1) Ce Lichen a été découvert par M. Nylander dans le jardin du Luxembourg, en 1862, croissant en société avec le L. murorum et le L. callopisma, dont il a quelque peu le faciès général, mais dont il se distingue au premier abord par la couleur jaune soufré des bords, et grisâtre du centre de son thalle Il est d'ailleurs aussi insensible à l'action de la potasse que les LL, candelaria et vitellina, L'espéce n'est sans doute pas très-rare ; SÉANCE DU 28 MAI 1869. 201 BLossac, LUXEMBOURG, LECANORA (Eulecanora) LECANORA, — vitellina Ach., Nyl. Lich, Sc. p. 141 (var. epicantha | — vitellina Ach. (var. Nyl.). - Sur les murs. — A.C, — N'éprouve aucune epixantha). altération de couleur au contact de la potasse (K—). — cerina Ach., Nyl. 1. c. p. 144. — Sur les écorces. — | — cerina Ach. A.R. — Rougit sous l'influence de la potasse (K-]-), de méme que les trois espéces suivantes. — pyracea Nyl. in Buil. Soc. bot. Fr. 13, p. 367. — Sur | — pyracea (f. pyrithro- les jeunes arbres, — A.C. ma Ach. — — subvar. ulmicola Nyl. — Sur les vieux Ormes.— A.R. — — subvar. pyrithroma Ach, — Sur les murs et les ro- chers, — CC. -— aurantiaca Nyl. Prodr. p. 76 ; Lich. Sc. p. 142 (var. erythrella Nyl.). — Sur les rochers, au pied du mur de la terrasse. — A.R. — irrubata Nyl. in litt, Lecidea rupestris var. irrubata | — rupestris Nyl. Ach. — Parapet de la terrasse. — v. — sophodes Ach., Nyl. Lich. Sc. p. 148 (var. teichophila | — sophodes (var. teicho- Nyl. in Bull. Soc. bot. Fr. 13, p. 367). — Surle mur phila Nyl.). dela terrasse, — A.R. — — var. exigua Ach. — — var. confragosa Nyl. Lich. Sc. p. 149. — Sur le parapet de la terrasse. — C. — galactina Ach., Nyl. in Bull. Soc. bot. Fr. 13, p. 367. — | — galactina Ach. Sur les murs, — CCC, — — subvar. dispersa Nyl. — Sur le mur de la terrasse. — R. — Le L. galactina a été confondu quelque- fois avec certaines formes saxicoles du L. subfusca; on l'en distinguera toujours trés-facilement au moyen de la potasse, qui ne lui fait éprouver au- cun changement de couleur. L'espéce suivante est dans le méme cas. — urbana Nyl. l. c. p. 368. — Sur les murs, les pierres | — urbana Nyl. taillées, etc., un peu à l'ombre, — CC. — dissipata Nyl. — teichotea Nyl. 1. c. in adnot. — Murs d'enceinte, en par- ticulier sur celui de la terrasse. — C. — Thalle rayon- nant, rougissant au contact de l'hypochlorite de chaux. — — var.pruinifera (L. pruinifera Nyl.l. e. L. pruinosa (1) Chaub. in St. Am. Fl. ag. p. 497). — Dans les mèmes lieux que la première forme. — €. — subfusca Ach., Nyl. Lich. Sc. p. 159 (var. allophana | — subfusca Ach. (var. Ach.). — Sur les Tilleuls. — A.R. parisiensis), — — subvar. parisiensis Nyl. (L. parisiensis Nyl. in Bull. Soc. bot. Fr. 413, p. 368. — Sur les écorces. — CC. — Apothécies brunes ou noires, parfois infes- tées par un petit champignon parasite (2). — — subvar. argentata Ach. — Sur les écorces des Til- leuls. — AC. — — var. albella Nyl. Lich. Sc. p. 162 (L. albella Ach.). — Sur les écorces. — C. il ne parait pas cependant qu'on l'ait encore vue ailleurs que dans les deux points cités ici; aussi n'hésitai-je pas à en recommander la recherche aux amateurs. Grâce à son Caractère chimique (K—), rien ne sera plus facile que de s'assurer de son identité. (4) C'est ce nom qui, par droit de priorité, aurait dà être appliqué au type, mais il se trouve qu'il a déjà été donné par Smith à un autre Lecanora. (2) Sphæria epicymatia Wallr., Nyl. Prodr. p. 33, in adnot. 202 BLossac. LECANORA (Eulecanora) — subfusca subvar. scrupulosa (L. scrupulosa Ach., Nyl. in Bull. Soc. bot. Fr. 43, p. 369). — Sur les écorces des Tilleuls. — A.R. umbrina (L. Hageni var. umbrina et var. cyanescens Ach.) Nyl. I. c. (subvar. cyanescens). — Sur les écorces et sur les murs, — A.R. — var. crenulata (Lichen crenulatus Dicks. ). — Sur les murs. — AC. — Facile à confondre avec la forme dispersa du L. galactina ; les formes signalées du L. umbrina sont également insensibles à l'action de la potasse. erysibe Nyl. Lich. Sc. p. 217. — Sur les murs, —- CC. — subvar. albariella Nyl. — Avec le type. — A.C. — Caractère lécanorin des apothécies plus tranché que dans la première forme. calcarea Somm., Nyl. Lich. Sc. p. 154.— Sur les rochers au pied dela terrasse et les murs d'enceinte. — CCC. athroocarpa Dub., Nyl. l. c. p. 468. — Sur les murs.— A.C. atra Ach., Nyl. Lich. Sc. p. 170. — Sur le mur de la terrasse, surtout à l'ouest. — C. — percænoides Nyl. mscr. — Mur de la terrasse. — R. — Stérile, — Voisin du L. castanea Ram. et du L. glau- cocarpa Schær., regardés par quelques auteurs comme variétés ou sous-espéces du L. cervina Ach. 6. Lecideei. LECIDEA — sabuletorum Flærk., Nyl. Lich. Sc. p. 204. — Murs du Chàteau-d'eau. — A.C. — Voisin du L. vernalis, dont il se distingue à première vue par ses apothécies d'un jaune fauve. — fusco-rubens Nyl. Lich. Se. p. 499. — Rochers, au pied du mur de la terrasse, — R. — Ne parait être qu'une forme saxicole du L. sanguineo-atra. — vesicularis Ach., Nyl. l. c. p. 214. — Dans les joints du mur de la terrasse, et sur la terre, — A.C. — aromatica Ach., Nyl. Alger. p. 123. — Sur le mur de la terrasse, — CC. — parasema Ach., Nyl. Lich. Sc. p. 216. — Sur les écorces. — — var. elgochroma Ach., Nyl. 1, c. — Sur les écorces. — CC, — — var. enteroleuca Ach., Nyl. 1. e, — Sur le parapet dela terrasse. — écorces., — albo-atra Schær., Nyl, Lich. Nc. p. 235 (var. athroa Nyl. l. c.). — Sur le mur d'enceinte E, et surle parapet de A.R. — Plus rare encore sur les la terrasse, — C. 7. Graphidei. GRAPHIS — scripta Ach., Nyl. Lich. Sc. p. 291, — Sur les jeunes écorces, — R. OPEGRAPHA — atra Pers., Nyl. 1 c. p.254 (var. hapalea Nyl. 1. c.).— Sur les Tilleuls ei les Marronniers. — C. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LUXEMBOURG. LECANORA. — scrupulosa Ach, — umbrina Nyl, (f. cya- nescens). — erysi — depressa (var, calca- rea Nyl.). LECIDEA — parasema Ach. (var. enteroleuca Ach.). — — var, synolhea Ach. -— albo-atra (var. athroa Nyl.). SÉANCE DU 28 Mai 1869 203 BLossac. LUXEMBOURG. OPEGRAPHA — varia Pers,, Nyl. 1. c. p. 252 (var. pulicaris Fr., Nyl. Prodr. p. 455). — Sur les Acacias. — A.C. — — var. diaphora Fr., Nyl. 1. c. (subvar, signata). — Sur les Marronniers, — R. ARTHONIA ARTHONIA — astroidea Ach., Nyl. Lich. Sc. p. 259.— Sur les jeunes | — tenellula Nyl. écorces, — C, 8. Pyrenocarpei. VERRUCARIA | VERRUCARIA — nigrescens Pers., Nyl. Lich. Sc. p. 271, — Sur les — nigrescens Pers. murs. — CCC. | — virens Nyl. ]. c. p. 270. — Sur le parapet de la terrasse | — virens Nyl. et le mur d'enceinte E. — A.C. | — macrostoma Duf., Nyl, Prodr. p. 181, — Sur le mur de | la terrasse, — C. | — fuscella Turn. | — sorediata Borr. — rupestris Schrad., Nyl. Lich. Sc. p. 275. —Sur les murs |— rupestris Schrad d'enceinte et les rochers au pied dela terrasse, — C. | — muralis Ach., Nyl. l. e. — Avec le précédent.— A.R. |! — integra Nyl. 1. c.—Sur le parapet du mur de la terrasse. | — epidermidis Ach., Nyl. l. c. p. 280. — Sur les jeunes écorces, — A.C. — — subvar. punctiformis Nyl. l. e, — Sur les jeunes Marronniers — A.C. 9, Peridiei (1). MYCOPORUM — ? ptelæodes Nyl. Lich. Sc. p. 291. — Sur les jeunes écorces, — R. — Le nom spécifique est un peu dou- teux, par suite de l'absence de spores. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : GÉNÉRATION DITE SPONTANÉE OU PROTORGANIE (HÉTÉROGÉNIE) (2), pr M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Le système de la variabilité des espèces, qui rend compte, sans faire vio - lence aux faits, de mystères inexplicables dans le système contraire, parait satisfaisant pour la raison ; ce système nous a logiquement amené (voy. plus haut, p. 158) à admettre, comme origine des types actuels, la production spontanée de formes primordiales que nous croyons par analogie avoir dù être de simples cellules; — non-seulement cette création primitive si simple nous parait ne blesser en rien la raison, mais elle nous semble conforme à des (1) Nyl. in Flora, ann. 1866, p. 346. | | | | (2) Cet article fera partie du Nouveau Dictionnaire de botanique de M. Germain de Saint-Pierre, actuellement en cours d'impression. 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faits que nous voyons, s'il nous plait de les observer, se passer actuellement sous nos yeux, et en nombre illimité : — je veux parler, on le voit, de la pro- duction spontanée des microzoaires et des microphytes (animaux et plantes microscopiques). Faisons remarquer immédiatement que l'expression inexacte de génération spontanée a beaucoup nuià notre cause et donné des armes à nos adversaires, qui, s'emparant des mots, ont déclaré (et en cela nous sommes de leur opi- nion) qu'il n'y a pas de génération sans parents, et qu'il n'y a rien dans la nature d'absolument spontané. — Nous abandonnons bien volontiers ces mots, car ils ne rendent pas du tout nos idées; mais les mots abandonnés, les faits restent dans leur intégrité. Nous admettons simplement : production d'étres organiques simples ou pri- mordiaux, ou mieux, groupement des molécules qui composent le germe de ces étres élémentaires, sans parents antérieurs. Cette phrase descriptive devant être, pour l'usage, traduite par un mot, on s'est servi du mot héférogénte, mais ce mot a encore le défaut de présenter l'idée d'une génération qui n'est pas : je préfère première production organique ou PROTORGANIE (protogé- nie serait moins exact), et je demande la faveur que ce mot nécessaire, et dont le sens est précis, soit, à l'avenir, admis dans le langage scientifique. Chose bizarre! les naturalistes qui regardent comme une hérésie scientifique la production spontanée d'une cellule à l'époque actuelle, sont les mémes qui ont affirmé la création instantanée du monde organique tout entier! Une si flagrante contradiction scientifique, chez des esprits d'une grande su- périorité, s'explique, nous l'avons dit, par l'interprétation inexacte d'un mot. Ilsont dû voir, sans doute, dans le mot spontané, l'idée absurde d'une création sans l'intervention du Créateur. Mais, que la création primitive ait fait surgir instantanément (comme le veulent nos contradicteurs) les étres tels qu'ils sont, ou que la création ait commencé par des cellules ; que la production de ces cellules n'ait eu lieu que dans des temps reculés, ou qu'elle continue à se pro- duire encore de nos jours, — n'est-ce pas également en vertu de la puissance éternelle, créatrice de tout l'univers, et peut-on supposer qu'on l'ait entendu autrement ? — Nos contradicteurs admettent une phase de la création en opposition manifeste avec les lois que nous admirons dans la constitution de l'univers; et nous, nous admettons /'évolution et la manifestation régulière des lois du Créateur, dans la création tout entière et dans tous les temps. A défaut d'arguments solides, la violence du langage et l'ironie n'ont pas été épargnées ; puis on a déclaré la cause peu digne d'une attention sérieuse, ou complétement abandonnée par ses derniers défenseurs; — et cependant, la démonstration continue avec une persévérance qui ne se dément pas, et les faits sont de plus en plus démontrés jusqu'à l'évidence. Un naturaliste de talent, M. Ernest Faivre, combattant la doctrine de la génération spontanée, cite Voltaire qui disait, à propos des expériences de SÉANCE DU 28 MAI 1869. 205 Needham : « Il est bien étrange que les hommes, en niant un Créateur, se » soient attribué le pouvoir de créer des anguilles! » Nous répondrons à cela, que Voltaire, qui voulait que les coquilles fossiles, dont sont formées des mon- lagnes, eussent été perdues par des pèlerins en voyage, raillait la philosophie expérimentale, comme il raillait la géologie naissante, et qu'il n'avait eu ni le temps ni la volonté d'étudier l'une plus que l'autre. Nous dirons surtout. qu'il ne s'agissait pas d'anguilles, mais de vibrions, ce qui est bien différent ; et que si nous en jugeons par nous- mémes, les naturalistes qui admettent la produc- tion spontanée des vibrions, bien loin de nier un Créateur, voient dans la pro- duction des vibrions aux dépens d'une matière inerte, un des plus éclatants témoignages de sa toute-puissance ; toute-puissance qui est la méme aujour- d'hui que dans tous les temps, et qui ne saurait avoir faibli depuis la produc- tion de l'homme. Voici comment M. Flourens s'exprimait (Cours de physiologie comparée, p. 46 et Suiv.) : « J'ai fait l'historique de la génération spontanée. Je ne crains » pas de dire que, de toutes les erreurs sur la genése des étres, celle-ci est la » plus absurde. C'est aussi la plus vivace... J'ai trouvé, — dirais-je en faveur? » — ces deux hypothèses : la mutabilité des espèces et la génération spontanée. » Je me suis constamment appliqué à les combattre. Quoique ni l'une ni l'autre » ne puissent s'appuyer sur un seul fait, elles n'en persistent pas moins. On » dirait que la durée des erreurs est en raison directe de leur absurdité... Quoi » de plus absurde que d'imaginer qu'un corps organisé, dont toutes les parties » ont entre elles une corrélation si admirablement calculée, si savante, puisse » étre produit par un assemblage aveugle d'éléments physiques? Ce corps » organisé aurait puisé sa vie daus des éléments qui en sont dépourvus! On » prétend faire venir le mouvement de l'inertie, la sensibilité de l'insensibilité, » la vie de la mort! » — Réponse : C'est pour éviter l'hypothèse inadmissible de la production spontanée appliquée aux espèces supérieures que désigne ici M. Flourens, que nous n'admettons de protorganie que pour la simple cellule, ce qui nous conduit naturellement à la mutabilité des espèces, système qui nous semble très-compatible avec les faits observés. — Mais comment concilier ce qui précéde avec ce qui suit (page 62) : « Déposée par l'ouvrier supréme dans » le premier couple de chaque espèce, la vie continue... »? — La vie déposée dans le premier couple de chacune des espèces actuelles, en quoi cela diffère- t-il de la production spontanée des espèces supérieures, quelques lignes plus haut si justement et si sévérement anathématisée ? Sans pousser plus loin cette discussion, j'abordela démonstration expérimen- tale de la production spontanée, à l'époque actuelle, des espèces animales et végétales de l'ordre le plus inférieur : les microzoaires et les microphytes. Il suffit, pour cette démonstration, d'exposer le résultat des observations si pré- cises de M. Pouchet, l'un de nos plus savants physiologistes et de nos plus habiles expérimentateurs (ces observations sont si completes et si démonstratives, qu'elles 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nous dispensent de citer nos observations personnelles). — Lamarck d'abord, Bory de Saint-Vincent plus tard, M. Pouchet ensuite, et actuellement piusieurs observateurs, soit en France, soit à l'étranger, ont successivement émis, déve- loppé, démontré la doctrine de la génération spontanée (génération équivoque ou hétérogénie, Burdach ; spontéparité, Dugès ; ovulation spontanée, Pouchet; prünorganie ou protorganie, Nob.). Lorsque, dit Bory de Saint-Vincent, on abandonne à elle-même une infu- sion de substance végétale (ou animale), au bout d'un certain temps la surface du liquide devient trouble : cette surface trouble est formée par des globales sphériques infiniment petits, animés d'un mouvement incessant (selon M. Pou- chet, ces globules sont le Monas Termo de L. Mueller) ; chaque globule possède alors une individualité qu'il peut perdre en se groupant avec d'autres globules identiques pour la production d'un étre plus élevé. Selon M. Pouchet, dans l'eau contenant des substances organiques en disso- lution, à une température convenable et au contact de l'air, au bout de quel- ques heures ou de quelques jours, il se produit des microzoaires appartenant aux formations les plus élémentaires. Il admet que la production de ces petits êtres commence par des ovules ou œufs ; mais (vu sans doute l'extrême ténuité de ces ovules, ils n'ont pas encore été constatés) le microscope fait distinguer, dés l'abord, dans l’eau de la macération ou infusion : des monades, des bacté- riums ou des vibrions à l'état adulte. Monades, bactériums et vibrions meurent en grand nombre dans un intervalle de vingt à vingt-quatre heures, et leurs cadavres vont former à la surface du liquide une mince pellicule dite membrane proligère. — L'habile observateur a vu se produire sous le microscope, dans l'épaisseur de cette pellicule composée de débris de monades ou de vibrions, de petits centres d'organisation moléculaire dont chacun devient peu à peu ovule bien circonscrit, puis œuf d'un microzoaire d'ordre plus élevé que les pré- cédents; chaque œuf produit ensuite l'animal. (L'auteur a figuré la série de ces délicates observations dans le genre Vorticelle. ) Les adversaires de la génération spontanée (désignés par la qualification de panspermistes, c'est-à-dire qui admettent des germes ou œufs disséminés par- tout) ont d'abord annoncé que les germes des microzoaires se trouvaient dans la substance organique putrescible ou dans l'eau employée pour sa macération. On a répondu a cette objection en faisant calciner la substance organique à une forte température et en se servant, pour l'infusion, d'eau distillée elle-même à l'état d'ébullition (et méme d’eau artificiellement obtenue par la combinaison de l'oxygène et de l'hydrogene) ; tous les germes de inicrozoaires devaient être dé- truits à ces hautes températures. — L'air atmosphérique étant, en réalité, chargé de poussières de nature très-variée, les adversaires de la génération spontanée ontalors supposé qu'il devait être le véhicule des germes, et qu'il trans- portait, dans des proportions considérables, les œufs des nombreuses espèces de microzoaires (bien que ces espèces ne vivent et ne se développent que dans SÉANCE DU 28 Mar 1869. 207 l'eau) et les spores des espèces plus nombreuses encore des moisissures on champignons et des algues; que ces œufs ou ces spores, déposés par l'air dans le liquide, y produisaient animalcules et moisissures, ou restaient improductifs, selon que les espèces auxquelles ils appartenaient y trouvaient ou non, des ali- ments appropriés à leur nature, un terrain à leur convenance. — A cela, les expérimentateurs partisans de la doctrine de la génération spontanée, et à leur tête M. Pouchet, ont opposé des expériences dont le résultat est irréfutable. Le savant professeur de Rouen a d'abord fait passer des quantités énormes d'air à travers une petite quantité d'eau, et s'est assuré, par des expériences compa- ratives, que cette eau, qui aurait dü se trouver chargée d'une trés-grande quan- tité de ces germes répandus (a-t-on dit) dans l'atmosphère, n'était pas plus fertile en production de microzoaires que la même eau non soumise au courant d'air. Voilà pour les faits négatifs. M. Pouchet, passant à la démonstration tirée des faits positifs, institua l'expérience suivante. On fait passer lentement, à l'aide d'une pompe, de l'air atmosphérique par un long tube de verre chauflé par. des lampes jus- qu'à la température rouge, et obstrué de filaments d'amiante (pour tamiser l'air). Cetair chauffé pénètre dans un flacon d'eau. bouillante dont le trop- plein s'écoule dans une éprouvette par un tube recourbé faisant fonction de siphon; puis ce méme air, chauffé dans le tube et lavé dans l'eau bouillante, est porté par un tube du premier flacon dans un second qui est rempli d'une décoction de foin bouillante, et est également muni d'un siphon (se rendant dans une éprouvette) pour en expulser le trop-plein ; une partie de la décoctionest expulsée par l'air lavé, qui arrive et va occuper la partie supé- rieure du flacon; puis l'appareil est laissé en repos. Après vingt-quatre jours, de petits îlots d'une Mucédinée (Penicillium glaucum) se sont formés à la sur- face du liquide, dans lequel l'observation microscopique à fait également décou- vrir des vibrions.— Dans une autre expérience, M. Pouchet (perfectionnant le mode d'expérimentation d'un savant physiologiste allemand, M. Schultze), avant de faire passer l'air. par l'eau bouillante, l'a fait passer dans un flacon plein d'acide sulfurique : évidemment ou ne saurait admettre que des germes de microzoaires puissent conserver leur vitalité aprés un pareil traitement. Au bout de dix-huit jours, on a trouvé, comme dans le cas précédent, une muco- rinée ou mucédinée à la surface de l'infusion, et l'observation microscopique a fait découvrir dans le liquide un très-grand nombre de vibrions. M. Pouchet a cependant trouvé un contradicteur. M. Pasteur a annoncé qu'il démontrerait l'inanité de la doctrine de l'hétérogénie. —Je résume en quelques lignes l'argumentation de M. Pasteur : — Le professeur entre en matiere en citant les plaisantes bévues des anciens naturalistes, qui ont cru (comme Aristote) que le limon des marécages produisait des grenouilles, et comme Van Helmont, que le linge sale produisait des souris (c'est là ie thème favori de nos contra- dicteurs). Puis l'orateur donne à entendre que l'opinion qu'il combat est enta- 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chée de matérialisme, et se présente comme défenseur du spiritualisme, que la doctrine de ses adversaires mettrait en danger. — Nous ne nous lasse- rons pas davantage de répéter qu'il y a plus de spiritualisme peut-être à voir le Créateur organisant la matière durant l'éternité, aujourd'hui comme dans les temps les plus reculés, qu'à représenter le Créateur comme ayant organisé la matière à des intervalles limités, et par un prodige en opposition avec ses lois et son grand principe d'unité. — M. Pasteur triomphe ensuite en disant que, dans une expérience où M. Pouchet s'est servi d'un bain de mercure pour expérimenter à l'abri des poussiéres en suspension dans l'air extérieur, le mercure des laboratoires étant lui-même chargé de ces poussières déposées par l'air à sa surface et entrainées dans sa masse, « les souris sont entrées dans le linge sale »; l'expérience est frappée de nullité. — Nous répon- drons que, dans les expériences décisives de M. Pouchet citées plus haut, l'air employé n'a pas traversé le mercure; et qu'en outre une expérience (de M. Mantegazza, de Milan), datant de 1852, a donné lieu à la production de monades dans les conditions suivantes : l'air et l'eau servant à l'infusion bouillante étaient chimiquement préparés, et le mercure avait été chauffé à la température de 130 degrés. Ce fait met à néant, il nous semble, l'objection du savant contradicteur. — Le professeur termine en exposant une série d'ex- périences, dans lesquelles il a obtenu des résultats négatifs eu expérimentant avec de l'air recueilli sur des glaciers, où les poussières atmosphériques sont rares. Mais des résultats négatifs, si bien observés qu'ils soient, sauraient-ils prévaloir contre des résultats positifs de la valeur de ceux que nous avons cités? Où cesse l'observation directe, cesse presque complétement ma communauté d'opinions avec le savant professeur de Rouen. M. Pouchet admet qu'à chaque époque géologique, une création entièrement nouvelle a dû surgir spontané- ment du sol. Des membranes proligères formées de débris organiques analogues (mais dans de grandes proportions) à celles que nous avons vues se former sur nos infusions, auraient été le centre d'organisation oà des molécules organiques se seraient groupées pour la production de la vésicule embryonnaire des espèces les plus élevées du type des animaux vertébrés, comme du type végétal des Phanérogames. Mais, la vésicule embryonnaire formée, où trouver pour les types les plus élevés, pour les mammifères, l'équivalent de la nutrition placen- taire? Nous avouerons qu'une fausse-membrane produite à la surface du sol, et devenant l'ovaire où s'est développé l'embryon du premier mastodonte, bien que reposant sur une hypothése plus logique et plus satisfaisante que celle de l'apparition spontanée d'étres tout constitués, nous semble infiniment moins probable que la production des espèces nouvelles par. suite d’écarts dans les générations successives, et que, phénomène anormal pour phénoméne anormal, nous préférons chercher la membrane proligère des espèces nouvelles dans l'ovaire des espèces anciennes plus ou moins voisines, et du moins appartenant au méme type anatomique. SÉANCE DU 28 MAI 1869. 209 On peut nous objecter sans doute que ce n'est qu'éloigner la difficulté, et que, siles vertébrés produits dans les derniers temps ont pu naître de ceux qui les ont précédés ; si, en un mot, notre système peut expliquer la naissance des productions dernières, les premieres restent à expliquer. En l'absence de tout document précis, nous ne pouvons évidemment procéder que d’après les ana- logies et par hypothèses. Les premiers embryons du type des vertébrés se sont très-probablement produits en dehors des types si différents des invertébrés (articulés, mollusques et rayonnés) ; ces premiers embryons ont pu être pro- duits dans une couche organique proligère (analogue à celle dont parle M. Pou- chet pour les types les plus complets) : nous supposons les premières formes qui durent résulter des premiers embryons spontanés du type des vertébrés comme des étres d'une grande simplicité, ayant probablement appartenu d'abord au type des poissons. La consistance molle et gélatineuse de ces premiers étres serait la raison de leur destruction complète et de leur non-conservation dans les couches du globe, qui nous sont d'ailleurs encore si peu connues relative- ment à leur étendue réelle. Du type des poissons, la transition aux reptiles par les espèces anguiformes est facile ; des reptiles aux oiseaux, des oiseaux aux mammifères, la transition a lieu par des formes analogues à celles de l'orni- thorhynque et de l'échidné. Par les carnassiers pisciformes et par les cétacés, ne passe-t-on pas, au point de vue du moins des formes extérieures, des pois- sons aux mammifères ? Par cette voie, les difficultés sont assez grandes sans doute; mais, par toute autre voie, ne le sont-elles pas en réalité infiniment da- vantage? — Des formes simples ont donné lieu, disons-nous, par des écarts progressifs et dichotomiques, dans les générations successives, à des formes de plus en plus variées, à des organisations de plus en plus complexes ; à cer- taines époques aussi, des circonstances défavorables ont pu produire des résul- tats inverses, et certains types déjà constitués ont pu rétrograder. Les types organiques (végétaux et animaux) supérieurs ont constitué leurs premiers ovules ou leurs premiers embryons au sein du dépôt de matière organique préparée par l’entassement des microzoaires qui, pendant les premières périodes, ont pullulé par myriades dans les premières eaux. — Mais quelle fut la substance organique ou matière putrescible dont se formérent les premiers microphytes ou les premiers microzoaires ? Une substance organique en dissolution ne parait pas être indispensable aux premières manifestations vivantes. On voit en effet, sous les influences combinées de l'air, de la chaleur, de la lumiere et sans doute de l'électricité, des globules organisés, de couleur verte, prendre naissance dans l'eau distillée la plus pure. Cette matière verte ne se compose, en défini- tive, que des éléments de l'air et de l'eau, et... nous admettons, puisque nous assistons à cette formation, la production de ces cellules primitives sous l'in- fluence del'action moléculaire. Cette matière verte se compose de granulations sphériques ou ovoides, dans lesquelles on observe certains mouvements. Cette substance parait bien réellement constituer la première substance organique, 1. XVI. (SÉANCES) 14 910 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et la première membrane proligère pourrait être formée de ses débris accumu- lés. — Nous nous garderons bien ici de pénétrer plus avant dans les détails : les détails supposés peuvent, s'ils sont ingénieux, plaire à l'imagination ; mais ils sont rarement vrais, ils présentent à la fois le danger d'entraver l'étude des faits et d'éloigner l'observateur de la réalité ; ils compromettent en outre, et sans utilité, les doctrines les plus sages et les théories le plus solidement fondées. On pourrait poser comme aphorismes : — Les lois naturelles ont pour essence la stabilité; leur ensemble constitue une grande unité. — La stabi- lité attribuée aux espéces n'est qu'une période de repos, qui ne peut paraitre indéfinie que relativement à notre courte durée. — Tout, dans l'espèce, est variabilitél... Production des genres et des espèces (pendant la suite des siècles et selon les conditions extérieures) par écarts, soit uniques, soit dicho- tomiques, soit polychotomiques, d'un méme type primordial pour un méme groupe. … variabilité ! — Altérations accidentelles (ou variétés) dans la descen- dance des races : éphémères, oscillantes ou durables... variabilité? — Altéra- tions par culture, domestication, habitudes choisies ou forcées (usage excessif ou borné d'un organe, qui en détermine l'hypertrophie ou l'atrophic) ; de là, races plus ou moins fixées... variabilité! — Transformations, dans la vésicule embryonnaire, de l'embryon, et passage de l'embryon à l'état de plante adulte ; métamorphoses des insectes : passage de la vésicule à l'embrvon (ou de l'ovule à l'euf), de l'embryon à la larve, de la larve à la nymphe, de la nymphe à l'insecte adulte ou parfait; et métamorphoses plus ou moins complètes dans tous les autres ordres du règne animal... variabilité! — Après l'état adulte, altérations, rétrogradation et destruction... variabilité ! — Puis, aprés la dis- solution organique, incorporation de la substance dans d'autres organismes ou d'autres composés... variabilité ! — Ajoutons que, à part ce qui est l'expres- sion des lois suprémes, tout dans les systèmes humains est... variabilité ! M. E. Roze, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : NOTE SUR UNE LOCALITÉ FRANCAISE DU PILULARIA MINUTA DR., pr M. J. DUVAL-JOUV E. (Montyellier, 17 mai 1869.) La colline volcanique de Roquehaute (Hérault) est bien connue des botanistes du Midi, et, le 23 juin 1862, la Société botanique de France, dans sa session extraordinaire à Béziers, l'a visitée, sous la direction de notre savant confrère, M. le docteur Théveneau (Bull. Soc. bot. t. EX, pp. 573 et suiv.). Le 12 du mois courant, j'ai voulu moi aussi, parcourir cette riche localité, et, ainsi que SÉANCE DU 28 MAI 1869. 211 j'ai eu l'honneur de l'annoncer à la Société par lettre du méme jour (1), j'ai trouvé le fond de la plupart des mares que j'ai explorées tout tapissé de Pilula- ria minuta DR. Comme je ne crois pas que cette plante ait été déjà signalée en France (2), et comme, en tout cas, la description ne s'en trouve, à ma connaissance, dans aucune flore ni dans aucun recueil de notre pays, il pourra être agréable à quelques-uns de nos confrères de trouver ici ce qui en a été dit de l'autre côté du Rhin par M. Al. Braun et ensuite par M. J. Milde. Rappelons d'abord que notre savant confrère, M. Durieu de Maisonneuve, trouva cette plante près d'Oran, en 1842. De très-belles figures analytiques en furent données dans I Explor. scient. de l'Algérie (partie botanique), t. I, fasc. viu, pl. 38, fig. 1-20 ; malheureusement le texte est encore inédit. Depuis, cette plante a été retrouvée en Algérie, dans la mare du Djebel-Santo, par. MM. Munbv et Cosson ; dans celle de Chaiba, par mon ami toujours re- gretté, Clauson, et dans celles de la Maison-Carrée et du cap Matifou, par inoi- méme. On en a également constaté la présence en Sardaigne et dans l'Asie- Mineure. En 1865, M. Al. Braun publia, dans les Comptes rendus mensuels de l'Académie des sciences de Berlin, un travail monographique SUR LES MAR- SILIA ET LES PILULARIA (3), oü se trouve ce dont la traduction suit : « PILULARIA Vaill. » a. Pédicelle fructifere dressé. » 1. Pilularia globulifera L.... » b. Pédicelle fructifère se recourbant en bas. » 2. Pilularia Novze Hollandize AL Br.... (1) Voy. ci-dessus, p. 176. (2) M. Balansa a trouvé cette plante en 1866 dans la méme localité. Je l'ignorais ; et l'annonce de cette découverte, insérée au Bulletin, t. XIII (Revue bibl., p. 93), m'avait complétement échappé. Je remercie vivement mon savant confrére et excellent ami, M. Cosson, de m'avoir permis de réparer une injustice trés-involontaire. (Note ajoutée pendant l'impression.) (3) Ueber Marsilia und Pilularia, in Monatsberichte der Koenigl. Akademie der Wis- senschaften zu Berlin, octobre 1863, pp. 413-436. | | On remarquera sans doute que M. Al. Braun écrit Marsilia et non Marsilea. Un genre de Cryptogames, comprenant des Salvinia, Jungermannia, etc., fut, par Micheli (Nov. gen. p. 9; 1729), nommé Marsilea, en l'honneur de Louis-Ferdinand de Marsigli, qui avait, eu 1712, fondé la Société des arts et sciences de Bologne. Liuné rectifia le genre, mais, fidèle observateur de cet aphorisme de ses Fund. bot.: « 238 » Nomina generica, ad botanici optime meriti memoriam conservandam constructa, sancte » servanda sunt » (Fund. bot. p. 225, et Phil. bot. pp. 171 et 172), il conserva le nom adopté par Micheli et l'écrivit de méme. Comme Marsigli avait lui-méme latinisé son nom en celui de Marsilius, il n'y a rien à dire sur la suppression du g; mais on ne S'explique pas la terminaison ea au lieu de ia, et cependant cette orthographe s'est conservée jusqu'à nos jours, où M. Al. Braun l'a remplacée par celle de Marsilia, comme celle d'Aldrovanda L. a été remplacée par celle plus correcte d Aldrovandia (Bull. de la Soc. bot. de France, t. VII, p. 519). M. Milde a adopté la méme terminaison qui nous parait la seule rationnelle et qu'en conséquence nous reproduisons. 912 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » 3. Pilularia americana Al. Br. ^» 4. Pilularia minuta Durieu in litt, — Al. Br. in Descr. scient. de lAl- » gérie (inéd.) t. 38, f. 1-20. — Très-petite et trés-gréle. Pédicelle fructifère » 2-3 fois aussi long que le fruit brièvement ovoide, redressant sa pointe vers » le haut, biloculaire et à déhiscence bivalvaire. Chaque sore ayant un seul » macrosporange. Macrospores non étranglées vers leur milieu. — Au sud de » la Sardaigne, près de Pula (De Notaris, 1835; Ascherson, 1863) ; au nord » de l'Afrique, prés d'Oran (Durieu, 1842). » Dans les quatre espèces, les macrospores, aussi bien que les microspores, » ont presque tout à fait la méme grosseur. Les dernières ont dans toutes les » espèces un diamètre de 0?7,05-077,06; les macrospores sont, dans les trois » premières espèces, longues d'environ 0»»,60, dans le P. minuta, de 0",54- » 077,55. Les fruits des P. globulifera et Nove Hollandic ont un diamètre » transversal de 3", celui du P. americana, 2", et celui du P. minuta, 1°.» Sur le méme sujet, M. J. Milde s'exprime ainsi : « PILULARIA Vaill. » * Pedunculus erectus, conceptaculum quadriloculare. » 1. P. globulifera L. » ** Pedunculus declinatus, conceptaculum biloculare. » 2. P. minuta Durieu in litt.— Al. Braun, in Descr. scient, de l'Algérie » (ined.), tab. 38, fig. 1-20, et in Monatsber. der kgl. Akad. Wissensch. » Berlin (1863), p. ^35. » Syn. P. pygmaa Bory. » Folia 1-1 1/2" longa tenuissima, pedunculus bis-ter longior conceptaculo » breviter ovato biloculari bivalvi. Singuli sori unicum macrosporangium con- » tinentes. Macrosporæ non constrictæ globosæ. Microsporæ stratis gelati- » nosis circumdata. » Icon. |. c. fasc. viu, tab. 38. » Exsice. Erb. critt. Ital. 1302. » Hab. In Sardinia meridionali prope Pulam (De Notaris, 1835); De- » cimo-Mannu (Gennari) ; inter Cala d'Ostia et Domus de Maria Sardiniæ » (Ascherson, 1863); Asia minor : Smyrna, in paludibus montis Pagus (Ba- » lansa, mai 1866); — Africa bor., prope Oran (Durieu, 1852) » (Filices » Europe et Alluntidis, Asie? minoris et Sibirie, pp. 291-292, 1867). Dans son Rapport sur l'herborisation faite à Roquehaute par la Société botanique le 23 juin 1862, M. le docteur Théveneau a cité les nombreuses plantes intéressantes qui croissent dans les mares disséminées sur cette colline, et a fait remarquer que ces mares ne sont que des carrières abandonnées, d'où l'on a extrait des pierres de lave (Bull. Soc. bot. IX, p. 515). Quand on remarque cette circonstance, on est frappé, d'une part, de la quantité de plantes spéciales à ces mares et qui ne se retrouvent pas ailleurs dans la con- trée, et, d'autre part, de la présence en ces mêmes mares de plantes étrangères SÉANCE DU 28 MAI 1869. 213 au reste du sol de la France. Ainsi, le Marsilia pubescens Ten. , qu'il faut aller chercher en Algérie, en Sardaigne et à Naples, au Caucase et en Perse (1); le Ranunculus lateriflorus DC., que le Prodromus indique en Orient; et l Isoċtes setacea, qui n'existe que là et dans la mare de Grammont près Mont- pellier (et en Corse?). Ajoutons qu'au bas de la méme colline se trouve le Sisymbrium nanum DC., plante d'Algérie, de Tunis, du littoral de la mer Caspienne et de la Sibérie orientale, et ris Xyphium L., qui n'a pas d'autre localité en France et n'y végète que depuis un quart de siècle (voyez Pull. Soc. ot. IX, p. 577). Rappelons encore que les mares de Rigaud, à côté d'Agde, creusées aussi de main d'homme dans la lave (Bull. Soc. bot. IX, pp. 608- 610), situées aussi à 2 ou 3 kilomètres de la mer, sont spéciales et uni- ques pour produire l Elatine Fabri et le Damasonium polyspermum Coss., qu'il faut aller rechercher en Espagne et en Algérie (2). Où végétaient donc ces plantes avant que la main de l'homme eüt creusé, dansla lave refroidie, les carrières où elles vivent maintenant ? Et qui à pu en apporter les semences, semences, qui à leur maturité, restent ou tombent dans la vase, semences sans aigrettes que le vent n'a pu enlever et porter d'un bord à l’autre de la Méditerranée ? Ne peut-il étre permis de se demander encore une fois (vovez Bull. Soc. bot. XI, pp. 265 et 266) si ces graines n'ont pas adhéré, avec la vase, aux pattes membraneuses des palmipèdes voyageurs, qui se reposent aux premières eaux douces du rivage, aprés avoir traversé la Méditerranée ? M. Max. Cornu présente à la Société des échantillons de Melan- drium dioicum attaqué par lUstilago antherarum et devenant monoique, et il donne à ce sujet les détails qui suivent : NOTE DE M. Maxime CORNU SUR LE WELANDRIUM DIOICUM ATTAQUÉ PAR UN USTILAGO. Le Melandrium dioicum Coss. et Germ. (Lychnis dioica L.), attaqué par (1) M. Al. Braun maintient le Marsilia pubescens Ten. comme distinct du M, strigosa Willd., tout en déclarant presque insignifiantes et douteuses (geringfuegig und unsicher) les différences qui se trouvent entre ces deux plantes (Ueber Marsilia und Pilularia, p. 431). M. J. Milde a opéré la fusion et ramené, ce semble avec pleine raison, le M. pubescens en simple variété au M. strigosa Willd.; ajoutant : « Differentiæ inter M. stri- » gosam Willd. et M. pubescentem Tenore tam leves sunt, ut nihil impediat, quominus » in unam speciem conjungantur. » La synonymie de cette plante devient alors la sui- vante : M. strigosa Willd. Sp. pl. V, p. 539 (1810); M. quadrifolia Desf. Fl. atl. II, p. 409 (non L.); M. pubescens Tenore Fl. neap. prodr. suppl. I, p. 70; Synopsis ad calcem App. prim. Cat. Hort. R. Neap. ed. 2*, 1819, p. 67; Syll. pl. neap. p. 491; FI. neap. IV, p. 140, et V, p. 309, tab. 250. M. strigosa Ledeb. Fl. ross. IV, p. 494. M. Fabri Dunal in Ann. sc. nat. VI, 1836, p. 375; VII, 1837, p. 221, tab. 12 et 13; IX, 1838, p. 115, tab. 13; X, 1838, p. 378. | (2) Les mares des coteaux de Saint-Raphaël, près Fréjus (Var), où Perreymod a trouvé I'/soétes Perreymondii Bory, Compt. rend. Inst. 24 juin 1844 (T. adspersa Al. Br. Descr. sc. Alg. 1848), sont aussi de vieilles carrières abandonnées et situées à 2-3 kilo- métres de la mer. 91A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Ustilago antherarum, devient souvent hermaphrodite. MM. Tulasné, dans leur Monographie des Ustilaginées, en citent un exemple, mais sans y insis- ter. Ce fait m'a été communiqué par M. Giard, élève à l'École normale supé- rieure ; j'en ai vérifié moi-même l'exactitude, et il m'a semblé devoir intéresser les botanistes. La plante hermaphrodite présente un ovaire un peu différent de celui de la plante saine; il est largement piriforme, au lieu d'étre à peu prés cylindrique; les styles sont courts et droits, au lieu d'étre longs et courbés. Les ovules sont d'ailleurs parfaitement bien constitués ; ils sont fécondés par le pollen des indi- vidus sains et donnent des graines d'apparence normale, tandis que les étamines ne sont remplies que des spores de l Ustilago. Quel est l'organe qui, dans la plante hermaphrodite, s'est développé àcciden- tellement par suite de là présence du parasite? Il semblé que ce soit l'organe mâle. L'Ustilago pénètre dans là plante mâle ou femelle ; comme il ne peut fructifier que dans les étamines, il paraît donc, dans une plante femelle, être la cause déterminante de leur production. Ce qui confirme cette opinion, c'est la présence, sur un individu hermaphrodite, de fleurs uniquement femelles. Il serait intéressant de rechercher si d'autres plantes, normalement dioiques, et capables de nourrir le méme Champignon, ne présenteraient pas le méme phénoméne. M. Duvillers présente des feuilles de Chou (Brassica Rapa?) cou- vertes de productions foliacées sortant des nervures et des nervilles de la feuille. M. E. Roze présente à la Société des branches de Poirier sur les feuilles desquelles des taches d'un rouge-orangé dénotent la pré- sence des spermogonies du Ræstelia cancellata Rebent. (OEcidium cancellatum Pers.). Après avoir rappelé, en quelques mots, les résultats déjà très-concluants des expériences faites en 1865 par M. OErsted, et depuis lors par divers horticul- teurs, il affirme qu'il lui serait impossible, à la suite de deux expériences qu'il a faites au Muséum d'histoire naturelle, sous l’habile direction de M. Decaisne, et qui ont produit toutes deux un résultat identique, de ne pas admettre que le Rwstelia cancellata Rebent. procède du Podisoma Juniperi Sabine Fries. Il dit que dans le courant du mois d'avril, deux Sabines conservées en pot, au Muséum, commencaient à montrer, sortant de leur tronc, les languettes tré- melloides du Podisoma ; l'une de ces Sabines fut placée dans le sol, au milieu de quatre jeunes Poiriers parfaitement sains, et l'autre à 2-3 mètres au-des- sus du sol, dans les branches d'un grand Poirier de Bon-Curé également sain. Or, depuis quatre jours, non-seulement le #æstelia a fait apparition sur SÉANCE DU 44 JUIN 1869. 215 presque toutes les feuilles des cinq Poiriers, mais des feuilles spécialement enduites à leur face inférieure de mucus du Podisoma, contenant des spo- ridies en germination, présentent leur parenchyme presque entièrement rougi par le Zicstelia ! M. Rozeajoute que le succés de ces expériences l'a d'autant plus étonné que, l'an dernier, des feuilles de Poiriers, enduites de la méme facon, sur leur face inférieure, de mucus de ce méme Podisoma, recueilli sur les mêmes Sabines, n'en avaient éprouvé aucune altération appréciable. Il fait alors remarquer que M. OErsted lui-méme semble laisser entendre, de son cóté, que l'expérience ne réussit pas toujours, comme s'il était nécessaire que certaines conditions peu connues fussent prises à ce sujet en considération. Aussi, un fait qu'il tient à signaler lui parait-il des lors jouer en cela un róle trés-important : savoir, la présence sur les languettes trémelloides du Podisoma, de véritables Puccinies qui germent en méme temps que les spores ou basides (véritables urédospores), et qui, trés-abondantes cette année, faisaient absolument défaut lannée der- nière sur le Podisoma des mêmes Sabines. Il croit ce fait important en ce que, dans les intéressantes expériences de M. De Bary, ce sont aussi les Puccinia, et non les Uredo, qui, sur la plante alternante, sont l'origine des conceptacles à eecidiospores du méme Champignon. En terminant, M. Roze dit que, du reste, il se réserve de revenir ultérieu- rement sur ce sujet, des que de nouvelles recherches lui permettront de se montrer plus affirmatif sur le fait méme qu'il n'a voulu, dans cette séance, qu'indiquer sommairement. SÉANCE DU 14 JUIN 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASÈGUE. M. E. Rozé, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 28 mai, dont la rédaction est adoptée. M. l'Archiviste fait remarquer l'envoi trés-important reçu de la Société botanique d'Édimbourg, qui comprend les collections des Transactions publiées par cette Société depuis sa fondation. M. Je docteur Cordier dépose sur le bureau et distribue aux mem- bres présents à la séance, des échantillons de Riella Parisi Gottsche, recueillis par lui, vers la fin du mois de janvier dernier, dans le ruisseau de la Maison-Carrée, près d'Alger. Il fait remarquer que plusieurs de ces échantillons sont fructifiés, et signale l'odeur fé- tide que ces plantes exhalaient au moment de leur récolte. 2416 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la Société : QUELQUES MOTS SUR UNE NOUVELLE STATION DU LYSIMACHIA THYRSIFLORA A SAINT-QUENTIN (AISNE), par M. PE'TERMANN. (Saint-Quentin, 8 juin 1869.) Les environs de Saint-Quentin sont peu riches en plantes agrestes et silvi- coles, mais ils en sont un peu dédommagés par les plantes aquatiques que l'on y rencontre. Cette ville est située à 7 kilomètres des sources de la Somme, et son territoire est sillonné par des marais où le botaniste trouve encore une ample moisson à récolter. Parmi ces marais, il faut distinguer celui d'Harly et celui de Rouvroy. On se ferait une fausse idée si l'on pensait que la végétation de ces deux ma- rais est identique ; il s'en faut de beaucoup. Le marais d'Harly, fort tourbeux, semble une île flottante, s'affaissant à la moindre pression ; celui de Rouvroy est beaucoup plus ferme, aussi la produc- tion diffère-t-elle. Le marais de Rouvroy brille par ses Orchis, ses Eriophorum, qui s'étendent comme une vaste nappe d'argent au-dessus des herbes. Le marais d'Harly cache sous ses Phragmites des plantes plus rares, je nommerai seulement ici le Lysimachia thyrsiflora. C'est en vain qu'on chercherait cette plante dans les endroits les plus clairs, on nela rencontrerait pas. Semblable à la vierge pudique, cette rare espèce semble vouloir se soustraire aux regards, elle aime l'ombre et l'abri des saules..... Et fugit ad salices (Virg. Ecl. 111), concentrée dans une partie assez restreinte du marais d'Harly couverte d'arbrisseaux, on ne la rencontre pas dans celui de Rouvroy. C'est le 10 juin 1868 que je la découvris pour la première fois. Je n'entreprendrai pas de faire la description de cette Primulacée. D'ha- biles botanistes ont fait ce travail d'une maniére tellement claire, qu'il ne laisse rien à désirer; je crois cependant qu'il n'est pas inutile d'exposer ici les carac- téres que j'ai reconnus. Souche rampante, chevelue, stolonifere. Tige cylindrique, dressée, de 30 à 50 centimètres. Feuilles opposées, sessiles, lancéolées-allongées et lancéolées-linéaires, alternant sur la tige. Feuilles du bas se desséchant à l'époque de la floraison, et ne laissant qu'une membrane squammiforme. Sur cent individus, je n'en ai pas encore trouvé un seul ayant les feuilles ternées ou quaternées (ce qui est trés-commun au Lysimachia vulgaris), mais seulement à feuilles opposées. SÉANCE DU 11 Ju N 1869. 217 Fleurs jaunes, en grappes axillaires, garnies de bractées linéaires, à pédi- celles plus courts que la fleur. Calice à six divisions linéaires, à sépales ponctués de brun. Corolle à six lanières divisées jusqu'à la base. E tamines six. Style unique. Un ovatre, paraissant chargé de petites bulles d'un brun ferrugineux. Cap- sule globuleuse. Monch avait formé de cette espèce le genre Naumburgia, dédié à Samuel Naumburg, botaniste allemand, aux dépens du Lysimachia ; mais ce genre n'a pas prévalu. MM. Grenier et Godron (F7. de Fr. t. IL, p. 463), en assignant à cette rare espèce pour habitat : Abbeville, entre Deux-Ponts et Sarrebruck, et Lyon, ex- priment le doute à l'égard de la patrie de cette plante; cette espèce, disent-ils, est-elle bien francaise? Dans l'intérét de la science et de notre pays, nous ne devons pas l'envier aux autres nations, et nous pensons que l'on doit se pronon- cer pour l'affirmative. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : ESSAI D'UNE CLASSIFICATION MORPHOLOGIQUE DES FRUITS, par MI. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. (Premiére partie.) J'ai l'honneur de présenter à la Société, sous la forme d'un tableau synoptique (ou dichotomique), les dispositions essentielles de ma Classification morpho- logique des fruits. Je me bornerai, dans cette première communication, à indi- quer les bases sur lesquelles repose cette classification, me réservant de com- pléter cette exposition sommaire dans une prochaine communication, et d'établir dans un travail plus détaillé la concordance entre les désignations nouvelles que j'ai proposées et les anciennes dénominations ; anciennes dénominations qui, pour le plus grand nombre, peuvent néanmoins continuer (dans certaines limites) à être employées pour ne pas rompre brusquement avec les habitudes du style descriptif, mais à la condition d'étre régularisées, modifiées ou com- plétées par quelques mots qualificatifs, qui en augmentent la précision tout en leur laissant l'avantage de leur brièveté. Il m'avait toujours semblé désirable de voir régulariser, au point de vue morphologique, la«classification en usage et la nomenclature incomplète et irrégulière des fruits. Le fruit est peut-être l'appareil de la plante le plus varié dans ses formes, dans sa structure, dans sa consistance, dans les changements d'aspect qu'il peut éprouver aux diverses périodes de son exis- 918 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tence, dans les dispositions variées de ses parties constituantes, dans ses grou- pements divers ou énfructescences (1), etc. , etc. ; l'un des appareils, pàr con- séquent, qu'il est le plus essentiel de bien connaître sous toutes les formes, et de régulièrement, exactement ét. correctement désigner et décrire dans toutes ses modifications. Déjà, dans une courte dissertation lue à l'Académie des sciences, et dans un article de mon Dictionnaire raisonné de botanique (dont là premiere édition date de 1851), j'avais esquissé le tableau de la classification nouvelle que je propose et que je suis amené à développer davantage aujour- d'hüi. Dans les classificatious jusqu'à ce jour proposées, c'est à peine si le nombre et la disposition des carpelles, si l'adhérence au tube du calice ou la liberté de l'ovaire sont pris en considération dans les diverses catégories fondées généra- lement sur le degré de consistance du péricarpe (caractère pour ainsi dire accessoire au point de vue de la structure et du mode de développement, de la formation et de la forme réelle, en un mot au point de vue de la morphologie). Je ne me sers au contraire des caractères tirés de la consistance sèche ou char- nue que pour établir les divisions ou subdivisions de dernier ordre ; — et je prends pour caractère de premier ordre lé nombre des feuilles cárpellaires (carpelles) dont se coinpose le fruit : — mettant en dehors les infructescences (ou fruits agrégés qui sont des ensembles de fruit ayant l'apparence d'un seul fruit), la premiere division est fondée sur le nombre des carpelles : un seul (fruits monocarpellés) ou deux ou plusieurs (fruits polycarpellés). — Les fruits polycarpellés sont divisés en fruits à carpelles plus ou moins nombreux, dis- posés en cercle ou verticille (cyclocarpes), et en fruits à carpelles nombreux disposés en plusieurs verticilles ou en une spirale indéfinie sur un prolonge- ment de l'axe de la fleur (spirocarpes) — Puis les fruits, soit monocarpellés, soit cyclocarpes, soit spirocarpes, se divisent en fruits non renfermés dans le tube du calice (achlamydés), et enfermés dans le tube du calice (chlamydés). Les chlamydés se divisent à leur tour en libres de toute adhérence exté- rieure, et en adhérents au tube du calice. — Les fruits cyclocarpes libres se divisent en fruits à carpelles libres entre eux (dialycarpellés), et en fruits à carpelles soudés entre eux (gamocarpellés). Des divisions d'ordres secondaires sont basées sur le nombre des graines (une seule ou plusieurs) contenues soit dans chaque carpelle, soit dans l'eu- semble du fruit (carpelles ou fruits monospermes ou polyspermes) ;— puis sur le mode de placentation qui fournit dans la plupart des sections un grand nombre de subdivisions; — et sur la consistance, soit sèche, membraneuse ou ligneuse, soit charnue ou succulente. Si cette classification semble satisfaisante au point de vue morphologique, (1) Voyez plus bas p. 231. SÉANCE DU 44 Jurn 4869. 249 on peut, je dois l'avouer, lui reprocher qu'elle laisse encore à désirer au point de vue de son application au langage descriptif, qui doit être non-seulement clair et précis, mais bref et rapide. — A chacune des subdivisions de notre tableau, il serait peut-être utile d'ajouter un hom caractéristique de la forme désignée : j'avoue que je n'ai pas eu le courage de m'engager dans le néolo- gisme d'une longue série de mots à introduire dans le langage usuel. J'aurais pu employer tout ou partie des mots précédemment proposés par divers botanistes organographes, mais le sens de €es mots n'étaít pas toujours suffisamment précisé par leurs auteurs, et ils eussent été à divers points de vue d'un emploi difficile. Jé propose cependant de conserver provisoirement ceux de ces mots qui ont été sanctionnés par l'usage et ont cours dans les ouvrages descriptifs, en faisant précéder chacun (dans la description des genres) de la phrase caractéristique (un peu longue pour certains types) qui se détache sur notre tableau ; mais, ainsi que jé l'ai dit plus haut, en en modifiant l'ex- pression par un ou plusieurs mots qualificatifs. Dans une prochaine communication, je me propose de compléter Ie tableau de la classification par l'indication des dernières subdivisions, et par la com- paraison de mon langage avec les expressions précédemment adoptées. — J'aurai ensuiteà ajouter à cette étude l'exposé d'un travail sur les divers modes de déhiscence et la nomenclature régulière que je propose pour remplacer quelques-unes des dénominations inexactes actuellement usitées. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 220 *sa9peof5 soxgpuon *'soodieoojiy *soo1og "snjowunsg 'S999eulog 'soeoSeuJixeg 'sogov]JÁ]g 'SegoeIqny *sejoprpoquio *so9pta] 'soopri&eury fseopiqo10 "SeguvIJ9[eA *se9soduio") “UNII 4 *se9niepiqnue'T *seooepnuiid *soooeruedny “S9QUIIEMMJOI9S *soouv[og *soour] "v(iq4odng *vjoDfijoq 'sogovi[r] fSIJUNSIY fsootiv[oTA "SQUIWEIN) *sogoei9dfn *soguodÁqoq "vifopmby ‘uniwuydieq *Duj) *so9utgediog fsogQiqe] 'soooviugJ99 *DSOY "Dusuy DIADÉLA] ‘syo 'snansofüg ‘ouowouy “sind *(gxedivoouou muy g A) DNowunBp *pgnuunoy *sog[eps&ury *sogoeuoipideq * SAIdWAXA "SLIQWUA *sauodsKqod sojpodivo g no səwasədsouow soj[od.eo v esesceosoesosesossseossssessoreroooeevoesocecocsoesococoseeceoorecooegeoocooceoeee oo. cOSISp nn LL (eu£Sido uon * * souiJedsKqod sejjoduvo g exe id 5 op Juvuaaoad) * soui1edsououi sojjedueo e f ejuoovjd g l Sp uoue ehem tmmored ejueoe[d e 2 9 SjuaJoupe ementi it gaulodsouou 39 sjuaJoup ettet tiit tti spnedaeoAqerp jo soqiy ettet tque? ejueovjd e * *seur1odsKqod | epxe — [,, seunrodsKjod 'soui1odsouour so3o[ | ejueoe[d e soredresoues ttt ed egued v itt *guualoupe JUIS R sourtodsouour ette e "aiqu ours g ttt *goui1ods&[od sopedueo ,S9Uliedsououi so]jodavo : |eouodavofqero ss... 00.0... *sauJodsouour sonboo xnop uo soSej1ed no sop&urequo sopKuiequoe/ eee nenne nennen? SODRUN ettet giualQupe IE eet nn nn rgopÁAuuoe sodueoo[ofo \ —J, $3d 30019010HdWVON NOILVOIIISSVIO ANN,A 3201LdONAS NVAIAVL sone daeofqod \ s9][9d1e2ououi / sopost 0379 juaanod seuueds£[od so[[oduvootue2 sjmnaj so , Sim SÉANCE DU 14 JUIN 1869. 221 M. Cosson dit qu'il regrette de ne pas voir figurer tes noms de l’ancienne nomenclature des fruits dans le tableau dressé par M. Germain de Saint-Pierre. Il croit que ces noms, consacrés par l'usage, serviraient notamment à expliquer plusieurs des idées qui sont propres à l'auteur. M. Germain de Saint-Pierre répond que les dénominations con- sacrées dans les anciennes nomenclatures encore en usage man- quent de précision, et groupent souvent des fruits dont la structure est différente; que néanmoins il ne rejette pas ces dénominations qu'il propose même de continuer à employer en en régularisant la valeur par des termes modificateurs. Un aperçu de cette concor- dance sera l'objet d'une prochaine communication. M. Bureau dit que le nouveau systéme de classification de M. Germain de Saint-Pierre peut se résumer en cette question : Doit-on tenir compte de l'état par lequel passe l'ovaire? Il ne pense pas que cela soit pratique; mais il ajoute qu'en tous cas, cela né- cessiterait deux classifications, dont une artificielle. M. Roze demande à M. Germain de Saint-Pierre pourquoi les Graminées se trouvent, dans son systéme, placées dans la section des fruits polycarpellés, et dans quelle section se placent les fruits à deux carpelles? M. Germain de Saint-Pierre répond que l'ovaire des Graminées étant surmonté de 2-3 styles ne peut étre considéré morphologi- quement que comme ayant 2-3 carpelles ; que les fruits à deux car- pelles trouvent leur place dans les cyclocarpes, le nombre 2 étant le point de départ du verticille. M. Cosson fait observer que cette maniére de voir, quant à la structure de l'ovaire des Graminées, serait certainement critiquable, en temps qu'elle semble au moins préjuger la question; mais que le nombre des verticilles de carpelles dont un fruit peut étre com- posé ne lui paraît pas avoir autant d'importance que lui en attribue M. Germain de Saint-Pierre; exemple : les Alisma. M. Bureau ajoute qu'il s'agit, en effet, plutót d'un tableau de l'évolution des ovaires que d'une classification de fruits. M. Germain de Saint-Pierre répond qu'un fruit étant un ovaire mûr, on doit non-seulement tenir compte en effet de la structure de l'ovaire dans la classification des fruits, mais prendre cette struc- ture pour base de la classification, ce qui n'empéche pas d'appli- 299 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quer un nom à chacun des types principaux d'organisation; ce qui n'empéche pas non plus d'établir des divisions de second ordre fondées sur la consistance et l'aspect extérieur du fruit. Sur la réponse faite par M. Germain de Saint-Pierre qu'il en- tendait par fruit l'ovaire mûr, M. Roze lui demande ce qu'il fait du cóne. M. Germain de Saint-Pierre répond que, pour lui, c'est une infructescence ; que, conséquemment, il le place, avec la figue, dans les fruits agrégés. M. Germain de Saint-Pierre répond à quelques autres criti- ques de détail, en annonçant qu'il donnera prochainement commu- nication à la Société de la deuxiéme partie de cette classification. M. Cornu fait à la Société les communications suivantes : NOTE SUR L'OOSPORE DU MYZOCYTIUM PROLIFERUM Schenk, par M. Maxime CORNU. Le Myzocytium proliferum est une Saprolégniée qui se développe dans l'in- térieur des cellules des Conferves ; elle a été trouvée par M. Schenk (1) dans les bassins du jardin botanique de Wurzbourg. Il est d'abord formé d'une cellule plus ou moins allongée, qui devient toru- leuse et finit par se cloisonner aux étranglements ; chaque cellule partielle est un sporange qui émet un tube hors de la plante hospitalière, Les zoospores se forment comme dans les Pythium (2) et les Saprolégniées voisines, par exemple le Cystosiphon, en dehors du sporange aux dépens du plasma épanché. Cette plante n'est pas rare dans nos environs; je l'ai rencontrée plusieurs fois sur diverses Algues tant en hiver qu'en été. Elle se trouve en abondance dans la plupart des bassins du Muséum, soit dans les grands bassins circulaires, soit dans les petits bassins carrés, au milieu des plates-bandes. Dans ces derniers où l'eau s'échauffe facilement, le Myzo- cytium présente des sporanges entièrement vides, mais j'ai constaté la présence de spores sexuées quin'avaient pas encore été rencontrées. Dans cette plante trés-simple, la reproduction sexuée s'effectue par un moyen trés-simple. De deux cellules consécutives, l'une joue le róle d'anthéridie, l'autre le róle d'oogone; la premiére est plus allongée que la seconde, qui est presque sphérique ; le plasma de cette derniere est plus opaque que celui de l'autre. L'anthéridie émet un prolongement obtus dans l'intérieur de l'oo- gone, en repoussant la cloison qui les sépare, et elle y épanche entierement (1) Verhandlungen der phys.-med. Gesellschaft in Wuerzburg, t. IX, P. 12, et Ueber d. Vorkommen contract.’ Zellen, p. 10. (2) Yoyez Pringsheim's Jahrbuecher, t. I, pl. I; Ann, sc. nat. 4° série, t. XI, p. 273; De Bary, Jahrbuecher, t. Il, p. 172 ; Bull. Soc. bot. Fr. t. XVI (Séances), p. 7 869]. SÉANCE DU 14 JUIN 1869. 293 son contenu. Il en résulte une oospore unique, de couleur rosée, à paro épaisse, sans tubercules et à contenu oléagineux. La germination n'en a pas été observée encore. Dans un oogone peuvent déboucher deux anthéridies; mais ce fait est assez rare. Cette fécondation par le mélange du contenu de deux cellules consécutives d'un même filament, avec formation d'une oospore unique, est presque iden- tique avec celle des Zkynchonema dela famille des Zygnémées ; l'analogie entre cette famille et celle des Saprolégniées est donc rendue plus évidente par la fructification du Myzocytium proliferum. NOTE SUR LE CHYTRIDIUM ROSEUM De By et A. Wor, (section du Rhixophidium de Schenk), pr M. Maxime CORNU. Le Chytridium roseum a été rencontré par MM. De Bary et Woronine (1), sur la terre de pots à fleurs contenant d'anciennes cultures. Les radicules de cette plante étaient toujours brisées, ils n'en ont pas vu la terminaison. Le con- tenu du C'hytridium est rosé ; aprés un séjour de quelques instants dans l'eau, l'aspect de la plante change ; son plasma s'organise en zoospores. Elles s'échap- pent par des cols fermés d'abord par un bouchon muqueux qui se dissout ensuite peu à peu. Après s'étre agitées quelque temps dans l'eau, les zoo- spores rampent comme des amibes, deviennent sphériques, perdent leur cil et germent. Elles émettent des filaments flexueux ramifiés, d'un diamétre con- stant dans toute leur étendue. Mais ces observateurs n'ont pu suivre la germination que pendaut dix-huit heures. Ils n'ont pu observer le développement des cols par lesquels s'échappent les zoospores, et ils ont pensé que le Chytridium roseum se développait sur la terre sans étre parasite. J'ai tàché d'éclaircir un peu ces deux points obscurs. J'ai été assez heureux pour trouver une seconde fois le Chytridium roseum dans des circonstances analogues. J'avais fait à la fin d'avril. dernier quelques semis de spores de l'Zquisetum arvense sur du sablon pur, humecté d'eau, et je maintenais le tout sous cloches. Dans l'un des vases, ces spores ne produi- sirent pas plus de trois à quatre cellules, méme après plusieurs semaines. Je cherchai la cause de cet arrét de développement, et en étudiant les germina- tions, je n'observai ni Mousses, ni Algues, comme on en rencontre fréquem- ment sur les semis maintenus à une trés-grande humidité, je rencontrai seule- ment le Chytridium roseum et rien que lui, Il n'était pas en assez grande abondance pour donner cà et là une teinte rose bien nette, comme dans le cas rapporté par MM. De gary et Woronine; il se trouvait uniquement dans les points où les spores d'Equisetum, irrégulierement semées, formaient une tache verte par leur grand nombre. Les radicelles du Chytridium étaient nom- (1) Extrait des Comptes rendus de la Société des naturalistes de Fribourg-en-Brisgau, t. IIl, livr. 2, in Ann. sc. nat. 5° série, t. II. 22h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. breuses, entières, ramifiées, terminées en pointe, elles entouraient étroitement les spores et s'étendaient au milieu d'elles sans pourtant s'y attacher. Cet habitat du Chytridium et l'arrêt de développement des spores (quelques-unes méme avaient entièrement péri) font songer involontairement à un parasitisme. Les spores d Equisetum serviraient à la nutrition du Chytridium. Si le parasitisme n'est pas démontré, il est du moins probable; un autre fait vien- dra plus loin à l'appui de cette opinion. Les sporanges étaient mieux développés que dans le cas observé précédem- ment; ils étaient d'un diamètre de #"" chez les individus moyens qui présen- taient jusqu'à 8 et 10 cols. Par ces cols s'échappaient à la fois un grand nombre de zoospores; chaque sporange en contenait des milliers. Je n'ai pu voir, même avec l'objectif n° 15 à immersion de M. Hartnack, l'épaississement représenté à la base du cil des zoospores dans les figures du mémoire cité. J'ai suivi la germination des zoospores pendant trois jours. La zoospore augmente de volume et émet les filaments décrits plus haut, ce seront les radicules ; au bout d'un jour, elle cesse d’être sphérique, elle donne naissance à un mamelon où s'amasse un plasma très-réfringent, trés-différent du reste; ce mamelon s'accroit en un prolongement assez court, dont le diamètre est deux ou trois fois celui des radicules avec lesquelles on ne peut les confondre, c'est le col; puis il se forme des cloisons qui séparent les radicules etle col de la partie cen- trale qui deviendra le sporange, puis le tout s'accroit en restant semblable. La plante en cet état est une miniature de la plante adulte ; vers le troisième jour, le plasma réfringent du col a la plus grande analogie avec la substance mucila- gineuse en laquelle il se transformera; il en a déjà la forme. Mais après trois jours, la préparation était envahie par les bactéries et les germinations péris- saient invariablement. Les cols sont donc une forination spéciale et ils ne pro- viennent pas de radicules brisées comme le pensaient MM. De Bary et Woro- nine. Dans les cas que j'ai observés, je n'ai vu qu'un seul mamelon, mais il y avait des zoospores dont le diamètre devenait beaucoup plus considérable que celui des autres et qui périssaient sans avoir produit de mamelon ; peut-étre en auraient-elles donné plusieurs; leur dimension permet de le penser. D'ordinaire, les germinations des Chytridinées périssent beaucoup plus tôt, faute d'élément nutritif, mais la présence dans la préparation de spores d' £qut- setum entières ou écrasées (pendant la séparation des grains de sable) donne encore plus de poids à cette opinion probable, que ce Chytridium est parasite comme tous les autres. SÉANCE DU 25 JUIN 1869. 225 SÉANCE DU 95 JUIN 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASÈGUE. N M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 11 juin, dont la rédaction est approuvée, aprés l'ob- servation suivante de M. Cosson, au sujet du Riella nouveau que M. Cordier a bien voulu distribuer aux membres présents à cette séance : Cette nouvelle espèce de Riella, dit M. Cosson, doit porter le nom de Riella Clausonis A. Letourneux, et non pas celui de R. Parisii Gottsche. M. Paris (Bull. Soc. bot. XIV, 197) reconnait en effet lui-même qu'il a recueilli la plante, guidé par mon excellent ami M. A. Letourneux, qui l'avait distinguée du À. helicophylla, nom sous lequel elle avait été publiée dans l’ £'zsiccata de Clauson (Herbarium Fontanesianum normale). Le nom de À. Clausonis, attribué par M. Letourneux à cette Hépatique si intéressante, et sous lequel il l'avait communiquée à ses amis, doit étre préféré à tous les titres. Ce nom a l'avantage d'établir l'histoire de la découverte due au regrettable Clauson, et de consacrer en méme temps le souvenir de tous les services rendus à la bota- nique par cet habile explorateur des environs d'Alger. Les lois de la nomen- clature botanique ne peuvent étre invoquées contre cette maniére de voir; elles sont nécessairement subordonnées aux lois les plus élémentaires de l'équité. On ne saurait appeler X. Parisii une plante que M. Paris n'a ni découverte ni distinguée comme nouvelle ; — je dois ajouter que, dès 1866, dans la notice consacrée aux explorations botaniques algériennes de Clauson (F1. Alg. I, xxiv), la plante a été désignée sous le nom de Riella Clausonis. M. le Président annonce une nouvelle présentation. M. E. Fournier appelle l'attention de la Société : 1° sur les trois premières livraisons du Refugium botanicum, offertes par M. Wil- son Saunders; 2° sur le Flora Virgiliana envoyé par M. Bubani. M. le Président annonce à la Société la perte trés-regrettable qu'elle vient de faire dans la personne de l'éminent auteur du Flora sardoa, M. le professeur Moris, de Turin, sénateur du royaume d'Italie. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : T. XVI. (SÉANCES) 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ESSAI D'UNE CLASSIFICATION MORPHOLOGIQUE DES FRUITS, par MI. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. (Deuxième partie.) Dans la séance précédente (1), j'ai eu l'honneur de vous présenter le tableau de ma Classification morphologique des fruits. Je vais compléter cette communication par la comparaison de mes phrases descriptives (ou diagnoses) des différentes sortes de fruits classés méthodiquement (d’après leur structure, leur mode de développement, leur mode de déhiscence, leur consistance, etc. ), avec les noms ordinairement employés dans le langage botanique actuel (noms qui désignent un certain nombre de fruits, mais plutót au point de vue de leur apparence ou de leur consistance, qu'au point de vue de leur structure réelle) ; ces noms usuels sont commodes, sans doute, en raison de leur brièveté, mais la tendance, de plus en plus organographique, et l'esprit de précision de la science actuelle, les ont depuis longtemps rendus tout à fait insuffisants ; ces noms, pour qu'ils aient un sens un peu précis, doivent étre accompagnés d'une phrase descriptive analogue à nos diagnoses, phrase indiquant à quelle sorte de structure se rattache le type que l'on veut désigner. Sans cette pré- caution, les anciens mots employés pour désigner les fruits induiraient en erreur, en donnant à penser que divers fruits (dont la structure est en réalité trés-différente) se rattachent à un méme tvpe d'organisation. J'espère, par ces développements, répondre d'une manière satisfaisante à une partie des objections qui ont été faites (au point de vue pratique) à mon systéme de classification des fruits, dans la séance précédente, par plusieurs de nos savants confrères. Le but que je me suis proposé dans ce système de classification est d'obliger (presque sans introduction de mots nouveaux dans le langage botanique) à se rendre un compte exact de la structure et du développement du fruit, dans chaque cas particulier. Je désire ainsi pouvoir contribuer (si mon procédé descriptif est adopté) à rendre les descriptions des genres et des espèces végé- tales à la fois plus complétes, plus exactes, plus claires et plus précises. Les divisions essentielles de cette classification sont énumérées méthodique- ment dans le tableau qui se trouve plus haut, p. 220. J'énumère aujourd'hui les principales subdivisions que comporte la classification générale. Chaque descripteur peut y introduire de nouvelles subdivisions selon les cas particu- liers qui peuvent se présenter. Dans l'une des prochaines séances, je me réserve d'insister sur les divers modes de déhiscence des fruits et sur les mots que je propose d'employer pour clairement les désigner. (1) Voyez plus haut, p. 217. SÉANCE DU 25 JUIN 1869, 297 Fruits. — Voici la série de mes diagnoses ou phrases descriptives des prin- cipales sortes de fruits mises en regard des noms vulgairement employés. J'ai fait suivre ces noms eux-mémes des courtes diagnoses que l'on ne peut se dispenser de leur associer, si l'on veut préciser leur signification dans les cas principaux : 1. — Fruit monocarpellé, — achlamydé, — sec, — à déhiscence à la fois suturale et dorsale, — ord. polysperme (exemple, Légumineuses). — GOUSSE (ou LÉGUME), — GOUSSE MEMBRANEUSE, — GOUSSE LIGNEUSE, — GOUSSE ARTICULEUSE (1) (G. ARTICULÉE ou LOMENTACÉE) ; — gousse articuleuse ré- duite à un seul article monosperme : AKENE. 2. — Fruit monocarpellé, — achlamydé, — plus ou moins charnu, — ord. monosperme ou disperme (exemple, Amygdalées). — DRUPE, — DRUPE SUC- CULENTE, — DRUPE CHARNUE, — DRUPE SÈCHE, — DRUPÉOLE (petite drupe'. 3. — Fruit monocarpellé, — chlamydé, libre (renfermé dans le tube du calice sans lui adhérer) — (exemple, A/cAimilla). — AKENE (akène unique, libre, renfermé dans le tube induré du calice ou cupule réceptaculaire non adhérente). Ah. — Fruit monocarpellé, — chlamydé, — adhérent (exemple, Hippuris). = AKENE (akène unique adhérent au tube du calice). 5. — Fruit polycarpellé, — spirocarpe, — achlamydé, — sec (exemples : Anemone, Fragaria, Alisma).— AKENES (fruit composé d'akenes nombreux, libres, disposés en spirale sur un prolongement saillant, sec ( Potenti/la] ou charnu [Fragaria], de l'axe de la fleur). 6. — Fruit polycarpellé, — spirocarpe, — achlamydé, — à carpelles mo- nospermes, charnus ou succulents (exemple, ubus). — PETITES DRUPES, DRUPÉOLES, groupées en téte (fruit composé de drupéoles nombreuses, libres, disposées en spirale sur un prolongement de l'axe de la fleur). 7. — Fruit polycarpellé, — spirocarpe, — chlamydé, — libre (exemple, Rosa). — AKÈNES nombreux disposés en spirale et libres dans le tube du calice accrescent charnu ou pulpeux (cupule réceptaculaire libre, accrescente, char- nue, fermée). 8. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — dialycarpellé, — à carpelles monospermes, secs, devenant indépendants à la maturité (exemples : partie des Crassulacées, Sedum, Sempervivum ; Potamées, Potamogeton). — AKENES (fruit composé d’akènes plus ou moins nombreux, libres, disposés en cercle). 9. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — dialycarpellé, — à carpelles monospermes, secs, — à nervure dorsale prolongée en aile mem- (4) Je donne au mot articuleux (articulosus), que je demande à introduire dans le langage botanique, le sens de composé d'articles (parties articulées),le mot articulé (ar- tículatus) signifiant attaché ou inséré par une articulation. 998 SOCIÉTE BOTANIQUE DE FRANCE. braneuse, devenant indépendants à la maturité (exemple : Acérinées, Acer.). — SAMARE. 10. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — dialycarpellé, — à carpelles monospermes, — à déhiscence latérale-axile, — non gynoba- siques (exemples : Géraniacées et partie des Malvacées, Malva, Althæa, etc.). — AKENES disposés en cercle (leur partie dorsale contenant la graine se détache de leur partie placentaire marginale qui reste adhérente à l'axe de la fleur). 11. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — dialycarpellé,— à carpelles partagés en deux coques monospermes, — à déhiscence latérale- axile, — gynobasiques (exemples : Labiées, Borraginées). — AKÈNES (akenes formés chacun d'une moitié longitudinale de carpelle, moins la partie placen- taire marginale qui reste adhérente à l'axe de la fleur). 12. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — dialycarpellé, — à carpelles polyspermes (exemples : partie des Renonculacées, Caltha, Del- phinium, Aquilegia, Nigella arvensis, etc.; Apocynées, Asclépiadées). — FOLLICULES disposés en cercle. 13. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — monosperme, —- à graine libre dans le péricarpe (exemples : Polygonées, Cypéracées). = AKÈNE (résultant d'un ovaire polycarpellé, uniloculaire, monosperme). 14. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — monosperme, — à graine adhérente au péricarpe. — CARYOPSE, vulg. grain, semence, — la noix de Coco (fruit du Cocos nucifera) est un énorme caryopse à péricarpe ligneux, résultant de trois carpelles soudés, dont un seul est fertile, à graine volumineuse périspermée et soudée au péricarpe. 15. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — polysperme, — à placentas pariétaux, sans cloisons (exemples: Violariées, Cistinées, Liliacées).— CAPSULE UNILOCULAIRE à plusieurs valves, portant les graines à leur partie moyenne, à déhiscence dorsale (loculicide). 16. — Fruit polycarpellé (ord. deux carpelles), — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — polysperme, — à placentas pariétaux prolongés en une cloison longitudinale celluleuse (exemple : Crucifères). — SILIQUE, SILICULE (silique courte), SILIQUE ARTICULEUSE, SILIQUE MONOSPERME, AKENE, — OU fruit à plusieurs carpelles à déhiscence poricide (exemple : Pavot). 11. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — polysperme, — à placentas axiles, — à loges monospermes, — déhiscence dorsale (loculicide), consistance membraneuse (exemple : Polygalées).— CAP- SULE MEMBRANEUSE (chez les Polygalées : biloculaire, comprimée perpendicu- lairement àla cloison) à loges monospermes, à déhiscence loculicide. 18. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — polysperme, — à placentas axiles, — à loges monospermes,— déhiscence à SÉANCE DU 25 JUIN 1869. 229 la fois dorsale (loculicide) et latérale axile (sorte de déhiscence septifrage simu- lant la déhiscence septicide), — (exemple : genre £ uphorbia). — CAPSULE se désagrégeant en (trois) COQUES (ord.) monospermes, qui se séparent d'un axe persistant en s'ouvrant avec élasticité par la rupture de la nervure dorsale. 19. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — polysperme, — à placentas axiles, — à loges (ord. 3-5) dispermes, subdi- visées chacune par une fausse cloison en deux loges monospermes (exemple : Linées). — CAPSULE à 3-5 loges, subdivisées chacune par une fausse-cloison en deux loges monospermes. 20. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — polysperme, — à placentas axiles, — à loges (ord. 2) quelquefois subdivi- sées chacune en 2 fausses-loges polyspermes, — sec, — à déhiscence suturale, ou dorsale, ou latérale, quelquefois s'ouvrant chacune par un pore terminal (déhiscence poricide) — (exemples : Scrofularinées, une partie des Sola- nées, etc.). — CAPSULE à deux loges polyspermes, etc. — Quelquefois fruit à déhiscence circulaire (exemple : Hyoscyamus). — PYXIDE libre, biloculaire, polysperme, à placenta axile. 21. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — polysperme,— à placentas axiles, — à loges (ord. 2) polyspermes, — succu- lent-indéhiscent (exemples : partie des Solanées, g. Solanum, Lycium, Physa- lis, Lycopersicum, etc. ; Ampélidées, Vitis). — BAIE libre, à deux carpelles polyspermes. 22. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, — gamocarpellé, — polysperme, — à placentas axiles, — à loges en nombre variable, — succu- lent-indéhiscent, — à épicarpe épais contenant une huile essentielle, et à loges remplies de poils vésiculeux gorgés d'un suc aqueux, dont l'ensemble consti - tue une pulpe succulente. — HESPÉRIDIE (fruit des Aurantiacées). 23. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — achlamydé, polysperme, — uniloculaire, — à placenta central, — membraneux, — à déhiscence suturale complete ou incompléte, quelquefois indéhiscent, se déchirant circulairement à la base (exemples : partie des Primuiacées, Lentibulariées). — CAPSULE mem- braneuse à placenta central, — à déhiscence ordinairement septicide. 2h. — Fruit polycarpellé, -— cyclocarpe, — achlamydé, — polysperme,— uniloculaireà placenta central, — membraneux, — à déhiscence circulaire (se coupant circulairement et s'ouvrant par la chute du couvercle) — (exemple : partie des Primulacées, Anagallis, Centunculus). — PYXIDE libre, unilocu- laire, polysperme, à placenta central. 25. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamydé, libre, — dialycarpellé (carpelles libres dans une cupule réceptaculaire; ce type est le type Aosa amoindri, les carpelles sont en petit nombre et en cercle au lieu d'être nom- breux et en spirale) — (exemple, Poterium). = AKÈNES monocarpellés groupés par 2-3 dans le tube induré du calice (cupule réceptaculaire libre). 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 26. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamydé, — adhérent et gamo- carpellé (provenant de fleur à insertion épigyne) — uniloculaire, — mono- sperme (exemple : Composées). — AKENES provenant d'un ovaire à 2 carpelles, uniloculaire, à calice inhérent, à limbe souvent accrescent sous la forme d'ai- grette. Le GLAND, la CHATAIGNE, la NOISETTE, sont de gros akènes résultant d'un ovaire adhérent bi-pluriloculaire à loges abortives, moins une à péricarpe coriace ou ligneux et à graine charnue volumineuse (ces akènes sont placés dans des involucres accrus en cupules de formes diverses). La Noix (fruit du Noyer) est un akène à épicarpe charnu et à endocarpe ligneux, ou drupe adhé- rente (résultant d'un ovaire adhérent, à deux carpelles) dont le noyau mono- sperme est bivalve. 27. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamydé, — adhérent et ga- mocarpellé (provenant de fleur à insertion épigyne),— monosperme, — pluri- loculaire à une seule loge fertile (exemple : Valérianées). — AKENE résultant d'un ovaire adhérent polycarpellé pluriloculaire, à une seule loge fertile, les autres abortives, à calice adhérent (cupule réceptaculaire), à limbe nul ou pro- longé en limbe accrescent, quelquefois en forme d'aigrette. 28. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamydé (provenant de fleur à insertion épigyne), — polysperme, — à placentas pariétaux, — à déhiscence dorsale (loculicide) — (exemples : Amaryllidées, Iridées). — CAPSULE (ord. 3-loculaire) à déhiscence loculicide. 29. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamydé (provenant de fleur à insertion épigyue), — polysperme, — à placentas pariétaux, — à déhiscence latérale (exemple : Orchidées). — CAPSULE (à trois valves) à déhiscence par des fentes latérales, les valves (en forme de panneaux, parties dorsales des car- pelles) restant adhérentes par le haut et le ‘bas, et alternant avec les colonnes placentifères (formant une sorte de châssis). 30. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, —chlamydé (provenant de fleur à insertion épigyne), — polysperme, — à placentas axiles, — à carpelles (deux) monospermes complets (exemple : Rubiacées).— DI-AKÈNE, deux akènes pro- venant d’un ovaire adhérent, devenant indépendants à la maturité. 31. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamydé (provenant de fleur à insertion épigyne), — polysperme, — à placentas axiles, — à carpelles (deux) monospermes, se détachant de leur partie axile (déhiscence latérale-axile) (exemple : Ombellifères). — DI-AKENE (se désagrégeant en deux MÉRICARPES), fruit provenant d'un ovaire adhérent se séparant en deux akènes incomplets (détachés de leur partie placentaire). 32. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamydé, — polysperme, — à placentas axiles, — à carpelles (deux) polyspermes, — membraneux, — à loges polyspermes (exemple : partie des Saxifragées).— CAPSULE membraneuse provenant d'un ovaire adhérent, biloculaire, à loges polyspermes. 33. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamydé, —polysperme, — à SÉANCE DU 25 JUIN 1869. 251 placentas axiles, — à carpelles (ord. 2 ou 5) polyspermes, — charnu ou pul- peux indéhiscent, quelquefois coriace ou ligneux, — à loges oligospermes ou polyspermes (exemples : Grossulariées, Pomacées et partie des Myrtacées). — PoMME (chez les Pomacées à endocarpe membraneux), NUCULAINE (chez les Pomacées à endocarpe osseux), BAIE succulente à deux carpelles (chez les Groseilliers), BAIE-COURONNÉE (chez les Myrtacées, genre Myrtus). 34. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamydé, — polysperme, — à placentas axiles, — à carpelles (ord. 5) polyspermes, — coriace ou ligneux, à déhiscence circulaire (exemples : partie des Myrtacées, genres Æucalyptus, Lecythis, etc.). — PYXIDE coriace ou ligneuse, pluriloculaire, à loges poly- spermes, provenant d'un ovaire adhérent. 35. — Fruit polycarpellé (3-5 carpelles), — cyclocarpe, — chlamydé, — polysperme, — à loges partagées en deux fausses-loges par l'introflexion des cloisons à surface placentifère, — charnu ou succulent (exemple : Cucurbita- cées). — PÉPONIDE (baie volumineuse provenant d'un ovaire adhérent, à cloi- sons introfléchies, à graines noyées daus des expansions du tissu cellulaire). 36. — Fruit polycarpellé, — cyclocarpe, — chlamvdé, — polysperme, — composé de deux étages de carpelles, l'étage supérieur renversé, — à péricarpe coriace, — à graines à testa succulent insérées à la surface des cloisons et remplissant les loges (exemple unique : Punica), == BALAUSTE, Infructescences, — J'ai cru utile d'introduire dans le langage botanique le mot infructescence, pour désigner l'ensemble des fruits qui remplacent les fleurs d'une inflorescence ; le mot infructescence étant à la fois plus exact et plus court que l'expression énflorescence-fructifóre, qui en serait le seul équi- valent, on peut dire : infructeseence en épi, en grappe, en ombelle, en capi- tule, etc.). Certaines infructescences compactes, en épi, en chaton, en capitule, etc. , comme chez le Mûrier et chez l'Arbre-à-pain (Artocarpus), chez les arbres gymnospermes (les Conifères, les Cycadées), en capitules à réceptacles creux ou renversés en dedans comme chez le Figuier, ont, en raison du groupe- ment des fruits, l'apparence d'un seul fruit. Ces diverses dispositions ont d'autant plus d'importance, que les fruits qui constituent ces ensembles ne se dissocient pas, méme à la maturité, et qu'ils se détachent de l'arbre en une seule pièce (tels sont : les mûres, les figues, les cônes de Pins et de Sapins, etc. ). — Aussi, ces infructescences sont-elles vulgairement regardées comme des fruits, et désignées comme telles, non-seulement daus le langage vulgaire, mais aussi daus le langage scientifique. Les botanistes désignent ces sortes d'infructescences ressemblant à des fruits, sous le nom parfaitement juste de fruits agrégés. Les fruits agrégés ou infructescences compactes et se détachant en une seule pièce, qui ont recu des dénominations particulières, doivent donc trouver 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. place, ad calcem (en appendice), dans une classification ou énumération mé- thodique des fruits, de méme que les fleurs composées (capitules ou anthodes) qui sont des inflorescences, peuvent étre mentionnées dans une classification ou énumération méthodique des fleurs, en faveur de ceux qui les prendraient (ce qui serait trés- excusable) pour des fleurs. 37. — L'infructescence (ou fruits agrégés) du Mûrier est désignée sous le nom de MURE (elle a été aussi nommée SOROSE). La MURE se compose d'un ensemble de petites drupes (fruit monocarpellé, monosperme, succulent), dont chacune est munie de son enveloppe florale (calice ou périanthe), elle-même accrue et devenue succulente ; c'est un ensemble de fleurs mûres soudées entre elles. Le fruit agrégé de l'Arbre-à-pain (Artocarpus incisa) et celui de Jacquier (A. integrifolia) présentent une structure analogue. — Le fruit des Rubus, désigné vulgairement sous le nom de MURE, est au contraire un fruit simple qui résulte du développement d'un ovaire à carpelles disposés en spirale (fruit polycarpellé, spirocarpe, achlamydé, à carpelles monospermes succulents). 38. — L'infructescence des Ananas se compose également de fleurs mûres soudées entre elles. Leur fruit agrégé, connu sous le nom d’ANANAS, est un ensemble de capsules charnues entourées des enveloppes florales accrues (sorte de baie à trois carpelles, polysperme chez la plante spontanée, mais à graines abortives ou nulles dans les variétés cultivées), et ces fleurs mûres sont disposées, autour de la tige ou hampe, en un épi compacte terminé par une rosette indéfinie de feuilles foliacées. 39. — L'infructescence des Figuiers : la FIGUE est le résultat d'un ensemble de petites fleurs femelles incomplètes, disposées en capitule renversé, c'est-à- dire tapissant les parois d'une cupule réceptaculaire (ou réceptacle concave et fermé qui devient charnu à la maturité). Dans les fruits agrégés charnus ou succulents, les graines ne deviennent libres (comme chez les fruits simples charnus ou bacciformes) que par la des- truction, par putréfaction de la masse charnue ou succulente. 40. — L'infructescence des gymnospermes (Conifères et Cycadées) : le GONE (et son diminutif le GALBULE) est un épi femelle ou un chaton fructifère, à écailles coriaces ou ligneuses disposées en spirale et constituant par leur ensemble une masse conique ou subglobuleuse. Quelquefois le fruit des Conifères est réduit à une écaille charnue monosperme, par exemple chez l'If; ce fruit charnu succulent est, dans le langage vulgaire, désigné sous le nom de baie. Le cône proprement dit se compose d'un ensemble de feuilles carpellaires éta- lées, ordinairement ligneuses, en forme d'écailles, et étroitement imbriquées, dont chacune porte une ou plusieurs graines à sa base ; ces graines deviennent libres à la maturité par l'écartement des écailles. A1. — On a, par extension, donné le nom de CÓNE à l'infructescence du Houblon, qui se compose de bractées accrescentes disposées en épi ovoide et portaut chacune un petit fruit sec monosperme (akène) à leur aisselle. SÉANCE DU 25 JUIN 1869. 933 Je crois avoir passé en revue, dans cette classification morphologique ou énu- mération méthodique, les principaux types de structure que présentent les fruits ; un grand nombre d'autres types secondaires peuvent trouver place dans le méme cadre. Y aurait-il lieu, dans la pratique, de donner des noms particuliers (comme cela a été déjà tenté sans beaucoup de succes par Mirbel, par Desvaux et par d'autres botanistes) à toutes les sortes de fruits contenus dans un semblable cadre? Les combinaisons qui résultent des diverses structures, des divers modes de déhiscence, des diverses consistances, des diverses formes, des diverses agrégations, etc., sont trop nombreuses et présentent trop de cas intermédiaires, pour qu'un tel projet-soit utilement réalisable; ce grand nombre de dénominations, d'une application souvent incertaine et d'une pré- cision presque toujours douteuse, n'aboutirait qu'à la confusion. Je pense (comme les savants confrères qui ont pris part à la discussion dans cette question, à la séance précédente) qu'il est à la fois commode, pratique et utile aux progrès des connaissances organographiques, de continuer à employer un certain nombre des expressions consacrées par l'usage, et qui désignent sommairement la forme et la consistance du plus grand nombre (capsule ou fruit capsulaire, baie ou fruit bacciforme, etc.), mais à la condition que ces expressions soient complétées, dans les descriptions, par des phrases métho- diques analogues à celles qui constituent l'ensemble de ce tableau morpho- logique. M. le Secrétaire général donne lecture : 4° de la note suivante de M. Ch. Royer (de Saint-Remy prés Montbard) : Une lettre rectificative de mon article du 5 janvier dernier (1), n'étant par- venue au secrétariat qu'aprés le tirage de l'article, j'ai l'honneur de faire con- naitre à la Société la substance de cette lettre : J'y remplaçais par PLURANNUEL le mot pérennant que j'avais d'abord appliqué au Libanotis montana All., espèce qui ne fleurit qu'aprés plusieurs années, puis meurt l'année méme de cette floraison. Pérennant a le tort de sembler la traduction de perennis, qui en latin désigne les plantes vivaces : monocarpien doit étre écarté comme terme vague, puisque les plantes annuelles et bisannuelles sont tout autant monocarpiennes que les espèces plur- annuelles. Dans sa grande division des plantes en monocarpiennes et en poly- carpiennes, De Candolle (Théorie élémentaire de la Botanique, p. 383) dit que les monocarpiennes, dont la durée est d'un an au plus, s'appellent plantes annuelles; qu'on nomme bisannuelles les monocarpiennes qui fleurissent et meurent à la seconde année; qu'enfin il est des monocarpiennes qui ne fleu- (1) Voyez plus haut, p. 37. 234 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rissent qu'au. bout de plusieurs années, et qui meurent aprés; il les désigne par le signe co , mais sans mentionner de nom qui leur soit particulier, à la différence de ce qu'il a fait pour les deux premières catégories de monocar- piennes. Or, plurannuel me semble de nature à remplir cette lacune, et il y aurait des monocarpiennes pluraunuelles, comme il y en a d'annuelles et de bisannuelles. Plusieurs plantes (Trinia vulgaris, Echium vulgare, Cynoglossum offi- cinale, Lappa communis, Carlina vulgaris, Cirsium palustre, Inula Conyza) notées comme bisannuelles dans les flores, sont dans le cas du Ziba- notis montana, Enfin, j'ai en surveillance beaucoup d'autres espèces qui, j'ai déjà tout lieu de l'espérer, grossiront encore cette liste de plantes pluran- nuelles. 2° D'une lettre de M. Durieu de Maisonneuve, au sujet de la dé- couverte de l'/soétes Hystrix, dont il envoie des échantillons pour les membres de la Société : LETTRE DE M. DURIEU DE MAISONNEUVE A M. DE SCHŒNEFELD. Bordeaux, 24 juin 1869. ...... Dès la réception d'une seconde lettre, où vous me demandiez une petite note sur la découverte de l'/soétes Hystrix dans les landes de Mios, j'écrivis à M. Motelay pour avoir de nouveau ces renseignements écrits de sa main. Il me les envoya aussitót, et je vous adresse sa réponse ci-incluse. Or, hier enfin, en compagnie de M. Motelay, je suis allé pour la première fois visiter les lieux dans une excursion publique annoncée, mais à laquelle ne s'est joint qu'un seul amateur parce qu'elle n'avait pas lieu un dimanche, Nous avons par- couru une grande étendue des landes dépendant du territoire de la commune de Mios, à 42 kilometres de Bordeaux, et partout où nous apercevions un site favorable à l’/soëtes, sites qu'on reconnait à première vue dès qu'on en a l'ha- bitude, il s'y trouvait immanquablement, difficile à apercevoir d'abord, mais foisonnant dés qu'on avait apercu le premier. Nous l'avons vu dans des endroits si défavorables à toute plante intéressante, que jamais botaniste n'aurait eu l'idée de se baisser pour en rechercher une et surtout un Zsoétes! Enfin, en rentrant à Mios, aprés notre herborisation, passant devant une maisonnette, à peu de distance du village, où le paysan s'était taillé un petit jardin dans ta lande et l'avait entouré d'une clóture en terre sablonneuse, haute d'environ 18 pouces, nous avons aperçu quelques pieds d'/soétes sur la crête ou la pente de cette clôture. Ces pieds étaient même beaucoup plus grands que ceux de la lande, plus profondément enfouis, mais non mûrs comme les autres. Vous remarquerez que la première découverte de l’/soëtes dans ces landes SÉANCE DU 25 jurn 1869. 235 s'est faite de la même manière que je la fis en Algérie et que M. Deloynes la fit il y a peu d'années en Limousin. M. Deloynes est un explorateur très- habile, émule des Letourneux, Balansa, etc. Je le savais; aussi pendant trois ans je ne cessai de le presser de rechercher l'/soétes terrestre dans sa contrée. Pen- dant ces trois années, ce fut son idée fixe; mais toutes ses recherches furent sans résultat. Il en vint méme à déclarer qu'il n'y avait pas d'/soéftes terrestre dans ce pays. C'était pour lui affaire jugée, lorsqu'un jour, cryptogamisant dans un lieu sauvage et excessivement pittoresque, dit la Gorge d'Enfer, le long de pentes abruptes et entre les énormes blocs de granite qui surgissent du sol, apercevant un Riccia intéressant (R. Bischoffin) qui, en effet, croit là en assez grande abondance, il en enléve une plaque. En s'occupant de la monder des petites feuilles graminiformes qui surgissaient ca et là, il en vint à se demander à quelle plante ces feuilles pouvaient appartenir ; les ayant suivies jusqu'à leur base, il arrive à la petite souche : l Zsoëtes était découvert. Or, il y ena des masses. Voilà cependant un observateur de premier ordre, un ocu- latissime, comme on dit, qui avait pris à tâche de découvrir un /soctes terrestre, et qui depuis bien des années marchait dessus sans s'en douter, car la localité est voisine de sa maison de campagne. J'ai déjà visité trois fois cette curieuse localité. A la vue de ces tapis d’/soëtes, je me demandais comment on pouvait ne pas les reconnaitre tout de suite. Cependant il est bien probable qu'à la place de M. Deloynes j'aurais fait comme lui, et que je n'aurais découvert l’/soètes qu'en arrachant le Ranunculus chærophyllos, qui en est la plante conco- mitante. Hier, en devisant avec M. Motelay, nous en vinmes à presque affirmer la possi- bilité d'un fait que j'avancai dans le temps, au premier temps de la découverte de deux espéces terrestres en Algérie, mais que je ne tardai pas à révoquer en doute : c'est que les /soétes terrestres, l Hystrix surtout, sont beaucoup plus communs qu'on ne l'a cru jusqu'à présent. On le trouvera dans le rayon de la flore de Paris, je n'en doute pas. On le trouvera partout en France. Les loca- lités où ces espèces furent successivement signalées (littoral africain et asiatique, Europe méridionale, etc.) devaient faire supposer qu'elles étaient propres aux régions maritimes. Mais il faut convenir que rien n'est moins maritime que les montagnes granitiques du Limousin, et que, puisqu'on le voit là en abondance, on peut très-bien le rencontrer partout ailleurs, pourvu toutefois qu'il y ait de la silice, à quelque formation géologique qu'elle appartienne. Ayant vu ce matin qu'il y avait séance demain rue de Grenelle, j'ai eu la pensée de vous expédier quelques /soêtes encore tout frais, de la lande de Mios. Je viens d'en mettre une cinquantaine dans une petite boite que je vais essayer d'expédier par la poste. Je voudrais bien qu'elle vous parvint à temps, pour que vousen puissiez distribuer le contenu aux membres présents, bien entendu aprés avoir prélevé votre bonne part. 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Extrait de la lettre de M. Motelay, du 46 juin 1869. Je viens répondre à la question que vous m'avez adressée par votre amicale lettre de ce jour. La découverte de la nouvelle localité de l'/soétes Hystrix est due au plus grand des hasards. Voici le fait, Le 22 mars, j'allai passer la journée dans la commune de Mios, pour y chasser comme de coutume; mais mon cheval n'étant pas en bonne disposition, je laissai partir mes amis et pris mon cartable pour récolter le Narcissus Bulbocodium. Cette plante, qu'on désigne dans le pays sous le nom de flou-dé-mars, est en telle abondance dans certaines prairies de la commune de Mios, qu'elle forme un vrai tapis jaune. En rentrant à Mios, je me mis à ramasser l'7z/a Bulbocodium, qui, lui aussi, est abondant dans les landes incultes. J'arrivai ainsi à l'endroit que l'on dé- signe par le nom de Pégailley de Vigne (le nom de Pégailley désigne un pas- sage communal à travers des landes). Là, dans une dépression occasionnée par les roues des charrettes qui, à force de temps, ont enfoncé le sol de 10 à 15 centimètres, et où la végétation de la lande n'a pas disparu, je vis quel- ques pieds d’Zria en fleur, et donnai un coup de marteau-pioche pour en arracher. Tenant en main la motte que je venais d'extraire pour la monder, je m'apercus qu'une feuille d'/soctes se trouvait sur ladite motte. Je me mis immédiatement à chercher le pied qui avait pu me fournir la feuille que je tenais encore dans les doigts et je reconnus que j'avais affaire à une vraie colo- nie. Je cherchai avec attention ailleurs, et partout où je reconnus un endroit propice, je trouvai des Zsoëtes. Jesuis convaincu, sans en avoir encore la cer- titude, que cette plante si rare se trouve dans toutes les landes qui n'ont pas été remuées par des défrichements. Les membres présents se partagent les échantillons d'7soétes dus à l'obligeance de M. Durieu de Maisonneuve. M. Aug. Riviére, jardinier en chef du Luxembourg et directeur du jardin d'essai d'Alger, offre à la Société des échantillons de Peristylus cordatus accompagnés de la lettre suivante : MONSIEUR LE PRÉSIDENT, J'ai l'honneur de vous adresser deux échantillons du Peristylus cordatus. Cette Orchidée a été récoltée aux environs d'Alger, près de Sidi-Ferruch, par mon fils, Charles Rivière, le 4 avril dernier; il l'avait découverte le 28 février précédent, mais elle n'était pas encore assez caractérisée. SÉANCE DU 25 JUIN 1869. 237 D'après MM. le conseiller Letourneux, président de la Société de climato- logie, et Durando, qui herborisent dans la province d'Alger depuis plus de vingt ans, cette plante n'avait pas encore été trouvée dans cette localité, ct ce fait les a intéressés vivement. C'est dans l'espoir d'étre agréable à la Société, que je me suis permis de vous adresser ces deux échantillons, Monsieur le Président, afin que, si vous le jugez à propos, ils puissent figurer dans son herbier. La plante est parfaitement localisée ; elle choisit les bas-fonds et les amas de détritus, et se trouve toujours dans des broussailles impénétrables de Len- tisques, de Jujubiers, de Cistes, etc. Veuillez agréer, etc. Des remerciments sont adressés à M. Riviére par M. le Président, qui annonce que les échantillons seront placés dans l'herbier de la Société. M. Cosson dépose sur le bureau un exemplaire du Catalogue rai- sonné des plantes vasculaires de l'ile de Minorque (Baléares), publié par M. J.-J. Rodriguez, et des échantillons des espéces les plus in- léressantes recueillies par ce botaniste zélé, et offertes par lui à l'herbier de la Société. M. Cosson appelle l'attention sur ce Catalo- gue qui renferme plusieurs espéces non mentionnées par Cambes- sédes et dont la découverte est due aux herborisations persévé- rantes de M. Rodriguez. NOTE SUR DEUX ESPÈCES NOUVELLES DE MINORQUE, par ME. J.-J. RODRIGUEZ. (Paris, 18 juin 1869.) Parmi les espèces que j'ai l'honneur d'offrir à la Société, il y en a deux que je considère comme nouvelles pour la science et sur lesquelles j'appellerai plus particulièrement l'attention. Voici leurs descriptions : CENTAUREA BALEARICA Nob. Arbuste atteignant parfois 4 mètre au plus et formant un buisson large, touffu et très-épineux. Tige ligneuse, trés-rameuse; rameaux cylindriques, blanchâtres, étalés, droits et entrelacés. Feuilles de 13-25 millimètres, dimor- phes : les jeunes vertes, linéaires, entières, glabrescentes, uninervées et sub- rugueuses ; les anciennes réduites aux nervures qui sont fortes subulées, demi- embrassantes à la base, divisées au sommet en très-grandes épines fortes étalées pourvues vers leur milieu de deux spinules divariquées, parcourues sur le dos par 1-3 lignes blanchâtres qui se prolongent sur l'axe; les feuilles supérieures dépassant les capitules. Capitules petits, de 14-16 millimètres, 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. solitaires et sessiles au sommet des rameaux. Péricline ovoide, à écailles im- briquées, les extérieures ovales ou oblongues, apprimées, un peu aranéeuses au sommet terminé par une épine ; les intérieures coriaces, linéaires, terminées par un appendice ovale-triangulaire étalé scarieux et pourvu de petites dents ciliolées, Réceptacle couvert de soies blanchâtres. Fleurons jaunes, tous égaux, hermaphrodites et fertiles. Filets des étamines pourvus vers leur milieu d'un faisceau de poils. Style épaissi dans sa partie supérieure, à divisions soudées dans toute leur longueur. Akènes petits, obovoides ou obconiques, glabres, tous pourvus d'aigrette, à disque entouré d'un bord irrégulièrement denté, Aigrette persistante, trois ou quatre fois plus longue que l'akéne, formée de soies paléiformes dentelées, violacées inférieurement, blanchátres dans leur partie supérieure, les soies intérieures aussi longues que les extérieures. Hab. Capifort, dans l'ile de Minorque.— Fi. Mai-juin. Cette plante, que j'avais d'abord considérée comme étant le C. spinosa L., n'est cependant indiquée qu'avec doute sous ce nom dans mon Catalogue, car elle ne m'avait pas offert tous les caractères assignés à la plante linnéenne. J'ai pu me convaincre que c'était une espèce distincte en la comparant dans l'her- bier de M. Cosson, mis libéralement à ma disposition, avec des échantillons du véritable C. spinosa. DAPHNE VELLÆOIDES Nob. Arbuste de 3-5 décimétres, formant buisson. Tige ligneuse, trés-rameuse, à écorce grise; rameaux étalés-dressés, les jeunes subpubescents. Feuilles éparses, obovales-oblongues, obtuses, submucronulées, un peu épaisses et coriaces, légèrement ciliées aux bords, glabres sur les deux faces, la face supé- rieure d'un vert obscur et luisante, l'inférieure d'un vert pâle et ponctuée à nervure médiane saillante. Fleurs odorantes, sessiles, réunies 2-4, rarement 5, ou solitaires, naissant à l'aisselle des feuilles supérieures et rapprochées au sommet des rameaux. Périanthe pubescent, à tube de 6-8 millimètres, ver- dâtre, lavé de pourpre, à divisions largement ovales, plus courtes que le tube, obtuses ou légèrement échancrées au sommet. Fruit... Hab. Environs de Cala-Mezquita, dans l'ile de Minorque. — #7. Mars. Ce Daphne est mentionné sans nom spécifique dans mon Catalogue sous le numéro 513. Je le considérais dés lors comme une espèce nouvelle, mais je n'ai voulu le publier qu'après m'en être assuré par l'examen du genre Daphne dans plusieurs herbiers. M. E. Fournier présente à la Société des branches de Charme, en- voyées à la Société impériale d'horticulture par M. Declercq, et dont les rameaux portent des feuilles tantôt simplement crénelées (Carpinus Betulus), tantôt profondément incisées-laciniées (C. quer- cifolia) ; celles-ci sont plus petites. Les deux variétés de feuilles se SÉANCE DU 25 JUIN 1869. 939 trouvent en général sur des rameaux différents du méme arbre. Cet arbre a 10 métres de hauteur et 18 métres environ de circuit ; le tronc a 80 centimètres de circonférence. Il provient probablement de semis. M. Max. Cornu fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UN GENRE NOUVEAU DU GROUPE DES ZYGNÉMACÉES (1), pr M. Maxime CORNU. Dans une herborisation faite à Bondy, dans les premiers jours de juin, je rencontrai une Zygnémacée qui ne rentre dans aucun des genres établis jus- qu'ici. Les Zygnémacées se divisent en deux sections : les Zygnémées et les Mésocarpées. Dans ces dernières, on trouve les genres .Mesocarpus (Hassall) et Mougeotia (De By), Pleurocarpus (A. Br.), Staurospermum (Ktz) et Cra- terospermum (2) (A. Br.). Dans tous ces genres, la spore est placée symétri- quement par rapport aux deux cellules copulatrices. Ici, la spore est placée d'une facon dyssymétrique. Elle présente en outre une disposition particulière ; elle a la forme d'un triangle équilatéral, dont le sommet serait engagé dans le canal copulateur, la base appuyée sur la paroi opposée de l'une des cellules et dont on aurait coupé les trois angles. Le Species de Kuetzing, la Monographie (3) de De Bary et le récent Flora europea Algarum de Rabenhorst, ne mention- nent rien de pareil ; cette plante est donc un type générique nouveau. La chlorophylle est disposée dans les cellules, comme chez les Mougeotia, suivant un cylindre plus court que la cellule ; elle présente les mêmes grains brillants. La conjugaison a lieu comme chez les Mesocarpus. Deux cellules pla- cées en face l'une de l'autre envoient chacune un prolongement : ces prolonge- ments se soudent, puis forment un canal, d'abord assez long, qui se raccourcit ensuite en s'élargissant. La matière verte passe d'une cellule dans l'autre, se ramasse à l'une des extrémités du canal et s'entoure d'une membrane. La zygospore reste engagée, comme il a été dit plus haut, à la fois dans l'une des cellules et dans le tube copulateur, ce qui lui donne une apparence trigone. Toutes les spores sont situées du méme cóté, dans un seul filament à l'exclusion de l’autre, comme dans les Spirogyra et les Zygnema ; elles s'appliquent exactement sur les parois du filament et du canal. Elles sont d'un beau vert; la chlorophylle les remplit entiérement; la membrane est assez épaisse et inco- (1) Note ajoutée pendant l'impression. — La plante dont il s'agit ici est le Plagio- spermum tenue Cleve, in Nova acta reg. Scc. scient. Upsaliensis, 3° série, vol. VI, fasc. 2, 1868. Ce fascicule a été remis à l'Académie des sciences dans les premiers jours de mai 1869. Voyez la Revue bibliographique, t. XVI (1869), p. 80. | (2) Note ajoutée pendant l'impression., — Il faut ajouter le genre Spharospermum (Cleve, loc. cit.). | | o. (3) Untersuchungen ueber die Fam. der Conjugaten, Leipzig, 1858. 2^0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lore. Les filaments stériles ont de 0*»,012 à 0™™,020 de diamètre, et ils ont une longueur de huit à seize fois leur diamètre, quelquefois plus. La largeur des zygospores est de 0?",040-077,047. Cette Algue se trouvait dans une flaque d'eau trés-pure, formée au pied du remblai du chemin de fer, au milieu du bois; le fond était fortement calcaire. La plante formait dans l’eau une sorte de nuage et présentait l'aspect qu'ont parfois les Mougeotia et le Craterospermum lœtevirens De By. Elle végétait surtout parmi les rameaux entrecroisés d'un Cerastium arraché de terre ct jeté dans l'eau. Elle était assez abondante au milieu de filaments d'un Z ygnema stérile et d'un petit Mesocarpus trés-avancé. Malheureusement, divers débris emportés avec la plante corrompirent brusquement l'eau qui la contenait ; je ne pus la conserver que huit jours. Notre confrère et ami, M. G. Rivet, auquel je la montrai, en fit une préparation unique, qu'il eut l'obli- geance extréme de me donner depuis; c'est tout ce qu'il en reste. La germination des spores ne pourra donc pas étre observée. Il ne sera peut-être pas sans intérêt de donner, avec le dessin de cette plante, celui des deux genres voisins : Mesocarpus et Craterospermum , le dernier surtout, qui est représenté d'une facon un peu incompléte dans le livre de M. Rabenhorst, t. III, p. 113, où l'on ne voit pas bien la forme de la spore. Note ajoutée au moment de l'impression (août 1869). — Dans les Vcva acta reg. Soc. scient. Upsaliensis, M. Cleve vient de publier une monographie des Zygnémacées (Försök till en Monografi ofver de svenska Arterna af Algsfamiljen Zygnemacec), dans laquelle il a créé deux genres nouveaux. La plante de Bondy rentre pleinement dans l'un des deux, le genre Plagiosper- mum ; C'est aussi la même espèce que celle qui a été figurée et décrite; c'est le Plagiospermum tenue. 1l n'a été trouvé qu'une seule fois, trés-rare parmi les feuilles de l’ Hypnum scorpioides, dans un marais situé au milieu des bois à Norrby-Vagen prés Upsal; de persévérantes recherches, au méme endroit et ailleurs, n'ont eu aucun succès. M. Cleve convient qu'il n'a pu l'étudier complétement : la figure qu'il en donne montre en effet qu'il n'a dû rencon- trer que des spores déjà altérées. Il considére le globule de chlorophylle con- tractée comme une spore sphérique, trop jeune encore pour étre pourvue de membrane. Le petit nombre des échantillons qu'il a pu étudier explique cette erreur. La note publiée plus haut la rectifie ; le genre étant peu connu jusqu'ici, elle ne sera pas tout à fait superflue. Il semble utile d'en reviser la diagnose : PLAGIOSPERMUM Cleve, emend. — Cellulæ steriles ut in Mougeotia. Copulatio ut in Mesocarpo. Zygosporæ partim in canali, partim in cellula, idem filamentum seriatim (Spirogyre illarum instar) occupantes, formam habent trianguli angulis trun- catt, virides episporio vix colorato. SÉANCE DU 25 juiN 1869, 241 PL. tenue Cleve. — Cellulæ steriles diametro fili (0"",010-0"",020) 8-16-plo- longiores ; zygospora diam. transv. (07?7,050-077,047). Habitat in fossis nemorum, diversas plantas involvens : H ypnum scorpioides Norrby-vagen prope Upsal, septembri (cl. Cleve); Cerastium Bondy prope Paris, junio. Explication des figures. (Planche II de ce volume.) Fic. 1-2. Plagiospermum tenue. (La spore est plus âgée en 4 qu'en 2.) Fic. 3. Craterospermum lætevirens Al. Br. — Villeherviers prés Romorantin (Loir-et- Cher). Septembre, dans un ruisseau calcaire. Fic. 4. Staurospermum quadratum Hassall. — Villeherviers, Fossés et flaques d'eau. Fic. 5. Staurospermum viride Ktz. — Villeherviers, mêmes localités ; souvent mélangé avec le précédent. Toutes les figures ont été dessinées à la chambre claire, le grossissement est de +2, M. Pérard, pour compléter les renseignements donnés par lui sur l'excursion de Lavaux-Sainte-Anne et des bords du Cher aux envi- rons de Montluçon(voy. p. 192), donne lecture de la note suivante: Le bateau du Mas. En prolongeant l'excursion des bords du Cher depuis le cháteau de l'Ours jusqu'à la limite du département, on aborde une des parties les plus monta- gneuses de l'arrondissement, — Sur les confins du département de la Creuse, notre altitude ordinaire parait méme dépassée, et ce fait semble être confirmé immédiatement par la présence du Sempervivum arachnoideum, plante de la région élevée des montagnes et que j'ai rencontrée cette année en abondance sur un espace de 200 mètres environ. Elle croit sur les rochers gigantesques qui dominent le moulin et le hameau situés au confluent du Cher et de la Tardes et qui sont connus dans cette contrée sous le nom de bateau du Mas. — L’ Asplenium Breynii y est extrêmement rare et l Umbilicus pendulinus tapisse communément les rochers. — C'est là que se trouve un de ces sites admirables qui rappellent un peu ceux que l'on va souvent chercher loin de son pays, et l'on a vite oublié les fatigues d'une course très-accidentée et souvent difficile. — En traversant le Cher sur le bateau qui a donné son nom à la localité, on touche le territoire du département de la Creuse. — La petite chapelle de Saint-Marien, rendez-vous actuel d'un pelerinage important, apparait au sommet d'une de ces hautes montagnes couvertes de taillis verdoyants et qui constituent l'angle formé par la jonction des deux rivières dont l'une (la Tardes) vient ici perdre son nom. — Dans les anfractuosités des rochers qui longent le Cher, en face de la chapelle et sur le territoire du département de l'Allier, le T. XVI. (SÉANCES) 16 2^2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Laserpitium latifolium var. asperum étale ses larges ombelles. — Le Poly- stichum angulare suit les bords du Cher depuis les ruines du château de l'Ours, ainsi que l' Asplenium septentrionale. Enfin la plupart des espèces qui ornent nos gorges granitiques se retrouvent généralement pendant le cours de cette pittoresque excursion. SÉANCE DU 9 JUILLET 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASEGUE. M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 25 juin, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Tm£npavT, lieutenant de vaisseau, à Vitry-le-Frangais (Marne), présenté par MM. Ad. Brongniart et A. Gris. M. le Président annoncela mortregrettable de M. le commandant Guyot-Ressigeac, et de MM. les docteurs Dukerley et Massot, tous trois membres de la Société. M. Petermann adresse à la Société deux Carez, avec prière de les déterminer. Les échantillons seront transmis au Comité consul- tatif. M. Paul Petit présente à la Société des chloranthies d'une Rose de Bengale. M. Germain de Saint-Pierre rappelle que cette anomalie est cul- tivée, comme variété, par quelques horticulteurs, sous le nom de Rose-verte. A cette occasion, M. Duchartre signale un fait de chloranthie ré- ceminent présenté par M. Rivière à la Société impériale d'horti- culture. Il s'agissait d'une inflorescence de Poirier; la lambourde avait conservé son appareil extérieur, une des fleurs était remplacée par un rameau à la base duquel se trouvait un verticille de feuilles représentant le calice. C'était, en un mot, le retour complet de l'axe florifère et des organes floraux aux organes foliaires. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : - SÉANCE DU 9 JUILLET 1869. 2h3 LE SOMMEIL DANS LE RÈGNE VÉGÉTAL COMPARÉ AU SOMMEIL DANS LE RÈGNE ANIMAL (1), pr M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Le somme! des plantes est l'état physiologique sous l'influence duquel certains organes des végétaux prennent le soir, conservent pendant la nuit, et ne quittent que le lendemain, aprés le lever du soleil, des dispositions spé- ciales. Ce sommeil nocturne ne se manifeste pas à beaucoup prés avec le méme degré d'intensité chez tous les végétaux; en revanche, les mémes organes (feuilles caulinaires, pétales, fleurs) chez quelques plantes sont susceptibles d'éprouver, dans certaines circonstances, un sommeil diurne ou du moins de prendre alors l'attitude particuliére au sommeil. Je me propose, dans cette étude biologique, d'examiner si dans l'organisme des végétaux (qui présente tant de points de contact avec l'organisme des animaux), l'analogie peut s'étendre, et si elle s'étend réellement, aux fonctions du sommeil. Que les alternances du jour et dela nuit aient une influence réelle sur les plantes comme sur les animaux, c'est un fait qui n'est contesté par personne, or nous insistons sur cette analogie entre les étres des deux régnes, sans pré- tendre que le végétal dorme d'un sommeil comparable de tous points à celui d'un animal pourvu d'un système nerveux cérébro-spinal. Les végétaux peuvent, il me semble, être définis des animaux incomplets. Aucune ligne de démarcation tranchée ne sépare, en effet, le règne végétal du règne animal. — Le type des vertébrés, où le règne animal paraît avoir atteint (dans l'espèce blanche du genre humain) son expression la plus élevée, le plus haut degré des conditions de l'animalité, le type des vertébrés s'amoindrit (par des nuances si ménagées qu'elles sont presque insensibles) : des mammifères aux oiseaux, des oiseaux aux reptiles marcheurs, des reptiles marcheurs aux reptiles rampants et des reptiles rampants aux poissons, et méme (sans passer par les oiseaux et les reptiles), par une série de dégradations des formes exté- rieures, les mammifères vont directement à la rencontre des poissons. Ce type des vertébrés, ainsi amoindri, tend à passer des poissons cartilagineux anguiformes, dont certains genres sont presqne acéphales, au type articulé le plus inférieur : le type des annélides. — Entre le type des annélides et le type des rayonnés, la différence n'est pas toujours bien tranchée ; elle consiste surtout dans la disposition symétrique rayonnée (que nous nommons, en bo- tanique, verticillée), et qui tend, mais par des transitions ménagées, à se sub- stituer à la disposition symétrique binaire. (4) Cet article fera partie du Nouveau Diclionnairà de Botditque do M. Germain de Saint-Pierre, actuellement en cours d'impression. 24^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur les confins des rayonnés (fleurs animées du règne animal) fourmille un petit monde que le classificateur désorienté, les yeux ouverts sur le micro- scope, et l'esprit troublé, voit sans beaucoup de regrets, mais avec beaucoup d'admiration, échapper, dans tous les sens, aux limites du cadre qu'il avait tenté, soit de reconnaitre, soit de tracer. Ces atomes organisés, vivant, tourbillonnant, s'agrégeant et se désagrégeant, mourant et ressuscitant (les rotiféres), pullulant, se fractionnant et se dédou- blant, constituent le monde des infiniment petits comme taille, monde des infiniment grands comme nombre. En se superposant en masses sans limites, et pendant la durée illimitée des âges, ces atomes ont, à plusieurs reprises, comblé les bassins des océans ; ils ont constitué dans la charpente géologique du globe terrestre de puissantes assises de terrains sédimentaires, terrains devenus les domaines de mondes or- ganiques nouveaux où l'individualité (qui tendait à se substituer à la collectivité) devenait plus rare à mesure qu'elle devenait plus puissante. Du monde des infiniment petits paraissent avoir émané deux séries paral- léles : régne végétal, qui s'épanouit en herbes et en arbres : tapis velouté des prairies, tapis à haute végétation des foréts ; — régne animal, qui fourmille en innombrables tribus animées, en peuplades mouvantes et agissantes, bras et ventres actifs dirigés par des tétes pensantes, monde oü l'individu est (dans chaque classe, soit végétale, soit animale) une petite association organique assez compliquée, monde où la force supplée au nombre. Le monde des infiniment petits, qui tient en germe le régne végétal et le règne animal, se compose d'une population dont nombre d’espèces résument à la fois en elles les caractères essentiels réunis des deux règnes. Dans ce monde rudimentaire, que j'appellerais volontiers le monde embryonnaire, telle individualité microscopique, d'abord mouvante et agissante, devient en- suite exclusivement et purement végétante (les zoospores) : ces provisoires animaux, après avoir capricieusement erré ct voyagé, se fixent, s'enracinent et deviennent des plantes. C’est dans ce monde, invisible aux yeux humains et révélé par le microscope, que des tubes végétaux (les Diatomées-Ambulatoriées) rampent et se meuvent librement, pendant toute leur existence, avec l'indé- pendance qui passait pour appartenir en propre aux animaux. Faut-il donc s'étonner que les étres des ordres les plus élevés dans l'échelle végétale se souviennent (dans leurs fonctions) que, par plusieurs côtés, ils sont restés animaux? — Les végétaux, comme les animaux, respirent et s'assimilent les corps inorganiques (dissous dans l’eau); ils s'accroissent par nutrition. Les végétaux, comme les animaux, sont bissexués, et leurs unions different peu ou ne diffèrent essentiellement pas des unions dans le règne animal. — Pourquoi les végétaux n'auraient-ils pas besoin, comme les animaux, de réparer par des périodes de repos les forces qu'ils dépensent pendant leurs périodes d'activité? Pourquoi un sommeil réparateur leur serait-il refusé?.. Aussi le bienfait du SÉANCE DU 9 JUILLET 1869. 245 sommeil paraît-il leur être accordé : la nuit succédant au jour répand le som- meil sur les plantes comme sur les animaux. Il est cependant, au point de vue du sommeil, entre les êtres les plus com- plets du règne animal et du règne végétal, une différence essentielle à considérer: chez l'animal, les fonctions dites végétatives ne dorment pas d'un sommeil complet, ni, par conséquent, les organes auxquels ces fonctions sont dévolues. En effet, la suspension complète d'activité (d'action) de la respiration, de la circulation, de l'assimilation, serait pour l'animal, non la suspension, mais la cessation de la vie : la mort. — Ce qui dort surtout dans l'animal, c'est (en partie du moins) l'exercice des sens et l'exercice de la direction des facultés de l'intelligence, et, par conséquent, lesorganes qui accomplissent ces fonctions. Les appareils et organes qui ne sont pas de nature à dormir d'un sommeil complet sont régis par le système ganglionnaire nerveux, dit grand sympa- thique. Les appareils et organes qui sont de nature à dormir d'un sommeil plus ou moins complet sont régis par le systéme nerveux encéphalique (le cer- vau) et ses dépendances (en connexion, du reste, avec le grand sympathique). Chez les végétaux, les fonctions végétatives de respiration, de circulation, d'assimilation, d'ovulation, s'accomplissent, comme chez les animaux, pendant la période de sommeil comme pendant la période de veille. Ces fonctions peuvent se trouver suspendues pendant une longue période de temps sans que la mort de l'individu en soit le résultat : un bulbe, un tubercule, un rhizome charnu, peuvent, aprés certaines périodes de végétation, étre retirés du sol et se conserver plusieurs mois dans un engourdissement complet de toutes les fonctions. Les œufs des animaux peuvent se conserver un certain temps dans un état semblable, et sans altération. Les graines, qui sont les œufs des végétaux, peuvent, dans certaines circonstances où elles sont à l'abri des in- fluences atmosphériques et hygrométriques, se conserver intactes et douées de leurs facultés germinatives, non-seulement pendant des années, mais pendant une longue suite de siècles. Le sommeil, chez les animaux, est, avons-nous dit, la suspension momenta- née (et alternant régulièrement avec l'activité), non des fonctions de la vie végétative, mais des fonctions de relation, fonctions qui sont sous la dépendance du système nerveux encéphalique. Et cependant, les végétaux, êtres vivants privés des organes des sens (à l'exception peut-être du toucher et du sens gé- nésiaque) ; les végétaux, dont la sensibilité est réduite, dit-on, à l'irritabilité, — les végétaux, privés de la faculté de se mouvoir volontairement (spontanéité de mouvements, mouvements de translation), — les végétaux, privés trés- probablement (du moins dans les classes dites supérieures) de la volonté, — les végétaux, où il paraît n'exister rien de comparable au système nerveux encéphalique des animaux, — les végétaux, où il n'existe très-probablement que l'aualogue très-atténué (peut-être sous la forme liquide ou granuleuse) du système nerveux ganglionnaire désigné dans le règne animal sous le nom 240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . de système du grand sympathique (les organes ou les appareils qui sont des individualités simples concourent à la constitution de l’individualité collective ou individu végétal), — les végétaux simples ou collectifs ont besoin de dormir. Comme les animaux, les plantes subissent, dans leurs organes les plus vivants, les alternatives de l'activité ct du repos, et en réalité consacrent la nuit au sommeil, Les organes dans lesquels les attitudes du sommeil peuvent se manifester chez les plantes sont naturellement les organes mobiles, les organes appendiculaires : feuilles caulinaires et feuilles floraires. Parmi les feuilles, celles quisont le mieux disposées pour la motilité (et par conséquent pour la manifestation des alterna- tives de veille et de sommeil) sont les feuilles à pétiole ou rachis articulé, et les folioles (ou feuilles secondaires) à pétiolule articulé des feuilles dites com- posées : par exemple, celles des Légumineuses et des Oxalidées. Le besoin d'un temps derepos (si ce temps de repos est admis) chez les vé- gétaux implique un temps d'excitation et de fatigue : or la fatigue résulte d'une trop grande dépense, d'une déperdition d'n/lux nerveux, sorte de fluide maguétique qui se produit incessammeut dans l'admirable appareil électro-magnétique constitué par un corps vivant, et s'accumule dans lor- ganisme pendant le sommeil ou période de repos (période durant laquelle la dépense d’influx nerveux est sinon complétement suspendue du moins très- restreinte), Si donc les végétaux ont en eux une source d'influx nerveux, il faut bien qu'ils en possèdent l'appareil. Cet appareil nerveux (qui peut, disons -nous, con- sister en parties liquides, en granules contenus dans des liquides, ou en tissus solides), appareil que nous leur accordons par induction (mais non par suite d'observations directes), leur a été jusqu'à ce jour, sinon absolument refusé, du moins fortement contesté, mais bien moins par démonstration de son ab- sence que parce que l'orgueil de l'homme se révoltait à la pensée d'une trop proche parenté du règne animal avec le règne végétal ; règne végétal indifférent à la discussion, et qui ne saurait réclamer que par les phénomènes alternatifs de sa vie active et de son sommeil. L'acte du sommeil chez les plantes doit être étudié : 4° dans les feuilles caulinaires simples, feuilles bractéales, sépales, pétales, étamines, etc.; 2° dans les feuilles caulinaires composées ; 3° dans chacun des verticilles de feuilles floraires qui constituent la fleur; 4° dans l'ensemble de la fleur; 5° dans l'ensemble des fleurs groupées qui constituent les inflorescences, et notamment dans les capitules (ou anthodes) des plantes de la famille des Synanthérées ou Composées (dont les fleurs, symétriquement rapprochées en une spirale indéfinie, compacte, ont l'apparence d'une méme fleur, surtout chez les capitules composés entièrement de (leurons ligulés (Liguliflores ou Chicoracées), ou d'un disque de fleurons tubuleux entourés d'un ou plusieurs verticilles de fleurons ligulés (Cory mbiferes-Radices). . SÉANCE DU 9 JUILLET 1869, 247 On doit, par conséquent, éviter dans cette étude de suivre les anciens erre- ments, qui consistaient à considérer les fleurs (notamment les fleurons ligulés, ou demi-fleurons) des capitules, dans la famille des Composées, comme des organes simples, des pétales, et d'assimiler les capitules à des fleurs. C'est à tort, par exemple, que le phénomène du redressement ou connivence (conver- gence) des fleurons du capitule d'un Zaraxacum, ou des fleurons ligulés du capitule radié d'un Bellis, serait assimilé au phénomène du redressement ou de la connivence des pétales d'une méme fleur: par exemple, au redres- sement des pétales ou feuilles du périanthe de la (leur de l'Ornithogalum umbellatum. Dans ces deux cas, la cause du phénoméne est sans doute la méme, et l'expression en est analogue ; mais, dans l'un des deux cas, les or- ganes intéressés sont des organes simples, des feuilles, et le siége du phéno- mene est surtout un onglet ou un pétiolule; tandis que, dans l'autre cas, les organes intéressés sont des appareils trés-complexes, des fleurs composées de plusieurs verticilles de feuilles floraires, des fleurs groupées elles-mêmes en capitules, et que le siége du phénomène est la base de la fleur. Les feuilles caulinaires, ou raméales simples, peuvent ne pas changer de direction pendant la période du sommeil (sommeil qui ne saurait alors être constaté), ou elles peuvent présenter des dispositions variées : elles peuvent étre dressées ou pendantes. Les feuilles opposées tendent à s'appliquer l'une sur l’autre par leur face supérieure, cas le plus fréquent (elles sont alors dites dres- sées), ou elles s'appliquent l'une sur l'autre par leur face inférieure (et sont alors dites rabattues). Les feuilles caulinaires, ou raméales composées, peuvent éprouver, comme les feuilles simples, un mouvement général, par l'inclinaison du pétiole commun ou rachis, et elles éprouvent, en outre, des mouvements partiels par suite de l'inclinaison de rachis secondaires (dans les feuilles composées-bipennées, par exemple) et par suite de l'inclinaison des folioles en raison du mouvement de flexion ou de torsion quise passe daus leur pétiolule, ou le mouvement de cour- bure qui se passe dans toute l'étendue de leur limbe. Ces folioles ont été dites imbriquantes (imbricantia) lorsqu'elles se couchent sur le pétiole, de maniere à le cacher en se dirigeant de bas en haut, et dites rebroussées (retrorsa) lors- qu'elles s'imbriquent, mais en se rabattant de haut en bas vers la base du pé- tiole. Chez les feuilles composées, trifoliolées ou palmées, les folioles peuvent être disposées en berceau (/nvolventia) lorsqu'elles s'écartent dans leur partie moyenne et se rejoiguent par le sommet, ou étre peudantes (dependentia) autour de l'extrémité du rachis. Le sommeil des fleurs, qu'on observe plus fréquemment chez les fleurs dialy- pétalées (à pétales libres entre eux) que chez les fleurs gamopétalées (à pétales soudés entre eux en une corolle gamopétale ou gamopérianthée), a lieu généra- lement par le redressement des pétales qui deviennent alors connivents entre eux (fleur fermée), pour s'écarter et s'étaler en dehors de nouveau, le lende- 948 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. main, en une fleur ouverte. Il est à remarquer que les fleurs, en se fermant pour le sommeil, reprennent plus ou moins complétement la disposition qu'elles avaient pendant la préfloraison (ou estivation), c’est-à-dire avant leur premier épanouissement (fleurs en bouton) : préfloraison imbriquée, con- tournée, etc. Il va sans dire que chez les espèces trés-nombreuses dont les fleurs sont éphémères, c’est-à-dire dont la corolle ne dure qu'une journée, on ne peut observer de sommeil. Si ces fleurs sont dialypétalées, le plus souvent les pétales tombent isolément; si elles sont gamopétalées, il arrive fréquemment que la corolle se plisse irréguliérement (se chiffonne) avant de tomber (ou de se dessé- cher si elle est marcescente). Plusieurs causes très-diverses déterminent le sommeil chez les plantes. La cause la plus générale est celle que nous avons indiquée plus haut: le besoin de repos, qui coincide généralement, pour les plantes comme pour les animaux, avec la fin du jour, et se prolonge pendant toute la nuit et jusqu'à une heure plus ou moins avancée de la matinée. Un assez grand nombre de plantes font cependant exception à cette règle : leurs fleurs ne s'ouvrent qu'aprés le coucher du soleil et restent épanouies pendant la nuit, pour se fermer le lendemain, soit aux premiéres lueurs du jour, soit aux premiers rayons du soleil : tels sont les Onagres, les Belles-de-nuit, les Volubilis, etc. Des expérimentateurs ont tenté de dérouter les plantes sommeillantes dans leurs fonctions réguliéres, dans leurs habitudes; ils ont exposé des végétaux à fleurs ou à feuilles sommeillantes à la lumiere artificielle pendant la nuit et à l'obscurité pendant le jour : rarement les plantes se sont laissé ainsi influencer, elles ont dormi pendant la nuit, malgré l'éclairage artificiel le plus intense, et ont veillé pendant le jour, étant placées dans une complète obscurité. Dans un petit nombre de cas, les phénomènes normaux ont été troublés : la plante dor- mait à demi ou d'un sommeil troublé, elle était affolée ; mais un phénomène n'était pas régulièrement remplacé par l'autre. La chaleur trés-intense du soleil ou un froid exceptionnel occasionnent quel- quefois un demi-sommeil chez les feuilles. On à dit avec raison que les plantes font alors une véritable sieste. — L'état hygrométrique de l'air (la sécheresse ou l'humidité) a sur le sommeil des fleurs et des inflorescences en capitule beaucoup plus d'influence que l'élévation ou l'abaissement de la température. Chez le plus grand nombre des Composées à capitules liguliflores et chez un certain nombre de Composées à capitules radiés, les fleurons ligulés, écartés et étalés au soleil, se redressent et se pressent les uns contre les autres par les temps humides et pluvieux. A l'état normal (à l'état de veille, à la lumiere du soleil, et dans un air chaud et sec), le fleuron ligulé (fendu en languette) est courbé en dehors; son côté externe est donc alors plus court que son côté interne ; si, pendant la pluie, le fleuron se redresse, devient droit, se courbe en dedans (c'est-à-dire prend une courbure inverse ou opposée à sa courbure pré- SÉANCE DU 9 JUILLET 1869. 949 cédente), il est évident que, sous l'influence de l'humidité, le cóté interne de la fleur s'est raccourci (et représente alors la corde de l'arc tendu), ou, ce qui reviendrait au méme comme résultat, que le cóté externe de la fleur s'est allongé. Le retour dela fleur ou du capitule à l'état normal étalé (sous l'in- fluence du retour de la lumiere, de la sécheresse, de la chaleur) consiste dans le nouveau raccourcissement du cóté externe, par conséquent dans une nou- velle courbure des fleurs ou des parties de la fleur en dehors. — L'humidité du soir, la rosée, peut produire un effet semblable à celui qui résulte de l'humi- dité des jours pluvieux. On ne saurait cependant, ainsi que nous l'avons dit, attribuer seulement à l'humidité de la nuit, au refroidissement de la température, à l'obscurité, le phénomène du sommeil des feuilles et des fleurs, puisque les phénomènes pro- duits sont dissemblables pour une heure du jour ou pour un état atmosphérique donné chez des espèces végétales diverses, puisque certaines fleurs s'épa- nouissent à l'heure où d'autres fleurs se ferment ; à moins cependant que le côté extensible (sous l'influence de l'air humide) de l'organe sommeillant ne soit chez les unes le cóté interne, et chez les autres le cóté externe. La cause qui nous semble essentielle et déterminante du sommeil est la présence et l'ab- sence alternatives du soleil sur l'horizon. Chez un petit nombre d'espéces de la classe des Légumineuses à feuilles bipennées, plusieurs Mimosées, et notamment le Mimosa pudica (la Sensitive), la plante est douée d'une excessive irritabilité (pour ne pas dire sensibilité). Ce phénomène d'irritabilité, ou mieux d'impressionnabilité, est journellement mis en jeu chez cette plante, par les curieux, dans les serres : le plus léger contact au niveau du bourrelet charnu et élastique, qui constitue la base du pétiole com- mun (ou rachis), des pétiolesou rachis secondaires, et des pétiolules des folioles, détermine un prolapsus et un sommeil complet et instantané de l'organe; le pétiole principal s'infléchit et retombe le long de la tige, les pétioles secondaires se rapprochent comme les branches d'un éventail qui se ferme, et les folioles se dressent en s'imbriquant l'unesur l'autre, des inférieures aux terminales, en méme temps que celles du rang de la droite sont appliquées (face supérieure contre face supérieure) sur celles du rang de la gauche (les feuilles s'habituent cependant plus ou moius à des excitations ou à des commotions sans cesse répé- tées). Ces planteséprouvent-elles une vague sensation au contact du corps étran- ger? On serait tenté de le penser. Certains mouvements brusques, qui sont dus à la contraction d'un organe sous l'influence d'une irritation instantanée, ont beaucoup de rapport avec les mou- vements déterminés par un choc chez la Sensitive, et sont étrangers aux phé- nomènes du sommeil. Tel est le mouvement de bascule par lequel les étamines des Berbéridées se précipitent sur le stigmate (en ouvrantles valvules de leurs anthères et en lançant leur pollen) lorsqu'un insecte vient accidentellement, par son passage, titiller, de ses petites pattes, la base de ces organes turgescents. — 250 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Les filets des étamines, dans le genre Ortie, se détendent aussi comme un res- sort, mais en se rejetant en arrière, à l'instant de la déhiscence de l'anthére, et couvrent, en cet instant, la fleur entiéred'un nuage de poussiére pollinique. D'autres mouvements, sans analogie avec les précédents, ont lieu dans des organes doués de propriétés hygroscopiques pendant la période de leur dessé- chement : le tissu de ces organes se resserre, se racornit, au point de serompre brusquement selon certaines lignes oü la trame du tissu est moins cohérente que dans les autres points de son étendue. A celte cause sont dus la rupture et l'enroulement instantané des parois de certains fruits secs et déhiscents par les sutures ventrales et méme par les nervures dorsales des feuilles carpellaires, par exemple chez les gousses des Légumineuses et les coques des Euphor- biacées. Dans le fruit charnu des Balsamines, les feuilles carpellaires s'ea- roulent en dedans à l'instant de la déhiscence, par suite de la turgescence de la couche externe du péricarpe, qui se trouve tendue par la couche membra- neuse plus courte de l'endocarpe. Le fruit du Momordica Elaterium (le Concombre-d'ànes) est lancé tout d'une piéce à sa maturité par suite de l'accumulation de liquide qui distend de plus en plus les parois de sa cavité et le détache de son pédicelle à l'instant suprême, en se projetant au dehors sous la forme d'un jet liquide avec les graines entrainées. — D'autres mouvements automatiques résultent du retour d'un organe à la position primitive dont il s'était trouvé forcément écarté, et qu'il reprend lorsque l'obstacle cesse d'exis- ter, par exemple le redressement des feuilles de l'involucre chez les capitules de certaines Synanthérées lorsque l'enlèvement accidentel d'une partie des fleu- rons laisse à ces folioles la liberté de reprendre leur direction premiere en se redressant dans l'espace inoccupé; ces mouvements sont sans rapports avec le sommeil. Je mentionnerai, en terminant, un très-intéressant travail sur le sujet que je viens de traiter, récemment publié dans les Annales des sciences naturelles (5° sér. t. IX, 1869) par un de nos savants confrères, M. Ch. Royer. Ce mémoire est intitulé : //ssa? sur le sommeil des plantes ; il renferme l'exposi- tion d'un grand nombre de faits parfaitement observés. — Consulter également les importants travaux de M. Paul Bert sur le sommeil des plantes. Je renvoie aussi le lecteur à un travail très-remarquable de M. Fée sur les plantes sommeillantes (travail inséré dans les Mém. de la Soc. d'his. nat. de Strasbourg, et développé : Bull. Soc. bot. France, tome V, page 451; disser- tation lue à la session extraordinaire tenue à Strasbourg en 1858) ; les opinions du savant botaniste sur la réalité d'un système nerveux rudimentaire chez les plantes ont beaucoup d'analogie avec les vues que je viens d'exposer. « Les » tissus végétaux, cellulaire ct vasculaire, dit M. l'ée, auraient en eux la faculté » de se contracter, étant tout à la fois muscles et nerfs, ou du moins pouvant » agir comme ceux-ci agissent chez les animaux, sous l'action des agents exci- » tateurs. » SÉANCE DU 9 JUILLET 1869, 251 M. Duchartre dit : Que l'assimilation faite par M. Germain de Saint-Pierre entre le sommeil des animaux et le phénomène auquel on a donné le méme nom dans les plantes ne lui semble guère admissible. Le sommeil des animaux est accom- pagné du relâchement des muscles, de la suspension des fonctions animales ; celui des plantes est, au contraire, produit par une turgescence des tissus mo - teurs qui produit un effet analogue à celui d'un ressort tendu. Les feuilles, par exemple, en état de sommeil, déploient, pour prendre leur position et s'y maintenir, une roideur, une énergie, qu'on a pu mesurer dans quelques cas, et qui nes'accordent nullement avec l'idée d'affaissement qui caractérise le sommeil des animaux, En outre, les animaux dorment pour se reposer, pour compenser la déperdition de forces qu'ils ont pu subir pendant la veille ; or en quoi une plante peut-elle avoir besoin de se reposer? Quelle déperdition de forces a-t-elle subie ? Pendant la situation de sommeil, ses feuilles, ses autres organes sommeillants, n'en remplissent pas moins leurs fonctions, pourvu que les influences externes restent les mémes. D'ailleurs, tous les travaux récents tendent à prouver que, dans les changements de position qui font passer la plante de la situation de veille à celle de sommeil et réciproquement, il y a un simple effet mécanique dont la nature est aujourd'hui assez bien connue, dont les causes elles-mémes ont été recherchées avec soin. Enfin, M. Duchartre ajoute que, d’après les observations faites par M. Rivière en Algérie, il peut y avoir contraste entre le sommeil des feuilles et. celui des fleurs, puisque chez les Calliandra (Légumineuses- Mimosces), les feuilles sommeillent, comme de coutume, pendant la nuit, tandis que les fleurs le font pendant le jour. Les derniers de ces organes auraient-ils besoin de repos au moment où les autres auraient besoin de toute leur activité ? Ces motifs et une foule d'autres. qu'il serait trop long d'énumérer portent M. Duchartre à ne voir dans ce que vient de dire M. Germain de Saint-Pierre qu'une idée purement hypothétique en contradiction avec les faits. M. Germain de Saint-Pierre répond : Qu'il a insisté dans sa dissertation sur une analogie dans le principe du sommeil chez les animaux et le principe du sommeil chez les végétaux, et que le fait d'une assimilation complète dont M. Duchartre lui attribue la pensée est étranger à sa manière de voir. Je dois croire, dit M. Germain de Saint- Pierre, que la rapidité de ma lecture est la cause de la méprise de M. Duchartre. J'admets, d'après des faits nombreux et bien constatés, que l'influence de la nuit agit sur tous les êtres vivants : les animaux et les végétaux, dont l'organi- sation présente tant de points de contact; mais que cette influence se mani- feste par des phénomènes trés-divers, en rapport, comme expression et comme intensité, avec la diversité de structure des types de ces représen- 252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tants du monde organique. Sur certains points d'ailleurs, je me crois bien fondé à contester l'exactitude des assertions de M. Duchartre qui objecte à ma manière de voir que le sommeil, chez les plantes, est un état non de prolapsus comme le sommeil des animaux, mais un état de turgescence (1). Prolapsus et turgescence ne sont passynonymes, selon moi, de sommeil et de veille, et n'expriment pas davantage d'une manière absolue ces deux états phy- siologiques; un animal peut, à l'état de repos, laisser ses muscles dans la non- contraction, dans le prolapsus, sans, pour cela, dormir ; et des végétaux flétris par le soleil, ou épuisés par la sécheresse, deviennent furgescents (absorbent de l’eau) lorsqu'on les arrose, sans prendre, pour cela, l'attitude du sommeil. La (urgescence des organes foliaires peut avoir lieu aussi bien pendant le jour que pendant la nuit. Relativement à cette objection que « l'on tente en vain de placer sans violence des folioles endormies et de les maintenir dans l'attitude éveillée », nous répondrons qu'il n'est pas plus facile de faire prendre, pen- dant le jour, à des feuilles ou à des folioles éveillées l'attitude du sommeil, et de les maintenir dans cette position, qu'il n'est facile de leur faire prendre, pendant la nuit, l'attitude qu'elles ont pendant le jour. La courbure de la base des organes ou de leur support a lien dans un sens pendant le sommeil et dans un sens contraire pendant la veille ; mais, dans les deux cas, la plante peut étre turgescente à un méme degré.— Le mou- vement de rotation de la terre (le jour ou la nuit) influe manifestement sur la disposition au sommeil chez les animaux ; il parait logique d'admettre, en principe, une disposition analogue (bien que moins marquée) chez les végétaux, qui sont des animaux incomplets. Les végétaux étant privés des organes de la vie de relation, ils ne peuvent évidemment, à ce point de vuc, dormir comme les animaux, mais les organes de la vie végétative ont entre eux la plus grande analogie dans les étres dont se composent les régnes paralléles végétal et animal : le sommeil des végétaux est un sommeil relatif, analogue seulement à celui des organes de la vie végétative chez les animaux ; ce som- meil n'interrompt pas plus le jeu autonomique des fonctions de la vie végéta- tive chez les animaux que chez les végétaux; on ne peut nier que chez les animaux les organes de la vie végétative (de la respiration, de la circu- lation, de la digestion, de l'assimilation, des sécrétions, de l'ovulation, etc.) ne participent, bien que faiblement, au sommeil. — Le fait de l'anesthésie, de l'insensibilité à l'action des causes extérieures irritantes, produit chez la Sen- sitive (Mimosa pudica) sous l'influence du chloroforme, est un fait qui, loin d'être en opposition avec cette manière de voir, vient au contraire à l'appui de la similitude qui existe au point de vue de l'irritabilité des organes dans les deux régnes, et le chloroforme n'ayant que peu ou pas d'influence sur (4) La Sensitive (la plante dormeuse par excellence), pendant l'évanouissement ou le sommeil (feuilles pendantes le long de la tige), loin de rappeler l'état de turgescence, présente précisément l'expression du prolapsus le plus complet. SÉANCE DU 9 JUILLET 1869, 253 l'état de la veille ou de sommeil, prouve également que, chez les végétaux comme chez les animaux, le sommeil est un besoin des plus impérieux. Le fait observé chez une plante (de la famille des Mimosées) dont les fleurs ont, durant la nuit, l'attitude propre à l'état de veille, tandis que ses feuilles ont alors l'attitude propre à l'état de sommeil, et vice versà, dont les fleurs ont, durant le jour, l'attitude propre à l'état de sommeil, tandis que les feuilles ont alors l'attitude propre à l'état de veille, — ce fait remarquable prouve seule- ment qu'un végétal n'est pas un étre simple, mais qu'il est un étre collectif, une association de petites individualités qui, tout en concourant ensemble à la vie de l'individu général, vivent elles-mémes, dans certaines limites, d'une vie individuelle. Chez cette plante, des individus partiels (des feuilles caulinaires) dorment du sommeil et veillent de la veille propre à la plupart des feuilles, pendant que les fleurs (ensemble des feuilles floraires) sont impressionnées dans leur attitude, de telle sorte qu'elles prennent une courbure en sens con- traire; ce n'est pasà dire que les fleurs, comme les feuilles, ne soient pas, chez cette plante, impressionnées par la nuit; seulement, l'organe, en raison de sa structure, se courbe dans un sens pour les feuilles de la tige et dans un autre sens pour les feuilles de la fleur; le cóté selon lequel se faitla courbure importe peu à la question, le fait notable est que les feuilles de la tige et des fleurs soient impressionnées par le jour et impressionnées par la nuit. C'est cette im- pression, de quelque manière qu'elle se traduise, qu'il est important de con- stater; le point essentiel était d'établir l'étroite analogie qui existe dans les organes de la vie végétative chez les animaux et les végétaux, et l'action ou l'influence du cours (apparent) du soleil sur ces organes, influence dont les attitudes prises le jour ou la nuit par ces organes sont la démonstration. Que certaines fleurs (les Onagres, les Belles-de-nuit, les Volubilis) s'é- panouissent la nuit à l'heure à laquelle d'autres fleurs se ferment; que ces fleurs fassent de la nuit le jour et du jour la nuit, ce trait spécial de leur organisa- tion vient encore à l'appui de l'influence diurne et nocturne chez les végétaux, influence aussiréguliére dans son action générale qu'elle est susceptible d'étre variée dans son expression chez les diverses espèces et (selon leur structure) dans ses manifestations. M. le Secrétaire général dépose sur le bureau la liste suivante : STIRPS COMPOSITARUM FLORULÆ MELITENSIS, auctore GA V'INO-GULIA , M. D. (Malte, 28 mai 1869.) Geropogon glaber L. — €. Tragopogon Cupani Guss. — C. — porrifolius L, — C. Urospermum Dalechampii Desf, — CC. — picroides Desf. — C. Scorzonera octangularis Willd, — Wardia, Jneina, Sonchus chondrilloides Desf, — Gozzo. — R, 25A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sonchus picroides Lmk. — CC. — asper Vill. — Marsa. — tenerrimus L. — C. — oleraceus L, — CC. Lactuca virosa L. — C. — saligna L. — Cotonera. Leontodon apenninus Ten. — CC. Apargia tuberosa DC. — C, Picris hieracioides L. — C, Hyoseris scabra L. — CCC. — radiata L, (H. lucida L.). — CC. Prenanthes bulbosa DC, — Marsascala, Mtahleb. . Hedypnois cretica Willd. (H. monspeliensis W.; H. rhagadioloides W.; H. tubæformis Ten.; H. mauritanica W.). — CC. Hypochoris radicata L. — C. Hieracium macranthum Ten. — Gozzo. — RR. Helminthia echioides Willd. — C. Seriola (Metabasis) ætnensis L. — CC. -— cretensis L. Cichorium Intybus L. — CC. — spinosum L, — CC. — pumilum Jacq. — R. Scolymus grandiflorus Desf, — Pivales. — hispanieus L. — Pivales. Centrophyllum lanatum DC. — CC. Carduncellus cæruleus DC. — Pivales. — pinnatus DC. — Gozzo. — RR. Carlina lanata L. — CC. — sicula Ten. — CC. — involucrata Desf. — C. Atractylis gummifera L. — C. Cinara horrida Ait. — C. Onopordon tauricum Willd, — C. Silybum Marianum Gærtn. — C. Carduus pycnocephalus L. — CC. — — var. floribus albis. — Gozzo. Cnicus syriacus Willd, — C. — arvensis Hoffm. — C. Chrysocoma camphorata (Orsina camphorata Bert,). — Lieux maritimes de Malte et de Gozzo. Evax pygmæa Pers, — CC. Filago germanica L. — C. Gnaphalium rupestre Raf. — C. Senecio vulgaris L. — CC. — crassifolius Willd. — Hageret-el-General. — R. — vernus Biv. — Près de Ghar-hasan, — R. — gallicus Willd. — Chambroy, Gozzo. — R. Cineraria maritima L. — CC, Xanthophthalmum segetum Sch.-Bip, — C. Pinardia coronaria Less. — CC, Matricaria Chamomilla L, — C. Anthemis Cotula L. — C. — secundiramea Biv. — CC. — arvensis L. — CC. — peregrina L. — C. .— maritima L. — C. — mixta L. — C, Achillea Millefolium L. — Spontané dans les jardins, Conyza rupestris L, — C. SÉANCE DU 9 JUILLET 4869. 255 Conyza saxatilis L, — C. — ambigua DC, (Erigeron linifolius Willd.). — CC. Pulicaria odora Rchb. — Marsa. — R. — dysenterica Gærtn. — Marsa. — R. Cupularia graveolens 6. G. — CC, — viscosa G. G. — CC. Inula crithmoides L. — CC. Asteriscus spinosus G. G. — C. — maritimus Mench. — C. Bellis silvestris Cyr, — C. — perennis L. — C. — annua L. — CC, Centaurea spathulata Zerapha (non Ten, [quw ad C. nigrescentiem Willd. referenda], C. crassifolia Bert.). — RR. — splendens L. — R. — melitensis L, — CC, — solstitialis L. — C. — Crupina L, — C. — nicæensis All. — C. Galactites tomentosa DC. — CC. Calendula arvensis L, — CC. —- bicolor Raf. — C. — fulgida Raf. — C. — sicula Cyr. — Wied-Kerda. — R. — maritima Guss. — Marsascala. — R. Echinops ruthenicus MB. — Rare à Malte, très-commun à Gozzo. M. Pérard présente à la Société le travail suivant : QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES CRYPTOGAMES DE L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON ET DU DÉPARTEMENT DE L'ALLIER, par M. Alexandre PÉRARD. FOUGERES. Dans l'état actuel de la ptéridographie, si l'on compare nos Fougères françaises avec les Fougères exotiques, on voit que certaines d'entre elles se trouvent dépaysées au milieu de quelques genres parmi lesquels on les a classées. En effet, si l'on considere d'abord le genre Po/ypodium, on saisit facilement, à priori, une différence entre notre P. vulgare et les especes qui, dans toutes nos flores, sont encore, malgré les progrés de la science, nommées P. Phegopteris et Dryopteris. Dans les genres Aspi- dium, Polystichum et INephrodium, cette différence est encore plus sen- sible. Le caractère de l'indusium est très-variable : il est fixé par le centre oa attaché par un pli enfoncé, et cela sur la méme fronde. C'est ce qui fait que les auteurs ont rangé certaines espèces à la fois parmi les Polysti- chum, Aspidium et Nephrodium. Cependant le port n'est pas le même ; les Polystichum ont les pennules auriculées, et les Aspidium les ont généralement entières. Les Vephrodium ont les sores réniformes à la maturité, et l'indusium, d'abord échancré, finit par prendre le méme aspect que les sores ou groupes de sporanges. Les pennules de ce dernier genre sont habituellement lobées, 256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Enfin les pédicelles des sporanges dans les trois genres offrent également quel- que différence: ils sont courts ou très-allongés. D'un autre côté, le Blechnum Spicant, avec ses frondes fertiles et stériles dissemblables, appartient au genre Lomaria et non au genre Blechnum, dont les frondes stériles et fertiles sont toujours conformes. La disposition des sores par rapport à la nervure médiane différencie encore davantage ces deux genres. Tribu I. — OPHIOGLOSSÉES. Indusium nul. — Sporanges sessiles, sans anneau. élastique. — Fronde non enroulée en crosse pendant la préfoliaison. Le genre Ophioglossum L. est seul représenté jusqu'icí dans le départe- ment de l'Allier. — L'Ophioglossum vulgatum L. est indiqué par Delarbre, aux environs de Gannat (Bor. Fl. centr. édit. 1. — Lec. et Lam. Cat. pl. centr.). — Le genre Botrychium Sw. n'y a pas encore été signalé. Tribu Il. — OSMONDÉES. Indusium nul.— Sporanges pédicellés. — Anneau élastique large, court et situé horizontalement sur le dos du sporange.— Frondes enroulées en crosse pendant la préfoliaison. OSMUNDA L. ©. regalis L. — Lieux tourbeux. — Juin-août, — 24. — Vulgairement Fougère fleurie. Ruisseau de Chantemerle prés Vaux-sur-Cher !! (Lamber- tye sec. Bor. FI. centr. édit. 1), où il devient extrêmement rare. — Après des recherches suivies, j'ai trouvé, en 1868, une seule touffe assez forte sur la rive gauche du ruisseau, à moitié chemin de Vaux et de Chantemerle. Canton de Cérilly, forêt de Tronçais : tourbières du triage de Thiaulay, ruisseau de Fontignoux !! C., Chamignoux, tourbières du moulin de la Pierre, près du réservoir de la Marmande !! C. | Tribu III. — POLYPODIÉES. Indusium nul ou existant. — Sporanges entourés presque entièrement par un anneau élastique vertical. — Frondes enroulées en crosse pendant la pré- foliaison. Sous-tribu 1. — Indusium nul. CETERACH C. Bauh. Sores linéaires ou oblongs, entremélés d'écailles scarieuses, brunâtres et brillantes. €. officinarum Willd. — Asplenium Ceterach L. — Vieux murs, fentes de rochers. — Juillet-oct. — 2. — A.C. Hérisson (Bor. Fl. cenir. édit. 1), rochers des bords de l'Aumance I! SÉANCE DU 9 JUILLET 1869, 257 Montluçon, rive gauche du Cher, sur les rochers faisant suite à la gorge du Thet !! Lavaux-Sainte-Anne, rive droite du Cher, après le village !! Envi- rons de Néris, ruines du château de l'Ours !! Chavenon, sur un vieux mur près de l’église !! Rochers au-dessous de la prise d'eau entre Saulx et Terre- Neuve !! POLYPODIUM. Nervilles (nervures secondaires) inégales et n’atteignant pas le bord des pennules, transparentes et épatssies au sommet. — Sores arrondis, non entre- mêlés d'écailles scarieuses et brunátres, situés à l'extrémité de la première ramification latérale des nervilles, laquelle extrémité se constitue en réceptacle. — Cette disposition des sores fait qu'ils longent la nervure médiane en séries régulières, étant placés entre cette nervure et le bord des pennules. — Spo- ranges assez longuement pédicellés. — Sores quelquefois confluents à la maturité, et tellement rapprochés qu'ils ne forment presque qu'une seule ligne. — Spores arrondies ou un peu réniformes, quelquefois hémisphériques. Pennes (divisions primaires) généralement entières, quelquefois dentées, obtuses ou aigués, à bord un peu transparent dans leur pourtour. — Frondes habituellement à pétiole nu. — Rhizome tracant, garni de fibres et d'écailles. P. vulgare L. — Bois, ravins ombragés. — Sept.-mai. — X. — CC. Montluçon, vallées de l'Amaron, des ruisseaux de la Brosse et de Néris !! gorge du Thet, ravin de Chauvière !! Bizeneuille !!. Hérisson !! Cérilly, forêt de Troncais !! etc. On pourra sans doute récolter, dans les parties montagneuses de la chaine du Forez, sur les sommets les plus élevés, plusieurs espèces du genre Phe- gopteris. C'est pour cette raison que je vais seulement les indiquer à la suite. PHEGOPTERIS. Nervilles (nervures secondaires) égales et atteignant toutes le bord des penrules, trans- parentes et non épaissies au sommet, — Sores arrondis, placés sur le parcours de ner- villes simples ou bifurquées et le plus souvent au-dessous de leur extrémité, qui par conséquent ne se constitue pas en réceptacle. Dans les Fougéres francaises classées dans ce genre, cette disposition des sores fait qu'ils suivent généralement, en séries plus ou moins réguliéres, les bords des pennules, étant éloignés ainsi de la nervure médiane, — Sporanges à pédicelle court, — Spores anguleuses-arrondies ou un peu réniformes. — Frondes pennatifides; pennes (divisions primaires) obtuses ou aigués. — Pennules géné- ralement obtuses, obscurément crénelées, glabres ou fortement ciliées.— Rhizome tra- cant, gréle ou épais, — Pétiole écailleux, surtout à la base. u | M. Fée, dans son Genera Filicum, dit que les Phegopteris diffèrent des Polypodium en ^e que les sporothéces naissent au-dessous du sommet de la nerville qui les porte, tandis que, dans les Polypodium, ils occupent l'extrémité de cette méme nerville qui alors se constitue en réceptacle. . Le genre Phegopteris, il y a cinquante ans confondu avec les Polypodium, en est reconnu maintenant comme tellement distinct, méme par M. Mettenius, que l'on tend à le placer dans le groupe des Aspidiées, quoique dépourvu d'indusium, à cause de son port et parce que les frondes de ses espèces ne laissent pas de cicatrices sur le rhizome. Ph. polypodioides Fée. — Polypodium Phegopleris Schk, G.G. Fl. Fr. t. HI, p. 627.— Dans cette espèce, les deux premières pennules sont soudées aux deux opposées et T. XVI (SÉANCES) 17 958 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quelquefois aux deux supérieures, de manière à former une surface rhomboidale à bords concaves. — Les pennes sont velues des deux côtés et principalement sur les nervures médianes. — Les pennules sont fortement ciliées, Ph. Dryopteris Fée. — Polypodium Dryopteris L. G.G. Fl. Fr. t. IT, p. 628. — Rhi- zome traçant et grêle. — Peunules obtuses, glabres, non ciliées. — Sporanges petits. Ph. calcarea Fée. — Polypodium Robertianum Hoffm. Bor. Fl. centr. éd. 3, n° 2825. — Rhizome traçant et épais. — Frondes ordinairement plus larges que celles du précédent, deux ou trois fois pennatifides, pennules plus étroites. — Pétioles pubescents-glanduleux. Ph. rhætica. — Polypodium rhæticum L. G G. FI. Fr. t. III, p. 628. — Port de l'Athyrium Filiz-femina, dont il se distingue surtout par le manque d'indusium. — Dans cette espèce, les nervilles sont généralement bifurquées au sommet et les sores sont placés sur le trajet moyen des nervilles et également prés de leur extrémité. Néanmoins ils accompagnent la nervure médiane, seulement quand les sporanges ne se sont développés que sur la premiére ramification latérale de la nerville. Sous-tribu 2. — /ndusium existant. ASPIDIUM. Indusium orbiculaire, cordiforme, offrant souvent une échancrure plus ou moins marquée, fixé par le centre ou par un pli enfoncé. — 1l est quelquefois très-fugace dans plusieurs espèces (on le trouve alors seulement sur les spo- ranges tout à fait jeunes). — Nervilles libres, simples ou bifurquées, aboutis- sant au bord extrême des pennules. — Sores occupant le trajet moyen des nervilles ou situés plus rarement prés de leur sommet, rarement confluents à la maturité. — Cette dernière disposition fait que, dans certaines espèces, Jes sores longent le bord extrême des pennules en séries assez régulières. — Sporanges ordinairement à. pédicelles courts. — Spores anguleuses ou ré- niformes. — Frondes pennées, pennatifides. — Pennules généralement entières, non auriculées, obtuses ou aiguës, à bords plus ou moins réfléchis à la ma- turité, quelquefois chargées en dessous de points résineux jaunes et brillants.— Rhizome traçant ou cespiteux. — Pétiole nu ou écailleux. A. Thelypteris Swartz. — Polystichum Thelypteris Roth. G. G. F1. Fr. t. IM, p. 630. — Lastrea Thelypteris Presl. — Juin-sept. — %. — RR. Env. de Quinsaines, tourbiéres au-dessus du domaine de Le-Méry !!. A. Oreopteris Sw. — Polystichum Oreopteris DC. G. G. Fl. Fr. t. Ul, p. 631. — Lastrea Oreopteris Presl. — Juin-sept. — 27. — R. Allier *. — Chaîne du Forez, Mayet-de-Montagne, Saint-Nicolas-des- Biefs, Saint-Clément (Bor. FL. centr. éd. 3). POLYSTICHUM. Indusium orbiculaire, stipité, fixé le plus souvent par le centre ou plus rare ment par un pli enfoncé; il est membraneux et ordinairement persistant. — * Les espèces indiquées dans le département et qui n'ont pas été rencontrées dans l'arrondissement de Montluçon, sont distinguées dans cette notice par le nom du dépar- tement imprimé en italiq ue, SÉANCE DU 9 JUILLET 1869. 350 Nervilles une ou plusieurs fois bifurquées, aboutissant au bord extrême des pennules. — Sores placés sur les ramifications des nervilles et formant habi- tucllement des lignes allongées, rarement confluents à la maturité, — Sporanges longuement pédicellés. — Spores anguleuses-arrondies. — Frondes simplement pennatifides ou bipennatiséquées. —- Pennules auwriculées, lobées. ordinaire- ment à dents cuspidées-aristées. — Pétiole écailleux. — Souche grosse et ces- piteuse. P. aculeatum Roth. — Aspidium aculeatum Sw. G. G. Fl. Fr. p. 630. — Ravins ombragés. — Juin-sept. — 2. — R. Montluçon, vallée de l'Amaron dans le ravin de Beaulieu !! Une forme, ayant les pennules de la moitié inférieure de la fronde distinctement pétio- lées, croitavec le type dans la méme localité. P. angulare. — Aspidium angulare Kit. Bor. Fl. centr. éd. 3, n° 2828. — Bois et ravins couverts. — Juiu-sept. — Z. — C. dans le granite. Fenuules toutes distinctement pétiolées, excepté celles de la pointe de la fronde. Montlucon, vallée de Amaron, Roc-du-Saint et ravin de Beaulieu !! vallée du ruisseau de Néris, gorge du Saut-du-Loup !! gorge du ruisseau de la Brosse!! gorge du Thet, bois de Chauvière !! Lavaux-Sainte-Anne, ra- vius de la rive droite du Cher!! gorge de la Châtre à Verneix !! Chavenon, bords de l'Aumance !! Hérisson!! Nocq près Hüuriel!! C. au bord du Cher depuis Lavaux jusqu'au bateau du Mas. J'ai distingué cette espèce de la précédente, parce qu'elle est commune dans l'arron- dissement, tandis que le P. aculeatum y semble rare. Néanmoins, daus les jeunes frondes du P. angulare, les pennules sont toutes décurrentes et non pétiolées, et ce n'est que pro- gressivement qu'elles crrivent à posséder un pétiolule distinct : cequi, selon moi, le rap- proche beaucoup du P. aculeatum, dont il pourrait bien n'étre qu'une variété, Cependant sa dispersion et son abondance dans certaines régions où le P. aculeatum est peu com- mun, ainsi que sa rareté dans les contrées où ce dernier au contraire est abondant, sont des faits qu'il est utile de signaler et de prendre en considération, | Le Polystichum Lonchitis Roth (Aspidium Lonchitis Sw.) habite en France la région élevée des montagnes : Alpes, Pyrénées, etc, NEPHRODIUM. Indusium suborbiculaire, cordiforme-échancré, fixé par son échancrure ou par un pli enfoncé allant du centre à la circonférence, prenant alors, à la maturité des sporanges, un aspect réniforme. — Indusium persistant. — Nervilles une ou plusieurs fois bifurquées, atteignant le bord des pennules. — Sores placés irrégulièrement sur le trajet moyen des ramifications des nervilles et. formant généralement des lignes parallèles à la nervure médiane, quelque- fois confluents à la maturité. — Sporanges longuement pédicellés. — Spores anguleuses-arrondies ou un peu réniformes.— Frondes deux ou trois fois penna: tifides. — Pennules non auriculées, lobées plus ou moins profondément, cré- T. XVI. 1 * 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nelées ou dentées à dents mutiques, mucronées ou cuspidées-aristées. — Pétiole écailleux. — Souche épaisse-cespiteuse (1). N. Filix-mas Stremp. Coss. et Germ. Fl. par. éd. 2, p. 868. — Aspidium Filiz-mas Sw. — Polystichum Filiz-mas Roth. — Lastrea Filix-mas Presl. — vulg. Fougère mále.— Forêts, bois, ravins. — Juin-oct.— 2. C. Montlucon, vallées de l'Amaron et de Néris !! Vaux-sur-Cher, ruisseau de Chantemerle!! Huriel, ravin de Nocq à la Chapelaude!! Chavenon, bords de l'Aumance!! Bizeneuille, forêt de l'Espinasse!! Cérilly, forêt de Troncais!! Estivareilles et Chouvigny !! Bords du Cher !! Marcillat, bateau du Mas, etc. Var. abreviatum DC. Bor. — Un ou deux sores sur les pennules. — Fronde basse. — Lieux ombragés. — Montluçon, ruisseau de la Brosse !! S.-var. integrum. — Pennules entières ou peu crénelées. — Lieux cou- verts. — Cà et là. N. eristatum Michx. Coss. et Germ. F. par. éd. 2, p. 869. — Polysti- chum cristatum Roth. — P. Callipteris DC. — Lastrea cristata Presl. — Lieux tourbeux. — Juin-sept. — 24. — RR. Gérilly, forêt de Troncais, tourbières du Gué, route de l'étang de Tron- cais !! N. spinulosum Stremp. Coss. et Germ. F/. par. éd. 2, p. 869. — Aspi- dium spinulosum Sw. — Polystichum spinulosum DC. — Lastrea spi- nulosa Presl. — Bois ombragés. — Juin-sept. — 2^. — A.C. Cérilly, forêt de Troncais, triage de Thiaulay, ruisseau de Fontignoux !! Environs de Quinsaines, bois tourbeux au-dessus de Le-Méry !! Bizeneuille, bois de la Suave!! forêt de l'Espinasse, ruisseau de la Sprate !! Gorge de 'Thizon à Verneix !! N. dilatatum — Aspidium dilatatum Willd. — Lastrea dilatata Presl. — Polystichum dilatatum Sw. Bor. Fl. centr. éd. 3, n° 2835. — Mêmes stations. — Juin-sept. — 4. — Croît avec le précédent dans les mêmes localités, et n'en est peut-étre qu'une variété. Le N. rigidum (Aspidium rigidum Sw. — Lastrea rigida Presi. — Polystichum rigidum DC. Fl. fr. t. IL, p. 632) habite en France la région élevée des montagnes : Alpes; Pyrénées, etc. CYSTOPTERIS Bernh. Indusium ovale ou linguiforme, fixé seulement par sa base. — Sores oblongs- arrondis, placés sur les nervilles, épars ou disposés en séries régulières. — Frondes deux ou trois fois pennatifides. (1) Parmi les ptéridographes, les uns ont caractérisé le genre Nephrodium par l'as- pect réniforme du sporange et de l'indusium, les autres par l'anastomose des nervures. SÉANCE DU 9 JUILLET 1869. 901 C. fragilis Bernh. — Aspidium fragile Sw. DC. — Cyathea fragilis Sm. Allier.— Moulins, au Danube ; Lafeline, Mavet-de-Montagne (Bor. Fl. centr. éd. 3). — Juin-sept. — 24. — A.R. ATHYRIUM Roth. Observ. — Indusium fixé d'un cóté et s'ouvrant latéralement de l'autre par déchirure; tantôt droit et adhérent alors dans toute sa longueur à la nervure ; quelquefois recourbé, une des extrémités étant détachée de la nervure et l'autre y restant fixée; enfin souvent arqué (en croissant à bords plus ou moins rappro- chés) et n'étant attaché que par les deux extrémités de sa partie adhérente. — Ces divers états s'observent sur une méme fronde ; je n'ai donc pu les utiliser comme caractere spécifique pour les autres variétés qui vont suivre. Ils m'ont servi à maintenir le genre Afhyrium, car je n'ai pu voir dans les Asplenium certaines conditions de l'indusium que je viens de mentionner. A. Filix-femina Roth. — Asplenium auct. plur. — Vulgairement Fougère femelle. — Lieux tourbeux, ravins, bords des étangs et des ruisseaux. — Juin-oct. — #.— C. S8 4. — Sores rapprochés mais distincts à la maturité, pennules non divisées jusqu'à la cóte. a. — Type. — Montluçon, gorge du ruisseau de la Brosse !! ravin de la Chátre!! gorge de Thizon !! Quinsaines !! Hérisson !! Cérillv, forêt de Tron- çais, tourbières du Gué et du triage de Thiaulay!! Bizeneuille !! Cosne !! Bords du Cher !! Audes, Chouvigny, Prémilhat !! etc. S.-var. pusillum. — Frondes petites, ovales-lancéolées, — Cà et là. $ 2. — Sores confluents à la maturité et tellement rapprochés qu'ils sont à peine distincts, Var. G. acrostichoideum Bory in Mérat, éd. 4. — Pennules étroites à bords recourbés sur les sporanges. — Lieux tourbeux. — A.R. — Chavenon, bords de l'Aumance !! étangs de Malva prés Rocles !! Nocq pres Huriel !! Var. y. cartilagineum. — Pennes (divisions primaires) fermes, à pétiole rigide, non acuminées; pennules épaisses, plus ou moins étroites, courbées, aigués, non divisées au sommet. — Sores gros, confluents mais distincts. — Lieux tourbeux. — RR. — Montlucon, tourbières du château de Bisseret !! § 3. — Sores distincts, écartés. A. Pennules non divisées jusqu'à la cóte. Var. à. contractum. — Pennes (divisions primaires) droites ou ondulées, aigués, assez courtes. — Pennules crispées à bords recourbés. — Quand les pennes sont ondulées, les deux parties qui longent la nervure médiane sont appliquées l'une contre l'autre, de facon que les pennules opposées se touchent 962 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du côté des sporanges. — Indusium souvent droit et en forme de bateau. — Lieux spongieux. — R. — Cérilly, forêt de Troncais, tourbières du Gué, route de l'étang de Troncais!! Quinsaines !! S.-var, molle. — A. molle Roth. — Tige grêle, faible, tombante ; frondes d'une consistance molle et délicate. — Groupe de sporanges peu nombreux. — Pennules non crispées. — Quinsaines !! Cérilly, forét de Troncais !! B. Pennules divisées jusqu'à la côte. Var. e. incisum. — À. incisum? Fée, Gen. Fil. (l'auteur l'indique dans le centre de la France) — Frondes ovales-aiguës. — Pennes longues et lan- céolées, pennules plus ou moins étroites, profondément incisées au sommet, — Ravins.— A.G. Montluçon, vallées de l'Amaron et de Néris!! gorge de Thizon prés Saint- Victor!! Vaux-sur-Cher, ruisseau de Chantemerle !! Huriel, Nocq, bords de la Maggicure et de la Meuselle !! environs de Gérilly, Saint-Pardoux-les-Eaux, dans la forêt de Civray, àl'ermitage !! ASPLENIUM L. Observ. —- Indusium droit, fixé d'un côté et s'ouvrant latéralement de l'autre, souvent en forme de bateau, attaché latéralement dans toute sa lon- gueur, et n'ayant jamais l'aspect d'un croissant à bords rapprochés. Section 1, — Z'uasplenium Fée, Gen. Fil. Frondes simplement pennées ou pennées-pennatifides. A. Halleri DC. — Fentes des rochers. — Juillet-oct. — 24. — RR. Environs de Montluçon, gorge de Thizon prés Saint-Victor !! où il est très-abondant, et où je l'ai découvert pour la première fois en sept. 1868. A. Adiantum-nigrum E. — Rochers ombragés — Juin-sept. — X. — C. Montluçon, vallée de l'Amaron !! Désertines, gorge du Val-du-Diable !! vallée de Néris, gorge du Saut-du-Loup!! gorge du Thet et rochers de la rive gauche du Cher !! Lavaux-Sainte-Anne !! rive droite et rive gauche du Cher !! gorge de Thizon !! bois de la Chátre prés Verneix !! Vaux-sur-Cher, bois de Chanme prés Chantemerle!! Huriel, ravin de Nocq!! Hérisson, rochers de l'Aumance!! Environs de Néris, ruines du château de l'Ours!! Bizeneuille, ravin de Mauvaisiniére !! Audes, Prémilhat !! etc. Var. pusillum. — Plante basse, fronde petite, triangulaire aiguë, à pétiole couché-redressé. — Fructif. sept.-oct. — A.C. — Rochers secs, — Rive gauche du Cher en face de Lavaux-Sainte-Anne!! vallée de Désertines, gorge du Val-du-Diable!! rochers de Thizon près Saint-Victor !! Bizeneuille, ravin de Fragne!! Bords du Cher!! etc. S.-var, adignto-rutoides. — Forme curieuse de la variété précédente, que SÉANCE DU 9 JUILLET 1869. 263 j'ai trouvée fructifiée en sept, 1868, et qui possède des pennules élargies à la base, se rapprochant de celles de l'A. Æuta-muraria; elle croit avec ce der- nier sur les rochers en face de Lavaux-Sainte-Anne !! — RRR. A. Trichomanes L. — Rochers, vieux murs. — Tout l'été. — 2. — CC. Montluçon, murs du château !! vallées de l'Amaron, de Désertines et de Néris !! la Châtre prés Verneix !! — Le Thizon prés Saint-Victor !! Huriel, Cérilly, Hérisson, Bizeneuille, Lavaux-Sainte-Anne !! etc. A. Ruta muraria L. — Vieux murs, rochers. — Tout l'été — X. — A.C. Rochers de la rive gauche du Cher en face de Lavaux-Sainte-Anne !! et de la rive droite du Cher entre Lavaux et le moulin Chapelot!! C. — Ainay-le-Cháteau, vieux murs !! Désertines, au Préau! château de Vignoux prés Domérat !! C. — /ndusium à bord fimbrié. Var. angustatum Coss. et Germ. FT. par. éd. 2. — Frondes peunées seu- lement dans la partie supérieure, à pennules cunéiformes-allongées, incisces- dentées au sommet. — RR. — Montlucon, rochers en face de Lavaux-Sainte- Anne !! et rive droite du Cher entre Lavaux et le moulin Chapelot !! où elle croit avec le type et lA. septentrionale. Cette variété ressemble à F4, Breynii Retz, avec lequel on pourrait la confondre. Néanmoins il est facile de la distinguer, car elle posséde des pennules seulement dans le haut du pétiole, et ces dernières ont une circonscription triangulaire, tandis que dans l'A. Breynii,les pennules sont au nombre de 3 à 7, lancéolées et espacées. — MM. Cosson et Germain ja distinguent, dans leur Flore parisienne, par ce caractère, que les segments supérieurs des frondes sont atténués en pétiole et non confluents, A. Breynii Retz. — A. germanicum Weiss. — Rochers secs. — Juin-sept. — X. — Assez répandu dans le granite. — /ndusium entier au bord. Montlucon, rochers de la rive gauche du Cher en face de Lavaux-Sainte- Anne ! (Thévenon) RR. — Rive droite du Cher entre Lavaux et le moulin Chapelot!! R. — Vallée de Désertines, gorge du Val-du-Diable !! R. — Vallée de l'Amaron, dernier rocher de la gorge du Roc-du-Saint !! R. — Vallée de Néris, gorge du Saut-du Loup !! A.C. — Gorge de Thizon pres Saint-Victor!! peu C. — Hérisson, rochers de la rive droite de l'Aumance prés le moulin !! et près de la Chapelle!! A.R. — Bizeneuille, ravin de Mauvaisinière! R. (Isid. Besson). Bateau du Mas!! RR. Cette espèce est bien tranchée sur le terrain ; elle croit ordinairement avec l'A splenium septentrionale et rarement avec l'A. Trichomanes, Je ne pense pas qu'elle soit un hybride de ces deux plantes. Section 2. — Acropteris. Sores linéaires, confluents. — Indusium membraneux et mince. — Frondes dichotomes et sorifères au sommet ; elles sont en éventail seulement dans les jeunes échantillons. Genre Acropteris Link, Syn. Fil. Fée, Gen. Fil. Espèce européenne, Acropteris septentrionalis Link, qui est la suivante : 264 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A. septentrionale Hoffm. — Acrostichum — L. — Rochers secs, — Tout l'été. — 7. — C. dans le granite. Cérilly, Hérisson !! Désertines!! Néris!! Verneix !! Montluçon !! (Bor. Fl. centr. éd. 1) vallée de l'Amaron !! gorges du ruisseau de la Brosse !! du Saut-du-Loup !! du Thet !! rochers de la rive gauche et de la rive droite du Cher !! C. — Gorges de Thizon prés Saint-Victor!! et du Val-du-Diable prés Désertines !! Lavaux-Sainte-Anne !! Quinsaines!! Vaux-sur-Cher et Chantemerle !! Huriel, près de l'église de Nocq !! Bizeneuille, ravin de Mau- vaisinière !! Bateau du Mas !! Audes, Prémilhat, Chouvigny !! etc. Je n'ai pas rencontré, quoique la localité soit très-peu étendue, l' 4. lanceolatum Smith, indiqué sur les rochers au-dessous de l'étang de Malva prés Rocles (Causse sec. Bor. Fl. cenir. éd. 4 et 3. — Lec. et Lam. Cat. pl. centr. espèces exclues. SCOLOPENDRIUM Smith. S. officinale Sm.— Puits, lieux ombragés des bois, ravins au bord des cours d'eau. — Juin-sept. — X. — Peu C. Environs de Montluçon, gorge du Thet, ravin de Chauvière !! — Indiqué à Brignat, où il a été recueilli il y a un certain nombre d'années, ainsi que dans le ravin de la Garde au bord du Cher. S.-var. dedaleum Coss. et Germ. — Fronde divisée au sommet en deux ou trois lobes. — Ravin de Chauviére !! LoManiA Willd. Link. Fée. Sores linéaires, continus, longitudinaux, parallèles à la nervure médiane qu'ils accompagnent presque jusqu'au sommet. Indusium membraneux, persistant, s'ouvrant de dedans en dehors. Frondes de deux sortes : les stériles à pennules lancéolées généralement entières ; les fertiles contractées à pennules étroites. Ce genre diffère du genre Blechnum en ce que ce dernier a les sores adhérents à la côte médiane et que ses frondes stériles et fertiles sont tou- jours semblables. L. Spicant Link. Fée. — Osmunda L, — Blechnum Roth et auct. — Bois, dans les endroits humides ou tourbeux. — Juin-sept. — 2^. — R. Cérilly, forêt de Tronçais (Bor. Fl. centr. éd. 1), dans le triage de Thiaulay, ruisseau de Fontignoux; et tourbières du Gué, route de l'étang de Troncais !! C. PTERIS L. P. aquilina L. — Lieux incultes, bois, coteaux, bruyéres. — Juillet-oct. — %. — CCC. . MARSILIACEES. MARSILIA Al. Braun. *. M. quadrifolia L. — Bords des étangs et des mares. — Juillet-oct. — 2%. — * Ueber Marsilia und Pilularia, in Monatsberichte der Kœnigl. Akademie der Wis- senschaften zu Berlin, octobre 1863, pp. 413-436. SÉANCE DU 9 JUILLET 1869, 265 Allier. sec. Bor. Fl. centr. édit. 1 et 3. — Lurcy (Crouzier sec. Migout Fl. de l'Allier). PILULARIA L. P. globulifera L. — Bords des étangs. — Juin-aoüt. — 2%. — A.C. — Montluçon, étangs de la Brosse et de Fontbouillant !! Chamblet, petit étang!! Bizeneuille, étangs de Muret et de la Varenne !! Chavenon, étang du Clou prés Sceauve !! Cosne, étang des Landes !! Audes, marais des Fulminais !! LYCOPODIACÉES. LYCOPODIUM L. L. inundatum L. — Marais tourbeux. — Juillet-oct, — 27, — RR. Allier. — Theil, sec. Bor. /7. centr. éd. 3. Cette espèce, indiquée vaguement à Montluçon par M. Migout (Fl. de l' Allier), ne pourrait, selon moi, étre rencontrée dans cet arrondissement que dans les grandes landes tourbeuses du canton de Cérilly, où je nel'ai pas observée jusqu'ici. ÉQUISÉTACÉES. EQUISETUM L. E. arvense L.— Vignes, champs sablonneux. — Mars-avril. — ¥.— Cà et là. E. palustre L. — Marais, étangs. — Mai-juillet. — #.— C. Var. polystachyum (auct.). Tige portant plusieurs épis. Montluçon, chaussée de l'étang de la Brosse !! E. limosum L. — Lieux fangeux. — Mai-juillet. — ¥.— A.C. Environs de Montlucon, Perreguines, ancien lit du Cher!! Les Trillers, marais prés du canal !! Chamblet, petit étang !! C. Plusieurs espèces ont été signalées par M. Boreau dans d'autres contrées de ce dépar- tement. L'E. Telmateia Ehrh. aux environs de Moulins ; PE. hiemale L. sur les bords du Sichon à Busset (Saul), enfin, les E. ramosum et variegatum Schleich. sur les allu- vions de l’Allier. CHARACÉES. CHARA L. Ch. fœtida A. Br. — Mares, étangs, — Mai-sept. — 2. — C. Dans les étangs de la Brosse et de Fontbouillant prés Montlucon !! Ch. fragilis Desv. — Mares, eaux stagnantes. — Juin-sept. — (D. — A.C. Montlucon, mares formées par le Cher! et pres de la fontaine minérale d’Argentière !! Cosne, étang des Lanaes!! NITELLA Agardh. N. translucens Ag. — Étangs. — Juin-sept. — Peu C. 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Montiucon, étang dela Brosse!! C, — Mare aux environs du cimetière de Saint-Paul ! N. flexilis Ag. — Étangs, eaux vives. — Juin-sept. — A.C. Montlucon, étang de la Brosse il! C. — Petit étang de Chamblet!! C. — Vallée du ruisscau de Néris, Sainte-Agathe ! N. syncarpa Kuetz. — Étangs. — Mai-juillet. — ®©. — A.C. Chamblet, petit étang!! C. — Chavenon, étang du Clou près Sceauve !! N. opaca Ag. Coss. et Germ. #7. par, éd. 2, p. 895. — Mares, étangs, ruisseaux. — Mai-aoüt. — R. Montluçon, ruisseau de la Brosse ou des Maisons-Rouges ! (Lucand). MOUSSES. WkISIA viridula Brid. — Talus sablonneux. — Montluçon. DICRANELLA varia Hedw. — Lieux sablonneux. — Montluçon. — heteromalla Hedw. — Talus sablonneux. — Montluçon, Cérilly , DICRANUM scoparium L. — Bois, forêts. — Montluçon, Cérilly. LEUCOBRYUM glaucum Dill. — Bois, forêts. — Montluçon, Bizeneuille. POTTIA truncata Br. et Sch. — Lieux sablonneux. — Montluçon, Lavaux- Sainte-Anne. DIDYMODON rubellus Roth. — Lieux sablonneux. — Montluçon, le Diéna. CERATODON purpureus Br. et Sch. — Lieux sablonneux. — Montluçon, le Diéna. BARBULA muralis Sch. — Lieux cultivés. — Montluçon. — subulata Brid. — Rochers humides. — Lavaux-Sainte-Anne, — ruralis Hedw., — Sur les pierres. — Montluçon. GRIMMIA Schultzii Brid. — Rochers secs. — Montluçon, gorge du ruisseau de la Brosse. — funalis Schwgr. — Rochers secs. — Montluçon, gorge du ruisseau de la Brosse. — trichophylla Grev. — Rochers secs. — Montlucon, gorge du ruisseau de la Brosse. — ovata Sch. — Rochers secs. — Montlucon, gorge du ruisseau de la Brosse. — — var. cylindrica Br. — Rochers secs. — Montlucon, gorge du ruis- seau de la Brosse. — commutata Brid. — Rochers secs. — Montluçon, gorge du ruisseau de la Brosse. RACOMITRIUM aciculare Sch. — Rochers. — Fruct. nov, — Montluçon, gorge du ruisseau de la Brosse. — canescens Dill. — Fruct. nov, — Lieux sablonneux. — Les Iles. — — Var, ericoides, — Fruct, nov. — Lieux sablonneux. — Le Diéna. SÉANCE DU 9 JUILLET 1869. 267 FUNARIA hygrometrica L. — Bois, sur le sol humide, — Montlucon. — C. BRYUM atropurpureum Web. et Mohr. — Terrestre. — Montlucon, Roc-du- Saint. — alpinum L. — Rochers. — Montluçon, Roc-du-Saint et ruisseau de la Brosse. — argenteum L. — Lieux sablonneux. — Montluçon. — C. — capillare Dill. L. — Rochers de micaschiste. — Montluçon, Roc-du- Saint. — pseudotriquetrum Br. et Sch. — Lieux humides, étangs. — Montlucon, Chavenon. MNiCM undulatum Hedw.— Bois ombragés. — Montluçon, bois de la Liaudon. AULACOMNIUM palustre Schwgr. — Lieux tourbeux.-— Quinsaines. BARTRAMIA pomiformis L. — Rochers ombragés. — Montluçon, Roc-du-Saint, Chavenon. ATRICHUM undulatum L. — Bois ombragés. — Montluçon, Cérilly. POGONATUM nanum P.B. — Bruyères, bois, coteaux.— Montluçon, Quinsaines, Cérilly. POLYTRICHUM formosum Hedw. — Bois, forêts, cotcaux. — Montluçon, Cérilly, — C. — piliferum Schreb. — Lieux arides, coteaux. — Montluçon, Roc-du- Saint. FONTINALIS antipyretica L. — Ruisseaux. — Montluçon, Désertines, Cha- venon, Bizeneuille. THUIDIUM tamariscinum Hedw. — Bois, talus ombragés. — Montluçon, Cé- rilly. ISOTHECIUM myurum Brid. — Bois, au pied des arbres. — Montluçon. CAMPTOTHECIUM lutescens Dill. — Coteaux boisés. — Lavaux-Sainte-Anne. BRACHYTHECIUM rutabulum Br. et Sch. — Rochers. — Montlucon, ruisseau dela Brosse. EURHYNCHIUM striatum Br. et Sch. — Coteaux boisés, secs. —- Lavaux-Sainte- Anne. RHYNCHOSTEGIUM rusciforme Br. et Sch. — Ravins, ruisseaux. — Lavaux- Sainte-Anne. THAMNIUM alopecurum Br. et Sch. — Rochers ombragés, humides, ravins. — A. C. — Montluçon, vallée de l'Amaron, dans le ravin de Beaulieu ; gorges du ruisseau de la Brosse et du Saut-du-Loup. PLAGIOTHECIUM denticulatum Sch. — Rochers. — Montluçon, ruisseau de la Brosse, Lavaux-Sainte-Anne. HYenuM cupressiforme L. — Coteaux boisés. — Montluçon, Gérilly. — molluscum Dill, — Lieux humides, — Montluçon. — purum L. — Bois, taillis, ravins, — 'Montlucon, Lavaux -Sainte-Anne, Bizencuille. 268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. HoMALIA trichomanoides Br. et Sch. — Rochers. — Lavaux-Sainte-Anne. HyLocomiuM splendens Dill. — Rochers, coteaux. — Montluçon, Roc-du- Saint. — squarrosum Sch. — Lieux humides. — Gorge de Thizon. — triquetrum Sch. — Coteaux. — Montluçon, bois de la Brosse. SPHAGNUM acutifolium Ehrh. — Tourbières. — Cérilly, forêt de Troncais, Triage de Thiaulay. — C. — cymbifolium Ehrh. — Tourbières. — Quinsaines, Cérilly, Saint-Victor. — compactum Brid. ex parte. — Bizeneuille, tourbières de l'étang de la Varenne. HÉPATIQUES. PLAGIOCHILA asplenioides Nees. — Lieux humides. — Montlucon, ravin de Beaulieu. FRULLANIA Tamarisci Nees. — Rochers secs. — Montluçon, Roc-du-Saint. PELLIA calycina Nees. — Ruisseaux, ravins. — Lavaux-Sainte-Anne. — epiphylla Nees. — Ruisseaux. — Montluçon, Thizon, Cérilly, Chavenon, bords de l'Aumance. — C. MAKCHANTIA polymorpha L. — Chavenon, bords de l'Aumance, Bizeneuille. METZGERIA furcata Nees. — Terrestre. — Montlucon, gorge du Saut-du- Loup. RICCIA fluitans Nees.— Montluçon ; flotte sur l'eau de la fontaine de Beaulieu, dans la vallée de l'Amaron. LICHENS. UMBILICARIA murina DC. — Adhérent aux rochers. — C. PELTIGERA horizontalis Hoffm. — Rochers, taillis. — polydactyla Hoffm. — Rochers humides. — — var. microcarpa Achar. — Coteaux, rochers. PARMELIA conspersa Ach. — Rochers. — caperata Ach. — Adhérent aux rochers. — Montluçon, au Saut-du-Loup ; Bizeneuille, Chavenon, Lavaux-Sainte-Anne. RAMALINA pollinaria Ach. — Rochers. — calicaris var. fraxinea Ach. — Sur l'écorce des arbres. — -— var. fastigiata Ach. — Sur l'écorce des arbres. CLADONIA silvatica Hoffm. — Bois, taillis, coteaux. — pungens Flerk. — Pelouses des ravins et des coteaux. — squamosa Hoffm. — Talus dans les bois. — fimbriata var. cornuta Ach. — Terrestre. — Taillis, coteaux. . — pyxidata Ach. — Pelouses des rochers et des coteaux. — coccifera Hoff. — Lieux secs et arides. SÉANCE DU 9 JUILLET 1869. 269 CLADONIA degenerans Schær. — Pelouses des rochers et des coteaux. — Montlucon, ravin de la Vernoille, au-dessous de la Mazerolle. ~- alcicornis Fleerk. Nyl. — Pelouses des rochers. — Montluçon, ruisseau de Couraud, VaAniOLARIA amara Nyl. — Sur les arbres. — Montlicon. UMBITICARIA pustulata DC. — Rochers siliceux. — C. LECIDEA geographica Scheer. — Rochers siliceux, sur le quartz. — Environs de Montluçon. — A.C. — parasema Ach. — Sur les écorces. — Environs de Montluçon. — neglecta Nyl. ? — Pelouses des rochers. — Montluçon, entre Lavaux- Sainte-Anne etle moulin Chapelot. LECANORA subfusca Ach. — Sur les écorces et les vieux bois. — C. — albella Ach. — Sur les troncs d'arbres. — Environs de Montlucon. — varia Ach. — Sur les écorces d'arbres, surtout des Coniféres. — A.C. — — var. conizæa Ach. (L. maculiformis Hoffm.). — Env. de Montluçon. PARMELIA perlata Ach. — Sur les arbres et les rochers. — A. C. — — var. ciliata DC. — Environs de Monluçon, bois de Chauvière ; bords de la Vernoille. — — var. sorediata Nyl. — Montluçon, ruisseau de la Brosse. -— saxatilis Ach. — Sur les rochers et les arbres. — Environs de Montlu- con. — A.C. — sulcata Taylor. — Rochers. — Montluçon, ravin de Prémilhat à la Mazerolle. — acetabulum Dub. Nyl. — Sur les arbres et les rochers. — Environs de Montlucon, bords de la Vernoille. PLATYSMA glaucum Nyl. — Rochers. — Environs de Montluçon, bords de la Vernoille, ravin de Prémilhat à la Mazerolle. PuvsciA ciliaris DC. — Borrera ciliaris Ach. — Troncs d'arbres et ro- chers. — C. — stellaris DC. Nyl. — Sur les arbres et les rochers. — Montluçon, ravin de la Vernoiile. — tenella Nyl. — Sur les branches d'arbres. — Environs de Montlucon. — parietina Nyl. — Sur les écorces. — C. CETRARIA aculeata Fr. — Cornicularia aculeata Ach. — Pelouses stériles. — — yar. edentula Ach.— Environs de Montluçon, autour de la fontaine minérale d'Argentiére. RAMALINA calicaris var. farinacea Nyl. (#. farinacea Ach.). — Troncs d'arbres. — A.C. (La suite à la séance du 12 novembre.) M. le Président déclare close la session ordinaire de 1868-1869, T. XVI. (SÉANCES) 18 270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et invite MM. les membres de la Société à se rendre à la session ex- traordinaire qui s'ouvrira à Pontarlier le 12 de ce mois. Dons faits à la Société et reçus du 12 décembre 1868 au 9 juillet 1869. 1° Par M. Ad. Brongniart : Annales des sciences naturelles, cinquième série (suite). 2° Par MM. L. Soubeiran et Aug. Delondre : De l'introduction et de lacclimatation des Cinchonas dans les Indes néerlandaises et dans les Indes britanniques. La matière médicale à V Exposition de 1867. 3° Par MM. Kralik et Billon : Catalogue des Reliquiæ Mailleancæ. 4? Par M. Edm. Lefranc : De l'acide atractylique et des atractylates. 5° Par M. J. de Seynes : Des Agarics à forme pezizoide et de leur développement. 6^ De la part de M. L. Besnou : | Note sur la valeur alibile de la Salicorne herbacée. 7° De la part de M. le comte de Bouillé : Guide de Pau aux Eaux-Bonnes, par Jam. Gavarnie, etc., par le même. 8° De la part de M. Al. Braun : Index seminum Horti regii berolinensis, 1868. Sitzungsbericht der Gesellschaft naturforschender Freunde zu Berlin, juin et octobre 1868. 9° De la part de M. Th. Caruel : Miscellanee botaniche. Del vincolo lanuto nei semi delle Luzule. 10» De la part de M. Cauvet : Nouveaux éléments d'histoire naturelle médicale. 11? De la part de MM. Cesati, Passerini et Gibelli : Compendio della Flora italiana, fasc. 4. 12? De la part de M. Ch. Des Moulins : Quelques réflexions sur la doctrine scientifique dile Darwinisme. 13° De la part de M. Engelmann : Revision of the north american species of the genus Juncus. 14? De la part de M. Franchet : Notes sur quelques Verbascum hybrides. DONS FAITS A LA LA SOCIÉTÉ. 271 15° De la part de M. S. Garovaglio : Octona Lichenum genera. 16^ De la part de M. G. Genevier : Essai monographique sur les Rubus du bassin de la Loire. 17° De la part de M. Lagrange : Catalogue des plantes recueillis par M. et M"* Lagrange aux environs de Tanger (Maroc), dans un rayon de 6 à 8 lieues, en 1867. 18° De la part de M. Ch. Martins : Les jardins botaniques de l'Angleterre comparés à ceux de la France. 19° De la part de M. V. Masson, éditeur : Physiologie végétale de J. Sachs, traduction francaise de M. Marc Micheli. 20° De la part de M. Nouel : Troisième notice sur quelques plantes rares du département du Loiret. 21° De la part de M. Rodriguez y Femenias : Catalogo razonado de las plantas vascolares de Menorca. 22° De la part de M. le comte G. de Saporta : Caractères de l'ancienne végétation polaire. Analyse raisonnée de l'ouvrage de M. O, Heer. Études sur la végétation du sud-est de la France à l'époque tertiaire, 3° partie. , 23° De la part de M. W.-Ph. Schimper : Trailé de Paléontologie végétale, t. It" et atlas. 2^^ De la part de M. Ascherson : Nehany magyar nüvenyrül. 25° De la part de M. Bossin : Rapport sur la culture de trois plantes potagères chinoises. 26° De la part de M. Bubaui : Flora Virgiliana. 27° De la part de M. Fr. Buchenau : Ueber die Richtung der Samenknospe bei den Alismaceen. Uebersicht der in Herbarien von den Bruedern Schlagintweit gesammelten Buio- maceen, Alismaceen, Juncagineen und Juncaceen. 28° De la part de M. Jean Chalon : De la place des Gymnospermes dans la série naturelle des végélaux. Le mouvement dans le règne végétal. 29° De la part de MM. Delesse et de Lapparent : Revue de Géologie pendant les années 1866 et 1867. 30° De la part de M. Félix Déniau : Le Silphium. 34° De la part de M. Doell (de Carlsruhe) : Beitrwge zur Pflansenkunde. 39° De la part de M. Du Mortier : Recueil d'observations sur les Jongermanniacées. 272 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Scirpes triquétres. Étude agrostographique sur le genre Michelaria et la classification des Gra- minées. Note sur le staminode des Scrofulaires aquatiques indigènes à la Belgique. Bouquet du littoral belge. Monographie du genre Pulmonaria. 33° De la part de M. Fr. Hegelmaier : Die Lemnaceen, eine monographische Untersuchung, Beitrag sur Kenntniss der Wassersterne. 34° De la part de M. G. Heyer : Ueber die geographische Verbreitung unserer wichtigsten Waldbeume. 35° De la part de M. H. Hoffmann : Meteorologische und phenologische Beobachlungen in Giessen. 36° De la part de MM. J.-D. Hooker et J.-G. Baker : Catalogue of Ferns and their allies cullivated in the Kew royal horticultural garden. .31* De la part de M. Éd. Jardin : Mémoire sur le Surtarbrandur d'Islande. 38° De la part de M. Karl Koch : Dendrologie. 39° De la part de M. Th. Liebe : Ueber die geographische Verbreitung der Schmarotzerpflanzen. A0" De la part de M. M. T. Masters : On the structure of the flower in the genus Napoleona. h1° De la part de M. OBrsted : Remarques pour servir à l'interprétation de la plante célèbre, mais aujourd'hui disparue, qui était connue dans l'antiquité sous le nom de Silphium. 42° De la part de M. Pasquale : Nota su di alcune piante da pochi anni naturalizzate nella provincia di Napoli. 43° De la part de M. Peyritsch : Beitrag zur Kenntniss des Favus. &h^ De la part de M. Reuter : Catalogue des graines du jardin botanique de Genève, 1868. 45° De la part de M. le docteur Eug. Robert : Historia plantarum de Morison. 46° De la part de M. Rosanoff : De l'influence de l'attraction terrestre sur la direction des plasmodia des Myxomy- cétes. ^'^ De la part de M. Pierandrea Saccardo : Relazione sulla quarta esposizione di piante, fiori e frutti tenuta della Società pro- motrice del giardinaggio nel R. orto botanico di Padova. Breve illustrazione delle Crittogame vascolare trevigiane. DONS FAITS A LA SOCIÉTE. 273 Sui recenti progressi delle scienze naturali in generale e sulle condizioni della flora, fauna et gea nella provincia di Treviso in particolare. Prospetto della flora trevigiana. Sulla flora fossile della formazione oolitica, del barone Achille de Zigno. 48° De la part de M. le docteur Fr. Schultz : Archives de Flore, mai 1869. 49° De la part de M. Schweinfurth : Nove species æthiopice. 50° De la part de M. N. Terracciano : Nota su di alcune piante della vallata del Volturno. Su di alcune piante della flora napolitana. Osservazioni termomelriche. 51° De la part de M. Thomas : Ueber Phytopus und eine græssere Anzahl neuer oder wenig gekannter Missbil- dungen. 52° De la part de M. Wilson Saunders : Refugium botanicum. 53° De la part de M. Hasskarl : Catalogus seminum in horto botanico manilensi 1868 collèctarum. 54° De la part de M.A.- W. Eichler : Einige Bemerkungen ueber den Bau der Cruciferenbluethet und das Dedoublement. 59° De la part de la Société d'horticulture et de botanique de l'Hérault : Annales de cette Société, t. VII, n° 4, 56° De la part de la Société d'horticulture de la Côte-d'Or : Builetin de cette Société, nov, et déc. 1868. 57° De la part de la Société I. R. zoologico-botanique de Vienne : Contribuzione nella fauna dei Mollusci dalmati, par M. Brusina. Diagnosen der in Ungarn und Slavonien bisher beobachteten Gefwsspflanzen welche in Koch's Synopsis nicht enthalten sind, par M. Neilreich, Nachtriege zur Flora von Nieder-OEsterreich, par le même. Die Vegetations Verhælinisse von Croaltien, par le méme. Die Zoophyten und Echinodermen des Aáriatischen Meeres, par M. Heller. Die Diatomeen der hohen Tatra, par M. Schumann. Beitrag zu einer Monographie der Sciarinen, par M. Winnertz. 58° En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1867, n. 4; 1868, nn. 4 et 2. Linnœa, Journal fuer die Botanik, 1867, livr. 5 et 6. Flora oder allgemeine botanische Zeitung, 1868, trim. 4 et 2. Botanische Zeitung, années 1867 et 1868. E Wochenschrift fuer Gertnerci und Pflansenkunde (suite). m | Verhandlungen der K. K. zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien, années 1865 à 1868. OEsterreichische botanische Zeitschrift, 1869, n° 7. 27h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Atti della Società italiana di scienze naturali, t. VIT, fasc. 1. Atti del Reale Istituto Veneto, t. XIV et XV, livr. 1. Nuovo Giornale botanico italiano, 1869, nn. 1 à 3. Transactions of the botanical Society of Edinburgh (collection complète). Pharmaceutical Journal and Transactions, janvier à juillet 1869. The Gardeners’ Chronicle (suite). The American Journal of sciences and arts, janvier à mai 1869. Oversig! over de Kongelige Danske Videnskabernes Selskaps Forhandlingar, au- nées 1867 et 1868. Notiser ur Süllskapelts pro fauna et [tora fennica Forhandlingar. Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, tt. XX à XXVI. Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, années 1867 et 1868. Comptes rendus de l’Académie des sciences (Institut impérial de France), janvier à juin 1869, Journal de la Société impériale et centrale d'horticullure, novembre 1868 à mai 1869. Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, novembre 1868 à mai 1869. L' Institut. (suite). SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE, MEMBRE DU CONSEIL. La Société se réunit à sept heures et demie du soir dans le local habituel de ses séances. En l'absence de MM.les Président et Vice-présidents, M. Duchartre, président sortant, est appelé, par le vœu unanime de l'assemblée, à prendre place au fauteuil, et déclare ouverte la session ordinaire de 1869-70. M. Lasègue, président de la Société, retenu chez lui par une indisposition, écrit pour s'excuser de ne pouvoir se rendre à la séance. M. de Schoenefeld, secrétaire général, blessé récemment par suite d'un accident de voiture, fait aussi prier la Société de vouloir bien excuser son absence. M. le Président annonce trois nouvelles présentations. MM. Schmitt et Isidore Blanche, membres de la Société, sont proclamés membres à vie, sur la déclaration faite par M. le Tréso- rier, qu'ils ont rempli les conditions imposées par les statuts pour l'obtention de ce titre. SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 275 M. le Président, en présentant à la Société le compte rendu de la session de Pontarlier, qui met complétement à jour toutes ses publications, lui propose de voter des remerciments aux membres de la Commission du Bulletin, et en particulier à MM. de Schœne- feld et Eug. Fournier, pour leur zéle et leur activité. La Société approuve la motion de M. le Président. M. Roussel dépose sur le bureau une note relative au Bryoloqia italica de M. De Notaris, et fait remarquer que le prix de librairie de cet ouvrage a été fixé à A0 francs, mais que l'on pourra se le procurer moyennant 25 francs, en s'adressant directement à M. De Notaris. M. Eug. Fournier, archiviste, en énumérant les dons recus par la Société depuis juillet dernier, fait remarquer le fascicule de plantes orientales offert par M. Bourgeau. Ces plantes, qui ne fai- saient pas partie de l'herbier de M. de Rayneval, lorsque cet her- Mer a été donné à la Société, sont les suivantes : Genista Bernardesii Graells. Campanula stenophylla Boiss. Caryolopha sempervirens Fr. — denticulata Boiss. Ranunculus abnormis Boiss. Arenaria cappadocica Boiss. Linaria saxatilis Chav. Silene subulata Boiss. — triornithophora Willd. — armena Boiss. Reseda gredensis Cutanda. Acantholimon armenum Boiss. Eryngium Duriæi J. Gay (DR. Pl. Asturies}. , Onosma sericea Willd. Azalea pontica L, | Scrofularia variegata M. Bieb. M. Eug. Fournier donne lecture des extraits suivants de lettres qu'il a recues de M. Paul Lévy, naturaliste-voyageur au Nicaragua : EXTRAITS DE LETTRES DE M. Paul LÉVY A M. EUG. FOURNIER. Valle-Menier, avril 4869. .... Quelques promenades ont pu me donner une idée générale de la végé- tation du pays. Le Nicaragua n'est qu'une forét, daus laquelle on a percé des chemins et déblayé l'emplacement des villes. Les arbres sont beaux, mais il y en a peu d'espèces. Les Orchidées, les Broméliacées et autres parasites man- quent presque. complétement; en revanche, il y a un nombre immense de lianes. Quant aux plantes herbacées et aux arbustes, il est impossible d'en juger en ce moment-ci. La saison séche touche à sa fin, et tout est littéralement grillé. Le caractére de cette végétation est une monotonie apparente, en har- monie du reste avec la configuration du sol qui est bas, uni, plat, unifor- mément arrosé. Pour avoir quelques chances de rencontrer de la variété, il 276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faut faire l'ascension des cónes qui se dressent de temps en temps au-dessus des plaines, ascensions d'ailleurs trés-praticables. …. Dans les paquets de graines que je vous envoie, il y au moins deux Bignoniacées nouvelles, ou que je n'ai pas vues dans la collection de M. Bureau. En ce moment, ces plantes sont encore en fruits, mais prêtes à passer. La plupart n'ont pas de feuilles et encore moins de fleurs. Malgré cela, je marque celles dont j'ai pris la graine, et je note les emplacements pour les retrouver un jour. Les collections telles que M. Bureau les entend ont évidemment une valeur scien- tifique exceptionnelle, mais elles offrent à la récolte une difficulté extraordi- naire. Il faut emporter avec soi des outils lourds et spéciaux pour couper le bois, Ici la liane est excessivement rameuse et enlacée, et il faut renoncer à la tirer d'en bas à force de bras. Lorsque par hasard on réussit, on. n'amene à terre qu'un. fragment de tige souple. où il n'y a plus trace de feuille, fleur ou fruit. Resterait à faire l'ascension des arbres, mais outre qu'elle n'est pas tou- jours possible, il v a ce grave inconvénient, que les branches sont parcourues à chaque instant par des milliers de fourmis, dont quelques-unes piquent aussi fort qu'une guépe. En outre, il y a une foule de serpents cachés dans les arbres mêmes, et les Indiens, que j'ai va grimper si aisément au Mexique, se refusent. absolument à le faire ici, méme pour une bonne récompense. Enfin, les arbres sont littéralement étouffés sous les lianes, et comme il y en a d'épineuses, il en est que ce seul fait rend inaccessibles. Le seul moyen est de rencontrer l'échantillon que l'on cherche sur un arbre n'avant. que la grosseur de la cuisse, car alors les Indiens, qui sont excellents bücberons, vous l'abat- tent à coups de machete en un tour de main, et l'on recueille l'échantillon à terre. C'est ainsi que j'ai déjà pu faire quelques paquets de bois pour M. Bu- reau..... Grenade de Nicaragua, 31 mai 4869. C Aujourd'hui tout reverdit, tout pousse, et la récolte se présente dans des conditions favorables.. .. Somme toute, il me paraît que la région du Valle ressemble énormément à la région de Cordova (Mexique) : une température chaude, régulière et humide, des bois fourrés presque impraticables, une flore variée mais par places, c'est-à-dire les mêmes associations de plantes recou- vrant des surfaces pour ainsi dire déterminées et ensuite ne se retrouvant pas ailleurs, moins de plantes épiphytes, mais beaucoup plus de lianes, d'un aspect trés-varié et à dimensions colossales. Il m'a paru également jus- qu'ici qu'il y avait peu de plantes de petite taille. Les efforts de la végé- tation. ne se portent pas non plus comme au Mexique sur les bords des 7/05; l'expansion se produit partout indifféremment, Notez qu'on n'y rencontre presque pas de Cactées... . SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 277 Grenade de Nicaragua, juin 1869. .... La constitution physique du Nicaragua crée à l'herboriseur une série de difficultés dont il faudra tenir compte. C'est en effet un vaste plateau très- bas, entrecoupé de lacs, et du milieu duquel s'élèvent une série de pics vol- caniques de hauteur variée, mais assez considérable (1). Ces pics, par un effet météorologique bien connu, attirent constamment les nuages autour de leur sommet, et, méme dans la saison sèche, il y règne une humidité per- manente..... Malheureusement, il v a si peu de population et par conséquent de circulation au Nicaragua, qu'il n'y a presque pas de chemins. Les montagnes sont couvertes jusqu'à leur sommet de forêts épaisses, où ni la curiosité, ni l'appàt du gain, ni aucune exploitation minière, agricole ou forestière, n'ont jamais fait tracer le moindre sentier. On ne peut donc y atteindre qu'en se frayant un passage avec le machete, gràce aux épines et aux liaues qui inter- ceptent partout le passage. Si quelques riches touristes ont pu gravir quelques pics, ce n'est qu'en emmenant avec eux les hommes nécessaires à ce travail, et après leur départ, la forêt et la végétation ont tout fermé, reprenant leur empire avec leur rapidité habituelle... . Une autre difficulté qui contrarie mes travaux est l'humidité de la région. Je ne trouve pas ici comme au Mexique l'avantage d'une saison des pluies bien réglée, c'est-à-dire toujours du soleil le matin, qu'ii pleuve ou non le soir, ce qui permet de sécher quand méme avec la seule aide du soleil. Au moment où je vous écris, il y a trois jours que le temps est absolument couvert ; une belle presse que j'ai là à côté pourrit sans que je puisse rien faire pour la sauver. Une humidité pénétrante imbibe les coussins et méme les plantes dont la des- siccation est achevée..... Comme Ja Société, ajoute M. Fournier, entendra parler à plusieurs reprises, grâce aux belles récoltes de M. P. Lévy, de la végétation du Nicaragua, nous croyons utile de reproduire ici le seul document botanique qui ait été publié à notre connaissance sur la végétation des environs de Grenade de Nicaragua, considérée à un point de vue général. Nous l'empruntous au grand ouvrage publié en francais à Copenhague (1863) par M. OErsted et que possède notre bibliothèque, intitulé : L'Amérique centrale, — Recherches sur sa flore et sa géographie physique, résultat d'un voyage dans les États de Costa Rica et de Nicaragua, exécuté pendant les années 1846-1848, et dont malheureusement le premier fascicule seul a paru. C'est l'explication du tableau physiognomo- nique I, réprésentant une plaine au sud du volcan Mombacho, qui domine la ville de Grenade : (4) Celui de l'ile d'Ornotepe, qui semble sortir du milieu du lac de Nicaragua, c'est- à-dire de 45 mètres au-dessus du niveau de l'Atlantique, atteint environ 1500 mètres, la hauteur du Puy de Dóme. 278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ce tableau donnera une idée de la végétation Catinga, telle qu’elle se montre dans le Nicaragua, sur la route de Grenade à Rivas, dans le voisinage de Paso Real, lorsqu'on à passé le Rio Ochomogo. Bien que cette forme particulière de végétation présente géné- ralement partout le même aspect, on y remarque cependant, suivant les localités, cer- taines différences dans les espèces et les genres dominants, et ce qui rend précisément digne d'intérêt la partie du Nicaragua dont nous venons de parler, c'est qu’elle semble partager cette végétation Catinga en deux régions : l'une, nord, et l'autre, sud, Plusieurs des arbres et des arbrisseaux qui dominent dans le nord du Nicaragua y sont en effet remplacés par d'autres, qui s'étendent au sud jusqu'à la province de Guanacaste, et qu'on retrouve en partie à Panama. Parmi les arbres principaux de la partie sud que je n'ai pas trouvés dans le nord du Nicaragua, je cilerai : le Dasycarpus quadrivalvis Seemann, de la famille des Tilleuls, aux feuilles grises et sèches, et que les habitants nomment Palo de terciopelo, à cause de la matière veloutée qui en couvre les fruits; le Guatteria fœtidissima OErst., de la famille des Anonacées, aux grandes fleurs provenant des bour- geons adventifs fixés sur le tronc et les branches, et qui, pour la couleur et l'odeur, res- semblent à celles du S'apelia ; seulement, elles senteut bien plus fort, et on les reconnait à une grande distance à leur affreuse odeur de charogne; puis, le Couroupila nicara- guensis DC. ou l'Arbre- Boulet-de-canon, et enfin le singulier Arbre-à-fourmis ou Triplaris nicaraguensis OErst., de la famille des Sarrasins. Ce dernier se distingue par son périgone accrescent qui, à l'époque de la maturité des fruits, se développe en trois ailes, et par ses branches et son tronc creux qui servent de demeure à de nombreuses troupes de fourmis, de sorte qu'on ne peut guère y toucher sans s'exposer aux morsures douloureuses de ces petits animaux. Quand on se rend de Granada à Rivas, trajet qui se fait par le versant ouest du volean Mombacho, car la pente orientale qui regarde le lac de Nicaragua est si escarpée qu'on ne peut y passer, on arrive d'abord au-dessus d'une plaine unie, située entre la petite ville indienne de Nandaimé et l'hacienda de la Cabeza, et presque entiérement couverte de Crescentia acuminata et de C. alata, que tupissent des Broméliacées et des Orchidées fausses-parasites (entre autres le Lælia pedunculata Lindl.), plantes qui se trouvent aussi à Mexico. Les arbres précédents, qui appartiennent à la région sud ou costaricaine de la végétation Catinga, commencent seu- lement à dominer un peu plus vers le sud, et j'aurai souvent l'occasion de prouver plus tard que les frontières politiques des deux États de Nicaragua et de Costa-Rica coïncident à peu prés avec l'endroit où se réunissent les deux flores mexicaine et sud-américaine,ou plutôt péruvio-colombienne. Sur la planche ci-jointe, on voit au fond le volcan Mombacho, et au centre, sur le premier plan, le Couroupita nicaraguensis; en arrière, sout encore plusieurs arbres de la méme espèce. Cet arbre est déjà reconnaissable à distance à son tronc élevé et droit qui, au sommet, porte une petite couronne presque circulaire; les fleurs proviennent de bourgeons adventifs et sont disposées en toutfes; les fruits, de forme sphérique, sont réunis de la méme facon, quelquefois au nombre de 7 à 8, ce qui contribue beaucoup, à l'époque de leur maturité, à donner à cet arbre un aspect tout particulier. L'Arbre- Boulet-de-canon est appelé par les habitants du pays Sapote del mico, parce que son fruit ressemble un peu à celui de l'Achras Sapola, et que les singes en sont très-friands. C’est la seule espèce de Lécythidées qui dépasse l'isthme de Panama, tandis que cette famille est très-répandue dans l'Amérique du Sud et y compte un assez grand nombre d'espéces, entre autres le Bertholletia excelsa, découvert par Humboldt et Bon- pland, et connu en Europe par ses graines, qu'on désigne dans le commerce sous le nom de noix du Bresil. L'Arbre- Boulet-de-canon forme, dans le voisinage de Paso Real, avec le Dasycarpus quadrivalvis, le Guatteria fœtidissima, le Triplaris americana, etc., une forét assez épaisse. La partie que nous en avons représentée a été défrichée et uti- lisée pour la culture de l'Indigo, comme le prouvent les nombreux plants qu'on en voit cà et là, ct l'on n'y a laissé debout qu'un petit nombre d'Arbres-Boulet-de-canon. Cette plaine ouverte est revétue d'un épais tapis de Graminées, de Compositées, de Convolvulées et de Légumineuses, parmi lesquelles croissent des Cactus et des arbrisseaux épineux, dont deux, qui sont fort communs, figurent sur le devant du tableau, L'un, celui de droite, est l'Acacia cornigera, dont le tronc peu élevé est couvert de paquets d'épines ; on en trouve également sur les branches, oü elles sont grandes, creuses, disposées par paires et formées par des stipules. Toutes ces épines sont habitées par des fourmis, et, dans chaque paire, il ÿ en a une (les deux épines appartenant à la même feuille communiquent en effet entre elles) qui est percée d’un petit trou régulier que ces insectes y ont pratiqué, SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 979 Vient-on par mégarde à toucher les branches, il en tombe une masse de fourmis, et l'on ne tarde pas à sentir sur tout le corps des piqüres intolérables. Sous chacun de ces arbrisseaux est une place nue et circulaire, du diamètre de la couronne, et où aucune plante ne peut pousser. Le Bactris horrida O£rst. pousse de sa racine plusieurs troncs minces à la ma- nière des Bambous ; il atteint une hauteur de 5 à 8 pieds, et les rachis en sont garnis de longues épines pointues. Les habitants l'appellent Uviscoyol, et en mangent les fruits qui sont savoureux et acides ; ils en font surtout une boisson rafraichissante en les écrasant dans l’eau. Il croit de préférence dans les endroits qui sont inondés à l'époque des pluies et où le sol forme pendant la saison sèche une masse dure comme la pierre. M. Bureau donne lecture des notes suivantes qui lui ont. été adressées par M. Lévy : NOTES SUR LES LIANES, ADRESSÉES A M. BUREAU pr M. Paul LÉVY, naturaliste-voyageur au Nicaragua. Le mot bejuco, appliqué dans toute l'Amérique espagnole aux lianes, com- prend également toutes les plantes volubiles, rampantes, etc. Le Lierre est un hejuco, de méme que les Cucurbitacées, les Passiflores et bien d'autres. Ce nom s'étend méme à certaines parasites, les Loranthacées, par exemple, ou à certaines Aroidées qui s'attachent aux troncs des arbres et s'y appliquent par des racines en forme d'embrasses. Toutefois, les gens éclairés et qui se piquent de beau langage désignent par bejucos les lianes proprement dites, et compren- nent toutes les autres sous le nom de sarmientos. On peut dire que, dans les forêts de l'Amérique tropicale, il n'y a presque pas d'arbre auquel ne se suspende une ou plusieurs lianes. Il en est cependant quelques-uns (bien que trés-rares) dont les lianes s'éloignent, méme lorsqu'on essaye de les en rapprocher artificiellement. Ces arbres présentent presque tous les mêmes caractères, à savoir : uu tronc cylindrique, droit, lisse, sans aucune épine, saillie ou nœud ; les premières branches à une grande hauteur du sol et le feuillage en dôme. Tels sont, par exemple, la Ceiba, le Panama à savon, le Bala de cañon (Sapote de mico). Ces arbres sont aussi dépourvus de Mousses, Lycopodes, Fougères, Broméliacées, Orchidées et autres plantes épi- phytes ; mais il y a des exceptions. Pour les lianes, il n'y en a pas. Les espéces paraissent trés-variées, au premier abord ; mais on s'apercoit bientôt que, sous une grande variété de diamètre, de courbes originales et d'entrelacements insensés, il n’y a au fond qu'un nombre d'espèces assez res- treint. En observant d'un peu plus près, on remarque que les espèces se loca- lisent, l'une se trouvant en grand nombre ici et manquant tout à fait là; ce qui permet de supposer que le voyageur qui se déplacerait beaucoup serait celui qui rencontrerait le plus d'espèces différentes. Ces lianes appartiennent à des familles assez nombreuses, que je n'ai pas ici les éléments nécessaires pour déterminer ; mais je puis dire, eu ce qui con- cerne les Bignoniacées, si faciles à reconnaitre, soit en fleurs, soit en fruits, 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'au Nicaragua du moins, et dans la partie qui s'étend entre le lac et l'océan Pacifique, elles constituent le tiers du total des lianes, si méme elles n'en for- ment pas la moitié. En quelques jours, et presque sans chercher, j'ai pu réunir un nombre relativement considérable d'espèces, dont j'ai envoyé des graines dans ma premiere lettre. Un hasard heureux m'a fait rencontrer un ancien prétre de couleur, homme intelligent et expérimenté, qui s’est toujours intéressé aux forêts et à leurs habitants, et qui a fait sur les lianes des observations intéressantes. Il en est quelques-unes que je noterai plus loin, pour le cas probable oà l'Amérique centrale étant enfin peuplée et en progrès, l'industrie chercherait à tirer parti de ces plantes, et où, dès lors, on arriverait peut-être à les cultiver. D'autre part, je me suis trouvé au Valle Menier juste au moment où l'on y percait une multitude de petits chemins pour rayonner dans les environs. Ces percements s'exécutent en faisant d'abord des trouées de reconnaissance (piquetes) pour laisser passer un homme à cheval ; puis, lorsqu'on se décide à eu faire un chemin, on porte la largeur du piquete à 3 mètres, dimension jugée nécessaire pour le passage d'une charrette. Ces travaux s'exécutent à l’aide du sabre d'abatis (machete), que chacun ici, mais surtout l'Indien, porte con- stamment avec soi. Le hulero, en quête de caoutchouc (hule), le savanero, qui court aprés une bête égarée, le cultivateur à la recherche d'un morceau de bois utile, tout le monde sabre à droite, à gauche, avec ou sans nécessité, et sur une large échelle ; et pourtant quelques semaines. (j'allais dire quelques jours) aprés, si la circulation dans la trouée n'est pas quelque peu active, tout y redevient plus vert, plus serré, plus infranchissable qu'auparavant. La liane coupée en deux ne périt pas pour cela. Le bout qui tient au sol meurt, il est vrai, ainsi que les racines, à moins qu'il n'y ait plusieurs tiges sortant d'un méme tronc, ce qui arrive souvent : en ce cas, elles deviennent plus fortes. Le bout qui reste accroché dans l'arbre s'étiole un moment. Pen- dant ce temps, un peu au-dessus de la coupure, naissent de petits mamelons qui s'allongent immédiatement vers la terre. D'abord rougeâtres et filiformes, ils grossissent et durcissent bientôt, et, quand ils ont atteint le sol, ils s’y en- foncent. La plante reprend alors tout son éclat, et continue à étendre au loin, sur le tapis de verdure des arbres, ses rameaux enchevétrés et fleuris. J'ai constaté que l'accroissement de ces racines aériennes était d'au moins 20 centimètres par jour, c'est-à-dire près d'un centimètre par heure ; de plus, elles vont en doublant de nombre (fig. 1) à mesure qu'elles se rapprochent du sol, et enfin, quand elles en sont très-près, elles s'y précipitent pour ainsi dire en une infinité de petits jets, qui se mettent à y végéter vigoureusement, et à rendre la vie à la plante dont la santé paraissait compromise. Les petits jets dont nous venons de parler forment une sorte de peigne qui, à son extrémité terminale, est toujours tournée vers l'ancienne racine. A partir de ce moment, la forme de ces racines aériennes change : elles étaient auparavant molles, SÉANCE DU 12 NovEMBRE 1869. 281 aqueuses, presque trausparentes ; elles deviennent promptement ligneuses, et, au bout de six semaines, il n'y a plus qu'une tige, laquelle présente un coude au-dessus de la blessure oblique faite par le sabre. Pourtant, j'ai remarqué que cela n'a lieu que chez les lianes dont le diamètre n'excéde pas 4 centimètres, c'est-à- dire les jeunes. Chez les vieilles, c'est-à-dire celles dont le diamètre est plus considérable, la tige, à quelques mètres du pied, est sèche et semble presque pourrie. Malgré cela, la vieille liane coupée reprend racine ; mais alors le phéno- mène se produit autrement. Si l'on a donné le coup en B (fig. 2), les racines émergeront d'un point quelconque A, situé souvent très-loin de B, mais dans un endroit où, verte jusqu'à l'écorce, la plante peut pro- duire le travail. nécessaire à l'émission des racines nouvelles. Il y a aussi une infinité de cas particuliers : ainsi (fig. 3), lorsque le coup est donné au-dessus d'une courbe en U voi- sine, la racine émerge du point le plus bas. Si l'on coupe en A et en B, on rentre dans le cas précédent. Si la liane a la forme indiquée par la figure 4, et qu'elle soit soutenue en C par une branche, en coupant en À et en B, les racines émergent de ces deux points, et il croit une nou- velle tige en C. La formation de cette tige ne se fait pas avec métamorphose comme pour la racine ; c'est un rameau ordi- naire qui naît directement; toutefois, son accroissement journalier est énorme. Si maintenant on applique à la figure 3 le cas de la figure A, on voit que Fic. 1. Fic. 2. Fic. 3. l'on pourrait, d'une seule liane, en obtenir deux, et comme l'opération, quand elle amène la production de racines, accroît la force de la plante, on peut en conclure que ce serait un excellent moyen de culture et de multiplication. Si l'on coupe une liane en A et B (fig. 5), et qu'on lieles deux bouts en €, il y a soudure, et les racines partent. de cette soudure, en méme temps qu'une tige nait au point D. Si, au lieu de lier les deux bouts, on les enduit de cire d'Es- pagne, ou si on les frotte avec de l'acide phénique, une certaine portion de 982 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chaque bout se dessèche et les racines partent d'un peu plus loin sur chaque bout. J'ai fait deux expériences qui m'ont paru intéressantes. Voici la première : Ayant rencontré une liane coupée, à laquelle pendaient des racines d'un pied de long, j'ai recoupé au-dessus et mis de cóté le morceau Fic. 4. Fic. 5. avec les racines qui en dépendaient. Deux jours après, la liane avait produit d'autres racines dela méme longueur. Je recoupai de nouveau, et il en repoussa d'autres, mais un peu plus gréles et plus chétives. Je recommencai ainsi jusqu'à huit fois; mais, à la derniére, les racines étaient si ténues, si filiformes, que je les laissai. Aujourd'hui, elles ont atteint le sol, elles ont grossi, et la plante est en fleurs. C'est une Bignone odorante, à fleurs violet pâle. La seconde expérience montre encore mieux la vitalité des lianes : Jetrou- vai un arbre isolé au milieu d'un abatis (fig. 6). A son pied avait crü une liane, coupée alors en A, et dont le bout, très-vert, pendait de l'autre côté en B, cherchant à atteindre les arbres couchés sur le sol autour de celui resté SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 983 debout. En A, pendaient les racines habituelles, et elles allaient s'enfoncer dans la terre. Je tirai fortement à moi le bout B, et je fis remonter le point A jusqu'en A", c'est-à-dire à un mètre au-dessus du point où il se trouvait auparavant. Les racines avaient déjà émis ces petits jets qui n'apparaissent que lorsqu'elles touchent au sol. Ceux-ci restèrent stationnaires, et ce quej'appellerai la racine- mère recommenca à descendre. Je renouvelai ainsi l'expérience à diverses reprises, et je finis par avoir des racines qui partaient du sommet méme de l'arbre et pleuvaient pour ainsi dire autour. Mon intention était de les suppri- mer toutes, moins une, el de faire à celle-ci, avec des bâtons, un chemin aérien, pour voir si j'obtiendrais ainsi un allongement indéfini; mais mon départ du Valle a interrompu l'expérience. Si l'on rompt une des racines aériennes, il se forme un petit mamelon au- dessus de la rupture, et la racine tronquée émet une racine nouvelle exacte- ment comme le fait la tige. J'ai remarqué aussi que ces racines ne se montrent près de la plaie que lorsque la plante est coupée net. Si elle est tordue ou arrachée (ce qui n'est pas facile), les racines poussent loiu de la blessure, comme dans la figure 3. Si le tronc vient à sécher, cas fréquent, les choses se passent comme si on le coupait. On voit, d'aprés ce que nous venons de dire, que rien n'est difficile comme de détruire une liane. Il n'y a que l'abatis complet et l'incendie qui puissent en venir à bout. Tous les autres moyens ne font que l'accroitre et la multiplier. Ces expériences ne se renouvelleront probablement pas en serre chaude, Il faut sans doute le climat du pays méme. Je crois aussi que la saison favorable est en avril et mai ; avant les pluies, quand la végétation entre en travail. Il m'a paru que pendant ce travail la plante était chaude. Y aurait-il élé- vation de température ? Les lianes volubiles s'enroulent généralement de gauche à droite. On m'a dit qu'il y en a qui s'enroulent de droite à gauche, mais je n'en ai jamais vu. Les Bignones ne sont pas volubiles. J'ai remarqué qu'elles ne s'enlacent jamais avec des lianes d'autres familles, qu'elles ne s'enchevétrent pas volon- tiers non plus avec d'autres Bignones, soit différentes, soit de leur espéce, et, qu'enfin, elles se tordent trés-peu sur elles-mêmes. Elles ont un mouvement d'ascension presque rectiligne (je ne dis pas vertical), puis elles passent de branche en branche en suivant une sorte de courbe ondulée. C'est là un trait caractéristique, et il frappe en forét les gens méme les plus étrangers à la botanique. A cóté d'un fouillis sans nom de lianes diverses, plates, rugueuses, épineuses, tordues souvent avec un désordre qui vous arrache un sourire involontaire, on voit une Bignone s'élancer d'une seule courbe majestueuse jusqu’à la cime d'un des grands arbres voisins, fait inexplicable pour ceux qui ne connaissent pas les racines aériennes qui ont étayé ce câble, alors qu'il n'était qu'un fil. 284 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'instinct des singes leur fait toujours préférer les Bignones pour franchir les espaces vides. Outre qu'il n'y a pas d'épines, ils n'y trouvent jamais le chemin embarrassé. Les Bignones, à cause de leurs parfums, sont aussi des nids à papillons et à oiseaux -mouches : fleurs animées qui contribuent à rendre vraiment merveil- leux l'aspect des arbres inondés des magnifiques fleurs des Bignoniacées. Un fait incontestable, c'est qu'il y a des lianes qui ont de l'affinité pour cer- tains arbres et se refusent absolument à s'attacher à certains autres. On les voit s'écarter soigneusement lorsqu'elles rencontrent sur leur route un de ces arbres ennemis. IL y aurait une série très-intéressante d'observations à faire sur les arbres et les lianes qui les préfèrent ou s'en éloignent. Les lianes servent à une infinité d'usages; mais on les emploie surtout dans la construction des maisons, où tout est lié et assemblé, et où il n'entre presque pas de clous. La plupart sont d'excellentes amarres, méme sans qu'il soit besoin de les tordre en arts. Il. en est pourtant dans le nombre qui sont préférées, soit pour leur absence de nœuds ou leur égalité de diamètre sur une grande longueur, soit parce qu'elles sont lisses à la main, soit pour leur souplesse ou parce que, en séchant, elles égalent la dureté du fil de fer, etc. La vannerie en tirerait bon parti, si on avait ici de la vannerie ; mais on n'en use pas. Le bejuco de agua donne, quand on le coupe, environ deux litres d'un liquide potable (presque de l'eau pure) qui est la providence du voyageur altéré. Quelques espèces ont une gomme, d'autres un jus laiteux, l'une et l'autre pro- bablement bons à quelque chose. Quelques-unes, broyées et pressées, donnent un jus coagulateur, employé pour activer la coagulation du caoutchouc ou celle de l'indigo. On prétend que ces lianes à sucs se rencontrent toujours dans le voisinage des plantes ou des arbres fournissant les produits dans la prépa- ration desquels elles peuvent êtres utilisées. Il en est une autre enfin qui, trai- tée comme les précédentes et mélangée au mortier de chaux, lui donne des propriétés agglutinatives extraordinaires et augmente son hydraulicité. De méme que certaines lianes poussent en se dirigeant non pas vers le pre- mier arbre venu, mais vers le plus voisin de ceux qu'elles préfèrent, de méme aussi il est des lianes qui supportent quelquefois des épiphytes (des Tillandsia surtout) et d'autres sur lesquelles on n'en voit jamais. Il y a aussi un Ficus appelé Matapalo (Tue-bois), qui enveloppe de ses bras les arbres les plus robustes et finit par les faire périr. Lorsque l'arbre, avant l’arrivée du Matapalo, avait des lianes qui l'enserraient, rien n'est curieux comme de constater les efforts que la liane fait pour se dégager et fuir l'ennemi mortel avant qu'il grandisse assez pour la faire périr. C'est dans ce cas que l'on. rencontre les formes de lianes les plus tourmentées. Il v a aussi des lianes qui poussent des rameaux très-nombreux, et dont les rameaux se soudent quand ils se croisent, ce qui permet d'avoir, d'un seul morceau, des bois carrés, ovales, ronds, enfin de la forme souvent la plus SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 285 pittoresque. Si l'on pouvait avoir des lianes entières, il y aurait aussi proba- blement des observations intéressantes à faire sur la proportion du diamètre avec la longueur totale, proportion qui me parait rester. constante, quelle que soit la longueur qu'atteigne la plante. Enfin, c'est surtout lorsqu'on remarque avec quel art sont faits les fruits des Bignoniacées grimpantes, que l'on reste émerveillé : ces deux valves qui tom- bent, cet axe aplati qui flotte, et auquel le vent enlève une à une ses graines ailées, tout cela, joint à l'énergie que la plante met à lutter contre la des- truction, fait qu'on se demande quelle est donc l'importance de ce groupe de végétaux dans le plan de la nature et quel rôle il peut être appelé à jouer un jour, puisque sa conservation est si soigneusement assurée, A la suite de cette lecture, M. Bureau annonce qu'il a reçu de M. Lévy, au printemps dernier, des graines de onze espéces appar- tenant à la famille des Dignoniacées, et qui, semées au Muséum, y ont toutes levé. M. le Président fait ressortir les services que rendent à la science les botanistes voyageurs qui envoient, en méme temps que leurs collections sèches, des graines et des pieds de plantes vivantes; ce qui permet d'introduire des espéces nouvelles dans la culture et de les répandre dans toute l'Europe. Il signale en méme temps un point qu'il serait intéressant d'étudier et de vérifier expérimentale- ment : c'est l'allongement intermédiaire des racines adventives des lianes (dont il est question dans les observations qui viennent d'étre rapportées), afin de voir si les racines de ces végétaux échappent à la loi générale. M. Roze, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante, adressée à la Société : NOTE SUR UNE DIZAINE DE PLANTES NOUVELLES POUR LA FLORE DE MONTPELLIER ET DE L'HÉRAULT, par M. Henri LORET. (Montpellier, 19 octobre 1869.) Les botanistes qui ont herborisé longtemps hors de la région des oliviers éprouvent une jouissance bien vive, lorsque, en parcourant pour la première fois le midi de la France, ils rencontrent à chaque pas des espèces qu'ils n'ont jamais vues vivantes. Le bonheur de contempler et de recueillir des plantes ardemment désirées est méme si vif au début, qu'on ne songe qu'à la richesse de la flore, sans s'apercevoir qu'il n'en est point ainsi du tapis végétal, dont l'éclat, indépendant du nombre des espèces, charme souvent les regards dans T. XVI. (SÉANCES) 19 286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des pays dont la flore est trés-pauvre. Mais, qui peut tout avoir? Si un soleil ardent, malgré la rareté et l’inégale distribution des pluies, enrichit le Midi d'espèces précieuses qu'on chercherait vainement dans le reste de la France, en revanche, des pluies printanières et estivales régulières et à intermittences moins longues font germer ailleurs des myriades de graines, multiplient à l'infini le nombre des individus, et produisent ainsi ce luxe de végétation inconnu dans nos plaines méridionales. Le printemps de 1869, à Montpellier, a fait exception sous ce rapport. Des pluies fréquentes, à la fin de l'hiver et à la naissance du printemps, ont rendu le tapis végétal quatre ou cinq fois plus brillant, en favorisant partout la ger- mination. Le contraste avec l'état ordinaire de nos campagnes a été d'autant plus frappant pour ceux qui passent une partie de leur vie en plein air, que le printemps précédent, type de l'autre extrême pluviométrique, n'avait offert ici qu'une végétation chétive, grisâtre et attristante pour l'œil. La sécheresse de l'été dernier, il est vrai, n'a pas tardé à flétrir, sans la remplacer, la riche végétation du mois de mai; toutefois, le printemps n'en avait pas moins eu un regne brillant et inaccoutumé. En cherchant bien alors, on ne pouvait manquer de trouver des plantes intéressantes, car, non-seulement les espéces ordinaires étaient représentées par un. nombre beaucoup plus grand d'individus, mais il y avait lieu de compter sur quelques espèces inconnues chez nous. Nous men- tionnerons le Cephalaria syriaca Schrad., que nous avons rencontré assez abondant près de Montpellier, dans un champ inculte que nous visitions inuti- len:ent chaque année. Pouzolz cite cette plante dans le Gard, et MM. Grenier et Godron l'ont considérée comme suffisamment naturalisée en l'accueillant dans leur Flore. Nous croyons pouvoir la mentionner maintenant au méme titre à Montpellier; car il ne s’agit point ici d'une localité suspecte comme le voisinage des moulins de Castelnau où on l'a rencontrée autrefois. Une autre espèce, bien anciennement établie, mais que personne n'a signalée chez nous, l'Iris olbiensis Hénon, est très- répandue à Pégairolles-de-l' Escalette. C'est exac- tement la plante mentionnée par Pouzolz à Anduze, oü nous l'avons recueillie en 1861, et oà elle acquiert, comme à Pégairolles, une taille remarquable. Nous n'omettrons point, puisque l'occasion se présente d'en parler, une Cus- cute que nous trouvàmes, il y a plusieurs années, à Maguelonne, et que M. Ch. Des Moulins, auteur, comme on sait, d'une remarquable monographie des Cuscutes, et un autre savant botaniste, M. Lespinasse, reconnurent pour le Cuscuta planiflora Ten. Cette plante, que notre ami M. Richter vient de trouver en plus grande abondance sur la méme plage, paraît être suffisamment distincte, quoique bien voisine des C. Epithymum et C. Trifolit. Nous avons remarqué et étudié dans nos montagnes deux Carlines confon- ducs ici, comme presque partout, sous le nom de Carlina acanthifolia AM. 1] en a été question à l'une des sessions extraordinaires, où nous serions heureux, si notre santé nous permettait d'y assister, de faire la connaissance person- SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 287 nelle des nombreux botanistes dont la correspondance nous est chère. Lors de la session de Pau (1), notre ami M. Timbal protesta avec raison contre l'identification des Carlina acanthifolia AM. et C. Cinara Pourr.; mais per- sonne ne signala le caractère vraiment spécifique qui, selon nous, les sépare d'une manière tranchée. Lorsque ces deux plantes croissent ensemble, comme cela à lieu chez nous sur l'Escandorgue et sur le Larzac, le C. Cinara se fait remarquer sans doute un peu par ses feuilles plus vertes, plus étroites et à découpures un peu différentes ; mais le caractère vraiment distinctif, qui ne se dément pas, du moins dans l'Hérault, consiste en ce que les écailles de l'invo- lucre du C. Cinara sont simplement et régulièrement pectinées, tandis que celles du €. acanthifolia, au lieu de porter comme les précédentes des épines simples sur les côtés de l'écaille, sont couvertes d'épines irrégulièrement rameuses. Nous en avons examiné des milliers, et ce caractère est si net et si constant chez nous, qu'une seule écaille suffit pour reconnaitre l'espéce. Les écailles intérieures sont généralement blanches ou d'un jaune plus pàle dans le C. acanthifolia, mais ce caractere est plus infidèle chez nous que dans les Pyrénées et surtout dans les Alpes. C'est à peu prés [à tout ce que nous avons à dire de nos observations ou de nos découvertes personnelles, car nous avons peu herborisé cette année dans les montagnes, où les chances sont toujours plus favorables que dans la plaine. En revanche, nous avons bien trouvé pour la flore de l'Hérault dansles herbiers de nos amis. Commencons par ceux qui font de la botanique depuis longtemps et dont le zèle et l'habileté ne se démentent point. M. Aubouy a trouvé et recueilli en abondance, dans les bois voisins de Lodève, le Melampyrum cristatum L., et, entre Poujol et Pégairolles, un pied de Salvia verticillata L., dont l'indigénat est moins bien établi et dont nous discuterons plus tard les droits de cité. Le Crepis setosa Haller fil. in Rœm. Arch. a été recueilli près de l'étang de Vendre par le frère Lioberus et le frère Yve, du pensionnat de Béziers. Les mêmes botanistes ont découvert sur la plage de Roquehaute, du côté de Portiragnes, une précieuse Graminée, dans laquelle M. Duval-Jouve, à qui les Glumacées sont si familières et dont on connait la rare compétence, a reconnu avec transport l'Agropyrum Rouxii, décrit par M. Grenier et lui dans le #lorula massiliensis advena. Deux circonstances donnent à la décou- verte de cette plante sur notre plage un intérêt que tous les botanistes com- prendront et qui a frappé immédiatement M. Duval : d'abord, la constatation bien suffisante aujourd'hui d'un indigénat qu'on aurait pu contester ; de plus, la disparition de cette espèce due à la récente construction d'une fabrique de soude, au lieu même où M. Roux l'avait rencontrée pres de Marseille. Nous (4) Voyez le Bulletin de la Société botanique de France. T, XV, p. XXII 288 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pourrons désormais la considérer comme francaise, et il y a lieu d'espérer qu'on la retrouvera ailleurs chez nous sur le littoral méditerranéen. Nous sommes redevable à M. Reynard, curé de Graissessac, du Corri- giola telephiifolia Pourr., trouvé par lui à Fos et à Faugères. M. Azaïs, de la Salvetat, ancien notaire, a recueilli sur l'Espinouse le Senecio spathulæfolius DC. , qui fleurit là à une époque où les botanistes montpellié - rains herborisent de préférence dans la plaine. Disons un mot d'une Graminée dont nous avons remarqué deux ou trois échantillons incomplets parmi les plantes de M. Martin, pharmacien à Béda- rieux. Ce ne peut être à notre sens qu'un hybride de l'Zgilops triuncialis et du Triticum vulgare (Triticum vulgari-triunciale) ; mais nous n'en. parlons ici que pour appeler sur cette plante l'attention des botanistes de notre région. Souvent, au bord des routes et des fossés qui longentles champs de blé, le vent seme en abondance, sur l'/Z/gilops triuncialis, aussi bien que sur l’ ZZ. ovata, le pollen du Triticum vulgare, et nous ne doutons point qu'on ne rencontre encore, en cherchant bien, l'hybride dont nous venons de parler. 'Terminons en disant que le nombre des amis de la science continue à s'ac- croître dans les montagnes de l'Hérault qui avaient été le moins explorées jusqu'à présent. Nous nous félicitons plus que jamais d'avoir communiqué le goüt de la botanique à ceux qui n'y pensaient point, et d'avoir stimulé et aidé ceux qui déjà avaient formé une collection de plantes sans autre. but que de se distraire. Les matériaux que nous avons recueillis de cette facon et par nos recherches personnelles son tabondants aujourd'hui. Si l'on voulait comparer la flore de l'Hérault à une ruche où le nectar des fleurs est transformé en miel par d'actives ouvrières, on pourrait dire que cette flore s'enrichit constamment, non du nectar des fleurs, mais des (leurs elles-mémes recueillies et préparées avec soin, chaque année, par les nombreux travailleurs dont nous avons parlé. Ce sont là autant de collaborateurs qui font des vœux pour que l'on mette en ordre leurs découvertes dans un travail d'ensemble qui nous manque, hélas ! depuis bien longtemps. Si la flore de Montpellier et de l Hérault est une de nos flores départementales les moins connues, n'est-ce pas à cette absence d'un traité récent et assez complet de nos plantes qu'il faut l'attribuer ? Ce pays classique de la botanique était mieux connu dans sa végétation, il y a deux siècles, que le reste de la France, mieux même qu'aucune partie du globe, et cela a duré longtemps encore aprés Magnol; mais il n'en va plus de même aujourd'hui. La botanique phytographique a marché vite à cóté de nous, et le vif désir qu’on a généralement de voir paraître enfin une flore de Montpellier prouve qu'il y a là une lacune à combler. On sait ici qu'un botaniste de nos amis travaille dans ce but depuis plus de quinze ans. Craignant qu'une pareille entre- prise n'excédàt les forces d'un seul, il nous demanda instamment, il y a long- temps déjà, de lui venir en aide. Nous réfléchimes mürement à l'offre qui nous était faite. Nous tenions surtout, avant de prendre une détermination, à nous SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 289 assurer que nul autre botaniste ne poursuivait sérieusement le méme but, et ce n'est qu'aprés en avoir acquis l'entiére certitude que nous nous mimes sérieu- sement à l'eeuvre. Plusieurs botanistes renommés nous ont encouragés, pressés méme souvent ; mais le temps, élément nécessaire de tous les bons travaux, est surtout indispensable ici. Un botaniste éminent a écrit, il y a plus de vingt aus, que nos plus mauvais livres de botanique se trouvaient surtout parmi les flores locales; cette triste vérité, due sans doute à plusieurs causes, n'est-elle pas imputable le plus souvent à une trop grande précipitation ? Il importe moins, selon nous, de faire vite que de faire bien, et si, dans ces sortes de travaux toujours faciles à critiquer, on ne peut jamais être entièrement irrépréhen- sible, du moins est-il facile et prudent d'éviter le reproche de s'étre trop hâté. Nul ne sait, au début d'un travail de longue haleine, si Dieu lui donnera le temps de l'achever; mais ne vaut-il pas mieux laisser à d'autres des ma- tériaux utiles que de brusquer une œuvre dont personne ne tirerait un vrai profit ? M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : DE LA DÉHISCENCE DES FRUITS, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE, J'ai l'honneur de présenter à la Société, comme complément de mon travail sur la classification morphologique des fruits (1), quelques considérations relatives aux divers modes de déhiscence et sur les expressions que j'ai pro- posées pour les désigner. Il n'existe pas de fruits réellement indéhiscents; les fruits qui sont dits indéhiscents sont ceux qui s'ouvrent tardivement, ou qui s'ouvrent irrégu- lièrement par rupture. L'indéhiscence des fruits est le résultat de causes très- diverses, et sc manifeste par conséquent de diverses manières : Les fruits mous (de consistance charnue on pulpeuse), à graines plus ou moins nombreuses et non renfermées dans des noyaux (baies, pommes, oranges, grenades, fruits des Nymphéacées, des Cucurbitacées, des Cactées, etc. ), sont indéhiscents seulement en ce sens que leurs graines ne deviennent pas libres aussitót qu'elles sont müres, et ne sont mises en liberté que par suite de la déchirure irrégulière du péricarpe (chez les Nymphéacées, par exemple), ou par suite de sa destruction par putréfaction (comme chez Ja pomme, le melon, le raisin, etc.). Ces fruits, dits /ndéhiscents, seraient par conséquent dits plus exactement déhiscents par déchirure. Une autre série de fruits, dits indéhiscents, comprend les fruits pulpeux, à noyaux (ceux des Amygdalées, par exemple) chez lesquels la destruction de (4) Voyez plus haut, pp. 217 et 226, 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la partie charnue du péricarpe ne suffit pas pour mettre la graine en liberté. Il faut, pour que cette graine devienne libre, que le noyau ou endocarpe ligneux s'ouvre, et il s'ouvre en effet à l'époque de la germination de la graine sous l'influence de son gonflement par l'humidité. Ces fruits, d'abord indéhis- cents, sont donc en réalité déhiscents, mais leur déhiscence est tardive. Les noyaux ou endocarpes ligneux ne contiennent généralement qu'une graine, rarement ils en contiennent deux ; les novaux sont donc en réalité des akènes, et ils se comportent comme les akènes, qui presque toujours sont indéhis- cents. Les akènes proprement dits, fruits monospermes à péricarpe sec, sont très- ordinairement indéhiscents ; ils s'ouvrent, comme les noyaux, seulement à l’époque dela germination de la graine. Ce sont des fruits 4 déhiscence tar- dive. — Certains fruits, résultant d'ovaires pluricarpellés et pluri-ovulés, sont monospermes, par l'avortement d'une partie des carpelles ou loges et des ovules, et se comportent au point de vue de la déhiscence comme les akénes. Selon le nombre des carpelles qui entrent dans la composition de ces fruits, la déhiscence peut avoir lieu par une ou plusieurs lignes. D'autres akènes sont le résultat de la désagrégation des carpelles mûrs, chez les fruits polycarpellés, à carpelles libres monospermes et de consistance sèche à la maturité (par exemple, les fruits des Renonculacées, des Alismacées, elc.). J'arrive aux fruits déhiscents proprement dits, qui, tous, sont de consistance sèche ou coriace, et généralement sont polyspermes, qu'ils résultent d'un seul carpelle (comme chez les Légumineuses) ou de plusieurs carpelles libres (comme chez un certain nombre de Renonculacées, etc.), ou qu'ils soient le résultat de la réunion de plusieurs carpelles soudés entre eux. Les principales sortes de déhiscences ont été et sont encore désignées sous les dénominations de déhiscence septicide, déhiscence loculicide et dé- hiscence septifrage. La déhiscence dite septicide, appliquée aux fruits pluriloculaires, ne me paraît pas inériter le nom de déhiscence : c'est unesimple désagrégation des carpelles qui deviennent indépendants l'un. de l'autre par la cessation de l'adhérence des parois en contact, adhérence qui, avant l'époque de la maturité, donnait lieu aux cloisons. Ces carpelles, devenus libres entre eux, s'ouvrent isolément par l’écartement de leurs bords, c'est-à-dire par une fente qui s'établit dans Ja longueur de leur suture interne (quelquefois aussi par la rupture longitudi- nale de leur nervure dorsale). L'expression déhiscence septicide, qui signifie déhiscence par la coupure des cloisons, devrait donc étre remplacée par l'ex- pression désagrégation septicide, et le mot déhiscence être réservé au mode d'ouverture du carpelle ou loge pour la mise en liberté des graines müres. Les fruits uniloculaires, polyspermes, à un seul ou à plusieurs carpelles, ont été dits à déhiscence septicide, lorsqu'ils s'ouvrent par suite de la rupture, ou séparation, ou écartement, des bords carpellaires qui constituent la suture SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 291 ventrale, s'il s'agit d'un fruit monocarpellé (celni des Légumineuses, par exemple), et aussi lorsqu'il s'agit des sutures qui unissent bord à bord les feuilles carpellaires ou carpelles dont se composent les fruits uniloculaires, plu- ricarpellés, polyspermes. Ces diverses sortes de fruits sont bien réellement déhiscents, mais l'expression à déhiscence septicide, qui leur est appliquée et qui signifie 4 cloisons fendues, est impropre, puisque des fruits unéloculaires ne peuvent présenter de cloisons. Pour les fruits de cette classe, qui se com- posent d'un seul carpelle, et pour les carpelles devenus libres et s’ouvrant par la suture ventrale, j'ai proposé l'expression déhiscence suturale carpellaire (le fruit des Légumineuses et celui des Renonculacées, à carpelles polyspermes devenant libres à la maturité, appartiennent à cette catégorie). Pour les fruits uniloculaires composés de plusieurs carpelles unis bord à bord et qui s'ou- vrent par la. rupture des sutures marginales (ou séparation des bords adhé- rents), j'ai proposé l'expression déhiscence suturale intercarpellaire. Les fruits à déhiscence dite loculicide (sorte de déhiscence fréquente pour les fruits capsulaires pluricarpellés chez les végétaux monocotylés) sont. ceux qui s'ouvrent par la rupture longitudinale de la nervure dorsale de chaque carpcelle (que le fruit soit uniloculaire ou qu'il présente des cloisons, cloisons qui occupent la ligne moyenne de chaque valve composée de deux demi-car- pelles accolés). Dans le but seulement de la régularisation de l'ensemble des désignations proposées, j'ai choisi, pour ce mode de déhiscence, l'expression déhiscence dorsale. L'expression déhiscence loculicide (déhiscence par la fente des loges), qui est exacte, peut du reste sans inconvénient étre con- servée, Les fruits à déhiscence dite septifrage, déhiscence qui consiste, comme chacun sait, dans la double rupture longitudinale de chaque carpelle le long de chaque cloison (si le fruit est pluriloculaire) ou de chaque suture (si le fruit est uniloculaire), sont désignés dans ma nomenclature par l'expression : fruits à déhiscence latérale, le mot déhiscence latérale (d. par les côtés des feuilles carpellaires) pouvant s'appliquer aux fruits qui ne présentent pas de cloisons et à ceux qui sont pluriloculaires, tandis que le mot septifrage (brisé au niveau des cloisons) suppose dans tous les cas l'existence de cloisons. — C'est ainsi que l'expression déhiscence septifrage, qui peut convenir pour les siliques des Crucifères, est inexact pour les siliques des Chelidonium, tandis que l'expres- sion déhiscence latérale convient également pour les unes et pour les autres. Chez ces fruits, chaque va/ve représente la partie dorsale de chaque carpelle, et ne porte par conséquent pas les graines, les cordons placentaires étant généralement une dépendance des bords dont la réunion constitue les sutures. Relativement aux déhiscences incomplètes ou poricides, par des fentes qui n'occupent qu'une partie de la longueur des feuilles carpellaires, fentes sou- vent réduites à des trous ou pores, on sait que ces déhiscences doivent étre 292 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rattachées, soit à l'un, soit à l'autre des types de déhiscence précédemment énu- mérés ; il est donc utile dans la description, soit du genre, soit de l'espèce dont le fruit est à déhiscence incomplète, d'indiquer autant que possible d'une manière précise ce qui a lieu pour la formation de l'ouverture partielle du péricarpe. Une derniere classe de déhiscences trés-bizarres et bien connues est la déhis- cence qui a lieu par la rupture transversale du péricarpe (que ce péricarpe soit composé d'un seul ou de plusieurs carpelles, ou qu'il provienne, soit d'un ovaire libre, soit d'un ovaire adhérent). Ce mode de déhiscence est connu sous le nom de dékhiscence en pyxide. Je trouve plus clair et plus simple de se servir de l'expression déhiscence transversale ou déhiscence circulaire. — Dans les cas de déhiscence transversale, sile fruit est polysperme, uniloculaire on pluriloculaire, chaque loge étant continue, ce fruit ne présente qu'une simple rupture, qui suffit à mettre toutes les graines en liberté (tel est le fruit dans les Hyoscyamus, Anagallis, Lecythis, etc.). Dans le cas où le fruit est uniloculaire, polysperme, interrompu par un étranglement entre chaque graine et la suivante (chez certains genres de la classe des Légumineuses, par exemple), une rupture circulaire se produit au niveau de chaque étranglement, et chaque article séparé constitue une sorte d'akène dont la graine n'est mise en liberté qu’à l'instant dela germination. — Ces fruits, dits articulés, doivent être dits articuleux ; le mot articuleux que je demande à introduire dans le langage signifie proprement composé de plusieurs articles, le mot articulé signifie : dont la base est fixée au support par une articulation. M. le Président demande à M. Germain de Saint-Pierre s’il ne croit pas qu'il y ait quelque inconvénient à substituer, à une nomen- ciature consacrée par l'usage, une nouvelle terminologie qui peut ne pas être elle-même à l'abri de la critique, et s’il ne craint pas qu'il n'en résulte quelque ambiguité. M. Germain de Saint-Pierre répond que, trés-partisan lui-même du principe qui interdit l'introduction de néologismes inutiles dans le langage scientifique, il pense cependant que de nouvelles idées peuvent rendre utile l'introduction de mots nouveaux, et que des choses distinctes doivent être exprimées par des termes distincts. L'exactitude et Ja clarté des faits, dit-il, ne sont possibles, dans les descriptions, que par l'usage de termes eux-mêmes clairs et exacts; on ne peut que gagner, par exemple, à renoncer à dire qu'un fruit sans cloisons est à cloisons fendues, à ne pas confondre la désagré- yation des carpelles entre eux avec la déhiscence ou ouverture de chagre carpelle en particulier, etc.; ce qui n'empéche pas de rap- SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 293 peler (sous la forme synonymique) les expressions anciennes et moins exactes qui étaient précédemment usitées. M. Bescherelle présente un manuscrit de Persoon, contenant la description de Champignons exotiques, et transmis à la Société par M. le docteur Léveillé qui fait demander à la Société si elle serait disposée à le publier. — Cette demande est renvoyée à la Commis- sion du Bulletin. M. Chatin signale l'apparition du Pirola minor dans un bois de création récente (1842), situé prés des Essarts-le-Roi (Seine-et- Oise) et dit dois de la Caserne ; cette plante croit, en trés-nombreux échantillons, sur des terrains remués pour l'extraction de la pierre meuliére, et qui précédemment étaient occupés par des moissons. M. Chatin ajoute que cette année il n'a pu rencontrer d'Oronge dans des localités, voisines des Essarts, où il avait trouvé anté- rieurement ce Champignon en abondance. M. Cosson, qui avait signalé la présence de la Trufle aux environs de Thurelles prés Dordives (Loiret), dans des terrains sablonneux, dit qu'il a été à méme de constater cette année que le sous-sol est marneux dans cette localité. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : SUR LE NOM PRINCEPS DU SPOROBOLUS PUNGENS auct., pr M. J. DUVAL-JOUVE. (Montpellier, & novembre 1869.) A l'occasion d'une communication que j'ai eu l'honneur de faire à la Société sur le Sporobolus pungens (ci-dessus, p. 107), j'ai voulu rechercher quel est, et à qui appartient réellement le nom princeps de cette espèce, ordinairement rapporté à Schreber : « Agrostis pungens Schrb. Græs. II, p. A6, t. XXVII, fig. 3. » Mais ce tome de l'ouvrage de Schreber, commencé peut-étre en 1772, aprés la publication du premier tome, n'a été publié qu'en 1779, jusqu'à la page 88 seulement, et le reste, jusqu'à la page 160, n'a paru qu'en 1810, comme l'auteur le dit lui-méme dans la préface de ce tome. Or, il y a deux noms antérieurs à celui de Schreber, savoir : Phalaris disticha Fovskál Desertpt. p. 175; 1765; Agrostis arenaria Gouan JU. et descr. p. 3; 1773. Le nom de Forskál, bien que cité par Willdenow, Ræœmer et Schultes, Kunth, Steudel, etc., peut susciter des doutes, attendu l'insuffisance de sa diagnose : « Phalaris (disticha) panicula mutica ovata, foliis distichis involutis, culmo 294 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » ramoso repente » l. c., laquelle pourrait tout aussi bien convenir à la plu- part des pieds d’Æ{luropus littoralis. Dès lors, on semble autorisé à ne pas remplacer un nom bien connu par un nom très-douteux. Mais la description de Gouan est excellente et ne peut laisser ancun doute ; aussi le nom imposé par cet auteur est-il affirmé en synonymie par Lamarck, Willdenow, Kunth, Steudel, etc. Jela reproduis ci-dessous complétement : « 9. AGROSTIS arenaria, panicula spicata æquali mutica, foliis fasciculatis, » radice repente. » Gramen radice repente, panicula densa, spicata, spadiceo-viridi, locus- » [is exiguis, muticis Scheuchz. Agr. p. 130, licet id nomen A gr. stoloniferæ » imposuerit Linnæus (1). » Ad mare frequens; et Narbone D. Pech. Radix stolonifera, geniculis cre- » brioribus. Culmi plures, folia rigida, uncialia, involuta more Arundinum » acuminata ; vaginis rubescentibus latioribus. Panicula subspicata obscure » viridis, glumis calycinis æqualibus » l. c. Ainsi, à mon avis, le nom de Gouan doit étre considéré comme princeps, et notre plante doit s'appeler : Sporobolus arenarius Gouan ///. p. 3; 1773 (sub : Agrostis). Agr. pungens Schreb. Græs. I, p. ^6; 1779. Ajoutons que cette épithète convient parfaitement à cette plante qui, dans les sables maritimes des plages de la Méditerranée, émet des stolons si vigou- reux que, sur la plage de Palavas, j'ai constaté, avec MM. André, Barrandon et Richter, qu'ils atteignent ou dépassent méme 10 mètres de long. NOUVEAU SUPPLÉMENT AU CATALOGUE DE PLANTES PHANÉROGAMES , RARES OU PEU COMMUNES DANS LA CIRCONSCRIPTION DE LA FLORE PARISIENNE, TROUVÉES A SAINT- GERMAIN-EN-LAYE OU AUX ENVIRONS, AVEC L'INDICATION, POUR CES ESPÈCES, DE LOCALITÉS QUI NE SONT PAS MENTIONNÉES DANS LA FLORE DES ENVIRONS DE PARIS, pr Ml. Louis BRISOUT DE BARNEVILLE (2). (Saint-Germain, 10 novembre 1869.) Spergula pentandra L. — Se trouve dans la plaine sablonneuse qui est entre Poissy ct Triel ; en fleur et en fruit mûr, avril et mai 1869. (L. B.) Radiola linoides Gmel. — Chambourcy. (L. B.) Geranium sanguineum I. — Route de Conflans, un peu au delà. de la croix de Noailles, dans la forét de Saint-Germain; en fleur, 30 mai 1869. (L. B.) Hypericum quadrangulum L. — Parc de Chambourcy ; juillet 1869. (L.B.) (1) Cette citation de Scheuchzer est très-importante, car la description donnée par ce pére de l'agrostographie se rapporte avec une admirable exactitude au Sporobolus pun- gens auct. (2) Voyez le Bulletin, t. XV (Séances), pp. 21-25. SÉANCE DU 1? NOVEMPRE 1869. 995 Fumaria densiflora DC. — Carriéres-sous-bois; Mareil; Demonval ; Marly-le-Roi; entre Poissy et Triel, dans la plaine. (L. B.) Sinapis Cheiranthus Koch. — Dans la plaine qui est entre Poissy et Triel. (L. B.) [satis tinctoria L. — Anciennes carrières au-dessous de la terrasse de Saint- Germain ; en fleur, mai 5869. (L. B.) Helianthemum guttatum Mill. — Achères ; entre Poissy et Triel, dans la plaine. (L. B.) Ulex nanus Sm, — Friches d'Aigremont; en fleur, juillet et octobre 1869. (L. B.) Trigonella monspeliaca L. — J'ai trouvé cette plante rare au Vésinet, à deux localités : sur l'ancien emplacement du chemin de fer avant la route de Croissy, et dans une grande et ancienne sablonnière près de la route de Sar- trouville et du chemin de fer de Saint-Germain (en fleur et en fruit, mai 1869). Aux environs de Poissy, je l'ai aussi recueillie dans une ancienne sablonnière voisine de la ferme de la Grange-Saint-Louis (en fleur et en fruit, mai 1868. en fruit, 1869), et dans une autre sablonnière abandonnée située sur le côté droit de la grande route de Triel (en fruit, 1869). Cette espèce est déjà indi- quée au bois du Vésinet (Paul de Bretagne) et à Poissy (de Boucheman), dans la Flore des environs de Paris de MM. Cosson et Germain, 2* édit. p. 156, ct méme auparavant, pour la localité de Poissy, dans les Additions à la FI. des environs de Paris de M. Cosson, p. 22. Cependant, j'ai pensé que la connais- sance précise des endroits où j'ai récemment rencontré cette plante pourrait être agréable aux botanistes qui voudraient la chercher. Trifolium striatum L. — Se trouve dans la plaine qui est entre Poissy el Tricl ; en fleur, mai et juin, en fruit mûr, juin et juillet 1869. (L. B.) Vicia villosa Roth var. glabrescens Koch. — Bois de la plaine qui est entre Poissy et Triel ; en fleur, juin 1869. (L. B.) Corrigiola littoralis L. — Se trouve dans la plaine qui est entre Poissy et Triel ; en fleur, octobre 1869. (L. B.) | Scleranthus perennis L. — Trouvé dans un champ en friche de la plaine qui s'étend entre Poissy et Triel, où il était assez abondant: en fleur et en fruit, mai et juin 1869. (L. B.) T'illea muscosa L. — Forêt de Saint-Germain, sur la gauche de la route de Conflans, un peu avant d'arriver à la maison de garde de la Croix -de-Saint - Simon ; 30 mai 1869. (L. B.) Sedum elegans Lej. — Environs de Chambourcy, notamment dans une châtaigneraie qui touche aux Tailles-d' Herbelay ; bois qui se trouve entre l'aque- duc de Marly et Marly-le-Roi, et châtaigneraie située entre ce bois et la grande route de Louveciennes; bois de l'Étang-la-Ville. (L. B.) u Fragaria collina Ehrh. — Bois de la plaine d'Acheres, du cóté de la porte de la forêt de Saint-Germain dite d'Acheres ; mai 1869. (L. B.) 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Carum Carvi L. — Le 7 mai 1869, j'ai trouvé cette plante en fleur dans le bas des prairies de Grandchamp près Saint-Germain, où elle a été introduite sans aucun doute. Cette espèce, également introduite, peut-être accidentelle- ment, dans l’ancien bois du Vésinet et sur la terrasse de Saint-Germain, v per- siste depuis plusieurs années et paraît tendre à s'y naturaliser, je l'ai encore observée dans cette dernière localité, fleurissant au milieu des herbes, en mai 1869. Peucedanum Chabra i Gaud. — Prairies humides entre le Pecq et Carrières- sous-bois ; septembre 1869. (L. B.) Myosotis stricta Link. — Se trouve dans la plaine qui est entre Poissy et Triel ; mai 1869. (L. B.) Echinospermum Lappula Lehm. — Sur un vieux mur du côté de Carrières- sous-bois ; Mignaux prés Poissy. (L. B.) Solanum nigrum L. var. miniatum (S. miniatum Bernh.). — Route de Poissy, dans la forêt de Saint-Germain; en fruits mûrs, 5 et 9 octobre 1869. (L. B.) Veronica Buxbaumii Ten. — Terrasse de Saint-Germain ; en fleur et en fruit, avril et mai 1869. (L. B.) Veronica precoz All. — Se trouve dans la plaine qui est entre Poissy et Triel ; avril 1869. (L. B.) Veronica acinifolia L. — Se trouve dans la forêt de Saint-Germain, sur l'avenue des Loges, près de la route de Conflans, et dans une allée (à droite de cette avenue) où l'on dépose habituellement du bois ; en fleur et en fruit, avril et mai 1869, et années précédentes. (L. B.) J'ai cru utile de mentionner de nouveau ici cette plante pour en mieux pré- ciser les localités. Veronica verna L. — Trouvé sur le bord d’un bois dans la plaine qui s'étend entre Poissy et Triel; en fruit, 5 juin 1869. (L. B.) Veronica Teucrium L. var. prostrata (V. prostrata L.). — Forêt de Saint-Germain, du côté des anciennes carrières d'Achéres, en fleur, 29 avril 1869. (L. B.) Vaccinium Myrtillus L. — Croit dans une châtaigneraie située prés de la grande route de Louveciennes, où il ne se trouve que dans un espace trés- restreint. Il y a huit ans que M. Doyen, secrétaire adjoint de la Société d'hor- ticulture de Saint-Germain, a découvert cette plante à cette localité, où je l'ai recueillie avec lui le 7 mai 1868. Précédemment, j'ai déjà indiqué dans cette châtaigneraie le Genista sagittalis et le Sedum elegans. Valerianella coronata DC. — Je l'ai trouvé en abondance dans quelques champs de la plaine qui s'étend entre Poissy et Triel ; mai, juin et juillet 1869. Centaurea aspera L. — Se trouve à l'ancien bois du Vésinet, dans le gazon, parmi les luzernes de l'ancienne route Royale, au delà du rond Royal, en fleur et en fruit, septembre 1868 et 1869. (L. B.) Cette plante a été introduite à la SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 297 localité citée, pent-étre accidentellement avec des graines de luzerne, et y persiste depui: quelques années. Elle est indigène dans l'ouest et le midi de la France. Arnoseris minima Koch. — Se trouve dans la plaine qui est entre Poissy et Triel ; en fleur et en fruit, 3 juillet 1869. (L. B.) Hypochæris glabra L. — Dans la plaine qui est entre Poissy et Triel ; juillet 4869. Aigremont. (L. B.) DBarkhausia setosa DC. — Trouvé, le 8 juillet 1869, en fleur et en fruit, daus la prairie qui est prés de Port-Marly. (L. B.) Crepis tectorum L. — Mignaux près Poissy ; en fleur et en fruit, 23 juin 1869. Orgeval. (L. B.) Xanthium Strumarium L. — Trouvé sur le bord de la Seine (rive droite) entre le pont du Pecq et celui du chemin de fer de Saint-Germain ; fin d'aoüt et commencement de septembre 1869. (L. B.) Euphorbia Gerardiana Jacq. — Bois de la plaine qui est entre Poissy et Triel ; juin 1869. (L. B.) Betula alba L. var. pubescens Spach (B. pubescens Ehrh.). —Tailles-d'Her- belay. (L. B.) Orchis galeata Lk. — Anciennes carrières au-dessous de la terrasse de Saint-Germain ; en fleur, mai 1869. (L. B.) Orchis Simia Lmk. — Octogone du bout de la terrasse de Saint-Germain; en fleur, mai 1869. (L. B.) Cette espéce avait déjà été trouvée à cette loca- lité, dans les années précédentes, aux herborisations de MM. Chatin et de Schenefeld. Orchis mascula L. — Bois humide près de la ferme de Retz; en fleur 24 avril 1869. (L. B.) Carex remota L.— Grandchamp près Saint-Germain; parc de Chambourcy ; parc de Mignaux prés Poissy. (L. B.) Carex maxima Scop. — Se trouve près de la ferme de Retz dans la partie marécageuse d'un bois; découvert en 1866 et revu le 24 avril 1869; parc de Mignaux. (L. B.) Cette plante est déjà indiquée, d’après Lepeletier de Saint- Fargeau, à l'Étang près Saint-Germain, dans la Flore des environs de Paris de MM. Cosson et Germain ; je puis ajouter qu'elle est abondante dans le parc de l'Étang. LETTRE DE M. L'ABBÉ MEÉGEVILLE. Notre-Dame de Garaison, 5 aoüt 1869. A Monsieur le Président de la Société botanique de France. Je viens de recevoir le numéro du Bulletin de la Société, qui donne le compte rendu de la session extraordinaire, ouverte à Pau le 10 août 1869. Ma surprise n'a pas été légere, lorsqu'en le lisant, je suis arrivé à la note D du 298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rapport sur la course de Panticosa à Cauterets par le Marcadau , rédigé par M. Timbal-Lagrave (1). Notre savant confrére a probablement commis quel- ques erreurs dans ses observations critiques sur le Saxifraga mixta Lap. La Société, qui n'a d'autre but que le progrès de la botanique, voudra bien me permettre. de les relever dans l'intérét de cette belle science. M. Timbal m'accuse d'avoir gratuitement introduit l'élément d'hybridité dans mes recherches sur les Saxifrages de nos montagnes. Cette inculpation ne peut s'adresser qu'à mes S. muscoidi-exarata, muscoidi-grenlandica et aizcidvides Dans quel sens ai-je parlé de ces plantes? Le voici en quelques mots extraits de mon Étude comparative des Saxifrages de nos Pyrénées. Je commence par le S. muscoidi-exarata, et je dis que s’il y a des motifs de l'envisager comme une véritable espèce, certaines circonstances de son organisme accusent ouvertement une anomalie florale (2). Je passe au S. muscoidi-gramlandica, et je répète avec M. Grenier (de Besancon), dont l'autorité en vaut une autre : Relativement à votre hybride, il a été trouvé au Monné (de Cauterets) en 1852, par M. de Jouffroy, qui, le 8 janvier 1855, m'en a envoyé de beaux exemplaires, avec une excellente description prise sur le vif (3). J'arrive au S. aëzoidoides, et j'ajoute : Que notre plante soit une espèce légitime ou un hybride du S. autumnalis et de quelque autre Saxifrage alpine, peu importe (h). Je le demande à tous les phytographes de l'univers : Est-ce là inventer tout un système d'hybrida- tion pour faire accepter une thèse hasardée ? Impossible de prévoir l'époque où la science prononcera son verdict sans appel au sujet de la détermination de nos trois Saxifrages. Mais, comme point de départ pour les floristes qui vou- dront les étudier de nouveau, il me semble opportun d'étayer ce qui précède de quelques renseignements relatifs à leur habitat et à leur mode de végétation. Le S. aizoidoides, qui ne croit pas en touffes comme le S. antumnalis, foi- sonne au sommet méridional du Gabiédou, dans l'endroit où a été récolté, en septembre 1857, le Borderea pyrenaica (Dioscorea pyrenaica Bubani). Cramponné à la région des neiges, et mêlant ses touffes solitaires aux toufles agglomérées des S. greenlandica et muscoides, le S. muscoidi-grænlandica est si rare qu'il faut tout un été pour en réunir un petit nombre de spécimens. Le S. muscoidi-exarata vit en société de l'Actca spicata, parmi d'innom- brables pieds de S. nervosa et muscoides, autour d'un assez grand rocher, dans une aire de quelques mètres carrés, à peu de distance de la chapelle de Héas, non loin du pont de Tord-Vengut, un peu au-dessus du sentier du val de Touyere. Aux botanistes descripteurs, le soin de bien interpréter ces faits, qui (1) Bulletin, t. XV, session de Pau, p. LXXXVI. (2) Ibid., t. XII (Séances), p. 63. (3) Ibid., p. 66. (4) Ibid., p. 68. SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 299 me semblent légitimer le vague de mes définitions, notamment à l'égard des S. muscoidi-graomlandica et muscoidi-exarata (1). D'aprésla note de M. Timbal, je serais porté à réunir le S. grenlandica Lap. au S. pubescens Pourr. N'est-il pas évident que j'incline à les séparer ? Voici mes propres paroles consignées dans Ie Bulletin de la Société : « En me » permettant ce rapprochement, je n'ai point la prétention de vouloir insinuer » la possibilité de l'identité physiologique des S. pubescens et grœænlandica. Un > savant botaniste, M. Clos, dans ses notes publiées sur l'herbier de Lapeyrouse » et d’après les exemplaires de cet herbier, les suppose distincts, en établissant » que le S. mixta Lap. se confond spécifiquement avec le S. pubescens Pourr. » Je n'ai d'autre but que d'insinuer aux floristes descripteurs que les carac- » tères diagnostiques assignés à ces deux espèces par nos vieux classiques ne » les différencient peut-être pas assez (2).» On peut voir parlà combien je suis éloigné de vouloir identifier avec le S. pubescens Pourr. le S. grænlandica Lap.; mais, il me sera bien permis de le dire, c'est mon sentiment. que les S. grœnlandica et mixta de ce dernier auteur ne constituent qu'une espèce (3). Lapeyrouse, au reste, termine sa diagnose du S. grænlandica par ces mots : Fleurs blanches, avec trois lignes pourpres à chaque pétale ; et celle de son S. mixta par ces autres : Fleurs blanches, avec trois lignes rouges réunies à la base de chaque pétale. Enregistrée par le célèbre naturaliste sur deux formes végétales qui offrent le méme faciès et habitent les mêmes localités, cette identité des pétales n'a-t-elle pas sa signification ? Notre savant confrère affirme carrément l'identité du S. ciliaris de Lapey- rouse et de Ja plante que j'ai toujours prise pour le S. grenlandien et mixta de cet auteur. Tous les botanistes ne pourront se ranger à son avis. Le rap- prochement qui suit va nous en fournir une démonstration péremptoire. Reproduisons d'abord la diagnose de notre S. grenlandiea (S. grænlandica et mixta Lap. ex me) (S. mixta et ciliaris Lap. ex Timbal) : « Panicula pauciflora, angusta. Sepalis ovalibus, rotundatis. Petalis albis, » amplis, plus minusve continuis, minime unguiculatis, triplici nervo pur- » pureo obsignatis, calycis lobos valde excedentibus. Stigmatibus planis, » fimbriatis, Pericarpio incluso. Seminibus ovatis, linearibus, fuscis, nervosis » et leviter tuberculosis. Foliis novis late et pallide virentibus, eleganter ner- » vosis, brevibus aut longis, dense aut laxe imbricatis, petiolo levi largo ct » confuse 4-sulcato munitis, 3-9 lacinias lineares, obtusas apice ferentibus, » siepe. 3-fidis in regerminationibus et caulibus ; veteribus nerviis, obvol- x (1) Tout botaniste qui ne verra qu'en détail, sur le see, on dans les herbiers, les S. muscoidi-exarata, muscoidi gronlandica, et bien d'autres formes rares et mobiles, les prendra certainement pour des types, et, s'il les décrit comme espèces, s'exposera à n è- tre que le continnateur de Lapeyrouse. (2) Bulletin, t. XII (Séances), pp. 62-05. (3) Ibid, p. 62. 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » ventibus truncos herbaceos, sublignosos aut lignosos, et columnas adjunctas » nigras aut fuscas laxas aut coarctatos efficientes. — Planta 5-10 centime- » trorum, viscosissima. » Crescit in montibus Pyrenæis, gallicis et hispanicis, in valle Méas, prope » Baréges (À). » A la suite de cette diagnose, placons la description que donne Lapeyrouse de son S. ciliaris et les observations dont il l'accompagne : « Foliis caulinis cæspitosis, papillosis, cuneiformibus, imis integerrimis, » spathulato-linearibus, sparsis, terminalibus dilatatis , lineari-trilobis, omnibus » ciliatis ; scapo subnudo ; floribus capitatis ; petalis obovatis calyce duplo lon- » gioribus. Fleurs blanc de lait. » « Sur le revers septentrional du port de Bénasque et de la Picade, 1815. » M. Ferrière. » « Elle forme des gazons serrés, composés de petites tiges stériles d'un demi- » décimètre de hauteur, garnies de feuilles éparses, tendres, couvertes de » papilles, entières, presque spatulées ; les terminales trilobées, à longs lobes » linéaires, portant sur leurs bords, et en dessous, de longs poils blancs clair- » semés. Les vieilles feuilles persistent. Les hampes sont presque nues, légère- » ment velues, filiformes, d'un deini-décimètre de hauteur ; 4 à 6 fleurs termi- » nales séparées par une bractée à chacune. Le calice velu, glanduleux, à » divisions obtuses. Les pétales grands, obovés, larges, étalés, une fois plus » longs que le calice, blancs de lait, avec trois nervures vertes divergentes. » Les étamines égalent le calice, les anthères sont aplaties et didymes ; les pis- » tils érigés et parallèles ; les stigmates en regard, plans, couverts de petites » papilles. La capsule renfermée daus le calice; les semences menues, brunes, » cordiformes, trés-aigués au point de leur attache. Deux ans de culture n'ont » point altéré ces formes, ni ces différences (2). » Je tiens de l'obligeance de M. Timbal un spécimen de son S. ciliaris, re- présentant. parfaitement la plante du port de la Canau, de la bréche de Roland et de la plupart des autres cimes qui se dressent autour de la chapelle de Héas à un rayon trés-étendu. Mais, en face du parallélisme précédent, n'y aurait-il pas une certaine témérité à soutenir l'identité de cette espèce avec le vrai S. ciliaris Lap. ? Quant à moi, qui ai consacré une douzaine d'étés consécu- tifs à étudier les Saxifrages de nos montagnes, je ne me souviens pas d'avoir jamais rencontré, dans le cours de mes explorations quotidiennes, le moindre brin de Saxifraga, qui concordàt avec la diagnose de Lapeyrouse. L'existence de cette plante aux environs de Gèdre me parait d'autant plus douteuse, que l'auteur, qui indique son S. grenlandica à la brèche de Roland près Gavar- nie, nous renvoie pour son S. ciliaris aux ports de Bénasque et dela Picade. (1) Bulletin, t. XII (Séances), pp. 20-21. (2) Suppl. hist. pl. Pyr. pp. 55-56. SÉANCE DU 12 NovEMBRE 1869. 301 La méme note insinue l'identité du Saxifraga moschata Lap. et du S. mixta Lap., dont le S. ciliaris Lap., ajoute M. Timbal, doit être considéré comme une forme trés-alpine. Il m'appartient d'autant moins d'élucider cette question complexe et difficile, que Lapeyrouse a porté à l'apogée l'art de tout embrouiller. Mais à coup sûr, la plante décrite par moi sous le nom de S. moschata (1), a aussi peu de rapports avec le S. mixta et ciliaris Lap. que notre S. muscoides avec le S. nervosa. Le S. moschata encombre, presque à lui seul, une aire d'environ 10 kilomètres carrés dans la partie sud-est de la chaîne du Camp- Long, comprise entre Gédre et Héas; et le S. mixta est vulgaire sur le plateau qui se déroule au pied de la tour la plus élevée de cette chaine. Quiconque voudra se donner la satisfaction d'escalader ces pentes rocheuses pour les aller contempler l'an à cóté de l'autre, n'aura jamais la pensée de les rattacher à un méme type. Ceci, pour le dire en passant, prouve combien M. Grenier (de Besancon) a eu raison de m'écrire le 1*" août 1862 : « Il faut donc de toute » nécessité refaire sur le vif l'étude de ce groupe de Saxifraga pyrénéens, » fixer la limite de chaque espèce, sans se préoccuper des noms de Lapey- » rouse (2). » Le phytographe qui ne mettra pas en pratique ce sage conseil, s'exposera à faire fausse route et à n'enfanter que des ténèbres. C'est à tort que notre éminent confrère présume que M. Bordère m'a peut- étre induit en erreur, en distribuant la plante des environs de Gédre sous le nom de S. pubescens Pourr. Je ne crois pas avoir jamais recu cette Saxifrage de l'obligeance de M. Bordère ; par une sorte de tempérament assez difficile à concevoir, nous sommes aussi réservés l'un que l'autre à nous faire de pareilles communications. N'ayant plus rien à déméler avec ladite note, je viens, Mousieur le Président, vous demauder la permission de répondre ici à une objection qui m'a été faite au sujet du S. nervosa. M. Grenier m'a fait dans le temps l'honneur de m'écrire qu'en admettant l'identité des S. exarata et intricata Lap. , il faisait ses réserves pour le S. nervosa de cet auteur. L'éminent botaniste doute de la croissance de cette espéce dans nos montagnes. Lapevrouse la signale au Mont- Crabère et au Mail-de-Cristal dans les Pyrénées orientales; dans les rochers de Barcugnas, de Cadeil et de Bagnères-de-Luchon, aux Pyrénées centrales. Après lui avoir assigné les mêmes stations, la Flore de France ajoute « qu'elle » se rapproche par ses caractères du groupe du S. geranioides, dont elle offre » les feuilles réduites à l'état de miniature (t. I, p. 647). » Ce point de simili- tude avec le S. geranioides manque à la plante de nos vallées de Luchon, de Baréges et d'Azun. En présence de ce désaccord, on est à se demander si Lapeyrouse n'aurait pas encore ici confondu deux espèces distinctes. Nul doute que mes exemplaires de Barcugnas n'aient une entière conformité avec mes (1; Bulletin, t. XII (Séances), pp. 21-22, 64-65. (2) Ibid., p. 62. T. XVI. ,SEANCAS) 20 302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. exemplaires de Héas et de Gavarnie. Les S. nervosa, exarata et intricata des Pyrénées centrales, me semblent être trois formes d'un méme type (1). La plante des Pyrénées orientales m'est inconnue. Vous le savez, Monsieur le Président, l'observation seule peut résoudre d'une manière satisfaisante les questions litigieuses en botanique. Aprés avoir long- temps discuté, il faudra donc, bon gré mal gré, en venir à la méthode que proposait à ses contradicteurs l'illustre Villars, et se résigner à affronter de nou- veau les granites abrupts d’où émergent nos Saxifrages, pour aller interroger ces gracieux végétaux sur le nom que la main de Dieu a imprimé sur leur faciès : pourquoi ne pas adopter d'ores et déjà ce procédé décisif, au lieu d'enga- ger une lutte stérile ? Veuillez faire choix d'un botaniste qui jouisse de la con- fiance de tous ses confrères, et l'inviter à se transporter à Héas vers le 6 juin 1870, si Dieu nous prête vie. Hébergés gratuitement dans le presbytère de notre chapelle, nous explorerons avec M. Bordère les montagnes de ce vallon, si riches en Saxifrages, et, Dieu aidant, nous verrons de quel cóté se trouve la vérité. NOTE DE M. Antoine LE GRAND SUR QUELQUES SUCCÉDANÉS DU CRESSON-DE-FONTAINE. (Montbrison, 27 octobre 1869.) Plusieurs plantes, répandues dans les environs de Montbrison, présentent à un degré plus ou moins grand les propriétés du Cresson-de-fontaine (Vas- turtium officinale R. Br.) et sont employées fréquemment pour le remplacer. Le Cresson se trouve communément dans la plaine et la région des basses montagnes, mais il manque aux montagnes élevées. Là, on fait grand usage du Barbarea precoz, connu sous le nom de Pied-de-vache, et dont la saveur est encore plus forte que celle du Cresson ; ce sont les feuilles radicales que l'on mange lorsqu'elles sont jeunes. J'ai vu plusieurs fois manger en salade les feuilles du Æanunculus hedera- ceus, qui est. trés-commun dans toutes les mares et les ruisseaux peu pro- fonds des coteaux granitiques et méme de la plaine ; leur saveur est légère. Enfin, sousle nom de Pefit-Cresson-de-fontaine, on estime le Montia rivu- laris, dont la saveur est trés-légére. Cette espèce abonde dans les ruisseaux montagneux, — Les feuilles du Cardamine pratensis sont encore employées, mais bien plus rarement. (4) Bulletin, t. XII (Séances), pp. 93-94. SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869, 303 M. Pérard présente à la Société le travail suivant : QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES CRYPTOGAMES DE L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON ET DU DEPARTEMENT DE L'ALLIER (suite), par Wi. Alexandre PÉRBARD (1. > CHAMPIGNONS. Les Champignons sont très-abondants dans les bruyères, les forêts et les bois de cet arrondissement. On utilise un certain nombre d'espèces pour lali- mentation. Elles appartiennent généralement aux genres Morchella, Boletus, Cantharellus, Agaricus, etc. — Dans mes excursions, j'ai rencontré cà et là le Polyporus radiatus Sow. pl. 196, le Scleroderma verrucosum Pers. et rarement le Geoglossum hirsutum Pers. (tourbières de Quinsaines !!). Quoique venant parmi les Sphagnum, il n’est pas le G. sphagnophilum Ehrb. (d'après la note que M. Léveillé a écrite sur l'étiquette de mes échantillons). Enfin, les Champignons parasites envahissent les espèces d'un certain nombre de nos principales familles phanérogames. Les groupes des Péronosporées, Urédinées et Ustilaginées, y ont de nombreux représentants. D’après les dernières décou- vertes faites par MM. Tulasne et De Bary, on sait maintenant que les genres UE cidium. Uredo et Puccini: ne sont que des formes diverses de la méme plante, en un mot des périodes de la vie d'une plante dont la nature change la progression. Il y a donc un grand remaniement à faire de ce cóté; le groupe formé par les Cystopus et Peronospora, qui a été décrit si clairement par M. De Bary (in Ann. sc. nat. 5^ série, t. XX), verra dépasser certainement le chiffre des 50 espèces environ connues jusqu'à ce jour. Les notions relatives aux Trichiacées sont à l'état embryonnaire, et les Mucédinées offrent. encore un vaste champ aux recherches actives dont elles sont l'objet. AGARICINÉES. AMANITA bulbosa Lam. — Agaricus bulbosus Bull. DG.— Printemps. — Env. de Montlucon, bois de Brignat; taillis des bords du Cher au delà des Iles. — citrina Pers. — Agaricus citrinus Schaf. — Ag. phalloides Fr. —Prin- temps. — Montlucon, bois de la Brosse. — A. €. Ag. pseudaurantiacus — muscaria Pers. — Agaricus muscarius L. Bull. — Automne, — Environs de Montluçon, bois des Modières, bois du Château du Mont.— Vulg. Fausse-Oronge. — Vénéneux. — vaginata Lam. — Agaricus vaginatus Bull. — Lieux onbragés. — Eté. Env. de Montluçon, bords du Cher, taillis au-dessous des Varennes. (1) Voyez plus haut, p. 255. 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. AMANITA cæsarea Pers, — Agaricus aurantiacus Bull. — Ag. cæsureus Schæff. — Commencement d'automne. — Montluçon, bois de la Brosse et de Douguistre. — R. — Vulgairement Oronge-vraie. — Comestible. | — rubescens Fr. — Agaricus rubescens Pers. — Automne. — Montluçon, bois dela Brosse. — C. — speciosa Fr. — Agaricus speciosus Fr. E'picr. — Automne. — Prairies. — Montluçon, bords du Cher, rive droite près du lavoir. AGARICUS L. (Fries Epicr.). AG. (Lepiota) procerus Scop.— A. colubrinus Bull. — Prairies, bois sablon- neux. — Automne. — Montlucon, au delà de Marignon. Désertines. — (L.) granulosus Batsch. Fr. — Automne. — Environs de Montlucon. — (Armillaria) melleus Wahl. — A. annularis Bull. — Sur de vieilles souches. — Automne. — Montluçon, bois de la Brosse. Environs de Nierde. — A. C. — (Tricholoma) spermaticus Fr. — Parmi les feuilles mortes. — Automne. — Montlucon, bois de la Brosse. — (T.) Russula Schæff. Fr. — Automne. — Montluçon, bois de la Brosse. — (T.) geminus Paul. Fr. — Terrestre. — Automne. — Montluçon, au Diéna; bords du Cher, entre Lavaux-Sainte -Anne et le moulin Cha- pelot. — A. C. — (1°) sulfureus Bull. — Terrestre. — Été et automne. — Montluçon, bois de la Brosse. — (T.) gambosus Fr. — Parmi les feuilles mortes, — Automne. — Mont- lucon, petit bois de Fontbouillant. — (T.) personatus Fr. — Terrestre. — Automne. — Montlucon, environs de Pasquis; prairies au-dessus de Nierde. — (T.) nudus Bull. — Terrestre, parmi les feuilles mortes. — Automne. — Montluçon, entre le Cluzeau et Fontbouillant : environs de Pasquis. — (Clitorybe) nebularis Batsch. — A. pileolaris Bull. — Terrestre, parmi les feuilles mortes. — Automne. — Montluçon, bois au-dessus de Marignon ; chemin des moulins, près de Nierde. | — (C.) flaccidus Sow. Fr. — Terrestre. — Automne. — Montluçon, bois de pins de Mariguon ; bois des Modiéres. — (C.) cervinus Fr. — Terrestre. — Automne. — Montluçon, bois de la Brosse. — (C.) cyathiformis Vaill. Bull. Fr. var. tardus. — A. tardus Pers.? — Terrestre et sur les souches humides. — Montluçon, bois des Modières. — (C.) laccatus Scop. — A. amethysteus Bull. part. — Terrestre. — Fin d'été, — Montluçon, bois de pins de Marignon. SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 305 AG. (Collybia) radicatus Relh. Sow. — Terrestre. — Automne. — Montlu- con, bois de la Brosse. — (C.) longipes Bull.— Au pied des arbres. — Été-automne, — Montluçon, bois de chênes et de châtaigniers au-dessus de Nierde. — (C.) fusipes Bull. — A. crassipes Schælf. — Au pied des arbres. — Au- tomne. — Montlucon, bois de la Brosse. — (C.) nigripes Bull. — A. velutipes Curt. — Sur les vieilles souches. — Été et automne. — Montluçon, bois de la Brosse, bois de pins de Ma- rignon. — (Mycena) galericulatus Scop. — Sur les vieilles souches. — Automne. — Jardius de Montlucon. — A. C. — (M.) filopes Bull. — Autour des vieilles souches, parmi la mousse. — Été et automne. — Environs de Montluçon. — C. — (Pleurotus) ostreatus Jacq. Fr. — Sur les vieilles souches. — Automne. Montlucon, petit bois de Fontbouillant. — (E ntoloma) sericeus Bull. Fr. — Prairies. — Automne. — Montluçon, environs de la ferme de Pasquis. — (Leptonia) chalybeus Pers. — Terrestre. — Automne. — Montluçon, bois de pins de Marignon. — (Pholiota) deswuens Brond. Crypt. Agen. — Sur les bois morts et les vieilles souches. — Montluçon, bords du Cher aux Iles, etc. — (Ph.) aurivellus Batsch. Fr. — Sur les bois morts et les vieilles souches. — Montluçon, bois de Chauviere, etc. — (Hebeloma) crustuliniformis Bull. — A. fastibilis auct. Pers. ? — Bois et prairies, — Automne, — Montlucon, bords du canal. — (Flammula) fusus Fr. — A. pomposus Bolt. — Sur les vieilles souches.— Automne. — Montluçon, bois de la Brosse. — (Naucoria) graminicola Nees. Syst. — Automne. — Sur les chaumes de graminées. — Environs de Montluçon. — Cà et là. — (Galera) Hypnorum Schrank. Fr. — Parmi la mousse, dans les lieux humides. — A. C. — (Crepidotus) mollis Schaeff. Fr. — Sur les bois pourris. — Automne. — Environs de Montlucon. — Cà et là. — (Psalliota) edulis DC. Fi. fr. u^ A18. — Friches, bruyères, prés. — Environs de Montluçon, près de la Chátre ; prairies du Montais. — Vulgairement Mousseron. — Comestible. — (P.) æruginosus Curt. — Sur les souches, dans les bois et dans les champs. — Automne, — Environs de Montlucon, aux Gourinats. — (Hypholoma) amarus Bull. A. lateritius Schælf. — Sur les vieilles souches. — Printemps-été. — Montluçon, bois de la Brosse et des Modières. — (H.) sublateritius Schaef. — Sur les bois pourris. — Automne, — Envi- rons de Montluçou, taillis des ravins de Nierde et de Désertines. 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. AG. (Hypholoma) lacrimabundus Bull. Fr. — Terrestre et sur les souches. — Été et automne. — Montluçon. bois de la Brosse. — (Cortinarius) collinitus Fr. — Terrestre. — Automne. — Montluçon, bois de la Brosse. — (C.) mucosus Bull. — Terrestre. — Automne. — Montluçon, bois de la Brosse. — (C.) cinnamomeus L. Fr. — Terrestre, parmi lesfeuilles.— Automne. — Montlucon, bois de la Brosse. — (C.) hæmatochelis Bull. — Cortinarius paleaceus var. Fr. — Verrestre. — Automne. — Montlucon, petit bois de Fontbouillant. — (C) præstans Cordi-r. — Terrestre. — Automne. — Environs de Mont- lucon, taillis du ravin au-dessus de Nierde. — R. — (Paxillus) involutus Batsch. Fr. — Rhymovis involuta Rabh. — Ter- restre. — Été et automne, — Environs de Montluçon. — C. — (Hygrophorus) pratensis Pers. — Terrestre, parmi la mousse. — Automne. Montluçon, bois de la Brosse. — (H.) vitellum Albert, et Schwz.— Hygrophorus hypothegus Fr. — Ter- restre. — Fin d'automne. — Montluçon, bois de pins de Bisseret et de Marignon. — (/1.) coccineus Pers. DC. Fi fr. n^ 500. Bull. ? — Bois, friches.— Au- tomne. — Monutlucon, bois dela Brosse. — (/f.) conicus Scop. Schieff. — A. croceus DC. FI. fr. ne 515. — Lieux secs parini le gazon. — Automne. — Montlucon, bois de la Brosse. — (H.)murinaceus Bull. — Terrestre. — Automne. — Bois de pins de Marignon. — (Lactarius) torminosus Schaeff.— A. necator Bull. part. — Terrestre. — Été et automne. — Montlucon, petit bois de Fontbouillaut. — (L.) controversus Pers. — Terrestre. — Automne. — Montluçon, avenue des Gourinats; bois de la Brosse. €. — Environs de Saulx. — (Z.) piperatus Scop. Fr. — A. acris Ball. tab. 200. — Terrestre. — Vatomne, — Environs de Montluçon, bois des Modières. — (L.) deliciosus L. Schæff. — Terrestre. — Automne. — Montluçon, bois de pins de Marignon. — A. R. — Suspect. — (Marasmius) porreus Fr. Syst, — A. alliaceus Bull. non Jacq. — Parmi les feuilles de chêne, — Automne. — Montlucon, bois de la Brosse. — (M.) oreades Bolt. Fr. — A. tortilis DC. Fl fr. n° 525. — Friches, pâturages, — Automne. — Environs de Montlucon. — A. €. — Vul- gairement Fauz-Mousseron. — Comestible. — (M.) epiphyllus Fr. — Sur les feuilles tombées, celles du lierre surtout. — Automne. — Montluçon, gorge du ruisseau de la Brosse. — Cà et là. SÉANCE DU 1? NOVEMBRE 1869. 307 AG. (Lentinus) tigrinus DC. — Sur les vieilles souches. — Automne. — Envi- rons de Montluçon, rive gauche du canal, entre la deuxième et la troi- sième écluse. — (Panus). stypticus Bull. — Merulius stypticus Lam. — Sur les vieilles souches. — Automne-hiver. — Montluçon, bois de la Brosse. BOLETUS luteus L, — B. annularius Bull. — Automne. — Montluçon, bois de pins au-dessus de Marignon. — piperatus Bull. — Automne. — Montluçon, bois de pins au-dessus de Marignon. — subtomentosus L. — B. chrysenteron Bull. — Automne. — Environs de Montlucon, bois de Crevalat. — luridus Schæf. — B. perniciosus Roques Hist. tab. 7, fig. 4 à 3. — Automne. — Environs de Nierde, prés du ruisseau de Néris. — edulis Bull. Fries, — Fin d'été — Montluçon, bois de la Brosse. — C. — Comestible. — scaber Bull. Fr. Sys/. — Automne. — Environs de Montluçon, petit bois de Fontbonillant. — hepaticus Pers. — F'istulina hepatica Fr. Syst. — Sur les vieilles souches. — Automne. — Environs de Montluçon, ca et là. Bois de Lavaux-Sainte- Anne. Chemin du Cluzeau à Fontbouillant. PoLYPORUS varius Fr. — Automne. — Sur les vieilles souches d'aune, de saule, etc, — Environs de Montluçon, en face de Terre-Neuve. — lucidus Fr. — Boletus vernicosus Berg. — BP. obliquatus Bull. — Au- tomne. — Sur les vieilles souches. — Montluçon, bords du canal. — versicolor Pers. — P. radiatus Sow. tab. 196. — Automne. — Sur les bois morts et en décomposition. — Çà et là. — Lavaux-Sainte-Anne. CANTHARELLUS cibarius Fr. — Agaricus Cantharellus L. — Vulgairement Girolle. — Été et automne. — Vallée de l'Amaron ; forêts de l'Espiuiasse et de Tronçais. — Comestible. CRATERELLUS cornucopioides Pers. — Helvella cornucopioides Bull. — Merulius. DC. — Vulgairement Corne d'abondance. — Bois. — Automne. — Montluçon, taillis entre Brignat et Crevalat, HYDNUM repandum L. — Automne. — Montluçon, bois de la Brosse et de Douguistre ou d'Anguitte. — Suspect. — Comestible suivant quelques au- teurs. — auriscalpinm L. — Automne. — Montluçon, bois de Marignon, sur les cónes de pins. CLAVARIA coralloides L. DC. #7. fr. var. « alba. — Automne. — Montluçon, bois de la Brosse. — Comestible. — amethystea Bull. — Automne. — Montluçon, bois des Modières, — pistillaris L. — Automne. — Montluçon, bois de la Brosse. GEOGLOSSUM hir:utum Pers. Chevall. 77. des env. de Puris, tab. 7, fig. 9.— 305 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Environs de Quinsaines, tourbières près de Le-Méry, parmi les Sphagnum. — R. — Automne. Malgré l'habitat, il n'est pas le G. sphagnophilum Ehrb., d'après M. Léveillé ! LYCOPERDACÉES. SCLERODERMA verrucosum Pers. — Lycoperdon verrucosum Bull. — Automne. — Environs de Montluçon, bruyères et champs incultes près de Bisseret. . GEASTER hygrometricus Fr. — Lycoperdon stellatum Scop. — Vulgairement É toile-de-terre. — Bois sablonneux. — Automne. — Environs de Montlu- con, taillis entre Crevalat et Brignat. CYATHUS striatus Nees. — JVidularia striata Bull. — Lieux sablonneux. — Environs de Montlucon, petit bois de Fontbouillant. — crucibulum Hoffm. — Sur le bois mort. — Montlucon. — Cà et là. PÉZIZÉES. HELVELLA crispa Fr. — H. mitra Bull. DC. Fl. fr. var. alba. — Terrestre. — Automne. — Bois. — Montlucon, bords du Cher, dans les taillis au- dessous des Varennes. — R. — lacunosa Afzel. — H. nigra Berg. — Automne et printemps. — Mont- lucon, petit bois de Fontbouillant. ' MORCHELLA esculenta Pers. — Phallus esculentus L. — Printemps. — Envi- rons de Montluçon, vignes de Couraud. — Peu commun. — semilibera DG. — Printemps. — Environs de Montluçon, vignes de Cou- raud. — A.R. — Morilles, toutes deux comestibles (1). ALGUES. Les Algues d'eau douce ont été également peu étudiées dans notre départe- ment, ainsi que dans les diverses régions de la France. J'ai trouvé dans le Cher, aux Iles, prés de l'embouchure du ruisseau de la Brosse et au bateau du Mas, le Lemanea incurvata Bory (Nodularia incurvata Link, sec. Chevall. F1. par. tab. 1, fig. 13!) submergé et adhérent aux rochers. Ses filaments nais- sent en faisceau et sont tous courbés du même côté. Cette dernière particularité n'étant due sans doute qu'à une cause accidentelle, le courant des eaux, je pense que cette Algue n'est qu'une forme du Z. torulosa Ag. Dans les eaux thermales de Néris-les-Bains, on peut recueillir assez rarement (1) Les déterminations des Agaricinées ont été revues par MM. Léveillé et Cordier.— Les espèces ont été nommées sur des aquarelles, d'une exécution vraiment artistique, peintes d'après nature, par MM. Lucand et Thévenon, officiers au 59e de ligne, La copie de ces aquarelles sera faite pour l'herbier de Montluçon, SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 009 aujourd'hui une Algue d'un beau vert, et qui est! Anabaina monticulosa Bory, Dict. class. XU, p. 182 (peut-être simple variété de son Anabaina thermalis). Cette Algue a été rangée par quelques auteurs parmi les Oscillatoriées. M. Rabenhorst a classé le genre Anaba?na parmi ses Nostocacées. Ces trois grandes classes des Cryptogames Amphigènes, ainsi qu'une partie de celle des Acrogènes, les Mousses et les Hépatiques, réclament une étude spéciale dans le département de l'Allier, attendu qu'il n'a encore rien para jusqu'à ce jour qui les concerne. C'est un long travail à entreprendre, car les espèces de ce vaste embranchement sont probablement beaucoup plus nom - breuses que celles des Phanérogames qui ont été signalées. J'ai donc publié ces listes, ainsi que le résultat de quelques observations, en attendant qu'un travail plus complet puisse étre exposé sur les diverses par- tiès de cette branche difficile de la botanique. Liste supplémentaire des Muscinées de l'arrondissement de Montlucon. PHASCUM cuspidatum Schreb. — Champs, talus. — Montlucon, au Cluzeau. CYNODONTIUM Bruntoni Schimp. — Environs de Montluçon, sur les rochers au-dessous des Maisons-Rouges. FISSIDENS bryoides Hedw. — Talus, lieux ombragés. — Environs de Montlu- con, prés du village de Gironne. — taxifolius Hedw. — Lieux humides, ravias. — Montluçon, cascade du ruisseau de la Brosse, environs des Iles. — adiantoides Hedw. — Talus, lieux pierreux. — Environs de Montluçon, prés du village de Gironne et bois de la Brosse. BARBULA muralis var. rupestris Schultz. — Murs, rochers. — Montluçon, bords du Cher. — lævipila Brid. — Sur l'écorce des arbres. — Environs de Montluçon. — ruraliformis Bescherelle. — Champs. — Environs de Montlucon. GRIMMIA apocarpa Hedw. — Rochers, talus. — Montluçon, au Cluzeau ; bords dela Vernoille. RACOMITRIUM heterostichum Brid.— Lieux sablonneux. — Montluçon, bords du Cher. HEDWIGIA ciliata Ehrh. — Rochers et lieux pierreux. — Environs de Montlu con, bords du ruisseau de Couraud. OnTHOTRICHUM anomalum Hedw. — Rochers. — Environs de Montluçon. — tenellum Brid. — Surles arbres. — Environs de Montlucon. — affine Schrad. — Sur les arbres. — Environs de Montlucon. — diaphanum Schrad. — Sur les arbres. — Environs de Montluçon. — leiocarpum Schimp. — O. striatum Hedw. — Sur les arbres, — Environs de Montlucon, vallée du ruisseau de Néris. 310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ENCALYPTA vulgaris Hedw. — Vieux murs, talus. — Moutlucon, environs du Cluzeau. BRYUM bimum Schreb. — Rochers humides. — Environs de Montluçon, bords du ruisseau de Couraud. MNttM hornum L. — Rochers humides. — Environs de Montlucon, bords de la Vernoille. POLYTRICHUM juniperinum Hedw. — Landes,‘ bruyères. — Montluçon, au Cluzeau; bois de la Brosse. — commune L, — Lieux marécageux ou tourbeux. — Environs de Com- mentrv, bords des mares prés des carrières du chemin des Tuelles. NECKERA crispa Hedw. — Rochers. — Montluçon, gorge du ruisseau de la Brosse. iLOMALOTHECIUM sericeum Schimp. — Sur les troncs d'arbres. — Environs de Montlucon, entre Crevalat et Couraud. BRACHYTHECIUM velutinum Schimp. — Rochers, troncs d'arbres, — Environs de Montluçon, entre Crevalat et Couraud. RHYNCHOSTEGIUM megapolitanum Schimp. — Sur terre ou au pied des arbres. — Environs de Montlucon. — murale Schimp. — Hypnum murale Hedw. — Sur terre et sur les pierres humides. — Montluçon, bois de la Brosse. HYPNUM cuspidatum L. — Lieux humides ou tourbeux. — Montluçon, bois de Douguistre ou d'Anguitte. SPHAGNUM subsecundum var. contortum. — Tourbières. — Env. de Bize- neuille, étang dela Varenne; env. de Commentry, les Tuelles près le Marais. MADOTHECA platyphylla Dum. — Sur les troncs d'arbres et les rochers. — Env. de Montiucon, Saint-Victor, Nafour, etc. RADULA complanata Dum. — Sur l'écorce des arbres. — Montluçon, ravin de la Vernoille. Bois du Brignat. JUNGERMANNIA connivens Dicks. — Lieux humides ombragés, parmi les Sphagnum. — Tourbières près de Le-Méry. ANEURA pinguis Dum. — Lieux humides au bord des ruisseaux. — Env. de Moitlucon, Bateau du Mas, bords du Cher. Riccia glauca. L. — Grèves sablonneuses des étangs et des mares. — Env. de Cérilly, bords du réservoir de la Marmande, M. Eug. Fournier dépose sur le bureau le travail suivant : SUR LA GÉOGRAPHIE DU DÉPARTEMENT DE L'AUDE ET SUR LES STATIONS DES MOUSSES DANS CE DÉPARTEMENT (1), par RE. Casimir ROUMEGUËÈRE. (Toulouse, 1*r octobre 1869.) La nature du sol est excessivement variée dans l'Aude. Les montagnes (1) Un mémoire de M, Roumeguère, intitulé : BRYOLOGIE DU DÉPARTEMENT DE L'AUDE, SÉANCE DU |2 NOVEMBRE 1869. 311 représentent un quart de la superficie du département, et les landes ou bruyères un sixième environ; le sol pierreux équivant en étendue au sol de terreau, et ce dernier ne représente guère que le neuvième de la superficie totale. On distingue trois groupes de montagnes : la Montagne-Noire, les Pyré- nées et les Corbières. La Montagne-Noire couvre la frontière nord et sépare l'Aude du Tarn; c'est une dépendance de la grande chaine des Cévennes a obtenu, le 4°? juillet 1869, une médaille d'or de 200 francs, prix proposé par la Société des scieuces et des arts de Carcassonne. Ce travail, dont la Société a voté l'impression, compren, indépendamment de la description, de la synonymie, des habi- tats constatés et d'une clef analytique des espèces distribuées suivant la classification du Bryologia europea, cinq chapitres successifs : 1? L'histoire de la botanique dans le département de l Aude ei l'origine de la bryologie de ce dépirtement. — L'auteur est allé chercher à Narbonne, dans les souvenirs des personnes studieuses de cette antique cité et dans les Archives publiques, les traces des investigations de deux botanistes célèbres appartenant au siècle dernier : Pech et Pourret. L'époque actuelle est repré- sentée par Delort-Mialhe, décédé il y a quelques années, et par MM. Durieu de Maison- neuve, Théveneau, Maugeret, Lore! et Ozanon, dont M. Roumeguère cite et apprécie les travaux descriptifs se rapportant au territoire qu'il étudie, ainsi que ceux de MM. Rau- lin, Puel et Clos, concernant la partie géographique ; mais ces diverses études sont étran- géres à la végétation eryptogamique, dont on rencontre un seul fragment encore bien pen important dans la statistique du baron Trouvé. 2? La Bibliographie. — Relevé complet de tout ce qui a été publié dans le siècle précédent et jusqu'à ce jour sur les Mousses. 3? La Géographie du département de V Aude et les stations des Mousses. — L'auteur a re- censé deux cent soixante-quiuze espèces ou variétés distinctes, dont trois espèces et cinq variétés sont signalées par lui comme nouvelles. C'est le résultat de vingt années d'her- borisations suivies et persévérantes. Il décrit provisoirement les espèces nouvelles sous les noms de Fissidens narbonensis, Homalia Pourretiana et Brarhythecium Pechii, A ces premiers chiffres, dit-il, ne doivent pas se borner les richesses bryologiques du dé: partement de l'Aude ; il croit, au contraire, que son énumération devra èlre accrue lors- qu’on aura pu étudier divers types encore stériles et constater l'autonomie de plusieurs formes insidieuses dont la dégénérescence ou l'arrét de développement tient encore aux habitat dans lesquels ils ont été signalés. Séduit par l'extrème variété du sol, ajoute l'auteur, lors de nos premières courses dans ce département, qui remontent déjà à plus de vingt années, nous avons souvent exploré depuis et cette année encore, sur divers points, la chaine de montagnes qui le bordent au nord (Cévennes mérilionales) et cette autre chaine, celle des Corbières orientales, qui le traverse du sud-ouest au nord-ouest, Nous avons suivi également, pendant plusieurs années consécutives, les rameaux de ces chaines qui forment eutre eux les vallées transversales, observant ou recueillant partout, au printemps et à l'automne, la végétation bryologique qui parcourt sou évolution prévue de desséchement ou de vitalité, dans les bruyères, les taillis on les bois couverts, sur les rochers dénudés, les collines stériles complétement brülées pendant l'été et verdoyantes après les premières pluies, sur les sables ou les berges des cours d'eau. 4° Une [ntro- duction à l'étude des Mousses. — Dans un cadre relativement réduit, l'auteur fait counai- tre l'histoire de la découverte des deux sexos, qui a illustré, au siècle dernier, Hedwig, Créateur pour ainsi dire de la bryologie, et expose les découvertes les plus marquantes qui, depuis l'apparition du mémoire de M. Unger (1834), sur les anthérozoides, jusqu'aux recher- ches de M, Roze (1865), ont élucidé complétement la fécondation do ces plan'es. il passe successivement en revue les doctrines de MM. Meyen, Brongniart, Bruch et Schimper, Hofmeister, Ogilvie et Decaisne, accompagnant ses citations et ses développements de figures anatomiques empruntées anx publications de ces divers botanistes. >) Entin un Aperçu sur les usages des Mousses, dans lequel est démontré le rôle important que ces vé- gélaux jouent dans l'économie domestique et notamment dans la uature, en servant de berceau aux plantes d'un ordre plus éieve, en aidant à la fixation et à ja fertilité des dunes ainsi qu'à l'assiette des forêts de Coniferes qui s'étendent sur quelques tcios do nos plages maritimes. (Note communiquée par auteur.) 319 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. méridionales, et dont le point culminant est le pic de Nore, qui s'élève à 1210 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les Pyrénées, ou plutôt le contre-fort des Pyrénées qui forme la lisiére occidentale du département, en s'étendant du S. au N., a, en moyenne, une altitude de 800 à 1000 mètres. Cette longue arête porte aussi le nom de Corbières occidentales, elle fait par- tie dela ligne de faite générale qui sépare les deux versants maritimes de l'Océan et de la Méditerranée. Les Corbières qu'il faut désigner sous le nom de Corbiéres orientales, traversent encore le département, dans sa partie méridio- nale, du S.-O. au N.-E. Elles forment deux chaines qui s'écartent dés leur point de naissance vers Axat, savoir : les basses Corbieres, disparaissant au mont Alaric au S.-E. de Carcassonne, et les hautes Corbières, se dirigeant du S.-0. au N.-O. jusqu'à Narbonne et à la mer. Les pics principaux des Cor- bières orientales dans le département sont : le pic Mosset (1464 metres), sur les limites du département des Pyrénées-Orientales, et le pic de Bugarrach (4231 mètres), à l’est de Quillan. Les Corbières sont formées de schistes de transition et crétacés. Les rameaux de montagnes, d'où naissent les vallées transversales, se détachent principalement des Corbières ; les vallées sont nom- breuses, et leur profondeur est d'environ 400 mètres. Le département de l'Aude, au point de vue de la géographie botanique, appartient : 1* à la région des Pyrénées (région montagneuse, grauitique et schisteuse), pour sa portion sud ; 2°à la région d'Aquitaine (région des plaines), pour son développement au nord ; 3° à la région du plateau central (granites et schistes), pour les chainons de la Montagne-Noire et du mont Saint-Félix à l'ouest ; 4^ à la région méditerranéenne (bordure de la Méditerranée), formée par les calcaires. La région des Pyrénées est caractérisée par des schistes cris- tallins et de transition, au milieu desquels se trouvent des granites; dans la partie occidentale, il y a des grés et des poudingues triasiques, puis, dans toute la longueur de la chaine, des schistes et des calcaires jurassiques, crétacés, et méme tertiaires sur quelques points. La région du plateau central comprend, dans la portion de l'Aude à l'ouest, des chainons formés par les terrains pri- mitifs, granitiques et schisteux, rarement par les calcaires. La région d'Aqui- taine, formée en général par des argiles sableuses et des calcaires tertiaires, comprend aussi dans l'Aude le plateau sec de calcaire jurassique qui distingue particulièrement le Quercy. Enfin, la région méditerranéenne est caractérisée principalement par la présence des oliviers. Les règles qui président à la limitation d'une région naturelle au point de vue géographique et géologique, ne sont pas tout à fait les mémes que celles qu'on adopte pour la limitation de la région botanique. M. Raulin a dit, avec raison, que « d'un côté plusieurs régions ont des dimensions inférieures à celles d'un département, se trouvent placées «ans des circonstances climatolo- giques semblables à celles des régions avoisinantes, et ne doivent présenter d’autres différences dans leur végétation que celles qui résultent de l'altitude SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 313 et de la nature du sol : deux éléments qui présentent les mémes variations dans une méme région. D'un autre côté, ajoute le même auteur, il y a des régions dont la longueur est très-considérable du N. au S. , qui font partie de plusieurs bassins hydrographiques et qui, par suite, se trouvant placées dans des circon- stances climatologiques variées, doivent étre partagées en plusieurs sections. » Les variations de hauteur et de profondeur qu'offre le sol de l'Aude presque à chaque pas amènent dans des lieux trés-rapprochés les uns des autres des variations de température remarquables. Ainsi, tandis que dans quelques can- tons dépendant de Corbiéres, des appendices des Pyrénées ou du pays de Sault et de la Montagne-Noire, les habitants resteut pendant plusieurs mois enfermés dans leurs demeures par la neige et les frimas ou passent les trois quarts de l'année sous un ciel brumeux, les autres cantons du département out des hivers sans neige, sans gelée, et jouissent d'un ciel toujours pur et serein, ou encore ne sont nullement sujets aux froids excessifs ou à l'extréme chaleur. A Carcassonne, le thermomètre Réaumur descend bien rarement au-dessous de — 3°; en été, il ne s'éléve guère au-dessus de 28° au chef-lieu du dé- partement, et à 20° et 22° dans les deux arrondissements voisins. A Narbonne, la température movenne est de 13° au printemps; en été, de 25° à 30°; en automne, de 47° à 18°; en hiver, elle se soutient de 7° à 8° au-dessus du point de congélation. Dans la Montagne-Noire, le thermomètre descend rarement plus bas que — 6? et ne s'éléve guère au delà de 23° ou 24°. Dans les Corbières, le thermomètre ne descend pas au-dessous de — 5° et il ne s'y élève pas au-dessus de 25°. A considérer la flore du département de l'Aude d'une manière générale, on peut la répartir en quatre divisions distinctes, savoir: 1? la flore de la grande plaine du S.-O. ou la flore de l’Aquitaine; 2° la flore des régions montueuses du centre de la France ou la flore du plateau central ; 3° la flore des mon- tagnes, qui comprend les Pyrénées; et 4° la flore méditerranéenne. La végétation bryologique du département de l'Aude représente plusieurs catégories d'espèces : 1° celles qui se trouvent partout à peu prés en égale abondance ; 2° celles qui sont abondantes dans la région septentrionale ; 3° celles qui sont abondantes dans la région méridionale ; 4° celles qui sont principalement abondantes dans une région ; 5° enfin, celles qui sont particu- lières à une région. Voici quelques exemples de distribution des Mousses régionales de l'Aude : Dans la première catégorie, figurent les plantes cosmo- polites qu’on distingue aussi sous le nom de plantes françaises ou de plantes vulgaires : les Bryum argenteum, capillare et cæspiticium, Dicranum scopa- rium, Ceratodon purpureus, Funaria hygrometrica, Grimmia ovata, Poly- trichum juniperinum, Hypnum cupressiforme, etc. , Sphagnum cymbi folium. Dans la deuxième catégorie, les plantes parisiennes ou septentrionales, ou encore de la zone intermédiaire : Zrachythecium glareosum et salebrosum, Cylindrothecium Montagnet, Racomitrium lanuginosum, sudeticum, ete, Dans la troisième catégorie, région méridionale, les Barbula chloronotos, mem. 314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. branifolia, cirrata, squarrosa, FISSIDENS NARBONENSIS Nob., rivularts, grandifrons, Barbula inermis, Fabronia pusilla, Funaria convexa, Eurhyn- chium circinatum, Camptothecium aureum, etc. Dans la quatrième catégorie, les Hypnum striatum var. meridionale et les Zurh. circinatum et Barbula chloronotos, déjà nommés dans la zone méridionale. Dans la cinquième caté- gorie, les Andreca dans la zone alpine; les Diphyscium et les Buxbaunia dans la zone subalpine; le Grinmia maritima sur les rochers du littoral. Sous le point de vue de l'altitude, les Mousses de l'ÀAude appartiennent à cinq zones particulières qui peuvent motiver cinq divisions d'espéces : Les Mousses littorales, celles qui ont besoin du sel marin dans le sol ou de ce qu'on appelle l'air de la mer, pour être dans leurs conditions normales d'exis- tence, Exemple : le Grimmia maritima. (C'est la seule Mousse qui, avec le Pottia Heimii, s'accommode des immersions d'eau salée.) Les espèces des pays de plaines ou de la zone champêtre (régions dans les- quelles la Vigne peut végéter, jusque sur les points culminants, moyenne de hauteur 400 mètres). Exemple: Grimmia ovata. Les espèces de la zone montueuse (8 à 1200 mètres de hauteur), apparte- nant au plateau central, aux parties hautes du Languedoc et les basses pentes des régions montagneuses. Exemples : Barbula tortuosa, Racomitrium fas- ciculare, Bartramia Halleriana, etc. Les espèces de la zone subalpine (18 à 1900 mètres), pour la partie moyenne des pentes des Pyrénées et pour la Montagne-Noire sur les limites de l'Aude. Exemples : Dicranum Schraderi, Barbula aciphylla, Plagiothecium denti- culatum, Limnobium molle, etc. Les espèces de la zone alpine, appartenant aux parties du sol pyrénéen qui sont plus élevées. Exemples : Polytrichum alpinum, Grimmia funalis et alpestris, Webera polymorpha, Cinelidium stygium, etc. Le substratum des Mousses est des plus variables. Bien que la majeure par- tie soit terrestre, on retrouve souvent les espèces de cette première catégorie végétant indifféremment sur les écorces et sur les pierres. Tels sont les Bar- bula ruralis, Weisia cirrata, Leptodon Smithii, Neckera crispa, Leucodon sciuroides, Pylaisia polyantha, Homalothecium sericeum, Pterigynan- drum filiforme, Leskea polycarpa, Anomodon viticulosus, plusieurs Bra- chythecium, le Tetraphis pellucida, etc. Quelques espèces sont exclusivement corticoles, comine les Orthotrichum tenellum, patens, leiocarpum, pulchellum, speciosum, les Ulota crispa, crispula, ete., Zygodon conoideus, Cryphea heteromalla, Piagiothecium silesiacum, Busbaonia indusiata, etc., ou saxi- coles, comme les Andreæa, les Rhabdoweisia, le Cynodontium polycarpum, le Dicranum Scottianum, le Grimmia maritima et la plupart des Grimmia, tous les Ztacoiitrium et les Zledwigia, V Ulota Hutchinsiæ, VOrthotrichum * rupestre, le Bryum alpinum, le Bartramia pomiformis, le Fontinalis squa- mosa, etc., mais un très-petit nombre a un habitat particulier. Dans les sols calcaires de l'Aude, on rencontre généralement les Orthothe- SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1869. 315 cium rufescens, Homalothecium Philippeanum, Brachythecium rivulare, glaciale et glareosum, Eurhynchium Vaucheri et striatulum, Rhyncho- stegium murale, Thamnium alopecurum et les Hypnum Halleri, rugosum, molluscum, palustre, cuspidatum, etc. Dans les terres siliceuses, les Brachy- thecium rutabulum, campestre, plumosum, albicans, Pecat Nob., £ urhyn- chium strigosum et ses variétés, Amblystegium riparium, les Hypnum flui- tans, incurvatumet strammeun. Dans les solsargileux se présentent notamment les Camptothectum lutescens, Eurh. prælonqum, Bhynchostegium rusciforme, PHypnum filicinum, ete. Dans les jardins et les cultures, au voisinage des habitations, on trouve plus particulièrement les Phaseum, les Potiia et les Tortula. Dans les forêts, sur le détritus de feuilles, les Homalotheciwn seri- ceum, Eurhynchium striatum, Hypnum purum, et sur le détritus des fouilles de Hêtre, Amblystegium subtile et Y Fsothecium myurum. Enfin, dans les pinètes et sur le terreau des Abiétinées, ce sont les Hylocomium umbratun, Plagiothecium undulatum, les Hypnum uncinatum et Schreberi, et une nouveauté, l'HOMALIA POURRETIANA Nob. Les lieux humides et marécageux de l'Aude produisent abondamment P Hypnum cuspidatum et quelques Sphagnum. Les rochers calcaires portent particulièrement le Gymnostomum tortile, le Barbula aloides, le Didymodon luridus, le Barbula squarrosa, le Leptotrichwn flezicaule.le Grimmia apo- carpa, l'Orthotrichum anomalum et V Encalypta vulgaris; sur les blocs quartzeux, nous avons recueilli le Pterogonium gracile, V Hedwigia ciliata et le Grimmia leucophæa, et une seule fois, sur les micaschistes, une rareté pour la France, le Schistostega osmundacea, et dans un ravin crayeux, le Seligeria calcarea. Quelques espèces ne vivent que dans les eaux douces, courantes ou tranquilles : les Fontinalis antipyretica, V Hedwigia aquatica, le Raco- mitrium aciculare et les Cinelidotus. Une espèce des pays froids, mais unique dans l'Aude, le Splachnum ampullaceum, garde son habitat ordinaire sur les excréments d'animaux herbivores. Dons faits à la Société et reçus du 10 juillet au 12 novembre 1869. 1° Par M. Ad. Brongniart : Annales des sciences naturelles, V* série (suite). Par M. Ch. Grenier : Flore de la chaine jurassique, deuxième et dernière partie. | Discours prononcé à la séance de rentrée des Facultés et de l École de méde’ine et de pharmacie de Besançon en 1868. 3° Par M. Ch. Rover : Essai sur le sommeil des plantes. 4° Par M. H. Welter : Histoire du Café. w o 316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 5° De la part de MM. Cesati, Passerini et Gibelli : Compendio della flora italiana, fasc. 5. 6^ De la part de M. Hasskarl : Ueber Pandanophyllum. Ueber Cartonema. . C. van Gorkom's Bericht ueber die Chinakultur auf Java (traduit du hollandais en allemand par M. Hasskarl). Observationes phytographicæ, auct. R.-H.-C.-C. Scheffer, ° De la part de M. J. Lange : Oversigt over de i Aarene 1867-68, i Danmark iattagne sjeldene eller for den danske Flora nye Arten. 89 De la part de M. Ant. Le Grand : Quelques remarques sur la végélation de la plaine du Forez. 9° De la part de M. de Saldanha da Gama : Synonymia de diversos vegetaes do Brasil. 10* De la part de M. Bommer : Les Platanes et leur culiure. De la fécondalion artificielle des Palmiers. 41° De la part de M. l'abbé Boulay : Gothe et la science de la nature. 42° De la part de M. Chevreul : Considérations sur l'enseignement agricole en genéral et sur l'enseignement agro nomique au Muséum d'histoire naturelle en particulier. 13° De la part de M. Ch. Contejean : Des Classifications et des Méthodes en histoire naturelle. 44° De la part de M. Ch. Darwin : Notes on fertilisation of Orchids. 15° De la part de MM. Delesse et de Lapparent : Revue de Géologie, 1868. 16^ De la part de M. Engler : Index criticum specierum atque synonymorum generis Saxifraga 17° De la part de M. Fellmann : Plante vasculares in Lapponia orientali sponte nascentes. 18» De la part de M. J. Fourreau : Catalogue des plantes qui croissent le long du cours du Rhóne. 19» De la part de M. Hérincq : Observations critiques sur l'origine des plantes domestiques. 20° De la part de M. J.-E. Howard : The Quinology of the East-indian plantations. 21° De la part de M. L. Kny: Ueber den Bau und die Entwickelung des Farrn-Antheridium:. 22° De la part de M. Kehne : Ueber Bluethenentwickelung bei den Compositen. 23° De la part de M. de Krempelhuber : Geschichte und Literatur der Lichenologie, t. M. -1 DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. 317 24° De la part de M. M.-T. Masters : Vegetable Teratology. 25° De la part de MM. Ad. Méhu et Alfred Barbelet : Études comparatives des combustibles dans les fourneaux employés à l’échafau- dage de la Vigne. 26° De Ja part de MM. Mignot et Ramboz frères : Éléments généraux de botanique pratique et usuelle, huit livraisons. Flore de la France centrale, vingt livraisons. 27° De la part de MM. D. Moore et A.-G. More : Contributions towards a Cybele hibernica. 28° De la part de M. J. Paillot : Annotations à la Flore de France et d' Allemagne, 1 vol. avec 5 planches, 29° De la part de M. Juan Texidor v Cos : Apuntes para la flora de Espana. o 30° De la part de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault : Annales de cette Société, 29 série, t. T, 1°r trimestre. 31* De la part de la Société d'horticulture de la Cóte-d'Or : Dulletin de cette Société (suite). 32° De la part de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny : Bulletin de cette Société, 1869, n° 7. 33° De la part de l'Institution Smithsonnienne : Annual report of the board of the Smithsonian Institulion, 1868. Ohio Ackerbau- Bericht, 1867. Report of the commissioner of agriculture for the year 1867. Monthly report of the departement of agriculture for 1867. 3h* De la part de la direction du Nature, a weekly illustrated journal : Deux numéros. 35^ En échange du Bulletin de la Société : Bulletin de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. XIII. Pringsheim's Jahrbuecher fuer wissenschaftliche Botanik (collection complète). | Verhandlungen des botanischen Vereins fuer die Provinz Brandenburg und die angrenzenden Lender (suite). Wochenschrift fuer Gæwrtnerei und Pflanzenkunde. OEsterreichische botanische Zeitschrift. Pharmaceutical Journal and Transactions, aoüt à novembre 1869. The Gardeners Chronicle (suite). Proceedings of the Boston Sociely of natural history, vol. XI, 1866-68. Condition and doings of the Boston Society of natural history, mai 1868. Annal of the Boston Society of natural history, 1868-69. u Memoirs read before the Boston Society of natural history, vol. 1, 1866-69. Entomological correspondance of Thaddeus William Harris, M. D., Boston, 1869, Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1868. Proceedings of the American Academy of arts aud sciences, 1867-68 (pro pa rte) The American journal of sciences and arts (suite). Atti del Reale Istituto Veneto, t. NIV. Oversigt over det Kongelige Danske Videnskabernes Salskabs Forhandhngar, 1867-68, nn. 1, 3, 4 et 7. 1, AVI, SÉANCES) 21 D 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Kongliga Svenska Vetenskaps Akademie Handlingar, nouvelle série, 4864-67. OEfversigt af Kongliga Vetenskaps-Academiens Færhandlingar, 1868. Notiser ur Sällskapets pro Fauna et Fiora fennica Færhandlingar, 1867. , Annales de la Société phytographique et micrographique de Belgique, livr. 15 et 16. Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg, t. XIV. Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, tt. XXHI et XXIV. Mémoires de la Nocieté impériale d'agriculture, sciences et arts d' Angers, tt. XI et NII (pro parte). Bulletin de la Société des sciences de l’ Yonne, 1868, 1*" trimestre. Comptes rendus de l'Académie des sciences (suite). Journal de la Societé impériale et centrale d'horliculture, juin à septembre 1869. Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, juin à septembre 1869. L' Institut (suite). SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASÈGUE. M. E. Roze, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 12 novembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Marcer (Adolphe), docteur en médecine, licencié és sciences naturelles, rue Bonneau, 7, à Suresnes (Seine), présenté par MM. Duchartre et Dresson ; ANDREE, pharmacien, à Fleurier (canton de Neuchátel, (Suisse), présenté par MM. V. Personnat et E. Fournier; ZANIEWSKI (Jean), étudiant en pharmacie, rue des Feuillan- tines, 34, à Paris, présenté par MM. Chatin et Cordier. M. le Président fait part à la Société de la perte bien regrettable qu'elle vient de faire en la personne de M. le professeur Frédéric Kirschleger, décédé à Strasbourg le 15 de ce mois. Lecture est donnée de l'extrait suivant d'un article nécrologique publié par le journal /e Courrier du Bas-Rhin : LE PROFESSEUR FRÉDÉRIC KIRSCHLEGER. Nous avons une douloureuse nouvelle à annoncer à nos lecteurs. M. le pro- fesseur Kirschleger est mort hier, dans notre ville, après une année environ de cruelles souffrances. SÉANCE bU 26 NOVEMBRE 1869. 319 M. Kirschleger occupait une place à part dans le corps des savants et des professeurs de notre Académie. 1H y représentait au. plus hant degré l'élément local, le génie alsacien. I avait étudié et connaissait à fond nos deux départe- ments, leur faune, leur flore, leur constitution géologique. La flore d'Alsace, cet. ouvrage sur lequel se concentrérent les efforts et pour ainsi dire la ten- dresse de M. Kirschleger, restera comme une œuvre d'une originalité scien- tifique hors ligue, et d'une. inappréciable utilité pour tous ceux qui voudront étudier notre province. M. Kirschleger a laissé là une œuvre comme il n'est donné qu'à un petit nombre d'en laisser ; il sera utile à la postérité, comme il l'a été à ses contemporains, Ce n'est pas seulement dans fa chaire du professeur que M. Kirschleger représentait ce que nous avons appelé le génie alsacien et la science locale, M. Kirschleger possédait à un haut degré ce don de vulgarisation, si précieux quand il est au service d'idées saines et honnêtes; il a écrit, en. langue ale- mande et d'une. manière qui wappartesait qu'à lui, des articles nombreux qui ont paru dans l'ancien Sonifagsblatt d'Oue et dans d'autres recueils popu- laires; le pseudonyme qui couvrait le nom du professeur est connu de l'Alsace entière et a joui, dans les années 1840-1850 surtout, d'une grande et légitime popularité. Nous ajoutons que le Courrier du Bas-Rhin a compté pendant de fort longues années (1840-1862) M. Kirschleger au nombre de ses collabora- teurs les plus assidus.... et certes, la dissidence qui, dans ses dernieres années, l'avait éloigné de nous, ne saurait nous empêcher de rendre Ia plus complète justice à l'homme de bien qui vient de s'éteindre, au professeur intelligent, zélé et aimé de la jeunesse, à l'écrivain. populaire qui savait assaisonner de son original morour alsacien des écrits pleins de science et d'érudition rare, Nous réunissons ici les données que nous avons pu nous procurer à la hâte concernant les écrits et les travaux scientifiques de M. le professeur Kirschleger. M. Fr. Kirschleger est né le 6 janvier 180^, à Munster (Haut-Rhin); il est décédé le 15 novembre 1869, à six heures du soir. En 1817, ses parents le mirent en pension chez le vénérable M. Redslob, professeur au séminaire protestant de cette ville. Hf montra de bonne heare du goût pour la pharmacie, dont il fit l'apprentissage chez M. Sufiert, à Ribeau- villé; il travailla pendant quelque temps sous la direction de M. Chr. Nester, professeur de botanique et pharmacien en chef des hospices civils. A la fin de l'année 1827, il se rendit à Paris, et en 1828 il y soutint sa thèse de docteur en médecine. Hrentra dans sa ville natale pour y exercer la médecine, En 183^, il s'établit à Strasbourg, et, lors de la. réorganisation de "École de pharmacie, fut chargé d'occuper Pune des chaires de cette École: en 1855, il fut nommé professeur agrégé à la Faculté de médecine. Le premier travail botanique de M. Kirschleger est une énumération des plantes d Alsace, insérée dans la Sfa£/stique publiée parla Société industricHe de 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mulhouse, Peu de temps aprés, en 1836, il fit paraître un Prodrome de [a flore d? Alsace, volume in-8? de 270 pages. Profitant des renseignements recueillis dans ses nombreuses excursions, il commença en 1852 la publication de sa Flore d’ Alsace et des contrées limi- trophes, dont le second volume parut en 1857. Un troisième volume, compre- nant un aperçu de la géographie botanique des régions rhénano- vosgiennes, un Guide du botaniste dans ces mémes régions, un dictionnaire de botanique et enfin des additions nombreuses à la Flore d'Alsace, parut en 1862. Depuis lors, il publiait périodiquement les Annales de la Société philoma- thique vogéso-rhénane, qu'il avait fondée afin de réunir en un faisceau les botanistes de la région que la flore embrassait. La premiere édition de la Flore d’ Alsace se trouvant épuisée, M. Kirschleger s'occupa d'une seconde édition de ce livre, faite sur un plan plus restreint. Malheureusement la mort vient de le surprendre au moment oü la premiere partie seulement de cette édition était près d’être terminée. Les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Strasbourg renferment également quelques petits travaux de M. Kirschleger, entre autres une notice sur les Violettes de la vallée du Rhin. Diverses notices de tératologie végétale ont été publiées par lui pendant les dernières années dans le Bulletin de la Société botanique de France. Nous ajouterons enfin que c'est M. Kirschleger qui, il y a six ans, organisa l'Exposition hygiénique et pharmaceutique faite à l'Orangerie de Strasbourg ; on n'a pas oublié le grand intérét qu'offrait cette remarquable exposition. (Extrait du Courrier du Bas-Rhin du 16 novembre 1869.) M. le Président annonce que S. Exc. M. le Ministre de l'instruc- tion publique vient d'accorder à la Société, comme les années pré- cédentes, une subvention de 500 fr. à titre d'encouragement pour ses travaux. M. l'Archiviste, en énumérant les dons recus par la Société de- puis la derniére séance, fait remarquer un envoi important de l'Académie royale des sciences d'Amsterdam, comprenant les comptes rendus publiés par cette Académie, depuis l'année 1863, et la collection des Mémoires publiés à ses frais durant la méme période. — Il met en méme temps sous les yeux de la Société l'ou- vrage que M. Fée vient de publier récemment sous le titre de Cryptogames vasculaires du Brésil, et donne lecture de la lettre suivante qui en accompagnait l'envoi : SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 321 LETTRE DE M. FÉE A M. EUG. FOURNIER Strasbourg, 19 novembre 1869. …. Le livre que je vous envoie termine définitivement la longue série de mes travaux sur la cryptogamie et clôt trés-vraisemblablement ma carrière scien- tifique. Mes douze mémoires auront été publiés de 1841 à 1869.... II était bien difficile d'éviter les erreurs ; toutefois, s'il est vrai que j'aie décrit comme nouvelles des plantes déjà connues, j'ai du moins la satisfaction de ne pas avoir réuni des espèces qu'on s'étonne de voir figurer dans un méme amas de synonymes, Je vous remercie de m'avoir défendu contre Mettenius. Cependant, j'aurais voulu que vous eussiez dit que parmi les 70 espèces mexicaines que vous avez réduites (1), il s'en trouve un très-grand nombre qui ne faisaient pas partie de mon herbier et sur la validité desquelles je ne m'étais pas prononcé. Cela aurait atténué l'effet défavorable produit par votre chiffre. Votre travail sera des plus consciencieux et vous aurez pu faire des comparaisons de spécimens qui auront évité les doubles emplois. Je vous en félicite. Ma Cryptogamie vasculaire du Brésil aura cet avantage, et je vousle dois, de m'avoir fait étudier un grand nombre de spécimens authentiques, et, cepen- dant, je ne suis pas sans crainte d'avoir commis des erreurs. S'assurer au juste de la validité d'une espéce n'est pas chose facile et vous le savez bien ; il existe des cas très-embarrassants. Enfin, j'ai fait de mon mieux et n'ai rien épargné pour arriver au meilleur résultat possible; ainsi que je le dis dans ma préface, ceci est un livre de bonne foi. A la suite de cette lecture, M. Fournier fait remarquer que le volume du Flora brasiliensis, contenant les Polvpodiacées et Cyathéa- cées, rédigé par M. J.-G. Baker (de Kew), qui s'imprime actuelle- ment à Munich, n'a pas encore paru, et que M. Fée aura sans doute, sur M. Baker, la priorité dans la création d'un certain nombre d'espéces. M. Duchartre offre à la Société, de la part de M. Ch. Cave, pro- fesseur à Dijon, la thèse que celui-ci vient de soutenir à la Faculté des sciences de Paris, pour l'obtention du grade de docteur és sciences naturelles, et qui est intitulée : Structure et développe- ment du fruit. M. Eug. Fournier présente à la Société un exemplaire d'une planche représentant une Passiflorée nouvelle, originaire du Mexique, qui (1) Voyez la session de Pontarlier, p. XXXVHI. 322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vient d’être publiée dans le dernier numéro de la Revue horticole, et communique la diagnose suivante de cette espèce: DISEMMA HAHNII Fourn. n. sp. Caulis alte scandens, levis, glaber, basi taberculosus, pedicellis eglandulosis, h-5 c. longis, stipulis perfoliatis, parte superiore crenato-subulatis, foliis pel- tatis, ovalibus, basi rotundatis, arcum glandulosum efformantibus, nervis 3 apice mucronatis, supra læte viridibus, iufra erubescentibus. Involucrum diphyllum a flore paulum distans, accrescens, bracteis cordatis, apice retuso- mucronatis. Receptaculum horizontale, planum, in medio depressum. Calyx pallide flavus, segmentis interioribus angustioribus et minoribus. Corona duplex, exterioris filamentis flavis apice dilatatis, patulis, interioris tenuibus, reflexis, plicatis, partem receptaculi excavatam, auream, nectariferam obte- gentibus. Columna centralis 4 cent. longa, glabra, tubo stamineo usque ad ovarium integro, ovario elongato, stylis 3, liberis, flexuosis, 4-5?" longis, apice globulosis, fructu.... Il est à remarquer que plusieurs Passiflores rapportées à la section Decaloba des auteurs doivent être en réalité attribuées au genre Disemma, notamment le Passiflora Meduscea Lem. 7. des serres AV, p. 373 b. et V, tab. 328; et le P. floribunda ibid. IV, p. 305 b. On remarquera encore avec un intérêt un fait offert par le D. Za/mir, que Moquin- Fandon aurait certainement considéré comme un exemple de balan- cement organique : c'est que le pétiole dela feuille étant dépourvu des glandes qui s v trouvent ordinairement chez les Passiflores, ces organes se retrouvent sur le limbe de la feuille, dans sa partie la plus voisine du pétiole. Le Disemma Hahn? est dédié à M. L. Hahn, l'un des collecteurs qui ont été attachés à l'expédition scientifique du Mexique. M. Fournier donne ensuite lecture de l'extrait. suivant d'une lettre qu'il vient de recevoir de M. Bubani : LETTRE DE ME. BUBANI A M. EUG. FOURNIER. Baguacavallo, prés Ravenne, 45 novembre 1869. Permettez-moi de vous dire que je suis de l'avis de M. Grenier relativement à la non-existence du Sisymbrium bursifolium dans les Pyrénées (1) ; je ne pourrais pas en croire mes veux, si je le rencontrais dans la vallée d'Eynes, où Pourret l'a indiqué. Parmi les différents synonymes de Pourret qui rentrent dans le Braya pinnatifida, vérifiés par moi-même à Madrid, il y a celui de Sisymbrium bursi folium Pourr. , Lap., etc. (1) Voyez le Bulletin, t. XII (Seances), p. 383. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 4869. 323 Quant au Sisymbrium levigatum Willd., je partage votre opinion et je l'avais déjà placé aprés le Sisymbrium asperum. Mais je n'ai pas encore dit mon dernier mot sur cette plante, qui, quoique plus répandue en Espagne, est cependant bien francaise, puisqu'elle se trouve à Fontpedrouse (Pyrénées- Orientales), à Montrejeau, à Saint-Gaudens, à Martres, à Toulouse (et à Tarbes, d'après l'herbier de feu mon ami Deville, qui vient de m'être adressé par sa famille). J'espère pouvoir donner quelques centuries extraites des doubles de cet herbier à la Société botanique, dont Deville était membre; je ne veux pas que sa patrie soit tout à fait privée du fruit de ses travaux. J'ai lu récemment le Bulletin de la Société botanique dans les livres de Deville, et notamment le tome XII, p. 220 et suivantes, et je ne puis que vous approuver de rendre justice aux anciens. Je vous ai envoyé mon Dode- canthea, dans lequel je vousprie de lire les pages 18-21 (1850). Nous sommes d'accord : dans la préface de ma Flore des Pyrénées (préface qui est ma fille de prédilection) vous trouverez la méme thèse bien élargie. M. Fournier se félicite de voir son opinion sur la place taxono- mique et sur l'indigénat du Sisymbrium levigatum confirmée par le témoignage d'un botaniste aussi compétent que M. Bubani sur la flore pyrénéenne. 1l fait observer que l'échantillon de Pourret, qu'il a signalé dans sa thèse sur le genre Sisymbrium et qui avait été recueilli à la vallée d'Eynes (comme l'atteste la note manuscrite de Pourret), appartient bien au S. bursifolium et nullement au S. pinnatifidum, auquel il a d’ailleurs exactement rapporté, dans sa thèse, le S. bursifolium Lap., ce qu'il ne pouvait pas faire pour le S. bursifolium Pourr., en présence de la plante de la vallée d'Eynes. M. Brongniart communique quelques passages d’une lettre de M. Balansa, datée de Nouméa, 20 août 1869. Il pense que ces ren- seignements intéresseront la Société, et lui feront apprécier les efforts que fait notre confrére pour étendre nos connaissances sur la flore si curieuse de la Nouvelle-Calédonie. LETTRE DE M. BALANSA. . J'ai expédié {au mois de mai au Muséum, sur la frégate la Nérvéide, trois caisses renfermant la continuation de ma premiere collection, da n? 766 au n? 1530. Vous v trouverez également les Lichens et les Champignons que j'ai pu me procurer, J'ai fait tous mes efforts pour. récolter les. plantes dans leurs divers états; c'est le seul moyen en effet de pouvoir.les. décrire d'une maniere convenable. 324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ..... Le voyage que je viens de faire à l'ile Lifou m'a fourni des plantes du plus grand intérêt. En me rendant à cette ile, j'ai relâché à la baie du sud et à Kanala. Le temps n'a pas été perdu. La baie du sud m'a fourni quelques bonnes espèces que je n'avais pas encore trouvées. J'ai remarqué notamment un magnifique Xentia, dont le tronc, haut de 10 à 15 mètres, est supporté jusqu'à 1 mètre du sol par des racines adventives. Cette espèce, jointe à une seconde trouvée dans les montagnes de la Conception et remarquable par son périsperme qui est presque lobé, forme un des joyaux de la flore néo-calé- donienne. | Dans trois ou quatre jours, je me rends de nouveau à Kanala ; de là je me dirige vers le mont Humboldt. Il me faudra près de deux mois pour explorer à fond cette montagne, la plus élevée de la Calédonie. Vous ne sauriez croire toutes les difficultés, toutes les fatigues que nécessite l'exploration de ces hautes montagnes ferrugineuses qui n'offrent le plus souvent ni habitations, ni sentiers ; mais aussi on est amplement dédommagé par toutes les raretés qu'on y trouve. Le Humboldt a prés de 1700 mètres d'altitude. Quelles merveilles ne doit-il pas renfermer. De retour à Kanala, je continuerai l'exploration de la cóte orientale jusqu'au cap Bocage, et dans le courant de novembre je me rendrai de nouveau à Nouméa pour vous préparer mon troisième envoi. Il y a un an passé que je suis arrivé à la. Nouvelle-Calédonie et, quoique je n'aie pas perdu mon temps, il me semble que tout est encore à faire. Vous trouverez, dans mon envoi du 5 mai dernier, une belle collection. de Zosterées. Je vous les recommande tout particulièrement ; je tâcherai plus tard de vous compléter quelques espèces dont je n'ai pu rencontrer jusqu'à présent que des fleurs. Les Araucaria, les Dammara, les Pandanus, vous seront expédiés à mon retour de Kanala. M. Brongniart ajoute que les collections expédiées au moi de mai par M. Balansa sont arrivées au Muséum à la fin d'octobre en trés-bon état. Elles renferment beaucoup d'espéces d'un grand intérét, dont plusieurs étendent notablement les nouveaux genres observés pour la premiére fois dans cette ile. Ces collections viennent aussi con- firmer ce caractère de la végétation néo-calédonienne, consistant dans la grande prépondérance de la végétation ligneuse, arbores- cente et frutescente, sur la végétation herbacée. M. Brongniart se propose, de concert avec M. Gris, de décrire et de communiquer à la Société les plantes les plus intéressantes de ces nouveaux envois. lls commenceront dans cette séance par quelques espèces remarquables de Conifères provenant des collections de M. Balansa ou de M. Pancher. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869, 325 NOUVELLE NOTE SUR LES CONIFERES NÉO - CALÉDONIENNES , par MM. Ad. BRONGNIART ct Arthur GRIS. C'est en 1866 que nous avons publié les premiers résultats de nos observa- tions sur les Conifères de la Nouvelle-Calédonie (1). L'absence des matériaux nécessaires pour une étude satisfaisante de certaines espèces ne nous permit pas alors de les rapporter d'une manière certaine à leurs véritables genres et de les décrire. Mais nous avons récemment trouvé dans les précieux envois de M. Balansa des échantillons propres à nous éclairer sur certaines d'entre elles et deux types nouveoux pour la flore de notre lointaine colonie. Nous ferons connaître en méme temps deux remarquables acquisitions, dont nous devons la gracieuse communication à M. Pancher. Nous possédions depuis une dizaine d'années un échantillon imparfait d'une plante envoyée par M. Vieillard sous le numéro 1262. L'un de nous l'avait considérée comme un Podocarpus; M. Carrière en fit un Dacrydium et la publia sous le nom de D. elatum compactum (2); enfin, M. Parlatore la décrivit dans le Prodromus (3) sous le nom de Podocarpus Vieillardii. Mais le savant botaniste italien avoue lui-même qu'il a fait sa détermination et sa description d’après des échantillons sans fleurs ni fraits, et se demande même si la plante n'est pas un Dacrydium. C'est donc avec un vif plaisir que nous recevions il y a quelques mois de M. Balansa des échantillons de la méme plante, les uns chargés de fleurs femelles, les autres couverts de petits chatons máles. Nous sommes mainte- nant en droit d'affirmer qu'elle appartient bien réellement au genre Podocarpus. Son réceptacle, foriné de deux lobes charnus et mamelonnés, ne porte qu'une seule fleur fertile, et celle-ci est placée sur le lobe supérieur, pendant que l'in- férieur est surmonté d'un petit corpuscule dressé et arqué qui, selon toute apparence, représente un ovule avorté. Cette espèce parait voisine du P. dacry- dioides par l'organisation de son inflorescence femelle, mais s'en distingue par sou port, par la forme générale de l'inflorescence mâle, ainsi que par celle des écailles staminales : malheureusement, nous n'avons pas de graines müres et nous ne savons pas si son testa devient charnu. Podocarpus Vieillardii Parlat. Arbor 8-10 metr. alta, ramosissima, ramis ramulisque adscendentibus corymboso- fastigiatis, foliis glaucescentibus. (1) Bull. Soc. bot. t. XIII, p. 422. (2) Carr. Conif. édit. 2, p. 693. (3) Prodr. syst. nat. pars XVI, sect. poster. fasc. 11, p. 521. 326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Folia sparsa, decurrentia, apice mucronulata, punctulis albis pluriseriatis (stomatibus) notata, in ramulis junioribus sterilibus adscendentia, subimbri- cala, linearia, subtetragona, lateraliter compressa, paulo incurvata, glabra, h-7 mill. longa, in ramulis junioribus fertilibus breviora, ovato-squamiformia, in ramulis senioribus adpressa, lanceolato-subulata complanata. Amenta staminigera terminalia vel ramulos laterales plus minusve clon- gatos coronantia, solitaria vel aliquando geminata ternatave, linearia, circiter 4 cent. longa ; stamina plurifariam imbricata, connectivo in appendicem trian- gularem expanso. Ramuli ovuliferi incurvato-adscendentes, plerumque 1-2 cent. longi ; re- ceptaculum bilobum, carnosum, mauiillosum, pruinosum, lobo uno superiore, ovulum anatropum erectum (micropyle late hiante, endostomate paulum extus prominente) fovente, altero paulo minore, corpusculum erectum spathulatum, arcuatum (ovulum abortivum?) gerente. Habitat ad ripas rivorum //umbea et Kouvélé dictorum prope Aoé (Balansa nis 481 et1382) et inrupestribus ad ripas rivi prope Poila(Vieillard, n° 1262). C'est encore à M. Balansa que nous devons la connaissance complete d'une autre espèce de Podocarpus très-différente de celle-ci, appartenant à la sec- tion /Yageza, et qui, depuis de longues années, était seulement représentée dans nos herbiers par deux maigres échantillons, offrant au sommet de leurs courts ramules de petits groupes d'épis mâles assez peu développés. M. Car- rière en avait fait son Vageia minor (1); elle figure dans le Prodromus avec une description nécessairement très-courte et incomplète, sous le nom de Podo- carpus minor (2) ; il nous est enfin permis de la faire connaitre d’une facon plus complete. Podocarpus minor Parlat. Frutex ramosissimus, 1-metralis (ex clar. Balansa), ramis erectis fastigiatis. Folia adscendentia, opposita vel subopposita, et ramulis contortis subdi- sticha, subimbricata, oblonga vel elliptica, ramulorum ad basim minuta, squamiformia, caeterum sessilia basique paulo contorta, apice plus minusve incrassata et paulo obtusa, punctulis minutissimis albis seriatis undique cre- berrimeque conspersa, coriacea, siepius sulcato-rugosa, nervo medio vix con- spicuo, plerumque 2 cent. longa, 4-5 mill. lata. Amenta staminigera ad apicem ramorum ternatim fasciculata, connectivo in squamulam triangalarem acutam expanso (in speciminibus nostris rara et parum evoluta). Flores feminei ad apicem ramorum terminales solitarii; pedunculus erectus, bracteis minimis ovatis vel oblongo-ovatis, apice intus plus minusve (1) Conif. éd. 2, p. 641. (2) Prodr. pars XVI, sect. poster. fasc. 11, p, 509. SÉANCE DU ?6 NOVEMBRE 1869. 397 rotundato-gibbosis, decurrentibus, superioribus 2-3 parte decurrente vix inflato-carnosis, uliima tantum | fertili ovulum anatropum gerente. Bamuli seminiferi graciles, 8 mill. longi, bracteolis alternis ovatis distan- tibus membranaceis onusti, superne in receptaculum 4 mill. longum paulum inflato-carnosi, bracteolis 2-3 parte libera membranacea emergentibus. Semen ovoideum, basi attenuatum, infra apicem lateraliter apiculatum, 2 { cent. longum, strato exteriore carnoso, interiore lignoso, drupaceuim. Albumen (ex uno specimine sicco) rotundatum, basi incurvo-attenuatum, intus excavatum precipue amylaceum ; embryo albumine duplo brevior centralis basilarisque, tigella clavata, elongata, cotyledonibus ovato-rotundatis brevibus applicatis. Habitat in Nova Caledonia (Deplanche 1861; Vieillard ad ripas lacus Arnaud dicti n? 1275; Balansa ad ripas torrentis imo sinu Prony dicto, n? 186, et in silvis prope Téné et Bourail, n° 1381). Le genre Frenela paraît représenté à la Nouvelle-Calédonie par trois espèces, dont deux sont mentionnées dans le Prodromus, et dont la troisième nous a été récemment envoyée par notre zélé collecteur. M. Parlatore a brièvement caractérisé l'une des espèces (1) qu'il a observées dans les collections de M. Hooker, par des rameaux en ombelle et tétragones ainsi que par des feuilles quaternées ; le savant botaniste italien s'est méme demandé si elle ne devrait pas constituer un nouveau genre. L'autre espèce (2), dont la description est plus complète, bien que la structure des chatons mâles ne soit pas mentionnée, offre comme traits distinctifs un sillon très-profond creusé sur le dos des petites écailles du strobile, la forme du strobile, des nucules étroitement ailées, carac- tères qui ne nous semblent pas appartenir à l'espèce recucillie par M. Balansa. Aussi nous la décrivons sous le nom de Frenela Balansze. Arbor 8 metr. alta, ramosissima, ramis ramulisque virgatis, fastigiatis ; ramuli articulati, articulis 3-6 mill. longis, triangularibus, faciebus trisulcatis foliosis. Folia ternatim verticillata, decurrentia adnata, parte libera squamiformia ovata, dorso convexa, margine ciliolata, glabra. Flores in diversis ramulis monoici. Amenta mascula innumera, ad apicem ramuloram in internodii: brevia desinentium terminalia sicutque bracteis tribus minutis. (scilicet foliis. ramuli superioribus) basi involucrata, ovoidea, 4-5 mill. longa. Stamina plurifariam imbricata, peltata, ovato-rotundata vel angulata, glabra, margine ciliolata, (1) Frenela subumbellata , loc. cit. p. 447. (2) F. sulcata, p. 446. 328 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. stipite supra nudo, lateraliter lobos pollinigeros duos, infra 5 biseriatos gerente. Amenta feminea... . Strobili amentis masculis multo rariores, ramulos breves exsiccatos, inter- nodiis superioribus sub fructu incrassatis, coronantes, ovoideo-globosi, 1 cent. longi, 12 mill. lati. Squamae 6, verticillatæ, liberae, crasse, lignosæ, quarum tres breviores ovatae, dorso paulo concava, acutze, tres alternantes, longiores, oblonga, apice triangulares, glabræ, rugulosæ, infra apicem umbone brevi trian- gulari, arcuato, adscendente præditæ, intus longitudinaliter angulum medium efformantes, ad dehiscentiam paulo secedentes. Semina, (haud matura) ovato-triquetra, utrinque alata. Habitat ad ripas rivi Dumbea dicti prope Æoé (Balansa, n? 182). M. Balansa a recueilli dans les forêts voisines de Bourail et sur les rives de la Kouvélé, près de Ko6, des échantillons d'une magnifique espèce de Dacry- dium, voisine de celle que nous avons décrite dans le Bulletin sous le nom de D. araucarioides, et que nous avons fait figurer dans les Nouvelles Archives du Muséum (A). Nous la dédions avec plaisir au voyageur qui, lui-même, l'a parfaitement distinguée comme nouvelle. Le port de notre Dacrydium Balanse parait assez analogue à celui du D. araucarioides; maisses feuilles ne sont pas étroitement imbriquées et appliquées sur les rameaux, elles sont au. contraire assez écartées de l'axe pour être dites obliquement ascendantes; de plus, celles qui naissent, par exemple, sur les ramules mâles, ne sont pas trés- courtes, ovales-aiguës, comme dans le D. araucarioides, mais oblongues, atténuées vers le haut, obtuses au sommet et un peu plus longues. Les cha- tons máles nous offrent également des différences dans leur position, leur lon- gueur, la forme des écailles staminales. Dans cette nouvelle espèce, ils sont généralement disposés en petits bouquets au sommet des rameaux, dont ils se distinguent nettement ; tandis que dans le D. araucarioides, ils sont solitaires, continuent insensiblement l'axe feuillé qui leur donne naissance, et sont en méme temps plus longs et plus gros. Dans le D. Balanse, le connectif de l'étamine est largement ovale ; il est ovale-lancéolé dansl'autre espèce. D'après ces considérations, nous tenons comme type spécifique bien distinct la remar- quable plante que nous allons décrire. Dacrydium Balansze. Arbor 7-8 m. alta, dioica, trunco sat recto, ramosissima, ramis adscenden- tibus, corymboso-fastigiatis, cylindricis. Folia plurifariam inserta, oblique adscendentia nec imbricatim adpressa, in (1) T. IV, pl. 2. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 329 ramis junioribus masculis oblonga, versus apicem attenuata, arcuata, dorso convexa, intus concava, utrinque medio carinata, apice obtusa, sessilia, basi rhomboidali inserta, crassa, subtetragona, coriacea, lucida ; in ramis junioribus femineis breviora, in ramis senioribus paulo distantia, triangularia, arcuata, dorso convexa subcarinata, intus valde carinata, basi latissima | facillime sejuncta. Amenta mascula plerumque versus apicem ramorum 2-3-4-5 approximata, vel apice ramulorum lateralium plus minusve brevium solitaria geminatave, cylindrica, 4-4 4 centim. longa; stamina plurifariam imbricata, connectivo crasso in appendicem basi paulo gibbosam, superne obtuse triangularem expanso, lobis polliniferis duobus transversim dehiscentibus. Famuli seminiferi gemmas ovoideas terminales squamis imbricatis foliis longioribus simulantes; squama inferiores steriles oblongæ, subacutæ, utrin- que medio paulo carinatæ, 3 5-4 mill. longae; mediae longiores, cæterumque eodem adspectu ; superiores lineares, subspathulatze, basi incrassata dilatatæ, apice subacutæ, intus concava, dorso convexa, arcuatæ, 5-6 mill. longae. Squamæ seminiferæ breviores 1-2, oblongo-triangulares, arcuatæ, dorso convexæ medioque carinatæ, apice acutatæ, basi paulo dilatata incrassatæ, intus. valde concava. Semen (haud maturum) ovoideum, compressum, coriaceum, nitidum, basi hilo lato rotundato notatum, apice micropyle superatum, squamula arilliforini, carnosa, lobulata, crispata, basi intus interrupta usque ad medium sicut invo- lucratum, oblique adscendens. Habitat hinc illine in silvis prope Zourail et ad ripas rivi Aouvélé. dicti prope Æoé (Balansa, n° 1580). Les deux espéces de Coniféres qu'il nous reste à mentionner appar- liennent aussi au genre Dacrydium et nous ont été communiquées par M. Pancher. L'une d'elles a un aspect. général tel que M. Pancher la désigne sous le nom de Dacrydium à feuilles d'ZZolomitrium dans la petite note qui accom- pagne l'échantillon. Ses ramules, dressés et tout. couverts de petites feuilles linéaires-lancéolées et aigués à la maniére d'un Lycopode, expliquent le nom spécifique que nous lui avons donné. C'est un grand arbre qui croit daus les sols ferrugineux à une altitude de 1200 mètres sur le mont Mou (partie sud de la Nouvelle -Calédonie). Dacrydium lycopodioides. Arbor 19-15 metr. alta, trunco nudo, fastigio denso corymboso (ex clar. Pancher). Folia lineari-lanceolata acuta pungentia, utrinque medio carinata, intus 330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. punctulis albis seriatis (stomatibus) notata, decurrentia, paulo incurvata, adscen- dentia, subimbricata, 3-4 mill. longa, lucida, coriacea. Amenta stanenigera ad apicem ramulorani lateralium brevium, foliis mi- nutis instructorum solitaria, oblongo-cylindrica, 4-5 mill. longa; stamina pluri- fariam imbricata councctivo superne in appendicem squamiformein triangularem acutam expanso, lobis binis transversim dehiscentibus. Ramuli seminiferi breves, laterales, versus apicem squamis ovatis vel lan- ceolatis acutis intus concavis, utrinque medio carinatis, basi incrassatis sicutque pulvino prominente carnoso involutis instructi, 1-2 superioribus seminiferis. Semen ovoideum, paulo. compressum, coriaceum, nitidum, apice micropyle producta superatum, basi cupula brevi intus interrupta, margine lobala, interne laevi, externe ruguloso-crispata cinctum (in speciminibus nostris sterile). Habitat in Novae Caledonia australioris locis ferrugineis, ad montem ou (Pancher, 1869). La seconde espèce de Dacrydium qu'il nous reste à décrire est très-curieuse. Les rameaux fertiles de la plante femelle sont terminés par une sorte de récep- tacle analogue au pied charnu des Podocarpus; ce réceptacle porte une graine drupacée, en sorte qu'au premier aspect la plante parait appartenir à ce dernier genre. Mais si l'on examine cette graine de plus prés, on remarque que le micropyle n'est point rapproché de son point d'attache, mais placé un peu au-dessous de son sommet. Elle résulte du développement d'un ovule ortho- trope, et la plante est un Dacrydium. Mais ce Dacrydium présente deux par- ticularités remarquables. En effet, comme nous venons dele dire, la graine es drupacée, et n'est point cette nucule sèche et coriace propre aux autres espèces du genre ; d'autre part, elle est complétement dépourvue de la cupule accessoire, sorte de disque ou de faux-arille, dont on constate si aisément la présence dans les Dacrydium connus jusqu'ici, et que l'on pouvait considérer comme un des traits saillants de leur organisation. Il n'est pas inutile de remarquer en outre que les Dacrydium, comme les Podocarpus, pourront dès lors être divisés en deux groupes parallèles : ceux qui présenteront des graines charnues et ceux qui présenteront des graines sèches, Nous avons dédié cette remarquable plante à M. Pancher (1). Daerydium Pancheri, Arbor 15-20 metr. alta, trunco 40 cent. lato, fastigio irregulari (ex clar. Pancher). Folia sparsa, primo adspectu disticha, adscendentia, basi lata obliqua inserta, lineari-lanceolata subfaleataque, plana, supra levia, nitida, infra pallida (1) M. Pancher, dans la note qui accompagne ses échantillons avait désigné cette plante sous le nom de Podocarpus pectinata. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 331 glaucaque, innumeris punctulis multiseriatis (stomatibus) praeter nervum me- dium marginemque notata, basi apiceque ramulorum minora, cæterum 1-2 cent. longa, 2 1-5 mill. lata. Flores masculi femineique desunt. Ramuli seminiferi ad apicem ramorum geminati vel ternati, incurvato- reflexi, 2 cent. longi, parte inferiore graciles, bracteis membranaceis imbricatis ovato-triangularibus decurrentibus stipati, parte superiore crassi, bracteis 5-6 distantibus, basi decurrente. carnosis, tuberculato-mamimaulosis, limbo abbreviato, triangulari unguemque simulante, bractea ultima sola seminifera linbum seu unguem latiorem margine rotundato integroque truncatum prabente. Semen (haud maturum) ovoideum, hilo basilari lato notatum, micropyle bilabiata (labio posteriore brevissimo, anteriore producto) infra apicem antice superatum, extus carnosum et sulcis plexis undique excavatum, glabrum. Habitat in locis ferrugineis Novae Caledoniæ australioris (Pancher, 1869). M. Rivet fait à la Société la communication suivante : INFLUENCE DE PLANTATIONS D'ÉPINE-VINETTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA ROUILLE DES CÉRÉALES, par MI. Gabriel RIVET. Les cultivateurs, dans un grand nombre de contrées, prétendent que la maladie des céréales connue sous le nom de rouille se manifeste, avec une intensité particuliere, dans le voisinage des plantations d'Épine-vinette. Leur croyance à cet égard a été considérée longtemps comme un simple préjugé ; mais, dans ces dernières années, la question a été examinée scientifique- ment, et les recherches de plusieurs savants, parmi lesquels on doit citer M. De Bary et M. OErsted, ont démontré que l'opinion des cultivateurs n'était pas dépourvue de fondement. La rouille des céréales est produite par plusieurs Champignons épiphvtes, les Uredo linearis Pers., Uredo Rubigo vera DC., Puccinia graminis Pers., etc., qui envahissent les feuilles et les chaumes, et qui, lorsqu'ils se développent avec une certaine abondance, occasionnent des pertes considérables de récoltes. M. De Bary a spécialement étudié l'un de ces Champignons, le Puccinia graminis, et ila reconnu que ses spores sont impropres à le repro- duire directement par voie de semis sur les feuilles ou les tiges des céréales. tandis que les mêmes spores germent au contraire avec facilité sur les feuilles de l'Épine-vinette, en donnant naissance à un Champignon tout différent du premier, et connu sous le nom d'Gfzeidivim. Berheridis Pers. Les spores de UGleidium Berberidis sont, de leur côté, incapables de reproduire directement ce dernier Champignon sur l'Épine-vinette ; mais, eu revanche, elles sont sus- ceptibles de se développer sur les céréales, en y faisant apparaitre le Puccinia 339 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. graminis, c'est-à-dire l'un des Champignons de la rouille. Il y a là un fait de génération alternaute, qui a été constaté par des expériences précises exécutées sur une trés-petite échelle; je viens aujourd'hui signaler à l'attention. de la Société botanique deux faits qui tendraient à démontrer que les résultats fournis par ces expériences sont conformes à ce qui se passe dans la grande culture. Le premier de ces faits a été, dans le Journal officiel du 25 septembre 1869, l'objet d'un article ainsi concu : « Dans un rapport présenté à la Société d'agriculture d'Indre-et-Loire, et » qui a trait à la rouille du Blé, M. de Taste a signalé, parmi les causes aux- » quelles on attribue cette grave maladie, dans certaines contrées, le voisinage » de l'arbuste appelé communément Épine-vinette, c’est-à-dire le Vinetier. » L'auteur dela communication citait, à l'appui de cette opinion, d'ingénieuses » recherches d'un savant botaniste de Copenhague, M. OErsted. » Cette circonstance avait d'autant plus d'importance, que le rapport dont » il s'agit s'appuyait sur la persistance, depuis plusieurs années, de la maladie » de la rouille daus plusieurs champs de la commune de Chambray, situés » autour d'une pépinière complantée presque exclusivement d'arbres-verts, » mais entourée en partie d'Épines-vinettes, Or c'était aux arbres-verts qu'on » faisait remonter généralement les causes du mal. » Alasuite de la publication du travail de M. de Taste, tous les Vinetiers » entourant la pépinière furent arrachés ou détruits. Depuis cette époque, » trois récoltes se sont faites dans les conditions habituelles de culture, et les » Froments, les Avoines, les Orges, quise sont trouvés non-seulement autour » de la pépinière, mais dans la pépinière méme, ont été absolument exempts » dela maladie, ce qui semble confirmer pleinement les idées émises dans le » rapport. Il est donc acquis que la présence des arbres-verts, qui ont été » pour la plupart maintenus dans la pépinière, n'était pour rien dans l'affection » dont les céréales avaient été précédemment atteintes. La constatation des » dangers qui résultent pour ces plantes de la proximité des Vinetiers est » une observation dont il est juste de tenir compte dans l'intérêt de lagri- » culture. » Le second fait, qui forme l'objet de la présente communication, n'a pas, à ma connaissance, encore été livré à la publicité. La Compagnie du chemin de fer de Lyon a planté, il y a plusieurs années, une haie d'Épine-vinette pour servir de clóture à la voie ferrée sur le territoire de la commune de Genlis (Cóte-d'Or), sur une longueur de plusieurs kilomètres. Depuis cette époque, les champs du voisinage, ensemencés en céréales, ont été attaqués par la rouille, avec une extrême intensité. Les propriétaires des récoltes endommagées ont, à plusieurs reprises, élevé des plaintes et rédigé des pétitions, dans les- quelles ils signalaient la plantation d'Épine-vinette. bordant le chemin de fer comme étant la cause de tout le mal, et en demandaient l'arrachage. La Com- SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 333 pagnie du chemin de fer a voulu se rendre compte de ce que ces plaintes pou- vaient avoir de fondé. Elle a fait d'abord arracher, pendant l’automne de 1868, à titre d'expérience, la haie d'Épine-vinette, sur une longueur d'environ A00 mètres ; puis, dans le courant de 1869, et au moment où la maladie de la rouille avait acquis son plein développement, la Compagnie a chargé un de ses agents de faire une enquéte, à laquelle il a été procédé le 16 juillet 1869, et dont voici les résultats : Les feuilles de l'Épine-vinette portaient encore de nombreuses traces de l'Œcidium Berberidis, qui les avait évidemment couvertes, au printemps, de ses cupules; mais ces cupules avaient à peu près disparu depuis plusieurs jours, comme elles le font chaque année à la méme époque, apres qu'elles ont parcouru le cercle de leur végétation et qu'elles ont émis leurs spores. Un vaste champ de Blé s'étendait le long de la haie, dont il était séparé par un chemin. Sur le bord du chemin, toutes les tiges de Blé étaient plus ou moins atteintes par la rouille; le mal diminuait progressivement à mesure qu'on s'éloignait dela haie, jusqu'à environ 40 métres. A partir delà, jusqu'à l'extré- mité du champ (1200 mètres), les tiges vertes étaient seules un peu attaquées, tandis que les tiges müres étaient toutes parfaitement saines. Plus loin, un champ de Seigle longeant la haie présentait une récolte à peu prés perdue par suite des ravages de la rouille, et, à cóté, se trouvait un champ d'Avoine, également attaqué dans la partie voisine de la haie. A partir de ce point, et sur une longueur de deux kilomètres, les clôtures du chemin de fer ne renferment pas un seul pied d'Épine-vinette : les céréales avoisinantes ne présentaient aucune trace de rouille. Non loin de là s'étendait une large surface de terrain couverte de Blé par- faitement sain ; au centre de cette surface on avait, en 1867, planté un brin d'Épine-vinette, dans la prévision de l'enquête qui devait se faire ultérieure- ment. Ce petit arbuste présentait, au moment de l'enquête, des traces d'(Æci- dium Berberidis, et l'on a constaté que le Blé, dans un rayon d'un. mètre autour de lui, était très-endommagé par la rouille, Plus loin, tous les pieds de Blé étaient sains. Sur le point où [a haie d'Épine-vinette avait été, comme on l'a dit plus haut, arrachée en 1868 à titre d'expérience, les céréales étaient chaque année gravement atteintes par la rouille, tout le long de la haie. En 1869, toutes les céréales v étaient au contraire entièrement saines, et tout portait à croire qu'elles donneraient une excellente récolte, ce qui ne s'est pas vu depuis douze ans sur le point dont il s'agit. Enfin, à plus de 500 mètres du chemin de fer, et loin de toute plantation apparente d'Épine-vinette, un champ de Blé a été trouvé un peu attaqué, au milieu d'autres champs n'offrant pas de traces de maladie. Informations prises, on a constaté que les broussailles du voisinage contenaient autrefois plusieurs pieds d'Épine-vinette. On les avait arrachés depuis plusieurs années par ordre T. XVI. (SÉANCES) 22 $34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du propriétaire ; mais les broussailles en question étant peu praticables, il est à supposer que quelques brins d'Épine-vinette avaient pu échapper à la des- truction. L'agent de la Compagnie du chemin de fer, à qui l'enquête avait été confiée, a formulé ses conclusions de la manière suivante : 4° Partout où il y a de l'Épine-vinette, sur le territoire de la commune de Genlis, les céréales sont plus ou moins malades de la rouille ; 2 Là où il n'y a jamais eu d'Épine-vinette, les céréales sont en bon état et ne présentent pas de traces de rouille ; 3° Enfin, il a suffi, pour faire apparaitre cette maladie dans un champ où elle ne s'était jamais manifestée, de planter dans ce champ un seul brin d'Épine- vivette. On doit attacher d'autant plus de confiance à ces conclusions, que leur auteur, quelle que füt son impartialité, devait nécessairement, à cause des intéréts qu'il représentait, se trouver malgré lui porté à atténuer le mal, plutót qu'à l'exagérer. Je n'ai pas pu me procurer d échantillons des céréales sur lesquelles a porté l'enquête dont je viens de rendre compte, et il ne m'a pas été possible de véri- fier si la rouille qui les attaquait était produite par plusieurs espèces de Cham- pignons épiphytes, ou seulement par le Puccinia graminis ; mais on n'en est pas moins fondé à affirmer, d’après ce qui précède, que l'Épine-vinette est bien réellement une plante dangereuse pour l'agriculture, et, comme elle ne fournit d'ailleurs aucun produit utile, il serait à désirer que l'on püt la faire disparaître des localités où sa présence est nuisible. On ne parviendrait pas ainsi, toutefois, à supprimer complétement la rouille, car les Champignons qui la constituent ont malheureusement plusieurs modes de reproduction; mais on se débarrasserait du moins d'un foyer d'infection, dans le voisi- nage duquel la rouille est toujours beaucoup plus développée que partout ailleurs. M. Brongniart rappelle à ce sujet les résultats obtenus par M. De Pary dans ses belles expériences sur la transmission du pa- rasite à l'Epine-vinette par les sporidies du Puccinia graminis, et le retour du méme parasite aux Graminées, au moyen des spores de l'OEcidium Berberidis. Les constatations mentionnées dans la com- munication de M. Rivet lui paraissent donc fort intéressantes, soit qu'on les considère comme une nouvelle preuve de la transmission du parasite, ou qu’on veuille seulement y trouver un aperçu des funestes effets que fait éprouver aux moissons le voisinage de l'Epine-vinette. M. Germain de Saint-Pierre fait observer à M. Brongniart qu'il SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 335 ne vient de parler que du Puccinia; il lui semblait pourtant que les Champignons constitutifs de la rouille étaient des Uredo. M. Brongniart répond que depuis les travaux de MM. Tulasne et De Bary, l Uredo, le Puccinia etl OEcidium devraient être considérés, non point comme trois genres de Champignons, mais comme trois formes successives de fructifications du méme Champi- gnon. L'Uredo, qui constitue la rouille proprement dite, précéde le développement sur le même séroma de la Puccinie qui paraît vers la fin de la saison, et est souvent désignée sous le nom de rouille notre. M. Brongniart ajoute que M. De Dary a obtenu des résultats tout aussi concluants de ses recherches sur le Puccinia straminis et le P. coronata. Le premier de ces parasites, également funeste aux moissons, parcourt son cycle de végétation des céréales aux Borraginées, et de celles-ci (notamment de P Anchusa et du Lycopsis) aux céréales; le second parait développer son OÉcidium sur les Rhamnus. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : CLASSIFICATION MORPHOLOGIQUE DES TIGES SOUTERRAINES (RHIZOMES) ET DËS RACINES, pr M. GERMAIN de SAINT-PIERRE. I. — Caractères organiques essentiels qui distinguent la tige de la racine. Je me propose de présenter à la Société une suite de considérations sur la nature des organes (ou appareils) hypogés (souterrains) des végétaux. Je diviserai ce travail en plusieurs parties, dont chacune sera l'objet d'une communication. Dans cette première partie, j'insisterai sur le caractère essen- ticl, je pourrais dire sur le caractère unique, qui distingue d'une manière absolue les tiges des racines (les tiges aériennes et les tiges hypogées sous quel- ques formes qu'elles se présentent, et les racines, soit primaires, soit adventives). Les physiologistes ont longtemps et laborieusement recherché et commenté les différences les plus importantes (ou caractères essentiels) qui existent entre les tiges et les racines. En premiere ligne, ils ont placé, parmi ces caracteres, la direction généralement opposée de ces deux parties de l'axe de la plante ; et ce caractere a tellement paru de premier ordre, à tellement été regardé comme le plus essentiel, comme le principal, que l'axe général du végétal (l'ensemble de la tige et de la racine) a été divisé en exe ascendant (la Uge) et en axe des- cendant (la racine), — Si toutes les plantes étaient construites sur le modele d'une plante dicotylée annuelle ou bisannuelle à racine pivotante, peut-être 336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. serait-on fondé à admettre cette division, vraie pour le premier axe de la tige et le premier axe de la racine qui croissent dans deux directions opposées, mais déjà presque inexacte pour les axes secondaires, qui tendent, surtout chez la tige, à la direction horizontale autant au moins qu'à la direction de l'axe primaire. — Mais ces dénominations ou qualifications de la tige et de la racine : axe ascendant et aze descendant, n'en seraient pas moins basées sur un fait d'une importance trés-secondaire, comparativement au fait de morphologie végétale qui domine entièrement la question. Une tige ou un rameau (lequel représente une tige entée sur une autre tige) est toujours, dans l'origine, un bourgeon, c'est-à-dire un axe chargé de feuilles susceptibles d'émettre chacune à leur aisselle un nouveau bourgeon ; cet axe (sur lequel des feuilles sont insérées directement) s'allonge pendant son évolution ; il résulte de cette élongation de l'axe que les feuilles, d'abord très- rapprochées, s'éloignent progressivement l'une de l'autre ; en outre, pendant le méme temps, de nouvelles feuilles (d'abord rudimentaires) sont. produites à l'extrémité de cet axe, de ce bourgeon devenu rameau ; ces feuilles rudimen- taires sont en réalité la continuation du bourgeon primitif; une tige ou un rameau est donc un bourgeon dont la nature essentielle est de s'allonger indé- finiment en restant bourgeon par son extrémité, d'ou il résulte qu'une tige ou un rameau se présente toujours, quel que soit son âge, terminé par un bour- geon. La tige, les branches, les rameaux (bourgeons allongés), présentent au- dessous de leur bourgeon terminal des feuilles séparées les unes des autres, et dont l'intervalle est désigné sous le nom d’entre-nœud ou mérithalle, feuilles dont la disposition, généralement en spirale, est régulière, et. donne lieu par conséquent à une disposition régulière des branches ou rameaux axillaires (disposition régulière des rameaux qui se trouve souvent masquée par des arréts de développement ou par l'avortement, par la destruction, ou par le maintien à l'état latent des bourgeons axillaires). sette élongation indéfinie, par sa nature, de la tige et des rameaux en raison de l'évolution indéfinie du bourgeon terminal, trouve un terme, par épuisement seulement, par une sorte d'avortement terminal, dans les cas nombreux où l'axe se termine par un bourgeon floral, par une fleur ou par une inflorescence. Dans les cas où la tige et les branches ou rameaux de premier ordre se terminent par des inflorescences, la plante est dite à ramification définie ou terminée ; la végétation se continue chez ces plantes par. des bour- geons axillaires nés au-dessous du bourgeon terminal épuisé par la floraison. Voyons maintenant ce que c'est qu'une racine. Une racine est un organe qui n'est qu'une simple dépendance du bourgeon ; c'est une décurrence du bourgeon ou des feuilles du bourgeon, c'est une sorte de production caudale, un appendice postérieur ou inférieur du bourgeon. Cet appendice, qui com- mence en réalité (soit comme racine proprement dite, soit comme décurrence caulinaire) au-dessous de la première feuille du bourgeon (développé ou non SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 337 en tige ou en branche), la racine ou production caudale ne présente jamais de feuilles insérées directement à sa surface, ni par conséquent de bourgeons axillaires, et ne se termine jamais pur un bourgeon. Cette différence essentielle entre la tige et Ja racine est un fait élémentaire que personne n'ignore, mais sur lequel les physiologistes n'ont généralement pas suffisamment insisté, préoceupés qu'ils étaient de chercher d'autres diffé- rences ou d'autres définitions. . Auprés de ce caractere tiré de l'essence méme des organes, les autres carac- eres signalés : la direction, la structure anatomique, les formes extérieures, la consistance, la couleur, etc., sont des faits qui, bien que d'une importance réelle, sont absolument d'ordre secondaire. Les caractères tirés de la direction soit ascendante, soit descendante des axes, sont certainement, parmi ces caracteres secondaires, des plus essentiels et des plus importants ; néanmoins, si la racine nous parait devoir toujours mériter la qualification (non pas absolue mais relative) d'are descendant, la tige ne nous parait (ainsi que nous l'avons déjà foit remarquer en commencant) ne mériter que dans un certain nombre de cas la qualification d'axe ascendant. Non-seulement les tiges dressées ou ascendantes portent généralement des axes secondaires ou branches, dont la direction se rapproche plus ou moins de la direction horizontale ; mais il existe, comme on le sait, un nombre considérable de plantes à tiges rampantes ou souterraines (rhizomes) qui, des leur naissance, tendent à prendre la direction horizontale, on du moins affectent cette dispo- sition dans leurs principaux rameaux ; la direction verticale de la tige ne se manifeste chez ces plantes que daus les ramcaux secondaires qui se terminent par des inflorescences. Il y a plus, j'ai fait connaitre des tiges souterrainnes ou furions, dont la 'direc- tion est, pendant la première partie de leur existence, franchement descen- dante, le bourgeon terminal pénétrant de haut en bas dans le sol. Tel est le cas des turions de la Sagittaire (Sagittaria sagittifolia); tel est aussi le cas des rameaux du Liseron-des-haies (Calystegia sepium), lorsqu'ils pendent sur un sol humide. En résumé, les tiges qui, par leur situation souterraine, leur couleur blan- chátre, leur aspect, ressemblent le plus aux racines, s'en distinguent toujours facilement à la présence de feuilles réduites à des écailles membraneuses ou feuilles squammiformes, régulièrement disposées, si rudimentaires etsi peu déve- loppées qu'elles soient; les tiges et leurs ramifications, qu'elles soient aériennes ou hypogées (souterraines), sont toujours terminées par un bourgeon, que ce bourgeon soit développé ou qu'il soit rudimentaire. Les racines se reconnaissent toujours à l'absence de feuilles directement insérées, et par conséquent à l'absence de bourgeons axillaires et de bourgeon terminal. La racine (comme il arrive fréquemment chez certaines plantes vivaces, par exemple l'£uphorbia Cyparrissias, le Linaria vulgaris, etc.) 338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. füt-elle chargée de bourgeons produisant des tiges, ces bourgeons nés sur les racines ne sont jamais des bourgeons axillaires, toujours ce sont des bour- geons adventifs, c'est-à-dire produits çà et là d'un noyau de tissu cellulaire; ces bourgeons sont aisément reconnaissables à l'irrégularité de leur disposition, qui contraste avec la régularité de la disposition des bourgeons axillaires des tiges ; les bourgeons adventifs sont tous latéraux, — jamais une racine ne se termine par un bourgeon. M. Guillard dit : Qu'il partage l'opinion de M. Germain sur ce point intéressant. Il croit qu'en indiquant le bourgeon terminal comme caractere distinctif entre la tige et les racines, M: Germain signale une loi générale fort curieuse, et d'autant plus remarquable, qu'elle est sans exception connue, — loi, d'ailleurs, impor- tante à connaitre pour discerner deux classes d'organes qui se ressemblent bien souvent par la forme et la structure : ainsi, — écorce et bois, courants séveux généraux et spéciaux, rayonnements tubuleux, rayonnements celluleux (connus sous le nom incorrect de rayons médullaires), vaisseaux aérifères rayés, ponctués et autres non déroulables..... Cette difficulté de discerner la tige de la racine n'existe pas pour les plantes à racines fasciculées, notam- meni pour les Monocotylédonées, dont l'organisation radicale diffère de celle des tiges par des traits aussi évidents que variés. Il serait sans doute peu sûr de se livrer avec trop de confiance à des appli- cations pratiques de la loi formulée par M. Germain : car, d'une part, il ya beaucoup de plantes (Tilia, Castanea, Salix, Cercis, Gymnocladus, Ostrya, Heimia, etc.) dont tous les rameaux perdent de très-bonne heure leur bour- geon terminal, et cette déchéance, plus ou moins rapide, est aussile cas de toutes les botryes INDÉFINIES (grappes, épis, fascicules ou autres) ; d'une autre part, l'extrémité des racines va en s'effilant à tel point, qu'il serait peut-être hasardeux d'affirmer d'une maniére générale la non-existence d'un bourgeon à cette extrémité. On pourrait expérimenter en dénudant, avec beaucoup de pré- caution, l'extrémité des racines de quelques plantes robustes dicotylées ; mais il est probable que l'expérience resterait inconcluante, parce que les bouts péri- raient desséchés, — si on ne les tenait dans l’eau. Au contraire, les oignons à fleurs que l'on fait pousser en chambre, les Orchidées aériennes, etc. , quoique faisant racine à la lumière, concluent bien en faveur de M. Germain. Que la racine puisse d'ailleurs porter (dans sa longueur, non à son sommet) des bour- geons bien coustitués et évolvables, c'est ce que M. Guillard a observé maintes fois sur des arbres poussant dans un sol incliné et ayant quelque racine mise à nu par éboulement de la terre. Il a vu des rameaux trés -développés et portés sur de telles racines, et il conserve en herbier une branche, entre autres, de SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 339 Cerasus Mahaleb, indiquant par son bois qu'elle avait déjà feuillé trois fois lors- qu'elle a été coüpée. M. Guillard ajoute que le nouveau caractère justementsignalé par M. Germain, ne doit pas faire oublier les caractères que l'on reconnait déjà comme propres à la racine, tels que l'évolution de haut en bas, la proportion exubérante du parenchyme cortical, l'absence presque universelle de liber, de trachées dérou- lables, l'absence trés-fréquente de la moelle centrale ou son remplacement par des fibres vasculées, etc. M. Germain de Saint-Pierre répond: Qu'il n'a voulu insister que sur le caractère essentiel qui distingue la tige de la racine. Les caractères tirés de la structure, tels que l'absence ou la présence d'un canal médullaire, la présence ou l'absence de trachées, dérivent du carac- tére essentiel, c'est-à-dire du fait de consister en un bourgeon ou seulement en une décurrence du bourgeon. Les racines pivotantes, qui sont les racines typiques etles plus fréquentes, présentent d'ailleurs une prolongation du canal médullaire ; il suffit, pour s'en assurer, de pratiquer la coupe longitudinale ou transversale d'un navet ou d'une carotte cultivée. Chez ces racines hypertro- phiées par la culture, la partie médullaire (ou cellulaire centrale de l'axe, plus ou moins atrophiée à l'état spontané) est souvent trés-développée. — Relative- ment à la présence ou à l'absence des trachées déroulables, il est exact de dire que ces vaisseaux se rencontrent surtout dans les jeunes rameaux, mais il existe en réalité des transitions de forme entre les différentes sortes de vaisseaux, comme entre les différentes sortes de cellules. M. de Bouis rappelle à ce propos l'expérience physiologique, tant de fois citée qu'on peut la considérer comme classique, et qui consiste à déplanter un arbre, puis à le replanter les rameaux en terre et les racines en l'air. Il demande à M. Germain de Saint- Pierre comment il expliquerait le phénoméne de la naissance de bourgeons sur ces racines aériennes. M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il ne pourrait s'agir là que de production de bourgeons adventifs ; que, dans ce cas comme dans celui cité par M. Guillard, il n'y a pas à s'étonner de la naissance de bourgeons adventifs sur une racine, car des bour- geons adventifs peuvent naitre sur tous les organes d'une plante, méme sur les feuilles; comme des racines adrentives naissent sur les tiges ou les rameaux enfoncés dans le sol. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : 340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. EXPÉRIENCES SUR LE VERDISSEMENT DES PLANTES ÉTIOLÉES , pr M. Éd. PRILLIEUX. Dans le cours de ses recherches sur l'action de la lumière sur les plantes, M. Guillemin (Ann. sc. nat. 1857, série 1V, p. 161) observa que les feuilles des végétaux étiolés verdissent plus promptement quand elles sont exposées à la lumière diffuse de l’atmosphère que lorsqu'elles sent frappées par les rayons solaires directs. Un peu plus tard, M. Sachs (Flora, Neue Reihe, t. XX, 1862, p. 214) montrait encore que des pieds de Mais étiolés verdissent plus vite quand ils sont couverts d'une sorte de cloche de papier que lorsqu'ils sont exposés à la lumière directe. Il fit voir, en outre, que cette action de la lumière est toute locale, et qu'elle n'agit que sur la portion de la feuille qu'elle atteint; quand il placait de petites bandes d'étain au-dessous de feuilles étiolées qu'il exposait à la lumière du soleil, les parties ombragées par les lames d'étain verdissaient avant les autres. M. Sachs, qui, dans d’autres expériences, avait constaté que le verdissement se produit plus rapidement quand la température est plus élevée, attribua (Physiologie végétale, traduction Micheli, p. 12) à l'échauffement soit des lames d'étain, soit de l'air confiné sous le cornet de papier, le résultat trés-curieux qu'il avait observé. Mais depuis, M. Famintzin (Ann. sc. nat. sér. v, t. VII, p. 195) établit clairement que des plantes soit à l'abri d'écrans, soit à l'ombre, et se trouvant à une température inférieure à celle des plantes exposées au soleil, verdissent néanmoins encore les premiéres, ce qui renverse complétement l'explication proposée par M. Sachs. Il m'a paru intéressant de reprendre cette expérience, en cherchant à éviter en particulier que l'action directe d'un soleil ardent sur des plantes étiolées n'altéràt durant l'expérience leur santé, de facon à jeter du doute sur l'exac- titude des conséquences qu'on en pourrait tirer, car j'avais vu des germina- tions étiolées exposées au soleil direct de l'été se faner et présenter l'aspect le plus languissant. Les plantes que j'ai employées pour mes recherches étaient des germinations de Navet qui s'étaient développées dans l'obscurité et dont les cotvlédons étaient d'un jaune vif. Les pots contenant les petites plantes étaient placés à l'intérieur d'un double cylindre de verre, pareil à ceux dont je me suis servi dans mes expériences sur l'action de la lumière colorée, et qui était rempli d'eau; j'en fermais l'extrémité supérieure en le recouvrant d'un vase de verre à fond plat également rempli d'eau. Les jeunes plantes étaient ainsi placées dans une sorte de cloche d'eau qui absorbait une assez grande partie de la chaleur solaire et laissait passer la lumière. Près des plantes était, à l'inté- rieur de chaque appareil, un thermomètre. L'un des appareils fut ainsi exposé directement au soleil, tandis que l'autre SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 18069. 341 fut recouvert d'une plaque de verre dépoli et abrité sous une grande fcuille de papier blanc. Au bout d'une heure d'exposition au soleil, déjà les plantes ombragées pré- sentaient une très-faible teinte verdátre que n'offraient pas les autres, mais au bout de deux heures et demie, le résultat était bien tranché : l'expérience avait commencé à onze heures et demie; à deux heures les plantes ombra- gées (A) étaient vertes, les plantes exposées au soleil direct (B) étaient seulement d'un jaune verdátre. La température était notablement plus élevée sous l'appa- reil exposé au soleil que sous l'appareil. ombragé : elle était de 42° C. dans l'appareil B au soleil, et de 34? C. dans l'appareil A derrière l'écran de papier. Une heure plus tard, à trois heures, aprés trois heures et demie d'insolation, la différence est extrêmement marquée. Dans l'appareil ombragé A, les feuilles sont très-vertes et bien ouvertes. Dans l'appareil exposé au soleil direct B, les feuilles verdissent, mais ne sont pas encore aussi vertes que l'étaient, une heure auparavant, les plantes ombragées. — La température était de 42° €. dans l'appareil B, et de 35° dans l'appareil A. Cette expérience confirme pleinement les résultats obtenus précédem - ment, ils montrent, non-seulement que le verdissement s'opère plus vite à la lumiere diffuse qu'à la lumière directe du soleil, mais encore que l'élévation de température n'est pas, comme l'avait supposé M. Sachs, la cause de l'accé- lération du verdissement. — Reste à savoir s'il u'y avait pas de différence dans la composition de la lumiere directe et de Ja lumière diffuse que recevaient les plantes en expérience, si ces lumières ne différaient bien entre elles que par l'intensité. Un savant éminent, qui a fait tout spécialement de l'étude de la lumière l'objet de ses travaux, M. Edm. Becquerel, à qui j'eus occasion de parler de l'expérience que je viens de rapporter, m'exprima quelques doutes sur sa portée et sur la valeur des conclusions qu'on en peut tirer. On ne sait pas toujours exactement quelles absorptions se produisent quand on fait traverser àla lumiére des écrans, il est bien difficile d'étre assuré qu'on s'est placé à l'abri de toute cause d'erreur dans ces conditions. Pour que l'expérience füt sans réplique, il faudrait exposer les plantes à de la lumière directe d'intensité variable ; on pourrait obtenir pour cela les conditions convenables, en proje- tant à l'aide d'une lentille un cône de lumière dans une chambre noire. Je pus réaliser cet été l'expérience dont M. Edm. Becquerel m'avait donné l'idée. Je l'installai de la facon suivante : La lumiére du soleil était renvoyée par un héliostat à l'intérieur d'une chambre obscure, dépendant du laboratoire de physique que M. Jamin avait eu la bonté de mettre à ma disposition. A son entrée dans la piece, elle était reçue sur une large lentille, et formait au delà du foyer un cône qui s'étendait jusqu'au fond de la chambre à une distance d'environ 6 mètres. Des germi- nations d'Orge, faites à l'obscurité, me fournirent les plantes étiolées d'un 342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. beau jaune, que je placai dans le cône de lumière à des distances différentes du foyer, en ayant soin qu'elles ne pussent se porter ombre les unes aux autres. Un premier pot (T) fut mis à 0^,10 du foyer; le deuxième (IT) à 17,60; le troisième (III) à 27,80; le quatrième (IV) à 37,35; le cinquième (V) à 57,70. L'expérience commença à une heure et demie, et fat arrêtée à quatre heures et demie; elle ne pouvait malheureusement étre continuée plus longtemps, le soleil se trouvant dès lors caché par des bâtiments voisins. Après ces trois heures d'exposition au soleil, toutes les petites plantes étiolées avaient verdi à peu près également, à l'exception de celles du pot I, le plus rapproché du foyer de la lentille (0,10), et par conséquent le plus éclairé, qui étaient demeurées parfaitement jaunes. Entre le pot I et les autres, la différence était extréme- ment tranchée. Entre les pots IT, IIT, IV et V, elle était à peu près insensible. Peut-être, néanmoins, les plantes des pots IV et V étaient-elles un peu moins vertes que celles des pots II et III. Quoi qu'il en soit, le fait principal est trés- nettement établi dans cette expérience : Les plantes étiolées, exposées à une lumière très-vive, sont restées incolores, tandis que celles qui ne recevaient qu'une lumière beaucoup moins intense se sont fortement colorées en vert. Ce n'est pas à une modification quelconque dans la composition de la lumiere qu'il faut attribuer cet affaiblissement de son action sur le verdissement des plantes lorsqu'elle devient plus intense. La cause en est cachée dans l'organi- sation intime de la plante. Des faits analogues se produisent du reste à chaque instant sous nos yeux. Au-dessous d'une certaine température, les divers phé- nomènes de la vie végétale ne s'accomplissent pas; que la chaleur augmente, ils se produisent avec une énergie croissante, mais seulement jusqu'à un cer- tain point; si l'élévation de la température continue encore au delà, la plante languit, ses fonctions ne s'accomplissent plus. L'action de la lumiere sur les plantes est sans doute du méme genre. L'étude du verdissement nous en montre la preuve. Si la plante demeure à l'obscurité, la matière verte ne se forme pas ; si elle est exposée à une lumière modérée, elle se forme avec une grande rapi- dité ; mais au delà d'un certain point, si l'intensité de la lumière augmente toujours, la production de la matière verte ne se fait plus. L'action de la lumière, comme celle de la chaleur, doit donc, pour être utilisée par les plantes, être maintenue dans certaines limites, au delà desquelles elle reste sans effet. Ajou- tons que ces limites paraissent n'étre pas les mémes pour les diverses fonctions; ainsi, une quantité de lumière qui est excessive pour la production de la ma- tière verte est utilisable pour la décomposition de l'acide carbonique par la matière verte déjà formée : le maximum n'est pas le méme pour ces deux phé - nomènes, il est bien moins élevé pour le verdissement que pour la réduction de l'acide carbonique. L'expérience suivante me parait justifier cette assertion : Tandis que je met- tais des plantes étiolées, les unes, directement au soleil, les autres, à l'abri d'un SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 343 écran de papier blanc, et que je voyais celles qui étaient ombragtes se colorer plus vite que celles qui recevaient directement la lumière, je pris des plantes d'eau (Elodea canadensis) que j'exposai au soleil dans de l'eau. chargée d'acide carbonique, alternativement à la lumiere directe et à l'abri d'un écran de papier. Le dégagement des bulles de gaz se montra toujours plas grand à la lumière directe que derrière l'écran. Dans l'expérience que je rapporte, la moyenne était de 127 bulles par minute dans le premier cas, de 92 seulement dans le second. Ainsi, en diminuant l'intensité de la lumière, on activait la production de la matière verte, tandis qu'on ralentissait au contraire la réduc- tion de l'acide carbonique par la matière verte déja formée. L'intensité de la lumière directe du soleil dépassait donc le maximum d'action physiologique pour le verdissement, et non pour la réduction de l'acide carbonique par la matière verte, Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la r Société: SUR DES GALETS CALCAIRES ATTAQUÉS PAR L'EUACTIS CALCIVORA, par M. J. DUVAIL-JOUVE. (Montpellier, 18 novembre 1869.) J'ai l'honneur d'adresser à la Société quelques exemplaires de galets que j'ai recueillis, en juin dernier, sur les bords de l'Etang du Comte. Cet étang se trouve au sud de la vallée marécageuse dite Marais des Baux, sur la limite de la Crau d'Arles et de la commune de Maussane (Bouches-du-Rhône). H n'v a que vingt ans qu'il avait encore cinq kilometres de long sur un au. moins de large, mais le desséchement des marais des Baux, opéré en 1850, en a quelque peu réduit les dimensions, et sur plus d'un point les bords de l'ancien lit sont à sec. En les parcourant, je remarquai que presque tous les galets qui les couvrent, qu'ils soient roulés ou encore anguleux, ont leur surface profon- dément parcourue par des sillons tortueux et sont comme vermiculés. Ce singulier aspect me rappela que j'avais vu dans le 77ora la mention faite par notre savant confrère, M. W. Schimper, de galets calcaires qui se rencontrent dans plusieurs lacs de la Suisse, et dont la surface est toute marquée de trous ou de profonds sillons dus à l'influence d'une Algue, l'Ewactis. ealeivora, fixée contre eux et les altérant (Flora, 1865, p. 509). J'ai soumis mes galets à l'examen de M. Schimper, qui n'a pas hésité à y reconnaitre l'action de l Algue précitée. Non-seulement les galets mobiles en sont sillonnés sur toutes leurs faces, mais, au. quartier de la. Tuilerie, près de Ja route de Saint-Martin-de-Crau à Maussane, les rochers qui formaient autrefois l'ancien lit sont attaqués, troués et labourés en tous sens par ces sillons. I va sans dire que les cailloux 3AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de Crau qui se trouvent daus le même étang, sont, par leur nature quartzeuse o 2 à l'abri des influences de l'Algue calcivore. Cependant, j'en rencontrai quel- ques-uns dont la surface était assez profondément veriniculée ; mais, après cassure et examen, il se trouva que le côté attaqué était, par suite de son séjour dans l'étang, encroüté d'un faible dépôt calcaire, et que cette croûte était seule [e] attaquée par I E'uactis. M. Roze, secrétaire, présente à la Société, de la part de M. L. Marcilly, des échantillons (destinés à l'herbier de la Société) d'Or- chis brevicornis Viv. et d'Aristolochia pallida Willd. Il donne en- suite lecture d'une note sur ces plantes, qui en accompagnait l'envoi. SUR DEUX ESPÈCES A AJOUTER A LA FLORE FRANÇAISE, par Mi, IL. MARCILLY. (Nice, 30 octobre 1869.) ORCHIS BREVICORNIS Viv. ex spec. in herb. Webb; F7. ital. fragm. in Ann. bot. YI, p. 184, et FI. ital. fragm. ed. 2, p. 12. Parlatore Fl. ital. t. IIT, p. 505. — Icones : Viv. loc. cit. tab. 12, f. 2 ; Rchb. fil. Orch. tab. 28h, f. 1 et tab. 509. Divisions extérieures du périgone : ovales-lancéolées, obtuses, 3-nerviées, brun-violet à l'extérieur, verdátres à l'intérieur ponctué de brun ; d'abord con- niventes en casque, les 2 latérales se relevant ensuite. Divisions intérieures : verdâtres, lavées de brun, obscurément 1-nerviées, ovales-lancéolées, obtuses, dressées, un peu plus étroites et plus courtes que les extérieures. Labelle : blanchâtre à la base, rose sur le surplus ; ponctué de violet, tri- lobé ; sinus peu profond, placé vers le tiers inférieur du labelle, qui, d'abord étalé, se plie dans son milieu, de manière que les deux moitiés soient parfai- tement adossées ; lobe moyen émarginé ; lobes latéraux arrondis, crénelés. Eperon : rose, ponctué de violet à l'intérieur, conique, obtus, descendant, atteignant les 3/5** de la longueur de l'ovaire. Bractées : lancéolées-aigués, brun violet lavé de vert, 3-5-nerviées, les 2 inférieures atteignant la longueur de l'ovaire, et les autres, au plus les 3/5° de cette longueur. Ovaire : fortement tordu en spirale, brun violet pendant l'anthése. Gynostéme : très-court, muni au sommet d'une petite pointe obtuse. Epi : cylindrique, assez serré; de 5 à 15 fleurs. Feuilles : 5 à 7, dressées, d'un vert clair, luisant, comme vernissées, en cuiller; les inférieures presque spatulées ; les supérieures ovales-lan- céolées, acuminées, rougeûtres à l'extrémité supérieure. Tige : de 25 à 30 centimètres de hauteur, épi compris; brun violet à partir de la pointe de la feuille la plus élevée ; vert clair inférieurement. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 345 Bulbes : 2, ovoides, sessiles, de grosseur moyenne. Floraison : du 15 mai au 15 juin (quinze jours environ après celle de l'O. mascula dans la méme localité). Habitat : forêt de Funeiret (commune du Mas, arrondissement de Grasse). — Futaie de hêtres et pins silvestres, occupant des versants abrüpts exposés au nord; altitude : 13 à 1490 metres. Cette Orchidée est indiquée par Viviani aux environs de Nice, où elle ne parait pas avoir été retrouvée, et dans les lieux herbeux des collines de la région des oliviers de la rivière de Gênes, Les versants sur lesquels nous l'avons récoltée (les 14 mai 1867 et 34 mai 1869), et qui réunissent la chaine de Bleine à celle du Cheiron, ont une alti- tude beaucoup plus considérable que celle des stations désignées par Viviani, et leur végétation est presque exclusivement alpine. La commune du Mas appartenait au département du Var avant l'annexion; notre plante est donc bien francaise, ainsi que l'ARISTOLOCHIA PALLIDA Willd. (Aristolochia rotunda B. Linn. et All. pro parte). Cette dernière n'est mentionnée dans aucune flore francaise : M. Ardoino, dans sa Flore des Alpes-Maritimes publiée en 1867, la signale comme très- rare, et la seule station qu'il précise appartenait à l'ancien comté de Nice. L'aire qu'elle embrasse occupe, sur 20 kilomètres environ de l'est à l'ouest et sur 10 du nord au sud, les versants nord et sud du massif de montagnes que domine le Cheiron, et nous l'avons vue ou récoltée en. 1868 et 1869 sur les territoires des commuaes de Coursegoules, de Roquesteron-Grasse et d'Andon. Nous l'avons également retrouvée en mai 1869 dans l'Estérel, non loin de la gare d'Agav (Var). C'est seulement dans cette dernière station que nous en avons pu atteindre le tubercale, de forme sphérique, comme celui de VA ristolochia rotunda, tubercule qui manque à l'échantillon ci-joint, que nous offrons pour l'herbier de la Société botanique, avec un spécimen de l'Orehis brevicornis. M. C. Roumeguére adresse également pour l'herbier de la Soci^té des échantillons de trois Mousses nouvelles, dont il a donné la des- cription dans son ouvrage intitulé : Bryologie du département de l'Aude. M. le Président adresse des remerciments, au nom de la Société, à MM. Marcilly et Roumeguère. M. Pérard présente à la Société le travail suivant, qui commence une nouvelle série formant le complément de ses précédentes com- munications sur la flore de l'arrondissement de Montluçon : 346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ÉNUMÉRATION DES RENONCULACÉES, BERBÉRIDÉES, NYMPHÉACÉES, PAPAVÉRACÉES, FUMARIACÉES ET CRUCIFÈRES DE L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON (Allier), pr M. PÉRARD. RENONCULACÉES. CLEMATIS L. (Clematitis Tourn.) €. Vitalba L. — Haies. — Juillet-sept. — 5. — Granite et calcaire. — C. ANEMONE Tourn., L. A. nemorosa L. — Forêts, bois. — Mars-avril. — 4X. — C. RANUNCULUS Tourn., L. R. hederaceus L. — Ruisseaux, fontaines, — Mai-sept. — 24. — C. dans le granite. Montluçon, vallées del'Amaron et de Néris !! Fontbouillant !! Bienassis !! Désertines !! Bizeneuille !! Argenti !! Cérilly, Saint-Pardoux -les- Eaux !! Vallon-en-Sully !! etc. S.-var. erectus Bréb. — Tiges élevées, faibles, tombantes. — Vallon, bords du canal !! R. radians Revel. — Mares. — Mai-juin. — ®©. — A. C. Montluçon, vallée du ruisseau de Néris !! Maulne, forêt de Troncais !! etc. R. aquatilis L. — Rivières, étangs, mares. — Avril-juill. — 24. — CC. partout. Forme a. heterophyllus. — Batrachium heterophyllum Fr. = Feuilles flottantes réniformes, à 3 ou 5 lobes. — b. pellatus. — Batrachium peltatum Fr. — Feuilles flottantes peltées. — c. truncatus. — Feuilles flottantes tronquées à la base, à lobes divergents. — d. homaophyllus. — Feuilles submergées, toutes capillaires. S.-var. lerrestris (a, b, c, d). — Forme terrestre des lieux desséchés, au bord des étangs et des mares. R. trichophyllus Chaix. — X. capillaceus Thuill. — Rivières et eaux sta- gnantes. — Avril-juill. — 2^. — C. Montluçon, Bizeneuille, Huriel, Cérilly !! etc. S.-var. terrestris. — R. caspitosus Thuill. — C. — Forme terrestre du type. R. flaitans Lam. — Rivières. — Mai-sept. — 2. — A.C. — Le Cher!! R. Flammula L. — Bords des étangs, prairies marécageuses, — Mai-sept. — 4, —— CC. Forme à. serralus. — Feuilles toutes dentées, — b. reptans. — R. reptans Thuill, non L, — Bords des étangs, — €. — Tiges gréles, couchées, rampantes ; fleurs souvent plus petites. R. auricomus L, — Bois, lieux ombragés, — Avril-mai, — %.— A. C. Montluçon, bois de Chauvière !! etc. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 347 R. Steveni Andrz. — Zl acris Jord. — Prairies. — Mai-juin et sept. — 2X. — (C. R. vulgatus Jord. — /?, acris auct. — Bois, prairies. — Mai-sept. — 2. — CC. R. Boræanus Jord. — R. acris multifidus DC. — Prairies. — Mai-juin ct sept. — 2. — C. R. silvaticus Thuill. — Forêts, bois. — Mai-juill. -- 2, — A. C. Montluçon, bois de La Liaudon !! etc. R. nemorosus DC. — Forêts, bois. — Mai-juill. — %. — A. C. Montluçon, bois de Chauvière!! Commentry, le Marais !! Cérilly, forêt de Tronçais entre Maulne et Braise !! Lieux frais. — Avril-oct. — ¥. — CC. Forme erectus. — Tiges dressées, sans rejets. R. repens L. R. bulbosus L. — Champs, prairies. — Avril-juin. — 2. — CC. Ce type présente plusieurs formes, dont M. Jordan a fait des espèces distinctes. Dans cette contrée, cette Renoncule a le plus souvent un bulbe assez petit, des feuilles à lobes élargis, maculés; elle constitue alors le R. bulbifer Jord. On l'observe quel- quefois avec un bulbe assez gros, les feuilles plus découpées, le bec des carpelles plus prononcé : elle serait dans ce cas le R. «parsipilus Jord.? Quant au R. brachiatus Jord., qui a des tiges étalées, se ramifiant en bras plus ou moins ouverts, je ne l'ai pas ren- contré jusqu'ici dans arrondissement. R. Chzerophyllos L. — Coteaux arides. — Mai-juin. — Z7. — RR. Montluçon, à un kilomètre de Pasquis, en allant au château de Passat, trouvé en fruitle 19 juin 1860, sur un espace restreint !! La tige de cette espéce, ordinairement simple et uuiflore, a deux rameaux floriféres dans la plupart des échantillons récoltés, ou plusieurs tiges partant du méme collet de la racine. R. sceleratus L. — Bords des mares. — Mai-sept. — (D. — A. C. Montlucon, environs du chàteau de Blanzat, de l'usine Guérin, du Diéna!! etc. K. Philonotis Ehrh. — Bords des chemins, des ruisseaux et des mares. — Mai-oct. — ©. — CC. Plante trés-polymorphe ; la tige est souvent rameuse ou simple uniflore, elle est élan- cée et peu feuillée dans les haies ombragées (le Diéna !1) ou basse et rameuse avec des fleurs plus petites dans les lieux à découvert, Ouches prés Montluçon! R. parviflorus L. — Lieux humides ou couverts, — Mai-juill. — ©. —RR. Cérilly (Sau£sec. Bor. Fl. centr. éd. 1). — Montluçon, fossés de la route de Marmignolles !! observé près du château de Passat, R. arvensis L. — Champs. — Mai-juill. — ©. — C. Le R. Lingua L. indiqué au pont de la Chambriére prés Montluçon (Servant sec. Bor. Fl. centr. éd. 1), a certainement disparu de cette localité. FICARIA Dill. F. ranunculoides Mœnch. — Ranunculus Ficaria L. — Prairies, endroits frais des bois; — Mars-mai, — #,— CC. 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CALTHA Bauh., L. (Populago Tourn.) €. palustris L. — Marais. — Avril-mai, — 2. — A. C. Montlucon, Quinsaines, Ouches, Chamblet, etc. Une forme (pseudo-pellata) qui existe, dans le département, aux environs de Moulins! sera peut-étre rencontrée aussi dans cette contrée. Elle est intermédiaire entre le C. pa- lustris et le C. flabe!lifolia (Pursh. sec. Bor.), en ce qu’elle possède les feuilles à oreillettes arrondies du premier et les fleurs plus petites du second. Les oreillettes de ses feuilles, étant élargies, se recouvrent l'une l'autre de telle sorte que l'on pourrait croire que la feuille est peltée, HELLEBORUS Tourn., L. H. fœtidus L. — Ravins, bords des chemins. — Février-avril. — 2. — C. Néris (Botrot-Dess.) ; Montluçon, vallées de l'Amaron, des ruisseaux de Néris, de Désertines et de la Brosse!! Lavaux-Sainte-Anne !! Nocq, Huriel!! Estivareilles, Chouvigny, Bizeneuille !! etc. IsoPYRUM L. I. thalictroides L. — Bois ombragés. — Avril. — ¥. — R. Montluçon (Servant sec. Bor. Fl. centr. éd. 1), bois de Chauvière !! indi- qué dans le bois de la Brosse ou de l'Allée. AQUILEGIA Tourn., L. A. vulgaris L. — Bois, rochers et ravins ombragés. — Mai-juill. — 24. — C. dans le granite. Montluçon, vallées de l'Amaron et de Néris, gorges du Thet, des ruisseaux de la Brosse et de la Châtre !! Lavaux-Sainte-Anne !! Chantemerle près Vaux-sur-Cher!! ravin de Nocq à la Chapelaude !! forêt de Troncais !! Dizeneuille, etc. DELPHINIUM Tourn., L. D. Consolida L. — Moissons. — Juin-sept. — (0. — A. C. dans le calcaire. Montlucon, prés du cháteau de Passat!! etc. Le Thalictrum flavum L., Coss. et Germ. (Fl. par. éd. 2), existe, aux environs de Moulins, sur les bords de l'Allier ! Je ne l'ai pas observé jusqu'ici dans nos alluvions gra- nitiques, où i! parait manquer complétement. Peut-être sera-t-il rencontré dans les allu- vions calcaires, sur la limite du département du Cher. BERBÉRIDÉES. BERBERIS Tourn., L. B. vulgaris. L. — Haics. — Avril-mai. — b. — Marnes irisées, calcaire. Ainay-le-Cháteau ; Cérilly, forêt de Tronçais, sur un espace restreint. Souvent échappé des pares dù il est cultivé comme arbuste d'ornement. Montlucon, Ouches, etc. Dans certains endroits on se sert de ses feuilles en guise d'oseille. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 39 NYMPHÉACÉES,. NYMPHEA Tourn., L. part. N. alba L. — Étangs. — Juin-sept. — X. -— C. Montluçon, étang de la Brosse !! Chamblet, dans les deux étangs !! Bize- neuille, étangs de la Varenne, de Bagnard et de Muret!! Cosne, étang des Landes!! Saint-Sornin, étang de la Goutte (1), etc. Var. B. minor Coss. et Germ. — Feuilles et fleurs plus petites. — Mèmes localités que la forme-type !! NUPHAR Smith. N. luteum Sibth. et Sm. — Nymphæa lutea L. — Etangs. — Juin-août, — x, — A. C. Étang de Roucron !! — C. surtout du côté d'Audes. PAPAVÉRACÉES. PAPAVER Tourn., IL. P. Argemone L. — Lieux sablonneux. — Mai-sept. — ©. — C. P. dubium L. — P. collinum Bor. Fl. centr. non Bogenh. — Champs. — Mai-sept. — W. — C. P. Lamottei Bor. — Champs. — Mai-juill. — W. — A. C. Montlucon, Lavaux -Sainte-Anne !! etc. P. Rhœas L. — Moissons. — Mai-juill. — (D, — CC. Var. à fleurs blanches !! RR. P. somniferum L. — Décombres, — Juin-aoüt. — (0. — Çà et là. Subspontané à Montluçon et sur les ruines du château d'Hérisson !! Le Glaucium luleum Scop. s'est naturalisé à Montlucon dans les décombres, pres de la glacerie du cóté du Cher (1864). CHELIDONIUM Tourn., L. Ch, majus L. — Haies, décombres, murs. — Avril-oct, — ¥. — CC. FUMARIACÉES. CORYDALLIS DC. €. solida Smith. — C. bulbosa DC. — Haies, vignes. — Mars-avril. — z. — À. C. Lavaux-Sainte-Anne (Servant sec. Bor. FT. centr. éd. 1); Montluçon, bords de la Vernoille; environs du Thet; chemin de Gourre-du-Puy, au- 1 x P T x dessus des Iles ; haies des Blaucheriots !! (1) Jai compris dans ma circonscription les élangs de la Goutte pres Saint-Sornin, at de Malva prés Rocles, que j'ai explorés sur nos limites, T. XVI (SÉANCES, 23 350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. FUMARIA Tourn., L. part. F. officinalis L. -- Vignes, champs cultivés. — Avril-oct, — (1, — CC. F. media Lois. — Champs. — Mai-juill. — CU. — C. F. Vaillantii Lois. — Mai-juill. — ©.— Champs d'Hérisson (Bor. 7. centi. éd. 1). F. parviflora Lam. — Champs incultes. — Juin-sept. — (i. — peu C. Montluçon (Bor. ML. centr. éd. 1), champs du Diéna !! CRUCIFÈRES. 8 1. Siliqueuses. CHEIRANTHUS L., R. Brown. Ch. Cheiri L. — Vieux murs. — Avril-juin. — #. C. sur les anciens murs du cháteau de Montlucon !! NASTURTIUM R. Brown., non Tourn. N. officinale R. Br. — Ruisseaux, eaux vives et courantes. — Mai-sept. — Z, — CC. — Vulg. Cresson-de-fontaine. N. siifolium Rchb. — Fossés, ruisseaux. — Mai-sept. — 7. — peu C. Chavenon, bords de l'Aumance !! N. amphibium R. Br. — Bords des rivières et des étangs. — Mai-juill. — Z. — CC. S.-var. indivisum, — Feuilles toutes indivises et entières. N. palustre DC. — Sables des rivières. — Mai-sept. — #.— G. Alluvions du Cher, de la Vernoille, et bords du canal du Berry !! N. silvestre R. Br. — Bords des eaux. — Mai-août. — Z. — A.C. Bords du Cher, surtout dans la partie nord de l'arrondissement. N. pyrenaicum R. Br. — Bords des eaux, grèves sablonneuses des rivières. — Mai-juill. — 2. — A. C. Montluçon, Maulne (Bor. Fl. centr. éd. 1). Bords de l'Amaron, au Diéna !! bords du Cher, aux Iles !! Vallon-en-Sully, bords du canal !! etc. BARBAREA R. Brown. B. vulgaris R. Br. — Lieux ombragés, prairies. — Avril-juin. — ©. — Peu €. — Montluçon, Commentry, Perreguines !! B. rivularis Martr.-Doun. — B. stricta Bor. FL. centr. éd. 3, non Fries nec Andrz. — Endroits humides. — Avril-juin. — 2. — Peu C. Montlucon, bords du Cher au-dessus de Saint-Jean !! Plante de 3-5 décimètres; rameaux fructifères courts, atteignant tous à peu près la méme hauleur ; siliques obliquement dressées le long des rameaux, et le plus souvent SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869, 351 disposées d'un mème côté, à pointe effilée; fleurs jaunes; feuilles radicales lyrées, à lobe principa ovale-oblong, les deux lobes qui le suivent égalant la moitié de sa lar- geur; lobe principal des feuilles supérieures obovale, comme tronqué, profondément et irréguliérement sinué-denté (Martrin-Donos, Fl. du Tarn; 4864). Cette espèce, reconnue distincte du B. stricta Andrz., Fries (B. parviflora Fries), est voisine du B. vulgaris, mais elle en diffère par les lobes latéraux de ses feuilles radicales égalant seulement la moitié de la largeur du lobe terminal. — Le B. vulgaris est plus robuste, de couleur plus sombre, ses siliques épaisses sont appliquées en tout sens, et les lobes latéraux de ses feuilles radicales égalent la largeur du terminal, — Le B. rivu- laris est plus nettement séparé du B. intermedia Bor. (que nous n'avons pas encore observé dans notre contrée), ainsi que du B. precoz, par le lobe terminal de ses feuilles supérieures obovale, comme tronqué, profondément et irrégulièrement sinué-deuté ; car les B. precox et intermedia ont les feuilles supérieures profondément pennatifides, à lobes oblongs ou linéaires-oblongs (le terminal plus prononcé), généralement entiers ou peu dentés. Le B. intermedia Bor., par ses siliques courtes, trés-rapprochées de la tige, se distingue à priori du B. precoz, qui a des siliques longues, espacées et écartées de l'axe. B. przecox R. Br. — B. brevistyla Jord. Diagn. ! — Lieux frais. — Avril- mai et oct, — ©. — C. — Granite et alluvions. Montlucon, alluvions du Cher et rochers du Roc-du-Saint !! Huriel, dans les débris de la route de Nocq !! Couraud, prés du chemin de fer !! environs du Roc-de-Pvraume !! Néris, coteaux granitiques ! (Boreau). Le Barbarea praecox R. Br. est indiqué dans la 17* édit, de la Fl. centr. à Montluçon, Chavenon et Cérilly. TunniTIS Tourn., L. T. glabra L. — Lisières des bois, — Mai-juill. — 2. — A. C. Montluçon, bois de la Liaudon et gorge du ruisseau de la Brosse!! Le Diéna, près du champ du pendu !! environs de Montimarault, etc. ARABIS L. A. Thaliana L. — Sisymbrium Thalianum J. Gay. — Lieux sablonneux et incultes. — Printemps et automne. — 4). — CC. CARDAMINE Tourn., L. €. pratensis L, — Prairies humides, bords des eaux. — Mars-mai. — 7. — CC. €. udicola Jord. Diagn. — Bords des ruisseaux. — Avril-mai,— 7. — R. Bizeneuille, ruisseau de Fragne, pres du moulin !! Plus robuste que le précédent; il a les folioles plus larges et les fleurs blanches. €. hirsuta L. — Bords des eaux. — Mars-mai. — 2. — A. C. Vallon (Bor. Fl. centr. éd. 1); Montluçon, bords de FAmaron au Roc- du-Saint et bords du Cher aux Iles ?! €. silvatica Link. — Lieux frais et ombragés. — Avril juin, — L. — A.C. Montluçon, bords des ruisseaux du bois de la Chàtre *? vignes de Donie- rat !! bords du Cher à Lavaux -Sainte- une et au Bateau du Mas Marcillat, bords du Buron (LZ. de Lambertye sec. Bor. FL. centr. éd. V. C. Impatiens L. — Bords des eaux. — Mai-juin. — 2. — X. €. 392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Montluçon, Lavaux-Sainte-Anne (Servant sec. Bor. Fl. centr. éd. 1), bois dela Liaudon, au bord du Cher !! bois de la Garde, près du château de l'Ours!! pont des Trillers prés Perreguines! (Lucand); environs de Blomard (Jamet). HresPERIS Tourn., L. H. matronalis L. — Mai-juin. — 7. — Quelquefois subspontané dans le voisinage des habitations et des lieux cultivés. Montlucon, bords du Clier, rive gauche en face de Lavaux -Sainte-Anne. SISYMBRIUM Tourn., L. part. S. officinale Scop. — Erysimum officinale L. — Bords des chemins, lieux incultes. — Mai-oct. — (D. — Partout, CC. S. Sophia L. — Lieux sablonneux. — Mai-oct. — (0). — Peu C. Cérilly (Bor. Fl. centr. éd. 1), Montluçon, bords du Cher aux Iles!! S. Alliaria Scop. — Erysimum Alliaria L. — Alliaria officinalis Andr. — Lieux ombragés, bois. — Avril-juin. — ©. — C. Montluçon, vallée de l Amaron !! Bizeneuille, près du ruisseau de Fragne !! Brignat, etc. BRASSIGA Tourn., L. B. campestris L. —Vulg. Colza.— Avril- mai. —® ou ©. — Champs cultivés. B. Napus L. — Champs, talus sablonneux. — Avril-mai. — (D ou ©. — A.G. Montlucon, talus du chemin de fer de Moulins; Lavaux-Sainte-Anne, bords du Cher; vignes de Désertines !! etc. B. Cheiranthus Vill, — Champs incultes, alluvions. — Mai-sept. — © ou 2 — cC. Montlucon, au Diéna !! bords du Cher !! vallées de l'Amaron, de Déser- tines, du Thizon !! Hérisson !! Nocq prés Huriel!! etc. On cultive les Brassica oleracea et Rapa L. SINAPIS L. S. arvensis L. — Champs. — Mai-oct. — ®©. — CC. RAPHANUS L. R. Rapbanistrum L.— /layhanistrum segetum Baumg.-- Champs, moissons — Mai-sept. — (y. — CC. Varie à fleurs jaunes, blanches veinées ou rosées. On cultiveles Raphanus sativus et niger Mérat. $ 2. Siliculeuses. SENEBIERA Poir. 8. Coronopus Poir. — Coronopus Ruellii All. — Lieux sablonneux ou cul- tivés. — Mai-sept. — (0. — A. C. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1869. 353 Montlucon, bords du Cher; Chamblet, jardin du presbytère !! etc, CAPSELLA Ventenat, €. Bursa pastoris Monch. — Thlaspi L. — Bords des chemins. -— Toute l'année, — ©. — CC. S.-var, integrifo!ia. — Feuilles toutes entières. — C. LEPIDIUM L. L. graminifolium L, — L. Iberis Willd. — Talus des rivières, décombres. — Mai-sept. — X. — C. Montlucon, Hérisson, Cérilly, Ainay-le-Cháteau !! etc. L. campestre R. Br. — Thlaspi campestre L. — Champs incultes. — Mai- juil. — ©. — C. Montluçon, Lavaux-Sainte-Anne, Néris, Huriel !! etc. L. Smithii Hooker. — Pelouses et bords des ruisseaux. — WMai-juin. — 2X. — Peu C. Montluçon, vallée du ruisseau de Désertines!! les Iles, Roc-du-Saint !! Lavaux-Sainte-Anne. L. sativum L, — Vulgairement Cresson-alénois. — Subspontané dans le voi- sinage des habitations et des forges. — Mai-juill. — ©. — C. BISCUTELLA L. (Thlaspidium Tourn. part.) B. granitica Bor. suppl. inédit, Billot exsicc. n° 3516. — B. mollis Bor. Fl. centr. éd. 3, non Loisel. — Rochers et coteaux granitiques. — Mai- août, — 27, — A.R. Montluçon, vallée de l'Amaron, au Roc-du-Saint !! C. — Désertines, au Val-du-Diable!! Néris! (Boreau, Déséglise.) Cette plante est trés-variable, — Au Roc-du-Saint, on la trouve à fevilles plus ou moins étroites et même très-larges dans les endroits humides, — Les silicules sont lisses et glabres ou scabres et écailleuses, mais toujours sur des individus différents. Le style est quelquefois deux fois plus long qu'on ne l'observe généralement. Enfin, en automne, on rencontre assez souvent des bouquets de feuilles, en forme de verticilles, espacés le long de la tige. A Désertines, les feuilles sont couvertes d'une villosité molle, plus abon- dante. Sur les coteaux secs de Néris, les feuilles sont très-étroites. M. Boreau distingue cette espèce des B. saxatilis DC. et B. mollis Loisel. TEESDALIA R. Brown. T. nudicaulis R. Br. — 7. Iberis DC. — Coteaux secs, pelouses sablon- neuses, — Avril-juin. — (D. — C. Montluçon, Bizeneuille, Néris, Cérilly, Marcillat ! etc. 'THLASsPI Tourn., L. part. Th. arvense L, — Lieux cultivés, vignes, — Avril-oct. — © — C. Montlucon. Domérat, Cérilly, Theneuille !! etc. 307 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Th. perfoliatum L, — Champs, vignes. — Mars-mai, — (m. A. C. dans le bassin calcaire de Couraud, Domérat et Brignat !! EROPHILA DC. E. vulgaris DC. — Draba verna L. — Champs sablonneux, lieux incultes. — Mars-avril. — ©. — CC. LE. majuscula Jord. est, parmi les nombreuses espèces que ce botaniste a créées dans ces derniéres années, celle que j'ai observée le plus souvent, ALYSSUM L. A. calycinum L, — Terrains arides et sablonneux. — Avril-juin.. — ©. — A. C- Alluvions du Cher ; Montlucon et environs !! L'A. saxatile L. est cultivé comme ornement dans les jardins et rarement subspontané ; je l'ai trouvé une fois dans la vallée de l'Amaron, au Diéna. SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASEGUE. M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 novembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. M. l'Archiviste appelle l'attention de la Société sur une impor- tante publication qu’elle vient de recevoir, en échange de son Bulletin: le Lotos, journal de la Société d'histoire naturelle de Prague. M. Germain de Saint-Pierre fait hommage à la Société d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier récemment et qui est intitulé : Nouveau dictionnaire de botanique. ]] prie les membres de la Société de vouloir bien en prendre connaissance, et dit qu'il recevra avec plaisir toutes les observations qu'on voudra bien lui adresser et qui pourront l'aider à tenir cet ouvrage au courant de toutes les nouvelles découvertes de la science. M. Ed. Bureau, au nom de la Commission des Archives, donne lecture du rapport suivant : 2 Or ot SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869: RAPPORT DE LA COMMISSION DES ARCHIVES, CHARGÉE D'EXAMINER L'ÉTAT DE LA BIBLIOTHÈQUE ET DES COLLECTIONS DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, PRÉSENTÉ AU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ LE 46 AVRIL 1869. Messieurs, La Commission des Archives, chargée de vous rendre compte de l'état actuel de la bibliothèque et de l'herbier, s’est livrée à un examen attentif de ces collections et m'a fait l'honneur de me choisir pour rapporteur. Notre mission ne consistait pas à dresser un inventaire détaillé, qui eût demandé un temps considérable ; mais à vous présenter un tableau aussi fidèle que possible de l'état matériel et de la disposition actuelle des objets. Ce rapport se trouve naturellement partagé en deux sections : 1^ les livres, 2° les herbiers. I. Livres. — Les livres comprennent deux catégories : 4° Les exemplaires du Bulletin. — Ils remplissent trois casiers, et sont classés et étiquetés de telle sorte qu'il est facile de trouver un numéro. Nous n'avons d'observatious à faire ni sur l'état matériel, ni sur le classement. 2° La Bibliothèque. — La bibliothèque de la Société remplit deux armoires vitrées et deux casiers ouverts. Nous n'avons pu compter les volumes qui la composent ; mais en tenant compte du nombre contenu dans une de ces quatre Séries de rayons et de la surface occupée par les trois autres, nous estimons que la Société possède environ 800 volumes. Les recueils périodiques sont réunis, et tous les autres livres sont classés par ordre. alphabétique. Il n'y a rien à dire de l'état de conservation des livres, qui, en général, est satisfaisant; mais environ un tiers d'entre eux ne sont pas reliés. Cela n'a pas grand inconvénient pour les volumes brochés sous une seule couverture ; mais cela en a beaucoup pour ceux qui se composent de plusieurs cahiers ; nous n'hésitons donc pas à demander la reliure de tous les volumes actuelle- ment en livraisons, et nous exprimons le vœu qu'a l'avenir, les volumes des recueils périodiques soient reliés aussitôt après la réception du dernier numéro et de la table. M. l'Archiviste nous a signalé un fait digne d’être communiqué au Con- seil : c'est que le nombre de livres que nous recevons s'accroît depuis quelque temps dans une proportion remarquable, par suite des échanges plus nombreux et des dons plus fréquents provoqués sans aucun doute par l'activité nouvelle imprimée aux travaux et aux publications de la Société. Les ouvrages qui composent notre bibliotheque sont, nous l'avons dit, clas- sés par ordre alphabétique. A la suite du double déménagement qu'il a fallu faire subir, l'année dernière, aux livres et. aux herbiers, par suite des travaux de consolidation exécutés aux bâtiments, toutes les collections se sont trouvées 396 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bouleversées ; on a dû choisir un moyen prompt de remettre la bibliothèque dans un ordre quelconque, et c'est évidemment l'ordre alphabétique qui se prétait le mieux à un classement rapide. Cette disposition permet de chercher facilement si un livre existe dans la bibliothèque; mais elle ne permet pas de connaitre les ressources qu'on y peut trouver pour tel ou tel genre d'étude, pour telle on telle spécialité, et c'est là ce que chacun de nous a le plus d'intérét à savoir. Nous préférerions done de beaucoup un classement par ordre de matières, et nous désirerions en méme temps un catalogue par ordre alphabétique ressemblant autant que possible à l'excellent catalogue de la bibliothèque Delessert. Ce classement et ce catalogue exigeraient certainement plus de travail que nous n'en pouvons demander à notre Archiviste seul. Cependant, nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire de le faire faire par un agent spécial. Lorsque le Conseil a jugé à propos de prendre des mesures pour mettre à jour les publications arriérées, il a augmenté le nombre des membres de la Commission du Bulletin, en invitant chacun d'eux à se charger d'une partie de la révision des manuscrits et de la correction des épreuves. Vous connaissez, Messieurs, l'heureux résultat obtenu. Nous croyons que les mêmes moyens sont parfaitement applicables au tra- vail de classement des livres et de rédaction du catalogue, et nous vous propo- sons de modifier de la méme maniere l'organisation de la Commission actuelle des Archives. Nous avons eu jusqu'ici une Commission de trois membres, se réunissant une fois par an pour constater simplement l'état des choses. Nous vous demandons de nommer une Commission permanente de six membres au moins, dont la mission spéciale sera de préter son concours à M. l'Archiviste, de méme que la Commission du Bulletin apporte son con: cours à M. le Secrétaire général. Nous demandons, en conséquence, que les membres de cette nouvelle Commission puissent étre convoqués directement par M. l'Archiviste, soit tous ensemble, soit à tour de rôle afin que la charge ne soit pas trop lourde pour chacun, toutes les fois que M. l'Archiviste le jugera utile et jusqu'à l'acheve- ment complet du catalogue et du classement de la bibliothèque. Lorsqu'on sera arrivé à ce résultat, le Conseil aura à examiner si l'orga- nisation que nous proposons aujourd'hui, au moins d'une manière transitoire, devra étre maintenue dans une certaine mesure pour l'entretien du catalogue et l'intercalation des livres nouvellement reçus. Cette intercalation ne nous parait pas devoir donner beaucoup de peine; mais la continuation du cata- logue demandera toujours quelque travail. I. Herbiers. — Les collections botaniques de la Société se composent de : 4° L'herbier de Ravneval, dont une partie est renfermée dans 168 cartons SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 186). 397 que nous pouvons considérer comme contenant un fort paquet chacun, et dont l'autre partie se compose de 116 paquets qui n'ont pas trouvé place dans les cartons ; 2 L'herbier de La Perraudière, 104 paquets; 3° L'herbier de M. de Tchihatchef, 50 paquets ; ^? L'herbier de M. Léon Gros, 10 paquets ; 5° Enfin, 4 paquets des Reliquie Mailleanæ ; 2 paquets de plantes de la Sologne, donnés par M. Émile Martin; 4 paquet de plantes des environs de Mantes, donné par M. Beautemps-Beaupré; 1 paquet de plantes des Pyrénées, envoyé par M. l'abbé Miégeville; 4 paquet de plantes de la Côte-d'Or, envoyé par M. Royer, de Saint-Rémy; 1 paquet de plantes des environs de Lyon, envoyé par M. Tribout, médecin militaire. En tout, 457 paquets, dont il faudra retrancher un certain nombre de plantes de l'herbier de La Perraudière, faisant double emploi avec celles de l'herbier de Rayneval. Le temps ne nous a pas permis d'examiner de quelles collections particulières se compose chacun des herbiers précédemment cités. Nous pouvons dire cepen- dant que plus des deux tiers de l'herbier de M. de Tchihatchef se composent de plantes provenant. de ses voyages en Asie-Mineure. Nous y avons remarqué aussi un volume composé de vingt fascicules de plantes, intitulé : Plante Petropolitanæ, et un paquet de plantes du Caucase. Le reste de cet herbier est formé de plantes de France, de Suisse, de Calabre et. de diverses autres provenances. On y trouveles plantes de la collection Bonjean. En dehors de ces herbiers, qui devront étre intercalés et réunis en un seul, la Société possède plusieurs ersiecata qu'il conviendra sans doute de conserver à part. Ce sont : 1* Les Muscinées des environs de Paris, de MM. Roze et. Bescherelle, fas- cicules 1 à 9; 2° Les Lichens de la Normandie, de M. Malbranche ; 3° Les Cladoniæ belgicæ, de M. Eugène Coemans, première centurie ; h° Piante che crescono spontanee nel circondario di Vercelli, par M. Malinverni : premier fascicule, accompagné d'une liste imprimée; 5° Une collection des Rubus des Vosges, publiée par M. l'abbé Boulay, professeur au séminaire de Saint-Dié, et formée de trois livraisons comprenant 67 espèces, avec étiquettes imprimées et numérotées. Chaque livraison est accompagnée d'une brochure imprimée contenant la description des espèces qui Y sont contenues, rédigée d’après la plante vivante. Il nous manque proba - blement deux livraisons. Hl faut ajouter à ce que nous venons d'énumérer, divers échantillons déposés ` dans les collections de la Société, à l'appui de notes insérées an Bulletin, Tels sont : 4° Plusieurs paquets de Glumacées, envoyés par M. Duval-Jouve ; 358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2» Des fragments de Salvadora persica et des échantillons de laine teints avec le suc de cette plante, donnés par M. Reboud ; 3° De nombreuses feuilles de plantes ascidifères, données par M. Moore à la suite d'une communication faite au Congrès international de 1867 ; ^? Des branches d'Olivier atteintes de fümagine, données par M. Rivière ; * L'Æuphorbin polygonifolia, trouvé en Vendée, donné par M. Viaud- Grand -Marais; 6° Le Poa palustris, trouvé en Bretagne, donné par M. Bureau, etc. Le classement des collections botaniques de la Société est pour le moment presque annihilé, par suite des transpositions de paquets dans un méme her- bier, de la confusion des divers herbiers entre eux, et du retrait d'un certain nombre d'étiquettes saillantes (de familles ou de genres) enlevées provisoire- ment, pendant un premier travail de classement commencé par notre regret- table archiviste, M. le docteur Al. Jamain. Pour mettre l'herbier en état de servir, il faudrait un temps tellement con- sidérable, que nous ne pouvons songer à imposer cette charge aux membres de notre Société. Le seul moyen qui nous paraisse praticable, c'est de confier ce soin à quelque personne habituée au classement des herbiers, en lui accor - dant une rémunération suffisante. Une fois le grand travail de classement terminé, il ne resterait plus que quelques intercalations à faire de temps en temps, et la bonne volonté des membres de la Société y suffirait très-bien. Nous avons encore à vous parler, Messieurs, de deux opérations qui devraient, il nous semble, accompagner ou précéder la fusion et le classement de nos herbiers. Nos collections se composent d'un certain nombre d'herbiers jusqu'ici isolés, Si on les intercalait tels qu'ils sont maintenant, rien n'indiquerait, dans notre herbier général, l'origine des plantes qui le composeraient. Celles d'un seul de ces herbiers particuliers pourraient étre reconnues. Nous avons, en effet, 16 000 étiquettes portant en tête Herbier de La Perraudière. Mais il n'y à rien qui distingue l'herbier de Rayneval, l'herbier de M. de Tchihatchef, Pherbier de M. Léon Gros, etc. Il faut donc que nous puissions, avant l'in- tercalation, placer dans chaque feuille une étiquette portant : Société bota- nique, herbier de Rayneval, ou herbier de M. de Tehihntchef, etc. , ou bien, si l'on aime mieux, imprimer cette. indication à l'aide d'un timbre à lettres mobiles sur l'étiquette accompagnant déjà chaque plante. Une autre précaution serait nécessitée par l’état actuel de l'herbier de la Société, S'il est encore temps d'en sauver la plus grande partie, on ne peut se dissimuler qu'il est atteint par les insectes. Le mieux serait certes de l'empoisonner en entier; mais cela serait une opération trés-coüteuse, trés- longue, et qui reculerait pour longtemps le moment où l'herbier pourra réellement. être consulté par les membres de la Société. Or, ce que nous désirons avant tout, ce qui devient de tonte nécessité depuis la perte de lher- SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 359 bier Delessert, c'est que les instruments de travail que nons avons entre Jes mains soient mis le plus promptement possible en état de servir. En consé- quence, sans renoncer entièrement à faire plus tard empoisonner l'herbier. de la Société , nous demandons pour le moment qu'on touche simplement au pin- cean les parties malades au fur et à mesure du classement. Enfin, il nous a semblé qu'une des fondations les plus utiles qui puissent être dues à l'initiative du Conseil, est celle d'un herbier spécial de France. L'herbier de France du Muséum est un herbier en quelque sorte classique, qui représente surtout le passé de la botanique francaise. Notre honorable président, M. Lasègue, avait commencé à former au Musée Delessert un herbier de France mieux en rapport avec les publications mo- dernes, et qui était certainement le plus considérable qu'il v eüt à Paris au moment où nous l'avons perdu, avec le musée tout entier. Nous avons pensé qu'il appartiendrait à la Société botanique de France de combler cette lacune, et nous osons dire que le nom méme qu'elle porte semble lui en imposer le devoir. Nous voudrions voir centraliser chez nous les matériaux relatifs à tout ce qui se publie sur la flore francaise. Nous désirerions qu'il ne se fit pas une décou- verte, qu'il ne se publiàt pas une espèce, un catalogue local ou une flore départementale, sans que les types à l'appui fussent déposés dans nos col- lections. La flore de notre pays a donné lieu, depuis quelques années, à des travaux nombreux et considérables ; aussi est-il incontestable que nous ferions une œuvre utile en centralisant les matériaux mêmes qui ont servi de base à ces travaux, et en donnant ainsi aux botanistes qui écriront plus tard sur la flore francaise toutes les facilités possibles pour étudier et juger les travaux anté- rieurs. Ceci, Messieurs, peut se faire à peu près sans dépenses. Ce n'est pas une question d'argent, c'est une question d'organisation et de correspondance. Il suffirait d'écrireà tous ceux qui publient en France des espèces nouvelles, des llores ou des exsiccata. Bieu peu, j'en ai la conviction, refuseraient de nous envoyer Jeurs types, Et une fois nos intentions connues, beaucoup finiraient Par devancer les demandes. Pour fonder un herbier-type de France, il suffirait, nous en sommes con- vaincus, de charger un de nos confrères de la direction spéciale de cet herbier, et de lui donner plein pouvoir d'entrer en relations, au nom de la Société, avec tous les botanistes auxquels on doit des publications sur la flore de notre pays. Telles sont les réflexions que nous a suggérées l'examen de nos collections. En résumé, nous avons l'honneur de proposer au Conseil : 1° De porter à six membres la Commission des archives, de la déclarer per- manente et. de l'adjoindre à l'Archiviste pour le classement de la bibliothèque et la rédaction du catalogue ; 360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2o D'autoriser la reliure de tous les recueils périodiques encore en livraisons, et la construction des casiers nécessaires pour le classement des livres et des herbiers ; 3° De décider la formation d'un herbier-type de France, destiné à présenter le tableau fidèle des publications qui se font sur la flore francaise, et de don- ner pleins pouvoirs à l'un de nos confrères pour la correspondance à entretenir et les demandes à faire à cette occasion au. nom de la Société. Les membres de la Commission des Archives : J. DE SEYNES, Aug. MICHEL, Éd. BUREAU, rapporteur. P. S. (Décembre 1869.) — Depuis la présentation de ce rapport au Con- seil, pour répondre à une partie des vœux qui y sont exprimés, MM. Cosson et Kralik ont bien voulu s'occuper d'un premier classement de l'herbier, en rapprochant, en une seule série et par familles, les plantes des diverses collec- tions qui le composent. M. Cosson a en outre fait faire la revue de tous les échantillons de l'herbier par M. Billon (ancien conservateur des collections de M. Maille, et trés-habitué au maniement des plantes), et tous ceux qui avaient é atteints par les insectes ont été passés par lui au sublimé. A la suite de cette lecture, M. le Président annonce que tes trois propositions formulées à !a fin de ce rapport ont été adoptées par le Conseil, qui a spécialement chargé M. Bureau de vouloir bien provoquer et centraliser les envois des échantillons destinés à l'her- bier des plantes de France; mais qu'afin d'éviter un trop grand encombrement, il a décidé que l'appel aux botanistes ne serail fait qu'aprés qu'il. aurait été procédé au classement complet des collections actuelles de la Société. — M. le Président exprime ensuite, au nom de la Société, les vifs remerciments qui sont dus à M. Cos- son pour les soins qu'il a bien voulu faire donner depuis quelques mois à l'herbier de la Société. Le Conseil, ajoute-t-il, connaissant les intentions généreuses de M. Cosson, a cru devoir retarder jusqu'à ce jour la publication du rapport qui précède, afin de pouvoir faire connaitre à la Société, en même temps que l’ancien état de choses, les amélio ations qui viennent d'y être apportées. M. l'Archiviste invite les personnes qui seraient disposées à lui prêter leur concours pour terminer le classement de la bibliothèque, de vouloir bien se faire connaitre, et M. Laségue dit qu'ii sera heureux d'offrir sa coopération à l'euvre commune. Lecture est donnée de la lettre suivante : SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1569. 351 LETTRE DE M. CAUVET A M. DE SCHENEFELD. Bougie, 9 novembre 4869, Dans le compte rendu de mes Nouveaux éléments d'histoire naturelle médicale (Bulletin de la Soc. botanique de France, Revue bibliographique, t. XVI, p. 87), j'ai été fort surpris de trouver la phrase suivante : « Ce point de vue n'avait pas encore été envisagé d'une manière générale, » dans un ouvrage français, sauf dans un certain nombre des articles du » Traité des drogues simples de Guibourt, édité par M. le professeur G. Plan- » chon. » Cette phrase semble indiquer qu'il faut rapporter à ce professeur, non à moi, la première application (faite en France) de l'histologie à l'étude des drogues simples. S'il en était ainsi, j'aurais été bien. .... audacieux, lorsque j'écrivais les phrases suivantes, dans la préface de mon livre (page x) : « Ce moyen de détermination, proposé par M. Schleiden et employé par les » auteurs anglais et allemands, n'a guère été adopté en France que par » M. Weddell (1). Le Codex ne le mentionne pas, et, dans sa récente édition » de l'Officine, M. Dorvault ne s'en est pas servi. ? J'ai été heureux d'avoir pu donner une idée de l'emploi de ce caractère » Spécial, si fort utilisé au dehors, inconnu ou mieux négligé dans notre pays. » Et, comme j'étais désireux de voir l'étude histologique des drogues simples recevoir une application fréquente, j'ai indiqué, dans une note, les préceptes généraux à suivre, pour arriver à la facile préparation des coupes histologiques (voy. Préface, p. x, x1). Mon livre a paru avant celui de M. Planchon ; je n'ai donc pas suivi ce pro- fesseur dans une voie où je l'avais devancé. La preuve de mon dire se trouve dans les figures histologiques données par M. Planchon, dans le Traité des drogues, tome 11 (le tome I étant consacré à la minéralogie). Parmi les figures histologiques relatives aux Salsepareilles, deux me sont empruntées, et mon nom est cité au-dessous, Seulement, et par suite d’une erreur, M. Planchon, qui m'emprunte la coupe de la Salsepareille de la Jamaique vraie, donne cette coupe comme représentant celle de la Sal- separeille de Vera-Cruz. | Je m'étonne que M. Planchon ait laissé passer, et en quelque sorte approuve par son silence, la phrase citée au début de cette lettre, si cette phrase à passé sous ses veux. M. Planchon me pardonnera cette réclamation en faveur de la vérité, et il voudra bien me faire connaitre les motifs qui l'ont. poussé à prendre dans mon livre, saus indiquer leur origine, les figures suivantes : Fig. 502. — (Coupe transversale de (a Rhubarbe indigere.) (1) Histoire noturelie des Quinquinas. Paris, 1849, in-folio. 302 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. Vig. 503. — (Coupe transversale de l'extrémité de deux racines de Rhu- barbe : A, de Moscovie, B, indigène.) Fig. 504. — (Coupe transversale de la Rhubarbe de Moscovie.) Fig. 505, a. — (Etoile dela face plane d'une Rhubarbe de Moscovie.) Jusqu'à ce que j'aie donné des figures de ce genre, aucun ouvrage français, à ma connaissance, n'en avait donné de semblables. Je les ai préférées aux coupes inicroscopiques, parce que ces coupes transversales sont faciles à faire, et aussi parce qu'elles m'ont semblé le meilleur moyen de distinction entre les vraies et les fausses Rhubarbes. Agréez, etc. CAUVET, Pharmacien en chef de l'hópital militaire de Bougie. Aprés la lecture de cette lettre, M. Gustave Planchon s'exprime en ces termes: L'argumentation de M. Cauvet peche par la base : elle s'appuie tout entière sur une erreur. Son livre, croit-il, a paru avant le mien. Je viens de m'assurer du contraire chez notre éditeur commun : les deux premiers volumes de P His- toire des drogues simples ont été livrés au public au mois de novembre 1868; l'ouvrage de M. Cauvet, au mois de mai 1869, c'est-à-dire six mois apres. Il est vrai que quelques figures de l'ouvrage de notre collègue se trouvent dans la nouvelle édition de Guibourt. Voici pourquoi. Quand j'ai proposé à MM. Baillière de faire des figures nouvelles de Salsepareille, il s'est trouvé qu'ils avaient en leur possession deux de ces figures déjà gravées, et, par rai- son d'économie, ils m'ont demandé de les utiliser pour mon livre. J'ai cru devoir les accepter, et j'ai eu tort, parce qu'elles me paraissaient médiocres, et que le peu de netteté avec laquelle elles expriment le vrai caractère des diverses espèces de Salsepareille a pu. m'induire en erreur. Ne voyant pas le texte qui devait l'accompagner, j'ai admis comme représentant la structure de la Salsepareille de la Vera-Cruz une figure qui m'a paru s'en rapprocher beaucoup, me contentant de suppléer à son insuffisance par la note rectificative suivante : « L'épaississement des parois internes et la forme triangulaire de la coupe de la cavité intérieure ne sont pas suffisamment indiqués sur la figure 362.» Quant aux figures de Rhubarbe, je les ai utilisées dans l'ouvrage de Gui- bourt, pour les mémes raisons que les figures de Salsepareille. Ainsi, à l'époque où M. Cauvet écrivait les phrases de sa préface, qu'il rap- porte dans sa lettre, elles n'étaient plus exactes : elles venaient plusieurs mois trop tard. Par contre, le membre de phrase de la Revue bibliographique, contre lequel réclame notre collégue, était l'expression rigoureuse de la réalité. Je comprends néanmoins que M. Cauvet n'ait pas connu un livre qui s'im- primait à peu pres en même temps que le sien. Mais je me perinettrai de lui rappeler que ce n'est pas la première fois que j'ai montré la nécessité de tirer SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1569. 363 les caractères des drogues simples de leur structure anatomique. Depuis que je me suis occupé de matière médicale, j'ai envisagé ce point de vue. Dès 1864, dans ma thèse sur les Quinquinas, que M. Cauvet connaît bien, puis- qu'il a été appelé à l'argumenter, non-seulement j'ai insisté sur l'utilité de ces études microscopiques pour la détermination de ces écorces, non-seulement j'ai consacré une partie de mon travail à l'exposé et à la discussion des recher- ches anatomiques de MM. Weddell, Schleiden, Berg, Klotzsch, Karsten, Phoebus, Howard, etc., mais encore, à propos de chacune des espèces, j ài indiqué avec soin les caracteres tirés de sa structure. J'ajouterai que dès ma première leçon à l’École de pharmacie, au commeu- cement de janvier 1867, j'ai développé ce point de vue, et je n'ai cessé, devant un auditoire de plus de cent étudiants, d'indiquer et de figurer sur le tableau la. structure anatomique de chaque produit un peu important. J'ai eu outre engagé les élèves à ne pas négliger dans leurs thèses ces recherches inté- ressantes, si bien que depuis deux ans, et bien avant l'apparition du livre de M. Cauvet, quelques-uns sont entrés dans cette voie. Enfin, avant méme de songer à rééditer l'ouvrage de Guibourt, j'avais traité avec M. Savy (au mois d'août 1867) pour la publication d'un livre élémentaire, dans lequel la déter- mination des drogues simples usuelles doit principalement reposer sur leurs Caractères anatomiques. L'hiver suivant (1867-68), je faisais commencer dans Ce sens un certain nombre de figures, dont j'ai l'honneur de montrer quelques échantillons à la Société. J'ose espérer, qu'après ces explications, M. Cauvet, lui-même, comprendra que je ne puisse admettre sa prétention de m'avoir devancé dans une voie où j'étais déjà entré en 1864, et que je n'ai jamais abandonnée depuis (1). M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UNE PARTICULARITÉ OBSERVÉE DANS L'ŒNANTHE CROCATA L., pr M. P. DUCHARTRE. Dans la séance du 12 février dernier, j'ai eu l'honneur de communiquer à la Société une lettre que je venais alors de recevoir de M. A. Le Jolis, le savant archiviste de la Société des sciences naturelles de Cherbourg. Cette lettre était relative à une observation que ce botaniste avait faite l'année précédente. Elle était ainsi conçue : « Je prends la liberté de vous adresser, par la poste, un fragment de tige d'Ænanthe rrocata, qui m'a présenté un cas dont je ne trouve aucun exemple dans vos Z//éments de botanique, c'est-à-dire la forma- lion de racines adventives dans l'intérieur d'une tige annuelle, partant de chaque auvet a adressé à la Société une nouvelle note ji secretaire général. — M. C (1) Note du Secrétaire généra ]e comple rendu de la séance du Sur le méme sujet, dont on trouvera le texte dans 14 janvier 1870. 304 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. nœud, et se dirigeant non-seulement en bas, mais également en haut, jusque dans les rameaux issus du noeud. J'ai rencontré cette disposition dans plusieurs pieds d'GE nanthe crocata et jusqu'au sommet de la plante. L'échantillon que je vous envoie estle seul qui me reste; tous les autres ont été malheureusement perdus. » Je mis sous les veux de la Société l'échantillon que je devais à l'obligeance de M. Le Jolis, et je le dépose également aujourd'hui sur le bureau. On vit alors et l'on peut voir encore aujourd'hui qu'il consiste en un fragment de forte tige, long d'environ 0,12, ouvert et brisé, par la forte pression à laquelle il a été soumis, en plusieurs portions qui, vers le milieu de leur longueur, portent les restes de la cloison d'un nœud. De cette cloison partent, en dessus ct en des- sous, de nombreux filets ou cordons blancs, arrondis, sinueux, dont plusieurs ont atteint une longueur de 0",20 à 07,25, et que M. Le Jolis avait regardés comme des racines adventives. Sur la foi de ce botaniste, j'en parlai à la Société dans le même sens, et le doute relativement à cette manière de voir ne s'éleva dans l'esprit d'aucun des membres présents à la séance, qui vou- lurent bien examiner la préparation déformée dont j'avais l'honneur de les entretenir. J'exposai ensuite cette idéedu savant de Cherbourg dans une note qui a été insérée dans notre Bulletin (1). Je crus méme pouvoir y joindre quelques réflexions au sujet de la difficulté que je voyais pour concilier le fait du déve- loppement de racines adventives dans une direction ascendante, avec l'interpré- tation mécanique de la tendance des racines en général à descendre vers le centre de la terre, interprétation qui jouit aujourd'hui d'une grande faveur aupres des physiologistes allemands. Bien qu'il sortit évidemment du cercle des faits ordinaires, ce singulier déve- loppement de racines adventives intérieures, rapproché des exemples bien conuus de germinations accomplies dans des fruits clos, de ceux de formation de racines dans des trous d'arbres creusés par le temps, etc., me parut vrai- semblable ou tout au moins possible, et cette considération m'empécha d'élever le moindre doute contre la signification qui lui était donnée. Cependant, à la date du 15 juillet, mon honorable correspondant de Cherbourg m'ayant écrit que de nouvelles observations le lui présentaient, non plus comme une simple particularité accidentelle, mais bien comme un fait général, je commencai à douter sérieusement de ce que j'avais d'abord admis sans difficulté. Je priai M. Le Jolis de m'envoyer des tiges fraîches d'Œnanthe crocata L., ce que, du reste, il avait eu la gracieuseté de m'offrir, et, peu de jours après, jen recevais de lui un paquet qui me permettait d'étudier moi-même, mais dans un état assez avancé, la structure anatomique de l'espèce qui les avait fournies. Il m'a suffi alors de fendre un entrenœud dans toute sa longueur pour recon- (1) Note sur un cas de formation de racines advent intéri r venlives . ar > hartre (Bull. de la Soc. bot. de France, XVI, 1869, p. 26.99 intérieures, par M. P. Ducha SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 365 naître qu'il ne s'y trouvait rien qui, de prés ou de loin, ressemblät à des racines adventives ; que les cordons qui avaient été regardés comme tels tenaient par leurs deux extrémités aux deux cloisons, où venait se terminer, en haut et en bas, la cavité centrale laissée par la destruction de la moelle ; que, par con- séquent, ils étaient l'une des parties constitutives de la tige, dans laquelle ils ne se montraient libres qu'à la suite de la disparition du parenchyme médullairc. Mais, ceci étant une fois établi, quelle est la nature de ces cordons et comment deviennent-ils libres? Avant de répondre à ces deux questions, je demande à la Société la permission d'entrer dans quelques détails préliminaires, sans lesquels j'éprouverais une assez grande difficulté à me rendre intelligible. La structure anatomique de la tige des Ombelliferes a été étudiée avec soin, en Allemagne par M. Jochmann (1), qui l'a examinée en général et dans l'ensemble de la famille, en France par M. Trécul (2), qui s'est proposé de reconnaitre les dispositions variées qu'y affectent les vaisseaux propres. Il résulte des observations de M. Jochmann que, dans la grande majorité des cas, la tige des Ombelliferes présente, sous une écorce en grande partie Parenchymateuse, mais parcourue par des faisceaux libériens régulièrement disposés, une zone ligneuse unique, composée de faisceaux fibro-vasculaires généralement rattachés les uns aux autres latéralement par un tissu inter- médiaire, parfois aussi séparés par des rayons médullaires bien caractérisés. Ces faisceaux sont de deux ordres, d’après ce savant : les uns sont primaires, c'est-à-dire issus du cambium terminal de la pousse; les autres, interposés aux premiers, sont secondaires, c'est-à-dire issus du cambium qui limite extérieurement le corps ligueux. Les premiers étant beaucoup plus développés que les derniers dans le sens radial, c'est-à-dire de dehors en dedans, font notablement saillie au milieu de la masse médallaire, dont le dessèchement et la destruction ne tardent pas à rendre ces tiges fistuleuses. Dans des cas beaucoup plus rares, cette organisation se complique de ma- nière à rappeler presque à tous égards ce qu'on voit dans les Pipéracées. Mors, en effet, d'etre question et composée aussi de faisceaux fibro-vasculaires plus ou moins nombreux, se trouvent des faisceanx fibro-vasculaires bien distincts les uns en dedans d'une zone ligneuse analogue à celle dont il vient des autres qui, quelquefois, se montrent rangés en cercles concentriques en face des premiers, mais qui, bien plus fréquemment, semblent épars au milieu dela moelle, Les uns et les autres de ces faisceaux fibro-vasculaires s étendent parallèlement entre eux et sans se ramifier, dans toute la longueur d'un mème entre-nœud, J'ai dit que ce dernier type de structure anatomique est fort rare chez les ) Co 1de NA (1) De Umbelliferarum structura et evolulione nonnulla ; Comment. academ. In-4^, 26 pag. et 3 tabl. lith. Vratislavii, 1855. | »u (2) Des vaisseaux propres dans les Omvelliféres (Compt. à 160, 201-209). T. XVI. end, 1866, LXII, p. 494- (SÉANCES) 2/ 366 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ombelliferes; M. Jochmann n'en a rencontré qu'un seul ct unique exemple que lui a offert le Silaus pratensis Bess. Un peu plus tard, M. Reichardt en a observé et décrit (1) trois autres exemples qui lui ont été fournis par le Peu- cedanum Oreoselinum, Y Opopanax Chironium et une Ombellifere indéter- minée que Kotschy avait rapportée du Taurus. L'Ufznanthe crocata V. rentre dans ce même type, mais avec cette différence importante que, si la tige du Silaus ne se creuse pas ou le fait seulement fort tard (2), celle de l'GEnanthe crocata devient fistuleuse de bonne heure. Enfin, les observations de M. Trécul autoriseraient à penser que des faisceaux fibro-vasculaires épars dans la moelle existent encore dans quelques autres Ombellifères. D'après lui, « de tels faisceaux subsistent, soit au pourtour de la moelle seulement (ŒÆnanthe crocata), soit épars jusqu'au centre de celle-ci (Opopanaz Chirontum, Ferula tingitana, communis, etc.). » Toutefois, bien que De Candolle eùt depuis longtemps (Organographie, I, p. 16^, pl. 11, fig. 3) cité les Férules comme pourvues de ces faisceaux, qu'il nommait fibres médullaires, M. Jochmann a positivement contredit la réalité de ce fait, en affirmant que ce que De Candolle avait pris pour des faisceaux fibro-vasculaires consistait en simples vaisseaux propres ou canaux oléo-résineux cylindriques, circonscrits chacun par une gaine composée d'une seule couche de petites cellules. On voit méme, dans son mémoire, une figure qui représente très-nettement la coupe transversale de ce qu'il dit avoir été pris à tort pour des faisceaux fibro-vasculaires. J'ajouterai que M. Reichardt a confirmé résolüment cet énoncé de M. Jochmann, en se basant sur l'observation anatomique de quatre espèces de Ferula. Ceci une fois établi, il devient facile de comprendre le fait curieux qui se présente dans l'UZnanthe crocata. La moelle interposée aux faisceaux fibro- vasculaires centraux, c'est-à-dire placés plus intérieurement que la zone ligneuse, se désagrége de bonne heure, disparaît et laisse ces mêmes faisceau y libres de toute adhérence, continus seulement par leurs deux extrémités avec les deux cloisons qui existent, l'une à la base, l'autre au sommet de chaque entre-nœud. Ces faisceaux, devenus ainsi libres dans toute leur lon- gueur, constituent les filets où cordons contenus dans la cavité de la tige de cette. plante, et ce sont ces cordons qui, considérés isolément sur un simple fragment d'entre-nœud, ont été pris à tort pour des racines adventives internes. Cette destruction de la moelle, qui laisse libres des cordons longitudinaux à l'intérieur d'une tige devenue ainsi fistuleuse, n'est pas un fait propre à l'UE nanthe erocata, Elle avait été déjà vue et décrite, mais avec des circon- stances différentes, par M. Trécul, dans son beau mémoire, déja cité, sur les (4) Ueber das centrale Gefiessbuendel-Svs Tn . ; Rei ha " o. 1-System einiger Umbelliferen ; par M. H.-W. Rel- 3 plon V pepe d. kaiserl. Akad. d. Wissensch. XXI, 1856 ; 133-154, avec plan.). d jp: 0t DJ > ) . " p D, Parenchyma meduliare hunquam aut tardissime marcescit, Jochm. (Loc. cil., SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 367 vaisseaux propres des Ombellifères. Voici en quels termes cet habile anatomiste rapporte les observations qu'il a faites à cet égard : « Dans quelques espèces peu communes, les vaisseaux propres du centre sont conservés, bien que la moelle soit devenue fistuleuse. Entourés de quelques rangées de cellules, iis forment des cordons qui s'étendent d'un mérithalle à l'autre (Smyrnium Olusatrum). Dans l Heracleum Sphondylium, la moelle est de méme en par- tie détruite au centre, mais il en reste une portion qui enveloppe les vaisseaux propres sous la forme de lamelles, par lesquelles ils sont rattachés latéralement à l'étui médullaire ; leurs extrémités aboutissent, ainsi que dans l'exemple précédent, aux cloisons transversales qui interrompent la cavité des tiges vis- a-vis l'insertion des feuilles (/oc. cit., p. 204). » D'après ce que j'ai vu sur les tiges d'OEnanthe crocata que M. Le Jolis a bien voulu m'envoyer des environs de Cherbourg, l'isolement des faisceaux fibro-vasculaires intra-médullaires ou centraux se fait souvent sous la forme de lamelles ou de rubans, qui en renferment chacun jusqu'à trois ou méme quatre, et qu'on voit d'abord rattachés à la zone fibro-vasculaire, tout en se montrant isolés dans le reste de leur pourtour. Sur les échantillons que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société, on voit de ces lames qui sont restées encore entières dans toute la longueur d’un entre-nœud, accusant néanmoins à l'extérieur les faisceaux qu'elles réunissent par autant de saillies longitudinales ; d'autres, au contraire, sont encore entières dans une portion de leur longueur, et se sont divisées plus haut en cordons parfaitement dis- tincts, dont chacun ne renferme plus qu'un seul faisceau. Enfin, dans la grande majorité des cas, les filets ou cordons libres sont simples et ne sont constitués chacun que par un seul faisceau fibro-vasculaire. l Je dois faire observer qu'entre les cordons libres signalés dans le Smyrnium Olusatrum par M. Trécul et ceux de l'Uznanthe crocata qui sont l'objet de cette note, il existe une différence capitale, malgré leur analogie d'aspect. Les premiers sont décrits comme formés de vaisseaux propres qu'entourent des cellules, tandis que les derniers sont constitués par des faisceaux fibro-vascu- laires essentiellement composés, comme ceux de la zone ligneuse, de trachées, de vaisseaux ponctués et de cellules allongées. o, Au premier coup d'œil jeté dans la cavité d'un entre-nœud d'Œnanthe Crocata, qui a été fendu sur toute sa longueur, on est frappé de la direc- tion sinueuse qu'y affectent les cordons fibro- vasculaires devenus libres. Il en résulte que, tout enfermés qu'ils sont dans un entre-nœud et bien qu'ils en soient une partie essentiellement constitutive, ils sont notablement plus longs que Ini; Quelques chiffres ne seront pas inutiles pour montrer, d'un CO, à quel point peut arriver leur supériorité de longueur, de l'autre, que Cette supériorité varie entre des limites assez distantes, méme pour un seul Entre-nœud, 4° Dans une méme cavité internodale, longue de 07,15, de trois cordons 368 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. placés presque à côté l'un de l'autre, tous trois également simples et gréles, l'un est resté presque rectiligne et ne s'est dès lors presque pas allongé; le second est peu sinueux, mesure 0",16, et n'a dés lors qu'un centimètre de plus que l’entre-nœud ; le troisième forme des sinuosités beaucoup plus pro- noncées et ne présente pas moins de 0",185 en longueur, c'est-à-dire 0,035 de plus que l'entre-neud. 2» Dans un entre-nœud long de 0",098, un fort cordon en lame épaisse, qui est encore indivis, mais qui renferme visiblement trois faisceaux, est devenu assez sinucux pour que, déployé, il atteigne 0",14 de longueur, c’est- à-dire 0,042 de plus que l’entre-nœud. Les sinuosités sont assez faibles dans sa moitié inférieure, beaucoup plus prononcées dans sa moitié supérieure. 3° Enfin, l'inégalité la plus grande que j'ai observée, m'a été offerte par un entre-nœud long seulement de 07,082, et dans lequel un cordon composé, renfermant au moins trois faisceaux, aurait eu, s'il avait été déployé, 0",14 ou près de 0?,06 de longueur de plus que l'entre-nœud. Les sinuosités étaient également prononcées dans ses deux moitiés. Lorsque les faisceaux fibro-vasculaires internes de l'ŒÆnanthe crocata étaient englobés dans la masse médullaire encore vivante et continue, ils étaient recti- lignes et par conséquent de la méme longueur que l’entre-nœud auquel ils appartenaient. Mais, une fois que la destruction du tissu qui les avait retenus jusqu'alors les a laissés libres et dégagés de toute adhérence, d'un bout à l'autre de l'entre-neeud, ils ont pris un allongement tardif dont il est assez difficile de s'expliquer l'étendue ; il semble en effet que leur vitalité devait étre alors considérablement. affaiblie si méme elle n'avait dü cesser; et, cependant, ils sonL restés en voie d'allongement, méme d'allongement trés-énergique, tandis que les faisceaux plus extérieurs qui, reliés en zone fibro-vasculaire continue, semblaient être la seule partie réellement vivante de l’entre-nœud, demeuraient considérablement en arrière ou méme conservaient la longueur à laquelle ils étaient parvenus auparavant, Dans l'un des exemples que j'ai cités, cet allon- gement tardif des faisceaux fibro-vasculaires isolés en cordons a pu s'élever jusqu'à 0^,058 pour un entre-nœud qui ne dépassait pas 0",082 de longueur, ou à un peu plus de 70 pour 100! C'est là un fait qui me semble assez remar- quable pour que j'aie cru devoir le mettre en relief. Qu'il me soit permis de dire en finissant que ce même fait, de quelque manière qu'on l'interprète, me semble être peu en rapport avec les idées qui ont cours aujourd'hui en Allemagne, au sujet de la tension relative des diverses parties qui entrent dans la constitution d'une tige de Dicotylé- don. Cette tension est l'effet de la tendance à s'allonger qu'on a cru recon- naître dans ces mêmes parties. Ainsi, par exemple, dès que la moelle est dégagée artificiellement de l'adhéreuce qui la maintenait au niveau des fais- ceaux fibro-vasculaires environnants, obéissant à sa tension, elle s'allonge à ce point que son extrémité dépasse ces derniers. Dans l'Œnanthe crocata, au SÉANCE DU 10 DÉCEMRRE 1869, 369 contraire, c'est à partir du moment où les faisceaux internes ont cessé d’être en continuité de tissu avec la moelle qu'ils ont commencé de s'allonger, pour leur propre compte, dans des proportions surprenantes, beaucoup plus que toutes les autres parties constitutives de la tige. N'y a-t-il point là une con- tradiction avec la théorie professée par plusieurs physiologistes allemands ? Sur là communication de M. Duchartre, M. Guillard dit : Le professeur de Breslau, M. Jochmann, n'a pas tort d'admettre, dans la moelle de certaines Ombellifères, des laticifères non accompagnés de vaisseaux ou de tubules. Nous en avons observé de pareils chez Silaus tenuifolius et Peucedanum lon gifolium. Mais ce méme professeur a tort de nier la réalité des observations de De Candolle sur les faisceaux vasculaires qui restent égarés dans la moelle de quelques autres plantes de la méme famille. M. Trécul, qui entretient des relations suivies avec le Latex, n'est pas homme à prendre pour laticifères des faisceaux de fibres et de vaisseaux : nous avons vérifié l'exacti- tude des faits qu'il a cités, et nous pouvons y en joindre un de plus : Spananthe paniculata, dont nous conservons une préparation qui montre avec évidence de vrais faisceaux, de vrais courants séveux et vasculés, dispersés dans la moelle caulinaire. Mais que parlé-je de préparation? Nous avons sous les yeux, dans l'échantillon que M. Duchartre dépose, les courants intramédullaires d'OE'nanthe crocata ; et il est loisible à chacun de nous de s'assurer que ce ne sont ni racines, ni simples courants de latex, mais beaux et bous courants Séveux, garnis de trachées et de vaisseaux aérifères rayés ou ponctués. Cette présence des courants vasculés dans la moelle de certaines tiges a pour pendant un fait analogue dans la moelle de quelques pétiols. Nous pour- rions le montrer dans le pétiol de ce méme Silaus pratensis, signalé par MM. Trécul et Jochmann ; et nous y joindrions, par exemple, Heracleum Sphondylium, dont le pétiol a, devant l'arc. des faisceaux trachéens disposés autour de sa moelle, un autrearc plus petit, concentrique au premier, et com- posé de semblables faisceaux. Nous citerions encore Pastinaca sativa, qui nous a offert, dans la moelle de son pétiol, trois faisceaux pareils à ceux qui composent l'arc circummédullaire, et s'étageant en droite ligne devant son faisceau dorsal. La question des faisceaux échappés du verticil et errants dans la moelle n'est qu'un détail et une exception dans l'organisation des Ombellifères. Mais je suis obligé de contredire M. Jochmann sur un point beaucoup plus grave. et d'un intérêt bien plus général. M. Jochmann veut voir, « dans la grande majorité v des tiges de cette famille, des faisceaux « de deux ordres », auxquels il attribue deux origines diverses. Nous regardons cette théorie comme erronée et démentie Par l'observation. 370 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le dessin que M. Duchartre vient de tracer sous nos yeux avec autant d'élégance que d'exactitude montre, il est vrai, le verticil intérieur d'Œnanthe crocata et d'autres Ombellifères, où l'on voit, au premier coup d'œil, des faisceaux de deux grandeurs différentes, alternativement plus grands et plus petits. Mais dans les autres plantes de cette famille, l'inégalité ides faisceaux est plus diverse, et ne saurait être rapportée à « deux ordres » déterminés. Ainsi, chez Heracleum Sphondylium, Selinum Chabræi, Helosciadium nodosum, etc., nous pouvons montrer au moins trois ct quatre ampleurs diverses des faisceaux verticillés : les plus grands et les moyens sont disposés devant le manchon tubuleux (zone fibreuse circulaire), ils s'y adossent sans le pénétrer, et plongent au pourtour de la moelle, dont les sépare, d'ailleurs, l'arc tubuleux ezírorse propre à chacun d'eux. Les faisceaux plus petits pénétrent dans le manchon tubuleux susdit, méme ils y sont enfermés ou paraissent en devoir sortir par le dehors : ils sont parfaitement reconnaissables, en tranche mince, notamment par leurs vaisseaux, quoiqu'en petit nombre, car souvent ils n'en conservent que 3, 2 ou 1. Quelle est l'origine de tous ces faisceaux, grands et petits? L'observation organogénique est absolument nécessaire pour répondre à cette question. Tous ces courants trachéiferes et vasculifères n'ont qu'une seule origine, le bour- geon. C'est dans le bourgeon qu'a lieu leur première formation (1), — dans les Feuilles rudimentaires, qui composent tout le bourgeon, sauf son mamelon terminal, leque! n'a ni trachée, ni vaisseau, ni fibre, n'étant composé que d'une matiére muqueuse homogene. Lorsque le bourgeon évolve en rameau (branche ou tige), ces courants s'étendent avec lui, et ils se fortifient et s'am- plifient au moyen de la séve qui revient des Feuilles évolvées. Car, ces cou- rants séveux trachéés (ces faisceaux vasculaires) sont tous et inévitablement en relation avec la Feuille, — je dis tous, sans aucune 'exception à moi connue. Que l'on dise qu'ils s'élèvent à la Feuille ou qu'ils en descendent, c'est affaire de langage ou de théorie : tenons-nous-en au fait observé. Je n'ai pas besoin de dire que le fait de cette grande relation foliale n'est point particulier à la famille des Ombelliferes. Il est commun (pour autant que je puis connaitre) à toutes les familles phanérogames. Un autre fait qui n'est peut-étre pas moins général et qui a été pour nous l'objet d'innombrables vérifications, est que les faisceaux verticillés dans la tige vont en s'affaiblissant à mesure qu'on les suit de haut en bas dans cette tige, à mesure qu'on les observe plus loin de la Feuille à laquelle ils appar- tiennent. Ce fait, dont nous pouvons fournir toutes les preuves, explique clairement l'inégalité observée entre les faisceaux des tiges, sans recourir à des diversités d'origine qui n'existent qu'en une hypothèse réfutée par l'ob- » a) Ann. sc, nat. 3° série, t. VII, pp. 300 et 319. — Bull. Soc. bot, France, t. XIV, SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869, 374 servation, Ainsi, chez un Bupleurum (B. rotundifolium), je prends un courant séveux à Ja base de Ja Feuille, au point où il entre au verticil : iv compte 70 trachées. A quelques millimètres plus bas, ce méme courant, suivi curieusement par des sections successives très-rapprochées, n'a plus que 15 à 20 trachées et vaisseaux. Chez Heracleum Sphondylium, les faisceaux observés au bas de la tige sont réduits, les plusgros à 18 trachées ou vaisseaux, d'autres à 2 seulement. Ces vaisseaux ont grossi, comme l'a hien remarqué M. Duchartre, ils ont grossi comme pour compenser la diminution de leur nombre : les 70 trachées de Bupleurum n'ont qu'un centième de millimètre en diamètre ; ses vaisseaux dans la tige vont jusqu'à quatre centièmes et un peu plus. Les Feuilles étant, dans la plupart des Ombelliféres, embrassantes à la base, communiquent à la tige par un nombre de courants trachéiféres beaucoup plus grand que dans les autres familles. Ce nombre s'éléve à 25 et à 30 en plusieurs espèces, Chaque Feuille renouvelle donc en quelque sorte le verticil raméal. On concoit facilement que, dans la section transversale que M. Duchartre met sous nos veux, les faisceaux les plus gros appartiennent à la Feuille la plus voi- sine ou aux 2 ou 3 Feuilles les plus voisines et au-dessus de la section ; — que les faisceaux moindres appartiennent aux Feuilles supérieures à celles-là, et que, s'il y a des Feuilles encore plus élevées et plus distantes du plan qu'a traversé le scalpel, leurs faisceaux vasculaires n'ont pas acquis assez de lon- gueur pour arriver à ce plan, ou sont assez exténués pour n'y être plus dis- cernables. M. Duchartre nous fait remarquer très-justement que la partie la plus vivante du mérithal paraît être le verticil des gros faisceaux : en effet, ils sont plus humides, plus gorgés, plus verts que le reste; et cela s'explique bien par leur proximité de l'atelier organique où la séve arrive brute et minérale pour en ressortir élaborée et vivante. M. Ducliartre répond en quelques mots aux observations de M. Guillard, et termine en disant que, l'opinion qui admet que les tissus produisant l'accroissement des tiges descendent de la base des feuilles, lui paraît insoutenable. M. Germain de Saint-Pierre dit : Que bien loin d'être irsoutenable, cette opinion lui parait l'expression par- faite de la vérité, et qu'il s'est efforcé lui-même, ainsi que d'autres naturalistes observateurs, de mettre cette vérité en évidence, M. Germain de Saint- Pierre n'entend pas dire (comme Gaudichaud) que des fibres descendent toutes for- mées de Ja base des feuilles et pénètrent entre le bois et l'écorce pour se pro- longer jusqu'à l'extrémité des racines ; mais il maintient que la substance d 372 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tissus fibro-vasculaires s'élabore dans les feuilles (aux dépens de la séve ascendante) e£ en descend sous la forme de tissu naissant, pour s'organiser de proche en proche, de haut en bas et de dehors en dedans (et aussi sur place pendant l'élongation du jeune rameau qui résulte de l'élongation d'un bour- geon), en fibres et en vaisseaux (dont l'union constitue les faisceaux fibro-vas- culaires de l'écorce et du bois) ; — à l'encontre de l'opinion des botanistes qui admettent que les tissus tout formés se prolongent de bas en haut et de dedans en dehors vers les bourgeons et vers les feuilles. M. Germain de Saint-Pierre insiste sur ce point, que sa manière de voir n'est en contradiction ni avec le fait de l'élongation de la jeune tige par tous les points de son étendue, ni avec le fait de l’élongation des racines par leur extrémité seulement ; l'évolution d'un bourgeon (ou spirale de feuilles) sur un mamelon de tissu cellulaire se pro- duit à mesure que la séve est élaborée dans ce bourgeon lui-même; l'évolution d'une racine pivotante ou d'une fibre radicale adventive qui se produit par l'allongement de son extrémité ne peut également avoir lieu qu'aux dépens des liquides nourriciers qui descendent de proche en proche des feuilles aux rameaux, des rameaux à la tige, de la tige à la racine; les liquides absorbés directement dans le sol par les racines ne nourrissent pas directement les racines, ils montent dans les tiges et vont s'élaborer dans les feuilles, et ce n'est quelorsqu'ils en descendent modifiés qu'ils contribuent à l'accroissement soit des tiges, soit des racines. M. Bureau dit qu'il a vu entre les rnains de M. Hérineq (au Muséum) un échantillon bien instructif pour cette question. Cétait le résullat produit par la greffe d'un Tecoma radicans sur un Catalpa. On voyait trés-nettement, sur cet échantillon, les faisceaux fibro-vasculaires rougeâtres du Tecoma s'insinuer entre l'écorce el le bois sur une longueur assez considérable. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication suivante : CLASSIFICATION MORPHOLOGIQUE DES TIGFS SOUTERRAINES (RHIZOMES) ET DES RACINES, pr M. GERMAIN de SAINT-PIERRE. II. — De la racine. Dans un premier article, qui a fait l'objet de ma précédente communi- cation (1), je me suis attaché à mettre en relief le caractère essentiel de la tige (partie axile du végétal pourvue d'un bourgeon terminal), et le caractère (1) Voyez plus haut, p. 335. SÉANCE DU 10 DÉCEMPRE 1869. 373 essentiel de la racine (partie axile du végétal dépourvue d'un bourgeon ter- minal). L'objet de ce second article est le tableau des divers états ou des diverses formes que peut affecter la racine ou les dépendances de la racine, et les dénominations qui peuvent convenir à ces divers états ou manières d'être. Déterminons d'abord le niveau de l'axe végétal auquel la tige cesse et la racine commence. Ce niveau a été désigné sous le nom de collet, mésophyte, nœud vital, mais on ne s'est pas toujours entendu sur le sens à donner à ces mots. J'attribue les noms nœud vital, collet apparent ou simplement collet, au plan qui correspond à l'insertion des feuilles (ou de la feuille) cotvlédonaires ; c'est le collet des jardiniers ; si une plante à racine pivotante est tranchée à ce niveau, elle meurt, par cette raison que la partie de l'axe située au-dessous de la première feuille ne produit pas de bourgeons (en exceptant le cas assez rare de bourgeons adventifs sur une racine détachée de la tige). Néanmoins, le mérithalle ou entre-nœud sous-cotvlédonaire (situé au-dessous des cotylédons ou du cotylédon) appartient encore à la tige; il s'accroit à la maniére des tiges, c'est-à-dire dans tous les points de son étendue, et il est ordinairement épigé (s'élevant au-dessus de la surface du sol) ; quelques bota- nistes ont donné à ce mérithalle le nom de collet; pour moi, ce mérithalle est la partie de l'axe qui sépare le collet apparent ou nœud vital du collet organique ou mésophyte. Le niveau auquel ce mérithalle inférieur cesse et où la racine (axe descendant €t ne s'accroissant en longueur que par son extrémité) commence, est un niveau quelquefois difficile à déterminer ; j'en ai constaté l'existence bien réelle chez certaines espèces et notamment chez une Ombellifere, le Cherophyllum bulbosum , dont la gemmule sort à ce niveau en dissociant les deux processus qui constituent le mérithall: sous-cotylédonaire. C'est ce niveau qui sépare l'axe ascendant de l'axe descendant, que j'ai proposé de nommer collet orga- nique ou simplement mésophyte (mots ayant cours, mais dont le sens n'était pas bien déterminé), —- IL va sans dire que si la plante meurt étant coupée au niveau du collet apparent ou nœud vital, à plus forte raison meurt-elle quand elle est coupée au niveau du mésophyte ou collet organique. | Rappelons ici qu'il ne faut chercher de collet que chez les plantes à racines pivotantes persistantes, et chez les jeunes plantes de première année, pour les Plantes vivaces à tiges souterraines ou rhizomes; en effet, les plantes à rhizomes Sont réduites, après une certaine période de végétation, à des tiges souterraines émettant des fibres radicales adventives; ces tiges, dont laxe primitif descen- dant (la racine proprement dite) est détruit depuis longtemps, ne présentent évidemment rien d'analogue à un collet. | En résumé, la racine (la racine proprement dite) est une racine pivotante ; celte racine appartient à un nombre relativement assez restreint de végétaux; les Monocotylédones vivaces (à un petit nombre d'exceptions près) ne présen- 371 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tent pas (à partir dela seconde année) de racines pivotantes proprement dites; presque toutes n'offrent que des racines accessoires ou racines adventives, Ce fait général a cependant à peine été signalé, et, pour citer des racines adventives, on a soin (dans les livres dits é/émentaires) de parler de racines adventives produites sur des tiges aériennes, tandis que les racines nées sur les rhizoines (ou tiges souterraines) n'en différent nullement. La racine proprement dite, ou racine pivotante, a été, tout à fait à tort, décrite comme différant de la tige par l'absence d'un canal et d'un cylindre médullaires. Ge canal et ce cylindre se trouvent, il est vrai, souvent réduits dans la racine à de faibles proportions ou atrophiés, mais le cylindre médul- laire est, chez les racines, parfaitement susceptible de développement; sou- vent ce cylindre est presque nul ou réduit à quelques séries de cellules chez les plantes spontanées à racine pivotante grêle ; mais, chez les plantes à racines pivotantes hypertrophiées par suite de la culture (la Rave, la Carotte, le Radis, le Panais, la Betterave, etc.), le canal etle cylindre médullaires sont trés- développés ; le cylindre médullaire, moelle ou tissu cellulaire central, constitue chez ces plantes une partie trés-notable (souvent la partie la plus considérable) de la masse générale, Chez les plantes annuelles ou bisannuelles à racine pivotante, l'insertion des feuilles cotylédonaires, ou la cicatrice qui résulte de leur chute, indique net- tement, dans les premiers temps surtout, le niveau qui correspond au nœud vital ou collet apparent. Chez les plantes vivaces à racines pivotantes (soit à tiges herbacées, soit à tiges ligneuses), il est trés-difficile, au bout de quelque temps, de reconnaitre ce niveau. Néanmoins, chez les plantes herbacées à tiges pivotantes vivaces, des bourgeons axillaires latents (qui se développent plus ou moins tardivement) indiquent que le point où ils naissent appartient à la tige; mais on peut être induit en erreur par la production de bourgeons adventifs qui viendraient se développer accidentellement et irréguliérement sur la racine, c'est-à-dire au- dessous du collet, Une racine pivotante est grêle ou robuste, ligneuse ou charnue, presque simple ou rameuse, mais elle ne présente pas de formes trés-variées ; et les mots qualificatifs qui désignent leurs diverses manières d'étre, ne sont pas bien nombreux. Tout le monde connait les sens attribués aux mots racine pivotante fusiforme (en forme de fuseau), dauciforme (en forme de racine de Daucus), etc. Des observateurs superficiels se sont souvent extasiés sur des jeux de la nature dans les racines pivotantes dont ils ont comparé. la forme à la figure humaine (des divisions ou ramifications figurant les membres) ; ce sont des formes accidentelles de cette nature (formes modifiées par l'industrie. des charlatans) qui ont fait (au moyen âge) la réputation de la racine (charnue, pivotante, souvent rameuse) de la Mandragore, plante à propriétés très-actives (analogues à celles de la Belladone), mais dont l'aspect bizarre causait l'admni- SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 375 ration et motivait, chez les ignorants, la croyance à des propriétés surnaturelles et merveilleuses. Toutes les racines pivotantes ne présentent pas cependant la forme cylin- drique d'un pivot ; il en est de globuleuses-déprimées : telle est la racine vivace et charnue dans le genre Cyclamen ; il en est d'irréguliérement globuleuses : telles sont celles de certaines Ombelliferes, le Bunium Bulbocastanum par exemple. C'est tout à fait à tort que ces racines ont été quelquefois désignées sous le nom de fubercules, elles n'ont du véritable tubercule que la configu- ration générale ; la dénomination de tubercule doit être exclusivement réservée à certaines dépendances des tiges souterraines dont je parlerai dans une pro- chaine communication. Toutes les racines qui ne sont pas de véritables racines pivotantes sont des racines adventives, qu'elles naissent, comme cela a lieu quelquefois, sur les parties aériennes de la tige, ou qu'elles naissent sur les parties souterraines, sur les rhizomes. Le mot rhizome (tige souterraine portant des racines adventives) ne doil pas s'entendre seulement d'une tige souterraine plus ou moins charnue et plus ou moins longuement rampante; un rhizome peut ne consister que dans la base d'une tige à racine primordiale détruite et émettant une couronne de fibres radicales adventives. Un bulbe est, dans ce sens général, un rhizome ; c'est un rhizome court (plateau) à feuilles extérieures squammiformes, charnues, imbriquées ou con- centriques, dont la circonférence émet chaque année une ‘couronne de fibres radicales, Les Monocotylédones ligneuses ne se comportent pas autrement : la tige d'un Palmier, par exemple, n'est que l'analogue. du plateau d'un bulbe qui s'allonge chaque année par le développement du bourgeon terminal, et qui S'éléve au-dessus du sol : les feuilles d'un Palmier présentent la méme dispo- sition que les feuilles squammiformes d'un bulbe ; c'est toujours une rosette de feuilles (c'est-à-dire des feuilles disposées en spirale et rapprochées sur un axe court) ; la forme, la taille, le développement, la consistance, etc., de ces feuilles, different seulement. Les RACINES ADVENTIVES présentent des formes diverses : on les désigne communément sous le nom de fibres radicales, parce qu'elles sont générale- ment grêles, allongées, cylindriques ; souvent simples chez les Monocotylé- dones, simples ou rameuses chez les Dicotylédones. Ces racines sont, on le sait, souvent {charnues et renflées : elles affectent alors la forme en fuseau (fusiforme) ou la forme ovoide ou subglobuleuse ; très-généralement, elles sont. atténuées à leur point. d'attache ou d émission ; elles sont atténuées ou non à leur extrémité; telles sont les racines adventives du Dahlia, celles du Ficaria ranunculoides, celles de l Asphodelus microcar- pus, etc. Le nom de racines fasciculées, qui leur est souvent donné, leur con- vient parfaitement ; il serait plus exact encore de dire : racines adventives 376 COCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fusiformes fasciculées, — Mais c'est par suite d'une confusion regrettable, sinon dans les faits, du moins dans les mots, que ces racines, subglobuleuses et charnues, sont encore aujourd'hui fréquemment mentionnées sous la dénomi- nation de £ubercules; les bourgeons qui ‘sont produits sur la souche des plantes qui présentent ces racines, naissent sur le rhizome court ou sur le fragment de rhizome adhérent à la racine, mais non sur les racines elles-mêmes, à moins, comme nous l'avons dit, en insistant sur les caracteres généraux des racines, que les bourgeons qui se développent ne soient que des bourgeons adventifs. Je n'ai rien de particulier à dire ici sur les racines adventives aériennes, qui, étant les plus apparentes, ont surtout frappé l'attention des observateurs, et ont été le mieux étudiées : telles sont les racines adventives réduites à des crochets et qui aident la plante à se fixer sur les corps étrangers placés dans leur voisinage (ces racines sont, en quelque sorte, des vzi/les radicales) ; telles sont les racines adventives aériennes du Lierre, et aussi toutes les racines, de formes variées, qui jouent à la fois le rôle de supports et le rôle de suçoirs chez les plantes parasites, que ces racines soient très-développées ou qu'elles soient réduites, comme chez les Cuscutes, à de simples petits mamelons en forme de ventouses. De toutes les racines des plantes parasites, l'une des plus bizarres et des plus curieuses est celle du Gui. La racine du Gui est, dans l'origine, un mamelon conique ; c'est en réalité une racine pivotante, mais une racine pivotante en quelque sorte diffusible, une sorte d'expansion mucilagineuse, un épanche- ment de cambium ou substance végétale à l'état naissant, qui s'étend entre le bois et l'écorce de l'arbre-victime (comme s'étend le cambium, séve descen- dante ou tissu naissant, élaboré dans les feuilles de la plante-victime elle- méme). J'ai constaté que cette racine diffusible Au Gui émet çà et là des bourgeons adventifs qui percent l'écorce de l'arbre, et reproduisent la plante parasite souvent à une assez grande distance du point d'implantation de la plante parasite-mère. Dans une prochaine communication, je passerai en revue les organes sou- terrains qui appartiennent au système caulinaire : les rhizomes et leurs dépen- dances. A l'occasion de la racine du Gui, regardée par M. Germain de Saint-Pierre comme une sorte de racine pivotante, M. de Schoene- feld fait remarquer que le mot pivot semble devoir s'appliquer à un organe de forme cylindroide ou fusiforme, plutôt qu'à un tissu mucilagineux épanché irréguliérement. M. Germain de Saint-Pierre répond que la forme plus ou moins cylindrique est en effet très-généralement celle que présentent les SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 377 racines dites pivotantes, mais que le caractère essentiel de la racine pivotante est moins sa forme (qui, du reste, est assez variée, puisqu'il en est de globuleuses) que sa nature, qui consiste à être une production descendante continuant directement l'axe caulinaire par sa partie inférieure. M. Guillard dit que, puisque la racine du Gui donne naissance à des bourgeons, elle mérite le nom de production stolonifére. M. Germain de Saint-Pierre répond que la racine du Gui ne pro- duit que des bourgeons ADVENTIFS, C'est-à-dire ne naissant pas à l'aisselle de feuilles ; et que la racine du Gui, ne présentant ni feuilles, ni bourgeon terminal, est une véritable racine et non un rhizome, stolon ou autre modification de la tige. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes adressées à la Société : SUR LE PHRAGMITES GIGANTEA J. Gay, par ME. J.-A. RICHTER. (Montpellier, 26 novembre 1869.) Dans la Flore de France de MM. Grenier et Godron, le Phragmites gigan- tea J. Gay est indiqué seulement à la Fontaine de Salces (Pvrénées-Ovientales). Le 31 octobre dernier, M. Duval-Jouve et moi, nous parcourions la plaine de Maurin, à 5-6 kilometres au sud de Montpellier, lorsque notre attention se porta sur un roseau de 6 à 7 mètres de hauteur, qui, sur une étendue de plus de 100 mètres, couvrait le talus d'un large fossé. Notre premiére pensée fut que ce roseau était le Ph. gigantea. Aucun doute n'exista plus pour nous lorsque, au retour de notre promenade, nous eümes rapproché notre plante des échantillons de Salces (ex loco classico) que renferment Pherbier. de M. Duval-Jouve et le mien. Cette belle Graminée ne saurait d'ailleurs être confondue avec le Phrag- mites ordinaire des environs de Montpellier. La taille pourtant ne suffirait Pas toujours à les faire distinguer. Car, dans une vigne, où ils avaient sans doute été arrêtés dans leur développement par la sécheresse, nous avons observé plusieurs pieds de PA. gigantea qui ne s'élevaient pas à plus 1 un mètre, tandis que tout près de là se trouvaient des Phragmites ordinaires ayant 4-5 mètres de hauteur. Mais le Ph. gigantea, avec son élégante pani- cule à rameaux assez longuement nus à la base et retombant gracieusement, a Un aspect que n'offre pas l'autre Phragmites de notre contrée, dont la pani- cule est ordinairement roide et contractée, au moins à cette époque de l'année où il a fini de végéter. . " La taille n'ayant rien de bien décisif, nous avons dû examiner attentivement 378 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les caractéres indiqués par les auteurs dans les enveloppes de la fleur. Natu- rellement nous ne pouvions négliger de consulter le travail que M. P. Ma- bille a publié récemment sur les Phragmites, dans ses Recherches sur les plantes de la Corse, n° fascicule, 1869. Le soin minutieux avec lequel l'au- teur établit sept espèces (1) de Phragmites en Corse, nous obligeait même à une comparaison encore plus scrupuleuse. Cette étude nous a causé quelque embarras. M. P. Mabille admet, p. 39, l'identité de son PA. altissimus Benth. (sub : Arundo) avec les Ph. giganteus Gay et Ph. maximus Forsk., et par suite avec le Ph. gigantea Gren. Godr. Fl. de France, II, p. 474. Mais MM. Go- dron et Grenier, en citant le synonyme de Bentham, ont ajouté : (Benthami) Descriptio claudicat, tandis que M. Mabille dit de la même description : Mihi semper perfecta esse visa est. Comment concilier ces deux jugements opposés ? M. Bentham dit, Cat. pl. Pyr. p. 62, col. 1, lig. 39 et suiv. : « Calices à » 3-5 fleurs, à valves obtuses, l'extérieure de moitié plus courte que l'inté- » rieure, qui est presque égale aux floscules. Poils..... Valve extérieure de la » corolle entière, obtuse; l'intérieure à trois pointes très-courtes. » Pour M. Bentham, comme pour Linné, les valves du calice sont ce que l'on appelle aujourd'hui les glumes, les valves dela corolle sont les glumelles. C'est donc à la glumelle intérieure que M. Bentham attribue £rois pointes très- courtes, ce qui, physiologiquement, est impossible, attendu que la glumelle intérieure, étant dépourvue de nervure médiane, peut bien avoir 2-4-6 dents, mais jamais 3. — Sous ce premier rapport, MM. Godron et Grenier ont eu pleinement raison de dire : Descriptio claudicat. M. Bentham dit aussi : « Chaume nu dans sa partie supérieure. » — Autre inexactitude, que M. Mabille a, du reste, rectifióe, en substituant à la phrase de M. Bentham cette autre phrase : Culmus vaginis plerumque tectus. Et en effet, dans les échantillons provenant de Salces et de l'Algérie que nous avons sous les yeux et qui ont été recueillis en fin octobre, les gaînes des feuilles supérieures atteignent ou recouvrent le bas de la panicule. (Vérifier sur les exsiccata de Billot, n° 880 et 880 bis.) — A cet égard encore, on peut dire avec MM. Godron et Grenier: Descriptio claudicat. Mais la plante que M. Bentham a recueillie à Barcelone et qu'il a nommée Arundo altissimus est-elle la même que la plante de Salces? — M. Bentham avertit qu'il n'a pas vu cette dernière. N'ayant pas vu nous-méme celle de Barcelone, nous n'avons pu que nous en rapporter au témoignage de M. Mabille qui (p. 39, lig. 10) affirme l'identité et doit être bien renseigné: Ce point mis de côté, nous avons comparé les caracteres de notre plante à ceux que M. Mabille assigne à son Ph. altissimus Benth. (1) Ph. chrysanthus P. Mabille ; Ph. altissimus Benth.; Ph. ruscinonensis P. Mabille; Ph. isiac . m: f Tea. iacus Del.; Ph. splendens Tinib.-Lag.; Ph. maritimus P. Mabille ; Ph. communs SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 379 Tout d'abord, l'auteur. distingue le groupe B, +, que forme à Ini seul le Ph. altissimus, par ce caractère : Glumæ tridentatæ. — De là, un premier doute pour nous : Notre plante n'a qu'une glume tridentée! — Mais, comme ala page 40 M. Mabille dit : « Gluma inferiore fere integra, margine laciniato, » nunquam dentes legitimos habenti : Bentham eam dicit integram, et CN. » Grenier et Godron glumas tridentatas : eos non recte vidisse puto, cum, » floribus plusquam centum diu examinatis et. microscopii lenti subjectis, bis » tantum inferiorem valvam quasi tridentatam viderim », ce qui nous a paru un peu en contradiction avec le caractére du groupe, nous ne nous sommes arrété ni au caractere, ni à la contradiction. Nous le pouvions d'autant moins, et, par contre, nous devious d'autant plus facilement excuser MM. Godron et Grenier du terrible reproche non recte vidisse, que, sur les échantillons que nous avons examinés de la Fontaine de Salces, du quartier de Maurin et de l'Algérie, nous avons trouvé au sommet de la panicule les deux glumes triden - tées, et, à la base, la glume inférieure entière et subaiguë, et la supérieure seu- lement tridentée, — De plus, sur des échantillons de Sicile appartenant à un Phragmites de taille moyenne, nous avons remarqué une différence notable entre les glumes de la moitié supérieure de la panicule et les glumes de la moitié inférieure. Nous en avons inféré qu'il ne fallait pas attribuer une importance absolue au caractère indiqué, bien que nous reconnaissions qu'il v a vérita- blement des différences entre les glumes du Phragmites ordinaire à Montpel- lier et celles de la plante du quartier de Mauriu. On lit encore à la description donnée par M. Mabille de son PA. altissima Benth., p. &0 : Culmus farctus. — Or, notre Phraginites de Maurin et nos exemplaires de Salces et d'Algérie sont creux, eux et leurs rhizomes; il n'y a pas un seul de leurs entre-nœuds à qui l'on puisse appliquer l'épithete de « farctus, rempli, garni, bourré, fourré (Dict. de Quicheraf) », comme elle a été appliquée au Zriticum junceum, dont on a dit : Culmo farcto, parce que ses chaumes sont remplis de moelle. Il est vrai que notre Phragmites a les chaumes très-gros, très-épais, assez épais même pour être confondus avec ceux del Arundo Donax, mais ils ne sont pas pleins ! A cet égard, il différerait de la plante de M. Mabille. Mais je me hâte d'ajouter que, pour tout le reste, la description du consciencieux observateur convient merveilleusement à notre plante. Aussi n'aurais-je point fait remarquer les légères contradictions mises en évidence par notre étude, si M. Mabille n'avait dit, p. 39, de notre vénéré el regretté confrère Jacques Gay : « Asseri potest clarum J. Gay ignorasse » Forskaelii plantam, descriptionem Benthami omisisse de industria et ter- ? tium inde nomen plantæ a veteribus cognitæ dedisse. » Ces contradictions ne sont pas les seules que nous ont fait remarquer les rec herches auxquelles nous nous sommes livré, l mE Steudel, à la suite de la diagnose de l'Arundo maurttanica. Dest., ajoute ' «Ph. gigantea Gay, Cor. Endr., p. 16, non differt nisi panicula fere bipedali 350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Syn. Gram. p. 49h, n° 3), » et, page 195, à la suite de la description de son Ph. flavescens Peterm., il ajoute : « Ph. gigantea Gay in herb. Un. itin. Pyr., etc. » Cet auteur veut-il dire par là que Gay a nommé du méme nom deux plantes différentes, ou par inadvertance rapporte-t-il la méme plante à deux types différents? — Videant peritiores. J'ai dit plus haut qu'un caractère de distinction se trouve dans les enveloppes florales. En effet, dans notre Phragmites du quartier de Maurin et de la Fon- taine de Salces, la glume inférieure est largement ovale et obtusiuscule, souvent tridentée surtout au sommet de la panicule, tandis que, dans le PA. communis type, elle est étroitement lancéolée et atténuée très-aiguë. Les feuilles nous ont montré aussi un caractére qui, indépendamment de ceux indiqués, à notre avis, avec beaucoup d'exactitude par les auteurs de la Flore de France, permet de distinguer les deux plantes. Dans le PA. communis, les feuilles présentent des nervures saillantes régu- lièrement espacées et séparées les unes des autres par 5-6 nervures plus faibles ct égales. Les feuilles du PA. gigantea offrent aussi des nervures saillantes, mais elles sont moins marquées et plus rapprochées. On ne distingue entre elles ordinairement que trois petites nervures dont la médiane est un peu plus prononcée que les latérales. Enfin, en examinant les rhizomes de la plante de Maurin, lesquels atteignent jusqu'à 33 millimètres de diamètre, on voit dans leur cylindre intérieur trois rangs de faisceaux fibro-vasculaires au lieu de deux que présente la forme ordinaire de nos contrées, aussi bien sur des rhizomes de 31 millimètres de diamètre que sur ceux de 2-3 millimètres. I ne sera pas hors de propos de signaler ici, en passant, certaines différences que, dans notre étude du PA. gigantea, nous avons observées entre le PArag- mites ordinaire des environs de Montpellier et le PA. communis du nord. La plante de Montpellier a la glume inférieure ovale-lancéolée, moins longuement atténuće, et les feuilles plus épaisses, plus fortement nerviées que la plante du nord. Je mentionne ces différences, uniquement pourexpliquer pourquoi, dans cette note, en parlant du PAragmites ordinaire de Montpellier, je me suis abstenu de lui donner un nom. Je n'avais point, en effet, à préjuger la ques~ tion des espèces, Cependant, pour jeter une lumiere, si faible qu'elle soit, Sur cette question, je me permettrai de faire remarquer que lArundo Phrag- mites L. est un type précieux à étudier. Il croit depuis les régions les plus sep- teutrionales jusqu'à l'Équateur, dans l'Amérique et. dans la Nouvelle- Hollande comme dans le vieux monde. Il. est impossible qu'une plante aussi répandue ne subisse pas l'influence de la variation des milieux où elle végete. C'est. un point à élucider par de nouvelles observations, et je crois exprimer l'opinion de la majorité des botanistes en priant M. Mabille d'agréer tous nos remerci- ments pour des études si délicates et si consciencieuses qui ne peuvent que contribuer puissamment et rapidement à la solution de la question. SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 381 SUR QUELQUES ÆGILOPS DE FRANCE, par M. J. DUVAL-JOUVE. (Montpellier, 25 novembre 1869.) Les ZZgilops sont assurément trés-répandus dans toute la Provence et dans tout le Languedoc, mais je doute que sur aucun point il y en ait des quantités comparables à celles qui couvrent la Crau d'Arles. Lieux incultes, lieux cultivés, bords des blés, bords des chemins, clairières des garrigues, tout en est couvert ; et le plus souvent nos trois espèces, Æ. ovata L., Æ. tri- aristata Willd. et Æ. triuncialis L., croissent pêle-mêle et semblent rivaliser d'ardeur pour envahir fe peu de terre qui se montre entre les cailloux roulés, Or, j'ai passéles quinze premiers jours de juin dernier dans la Crau d'Arles et, en la voyant toute hérissée d'Ægilops, je me suis dit que, puisque ces espèces avaient, avec les Triticum, abouti aux hybrides Triticum vulgari ovatum Godr. et Gren. et Æ. vulgari-triuncialis? Lge Pug. 56, et Willk. Prodr. fl. hisp. Y, p. 108 (Eg. caudata L.), il y avait lieu de rechercher si de cette immense promiscuité des trois espèces précitées il ne serait pas résulté quelque produit hybride. Je me croyais sûr d'en rencontrer. Eh bien, quoique nous fussions trois à consacrer pendant cette quinzaine au moins six heures par jour à cette recherche, nous n'avons rien trouvé. Je veux dire par là que nous n'avons trouvé aucune forme qui nous permit d'y voir un hybride entre Æ'gilops. Mais j'ai rencontré deux pieds du Trit. vulgari-ovatum Godr. , un pied d'un ZZ gtlops dont je parlerai plus loin, et j'ai constaté un caractère distinctif qui me paraît d’un emploi commode. Le Trit. vulgari-ovatum, soit Æ. triticoides Req., est une plante que Castagne indique « assez commune sur les bords des sentiers; aux Milles, aux » Martigues, à Berre » (Cat. pl. d. Bouches-du-Rhône, édition Derbès, P. 183). Ces localités sont à l'extrémité orientale de la Crau ; et d'autre part, cette plante a été fréquemment récoltée dans le Gard par M. Courcière, dans l'Hérault par MM. Richter et Barrandon ; elle est donc assez répandue. Mais sa fréquence et l'absence d'hybrides provenant des Ægilops entre eux Sont un exemple de plus de ces cas bizarres d’hybridation constatés par M. Naudin et mentionnés par M. Duchartre (Z7. bot. p. 61^, et Rapp. s. l. Progr. bot. p. 300), dans lesquels deux espèces trés-différentes quant au port et aux proportions, à la forme des feuilles et des fleurs, sont fécondées sans difficulté Pune par l'autre, tandis que d'autres espèces qui se ressemblent beaucoup plus ne s'hybrident que trés-difficilement ou pas du tout. Pendant nos recherches, un de mes compagnons, M. le capitaine J. Qué- tey (1), se plaignit de ne pas bien distinguer à premiere vue VÆ. triaristata (1) Le 13 juin, M. le capitaine J. Quérey découvrit la présence, en Crau, de l'Ophio- To yv (SÉANCES) 25 382 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de LÆ. ovata, et me demanda l'indication d'un caractère net, apparent, bien coustant, qui lui facilitàt cette distinction. Je dus avouer que, n'ayant jamais éprouvé d'hésitation à cet égard, je n'avais jamais fait un examen attentif des caractères de ces deux espèces, pour moi très-distinctes, ni une vérification exacte de ceux que leur attribuent nos flores. H me fut répondu que lhésita- tion était permise, sinon commandée, en présence des opinions très-différentes émises sur ces espèces par plusieurs botanistes éminents; que Host avait donné de PÆ. triuncialis une figure si mauvaise et si ambigué (Gram. austr. Il, tab. 6), que Willdenow (Sp. pl. IV, p. 942, et Enum. p. 1039) et après lui Rœmer et Schultes (Syst. H, p. 771) l'ont rapportée à VÆ. triaristata Willd.; que, suivant les mêmes auteurs, « Schrader et Host ZZ. (riaristatam » et /"uncialem in unam eamdemque speciem conjungunt » (Syst. veg. EE, p. 772); que Link avait dit : « Æ. triuncialis et triaristata non. diverse » videntur, nec e Willdenowii herbario aliquid certi hac de re affirmari potest » (Hort. berol. Y, p. 13); que Requien et Bertoloni ont, aux dépens de lÆ. triaristata mal counu, créé un Z. neglecta, auquel ils ont rapporté la figure que Palisot de Beauvois avait donnée de lÆ. ovata, bien que ce dernier au- teur eût exactement représenté quatre barbes à chaque glume (Bertol. F7. it. I, p. 787); que, aprés eux, Steudel à. commis la même erreur iconologique (Syn. Gram. p. 354, n? 4) ; que les figures analytiques données par Lamarck de lÆ. ovata (IIl. gen. tab. 839, fig. 1) sont un mélange d'ovata et triaris- fata, réunies ou non distinguées par cet auteur; que, si les figures données par Mutel (F. fr. tab. xcu, fig. 645 à 647) sont très-bonnes quant à len- semble, elles ne sont ni analytiques, ni suffisamment expliquées par le texte ; que Koch (Syn. ed. 3°, p. 720) et M. Godron (Fl. de Fr. TII, p. 601) attri- buent comme caractère distinctif et souligné l'absence sur VÆ. triaristata où la présence sur lÆ, ovata d'aspérités au tiers inférieur des barbes, et que ce caractère est de nulle valeur, attendu qu'en Crau tous les -ÆZgélops ont les barbes rudes sur toute leur étendue ; que, récemment, M. Cosson a réuni PÆ. triaristata en simple variété à LÆ. ovata (Fl. Alg. Glum. p. 211); et qu'ainsi il était permis, dans le doute, de demander l'indication de caractères apparents bien déterminés, et convenabie de les chercher. C’est ce que nous fimes; et des comparaisons suivies sur de très-nombreux individus nous mon- trèrent bientôt : que les caractères indiqués sont peu constants et réellement insuffisants ; que l'épi de lÆ. ovata est souvent aussi long, aussi atténué au sommet, à barbes aussi dressées que celui de VÆ. ériaristata ; que la lon- gueur relative des barbes médianes est sans valeur, attendu que, s'il y à trois barbes sur le ériaristata, il y en a toujours quatre sur l'ovata, et que les deux glossum vulgatum Le, dans une prairie marécageuse du quartier de Raphèle, où j'avais moi-même trouvé, il y a quatre aus, le Carex hordeislichos Vill., non encore in- diqué en Provence, SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 18069. 383 médianes sont trés-inégales en longueur. En méme temps, nous constations ce qui suit : 1° Sur chacune de nos trois espèces, l'épillet terminal occupe une position inverse de celle des autres épillets. Ceux-ci ont le plan médian de leurs glumes paralléle à l'axe, ou, en d'autres termes, sont appliqués contre l'axe par une de leurs faces, direction que celle de l'épillet terminal coupe à angle droit. En outre, sur les glumes et sur les glumelles de cet épi terminal, les nervures sont paralléles et symétriques, au lieu d'étre contournées et asymétriques, comme sur les autres épillets. 2° Les glumes de lÆ. ovata offrent sur leur moitié inférieure un ren(le- ment brusque et comme globuleux; chacune d'elles a au moins quatre barbes (1), souvent cinq; et, comme chaque glumelle extérieure a deux barbes presque aussi longues que celles des glumes, il s'ensuit que chaque épillet a au moins douze grandes barbes. Les glumes de l' Z. triaristata sont ovoïdes et uniformément renflées sur toute leur longueur ; une d'elles a trois barbes, l'autre deux, très-rarement trois; et, comme les glumelles externes n'ont point de longues barbes, ou n'en ont qu'une au plus, lesautres n'égalant pas le tiers de celles des glumes, il s'en- suit que chaque épillet n'a que cing ou au plus et très-rarement sept grandes barbes. 3? Les épis de Æ. ovata commencent par un seul épillet rudimentaire et abortif, très-rarement par deux; ceux de VÆ. triaristata et de VÆ. triun- cialis par trois ou quelquefois par quatre épillets de cette sorte; et cela sans aucune exception. A mes innombrables vérifications en Crau se sont ajoutées celles que, dans les environs de Montpellier, a bien voulu faire mon excellent ami M. Richter, dont le coup d'œil est si juste. Comme j'ai vérifié l'existence du premier caractère sur les Æ. speltoides Tausch, ventricosa Tausch, caudata L., triuncialis L., (riaristata Willd. , ovata L., triticoides Req., on pourrait, je crois, le comprendre au nombre des caractères du genre ou de la tribu, car il existe également sur les Agro- pyrum (comme Leers l'a très-bien figuré 77. herb. tab. xit, f. 3 et 4), et sur ce genre, comme sur les 7Z/jilops, cet épillet terminal a ses nervures symé- triques, tandis que sur les autres, les nervures du cóté contigu à l'axe sont plus ou moins oblitérées. Ce caractère pourrait se formuler ainsi : Spiculis, superiore excepta, racheos axi parallelis et asymmetricis. Nous rencontrâmes, ai-je dit, un pied d'Ægilops qu'il me reste à décrire. (4) Je distingue les barbes des arêtes. Les barbes terminent les glumes ou les glu- melles, en ce qu'elles naissent au sommet et ne sont que le prolongement d une uervure dont elles ont les éléments constitutifs. Les arêtes croissent sur la glumelle inférieure seulement, jamais sur les glumes ; leur point d'émersion est variable, mais jamais ler- minal, attendu qu'il n'y a pas de nervure au-dessous de l'aréte, et qu'en tous cas la con- stitution de l'aréte diffère de celle de la nervure médiane, et se montre différente sur les deux régions que présente toujours une véritable aréte. T. XVI. (SÉANCES) 25 * 384 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il se trouvait au bord d'un champ et parmi des ZZ. ovata et triaristata. Sa vue me rappela tout de suite une plante que mon ami M. Huet m'avait. dans le temps envoyée de Toulon, et quelques pieds que j'avais précédemment rencon- trés en Crau et négligés, les ayant pris à tort pour des ZZ. ovata mal déve- loppés. Cette plante a en effét le port et la taille de lÆ. ovata et, comme cette espèce, un seul épillet rudimentaire àla base de l'épi ; mais elle en diffère par son épi grêle, linéaire, formé de deux, rarement de trois épillets, fous de méme grosseur et fertiles, non subitement renflés-ventrus, mais ovoides-allongés ; par les glumes de l'épillet inférieur n'ayant chacune que deux très-longues barbes ; celles de l'épillet terminal en portent chacune trois. Sur l'épillet inférieur, les glumelles externes sont terminées par trois dents très-inégales ; celle du côté du rachis trés-courte et mutique, l'opposée avec une barbe courte, et la mé- diane une barbe très-longue ; à l'épillet terminal, les mêmes glumelles portent trois barbes trés-longues. Tous ces détails et la forme linéaire de l'épi rappel- lent la forme d'un épi d Æ. triuncialis coupé et réduit à ses deux épillets fertiles inférieurs, au point que je me demandai si ce n'était pas un pied de cette espèce dont les épis auraient été tronqués ; mais notre plante n'a qu'un épillet rudimentaire, et Æ. triuncialis en a toujours trois ou quatre, et, d'autre part, son épillet supérieur indique, par la direction signalée plus haut, qu'il est bien l'épillet terminal d'un épi complet. De retour à Montpellier, je reconnus la complète identité de ma plante avec celle de M. Huet, communiquée en 1864, et accompagnée de la note suivante que M. Huet m'a autorisé à reproduire : « Æ. MACROCHETA Shuttl. et Huet. Sp. nov. ined. » Mont Faron prés Toulon. Lieux secs et pierreux. — 15 mai 186^. — » Cette espéce a été trouvée par M. Shuttleworth, le 12 mai 1862, au nord du » mont Faron, en montant vers Tourés. M. Jacquin et moi l'avons retrouvée » le 15 mai 1864 au sommet du mont Faron lui-méme. » Par son ensemble, cette plante se rapproche plus de Æ. ovata que de lÆ. triaristata; mais elle en diffère par son épi grêle, pauciflore, et ses » arétes du double plus longues. De l'avis de M. Shuttleworth et du mien, » C'est une excellente espèce. » L'identité entre la plante de Toulon et celle de la Crau étant reconnue, il restait à savoir, d'une part, si cette plante n'est pas un hybride, d'autre part, si elle n'a pas déjà été publiée, Or, 1° à la base de chaque pied persiste l'épillet producteur, identique avec celui de la plante, ce qui exclut toute idée d'hybridité. 2? M. Willkomm (Prodr. fl. hisp. I, p. 107) mentionne, à la suite de son AE. ovata, une variété « Q. late aristata Lge, Pug. 56 ! Glumis 2-3-aristatis, » aristis planis latis 5-nerviis, Planta robusta. » Ces deux derniers caractères excluent toute idée de rapprochement, attendu que notre plante est gréle et » SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 385 que ses barbes sont, comme les barbes ordinaires de nos Æ gilops, étroites avec une nervure médiane et une bordure épaisse et cartilagineuse. La forme de M. Lange paraît résulter de la soudure des barbes ; serait-elle identique avec PÆ. Larenti Hochst. ? (Larent, Wander. in Orient, in Flora 1845, p. 25; Steudel, Syn. Gram. p. 354, n* 2)? Mais Steudel donne de son Æ. intermedia une description qui correspond si exactement aux caracteres de notre plante, qu'il nous est impossible de ne pas la reproduire ici : « Æ. INTERMEDIA Steud. Radice fibrosa pilosa; culmis basi geniculatis » (5-6-pollicaribus) ; vaginis margine foliisque pilosis ; spica sublineari e spe- » culis 4-6 composita; glumis ad nervos strigoso-pilosis 2- raro 3-aristatis, » aristis a basi margine scabris, glumarum superiorum quam inferiorum non » longioribus; valvula inferiore 3-dentata, dente altero minimo, secundo » brevi, tertio quam valvula sua longius aristato. Æ. triuncialis Hochst. » herb. — Kotschy Alep. n° 176. Syria. » (Syn. Gram. p. 35h, n° 8.) Un seul trait diffère : le nombre des épillets, que Steudel porte à 4-6, et qui n'est que de deux ou rarement de trois sur notre plante. A ceux qui pourront se procurer des échantillons de la plante de Syrie, il appartiendra de se pro- noncer ; dans l'incertitude, nous conservons le nom imposé par les savants botanistes de Toulon. Nous résumons ainsi qu'il suit les principaux caractères de cette plante et ceux que, dans cette étude, nous avons constatés surles autres espéces et qui pourraient s'ajouter à ceux déjà décrits : Æ. maerochzeta Shuttl. et Huet. Spica lineari, brevi, e spiculis 2 vel 3 æqualibus et fertilibus, longis, cylindrico-ovatis et vix inflatis composita ; dente unico ad racheos basim spiculam abortivam gerente. Spicularum infe- riorum glumis longissime bibarbatis et glumellis tridentatis, dente interiore brevissimo mutico, exteriore breviter, medio longissime barbato ; spiculæ Superioris glumis necnon glumellis longissime 3-barbatis. Æ. ovata L.... Spice ad basim spicula una (rarissime 2) rudimentaria et - àbortiva ; spicularum fertilium glumis ventricose inflatis, 4 aut 5-barbatis ; glumella inferiore longe bibarbata, unde spiculis saltem 12-barbatis. Æ. triaristata Willd..... Spicæ ad basim spiculis 3-4 rudimentariis et abor- tivis; spicalarum fertilium glumis 2 et 3-barbatis ; glumella inferiore breves barbas aut unam longam barbam gerente, unde spiculis 5 aut raro 7-bar- batis. Æ. triancialis L..... Spicæ ad basim spiculis tribus aut quatuor rudi- mentariis et abortivis.... Le reste comme dans toutes les flores. CONTRIBUTIONS A LA FLORE DES PYRÉNÉES-ORIENTALES, par M. 4. LE GRAND. (Montbrison, 44 novembre 1869.) Avant séjourné deux ans, soit à Perpignan, soit aux environs, pendant 386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les années 1862 et 1863, j'ai consacré à des recherches botaniques les loisirs trop courts que me laissaient mes fonctions administratives, et j'ai pu mettre la main sur quelques espèces intéressantes, que je crois d'autant plus à propos de signaler que le tableau de la flore de cette belle contrée, la plus riche sans contredit de toute la France, a été publié récemment (1). l'indique par un astérisque les plantes qui ne sont pas mentionnées dans l'ouvrage précité, espèces ou variétés, et je ne fais figurer les autres que pour les nouvelles loca- lités à faire connaitre, quelquefois en dehors (mais très-près cependant), des limites da département. Cette notice est le complément de celle que j'ai publiée antérieurement sur le méme sujet (2). Clematis recta L. Dans les haies de la plaine de Rivesaltes, prés du Mas de la Garrigue. RR. 4° juillet 1862. * Fumaria media Lois. — Boreau, éd. 3, n? 121! Bords des haies et des champs des rives de l'Agly, à Rivesaltes, Avril 1862. Très-voisin du F. officinalis, dont il west peut-être qu'une variété assez remarquable. En differe par la forme des feuilles à segments plus écartés, par ses fruits moins fortement chagrinés et seulement ruguleux. Le F. officinalis pouvant présenter des feuilles vertes ou glauques, des fleurs rouges ou ples, des sépales grands ou petits, et même des tiges presque accrochantes, il faut se défier de ceux de ces caractères qui ont été assignés au F. media Lois. t Silene inflata L. — Var. carneiflora Nob. Rochers del'ermitage de Notre-Dame de Peña. 1** juin 1862. Diflére du type par ses fleurs roses, ses feuilles oblongues bien plus allon- lées, fortement rétrécies à la base. Ce dernier caractère le rapprocherait du S. Tenoreana. * Silene lusitanica L. Vignes et coteaux pierreux de Rivesaltes. 7 juin 1862 (fruits). Plante robuste, très-hérissée-glanduleuse ; dents du calice et de la capsule persistantes ; celles-ci moitié plus courtes que celles du calice; capsules ru- gueuses ; graines plus grandes et moins fortement bordées que dans le S. gal- ira, Ge dernier caractère parait appartenir aussi au S. anglica. Dianthus pungens G. G. 77. Fr. t. I, p. 23^. Trouvé abondamment au pic de Costa -Bona, au-dessus du Mas de Peyrefeu, le 42 juillet 1862. (1) Histoire naturelle des Pyrénées-Orientales, par le docteur Louis Companyo, 3 vol, in-8. Perpignan, 1861-1864. — Le tome 11 (939 pages) est consacré à la botanique. (2) Excursions botaniques dans les Pyrénées-Orientales en 1862 (Mém. Soc, acad. de Maine et-Loire, t, XIV, 1863), . SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869, 387 Dianthus brachyanthus G. G. F.. Fr. t. I, p. 235. Les monts Albères, au-dessus de Port-Veudres. 1863. Découvert par M. Oli- vert. Dianthus virgineus G. G. FZ. Fr. t. I, p. 238. Très-abondant à Notre-Dame de Peña, dans les rochers. 4°" juin 1862. La synonymie de ces trois dernières espèces parait très-douteuse, * Alsine conferta Jord. Pug. pl. 35. Lieux pierreux des coteaux de Baixas, ou je l'ai récolté abondamment le 1** juin 1862. Localité intéressante à ajouter à celles déjà mentionnées par M. Grenier dans le Florula massiliensis advena (page 375), 1860, et qui prouve une fois de plus l'indigénat de cette espèce remarquable, * Spergularia diandra Guss. Bords sablonneux des étangs maritimes de Leucate (Aude). 25 mai 1863. Les échantillons que j'ai récoltés ont exactement le port et les principaux caractères de la plante de Corse, que je dois à l'obligeance de notre confrère M. O. Debeaux. Groupes de fleurs trés-nombreux et rapprochés ; pédicelles bien plus courts que dans le S. rubra, égalant à peu près le calice et non beaucoup plus longs; plante plus trapue, hérissée-glanduleuse. Je n'ai pu compter le nombre des étamines. Au Sp. rnbra, var. pinguis G. G.? Erodium chium Willd. Remparts de Perpignan, vers la porte Canet. Mai 1863. * Epilobium alsinifolium Vill. Bords des sources, au pic de Costa-Bona. 12 juillet 1862. * Epilobium collinum Guss. Prats-de-Mollo, ravins des montagnes. 10 juillet 1862. Corrigiola telephiifolia Pourr. Sables de la plage de Barcarès, près des salines. 3 août 1862. *Sedum anopetalum DC. — Var. ? Prats-de-Mollo, rochers au bord du Tech. 10 juillet 1862. Differe du type par ses fleurs d'un. beau jaune. J'ai énvo$é cette plante autrefois à mes correspondants sous le nom de S. su/fureum Nob. — Les savants botanistes à qui je l'ai communiquée ne se sont pas eticore prononcés. Cependant, M. Grenier la rapproche du Sed. Verloti, qu'il ne considère que comme une variété du S. anopetalum (FT. jur. t. I, p. 278). Saxifraga media Gouan. Une bonne localité à signaler aux botanistes, parce qu'on l'y trouvera facile- ment et à coup sûr : les rochers de la Tour de Mir, à Prats-de-Mollo, 11 juil- let (fruits et quelques fleurs). 388 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Galium decipiens Jord. Rochers de l'ermitage de Notre-Dame de Peña. 4°" juin 1862. Anacyclus valentinus L. Rivesaltes. 1862. CC. Sur les bords de l’Aglv, près du pont. Crepis bulbosa Cass. Commun à Rivesaltes, dans les terres sablonneuses des bords de l'Agly. 26 avril 1862. Hieracium Pseudocerinthe Koch. Rochers dela Tour de Mir, à Prats-de-Mollo. 11 juillet 1862. J'ai déjà indiqué cette espéce comme nouvelle pour la chaine des Pyrénées, et si je la rappelle ici, c'est seulement pour faire connaitre que ma détermi- nation a été depuis confirmée par M. Grenier, l'éminent monographe de ce genre dans la Flore de France. * Veronica didyma Ten. Rivesaltes, lieux cultivés. Février 1862. * Lavandula latifolia Vill. Rochers de l'ermitage de Notre-Dame de Peña. 27 juillet 1862. Sideritis scordioides L. Leucate, rochers maritimes. 14 juin 1863. — Rivesaltes, bords des canaux d'irrigation, prés du Mas de la Garrigue. Mai-juin 1862. Plantago crassifolia Forsk. Sables des bords de l'étang de Leucate. 25 mai 1863. Statice ferulacea L. Sables maritimes de la Franqui prés Leucate. 14 juin 1863. — (N'était encore connu qu'à l'ile Sainte-Lucie). Parietaria lusitanica L. Vieux murs pres de l'ermitage de Baixas. 19 avril 1863. Potamogeton pectinatus L. Plaine de Rivesaltes, dans les canaux d'irrigation. 1° juillet 1862. Gladiolus illyricus Koch. Coteaux pierreux de Baixas. 19 avril 4863. Narcissus juncifolius Req. Garrigues des coteaux pierreux entre Baixas et Notre-Dame de Peña. 19 avril 1863 (fruits). " Psamma australis Mabille. Sables maritimes de la Franqui prés Leucate. 25 mai 1863. — Jdentique avec la plante de Corse. * Aira curta Jord. — Boreau Fl c. ! Coteaux de Rivesaltes. 28 avril 1862. SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 389 Vulpia ligustica Link. Sables maritimes de la Franqui prés Leucate. 25 mai 1863. M. Le Grand soumet en outre à la Société quelques observations sur l'emploi de certaines expressions composées, telles que ovale- elliptique, dont les deux termes sont incompatibles et. s'excluent, ce qui lui parait constituer un non-sens. Plusieurs membres font remarquer que, par l'emploi de ces expressions composées, on entend indiquer que l'organe que l'on étudie offre une forme intermédiaire entre ceux qu'exprime chacun des deux termes qui les composent. M. de Schenefeld fait observer qu'aucune forme n'est rigoureu- sement mathématique parmi celles que nous offre la nature; il en résulte que certains termes qui s'excluent dans le langage mathé- matique peuvent se combiner dans le langage du naturaliste, qui ne les emploie jamais que dans un sens approximatif. M. Eug. Fournier fait à la Société la communication suivante : SUR LES FOUGÈRES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, par M. Eug. FOURNIER. Les Fougères recueillies par M. Vieillard dans la Nouvelle-Calédonie ont été l'objet d'un travail spécial publié dans les Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XV, cahier n° 1, par Mettenius, qui a encore énuméré dans les Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg, t. X, celles qu'avait rapportées M. le commandant Jouan. Depuis, quelques espèces de Fougères de la méme provenance ont été signalées par M. Kuhn ou par M. Baker. Le Muséum de Paris en possède une collection importante, aug- mentée depuis les premieres récoltes de M. Vieillard de quelques échantillons rapportés par ce voyageur, d'un envoi de M. Pancher, d'une collection donnée Par M. F. de Müller, de Melbourne, provenant des récoltes faites par des jardiniers envoyés de l'Australie dans la Nouvelle-Calédonie pour y recher- Cher des plantes vivantes, d'une autre donnée par M. Baudouin, d'une collection anonyme achetée par le Muséum à M. Sallé et qui doit provenir du collecteur Mac Gillivray, enfin des envois récents de M. Balansa. M. Cosson possède en outre, ainsi que M. le comte de Franqueville, une collection de M. Vieillard, ancienne déjà, mais plus complete sous certains rapports que celle du Muséum. Enfin notre confrère M. Delacour a bien voulu sou- mettre à mon examen une petite collection de Fougères qui lui a été envoyée de la Nouvelle-Calédonie par son frère, attaché au service sanitaire de Ia ma- rine. Il a paru à M. Brongniart qu'il serait utile d'énumérer les Fougères de 390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ces diverses collections et de décrire les nouveautés qu'elles renferment. Je suis heureux qu'il m'ait chargé de ce travail. J'aurais désiré publier en une seule fois dans notre Bulletin l'énumération de ces Fougères, en la faisant suivre des considérations importantes de géographie botanique qu'elle soulève, Mais les circonstances en décident autrement. M. Vieillard est revenu il y a quelque temps de la Nouvelle-Calédonie avec une collection nouvelle qu'il ne lui convient pas de communiquer au Muséum, et malgré ma requéte, il a préféré adresser les Fougéres de cette collection à Berlin, à M. Kuhn, qui a sous les veux l'herbier de Mettenius et qui continue ses travaux. Pensant que quelques-unes des espéces nouvelles envoyées par M. Balansa pourront se trouver dans la collection de M. Vieillard refusée à mon examen, et voulant conserver au voyageur du Muséum la priorité de ses découvertes, je viens prier la Société d'accepter dans son Bulletin l'énumération des Fougères recueillies par lui et par les voyageurs que je viens de citer. Je ferai suivre la mention de chaque espèce de celle des localités où elle a été observée à ma connaissance pour fournir une base aux considérations générales dont je ferai suivre cette énumération (1). | F'ilices neo-caledonice. Hymenophyllaceze. * TRICHOMANES SAXIFRAGOIDES Presl. Ad truncos arborum in præroptis vallis Boulari, maio sporigerum (Bal. n. 1519). In insulis Vifé (Seem. n. 786); in Japonia. — Insulis Philippinis, Java, Rawak. * T. VITIENSE Baker: In rupibus humidis pr. Wagap (Vieill. n. 2165 part. in herb. Coss.). In insulis Viti. * T. PELTATUM Baker in Hook. Syn. Fil. 13 et in Linn. 1868, p. 387 (Micro- gonium omphalodes Vieill.). Nova Caled. (Depl. n. 175, Vieill. n. 2166 ex cl. Baker). In insulis Samoa (Powell). T. (Wicrogonium) BIMARGINATUM Van den Bosch (non visum). Balade (Van den Bosch in Mett. l. c.). Ceylan (Thw. n. 2986); in insulis Viti (Wilkes n. 2). * T. HUMILE Forst. (7. depauperatum Bory in Duperr. Voy. Bot. p. 285!) In rupibus humidis pr. Wagap (Vicill. n. 2165 part. in herb. Coss.). 4) Je mentionne d'abord les localités dont j'ai vu des échantillons, puis après un tiret, celles que j'ai relevées d’après les sources bibliographiques. Les espéces non com- prises dans le premier travail de Mettenius sont marquées d’un astérisque. SÉANCE DU 10 DÉCEMRRE 1869. 391 In insulis Viti (Wilkes n. 8); Z'aïti (Lépine n. 29,600", Vesco, Ribourt'; Vanikoro, Oualan (d'Urville); Manilia (Cuming nn. 98, 150); Java (Teys- mann, Zoll. nn. 1582, 1584). — In insula Norfolk (Endi. Prod. FI. Norf.). *T. ALBUM Blume. In monte Mi (Depl. n. 173). Java, — in insulis Philippinis. T. VIEILLARDI Van den Bosch. Ad stipitem Alsophilacearum, in silvis pr. Nouméa, oct. sp. (Bal. n. 74); Balade (Vieill. n. 1661). T. MirNEI Van den Bosch. Ad stipitem Alsophilacearum in silvis Novae Caledonia australioris, sept. maturis sporis (Bal. n. 73): in summo monte Nikou supra Pourail (7007), aprili sporigerum (Bal. n. 817) ; in summo monte Mi, februario sterile (Bal. n. 817 a); absque loco (Pancher n. 208, F. Müll. n. 63) ; Balade (Vieill. n. 1660). In insulis. Vit? (Seem. n. 783); Taïti, in vallibus humidis (Deplanche). Obs, — CI. Baker in Syn. Fil. p. 81 Trichomanes Vieillardi et T. Mil- net ad vetus T. pyridiferum L., speciem in hoc opere maxime dilatatam, immerito quidem, plantas nostra sententia discrepantes redegit. T. MAXIMUM Blume. In dumetis pr. Ferme modèle, januario sporigerum (Bal. n. 818) ; in silvis humidis pr. Balade (Vieill. n. 1657). Aneiteum (Herus n° 105); in insulis Samoa, Waïgiou pr. terram Papouo- rum, Oualan, Pulo-Penang (Gaud.), Java, Calicut (Perrottet). — Philippinis. T. FLAVO-FUSCUM Van den Bosch. \d stipitem Alsophilacearum pr. Nouméa, novembri sporigerum Bal. n. 72) ; ad truncos arborum in silvis pr. la Conception (100%), januario sp. (Bal. n. 815); Balade (Vieill. nn. 1653, 1655, 1656), absque loco (F. Müll. nn. 1, 12, 55). Aneiteum, in silvis montanis (Herus n* 72). Obs. — Non licet hanc speciem pro mera varietate 7. caudati Brack. habere. T. DENTATUM Van den Bosch. In Nova Caledonia interiore {Mac Gillivray n. 2J) ; secus torrentes supra Ferme modèle pr. Nouméa, novembri sp. (Bal. n. 71); in silvis prope la Conception (100), januario sp. (Bal. n. 844); Balade (Vieill. nn. 165^, 1663), absque loco (F. Müll. n. 61, Baudouin in herb. Houllet . Aneiteum (Herus n. 8); Taiti (Wilkes n. 22). Obs. — CI. Kuhn, in Enumeratione Filicum Novarum Hebridarum, in erro- rem incidit quum 7. rigidum Brack. ut merum synonyma ad 7. dentatum 392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Yan den Bosch attulit. Porro Wilkes sub n° 22 herbarii South Pacific explo- ring expedition et ipse Brackenridge in opere suo duas Filices permiscuerunt ; quarum una ad T. cartilagineum Vieill. et P. referenda est, et in herbario vitiensi (Seem. n. 782) offertur, altera, taïtensis, 7. pumilum Van den Bosch ore cvathiformi repraesentat. Caeterum. minime licet, inspectis speciminibus, T. flnvo-fuscum, T. dentatum aliaque affinia T. rigido adjungere, cl. Bakeri exemplum secuto (Syn. Fil. 86), qui forte species non viderit. T. PUMILUM Van den Bosch. Balade, secus torrentes (Vieill. n. 1658). Taïti (Wilkes n. 22 part.). * T. FERRUGINEUM, n. Sp. Rhizoma breve adscendens, tomentoso-ferrugineum, stipites edens fascicu- latos; frons 5-8" longa, firma, opaca, atro-ferruginea, pinnata, segmenta patulo-adscendentia, pinnatifida, laciniæ primariæ stricte et longe connata, dentatæ, nervi flabellati ; capsulæ in axilla laciniarum inferiorum adnatæ, arcuatæ, breves, piriformi-globulosæ, limbo evanido, ore parumper constricto, columella longa, flexuosa, torta, pilosa, sporangia magna, spore ovato- compressa. Insilvis altorum montium (Pancher n. 211, Deplanche n. 57). Differt a T. dentato capsula breviore et latiore, a 7. pumilo ore non cya- thiformi. * T. PLATYDERON, n. Sp. Affine praecedentibus et sequenti, distinctum proprie capsulis magis nume- rosis, ad partem superiorem frondium et segmentorum sitis, compresso-alatis, pedunculo compresso incurvo brevi incurvatis, ore non dilatato neque con- stricto, lateraliter paulum fisso, columella brevi. In silvis montium (Vieillard n. 207). Obs. — Differt a T. longicollo precipue pedunculo capsule multo minore, à T. elongato Cunn. (Viti, Seem. n. 829, Nova Zeelandia) ore non parumper dilatato, segmentis profundius incisis. T. LONGICOLLUM Van den Bosch. In silvis montium pr. Balade (Vieill. n. 1662). T. LÆTUM Van den Bosch e descr. (T. Morierii Vieill. in sched.). Wagap (Thiébault, Vieill. n. 2139). T. BIPUNCTATUM Poir. (Didymoglossum Filicula Desv.). Absque loco (Vieill. n. 205, F. Müll. n. 62); in rupibus muscosis secus amnem pr. Pont des Français, supra Ferme modèle (Bal. n. 69, nov. sp.); in silvis humidis pr. Balade (Vieill. n. 1660). In insulis Samoa (Wilkes), Societatis (d'Urville), Zaëti (Thiébault, Vesco, Ribourt n. 114), Manilia (Cuming n. 2), Java (Zoll. n. 1235), Mauritia, Madagascar (Bernier), Comores (Boivin). — Aneiteum, Rawak. SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 393 " HYMENOPHYLLUM DEPLANCHEI Melt. in. Zinn. 1868, p. 393. Absque loco (F. Müll. n. 72) ; ad truncos Filicum arborescentium in summo monte Mi, martio sterile (Bal. n. 816, Depl. n. 174). Petiolo anguste alato ab 77. multifido Sw. et ab H. bivalvi Sw. recedens, soro-' rum numero ac dispositione cum posteriore, indusii magnitudine cum priore congruens, habitu caeterum Æ. sanguinolento non absimile. * H. DIMIDIATUM Mett. in Zinn. 1868, p. 393. Insilvis supra Ferme modéle, novembri sp. (Bal. n. 70). Haud sine dubio hoc Balansæ specimen ad Æ. dimidiatum cujus specimen authenticum non visum, confero. Nempe mea planta duo tantum pollices longa, receptaculum non exsertum ; ceterum frondes e rhizomate longe fili- formi remote enascentes. * H. MNIOIDES Baker in Hook. Syn. Fil. 57 et in Linn. 1868, p. 390 (non visum). In summo monte Mi, ad arbores (Depl. n. 172). Rhizoma capillare, frondes membranacez, firme, flavæ s. rubentes, gla- berrimæ; stipes 3-4" longus, gracilis, tenuissime marginatus; lamina !- 4 1 longa, 1-3'" lata, linearis, obtusa, hinc inde innovante elongata, sub- pinnatisecta ; lacinie ascendentes, imbricatæ, ala angustissima confluentes 4 1-2" longæ, 1"'late, oblongae, s. lineari-oblongæ, obtusæ, indivisæ s. inferiores bifidæ ; sori 1-^, rarius plures, laminam laciniasve supremas termi- nantes; crura manifesta; indusium basi late cuneata immersum; labia ultra medium distincta, ovato-oblonga, obtusa, integerrima; columella inclusa; sporangia juvenilia in basi ima columellæ ; paraphyses nulle (Desc. ex cl. Kuhn). Polypodiace:e. Acrostiche®. ACROSTICHUM DECURRENS Bl. (A. Vieillardi Mett). Absque loco (Vieill.n. 72, Baudouin n. 60); in montibus (Vieill. n. 102) ; in fruticetis secus viam a Zourail ad Kanala ducentem, martio sporig. (Bal. n. 792). Java. À. GLABRATUM Mett. Non visum. l'OLYBOTRYA ARTICULATA J. Sm. In silvis supra Ferme modéle pr. Nouméa, ad truncos arborum (Bal. n. 81); Poila (Vieill. n. 1534); Balade (Vieill. n. 1635). Polynesia, Philippinis, Java, India occidentali. CHRYSODIUM INÆQUALE Fée (Acrostichum inæquale Willd. non Kze). 394 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Absque loco (Baudouin n. 45) ; Kanala, aug. sporig. (Mac Gillivray n. 12). Var. B. pinnulis sterilibus minoribus. Absque loco (Lahill., F. Müll. n. 43): in paludibus salsis (Vieill. n. 103). Obs. — Chrysodium vulgare Mett. (Vieill. n. 1536) ob specimen man- cum herb. Musæi parisiensis valde dubium. Caeterum Chrysodii species, con- fusæ necdum satis elaboratæ, novam sed perdifficilem indagationem desiderant. LEPTOCHILUS VARIANS (Acrostichum varians Mett. ). Var. a. lobis latioribus. In silvis inter Nouméa et montem Mi, 700%, martio sp. (Bal. n. 799). Var. f. lobis angustioribus. In silvis montium (Vieill. n. 98). * HETERONEURON REPANDUM Fée. Absque loco (Baudouin n. 869); in silvis inter /Véoua et montem Mi, 100", martio sporigerum (Bal. n. 798). Var. minus (Ührysodium palustre Brack.). Segmentis minoribus, minus profunde pinnatifidis. Taiti in valle Tatama (Thiébault); 6-800" (Lépine n. 92, Ribourt n. 111, Vesco). — Java. LOMARIOPSIS NOVÆ CALEDONLE Mett. Absque loco (Vieill, n. 216) ; Poila (Vieill. n. 1529). HYMENOLEPIS SPICATA Presl. Balade (Vieill. n. 1588) ; absque loco (F. Müll. n. 26). Aneiteum (Herus n. 69); Taïti (Vasco, Ribourt, Voy. Coquille n. 96); Guajan (Chamisso) ; Java, Mauritia (Sieber, Bory), Madagascar (Chapelier). (La suite à la prochaine séance.) M. Pérard présente à la Société le travail suivant : ÉNUMÉRATION DES RÉSÉDACÉES, CISTINÉES, VIOLARIÉES, DROSÉRACÉES, POLYGALÉES, CARYOPHYLLÉES, ÉLATINÉES, LINÉES, MALVACÉES ET TILIACÉES, DE L'ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON, par M. Alex. PÉRARD. RÉSÉDACÉES. RESEDA L. R. lutea L. — Lieux stériles, — Mai-sept. — (3. — Dans le calcaire du nord de l'arrondissement; rare ailleurs. R. Luteola L. — Terrains incultes, vieux murs. — Mai-sept. — @. — C. — Vulg. Gaude (plante tinctoriale). On cultive dans les jardins le R. odorata L., dont la patrie est inconnue, SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. | 395 CISTINÉES. HELIANTHEMUM Tourn. (Cistus L. part.) H. guttatum Mill. — Lieux secs et sablonneux. — Juin-sept. — D. — R. Montluçon, bords du Cher aux Iles; Audes (Servant sec. Bor. FL centr. éd. 1). — Lisière du bois d'Audes, dans un champ inculte !! M. vulgare Gaertn. — Coteaux secs, pelouses des rochers. — Mai-sept. — x. — C. FUMANA Spach. F. procumbens G. G. Fl. Fr. — Helianthemum procumbens Dunal. — Juin-aoüt. — ¥. — RR. — Coteaux arides. — Calcaire. Montluçon, plateau de l'Abbaye!! ( Lucand). VIOLARIÉES. VIOLA Tourn., L. V. hirta L. — Haies, buissons, lisière des bois. — Mars-mai. — %. — C. V. odorata L. — Haies, endroits ombragés. — Mars-avril. — ¥. — C. V. Riviniana Rchb. — Bois. — Avril-juin. — 2%. — CC. Var. rosulata. — Souche sans rejets, épaisse, à fibrilles rameuses. —- Tige presque nulle, — Feuilles ovales, suborbiculaires, cordiformes, serrées, formant une rosette ra- dicale, — Pédoncules et fleurs ne dépassant pas les feuilles. — Peut-être espèce distincte ? Environs de Montluçon, rochers de la gorge de Thizon !! V. eanina L, — Bois, lieux secs, landes. — Avril -juin. — 27. — A.C. Montlaçon, bois de la Brosse et de la Liaudon!! Commentry, landes du terrain houiller !! Cérilty, ctc. V. Deseglisei Jord. — Lieux sablonneux. — Mai-sept. — D. — A. C. Montluçon. Néris, Bizeneuille!! etc. Cette espèce se distingue à priori des suivantes par les sépales du calice pubescents for- tement ciliés. V. peregrina Jord. — Moissons, champs incultes. — Mai-sept. — ©. — €. Montluçon et environs dans les alluvions!! Ouches!! Chamblet!! Hu- riel !! etc. V. gracilescens Jord. — Moissons. — Mai-sept. — (1). — A. C. Montlucon, Lavaux-Sainte-Anne !! On trouve quelquefois, échappé des jardins, le V. tricolor L., vulgairement Pensée. DROSERACEES. DROSERA L. (Ros solis Tourn.) D. rotundifolia L. — l'ourbières, prairies spongieuses. — Juill.-aoùt. — Z.— A.C 396 ` SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Env. de Montluçon : Saint-Victor, dans le domaine de ` Chantoiseau !! Env. de la fontaine d'Argentiére!! Quinsaines et le Méry !! C. — Chavenon (Bor. Fl. centr. éd. 1). — Env. de Chamblet et de Commentry, entre les Tuelles et le Marais !! Env. d'Audes et de la Chapelaude, brandes tour- beuses des Fulminais !! Bizeneuille, étang de la Varenne !! Canton de Cérilly : Forêt de Tronçais, tourbières du triage de Thiaulay !! Forêt de Civray à l'ermitage !! CC. — Étangs tourbeux près de Braise !! D. intermedia Hayne. — Tourbières. — Juill.-aoüt. — 27. — Moins com- mun que le précédent. Quinsaines, Cérilly (Bor. Fl. centr. éd. 1). — Landes tourbeuses de Quinsaines !! tourbières au-dessus de le Méry !! C. Canton de Cérilly : Env. de Braise, étangs tourbeux à droite de la route d'Ainay-le-Chàteau!! A. C. — Chamignoux, tourbières du moulin de la Pierre près du réservoir de la Marmande !! AC. — Forêt de Troncais ; triage de Thiaulay et tourbieres du Gué sur la route de l'étang de Troncais!! CC. — Forêt de Civray, à l'Ermitage!! A. C. Varie à tige simple ou rameuse. PARNASSIA Tourn., L. P. palustris L. — Lieux tourbeux, prairies marécageuses. — Juill.-oct. — 2, — A.C. Env. de Montluçon : Quinsaines !! Le Méry !! C. — Saint-Victor, domaine de Chantoiseau!! Ouches! Cérilly, forêts de Troncais et de Civray !! C. — Saint-Caprais!! — Bizeneuille, prairies au delà de l'étang Muret !! etc. POLYGALÉES. POLYGALA Tourn., L. P. vulgaris L. — Ales au moins aussi larges que la capsule. — Bois, pelouses. — Avril-juin et sept. — ¥. — CC. Varie à fleurs roses ou bleues. P. dubia Bellynck. — P. oxyptera auct. non Rchb. sec. Du Mortier (Bou- quet du littoral belge). — Ailes plus étroites que la capsule, — Bruyères, coteaux arides. — Mai-sept. — %. — A.C. Montluçon, landes de l'Abbaye et de Terre-Neuve !! Mariguon !! Chami- gnoux, forét de Troncais, route du Veurdre !! Tiges de 1-2 décim., assez nombreuses, étalées-ascendantes, assez gréles, rameuses surtout vers la base; feuilles alternes, les inférieures ovales-lancéolées, les supérieures lancéolées-linéaires. Bractées ovales-acuminées presque égales au pédicelle, jamais proc- minentcs au sommet de la grappe. Ailes à nervures ramifiées en réseau et fortement pro- noncées, pius étroites et au moins aussi longues que la capsule. Arille égalant le tiers de la graine. Fleurs assez petites, d'un blanc verdátre lavées de rose (ou de bleu), en grappes courtes, làches. (Bellynck, Fl. de Namur, p. 27.) SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. 397 P. calearea Schultz in //ora (1837), p. 752.— Coteaux secs. — Mai-juin. — ¥.— Calcaire. — R. Montlucon, plateau de l'Abbaye !! Notre espéce a les fleurs petites, en grappes assez serrées, mais, par son mode de végétalion, elle ne peut s'éloigner du P. calcarea. P. serpyllacea Weihe. — P. depressa Coss. et Germ. Atlas fl. par. pl. vui, fig. B, qui, d’après M. Du Mortier (Bouquet du littoral belge), re- présente exactement le P. serpyllacea Weihe. — Pelouses sèches. — Avril-juin. — 2%. — Peu C. Commentry, landes du terrain houiller !! Tige frutescente à rameaux stériles et fleuris couchés. Feuilles inférieures petites, opposées, obovales; les autres oblongues. Ailes elliptiques atténuées à la base, égalant la corolle frangée. Capsule obovale-échancrée, plus large que les ailes qui la dépassent en longueur. (Weihe in Flora (1826), page 745, article 2 traduct.). — Cette description est complète, mais elle est courte. J'ajouterai donc que les feuilles inférieures opposées ne Sont pas rapprochées en rosettes, et que les supérieures sont éparses, alternes, oblongues- lancéolées ; les bractées plus courtes que le pédicelle et non pro^minentes au sommet de la grappe; enfin, les fleurs d'un bleu plus ou moins foncé, ordinairement pâle, en grappes courtes assez làches. Notre plante est la méme que celle des environs de Paris, figurée dans l'Atlas de MM. Coss, et Germ.! — Le P. mutabilis Du Mort. Prodr. fl. belge (1827), plante du Nord, qui serait la méme espéce que le P. depressa Wend. in Schrift. Marburg, (1831), dilférerait du P. serpyllacea Weihe par ses tiges de première année stériles et à feuilles toutes opposées. (Du Mort. Bouquet du littoral belge.) CARYOPHYLLÉES. S 1. Silénées. GYPSOPHILA L. G. muralis L. — Lieux sablonneux, grèves des étangs. — Juin-oct. — ©. — C. Montluçon, alluvions du Cher et de l'Amaron !! Chavenon, Sceauve !! Néris !! Cérilly, réservoir de la Marmande !! Bizeneuille !! etc. Cette espéce se présente sous divers aspects. — Elle a la tige gréle, les fleurs petites, les feuilles linéaires courtes n'égalant pas les entre-nœuds des tiges : dans cet état elle constitue le G. muralis Hayne, Rchb. Jc. 4997 ! — Souvent aussi, sur les grèves des étangs, elle est plus robuste, elle possède des fleurs plus grandes, des fruits plus gros et des feuilles qui égalent ou dépassent les entre-nœuds des tiges; elle représente alors le G. serotina Hayne, Rchb. Jc. 4998! DIANTHUS L. (Caryophyllus Bauh., Tourn.) D. prolifer L. — Terrains arides et sablonneux, alluvions. — Juin -juill. — (D. — CC. D. Armeria L. — Bois, pelouses sablonneuses. — Mai-oct. — (z. — C. Alluvions du Cher et de l'Amaron !! Huriel, ctc. T. XVL (SÉANCES) 26 398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. D. Cartusianorum L. — Rochers. — Juin-sept. — 2%. — C. dans le granite. Montluçon, vallées de l'Amaron, des ruisseaux de Néris et de Désertines !! gorges du Thet, du ruisseau de la Brosse, de Thizon prés Saint-Victor !! Lavaux-Sainte-Anne !! Hérisson !! ravin de Nocq prés Huriel!! rochers entre Saulx et Terre-Neuve !! Bateau du Mas!! ravin de Prémilhat à la Mazerolle !! etc. D. congestus Bor. — Rochers. — Juin-sept. — 7. — Granite. — A.R. — Capitules ayant de 10 à 20 fleurs. Environs de Montlucon, rive gauche du Cher, en face de Lavaux-Sainte- Anne !! environs de Néris, vallée du ruisseau de Néris !! E] SAPONARIA L. S. officinalis L. — Décombres, berges des rivières. — Juin-aoüt. — 2. — C. Montlucon, bords du Cher !! Hérisson, bords de l'Aumance et sur les ruines du château !! Huriel, Nocq, Néris, Audes, Bizeneuille, etc. CUCUBALUS Garin. (Scribæa Fl, Wett.) €. bacciferus L. — Haies. — Juin-sept. — 27. — A.C. Montlucon, route de Néris et bois de la Liaudon !! Quinsaines, Perre- guines, bords du Cher en face de Lavaux-Sainte-Anne, le Cluzeau !! etc. SILENE L. S. oleracea Jord. — Bords des chemins, bois, prairies. — Juin-oct. — A. — GC. S. puberula Jord. — Champs, vignes. — Juin-oct. — 2%. — C. Environs de Montluçon, au Chatelard !! Néris, Ainay-le-Château, etc. Var. ovalifolia. — Non S. vesicaria Bor. — Feuilles finement ciliées, ovales-obtuses, mucrouées, rétrécies à la base. — Taillis à découvert du bois de la Liaudon près Montluçon !! S. brachiata Jord. — Haies, talus. — Juin-oct. — 2:. — A.G. Montluçon, bords du canal du Berry !! etc. Les trois espèces précédentes sont comprises dans le S. inflala auct. S. Armeria L. — Rochers granitiques. — Juin-sept. — . — A.C. Hérisson, bords de l'Aumance !! le Thizon près Verneix et Roc-du-Saint près Montluçon !! (Z. de Lambertye sec. Bor. Fl. centr. éd. 1). — Lavaux- Sainte-Anne !! gorges du Thet et du ruisseau de la Brosse!! Nocq près Huriel!! Theneuille! prés Cérilly. S. nutans L. — Rochers, bois montueux. — Mai-aoüt. — 2c. — A.C. Montluçon (Bor. Fl. centr.éd. 1), vallée de l'Amaron au Roc-du-Saint !! ‘SÉANCE pu 10 DÉCEMBRE 1869. 399 vallée du ruisseau de Néris au Saut-du-Loup !! Néris, prés des moulins !! bois et ruisseau de la Brosse !! gorge de Thizon prés Verneix !! rochers entre Saulx et Terre-Neuve!! Bateau du Mas!! Bizeneuille prés Mauvaisi- nière!! ravin de Prémilhat à la Mazcrolle !! LYCHNIS Tourn. part. L. Viscaria L. — Viscaria purpurea Wimm. — Pelouses sablonneuses. — Mai- juill. — 2. — RR. Bords du Cher prés Montluçon (Servant), gorge de Thizon prés Verneix (L. de Lambertye sec. Bor. Fl. centr. éd. 1). Celle espèce n'existe plus aux environs immédiats de Montluçon. E. vespertina Sibth. — Melandrium dioicum Coss. et Germ. — Bords des chemins, champs. — Mai-sept. — © ou z. — CC. L. diurna Sibth. — Melandrium silvestre Ræhl. — Bords des rivières et des ruisseaux, lieux ombragés. — Mai-sept. — 2. — C. dans le granite. Chavenon, Montluçon (Bor. //. centr. 64.4), bords du Cher et du canal du Berry !! vallées de l'Amaron, des ruisseaux de Néris et de Désertines !! château de l'Ours, Lavaux-Sainte- Anne, les Hes, Quinsaines !! Bizeneuille, ruisseau de Frague!! Commentry !! Bateau du Mas!! ravin de Pré- milha t!! etc. L. Flos-euculi L. — Prairies. — Mai-juin. — 2. — C. L. Githago Lam. — Agrostemma Githago L. — Githago segetum Desf. — Moissons. — Juin-juill. — (1), — A.C. $ 2. Alsinées. SAGINA L. part. S. procumbens L. — Rochers humides, lieux sablonneux, alluvions des rivières. — Mai-oct. — © ou @). — C. Montluçon, sables du Gher, vallées de l'Amaron, des ruisseaux de Néris, de Désertines, de la Brosse et de Thizon:! Bizeneuille!! Cérilly, ruisseaux des foréts de Troncais et de Civray !! etc. S. apetala L. — Champs, talus sablonneux, allusions. — Mai-oct. — (1. — €. S. patula Jord. — Pelouses sablonneuses humides. — Mai oct. — ©. — A.C. Chavenon, près le moulin de Sceauve (Bor, 77. centr. éd. 1). —- Mont - lucon, sables du Cher aux Hes!! Rive gauche du Cher, en face de Lavaux-Sainte-Apne !!. Pasquis!! etc. SPERGELLA Rchb. (Phaloë Dum.) S. subulata Rchb. — Spergula subulata Sw. — Sagina subulata Win. A00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bords des étangs, lieux sablonneux et humides. — Mai-sept. — 27. — A.R. Environs de Montluçon, dans les champs e» allant du château de Passat à la fontaine d’Argentière !! — Canton de Cérilly : bords d'un étang aux envi- ronsde Braise!! A.C. — Environs d'Audes et dela Chapelaude, champs et brandes des Fulminais !! C. SPERGULA L. part. S. arvensis L. — Champs. — Mai-oct. — (D. — CC. S. vulgaris Bœnng. — Champs. — Mai-oct. — (7). — A.G. S. pentandra L. — Rochers, lieux sablonneux. — Avril-mai. — @. — C. Montlucon, vallée de l'Amaron!! Couraud ! etc. S. Morisonii Bor. — Pelouses sèches. — Mars-mai. — (). — Peu C. Montlucon, Vallon-en-Sully prés du canal !! HOLOSTEUM L. H. umbellatum L. — Champs sablonneux, alluvions. — Mars-mai. — ©. — C. SPERGULARIA Pers. S. rubra Pers. — Arenaria L. — Lepigonum Whlbg. — Bords des chemins. — Mai-sept. — (D. — C. Montluçon, Néris, Huriel, Cérilly, Dovet, landes du terrain houiller !! etc. Le Sperg. segetalis Fenzl, indiqué à Montlucon (Servant sec. Bor. Fl. centr. éd. 1 et 3), n'a pas encore été retrouvé dans cette localité ni aux environs. — Je le mentionne néanmoins pour mémoire. ALSINE Whlbg, Koch. (Sabulina Rchb.) A. tenuifolia Whlbg. — Arenaria tenuifolia L. — Lieux sablonneux, murs. — Mai-sept. — ®©. — A.C. Environs de Montluçon et d’Ainay-le-Château !! ARENARIA L. part. A. leptoclados Guss. — Lieux sablonneux arides, alluvions. — Mai-sept. — (D). C. A. serpyllifolia L. — Bords des chemins, vieux murs, ruines. — Mai-sept. — (D. — Aussi commune que la précédente avec laquelle on la confond souvent. MOEHRINGIA L., Koch. M. trinervia Clairv. — Arenaria trineryia L. — Bords des ruisseaux, lieux ombragés. — Mai-sept. — (i. — A.C. Montluçon, vallées de l'Amaron et du ruisseau de Néris, bois de la Chátre prés Verneix !! etc. SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1869. A01 STELLARIA L. S. neglecta Weile, — S. latifolia DC. — Lieux humides, — Avril-mai.— (D. — A.C. Bords du canal du Berry daus les haies !! S, media Vill. — A/s/ine media L. — Lieux cultivés. — Toute l'année. (D, — CC. S. holostea L. — Lisière des bois, haies. — Avril-mai. — z. — CC. S. graminea L. — Bois, haies, bords des eaux. — Mai-sept. — 2%. — CC. S. uliginosa Murray. — Zarbrea aquatica Saint-Hil. — Bords des ruis- seaux. — Mai-juill. — (D. — C. dans le granite. Montluçon, vallées de l'Amaron, de la Vernoille, des ruisseaux de Néris et de Désertines !! Quinsaines et le Méry !! le Cluzeau prés Montluçon !! Bizeneuille, forêt de l'Espinasse !! etc. Dans les fossés marécageux du Cluzeau, cette espèce a généralement les feuilles un peu glauques (S. glauca Migout, Fl. de l'Allier non With.). MorNCHIA Ehrh. M. erecta 7/7. Wett. I, 219. — Sagina erecta L. — Cerastium quaternel- lum Fenzl. — Lieux sablonneux. — Avril-mai. — ®©. — A.C. Montluçon, bois de la Brosse!! les Iles!! Argentière, Audes, Cham- blet, etc. GERASTIUM L. €. triviale Link. — Champs, bords des chemins. — Mai-oct. — 2c. — CC. €. glomeratum Thuill. — Lieux sablonneux. — Printemps et automme. — D. — €. Alluvions du Cher et de l'Amaron !! etc. €. semidecandrum L. — C. pellucidum Chaub. — Pelouses sablonneuses. — Avril-mai. — ©. — C. Montlucon, Marmignolles, la Châtre !! etc. €. pumilum Curtis. — Non C. tetrandrum Curt. — Lieux sablonneux. — Avril-mai. — ®©. — A.C. Montluçon, environs de la fontaine d'Argentiere !! C. glutinosum Fries. — C. obscurum Chaub. — Lieux sablonneux. — Avril- juin, — ®©. — C. Montlucon, alluvions du Cher !! etc. €. arvense L. — Champs arides. — Avril-juin. — 7. — C. Montlucon, le Cluzeau, Néris, Commentry !! etc. MALACHIUM Fries. M. aquaticum Fries. — Cerastium aquaticum L. — Bords des eaux. — Juin-oct. — 2. — Peu C. A09 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Montlucon, bords du canal et du ruisseau de Chantemerle prés Vaux-sur- Cher !! ÉLATINÉES. ELATINE L. non auct. vet. (Alsinastrum Tourn.) E. hexandra DC. — Bords des étangs. — Juin-sept. — (i. — R. Étang de Sceauve près Chavenon (Caussesec. Bor. Fl. centr. éd. 4 et 3), où il est C. !! — Étang du Clou prés Sceauve !! A.C. — Grand étang de Chamblet prés Commentry !! peu C. — Cosne, étang des Landes !! C. LE major Bor. Fl. centr. éd. 3. — Étang de Sceauve prés Chavenon, ct étang de la Goutte prés Saint-Sornin (Causse); se distingue du précédent par ses huit étamines. Je ne l'ai pas rencontré jusqu'ici dans ces deux étangs; on trouve bien une forme un peu plus robuste, mais qui n'a que six étamines, Du reste, d'aprés M. Boreau, la plante indiquée aurait besoin d'une détermination plus précise dans les localités signalées plus haut. Jela mentionne done seulement pour mémoire. LINÉES. LiNUM Tourn., L. part. L. usitatissimum L. — Champs. — Mai-aoüt. — @. — Çà et là échappé des cultures. Montlucon, Couraud, Fontbouillant !! L. catharticum L, — Champs humides. — Mai-sept. — ®©. — C. RADIOLA Gmel. R. linoides Gmel. — Linum Radiola L. — Radiola Millegrana Smith. — Landes, bruyères, allées des bpis. — Juin-oct. — (D. — A.C. Chavenon (Bor. 77. centr. éd. 1). Le Cluzeau prés Estivareilles !! (Z. de Lambertye sec. Lec. et Lam. Cat. pl. centr.). Montluçon, landes de le Méry et de Quinsaines !! bois de Douguistre ! ! bois d'Audes !! environs de la Chape- laude, brandes des Fulminais !! Bizeneuille, brandes près de l'étang de la Varenne !! Commentry, brandes du Marais !! Chamblet, etc. MALVACÉES. MALVA L. M. rotundifolia L. — Décombres, bords des chemins. — Mai-oct. — ©» (2) ou Z— CC. M. silvestris L. — Champs, broussailles. — Mai-oct, — (2. — GC. M. moschata L. — Lieux sablonneux, bois, — Mai-sept. — 2%. — €. M. laciniata Desr. in Lam. — Lieux secs, sables. — Mai sept. — #. — A. C. Bords du canal du Berry !! alluvions du Cher !! SÉANCE DU 2/4 DÉCEMBRE 1869. A03 Toutes les feuilles caulinaires découpées en lobes linéaires étroits ; fleurs plus grandes que celles de l'espèce précédente. — Desrousseaux (in Lamk Dict. encyel. WI, p. 750) a indiqué avec doute le M. moschata L. comme synonyme de sa variété B. du Malva Alcea; sa description du M. laciniala parait se rapporter à une forme ayant les feuilles divisées en lobes plus étroits que ceux du M. moschata L, ALTHÆA L. A. hirsuta L. — Champs incultes. — Mai-sept. — (D. — R. — Calcaire. Ainay-le-Cháteau, prés la route de Braise!! Couraud, prés le chemin de fer ! L'A. officinalis L, a été rencontré aux Nicauds, échappé des cultures, On cultive éga- lement dans les jardins le M. crispa L., originaire de Syrie. TILIACÉES. TILIA Tourn., L. T. parvifolia Ehrh. — Rochers, bois. — Fl. juin, fr. juillet. — h. — A.C. Chavenon (Bor. /7. centr. éd. 1). — Montluçon, bois de Chauviere !! Saint-Genest, rochers du Cher !! Cérilly, forêt de Troncais, route d'Urcay et à la Grande-Vente, triage de la Guérande !! T. grandifolia Ehrh. — Plantations, avenues. — Juin-juill. — 5. — Çà et là. SÉANCE DU 94 DÉCEMBRE 1869. PRÉSIDENCE DE M. LASEGUE. M. E. Roze, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 10 décembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de: MM. Trianon cadet, chez M. Lanie!, à Pézénas (Hérault), pré- senté par MM. J.-E. Planchon et de Schænefeld ; Donat (Pietro), docteur en médecine, à Bagnacavallo près Ravenne (Italie), présenté par MM. Laségue et Eugène Fournier. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. M. le Secrétaire général donne lecture de là communication sui- vante, adressée à la Société : AOA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR QUELQUES TISSUS DE JUNCUS ET DE GRAMINÉES, par ML JJ. DUVAL-JOUVE. (Montpellier, décembre 4869.) Comme chacun le sait, certains Juncus ont la région centrale de la tige entièrement et régulièrement remplie par du parenchyme étoilé (Juncus effu- sus L., conglomeratus L., etc.). Sur d'autres, un parenchyme analogue se montre en cloisons transversales assez denses, plus ou moins nettement termi- nées et en alternance assez régulière avec des lacunes également transversales (J. glaucus Ehrh.), ce qui les a fait appeler : « Joncs à moelle interrompue (G. et G. FL Fr. VI, p. 339). » Sur d'autres enfin, dont les tiges portent des feuilles (J. lampocarpus Ehrh.), ces tiges sont plus ou moins remplies par du parenchyme, tandis que les feuilles sont comme fistuleuses, mais, néanmoins, présentent à de grandes distances des masses de parenchyme en cloisons trans- versales assez résistantes pour s'accuser sous la pression des doigts, ou après dessiccation par de petits renflements. Dans les descriptions, on a exprimé ce caractére par ces mots : « Feuilles fistuleuses et noueuses, » plus exactement avec Kunth par : « Folia septis transversis intercepta (Zn. plant. HI, pp. 32^ et suiv.), » ou avec Linné par : « Folia nodosa articulata (Sp. pl. p. ^65), » expression reproduite par son auteur dans deux noms spécifiques : Juncus articulatus et J. nodosus, qui ont dû disparaître, comme représentant chacun, non une espéce, mais un groupe d'espéces. Cette expression était d'ailleurs doublement inexacte, ces feuilles n'étant ni articulées, ni noueuses, puisque les tissus qui en composent le cylindre externe ne subissent vis-à-vis de ces cloisons aucune des modifications qu'on voit aux nœuds des Graminées, des Cypéracées ou des Joncées à tige feuillée. Il en est d'ailleurs de méme dans les espèces à moelle interrompue, et le cylindre externe de leurs tissus n'offre, sur toute son étendue, aucune modification répondant aux cloisons. Je vais décrire certains faits qui jetteront peut-étre quelque lumiere sur les rapports qu'ont entre elles ces trois dispositions du parenchyme. Si l'on opère des coupes transversales très-minces sur un jeune rhizome de Glyceria aquatica L. (sub : Poa), on voit que la zone externe se compose d'un parenchyme trés-làche, dont les cellules, à peu prés sphériques et à parois d'une ténuité extréme, sont superposées en piles et laissent entre elles d'assez grands espaces ou lacunes longitudinales qu'elles circonscrivent (pl. III, fig. 1). Tout à fait à l'extrémité et au-dessous du point végétatif, ces cellules sont rapprochées jusqu'à se toucher tontes entre elles, et leur multiplication ne paraît offrir aucune particularité, Si l'on opère des coupes sur une région déjà ancienne d'un rhizome complétement développé, on trouve plus grandes les lacunes sus- mentionnées ainsi que les cellules qui les circonscrivent. Mais en se développant, ces cellules se sont aplaties et déprimées dans le sens de la longueur, tandis que dans l'autre sens elles se sont étirées à leurs points de SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. A05 contact, et, au lieu de rester rondes, elles ont pris presque partout trois rayons ct constitué par leur superposition des piles excavées sur les flancs (pl. HI, fig. 2). On trouve des cellules analogues, moins régulières et étirées en tous sens, dans les rhizomes de l'Arundo phragmites L., oà elles constituent un parenchyme láche au-dessous des diaphragmes nodaux. Cette forme de cellules rappelle déjà celle des cellules étoilées du parenchyme des Juncus, mais elle en diffère non-seulement par le nombre et la moindre longueur des rayons, mais surtout en ce que dans le sens de la superposition ces cellules sont muriformes, en assises échancrées, et se touchent par de trés- grandes surfaces. Comme nous l'avons vu, au moment de leur multiplication, elles ne différent en rien des cellules sphériques ordinaires, et ce n'est que dans leur développement ultérieur que, au lieu de s'accroitre dans tous les sens, elles se dépriment dans le sens de la longueur du rhizome et s’étirent dans celui du diamètre, en n'y restant unies qu'aux points de contact primitif. Or, si l'on examine des coupes pratiquées tout contre le point végétatif (c'est- à-dire tout à fait à la base) d'une tige trés-jeune et en voie de développement appartenant à un Juncus à cellules étoilées, on ne voit aucune trace d'un tissu de cette forme; on trouve que les cellules en sont toutes simplement sphé- riques, un peu comprimées aux points de contact, superposées en couches horizontales, et qu'entre elles il n'existe que les méats résultant dela superpo- sition de corps sphériques, billes ou boulets (pl. III, fig. 3). Mais une coupe plus éloignée du point de multiplication montre que ces cellules se sont un peu écartées ; le volume de leur corps sphérique primitif n'a point augmenté, mais elles ont subi comme un étirement sur les points de contact, se sont avancées en rayons l'une vers l'autre vis-à-vis de chacun de ces points, et dés lors les méats se sont agrandis (pl. III, fig. 4). Plus haut encore et sur les régions de la tige complétement formées, on voit ces rayons devenus trés-longs, et leurs extrémités sont les seuls points de contact des cellules entre elles (pl. III, fig. 5). La disposition primitive eu couches horizontales n'est en rien. changée, mais ces couches sont très-éloignées l'une de l'autre, et forment une série de plan- chers à claire-voie entre lesquels s'étendent les rayons obliques résultant du tiraillement dans le sens de la longueur de la tige; absolument comme seraient des planchers réduits à leurs solives et soutenus par des étais obliques. C'est ce que montrent très-bien des coupes longitudinales un peu épaisses, dont les plans peuvent arriver successivement au foyer du microscope. Il n'y a rien de nouveau dans ce qui précède; car Schacht a mentionné et figuré les phases du développement du parenchyme étoilé (Die Pflansenselle, pp. 70 et 166 ; tab. vit, fig. 1-4); et M. Duchartre à très-nettement indiqué le principe de ce développement (£T. bot. p. 1^). Mais il nous semble qu'il est un point sur lequel il y a encore quelque chose à dire : à savoir, sur la forme complète des cellules et, comme conséquence, sur le mode d'union entre elles des couches horizontales du parenchyme étoilé des Juncus. Nous avons vu qu'au A06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moment de la multiplication, ces cellules sont sphériques; dés lors, chacune d'elles est en contact, dans son plan horizontal, avec six autres de la méme couche, et, dans le sens vertical, avec trois autres de la couche infraposée et trois de la couche supraposée. Or, dans leur accroissement ultérieur et par étirement, les cellules conservent leur position relative, et par suite ont généralement douze rayons correspondant à leurs points de contact. Quel- quefois, souvent méme, il arrive qu'un de ces points s'est détaché et qu'un ravon ne s'est pas allongé; d'autres fois et plus souvent encore, le corps primitivement sphérique de la cellule est partiellement entrainé entre deux rayons, soit dans le sens de la longueur, soit dans celui de la largeur; ce qui simule des rayons bifurqués. Ce fait, purement accidentel, a été pris pour une disposition générale, et a peut-être été cause qu'on a dit : « Sur le Juncus » effusus, chaque rayon se bifurque en deux branches dirigées obliquement, » pour s'unir à deux cellules voisines, situées l'une un peu plus haut, l'autre » un peu plus bas. » J'ignore qui a émis le premier cette affirmation, laquelle semble résulter de l'opinion que chaque cellule n'a que six rayons. Or, avec six rayons simples, toute union d'une couche de cellules avec les couches immédiatement supérieure et inférieure serait impossible, et la vue de quelques rayons unis vers leur centre commun a sans doute fait naitre l'idée que chaque rayon se bifurquait pour s'unir dans un sens avec la couche supé- rieure, dans l'autre avec l'inférieure. Mais ce n'est là qu'une vue de l'esprit ; et en essayant de reproduire dans une construction réelle ce mode d'union, on aurait vu qu'il aboutit à un enchevétrement de couches impossible à réa- liser, impossible à concilier avec un mode quelconque de multiplication des cellules (1). Et, d'autre part, si on les avait examinées dans leur jeune âge, on aurait vu que ces cellules, simples et sphériques au moment de leur multi- (4) Essayons en effet de réaliser une construction avec des cellules à six rayons bifur- qués; et soit (fig. 10 a et b) le profil vertical d'une cellule; a est le corps de la cel- lule, et b, un rayon qui se bifurque pour s'unir, non pas, remarquons-le bien, à une cellule s qui serait dans le même plan, car alors il n'y aurait pas union des couches hori- zontales entre elles, mais bien, selon les termes de l'hypothése, aux branches de deux cellules n, o, situées l'une n, un peu plus haut; l'autre o, un peu plus bas. Rien ne semble plus simple; mais alors toute cellule s, qui sera du méme plan que a, devra pré- senter les branches de ses rayons, non pas vis-à-vis de celles de a, mais à côté, pour aller, elle aussi, s'unir à une cellule supérieure à a et à une inférieure. Mais il est impossible de réaliser un enchevétrement semblable dans lequel des cellules seraient sans point de contact avec celles de la méme couche horizontale et iraient s'unir à travers les rayons de leurs voisines à celle d'une couche supérieure et inférieure. ?ssayons d'une autre construction : soit toujours (fig. 11) la cellule a et son rayon b, et admettons qu'il s'artieule avec des cellules n et o, et ainsi de suite, ce qui serait à la rigueur réalisable ; mais alors aucune cellule ne s'articulerait avec une voisine immédiate du méine plan horizontal, et sur une coupe horizontale on devrait voir entre les cellules des espaces vides égaux en grandeur aux cellules elles-mémes ; ce qui, dans ce cas, pas plus que dans l'autre, ne répond à la réalité, car sur la moindre coupe transversale on voit les cellules d'un méme plan horizontal unies toutes entre elles par leurs rayons. C'est d'ailleurs ainsi que se montrent les cellules au moment de leur apparition. SÉANCE DU 2h DÉCEMBRE 1869. 407 plication et en couches superposées, sont chacune en contact avec douze autres, et que le rayonnement, se produisant par l'étirement et l'élongation des parois fortement unies par la matière intercellulaire à ces mêmes points de contact, devait nécessairement aboutir au méme nombre de douze rayons. Ce serait ici le cas de répéter avec Turpin : Voir venir les choses est le meilleur moyen de les expliquer. Dans nos Juncus effusus et conglomeratus, la disposition ci-dessus décrite se maintient avec une grande régularité et la moelle conserve chacune de ses couches cellulaires horizontales distincte et persistant telle; mais sur le J. glau- cus Ehrh., il arrive que la moelle, après s'être montrée en assises régulières de cellules tout d'abord sphériques, puis un peu étirées et rayonnantes, ne pouvant suivre l'élongation trop considérable ou trop rapide des tissus de la tige, se déchire dans l'intervalle de quelques assises; aussitót apres ce déchirement, les couches horizontales se dessèchent et, en se contractant, se rapprochent pour former des espèces de cloisons séparées par des lacunes transversales, comme cela se montre d'ailleurs sur la moelle du Noyer, du Jasmin, etc., et comme cela est décrit dans tous les traités de physiologie végétale. Enfin, le méme ensemble de faits, se manifestant avec plus d'énergie sur le Juncus fistulosus Guss., en rend la tige creuse et ne présentant plus que quelques débris arachnoides de cellules pendant aux parois de la grande et unique cavité longitudinale (4). Il en est exactement de méme dans les Juncus à feuilles lacuneuses et cloisonnées. Toutefois dans ces feuilles les cellules du parenchyme ne sont pas toutes rayonnantes, comme nous le verrons ci-après, et le déchi- rement ayant lieu presque aussitôt après l'apparition des cellules, l'élongation ultérieure de la feuille détermine ces lacunes très-considérables qui sont entre les cloisons. Ainsi, un seul et méme fait à divers degrés détermine dans nos Juncus les modifications qui les font dire à moelle étoilée, à moelle interrompue, à tiges fistuleuses et à feuilles cloisonnées. Toutes les espèces de Juncus à feuilles cioisonnées n'ont pas toujours des cloisons occupant tout le diamètre de la feuille et ne laissant entre elles qu'une seule cavité ; il en est qui, comme le Juncus obtusiflorus, ont plusieurs cavités longitudinales, grandes et petites, avec des cloisons séparant ces cavités secon- daires. Des coupes opérées au point de multiplication montrent que les cellules (4) Juncus risrULOSUS Guss. Prodr. I, p. 451; Syn. 1, p. 420. — Berlol. FI. it, IV, p. 176. — Parlat, Fl. pal. p. 346. — Reichenb. Ft. erc. Ie. tab. CCCCIX, fig. 315. 1 ai trouvé ce Jonc à El-Kantours (province de Constantine), et j'ai récolté dans les mares do ioquehaute (Hérault), 20 juin 1869, et en remarquable abondance autour M mare de Gramont (22 mai 1869) un Juncus à tiges fistuleuses qui me parait etre I ime plante, quoiqu'un peu moins grande et moins glauque que celle de Sicile et d'Algérie. Dans l'herbier de Delort, que notre confrére M. Maugeret a bien voulu me communiquer, j'ai vu la méme plante recueillie prés de Narbonne, ct notée par Delort comme différente des J. effusus et conglomeratus. A08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. formant les parois de ces lacunes sont cylindriques, courtes, souvent écartées vers le milieu de leurs faces longitudinales et laissant entre elles un petit vide lenticulaire. Mais aux points où doivent apparaitre des cavités longitudinales, les cellules ont la forme étoilée avec des rayons très-courts et des parois d'une ténuité extrême, ce qui fait qu'elles se déchirent aussitôt que commence l'élongation de leurs voisines, et leurs débris pendent le long des parois des cavités. Le tout offre ainsi un intermédiaire entre les tiges à moelle étoilée et les feuilles à grandes cloisons. Les Juncus ne sont pas les seules plantes indigènes dont les feuilles pré- sentent des cloisons ; des Sparganium, des Typha, des Scirpus et enfin des Graminées, nous montrent de semblables cloisons daus leurs feuilles ; mais, au lieu de séparer de vastes cavités occupant, soit à une seule, soit à plusieurs, tout l'intérieur d'une feuille cylindrique, elles séparent de petites cavités longi- tudinales existant entre les faisceaux fibro-vasculaires. Je citerai seulement comme exemple les feuilles des Glyceria fluitans et aquatica, dont on peut sur le vivant voir les cloisons par simple transparence. Sur une feuille bien développée, une coupe nous montre que les deux faces de la feuille ont entre elles des lacunes longitudinales limitées latéralement par une cloison de paren- chyme renfermant un faisceau fibro-vasculaire; mais sur une feuille jeune, ces cavités sont remplies par des cellules étoilées d'une ténuité extréme et se rompant au moindre tiraillement produit par l'accroissement plus rapide des tissus des deux faces. On voit par la figure 7 les rapports de forme qu'elles pré- sentent avec les cellules des Juncus ; mais elles n'ont que six rayons et sont superposées en piles. Sur une feuille complétement développée, il ne reste de ce tissu étoilé que quelques lambeaux contre les bords des lacunes, avec les cloisons que les cellules ont formées en se contractant, et dans lesquelles leur forme primitive est méconnaissable, parce que les lignes brisées de leur pour- tour, par suite d'une contraction et d'une accumulation plus ou moins irrégu- lières, simulent l'entrecroisement d'un tissu spiralé. Des fibres d'une forme toute particuliére se rencontrent encore également dans les rhizomes de quelques Juncus et de quelques Graminées, Dans ces familles, les rhizomes offrent deux zones concentriques : l'externe est composée entièrement de parenchyme ; l'interne est un cylindre plein ou creux, dans lequel sont épars les faisceaux fibro-vasculaires, et qui est complétement en- touré par une couche plus ou moins épaisse de cellules longues, fusiformes, à parois colorées trés-épaisses, et qui rappellent les fibres du liber, ce qui fait que je les désignerai par le nom de tissu libériforme (pl. MI, fig. 8, 9, c.). Le plus souvent les fibres de ce tissu ont chacune l'apparence d'un fuseau assez régulier avec parois également épaisses dans tous les sens, mais sur cer- taines Graminées et sur certains Juncus, une coupe transversale montre qu'aux rangs de ce tissu les plus éloignés du centre, l'épaississement n'a lieu que du cóté de la fibre qui regarde le centre; le cóté tourné vers la circonférence est resté SÉANCE DU 2A DÉCEMBRE 1869. h09 d'une extrême ténuité. Par suite, la coupe de la fibre et de sa cavité est presque celle d'un demi-cercle, d’où vient que, pour abréger, on peut nommer hëmi- cycliques les fibres de cette forme. A mesure que les rangs de ce tissu se rap- prochent du centre, l'inégalité d'épaisseur devient moins grande, et, vers le quatrième rang, les parois ont une épaisseur uniforme dans tous les sens, comme on peut le voir sur la figure 8, b, représentant ce tissu pris dans un rhi- zome de Triticum acutum DC. La figure 9, b, est celle de ce méme tissu dans le rhizome du Juncus compressus Jacq., où il n'en existe qu'un seul rang, et où les parois sont du cóté du centre tellement épaisses, que les fibres en se com- primant réciproquement, prennent une forme quadrangulaire. Sur les uns et sur les autres, on voit les canalicules caractéristiques de ce genre de tissu. Des cellules épidermiques dont les parois présentent un épaississement très- inégal et bien plus considérable vers l'extérieur, comme, par exemple, celles du Viscum album L., de l'Alo? obliqua Haw., etc., depuis longtemps men- tionnées et figurées (Ann. sc. nat. 183^, 1; Schacht, Die Pflanzenzelle, pp. 96-98, et tab. x, fig. 1, 2,3 et 16), ont été l'occasion de longues discussions sur la question de savoir si cet épaississement appartient à la cuticule ou aux cellules elles-mémes ; discussions résumées avec une clarté parfaite par M. Du- chartre (ÉL. bot. pp. 90 et 91). Mais ici la méme difficulté ne peut s'élever ; les fibres hémicycliques sont dans la profondeur des rhizomes et leur plus grande épaisseur a lieu vers l’intérieur. Cet épaississement inégal parait con- firmer la solution proposée par M. H. de Mohl dans ses savants mémoires sur l'épaississement externe des cellules épidermiques. Je ne connais aucune mention des fibres que je viens de signaler. Si elles ont déjà été observées et décrites, c'est à mon insu et peut-être aussi à l'insu de quelques-uns de nos confrères qui liront ces lignes. Ceux-ci. m'excuseront par similitude de position, et les autres avec l'indulgence bienveillante d'hommes qui savent combien il devient difficile de connaitre tout ce qui a été publié. Explication des figures. (Planche III de ce volume.) FIG. 1. Coupe transversale des cellules d'un rhizome très-jeune de Glyceria aquatica142/1. a. Cellules encore rondes. o. b. Espaces vides constituant des lacunes longitudinales. Fic. 2, Coupe transversale des cellules d'un gros rhizome de Glyceria aquatica 142/1. a. Cellules rayonnantes. 0. b. Espaces vides constituant des lacunes longitudinales, Fic. 3. Partie d'une couche transversale du tissu médullaire d'une trés-jeune tige de Juncus conglomeratus L.142/1 . Fic. 4. Le mème tissu plus avancé 142/1. Fic. 5, Le méme adulte 142/1. Fic. 6. Coupe longitudinale de deux couches du méme tissu pris sur le Juncus effu- sus L. 142/1. | a, a, Rayons d'union dans le sens horizontal. b, b. Rayons d'union dans le sens vertical. A10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fic. 7. Parenchyme remplissant les lacunes des feuilles jeunes du Glyceria aqua- lica 150/1. Fic. 8. Tissu libériforme des rhizomes du Trilicum acutum DC, 482/1. a. Parenchyme de la zone externe. b. Fibres hémicycliques. c. Fibres à parois d'épaisseur uniforme. Fic. 9. Tissu libériforme des rhizomes du Juncus compressus Jacq. 482/1. a. Parenchyme de la zone externe. b. Fibres hémicycliques. c. Parenchyme de la zone interne. Fic. 10 et 11. Figures théoriques pour expliquer l'union des couches de cellules. M. Germain de Saint-Pierre fait à Société la communication suivante : CLASSIFICATION MORPHOLOGIQUE DES TIGES SOUTERRAINES (RHIZOMES) ET DES RACINES, par M. GERMAIN de SAINT-PIERRE (1). III. — Des rhizomes. Chez un grand nombre de plantes phanérogames, soit dicotylées, soit mo- nocotylées, il existe, comme chacun le sait, deux sortes de tiges très-différentes entre elles par leur structure, par leur disposition, par leur direction, par leur consistance, par le milieu qu'elles habitent, par la forme et par le degré de développement des feuilles qu'elles portent et par la nature des rameaux qu'elles émettent. Je veux parler des plantes vivaces dites à. rhizomes, chez lesquelles cer- tains axes sont hypogés (souterrains) et d’autres axes sont épigés (aériens). — Les botanistes descripteurs, et méme les physiologistes, n'ont pas toujours donné à l'étude comparative de ces deux productions si différentes, toute l'importance qu'elle comporte. La classification des tiges souterraines en rhizomes proprement dits, tu- bercules et bulbes, est bien connue, et ces mots présentent des sens bien déter- minés el correspondent à des formes bien caractérisées ; — mais ces dénomina- tions ont été et sont encore jouruellement, dans la pratique, employées très-fréquemment en dehors de la signification qui doit leur être attribuée. C'est ainsi que la dénomination de fubercule est souvent attribuée à unc racine pivotante globuleuse, et que la dénomination de bulbe est attribuée plus souvent encore à des rhizomes courts et charnus (mais à feuilles non charnues), sous Je nom de bulbes solides ou même simplement bulbes. Ce qui n'importe pas moins est de bien connaitre, au poiut de vue de la nature des organes caulinaires hypogés (tiges et feuilles rudimentaires portées (1) Voyez plus haut, p. 335 et p. 372. SÉANCE DU 2/4 DÉCEMBRE 1869. A11 sur ces tiges), les divers modes de structure et les formes qui correspon- dent à chacune des principales modifications de ces organes; — de plus, il me semble utile d'attribuer à chacune de ces diverses modifications des tiges souterraines des dénominations exactes et qui les désignent avec précision. Il peut se présenter des cas où le descripteur, embarrassé par le manque de matériaux suffisants, par le mauvais état d'une plante sèche, ou par l'absence de renseignements sur diverses périodes de la végétation, peut hésiter sur la dénoinination qui doit appartenir au mode de végétation de la partie souter- raine d'une plante; je pense que, dans un cas semblable, il est prudent de ne pas préjuger [a question, et que l'on doit se servir alors de termes vagues, du mot souche par exemple, qui ne précise rien et qui signifie simplement : par- ties souterraines d'une plante vivace (que cette partie souterraine appartienne seulement à la racine ou qu'elle appartienne à la tige et à la racine) ; le mot souche, disons-nous, peut étre alors employé. Mais, lorsque l'étude exacte et complète de la partie souterraine d’une plante est possible, on ne doit pas s’en tenir à une indication vague, les faits doivent alors être précisés et exprimés dans un langage qui ne puisse prêter à aucune ambiguïté. Souche rampante, souche traçante, souche cespiteuse, sont des expressions qui ont des sens assez nets et caractérisés ; encore, l'expression souche ram- pante n’indique-t-elle pas suffisamment si la tige rampante est souterraine ou si elle rampe à la surface du sol. L'expression rhizome rampant, au contraire, désigne clairement une tige rampante souterraine, comme le mot tige ram- pante indique une tige couchée sur le sol et non souterraine; dans ces divers cas, le mode de radification qui donne à la tige couchée ou souterraine un caractére spécial doit étre scrupuleusement décrit. Pour certaines souches charnues-globuleuses ou subglobuleuses dont l'état de développement ou l’état de conservation ne permet pas de déterminer avec précision le caractère, on peut se trouver réduit à décrire vagement la forme extérieure, par exemple au moyen des expressions suivantes : souche charnue globuleuse ; souche charnue courte, à extrémité tronquée; souche tubéri- forme ou tubéreuse ou tuberculiforme ; souche présentant un développement tubériforme ou d'apparence bulbiforme ; mais on ne doit jamais employer les mots à sens précis et bien arrêté: rhizome, bulbe ou tubercule. Il est un caractère de végétation d'une très-grande importance morphologi- que et sur lequel les botanistes descripteurs renseignent trop rarement leur lecteur ; c'est le mode de végétation indéfini où le mode de végétation défini des axes caulinaires, et notamment des axes souterrains ; il est vrai de dire que le mode de végétation défini ou indéfini n'est pas toujours très-facile à déterminer, surtout sur les spécimens souvent incomplets des plantes sèches de nos herbiers. e. | S'il s'agit d'un rhizome franchement dichotome, celui de Pris germanica par exemple, on peut préjuger que le mode de végétation est le mode défini, M2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lors méme que les cicatrices des tiges aériennes florifères détruites ne seraient pas restées assez visibles pour rendre toute hésitation impossible. S'il s’agit d'un bulbe persistant, vivace, celui, par exemple, du Muscari comosum ou de l Hyacinthus orientalis, il est généralement probable, avant tout examen (et le procédé d'examen consiste à fendre en deux moitiés longi- tudinales le bulbe vivant, en ne se laissant pas induire en erreur par le volumineux bourgeon floral latéral qui rejette souvent de côté le bourgeon foliaire réellement terminal, Mais Encore jeune et quelquefois peu visible), il est probable, disons-nous, qu’il s’agit d'un mode de végétation indéfini ; c'est-à-dire que ce bulbe s'accroit chaque année par une lente élongation du bourgeon terminal, et que les tiges aériennes florifères annuelles (qui s'épui- sent en produisant une inflorescence) sont des tiges latérales ou axillares. Si, au contraire, comme chez le Tulipa Gesneriana ou chez le Lilium candidum, on a affaire à des bulbes qui se détruisent en s'épuisant par le fait dela floraisou de leur bourgeon terminal, et le renouvellent chaque année par des productions latérales (déjà formées à l'époque de la floraison, ce qui peut induire en erreur), on a la certitude que le mode de végétation est le mode défini. Dans une prochaine communication, je passerai en revue les formes prin- cipales que peuvent offrir les rhizomes des Dicotylées et des Monocotylées, ainsi que les diverses dénomipations que j'ai proposées pour les désigner. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : ANATOMIE DE LA FLEUR FEMELLE ET DU FRUIT DU NOYER, pr M. Ph. VAN TIEGEM, maître de conférences à l'École normale. J'ai entrepris, il y a déjà plusieurs années, un ensemble de recherches sur la structure du pistil et sur l'anatomie comparée de la fleur. Dans mon pre- mier mémoire (1), je n'ai pu traiter qu'un nombre restreint de familles natu- relles, soixante-cinq environ, mais je me propose de compléter peu à peu Ce travail, et c'est une lacune de Ce genre que je voudrais combler aujourd'hui en présentant à la Société le résultat de mes études anatomiques sur la fleur femelle et sur le fruit du Noyer. A la base de la fleur femelle du Juglans regia, le cercle vasculaire du pédi- celle émet d'abord, à droite et à gauche de la bractée-mére, cinq branches qui pénétrent dans chacun des deux appendices externes du périanthe. Il s'en sépare ensuite, en avant et en arrière, trois faisceaux pour chacune des feuilles du second verticille binaire, et presque en méme temps trois autres branches à droite et à gauche pour les deux feuilles de la troisième paire. Ges six bractées (1) Ann. des sc. nat, 5° série, t. IX, 4808, et Mémoires des savants étrangers, t. XX- SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. 413 décussées, dont les deux extérieures sont plus larges que les quatre autres, et qui ont leurs systémes vasculaires enveloppés par la méme gaine de parenchyme dans presque toute leur longueur, constituent le périanthe total de la fleur femelle. L'axe émet ensuite en avant et en arrière un faisceau puissant, bientót divisé en cinq branches rapprochées, et d'oü partent des rameaux obliques qui s'ana- stomosent en réseau à la surface du noyau où ils s'imprimen! en creux; c'est le faisceau dorsal de chacun des carpelles antéro-postérieurs. Ceux-ci sont donc, dés leur insertion sur l'axe, vasculairement distincts des appendices externes, et leur union avec eux, comme la liaison mutuelle de ceux-ci, bien qu'elle persiste dans la presque totalité dela longueur des appendices, est purement cellulaire. On voit donc qu'en appelant S le système vasculaire d'une division externe du périanthe, P, P' celui des feuilles des deux paires suivantes, € celui d'un carpelle, l'organisation de la partie inférieure, F, de la fleur du Juglans regia, appelée improprement son ovaire infére, a pour expression : F—[2S-F-2P 4-2P', 4- 26,] où les crochets [ ] indiquent la réunion parenchymateuse de tous les appendices qu'ils enferment et qui se reconnaissent au sein de cette gaine commune à leurs Systèmes vasculaires indépendants. Après l'émergence des dorsaux des carpelles, il reste au centre quatre fais- ceaux qui sont, comme nous allons le voir, les branches marginales de ces car- pelles. Ils continuent leur course verticale et ne tardent pas à se réunir en deux faisceaux situés sur un diamètre perpendiculaire à celui des dorsaux, très-rap- prochés, se tournant les trachées l'un. vers l'autre, et simulant un axe provi- soire. En méme temps deux loges apparaissent entre eux et les dorsaux, et ils occupent le milieu de la cloison; ces loges sont subdivisées par une fausse Cloison, en sorte que l'ovaire est quadriloculaire dans sa moitié inférieure. Les choses continuent ainsi jusque vers le milieu dela hauteur du fruit, c est-à-dire jusqu'au niveau où cessent les fausses cloisons et où l'ovaire redevient bilocu- laire. Là, les deux faisceaux septaux s'écartent l'un de l'autre et le paren- chyme se sépare entre eux par un sillon qui rend libres les deux demi-cloisons dont les bords demeurent encore un peu de temps en contact par leur épiderme. MM Puis, le faisceau septal se divise en fascicules et prend la forme d’un arc convexe en dedans; les fascicules extrêmes de l'arc s'en séparent et, tournant leurs trachées vers la loge, ils descendent en divergeant vers la périphérie e se ramifient en deux plans parálleles dans la région inférieure de la cloison; en même temps la partie moyenne de l'arc se divise en deux faisceaux puissa qui se tournent le dos, chacun présentant ses trachées à la loge. Il est bien T. XVL (SÉANCES) 27 A14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. évident qu'à partir de ce niveau tout au moins, et par conséquent aussi dès leur base, ces faisceaux ne sont autre chose que les nervures marginales des deux carpelles repliés et réunis par leurs faces rentrantes. Or, nous sommes encore en ce moment au-dessous de l'ovule; il est donc bien certain que ce dernier ne peut être qu'une dépendance de ces bords carpellaires doubles dé- sormais libres, et nous devons rechercher comment il s'y insère. Au-dessus du niveau où nous nous sommes arrêtés, les deux cloisons, d'abord en contact, s'écartent rapidement ; elles divergent pour faire place à l'ovule qui est logé entre elles, et l'ovaire est désormais uniloculaire. Suivons daus le bord épaissi de chaque cloison libre, la marche ascendante des deux faisceaux marginaux adossés qui en attestent la double nature. Nous verrons que vers les trois quarts de la hauteur du fruit, c’est-à-dire vers le milieu de la longueur de l'ovule, une branche se détache de l'un d'eux; cette branche descend immédiatement dans l'épaisseur méme du parenchyme, clle longe l'ex- trême bord de la cloison où elle détermine un cordon saillant, et elle revient ainsi jusqu'au-dessus du point où les cloisons ont commencé à se séparer. Là elle se reléve, devient libre et pénétre dans le corps de l'ovule en se divisant en plusieurs branches principales qui se répandent en se ramifiant dans sa mem- brane externe. Chacun des trois autres faisceaux marginaux produit de méme, à cette hau- teur, une branche descendante ; ces trois branches, plus faibles que la premiere, parviennent encore jusqu'au point de réunion des cloisons, mais, arrivées là, elles s'arrétent parce que lescorps reproducteurs auxquels elles sont destinées et dont elles suffisent à démontrer l'existence dans le plan de la fleur, ne se sont pas développés. Il arrive même assez souvent que les deux branches ovulaires descendantes d'une méme cloison, se trouvant rapprochées dos à dos, se réu- nissent ensemble sur une plus ou moins grande longueur en un cordon double à trachées périphériques. Quant aux quatre faisceaux marginaux, après avoir émis les rameaux ovu- aires dont nous venons de parler, ils continuent leur course verticale, envoient de temps à autre des branches transversales vers la périphérie, et progressivement appauvris, ils pénètrent dans les styles où ils accompagnent de chaque côté la terminaison de la nervure médiane. L'ovule du Noyer s'insére donc sur un seul des bords de l'une des deux feuilles qui constituent le pistil, et en un point où cette feuille est largement ouverte, où ses bords présentent le maximum d'écartement. Le carpelle fertile m'a paru être constamment le postérieur, c’est-à-dire celui qui dans la spirale génératrice à divergences alternatives £, ;, $, £, qui comprend toutes les feuilles du bourgeon floral, se développe le premier dans quelque sens qu'elle tourne. Le faisceau descendant destiné à l'ovule forme d'abord un assez long funicule qui demeure compris dans le parenchyme du bord fertile. Supposons ce funi- cule séparé du bord carpellaire et adhérent à la membrane de l'ovule, il consti- SÉANCE DU 2/4 DÉCEMBRE 1869. A15 tuerait un raphé et l'ovule serait anatrope et non plus orthotrope. L'ovule est suspendu par ce cordon vasculaire dans là partie supérieure uniloculaire du pistil; il n'a aucune liaison vasculaire avec les parties de l'ovaire inférieures à ce point d'attache, notamment avec la région quadriloculaire du pistil sur l'axe de laquelle il parait reposer. Sa placentation est pariétale et appendiculaire, et non, comme il est généralement admis, basilaire et axile; il représente un lobe ou un segment de la feuille carpellaire qui le porte. De plus, trois autres ovules, insérés de méme sur les trois autres bords car- pellaires, sont représentés dans le plan anatomique de la fleur par leurs funi- cules descendants et stériles. Dans les fleurs femelles tricarpellées que l'on. rencontre quelquefois, un seul des six bords réunis deux à deux en trois cloisons libres est encore fertile ; mais les cinq autres bords produisent aussi chacun un cordon vasculaire descen- dant plus ou moins grêle, qui est le funicule de l'ovule avorté correspondant. Péuétrons maintenant un peu plus profondément dans l'étude de notre sujet. Nous venons de voir que, chez le Noyer, l'ovule s'insère sur le bord d'une feuille et que, par la manière dont il recoitsa branche vasculaire de la nervure marginale de ce carpelle, ?/ correspond à un lobe de la feuille qui le porte. J'ai d'ailleurs essayé d'établir la généralité de ce fait par la série de recherches que je rappelais au début de cette communication, et qui, en y comprenant les Gymnospermes traitées dans un mémoire récent (1), ont porté jusqu'ici sur environ soixante-dix familles naturelles. La nature foliaire de l'ovule se trouve ainsi éndirectement démontrée, déduite qu'elle est de la nature foliaire de son support et de la manière dont il s'insère sur ce support. Mais s'il en est ainsi, l'anatomie de la leur doit, pour étre complete, comprendre l'anatomie de l'ovule lui-même. Il nous faut donc maintenant prendre le faisceau ovulaire au point où nous l'avons laissé, c’est-à-dire à son entrée dans le corps re- producteur, et le suivre à l'intérieur méme de l'ovule jusque dans ses ramifi- cations les plus déliées ; déterminer ainsi, d'abord celle des parties constitu- tives de l'ovule où les faisceaux vasculaires se répandent, et ensuite la maniere dont ils se ramifient dans cette partie; étudier, en un mot, les divers mode de nervation de l'ovule tant en profondeur qu'en surface, et chercher enfin à tirer de cette étude la preuve anatomique directe de la nature foliaire du Corps reproducteur. Appliquons cette marche générale au cas particulier que nous traitons anjourd'hui. . La branche vasculaire destinée à l'ovule demeurant simple dans son trajet descendant, on voit d'abord que le segment de feuille transformé en ovule est pétiolé, Parvenu sous la base du corps de l'ovule, ce faisceau pénètre dans la membrane externe sans envoyer aucune branche à la membrane interne ; le (4) Ann. des sc. nat. 5° série, t, X, 1809, A16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. siége exclusif, en profondeur, du système vasculaire du corps de l'ovule est donc la membrane externe. Comment s'y ramifie le faisceau? Au point même où il y pénètre, il émet à la fois quatre groupes de six à sept branches chacun, for- mant en tout vingt-cinq à vingt-huit branches principales qui divergent autour d'un point en. nervation palmée. Ces branches s'infléchissent sur chacun des quatre lobes descendants de la graine, puis remontent sur la surface exterue et ne se terminent qu'en. venant converger au pourtour méme du micropyle. Elles ne demeurent pas simples dans ce parcours, mais chacune d'elles émet à droite et à gauche un certain nombre de rameaux en nervation pennée; ces rameaux se ramifient eux-mémes, et les ramuscules ne s'anastomosent qu'assez rarement d'une nervure principale à l'autre; le plus souvent ils s'arrêtent et se perdent à quelque distance l'un de l'autre sans se rejoindre; de sorte qu'il n'y a pas de réseau vasculaire continu. Ainsi la nervation de l'ovule du Noyer est palmée pour les branches de premier ordre, pennée pour celles de seconde et de troisième génération. Considéré dans son ensemble le systéme vasculaire de cet ovule orthotrope ne possede donc qu'un seul plan de symétrie, lequel contient le funicule et le micropyle, et cette circonstance suffirait à elle seule, comme je l'ai fait voir ailleurs (1), pour démontrer d'une facon générale, mais directement, la nature appendiculaire du corps reproducteur, méme si l'étude minutieuse de son mode de nervation ne venait pas de nous permettre de poursuivre la démon- stration jusque dans ses moindres détails. Etl'on voit encore que c'estla mem- brane externe de l'ovule qui représente ici le limbe vasculaire du segment de feuille transformé. L'orientation de l'unique plan de symétrie de la graine au sein du pistil, et par suite dans l'ensemble de l'organisme maternel, est d'ailleurs facile à déter- miner. Il est clair que, dans le fruit tout au moins, le plan de symétrie de la graine coincide avec le plan des vraies cloisous, c'est-à-dire avec le plan de contact des deux carpelles qni constituent le pistil; il est donc latéral par rapport à la bractée-mere. Nous voici maintenant parvenus à l'extréme limite de l'organisme maternel; franchissons-la, et passons à l'étre nouveau qui se développe dans ce milieu organique doué d'un seul plan de symétrie, pour chercher comment l'embryon est orienté daus la graine par rapport à ce plan singulier dont nous venons de fixer la direction. L'embryon du Noyer a toujours ses deux cotylédons super- posés aux deux valves de la noix, c'est-à-dire latéraux, puisque ces valves se séparent suivant les nervures médianes des deux carpelles antéro-postérieurs. Il en résulte que les nervures médianes de ces deux cotylédons sont com- prises dans le plan de symétrie de la graine. En d'autres termes, si nous ap- pelons plan priucipal de l'embryon le plan qui contient l'axe de la tigelle et les (1) Comptes rendus, 1869, t. LXIX, p. 289. SÉANCE DU 2/4 DÉCEMBRE 1869. A17 faisceaux dorsaux des deux cotylédons opposés, nous dirons que le plan prin- cipal de l'embryon du Noyer coincide avec le plan de symétrie de l'ovule où il se forme. De plus, en suivant le développement de l'embryon, on voit que les cotvlé_ dons demeurent longtemps inégaux : l'un d'eux, né le premier, est toujours en avance sur l'autre; il est la première feuille de la plante nouvelle, l'autre n'en est que la seconde. Or, j'ai remarqué que le premier cotylédon se trouve con- stamment du côté du bord carpellaire fertile, c'est-à-dire du côté du funicule descendant. Il s'agit de saisir la signification de ce résultat. Assimilons le lobe foliaire transformé en ovule à la feuille -mère d'une branche ordinaire et considérons-le comme le lobe maternel de l'embryon qui s’y développe. En conséquence, redressons ce segment en ramenant le corps de l'ovule orthotrope dans le pro- longement du funicule, placons devant nous ce lobe redressé et voyons com- ment les cotylédons sont placés par rapport à lui sur la tigelle renversée de l'embryon. C'est le cotylédon le plus développé, première feuille de la plante nouvelle, qui se trouve sur la tigelle à l'opposite du segment ovulaire, tandis que l'autre cotylédon lui est superposé. L'étre nouveau n'a donc passa premiere feuille superposée au lobe maternel, mais il y a entre cette premiere feuille et ce lobe, comme il y a toujours entre la première feuille d'une branche nou- velle et la feuille- mere de cette branche, une certaine divergence; dans le cas actuel cette divergence des deux organismes indépendants est : A — 180 degrés. Considérons les choses maintenant, non plus par rapport au segment sémi- nal lui-même, mais par rapport à la bractée-mère du pédicelle floral. La divergence de la première feuille du nouvel organisme par rapport à cette bractée-mére est A' — 90 degrés. Ainsi donc, si l'embryon se développait dans le fruit sans subir l'influence des forces directrices du monde extérieur, les feuilles successives de la plantule pendante, présenteraient, en partant de la bractée-mère de la fleur qui l'a produite, la série des divergences ‘a = 90°, à — 180^, 9 — 90°, 3" — 180^, etc., c'est-à-dire que les premieres feuilles de la plante nouvelle appartiennent à une spirale génératrice, alternativement comprimée et dilatée, et à divergences périodiques d i i» 2» ete., dont la brac- tée-mère est le point de départ, et qui conduit bientôt pour les feuilles qui Suivent à une spirale continue à divergence constante z, D. La situation dans l'espace de la plante nouvelle par rapport àl ancienne se trouve ainsi entièrement déterminée, et le passage des feuilles de l une aux feuilles de l'autre s'opère suivant la même loi que le passage des i d une branche quelconque aux feuilles du rameau né sur elle. Qu'ils "s n " dn l'un de l'autre par graine et libres, ou par bourgeon et. dépendants, les deu i i superpos s: la première feuille de l'étre Organismes successifs ne se superposent pas; là | es Ja M CET. iver , e t nouveau présente avec la dernière de l'être ancien une certaine divergence, e de l'un à l'autre la spirale foliaire passe sans discontinuite. 418 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Germain de Saint-Pierre (en demandant à M. Van Tieghem sil pense que l'ovule n'est composé que Ruz lobe de la feuille carpellaire) expose que, d'aprés ses propres observations, l'ovule se compose, chez la plupart des végétaux, non pas seulement d’un lobe de la feuille carpellaire, mais d'un bourgeon, c'est-à-dire d'un en- semble, d'une série, d'une spirale de petites feuilles nées d'un petit amas de tissu cellulaire, d'un point cellulaire végétatif né sur le bord d'une feuille carpellaire. Les petites feuilles dont se compose essentiellement le bourgeon ovulaire sont. de dehors en dedans, et dans l'ordre de leur développement : la primine, la secondine, le nu- celle (regardé à tort comme de nature axile) et le sac embryonnaire. M. Van Tieghem répond que, chez le Noyer, l'ovule est. formé d'un seul lobe de la feuille carpellaire, et qu'il n'entend parler que de l'ovule du Noyer. M. Van Tieghem ayant exprimé cette opinion (opinion qui a gé- néralement cours dans la. science), que le faisceau vasculaire du funicule, du cordon placentaire, se rend de la feuille carpellaire dans l'ovule, c’est-à-dire a pris naissance en dehors .de l'ovule, M. Germain de Saint-Pierre, dit : Que, selon lui, les choses se passent tout différemment : l'ovule commence à se manifester par un bourgeon purement cellulaire; ce n'est qu'à mesure qu'il avance dans son évolution, c'est-à-dire que ses téguments ou fevilles ovulaires deviennent manifestes, que le faisceau vasculaire composé de trachées qui fait partie du raphé (lequel n'est qu'une décurrence des feuilles ovulaires) se pro- duit sur place. Quelle que soit la forme de l'ovule (ovule droit, courbé ou réfléchi), quelle que soit la direction de l'ovule (ovule dressé, ascen- dant, horizontal, suspendu ou pendant), le faisceau vasculaire du raphé se prolonge au-dessous du hile (ou base de l'ovule) en s'avançant du hile à la feuille carpellaire, c'est-à-dire de haut en bas, en faisant partie constituante du funicule (base allongée de l'axe du bourgeon ovulaire) et en donnant naissance, au-dessous de l'insertion du funicule, au cordon placentaire, ligne placentaire ou placenta (lequel n'existait pas avant la naissance. des ovules). — Cordon placentaire, funicule et raphé portent, il est vrai, lorsqu'ils sont formés, les sucs nutritifs de la feuille carpellaire à l'ovule, mais ces sucs sont une sorte de séve ascendante ; quand ils ont été élaborés dans les tuniques ou feuilles ovulaires, et qu'ils sont passés à l'état de séve descendante, ils servent à l'accroissement de l'ovule proprement dit et de l'embryon, comme au. développement des parties accessoires ou. supports de l'ovule: le funicule et le cordon placentaire, — Pendant le premier àge de SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. 419 l'ovule, l'ovule tire directement la séve nutritive du point de la feuille carpel- laire où il a pris naissance. M. Germain de Saint-Pierre se propose de revenir, dans une prochaine séance, par une communication spéciale sur ces faits im- portants, puisque, malgré ses efforts (qui datent d'assez loin) pour en démon- trer l'exactitude, ils n'ont point encore cours dans la science, et sont encore dans le domaine de la discussion. M. Guillard dit : Que le domaine de la science et celui de la discussion sont toujours conti- gus, qu'ils ne peuvent étre distingués par des limites précises, et que, quand on a voulu les borner, on n'a réussi qu'à leur nuire. Il appuie les affirmations de M. Germain sur la formation des premières trachées ovulaires isolées dans l'ovale méme, et sur la non-existence du faisceau placentaire avant la naissance de l'ovule. Il rappelle que des faits, soigneusement observés pour cette recherche, ont été figurés au tome VI (planche T) de nos Bulletins. Si ces faits, auxquels il est facile d'en joindre beaucoup d'autres semblables, ne sont pas contredits, il est difficile de maintenir la théorie sur laquelle parait fondé le mémoire qui vient d'étre lu (autant du moins qu'il est permis d'en juger par une simple audition). Ce qui est marqué de l'ovule dans la. planche ci-dessus rappelée est d'ailleurs conforme aux observations analogues sur la formation des trachées dans la Feuille feuillante ou raméale. Il est méme remarquable que les lobes de la Feuille forment leurs trachées indépendamment de son faisceau dorsal : et cette analogie avec les trachées ovulaires semblerait appuyer l'opinion de M. Van Tieghem, qui ne voudrait voir dans l'ovule qu'un lobe de la Feuille-Carpel. Mais les organes symétriquement concentriques dont l'ovule se compose rappellent trop l'organisation des bourgeons pour qu'on puisse lui en refuser le titre. Voudrait-on lui contester le titre de bourgeon par ce motif qu il se produit souvent dans la longueur des bords de la feuille carpellaire ? Mais, sans rappeler qu'il y a des exemples bien connus de bourgeons ordinaires naissant sur des Feuilles formelles, il est permis d'expliquer les diverses positions des ovules par le phénomène de surhaussement, dont plusieurs familles offrent " exemples qui ont été signalés par quelques auteurs, — surhaussement es Feuilles, surhaussement des rameaux, floraux ou autres, surhaussement des Pétals et des Étamines (1). | Il n'y a donc pas de "n à admettre que les ovules, di MONA $e puissent produire tout le long des bords de la F euille carpe aire. Mais c qui est vraiment difficile à concevoir, c'est que l'ovule du Noyer, que nous ; - - . Solanées, Boraginées, Primulacées, Thé (1) W. de Schenefeld, Decaisne, Guillard : 170 ; IV, pp. 338, siacées, Crucifères, Crassulacées, etc. (Voy. Bull. Soc. bot. Fr. 1, p. 461, 463, 933, 934.) A20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tenons tous pour atrope, et que M. Van Tieghem reconnaît comme tel, puisse naître sur les bords d'un Carpel, à la moitié de la hauteur de ce Carpel, et se trouver debout dans l'axe de l'ovaire. Si son émergence est latérale, il ne peut se dresser qu'en tournant sur lui-même, et c'est le caractère de l'anatropie. Mais, si l'on veut continuer à regarder l'ovule des Juglandées comme atrope, il faut le soumettre à un nouvel et sévère examen : autrement, on devrait le regarder comme une exception unique parmi tous les organes de ce nom qui ont été décrits jusqu'à présent. ` M. Van Tieghem répond que l'insertion véritable du funicule est située plus haut que l'origine de la chalaze. Jl y a un raphé exté- rieur à l'ovule, celui-ci n'a donc pas de mouvement de descente à faire; il naît à la place même qu'il occupera plus tard. M. Eug. Fournier demande à M. Van Tieghem comment il con- sidére les rapports de l'ovule et de l'embryon. M. Van Tieghem répond que pour lui l'ovule est un lobe de la feuille carpellaire qui sert de feuille-mère à l'embryon. M. Prillieux fait observer que les différentes enveloppes de l'ovule (dont le nombre est variable) empéchent que l'on puisse accepter dans sa généralité la loi établie par M. Van Tieghem. M. Eug. Fournier communique à la Société les détails suivants sur une excursion faite par M. Paul Lévy, de Grenade (Nicaragua), à l'ile d'OÓmotepe, qui s'éléve au milieu du lac de Nicaragua, détails contenus dans une lettre de ce naturaliste : EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. P. LÉVY A M. EUG. FOURNIER. Moyagulpa de Omotepe, 95 octobre 1869. L'ile d'Omotepe a deux centres de population, Moyagulpa et Pueblo grande. Le cône du volcan qui en forme la sommité centrale est entierement couvert d'une forêt épaisse, excepté du côté de Moyagulpa, où se trouve une grande savane qui monte jusqu'aux deux tiers de la hauteur, et au-dessus de laquelle la forêt règne sans interruption. C'est donc par Moyagulpa que le pic est sur- tout accessible, parce que cette savane facilite beaucoup le chemin sur les deux tiers de la hauteur. C'est dans ce village que je me suis installé. Le lendemain, j'ai tenté une reconnaissance dans la savane. Au retour, j'ai cherché des hommes pour m'accompagner jusqu'au sommet. On me deman- dait des prix tout à fait hors de proportion avec ma bourse, bien que cela ne les valüt pas, car, en somme, le pic n'a pas 2500 mètres d'altitude, mais on l'en- toure daus le pays d'une terreur superstitieuse; ou a jusqu'ici dégoüté de SÉANCE DU 2/4 DÉCEMBRE 1869. A91 l'ascension les rares touristes qui s'y apprétaient, en leur contant des difficultés imaginaires ; bref, le pic est (ou du moins était) vierge. En attendant que les exigences diminuassent et que je visse arriver un chas- seur de chevreuils qui, me disait-on, m'accompagnerait de bonne volonté, je suis remonté deux jours aprés sur le pic et cette fois jusqu'à la lisière de la forêt qui environne le sommet. Là, j'ai aperçu la pointe terminale si près de moi, que je croyais en être à quelques pas. Je me suis mis en route seul pour l'atteindre. I] était dix heures du matin. A trois heures, j'arrivais au sommet. Je n'avais rencontré aucune difficulté sérieuse. Le sol était jonché d'arbres pourris entassés, recouverts de Fougères qui les ont réunis et un peu solidi- fiés ; cependant le pied enfoncait dans cet océan de verdure. Les Fougères ne faisaient que développer leurs frondes; les Orchidées n'étaient pas encore en état non plus. Une fois au sommet, le spectacle était splendide ; on se serait cru en ballon. Mais voici le revers de la médaille. Je redescends en me promettant de revenir. J'avais planté en haut une croix faite avec deux bátons, à laquelle j'ai pendu un tube à insectes, dans lequel j'avais introduit une carte de visite avec quelques observations. En redescen- dant, je m'égare; je me trouve enveloppé de nuages épais ; impossible de retrou- ver la savane; enfin, la nuit arrive et je la passe noyé dans des torrents de pluie, au milieu des éclairs, transi d’un froid glacial. Mes cheveux se dressaient sur ma téte comme si j'eusse été sur le tabouret électrique. Enfin, le jour vient; je descends droit devant moi, mais quelle forét! A force de me servir de mon machete pour me frayer un chemin, ma main ne pouvait plus le serrer. J'arriveà la zone des lianes. Là, une muraille infranchissable d'épines. Il me fallait du repos; il était une heure. Je me couche et je dors d'un profond sommeil, sans souci des serpents et autres animaux jusqu'au lendemain. Le lendemain, ma main allait mieux, mais je mourais de faim et surtout de soif. J'ai lutté comme j'ai pu jusqu'à quatre heures; j'avais perdu mon machete et mon chapeau; j'ai dà alors couper avec les dents les lianes qui me barraient le passage ; le suc laiteux de quelques-unes m'a horriblement brûlé les lèvres; enfin, le délire m'a pris. Mes mains n'étaient qu'une plaie, ma téte une croüte de sang, mes vétements en lambeaux. Enfin, à six heures, je me suis trouvé, je ne sais trop comment, sur le chemin de Moyagulpa à Pueb!o-grande, avec un Indien qui m'offrit des épis de mais. 11 m'a chargé sur son cheval et m'a ramené à Moyagulpa, où l'on me croyait tombé dans quelque ravin et où l'on cherchait mon cadavre. Voilà, Monsieur, à quel prix reviennent les plantes pour le botaniste à bourse plate. Celles que je rapportais de cette excursion. ont été perdues naturelle- ment et c'est grand dommage, mais j'y retournerai. h22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Eug. Fournier continue ensuite sa communication faite à la dernière séance (1) : SUR LES FOUGÈRES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, per M. Eug. FOURNIER. (Suite.) Filices Neo- Caledonica. Polypodiacese (suite). Antrophyec. ANTROPHYUM PLANTAGINEUM Bory non Bl. et Fisch. /7. Javæ tab. 30. Balade (Vieill. n. 1639, in herb. Mus. Paris) ; in umbrosis (Vieill. n. 114). In vallibus 7477, ad arbores (Vieillard, Lépine n. 100, Ribourt n. 104, Vesco); Vanikoro (Chamisso, Gaudichaud), Guajan. A. SEMICOSTATUM BI. (A. alatum Brack.). In insulis Lifou (Thiébault); Wagap (Vieill. n. 1639 in herb. Franq.). Taiti, insulis Societatis, Philippinis (Cuming n. 20) ; Java (Geering n. 183); Ceylan (Thw. n. 1305). A. CUMINGII Fée ! (A. Grevillii Balf. in Trans. bot. Soc. vol. II, p. 63, tab. 5). Absque loco (Depl. n. 21). Taiti (Vesco, Thiébault) ; Philippinis (Cuming n. 416). À. SUBFALCATUM Brack. Ad truncos arborum in silvis pr. la Conception, 700^, januario sp. (Bal. n. 793). Aneiteum (Herus n. ^6). SELLIGUEA PELTATISQUAMA n. Sp. Rhizoma repens, griseum, paleis suborbicularibus, pallide brunneis, centro nigrescenti prominulo affixis onustum ; frondes coriacea, glabra, pedales, petiolo 3'' longo, flavo, lamina lanceolata, utrinque attenuata, apice subulato acuminata, integerrima, margine cartilagineo reflexo ; nervi secundarii costze- formes ; rete immersum ; macula Anaxeti; sori elongati, lineares, inter nervos secundarios parallele currentes, nec rhachidem nec marginem attingentes ; sporangia magna, paraphysibus innumeris immixta, sporis globulosis, mu- ricatis. In silvis pr. /a Conception, januario sp. (Bal. n. 860). Obs. — Affinis S. Aeterocarpee BI. Flora Jave tab. 52, f. 4, differt a des- criptione Metteniana (Pol. n. 211) imprimis forma squamarum rhizomatis. Leptogrammea. GYMNOGRAMME DECIPIENS Mett. (1) Voyez plus haut, p. 389. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. A23 Balade (Vieill. n. 1642); in montibus inter fruticeta (Vieill. n. 144); absque loco (Pancher n. 136, Mac Gillivray n. 21). Aneiteum (Herus n. 23). G. MARGINATA Mett. Balade (Vieill. 4642); in montibus inter fruticeta (Vieill. n. 440). Obs. — Affinis speciebus aliquot javanicis, G. Javanice, G. serrulatæ. Polypodieæ. GRAMMITIS ATHROOSPERMA, n. Sp. Rhizoma horizontale ; frondes dense, cartilagineæ, subfalcatæ, infra in sti- pitem brevem attenuata, integrae seu infra grosse dentatæ ; nervi bifurcati, liberi; sori dorsales in nervis primariis aeque ac in secundariis insidentes, impressi, margini approximati, densissimi, dimidiam partem frondis obte- gentes; sporangia aculeo simplici v. ramoso instructa ; sporæ ovale, Absque loco (Deplanche, Baudouin). G. PSEUDAUSTRALIS, n. Sp. Frondes cæspitosæ, coriacez, opaca, 2-3" longe, 2-5"' latæ, in utraque pagina pilis simplicibus v. ramosis brunneis vestitæ ; sori subrotundi, dorsales, penitus impressi ; sporæ ovatae. In summo monte Mi ad truncos arborum inter Muscos, martio sp. (Bal. n. 862). Obs. — Differt a G. australi R. Br. pilis qui frondem obducunt ; a G. mar- ginella Sw., planta antillana, quia frons non nigro-marginata; a G. pusilla Blume frondibus basi minus longe attenuatis, soris non orbicularibus. PODYPODIUM LASIOSTIPES Mett. Poila, Balade (Vieill. nn. 1601, 1602); in silvis pr. Ferme-mod?le ad truncos, novembri sp. (Bal. n. 62); januario sp. (Bal. n. 861); in montibus (Vieill. n. 440). P. CRASSIFRONS Baker. In monte Mi (Depl. n. 150); absque loco (Baudouin n. 143). P. SUBAURICULATUM Bl. : Balade (Vieill. n. 1581); in monte Mi, in petrosis (Bal. n. 857). Java, P. PHYMATODES L. Dalade (Vieill, n. 1599); in fruticetis pr. Nouméa, septembri 8p. (Bal. n. 76); absque loco (F. Müll. n. 55 ; in insula Nou (Delacour n. 29). Viti (Seem. n. 732); Taiti (Vesco, Ribourt, Lépine); Disappointment island (Wilkes n. 19); Oualan, Hong-Kong, et in regione tropica tere uni- Versali, etiam in Africa, Port Natal, Zanzibar (Boivin, Grandidier). P. VIEILLARDI Mett. A94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Balade (Vieill. n. 1598); in monte Mi (Depl. n. 159) ; supra Zénè in ditione Zourail, martio sporig. (Bal. n. 856) ; absque loco (Baudouin n. 122); in insula Pinorum (Pancher n. 115). In insulis Sunday (Mac Gillivay n? 3). Obs. — Hæc species affinis P. Billardieri, in Nova Hollandia incole. DRYNARIA DIVERSIFOLIA J, Sm. (Polypodium diversifolium R. Br. nec Sw. nec Willd.). Ad arbores in silvis montium (Vieill. n. 112); ad rupes et ad truncos in silvis supra Ferme modèle pr. Nouméa (Bal. n. 75); Port de France, in silvis (Mac Gillivray n. 7) ; absque loco (F. Müll. n. 41); in insula Pinorum (Pancher) ; in insula Nou (Delacour n. 27). Aneiteum (Herus n. 24); in insulis Vit? (Seem. n.. 3); Rawak (Gaud ); Nova Hollandia, Nova Hibernia (Lab.); Philippinis, Java. PLEOPELTIS GLABRA (Polypodium glabrum Mett. Pol. n. 245). Balade (Vieill. nn. 1590, 1591) ; absque loco (Depl. n. 33); in insula Lifou (Thiébault n? 148). Nova Hollandia. Obs. — Hæc species pilis albis ramosis gaudet, neque glabra dicenda est. PL. LONGIFOLIA Bl. Eun. add.! (Polypodium Brownii var. sec. Melt. Fil. Nov. Cal. n. 11). Port de France (Vieill. n. 1593, Depl. n. 153) ; in fruticetis pr. Vouméa, novembri sporig. (Bal. n. 165); absqueloco (Depl. n. 32, Baudouin n. 26, F. Müll. n. 7) ; in insula Pinorum (Pancher n. 107). Java. — Luzon, Borneo (Mett. Pol. n. 153). P. BRoweirt ? (Polypodium Brownii var. sec. Mett. l c.). Kanala (Vieill. n. 1592); ad truncos arborum pr. la Conception, 100" (Bal. n. 859) ; absque loco (Vieill. n. 419, F. Müll. n. 58) ; in insula. Nou (Delacour n. 28). Obs. — Nullo authentico specimine Polypodii Brownii inspecto, haec forma remanet dubia, et dubium est an revera etiam in Nova Hollandia occurrat. MICROSORIUM IRIOIDES Fée. Balade (Vieill. n. 4596) ; Port de France, in silvis, junio sporig. (Mac Gillivray n. 6) ; in fruticetis pr. Nouméa (Bal. n. 68) ; absque loco (Baudouin n. 119, Depl. n. 23) ; in insula Vo (Delacour n. 30). Luzon, Java, Mauritia, Port Natal. Obs. — P. Lanceola Nutt. non visum. DIPTERIS CONJUGATA Reinv. Balade (Vicill. n. 1519); in silvis supra Ferme modèle pr. Nouméa, ^00", octobri sporig. (Bal. n. 83); absque loco (Mac Gillivray n. 28). Aneiteum (Herus n. 101); Viti (Seem. n. 734); Luzon, Java, Manilia (Callery) ; Pulo- Pinang (Delessert) ; Formosa (Oldham), etc. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. 425 Obs. — P. varium Mett., e Nova Caledonia et c Java oriundum, non visum. PHEGOPTERIS LUXURIANS Mett. (Meniscium proliferum Sw., Ampelopte- ris Kze). In planitie circa Balade (Vieill. n. 1614) ; absque loco (Vieill. n. 105). Java (Zoll. n. 2360) ; Ceylon (Raynaud in herb. Richard). — Philippinis (Cuming n. 20), in montibus nilagiricis (Schmidt n° 24). PH. RUGULOSA Fée. Absque loco (Pancher n. 143). Tanna in Novis Hebridis; Formosa (Oldham); Nova Hollandia. — Java, Ceylon, montibus nilagiricis (Mett. Pheg. u. Asp. n. 12). M. Guillard fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LES DEUX TERMES, TIGE ET RACINE, ET SUR LEUR SIGNIFICATION ANATOMIQUE, pr M. Ach. GUILLARD. Nous avons entendu, aux dernières séances de la Société, entre autres lec- tures intéressantes et instructives, deux communications, l'une sur un caractère propre à distinguer la racine de la tige, l'autre sur un organe qui a été pris pour une racine enfermée dans la tige d'une Ombellifère, parce que cet organe, allongé, décurrent et résistant comme une racine, se trouvait excep- tionnellement dégagé de la moelle qui ordinairement lui sert de gangue. L'anatomie de l'organe en question pouvait-elle empêcher le savant de Cherbourg de prendre pour racine un simple courant séveux vasculifère ? — Oui sans doute, si les racines et les courants séveux étaient mieux connus qu'ils ne le sont jusqu'à présent. La nature a-t-elle tracé entre la tige et la racine une limite absolue dans tous les cas, une distinction essentielle et péremptoire? Ou cette distinction tombe- t-elle, ainsi que tant d'autres, sous le coup de la puissante loi de transition, en Sorte que nous puissions prendre la racine pour une décurrence et uue modi- fication dela tige, comme divers auteurs (auxquels nous adhéronsavec M. Ger- main de Saint-Pierre) ont pu prendre la tige pour une décurrence des Feuilles? Je suis enclin à croire que les faits observés, quoique encore fort incompléte - ment, donneraient platôt raison à la seconde branche de ce dilemme. E A s’en tenir au langage usuel, tige et racine ont leur sens bien défini ; la tige, portant les Feuilles et les rameaux feuillés, s'élève en l'air, tend au Zénith; la racine fuit dans le sol, et n'a de Feuilles ni sur elle-même ni sur ses ra- meaux (1). Mais les exigeuces de la science nous poussent au delà de ce premiei (1) Cette double direction en sens contraires est du domaine de la loi ie France. ipolaire, que j'ai signalée jadis à propos de l'inflorescence. (Bull. Soc. bol. de France, IV, p. 34.) 426 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aperçu. Nous trouvons des axes qui ne s'élèvent pas hors de terre et qui, cependant, portent des traces d'organes phylloides ; plusieurs sont. couchés et rampent horizontalement sous le sol : devons-nous les appeler tige ou racine? Les caractères extérieurs sont voilés, oblitérés, incertains. M. Germain de Saint-Pierre reste en doute surle bulbe des Orchidées ; il est en différend avec M. Duchartre sur les tubercules de Ficaria (1). Si, à propos de cette Renon- culacée, nous comparons ses tubercules souterrains et ses racines filiformes, nous trouvons que les premiers, que M. Germain nomme racines, s'accrois- sent en effet de haut en bas comme des racines, qu'ils ont des vaisseaux au centre au lieu de la moelle, comme la plupart des racines de Dicotylées, et qu'ils n'ont pas de bourgeon à leur sommet; mais d'un autre côté on pourrait bien les appeler tiges, puisqu'ils portent seuls l'appareil floral, et qu'ils pro- duisent, comme bourgeons récurrents et semblables à eux, les tubercules plus jeunes devant répéter le méme appareil floral. Par un contraste étrange, les racines filiformes de Ficaria sont organisées comme des tiges, puisqu'elles ont une moelle centrale, et autour de cette moelle un verticil de cinq ou six groupes trachéens. Nos auteurs disent qu'une tige hypogée a toujours quelque trace de Feuilles, naissantes ou abortives, squamiformes. Mais M. Decaisne observe que la Betterave a une partie de sa tige au-dessous des cotylédons, — partie incon- testable et qu'on ne peut confondre avec la racine. M. Duchärtre, qui rapporte cette importante observation (Elém. p. 267), pense qu'elle peut s'étendre à d'autres plantes; et en effet elle n'a rien d'exceptionnel. Or, cette partie hypocotylée dela tige est nécessairement dépourvue de Feuilles et parfaitement incapable d'en produire. L'absence de Feuilles n'est donc pas un diagnostic absolu pour la distinction que l'on voudrait consacrer. On avait créé le collet où nœud vital, organe par à-peu-près, qui devait délimiter la tige et la racine, les séparer ou les relier ; mais M. Clos, ayant fait des efforts inutiles pour déterminer ce prétendu organe, conclut à l'abandonner, parce qu'il n'est pas déterminable. Pour éclairer nos recherches, remettons-nous sous les yeux les caractères que l'on reconnaît être communs aux tiges et aux racines. I. — Rapports de similitude entre les deux termes. Les tiges et les racines sont : 1° Composées des mêmes éléments, cellules, tubules, vaisseaux : cellules déprimées, ou isaèdres, ou allongées ; pouvant recevoir les mêmes composés chimiques, fécule, inuline, oxalate amorphe, aciculaire ou cristallisé ; tubules incrustés ou non de matière albumineuse ou protéique; vaisseaux rayés où (1) Bull, Soc. bot. Fr. MI, p. 13. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. h27 ponctués, toujours exempts de séve, de tous liquides quelconques et de tous dépôts solides ou autres ; 2° Nourries par les Feuilles ; 3^ Allongées ou contractées, ramifiées ou fasciculées : 4 Ramifiées par le partage des courants séóveux; les rameaux organisés comme la tige ou racine. qui les a produits, quoique avec un développement moindre ; 5° Formées d'écorce et de bois distincts : écorce où l'on distingue la zone herbacée intérieure de la subéreuse sous-cuticulaire ; bois traversé de rayon- nements celluleux (mal nommés médullaires), les uns se portant du dedans au dehors, les autres plus courts, partant du cambium vers le centre; moelle axile, au moins au principe de l’âge et de la longueur ; 6° De durée diverse, annuelle, bisannuelle, pérenne ; T° Capables de former chaque année des couches de bois concentriques ; 8° Capables de porter, nourrir et développer des bourgeons adventifs et des rameaux ; 9" Capables de végéter dans l'air, dans le sol ou dans l'eau ; 10° Susceptibles des mêmes réactions sous l'influence des agents chimiques : coloration de la fécule par l'iode, du prosenchyme par l'azotate mercurique, par les acides, etc.; — résistant, au contraire, dans leurs courants séveux, à toute coloration par les réactifs. Nous sommes loin d'avoir indiqué ici tous les rapports d'identité qui peuvent exister entre la tige et la racine : nous ne sommes pas en état de le faire, et nous le regrettons, car cet exposé manque à la science. Nous donnerons seu- lement un ou deux exemples particuliers de ces curieuses recherches, pour mettre sur la voie les jeunes gens qui voudraient s'y exercer. — La tige du Rosier est remarquable par l'ampleur de ses principaux rayonne- ments celluleux, à grandes cellules carrées, pluri-sériées (1); et par ses tubules très-serrés, très-pleins, qui ne sont pas alignés ou. ne le sont qu'en contiguite des lignes celluleuses. Sa racine a la méme ampleur des rayonnements cellu- leux, le méme désordre des lignes tubuleuses. Dans le Buis, les rayonnements celluleux de la tige sont très-minces, comprimés, uni-sériés ; ceux de la racine ont la méme compression, le méme étouffement. Dans cette plante, les s seaux n'atteignent qu'un très-petit diamètre : il ne dépasse pas millim. 0, ; dans la tige, et 0,020 dans la racine. Et comme celle-ci a la même absence ' liber que celle-là, et le reste de l'écorce d'ailleurs pareil, on peut dire qe a racine du Buis ressemble parfaitement à sa tige, st ce n est dans l'âge av anc oü la moelle radicale se tubulifie et. n'offre plus de fécule. Chez le Lauren (Viburnum Tinus L., vulgairement el abusivement Laurier-Thym), les rangées en plusieurs séries rayonnantes, en . ;osóriées, c'est-à-dire, : (1) Cellules. pluri-sériées, msées en un seul pan vertical, en une seule D Plusieurs pans vontigus ; — uni-sérices, Ti Série rayonnante. 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tubules ligneux sont correctement alignés, aussi bien dans la racine que dans la tige, etc. Voyons maintenant, autant que le permettent l'état imparfait de nos connais- sances et le nombre restreint des faits recueillis, voyons quels traits différen- tiels pourraient nous obliger à regarder la racine comme un organe d'un autre genre que la tige. II. — Rapports différentiels. 1* Organes élémentaires. Cellules. Dans la plupart des racines, l'enveloppe herbacée corticale est très-vaste et d'une proportion telle que les tiges aériennes n'en offrent pas de pareille (pl. 4, fig. 1 et 2). Mais l'exubérance de cette enve: loppe doit étre attribuée à l'humidité que la terre entretient et non à un orga- nisme spécial de la racine : car les tiges souterraines ou rhizomes jouissent d'une semblable abondance de cellules corticales. Il en est de méme des tiges sub- mergées, — d’ Hottonia, par exemple. A-t-on signalé dans quelques racines les cellules-bourrelets (1) (pachydermes Hartig, scléreuses Chat.) (2), que certaines tiges pérennes offrent si abondam- ment? Je n'en ai rencontré que dans une radicelle ligneuse d Augustina major Ludw. Elles étaient disséminées dans l'enveloppe herbacée, — d'un diametre double des cellules de cette enveloppe, allongées en tube et terminées en biseau. — Peut-être aussi dans l'enveloppe herbacée d’Aloë cœæsia Salm. Tubules (formant les fibres). Les tubules ligneux, qui forment, dans la tige des Dicotylées, un étui plusou moins épais où la moelle est enfermée, occu- pent le plus souvent, dans leurs racines, la place de la moelle elle-même (3). Néanmoins la moelle persiste, au moins au commencement de la racine, chez plusieurs Crucifères, Renonculacées, Ombelliferes, Composées, Campanula- cées, etc. (^). Des exceptions si nombreuses sont-elles de celles qui confirment la régle ou de celles qui l'abrogent? Et d'ailleurs qu'est-ce que la moelle ? Où la définit-on? N'est-elle pas bien souvent hétérogène ? Ne passe-t-elle point par diverses transitions de l'état celluleux à l'état tubuliforme ou expressément tubuleux ? Dans d'autres plantes, au contraire, ne reste-t-elle pas longtemps, méme toujours à l'état de cellulettes séveuses? Liber. Mieux quela moelle peut-étre, le Liber, presque toujours présent daus les tiges, presque toujours absent ou méconnaissable dans les racines (5), four- (4) Bull. Soc. bot. de France, V, 102. (2) Ibid. XIII, 75-80. (3) Biscutella, Thlaspi; Ficaria, Ranunculus acer; .Ethusa, Coriandrum, Petro- selinum ; Achillea, Malachra, Ailantus, Spergula, Cerasus, Trifolium, etc. (4) Brassica, Camelina, Clematis, Pimpinella magna, Torilis Anthriscus, Anthemis, Coreopsis, Lobelia, Campanula rapunculoides. — Rosa centifolia, Centranthus, Ru- mer, etc. — Balsamina (teste Bernhardi). " (5) Ficaria, Ranunculus; Nuphar, Viburnum Tinus, Thlaspi, Camelina. Ombelli- ères. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. 420 nirait-il un caractère différentiel? Mais le Liber est souvent informe aussi dans les tiges hypogées ; et ce sont elles précisément qu'il s'agirait de distinguer des racines, D'un autre côté, quoique divers auteurs affirment trop générale- ment l'existence du Liber dans les racines (1), cette existence ne saurait être niée dans celles de Solanum tuberosum, de Tribulus, de diverses Cruciferes, Aétheonema, Erysimum, Crambe, Rapistrum. Je trouve, dans la racine prin- cipale de Malachra capitata (qui manque de moelle), le liber reformant ou maintenant ses quatre cercles concentriques, comme ils sont dans le bas de la tige. Une grosse racine de Cerasus Mahaleb, qui serpentait à l'air sur un sol incliné humide et ombragé, offre cinq cercles libériens concentriques, les deux antérieurs entiers ou presque entiers, les autres rompus et incomplets, tous ayant l'épaisseur de 2-3 tubules serrés, prismatiques, limpides, pleinement incrustés et se colorant en violet devant l'acide chlorhydrique (2). Je rencontre jusqu'à dix cercles de semblables tubules libériens, garnissant l'écorce épaisse d'une racine marquant trois ans, qui a poussé, avec ramifications et chevelu, dans le tronc creux d'un saule blanc, vers le haut de ce tronc (3). Vaisseaux. Les vaisseaux sont souvent plus gros dans la racine que dans la tige de la méme plante. Mais ce n'est pas un phénoméne spécial de la racine. Quand on suit de haut en bas un vaisseau ou un groupe défini de vaisseaux dans une branche ou seulement dans quelque long pétiol, on trouve ces vais- seaux plus gros à mesure qu'on les observe plus bas. Aussi trouve-t-on les vaisseaux du plus grand diamètre dans les plantes volubles, qui ont les entre- nœuds relativement trés-longs. Les vaisseaux sont moins gros aussi dans les Feuilles que dans leurs pétiols. , Les trachées déroulables ne se trouvent pas dans les racines : c est un fait trés-général. Et pourtant. M. Naudin les signalait dés 1842 dans des racines jeunes (Ann. sc. nat.) J'en ai moi-même reconnu chez des Renonculacées (Clematis, Ficaria, Caltha), chez plusieurs Monocotylées (C ampelia, Comme- lyna ; Arum, Anthurium, Typhontum ; Iris ; Aloe mitre formis); dans la racine aérienne de Philodendron, dans la racine hypogée d'H temario, Nous ne sommes pas actuellement en état. de pousser plus loin cette com- Paraison des deux termes Tige et Racine, chez les Dicotylées. Nous nous bornons à remarquer que, des dix caractéres, communs aux deux termes, que . - . -ffárences à nous avons énumérés, le premier est le seul qui ait fourni des différenc qui manquent absolument d universalité, ne indiquer ; et que ces différences, qu'on puisse les . . ; iné r Sont d'ailleurs ni assez générales, ni assez déterminées pou élever au rang de Caractères distinctifs. 1) Comptes s, t. LXVII, pp. 151-155. | B Cette. pe ot D des cercles libériens dans une racine de Cerasus est d autant plus remarquable, qu'il n'y a pas reproduction régulière de pareils cercles g A pr gone H " . " . (3) je prie a Société d'agréer que cette racine, extraordinaire dans sa petite taille, soit déposée dans son Musée. (SÉANCES) 28 T. XVI. A30 COCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En voyant la racine dépendre immédiatement de la tige, comme la tige dépend immédiatement de la Feuille, nous y trouverons un appui de plus à la théorie qui ramène tous les organes végétaux à un organe unique, et qui ne voit dans la plante entière que la répétition de la Feuille, son évolution bipo- laire et ses métamorphoses. Mais hâtons-nous d'ajouter que le progrès de la science, à l'époque où nous sommes et quant au sujet qui nous à occu- pés ce mois-ci, parait exiger, avant toute recherche théorique ultérieure, une abondante récolte des faits innombrables qui n'ont pas encore été enregistrés. III. — Za racine chez les Monocotylées. Les Monocotylées fourniront peut-étre une objection grave contre la réduc- tion des racines aux tiges, que je serais enclin à proposer. Leurs tiges et leurs racines ont, il est vrai, un caractére commun fort remarquable, qui résulte de la persistance des colonnes séveuses distinctes, indépendantes et verticillées. Mais leurs racines ont d'ailleurs une structure propre, une physionomie carac- téristique, par laquelle elles se distinguent trés-nettement. La racine des Monocotylées (pl. 4, fig. 1) est composée de deux parties essentielles : le cylindre central, cc, et le manchon celluleux, e, dans lequel le cylindre est plongé. Ce cylindre a, dans son organisation, deux ou trois traits remarquables, dont l'énoncé, fondé sur un grand nombre d'observations, offrira peut-étre quelque nouveauté. Il se compose : 1° d'une colonne axile médullaire, m, qui passe de l'état celluleux à l'état tubuliforme et à l'état tubuleux, selon les plantes. (Par cette colonne, les racines monocotylées ressemblent aux dicotylées. Mais voici en quoi elles en different tout à fait). 2° D'un nombre déterminé de gros vaisseaux, v, 5-15-30, verticillés autour de la colonne axile susdite. Chacun de ces gros vaisseaux est parfois accom- pagné de 2-3 vaisseaux beaucoup plus petits. 3* D'un nombre égal, ou un peu plus grand, de colonnes séveuses, s, ordi- nairement étroites, mais bien déterminées, et placées derrière les gros vais- seaux, quelquefois obliquement. Le cylindre axil en parait souvent échancré (fig. 8). h° D'un manchon simple, semi-tubuleux (fig. 4, t), qui enferme tout ce qui compose le cylindre central. Ce manchon est une simple nappe circu- laire, formée de cellules toutes semblables, qui offrent ce caractere singulier que leur paroi est épaisse du cóté intérieur, du cóté du cylindre, mais trés- mince et presque inapercue du côté extérieur, contigu à l'enveloppe celluleuse. Je n'ai jamais rencontré cette cellule ou ce quasi-tubule chez les Dicotylées ; je ne l'ai observée que dans les racines des Monocotylées (1). | (1) Lolium, Saccharum, Mays, Elegia, Campelia, Flagellaria, Juncus obtusifloruss Typha, Canna, Musa, Strelitzia, Libertia. Areca et les autres Palmiers,.. SÉANCE DU 2/4 DÉCEMBRE 1869. A31 Les faisceaux libériens man quant. généralement dans les racines monocoty- lées, on regardera peut-étre le cercle semi-tubuleux que je viens de décrire comme une représentation du Liber. J'observe en effet quelquefois que le demi- tubule en question a, daus sa paroi épaisse, la limpidité par laquelle les tubules libériens se distinguent des tubules ligneux : je citerai notamment Libertia. Ou pourrait confirmer cette manière de voir par une autre observa- tion : c'est que, si l'on rencontre une racine pourvue d'un véritable liber, bien caractérisé, en dehors du cylindre central vasculeux, comme le possede la racine d' Yucca, par exemple, cette racine n'a pas le cercle semi-tubuleux dont nous parlons. Cette physionomie générale des racines monocotylées se particularise dans les familles, les genres et les espèces, par des modifications très-variées, dont un trop petit nombre a été recueilli jusqu'ici. Une des plus singulières nous fait retrouver dans quelques racines certains organes disposés en rayonnements, — disposition tout à fait étrangère aux tiges des Monocotylées, et que l'on regarde comme n'appartenant qu'aux Dicotylédonées. Ainsi, dans la racine de Panicum plicatum, les cellules qui entourent le verticil des colonnes séveuses Sont rayonnantes ! Même phénomène, et plus marqué, dans la racine de Canna indica (fig. 2). Dans celles de Drimia pusilla (fig. 3), de Neottia ovata (fig. 4), d’ Epipactis palustris, de Cattleya, d' Oncidium, ce sont les trachées et autres vaisseaux qui rayonnent. Le grand manchon celluleux qui sert d'écorce à toutes ces racines est le plus souvent partagé en deux et quelquefois trois Zones distinctes. Chez le Panicum précité, la zone intérieure se compose de cellules actives, l'extérieure de cellules marcescentes. Chez Dendrobium Pie- rardi, le cercle semi-tubuleux, au lieu de serrer le verticil des colonnes séveuses, est au milieu de l'épaisseur de l'écorce (fig. 5). Chez le Dattier (fig. 6), au lieu d'un seul verticil de vaisseaux, il y en a deux, méme trois ; les co'onnes séveuses, étroitement comprimées, offrent une section lancéolée, s. Chez Pan- Cratium maritimum, la colonne centrale tout entière est perforée de gros Vaisseaux ou de grosses trachées et de quelques trachées fines à l'axe, J'y ren- Contre un vaisseau demi-rayé (fig. 7), demi-trachée, c'est-à-dire que le fil Spiral épais, déjà agglutiné sur quelques parties du vaisseau, est encore MEN lant en d'autres points de sa longueur. Je trouve des trachées pures dans la racine d' //pmaria, de Goodyera, etc. | . M. Prillieux a donné, à notre tome XIII, de bons détails sur les racines des Orchidées, 11 y constate la présence habituelle de la moelle centrale ; il entrevoit les colonnes séveuses. , M. Germain de Saint-Pierre a signalé la racine pivotante de Tamus comme Unique dans cet embranchement. En effet, un caractère général des racines monocotylées est de se produire perpendiculairement à l'axe de la uge, ce qui St la négation formelle de la racine pivotante des Dicotylédonées. A32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Explication des figures (Planche IV de ce volume). Fic. 4. Zea Mays L. cc, cylindre central; e, manchon celluleux, composant l'écorce de la racine ; m, axe à l'état médullaire; s, colonnes séveuses disposées en ver- ticil derrière le verticil vasculaire; t, cercle simple semi-tubuleux, qui sépare de l'écorce le corps tubulo- ou fibro-vasculaire de la racine ; v, grands vais- seaux disposés en verticil autour de la moelle; v’, petits vaisseaux derrière chacun des gros. Fic. 2. Canna indica. Rayonnement des cellules corticales dans la racine. Fic. 3. Drimia pusilla. Rayonnement des vaisseaux. Fic. 4. Listera ovata R. Br. Mémes rayonnements, avec diminution graduelle et cen- trifuge du diamétre des vaisseaux. Fic. 5. Dendrobium Pierardi. Cercle semi-tubuleux, t, au milieu de l'écorce. Fi. 6. Phœnix dactylifera L. v, verticils concentriques de vaisseaux rayés; $, colonnes séveuses élroitement comprimées. Fic. 7. Pancratium maritimum. Une trachée de la racine, passant à l'état de vaisseau. Fic. 8. Pandanus caricosus Rumph. Radicelle. Cylindre axil échancré par les colonnes séveuses verticillées à son pourtour. Fic. 9, Carex disticha Huds. Lacunes et cellules réticulées dans l'écorce de la racine. Fic, 10. Yucca flexilis. Racine encore jeune et courte. Le cylindre axil a est unifor- mément séveux, sauf 20-24 groupes de petils vaisseaux v imparfaitement rayon- nants, qui le bordent : un cercle ou manchon simple, d'une cellule molle, presque carrée, enferme et délimite ce cylindre. En dehors du cercle simple est un manchon séveux s. Fic, 11. Un peu plus tard, vers le haut de cette racine, c'est-à-dire dans sa partie la moins jeune, de gros vaisseaux cylindriques, ponctués, se déterminent dans le cylindre axil. Leur diamètre va jusqu'à 09,08. Ils s'entourent d'anneaux trés-réguliers de cellules tubuliformes, qui bientót occupent tout l'espace entre lesdits vaisseaux ; et alors se spécialisent les courants séveux marginaux, s, entre les 20-24 rayonnements vasculaires, et en méme nombre qu'eux. Ces courants séveux ont les cellulettes à parois limpides brillantes. Fic, 12. Lorsque la racine avance en longueur et en áge, le manchon séveux extérieur se transforme en un manchon libérien, l, fort de quatre tubules gros, épais, serrés, presque pleins, rouges à l'état naturel, et aussi sous l'acide chlorhy- drique. Un liquide, plus rouge que leurs parois, garnit l'étroit canal qui leur reste. Tout est formé dans le cylindre axil, avant que le liber se détermine en dehors de lui. M. Germain de Saint-Pierre dit : M. Guillard vient d'émettre cette assertion que : « Il n'a encore été donné aucune définition bien précise de la tige et de la racine, méme dans les ouvrages les plus récents. » Je demande à rappeler que, dans l'une de mes précédentes communications et aussi dans mon Nouveau Dictionnaire de Botanique, j'ai exposé les caracteres essentiels de la tige et de la racine, et j'ai proposé cette définition dont la précision n'est pas contestée : /a tige se termine par un bourgeon et porte directement des feuilles ; la racine ne se termine jamais inférieurement par un bourgeon et ne porte jamais de feuilles insérées di- rectement. — Relativement au caractère attribué par M. Guillard à la moelle, SÉANCE pU 2/4 DÉCEMBRE 1869. h33 de se composer de cellules sèches, je ferai remarquer que la moelle jeune est toujours gorgée de sucs et que ce n'est que plus tard que ses cellules de- viennent sèches, enfin que la moelle est caractérisée par sa situation, mais non par sa consistance. M. Guillard adhère à ces observations, sous réserve des change- ments d'état de la moelle. Il demande si M. Germain regarde les rhizomes souterrains comme dépendant de la tige ou de la racine, M. Germain de Saint-Pierre répond : Que les rhizomes sont des organes axiles, portant directement des feuilles (rudimentaires ou squamiformes) et se terminant par un bourgeon, en un mot que les rhizomes sont des tiges; que certains rhizomes ou certains turions peuvent, il est vrai, avoir l'aspect, la couleur et méme la direction des racines, mais que la présence des feuilles squamiformes et l'existence du bourgeon terminal (füt-il rudimentaire) rendent le doute impossible dans tous les cas ; que, par contre, un axe souterrain sans écailles (feuilles rudimentaires) et sans bourgeon terminal, eût-il l'apparence et la direction d'un rhizome et füt-il chargé dans toute sa longueur de bourgeons adventifs, est une racine, M. Prillieux demande si le caractére-tiré de la structure de l'ex- trémité des divisions des racines, ou des racines adventives, si la pilorrhize (membrane qui recouvre l'extrémité, le point. végétatif de la racine) n'est pas un des caractéres essentiels de la racine. M. Germain de Saint-Pierre répond que ce caractére anatomique lui semble, en effet, d'une importance d'autant plus grande que cette structure de l'extrémité de la racine s'oppose davantage au caractère essentiel de Structure de l'extrémité d'une tige ou d'un rameau, c'est-à-dire à la présence d'un bourgeon terminal. M. Roze, secrétaire, donne lecture des notes suivautes : NOTE SUR LE GENRE MENTHA, par M, le docteur F.- WW. SCHULTZ; (Wissembourg, décembre 4869.) Nous avons ici une quantité de variétés des MentAa arvensis et M. sativa. M. Wirtgen, dans sa monographie, a considéré ces dernières comme hybrides des M. arvensis et M. aquatica, mais on les trouve autour de Wissembourg, souvent et en grande quantité, dans des localités où les M. arvensis et M. aqua- tica n'existent pas. Nous avons aussi à Wissembourg plusieurs variétés de Mentha aquatica, capitata, glabrescens et Airsuta, submas et subfemina, etc. Ces deux dernières formes (ou états) se trouvent dans presque tous les Mentha A34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et ont été considérées par des auteurs comme des espèces distinctes qu'ils ont caractérisées « staminibus exsertis » ou « staminibus inclusis ». Dans l'état « staminibus exsertis », les étamines et le pollen se développent aux dépens des fruits qui avortent en partie ou tous, et dans cet état, les corolles sont aussi ordinairement plus grandes et les feuilles sont moins larges. Dans l'état « sta- minibus inclusis », les étamines sont moins développées et le pollen avorte, les corolles sont ordinairement plus petites et les feuilles sont pluslarges. Personne avant moi n'a observé ou expliqué ces détails, et j'ai nommé le premier de ces deux états « forma exserta (ou mas) » et le deuxiéme « forma inclusa (ou femina) ». Le M. aquatica, que les auteurs caractérisent « inflorescentia capi- tata »,se trouve aussi souvent « inflorescentia verticillata », et a été fréquemment pris dans cet état pour une espèce particulière, ou a été confondu avec le M. sativa. Les états des Mentha dans lesquels les fruits avortent, ont souvent été pris, pour cette seule raison, pour des hybrides ; mais les hybrides ne sont pas si communs dans ce genre et je n'en ai trouvé que trés-peu. Mon M. ar- vensi-rotundifolia a disparu dansla seule localité, et de mon M. rotundifolio- angustata (ou M. rotundifolio-sativa), je n'ai trouvé pendant plus de quinze ans que 5 ou 6 pieds, dans des localités où le M. rotundifolia se trouve par millions et en société du rare M. angustata. NOTE RECTIFICATIVE DÈ M. Henri LORET (1). (Montpellier, 49 décembre 1869.) Nous avons cru devoir attribuer le contraste entre la végétation de 1868 et celle de 1869 (voyez plus haut, p. 286)à la quantité différente de pluie tombée durant les premiers mois de ces deux années. Il nous parait utile aujourd'hui de compléter cette observation, basée sur nos souvenirs et en partie vraie, en faisant observer que les derniers mois des années précédentes ont eu aussi leur part d'influence sur les phénomènes de végétation dont il s'agit. C'est la pensée que nous avons eue récemment de recourir aux observations pluvio- métriques qui se font ici au Jardin-des-plantes, qui nous permet aujourd'hui de modifier notre premiére appréciation, en attribuant aux pluies d'automne la part d'action qui leur est imputable. En effet, les quatre derniers mois de 1867 ne nous ont donné ensemble que 93 millim. d'eau et 10 jours de pluie; tandis que, durant les mémes mois de 1868, nous avons eu 31 jours de pluie et 477 millim. d'eau. Si nous complétons ces observations, en faisant remarquer (4) Le 21 décembre, j'ai recu de notre savant confrére M. Loret une lettre par la- quelle il me priait de rectifier un passage de son dernier travail inséré dans le compte rendu de notre séance du 12 novembre. Malheureusement, lorsque je reçus cette lettre, la feuille contenant l'article venait d'être tirée, et ce n'est qu'aujourd'hui que nous pou- vons insérer ici la rectification demandée. (Note du Secrétaire général.) SÉANCE DU 92/4 DÉCEMBRE 1869, A35 que les quatre premiers mois de 1858 ne nous ont donné que 51 millim. d'eau et 6 jours de pluie, tandis que nous avons eu, pendant les quatre premiers mois de 1863, 45 jours de pluie et 291 millim. d'eau, nos conclusions défini- tives seront plus exactes en devenant moins exclusives, et nous reconnaitrons que la végétation luxuriante du printemps de 1869 et la stérilité relative du printemps de 1868 doivent étre imputées par égale portion peut-étre à la quantité d'eau et au nombre de jours pluvieux de l'automne et de l'hiver qui ont précédé ces deux printemps. Le travail suivant est présenté à la Société de la part de M. C. Roumeguére : CATALOGUE DES MOUSSES DU DÉPARTEMENT DE L'AUDE, pr M. Casimir ROUMEGUERE. (Toulouse, novembre 1869.) Phascacées. 1. EPHEMERUM serratum Hamp, — Terrains argileux, humides, à Villemagne, Prin- temps. R. 2. PHYSCOMITRELLA patens Schimp. — Bord des ruisseaux à Durban; vallon de Bize. Bords de la Cesse. C. 3. SPHÆRANGIUM muticum Schimp. — Bord des ruisseaux à Durban ; canal de la Robine à Narbonne. R, 4. PHASCUM cuspidatum Schreb. — Murs de clôture en terre aux Cassés, — Berges du Marés. Montolon, ermitage Saint-Roch, prés la fontaine de Pastel. — CC. Berges du canal à la Redorte. C. Printemps. 5. — bryoides Dicks, — Terrains sablonneux incultes. Colline de Montpezat ; bords des fossés à Combemale. 6. — curvicollum Hedw. — Forges; à la prise d'eau du canal. Capendu ; bords du Rougeat. AC. | 7. — rectum Smith, — Terrains calc. argil. Presque toujours réuni à l'Anaca- lypta Starkeana. Capendu ; montagne d'Alaric, bords du Rougeat. R. Bruchiacées, 8. PLEURIDIUM nitidum Sch. — Les prés, les champs aux environs de Carcassonne ; sur les berges de l'Aude. Plaine marécageuse de Vinassan. — Vallon d'Aussiéres, C. Automne. 9. — subulatum Sch. — Tertres au bord des fossés, Printemps. CC. Sentiers du bois de Fontaréche ; bords de l'Aude à Saint-Martin. Talus des bosquets à Alzonne. 10. — alternifolium Brid. — Sur la terre nue, au bois de la Loubatière ; à Perisses ; dans le voisinage des eaux au bosquet du vieux Lampy. Archidiacées. 41. ARCHIDIUM alternifolium Sch. — Terrains arénacés, argileux, humides, à Palairac. A. R. Champs des lieux élevés, à Saissac, etc. C, we Weisiacées. 49. SysrEGIUM crispum Hamp.— Tertres des chemins, prés la forêt de Ramondens. Hiver. Lieux champétres secs, à Lacombe prés Saissac. 436 13. 14. 15, 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24, 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GYMNOSTOMUM microstomum Hedw. — Bords des chemins et des sentiers. Forêts de la Bécède. Printemps et automne. Terres cultivées, à Saint-Paulet. Tertres, aux Cassés, en face Saint-Paulet. C. squarrosum Wils. — Champs argileux à Capendu, RR. Vignobles des coteaux de Pomas. T. R. Une seule fois. Automne. — tortile Schwgr. — Fentes des murs et interstices des rochers à Bizanet. Prin- temps. Terrains calcaires à Lastours ; clôtures à pierres sèches du Pech de l’Agnel; au calvaire à Carcassonne, R. tenue Schr, — Murs extérieurs de la cité à Carcassonne. Juillet 1867. R. Fructif, calcareum Nees et Horn. — Stérile. Sur les vieux murs : à Villanière ; envi- rons d’Ilhès, au sud; pierres arides du Pech de l'Agnel. curvirostrum Hedw. — Dans les fentes des rochers du versant méridional de la Montagne-Noire. A Mas-Cabardés; sur le tuf calcaire, le long des torrents à Montolieu. Pierres inondées à Lastours. WkiSIA viridula Brid. — Terre nue, bords des chemins et rochers calcaires à Sal- signe. A.C. Bois de la Loubatiére. — Forêts de Roquefort de Sault. Prin- temps 1861. fugax Sch. — (Plante de la région sub-alpine.) Rochers granitiques à Villar- donel. T.R. 1864. crispula Hedw. — Plante descendue des rég. alp. et sub-alp. — Forêt de hétres à Mas-Cabardés; sur les racines au printemps, A.R. Quillan, au bois de Quirbajou 1861. ' cirrata Hedw. — Rég. mont. sur les rochers à Mousson, mai 1866. -— Bosquet de Pech-redon à la Clape. Broussailles à Font-Laurier. P.C, CyNoDoNTIUM Bruntoni Sch. — Sur les rochers gran. arén. aux Martys, à Pradelles. Juillet 1865. Sur les pierres druidiques à Peyrolles. — Castans, roc de Peyre- maux. R. DICRANELLA cerviculata Sch, — Sur les murs de terre à Arques. A Mas-Cabardés. Juin 1859, varia Sch. — Sur la terre nue, rives de l'Alzau à Raysac sur Lampy ; berges gazonnées du canal à Castelnaudary. R. rufescens Sch. — Terrains ombragés du vallon d'Aussiéres. Ravin des Mouges. Septembre 1867. Tertres schisteux, humides à Roquefére. C. heteromalla Sch. — Sur la terre dénudée et sur les rochers arénacés à Lespi-- nassiére. Printemps. P.C. Lampy, au pied des vieux arbres. R. Caunes, à l'er- mitage de N.-D.-du-Cros. DicRANUM Starkii Web. et Mohr. — Pentes rocheuses du pic de Nore, été. R. Rigole — de la Sals prés Valmigére. — Rennes-les-Bains, gorges des montagnes. RRR. flagellare Hedw.— Au tronc des arbres; sur les souches pourries, à la forêt de Ganges. — Rochers de Bizanet, au pied des massifs de buis. Laprade, bois de Gourmantés. Juin 1867. R. scoparium Hedw. — Sur la terre et les rochers dans les bois et sur les toitures de chaume. Juillet-août, CCC. majus Turn. — Forêts montueuses, lieux humides. A Ramondens, à Labe- céde. C. Schraderi Schw. — Pinède de Fontfroide. C, Stérile. Ravin des Mouges. Forêt de sapins de Niort. Fructif. été 1859, undulatum Turn.— Rocailles du Pech de l'Agnel, sur les cailloux dolomitiques. — Au chemin de Bizanet. — Collines boisées à Fontfroide. C. Juillet-août. 34, CaMPYLOPUS longipilus Brid. — Rochers calcaires humides à Villamère. R. Sté- 35. — rile. brevipilus Wils. — Mêlé à l'espèce précédente à Villamère. Stérile. Au bois de Monnet ; l'Aiguille; environs de Mas-Cabardés sur les tertres boisés. R. Leucobryacées. 36. LEUCOBRYUM glaucum Schimp. — Taillis à Alzan; rochers de Lagrasse ; bois de Monthomet ; bord du ruisseau des Tulles, CCC, Stérile, R. Fructif. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44, 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. $2. 53. 94. 55. 56. 57. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1809. 437 Fissidentacées. FissibENS bryoides Hedw. — Bois humides et tertres ombragés, à Laloubatière grotte de Trassanel, Lastours. C, Hiver-printemps. ' — narbonensis Nob. sp. nov. Caulis erectus ; folia pellucida marginata pauca, spathulato-lanceolata, inte- gerrima. Sterilem tantum vidimus. Cette forme s'éloigne du F. crassipes Wils., avec lequel on pourrait la con- fondre d'abord, par ses touffes simples, dressées, non rameuses à la base et plus hautes, ainsi que par ses feuilles moins nombreuses, plus étroites et plus allongées. Lieux couverts et ombragés au boisde Fontfroide. Stérile, Mai 1866. — crassipes Wils. — Terrains humides et inondés à la forêt de Montolieu. Prin- temps 1861. A Lespinassiére. R. — incurvus Schw. — Sentiers humides, sol argileux à Alzau. — Tertres humides à la fontaine de Pestels prés Lastours. — taxifolius Hedw. — Bois de Gormantès prés Laprade. — A la Grasse, à l'Ai- guille. Hiver. — adiantoides Hedw. — Sur la terre graveleuse et humide à Arzens. Hiver. R. Au tronc des vieux arbres, à Alzau. RR. — Bois de Labastide d'Esparbay- renque. — — var. marginatus Schimp. — Cette forme est particulière aux terrains qui ne percoivent l'humidité que pendant une petite partie de l'année. En touffes serrées au bois du Chapitre à Arzens. — Châtaigneraies du Mas-Cabardès. — grandifrons Brid. — Rochers inondés, pentes du Fontrouge, à Bugarrach, à Rennes. Rudimentaire et stérile. Séligériacées. SELIGERIA tristicha Schimp. — Sur les rochers calcaires à Villamére. RRR. CAMPYLOSTELIUM saxicola Schimp. — Pierres et rocs sablonneux et humides de la rég. mont, à Bizanet 1829. Forêt de Fanges, rochers qui bordent l'Aude, RR. 1867. Pottiacées. Portia cavifolia Ehrh. — Sur la terre et les murs dans les lieux cultivés. CCC, — minutula Sch. — Champs cultivés à Carcassonne, berges de l'Aude. Fructif. hiver. La var. conica Sch. mêlée abondamment au type. — truncata Sch. — Sur les tertres, au bord des champs et des fossés, à Castel- naudary. Prairies humides à Limoux C. Murs en terre aux Cassés. Sur les rochers à Ginoles. — — var. major Schimp. — Dans les champs, au bord des chemins, sur les tertres cultivés, partout. CCC. Fructif. printemps. ANACALYPTA Starkeana Nees et H.— Terrains vagues des fortifications, hors la ville, à Narbonne. R. Vignes de la Cantine à Sainte-Lucie. — A Cap de Pla (la Clape). La var. 8. brachyodus sur les remparts au sud de Narbonne. — lanceolata Rœhl. — Sur la terre nue, bord des chemins et talus des fossés. Environs de Carcassonne ; bois de Celeiran. CCC. Fruct. mars. DipywopoN rubellus Sch. — Sur les rochers et les murailles ombragées, rarement sur la terre. — Coteau de Belcastel ; collines de Montpezat; sur les pierres du manoir de Fleury. R. EUCLADIUM verticillatum Schimp. — Murs calcaires à Capendu.— Bords du Rougeat P. C. Rochers humides à Durban, à Armissan. CERATODON purpureus Brid. — Bois, vieux murs, terres écobuées, Mai. CCC. — — var. palustris. — Plage de Sainte-Lucie. — Ravin de Combemale. — Montpezat. Fossés bordant le chemin vers la Clape. Fructif. mars. C. Leprorricaux tortile C. Muell. — Bords des chemins, talus des fossés, dans la zone montagneuse en société avec le Pog. nanum. A Quillan, à Ginoles, au pic de Bugarrach. Bois de Valmigère. A. R. Fructif, hiver. 438 58, LEPTOTRICHUM homomallum C. Muell.— Lieux argil. sab. au bord des chemins, sur 59, 60, 6 - 62. 63, 64. 65, 66. 67. 68. 69. 70, 71. 72. 73. 74. 75. 76. 77. 78. 79. 80. — SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les murs en terre et dans les bois secs de la rég. mont. Taillis de Coudous. A Quillan. RR.— Forét de Ganges, Environs de Belcaire au nord du bois, sur les tertres du sentier qui y conduit. Mai 1862. flexicaule C. Muell, — Sur les coteaux calcaires des environs de Laprade. Sté- rile. Sur la terre et les rochers au pic Mosset. C. Interstices des rochers à la forét de Roquef.-du-Sault, pallidum C, Muel!. — Sur la terre argil, et nue dans la zone champ. Forêt d'Issel prés Castelnaudary. Mai, RRR. TRIGHOSTOMUM rigidulum Smith.— Sur les murs et les rochers humides, à l'épanchoir de Conquet prés Lampy. Mai 1867, — A Alzau, pierres humides des bos- quets. R, tophaceum Brid. — Sur le grés molasse humide, prés de Laprade (Montagne- Noire). — A Lastours, terrain à concrétions. — Rocher infiltré prés de la mer à Leucate. Juin 1867. . mutabile Bruch. — Sur les rochers à Lespinassiére, à Bizanet associé au G. tortile. Coteaux de Fontjoncause. Juin, — Pierres qui bordent les allées du Calvaire à Carcassonne. 20 septembre 1867! R. crispulum Bruch, — Sur la terre et les rochers. Coteaux du littoral vers Ar- missan. Juillet. RRR. convolutum Brid, — Sur les roches décomposées aux Martys. A Pradelles, Cabardès. Automne, C, Sur la terre et les murs à Laprade. DESMATODON latifolius Brid, — Sur la terre au sommet du pic de Nore, versant nord, R, — cernuus C. Muell, — Sur les vieux murs de pierres calcaires à la cité de Car- cassonne. Mars 1867. RRR. Espèce nouvelle pour la France. La localité la plus rapprochée du département de l'Aude qui ait encore été signalée est le Tirol méridional, BARBULA rigida Schultz. — Vieux murs à Peyrolles. — Rochers schisteux et terre argileuse à [lhés. Rochers humides qui bordent le chemin vers le Mas-Cabardés. — A Roquefére sur le tuf. ambigua C. Muell. — Terrains argil. Bord des chemins prés Carcassonne. Fructification automne. Tertres humides et berges des ruisseaux à Alzau. Février 1865. aloides C. Muell.— Murs calcaires, lieux argileux à Limoux, à Carcassonne, à Castelnaudary. CC. Bord des chemins prés de Narbonne. C. membranifolia Schultz. — Sur les murs, les rochers et les coteaux secs et pierreux. — Montserrat. Roquelongue. Narbonne. Environs d'Armissan. chloronotos Schultz. — Vieux murs. Pierres calcaires. Mars-avril. CCC. unguiculata Hedw. — Sur les murs autour des lieux habités. — Talus des chemins. — Au tronc des peupliers. CCC. Cosmopolite. . fallax Hedw. — Collines calcaires, sols calc. et arg. Environs de Villaniére, à Lastours. CCC. Fruct. hiver et automne. Vieilles murailles sur la promenade du tour de ville à Carcassonne. — Stérile. vinealis Brid. — Sur les murs et sur la terre. Stérile à Ilhés, C. — Fertile à Pradelles, à Cabardés et à Laprade (Mont.-Noire). R. . gracilis Schw. — Sols calc. sablon, et où l’argile domine. Environs de Saissac. C. Mamelon dénudé des Cassés en face le vallon de Saint Paulet. P.C. Mars- avril. Forme viridis mêlée au type dans cette dernière station. revoluta Schw. — Sur les vieilles murailles exposées à la pluie, à Peyrolles; Rennes-les-Bains mêlé au Bryum argenteum. A Fourques, sur les ruines des anciens remparts. P. C. Mars-avril. convoluta Hedw. — Lieux arides et découverts à Belcastel. Naurouse, sur les tertres des bosquets. C. Septembre 1865! Bord d'un ruisseau sur la terre à Fontfroide. P.C. cæspitosa Schimp. — Bois de Moussoulens. C. Taillis à Montpezat; à Pech- Redon. Été. squarrosa De Not. — Coteaux boisés à Fontfroide ; à Pech-Redon. Stérile. R. Coteaux à l'est d'Armissan. P. C. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. 439 81.BARBULA cuneifolia Brid, — Fossés autour de la ville. Carcassonne. Mai 1866. R. (une seule petite touffe), 82. — muralis Hedw, — Sur les murs de terre, les maçonneries, les pierres. CCC. Forme incana sur les murs calcaires très-secs. C. 83, — — var. rupestris Schultz. — Sur les pierres accidentellement inondées. — Au tronc des vieux arbres. Sur une vanne à Alzau. — Vieux murs à Saissac, à Carcassonne. C. 84, — subulata Brid. — Sur la terre et sur les racines, au bord des chemins, dans les bois sablonneux. CC. Sur les sols calcaires ; la forine subenervis Sch. R. à Saissac 1865. 85, — inermis Bruch. — Sur les rochers à Dermacueillette, pentes du Bugarrach. Avril. R. Coteau des Maisons. Fruct. octobre 1867. 86. — levipila Brid.— Au tronc des oliviers. A Mas-Cabardés. C. Fructif. juillet. 87. — ruralis Hedw. — Sur les rochers maritimes, les toitures et les vieux troncs. CCC. Dans les bruyéres de la zone médit. CC. 88. — — var. elongata Nob. — Forme dont les tiges sont constamment allongées et dressées. Au bois d'Alet prés Limoux. Septembre 1859. R. 89. — papillosa Wils. — Abondant en juin 1868 sur les ormeaux à Saint-Marcel. Stérile et peu développé. 90, — marginata C. Muell. — Terre arg. et ombragée. Sur les murs à Saissac. R. Collines dénudées de Montpezat. Juin 1868. R. Grimmiacées. 94. CiNcLIDOTUS riparius Br. et Sch. — Sur les pierres et les racines dans les eaux cou- rantes ; à Alzau. — Vallon de Bize, bords de la Cesse; dans la terre à Durban. 92. — — var. terrestris Schimp. — Forme amphibie de la précéd. esp. au pied des saules, le long de l'Aude, à Coutfoulens. A la fontaine de Lastours (Pastel). C. Fructif. juillet. 93, — fontinaloides P. Beauv. — Sur les pierres, les bois et les racines au bord des eaux. La terre à Cascatel. Fruct. mars. Fontaines à Treilles. 94, — aquaticus Sch. — Quelquefois associé avec l'espéce précédente et adhérent aux pierres, au bord des ruisseaux. A Quillan, octobre 1866. C. A St-Martin- de-Saissac. A.C. 95, GRIMMIA apocarpa Hedw. — Au tronc des peupliers, route de Carcassonne à Limoux. R. Sur les pierres calc., les vieux murs, A la cité à Carcassonne, Décembre 1867. CC. 96. — — var. rivularis Nees et H. — Sur les pierres inondées aux environs de Cas- tans. Vallon d'Hautpoul. Février. 97. — crinita Brid. — Sur les murs bâtis à la chaux et exposés au soleil. A Fleury. Au jardin de la mairie et sur les remparts à Narbonne. Avril. R. 98. — orbicularis Sch. — Sur la margelle des remparts au sud de Narbonne. Murs et rochers calcaires à Lastours et à Cabardès. 15 avril 1865. R. 99. — pulvinata H. et Tayl. — Sur les pierres, les graviers, les maconneries, les murs en terre, CCC. Rarement sur l'écorce des arbres. — Peupliers de Car- cassonne. R. 100. — — var. obtusa. — Sur les vieux murs. Chemins d'enceinte à Narbonne. Oc- tobre. A la cité à Carcassonne. Juin 1867. Fructif.! 101. — funalis Sch. — Sur les roch. et les pierres de la rég. mont. Dans les lieux secs. Fruct. automne, mais plus fréq. stérile. Coteaux de Saint-Martin-le-Vieil, A Lespinassière. C. A Roquefort-des-Corbiers. Stérile. R. 102. — trichophylla Grev. — Sur les pierres de la rég. mont. Lieux secs. À Montsarrat. T. R. avec ses urnes. La var. meridionalis Sch, C. En fructif. à Tourrette- Miraval sur les roch. granitiques. Mars 1866. 103. — ovata W. et Mh. — Rég. mont. sur les pierres et les rochers de tout le Midi chaud. CC. 104. — leucophæa Grev. — Lieux secs ou exposés à l'ardeur du soleil. Rochers à Belcastel. Aoüt. Rocailles du Pech de l'Agnel. C. A Lagrasse. Murailles à pierres non scellées dans les environs de Narbonne. C. A40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 405. GRIMMIA commutata Hueb. — Pierres très-sèches dans la zone montagn. Rochers des Mottes ; à Lastours, murs et clôtures bâtis à la cité à Carcassonne. 406. RHACOMITRIUM aciculare Brid. — Pierres de la rég. mont. fréq. arrosées par les sources. A Lastours, au voisinage des torrents. R. Associé quelquefois avec le G. commulata à la grotte de Trassanel et aux-Moussets. 407. — heterostichum Brid. — Sur les pierres et les rochers sab. de la zone mont, et champ. Rochers gran. prés du Tarn ; à Mas-Cabardés ; bois de Gourmantés. Ro- chers inondés du versant mérid. de la Mont, -Noire. 408. — lanuginosum Brid. — Sur les pierres et les graviers à Mas-Cabardés CC, Aux Martys à Pradelles, Stérile. 109, — canescens Brid. — Sur la terre, les graviers, dans les champs arides de la région élevée à Bizanet, — Au bois de la Grasse. Rochers granitiques de Vil- lardonnel, A Roquefére. Sur les pierres inondées à Rennes-les- Bains. 410. HEDWIGIA ciliata Hedw. — Sur les rochers et les pierres granit. à Bizanet. Stérile. Ravin de la Dure à Laprade. A la forêt de Labastide d'Esparbayrenque. 444. — — var. leucophæa Sch. — Dans les lieux secs de la zone mérid. à Castans. Au roc de Peyremaux ; à Montolieu; à l'hermitage de Saint-Roch. Stérile. — 412. PTYCHOMITRIUM polyphyllum Sch. — A Castans, sur les rochers et les pierres sili- ceuses. Fructif, hiver. — Bois del'Aiguille. R. A Mas-Cabardés, à Fournès sur les rochers. 113. Zycopow viridissimus Brid, — Sur les troncs d'arbres, dans les bois trés-rarement fructifére. Sur les chemins à Ramondens. R. Chénes, saules et peupliers à Saint- Marcel. Mars 1867! 114. — Forsteri Sch. — Sur les vieux troncs à Ramondens. Mai 1867. Sur les ormeaux à Mas-Cabardés. Septembre 1846. RR. . 115. ULOTA Hutchinsig Sch. — Sur les pierres siliceuses et plus fréq. sur les granites dans la zone mont. aux Martys; à Caudebrone. Mars. 116, — Bruchii Sch. — Sur le tronc des jeunes hêtres et rarement sur les pierres, zone montueuse ; à Mas-Cabardès. Février. C.; associé à lU. crispula. 117. — crispa Brid. — Sur le hêtre, le bouleau, le sapin et plus rarement sur les pierres ; à Mas-Cabardés sur les rochers, Juin. — Sur le hêtre à Roquefère et sur le sapin noir à la forét de Fanges. 118. — crispula Brid. — Habite les mêmes lieux que l'espèce précédente. , 119. ORTHOTRICHUM cupulatum Hoffm. — Sur les rochers et les murs humides ; à Labé- cède ; à Bizanet. R. Mai. 120. — anomalum Hedw. — Sur les murs, les pierres, les toitures, rarement sur les écorces ; sur les ormeaux à Naurouse, CCC.— Alzau au pied d'un marronnier; sur les vieilles constructions et les rochers à Saissac. 121. — obtusifolium Schr. — Sur le peuplier, le saule et le noyer dans les lieux champ. de la rég. médit. à la Grézigne. Printemps. — Au bois de Ramondens, à Valmigére. Printemps. R. — tenellum Brid. — Au tronc de divers arbres, notamment du peuplier et du saule. C. — affine Sch.— Même habitat que l'espèce précédente (rarement sur les pierres), mais plus abondant. Juin, CCC. 124. — patens Brid. — Sur les arbres fruitiers et dans la région forestière. C.; sur les ormeaux à Montauriol ; au tronc des peupliers aux environs de Carcassonne et sur la route de Limoux. Septembre. — speciosum Sch. — Au tronc des arbres ; région champètre et forestière. R; forêt de Labécède. Juin; au bois de Pech Luna. 122, 123. 125. 126. — rupestre Schl. — Sur les rochers de la rég. mont. et sur les murs trés-secs; à Bizanet. Stérile ; sur les schistes à Roquefére ; à Caudebronne. A.R. 127. — diaphanum Schr. — Au bord des arbres dans la région champêtre ; — sur les peupliers. C. Au printemps ; dans les vergers autour de Carcassonne, sur l'or- meau, le noyer. Mars. C. 128. — leiocarpum Br. et Sch. — Sur le chêne à Labécéde. Mai. C.; sur les rochers 129 et les pierres à Caudebronne; à Palairac. — Lyellii H. et Tayl.— Au tronc des arbres dans les bois humides. Fréq. stérile; bois du canton de Quillan ; à Fanges; à Quirbajou, SÉANCE DU 2/ DÉCEMBRE 1869. AM 430. TETRAPHIS pellucida Hedw. — Lieux ombragés ; fréquent dans les Pinettes ; sur les vieux troncs décomposés à Labécéde. R.; à Perisses ; à Ramondens, forêt de Fontaréche. 131. ENCALYPTA vulgaris Hedw. — Sur les vieux murs, les rochers et la terre nue dans les régions champ. ; à Saissac, sur les murs en terre recouverts de bruyères. C. Mars ; au bois de la Loubatière, au bord des sentiers (sol pierreux, sec ou peu humide) en communauté avec le Bryum caspiticium. Schistostégacées. 132. ScHISTOSTEGA osmundacea Web. et Mohr.— Sur les micaschistes à Roquefère, près Mas-Cabardès. Juin 1867 ! Stérile. Notre découverte établit le deuxième habitat de cette mousse en France, et le premier dans la zone méridionale. Splachnacées. 133. SPLACHNUM ampullaceum L. — Bois au-dessus d'Axat et forêt de Roquefort-du- Sault. Juillet 1866. RR. Funariacées. 134. PHYSCOMITRIUM sphæricum Hamp. — Terrains argil. aux environs de Carcassonne. Automne. R. 135. — piriforme Brid. — Fossés limoneux, champs et prairies humides; Carcassonne, berges de l'Aude ; — Limoux, fossés humides. R. 136. ENTOSTHODON fascicularis C. Muell. — Dans les champs argil. et sur les murs en terre ; environs de Carcassonne. Printemps. CCC. 137. — Templetonii Schw. — Au bord des chemins, dans les fossés desséchés et dans les interstices des rochers ; sur la terre humide à la forét de Cahuzac. RR. Une forme à feuilles effilées, trés-longues et flexueuses, indiquée à Pessac (Gironde) par M. Durieu de Maisonneuve, et rencontrée par nous avec le type à la forét de Cahuzac et dans les environs d'Alzau. 138. FUNARIA calcarea Wahl. — Murs calcaires argileux à Capendu. Mars. R. 139. — serrata Brid. — Mêlé à l'espèce précédente à Capendu, aux bords du Rougeat. 440. — hygrometrica Hedw. — Sur la terre nue, les murs et Jes rochers; sur la terre écobuée ; au pied des peupliers, environs de Carcassonue ; murs et rochers ombragés aux environs de Lacombe ; à Saissac ; à Labécède. Été. C. Une forme naine, mais plus rare, a été rencontrée à la forét de Labécéde. 441, — microstoma C. Muell. — Lieux sablonneux, humides, vers la prise d'eau du canal prés des Forges. Fin de l'été. RRR. Bryacées. 142. LEPTOBRYUM piriforme Sch. — Fentes des rochers, lieux humides, sur les murs et dans la terre compacte ; à Mas-Cabardés. Mai-juin. R.; à Pradelles ; berges du Verdouble. 443. WEBERA nutans Hedw. — Sur les vieux murs, lieux ombragés. R.; à Saissac ; à Saint-Denis-Cabardés et dans la plupart des bois du versant méridional de la mont. Noire. 144. — cruda Schw. — Sur les pentes ombragées et humides, princip. dans la zone Mont, à Ginoles; au bord du ruisseau du Coulent ; forêt de Fanges; bois de Coudous. CC. 445. BRyUM bimum Schw. — Au bord des fontaines, dans les marais non salants ; sur la terre et les rochers humides, dans la région élevée principalement ; bois de Quirbajou, fin de l'été. R.; prairies marécageuses à Lastours; ermitage de Saint-Roch ; forét de Montolieu. 146. — torquescens C. Muell. — En plaques étendues sur les rochers calcaires à Montpezat ; sur les vieux murs à Armissan. C.; bois de Piquemoure ; forét de Niort. 147. — erythrocarpum var. murorum Sch. — Lieux humides, sur les murs, exposition du nord dans la zone champêtre. C.; environs de Carcassonne. CC. A49 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On ne peut pas dire que le type de cette espèce manque dans l'Aude, mais la forme murale est celle qui s'est constamment offerte à nous. 448. Bryum atropurpureum Wahl. — Sur la terre au bord des chemins, sur les vieux murs, dans les sables maritimes ; bastions autour de Carcassonne. C.; coteaux de Moussoulens ; environs de Durban. CC. 149. — versicolor A. Br. — Terrains argileux, sablonneux, prés des cours d'eau; berges de l'Aude à Preixan. Automne ; à Lastours. Octobre 1367. R. 150. — alpis um L.— Sur les rochers élevés et humides à Laprades. R.; au pic Mosset, stérile. Juin. C. 151. — cæspiticium L. — Sur les murs, les vieilles toitures et au tronc des arbres languissants. C.; au bord des sentiers, à la Loubatière, associé à I'Encalypta vulgaris; à la forêt de Fanges, Mars. C. 152. — argenteum L.— Sur la terre nue, les vieilles murailles, les toitures en chaume. CCC.; les vieilles souches dans les bois et sur les clótures de fer. C. 153. — capillare Hedw. — Sur la terre humide à Lastours; sur les racines et les bruyéres décomposées dans les bois à Belesta; au pied des chénes, forét de Puivert. C. . 154. — pseudotriquetrum Schw. — Sur la terre dans les lieux humides, les prairies marécageuses et les pierres infiltrées. C.; vallon d'Aussiéres; garrigues de Fontfroide ; Bizanet ; Lastours, aux Malles. 155. — roseum Schreb, — Lieux humides, dans les bois, sur les racines des arbres. Stérile. CC.; fontaine de Pastel, aux environs de Lastours; bois du Chapitre à Arzens(ce dernier habitat produit la forme prolifère ou à rosettes de feuilles nombreuses et étagées). 156. MNiUM cuspidatum Hedw. — Bois humides, au pied des arbres et sur les troncs décomposés ; à Boucheville ; au bouquet d'Alzau ; à Cepic, près de Limoux. €. 157. — undulatum Hedw. — Lieux humides, bord des ruisseaux, les vergers et les cultures ombragées. CCC. ; rare en fructif, 158. — rostratum Schw.— Lieux ombragés sur la terre graveleuse et parmi les pierres submergées ; bois de Gourmentés. Printemps. R. 159. — hornum L.— Bois ombragés, humides et sablonneux prés des sources d'eau; au bois de l'Aiguille, à Labastide-l'Esparb. Avril, C.; forêt de Montolieu ; envi- rons de Lastours. C. 160. — punctatum Hedw. — Dans les lieux humides, au bord des fontaines, dans les bois. Stérile. CCC. Rare en fructif, 161. AULACOMNIUM androgynum Schw. — Bois sablonneux sur les racines et les rochers quartzeux ; jamais en fructif. complète ; forêt de Monthoumet; sur les rochers à Mas-Cabardès ; sur les schistes à Roquefère. — palustre Schw. — Dans les prairies marécageuses et les bois humides ; fré- quemment près des sources à Lastours; au bois de la Grasse à Laprade Stérile.R. 163. BARTRAMIA pomiformis Hedw. — Rochers de la Grasse. C.; grotte de Trassanel. Mai-juin. C.; fissures des rochers et tertres escarpés à Ilhès et au pic de Bu- garrach. Printemps. 164, — — var. crispa Sch. — Sur les pierres et les rochers inondés dans la région . alp.; pentes du Bugarrach. CC.; forêt de Fauges, 1864 ; fructif, C. 165. — fontana Brid. — Marécages aux environs de Mas-Cabardés. Mai. Stérile. C.; à Lastours, aux fontaines ; fructif, printemps. C. Polytrichacées. 166. ArRiCchUM undulatum P. Beauv. — Lieux ombragés dans les bois, au bord des chemins couverts ; sur les vieux murs à l'exp. du nord. CCC. 167. — angustatum Br. et Sch. — Sur la terre nue argil., sabl. les bois, les prairies et les coteaux ombragés. Fructif. hiver. C.; bosquets à Fontfroide. 168. POGONATUN nanum P. Beauv. — Pelouses stériles, au bord des chemins, dans les bois argil, sablonn., et parmi les graviers; fructif. print. CCC. — -— tar. longisetum Hamp. — Parmi les bruyères, daus les sols argil.; talus des fossés, dans ies bois (plus rare que le type) ; vallon d'Aussiéres, C.; les tertres à Fontlaurier, C. 169. SÉANCE DU 2A DÉCEMBRE 1869. AAS 170. POGONATUM aloides P. Beauv. — Dans les bois, lieux arides et caillouteux ; dans les broutiéres à Mas-Cabardés. C.; à Villenouge-de-Termes. C. 171. — urnigerum Brid. — Pinettes et lieux stériles de la rég. mont. et alp. au Bu- garrach. C.; à Lespinassière.CC.; sur les coteaux de Fraisse-des-Corbiéres, 172. — alpinum Rœhl. — Lieux stériles et accidentés dela rég. sub-alp. et alp.; pic de Bugarrach. Fruct. été; pic Mosset; sur les rochers à Laprade. Stérile et rabougri. 173. PoLYTR CHUM gracile Menz. — Au Bousquet et dans les bois mont. des environs d'Axat. R. 174. — formosum Hedw. — Parmi les bruyères dans la plupart des bois. C.; à Ro- quefort-du-Sault ; à Corrouzouls ; à Monthoumet ; à Arzens, etc., etc. 175. — piliferum Schr. — Tertres secs de la rigole à Alzau; au bois de Fontarèche. Fructif. printemps. C. 176. — juniperinum Hedw. — Sols stériles et caillouteux; dans tous les bois du versant mérid. de la Montagne-Noire. CCC. 177. — strictum Menz. — Au sommet du pic Mosset, Mai. R. 178. — commune L. — Lieux humides et spongieux ; les bois. CCC. Buxbaumiacées. 179. DiPHvsCiUM foliosum Mohr. — Sur le talus des hautes futaies; lieux ombragés ; fructif, fin été ; au Bugarrach; forêt de Fanges; pentes boisées du pie de Nore. 180. BuxBAUMIA aphylla Hall. — Sur la terre dans les bois, au bord des chemins creux, dans les pinètes. Fructif, automne; forêt de Puivert, Septembre 1867. Fontinalacées. 181. FoxTINALIS antipyretica L. — Aux racines des arbres, sur les rochers et les pierres, le bois dans les eaux courantes. Été. C.; ruisseau du Coulents à Gi- noles. Stérile. C.; dans la Berre à Durban. Juillet fructif.; dans les eaux de la rigole de la montagne. C. 182. — squamosa L. — Sur les rochers, dans les forts ruisseaux de la rég. mont. et froide, plus rare que l'espèce précédente et trés-rarement fructifére ; torrents des Mattes. R.; parois humides à Castans (Mont. -Noire). Neckéracées. 183. CRYPHÆA heteromalla Brid. — Au tronc des arbres dans la rég. champ. , princi- palement des peupliers, ormeaux et oliviers; fréquent le long de la rigole de la plaine de Montmaur ; Limoux ; environs de Carcassonne, C.; forêt de Labé- cede. CC. 184. LEPTObON Smithii Mohr.— Surles vieux troncs de chênes, d'ormes et de peupliers; trés-rarement sur les rochers et les murs; sur le buis en arbre à Niort; à Bizanet et à la forêt de Fanges. C.; sur le chêne dans la plupart des bois du versant mérid. de la Mont.-Noire. -185. NECKERA pumila Hedw. — Au tronc des arbres dans les forêts de la zone mont., principalement sur les coniféres ; au Pech de Bugarrach, au pied des sapins. Avril. RR.; sur les vieux troncs de hêtres à Mas-Cabardés, R. 186, — complanata Muell.— Sur le tronc des arbres dans les foréts et dans les ver- gers, rarement sur les rochers ou les murs ; bois de haute futaie à Mas-Ca- bardés. CCC. Fructif. print. 187. — pennata Hedw. — Au bois de Coudous près de Quillan. R. 188. — crispa Hedw. — Au tronc des arbres dans les forêts ombragées et sur les rochers calcaires et schisteux. CCC. Rarement fructif.; très-répandu dans la zone de mont. . . mE 189. HoMALIA trichomanoides Schreb. — Mêlé fréq. au Neck. complanata ; bois de Puylaurens. CC. Fructif, automne; sur les vieilles souches au bois de l'Aiguille. C. Mai. hhh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.: 190. HoMALIA Pourretiana Nob. sp. nov. (H. trichomanoides var. parvifolia Nob. olim 191. 192. 193. 194. 195. 196. 199. 200. 201 202. 203. 204. 205. in litt. ). Caulis tenuiter pinnatus ; ramuli exigui; folia minora, subrotundato-ovata ; luteolens, Sterilem tantum vidimus. Nous avons recueilli cette forme intéressante sur les rochers, dans la forêt de Fanges, en juillet 1865, mais à l'état stérile. Les principaux caractéres qui l'éloignent de l’H. trichomanoides, avec lequel elle a quelques rapports, sont la petitesse de ses feuilles et leur forme exactement arrondie. Été 1867, en- core stérile. LEUCODON sciuroides Schw. — Au tronc des vieux arbres, principalement des chénes, et sur les pierres à Ramondens. Rare en fructification. Mai; sur les pierres de la rigole aux environs d'Alzau ; Castelnaudary, au tronc des ormes; aux Cassés, dans le bosquet de l'ancienne abbaye. C. — — var, morensis Sch. — Cette forme, originaire du mont Mora en Suisse, est assez répandue dans la zone mérid.; néanmoins elle est moins commune que le type. A Laprade, au tronc des chênes. C.; coteaux de Moussoulens ; vallon au-dessus de la route de Carcassonne. Printemps. ANTITRICHIA curtipendula Brid.— Au tronc des arbres et sur les rochers humides, dans la région montagneuse à Lacombe ; à Alzau ; à Palairac. Rare en fruclif. Mars, Hookériacées. HooKERIA lete-virens H. et T. — Lieux ombragés le long des ruisseaux et dans les crevasses des rochers. Rarissime; quelques touffes à la Grasse à la fin de septembre 1866. PTERIGOPHYLLUM lucens Brid. — Bois humides, R.; en fructif, à Quirbajou; à la forét de Ganges ; à Niort; àla Colombe, Automne. Leskéacées. MYURELLA julacea Schimp. — Sur la terre et sur les rochers dans la rég. mont. sept. T.R.; au pic Mosset. Stérile. RRR. . LESKEA polycarpa lledw. — Au tronc et sur les racines des arbres dans la région champ. à Roullens; à Mas-Cabardès ; à Saiut-Martin-le-Vieil. CCC,; sur les racines des saules à Lastours ; à la fontaine de Pastel, sur les troncs pourris, la forme paludosa Sch. C. ANOMODON rostratus Schimp. — Sur les racines et les rochers dans la zone mont. supérieure, R. Toujours stérile; à Niort et à la Fajolle. — longifolius Harim. — Au tronc des arbres à Valmigére. R, Stérile et pro- bablement dans les autres bois de la zone mont, , mais rare. — viticulosus Hook. et T.— Au tronc des arbres et sur les rochers dans tous les bois du versant mérid. de la Mont.-Noire. CCC.; rare en fructif. PTERIGYNANDRUM filiforme Hedw. — Au tronc des chênes, des hétres, des saules et du houx; à Fanges. C.; sur les murs de clóture à Labécéde; à Lacombe. PTEROGONIUM gracile Swartz. — Sur les pierres, sur les racines, au tronc des vieux arbres; espéce caractéristique de la zone mérid.; au Pech de l'Agnel, sur les clôtures des vignobles; à Saissac, sur les tuiles des vieilles constructions; ravin de la Clape. Mars; à Combemale. CC. PsEUDOLESKEA atrovirens Schimp. — Bois et rochers ombragés de la rég. mont. et alpine, Environs de Mas-Cabardés, R.; peu ou point fructif. THUIDIUM tamariscinum Sch. — Sur la terre, au pied des arbres, dans la plupart des bois du département, en réunion avec les Hyp. splendens, loreum et le Dicr. scoparium. CCC. — abietinum Sch. — Lieux stériles, tertres calcaires secs de la rég. mont. à Moussan (Pech de l'Agnel). R.; rudimentaire et stérile dans la région champ. à Villaniére; à Salsigue ; à Hhés. 206. 207. 208. 209. SÉANCE DU 2/ DÉCEMBRE 1869. A45 Fabroniacées. FABRONIA pusilla Schw. — Au tronc des vieux arbres, principalement des ormes, des marronniers et des oliviers dans la rég. mérid. R.; au bois de Saint-André- de-Roquelongue. Printemps 1868. R. HABRODON Notarisii Sch. — Au tronc des arbres dans les massifs d'oliviers. Sté- rile. R. Hypnacées. CYLINDROTHECIUM cladorrhizans Sch. — Stérile au pied des hêtres dans la forêt de Fanges. R.;à Roquefére; à Mas-Cabardés sur les rochers schisteux, dans les bois ombragés. . — concinnum Sch. — Sur la terre et les pierres calcaires, mêlé à l Hypn. lu- tescens, mais plus rare et toujours stérile; environs de Saissac ; à Monestier ; à Saint- Martin-le-Vieil. C. . CLIMACIUM dendroides Web. et Mohr. Prés marécageux au bord des fossés, prés des filets d'eau. Fructif. rare à Belesta, stérile ; bois du Puivert, fertile. Été 1865; à Lastours. C. 211. PYLAISIA polyantha Sch. — Au tronc des arbres dans les bois, sur les racines dé- composées ; à Villardonnel. CC.; à Saissac, dans les haies, sur la terre. 212. IsorHECIUM myurum Brid. — Bois de la Tourrette-Miraval. Printemps. C.; à Cau- 226 debronne sur les rochers et sur les racines. CC. . HOMALOTHECIUM sericeum Sch. — Au tronc des arbres dans les bois de la région champ. Fructif. automne et hiver. CCC. . CAMPTOTHECIUM lutescens Sch. — Sur les pentes des coteaux calc. et argil. parmi les bruyéres et les graminées, et au bord des sentiers dans les bois découverts, CCC. . BRACHYTHECIUM laetum Sch. — Sur la terre et les rochers calcaires, dans les bois élevés. RRR.: au bois d'Auriac; au pied du Bugarrach. R., septembre 1865. Stérile. Fructif., méme localité. Septembre 1867. — salebrosum Sch. — Sur la terre dans les bois, sur les pierres, au tronc des vieux arbres. Fructif. automne ; toiture en chaume à Saint-Hilaire. R.; sur la terre à Montjardin, prés Chalabre, dans les taillis. R. — albicans Sch. — Dans les lieux incultes et stériles; coleaux caillouteux de Ginoles, prés de Quillan. Juillet 1865, T. R. — velutinum Sch. — Dans les forêts au tronc des arbres et sur la terre om- bragée. CC.; à Parasol et au bois de Valmigère CC.; dans la plupart des bois de la bordure mérid. du département. — — var. intricatum C. Muell. — Sur la terre aux Cassés ; mamelon caillouteux et dénudé à gauche de la route de Revel. C. — rutabulum Sch. — Sur la terre ombragée, le bois pourri et les rochers. CCC. — — var. gracilescens Nob. — Bois de Saint-Martin-le-Vieil; aux environs d'Alzonne. C. — rivulare Sch. — Sur les pierres inondées, au bord des ruisseaux ; fréquem- ment stérile; à la forét de Labastide d'Esparbayrenque; au bois de Roullens ; à Laprade. C.; fructif. en automne. — populeum Sch. — Sur la terre et sur les rochers à Mas-Cabardés ; au bois de Preissan. C.; au pied des peupliers bordant le canal à Castelnaudary. CC. — plumosum Sch. — Pierres humides et berges des cours d'eau dans la rég. mont. au bois de Gourmantés. C.; sur les coteaux quartzeux des Martys. CCC. — Pechii Nob. sp. nov. ` Caulis luxuriose repens, divisus, ramulis brevibus, attenuatis ; folia caulina laxe plus minusve cordato-lanceolata ; folia ramulina laxe oblongo-subulata, longis- sime acuminata, juniora lutescenti-virentia, seniora fuscescentia. Sterile tan- tum vidimus. Forme voisine du Br. velutinum, mais à rameaux plus allongés, beaucoup plus grèles ; forét de Monthoumet. Automne 1867 ; stérile. . SCLEROPODIUY illecebrum Sch.— Lieux herbeux, au bord des chemins, sur la terre T. XVI. (SÉANCES) 20 A46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au pied des murs; coteaux de Saissac. Avril. R.; à Montmaur derriére le château. Avril!; berges du ruisseau desTulles prés de Salza. R. 297. EunHYNCHIUM myosuroides Schimp. — Lieux ombragés et humides, sur la terre, les racines et les rochers non calcaires; au ravin de la Grasse; au tronc du hêtre à Lespinassiére. Avril. 298. — strigosum Sch. — Sur la terre ombragée des coteaux, sur les rochers et au pied des arbres; à Moussoulens. La forme pulcherrimum Sch. in litt. ad Sarrat (Hyp. Sarratianum Nob.), particuliére à la zone méridionale, est aboudante au bois de la Cépie prés Limoux, et à Rennes. 229. — circinatum Sch. — Lieux arides, sur la terre, les murs et les pierres cal- caires; rarement fertile; coteaux d'Armissan. Avril, stérile ; sur le talus des chemins à Fontiroide. CCC. 230. — striatulum Sch.— Sur les pierres calcaires et la terre arg. sabl. au bord des chemins ; environs de Narbonne à Armissan. R.; stérile. 231. — striatum Sch. — Sur la terre dans les bois couverts à Picarol; à la montagne de Valmigére. C. 232. — Vaucheri Sch. — Sur les rochers et les pierres cale. de la rég. mont. à Sal- signe. R.; rarement fructif. 233. — androgynum Sch.— Lieux humides prés des sources ; aux environs de Rennes, sur la terre. RRR.; stérile. 234. — prelongum Sch. — Sur la terre humide et ombragée, le terreau de feuilles dans les bois, les jardins ; environs de Mas-Cabardès. CC.; berges de l'Orbiel, au torrent des Mattes. C, 235. — — var. abbreviatum Sch. — Forêt de Fanges. Hiver. 236. — Stokesii Sch. — Sur les pierres et les rochers prés des ruisseaux, dans les grottes humides ; à Trassanel; au bois de l'Aiguille. Automne 1859; sur les ruines de l'ancienne abbaye des Cassés. Automne 1865. R. 237. RHYNCHOSTEGIUM tenellum Sch. Sur le tuf humide à Lastours. RR., en fructif.; à Fontfroide, fructif. en automne. 238. — confertum Sch. — Ravins ombragés bordant la rigole à Lampy; à Alzau ; à Arzens. C.; mêlé au Rh. murale; représenté dans la région mérid. mais peu abondant. 239. — megapolitanum, var. meridionale Sch. — Sur la terre sablonneuse nue et dans les terrains stériles, les pinètes maritimes. C.; à Narbonne; à Armissan ; à Moussoulens. CC. 240. — murale Sch. — Au bord des fossés et sur les pierres dans les hois ; mêlé au Rh. confertum; Alzau; bois du Chapitre à Arzens. Printemps. CC. 241. — rusciforme Sch. — Sur les pierres et les bois au bord des eaux courantes; murs des aqueducs et barrages des cours d'eau; à Lastours; à Lacombe; aux Forges; à Saissac. C.; fructif. automne et hiver. 242. = — var. montanum Nob. — Forme beaucoup plus robuste, à rameaux plus ramassés et plus épais; terrestre au bois de Coudous près Quillan. Sept. 1867. 243. THAMNIUM alopecurum Sch. — Lieux humides et caillouteux de la rég. mont. et sur les rochers dans les grottes près des infiltrations des eaux; à Tra:sanel. CC.; stérile; ravin d'Iihès. C, 244. PLAGIOTHECIUM silesiacum Sch. — Au tronc des vieux arbres et sur le terreau de feuilles dans les bois de la zone mont.; forêt de Niort. Printemps. R. 245, — denticulatum Sch. — Au pied des arbres et sur les écorces mortes; à la forét de Fontfroide; à Villeneuve-Montréal. 246. — silvaticum Sch. — Sur les rochers humides et omb. au bois de Portes près de Limoux. R.; coteaux boisés de Sougraigne. C.; espèce plus rare que la pré- cédente dans l'Aude. 247. — undulatum Sch. — Forêts ombragées et humides de la zone mont. RRR.; bois des coteanx du Bousquet; stérile ; au pic Mosset; au pied des hêtres à Courrouzouls. 248. AMBLYSTEGIUM subtile Sch. — Sur l'écorce des vieux arbres, principalement du hêtre, à Mas-Cabardés. R.; fructif. été. 249. — serpens Sch. — Sur la terre, les racines, les pierres, dans les lieux humides ; environs de Carcassonne, sur les murs d'un puits à roue. CCC. Hiver, été. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. hh7 250. AMBLYSTEGIUM serpens var, sericeum Nob. — Mêlé à l’Ambl. serpens dans les taillis à Alzau; au tronc des arbres, stérile. R. Cette forme, d’une extrême élégance, offre des feuilles beaucoup plus láchement imbriquées que celles du type; ces feuilles sont trés-petites, ovales-lancéolées, d'un vert clair doré, entiéres et sans nervure médiane, derniére particularité qui éloigne cette forme du type. Lorsque les fructif. de cette espéce seront connues, on pourra peut- étre la signaler comme une espéce distincte. 251. — riparium Sch. — A Carcassonne dans ltee réservr d'une fontaine, mêlé aux Lemna. C., stérile; sur les pierres au ravin de Montolieu; à Rayssac-sur- Lampy ; environs de Castelnaudary. C. printemps. 252. HypNuw lycopodioides Schw. — Dans les prés inondés de la région champ.; Mas- Cabardés. R., été, fructif. toujours incomplète; moins rare dans la rég. sept. montueuse. 253. — fluitans L. — Dans les eaux tranquilles; sur la terre marécageuse, stérile, les rives de l'Aude à Saint-Martin ; à la fontaine de Pastel, à Salza dans le ruisseau des Bulles. C. 254. — uncinatum Hedw. — Sur les pierres et le bo!s pourri dans les bois ombragés et humides , fructif. juillet. R.; à Belvis prés Belcaire; à Avriac sur les pentes du Bugarrach. Stérile, été. 255. — commutatum Hedw. — Dans les sols calcaires prés des sources ; à Villanière ; à Salsigne ; à Lastours. Été, stérile. CC.; trés-rare en fructif.; à Rennes. CC. 256. — — var. falcatum C. Muell. — Montagne de Niort (région élevée). R., stérile. 257. — fiicinum L. — Bords de l'Orbiel à Lastours. Printemps. C.; coteaux de Mous- soulens. CCC.; à Espezel prés Belcaire. Été. C. 258. — rugosum Ehrh. — Terrains arides principalement argileux ; pic de Fontrouge. Juillet ; trés-rare en fructif.; ravin de Bizanet dans les massifs forestiers; bois de Valmigére et à la Caussette prés Limoux. CCC. 259. — cupressiforme L. — Sur les pierres, au tronc des arbres, sur la terre nue dans tous les bois; abondamment fructifié toute l'année. CCC. 260. — — var. robustum Nob. — Mêlé au type sur les coteaux de Moussoulens. C. Cette forme est bien tranchée par ses tiges épaisses renforcées et colorées cn brun mélé de jaune doré. 264. — —- var. erectum Nob. — Forme érigée, haute, fort abondante dans les brou- tiéres à Mas-Cabardés ; au bois de la Redorte. 269. -— — var. filiforme Sch. — Dans tous les bois du versant mérid. de la Mon- Noire ; au tronc des hêtres et des chênes ; Mas-Cabardés ; lliés ; Esparbayrenque, Cabrespine ; stérile partout. CC. 263. — pratense Koch. — Dans les prairies humides de la zone mont. RR.; Pradelles ; Cabardés ; stérile. R. 264. — molluscum Hedw. — Sur la terre, les rochers calcaires élevés dans les bois; dans les pinétes maritimes; collines de Laprade. Printemps. R.; forêt de Niort. Automne. C.; garrigues de Fontfroide. R. et stérile. 265. — palustre L. — Sur les pierres prés des sources; à Mas-Cabardés et dans quelques bois des coteaux voisins. R.; à Capressiure; à Limoux. R. 266. — cordifolium, var. angustifolium Nob. — Dans une flaque d'eau à Lastours. Mars 1865, stérile. R.; nous n'avons pas rencontré la plante-type qui, dans le département voisin de la Haute-Garonne, a pour habitat les prairies maréca- geuses. . 267. — cuspidatum L. — Dans les lieux vagues, humides, et les pelouses envahies par les Cypéracées, et les bas-fonds oü les eaux sont retenues. CCC. ?68. — Schreberi Willd. — Lieux ombragés des bois, au pied des hêtres; répandu dans les chátaigneraies ; au bois d'Axat et à Sainte-Colombe. Hiver. C.; à Pra- delles ; à Lespinassiére, au printemps. 269. — purum L.— Mélé à IH. Schreberi dans les mêmes lieux. CC. 270. — splendens Sch. — Sur la terre dans les bois humides. CCC.; rare avec ses urnes, . 271. — brevirostrum Sch.— Forêts ombragées, sur la terre et les racines des arbresc forêt de Fanges ; fructif. R., printemps 1865; bois de Saint-Martin-de-Laissa; près d’Axat ; stérile. CCC. 448 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 272. HYPONUM squarrosum Sch. — Lieux gazonnés et humides dans les bois. Hiver et printemps, CCC.; très rarement fertile. 273. HLocowiUM triquetrum Sch. — Bois de Pradelles ; à Lespinassiére; à Castans. CCC.; environs d'Axat dans les taillis, peu fructifié. Hiver. C.; mêlé à l’H. purum; environs de Limoux à Lacaussette. C. 274. — loreum Sch.— Bois de la rég. mont. dans les gazons; fréquemment associée aux H. splendens et H. triquetrum; à Lespinassiére. Hiver, printemps. Sphagnées. 275. SPHAGNUM cymbifolium Sch. — Dans les lieux aqueux des forêts; au bord des ruisseaux et sur les rochers inondés dans la zone de montagnes ; à Caudebronne ; à Pradelle; aux Martys ; à llhés. C. M. Pérard présente à la Société le travail suivant : ÉNUMÉRATION DES HYPÉRICINÉES, ACÉRINÉES, HIPPOCASTANÉES, AMPÉLIDÉES, GÉRA- NIACÉES, OXALIDÉES, CÉLASTRINÉES, RHAMNÉES ET LÉGUMINEUSES DE L'ARRONDISSE- MENT DE MONTLUÇON, par M. PÉRA RD. HYPÉRICINÉES. HYPERICUM Tourn., L. H. tetrapterum Fries. — Bords des eaux. — Juin-sept. — X. — C. Montluçon, vallées de l'Amaron, de la Vernoille, des ruisseaux de Néris et de Désertines!! la Châtre prés Verneix!! Huriel, Hérisson, Cérilly, bords du Cher au Bateau du Mas !! etc. Dans les ravins ombragés, une forme de cette espéce posséde quelquefois des feuilles larges, espacées et l'inflorescence moins resserrée, mais elle a toujours les sépales aigus et non obtus. Ses fleurs sont de méme grandeur que celles du type. M. perforatum L. — Bords des chemins, champs, haies. — Juin-sept. — 7. — CC. M. lineolatum Jord. — Bois et ravins ombragés. — Juin-aoüt. — X. — A.G. Montluçon, vallée de Désertines, bois de la Liaudon!! Cérilly, forêt de Tronçais, entre Maulne et Braise !! H. microphyllum Jord. — Lieux secs et sablonneux. — Juin-août. — X. — A.C. Montluçon, alluvions du Cher et de l’Amaron !! u. humifusum L. — Dans les champs incultes et dans toutes les brandes humides. — Mai-sept. — 2. — QC. H. pulchrum L. — Taillis, rochers sablonneux. — Juin-juill. — 27. — A.C. Montluçon, Roc-du-Saint!!-la Chátre prés Verneix !! Cérilly, forêt de Tronçais !! Commentry, au Marais! ! Bizeneuille, forêt de l'Espinasse !! H. montanum L. — Bois montueux. — Juin-sept. — ¥. — R. Cérilly (Saul sec. Bor. Fl. centr. éd. 1), forêt de Troncais, entre Maulne et Braise!! Indiqué à Lavaux-Sainte-Anne. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 18069. A49 H. hirsutum L, — Lieux frais, bois. — Juin-aoüt, — 27, — A.C. Montluçon, bords du Cher, bois de la Brosse et de Chauvière !! etc. HELODES (Spach). H. palustris Spach. — Hypericum L. — Marais tourbeux, — Juin-sept. — x.— C. Environs de Cérilly (Bor. Fl. centr. éd. 1), forêt de Troncais, route d'Ur- cay et tourbières du Gué /! forêt de Civray, à l'Ermitage!! — Environs de Montlucon, étang de Fontbouillant !! Quinsaines et le Méry !! C. — Cham- blet, dans les communaux prés Saint-Angel !! et à l'extrémité du grand étang près Commentry !! A.C. — Environs de Néris!! Bizeneuille : étangs de Muret, de Bagnard et dela Varenne !! C. — Cosne, étang des Landes!! — Environs de Commentry : les Tuelles prés le Marais !! ACÉRINÉES. ACER Tourn. , L. A. campestre L. — Bois, ravins. — Avril-mai. — $. — C. Montlucon, vallée du ruisseau de Néris !! Bizeneuille, forét de l'Espinasse, Cérilly, forêt de Troncais !! etc. Var. hebecarpum, Bor. Fl. centr. éd. 4. — C. — Bords de la route de Saint-Bonnet- le-Désert à Ainay-le-Cháteau !! Montluçon, au Saut-du-Loup !! etc. Cette variété se distingue du type par ses feuilles plus larges, plus velues, veloutées, mollement ciliées, par ses pédicelles velus, ses rameaux plus espacés et ses samares plus larges, ordinairement rougeàtres, pubescentes, veloutées ; peut-être espèce distincte? (4. molle). A. Pseudoplatanus L. — Avenues, plantations. — Mai. — }. — Cà et là. Bords du canal du Berry, Perreguines !! HIPPOCASTANÉES. JESCULUS L. Æ. Hippocastanum L, — Avenues, plantations. — Avril-mai. — 5$. — Çà et là. Cette espèce, originaire d'Orient, a été apportée à Paris, pour la première fois, en 4645, par Bachelier. On cultive quelquefois, dans les parcs, les Pavia rubra Lam. et lutea Poir. AMPÉLIDÉES. ViTIS Tourn., L. V. vinifera L. — Fl. Juin, — h. — Cultivé en grand, mais non partout. — Alluvions, calcaire et quelquefois sur les pentes des rochers granitiques. Environs de Montlucon, les Iles, le Thet, Marmignolles, Chatelard, Esti- vareilles, Désertines, Bisseret, Couraud, Domérat, Huriel. A450 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GÉRANIACÉES. GERANIUM Tourn., L. G. silvaticum L. — Lieux frais. — Mai-aoüt. — 27. — R. Montluçon, rive gauche du Cher, en bas du bois de Chauvière !! (Lucand et Thévenon.) — Altitude 200 métres environ. G. columbinum L. — Buissons, bords des chemins. — Mai-sept. — @.— C. €. dissectum L. — Haies, bois. — Mai-sept. — (1). — C. G. pusillum L. — Décombres, bords des chemins. — Mai-sept. — ®D.—A.C. Montlucon, prés des jardins du faubourg des Forges, etc. G. pyrenaicum L. — Lieux herbeux. — Mai-sept. — 2%. — A.R. Montluçon, rive-droite du Cher !! Cérilly, forêt de Troncais, sur les bords de la Sologne, entre les forges de Troncais, de Sologne et de Morat !! G. molle L. — Bords des chemins, buissons. — Mai-oct. — (D. — C. G. rotundifolium L. — Lieux secs. — Mai-oct. — (1). — C. G. Robertianum L. — Haies, lieux frais. — Avril-oct. — (0. — CC. ERODIUM L'Hérit. E. prætermissum Jord. — Æ. cicutarium auct. part. — Champs, lieux secs. — Mars-oct. — (D ou ®©. — C. E. pilosum Bor. — Geranium pilosum Thuill. — Sables. — Mai-sept. — Q. — CC. OXALIDÉES. OXALIS L. (Oxys Tourn.) O. Acetosella L. — Lieux frais, ravins ombragés, bois. — Avril-mai. — X. — A.C. Montluçon, vallée de l’ Amaron, ravin de Beaulieu !! bois dela Châtre près Verneix !! Chavenon et Hérisson, bords de l'Aumauce !! Cérilly, forêt de Tronçais !! Environs de Quinsaines (Bor. Fl. centr. éd. 1) bois au-dessus de le Méry !! C. 9. stricta L. — Champs sablonneux, alluvions du Cher, — Juin-oct. — x. — C. L'O. corniculata L. , indiqué à Montluçon par M. Boreau, Fl. centr. éd. 1, et noncitéavec raison dans la 3° éd., se distingue à priori de la précédente espèce par sa tige pubes- cente grisâtre et par ses pétioles stipulés, CÉLASTRINÉES. EvoNYMUS Tourn., L. E. europseus L, — Haies. — Mai-juin. — 5. — C. — Vulg. Fusain, Bonnet- carré, SÉANGE DU 2/4 DÉCEMBRE 1869. 451 RHAMNÉES. RHAMNUS L. Rh. Frangula L. — Mai-juill. — 5. — C. dans les bois frais. — CC. dans les forêts de l'Espinasse, de Troncais et de Civray. — Quelquefois sur les rochers granitiques; gorge de Thizon prés Saint-Victor!! ravin de Pré- milhat !! Rh. catharticus L. — Bois, taillis. — Juin-juill. (fr. août-sept). — pea C. Montlucon, rochers en face de Lavaux-Sainte-Aune !! LÉGUMINEUSES. ULEX L. U. europæus L. Sp. var. «; Sm. — Haies, landes, montagnes incultes. — Nov.-juin. — +. — C. Montluçon, Néris, Commentry, Bizeneuille, Hérisson, Cérilly, Chouvi- gny, Argenti, etc. U. annus Sm. — Landes arides, brandes, bruyères. — Juill-oct. — $. — CC. SAROTHAMNUS Wimm. S. scoparius Wimm. — Spartium scoparium L. — Bois, bruyères. — Avril- juin. — 5. — C. GENISTA L. €. anglica L. — Montagnes arides, bords des étangs, brandes et bois humides. — Avril-juin. — $. — C. Montluçon, étang de la Brosse et bois de Douguistre !! montagnes entre Marmignolles et Bizeneuille !! bruyères au-dessus de la Chátre !! landes de l'Abbaye!! Chamblet, prés du grand étang!! Chavenon, étang de Sceauve!! Villebret, Marcillat, Cérilly, Audes !!; C. dansles environs de Bizeneuille, etc; G. germanica L. — Bois, coteaux. — Mai-juill — 5. — RRR. Rochers de Thizon près Verneix. (Z. de Lambertye sec. Bor. FI. centr. éd. 1 et 3; Lec. et Lam. Cat. pl. centr.) Probablement très-localisé, car, cherché pendant quatre années, il n'a pu encore être retrouvé, G. tinctoria L, — Bruyères, lisière des bois. —- Juin-sept. — 5$.— A.G. Montluçon, bois de la Liaudon!! etc. — Perreguines, bords du canal?! Commentry !! Chavenon, étangde Sceauve!! Audes, Bizeneuille, Cérilly , etc. G. sagittalis L. — ('ytisus Koch. — Pelouses sèches, bois. — Mai -juill.— 5b. — AC. Montlucon, sur les coteaux de la rive droite du Cher avant Lavaux-Sainte- Anne !! Cérilly, Theneuille dans le bois d'Épinoux ! etc. h52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. G. pilosa L. — Collines arides, bois, rochers. — Avril-juin. — 4. — C. Montluçon, bois de la Brosse et de la Châtre!! le Thizon près Saint- Victor!! Marmignolles, Bizeneuille!! Villebret, Marcillat!! Néris !! Cérilly, forêt de Tronçais !! etc. | CYTISUS L. (Laburnum Bauh.) C. Laburnum L, — Laburnum vulgare Griseb. — Fl. mai, fr. juillet. — 5. — Souvent cultivé dans les parcs et quelquefois subspontané. Ononis L. (Anonis Bauh., Tourn.) - ©. procurrens Wallr. — O. repens auct. plur. — Champs. — Juin-sept. %. — CC. ANTHYLLIS L. (Vulneraria Tourn.) A. Vulneraria L. — Champsincultes, coteaux. — Mai-juill. — %. — RR. Néris (Boirot-Dcss.), Commentry (Migout, Fl. de l'Allier). Espèce à rechercher dans nos calcaires. MEDICAGO L. M. sativa L. — Champs, bords des chemins. — Juin-sept. — %. — A peu prés partout, M. faleata L. — Haies, bords des chemins. — Juin-oct, — %. — Peu C. — Calcaire argileux. Ainay-le-Cháteau, prés la route de Braise !! C. M. Lupulina L. — Prairies, pelouses. — Mai-sept. — (1) ou (2. — CC. pir; Pilldenowiana Koch, — Fruit hérissé, — Montluçon, vallée de l'Amaron, au rena m. maculata Willd. — Prairies. — Mai-juill. — (n, — C. Bords du Cher et du canal !! MELILOTUS Tourn. M. arvensis Wallr.— Champs, lieux incultes, talus. — Juin-sept. — 2. — C. M. altissima Thuill. — Fossés, lieux humides. — Juill. -sept. — ©.— A.C. Bords du canal du Berry !! Une à deux graines échancrées finement ponctuées. TRIFOLIUM Tourn., L. part. T. incarnatum L. — Mai-juill. et sept. — @. — Cultivé assez souvent et subspontané dans le voisinage des habitations. On le trouve rarement à fleurs blanches ou roses, T. arvense L, — Champs et lieux humides, — Juin-sept. — ®©. — C. SÉANCE DU 2/4 DÉCEMBRE 1869. A53 T. agrestinum Jord. — Champs, rochers, lieux secs. — Juill.-sept. — ©. — C. T. arenivagum Jord. — Lieux sablonneux. — Mai-sept. — ©. — A.C. Alluvions du Cher et de l'Amaron !! T. rubellum Jord. — Lieux sablonneux incultes. — Juin-sept. — (3). — A.C. Montlucon, vallée du ruisseau de Néris !! alluvions du Cher aux Iles !! C. Trés-distinct des précédents par son calice à dents sétacées rougeátres, presque toutes entièrement glabres. T. striatum L. — Lieux sablonneux. — Mai-juill. — (D. — A.C. Alluvions du Cher !! les Iles, Ouches, etc. Varie à tige basse ou élevée. T. ochroleucum L, — Prairies, bruyères. — Juin-juill. — 2^. — Peu C. Montluçon, près de la route d'Évaux, au delà du Guinebert!! etc. T. medium L. — Forêts, bois. — Juin-août. — 2%. — Peu C. Forét de Troncais, route de Maulne à Braise!! C. T. pratense L. — Prairies. — Mai-sept. — 7. — CC. T. fragiferam L. — Bords des chemins. — Juin-sept. — 2^. — A.C. surtout dans le calcaire argileux. T. subterraneum L, — Lieux sablonneux. — Mai-juin. — (D, — A.C. Alluvions du Cher. — Les Iles !! où il est abondant. T. glomeratum L. — Talus des lieux secs. — Mai-juin. — ®©. — RR. Montluçon (Bor. Fl. centr. éd. 1), bords du chemin de Lavaux-Sainte- Anne, après Saint-Jean, au tournant du Cher !! environs du couvent de Saint-Maur (Jamet). T. repens L. — Prairies, bords des chemins. — Mai-sept. — 2%. — CC. Dans les lieux arides, les feuilles sont de moitié plus petites (T. microphyllum auct. plur.). Section Chronosemium DC.; G.G. Fl. Fr. (1). T. minus Relhan in Smith. — T. filiforme L. sec. auct. plur. — 7. pro- cumbens Bor. Fl. centr. éd, 3,n° 615, — Bords des chemins, prairies. — Mai-juill. — ©. — C. Forme a. pauciflorum. — Capitules de 3 à 8 fleurs. — Forme des prairies, — A.C. — b. pumilum. — Capitules pauciflores, pédicelles filiformes, tige couchée- redressée. — Plante beaucoup plus petite dans toutes ses parties. — (à et là. — Montluçon !! Le T. micranthum Viviani, T. filiforme L. sec. auct. plur., n'a pas été rencontré jusqu'ici sur les bords sablonneux de nos étangs. On le distinguera de la forme pumilum de l'espéce précédente à ses fleurs 3 à 5, trés-petites, disposées en capitules lâches et non agglomérées. — Les tiges sont généralement trés-gréles, filiformes et couchées, et les pédicelles des fleurs plus longs que le tube du calice. T. campestre Schreb. — 7. procumbens L. sec. auct. plur. — 7. agrarium a majus G.G. Fl. Fr. — Lieux sablonneux et secs. — Juin-oct. — ©. — C. (1) Voyez ma communication du 24 juillet 1868 sur cette section dans le Bulletin de a Soc, bot. de France, t. XV, p. 121. A54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Capitules multiflores, pédoncule égalant ou dépassant peu la feuille. Forme elatius, — Pédoncules dépassant longuement la feuille.— La plante est quelque- fois plus rameuse, diffuse, dans les lieux humides. — A.C. On trouvera sans doute dans les terrains d'alluvions le T. Schreberi Jord. (T, pseudo- procumbens Gmel. sec. Bor. Fl. centr. éd. 3, n° 614). I1 a le port du T. campestre Schreb., mais il est plus grêle, et ses capitules sont petits, ovoides, dépassant peu la feuille. Lorus Tourn., L. L. corniculatus L, — Champs, prairies. — Mai-oct. — %. — CC. L. uliginosus Schkr. — Z. major Sm. — Marais. — Juill.-sept.— ¥.— C. Montluçon; Quinsaines, les Trillers, Perreguines!! Cérilly, forêt de Tronçais!! Chavenon, Sceauve !! etc. L. angustissimus L. — Coteaux arides. — Mai-juin. — (2. — R. Chavenon (Bor. Fl. centr. éd. 3), Montluçon, plateau de Marignon, au- dessus du Roc-du-Saint !! L. diffusus Solander ; Bor. éd. 3, n° 622. — Moissons, champs sablonneux, — Mai-sept. — @. — Peu C. | Montluçon, entre Pasquis et le château de Passat !! Ouches ! etc. ROBINIA L. part. (Pseudo-Acacia Tourn.) R. Pseudacacia L. — Fl. mai, fr. juillet. — C. — Plantations et souvent subspontané. Le Galega officinalis L. est quelquefois cultivé, mais on le rencontre peu souvent à l'état subspontané. — Le Colutea arborescens L. est cultivé dans les jardins et les parcs sous le nom de Baguenaudier. ASTRAGALUS Tourn., L. A. glycyphyllos L. — Lieux sablonneux. — Juin-sept. — 24. — A.C. Alluvions du Cher. — Montluçon, au-dessous de Saint-Jean !! les Iles !! Lavaux-Sainte-Anne !! Huriel, Nocq près de l'ancienne église, etc. CORONILLA L. €. varia L. — Coteaux secs. — Juin-sept. — 27. — Peu C. Montluçon, carrière calcaire de Marmignolles !! ORNITHOPUS L. (Ornithopodium Tourn.) 9. perpusillus L. — Coteaux arides et sablonneux. — Mai-sept. — ©. — C. Montluçon, Désertines, Néris, Lavaux-Sainte-Anne, Bizeneuille !! etc. HIPPOCREPIS L. (Ferrum equinum Tourn.) Bois, rochers, — Mai-juill. — 22. — A.C. Montluçon, bois de Chauvière !! Lavaux- Sainte-Anne, bords du Cher !! la Garde, prés le château de l'Ours !! etc. H. comosa L. SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1869. A56 ONoBRYCHIS Tourn. ©. sativa Lam. — Hedysarum Onobrychis L. — Mai-juill. — 2%, — Cul- tivé comme fourrage et subspontané au bord des chemins. ERVUM L, — (Tourn. part.) E. Lens L. — Juin-juill. — (7. — Cultivé dans les champs et sur les coteaux. E. birsutum L. — Haies, champs. — Mai-sept, — ®©. — C. E. tetraspermum L.; G.G. /7. Fr. — Vicia tetrasperma Mænch. — Lisière des bois. — Juin-sept. — ©. — C. E. gracile DC.; G.G. FT, Fr. — Vicia gracilis Loisel. — Juin-sept. — (D. — R. Dans un champ attenant à la prairie qui fait suite à l'étang du château de Passat !! (Lucand et Thévenon). ViCIA Tourn., L. V. Cracea L. — Cracca major G.G. Fl. Fr. — Bois, haies. — Juin-sept. — X. — C. Forme a. V. incana Thuill. — Feuilles soyeuses blanchâtres, — A.C.— Bords du Cher, — b. V. Kitaibeliana Rchb. — Feuilles linéaires étroites, — A.C. — Bords du Cher. Le Vicia tenuifolia Roth. diffère de la précédente espèce par ses pédoncules ordinaire- ment beaucoup plus longs que les feuilles et par son étendard une fois plus long que l'onglet. V. sativa L. — Champs, moissons. — Mai-sept. — ®© ou ©. — C. V. segetalis Thuill. — Moissons. — Juin-juill. —@. — C. Bords du Cher et du canal du Berry !! V. Bobartii Forster. — Lieux sablonneux. — Mai-juill. — 2, — A.C. Montluçon, bords du Cher !! Lavaux-Sainte-Anne!! Hérisson !! V. uncinata Desv. — Lieux secs. — Mai-juin. — ©. — A.C. Montluçon, à Saint-Jean !! les Iles !! Marmignolles !! Hérisson !! Les trois espèces précédentes sont comprises dans le V. angustifolia Roth. et auct. V. lathyroides L. — Lieux sablonneux. — Avril-mai. — ®©. — A.C. Montluçon, alluvions du Cher!! Vallon-en-Sully, prés du canal !! V. lutea L. — Champs. — Mai-sept. — ®©. — Peu C. Montluçon, bords du Cher !! environs du bois de la Liaudon !! V. sepium L. Haies. — Mai-juill. — 24. — CC. A l'état de chlorose, il a les fleurs d'un jaune pâle. — Cà et ià, mais A.R.— Vallée du ruisseau de Néris !! V. serratifolia Jacquin, — Lieux cultivés. — Mai-juill. — (0. — R. Chavenon ; Saint-Sornin, le Montet-aux-Moines (Causse sec. Bor. 77. centr. éd. 1) sur les limites de l'arrondissement. A56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. FABA Tourn. F. valgaris Mœnch. — Vicia Faba L. — Mai-juill. — ©. — Cultivé dans les champs et les vignes. LATHYRUS Tourn. part., L. L. Aphaca L. — Moissons. — Juin-juill. — (D. — C. L. Nissolia L. — Pelouses herbeuses. — Mai-juill. — ©. — R. Montluçon (Bor. FL. centr. éd. 1), bords du canal, sur les talus prés de l'écluse de Perreguines !! L. angulatus L. — Champs sablonneux. — Mai-juill. — ©. — AC. Montluçon (Bor. Fl. centr. éd. 1), bords du Cher, près du château de Saint-Jean, et route de Chambon, au-dessus des Iles !! Lavaux-Sainte-Anne $i Cérilly, environs de Theneuille ! Forme a. L. longepedunculatus DC. — Peu C. — Montluçon. L. hirsutus L. — Moissons. — Juin-sept. — (2. — A.C. Montluçon, alluvions du Cher et de l’Amaron !! L. tuberosus L. — Champs, moissons. — Juin-août. — %. — A.C. dans le calcaire de la partie nord de l'arrondissement. L. pratensis L. — Haies, lisière des bois. — Juin-aoüt. — %. — CC. Le L. latifolius a été indiqué (Bor. Fl. cenir. éd. 4) à Montluçon, étang des Étour- neaux, aujourd'hui desséché. — Le L. odoratus L. est cultivé dans les jardins et quel- quefois subspontané dans le voisinage des habitations, — Les L. sativus et Cicera L. sont cultivés rarement. OnOBUS Tourn., L. ©. tuberosus L. — Lathyrus macrorrhizus Wimm, — Bois. — Avril-juiv. %. — C. LuPINUS Tourn., L. L. reticulatus Desv. — Juin-juill. — ©. — R. Assez commun dans les champs à Brignat près Montluçon (Lucand) !! On cultive dans les champs et les vignes les Pisum sativum et arvense L., ainsi que les Phaseolus vulgaris et nanus L. ' Erralo, — Page 179, ligne 14, au lieu de Sur la rive droile, lisez Sur la rive gauche du Cher. Page 192 (deuxième colonne de la liste), au lieu de Inula squarrosa, lisez Conyza squarrosa L. (Inula Conyza DC.). Addenda, — Page 266, ajoutez à la liste des Mousses : Grimmia leucophæa Grev. — Montluçon, rochers du Saut-du-Loup. Bullet. de la Soc.Bot de France. A ———— a O Tome XVI PL1 i Duval Jouve del | Pierre sc CELLULES A TROIS ETATS SUCCESSIFS ( Pameum vaginatum eec v Bullet. dela Soe. Bot. de France Tome XVI PL 2. — — o o — —— E / { | / / | 3 / / | € / T / / | \ | | I i | | | VA u j | / | , Á | | ô l | [s | | | L uH " Max. (orna del /terre vc 1.2 Pladiospermum tenue 9. Üraterospermum læte-virens 4. Naurospermum quadratuni o. Btaurospermum viride l | | Tome XVI PL 5. \, Á Bullet de la Soc. Bot. de France. CELLULES DE JONCS ET DE GRAMINÉES Bullet. de la Soc. bot. de France. Tom. MI. PL. iV. G9 E co 130! Ò SS o9 c L - ZI De Fr ded . Pierre scup Aacener de Monoca ly lees. 14 Lea Mays Z. 2. (anna indica. 3. Drimia pusilla . 4. Lirtera ovata Br, 8 Dendrobium V’'ierarde. 6 Phænix dactylifèra. p Fancratum mari- amum, E. Pandanus caricosus Rumph 00 Grex disticha Huds. 10-12. Jucca levres. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (JANVIER-MARS 1869.) N, B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rotbschild, libraire de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris. The Journal of Hotany, 1568. 1., Morchella crassipes Pers., constaté nouvellement en Angleterre; pat M. W.-G. Smith, p. 1, avec 2 planches. 2. Sur les sortes commerciales de Caoutchouc ; par M. James Collins, pp. 2-22. — Les principales plantes qui fournissent le caoutchouc sont les suivantes : Hevea brasiliensis, Micrandra siphonioides, M. minor (Euphor- biacées); Willughbeia edulis, Couma quayanensis Aubl., Hancornia spe- ciosa, Vahea gummifera, V. madagascariensis, Carissa....., Urceola elas- tica, Tabernemontana utilis (Apocynées); Cynanchum ovalifolium (Asclé- piadées) ; Ficus elastica, F. indica, F. religiosa, F. integrifolia, Sycomorus guineensis, Artocarpus integrifolia et Castilloa elastica (Urticées). L'auteur classe ces plantes dans son étude selon leur lieu d'origine. Il s'occupe surtout du commerce, de la manière dont est pratiquée l'extraction, des noms indi- gènes, etc., et cite plusieurs extraits intéressants de lettres qu'il a reçues ou de notes qu'il a vues dans divers herbiers. 3. Des plantes cultivées ou naturalisées dans la vallée de Caracas; par M. A. Ernst, pp. 22-28. —Ce mémoire est Ja continuation d'un travail com- mencé antérieurement dans le tome v du méme recueil. Les principales plantes dont l'auteur s'y occupe sont les suivantes : Bromelia Ananas, Melicocca bijuga, Inga fastuosa, Cicer arietinum, Phaseolus Dolichos, Cajanus indi- cus, Arachis hypogæa, Sesamum indicum, Abelmoschus esculentus, Gos- sypium barbadense et Coffea arabica. L' Inga fastuosa est cultivé pour l'ombrage qu'il donne aux plantations de café, et pour l'arille blanche et comes- tible de sa graine. L'auteur donne ensuite une liste des plantes cultivées pour la beauté de leurs fleurs. Nous y remarquons deux formes de Crescentia Cujete, Yune à fruits sphériques, l'autre à fruits ellipsoides. h. Hyménomycètes rares ou nouveau. de la flore anglaise; par M. W.-G. Smith, pp. 33-36, avec une planche. — Les plantes figurées par l'auteur sont les suivantes : Boletus rubinus W.-G. Sm. , n. sp., Agaricus carbonarius Fr., Boletus parasiticus Bull. et Hydnum tomentosum L. T. XVI. (REVUE) {1 9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 5. Variation de la couleur des fleurs du Telopea speciosissima e£ de quelques autres plantes indigènes de la Nouvelle-Galles du Sud; par M. George Bennett, pp. 36-38. — Il s'agit d'une variété à fleur blanche du Zelopea (Warrantah des indigènes), singulière plante dont la transplantation réussit mieux lorsqu'elle est en fleur, d'une variété pourpre de l’Æpacris grandiflora à fleurs blanches, d'une variété blanche du Boronia serrulata, d'une variété analogue du B. pinnata, et des espèces suivantes : Z'hysonatus juncea, Te- tratheca juncea, Indigofera australis, Kennedya monophylla, Bauera ra- bioides, Eriostemon salicifolium et Sprengelia incarnata. 6. De la conservation des forcts dans la Nouvelle-Zélande; par M. W. Lauder-Lindsay, pp. 38-46. — L'auteur, pendant son voyage, a constaté que les anciennes forêts de là Nouvelle-Zélande avaient en grande partie disparu. I attribue ce résultat à des changements géologiques, aux oscillations du sol, et surtout à son affaissement sur certains points, à la pénétration de l'eau dans les bas-fonds du sol en partie submergé, aux ravages causés par les avalanches, d'une part, d'autre part par la dent des animaux et par les larves des insectes. A ces causes naturelles se sont jointes les causes artificielles, l'incendie, les déboisements, etc. Il blàme les colons de leur imprévoyance, excite le zèle de l'adininistration forestiére locale, et préconise un systeme particulier d'aména- gement et de reboisement. 7. De nova Saging specie notula; scripsit F. Hance, pp. ^6-A7. — 1l s'agit d'un Sagina sinensis (Sampson n. 13,060), très-voisin, dit l'auteur, du S. subulata Wimm. l 8. Cinq espèces nouvelles de Monochlamydées de Chine, pp. 47-50. — Les espèces étudiées ici par M. Hance sont les suivantes : Corispermum tylo- carpum, Thesium psilotoides, Salix cantoniensis, Pellionia Grijsit. et Cudranus trilobus. 9. Curieux épiphytes du cap York, Australie septentrionale; par M. George Bennett, pp. 50-52. — Ces plantes appartiennent aux Rubiacées; l'une est le Myrmecodia armata, Vautre V Hydnophytum formicarum, qui, dans le Prodromus, n'ont été indiquées que croissant dans les iles Moluques. L'auteur donne des détails intéressants sur leur végétation. 10. Revue de l'ordre naturel des Hédéracées; par M. B. Seemann, pp. 52-58, 129-142, 161-165. — Ces nouveaux fragments concernent les genres Panex, Tetrapanaz, Kissodendron, Dipanaz , Did ymopana , Aralia, etc. Dans Ie premier, l'auteur ne conserve que cinq espèces, c'est-à- dire le P. trifolium ct les formes voisines du P. Ginseng, parmi lesquelles le nouveau Panux bipinnati fidum Seem. , des Indes orientales. Les vues sul- vant lesquelles l'auteur a délimité le genre Panas ne sont pas les mêmes que celles de MM. Decaisne et Planchon (Revue horticole, 385^, p. 105). Beau- coup d'espèces en sont retirées par M. Seemann pour être placées dans les genres Nothopancs, Acanthopanag, ete. Le genre Á/ssodendron a pour Syno- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3 nyme /rvingie Ferd. Müll. Fragm. v, 17. Le genre nouveau Dipanar Seem. est établi pour I ZJeptepleurum dipyrenum Mann. Proceed. Americ. Acad., vii, 468. Il faut ajouter quatre espèces nouvelles au genre Didymopana.x, D. Spruceanum Seem. (Spr. n. 2307), V. Gardneri (Gardn. n. 1708), D. macrocarpum Seem. (Panas Cham. et Schlecht), et D. Burchelli Seem. (Burch. n. 5144), et probablement aussi le Sciadophyllum rubiginosum Planch. et Linden. Les espèces du genre Aralia sont classées par pays. Le genre nouveau Friplasandra Seem. est fondé pour le Gastonia? vahuensis Asa Gray. — Ces notes sont suivies d'additions et corrections à la Zévision des Hédéracées de l'auteur. Le genre (//goscias Seem. est un simple syno- nyme du Maralia Petit-Thouars. En terminant ce long mémoire, M. Seemann trace la disposition systématique des Hédéracées, qu'il divise en cinq tribus, 11. Rapport du Comité d'échanges botaniques de Londres pour lan- née 1867; par MM. Baker et Trimen, pp 65-76. — On v trouve des notes sur diverses espèces de la flore anglaise, notamment sur le Xosa Haïilstoni Baker et sur les Characées du sous-genre Tolypella. 42, Sur la nature de la décoloration des mers arctiques ; par M. R. Brown, pp. 76-84. — Ce mémoire a été communiqué à la Société botanique d'Édim- bourg en décembre 1867. La couleur de la iner du Groénland varie du bleu au vert-olive, et de la transparence la plus pure à une opacité surprenante. Quelquefois ces phénomenes s'étendent à deux ou trois degrés de latitude en longueur; ils varient, sur la largeur, de quelques milles à quinze lieues. (Voyez Scoresby, Arct/c Regions, vol. 1.) Ces variations de coloration ont été attribuées à des Méduses ; l'auteur pense que la décoloration n'est pas le fait de ces animaux, mais d'une quantité innombrabie de Diatomées, et que ces Diatomées forment la matière brune salissante signalée par les navigateurs du Nord. Ge sont elles qui servent d'aliments aux Ptéropodes, aux Méduses et aux Entomostracées dont se nourrit le Balæna Mysticetus. 13. De l'usage domestique actuel des Lichens employés dans la teinture dans les iles écossaises et daus les Higlands; par M. Lauder-Lindsay, pp. 84-89, 101-109. 14. Diagnoses de deux Cypéracées de Chine nouvelles ; par M. Hance, pp. 89, 90 : Carex Sampson, Fimbristylis gracilenta, 15. Sur une nouvelle Acanthacée de Chine; par M. Hance, pp. 92-34 : Ruellia venusta. 16. Mousses nouvelles ou rares d'Angleterre; par M. W. Mitten, pp. 97- 99, — Ces notes concernent les espèces suivantes : Trichostomum flavo- virens Bruch. et Müll., Zr. déffractum n. sp., et Fr. Gttorale n. sp. Une planche les accompague. 17. Note sur une Gramince critique de la Chine; par M. Hance, pp. 109- 111. — Il s'agit d'un Paireuin CC hanieraphis; intermedium, qui n'est peut-être qu'une variété du CA. espera Nees. A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 18. Sertulum chinense; par M. Hance, pp. 111-116. — Ces notes con- cernent les espèces suivantes de M. Hance, qui sont toutes nouvelles : Nara- velia pilulifera, Cardamine paradoxa, Pterospermum heterophyllum , Abrus cantoniensis, Casearia membranacea, Pimpinella sinica, Galium miltorrhyzum, Adina rubella, Vitex Sampsoni et Ophiopogon umbraticola. 19. numération des Primulacées, Pittosporćes et Iridées recucillies du- rant les années 1855-1857 dans la Haute Asie par MM. de Schlagintweit; par M. F.-W. Klatt, p. 116. — Dix Primula, dont un nouveau, huit Andro- sace, un Cortusa, deux Lysimachia et l Anagallis arvensis, tel est le bilan des Primulacées alpines de cette collection. Le Pittosporum Rumphii Putterl. croit dans les Indes de 6000 à 7000 pieds. Huit Iridées, dont aucune n'est nouvelle, terminent cette énumération. 20. Sur les dessins que présente la surface des graines dans les Joncées d'Allemagne ; par M. Fr. Buchenau, pp. 142-153. (Voyez plus haut, p. 106.) 21. De la valeur commerciale et des applications des arbres des foréts de la Nouvelle-Zélande et de leurs produits; par M. Lauder-Lindsay, pp. 165-173. 22. Trois nouvelles Astéroïdées de Chine; par M. Hance, pp. 173-175, — Blumea amethystina, Gnaphalium amoyense et Senecio exul. 23. Sur deux Fougères nouvelles de Chine, avee quelques remarques sur le genre Woodwardia ; par M. Hance, pp. 175-178. — Alsophila Metteniana et W. angustifolia. M. Hance établit que la nervation est variable dans le genre Woodwardia, que quelquefois les nervures ne s'y anastomosent pas en dehors des sporothèces, et que la division en sections proposée pour ce genre n'est pas soutenable. Il ne pense pas non plus que le genre Dood ja puisse être séparé du Woodwardia. Recherches sur Passimilation des substances minérales par les plantes; par M. P.-P. Dehérain ; mémoire auquel l'Acadé- mie des sciences a décerné le prix Bordin pour 1865. (Ann. sc. nat. 5, VU, pp. 145-269.) Nous avons cité il y a deux ans dans cette Revue (L xui, p. 41) un extrait assez long du rapport de M. Naudin sur ce travail, pour nous dispenser aujour- d'hui d'insister sur l'application remarquable que l'auteur y a faite des décou- vertes de Th. Graham. Le mémoire de M. Dehérain est divisé en six chapitres. Il rappelle d'abord brièvement les faits qu'il s'agit d'interpréter. Les analyses de cendres sont nombreuses. En réunissant les chiffres qui indiquent la com- position des cendres d'organes semblables pris dans différentes familles, on reconuait que parfois (graines, feuilles, tiges ligneuses) Ja composition de ces cendres est fort analogue, parfois aussi trés-dillérente (tiges herbacées, ra- cines). Dans son second chapitre, il cherche à déterminer l'état dans lequel se - REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9 trouvent les principes minéraux répandus dans ces végétaux. L'étude de la racine, organe d'absorption, forme son troisième chapitre. Le quatrième est consacré à l'examen rapide d'une théorie qui repose sur l'existence de lexos- mose dans les racines; M. Dehérain est bientôt conduit à la rejeter, car elle s'appuie sur une hvpothése impossible à démontrer par l'expérience et, dit-il, probablement erronée. Il entre alors dans l'étude des phénomènes physiques de la diffusion. Il recherche comment des sels de diverse nature, à différents degrés de concentration, pénètrent par diffusion au travers d’une paroi po- reuse ; il reconnait l'influence qu'a sur leur accumulation la nature de la matière dissoute dans l'eau du vase poreux. Il examine encore la manière dont se répartissent, dans une mèche de coton, dans des bandelettes de tuile qui servent à l'évaporation, des substances solubles dans l'eau. pure et dans l'eau chargée d'acide carbonique. Il arrive par cette méthode, dans laquelle il fait varier à volonté toutes les données du probléme, à formuler des conclu- sions basées sur l'expérience, sur. les mouvements des sels dans les liquides, et revenant, daus son sixieme chapitre, sur les faits principaux qu'il s'agit d'in- terpréter, il parvient à indiquer comment les phosphates, les bases, la silice, le carbonate de chaux, peuvent s'accumuler dans certains organes déterminés, et comment, enfin, suivant l'importance qu'a dans la plante entiere chacun de ces organes, la composition des centres d’espèces différentes doit être très- variée. Recherches pour servie à l’histoire physiologique des Mucédinécs: fermentation gallique ; par M. Ph. Van Tieghem (Ann.sc. nat. 5, VU, pp. 210-244). Il n'était pas établi que l'acide gallique se formàt, pendant le pourrissage des noix de galle, en vertu d'une fermentation particulière, quand M. Vau Tieghem se mit à l'étude de cette question, en tenant compte des progres con- sidérables que les travaux de M. Pasteur ont fait. faire depuis l'année 1856 à l'étude des fermentations. Il établit d'abord que le tannin ne se transforme pas à l'abri de l'air, et ensuite qu'il ne le fait méme pas au seul contact de l'air, quand on purge de toute sporule étrangère la solution qui le renferme, et qu'on la maintient, après l'ébullition, dans un ballon à col recourbé, suivant le pro- cédé de M. Pasteur. Pour que le tannin se transforme, il faut et il suffit qu'un mycélium de Mucédinée se développe dans sa dissolution. Le mycélium dont le développement provoque la destruction du tannin, n'a cependant qu'un poids excessivement faible relativement an poids du tannin transformé. Toutes les circonstances accidentelles qui gênent ou empêchent le développement de la plante, gênent ou empèchent au même degré la transformation du tannin. L'ad- dition d'une petite quantité d'alcool absolu, de quelques gouttes de créosote ou d'acide phénique, suffi à préserver le tannin de l'invasion du mycélium, et à en assurer la conservation indéfinie. M. Laroque (Journal de pharmacie, 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1831) a mentionné en passant, dit l'auteur, etsans y insister autrement, l'exis- tence de la plante dont les propriétés expliquent la fermentation du tannin. Ce mycélium appartient tantôt au Penicillium glaucum, tantôt à l'Aspergillus niger ; la transformation qu'il détermine est toujours un dédoublement en acide gallique et en glycose avec fixation des éléments de l'eau. L'apparition de ce dernier corps, qui dévie vers la droite le plan de polarisation de la lumière, parmi les dérivés d'un corps, le tannin, regardé comme inactif, serait un fait anormal ; mais M. Van Tieghem s'est assuré que le tannin dévie vers la droite le plan de polarisation de la lumière incidente. Pour que ce dédoublement s'opere intégralement, il est nécessaire que la plante vive et se développe dans la profondeur de la dissolution ; si elle végète à la surface, elle brûle rapide- mant et directement le tannin sans le dédoubler et en exhalant de grandes quantités d'acide carbonique. En revanche, le poids de plante formée dans ces conditions est trés-considérable et peut atteindre jusqu'au quart du. poids du tannin détruit. En terminant, M. Van Tieghem décrit avec soin l Aspergillus niger n. sp, qui partage avec le Penicillium glaucum la propriété de pro- duire l'acide gallique par dédoublement des éléments du tannin. Ueber eine transitorische Stcerkebildung bei des Birke (Sur une formation transitoire d'amidon dans Le Bouleau); par MM. Fa- mintzin et J. Borodin (Mélanges biologiques du Bulletin de l'Académie des sciences de Saint -Pétersbourg, t. Vt, pp. 295-302, et Ann. sc, nat., 1867, 5, VIM, pp. 348-354). Les résultats principaux des observations des deux savants russes peuvent étre résumés de la maniere suivante : 1. Dans les chatons et les brindilles du Bouleau, il'se forme au printemps de la fécule aux dépens du contenu des cellules où on la rencontre, et lexis- tence de cette fécule n'est que passagère et comme transitoire. 2. En effet, la fécule ainsi formée dure peu de temps et est employée au profit de l'évolution des chatons et de l'allongement des bourgeons ou nou- velles pousses. 3. Le pollen est. aussi le siége d'un semblable développement passager de fécule, mais ce phénomène s'y montre tardivement, Cette fécule s'observe dans les grains de pollen qui ont. rencontré le stigmate et qui y ont déjà. émis de courts boyaux, ainsi que nous l'avons constaté à l'air libre ; elle ne disparait que plus tard. h. Quant à la matière qui, dans les circonstances indiquées, sert à former la fécule, nous ne saurions en dire de précis. A la vérité, on trouve en hiver la moelle etle parenchyme cortical de l'axe des chatons tout rempli d'une matière huileuse, mais nous laissons à découvrir s'il y a quelque corrélation entre cette matière et la formation amylique en question; nous nous bornons à faire re- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7 marquer que cette méme matière oléagineuse diminue dans la mesure où la fécule s'engendre et qu'elle finit par disparaître tout à fait. La fécule transitoire dont nous parlons semble conséquemment très-analogne à celle qu'a vue M. Sachs dans les cotylédons où dans Fendosperme des graines oléagineuses au moment de leur germination. 5. Enfin, il nous faut. encore noter qu'une formation transitoire de fécule a été aussi observée dans les chatons mâles du Populus nigra, et qu'elle y con- stitue un phénomène tout semblable à celui que le Bouleau nous a permis d'étudier. Sur la multiplication et la reproduction des Diatomées ; par M. le comte F. Castracane des Antelminelli (Archives de l’Académie pontificale des Nuovi Lincei, 19 avril 1868, et An, se. nat., VIN, pp. 355-362). D'après l'anteur, les observations de WM. Rabenhost et O'Meara démontrent manifestement qu'il se forme des germes dans les frustules carpiques des Dia- Lomécs, et que ces germes en sortent à un moment donné. De plus, certains cas ont été signalés dans lesquels de nombreuses petites Diatomées ont été vues renfermées dans une ampoule ou vésicule commune ; l'auteur à eu lui-même l'occasion de faire une observation de ce genre dans le printemps de 1856, en recueillant le Cocconeis Placentula prés de Palazzuolo. Le 16 février dernier, un groupe flottant de Diatomées fut observé par lui au microscope. H vit alors une innombrable quantité de belles spores sphériques, vertes, remplies d'une matière granuleuse au sein de laquelle on distinguait quelques noyaux ou petits corps arrondis d'un vert blenàtre. Chez beaucoup de spores ce contenu plastique tendait à s'organiser en masses distinctes, de sorte que plusieurs états intermédiaires me convainquirent qu'il v avait identité de nature entre les spores a endochrome granuleux et certaines vésicules hvalines très- abondamment répandues entre elles. Dans chacune de ces vésicules étaient renfermées deux ou trois vésicules pourvues d'un. endochrome d'un vert glauque et de deux grosses goutteleites probablement de nature huileuse, car elles réfractaient fortement la lumière. Avant légèrement appuyé sur la fine lamelle de verre qui recouvrait Ja préparation microscopique, l'auteur rompit quelques vésicules et mit en liberté les vésicules incluses qui sortirent en tour- nant et montrèrent alternativement leurs côtés elliptiques et leurs faces rec- fangulaires. Parmi les nombreuses vésieules hvalines. et. diatomifères, deux parurent à l'auteur armées chacune de deux cils vibratiles, — L'auteur établit encore que la couleur spéciale de Fendochrone est un caractère constant pour toute Diatomée encore jeune, JE pense que cet endochrome. n'est que de la chlorophylle véritable qui prend. une teinte jaune, roussátre ou ocracée à mesure qu'elle s'assimile du fer en plus grande quantité. S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur le mouvement des gaz dans les plantes aquatiques ; par M. G. Lechartier (Ann. sc. nat., 5, viri, pp. 364-368). Les expériences citées dans cette note ont été faites, au mois d'aoüt dernier, sur des Mymphea végétant en pleine rivière. On sait que les pétioles de ces plantes renferment des canaux lacuneux s'étendant sans interruption depuis a tige jusque dans l'intérieur du limbe. Sur un pied de Nymphæa compléte- ment submergé, M. Lechartier a enlevé une des feuilles les plus rapprochées de la surface de l'eau en coupant le pétiole prés du limbe. Il se produit immédia- tement un dégagement rapide de bulles gazeuses qui se régularise bientôt. L'extrémité du pétiole, qui est à 14 centimètres au-dessous du niveau de l'eau, est introduite dans un long tube de verre gradué et plein d'eau. Le gaz, en s'accumulant daus l'éprouvette, arrive jusqu'au pétiole ; à partir de ce moment, l'ouverture béante est dans ce gaz. Le dégagement continue, mais avec une augmentation de la pression du gaz à l'intérieur de la plante, et continue encore lorsque la force du gaz à l'intérieur de la plante dépasse de 26 centi- mètres d'eau la pression atmosphérique. La force élastique du gaz reste sta- tionnaire pendant la nuit à l'intérieur de la plante. Si l'on coupe d'autres pétioles sur le méme pied,\ une distance de la surface de l’eau plus grandes que pour le premier pétiole, il ne sort pas de gaz de ces nouvelles ouver- tures, et le gaz continue à se dégager du pétiole le plus élevé. Cela s'explique parce que le gaz, pour sortir d'un pétiole, doit avoir une force suffisante pour vaincre la pression atmosphérique augmentée d'une hauteur d'eau égale à la distance de son extrémité à la surface du liquide. L'auteur a pu recueillir de grandes quantités de gaz; en quinze minutes, il en a rempli dix tubes contenant chacun 60 centimétres cubes. Selon lui, ses expériences prouvent que, indépendamment des gaz qui peuvent étre puisés dans l'eau par les feuilles, il y a des gaz qui sont absorbés, soit par les racines, soit par la tige, et qui traversent la plante pour être exhalés par les Teuilles. Lcs Pensées; histoire, culture, multiplication, emploi; par M. J. Barillet, jardinier en chef de la ville de Paris. Ouvrage orné de nombreuses vignettes et de 25 chromolithographies exécutées d’après les spécimens de F. Lese- mann, jardinier en chef à Hietzing, près Vienne. Paris, chez J. Rothschild, 1869, impr. Lahure. Cet ouvrage est dédié à la mémoire de feu M. de Monny de Mornay, direc- teur de l'agriculture, en reconnaissance des services rendus par lui à l'horti- culture. M. Lesemanu a fait de la Pensée ( Viola tricolor) une étude spéciale ; il a cherché à obtenir par de nombreux essais de fécondation artificielle une multitude de variétés nouvelles. Le directeur de l'imprimerie impériale de © REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. Vienne a bien voulu faire tirer pour l'impression de cet ouvrage deux cents exemplaires des jolies chromolithographies, qui représentent les plus beaux gains obtenus par M. Lesemann. M. Barillet, dans le texte qui accompagne ces planches, a traité de l'étymologie de la Pensée, de l'histoire, de la classifica- tion, des diverses sortes de variétés de Pensées, de la terre et de l'exposition qui leur conviennent, et de divers autres soins qui concernent cette culture. Il traite encore des maladies de la Pensée et des animaux qui lui sont nuisibles. Il termine en énumérant leurs variétés les plus belles. Sulla organogenia dei pappi e degli altri organi fiorali nel Son- chus oleraceus L., ed in altre piante a fior composto (Organogénte de lar- grette et des autres organes floraux dans le Sonchus oleraceus ef dans d'autres plantes à fleur composée); par M. Gactano Licopoli. (Extrait des Atti dell Accademia Pontaniana, vol. 1x); tirage à part en brochure in-4° de 2^ pages, avec deux plancheslithographiées. Naples, 1868. Quand le mamelon primordial, origine dela fleur future, est né sur le récep- taclefloral commun du Sonchus, et qu'il s'est ultérieurement excavé à son sommet et relevé sur ses bords dentés pour présenter les ébauches de la corolle, il se dessine vers le milieu de sa hauteur un étranglement au-dessous duquel doivent se former l'ovaire et l'ovule. Alors s'élévent du fond de l'entonnoir corollin cinq nouveaux mamelons qui seront les étamines, et au centre de ceux- ci un autre qui est le premier indice du sommet du style, et qui se divise ensuite en deux parties, les stigmates. En méme temps que ces développe- ments s'opéraient, la partie basilaire se creusait d'une cavité conique, dont le sommet se dirigeait droit vers le style, et de sa base il s'élevait une proémi- nence, le futur ovule. Alors seulement s'élevaient, sur les bords du rétrécis- sement noté plus haut, les poils qui devaient former l'aigrette. Les anthéres se forment avant les filets qui les supportent, elles se déve- loppent comme elles sont nées, réunies ensemble par leurs bords latéraux. L'auteur décrit la constitution anatomique du tube calicinal jeune, qui rap- pelle celle d'une feuille. Comme ce tube renferme cinq faisceaux vasculaires, l'auteur est disposé à croire qu'il est formé de cinq folioles. Chaque élément de l'aigrette commence par étre composé d'une seule cellule qui se segmente et forme un poil pluricellulé ; plus tard, les progrès du développement et la. seg- mentation latérale forment des poils composés de plusieurs séries de cellules. Chez l Ethulia angustifolia, Evax pygmæa, le Santolina viridis et le Calendula officinalis, Vaigrette ne se développe pas. Dans le Balsamita age- ratifolia, elle se fend profondément sur un côté et acquiert l'apparence. d'un petit calice ligulé. Dans l/Zymenopappus, le méme organe se divise en lobes cunéiformes à bords dentés. D'autres genres présentent d'autres modifications que le défaut d'espace nous empéche de reproduire. 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Compendio della flora italiana, etc. (Abrégé de la flore italienne) par MM. Y. Cesati, G. Passerini et G. Gibelli, fasc. 2-3, Milan, 1868. Les deuxième, troisième et quatrième fascicules de cette intéressante publi- cation sont consacrés aux Isoëtes, Lycopodiacées et Graminées. Nous remar- quons dans le texte quelques espèces importantes : Khrharta panicea Sm., Anthoxanthum gracile Biv., Crypsis nigricans Guss., plusieurs Sesleria spéciaux à l'Italie, Milium Montianum Parl., Tricholena Teneriffæ Parl. ; Setaria germanica Beauv., Oplismenus nudifolius Ræm. et Schult. , Digitaria debilis Willd., Dincba arabica Beauv., Andropogon panormitanum Parl., Agroslis frondosa Ten., Triplachne nitens Lam., Polypogon adscendens Guss. , Avena amethystina DC. , Trisetum Burnoufii Req. , T. Læflingianum Beauv., 7. Gaudinianum Boiss., Glyceria permista Guss., Festuca Pucci- nellii Parl., F. Morisiana Parl., F. flavescens Balb., F. apennina DNtrs, Vulpia panormitana Parl., Triticum Hequienii n. sp. (Æ gilops triticoides Req. ), etc. Mais la plante la plus importante de toutes ces Graminées est, sans contredit le Co/eanthus subtilis Seidel, que les auteurs citent sur le mont Ritten, prés de Bolzano (Botzen). Le quatrième fascicule comprend le com- mencement de la famille des Cypéracées. Les planches, dessinées avec talent par M. le docteur Gibelli, représentent des détails analytiques qui concernent les Fougéres, les Lycopodiacées, Rhizocarpées, Isoétées, et la fleur des Graminées. Ucber dic australischen Arten der Gattung fsoctes (Sur les espèces australiennes du genre Isoëtes); par M. Alex. Braun (Extrait du Monatsbericht der K. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, aoüt 1868) ; tirage à part en brochure in-8°, pp. 523-545. Les espèces étudiées dans cette publication par M. AL Braun sont au nom- bre de sept: T. Gunnii M. Br., Z. elatior F. Muell. , /. Hookeri M. Br. (I. humilior F. Muell. part., Z. tasmanica F. Muell. et DR. part.) : Z. Stuarti Al. Br. (Z. humilior F. Muell. part., 7. Muelleri M. Br. (7. tenuissima V. Muell. non Bor., 7. Drummondii Al, Br., et Z. tripus Al. Br. (I. phæospora DR. in Bull. Sor. bot. Fr. A865 (Séances), p. 103. Avant de caractériser (en latin et en allemand) ces diverses espèces, M. Braun donne cinq clefs pour les différencier. Ti fait aussi précéder son mémoire de considérations sur les /soëtes de l'Amérique du Nord qui Ini ont été adressés par M. Engel- mann de Saint-Louisde Missouri, et qui sont au nombre de douze. Parmi elles se trouve l’/soëtes lacustris lI. ambigua M. Br. (J. Brounti DR non Unger). Les autres sont spéciales à l'Amérique septentrionale, Les /softes de P'Amé- rique du Sud ont été recueillis par M. R. Spruce et ceux de Cuba par Ch. Wright. Le mémoire de M. Braun renferme quelques détails sur les /soetes asiatiques, sur l’/soètes de Saint-Raphaël (Z. setacea (s, Perreymondit, l. ad- spersa Al. Br, ?), REVUE BIBLIOGRAPHIQUR. 11 Essai d'introduction à la pomolsgie de la France; par M. P.-C. Rouillard. In-8° de 56 pages. Lyon, mai 1868. Ce travail a été présenté par l'auteur au Congrès pomologique de Lyon, à l'occasion du Congrès de 1867, dans lequel il a rempli les fonctions de secré- taire général. Cette introduction à la pomologie dela France présente en traits rapides, sur l'histoire géologique de la terre et des races animales et vé- gétales qui l'animent, des indications générales, fort utiles pour suivre celle des arbres fruitiers de nos contrées, qui comprend la production de leurs variétés, leur multiplication et leur dissémination. Elle donne aussi un précis de l'histoire particuliére du jardinage et des arbres à fruits comestibles, de sa progression rapide dans les temps modernes et surtout au XIX^ siècle. L'auteur combat quelques erreurs qui cherchent, dit-il, à s'accréditer, tant sur la durée limitée des variétés d'arbres fruitiers obtenueset conservées par l'homme, que sur les movens employés par les semeurs, et principalement par Van Mons, pour en obtenir promptement de nouvelles préférables par leur longévité, leur rusticité et leur qualité. Il trace enfin la nomenclature de toutes les espèces de plantes fruitières qui peuvent être cultivées à l'air libre en France, la liste des principaux auteurs niorts ou vivants qui ont pris la pomologie en général ou dans quelqu'une de ses branches, pour sujet de leurs écrits, le titre de leurs ouvrages, etc. On trouve enfin dans le travail de M. Rouillard l'exposé des motifs qui ont conduit à constituer le Congrès pomologique de France, puis l'historique du Congrès, depuis son commencement en 1856, jusqu'à la session de 1866 inclusivement. Description du genre nouveau Saldanhea, de l'ordre des Bignoniacées ; par M. Ed. Bureau (Adansonia, LNH, pp. 353-358, avec trois planches). L'étude des fruits de Bignoniacées envoyés du Brésil à M. Bureau par divers explorateurs, et notamment par M. Correa de Mello, lui à prouvé que l'ancien groupe Cuspidaria DC. renferme au moins quatre genres qui nou seulement ont des caractères bien distincts, mais qui devront même être fort éloignés les uns des autres dans une classification naturelle des Bignoniacées. L'un d'eux, le genre Sa/danhea, dédié à notre confrère M. de Saldanha da Gama, commissaire du gouvernement brésilien à l'exposition internationale de 1867, est fondé sur le Cuspidaria ? lateriflora DC. M en. décrit une seconde espèce, S. confertiflora Bur. n. sp. Ce genre est caractérisé par : fructus sili- quiformis, valvis septo parallelis, septo plano, ovula in utroque loculo ^-seriata. M. Bureau se propose de faire prochainement connaitre nn second. groupe générique, dont le type est le Cuspidaria callistegioides DC. M. Miers a, Ini aussi, reconnu ce nouveau genre, et lui a donné le nom inédit de C/,tostoma. M. Bureau a pu voir dans les herbiers neuf ou. dix espèces de Clytostoma, 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dont cinq en fruit. Ces fruits sont fort remarquables; ils se rapprochent, par leurs valves épineuses, de ceux des Pithecoctentum, avec lesquels on pourrait les confondre au premier abord ; mais leurs graines sont épaisses, irrégulières et imbriquées sur deux rangs seulement dans chaque loge; tandis que celles des Pithecoctenium sont trés- minces, à contour presque orbiculaire, et dispo- sées sur un grand nombre de rangs de chaque cóté de la cloison. Sur la fleur femelle du Pistacia chien; par M. L. Marchand (Adansonia, t. VIIL, p. 381). L'auteur insiste principalement sur l'évolution de l'ovule. Celui-ci, au pre- mier abord, semble n'étre qu'un ovule anatrope ordinaire, muni d'un raphé épais, et dressé du fond de la loge ; mais, examiné plus attentivement, il pré- sente des formes trés-anomales. Le véritable ovule, en effet, composé d'un nu- celle et d'une secondine, est fort réduit ; il est emporté par un funicule épais qui, aprés avoir gagné le haut de la loge ovarienne, se recourbe en crosse et vient s'appliquer contre une languette descendant obliquement du pied du funicule pour se porter au-devant de lui. Cet appareil, déjà compliqué, est recouvert d'une sorte de capuchon quile protége en haut et sur les cotés. L'or- ganogénie a montré que la languette et le capuchon étaient dus à un dévelop- pement égal et irrégulier de la primine. Ces observations ont permis à l’auteur de rapprocher l'ovule du Pistacia de ceux des Anacardiées en général, et en particulier de ceux des Rhus, Mangifera, Gluta, Parishia, Thyrsodium ; tous ces ovules, en effet, ne diffèrent entre eux que par des caractères de dé- tail, tel que la position et le volume du funicule, la taille et les découpures du capuchon, enfin la disposition de la languette, qui parfois affecte la forme d'un obturateur dont elle parait remplir les fonctions. Nouveaux matériaux pour servir à la connaissance des Cycadées; par M. F.-A.-W. Miquel (Adansonia, t. viu, pp. 359-377 ; t. IX, pp. 29-75). M. Miquel a depuis longtemps abandonné la théorie de Richard sur l'ovule des Gymnospermes, qu'il avait adoptée dans son Monographia Cycadearum. À ce propos, il expose que la signification morphologique des différentes par- ties dont se compose l'ovule n'est pas encore complétement élucidée, et que les Cycadées oflrent plus de facilités que la plupart des autres plantes pour la déterminer. Malheureusement, ajoute-t-il, les matériaux nécessaires à ce tra- vail ne pourront être trouvés que dans la patrie méme de ces plantes. Il se borne en conséquence à attirer l'attention sur les faits suivants : 4? dans les Cycas, les faiseaux vasculaires du carpophylle pénètrent de la même manière et dans les segments foliacés stériles et dans les ovules , — 2° la place où un segment de feuille devait se développer est occupée par un ovule ; — 3° la sur- face de l'ovule forme un tout continu avec celle du carpophylle, dont il se pré- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 18 sente tout à fait comme une expansion latérale ; le méme épiderme recouvre l'une et l'autre partie; — 4° on observe parfois des transitions tératologiques entre l'état stérile et l'état ovulifere des segments du carpophylle ; — 5° Anatomi- quement, l'ovule est comme un segment de feuille épaissi, et dont les tissus, au lieu d'étre étendus dans un plan, sont groupés autour d'un centre. — L'auteur entre ensuite dans de grands détails sur la structure et sur l'organogénie de l'ovule et surtout du nucelle des Cycadées. 1l n'a pas pu observer les change- ments qui se produisent, au début de la seconde formation endospermique, dans le sommet de l'amnios, ni la manière dont les corpuscules de Brown y prennent naissance. Dans son second article, M. Miquel étudie d'abord les androphylles des Cycadées. Il établit, ainsi que Schacht l'a montré, qu'il se forme aussi chez ces plantes deux cellules-filles dans l'intine, en sorte que la structure de leur pollen est assimilable de tout point à celle du pollen des Coniferes. D'apres lui, l'organe mâle et l'organe femelle des Cycadées suivent une marche semblable dans leur développement et leur métamorphose ; dans le parenchyme de la feuille, sur des points déterminés, naissent les cellules génératrices: les vési- cules embryonnaires dans le nucelle de l'ovule, comme cellules petites-filles de l'amnios transitoire ; la cellule-mâle, c'est-à-dire le boyau pollinique ou cel- lule-fille de l'intine, comme cellule petite-fille de l'androphylle (ou de ses logettes). Chez les plantes angiospermes, les cellules génératrices se forment par une voie plus courte, savoir comme cellules-filles. A ce propos, M. Miquel exprime d'une manière précise, élégante, les diverses phases de la vie végétale. Il fait remarquer que le proembryon des Gymnospermes (le suspenseur) imite en quelque sorte la forme supérieure de la plante vasculaire non encore sexuée par sa ramification et la production de bourgeons multiples (embryons) réunis en un ensemble. Chez les Gymnospermes, dit-il, l'amnios (protoplasma inté- rieur du nucelle) est de bonne heure libre et sans union avec les tissus qui l'entourent; la formation de l'endosperme est comparable à la. production du prothallium des Cryptogames vasculaires, les corpuscules sont tout à fait analogues aux archégones ; seulement la matière fécondante, pour atteindre ceux-ci, doit se frayer unchemin à travers les tissus. Quant aux agents mâles essentiels de cette fonction, le contraste, trés-tranché entre eux sous le rapport anatomique, l'est beaucoup moins au point de vue physiologique. D'autre pert, l'hiatus qui parait séparer les Gymnospermes des Angiospermes est en partie comblé par une série dont les termes sont les genres £phedra et Gne- (um (ce dernier, avec deux téguments ovulaires;, qui présentent des rudi- ments de périgone autour d'ovules encore nus, le Welwitschia, qui offre des organes mâles dans un méme périgone avec un ovule nu, et desquels l'organi- sation s'élève en passant au groupe des Loranthacées. Arrivont à une antre série d'idées, M. Miquel fait remarquer que les Crypto- games et les Gy ninospermes, dont la fécondation est indépendante du concours 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des insectes, sont apparussur le globe en méme temps que des Coléopteres, des Orthoptéres et des Névroptères, qui ne visitent pas les fleurs pour v cher- cher le nectar; l'apparition en grande quantité des insectes suceurs tombe dans et après la période de la craie, alors que se montrèrent les plantes à car- pelles clos. M. Miquel entre ensuite dansl'étude monographique de quelques groupes ou types de Cycadées : Cycas, Encephalartos Barteri, Macrozamia, Bowe- nia. Il insiste sur ce point que les espèces de Cycas, qui, pour la plupart habitent aujourd'hui des iles, sont trés- propres à fournir un appui à la théorie qui regarde les espèces actuelles du monde organique comme des transitions entre les formes passées et les formes futures, et les espèces voisines comme des descendants différenciés d'une méme espèce antérieure. Relativement au Cycas inermis Lour., M. Miquel pense définitivement que la plante du jardin d'Amsterdam prise autrefois par lui pour cette espèce ne s'y rapporte pas. Études sur lherbier du Gabon : par M. Baillon (Adansonia, t. 1X, pp. 74-80). Dans cette note, M. Baillon s'occupe du genre Ochna, du genre Gomphia, dont il décrit une espèce nouvelle, G. Duparquetíana, et du genre Myristica, dont il fait connaitre deux espèces également nouvelles, le M. Niohue et le M. Kombo, arbre à suif du Gabon, dont les graines fournissent une matière grasse analogue au beurre de muscades. Recherches sur la symétrie de structure des végétaux ; par M. Ph. Van Tieghem (Comptes rendus, 1869, t. LXVI, pp. 151-155). Tous les organes des végétaux acrogènes se rattachent à trois types fonda- mentaux, la racine, la tige et la feuille, qu'il est nécessaire de définir par un caractère tiré de leur structure intime, si l'on veut donner à l'anatomie des plantes une base qui lui manque jusqu'à présent. La racine, examinée dans son corps central et dans sa jeunesse, contient un nombre déterminé de faisceaux de deux sortes, les uns exclusivement libériens, les autres exclusivement vas- culaires, dont le développement est centripète, et qui alternent régulièrement sur une méme circonférence, en donnant à l'organe tout entier une symétrie parfaite par rapport à son axe de figure. Chez un grand nombre de Dicotylé- dones, il subsiste en outre au bord interne de chaque faisceau libérien un arc générateur qui forme, par les progrès de l’âge, à l'intérieur et de dedans en dehors, des vaisseaux et des fibres; à l'extérieur, sous le groupe libérien, et de dehors en dedans, de nouveaux éléments libériens : delà des faisceaux secondaires qui se développent en masquant la structure primitive, et qui refoulent sans cesse en dehors les groupes libériens auxquels ils sont superpo- sés, tandis qu'au fond des rayons médullaires qui les séparent se trouvent relégués les groupes vasculaires cunéiformes, lieux d'insertion des radicelles. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 15 La jeune tige possède aussi des faisceaux vasculaires et libériens qui n'y sont plus isolés côte à côte et alternes sur le même cercle, comme dans la racine, mais qui sont, au contraire, superposés Pun à l'autre, le libérien en dehors, le vas- culaire en dedans, et qui sont centrifuges, ou à pointe tournée vers le centre de la tige. Ces faisceaux, comme ceux de la racine, sont d'ailleurs orientés par rapport à une droite, — Quant à la feuille, elle n’a ses faisceaux disposés et orientés symétriquement que par rapport au plan qui contient l'axe de symé- trie de la tige et le rayon d'insertion. — Ces caractères généraux étant admis, l'auteur lesaappliqués à la solution d'une série de questions encore indécises, dont il ne fait que citer les principales sans entrer dans aucun détail. Il annonce en outre qu'amené à étudier les dispositions de feuilles qui ne rentrent pas dans les séries connues, il a réussi à élargir, tout en le sunplifiant, le cadre des di- vergences, pour. y introduire des dispositious nouvelles. Enfin, étendant à la structure des végétaux la loi mathématique des proportions définies et celle des combinaisons en proportions multiples, il a pu rendre compte de la manière dont s'engendrent toutes ces dispositions, trouver l'équation. qui les donne toutes, et détruire ainsi par sa base la théorie des angles limites de Bravais. Dendrologie. Arbres, arbustes et arbrisseaux qui sont cultivés à l'air libre dans l'Europe moyenne et septentrionale ; étude critique ; par M. Karl Koch. Première partie, contenant les Polypétales. Un volume in-8° de 73h pages. Erlangen, chez F. Enke, 1869. Paris, chez Fr. Klincksieck. Prix : 16 fr. Ce livre important est le résumé de longs travaux. qui ont occupé l'au- teur pendant une vingtaine d'années. Le premier volume commence par la classe des Légumineuses, et renferme successivement celles des Rosa- cées, Philadelphées, Saxifragées, Magnoliacées, Anonactes, Ménispermées, Berhéridées, Renonculées, Cruciféeres, Tamaricinées, Cistinées, Tiliacées, Ternstræmiacées, Hypéricinées, .Esculacées, Acérinées, Ampélidées, Rutacées, Térébinthacées, Juglandées, Rhamnées, Célastrinées, Grossulariées, Aralia- cées, etc. Pour chaque espèce, l'auteur donne sa synonymie, objet de certains articles critiques fort intéressants, ses localités, l'époque de sa floraison, quel- ques détails sur sa structure, sur sa découverte, son introduction quand elle n'est pas spontanée (ce qui est le cas le plus fréquent). Le cadre du livre, tracé par le titre, en. exclut les végétaux cultivés en plein air dans le midi de la France. Les noms horticoles sont cités avec soin par l'auteur. F a évité d'en- trer dansl'exposition des variétés obtenues par la culture dans certains genres, tels que le genre Prys, et s'est borné en général à l'histoire des espèces légi times reconuues par les botanistes et cultivées dans la région qu'il a prise pour objet de ses recherches. Le premier volume se termine par une table alphabé- tique spéciale des genres et espèces qui y sont étudiés. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Flore des argiles du bassin de Marseille ; par M. le comte Gas- ton de Saporta (Ann. sc. nat., 5, IX, pp. 4-62, avec sept planches). Il est facile de reconnaitre, en passant en revue les espéces des argiles de Marseille, que le nombre total en est singulièrement disproportionné avec l'ensemble présumé de la végétation contemporaine de ces argiles. Cette dispro- portion devient encore plus évidente quand on songe à la richesse de certains groupes, mis en présence de la pauvreté ou de l'absence des autres. Sur trente et une espèces, les Bétulacées en comptent deux, les Salicinéessix, les Laurinées cinq; c'est déjà presque la moitié du nombre total; tous ces arbres, auxquels ont peut joindre le Taxodium dubium, constituaient une association qui fréquentait le bord immédiat des caux, occupait le fond des vallées et y for- mait de vastes foréts, au sein desquelles les Laurinées, et spécialement les Camphora, avaient une prépondérance incontestable. Depuis Armissan, toutes les Laurinées caractéristiques de la Provence sont restées les mêmes, et leur fréquence a augmenté ; il faut en conclure quele climat n'a cessé de devenir de plus en plus humide et tempéré; qu'il a peut-être déjà perdu de sa chaleur première, mais qu'il a gagné en douceur, de manière à favoriser l'extension de toutes les essences pour qui une grande égalité de saison et une humidité presque constante constituent des conditions particulièrement favorables. Certaines de ces espèces ont affecté une extension très-vaste dans l'Europe boréale, notamment les suivantes : Taxodium dubium, Betula Brongniartt, Salix varians, S. Lavateri, Cinnamomum lanceolatum, C. polymorphum. Le Taxodium dubium se rencontrait jusqu’au Spitzberg, où M. Heer l'a signalé; au sud, il pénétrait jusqu'en Grèce, ainsi que le Glyptostrobus euro- peus, dont l'extension, vers le nord, était à peu près semblable; en sorte que ces essences et plusieurs autres, trouvant auprès du pôle des conditions suffisantes de prospérité, occupaient sans interruption une étendue d'au moins hO degrés en latitude. Il serait difficile, dit M. de Saporta, de citer main- tenant des exemples d'une pareille extension, si l'on songe qu'elle n'était pas favorisée par la présence de montagnes ; cependant, de nos jours encore, cer- taines espèces arborescentes s'avancent très-loin dans le nord comme dans le midi : les A/nus incana et glutinosa, ainsi que le Populus tremula, sont de ce nombre, puisque vivant en plaine ou à une faible altitude dans l'Europe mé- ridionale et méme en Algérie, ces arbres pénètrent jusque dans la Laponie suédoise, sans perdre leurs caractères, mais en diminuant de stature. La na- ture n'a donc pas changé, sa fnarche est restée la méme, mais la diminution de chaleur et les révolutions climatériques, peut-être celles relatives à la dis- tribution des saisons età la nature du jour sidéral, ont enlevé à la végétation arborescente au moins 10 degrés à partir du cercle polaire. On ne pourrait croire que la méme espèce ait puautrefois végéter avec un égal succès dans des conditions entièrement opposées et s'accommoder à la fois des longues nuits REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 17 du póle, livré à une obscurité de plusieurs mois, et des hivers à peine sensibles et constamment éciairés que possédait l'Europe d'alors, c'est-à-dire, d'une part, d'un climat extrême, et d'autre part, d'un. climat remarquable par sa douceur et sa régularité. Dès lors, il n'y aurait rien que de naturel à suppo- ser que la position elle-même de l'axe terrestre à pu n'être pas toujours invariable, et qu'en s'enfoncant au sein de périodes tro» éloignées de la nôtre pour étre nécessairement soumises aux mémes lois astronomiques, une moindre inclinaison de l'axe sur le plan de l'orbite terrestre est peut-être Ia vraie cause déterminante des phénomènes qui nous sont révélés par l'état de la végétation polaire vers le miocène inférieur. Aprés avoir décrit les végétaux fossiles des argiles de Marseille, M. de Sa- porta, suivant sa coutume, indique daus un tableau récapitulatif quelles sont les espèces vivantes analogues et quelle est la patrie de ces dernières. Les plantes figurées par lui appartiennent aux genres Pinus, Taxodium, Betula, Depazea, Sclerotium, Myrica, Alnus, Populus, Salix, Laurus, Cinnamomum, les, Pistacia, Engelhardtia, Mespilus, Andromeda, Evonymus, Paliurus et Leguminosites. Octona Lichenum genera vel adhuc controversa, vel sedis prorsus incertæ in systemate, novis descriptionibus iconibusque accuratissimis illus- trata ; par M. Santo Garovaglio, aidé pour l'examen microscopique et pour l'iconographie par M. J. Gibelli. (Extrait des Memorie della Società ita- liana di scienze naturali, vol. 1v); tirage à part en brochure in-4° de 17 pages avec deux planches. Milan, 1868. Les espèces étudiées dans cette publication sont les suivantes : Sfrickeria Kochii Kærb., Microthelia hecatouspora Anzi, Thelomphale Laureri Kærb., Melanotheca arthonioides Nyl., M. Leightonii Garov. (Tomusellia Mass.) Anzia aterrima Garov. (Rinodina Krempelh.), Thelochroa Flotowiana Mass., 7h. Montinii Mass., Geisleria sychnogonoides Nitschke, et Mosigia gibbosa Fr. Chacune d'elles est successivement étudiće dans sa synonymie et dans ses caractères. Etudes sur Ics fonctions des racines des végétaux; par M. Corenwinder (Mémoires de la Société impériale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, 4867 ; et Ann. sc. nat., 5,1X, pp. 62-69). M. Corenwinder pense que les racines des plantes n'ont pas la propriété d'ab- sorber dans le sol de l'acide carbonique, ou au moins que la quantité qui peut pénétrer dans leurs tissus par cette voie ne doit pas être considérée pour elles comme une source importante de carbone. H établit au contraire que presque toutes les racines expirent constamment de l'acide carbonique. Il se trouve autorisé à affirmer que certaines plantesde marais périssent promptement Jors- qu'on en maintient les racines dans une eau chargée d’une quantité d'acide T. XVI. REVUE) 2 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. carbonique, méme peu abondante. Il est vrai cependant que les arrosements avec de l’eau chargée de cet acide impriment quelquefois à la végétation un accroissement un peu plus rapide; cela tient sans doute à ce qu'il faci- lite la dissolution des substances minérales utiles à la plante. Si l'acide carbo- nique peut s'accumuler en aussi grande quantité dans les tissus végétaux, C'est parce qu'il se répand au voisinage des feuilles qui l'absorbent en sortant de la surface du sol où le ramènent diflérentes pratiques agricoles. M. Coren- winder cite en terminant quelques passagesd'un livre de M. Liebig qui signa- lent des expériences en conformité avec les siennes. M. J. Sachs a aussi noté les traces qu'impriment dans des plaques de marbre les racines du Mais, et qu'il a attribuées à une dissolution du calcaire produite par les excrétions acides des racines. Les expériences de l'auteur ont été effectuées en général sur des racines lais- sées en communication avec les organes aériens des plantes dont elles font par- tie; ils'est entouré en un mot de toutes les précautions nécessaires pour s'éloigner le moins possible des procédés de la nature. Ein Blick in die Mocosflora der Kantons St. Gallen und Appenzell (Un coup d'œil sur la flore bryologique des cantons de Saint-Gall et d’ Appenzell ; par M. A. Jæger (Extrait des Verhandlungen der Saint-Gullischen naturwissenschaftlichen Gesellschaft, 1866-67) ; tirage à part en brochure in-8° de 8^ pages. Saint-Gall, 1868, chez Zoli- kofer. Prix : A fr. Schlæpfer, en 1829, dans son Naturhistorische Beschreibung des Kantons Appenzell, a donné une énumération de 83 Cryptogames ; il était loin d'avoir une connaissance complete de la flore de ce pays. On trouve encore. quelques renseignements sur ce sujet dans l'ouvrage de Deicke, en 1859, et dans celui de C. Théobald, en 1862. M. Jaeger a rassemblé 312 Mousses ; il signale les localités et décrit seulement celles qui ont été signalées comme nouvelles, dans ces dernières années, par MM. Schimper, Milde, Juratzka et Lorentz. Observations sur le Mougeotia genuflexa Ag. et sur la for- mation de ses spores; par M. Ripart (Ann. sc. nat., 5, IX, pp. 70-85, avec une planche). M. Kützing, dans son Species Algarum, déclare que les spores de toutes les espèces qui composent le genre Mougeotia sont inconnues, et ses Tabule phycoloyicæ ne contiennent que des figures de leurs filaments stériles ou dans un commencement de copulation. M. Ripart l'a. rencontré pour la premiere en état parfait de copulation dans les environs de Bourges, et M. Maxime Cornu, le 30 septembre 1868, près de Romorantin. Le troisième fascicule du Flora europea. Algarum de M. Rabenhorst renferme sur la fructification du REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 Mougeotia des idées en contradiction complète avec les faits positifs que l'au- teur aeu deux fois l'occasion d'observer. Après avoir rappelé l'histoire du Mougeotia genuflexa et montré que le Conferva genuflera de Roth n'appartient pas à cette espèce, M. Ripart décrit certains filaments du Mougeotia, presque décolorés, ayant une teinte plutôt brun pâle que verte et composés seulement de deux cellules copulées. Ces der- nières étaient jointes par un tube transversal de nouvelle formation dans lequel les endochromes de chacune d'elles s'étaient réunis en se contractant et en laissant chaque cellule-mère complétement vide. Ces observations confirment une opinion exprimée par Dillwyn. Pent-étre les spores observées par M. Ri- part doivent elles être considérées comme analogues aux chronispores immo- biles de M. Pringsheim, destinées à conserver l'espece pendant fe temps où la végétation est suspendue. Notre confrère établit encore que le Pleurocarpus mirabilis Al. Br., confondu par M. Rabenhorst avec le Mougeotia genufle.ra, en est au contraire fort différent, et que le genre Mesocarpus de Hassall doit rentrer dans le Mougeotia c mme la établi M. de Brébisson. Comme le nom de genuf'e sa, appliqué par Roth à une espèce distincte. de celle qu'a étudiée l'auteur, re saurait être conservé au Mougeotia, M. Ripart propose pour cette dernière le nom de M. Dillwynii. Icones floræ germanice et Lelvetiew, simal terrarum adjacentium, ergo medio Eu: opse ; auctoribus L. Reichenbach et H.-G. Reichenbach filio. Tome xxu, Decad. 5-7. Lipsie, sumptibus A. Abel. Tab. 2092. Genista cinerea DC., G. pulchella Vis. 2093. G. pilosa L., G, pulchella Vis. 2094. Calvcotome intermedia Boiss. , C. infesta Guss., €. villosa Link, Pettera ramentacea Presl, Genista sagittalis L., G. pulchella Vis. 2095. Ononis alopecuroides L. 2096. O. hircina Jacq. 2097. O. hircina Jacq., O. campestris K. et Ziz., O. repens L. 2098. O. antiquorum L., O. brachy- stachva Vis. 2099. O. minutissima L., O. mitissima L. 2400. O. Columnæ All. 2101. O. striata Gouan, O. cenisia L. 2402. O. reclinata L., O. ornithopo- dioides L. 2103. O. viscosa L. et var. breviflora Vis. 2404. O. fruticosa L. 2105. O. rotundifolia L. 2106. O. Natrix, et var. ramosissima Vis. 2107. Trigonella gladiata Stev., Tr. ornithopodioides L. 2108. Tr. Fænum græcum L., Tr. cœrulea Ser. var. B. laxiflora. 2109. Tr. ceralea Ser., Tr. cornicu- lata L. 2110. Tr. monspeliaca L., Medicago radiata L. 2111. M. sativa L. Beones ad foram Europæ novo fundamento iustauran- dam spectantes, auctoribus Alexi Jordan et Julio. Fourreau. 1n-4°, fasc. 27-28, 29-30, 21-32, 33-31, 1808. Paris, chez F. Savy. 1? Suite du groupe du Sempervivum tectorun L. Sempervivum decoloratum Jord. et Fourr. Brev. 11, 30, Culoz (Mn). — 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. S. Beugesiacum Jord. et Fourr. Brev. u, 30, Virieu-le-Grand (Ain). — S. robustum Jord. et Fourr. Brev. 11, 32 (Ain). — S. rhodauicum Jord. et Fourr. Brev. 11, 34. — S. venustum Jord. et Fourr. Prev. 1, 29, Arbeiran (Savoie). — S. validum Jord, et Fourr. rev. 11, 34, in monte Rachet pr. Grenoble. — S. parvulum Jord. et Fourr. Prev. U, 38, La Grave (Hautes- Alpes). — S. lœtevirens Jord. et Fourr. Brev. 11, 37, ibid. — S. luxurians Jord. et Fourr. Prev. 11, 34, Séuse pr. Gap. — S. saxosum Jord. et Fourr. Brev. 11, 36, La Grave. — S. rigidum Jord. et Fourr. Brev. 11, 35, ibid. — S. cantalicum Jord. et Fourr, Brev. 11, 41. — S. leptopetalum Jord. et Fourr. Drev. n, 53, Cantal. — S. erubescens Jord. et Fourr. Brev. 11, ^3, Cantal. — S. corymbosum Jord. et Fourr. Brev. 11, 43, ibid. — S. constrictum Jord. et Fourr. Brev. 11, 43, Cantal. — S. pallescens Jord. et Fourr. Prev. 11, 39, Gèdre. — S. Verloti Lam., Isère. — S. Pomelii Lam., Puy-de-Dôme. — S. Funkii Al. Br. in Flora 4832, Tirol. 2° ^ espèces du groupe du Prunus spinosa L, : Pr. oviformis Jord. et Fourr. Brev. 11, 25, Lyon. — Pr. densiflora Jord. et Fourr. Brev. 11, 24. — Pr. rusticana Jord. et Fourr. u, 24, ibid. — Pr. peduncularis Jord. et Fourr. Brev. 1, 25, ibid. — 6 espèces du groupe du Prunus insititia auct. : Pr. sepi- vaga Jord. et Fourr. 11, 26, Lyon. — Pr. dumetorum Jord. et Fourr. Brev. 11, 26, ibid. — Pr. latifolia Jord. et Fourr. Brev. 11, 27, ibid. — Pr. vapi- censis Jord. et Fourr. Brev. n1, 26, Gap. — Pr. silvestris Jord. et Fourr. Drev. 11, 27, Lyon. — Pr. agrestis Jord. et Fourr. Brev. 11, 27, Lyon. 3^ 8 espèces du groupe du Dorycnium suffruticosum Vill. : D. frutescens Jord. et Fourr. Brev. 11, 21, Béziers. — D. elongatum Jord. et Fourr. Brev. 11, 21, Narboane. — D. dumetosum Jord. et Fourr. 11, 22, Hyères. — D. im- plexum Jord. et Fourr. 11, 21, Sonnac (Charente-Inférieure). — D. insulare Jord. et Fourr. Brev. 1, 23. — D. collinum Jord. et Fourr. Brev. 11, 23, Drôme. — D. stenocladum Jord. et Fourr. Brev. u, 23, Toulon. — D. gra- cile Jord. Fragm. vu, 70, Cette. h^ h espèces du groupe de Y 7/jacinthus. amethystinus L. : H. pyrenæus Jord. et Fourr. Brev. 11,125, Gédre. — H. montanus Jord. et Fourr. Brev. 11, 125, ibid. — H. pallidiflorus Jord. et Fourr. Brev. u, 426, hort. — H. curvifolius Jord. et Fourr. Brev. 11, 126, id. 5° Plusieurs espèces du groupe du Cistus salvifolius L. (Ledonia Spach) : Ledonia humilis Jord. et Fourr. Brev. 11, 17, Béziers. — L. microphylla Jord. et Fourr. Brev. 11, 17, ibid. — L. aprica Jord. et Fourr. Brev. 1,18, Tou- lon. — L. rhodanensis Jord. et Fourr. Brev. 11, 16. — L. platyphylla Jord. et Fourr. Brev. 11, 18, Marseille. — L. velutina Jord. et Fourr. Brev. 11, 18, ibid. — L. fruticans Jord. et Fourr. Brev. 11, 17, Corse. — L. arrigens Jord. et Fourr. Brev. 11,17. REVUE PIBLIOGRAPHIQUE. 21 Cryptogamen-Herharium der Thiüringemschen Staaten (Herbier cryptogamique des Etats de la Thuringe); par M. W.-O. Mül- ler. In-4?. Gera, 1869, chez Griesbach. Cette publication, dont nous annoncons les deux premieres livraisons, com- prend des Lichens, des Hépatiques et des Mousses. Les plantes sont fixées sur des feuilles de papier numérotées, coupées dans le format in-4°, et portant im- primé le nom de la plante. Les Lichens sont nommés d’après le système de Kærber ; ils comprennent douze feuilles. Les Hépatiques en comprennent quatre; les Mousses (avec les Sphagnum), vingt-deux. Bryologia javanica, seu descriptio Muscorum frondosorum archipelagi indici iconibus illustrata; auctoribus F. Dozy et J.-H. Molkenboer, post mortem auctorum edentibus R.-B. van den Bosch et C.-M. van der Sande Lacoste. In-A". Fasc. 5^-60. 1867-68. Leyde, chez S.-J. Brill. Tab. 271. Hypnum Lindbergii Lac. 272. H. isocladum V. d. B. et Lac. 275. H. mammosum C. Muell. 273. H. Boschii Dozy et Molk. 275. H. hamatum Dozy et. Molk. 276. H. cylindricum R. et Hornsch. 277. H. leptocarpum Schw. 278. H. scaturiginum Brid. 279. H. Montagnei C. Muell. 280. I. Dubyanum C. Muell. 284. H. Kurzii Lac. 282. H. aneurodictyon C. Muell. 283. H. reticulatum Dozy et Molk. 284. H. nutans Nees; H. arquifolium V. d. B. et Lac. 285. H. Miquelii Lac. 286. H. Bancanum Lac. 287. H. capil- lipes Lac. 288. H. Zollingeri C. Muell. 289. H. verrucosum Hampe. 290. H. minutissimum C. Muell. 291. H. gracilisetum Hsch et R. 292. H. albescens Schw. 293. H. dealbatum Hsch. et R. 294. H. cyperoides Hook. 295. H. mo. numentorum Duby. 296. H. ichnotocladon €. Muell. 297. H. Chamis- sonis Hornsch. 298. H. Buitenzorgi Bél. 299. H. Moritzii C. Muell. 300. H. sparsipilum Van den Bosch et Lac. Monographia Weliacearumarchipelagzi indici, auctore F. -V.- G. Miquel (Annales Musei. Lugduno-batavi, tome Iv, fasc, 1, 1868). En compulsant les anciennes publications, M. Miquel avait réuni en 1860 55 espèces légitimes de Méliacées provenant de l'archipel de la Sonde. Mais il à trouvé beaucoup de nouveautés dans les herbiers de Korthals, de Forster, de "eysmann et de Vriese. Le nombre des espèces de Méliacées admises par lui dans cette monographie, s'élève aujourd'hui à 145, dont 5 Cédrélées. T y faudrait ajouter encore quelques échantillons dont le classement est incertain. r 1] n'est qu'un. petit nombre de ces espèces qui soient répandues à la fois dans plusieurs des iles de la Sonde, par exemple les suivantes : Melia Azadirachta, Aglatajnrqentea, Dysorylum arboreseens, D. mollissimum, D. Larisii, D. Sandorici (dont là. culture, il est vrai, a bien pu étendre Paire apparente), Xylocarpus obovatus, X. Granatum, espèces littorales, Cedrela fehrifuga, etc. 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Selon la loi qui régit les flores insulaires, un grand nombre de ces Mélia- cées (75) n'ont été recueillies que dans une seule des îles. Certaines d'entre elles paraissent jouer réciproquement le rôle d'espéces vicariantes. M n'y a qu'un très-petit nombre de formes qui soient communes aux îles et au conti- nent asiatique voisin. Après quelques notes sur l'organographie des Méliacées, M. Miquel entre dans l'étude monographique des genres et des espèces, où nous regrettons que l'étroitesse de notre cadre nous empêche de le suivre. La planche jointe au premier fascicule du tome tv des Annales Musei Lugduno-batavi, repré- sente le Wormia ochreata Miq. Die Pflanzenreste des Muschelkalkes vou Recoaro (Les restes végétaux du mouchelkalk de Recoaro) ; par M. Schenk (Geognos- fich-paleontologische Beitræge publiés par E.-W. Benecke, tome 1, première livraison, pp. 69-87, avec 7 planches. Munich, 1868, chez R. Oldenbourg. La première notice qui ait paru sur les plantes fossiles du trias de Recoaro est due à Catullo et se trouve dansles Nuovi Annali di scienze naturali di Bolo- gna en 1846. Depuis, Schauroth est revenu sur le méme sujet dans les comptes rendus de l'Académie des sciences de Vienne, 1855, p. 498, à propos du Volizia heterophylla, et plus récemment dans l'énumération des fossiles con- servés dans le cabinet d'histoire naturelle du grand-duc de Cobourg. Déjà Massalongo avait réuni un certain nombre d'espèces végétales de Recoaro en 1851 dans le Neues Jahresbericht für Mineralogie. M faut joindre à ces do- cuments un mémoire publié par M. de Zigno en 1862 dans les Memorie dell Istituto veneto. Il se trouve à Recoaro deux flores différentes, dont l'une appartient au grès bigarré et l'autre au mouchelkalk. M. Schenk les caractérise d’après les tra- vaux de ses prédécesseurs et d’après les fossiles recueillis à Recoaro par M. Be- necke. En concluant, il s'exprime ainsi : la flore du mouchelkalk se compose presque exclusivement de Conifères, car on ne peut, outre ces dernières, y constater avec certitude qu'une Fougère et une "quisétacée. Le nombre des Conifères s'élève à cinq. Ce petit nombre d'espèces établit une relation intime entre la (lore du mouchelkalk et celle du grès bigarré de Recoaro, et aussi celle de l'argile houillére, puisque celle-ci voit apparaitre les genres Zquise- titrs, Neuropteris el Voltzia, et qu'on nesaurait méconnaitre l'étroite parenté qui relie les espèces de ces formations différentes. Les planches annexées à ce mémoire représentent des espèces appartenant aux genres suivants : Spherococcites, Neuropteris, Pinites, Endolepis, Neu- ropteris, Taxodites et Voltzía. Nous devons signaler une étude toute spécial du Voltzia recubariensis Schenk, dont l'auteur figure les rameaux de divers àges, l'inflorescence mâle et les cônes. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 Notes sur les Lichens de Port-Natal: par M. Nylander. Brochure in-8° de 15 pages. Caen, chez Le Blanc Hardel, 1868. La collection dont M. Nylander a tracé l'énumération systématique dans ce mémoire a été récoltée principalement par Miss Armstrong, et envoyée par M. Mackenzie à l'amiral Jones qui l'a communiquée à l'auteur. Elles se com- pose de quatre-vingt-quatre espèces, parmi lesquelles nous remarquons des nouveautés dans les genres suivants : Pyrenopsis, Collema, Leptoqium, Leci- dea, Opegrapha, Chiodecton et Graphis. Observationes cirer Peiizas Wenmnige: scripsit W. Nylander (Extrait des Notiser ur Sel Iskopets pro Fauna et Flora fennica Fær- handlingar, mai 1868) ; tirage à part en brochure in-8° de 100 pages, avec deux planches. Nous avons déjà parlé des explorations crvptogamiques dirigées dans le nord de l'Europe par M. P.-A. Karsten, dont les collections ont été admises à Ex- position universelle. M. Karsten a publié à Helsingfors, il v a quelques années, un Synopsis Pezizarum et Ascobolorum Fenniæ, que critique M. Nylander dans ce mémoire, d’après les échantillons conservés au Museum fennicum. 1l a constaté dans lacollection déposée dans cet établissement par M. Karsten la présence d'espèces que ce dernier naturaliste n'avait pas mentionnées dans son mémoire, et inversement l'absence de plusieurs de celles qu'il avait ad- mises par de fausses déterminations. L'examen de matériaux provenant d'autres sources à permis à M. Nvlander de décrire cent deux espèces de Peziza et quatre de Z'ympanis, après quoi il trace un synopsis des premières et donne des notes sur quelques espèces d' Ascobolus. Ila noté avec soin les caractères spécifiques que l'on. reconnait en éprouvant par l'iode les tissus de certaines espèces. Dans un appendice, M. Nylander expose les caractères de quelques Sphériacées qui doivent être ajoutées à la flore de la Finlande. Son mémoire se termine par un index. Les planches représentent les spores de quelques-unes des espèces qui font le sujet du mémoire. Breviarium plantarum novarum, sive specierum in horto ple- rumque cultura recognitarum descriptio contracta ulterius amplianda ; auc- toribus Alexi Jordan et Julio Fourreau. Fasciculus tt, in-8? de 137 pages. Paris, chez F. Savy, 1868. L^ premier fascicule de cet ouvrage porte la date de 1866. Le second, paru dans les derniers mois de 1868, a été cité par les auteurs dans le texte de leurs Icones. Comme nous indiquons serupnlensement toutes les espèces décrites et figurées dans cette dernière publication, à mesure qu'en paraissent les livrai- sons, nous pouvons nous contenter de signaler les genres qui ont été étudiés dans le deuxieme fascicule du Breviarium par MM. Jordan et Fourreau, ou 24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plutôt les espèces généralement admises dans lesquelles ils ont distingué par la culture de nouveaux types spécifiques. Ce sont les suivantes : Alyssum alpestre L., A. argenteum auct., A. montanum L., A. macrocarpum DC., Clypeola Jonthlaspi L., Cistussalvifolius L., Alsine media L., Dorycnium suffruti- cosum Vill., Prunus spinosa L., Prunus insititia auct., Sempervivum tectorum L., S. hirtum L. (Diopogon Jord. et Fourr.), Succisa pratensis Mænch, Se. stellata L., Scabiosa graminifolia L. (Asterocephalus Vaill.), Buphthalmum maritimum L. (Asteriscus Tourn. ), Phagnalon saxatile Cass., Helichrysum Stechas L., H. serotinum Boiss., Artemisia Abrotanum L., A. campestris L. (Oligosporus Cass.), Silybum Marianum auct., Centaurea Crupina L., Tolpis barbata auct., Odontites viscosa auct., Lavandula latifolia Vil., Satureia montana L., Hyssopus officinalis L., Stachys marrubiifolia auct., Betonica hirsuta L., B. officinalis L., Androsace carnea L., Romulea Bul- bocodium Seb. et Maur., Narcissus Tazetta L. (Hermione Haw.), Tulipa silvestris L., Asphodelus ramosus L., Hyacinthus amethystinus L., Allium roseum L., A. oleraceum L. (Codonoprasum Rchb.), Holcus lanatus L., E gilops ovata L. Le deuxième fascicule du Breviarium se termine, comme le premier, par un index. Note sur le staminode des Scrofulaires aquatiques indi- gènes à la Belgique ; par M. B. Du Mortier (Extrait du Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, tome vni, n° 1); tirage à part en brochure in-8° de 11 pages. M. Du Mortier a autrefois créé deux nouvelles espèces de Scrofulaires à une époque où l'on faisait peu d'état des variations qu'offre le staminode dans ce genre. Il complète aujourd'hui ses précédentes observations par l'étude de cet organe, et les étend aux cinq espèces suivantes : Scrofularia nodosa L., S. aquatica L., S. cinerea Du Mort., S. Neesii Wirtgen et S. umbrosa Du Mort. Dans chacune d'elles le staminode offre une conformation spéciale. M. Du Mor- tier établit en passant que le S. alata Gilibert, admis dans la flore de Brande- bourg par M. Ascherson, est purement et simplement le S. aquatica L. et non le S. umbrosa Du Mort. Son mémoire se termine par la synonymie chronolo- gique de ces cinq especes. Essai sur les espèces du genre Verbascum croissant spontané- ment dans le centre de la France et plus particulièrementsur leurs hybrides ; par M. A. Franchet (Extrait des Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, tome xXit, pp. 65-404); tirage à part en brochure in-8", avec deux planches lithographiées. , »" . . , * L'auteur commence par exposer les difficultés sérieuses qui s'opposent à "» ` Tr . o . tnus , l'étude des espèces de Verbascum : variations de certains types, facilité de l'hy- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 bridation naturelle. Le travail qui suit est divisé en deux parties. Dans la pre- mière, il expose d'une facon générale les caractères des Verbascum, et il examine la valeur de chacune des notes spécifiques qu'on peut tirer, soit de leurs or- ganes de végétation, soit de leurs organes de fructification. Il a suivi le Mono- graphia generis Verbasci de Schrader. 1l fait suivre cette exposition d'obser- vations sur l'hybridité considérée principalement chez les Verbascum. Dans la seconde partie, il décrit avec tout le soin possible les Verbascum légitimes ou hybrides, suffisamment connus de lui, observés dans le centre de la France ou du moins susceptibles de l'étre. Il aurait pu décrire un nombre plus considé- rable d'espèces ou d'hybrides, mais il n'a voulu parler qu'en toute sûreté de cause. Il s'est montré très-sobre d'indications de localités, dans la crainte de confusion. M. Humnicki a bien voulu dessiner, pour le travail qu'il soumet aujourd'hui aux botanistes, les corolles et les organes spéciaux de la reproduc- tion. Les études suivies que M. Humnicki a faites dans le genre Verbascum sont un sûr garant de l'exactitude de ces croquis. Plusieurs espèces nouvelles sont établies par M. Franchet dans cette étude : Verbascum Humnickii, V. Nouelianum, V. Euryale, V. Lamottei, V. Nisus, V. foliosum, V. dimor- phum, V. heterophlomos, V. auritum, V. Wirtgeni, V. macilentum et V. diphyon. Il termine par une clef dichotomique. Nous devons signaler ici l'opinion de M. Franchet sur la nature de l'espèce. Il ne croit point à la race fixée; il n'admet pas qu'une espèce puisse donner naissance à une autre espèce désormais différente et non reversible au type pri- mitif. Il attend, pour se convertir à cet ordre d'idées, autre chose que l'exposé plus ou moins logique d'une théorie entrainante, mais jusqu'ici du moins, complétement dénuée de preuves sérieuses a l'appui. Ueber den Hau und die Eníwickelung der Nahrungs- organe parasitischer Phanerogamen (De la structure et du développement des organes de nutrition des Phanérogames parasites) ; par M. le comte Hermann de Solms-Laubach ( Pringsheim's Jahrbuecher, 1868, t. VI, 4° livraison, pp. 509-638, avec huit planches). Après une introduction où l'auteur traite de l'historique du sujet et des diverses sortes de parasitisme, il s'occupe successivement des Orobanches, du Striga orobanchoides Steud. de la vallée du Nil, dont M. Schweinfurth lui a fait parvenir des échantillons conservés dans l'alcool, des Balanophorées, des Santalacées, des Rbinanthacées, des Cuscutes, du Cytinus, des Lorantha- cées. Toute cette partie n'est qu'une discussion des observations faites sur chacune de ces familles par de nombreux auteurs, notamment par M. Chatin. M. de Solms-Laubach termine par Ie résumé saivant. I n'existe pas toujours de grande différence entre les organes de succion des parasites et les véritables racines. Toute racine adventive nait dans Vinté- rieur du tissu de la plante mère par le moyen d'un mode particulier de parti- 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion cellulaire; il se développe ainsi un organe spécial qui, recouvert d'une coléorrhize, se porte en dehors en traversant les tissus. Dans la Cuscnte, les choses se passent d'une manière analogue. Le sucoir est un cylindre d'axe qui, primitivement, est analogue à une racine adventive revétue de sa coléorrhize, Mais il en est tout autrement dans le Thesium. ici, dans l'état le plus jeune, des éminences homogènes où rien n'indique une coléorrhize ni un développe- ment par le sommet. Le parenchyme environnant et l'épiderme ne sont point traversés par ces corps, mais amenés à en faire partie. Le sucoir des 7'Aesium est un organe tout spécial, se développant suivant des lois particulières, que l'on ne peut désigner par le terme de racine; il est possible que lors de sa pre- mière apparition il possède le caractere d'une racine adventive, mais ce carac- tere serait altéré beaucoup plus tôt que chez la Guscute. Pour le Viscum album, l'auteur avoue que les matériaux qui ont été à sa disposition ne l'ont pas conduit à une explication suffisante. Toutefois il parait que là, comme dans le sucoir de la Cuscute, la surface d'adhérence est formée par la dilatation du tissu de l'extrémité radiculaire de la jeune plante et tra- versée par un corps dont l'extrémité émet latéralement les organes regardés jadis comme des racines corticales. Le caractere radiculaire de ces derniers ne saurait d'ailleurs aucunement être nié, puisqu'on y reconnait la croissance par le sommet et la présence d'une coléorrhize; cependant leurs ramifications n'ont rien de commun avec les racines au point de vue morphologique. Schacht a essayé. de les caractériser comme des faisceaux vasculaires modifiés, mais ils ne répondent pas par leur structure à l'expression de Schacht. H està la fois très-naturel et trés-convenable de les considérer comme des excroissances des racines corticales, modifiées et ne pouvant être comparées morphologi- quement à aucun organe connu. Peut-être une étude détaillée de leur mode de développement jettera-t-elle quelque lumière sur ce sujet. Il y a un autre groupe de sucoirs et de surfaces adhérence qui sont pro- duits directement par l'extrémité vadiculaire de l'embryon et qu'on pent com- parer par conséquent à des racines adventives ou à des racines principales. Dans cette classe se placent les organes d'adhérence des Orobanches et des Balanophorées, peut-étre aussi celni du Cytinus Hypocystis, encore inconnu dans son premier développement. Chez les Orobanches, on n'a rien observé qui permette de conclure à l'existence. d'une coléorrhize; l'embrson y est complétement nu à son extrémité radiculaire. Il résulte de ces faits que le terme de sucoir est une appellation bien vague dans l'état actuel de la science ; et que pour le définir on devrait le restreindre aux organes qui sont des rami- fications latérales de l'axe. Dans les autres cas, on devra alors employer le terme de « organe d'adhérence ». REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 27 Hedwigia, ein Notizblatt für Kryptogamische Studien; nebst Repertorium für krvptogamische Literatur, redigirt von Dr. L. Rabenhorst. Tome sep- tième, Dresden, 1868. In-8° de viri et 192 pages, avec 4 planche. Dans la Revue bibliographique de 186$, p. 39, nous avons indiqué le but que se propose M. Rabenhorst en publiant le journal cryptogamique Hedwigia. Le septième volume de ce recueil renferme, comme les précédents, sous le titre de Repertorium, de nombreux extraits de divers travaux publiés sur la Cryptogamie, qui sont venus à la connaissance du laborieux rédacteur; la Suède surtout est largement représentée dans cette partie du journal. Nous nous bornerons à analyser brièvement les travaux originaux qu'il contient. M. Grunow, dans l'intention de débrouiller le chaos qui existe encore rela- tivement à la connaissance des Schizonema et des Zerckeleya, s'est livré à des recherches d'autaut plus difficiles qu'en présence des descriptions souvent incomplètes et en l'absence d'échantillons authentiques et d'une bonne conser- vation, les questions relatives à la distinction des espèces offrent de grandes difficultés. Les espèces rangées autrefois dans les Schizonema rentrent main- tenant dans deux familles, les Amphipleurées et les Naviculacées. L'auteur donne un aperçu des divers genres rentrant dans ces deux groupes et termine sa notice par des détails sur un assez grand nombre d'espèces qui en font partie. — M. Pitra, de Charkow, publie ses recherches sur le CAlorangium escu- lentum, trouvé en abondance sur les montagnes crétacées du pays des Cosaques, sous 48 degrés 1/2 de latitude nord. Contrairement à M. Eversmann, il admet, lui aussi, une seule espèce pour le genre Chforangtum, fondée sur le Lichen esculentus Pall., et fait remarquer que c'est au nom de Sphærothallium Nees qu'appartient la priorité, Il discute en détail les caractères distinctifs dans les- quels les auteurs ont prétendu trouver des différences spécifiques. — M. Auers- wald publie ses recherches sur le Sp/ueria cubicularis Fries, qui aurait été confondu avec diverses autres plantes. Plus loin, M. Nitschke, qui avait été mis en cause, répond aux critiques de M. Auerswald. Ce dernier donne une réplique. Nous nous dispensons de faire connaître ces détails, où la personna- lité des auteurs vient trop en évidence. — Un séjour assez prolongé de M. Eiben à l'ile de Borkum, de la Frise orientale, lui fournit l'occasion de donner un pre- mier relevé, comprenant les Mousses, les Hépatiques et les Lichens qu'il a rencontrés, Plus loin, le même auteur publie un supplément à une notice an- térieure (Hedwigia A861) sur la flore cryptogamique des iles de Norderney et de Borkum. — M.G. de Niessl a constaté, de son côté, en Moravie et en Bohème, que PAsplenium adulterinum ne saurait être un hybride produit. par les A. trichomancs et viride, ce. dernier n'existant pas là. où lon rencontre rA. adulter inum. _ Dans les Annales des SUCRES naturelles pour 1851, MM. Grouan freres décrivent un Ascobolus trouvé sur les excréments du chien. M. Auerswald a cueilli sur cette même substance trois autres espèces du méme 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. genre qu'il décrit sous les noms d'A. caninus, polysporus et fallax. Un exa- men microscopique très-attentif lui a donné la conviction qu'il avait affaire à des espèces distinctes de PA. microscopicus Grouan. M. Auerswald s'est occupé de la révision du genre Sporosmia DNtrs (Hormospora Fries). Fries ne connait qu'une espèce de ce genre, fondée sur le Sp/urria stercoris DC. ; plus tard, Cesati et De Notaris ont signalé deux autres espèces, les H. fimetaria DNus et ovina Desmaz. M. Auerswald trace les caractères de neuf espèces de Sporos- mia qu'il connait maintenant. Une planche donne les détails microscopiques de huit de ces espèces, la neuvième n'ayant été signalée que plus tard. — Le professeur Nitschke fait part de ses observations sur huit espéces de Pyrénomy- cètes. — Par suite des résultats obtenus au laboratoire de l'Institut agricole de Berlin, placé sousla direction du professeur Karsten, M. Gabel fournit divers renseignements sur les spermatozoides, accompagnés d'un résumé des mé- moires publiés pendant les dernieres années sur cette question. Il résulte de ces recherches que les auteurs. qui ont traité cette question sont arrivés à des résultats qui ne sont généralement guère conformes à ceux qu'on a consignés à Berlin. L'auteur fait remarquer que les faits admis par M. Roze dans le Bulle- tin de la Société botanique de 186^ et 1865, ainsi que dans les Annales des sciences naturelles de 1867, sont d'accord avec les résultats obtenus à Berlin par M. Karsten. BUCHINGER. Revision of the norih american species of the genus Juncus (Revue des espèces de Juncus de l'Amérique du Nord), par M. W. Engelmanu (Transactions of the Acudemy of sciences of Saint- Louis, vol. 11, n° 2 et 3, pp. 424-498). Saint-Louis, 1868. L'auteur commence par faire connaitre d’après quelles sources il a travaillé; il donne ensuite quelques détails sur les organes de végétation, sur l'inflores- cence, les fleurs et les graines, et sur la valeur des caractères que ces divers organes fournissent à la classification. Il attache beaucoup d'importance à la manière dont sont disposées les stries des graines ; on sait que ce point a déjà (té spécialement étudié par M. Buchenau, relativement aux Joncées d'Alle- magne. Ensuite il trace le conspectus des espèces qu'il a étudiées et qui s'éle- vent au nombre de 50, puis s'occupe de leur distribution géographique. Sur ces 50 espèces, 33 seulement sont spéciales à l'Amérique du Nord; parmi les 17 autres se rencontrent un certain nombre de types européens, Juncus effu- sus L., J. trifidus L., J. triglumis L., J. stygius L., J. tenuis Willd., J. Gerardi Lois. , J. bufonius L. et J. articulatus L. (J. lampocarpus Ehrh.incl. ). Plusieurs espèces nouvelles sont en outre établies par l'auteur, qui donne de longues annotations au sujet de chaque type. M. Engelmann conçoit l'espéce d'après une base trés-large : ainsi dans ses quatre variétés du J. acuminatus Mich., il fait rentrer sept espèces regardées comme distinctes par certains auteurs. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 29 Dc l'influcncce de l'attraction terrestre sur la direction des plasmodin des Wyxomnmyeetes:; par M, S. Rosanoff (Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg, V. XVI, pp. 149-152, avec une planche). Il résulte des observations et expériences de l'auteur. que l'attraction. ter- restre exerce une influence directrice sur la masse semi-fluide des plasmodia vivants, dont les molécules se disposent symétriquement par rapport à la ligne verticale et tendent à s'éloigner autant que possible du centre de la terre. Il n'existe plus de motifs, dit M. Rosanoff, pour douter de l'identité morpho- logique et physiologique des plasmodia avec le protoplasma des cellules végé- tales et animales vivantes, et, à mon avis, on pourrait se trouver en. droit de supposer que le protoplasma, renfermé dans les cellules des étres d'une orga- nisation supérieure, doit être semblable aux plasmodia ence qui concerne Fac- tion exercée par la gravitation. Pendant ses observations, il a pu, avec la plus grande évidence, constater le inode suivant lequel s'opere la translation des plasmodia. Le bord d'accroisse- ment ne s'avance pas d'une manière continue et uniforme, mais bien par pul- sations ou oscillations. Traité de paléontolozie végétaie ; ou la flore du monde primitif dans ses rapports avec les formations géologiques et avec la flore du monde actuel; par M. W.-Ph. Schimper. Tome I; in-8° de 738 p., avec 50 plan- ches grand in-4° lithographiées. Paris, chez J.-B. Baillière et fils, 1869. Prix : 50 fr. Nous avons annoncé dans notre dernier numéro la publication prochaine de ce bel ouvrage, en méme temps que nous en faisions connaitre le mode de publi- cation. Nous sommes heureux d'appeler aujourd'hui l'attention de nos con - frères sur les matières que renferme le premier volume. Il contient la première partie et le commencement de la deuxième. La première partie est une introduction qui renferme un apercu historique ct des généralités traitées de la manière la plus intéressante, où lauteur expose son opinion sur des sujets d'une grande actualité. L'historique est borné à l'indication des ouvrages les plus importants, l'auteur devant ajouter à la fin de son ouvrage une énumération bibliographique aussi complète que possible. Les généralités comprennent des considérations sur l'état de conservation des végć- taux fossiles, sur la distribution de ces végétaux suivant. les formations, sur leur mode de conservation, sur les principes à suivre dans leur détermination, sur les changements qui se sont opérés dans le règne végétal depuis sa première apparition jusqu'à l'époque actuelle, un coup d'œil général sur les flores des diverses époques géologiques, et sur l'application de la paléontologie végétale à la climatologie du monde ancien età la géologie. Cette introduction se termine par une classification générale des terrains stratifiés. 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans cet exposé, M. Schimper se montre partisan, comme naturaliste, du système de M. Darwin, sans en accepter toutefois les conséquences que l'école matérialiste en a déduites au point de vue théologique. Pour le savant profes- seur de Strasbourg, la marche évolutive de la terre est aussi nettement marquée par un progrès continuel que celle de l'individu, depuis le moment de sa nais- sance jusqu'à celui de son développement complet; mais dans celui-ci, cette évolution progressive se fait pour ainsi dire à vue d’œil, tandis que dans l'indi- vidu complexe que nous appelons la nature organique, elle est échelonnée sur des milliers d'années, de sorte que les traits saillants de la transformation échappent souvent à nos regards. Rien n'est stationnaire dans le monde orga- nique, mais tout y est soumis à un mouvement obligatoire. Ce mouvement est progressif ou rétrograde, c’est-à-dire que s'il est parfois rétrograde pour les espèces ou les types, il est toujours progressif pour l'ensemble. Toute marche ascendante du type doit arriver à un point culminant, où sa vitalité est le plus intense; ce point sera toujours d'autant plus long à atteindre que les facteurs qui y concourent sont plus nombreux et plus variés. La méme loi pré- side au développement. de l'individu : plus son organisation est riche et com- plexe, plus il lui faudra de temps pour s'épanouir. Le mouvement rétrograde commence là où cesse le mouvement ascensionnel, et la mort en est la dernière et fatale limite. La mort de l'individu est le résultat d'une loi innée, à laquelle viennent se joindre des causes extérieures. Il doit en être de méme des espèces, et ainsi de suite. Les renouvellements des flores anciennes produits par la dis- parition des types établis n'ont pas été amenés uniquement par des causes exté- rieures, telles qu'immersions, bouleversements ou modifications climatériques, mais aussi par des causes inhérentes à la nature des êtres inorganiques. M. Schimper se montre partisan décidé de la doctrine de la transformation des types, qui supprime les créations intermédiaires. Il cst vrai, dit-il, que dans la marche ordinaire de la nature, une espéce produit toujours invariable- ment des individus tous pareils entre eux, mais il arrive aussi quelquefois, et tout à fait spontanément, au moins en apparence, qu'une seule espèce produit des variétés qui s'éloignent d'une facon ou de l'autre de la plante-mère, et que ces variétés donnent naissance à d'autres, qui, s’écartant toujours plus de la lorme primitive, finissent par former une plante si évidemment différente. que d’après les lois de classification elle constitue nécessairement une espèce à part. Le terrain qui, dans les révolutions géologiques, sortait humide du fond de la mer, était tout différent de ce qu'il avait été au moment ou les flots l'omt en- glouti. Les espéces des contrées avoisinantes, qui venait s'y implanter, y trou- vaient une alimentation nouvelle et différente, dont elles devaient bientôt se ressentir; les modifications produites devaient se perpétuer avec la cause qui les avait déterminées, et la différenciation des climats s'établissant peu à peu, mais d'une facon permaaente, il en était de méme de la transformation des flores et des faunes. Aigai les nouveaux êtres n'ont pas été créés, ils se sont REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 31 formés. Dès que la possibilité du changement est constatée, il s’agit simple- ment du plus ou moins ; c'est ce que l'on perd de vue lorsque voyant une graude transformation sans en connaitre les degrés intermédiaires, on est tenté de crier au miracle, c'est-à-dire d'y voir un phénomène qui sort de la marche réguliere des choses. La deuxieme partie est l'histoire naturelle spéciale. des végétaux fossiles. Elle présente dans un ordre taxonomique les diagnoses des végétaux observés jusqu'à ce jour dans les diverses couches du globe, eu commencant par la cryptoganie, dont traite le premier. volume. L'auteur fait des ordres diffé- rents des Équisétées et des Calamitées, auxquelles se rattachent, d'une ma- nière incontestable (dit-il p. 291), les Aste ophyilites et les Volkmannia. M réunit les PAyllotheca aux Équisétées, d'après les observationsde M. Mac Coy. Les paléontologistes liront avec un vif intérêt la discussion à laquelle l'auteur s'est livré sur la structure des Calamites, en partie d’après les travaux de M. Binney, de Manchester. Les Sphenophylium sont placés aussi par lui dans les Calamitées; C'étaient sans doute des plantes aquatiques flottant dans l'eau comme nos Potamogeton, nos Myriophyllum et nos Batrachüiiin. Au point de vue de la nomenclature, M. Schimper fait ane remarque impor- tante. Il supprime presque complétement la dénomination zźes. Quand il v a certitude complete, dit-il, il faut donner à la plante fossile le nom du genre vivant auquel elle appartient ; sinon, il convient de prendre la terminaison ides, pour exprimer une simple ressemblance. Les planches jointes à cet ouvrage, dont un grand nombre sont originales, sont exécutées avec le plus grand soin, et offrent un grand intérêt. Nous revien- drons plus tard sur l'importance de cette publication quand elle sera terminée et que nous en connaitrons la préface, qui ne doit paraître qu'avec les derniers fascicules, Mousses des environs de Cherbourg; par M, Aug. Le Jolis (Extrait des Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg, t. XIV) ; tirage à part en brochure in-8° de 46 pages. La flore bryologique des environs de Cherbourg présente les mêmes carac- ières que l'auteur a déjà signalés à propos des plantes vasculaires et des Lichens de la méme région. Les Mousses, comme les Lichens saxicoles, en échappant aux changements factices produits par les amendements des terrains, conser- vent, mieux encore que les Phanérogames, l'aspect primitif d'une. végétation plus tard restreinte par l'envahissement des cultures. On obtient, en les exami- nant, de nouvelles preuves du rôle important que joue l'influence minéralogique dans la distribution des végétaux. Le sol des environs de Cherbourg repose sur des roches siliceuses ; l'argile v domine dans la terre végétale, et les Mousses silicicoles, ainsi que celles qui demandent une terre argileuse arénacée, s'y trouvent en immense majorité, Par contre, à peine remarque-t-on à Cherbourg 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une demi-douzaine d'espèces calciphiles, et encore la présence de ces plantes peut- elle facilement s'expliquer par la nature exceptionnelle deleur habitat. Certaines d'entre elles demeurent sur le littoral où, plongées dans une atmosphère saturée par l'écume des vagues, elles trouvent une source suffisante de l'élément calcaire qu'elles affectionnent. Cette atmosphère maritime favorise aussi, parmi les Mousses comme parmi les autres plantes, la présence de plusieurs espèces méridionales qui, sous la même influence, pénètrent encore plus au nord, en Angleterre et en Irlande ; l'extension que prennent ces plantes dans l'ouest de l'Europe leur donne méme l'aspect de plantes occidentales. Bien que les collines des environs de Cherbourg n’atteignent qu'une très- faible élévation, la florule cryptogamique de ce pays est en général celle d'une région montagneuse. La liste des Mousses donnée par M. Le Jolis se borne aux plantes qu'il a recueillies et dont les types existent dans son herbier. Il a été aidé dans ses déterminations par M. le professeur Schimper et par M. Bescherelle. Des Agaries à forme pézizoide et deleur développement; par M. J. de Seynes (Extrait des Annales de la Société Linnéenne de Maine-et-Loire, t. X1); tirage à part en brochure in-8° de 10 pages. La disposition pézizoide qu'offre certains Agarics peut être résumée de la mauiere suivante : l'Agaric présente un chapeau sessile renversé sur son som- inet et fixé par ce sommet ; on a ainsi sous les yeux une cupule plus ou moins relevée, plus ou moins aplatie, offrant l'aspect des Cyphella et des Peziza; seulement la surface intérieure de la cupule, au lieu d'étre lisse, est garnie de lamelles qui convergent vers un de ces points. Cette disposition peut se présen- ter pendant une seule phase du développement du réceptacle, ou bien elle peut être constante. Dans le premier cas, tantôt, comme dans l’ Agaricus variabilis (Cf: Hoffmann, /cones analytic Fungorum, h° live., p. 96, tab. 22, f. 3), on a sous les yeux un Agaric à pédicule très-court et latéral, dont le chapeau devient résupiné et parait fixé par son sommet dans la dernière période de son développement ; tantôt le réceptacle de l'Agaric ne prend la forme pézizoide que dans la premiere période de son développement et la perd ensuite, quel- quefois de trés-bonne heure. Il est probable qu'il faut ranger dans cette dernière catégorie des formes telles que l'Agaricus pezizoides Nees et l'A. cyphellæ- formis Berk. Il n'en est pas de méme d'une espèce nouvelle pour la flore euro- péenne, découverte en Algérie par M. Durieu de Maisonneuve, l'Ag. crate- rellus Lév., que M. de Seynes a observée dans le département du Gard. Le réceptacle de cette espèce parasite émerge au-dessus de l'écorce sous la forme d'un point blanc ; plus tard, quand ce point grossi ressemble à une sphérule, une excavation se produit au sommet de celle-ci ; elle prend alors l'aspect d'une petite Pezize analogue au Peziza papillaris Bull.; plus tard, le réceptacle s'agrandit dans tous les sens en conservant cette forme. L'étude du méca- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 nisme par lequel se produit cette forme typique chez les Agarics montre qu'elle est l'expression d'un fait physiologique et non pas une simple anomalie. Note sur Ia flore fossile de Coumi (Eubée); par M. le comte G. de Saporta (Extrait du. Zulletin de la Société géologique de France, 2* série, t. xxv, 20 janvier 1868, pp. 315-328). Au moment où M. de Saporta insérait dans le grand ouvrage de M. Gaudrv, Animaux fossiles et géologiques de l’Attique, une notice sur les plantes fos- siles de Coumi, M. F. Unger, à qui l'on devait déjà une premiere description de cette localité, publiait de son côté une Flore fossile de Coumi, comprenant un total de 116 espèces. La notice actuelle a pour but de coordonner les tra- vaux antérieurs de ces deux auteurs, pour éviter de laisser dans les catalogues la méme espèce inscrite sous deux dénominations absolument différentes. M. Unger, dans son Æeise in Griechenland, avait regardé la flore de Coumi comme éocène ; il est revenu ensuite de cette opinion, mais il semble à lau- teur pêcher par un excès opposé, lorsqu'il place cette flore sur le même hori- zon que Pikermi. M. de Saporta, en publiant sa notice antérieure, avait pensé qu'on ne peut reporter la flore fossile de Coumi ni au-dessous du tongrien, ni plus haut que le miocène inférieur. La flore d'Armissau et celle de Manosque, dans le midi dela France, lui ont paru correspondre à celle de l'Eubée, avec une précision d'autant plus évidente que la distance étant plus considérable, les liens dus à la présence d’espèces communes et à la prédominance des mêmes genres caractéristiques n'en reçoivent que plus de valeur. La publica- tion du dernier ouvrage de M. Unger ne change rien à ce point de vue, auquel l'auteur se rattache d'autant. plus volontiers qu'il lui parait résulter aussi bien de l'étude de l'ensemble que de celle des espéces en particulier. M. Unger, dit-il, est bien plus dans le vrai, lorsque rappelant les affinités que M. Gaudrv a mises en lumiere entre la faune de Pikermi et celle de l'Afrique, il fait res- sortir la méme liaison en ce qui concerne la flore. La flore de Coumi se différencie de celle des localités correspondantes de la France méridionale par la présence de Chênes dont aucun ne s'est encore ren- contré en Provence, quoique la plupart aient. été signalés, soit en Suisse, soit en Italie, soit en Autriche, soit méme en Russie. Ces Chênes ont dû être tous particulièrement confinés vers l'Est de l'Europe à l'époque tertiaire. Les uns rappellent les espèces mexicaines ; les autres se rapprochent évidemment des formes qu'on observe encore sur les bords de la Méditerranée ou dans l'Asie- Mineure et la Perse. On theancient flora of America (Sur la flore ancienne de P Amé- rique); par M. Lesquereux (Annual report of the Trustees of the Museum of comparative zoology at Harvard college, in Cambridge, 1868). Dans un Report on the fossils plants of the Museum, contenu dans ce T. NVL REVUE) 9 34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. compte rendu, M. le professeur Lesquereux, qui s’est déjà depuis longtemps appliqué aux études de paléontologie végétale, fait remarquer que les flores des terrains américains les plus anciens avaient déjà leurs types particuliers, dis- tincts de ceux des autres continents. Cela est méme évident dans la végétation de l'époque carbonifère. Il résulte de ce fait qu'il est impossible de soutenir que l'Amérique ait été jointe à l'Europe par. l'Atlantide ou par aucun continent intermédiaire. M. Lesquereux insiste encore sur ce point, que les types parti- culiers aux formations crétacées et tertiaires de l'Amérique du Nord se sont conservés jusqu'à l'époque actuelle, par exemple les Megnolia, tandis que ce genre manque complétement aux flores correspondantes de l'Europe. L'auteur signale encore un fait intéressant : on voit dans le terrain tertiaire des États-Unis les mêmes types prédominer des deux côtés des montagnes Rocheuses ; mais sur le versant atlantique, on n'y trouve pas trace de Coni- feres, tandis qu'en Californie et dans l'ile Vancouver, les bois rouges de e - quota abondent dans le terrain crétacé, de méme qu'ils forment encoie au- jourd'hui dans ce pays l'élément principal de la végétation arborescente. XXV-XXVII Jabiresbericht der Pollichic. In-8°de 215 pages. Durckheim, avril 1868. Le volume du Pollichia qui vient de paraître, et qui renferme les comptes rendus de cette Société pendant les annnées 1866-1867, ne renferme guére qu'un seul travail relatif à la botanique : c'est un mémoire de 52 pages de M. Ferd. Winter, de Saarbruck, sur la flore bryologique du bassin de la Sarre, précédé d'une notice sur la topographie et sur la géognosie de cette contrée. Le nombre des espèces de Mousses trouvées par M. Winter est de 289. Les terrains et les localités où les plantes se trouvent sont soigneusement indiqués. L'auteur n'a donné que pour une seule espèce quelques mots concernant ses caracteres différentiels. Das Mikroskop und seine Anwendang (Le microscope et l'art de s'en servir); par M. L. Dippel. 2° partie, première livraison. In-8° de 328 pages, avec de nombreuses figures intercalées dans le texte, et six planches en partie chromo-lithographiées. Braunschweig, février 1869, chez Fr. Vieweg et fils; Paris, chez F. Klincksieck. Prix : 16 fr. Cet ouvrage se compose de deux parties. La première traite de la structure et du inaniement du microscope; la deuxieme, de son application spéciale à l'histologie végétale. La première correspond, d'une manière générale, aux ouvrages de M. Harting et de M. H. de Mohl. On v trouve des détails importants sur la puissance optique des divers microscopes et sur la maniere de la constater, sur les instruments des différents fabricants, sur l'emploi de la lumiere polarisée, ete, La deuxième partie est extrêmement développée, et peut être considérée comme un traité d'histologie végétale. Les divisions $ REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 35 sont tirées de la structure des organes élémentaires eux-mêmes. C'est ainsi que l'auteur examine successivement l'organisation de la cellule en général, puis son organogénie, son développement, les propriétés chimiques de ses cou - ches d'accroissement, les modifications de celles-ci, les diverses sortes de cellules. Il passe ensuite à l'examen du tissu des végétaux plus élevés que les végétaux simplement cellulaires; il étudie le parenchyme, la moelle, l'écorce, ou tissus généraux ; puis les tissus spéciaux : faisceaux vasculaires des Mousses el des Hépatiques, des Cryptogames supérieures, des Monocotvlédones, des Cycadées et des Conifères, des Dicotylédones. Les vaisseaux laticifères et les organes qui s'en rapprochent (tubes cribreux, grillagés, etc.), sont, comme on doit s'y attendre, l'objet de l'attention. particulière de l’auteur. Vient ensuite l'examen des phénomènes que présentent les tissus végétaux traversés par un faisceau de lumière polarisée. Le livre se termine par des détails d'anatomie comparée, L'auteur examine sous cette rubrique les couches des Cryptogames inférieures, la tige des Mousses, des Gryptogames supérieures, des Monocotylé- dones, des Gymnospermes et des Dicotylédones ; puis la racine, la feuille et les enveloppes foliacées; enfin. les organes de végétation des Crvptogames et des Phanérogames. Le nom de l'auteur, les détails où il est entré, l'importance et le nombre des gravures, font de cet ouvrage un livre nécessaire à tous ceux qui s'occupent d'anatomie végétale. A manual flora of Madeira and the adjacent Islands of Poerto-Santo and the Desertas(MVanuel de la flore de Madère et des iles voisines, Puerto-Saunto et Désertes); par M. Richard Thomas Lowe. Premier volume, in-12 de 618 pages. Londres, chez J. van Voorst ; Paris, chez F. Klincksieck. Prix : 20 fr. On sait que M. Lowe, qui a passé vingt-six années de sa vie à Madère, à déjà publié, il y a plusieurs années, les Primitie et les Novitie flore Made- rensis. M a publié depuis, de 1857 à 186^, le Manual Flora of Madeira, qui à cette époque s'arrêtait aux Araliacées et qui maintenant est plus avancé, Cet ouvrage est écrit d'une maniere spéciale et pratique; négligeant presque la diagnose des genres, suffisamment connus des botanistes auxquels s'adresse son livre, et décrits ailleurs, il insiste longuement sur chaque espèce. Il la ca- ractérise et la commente longuement ; il en fait connaitre avec soin les syno- nymes et les localités. Sa Flore est précédée d'un résumé de géographie bota- nique où il indique les zones de végétation de Madère et de Puerto-Santo; ce sont, pour Madère, les régions des Cactées et du Bananier, de la Vigne et du Châtaignier, des Laurinées et des Bruyères, enfin des pics élevés; pour Puerto- Santo, la région maritime, la région des collines, des päturages montagneux, enfin la région élevée. L'auteur indique quelles sont les plantes cultivées, natu- ralisées et indigènes qui caractérisent chacune de ces régions. Ge volume se ter- mine à la famille desVacciniées, que suivent de nombreux addenda et corrigenda. 36 SOCIÉTÉ LOTANIQUE DE FRANCE. Sopra alcune piante della vallata del Volturno (Sur quel- ques plantes de La vallée du Volturne); par M. Nicola Terracciano (Annali dell Accademia degli aspiranti naturalisti di Napoli, auno 1866). Les plantes étudiées dans cette brochure de quatre pages sont les suivantes : Mentha serotina b. microphylla Terrace., Epilobium pubescens B. leiocar- pum Terrace., Croton tinctorium GB. angustifolium Terrace. et Alyssum campestre B. suffruticulosum Terrace. Elle se termine par lé résumé d'ob- servations météorologiques faites à Pobservatoire de Caserte en 1865. Bie fossile Flora des tertixr-Becekens von Bilim (Lo flore fossile des couches tertiaires de Pilin); par M. C. d'Ettingshausen. 3° partie, contenant les Dialypétales et le résultat général de l'ouvrage. In-4° de 110 pages, avec tab. xr-Lv.. Extrait du tome xxix des Mémoires de la classe de mathématiques et d'histoire naturelle de l'Académie des sciences de Vienne. Communiqué à l’Académie dans la séance du 44 mars 1867. Vienne, 1869, chez K. Gerold fils. Prix : 13 fr. 55 c. La première partie de ce mémoire a été publiée dans le tome xxvi des mêmes Mémoires; la deuxième dans le tome xxvii. Les planches jointes à la troisième partie, et qui représentent toutes les espèces décrites dans le texte, ont trait aux genres suivants : Sciadophyllum, Peucedanites, Cissus, Aralia, Weinmannia, Callicoma, Parrotia, Ceratopetalum, Belangeru, Cornus, Saxifragites, Magnolia, Liriodendron, Aucctomeria, Nympha, Sterculia, Bombax, Tilia, Grewia, Elwocarpus, Sapindus, Acer, Tetrapteris, Cupania, Cassine, Pittosporum, Her, Dodonea, Sapindophyllum, Ternstræmia, zEsculus, Evonymus, Celastrus, Maytenus, Pterocelastrus, Elæodendron, Celastrophyllum, Hippocratea, Berchemia, Rhamnus, Paliurus, Zizyphus, Pomaderris, Baloghia, Adenopeltis, Pistacia, Phyllanthus, Omalanthus, Rhus, Carya, Juglans, Engelhardtia, Zanthoxylum, Pterocarya, Eugenia, Cratægus, Aronia, Spiræa, Prunus, Amygdalus, Sorbus, Terminalia, Callistemo- phyllum, Swartzia, Sophora, Podogonium, Cassya, Kennedya, Oxylobiumn, Eucalyptus, Myrtus, Ononis, Dalbergia, Macherium, Quercus, Laurelia, Cunonia. Dans le court chapitre intitulé Résultats généraux, l'auteur additionne les espèces de la flore tertiaire de Bilin, au nombre de 464, sur lesquelles 220 lui sont spéciales, 47 vivaient dans les eaux, etc. Cette flore comprend des es- peces de la zone subtropicale, et d'autres de la zone tempérée chaude, ce qui tient à la différence d'ancienneté de ces espèces. Les schistes de Kutschlin, qui renferment la plupart des plantes tropicales, contiennent aussi des formes australiennes. On a distingué, dans les couches étudiées aux environs de Bilin, six flores locales différentes; comparées entre elles et avec les autres flores de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 37 l'époque tertiaire, elles autorisent la conclusion suivante : à savoir que ces flores locales ont appartenu à trois divisions de la période miocène qui se sont succédé immédiatement l'une à l'autre, M. d'Ettingshausen étudie spéciale- ment les caractères de chacune de ces époques. Ensuite il dresse des tableaux qui montrent quelles sont les correspondances connues entre les flores de Bilin et les autres flores de la méme période géologique. Om the structure of dinfomaccous frustules, and its genetice cycle (De la structure des frustules de Diatomées, et des phénomènes de leur reproduction); par M. John Denis Macdonald (Annals and Magazine of natural history, janvier 1869, pp. 1-8, avec une planche). On a souvent pensé et écrit que la zone circulaire médiane qui règne sur les frustules intacts de Diatomées, et au niveau de laquelle s'accompliva leur déduplication, est une membrane unique en dedans de laquelle se préparent les phénomènes de reproduction endogène qui précèdent la déduplication. M. Macdonald, qui a principalement étudié de grandes Diatomées, telles que le Biddulphia et V Zsthmia, établit que cette zone se compose de deux zones circulaires emboitées l'une dans l'autre. Quand le développement de la frustule est complet, chacune de ces zones est attenante par l'une de ses extrémités latérales à l'une des deux moitiés A et B de la frustule; elles glissent l'une dans l'autre, ou l'une hors de l'autre, comme les tubes d'une lunette. d'ap- proche, et en écartant progressivement les deux moitiés A et B l'une de l'autre par ce mouvement de glissement, elles laissent la place nécessaire à la forma- tion de deux moitiés nouvelles dans l'intérieur de la frustule, jusqu'à ce qu'elles se détruisent spontanément, et laissent voir deux frustules secondaires, formées chacune d'une moitié ancienne et d’une moitié nouvelle. Ce mode de reproduction est différent dans les Desmidiées, surtout dans les espèces solitaires de ce dernier groupe, où la gemmation ne produit de nouvelle valve qu'après la déduplication du premier progéniteur. Note sur le Cytisus decumbens Walp., espèce nouvelle pour la flore de Belgique, par M. Armand Thielens (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. N11, n° 4, séance du 3 mai 1868). Le Cytisus decumbens Walp. (Genista prostata Lam.) n'avait pas encore été constaté directement au nord de la France ; l'on sait que cette espece, dans le centre de notre pays, y recherche méme les expositions chaudes et les terrains calcaires. Elle a été trouvée aux environs de Bologne et. dans le Luxembourg hollandais. La plante belge semble constituer la variété vulgaris G.G. 83 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Anatomie comparée des tiges ligneuses dicotyl *donces : par M. Jean Chalon. Deux mémoires et une addition, avec six planches. Gand, 1867-68. Ces travaux ont paru dans le Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique : le premier, en 1867, t. vr, n? 2, séance du 16 juin ; l'addition t. VI, n°3, séance du 1° décembre ; le second, en 1868, t. vir, n? 2, séance du 15 août. M. J. Chalon a étudié anatomiquement 50 espèces ligneuses appartenant à ^1 genres et 21 familles. Il formule dès le début de son premier mémoire cette loi très-générale : Les groupes naturels des végétaux ont une structure anatomique semblable, ou, en d'autres termes, la structure anatomique de deux espèces végétales est d'autant plus voisine que ces espèces sont reliées d'ailleurs par un plus grand nombre d'affinités naturelles. Au début de son deuxième mémoire, après avoir analysé environ 1500 espèces ligneuses, il devient plus explicite, et s'exprime dans les termes suivants : Les groupes naturels des végétaux ont une struc- ture anatomique propre, caractéristique, appartenant à toutes les espéces du groupe, et qui suffit ordinairement pour le faire reconnaitre ; de très -légères variations survenues dans le type sont souvent spécifiques, et l'on peut arriver ainsi à la détermination anatomique de l'espéce ; souvent, dans les limites d'un groupe, les familles, les genres, les espèces ont respectivement leurs dia- gnoses anatomiques. Jusqu'à présent, l'auteur n'a pas trouvé de communauté anatomique exclu- sive entre les familles des grandes divisions de Jussieu, ce qui lui prouve qu'elles sont moins naturelles que tel groupe plus restreint reconnu. d'emblée par les anciens botanistes. Dans son premier mémoire, M. Chalon expose espèce par espèce les résul- tats de ces études anatomiques ; dans le second, il trace groupe par groupe les caracteres que ses études lui ont révélés. A la fin de celui-ci, il exprime les conclusions suivantes : Les écorces secondaires des arbres dicotylés peuvent se diviser en trois classes : les unes comprennent seulement des tubes cribreux alternant avec des lames unicellulaires de parenchyme, et, une fois formées, ne se modifient plus ; telles sont les écorces des Berbéridées et des Grossulariées. Les autres (et c'est le cas le plus ordinaire) se composent de fibres libériennes primaires, produit immédiat des cellules cambiales, et de fibres libériennes secondaires engendrées par les tubes cribreux, les unes et les autres mêlées de parenchyme et de tubes cribreux non modifiés. Telle est la composition des Papilionacées, des Poma- cées, etc. Un troisième type est celui des Salicinées, où les fibres libériennes secondaires paraissent provenir du cambium d'une manière beaucoup plus REVUE RIRLIOGRAPHIQUE. 39 immédiate que dans les Pomacées, et où elles alternent plutôt avec des assises de cellules parenchymateuses qu'avec des lames de tubes cribreux. M. Chalon, en insistant sur l'unité de type qui se révèle par les caractères anatomiques, ajoute que cette unité de type, qui se retrouve dans les espèces originaires des contrées du globe les plus éloignées, les plus dissemblables par leur climat, ne s'explique pas par la théorie des créations séparées, ou, ce qui revient au méme, ne s'explique que par l'arbitraire du Créateur ; tandis qu'elle se présente comme une conséquence toute simple et toute naturelle dela théo rie de descendance modifiée. Monographie du genre Palmonaria:par M. B. Du Mortier (Bull, de la Soc. roy. de bot. de Belgique, t. Ni, n° 1). M. Du Mortier trace d'abord l'exposé historique du genre. Clusius en a décrit le premier 5 espèces dans ses Plantarum rariorum historia; viennent ensuite Tabernæmontanus, Boccone, Morison, Tournefort, Munting, Linné, Miller, Besser, Bastard, De Candolle, Hornemann, etc. Le genrea été traité monogra- phiquement par Lehmann dans sa Monographie des Aspérifoliées, par Schrank dans les Nova acta Nature curiosorum, 1818, et récemment par M. Rei- chenbach fils, M. Jordan, MM. Schott et Kotschy et M. Du Mortier lui-même. Il résulte de cet exposé même une discussion des caractères qui conduit l'au- teur à admetre dans le genre Pulmonaria dix espèces: P. officinalis L., P. obscura Du Mort. (P. Italorum J. Bauh.), P. affinis Jord. (P. saccharata G.G. excl. syn.); P. saccharata Mil., P. mollis Wolf (P. media Host, P. rubra Schott et Kotschy), P. montana Lej. (P. mollis Wulfen), P. ovalis Bast. (P. mollis Guépin, P. tuberosa Martr.), P. longifolia Bast. (P. an- gustifolia Jaume St. Hil., Mérat), P. vulgaris Mérat ( P. tuberosa Schrank, P. oblongata Schrad.) et P. azurea Bess. (P. Clusii Baumgartn., P. angustifolia L. suec.). I est hors de doute, dit en terminant M. Du Mor- tier, que le P. angustifolia L. est une espèce collective renfermant toutes les Pulmonaires à feuilles non cordées, et que ce nom a été appliqué successive- ment à chacune de ces espèces, de sorte qu'il ne peut être conservé. Catalogue des Mousses et des Hépatiques de Provence: par M. Hanry, du Luc (Var). (Extrait du Congrès scientifique de France, tenu à Aix en décembre 1867); tirage à part en brochure in-8° de 22 pages. Gérard, dans le Jor qalloprovinetalis (761) a décrit 58 Muscinées: Castagne, dans son Catalogue, en a cité 27 seulement, et M. Bescherelle | Bul- letin Soe. bot. Fr. 4865) en a fait connaître 14^. Les recherches de M. Hanry se sont. étendues anx quatre départements des. Bonches-du-Rhône, du Var, des Basses-Alpes et des Alpes-Maritimes, et le catalogue qu'il donne comprend 250 espèces ou variétés de Mousses, et 32 Hépatiques. AO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Seirpes triquétres: letire à M. Crépin; par M. B. Du Mortier (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. v1, n° 3, séance du 1** décembre 1867). Aprés avoir exposé la confusion qui régne parmi les floristes au sujet des cinq espèces de Scirpus à tige triquètre, l'auteur indique leur synonymie, établie d’après les lois de l'antériorité, et que nous croyons devoir reproduire : 4. S. CARINATUS Sw. Engl. bot. (1804) (S. Duvalii Hoppe, Se. Hoppii Weihe, Sc. trigonus Nolte.) 2. Sc. LITTORALIS Schrad. (Sc. mucronatus Scop., Sc. triqueter G.G.). 3. Sc. TRIQUETER L. Want. 29. (Sc. mucronatus Poll. non L., Sc. trigonus Roth, Sc. Lejeunii Weihe, Sc. Pollichii G.G.) h. Sc. PUNGENS Vahl Enum. 1,225 (1806). (Sc. mucronatus Gort., Roth Tent. non L., Sc. triqueter Roth Neue Beitr. non L., Sc. Roth Hoppe, Se. tenuifolius DC. ). 5. Sc. mucronatus L. Spec. 73. (Sc. conglomeratus Scop.) Note sur quelques Verbascum hybrides recueillis dans les val- lées de la Braye et de la Graisne; par M. A. Franchet. Brochure in-8° de 12 pages. Cheverny, 30 aoüt 1868. Les espèces étudiées dans cette note par M. Franchet sont les suivantes : V. Godronii Bor. (Thapsus-floccosum), V. spurium Koch (Thapsus-Ly- chnitis), V. Schottianum Schrad. (floccosum-nigrum), V. Wirtgeni Fran- chet (nigrum-[loccosum) et V. pterocaulon Franch. n. sp. (Thapsus-Blat- taria). Le V. Schottianum ressemble au V. nigrum par son inflorescence, au V. floccosum par ses feuilles, tandis que dans le V. Wirtgent c'est le contraire qu'on observe. L'auteur maintient l'impuissance où l'on est de rien conclure sur le rôle respectif des parents dans la production de l'hybride, d’après la seule inspection des caractères de végétation et méme de reproduction. La description du V. Blattaria-Thapsus Noulet, Fl. bass. 452, ne lui a pas permis de se faire une idée exacte de la plante de cet auteur. Étude agrostographique sur le genre Michelaria et la classification des Graminées: par M. B. Du Mortier (Extrait du Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. vit, n° 4); tirage à part en brochure in-8° de 33 p. Gand, imp. Annoot-Bracckman, 1868. Le genre Wichelaria, dédié au botaniste belge P. Michel par M. Du Mor- tier, est une plante qui a exercé considérablement la sagacité des botanistes, sous les divers noms de Bromus arduennensis Koch, Libertia arduennensis Lej., Bromus auriculatus Rasp., Libertia arundinacea Roth, Æchmophora arduennensis Spreng., Bramus triaristatus Loisel., Bromus polystachys REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A1 Desf., B. Michelianus Demoor, Serrafalcus arduennensis Crep. (1860). En 1828, Courtois affirmait, en son nom et en celui de Lejeune, quecette plante n'était qu'une variété remarquable du B. grossus DC. M. Du Mortier combat vivement cette dernière opinion. 1l a cultivé la plante pendant vingt ans au jar- din botanique de Tournay; il a vu quelquefois les trois soies réduites à une seule ; mais les oreillettes, l'insertion de la soie, les nervures de la paléole ex- terne, c'est-à-dire la constitution florale, n'ont jamais varié. L'erreur de Lejeune et de Courtois vient probablement de ce qu'ils avaient observé la forme velou- tée, et de ce que les oreillettes de cette forme, «ui sont involutes avant l'an- thèse, leur avaient échappé. Après cette discussion, M. Du Mortier expose que si l'on adopte pour la classification des Graminées les principes de Beauvois, Trinius, Parlatore, ctc., le genre M?chelaria (qui ala priorité) doit être con- servé, et que la forme veloutée doit constituer une espèce nouvelle qu'il nomme M. eburonensis. L'auteur termine ce travail par quelques considérations taxonomiques. C'est en 4823 qu'il avait entrepris le premier, dans son Agrostographie, de coor- donner les Graminées en deux grandes divisions subdivisées en tribus nette- ment déterminées. Depuis sont venus dans la méme voie Kunth, qui n'admet pas de grandes divisions synthétiques; Fries, dont le système est fondé sur le caractère de lé- panouissement, essentiellement momentané et fugace; J. Agardh, dont le plan rejette des plantes congénères à l'un et à l'autre bout de la famille; M. Godron, qui a tiré du sillon et de la compression de la graine un caractère difficile à constater, malheureusement variable dans le genre Sporobolus. Ensuite M. Du Mortier trace, d'apres les principes depuis longtemps adoptés par lui, le tableau synoptique des tribus de Graminées. Origine des plantes domestiques démontrée par la cul- ture du Radis sauvage: par M. E.-A. Carrière. Brochure in-8° de 24 pages. Paris, 15 février 1869. L'auteur à recueilli dans les champs, et le plus loin possible de toute culture de plantes analogues, des graines du Raphanus Raphanistrum ; illes a semées dans des conditions diverses, et a obtenu des résultats variés : A la campagne, dans une terre argile-calcaire, forie, les formes courtes dominent, ou plutót étaient à peu prés seules, tandis qu'au Muséum de Paris, dans un sol calcaire, très-léger, chaud et profond, on a obtenu des racines longues, blanchies ou un pea violacées. Il a également recueilli à Paris, dans une terre argileuse et compacte, provenant des fouilles faites il y a quelques années pour établir les caves de la préfecture de la Seine, des racines de formes mixtes et de couleur rose. Pour développer le plus possible la partie souterraine du radis, M. Car- riere a recours naturellement à la sélection ; il faut en outresemer vers la pre- mière quinzaine de septembre : quand arrivent les froids qui pourraient faire h2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. souffrir les plantes, on les arrache, on met à part les plus belles racines, on ne leur laisse que les feuilles du collet et on les place dans un endroit froid mais à l'abri de la gelée ; ce sont les porte-graines qu'on mettra en terre au prin- temps suivant. M. Carrière se flatte d'avoir obtenu, en appliquant ces principes, une race nouvelle de radis dont la chair a une saveur très-légèrement sucrée et tend à serapprocher de celle des navets, surtout aprés la cuisson; toutes les personnes qui ont goüté ce légume l'ont trouvé délicieux ; et les racines arra- chées, quel que soit leur volume, conservent leurs qualités plusieurs mois aprés avoir été déterrées. Descriptions of some new species of fossil Ferns from the Bournemouth Leaf-bed (Description de quelques nouvelles espèces de Fougères fossiles du lit de feuilles de Bournemouth); par M. A. Wanklyn (The Annals and Magazine of natural history, janvier 1869, pp. 10-12, avec une planche). Les Fougères décrites dans cette note appartiennent au nouveau genre Mer- tensites, et constituent les deux espèces M. hantoniensis et M. crenata. Les fragments, qui en sont représentés, rappellent tout à fait le port des Mertensia de la région tropicale actuelle; les fructifications en sont figurées. D'autres fragments rappellent le genre Zindsaya. On sait que la localité de Bournemouth est située sur la cóte méridionale d'Angleterre, non loin de l'ile de Wight. Zur Entwickelunzsgescehiehie der Pyrenomyccéíen (Sur le développement des Pyrénomycètes); par M. W. Füisting (Botanische Zeitung, 1868, n° 23 et suivants, col. 369-375, 385-398, 401-107, 117-422, avec une planche). M. Füisting avait déjà publié l'année précédente, dans le méme recueil, des recherches sur le méme sujet dont nous avons rendu compte, et dont ce mémoire est le complément. Il s'occupe successivement des genres Pæcilo- derma, Massuria, Bathystomum et Massariola, surtout au point de vue des modifications qui surviennent dans le stroma ; il établit, conformément à une opinion soutenue antérieurement par lui, que les espèces contenues dans lan- cien genre Massaria présentent des caractères de transition. Les formes de Massaria (actuel)et de Massariola se distinguent par la suppression complète de tout stroma, tandis que ce tissu existe à divers degrés dans les autres espèces du méme groupe, et les rapproche ainsi des Pyrénomycètes composés ; les Preciloderia développent constamment un très-court épistroma : les Ba- thystomum, au contraire, qui se caractérisent parce qu'ils possèdent un hypostroma, se raccourcissent ordinairement jusqu'à l'extrême, et manquent aussi fort souvent de tout épistroma. Les périthéciums se font remarquer dans toutes les espèces comme des sphérules peu sujettes à aucune variation, tantôt point, tantót peu aptes à produire aucun tubulus ou papille, et ne montrant REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h3 de modifications importantes que dans la région du sommet. On retrouve des caractères tout aussi uniformes dans la formation des acrospores. TI faudra de nouvelles recherches pour savoir si ces observations s'étendent à toute la famille des Massariei, recherches à étendre notamment aux Cveurbitaria et aux C'alosphæria, qui représentent un haut degré de développement dans la série à laquelle ils appartiennent. Ein Beitrag zar Pflanzenchemic (Recherches de chimie végi- tale); par M. C.-F. Schenbein (Botanische Zeitung, 1868, n° 27, col. 433-438). L'auteur expose d'abord un certain nombre de principes généraux dont il poursuit l'application à des cas particuliers. Ces principes sont les suivants : 4. Toutes les graines des plantes contiennent des matériaux de nature albu- mineuse solubles dans l'eau (au moins passant à travers le filtre), qui de méme que le platine ou les corpuscules sanguins, transforment le bioxyde d'hydrogène en oxygène et en eau. 2. Ces mêmes matières possèdent la propriété de bleuir la teinture de Gaiac contenant du bioxyde d'hydrogéne, comme le font le platine réduit en poudre fine et les corpuscules sanguins. 3. L'extrait aqueux de toutes les graines végétales, traité parla chaleur, ab- sorbe si bien l'oxygène ozonisé qu'il est capable, après avoir été mis en présence de ce gaz, de bleuir la teinture de Gaiac et de produire encore d'autres phéno- menes d'oxydation. ^. Les mêmes matières se distinguent particulièrement par la. propriété de soutirer de l'oxygène aux nitrates en solution; ils les font ainsi passer à l'état de nitrites, et méme, après une action prolongée, les détruisent compléte- ment. 5. La présence de quantités relativement très-petites d'acide enlève à ces matières albumineuses la faculté de dédoubler le bioxyde d'hydrogène, de bleuir la teinture de Gaïac qui en contient, et de désoxyder les nitrates. 6. La présence de petites quantités d'acide arrête aussi la germination des graines végétales. Bemerkungen ueber Ranunculus Ficaria und Gagea arve:zsès : par M. Th. Irmisch (75/4., n. 30, col. 484-484). M. Irmisch rappelle d'abord le travail publié sur le Ranunculus Ficaria par M. Van Thieghem en 1866. Ce dernier naturaliste avait annoncé que les pieds stériles de R. Ficaria se distinguent des pieds fructifiés par la présence de ra- cines adventives tuberenleuses. M. Irmisch n'a pu trouver un seul pied fruc- tifié dépourvu de tubercules. Quant an Gegee arvensis, qui est ordinairement stérile, l'auteur a en la chance d'en. rencontrer une centaine d'exemplaires munis de fruits et de graines mûres, dont il étudie les caractères, AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Beitrag zur Kenntniss der Zoosporenbilduug bci der Algen (Recherches sur la formation des zoospores chez les Algues); par M. Jacob Walz (Zbid., n° 31, col. 497-502). L'auteur insiste particulièrement sur les faits suivants : 1° Quand on ne renouvelle pas l'eau d'un verre dans lequel on cultive l'Uf/dogonium, mais qu'on introduit de l'air asmophérique dans l'eau, on ob- tient en quelques jours un grand nombre de zoospores. 2. On obtient le méme résultat quand on transvase 20 ou 25 fois de suite le liquide aqueux contenant l'ŒÆdogontum dun verre dans un autre, ce qui tient à ce que pendant ces opérations, il pénètre de l'air dans le liquide. 3. Quand on emploie de l'eau bouillie, il ne se produit pas de zoospores ; et si l'on maintient le vase fermé, les Algues meurent méme au bout de quelques jours. 4. En produisant de l'oxygène au sein dela liqueur par le passage d'un cou- rant électrique qui décompose l'eau, on arrive à faire vivre les Algues et à leur faire produire de grandes quantités de zoospores. Latrophyium, Balanophorée nouvelle du Brésil; par M. A.-W. Eichler (Ibid., n° 32-3h, col. 513-537, 545-552, avec une planche). Après avoir décrit longuement le Zatrophytum Peckolti, l'auteur le compare à l'Ombrophytum du Pérou, et il profite de l'occasion pour revenir sur la division des Balanophorées et sur quelques points déjà traités par lui dans un mémoire précédent (1). Voici les caractères du nouveau genre, qui appartient à la tribu des Lophophytées : Inflorescentiæ bisexuales. Flores © in axibus se- condariis sessiles, qui super flores in discum abeunt. Flores axi primario iusidentes, ovariis abortivis haud intermixtis. Bractez omnino deficiunt. Rhi- 70ma esquamatum, neque squamæ (folia) ad stipitem floralem obvia (planta penitus aphylla). Volva ampla, lacera, cupuliformis. — M. Eichler accompagne cette description de celles des genres Ombrophytum et Lophophytum, et de la tribu des Lophophytées. Filices criticæ : Craimnaianetosorus HBlumecnus Regel; par M. J. Milde (Zbid., n° 38, col. 614-618). M. Regel a décrit en 1866, dans l’/ndex seminum du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, p. 75, un nouveau genre de Fougères ainsi caractérisé : Grammatosorus : Sori unilaterales, singuli, sparsi, reti venularum impositi, irregulares, lineares vel oblongi v. reniformes v. subramosi. Indusium late- rale, venulis fertilibus adnatum. Sporangia annulo verticali incompleto in- structa, rima transversali dehiscentia. La méme plante a été figurée par (1) Voyez les Actes du Congrès international de botanique. Paris, 1867, pp. 137 et suivantes. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A5 M. Regel dans le Gartenflora, 1867, p. 385, avec une planche. M. Milde 5 , regarde cette espèce comme appartenant au genre Aspidium et comme étant trés-rapprochée de l'A. macrophyllum Sw. par sa nervation. Bcfruchiungswersuche an €epo albo (Expériences de fécon- dation sur un Bignonia); par M. Fritz Müller (Zbid., n° 39, col. 625-629). Cette lettre, daté d'Hajahy, province de Sainte-Catherine (Brésil), men- tionne des expériences faites sur une Bignoniacée nommée Cepò albo au Bré- sil, et dont il résulte les faits suivants : I y cut sur deux pieds 29 fleurs fécon- dées avec le pollen du méme pied (appartenant aux mêmes fleurs ou à des fleurs différentes). Toutes les fleurs tomb?rent au bout de peu de temps. Sur les deux mêmes pieds, 30 fleurs furent fécondées avec du pollen pris sur d’autres pieds croissant dans le voisinage. Il ne se développa que deux fruits, mais la plupart des fleurs persistérent sur leur axe plus longtemps qu'à la suite des expériences précédentes. Enfin, 5 fleurs de l'un des pieds furent fécondées par du pollen appartenant à un pied pris dans une localité éloignée. Ces fleurs nouerent toutes les cinq. Ce mémoire est suivi d’une note sur la fécondation des Catasetum et des Acropera. Petites observations sur quelques plantes critiques; par M. A. Thielens (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. VII, n? 1, mai 1868). Le X. Drouetit F. Schultz n'est qu'une forme du X. trichophyllus Chaix, propre aux eaux stagnantes. Il est bien difficile, sinon impossible, de différen- cier les Ficaria ranunculoides, F. ambigua Bor. et. F. grandiflora Rob. L'auteur divise ainsi le Papaver dubium L. : 4° P. dubium (comprenant P. Lamottei Bor. et P. collinum Bœnningh.), à stigmates n'atteignant pas les bords du disque ; 2° P. modestum Jord., à petits pétales en coin ; 3° P. Le- coguii Lam., à stigmates atteignant les bords du disque. Le Viola sepincola Jord. n'est qu'un synonyme du V. tolosana Timb. et probablement aussi du V. Beraudii Bor. Le Scleranthus hiennis Reut. n'est qu'une forme bisan- nuelle du S. annuus. Le Valerianella puberula DC. est caractérisé par ses bractées non cilites, le limbe du calice entier, arrondi au sommet ; le V. mi- crocarpa, par le limbe du calice très-obliquement tronqué, entier, aigu au sommet ; le V. Morisonii n'est. peut-être qu'une forme du V. microcarpa à bractées moins appliquées, un peu plus courtes que les fruits. Le Anautia arvensis Coult. semble passer par de nombreux intermédiaires jusqu'au. An. di psacifolia. Les caractères des Chlora serotina Koch et Chl. imper[oliuta L. fil. sont variables et semblent parfois. confondre ces deux formes. HH n'y. à pas de différence entre Orobanche Crithini Godr. et VO. minor Sutt. L'au- teur croit que les Zvphorbia affinis DC., ramosissima Lois., salicetorum A6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Poir. et provincialis Willd. sont compris dans VÆ. terracina L. On trouve dans le Damasonium stellatum des carpelles renfermant plus de deux graines, ce qui infirme la valeur du D. polyspermum Coss. Le Cares setifolia Godr. est simplement une forme grêle et sans importance du C. divisa Huds., etc. Éléments généraux de botanique pratique cé usuelle. Recueil de planches figurant les types et caractères généraux de chaque famille, genres et espèces usités dans les arts et l'industrie; publiés par MM. À. Mignot et Ramboz frères, avec le concours de M. Rollet. Lyon, imp. Ramboz frères, 1869. Ce recueil de planches consacrées à l'illustration des espèces vulgaires et bien légitimes de la flore francaise comprend en outre une diagnose des familles et tribus. Le caractere principal du genre est indiqué, ainsi que les propriétés de chaque espèce. Les chromolithographies représentent d'une manière exacte le port des espèces figurées ; on doit en louer les teintes, qui atteignent à un degré de fidélité assez rare. L'ouvrage entier doit comprendre 300 planches coloriées dans le format grand in-A? et coûter 70 francs. NOUVELLES. — Dans la semaine de Pâques, la réunion des délégués des Sociétés savantes a eu lieu suivant l'usage à Paris, dans les amphithéâtres de la Sorbonne. La distribution des prix à été faite le samedi 3 avril, sous la présidence de S, Exc. le Ministre de l'instruction publique. Une médaille d'or a été décernée à M. le comte G. de Saporta, une médaille d'argent à M. Pomel, et une autre à M. Timbal-Lagrave. — Mademoiselle Alexandrine Tinne a rapporté il y a cinq ans les premières plantes du Bahr-el-Ghasal, affluent du Nil supérieur, où M. Sch weinfurth vient de se rendre. Ces récoltes ont fourni les matériaux pourle beau volume accom- pagné de 27 planches, Plantæ Tinneunw, que MM. Kotschy et Peyritsch ont publié l'année passée à Vienne. !'intrépide voyageuse hollandaise, désireuse de porter la lumière sur des points encore ines plorés de l'Afrique, vient d'entre- prendre un nouveau voyage. Elle a quitté Tripoli le 28 janvier dernier, accom- paguée d'une cinquantaine de personnes qui, à une seule exception prés, sont des Arabes et des Nègres. La caravane est formée de 70 chameaux, dont quel- ques-uns portent le. matériel nécessaire pour faire d'abondantes récoltes bota- niques. Les dernières nouvelles de mademoiselle Tinne, du 4° mars, sont datées de Sokna (Fezzan); son projet est de traverser le Soudan et de revenir par l'Egy pte. — M. le docteur Haussknecht, qui, dans ses dernières années, a visité REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 47 diverses parties de [l'Asie-Mineure, vient de clore son séjour en Orient. Pen- dant les dix-huit derniers mois, il a exploré des contrées que, jusqu'a présent aucun botaniste n'avait visitées, telles que les environs de Suze, la Perse occi- dentale, etc. ; il vient de revenir en Allemagne avec d'abondaites récoltes. MM. Boissier et Milde ont déjà fait connaître diverses plantes intéressantes envoyées par ce voyageur. — M. D. Hanbury, dans le discours inaugural par lequel il a ouvert la ses- sion de Norwich dela British pharmaceutical conference, et qui a été impri- mé dans les Proceedings de cette association, nous apprend que l'acclimatation de l'Ipécacuanha et du Jalap (£'rogonium purga Benth.) a. été essayée dans l'Inde orientale et que la seconde de ces tentatives parait avoir bien réussi. Le Jalap de l'Inde diffère beaucoup par son aspect de celui de Mexico, parce qu'on le coupe en tranches pour faciliter la dessiccation. — M. F. Kohts, Gr. Krümergasse, 4, 2 Trepp, à Dantzick, met en vente des plantes rares de la Prusse à cinq francs le fascicule de cinquante espèces. Le premier fascicule sera publié au mois de juillet 1869. La liste des espèces qui doivent le composer, et qui nous a été communiquée, offre un véritable intérêt. — M. le professeur Carl Stoitzner, à Iveéevo, près Vuéin (Esclavonie), par Vienne et Warasdin, offre de faire avec les botanistes français des échanges de plantes. 1l offre des espèces de la Croatie, de la Bosnie, de l'Esclavonie, etc. — Les collections de plantes de la Guadeloupe laissées par feu MM. Lher- minier sont mises en vente pour le compte de leur famille. Les Fougères et les Lycopodiacées, qui ont été déterminées par M. le professeur Fée, seront cédées par lui à raison de 30 francs la centurie. — M. le docteur Arthur Schultz, à Storkow, met en vente un exsiccata sous le titre de Fora istriaca exsiccata. Yi comprend 168 espèces. Le prix en est de 8 thal. 12 silbergr. de Prusse (21 fr. 50). Les plantes les plus intéres- saütes de cette petite collection sont les suivantes : Ranunculus chius DC., Hypericum ciliatum Lam., Bifora testiculata DC., Clyceria Borreri Bab., B. intermedius Guss., etc. — M. Casimir Roumeguère va publier prochainement la deuxième partie (un volume in-4° avec de nombreux dessins) de la Cryptogamie tilustrér, ouvrage subventionné par les ministères de la marine et de l'agriculture: le premier volume (Zichens, in-4°, 927 figures, J. Bailliere et fils, Paris, a ete analysé dans cette Æevue (d. NV, p. I5). La deuxieme partie de l'ouvrage, plus étendue qu'elle n'avait été annoncée, est. consacrée à la grande famille des Champignons ; elle sera vendue séparé ment, L'auteur maintient le cadre qu'il à adopté pour la famille des Lichens. A8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans ses prolégomènes, fort étendus, il passe en revue et discute toutes les publications spéciales qui se sont succédé depuis vingt années; son livre devient ainsi le répertoire des progrès accomplis jusqu'à ce jour dans les études mycologiques. Une large part est faite, par l'illustration, au port et à l'organogénie surtout de chaque genre, complément obligé d'un livre destiné aux démonstrations et qui doit aider à la vulgarisation de la science, car il s'a- dresse aux botanistes de profession aussi bien qu'aux gens du monde qui recherchent l'agrément dans l'étude de la botanique crvptogamique. L'auteur, pénétré des avantages qu'on retire des Champignons et des nombreux accidents qu'ils peuvent occasionner, a consacré, pour cette dernière catégorie de ses lecteurs, un chapitre spécial, très-détaillé, à l'examen des caractères usuels et toxicologiques. Il sera tiré quelques exemplaires à planches coloriées. — L' Herbarium plantarum selectarum, hybridarum criticarumque [lorc rhenanæ, publiée par M. Ph. Wirtgen, est parvenu à son quinzième fascicule. Une deuxieme édition de cet. Zerbarium est commencée par l’auteur. Nous rappelons à nos lecteurs que le prix de chaque livraison est de 7 fr. 50. Le prix de chaque centurie de Herbarium Mentharum rhenanarum est de 15 francs. — ]l a paru en décembre dernier, à Québec, un nouveau recueil, Le natu- raliste canadien, édité par M. l'abbé Provancher, curé de Portneuf. — M. Reverchon, botaniste à Briancon (Hautes-Alpes), continue avec suc- cès ses herborisations dans les riches montagnes des Hautes-Alpes et du Pié- mont. Ses exsiccata, disposés par centuries au prix de 20 francs, sont toujours composés de spécimens bien préparés. Un grand nombre de plantes rares, critiques ou nouvelles des Hautes-Alpes, figureront dans les collections distri- buées en 1869. — M. Bordère, instituteur à Gèdre, par Luz (Hautes-Pyrénées), continue avec succes ses récoltes botaniques. En s'adressant directement à lui on rece- vra le Catalogue des plantes des Pyrénées, qu'il offre au choix au prix de 40 francs la centurie. Les plantes sont récoltées et préparées dans les meilleures conditions. Il récolte sur commande un grand nombre d'échantillons de la méme espèce au méme prix : il envoie aussi des plantes vivantes aux amateurs ou aux Jardins botaniques. Le prix de ces dernières est proportionné aux courses qu'elles nécessitent. M. Bordère est chargé de vendre un herbier de 2000 plantes des Pyrénées. Le prix en est de 200 francs. Dr EUGÈNE FOURNIER, Paris, — huprimerie de E. MARTINET, ruo Mignon, 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (AVRIL-MAI 1869.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris. Meteorologische und phanologische Bcobachtungen in Giessen (Recherches sur la météorologie et sur l'apparition des espèces à Giessen) ; par M. Hermann Hoffmann (Verhandlungen der ober- hessischen Gesellschaft für Natur- und Heilkunde, t. xit, pp. 65-75). Ces notes comprennent plusieurs tableaux qui indiquent, d’après des obser- vations faites en 1866, 67 et 68, au Jardin botanique et dans les environs de Giessen, à quelle date on a vu se faire le premier mouvement de végétation, la première floraison, la floraison complète, la maturation du premier fruit et la chute générale du feuillage sur un certain nombre d'espèces, dans chacune de ces années. Des observations analogues ont été faites par l'auteur relativement à l'arrivée ou à la première apparition de certains animaux. Novæ species æthiopicæ. Fascicule d'espèces nouvelles ou non décrite qui ont été recueillies en Nubie et en Abyssinie par le docteur Steudner en 1862 et par le docteur Schweinfurth de 1864 à 1866; décrites par M. G. Schweinfurth (Verhandlungen der kk. zoologisch-botanischen Gesell- schaft in Wien, juillet 1868, pp. 651) ; tirage à part. en brochure in-8* de 38 pages. Les espèces étudiées par M. Schweinfurth dans cette première série de dia- gnoses sont les suivantes : Crotalaria Steudneri Schweinf., Trifolium (Vesicastrum) Steudneri Schweinf., Erythrina Brucei Schweinf. (Kuara Bruce Voy. v, tab. xix), Rhynchosia (Copisma) splendens Schweinf. , Rh. (Copisma) sennaarensis Hochst. et var. flavissima (Schimp. n° 192 [1854]), Dolichos Oliveri Schweinf. , Glycine (Johnia) longicauda Schweinf. , Fagonia Ehrenbergii Schweinf., Euphorbia Thi Schweinf., Jatropha gallabatensis Schweinf., Terminalia salicifolia Schweinf., Combretum gallabatense Schweinf., Viola etbaica Schweinf., Ranunculus Gunæ Schweinf., Pimpi- nella etbaica Schweinf., Alchemilla Gunæ Schweinf., Rubus Steudneri Schweinf., Corchorus pseudo-capsularis Schweinf., Grewia erythræa Schweinf. , Melhania Steudneri Schweinf., Rhynchocarpa erostris Schweinf., T. XM. (REVUE) 4 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rh. Ehrenbergü Asch. (Turia Schweinf. antea), Adhatoda (Tyloglossa) matammensis Schweinf., Satanocrater fellatensis Schweinf., Mimulop- sis Solmsii Schweinf., Justicia Anisacanthus Schweinf., Dipteracanthus sudanicus Schweinf., D. genduanus Schweinf., Cycnium brachycalyx Schweinf., Otostegia Steudneri Schweinf., Laurentia etbaica Schweinf., Coreopsis (Steppiu) Borianiana Schultz Bip., Phagnoion Schweinfurthii Schultz Bip., Senecio solanoides Schultz Bip., Ficus (Sycomorus) Schwein- furthii Miq. et Kosaria tropæolifolia Schweinf. Les genres nouveaux Sutanocrater et Mimulopsis appartiennent à la famille des Acanthacées ; ils se rapprochent le premier du genre Barleria et le second du Ruellia. Nébany mágyar novényrol (Quelques plantes critiques de Hongrie); par M. P. Ascherson, traduit de l'allemand par M. Kanitz. 4 pages in-A^, saus date ni autre indication. Utiles sans doute aux botanistes hongrois, ces notes le seraient d'une ma- nière beaucoup plus générale si elles avaient été publiées en allemand. Tout ce que nous pouvons en dire, c'est qu'elles concernent les Chrysanthemum tenui- folium Kit., Fumaria prehensilis Kit., Linaria Kocianovichii Asch. (genis- tifolia X vulgaris) et Cuscuta obtusiflora HBK. var. breviflora. Recherches sur la structure du pistil; par M. Ph. Van Tieghem (Ann. sc, nat., 5, 1X, pp. 127-219, avec quatre planches). Nous avons transcrit il y aun an (voyez t. xv, Revue, p. 43) les principaux passages du rapport que M. Decaisne a consacré à ce mémoire, couronné par l'Académie dans la séance du 48 mai 1868, et dont les Annales publient au- jourd'hui la premiére partie. Cela ne doit pas nous empécher de faire connaitre l'apparition du Mémoire dans les Annales, et d'ajouter quelques détails sur une ceuvre importante, maintenant mieux connue, en reproduisant une partie des conclusions de l'auteur. Partout et toujours le pistil est formé d'une ou de plusieurs feuilles, libres Ou associées, ouvertes ou closes, qui produisent les ovules sur leurs bords; en général, cette production d'ovules se fait également sur toutes les feuilles, mais quelquefois il y a localisation ; certaines feuilles restent stériles, les autres por- tent les ovules, Quand l'axe se prolonge au-dessus de l'insertion des carpelles, ce qui est trés-rare, il ne produit jamais directement les ovules; ou bien il se borne à compléter la formation des carpelles inférieurs et il est alors plus apparent queréel (Euphorbiacées, Campanulacées, etc.), ou bien il donne nais- sauce à des feuilles surnuméraires qui seules portent les ovules sur leurs bords, et qui peuvent contribuer avec les autres à former la paroi (Cruciféres, etc.) ou en être complétement indépendantes (Primulacées). Le lieu immédiat d'in- sertion des ovules, c'est-à-dire le placenta, qu'il soit pariétal dé position, angulaire ou central libre, est donc toujours appendiculaire, jamais axile: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 Les pistils dits supéres et ceux qu'on appelle infères possèdent la méme organisation ; la différence que l'on. traduit par ces mots tient uniquement à la manière dont les appendices extérieurs se comportent les uns par rapport aux autres, et tous ensemble par rapport à l'axe et au pistil. Les faisceaux de ces derniers appendices peuvent s'entourer, immédiatement aprés s'étre séparés de l'axe, d'une gaine particulière de parenchyme {Liliacées dialypé- rianthées), ou cheminer quelque temps enveloppés dans une gaine cellulaire commune, au fond de laquelle se trouve le pistil infère et libre (Liliacées gamopé- rianthées) :si les faisceaux dorsaux des carpelles sont eux-mêmes compris dans la gaine qui réunit les faisceaux des appendices extérieurs, et dont ils occupent la zone interne, le pistil est infère et adhérent ( A/stie meri). Dans les Rosa- cées, la coupe réceptaculaire est constituée différemment : les faisceaux des appendices extérieurs y naissent au contraire les uns sur les autres, de manière que l'ensemble ne s'implante sur l'axe floral que par autant de troncs communs qu'il y a de systèmes d'appendices superposés. L'ovaire peut aussi être infere et libre (Spiréacées), infère et adhérent (Pomacées). Une troi- sième variété d'ovaire infere et adhérent se voit dans les Narcisses, les Campanu- lacées, oü le faisceau dorsal de chacun des carpelles, au lieu de s'insérer direc- tement sur l'axe, s'implante, lui aussi, sur le tronc commun, et dont les divisions ultérieures forment au-dessus de lui les appendices externes superposés. A la suite de ces conclusions, l'auteur entre dans des considérations mathéma - tiques que nous ne pouvons reproduire. De la fécondation dans les Fougères: par M. Ed. Strasburger (Mémoires de Ü Academe imp. de Saïnt-Pétershourg, N° série, t. Xl. n? 3, 1868, et Ann. se. nat., 5, 1X, pp. 227-217, avec deux planches). L'auteur a fait au p. i temps une série d'observations sur le prothallium des Pteris serrulata et Ceratopteris thalictroides. Le Pteris laisse très-bien voir la déhiscence du col et l'introduction des spermatozoïdes ; le Ceratopteris, à cause de la transparence singuliere de son prothallium, où la chlorophylle est peu abondante, permet mieux peut-étre qu'aucune autre Fougére de constater comment les spermatozoides se comportent à l'intérieur de la cellule centrale. Dés que ces derniers se trouvent en présence du mucilage vomi par le canal archégonial aprés son ouverture, leur mouvement se ralentit; s'ils per- sistent dans la même place, il devient manifeste que leur agilité rencontre un milieu qui lui fait obstacle. Beaucoup s'arrêtent là, d'autres se dégagent et s'éloignent, mais le plus souvent il en arrive autrement, c'est-à-dire que le mucilage détermine la direction du spermatozoïde, de maniere que celui-ci, la pointe en avant, s'avance vers la bouche de Farchégone. H n'y à point Hen de songer ici à un courant de difinsion, non plus qu'à un tourbillon qui saisirait tout à coup les spermatozoïdes et les projetterait dans le canal archégonial, car il est facile de constater que de tous petits corps voisins de l'ouverture de ce 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. canal y demeurent parfaitement en repos. Le mouvement des spermatozoïdes au sein du mucilage archégonial est visiblement ralenti, la spiricule ne cesse pas cependant d'y tourner autour de son axe ; le mucilage la conduit dans le canal, et joue là un rôle analogue à celui de l'humeur stigmatique et du tissu conducteur qui, chez les végétaux supérieurs, aident le tube pollinique à atteindre l'ovule. Dans ces circonstances, dit l'auteur, on peut se convaincre parfaitement combien M. Roze est peu fondé à soutenir que c'est la vésicule postérieure du spermatozoide qui contient la matière fécondante. La plupart des spermato- zoïdes ont depuis longtemps déjà perdu cet appendice vésiculaire avant méme de s'approcher de l'archégone ; d'autres qui l'ont conservé l'abandonnent alors dans le mucilage ambiant, aucun deux ne l'entraine avec lui à l'intérieur de l'archégone. Le premier spermatozoide qui pénetre dans la cellule centrale heurte aussi- tòt de sa pointe antérieure la tache copulative, c'est-à-dire une partie plus claire qui se trouve dans la région supérieure et moyenne de la spore primordiale, et il demeure sur le champ fixé à cette place ; alors il tourne rapidement sur son axe et s'enfonce peu à peu par la pointe dans la spore, puis, ses mouvements se ralentissent et finissent par s'arréter tout à fait; lui disparait de plus en plus dans la spore et s'y dissout. Souvent deux ou trois spermatozoïdes se fixent à la fois par la tête au milieu de la tache copulative ; ils tournent rapide- ment autour de leur axe et se supplantent tour à tour, jusqu'à ce que l’un d'eux, triomphant des autres, pénètre si avant que ses replis postérieurs viennent toucher et recouvrir la tache copulative. Il est probable qu'un seul spermatozoide suffit à féconder l'archégone des Fougères, bien qu'en géné- ral plusieurs de ces spirales pénètrent à la fois dans l'organe femelle. Bcitrage zur Pflanzenkunde (Recherches de botanique); par M. Dóll, de Carlsruhe, février 1868. Ces études sont divisées en deux parties : la première comprend des recher- ches sur la fleur des Graminées, surtout sur sa situation dans l'intérieur de l’épillet. Róper, en 1844, dans sa Flore de Mecklembourg, a déclaré, en suivant les vues de Robert Brown, que toutes les fleurs des Graminées sont latérales et naissent à l'aisselle d'un organe foliacé, la paillette inférieure. M. Dóll s'est convaincu que cette opinion, bien que rendant compte des faits d'une maniere générale, est trop absolue, et qu'il y a aussi des genres de Graminées dans les- quels tous les épillets portent une fleur terminale. Dans l’ Hierochloa borealis, cette fleur terminale se compose de deux éléments formant un périanthe externe, de deux autres formant un périanthe interne, de deux étamines et de deux feuilles carpellaires, le tout disposé régulièrement suivant l'ordre d'al- ternance. Le genre Anthoxanthum offre des épillets construits sur le méme plan, Le Streptocheta spicata Schrad. (Lopideilema lancifolium Trin.), dont REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 la constitution est si singulière, n'offre à chacun deses épillets uniflores qu'une fleur à six étamines, etc. La deuxième partie de ces études est consacrée à des additions à la flore du grand duché de Bade. Catalogue des graines recnucillies en 14568 ct offertes en échange par le Jardin botanique de Genève; par M. Reuter. Ce catalogue contient trois annotations importantes : 1° Helleborus occidentalis Reut. : H. caule bifido vel subdichotome ramoso foliisque glabris, folio radicali solitario palmati-pedato reticulato-venoso segmen- tis lanceolatis simplicibus bi-vel trifidis, serrulatis, caulinis trisectis segmentis bi-vel trifidis ; floribus 2-5 ad apices ramorum, sepalis ovatis plus minus inter se imbricatis vel contiguis apice acutiusculis vel subapiculatis; carpellis trans- verse nervosis stylo subincurvo eis breviori superatis, seminibus atris subtrigo- nis reticulato insculptis nitidulis. Gallia occidentali, Pyrenæis, Hispania boreali. H. viridis, Engl. bot. tab. 200 ! Differt ab Z. viridi glabritate, floribus mino- ribus, 2-3 in unoquoque ramo nec 1-2, sepalis magis ovatis, carpellis bre- vioribus, stylo incurvo. Notre confrére M. V. Personnat (session d'Annecy, p. CXXXV) avait €té d'avis de diviser l’ Helleborus viridis L.; il avait réservé ce nom pour l'H. oc- cidentalis Reut., et regardé au contraire comme nouvelle l'espece que M. Reuter considère comme étant I' Z. viridis L. M. Reuter reconnaît d'ail- leurs que les caractères qui distinguent ces deux espèces ne sont pas trés- absolus et varient pour chacune dans certaines limites. Il ajoute que l'H. Bocconi Ten. est très-distinct par ses feuilles multifides. 2° Scandix brevirostris Boiss. et Reut., pr. Aguilar del Campo. Affinis S. australi, ab ea differt involucello glabro, rostro crassiore semen æquante nec eo duplo crassiore. 3° Thlaspi cataonicum, n. sp., in monte Zerytdagh Tauri cataonici. Affinis Th. græco Jord. (Boiss. F7. Or.), differt foliis caulinis glaucescentibus, an- theris ochroleucis, petala subæquantibus, siliculis profondius emarginatis, stylo brevius exserto. On the structure of the flowerin the genus Wapoleona : (De la structure de la fleur dans le genre Napoleona) ; par M. Maxwell 'T. Masters (Journal of the proceedings of the Linnean Society, vol. x, pp. 492-504). H existe au jardin de Kew un pied de Napoleona Whitfieldii, qu été 1 sujet. principal des études de l'auteur. Après avoir comparé à cette plante le différentes planches publiées et les matériaux qu'il a trouvés dans les herbiers, il pense que les quatre types décrits sous les noms de Napoleona imperialis 5A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Beauv., N. Heudelotii Juss., N. WAirfiedii Lindley et N. Vogelii Hook. et Planchon, ne sont que des variétés d'une même espèce. M. Masters regarde le calice comme formé de cinq sépales, les glandes indi- quant la base des limbes avortés comme dans une feuille véritable. Avec les lobes du calice alternent ceux de la corolle, dont les nervures sont équiva- lentes aux rayons des premiers et des seconds lobes dela couronne. Les seg- ments de celle-ci sont peut-être des staminodes. Les étamines sont composées ou à cinq lobes, dont les uns portent des anthères et les autres sont stériles. L'au- teur croit que les étamines indéfinies de l'AsterantAus sont primitivement réunies en cinq groupes, dont chacun représente une étamine composée, comme dans les Malvacées. Il partage l'opinion de MM. Bentham et J. Hooker qui ont placé ces deux geures dans les Myrtacées. Mémoire sur le Surtarbrandur d’islande, sur les an. ciennes forêts et sur le reboisement de cette île; par M. Édelestand Jardin (Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 2° série. t. 11); tirage à part en brochure in-8° de 30 pages. Caen, imp. Le Blanc-Hardel, 1867. Le Surtarbrandur est le nom du bois fossile d'Islande; ce mot est formé de deux mois islandais, qui signifient noër-bois. M. Jardin établit que ce lignite est le résultat d'anciennes forêts qui croissaient jadis sur le sol de l'Islande, et qu'il a jadis servi de combustible dans le pays. Les différents auteurs qui ont écrit sur l'Islande dans le moyen âge, parlent d'une manière très-explicite des foréts de cette ile, comme un écrivain allemand pourrait parler dela Forét- Noire. Les éruptions volcaniques, la fréquence et l'impétuosité des vents et le mode vicieux d'exploitation de ces forêts ont été les causes de leur destruction. Un bois superbe, oü certains arbres présentaient quarante pieds de tronc jus- qu'aux branches, fut détruit en un seul jour environ dans l'hiver de 1607. Des contrées, telles que la Suède, la Norvége, la Finlande, situées sous les mêmes isothermes, portent de belles forêts. Il faut, avec l'auteur, conclure de cette discussion que ce n’est pas une utopie de songer sérieusement à rendre à lIs- laude ses anciennes forêts, et par suite le bien-être dont jouissaient autrefois Ses habitants. De la zoologie et de la hotanique appliquées à lécono- mie domestique en Islande; par M. Éd. Jardin (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, V. xxvi, 1868, pp. 550-560). Nous extrayons de ce mémoire ce qui concerne spécialement la botanique. Ce n'est, en Islande, que dans le mois de mai, dans les replis du terrain abri- tés contre le vent et réchauflés par les rares rayons du soleil que la neige fond et qu'alors on voit poindre quelques brins de verdure ; mais ce n'est qu'en REVUE BIBLIOGRAPIIIQUE. 55 juin que la végétation entre en activité. Parfois, il gèle la nuit et il neige en juillet. L'Islande ne peut produire qu'un nombre très-restreint d'espèces ali- mentaires à végétation rapide : ce sont les navets, les choux-frisés de Norvége, les choux de Savoie, les choux-pommés; avec beaucoup de soin, on peut quel- quefois obtenir des choux-fleurs. Les radis, la laitue, le cresson, les épinards et les pommes de terre entrent encore dans la culture potagere des Islandais, mais les produits obtenus, quelques maigres feuilles, ne valent guère la peine qu'on se donne. Il faut récolter les pommes de terre quand elles ont acquis la grosseur d'un œuf, autrement, la gelée les saisirait en terre et la récolte serait perdue. Un médecin d'Akreyti avait obtenu, au moyen de châssis soigneuse- ment fermés chaque soir, quelques fraises grosses comme des noisettes, mais ces fruits n'avaient aucune saveur. Les Sagas islandaises parlent du blé qu'on récoltait autrefois en Islande. Ce fait et celui de l'existence bien constatée d'anciennes forêts paraissent prouver qu'il y a eu depuis un millier d'années quelque modification dans le climat de cette ile. Il est à penser que la destruc- tion des forêts a dû elle-même le rendre plus meurtrier, Dic Lemnaceen. Eine micrographische Untersuchung. (Les Lemnacées ; Etude monographique) ; par M. Fr. Hegelmaier. In-4? de 169 pages, avec 16 planches lithographiées. Leipzig, chez W. Engelmann, 1868. Ce grand mémoire est divisé en deux parties, consacrées la première à l'ana- tomie, la seconde à la classification. Dans la premiere, l'auteur s'occupe suc- cessivement du développement de l'embryon, de la valeur morphologique de ses parties, de la structure de la graine, de la germination de la racine ; il traite spécialement de la fleur et du fruit, de la morphologie des genres Wolffa, Lemna et Spirodela. Dans la partie descriptive, l'auteur caractérise les espèces suivantes : Wolffia columbiana Karst., W. cylindracea Welw., Wol ffia arrhiza L. (Grantia globosa Griffith), W. brasiliensis Wedd., W. microscopica (Grantia Griff.), W. hyalina (Lemna Del.) W. repanda Hegelm., W. Welwitschii Hegelm., W. oblonga (Lemna Phil.), W. lingulata Hegelm., et W. gladiata Hegelm. (ces deux dernières recueillies aux environs de Mexico par L. Hahn), W. denticulata Hegelm., de l'Afrique méridionale, Lemna trisulca L., L. Valdiviana Phil., L. perpusilla Torr., L. paucicos- tata Hegelm. (Lemna minor de plusieurs auteurs, à distribution géographique très-large), £L. angolensis Welw., L. minor L. (L. minuta Humb. et Kunth), L. gibba L., Spirodela oligorrhiza (Lemna Kurz.) et Sp. polyrrhiza Schl. Après cette étude, dans laquelle les diagnoses mêmes sont rédigées en alle- mand, l'auteur trace quelques considérations de géographie botanique. L'Eu- rope ne possède aucune Lemnacée qui lui soit propre. Le Wol ffia microscopica est propre à l'Inde. L'Afrique contient 5 Lemnacées spéciales: W. Ayalina, repanda, cylindracea, denticulata, Lemna angolensis. L'Amérique est la par- tie du monde la plus riche en Lemnacées spéciales ou généralement répandues. 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les planches représentent toutes les espèces, sauf le W. microscopica, à l'aide de nombreux détails anatomiques. La matière médicale à l'exposition de 1867; par MM. J. Léon Soubeiran et Aug. Delondre (Extrait du Journal de pharmacie et de chi- mie); tirage à part en brochure in-8° de 35 pages. Paris, V. Masson et fils, 1868. Ce mémoire commence par une étude des Cinchona. Les auteurs les consi- dèrent d'abord dans leur mode d'existence ; ils rappellent l’histoire de l'acclima- tation de ces végétaux dans les colonies de la Hollande, de l'Angleterre et d'autres états ; nous y lisons que M. do Canto a fait à San Miguel des Acores des essais d'acclimatation qui ont donné de bons résultats, et M. Glaziou de méme à Rio de Janeiro (1). Ensuite, ils établissent l'état actuel de nos connais- sances sur les Cinchona, surtout d'aprés les travaux de M. Howard ; puis ils traitent de l'écorce de Quinquina, des principes immédiats contenus dans les Quinquinas, de la quinine, des alcaloides autres que la quinine, et des principes immédiats autres que les alcaloides. Les auteurs font remarquer que scienti - fiquement il y a une confusion tout à fait regrettable entre les produits vrai- ment distincts que divers chimistes et divers fabricants désignent sous le nom de quinidine, et que ce dernier nom devrait étre exclusivement réservé au produit ainsi désigné par M. Pasteur. MM. Soubeiran et Delondre traitent ensuite des fébrifuges en général, et signalent à ce titre l'écorce du Copalchi (Croton pseudochina Schlecht.), le Canchalagua (Erythrea chilensis Pers.), le Guaco, la poudre de graine de Cedron, le Chuquiraga, les Remigia et Exostemma du Brésil, dont la réputa- tion thérapeutique mériterait d'étre éprouvée sérieusement, les fébrifuges des Indes britanniques énumérés par Alex. Smith à la fin du Travels in Peru and India de M. Clements R. Markham, et parmi les produits des colonies fran- çaises, le Pompon (Leucas martinicensis), l'Achras Sapota, le Zanthoxylon fraxineum, le Cassia occidentalis ou café nègre, le Parkinsonia aculeata, l'E xostema caribæum et autres, les Bignonia pentaphylla, Coutoubea spicata, Paullinia sorbilis, Celtis madagascariensis ou Andrèse, Danais fragans ou Liane de bœuf, Mussænda arcuata, Carissa xylopicron, Ochrosia borbonica, Toddalia paniculata, Simaruba excelsa, Quassia amara, etc. Les auteurs insistent avec raison sur ce point qu'aprés avoir étudié le médi - cament sous forme de produit brut, il faudrait étudier l'effet thérapeutique de chacun des principes immédiats qui entrent dans sa composition. Un appen- dice de ce mémoire traite de la sublimation des alcaloides. (1) M. Walter Hill, directeur du jardin botanique de Brisbane (Queensland), cultive le Cinchona officinalis provenant de graines de Ceylan, et les Cinchona Calisaya et succirubra dont il a recu des graines de Java, et bien que ces plantes aient souffert du froid, durant le premier hiver, il augure le plus heureux succés. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 Osservazioni termometriche e di fenomeni periodici fatte in Caserta nell anno 1866 (Observations thermométriques et remarques sur les phénomènes périodiques faites à Caserte dans l'an- née 1866) ; par M. Nicolas Terracciano, directeur du jardin royal à l'an- glaise de Caserta (Extrait des Annali della Accademia degli aspiranti di Napoli, 3° série, vol. vi, 1866); tirage à part en brochure in-8° de 28 pages. Ce travail doit étre placé à cóté de celui de M. Hoffmann, que nous signa- lions quelques pages plus haut. Il le compléte en faisant connaitre des observa- tions analogues faites sous une latitude toute différente (40° 51'). Il comprend des tableaux qui indiquent pour chacun des mois de l'année 1866, l'état du ciel le matin, à midi et le soir, la température aux mêmes heures, la moyenne diurne et les phénomènes de végétation offerts concurremment par divers vé- gétaux, ainsi que le passage de quelques oiseaux. Ueber dic geographische Verbreitung der Sehmarotzer- pflanzen (Sur la distribution géographique des plantes parasites); par M. Th. Liebe. 2* partie. In-4? de 34 pages. Berlin, janvier 1869. La première partie de ce travail a paru à Berlin en 1862 dans le Programm der stædtischen Gewerbeschule. La deuxième partie comprend l'étude des Santalacées, Rhinanthacées, Orobanchées, Burmanniacées et Lennoacées. L'au- teur caractérise d'abord en quelques mots chacune de ces familles, et en énu- mère les genres, puis il s'attache à faire connaître sur quels végétaux et dans quelles régions on a rencontré ces espèces parasites. Son mémoire est accom- pagné de tableaux bien faits et d'un. grand nombre de citations fort utiles à quiconque voudra étudier non-seulement la distribution géographique, mais encore le mode de végétation des espéces parasites. Su di alcune piante della flora napolitana; par M. Nicola Terracciano (Extrait des Annali dell Accademia degli aspiranti natura- listi di Napoli, 3° série, vol. v1, 1866); tirage à part en brochure in-8° de 8 pages, avec 4 planches. Naples, 1867. Cette note renferme des détails sur un voyage botanique exécuté par M. Ter- racciano dans la Lucanie, principalement aux environs de Melfi. Il s'occupe particulièrement des formes suivantes : Veronica intermedia n. sp., Calli- triche autumnalis var. B. campana, Euphorbia Gerardiana var. 6. tiphatina et Ceratophyllum demersum L.? Ces quatre types sont figurés par l'auteur, Plant Bakuenses Bruhnsii; par M. L. Gruner (Bulletin de la Société impér. des naturalistes de Moscou ; 1867, n° 1v, pp. 380-463, avec deux planches). Le mémoire de l'honorable professeur de Dorpat se distingue de la plupart 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des énumérations de plantes orientales fréquemment publiées dans le Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, par des notes fort intéressantes sur les espèces qui y sont signalées. La collection décrite par M. Gruner a été recueillie sur les bords de la mer Caspienne, aux environs de Baku, par M. A. Bruhns ; son mémoire s'étend des Renonculacées aux Graminées. Les espèces étudiées le plus spécialement par l'auteur sont les suivantes : /æmeria orien- talis Boiss., Clypeola Bruhnsii n. sp., Sisymbrium Sophia L. var. longisi- liquum, Lepidium Draba L. (L. propinquum Fisch. et Mey. part.), Gypso- phila paniculata L. , Melandryum caspium n.sp. , Medicago tribuloides Lam. , M. Meyeri (M. minima var. C.-A. Mey.), Melilotus polonica (Trifolium Melilotus polon. L.), Carduus tenuiflorus DC., Onosma caspium n. sp., Avena Bruhnsiana n. sp., A. pilosa Bieb. herb. Liste des plantes du gouvernement de Kostroma ; par M. Ostrovsky (/bid. pp. 544-590). Cette liste contient 530 espèces de phanérogames et de cryptogames vascu- laires ; l'auteur a indiqué pour chaque espèce la station, le degré de fréquence, le degré d'abondance des individus et l'époque de la floraison ; pour quelques espèces, aussi l'époque de la maturité des fruits. Parmi ces espèces, il y en a treize qui atteignent dans le gouvernement de Kostroma la limite de leur aire ; savoir l’ Abies sibirica, le Larix sibirica et le Rubus arcticus, qui y viennent du nord ; les Galatella punctata, Eryngium planum, Astragalus hypoglot- tis, Anthyllis Vulneraria, Cenolophium Fischeri, Bunias orientalis et Cyti- sus ratisbonensis, qui y viennent du midi; le Cornus alba et V Allium angu- losum qui viennent de l'Orient ; enfin, l'Anemone nemorosa, qui y vient de l'Occident, et qui y est une espèce rare. Mentionnons-y encore, sur un fond d'espèces européennes vulgaires, les plantes suivantes : Thalictrum aquilegi- folium L., Trollius europæus L., Aconitum Lycoctonum L., Nymphæa bira- diata Sommer, Arabis pendula L., Farsetia incana R. Br., Draba nemorosa L. , Silene tatarica Pers., Euphorbia virgata Waldst. et Kit., Evonymus verrucosa Scop., Alchimilla vulgaris, Heracleum sibiricum L., Linnea borealis L., Nardosmia frigida Hook., Ligularia sibirica Cass., Cirsium helenioides Al., Dracocephalum Ruyschiana L., Corispermum Marschallii Stev., etc., Listera cordata R. Br., Coralliorrhiza innata R. Br., Cypripe- dium Calceolus L., Iris sibirica L., etc. ; en somme, un mélange d'espèces vulgaires dans toutes les plaines de l'Europe, de types qui, en France, sont alpestres, d'espèces orientales et d'un petit nombre de la Sibérie. Le Silphium (Asa fœtida), précédé d'un mémoire sur la famille des Ombelliféres, considérée au point de vue économique, médical et pharma- ceutique et d'observations sur les gommes-résines. Thèse présentée et sou- tenue à l'École de pharmacie par M. Félix Déniau. In-4° de 160 pages. Dans les soixante premières pages de cette thèse, l’auteur considère d'une REVUE BIBLIOGRAPITIQUE. 50 manière générale les diverses Ombelliféres connues au point de vue écono- mique, médical et pharmaceutique ; il conclut de cet exposé que les plantes analogues par leurs caracteres sont loin de l'étre toujours par leurs propriétés. Il fait ensuite des réflexions intéressantes sur la nature des gomines-résines et sur le rôle qu'elles jouent dans l'économie végétale. D'après lui, la formation des sucs laiteux est due à ce qu'il existe simultanément dans les vaisseaux lati- cifères de l'eau, tenant en suspension de l'huile essentielle et du caoutchouc, de la résine et de la gomme ; c'est l'oxydation successive de chacun de ces deux premiers corps qui forme la gomme et la cellulose. Abordant le sujet spécial de sa thése, M. Déniau étudie successivement le Silphium chez les anciens, le Silphium, depuis les temps anciens jusqu'à 1780, puis jusqu'à nos jours, et les travaux chimiques faits sur le 5;/- phium. Comme ce résumé historique est essentiellement un travail de com - pilation, du moins pour la partie botanique, il nous suffira de reproduire les conclusions de l'auteur, qui sont les suivantes : Le Silphium des anciens est notre Asa fœlida ; d'après le témoignage de Constantinus Africanus, des Arabes, de tous les auteurs les plus recomman- dables, de Kämpfer, etc., cette plante n'est point le benjoin; il est produit par l'Asa disqunensis de Kàmpfer, dont la description s'accorde parfaitement avec celle de Théophraste. Aucun auteur autre que Kämpfer ne nous a donné de relations sur la récolte de l'Asa fœtida. L'Asa fœtida étant le Silphium des anciens, il convient de lui restituer son véritable nom. Le Silphium des an- ciens n'est pas produit par le Ferula tingitana de Sprengel, ni par le Thapsia Silphium de Viviani, ni par le Laserpitium Derias de M. Pacho. Le Sd- phium de l'auteur (asa fœtida) n'est pas produit par le Ferula Asa fœtida de Hope, mais par plusieurs plantes, surtout par le Scorodosmn fætidum Bunge et par le Narthex Asa fætida Falconer. Le reste de la thèse est consacré à une étude chimique dans laquelle l'auteur a apporté des recherches originales. Ucber die geographische Verbreitung unserer wichtig- sten Waldbaume (Sur l'extension géographique de nos principaux arbres forestiers); par M. Hermann Hoffmann (Supplemente zur Allge - meinen Forst- und Jagdzeitung, 1868-69, 1'* livraison, pp. 17-63, avec ^ planches). Francfort-sur-le-Mein, chez J.-D. Sauerländer, 1868. Voici les espèces qui sont successivement étudiées par M. Hoffmann : Fagus silvatica, Quercus Robur et ses variétés, Q. pubescens Willd., Q. Cerris, Carpinus Betulus, Betulaalba, Alnus glutinosa, Ulmus campestris, U. effusa, Acer pseudoplatanus, Acer platanoides, Fraxinus excelsior, Pinus silvestris, P. nigricans, Abies excelsa, A. pectinata et Larix europea. M. Hoffmann étudie spécialement l'aire de chacune d'elles, ses climats en altitude ou en lati- tude ; il discute les conditions météorologiques de chacune de leurs stations extrêmes. Dans cette exposition, il se préoccupe beaucoup des variétés de 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'espèce. Une carte géographique représente par une teinte la distribution de chaque espèce. Aucune réflexion ni conclusion générale ne termine ce mé- moire. Ueber eiue mikroskopische Flora und Fauna kristalli- nischer Massengestcine (Sur une flore et une faune microsco- piques des roches cristallines) ; par M. Gustav Jenzsch. Brochure in-8° de 29 pages. Leipzig, 1868, chez W. Engelmann. L'auteur consacre une courte introduction à expliquer la nature des recher- ches qu'il a entreprises pour examiner au microscope des coupes minces en plaques de pierres souvent extrémement dures ; recherches qui lui ont fait découvrir des fossiles animaux et végétaux là où l'on ne pouvait en soupconner l'existence, notamment dans des formations regardées comme éruptives, dans le mélaphyre de Zwickau. Les végétaux sont des Algues pluricellulées ; sur un des exemplaires l'auteur dit avoir reconnu la sortie latérale de zoospores! Il a aussi observé une Algue en conjugaison. Il a remarqué une anthéridie encore attachée à une oogonie ! Il pense que ces êtres vivaient avant la cristallisation du terrain où on les trouve dans les eaux-mères qui ont laissé se déposer les cristaux. New coniferous Fruits from british secondares Rocks (Nouveaux fruits de Conifères provenant du terrain secondaire d’ Angle- terre); par M. W. Carruthers (The geological Magazine, vol. vI, n° 1, janvier 1869, pp. 1-7, avec deux planches). Les végétaux décrits dans ce mémoire sont les suivants : Pinites Leckenbyt, P. gracilis, P. depressus, Araucarites Brodiei, A. Phillipsii et Sequoiites Gardneri. L'auteur s'attache à réfuter les opinions exprimées par M. Pomel dans un mémoire publié en 1847, dans le compte rendu de la vingt-cinquième session tenue à Aix-la-Chapelle par les naturalistes et médecins allemands. On Beania, a new gcnus of Cycadeæ ; par M. W. Carruthers (/bid., vol. vi, n° 3, mars 1869, pp. 97-99, avec une planche). Les fossiles dont il est ici question, et qui proviennent de l'oolithe du York- shire, ont été l'objet, de la part du professeur Williamson, de recherches qui ne sont pas encore publiées. Le Beania gracilis se distingue du type des Zamia, et notamment du Zami« muricata, par la distance qui sépare les unes des autres les écailles fructiferes, dont les pétioles sont alternes sur l'axe allongé et flexueux, un fruit composé qu'on ne peut guère nommer un cône. Le Beania se rapproche peut-être encore davantage des Microcycas de M. Alph. de Candolle. Un fragment très-imparfait du Beania gracilis a déjà été figuré par Lindley et Hutton, Fossil Flora, p.159. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 The coal plants of Brazil and notes on Flemingites |Végé- taux houillers du Brésil ; notes sur le Flemingites) ; par M. W. Carru- thers (Zbid., vol. vi, n° 4, avril 1869, pp. 151-156, avec deux planches). Les plantes fossiles examinées par M. Carruthers proviennent du Rio grande do Sud; ils se trouvent dans un sol ferrugineux et sont convertis en houille ; on n'y aperçoit plus aucune structure, seulement la nervation de la surface. Il y a reconnu seulement trois espèces, appartenant aux genres Flemingites, Odontopteris et Nœggerathia. A ce sujet, il entre dans de nouveaux détails sur le genre de Lycopodiacées Flemingites, dont il est l'auteur. Le Lepido- strobus variabilis Lindl. et Houtt. (Fossil Flora, pl. x, fig. 1) est identique avec le Flemingites gracilis. La nouvelle espèce de ce genre, F. Pedroanus, est dédiée à Sa Majesté l'Empereur du Brésil, protecteur éclairé des sciences. A son sujet, M. Carruthers rectifie quelques-unes des opinions antérieurement émises par lui, d'après le mémoire de M. Brongniart (1). Nye Indpodningsforsog med Snyltesvampe, hvis vexlende Generationer voxe paa Værtplanter, henhorende til to forskjellige Familier (Nouveaux essais de semis faits avec des Champignons parasites, dont les générations alternantes habitent sur des plantes appartenant à des familles différentes) ; par M. A.-S. OErsted (Oversigt over det konglige danske Videnskabernes Selskabs Forhandlinger, 18671, n° 5, pp. 208-216, avec deux planches). Les expériences que nous résumons ici font suite à celles que nous avons déjà relatées et qui, bien qu'elles fussent en concordance parfaite avec d'autres observations d'un caractère très-sérieux, n'ont pas laissé d'exciter quelque controverse dans le monde horticole (2). Il existe dans le nord de l'Europe trois espèces de Reæstelia, R. cancellata, FH. cornifera (Lycoperdon corniferumO. -F. Müll. , Œ'cidium cornutum Pers.), et R. penicillata. Les corps reproducteurs de la première ont été décrits sous le nom de Podisomo Scabiosæ, ceux de la deuxième sous celui de P. juniperi- num, et ceux de la troisième sous le nom de P. clavariæforme. Ces deux der- niers croissent sur les feuilles du Génevrier commun; le R. cornifera sur celles de Sorbier ; le R. penicillata sur celles de l'Aubépine et du Pommier. Jl est fort remarquable que sous leur première forme ces Cryptogames se dé- veloppent sur des Coniferes, et sous leur deuxieme forme sur des Rosacées. On geologie and palæontologie of Illinois; par M. A.-H. Wor then. In-8° de 504 pages, avec dix planches. Chicago, 1866. Si nous citons ici cet ouvrage, dont nous n'avons eu connaissance que récem- (1) Voy. le Bulletin, t. xy (Revue), p. 170. 2) Voy. le Bulletin, t, NU (Revue). p. 171. 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment, c'est parce qu'il renferme un travail spécial où M. le professeur Lesque- reux a énuméré les plantes fossiles de l'Illinois. Ces plantes appartiennent à la formation sous-carbonifere et à la zone des Lycopodiacées ; deux plantes y ont été trouvées par M. Lesquereux, qui sont des types européens : le Sagenaria Veltheimiana et le Knorria imbricata. Natur- und Culturstudien über Süd-Amerika und seine Bewohner (Ztudes d'histoire naturelle sur l'Amérique méridionale et ses habitants); par M. Woldemar Schultz (1v und v Jahresbericht des Vereins für Erdkunde zu Dresden, 1868, pp. 109-137, avec de nombreux tableaux). Si nous citons ici ce mémoire posthume, c'est à cause de quelques pages consacrées aux plantes cultivées dans diverses parties del' Amérique méridionale et spécialement au Mais, au Manioc, à la Patate, à l'/pom«a tuberosa et à V Arachis hypogæa. Notice sur Phistoire des faisceaux ehlorophylliques de la Spirogyra lineata; par M. W.-F.-R. Suringar (Archives néerlandaisesdes sciences exactes et naturelles, t. 111, 4™ livraison, pp. 116- 121, avec une planche). Le Spirogyra lineata Sur., du Japon, tire sa dénomination des stries lon- gitudinales incolores qui tapissent la paroi de ses cellules, Ses faisceaux chloro- phylliques commencent par être spiraux, peut-être comme aussi dans le Spi- rogyra orthospira Næg., pour s'étendre plus tard en lignes droites longitu- dinales, En devenant droits, ils perdent bientót leur chlorophylle, et leur plasma se résouten fibres incolores. Ces fibres, étendues également sur la paroi interne des cellules, forment les stries longitudinales propres à cette espèce. La chlorophylle primaire disparue est remplacée par des faisceaux secondaires; ceux-ci, droits et longitudinaux au moment de leur naissance, se ramifient ensuite en forme de guirlande et semblent affecter de cette maniere la disposi- tion spirale; ils se réunissent à la fin en trois faisceaux plus larges que les pre- miers, et étendus en ligne presque droite dans le sens de la longueur des cel- lules. La direction alternativement sinueuse et droite que prennent les faisceaux de chiorophylle daus les cellules du Spirogyra est rattachée par l'auteur à la relation variable qui existe entre leur accroissement et celui des cellules ; il est clair que quand le faisceau sera plus long que la cellule qui le contient, il devra s'incurver, Il faut remarquer à ce propos qu'a chaque division des cel- lules du Spirogyra, les cloisons, nouvellement formées, coupent en deux les faisceaux chlorophylliques, de manière à les séparer en autant de parties dis- unctes qu'il y a de cellules, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 Sur la tencur en alcaloïdes de l'écorce dc la racine des différentes espèces de Clnchonas: par M. J.-E. de Vrij (Journal de pharmacie et de chimie, t. 1x, janvier 1869, pp. 17-27). Il résulte des expériences de M. de Vrij qu'il existe ordinairement une plus grande proportion d'alcaloides dans l'écorce de la racine que dans celle du tronc des Cinchona. Cette opinion n'a pas été confirmée par M. Brough- ton dans un rapport sur les plantations anglaises envoyé d'Ootacamund le 4er avril 1867, mais M. Broughton a opéré sur des plants âgés de plus de quatre ans, et en effet M. de Vrij a reconnu quesur des plants ágés de plus de deux ans, l'exploitation des racines ne peut plus présenter aucun avantage. Il a appris en outre que les alcaloïdes des Cinchona sont bien plus faciles à retirer à l'état de pureté de l'écorce dela racine que de celle du tronc, Le moussage pratique par M. Mac Ivor, qui augmente la quantité de production de la quinine, à pour effet de placer artificiellement l'écorce du tronc dans la méme condition que celle de la racine, en la soustrayant au contact de l'air. Sur Ie Haofach, nouvelle écorce aromatique : par MM. Con- damine et Blanchard (/bid., mars 1869, pp. 187-188). Le Haofach croit dans la Cochinchine francaise, sur la montagne de Béria. L'écorce est prise sur des arbres de trois années ; elle offre une odeur aroma- tique trés- prononcée qui rappelle celle de l’///icium anisatum ; sa saveur est styptique ; on l'emploie comme astringente à la dose de 10 grammes pour 100 grammes d'eau. Plantes u:iles du Brésil: par M. J.-F. Silveira da Motta (Zléper- toire de pharmacie, t. Xxv, n? 4, pp. 137-148; n° 7, pp. 257-282, n° 9, pp. 343-350). Ces végétaux sont rangés par familles, et les familles elles-mêmes par ordre alphabétique. C'est une compilation principalement ; l'auteur a réuni tout ce qu'il a pu savoir surtout par le Flora brasiliensis de M. de Martius ; mais on y trouve d'utiles renseignements. Les familles qui ont déjà été traitées sont les suivantes : Aracées, Aristolochiées, Artocarpées, Asclépiadées, Aurantia- cées, Barringtoniées, Bégoniacées, Bignoniacées, Borraginées, Alismacées, Amarvllidées, Amomacées, Ampélidées, Amyridées, Apocynées, Cactées, Can- nellacées, Capparidées, Caprifoliacées, Carduacées, Cédrélacées, Broméliacées, Burséracées et Byttnériacées, Bemerkungen über die Piofa-Arten des Genfer Secs (Recherches sur les espèces de Viola des bords du lac de Geneve); par M. H. Christ (Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel, 1868, pp. 162-167). Les espèces annotées par M. Christ dans cette note sont les suivantes : | iola 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. hirta L., V. odorata L., V. scotophylla Jord., V. alba Besser ( V. virescens Jord.), V. multicaulis Jord. et V. Steveni Bess. L'auteur s'occupe des carac- tères de végétation de ces espèces. Les Champignons du gouvernement de Tchernigof; par M. H. Borscow (Bulletin de l'Académie impériale des sciences de Saint- Pétersbourg, t. Xil, pp. 219-245). Il n'existe pas beaucoup de documents sur la flore mycologique de Russie. Les Hymenomycetes et Gasteromycetes Rossiæ de Weinmann (1836), une énumération des Champignons de Saint-Pétersbourg dans l Znumeratio plan- tarum agri petropolitani du méme auteur (1837), une note de M. Léveillé sur les Champignons de Crimée, de M. Czerniajew sur ceux des environs de Charkow, les travaux que l'auteur a insérés dans le Voyage de Middendorf, C'està peu prés tout ce qu'il trouve à citer d'intéressant. Dans son nouveau mémoire, aprés quelques généralités, il arrive à l'énumération qui en fait l'objet principal. Il. commence par les Myxomycétes, qu'il étudie avec une prédilection particulière, justifiée par ses observations sur l'ZZ/thaliun septi- cum et sur le Zieticularia maxima. Les espèces de Champignons citées par lui sont au nombre de 173. Ordinairement il se borne à indiquer les localités où a été observée chacune d'elles dans la circonscription géographique qui sert de cadre à son travail. Pflanzengeographische Skizze des gesammten Nil- Gchiets und der Uferländer des Rothen Meeres (Esquisse de géographie botanique, portant sur toute la région du Nil et sur les bords de la mer Rouge); par M. G. Schweinfurth (Petermann's geographische Mittheilungen, 1866, pars 1V, pp. 113-129; pars v, pp. 155-169; pars vit, pp. 254-248; avec une carte dessinée d’après les découvertes des anciens et les découvertes nouvelles de M. Schweinfurth. Nous avons déjà parlé à différentes occasions des découvertes botaniques de M. Schweinfurth, qui résume dans ce mémoire les résultats généraux de ses voyages. Il jette d'abord un coup d'œil général sur les pays qu'il a parcou- rus, et décrit ensuite avec détails : 3° la partie méditerranéenne de Ja région du Nil; 2 la zone cultivée de la vallée que parcourt ce fleuve, et qui s'étend au sud jusqu'à Khartoum; il en trouve l'analogue dans les oasis de la Libye; 3° la région désertique, qui s'étend d'une maniere absolue jusque dans l'Asie centrale, mais que l'auteur n'étudie que dans la Nubie, la Libye égyptienne, l'Arabie égyptienne et l'Arabie septentrionale ; A? la zone de transition, c'est- à-dire certaines parties de la Nubie et de la côte de la mer Rouge, dont la végétation ne présente ni celle des déserts, ni celle des steppes; 5° la région des steppes, qui comprend tous les pays plats de la vallée supéricure du Nil jusqu'aux pentes qui se relèvent à l'Est vers les montagnes d'Abyssinie, à REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 l'Ouest vers les montagnes inconnues de l'Afrique centrale, et qui présente une altitude absolue de 1200 pieds (vers Chartoum) jusqu'à 2000 pieds ; 6° la région des foréts, qui s'étend de 2000 pieds, base des pentes indiquées plus haut, jusqu'à 4500 pieds (zone inférieure) et jusqu'à 5500 pieds (zone supérieure) ; 7° la région des hauts plateaux (Dega dans la langue de l'Amhara), qui est propre à l'Abyssinie, que l'auteur divise en deux sous-régions, l'une inférieure, de 5500 à 7500 pieds, et l'autre supérieure, de 7500 à 12000 pieds. Au- dessus de celle-ci se trouve une région alpine, oü la neige persiste pendant toute la période humide de l'année, et qui comprend les plus hauts sommets montagneux jusqu'à 15 000 pieds. Chacune de ces régions est étudiée par l'auteur au point de vue physique et au point de vue botanique. La premiere est suffisamment connue. La zone des cultures caractérisée par le Dattier et le Palmier Doum, les Albizzia Lebbek, Acacia Farnesiana, le Parkinsonia, le Zizyphus Lotus, le Lawsonia, etc. , la culture des Aurantiacées, des Amygdalées, de la Vigne et de la Figue de l'Inde, offre deux faits remarquables, une grande pauvreté dans le nombre des espèces et une grande uniformité de végétation dans toute sa largeur, qui est de 300 mètres environ. La région désertique est caractérisée par l'abon- dance des herbes annuelles, accomplissant rapidement leur unique période de végétation, ou par des végétaux ligneux à feuilles imparfaitement développées (Retama, Leptadenia, Taverniera, Moringa), ou promptement caduques (A ca- cia). La végétation arborescente y fait presque complétement défaut. Un certain nombre de genres y sont généralement répandus ; des plantes méditerranéennes y pénètrent vers la partie nord de la région, en Arabie; la flore particulière du Sinai lui est commune avec toutes les montagnes granitiques qui s'élèvent des déserts, et se retrouve méme à Soturba, sur la cóte abyssinienne de la mer Rouge. Dans la zone de transition, l'auteur signale comme généralement répan- dus les arbres suivants : l’ Acacia Ssammox, le Kamob (Mærua crassiflora , l'Hegelig (Balanites), l'Arbre de la Mecque (Olea lacerifolia), le Cesalpinte elata, le Moringa arabica. Les Graminées commencent à prédominer dans cette zone, qui prépare la région des steppes ; on y signale le défaut presque complet de Cypéracées et de Liliacées. Dans la région des steppes (ou du Cor- dofan), se retrouvent quelques plantes de la Sénégambie ; un certain nombre de végétaux qui habitent le voisinage des eaux dans toute la zone tropicale, et quelques autres plus spéciaux à l'Afrique (LZ demone mirabilis, Cyperus Papyrus, Azolla nilotica, les Acacia gummiferes) ; les arbrisseaux sont à peu près les mêmes que dans la région désertique; mais le caractère particulier de la région est l'abondance des Graminées, mêlées à des Convolvulacées et des Malvacées ; les plantes spéciales sont les suivantes : Cassia Absus, Tephrosia anthylloides, Cucumis Figarii, Ethulia gracilis, M irtgenia Kotschyi, Achy- ranthes aspera, Celosia trigina, Crinum Tinnec, On n'y rencontre point d'Orchidées ni de Liliacées. Les plantes cultivées sont le Sorgho, un Penicilla- T. XVI. (REYFE) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ria (Dochn), le Phaseolus Mungo, le Vigna catjang, le Cajanus flavus, P Arachis hypogea ; sur le Nil. blanc supérieur, I'Eleusine coracana (dont le Dagusso d'Abyssinie se distingue à peine spécifiquement) et le Voandzeia subterranea, ainsi que quelques Cotonniers. Au dessus de ces steppes s'élé- vent de temps à autre des monticules boisés qui reproduisent la végétation de la zone suivante. La région des forêts ne contient qu'un trés-petit nombre d’espèces qui se rencontrent également dans la vallée du Nil; et l'on y remarque vers l'ouest quelques types de la Guinée (Parkia, Butyrospermum, Morelia senegalen- sis, Calamus, Raphia); les types de l'Inde orientale y sont encore plus nom- breux. La ligne de végétation du Tamarindus et du Bambusa abyssinica lui sert de limite inférieure. Parmi les arbres qui y perdent leurs feuilles dans la saison sèche, on remarque le grand nombre de Combrétacées, de Ficus et d' Urostigma, WÉbène d'Afrique, Dalbergia melanoxylon, le Crossopteryx Kotschyana, dont l'écorce contient vraisemblablement de la quinine, le Stry- chnos innocua, à fruit comestible, etc. Cette région se caractérise en outre par le défaut de Cruciferes, de Chénopodées et de Joncées. La région des hauts plateaux, dépourvue de bois et presque d'arbres, est également très-pauvre de Graininées. Les espèces herbacées caractéristiques de la sous-région inférieure sont les suivantes : Clematis simensis, Pircunia abyssinica, Rumex abyssi- nicus, de nombreuses Orchidées terrestres, etc. ; on y rencontre des espèces de la région méditerranéenne ou de l'Europe qui, pour la plupart, manquent en Égypte et reparaissent sur les hauts plateaux ; nous citerons seulement les plus remarquables : Erodium cicutarium, E. moschatum, Oxalis corniculata, Anthyllis Vulneraria, Trifolium arvense, T. fragiferum, T. procumbens, Epilobium hirsutum, Helosciadium nodiflorum, Linaria Elatine, Valeria- nella microcarpa, Juncus bufonius, Equisetum ramosissimun. La sous-région supérieure présente des caractères analogues. Dans la région alpine, on observe encore les Barbarea intermedia, Sisymbrium thalianum et Cardamine hir- suta, ainsi qu'un certain nombre d'espèces spéciales appartenant aux genres Sagina, Cerastium, Alehimilla, Sisymbrium, Subularia, Ranunculus, Saxifraga, Blæria, Senecio, Dianthoseris, Homalocline, etc. La carte jointe au mémoire de M. Schweinfurth, trés-soignée au point de vue géographique, est teintée pour indiquer les diverses régions botaniques; il y a signalé les limites géographiques des principales espèces. Ucber die Verbrcitung der Laubmoose in Thüringen und die Bedeutung der Moose für die Pflanzen- Geographie überhaupt (Sur la distribution des Mousses dans la Thuringe et sur l'importance que présen- tent les Mousses dans les recherches de géographie botanique); par M. A. Rose (Peter manns geographische Mittheilungen, 4868, xi, pp. 409-41 2). Ce résumé n'est que le prélude d'un méinoire plus étendu qui doit paraitre aO REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67 prochainement dans les Actes de l'Académie Léopoldino-Caroline. L'auteur affirine que l'étude des organismes inférieurs, et particulierement des Mousses, est de nature à fournir des documents d'une trés-grande importance sur l'ori- gine des espèces et sur la lutte vitale, sur l'adaptation des êtres antérieurement existants à des conditions nouvelles, et par conséquent sur la théorie Darwi- nienne de la descendance modifiée. Pour obtenir ces résultats, il importe d'éta- blir préalablement des catalogues fort exacts de la végétation brvologique d'une région déterminée, avec toutes les indications nécessaires sur la station, l'alti- tade, etc., qui convient actuellement à chaque espèce, comme l'ont déjà fait avec succès MM. Lorentz, Molendo et Walther pour quelques pays de l'Alle- magne. Les recherches spéciales de l'auteur lui ont fait reconnaitre qu'il existe en Thuringe quatre régions bryologiques : celles des vallées inférieures, de 250 à 500 pieds, caractérisée par un terrain d'alluvions anciennes ou récentes et par 107 espèces de Mousses, dont 13 spéciales; la région des collines, de 560 à 1250 pieds, qui forme la plus grande partie du plateau de la Thuringe, et qui, a l'exception des quelques dépôts clair-semés d'alluvions, est formée générale- ment par le trias, et qui contient 255 Mousses, dont 55 spéciales; la région des montagnes inférieures, de 1250 à 2250 pieds, formée par des terrains anciens d'épanchement ou d'éruption, qui, sur 248 Mousses, en a 24 spéciales ; enfin, la région des montagnes supérieures, qui atteint 300 pieds, et qui, sur 175 Mousses, en offre 29 d'une grande rareté, n'apparaissant qu'à cette hauteur. Études agronomiques sur les Gcorgiques de Virgile: par M. A. Bosson. In-8° de 426 pages. Paris, 1869,chez A. Lévy. Prix : 2 fr. 50. Ce livre serait mieux intitulé Étude agronomique à propos des Géorgiques. L'auteur nous apprend dans sa préface qu'il a écrit dans le dessein de donner quelques notions d'agriculture exacte aux jeunes gens qui ne sont pas destinés à en recevoir d'ailleurs, et qui lisent Virgile en faisant leurs humanités. Il a partagé ses études en quatre livres, selon la division du poëte latin. Il en cite de temps à autre quelques vers, et à propos de ces vers ouvre une digression où il expose les notions généralement répandues, et puisées souvent à des sources un peu anciennes. Ce livre, d'ailleurs, n'offrira aucun intérét aux botanistes, et gu?re non plus aux érudits ; l'auteur n'y aborde aucun des petits problèmes encore mal résolus sur la détermination de plantes citées dans cer- tains passages obscurs de Virgile. Les Champignons comestibles e: Ics especes vénénenses ayer lesquels ils pourraient être confondus: par M. Louis Favre-Guillarmod. Brochure in -4". Neuchâtel, chez J. Sandoz, 1869, Cette publication contient réunis deux cahiers, dont ie premier a paru sépa- 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rément il y a huit ans, en 1861. L'auteur avait pour principal motif de dimi- nuer le nombre des accidents qui, presque chaque année, se montraient dans je canton de Neufchâtel. Depuis cette époque, aucun accident de ce genre ne s'y est reproduit, bien que l'usage des Champignons comestibles s'y soit singu- lièrement étendu. Le deuxième fascicule compte 29 espèces utiles ou intéressantes, ce qui porte à 48 espèces le nombre total des Champignons figurés et décrits dans l'ouvrage entier. L'auteur a cherché à choisir les espèces les plus charnues et les plus fréquentes, celles qui vivent en société et qui peuvent contribuer à l'alimentation générale. Chacune des espéces étudiée par l'auteur est l'objet d'une description; elle est en outre reproduite par la chromolithographie. Bcitrage zur Entwickelungsgeschichte der Lichenen (Recherches sur le développement des Lichens) ; par M. W. Füisting ( Bota- nische Zeitung, 1868, nn. 40, ^1, A2, col. 641-647, 657-665, 673-684, avec une planche gravée). L'auteur a divisé son mémoire en cinq chapitres : Le premier est consacré au développement du périthécium des Verruca- riées, particulièrement du V. Dufourii DC. L'auteur y montre que le tubulus et la papille apparaissent simultanément pendant la formation du périthécium des Verrucaria, ce qui lui donne un grand degré de perfection organique, et en fait peut-être un des périthéciums le plus parfaits qui existent. Parmi les genres dont les espècesse comportent, quant au développement de cet organe, d'une manière analogue au type des Verrucaria, il faut citer d'abord le genre Thelidium. Le second chapitre traite du périthécium des Zndopyrenium montruosum Scher., E. pusillum Hedw. et Endocarpon miniatum L. L' Endopyrenium monstruosum a un long tubulus garni de périphyses qui convergent vers som axe et s'arrétent brusquement au-dessus de la partie occupée par les paraphyses et les thèques ; au contraire, celui de l'£.. pusillum est absolument dépourvu de périphyses et trés-court, ce qui parait établir une différence générique entre ces deux Lichens. Cet organe demeure aussi trés-court dans l'Zndocar- pon miniatum, et les périphyses sont clair-semées. Le troisième chapitre est consacré au Pyrenula nitida Schrad. Le périthé- cium de cette espèce est analogue dans ses traits principaux à celui des Verru- cariées, mais il s'en distingue par deux points importants, la présence de paraphyses et le défaut de papille. Le quatrième chapitre traite du périthécium des formes de Polyblastia, par- ticulièrement de celui du P. (Stigmatomma) catalepta Ach. Cet organe se distingue de celui des Verrucaria par l'arrét de développement dans la forma- tion du tubulus et par l'exagération de celui de la papille. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 Daus un appendice de son mémoire, M. Füisting s'occupe de la germination des spermaties de Lichens; il reconnait la difficulté de la prouver par des expé - riences directes, mais il pense qu'on lui doit le développement d'apothécies parasites sur le thalle d'un Lichen d’espèce différente, développement dont il cite quelques exemples. Prodromus Flore hispanieæ, seu Synopsis methodica omnium plantarum in Hispania sponte nascentium vel frequentius cultarum qua inno- tuerunt, auctoribus M. Willkomm et J. Lange. Voluminis II pars altera. Stuttgart, 1868. Comme nous l'avons annoncé il v a déjà quelque temps, on pouvait craindre que cet important ouvrage ne restàt inachevé. Nous sommes heureux d'en annoncer aujourd'hui la continuation. Le dernier fascicule paru s'étend de la page 273 à la page 280 du second volume, dont la terminaison y est annoncée pour 1869. Ce fascicule comprend les familles suivantes : Ambrosiacées, Cu- curbitacées, Lobéliacées, Campanulacées, élaborées par M. Willkomm ; Rubia - cées, Lonicérées, Vacciniées, Hypopityées, par M. Lange; Éricacées, Planta- ginées, Globulariées, Verbénacées et Labiées, par M. Willkomm. Communications de botanique faites au dernier Congrès de rAssociation britannique pour l'avancement des seiences, dans sa dernière réunion à Norwich (1). Remarques sur les propriétés de l Atropa rhomboidea Hook. , en connexion avec ses caractères botaniques ; par M. le professeur Balfour. Notice sur l Hieracium collinum Fr., quise trouve dans le Selkirkshire, avec des remarques sur des additions récentes à la flore d'Écosse; par M. le professeur Balfour. Note sur le Scirpus parvulus retrouvé ; par M. A.-G. Moore. Rapport sur la flore fossile ; par M. W. Carruthers. Sur le Wellingtonia gigantea, avec des remarques sur sa forme et sur la marche de sa croissance, comparées à celles du Cèdre du Liban, par M. J. Hogg. — L'auteur fait remarquer qu'on ne peut pas être bien sûr de connaitre l'àge de cet arbre en comptant le nombre des zones concentriques de son tronc, parce que, comme quelques autres arbres, il a deux époques de végétation. On estime, dit-il, à 3000 ans la longévité du Wel/ingtonia dans les forêts primitives de l'Amérique, et à 2500 celle des Cèdres du Liban. Sur la distribution des principaux arbres pour bois de charpente dans les Indes, et sur les progres dans la conservation des foréts; par le docteur Cleghorn. Sur les droits de l'arboriculture comme science ; par M. Brown. (1) Extrait des Actualités scientifiques de M. l'abhé Moigno. Paris, au bureau des Mondes. 1869, 70 SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE. Sur I Zeyscénum orientale qui se rencontre dans des circonstances particu- lières à Édimbourg. Sur l'identité spécifique de l'Amandier et du Pécher; par M. le professeur C. Koch. — L'auteur rappelle qu'il a voyagé pendant quatre ans sur les mon- tagnes du Caucase, de l’ Arménie, de quelques parties de la Perse et de l'Asie- Mineure, dans le dessein d'étudier l'origine de nos arbres fruitiers. Il croit que nos Poiriers, nos Pommiers, nos Cerisiers, la plupart de nos Pruniers, et aussi nos Péchers et nos Abricotiers, ne sont pas originaires de l'Europe. L'Abri- cotier ne croit pas à l'état sauvage dans les contrées orientales; il vient peut- être de la Chine et du Japon, ainsi que le Pécher. Cependant, dans l'est de la Perse, il croit un Pécher nain, intermédiaire entre le Pécher et l'Amandier. Pour quelques naturalistes, le Pécher n'est qu'une variété de l'Amandier dans lequel la peau sèche de l'amande est devenue charnue, et dont le noyau a acquis avec le temps une surface rugueuse. Sur la classification des espèces de Crocus; par M. le professeur C. Koch. Sur la nécessité de photographier les plantes pour mieux les connaitre; par M. le professeur C. Koch. Sur les Sapindacées; par M. Radlkofer. Sur le Lastrea rigida, qui se rencontre dans le nord du pays de Galles, par M. G. Maw. Sur une Mousse nouvelle d'Angleterre trouvée l'été dernier à Ben-Lawers ; par M. le docteur Fraser. Sur la possibilité d'introduire dans l'ouest de l'Irlande les plantes du sud de l'Europe ; par M. le professeur Hennessey. Sur la flore de l'ile de Skye; par M. le professeur Lawson. Sur la distribution géographique du Buxbaumia aphylla dans la Grande- Bretagne ; par M. le professeur Lawson. Sur la contradiction entre les plantes fossiles et la théorie des transformations graduelles; par M. le professeur Gæppert. Ce Congrès a été ouvert par un discours remarquable du président, M. J. Hooker, qui a passé en revue les progrés récents des sciences naturelles et surtout les travaux de M. Ch. Darwin. Un autre discours du révérend M. J. Berkeley, président de la section de biologie, contient une appréciation intéressante de la doctrine Darwinienne et des théories de M. Hallier d'Iéna. M. Berkeley pense que rien ne serait. plus injuste et plus imprudent que d'im- primer le sceau de l'irréligion ou de l'impiété à la pangénésie. Quant à M. Hal- lier, ce naturaliste a, dit-il, commis la faute de sauter trop brusquement à des considérations générales, et de ne pas procéder assez rigoureusement daus ses recherches expérimentales. Il est très- possible que certains Champignons puis- sent se retrouver constammeut dans ces substances d'une constitution chimique ou moléculaire donnée; mais ils peuvent s'y trouver dans la condition d'effet REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 plutót que daus la condition de cause (1). Tout homme qui étudiera attentive- ment le développement des moisissures ou des fermentations à une certaine profondeur, comme dans une masse de pàte de farine de Froment ou de Riz, constatera l'existence de modifications sans nombre, et différentes dans les dif- rentes régions de la masse, sans pouvoir les rapporter aux genres connus. Bericht über die ín den Cholera-Ausleerungen vorge- fundenem Pilze (/lapport sur les Champignons trouvés dans les déjections cholériques) ; par M. A. De Bary (Jahresberichte über die Leis- tungen und Fortschritte in der gesammten Medicin, t. 11, 4"° livraison, pp. 240-252). Nous avons assez longuement rapporté il y a quelques mois les résultats dé- duits par M. Hallier de ses observations ; nous nous contenterons d'exposer ici la conclusion à laquelle a été conduit, en les appréciant, M. De Bary, dont personne ne contestera la compétence spéciale à cet égard. Elle est très-sévère. Les faits observés par M. Hallier se réduisent à ceci : il a observé dans les selles des cholériques les mêmes corpuscules que Klob, et non moins claire- ment que cet auteur, et méme des spores très-réelles de Champignon, mais indéterminables. Par ses cultures, il n'a obtenu que les mémes corpuscules, et des formes de Mucorinées et de Torulacées, généralement répandues partout. D'où venaient ces dernières ? Elles pouvaient provenir de différentes sources autres que l'intestin. Cela suffit pour mettre les recherches de M. Hallier en dehors de toute relation avec l'étiologie du choléra asiatique. Herbier de la flore francaise; par M. L. Cusin et E. Ansberque, t. 111. In-folio renfermant de 427 à 551 planches. Lyon, 1869. Paris, chez F. Savy. Prix : 30 francs. Ce volume renferme les Capparidées, Cistinées, Violariées, Résédacées, Polygalées et Frankéniacées. Comme les précédents, il consiste en un atlas renfermant des gravures obtenues à l'aide du procédé dit phytoxylographique. Les planches qu'il renferme nous paraissent, d'une manière générale, en pro- grès sur celles des volumes précédents. Nous mentionnerons notamment une figure coloriée et quelquefois grossie de la fleur qui forme une addition utile aux planches antérieures. Ueber die organe der Harz- und Schleimabsonderung in den Laubknospen (Sur les organes qui sécrètent la résine et le fluide mucilagineux dans les bourgeons foliacés) ; par M. J. Hanstein (Botanische Zeitung, 1868, n^s 53-56, avec deux planches). Les plantes que l'auteur a soumises à l'observation sont des Polvgonées (4) Dans une notice sur le Champignon du choléra, qui a été reproduite par le journal anglais The Lancet, M. Berkeley a établi que l Urocystis occulla et VU. cholere ne sont sûrement point identiques, et qu'on ne connait point d'Ürocystis qui croisse sur le Riz. 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Rumex Patientia), le Cunonia capensis, le Coffea, Y /Esculus, des Ribes, l'Aulue, le Noisetier, le Charme, l’Azalea indica, des Chévrefeuilles, des Sambucus, des Viburnum, et les genres suivants : Syringa, Forsythia, He- lianthus, Inula, Rhus, Datura, Nicotiana, Geranium, Pelargonium, Salvia, Platanus, Viola, Rosa, Pirus, Prunus et Asclepias. Voici le résumé qu'il trace lui-méme de ses observations : Beaucoup de plantes ont leurs bourgeons abondamment garnis d'organes qui ont pour fonctions d'en diminuer l'évaporation, d'en augmenter la turges- cence intérieure et par conséquent d'y favoriser le développement des parties. Ces organes sont de deux sortes : 4° des poils soyeux ou laineux desti- nés à protéger passivement le bourgeon ; 2° des houppes de diverses formes, qui sécrétent un mélange de résine et de mucilage, rarement un seul de ces deux produits. L^ mucilage doit son origine à la dissolution d'une couche pla- cée au-dessous de la cuticule dans la paroi de cellules glanduliformes spé- ciales (Colleteren-Z ellen), après la rupture desquelles elle devient libre. La résine se forme goutte à goutte dans l'intérieur des cellules glanduliformes : avant sa sortie, elle se rassemble entre la cuticule et la paroi de cellulose, en poussant la premiere devant elle et finalement en la détruisant. Pour la produc- tion du mucilage et de la résine, il s'accumule dans les cellules glanduleuses, dans l'épiderme et dans le tissu foliacé sous-jacent, un métaplasma qui contient beaucoup de substance amyloide et un peu de tannin. Les formes de cellules slanduleuses, qui sont assez diverses, appartiennent toutes au systeme épider- mique ; elles se forment d'une cellule épidermique par uu procédé de partition cellulaire analogue à celui qu'on a décrit chez les Cryptogames. Ce sont, avec les poils rigides qui les accompagnent, les organes qui se développent en pre- mier chez les végétaux. Les plantes qui ne possèdent aucun des appareils glan- duleux décrits par l'auteur trouvent une sorte de compensation dans l'appa- rition d'organes de dilatation qui favorisent la turgescence des tissus, tels que les réservoirs de gomme ou autres semblables. Beobachtungen über dic Bewegung der Staubblütter bei den Arten des Genus Saxifraga L. und Bregründung der Annahme des Genus Bergenia Mænch (Recherches sur le mouvement des étamines dans les espèces du genre Saxifraga, et raisons qui portent à accep- ter le genre Bergenia Mænch); par M. A. Engler (Botanische Zeitung, 1868, n° 49, col. 833-842, avec une planche). L'auteur, qui s'est déjà occupé avec succès du genre Saxifraga au point de vue descriptif, a fait, sur la fécondation de 40 de ses espèces, des études suivies au jardin de Breslau. Il nous apprend d'abord que ses observations, dans leurs résultats principaux, ne font que confirmer celles de Sprengel et M. Hildebrand. Tandis que chez les Saxifrages, ce sont les étamines qui se développent en premier, dans les genres Heuchera, Mitella et Drum- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 mondia, c'est l'organe femelle, ainsi que dans le Saxifraga crassifolia L. , qui est devenu pour Mench le type du genre Bergenia (Geryonia Schrank, Ero- pheron Tausch, Megasea Haw.). L'auteur trace la description des quatre espèces de ce dernier genre, qui appartiennent à la Sibérie ou à l'Himalaya. De Palmis Archipelagi indici observationes movie; par M. Miquel (Extrait des Acta Academic regie disciplinarum nederlan- dicc) ; tirage à part en brochure in-4° de 33 pages, avec une planche colo- riée. Amsterdam, 1868. Ce travail forme un supplément important à l'énumération et à la description des Palmiers contenues dans la Flore des Indes hollandaises du méme auteur. Beaucoup d'espèces nouvelles sont décrites par lui, originaires de Célébès, Bor- néo, Sumatra et méme de Siam, gràce aux découvertes de MM. de Vriese, 'Teysmann, Riedel, Binnendijk. Les descriptions de l'auteur sont suivies d'un catalogue de tous les Palmiers observés jusqu'ici à Pulo-Pinang, dans les iles de la Sonde, les Moluques et la Nouvelle-Guinée; ce caialogue comprend 188 espèces réparties entre 28 genres; le genre Calamus à lui seul en ren- ferme 76. Viennent ensuite des remarques sur la distribution géographique des Palmiers, auxquels l'auteur reconnait trois régions : 1? Sumatra et Bornéo; 2» Java et les petites iles de la Sonde, et enfin, les Moluques et la Nouvelle- Guinée, Chacune de ces régions possede de nombreuses espéces, qui, jusqu'à présent, n'ont été observées dans aucune des autres régions. Ucher die Einwirkung der Gravitation auf das Wach- sthum cinizer Pflanzentheile (De l'action de la pesanteur sur la croissance de certaines parties des végétaux) ; par M. B. Frank (Bota- nische Zeitung, n° 51, col. 875-882). IL est, on le sait, des plantes dont les rameaux ne sont pas verticaux et dont les feuilles sont inégalement développées, celles qui croissent sur le côté infé- rieur du rameau atteignant de bonne heure des dimensious plus considérables en longueur et en surface. L'auteur a mesuré exactement ce phénoméne sur les plantes suivantes : Pinus Picea, P. canadensis, Taxus baccata, Acer pla- tanoides, Paulownia imperialis, Sassafras officinalis, Quercus coccinea, Staphylea pinnata et Fraxinus Ornus. Pour savoir si ces phénomènes sont dus à l'influence de la lumière ou de la pesanteur, il a eu recours à des expériences ingénieuses. Naturellement, il a placé ses plantes dans l'obscurité ; la différence a persisté dans le méme sens, mais moins prononcée. Il a encore imaginé de renverser la situation des rameaux qu'il observait, de sorte que le côté supé- rieur devint inférieur, et vice versa, et cela avant l'épanouissement des bour- geons. Les feuilles inférieures, devenues supérieures, conservèrent unelongueur beaucoup plus considérable que les organes opposés, mais la différence fut moins prononcée que dans le cas normal. Cela prouve que les faits en question 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peuvent être causés par la gravitation, et que la lumière agit dans le méme sens qu'elle, en augmentant les phénomènes produits. Botanische Mittheilungen (Communications botaniques); par M. R.-A. Philippi (Botanische Zeitung, 1868, n° 50, col. 861-865). Ces notes comprennent d'abord la description de la prolifération d'une Cac- tée que l'auteur a observée à Santiago dans le jardin du docteur Segeth, et pour laquelle il propose le nom d'Opuntia Segethi. La fleur de cette espèce présente au centre de son ovaire un style muni de ses stigmates, à peu prés semblable à celui qui s'épanouit au-dessus du réceptacle, dans la situation ordinaire. L'au- teur fait connaitre ensuiteune monstruosité du Senecio vulgaris dans laquelle les capitules ne portaient que des fleurs femelles. Enfin, il donne une courte énumération de 14 espèces européennes qui se sont naturalisées depuis quelques années au Chili, et qui ne se trouvent pas énumérées dans la Flora chilena de M. Cl. Gay. Ce sont les suivantes : Anthemis arvensis, Cnicus lanceolatus, Chrysanthemum leucanthemum, Euphorbia Peplus, Galium murale, Molu- cella lævis, Poa trivialis, Prunella vulgaris, Senecio vulgaris, Soliva lusi- tanica, Sagina apetala, Trifolium repens, Taraxacum officinale et Trigo- nella monspeliaca. Ueber Pilzbildung im keimfreien Raume (Sur le dévelovpe- ment de Champignons dans un espace exempt de germes) ; par M. Th. Hartig (Zbed., n° 52, col. 902-908). En 1833, dans un mémoire spécial (Umwandlung der Pflanzenzelle in Pilzgebilde, Berlin), M. Hartig a déjà établi que les éléments moléculaires des fibres ligneuses peuvent se transformer directement en le premier degré de développement d'un Champignon, n'admettant pas jla génération spontanée dans le sens général, mais supposant que la matière déjà organisée et placée dans certaines conditions se transforme facilement en végétaux inférieurs. Tl a continué de creuser le méme sujet et établi des expériences où il se flatte d'avoir créé artificiellement un espace nécessairement exempt de sporules, rempli d'un air filtré pour ainsi dire à l'aide de divers procédés physiques et chimiques, sans oublier ceux qu'a recommandés M. Pasteur; etil a placé dans cet espace des végétaux susceptiblesde décomposition, notamment des troncons de pommes de terre fraichement cuites. Comme malgré les précautions qu'il a prises, il a observé le développement d'êtres organisés, il insiste encore sur les opinions émises par lui en 1833, et il va jusqu'à écrire des affirmations telles que les suivantes : Partout oü la substance des parois cellulaires ou des grains d'ami- don se résout en ses derniers éléments moléculaires, il nait de ces derniers des Champignons de fermeutation (Gährungspilze) ou des infusoires inférieurs qui correspondent à ceux-ci. Un peu plus tard, au bout de plusieurs semaines, se montrent les premiers. commencements des Champignons filamenteux. De REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 méme que les Champignons de fermentation naissent des sphérules primitives, de même les filaments (/Zyphen) de Penicillium naissent des fibres primitives, les filaments de Mucor de l'amidon, après qu'il s'est. fendu en plusieurs frag- ments irréguliers. On reconnaitra qu'avant d'apprécier ces résultats, il faudra examiner d'abord les conditions expérimentales où s'est placé l'auteur, et qui, malheureusement, demanderaient trop d'espace pour étre reproduites. Zwei Missbildungen von Laubmoosfrüchten (Dur anoma- [ies observées sur le fruit des Mousses); par M. W. Pfeffer (Jahresbericht der naturforschenden Gesellschaft Graubündens, nouvelle série, xii* année, 1868, pp. 150-157, avec quatre figures). La figure a représente deux capsules mûres de Brym versicolor sur un seul pédicule parfaitement simple et normal ; la figure #4, un cas analogue offert chez le B. pallens par la présence de trois capsules sur un pédicule simple. Les capsules anomales étaient pourvues de leur péristome et renfermaient des graines normales, mais quelquefois moins nombreuses que dans les cas ordi- naires. L'auteur discute les causes possibles de cette monstruosité et se montre disposé à attribuer quelques-uns des phénomènes observés par lui à ce que la gelée aurait atteint l'archégone primitive et en aurait détruit quelques parties. Ges faits doivent être rapprochés de ceux qui ont été décrits et figurés dans notre Bulletin il y a plusieurs années. Le méme auteur a encore décrit dans le méme recueil, pp. 85-88, une nou- velle espèce de Mousse, le Didimodon Teobaldit. Die Blatipflanzen und deren Cultar in Zimmer (Les plantes à feuillage et leur culture en chambre); par M. L. Dippel. In-8^ de 178 pages, avec 44 dessins faits d'après nature par l'auteur. Weimar, chez Voigt, 1869. Prix : 5 fr. 35. Cet ouvrage est divisé en deux parties, la première générale, la deuxième spéciale. Dans la première, l'auteur examine successivement les procédés géné- raux de culture, la disposition de l'appartement où doivent être placés les végé- taux, l’arrangement de ceux-ci, la calorification, l'aération, l'humidité de l'air ambiant, etc. La deuxième partie contient une longue énumération de végétaux, disposée par ordre alphabétique, comprenant en général des végétaux de serre chaude. Les planches, au nombre de six, dessinées par l'auteur d'une manière fort artistique, et dans lesquelles sont groupées des gravures différentes, repré- Seat des Palmiers, des Draccæna, des Musa, des Scitaminées, des Aroidées, des Begonia, Aralia, etc. assai monographique sur les Foabus du bas 7: de la Loire ; par M. Gaston Génevier, In-8^ de 36 pages. Anz^ s, imp. Lachèse Paris, chez F. Savy, 1869. Prix : 6 francs. M. Génevier s'est placé, dans cette étude, au même point de vue que M. Jor- 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dan. Dans l'état actuel de la science, il parait, dit-il, impossible de faire une étude complete du genre Rubus ; aussi, sans oser méme essayer de décrire tous ceux qui croissent dans le bassin de la Loire, nous avons cherché à classer ceux qui nous étaient bien connus, en établissant des groupes dans lesquels vien- dront peu à peu se ranger les espèces qui n'ont pas encore été suffisamment étudiées, soit qu'elles n'aient pas encore été rencontrées, soit que l'on n'ait pas su les distinguer. Il semble bien démontré que ces espèces, étudiées dans leur lieu natal, donnent surabondamment les preuves de leur entité. Certains de nos types, rencontrés à des distances relativement considérables, dans des localités trés-différentes, comme sol, comme exposition, ont présenté dans leurs caracteres distinctifs une fixité qui indique grandement que ce sont. des espèces bien caractérisées. Le nombre des espèces caractérisées par M. Géne- vier s'élève à 203. La monographie est suivie d'un tableau dichotomique et d'une table alphabétique. Observations sur les Monimiacées ; par M. H. Baillon (Adanso- nia, t. IX, pp. 111-134). Le résumé suivant est la reproduction d'un des chapitres de ce mémoire. L'auteur groupe les genres qu'il comprend dans les Monimiacées en cinq tribus ou séries. I. Les Calycanthées, qui ont des folioles nombreuses sur la surface extérieure du sac réceptaculaire, et des graines sans albumen, ou avec un albumen très-peu abondant et un embryon à cotylédons enroulés (C'alycanthus, Chimonanthus). Toutes les autres Monimiacées ont un albumen abondant, et un embryon relativement peu volumineux, dont les cotylédons sont plans ou plans-convexes. Parmi celles-ci, nous distinguons : IT. Les Hermanniées. Leurs fruits sont drupacés ; et, d’une façon quelconque, soit parce que le réceptacle est peu profond et largement ouvert en haut, soit parce qu'il se fend irrégulièrement suivant sa longueur, ou parce qu'il se dé- tache circulairement comme une sorte de couvercle, les drupes deviennent définitivement libres et en contact avec l'atmosphère (Hortonia, Peumus, Hedycarya, Mollinedia, Monimia, Palmeria). HI. Les Tambourissées, dont les fruits sont aussi drupacés, mais où les drupes demeurent encloses dans des poches formées en dehors par la paroi du réceptacle et séparées les unes des autres par des cloisons dues à l'hypertrophie interstitielle de ce méme réceptacle (Tambourissa, Siparuna). IV. Les Athérospermées, dont les fruits deviennent définitivement libres, comme ceux des Hortoniées, mais sont des achaines ou des caryopses chargés de poils allongés (Doryophora, Atherosperma). V. Les Gomortégées, dont les fruits sont des drupes à loges peu nombreuses, et dont les carpelles sont connés avec les parois du réceptacle en forme de sac enveloppant complétement les ovaires (Gomortega). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. E | N Stirpes exoticæ novæ ; auctore H, Baillon (/bid., pp. 146-152). Ces notes renferment la description des espèces nouvelles suivantes : /odes madagascariensis, Phlebocalymna Calleryana Manille, Calléry, n. 63), Cha- mameles mexicana (Gal. n. 1660), Parinarium Chapelieri, de Malacassia, Exochorda Davidiana, de Mongolie, Rourea Grosourdiana, de Venezuela, Tricholobos cochinchinensis et Connarus Venezuelanus. Nouveaux matériaux pour servir à la connaissance des Cycadées; par M. F.-A.-W. Miquel (/bid., pp. 154-180). Ce second mémoire de M. Miquel contient des remarques sur le genre Ence- phalartos, que l'auteur circonscrit d'une manière plus rigoureuse et dont il décrit 12 espèces, sur le genre Stangeria. L'auteur fait remarquer qu'il v a une certaine analogie entre les Cycadées de la Nouvelle-Hollande et celles de l'Afrique. Chacune de ces parties du monde possède un genre principal, avec des espèces nombreuses qui peuvent être divisées en groupes à folioles larges ou étroites, à tiges élevées ou basses : dans la Nouvelle -Hollande, le genre Macro- zamia ; en Afrique, le genre Encephalartos ; tous deux fixés surtout au sud de l'équateur. A cóté de ces grands genres, chacun des deux continents produit un genre monotypique très-aberrant, et ces deux genres ont entre eux une grande analogie par la structure des tiges : dans la Nouvelle-Hollande, le Bove- nia diffèrent de toutes les Cycadées par ses feuilles bipinnées ; en Afrique, le Stangeria, qui dévie par ses nervures latérales, mais qui, par ses folioles infé- rieureslégérement pétiolulées et sa nervation, se rapproche des feuilles si carac- téristiques du Bovenia. Les Cycadées américaines sont en général plus petites ; la structure de leurs tiges est plus simple, l'organisation des parties sexuelles plus uniforme et peu différente d'un sexe à l'autre. Le genre américain le plus riche en espèces (12), Zamia, est répandu des deux côtés de Panama, sur le continent et sur les iles, tandis que les deux autres genres, Ceratozamia, avec environ trois espèces, et Dioon, avec une seule, ne se rencontrent qu'au Mexique. Ces genres n'ont aussi été découverts qu'à une date plus récente, et leurs espèces paraissent n'avoir qu'une aire limitée. Par rapport à ces formes plus isolées, le genre Zamia occupe la place que prend, dans la Nouvelle-Hollande, le Macrozamia vis-à-vis du Zovenia, et en Afrique, l Encephalartos vis-à-vis du Stangeria. Pour la région indienne ou sud-asiatique, la méme loi est exprimée par le genre Cycas. M. Miquel décrit ensuite monographiquement les Cycadées américaines. 1l fait remarquer que dans la détermination de leurs espèces, on doit tenir compte de ce que les feuilles varient suivant l'àge, et que les cônes varient aussi, très- probablement, selon qu'ils prennent naissance sur de jeunes ou sur de vieux individus. La forme des androphylles et des carpophylles est au contraire con- stante. 78. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Umbildung von Ovarien in Staubgefasse bei Salix (Trans- formation des ovaires en. étamines chez un Salix ; par M. H. Müller (Bota- nische Zeitung, 1868, n° 49, col. 818-1845). Cette anomalie a été observée sur le Sa/ix cinerea. Dansles figures de l'au- teur, on voit les deux carpelles perdre peu à peu leurs stigmates, s'ouvrir sur leur face interne, puis s'enrouler sur leurs bords transformés en anthères. Souvent cette transformation étant accomplie sur la partie supérieure des bords carpellaires, leur partie inférieure porte néanmoins des corps ressemblant à des ovules. Ces phénomènes tendent à prouver que la dioicité des Saules tient à l'hermaphrodisme de leur appareil reproducteur, et explique pourquoi daus leurs fleurs máles on ne trouve aucun rudiment du sexe femelle, et vice versà. Monographia generis Osmundæ, auctore D" J. Milde. In-8? de 139 pages, avec huit planches, publié aux frais de la Société zoologico- botanique de Vienne. Vienne, 1868. L'auteur traite d'abord en huit chapitres de l'historique du sujet, de la mor- phologie et de l'anatomie des Osmunda, de la situation taxonomique des Osmondacées, des liens qui unissent les genres Osmunda et Todea, de la clas- sification des Osmondes, des rapports respectifs des espéces de ce genre, de leur emploi, de leurs noms; vient ensuite la description méthodique des espèces, et enfin un /ndez Osmundarum. M n'y a rien de bien nouveau dans toute la partie descriptive, déjà traitée par l’auteur dans des publications antérieures. Il faut cependant citer particulièrement l'étude de la germination des Osmunda. Botrgdium argillaceum Wallr. ob Alge eder Ficechte ? (Le B. argillaceum Wallr. est-il une Algue ou un Lichen?) ; par M. Her- mann I (Flora, 1868, n° 9, pp. 129-135). Après avoir rappelé que le Botrydium argillaceum Wallr. est rétabli dans le Flora europea Algarum sous le nom plus ancien d' Z/jdrogastrum granu- latum Desv. , et retracé les caractères de ce curieux végétal, l'auteur. expose les résultats histologiques que donne une coupe horizontale de la sphérule creuse qui le constitue. Extérieurement, se trouve une couche corticale ou épider- mique composée de cellules parenchymateuses arrondies-hexagonales, très- fines, toujours trés-évidemment organisées sur les échantillons anciens à paroi épaisse. Vient ensuite une couche gonidiale importante, à plusieurs rangs, enfermée dans une masse obscurément celluleuse. Les gonidies de cette couche ressemblent complétement à celles des Lichens chlorogonimiques par leur couleur, leur enveloppe, leur multiplication endogène. En dedans de ces goni- dies, se trouve une couche filamenteuse irrégulièrement repliéesur elle-inéme, les filaments sont très-fins et creux dans leur intérieur, et leurs extrémités se terminent en ciecum vers l'intérieur, c'est-à-dire vers l'espace vide intérieur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 de la sphérule. Enfin, à la base de cette sphérule se trouve une sorte de pédi- cule, et à la base de celui-ci, un filament qui parait avoir la valeur taxonomique d'un rhizome. L'auteur conclut de ces observations que le Botrydium argit laceum est indubitablement un Lichen. Addenda nova ad Lichenographiam curopæaum, continuatio septima ; scripsit W. Nylander (Flora, 1868, n? 11, pp. 161-165). Calicium diploellum Nyl., in Hibernia pr. Killarney, ad corticem Z/icis (Carroll); C. retinens Nyl., Jersey, ad corticem Quercus. (Larbalestier] ; Lecanora ochracella Nyl., ad saxa calcarea in OElandia (Zetterstedt); Pertu- saria obducens Nyl., supra terram in Lapponia (Norrlin) ; Zecidea ascaridiella Nyl., ad saxa calcarea in Hibernia pr. Killarney (Carroll); Z. subflavida Nyl., ad corticem Abéetis in Silesia (Ohlert); Vylographa platytropa Nyl., ad lignum in Finlandia, vois (Norrlin) ; Verrucaria hibernica Nyl., ad corti- cem Coryli Avellane, Killarney, 800' (Carroll); V. elongatula Nyl., ad corcem in Hibernia, Killarney (Carroll). Prodromus Lichenographiæ insule Maderæ;:; oder, etc. (Énumération méthodique des Lichens observés jusqu'ici dans l'ile de Madère) ; par M. A. de Krempelhuber (/4id., pp. 221-224). L'auteur reconnait à la flore lichénographique de Madère un intérêt tout particulier. Cette île, par sa position géographique, se trouve en effet le point de rencontre où des espèces de la zone tempérée viennent donner la main aux postes avancés de la flore tropicale, elle est donc une limite où s'arrête l'aire de beaucoup de végétaux. En outre, M. de Krempelhuber y a remarqué un groupe de Lichens particulier à Madère ou peu répandus en dehors de cette ile , parmi lesquels le CAlorea canariensis Nyl. (Evernia. canariensis Mont.). Les collections qui forment la base du travail spécial de l'auteur ont été recueil- lies par M. Ant. Jelinck pendant le voyage de circumnavigation de la frégate Novara et par M. de Castello de Paiva ; malheureusement il n'a pas eu con- naissance des Lichens rapportés par M. Mandon, dont les déterminations, dues à M. Nylander, et sont mentionnées dans notre Bulletin, tome xv (Séances), p. 188. Quelques espèces nouvelles sont indiquées par lui, Ricasolia sublævis Nyl. , L. endoleucoides Ny1., L. albonigricans Nyl., L. leucockeiloides Nyl. Lichenes Lusitaniæ ; auctore Arnold (//id. , n° 16, pp. 241-250). Ce travail comprend l'étude des Lichens rapportés du Portugal par M. e comte H. de Solms-Laubach et forme le complément naturel du travail publié par ce dernier botaniste sur la bryologie des Algarves. Le mémoire de M. Arnold est d'autant plus important que les Lichens du Portugal étaient. ex- trémement peu connus. Les espèces nouvelles qu'il. présente sont les sui- vantes : Æinodina lusitanica Arn. et un Callopisma. Les Lichens énumérés sont au nombre de 8^. 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Forsôk till cen Monografi öfver de Svenska arterna af Algfamilien Zygnemaceæ (Z'ssai d'une monographie des espèces suédoises de la famille des Zygnémacées) ; par M. P.-Th. Cleve (Nova acta regiæ Societatis scientiarum Upsaliensis, 3° série, vol. v1, fasc. 2, 1868). Aprés un court exposé historique et quelques considérations sur la structure anatomique de ces Algues, et particulièrement de leurs corps reproducteurs, l'auteur entre dans l'exposé monographique de la famille des Zygnémactes qu'il divise avec M. De Bary en deux groupes : celui des Zygnémées, compre- nant les genres Spirogyra Link et Z ygnema De Bary; et celui des Mésocar- pées, comprenant les genres Mesocarpus Hassall, Craterospermum Al. Br., Staurospermum Knetz., Spluerospermum nov. gen. et Plagiospermum nov. gen. Voici les diagnoses de ces deux derniers : Sphœærospermum Cleve. — Cellule steriles vittis chlorophyllaceis singulis, axillaribus; copulatione ut in Staurospermo ; sporis plus minus sphæricis ; episporio colorato. Plagiospermum. — Cellule steriles. Copulatione conjunguntur bina cel- lulæ canali copulationis, qui postea clauditur unico septo; sporis sphæricis. Les planches qui accompagnent ce mémoire sont au nombre de 10, toutes dessinées avec le plus grand soin par l'auteur. Plusieurs des espèces qu'elles représentent sont nouvelles pour la science. Tabulæ phyeologicæ oder Abbildungen der Tange; par M. F.-Tr. Küt- zing, t. XIX, tab. 1-50. Ce nouveau fascicule de la publication classique de M. Kützing est consacré à l'iconographie d'espèces qui appartiennent aux genres suivants : Aglaophyl- lum, Cryptopleura, Nilophyllum, Acrosorium, Delesseria, Lenormandia, Kützingia, Gigartina, Gelidium, Wurdemannia, Solieria, Corallopsis, Thysanocladia, Cryptonemia, Sarcodia, Curdiæa, Acropeltis, Acrotylus, Areschougia, Hennedya, Erythroclonium, Dicranema, Calliblepharis, Epymenia, Melanthalia, Porphyroglossum, Ptilophora, Nothogenia, Tham- noclonium, Chætangium, Rhodophyllis, Sphærococcus, Amansia, Dicty- menic, Claudea, Vanvoorstia, Martensia, Oncotylus et Gymnogongrus. Observations on thc spores of cryptogamic plants, and on the reproductive process in some Algæ und Fungi (Observations sur les spores des Cryptogames, et sur le mode de reproduction de quelques Algues et Champignons) ; par M. le professeur Balfour (Proceedings of the royal Society of Edinburgh, vol. vi, 1867-68, n° 74, pp. 294-296). L'auteur, dont le mémoire n’est ici publié que par extrait, expose des géné- ralités sur la nature et l'origine diverses des corps reproducteurs auxquels les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 81 cryptogamistes ont donné, depuis ciuquante ans, le nom commun de spores. Tl fait remarquer que la plupart de ces spores ne sont que des gemmes; il traite successivement des Marchantia, des gonidies des Lichens, des tétraspores des Algues, ainsi que de la production de gemmes séparables chez les végétaux supérieurs. Il rappelle comme terme de comparaison ce qui existe dans le régne animal chez les Méduses, qui produisent aussi des œufs et des gemmes sépa- rables. Il fait ressortir l'analogie physiologique que présentent les spores des Fougères avec des bourgeons, puisque ces spores jouissent de la faculté de reproduire à peu prés constamment le caractére de la variété d'oü elles éma- nent. The Journal of botany, juillet-décembre 1868. 2h. Sur deux nouveaux genres de Smilacinées ; par M. B. Seemann, pp. 193- 194, 257-258, avec deux planches. — Le premier de ces genres, Pleiosmi- lax, a pour type le Smilax sandwicensis Kunth (Sm. pseudochina Hook. et Arn. Bot. Beech ?), auquel viennent se joindre deux espèces nouvelles, l'une aussi des Sandwich et l'autre des iles Viti. Le second est établi pour le Smilax Gaudichuudiana Kunth (Sm. hongkongensis Seem. Bot. Her.). 25. Notes sur quelques plantes d'Otago, Nouvelle-Zélande ; par M. Lau- der Lindsay, pp. 196-205. — Ces notes concernent les genres suivants : Dis- caria, Carmichælia, Linum, Muhlenbeckia, Myrtus, Samolus, Euphorbia, Taraxacum et Sonchus. L'auteur corrige pour quelques espèces les détermi- pations données dans la Flore de la Nouvelle-Zélande de M. J. Hooker, et donne des détails sur la culture, la naturalisation, les localités et les formes de plu- sieurs d’entre elles. 26. Énumération des Labiées et des Scrofulariées recueillies durant les années 1855-57 dans la Haute-Asie et les contrées voisines au Sud par MM. Adolpheet Robert Hermann de Schlagintweit ; par M. T.-A. Schmidt, pp. 225-250, avec une planche. — Ce mémoire est le quatrième qui parait sur les plantes recueillies par MM. de Schlagintweit. Nous avons rendu compte dans cette Revue de celui de M. Meissner, qui était consacré aux familles mo- nographiées antérieurement par lui dans le Prodromus. M. Klatt a publié dans le Journal of botany de M. Seemann l'étude des Primulacées, des Pittospo- rées et des Iridées de la méme origine, et l'an dernier, M. Grisebach s'est “occupé des Graminées dans les Göttinger Nachrichten du mois de février, pp. 61-95. Les espèces nouvelles décrites dans le mémoire de M. Schmidt sont les suivantes : Origanum Watsoni, Nepeta Sabinei, Buddleia Martii, sur 125 espèces, dont 10 Pedicularis. 27. Sur le Commelyna tuberosa de Loureiro; par M. Hance. — Le vrai C. tuberosa L. est originaire du Mexique, et M. Hance est à peu près certain que l'espéce désignée sous ce nom par Loureiro est une espèce d'Aneilema, qu'il décrit sous le nom d'A. Loureiri. T. XVI. . (REVUE) 6 89 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 28. Adnotationes de Filicibus nonnullis Chine indigenis; auctore M. Kuhn. — Le Woodwardia angustifolia Hance (cf. supra p. h) est, d'a- près l'auteur, le W. auriculata Blume, qui doit, d’après Mettenius, être regardé comme une variété du W. radicans Sm. L'Adiantum Cantoniense Hance est l'A. Copillus Junonis Rupr. M. Kuhn donne en oatre les diagnoses de deux espèces inédites : Pteris insignis Mett. et Polypodium chinense Mett. 29. Boletus fragans Witt., Champignon nouveau pour l'Angleterre; par M. Worthington G. Smith, p. 289. 30. Le Chenopodium album auct, et ses variétés; par M. Hewett C. Watson, pp. 289-295. 31. Sertulum chinense alterum; par M. Hance, p. 296-302. — Les espèces nouvelles décrites dans cette note sont les suivantes : Capparis hastigera, C. Swinhoii, Viola excisa, Rosa amoyensis, Hedyotis Thwaitesiana, Pare- chites adnascens, P. Bowringii, Ebermaiera concinnula, Vandellia urtici- folia et Chavica leptostachya. | 32. Découverte du Potentilla norvegica L. en Angleterre; par G.-S. Gib- son, pp. 302-303. 33. Sur le Tanghinia veneniflua, le poison-épreuve de Madagascar; par M. G. Bennett, pp. 303-305. 3^. Note sur le Scirpus parvulus ; par M. Alexander G. Moore, pp. 321- 322, avec une planche. — Cette plante a été trouvée en Irlande par l'auteur, ainsi que le Trifolium subterraneum et V'Hippophaë rhamnoides, qui n'y étaient pas connus. D'aprés une note ultérieure de M. Moore (p. 373), ce der- nier a été planté dans la localité il y a une trentaine d'années ; il s'est parfaite- ment naturalisé. 35. Sertulum chinense tertium ; par M. Hance. — Xylosma senticosum, Abelia Davidii, Symplocos propinqua, Cynoctonum insulanum, Tournefor- tia Sampsoni, Calamintha confinis, Solanum Hainanense, Buxus steno- phylla, Ulmus macrocarpa, Planera Davidii. Plusieurs de ces plantes ont été recueillies par M. l'abbé David (1). 36. Sur l'Hieracium collinum Fr. , plante nouvelle pour la Grande-Bretagne ; par M. Balfour, pp. 353-35^, avec une planche. — Ce mémoire a été lu à la Société botanique d'Édimbourg le 12 novembre 1868 ; l'auteur y retrace la synonymie de cette espèce trouvée près de Selkirk (Écosse). 37. Sur diverses plantes des iles des Navigateurs et sur leurs noms indi- genes ? par le Rév. Thomas Powell, pp. 278-285, 342-347, 355-370. 38. Nouvelle Orchidée de Chine, Peristylus Sampsoni; par M. Hance, pp. 371-572. 39. Monoécie du Luzula campestris ; par M. Thomas Meehan, pp. 373-37^. í " > {a ` iar " T yn . . . . B " . 1) Les derniers cahiers des Nouvelles archives du Muséum contiennent la relation du voyage de M. l'abbé David. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 — Les trois stigmates de ce Luzula dépassent le sommet du bouton floral quelques jours avant que les sépales s'ouvrent et laissent voir les anthéres; l'auteur a compté entre les deux phénomènes un intervaile de six jours. Il en conclut que cette espèce est soumise en réalité à la loi des fécondations croi- sées, comme tant d'autres sur lesquelles M. Ch. Darwin a attiré l'attention. Compendium of ihe Cybele britannica; or british plants in their geographical relations; par M. Hewett Cottrell Watson. 1'* partie. In-8° de 200 pages. Londres, imp. Th. Ditton, 1868. Cet ouvrage est, suivant l'expression méme de l'auteur, comme une édition nouvelle abrégée et corrigée du Cybele britannica. Cet ouvrage classique est assez connu pour que nous ne croyions pas nécessaire d'entrer dans de grands détails sur la nouvelle publication de M. Watson. Dans l'introduction (pp. 43- 39), l'auteur fait remarquer que la sélection naturelle ne peut produire originai- rement aucune variété ni espèce, mais seulement conserver le type produit anté- rieurement ; et ailleurs que le rapprochement des caracteres de types parents devrait étre pris en plus sérieuse considération dans la production des va- riétés. La première partie du Compendium contient les plantes du Zondon Catalogueof british plants jusqu'au Linnea borealis, c'est-à-dire 487 espèces. Chaque espèce est traitée en concordance avec une formule de convention à l'explication de laquelle l'auteur a consacré quelques pages de son introduction. Cette formule, qui consiste en sept termes distincts, fait connaitre la distribu- tion de la plante dans la Grande-Bretagne et en Europe, ainsi que dans les autres contrées extratropicales de l'hémisphère boréal. Les données relatives à l'Irlande sont fondées sur le Cybele hibernica de MM. Moore et More. Quelques réflexions sur la doctrine scientifique dite Darwinisme; par M. Ch. Des Moulins. Brochure in-8° de 16 pages. Bordeaux, février 1859. Aprés plus de cinquante années d'étude en histoire naturelle, M. Des Mou- lins était plus qu'autorisé à dire son avis sur un sujet déjà tant controversé. Si l'on se bornait, dit-il, à plaider en faveur de la variabilité dans l'espèce, c'est- à-dire en faveur de la possibilité, pour les caracteres spécifiques, de varier même beaucoup, dans des limites certaines quoique difficiles à reconnaître, mais en définitive infranchissables, il n'y aurait plus discussion. Mais le Dar- winisme-principe veut la transmutabilité des espèces et par suite des genres, puis des familles elles-mêmes, pour peu qu'il soit conséquent. Il ne l'est. pas tonjours. Ainsi, Lamarck a passé sa vie à contrecarrer en fait, comme classifi- Cateur, les principes qu'il avait posés en théorie; on est méme obligé de ré- duire assez fréquemment le nombre des espèces qu'il avait exposées comine distinctes, Si l'on réfléchit bien sur la raison d'être du Darwinisme comme doctrine 8A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. scientifique, il faut bien reconnaitre qu'il n'a pas de meilleur appui que la sup- pression des révolutions du globe; c'est le seul moyen qu'il ait de soutenir contre l'évidence des yeux, quant aux faits anciens, la transmutation graduelle et tranquiile, la transmutation évolutive, pourrait-on dire, des formes animales et végétales. Or, les tremblements de terre observés au Japon en 1854, et au Pérou l'an dernier, suivis d'inondations qui en ont porté rapidement le contre- coup sur des pays extrémement éloignés, sont bien des cataclysmes qui dimi- nueront la confiance que Ch. Lyell avait dans l'uniformité d'action des causes actuelles, et qui augmentent celle que nous inspirent les travaux des Cuvier, des Léopold de Buch, des Élie de Beaumont, etc. M. Ch. Des Moulins reproche surtout à M. Darwin et à ses partisans de n'avoir considéré qu'une partie du probléme qu'ils désirent résoudre, c'est-a- dire les faits, et d'étre ainsi parvenus logiquement à des conséquences fausses ; il affirme que leur idée ne doit l'apparence de nouveauté qu'à ce qu'elle est une pure mutilation d'une idée complète. Histoire, tradition, critique historique, philosophie proprement dite, harmonies dela nature démontrées par les résul- tats de l'étude, ordre moral qui éclaire l'ordre physique, l'explique et en fin de compte le réglemente, tout cela n'est plus rien pour eux ; ils ont tout jeté au loin, et il leur reste en main ces troncons, ces fragmeuts mutilés de la science universelle qui se nomment les sciences exactes et les sciences d'observation. Mais tronconner la science universelle, ce n'est pas faire du neuf ; la moitié n'est pas le tout, sans doute, mais elle n'en peut différer par son essence. Une note additionnelle, datée du 30 avril 1869, a été publiée ultérieurement par M. Des Moulins, à l'occasion d'une réclamation de M. Jordan. On y lit ce qui suit : Entre les Darwinistes et les spécificateurs, il y a un abime infranchissable ; aucun accord n'est possible. Le camp des spécificateurs est sous la loi d'un principe unique, commun aux deux embranchements que l'appréciation pra- tique des conséquences de ce principe a fait naître dans son sein. Entre les Jordanistes et nous, il y a des divergences plus ou moins grandes dans le juge- ment des faits observés, mais il n'y pas d'abime. La distance qui sépare ces deux corps de la méme armée sera, j'espère, comblée dans l'avenir par les con- cessions réciproques que la bonne foi dictera aux naturalistes observateurs, quand on arrivera à reconnaitre, d'un commun accord, quelles sont les véri- tables limites de l'autonomie scientifique. Die Vegctations-Verhbáltnissec von Croatien (La végétation de la Croatie); par M. Aug. Neilreich. In-8° de 288 pages. Vienne, 1868. En commission pour l'étranger chez F.-A. Brockhaus, à Leipzig. Cet ouvrage est publié aux frais de la Société zoologico-botanique de Vienne. Dans une courte préface, l'auteur fait connaitre à quelles sources il a puisé ; il regrette de n'avoir pu consulter la plupart des plantes de Schott et de Maly, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 8$ qui ont été transportées au musée de Mexico. Le livre se divise lui-méme en deux parties. La première est un traité de géographie botanique locale. On y trouve d'abord un aperçu historique; l'étude de la constitution politique, oro- graphique et géologique du pays, l'indication de l'altitude de ses principaux sommets, les caractéres météorologiques de son climat, exposés par M. Karl Jelinck. Un chapitre spécial traite l'influence qu'exerce la constitution natu- relle du pays sur la répartition des végétaux. L'auteur constate daus la Croatie trois régions botaniques distinctes : la Croatie septentrionale, les hauts plateaux et le littoral. I1 en résulte de grandes analogies avec les diverses régions qui l'entourent ; malgré cela, l'auteur énumère, comme n'existant pas dans les pays voisins dela Croatie, les espèces suivantes : /7jacinthus amethystinus L., Cirsium montanum Spr., Crepis Kitaibelii Frœl., Galium maritimum L., Pedicularis brachyodonta Schl. et Wuk., Prinula Kitaibeliana Schott, Hypecoum procumbens L., Cardamine chelidonia L., C. carnosa Waldst. et Kit., Aubrietia deltoidea DC., Paronychia argentea Lam. , Dianthus nitidus Waldst. et Kit. Les formations calcaires offrent la flore des terrains secs; ce sont les plus répandues. Relativement à l'altitude, l’auteur caractérise quatre régions : celle des plaines, qui s'étend depuis le bord de la mer Adriatique jusqu'à une élévation de 1000 pieds; celle des montagnes et des foréts, qui s'étend de 1000 à 3000 pieds; la région sous-alpine, et enfin alpine, de 5000 à 5547 pieds, qui ne comprend qu'un petit nombre de sommités. Les cinq familles les plus nombreuses en espèces dans la flore de Croatie sont les sui- vantes : Composées (253), Graminées (186), Papilionacées (165), Cruci- fères (122), Ombellifères (118). La deuxième partie contient l'énumération des plantes de la Croatie, com- mencant par les Cryptogames supérieures. Les espèces qui y sont l'objet des principales annotations sont les suivantes : Sesleria interrupta Vis. , Kæleria dactyloides Rchb., Lamarckia aurea Mænch, Fritillaria tenella Bich., Scilla pratensis Waldst. et Kit., Orchis quadripunctata Cyr., Statice vir- gata Willd., Scabiosa Columbaria Coult., Aster Nove Anglie L., Bellis silvestris Cyr., Inula candida Cass., Pulicaria odora Rchb., Tanacetum cinerariefolium Schultz, Cirsium montanum Spr., Centaurea axillaris Willd., Rhagadiolus stellatus DC., Tragoponon Tommasini Schultz Bip., Gelasia villosa Cass., Zacintha verrucosa Gærtn., Crepis Kitaibelii Fræl., Hieracium lanatum Waldst. et Kit. , Phyteuma limoniifolium Sibth. et Sm., Campanula Waldsteiniana Rœm. et Schult., Asperula scutellaris Viv., Periploca græca V. , Calamintha croatica Host, Stachys heraclea MI., Bal- lota rupestris Vis., Teucrium Arduini L. Mant. 81, Cerinthe aspera Roth, Pedicularis brachyodonta Schloss. et Vukot., Acanthus spinosissimus Desf., Orobanche condensata Moris, Primula Kitaibeliana Schott, Bunium alpi- num Waldst. et Kit., Saxifraga coriophylla Griseb., Zanunculus millefo- liatus Vahl, Aguilegia Kitaibelii Schott, Cardaminecarnosa Waldst. et Kit., $6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fursetia triquetra DC., [beris carnosa Willd., Arenaria gracilis Waldst. e Kit., Dianthus strictus Sibth. et Sm., Silene graminea Vis., Linum capita- tum Kit., Spiræa cana Waldst. et Kit., Prunus prostrata Labill. PIL. syr., Cytisus Alschingeri Vis. Pflauzcnarcalstudien in den Mittelrheingegenden (Études sur la distribution géographique des plantes de la région rhénane moyenne) ; par M. Hermann Hoffmann. Brochure in-8° de 63 pages, avec sept tableaux renfermant chacun six cartes. Sans date, mais récente, et pro- bablement extraite des Bericht der — Oberhessischen | Gessellschaft für Natur- und Heilkunde pour 1868. Cette publication fait suite à une série d'études que le méme auteur a publiées antérieurement sur le méme sujet. Le principal but de M. Hoffmann est de faire connaitre de la manière la plus circonstanciée la distribution. géographique de certaines espèces qu'il a observées dans la région rhénane moyenne, soit dans cette région méme, soit dans le reste et de l'Europe et du monde connu (mais d'une manière plus abrégée). Une petite carte des environs de Mayence est reproduite à l'occasion de chacune d'elles, portant en couleur l'indication des localités où elle est a été observée. Ces espèces sont les suivantes : Anagallis arvensis L., Anthyllis Vulneraria L., Arnica montana L., Artemisia cam- pestris L., Aster Amellus L., Campanula patula L., Centaurea Calcitrapa L., C. Jacea L., C. nigra L., Chondrilla juncea L., Cynanchum Vincetoxi- cum L., Cytisus sagittalis Koch, Delphinium Consolida L., Dianthus del- toides L., D. prolifer L., Digitalis purpurea L., Euphrasia lutea L., Ge- nista germanica L., G. pilosa L., G. ciliata L., G. verna L., Helianthemum vulgare L., Helleborus fætidus L., Isatis tinctoria L., Lepidium graminifo- lium L., Linosyris vulgaris Cass., Polypodium Dryopteris L., Prenanthes purpurea L., Raphanus Raphanistrum L., Reseda lutea L., R. Luteola L., Rosa arvensis Huds., R. pimpinellifolia DC., R. rubiginosa L., Sarotham- nus vulgaris Wimm., Scahiosa Columbaria L., Sedum reflexum L., Sinapis arvensis L., Stachys recta L., Teucrium Chamedrys L., T. Scorodonin L. et Viola tricolor L. Nouveaux éléments d'histoire naturelle médicale, compre- nant des notions générales sur la zoologie, la botanique et la minéralogie, l'histoire et les propriétés des animaux et des végétaux utiles à l'homme, soit par eux-mêmes, soit par leurs produits; par M. D. Cauvet. 2 volumes in-12, avec 790 figures environ intercalées dans le texte. Paris, J.-B. Bail- liere et fils, 1869. Prix : 12 fr. Dans la premiere partie, l'auteur, aprés avoir indiqué, en quelques lignes, les caractéres généraux des étres animés et leur division en deux groupes plus ou moins bien définis : Règne animal, règne végétal, a examiné rapide- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 ment les différences et ressemblances des animaux et végétaux. Il a fait précé- der l'histoire des végétaux de notions abrégées d'histologie et de botanique physiologique, et il s'est efforcé de rendre ce court exposé de la science aussi complet que possible. Tandis que le règne animal est étudié en rétrogradant des Vertébrés aux Sarcodaires, le règne végétal procède des Myxomycètes, ces plantes-animaux, à celles des plantes dicotylédones quel'on regarde généralement comme les plus élevées en organisation. La liaison de ces deux règnes se dé- voile, dit l'auteur, quand on compare les mouvements des Myxomycétes, de certaines Algues et de plusieurs Lichens à ceux des Rhizopodes inférieurs ; clle se voit encore mieux lorsqu'on établit un rapprochement entre le plasma des cellules végétales et la matière libre et amorphe des Amibes, entre cette der- nière et celle qui, dans les Polypes hydraires, est unie à une enveloppe élas- tique, enfin entre celle-ci et la substance contractile des muscles. L'auteur a puisé dans les travaux des cryptogamistes modernes et notam- ment dans ceux de M. Hallier, pour combler une lacune qui dépare les ou- vrages généraux du méme genre que le sien, en exposant la structure, la reproduction des Cryptogaines, et l'action. qu'ils exercent sur l'économie, soit par eux-mêmes, soit par leurs produits. ' Dans l'étude des familles, M. Cauvet a négligé celles qui ne fournissent rien d'utile à la médecine, et mentionné seulement celles qui n'offrent que peu d'in- térét au point de vue thérapeutique. Dans un certain nombre de cas, il s'est aidé de la constitution histologique des substances pour parvenir à les faire reconnaitre plus facilement. Lorsque la substance examinée lui a paru mériter un examen approfondi, il a mis des figures à l'appui de sa description (1). C'est ainsi notamment qu'ont été traités les articles : Ergot de Seigle, Fougère mâle, Rhubarbes, Angustures, Écorce de racine de Grenadier, Quinquina, et ceux sur lesquels M. Cauvet avait déjà publié des travaux antérieurs, Veratrum viride, Salsepareille, Hellébore noir, etc. On lui saura gré de répandre dans l'instruction classique des étudiants en pharmacie des données qui, dans cer- tains cas, permettent seules de reconnaître avec certitude la falsification d'une substance officinale. Ce point de vue n'avait pas encore été envisagé d'une maniére générale dans un ouvrage francais, sauf dans un certain nombre des articles du 7raité des drogues simples de Guibourt, édité par M. le professeur Planchon. Lelivre de M. Cauvet emprunte encore une valeur propre à la vul- garisation de certains procédés peu connus et employés par le savant distingué qui dirige la pharmacie des hospices civils de Strasbourg, M. Hepp, ainsi qu'aux conseils de M. le professeur Oberlin. Le travail de compilation nécessité par une œuvre de ce genre a d'ailleurs été accompli avec un soin qui serait digne d'éloges si les usages de cette Revue (1) Les planches de la partie botanique sont en général empruntées à d'autres ou- vrages, soit au Traité des drogues simples de M. Guibourt, soit aux Eléments de bota- nique médicale de M. Moquin-Tandon, soit surtout aux Éiéments de M. Duchartre. 8S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le permettaient., Tout en s'attachant à ne donner que des détails précis, débar - rassés de discussions historiques qui augmentent le travail de l'étudiant et le prix du livre, M. Cauvet est parfois sorti de cette réserve pour montrer l'ori- gine anatomique de certains produits tels que la résine des Conifères, la gomme adragante, les gommes proprement dites, les mannes, le tannin, etc., en somme, pour faire vulgariser les résultats des découvertes scientifiques les plus récentes. Index seminum in horto botanico bcerolinensi auno 1868 collectorum. Dans notre dernier numéro (t. xv, Revue, p. 200), nous avons rapporté l'opinion de M. Al. Braun, qui décrivait comme le Sisymbrium persicum Spr. une plante rapportée d'Orient sous ce nom par M. Ch. Koch, et qui nommait S. Sophia B. orientale la plante généralement cultivée dans les jardins bota- niques sous le nom de S. persicum Spr., et décrite sous ce nom par De Can- dolle et dans la monographie du genre S/symbrium par M. Fournier. Dans le Botanische Zeitung, 1868, n? 3h, col. 557-558, M. Ascherson, en rendant compte de l'/ndez seminum du Jardin de Berlin pour 1868, a fait remarquer qu'en consultant, à Halle, dansl'herbier de M. C. Müller, l'échan- tillon original du Sisymbrium persicum Spr., il s'était convaincu que M. Al. Braun était dans l'erreur, et que le S. persicum Al. Br. , espèce nouvelle, devait être décrit sous le nom de S. Kochii Petri. Dans l'Zndez de 1868, M. Al. Braun confirme lui-même cette donnée nouvelle et appelle le S. persicum Spr., DC., Fourn. (S. Sophia B. orientale M. Br.). S. Sophia B. persicum Petri. Le méme /ndez contient encore une note sur le Trifolium Humboldtianum Al. Br., Asch. et Bouché (T. montanum var. grandiflorum Al. Br. Ind., 1867, p. 17). Ueber Phytopus Duj. und eine zgrósserc Anzahl neuer oder wenig gekannter Missbildungen, welche diese Milbe an Pflanzen hervorbringt (Sur /e Phytopus de Dujardin, et sur un assez grand nombre de déformations nouvelles ou peu connues, que ces Acariens déter- minent sur les végétaux); pav M. Fr. Thomas (Programm der Realschule und des Progymnasiums zu Ohrdruf als Einladung zur Theilnahme an den am 48 und 19 Márz 1869 zu veranstaltenden Prüfungen sümmtlicher Classen). In-^?, 22 pages, une planche. Gotha, 1869, imp.Engelhard-Reyher. En quelques lignes d'introduction, l'auteur constate qu'aucun des auteurs à lui connus qui ont traité ce sujet antérieurement n'en a embrassé l'éten- due et n'en a surtout possédé la bibliographie complète, à la fois zoologique ct botanique. Le premier chapitre expose l'état des connaissances acquises par les zoologistes sur le ?hytopus. Le deuxième est une étude de tératologie végé- tale. L'auteur rappelle d'abord que les progrès successifs de la science ont peu REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 à peu conduit les naturalistes à considérer comme des modifications anomales de tissu les prétendus Champignons rangés dans le genre £rineum et dans le groupe des Phyllériées. Il expose ensuite des faits; rassemblant ceux qu'ont observés divers naturalistes (notamment M. Al. Braun), il fait connaître les déformations ou galles constatées sur le Prunus domestica (nommées Cepha- loneon molle par Bremi), sur le Prunus Padus, sur le Salix fragilis et d'autres Saules, sur l' A/nus incana (Cephaloneon pustulatum Bremi), sur V Ulmus cam- pestris, sur un Fragaria, sur l'Acer campestre (Cephaloneon myriadeum Bremi), sur l'Acer pseudoplatanus (C. vulgare Bremi) (1), sur le Tilia gran- difolia (représentant l'£rineum bifrons Le Pellet suivant les anciens crypto- gamistes et causées parle Malacotrichus Tiliæ Amerling suivant les zoologistes modernes), sur le Betula alba, sur le Geranium palustre, sur V Hippophae rhamnoides, sur le Fagus silvatica (Legnon circumscriptum Bremi). Passant ensuite aux faits observés par lui-même, il décrit les galles des feuilles du Pedi- cularis palustris, du Lotus corniculatus, du Geranium sanguineum, de cinq espèces de Ga/ium, chez lesquelles ces phénomènes se produisent surtout à l'automne, du Campanula ranunculoides, du Veronica officinalis, du Cam- panula Medium, du Thymus Serpyllum, etc., et les galles corticales du Pinus silvestris et du Prunus domestica. Ce n'est qu'aprés avoir eu achevé son travail que l'auteur à eu connaissance d'un mémoire publié exactement sur le méme sujet par le professeur C. Th. von Siebold, de Munich, le 8 février 1869. Comme ce dernier travail n'était pas parvenu à notre connaissance, nous en emprunterons le résumé à M. Thomas. M. de Siebold s'exprime ainsi : Quand ces Acariens s'insinuent dans des bourgeons ou des rameaux en voie de développement, ils déterminent un arrét dans la croissance de leurs parties, qui se raccourcissent, se rabougrissent et se chargent de poils entre lesquels on retrouve bien vivants ces parasites. Il en est ainsi dans le Veronica Chameæ- drys, le V. officinalis, le Thymus Serpyllum, le Populus tremula, le Frazi- nus excelsior et le Corylus Avellana. Nous avons trouvé. trés-fréquemment des dilatations en forme de poches sur les feuilles et surtout sur leurs nervures, dilatations dont la surface interne était revétue de poils, notamment sur les espèces suivantes : £vonymus europæus, Ulmus campestris, Prunus Padus, Salix cinerea, Alnus glutinosa (vésicules globuleuses irréguliérement dissémi- nées sur la surface supérieure du limbe), Prunus spinosa, Populus tremula (à la séparation des nervures), A/nus viridis, A. glutinosa (vésicules dans les angles des nervures adjacentes à la nervure médiane), A. incana, Acer Pseu- doplatenus, A. campestre, Betonica officinalis, Tilia platyphyllos. Il importe d'ajouter que ces monstruosités sont loin d'étre toujours causées par la méme espèce de Phytopus. (1) Il existe un mémoire intéressant de Turpin sur ces galles, dont M. le docteur Davaine a décrit les Acariens. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur les fonctions des feuilles; par M. Boussingault (Comptes rendus, 1869, n° 8, pp. 410-420). M. Boussingault a introduit. des feuilles dans une atmosphere confinée for- mée d'acide carbonique et d'hydrogène, en présence d’un fragment de phos- plore. La combustion lente du phosphore a eu lieu dans ces expériences, déterminée par l'oxygene que produisaient les feuilles. Elle a fourni des indices qui lui ont permis de combler quelques lacunes dans l'étude des fonctions des feuilles. Dans une obscurité absolue, il n'y a pas d'oxygene ajouté au mélange gazeux. L'acide carbonique est encore décomposé par les feuilles alors que la lumière ambiante est considérablement affaiblie. Cependant il y a une limite à la décomposition, avant que l'obscurité soit complète. Entre le coucher du soleil et la nuit close, à la fin d'une belle et chaude journée, une feuille de Laurier- rose n'a pas décomposé d'acide carbonique. M. Boussingault a cherché à savoir si les feuilles développées dans l'obscu- rité décomposent immédiatement le gaz acide carbonique lorsqu'elles sont placées à la lumière. Tant que la teinte des feuilles étiolées et exposées à la lumière est demeurée le jaune 4 non rabattu des cercles chromatiques de M. Chevreul, il n'y a pas eu décomposition d'acide carbonique. Quand la teinte des feuilles est devenue jaune-vert 1 non rabattu, il y a eu un faible indice de la décomposition de ce gaz. L'auteur croit qu'aussitót qu'il y a présence de chlorophylle, quelque minime qu'en soit la proportion, la feuille possede la faculté décomposante. Au sujet des observations de M. Van Tieghem sur la persistance de la décom- position dans les feuilles des plantes aquatiques soustraites à la lumiere, M. Bous- singault, dit, d'aprésses observations,qu'une feuille isolée fonctionnant dans un mi- lieu gazeux se comporte dans ce cas autrement qu'une plante aquatique. Quand la combustion lente du phosphore provoquée par l'exposition d'une feuille au soleil persiste pendant quelques instants à l'obscurité, c'est, dit-il, à l'aide de l'oxygène élaboré sous l'influence de la lumière. Annales Musei botanici Lugduno-batavi; edidit F.-A.-G. Miquel. Tome 1v. 1868-69. In-fol. La première livraison de ce volume commence par une monographie des Méliacées dont nous avons parlé dans notre dernier numéro, et qui remplit les deux premières livraisons. Les livraisons 3-5 renferment les travaux suivants : | Banunculacew, Magnoliaceæ, Dilleniaceæ et Menispermacec archipelagt indici, pp. 65-88. — On remarque dans les Ménispermées des genres nou- veaux : Æypsipodes Miq. et Chlænandra Miq. T'eysmannia Zolling., Palnarum genus, pp. 89-90.— Genre qui, par son fruit et sa graine, doit être classé parmi les Coryphinés flabelliformes, remar- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 quable par le défaut presque complet de stipe, et ne se distinguant guère du Licua/a que par son fruit et la forme du limbe de sa feuille. Filices, pp. 91-98, 155-160. — 1 Helminthostachys, 10 Ophioglossum, 2h Pteris, 4 Allosorus, h0 Aspidium, parmi lesquels plusieurs espèces nou- velles. Observationes de Z ingiberaceis, pp. 99-102. — Ces observations portent sur les genres Hedychium Kæœn., Tapeinocheilos Miq. nov. gen. Adnotationes de Ternstræmiaceis, pp. 183-114. — Concernant les genres Admeindra, Eurya, Saurauja, Schima et Laplacea. Combretum (Kaloedron) arboreum Miq. (Embryogonia arborea Teysm. et Binn.), p. 115. De quibusdam Burseraceis et Anacardiaceis, pp. 146-118. — Ces anno- tations concernent les genres Garuga Roxb., Canarium L., Mangifera L., Buchanania Roxb. et Semecarpus L. Observationes de quibusdam Euphorbiaceis archipelagi indici, pp. 119- 127; auctore R.-H.-C.-C. Scheffer. — L'auteur de ce travail récuse d'abord la méthode de nomenclature suivie par M. Müller dansle Prodromus, méthode qui, comme on sait, a déjà suscité quelques réclamations. Ses observations con- cernent les genres Bischoffia Blume, Bridelia Willd., Aleurites Forst., Cephalocroton Hochst., Acalypha L., Alchornea Sw., Cnesmone BI. , Rott- lera Roxb., Ricinus Tourn., Hanomoya, etc. De quibusdam Rubiaceis, Apocyneis et Asclepiadeis, pp. 128-142. — Ces observations concernent les genres suivants : Rubiacées : Lerchea L., Aphænandra Miq., Stylocoryne Cav., Griffithia Night et Arn., Petunga DC., Lecananthus Jack., Urophyllum Jack. et Wall., Gynopachys BL., Ran- dia Hondt., Jackia Wall., Morinda L., Lachnostoma Korth., Praravinia Korth., genre qui doit étre retiré des Rubiacées, que les savants botanistes de Kew regardent comme formant une famille monotype, et auquel. M. Miquel reconnaît quelque affinité avec les Legnotidées. — Apocynées : Ochrosia Juss., Tabernæmontana L., Holarrhena R. Br., Alstonia R. Br., Anodendron A. DC., Alyxia R. Br. — Asclépiadées : Dischidia R. Br., Hoya L., Chlo- rochlamys Miq. nov. gen. Primulaceæ archipelagi indici, adjectis observationibus de japonicis, pp. 143-147. Hippocrateaceæ archipelagi indici.— Salacia L., Hippocratea L., pp. 148- 154. Les travaux dont l’auteur n’est pas indiqué ici sont de M. Miquel. Misccllanee botaniche ; par M. F. Caruel (Extrait dcs Afé della Società italiana di scienze naturali, vol. x1, fasc. 111, 1868); tirage à part en brochure in-8? de 8 pages). L'auteur a observé sur un Lichen, le Physcia stellaris, la présence simultanée 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de spermaties et de stylospores dans la méme spermogonie. Ce fait milite contre l'opinion des cryptogamistes qui regardent comme des organes parasites les pycnides, jusqu'ici rarement observées chez les Lichens, et où se trouvent normalement leurs stylospores. M. Caruel fait remarquer ensuite que les feuilles du Parkinsonia aculeata, diversement décrites dans les auteurs, sont des feuilles palmati-composées, dont les folioles sont les unes pennées, les autres réduites à une épine. Il traite ensuite de la morphologie des organes de végé- tation des Lemnacées. Il a étudié le développement des frondes du Lemna minor. Il en est disposé à conclure que ces frondes sont des cladodes (ainsi que les a désignées Schleiden), formés de trois entrenœuds, un terminal très- grand et deux inférieurs trés-courts, avec un bourgeon développé sur le second et un autre sur le troisième entrenœud, entouré à sa base d'un appendice foliacé engainant. Il signale, d’après un voyage qu'il a fait en Égypte, que deux plantes américaines, Conyza ambigua et Nicotiana glauca, sont abondamment naturalisées dans ce pays. The quinology of the cast indian plantations (Quinologie des plantations de l'Inde orientale); par M. Joln Eliot Howard. In-folio de x et 43 pages,avec de nombreuses planches coloriées. Londres, chez Lovell Reeve et C**, 1869. Ainsi que nous l'avons annoncé il y a quelques mois, ce livre est disposé sur e méme plan que celui que M. Howard a consacré à la quinologie américaine (Illustrations of the **nueva quinologia ,, of Pavon). Vl expose d'abord le résul- tat de ses observations microscopiques et chimiques, appuyées par de nom- breuses planches coloriées qui représentent les coupes de l'écorce. Il rapporte ensuite les succès obtenus dans les plantations de l'Inde anglaise, consacrées à l'acclimatation des Cinchona, principalement à l'aide du moussage de l'écorce, imaginé par M. Mac Ivor. L'habile directeur des plantations des Neilgherries à été conduit à cette découverte parce que les écorces de la meilleure valeur com- merciale sont habituellement couvertes de Lichens. Un intérét botanique spé- cial s'attache aux observations de M. Howard parce qu'il a pu étudier sur échantillons la structure microscopique des écorces dont la partie extérieure s'était renouvelée sur place, mais par deux fois, après la décortication. Il rap- proche ses observations de celles que M. Trécul a fait connaitre depuis long- temps sur la régénération de l'écorce. Il fait connaitre quelques faits qui prouvent que la quinine peut se trouver méme dans le cœur du bois des C?n- chona et dans leurs feuilles. Il continue malgré cela à penser que c'est dans l'écorce qu'est le siége de la formation de cet alcaloïde, qui provient du cam- bium. Enelfet, l'origine n'en est pas dans la séve ascendante, puisque aucune des parties que celle-ci parcourt ne parait être le siége du dépôt des alcaloides. Il établit que c'est la séve descendante qui en fournit les matériaux, et qu'une par- tie de la substance-mère, par les rayons médullaires, est transportée dans le bois. REVUE BIBLIOGRAPIIIQUE. 93 Comme les cultivateurs de garance obtiennent le développement d'une ma- tière colorante, à la place de la chlorophvlle, dans les portions de tiges qu'ils couvrent de terre (voy. Decaisne, Recherches anatomiques et physiologiques sur la garance), comme l'asparagine, sorte de produit excrémentitiel, ne se développe pas dans les asperges qui croissent à la lumière, et qu'il existe un antagonisme réel entre la respiration chlorophyllienne des végétaux et leur res- piration générale, M. Howard est disposé à croire que sila quinine, par le pro- cédé de M. Mac Ivor, augmente de proportion dans les écorces qui se renouvellent à l'abri de la lumière, c'est parce que, comme la garance et l'as- paragine, elle est grandement favorisée dans ses produits par les phénomènes de la respiration générale. Dans la suite de son livre, l'auteur étudie successivement les cristaux. des Cinchona, leurs vaisseaux laticifères, qui disparaissent au moment où se forment les alcaloides, la substance-mère et le rouge cinchonique, lequel est produit par l'action des acides, des oxydes métalliques ou des alcaloides sur cette sub- stance-mère. En ajoutant de l'ammoniaque à la solution éthérée légèrement jaune de cette substance, on détermine aussitót une belle couleur rose, et aprés évaporation, il reste un composé d'acide quinovique et d'ammoniaque coloré par le rouge cinchonique. La substance-inére peut aussi préparer la formation des alcaloides; de sorte qu'il est probable que le principe caractéristique de chaque plante est essentiellement unique. C'est dans le liber que l'on trouve les alca- loides dans leur plus grand degré de pureté. Un appendice reproduit divers opuscules de quinologie, et notamment le mémoire lu au Congres de botanique de Paris en 1867 par M. Weddell. Des genres Atichia, Myriangium ct Nætrocymbe ; Mémoire pour servir à l’histoire des Collémacées; par M. A. Millardet (Mémoires de la Société des sciences naturelles de Strasbourg, vol. v1), 1868. 1° L'At/chia n'appartient ni au genre C'ollema, comme le pensait Acharius, ni à la famille des Collémacées, comme le voulait Flotow, ni à celle des Myrian- giées, ainsi que l'a supposé Keerber. La chlorophylle, aussi bien que les autres pigments que l'on trouve dans les Algues et les Lichens, lui manquant absolu- ment à toutes les époques de son développement, on ne peut l'attribuer qu'à la classe des Champignons. D'un autre cóté, il est impossible de n'étre pas frappé des affinités que notre plante présente avec les deux autres grandes classes de Cryptogames, les Algues et les Lichens. Son habitus, la masse de gélatine qui remplit la stroma, sa coloration par l'iode, le rapprochent des Collémacées, tandis que la nature de son tissu et l'aspect de ses filaments coni- diaux rappellent involontairement à l'esprit les tissus de quelques Fucacées et les cystocarpes des Floridées. L'Atichia serait donc un type de transition, fort digne à ce point de vue de l'attentien des botanistes. 9A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2° Le Myriangium, qui ne possède à aucune période de son existence ni chlorophylle ni pigment analogue, doit cesser de faire partie de la classe des Lichens pour étre rangé dans celle des Champignons. Celle-ci ne possede qu'un seul groupe qui montre quelques affinités avec le genre Myriangium ; c'est celui des Tubéracés. Cependant il n'existe aucun rapport commun aux deux types, ni dans le développement, au moins tel qu'on le connait à cette heure, ni dans la plupart des caractères morphologiques. L'auteur croit donc conve- nabile de classer le genre Myriangium à côté de la famille des Tubéracés comme groupe d'égale importance. 3° Le JVetrocymbe Kærb., loin d’être une Collémacée, est une Sphériacée des mieux caractérisées, bien que les stylospores et les spermogonies n'en aient point encore été observés. Il est difficile de concevoir comment Massalongo, Kærber et d'autres auteursont pu placer le Nætrocymbe dans les Collémacées après en avoir décrit le stroma comme parfaitement homogène et composé seu- lement de gonidies noires. Il y a là une confusion étrange des propriétés mor- phologiques et physiologiques, cependant si tranchées, qui distinguent les gonidies des Lichens et les cellules variées qui entrent dans la composition du tissu des Champignons. Études sur la matière colorante des Phycochromacées et des Diatomées; par MM. G. Kraus et A. Millardet (Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg, t. v1, 4868). Les auteurs ont constaté dans les Phycochromacées, comme dans les Diato- mées, la présence d'un nouveau pigment, le phycoxanthine. Cette matière, obtenue par l'évaporation à 40 degrés centigrades de la solution alcoolique complétement dépouillée de chlorophylle, se présente sous forme d'un enduit visqueux, couleur de terre de Sienne. Brülée dans une capsule de porcelaine surchauffée, elle exhale une odeur semblable à celle que produit la graisse en se carbonisant. Dans l'eau, elle se gonfle sans se dissoudre. Abandonnée à la lumière, elle se colore très-vite et se change en une matière jaunâtre que les acides sulfurique et chlorhydrique colorent en rouge brun intense. La solution alcoolique, vue par transparence, est d'un jaune d'or en couche mince; sous une grande épaisseur, elle offre une coloration rouge brique ou rouge un peu brunitre. Cette solution présente une fluorescence énergique presque semblable à celle de la chlorophylle ; la teinte en est cependant moins rutilante. Elle se distingue alors de la chlorophylle par. une décroissance plus prompte du vert et par l'apparition très-tardive d’une bande d'absorption extrêmement faible entre les raies C et D de Frauenhofer. En couche très-épaisse, elle ne laisse plus passer que les rayons jaunes voisins de la raie D et les rouges compris entre a et B ; de là sa couleur rouge brique sur une grande épaisseur. La fluorescence si caractéristique de la phycoxanthine permet de la distin- guer facilement d'une autre matière colorante jaune, dont les propriétés encore REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 incomplétement étudiées témoignent cependant d’une assez grande affinité pour la chlorophylle. Cette substance colorante, à laquelle on a donné le nom d'an- thoxanthine, se trouve surtout dans les fleurs et les fruits. Le phycochrome des Algues et des Lichens n'est pas composé seulement. de phycocyane et de chlorophylle, mais il renferme aussi la phycoxanthine. La diatomine ou matière colorante des Diatomées se compose de deux matières colorantes, la phycoxanthine et la chlorophylle. Les propriétés physiques, chi- miques et morphologiques de la phycoxanthine montrent que cette substance est trés-voisine de la chlorophylle. La grosseur des corpuscules du pigment des Diatomées permet d'affirmer que la phycoxanthine, comme la chlorophylle, imprègne des granules de nature albuminoide. Elle se comporte dans l'obscu- rité comme le fait la chlorophylle dans les plantes inférieures en général, et résiste trés-longtemps à celte cause d'étiolement, méme plus longtemps. De plus, sous l'influence de l'obscurité, elle augmenterait en quantité à mesure que cette dernière diminue, et l'on pourrait dire peut-être que si dans ce cas la phycoxanthine se développe aux dépens de la chlorophylle, celle-ci, sous l'in- fluence des rayons solaires, se produit aux dépens de la précédente. Deutsche Flora ; par M. Hermann Wagner. 1'* livraison; grand in-8? avec figures intercalées dans le texte. Stuttgart, mars 1869, chez C. Hoff- mann. Prix : 1 fr. Cet ouvrage, écrit en allemand, est présenté sous une forme facilement intelligible qui le rendra sans doute populaire en Allemagne. Il comprend la description des Phanérogames et des Cryptogames vasculaires indigènes en Allemagne et en Suisse. Il sera complet en 16 livraisons, renfermant 1250 gravures, lesquelles représentent trés-suffisamment le port et certains caractères importants des espèces ; il y en a au moins une par genre. Il n'y a point de clef dichotomique. La première livraison, qui commence aux Re- nonculacées, s'étend jusqu'au genre Cochlearia. NOUVELLES. — L'Académie des sciences a tenu le lundi 14 juin 1869 sa séance publique annuelle pour l'année 1868, sous la présidence de M. Delaunay. Dans cette séance, le prix Desmazières a été décerné à M. Nylander. Nous reviendrons ultérieurement sur les prix proposés. — Les journaux espagnols viennent de publier la liste des récompenses que le gouvernement provisoire vient de décerner aux exposants de Saragosse. C'est l’année dernière que la Société des Amis du pays d'Aragon organisa une exposition. publique où furent reçus, dans trois classes spéciales, les produits des sciences, des arts et de l'industrie du midi de la France. Les sciences natu- relles furent largement représentées par des collections de fossiles, de minéraux et de plantes formées par MM. E. Filhol, Leymerie, Casimir Roumeguère, de 06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Toulouse, et Paul Marés de Montpellier. La part de Ja botanique cryptoga- mique, circonscrite aux Lichens des Pyrénées, fut présentée par M. Casimir Roumeguère, notre confrère, qui a obtenu la récompense la plus élevée, un diplóme d'honneur. On sait que les Lichens des Pyrénées ont été sucessivement étudiés par Bory de Saint-Vincent, Ramond et De Candolle, 1805-1815 ; Lapeyrouse, 1824 (Manuscrits et planches inédites); E. Fries, Léon Dufour (Lichenograph. Europ. Ref), 1830; L. Scherer (Lich. Europ.), 1850; Philippe (Zxsic- cata comprenant 260 espèces), 1855, et par M. W. Nylander (Prodrom. Lichenog. Gallic 4858, et collectanea). L'exploration de M. C. Roumeguère complète l'étude de ces savants et éléve le nombre des Lichens appartenant aux deux versants francais et espagnol de la chaine des Pyrénées au nombre de 575, répartis dans les zones champêtre, subalpine et alpine. Fidèle aux ten- dances rationnelles de l'école Friesienne, M. C. Roumeguère a souvent réuni sous un méme chef spécifique diverses formes d'apparences distinctes, néan- moins il a décrit plusieurs variétés et quatre espèces nouvelles. Son travail sera publié. — M. le docteur Félix Fée vient d'étre nommé professeur agrégé à la Faculté de médecine de Strasbourg. — Les collections des Fougéres de la Guadeloupe, provenant des récoltes de Lherminier, que M. le professeur Fée de Strasbourg est chargé de mettre en vente, comprennent chacune deux centuries. Ces collections, déterminées par M. Fée, sont fort bien échantillonnées. — Nous apprenons, au moment de tirer cette feuille, la perte considérable que la Société vient de faire dans la personne de M. le professeur Moris, sé- nateur, membre de l'Académie de Turin, l'auteur du Flora sardoa, dont la publication reste malheureusement inachevée. Erratum. Un article que nous avons consacré l'année dernière (t. xv, Revue, p. 115) à un mémoire de M. A. Fischer de Waldheim, sur l’Ustilago flosculorum Fr. doit être rectifié de la manière suivante : Il résulte des études de l'auteur que cet /sti/ago n'est pas une simple va- riété de U. anthcrarum, qui attaque la famille des Silénées. M. de Waldheim reconnait que ce serait là le seul cas connu où une même Ustilaginée se ren- contrerait parasite sur deux plantes de familles tout à fait différentes. Dr EucENE FOURNIER, Paris, — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (JUIN-AOUT 1869.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J, Rothschild, libraire de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arls, 43, à Paris. De la germination des zygospores dans les genres Clos- terium ct Staurastrum, ct surun genre nouveau d'Algues chlo- rosporées; par M. A. Millardet (Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg, t. v1, 1868). Les zygospores n'avaient pas été décrites dans ces deux genres. Il existe une notable différence dans leur développement respectif. Dans le Closterium, ainsi que M. De Bary l'a montré pour le genre Cosmarium, d'une zygospore se développent simultanément deux individus; dans le genre Staurastrum, un seul. Ces observations, dit l'auteur, confirment pleinement celles de M. De Bary, en montrant, dans des genres voisins, une série de phénoménes presque semblables à ceux qu'il a décrits. M. Millardet a donné le nom de Phycopeltis epiphyton à une Mgue chlo- rosporéc' nouvelle qui fut découverte en 1866 aux environs de Fribourg en Brisgau, et qui se trouve sur les jeunes pieds d’Abies pectinata, surtout parmi les branches les plus basses, à la face inférieure de leurs feuilles. Le PAycopel- tis, dont les oogones et le mode de reproduction sont encore incomplétement connus, se distingue des Coleochete : 1° par le mode de développement du jeune individu; 2 par celui des zoospores, qui apparaissent simultanément de vingt-cinq à trente dans chaque cellule-mère, tandis qu'il n'en parait qu'une seule chez le Coleocheæte ; 3° par la nature et la couleur du pigment. Zur Morphologie der Utricularien; par M. N. Pringsheim (Monatsberichte des kenigl. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, février 1869); tirage à part en brochure in-8° de 27 pages, avec une planche. Outre l'enroulement en crosse, qui a été signalé dans le bourgeon terminal des Utricularia par MM. Irmisch et Buchenau, il faut noter avec l'auteur que la partie située au-dessus de l'origine de la plus jeune feuille se recourbe sur l'axe qui la précède, comme le fer d'une houc, formant à peu pres le dernier tour de la spirale. Cette courbure du bourgeon des Utriculaires est due à ce que le développement initial des tissus y prédomine latéralement et d'un. seul T. XVI, (REVUE) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cóté, qui devient le cóté supérieur et extérieur de la spire. Des courbures ana- logues se rencontrent d'une manière moins constante chez certaines plantes aquatiques, comme le Ceratophyllum, V Aldrovandia,le Salvinia. Les feuilles, sur cet axe enroulé en crosse, se développent sur deux lignes latérales par rapport au sens de la courbure (qui a un dos et un ventre); peu après leur apparition, leur bord antérieur se creuse d'une légère sinuosité, premier indice de la division en laciniures qui se répétera dans cette feuille un trés-grand . nombre de fois. Les poils, qu'on observe déjà à cette époque, sont bicellulés et capités ; une seule cellule en forme le pédicule, une autre le chapeau. Le côté ventral dela spire donne naissance à des mamelons qui sont de nouveaux bourgeons ; les plus jeunes se trouvent placés dansle dernier angle de cour- bure. Ces bourgeons ne se développent point comme les tiges aériennes nor- males, avec lesquelles on les a confondus ; l'auteur les nomme bourgeons cirriferes (rankenartige Knospen). Les organes qui en sortent consistent en un mérithalle allongé, au sommet duquel sont un petit nombre d’entre-nœuds très-Courts munis de feuilles avortées et presque entières; sur la plante adulte ils figurent de petits appendices en forme de crochets recourbés à leur sommet. Outre ces bourgeons, on en trouve aussi qui n'avortent pas et qui donnent naissance à des rameaux semblables à l'axe principal; ceux-ci naissent à l’aisselle ou près de Vaisselle de leur feuille-mère sur cet axe. L'in- florescence parait enfin, non pas à l'aisselle d'une feuille, mais près de l'origine d'un rameau cirriforme ou d'un rameau normal, de sorte qu'ellesemble naitre de l'aisselle d'un rameau. L'auteur s'explique ensuite sur les vésicules des Utricularia ; il croit que ces organes représentent des rameaux encore plus profondément modifiés que les rameaux cirriformes. L'axe de ces vésicules, peu de temps après leur forma- tion, se recourbe formant le cône primaire de végétation ; au-dessous de son sommet se remarque une feuille, ou deux feuilles qui, plus tard, se souderont en une seule, semblables aux jeunes feuilles terminales du rameau cirriforme. Outre ces deux feuilles, il naît sur le côté ventral du rameau avorté, qui con- stitue la vésicule, un mamelon ou cône secondaire de végétation qui, bientôt, recourbe aussi le sommet de son axe. Alors, le sommet du cône primaire et celui du cône secondaire marchent à la rencontre l'un de l’autre et, de concert avec l'organe foliacé mentionné plus haut, circonscrivent la cavité d’une vési- cule artificielle qui ne grossit que par la croissance des organes qui la limitent. En se rencontrant, ces deux sommets forment par leur union une sorte d'en- tonnoir qui permet de pénétrer jusque dans la cavité de la vésicule. Ce qw confirme la nature axile des vésicules, c'est que quelquefois on voit partir de leur pédicule, presque de leur base, un rameau normalement organisé. L'en- semble des vésicules et du rameau normal forme alors un sympode. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 Transactions of the botanical Society, vol, IX, part 2. Édim- bourg, 1868. Observations sur quelques plantes de la Nouvelle-Zélande; par M. Lau- der-Lindsay, pp. 231-233. Lettre de M. Robert O. Cunningham, pp. 235-238. — Ce voyageur, em- barqué sur la frégate anglaise /e Nassau, raconte les impressions que lui a fait éprouver la vue de Madère, de Rio, de Monte- Video. Il cite surtout un certain nombre de plantes du détroit de Magellan, qu'il regarde comme iden- tiques avec des espèces d'Angleterre. Au point de vue de la détermination exacte de quelques-unes d'entre elles, il pourrait n'étre pas d'accord avec cer - tains monographes. Courte note sur l'écorce de Moucenna; par M. Henry Hunter Calvert, pp. 228-239, | Mélanges. M. Mac Nab a montré une section de Wellingtonia, sur laquelle il à été constaté que l’on trouvait de cinq à dix anneaux ligneux concentriques pour une zone de développement annuel, p. 241. Note sur un nouveau Carduus recueilli dans le comté de Ross; par MM. Charles Howie et Charles Jenner, pp. 257-265. — Le Carduus Caro- lorum parait voisin du C. Aelenioides L.; les auteurs signalent les diffé- rences. Notes sur quelques Mousses nouvelles ou rares recueillies dans les comtés de Ross et d'Inverness en juillet par MM. Ch. Jenner et Ch. Howie, avec des dessins et des descriptions de M. Schimper, pp. 312-316. — La plante inté- ressante de ce mémoire est une nouvelle espèce, qui est figurée, le Didymodon Jenneri Schimp. Sur une particularité de structure de la tige du Lierre; par M. W.-R. Mac Nab, pp. 316-318. — Il s'agit de canaux intercellulaires observés dans le voisinage du tissu ligneux, sur une tige encore jeune, canaux circulaires plus petits que la plupart des cellules environnantes, et occupés eux-mêmes par six à huit cellules remplies de protoplasma, disposées le long de leur paroi. Ces canaux touchent intérieurement à des cellules ligneuses, extérieurement à de petites cellules de la zone du cambium. Ils pénètrent dela tige dans les pétioles, où ils entourent les petits faisceaux vasculaires. L'auteur les assimile aux Canaux laticifóres de certaines Monocotylédones telles que les Alisma. Ils manquent complétement de revêtement épidermique intérieur. Sur le genre Lophiostoma; par M. C. Cooke, pp. 325-332, avec une planche, — L'auteur décrit douze espèces de ce genre, empruntées en général au mémoire de M. De Notaris (Schema di classificazione, etc. ). Il signale cepen- dant quelques nouveautés: Z. bicuspidata (Sphæria macrostoma Curr.), L, viridaria et L. sex-nucleata. Son mémoire contient en outre une descrip- tion soignée du genre, 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur les espèces anglaises de Delphinium ; par M. W.-R. Mac Nab, pp. 332- 336. — L'auteur décrit le D. addendum, ainsi caractérisé : Caule erecto, sub- pubescente, ramoso, floribus paucis, laxe racemosis, pedicellis bractea longio- ribus, capsulis pubescentibus. Dans'le D. Consolida, la capsule est glabre; et dans le D. Ajacis , où elle est pubescente, les pédicelles ne dépassent guère les bractées. Notes sur les Mousses et les Hépatiques recueillies par M. Robert Brown sur la côte nord-ouest de l Amérique; par M. G. Dickie, pp. 355-358. Monographie du genre Thuja L. et des espèces de Libocedrus Endl. ; par Mi. Rob. Brown, pp. 358-378. — On sait que l'auteur a habité longtemps l'Amérique septentrionale; tous les détails qu'il donne sur la synonymie, la distribution géographique, l'usage économique des plantes, etc., sont emprun- tés à des notes recueillies pendant son voyage ou à ses recherches personnelles. Pour les caracteres, l'auteur n'a pu que confirmer les observations antérieures. Il n'a pas oublié les variétés horticoles. D’après lui, le Thuja gigantea de Gordon n'est qu'une mauvaise description du Z1bocedrus decurrens Torr., et M. Carrière a confondu sous ce premier nom le T. gigantea Nutt. et le Libo- cedrus, arbres qui sont distincts méme génériquement, ainsi que par leur distribution géographique. Le 7. gigantea a son maximum de fréquence dans l'ouest de l'Amérique du Nord, à l'ile Vancouver, au nord de la région occupée par le Zibocedrus, qui abonde dans la Sierra-Nevada de Californie. L'auteur insiste sur un fait remarquable, c'est que la plupart des espèces, ligneuses ou herbacées, qui croissent à l'ouest des Montagnes-Ro- cheuses, sur le versant du Pacifique, sont représentées sur le versant atlantique par des formes congénères ; ainsi, parmi les Conifères, le Thuja gigantea par le Th. occidentalis, Y Abies Mertensiana par VA. canadensis, le Pinus pon- derosa par le P. rigida, le P. contorta par le P. inops, le Taxus brevifolia par le 7. canadensis et le Juniperus Henryana par le J. Virginiana. A la suite de ce mémoire se trouve reproduit celui du méme auteur que nous avons déjà signalé d’après le Pharmaceutical Journal (t. xv, Revue, p. 201), et qui traite des produits végétaux employés par les Indiens du nord- ouest de l'Amérique. Sur la reproduction et la fécondation croisée des Passiflores ; par M. Ro- bertson Munro, pp. 399-402. — Des centaines de fleurs du Passiflora alata ont été fécondées par leur propre pollen sans que l'on ait pu leur faire produire un seul fruit; ce méme pollen a réussi sur une autre plante. Le P. alata fécondé par le P. ecrulea a donné cinq beaux fruits remplis de graines; de même le P. racemosa, avec le pollen du P. alata. L'auteur a multiplié ces faits dans un grand nombre d'expériences. Il a obtenu ainsi, en semant les graines obte- nues, les espèces et les hybrides suivants : P. a/ata, P. cerulea, P. Londo- niana, P. fulgens, P. cardinalis, P. Kermesina, P. racemosa, P. laurifo- lia, P, Houlletii, P. macrocarpa, P. Newmannit, P. palmata, P. Belottii, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 101 P. edulis, P. alata X P. racemosa, P. alata X P. macrocarpa, P. alata x P. Newmannit, et Tacsonia pinnatistipula X T. mollissima. Sur les caractères de la plante Akazga, et sur les différences de structure par où sa tige se distingue de celle du Strychnos Nux vomica, par M. Tho- mas R. Fraser, pp. 403-409, avec une planche. — L'action physiologique de l'Akazga a été trouvée par MM. Pécholier et Saintpierre semblable à celle de la voix-vomique, et MM. Attfield et Simmonds ont cru trouver dela strychnine dans ce poison. Quoiqu'il n'ait pas en main des échantillons munis de (leurs, M. Fraser pense que l'Akazga est une espèce nouvelle de Strychnos ; il en a retiré un alcaloide qui ressemble étroitement à la strychnine, mais qu'il est facile d'en distinguer à ce qu'on peut le précipiter de ses solutions salines par les bicarbonates. L'akazgine se rapproche d'ailleurs de la strychnine en présen- tant les mêmes colorations sous l'influence des mêmes réactifs. Il existe entre les tiges de l'Akazga et celles du Strychnos des différences anatomiques que l'auteur s'appliqueà mettre en évidence. Il a encore trouvé, dans un paquet de tiges d'Akazga, des fragments dépourvus de feuilles que l'examen micros- copique et l'étude chimique ont démontrés en étre fort différents, et que l'au- teur nomme faux Akazga. Empoisonnement de deux chèvres par les Rhododendrons ; par M. P.-S. Robertson, pp. 409-412.— Les feuilles des Rhododendron ponticum et Aybri - dum, données à deux chévres, ont causé de graves accidents, bien que cesani- maux les eussent mangées très-volontiers. Ils vomissaient, rendaient par la bouche une écume jaunâtre, et ne pouvaient se tenir sur leurs pattes. Le plus malade ne guérit qu'au bout de quatorze jours, apres l'ingestion de biére et de whisky, et ayant beaucoup maigri. Comme appendice à son mémoire, l'auteur repro- duit un travail de M. Cleghorn, inséré dans le Journal of the agricultural and horticultural Society of India, vol. xiv, 1867, et relatif aux propriétés véné- neuses de certains végétaux de la méme famille : Andromeda ovalifolia Wall., Azalea pontica, Kalmia latifolia, etc. Dans le Gardeners Chronicle du 17 mars 1866, p. 256, on a décrit les effets désastreux causés par l Andromeda floribunda, récemment introduit en Angleterre, sur un troupeau de moutons, dont dix-huit périrent. Les propriétés narcotico-àcres des Rhodoracées étaient déjà connues. Il n'est pas inutile de rappeler qu'on attribue au Æhododendron Ponticum la production du miel qui empoisonna les soldats de Xénophon ; aux États-Unis, le miel recueilli sur l’ Andromeda Mariana et sur plusieurs Kal- Mia cause des vomissements, des convulsions et méme la mort. Florula discoana ; contributions à la géographie botanique du Groënland, entre le 58? etle 70? parallèle de latitude septentrionale ; par M. Robert Brown, PP. 430-464. — L'auteur trace d'abord, avec quelques citations, le résumé de nos connaissances sur la flore du Groënland. H a passé lui-même l'été de 1867 dans le Groënland danois, aux environsde la baie Disco ; c'est pourquoi il donne à l'énumération des plantes qu'il a rapportées le nom de Florula discoana. M 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fait connaître le climat et l'aspect physique de la région d’où elles proviennent; il insiste ensuite sur le caractère de leur végétation et sur les usages qu'elles affectent dans le pays. La liste des plantes qui suit a été rédigée pour la phanérogamie et la cryptogamie supérieure par M. D. Oliver, pour les Mousses par M. M.-A. Lawson, pour les Hépatiques par M. Benjamin Carring- ton, pour les Lichens par M. Lander-Lindsay, pour les Algues marines par M. Alex. Croall et pour les Champignons par M. W.-G. Smith. Contributions phyto-physioloziques; par M. N.-W.-P. Rau- wenhoff ( Verslaegen en Medeelingen der koninklijke Akademie van Weten- schappen, 2° série, t. ttt, p. 101 ; reproduit en extrait dans les Archives néerlandaises, t. 111, 1868); tirage à part en brochure in-8° de 29 pages. M. Rauwenhoff s'occupe d'abord de la relation qui existe entre l'évaporation et l'absorption de l'eau par la plante. Il a sur ce sujet installé des expériences, notamment la suivante : Un rameau feuillé était fixé hermétiquement dans un flacon à deux tubulures, dont la seconde livrait passage à un tube deux fois recourbé. Le flacon était complétement rempli d'eau et le tube rempli d'eau dans sa première partie contiguë au flacon, de mercure dans sa deuxième par- tie. L'appareil entier pouvait étre pesé facilement : la perte de poids donnait l'eau évaporée; le changement de niveau du mercure faisait connaitre l'eau absorbée et la pression que le liquide supportait. On trouve ainsi : 1° Que l'absorption de l'eau est. plus considérable que l'évaporation, quand l'eau est soumise à une certaine pression ; 2° Que c’est au contraire l'évaporation qui prend le dessus lorsque cet excès de pression n'existe pas ou lorsqu'il y a succion ; 3? Qu'il est possible, en augmentant ou diminuant la pression, de renverser à plusieurs reprises le rapport entre l'évaporation et l'absorption ; h° Que l'absorption, pendant les heures où le soleil est sur l'horizon, et surtout l'aprés-midi, est plus grande que pendant le reste du jour. Des résultats expérimentaux auxquels l’auteur est arrivé, on peut conclure que l'absorption de l'eau par les plantes ne dépend pas immédiatement de l’éva- poration, et même n'est pas en relation constante avec elle. Chez une plante en train de se développer, qui donne naissance à de nouveaux organes, les mou- vements et les transformations des mati?res nutritives sont beaucoup plus actifs que dans une branche coupée, où le transport des sucs se ralentit pour ainsi dire d'heure en heure. L'ascension du mercure n'est pas en rapport avec l'éten- due superficielle des feuilles qui transpirent, et des branches de la méme espèce montrent également de grandes différences, qui dépendent peut-étre, au moins en partie, de l’état des cellules et du plus ou moins d'abondance des sucs dans les vaisseaux. M. Rauwenhoff s'occupe de la faculté que possede le bois de transmettre les liquides. Il fait voir que le résultat des ex ériences instituées sur ce sujet par REVUE BIBLIOGRAPÍIIQUE. 103 des physiologistes antérieurs a dû dépendre à leur insu de la substance qu'ils employaient pour injecter le bois, Tandis que le prussiate de potasse en disso- lution passe sans obstacle, au moins en grande partie, la teinture magenta est arrêtée complétement, et la dissolution de tournesol ne traverse le bois que partiellement, Il est probable, dit l’auteur, que toute matière colorante qui, comme le magenta, peut colorer, sans mordant, les parois des cellules, sera retenue par le tissu du bois. I ne faut donc pas conclure toujours, comme l'a fait M. Hartig (Bot, Zeit., 1853), que si le liquide écoulé de la surface de section inférieure ne présente pas de coloration, c'est parce que le liquide versé sur la section supérieure a refoulé devant lui le suc primitif de la plante. D'autres expériences de l'auteur s'accordent pour montrer que la transmission du liquide, bien que se faisant avec une facilité très-inégale dans différentes espéces de bois, est, dans la tige, plus rapide du collet vers le sommet que dans la direction opposée, tandis que dans la racine, au contraire, elle est plus rapide du collet vers les fibrilles radiculaires. Dans les deux cas, par consé- quent, la transmission est plus facile de la partie la plus épaisse du corps ligneux vers ses extrémités que dans le sens opposé. Quant à la cause du passage rapide des liquides à travers le bois, l'auteur pense qu'elle doit être cherchée précisément dans le pouvoir d'imbibition de la paroi cellulaire, et qu'on doit se représenter ce passage comme une suite de l'absorption et de la transmission par la paroi des cellules et des vaisseaux. Monographie de toutes les espèces connues du genre Populus; par M. Alfred Wesmael (Extrait du t. tit, 3° série, de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut) ; tirage à part en un volume in-8° de 73 pages, avec 23 planches lithographiées. Mons, 1869. Quoique cette monographie ait été précédée par la publication du xv1° vo- lume du Prodromus, renfermant le genre Populus traité par M. Wesmael, elle contient cependant des observations intéressantes que les termes concis du Prodromus ne lui ont pas permis d'y faire figurer. Bien que M. Wesmael ait énormément réduit le nombre des espèces décrites, il est convaincu que ce nombre sera encore diminué lorsque certaines formes seront mieux connues, et que tous les caracteres auront. pu étre étudiés. Sa monographie commence par un paragraphe biologique. On y remarque que dans le Valais, entre 1200 et 1500 mètres, le Tremble porte des branches plus rapprochées de la direction horizontale que dans les bois de Belgique, ce qui tient peut-étre à l'énorme quantité de neige qui s'accumule pendant plusieurs mois de l'année. sur ces ramifications. L'auteur fait ensuite l'analyse des organes. Il a constaté sur toute la longueur des racines du Tremble des excroissances formées de nombreux bourgeons à l'état d'œil dormant, qui constituent des broussins ou sortes de tubercules souterrains. Ces petits centres vitaux, après que l'arbre a été ex- 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ploité, peuvent se maintenir de longues années vivants mais inactifs, et par suite de circonstances favorables peupler le sol de nombreux drageons, dont les feuilles sont trés-différentes des feuilles normales. Les formes des feuilles des principales espéces du genre sont longuement étudiées par l'auteur, ainsi que leurs variations. Les espécee admises par lui sont au nombre de 19, plus 3 douteuses. Parmi les premières, le Populus tomentosa Carr., n'est conservé que provisoirement, et le P. mexicana Wesm. est regardé comme cultivé au Mexique et comme peu différent du P. nigra. Sur la nature du pigment des Facoidécs ; par M. A. Millardet (Comptes rendus, t. LXVIII, pp. 462-466). Dans une note présentée à l'Académie en 1868 (1), M. Millardet, d’après des recherches exécutées par lui en commun avec M. le professeur Kraus, à établi que la solution alcoolique verte fournie par les Phychromacées et les Diatomées, et que l'on avait considérée jusqu'alors comme de la chlorophylle ordinaire, est un mélange de chlorophylle et d'un pigment jaune nouveau, qu'il a nommé phycoranthine. Amené par la continuation de ses étuces à examiner le pigment des Fucoidées, ila acquis la certitude que la liqueur verte obtenue en faisant digérer ces plantes dans l'alcool absolu n'est pas une solution de chlorophylle ordinaire, mais qu'elle contient dela chlorophylle et de la phycoxanthine. Outre ces deux pig- ments solubles dans l'alcool, les Fucoidées, à l'exemple des Phycochromacées et des Floridées, en contiennent un soluble dans l'eau. C'est ce pigment que M. Rosanoff a entrevu et dont il admet avec doute l'existence dans les Phéo- sporées. Comme M. Millardet le croit nouveau, il propose pour le désigner le nom de phycophéine, qui en indique à la fois la provenance et la couleur. Quand on a laissé des coupes minces de Fucacées digérer dans l'alcool absolu jusqu'à la décoloration compléte des granules pigmentaires, la chlorophylle et la phycoxanthine ont disparu, ct il ne reste plus dans l'utricule primordial con- tracté qu'une matière rouge brun qui est la phycophéine. A l'état normal, celle-ci est dissoute dans les granules pigmentaires ou plutôt combinée avec leur substance en méme temps que la chlorophylle et la phycoxanthine. Dans les jeunes cellules, elle semble teindre d'une manière uniforme, la masse tout entière du protoplasma avec les deux autres pigments. Évaporée dans une cap- sule, elle se présente sous forme d'un enduit couleur terre de Sienne, absolu- ment insoluble dans l'alcool concentré, la benzine, l'éther, tant à froid qu'à chaud, et légèrement soluble dans l'alcool trés-dilué ; dans l'eau, elle se dissout lentement, formant une solution d'un rouge brun intense. L'auteur s'est assuré de sa présence dans les genres Fucus, Halidrys, Laminaria, Dictyota, Ectocarpus, Elachista. (1) Voyez à ce sujet Comptes rendus, t. Lxvi, p. 505, et plus haut, p. 94. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 105 'En résumé, M. Millardet regarde la phéophylle de M. Cohn comme une matière colorante complexe formée de chlorophylle, de phycoxanthine et de phycophéine. Faits pour servir à l'histoire de l'origine des Baetérics, Développement naturel de ces petits végétaux dans les parties gelées de plu- sieurs plantes; par M. A. Béchamp (/^id., pp. 466-168). L'auteur a observé des Opuntia vulgaris, Calla œthiopica, Agave ameri- cana, Datura suaveolens, Solanum aviculare, Entellea arborescens, Cyperus Papyrus, Nerium Oleander, Melianthus major, Echinocactus. De ces obser- vations, il tire les conséquences suivantes : 1° Bien que l'on pense le contraire, des Bactéries peuvent se développer dans un milieu acide, pouvant rester acide ou devenir alcalin, aussi bien que dans un milieu absolument neutre ou restant neutre. 2° Les microzymas normaux des végétaux, comme ceux des animaux, peu- vent évoluer en Bactéries; et puisque, dans un méme végétal, plusieurs formes, si ce n'est plusieurs espèces de ces Bactéries, peuvent apparaître, je pense que l'on doit y voir la démonstration qu'il peut exister plusieurs sortes de microzy- mas dans un méme végétal. 3° Dans les expériences où l'on inocule des Bactéries aux végétaux, il est probable que ce ne sont pas ces Bactéries qui se multiplient : elles ne font que provoquer un changement de milieu, qui devient favorable à l'évolution en Bactéries des microzymas nouveaux : de là vient l'apparente pullulation de la Bactérie inoculée. 4° Il en est de méme de l'inoculation des Bactéries aux animaux, ou de l'ingestion d'une substance en putréfaction, et privée de Bactéries, dans le sang : on provoque aiusi un changement de milieu, favorable à l'évolution des microzymas nouveaux de l'animal en Bactéries, et les désordres qui en sont la conséquence. 5° Dans les études sur la génération spontanée des organismes inférieurs ou d'une simple cellule, on n'a pas tenu compte des granulations moléculaires. Celles-ci, je les ai montrées jusqu'ici partout actives : daus la craie, dans les fermentations, dans les végétaux et dans les animaux, etc. Nouvelles recherches sur la périodicité de la tension. Étude sur les mouvements périodiques et paratoniques de la Sensitive ; par M. Millardet. Thèse pour le doctorat en médecine. In-4° de 79 pages, avec 6 planches. Strasbourg, avril 1869. Ce mémoire est dédié par M. Millardet à la mémoire de C. Montagne, et à ses maitres, MM. Hofmeister, De Bary et Sachs. Il commence par exposer des notions préliminaires sur la définition de la tension et sur la description anato- mique de la feuille du Mimosa pudica et de ses organes de mouvement. Le 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. renflement moteur des folioles ou tertiaire n'a pas encore été, selon lui, bien étudié jusqu'à ce jour. Or il s'y trouve an-dessous de l'épiderme, de même que dans les pulvinules primaires et secondaires, un manchon de tissu érec- tile qui entoure les faisceaux fibro-vasculaires. Ce tissu est aussi composé de deux sortes de cellules : dans les unes, la membrane est épaisse; mince, au contraire, dans les autres. Le rapport des épaisseurs semble être dans la pro- portion de 7 à 2. Ces deux sortes de cellules sont distribuées en sens inverse de ce qui a lieu dans les deux renflements moteurs d'ordre supérieur, à savoir : celles qui ont la membrane la plus épaisse à la face inférieure du pulvinule, les autres en haut. Les deux moitiés du renflement tertiaire, en luttant l'une contre l'autre (et la moitié inférieure contre la pesanteur), produisent une ten- sion considérable ; le pétiole, associé par son faisceau fibro-vasculaire aux moindres mouvements du pulvinule, en indique les variations par sa position comme une aiguille sur un cadran. L'auteur traite ensuite des variations pério- diques de la tension dans le Mimosa pudica; les résultats qu'il a obtenus s'accordent parfaitement avec ceux de M. Kraus (Bot. Zeit., 4867, n* 1^ à 18, et recherches inédites) ; puis il s'occupe des influences auxquelles se trouve soumise la tension. et des mouvements paratoniques (1); ensuite, il trace la théorie des mouvements périodiques de la feuille de la Sensitive. Là se termine la première partie de ce travail. L'auteur en résume lui-même ainsi qu'il suit les résultats les plus intéressants : La tension est plus grande la nuit que le jour. Elle offre des oscillations continuelles de durée variable, périodiques et paratoniques. Les oscillations périodiques les plus longues embrassent une durée de vingt-quatre heures; elles présentent leur maximum vers la fin de la nuit et leur minimum vers le milieu de la journée. Les plus courtes, d'une heure de durée environ, ont lieu jour et nuit. Les oscillations paratoniques dues aux maxima et aux minima de lumière, température, humidité, et vraisemblablement encore à d'autres influences, sont plus accusées le jour que la nuit. Elles constituent des oscilla- tions intermédiaires pour la durée entre les oscillations périodiques les plus longues et les plus courtes. Celles qu'il m'a été donné de déterminer offrent les maxima et les minima suivants : Minimum du matin, maximum de la ma- ünée, maximum de l'aprés-dinée et minimum du soir. 1l semble qu'on puisse encore admettre un maximum des premières heures de la nuit, suivi d'un minimum qui précèdele grand maximum de la fin de la nuit. » Toutes ces variations de tension se présentent à la fois dans les tiges et dans les feuilles; néanmoins, ces derniers organes étant plus exposés aux influences paratoniques, sont ceux chez lesquels on peut observer le plus facilement ces dernières oscillations. La Sensitive présentant dans les organes moteurs de ses (^) M. Sachs a appelé paratoniques les variations causées par l'influence de divers agents physiques ou chimiques. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 107 feuilles un tissu soumis aux variations de tension, chacun de ses mouvements n'est que l'expression de ces conditions. L'augmentation de tension se traduit par l'élévation du pétiole primaire, et la diminution par son abaissement. Telle est, en résumé, la cause prochaine des mouvements de la feuille. » Quant à la manière dont se combinent ces variations de tension dans le pulvinule primaire pour produire les divers mouvements du pétiole, voici les conclusions que l'on peut tirer par le raisonnement des faits observés : laug- mentation ou la diminution de tension a lieu en méme temps dans les moitiés supérieure et inférieure du renflement moteur ; mais le changement est tou- jours plus grand dans la moitié inférieure, de sorte qu'en somme les mouve- ments du pétiole indiquent les variations de tension à la fois dans le. pulvinule tout entier et dans chacune de ses moitiés. Toutefois, les proportions suivant lesquelles se font ces augmentations et diminutions de tension, simultanément dans chaque moitié du palvinule, bien que soumises à des règles, sont cepen - dant variables dans certaines limites, de sorte qu'une élévation donnée du pétiole ne correspond pas toujours à une tension égale de l'organe. » La deuxième comprend des tables indiquant la marche de la tension dansla tige du Mimosa pudica, tracée à l'aide d'une méthode particulière, que notre cadre nous empéche de reproduire: puis des tables indiquant la marche de la tension dans l'écorce des arbres croissant en plein air (commuuiquées par M. G. Kraus, professeur de botanique à Erlangen); enfin, les détails des observations et des expériences faites par l'auteur sur le sujet spécial de son mémoire. Wem Gebiühré die Priorität in der Anatomie der Pflan- zen, dem Grew oder dem Malpighi? (A qui appartient la priorité dans l'anatomie des plantes, de Grew ou de Malpighi ?); par M. Aloys Pol- lender. In-4° de 14 pages. Bonn, imp. George, 1868. Ce travail a été communiqué à la quarante et unième réunion des naturalistes et médecins allemands, à Francfort-sur-le-Mein, en septembre 1867. L'auteur rappelle que généralement on accorde à Malpighi la priorité scientifique, parce que, dit Schleiden dans ses Grundzüge, 3° éd., t. I, p. 215, le grand ouvrage de Malpighi sur l'anatomie des plantes fut envoyé à la Société royale de Londres dés l'année 1670, et que Grew ne fit imprimer son ouvrage qu'en 1682. On a ajouté qne Grew étant secrétaire de la Société royale de Londres, à pu retarder l'impression de l'ouvrage de Malpaghi, qui ne parut qu'en. 1675 et 1679, par parties successives. Cette opinion a été encore soutenue dernière- ment par M. Kirchhoff, dans son mémoire sur la métamorphose des plantes (1). M. Pollender fait contre ces affirmations de nombreuses observations fondées surdes recherches bibliographiques et dont plusieurs sont péremptoires, Voicila ` (4) Voyez le Bulletin, t. XIV (Revue), p. 139. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. principale. Elle est fondée sur la correspondance qui eut lieu à l'occasion de la publication des œuvres de Malpighi, entre ce savant et le secrétaire de la Société royale. Ce dernier était alors Henri Oldenbourg et non pas Néhémiah Grew. La correspondance est publiée dans les Opera omnia de Malpighi, Lugd. Bat. 1867, t. 1, p. 165. On y voit que Malpighi envoya son Anatomes plan- tarum idea au commencement de novembre 1671 (comme en témoigne la date imprimée d'ailleurs à la fin de ce travail), et non en 1670. En lui accusant réception de son mémoire, Oldenbourg lui écrit, le 14 décembre 1671, que le docteur Néhémiah Grew a récemment offert à la Société royale un ou- vrage sur le méme sujet, à la méme époque où lui parvenait le mémoire de Malpighi. Le 18 janvier 1672, Oldenbourg envoyait l'ouvrage de Grew à Malpighi, qui remercie par lettre du 8 octobre de la méme année, et qui ajoute qu'ignorant la langue anglaise, il a dû se le faire traduire en latin pour en pou- voir prendre connaissance. Die Rostpilzformen der deutschen Coniferen (Champignons de la rouille des Conifères d'Allemagne) ; par M. Max Rees (Extrait des Abhandlungen der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, tome x1); tirage à part en brochure in-A4? de 78 pages, avec 2 planches. M. Rees classe ainsi les espéces qu'il étudie : I. Espèces à cycle de génération alternante parfaitement fermé : Gymno- sporangium fuscum OErst., G. clavarie forme OErst., G. conicum Okrst. II. Formes à téleutospores isolés avec reproduction directe : Chrysomyxa Abietis Ung. III. OEcidiums isolés appartenant à des espèces dont les téleutospores sont encore inconnus: A. Formes du groupe Peridermium Fr. (parasites sur les écorces et sur les feuilles). B. Formes qui se rencontrent sur les cônes : Œ'cidium conorum Piceæ Rss., (F7. strobilinum Rss. IV. Urédos isolés appartenant à des espèces dont les téleustopores sont encore inconnus : Coma pinitorquum A. Br., C. Abietis pectinatæ Rss. Relativement aux modifications dont est susceptible le développement des spores, nous croyons devoir emprunter quelques détails au corps du mémoire. Dans les Œcidium les plus ordinaires (OF. elatinum A. et P.), ces spores naissent de leurs supports (asci suffultorii) immédiatement l'une sur l'autre ; dans les Reæstelia elles sont séparées l'une de l'autre par des cellules filiformes (UE cidium abietinum A. et P., OE. columnare A. et P., OE. coruscans Fr.), et dans un type de transition, par des troncons intermédiaires qui sont com- posés non de cellules, mais de vraies lamelles membraneuses (O cidium Pini Pers.). Quant aux. détails circonstanciés que M. Rees donne sur la synonymie, les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 caractères et le mode de reproduction de chaque espèce, nous sommes forcé de renvoyer le lecteur au mémoire original. Ueber Blüthenentwickelung bei den Compositen (Sur le développement de la fleur chez les Composées); par M. Emil Kóhne. Dis- sertation inaugurale soutenue devant la Faculté de philosophie à l'Université de Berlin; in-8° de 71 pages, avec 3 planches autographiées. Berlin, 1869. Prix 2 fr. 75. Voici les noms des espèces examinées par l'auteur : Callistephus chinensis, Helianthus annuus, Helianthus lactiflorus, Silphium Hornemanni, Dahlia variabilis, Coreopsis auriculata, Helichrysum bracteatum, Anthemis nobilis, Gaillardia rustica, Senecio cordatus, Xanthium italicum, Centaurea Cyanus, Calendula arvensis, Carduus crispus, Coreopsis ferulæfolia, C. tinctoria, Podospermum laciniatum, Taraxacum officinale, Senecio vulgaris, Ximenesia encelioides, Catananche cærulea, Crepis biennis, Cirsium palustre, C. arvense. On voit qu'il manque à cette liste un grand nombre de types pour représenter les tribus exotiques de la famille. L'auteur commence par citer les sources bibliographiques à lui connues. Il s'occupe ensuite d'abord du développement normal de la fleur des Composées, et traite de la première apparition de la fleur, de la naissance de la corolle et de l'androcée, du développement du pistil et de celui de l'ovule. La paroi de l'ovairecontient d'aprés lui cinq cordons vasculaires principaux ; il en distingue les deux feuilles carpellaires; la nervure principale du carpelle postérieur, qui est opposé à une étamine, tombe immédiatement sur un de ces cinq cordons , tandis que la nervure principale du carpelle antérieur se trouve entre deux d'entre eux, de sorte qu'elle doit se détourner latéralement pour s'appliquer sur l'un d'eux. L'auteur n'a pas pu distinguer duquel des deux carpelles part le funicule de l'ovule, parce que les cinq cordons en question, en se réunis- sant au-dessous de l'ovaire, forment un nœud d’où naît cet organe. Il examine ensuite les cas qui s'écartent de la règle normale du déveluppe- ment, et qu'il présente comme assez nombreux, notamment dans les fleurs ligulées des Chicoracées, les fleurs marginales rayonnées des Corymbifères, les fleurs marginales neutres du Centaurea Cyanus, etc. Ensuite l'auteur arrive aux anomalies florales. A la fin de son mémoire, il traite spécialement de l'origine du style et de la nature des parois ovariennes. On ne peut guère, dit-il, se refuser à croire que les carpelles ne contribuent à la formation des parois ovariennens, et dans ce cas, comment ne pas l'admettre aussi pour les cycles floraux précédents? Relativement à la nature des ovules, il est. disposé à les regarder comme des feuilles, insérées sur l'axe à la suite des feuilles car- pellaires, ainsi que le sont les ovules des Primulacées, nouvelle. interprétation à recueillir en ce moment où il s'en produit de plusieurs côtés. 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le prothallium mâle des Cryptogames vaseulaires et des Phanérogames ; par M. A. Millardet, docteur ès sciences. In-4° de 90 pages. Strasbourg, typ. Silbermann, 1869. Dans la première partie de ce travail se trouvent exposés, dans autant d'ar- ticles séparés, les résultats des recherches de l'auteur sur la germination des microspores et la formation des spermatozoïdes dans les genres Marsilia, Pilu- laria, Isoëtes et Selaginella; l'auteur résume de la manière suivante ce qui a trait au développement, à la constitution et au mode de fonctionnement des spermatozoides. Chez l'/soétes, au moment où apparaissent les premiers linéaments du spermatozoide, la cellule-mére de ce dernier ne renferme qu’un protoplasma brillant, homogène, à peine granuleux, sans nucléus. Chez les Marsilia, Selaginella, Equisetum arvense et Telmateia, Pteris serrulata, Gharacées, etc. , le nucléus n'existe pas davantage au moment de l'apparition des spermato- zoïdes. On peut donc regarder ce fait comme général et l'affirmer plus positi- vement encore que ne l'a fait Schacht, qui, retenu par une interprétation inexacte de quelques phénomènes, avait gardé à cet égard une certaine réserve, Le spermatozoide se forme non daus une vésicule, comme le voulait M. Hofmeister, mais à la surface d'un globule qui représente tout le contenu de la cellule, excepté chez le Marsilia et probablement le Pilularia. Il semble également résulter d'un petit nombre d'observations qu'en général les cils se forment avant le corps, et que celui-ci se forme d'avant en arrière ou, plus brièvement, que le développement du spermatozoide marche à la fois de dehors en dedans et d'avant en arriére. Ce mode de développement a l'avantage de donner la raison de toutes les formes diverses, plus ou moins anomales, que l'on rencontre chez les animalcules; il explique également la présence et la nature dela vésicule. Jusqu'à présent on a donné à cet appendice une signifi- cation morphologique exagérée, et par suite, on a été naturellement amené à lui attribuer une importance qu'il n'a pas dans l'acte de la fécondation. M. Mil- lardet revient à l'ancienne opinion que le travail de Schacht avait fait aban- donner, et d’après laquelle le spermatozoïde des Cryptogames supérieures n'est autre chose qu'un fil spiral constitué par une substance protoplasmique spéciale. Il se forme non par une sorte d'allongement en spirale d'une cellule, mais par différenciation, par découpure, suivant une ligne spirale, du protoplasma de la cellule-mère, L'auteur compare ce phénomène à la manière dont se développent les élatères dans les spores d' Z/quisetum. Ce mode de formation est applicable aux cils aussi bien qu'au corps. Comme il marche d'avant en arriere et de dehors en dedans, les portions antérieures et externes du spermatozoïde sont toujours les plus parfaites. A mesure que le protoplasma se condense ainsi à la surface dela cellule primordiale, le centre de cette REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 111 dernière devient de plus en plus aqueux, et il s'y produit une seule vacuole qui grandit continuellement et dont les parois finissent par arriver en contact avec l'anthérozoide, qui est enroulé tout autour. Si tout le contenu de la cellule est employé à la formation de l'anthérozoide, ce dernier n'offre aucun appen- dice; son extrémité postérieure est seulement le plus souvent renflée et vague- ment dessinée. Dans le cas où une partie seulement du contenu de la cellule est employé à la formation du spermatozoide, celui-ci, au moment où les parois de la vacuole arrivent en contact avec son corps, se différencie dans toute sa longueur de la couche de protoplasm: qui constitue les parois de la vacuole ; celle-ci se trouve entourée d'une sorte de membrane protoplasmique mince, peu ou point adhérente au fil spiral, par conséquent elle est transformée en vésicule. La vésicule n’est donc pas, morphologiquement parlant, une partie essentielle du spermatozoide; elle n'en est que le résidu, qu'un appendice susceptible de manquer complétement, et, quand elle existe, de lui être adhérente ou de s'en détacher. Ces détails suffiraient déjà au lecteur, dit M. Millardet, pour apprécier le peu de solidité de la théorie qu'a proposée M. Roze. Le rôle de la vésicule ne saurait être aussi important que l'a cru cet observateur, puisque cet organe manque trés-souvent aux anthérozoides sortis de leurs cellules-mères, méme chez les Fougères, Rhizocarpées et Lycopodiacées, D'ailleurs quand la vésicule parviendrait jusqu'à la cellule germinative, l'amidon ne pourrait être regardé comme l'élément fécondateur. Il suffit pour cela de réfléchir que les sperma- tozoides de la moitié peut-être des Cryptogaimes (à commencer par les Fucacées), pourvus ou non de vésicule, manquent absolument d'amidon. Dans la deuxieme partie, l'auteur passe rapidement en revue l'évolution tout entière des types principaux de végétaux supérieurs. L'auteur réunit sous le nom d'Hétérosporées les Rhizocarpées et les Sélaginelles. Il compare naturellement le sac embryonnaire des Phanérogames à la macrospore des Cryptogames supérieures et au corpuscule des Gymnospermes, et les sacs polliniques aux microsporanges. ll est à peu prés certain, dit-il, que ces sacs ne sont pas d'origine épidermique et qu'ils sont formés, comme pour les Ophioglossées, par une transformation du parenchyme même de la feuille staminale. La couche moyenne des anthères sert à la dissémination du contenu absolument comme l'anneau du sporange des Fougères. De quelque côté qu'on se tourne, dit en terminant M. Millardet, l'unité de plan dans les Cryptogames et les Phanérogames ressort de la comparaison comme une vérité incontestable, de telle facon qu'il ne semble pas téméraire d'admettre la filiation de ces différentes classes. Entre les Gymnospermes et les Angiospermes la. distance est très-faible et se trouve encore diminuée par le groupe des Gnétacées. Il en est de même des Zepidodendron d'un cóté, des Cycadées et des Coniferes de l'autre. Les Sélaginellées touchent aux Fougères et aux Ophioglossées par les Lycopodices, et notamment par le PAylloglossum; 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aux Équisétacées par le moyen des Lycopodiées d’un côté, des SpAenophyllum etdes Annularia de l'autre. Les Fougéres offrent une transition aux Mousses dans la famille des Hyménophyllées. Les Cryptogames vasculaires, considérés dans la série des terrains, ont subi une marche rétrograde à partir de la période triasique ; il ne reste de la végétation si variée des premières époques que quelques types isolés. Espérons, dit l'auteur, que la paléontologie permettra de réunir les uns aux autres tous les anneaux épars de la chaine organique, et d'asseoir sur une base inébranlable le principe de l'unité de plan, et la doctrine de la filiation des types. Refugium botanicum, or figures and descriptions, from living speci- mens, of little know or new plants of botanical interest (ou figures et des- criptions, faites sur des échantillons vivants, de plantes peu connues ou nouvelles d'un intérêt botanique); édité par M. W. Wilson Saunders ; rédigé par MM. H.-C. Reichenbach, J.-G. Baker et d'autres botanistes. Parts 1-111, 1868-1869. Londres, chez John Van Voorst. Prix de chaque partie, 7 sh. 6 d. (9 fr. 35 c.). M. Saunders nous apprend dans une courte explication insérée sur la cou- verture du premier fascicule de cette importante publication, que l'objet qu'il s'est proposé en l'éditant est de voir décrire et figurer une série de plantes à l'étude et à la culture desquelles il a consacré plusieurs années. Il a eu surtout en vue les plantes charnues en général, et les plantes bulbeuses qui appartiennent aux familles suivantes : Orchidées, Aracées, Broméliacées, Géraniacées. L'in- tention de publier beaucoup d'Orchidées rendait fort précieux le concours de M. Reichenbach. Celui de M. Baker assure que les plantes décrites le seront avec une parfaite connaissance des herbiers et de la littérature botanique. Nous croyons nécessaire de donner ici la liste des planches figurées dans le Refugium botanicum : Part I. — Oxalis melanorrhiza Jacq., Potentilla gariepensis E. Meyer, Rulingia parviflora Endl., Monsonia biflora DC., Pelargonium grossula- roides Ait., Aizoon sarmentosum L. f., Othonna carnosa Less., Goodenia ovata. Smith, Brachystelma ? Arnottii Baker n. sp., Ceropegia multiflora Baker n. sp., tous deux de l'Afrique méridionale, Polygonum capitatum Ha- milt., Peperomia pellucida HBK., P. nummularifolia HBK., Anthurium lanceolatum Kunth, Zomicarpa Riedeliana Schott, Uropetalum Welwit- schii Baker n. sp., U. umbonatum Baker n. sp., Drimia Cooperi Baker n. sp.» D. apertiflora Baker n. sp., tous trois du (Cap, Ornithogalum thyrsoides Jacq., Asparagus scandens Thunb. , Stenomesson suspensum Baker, du Pérou (Fraser), Gladiolus tristis Thunb., Homeria flexuosa Sweet. Part II. — Billardiera cymosa F. Müll., Mahernia chrysantha Planch., Pelargonium rutæfolium Baker n. sp., P. sisonifolium Baker n. sp., tous les deux du Cap, P. fumarioides L'Hérit, , P. hispidum Willd. , Acacia strigosa REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 113 Link, Sedum spectabile Boreau (S. Fabaria Lemaire), du Japon, S. albo- roseum Baker n. sp., du méme pays, S. cordifolium Baker n. sp., Cotyle - don maculata Salm-Dyck, C. rhombifolia Haw., Solanum robustum Wendl., Fleurya æstuans Gaudich., Ewphorbia tetragona Haw., Peperomia magno- liæfolia A. Dietr., P. microphylla WBK., Triteleia aureia Lindl., T. con- spicua Baker n. sp., Albuca fastigiata Dry., A. caudata Jacq. , Phædranassa Carmioli Baker, n. sp., de Costa Rica (Jules Carmiol), Myrsiphyllum falei- forme Kunth, Tradescantia discolor Smith var. concolor Baker. Part HT. — Cotoneaster microphylla Nal., C. thymifolia hort., C. con- gesta Baker, C. buxifolia Wall., C. prostrata Baker, C. rotundifolia Wall., C. Simonsii hort. — Vient ensuite une monographie d'une partie du genre Cotyledon, auquel l'auteur réunit le genre Æcheveria que De Candolle en avait séparé ; les planches et les descriptions de ces Æcheveria sont suivies d'une clef analytique où l’auteur en a condensé les caractères ; elles ont trait à 17 espèces du sous-genve Echeveria, presque toutes du Mexique, dont plu- sieurs sont nouvelles, à la suite desquelles l'auteur indique quelques espèces douteuses, et à une plante nouvelle du Cap, C. Cooperi Baker. Pour par- faire cette monographie, l'auteur a dû sortir de son cadre, et figurer des plantes d'herbier. La plupart des espèces figurées dans le Refugium, en dehors des £'cheve- ria, viennent du Cap et sont dues aux envois que M. Saunders avait recus de M. Thos. Cooper. Les planches sont dues à M. Fitch, et sont faites de maniere à représenter les caractères botaniques essentiels de chaque espèce, dont quel- ques parties sont toujours coloriées. Monographie des Monimiacées; par M. H. Baillon, pp. 289- 344, avec 64 figures dans les textes. Paris, Hachette, 1869. Prix : A fr. Nous ajouterons aux détails que nous avons donnés dans notre précédent numéro, d'apres M. Baillon, sur la classification des Monimiacées, des consi- dérations sur leur histologie et leurs affinités. Au point de vue histologique, leurs organes de végétation présentent une grande uniformité. Les tiges et les rameaux sont cylindriques ou légèrement quadrangulaires. Leur écorce est toujours la portion la plus riche en substances odorantes dans les espéces aromatiques, et bien souvent elle est la seule partie qui en renferme le plus ordinairement, comme dans les Peumus, les Hortonia, certains Mollinedia, et les Athérospermées; l’arome est dû à une matière oléo- éthérée qui est contenue dans le parenchyme cortical. Sa coloration, qui varie du jaune au brun rougeâtre, en fait reconnaître la présence dans un certain nombre de cellules, tantôt minces, tantôt épaissies et criblées de larges perfo- rations. Le bois ordinairement peu résistant des Monimiacées se fait toujours remarquer par le grand nombre, la largeur et la netteté des rayons cellulaires équidistants qui partent. de la moelle. Les faisceaux ligneux ne présentent au- T. XVI. acu) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cun caractère bien spécial. Les axes des Calycanthées sont les seuls à offrir quatre faisceaux fibro-vasculaires corticaux, répondant aux angles de la tige. La couche épidermique porte souvent, aussi bien sur les axes que sur les appendices, des saillies, des rugosités, des poils ou des écailles. Les poils des Calycanthées, en forme d'ongles d'oiseaux, coniques et arqués, se couchent parallèlement à la surface des feuilles, en dirigeant leur sommet vers la pointe de l'organe ; il en résulte que la feuille ne parait rugueuse qu'au doigt qui la frotte de haut en bas. Enfin, quelques Siparuna, notamment les Conuleum, sont couverts de poils écailleux, peltés et rayonnés, tout à fait sem- blables à ceux des Éléagnées. Quant à leurs affinités, les Monimiacées n'ont été rapprochées autrefois des Urticées et notamment des Artocarpées que par les botanistes qui ont confondu le réceptacie floral des Z'ambourissa, Siparuna, et autres genres voisins, avec le réceptacle analogue de forme qui appartient à l'inflorescence totale des Figuiers. Au contraire, il faut chercher les analogues des Monimiacées parmi les Polycarpicæ, qui ont le réceptacle concave et les étamines périgynes, et chez lesquelles ce réceptacle forme autour d'un fruit multiple une enveloppe commune ou induvie. Les Rosées sont surtout dans ce cas ; mais elles diffèrent sensiblement des Monimiacées par la disposition en verticilles des pièces de leur androcée, tandis que ces pièces sont fréquemment insérées dans l'ordre spiral parmi les Polycarpicæ à réceptacle convexe, telles que les Magnoliacées, Anonacées, etc. Les Eupomatiées et les Calycanthées établissent la transition naturelle entre ces dernières et les Monimiacées. Si la plupart des auteurs contemporains ont rejeté le rapprochement des Calycanthées et des Monimia- cées, c'est parce qu'ils ont cru voir une différence dans la signification mor- phologique du sac floral des Calycanthées et de celui des Monimiacées, le pre- mier étant considéré comme un axe, le second comme la portion basilaire d'un calice. Or l'auteur pense avoir établi que ce sac est de nature identique dans les deux groupes; la seule différence qu'il y ait entre eux réside dans la structure intérieure de la graine; différence qui se présente dans beaucoup de familles naturelles sans qu'on puisse fonder sur elle autre chose qu'une division en tribus. Les Gomortega forment un type de transition tout différent. Dans un clas- sement aussi naturel que nous le permettent nos connaissances actuelles, il y aurait lieu de décrire, à la suite des Monimiacées, les Lauracées comme des types à insertion périgynique moins prononcée, quoique incontestable, et à gynécée unicarpellé, comme sont, parmi les Rosacées, les genres de la tribu des Prunées. Quand une Lauracée à feuilles opposées, aromatiques, à récep- tacle en forme de poche, enveloppant totalement le fruit, à étamines valvicides, est observée à l'époque de la maturité de sa graine, elle ne préseute, avec une Monimiacée dont un seul carpelle serait fertile, qu'une seule différence dans la structure de cette graine : l'absence d'un albumen... La série naturelle REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 115 qu'on pourra donc dérouler, quand l'étude aura abaissé les barriéres que l'habitude élève entre les Polypétales et les Apétales. sera celle dont le type le MI yp plus parfait est représenté par les Calycanthus et les Athérospermées herma- phrodites, et qui, passant par les autres Monimiacées, irait finir vers les plus dégradées en organisation des Lauracées à fleurs unisexuées. Walpers, Annales botanices systematieæ ; tomi septimi fasc. 111, auctore C. Müller berolinensi. Lipsiæ, sumptibus Ambrosii Abel, 1869. Ce troisième fascicule est consacré à la révision des familles suivantes : Tamariscinées, Élatinées, Hypéricinées, Guttifères, Ternstræmiacées, Dipté- rocarpées, chlénacées, Malvacées, Sterculiacées, Tiliacées, Linées, Humi- riacées, Malpighiacées et Zygophyllées. Le Genera plantarum de MM. Bentham et Hooker a servi de base à ce travail, pour lequel on a mis à contribution, dans le recensement des espèces, le Prodromus Flore granatensis de MM. Plan chon et Triana, les Diagnoses de M. Boissier, les Fragmenta et autres publi- cations de M. Ferd. Müller, le Chloris andina de M. Weddell, le Catalogus plantarum cubensium de M. Grisebach, etc. On remarque dans la famille des Ternstroemiacées, l'énumération des 576 Camélias figurés dans l'icono- graphie de M. Verschaffelt. Histoire de l’ancien groupe des Térébinthacées: par M. L. Marchand. In-8° de 51 pages avec cinq tableaux synoptiques. Paris, imp. Martinet, 1869. Ce travail continue des études que poursuit l’auteur déjà depuis plusieurs années, et que nous avons déjà signalées (tome xv, Revue, p. 60), au sujet de la famille des Burséracées. L'auteur divise en quatre périodes l'histoire des Térébinthacées. Dans la première période ou ébauche de la famille, les plantes qui la constituent ont été successivement rapprochées les unes des autres ; dans la deuxième, le groupe prend une forme et reçoit un nom. La troisième comprend l'histoire de ses oscillations. Enfin, dans la quatrième, on voit les éléments s'éloigner, se disperser et se perdre. Ce tableau est en général, dit-il, celui de toute la classification, quels que soient les ordres, classes, familles, etc., que l'on considère. À la première époque se rapportent les travaux de Théophraste, Dioscoride, Tragus, Lonicer, Dodonæus, Clusius, Césalpin, Daléchamp, C. Bauhin, Ge- rarde, Parkinson, Pison, J. Bauhin, Chabré, Johnston (Arbores lacrymifercæ), Ray, Tournefort et Linné. Les Térébinthacées se trouvent réparties entre les Amentacées etles Dumosées dans la classification naturelle de Linné (Philosophia botanica). La deuxième période s'ouvre au jardin de Trianon. Dans la classification de 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE BE FRANCE. Jussieu, qui n'est, dit l'auteur, que la classification naturelle de Linné modi- fiée et augmentée d'un ordre, cet ordre (le soixante-cinquième de B. de Jus- sieu) renferme précisément les Térébinthacées. Il est formé du démembrement du dixième ordre de Liuné, d'une partie de son ordre dix-neuvième, d'un genre de ses Tricoccées et de quelques genres empruntés à ses Vage. Pour suivre l'histoire des Térébinthacées, il. faut consulter Adanson, dont la vaste érudition avait pu, tout au contraire de B. de Jussieu, rechercher les noms anciens et les avait préférés; — A.-L. de Jussieu; — B. Brown, qui rejette le genre Averrhoa dans les Oxalidées et propose de faire dans les autres Téré- binthacées d'Antoine-Laurent trois familles distinctes : Cassuviées ou Anacar- diacées, Amyridées, Connaracées ; — A. Richard, qui crée le groupe des Juglandées ; — Kunth, qui incorpore des genres nouveaux, accentue les divi- sions entrevues par de Jussieu, R. Brown et Richard, élimine onze genres, et forme avec ceux qu'il conserve sept familles distinctes : Térébinthacées, Juglandées, Burséracées, Amyridées, Ptéléacées, Connaracées et Spondiacées; — enfin, De Candolle qui rejette la section des Juglandées et recompose avec les autres la famille des Térébinthacées démembrée par les travaux précé- dents. La troisième période a pour caractère d'accroitre considérablement le groupe, à cause de l'indécision avec laquelle De Candolle l'avait défini. Bartling trou- vant dans les Térébinthacées du Prodromus certains types que l'élasticité des limites avait permis d'y conserver, ajouta à ces types un certain nombre de congénères ; les tribus se grossirent et se dédoublèrent ; on eut les Ochnacées, les Simaroubées, les Zanthoxylées, les Diosmées, les Rutacées, les Zygophyl- lées, les Aurantiacées, etc. M. Spach et Endlicher ont à peu prés accepté ces divisions. M. Meissner rejette les Aurantiacées, à l'exemple d'Endlicher, les Rutacées, comme M. Spach, et aussi les Zygophyllées, les Diosmées, les Zan- thoxylées, les Simaroubées et les Ochnacées. Si les Térébinthacées formaient un de ces groupes remarquables par l'affinité et les rapports naturels et réciproques des genres, on pourrait expliquer par là, dit l'auteur, comment il se fait que les plantes qui les composent se trouvent tantót dans un groupe, tantót dans un autre; mais il est loin d'en étre ainsi, et tous ces changements de position tiennent bien plutôt au peu de liaison que les représentants ont entre eux. La décadence des Térébinthacées d'A.-L. de Jussieu ne devait pas s'arréter là; dans cette période, aprés avoir perdu leur autonomie, elles perdent jusqu'à leur nom, de telle sorte que maintenant on ne le prononce que par habitude, et souvent. en l'appliquant à tort à une portion plus ou moins tronquée, et méconnaissable de cet ensemble autrefois si imposant. Lindley, par ses additions et ses intercalations, change tellement la physionomie du groupe qu'il croit devoir remplacer le nom de Térébinthacées par celvi de Rutales. Dans les leçons de Payer, le Genera de MM. Bentham et Hooker, et l'£numération des plantes cultivées au Jardin botanique de la faculté de médecine de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 117 M. Baillon, les diverses familles qui composaient le groupe des Térébintha- cées, libres de toute liaison les unes avec les autres, tantót se rapprochérent, „tantôt s'éloignérent, mais prirent presque toujours une vie indépendante. Les Connaracées ne sont pour certains botanistes que des Rosacées, et le genre Amyris, rapproché des Copaifera, forme pour Lindley une section des Légu- mineuses, ainsi que pour M. Asa Gray. Les tableaux synoptiques placés à la fin du mémoire résument l'histoire des Térébinthacées et démontrent que les Anacardiées seules pourraient à la rigueur conserver ce nom. Révision du groupe des Anaeardiaeées; par M. Léon Mar- chand. In-8° de 193 pages, avec trois planches. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1869. M. Marchand a été assez heureux pour pouvoir analyser lui-méme les 97 genres quiont été, à tort ou à raison, rangés dans les Anacardiacées depuis qu'elles ont été isolées par R. Brown et Kunth. Ce travail lui permit d'abord d'éliminer 32 genres qui ont été rejetés dans les familles voisines. Il en a sup- primé ensuite 39 qui faisaient double emploi. Il est parvenu après l'élimination à établir une caractéristique générale qui devait pour la suite lui servir de me- sure nettement définie. Ce qu'il a fait pour les genres, il a dü le faire pour les espèces ; il en a ainsi supprimé un très-grand nombre; pourtant il croit à cet égard étre resté encore au-dessous de la vérité. Le mémoire de M. Marchand débute par un historique extrait du travail que nous venons d'analyser. Il signale ensuite les genres définitivement exclus de la famille des Anacardiacées, puis il traite successivement de l'organisation des principaux genres de ce groupe et d'un certain nombre de points difficiles qui concernent leurs affinités, Vient ensuite la discussion des caractères du groupe des Anacardiacées. De toute son étude, il ressort que les seuls caractères constants dans leur fleur sont la forme des ovules, l'uniovulation des loges et la direction des an- theres, Toutle reste peut varier, non-seulement d'un genre à l'autre, mais encore dans la méme espèce, voire dans la méme fleur. L'ovule reste toujours le méme, non-seulement dans sa forme, mais encore dans sa disposition. Il présente toujours une irrégularité remarquable. Au début, c'est un nucelle ordinaire dressé; bientôt il s'incline, une secondine apparaît et grandit. Alors, sous forme d’un anneau continu, se montre la primine qui se développe irré- gulierement : deux lèvres se montrent, l'une supérieure, qui s'avance, recouvre l'ovule, puis emportée par le cordon ombilical qui grandit, s'étale sur lui et forme les deux oreillettes latérales. Pendant que l'ovule grandit dans ce sens et s'anatropise, la lèvre inférieure. s'allonge en une languette, sorte d'obtura- teur, et vient au devant de l'ovule; la rencontre a lieu; l'extrémité micropy- laire s'arcboute alors sur la lèvre inférieure, et s'enroule en rentrant dans une 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cavité intérieure qui résulte de l'écartement des deux lèvres de la primine. Chez les Spondias, les ovules seuls sont asymétriques; l'ovaire le devient dans les Rhus, les Pistacia, les Pentaspadon, et toute la série dés Anacar- dium, des Mangifera, des Gluta, etc. L'androcée y participe dans les Ana- cardium. Enfin l'irrégularité est portée à son maximum dans les Zoxostylis, où elle affecte encore la corolle. Les carpelles varient beaucoup en nombre, mais quand des cinq carpelles primitifs on n'en trouve plus qu'un, comme dans les Mangrfera, il faut se rap- peler que dans les Buchanania, il n'en reste qu'un seul fertile sur les cinq primitivement développés, et que, dans les Rhus, un carpelle l'emporte sur les autres par suite de la disposition à l'irrégularité de la fleur. Le réceptacle est et demeure concave dans plusieurs genres; mais dans les Mangifera, Gluta, Anacardium et leurs congéneres, tout change bientót, le réceptacle devient conique, et la fleur passe de la périgynie à l'hypogynie. Dans l’Anacardium, ce sont les étamines qui sont soulevées par cette hypertrophie ; dans certains Mangifera, c'est l'ovaire ; dans les Gluta, on voit l'axe soulever successivement tous les verticilles, laissant leurs piéces éparses à différentes hauteurs. Pour grouper les genres, l'auteur s'appuie sur la considération des caractères, qui sont : 4° absolument constants (nombre des ovules dans chaque loge, leur direction, leur forme et celles des anthéres, polypétalie) ; 2? assez généralement constants (syncarpie du gynécée, gamosépalie, liberté des étamines, position et forme du disque, nature du fruit) ; 3^ variables d'une facon à peu égale daus la somme des genres ; 4° variables d'un genre à l'autre. Les 33 genres qu'il conserve dans le groupe des Anacardiacées prennent place dans neuf tribus : Spondiées, Thyrsodiées, Tapiriées, Sémécarpées, Astroniées, Rhoidées, Pistia- cées, Mangiferées et Buchananiées. Il est trés-difficile de bien nettement définir les affinités d'un groupe tel que celui des Anacardiacées, Cette famille semble ne former qu'un fragment d'un grand ordre, dont les éléments sont dispersés et peut-étre encore en partie inconnus. Par les Buchanania, les Anacardiacées passent aux Gon- naracées ; mais celles-ci ont dans chaque loge deux ovules orthotropes dressés. On a longtemps confondu presque sous le méme nom les Anacardiacées et les Burséracées, mais celles-ci ont des ovaires multiloculaires, et, dans chaque loge, deux ovules collatéraux, descendants, à micropyle tourné en haut et en dehors. Dans les Amyridées, les loges sont encore biovulées et les ovules ont leur mi- cropyle extérieur. On distinguera tout d'abord les Sapindacées à la forme du disque qui se trouve en dehors des étamines. Par le Pistacia, les Anacardiacées touchent aux Juglandées et aux Amentacées, Enfin, il existe évidemment de très-grandes affinités entre les Spondiacées et les Rosacées. M. Marchand énumere ensuite les produits utiles fournis par les Anacar- diées; il expose ensuite quelques détails anatomiques et histologiques, puis il trace le conspectus des genres, des tribus et des espèces d'Anacardiacées. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119 Monographie des Wosaeées: par M.H. Baillon. In-4°, pp. 345-488, avec 153 figures dans les textes. Paris, L. Hachette et Ci‘, 1869. Cette monographie fait suite, dans l Histoire des plantes, à celle des Moni- miacées. L'auteur distingue dans les Rosacées huit groupes, qu'il caractérise de la maniére suivante : IL Rosées. — Ovaires infères ou inclus dans la cavité réceptaculaire. Fruits secs, enveloppés d'une induvie charnue, de nature réceptaculaire. Pas de calicule. Ovaires uniovulés ou biovulés. Ovules descendants, à micropvle extérieur. Feuilles presque toujours composées-pennées. Tige ligneuse. I. Agrimoniées. — Fruits secs, inclus dans une induvie sèche, rarement charnue. Corolle ordinairement nulle. Calicule presque toujours nul. Ovaires uni- ovulés. Ovules descendants, à micropyle extérieur. Tige herbacée ou ligneuse. IH. Fragariées. — Ovaires libres, non inclus dans la cavité du réceptacle. Fruits supères. Ovules solitaires ou géminés, ascendants ou descendants, avec le micropyle extérieur. Tige herbacée ou frutescente. IV. Spirées. — Carpelles non inclus, solitaires ou nombreux Ovules solitaires, géminés ou nombreux. Calicule souvent nul. V. Quillajées. — Carpelles non inclus, ordinairement en méme nombre que les sépales, indépendants ou réunis en un fruit pluriloculaire. Ovules gémi- nés ou nombreux, ascendants ou descendants, à micropyle extérieur. Calicule nul. Tige ligneuse. VI. Pyrées. — Carpelles en totalité ou en grande partie logés dans la cavité réceptaculaire, solitaires ou peu nombreux, en méme nombre au plus que les sépales. Fruit pomacé, ordinairement couronné des restes du calice ou de ses cicatrices. Ovaires presque toujours biovulés. Ovules collatéraux, ascen- dants, à micropvle extérieur et inférieur. Tige ligneuse. VII. Prunées. — Carpelle presque toujours solitaire, libre, non inclus. Style inséré an sommet de l'ovaire. Ovules géminés, collatéraux, descendants, avec le micropyle supérieur et extérieur. Tige ligneuse. Feuilles simples. VIII. Chrysobalanées. — Fleurs souvent asymétriques. Carpelle presque toujours solitaire. Style à insertion gynobasique. Ovules géminés, collatéraux, ascendants avec le micropyle inférieur, tourné du côté de l'insertion du stvle. Tige ligneuse. Feuilles simples. Ainsi constituée, dit M. Baillon, la famille des Rosacées, dont les gentes con- Servés par nous renferment de 900 à 1000 espèces, possède-t-elle des carac- tères communs et absolus? Nous ne le pensons pas. Il prouve en effet que tous les caractères importants y sont. variables. H conclut que les Rosacées peu- vent être considérées comme des Renonculacées périgynes, à feuilles pour- vues de stipules, à embryon dépourvu d'albumen. Sans doute | hypogynie donne au groupe des Renonculacées un caractère général bien distinct, comme aux Rosacées la périgvnie ; mais il ne faut pas oublier que la périgynie s'efface 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en grande partie dans les Stylobasium et dans plusieurs genres du groupe des Fragariées, et que d'un autre cóté, il y a des Renonculacées à insertion lége- rement périgynique, comme les Pivoines; que le Crossosoma, qu'on en fasse une Renonculacée ou un genre de la famille si voisine des Dilléniacées, a un réceptacle franchement concave, et que dans ce méme groupe des Dillénia- cées, il y a un Hibbertia à réceptacle de Potentille, inséparable cependant des autres Æibbertia et placé à un certain moment parmi les Rosacées, sous le nom de Warburtonia. Il y a encore deux familles dont les affinités avec les Rosacées sont tellement étroites, et qui s'en distinguent si peu par un caractere absolu quelconque, qu'on ne peut les en séparer que d'une facon purement conven- tionnelle. Ce sont les Saxifragacées et les Légumineuses. Les Chrysobalanées à ovaire biovulé et inséré sur le cóté de la coupe réceptaculaire deviennent à cet égard tout à fait pareilles à certaines Césalpiniées à insertion excentrique et à gynécée uni ou pauciovulé. A la gousse allongée et sèche des Légumineuses ordinaires se substituent dans certaines Dalbergiées et aussi dans quelques Césalpiniées des fruits courts, monospermes, indéhiscents, drupacés méme dans certains genres, ou de véritables achaines, comme ceux de plusieurs Rosa- cées. Les Connaracées, d'ailleurs, sont aussi bien rattachées par leurs graines et leurs fruits, à certaines Spirées dont elles ont encore toute la fleur, qu'au groupe particulier des Détariées et des Copaiférées, qui sont inséparables des Légumineuses. Et les quelques Mimosées à gynécée pluricarpellé qu'on a décrites présentent, outre une régularité complète de leurs fleurs, ce nombre multiple des éléments du gynécée, qui ne semblait guère compatible, au pre- mier abord, avec l'existence d'un seul carpelle, destiné à devenir la gousse isolée de la plupart des Légumineuses. Les familles auxquelles les Rosacées se rattachent encore, moins directement, il est vrai, sont les suivantes : les Rhamnacées, dont les affinités avec les Pirées ont été reconnues depuis longtemps par un grand nombre d'auteurs : — les Ternstræmiacées et les Legnotidées, dont les Quillajées, comme les Zuphro- nia, Eucryphia, ont plus d'un trait, notamment dans les graines ailées ou com- primées, albuminées, l'ovaire pluriloculaire, la disposition de l'androcée, sur- tout si l'on compare ces genres avec les Bonnétiées, les Anisophyllea, Maca- risia, etc. ; — enfin, les Rutacées et les Simaroubées, dont les Rosacées se rapprochent beaucoup par le curieux genre igiostacays, sans parler des rapports étroits qui unissent aux Biebersteiniées les Neuradées, placées si sou- vent dans la famille des Rosacées. Ces plantes touchent de près aux Calycanthus, que l'auteur a placés dans le groupe des Monimiacées ; un seul caractére les sépare, la disposition spirale dans les Ca/ycanthus des folioles de l'androcée, qui sont groupées par ver- ticilles dans les dernières. Cette monographie termine le premier volume de l Histoire des plantes. Elle est suivie de la table des genres et sous-genres qui v sont contenus. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 124 Iconcs ad floram Europæ novo fundamento instauran- dam spectantes; auctoribus Alexi Jordan et Julio Fourreau. Fasc. 35- ^0, 1868. 1° Deux espèces d' Aéthionema, l'A. saxatile, et l'A. monospermum R. Br. Hort. kew., éd. 2, 1v, 80, trouvé dans l'Ariége. 2° Vingt espèces du groupe du Narcissus Zazetta L., que l’auteur réunit sous la dénomination générique d'ermione Haw., savoir : H. micrantha Jord. et Fourr. Brev. 11, 108, Toulon (Philippe). — H. virginea Jord. et Fourr. ibid. — H. polyantha Lois. (Narcissus panormitanus Parl.), Nice. — H. papyracea Gawl. (N. niveus Lois.), Nice. — H. citrina Haw. — H. flo- ribunda Haw. — H. ganymedoides Jord. et Fourr. Brev. 11, 415, Antibes. — H. discolor Jord. et Fourr. Brev. n, 111, Antibes. — H. insolita Jord. et Fourr. Brev. 11, 114, Antibes. — H. mediterranea Jord. et Fourr. Brev. II, 110, Antibes. — H. monspeliensis Jord. et Fourr. ibid. —- H. pratensis Jord. et Fourr. Brev. 11, 109, Montpellier. — H. Trewiana Haw.— H. for- mosa Jord. et Fourr. Brev. 11, 145. — H. crispicorona Haw. — H. chlo- rotica Jord. et Fourr. Brev. 11, 116, Grasse. — H. Bertolonii Parl., Pise. — À. xanthea Jord. et Fourr. Brev. 11, 116, Grasse. — Z7. aurea Lois. (H. multiflora Haw.), Nice.— H. luteola Jord. et Fourr. Brev. 11, 118 (1). 3° Cinq espèces du groupe del Hyssopus officinalis L. : H. aristatus Godr. Mont-Louis. — 77. cinerascens Jord. ct Fourr. Brev. 11, 92, Aramon (Gard). — À. decumbens Jord. et Fourr. Brev. 1, 96, Néouche (Hautes-Alpes). — H. beugesiacus Jord. et Fourr. Brev. 11, 91, Muzin (Ain). — H. polycladus Jord. et Fourr. rev. 11, 90, Saint-Béat. Ces livraisons terminent le premier volume des /cones, avec une préface et une table alphabétique des espèces. Catalogo razonado de las plantas vasenlares dc Menorca ; par M. D. Juan Joaquim Rodriguez y Femenias. In-12 de xx1v et 116 pages. Mahon, imp. Fabregues fréres, 1865-68. Ce catalogue comprend une introduction, une florule et des additions. Dans l'introduction, l'auteur rappelle les travaux dont a été l'objet la flore de Mi- norque, et examine les caractères de cette flore. Les frères Salvador, dont l'herbier se conserve encore à Barcelone chez leurs descendants, en ont été les premiers explorateurs de 1712 à 1720. Un Catalogus plantarum variarum in insulis Balearicis anno A112 observatarum, de Juan Salvador, existait manu- scrit dans la bibliothèque des Jussieu. Boerhaave, dans son /ndez alter, a publié quelques-unes des plantesde Juan Salvador. On trouve encore quelques renseignements botaniques dans les Observations ou the epidemical diseases (1) Pour les espèces de Loiseleur et de Parlatore, il faut lire sub Narcisso. 122 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. in Minorca de Jorge Cleghorn (1751). Les explorations d'Antoine Richard (1751) ont dû donner lieu à la liste manuscrite dont parle Cambessèdes, et qui se conservait dans la bibliotheque d'Achille Richard. Le Minorquais Juan Cursach, élève de Gouan, publia en 1791, à Mahon, son Zotanicus medicus ad medicine alumnorum. usun. Il faut y ajouter le Specimen animalium, vegetabilium et min«ralium in insula minorcina frequentiorum ad normam Linneani systematis de Juan Ramis, le Memoria sobre dos plantas nuevas descubiertas en Menorca, de Rafaël Hernandez, inséré en 1817 dans les Annales cliniques de l’Académie de Montpellier. Après le voyage et l'œuvre de Cambessedes, qui dut beaucoup à Hernandez, se place un Catalogo por familias de las plantas recogidas en la isla de Menorca, publié en 1859 par M. Rafael Oleo, dans un journal de Valladolid, el Droguero farmaceutico, et un autre travail, qui n'était pas plus que le précédent, parvenu à notre con- naissance, intitulé Apuntes para une flora de las islas Baleares o Catalogo metodico de las plantas observadas en esta region que no se hallan mencio- nadas en el Enumeratio de Cambessedes, et publié en 1867 par M. Fran- cisco Barcelo v Combis dans les numéros 5 et 6 du tome xvir* de la Revista de los progresos de las ciencias. Le catalogue est rédigé suivant l'ordre de De Candolle. L'auteur se borne à y indiquer les localités et les noms vulgaires. Il ne décrit que les espèces ou formes particulièrement intéressantes, et craignant, avec une rare modestie, de signaler de fausses nouveautés, il n'a même pas donné de noms spéciliques aux plantes qu'il croit nouvelles et qu'il fait soigneusement connaître. Nous sommes heureux d'ajouter qu'après avoir examiné l'herbier de M. Cosson, notre confrére M. Rodriguez, ayant reconnu la légitimité de plusieurs de ces espèces, s'est décidé à les publier dans notre Bulletin (séance du 25 juin 1869). Die Lehre von der Gymmnospermie im Pflanzeureiche (La théorie de la gymnospermie dans le régne végétal); par M. Gustave Sperk (Mémoires de l Académie imp. des sciences de Saint-Pétersbourg, VII* série, t. XUI, n° 6; in-4° de 89 pages, avec 7 planches). Saint-Péters- bourg, 1869. Ce travail porte la date du 3 septembre 1868. L'auteur commence par y présenter la longue bibliographie du sujet. Ensuite, il l'étudie au point de vue historique, commençant à Rav, qui distinguait parmi les Conifères les genres Betula et Alnus, comme n'étant pas résineux. Malheureusement la science marche si vite, que cet exposé est devenu incomplet au moment où il est publié. L'auteur expose ensuite ses recherches personnelles, qui concernent les especes suivantes : Larix europea, Cedrus Libani, Pinus Tæda, P. Stro- bus, P. Sabiniana, P. Cembra, P. silvestris, Picea canadensis, P. obovata, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 123 Abies pectinata, Cunninghamia sinensis, Dammara australis, Taxus par- vifolin, T. baccata, Gingko biloba, Dacrydium cupressinum, Cephalotaxus Fortunei, Phyllocladus trichomanoides, Ph. asplenifolia, Podocarpus chi- nensis? Prumnopitys..... Phil., Cupressus Knightiana, C. lusitanica, C. Lindleyi, C. torulosa, C. sempervirens, C. funebris, Widdringtonia cupressoides, Cryptomeria japonica, Chamæcyparis nutkaensis, Callitris quadrivalvis, Juniperus Wittmanniana, J. Hartwissiana, Thuya occiden- talis, Th. tatarica, Ephedra alata, Gnetum latifolium, Cycas revoluta, C. circinalis. L'auteur conclut de ses recherches que le prétendu ovule des Gymno- spermes est un ovaire. Voici dans quels termes il s'exprime à cet égard : 1. Le développement de l'ovule des prétendus Gymnospermes répond par- faitement à celui de l'ovaire et point à celui de l'ovule des Phanérogames ; notamment : l'enveloppe supposée de l'ovule n'a pas le caractère d'une paroi ovulaire véritable ; elle naît de la base de la fleur et non point du nucelle, comme le devrait faire une enveloppe ovulaire véritable; elle se forme de feuilles carpellaires séparées, qui se soudent tót ou tard, cas qui ne se rencontre dans aucune enveloppe d'ovule ou de graine. 2. La prétendue enveloppe ovulaire des Gymnospermes se développe d'une maniere indépendante du nucelle et en reste longtemps séparée par un espace vide assez important, ce qui, fort singulier pour une enveloppe ovulaire, est normal pour une paroi ovarienne. 3. La structure assez simple de l'ovaire des Gymnospermes (qui, d'ailleurs, n'est pas si simple que quelques-uns le croient), n'offre aucune raison de sou- tenir que cet organe soit un ovule; au contraire, elle fait pencher bien plutót pour l'hypothese d'un ovaire, car cette structure. … est en harmonie avec la Structure plus simple des autres parties des Gymnospermes. ^. La structure anatomique de l'enveloppe séminale supposée est trop compliquée pour un tel organe; quand on prend avec les gymnospermistes l'ovaire pour un ovule, le fruit pour une graine, et le péricarpe pour une enveloppe séminale, on fait produire aux Gymnospermes un fait compléte- ment exceptionnel daus le régne végétal, car on ne retrouve nulle part, méme chez les Phanérogames les plus élevées, une organisation aussi développée du testa. 5. La production d'un style et d'un stigmate, qui s'observe chez quelques Conifères, ne peut avoir lieu que sur un ovaire, et jamais sur un ovule. 6. Diverses formations anomales prouvent la nature foliacée de l'ovaire ; dans le cas de soudure de deux organes femelles, on trouve sur la paroi interne une suture, et à la base, deux ovules. 7. La structure, la forme et le développement de l'ovaire des Gymnospermes se répètent chez les Loranthacées, les Amentacées et d'autres familles. 8. L'opinion exprimée par R. Brown et d'autres naturalistes, d’après laquelle 42h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'écaille qui entoure la fleur des Gymnospermes serait un carpelle ouvert, est contredite par tous les résultats de mes recherches. Des classifications et des méthodes en histoire natu- relle; par M. Ch. Contejean (Revue des cours scientifiques, 1869, n° 25). Après avoir établi que la classification d'Adanson est le type des classifica- tions artificielles, et que la gloire d’avoir proclamé le principe de la méthode naturelle revient à A.-L. de Jussieu, l’auteur montre combien, dans une classification naturelle, il est difficile de caractériser les groupes de même ordre, à commencer par ceux qui sont de premier rang. Il emprunte des exemples à chacun des deux règnes organisés. Il prouve en outre facilement que les groupes de dernier ordre admis par les naturalistes, c'est-à-dire les espèces, sont loin d'avoir toujours la méme valeur. Il en résulte, dit-il, queles mots employés pour désigner les groupes et les divisions en histoire naturelle, n'ont pas la signification précise et invariable qu'on leur attribue habituelle- ment, mais représentent seulement des approximations. Il fait en outre remar- quer que la nomenclature usitée, malgré toutes les nuances qu'elle comporte, laisse dans un oubli complet certains groupes de transition intermédiaires, et combien est défectueux le procédé qui consiste à intercaler quand méme dans un groupe ou dans un autre des êtres réellement intermédiaires. Après avoir établi que les étres organisés ne forment pas une série unique, il montre que, cependant, on observe à tous les degrés des séries linéaires plus ou moins éten- dues, plus ou moins complétes. L'ensemble d'un régne se compose de séries et de groupes paralléles, de séries et de groupes isolés et de types isolés. Le probléme est de disposer ces séries, ces groupes et ces types, de manière à se rapprocher autant que possible d'une classification naturelle et irréprochable. La difficulté est compliquée par l'existence des rapports divergents, et par la nature méme de notre esprit, fatalement limité et incapable de tout comprendre, malgré ses aspirations à tout connaitre. Des ferments organisés, de leur origine et du rôle qu'ils sont appelés à jouer dans les phénomènes naturels; par M. J.-E. Duval (Thèse de pharmacie, in-4°, 47 pages, Paris, 1869). L'auteur, dans celles de ses pages qui sont consacrées à la partie botanique du sujet qu'il traite, étudie le Mycoderma Cerevisiæ Desmaz., qu'il préfère appeler M. 4lucosi, puis le M. aceti, le M. vini, le ferment qui produit l'acide lactique et le ferment de l'urine. Il a recueilli des sporules et des fragments végétaux en exposant à l'air libre des lames de verre enduites de glvcérine. Il reconnait, aprés avoir arboré autrefois le drapeau de l'hétérogénie, que l'expé- rience directe démolit de fond en comble l'échafaudage des hétérogénistes. Il est cependant partisan de la transmutation des formes vivantes présentées par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 125 es Cryptogames inférieurs, tout en écrivant qu'il faudrait tracer des bornes à cette transmutation. Il apprécie les idées émises par différents auteurs à cet égard, et pense que M. Trécul a donné aux faits qu'il a constatés une interpré- tation mal fondée. Il a vu bourgeonner, à l'instar de la levüre véritable, des corpuscules recueillis dans l'atmosphére avec les poussiéres flottantes. Un grand nombre de ces corpuscules, qui étaient. d'abord hétéromorphes, prirent peu à peu la forme semi-allongée des levüres, par une métamorphose très-réelle, et cela sans doute sous l'influence physiologique du nouveau milieu où ils étaient forcés de vivre. Deux.ou trois de ces corpuscules ont poussé quelques fila- ments indiquant un commencement de germination. L'auteur a placé des fragments de Palmella cruenta dans une goutte d'eau sucrée, La matière d'un vert tendre du Palmella fut bientôt remplacée par un pigment jaunâtre. Le quatrième jour, trois cellules de Palmella, à parois plus minces, étaient remplies de sphérules très-bien organisées. Le sixième, plusieurs cellules-mères étaient crevées, et dans le liquide environnant se trou- vait un amas de cellules identiques avec celles de lalevüre de bière. Il se déve- loppa dans un petit ballon où la méme expérience était faite plus en grand une quantité trés-appréciable d'acide carbonique ; ou trouva dans le dépót de ce ballon des milliers de cellules se tenant par bourgeonnement. L'auteur pense que les granulations renfermées dans les cellules végétales non brisées sont susceptibles de s'accroitre et de devenir, aprés modifications, des ferments actifs. Il fait remarquer encore quele M ycoderma vini et le Mycoderma aceti sont des ferments d'une nature bien singulière, et qu'ils en méritent à peine le nom, puisqu'ils provoquent la combustion, tandis quela levüre de bière dédouble seulement la matière sucrée. Recherches chimiques sur l'huile essenticlle et le prin- cipe toxique de la racine du Cicula virosa; par M. A.-H. van Ankum (Thèse pour le doctorat ès sciences naturelles; reproduite en extrait dans les Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, tome 111, 5° livraison, pp. 394-400). La Cicutène (c'est le nom que l'auteur donne à l'huile) dissout le soufre, le phosphore et l'huile, comme le fait l'huile de térébenthine. La recherche du pouvoir rotatoire apprend qu'une longueur de 20 centimètres de Cicutène imprime au rayon polarisé, pour la teinte de passage, une rotation à droite égale à celle qu'exerce une lame de quartz épaisse de 1",42. Les traités de chimie indiquent la présence d'un alcaloïde volatil (cicutine) dans la racine du Cicuta virosa, mais ils n'apprennent rien touchant les pro- priétés de cette substance. L'auteur a été d'abord conduit à cette premiére conclusion, qu'il n'existe aucun alcaloide volatil dans la racine du Cicuta virosa. Il a essayé ensuite d'en retirer des extraits alcoolique et éthéré. Il a vainement 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. employé dans ce but diverses méthodes. Il se trouve hors d'état de se pronon- cer sur la nature du principe toxique. Il fait observer seulement qu'il y a peu d'espoir d'obtenir ce dernier parfaitement. pur, vu qu'il ressort clairement de toutes les manipulations auxquelles out été soumises les masses résineuses renfermant la substance toxique, que celle-ci, aussi bien que les matières qui l'accompagnent encore, possède un caractère prononcé d’indifférence chimique. Catalogue of the Ferns and their allies cultivated iu the Royal Gardens of Kew (Catalogue des Fougères et plantes voi- sines cultivées au Jardin royal de Kew); préparé par M. J.-G. Baker. In-8° de 31 pages. 1868. La dernière publication de M. J. Smith, relative aux Fougères cultivées, était concue à un point de vue général et comprenait des diagnoses génériques, une énumération méthodique et des figures qui en élevaient le prix. Le cata- logue de M. Baker, dont tous les botanistes apprécieront l'utilité, est concu à un point de vne trés-pratique. Il est disposé sur deux colonnes. La premiere comprend l'énurmération des plantes dressée suivant l'ordre alphabétique des genres et des espèces, suivie de l'indication d'origine. L'autre est blanche et destinée aux additions. Les Fougeres sont dans ce catalogue au nombre de 802; les Lycopodiacées et autres y comptent 48 espèces. Dans le précédent cata- logue du Jardin de Kew, publié en 1856, les Fougères n'étaient qu'au nombre 50^. Le résultat accuse l'infatigable persévérance des botanistes qui dirigent depuis longtempsle Jardin de Kew, et aussi la puissance des moyens d'action dont ils disposent. Quelques remarques sur Fanaiomic comparée des plantes, à Poccasion de deux mémoires de M. Van Tieghein ; par M. Trécul (Comptes rendus, 1869, t. LXVIII, pp. 544- 522, 572-580). M. Trécul est très-sévère pour le jeune lauréat de l’Académie, précisément au sujet du mémoire couronné (1), comme au sujet d'un mémoire présenté plus récemment à ce corps savant par M. Van Tieghem, sur la symétrie de structure des végétaux (2). Dans le second mémoire, ce botaniste, d’après M. Trécul, s’est laissé entrai- ner à la suite d'études incomplètes, et en négligeant des faits bien constatés, à des déductions que la science ne saurait admettre. Les racines des végétaux vasculaires n'ont pas toutes l’organisation fondamentale que leur attribue M. Van Tieghem, parce qu'il en est qui ne possèdent qu'un seul faisceau vas- (4) Voyez plus haut, p. 50. (2) Voyez plus haut, p. 43. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 culaire central (racine primaire et premières racines adventives des Nuphar, Nymphæea, Victoria, etc.), et d'autres qui n'ont méme pas du tout de vais- seaux (//lodea). Dans une trés-grande quantité d'espèces, le nombre des fais- ceaux de la racine n'est pas déterminé. Les racines secondaires n'ont pas nécessairement la même organisation que la racine principale ; en tous cas, le nombre de leurs faisceaux est proportionné à leur diamètre, Il. n'est pas non plus exact de dire que les racines normales et les racines adventives d'une méme plante aient toujours la méme structure. Il n'est pas davantage conforme à la vérité de prétendre que les jeunes racines aient, dans tous les végétaux vasculaires, deux sortes de faisceaux, les uns exclusivement libériens, les autres exclusivement vasculaires. — M. Van Tieghem croit pouvoir établir pour la tige des principes aussi exclusifs que pour la racine. Il v a de nom- breuses exceptions à la double loi de composition et d'arrangement qu'il admet, notamment dans les Nymphéacées. M. Trécul ajoute quelques détails sur la constitution anatomique du pétiole des Fougères (1). Suivant M. Van Tieghem, la feuille n'a ses faisceaux orientés symétrique- ment que par rapport au plan qui contient l'axe de symétrie de la tige. Il veut retrouver cette. symétrie méme dans les pétioles cylindriques. Pourtant, dans maints pétioles, les faisceaux sont orientés symétriquement par rapport une ligne axile, tout aussi parfaitement que les faisceaux des tiges les plus régu- lièrement cyiindracées. Si les faisceaux de la feuille ont la méme constitution que ceux de la tige, ce que M. Van Tieghem reconnait ; si, d'un autre cóté, ils peuvent avoir la méme orientation, comment cet auteur peut-il distinguer par Cette orientation ce qui, dans le pistil, est de nature axile ou appendiculaire ? Il exige, pour caractériser l'axe, des faisceaux tous semblables, rangés en cercle autour d'une moelle homogène. Cette disposition ne convient pas au système axile de la plupart des Monocotylédones, non plus qu'à un certain nombre de Dicotylédones, telles que les Nymphéacées, les Pipéracées, quelques Araliacées, quin'ont pas de moelle homogène, ni aux plantes dontles rameaux sont déprimés. M. Trécul reproche ensuite au méme auteur de ne prouver dans certains Cas la constitution du pistil (formé toujours de feuilles carpellaires produisant les ovules sur leurs bords) qu'en vertu d'une pétition de principe, notamment pour ce qui concerne les Primulacées. chez lesquelles rien absolument ne rappelle qu'il existe dix feuilles au sommet du placenta. Il s'appuie principalement, pour battre en brèche la théorie défendue par M. Van Tieghem, sur la couche fibreuse continue qui existe tout autour de l'o- vaire des Prismatocarpus, qu'il avait décrite il a plus de vingt-cinq ans, et que (1) M. Bert a réclamé avec raison la priorité, relativement à l'observation des trachées dans les Fougéres (Comptes rendus, p. 620), sur M. Mettenius et sur M. Trécul, comme cela a été fait pour lui à l'égard. de travaux de M. Bergeron et de M. Frémineau. Mais i' faut se reporter, sur cette question, à un récent mémoire de M. Duval-Jouve, et ne pas Oublier que dés 1856, M. Fée a signalé une couche de trachées dans la fronde du ScAaj[- neria. 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Van Tieghem n'a pas méme mentionnée ; ainsi que sur les ovules des Nym- phéacées et du Butomus, qui sont dispersés à la surface de la paroi interne des loges, et qu'il est impossible de faire dériver des bords de chaque feuille ovarienne. D'ailleurs, dit en terminant M. Trécul, les ovules étant les analogues de bourgeons rudimentaires, il ne semble pas logique de les faire naitre des bords de simples organes appendiculaires ou feuilles, dans le sens rigoureux qu'on attache ordinairement à ces mots. Donc, ou les carpelles sont formés de modifications de la tige, ou chaque feuille carpellaire est accompaguée d'un prolongement de l'axe constituant le placenta, comme l'admettait M. Aug. de Saint-Hilaire; ou bien il faut renoncer à établir une délimitation tranchée entre ce qu'on nomme les appendices et les axes. C'est cette derniere opinion qui me parait la plus rationnelle. Observations sur les Calamites et les Asterophyllites ; par M. Grand'Eury (/hid., pp. 705-709). M. Grand’Eury a observé les Calamites debout dans le terrain houiller de la Loire ; il a constaté qu'il existe fréquemment dans l'intérieur de leurs tiges des cloisons plus ou moins entières. Il signale encore après M. Petzholdt un épi- derme interne de nature cellulaire, qui reste en rapport avec les cloisons et forme avec elles un seul et méme systéme qui semble rejoindre l'écorce con- tractée au niveau des articulations par des sortes de dentelures intérieures. Il existe aussi entre cet épiderme et l’enveloppeextérieureune zone mince, dépour- vue de structure, qui a été occupée par du tissu détruit, et qui pourrait bien représenter le cercle des lacunes essentielles des Z'quisetum. Les Calamites étaient privées de feuilles aussi bien que de gaines ; ces principaux traits d'or- ganisation qu'elles ont de commun avec les Préles sont associés avec des carac- teres de végétation souterraine si identifiables encore avec ceux des mémes plantes vivantes, qu'il est à croire qu'elles forment un genre éteint dela famille des Équisétacées. Elles émettaient en effet à leurs articulations de minces rhi- zomes tracants qui, après s'étre allongés de 0,50 à 1 mètre, se renflent tout à coup en se relevant en tiges ascendantes; à l'origine des tiges et des rhizomes, les articulations sont plus rapprochées. L'auteur croit avoir des données suffisantes pour établir que la plupart des Asterophyllites sont des rameaux non pas de Calamites, mais d'autres tiges que leurs caractères éloignent même beaucoup des précédentes, et auxquelles il donne le nom de Calamophyllites. Les rameaux qu'il a vus sortir des vrais Calamites en ont exactement tous les caracteres essentiels, sans feuilles ni cica- trices foliaires, tandis que les tiges entourées et surmontées de rameaux d'As- terophyllites ressemblent en tout point à ceux-ci, ont des feuilles ou des cicatrices, et ne présentent plus en général qu'une vague et lointaine ressem- blance avec les Calamites. L'Hippurites longifolia Lindl. est un bel exemple REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 129 complet de tiges foliifères d’ Asterophyllites, et le Calamites Geppert id Ettingh. un autre de tiges du méme genre dépouillées de leurs feuilles. Anatomie comparée de la ficur femelle et du fruit des Cycadées, des Coniféres et des Gnétaeées; par M. Van Tieghem (/bid., pp. 830-834, 870-874). Dans son mémoire couronné par l'Académie, l'auteur avait dû passer sous silence l'organisation florale des Gymnospermes ; il comble aujourd'hui cette lacune ; il s'appuie sur le critérium qu'il a établi dans ses travaux antérieurs pour déterminer si les corps reproducteurs de ces plantes sont portés par une feuille ou par un rameau. L'organe femelle des Cycadées est, d'après le mode d'origine et la disposition arciforme de ses faisceaux, une feuille et non un rameau ; par suite, les corps reproducteurs qu'il porte sont des ovules et non des pistils. Les Cvcadées sont donc véritablement gymnospermes ; et ce sont les feuilles modifiées nées directement de l'axe du bourgeon femelle qui déve- loppent les ovules sur leurs bords en constituant chacune une sorte de carpelle ouvert. Relativement aux Coniféres, l'auteur établit par des détails anato- miques, et surtout par la situation relative qu'occupent les trachées dans les divers faisceaux de leur appareil reproducteur, que la production ovulifère des Abiétinées possede la structure, l'orientation et le mode d'insertion qui con- viennent à la premiere feuille du rameau axillaire arrété dans son développement ultérieur, Cette première feuille porte les ovules sur sa face dorsale : elle con- stitue un carpelle ouvert, et l'on comprend bien qu'elle ne se ferme pas, puis- qu'en se repliant à la maniere des carpelles ordinaires des Phanérogames, elle n'envelopperait pas les ovules qui n’en demeureraient pas moins à nu sur sa face dorsale ; l'occlusion de la feuille serait sans but, elle ne se fait pas. — Chez les Sequoia et Arthrotaxis, l'écaille du cône est double, formée de feuilles inverses réunies par leurs faces semblables, et c'est de la feuille supé- rieure que partent les branches vasculaires, qui se dirigent en arrière pour se rendre aux ovules. — Dans la plupart des Cupressinées, la région de la feuille ovulifére inférieure aux ovules, qui déjà dans les Sequoia et Arthrotaxis s'allongeait moins que chez les Pins, ce qui redressait à demi les corps repro- ducteurs, ne se développe que fort peu ou pas du tout, de sorte que les ovules Sont portés par la base méme de la feuille, et par conséquent dressés ; voilà toute a différence. Si l'on réunit le parenchyme de la feuille séminifère des Pins avec celui de la bractée-mère, puis que par la pensée on fasse rentrer le tout Jusqu'à l'insertion. des ovules, que ce mouvement redressera, on obtiendra l'organisation ovale des Cupressinées, en passant par celle des Sequoia, qui forment ainsi lelien naturel entre les deux groupes. L'allongement de l'appen- dice ovulifére, qui, dans les Abiétinées, se fait à la fois au-dessus et au-dessous des ovules, et qui, dans les Cupressinées, ne se fait qu'au-dessus, ne se produit dans le Gingko qu'au-dessous, d'ou il résulte que les ovules v termiuent la T. XVI. (REVUE) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. euille. Il arrive encore que cet allongement ne s'opère sensiblement n dans un sens ni dans l'autre. Alors l'ovule termine la feuille, et cette feuille est fort courte ; il représente à lui seul la première feuille du rameau axillaire presque tout entière ; en d'autres termes, le carpelle, tout en conservant dans son sys- tème vasculaire l'origine, l'orientation et la structure qui lui sont propres, est réduit à sa portion ovulaire : c'est ce qui a lieu dans les Podocarpus et dans les Dacrydium. Les Taxinées constituent un groupe où la fleur femelle est formée par la première et unique feuille du rameau de troisième génération. En résumé, dans les Conifères, toujours les ovules sont nus, mais ce n'est jamais la bractée insérée sur l'axe du bourgeon femelle, ou bractée de premier ordre, qui les porte ; ils se trouvent toujours sur la face dorsale de la première et unique feuille d'un rameau axillaire, le plus souvent de seconde, mais quelquefois aussi de troisième et de quatrième génération. Cette feuille, qui est toujours inverse, c'est-à-dire diamétralement opposée à la bractée-mère sur le rameau, produit les ovules tantôt à sa base, tantôt en son milieu, tantôt à son sommet; Lan- tôt méme elle se transforme tout entière en un seul ou en deux ovules. Pour les Gnétacées, encore gymnospermes quant à la fécondation, puisque le rapport de l'ovule et du polleu y est direct, mais déjà angiospermes quant à la formation de la graine, puisque l'ovule fécondé v subit ses transformations à l'intérieur d'une cavité close formée par le reploiement de la feuille sur laquelle il s'insère et dont il dépend, ces transformations se sont arrêtées à mi- chemin dans la voie du perfectionnement organique ; elles forment l'anneau qui réunit les Coniféres et les Cycadées aux autres Phanérogames. Recherches sur le rôle du latex dans le Mûrier blanc ; par M. E. Faivre (/bid., pp. 767-770). Le latex n'est pas un produit transitoire de l'organisme. Chez le Mûrier, on le trouve à toutes les époques de l'année dans les tiges, les racines et les ra- meaux. Le développement des bourgeons coincide dans les boutures avec une diminution du latex. Il en est de même au printemps, lors du développement du rameau. Quand on a fait des boutures, dont certains bourgeons sont cir- conscrits par une ablation circulaire de l'écorce, on remarque que ces bour- geons ne donnent aucun signe de végétation ; les autres végètent d'autant mieux que la zone corticale est plus étendue à leur base. Le latex parait donc intef- venir comme renfermant des principes utiles à l'assimilation. Les réactifs ont démontré, dans le latex du Mûrier, du sucre, des matières atbumiaeuses et des matières grasses. L'auteur se croit autorisé à penser, d’après quelques expé- riences, que ce latex est produit par les feuilles. Si Pon coupe le pétiole d'une feuille d'un jeune bourgeon, le suc s'écoule incolore du côté central de la section, coloré et riche en globules du côté périphérique. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 134 Note sur la structure générale des végétaux ; par M. Les- tiboudois (/bid., pp. 845-852). Cette note a été motivée, comme le précédent travail de M. Trécul, par les mémoires de M. Van Tieghem. M. Testiboudois rectifie d'abord une citation inexacte de ce dernier auteur qui le concernait. Ensuite, il présente des con- sidérations générales d'histologie pour élucider la nature controversée de cer- tains ovaires. Nous y remarquons des données trés-généralement admises et d'autres qui le sont moins. M. Lestiboudois comprend sous le nom de phylles tous les organes appendiculaires, et avec eux les ovules, dont le podosperme est le pétiole, le testa, le limbe devenu cuculliforme, et dont l'amande est le parenchyme ; quant au tegmen, c'est un appendice du limbe foliaire, analogue à celui qui entoure la glande située à la base des pétales de certaines Renon- cules, Les phylles ovulaires peuvent demeurer séparés des carpelles : tantôt alors ils restent distincts les uns des autres, tantót ils confondent leurs supports pour former un assemblage central (Primulacées), mais jamais un axe réel; tantôt ils s'unissent aux carpelles, soit seulement avec leur sommet (placentation axile), soit avec leurs bords (placentation pariétale), soit à toute la partie des carpelles qui constitue les cloisons (Nyinphcæa), ou même à toute leur surface intérieure (Butomées, Flacourtianées). Quand la déhiscence sépare les valves du fruit de leurs bords, comme dans les Crucifères, les phylles sont dits atta- chés à un trophosperme intervalvaire. Ainsi ce qu'on appelle axe du fruit, dans le cas ordinaire, est l'union de phylles ovulaires, isolés des phylles carpellaires, ou entrainant avec eux les bords de ces derniers. D'aprés ces considératious ei d'autres que l'espace nous empéche de repro- duire, il semble à l'auteur naturel d'admettre, avec le plus grand nombre des botanistes, que la tige finit et la fleur commence là où l’on peut distinguer l'une des cinq spires florales, celle des spires ovulaires particulièrement. S'il est des fleurs dont le calice, en entraînant les sépales et les étamines, va former un corps indivis avec les carpelles, elles n'ont pas pour cela l'ovaire renfermé dans la tige ; ce sont, selon l'expression de Tournefort, des fleurs dont le calice devient fruit, ou, pour parler plus exactement, dont le calice se confond avec les sépales, les étamines, et enfin avec le fruit. Si la paroi commune ne con- lient pas un nombre de faisceaux suffisant pour fournir aux spires florales qui se succèdent, c'est que les faisceaux de ces spires, bien qu'ayant abandonné la disposition cyclaire, ne sont pas encore séparés. Si enfin elle produit quelque- fois des expansions foliacées, cette. production est accidentelle, comme celles qui doublent les pétales, transforment et multiplient les étamines. Observations anatomiques et physiologiques sur la moelle des plantes ligneuses; par M. A. Gris (/^/d. , pp. 874- 871). M. Gris a étudié la moelle sur 200 espèces appartenant à 130 genres et à 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 40 familles. Il a constaté que ce tissu demeure fréquemment tout entier frais et vivant bien au delà de la première année. Dans beaucoup de végétaux, la moelle est sensiblement uniforme et peut être dite homogène ; c'est là pour M. Gris la moelle-type. Il existe bien aussi une moelle hétérogène ; on passe du premier type, qui est normal, à celui-ci, par des transitions insensibles. La moelle hétérogène peut présenter diverses modifications et être dite mêlée, réticulée, diaphragmatique et hétérogène proprement dite. Dans la moelle mêlée, il v a un véritable mélange de cellules actives et de cellules inertes (Néflier, Sorbier, Aubépine, Pommier, Amorpha). La moelle réticulée pré- sente un étui de cellules actives et des files de semblables utricules reliées entre elles et avec l'étui par des branches anastomotiques ; les intervalles de cet élé- gant réseau sont occupés par de grandes cellules à parois minces, aérifères et cristallines (Ledum, Rosiers, Cladothamnus, Zenobia, Andromeda, Clethra). Les diaphragmes médullaires sont formés de cellules à parois ténues, apparte- nant à la région centrale et inerte du cylindre médullaire, qui est alors divisé en un grand nombre de chambres superposées ; ailleurs, ils se présentent dans la région centrale inerte et continue de la moelle. De ces modes de structure, on passe à d'autres formes où la moelle perd de plus en plus de son importance physiologique ; finalement, la région centrale inerte peut se résorber plus ou moins complétement, et ne plus laisser que quelques traces de son exis- tence antérieure. Dans tous ces cas, l'étui extérieur des cellules actives ne manque jamais. Dans la région des nœuds, la structure de la moelle varie suivant les es- sences : Le tissu médullaire qui se trouve à la base des bourgeons se présente tou- jours avec les signes évidents d'une vitalité très-active ; il parait continu et essentiellement formé de cellules munies d'un nucléus et de matières protéiques et hydrocarbonées. La moelle peut, par la constance de sa structure, servir à caractériser des familles ; cette méme structure, paraissant constante dans chacune des espèces d'un genre vraiment naturel, peut servir à distinguer ces genres et à décider de la valeur de certains groupes discutés et fondés sur l'organisation florale seule. Sur la structure des feuilles des Monocotylédones ; par M. Van Tieghem (/bid., pp. 981-984). M. Van Tieghem fait dans cette note une réponse aux objections de M. Les- tiboudois, Il cite de nombreux passages de cet auteur, et soutient que d'apres lui les feuilles des Monocotylédones n'auraient pas de vrai faisceau médian. En tout cas, M. Lestiboudois maintenant qu'il n'existe pas de nervure médiane dans leurs cotylédons, M. Van Tieghem cherche à prouver par de nombreux exemples que cette opinion est erronée ; que dans les Graminées, M. Lesti- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 153 boudois a pris pour le cotylédon tout entier l'organe bivervié qui n'en est qu'une partie ; que chez les Monocotylédones, aussi bien que chez les Dicotylédones, le cotylédon reçoit en général, comme toutes les autres feuilles, un nombre impair de faisceaux. Quant à la seconde partie de la communication de M. Lestiboudois, où il expose la manière dont il conçoit la structure du pistil et la nature des ovules, M. Van Tieghem laisse aux anatomistes le soin de l'apprécier. Note sur la structure des végétaux: par M. Th. Lestiboudois (Ibid. , pp. 1024-1027). M. Lestiboudois rectifie à son tour les citations que M. Van Tieghem avait faites dans sa note précédente de divers passages de ses écrits, et montre que les exemples cités par lui n'ont pas été infirmés, que les feuilles primordiales des Monocotylédones (celles qui suivent immédiatement le cotylédon), ont les nervures tantôt en nombre pair, tantôt en nombre impair. I ajoute qu'il pense avoir le premier, en 1839 (Etudes anatomiques, Société de Lille), montré que les dispositions des feuilles dépendent de la disposition des faisceaux fibro- vasculaires des tiges, que toutes les expansions phyllaires ont la méme origine, présentent la méme symétrie, et sont conséquemment analogues au point de vue anatomique. Il répond à M. Van Tieghem qu'en assimilant les ovules à des phylles, il a raisonné non par hypothèse, mais par analogie, et que sa ma- nière de considérer les ovules permet d'expliquer plus facilement les diverses structures du fruit. Remarques sur la position des trachées dans les Fou- gères; par M. Trécul (/óid., pp. 1437-1444). Les faisceaux simples ou associés des Fougères sont composés essentiellement d'un groupe vasculaire central et d'un. tissu périphérique. En dedans de ce tissu se trouve celui qui, dans les Phanérogames, a été nommé tissu cribreux, tissu conducteur. Celui-ci est formé de deux sortes de cellules, les unes étroites, oblongues, les autres qui ue different pas des fibres du liber. Dans l Angio- Pteris evecta, les faisceaux du pétiole forment cing séries concentriques, qui toutes ont leurs trachées placées du cóté interne de l'organe ; tout à fait au. centre est une lacune à gomme. Ces faisceaux, dans un grand nombre de Fougères, sont disposés suivant un arc plus ou moins profond; à chaque extrémité de l'arc, vers la face interne ou supérieure du pétiole, est un faisceau muni d'un ou de deux crochets, ouverts en dedans, formés par les plus petits vaisseaux rayés ou ponctués. C'est dans ces crochets et vers leur base que se trouvent les vaisseaux annelés et les trachées. Il est méme quantité de ces plantes dont le pétiole ne possède, vers la base, que ces deux faisceaux à crochets, qui S'unissent quelquefois en V par la soudure de leurs crochets. Les Asplenium Adiantum nigrum, Ceterach officinarum, Scolopendrium officinale, ete., 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. possèdent dans leur pétiole deux faisceaux, dont chaque groupe vasculaire est toujours arqué, e! qui s'unissent par le milieu de leur convexité, en don- nant naissance à un X. En montant dans le rachis, les branches dorsales de l’X se raccourcissent et disparaissent, produisant ainsi des figures un peu différentes suivant les espèces. Les Nephrolepis produisent des stolons à structure radiciforme, ayant au centre les plus gros vaisseaux, mélés à des cellules étroites, et, à la périphérie, de quatre à huit groupes de petits vais- seaux rayés, annelés et trachéens. Par- dessus ce système vasculaire est le tissu cribreux. Structure de la fleur des Graminées; par M. Bidard (Zbid., pp. 1486-1488). Le chimiste de Rouen établit dans cette note que les glumellules existent dans toutes les Graminées, que ce sont des glandes qui servent à l'alimentation des filets staminaux, que le pollen des Graminées n'émet point de tube polli- nique, et que, lorsque ce pollen tombe sur le stigmate, les tubes stigmatiques effilés le perforent et en pompent la fovilla pour la transmettre à l'ovaire; que si les étamines sont expulsées après la fécondation, c'est pour laisser de la place au développement du fruit. M. Bidard ajoute que l'hybridation naturelle des Graminées est impossible, à cause de l'occlusion de l'espace où a lieu la fécondation avant l’anthèse. Fragments d'études sur les époques d'assimilation des principaux éléments dont les plantes se composent: par M. Isidore Pierre (/bid., pp. 1526-1532). M. Pierre établit par un grand nombre de pesées faites à différentes époques et à l'état complet de dessiccation, qu'à la fin de la floraison, le Blé a déjà presque complétement acquis les substances minérales qu'il doit contenir plus tard à l'époque de sa maturité. Par conséquent, à partir de la floraison, toute addition d'engrais doit étre au moins intempestive. Pour le Colza, comme pour le Blé, il trouve dans la plante, complétement défleurie, la presque totalité de la matière organique, et la totalité de l'azote et des substances minérales. H résulte de ces faits, qu'il n'est pas nécessaire qu'une récolte soit parvenue à maturité pour qu'elle ait produit sur le sol son effet épuisant. Il ressort cepen- dant des données numériques de l’auteur que la matière carbonée n'a pas encore atteint sa limite d’accroissement quand la provision de matières miné- rables semble déjà complète. Excursions aux environs de Valtornenche ; par M. G. Car- rel (Bulletino del club alpino italiano, 1868, n° 12, p. 4, avec une carte et six vues). M. le chanoine G. Carrel donne les indications suivantes sur les excursions REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 qu'on peut faire aux trois sommités principales d’où naît la vallée de Valtor- nenche (Piémont), à Châtillon, à Valtornenche et à Breil. Le botaniste trouve, de Châtillon à Torgnon, A/yssum: argenteum et Thymus vulgaris, qui se ren- contrent surtout sur la serpentine, puis les Orchis militaris, Cephalanthera rubra, Orobanche Salvie, Adiantum Cayillus Veneris, etc.; près de Fierva : Tulipa silvestris, Pulmonaria azurea, Nepeta Nepetella ; de Valtornenche à Busserailles (1642) : Gentiana vernalis, G. acaulis, Paradisia Lilias- trum, Primula Auricula, Gnaphalium Leontopodium, etc. A Pérère, la val- lée s'élargit et l'on a devant soi la pyramide du mont Cervin ; il se montre alors une végétation très-variée : Lilium bulbiferum, L. Martagon, Aspho- delus albus, Dentaria digitata, Senecio abrotanifolius, Bulbocodium vernum, Pedicularis incarnata, P. versicolor, Erica Tetralir, etc. Dans les environs de Breil, M. Schleicher a trouvé : Surifraga muscoides, Cheiranthus alpinus, Valeriana celtica, Phyteuma Scheuchzert, Avena versicolor, Sempervivum globiferum? etc. M. J. Ball mentionne encore : Silene vallesia, Trifolium sa- zatile, Potentilla norvegica et nivea. Au col de Saint-Théodule (33327), là où ont été faites les observations météorologiques de Saussure, et, il y a quel- ques années, celles de M. Dollfus, M. l'abbé Rüden, curé de Zermatt, a trouvé : Aretia glacialis, Artemisia spicata, Avena subspicata, Iberis cepæ- folia, Ranunculus glacialis v. holicorus, Thlaspi rotundifolium, Saxifraga exarata var. compacta, S. oppositifolia, S. striata, etc. Beobachtungen an westfälischen Orchideen (Recherches sur les Orchidées de Westphalie); par M. Hermann Müller de Lippstadt (Verhandlungen ders naturhistorischen Vereins der preussischen Rhein- lander und Westphalens, 4868, 1"° partie, pp. 1-62, avec 2 planches). L'auteur traite dans ce mémoire un grand nombre de points physiologiques, qui sont les suivants : 19 Sur la fécondation du Cypripedilon Calceolus. — Plusieurs insectes en visitent les fleurs, notamment les Andrena tibialis et A. fulvierus. Ils entrent par le large orifice du labelle, qui est situé vers le centre de la fleur, mais n'en peuvent ressortir à cause du renversement des deux bords de ce labelle, qui se recourbent de dehors en dedans. Ils sont obligés de se frayer un chemin vers la partie antérieure de cet organe, et ne peuvent ressortir que par deux petites ouvertures qui se trouvent entre les anthères et le staminode ; ils pas- sent ainsi d'abord à proximité de l'orifice stigmatique, puis sous les anthères, et ils ressortent enduits de pollen ; ils vont le transporter ensuite dans une autre fleur. 2^ Sur l'Epipactis viridiflora Rehb. et E. microphylla Se. — L'auteur s'oc- cupe de la direction de la fleur et du mode de fécondation chez ces deux types, qui, suivant lui, appartiennent à la méme espèce. Il reconnait qu'ils se distin- guent tous deux essentiellement de VÆ. latifolia. Tandis que VE. latifolia 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n'est jamais fécondé par ses propres masses polliniques, qui sont entroinées de fleur en fleur par les insectes, ainsi que celles de VE. palustris, VE. micro- phylla n’a pas recours à un secours étranger; cependant une petite partie de son pollen peut étre entrainée par les insecies. A plus forte raison en est-il de méme de l’ E. viridiflora, qui a perdu l'extrémité antérieure du rostellum. Il est à noter que la cause de cette différence physiologique réside uniquement en ce que la situation du stigmate varie un peu relativement à celle de l'an- there. Cette circonstance conduit l'auteur à développer dans un paragraphe spécial l'idée suivante, qui fait depuis quelque temps son chemin dans la science, c'est qu'il est impossible aujourd'hui de soutenir avec Linné la création isolée des espèces et l'immutabilité de leurs caractères. Il applique ce principe général à l'étude des trois Z'pipactis précités.— Il s'occupe ensuite dela différence spéci- fique des Platanthera bifolia, chlorantha et solstitialis ; il pense que ce der- nier se sépare nettement des deux premiers, qui ne peuvent étre distingués que si l'on fait abstraction des nombreuses formes intermédiaires qui les réunissent. Un autre chapitre du mémoire traite de la fécondation des Orchidées de Westphalie, légitime ou hybride. L'auteur a remarqué que la fécondation arti- ficielle réussit d'autant mieux sur une fleur, qu'il existe déjà des fruits sur l'axe qui la porte, fruits qui attirent la séve vers la partie supérieure de l'inflores- cence. Il à remarqué encore que le propre pollen de la fleur fécondée paraît, dans plusieurs cas, avoir eu plus d'action que celui d'une autre fleur de la méme espèce, notamment dans les expériences faites sur l’ Ophrys apifera. Il a con- staté que le pollen de l’ Ophrys muscifera et celui du Platanthera chlorantha peuvent conserver leurs propriétés pendant plusieurs semaines. Begründung von fünf geogmostischen Abtheilungen in den Steinkohlen führenden Schichten des Vaar- Rheingebirges (Établissement de cing divisions géologiques dans les couches houilléres des montagnes qui séparent le Rhin de la Sarre); par M. Ch. Ernst Weiss (/bid., pp. 63-133). La botanique fossile occupe une place très-large dans ce mémoire. L'au- teur y énumère 217 espèces de Fougères, d’autres Cryptogames vascu- laires et de Coniféres, qui appartiennent au terrain étudié par lui, en indi- quant dans quelle couche elles se rencontrent. Il conclut dans les termes sui- vants : La flore fossile de ces couches permet de caractériser davantage les cinq zones que nous avons établies. La première zone est riche en Sigillariées et en grosses Lycopodiacées ; la deuxième offre une flore beaucoup plus res- treinte, dans laquelle les Fougères prédominent. Plus pauvres encore sont la troisième et la quatrième zone, où les Sigillariées et les Lycopodiacées sont presque éteintes, où les Stigmariées le sont tout à fait, de même que les Sphe- noplhyllum, où, par contre, apparait en abondance le genre Walchia, et où se REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 distinguent entre autres plantes vasculaires le Calamites gigas et le Calli- pteris conferta. La troisième zone montre en outre bon nombre de plantes de la houille; la quatrième en est beaucoup moins riche. Enfin, la cinquième ne contient en fait de restes organisés que quelques squelettes siliceux, et com- mence à passer au trias méme par la nature de ses fossiles. Ueber die $bsonderung von Schleim und Harz beson- ders in den Laubkmnospen verschiedener Pflanzen (Sur la sécrétion du mucilage et de la résine principalement dans les bourgeons feuillés de diverses plantes); par M. Hanstein (Zbid., Sitzungs- berichte, pp. 10-11). Aprés avoir mentionné les organes qui servent dans les végétaux à sécréter et à conduire les sucs, l'auteur prend comme exemple particulier la formation des canaux gommo-résineux de Clusia ; leurs cellules parenchymateuses, qui sont accolées l'une à l'autre dans le sens de leur longueur, voient naitre dans leur intérieur, par une série de partitions cruciales répétées, un cercle de cel- lules-filles qui s'adaptent les unes aux autres, et qui, apres la résorption des parois de la cellule-mère, s’écartent réciproquement l'une de l'autre, pour laisser entre elles l'espace d'un canal. intercellulaire, dans lequel la sécrétion S'épanche. En opposition avec ce procédé physiologique, l'auteur trace ce qui se passe dans la. production du mucilage, lequel résulte de la dilatation des couches qui forment la paroi cellulaire. A celles-ci se rattachent les sécrétions observées par M. Hanstein dans les bourgeons foliacés. Ceux des Polygonées, notamment ceux des Rumex, au moment où la croissance en est le plus rapide, laissent couler une grande quantité de mucilage, produit par les houppes piliformes des gaines foliacées. On trouve quelque chose d'analogue dans les organes claviformes des Sambucus. On voit dans d'autres bourgeons une réu- nion considérable de mucilage et de résine, produite dans ceux des /Z'sculus par des glandes capitées, dans ceux des Ztibes par des glandes en forme d'Aga- rics pédiculés. Il faut noter comme particulièrement instructif le fait que pré- sente le Cunonia capensis ; les grandes bractées qui en revêtent les bourgeons Sécrètent un mélange des deux substances; la résine est produite par le con- tenu des cellules papilleuses et le mucilage gommeux par la dilatation de leurs parois (1). Congrès de Dresde. Nous croyons utile d'emprunter au journal allemand 77ora, en l'abrégeant au besoin, le compte rendu de ce qui s’est passé dans la section de botanique, au Congrès des naturalistes et médecins allemands, tenu à Dresde du 18 au 2^ septembre 1868, Voici l'indication des mémoires qui ont été lus : (1) Nous devons renvoyer le lecteur à un travail antérieur de M. Tréeul, relatif au méme sujet. (Voyez le Bulletin, t. xiv, Revue, p. 4). 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1* Par M. Schultz-Schultzenstein : Sur les vaisseaux laticifères. — Il soutient ses idées contre celles qu'ont. exprimées MM. Trécul et Dippel. Il peuse que ce dernier savant a été induit dans une fausse route par un mode de préparation défectueux, et que la macération dans l'eau. donne de meilleurs résultats. Il affirme que les prétendues plaques criblées ne sont que des accu- mulations de protoplasma. 2° Par M. Nitsche, médecin à Nixdorf : Sur l Apocynum androsæmifolium ou gobe-mouches. — Y remarque que cette plante ne peut exercer son action sur la mouche domestique, mais sur de plus petites espèces de mouches, de sorte que l'idée de l'employer dans les appartements pour attraper ces insectes n'est pas fondée. 3» Par M. Bail, quelques communications de mycologie. — Il s'occupe de la mort du Noctua pin?perda que cause un £mpusa. A l'égard de la méta- morphose des Champignons, l'auteur s'exprime sur les points en litige entre lui et MM. Hoffmann, De Bary et Hallier; d’après lui, il est indubitable que le Penicillium procède du Mucor, et il est probable que l'inverse est également vrai. Il regarde comme non prouvées les transformations des macrococcus acceptées par M. Hallier. — M. Bail a montré encore une silique de Colza à quatre valves. ^^ M. Jessen communique un procédé employé par Schulze, de Rostock, pour retirer des grains d'àmidon leur squelette de cellulose, qui consiste à les faire bouillir dans une solution contenant un centième d'acide chlorhydrique. 5° Le même orateur traite des courants de protoplasma considérés comme un phénomène physique. D’après son appréciation, la cause de ces courants à l'intérieur de la cellule réside uniquement dans le passage de la séve à travers Ja membrane d'enveloppe. Il a construit artificiellement des appareils endos- motiques où il a mis les courants en lumière en suspendant dans les solutions une poudre insoluble. Il considère les filaments de protoplasma où se font les courants dans les cellules comme indiquant les limites réciproques de cellules de seconde génération serrées les unes contre les autres. D'après lui, il n'y aurait pas de vacuoles. 6° M. Frank fait une communication sur les conditions qui déterminent là situation horizontale de certains organes des plantes. La tige du Polygonum aviculare croît horizontalement, et elle revient dans cette situation quand elle en a été détournée, mais les phénomènes ne sont pas les mêmes dans l’obscu - rité. Dans d'autres cas, l'horizontalit^ des rameaux est déterminée par la pesanteur (Tilia, Ulmus, Pinus), et ceci se produit dans l'obscurité aussi bien qu'à la lumiere. 1° M. de Mercklin fait quelques remarques sur la valeur taxonomique des caractères anatomiques. Tl s'est surtout occupé, comme on sait, des plantés fossiles de Russie, et pense aujourd'hui que les caractères anatomiques ne per- mettent, en thése générale, de déterminer que des genres et non des espèces, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 et que les diagnoses anatomiques qu'il a données dans le Palieodendrologreum rossiruin n'ont qu'une valeur provisoire. 8° M. Kreischer, de Zwickau, donne quelques détails sur la structure orga- nique dont il a souvent observé des traces dans le charbon de terre. Ce sont des cellules de parenchyme et des vaisseaux spiraux, analogues à ceux qu'on observe dans les Araucariées etles types voisins. Cela réfute l'opinion de Mohr, d'aprés lequel le charbon serait formé d'Algues. 9» M. Maximowicz, de Saint-Pétersbourg, fait une communication sur l'an- thèse anomale et prématurée des fleurs de quelques espèces de Deutzia, qui s'ouvrent avant que les organes sexuels soient aptes à leurs fonctions. Ces fleurs sont très-petiles ; dans un cas, celles du Deutzia gracilis n'étaient pas plus grandes que celles du (alium Mollugo. L'auteur regarde comme une cause de cette anthése prématurée des pluies continuelles suivies d'une chaleur humide et élevée. Le D. Sieboldiana, à une saison où les pluies n'étaient pas tombées aussi tôt, a présenté des phénomènes intermédiaires. Dans le nord du Japon, où les plaies et la chaleur sont, à l'époque de la floraison du D. sea- bra, plus modérées, ce Deutzia produit constamment des fleurs remarquable- ment plus grandes que dans le sud. La pluie agit par imbibition, en séparant les éléments floraux, dont la préfloraison est valvaire. 10° M. Cohn traite de l'action que la lumière exerce sur le développement de l'amidon, et fait remarquer en quoi les idées qu'il a émises sur ce sujet dif- ferent de celles de M. Famintzin. D'abord, il pense que la formation et le retrait de l'amidon, notamment dans les grains, ne dépendent pas purement et simple- ment de lalumière ; par exemple, dans le Cladophora, les grains ne disparais- sent pas même après un long séjour dans l'obscurité. Ce serait seulement la première création de l'hydrate C?H20% qui serait liée à l'influence de la lumière et non les modifications ultérieures de cette substance. — Relative- ment au mouvement des zoospores, l'influence de la lumiere serait incontes- table; ainsi cet agent ne serait pas la cause du mouvement, cause qui est encore inconnue, mais en déterminerait la direction ; cela n'aurait lieu que par des rayons spéciaux. L'auteur soupçonne que si M. Famintzin et lui n'ont pas obtenu les mèmes résultats, cela tient à ce qu'ils n'ont pas employé les mêmes méthodes d'investigation; il ne se sert pas en effet, comme ce savant, d'un grand vase rempli d'eau où nagent les spores, mais d'une. simple goutte d'eau, qu'il observe dans un appareil construit à cet elTet. Enfin, il n'a pas pu consta- ler les mouveinents produits sur les grains de chlorophylle des Mnium, d'apres M. Famintzin, par l'action ou la privation de la lumière. — M. Famintzin a répondu que ce résultat négatif tenait sans doute à ce que les feuilles examinées par M. Cohn n'étaient pas suffisamment humides. 14° M. Al. Braun fait une communication sur les fruits des Celtis. Les dif- férentes espèces de ce genre, dont on en rencontre 1 en Europe, 8 dans l Amé- rique du Nord, 2 daus les Antilies et l Amérique du Sud, 5 en Orient, 2 dans 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Asie orientale, 9 en Australie, 4 dans l'Afrique septentrionale et 1 dans l'Afrique méridionale, sont difficiles à distinguer si l'on n'emploie que leurs fleurs et leurs feuilles. Des caractères excellents sont fournis par la réticulation fort variée du noyau de leur fruit. D’après l'auteur, les corpuscules fossiles trouvés dans des terrains d'eau douce, en Bohéme, par M. Beust, et dans d'autres localités, et nommés C yrenella et Gregia, seraient des noyaux de Celtis, peut- être identiques avec ceux d'espèces vivantes. Le carbonate de chaux est la sub- stance qui prédomine dans ces noyaux, méme dans l'état de vie. 12 M. AL Braun entretient encore le congrès des organes sexuels des Characées, et recommande aux observateurs l'étude de la fécondation de ces plantes. Il indique les Niella comme particulièrement propres à leur examen, parce que leurs espéces annuelles peuvent facilement étre cultivées dans des vases de verre. Il décrit avec détails les spores des Characées, leur enveloppe, leurs noyaux obscurs ou blancs (ceux-ci remplis d'amidon et pro- bablement constitués par des archégones non fécondés), ainsi que la répar- tition des couches de carbonate calcaire. Celles-ci, chez les Chara, ne se rencontrent que dans le pourtour dela graine, ce qui explique pourquoi les parties intérieures ne se conservent pas par la fossilisation. M. Braun fait en outre remarquer (apres d'autres observateurs) combien les bulbilles des Chara- cées ont d'importance pour la distinction des espéces. 13° M. Bail fait encore quelques petites communications : 4° Il a remarqué, dans l'intérieur des filaments de Mucor, d'Empusa et d' AcAlya, des cellules fermées très-spéciales qui paraissent déterminées par une formation anomale ; 2 ila observé aux environs de Dantzig un hybride entre le Populus tremula et le P. alba. BIBLIOGRAPHIE. Die landwirthschaftlichen Versuchsstationen, tome 1x, Chemnitz, 1867. Imbibition und Saftbewegung (Mouvement de la séve) in der Pflanze; pat M. E. Hallier, pp. 1-9. Bestimmung des Gehaltes der landw. Culturpflanzen am Salpetersäure und Stickstoff (Détermination de la richesse en acide nitrique et en azote des plantes cultivées en agriculture); par M. R. Frühling et H. Grouven, pp. 9-37, 150-157. Ueber die Assimilation von Harnstoff und Ammoniak durch die Pflanzen (De l'assimilation de l'urée et de l'ammoniaque par les plantes) ; par M. W. Hampe, pp. 49-70, 157-168. | Ueber die Keimung der gelben Lupine (Sur la germination du Lupin June); par M. A. Beyer, pp. 168-178. Untersuchungen über den Hopfen (Recherches sur le Houblon); pat MM. W. Fleischmann et G. Hirzel, pp. 178-202. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 144 Zur Kenntniss der Cichorie ( Z'tude de La Chicorée); par M. H. Schulz, pp. 203-216. Ueber die Gesetze der Bewegung der mikroskopischen Pflanzen und Thiere unter dem Einfluss des Lichtes (Sur la loi du mouvement des plantes et des animaux microscopiques sous l'influence de la lumière); par M. F. Cohn, pp. 244-248. Mykologische Untersuchungen : Entwickelungsgeschichte des Staubbrandes — des Steinbrandes — Ueber die Färbung der blauen Milch (Recherches my- cologiques, par M. Hallier ; Développement du Charbon, pp. 260-272. — De la Carie, pp. 355-363, avec une planche. — Recherches sur la coloration du lait bleu, pp. 417-419). Messungen der Blattoberfläche einiger Culturpflanzen (Mesures de la sur- face de quelques plantes de grande culture) ; par M. Th. de Gohren, pp. 298-312). Ueber die Aufnahme einiger Chloride durch das Pflanzengewebe (Sur l'ab- sorption de quelques chlorites par le tissu végétal) ; par M. R. Biedermann, pp. 312-329. Notiz über einen in den Cholera-Entleerungen aufgefundenen Pilz (Note sur un Champignon trouvé dans les déjections des cholériques); par M. E. Hallier, p. 331. Untersuchungen über den schwarzen Brand am Hopfen (Recherches sur le Charbon noir du Houblon); par M. W. Fleischmann, pp. 337-351. Production von organischer Pflanzensubstanz bei Ausschluss der chemis- chen Lichtstrahlen (Production de substance végétale organisée indépen- damment de l'action des rayons chimiques de la lumière); par M. Ad. Mayer, p. 396-408). Articles divers. Symbolæ ad floram Brasiliae centralis cognoscendam ; particula prima (Fam. Cordiaceæ, Asperifoliæ, Vochysiaceæ, Mayaceæ) ; par M. Eug. Warming ( Vi- denshabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjobenhavn, 1867, n° 1-11, pp. 1-45). Nogle Jagttagelser over Warmendwiklingen hos en Aroidee (Quelques études sur le développement de la chaleur chez une Aroidée, le Philodendron Lundii) ; par M. Eug. Warming (J5id., pp. 127-144, tab. 1v). The naturalist in Norway ; or notes on the wild animals, birds, fishes and plants of that country (Le naturaliste en Norwége ; ou notes sur les animaux sauvages, les oiseaux, les poissons et les plantes de ce pays); par le rév. J. Bowden. In-8°, 272 p. Londres, 1869. Prix : 12 fr. 50, Ueber die Anordnung der Alpenpflanzen in unsern Gärten (Sur l'arrange. ment des plantes alpines dans nos Jardins); par M. H.-R. Gœppert (Archiv der Pharmacie, V. CXXXI, pp. 55-62, Hanovre, 1867). 149 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOUVELLES. — Dans la séance du 44 juin 1869, l'Académie des sciences a proposé pour les années ultérieures les sujets de prix suivants : 4° Grand prix des sciences physiques. — La Commission désignée pour proposer le sujet du grand prix qui devait être décerné en 1869, avait adopté l'étude de la fécondation dans la classe des Champignons. L'Académie a pro- rogé ce concours à 1871. Les auteurs rechercheront les organes à l'aide des- quels s'opere Ja fécondation, soit dans le groupe des Basidiosporés, soit dans celui des Thécasporés, sur lesquels on ne possède encore que des notions fort incomplètes. Les mémoires écrits en latin ou en français devront être accom- pagnés de dessins explicatifs. Le prix consistera en une médaille d'or de 3000 francs. Les pièces de concours devront être déposées au secrétariat de l'Institut avant le 1** juin 1871. 2» Prix De La Fons Mélicocg. — Ce prix sera décerné par l’Académie dans sa séance publique pour 1871, au meilleur ouvrage de botanique, manu- scrit ou imprimé, sur le nord de la France, c’est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et del'Aisne. Ce prix consistera en une médaille de la valeur de 900 francs. Le terme du concours est fixé au 1° juin 1871. 3° Prix Bordin pour 4871. — Faire connaître les ressemblances et les dif- férences qui existent entre les productions organiques de toute espèce des pointes australes des trois continents, de l'Afrique, de l'Amérique méridionale et de l'Australie, ainsi que des terres intermédiaires, et les causes qu'on peut assigner à ces différences. — On comprendra dans le travail les êtres marins qui peuplent les cótes des trois continents et les fossiles qui y ont été décou- verts. On se bornera à l'étude des parties des trois continents qui sont situés au sud du 28° parallèle de latitude australe. L'Académie désire qu'on tienne compte des effets produits par les courants marins, et qu'on s'attache essen- tiellement à constater l'influence des constitutions météorologiques. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de 3060 francs. Les mémoires manuscrits devront être déposés au. secrétariat de l'Institut avant le 1^ juin 1871, dans les formes académiques. — Les journaux viennent de nous apprendre une nouvelle bien douloureuse pour les amis de la science ; M'!° Alexandrine Tinné, l'intrépide voyageuse hollandaise, a été assassinée le 1** août dernier aux environs de Taharat. Cet affreux événement s'est produit, paraît-il, par suite d'une mésintelligence sur- venue entre des chefs Touaregs, qui se disputaient l'honneur de recevoir M"? Tinné. Pendant une rixe, et en voulant séparer les combattants, elle à eu la main droite tranchée d’un coup de sabre et la poitrine fracassée d'un coup de feu. Les Plante Tinneanæ de MM. Kotschy et Peyritsch seront proba- blement le seul monument élevé à sa mémoire. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143 — Il parait que l’ Z/odea canadensis, dont l'extension si prompte à travers les canaux a été regardée comme très-fâcheuse, peut être employée comme un désinfectant trés-puissant. On l'a employée notamment avec un succes complet pour purifier l'eau où l'on avait conservé des sangsues. On la regarde mainte- nant comme pouvant s'opposer à la formation des miasmes produits par les eaux croupissantes. (Voy. le recueil intitulé Ergénzungsblatter, 1869, n° 6, p. 384.) — Le deuxième volume de la Flore de la chaîne jurassique, de M. Gre- nier, est paru au mois de juillet; cet important ouvrage se trouve maintenant complet à la librairie F. Savy, pour le prix de 1^ francs. Nous n'avons pas à insister sur la forme de cet ouvrage, que nous avons indiquée à propos du pre- mier volume, non plus que sur son mérite. Disons seulement que les princi- pales observations qui y sont consignées sont relatives aux espèces suivantes : Galium silvestre Poll., Petasites officinalis Mœnch, Senecio nemorosus Jord., Carduus hybrides, Hypochæeris salina Gren. n. sp., de Cette (H. radicata var. (9. salina Gren. Fl. de Fr.), Crepis virens L., Crepis mollis Asch. (C. succisæfolia Tausch), Hieracium fallacinum F. Schultz, H. murorum L., H. vulgatum Fr., Vincetoxicum officinale Mænch, Myosotis lingulata Lehm., Linaria petræa Jord., Veronica Anagallis L. (l'auteur. n'admet pas dans le Jura la présence du V. anagalloides Guss.), V. Buxbaumii Ten. (V. filiformis DC.), V. polita Fr. (V. didyma GG.), Euxolus Blitum Gren. (E. viridis Moq.), Alchimilla vulgaris L., Euphorbia amygdaloides L. , Gla- diolus palustris Gaud., Narcissus Pseudo-narcisso-poeticus Bout. et Bern., Carex divulsa Good., C. nitida Most, C. Hornschuchiana Hoppe, Avena flavescens L. — Au moment où vient de paraître ce livre, un autre se prépare sur la méme flore; M. Ch. Godet est sur le point de publier un supplément à sa Flore du Jura. — M. Casimir Roumeguére, de Toulouse, vient de recevoir de la Société des Sciences et des Arts de Carcassonne une médaille d'or de 200 francs, pour un mémoire intitulé Bryologie de l'Aude. Dans ce mémoire, M. Roumeguère s’est occupé des Mousses en général ; il a exposé les découvertes relatives à leur sexualité et à leur fécondation, depuis Hedwig jusqu'aux récentes recherches de M. Roze; un aperçu sur les usages des Mousses complète cette première Partie. La seconde est consacrée à la bryologie locale du département de l'Aude. L'auteur s'y est aidé des récoltes faites par Delort de Mialhe, notre regretté confrère, par MM. Durieu de Maisonneuve, Maugeret et d'autres botanistes. — L'Album des Mousses des environs de Paris; par M. Kleinhans, est au- jourd'hui terminé, U comprend 30 livraisons, renfermant chacune une feuille 14A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de texte et une planche. Elles ont été réunies en un beau volume relié, mon- trant en regard le texte et chaque planche correspondante, qui se trouve chez l'auteur, rue Guénégaud, 27, et à la librairie F. Savy. Prix : 25 fr. — L'herbier cryptogamique de la Thuringe, de M. W.-O. Müller, est au- jourd'hui terminé. 1l comprend les Lichens, les Muscinées et les Cryptogames supérieures. Il est renfermé dans une boite. Les plantes sont fixées sur des feuilles de papier, qui en réunit ordinairement plusieurs, et. portent imprimé le nom de chaque échantillon. On trouve cette publication chez le libraire C.-B. Griesbach, à Gera (Prusse), et à Paris, chez M. F. Savy. — M. Hugo Lojka, de Vienne (Autriche), a fait parvenir à la Société, au commencement de juillet,le programme d'un voyage qu'il se proposait de faire dans la Hongrie septentrionale pour y recueillir des Lichens. Il invite les botanistes à souscrire à ses collections, dont le prix est fixé à 15 francs la cen- turie. Les souscripteurs recevront gratuitement, sur leur demande, un mé- moire contenant la détermination des espèces recueillies par M. Lojka, extrait du tome xxi (1869) des Verhandlungen der K. K. zool.-bot. Gesellschaft. S'adresser à M. J. Juratzka, rue Wohlleben, n° 8, à Vienne (Autriche). — Un nouveau journal hebdomadaire consacré à l'histoire naturelle générale doit paraître à Londres en octobre prochain. Il aura pour titre : Nature and illustrated Journal of science. Plusieurs savants des plus distingués ont promis leur collaboration à cette publication : MM. J. Hooker, R. Murchison, Ch. Dar- win, D. Oliver, D. Forbes, Th. Graham, T. Huxley, etc. D’après les termes du prospectus, cette publication doit renfermer des résumés plutót que des travaux originaux, afin de tenir le public au courant des découvertes nouvelles, et poursuivre particuliérement les applications de la science. — Offre d'échanges. — M. Lecoq, professeur à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand, correspondant de l'Institut de France, a publié il y a quel ques années, en 9 volumes grand in-8°, un important ouvrage intitulé : Études sur la géographie botanique de l’Europe, et en particulier sur la végétation du plateau central de la France. Le prix de cet ouvrage, qui n'a pu être tiré qu'à un nombre limité d'exem- plaires, étant assez élevé, et l'auteur désirant autant que possible le mettre à la portée des naturalistes, offre l'échange de son livre contre d'autres ouvrages relatifs aux sciences et surtout aux diverses branches de l'histoire naturelle. Adresser les offres à l'auteur ou à M. Ducros-Paris, libraire, rue Saint-Genés, à Clermond-Ferrand (Puy-de-Dôme). Dr EUGÈNE FOURNIER, Paris, — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (SEPTEMBRE-NOVEMBRE 1869.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris. Verhandlungen der K. K. zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien, 1867 (1). Miscellen (Mélanges) ; par M. H.-W. Reichardt, pp. 329-336. —L'au- teur décrit : 1° une difformité de la racine du Daucus Carota, qui présente quatre ramifications droites, de grosseur assez notable, disposées par paires, du centre desquelles naît la tige ; — 2° un nouvel hybride de Dianthus, le D. Mikii (D. monspessulano-barbatus) ; — 3° des notes sur les Champignons des environs de Vienne ; — 4° la description d'un nouvel Ustilago, U. ficuum Reich. , voisin de PU. Phænicis Corda. Ueber die Flora von Neuealedonien ; par M. G. de Frauen- feld, pp. 465-482. — Ce travail, rédigé d’après les documents publiés dans la Revue coloniale, par MM. Deplanche et Vieillard, et auquel sert de preuve à l'appui une belle collection de la Nouvelle-Calédonie, contient quel- ques notes sur les explorations faites par les naturalistes dans la Nouvelle- Calédonie, et un catalogue extrêmement incomplet des espèces qui y ont été observées. Quelques-unes sont l'objet de notes fort longues; leurs noms vulgaires ont été ordinairement relevés. ltryologische Mittheilungen ; par M. J. Juratzka, pp. 541-544. — Ces notes concernent les espèces suivantes : Barbula brevirostris Br. et Schimp., Bryum macrostomum Jur., Sphagnum Girgensohnii Russow. Bemerkungen über einige Pflanzen des Kitaibel'schen Herbariums ; par M. P. Ascherson, pp. 565-590. — L'intérét qu'a excité la publication due à notre confrére, M. Kanitz, des manuscrits de Kitaibel, faisait vivement désirer une révision de son herbier, surtout pour Certaines espèces critiques, crues nouvelles par Kitaibel ou mal déterminées (1) Malgré la date un peu ancienne de ce volume, qui ne nous est parvenu que ré- cemment, nous croyons utile de faire connaitre à nos confréres le petit nombre de mé- moires de botanique qu'il renferme. T. XVI (REVUE) 16 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parlui. Nous croyons utiles de relever ici celles de la premiére catégorie, d’après M. Ascherson ; en voici la liste : Carex aristata Kit. — C, vulpina L. — C. subramosa Kit. — C. divulsa Good. -— C. obtusa Kit. = C. flacca Schreb. — C. proboscidea Kit. = C. fuliginosa Schk. — C. conglobata Kit. — forma C. verna (nitide? Host). — Carex diversiflora Rel. Kit — C. tomentosa L. — C. carpatica Kit. = C. pallescens L. — C. pilostachya Kit. — C. silvatica Huds. — C. pyg- mea Kit. — C. rigida Schrk. — C. gracilis Rel. Kit. — C. órachysta- chys Schrk. — C. villosa Kit. — C. pallescens L., etc. — On remarque encore dans le mémoire de M. Ascherson des notes sur les Carex levis Kit., C. cespitosa L. et C. trachyantha Dorner, ainsi qu'une étude comparative des Sueda maritima L. et S. salsa Pall. Ueber die Braunkohlenpflanzen von Bornstadt (Sur les plantes des lignites de Bornstadt); par M. Oswald Heer (Extrait des A^Aand- lungen der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, t. x1); tirage à part en brochure in-4° de 2? pages, avec 4 planches. Halle, 1869. Paris, chez F. Klincksieck. Prix : ^ fr. La moitié des 28 espèces de cette florule lui est propre et n'a été recon- nue jusqu'à ce jour dans aucun autre dépôt; l'autre moitié appartient à l'époque miocene, méme treize à l'étage inférieur de cette époque. Six des espèces se rencontrent dans la flore miocène de la Baltique, et parmi elles, l'espéce la plus commune de Bornstadt, l'Apocynophyllum helveticum, qui a eu jadis une trés-grande extension, car on la trouve depuis les cótes de la mer orientale jusqu'à l'Italie supérieure. Un Palmier, le Sabal Ziegleri, corres- pond avec une espéce du Locle; huit espécesse rencontrent en Suisse dans la molasse supérieure et dans l'inférieure ; et en outre, quelques autres seulement dans cette dernière : l'Apocynophyllum, le Myrica acuminata, le Quercus angustiloba, V Eucalyptus Heringiana et le Juglans Ungeri. Le mémoire de M. Heer est d'ailleurs consacré en grande partie à la des- cription des espèces de la flore fossile de Bornstadt. Nota su di aleune piante da pochi anni naturalizzate nella provincia di Napoli (Note sur quelques plantes naturalisées depuis peu d'années dans la province de Naples) ; par M. G.-A. Pasquale (Rendiconto dell Accade- mia Pontaniana); tirage à part en brochure in-8^ de 9 pages. 9 aoüt 1868. Ces notes concernent les espèces suivantes : Trachelium cæruleum, Sene- biera didyma, Oxcalis cernua, Cestrum Parqui, Solanum bonariense, Scabiosa cretica var. hymettia (Se. hymettia Boiss.), Ailantus glandulosa, Pinus Pinea, Ricinus communis, Amarantus sanguineus, E'hrharta pani- cea Sm., Vicia ochroleuca, etc. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 147 Flora vesuviana et caprensis compara te ; par M. J.-A. Pas- quale (Extrait des A/t7 della R. Accademia delle scienze fisiche e matema- tiche); trage à part en brochure in-4° de 1^2 pages. Naples, 1869. M. Pasquale présente dans ce grand mémoire comme une seconde édition de deux travaux publiés il y a longtemps par lui : l'un, sur la (lore du Vésuve, et l'autre, sur la flore de Capri. Il traite successivement du sol du Vésuve relativement à sa végétation, de la station des plantes au niveau de la mer, des régions agronomiques du Vésuve. li établit ensuite la comparaison annoncée par lui ; il donne la liste des plantes de l'ile de Capri, qui ne se rencontrent pas sur le Vésuve ou dans les champs phlégréens. Il conclut que le Vésuve n'a pas de plantes qui lui soient absolument propres ; le Stereocaulon vesuvianum se retrouve sur les laves d'Ischia. Il en dit autant de l'ile de Capri, où se trou- vent, il est vrai, des plantes rares, mais non spéciales. Ensuite, l'auteur trace le synopsis de la flore vésuvienne ; il met en bas de page le synopsis correspon- dant de celle de Capri. Ce qui ressort le plus de ce mémoire, c'est que, malgré la différence extrême des deux sols, il y à une grande analogie entre les deux flores; cela tient à la grande quantité d'espèces ubiquistes qui leur sont communes, Les deux florules de M. Pasquale s'étendent à la crypto- gamie. Polyzalaecarum italiearum eonspectus; par M, T. Caruel (Nuovo Giornale botanico italiano, fasc. 1, mars 1869, pp. 18-25). M. Caruel étudie successivement dans cette notice le Polygala Chame- burus, le P. major Jacq., le P. Preslii Spreng., le P. nicæensis Risso (P. rosea GG. excl. syn. non Desf.), P. flavescens DC., P. comosa Schkuhr (P. pedemontana Perr. et Verlot), P. vulgaris L., P. calcarea Schutt., P. amara L. (incl. P. alpestris Rchb., P. austriaca Cr.), P. monspeliaca L. et P. exilis DC. Nous recommandons vivement les descriptions de M. Caruel aux botanistes qui voudront étudier soigneusement les espèces intéressantes de ce genre difficile. Nota sulla ligula delle Graminacee ; par M. De Notaris (Zbid., pp. 25-27). Selon l'auteur, regarder la ligule des Graminées comme l'analogue de l'ocrea (1) des Polvgonées, c'est commettre une absurdité qui ne mérite pas même de réfutation. Penser que cet organe représente une stipule axillaire soudée à la face interne de la gaine de la feuille, c'est émettre une hypothèse également gratuite qui ne résiste pas à la critique. C'est l'embryon qui fournit (1) C'est évidemment par suite d'un défaut d'attention que Willdenow et tous les au- leurs qui l'ont suivi, ont écrit ochrea, ce mot étant d'origine latine et non grecque, 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'explication de la nature de la ligule. Celle-ci est au limbe de la feuille ce que la coléoptile est au cotylédon. Raspail a émis une idée analogue dans son Nou- veau système de physiologie végétale, p. 18. On the copal of Zanzibar (Sur la gomme copal de Zanzibar) ; par M. John Kirk (PAarmaceutical Journal, mai 1869, pp. 655-655). L'arbre dont il est question dans cette note, et qui fournit le copal, est le Trachylobium mossambicense Kl., M'ti sandarusi des indigènes. Le copal est un produit résineux qui suinte des rameaux de l'arbre. L'auteur pense que cet arbre a été aussi la source du vieux copal du Zanzibar, sorte de résine à demi fossile qu'on connait dans les drogueries sous le nom de résine animé. The British Rubi, Essai pour déterminer les espèces de Rubus connus dans les iles Britanniques ; par M. Ch. Cardale Babington ; un volume in-18 de 305 pages. London, chez J. van Voorst, 1869. M. Ph. J. Müller a publié, dans les seiziéme et dix-septième comptes rendus annuels de la Société Pollichia, des descriptions de 236 espèces de Rubus dif- rents, répandus en Allemagne. M. Babington croit que les espèces de M. Müller n'ont pas la va'eur spécifique, mais celle de simples formes. Pour l'Angle- terre, il n'en admet que 45. Il donne de chacune d'elles une diagnose latine, puis une description en anglais, les indications bibliographiques habituelles et celles de distribution géographique. Dans l'introduction, aprés avoir traité la partie historique de son sujet, M. Babington étudie avec soin quelle est la valeur spécifique des différentes modifications organiques offertes par les Rubus. Les Rubus sont partagés par l'auteur naturellement en deux sections, fru- tescentes et herbacei. La première comprend deux groupes, ¿dæi et fruticost ; ceux-ci sont subdivisés en suberecti, rhamnifolii, villicaules, glandulosi et cœæsti, ` Index eriticus Butomacearum Alismacearumque hucus- que deseriptarum ; auctore F. Buchenau (Abhandlungen hrsg. v. naturw. Vereine zu Bremen, t. 1I, première partie, pp. 1-49). Dans le premier volume de ce recueil, M. Buchenau avait publié un nde criticus des Juncaginées. Il fait le méme travail pour les familles voisines des Butomées et des Alismacées, avec une compétence que personne ne lui con- testera. Aprés avoir donné la liste et la synonymie de chaque espèce connue, il présente sur chacune des deux familles des remarques intéressantes. Le Teganocharis latifolia Buch. (Butomus latifolius D. Don, B. lanceolatus Roxb., Teganocharis cordifolia et T. cordofana Hochst., Butomopsis lan- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 ceolata et latifolia Kunth) est répandu depuis l'embouchure du Sénégal, à travers toute l'Afrique, jusque dans l'Inde tropicale. Le B. umbellatus est la seule espèce de la famille qui se trouve à la fois en Europe et en Asie. Le Stra- tiotes nymphoides doit passer dans le genre Æydrocleis L.-C. Rich., et IH. nymphoides Buch. a pour synonymes Limnocharis Humboldtii L.-C. Rich., Hydrocharis Commersoni L..-C. Rich., Sagittaria ranunculoides Vell. La famille est ainsi distribuée par l'auteur : Butomus : embryo rectus; stamina 9, omnia fertilia ; ovaria 6, in stylum attenuata. — B. umbellatus L., B. junceus Turcz. Tenagocharis Hochst : embryo hippocrepicus, stamina 3-6-9, omnia ferti- lia; ovaria 3-6, in stylum attenuata. — T. latifolia Buch. Limnocharis L.-C. Rich. : embryo hippocrepicus, stamina numerosa, exte- riora ananthera ; pistilla numerosa; stigma sessile. — Z. flava Buch., L. Laforesti Duchass. Hydrocleis Commers. : embryo hippocrepicus, stamina numerosa, exte- riora ananthera ; ovaria circa 6, sensim in stylum attenuata. Des notes plus nombreuses sont consacrées par l'auteur à la famille, plus nombreuse aussi, des Alismacées. L'A/isma arcuatum Michal. n'est pas regardé par l’auteur comme différent de l'A. P/antago. Une espèce nouvelle a. été trouvée par lui dans les collections du Texas de Drummond (sect. 3, n. 423), le Sagittaria papillosa Buch. Ueber den Einfluss des rothen und blauen Lichtes auf die Strömung des Protoplasma in den Brennhaaren von Urtica und den Staubfadenhaaren der Tradescantia virginica (De l'influence que la lumière rouge et la lumière bleue exercent sur les courants de protoplasma dans les poils glanduleux des Urtica et dans les poils des filets staminaux du Tr. virginica); par M. Chr. Lürssen (Zbid., pp. 50-76, avec deux planches). Aprés avoir longuement exposé la bibliographie spéciale à ce sujet, l'auteur traite de la durée pendant laquelle se maintiennent les courants de proto- plasma dans la lumière blanche, de l'action qu'exercent sur eux la lumière rouge et la lumière bleue ; puis il résume de la manière suivante les résultats de ses recherches. Une action prolongée de la lumière rouge sur le protoplasma mobile a pour conséquence une destruction progressive de sa structure moléculaire ; on en à pour premier signe un ralentissement du courant, et pour résultat final, la destruction complète du protoplasma. La durée dans laquelle ont lieu ces changements à l'intérieur du protopiasma d'une cellule dépend de l’âge de celle-ci, et en partie aussi d'autres circonstances encore inconnues. Les phéno- mènes que provoque l'action de la lumiere rouge (ct en partie aussi celle de la lumière bleue) ont la plus grande ressemblance avec ceux que détermine 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l’action des courants électriques ou des différences de température impor- tantes, La lumière bleue exerce dans le plus grand nombre des cas une action analogue à celle de la lumière solaire blanche, mais qui n'est pas aussi puis- sante. Quand la circulation protoplasmique a été complétement détruite par la lumière rouge, il n'y revient plus aucun mouvement si on la soumet ultérieu- rement à la lumière blanche ou à la lumière bleue. Au contraire, quand on y observe encore une faible circulation, il se peut que la lumière blanche y réta- blisse les mouvements. Revue des principales espèces d'Agropyr win croissant en Europe ; par M. A. Boreau (Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, t. XXIV, pp. 347-360). La couleur verte ou glauque, l'axe de l'épi lisse ou rude, l'absence, là. pré- sence ou la longueur des arétes des fleurs, sont des notes trompeuses qui peu- vent en certains cas aider à la détermination, mais qui sont impropres à caractériser les espéces. Celles-ci se présentent presque toutes sous deux formes, à grands et à petits épis, et leurs différences d'aspect sont dans ce cas assez prononcées pour en imposer au premier coup d'œil. Voici l'énumération des espèces décrites dans la Revue de M. Boreau : A. junceum Beaux. — A. scirpeum Presl, région de la Méditerranée. — A. curvifolium Lange Prodr. Fl. hisp. 1, 109. — A. rigidum Beauv., Allemagne. — A. strictum Rchb., Allemagne. — A. glaucum Rem. et Schult., France centrale, Valais. — A. acutum Ram. et Schult., Océan et Méditerranée. — A. obtusiusculum Lange (Triticum acutum Fr. non DC.), Manche, Océan, Méditerranée, vallée de la Loire. — A. pycnanthum Godr., sables maritimes, Saumur. — A. pungens Ree. et Schult. , région maritime et intérieure. — A. campestre GG. (A. glaucum Rchb. non Desf.). — A. Pouzolzii Godr. — A. cæsium Presl Del. Prag. 213, France centrale, distinct de l'A. repens par ses feuilles très-glauques à nervures rapprochées et par l'axe de l'épi pubescent velouté. — A. repens Beauv. — A. Savignontt DNtrs, rivière du Ponent. — A. Rouxit Gren. et Duv. — A. caninum Rom. et Schult. — A. biflorum Rœm. et Schult., Allemagne, Italie, — A. panor- mitanum Parl. — A. hispanicum Parl. L'A. obfusiflorum Ræm. et Schult. parait très-voisin de VA. junceum, mais s'en distingue par l'axe de l'épi très-chargé d’aspérités. L'A. flaccrdifo- lium Boiss. et Heldr. ne diffère de lA. seirpeum que par ses feuilles radicales longues, flasques et hérissées en dessus de poils courts, étalés. L'A. elonga- tum Beauv. rentrerait dans l'A. rigidum, ainsi que le Triticum giganteum Steud. Le Tr. intermedium Host est une forme robuste, et le 7. latronum Godr., une forme grêle de l'Agropyrum glaucum. L'A. violaceum Horn., considéré par les auteurs allemands comme une forme plus basse de l'A. br- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 florum, en serait distinct par ses épillets 3-5-flores, et par ses glumes à 5 nervures. Le mémoire de M. Boreau se termine par un tableau dichotomique condui- sant à la détermination des Agropyrum qu'il a étudiés. Beitrag zur Kenuntniss des sclbstandigen Lebens der Flechtengonidien (/echerches sur la vie indépendante des gonidies des Lichens); par M. J. Baronetzky (1) (Pringsheim's Jahrbücher, t. VII, pp. 1-18, avec une planche, 1869). Ce nouveau mémoire se termine par le résumé suivant, qui comprend aussi bien les faits nouveaux exposés par l'auteur que ceux qu'il a publiés de con- cert avec M. Famintzin : Les gonidies des Lichens hétéromères et contenant de la chlorophylle, tels que les Physcia, E'vernia, Cladonia, comme celles des Lichens hétéromères à phycochrome (Peltigera) et des Lichens gélatineux (Collema), sont capables de vivre d'une vie tout à fait indépendante en dehors du thalle des Lichens. En devenant libres, les gonidies des Lichens étendent le cercle de leurs phases vitales ; celles des Physcia, Evernia, Cladonia, se transforment en zoospores ; celles des Peltigera passent à un état de repos qui précède le retour à leur activité fonctionnelle et prépare leur multiplication par voie endogène. Enfin, quelques-unes (et peut-étre beaucoup) des formes regardées jusque aujourd'hui comme des Algues, doivent étre considérées comme des gonidies de Lichens vivant isolément ; on peut citer comme tels, en attendant, les Cys{ococcus, Polycoccus, Microcystis et Nostoc. Ueber die Richtung der Samenknospe bei den Alisma- ceen (Sur la direction de la graine chez les Alismacées) ; par M. Fr. Buchenau (/bid., pp. 19-33, avec une planche). Dans le Sagittaria ou dans l'Alisma Plantago, V'ovule naît de l'angle inté- rieur et inférieur de la loge, avec un raphé ascendant, et se recourbe ensuite, en devenant anatrope, vers l'extérieur et vers le dos du carpelle, comme Agardh l'a établi (Theoria systematis plantarum, 1858). Au contraire, dans l'A. na- tans, l'incurvation de l'ovule se fait en sens contraire ; le raphé est tourné vers le dos du carpelle et le micropyle vers le cóté intérieur de la loge. C'est. pour cette raison que M. Buchenau a créé pour cette plante un nom générique nou- veau; il la nomme Z/isma natans. Quoi qu'il en soit, la plumule est toujours sur le cóté convexe de la graine, mais regarde tantót le centre, tantôt la péri- phérie du fruit. Dans le Damasonium stellatum, les faits sont singuliers. Chaque loge du gynécée contient deux ovules, d'abord placés Fun devant l'autre, à cause de l'allongement plus long du funicule de l'ovule supérieur, et (1) Telle est l'orthographe des Annales de M. Pringsheim (Voyez t. xv, Revue, p. 231). 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parallélement disposés, anatropes-ascendants avec le raphé supérieur et interne. Plus tard, l'axe médian s'allonge et entraine avec lui le point d'attache de l'ovule supérieur, qui tend à pendre du haut de la loge et à tourner le raphé en dehors. L'avortement fréquent de l'un quelconque des deux ovules améne par conséquent le genre Damasonium à présenter, quant à ses ovules, tantót la structure du genre Alisma, tantôt celle du genre E/isma (1). Essai sur l'histoire du Café; par M. H. Welter. In-8? de 476 pages. Paris, 1868, chez C. Reinwald. Imp. Guilla'ime, à Neufchâtel (Suisse). Prix : 3 fr. 50. Bien que l'auteur demeure à la campagne, éloigné des riches bibliothèques et des grands centres de commerce, il a réussi à écrire un livre intéressant, qui contient des documents exacts tant au point de vue de l'histoire qu'à celui de la statistique commerciale. Aprés avoir décrit le Co/fea arabica, sa pro- pagation, sa culture, les variétés commerciales et les falsifications du café, il s'occupe de son origine et de son histoire. Il l'examine ensuite au point de vue chimique et alimentaire, en insistant sur ses effets physiologiques et sur la statistique de la consommation. La dernière partie de l'ouvrage est consacrée aux succédanés du café et à la Chicorée. Pomone tournaisienne; par M. B.-C. Du Mortier. In-8° de 244 pages. Tournav, 1869, typ. Casterman. La Société royale d'horticulture de Tournay, fondée le 9 juillet 1818, étant arrivée à la cinquantiéme année de son existence, a cru devoir féter sa centième exposition par un concours international de pomologie et d'horticulture, et comme complément indispensable, elle a décidé la publication des diverses varié- tés de poires courounées par elle depuis cinquante ans. C'est là ce qui a donné naissance à la Pomone tournaisienne de M. Du Mortier. Il a eu soin de prendre, dès l'origine de la fondation de la Société, le profil de toutes les poires couron- nées par la Société, et de s'en procurer des greffes. A ces fruits couronnés, il en adjoint d'autres non encore soumis au jury, mais qui méritaient d'être signalés. Enoutre, il a ajouté la série des meilleures poires gagnées en Belgique, en les limitant toutefois à celles que la notoriété publique considére comme les plus parfaites. Comme l'auteur s'est trouvé en relations personnelles avec tous les pomo- logues belges du commencement de ce siécle, depuis longtemps décédés, il s'est trouvé à. méme de connaitre avec exactitude les faits qui se rattachent à beaucoup de fruits, et de rectifier certaines erreurs que l'on trouve dans quel- ques livres tant sur leur origine que sur la dénomination de leurs variétés. (4) n y a là un de ces faits de métamorphose organogénique sur lesquels Payer insis- tait fort en tracant les caractères des familles. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 153 Le livre comprend un apercu historique de la pomologie belge. Chacun des fruits entre ensuite dans une énumération où ils sont rangés suivant l'époque de leur maturation, où sont indiqués la synonymie, le port, les qualités et la culture de chaque variété. D’après la disposition typographique adoptée, une esquisse du contour de chaque fruit est reproduite au-dessus de leur description. Coup d'cil sur les principes qui servent de base aux classifications botaniques modernes; par M. D. Clos (Extrait des Mémoires de l'Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, T° série, t. 1, pp. 125-142) ; tirage à part en brochure in-8° de 20 pages. Des deux grandes branches de la science des plantes, celle qui s'occupe des fonctions organiques de ces étres progresse d'une maniére à peu prés continue ; il n'en est pas de méme de celle qui régle leur classification, dont les représen- tants sont loin de s'entendre méme sur les principes à adopter. M. Clos soumet ces principes à un examen critique, et traite successivement de l'importance relative des organes de nutrition et de reproduction, de la supériorité relative des êtres hermaphrodites et unisexués, des caractères tirés de l'insertion et de la corolle, du maintien et de la suppression d'une classe d'Apétales, de la supériorité relative de l'apétalie, de la polypétalie et de la monopétalie, de la supériorité relative des familles du groupe des Monopétales,'de la valeur taxo- nomique dela gymnospermie, des classifications adoptées par les phytographes modernes, du désaccord qui divise les botanistes au sujet de la division des Monocotylédones, de la formation des alliances, des tribus et des genres, enfin des principes comparés d'Adanson et d'A.-L. de Jussieu, sorte de con- troverse qui nous parait résumer toutes les précédentes. Si l'on ne saurait se refuser à admettre qu'un certain nombre d'Apétales ne doivent pas étre considérés comme des représentants dégradés d'un type plus parfait chez certaines Polypétales, toutefois on peut citer, comme essentiellement apétales : les alliances des Amentacées et des Urticinées, les familles des Plata- nées et des Balsamifluées, des Cératophyllées ct des Chloranthacées, des Sau- rurées et des Pipéracées. Quant à la suprématie et à l'estimation relative des caracteres, l'anarchie la plus complète règne dans la science, état qu'il serait opportun de signaler dès à présent à ces congrès, grandes assises scientifiques qui entrent de plus en plus dans les mœurs des peuples. M. Clos, en terminant, prouve qu'Adanson a méconnu l'importance rela- tive des caractères, et n'a pas concu du tout le principe de leur subordi- nation. Addenda nova ad Lichenographiam europæam; scripsit W. Nylander (Flora, 1868, pp. 342-348, 473-478). Continuatio octava. — Pyrenopsis homæopsis Nyl., supra saxa, Ben Lawers 15^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Crombie); Lecidea psammoica Nyl., supra terram arenosam prope Hempel- burg in Silesia (Ohlert); Z. subturgiduls Nyl., ad lignum icis vetustum in Anglia (Crombie); Z. mestula Nyl., supra ligna fabrefacta vetusta prope vicum Zyndhurst (Crombie); L. leptostigma Nyl., supra saxa micacea in Sco- tia (Crombie) ; L. parasemella Nyl., supra thallum Lecideæ vernalis in Lap- ponia (Norrlin); 4. Crombiei Jones, supra saxa in monte Scotiæ Glen Calla- ben (Crombie); Z. postuma Nyl., ad rupes maritimas in Scotia (Crombie); Arthonia subvarians Nyl., ad muros in Silesia (Ohlert) ; Z'imularia lim- borina Ny. , supra saxa granitosa in Gallia (Ripart). A l'égard de la dernière plante et du genre Rimularia, M. Nylander s'exprime ainsi : Genus peculiare novum, Myoporo quodammodo affine, sed apotheciis supra demum rimula radiosa vel simpliciore dehiscentibus. Inter pyrenocarpeos hic Lichen locum obtinere non potest, nam nullum habet ostio- lum punctiforme. Continuatio nona. — Lecanora leucospirea, supra terram sabulosam in insula Jersey (Larbalestier); Z. frigidella, supra thallum vetustum destruc- tum in jugo alpino Lapponiæ norvegicæ (Norrlin); Z. lithophiliza, in Scotia supra saxa prope Aberdeen (Crombie) ; L. insequens, ad lignum Pini putres- centis pr. Helsingfors; L. subviridescens, supra terram in insula Jersey (Larbalestier); £L. znfidula, ad saxa ibid.; Z. mesordea, supra lapides mi- caceo-schistosos in insula Sark (Larbalestier); Z. endogonia, ad saxa in Lollandia (Rostrup); Z. sarcogyniza, pr. Aberdeen (Crombie); L. commacu- lans, in Scotia, ad saxa calcarea montium Bræmar (Crombie); Z. aphanoides, ibid.; Z. attingens, ad lignum Juniper? in Lapponia, Pietsavaara (Norrlin); L. paraphana, ad saxa micaceo-schistosa in Lapponia, Karesuanto (Norrlin) ; Opegrapha cesareensis, supra saxa quartzosa in insula Jersey (Larbales- tier); Verrucaria scotodes, ad saxa maritima pr. Lyngenfjord in Lapponia (Norrlin). Flora croatica, auctoribus D" Josepho Calasantio Schlösser, equite de Klekorski, et Ludovico Nob. de Farka$ Vukotinović. Sumptibus et auspiciis Academic Scientiarum et Artium Slavorum meridionalium. In-8? de 1362 pages. Agra, 1869. Cet ouvrage comprend une préface oü sont traitées les questions ordinaires, historique, constitution orographique du pays, sources mises en œuvre, etc., une clef analytique, trés-longue, puis la flore elle méme, qui commence par les Légumineuses, mais dont le système taxonomique général nous paraît édifié à l'aide de dénominations nouvelles. L'ouvrage est tout entier construit sur le principe de la. dichotomie, et toutes les fois qu'une branche de la dichotomie conduit à une espèce, on y trouve sa diagnose et ses localités. L'ouvrage s'ar- réte après les Cryptogames vasculaires et les Characées. Viennent ensuite de nombreux addenda et corrigenda, puis la table. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 155 Beiträge zur mexicanischen Farnflora (Recherches sur [es Fougères du Mexique) ; par M. M. Kuhn (Extrait des Abhandlungen der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, t. xi, 1869) ; tirage à part en brochure in-4? de 25 pages. La petite collection de Fougères mexicaines signalée dans ce mémoire a été recueillie pendant la campagne du Mexique, en 1862 et 1863, par le colonel Bolewlawski, de Vienne, partie au pied du pic d'Orizaba, partie sur le haut plateau mexicain. Cette collection ne comprend que 32 espéces, dont. aucune n'est nouvelle, mais elle a fourni à M. Kuhn l'occasion de donner sur la syno- nymie de plusieurs Fougères mexicaines (qui se rencontrent également dans l'Amérique du Sud) des notes intéressantes, extraites en partie des mauuscrits inédits de Mettenius. Epilogo della briologia italiana ; par M. De Notaris. Un volume in-h° de 781 pages, formant le premier volume des Atri della R. Università di Geneva. Génes, 1869. Paris, chez F. Savy. Ce travail considérable, qui forme comme le dernier mot des publications déjà nombreuses du vénérable M. De Notaris sur les Mousses d'Europe, est une bryo- logie complète de la péninsule italienne. L'introduction contient quelques observa- tions sur la méthode taxonomique propre à l'auteur, dont les principes ont été exposés en 1866 dans la Cronaca della briologia italiana, laquelle à été ana- lysée dans le tome xin de cette Revue, et une longue diagnose des Mousses. Vient ensuite la description méthodique des tribus, des sections, des genres et des espèces. L'auteur a fait un grand usage de la méthode dichotomique pour conduire le lecteur à la détermination des genres. Plantas da serra dc Monchique observadas em 1866 ; par M. Estacio da Veiga (Jornal de sciencias mathematicas, physicas e natu- raes, ete., mai 1869, pp. 120 et suiv.). M. da Veiga a été dans les montagnes de Monchique le compagnon assidu de M. le comte de Solms-Laubach (1). Il commence sa florule par les Fou- gères ; viennent ensuite les Mousses et les Lichens. Fünf neue Flechten (Cinq nouveaux Lichens); par M. J. Müller Arg. (Flora, 1868, pp. 369-371). Ces Lichens sont les suivants : Lecanora (sect. Aspicilia) cacuminum, trouvé au sommet de la Dent du Midi (Cas. de Candolle); Caloplaca falla- ciosa, in saxis arenaceis pr. Berne (Fischer); Gyalecta elegantula, trouvé par l'auteur dans des grottes au pied du Salève ; ///atora (sect. Lecidea) Casimiri et B. (sect, Lecidea) nivea, tous deux de la Dent du Midi. (1) Voyez le Bulletin, t. xv, Revue, p. 220. 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Troisiéme notice sur quelques plantes du département du Loiret ; par M. Nouel (Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, tome XII); tirage à part en brochure in-8° de 93 p. Orléans, 1868. Cette liste comprend quatorze espèces nouvelles ou inédites pour le dépar- tement du Loiret. Les plus intéressantes sont les suivantes : Campanula patula L. (près d'une gare de chemin de fer), Orobanche rubens Wallr. (O. medica- ginis Duby), Potamogeton OEderi Meyer, qui se distingue du P. compressus L. par ses tiges un peu comprimées mais non ailées, et par ses feuilles moins longues, dont la nervation n'est pas la méme, Juncus heterophyllus L. Duf., Ranunculus monspeliacus L. (Saint-Pryvé). L'auteur a trouvé dans des prairies artificielles Rapistrum Linnæanum Boiss. et Scabiosa semipapposa Salzm. Ila fait en outre une expérience intéressante. Il a ensemencé avec des graines de Luzerne, prises chez un grainetier d'Orléans, quelques plates-bandes de son jardin, et il a vu se développer des espèces étrangères à la flore du Loiret. M. Nouel signale en terminant des localités nouvelles d'espéces rares, entre autres le Juncus anceps, que nous avons trouvé plus au nord encore dans la flore parisienne, aux environs de Moret. Flora italiana; par M. Ph. Parlatore, vol. 1v, 1° partie. In-8° de 288 p. Florence, 1868, Ce volume est consacré aux Conifères et aux Gnétacées, que l'auteur réunit sous le nom de Pitoidées. On connait assez la théorie spéciale qu'il a soutenue sur la constitution de la fleur de ces arbres (théorie que nous avons reproduite ici), pour que nous n'entrions pas dans de nouveaux détails à cet égard. On trouve à leur suite la famille des Amentacées et celle des Salicinées. Catalogo methodico das plantas observadas em Por- tugal ; par M. Carlos Maria Gomes Machado (Jornal de sciencias ma- thematicas, physicas e naturaes, publicado sub os auspicios da Academia real das sciencias de Lisboa, numéros 5 et 6, mai 1869). Les plantes sont énumérées dans cette florule, encore incomplete, suivant la série Candollienne. Elle consiste en l'indication dela synonymie et des localités. Celles-ci sont données d’après Brotero, Welwitsch, Bourgeau et les herbo- risations de l'auteur. Les flores des Canaries et des Açores sont citées dans la synonymie. Flore de la Normandie (Phanérogames et Cryptogames semi-vas- culaires); par M. A. de Brébisson, 4° édition. In-18 de 423 p. Caen et Paris, 1869. Les nouveautés contenues dans ce livre sont dues aux communications de MM. Malbranche, Étienne, Menpiot, Lacaille, L. Guérin, Debooz, Chesnon, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 157 de Parsay, Crouzet, notre trés-savant et très-regretté confrère Aug. Le Pré- vost, Gillet, Besnou, l'abbé Tabard, Morière, Godey, de Bonnechose et Eug. Perrier. M. Moriére a bien voulu se charger de la surveillance de l'impression et dela correction des premieres épreuves ; c'est un service qu'il a rendu à la science en mémetemps qu'à l'auteur. Flora Virgiliana, ovvero sulle piante menzionate da Virgilio; par M. Pietro Bubani. In-8° de 135 pages. Bologne, 10 juin 1869, typ. Ma- reggioni. Nous nous ferons un devoir de rapporter les opinions les plus particuliéres à M. Bubani sur la détermination de certaines plantes controversées dont a parlé Virgile. Il pense que le mot Acanthus désigne chez le poéte plusieurs végétaux différents. Si dans certains passages, Virgile a désigné notre Acan- thus, peut-être dans d'autres a-t-il eu en vuel'Onopordon Acanthium. Baccas semperfrondentis Acanthi. .. . indique un Acacia épineux d'Égypte; le pictum croceo velamen Acantho fait penser au Carduus tinctorius. L'auteur rapporte le Carbasus à un tissu fait avec le coton du Gossypium arboreum. Relative- ment au vers fameux : Alba ligustra cadunt, etc., M. Bubani né partage pas l'opinion de M. Du Molin, et voit dans le Ligustrum le Troëne, dans les Vac- cinia, tout autre chose que l’/ris ou l Hyacinthus des Grecs. Rappelant des passages d'Ovide et de Pline, il montre quele suc rouge du Vaccinium servait à la teinture (l'étymologie latine de Vaccinium, fourni par Vacca, peut venir de l'usage oü l'on fut de teindre le lait avec ce fruit) ; il ne se range pas à l'interprétation donnée par Dalechamp et Desfontaines, qui ont invoqué le Prunus Mahaleb ; il y voit celui du Rhamnus infectorius. Vitruve a dit : « Eadem ratione Vaccinium temperantes et lac miscentes purpuram faciunt ele- gantem. » M. Bubani fait remarquer que le Vaccinium Myrtillus est un arbuste assez rare en Italie, où il ne se rencontre que sur les Apennins, généralement dans des localités où ne croit pas le Ligustrum, ce qui empêche que Virgile ait pu songer à les mettre en présence. D'autre part, le mélange des Vaccinium aux Soucis ( Mollia luteola pingit Vaccinia Caltha) montre que le Vaccinium de Virgile croissait sous un climat très-doux. Cependant il n'est pas certain que le Vaccinia nigra leguntur désigne des fruits ; si ce passage indique des fleurs, l'auteur ne saurait trop lesquelles. M. Bubani termine par étudier la fameuse énigme Dic quibus in terris inscripti nomina regum, etc. Il rejette le Delphinium Ajacis, car les vers d'Ovide (Métam. x, 210-6) désignent évidem- ment une plante monocotylédone ; M. Fée a indiqué le Lilium Martagon. M. Bubani songe au Z. chalcedonicum, l'une des plus belles fleurs du fameux Parnasse, pour expliquer les vers d'Ovide. Relativement à l'énigme virgi- lienne, il avoue son impuissance. Son livre est d'ailleurs dressé sur le méme plan que ceux de Paulet et de M. Fée, et il discute avec les mémes matériaux. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber das Entstehen und die Bildung des kreisrunden Offnungen in der äusseren Haut des Blütenstaubes, nachgewiesen an dem Baue des Blütenstaubes der Cucurbitaceen und Ona- grarieen {De l'origine et de la formation des ouvertures arrondies de la membrane extérieure du pollen, observées sur celui des Cucurbitacées et des Onagrariées); par M. Aloys Pollender. Grand in-4° de 17 pages, avec deux planches lithographiées. Bonn, 1857. Voici quelles sont les conclusions de l'auteur Les ouvertures arrondies que présente le pollen des Cucurbitacées ne sont point des pores fermés, mais des ouvertures véritables ; en outre, les préten- dus corpuscules intermédiaires ne sont que des cellules simples : il n'existe dans le pollen de ces deux familles de plantes aucune trace d'une membrane moyenne, non plus que d'une troisième ou d'une quatrième membrane. L'organisation entière des pollens dont l'utricule est muni d'ouvertures ou de points de passage déterminés est la suivante : de trés-bonne heure, avant qu'apparaisse la membrane extérieure sur ces points, ou au moins en méme temps, il y naît des cellules spéciales qui, plus tard, sont traversées par la membrane interne, et absorbées en partie dans son intérieur avec leur contenu qui formera le boyau pollinique dans la fécondation. M. Pollender nomme Deckelzellen (cellules operculaires) les cellules décou- vertes par lui dans le pollen des Cucurbitacées, et dit à la fin de son mémoire : Toutes les figures énigmatiques et invraisemblables que l'on a données sous le nom de corpuscules intermédiaires, et qui semblent montrer l'existence de trois ou quatre membranes dans le grain pollinique, sont fondées simplement sur l'existence d'une cellule étranglée dans son milieu par une ouverture de la membrane interne, ce qui détermine sur la coupe l'apparence de trois ou de quatre lignes; l'organisation du pollen de ces deux familles montre une fois de plus combien la nature est simple dans le choix de ses moyens. Zur Controverse über dic Einzellizkeit oder Meñrzel- ligkeit des Pollens der Onagrarien, Cucurbitaceen und Corylaceen (De la controverse élevée au sujet de la constitution unicellulatre ou multi- cellulaire du pollen des Onagrariées, Cucurbitacées et Corylacées) ; par M. Chr. Lürssen (Pringsheim's Jahrbücher, t. vu, pp. 34-60, avec trois planches). M. Lürssen fait remarquer que les recherches de M. Pollender different considérablement par leurs résultats de celles qu'ont publiées MM. Fritsche et H. de Mohl. Voici comment il termine son mémoire ; On ne découvre ni chez les Onagrariées, ni chez les Cucurbita ou les Cory- - lus, daus les plis pas plus que dans les ouvertures de sortie du grain pollinique; les cellules soi-disant découvertes par M. Pollender. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 159 Les résultats donnés par ce savant, quant aux Onagrariées, tiennent très-probablement à ce qu'il a confondu un espace vide renfermé dans les plis de sortie du grain avec une véritable cellule, et quant aux Cucurbita et aux Corylus, à ce qu'il a confondu avec des cellules les épaississements de l'intine au-dessous des pores (corpuscules intermédiaires). La généralisation exprimée par M. Pollender sur l'organisation du pollen est trés-mal fondée, et l'on peut conclure que jusqu'à présent on n'a vu des cellules se produire dans l'intérieur du grain pollinique que chez les Gymuo- spermes. Sur la respiration des plantes aquatiques à l'obsenrité ; par M. P. -P. Dehérain (Ann. sc. nat. 1869, 5° série, t. IX, pp. 267-268). Il s'est dernièrement développé à la surface de l'étang de Grignon une quan- tité considérable de Lemna minor ; cette plante formait un tapis assez épais pour que de petits oiseaux pussent y marcher. Bientôt, une forte odeur d'hy- drogène sulfuré se répandit autour de l'étang, et l'on vit arriver à la surface une tres-grande quantité de poissons morts, tandis que l'étang restait garni de cygnes, de canards et de poules d'eau, Le Lemna avait formé à la surface de l'étang une couverture assez épaisse pour empêcher l’action des rayons lumi- neux ; dès lors, les plantes submergées ayant absorbé tout l'oxygene en disso- lution, les poissons sont morts asphyxiés. Avec les précautions nécessaires, M. Dehérain a constaté que l'eau de cet étang ne renfermait pas une bulle d'oxygène. Note sur la respiration des plantes aquatiques; par M. Ph. Van Tieghem ( //id. , pp. 269-273). Si l'ona soin de se mettre à l'abri des réflexions produites par les nuages, tant que la lumière solaire directe n'a pas frappé les organes de l’ Elodea cana- densis, le végétal ne dégage pas d'oxygène. Il en est de méme pour le Ce- ratophyllum demersum, le Potamogeton lucens, le Vallisneria spiralis. Ge résultat s'explique d'ailleurs par la constitution même de la lumière diffuse, que les expériences de M. Roscoé ont montré être très-riche en rayons très- réfrangibles, et très-active par conséquent sur les papiers photographiques, mais très- pauvre au contraire en radiations jaunes et rouges, les seules qui, absorbées par la chlorophylle, soient transformées par elle en un travail chi- mique équivalent à la réduction de l'acide carbonique. D'après des expériences nouvelles, qui confirment celles que l'auteur a com- muniquées antérieurement à notre Société (voy. le Bull., séance du 9 novembre 1566), quand ou expose à la lumière diffuse des £lodea mis antérieurement en activité respiratoire par la lumière directe, le dégagement d'oxvgene con- tinue et ne cesse que neuf heures après la fin de l'insolation. Dans de nouvelles expériences, l'auteur a substitué l'influence de l'obscurité à celle dela lumière 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. diffuse. Le dégagement de l'oxygène a continué chez l’ Elodea trois heures aprés que la plante avait été soustraite à l'action directe du soleil et placée à l'obscurité. Comme ce temps est de beaucoup inférieur à celui de neuf heures, pendant lequel s'est prolongée l'expiration d'oxygène à la lumiere diffuse, il en résulte que cette lumière possède réellement par elle-même un effet. continua- teur, quoiqu'elle soit trop pauvre en radiations actives pour provoquer le phé- noméne. Nous croyons devoir reproduire les réflexions par lesquelles M. Van Tieghem termine son mémoire : La force vive de la lumière solaire peut donc se fixer, s'emmagasiner dans les plantes vivantes, pour agir aprés coup dans l'obscurité compléte, et s'épuiser peu à peu en se transformant en un travail chimique équivaient, comme elle se fixe et s'emmagasine dans les sulfures phosphorescents, pour apparaitre ensuite au dehors sous forme de radiations moins réfrangibles que les radiations inci- dentes, et. dans le papier, l'amidon et la porcelaine, pour se manifester aprés un temps très-long, par la réduction à distance des sels d'argent. La propriété dont se montrent revétues les cellules vertes des plantes aquatiques n'est donc qu'un cas particulier de la propriété générale que possède la matière de fixer dans sa masse, sous une forme inconnue, une partie des vibrations incidentes, et de les conserver en les transformant pour les émettre plus tard soit sous forme de radiations moins réfrangibles, soit sous forme de travail chimique ou mécanique équivalent. Du róle que joue la cuticule dans la respiration des plantes; par M. A. Barthélemy (/bid., pp. 287-297). L'auteur rappelle qu'en 1856, M. Duchartre annoncait que les cellules de 'épiderme interviennent dans l'acte respiratoire, et montre que les résultats des expériences de M. Graham conduisent théoriquement à une conclusion analogue. Ila cherché à prouver que les feuilles se laissent traverser par les gaz dans les mêmes conditions que des membranes colloidales. Il a employé une méthode analogue à celle de M. Graham. L'air s'est enrichi en oxygène par son passage à travers la feuille comme à travers une lame de caoutchouc, et en quantité à peu prés égale. La chaleur a semblé activer la vitesse de pas- sage du gaz, ainsi que la présence d'une substance capable de l'absorber. En opérant sur une atmosphére artificielle d'acide carbonique, séparée par la feuille convenablement lutée sur les bords de l'appareil d'une éprouvette pleine d'air et reposant sur la cuve à mercure, l'auteur a vu que l'acide carbonique était peu à peu complétement absorbé par un fragment de potasse placé sur le mercure ; à la fin de l'expérience, l'appareil ne contenait plus que de l'air, et cela de chaque cóté de la feuille. La cuticule, dit l'auteur, est dépourvue de pores; elle possède la com- position du caoutchouc, plus de l'oxygène, qui n'y est peut-être qu'à l'état REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 161 de dissolution ; enfin le réseau des nervures divise la surface de la feuille en petits espaces circonscrits. Il me paraît difficile, pour toutes ces raisons, de ne pas voir dans les feuilles un ensemble de petits appareils de diffusion colloïdale. L'acide carbonique de l'air passe, après s'être dissous dans la cuticule en quantité notable, grâce à son pouvoir de diffusion colloïdale, dans le paren- chyme intérieur ; le phénomène s'arréterait bientôt, l'équilibre se produisant des deux cótés de la cuticule, mais alors intervient l'action chimique, qui dé- compose l'acide carbonique ; l'oxygène produit dans le parenchyme intérieur ne tarde pasà acquérir une tension plus grande que celle qu'il a dans l'atmos- phére, et, à partir de ce moment, il s'exhale au dehors à travers la cuticule. Une nouvelle quantité d'acide carbonique pénètre à son tour, et ainsi de suite. Dans la nuit, l'action chimique devenant inverse, c'est l'acide carbonique produit qui est rejeté au dehors. Cette interprétation concorde avec ce fait, reconnu déjà par de Saussure et vérifié par M. Brongniart, que la quantité d'acide carbonique décomposée par une feuille est proportionnelle à sa surface et non à son volume, puisque cette quantité ne dépend que de celle du gaz qui passe par dissolution à travers la cuticule; de méme, la face inférieure criblée de pores, et par conséquent de surface moindre que la face supérieure, doit donner moins de gaz. M. Barthélemy fait en outre remarquer que l'azote ne peut pénétrer qu'en petite quantité par la cuticule, grâce à son faible pouvoir diffusif, et, à cause de sa moindre densité, doit se diffuser mécaniquement par les stomates avec une vitesse relative plus grande que celle des autres gaz de l'atmosphere. On voit que ce savant modifie considérablement le róle accordé aux stomates par la trés-grande majorité des botanistes. De Pintroduction et de l'acelimatation des Cinchonas daus les Indes néerlandaises et daus les Indes britanniques; par MM. J.-L. Soubeiran et Aug. Delondre (Extrait du Bulletin de la Soc. imp. d'accli- matation, années 1867 et 1868); tirage à part en brochure in-8° de 165 pages. Paris, imp. Martinet, 1868. Le livre de MM. Soubeiran et Delondre est un résumé historique plus étendu que son titre ne le fait espérer. Les auteurs commencent par retracer l'histoire dela découverte du Quinquina et des diverses espèces de Cinchona; après avoir longuement rapporté les voyages de M. Hasskarl et les cultures de Java, puis l'expédition de M. Cl.-R. Markham et les cultures des Neilgherries, ainsi que celles qu'on a essayées sur d'autres points de l'Inde anglaise, ils S'occupent d'une manière générale de la richesse en alcaloides des écorces, et des conditions naturelles ou artificielles qui la modilient. Ts font à ce sujet une observation importante, c'est que l'on éviterait probablement des pertes notables de quinine et d'autres alcaloides, si l'on avait la précaution de mettre à l'abri de la lumiere les écorces des Quinquinas dés qu'elles sont récoltées et d'en T. XVI. (REVUE) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. opérer la dessiccation dans l'obscurité. Ils traitent encore d’une manière géné- rale des procédés d'exploitation en usage aujourd'hui, des réactions chimiques qui s'accomplissent daus l'intérieur de l'écorce, de la valeur thérapeutique des divers principes qu'elle renferme. Ils font valoir l'intérêt que présentent au point de vue médical les alcaloides autres que la quinine et l'amer quiuovique, Ils étudient ensuite l'importance des déboisements exécutés dans les Indes bri- tanniques pour faire place anciennement aux plantations de Café et d'arbres à Thé, et plus récemment à celles de Quinquina ; ils iusistent sur la nécessité d'un reboisement au moins partiel. Le dernier chapitre traite des essais d'accli- matation tentés aux Antilles, à la Nouvelle-Hollande, etc., et indique ceux qui pourraient être faits avec succès sur d'autres points du globe. Les auteurs recommandent de ne pas désespérer de l'introduction du Quinquina en Algérie. Le mémoire que nous signalons renferme, avec un résumé historique qui prouve une connaissance approfondie du sujet, de nombreuses réflexions pra - tiques propres aux auteurs, et que devront prendre en très-sérieuse considéra- tion tous ceux qui cultivent ou exploitent le Quinquina. Les Sphaignes de la flore de Belgique ; par M. Louis Piré (Bul- letin de la Société royale de botanique de Belgique, t. v1, n° 3, pp. 313-339, avec une planche). L'auteur décrit sommairement l'organisation remarquable des Sphagnum; il joint à ce résumé morphologique un tableau synoptique, afin de faciliter l'analyse et la détermination des espèces européennes de ce genre. Il s'est sur- tout appliqué à choisir des caractères faciles à constater et à observer en tout temps ; à cet effet, il a rejeté ceux que fournit l'inflorescence, en ne s'attachant qu'à ceux que présentent les feuilles. Son travail enrichit la flore belge de sept espèces et de deux variétés, dont l'une est considérée comme espèce par plusieurs bryologues. De la fécondation artifieicile des Palmiers et de la récolte du pollen pour cette opération; par M. J.-E. Bommer (/bid., pp. 359-368). M. Bommer, après avoir recueilli le pollen pur, broie dans un flacon à fond plat les fleurs mâles dont les anthéres contiennent encore une certaine quantité de pollen ; il obtient ainsi une poudre homogène à laquelle il mêle le pollen pur. Ce modus faciendi lui semble surtout. utile pour les espèces qui n'en donnent pas abondamment ou dont les fleurs máles sont peu nombreuses. Pour pratiquer la fécondation, il fait d'abord assujettir fixement l'inflorescence femelle, puis il place la poudre pollinique sur une feuille de papier sombre qu'il transporte au-dessous de cette inflorescence ; un aide la tient, et en appliquant de vigoureuses chiquenaudes au-dessous de la feuille, à l'endroit où était amassée la poudre, il produit des nuages de pollen qui enveloppent le regime et se répandent ensuiie sur les fleurs femelles. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 163 M. Bommer pense que le pollen, dans cet état de division, se conserve mieux que quand il est pur, parce que dans ce cas ses grains s'agglutinent et moi- sissent aisément. Il est parvenu à féconder plusieurs Palmiers ; il a réussi dans plusieurs cas à obtenir des fruits, quelle que fût l'heure à laquelle il eût opéré et méme à l'ombre. Il ne croit pas que les fruits observés par M. Denis (1) provinssent du Chamerops humilis. Études sur quelques Rumex de la section Lapathum ; par M. D.-A. Van Bastelaer (/bid., pp. 369-386). M. Van Bastelaer étudie dans ce mémoire quatre espèces critiques : Rumex maximus Schreb. , R. aquaticus L., R. Hydrolaphathum Huds. et une forme tout à fait inédite : //. maximus X Hydrolapathum. Note sur le Myosotis Dumortieri; par M. A. Thieleus (/bid., t VI, pp. 85-86). Cette espèce diffère dn M. palustris With. et se rapproche du M. cæspi- fosa C.-F. Schultz (M. lingulata Lehm.) par sa tige cylindrique, non anguleuse, sa corolle petite, les divisions du calice profondes. Elle diffère du M. cespitosa et se rapproche du M. palustris par sa souche vivace, sa forte taille et ses fleurs en grappe assez courtes. Ilustrazionc di nuove specie dí plante Bornensí; par M. O. Beccari (Nuovo Giornale botanico italiano, n° 2, pp. 65-91). L'auteur décrit et figure dans ce mémoire seulement deux espèces nouvelles, Balanophora reflexa et Brugmansia Lowi, déja publiées par lui l'année der- niére dans les Ati della Società italiana di scienze naturali, vol. x1, p. 197. Mais à cette occasion il donne des détails intéressants sur leur constitution his- tologique, grâce à des matériaux conservés dans l'alcool. qu'il a rapportés de Bornéo. Il regarde tous les pieds de Zalanophora parasites sur la méme racine comme nés d'une seule et méme graine. L'anatomie lui a appris l'existence d'un tissu étranger qui parcourt la racine-mère et qui relie entre elles les insertions en apparence distinctes des pieds de Zalanophora. Il signale des tubérosités qui recouvrent la surface du rhizome et qui sont dues à la dilatation extréme de la paroi externe de certaines cellules appartenant à ce tissu étranger. Les cellules les plus importantes des Zalanophora sont celles que remplit de cire végétale le travail de la végétation, et qu'on remarque surtout dans les bractées, les poils du Périgone, la partie extérieure et supérieure de l'axe floral. M. Beccari a fait, aprés Poleck, l'analyse chimique de ce produit (la balanophoréine de M. Gæp- (1) Voyez Actes du Congrés international de botanique, p. 163. 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pert), substance céracée ou résineuse qui se produit à l’intérieur de l'utricule protoplasmique. Après ces détails anatomiques, il discute l’affinité des Balanophorées. Il trouve qu'on s'est trop pressé d'admettre ces plantes dans les Dicotylédones. Leur axe florifère présente des faisceaux -fibro-vasculaires irrégulièrement mêlés à du tissu cellulaire, plus pressés à la périphérie, mais sans stratification régulière. Les parties de la fleur tendent à la disparition trimére. Les figures données par M. Weddell de la germination du Cynomorium paraissent se rapporter à une plante monocotylédone ; le prolongement qui sort de sa graine doit être un cotylédon ; la racine qui, d’après ce savant, tend toujours à se relever au dehors du sol, pourrait bien n'étre que la plumule. M. Beccari se rattache à l'opinion première de L.-C. Richard, le fondateur de la famille des Balanopho- rées, qui les placait non loin des Hydrocharidées ; il les rapproche aussi, avec M. Miers, de la famille des Triuridées. Quoique M. Hooker ait dit que l'unique ressemblance des Balanophorées et des Rafflésiacées git dans leur parasitisme, cependant un examen attentif de quelques espèces de cette dernière famille a convaincu l'auteur que ces deux familles ne devraient pas étre trop éloignées l'une de l'autre dans la série, et doivent toutes deux étre rattachées à la grande classe des Monocotylédones. (Cf. Weddell in L'Institut, 1850, p. 185.) Sulla gymnospermia delle Conifere ; par M. Th. Caruel (//id., pp. 92-96). M. Caruel réfute dans cette note les arguments présentés par M. Alph. de Candolle en faveur dela théorie de R. Brown dans l'un des derniers volumes du Prodromus. M a apprécié la justesse des observations de M. Baillon, qu'il a pu répéter en partie. L'argument tiré du mode d'évolution lui parait favorable à sa théorie; il rappelle d'ailleurs que ce procédé varie chez des organes de méme nature, par exemple dans les feuilles. L'anatropie des Podocarpus peut appartenir à un ovaire comme à un ovule. Il y a bien des exemples de bour- geons anatropes. Quant à l'insertion, l'origine axile d'un grand nombre d'ovules, semblable à celle de la fleur, a été pleinement mise en lumière par la science contemporaine pour certains genres. M. Caruel pense que l'écaille des Coni- feres est un organe très-complexe. Beiträge zur Biologie und Entwickelungsgeschichte der Ustilagineen (Recherches sur le mode de vie et sur le développe- ment des Üstilaginées) ; par M. A. Fischer de Waldheim (Pringsheim's Jahrbücher, t. Ni, pp. 61-144, avec six planches). Ce mémoire commence par l'historique du sujet. Ensuite l'auteur étudie successivement le mycélium, la formation des spores, le lieu de cette forma- tion etle développement intrinsèque de ces corpuscules. Il résume dela manière suivante les principales donuées acquises par lui à la science sur la formation des spores considérée dans la plante nourricière. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165 1. La formation dés spores n'a lieu que dans des parties déterminées de la plante-mére. Il y a une exception dans l Ustilago Maydis, dont souvent les spores se développent sur les parties aériennes les plus diverses d'un seul et méme individu. Probablement il faut citer ici encore l’ Urocystis pompholyges, dont les spores naissent dans différentes parties de la tige et de la feuille des Helleborus, des Ranunculus et des Anemone. 2. La formation des spores commence dans la plus grande jeunesse du végé- tal attaqué (Ust. flosculorum, U. Carbo, Sorisporium Saponarie, etc.). Les filaments qui produisent les spores se montrent à la méme époque où com- mence le développement des parties correspondantes de la plante nourricière. 3. A peu d'exceptions (accidentelles) prés, le parasite produit des spores dans tous les endroits de la plante-mère qui en permettent le développement , aussi bien dans les cas où les restes du mycélium y sont partout visibles que dans le cas contraire. Le Tilletia Caries engendre des spores dans l'ovaire du Blé. Ordinairement, le parasite se trouve dans tous les troncons de la tige aprés la chute de celle-ci, et ses spores dans tous les ovaires d'un épi. 1l en est de méme de l Ustilago Carbo et de toutes les autres Ustilaginées, en tant que l'on connait la formation de leurs spores. Pour plusieurs d'entre elles (U. Carbo, Tilletia De Baryana), il m'est arrivé de suivre le mycélium au travers de la racine ou du rhizome jusqu'au lieu où naissent les spores, et de constater qu'il s'y trouve encore au moment de leur première apparition. Dans d'autres cas (U. flosculo- sum, U. receptaculorum, etc.), cela n'a pas été possible... ^. Le mycélium est contenu non-seulement dans les parties aériennes, mais encore dans les parties souterraines de la plante ; mais la formation des spores n'a lieu que dans les parties aériennes, à l'intérieur comme à l'extérieur de leur tissu. Il n'y a que deux espèces qui fassent exception à cela; l'une d'elles accomplit son évolution entierement sous terre (CU. Aypogæa Tul., dans les racines du Linaria spuria), l'autre sous l'eau (PU. marina DR., dans le tissu du Scirpus parvulus). 5. Chez toutes les Ustilaginées, les substances qui se transforment en spores suivent dans leur développement une série de phases très-déterminée. On ne remarque ni dans les filaments isolés d'une Ustilaginée, ni dans l'ensemble de leur réseau, aucune trace de développement centripète. Les spores les plus extérieures sont les plus mûres.. .. | Ensuite M. A. Fischer de Waldheim passe en revue les Ustilaginées connues et indique sur quels végétaux chacune d'elles a été rencontrée parasite et autant que possible sur quels organes. Puis il traite de la structure et de | aspect des Spores müres, et classe celles-ci selon qu'elles sont isolées ou agglomérées, et selon l'aspect, aréolé, réticulé, etc., que présente leur membrane. externe. Ensuite il décrit la germination de ces spores, et relate quelques recherches faites sur la maniere dont elles pénètrent à l'intérieur de la plante qu'elles vont habiter, Il trace enfin des conclusions auxquelles nous empruntons ce qui s 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Toutes les Ustilaginées produisent des spores en couches épaisses dans les- quelles le développement des spores a lieu dans une direction centripète. A quelques exceptions prés, on ne connait aujourd'hui qu'une seule espéce de spores produite sur la plante nourricière. Ces exceptions sont présentées par le Sorisporium Saponarie, Y Ustilago marina ett U. capsularum. Pendant la germination, toutes les Ustilaginées poussent un. promycélium qui produit des sporidies ; seulement, chez certaines espéces, le développement de ces corpuscules a lien plus tardivement que chez d'autres. Comme les spo- ridies doivent étre considérées comme une espéce particuliére de spores, il faut reconnaitre aux Ustilaginées en général des spores de deux sortes, et de trois sortes au Sporisporium ainsi qu'aux. deux Ustilago susmentionnés. — . Relativement à l'introduction du parasite, il est probable que son mycélium pénètre pendant la jeunesse de la plante nourricière. Ce n'est pas le dévelop- pement du promycélium qui nuit beaucoup à celle-ci, c'est la formation des spores. Ucber den Durchgang von Wasserdampf durch die ge- schlossene Epidermiszelle (Sur le passage de la vapeur d'eau à travers les cellules fermées de l'épiderme) ; par M. N.-J.-C. Müller (//id. , pp. 193-199). Ce mémoire doit étre rapproché de celui de M. Barthélemy, que nous ana- Ivsons plus haut, page 160. L'auteur a eu recours à des expériences analogues pour placer l'épiderme de l Hæmanthus entre deux atmosphères d'humidité différente, l'une des deux complétement desséchée à l'aide du chlorure de calcium, l'autre communiquant avec un appareil manométrique qui en don- nait la tension. L'épiderme offrant deux faces, l'une cuticulaire ou. extérieure, l'autre cellulosique ou intérieure, le passage du courant d'air humide a été dirigé tantót dans un sens, tantót dans l'autre, au travers de son tissu. L'au- teur a vu facilement que la cuticule oppose un grand obstacle au passage de la vapeur d'eau, et que, par conséquent, l'évaporation végétale doit avoir lieu dans les feuilles par les méats intercellulaires et par les orifices qui commu- niquent avec eux. Das Tyrosin als Stickstofflieferndes Nahrungsmittel bei der Vegetation der Roggenpflanze in wässeriger Lósung (La tyrosine comme moyen d'introduire de l'azote dans le Seigle végétant dans des solutions aqueuses); par M. W. Wolf (Die lanchoirthschaftlichen Versuchsstationen, 1868, t. x, pp. 13-24). L'auteur tire de ses recherches les conclusions suivantes : 1. Le Seigle, végétant dans des solutions qui ne contiennent en fait de sub- stance azotée que de la tyrosine (1) pure, peut produire en feuilles, chaumes, (1) On sait que la tyrosine est une substance quaternaire, bien définie et susceptible REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 167 racines et épis, un poids de beaucoup supérieur à celui de sa graine. La tyro - sine est très-probablement changée partiellement par l'action de la racine en liquide de végétation ; cependaut, daus la transformation ou le dédoublement de ce corps, il ne se produit pas d'ammoniaque. Mais cet agent ne passe pas dans les organes supérieurs de la plante à l'état de tyrosine. L'azote emprunté à la tyrosine et introduit dans la plante est réparti entre ses divers organes, comme cela doit être d’après les procédés naturels de l'assimilation végétale. Vegetationsversuche mit 4mmoniaksalzen, Harnsaure, Hippursiure und Glycocoll als stickstoflhaltigen Nahrungsmitteln der Pflanzen (£'spériences sur la végétation; les sels d'ammoniaque, l'acide urique, l'acide hippurique et la glycocolle sont-ils capables de fournir aux plantes une nourriture azotée?) ; par M. W. Hampe (Ibid. , pp. 175- 187). Nous extraierons de ce mémoire quelques phrases qui nous paraissent résu- mer le mieux la pensée de l'auteur. Si les jeunes pieds de Mais, traités dans des solutions salines oà entre le phosphate d'ammoniaque avec d'autres phos- phates alcalins (et même ferrugineux), deviennent chlorosés et perdent peu à peu leurs racines, cela tient peut-être à ce que dans leur jeune âge, ces plantes ne sont pas capables de faire servir à leur nutrition l'ammoniaque de ces sels, faculté qu'elles pourraient acquérir plus tard. — Mes recherches actuelles, comme celles que j'ai déjà faites antérieurement, ne conduisent pas à croire que l'acide urique puisse être absorbé et assimilé par les plantes sous cette forme, mais à conclure seulement que dans les conditions expérimentales il naît de la décomposition de cet acide des substances assimilables qui, soit iso- lément, soit de concert avec l'urate de potasse, fournissent à la plante l'azote qu'elle emploie. — La glycocolle forme pour la plante une substance aussi utile à la production de ses substances azotées que l'acide nitrique. Et Bidrag tir Tyduinz af den i Oldtiden undern Navn af Silfion meget anveudte og hoît skattede, men senere forsvundene Kryderplante (Remarques pour servir à l'interpre- tation de la plante célèbre, mais aujourd'hui disparue, qui était connue des anciens sous [e nom de Silphium); par M. A.-S. OErsted (Oversigt over det Konglige danske Videnskabernes Selskabs Forhandlingar, 1869, n° 1, pp. 24-45), tirage à part en brochure in-8°. Copenhague, 1869. Cet important mémoire doit être rapproché de la thèse de M. Déniau que ~ J^ te 1 ?, ^ à OY nous avons signalée plus haut, page 58. M. OErsted établit d'abord que le Sil phium n'est ni le Thapsia Silphium, Drias aujourd'hui dans le Barka, qui est de cristalliser, qui s'obtient en méme temps que la leucine par | action de l hydrate de potasse, ainsi que par celle de l'acide chiorhydrique ou sulfurique étendu et bouillant, Sur ja corne, l'albumine, la fibrine et la caséine. 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. toxique pour les animaux, tandis que le Silphium leur était trés-salutaire, — ni le Ferula tingitana, nile F. Asa fœtida ou Laserpitium qummiferum. La question du Silphium était encore des plus obscures, lorsque M. OErsted fut invité à préter son concours à M. le professeur L. Müller, à l'occasion de son ouvrage sur les monnaies de la Cyrénaique. Les recherches numismatiques avaient mis en lumiére un élément fort important pour l'interprétation de la plante disparue. Il y a en effet sur les monnaies cyrénéennes une figure qu'on avait d'abord considérée comme représentant un cœur, mais que Dujardin, en 1850, avait interprétée avec raison comme le fruit du Sélphium. Un examen approfondi fit voir que le Silphium appartenait à une espèce différente de celle d'où l'on tire l'Asa fœtida de Perse, qui est le Scorodosma fœtidum Bunge. L'Asa fœtida, déjà connu des Grecs et des Romains, était appelé par eux Silphium médique, pour le distinguer du Silphium de la Cyrénaique, qui était agréable à la fois au goût et à l'odorat. En examinant la figure donnée par Hooker du Narthex Asa fœtida Falconer, l'auteur fut reporté par la pensée au Sulphium des anciens, et un examen plus approfondi lui fit découvrir une si grande conformité avec l'image des monnaies, qu'il ne douta pas de l'ex- tréme affinité de ces deux plantes. Cependant elles doivent être distinguées spécifiquement ; cela résulte de la forme en cœur du fruit, et- des qualités du suc résineux du Narthex, qui a absolument les mêmes propriétés que celui du Scorodosma fœtidum, et qui n'a rien de commun avec la célèbre épice de l'antiquité. M. OErsted propose d'appeler l'espéce perdue de la Cyrénaique Narthex Silphium ; il espère qu'on la retrouvera un jour dans les pays situés plus au sud du Barka, de méme qu'on a retrouvé le Papyrus loin de la région où on le cultivait autrefois. On voit que les conclusions de M. OErsted s'écartent assez de celles de M. Déniau. Reliquiæ Mettenianæ, seu Filices quedam nova ex variis orbis terra- rum partibus collectae, post mortem auctoris a Maximiliano Kuhn edite (Linnea, 1868, nouvelle série, t. 1, 5° livraison, pp. 385-394; t. I, 1'* livraison, pp. 41-128). On saura gré à M. Kuhn de faire connaitre les travaux inédits qui devaient paraître dans le Synopsis Filicum que préparait Mettenius au moment où la mort l'a ravi à la science, et dont la publication fait désirer encore plus vive- ment, s'il est possible, l'apparition d'un tel ouvrage, qui coordonne les données trop éparses que possede la science, et mette enfin un terme à d’interminables discussions de synonymie, táche impossible à des mémoires partiels, quel qu'en soit le mérite. Les documents publiés jusqu'à présent dans les Reliquie Mettenianæ con- cernent les groupes des Hyménophyllées, Acrostichées, Vittariées, Gymno- grammées, Adiantées, Cheilanthées, Ptéridées, Aspléniées, Aspidiées. On REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 169 remarquera que les genres Phegopteris et Aspidium sont confondus. Toutes les régions du globe sont mises à contribution pour ce travail, mais principale- ment l'Amérique tropicale et les iles de la Sonde. Die Cyperaceen des Kónigl. Herbariums zu Berlin ; par M. Otto Bóckeler (/5id., t. 1, 5* et 6° livr., pp. 397-612). Ce travail, fait d'aprés un des grands herbiers d'Europe, présente plus d'unité et par conséquent plus d'importance que le précédent. L'auteur a eu sous les yeux à Berlin les matériaux qui avaient servi aux monographies de Kunth et de Nees d'Esenbeck. Le Cyperographia de Kunth forme même, à beaucoup d'égards, la base du travail de M. Bóckeler. Il a éliminé les genres Mariscus et Isolepis, qui ne lui paraissent pas fondés sur des différences organiques constantes. Son mémoire, dans la partie publiée, ne comprend encore que le genre Cyperus. L'espace nous manque pour en citer les nouveautés. Beitrag zur ostaustralischen Moosflor (Recherches sur [es Mousses de l’ Australie orientale); par M. Karl Müller (/54. , t. 1, 6° livr., pp. 613-626). Les collections qui ont servi à ce travail ont été recueillies par deux dames, Miss Hélène Scott et madame Amélie Dietrich. L'ensemble donne 28 espèces, dont 13 sont décrites comme nouvelles par l'auteur. Le microscope, sa construction, son maniement et son application aux études d'anatomie végétale ; par M. Henri Van Heurck. Deuxiéme édition, remaniée, augmentée et contenant un résumé d'anatomie végétale, avec planches et figures dans le texte. In-12 de 223 pages. Anvers, chez F. Bag- german, 1869. Ce livre est réellement un livre nouveau, ainsi qu'on s'en assurera facilement en comparant cette deuxième édition avec la première, qui s'écoula presque complétement en trois mois. Il est fait principalement pour les étudiants. Afin de faciliter l'étude des organes, l'auteur a choisi ses exemples parmi des plantes vulgaires que chacun pourra se procurer aisément. On lira avec intérêt les détails pratiques et concis qu'il donne sur l'application du microscope à l'ana- lomie végétale. On remarquera aussi les détails nouveaux sur certains instru - ments modernes, sur les microscopes anglais, sur la lampe destinée aux recherches du soir, etc. Note sur la valeur alibile de la Salicorne herbacée, en réponse à une demande de l'autorité supérieure du département de la Manche (1857); par M. L. Besnou (Extrait des Mémoires de la Société d'archéo- logie, etc., d' Avranches, t. 1V, p. 541 et suiv.); tirage à part en brochure in-8° de 11 pages. Avranches, typ. Tribouillard, 1869. M. Viau, chimiste à Harfleur, prépare depuis quelque temps avec le Sali- 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cornia herbacea des conserves qu'il désigne sous le nom de Criste marine, nom vulgaire que porte cette plante en Normandie, et qu'il ne faut pas confondre avec celui du Crzthmum maritimum. Au cap de Bonne-Espérance, la méme espèce, dit M. Besnou, est trés-répandue, et depuis; longtemps elle y est utili- sée pour la nourriture des habitants. Sur les cótes occidentales de la Normandie et sur celles du Finistère, elle ne croit que trop rarement pour y être exploi- table soit pour la fabrication de la soude, soit pour l'alimentation publique. D'autre part, la nature des terrains salés qu'elle recherche empêche de songer à l'introduire dans nos champs et dans nos jardins maraichers. Elle est seule- ment cueillie à Avranches, mais en quantité insignifiante, alors que ses tiges sont jeunes et tendres, pour préparer quelques flacons de conserves au vinaigre. Elle se trouve à un état convenable de développement pour cet usage vers la fin de juin; plus tard, elle devient trop ligneuse pour étre utilisée. Or, comme c'est une plante annuelle, on ne pourrait la couper en grand dans sa jeunesse sans en compromettre la reproduction. M. Besnou en a fait préparer sous diverses formes culinaires pour l'expérimenter. Il l'a mangée sans répugnance, mais en reconnaissant que rien ne peut la faire rechercher. C'est, dit-il, sous forme de condiment, après avoir macéré dans le vinaigre avec quelques plantes aro- matiques, qu'elle semble avoir le plus de succès. Elle contient une notable proportion d'iode. .. - " - Q Beitrage zur Kenntniss der Wassersterne (Recherches sur les Callitriche); par M. F. Hegelmaier (Verhandlungen des botanischen Ve- reins. für die Provinz Brandenburg, t. x). Cette publication doit être considérée comme un appendice aux travaux antérieurs que l'auteur a déjà publiés sur les mémes plantes. Aprés avoir annoté neuf espèces, sur lesquelles ila recueilli des documents nouveaux, il décrit des formes nouvelles, qui sont les suivantes : Callitriche microcarpa Engelm. (Cuba, Wright, n. 2548), C. japonica Engelm. (Wright U. S. expl. euped.), C. stenocarra Hegelm. (Californie, Bolander, n^ 3870), C. brachycarpa He- gelm. (Nouvelle-Hollande), C. cyclocarpa Megelm. (/id.), C. Bolanderi Hegelin. (Bol. n. 4528). M. Hegelmaier termine par quelques considérations de géographie botanique. | Die Diatomeen der hohen Tatra (Les Diatomées du haut Tatra); par M. J. Schumann. In-8° de 102 pages. Vienne, 1867 ; chez Brockhaus, à Leipzig. Cet ouvrage a été publié aux frais de la Société impériale zoologico-bota- nique de Vienne. L'auteur commence par faire connaître le climat de la région qui a été l'objet de ses recherches. Il énumère ensuite les 205 espèces de Diatomées qu'il y a recueillies dans neuf localités différentes ; puis il traite du tissu de ces végétaux; il s'occupe surtout du nombre des raies et de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 174 l'angle suivan lequel elles s'entrecroisent ; il exprime les rapports des différents systèmes de raies par des formules algébriques qui occupent la plus grande partie de son livre, en considérant d'abord la question en général, et en la reprenant pour chaque espèce qu'il caractérise à ce point de vue, Il insiste sur ce que le nombre des cannelures est indépendant de l'altitude et de la tem- pérature, tandis qu'il n'en est pas de méme de la largeur des frustules. Il résulte de ses recherches que les Diatomées du haut Tatra (qui forme, comme on le sait, les principales sommités des Carpathes) mont aucune affinité avec celles de la Suède ni avec celles de la Finlande, ce qui est surprenant. The lignaloë-wood of Mexico (Le bois d'Aloës du Mexique): par M. James Collins (Pharmaceutical Journal, avril 1889, pp. 590-592). Il v a longtemps que ce prétendu bois d'Aloés est connu en Europe (voy. Gui- bourt, Drogues simples, ut, 491). Dans Ensayo. para la materia medica mezicana, publié à Puebla en 1832, on l'a rapporté à un Amyris. M. Heller, dans le supplément à son volume de Voyages au Me.rique, le cite dans l'énu- mération qu'il a donnée des plantes médicinales indigènes au Mexique, et le rap- porte à l'Amyris Tecomuca DC. (A. maritima Moc. et Sessé) et à l'A. ambro- siaca Moc. et Sessé (Zecica serrata DC.). M. Collins a eu en sa possession des feuilles de l'arbre qui donne le bois d’Aloës, les a comparées à celles des espèces indiquées par M. Heller, e' ne les a pas trouvées semblables. M. Bail- lon, consulté sur ce point par M. Oliver, les rapporte à l'A/aphrium gra- veolens Kunth. Il faudrait rapprocher ces faits d'une note publiée par M. G. Planchon dans notre Bulletin, sur la résine £'lémi du Mexique. Ueber die KEigenthümlichkeiîiten der Gcraniaceen- Früchte sich in die Erde zu bohren (Sur la propriété que possèdent les fruits des Géraniacées de s'enfoncer enterre) ; par M.J. Hanstein ( Verhand- lungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheïnlande und Westphalens, t. xxv, Sitzungsb., p. 95). On sait que les becs de grue qui terminent le fruit de nos Géraniacées sont conformés en manière de vrilles, que la dessiccation agit toujours sur le côté extérieur de chacun des cinq prolongements carpellaires qui les constituent plus fortement que sur leur cóté intérieur, ce qui les porte à s'enrouler sur eux mêmes en hélice sous l'influence de certaines variations hygrométriques. Ils sont en outre bordés de petits poils dirigés en haut. Les spirales de l'hélice agissent comme un tire-bouchon, pour enfoncer le fruit en terre, et les poils l'empéchent de ressortir. C'est à l'explication. détaillée de ce fait qu'est. con- Sacrée la note de M. Hanstein, qui insiste sur la sûreté de la dissémination offerte aux graines des Géraniacées par ce phénomène naturel. 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber zwei nerc Hybriden der Gattung Orchis (Sur deux hybrides nouveaux du genre Orchis), par M. Wilms (/hid., corr.-Bl., p. 70). M. Reichenbach fils ne compte pour toute l'Allemagne que 6 Orchidées hybrides. M. Kerneren a indiqué pour la flore d'Autriche 16, dont cinq appar- tiennent au genre Orchis. En Westphalie, l'auteur signale l'Ürchis hybrida Bœnn. (O. purpureo X militaris). Il décrit en outre l'O. purpureo X mas- cula et l'O. purpurco-latifolia, et (p. 80) un autre hybride trés-curieux entre l'Anacamptis pyramidalis et le Gymnadenia conopea, c'est-à-dire entre deux genres, si toutefois on est suffisamment autorisé à donner le nom de genres aux groupes qui résultent du démembrement de l’ancien genre Orchis. Beitrag zur Kenntniss des Polyporus officinalis Fr.; par M. C.-O. Harz (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1868, n° 1, pp. 1-40, avec deux planches). M. Harz a examiné l'Agaric du Mélèze au point de vue anatomique et au point de vue chimique. Le résultat de ses recherches anatomiques lui permet de distinguer au moins deux formes dans le Polyporus officinalis Fr. : l'une, plus habituelle et plus riche en résine, à grosses spores et à zones larges ; l'autre, à petites spores et à zones plus étroites, qu'il a trouvée dansl'herbier de Berlin, et qu'il propose de dénommer P. brevizonatus. Il s'est surtout occupé de la production de la résine dans ce Champignon. Elle précède, dit-il, l'épaississe- ment des cellules, et emprunte des matériaux à la paroi des cellules. Les fila- ments celluleux du Polyporus sont munis de trés-bonne heure de dilatations verruqueuses et s'épaississent peu à peu dans leurs parois, tandis que leur canal se rétrécit. Avec l'àge, au contraire, et avec la formation de la résine, le canal central s'élargit, tandis que les parois s'amincissent. La résine se forme de deux maniéres :les dilatations susmentionnées se transforment extérieu- rement en résine aussitót aprés leur apparition, et avant qu'on découvre une trace de ce produit dans l'intérieur du filament. Ce mode de production est général à toutes les parties dela plante. Le second est borné au mycélium. Dans celui-ci, la résine se produit dans l'intérieur du filament. On ne l'observe pas chez tous les individus, et seulement dans les parties aériennes, notam- ment dans le stipe des vieux Champignons. Ces analyses chimiques ont appris à l'auteur que les proportions relatives dans lesquelles on rencontre la résine et l'Agaricine sont tout aussi. variables que l'est la quantité absolue de ces sub- stances. La méthode de séparation donnée par Schoonbrodt n'est point. exacte surtout si on veut l'employer à la séparation de petites quantités. Non moins variables sont les quantités de gomme et de substance extractive. Celle-ci se rencontre en plus grande abondance chez les jeunes exemplaires et dans les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 parties plus jeunes des exemplaires ágés; il est par conséquent probable que l'Agaricine est le résultat de la transformation de la gomme. Ueber die faltenformigen Verdiekungen in den Zellen einiger Gramineen (Sur les épaississements en forme de plis que présentent les cellules de quelques Graminées) ; par M. S. Kareltschikoff bid., pp. 180-190, avec une planche). Les cellules dont il est question ont été observées par l'auteur dans le paren- chyme des feuilles des Bambusa et des Arundinaria. Pour en bien voir les plis, il. convient d'en faire disparaître le contenu vert par la macération dans l'alcool ou par l'ébullition avec la potasse caustique. Ayant isolé ces cellules par l'acion de l'acide nitrique et en faisant glisser l'un sur l'autre les deux verres qui les renferment, l'auteur a pu examiner ces cellules sous chacune de leurs faces. Elles se sont alors présentées sous des apparences diverses. En les obser- vant d'un certain côté, on y remarque des bâtonnets qui, sous une autre face, paraissent faire saillie comme des cloisons incomplètes dans l'intérieur de la cel- lule, apparence que M. Kareltschikoff a attribuée d'abord à des plissements de la membrane de la cellule, et qu'il a reconnue étre causée par des épaississements de cette membrane; il en indique le développement. Des apparences analogues existent dans diverses espèces d'Z/ymus; ici elles sont bien causées par des plis de la cellule, qui conduisent même à la disposition étoilée du parenchyme. Peziza Kauffmanniana, cine neue, aus Sclerotium stammende und auf Hanf schmarotzende Becherpilz-Species ; endeckt und nach eigenen Beobachtungen bearbeitet (Nouvelle espèce de Champignon cyathiforme naissant sur un. Sclerotium et parasite sur le Chanvre, découverte et étu- diée à l'aide de recherches originales); par M. Wladimir Tichomirow (Ibid., n° 2, pp. 295-342, avec 4 planches et 5 gravures sur bois). Ce Champignon a été trouvé dans le gouvernement de Smolensk. Il se déve- loppe dans l'intérieur de la tige du Chanvre. La maturité du Sclerotium qui le produit correspond au temps de la récolte du Chanvre. Cette circonstance favorise beaucoup la fructification du Champignon. Les Sclerotium se répandent facilement alors sur le sol oü ils s'enterrent superficiellement pour y donner au printemps suivant les appareils sporigères. La première lignée issue de ces Sclerotium ne doit pas servir à la propagation du Champignon ; ou elle ne par- vient pas à fructification, où ses spores ne peuvent germer à cause du manque d'un substratum convenable. En effet cette espéce ne se rencontre que sur le Chanvre, C'est seulement aux spores nées dans les cupules plus tardives de l'ap- pareil sporigère qu'est dévolue la faculté d'atteindre la tige du Chanvre, dy développer un mycélium, pour produire ensuite un Sclerotium soit dans l'in- térieur, soit à la surface de la tige. L'auteur a pu observer complétement, sur le Peziza Kau ffmanniana, la paire de cellules que certains auteurs regardent 474 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comme remplissant des fonctions sexuelles dans le développement de ces êtres. I! cite trois Peziza, qui se rapprochent de celui-ci par les phases qu'ils tra- versent : P. tuberosa, qui croit sur l'Anemone tuberosa, P. Carreyana, qui croit sur le Juncus effusus, et P. Durieana, qui croit sur le Carez arenaria, et développe ses Sclerotium dans l'intérieur de la tige de cette Cypéracée. Le mémoire de M. Tichomirow commence par quelques recherches anato- miques sur le Chanvre et se termine par l'étude des éléments anatomiques du Peziza Kauffmanniana. Plantarum species novas nonnullas proposuit E. -R. a Traut- vetter (bid. , pp. 460-464). Les espèces nouvelles établies dans cette note sont les suivantes : 4° Erysimum caucasicum, voisin del E. leptophyllum Andr. , qui en diffère par sa racine vivace, sa tige sous-frutescente et les poils 2-3-partits de ses feuilles, — 2° Anacyclus ciliatus, voisin de FA. radiatus Lois., qui s'en éloigne principalement par les écailles du péricline arrondies au sommet, les intérieures entourées d'une marge membraneuse, et par les ailes du tube de la corolle non ciliées. — 3° Anthemis melanoloma, de la Turquie d'Asie, voisin de A. Triumfetti All., mais distinct de cette espèce et de toutes ses congénères par les écailles du péricline bordées de noir. — h° Salvia pachy- stachya, d'Arménie, voisin du S. suffruticosa Montbr. et Auch. (Kostchy n? 137), lequel, cependant, se distingue suffisamment par les longs poils de sa tige, les feuilles glabres sur les deux faces, longuement ciliées, la lèvre supé- rieure du périanthe manifestement tridentée, les dents du périanthe toutes ovales-lancéolées, très-longuement acuminées. — 5° Chenopodium micran- thum, du gouvernement d'Orenbourg, trés-voisin du Ch. wrbicum L., dont il se distingue par son odeur non désagréable, le périanthe et les graines beaucoup plus petites, et par les divisions horizontales trés-étalées du même périanthe. Animadversiones de Hypno elegante Mook. et spe- ciebus europæis Plagiothecii; scripsit S. -O. Lindberg (Notiser ur Sällskapets pro fauna et [lora fennica Fürhandlingar, 4868, pp. 21-28). La premiere espèce doit porter le nom suivant : RHYNCHOSTEGIUM ELEGANS Lindb — Hypnum planifolium Brid., H. elegans Schwægr., H. Borreri Spr. , Plagiothecium nanum Jur. Var. B. collinum. — Hypnum collinum Wils. Var. y. terrestre, — Plagiothecium Schimperi Milde. Cette étude a amené naturellement l'auteur à tracer Ja synonymie compli- quée des 12 espèces de Plagiothecium d'Europe, qu'il classe en deux sections, Luplagiothecium Lindb. et Pseudorhynchostegium Lindb. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 175 Observationes de Mniaceis europæis; conscripsit S.-O. Lind- berg (Zbid., pp. 39-88). Ces notes constituent une véritable monographie, faite au point de vue de la flore européenne, de 20 Maium, 3 Cinclidium et 2 Orthopyxis. Chaque espèce est caractérisée par une courte diagnose et ses synonymes sont énumérés d'une manière soignée. Un appendice traite des Zrachycystis, Leucolepsis, Goniobryum et Gymnocybe. Beitrag zur Kenntniss der Faves (Études sur lateigne faveuse) ; par M. J. Peyritsch (Medicinische Jahresbericht, 18C9, 2° livraison, pp. 61-80). On sait que la teigne faveuse est produite par un Champignon, l Achorion Schenleinei Remak, et que des expériences de M. Hallier tendraient à ratta - cher ce Cryptogame à une série de formes très-variées qui comprendraient le Penicillium glaucum,Y Aspergillus glaucus, V A. fumigatus, e Mucor race- mosus, l'Oidium lactis, V Empusa. Muscæ. M. Peyristch a fixé tantôt les spores du favus, tantót celles de ces divers Champignons sur la peau de l'homme ou de petits chiens, soit en les maintenant avec des cataplasmes humides, soit en les inoculant avec des aiguilles. Il. n'a jamais vu naître le favus que des spores de l’Achorton lui-même, et il a constaté aussi que l'inoculation ou Pap- plication des Champignons susdits ne fournissait ancun résultat. D'autre part les expériences de culture, faites sur divers substratums, lui ont parfois fourni le Penicillium glaucum, V Aspergillus glaucus, le Mucor racemosus, le Sty - sanus Stemonitis; il croit cependant que la spécificité du favus résulte de ses recherches, et que les expériences de culture auront été défectueuses, puisque aucun lien n'est établi par la science entre ces Champignons. Nous ne pouvons analyser les intéressantes observations qu'il a faites sur le mode d'apparition des pustules du favus, et qui appartiennent au domaine de la pathologie. Disons seulement que, d’après Iui, l'action de P Achorion sur la peau peut être comparée à celle d'un sinapisme ou d'un emplàtre irritant. Gavarnie, Gèdre, Saint-Sauveur, Luz, Cauterets, Argelès, Arrens, Eaux- Bonnes; par Jam. In-8° de 44 pages. Pau, typ. Vignancour, 1869. L'auteur des £reursions à pred, dont le pseudonyme n'est qu'un voile bien léger, déjà soulevé par les botanistes pyrénéens, à continué, en voiture cette fois, ses pittoresques excursions dans la montagne. Ceux de nos confrères qui se proposent de parcourir les Hautes-Pyrénées trouveront en lui un guide expé- rimenté, qui connaît l'histoire de chaque bourg, ta légende de chaque ermi - tage, et qui a plusieurs fois parcouru, la boite du botaniste au dos et le bâton du touriste à la main, les beaux sites où il nous convie à le suivre. Ses récits de chaque excursion contiennent l'indication des plantes les plus intéressantes ; 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. il s'en trouve des fragments dans le compte rendu de la session tenue à Pau l'an passé. Les Champignons de la France. Histoire, description, culture, usages des espèces comestibles, vénéneuses, suspectes, employées dans les arts, l'industrie, l'économie domestique et la médecine; par M. F.-S. Cor- dier. Orné de vignettes et de 60 chromolithographies par M'* Delville Gor- dier. Paris, chez J. Rothschild, 1869-70. Typ. Lainé. Cet ouvrage est divisé en plusieurs parties. Le première partie contient des généralités sur l'organisation des Champi- gnons, leur physiologie, leur mode de reproduction, leur géographie, l'influence que peuvent exercer sur eux le sol, l'habitat, la saison, le climat ; les moyens de distinguer les espèces comestibles des espèces vénéneuses ; la possibilité d'enlever à ces dernières leur principe malfaisant, les dommages causés par quelques-unes de ces plantes; la culture, la récolte, la conservation des espèces utiles à l'homme, leur préparation culinaire, leur rôle dans les arts, l'industrie, l'économie domestique ; la manière d'agir des espèces malfaisantes sur l'économie animale, le traitement à apporter aux accidents qu'elles déter- minent, enfin, l'usage en médecine de ces plantes. Dans la deuxième partie, M. Cordier décrit les Champignons comestibles, vénéneux ou employés dans les arts, c'est-à-dire toutes les espéces de France qui olIrent de l'intérêt à l'homme. Aux descriptions détaillées, il a joint le plus souvent la synonymie des espéces, malheureusement si compliquée dans les auteurs, et la citation des meilleures figures qui en ont été données. M. Cor- dier ne s'est pas contenté de citer les planches des auteurs qui l'ont précédé ; il a donné les figures, dessinées d'aprés nature, d'une ou de plusieurs espéces des genres dont il parle. Les descriptions sont précédées de tableaux syn- optiques où sont exposés les caractères de la famille et du genre. Il a adopté pour la classification des espèces du genre Agaric la méthode de Persoon, qui lui a paru plus pratique que celle de M. Fries; il a cependant tenu compte de la coloration des spores et du rapport dans lequel les lames sont avec l’hymé- nophore. Il n'a pas accepté le partage du genre A gar?cus de Linné en douze ou quinze genres, selon la méthode de M. Fries, parce que ces genres sont établis sur des caractères trop peu distincts pour être facilement reconnus par des commencants. Le catalogue des Champignons de la France n'ayant pas encore été publié, M. Cordier a cru devoir tracer l'énumération de toutes les espèces qui ren- trent dans les genres dont il a parlé. Cette énumération, disposée par ordre alphabétique, est, dit-il, incomplete, mais pourra servir de point de repére aux botanistes qui s'occupent de mycologie. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 177 Monographie dcs Connaracées ct des Légumineuses-Mimosées ; par M. H. Baillon (Æistoire des plantes, t. 11, 4"° livraison, avec 37 figures dans les textes). Les Connaracées comprennent deux séries de genres, les Connarées et les Cnestidées. Leurs affinités ont été parfaitement résumées par Endlicher. Parmi les caractères constants qu'elles offrent, l'auteur signale : l'indépendance des carpelles, leur nombre égal au plus à celui des pétales, le nombre des ovules dans chaque carpelle, la direction en haut du micropyle, la consistance du péricarpe, toujours sec et définitivement déhiscent, la diplostémonie réelle de l'androcée, l'alternance des feuilles, l'absence. des stipules et la consistance ligneuse des tiges. Le mode de préfloraison du calice et la présence d'un albu- men varient beaucoup selon les genres que l'on considére, mais n'offrent pas une valeur taxonomique bien nette. D'autres caractères servent seulement à distinguer les genres entre eux : l’élongation du réceptacle, la présence ou l'absence d'un. podogyne, le nombre absolu des éléments de gynécée, l'état de la surface intérieure du péricarpe, etc. Le sous-ordre des Mimosées, formé dans la monographie de M. Baillon de vingt-huit genres, présente un si grand nombre de caractères constants qu'il faut avoir recours pour le subdiviser à des traits considérés ailleurs comme d'une valeur fort secondaire, tels que la forme des fruits, leur mode de déhis - cence, la manière dont l'endocarpe se comporte à l'égard. des graines, et le degré de composition des feuilles, qui sont tantót simplement pinnées, et tan- tôt bipinnées, Quant aux séries ou tribus, elles sont fondées sur le mode de prélloraison du calice, le nombre des étamines et l'absence au sommet de celles-ci d'une sorte de saillie glanduleuse qui surmonterait le connectif. De là, les quatre séries que M. Baillon conserve seules parmi les Mimosées : Adé- nanthérées, Eumimosées, Parkices et Acaciées. L'indépendance ou la liberté des filets staminaux n’est pas acceptée par M. Baillon comme uu caractère suffisant pour caractériser des genres. Bouquet du littoral belge; par M. Du Mortier (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, V. vit, n°3, pp. 318-371). M. Du Mortier commence par citer des faits d'un trés-grand intérêt. Il établit d'apres les faits géologiques et les témoignages historiques, que de Dun- kerque à Nieuport le sol se relève incessamment et fait naitre ainsi le retrait de la mer, tandis que de Nieuport à Ostende, le sol s'abaisse sans cesse. C'est la continuation des mouvements géologiques qui ont jadis séparé l'Angleterre du continent. Si le sol varie d'altitude, il a aussi varié de climat. M. Amé de Knuyt, en faisant extraire de la tourbe d'une tourbière sous-marine près d'Os- tende, trouva le sol planté de vignes alignées et grosses comme la jambe, dans un lieu où le raisin n'arrive plus que rarement à maturité. À Knocke, le Seir- T. XVI. (REVUE) 12 478 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pus holoschœænus, plante méridionale, se trouve en abondance dans les dunes les plus intérieures, c'est-à-dire les plus anciennes, et fait défaut dans les autres. Les plantes sur lesquelles M. Du Mortier insiste le plus particulièrement, ont les suivantes : Atriplex farinosa Dum. (A. crassifolia Fr., GG.), quatre Suæda du groupe du S. maritima, Polygala calcarea Schultz, qui, dans ’herbier de Linné, porte le nom de P. amara, lequel est certainement le nom princeps de cette espèce, P. mutabilis Dum. (P. depressa Wend.), espèce dans laquelle le nom de mutabilis indique que les feuilles sont opposées sur les tiges de la première année et alternes sur celles de la seconde, P. serpyllacea Weihe (P. depressa Coss. et Germ. non Wend.), P. oxyptera Rchb. (P. Le- jeunei Bor.), P. dunensis Dum. n. sp. (P. vulgaris B. oxyptera Van den Bosch), plusieurs formes de la section du Myosotis cæspitosa, parmi lesquelles deux nouvelles, plusieurs Ononis du groupe de l'O. spinosa, deux Thalictrum nouveaux, Ranunculus cespititius Dum. (R. Flammula var. reptans de Vicq et de Brut.), Juncus equisetosus Dum., Agrostis salina Dum., Festuca ora- ria Dum. (F. sabulicola L. Duf., F. arenaria GG. non Osbeck), Ruppia rostellata Koch (R. maritima L. herb.!). Denkschrift auf Carl-Friedr.-Phil. von Martius (Sou- venir de M. de Martius); par M. Meissner. In 4° de 28 pages, publié par PAcadémie des sciences de Munich. Munich, chez G. Franz, 4869, typ. F. Straub. M. Meissner, membre étranger de l’Académie royale des sciences de Munich, a tenu à rendre aux mânes du vénérable Martius l'hommage qu'ils méritaient, et il a dignement rempli cette tàche. Outre l'énumération des travaux du savant de Munich, et l'analyse de ses voyages et de sa vie scientifique, que tous les botanistes connaissent, nous trouvons dans le Zenkschrift des détails intéressants. M. de Martius descendait d'un astrologue du xv? siècle, Galeottus Martius, né à Narni, en Ombrie, en 1427, et professeur à Padoue en 1450, qui, à cause de ses sympathies pour les doctrines de la réforme, fut obligé de quitter l'Italie et se réfugia en Hongrie, où il devint conseiller et bibliothécaire du roi Matthias Corvinus, le fondateur de l'université de Bude. Parmi les des- cendants de Galeottus, on trouve Heinrich Martius, le grand-oncle du bota- niste de Munich, et l'auteur d'une flore de Moscou, et Ernst Wilhelm Martius, son pere, pharmacien à Erlanger, qui publia en 1847 à Leipzig un livre inti- tulé Souvenirs de ma quatre-vingt-di.ciéme année, il n'entre pas dans notre cadre de suivre M. Meissner dans son récit bio- graphique. Nous n'en extraierons qu'un détail touchant, c'est que, lors de l'inhumation de M. de Martius, ses restes mortels furent conduits à leur dernière demeure recouverts de feuilles fraîches de Palmiers : témoignage suprème rendu par la botanique à l’auteur illustre qui avait tant fait pour l'étude des Palmiers du Brésil. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 Flori madagascariensis fragmenta, fragmentum tertium in quo continentur Violarieæ, Sauvagesieæ, Turneracez, Samydeæ et Bixaccæ, auctore L.-R. Tulasne (Ann. sc. nat. 5, IX, pp. 298-344). Ce mémoire fait suite à deux mémoires antérieurs de M. Tulasne, bien connus des botanistes, et publiés dans le méme recueil en 1856 et 1857. M. Tulasne continue, dans ce style d'une latinité élégante dont il a le secret, a monographier dans leurs plus grands détails les plantes de Madagascar. Plu- sieurs nouveautés lui ont été fournies par l'herbier du Muséum, notamment dans le genre A/sodea, dont l'auteur réforme ainsi l'orthographe d’après l'éty- mologie, et dans le genre Casearia. M. Tulasne regarde le Sauvagesia nutans Pers., comme une forme du S. erecta L. du Brésil. Essai sur le sommeil des plantes ; par M. Ch. Royer (//id., pp. 345-379). Nous reproduirons les conclusions de l'auteur : Pour expliquer les mouvements des plantes sommeillantes, les auteurs ont invoqué les uns la chaleur, les autres la turgescence, le plus grand nombre la lumière, Mais comme ces causes agissent simultanément, chaque auteur a voulu expliquer le phénomène par la cause préférée, tandis que les faits qui découlaient des causes omises ont soulevé un extréme embarras et des excep- tions aussi nombreuses que la règle. Une autre source d'erreurs a été de vou- loir conclure du sommeil des feuilles à celui des fleurs ; car, malgré de grands rapports, les deux sommeils ne peuvent être assimilés. La lumière n'est qu'une Cause accessoire de la veille des fleurs, tandis qu'elle est l'une des principales de la veille des feuilles. En compensant le défaut de lumière par un accroisse- ment de chaleur, on force les fleurs à. veiller en pleine obscurité, tandis que les feuilles n'y ont qu'une veille imparfaite. Il faut à la veille des fleurs le concours simultané de la turgescence et de la chaleur, et à la veille des feuilles, celui de la turgescence, de la chaleur et. de la lumière, Mais pour que fleurs et feuilles sommeillent, il suffit que l'une des influences auxquelles obéit leur veille fasse défaut. C'est par la dilatation iné- gale, soit du limbe et de son onglet, soit des bourrelets pétiolulaires, qu'agis- sent les causes précitées. A priori et sans le secours de l'observation, il est rationnel d'admettre que les feuilles doivent ex ciger plus de lumière que les fleurs. La feuille, en effet, est la pièce c capitale de l'appareil de végétation ; elle reçoit de la plante des sucs qu'elle lui rend après les avoir élaborés sous l'influence de la lumière.” Aussi les feuilles, en raison de ces fonctions, regardent-elles le ciel par leur face supérieure, et la terre par l'inférieure ; et. chez les arbres dits pleureurs, le pétiole subit à cet effet un mouvement de torsion analogue à celui qui se pro- duit dans les pétioles des feuilles que l'on maintient retournées. Les fleurs, au 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. contraire, affectent sur la tige les positions les plus diverses, dressées, hori- zontales, rabattucs, puisque les faces de la corolle n'ont ni besoin ni souci de la lumiere. Le sommeil des plantes est un acte réparateur, assimilable jusque dans cer- taines limites au sommeil des animaux. Pourquoi les plantes n'obéiraient-elles pas à la loi de repos et de réparation qui régit tous les autres êtres? Quand on voit la végétation s'interrompre durant les mois d'hiver et n'étre entretenue pendant cette saison qu'à l'état latent, est-il illogique de conclure que, même pendant la période active, il faille que le repos succède à l'activité ? Ainsi qu'on le voit pour l'homme et les animaux, une forte chaleur pro- voque chez les plantes un sommeil diurne. Le froid prédispose encore les ani- maux au sommeil; les plantes, de leur côté, sont très-dociles à cette loi. Malgré une obscurité factice, feuilles et animaux ont une veille pendant le jour, mais avec des symptómes de somnolence pour ceux-ci et d'affolement pour celles-là. Pendant le sommeil, les corolles reviennent à l'estivation qui leur est propre, contournée dans le Gentiana ciliata, chiffonnée dans la Pomme de terre, imbriquée dans le Crocus, etc. C'est ainsi que pour dormir, les ani- maux ramenent et plient leurs membres, comme le fait le fœtus au sein de sa mère. Enfin la plupart des corolles, avant de se flétrir et de tomber, prennent la position de sommeil, à l'instar des animaux qui passent de la somnolence à l'agonie ct à la mort. Le mouvement dans dle règne végétal: par M. Jean. Chalon (Extrait de la Revue trimestrielle, 2° séric, t. xix, juillet 1868) ; tirage à part en brochure in-18 de 66 pages. Bruxelles, typ. Lacroix. M. Chalon traite d'abord des lois générales de la nature. La vie, dit-il, c'est une hypothèse, comme la chaleur, la lumière, le magnétisme, hypothèse inven- tée pour expliquer rationnellement, grouper et coordonner sous une commune cause tout un ensemble de phénomènes qui exigent pour se manifester de l'air, de l'eau et une température comprise entre certaines limites. Il divise en quatre catégories les mouvements des végétaux : 1° mouvements intra-cellulaires (ascension de la séve, cyclose, gyration); 2° mouvements de croissance (germination, influence de la pesanteur et de la lumière, organes volubles, effets de dessiccation, acte de la fécondation); 3° mouvements par iriitabilité (acte de la fécondation, Sensitive, Attrape-Mouche) ; 4° mouvements spontanés (sommeil des fleurs, veille et sommeil des plantes ; la Porlérie, Oscil- laires, phytozoaires, zoospores, voyages des plantes). Sur chacun de ces points, M. Chalon se borne à résumer les données clas- siques possédées par la science. Relativement à la théorie proposée par M. Hofmeister, pour expliquer la courbure des parties végétales, la turgescence d'une portion localisée de leur tissu, M. Chalon fait remarquer qu'elle n’a d'autre avantage que de reculer la difficulté, cette turgescence elle-même res- tant inexpliquée. | REVUE DIDLIOGRAPHIQUE. 181 Les Platanes et leur culture ; par M. J.-E. Bommer (Extrait des Annales de l’horticulture en Belgique) ; tirage à part en brochure in-8 de 24 pages. Bruxelles, 1869. Cette étude a pour principal objet le Platanus orientalis et le P. occiden- talis, l'histoire, la description et la synonymie de ces espéces; l'auteur s'occupe aussi de quelques types qui en sont peut-étre des variétés. Il traite ensuite de leur culture. 11 termine en faisant remarquer qu'il existe certains rapports entre la ramification d'un arbre et la nervation de ses feuilles. Le port de plu- sieurs essences est défini par l'ensemble des nervures de leurs propres feuilles qui reproduisent ainsi en miniature le tronc et Ia charpente de l'arbre. L'hor- ticulteur pourrait trouver dans ces faits un guide en ce qui concerne la taille, et prévoir ainsi les résultats à obtenir. Ce mémoire est accompagné de deux gravures représentant des feuilles de Platanes. Observations critiques sur 'orizinc des plantes domes- tiques; par M. F. Hérincq (Extrait des numéros 5, 6 et 7, 1869, de l'Horticulteur français); tirage à part en brochure in-8° de 36 pages. Paris, Donnaud, 1869. On a parlé à plusieurs reprises de la transformation des plantes sauvages non comestibles en plantes alimentaires. La doctrine Darwinienne est fondée en grande partie sur ce principe, que M. Hérincq refuse d'admettre, non plus que celui du perfectionnement successif des êtres. Si ce progrès était l'expres- Sion des faits, il ne devrait jamais exister, dit-il, dans une de nos époques géologiques, qu'une seule espèce d'êtres à la fois. La doctrine de la transfor- mation cst fondée surun fait principal, la Carotte améliorée de M. Vilmorin. M. Hérincq la discute, pense que les plants améliorés de Carotte obtenus par le semis du type sauvage ont été dus à l'influence de l'hybridation, ainsi que l'a pensé et prouvé expérimentalement M. Decaisne. M. Hérincq soutient qu'en scrutant un peu la nature, on trouve sur des individus nés au milieu des terres incultes les modifications qui constituent les Variétés dites jardinières. Il en cite avec méthode un trés-grand nombre d'exemples. Il en conclut que la culture ne peut pas être, comme on le pro- fesse, la cause essentielle de la variation des végétaux. Si la culture possédait cette influence déviatrice, aucune plante ne lui résisterait, M. Hérincq part de là pour contester l'opinion émise par M. Carriére sur les causes de la pro- duction du Radis sauvage amélioré (voyez plus haut, p. 41). Il pense que M. Carriére, dans ses expériences, s'est toujours placé dans les conditions natu- relles de l'existence du Radis sauvage, et que les résultats obtenus par lu! n'ont point été déterminés par la perturbation que provoque le changement de milicu. M. Hérincq traite ensuite de la sélection ; il établit qu'elle n'a point d'ac- 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion directe dans la transformation d'une plante, et que le róle modificateur qu'on lui attribue est encore une de ces fictions comme il y en a tant dans les œuvres de Darwin, La sélection est simplement l'amarre qui retient plus ou moins les caractères dominants d'une race, plus ou moins, car un certain nombre d'invidus retournent au point de départ. Le mémoire est suivi d'une note additionnelle où l'auteur raconte qu'il a trouvé dans le méme parc, sur une surface. d'un hectare environ de mauvais sol non cultivé et envahi par Echium vulgare, plus de 60 variétés de cette plante très-distinctes, soit sous le rapport de la couleur des fleurs, soit sous tous autres rapports, Le lecteur impartial qui voudra approfondir ce sujet devra prendre connais- sance des observations dont M. Duchartre a fait précéder l'article de M. Car- rière, reproduit à sa demande dans le Journal de la Société impériale d'horticulture, 2° série, t. 111, avril 1869, Ein Beitrag zur Lehre vom Dickenwachsthum des Stammes der dicotylen Bäume (Étude de la théorie de la croissance en épaisseur de la tige des arbres dicotylés); par M. Hugo de Mohl (Zotanische Zeitung, 1869, n°1, col, 1-16). Il parait implicitement admis par les auteurs que de la base au sommet d'un arbre dicotylé, les couches annuelles de bois possèdent la même épaisseur. Cependant, le peu de documents directs que possède la science sur ce sujet sont contradictoires, M. de Mohl a fait des observations personnelles sur la composition du tronc de nos Coniferes. Il en conclut que les couches annuelles de ces arbres augmentent d'épaisseur de bas en haut. Cependant, ses mensu- rations ne lui ont pas permis d'établir une loi générale d'apres laquelle ait lieu cet épaississement. Il y a d'ailleurs des exceptions et des déviations. Ainsi, à la partie inférieure du tronc, chez certains arbres, les zones annuelles s'épais- sissent davantage, du moins les zones les plus extérieures, mais seulement jusqu'à une faible hauteur. Cela est vrai notamment des Frénes. Cet épaissis- sement du tronc, d'abord conique, perd cette forme quand l'arbre avance en âge, pour figurer des ondulations arrondies séparées par des enfoncements et se rattachant à la naissance des racines les plus grosses. Le développement local et irrégulier de l'extrémité inférieure du tronc, en rapport avec l’âge de l'arbre, parait à l'auteur étre de méme nature que le développement des couches ligneuses, qui a lieu au-dessus d'une incision circulaire de l'écorce, quand la séve est arrêtée dans sa descente. La masse des racines étant, chez un grand nombre d'arbres, très-faible par rapport à celle des parties aériennes, il se produit à leur niveau un arrêt dans la descente de la séve, d'autant plus qu'elles sont plus ou moins horizontales, en opposition avec la direction verti- cale que suit la descente de ce liquide. M. de Mohl donne deux raisons de la diminution graduelle d'épaisseur que REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 183 présentent les couches ligneuses de haut en bas du tronc. D'abord elles se déve- loppent au printemps dans une direction descendante, et par conséquent pos- sedent dans la partie supérieure de l'arbre une plus longue période de végétation. C'est d'après la méme loi que sur un rameau d'un an, qui se développe de bas en haut, la couche ligueuse est plus épaisse à sa base à l'automne, parce qu'elle y a vécu plus longtemps qu'au sommet, En second lieu, il faut tenir compte de l'obstacle opposé au. développement du bois par la résistance méca- nique de l'écorce, résistance d'autant plus considérable qu'elle appartient à un point plus âgé de la tige. Beiträge zur Pflanzen-Teratologie (É tudes de tératologie végé- tale) ; par M. G. Bernouilli (Zid. , n° 2, col, 18-23). Cet article est précédé d’un autre où le méme naturaliste étudie les fleurs dimorphes d'un Zonidium ct en signale d'analogues chez le Coffea. Dans les mêmes inflorescences que les fleurs normales du Café, il en a observé de très- petites, qui n'offrent aucune trace d'étamines, mais dont l'ovaire est parfaitement développé et susceptible de fructifier. Une antre anomalie du Café consiste dans l'avortement de l'axe terminal, réduit à une feuille enroulée en cornet, sur le pédoncule de laquelle se remarquent, à l'examen microscopique, les traces de cet axe et de la seconde feuille. Le tout est inséré en apparence sur un rameau secondaire qui a usurpé la situation de l'axe principal. M. Bernouilli décrit encore un fruit prolifère de Passiflore. Ueber passive mnd active Abwartskrümmung von Wur- zeln (Sur la courbure passive et active des racines) ; par M. Hofmeister (Ibid. , n° 3, h, 5 et 6). M. Hofmeister a écrit ce long mémoire, dont il nous est impossible de repro- duire les détails, pour confirmer la théorie qu'il a déjà exposée sur le mode mécanique de la courbure des racines, et que l'on a déjà fait connaitre dans d'autres articles de cette Revue. Il s'agit de la courbure qui alieu à 2 ou 3 millimètres de l'extrémité radiculaire, et suivant laquelle cette extrémité Se dirige vers l'intérieur du sol. Après avoir, dans trois articles, énuméré des preuves expérimentales et des déductions raisonnées à l'appui de sa théorie, M. Hofmeister continue ainsi dans son quatrième article : Tout ceci est aussi concluant que possible et ne nous permet qu'une con- clusion, c'est que dans l'incurvation de l'extrémité inférieure de la racine, il y a une couche transversale de celle-ci, placée un peu au-dessous du som- met, qui obéit d'une maniere passive à l'action de la pesanteur, comme le ferait une. bouillie visqueuse ou une goutte de cire. Il y a cependant dans les Organes des végétaux des courbures qui ont lieu dans le méme sens et qui sont de nature active, Voici comment elles s'effectuent : Pendant le développement 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de certains bourgeons, les parois des cellules de la moitié longitudinale supé- rieure des axes détournés de la verticale s'épaississent plus fortement, et leur cavité contient une plus grande provision d'éléments formateurs destinés à la croissance des cellules. La moitié supérieure offre donc une plus grande pe- santeur spécifique; quand commence l'élongation de l'organe, elle se déve- loppe plus promptement que la moitié inférieure ; il en résulte que l'ensemble s'incurve vers le bas. Quelquefois l'incurvation est poussée si loin, qu'elle dépasse la verticale, et que la partie supérieure devient convexe, phénomènes qui ne se voient jamais dans l'incurvation de la racine. Il y a des phénomènes qui semblent contredire les affirmations de M. Hof- meister. Ainsi quand on fait germer des pois sur une planche, l'extré- mité de la racine se recourbe vers le zénith; cela tient au défaut d'humidité selon l'auteur. Les racines quise trouvent libres dans l'air humide, même saturé de vapeur d'eau (1), et qui ne sont pas fréquemment arrosées avec de l'eau, exécutent rarement leur mouvement normal; au contraire, elles s'incurvent sur une longueur de plus de 10 millimètres d'une manière active. M. Hofmeis- ter ne doute pas que les objections proposées contre la théorie établie par Knight et fortifiée par lui ne soient fondées sur l'observation de phénomènes ano- maux. C'est ce que montre très-bien, dit-il, l'expérience. de Johnson. Il ré- voque en doute d'autres résultats expérimentaux qu'il n'a pu reproduire. Zur Naturgeschichte der Bierhefe (Histoire naturelle de la levúre, Saccharomyces Cerevisiæ Meyen); par M. M. Rees (/bid. , n° 1). D'après les études de l'auteur, le Saccharomyces aurait sa place parmi les Ascomycètes à thèques nues, les £'xoascus et les Taphrina. En suivant par la culture leur développement progressif, M. Rees a vu que les jeunes cellules de levüre, d'abord remplies d'un protoplasma riche en vacuoles, perdent au huitième jour environ ces vacuoles, et sont alors uniquement remplies d'un protoplasma à granules serrés. Bientôt apparaissent dans ce protoplosma 2 à 4 îlots arrondis qui, en peu de temps, s'entourent d'une membrane très-mince. Il en résulte 2 à 4 cellules-filles entourées des restes épars du protoplasma. Leur membrane propre s'épaissit, tandis que celle de la cellule-mère tend à dis- paraître peu à peu. L'auteur regarde ce mode de développement comme iden- tique avec celui des organes de fructification des Ascomycétes les plus simples. Les cellules-mères et les cellules-filles de la levüre représentent leurs thèques et leurs spores. Il est à remarquer que cette analogie éloigne complétement la levüre des Mucédinées dont beaucoup d'auteurs l'ont rapprochée. — Ces phé- nomenes rappellent le développement endogène des cellules des Lemnacées, dans des embranchements diflérents du régne végétal. (4) Le lecteur qui voudra apprécier l'état de la science sur ce sujet devra consulter une note imporlante publiée par M, Duchartre dans notre Bullelin, cette année méme (voyez plus haut, Séances, p. 26). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 Ueber Formen von Papaver alpinum L.; par M. P, Ascher- son (bid. , n° 8). Le Papaver nudicaule L., quise rencontre dans l'Himalaya, mais qui manque dans le Caucase, s'étend du nord de l'Asie jusque dans les Alpes de l'Europe, et y obtient sous le nom de P. pyrenaicum une indépendance spécifique géné- ralement reconnue. C'est encore de cette forme que procède, à l'extrême limite occidentale de son aire, le P. suaveolens Lap., à l'est, le P. alpinum Kern. Le P. pyrenaicum parait à l'auteur plus rapproché du type nudicaule que les deux autres formes. Beitrag zur Kenntniss der Vauchericn (Études sur les Vau- chérices) ; par M. M. Woronin (Zbid., n'* 9 ct 10). L'auteur décrit trois espèces, le Vaucheria synandra n. sp. recueilli dans le Var près de Nice, le V. piloboloides Thur. et le V. Thuretii n. sp., trouvé dans la Manche en 1866 par M. Thuret et plus tard par M. Lloyd. Les deux dernières de ces Algues se rapprochent, à beaucoup d'égards, dit l'auteur, du Vaucheria (Woroninia) dichotoma ; cependant, avant de les considérer comme deux nouvelles espèces du genre établi par M. le comte de Solms- Lau- bach, il faudrait encore selivrer à de nouvelles recherches. Il faudrait surtout pour cela une connaissance plus exacte de l'oospore mûre des deux Vaucheria en question; il faudrait aussi rechercher quel est le mode de reproduction asexuelle chez le V. dichotoma etle V. Thuretü. Ueber dic relative Bedeutung von Lichtstrahlen ver- schiedencr Brechbarkcit bei der Kohlensäurezerset- zung in Pflanzen (De l'importance respective des rayons solaires de réfrangibilité différente dans la destruction de l'acide carbonique Chez les plantes); par M. C. Timirjaseff (bid. , n° 11). L'auteur se demande quels sont des trois sortes de rayons du spectre (rayons lumineux, calorifiques, chimiques) ceux qui agissent sur la destruction de l'acide carbonique. Il rappelle les travaux de Daubeny, de MM. Cloez et Gra- tiolet, de M. Cailletet. Il a employé dans ses expériences les liquides colorés qui permettent d'étendre à volonté la surface du spectre, et pour l'analyse des gaz, il a opéré comme M. Boussingault. Voici dans quel ordre ont agi les dif- férents rayons du spectre, pour la destruction de l'acide carbonique, en com- mencant par ceux qui ont agi le mieux : rayons jaunes, verts, rouges et bleus. Là lumière blanche a eu encore plus d'action que les rayons jaunes. L'auteur fait remarquer que ce sont les rayons les moins éclairants qui ont eu le moins d'action, et que ses expériences conduisent à ranger ces rayons dans le méme ordre oà M. J. Müller les a disposés au point de vue de leur pouvoir calori- lique (Annales de Poggendorff, 1858, t. cv, p. 337). Quoique ces résultats 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ne suffisent pas pour prouver que la destruction de l'acide soit proportion- nelle à la force calorifique des rayons, l'auteur croit que cependant cette con- clusion serait trés-vraisemblable. Ucher das Faulen von Eiern in unverlcízten Eischale (De la putréfaction des œufs dont la coquille est intacte); par M. Th, Hartig (/bid,, n° 12). D'après un travail inséré en 1867, n° 45, p. 602, dans les Comptes rendus, la putréfaction des œufs dont la coquille est intacte ne serait pas accompa- gnée du développement de ferments organisés. Les expériences de l'auteur tendent à prouver le contraire. Il emploie des œufs frais, dont l'air avait été enlevé sous la machine pneumatique et remplacé par de l’eau sucrée, et les a lutés dans un entonnoir de verre, au moyen de cire à cacheter, Ensuite il fixe à une extrémité de l'entonnoir un tube de verre de 2 mètres de hau- teur et plein d'eau, qui exerce une pression sur une des extrémités de l'œuf et force l'eau. qu'il contient à le traverser pour tomber en gouttelettes de son extrémité inférieure. La surface de l'œuf ayant été préalablement lavée soigneu- sement avec de l'eau distillée, puis desséchée, avant l'expérience, l'auteur croit que les gouttelettes tombant de l'œuf représentent exactement l'état de l'inté- rieur de cet œuf. Or, dans le cours de la première semaine, elles. contenaient des corpuscules minéraux; dans la deuxième et surtout dans la troisième, des corpuscules organisés qui se développaient en monades et en vibrions. L'auteur a réussi encore en substituant de l'eau distillée à l’eau sucrée introduite par endosmose dans l'œuf, mais le liquide de l'œuf n'a subi les mêmes change- ments qu'au bout d'un temps plus long. Compendio della flora italiana, fasc. 5; publié par les soins de MM. les professeurs de Cesati, G. Passerini et G. Gibelli; avec un atlas d'environ 80 planches exécutées sur des dessins faits d'aprés nature par M. Gibelli. Milan, 1869. Ce nouveau cahier d'une publication que nous avons déjà appréciée avec éloge, et qui, sous une forme réduite, présente un Synopsis très-soigné et trés-utile de la flore italienne, contient la fin de la famille des Cypéracées, la famille des Aroidées, celle des Typhacées, celle des Palmiers et le commence- ment de celle des Joncées. Les espèces les plus, intéressantes à signaler par leur présence en Italie ou par la discussion synonymique à laquelle elles donnent lieu, sont les suivantes : ZJeleocharis carniolica Koch, Fimbristylis Cioniana Savi, Scirpus Rosellinit (S. Pollichii-lacustris Rosellini ined.), Se. radicans Schur, Carex incurva Light, C. stenophylla Wablnb., C. intermedia Good., C. repens Bell., C. precor Schreb. non Jacq. (C. Schreberi Schrank), C. lagopina Wahlnb. (C. approximata Woppe), C. Persoonii Sieb. (C. vitilis Fries), C. bicolor Bell., C. nigra Bell., REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 C. Vahliz Schkuhr, C. Grioletii Rœm., C. verna Vill. (C. precoz Jacq. non Schreb.), C. longifolia Host (C. polyrrhiza Wallr.), C. reclinata Facchini, C. Buchii Wimm. ,C. recurva Huds. (C. glauca Scop.), Juncus fistulosus Guss, , J. Thomasii Ten. M. de Cesatia remarqué que les Carex rupestris, C. bicolor et C. nigra wont été généralement attribués à Allioni que par suite d'une interprétation inexacte du texte de cet auteur. Les auteurs nous apprennent que le nom générique Luzula dérive de l'italien lucciola, nom vulgaire du L. silvatica. Les analyses dont le dessin est joint à cette livraison, exécutées avec le plus grand soin par M. Gibelli, représentent la fleur et le fruit dans quelques espèces de Cypéracées, d'Aroidées, de Typhacées, de Joncées et de Liliacées. BIBLIOGRAPHIE. Botanisk Tidsskrift..... (Journal de la Société botanique de Copenhague), publié par M. le D" Peder Heiberg, 1867. Oversigt over de, isór i Aarene 1865-66, o Danmark iortagne sjeldne eller for den Danske Flora nyc Arter (Revue des espèces rarement observées en Donemark, ou nouvelles pour la flore danoise, principalement pour. les années 1865-66); par M. J. Lange, p. 30. Lavernes Udbredelse i den nordlige Del af Jylland (Distribution des Lichens dans la partie septentrionale du Jutland); par M. Beichmana-Branth, p. 68. Betragtninger over den af Prof. OErsted fremsatte Tydning af Gymnosper- mernes Blomster (Recherches sur l'interprétation adoptée par M. le pro- fesseur OE vsted pour la fleur des Gymnospermes); par M. P. Heiberg, p. 89, avec planches. . Yderligere Bermerkninger om de treformerde Fróe hos Atriplez hortensis (Recherches ultérieures sur les graines polymorphes de l'A. hortensis); pat M. J. Lange, p. 147. : Morphologisk-anatomisk Beskrivelse (Description) af Heleocharis palustris ; par M. P. Heiberg, p. 157, tab. HI. | Additamenta ad bryologiam danicam e florula Bornholmiæ ; par M. Th. Jensen, p. 266. Articles divers. The old vegetable narcotics : Hemlock, opium, Belladonna and Henbane; their physiological action and therapeutical use alone and in combination, etc. (Les anciens narcotiques végétaux : La Ciguë, l'opium, la Belladone et la Jusquiame ; leur action physiologique et leur emploi thérapeutique, isolés ou réunis, etc.); par M. John Harley. Un volume in-8° de 388 pages. Londres, 1869. 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber die Keimung der gelben Lupine (Sur la germination du Lupin jaune); par M. H. Beyer (Archiv der Pharmacie, t. CXxx1, Hanovre, 1867, pp. 201-213). Botanische Notizen aus Caracas ; par M. G.-A. Ernst (/bid., pp. 219-227). Ueber Marrubium und über den Maulbeerbaum (Sur le Marrubium e£ sur le Márier) ; par M. X. Landerer (//id., t. CXXXI, pp. 105-108). Zur Kenntniss der giftigen Wirkung des Rhus Toxicodendron (Sur la con- naissance de l'action toxique du Rhus, etc.) ; par le méme (Zbid., pp. 283- 28^). Ueber die Cultivirung der Jalape (Sur la culture du Jalap) ; par M. Han- bury (Neues Repertorium für Pharmacie de Buchner, t. xvi, pp. 420-426). Characteristic of an undescribed Senecio from South-Africa (Diagnose d'un Senecio non décrit de l'Afrique méridionale, S. tropæolifolius Mac Owen) ; par M. F. Müller (Transactions and Proceedings of the Royal Society of Vic- toria, part. 4, vol. virt, 1867, pp. 38-39). The manufacture of paper from native plants (Du papier fabriqué avec les plantes indigènes); pav M. J. Cosmo Newberry (/bid., pp. 41-52). Die Pflanzen in religióser, abergläubischer und volksthümlicher Beziehung (Les plantes au point de vue religieux, superstitieux et populaire); par M. Fr.-X. Neidhart (XIX. Bericht des naturhistorischen Vereins in Augs- burg, 1867, pp. 1-66). Beiträge zur Kenntniss der Torfmoose (Recherches sur les Sphagnum) ; par M. E. Russow (Archiv für die Naturkunde Liv-, Esth- und Kurlands, 2* série, t. VII, pp. 83-162, avec 5 planches. Dorpat, 1867) (1). Ueber die krankmachenden Schmarotzergewæchse des menschlichen. Kör- pers (Sur les végétaux parasites qui causent des maladies dans le corps humain); par M. H.-E. Richter (Sitzungsberichte der Gesellschaft für Natur- und Heilkunde zu Dresden, 1867, pp. 30 et suiv.). Die Intercellularsubtanz und deren Entstehung (La substance intercellu- laire et son origine); par M. Dippel (Nieuwe Verhandelingen van het Ba- taafsch Genootschap te Rotterdam, 2° série, 1"e partie, 1867, pp. 7-50, avec 2 planches). On the geographical distribution of plants; par M. Hayden (Proceedings of the american philosophical Society held at Philadelphia, vol. x, n° 17, janv.- mars 1867, pp. 315-322). Guide du botaniste dans les environs de Maestricht, ou Indication des Pha- nérogames el. des Cryptogames vasculaires croissant spontanément dans ses environs, Maestricht, Hollmann, 1 fr. Die fossile Flora von Radoboj in ihrer Gesammtheit und nach ihrem Ver- (1) Nous regrettons vivement d'être réduit à signaler seulement ce mémoire dont nous ne connaissons que le titre. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 hälinisse zur Entwickelung der Vegetation der Tertiürzelt (La flore fossile de Radoboj dans son ensemble et d'après ses relations avec le développement de la végétation à l'époque tertiaire); par M. Unger (Extrait des Comptes ren- dus de l'Académie des sciences de Vienne) ; tirage à part en brochure in-8° de 46 pages). Miocene baltische Flora (Flore de la Baltique à l'époque miocène); par M. Oswald Heer (dans les Beiträge zur Naturkunde Preussens, 104 pages, avec 30 planches lithographiées). Observations botaniques sur la flore de la Suze et de ses environs, com- muniquées à la Société d'agriculture, etc., de Ja Sarthe; par M. Éd. Guéran- ger. In-8°, 24 pages. Le Mans, imp. Monnover. Quelques remarques sur le genre Filago et sur les espèces ou variétés qu'il renferme en Normandie ; par M. de Brébisson. In-8? de 12 pages. Caen, chez Le Blanc- Hardel. Études théoriques et pratiques agronomie et de physiologie végétale ; par M. Isidore Pierre. Tome 11, plantes fourragères, graines et produits dérivés ; 371 pages. Paris, Goin. Prix : 3 fr. 50. Des textiles végétaux et des laines en Italie, en Espagne ct en Portugal. Rap- port au ministre de l'instruction publique; par M. H. Carcenac. In-8°, 162 pages. Paris, V. Masson. Della storia e della letteratura della flora veneta; par M. Pierandrea Sac- Cardo. In-8° de x ct 208 pages. Milan. 4 fr. 50. Holidays on high lands; or rambles and incidents in search of alpine plants ; par le rév. Hugh Macmillan. In-8? de vit et 300 pages. Londres, chez Macmillan. Les Orchidées, culture, propagation, nomenclature ; par M. Delchevalerie. In-18 jésus. 137 pages. Paris, Maison rustique. Prix : 1 fr. 25. NOUVELLES. — La Société botanique ‘le France vient de faire une perte douloureuse dans la personne de M. Kirscnleger, professeur à l'École supéricure de phar- macie de Strasbourg, décédé dans cette ville le 15 novembre dernier, apres une année environ de cruelles souffrances. Lorsque la mort est venue le ravir la science, il s'occupait d'une secende édition de sa Flore d'Alsace, ouvrage sur lequel s'étaient concentrés tous ses efforts, qui était comme le résumé de toute sa vie scientifique, et qui restera dans la science comme une œuvre utile , . 2 et d'une grande originalité. — L'herbier spécial de Composées de Schultz-Biponünus vient d'étre acheté par M. E. Cosson. — On apprendra avec intérét que notre honorable confrère M. Ed. Dufour, 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. président de la Société académique de la Loire-Inférieure, a été nommé direc- teur du Musée de Nantes, en remplacement de M. Cailliaud, l'auteur du Voyage à Méroé, décédé il y a quelque temps en emportant l'estime et les regrets dus à sa longue carrière. — Parmi les sujets de prix à décerner en 1871, proposés par l'Académie des sciences de Madrid, se trouve la question suivante : Décrire les variétés de Vignes cultivées en Espagne dans une province ou dans des provinces contigués, sauf les provinces des Asturies, de Pontevedro, de Biscaye et de Castellon de la Plana, sur lesquelles ont déjà été publiés des mémoires couronnés par l'Académie. — Le Bulletin de nos séances et cette Revue ont appris il y a six mois à nos confrères la perte très-regrettable de feu notre confrère, M. E. Doümet, fondateur et président de la Société d'horticulture et de botanique de l'Hé- rault. Nous lisons dans les Annales de cette Société, qui s'est organisée à nouveau sous le nom de Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault, qu'elle a choisi pour son nouveau président, par un vote presque unanime, M. Napoléon Doümet. — Un nouveau recueil se publie à Anvers par les soins de M. Henri Van Heurck. 1l est intitulé Observationes botanicæ et descriptiones plantarum novarum herbari Vanheurckiani. Ce recueil parait par livraisons, accompa- guées de planches en cas de besoin. Le prix de la livraison est calculé à raison de 1 fr. les 32 pages d'impression. — MM. C. Delogne etF. Gravet ont entrepris de publier, par fascicules de cinquante espèces, les Mousses de l’Ardenne. Le premier fascicule, paru cette année, forme un volume in-4° cartonné. Les échantillons sont collés sur beau papier et accompagnés d'une étiquette qui porte, outre le nom de la plante, le genre de station, le nom de la localité, la date de la récolte, et, pour certaines espèces, l'altitude. Plusieurs espèces rares y sont contenues. On trouve cette publication, dont le prix ne nous est pas indiqué, à Gand, chez le libraire Annoot-Bracckman. — L'Herbier de la flore française de MM. Cusin et Ansberque est. au- jourd'hui parvenu à son quatrième volume, qui renferme l'illustration de la famille des Cargophyllées. Chaque volume est mis en vente au prix de 30 francs. — M. Germain de Saint-Pierre, vice-président de Ja Société, vient de faire paraître chez les éditeurs J.-B. Baillivre et fils uu livre important, dont lana- lyse trouvera place dans notre prochain numéro. Nous voulons parler du Nouveau Dictionnaire de botanique, qui forme un volume grand in-8° de 1400 pages, avec 1600 figures. Le prix est de 25 francs. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 — Nous avons déjà signalé plus haut (p. ^6) l'importante collection icono- graphique consacrée à l'illustration des espèces vulgaires de la flore francaise par MM. Mignot et Ramboz fréres, de Lyon. Nous y revenons pour annoncer que cet ouvrage est parvenu aujourd'hui à sa huitiéme livraison ou série, et contient déjà 44 planches. Nos confrères le trouveront à notre bibliothèque. Les 300 planches qu'il doit renfermer coüteront décidément 100 francs par abonnement; 2 livraisons de 10 planches paraissent chaque mois, au prix de 3 fr. 50 par livraison. Les planches, obtenues à l'aide d'un procédé de chromolithographie particulier, sont de plus enrichies presque toutes de dia- grammes représentant la position respective des divers verticilles floraux. A la base de chacune d'elles se trouve un court texte explicatif donnant brièvement les caractères principaux de chaque famille et des genres. Le concours régional de Lyon (annexe horticole) a honoré cet ouvrage d'une médaille d'argent. — La Flore de la France centrale, de M. Mignot, autre recueil iconogra- phique dont nous avons déja indiqué le plan et l'importance (tome xv, Æevue, P. 70), est aujourd'hui parvenue à sa vingtième livraison. Les dernières planches publiées concernent les familles des Résédacées et des Droséracées. — On annonce la publication prochaine d'un livre important de M. l'abbé Boulay, intitulé : Flore cryptogamique de l'Est ; classe des Muscinées. Cet ouvrage paraitra en deux volumes in-8? au commencement de 1870. Le prix en sera au plus de 15 francs. — On sait que M. l'abbé Boulay a publié depuis plusieurs années un ézsic- cata des Ronces vosgiennes. Cinq livraisons ont paru; la septième et la huitième paraîtront dans le courant de l’année. Chaque livraison comprend 20 espèces publiées en nature et préparées avec le plus grand soin. Un texte descriptif de 20 à 40 pages accompagne chaque (livraison. Le prix de la livraison est de 10 francs. — On annonce la mise en vente de l'herbier de feu M. Grognot aîné, qui a publié une Æ/ore cryptogamique de Saône-et-Loire. Cet herbier se compose de 3500 à 4000 espèces de Cryptogames et d'autant de Phanérogames. On en demande 1200 francs. S'adresser à Mme Grognot, rue Notre-Dame, 44, à Autun (Saône-et- Loire), — M. le professeur Henri Van Heurck (8, rue de la Santé, à Anvers, Bel- gique) offre, en échange aux botanistes, de belles collections de plantes récol- tées l'année dernière dans toutes les régions de l'Italie et spécialement à Nice, Gênes, Florence, Pise et Naples (Vésuve, Ischia, etc. ). Les collections les plus complètes comprennent de 800 à 1000 espèces. M. Henri Van Heurck peut également encore mettre à la disposition des 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. botanistes plusieurs centuries de plantes d'Espagne, quelques séries de plantes tropicales de divers collecteurs, et un certain nombre de plantes récoltées par le célèbre voyageur, le docteur F.-W. Sieber, de Prague. Les desiderata sont surtout : plantes tropicales ou extra-européennes, publi- cations botaniques et plantes rares ou critiques d'Europe (spécialement celles du midi de l'Espagne, du Portugal et de la Russie). Les collections botaniques de M. Henri Van Heurck sont journellement accessibles aux botanistes. Elles comprennent une bibliothèque importante et un herbier très-considérable (plus de 60 000 espèces), dont la base ont été les immenses collections rassemblées par le docteur Sieber dans ses voyages faits dans toutes les régions du globe, de 1811 à 1830. Un grand nombre de familles de l'herbier ont été revues par des botanistes spéciaux, parmi les- quelles notamment : les Taxinées, par Endlicher, les Fumariacées, par M. Par- latore, les Euphorbiacées, Résédacées, et la majeure partie des familles qui ont été ou sont actuellement comparées avec les types du Prodromus, par M. J. Müller Arg., conservateur de l'herbier De Candolle; les Lycopodia- cées, par M. A. Spring; les Fougères mexicaines, par M. Eug. Fournier, etc. — M. Balansa vient d'adresser au Muséum de Paris des collections de la Nouvelle-Calédonie qui, jointes à l'envoi déjà recü, il y a six mois, du méme vovageur, présentent le plus grand intérêt. MM. Ad. Brongniart ct A. Gris y ont déjà remarqué des types nouveaux et des espèces nouvelles venant se ranger dans des genres néo-calédoniens, antérieurement décrits par eux. M. Balansa à pu pénétrer dans des parties intérieures de l'ile non encore explorées. D'après ses dernières lettres, il venait de faire une excursion fruc- tueuse à l'ile Lifou, située à 50 lieues environ à l'est de la Nouvelle-Galédonie. — Il vient de se créer cet été, en Amérique, deux Sociétés d'histoire natu- relle, l'une à Mexico, Sociedad mejicana de historia natural, l'autre à Ca- racas, Sociedad de ciencias fisicas y naturaes de Caracas. Le Bulletin de cette dernière Société est nommé Vargasia, en souvenir d'un naturaliste du pays qui a été le correspondant de A.-P. De Candolle. — ll résulte d'une note de notre confrère M. Casimir Roumeguère, que le livre en préparation : Champignons d'Europe (1 vol. grand in-4° avec 800 figures), qui devait étre livré en septembre dernier aux souscripteurs, presque tous membres de la Société botanique de France, cst uniquement retardé par le tirage des planches, et qu'il pourra étre livré sans aucun autre retard vers la fin du mois de décembre. Les souscriptions sont toujours reçues, aux conditions déjà annoncées, chez l'auteur, rue Riquet, 31, à Toulouse, et chez MM. J.-B. Bailliere et fils, libraires-éditeurs, rue Hautefeuille, 19, ct F. Savy, méme rue, 24, à Paris. Dr EUGÈNE FOURNIER, Paris, — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (DÉCEMBRE 1869.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. J. Rothschild, libraire de la Société botanique de France, rue Saint-André-des-Arts, 43, à Paris. Ueber die Wirkung des Lichtes auf die Vertheilung der Chlorophylikorner in den grünen Theilen der Phanerogamen (Action de la lumière sur la répartition des grains de chlorophylle dans les parties vertes des plantes) ; par M. J. Borodine (Bulletin de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, tome xut, col. 567-586, avec une planche). Ce mémoire a été lu à l'Académie de Saint-Pétersbourg le 21 janvier 1869. Il offre une importance qui n'échappera à aucun de nos lecteurs. L'auteur vient en effet confirmer le mouvement des grains de chlorophylle, observé par M. Famintzin sur les feuilles des Mnium, mais sur la réalité duquel il s'était depuis élevé quelques doutes. Nous reproduisons les conclusions de son travail : 1. On voit dans les parties vertes de beaucoup de plantes les grains de chlo- rophylle opérer des déplacements dépendants de la lumière. 2. L'intensité de la lumière a une grande influence sur la répartition de ces grains, 3. A la lumière diffuse, les grains de chlorophylle recouvrent les parois cel- lulaires parallèles à la surface des parties végétales; sous l'influence de la lumière solaire directe, ils se transportent promptement sur les parois latérales. h. Les Cryptogames examinés à cet égard se comportent comme les Phané- rogames. 5. Aprés une courte insolation, on trouve ces grains uniformément répartis Sur les parois latérales ; aprés une action dela lumiere solaire plus prolongée (pendant. trois quarts d'heure à une heure), ils forment des groupes isolés SUr ces parois. 6. La lumière solaire n'agit absolument que sur les points qu'elle frappe directement ; elle pénètre à la vérité dans les couches profondes de la feuille, mais non dans une direction latérale ; de sorte que deux cellules voisines d'une seule et méme couche peuvent offrir une répartition diverse des grains de chlorophylle. 1. Siles parties vertes des végétaux semblent blanchir à la lumiere solaire directe, et si l'on voit alors apparaitre les dessins obscurs signalés par Schacht, cela tient aux déplacements que subissent dans ce cas les grains de chlorophylle. 8. Dans l'obscurité, on voit aussi passer sur les parois latérales des cellules T. XVI. (REVUE) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les grains de chlorophylle de quelques Phanérogames (Lemna, Stellaria). Ainsi, l'absence de la lumiére provoque la méme répartition de ces grains que l'influence directe de la lumière solaire; seulement, l'action de celle-ci est plus intense et plus promptement efficace. 9. Tous les déplacements des grains de chlorophylle dépendant de la lumière ne sont causés que par les rayons les plus réfrangibles du spectre. Beitrag zur Entwickelungsgeschichte der Cruciferen- blüthe (Recherches sur le développement de la fleur des Cruciferes) ; par M. M. Wretschko (Sitzungsberichte der Kais. Akademie der Wis- senschaften, Vienne, 1868, juin-juillet, pp. 211-225, avec deux planches). L'auteur prend surtout à partie le travail important publié dans le Flora en 1865 par M. Eichler sur l'organogénie des Cruciféres, ainsi que les opi- nions de Payer, dont celles de M. Eichler se rapprochent beaucoup. Ses observations se sont étendues à un grand nombre de Crucifères ; ses planches concernent principalement les plantes suivantes : Zrysimum canescens Roth, Raphanus Raphanistrum, Erysimum perofskianum, Hesperis matronalis, Lepidium sativum, Bunias orientalis. L'auteur repousse complétement la théorie du dédoublement pour expliquer la formation de l'androcée des Cru- cifères. Il soutient que les étamines longues sont nées du réceptacle chacune sur des mamelons isolés, Il cherche à fortifier son opinion en examinant ce qui se passe dans la formation primitive d'organes trés-différents de l'androcée des Crucifères, tels que le verticille à six parties des Rubiacées étoilées, où la for- mation des organes stipulaires latéraux est. d'ordre secondaire par rapport à celle des éléments primordiaux du verticille. Il n'a jamais vu se produire sur un organe foliacé de dédoublement dans le sens propre de ce mot, de dédou- blement comparable à ce qui se produit dans la dichotomie de certains axes. Il ne veut rien dire sur le développement des Capparidées, qu'il ne croit pas avoir été suffisamment étudié. Il appelle à son aide le phénomène qu'on observe chez le Glaucium luteum, où la production d'étamines est encore plus considérable dans le verticille supérieur de l'androcée sans qu'on puisse la rattacher au dédoublement. Weitere Untersuchungen über die Bewegung des Pflan- zensaft(es (Recherches ultérieures sur le mouvement de la séve); par M. Unger (/bid., octobre-novembre 1868, pp. 392-418, avec une planche). L'auteur a voulu, dans ses nouvelles expériences; se rendre compte de la facilité avec laquelle des liquides étrangers traversent dans telle ou telle direc- tion le bois et les tissus qui l'environnent. Ila pour cela placé des rameaux coupés dans la situation verticale naturelle ou inverse. Il a observé ainsi le Tilleul, le Noisetier, la Vigne, l'Asperge. Comme solutions, il a employé l'eau REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 et des liquides colorés. Il s’est convaincu que ce sont les vaisseaux qui livrent surtout passage au liquide qui filtre à travers le végétal sous l'influence de la pression ; il a pour cela traité les tissus de la plante mise en expérience par différents réactifs qui démontraient dans quelle proportion chacun de ces tissus s'était imbibé de la solution employée. Il est disposé d'ailleurs à croire que la filtration naturelle de Ia séve s'opère suivant la même loi que celle des liquides soumis par lui à l'expérimentation. M. Unger fait encore une autre expérience. Il suspend un rameau coupé la tête en bas, après avoir placé la partie supérieure dans un mélange de cire et de térébenthine ; l'action capillaire pousse ce mélange jusqu'à quelques lignes dans les vaisseaux où il s'arrête. Pour débarrasser la surface des organes élémen- taires de la croûte imperméable qui les recouvre alors, il en enlève un tronçon d'un dixième de millimètre au-dessous duquel le canal des vaisseaux reste toujours oblitéré. Les rameaux ainsi disposés furent soumis aux premières expériences et à la pression d'une colonne d'eau. D'abord rien ne s'écoula par la surface inférieure, puis le bois de celle-ci montra au papier joseph des traces d'humidité découlant des cellules ligneuses ; le liber en montra davan- lage encore, ainsi qu'il le parut bien après une incision circulaire faite à l'écorce un peu au-dessus de la section inférieure du rameau. Dans les premières expériences, si les liquides passaient principalement par les tubes Spiraux, c'était en chassant de l'air devant eux. Aussi l'auteur croit-il que dans la nature, ces tubes ne sont destinés qu'au transport des gaz, et que s'ils contiennent quelquefois des liquides, c'est seulement par suite d'une pres- Sion extérieure, comme dans les expériences sus-mentionnées. Dans les secondes expériences, où le chemin des vaisseaux était fermé au pas- Sage du liquide, les solutions colorées imprégnèrent trés-fortement sur leur Passage les membranes des organes élémentaires. L'auteur part de ce fait pour établir que le mouvement de la séve se fait naturellement de proche en proche par l'imbibition graduelle de ces membranes, imbibition dont la nature est de celle de la capillarité et qui est la véritable cause de la nutri- tion végétale. Addenda nova ad Lichenographiam europæam ; continuatio decima, auctore W. Nylander (ora, 1869, n° 6, pp. 81-85). Spilonema scoticum, ad saxa micaceo-schistosa, Ben Lawers (Crombie) ; Pyrenopsis pictava, Poitiers (Weddell); Lecanora subcinerea, supra saxa are- naria in Gallia pr. Monterre (Vienne) (0.-5. Richard) ; Lec?dea melaphana , in Scotia ad saxa granitica (Crombie); L. [ieroéensis (Rostrup) ; L. tenera, ad saxa granitica in Scotia; Z. subconfusa, in insulis froë (Rostrup) ; L. paratropa, ibid. ; L. inserena, ad saxa granitica in Scotia (Crombie) ; The- locarpon epiboloides, supra thallum Bæomycetis rufi, in insulis Zero (Ros- trup). 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Einige Bemerkungen über den Eau der Cruciferen- blüthe und das Bédoublement (Quelques remarques sur la structure des fleurs des C'rucifères); par M. A.-W. Eichler (Flora, 1869, n° 7, pp. 97-109, avec une planche). M. Eichler répond dans ce mémoire au travail de M. Wretschko, que nous venons d'analyser. Il discute les assertions et les figures de son con- tradicteur, et conclut qu'il ne voit aucune raison de modifier ses opi- nions antérieures. Comme addition, et pour analyser dans leurs détails les phénomènes de dédoublement et de chorise, il décrit l'organogénie des Petunia à fleur double. Le plan de symétrie de ces fleurs croise sous un angle de 36 degrés le plan qui joint leur centre à l'axe d’où leur pédoncule émane; cet entrecroisement a lieu alternativement à droite et à gauche dans la série des fleurs. Lors de l'anthése de celles-ci, à cause d'une torsion du pédoncule sur lui-même, cet angle est disposé de telle facon, que la feuilie calicinale n° 4 est opposée au plan de symétrie. L'auteur compare ces faits avec ceux qu'on observe dans les fleurs irrégulières des Sapindacées, des S:ylidiées et des Valérianées. M. Eichler montre que dans la méme espèce l'organe primordial qui produit l'élément appendiculaire est susceptible tantót de se diviser et tantôt de ne pas le faire, puisque dans la duplicature des Petu- nia, on voit les filaments staminaux se diviser pour concourir à la duplicature de Ja fleur. Selon les circonstances, l'organe appendiculaire primordial peut indifféremment se partager en divisions collatérales ou superposées en partie ou en totalité séparées les unes des autres. Ein Fall von Hybridation unter den Umbelliferen (Un ca d'hybridation parmi les Ombelliféres) ; par M. le docteur H. Christ (/bid., pp. 127-128). Le cas d'hybridation dont il s'agit a été fourni à M. Christ par les Meum Mutellina Gærtn. et M. athamanticum Jacq. La feuille de la forme hybride présente dans son ensemble le contour trigone de celle du M. Autellina, notamment par son extrémité brusquement et courtement acuminée ; mais son mode de division se rapproche au contraire de celui de la feuille du Meum a‘hamanticum, si ce n'est dans la feuille supérieure. La croissance dans Ja plante hybride est remarquablement plus forte que dans chacun des deux parents. Le rhizome montre le col épaissi et velu du M. athamanticum, etc. Cet hybride a été récolté sur les crêtes de la Forét-Noire, où se trouvent aussi les deux parents. Studien zur Anatomie des Querschnittes der Laub- moose (Etudes sur l'anatomie de la coupe transversale des Mousses); par M. P.-G. Lorentz (/bid., 1869, nn. 11 et suivants). Ce nouveau travail de M. Lorentz, concu sur le méme plan et écrit avec REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 497 l'usage de la même terminologie que ceux dont nous avons parlé déjà, traite d'espèces appartenant aux genres suivants: Leptotriehum, T. etraphis, Des- matodon, Didymodon, Leptodontium, T, richostomum, Amphoridium, Zygo- don et Glyphomitrium. Dans ses conclusions, l'auteur fait remarquer que les caractères anatomiques concordent toujours avec les caractères morphologiques pour la constitution et pour la distinction des groupes. La théorie de la des- cendance des types nous donne, dit-il, le moyen d'expliquer. clairement. ces faits. Le peu d'espace dont nous disposons ne nous permet malheureusement pas d'insister sur les faits de détail que contient le mémoire intéressant de M. Lorentz. Ueber dic physiologische Bedeutung des in den Pflanzen vorkommenden oxalsauren Kalls (De l'importance phystolo- gique de oxalate de chaux qui se rencontre dans les plantes); par M. Heinrich Arno Aé (Ibid., n° 12). On a souvent soutenu que les cristaux d'oxalate de chaux qui se rencon- trent dans les plantes sont des produits excrémentitiels, et que les cellules qui les contiennent doivent être considérées comme des cellules mortes. M. Aé en doute. 11 a découvert une réaction spéciale des glandes cristallines qui les renfer- ment : Si ou laisse queique temps agir sur elles une solution de sulfate de Cuivre, puis qu'on les lave et qu'on les plonge dans une solution de potasse un peu concentrée, il se développe en elles, principalement à partir de leur milieu, une belle coloration vert bleuâtre, probablement parce qu'il existe un noyau organisé dans leur intérieur. L'auteur a pu, il est vrai, produire artifi- ciellement des corpuscules analogues en faisant agir sur de l'oxalate de chaux artificiel une solution de potasse concentrée. Cependant, aprés avoir lon- Suement reproduit et avoir apprécié les opinions émises par divers savants Sur le rôle physiologique de cet oxalate, il exprime ses convictions en ces termes : L'acide oxalique et spécialement l'oxalate de chaux ne sont point des produits d'excrétion; au contraire, on doit leur reconnaitre un ole assez important dans la vie da végétal. Par des expériences originales, il a Téconnu qu'au moment où les plantes se disposent au repos hivernal, une Partie de l'oxalate de chaux contenu en automne dans les feuilles des plantes plurannuelles passe dans ceux de leurs organes qui doivent persister. Plus tard, quand les bourgeons se développent, ce sel repasse dans leur tissu. On le voit Subir des migrations pendant la germination, et disparaitre dans les plantes qui croissent dans l'obscurité. Le transport de l'oxalate a lieu comme celui de l'amidon, qui est décrit par Schacht dans sa Physiologie expérimentale des plantes, 1 sera intéressant de comparer les opinions de M. Aé avec celles absolument contradictoires qu'a émises M. Hilgers dans les Jahrbücher de M. Pringsheim, t. VI, p. 285 (voy. tome XV, Renue, p. 88). 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Revisione critica di alcuni generi di Licheni o poco conoscinti, o stati. imperfettamente descritti nelle opere sistematiche dei moderni (Révision critique de quelques genres de Lichens ou peu con- nus ou imparfaitement décrits dans les travaux systématiques des auteurs modernes); par M. Santo Garovaglio (Reale Istituto lombardo di scienze e lettere, Rendiconti, séance du 4 juin 1868, pp. 554-563). Dans ce nouveau travail, le savant professeur de Padoue s'est occupé des types suivants : Slricheria Kochii Koerb., Melanotheca arthoniotdes Nyl., M. Leightonii Garov. , Anzia aterrima Garov., Thelochroa Flotow iana Mass., Th. Montinii Mass., Geisleria sychnogonioides Nitschke, Mosigia gibbosa Fries. Ueber den Bau und die Entwickelung des Farrnauthe- ridiums (Sur la structure et le développement de lanthéridie des Fougères) ; par M. Kny (Monatsbericht der K. preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, mai 1869, pp. 416-131, avec une planche). L'anthéridie chez les Fougères, malgré sa grande simplicité, offre des struc- tures trés-diverses selon les espéces auxquelles elle appartient. L'auteur rap- porte les observations faites sur cet organe par M. Nægeli, qui l'a découvert, et par les savants suivants : Leszezyc-Suminski, Wigand, Schacht, Thuret, Mercklin, Hofmeister, Henfrey et Strasburger. Ses recherches personnelles ne se sont adressées qu'à un petit nombre d'espèces. Il espère plus tard les étendre à la plupart des genres des Fougères. Ila étudié l’ Anemia hirta, le Ceratopteris thalictroides, V Asplenium alatum, le Cibotium Schiedei et Y Osmunda rega- lis. L'intérêt des faits qu'il rapporte tient surtout à l'étude organogénique. Ce n'est, à sa connaissance, que sur la fronde adulte de plusieurs À nemia que l'on à observé des cellules figurant un anneau fermé et entourant les paires de cellules qui obturent les stomates. Sur leur mode de déveioppement, MM. Hil- debrand et Strasburger différent dans l'interprétation des phénomenes; cepen- dant tous deux conviennent que ces cellules en anneau ne prennent leur apparence derniere que par des phénomènes consécutifs à leur première apparition. Les anthéridies des Polypodiacées et des Schizéacées fournissent le premier exemple de la naissance directe des cellules en anneau par le déve- loppement de cloisons en forme d'entonnoir; elles montrent en méme temps que ce procédé, jusqu'ici extrêmement isolé dans le règne végétal, souffre deux modifications, puisque les cellules en anneau dérivent tantót d'une cellule hémisphérique, tantót d'une cellule en forme de cloche. L'auteur espere qu'il pourra suivre le développement successif des cloisons sur des espèces plus faciles à observer ; alors seulement il pourra dire si celui de leurs anthé- ridies offre réellement des particularités spéciales. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 Orthorhynchium, cine neue Laubmoos-Gattung (JVouveau genre de Mousses) ; par M. H.-W. Reichart ( Verhandlungen der K. K. zool.-bot. Gesellschaft in Wien, 1868, t. xviii, pp. 115-116). Cette note comprend une nouvelle description du genre Phyllogonium de Bridel (Hypnum fulgens Sw.), et celle de l'Orfhorhynchium elegans Reich. (Phyllogonium elegans Hook.), dela Nouvelle-Zélande. De nouveaux détails seront publiés à ce sujet par l'auteur dans la description des Mousses recucil- lies pendant le voyage de la Novara. Bericht über eine botanische Reise nach Istrien und dem Quarnero im Wai 4867 (Compte rendu d'un voyage bota - nique en Istrie et au golfe de Quarnero en mai 1867) ; par M. Aug. Reuss (Ibid., pp. 125-146). Nous devous signaler ce mémoire à ceux de nos confréres qui s'intéresse- raient à la végétation des bords septentrionaux de l'Adriatique. Ils y trouveront des listes de plantes des environs de Trieste, de Rovigno, de Pola, de Lussin, de Monte Maggiore et des nombreuses iles du golfe de Quarnero. Neckeropsis, cine neuc Laubmoos-Gattung:; par M. H.-W. Reichardt (/5i4., pp. 191-192). Ce nouveau genre est créé pour le Neckera undulata Hedw. (Pilotrichum undulatum Beauv.). Peut-être doit-il comprendre aussi le Neckera disticha Hedw. Par son caractère principal « calyptra mitræformis », il appartient au groupe des Pilotrichées ; il établit un passage naturel eutre celui-ci et celui des Neckéracées. Diagnosen der neuen Arten von Laubmoosen welche die Noyara-Expedition mitbrachte (Diagnoses des nouvelles espèces de Mousses rapportées par l'expédition de la Novara); par M. H.-W. Reichardt (Zbid., pp. 193-198). Voici les espèces décrites par l'auteur : Campylopus eximius, de l'ile Saint- Paul, Fissidens K. nightii, de la Nouvelle-Zélande, Ceratodon convolutus, de la Nouvelle-Zélande, Bryum chilense, de Valparaiso, B. laxum, de l'ile Saint- Paul, B. faulense, des iles Stewart, Hypnum Novaræ, de Tahiti, Hypopte- rygium debile, du méme pays. De la place des Gymnospermes dans la série naturelle des végétaux ; par M. Jean Chalon (Extrait du. tome 11, 3* série, de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut); tirage à part en brochure in-8° de 48 pages. Mons, typ. Dequesne-Masquillier, 1869, M. Chalon commence par insister sur l'insuffisance de nos moyens de Classification, qui nous condamnent à une série linéaire contredite par la nature, 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et par faire valoir les principes de ce qu'il appelle l'admirable théorie de M. Darwin. Pour fixer la place des Conifères dans le règne végétal, il étudie la structure de leurs tiges et de leurs feuilles, en ]a comparant avec celle que présentent les mêmes organes dans d'autres végétaux. Il passe ensuite aux fonctions de reproduction, qu'il apprécie méme chez les Cryptogames. Nous remarquons que, selon lui, le fait de la sexualité des proembryons de Fougères réclame encore de nouvelles recherches, et qu'il a été assez heu- reux pour observer la germination du Lycopodium Selago. La période proem- bryonnaire y est, dit-il, fort difficile à observer, car la spore devient pluricellulaire sans presque augmenter de volume ; un examen plus attentif ferait donc croire qu'en germant elle donne directement la plante. D'aprés lui, les macrosporanges des Sélaginelles sont des spores qui ont accompli sur la plante méme, dans l'intérieur du sporange, leur évolution embryonnaire. Il se montre disposé à adopter la théorie représentée en Allemague par M. Schleiden, en France par M. Ch. Fermond, qui attribue au pollen l'origine de l'embryon. Il y a des spores pluricellulaires comme il y a des agglomérations polliniques. Les microspores des Lycopodiacées sont comparables aux grains de pollen des Gymnospermes, qui sont plus pres des Cryptogames que des Phanérogames par leurs fonctions de reproduction, ainsi que plusieurs auteurs l'ont déjà fait observer. La conclusion de l'auteur est qu'il existe dans le règne végétal trois embranchements, dont le moyen est constitué par les Gymnospermes. Jl admet la théorie de la gymnospermie, mais implicitement, et sans se livrer sur ce point à une discussion contradictoire des nombreux travaux publiés récemment sur ce sujet. Sul genere Dimelæna di Norman (Sur le genre Dimelena de Norman); par M. le comte Vittore Trevisan (Atti della Società italiana di scienze naturali di Milano, t. Xt, p. 604, et Nuovo Giornale botanico italiano, vol. 1, n? 2, pp. 103-129). Ce mémoire se trouve dans le Nuovo Giornale, où nous le lisons, avec des corrections et des additions. L'auteur y résume d'abord en deux pages les pro- grès réalisés dans la connaissance des Lichens et les systèmes adoptés pour leur classification. Il fait valoir que le système de M. Fée, qui donnait la plus grande importance aux caractères des spores, et dont il est grand partisan, se trouve, à ce point de vue, encoresuivi méme par ses détracteurs les plus déci- dés. Ensuite il montre que le type des Dimelæna n'a pas reçu moins de sept noms génériques, et discute la priorité et les droits de chacun d'eux. Il fait voir ensuite que le genre Dimelrena de Norman comprend deux groupes diffé- rents, dont l'un, qu'il conserve sous ce nom, appartient aux vraies Parméliées, tandis que l'autre constitue une tribu distincte. Il le nomme Heterodermia. Le genre Dimelæna, considérablement augmenté par lui, comprend mainte- nant 28 espèces. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 204 Observationes de formis præsertim europæis Polytri- ehoidearums (Bryacearum nematodontearum) publice proposuit S.-O. Lindberg (Notiser ur Sällskapets pro fauna et flora fennica Fürhandlin- gar, 1868, pp. 91-158). Le groupe des Nématodontées a été fondé par M. Mitten sur la structure du péristome, dont les dents sont formées de cellules plus ou moins connées et allongées, et disposées sur plusieurs couches. M. Mitten y rattache les familles des Polytrichacées et des Buxbaumiées ; M. Lindberg y ajoute celle des Géor- giées, et fait remarquer qu'il faut comprendre dans cette dernière l Æymenodon et le Calomnium, dont la place a été trés-controversée. Les relations du péri- stome et de l'opercule des Polytrics n'ont pas été, suivant lui, bien décrites dans les auteurs; il en a fait le sujet d'observations spéciales. Il a aussi étudié la struc- ture des lamelles de la feuille des Polytrichacées, qui varie d'une manière curieuse selon les espèces et les genres ; il indique dans sa monographie les caractères qu'elles présentent dans chaque espèce. Ces caractères, surtout ceux de la marge de ces organes, lui servent à diviser le genre Polytrichum. Del vincolo lanuto nei semi delle Luzule (es filaments lai- neux qui retiennent les graines des Luzules); par M. Th. Caruel (Nuovo Giornale botanico italiano, 1869, n° 2, pp. 130-132). On trouve dans notre Bulletin, t. xtv (Séances), p. 174, une communica- tion de M. Caruel qui a provoqué quelques observations de M. Duchartre. L'auteur y répond dans le travail que nous lisons. Il a dit seulement que les vaisseaux des plantes ne disparaissent pas ordinairement. Ila rapporté des faits où le tissu conducteur avait pénétré dans le micropyle, d'après Schleiden, qui, probablement , les avait observés lui-même. Si ces observations étaient controu- Yées, celles qu'il a faites sur les Zuzula n'en auraient, dit-il, que plus de valeur, puisqu'elles seraient uniques. Il en a fait dans le printemps de 1869 de nouvelles qui l'ont confirmé dans son opinion, à savoir que les filaments laineux observés à la base des graines des Luzules sont bien des restes du tissu conducteur qui ont pénétré du placenta dans le micropyle. On ne saurait croire que ce soient des restes des tubes polliniques, car ceux-ci sont beau- coup plus ténus. Sur la position des trachées dans les Fougères; par M. Tré- cul (Comptes rendus, t. LXIX, PP. 248-259). Ce mémoire de M. Trécul, qui roule sur une question déjà traitée par lui, concerne principalement la structure du Pteris aqu ilina. Après l'avoir expli- quée dans de grands détails, il se trouve amené à indiquer les divers modes de ramification des pétioles dans les Fougères qu'il a étudiées. Il conclut ainsi : 1° Lorsque l'extrémité de la branche supérieure des faisceaux du pétiole voi- 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sins de la face interne de celui-ci, est composée de vaisseaux plus petits que les autres, sans former de crochet, cette extrémité s'allonge et il s'en. détache un faisceau qui se rend dans le pétiole secondaire (Polypodium aureum, Nephrolepis platyotis, neglecta, exaltata, Asplenium caudatum, laserpitii- folium, etc.). 2» Quand le côté supérieur des faisceaux est terminé par un crochet formé de petits vaisseaux, ce crochet seul s'allonge dans certaines plantes, et une por- tion s'en sépare pour aller dans le pétiole secondaire, pendant qu'il se forme un nouveau crochet (Gymnogramme chrysophylla, Calomelanos, Pteris longi- folia, semipinnata , ctc.). 3° Dans les Pteris serrulata, cretica, arguta, ete., ce n'est plus seulement le crochet qui produit la ramification : une partie considérable de la branche vasculaire située au-dessous du crochety prend part. Cette. branche s'allonge, se divise ; un rameau s'en écarte, emportant le crochet avec lui, pendant qu'il s'en forme un autre au côté de la bandelette du pétiole primaire (et quelque- fois aussi au côté correspondant du rameau qui se rend au pétiole secondaire). h* Dans les Blechnum brasiliense, Athyrium Filix femina, Lastrea Thelypteris, Filiz-mas, etc. , l'extrémité du crochet ne prend plus part à la ramification. C'est seulement le fond du crochet "qui se dilate, et à la fin se coupe en s'écartant pour aller dans le pétiole secondaire. 5° Dans le Pteris elata, ai-je dit, la section transversale de la bandelette vasculaire offre la figure d'un vase à pause large et à col étroit un peu. évasé a l'ouverture, qui est bordée par de petits vaisseaux disposés en crochet. Ce crochet ne concourt pas à la formation des rameaux principaux du pétiole. C'est dela panse elle-même, au-dessous du col, que naissent les pétioles secon- daires. Une anse se forme sur les côtés de cette panse ; elle s'étend, puis se ferme par une contraction graduelle de bas en haut entre elle et la panse. L'anneau fibro-vasculaire qui à la fin s'écarte pour aller dans le pétiole secon- daire, s'ouvresur la face antérieure de celui-ci et s'y comporte comme dans le pétiole primaire. Il en est autrement pour les nervures médianes des folioles lamellaires pinnées, Elles sont produites par les crochets seuls, qui s'allongent et se coupent comme daus le deuxieme type. 6° Dans le Pieris aquilina, les plus petites nervures médianes des lobes sont formées suivant le premier type, et les autres ramifications du pétiole le sont par une combinaison de ce premier mode avec le quatrième, et, en outre, pour les plus fortes, avec le concours d'un seul ou de quelques faisceaux provenant du faisceau dorsal et du faisceau moyen correspondant. Recherches sur la symétrie de structure de lovule et sur l'orientation dc Pembryon dans la graine; par M. Pb. Van Tieghem (/^;d., pp. 289-293). , L'ovule correspond à un lobe de la feuille carpellaire par sa position et par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 son mode d'insertion sur cette feuille. Il possède un seul plan de symétrie, dans lequel sont contenus les points d'attache des deux vésicules embryonnaires, la ligne de symétrie du systéme conducteur de la tigelle de l'embryon, et le plan de symétrie du cotylédon quand il est unique. Si l'embryon a deux cotylédons opposés, son plan principal, c'est-à-dire le plan commun de symétrie de ses deux premières feuilles, ou bien coincide avec le plan de symétrie de la graine, ou bien lui est perpendiculaire. Enfin, si l'embryon a deux cotylédons non opposés, c'est le plan de symétrie de sa troisième feuille qui coincide avec le plan de symétrie de la graine. D'ailleurs, la plante nouvelle, si l’on consi- dère le lobe de la feuille carpellaire comme la feuille-mère de l'embryon, forme toujours avec l'ancienne un certain angle foliaire du méme ordre que la divergence initiale d'une brauche par rapport à la tige qui la porte. Parmi les 133 familles de Dicotylédones étudiées jusqu'à présent à ce point de vue, l'auteur n'en a trouvé que 28 oü, dans tous les genres examinés, le plan principal de l'embryon soit perpendiculaire au plan de symétrie de la graine, pour 98 où il y a coincidence, et 7 où une partie des genres présentent la coincidence, une autre la perpendicularité. L'orientation de l'embryon, en effet, ne demeure pas toujours la méme dans tous les genres d'une famille naturelle, bien quele cas contraire soit de beaucoup le plus général. De l'influencc qu'excerce l'intensité de la lumière colorée sur la quantité de gaz que dégagent Ies plantes sub- mergées ; par M. Éd. Prillieux (/bid., pp. 295-296). M. Prillieux rappelle qu'il paraît résulter de l'ensemble des expériences faites sur ce sujet, que les rayons qui ont le plus grand pouvoir éclairant sont Ceux qui provoquent avec le plus d'activité la décomposition de l'acide carbo- nique, Mais doit-on attribuer l'effet produit à la nature de la lumière ou à son intensité ? Il a cherché à savoir quelle action peuvent déterminer sur la chlo- rophylle des lumières de couleur différente, mais d'intensité égale. Pour obtenir cette égalité, ila eu recours à l'emploi de solutions colorées, qui pouvaient étre rendues à volonté plus foncées ou plus claires en y ajoutant soit de la solution concentrée, soit de l’eau. Il versait ces liquides dans des appa- reils de verre, en forme de cylindres creux, dont il entourait des bougies allu- mécs, et il faisait varier la solution jusqu'à ce que la lumière qui traversait deux de ces cylindres de couleurs différentes, eût, de part et d'autre, un éclat sensiblement égal, ce dont il jugeait par l'intensité relative des ombres que projetait sur un carton blanc une tige éclairée à la fois par les deux lumieres. Il à pu obtenir ainsi, à l'aide de solutions de bichromate de potasse et de cou- leurs d'aniline, des cylindres jaunes, bleus, verts et rouges, qui laissaient passer des lumières de couleurs différentes mais de pouvoirs éclairants égaux. C’est à l'intérieur de ces cylindres, recouverts supérieurement de carton noirci, qu'il exposait au soleil les plantes sur lesquelles il comptait observer l’action 905 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des divers rayons du spectre. Ces plantes étaient toujours des plantes aqua- tiques qu'il placait dans un petit bocal contenant de l'eau chargée d'acide car- bonique. Les résultats des expériences de M. Prillieux justifient la conclusion suivante : Que les lumières de couleur diverse agissent également sur les parties vertes des plantes, et y déterminent un égal dégagement de gaz à égalité d'intensité lumineuse ; que, par conséquent, tous les rayons Inmineux déterminent la réduction de l'acide carbonique par les plantes en proportion de leur pouvoir éclairant, quelle que soit leur réfrangibilité. Si donc les rayons modéréinent réfrangibles du spectre qui forment la lumière rouge et orangée ont, comme de nombreuses expériences l'ont prouvé, le pouvoir de produire, quand ils agissent sur les parties vertes des plantes, un plus grand dégagement d'oxygène que les autres rayons plus ou moins réfrangibles, cette propriété est due à ce que l'intensité lumineuse des premiers est de beaucoup supérieure. Végétation comparée du Tabac sous cloche et à Pair libre; par M. Th. Schlósing (/bid., pp. 353-356). L'auteur a constaté que le pied de Tabac, élevé sous cloche, c'est-à-dire dans une atmosphère où [a transpiration était 'gênée, a absorbé 17 p. 100 de ma- tières minérales, au lieu de 20 p. 100 qui est le taux normal des cendres du Tabac. La production des acides végétaux v a été diminuée de moitié au moins ; celle des corps neutres, comme la résine, la cellulose, a souffert dans une moindre mesure ; la matière azotée n'a pas sensiblement diminué. L'amidon à présenté près de 20 p. 100, tandis qu'à l'état normal on n'en constate qu'un centième. Il est difficile, dit l'auteur, de ne pas voir dans cette proportion anomale une conséquence et un. développement des faits étudiés par MM. von Mohl, Nàgeli, Gris et Sachs, à savoir, que la matiére amylacée est le premier produit. de l'assimilation du carbone et de l'eau. Lorsque la transpiration est réduite dans de fortes proportions, une partie de l'amidon demeure sans emploi et s'accumule dans le végétal. Sur lévaporatiom de Peau par Pes végétaux; par M. P.-P. Dehérain (/hid., pp. 381-384). M. Dehérain s'efforce de démontrer les trois points suivants : 1* L'évaporation de l'eau par les feuilles s'exécute dans des conditions tout à fait différentes de celles qui déterminent l'évaporation d'un corps inerte, car elle se poursuit dans une atmosphère saturée. 2° Cette évaporation est surtout déterminée par la lumière, 3° Les rayons lumineux efficaces pour opérer la décomposition de l'acide carbonique par les feuilles, sont aussi ceux qui favorisent l'évaporation. Pour prouver cette dernière proposition, M. Dehérain, comme M. Prillieux, a préparé des solutions colorées dont il a rempli les manchons à l'intérieur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE- 205 desquels se trouvaient les feuilles ; mais ces feuilles. appartenaient à des végétaux aériens. M. Dehérain ne paraît pas s'étre préoccupé d'égaliser l'intensité lumineuse des divers rayons. Il a reconnu que les rayons jaunes et rouges, qui agissent, dit-il, avec le plus d'intensité sur les feuilles, sont également ceux qui agissent le plus sur la transpiration végétale. Il a con- firmé une ancienne observation de Guettard, d'après laquelle c'est la partie supérieure des feuilles, la partie dure et lisse, qui évapore le plus d'eau. Variations in pigs repes s: par M. Th. Mechan (Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 4868, pp. 153). On attribue généralement les variations à un accident, surtout à l'état de culture. M. Meehan pense qu'elles ne sont pas plus rares dans la nature que dans les jardins. Hl en cite comme exemple l'Aseanaria plantaginifolia, qui se reproduit surtout par stolons, mais qui est dioique, et l'Zpigea, Éricinée dont Panthèse a lieu à une époque où aucun genre voisin n'est en fleur et ne peut déterminer sur elle une hybridation quelconque. Il énumére longuement les variations qu'il a observées sur les fleurs de seize pieds d gea recueillis par lui, le 19 avril, à l'état sauvage. Plusieurs formes qu'il a observées étaient devenues dioiques par l'avortement des étamines. Il résulte de ses observations que PE pigæa doit être ajouté au groupe déjà nombreux de plantes dont les fleurs ne peuvent se féconder par leur propre pollen. Il est disposé à croire, suivant les hypothèses de M. Darwin, que la diecie est le résultat d'un avor- tement graduel qui s'est prononcé de plus en plus à travers les âges pendant la vie de l'espèce. Dans une courte note subséquente, il insiste aussi sur la moncecie physiologique du Zuzula campestris, dont les fleurs ne se fécondent pas non plus par leur propre pollen. Notes on the later extinct foras of norii America, with descriptions of some new species of fossil plants from the cretaceous and tertiary strata (Votes sur les dernières flores éteintes de l'Amérique du Nord, avec descriptions de quelques espèces nouvelles de plantes fossiles provenant des couches crétacées et tertiaires); par M. J.-S. Newberry (Annals of the Museum of natural history of New-York, 1868, avril, pp. 1-85). En 1855, le docteur F.-V. Hayden fit. dans le haut Missouri un voyage géologique, d’où il rapporta de nombreux fossiles végétaux recueillis dans le grès rouge qui forme fa base de la formation crétacée à Blackbird Hill, dans le Nebraska. Des dessins de ces fossiles furent envoyés à M. Heer, qui y recon- nut des témoins de l'époque miocène. ^u contraire, M. Newberry, fort de l'assentiment de plusieurs observateurs, et. notamment d'un géologue distin- gué, M. Marcou, et fondé sur des preuves stratigraphiques, persiste à rapporter à la période crétacée le terrain qui a fourni ces fossiles. Les plantes récoltées 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par MM. Marcou et Capellini dans cette région ont été décrites par M. Heer, en 1866, dans les Mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles. D'autres fossiles du terrain crétacé de l'Amérique du Nord (ile de Vancouver) ont été décritsen 1863 dans le Boston Journal of natural history, vol. Vit, n° ^. M. Lesquereux a encore publié dans The american journal of science, ceux qui ont été recueillis dans l'Orégon par M. Evaus. M. Heer et M. Les- quereux ont aussi rapproché de l’âge miocène les fossiles de Vancouver. Tous ces documents permettent à l'auteur de porter à 54 le nombre des fossiles déjà connus ou nouvellement décrits par lui, et qu'il croit appartenir à la flore crétacée de l'Amérique du Nord. Les nouveautés qu'il décrit appartiennent aux genres suivants : Sphenopteris, Araucaria, Nyssa, Pirus, Liriodendron, Sassafras, Magnolia, Acerites, Populus, Salix, Platanus, Fagus et Quercus. Il s'occupe ensuite de la flore tertiaire des États-Unis, c'est-à-dire surtont de ce qu'il attribue à l'étage miocène. Les explorations de M. Hayden montrent que le lignite miocène s'est déposé dans des bassins qui formaient de grands lacs à la surface d'un continent récemment émergé de la mer crétacée. L'auteur fait remarquer qu'un nombre assez notable de fossiles américains de l'époque mio- cene se retrouvent en Europe dans les couches de la méme époque, et que, selon toute apparence, il y avait à cette époque union continentale entre ces deux mondes. Comme depuis ces types se sont conservés en Amérique daus la flore vivante de nos jours, il est à penser que dans ces époques reculées, ils avaient émigré dans notre Europe, oit ils n'auront pas pu se maintenir par suite des modifications du climat. D'un autre côté, la flore éocène d'Europe (Hakea, Dryandra, Eucalyptus), aujourd'hui retirée dans l'Inde ou dans l'Australie, ne se retrouve pas du tout dans les États-Unis. Les fossiles tertiaires décrits par M. Newberry appartiennent aux types sui- vants: Psilotum, Phragmites, Onoclea sensibilis L., Sabal, Amelanchier, Rhammus, Sapindus, Tilia, Rhus, Viburnum, Alnus, Planera, Catalpa, Negundo, Aralia, Corylus, Populus, Platanus, Cornus, Carya et Ari- stolochia. Thesaurus siluricus. The flora aud fauna of the silurian period. In-4° de 244 pages; par M. J.-J. Bigsby. Londres, chez John van Woorst, 1868. La botanique n'occupe dans cette importante publication (faite avec l'aide de la Société royale de Londres) qu'une place naturellement restreinte. Cepen- dant l'auteur énumère 59 plantes de l'étage silurien, dont 37, 17 et 5 appartiennent aux divisions inférieure, moyenne et supérieure. Le livre est principalement concu comme un vaste répertoire bibliographique ; deux tableaux y résument les connaissances que nous possédons sur la flore de cet âge reculé. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 De l'influcnec de Ia lumière artificiclle sur la réduction de l'acide carbonique par les plantes ; par M. Éd. Prillieux (Comptes vendus, t. LXIX, pp. 408-412). Grâce à la bienveillante libéralité de M. Jamin, qui a mis à la disposition de l'auteur, dans son laboratoire de la Sorbonne, la lumière d'une puissante machine maguéto-électrique, la lumière de Drummond et la lumière du gaz d'éclairage ordinaire, M. Prillieux a pu reprendre l'étude de l'influence de la lumière artificielle sur la réduction de l'acide carbonique. Il opérait encore cette fois sur des plantes aquatiques, chez lesquelles la section de la tige permet de constater de visu la sortie du gaz oxygène par la section. Il devait tenir compte de deux faits importants : le premier, que le dégagement de gaz ne commence qu'après que la plante a été exposée à la lumière durant un cer- tain temps; la seconde, qu'il continue encore souvent d'une manière appré- ciable aprés que la plante a été soustraite à l'action de la lumière (exp. de M. Van Tieghem). Voici comment il a procédé. Il expose d'abord la plante au soleil, puis à l'obscurité complète durant environ six minutes pour éteindre, au moins en partie, l'effet de l'insolation antérieure ; puis à la vive lumière de la ma- chine magnéto-électrique. Il voit se dégager des bulles au nombre de 7 à 8 par minute, Il éteint la lumière, et le dégagement continue, mais très-faible ; il la rallume, rétablit et voit augmenter l'émission des bulles; il la supprime et voit diminuer cette émission, etc. Cette expérience semble prouver que la lumière électrique a sur le dégagement de gaz une influence énergique. M. Prillieux a répété ces observations en substituant la lumière de Drum- mond à la lumière électrique, et il a vu de méme se former des bulles de gaz. ll résulte encore d'autres observations de l'auteur, que la lumière du gaz d'éclairage produit sur les plantes, bien qu'à un moindre degré, le méme effet que les deux agents précédents. M. Dumas, dans une observation faite à l'Académie à l'occasion de cette Communication, nous apprend que M. Hervé-Mangon, dans le but de recon- naître l'effet produit sur les plantes par une atmosphére riche en acide carbo- nique, a placé un pied de Thuya nana dans une atmosphère artificielle où ce 822 entrait pour la moitié. La plante a vécu, prospéré, et ses rameaux se sont même bien plus allongés que ceux des sujets de comparaison qui ont vécu à l'air libre, Tl est vrai que cette atmosphère artificielle était saturée d'humidité ; Il y aura licu d'en faire la part quant à l'énergie exceptionnelle. de la végéta- tion ; mais il est acquis à la science, qu'à cette dose élevée l'acide carbonique west nullement nuisible à la végétation. Cela confirme expérimentalement l'hypothèse émise par M. Brongniart, qui à supposé que l'atmosphère, à l'époque houillére, était beaucoup plus chargée de ce gaz qu'elle ne l'est aujourd'hui, 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Respiration des plantes submergées ; par M. Ph. Van Tieghem bid. , pp. 482-486, 531-535). M. Ph. Van Tieghem insiste dans sa première note sur un point, c'est que, si l'on se sert d'une bougie pour compter les bulles de gaz dégagées par la plante aquatique pendant qu'elle est soumise à l'obscurité aprés un certain temps d'insolation, toujours le dégagement s'accélère lorsqu'on rapproche la bougie à une petite distance du vase, et se ralentit lorsqu'on l'en éloigne. On peut avec cet agent. prolonger le dégagement qui se continue naturellement dans l'obscurité sous l'influence de l'insolation primitive, et le continuer durant toute une longue nuit d'hiver jusqu’au retour de la lumière solaire. Pour obtenir à une distance donnée le maximum d'effet par ce moyen, il faut placer la source lumineuse en face du bourgeon terminal de la plante. C'est en effet dans la région supérieure de la tige, où sont les feuilles les plus jeunes, que le gaz se forme en presque totalité pour converger ensuite dans la tige et venir, en y descendant, se dégager par les orifices lacunaires de la section infé- rieure. Les trois quarts du dégagement total de gaz appartiennent aux feuilles du bourgeon terminal, et le reste, par quantités décroissantes, aux verticilles insérés sur la moitié supérieure de la tige. Dans sa seconde note, l'auteur examine comment s'accomplit la respiration des plantes submergées dans un milieu trés-chargé d'acide carbonique. La feuille du Potamogeton lucens, introduite dans de l'eau de Seltz, fait pénétrer avec excès de pression l'acide carbonique dans son système lacunaire pour le dégager aux orifices. La plante entiére mise dans ce milieu ne souffre pas. On obtient le méme résultat avec les feuilles encore submergées du /Vymphea alba, mais dès que la feuille s'est étalée à la surface de l'eau, elle ne dégage plus aucune bulle dans l'eau de Seltz par les larges ouvertures de la section du pétiole; cela tientà ce que sa surface supérieure demeure couverte d'une lame d'air adhérente, à ce que l'eau ne peut la mouiller, en sorte que c'est dans cette nappe d'air que l'acide carbonique absorbé par la face inférieure vient se dégager par les stomates. Si l'on tue la feuille préalablement par l'ébul- lition, il ne se dégage rien par la section du pétiole. Mais si l'on fait séjourner la plante dans l'alcool pendant vingt-quatre heures, bien qu'elle en sorte morte et toute décolorée, elle ne cesse pas, si elle est introduite dans l'eau de Seltz, de dégager bientót un courant d'acide carbonique aussi intense que si elle était vivante; de méme quand elle a été tuée par l'éther, le chloroforme, la glycé- rine, la. potasse, l'acide chlorhydrique, etc. L'absorption du gaz carbonique est donc simplement un phénomène physique qui continue à s'accomplir dans l'organisme végétal une fois que la vie l'a abandonné. Les expériences et analyses exécutées par l'auteur montrent d'abord que, placée à la lumiere dans l'eau de Seltz, la plante submergée décompose dans ses cellules vertes l'acide carbonique pour en dégager l'oxygène. Ce courant REVUE DIBLIOGRAPIHQUE. 209 se mêle au précédent pour se dégager par le méme orifice. La formation de l'oxygène cesse instantanément à l'obscurité. | Ce fait reconnu, M. Van Tieghem est obligé de revenir sur la loi qu'il avait posée par suite d'observations antérieures mal interprétées, c'est-à-dire sur la persistauce de l'action lumineuse qu'il attribuait à une sorte de phosphores- cence (voy. plus haut, p. 160). La formation d'oxygene cesse immédiate- ment dans la feuille après la cessation de l'insolation, mais le courant dù à l'endosmose physique persiste et entraîne avec lui l'oxygène qui se trouve dans la plante. Sur la température comparée de la tige ct du renfic- ment moteur de la Sensitive; par M. P. Bert (/bid., pp. 895- 897). Si l'on place au contact du renflement moteur qui se trouve à la base de chaque pétiole de la Sensitive lasoudure d'un des éléments thermo-électriques de M. Ruhmkorlf, et qu'on applique l'autre soudure sur un point voisin de la lige, on constate que l'aiguille d'un galvanomètre à gros fil, avec lequel com- muniquent les éléments, dévie progressivement et assez rapidement pour prendre, après quelques minutes, une position d'équilibre, Cette déviation est persistante et se manifeste même à travers une substance isolante, comme une feuille de papier végétal ; elle indique donc, dans le ren- lement, une température différente de celle que présente la tige à quelques millimètres de là ; et en examinant le sens dans lequel s'est. déplacée l'aiguille, on voit que le renflement est plus froid que la tige. Si l'on tranche le pétiole en son milieu, la déviation persiste encore pendant des heures entières, ce qui prouve que sa cause réside dans le renflement lui-même et non dans un courant qui descendrait des folioles. Ce renflement ne possede pas de sto- mates, et probablement l'évaporation y est très-faible. Il s'opère donc, dans le renflement moteur de la Sensitive, des modifications dont le résultat est une consommation de chaleur, consommation qui doit étre assez notable, si l'on considere que le petit volume de cette région l'expose à un rapide rétablissement d'équilibre. Elle est certainement en rapport avec les phénomènes nutritifs qui paraissent s'y passer avec une grande énergie, et dont le résultat est la tension plus ou. moins considérable du tissu cellulaire, tension d’où dépend la direction de la feuille. L'auteur pense que ces phéno- meues consistent « dans la production, sous l'influence de la lumière (région » rouge, jaune, verte du spectre), d'une substance avide d’eau, et la destruc- » lion de cette substance pendant l'obscurité et sous l'influence des rayons » bleus et violets ». 4 Lorsque dans le cours de l'expérience, l'aiguille du galvancmètre étant im- mobile, on excite et on détermine à s'abaisser les feuilles de la Sensitive, on voit au bout de quelques secondes l'aiguille se mouvoir et indiquer une légere (REVUE) ]/ T. XVI. ME) 14 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. augmentation dans la température du renflement. Cette seconde déviation per- siste pendant un temps plus ou moins long, après lequel l'aiguille revient à son point de départ. Cette déviation a été constatée sur des feuilles dont les folioles avaient été enlevées avant l'expérience. Bic normale und anormale Metamorphose der Mais- pflanze; par M. Guido Kraft, professeur suppléant d'agriculture à l'école agronomique d'Altenbourg, en Hongrie. Vienne, chez C. Gerold, 1869. Par le terme de métamorphose normale, l'auteur entend les changements naturels qu'améne dans l'aspect du Maïs la succession des phases de la végé- tation; et sous cette rubrique, il traite d'abord du grain de Mais, puis du Mais pendant sa germination, pendant sa végétation, sa floraison et sa fructi- fication. Cet exposé est précédé d'une introduction où sont commentées les idées de Geethe et de M. Cramer sur fa métamorphose des plantes, et ren- ferme des documents originaux dus aux expériences de l'auteur, qui a suivi comparativement la floraison de Mais de provenauce et de variétés différentes cultivées par lui dans les terrains de l'école d'Altenbourg. La deuxième partie est consacrée à l'étude des phénomènes tératologiques proprement dits. L'au- teur y étudie successivement ceux qu'offrent les organes de végétation, les inflorescences mâles et les inflorescences femelles. Dans le troisième chapitre, il se propose d'élucider la question suivante : A l'origine, les fleurs du Mais sont-elles unisexuées? Il conclut en affirmant qu'elles sont primitivement her- maphrodites, et qu'elles ne sont monoiques que par avortement. Variations in Tarodium and Pinas; par M. Thomas Meehan (Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1868, pp. 300-302). L'auteur avait avancé et soutient d'après de nouvelles observations qu'il ne faut voir qu'une seule et méme espèce dans les Taxodium distichum Rich. et Glyptostrobus sinensis Endl., dont les types extrêmes ne diffèrent l'un de l'autre que par le degré de soudure de leurs feuilles. On les trouve souvent cóte à côte à l'état fossile, d’après le docteur Newberry. Le botaniste qui à rendu compte du dixième volume du Prodromus dans le Gardeners’ Chro- nicle, 1868, p. 922, signale aussi des variations parmi les Conifères, variations ayant fait admettre de fausses espèces. Le Pinus inops de l'Amérique du Nord en présente aussi de considérables, ainsi que les P. rigida, P. pungens, P. Banksiana, selon le sol et le climat. numeracion de las Criptogamas de Espana y Portugal; par M. Miguel Colmeiro, directeur du Jardin. botanique de Madrid ; petit in-h° de 260 pages. Madrid, chez E. Aguado, 1867-68. Paris, chez F. Klinck- sieck. Prix : 12 fr. Nous avons annoncé les travaux que M, Colmeiro publiait dans la Revista REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 911 de los progresos de las Ciencias (tomes xvi et xvii) sur les Cryptogames de la Péninsule. Nous devons annoncer aujourd'hui qu'ils sont terminés et qu'ils paraissent en un volume distinct. Toute la crvptogamie y est comprise, depuis les Fougères jusqu'aux Diatomées. L'auteur met sur le méme rang taxono- mique les Champignons, les Lichens, les Collémacés et les Algues. Sa publi- cation, comme nous l'avons dit déjà, et comme son titre l'indique, n'est qu'une énumération, mais certaines espèces y sont annotées. On remarque surtout parmi elles, dans la cryptogamie inférieure, les Lichens signalés déjà par Clemente dans un travail inédit consulté par l'auteur (1), et dont ila contrólé la détermination et publié la description, en leur imposant souvent un nom spécifique nouveau. Nous remarquons que l'auteur a conservé parmi les Champignons les genres Uredo, Œcidium, Puccinia, Selerotium, etc., ce qui augmente le nombre des espèces admises par lui dans.ce groupe. Il signale également les Algues marines etles Algues terrestres. Die Befruchtung der Coniferen (La fécondation des Conifères); par M. Éd. Strasburger, professeur à léna. In-4° de 22 pages, avec trois plauches gravées. Iéna, chez Hermann Dabis, 1869. Paris, chez F. Klinck- sieck. Prix : 5 fr. 35. L'auteur a étudié les espèces suivantes : Abies canadensis, A. pectinata, Picea vulgaris, Pinus silvestris, P. Strobus, P. Laricio, P. Pinaster, Callitris guadrivalvis, Thuya orientalis, Th. nepalensis, Th. macrocarpa, Juniperus virginiana, J. caroliniana, J. Sabina et J. communis. L'au- teur termine son travail par les conclusions et réflexions suivantes : Les corpuscules sont des cellules endospermiques allongées, nées d'une for- mation cellulaire libre, dans lesquelles la partition transversale cesse de se produire. Elles se divisent prés de leur extrémité antérieure en deux moitiés inégales : une petite cellule supérieure qui forme la cellule du col et une grosse «cellule centrale » inférieure. La cellule du col demeure simple, ou, habi- tuellement, se partage en plusieurs cellules, reposant sur un méme plan ou formant plusieurs étages superposés. La cellule centrale renferme à l'origine le méme contenu que les cellules endospermiques voisines ; sa cavité est occu- Dée par une grande vacuole; plus tard, elle se remplit peu à peu de protoplasma, la vacuole moyenne disparait, et, vers l'époque de la maturation du corpuscule, elle est modérément remplie d'un protoplasma spumeux. Bientôt après la fécon- dation, une petite cellule supérieure se sépare du contenu protoplasmique de la cellule centrale ; elle forme la « cellule canaliforme », tandis que tout le reste de la masse protoplasmique doit être envisagé comme « sphérule ovu- laire » où « sphérule de fécondation ». Le bovau pollinique est produit chez les Coniferes par le prolongement d'une (1) Voy. le Bulletin, t. xı (Séances), p. 34. 212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cellule-fille du grain pollinique. 1l se glisse à travers le tissu qui recouvre les corpuscules et pénètre jusqu'à la cellule du col ; alors les relations de la cellule du col et de la cellule canaliforme lui frayent un chemin ultérieur jusqu'à la cellule centrale qu'il atteint bientôt. Il s'approche ainsi par son sommet du corps ovulaire, ou bien y pénètre, et détermine ainsi la fécondation. 1l est abondam- ment rempli d'un contenu protoplasmique, contient de très-nombreux grains d'amidon, et l'on remarque prés de son sommet une fine ponctuation très- apparente et fermée. Le contenu du boyau pollinique passe bientôt dans la cellule ovulaire, et dans beaucoup de cas on peut le suivre presque immédia- tement dans son passage à travers la ponctuation. L'ovule s'obscurcit après la fécondation et l'on y voit, chez les Cupressinées, se produire des graius amy- lacés fort apparents. Ils se rassemblent particulièrement dans la partie infé- rieure de l'ovule, et c'est par suite de leur agglomération qu'il y apparait une cloison. Alors l'ovule se résout dans sa partie inférieure en trois étages de cellules superposés dont le moyen ou le supérieur se développe d’une manière impor- tante, et transporte dans le tissu endospermique de la base la cellule centrale, où elle se transforme en embryon. L'auteur termine en comparant ce mode de développement avec celui qu'on a observé chez les Cryptogames supérieures. Aconesselcetie Hymenomyecium nondum deiincatorum ; auctore Elias Fries. Deuxième fascicule. Paris, chez F. Klincksieck. Voici les noms des espèces figurées dans ce deuxième fascicule : 1'^ sect. Agaricus strangulatus Fr., A. nitidus Fr., A. aridus Fr., A. lenticularis Lasch. ; — 2° sect. Lepiota: A. clypeolarius Bull., A. hispidus Lasch. , A. cliodermus, A. delicatus, A. distratus Fr., A. illinitus Fr., A. medul- latus Fr., A. parvannulatus Lasch. ; — 3° sect. Armillaria : A. imperialis, A. constrictusFr., A. laqueatus Fr., A. Laschii Fr., A. pleuroloides n. sp., A. denigratus Fr. La Truffe : étude des conditions générales de la production truffière ; par M. Ad. Chatin. In-12 de 202 pages. Paris, Bouchard-Huzard, 1869. Prix : 3 francs. Les études faites par notre savant confrère M. Chatin sur la Truffe, études dont il a déjà entretenu la Société (voy. plus haut, Séances, p. 19), ont été entreprises à l'occasion d'un rapport qu'il a dà présenter à la Société d'encou- ragement. Le livre dans lequel il les expose commence par un résumé histo- rique. L'auteur étudie ensuite l'origine de la Truffe et réfute les hypotheses étranges émises sur leur nature, notamment celle qui en attribue la production à la piqûre de quelque insecte. IH se trouve ainsi en contradiction directe avec M. Martin Ravel et M. Jacques Valsetres. On connait, dit-il, une galle des REVUE BIBLIOGRAPIIIQUE. 213 racines du Chêne, qui se forme à la suite de la piqûre du Cyn?psaptera Fabr., mais cette galle, qui n'a aucune ressemblance avec la Truffe, adhère à la racine qui l'a produite, et dans sa structure entrent, avec du tissu cellulaire, des fibres et des vaisseaux, L'adhérence des Truffes aux radicelles est trés-rare- ment observée ; et en tous cas, aucune connexité anatomico-physiologique n'existe entre les tissus de la Truffe ctceux des radicelles, toujours en simple contiguité. Cependant, les faits prouvent que la proximité du chevelu des arbres, notamment des Chênes, favorise le développement de la Truffe. M. Cha- tin pense que ce chevelu, en se décomposant chaque année, forme l'humus spécial que réclame le développement du tubercule, ainsi qu'en rejetant par voie d'excrétion. des matières minérales et certains composés organiques. Les Truffes commencent précisément leur développement en juillet, c'est-à-dire au moment de la période de plus grande excrétion qui suit le principal travail de nutrition (1). M. Chatin trace ensuite les caractères botaniques des Tubéracées et des Truffes. 1l décrit une espèce nouvelle, la Truffe blanche d'hiver, Tuber hiem- album, d'une odeur assez prononcée que ne possède pas la Truffe noire lorsque sa chair est encore blanche. Le chapitre suivant, consacré aux arbres et arbustes truffiers, est à peu près celui qui paru dans notre Bulletin. L'auteur traite ensuite du sol destruffières, du climat propre à la Truffe, des signes de l'existence des truffieres, de la ma- turation des tubercules, de la culture des Truffes, de leur récolte. Il trace avec les rares documents qu'il a pu recueillir une statistique approximative de la production et du commerce de ces Champignons. En évaluant la Truffe à 10 francs le kilogramme, il arrive à un total annuel de plus de 15000000 de francs, représentant la totalité de la production francaise. Les chapitres suivants sont employés à décrire les propriétés alimentaires des Truffes, leur composition chimique, les procédés de fraude, de conservation qui en intéressent le commerce, etc. Les planches, reproduites du Bulletin de la Société d'encouragement, sont consacrées à l'iconographie des Truffes et de quelques organes des Chénes qui en favorisent la production. Gœthe et la science de la nature; par M. l'abbé Boulay. In-8? de 120 pages. Strasbourg, typ. Le Roux, 1869. Paris, chez J.-B. Baillière et chez Y. Palmé. M. l'abbé Boulay, professeur au sémipaire de Saint-Dié, examine à un point de vue tout spécial, celui du théologien catholique, la vie et l'œuvre de Gæthe, pour lequel il se montre d'une grande sévérité, D'autres, dit-il, admireront Sans doute la puissance de ce génie, dont l'activité, bien que dispersée, pou- vait suffire à tout, Nous considérons plutôt les résultats, et nous voyons que (1) Voyez, à ce sujet, les remarques de M, Alph, de Candolle (t. xv1, Séances, p. 63). 214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ce péle-méle étrange d'objets disparates étudiés superficiellement, sans ordre, sans idée coordonnatrice supérieure et vraie, conduit Gœthe à l'amorphe, pour nous servir d'une expression de son dictionnaire. Il ne sut que rassembler des matériaux incohérents; l'unité manqua. On chercherait vainement chez lui un système définitivement arrêté, largement concu, et se développant suivant les lois d'une logique quelconque ; on ne trouve qu'une collection d'erreurs. Ce ne fut pourtant. pas sa faute, car toute sa vie il poursuivit des idées d'unité, tandis qu'il était l'homme le plus incapable peut-être de les concevoir sai- nement. Dans le troisième chapitre de son livre, M. Boulay considère spécialement G«the comme naturaliste, et dans un paragraphe particulier, comme botaniste. Il cite textuellement la plus grande partie de l' Essai sur la métamorphose des plantes. L'idée la plus générale qui se présente à qui vient de le lire, c'est, dit-il, que Goethe; ne tient compte dans sa théorie que des formes exté- rieures et nullement dés fonctions. Or, la détermination d'un organe relève de la fonction qu'il remplit et non de sa forme. Quel sens précis faut-il d'ailleurs attribuer au terme de métamorphose? Avant de conclure que la tératologie nous fait connaitre les lois de transformation d'aprés lesquelles la nature pro- duit, dans les conditions ordinaires et normales, les formes les plus variées par la modification d'un organe, il faudrait d'abord établir que les lois du déve- loppement normal sont toutes contenues dans la phénoménalité d'un petit nombre de faits ambigus ; il faudrait prouver, avant de l'affirmer, que ce déve- loppement se fait par la transformation d'un seul organe. Le terme de soudure semble également abusif quand, à l'exemple de Gæthe, on l'applique à l'adhé- rence régulière et congénitale de deux organes. Une des causes qui ont pu contribuer au succès de la métamorphose des plantes est l'oubli de la grande loi des transitions, cependant bien formulée par Linné. Comme l'a dit Aug. de Saint-Hilaire, la théorie de la métamorphose expose à prendre l'analogie pour l'identité. Dans ce paragraphe, l'auteur fait une citation curieuse. J'avais lu, dit Gœthe quelque part, les préceptes qui indiquent la manière de caractériser avec succès les genres et de leur subordonner les espèces, mais comment pouvais-je comp- ter sur une bonne détermination lorsque, du temps méme de Linné, ses genres avaient été divisés, démembrés ; que ses classes avaient cessé d’être en usage. — Que dirait aujourd'hui le poéte allemand ? Sur les mouvements des étamines de lÉpine-Vinette : par M. Schnetzler (Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, tome x, et l’Institut, 1869, n° 1856). M. Schnetzler fait remarquer que pour expliquer les phénoménes de mou- vement que présentent les étamines des Berberis, lorsqu'on pique légèrement à l'aide d'une aiguille leur extrémité inférieure et intérieure, on ne saurait REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 215 invoquer les mots de contractilité, d'irritabilité, etc., tant que ces termes ne sont pas parfaitement définis. Il a fait plusieurs expériences sur ces phénomènes. L'eau froide ne les pro- voque pas. L'alcool, les acides minéraux, !a potasse caustique, tuent l'étamine en produisant chez elle un mouvement convulsif. Après l'application d'une goutte de nicotine, l'étamine s'approche vivement du pistil, puis demeure insensible à toute irritation. Une solution aqueuse de curare est sans aucun effet. Or, il faut remarquer que cette substance ne détruit pas la contractilité ni le mouvement du sarcode animal, et qu'elle laisse intactes ces mêmes pro- priétés dans le protoplasma. Les vapeurs anesthésiques employées avec précau- tion peuvent abolir momentanément l'irritabilité des étamines des Berberis, ainsi que celle des feuilles des Mimosa, les mouvements des cils vibratils des zoospores et ceux du protoplasma en général. L'eau n'agit sur les étamines qu'à une température de 30 à 35° G., et à 50? elle détruit toute irritabilité de ces organes ; or M. Max Schulze a établi que la température qui tue d'une manière absolue le protoplasma végétal, commence de 47 à 48» C. L'irritabilité se manifeste par l'emploi de tous les agents qui reliaussent ct activent la vitalité du protoplasma. L'auteur cherche l'explication du mouvement produit dans la contractilité du protoplasma, qui aurait pour efTet un déplacement du liquide des cellules du tissu érectile, à la partie inférieure et intérieure de l'étamine. Cela suffit pour provoquer le mouvement vers le pistil, dont l'étamiue s'éloigne à mesure que ces mémes cellules reviennent à leur forme primitive. Sur les aliments azotés des plantes; par M. Wicke (/Znstitut , 1869, n^ 1857). M. Wicke a communiqué à la Société des sciences de Geettingue, dans sa Séance du 8 février dernier, des expériences intéressantes dont l'ensemble démontre que le phosphate d'ammoniaque, l'acide hippurique, la glycine et la créatine sont. des aliments. azotés pour les plantes qui croissent dans des solutions aqueuses. On ne pourra savoir comment ces corps se comportent dans le sol que par des expériences spéciales. Celles qu'a faites M. Hosæus sur l'origine de l'ammoniaque des plantes vivantes concordent avec les résul- tats obtenus par l'auteur. Des faits certains ont établi que l'acide azotique et l'acide azoteux se trouvent dans une foule de plantes. M. Hampe a prouvé que Purée donnée aux plantes comme nourriture azotée se retrouve certai- nement dans les organes verts. Les plantes ia recoivent donc sans la décom- poser. Les expériences de l'auteur établissent que ce dernier fait est. très- probable pour l'acide hippurique, pour la glycine et. pour la créatine. Des expériences ultérieures montreront s'il est possible de retrouver ces corps dans les plantes; ce serait la preuve certaine qu'ils entrent réellement dans l'organisme végétal sans s'y. décomposer. 916 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ueber Schotts Anrlectla Dotanica: par M. Aug. Neilreich (Sitzungsberichte der K. K. Akademie der Wissenschaften in Wien, déc. 1868, pp. 552-874). Selon M. Neilreich, l'auteur qu'il critique appartient, comme Reichenbach pere, MM. Jordan, Schur, Kerner et d'autres botanistes, à cette catégorie de savants qui croient devoir décrire comme nouvelle toute forme végétale suscep- tible d’être distinguée des formes connues. M. Neilreich ne partage point cette opinion en théorie. En fait, il émet des observations sur un certain nombre d'espéces établies par Schott; nous citerons, pour faciliter les recherches de nos confrères, celles sur lesquelles. il émet des observations et dont il croit devoir rectifier l'appellation. Ce sont les suivantes : Sesleria robusta, Plan- tago plicata, Senecillis carpatica, Edraianthus caricinus, Campanula turbinata, Lamium cupreum, Soldanella pirolæfolia, Cortusa pubescens, Androsace arachnoidea, Sempervivum Neilreichii, S. Pittonii, un certain nombre de Saxifraga, de Caltha; Ranunculus gruinalis, Corydallis deci- piens, C. tenuis, Arabis croatica, Cardamine croatica, Aubréetia croatica, Draba longirostra, D. compacta, Dianthus gelidus, Silene microloba, Euphorhia triflora. Note sur quelques plantes nouvelles ou peu connues; cultivées au Jardin de la Société d'acclimatation ; par M. Quihou (Bulletin de la Société imp. zool. d'acclinatation, août 4869, pp. 470-476). Les plantes dont il s'agit, au nombre de 57, ont été réunies et cultivées au Japon, puis transportées en France par M. Degron, directeur des postes fran- caises à Yokohama (Japon). M. Quihou, jardinier en chef du Jardiu d'acclima- tation, où ces plantes ont été déposées, s'est réuni avec MM. Keteleer, Carrière et Riviere, pour procéder à leur dénomination. Plusieurs plantes ont été reconnues nouvelles par eux : Rhododendron Degronianum, | Tetranthera Lhuysiè, T. picta, Eurya Jacquemartii. Ils ont reconnu encore, en faisant cet examen, plusieurs nouveautés dans les Bambous du Jardin d'acclimatation : Bambusa Quilioi, dédié à M. le commandant du Quilio, B. violascens, B. Simoni. Ces noms ne paraissent, jusqu'à plus ample informé, devoir étre considérés que comme ceux de variétés horticoles. La Truffe. Études sur les Truffes comestibles au point de vue botanique, entomologique, forestier et commercial; par M. Henri Bonnet. In-8° de 142 pages. Paris, chez Adolphe Delahaye, 1869. M. Bonnet, vice-président du comice agricole de l'arrondissement. d'Apt, s'est tronvé en mesure de recueillir sur les lieux mêmes où l'on exploitela Truffe, en Provence, des renseignements sûrs et authentiques. On lui saura particuliè- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 217 rement gré de faire justice de l'erreur qui ne voudrait voir dans les Trnffes que des sortes de galles, et de la théorie téméraire des Chénes truffiers, comme le dit notre éminent confrère M. Tulasne, dans une lettre approbative publiée en tête de la brochure. L'étude de M. Bonnet est un travail de vulgarisation. Il commence par un chapitre historique, où Théophraste, Dioscoride et Pline sont d'abord mis à contribution. Il examine ensuite, d’après les travaux les plus récemment publiés, l'organisation intérieure de la Truffe, son mode Ħali- mentation et de développement. Les Truffes comestibles que l'on rencontre sur les marchés du département de Vaucluse et des départements limitrophes sont au nombre de quatre : Tuber cstivum, T. mesentericum, T. brumale ct T. melanosporum. L'auteur les décrit soigneusement en mentionnant les syno- nymes et en indiquant la distribution géographique de chaque espèce. Il men- tionne en outre d'autres Tubéracées qui arrivent sur les marchés, mélangées aux précédentes par des truffiers peu scrupuleux : Tuber moschatum, T. ru- fumet Balsamia vulgaris (Muscadilo de Rabaco muscado en provençal). Il s'occupe ensuite des conditions de production des Truffes, de la maniere deles récolter, de les préparer pour l'expédition. Il fait valoir les bienfaits de la trufficulture, qui amènera naturellement à pratiquer le reboisement des montagnes, si nécessaire, afin de favoriser l'établissement de truffiéres nouvelles. Les chapitres complémentaires traitent des noms anciens et modernes de la Truffe (1), le nom des principaux animaux qui la dévorent, les propriétés dić- tétiques de ses tubercules. Viennent ensuite les notes et pièces justificatives, une analyse chimique de la Truffe due à M. Jules Lefort, et la notice biblio- graphique des nombreux auteurs consultés par l'auteur. Further Enumeration of New-England Fungi (Nouvelle énumération des Champignons de la Nouvelle-Angleterre) ; par M. Chas. C. Frost (Proceedings of the Boston Society of natural history, 1868, pp. 77-81). Plusieurs énumérations des Champignons de la Nouvelle-Angleterre avaient déjà été publiées dans les Mémoires de la Société de Boston: ce travail ren- ferme des documents nouveaux qui ont. permis à l'auteur de donner une énumération plus complète, qui en porte environ le nombre à 270. Notes ou Alsinidendron, Platydesma and Brighamia, nouveaux genres des îles Sandwich, avec une analyse de leur flore; par M. Horace Mann (Memoirs read before the Boston Society of natural history, vol. 1, part 1v, Boston, 1869). Nous avons déjà signalé une publication importante de feu M. H. Mann dans LA | (1) L'auteur signale une analogie frappante entre le terme provençal Rabago, qui dé Signe la Truffe, et l'Hab-flazis ou Habbazis des Arabes. 918 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. ce recueil (4); bien que celle-ci n'ajoute que peu de détails nouveaux, nous devions la signaler au point de vue bibliographique. Elle contient de longues descriptions des genres nouveaux rapportés par M. Mann, qui y ont été illus- trés : an point de vue géographique, on consultera avec intérêt l'énumération des espèces propres aux iles Hawaï, qui est extrêmement longue. La flore de ces iles a été partagée en cinq régions : les plaines ou d'alluvion sur les cótes, ou région maritime, la région des terres basses, la région boisée un peu plus élevée, la région montagneuse inférieure et la région montagneuse supérieure. Ce sont ces deux dernières probablement qui correspondent aux régions dénommées subalpines ou alpines par M. Rémy, qualifications que l'auteur ne peut accepter. On trouvera encore d'intéressants documents sur les découvertes de M. H. Mann, dans les Proceedings of the Boston Society of natural his- tory, 4868, pp. 155, 158 et suiv. Pour avoir la bibliographie complète de son exploration botanique des iles Hawai, il faudra encore consulter les mêmes Proceedings, vol. x, p. 309, les Proceedings of the American Aca- demy of arts and sciences, vol. vit, p. 143, et les Proceedings of the Esser Institute, *ol. v. Geschichte und Literatur der Lichenologie von den ältes- ten Zeiten bis zum Schlusse des Jahres 1865 (Histoire et bibliographie de la Lichénologie depuis les temps les plus reculés jusqu'à la fin de l'année 1865); par M. de Krempelhuber. Tome u. Les systèmes et les espicss, In- 8? de 776 p. Munich, 1869, typ. Wolf et fils, L'auteur trace d'abord la position qu'occupent les Lichens daus la taxonomie générale, d'après les systèmes proposés jusqu'ici par les divers botanistes qui se sont occupés de classification. Il traite ensuite des systèmes lichénographiques proprement dits. Cette partie de son livre est extrémement développée. L'au- teur à cru devoir reproduire tout ce qui a été fait sur la. classification des Lichens depuis Morison jusqu'à M. Nylander et aux monographes les plus récents ; il a donné jusqu'aux caracteres des différents genres admis par chacun d'eux, attendu que l'extension et la caractéristique des groupes le plus géné- ralement admis varient souvent selon les auteurs qui les accueillent dans leurs ouvrages. Son livre est à cet égard un vaste répertoire. Cette partie est termi- née par une table alphabétique des genres. La partie relative à l'espèce est divisée en deux chapitres ; l'auteur l'examine avant et aprés Linné. Il a disposé dans un ordre chronologique toutes les espèces de Lichens créées depuis Linné jusqu'à la fin de l'année 1865, dans des tableaux où est indiquée la syno- nymie actuellement admise par lui. Cette. partie. est encore terminée par une table alphabétique. ` (4) Voy. le Bulletin, t. xv (Revue), p. 224. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 219 Des plantes à aires localisées ou disjointes dans la flore de Montpellier ; par M. J.-E. Planchon (Annales de la Société d'horti- culture et. d'histoire naturelle de l'Hérault, 2° série, t. 1, 4869, n° 1, pp. 48-55). * Cette note a été rédigée par M. Planchon pour répondre à deux questions posées au Congrès scientifique, tenu à Aix en 1866, et publiées déjà dans le Compte rendu de ce Congrès, qui n'était pas parvenu à notre connaissance, Les plantes trés-localisées de la flore de Montpellier sont les suivantes : 1° Dans la chaine de la Gardiole : Lavatera maritima, Allium Chamcæmoly, Anagyris fœtida, Aceras longibracteata, Myrtus communis, Cachrys levi- gata, Anthyllis Barba Jovis, Cytinus Hypocistis var. purpureus J. Gay.— Ges plantes, exclusivement propres à la chaine de la Gardiole, y sont toutes remarquables par le nombre relativement restreint de leurs exemplaires, par leur persistance dans les localités circonscrites qui semblent pour elles un lieu d'exil ; par leur tempérament frileux, qui les confine dans quelques ravins d'une chaine de collines trés-rapprochée de la mer et très-abritée contre les vents froids. Ces plantes, dit M. Planchon, communes pour la plupart dans les parties chaudesdu bassin de la Méditerranée, ne sont chez nous qu'à titre de sentinelles perdues ou de colonies détachées vers l'extréme nord de leur aire d'habitation. Aussi la température semble-t-elle décider principalement de leur habitat, et l'exposition déterminer avant tout leur présence sur les points qu'elles occupent. Cependant des conditions à peu prés pareilles se présentent sur bien des points de la méme chaine, sans que l'espèce se retrouve sur tous ces points. M. Planchon met au nombre des circonstances qui déterminent la situation de ces plantes, l'influence géologique du sol (1). Nos lecteurs songe- ront aussi à la théorie développée cette année méme par M. Martins (2), et que M. Planchon n'accepte pas, trouvant qu'elle n'a pas encore été confirmée parles découvertes géologiques. 2° Dans les mares de Grammont près Montpellier et de Roquehaute prés Agde : /soûtes setacea, Peplis erecta, Tillæa muscosa, Cicendia filiformis. Roquehaute possède en propre le Marsilia pubescens, plante de Sicile et d'AI- gérie; le Ranunculus lateriflorus, plante d'Orient; le Bulliarda Vaillantii et l’/soëtes Duriæi. Les mares de Rigaud, aux portes d'Agde, présentent deux plantes spéciales comme égarées dans cette seule localité de la France : Damasonium polyspermum Cosson, latine Fabri Grenier; cependant. les Conditions où se trouvent les mares de Roquehaute et celles de Rigaud parais- sent identiques. L'auteur signale. encore quelques faits singuliers : le Santolina Chamecyg- (1) Voyez notre Bulletin, 4854, pp. 218-225 et 354-360. (2) Voyez plus haut (Séances, pp. 100-104). 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parissus, qui, dans le bassin de l'Orb, à Narbonne, à Béziers, est une plante vulgaire des bords des champs et des chemins, et absolument inconnue sur la rive gauche de l'Hérault et dans tout l'arrondissement de Montpellier et de Lodève. L'A yssum maritimum, qui s'avance dans les terres à Béziers, à Nimes, à Avignon, n'existe pas à Montpellier en dehors de l'étroite zone des sables du littoral. Partout, à cóté des causes naturelles évidentes qui tracent la limite de quelques plantes, on voit surgir, quant à l'habitat de beaucoup d'autres, des faits qui déroutent toute induction et rendent, dit M. Planchon, toute explication suspecte on prématurée. Catalogue des plantes qui croissent ic long du cours da Rhône: par M. Jules Fourreau. Grand in-8° de 216 p. Paris, F. Savv, 1869. La végétation des bords du Rhône, dit l'auteur, offre des parties très-incom- plétement explorées, et tient encore en réserve de nombreuses surprises pour l'avenir. Ses reuseignements et ses recherches lui ont permis de préciser les stations et surtout les limites extrêmes d'un grand nombre d'espèces, mal défi- nies géographiquement, et d'ajouter à sa liste quelques végétaux qui n'auraient pas semblé devoir lui appartenir. Ce qui fait en partie la longueur et l'intérêt de cette liste, c'est que l'auteur y a compris les plantes de points fort éloignés les uns des autres, tels que les sommités du Jura méridional, du Reculet au Credo, le Salève, le Mont-Pilat, jusqu'aux plaines de la Provence. Le livre de M. Fourreau est un simple catalogue présentant les localités en regard des noms spécifiques. Il a considérablement modifié la nomenclature généralement usitée, en adoptant comme genres un grand nombre de sous- genres proposés par des auteurs plus ancieus, selon la méthode suivie mainte- nant par M. Jordan. Il s'explique à ce sujet dans sa préface, où il insiste sur le nombre immense des formes végétales irréductibles : le nier, dit-il, c'est fermer les yeux volontairement ; s'en effrayer et leur refuser le titre l'espèce, C'est manquer au premier devoir de la science. Quant à la citation après le nom spécifique du nom d'auteur, il n'a pas pu moins faire que de mettre tou- joursle nom de l'auteur réel et primitif, quelques changements génériques que la plante ait subis (mais le plus souvent, comme on le comprend, entre paren- thèses). En indiquant les botanistes et les livres auxquels il a dù des renseigne- ments pour son ouvrage, M. Fourreau cite le nouveau catalogue avignonnais de M. Palun, qui n'est pas parvenu à notre connaissance. Sketch of the flora of Alaska (Zsquisse de la flore de l Alaska); par M. J. - T. Rothrock (Annual report of the board of regents of the Smith- sonian Institution pour l'année 1867, pp. 453-163). Ya contrée qui fait le sujet de ce mémoire a été explorée en partie par Mer- tens et F. Bischoff ; on trouve des documents sur sa végétation dans le Bota- REVUE BIDLIOGRAPHIQUE. 291 nical Miscellany, vol. 1, p. 317 et suiv., vol. 111, p. 12 et suiv. Outre les ouvrages généraux dans lesquels est décrite la flore arctique de l'Amérique ou celle de la Sibérie orientale, il faut consulter, pour les compléter : Bongard, Vegetation of Sitka; Lyall, Report on the botany of northwestern North America ; J.-D. Hooker, Onthe distribution of arctic plants; le voyage de Beechey et celui de l'Herald. L'auteur, qui est professeur de botanique au col- lége agronomique de Pennsylvanie, a mis à profit les collections faites par les employés au service des compagnies télégraphiques de Russie et des États-Unis. L'étendue de la péninsule de l'Alaska est de 570 000 milles carrés. On y trouve jusqu'à présent 732 espèces de végétaux, y compris les Cryptogames. Le comté de Chester, dans l'État de Pennsylvanie, n'a que 738 milles carrés, et possede le double de plantes. La proportion de Fougères est considérable dans l'Alaska, sans doute à cause de l'humidité du climat. Une seule espèce nouvelle est décrite dans le mémoire de M. Rothrock, le Polygonum tripterocarpum Asa Gray. La partie capitale de ce travail est l'énumération de toutes les plantes de l'Alaska, avec la mention des localités où elles ont été trouvées. Synonymia de diversos vezetaes do Brasil; par M. José de Saldanha da Gama. In-4° de 30 pages. Rio de Janeiro, 1868. Ce travail expose les noms que portent dans le langage botanique d'abord, puis au Brésil, en francais, en anglais et en espagnol, 180 espèces d'arbres employés à divers titres dans l'industrie, originaires du Brésil, et ayant figuré à l'Exposition internationale de 1867. Comme l'auteur le fait observer, une cause de confusion, qui compliquait ce travail, consiste en ce qu'au Brésil comme ailleurs, certains noms vulgaires sont appliqués identiquement à des Végélaux divers, appartenant méme à des familles fort différentes. Apuntes para la fiora de Espana, o lista de plantas no citadas y raras en Galicia, partido judicial de Valladolid, provincia de Madrid, y Cata- luha ; par M. Juan Texidor y Cos (Extrait de la Revista de los progresos delas Ciencias, t. xvr); tirage à part en brochure in-8? de 83 p. Madrid, typ. Aguado et fils, 1869. Ce catalogue est daté de novembre 1868. Il est borné, en général, à lindi- cation des espèces et des localités. L'auteur s'y est montré très-sobre dans l'admission des nouveautés ; il a même réduit le nombre des espèces établies Pàr d'autres auteurs. Ainsi, le Reseda aragonensis Losco et Pardo rentre pour lui dans le R. Phyteuma, VAstrocarpus suffruticosus Lange devient une Variété B. de PA. Clusii J.Gay, V'Erica quadriflora Pourr. une variété gran- diflora de CE. arborea, Y Armeria Duriæi et VA. Bourget de M. Boissier sont réunies, l Euphorbia tetraceras Lange n'est pas considéré comme distinct de le, pinea L., etc. Nous remarquons une identification. plus curieuse, celle de E phedra distac], ya Pourrvariété, , minor de VEquisetum ramosum Schi. ! 222 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Enfin M. Texidor décrit deux nouveautés : l'Adenoscilla unifolia (Scilla mo- nophylla Pourr. herb. et Plan. Flora gallega, p. 380) ; et le Daphne Rodri- guezii, plante de l'ile de Minorque, qui nous a tout l'air d’être identique avec le Daphne velleoides, décrit dans notre Bulletin. Vegetable Teratology, an account of the principal deviations from the usual construction of plants (Tératologie végétale, etc.) ; par M. Maxwell T. Masters. Un volume in-8^ de 534 p. , avec de nombreuses gravures inter- calées dans le texte. Londres, R. Hardwicke, 1869. Cet important ouvrage, dédié à M. J. Hooker, a été publié aux frais de la Société Ray, dont il honore le patronage. Si l'on excepte l'ouvrage classique de Moquin-Tandon et l'excellent. Essai historique de M. Kirschleger, la science ne possédait rien de général sur le sujet que M. Masters vient d'embrasser dans son ensemble. Le plan de son livre diffère un peu de celui du savant professeur français. Il l'a divisé en quatre parties : dans la premiere, il étudie les faits tératologiques qui modifient l'arrangement et la relation des organes ; dans la deuxieme, ceux qui en altè- rent la forme ; dans la troisième, ceux qui en augmentent ou en diminuent le nombre; dans la quatrième, enfin, ceux qui en affectent la grandeur et la consistance (hypertrophie et atrophie). Il termine par un chapitre de con- clusions. M. Masters à tenu à présenter un résumé des faits observés, en citant un exemple principal de chacun d'eux, et en mentionnant dans des listes les végé- taux qui les ont offerts, mais sans renvoyer pour chacun d'eux à la source bibliographique correspondante; il indique seulement en général quelques auteurs à consulter pour chaque catégorie de déformations. Autrement il Jui aurait fallu un volume beaucoup plus considérable. Une question importante est agitée souvent dans les publications actuelles, la valeur des faits tératologiques ; eile a été fort rabaissée par les organogénistes, injustement selon l'auteur. Plusieurs cas d'arrét de développement montrent, dit-il, le mode de croissance et d'évolution plus distinctement et beaucoup plus facilement pour l'observateur, que ne le fait l’investigation de l'évolution des organes faite dans les circonstances naturelles. Il n’y a d'autre distinction que celle du plus ou moins à faire entre les lois de l'organisation régulière et celles qui règlent les formations dites anomales. Dans son livre et dans ses conclusions générales, M. Masters se trouve enclin à diminuer la différence théorique établie par les auteurs classiques. entre les axes et les appendices. Il adopte volontiers les vues de M. Casimir de Candolle sur la nature de la feuille. Sur la nature du tube calicinal des Dicotylédones périgynes, il admet comme une règle générale, sujette à peu d'exceptions, que ce tube est réellement une portion du réceptacle. Aprés tout, dit-il, cela est surtout une question de mots, car souvent on ne saurait dire oü finit le REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 223 réceptacle ni où commence le calice. D'un. autre côté, on sait que beaucoup de feuilles, à leur origine, ont la forme d'un anneau, et, que de cet anneau il nait des formations secondaires. Si l'on se rend bien compte de la structure d'une feuille peltée de Tropeolum, on comprendra, en supposant qu'il se pro- duise une excavation au. centre morphologique de cette feuille, la formation d'un tube analogue au tube calicinal. La constitution de l'ovaire infère, qui a été l'objet de nombreuses discussions, perd de son importance si l'on convient de l'identité morphologique de l'axe et de la feuille. Il est certain que les car- pelles invaginés dans un ovaire infère ne correspondent pas au limbe de la feuille, mais à sa portion vaginale, et quelle différence établir entre celle-ci et l'axe? Les ovules se forment indifféremment, dans des cas tératologiques, sur des organes foliacés ou sur des organes axiles, ce qui ôte également de l'im- portance à une autre recherche, celle de la natare du placenta, Comme l'on voit les feuilles produire d'autres feuilles (Cardamine, Bryophyllum) sur leurs bords ou à leur surface, et qu'il se forme méme des bourgeons dans une situation analogue, de méme que sur des organes axiles, il y a certainement peu de molifs pour considérer les placentas ou les portions ovuliféres de la plante comme étant uécessairement axiles. Là, encore, la plus grande partie de la difficulté s'évanouit si l'on admet l'identité de l'élément axile et de l'élément appendiculaire. Su tre piante inedite del Vicentino (Sur trois plantes inédites du Vicentin) ; par M. Zangiacomi (Atti della Societa. italiana di scienze naturali, vol. xi, fasc. ur, pp. 389). Ces trois plantes inédites ont été décrites jadis par Antonio Turra sous les noms suivants : Helianthus vicetinus, Narcissus bericus et N. byzantinus. Le mémoire de M. Zangiacomi ayant été présenté au Congrès que la Société italienne a tenu à Vicence en septembre 1868, les membres qui assistaient à la réunion ont reconnu dans la première de ces plantes (dont l'auteur. avait des échantillons desséchés) l'elianthus. tuberosus, dans la deuxième, le Nar- Cissus incomparabilis, et dans la troisième une forme du V. T'azetta. Sur le Secotiwns Malinvernianun n» sp; par M. de Cesati (lbid. , p. 390). S. Malinvernianum sordide album, mediocre, unciale vel circa 35-40", t, ad basim 35-28"" in diametro, stipite lavi tenui brevissimo, peridio obverse | al piriformi, ovali vel curvo, asymmetrico, obtuso vel apiculato, glabrato, mellis interioribus gyrosis, stipatis, sporis. minutis splieroideis, levibus, lutescenti-brunneis — Cette espèce a été rencontrée dans la province de Ver- ceil, en octobre 1863. 224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cenni istologici sul seme del Sofasan (gcopersicum (Recherches histologiques sur la graine du S. lycopersicum); par MM. A. Garriglietti et A. Moriggia (Zbid., vol. XI, fasc. 1v, pp. 884-897, avec une planche). Cette étude a été commencée dans un but médical, parce qu'une malade, atteinte de coliques hépatiques, rendait périodiquement de petits corps qui ont été démontrés par l'étude. n'étre que des graines de Tomate. Les auteurs décrivent successivement la graine, ses deux tuniques et l'embryon contourné en spirale. Sur l'influence qu'exercent divers rayons lumineux sur la décomposition de l'acide carbonique et l'évaporation de l'eau par les feuilles; par M. P. -P. Dehérain (Comptes rendus, 1869, t. LXIX, p. 929). En répétant les expériences de M. Prillieux, M. Dehérain est arrivé à des con- clusions différentes. Il a constaté ce qu'on savait déjà, dit-il, à savoir, que la nature de la lumière, à égale intensité, exerce une influence considérable. Ainsi, en opérant sur des plantes submergées et en mesurant avec soin la quantité de gaz émis, au lieu de compter le nombre des bulles d'air qu'elles dégagent, il a vu que, sous l'influence de la lumière jaune, le Potamogeton émet 25**, 2 de gaz, tandis que, sous l'influence des rayons bleus d'égale intensité, la plante n'en dégage que 5*6,8 pendant le méme temps. En variant encore ses expériences, M. Dehérain est arrivé à constater. que les rayons lumineux ne sont pas tous également efficaces pour déterminer la décomposition de l'acide carbonique ; que, méme à intensité égale, les rayons jaunes et rouges agissent plus favorablement que les bleus et les violets; enfin, que l'accord que l'on avait constaté entre la décomposition de l'acide carbonique et l'évaporation de l'eau, se maintient dans les circonstances nou- velles oü il s'est placé, Expériences sur les effets des plaies de Pécorce, par inci- sions annulaires, suivant diverses conditions physiologiques; par M. Faivre (/bid., pp. 950-954). L'auteur n'a observé que le Mûrier, et il a surtout étudié expérimentalement la croissance et la formation du bourrelet au-dessus de l'incision, ainsi que la durée des parties supérieures à cette incision. A ce dernier égard, la question de l'effet de l'incision annulaire est très- complexe. Pour en comprendre les variations, il faut tenir compte à la fois de la nature, du diamètre de la partie opérée, de la disposition des feuilles ou des branches au -dessus de cette partie, l'incision étant pratiquée d'ailleurs dela méme manière. Si la branche incisée et bien feuillée et rameuse, clle survivra peu à l'opération ; si l'on opère, au con- traire, une branche peu feuillée ou ramifiée, et d'assez fort diamètre, elle survit REVUE BIBLIOGRAT{IIQUE. 295 pendant plusieurs mois. L'opération est aussi plus promptement mortelle sur les branches ligneuses que sur les branches herbacées; cela s'explique, selon l'auteur, parce que les conditions d'ascension de la séve diffèrent suivant l’âge et le diamétre de la tige. L'expérimentation convenablement mise en œuvre explique les effets des incisions demi -circulaires usitées dans la pratique, par la plus ou moins grande quantité de séve ascendante dirigée sous l'influence de ces incisions dans les rameaux qui les subissent. L'enduit (mastic de greffe, par exemple), appliqué surles plaies immédiatement aprés l'opération, aide à la formation du tissu réparateur et retarde la destruction des parties opérées, mais n'apporte à cette destruction qu'un obstacle momentané. Le caoutchouc s'est montré plus efficace que le mastic de greffe pour provoquer la formation du tissu réparateur. Études physiologiques sur le latex du Mûrier blanc ; par M. E. Faivre (Ann. sc. nat. 5, X, pp. 97-122). Les résultats des expériences de M. Faivre sont résumés par lui dans les termes suivants : Le latex du Mûrier blanc, tel qu'il peut être retiré de l'écorce des incisions, renferme des principes assimilables : du sucre, de l'albumine, des matiéres riches en carbone ; sa production offre un rapport avec l'activité des feuilles ; nous le trouvons abondant dans cette partie interne de la région corticale où S'accomplissent des actes de nutrition d'une incontestable importance ; nous constatons que ce liquide diminue notablement d'abondance dans des conditions où il ne saurait être employé qu'au développement du végétal ; il en est ainsi, par exemple, dans les cas d'évolution des boutures, de la pousse des jeunes bourgeons au printemps, de celle des feuilles à la suite d'ablations réitérées, précédées d'incision aunulaire; nous constatons que la présence et l'abondance du liquide, sa diminution et sa disparition sont en rapport, soit avec l'activité de la végétation, soit avec l'altération et la destruction des parties; nous recon- naissons que ce suc propre est permanent dans les couches corticales pendant la saison d'hiver, sans qu'il se perde et s'écoule au dehors. D'aprés cet ensemble de faits, n'est-il pas conforme aux regles d'une sage interprétation de reconnaitre dans le latex un liquide utile à l'économie végé- tale, porteur de matières assimilables, en d'autres termes, une séve élaborée ? Nous ne prétendons pas pour cela. que le latex renferme exclusivement des Matières assimilables, et qu'on n'y puisse rencontrer d'autres principes ; c'est là un point particulier à examiner, une étude spéciale à faire. Dans les limites de ces recherches, nous ne nous croyons autorisé à con- sidérer le latex du Mûrier ni comme une simple excrétion, ni comme un résidu alimentaire, puisqu'il renferme des principes assimilables, mais comme T. XVI. (REVUE) 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. appelé à jouer dans la nutrition végétale un rôle important et direct, bien qu'il puisse encore renfermer des principes excrétoires. Bidrag till den Skandiuaviska Vegetationcens Historia (Recherches sur l'histoire de la végétation de la Scandinavie); par M. F.-W.-C. Areschoug, professeur adjoint à l'université de Lund (Extrait du Zunds Universitets Ars-Skrift, 1866) ; tirage à part en brochure in-4° de 90 pages, avec une carte géographique. Lund, 1867. Le but principal de ce mémoire est de démontrer que la végétation de la péninsule scandinave se compose de plusieurs éléments (ainsi que celle de toute l'Europe). Ces éléments y ont été successivement introduits de quatre régions botaniques différentes. Le plus ancien constitue dans la péninsule la végétation proprement dite arctique, qui, naturellement, en occupe la partie la plus septentrionale, et plutôt l'intérieur du pays que la région littorale, sur laquelle elle devient plus rare. L'origine de cette végétation est dans la Sibérie septentrionale. L'auteur fait remarquer incidemment que cette origine est la màme que celle du tapis végétal des Alpes élevées de l'Europe centrale, qui ne vient point selon lui de la Scandinavie, mais de la Sibérie. Le second élément de la végétation scandinave, second historiquemeut dans la suite des áges, comme géographiquement en descendaut vers le midi, a été fourni par la région de l'Altai; il est particulièrement caractérisé sur le terrain de transition, dans les parties centrales de la Suède et de la Norvége, et plutôt à l'est qu'à l'ouest de la péninsule. Parmi les plantes principales de cette caté- gorie, nous citerons : Pleurospermum austriacum, Artemisia rupestris, A. laciniata, Draba incana, D. nemorosa, Potentilla fruticosa; l'auteur en énumère environ 66. Dans le reste de l’Europe, cette végétation ne se retrouve que sur les chaînes de montagnes; on peut l'y regarder comme subalpine. Elle forme dans l'ensemble du globe une zone très-étendue vers l'est, presque complétement circumpolaire, ainsi que la zone arctique antérieurement étudiée par l'auteur. Les espèces européennes qui se retrouvent en Amérique appar- tiennent à peu prés toutes, selon l'auteur, à l'une de ces deux zones. Le troisième élément de la végétation scandinave fait partie intégrante, par son origine, de celle du Caucase ; on peut en citer comme types : Potentilla tenuiflora Kit., Ranunculus illyricus L., Adonis vernalis, Vicia pistfor- mis L., plantes, du reste, rares en Suède, où elles ne se trouvent que sur le littoral sud-est. Cette végétation devient de plus en plus rare à mesure qu'on s'approche de l'ouest de l'Europe. Le dernier élément, enfin, est constitué par des espèces de la flore médi- terranéenne ; il prédomine dans le sud de la péninsule et sur la côte occidentale (Anthericum Liliago, A. ramosum, etc.). L'auteur pense que pendant l'époque glaciaire, la végétation a disparu com- plétement dans tont le nord de l'Europe, et qu'elle n'a reparu que par fractions REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 227 et par époques successives dans le pays qui a fait l'objet de ses études, Les plantes de la zone arctique sont arrivées les premières ; ce sont celles dont le climat a d'abord permis l'introduction ; à mesure qu'il s'est réchauffe, il a ouvert l'accès du pays à des flores de plus en plus méridionales. I est probable, selon M. Areschoug, que la végétation sibérienne, consécutive à la période glaciaire, s'est jadis étendue davantage dans le nord de l'Europe qu'elle ne le fait aujourd'hui. Il en cite comme une preuve l'existence du Pinus Mughus etde l Abies pectinata dans les tourbières de l'Écosse orientale. Même les temps historiques lui fournissent quelques documents à l'appui de sa théorie : ainsi le Pinguicula alpina a disparu des environs de Dorpat, et le Saxifraga Hir- culus, de ceux de Brême. Il y aurait encore, dit-il, une autre considération de géographie botanique à développer sur la natare de la végétation représentée en Suède. Il serait disposé à établir une région spéciale, région de la Baltique, à laquelle appartiendraient des plantes telles que : Geranium bohemicum L., Viola uliginosa, Sorbus fen- nica Kalm, Fluminia arundinacea Fries, Dianthus arenarius L. Mais il hésite, parce que, si ces plantes peuvent caractériser une formation autochthone postérieure à l'époque glaciaire, elles peuvent aussi s'étre rencontrées dans la région de la Baltique, où elles auraient persisté parce qu'elles ont pu y trouver un climat convenable, après y être venues d'autres centres de création, où elles ont maintenant cessé d'exister. Ilimporte d'une part de faire remarquer que ce mémoire de M. Areschoug, déjà ancien, a été publié avant certains travaux de M. Heer, qui n'en a pas eu connaissance, et, d'autre part, de le comparer avec les mémoires plus récents de M. Andersson et de M. Christ (1). M. Areschoug a encore exposé des idées analogues dans un discours pro- noncé par lui à la réunion que les naturalistes scandinaves ont tenue à Chris- liania, mais où il s'est occupé davantage dela végétation étrangère à la Suède (Om den europeiska Vegetationens Ursprung, De l'origine de la végétation européenne, 27 pages in-8°). A ilha dc S, Miguel e o jardin botanico de Coimbra (L'ile de San Miquel et le jardin botanique de Coëmbre) ; par M. E. Gocze. In-12 de 61 pages. Coimbre, 1867. M. Goeze, jardinier-inspecteur du jardin botanique de l'université. de Coimbre, a été envové aux Acores, chargé d'en rapporter pour ce jardin les nombreuses espèces exotiques qui y sont cultivées. Il a fait à San Miguel un séjour de six semaines. TE commence par traiter du climat, du sol et de Ja Végétation spontanée des Açores. I fait remarquer que si le Juniperus Oryre- drus est aujourd'hui le seul Conifere qu'on y rencontre, cela provient de l'ex- (1) Voyez le Bulletin, t. xiv (Revue), pp. 236 et 261. 228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tinction de certaines espèces, car M. A. Borges da Camara, en creusant le sol de sa propriété aux Açores, a trouvé un tronc de Conifère de 3 à 4 pieds d'épaisseur qui n'appartenait pas au genre Juniperus. Il donne ensuite une liste des végé- taux employés à des usages économiques et industriels, ainsi qu'une liste des végétaux introduits aux Açores. Nous y voyons que l Habenaria micrantha Hochst. et PH. longibracteata Hochst. fournissent du Salep, les espèces de Rubia, une matière colorante, le Crithmum, des conserves pour la table. La culture du Pastel et celle de la Canne à sucre ont été abandonnées, tan- dis que celle du Phormium tenax prend de jour en jour plus d'accroissement. Quelques propriétaires ont aussi commencé des plantations de Thé. L'auteur s'occupe particulièrement de la culture de l'Oranger et du commerce qu'elle alimente. Parmi les plantes cultivées aux. Acores, se remarquent une grande quantité d'especes de la Nouvelle-Hollande et du Cap ; au contraire, le climat de ces iles ne convient point aux plantes de la Chine ou du Japon. Ueber dic vermeintliche Arten von Polycnemum L. (Sur les espèces critiques du genre Polycnemum); par M. F. Schur (OF's- terreichische Botanische Zeitschrift, mai 1869; pp. 146-148). L'auteur caractérise ainsi 4 espèces de Polycnemum. I. P. ARVENSE L. Sp. 50. a. simplex. — B. pumilum (P. pumilum Hoppe). — y. inundatum (P. inundatum Schrank). IT. P. MAJUS Al. Br. in Koch Syn. ed. 2, p. 695. — Planta omnibus in partibus robustior quam P. arvense, fructibusque duplo majoribus perigonium bracteolasque superantibus. III. P. VERRUCOSUM Lang. Syll. 1, 178. — Foliis brevioribus rigidioribus arrectis scabriusculis triquetris pungentibus angustius. marginatis ; caudiculis simpliciter ramosis, ramis simplicibus remotifoliis; bracteis lanceolatis flore brevioribus ; fructibus ellipticis phyllo perigonii ovato æqualibus. a. diffusum. — B. exiguum (P. exiguum Schur). IV. P. HeurrELIt Lang. Syll. 11, 219. — Radice tenui ramoso descendente; foliis triquetro -setaceis mucronatis læte viridibus basi tantum hyalino-margi- natis, invicem remotis, rectis, patentibus ; floribus solitariis sessilibus remotis, 1 -3-andris ; fructibus perigonio brevioribus ambitu ellipticis compressiusculis parum minoribus quam P. arvensis ; seminibus lenticulari-compressis puncti- culato-scrobiculatis nitidis atris. Multo magis P. verrucoso quam P. arvense affine. | a. paradoxum (P. paradoxum Schur). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 229 Ein für Tirol neucs, bisher nur aus dem hohen Norden bekanntes Botrychium (Un Botrychium nouveau pour le Tirol, et connu jusqu'ici seulement dans les régionsseptentrionales) ; par M. Franz de Hausmann (Zbid. , n° 8, août 1869, pp. 229-252). Depuis l'apparition de la flore du Tirol de l'auteur, publiée en 1853, il a été découvert dans le Tirol, dit-il, six Fougères nouvelles : Botrychium matri- carieefolium A. Br. , B. ternatum Sw. (D. vuteefolium M. Br.), B. lanceolatum Angstróm, Acropteris Seelosii Heufler (1), Woodsia glabella Hitchcock et Aspidium Braunii Spenn. Il consacre exclusivement cette courte note à l'in- dication des localités tiroliennes du B. lanceolatum. Étude sur la pharmacopée de l'Inde ; par M. Aug. Delondre (Répertoire de pharmacie, 1869, cahier de mars et suivants). M. Delondre à fait, on le sait, une étude soignée des produits d'histoire natu - relle exposés au Champ de Mars en 1867. Il s'est trouvé, par conséquent, en mesure de contrôler le Pharmacopeia of India, publié récemment par M. John Waring au nom d’une commission anglaise, et de le compléter sur quelques points, en tenant compte de la richesse thérapeutique des possessions françaises de l'Inde. C'est. ce qu'il vient de faire dans le Répertoire de M. Bouchardat. L'auteur indique les plus importants des produits oficinaur d'origine indienne, en mentionnant quelques-uns des produits non officinaux, également d'origine indienne, mais susceptibles d'application médicinale ulté- rieure. Il signale, quand l’occasion s'en présente, les produits étrangers que l'acclimatation a déjà fournis aux Indes britanniques. 11 suit dans son étude l'ordre adopté par la commission anglaise, en commencant par les Dico- tylédones. La racine de l'Aconitum heterophyllum, qui paraît ne contenir aucune trace d'aconitine, est amère et antipériodique. C'est encore parmi les antipé- riodiques qu'il faut ranger la racine du Coptis teeta, Chyn-len de Guibourt. Le Tinospora cordifolia (Ménispermées), Gualancha des Indes, est un tonique amer employé dans les formes légères de fiévres intermittentes. Les graines de Sinapis juncea possèdent les mêmes propriétés que celles des Sina- pis d'Europe ; elles doivent être employées à l'état frais. Les graines du Gyno- cardia odorata (Bixinées), Chaulmugra des indigènes, fournissent une huile émétique, Le Canarium commune, de l'Inde, serait la source de l'Elémi de Manille, ou des Indes orientales, qu'i! faudrait distinguer de l'Élémi du Brésil, produit de l' Zcíca [cicariba, et de l'Élémi du Mexique, produit de l'£laphrèum elemiferum, etc. (1) On sait que le genre Acropteris a été établi pour l'Asplenium australe ct V4. sep- lentrionale, Voyez à ce sujet une communication de M. Ch. Bolle, Bull., t. vi, p. 72 et suiv, 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Plantes médicinales et industrielles du Brésil; par M. J. F. Silveira da Motta. (Même recueil, cahier de juin 1869 et suivants.) Nous avons déjà indiqué plus haut, p. 62, la nature de cette publication. Les familles traitées par le naturaliste brésilien dans les livraisons récentessont les suivantes : Chénopodiacées, Chrysobalanées, Ciuchonacées, Clusiacées, Commélynées, Composées, Flacourtianées, Fucactes, Gentianées, Grami- nées (avec des détails originaux sur la culture de la Canne-à-sucre au Brésil). Le Coleanthus sublilis dans le département dille-ct- Vilaine; par M. S. Sirodot (Ann. sc. nat. 5, X, pp. 65-70). Le Coleanthus, qui, dans chacun des départements de la Loire-Inférieure, de Maine-et-Loire et du Morbihan, n'a été rencontré qu'à une localité unique, abonde dans le département d'Hlle-et- Vilaine; il y est très-commun dans six étangs, au point de recouvrir de très grandes surfaces, et moins répandu dans deux autres. Dans les six premiers, sur les bords desquels il forme, à la limite des basses eaux, des rives gazonnantes fort étendues, le fond est géné- ralement un sable fin mélangé d'une petite quantité de vase; partout oü le sable devient plus grossier, le Coleanthus disparaît. Pour qu'on le trouve, il faut que les eaux soient basses; de sorte qu'il est inutile de le chercher dans les années pluvieuses. Il est évident que les graines de cette Graminée peuvent se conserver sous l'eau, dans une vase sablonneuse, pendant une longue série d'années, L'auteur décrit avec soin la plante. Il importe de remarquer que les étamines persistent très-longtemps après l'anthése, que les filets et les antheres desséchées accompagnent fréquemment les fruits presque mûrs. Cette circon- stance. devra être prise en considération pour expliquer les divergences qui existent entre les figures qu'ont données de l'ovaire Nees d'Esenbeck et Rei- chenbach, et ce que M. Sirodot a observé sur les plantes vivantes. Il conserve cependant quelques doutes sur l'identité du type francais et du type figuré pat Nees. Les localités examinées par l'auteur dans la recherche du Coleanthus lui ont permis d'ajouter plusieurs autres espèces rares à la flore du départe- ment d'Ille-et-Vilaine : Scirpus Michelianus, Heleocharis ovata, Nitella hyalina. Notes on the fertilization of Orehids (Notes sur la fécondation des Orchidées); par M. Ch. Darwin (Extrait des Annals and Magazine of natural history, sept. 1869) ; tirage à part en brochure in-8° de 19 pages. Il se prépare une traduction francaise de l'ouvrage de M. Darwin : On (he various contrivances by which british and foreign Orchids are fertilized by insects ; a cette occasion, M. Darwin a ajouté à son texte primitif des notes qu'il a jugé convenable de publier également en anglais, et dont il a fait profiter REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 231 les Annals and Magazine. Ces notes sont assez courtes, et quelque intérêt qu'elles offrent, elles n’ont pas assez d'importance pour nous obliger à les reproduire, vu l'étroitesse de notre cadre, d'autant qu'elles ne font souvent que reproduire des faits récemment observés et signalés dans cette Revue ; mais nous devions les signaler aux botanistes, qui, d'ailleurs, les trouveront daus la traduction annoncée. Le Jardin fruitier du Muséum, ou Iconographie de toutes les espèces et variétés d'arbres fruitiers cultivés dans cet établissement, avec leur description, leur histoire, leur synonymie, etc.; par M. J. Decaisne. Paris, Firmin Didot frères. 93° livraison. — Pécher Madeleine Dekenhoven. Feuilles dépourvues de glandes. Fleurs grandes, roses, à pétales obovales-arrondis. Fruit un peu au- dessus de la moyenne, légèrement mamelonné, sillonné, à chair non adhérente, mürissant dans la dernière quinzaine d'août. — Pecher de Syrie. Fleurs à glandes réniformes. Fleurs très-petites, rose vif, à pétales rétrécis en un long Onglet. Fruit gros, ordinairement plus haut que large, à chair non adhérente, mürissant dans la première quinzaine de septembre. — Poire docteur Bénit. Fruit d'automne, moyen, arrondi, maliforme; à queue souvent grosse et char- nue; à peau de couleur bronzée à l'ombre, d'un rouge brun au soleil, par- semée de gros points grisâtres el gercés, reliés les uns aux autres par de fins linéaments ; à chair ferme, juteuse, sucrée et musquée. — Poire Doyen Dillen. Fruit d'automne, moyen, oblong, à peaujaune, parsemé de gros points bruns entremélés de quelques petites marbrures et marqué de fauve autour de la queue ; à chair fine, fondante et relevée. 94° livraison. — Pécher sanguine Cardinale. Feuilles à glandes réniformes. Fleurs petites. Fruit très-gros, à chair non adhérente, mürissant dans la pre- mière quinzaine d'octobre. — Pécher sanguine de Manosque. Feuilles à glandes réniformes. Fleurs grandes, rose tendre. Fruit gros, à chair non adhé- rente, rouge, mürissant dans la première quinzaine de septembre. — Poire Millot de Nancy. Fruit d'automne, petit ou moyen, oblong, arrondi ou tur- biné, obtus aux deux extrémités et ordinairement bosselé; à peau jaune pâle, parsemée de nombreux points ferrugineux entourés de marbrures de méme couleur ; à pédoncule court, oblique, accompagné de plis; à chair fondante, trés-juteuse, relevée, — Poire Monseigneur des Hons. Fruit d'été, petit ou Moyen, oblong, obtus aux deux extrémités ; à peau jaune, dont la couleur est plus où moins dissimulée sous une teinte olive, rarement colorée en ronge au Soleil; à queue droite ou arquée; à chair fine, sucrée, faiblement musquée, blettissant rapidement. 95° livraison. — Pécher Thuret. Feuilles à glandes réniformes. Fleurs grandes, bien ouvertes, rose carné. Fruit très-petit; à chair non adhérente au noyau ; mürissant vers la dernière quinzaine d'août. — Pécher avant-póche 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. blanche. Feuilles dépourvues de glandes. Fleurs grandes, étalées, d'un rose trés-pàle. Fruits très-petits, à peau velue, blanchâtre, à chair non adhérente, jaunissaut un peu à la maturité, qui a lieu vers le milieu de juillet. — Poire sucré vert de Provence. Fruit d'été, moyen, turbiné ou régulièrement piri- forme ; à queue cylindracée, insérée dans l'axe du fruit, assez grêle, de cou- leur verte, droite ou oblique ; à peau vert jaunâtre parsemée de très-petits points bruns; à chair verdâtre, très-juteuse, sucrée. — Poire Pastorale. Fruit d'hiver, allongé ou oblong; à queue droite ou oblique, fortement coudée et plissée à son insertion sur le fruit ; à peau jaune à l'ombre, d'un rouge brun au soleil, pointillée et marquée d’une large tache fauve autour du pédoncule ; à chair peu juteuse, sucrée. Fruit à cuire. Vaxtanatomiskna Undersokningar (Recherches d'anatomie végé- tale); par M. F.-W.-C. Areschoug (Extrait du Lunds Universitets Ars- skrift, tome 1v) ; tirage à part en brochure in-4° de 26 pages, avec quatre planches. Dans ce mémoire, l'auteur s'est occupé principalement de la structure ana- tomique de la feuille de l Eriobotrya japonica Lindl. Il a vu que dans la nervure médiane de cette feuille le système fibro-vasculaire est arrangé absolu- nent comme dans une tige ; on y trouve une moelle, puis des rayons médul- laires et du tissu ligneux interposé, ensuite du cambium et du liber, le tout symétriquement disposé, comme dans une tige normale. En dehors du liber sont deux couches de cellules différentes par l'épaisseur de leurs parois, la couche extérieure à parois plus épaisses. L'auteur compare chacune de ces deux couches aux couches interne et externe de l'écorce. Il étend cette com- paraison au parenchyme tout entier de la feuille, dans lequel il voit encore la représentation de ces deux couches de l'écorce. Pour lui, la partie supérieure de la feuille de l'£riobotrya, dans laquelle se trouve d'abord un tissu à cellules blanches età parois épaisses (collenchyme), puis, plus intérieurement, des cel- lules allongées perpendiculairemeut à la direction de la feuille, vertes et serrées les unes contre les autres (Pallisaden-Parenchym), représente l'écorce exté- rieure, et le second de ces deux éléments dérive par modification organique du premier. Quant à la partie constituante inférieure de la feuille, qui con- siste surtout en un parencbyme lacuneux, elle représente les couches intérieures de l'écorce. Ainsi, pour M. Areschoug, la feuille est simplement une expansion de l'axe; la structure anatomique est la méme dans la nervure médiane de la feuille, dans son pétiole et dans la tige. Les faisceaux fibro-vasculaires qui sortent de la tige pour entrer dans la feuille se ramifient de méme que ceux qui la quittent pour pénétrer dans un rameau. L'auteur a vu encore dans quel ordre relatif les éléments du faisceau fibro- vasculaire cessent à l'extrémité des nervures de la feuille. Ce sont les vaisseaux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 233 ponctués et les cellules allongées qui disparaissent en premier; ensuite le liber, puis le cambium avec les cellules cribreuses ; il ne reste plus alors qu'un ou deux vaisseaux spiraux, qui sont entourés de quelques cellules grandes et minces, formant une rosette autour d'eux. Ueber Bacterien (Sur les Bactéries) par M. H. Hoffmann (Botanische Zeitung, 1869, n°% 15-20, avec une planche, traduit dans les Annales des sciences naturelles, 5* série, t. x). Lorsqu'en 1863, dans le Botanische Zeitung, p. 30^, M. Hoffmann fit con- naître ses premières recherches sur les Bactéries, il reconnut que ces petits étres ne font point exception au type cellulaire des autres étres organisés de nature végétale. Aujourd'hui, il affirme que les Bactéries possédent une paroi et un contenu hétérogène. Quand ce contenu, sorte de plasma transparent, se coagule en partie ou disparait, il est remplacé par de l'air. L'auteur divise les Bactéries en trois groupes, Microbactéries, Mésobactéries et Macrobactéries. Les Bactéries ont besoin pour vivre, d'une part, d'un liquide renfermant les matières organiques nécessaires à leur nutrition, d'autre part, d'oxygène. L'eau bouillante les tue quand elles sont humides, ainsi que la dessiccatiou, l'empoi- Sonnement par le chloroforme, l'iode ou quelque autre substance toxique. Mais cette mort n'est qu'apparente, et si l'influence destructive n'a été que passa- gre, l'immobilité, seul indicede cette mort, peut faire place à un renouvelle- ment d'agilité. Si l'on dépose à la surface d'une tranche de Pomme-de-terre bouillie des Bactéries trés-agiles, prises dans du jus de viande corrompu, ces petits corps Y forment d'épais pulvinules muqueux d'une couleur jaune orangée ou ocra- cée ; tous ou presque tous alors deviennent alors immobiles. Le mouvernent des Bactéries est de deux sortes : mouvement d'incurvation et mouvement de translation. 1l faut aussi noter celui de la Bactérie qui, fixée Par un bout et libre d'ailleurs, se tient debout, élevant en haut son extrémité libre. Une cause d'erreur git dans les mouvements qu'imprime involontaire- ment au liquide la respiration de l'observateur, et qui sont causés peut-être moins par le choc mécanique de l'air inspiré que par la chaleur qu'il possède. On peut retirer des Bactéries cultivées sur un support humide des liqueurs acides, neutres ou ammoniacales. Par une culture artificielle sur le tissu de la Pomme-de-terre, dans un tube approprié, on obtient du mucus bactério- Phore et des chapelets aériens de Bactéries. L'auteur n'a pas constaté d'autre phase ultérieure de développement. 1l reconnait que les Bactéries se rapprochent, Par la simplicité de leur organisation, des Trestulies et autres Algues infé- rieures qui offrent aussi des alternatives d'immobilité et d'agilité. 1l v aurait bien moins lieu de les comparer aux cellules de la levüre, qui rentrent dans le type des moisissures les plus vraies. L'auteur range parmi les Bactéries le Monas crepusculum, les Leptothriz 934 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des auteurs, résultat de l'agglomération des Bactéries en chapelets. Le nombre des articles de ces chapelets peut s'élever à plusieurs centaines. Mais il en dis- tingue soigneusement les Pseudobactéries observées dans les tubercules radicu- laires de plusieurs Légumineuses. Il ne saurait rien dire de la nature réelle des Amylobacter de M. Tulasne. Relativement à l'origine des Bactéries, les observations de l'auteur sont tout à fait défavorables à l'hypothèse d'une génération spontanée. Ila exécuté pour s'en convaincre des expériences analogues à celles de M. Pasteur. Il discute sérieusement et longuement les observations présentées contre les résultats de ces expériences par M. Nægeli : Quand les hétérogénistes disent que la géné- ration spontanée est une conviction personnelle en dehors de la science el de toute discussion, M. Hoffmann répond que ce mode de comprendre l'existence des êtres organisés n'est aucunement nécessaire dans l'hypothèse darwinienne ou dans toute autre théorie sur l'origine du monde ; qu'il serait plus court d'admettre que la vie n'a point eu de commencement ici-bas. On a dit que les Bactéries naissaient tant du plasma que du mycélium de divers Champignons ; l'auteur s'éléve contre cette opinion. Tout mycélium privé de vie et plongé dans l'eau engendre de pareils corpuscules à l'intérieur de ses filaments, et ces corpuscules peuvent s'échapper là où les parois des filaments sont le plus altérées et présentent déjà des lacunes, mais on ne saurait les confondre avec des vraies Bactéries. La macération qui les produit sous l'eau n'exige ni air ni oxygène; c'est.le commencement d'une dissolution. Les soi-disant Micrococcus sont comme la fin de la mort et non le commence- ment d'une vie nouvelle; ils ne possèdent jamais la faculté de se mouvoir spontanément. Les Bactéries sont tout à fait désintéressées dans la fermentation alcoolique ou productrice d'acide carbonique, bien qu'elles apparaissent si elle se pro- longe. Le chloroforme empêchant la formation des Bactéries, l'auteur a réussi à conserver de la viande dans une atmosphère de ce gaz; toutefois elle en conservait le goût. Comme ces végétaux ne sauraient vivre sans oxygène, il est présumable, selon l'auteur, que la chair se conserverait bien dans une atmo- sphère d'acide carbónique et méme qu'elle resterait mangeable. L'auteur s'oc- cupe en terminant des Bactéries considérées comme produits pathologiques, notamment dans certaines maladies de la rate. Delle piante medicinali indizenc c celtivate nel Bolo- &nese (Des plantes médicinales indigènes et cultivées dans la province de Bologne); par M. Ant. Bertoloni { Rendiconto delle sessioni dell Acca- demia delle scienze del Istituto di Bologna, 1867-68, pp. 55-57, 1868-69, pp. 47-51). Y à d 1 » > La . e G Nous extrairons du compte rendu de ce mémoire un paragraphe important qui concerne la distribution géographique de P Apium graveolens L. M. Berto- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 935 loni a appris par un médecin qui avait passé le détroit de Magellan, et qui a soigné dans ces parages un équipage malade du scorbut, que cette plante y était spontanée. Le vice-amiral Guglieilmo Acton, aujourd'hui commandant à l'arsenal de Venise, et botaniste, qui a confirmé ces renseignements, a recueilli un grand nombre d'Algues sur les côtes de la Patagonie. The cryptozzimie forest of the coal period (Los foréts de Cryptogames de la période de la houille); par M. W. Carruthers (T'he geological magazine, vol. VI, juin 1869, pp. 289-300, avec planches). Si l'on excepte, dit l'auteur, quelques prétendues Algues, il n'existe dans le terrain houiller aucune trace de végétaux cellulaires. Les autres végétaux cryp- togamiques de la méme période sont des Fougères, des Équisétacées, des Lycopodiacées et des Marsiliacées. M. Carruthers établit que les Asterophyl- lites peuvent à peine étre séparés génériquement des Annularia. Le plan et l'arrangement des organes de ces deux types se retrouvent chez les Sphenophyl- lum ; les fruits de ces trois genres, si tant est qu'ils soient distincts, ont la méme forme allongée. On a été conduit, dit-il, à les rapprocher de nos Halo- ragées actuelles (Myriophyllum) ; il renvoie sur ce point à la monographie spé- ciale de MM. Coemans et Kickx. Il trace la structure des fossiles connus d’après les travaux. antérieurs, auxquels il a pris part lui-méme, sans avoir le but d'ajouter rien de nouveau à la science dans ce travail, qui parait surtout une œuvre de vulgarisation. On thc occurence of plants in the Skiddaw Slates (De la présence de végétaux dans les ardoises du Skiddaw) ; par M. Henry Alleyne Nicholson (/bid., novembre 1869, pp. 494-498, avec une planche). ll s’agit dans ce mémoire destraces végétales offertes par des roches anciennes du terrain dévonien ou même silurien. L'auteur ajoute des espèces au genre Buthotrephis Hall, dont la figure parait bien reproduire la ramification d'un végétal. Il décrit encore l'Zophyton? palmatum et un Chondrites ? Flora vitiensis, auctore Berthold Seemann. Part 8 et 9. Londres, chez Lowell Reeve et Cie, 1868. Le huitième fascicule du Flora vitiensis, que nous avons déjà annoncé t. Xv, D. 151 (Revue), est consacré aux Palmiers, Pandanées, Aroidées, Lemnacées, Scitaminées, M. H. Wendland, qui a monographié les Palmiers, dédie à lhor- ticulteur Veitch un genre nouveau qui se retrouve aussi dans les Nouvelles Hébrides ; le Veitchia, irès-voisin du Ptychosperma Labill., en diffère par la position des fleurs måles, réunies par paires sur la portion supérieure du Spadice, ses ovules semi-anatropes, fixés presque longitudinalement, son large mésocarpe fibreux et par la présence d'un albumen dans ses graines. Ce genre comprend déjà ^ espèces, toutes 4 nouvelles, On trouve en outre des espèces 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nouvelles dans les genres suivants: Aentia, Phychosperma (1), Freycine- tia (h), Rhaphidophora, Cuscuaria, Cyrtosperma, Alpinia et Amomum. Le neuvième fascicule comprend la famille des Orchidées, traitée par M. H.-G. Reichenbach, celles des Amaryllidées, Dioscorées, Smilacées, Lilia- cées, Commélynacées, Joncées, Cypéracées et Graminées. Il y a un genre nou- veau, Pleiosmilax Seem. Journ. of bot. 1868, p. 193, tab. 81, et des espèces nouvelles dans les genres suivants : Habenaria, Ancctochilus, Rham- phidia, Epiphanes, Agrostophyllum, Teentophyllum, Saccolabium, Calanthe, Appendicula, Spathoglottis, Eria, Microstylis, Cordyline, Astelia, Anei- lema. Les planches représentent les plantes suivantes : Veitchia Storckü Wendland (genus novum Palmarum), Ptychosperma Seemanni Wendl. , Frey- cinetia Vitiensis Seem., Fr. Pritchardii Seem., Fr. Storckii Seem., Fr. Milnei Seem., Alpinia vitiensis Seem., Alpinia Boia Seem., Amomum Cevuga Seem. et Thrizspermum Godefroyanum Rchb. f. NOUVELLES. Une réunion touchante a eu lieu dans le local de la Société, rue de Gre- nelle, 84, dans l'intention d'offrir à M. Lasègue un souvenir des longues années qu'il a passées comme conservateur des collections botaniques au musée Deles- sert. Dans ce but, l'initiative d'une souscription avait été prise dès le mois de mai dernier par trois de nos confrères, dans une circulaire que nous croyons devoir reproduire : Paris, 10 mai 1869. Monsieur, La bibliothèque botanique fondée par M. le baron Benjamin Delessert et continuée, depuis sa mort, par la libéralité de M. Francois Delessert (décédé lui-méme en octobre dernier), vient d'étre transférée au palais de l'Institut impérial de France. Nous ignorons si cette magnifique collection, peut-être unique dans le monde, et si précieuse depuis un demi-siècle pour tous les botanistes résidant ou de passage à Paris, sera entretenue de maniére à rester au courant des publica- tions nouvelles ; nous ignorons également quelles formalités seront imposées désormais aux personnes qui auront besoin de la consulter, et si elle sera aussi accessible que par le passé aux botanistes studieux. Mais ce que malheureusement nous savons avec certitude, c'est que cette bibliothèque est, dès aujourd'hui, privée du conservateur qui, depuis près de quarante ans, était préposé à sa direction, et qui remplissait ses fonctions avec un zèle, un dévouement et une intelligence que tous les botanistes qui ont séjourné à Paris n'ont cessé de reconnaitre et d'apprécier. L'honorable M. Lasègue, aussi modeste qu'instruit, par l'aménité avec laquelle il accueillait les visiteurs, par sa connaissance approfondie de la biblio- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 237 graphie botanique, et par l’inépuisable complaisance dont il faisait preuve en facilitant aux travailleurs les recherches les plus compliquées, savait doubler, nous n'hésitons pas à le dire, l'utilité pratique de la Bibliothèque-Delessert, et il s'est acquis des titres incontestables à la profonde gratitude de presque tous les botanistes contemporains. Nous croyons donc aller au-devant du vœu de la plupart d'entre eux, en proposant immédiatement d'ouvrir une SOUSCRIPTION FRATERNELLE, à l'effet d'offrir à M. Lasègue un témoignage public de reconnaissance, consistant soit en une médaille, soiten un objet d'art d'un prix plus élevé, suivant le plus ou moins de faveur que rencontrera notre proposition. Depuis quarante années, dans la phalange scientifique comme dans tous les rangs de la société, la mort a fait d'immenses vides, et un grand nombre des botanistes que M. Laségue a obligés sont déjà descendus dans la tombe. Nous ne rappellerons pas les noms de tant de maitres vénérés et d'amis bien chers, dont nous ne pouvons plus, hélas ! réclamer aujourd'hui le concours; mais les survivants, nous en avons la confiance, n'oublieront pas qu'il est de leur devoir d’acquitter la dette de gratitude de leurs maîtres et de leurs confrères qui ne sont plus. En prenant l'initiative de cette souscription toute fraternelle, nous n'avons d'autre but que d'en. préparer le rapide succès, d'autre mobile que la haute estime et l'affection que nous portons à M. Laségue. Dans uu mois, au plus tard, nous prierons le Conseil de la Société botanique de France de nommer une Commission chargée de recevoir les sommes promises par MM. les sous- cripteurs et d'en régler l'emploi. Toutes les cotisations, méme les plus minimes, seront recues avec empres- sement, mais nous regretterions l'envoi de dons anonymes. Notre désir est surtout de pouvoir réunir le plus grand nombre d'adhésions possible, sachant bien que M. Lasègue y sera beaucoup plus sensible qu'à la valeur matérielle du souvenir que le total des souscriptions permettra de lui offrir. Les noms de tous les souscripteurs seront publiés (par ordre alphabétique), mais nous prenons l'engagement de ne divulguer le chiffre d'aucune souscrip- tion; nous ne ferons connaitre ces chiffres qu'à la Commission, qui prendra le méme engagement. Le 1* juin, le Conseil de la Société botanique de France s'est réuni offi- Cieusement sous la présidence de M. le docteur Gubler, et a nommé, pour déterminer l'emploi des souscriptions attendues, une commission composée de MM. Cosson, Decaisne, Eug. Fournier, Ramond et de Scheenefeld. Après avoir Pris connaissance de l'importance des sommes promises par MM. les sou- SCribteurs, cette Commission a décidé d'offrir à M. Lasègue une coupe d'argent ciselée. Cette coupe a été exécutée par M. \dolphe Gcoffroy-Dechaume, seul- Pleur, sous Ja bienveillante direction de M. Steinheil, frère d'un botaniste 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. regretté ; elle représente la déesse des fleurs, tenant en main un rameau d'une plante appartenant au genre Lasequea Alph. DC. (1); et porte en exergue : A ANTOINE LASEGUE, CONSERVATEUR DU MUSÉE BOTANIQUE DELESSERT, 1832-1869, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE EN 1869, HOMMAGE DES BOTANISTES, Comme nous le disions plus haut, la Société a bien voulu prêter le local de ses séances aux souscripteurs parisiens, qui se sont réunis le samedi 18 dé- cembre 1869, sur la convocation de la Commission. M. Ad. Brongniart a bien voulu accepter la présidence de l'assemblée, fort nombreuse, où se trouvaient la grande partie des botanistes présents à Paris qui n'étaient pas retenus par leur santé ou par des affaires urgentes. Après avoir rappelé le but de la réu- nion, M. le Président a exprimé à M. Lasègue combien les souscripteurs fran- cais et étrangers, et auxquels s'étaient jointes méme deux Sociétés, la Société Linnéenne de Paris et la Société Linnéenne de Bordeaux, étaient heureux de témoigner publiquement la profonde gratitude qu'ils ressentaient pour les ser- vices rendus par lui à la botanique européenne dans le cours de sa longue carrière. Il a rappelé en outre que la ville de Genève, qui avait recu en don l'herbier Delessert, a de son côté offert un souvenir à M. Lasègue. En quelques paroles émues, M. Lasègue a remercié les personnes présentes à la réunion de leur concours empressé et tous ceux qui avaient pris part à une œuvre dont l'intention le touchait si vivement, et dont le résultat se présentait sous une forme si délicatement trouvée. M. de Schenefeld, au nom de la Gom- mission d'organisation, a expliqué ensuite la pensée qui avait présidé au choix des emblémes représentés sur la coupe offerte à M. Laségue, et a fait ressortir ce fait, que le Laseguea Guilleminiana se trouvait rappeler à la fois la mémoire des deux conservateurs préposés successivement aux collec- tions botaniques du Musée Delessert. Nous nous faisons un devoir de satisfaire à l'engagement pris par la Com- mission en publiant ici (par ordre alphabétique) les noms des souscripteurs, qui sont les suivants : Souscription Lasèque. LA SOCIÉTÉ LiNNÉENNE DE MM.Bailly. MM. Bocquillon. BORDEAUX. Barat. Bonnet. LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE| Beautemps-Beaupré, Bornet. PARIS, Bentham. Bouis (de). MM. Amblard. Bertillon, Bourgeau. Baillon. Bescherelle. Bouteiller. (4) Species a beato amico Guillemin detecta ; ; propterea cl. Laségue, qui summarium vitæ Guilleminii accurate scripsit et herbariis Lessertianis præpositus humanissime bota- nicos accipit, genus dicatum (Alph. DC. in Prodr. t. vin, p. 484; anno 1844). MM. Bresson. Brongniart. Brutelette (de). Bureau. Caspary. Chaboisseau (l'abbé). Chatin. Clarinval. Clos. Cordier, Cosson (E.). Cosson (P.). Decaisne. Delaunay. Delondre. Derouet. Des Moulins. Doümet (Nap.). Droussant. Duchartre. Durieu de Maisonneuve. Duval-Jouve. Duvergier de Hauranne (E). Éloy de Vicq. Fée, Fermond. Fournier (Eug.). Franchet. Frémineau. Garroute (l'abbé). Gay (Claude) Germain de Saint-Pierre. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. MM. Gontier. Gris. Greenland (J.). Gubler. Guiard (l'abbé). Guillard. Guillon, Hiriart. Trat. Jaubert (le comte). Jordan. Kralik. Lavallée. Lefranc (Edmond). Lenormand (R.). Lesonrd. Lespinasse. Lloyd (James). Main. Malinvaud. Malinverni. Marchand. Marmottan, Martin (Émile). Martinet (E.). Martins (Ch.). Martrin-Donos (V. de). Mercey (A. de). Michel (Aug.). Mignot. Moggridge. Monard. MM. Morren (Ed.). Motelay (L.). Noé (le marquis de). Parseval-Grandmaison (de). Pérard. Planchon (6.). Planchon (J.-E.). Poisson. Pommaret (E. de). Prillieux (Éd.). Puel (T.). Questier (l'abbé). Ramond. Reboud, Rodriguez. Roussel. Roze (£.). Saint-Exuvéry (de). Schœnefeld (W. de). Seynes (J. de). Solvet. Spénenx. Tchihatchef (Pierre de). Thuret. Timbal-Lagrave. Trécul, Tulasne. Valon (E. de). Van Heurck, Vigineix. Weddell. — M. Pringsheim vient d’être nommé membre correspondant de l'Académie des sciences de Paris. — M. le professeur Crépin, place d'Artevelde, n° 15, à Gand (Belgique), nous prie d'informer les botanistes francais qu'il leur offre le Compendium floræ belgicæ de Lejeune et Courtois au prix de 6 fr. En adressant à M. Crépin un mandat international de cette valeur sur la poste de Gand, on recevra par la poste l'ouvrage affranchi (3 volumes in-8°). — M. le docteur Haussknecht est revenu l'été dernier à Weimar de son deuxième voyage en Orient. — L'année qui vient de s'écouler a vu disparaître de la liste des botanistes européens plusieurs noms distingués. En tête de tous se place celui du profes- seur Antonio Bertoloni, décédé à Bologne le 17 avril dernier, à l'âge de quatre- vingt-quatorze ans. Malgré son grand âge, il s'est occupé de botanique jusqu'à son dernier jour. Quand il est mort, il était en train de publier un aperçu sur la flore des environs de Bologne. A cette perte douloureuse, il faut en ajouter plusieurs autres. Anton Andrzejowski, ancien professeur au lycée d'Odessa, est mort en février à l'âge 2h0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de quatre-vingt-quatre ans ; son nom est fréquemment cité par Besser, qui lui avait dédié des espèces. La science à perdu encore Eduard Lagler, professeur de botanique et de pomologie à Liebwerds (Bohême), décédé à Pise, le 22 février dernier, à l’âge de trente- neuf ans; le docteur Valentin Leiblein, professeur de zoologie et de botanique à l'Université de Wurzbourg, décédé le 7 avril der- nier; S. Kareltschikoff, professeur de botanique à l’Institut agricole de Saint- Pétersbourg, décédé le 28 janvier, à l’âge de trente-cinq ans; le docteur Fr. Büttner, professeurde zoologie et de botanique, décédé le 8 avril dernier ; M. H.-L. Wendland, l'auteur du Commentatio de Acaciis aphyllis (Hanovre, 1820). Enfin, une perte considérable et plus récente a frappé l'histoire naturelle, dans la personne du docteur Carus, de Dresde, président de l'Aca- démie impériale des curieux de la nature, décédé le 28 juillet dernier, à l'àge de quatre-vingts ans. M. le professeur Behn, de Hambourg, a été élu pour lui succéder comme président de l'Académie impériale des curieux de la nature. — M. J. Chalon, botaniste belge, est parti le 6 novembre pour les iles Canaries, qu'il se propose d'explorer spécialement au point de vue botanique, — M. Borodine a été nommé professeur à l'Institut agronomique de Saint- Pétersbourg, en remplacement de M. Kareltschikoff. M. A. Fischer de Waldheim a été nommé professeur d'anatomie et de physiologie végétales à l'Université de Varsovie. — La riche bibliothéque de M. de Martius sera vendue à Leipzig, aux enchères publiques, le 7 mars prochain. Le catalogue comprend 3180 numé- ros. M. Fr. Klincksieck, libraire, rue de Lille, 11, à Paris, se chargera volon- tiers des commissions qu'on voudra lui donner pour cette vente. — M. le comte Vittore Trevisau a entrepris la publication d'un exsiccata important, sous le titre de Zichenotheca veneta. Le premier volume, composé de 78 espéces, est mis en vente au prix de 20 francs. — M. Th. Müller, attaché au Musée botanique de Melbourne, où il a demeuré pendant vingt ans, se trouve de retour en Allemagne ; il a rapporté avec lui une collection très-importante de plantes d'Australie : 6 à 7000 échan- tillons, tous bien desséchés et soigneusement déterminés. Il désire céder cette collection. S'adresser à M. Th. Müller, à Dresde, Stiftstrasse, n° 10. — M. W.-O. Müller vient de publier les Cladoniées de l'Allemagne septen- wionale. Cette collection, déterminée et fixée sur fort papier, est vendue dans une boite de bois. S'adresser au libraire C. -B. Griesbach, à Gera, par Alten- bourg, Prusse, Dr EUGÈNE l'OURNIER Paris, — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME SEIZIÈME. N.-B. — Tous les noms de genre ou d'espèce 1angés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes. Ainsi, pour trouver Tabac, cherchez Nicotiana, etc. Les chiffres arabes se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société, Les chiffres arabes entre crochets [ ] désignent la pagination de la Revue bibliographique, et les chiffres romains, celle dela Session extraordinaire. A Acclimatation des plantes, x. Achorion Schœnleinei Rem. [175]. Ægilops de France (Sur quelques), 381.— intermedia Hend., 385. — macrochata Sh. et H., 384. Agde (Hérault). Localité du Pilularia mi- nuta, 176. Ages du monde végétal, 125. Agropyrum [150]. — Rouzii recueilli prés de l'étang de Vendre, 287. ALANORE, membre à vie, 6. Algérie (Flore de l’) : Riella Parisi G. re- cueilli à la Maison-Carrée, 215. — Riella Clausonis, 925. — Peristylus cordatus, trouvé à Sidi-Ferruch, 236. Algues, 239, 308, 343, Lxxix [18] [44] [78] [93] [94] [97] [104] [185]. Alismacées [148] [151]. Allier (Cryptogames du département de I), 255, 303. Alsinidendron H. M [217]. Alsophila Meiteniana Hance [4]. Anacardiacées [117). Anacyclus ciliatus [174]. Anagyris fœtida cousidéré comme un des types exotiques de la flore française, 100. ANDREE. Aperçu sur la flore du Jura, xix Andrzejowski Ant.). Sa mort [239]. Angerville-la-Rivitre ( Loiret ). Floraisons observées en janvier, 12. Animal (Règne végétal comparé au règne), XXIX. Anthemis melanoloma [174]. Apium graveolens L. [234]. Apocynum androsæmifoliun [138]. Aponogeton distachyus recueilli à Lambe- zellec (Finistère), 164. T XVI. Arbres et arbustes truffiers, 19. Arenaria gothica Fries, LX1, xcu. Aristolochia pallida Wild. trouvé dans le département du Var, 345. Artemisia Absinthium et pontica cultivés aux environs de Pontarlier, LXXVI, Aspergillus niger V. T. [6]. Asplenium germanicum observé dans le Forez, 61. — Haller! var. Foresianum, 61. Aude (Géographie de I) et station des Mousses dans ce département, 310. — (Catalogue des Mousses du département de I), 435. B Balanophora reflexa Bece. [163]. BataNsa. Lettre sur ses explorations en Nouvelle-Calédonie, 323. Bambusa lugdunensis foss., 120. Barbarea priecoz employé comme succé- dané du Cresson-de-fontaine, 302. — rivularis M. D., 350. Basidiophora R. et M. C. g. n., 9. — En- tospora R. et M. C., 9. Beania gracilis Carr. [60]. Berberis vulgaris [215]. — Son influence sur le développement de la Rouille des céréales, 331. Bergenia Meench [72]. Bertoloni (Ant.). Sa mort [239]. BESCHERELLE (Em.). Obs., 293. Besxou (L.) envoie des échantillons d'4po- nogeton distachyus recueillis aux envi- rons de Brest, 164. Betula [6]. — nana, xciv. Bibliographie [1401 [187]. Bignoniacées. 279 [45]. — (L'irritabilité 16 242 du stigmate est-elle un caractère phy- siologique ordinal des), 114. Biscutella granitica Bor., 353. BLANCHE (Is.). Membre à vie, 274. BocQu:tLo. Membre à vie, 58. Bondy (Piagiospermumtenuetrouvéà ,241. Botvy hium [229]. — argillaceum Wallr. [78]. Bovis (de). Obs., 339. BourcauiT- Ducoupray. Obs., Bras. Obs., LXXIV. Brésil {Cryplogames vasculaires du). 321. Brest (Aponogeton distachyus recueilli aux environs de), 164. Brice (G.). Sa mort, 26. Brighamia H. M. [217]. Brisout DE Banxevitse (L.). Nouveau sup- plément au catalozue de plantes pha- nérogames , rares ou peu communes dans la circonscription de la flore pari- sienne, trouvées a Saint-Germain-en- Laye ou aux environs, avec l'indication pour ces espéces des localités qui ne sont pas mentionnées dans la Flore des envi- rons de Paris, 294. DnoscsianT (Ad.). Obs., 110, 128, 139, 324, 334, 335. — et A. Gris. Sur les Coniferes Néo- Calédoniennes, 325 Brugmansia Lowi Bece. [163]. Burasi, Lettre sur quelques Sisymbrium des Pyrénées, 322. Bureau de la Société, 1. Bureau (Ed.). Obs., 173, 221, 283, 372. Buren (Alb. de). Sur l'acelimatation des plantes, x. Butomées [148 L Büttner (Er.). LXX. Sa mort [240]. C Calamagrostis neglecta Fries, Lxxxt. — tenella Host, LXXXI. Calédonie (Nouvelle-). Explorations de M. Balansa, 323, — Sur les Coniféres néo-Calédoniennes, 325. — (Sur les Fougères de la), 389, 492. — Voy. (dans la table de la Revue bibliogr.) G. de Frauenfeld. Callitriche (110]. Campanula linifolia Lam., Corex tur/osa Fries, LXXX. Carlina acanthifolia et Cinara, 287. Carpinus Betulus et quercifolia, 238. Carus. Sa mort [240]. CaUveT. Lettre au secrétaire général, sur la priorité dans l'application de l'histo- logie à l'étude des drogues simples, 361. Cellules gelées, 91. — Parois cellulaires du Panicum vaginatum, 110. LXIT. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Celtis [139]. Centaurea balearica Rodr., 237. Cephalaria syriaca Schrad., trouvé à Montpellier, 286. Cercis aequalis Sap., 122. Céréales ‘influence de plantations d Épine- Vinette sur je développement de la Rouille des), 331. CuiBerr (de aint-Vallier)envoie des échan- tillons de différents Carex, 1x. Chamwæraphis intermedia [3]. Champignons, 7, Lio 29, [23] 21 229, 223, 303, 331 [4] [23] [2 [32] [47] [61] [64] [67] [71] [T [96 j(» :jp08] [135] [164] [172 [175] [176] [184] [212] [217]. CHAPUIS. Liste des plantes intéressantes rencontrées dans les herborisations aux environs des Rousses, LXX. Characées, 265 [140]. Cuarix (Ad. ). Sur les arbres et les arbustes truffiers, 19. — Signale le Pirola minor aux environs des Essarts, 293. — Obs., AL, Chenopodium micranthum [174]. Curist (H.). Sur l'origine des espèces juras- sigues, spécialement sur celle des espè- ces disjointes, LIV. Chytridium roseum De B. et A. W. section du Khizophidrum de Seh., 223. Cicuta virosa [12>]. Cinchona, 6 [63] [92] [161]. Cirsium rivulari-palustre, LXXX. Cistus salvifolius L. [20]. Citrus Aurantium, La fumagine sur l'0- ranger, 11. Cladosporium Fumago (Fumagine), 1t. Classification morphologique des fruits, 217, 296. — des tiges souterraines et des racines, 355, 372, 410. Claviceps purpurea et microcephala Tul., 176. Cros (D.). De l'innocuité des fruits de l'If commun, 12. — Des caractères floraux du genre Kælreuleria, 34. —U' irritabi- lité du stigmate est-elle un caractere physiologique ordinal des Dignouiacées? 114. — De la question de priorité dans l'établissement de la famille des Cyca- dées, 115.— Obs., 104, 110. Coffea arabica [152]. Coleanthus subtilis [230]. Comité pour la détermination des plantes de France et d'Algérie, 1. Comme'!ima tuberosa Lour. [81]. Commission des archives, 1, 35. — du Bulletin, 1. — de comptabilité, 1.— des gravures, 4. — pour le choix du lieu de la session extraordinaire, 1. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. Composées [109]. — de l'ile de Malte, 253. Coniféres [60] [108] [129] [156] [164] [210] [211]. — néo- Calédoniennes, 325. Connaracées [177]. Connier (F.-S.). Sur la fumagine, 11. — offre des échantillons de Riella Parisi G. recueillis à la Maison-Carrée pres Alger, 215. Corsu (Max.)aconstaté la présence de deux Champignons nouveaux sur le Wolffa arrhiza et V Erigeron canadensis, T. — Sur le Melandrium dioicum attaqué par un U:6lago, 213. — Sur l'oospore du Myzocytium prol ferum Seh., 222. — Sur le Chytridium roseum D. B. et A.W., 223.—Sur un genre nouveau du groupe des Zygnémacées, 239. — Rapport sur l'herborisation faite le 18 juillet à la tourbière des Rousses, xcv. — Sur lher- borisation faite à la Dóle le 17 juiliet, xcvi. — Obs., 128, Lxx. — Voy. Roze et Max. Cornu. Corrigiola telephiifolia Pourr., nouvelle localité dans l'Hérault, 238. Corylacées [158]. Cossox. Sur le Riella Clausonis, 995. — Obs., 33, 62, 99, 104, 128, 174, 176, 221, 237, 293. Cóte-d'Or (Plantes nouvelles pour la flore du départemeut de la), 90. Creux-du-Vent prés Pontarlier ( Herbori- sation de la Société au), Lxxxu. Crocus cristensis, A52. Cruciferes [194] [196]. Cryptogames vasculaires du Brésil, 321. Cucurbitacées [158]. Culture de l'Absinthe aux environs de Pontarlier, Lxxvr. Cycadées [12] [60] [77] [129]. — (Sur tes | ovules des), 81. — (Question de priorité dans l'établissement de la famiile des), 115. | Cypéracées [3] [169]. | Cypripedilon Caiceolus [135]. Cystosiphon R. et M. C. g. n. 7. — py- thioides R et M. C. 7. Cytisus decumbens Walp. [31]. D Dacrydium Balanse B. G., 328. — lyco- podioides B. G., 329. — Pancheri B.G., 330. Daphne velliroides Rodr., 238. E CANDOLLE (Alph.). Sur le prix de Can- | dolle pour la meilleure monographie | d'un genre ou d'une famille de plantes, | T. — Sur la Truffe, 62, — Réponse à 243 diverses questions et critiques faites sur le recueil des lois de la nomenclature botanique, tel que le congrès interna- tional de 1867 l'a publié, 64. Déhis:ence des fruits, 289, DeLessERT (Francois). Ses collections, 4. Delphinium [100]. DgnvELLE. Excursion au Vignemale (Hau- tes Pyrénées), xxvi. Des EraNGs. Sur un caractère qui sert à distinguer les Salix cinerca et aurita du S. caprea, LXIV.— Obs., LXXIV. Deulzia [139]. Diatomées [7] [37] [94] [170]. Dünelene Norm. [200]. Discours de M. Lasègue, président pour 1869, 4. — de M. Pone, maire de Pontarlier, v. — de M. Eug, Fournier, à l'ouverture de la session extraordi- naire, vr. — de M. Grenier, président de la session, vil. Disemma Hahnii Fourn. Passiflorée nou- velle du Mexique, 322. Distribution géographique des plantes dans l'arrondissement de Montluçon, 177. Dôle ; Herborisation de la Société à la), XCVI. Dons faits à la Société, 140, 215, 225, 237, 910, 215, 315, 320, 321, 345, 354, vil. Dorycnium suffruticosum Vill. [20]. Doümet (E.). Sa mort, 26. Drogues simples (Application de l'histolo- gie à l'étude des), 361, 362. DccianTRE (P.). Note sur un cas de forma- lion de racines adventives intérieures, 26. — Sur une particularité observée dans l'OEnanthe crocata L.,363.— Obs., 29, 34, 38, 99, 100, 176, 212, 251, 975, 938, 292, 320, 321, 371. Dukerley. Sa mort, 242. Durée de la vie chez quelques plantes. (Nécessité d'un nouveau signe ponr ex- primer la), 37. — des plantes pluran- nuelles, 233, Duru DE MarsosNEvvg. Sur le Ficus re- pens, 103. — Lettre sur la découverte de l'[so&'es Hystrix à Mios, par M. Mo- telay, 234. — Obs., 128. Duvar-JovvE (G.). Sur les feuilles et Ies nœuds de quelques Graminées, 106. — Sur les parois cellulaires du Panicum vaginatum, 110. — Sur une localité française du Pilularia minuta Dh, 176, 210. — Sur le nom princeps du Sporobolus pungens auct., 293, — Sur des galets calcaires attaqués par l'Euac- lis calcivora, 343.—Sur quelques Ægi- lops de Frauce, 381. — sur quelques 24A tissus de Juncus et de Graminées, 404. Obs., 110. DuvtnciEn DE HAURANNE (Emm.). Membre à vie, 58. Duviccers présente une fleur anomale de Lilas, 177. — présente des feuilles de Brassica Rapa à nervures foliacées, 214. E Elodea canadensis [143]. Epigæa repens [205]. Epipactis rubiginosa Crantz, LXIV, — viri- diflora Rehb. et microphylla Sw. [135]. Équisétacées, 265. Erigeron canadensis ( Champignon ento- phyte observé sur U), 7. Erysimum caucasicum Tr. [174]. Essarts-le-Roi (Seine-et-Oise), localité du Pirola minor, 293. Étiolées (Plantes). Expériences sur leur verdissement, 340. Euactis calcivora (Galets calcaires attaqués par I), 343. Expériences sur le verdissement des plantes | étiolées, 340. | nouvelle F | Faisceaux vasculaires des tiges des Ombel- ; liferes, 269. Faivre (E.). Sur la nature morphologique - de l'ovule chez le Primula sinensis, 124, | Fée. Sur son ouvrage des Cryptogames vasculaires du Brésil, 321. | Feuilles de quelques Graminées, 106. | Ficus repens cultivé en pleine terre, 404. Floraisons observées au mois de janvier à | Angerville (Loiret), 12. Flore de Croatie, voy. (dans la table de la Revue, bibl.) Schlösser, etc. — de la baie de Disco, voy. (dans la méme table) R. Brown. —- de France, voy. Fraace, — Italienne, voy. (dans la table de la levue. bibl.) Parlatore, Cesati, etc. — du Jura, voy. Jura. — de Modène, voy. (dans la table dela Revue bibl.) Richard Th. Lowe. — de Normandie, voy. (dans la méme table) de Brébisson. — de Nouvelle-Calédonie, voy. (dans la méme table) G. de Frauenfeld. — des envi- rons de Paris, voy. Paris — des Pyré- nées- Orientales, voy. Pyrénées-Orien- tales. — des iles Vitij, voy. (dans la table de la Revue bibl.) D. Seemaan. — du Vésuve et de Capri, voy. (dans la méme table) Pasquale. Forez (ur la végétation de la plaine du), 58. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fossiles (Plantes). Flore des tufs pliocènes de Meximieux (Ain), 117. — Voy. (dans la table de la Revue bibliogr.) : Bigsby, Carruthers, C, d'Ettingshausen, Grand'- Eury, O. Heer, Lesquereux, H. A. Nicholson, Saporta, Schenk, Schimper, Wauklyn, E. Weiss, Worthen. Fougères, 255, xvin [27] [42]. [44] [51] [78] [$2] [126] [133] [155] [168] [195] [201] [229]. — de la Nouvelle- Calédonie, 389, 422. — du Mexique, XXXVI. Fournier (Eug.). Sur les Lennoacées, 10. — Sur les Fougères de la Nouvelle- Calédonie, 389, 422, — Sur le Disemma Hahnii Fourn., passiflorée nouvelle du Mexique, 322, — Discours à l'ouverture de la session à Pontarlier, vr. — Sur les Fougères du Mexique, xxxvr. — Sur deux Pellæa nouveaux, Lxvur, — Sur quelques plantes de la vallée de Joux, xc. — Obs., 6, 58, 238. 320, 321, 354, 360, 420, LXVII, LXX, LXXIV. France (Flore de : Floraisons observées en janvier à Angerville, 12. — Arbres et arbustes truf(iers, 19. — Sur les varia- tions parallèles chez quelques espèces de Verbascum croissant en France, 38. — Sur la végétation de la plaine du Forez, 58. — Plantes nouvelles pour la flore du département de la Côte-d'Or, 90. — L'Anagyris fetida considéré comme un des types exotiques dela flore francatse, 100. — Flore des tufs pliocenes de Meximieux (Ain), 117. — Flore de l'ar- rondissement de Montluçon, 154. — Considérations générales sur la distri- bution géographique des plantes de l'ar- rondissement de Montluçon, 177. — Lichens des promenades publiques, ct en particulier du jardin de Blossac, à Poitiers , 194. — Sur une nouvelle station du Lysimachia thyrsiflora, à Saint-Quentin (Aisne), 216. — Lettres de MM. Durieu de Maisonneuve et Motelay, sur la découverte de l'/soétes Hystrix, à Mios, 234, 236. — Herbori- sations aux environsde Montluçon, 241. — Cryptogames de l'arrondissement de Montluçon et du département del Allizr, 955, 303.— Plantes nouvelles pour la flore de Montpellier et de l'Hérault, 235. — Nouveau supplément au catalogue de plantes phanérogames, rares ou peu communes dans lacirconseription de la flore parisienne, trouvées à Saint-Ger- main-en-Laye ou aux environs, avec l'indication pour ces espèces de localités qui ne sont pas mentionnées daus la TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 2/45 Flore des environs de Paris, 994.— Sur | — Mycenastrum Corium Dew., 31. la géographie du département de l'Aude | Orchis brevicornis Viv., 344. et sur les stations des Mousses dans ce Panicum vaginatum G. G., 110. — Par- département, 310. — Sur quelques Si- melia perforata, 199, en note. — symbrium des Pyrénées, 322. Sur | Phragmites gigantea, 311.— Pilularia deux espèces à ajouter à la flore. minuta DR., 176, 210. — Plagio- française, 344. — Enumération des. spermunm tenue Cl., 241. — Polygala plantes phanérogames de l'arrondisse- depressa W., Lx. — P. dubia B., 396. ment de Montluçon : Renonculacées-Cru- | -— P. serpyllacea W. 391. — Po- cifères, 346. — Résédacées - Tiliacées, : tentilla saxifraga, vu. — Primula 394. —Hypéricinées-Légumineuses, 448. | Allioni, LI, tiv, — Pyrenopsis pictava — Sur quelques Ægilops de France, 381. | Nyl., 197. — Contributions à la flore des Pyrénées- Salix grandifolia S., uxut, —Saxifraga Orientales, 385.— Sur le genre Mentha, | mixta Lap., 298.—Scrofularia Hoppii 433. — Catalogue des Mousses du dé- K., ixi. — Sedum graniticum P., 186. — Sempervivum Legrandi, 61. — Senecio nemorensis G., LXXX. — S. spathulæfolius, 288. — Silene in- flata, var. carneiflora L. G., 386. — Sisymbrium bursifolium Lap., 322. — S. lævigatum Willd., 323. — Spergularia diandra G., 387. Triticum vulgari-triunciale, 288. —Tu- partement de l'Aude, 435. — Session | extraordinaire à Pontarlier, 1 à cur. — Sur la végétation du col de Tricot, xvi. — Aperçu sur la flore du Jura, xix. — Excursion au Vignemale, xxvi. — Sur l'origine des espèces jurassiques, Liv. — | Notes critiques sur quelques plantes ju- rassiques, Lx, — Herborisations de la So- | ciété pendant la session extraordinaire à ' ber melanosporum, 19. Pontarlier, Lxxvi à xcix. Valeriana sambucifolia M., txt, — Viola Espèces décrites ou signalées : | Riviniana, var. rosulata, 395. Ægilops macrochæta Sch. et H., 384, Voy. (dans la table de la Revue biblio- — Æ. intermedia Steud., 385.—Agro- graphique) : de Brébisson, Cusin et pyrum Rouxii, 287. — Anagyris! Ansberque, Franchet, Genevier, Hanry, fætida, 100. — Aponogeton dista- Jordan et Fourreau, Nouel, Planchon, chyus, 164.— Arenaria gothica F., LXI, | Rouillard, G. de Saporta, Sirodot. | xci, — Aristolochia pallia Willd., FRANCHET (A.). Sur les variations parallèles 345. — Asplenium germanicum W., ` chez quelques espèces de Verbascum 61. — A. Halleri, 61. | croissant en France ou dans le centre Barbarea rivularis M. D., 350. — Basi- | de l'Europe, 38. diophora entospora R. et M. C.,9. —. Frexela Balansw, 327. Betula nana, xciv. — Biscutella gra- Fruits (Essai d'une classification morpho- nilica Bor., 353. logique des), 217, 226. — (Déhisrence Calamagrostis neglecta T., et tenella H., des), 289. — du Noyer, 412. | LXXXI. — Campanula linifolia L., LXi. Fumagine Sur la) aux environs d Alger,11. — Carex turfosa F., LXXX. — Cepha- Funeiret ( Forêt de ) Nouvelle localité laria syriaca, 286. — Cirsium rivu- | française de l'Orchis brevicornis Viv., lari-palustre, Lxxx.—Corrigiola tele- | 344. phiifolia,288.— Cystosiphon pythioides R. et M. C., 7. | G Epipactis rubiginosa C., LXIV. Helleborus occidentalis R. [53]. —Hera- l cleum alpinum,uix. — Homala Pour- | Galeopsis precox Jord., LXXIX. reliana R., 315. |! GARROUTE (l abbe). Obs., LXX. lnomeria Brebissoniana Kuetz, Lxxix, | GAVINO-GULIA, Slirps Compositarum florulæ Melitensis, 253. en note. — [ris olbiensis, 286.—1soûles | AERLENSIS T Ihyjstrir, 198, 934, 236 | Gelée (Son influence sur les propriétés en- ` LA) -——. - s“ . Knautia Godeli R.. LXM, LXXX. |^ dosmotiques des cellules), 9i]. — Son || R., Lxit, LXV) Lecanora medians N., 200, en note.— , effet sur les plantes, i t0, Linaria petræa J., Lx. — Lycoper- | Génération spontauée, 203. : don Corium DC., 41. — Lycopodium | Genese du monde végétal, NUN | Chamæcyparissus, 61. — Lysinachia | Geographie du département de l'Aude, 310. | Géraniacées [171]. thyrsiflora, 216. D. MA 13, en note. | GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Membre à vie, H "Ud Gagea arvensis [43]. Marsilia pubescens Ten. ,2 216 58. — Les âges du monde végétal, 129, — Genése ou naissance du monde vé- gétal, 165, — Genération dite sponta- ; née ou protorganie (Hétérogénie), 203. — Essai d'une classification morpholo- gique des fruits, 217, 226. — Le som- meil dans le régne végétal comparé au sommeil dans le régne animal, 243. — De la déhiscence des fruits, 289. — Classification morphologique des tiges souterraines (rhizomes) et des racines, 835, 312, 410. — Lerègne végétal com- paré au règne animal, xxix.— Obs., 139, 174, 175, 176, 177, 221, 222, 249, 292, 334, 239, 394, 371, 377, 418, 432, 433. Geum (“ur une espece litigieuse de), xir. — Pyrenaico x rivale T.-L., xiv. Gnétacées [129] [156]. Gop&r. Sur l'herborisation faite le 13 juillet au Creux-du-Vent, rxxxir. Graminées [40] [134] [147] [150] [173]. — (Sur les feuilles et les nœuds de quelques, 406, — (Tissus des), 404, Grammatosorus Blumeanus Reg. [44]. Grammutis athroosperma et G. pseudaus- tralis F. sp. n., 423. GRENIER (Ch.), président de la session ex- traordinaire a Pontarlier, ur. — Discours à l'ouverture de la session à Pontarlier, vi. — Notes critiques sur quelques plantes jurassiques, Lx. — Rapport sur l'herborisation dirigée par lui à la tour- bière de Pontarlier, .xxix, — Promenade au bord du lac du Pont, xcii. — Obs., IX, LXVI, LXVII. Gris (A.). Sur les ovules des Cycadées, 81. — Voy. Brongniart et Gris. GuiLLAnD (Ach.). Sur les faisceaux vascu- laires des tiges des Ombelliféres, 369. — Sur les deux termes tige et racine et sur leur siguification anatomique, 425. — Obs., 338, 377, 419, 433. Guyot-Ressigeac (le commandant). Sa mort, 242. Gymnospermes [199]. H Hasskanc (C). Sur le Philydrum lanugi- nosum R. Br., xxiv. Hedera Helix: (99]. Hédéracees [2]. Helianthus vicetinus Turra [223]. Helleborus occidentalis Reut. [53]. Hépatiques, 268 [39] [100]. Heracleum alpinum, uix, Hérault (Plantes nouvelles pour la flore del’), 235. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Herbier Delessert, £,— de la Société, 356. — Voy. (dans la table de la Revue bi- bliographique; : Ascherson, Baillon, Bóc- keler, Herborisations au Vignemale, xxvi. — aux environs des Rousses (Jura). Lxx.— de la *oriété à la Cluse, Lxivr. — aux tourbières de Pontarlier, Lxxix. — au Creux-du- Vent, Lxxxu, — au Mout-d'Or, Lxxxv. — au lac du Pont, xcu, — à la vallée de Joux, xcur. — à la tourbière des Rousses, xcv. — à la Dole, xcvi. — au heculet, xcx. — Voy. Montlu- con. Henvien-Basson envoie des échantillons du Crocus crislensis, 152. Hierochloa borealis [52]. Histologie, son application à l'étude des drogues simples, 361, 362. Homalia Pourretiana Roum., 315. Howanp (J.-E.). Membre à vie, 5. Hyacinthus amethystinus [20]. Hybrides : Cirsium rivularipalustre, LXXX. — Geum pyrenaico-rivale T.-L., xiv. — Narcissus poelico-tazella, 152. — Sur l'hybridité de quelques Saxifrages, 298 — Triticum vulgari-triunciale, 288. — Voy. (dans la table de la Revue bibl.): Christ, Franchet, Wilms. Ihydnophytum formicarum [2]. Hyménomycètes [2:2]. Hymenophyllum mnioides Bak., 393. Hypnum elegans Hook. [174]. I [lex Falsani Sap., foss., 122. Impressions faites en 1868 pour le bulle- tin de la Société botanique de France; 2. Inomeria Brebissoniana Kuetz., Lxxit, en note, Iridées [4]. lris olbiensis H. Montpellier, 286. Isoëtes [10] [110]. — Hystriæ tr. par M. Motelay, à Mios (Gironde), 128, 234. tr. aux environs de J Jardins publics (Lichens des), 194. Joncées [4]. Joux (Herborisationau fort de),Lxxvi, — (Sur quelques plantes de la vallée de), XC. Juglans regia (Anatomie de la fleur fe- melle et du fruit du), 412. Juncus [28]. — (Tissus des), 404. Jura (Aperqu sur la flore du), xix, — Sur TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. l'origine des espèces jurassiques, LIV.— Notes critiques sur quelques plantes ju- rassiques, Lx. — Herhorisations aux en- virons des Rousses, Lxx. K Kareltschikoff (5.), Sa mort [240]. Kirschleger (Fr.). Sa mort [189]. — Arti- cle nécrologique, 318. Knautia Godeti Reut., Lx, Lxxx. Kælreuteria (Caractères floraux du genre), 34. Labiées [81]. Lac du Pont (Jura), xcur. Lagler (Ed.). Sa mort [210]. LasEGUE, président de la Société, 9. — Discours, 4. — Lettre aux membres réu- nis à l'cuverture de la session extraordi- paire à Pontarlier, 1. — Obs., 360. — Hommage rendu à M, Laségue [23]. Lathyrus Aphaca (Sur les feuilles normales | du), 34. Latrophytum Peckoiti [44]. Laurus canariensis Webb, foss., 121. Lecanora medians Nyl., 200, en note. LECoQ. Obs., 115. Le Grasp (Ant.). Sur la végétation de la | plaine du Forez, 58. — Sur quelques succédanés du Cresson de fontaine, 302. — Contributions à la flore des Pyrénées- Orientales, 385. — Obs., 389. Légumineuses-Mimosées [177]. Leiblein (V.). Sa mort [240]. Lemna arrhiza L. (Champignon ento- phyte observé sur le), 7. Lemnacées [55]. Lennoa (Sur le genre), 11. Lennoacées, 10. Lettres de MM. Balansa, Bubani, Cauvet, Durieu, Fée, Lasègue, Lévy, Miégeville, VOY. ces noms. Lévy (Paul). Sur la végétation du Nica- ragua, 275. — Sur les Lianes, 219. — Lettre sur l'ascension du pic d'Omotepe, 420. Lianes, 279, Libanctis montana (Sur la durée de la vie du), 37, Libocedrus [100]. Lichens, 268 [3] [17] [23] [27] [68] [78] m [91] (151] [153] [1235] [195] [198] 218] [225]. — des promenades publi - ques et en particulier du Jardin de Blos- sac, à Poitiers, 194. Linaria petræa Jord., Lx. 247 |! Lowsanp (Arm.), Sur les feuilles normales | du Lathyrus Aphaca, 34. | Lophiostoma C. C. [99]. | Loret (Henri). Sur la confusion faite entre | de Narcisus biflorus et le N. poetico- | Tazeita, 152. — Sur une dizaine de | plantes nouvelles pour la flore de Mont- pellier et de l'Hérault, 285. — Obs., 434. | Lumière. Son action sur le verdissement des plantes étiolées, 340. Luzula [201]. — campestris [83]. Lycoperdaeées, 308. | Lycoperdon Corium DC., 11. | Lycopodiacées, 265. | Lycopodium Chama-^yparissus observé à Pierre-sur- Haute (Forez), 62. , Lysimachia thyrsiflora. Sur une nouvelle | station de cette plante à Saint-Quentin, | (Aisne), 216. I M ` Maison-Carrée présd' Alger (Riella ParisiG., recueilli à Ja), 215, ; Malte (Composées de l'ile de), 253. | Manceau. Obs., LXXIV. | ManctLLY (L.). Sur deux espèces à ajouter | à la flore française, 344. ! Marsilia [110]. — pubescens Ten., 213, en note. |! Marsiliacées, 264. | Mani (B.). Remerctments adressés au pré- sident de la session extraordinaire, LXVI. | Martins (Ch). L'Anagyris fetida considéré comme un des types exotiques de la flore |^ francaise, 100. — Obs., 99, 100. | Massot. Sa mort, 242. Melandrium dioicum (Ustilago sur le), 213. ! Mélanges. Voy. Nouvelles. . Méliacées [21]. Mentha (Sur le genre), 433. | Menton (Primula Allionii et Potentilla saxi- fraga observés aux environs de), Lit. Meximieux (Ain). Flore des tufs pliocénes, 117. | Mexique (Fougères du), xxxvi. | Michelaria [41]. | MizcEvii Le (l'abbé. Lettre sur le Saa ifraga © mixta Lap., 297. Mimosa pudica [105] [209]. Minorque (Centaurea balearica et Daphne vellæoides Rodr., espèces nouvelles de), 237. Mios (Gironde) ({oëtes Hystrix tr. à), 128 234. Monde végétal (âges du), 128. — (Genès ou naissance du), 165, , Monimiacées [76] [113]. 248 Monstruosités : Fleur anomale de Syringa vulgaris, 117. — Feuille de Brassica Rapa à nervures foliacées, 214. — Chloranthie d'une rose de Bengale, 242. — Voy. (dans la table de la Revue bibliographique) Bernouilli, Max. T. Masters. Mont-d'Or (Jura). (Herborisation de la So- ciété au), LXXXV. Montia rivularis employé comme succé- dané du Cresson de fontaine, 302. Montluçon (Allier). (Flore de l'arrondisse- ment de), 154.— (Considérations géné- rales sur la distribution géographique des plantes dans l'arrondissement de), 175.— (Herborisations aux environs de), 241. — (Cryptogames de l’arrondisse- ment de), 255, 303. — (Énumération des plantes phanérogames de l'arrondis- sement de). —Renonculacées-Cruciferes, 346. — Résédacées-Tiliacées, 394. — Hypéricinées-Légumineuses, 448. Montpellier (Plantes nouvelles pour la flore de), 285. — (Phragmites gigantea trouvé aux environs de), 377. Morchella crassipes [1]. Moris. Sa mort, 225 [96]. Morus aita [130] [225]. MorELAY a trouvé l Tsoëtes Hystrix à Mios (Gironde), 128, 234. — Lettre sur la découverte de cette plante, 236, Mougeotia genuflexa Ag. [18]. MOUILLEFARINE (Edm). Sur la floraison de quelques espèces obs. au mois de janvier à Angerville (Loiret), 12. Mousses, 266, 309 [3] [18] [21] [31] [34] [39] [66] [99] [100] [145] [155] [169] [174] [175]. [190] [196] [199] [201]. — du département de l'Aude, 310, 433. Mucédinées [5]. Mycenastrum (Sur legenre), 29. — chilense M., 33. — Corium Dew., 32. — fra- gile Lev., 33. — leiospermum M., 31, 33. — phæotrichum B., 33. Mycoderma [121]. Myosotis Dumortieri [163]. Myrmecodia armata [2] Myzocytium proliferum Sch. (Sur l'oospore du), 222. Napoleona [53]. Narcissus ibericus et bizantinus Turra [223]. — biflorus et poetico-Tazetta, 152. Narthex Asa-fœtida F. [168]. Neckeropsis Reich. [199]. Nécrologie. Voy. Nouvelles, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nerium Oleander foss., 121. Nicaragua (Végétation du), 275. — (sur les Lianes du), 279. Nicotiana Tabacum [204]. Nœuds de quelques Graminées, 106. Nomenclature botanique (Réponse à di- verses questions et critiques faites sur le recueil des lois de la), 64. Nouvelle-Calédonie. Voy. Calédonie. Nouvelles [46] [142] [189] [236]. 0 OEnanthe crocata (Sur la tige de V), 26, 363. OEcidium Berberidis, 331. Ombellifères [196], — (Tiges des), 369. Omotepe (Ascension du pic de l’île d’), 420. Onagrariées [158]. Orchidées [135] [230]. Orchis [172]. — brevicornis trouvé dans la forêt de Funeiret (Alpes-Maritimes), 245. Orthorhynchium elegans Reich [199]. Osmunda [78]. Ovules des Cycadées, 81. — du Primula sinensis, 124. P Paicuor (J.). Sur les Prunus erubescens et P. virescens Paill., xiv. — Rapport sur l'herborisation faite le 15 juillet au Mont-d'Or, Lxxxv. Palmiers [162]. Panicum vaginatum Godr. et Gr. (Parots cellulaires du), 110. Papaver alpinum L. [185]. Paris (Fl. des environs de). Voy. Anger- ville, Bondy, les Essarts-le-Roi, Saint- Germain en Laye. Parmelia perforata Nyl., 199, en note. Passiflora [100]. Pellea fasciata et reflexa F., espèces nou- velles, LXIX. Pinanp (Al). Notice sur la flore de l'ar- rondissement de Montlucon(Allier), 154. — Considérations générales sur la dis- tribution géographique des plantes de l'arrondissement de Montluçon, 177.— Herborisations aux environs de Mont- luçon, 241. — Sur les cryptogames de l'arrondissement de Montluçon et du département de l'Allier, 303. — Énumération des Reuonculacées, Ber- béridées, Nymphéacées, Papavéracées, Fumariacées et Crucifères de l'arrondis- sement de Montluçon, 346. — Réséda- cées-Tiliacées, 394. — Hypéricinées-Lé- gumineuses, 448. 22% 259, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Peristylus cordatus tr. à Sidi- Ferruch (Algérie), 236. Péronosporées, 7. Persica vulgaris Mill. [70]. PERSONNAT (V.). Sur la végétation du col de Tricot, xvn. — Rapport sur l'herborisa- tion du 21 juillet au Reculet, xcix. PETERMANN. Sur une nouvelle station du Lysimachia thyrsiflora à Saint-Quentin (Aisne), 216. — Obs., 242. Perir (P.) présente des chloranthies d'une rose de Bengale, 249. Peziza [23]. — Kauffmanniana Tich. [173]. Pezizées, 368. Philydrum lanuginosum R. Br., xxiv. Phragmites gigantea J. Gay, 371. Pilularia [110]. — minuta DR., tr. à Agde, 176, 210. Pinus [210]. Pistacia chia [12]. Pitoïdées [156]. Pittosporées [4]. Piagiospermum CL, 240. — tenue Cl., tr. à Bondy, 241. PLANCHON (Gustave). Sur la priorité de l'ap- plication de lhistologie à l'étude des drogues simples, 362. Platanus [181]. Platydesma H. M. [217]. Plurannuelles (plantes), 233. Podisoma Juniperi-Sabinæ Fr., 214. Podocarpus minor Parlat., 326. — Vieil- lardii Parlat., 325. Poitiers (Vienne). Lichens du jardin de Blossac, 194. Polycnemum, espèces diverses 228]. Polygala [147]. — depressa Wend , tx. — duba B., 396. — serpyllacea W., 397. Polyporus officinalis Fr. [172]. Pose (le D). Discours à l'ouverture de la session à Pontarlier, v. Pontarlier (Session extraordinaire de la Société à), 1 à cii. — (Artemisia Absin- thium et ponti ‘a, cult. aux environs de), Lxxvi. — Herborisation de la Société à ; la tourbière de), Lxxix. Populus [103].— anodonta foss., 120. Potentilla saxifraga obs. aux environs de Menton, nu. Pourrier (J.). Sur l'herborisation faite au fort de Joux, le dimanche 11 juillet, , Sous la direction de M. Grenier, LXXVI PaiLiiux (Ed.). Sur les propriétés endos- Motiques des cellules gelées, 91.— Effet de 1a gelée sur les plantes; forma- tion de glaçons dans les tissus des plan- tes, 140, — Expériences sur le verdis- 249 sement des plantes étiolées, 340. — Obs., 29, 420, 433. Primula Allionii Lois., LIL — sinensis. Nature morphologique de l'ovule de cette plante, 124. Primulacées [4]. Protorganie, 203. Prunus erubescens et virescens xiv. — spinosa. L. [20]. Puccinia graminis Pers. Rouille des cé- réales, 331. Pulmonaria [39]. Punica Granatum, var. Paillot, Planchoni foss., 112. Pyrénées (Sur quelques Sisymbrium des), 322. — Orientales (Contributions à la flore des), 385. — Excursion au Vigne- male, xxvi. Pyrenop:is pictava Nyl., 197. Pyrus [152]. Quercus. Sur les Chénes trufliers, 20 R Racines (Classification morphologique des), 335, 372, 410. — Sur la signification de ce terme, 425. — Formation de ra- cines adventives intérieures, 26. Rayon. Sur la situation financière de la Société, 82. — Obs., 99. Ranunculus Ficaria [43]. —hederaceus em- ployé comme succédané du Cresson de fontaine, 302. Raphanus Raphanistrum [41]. Rapports sur les herborisations de la So- ciété. Voy. Herborisations. Reculet (Herborisation de la Société au), XCIX. Règne végétal comparé au règne animal, XXIX. Reuter (G.-F.). Sur le Primula Allionii Lois., LI. — Obs., xxvi, LXVII. Rhizomes (Classification des), 335, 372. 410. Rhododendron [101] Rhynchostegium elegans Lindb. [174]. Ricurer (J.-A.). Sur le Phragmites gigan- tea J. Gay, 377. » Riella Clausonis A. L., 225. Parisi Gottsche, recueilli à la Maison-Carrée, pres d'Alger, 215. | River G.. [nfluencede plantations d'Epine- vinette sur le developpement de la Rouille des cereales, 331. Rivière (A.). Obs., 236. Riviere (Ch.) a trouvé le Peristylus corda- tus à Sidi-Ferrucb (Algérie), 236. 250 Ronriquez (J. J.). Sur deux espèces nouvelles de Minorque, 237. Rœstelia cancellata Reb., 214. Rosacées [119]. Rosa indica ( .hloranthie), 242. Rouille des céréales (lufluence de planta- tions d'Epine-vinette ; sur le développe- ment ae la), 331. RoumeGuÈRE (Casimir). Sur la géographie du département de l'Aude et sur les sta- tions des Mousses dans ce département, 310. — Catalogue des Mousses du dé- partement de l'Aude, 435.— Obs., 345. RovsseL. Obs., 275. Rousses (Jura) (Herborisation dela Société à la tourbière des), xcv. Royer (Ch.). Nécessité d'un nouveau signe pour exprimer la durée de la vie chez quelques plantes, 37. — Plantes nou- velles pour la flore du département de la Cote-d'Or, 90. — Plantes plurannuelles, 233. Roze (E.) présente des échantillons de Wolffiaarrhiza etd'Erigeron canadensis sur lesquels deux Cbampignons nou- veaux ont été observés par M. Max. Cornu, 7. — présente des échantillons vivants des Claviceps purpurea et mi- crocephala, 176.— Sur le ftiestelia can- cellata R., et le Podisoma Juniperi- Sabiiæ Fries, 214. — Obs., 991, 222, LXIX, LXXIV, — et. Maxime Cornu. Sur deux nouveaux types génériques pour les familles des Saprolégniées et des Péro- nosporées, 7. Rubus [15] [148]. Rumex [103]. S Saccharomyces Crrevisiæ Mey. [184]. Sagina sinensis [2]. Saint-Germain en Laye (Nouvelles localités de plantes rares dans la circonscription de la flore parisienne trouvées à, 294. Nr confertflora Bur., esp. nouvelle 11}. Salicornia herbacea [169]. Salix [78]. — cinerea, aurila et caprea, LUV, — grandifolia Ser., LXU. Salvia pachysiachia [114]. Saporta (G. de). Sur la flore des tufs plio- cenes de Meximieux (Ain), 117. Saprolégniées, 7. Savoie. Sur la végétation du col de Tricot, XVII. Saxifraga [72]. — mirta Lap., 298. Scandiz brevirostris B. et R. [33]. Scuwirr. Membre à vie, 274. | | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SCHOENEFELD (W. de). Obs., 128, 175,37 389. Scaucrz(F.-W.).Sur le genre Mentha, 433. Scirpus [40]. Scrofularia [24]. — Hoppii Koch, uni, — nodosa, LXXXVII. Serofulariées [81]. Secotium Malinvernianum [223]. Sedum granilicum Per., sp. nov., 186. Selaginella [110]. Sell guea pettalisquama F., sp. n., 422. Sempervivum Legrandi F. Sch. (S. arver- nense, v. velavum), 61. — tectorum L. [19]. Senecio nemorensis Jord., Lxxx. — spa- thulæfolius D C. Nouvelle localité dans l'Hérault, 288. Session extraordinaire à Pontarlier, 1 à Ctt (Membres qui ont assisté à la), m. (Autres personnes qui ont pris part à la), ti. — (Bureau de la), ri. — (Pro- gramme de la), iv. — (séances de la), W, V, xxii, Lxvit, — (Herborisations de la), voy. Herborisations. SEYNES (J. de). Sur le Lycoperdon Co- rium, 11. — Sur legenre Mycenastrum, 29. — Obs.,29. Silene inflalà var. carneifiora L. G., 386. Sisymbrium bursifolium Lap. et læviga- tum Willd., 322, Smilacinées [81]. u SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE France. Composition du bureau et du conseil pour 1869, 3. — Commissions pour 1869, voy. Commis- sion.— I npressions faites en 1868, 2.— (Situation financière de la), 82.— Proces verbal de vérification des comptes du trésorier, 105. — Rapport de la com- mission des archives, chargée d'examiner l'état de la bibliothèque et des collec- tious de la Société botanique de France, présenté au conseil d'administration le 16 avril 1869, 355. Solanum lycopersicum [224]. Sommeil dans le règne végétal, 243. Sonchus oleraceus [9]. Spergularia diandra Guss., 387. Sphæeria cubicularis Fr. [27]. Sphagnum [162]. Spirogyra lineata [62]. Sporobolus pungens auct. (Sur le nom princeps du), 293. Stigmate des Bignoniacées, 114. Streptochæta spicata Schr. [52]. ] Syringa vulgaris (Fleur anomale de), 171: 6 ) T Taxodium (210]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Taxus baccata L. (De l'innocuité des fruits du), 12. Telopea speciosissima [9]. Térébinthacées [115]. Thlaspi cataonicum Reut. sp. n.[53]. Thuja [100]. Tiges. (Sur la signification anatomique de ce terme), 425. — souterraines, leur classification , 335, 372, 410. — de VOEnawuthe crocata, 26,363. — des Om- bellifères, 369. TimsaL-LacgnavE, Sur un Geum litigieux, XII. — Obs., xxvii. Tiuné (Mile Al), sa mort [142]. Tissus des Juncus et des Graminées, 404, Trazhylobium mossambicense KI, [148]. Tradescantia virginica [149]. Trichomanes ferrugineum et platyderon F. esp. nouvelles, 392. Tricot (Alpes de Savoie) (Sur la végétation du col de), xvn. Tuber, 293 [212] [216]. — Arbres et ar- bustes truffiers, 19. — Sur la végétation et la reproduction de la Truffe [63]. U Uredo linearis, et U. Rubigo vera. Rouille des céréales, 331. Urtica [149]. Usiilaginées [164]. Ustilago sur le Meland: ium dioicum, 213. — Jiosculorum Fr., 96. Utricularia [91]. V Valeriana sambucijolia Mik, , Lx, 25! ! V ax Targem. Anatomie de la fleur femelle et du fruit du Noyer, 412. — Obs., 418, 420. Var ( Arístolochia pallida Willd., recueilli | dans le département du), 345. | Variations parallèles de quelques espèces | de Verbascum, 38. | Vaucheria synandra, Thuretii W . et pilo- | boloides Thur. [185]. | Végétation de la plaine du Forez. 58. — du Nicaragua, 215. Vendre (Agropyrum Bouzii tr. à J'étang de), 281. Verbascum [24] [40].— (Sur les variations paralléles de quelques especes de), 38. — Espèces décrites, 48. Viburnum rugosum Pers. foss., 121. Viola [63]. — tricolor [S]. — Riviniana var. rosulata P., 395. W W aATTERS (James), Membre à vie, 58. WeopeLe (H. A.) Les Lichens des prome- nades publiques et en particulier du jardin de Blossac à Poitiers, 194. Wellingtonia gigantea [69]. Wendiand (H. L.). Sa mort [240]. Woiffia Michelii Schl. (Champignon ento- phyte observé sur le). Woodicarda angustifolia Hann [4]. —- Ræsneriana Ung. foss., 121. Z Zea Mays [210]. Zygnémaées (Sur un genre nouveau du groupe des), 239. FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES, r >: TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DES PUBLICATIONS ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (TOME SEIZIÈME ) N.-B. — Cette table ne contient que les titres des ouvrages analysés et les noms de leurs auteurs. Tous les nons de plantes dont les descriptions ou les diagnoses se trouvent reproduites dans la jee bibliographique, aiusi que les articles nécrologiques, etc., doivent être cherchés dans la table générale qui précède celle-ci, À AÉ (H. Arno). De l'importance physiologi- que de l'oxalate de chaux qui se ren- contre dans les plantes [197]. Annales Musei botanici Lugduno-batavi [90]. ANSBFRQUE, voy. Cusin et Ansberque. ARESCHONG (F.-W.-C.), Recherches sur l'histoire de la végétation de la Scandi- navie [226]. — Recherches d'anatomie végétale (232). ARNOLD, Lichenes Lusitaniæ [79]. ASCHERSON (P.). Quelques plantes critiques de Hongrie [50]. — Remarques sur quel- ques plantes de l'herbier de Kitaibel [145]. — Sur des formes du Paparer alpinum L. [185]. B BasiNGroN (Ch. Cardale). Les Rubus britan- niques. Essai pour déterminer les es- pèces de Rubus connus daus les iles Britanniques [148]. Barton (H.). Études sur lherbier du Gabon [14]. — Obs. sur les Monimiacées [76]. — Stirpes exoticæ nove [11]. — Monographie des Monimiacées [113] — Monographie des Rosacées [119]. — Monographie des Connaracées et des Lé- gumineuses-Mimosées [177]. Baker (J.-G.). Catalogue des Fougères et plantes voisines cultivées au Jardin royal de Kew [126]. — Voy. Refugium bota- nicum. — et Trien. Rapport du Comité d'échanges botaniques de Londres, pour l'année 1867 [3]. Barroum. Observations sur les spores des Cryptogames et sur le mode de repro- duction de quelques Algues et Champi- gnons [80].— Sur l Hieracium collinum, Fr. [82]. | BaniLLET (J.). Les Pensées, histoire, culture, multiplication, emploi [8]. D. Banos&TzkY (J.). Recherches sur la vie tn- dépendante des Gonidies des Lichens [151]. BarrueLemy (A.).Du rôle que joue la cuticule dans la respiration des plantes [160]. Beccar: (O.). Illustrations de nouvelles espèces de plantes de Bornéo (163]. B&cuawP (A.). Faits pour servir à l'histoire de l'origine des Bactéries [105]. | BENNETT (G.). Variation de la couleur des Fleurs du Telopea speciosissima et de quelques autres plantes indigènes de la Nouvelle-Galles du Sud [2]. — Curieux épiphytes du cap York [2]. . DeRNociLLC (G.), Études sur la tératologie végétale [183]. Bent (P). Sar ia température comparée de la tige et du renflement moteur de la Sensitive [209]. |. BrnTOLON! (Ant.). Des plantes médicinales indigènes et cultivées dans la province de Bologne [234 |. . DEsNoU (L.). e " la valeur alibile de la Salicorne herbacée [169]. Bibliographie [140] [187]. mM Bibanp. Structure de la fleur des Grami- nées [134]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. BicsBy (J.-J.). Thesaurus siluricus. Flore et faune de la période silurienne [206]. BLancHano. Voy. Condamine et Blanchard. BorckeLer (Otto). Les Cypéracées de l'her- bier royal de Berlin [169]. DowwEn (J.-F.), De la fécondation artifi- cielle des Palmiers et de la récolte du pollen pour cette opération [162]. — Les Platanes et leur culture [181]. Bonner (Henri). La Truffe; études sur les Truffes comestibles au point de vue bo- tanique, entomologique, forestier et commercial (216). Boreau (A). Revue des principales espèces d’ Agropyrum croissant en Europe [150]. Boronixe (J.). Action de la lumière sur la Tépartition des grains de chlorophylle dans les parties vertesdes plantes [193]. — Voy. Famintzin et J. Borodine. Donscow. Les Champignons du gouverne- ment de Tchernigof [64]. Bossox (A.). Etudes agronomiques sur les Géorgiques de Virgile [67]. Botanisk Tidsskrift. Articles non analysés [187]. BouLay (l'abbé). Goethe et la science de la nature [213]. PoussivcAvLT. Sur les fonctions des feuilles (90]. Braun (Alex.). Sur les espèces australiennes du genre [soétes [10]. — Sur les fruits des Celis [139]. — Sur les organes sexuels des Characées [140]. Dn£nisso (A. de). Flore de la Normandie, Phanérogames et Cryptogames semi- vasculaires [156]. Brows (R.'. Sur la nature de la décolora- tion des mers Arctiques [3].— Florula discoana [101].— Monographie du genre Thuja L., et des espèces de Libocedrus Eudl. [100]. RUHNS (A.), voy. Gruner. Donar (P.), Flora virgiliana. Recherches Sur les plantes mentionnées par Virgile [157]. Bucuëxau (F.). Index criticus Butomacea- rum Alismacearumque hucusque descrip- larum [148]. — Sur la direction de la graine chez les Alismacées [151]. Bureau (Ed ). Description du genre nou- veau Saldanhea de l'ordre des Bigno- niacées [11]. C Carrez (G.]. Excursions aux environs de Valtorneuche [134]. CARRIÈRE (E.-H.). Origine des plantes do- mestiques démoutrée pac la culture du Radis sauvage [41]. 253 CARRUTHERS (W.). Nouveaux fruits de Co- niféres provenant du terrain secondaire d'Angleterre [60]. — Sur le Beania, genre nouveau de Cycadée [60].— Végé- taux houillers du Brésil et notes sur le Flemingites [61]. — Les foréts de Cryp- togames dela période de la houille [235]. CanvEL (F.). Miccellance botaniche [91]. Canurz (Th.). Revue des Polygalées ita- liennes [147]. — Sur la gymnospermie des Conifères [164]. — Des filaments laineux qui retiennent les graines des Luzules [201]. CASTRACANE DES ANTELMINELLI. Sur la mul- üplication et la reproduction des Diato- mées [7]. Cauver (D.). Nouveaux éléments d'histoire naturelle médicale [86]. Cesar! (de). Sur le Secotium Malinvernia- num [223].— G. PASSERINI et G. GipELUL. Compendio della flora italiana [10][186]. Cuaron (J.). Anatomie comparée des tiges ligneuses dicotylédonées [38].—- Le mou- vement dans le regne végétal [180]. — De la place des Gymnospermes dans la série naturelle des végétaux [199]. CnariN. (Ad.). La Truffe, étude des condi- tions générales de la production truf- fière [212]. Cunisr (H.). Recherches sur les espèces de Viola des bords du lac de Genève [63]. — Un cas d'hybridation parmi les Om- belliferes (196). Cleve (P.-Th.). Essai d'une monographie des espèces suédoises de la tamille des Zyguémacées [80]. CLos (D.). Coup d'œil sur les principes qui :ervent de base aux classifications bota niques modernes [153]. Coux. Action de la lumière sur le dévelop- pement de l'amidon [139]. Corkins (James). Sur les sortes commer- ciales de caoutchouc [1].— Le bois d'A- loés du Mexique [171]. CorwEino (Miguel). Enumération des Cryp- togames d'Espagne et de Portugal [210]. CoxpAMINE et BrLaNcHanD. Sur Je Haofach, nouvelle écorce aromatique [63]. Congrés de l'Association britannique pour l'avancement des sciences dans sa der- nière réunion à Norwich (Communica- tions de botanique au) [69]. Congrès de Dresde [137]. CoNTEJEAN (Ch.). Des classifications et des méthodes en histoire naturelle [124]. Cooke (C.). Sur le genre Lopliiostoma [99]. Connter (F.-5.). Les Champignons de la France, Histoire, description, culture, usage des especes comestibles, véné- 25^ SOCIÉTÉ BOTANI neuses, suspectes, employées dans les arts, l'industrie, l'économie domestique et la médecine [176]. ConENWiNDEA. Etudes sur les fonctions des racines des végétaux [17]. CorrnEL-Warsos. (Hewett). Compendium of the Cybele britannica (1'*. partie) 83 |. " (L.) et L. AsssEnQvE. Herbier de la flore francaise, t. III [71]. D Darwis (Ch.). Notes sur la fécondation des Orchidées [220]. DE Bary (A.). Rapport sur les Champi- gnons trouvés dans les déjections cholé- riques [71]. Decaisxe (J.). Le Jardin fruitier du Mu- séum, ou Iconographie de toutes les espè- ces et variétés d'arbres fruitiers cultivés dans cet établissement, avec leur des- cription, leur histoire, leur synonymie [231]. Denira (P.-P.). Recherches sur l'assimi- lation des substances minérales par les plantes [4]. — Sur la respiration des plantes aquatiques à l'obscurité [159 ].— Sur lévaporation de l'eau par les végé- taux [204].— Sur l'influence qu'exercent divers rayons lumineux sur la décompo- sition de l'acide carbonique et l'évapora- tion de l'eau par les feuilles [224]. DELONDRE (Aug.). Etude sur la pharmaco- pée de l'Inde [229]. — Voy. Soubeiran et Delondre, Déstau (Fel.). Le Silphium (Asa fœtida), précédé d'un Mémoire sur la famille des Ombellifères, considérée au point de vuc économique, médical et pharmaceutique, et d'observations sur les gommes-résines. These présentée et soutenue à l'Ecole de pharmacie [58]. DE Noraris. Sur la ligule des Graminées [141].— Complément de la biologie ita- lienne [155]. Drs Motus (Ch.). Quelques réflexions sur la doctrine scientifique dite Darwinisme [83]. Diprez (L.). Le microscope et l'art de s'en servir (2° partie, 17^ livraison) [24j. — Les plantes à feuillage et leur culture en chambre [75]. Dou. (de Carlsruhe). Recherches de bota- nique [52]. Dozy (7.) et J.-M. More B ER. Bryologia javanica, scu descriptio Muscorum fron- dosorum archipclagi indici iconibus il- lustrata, post mortem. auctorum edenti- QUE DE FRANCE. bus R. B. van den Bosch ei C.-M, van der Sande-Lacoste. Vasc. 54-60 [21]. Du Monnier (D.) Note sur le staminode des Serofulaires aquatiques indigènes à la Belzique [24]. — Monographie du genre Pulmonaria [39]. — Les Scirpes triquètres, lettre à M. Crepin [10]. — Etude agrostographique sur le genre Michelaria et la classification des Gra- minées [40]. — Pomone tournaisienne [152].— Bouquet du littoral belge [177]. Duvar (J.-E.). Des ferments organisés, de leur origine et du rôle qu'ils sont appelés à jouer dans les phénomènes natuiels [124]. E Eicntgg. (A.-W.). Latrophytum, Balano- phorée nouvelle du Brésil [14]. — Quel- ques remarques sur la structure des fleurs de Cruciferes [196]. EscELMANN (W.). Revue des espèces de Jun- cus de l'Amérique du Nord [28]. Exczer (A.). Recherches sur le mouvement des étamines dans les espères du genre Sarifraga, et raisons qui portent à ac- cepter le genre Bergenin Mœuch [72]. Enxsr, Des plautes cultivées ou naturalisées dans la vallée de Caracas |1]. ErriNGsavsEN (C. d’). La flore fossile des couches tertiaires de Bilin, 3° partie contenant les Dialypétales et le résultat général de l'ouvrage [36]. F Faivre (E.). Recherches sur le rôle du latex dans le Mürier blane [130]. — Expé- riences sur les effets des plaies de l'écorce [224]. — Etudes physiologiques sur le latex du Mûrier blane [22]. VAwiNTZIN et J. BononiNe. Sur une forma- tion transitoire d'amidon dans le Bou- leau [6]. . FavnE-GuiLLARMOD (L.). Les Champignons comestibles et les espèces vénéneuses avec lesquelles ils pourraient être con- fondus [61]. Fiscuer DE Waupngm (A. Sur V'Ustilago flosculorum [96]. — Recherches sur le développement des Ustilaginées [164] | Fourreau (G.). Catalogue des plantes qui | croissent le long du cours du Rhône | [220]. — Voy. Jordan et Fourreau. | FnANCuET (A.). Essai sur les especes du | genre Verbascum croissant spontane- | ment dans le centre de la France, et | plus particulièrement sur leurs hybrides TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. [24]. — Note sur quelques Verbascum hybrides recueillis daus les vallées de la Braye et de la Graisne [40]. Frank / B.). De l'ac iion de la pesanteur sur la croissauce de certaines parties des vé- gélaux [73].— De la situation horizon- tale decertainsorganesdes plantes[138[. Fraser (Thomas-R.). Sur les caractères de la plante Akazga et sur les différences de structure par oü sa tige se distiugue de celle du Strychnos Nux vomica [401]. FnauENFELO (G. de). Sur la flore de la Nou- velle- Calédonie [145]. Fnirs (Elias). Icones select Hymenomyce tum nondum delineatorum [212]. Frost (Ch.-C.). Nouvelle énumération des Champignons de la Nouvelle-Angleterre [217]. FuisrixG. (W.). Sur le développement des Pyrénomycètes [42]. — Recherches sur le développement des Lichens [63]. G GaROovacLio (Santo). Révision critique de quelques genres de Licheus ou peu con- nus ou imparfaitement décrits dans les travaux systématiques des auteurs mo- dernes [198]. — et GiskLui. Octona Li- chenum genera vel adhuc controversa vel sedis prorsus incertæ in systemat, novis descriplionibus iconibusque accu- ratissimis. illustrata [17]. GARRIGLIETTI (A.) et A. MoniGGtA. Recher- ches histologiques sur la graine du So- lanum lycopersicum [224]. Genevier (G.). 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Wizms. Sur deux hybrides nouveaux du genre Orchis [172]. Wor (W.). La tyrosine comme moyen d'introduire l'azote dans le Seigle végé- tant dans des solutions aqueuses [166]. Woronin (M.). Études sur les Vauchériées [185]. WonrhREN (A.-H.). Géologie et paléontologie de l'Illinois [61]. | Wrerscuxo (M.). Recherches sur le déve- loppement de la fleur des Crucifères [194]. Z ZanGracomi. (Sur trois plantes inédites du Vicentin.) [223]. FIN DE LA TABLE DES AUTEURS. AVIS AU RELIEUR. La planche | de ce volume doit prendre place entre les pages 114 et 115 (Séances) ; la pl. II entre les pages 240 et 241 ; la pl. III entre les pages 408 et 409 ; la pl. IY entre les pages 432 et 433. Classement du texte : Comptes rendus des séances, 456 pages. — Session extraordi- naire à Pau, civ pages. — Revue bibliographique et tables, 260 pages. Paris, — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2. SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER EN JUILLET 1869. La Société, conformément à la décision prise par elle dans sa séance du 2 avril 1869, s'est réunie en session extraordinaire à Pontarlier le 12 juillet. Les séances de la session ont eu lieu le 12 juillet à Pontarlier, le 16 juillet au Pont (canton de Vaud, Suisse) ; et le 18 juillet aux Rousses (Jura). Aprés avoir exploré les environs de Pontarlier, la Société a fait une fructueuse herborisation au Creux-du-Vent, prés Noiraigue (canton de Neuchátel, Suisse); elle s'est ensuite rendue de Pon- tarlier aux Longevilles, pour faire l’ascension du Mont-d'Or ct descendre en Suisse au village du Pont; puis elle a remonté la vallée de Joux pour rentrer en France et gagner les Rousses, d'oü elle a fait une dernière excursion à la Dóle. Les membres de la Société qui ont pris part aux travaux de la Session sont : MM. Ayasse. MM. Fournier (Eug. ). MM. Michel (Aug.). Blanche (H.). Garroute (l'abbé). Personnat (V.). Bourgault-Ducoudray. Gontier. Petit (P.). Bouvier. Grenier. Peyre (Armand). Bras. Husnot, toyer (Ch.). Chapuis, Lombard (F.). Roze (E.). Cornu. Maillard. Thibesard. Des Etangs. Manceau. Timbal-Lagrave. Duhamel. Martin (Bernardin). T. XVI À II SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parmi les personnes étrangères à la Société qui ont assisté aux séances ou pris part aux excursions de la session, nous citerons : M. le docteur PONE, maire de Pontarlier. MM. ANDREZ, pharmacien à Fleurier (Suisse). BAUDIN, receveur des contributious indirectes à Gex. BoTREON (Louis), de Bienne (Suisse). BunEN (le baron Albert de), de Vaumarcus (Suisse). CANUT, de Genève. CHAMPEAU (le docteur), de Paris. CHAPUIS, pharmacien à Boudry (Suisse). CINTRACT, attaché au ministère de la guerre, à Paris. DELADERRIÈRE, avocat à Paris. DELAMARCHE, avoué à Pontarlier. Fournier (Mn° Eug.). GipoLET, de Neuveville (Suisse). GopET (Ch.), bibliothécaire à Neuchâtel (Suisse) . LERCH (le docteur), médecin à l'hópital de Couvet (Suisse). PAILLOT (Justin), de Besancon, PourTIER (Jules), employé des contributions indirectes à Pontarlier. RAPIN, de Genève. REUTER, directeur du Jardin botanique de Genève. Roze (Mn* E.) TiMBAL-LAGRAVE fils, de Toulouse. VENDRELY, pharmacien à Champagney (Haute-Saône). WELTER (Henri), de Boudry (Suisse). Réunion préparatoire du 12 juillet 1869. Les membres de la Société arrivés à Pontarlier, se réunissent le lundi 12 juillet, à neuf heures du matin, à l'Hôtel de Ville, dans la galerie des célébrités, gracieusement mise à leur disposition par M. le Maire de Pontarlier. La réunion est présidée par M. le docteur Eug. Fournier, archi- viste, délégué à cet effet par le Conseil de la Société, assisté de M. Ernest Roze, secrétaire. M. Roze donne lecture de la lettre suivante, qui lui a été adressée par M. Lasègue. Mon cher Secrétaire, Vous êtes sur le point de vous rendre à notre session départementale, la- quelle va s'ouvrir à Pontarlier le 12 de ce mois. J'aurais aimé, dans une telle circonstance, me trouver au milieu de nos chers confrères. Les excursions botaniques de la Société m'auraient rappelé, mais dans un cadre plus grand, des herborisations qui ont eu tant de charme SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. IH pour moi à l'époque, déjà bien éloignée, où les derniers Jussieu nous diri- geaient dans des courses champêtres aux environs de Paris. Aujourd'hui il ne m'est pas possible de suivre la Société dans l'exploration lointaine qu'elle va entreprendre, et surtout, à mon graud déplaisir, de faire les honneurs de cette session à ceux des membres de la Société que notre appel va prochaine- ment réunir dans le Jura. Veuillez, mon cher Secrétaire, en exprimer hautement mes regrets à votre premiere réunion. Sans avoir participé par mes écrits au mouvement qui a entraîné la science dans les derniers temps, mon nom ne doit être étranger à aucun des Membres qui assisteront à nos séances. Pendant plas de trente années j'ai pu, grâce à la position particulière dans laquelle je me suis trouvé placé, et qui m'a procuré les relations les plus agréables, venir en aide et donner quelque impulsion aux travaux botaniques accomplis dans ce long intervalle et qui ont fait briller cette période d'un certain éclat. Vous le savez : les forces ne m'auraient pas man- qué pour continuer cette œuvre, et je croyais bien voir, aprés moi, se per pétuer une situation qui favorisait à un si haut degré l'avancement de notre chére botanique. Les circonstances en ont décidé autrement. L'honneur qui m'a été fait cette année de présider la Société botanique de France adoucit l'amertume de mes regrets. Veuillez, mon cher Secrétaire, assurer à Pontarlier les Membres de la Société que, quoique absent, je pren - drai une grande part à leurs travaux et que j'en suivrai les diverses phases avec un bien vif intérêt. Agréez l'expression de mes sentiments les plus distingués. Le Président de la Société, . LASEGUE. Lecture est également donnée de lettres de MM. Germain de Saint-Pierre, vice-président, et de Schœnefeld, secrétaire général, qui expriment leurs regrets de ne pouvoir assister à la session. Conformément à l'article 11 des statuts, un Bureau spécial, pour la durée de la session, est constitué ainsi qu'il suit : Président - M. le docteur CH. GRENIER, doyen de la Faculté des sciences de Besaucon. Vice- Présidents honoraires : MM. Ch. Godet, bibliothécaire à Neuchâtel. Reuter, directeur du jardin botanique de Genève. IV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Vice- Présidents : MM. Bourgault-Ducoudray (de Nantes). le docteur Bras (de Villefranche de Rouergue). le docteur Bernardin Martin (du Vigan). Secrétaires : MM. Cornu, démonstrateur de botanique à la Faculté des sciences de Paris. Husnot, maire de Cahan (Orne). le docteur Maillard (de Dijon). Peyre (Armand), de Toulouse. Royer (Charles), avocat à Montbard (Cóte-d'Or). Le projet de programme des excursions à accomplir, tracé sur- tout d'aprés les indications fournies par M. Grenier, est ensuite adopté comme il suit : LUNDI 12 juillet. — Réunion à Pontarlier à neuf heures. — Séance publique à midi. — A deux heures, herborisation aux tourbiéres de Pontarlier. — A sept heures, banquet. MARDI 13. — Herborisation au Creux-du-Van. — Départ de Pontarlier en chemin de fer à sept heures et demie pour Noiraigue (ligne de Neuchâtel). — Retour à Pontarlier le soir. MERCREDI 14. — Départ à une heure de l'après-midi de Pontarlier pour Jougne. — Coucher à Jougne. JEUDI 15. — Herborisation au Mont-d'Or et coucher au Pont (Suisse). VENDREDI 16. — Séance au Pont. — Exploration des bords du lac de Joux. — Coucher à l'Abbaye (Suisse). SAMEDI 17. — Exploration du Mont-Tendre. — Coucher à l'Abbaye. DIMANCHE 18. — De l'Abbaye aux Rousses (France). LUNDI 19. — Exploration de la Dole. — Coucher à Gex (France). MARDI 20. — Repos. — Préparation des plantes. — Séance à Gex. MERCREDI 21. — Herborisation au Reculet et séance de clóture sur la mon- tagne. — Retour à Gex, d’où l'on gagnera facilement Genève. La séance est levée à dix heures. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. V SÉANCE DU 12 JUILLET 1569. La Société se réunit à midi, à l'Hôtel de Ville. M. Eug. Fournier prend place au fauteuil; il est assisté. de M. E. Roze, secrétaire. M. le docteur Póne, maire de Pontarlier, ouvre la séance en pro- noncant le discours suivant : DISCOURS DE M. le docteur PONE. Messieurs, Permettez-moi de saisir l'occasion de vous remercier de l'honneur que vous nous avez fait en choisissant la ville de Pontarlier pour lieu de votre réunion et comme point de départ de vos savantes excursions, dans le but d'acquérir la connaissance de la flore de notre pays. Nous rendons hommage à l'amour de la science qui vous inspire et vous amène des parages les plus éloignés sur les hautes collines du Jura, qui offrent un sujet attrayant d'études pour le botaniste et aussi pour le géologue. J'ai hâte de vous dire que la présence dans cette enceinte de M. le doyen dela Faculté des sciences de Besancon est pour vous une bonne fortune. M. le docteur Grenier vient, chaque année, cédant à l'impulsion de son zèle pour la botanique, explorer de nouveaux points dans nos plaines ou sur les versants de nos coteaux pour y cueillir quelques plantes qui doivent enrichir son herbier. Suivant les traces de Lamarck et de De Candolle, et dépassaut le terme de la voie parcourue par ces illustres botanistes, il a fait la découverte et la descrip- tion d'une foule de plantes qui avaient échappé aux investigations de ses devan- ciers : il a ainsi donné à la Flore dont il est l'auteur, un luxe de richesses qui fera vivre à jamais son nom dans le monde des savauts. | Il sera votre guide dans nos montagnes, et vous pourrez, sous sa direction et grâce au concours de ses dignes émules venus de la Suisse, vous pourrez, dis-je, faire aisément une ample collection de plantes subalpines, qui orneront vos herbiers et constitueront pour vous un agréable souvenir de votre long vovage si bien ordonné par M. le docteur Fournier, de Paris. Je souhaite, Messieurs, que les impressions que produiront en vous le panorama de nos hautes montagnes, et la vue de ces majestueux Sapins qui sont ici les géants de la végétation, vous inspirent le projet de renouveler, une autre année, les courses que vous allez entreprendre. M. Eug. Fournier s'exprime ensuite en ces termes ; vI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DISCOURS DE M, Eug. FOURNIER. Messieurs, La quatorzième session de la Société botanique de France est ouverte, et je puis dire qu'elle s'ouvre dans les conditions les plus heureuses pour elle, et par conséquent pour la botanique francaise. En effet, en prenant place à ce fauteuil, j'ai l'honneur de déposer sur le bureau un exemplaire du compte-rendu de la dernière session extraordinaire tenue dans les Pyrénées par la Société en 1868, et dont la publication clôt la série arriéórée de nos travaux. Désormais, il n'y a plus de regrets à exprimer, ni de sollicitations à faire ; le but tant désiré est atteint, et cela, grâce à la colla- boration de plusieurs des membres de votre Bureau permanent, grâce surtout au zèle, au devoüment de notre excellent secrétaire général, M. de Schœne- feld, auquel M. l'abbé Garroute, en clóturaut la session de Pau, rendait l’année derniere un hommage si justement mérité. Cette heureuse situation nous impose à tous un devoir. Pendant quelque temps, le ralentissement de nos publications avait pu gêner le prosélytisme de nos confrères : tâche bien nécessaire cependant, car pour accroître l'influence de notre Société, il faut augmenter ses ressources, c'est-à-dire lui recruter des membres. Que chacun de vous amène dans nos rangs, en une année, seu- lement un ami de plus, et bientôt notre Société, à méme de publier toute œuvre important aux progres de la botanique francaise, sera réellement ce que nous voudrions tous voir reconnaitre, un établissement d'utilité publique. Je disais que notre session s'ouvrait dans des conditions heureuses : cela est vrai pour la botanique française en général, et notamment pour la bota- nique spéciale du Jura. L'éminent doyen de la Faculté des sciences de Besan- con, que vos suffrages ont appelé ce matin à présider cette session, vient en effet de terminer sa FZore de la chaîne jurassique, et c'est à Pontarlier même qu'il en apporte aujourd'hui, pour les offrir à la Société, les premiers exem- plaires complets. M. le professeur Grenier me permettra de lui exprimer les plus vives félicitations de la Société, pour l'achévement. d'une œuvre aussi consciencieuse, qui résume, méme après la publication de la Flore de France, les travaux d'une longue suite d'années, et que couronne la récompense la plus flatteuse pour l'auteur d'une Flore, la découverte d'espéces excellentes, nou- vellement conquises à notre domine national ; vous les recucillerez dans nos prochaines excursions. Dans ces courses, vous aurez pour guide naturel votre président et aussi les savants botanistes de Suisse qui sont venus nous apporter leur concours. Grâces soient rendues aux Sociétés savantes de Bâle, de Neuchâtel, de Berne et de Genève, qui, répondant à notre appel, nous ont envoyé des délégués tels que SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. VII MM. Hermann Christ, de Bâle; Ch.Godet, de Neuchâtel; Andreæ, Lerch, Welter, Chapuis, tous des environs de cette ville; Botreon, de Bienne, Reuter, Rapin et Canut, de Genève ; vous connaissez les importants travaux de plusieurs d'entre eux, et les connaissances spóciales de tous; vous v puiserez largement dans tout le cours de cette session, heureux de les voir justifier une parole célèbre : Pour la science, il n'y a pas de fron- tières. Ces heureux résultats de nos efforts et de leur concours, si nous pouvons les constater ici, nous le devons à l'accueil hospitalier de M. le Maire de Pon- tarlier, en qui plusieurs d'entre vous sont heureux de saluer un confrère. Que M. le docteur Póne recoive ici les remerciments de la Société botanique de France. Vous le voyez, Messieurs, les circonstances nous favorisent, le ciel méme nous sourit : à vous de féconder par vos découvertes les riantes promesses de la nature; que l'avenir les consacre, et que la session du Jura soit digne de ses ainées, Dons faits à la Société : 1° Par M. Ch. Grenier : Flore de la chaîne jurassique (deuxième et dernière partie) ; Discours prononcé à la séance solennelle de rentrée des Facultés et de l'école de médecine et de pharmacie de Besançon, 1868. 2° Par M. Ch. Royer : Essai sur le sommeil des plantes. 3° Par M. H. Welter : Histoire du Café. h° De la part de M. Hasskarl : C. van Gorkom's Bericht ueber die Chinakultur auf Java (traduit du hollandais en allemand par M. C. Hasskarl); Observationes phytographicæ, auctore Rud. H.-C. -C. Scheffer. M. le Président procéde ensuite à l'installation du Bureau spécial nommé dans la séance préparatoire du matin. - M. Ch. Grenier prend place au fauteuil et prononce le discours suivant : DISCOURS DE M. GRENIER. Messieurs, Ce n'est pas sans. une vive émotion que je viens occuper le fauteuil de la présidence. En voyant réunie dans cette enceinte cette élite de botanistes suisse VIH SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCÈ. et français, je ne dois considérer l'insigue distinction dont vous m'avez honoré, que comme l'expression de cette exquise courtoisie dont la Société botanique de France aime à faire preuve dans ces solennelles réunions. Merci néan- moins, mille fois merci, pour cette cordiale et flatteuse marque de sympathie. Ma pensée, Messieurs, avait été de vous exposer quelques données générales sur la végétation du Jura. Mais votre honorable archiviste m'a fait observer qu'il était d'usage de donner plutót un tableau succinct des travaux botani- ques accomplis sur la végétation des régions qui doivent étre explorées par la Société. | Sans livres et sans moyens d'étude, j'ai hésité à accepter cette tâche. Tou- tefois, comptant sur votre extréme bienveillance, je vais essayer de faire appel à mes souvenirs et de vous donner au moins l'énumération des hommes distingués qui ont concouru à mettre en lumière la végétation de nos montagnes du Jura. Les deux premiers botanistes qui s'offrent à ma mémoire, sont les deux Bauhin qui, l'un dans le Prodomus et le Pinaz, l'autre dans l' /istoria uni - versalis, ont cité la plupart des plantes les plus curieuses du Jura. Puis vient le grand Haller, qui a fait figurer avec distinction, dans son Flora helvetica, toutes nos richesses botaniques. A ces trois illustrations succède un des botanistes modernes qui ont jeté le plus vif éclat sur le monde entier : je veux parler de De Candolle, qui à, lui aussi, compris dans sa Flore française toute la végétation de notre chaine jurassique. Cette illustre pléiade se clôt par Gaudin, dont le Flora helvetica, embras- sant la végétation du Jura, est un véritable monument botanique. A ce nom connu, je suis heureux d'en ajouter un autre qui ne l'est pas moius, et qui de plus a laissé dans nos cœurs de profonds et affectueux regrets : je veux parler de J. Gay qui fut le collaborateur de Gaudin, et qui m'a personnellement ho- noré d'une vive amitié. Tous ces grands noms appartiennent à la Suisse, mais je les revendique pour la France, car les hommes d'étude, les travailleurs qui se proposent la science pour but unique, ne connaissent pas de frontière. Sans tenir compte d'aucune nationalité, ils se donnent partout une cordiale et fraternelle accolade, préchant ainsi d'exemple, en attendant que la grande famille humaine efface, du sol et du dictionnaire, ce mot frontiére, cause de tant de luttes et de dé- sastres. Mais revenons à nos botanistes jurassiens ; ici ma tâche est douce à remplir. J'ai à parler d'hommes que j'aime, de vieux amis avec lesquels, depuis qua- rante ans, j'explore les deux versants de notre chaine de montagnes. Godet, Reuter, Rapin, recevez les éloges qui vous sont si bien dus pour la large part que vous avez prise dans l'étude des plantes du Jura. Le versant francais est moius riche en illustrations botaniques. Cependant SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869, IX je dois une place d'honneur à Chantrans pour ses remarquables études sur les Conferves, imitant en cela la science reconnaissante qui lui a dédié le genre Chantransia. Je citerai ensuite mon bien regretté ami, Garnier, de Salins, à qui j'ai dû ma première initiation à la flore du Jura, et qui aurait élevé à la végétation de nos montagnes un impérissable monument, sans l'incendie qui, en 1825, dévora sa ville natale. Il possédait à un rare degré l'art de dessiner les plantes, et il avait tracé, d'aprés le vif, plus de 800 dessins, enrichis d'ana- lyses, lorsque l'incendie qui fit de Salins un monceau de ruines réduisit en cendres, avec son herbier et ses livres, tous les dessins et les manuscrits de ce modeste et infatigable explorateur. Nous qui l'avons connu, nous saisirons cette occasion de donner à sa mémoire la légitime expression de nos regrets et de nos cordiales sympathies. À cóté de Garnier, je dois placer son compatriote Babey, qui nous a légué une Flore jurassique par trop élaborée en cabinet, et qui, pour cela, s'est trouvée déjà vieille au moment de son apparition. Puis viennent les Michalet, les Jouffroy, qui, hélas! ne sont plus pour nous que des souvenirs. La mort les a moissonnés avant l’âge, au moment où ils entraient si brillamment dans la carrière. A ces noms, j'ajoute celui de M. Gouget, doyen d'áge de nos botanistes, et qui a été le maitre des hommes dont je déplore la perte, et qui, dans M. Blanche, nous a donné un nouveau collégue. Lorsqu'on fait de tels éléves, on a droità une mention d'honneur, et je la revendique pour M. Gouget. Messieurs, je suis venu le dernier, j'ai bénéficié des travaux de tous mes devanciers, et si vous n'avez pas trouvé mon œuvre trop indigne de vous, c'est à eux qu'en revient l'honneur, et à moi le devoir de vous exprimer de nou- veau ma cordiale reconnaissance, pour l'insigne honneur que vous m'avez fait en m'appelant à la présidence de cette session extraordinaire. Lecture est donnée d'une lettre de M. le secrétaire de la Société d'émulation du Doubs, lequel informe la compagnie que cette Société a choisi M. le professeur Grenier pour la représenter à la Session de Pontarlier. Lecture est donnée d'une lettre de M. Chabert, juge de paix à Saint-Vallier (Dróme), qui adresse à la Société des échantillons de Carex muricata, C. divulsa, C. Pairæi, et d'une espèce du même genre qu'il croit nouvelle. M. Grenier, qui a examiné ces plantes dés la veille, présente à ce sujet quelques observations, et veut bien se charger de répondre directement à M. Chabert, en lui retournant ses plantes. L'heure pressant la Société de se rendre aux tourbiéres, les mémoires suivants sont déposés sur le bureau : | X SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR L'ACCLIMATATION DES PLANTES, par ME. le baron Albert de BUREN. C'est en 1862 que j'ai commencé à m'enquérir des plantes qui peuvent s'ac- climater dans une région relativement froide comme celle que j'habite. Un article a été publié sur ce sujet, l'an dernier, à Neuchâtel, dans le Rameau de Sapin, et reproduit dans le Bulletin de la Société d'acclinatation, novembre 1868. Cet article traitait des plantes que j'ai introduites dans la plaine, sur les bords du lac de Neuchâtel. Aujourd'hui, je signalerai celles que j'ai essayé de naturaliser sur une montagne du Jura, à 3500 pieds environ au-dessus du niveau de la mer. Quelques-unes de ces plantes m'ont paru mériter des men- tions spéciales. Celles qui ne se sont pas conservées sont marquées dans cette note d'un astérisque. Le défaut de conservation tient en partie à la densité de la végétation qui recouvre le sol de la montagne, et qui empéche ces nouvelles venues de s'y établir. Cependant, l'acclimatation y avait été tentée suivant les règles, et, pour ainsi dire, à deux degrés : car je les cultivais d'abord à Vaumarcus (a 100 mètres environ au-dessus du lac de Neuchâtel), dans un jardin potager assez abrité, d’où je les transportais ensuite dans la montagne. J'ai donc planté, en 4862, dans mon jardin de montagne, les espèces sui- vantes : < Phalaris arundinacea f, variegata. Veronica umbrosa. Sonchus canadensis, * Daucus pulcherrimus. Saxifraga hirsuta. Hieracium fuscatum Vill. Viola. cornnta. — longifolium Schleich. * Astilbe rivularis. Alchimilla pubescens M. Bieb. Sedum Anacampseros. Doronicum macrophyllum, Nepeta macrantha. Caltha multipetala, > Weigeia rosea. * Aquilegia viscosa. Erysimum virgatum, * Vicia Orobus. * [ris nana. Sedum azoreum. — lydium. Sibbaldia cuneata. * Aconitum sinense. Saxifraga trifurcata Schrad. Astrantia helleborifolia. Achillea Clavennæ. Saxifraga cæspitosa. Iberis Garrexiana. Sedum elegans Lej. Erigeron glabellus. Symphytum asperrimum. Polemonium rhæticum. * Silene Schafta. Astrantia Epipactis. * Epimedium colchicum. Rheum undulatum. Sedum anglicum. * Umbilicus chrysanthus. * Pulmonaria affinis Jord. * Achillea umbellata Fragaria collina. Poa sudetica. * Erysimum aciphyllum. * Biscutella pyrenaica. * Arabis Soyeri, Campanula turbinata. * Aubrietia rhabdoidea. Saxifraga incurvifolia. Pyrethrum Tchihatchewii. Saxifraga cochlearis. * — tenella. Aira mexicana. Campanula Steveni. * Androsace lanata. Erysimum aureum. Saxifraga geranioides. * Plantago nitida. Spiræa thalictrifolia. * Arabis pedemontana. Corydallis lutea. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARIIER, JUILLET 1869. XI Plusieurs de ces espéces se sont mieux soutenues dans la montagne qu'elles ne l'avaient fait dans la plaine; de ce nombre, sont les suivantes : Nepeta macrantha, Sedum lyd um, qui fleurit mieux et plus souvent dans la montagne, Astrantia helleborifolia, qui s'y colore davantage, Caltha multipetala, qui ressemble au C. palustris, mais offre un nombre un peu plus grand de pétales et un port différent, Campanula Steveni, Polemonium rheticum, jolie plante des Grisons, qui ressemble au P. cæruleum, dont elle se distingue par sa plus grande fleur. Quelques-unes de ces espèces offrent des particularités intéres- santes. Le Phalaris arundinacea variegata mérite l'attention qui lui a été accordée dans Le bon Jardinier. Fauchée jeune en vert, elle est bien mangée par le bétail. Elle a parfaitement supporté le climat de la montagne, mais elle a été étouffée au bout de quelques années par une de ses voisines, le Sonchus canadensis où macrophyllus. Cette dernière plante, dont le bétail s'arrange aussi, forme de belles et grandes feuilles qui garnissent agréablement le bas des murailles, mais il faut se défendre contre ses drageons, que l'on peut du reste enlever aisément, Sa fleur bleue est assez belle. Le Sedum Anacampse- ros que j'ai cité a une origine singulière, Je l'avais rapporté du Saint-Bernard et placé dans mon herbier, le croyant bien desséché, lorsque je l'y trouvai végétant parfaitement. Placé alors dans un vase (au mois de janvier), il s'y dé- veloppa parfaitement, et depuis, il est resté fidèle à mon jardin de la montagne comme à celui de la plaine. Le Symphytum asperrimum, qui a été cultivé pour fourrage en Écosse, est originaire du Caucase. M. Ch. Godet, qui connait si bien la végétation du Jura suisse, est familier aussi avec la végétation du Caucase, où il a voyagé il Y à longtemps avec le botaniste Steven, et c'est à lui que parfois s'adresse M. Boissier, quand il éprouve, pour la rédaction de son Flora orientalis, des doutes sur une espèce de cette région. Je tiens de M. Godet que quand les chameaux de sa caravane s'étaient approchés de ce Symphytum, onne pouvait les en séparer avant qu'ils l'eussent brouté jusqu'à la racine. Malheureusement Pour la culture artificielle de cette espèce, sa graine ne iève que difficilement. Pour la multiplier, on est obligé de diviser sa racine à partir du collet; c'est un des végétaux qui donne le plus de fourrage, relativement à la surface qu'il occupe ; mais le parenchyme en est trop succulent pour qu'il soit employé autrement qu'en vert. Le Rheum undulatum est de toutes les espèces du genre celle dont les ra- cines présentent au plus haut degré l'odeur et l'apparence de la Rhubarbe qui nous vient de la Chine. Elle prospère très-bien à la montagne et pourrait y devenir une culture lucrative par l'arome spécial que le climat de la montagne donne toujours aux plantes que l'on y cultive, Pour réussir dans les essais de naturalisation dont je viens d'entretenir la Société, il importe de choisir des parties de sol non encore occupées par des Plantes indigènes ou d'en créer en plaçant de la terre entre des rochers ; on XII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peut encore retourner le gazon sur quelques places. Malgré ces précautions, il faut encore s'attendre à de fréquents mécomptes, surtout si la reprise des plantes n'est pas favorisée par un temps humide. Dans la plaine, les essais devraient étre faits dans les talus créés le long des voies ferrées. Je pense qu'un grand jardin botanique, qui est fréquemment obligé de renouveler les plantes des hauteurs, devrait faire cultiver ces plantes au haut de montagnes d'une hauteur moyenne pour conserver et savoir où reprendre ces espéces, qu'il ne conserve jamais longtemps. Je crois encore utile d'ajouter que pour garder le souvenir de ces essais d'acclimatation, j'ai chaque année recueilli des échantillons de la plupart des plantes, échantillons que j'envoie à l'herbier de l'Université, à Berne, après chaque saison. NOTE SUR UN GEUM LITIGIEUX , par M. Éd. TIMBAL-LAGRAVE. Dans la note 23 publiée dans notre excursion sur le massif de Cagire et dans la haute vallée du Ger (Mém. Acad. sciences Toul. sér. VI, tome 11, p. 383), nous avons proposé, avec doute il est vrai, mes amis MM. Baillet, Jeanbernat et moi, de considérer comme un hybride le Geum inclinatum, indiqué dans les Pyrénées, et que nous avions rencontré dans les pâturages du som- met de Cagire. Depuis ce travail, nous avons poursuivi l'étude des divers Geum de la flore francaise, et nous sommes persuadé que non-seulement la plante de Cagire est un hybride différent du G. inclinatum de Schleicher, quoiqu'il soit un produit hybride à son tour, mais que l'hybridité méconnue par nos floristes est la cause principale de l'embarras qu'ont éprouvé les botanistes dans la déter- mination exacte de ces plantes. Et cependant, il y a longtemps que Wulfen (in Jacq. Misc. 2, p. 33) e Jacquin lui-même (/c. rar. 195), ont décrit et figuré un Geum déji observé et figuré par Clusius (Hist. c. 1v), qu'ils considèrent sans aucun doute comme le produit hybride des Geum montanum et rivale, et qu'ils nomment, à cause de cela, Geum hybridum. Malheureusement, dans là plante de Clusius et de Jacquin, l’action hybridante a été tellement com- pléte, que non-seulement elle a amené l'hybridité absolue du sujet, mais elle à produit encore une hypertrophie des sépales, comme on l'observe aussi dans les Verbascum hybrides, où quelquefois les sépales et méme les. pétales sont changés en feuilles semblables à celles de la tige, ce qui fait dire à Koch (Syn. ed. 2, p. 233), en parlant du Geum hybridum de Jacquin : Specune” monstrosum sepalis in folia mutatis. . Il nous sera facile de trouver dans la figure du Geum hybridum de Jacqui le G. inclinatum de Schleicher et des auteurs modernes, avec cette différence que dans le G. inclinatum les sépales ne sont pas monstrueux ou hypertrophiés; SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869, XIII en effet, cette figure représente deux fleurs: la première est à sépales foliacés hypertrophiés, mais la corolle est ouverte, à pétales étalés, d'un rose vif, comme dans le G. rivale, mais d’une forme obovale-arrondie brusquement en onglet court, comme on l'observe dans le Geum montanum; un autre rameau, le second, nous offre une autre (leur qui présente aussi des sépales anomaux, mais dont les pétales sont jaunes, cette fois, comme dans le G. montanum, obovales en cœur au sommet, et atténués à la base enlarge onglet, exactement comme dans le G. rivale, dont il a aussi la fleur moins étalée. Ce Geum est donc pour nous un véritable hybride, comme on l'a constaté pour le Cytisus Adami, et comme on l'observe journellement pour les Vignes cultivées et une foule d'hybrides de la méme nature. Il est probable que le Geum inclinatum de Schleicher (Cat. 1821) n'est autre chose que ce méme G. hybridum qui, dans ce cas, présenterait les sépales nor- malement développés, ce qui signifie tout simplement pour nous que ce Geum est le produit d'une action adultérine moins prononcée. Outre l'examen du Geum hybridum que nous venons de faire pour prouver l'hvbridité de cette plante, nous pourrions citer d'autres exemples où cette anomalie est aussi manifeste, en s'exercant mutuellement sur des espèces du méme genre. D’après quelques botanistes, le (eum intermedium Ehrh. est certainement un hybride du G. rivale etdu G. urbanum ; cette opinion m'a été confirmée en 1851, par M. Christ, lorsqu'il. m'a envoyé cette plante qu'il avait trouvée à Lausanne (Suisse), et je ne scrais pas étonné que le G. Thoma- sianum ne fût aussi le résultat de l'action réciproque du pollen du G. silvati- cum sur l'ovule du Geum rivale et vice versà. On pourra objecter, contre cette opinion (qui aurait besoin, j'en con- viens, pour étre à l'abri de toute critique, d'expériences directes), que c'est toujours le G. rivale qui entre pour une part dans ces différents hybrides, et qu'on n'en a pas encore observé sur des espéces à fleurs jaunes (1). Je ré- pondrai facilement à cela que les (zeum à fleurs jaunes ne croissent pas ordi- nairement ensemble, que chacun habite des régions tout à fait séparées ; le G. rivale, au contraire, préfère la région alpine inférieure, mais il monte assez pour atteindre dans ses dernières limites le G. montanum qui est. très- alpin, et quant au G. silvaticum et pyrenaicum, ils habitent des régions dif- férentes, mais le G., rivale croît en société avec eux dans une foule de localités pyrénéennes. Sans cette circonstance, les Geum à fleurs jaunes s’hybrideraient tout aussi facilement, mais seraient peut-étre plus difficiles à reconnaitre, puisque leurs Caractères ne sont pas aussi tranchés. D'après mes recherches, il est démontré qu'on doit ranger ainsi les Geum de la flore de France : (1) Cette observation m'a été faite, en effet, pendant la session du Jura, à Pontarlier, XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 4° Geum urbanum L. 29» — rivale L. 3* — silvaticum Pourr. h^ — pyrenaicum Willd. 5* — montanum L. 6° — reptans L. 7° — urbano X rivale Christ. — G. intermedium Ehrh. 89 — silvatico X rivale Nob. — G. Thomasianum Ser. hybridum Jacq. inclinatum Schl. 109 — pyrenaico X rivale Nob. = G. inclinatum Timb., Baill. et Jeanb. 9" — montano X rivale Mutel (1). = G. GEUM PYRENAICO X RIVALE Nob. (G. inclinatum Timb., Baill. et Jeanb., Sc., Nob., Schleicher). Le G. pyrenaico-rivale emprunte un plus grand nombre de caractères au G. pyrenaicum qu'au G. rivale; il se distingue d'une part par l'absence de carpophores et par les feuilles dela tige embrassantes, ainsi que par la coloration jaune foncée des pétales; mais il semble que l'action hybridante des parties contractantes alterne sur les enveloppes florales, en portant cette action tantôt sur le calice, tantôt sur la corolle; quelquefois cependant on trouve sur ces organes une action égale. Ainsi, tandis que, comme je l'ai dit, la corolle est jaune, les pétales sont striés de rouge et souvent obcordés et atténués à la base ; le calice, au lieu d’être vert ou jaunâtre, est d'un rouge sombre; la fleur, au lieu d'étre dressée, est inclinée et penchée, ce qui indique suffisamment le passage au G. rivale. Les organes de végétation sont aussi intermédiaires et trés-difficiles à saisir; cependant le G. pyrenaïco X rivale est à feuillage plus sombre que celui que nous présente le G. pyrenaicum, et a comme lui le lobe terminal plus graud. Cet hybride vient en société avec le G. pyrenaicum et le G. rivale dans les pâturages du sommet de Cagire où il n'est pas rare, contrairement à Ce qu'on observe dans d'autres hybrides ; mais il est bon d'ajouter que les pâtu- rages de Cagire sont fréquentés par une foule d'insectes qui peuvent parfaite- ment faciliter l'hybridation, beaucoup plus rare dans les régions plus élevées et plus froides des Pyrénées. NOTE SUR LES PRUNUS ERUBESCENS Paill. ET P. VIRESCENS Paill. (Prunus spinosa L, ex parte), pr M. J. PAILLOT. 1l arrive souvent que des espèces affines, vues de loin sur le vif, ont un aspect (1) Mutel (F1. fr. 1, 324) donne ce nom au Geum inclinatum Schl., qu'il considère aussi comme un hybride; mais il faut exclure du texte de cet auteur le synonyme de Lapeyrouse, qui se rapporte au G. pyrenaicum Willd., et la plupart des localités qui appartiennent soit au G, pyrenaico X rivale, soit au G. silvatico-rivale. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XV tellement différent, qu'elles ne sauraient être confondues, même par les per- sonnes qui ne s'occupent pas de botanique, sans que pour cela il soit facile de les bien distinguer par des descriptions. Telles sont celles que je désigne ici, et que je n'ai pas la prétention d'imposer comme espèces définitives. Mais, soit qu'on les admette comme telles, soit qu'on ne les regarde que comme de simples variétés ou formes, il n'en est pas moins utile, à mon avis, de les signa- ler à la science ; la sélection, si grande qu'elle soit, aura toujours l'avantage d'attirer les observations des botanistes sérieux qui, aprés des études con- venables, pourront admettre comme bonnes ou rejeter comme inauvaises les espéces proposées. Prunus erubescens Paill. P. Martini G. Genev.?, P. rusticana Jord. ? — Arbrisseaux fortement épineux, de 17,50 à 3", rameux du bas, émettant du haut de longs jets élancés, à écorce grise plus ou moins luisante sar le vieux bois, brune sur les jeunes rameaux. Bourgeons florifères très-courts, ne présentant pas de gibbosités, les (leurs se développant toutes et sur toute la longueur du bourgeon. Fleurs de 18-20 millimètres de diamètre, eu fascicules denses; pédoncules de 4-6 millimètres, glabres, verdâtres ; calice violacé, à tube court, conique, trés-dilaté, marqué de 10 stries souvent peu visibles, à sépales lancéolés-obtus, un tiers plus longs que larges, scarieux et dentés aux bords. Boutons à fleurs ovales, rougeâtres-violacés, ce qui donne aux buis- sons qui les portent un aspect sombre. Pétales 5, obovales, presque une fois aussi longs que larges (5 millimètres sur 8), arrondis, rarement subémarginés au sommet, légèrement et brusquement atténués en onglet à la base, plans étalés-réfléchis quand les fascicules de fleurs ne sont pas trop denses, non con- tigus et laissant passer entre eux les sépales étalés-dressés du calice. Style saillant au-dessus des étamines qui sont égales aux sépales ou les dépassent légèrement; anthéres violacées dans le bouton, devenant d'un rouge-bran dans la fleur. Feuilles d'un vert sombre, plus pàles et velues en dessous sur les ner- vures et à leur aisselle, ovales-lancéolées, subaigués aux deux extrémités, longues de 12-30 millimètres sur 5-15 de large, dentées en scie et finement ciliées aux bords, à pétiole court, égalant environ le quart du limbe, violacé, velu surtout en dessus et canaliculé. Jeunes rameaux velus. Fruit courtement Pédonculé, ovoide-sphérique, petit (environ 13 millimètres de diamètre), noir, couvert d’une couche glauque ; noyau aplati-lenticulaire. Hab. Mont de Bregille, Mont-Rosemont près Besancon, et jusque sur les sommités ; Mont-d'Or. Cette espèce, de 10-15 jours plus précoce que le P. virescens, avec lequel elle croît souvent, est entièrement défleurie quand celui-ci commence à épanouir ses fleurs. L'aspect sombre de cette plante, son port élancé, la font distinguer au premier coup-d'æil, même avant la floraison; et aprés, son feuillage d'un vert noirâtre continue à trancher tellement, que les deux XVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantes croissant dans un méme buisson peuvent étre parfaitement distin- guées. Prunus virescens Paill.—Arbrisseau peu épineux, de 1", rarement 1,50 à 2 mètres, trés-rameux, tortueux diffus, à écorce grise plus ou moins rugueuse. Bourgeons floriferes courts, trés-noueux, chargés de petites gibbosités produites par des boutons à fleurs qui ne se développent pas. Fleurs réunies en fasci- cules denses à l'extrémités des rameaux ; pédoncules de 4-6 millimètres, ver- dâtres, ainsi que le calice à tube court marqué de 10 stries vertes ; sépales courts, ovales, arrondis au sommet, légèrement bordés de blanc et érodés, d'abord étalés-dressés, à la fin réfléchis. Bouton à fleur ovoide, vert-jaunátre, donnant aux buissons un aspect verdátre. Pétales 5, ovales, arrondis au som- met, atténués en onglet à la base, de 5 millimètres sur 8, cuculliformes, éta- lés-dressés et contigus, puis à la fin réfléchis quand les glomérules de fleurs ne sont pas trop denses, et alors non contigus. Étamines de la longueur du style et des pétales, à anthères d'un jaune vif dans le bouton et dans la fleur. Feuilles arrondies ou largement ovales-obtuses, peu ou pas atténuées à la base, longues de 15-25 millimètres sur 8-18 de large, d'un vert jaunâtre luisant cn dessus, plus pâles et fortement nervées en dessous, glabres ou munies de quelques poils, finement dentées en scie ct ciliées (à la loupe) dans leur pourtour. Pétiole court, égalant environ le quart du limbe, violacé, canaliculé et velu en dessus, jeunes rameaux velus. Fruit ovoide-sphérique, de 12-15 millimètres de dia- mètre, noir, couvert d'une couche bleuâtre-glauque, à pédoncule court, glabre; noyau petit, arrondi-lenticulaire. Hab. Haies et buissons ; Mont de Bregille, Chapelle-des-Buis, Rosemont, Ve- lotte, prés Besancon, Desservillers, pâturages du Mont-d'Or, dans le Doubs. Ces deux espèces ne sont pas les seules que nous ayons aux environs de Besançon; outre les Prunus fruticans Weihe et P. Desvauxii Bor., j'en dis- tingue plusieurs qui sont encore à l'étude; ce sont : P. parviflora, à fleurs très-petites, Wun blanc de lait, en glomérules denses ; anthères rouges deve- nant brunes; arbrisseau épineux, petit, diffus — P. rosiflora, à feurs d'un blanc mat, de 10-15 millimètres de diamètre, ayant 5-9 pétales orbicu- laires, contigus; anthères rose-orangé ; buisson robuste, très-épineux. — P. cerasiflora, ayant l'aspect d'un Cerasus vulgaris Mill., à fleurs en glomé- rules lâches, sur toute la longueur des rameaux peu ou pas épineux ; pétales suborbiculaires-ovales, cuculliformes, d'un blanc de lait; étamines d'abord très-courtes, puis devenant presque aussi longues que les pétales, à antheres Jaune-orangé, devenant brunes. Dans l'impossibilité d'avoir des échantillons authentiques des espéces pu- bliées par MM. de Martrin-Donos, Jordan, G. Genevier et Boreau, je ne puis assigner à ces plantes aucune synonymie, car les descriptions de ces auteurs m'ont laissé dans le doute. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XVII Tous ces Prunus croissant sur le plateau de Trois-Châtels, près de Besan- con, il est impossible de voir dans ces variations des influences de sol ou d'ex- position. NOTE SUR LA VÉGÉTATION DU COL DE TRICOT (Alpes de Savoie), pr M. V. PERSONNAT. A 2400 mètres au-dessus du niveau dela mer, entre les glaciers de Bion- nassey et du Miage, au pied de l'aiguille de Zricot et du mont Vorassey, sur l'étroite et courte arête qui forme le col de 7ricot, M. le comte de Nicolai et son frère ont, il y a quelques années, édifié le chalet des Deux-Frères, que depuis lors ils habitent chaque été durant quatre mois, et dont ils ont fait leur pavillon de chasse. En 1863, ils ont annexé à leur habitation le chalet des Amis, et, notons-le en passant, l'hospitalité qu'y recoivent petits et grands est devenue proverbiale dans la vallée de Montjoie ; en effet, rien n'égale la gracieuseté avec laquelle MM. de Nicolai font les honneurs de leur alpestre habitation, si ce n'est leur insistance à vouloir persuader à leurs hôtes qu'ils sont eux-mêmes les obligés des visites qu'on veut bien leur faire. Au comice agricole de 1864, les nouveaux colons de Tricot avaient exposé à Saint- Gervais, comme curiosités de végétation, des Épinards, des Radis, de la Salade Miguonnette, de l'Oseille et des Raves, cultivés par eux au sommet du col. Le 15 juillet de cette année 1869, heureux de tenir enfin une promesse déjà ancienne, j'effectuais l'ascension du chalet des Deux-Frères. L'École de phar- macie, dirigée en 1860 par M. Chatin, et la Société botanique elle-méme, dans sa session extraordinaire de 1866, étaient presque au pied du col de Tricot, dans leurs herborisations au pavillon de Bellevue (2114 métres). Je n'aurais donc que bien peu à ajouter, en fait de plantes alpines, aux rapports sur ces deux herborisations publiés dans le Bulletin; mais il m'a semblé intéressant de con- signer dans cette note les résultats des tentatives d'acclimatation faites sur ce point élevé, et voici ce que M. le comte de Nicolai m'a permis de constater : Pour atténuer autant que possible la violence des coups de vent, il a dù faire élever, sur la traverse du col, une muraille de prés de deux métres de haut et de plus d'un mètre d'épaisseur (baptisée du nom de Muraille de Chine). Entre cette muraille et le chalet, adossé à ce dernier, se trouve le jardin, assez bien exposé au soleil, mais recouvert encore le 15 juin de plus de quatre pieds de neige. J'ajouterai, pour donner unc idée de la température du col, que le 15 juillet, à midi, le thermomètre ne s'élevait qu'à 13 degrés centigrades, sur le col ei dans l'intérieur du chalet. Malgré la rigueur et la longueur des hivers à cette altitude, 8 plantes des plaines ont hiverné : Aconitum Napellus L., h pieds; Dianthus barbatus L., l pied ; Mentha piperita L., À pied; Camomille, 4 pied; Oseille, plusieurs en T. XVI. B XYII — SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. touffes; une Menthe, qui me semble se rapporter au M. viridis L.; 2 Cassis et 1 Groseillier à grappe. La Camomille seule avait l'aspect languissant; les autres espèces étaient vigoureuses ; les deux premiéres prétes à fleurir. Le Groseillier, appuyé au mur du chalet, portait deux grappes nouées, cha- cune de sept groseilles. Quant aux semis de l'année, ils se composaient d' Épinards, Radis et Mignon- nette, tous bons à manger. Enfin le Galega officinalis L., plante essentiellement méridionale, semé en automne sur les pelouses du col, est abondamment sorti en juin, aussitót la fonte des neiges. Quel sera son sort ? C'est la premiere expérience tentée à son sujet. M. le comte a bien voulu alors me faire visiter en détail ses travaux de la saison de 1869, et ce ne sont pas les moins intéressants. Après avoir défriché une partie du sol, établi de moelleux bancs de gazons, perdus dans les massifs de Rhododendron ferrugineum L., MM. de Nicolai ont entrepris la création à Tricot d’un jardin botanique des plantes alpines. Ils se proposent de réunir là toutes les espéces qu'ils pourront rencontrer dans le massif du Mont-Blanc, de les y placer selon l'exposition et le sol que cha- cune demande, et de pouvoir offrir ainsi d'amples moissons aux botanistes qui voudront bien aller apprécier leurs efforts pour la science, en se résignant à une simple escalade de trois heures et demie, au milieu de riants pâturages. Voici les espèces déjà réunies le 45 juillet 1869 dans le jardin botanique de Tricot : Sur les gazons : Cardamine resedifolia L. Meum Mutellina Gærtn. Sagina Linnæi Presl. Homogyne alpina Cass. Cerastium arvense L. Leucanthemum alpinum Lam. — obscurum Chaub, Myosotis alpestris Schm. Helianthemum alpestre DC. Gentiana verna L. f. alata G.G. Dryas octopetala L. Bartsia alpina L, Anthyllis Vulneraria L. Pedicularis verticillata L. Alchimilla alpina L, Calamintha alpina L. Gaya simplex Gaud. Phleum alpinum L. Sur la muraille de Chine : Poa alpina L. B. brevifolia G.G. Festuca Halleri All. Festuca glauca Schrad. Sur les rochers : Viola calcarata L. Galium anisophyllum Vil]. Gypsophila repens L. Rhinanthus minor Ehrh. ß. angustifolius GG. Trifolium pallescens Schreb. Pedicularis rostrata L. Saxifraga bryoides L, Festuca violacea Gaud. — muscoides L. $ lata G.G. Deschampsia flexuosa Griseb. 8. montana. Achillea atrata L. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869, XIX Aprés cet intéressant inventaire et avant de nous séparer, M. le comte de Nicolai nous offrit une bouteille de clairette de Die, qui avait passé l'hiver au chalet de Tricot. De grands doutes planaient sur sa qualité, mais ils furent vite dissipés : le bouchon sauta comme il l'eüt fait dans la plaine, et nous vidàmes son contenu, trouvé excellent, à l'avenir du jardin botanique de Tri- cot ! Puisse notre souhait cordial lui porter bonheur! Puissé-je quelque jour me faire, au chalet des Deux-Fréres, le guide de confréres, qui en reviendront j'en suis assuré, charmés, je dirai plus : enthousiasmés. APERÇU SUR LA FLORE DU JURA, pr M. ANDREE. Vous me demandez, Messieurs, quelques réflexions sur notre Jura, cett chaine que les botanistes francais ont voulu visiter cette année. Je ne sau rais résister à votre désir, parce que je tiens à donner à MM. les membres de la Société botanique un témoignage de reconnaissance de ce qu'ils ont bien voulu venir à nous, Jurassiens, et nous fournir l'occasion de faire connais- sance avec eux; — pour vanter en méme temps ce Jura, trop peu connu et trop peu apprécié, qui ne présente pas ces grandes lignes tracées dans l'hori- zon par les majestueuses cimes des Alpes et des Pyrénées, ces glaciers effrayants qui font sentir à l'homme sa petitesse, ces montagnes sombres inspirant une mélancolie que l'on n'éprouve pas sur nos riantes et vertes cimes, dans nos vallées fertiles et peuplées de villages industriels. La chaine du Jura, — qui a fourni au géologue comme une riche bibliothèque contenant les annales de notre globe dans une remarquable proportion, — la chaine du Jura commence dans la Franconie bavaroise, à la frontière de la Bohême et au pied des montagnes du Riesengebirge. Ces monts géants ont probablement protégé, à l'extrémité de la mer jurassique, le golfe dans lequel s'est déposé le calcaire régulier et fin des pierres lithographiques de Solenhofen et de Pappenheim. Cette partie du Jura, qui s'étend jusqu'au bord du Danube, quoique peu élevée et. beaucoup moins accidentée que le Jura occidental, est trés intéres- sante : une rivière paisible, l'Altmuehl, parcourt lentement sa principale vallée, l'Altmuehlthal, très-fertile et trés-peuplée de paysans riches et inteli- gents (1). Si je cite cette partie du Jura, c'est pour mentionner la derniere extrémité de notre riche chaine, et aussi pour faire remarquer la pente régulière que l'on peut constater de la Franconie au Reculet. Les cimes les plus élevées commencent, dans le canton de Soleure, par le Weissenstein et la Hasematte (144497); viennent ensuite le Chasseral (16127), le Chasseron (16117), le (1) Cest le vrai paysan de la Souabe : chapeau à trois cornes ; veste et gilet de ve- lours noir, à grands boutons d'argent; culottes noires et collantes de peau de cerf; bas blancs et souliers à grosses boucles. XX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mont- Tendre (16807), la Dóle (16787), le Crêt de la Neige (17237), et le Reculet (17207). Les cimes des cantons d'Argovie et de Schaffouse sont moins élevées ; en Franconie, le Jura ne forme que de hautes collines, comme le Gelbe-Gebirg près de Gunzenhausen, et le Hahnenkamm prés de Heidenheim. Citons en passant les carrières de Solenhofen, trés remarquables et d'une grande étendue : elles occupent tout un district où chaque commune exploite plusieurs carrières, dont les belles pierres lithographiques s'expédient dans le monde entier. Signalons aussi, en parlant du Jura bavarois, les quelques plantes qui dis- tinguent sa flore; ce sont, du reste, celles de la région inférieure du Jura suisse : l'Anemone Pulsatilla L., trés-abondant jusque dans les cantons de Schaffouse et d'Argovie, tandis qu'il est rare dans le Jura francais; les Poly- gala Chamæbuxus, Galium glaucum, Thesium linifolium et rostratum, Alyssum montanum, Pedicularis Sceptrum carolinum (des marais), Saxi- fraga granulata, Stipa pennata (des bords du Danube), etc. De la Franconie, aprèsavoir parcouru une partie de la Bavière, du Wurtem- berg et de la Suisse allemande, c’est-à-dire les cantons de Schaffouse, de Thurgovie, Argovie, Soleure, Bâle et Berne, la chaine du Jura se termine par le Jura de la Suisse romande et de la Bourgogne, presque aux confins des Alpes du Dauphiné. C'est à cette dernière partie, la plus élevée et la plus intéressante, que nous alions nous arrêter un moment. Son aspect, vu de la plaine ou des Alpes, est assez uniforme. Il présente un do: peu accidenté : aussi l'étranger se sent-il peu attiré par cet ensemble qui parait ne renfermer rien de remarquable, c'est une grande illusion : le Jura recèle des gorges profondes et des roches escarpées, de magnifiques forêts de hétres et de sapins, arrosées de cours d'eau limpide et peuplée de truites exquises. Ses vallées fertiles présentent de riants et riches villages, où habite une popu- Jation intelligente et laborieuse, et ses cimes, d’où l'on découvre de magiques panoramas, sont en grande partie couvertes d'une végétation luxuriante, ren- fermant de vrais trésors pour le botaniste. Les vents de l'ouest et du midi aménent fréquemment des nuages qui suivent de préférence la chaine centrale, de telle sorte que, tandis que la sécheresse règne dans la plaine, la montagne reste verte et fraiche. Ses foréts abritent de magnifiques Fougeres et surtout des couches épaisses de Mousses diverses, parmi lesquelles les Hypnum splendens et triquetlum jouent un róle trés-important, selon nous. Les puissantes couches de ces végétaux hydrophiles, couvrant le sol de la forêt et les parois des rochers, retiennent l'eau des longues pluies et aident Srandement à préserver les vallées des inondations. Elles contribuent en outre à imbiber modérément un sol, qu'elles entretiennent léger et ouvert, SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XXI et maintiennent ainsi le cours régulier des sources de la vallée. De plus, la Mousse retient aussi les graines des arbres forestiers et en protége la germina- tion et le premier développement contre le froid et d'autres influences perni- cieuses. A mon avis et d'après mes observations, les Mousses retiennent une plus grande quantité d'eau que les arbres d'une forêt de méme étendue; et si, pour exister, la Mousse a besoin de l'ombrage de la forêt, je crois que le rôle de l'humble plante a au moins autant d'importance que celui de l'altiere futaie. Partout donc où l'on songe au reboisement, on devrait en même temps s'oc- cuper de prévenir la destruction des Mousses. Arrivons à la végétation : la flore du Jura me semble pouvoir se diviser en quatre régions assez bien tranchées : 1° Région méridionale ou de la plaine; 2° — moyenne ou des collines ; 3^ — alpestre; h° — alpine. Pour développer maintenant ces quatre régions, prenons un des points cul- minants de la chaine centrale, le Chasseron, et pour point de départ Neuchátel. Neuchátel, déjà placé dans la région méridionale, cultive la Vigne, dont les produits doivent leur qualité renommée au calcaire néocomien sur lequel elle croit. Nous y voyons en outre le Figuier, l'Amandier, le Pécher, le Chà- taignicr, et une infinité de plantes du midi cultivées en pleine terre, telles que le Generium argenteum, le Ricin, le Cyprés, le Laurier-cerise, etc. Au bord du lac et dans les fossés croissent les Vufar luteum et album, Lysimachia thyrsiflora, Gratiola officinalis, Glaucium luteum, Hydroco- tyle vulgaris, Hydrocharis Morsus rane, Sagittaria sagittifolia, Viola sta- gnina, Spiranthes æstivalis, Leucoium æstivum, Limosella aquatica (à l'île Saint-Pierre, où Jean-Jacques Rousseau a fait de la botanique), etc. On trouve de méme, aux rochers de Cornaux, le Lilium bulbiferum, et près de Saint-Blaise, quelques belles Orchidées : Anacamptis pyramidalis, Loro- glossum hircinum, Aceras anthropophora ; puis le Melica ciliata, V [ris ger- manica, elc. Au-dessus des vignes, vient une forét de pins silvestres, de chénes et de Hétres, d’où l'on pénétre dans les gorges de l'Areuse. Les deux principales espèces de Pins sont le P. Abies et P. Picea les plus grandes richesses du Jura ; on y trouve aussi, mais mélangés en moindre quantité, des Erables, des Frénes et des Saules. Sur les rochers, on peut récolter : Prunus Mahaleb, Amelanchier vulga- ris, Coronilla Emerus, Taxus baccata, lex Aquifolium, Lactuca perennis, Coronilla montana, Epilobium Dodonæi, Saponaria ocimoides, Rosa pim- pinellifolia, Melittis Melissophyllum. Au pied du mont Boudry, nous trouvons le Pinguicula alpina, et dans XXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les majestueux rochers de la Tourne, les Dap/me alpina et Polygala Chame- buxus. Mais tout cela est peu en comparaison des richesses que renferme le Creux du Vent, cet immense rocher circulaire que visitera la Société botanique, et dont nous ne dirons rien. Signalons seulement en passant sur le rocher qui entoure le petit village de Noiraigue, l'Andryala lanata (que j'y ai trouvé il ya trois ans), les Carex humilis et gynobasis, Y Orobanche Laserpitir, etc. A Fleurier, nous trouvons : Cerinthe alpina (trés-commun près du pont de la Roche), Daphne alpina, Thalictrum minus, Hieracium Jacquini, H. amplexicaule, H. glaucum, Athamanta cretensis, Thlaspi alpestre et Th. montanum, Gentiana acaulis, Saxifraga Aizoon, Rubus saxatilis, Ses- leria cærulea, Malva moschata, Rumex scutatus, Crocus vernus, Narcissus poëticus, Polemonium cæruleum, et dans la vallée de Saint-Sulpice, le Cen- tranthus angustifolius. Ici finit, à environ 700 mètres d'altitude, la région moyenne du Jura. Nous rencontrons à mi-cóte, en montant au Chasseron, le Gentiana lutea, qui indique sûrement la région alpestre. Puis viennent : Arabis alpina, Alchi- milla alpina, Saxifraga rotundifolia, Veronica urticifolia. Dans les pâturages, clairsemés de petits bouquets de bois, nous trouvons : Adenostyles albifrons et A. alpina, Epilobium montanum, Petasites albus, Homogyne alpina, Bellidiastrum Michelii, Tozzia alpina, Polypodium alpestre, Senecio Fuchsii, Mulgedium alpinum, Aconitum Napellus et A. Lycoctonum, Rosa alpina, Polygonum viviparum. Plus haut: Bartsia alpina, Orchis albida, Hieracium aurantiacum (décou- vert le 16 juillet dernier), H. villosum, Hypericum Richeri. En approchant du sommet, nous trouvons encore : Arenaria grandiflora, Androsace lactea, Dryas octopetala, Lycopodium Selago et L. alpinum, que l'on ne trouve pas ailleurs dans le Jura, Selaginella spinulosa, Bupleu- rum ranunculoides, Anemone narcissiflora et A. alpina, Veratrum album, Phleum Michelii, etc. Nous sommes snr le sommet da Chasseron, d’où l’on découvre toutes les cimes jurassiques, de la Dôle au Weissenstein, la Bourgogne et tous les défilés du Jura. Aussi les Romains y avaient-ils établi une vigie, dont on trouve encore quelques traces avec des poteries et des monnaies. De là, on pouvait avertir, à l'approche d'un danger, les postes d'Aventicum, Ebrodunum et Urba. Nous voyons, au-dessus de Pontarlier, le Gros- Taureau, sommité assez remar- quable, où se trouvent : Hieracium glabratum, H. monticola, Lathyrus heterophyllus, Blechnum Spicant. Dans la vallée voisine de la Brévine, on peut récolter : Daphne Cneorum, Orobus canescens, Viola lutea (une variété du V. tricolor ?). Plus à droite, dans la vallée du Locle: Fritillaria Meleagris et Streptopus amplexifolius. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XXIII A l'est, au-dessus de Soleure, c'est le Rôthifluh, où croissent les Primula Auricula et Erinus alpinus. Sur le Chasseral, un peu plus près, j'ai trouvé, en 1834, le Rhododendron hirsutum; on y rencontre encore : Pedicularis foliosa, Daphne alpina. Du côté de l'ouest, on voit la Dóle, le Mont- Tendre, la Dent-de-Vaulion, eic. La flore de ces sommets est la méme que celle qui nous entoure, sauf quelques plantes rares qui paraissent provenir des Alpes de Dauphiné; telles sont : ` Ranunculus Thora, Saxifraga oppositifolia, Rhododendron ferrugineum, Gentiana glacialis (Mont-Tendre), Soldanella alpina, Linaria petræa, Linum alpinum, Veronica aphylla, Antennaria dioica, Androsace villosa. Toutes ces dernières plantes appartiennent à la quatrième région que j'ai nommée alpine. Z£les sont pour la plupart erratiques. La vraie flore de notre Jura est celle de la région moyenne et alpestre. Possède-t-elle un cachet par- ticulier? Je laisse à d'autres le soin de le décider. La plupart de nos plantes se rencontrent sur des sols différents, à la méme hauteur et à la méme latitude. Voilà ce que nous pouvons offrir aux botanistes qui voudront bien venir nous visiter. Voilà les richesses de notre Jura. J'ajouterai cependant les raretés de nos marais tourbeux, qui, au milieu des Saules variés, des Carez souvent fort rares, des Potamogeton et des Utricularia, nous donnent les Betula nana, Scheuchzeria palustris, Swertia perennis et Saxifraga Hirculus. Et la séance est levée à une heure et demie. Aprés l'herborisation, qui a suivi cette séance, un banquet pré- sidé par M. Grenier et oü n'a cessé de régner la plus franche cor- dialité a réuni à l'hótel de la Poste les botanistes présents à la session. SÉANCE DU 16 JUILLET 1569 PRÉSIDENCE DE M. REUTER, VICE-PRÉSIDENT HONORAIRE. La Société se réunit à neuf heures du matin au village du Pont (canton de Vaud, Suisse), sur le penchant d'une colline ombragéc de sapins. E Lecture est donnée du procès-verbal de la séance précédente, dont l'adoption est prononcée. | M. Armand Peyre, secrétaire, donne lecture des documents sui- vants : XXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR LE PHILYDRUM LANUGINOSUM R. Br., pr MI. C. HASSKARL. Cléves (Prusse rhénane), 7 juillet 1869. Quoad generis characterem hujusce plante confer Willd. Sp. I, 2, 45 ; Vahl Znum. I, 2, 9; R. Br. Prodr. Flor. Nov.-Holl. Y, 264 (120); Lam. Jil. tab. 4; Poir. Enc. bot. V, 269 ; Rœm. et Schult. Syst. veg. I, 6, 30; Spreng. Gen. I, 9, 27; Dietr. Spec. I, 82, 15; Endl. Gen. n.. 1061 ; Dietr. Syn. I, 2, 25; Kunth Znum. II, 380 ; Steud. Glum. H, 344; Miq. Flora Ind. bat. III, 250. Ab omnibus fere auctoribus filamenta basi connata dicuntur, qui sane perigouii foliolo externo inserta sunt, sed plane libera, uti jam R. Br. l. c. addito verbo : « quandoque » indicaverat. — Hetæria Endi. ob placentam centralem filiformem dein liberam antheræque loculos reniformes mihi genus sufficienter diversum videtur (cf. Endl. Gen. n. 1062, Kunth /. c.).— Kunthius l. c. in descriptione speciei germen uniloculare dixit, forsan haud immerito, nam placentz 3 bilobæ lobis recurvis inter se haud cohaerent. — Cf. Gar- ciana Lour. FT. coch. ed. Willd., 19, virt, cum nota Willdenowii. Quoad speciem conf. Garciana cochinchinensis Lour. o. c. 20,1, ubi autem (uti apud Poir. l. c. ; Willd. Sp. I, 17,1; Vahl Enum. I, 9,1; Rœm. et Schult. Syst. veg. Y, 38, 1) folia crassa dicuntur, dum nostra cum foliis Z'ypharum et /ridearum conveniunt (R. Br. Prod., l. c., Rœm. et Schult. Syst. veg. Mant. I, 5h); flores bractea brevi suffalti (spatha Willd. Z. c.) sessiles di- cuntur (R. Br.) indeque spicati (Ræm.et Schult. o. c. I, 38; Spreng. o. e. I, 18; Vahl, Lour., Kunth), breviter pedunculati (Poir. /. c.), et imo pedunculati (Willd.), quam ob rem hic inflorescentiam racemosam laudat; in nostris speciminibus semper sessiles sunt. Filamentum pariter apice recurvum dicitur, quod in siccis semper erectum vidi; sub anthesi autem alio modo forsan se habet, post anthesin fructui arcte adpressum videtur. Capsula pariter haud compressa est. Cf. Vahl Z c.. Nostra specimina cum descriptione Willdenowii (Zn. hort. berol.) plane quadrantuti et Hornemanni (żort. Hafn. Y, 6 in Rœm. et Schult. Syst. veg. I, 38, 1 Obs.). Diagnosis Linkii (Eum. alt. 1, 5, ex Rem. et Schult. Syst. veg. Mant. Y, 5^) foliis pubescentibus differt ; descriptio Loddigesii in Bot, Mag. tab. 783 (sec. Rœm. et Schult. /. nunc citato) scapo altiori (4-ped.) superne ramoso, bracteis dein reflexis. Eam ob causam R«mer et Schultes addunt : Judicent ergo de speciebus sub « lanuginoso » latentibus, qui plantas sub hoc nomine latentes viderint.— A. Dietrich (Spec. T, 83, 1) descriptionem Lod- digesii abbreviatam offert. — Deficientibus speciminibus e locis diversis haud audeo nostram a planta australi et cochinchinensi separare; — cf. Miquel /. c. — Planta Cumingiana n° 2345, in indice nomine PA/lydri lanuginosi in- scripta, folium praebet et apicem caulis floriferi, nec certus sum an revera eadem SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XXV sit ac planta Brownii aut Loureiri, — In herbario palatii vindobonensis notata fuit : Tradescantia furcata. Descriptio. — Folium angustum, ensiforme, lineare, longe acuminatum, basi paulo angustius, 18" longum, medio 6"', basi 5'' latum, longitudinaliter parallele nervoso-striatum, nervis apice confluentibus (inter nervos 11 prin- cipales, nervi 2-3-4 tenuiores observantur), glaberrimum et margine nec pilis nec dentibus instructum, basi leviter conduplicatum, marginibus tenuibus ; summum florale subconforme, minus tamen, 10-11" tantum longum, a basi ad medium fere conduplicatum, ibique latius, 6'"' latum, pedunculum amplectens, medio 4"' latum, ad margines baseos pilis tenuissimis albidis floccoso-ciliatum ; pedunculus erectus, strictus, pedalis, bracteatus, spi- catus, cum bracteis albido-floccosus (nec lanuginosus), teres; bracteæ di- stantes 1-flore, ima foliiformis major, superiores sensim minores, erectæ aut erecto-patentes , ima e basi lata complicata, florem fovente, longe acuminata, 21"' longa, basi bis 3'"' lata, reliqua basi minus conduplicatæ, naviculares, ovate, acuminate, 4” late, 12"' longe; summae breviores minus longe acuminatæ, 8-6'"' longa, dorso et imprimis basi ad nervum medium et ad margines albido-floccosæ, supra (id est facie interna) gla- bra. Flores in axilla bractez cujusque solitarii, sessiles, eaque breviores et ab ea suffulti : perigonium diphyllum, persistens, corollinum, in sicco albidum ; foliolum bracteæ oppositum majus obovatum, basi cuneatum , apice acutum, 6'" longum, medio 3"' latum, margine tenuissimo dein inflexo, dorso pilis albidis longis antrorsum adpressis tectum, intus glaberrimum, luci- dulum, nervis robustioribus, in sicco intensius coloratis percursum ; alterum huic oppositum, multo minus, 3 1/2"' longum, 2"' latum, ovale, basi leviter attenuatum, dorso pariter pilis longis obtectum, supra lave. Stamina huic foliolo inserta 3, quorum 2 sterilia ad latus utrumque folioli collateralia, petaloi- dea, tenuissima, albida, lineari-spathulata, 3!" longa, sub apice vix 4” lata, àpice ipso acuta, obsolete dentato-sinuata, nervo medio robustiori cum 2 col- lateralibus percursa, ad basin dorso pilis longis rectis obsita ; intermedium tertium robustius fertile erectum paulo tantum longias quam collateralia ste- rilia; filamentum complanatum, e basi 1" lata sensim apicem versus attenua- tum, 3" longum, nervo medio robustiori lutescenti percursum, cæterum ad mar- gines albidum; anthera terminalis erecta, primo capitulum conferruminatum referens, dein cordatum,acutum cochleare, loculis ad latus utrumque spira/iter tortis, dein per totam longitudinem dehiscentibus ; pollen flavum copiosum ; connectivum brunneum (in sicc. ) transverse semilunare, ad terminos utrinque obtusum. Germen sessile, ovatum, filamento fertili brevius, totum pilis erectis albidis densissime obtectum, 3- loculare; gemmulæ in loculis o» ; stylus ter- minalis erectus, germine ipso longior, filiformis, 2" longus, apice dilatatus ; Stigma capitato-peltatum. Capsula trilocularis obovato-oblonga, pilis adpressis dense obsessa, erecta, apice stylo reflexo parieti externo adpresso, ita ut stigma antheram tangat, coronata, 6"" longa, 2 1/2" crassa; pericarpium membra- XXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. naceum tenue 3- valve : valve in linea media septiferae ; septum placentæ bilobæ recurvæ adnatum (nec uti in Lam. 7//. tab. 4, sub d est delineatum); placentæ 3 inter se [dein ?] liberae, Semina copiosa, fusca, minuta, cum figura in Bisch. Zerminoi. n° 1883 plane congruentia. Caet, vide Kunth £num. HI, 380, 1; R. Br. Prod. l c. Obs. L EXCURSION AU VIGNEMALE, LES 47 ET 18 AOUT 1868, pr M. DERUELLE . Un de mes amis M. Delaverriére et moi nous nous étions proposés, desle début de notre voyage, de faire une excursion au Vignemale, le plus haut sommet des Pyrénées françaises. Lors de la séance tenue par la Société botanique le 17 août, à Cauterets, nous n'avions pas entendu décider sans regrets que l'on irait le len- demain à Saint-Sauveur et à Gavarnie en voiture par Pierrefitte, au lieu de se diriger par le col de Rieux, ainsi que le portait originairement le programme. Une promenade aussi longue en voiture avait pour nous peu d'attrait; tour- mentés du désir de réaliser notre projet, bravant la persistance de la pluie, nous nous décidâmes à tenter notre excursion au Vignemale, avec d'autant plus de raison que nous espérions, dans tous les cas, rejoindre le lendemain la Société à Gavarnie. Nous nous assurons donc d'un guide pour le 18, au matin, et nous quittons Cauterets vers quatre heures pour aller coucher au lac de Gaube; passant devant l'établissement de la Raillière et les autres sources du groupe du sud de Cauterets, nous montons la gorge du gave du Marcadaou à travers un défilé des plus pittoresques ; nous remarquons la cascade du Cérisey que nous ren- controns à notre droite ; plus loin, celles du Pas-de-l'Ours et de Roussés ; nous recueillons : Sambucus racemosa L. , Solidago Virga aurea, Aspidium aculea- tum. La cascade écumante du Pont-d'Espagne excite en nous un surcroît d'admi- ration; elle est formée par le gave de Gaube, qui se réunit un peu plus bas au gave dú Marcadaou. Abandonnant à droite le Pont-d'Espagne, nous prenons le sentier rapide qui contourne les ressauts du gave ; l'heure qui s'avance et le mauvais temps ne nous permettent pas d'herboriser; nous montons près d'une heure à travers les rochers, au milieu des sapins ; nous laissons à regret un plateau marécageux où la végétation permettrait de faire une intéressante her- borisation, et gravissant une dernière pente, nous atteignons vers sept heures le lac de Gaube (1788 métresau-dessus de la mer). Nous soupons à son auberge avec les excellentes truites dont le lac abonde. Le froid glacial de la soirée nous fait espérer une belle journée pour le lendemain. Le 18, à cinq heures, nous sommes sur pied, le guide est déjà arrivé (il se nomme Jean Sarrettes, et nous le recommandons aux touristes pour son obli- geance infatigable et son expérience des passages difficiles), le soleil levant semble vouloir nous récompenser de notre confiance. Notre guide se charge de provisions pour le déjeüner, car nous ne devons plus trouver d'habitation qu'a Gavarnie. Notre excursion commence par la traversée du lac de Gaube SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869, xxvii (dont la longueur est de plus de 1000 métres); nous débarquons sur une pelouse garnie de quelques sapins et arrosée par le gave du Gaube; au loin se dressent les quatre pitous du Vignemale, dont le plus haut (la Pique longue) a 3368 mètres d'élévation; à l'est, les monts Pechmeya et la Palonniére de Gaube; à l'ouest, les pics de Gaube et de Peyrot. Dans les rochers, de nombreuses Fougères, notamment : Cystopteris montana, Allosorus crispus Bernh., par- tout le Rhododendron ferrugineum L. en fruits. Nous suivons le bord du gave et tout en admirant la cascade du Splumouse, nous recueillons : Saxifraga aquatica Lap., S. moschata Wulf., S. capitata Lap. Dans le vallon immédiatement supérieur à la cascade : Myosotis alpestris Sch., Veronica Chamædrys L., V. officinalis L., Hypericum Burseri Spach, Erinus alpinus L., et continuant notre ascension en longeant toujours les rives du gave, que nous traversons ici, nous arrivons au second vallon, dont les endroits humides nous donnent : Crepis pygmæa. Hutchinsia alpina. Veronica alpina. Calamintha alpina. Linaria alpina. Alchimilla vulgaris. Saxifraga Aizoon. Partout dans les pâturages : les Merendera Bulbocodium Ram. abondent. Aprés ce vallon, un troisième ressaut que nous traversons nous fournit : Sideritis alpina. Dianthus deltoides. Artemisia Mutellina. Thesium pratense. Phleum alpinum. Veronica Ponæ. Armeria alpina. Et sur le plateau qui succède, nous rencontrons : Thymus Chamædrys. Cerastium trigynum, Gnaphalium uliginosum. Geranium aconitifolium. Cirsium glabro-monspessulanum. Paronychia serpyllifolia. Le dernier ressaut est enfin franchi, son plateau est couvert de débris de rochers calcaires et granitiques ; nous sommes au pied des cimes du Vignemale; il est dix heures et demie; nous faisons une halte pour déjeûner ; le gave, à sa naissance, forme au milieu da granit de nombreux bassins, qui font croître à nos pieds : asperula hirta. | Saxifraga bryoides. alium pumilum. ilene bryoides. Anthyllis montana. | Polygonum viviparum. Lycopodium Selago. Continuant notre excursion, nous recueillons encore dans les endroits maré cageux : Erigeron alpinus. Anthemis montana var. Linnæana. Phyteuma hemisphæricum. | Angelica pyrenæa. Heleocharis palustris. Carex decipiens. XXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Un peu plus loin, Gentiana campestris L. et ses variétés uniflora et nana (Gentiana alpina Vill.), et G. nivalis L., puis Silene rupestris L. et Arena- ria purpurascens Ram. Nous entreprenons bientôt l'escalade des derniers escarpements du Vigne- male, les pentes ardues se succédent, les fragments de rochers s'éboulent sous nos pieds, nous gagnons les moraines d'un glacier que nous traversons péni- blement au milieu des névés, de nouvelles pentes rocheuses se présentent encore et sont gravis à leur tour jusqu'à la créte qui sépare l'extrémité des pointes. Pendant tout ce trajet, aucune végétation ne s'est offerte à nos yeux. Arrivés au point culminant de notre ascension vers deux heures, nous faisons une seconde halte pour recueillir entre les crevasses le Sedum atratum comme dernier effort de la végétation. C'est alors que se déroule à nos yeux un panorama gigantesque : à nos pieds, l'immense nappe du glacier de Montfera, autour, un cercle d'abimes sans fonds, plus loin, des vallées sombres et profondes, à l'horizon et tout autant que la vue peut s'étendre, un chaos de montagnes, de pics immenses dressés, d'un aspect tellement sauvage et grandiose à la fois, qu'aucun laugage ne peut l'exprimer parfaitement. Nous donnons une heure à la contemplation de ces merveilles et au repos nécessaire, puis nous descendons au milieu de fragments de pierre et de rochers, en traversant le territoire espagnol ; viennent ensuite deux glaciers, dont les masses congelées forment comme un pont naturel au-dessus des eaux du gave qui s'engouffrent dans leurs pro- fondeurs, la végétation recommence à paraître, nous recueillons encore : Betonica Alopecuros. Iris xyphioides. Astrantia minor. Geranium cinereum. Arrivés dans la vallée d'Ossone, arrosée par le gave du méme nom, nous retrouvons en grande abondance dans les pâturages le Bulbocodium. Mais l'heure qui s'avance et les nuages qui menacent, nous imposent l'obli- gation de cesser notre herborisation. Nous suivons toujours le gave d'Ossoue pour gagner un petit bois de Noisetiers, que nous traversons bientôt après pour apercevoir Gavarnie; sur les bords, nous récoltons cependant encore: Aconitum Napellus et A. Anthora. Et nous arrivons à sept heures, en apprenant à grand regret que la Société aquitté Gavarnie depuis une heure pour retourner à Cauterets. M. Timbal-Lagrave signale comme une plante critique du Vigne- male le Serratula macrophylla, qui probablement se rencontre aussi à Malibierne prés Luchon, et que M. Loret regarde comme le S. alpina. M. Reuter dit qu'il considére aussi le S. macrophylla comme une espéce légitime. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XXIX Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la Société : LE RÈGNE VÉGÉTAL COMPARÉ AU RÈGNE ANIMAL, par MI. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Les caractères des étres organisés dont l'ensemble constitue le règne végétal et le règne animal peuvent se résumer en uu seul mot, la vie. — Tandis que les corps inorganiques (les minéraux) ne s'accroissent que par agrégation, et que leurs espèces ne sont que des dépôts inertes divisibles en fragments, les corps organisés, ou corps vivants, sont des êtres actifs, divisibles en orga- nes, composés de tissus qui s'accroissent par assimilation, et dont les espèces sont constituées chacune par un groupe d'/ndividus qui se multiplient et se succédent par voie de génération. L'assimilation est ce phénomène mystérieux en vertu duquel un corps orga- nisé ou vivant s'accroit ou se renouvelle (se nourrit) en méme temps dans tous les points de sa substance. Sous l'influence de cette force puissante, les molécules constituantes d'un corps organisé ne sont jamais (du moins pendant ses périodes d'activité) toutes en repos; ces molécules sont puisées au dehors, déposées dans les tissus, puis expulsées par un mouvement indéfini de circulation. Les êtres organisés se nourrissent, s'accroissent, se multiplient ; ils présentent chacun, non-seulement des formes spéciales, mais un volume déterminé. L'es- péce s'y compose d'individus complets, lesquels se reproduisent ordinairement semblables (par génération); l'ensemble des espéces constitue le monde des êtres organisés. — Le monde des êtres organisés comprend deux grands règnes parallèles : le règne (ou monde) végétal et le règne (ou monde) animal. Les naturalistes se sont généralement appliqués à faire ressortir les différences essentielles qui caractérisent ces règnes; je me propose, au contraire, dans cet examen sommaire, d'insister sur les analogies et les similitudes qu'ils pré- sentent, tant daus les formes de leurs organes ou de leurs appareils que dans les fonctions physiologiques, dont l'ensemble constitue, soit la vie animale, Soit la vie végétale. Les fonctions physiologiques exécutées par les organes ou appareils dans la série des espèces de tous les êtres organisés (végétaux et animaux) s'exécutent sous l'influence du principe d'action désigné, tantôt sous le nom de force vitale, tantôt sous le nom de force de linnervation. — L'appareil de l'inner- vation offre d'autant plus de développement, qu'on l'observe dans les classes les plus élevées de l'échelle du monde organique (chez les animaux supé- rieurs, il se compose de l'encéphale ou cerveau, et de ses annexes et dépen dances; plus, du système ganglionnaire [grand sympathique], annexé lui-même au précédent, et qui préside aux fonctions de la vie dite, chez les animaux, végétative). L'appareil de l'innervation, si complet et si développé dans l'embranchement XXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des animaux vertébrés, s'affaiblit déjà, comme importance, daus les classes infé rieures de cet embranchement; trés-complexe encore cependant. chez les arti- culés et les mollusques, il se simplifie de plus en plus chez les rayonnés, et devient assez vague chez les microzoaires. Dans le règne végétal, les lois de l'analogie nous portent à admettre que l'ap- pareil de l'innervation (très-affaibli déjà dans les classes inférieures du règne animal) tend à s'effacer, mais qu'il en subsiste cependant des traces, et que cet appareil, très-simplilié, trés-raréfié, si je puis m'exprimer ainsi, existe encore virtuellement. — En effet, les fonctions de la vie végétative (fonctions de respiration, d'assimilation, d'ovu/ation) présentent dans les deux règnes, non pas seulement des ressemblances apparentes, mais de la similitude et presque de l'identité, et l'on doit étre, par conséquent, porté à admettre que, dans les deux régnes, un méme agent physiologique met en jeu les mémes fonctions vitales. — On pourrait, je suppose, se représenter l'appareil de l'innervation chez les végétaux comme un système ganglionnaire, u» grand sympathique à l'état plus ou moins latent ; latent pour les observateurs, mais constitué très- probablement, soit par des courants liquides, soit par des tissus solides dont nous pouvons connaitre les formes sans avoir pu encore en constater l'action sur la mise en jeu des fonctions. Dans le règne animal, les fonctions d'assimilation comprennent : absorption, digestion, sécrétion, nutrition, circulation et respiration. A ces fonctions $'a- joutent celles de la reproduction, et enfin les fonctions de locomotion ou de mouvement volontaire (fonctions de relation). — Signalons les dissemblances, mais surtout les analogies ou ressemblances qui existent pour chacune de ces fonctions dans le règne animal et dans le règne végétal. La respiration des animaux supérieurs a lieu dans l'air par des poumons, tubes très-ramifiés, à ramifications groupées en masses et terminées en très- petites cellules; dans ces cellules, l'air inspiré se trouve en rapport, à travers l'épaisseur d'une trés-mince membrane, avec le sang veineux apporté par les veines pulmonaires, et qui, par cette action, est transformé en sang artériel (en d'autres termes, chez les animaux, le sang se dépouille, par l'acte de la res- piration, d'un excès d'acide carbonique qu'il rapporte des diverses régions du corps, et s'enrichit d'une nouvelle quantité d'oxygène); le sang ainsi revivifié, emporté par le réseau artériel, va dans toutes les régions du corps fournir de nouveaux matériaux à la nutrition. — L'appareil respiratoire des animaux qui vivent dans l'eau présente une autre forme: les vaisseaux sanguins rampent SUE des membranes extérieures en contact avec le liquide contenant de l'air (cet appareil respiratoire a recu le nom de branches). — Chez les animaux inféricurs (insectes, annélides, etc.), les tubes respiratoires sont moins ramifiés ; ils sont distants entre eux ou isolés (ils ont reçu le nom de #rachées). Si ces animaux vivent dans l'eau, ces tubes remplissent les fonctions des branchies, et se pro- longent souvent au dehors sous la forme de pinceaux. La respiration chez les végétaux a lieu par un mécanisme analogue , mais les SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XXXI organes en sont plus simples. Ces organes respiratoires, qui ont recu le nom de s{omates (du mot grec oróua, bouche), se composent d'une multitude de petites chambres à air situées sous l'épiderme des feuilles, Chacune de ces chambres ou lacunes est mise en communication avec l'air extérieur au moven d'une petite ouverture laissée entre deux cellules d'une forme spéciale et dont le rapprochement constitue dew lèvres. C'est dans ces petites bouches que l'air se met en rapport, à travers les parois cellulaires, avec les liquides séreux qui exhalent (pendant la durée du jour) un excès de gaz oxygène, et absorbent en revanche une certaine quantité d'acide carbonique. L'opération chimique inverse à lieu dans le règne animal : admirable échange entre les êtres des deux règnes, car c'est de cet échange incessant que résulte l'équilibre de composition de l'air respirable qui constitue l'atmosphére terrestre. Les fonctions de nutrition et de circulation sont trés-complexes dans le règne animal. Elles se composent: 1? de l'acte volontaire de la déglutition, et de l'intro- duction de substances alimentaires liquides ou solides dans une cavité spéciale, l'estomac ; 2° de fonctions physiologiques qui ne sont pas sous la dépendance de la volonté, savoir : la digestion ou réduction des matières alimentaires intro- duites dans la cavité digestive en diverses substances, dont une partie est rejetée comme inutile, et dont l'autre partie, propre à étre assimilée, est portée par les vaisseaux absorbants (dits vaisseaux lymphatiques) dans la masse du sang ou liquide nourricier, que le système vasculaire (vaisseaux veineux et artériels) dis- tribue dans toute la trame organique (les substances alimentaires sont ainsi trans- formées en liquide nourricier dans le tube digestif : l'estomac, ses dépendances intestinales et leurs annexes) au moyen de liquides particuliers, sortes de réac- tifs, fournis par plusieurs organes sécréteurs : glandes salivaires, foie, pan- créas, etc. ; et aussi à l'aide d'une sorte de trituration et de coction à un certain degré de température. Les matières alimentaires sont ainsi réduites et transfor- mées en diverses substances dont une partie est rejetée comme inutile, et dont l'autre partie, propre à être assimilée, est portée par les vaisseaux absorbants (ou lymphatiques) dans la masse du sang (ou liquide nourricier), que le système vasculaire (artères, veines et vaisseaux capillaires) distribue dans toute la trame organique. — Ce système vasculaire constitue à lui seul un appareil dont un organe central, le cœur, par une série de contractions et de dilatations alterna- tives, lance, par les tubes artériels, le sang révivifié par l’acte respiratoire, dans toutes les parties de l'organisme, et aspire par les tubes veineux le sang épuisé, qu'il renvoie au poumon pour y subir de nouveau l'influence de l'air. — Ce double système digestif et circulatoire (de méme que les autres systèmes de l'orga- nisme) se simplifie et s'affaiblit, de degré en degré, dans les classes inférieures de la série animale, jusqu'à ces productions ambigués, intermédiaires, hésitantes entre les deux règnes, où les organes de la digestion et de la circulation parais- sent manquer absolument ; productions qui ne sont plus que des masses presque homogènes, dont les fonctions paraissent réduites aux phénomènes d'absorption et d'assimilation, et chez lesquelles des mouvements de translation spontanés, capricieux, volontaires, décèlent seuls la nature animale. XXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les fonctions de nutrition et de circulation paraissent être d'une simpli- cité beaucoup plus grande chez les végétaux que chez les animaux ; elles nous sont encore cependant moins connues. — Les végétaux n'ont pas de cavité digestive, d'estomac, d'intestin : aussi ne peuvent-ils pas absorber d'aliments solides; ils n'absorbent que 'de l'eau tenant ou non diverses substances en dis- solution. Cette eau s'introduit par l'extrémité des racines, d’où elle monte dans le corps des racines, puis dans la tige, les branches, les rameaux et les feuilles. Les forces qui déterminent l'ascension de l'eau dans toutes les parties de la plante sont : l'endosmose et la capillarité (l'attraction s'exercant dans des conditions particulières) ; l'action exhalante des feuilles produit aussi, pendant certaines périodes de la végétation, une sorte de succion qui facilite le mouve- ment d'ascension de l'eau. — Les liquides ascendants, arrivés dans les feuilles, y subissent l'action de l'air au moyen des petits, mais innombrables, organes stomatiques, et cet acte respiratoire les charge d'une certaine quantité de carbone; puis, ainsi modifiés, et sans doute concentrés par l'évaporation ou exhalation, les liquides passent à l'état de séve. La séve fournit la substance de l'accroissement des feuilles et du prolon- gement qui s'étend au-dessous de leur point d'insertion, et qu'on nomme décurrence. L'ensemble de ces décurrences constitue, en grande partie, l'axe du jeune rameau (bourgeon développé), et accroissent, de haut en bas, son dia- metre. La substance séveuse, à l'état de liquide gélatineux, continue à descendre a l'intérieur des branches, puis de la tige principale et des racines, entre le bois et l'écorce, oü elle forme d'abord (chez les tiges dicotylées) une couche muci- lagineuse unique (cambium) qui ne tarde pas à s'organiser en deux couches distinctes. L'une de ces deux couches (la plus profonde) s'ajoute au bois précé- demment formé, et offre la méme structure que lui (c'est la couche externe de l'aubier); l'autre couche (partie externe de la masse gélatineuse de la séve descen- dante) s'ajoute à la face interne de l'écorce, et présente la méme structure que la couche d'écorce qui l'a précédée (c'est la couche interne du liber).— Si nous commencons à connaitre l'emploi définitif des substances séveuses, dans l'éco- nomie végétale, nous devons avouer que nous n'avons encore que des notions trés-peu précises sur le mécanisme des fonctions de nutrition ou de circulation qui peut appartenir à chacun des divers tissus végétaux. Ces tissus se composent de la réunion de petits organes, dits organes élémentaires, parfaitement étudiés et assez bien connus au point de vue de leurs formes spéciales et de leurs situa- tions relatives (cellules de formes diverses, fibres ou clostres, trachées dérou- lables, vaisseaux ponctués, vaisseaux ravés, vaisseaux scalariformes, vaisseaux laticiferes, etc. ). Il est hors de doute, cependant, que ces organes, de formes dif- férentes, sont affectés chacun à un usage physiologique spécial. L'avenir réserve sans doute à nos continuateurs la solution de ces intéressants problèmes (1). . (1) Nous ne pénétrons pas, relativement, beaucoup plus avant daus la connaissance intime des actes de la physiologie animale. Nous savons bien que les glandes salivaires sécrétent la salive, le pancréas le suc pancréatique, le foie la bile, etc., et que ces liquides jouent un rôle important dans Ja digestion ; nous connaissons, grâce au microscope, l'admi- SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XXXIII Fonctions de reproduction. — Il semble que la forme embryonnaire de l'individu se rattache, dans le vaste ensemble des deux règnes organiques, soit au méme type primordial, soità des types nombreux, mais voisius dans leur sim- plicité, et que les formes embryonnaires ou préembryonnaires de l'individu, dans les types actuels, aient en quelque sorte conservé l'empreinte des formes simples propres aux types primordiaux des créations primitives. Les lois de l'analogie me portent à admettre que ces types primordiaux ne furent (méme pour les formes qu'une série d'évolutions ont portées à un haut degré de com- plication organique pendant les temps qui ont précédé l'époque actuelle), ne furent, dis-je, que de trés-simples organismes monocellulaires, analogues, au point de vue dela forme, aux plus simples des microzoaires ou des microphytes, sortes de vésicules préembryonnaires. Le moins multiple des deux grands types végétal et animal (à l'état où nous les connaissons aujourd'hui), dans ses manifestations morphologiques, parait étre le règne animal; en effet, dans toute ou presque toute la série animale actuelle, les corpuscules reproducteurs mâles (fécondateurs des ovules) sont des animalcules dits spermatozoa?res, dont la vie (l'animalité) parait être (pendant une certaine durée) assez complète et indépendante. — Dans la plupart des classes dites inférieures du règne végétal (les classes cryptogamiques), la fécondation de l'ovule (ou de l'analogue de l'ovule) s'opére d'une maniére analogue : par l'action de corpuscules de forme déterminée munis d'appendices réguliers en forme de cils ou de tentacules, petits étres vivants et indépendants, véritables animalcules dits spermatozoïdes ou anthérozoides, et qui paraissent tout à fait analogues aux spermatozoaires du règne animal. — Dans les classes dites supérieures du règne végétal, au contraire, dans les classes phanérogamiques (où la plante est regardée comme parvenant aux plus hautes limites de l'évo- lution végétale), les spermatozoides n'existent pas, ils paraissent étre remplacés par les granulations de fovilla du granule pollinique, granulations qui paraissent beaucoup moins animalisées que les anthérozoïdes des Fougères, des Mousses et des Algues, etc. — Tellement que les végétaux regardés comme inférieurs en organisation auraient, au contraire, cette dignité de se rapprocher le plus possible du règne animal, dans les importantes fonctions de Ja reproduction, tandis que les végétaux des classes supérieures s'éloigueraient, au contraire, le plus possible, du règne animal, en atteignant au maximum de leur expan- sion typique. Un individu complet (autant dans le règne végétal que dans le règne animal) se compose très-généralement de deux individus unisexués appartenant à deux rable structure intime de chacun de ces tissus sécréteurs, appareils chimiques des plus compliqués, fonctionnant sous la mystérieuse impulsion de la vie, Mais comment, par quel procédé mécanique, chimigue, électro-magnétique, ou autre, les cellules et les vaisseaux ou tubes, dont la forme et l'arrangement sont si variés dans les divers tissus glandulaires, extraicnt-ils ces divers produits (sécrétions et excrétions) d'un méme liquide générateur, le sang?... Nous l'ignorons absolument ! T. XVI. C XXXIV . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, sexes distincts, dont l'union est indispensable à la reproduction d'individus semblables à eux; ces individus, partiels ou unisexués (soit isolés, soit groupés en individualités collectives chez la plupart des végétaux et chez certaines classes inférieures du régne animal), perpétuent, par le produit de leur union, le type spécifique dont ils sont les représentants. Cette reproduction peut donner lieu à une descendance d'individus dont les formes sont exactement semblables (à des différences individuelles prés) à celles des parents, et pendant un nombre indéterminé de générations; comme aussi, sous certaines influences (les habitudes, la nourriture, le climat, l'éducation, etc.), des formes différentes dans certaines limites peuvent étre produites, et ces formes constituer de nouvelles variétés auxquelles on donne le nom de races lorsqu'elles se fixent et se perpétuent. Ces races, lorsqu'elles sont trés-caracté- risées, different bien peu de ce qu'on nomme de véritables espèces. — J'ad- mets que les diverses espéces, dans chaque genre, ont été vraisemblablement produites dans la nature par un procédé analogue, c'est-à-dire par déviations de formes dans la descendance d'une seule ou de plusieurs espéces typiques, les premières espèces d'un groupe de genres naturels ayant pu provenir elles- mêmes d'un type spécifique unique, type provenu lui-même (par gradation dans les générations successives) d'une forme originairement trés-simple; en un mot, d'une cellule primordiale. - Dans le règne animal, un attrait irrésistible porte les deux individus diverse- ment sexués (ou individus partiels) à s'unir en un être binaire complet; dans le règne végétal, l'entrainement parait être (dans certains cas au moins) abso- lument le méme. Cet entrainement est-il accompagné, chez les plantes, sinon d'un sentiment, du moins d'une sensation? Je serais tenté de le croire. Quoi qu'il en soit, dans l'un et dans l'autre règne, l'entraînement d'un sexe vers l'autre me parait, au point de vue physique, le résultat de l'état électrique ou électro-magnétique contraire dans les deux étres unisexués. — Fait bien digne d'attention : de méme que, dans le monde animal, la femelle provoque, mais reste passive, tandis que le mâle seul est agressif, de méme, dans le monde végétal, C'est aussi l'étamine qui (dans les cas où le filet est contractile) se pré- cipite sur le stigmate. Dans le régne animal comme dans le regne végétal, le sexe mále et le sexe femelle contribuent à la production définitive de l'embryon, à la constitution luquel sont indispensables : 1° l'élément fourni par le premier des deux sexes, savoir : cellules de formes spéciales et ordinairement animées d'un mouvement spontané (pour le règne animal, spermatozoa?res ; pour le règne végétal, sper- matozoides ou anthérozoides et granules polliniques) ; et 2° l'élément fourni par le deuxieme sexe, élément qui, chez les végétaux comme chez les animaux, consiste en un ovule (œuf à l'état jeune) protégé par des téguments, et dans lequel se développe l'embryon entouré des matériaux alimentaires nécessaires à sa croissance. — L'ovule devenu œuf ou graine, la plantule trouve dans le péri- sperme ou dans les cotylédons le liquide préparé pour sa nourriture, et le jeune SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 4869, XXXV animal trouve ce liquide nourricier (s'il est ovipare) préparé dans l'œuf, ou (s’il est vivipare) dans le sang (nutrition placentaire), puis dans le lait maternel. Spontanéité d'action, ou mouvements volontaires. — Les espèces dont se compose le règne animal doivent, en général, aller à la recherche de leur subsistance ; aussi (à part de rares exceptions, et dans ses degrés les plus infé- rieurs) l’animal est-il pourvu de la faculté de se mouvoir volontairement et de se transporter d’un lieu dans un autre, en vertu de la fonction dite de locomo- tion, dont le mouvement de progression (la marche) est le terme le plus élevé. — Les végétaux, au contraire, fixés au sol par leurs racines, attendent que la nour- riture arrive à eux; ils ne peuvent pas plus aller au-devant de ce qui leur est utile qu'ils ne peuvent, par la fuite, se soustraire au danger. De cette disposition résulte la différence essentielle la plus marquée entre les deux règnes : mouve- ment de locomotion spontané dans le règne animal; absence de mouvement spontané dans le règne végétal ; — et ce caractère en entraîne, en détermine un second plus essentiel encore : la plante, ne pouvant se soustraire au danger, devait, dans le plan si sage de la nature, n'étre pas accessible à la douleur ; de là, dans le règne végétal, l'absence (généralement presque complète) de la sensi- bilité, de ce don merveilleux si développé dans les régions supérieures du règne animal. Je dis absence presque complète, et non absence complète de sensibilité chez les végétaux. Les curieux phénomènes désignés sous le nom de sommeil des feuilles et sommeil des fleurs (1) chez les végétaux de certains types élevés, dénotent dans ces êtres vivants quelque chose de plus que le phénomène phy- sique ou automatique de la contractilité ; peut-être le mot zrzifabilité (employé généralement) ne dit-il pas assez. En descendant aux degrés inférieurs, aux organismes rudimentaires des deux régnes, à mesure que nous voyons chez les animaux la faculté de locomotion, la locomotilité, s'atténuer, être réduite à des mouvements partiels et sur place (à des mouvements presque automatiques de contraction et d'expansion, à un simple frémissement), nous voyons, les yeux armés du microscope, des espèces Végétales spontanément osciller, et leurs longs filaments capricieusement on- duler (les Oscillatoriées) ; nous les voyons se transporter d'un pointà un aulre par des mouvements saccadés et convulsifs (les Diatomées); nous les voyons ca- Pricieusement, vivement, rapidement s'agiter et naviguer (certaines individua- lités transitoires, les zoospores et les anthérozoides) ; nous les voyons enfin capri- Cieusement ramper à la maniere des annélides, et traverser dans tous les sens, lentement ou rapidement (selon les espèces), le champ du microscope (espèces de la nouvelle famille d'Algues microscopiques des Ambulatoriacées). — A ce niveau de l'échelle organique, les deux règnes n'en font qu'un seul: c'est une souche qui se dispose seulement à se bifurquer, une branche dont les rameaux ne sont encore que des bourgeons. M) Voyez le compte rendu de la séance tenue à Paris le 9 juillet, p. 243 de ce volume; XXXVYI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Eug. Fournier fait à la Société la communication suivante : SUR LES FOUGÈRES DU MEXIQUE, par Mi. Eug. FOURNIER. L'énumération méthodique des Fougères du Mexique, que je viens de ter- miner pour la partie botanique de l Z'zpédition scientifique du Mexique, me permet de présenter à la Société quelques détails sur l'histoire des tra- vaux qui concernent ces plantes, et sur leur distribution géographique ; sujet sur lequel une note préalable a été accueillie dans les Comptes rendus, séance u 5 mai 1869. Les Fougères comprises dans le Flora mexicana du Synopsis de Kunth ne sont qu'au nombre de sept, Acrostichum Calomelanos L., Hemionitis rufa Sw. (qui depuis le voyage de Humboldt et Bonpland n'a pas été retrouvé au Mexique), H. dealbata Willd., Pleopeltis angusta Willd., Pteris cordata Sw., Cheilanthes angustifolia HBK. et Ch. pubescens HBK. Le mémoire de Martens et Galeotti : Mémoire sur les Fougères du Mexique et considérations sur la géographie botanique de cette contrée, qui se trouve dans le tome XV des Mémoires de l'Académie de Bruxelles (1843), men- tionne 181 espèces. Il aurait pu fixer définitivement la science sur les Fou- gères du Mexique, et ne laisser que des lacunes peu importantes à combler aux explorateurs futurs , si d'une part il avait compris toutes les Fougères de la collection de Galeotti, et si les espèces qui y figurent avaient été bien déter- miuées. À ces deux points de vue, il s'en faut de beaucoup. Les erreurs de déterminations de ce mémoire ont déjà été relevées par Kunze, par Liebmann, par Mettenius. On ne s'en étonnera guère, en lisant dans le Mémoire de Mar- tens et Galeotti (p. 5 du tirage à part) cette phrase caractéristique : « Nous regrettons que les sources auxquelles nous avons pu puiser pour la rédaction lle ce travail aient été, en général, trés-bornées, nos bibliothéques publiques offrant de grandes lacunes dans les collections d'histoire naturelle, et entre autres daus celles de botanique. » — C'est l'insuffisance de ce mémoire qui a été en grande partie la cause de l'extréme confusion qui régne encore dans les travaux descriptifs consacrés à l'étude des Fougères du Mexique. La collection du Linnæa offre de nombreux travaux sur les Fougères. Ceux qui concernent le plus particulièrement les Fougères du Mexique sont ceux de Schlechtendal sur les plantes de Schiede et Deppe (tome V), et de Kunze (Additamenta, etc., tome XIII, et Filices ad cl. Leiboldo in Mexico lectæ, tome X VIII); il faut encore citer le grand travail de Klotzsch, inséré dans les tomes XVIII et XX, et qui fait partie de ses Peitræge zu einer Flora der cquinoctial Gegenden der neuen Welt. Les plantes mexicaines qui y Sont décrites provenaient surtout des récoltes d' Ehrenberg et d'Aschenborn. Les Reliquie Hænkeanæ de Presl, publiées en 1830, renferment de nom- breuses espèces de Fougères mexicaines. Malheureusement, plusieurs d'entre elles n'ont pas été retrouvées depuis, et pour des raisons que l'auteur expose SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XXXVII lui-méme dans sa préface, il est à craindre que l'origine assignée à ces espèces ne résulte d'une erreur. Liebmann, dans le travail spécial qu'il a consacré à ces plantes : Mexicos Bregner, in Konglige danske Videnskabernes Selskabs, 3 nov. 4848, 5 Række, naturv. og. math. Afd., 4 Bind, s'est proposé de décrire les nou: veautés qu'il croyait renfermées dans ses collections, de tracer le tableau complet de la ptéridographie mexicaine en relevant les synonymes déjà nom- breux alors de chaque espèce, notamment les erreurs de Martens et Galeotti, et aussi de classer suivant les régions qu'elles habitent au Mexique les diffé- rentes Fougères de ce pays. Malheureusement encore, le voyageur danois a manqué d'une basesolide pour établir ses recherches, c'est-à-dire d'un herbier suffisamment complet de Fougères américaines. Il en est résulté que souvent il a décrit comme nouvelles des plantes déjà connues, et qu'il signalait lui- même à quelques pages plus loin, d'après ses recherches bibliographiques, mais sans en avoir vu d'échantillons, et qu'en prétendant corriger les fautes com- mises, il a donné lui-méme des armes sérieuses à la critique; de sorte que les 312 espéces comprises dans son relevé ne représentent pas d'une ma- niére réelle méme l'état de la science à l'époque de ses explorations. Le grand ouvrage publié à l'occasion du voyage de l'Herald (1) renferme une partie intitulée : Flora of north western Mexico, où J. Smith, l'ancien curator du Jardin de Kew, a mentionné les Fougères reeueillies dans la Sierra Madre par M. Seemann, de 1848 à 1850, ainsi que quelques espéces envoyées des environs d'Orizaba par M. Schaffner, et décrit les nouveautés. Ce n'est qu'un catalogue partiel, mais la synonymie y est exactement citée pour un certain nombre d'espèces. Il faut en dire autant d'un important mémoire de M. Kuhn, que je recois de l'obligeance de ce savant au moment de publier ce travail, et qui est intitulé : Beitræge zur mexicanischen Farnflora, extrait des Mémoires de la Société des naturalistes de Halle, tome XI ; la collection de Bolewlaski, étudiée par lui, ne comprend que 32 espéces, dont aucune n'est nouvelle pour la science ni pour la flore du Mexique. Je viens maintenant aux nombreux travaux de M. Fée. Il a eu l'occasion de s'occuper des Fougères du Mexique dans chacun des onze Mémoires qu'il a publiés sur cette famille, mais il l'a fait spécialement dans son Catalogue des Fougères et des Lycopodiacées du Mexique, qui porte la date de 1857. Il s'y est borné à énumérer les espéces de ces deux familles décrites par lui dans quelqu'un de ses huit mémoires antérieurs ou contenues dans son herbier en 1857; il y a signalé plusieurs nouveautés, mais sans descriptions : cette omis- sion volontaire a été comblée ultérieurement par la publication du dixième mémoire. La plupart des nouveautés que M. Fée a fait connaitre (provenaient (1) Une faute typographique commise dans le Catalogue (autographié) de M. Fée P. 35, ferait croire à l'existence d'un collecteur. Herold, tandis qu'il s'agit du voyage de l'Herald dans lequel les Fougéres ont été recueillies par M, Seemann. XXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. soit de la collection de Galeotti, qui ne les avait pas décrites dans le mémoire de 1843, ou des récoltes de M. W. Schaffner, dont M. Fée a recu des échan- tillons superbes et posséde la seule collection compléte qui existe (1). On a vivement blàmé M. Fée d'avoir multiplié les genres et les espèces, et d'avoir créé des doubles emplois dans la nomenclature; Mettenius lui a fait sous ce rapport des reproches fort exagérés. D'abord, la méthode de Mettenius lui- méme, qui réunissait quand même et de parti pris, et qui supprimait d'un trait de plume les travaux de Presl et de ses continuateurs, n'a pas été à l'abri de justes critiques (2), auxquelles s'est joint lesentiment de M. Ad. Brongniart lui-méme; et d'ailleurs Mettenius, qui n'avait pas voulu consulter l'herbier de M. Fée, s'est trompé souvent lorsqu'il a cru prononcer en dernier ressort sur la valeur des espéces établies par le professeur de Strasbourg. Il y a au surplus une observation importante à faire : c'est que les quatre premiers mémoires de M. Fée, préparés à Paris et avec le secours considérable que lui offrait l'her- bier de Bory de Saint-Vincent, n'ont guére offert de prise àla critique; et qu'en rédigeant les suivants, l'auteur se trouvait à Strasbourg, éloigné des grandes collections publiques et notamment dans l'impossibilité d'obtenir communica- tion des Fougères de Bory de Saint-Vincent, acquises par le Muséum de Paris, vu le règlement sévère de cet établissement. Ajoutons que M. Fée n'a proposé qu'avec doute un certain nombre de types nouveaux, pressentant que des ma- tériaux plus complets améneraient à les fondre entre eux ou avec d'autres. J'ai eu quelquefois l'heureuse chance de profiter de cet accroissement de richesses scientifiques pour réduire le nombre des espèces inscrites dans le catalogue de 1857; sur les 487 espèces qui y figurent, j'en ai supprimé envi- ron 70, en y comprenant quelques types fondés sur des échantillons incom- plets. Malgré cela, et malgré l'identification d'un grand nombre de formes signalées sous des noms différents par les auteurs qui m'ont précédé, j'ai réuni un total de 595 espèces (3). Je dois dire maintenant quels matériaux j'ai mis en œuvre pour arriver à ce résultat, et sur quels documents j'ai pu m'appuyer pour obtenir des déterminations plus exactes d'un certain nombre d'espèces. Il m'a été permis d'étudier à loisir les Fougères rapportées du Mexique par vingt-six collecteurs différents. J'ai trouvé dans les herbiers du Muséum les plantes d'Andrieux, de Berlandier, de Bonpland, le petit fascicule de Fougères (4) Les plantes de M. Schaffuer signalées par J. Smith n'étaient qu'en très-petit nom- bre. I a été aussi publié, par M. Hohenacker, des Fougères de M. Schaffner, détermi- nées par Mettenius, et sous des noms et des numéros qui ne correspondent en aucune facon à ceux de M. Fée, qui sont les numéros originaux des étiquettes mêmes de Schaffner. (2) J'ai publié, sur ce sujet, quelques observations dans les Comptes rendus el mémoires de la Société de biologie, 4° série, t. V, 4868, p. 61). (3) Ces chiffres, ainsi que quelques-uns des suivants, différent de quelques unités de la publication faite en mai, dans les Comptes rendus, parce qu'il m'est survenu depuis cette époque de nouveaux matériaux qui m'ont offert des formes de transition entre certaines especes que Je regardais auparavant comme différentes. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XXXIX d'Ervendberg envoyé par M. Asa Gray, les collections de Galeotti, de Linden (qui se trouvaient dans l'herbier de Bory de Saint-Vincent), quelques plantes de Schiede, et surtout la belle collection inédite de Ghiesbreght et celle de l'expédition scientifique du Mexique, recueillie par des collecteurs qui s'y trouvaient attachés à différents titres, MM. Bourgeau, Hahn, Méhédin et Guil- lemin. Mais je n'aurais pu réunir une somme aussi importante de documents sans le concours obligeant de beaucoup de botanistes européens. M. Lange a bien voulu m'adresser de Copenhague les espèces décrites par Liebmann, qui manquaient au Musée de Paris, et qui sont pour la plupart fondées sur des échantillons uniques. M. Fée a mis la plus grande obligeance à faciliter mes recherches dans son bel herbier, qui contient les types des Fougères mexicaines décrites dans ses onze Mémoires, et m'a confié ceux qui me semblaient récla- mer un examen approfondi et comparatif. M. Buchinger, de Strasbourg, m'a communiqué les plantes recueillies à Orizaba par M. Weber, qui avaient été déterminées dans son herbier par Mettenius. M. Meissner et M. Lenormand ont fait passer sous mes yeux la collection fort importante rapportée par M. Frédéric Mueller. Ce naturaliste (qu'il faut se garder de confondre avec le savant directeur du Jardin-des-plantes de Melbourne), Alsacien d'origine, a été envoyé au Mexique, en 1853, aux frais de M. Schlumberger, de Mulhouse, et a recueilli dans une contrée qui semble une mine inépuisable (les environs d'Orizaba et de Cordoba), des plantes dont plusieurs doivent étre, encore au- jourd'hui, considérées comme nouvelles (3). M. Meissner avait eu l'heureuse idée de montrer des échantillons de ses Fougères mexicaines, d'une part à Mettenius, d'autre part à J. Smith; les déterminations de ces deux savants sont loin de se correspondre toujours. M. H. Van Heurck, qui a fondé à Anvers un Musée botanique déjà considérable, m'a envoyé une collection fort intéressante de M. Botteri, où se trouvaient des types que je n'ai pas rencon- trés dans les autres collections émanant du méme naturaliste, et contenues dans l'herbier du Muséum ou mises en vente par M. Sallé ou par M. Bourgeau (Pteris pungens, Aspidium Van Heurckii, Polypodium Van Heurckii) (2). L'herbier de M. de Franqueville, qui renferme l'exsiccata de M. Heller, m'a présenté des déterminations de Mettenius, et, pour les Hyménophyllées, de Van den Bosch ; et j'ai trouvé dans l'herbier Delessert, que nous pouvions en- core consulter à Paris en 1868, la collection de Jurgensen et les types de Galeotti, déterminés par Kunze sur des étiquettes autographes. Enfin, j'avais dans mon propre herbier la collection de M. Sallé et de M. Botteri, la collec- tion complète et inédite de M. Virlet d'Aoust, recueillie en 1851 aux environs (1) Un nombre assez notable de Phanérogames de cette collection ont été cités dans les derniers volumes du Prodromus. (2) M. Godet m'a communiqué, à Neuchâtel, aprés la session où ce mémoire a été lu, les Fougères recueillies au Mexique par M. Henri de Buren. (Nole ajoutée pendant l'im- pression, septembre 1869.) XL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de San Luis de Potosi, très-intéressante non-seulement ‘par les nouveautés qu'elle renferme, mais parce qu'elle donne la limite septentrionale de l'aire de plusieurs espèces (1). Mais de tous les secours qui m'ont été prêtés, le plus important est de beaucoup celui que m'a apporté M. de Candolle, qui a con- senti à m'envoyer, il y a dix-huit mois, de Genève, la totalité de ses Fougères américaines. Il ne m'a pas fourni, il est vrai, de secours bien spéciaux à l'en- droit des Fougères mexicaines, sauf quelques plantes de Mairet, de l'herbier Thibaud et de Sartorius (envoyées par Schultz-Bipontinus); car la collection des plantes de l'expédition scientifique du Mexique, rapportées par M. Bour- geau, qu'il contenait et que j'avais déjà examinée dans l'herbier de M. le comte Jaubert (2), était surabondamment représentée au Muséum; mais il renfermait de nombreux types de Kunze, et par le grand nombre des collections diverses qu'il renfermait, il contribuait à me fournir les renseignements les plus utiles sur l'extension que prend dans toute l'Amérique tropicale l'aire d'un grand nombre des Fougères, dont la plupart atteint dans le Mexique sa limite septen- trionale. En réunissant aux documents contenus dans l'herbier de M. de Gan- dolle ceux que j'ai trouvés au Muséum, dans l'herbier de M. Fée, dans l'herbier Delessert et dans l'herbier Franqueville, j'ai pu dresser la liste sui- vante, qui indique, par grandes divisions géographiques américaines, les col- lecteurs dont j'ai examiné les plantes : Texas : Drummond, Lindheimer, Trécul, Ch. Wright. Californie : Bolander, Bridges, Hartweg, Mentzies. Antilles : Beaupertuis, Bertero, Blauner, Fauche, Forsyth, Giraud, Gro- sourdy, Hahn, Hautissier, Héraud, Howard, Husnot, Krauss, Lherminier, Marsh, Mentzies, Moricand, Murray, Nectoux, Plée, Pœppig, Poiteau, Sie- ber, Swartz, Tussac, Wilson, Ch. Wright et Wydler. Panama : Duchassaing, Morelet, Sutton Hayes, Wagner (3). Venezuela : Fendler, Funk et Schlim, Grosourdy, Linden, Moritz. Nouvelle- Grenade proprement dite : Galeotti, Goudot, Hartweg, Holton, Karsten, Lindig, Schlim et Triana. Guyanes : Hostmann, Kappler, Leprieur, Mélinon, Mille, Moricand, Per- rottet, Schomburgk, Splitgerber, Weigelt. Équateur : Bourcier, Fraser, Jameson, de Mandeville, Spruce. Pérou : Dombey, Gaudichaud, Cl. Gay, Lechler, Lesson, Mathews, Pavon, Poppig, Rivero, Spruce. (1) M. J. Mueller d'Argovie a trouvé dans cette collection une quiuzaine d'Euphorbia- cées nouvelles, qu'il a décrites dans le Prodromus. © On peut lire dans une brochure récente : Das Herbarium Martii, beschrieben von D* A. W. Eicbler, mars 1869, que l'herbier de M, de Marlius renferme également des plantes de la méme origine recueillies par M. Bourgeau, et ce n'est pas sans quelque sur- „prise qu'on lit dans la récente brochure de M. Kuhn qu'il se propose de publier prochai- nement un mémoire sur les Fougères rapportées du Mexique par les botanistes français. (3) M. Eichler a bien voulu m'adresser, de Munich, la liste des Fougères de Wagner, dont j'ai vu d'ailleurs un certain nombre d'échantillons à Paris. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869, XLI Bolivie : Mandon, d'Orbigny, Pentland, Weddell. Chili : Bertero, Dombey, Gaudichaud, Cl. Gay, Ph. Germain, Lechler, Lesson, Macræ, Philippi, d'Urville. 1? Br. septentrional : Spruce. 2° Br. méridional : Bacle, Blanchet, Claussen, Courbon, Gard- Brésil (1): < ner, Gaudichaud, Guillemin, Glaziou, Isabel, Langsdorff, Lhotzky, Lindberg, de Martius, Mors, Riedel, Saint-Hilaire, \ Salzmann, Sellow, Theremin, d'Urville, Vauthier, Weddell. Corrientes : Bonpland, d'Orbigny. Montevideo : Courbon, Biraben. Tels sont les collecteurs dont les Fougères américaines ont successivement passé sous mes yeux pour étre comparées à celles du Mexique, afin que j'évi- tasse des doubles emplois dans la nomenclature, et que je parvinsse à des don- nées exactes sur la distribution des Fougeres de l'Amérique qui se trouvent au Mexique. Malgré cette richesse de matériaux, je dois signaler le premier une lacune qui dépare mon travail. Les collections mexicaines que j'ai pu réunir ne fournissaient de documents suffisants que sur la Cordillère orientale, entre Orizaba et Jalapa, sur les hauts plateaux et la vallée de Mexico, la province d'Oajaca et les environs de San Luis de Potosi. La Sonora n'y était pas repré- sentée, et les provinces méridionales du Mexique (Chiapas, Tabasco), seule - ment par quelques plantes de Linden. Comme la plupart des espéces qui croissent aux environs de Mexico, de Jalapa et méme de San Luis de Potosi, se retrouvent dans l'Amérique méridionale, je ne pense pas que des récoltes provenant des provinces de Chiapas et de Tabasco eussent beaucoup modifié les résultats généraux de mon travail. Mais comme j'ai constaté au contraire trés- peu d'analogie entre les Fougères du Mexique et celles de la Californie, comme celles qui proviennent du voyage de Bolander ne se sont presque jamais retrouvées dans les récoltes de l'expédition scientifique, je dois regretter vive- ment que la Sonora n'y soit pas représentée, et notamment que M. le docteur Weber, qui l'a parcourue avec une des colonnes du corps expéditionnaire, n'ait pas vu son zéle favorisé par des circonstances plus heureuses. Quant aux pro- vinces occidentales, Durango, Acapulco, les documents contenus dans le Botany of the voyage of the Sulphur et dans le Botany of the voyage of H. M. S. Herald, et dont je ne pouvais mettre en doute l'exactitude, m'ont permis de suppléer à l'insuffisance des collections francaises. Il m'a manqué de consulter de visu les collections d'Aschenborn, d'Ehrenberg, de Leiboldt, de Schmidt, de Bolewlawski, qui sont à Berlin, et celles de Coulter, qui sont à Dublin. 'Tout travail de géographie botanique devant étre basé sur des déterminations spécifiques aussi rigoureuses que possible, je crois devoir prévenir les lecteurs (4) J'ai dà regretter, pour mon travail, d'avoir été obligé de le rédiger avant la publi- cation de deux travaux très-importants qui sont préparés en ce moment sur les Fougères du Brésil, par M. Baker et par M. Fée. XLII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, de ce mémoire, que j'ai pris tous lessoins possibles pour éviter les nombreuses erreurs où sont tombés plusieurs de mes devanciers. Non-seulement j'ai pu consulter toutes les publications originales où ont été décrites ou figurées les Fougères américaines, mais j'ai pu confronter à peu prés toujours mes échan- tillons avec des échantillons typiques émanant des plus grandes autorités scien- tifiques en matiere de ptéridographie, tels que Humboldt et Bonpland, Will- denow, Swartz, Bory de Saint-Vincent, W. Hooker, Kunze, Desvaux, Gaudichaud, J. Agardh, Fée, J. Smith, Mettenius, Van den Bosch, De Mar- tius, Eaton et Klotzsch. Cet ensemble de documents a été complété par une trés-obligeante communication de M. Kuhn, de Berlin, le digne continuateur des travaux de Mettenius, qui a bien voulu me renseigner sur la valeur de certaines espèces, dont les échantillons authentiques existent dans l'herbier royal de Berlin, et qui avaient été établies sur des plantes de Schiede, d'Ehren- berg ou d'Aschenborn, par Nees, Schlechtendal, Klotzsch, etc. Il ne m'est guère resté d'incertitude que sur quelques plantes des Æeliquiæ Henkeane de Presl, douteuses méme pour Mettenius, et dont les originaux sont, je crois, conservés au Musée de Prague, D'ailleurs, toutes les fois que j'en ai conservé, je me suis refusé à conclure, et lorsque j'ai identifié deux types décrits sous des noms spécifiques différents, je n'ai agi que d’après l'inspection d’échantil- lons authentiques, sauf dans des cas très-rares où j'ai cru pouvoir m'en rapporter au témoignage d'autrui. Ces témoignages ne pouvaient en effet être acceptés que s'ils étaient eux-mémes fondés sur le méme motif de conviction, faute duquel W. Hooker, dans ses ouvrages nombreux, M. Grisebach dans son Catalogus plantarum cubensium, M. Eaton dans ses F'ilices Wrightiane et Fendlerianæ, ont commis relativement aux Fougères tant d'erreurs de déter- mination ! C'est avec ces restrictions sévères dans la méthode de procéder que j'ai réduit à 549 le nombre des Fougères mexicaines connues avant mes recher- ches, qui s'élevait à 776 (1), et qui se porte à 595 après l'addition des nou- veautés, au nombre de 46. Peut-être est-il encore trop considérable ; mais j'ai tenu, précisément pour donner plus de sévérité à ces recherches de géographie botanique, à ne réunir que des types identiquement semblables. Venons maintenant à l'étude de la distribution géographique proprement dite. Nous devons la considérer d'abord au dedans du Mexique, puis en Amé- rique, enfin d'une maniere plus générale. Un fait frappe d'abord l'observation, c'est la grande diffusion des espèces de Fougères dans l'intérieur du Mexique. Galeotti et Liebmann ont tracé des listes en sectionnant le pays en régions diflérentes. Pour les Fougères, ces sec- tions sont loin d’être naturelles dans tous les cas. Il est un certain nombre d'espèces qui acceptent facilement des conditions biologiques assez variées, et (1) Bien entendu, ce nombre ne comprend que les noms princeps, et non ceux qui ré- sultent d'un. changement de genre ou d'une mutation déterminée par les lois de la syno- nymie botanique. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XLIII qui croissent à San Luis de Potosi, dans la vallée de Mexico, et jusque dans a région d'Orizaba. J'en citerai ici les principales : Acrostichum venustum Fée, Neurogramme pedata Link, Stegnogramme Ehrenbergiana Klotzsch, Gym- nogramme pilosa Mart. Gal., Polypodium Plumula HBK., P. plebeium Schlecht., P. cheilosticton Fée, P, oulolepis Fée, P. incanum Sw., P. thy- sanolepis Al. Br., Chrysopteris areolata Fée, Pleopeltis lepidota Presl, Polystichum Muelleri, Aspidium paleaceum Don, A. macrourum Kaulf., A, patens Sw,, A. imbricatum, Bathmium trifoliatum Link (dont une forme croit même à Puente Nacional près Vera-Cruz, c'est-à-dire à 500 pieds au- dessus du niveau de la mer), Phanerophlebia nobilis Fée, Ph. pumila Fée, Cystopteris fragilis Bernh., Athyrium macrocarpon Fée, A. Dombeyi Mett., Asplenium resiliens Kze, A. monanthemum L., A. arcuatum Liebm. (peut être identique avec le précédent), Woodwardia radicans Sm., Blechnum occidentale L., Pteris cretica L., Pt. biaurita L., Pt. intramarginalis Kaulf., Pt. Feei Schaffn., Pellæa flexuosa Link, P. pulchella Fée, P. rigida Fée, Nothochlæna sinuata Kaulf., N. ferruginea Desv., Aleuritopteris mexicana Fée, Llavea cordifolia Lag., Cheilanthes marginata HBK., Ch. angustifolia ABK. , Chei- lanthes microphylla Sw., Adiantum concinnum HBK., A. thalictroides Wild, , A. scabrum Kaulf. , A. Capillus Veneris L., A. extensum Fée, Waodsia mol- lis J. Sm. , Plagiogyria biserrata Mett., Botrychium virginianum Sw. Il fau- drait citer encore ici l’ Acrostichum Schiedei Kze, qui a été rencontré à 7500 pieds près de Chinantla, à 3000 pieds près de Mirador, à 2400 pieds près de Cordoba ; le Æhipidopteris peltata, dont les localités extrêmes sont d'une part les montagnes d'Oajaca et d'autre part Puente nacional. Pour quelques-unes de ces espèces, on pourrait m'objecter que si elles se rencontrent dans la vallée d'Orizaba, c'est à une certaine hauteur sur les contreforts de la vallée, ce qui explique leur présence ; mais cela ne serait pas vrai d'un bon nombre d'entre elles, recueillies par M. Frédéric Müller ou par M. Bourgeau sur les bords du Rio blanco, dans le milieu de la vallée, et qui descendent souvent plus bas qu Orizaba, jusqu'à Cordoba. Or, l'altitude de San Luis de Potosi a été éva- luée par Burkart à 5787 pieds du Rhin (1), celle de la vallée de Mexico, en moyenne à 2000 mètres, celle d'Orizaba, par M. Thomas (2), à 1260 mètres, et celle de Cordoba, à 880 metres. Des faits analogues pourraient étre consta- tés pour une partie des mêmes espèces, dans la Nouvelle-Grenade, d'aprés les exsiccata de Lindig et de M. Triana. Pour le Mexique, à l'aide des docu- ments que nous venons de citer, il est aisé de montrer que la différence d'al- titude ne doit pas avoir sur la végétation des Fougères une extrême influence, En effet, si la température moyenned Orizaba (21 degrés) est un peu plus élevée que celle de San Luis de Potosi (dont la moyenne générale diurne est de 18° 09), (1) Voyez les observations de M. le pharmacien aide-major Rives, dans le Recueil des Mémoires de médecine, de pharmacie et de chirurgie militaires, t. XVI, p. ^15. (2) Voyez le travail de M. Thomas dans le méme recueil, t, XVII, p. 535. XLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cependant le climat d'Orizaba est sujet à des variations assez grandes, telles que la végétation s'y trouve placée, surtout sur le flanc des montagnes, à des intervalles à peu prés périodiques, dans des conditions qu'elle retrouve presque à San Luis de Potosi. Il est vrai que dans cette dernière station on signale, comme un phénomène météorologique important, la sécheresse de l'air, d’où résulte une évaporation considérable, et qu'à Orizaba, on signale pendant plu- sieurs mois une humidité presque permanente. Mais de janvier à la fin d'avril, quand le vent commence à souffler, la sécheresse succède brusquement à l'hu- midité ; la transition est si brusque, qu'elle amène souvent la rupture du che- veu de l'hygrométre. D'autre part, il survient quelquefois des gelées à Orizaba; on signale celles du 25 janvier et du 5 février 1863, comme y ayant anéanti les récoltes de Cannes à Sucre, de Café et de Tabac. Cependant il ne faut pas oublier que ces faits sont jusqu'à un certain degré exceptionnels. Parmi les trés-nombreuses espèces de Fougères qui habitent la vallée d'Orizaba et la chaine qui s'étend de cette ville à Jalapa, il n'y en a qu'un nombre relativement faible qui se retrouve à San Luis de Potosi et sur les hauts plateaux. En outre, on sait que les Fougères arborescentes ne s'élèvent pas au-dessus de la zone tempérée d'Orizaba et de Jalapa (où qu'elles ren- contrent les Chênes); et il faut ajouter, ce qui, je crois, n'a pas encore été indiqué avec la valeur d'un résultat général, que les Hyménophyllées ne dépas- sent pas non plus la méme zone au Mexique. Si la diffusion de certaines espèces s'étend, au Mexique, de la région froide dans la région tempérée, à plus forte raison est-il moins surprenant que l'on retrouve à peu près les mêmes espèces dans la région tempérée sur l'un et l'autre des deux versants du plateau central, sur le versant du Pacifique comme sur celui de l'Atlantique. Dans les collections qui nous ont été soumises, nous ne trouvions guère de renseignements sur les plantes du versant occidental ; mais sur les 34 Fougères énumérées par M. J. Smith dans le Botany of Herald, €t recueillies par M. Seemann dans la Sierra Madre, entre Durango et San Blas, sur le versant occidental, 3 seulement n'ont pas été rencontrées sur le versant oriental. L'Asplenium subalatum Hook. et Arn. Bot. Beech., qui n'est qu'une forme de l'A. erectum Bory, a été recueilli par M. Bourgeau aux environs d'Orizaba; le Pellæa Seemanni Hook. (qui peut n'être qu'une forme du Pte- ris auriculata Sw.) a été recueilli par M. Virlet d'Aoust aux environs de San Luis de Potosi, etc. Certaines formes génériques ou spécifiques de Fougères sont représentées au Mexique d'une manière spéciale. Le Llavea cordifolia, le Schaffneria nigripes, l'Asplenium Ghiesbreghtii, le Selliguea mexicana, le Nothochlæna mono- sticha, y constituent des types remarquables, propres à la flore mexicaine; il faut aussi noter le développement qu'y prennent certains groupes : Aleurito- pteris, Ceropteris, Athyrium, espèces voisines des Polypodium anisomerum, Aspidium mexicanum, A. Orizabe, Polystichum ordinatum, Asplenium SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XLY arboreum. Les Cyathea du Mexique different en général de ceux de la Nou- velle-Grenade. Inversement, il est bon de remarquer qu'il manque au Mexique les Jamesonia, Dictyoziphium, Synochlamys, Salpichlena, Oleandra, qui ne sont pas rares daus l'Amérique tropicale, ct plusieurs des Anogramme. Pour le dire en passant, ces observations sont de nature à corroborer la va- leur générique de certains groupes, en les délimitant au point de vue géogra- phique. Mais l'intérêt que présente notre sujet ressort surtout de la comparaison des Fougères du Mexique avec celles des pays voisins. En effet, sur les 595 Fou- gères dont l'existence me paraît établie au Mexique, 178 seulement sont spéciales à cette région. Les 417 espèces qui restent, et qui, d’après les her- biers dont j'ai pu disposer, sont communes au Mexique et à d'autres régions, se répartissent ainsi : Communes au Mexique et aux Andes de l'Amérique méridionale (Colombie, Pérou, Équateur, Bolivie)....... ésssosse 228 — aux Antilles, ..............., eer nn + 136 (1) — à la Guyane ou à Caracas. ..... e mh 59 — au Brésil................. ete 9 n 116 à Montevideo ou à Corrientes..... ertt 12 — au Chili.................... enhn 17 — au Texas et aux États-Unis.. ......,........ 26 — à la Californie ....... esee rte . 5 — à la région tropicale en général............. 6 — à la région méditerranéenne.. ............. 12 — à l’Abyssinie......... PP ertet 6 Plusieurs observations importantes doivent étre présentées sur ce résultat. Il faut d'abord exclure, pour des raisons que j'ai données plus haut, le résul- tat qui concerne la Californie. Il faut ensuite insister sur la grande étendue de l'aire que ces observations attribuent aux Fougères de la zone intertropicale. La plupart des Fougères indi- quées dans ce tableau comme communes au Mexique et au Brésil descendent jusqu'à Rio de Janeiro ; quelques-unes n'ont été trouvées jusqu'ici, en dehors du Mexique, qu'aux environs de cette dernière ville, mais tout fait présumer qu'on les rencontrera dans des localités intermédiaires. Il est fort possible aussi que plusieurs des espéces mexicaines déjà constatées dans la Nouvelle- Grenade ou dans la Guyanne, le soient ultérieurement aussi dans la province de Rio. Mais si nous nous en tenons aux faits connus, nous pouvons affirmer que sur les 595 espèces de Fougères mexicaines, il en est une centaine, soit un sixiéme, qui s'étendent depuis le 20* degré de latitude boréale jusqu'au 20° degré de latitude boréale. | Quelques-unes ont une aire encore plus étendue. Je parle des espèces qui (4) On trouvera dans l'Histoire des Fougères et des Lycopodiacées des Antilles, de ison que des matériaux plus complets nous permet- M. Fée, introduct., p. V, une compara tent de rendre plus exacte. XLVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dépassent la zone intertropicale pour se répandre au nord dans la Floride et les États voisins, ou dans le Texas; au sud, dansla province de Montévidéo et dans celle de Corrientes, ou dans le Chili. Parmi celles qui atteignent à la fois la Floride et le Brésil, je dois citer le Po/ypodium Plumula HB. et le P. inca- num L. Les espèees qui parviennent à travers les Andes du Texas au Chili sont au nombre de 11, parmi lesquelles je citerai comme les plus communes, les Pel- læa ternifolia, P. flexuosa, P. pulchella, P. rigida et Cincinalis nivea. Il est à remarquer que ces plantes, qui habitent les hauts plateaux au Mexique, ne se trouvent point au Brésil, du moins dans les régions du Brésil explorées, dont l'altitude ne serait pas assez élevée pour elles. 1l n'y a parmi elles aucune espèce arboricole, et nous ne parlons pas ici seulement des Hyménophyllées, mais aussi des Polypodium, dont un si grand nombre sont parasites dans la zone intertropicale. Il était intéressant de comparer la flore mexicaine, au point de vue qui nous occupe, avec une autre flore intertropicale. Dans l'état actuel de la science, ce travail était forcément très-restreint, et borné seulement à la Nouvelle-Gre- nade, dont les Fougères ont été énumérées par Mettenius dans le grand ou- vrage de MM. Planchon et Triana. Les espèces énumérées par M. Mettenius sont au nombre de 411, nombre bien inférieur à celui de 605 que nous avons constaté pour le Mexique. Il est vrai que dans le grand nombre de documents que j'ai consultés, j'ai trouvé 34 espèces à ajouter à l'énumération de Mette- nius, ce qui porte les Fougeres de la Nouvelle-Grenade au nombre de 445. Sur ces 445, il en est 7 qui ne se rencontrent que dans l'isthme de Panama, à des altitudes très-inférieures, et qu'il ne faut pas s'attendre à rencontrer au Mexique. En les retranchant, nous obtenons 438, et, sur ce nombre de 438, 204 espèces, soit un peu moins de la moitié, sont communes à la flore mexi- caine et à celle de Ja Nouvelle-Grenade (réduite à ses provinces de l'Amérique méridionale). Nous pouvons faire une comparaison du méme genre, en dehors de l'Amé- rique, avec la florule des iles Gallapagos, bien que nous n'en ayons pas vu de plantes (1), à l'aide de la florule insérée par M. J. Hooker, dans les 77ansac- tions of the Linnean Society, vol. XX, p. 259. La sécheresse du climat des Gallapagos en éloigne les Fougères arborescentes, les Hyménophyllées. Mal- gré cela, sur 27 Fougères, on y trouve 12 espèces mexicaines, qui sont les suivantes (nous copions d’après la terminologie adoptée par M. Hooker) : Polypodium | Paradisem, P. incanum, P. ensifolium, P. Phyllitidis, Pleopeltis lepidota, Pteris pedata, Blechnum occidentale, Asplenium subu- latum, A. furcatum, Nephrodium pectinatum, N. molle. Comme pour la (4) C'est pourquoi nous n'avons pas cité ces îles dans les indications géographiques qui suivent ]a mention de chaque espéce de Fougère dans V Enumeratio plantarum mexi- canarum, SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XLVII Nouvelle-Grenade, c'est un peu moins de la moitié. Ces observations confir- ment une hypothèse, suivant laquelle les Gallapagos auraient été autrefois jointes au continent américain (A. DC. Géogr. bot. p. 1335). Les cahiers d'octobre et de novembre du Journal of botany de M. Seemann renferment une liste très-intéressante des Fougères recueillies dans les iles des Navigateurs par le révérend S, Powell. Cette liste s'étend à 121 espèces, sur lesquelles il ne se trouve que 13 espéces mexicaines, ce qui est une proportion bien moindre. Enfin, à la Nouvelle-Calédonie, dont les Fougères ont été publiées par Met- tenius, il n'existe plus trace, pour ainsi dire, des espèces qui font le sujet de ce travail. Sur 85 Fougeres de cette ile, contenues dans une collection que M. Balansa a adressée tout récemment au Muséum de Paris, il n'y a pas une seule espéce mexicaine. En effet, ce n'est pas en retournant vers l'ouest que nous devons recher- cher l'extrémité de l'aire des Fougères mexicaines. Trés-abondantes aux An- tilles en général, un petit groupe d'entre elles dépasse ces iles, atteint les Açores et les Canaries, pour venir s'épanouir dans la région méditerranéenne. Les espéces des Canaries qui appartiennent à la flore mexicaine sont les suivantes : Acrostichum hirtum Sw. (A. Lower Kze), Gymnogramme Lowei Hook. et Grev., Gymnogramme leptophylla Desv., Aspidium paleaceum Don ( Nephrodium affine Lowe), A. molle Sw. (Nephro- dium molle R. Br.), Cystopteris fragilis Bernh., Asplenium monan- themum L., A. furcatum Thunb., Woodwardia radicans J. Sm., Adian- tum Capillus Veneris L., Pteris longifolia L. et Pt. cretica L; en tout 42 espèces. On n'a pas compris dans cette liste le Trichomones radicans ; la forme des Canaries indiquée sous ce nom est attribuée par M. Van den Bosch au 77. speciosum Willd. Parmi ces espèces, l'Acrostichum hirtum, l'Aspidium paleaceum (que nous ne pouvons, malgré l'autorité de Mettenius, identifier avec l'A. Filiz mas), ne dépassent pas les Canaries. Parmi les autres, plusieurs se retrouvent en Abyssinie, le Gymnogramme leptophylla, le Cys- topteris. fragilis, V Asplenium monanthemum, le Pteris longifolia (1). Le Woodwardia radicans atteint les montagnes du Taurus ; le Gymnogramme Lowei est identique avec des formes de l'Inde rapportées au Gymnogramme Totta; le Pteris longifolia, le Pteris cretica, l'Asplenium furcatum, l Aspi- dium molle, pénètrent, les deux premiers en Perse et jusqu'en Chine, les deux derniers dans l'Asie tropicale. Cinq autres espèces mexicaines, non canariennes, mais ubiquistes dans la région tropicale, se retrouvent aussi dans l'Asie tropi- (4) H faut encore citer parmi les Fougères mexicaines que l'on retrouve en Abyssinie, l' Adianthum thalictroides et l'Aleuritopteris mexicana Fée, si cette espèce est bien identique avec l'A. dealbata. Ajoutons que d’après Kunze (Linnea, XVII, 328), l'Asple- nium Schimperianum Hochst. serait identique avec l'A, pumilum, qui se trouve au Mexique. XLVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cale : Chrysodium vulgare, Goniopteris crenata, Pteris biaurita, Pteris caudata et Adiantum lunulatum. Cela fait donc seulement un total de 9 es- pèces, qui, sur plus de 600, s'étendent des plages du Mexique dans celle de l'Asie tropicale et tempérée, où cependant les Fougères sont extrêmement nombreuses. Ajoutons que le Chrysodium vulgare et V Adiantum lunulatum habitent le voisinage de la mer, ce qui, d’après les lois ordinaires, indique pour elles une extension plus grande. Si d'un autre côté nous suivons, en remontant vers le nord, la distribution géographique des espèces mexicaines qui se retrouvent aux Canaries, nous remarquons que le Pteris longifolia s'arrête dans l'ile d'Ischia, le Pt. cre- (ica en Corse (il a existé à Nice, à ce que m'a appris M. Cosson), et sur les bords du lac de Côme, le Woodwardia radicans dans les montagnes des Asturies, l'Adiantum Capillus Veneris à Bormio, dans le Tirol, prés d'une source minérale chaude ( Théobald, Meissner), et dans les grottes de Saint- Aubin, sur les bords du lac de Neuchâtel (2), le Gymnogramme leptophylla à Brest, tandis que le Cystopteris fragilis, espece polymorphe mais indivi- sible, se répand sur toute l'Europe et atteint les sommets des Alpes. Ces faits, sur lesquels on a insisté dans le Flora, 1868, p. 366, peut-être d'aprés une communication de M. le comte Jaubert, ne sont pas nouveaux. Dès 1829, Tenore, dans son Essai sur la géographie physique et botanique de Naples, à propos du Cyperus polystachyus (2) et du Pteris longifolia, trouvés par lui dans l'ile d'Ischia, tout. prés des fumerolles de Frasso et des Cacciotti, s'exprimait ainsi, p. 87 et 88 : « La température de la terre.... nc descend jamais au-dessous de 20 degrés du thermométre de Réaumur, à cause de la chaleur qui s'exhale de ces fumerolles, et l'intensité de cette chaleur est telle, qu'en creusant jusqu'aux racines de ces plantes, on ne peut pas y tenir la main sans la brüler.... Ces plantes semblent... si étrangères au pays où je les ai récoltées, que pendant l'hiver j'ai dû les abriter dans l'orangerie, au Jardin royal de Naples, ayant péri toutes les fois que je les ai laissées dehors. ... J'ai donc opiné que la température volcanique des fumerolles de Frasso et des Cacciotti a contribué à pousser le développement successif des graines de ces deux plantes, et à entretenir leur. végétation, malgré les révolutions phy- siques qui ont changé la température du reste de l'ile d'Ischia. D'après cette conjecture, l'origine de la Pteris longifolia et du Cyperus polystachyus, que j'ai découverts en 1802, pourrait bien remonter à une époque aussi recu- lée que celle des Palmiers, des Fougères et d'autres plantes tropicales que M. Brogniart (sic) vient de découvrir dans les mines de Treuil, prés Saint- Etienne, dans le département de la Loire. » (4) Les grottes de Saint-Aubin, où j'ai été conduit par MM, Godet et de Buren aprés la session de Pontarlier, sont les unes sèches et les autres humides, grâce à des sources qui suintent à travers leurs parois. Ce n'est que dans celles-ci que se trouve l'Adiantum. (2) Le Cyperus polystachyus croit également au Mexique. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XLIX Tout en réduisant l'hypothése de Tenore à ce que comporte l'état actuel de la science, et en diminuant considérablement l’âge relatif des deux espèces qu'il considère (et auxquelles on doit ajouter le Woodwardia radicans, trouvé aussi par Tenore dans la même ile d'Ischia), il n'en est pas moins vrai que l'existence du groupe d'espèces que nous considérons dans la région méditer- ranéenne doit étre antérieure à la période actuelle. Une preuve en peut étre tirée de leur extréme rareté, de l'écartement de leurs localités ; ainsi, le Wood- wardia n'y paraît que dans les Asturies, où l'y a trouvé M. Durieu de Mai- sonneuve, dans l'ile d'Ischia et dans les montagnes du Taurus ! Le Pteris cretica, qui existait il y a quelque temps à Nice, en a disparu, comme si les circonstances, qui peu à peu ont détruit ces espèces dans la région méditerra - néenne, continuaient encore leur action. Des considérations analogues à celles- ci ont été récemment invoquées par M. Ch. Martins dans un mémoire fort intéressant qu'il a lu à la Société, sur la distribution géographique de l' Ana- gyris fetida. Cette espèce étant aujourd'hui fort clair-semée dans le midi de la France, n'habitant que des localités particulièrement abritées, et tendant à disparaitre, il l'a considérée comme un témoin d'une époque antérieure. Les faits géologiques, dont M. Ch. Darwin regrette souvent l'insuffisance, apporteront peut-étre un jour quelque preuve locale et spéciale aux espéces que nous considérons ; en attendant, nous ne pouvons passer sous silence un fait important, c'est que les Chênes fossiles recueillis à Coumi, dans l'ile d'Eu- bée, se rapprochent considérablement des types mexicains de ce genre, qui s'arréte, on le sait, dans l'Amérique centrale, en y descendant du Nord, et sans franchir l'isthme de Panama. Ces déductions nous ramènent forcément à l'hypothése qu'Edward Forbes et quelques autres naturalistes ont fondée sur la submersion récente d'un continent intermédiaire, l'Atlantide, dont il ne resterait plus que quelques sommités éparses sous forme d'iles dans l'Océan Atlantique. Il ne s'agit pas seulement ici pour nous d'un continent qui aurait relié les Acores et les Canaries à l'Espagne et à la Syrie, mais d'une terre qui aurait servi de passage à certaines espèces entre l'Ancien et le Nouveau-Monde. Déjà l'on a reconnu que des relations continentales ont dü relier les Antilles à l'Amérique tropicale. M. Alphonse de Candolle s'exprime aiusi à cet égard dans sa Géogra- phie botanique, p. 4330 : « Un assez grand nombre d'espèces se prolongent du Brésil oriental à la Guyane et aux iles Antilles. L'analogie actuelle des cli- mats ne suffit guère pour expliquer ce fait, à cause des bras de mer interposés, et de l'aire généralement petite des espèces de l'Amérique équatoriale. On peut entrevoir dans ce fait, et dans la grande quantité des espèces communes aux montagnes des diverses iles Antilles, un indice de jonctions antérieures ou de communications qui n'existent plus. » — Nous pensons que ces communi- cations ont été aussi très-faciles entre le Mexique et les Antilles, Le Pteris longifolia, si ahondant aux Antilles, en Algérie (Pt. lanceolata Desf.), qui T. XVI. D L SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. se retrouve en Espagne, en Sicile, à Ischia, dans les Calabres, en Crète, en Abyssinie, dans l'Himalaya, dans les îles australes de l'Afrique, dans l’ Yémen, à Calcutta, à Ceylan, à Java, etc., n'a qu'une seule localité dans l'Amérique méridionale, Tovar dans le Venezuela (Fendl. n. 105). Le Pteris cretica, très-commun au Mexique, qui offre une distribution analogue, mais dans une zone moins chaude, et qui se retrouve jusqu'en Chine (Perny), ne s'est ren- contré encore dans aucune collection de l'Amérique centrale ou méridionale. Il semble à première vue que la dépression de l'isthme de Panama ait borné vers le sud, en Amérique, l'extension de cette espèce, qui s'éléve au Mexique à d'assez hautes altitudes, et qui a trouvé au contraire de grandes facilités à s'étendre vers l'est et dans l'ancien continent; et comme elle a dû, sur les con- tinents intermédiaires lorsqu'ils étaient exondés, habiter des localités élevées en altitude, il est fort naturel qu'elle se trouve maintenant dans des iles, qui, si cette hypothèse est vraie, étaient jadis les sommités de ce continent. Cepen- dant, elle vit au Mexique dans des conditions biologiques assez variées, depuis la vallée de Mexico jusque prés de l’hacienda de Tuspango, aux environs de Cordoba. L'élasticité d'une organisation qui se prête à des climats différents a dà évidemment favoriser l'extension de cette espéce, et malgré cela, elle ne se trouve pas en Amérique, au dehors du Mexique, dans des régions dont les Fougères ont été spécialement recherchées par quelques explorateurs, et où il se rencontre le tiers environ des Fougères mexicaines. Le Woodwardia radi- cans, également trés-répandu au Mexique, ne se retrouve pas ailleurs en Amé- rique, si ce n’est en Californie. Cette espèce, comme les deux précédentes, est d'une grande dimension qui ne lui permet guère d'échapper aux collecteurs. Le Gymnogramme Lowei des Canaries, qui nous parait se retrouver dans l'Inde, n'existe en Amérique qu'au Mexique. Ces faits sont singuliers ; d'autant plus que le Gymnogramme leptophylla et le Cystopteris fragilis, qui sont répandus en Europe plus largement encore que les espèces précédentes, se rencontrent fréquemment dans les Andes de l'Amérique méridionale. Il ne faut pas perdre de vue, dans cette étude, que chaque espèce parait avoir obéi en se répandant sur le globe à une règle spéciale, et qu'il est difficile, sinon impossible, de trouver des catégories d'espéces ayant une distribution iden- tique. Nonobstant, nous croyons avoir signalé un groupe intéressant de formes communes à l'Amérique subtropicale et à la région méditerranéenne, qu'augmenterait peut-étre quelque excursion dans le domaine de la phanéro- gamie (1). Avant de terminer ce travail, il est utile de considérer en quoi ses résultats confirment ou modifient ceux que possédait déjà la science. Relativement aux Fougères, en particulier, il donne certainement des docu- (1) Par exemple, si l’on considérait le Dioscorea pyrenaica, le Cyperus polystachyus, les Pirola, le Samolus Valerandi, le Zapania repens, le Peristylus cordatus, etc. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LI ments nouveaux, puisqu'il n'existe aucun ouvrage spécial aux Fougères américaines, et que le Synopsis Filicum de MM. W. Hooker et Baker ne dé- signe les localités que d'une manière tres-générale. En les joignant à ceux qui sont contenus dans la révision des Fougères asiatiques, publiée récemment par M. Milde, on arriverait probablement à changer le rang dans lequel les Fou- gères sout placées par M. de Candolle (Géogr. bot., p. 605), parmi les familles où l'aire moyenne des espèces est la plus vaste. Elles sont mises au dix-neu- vième rang. On voit que leur fréquence entre les tropiques n'empéche pas un grand nombre d'entre elles de prendre une extension remarquable. Il est évident que la finesse de leurs spores, la facilité avec laquelle elles sont transportées par les vents, la longue conservation de leurs facultés ger- minatives, ont été de grandes causes de diffusion, ainsi que l'ancienneté géo- logique des Fougères. Ces causes, m'écrivaitle mois dernier M. de Candolle, feraient croire à priori, pour les Fougères, à beaucoup d'espèces trés-répan- dues, communes méme à des pays trés-séparés par la mer ou les déserts. Ce sont donc, ajoute-t-il, les faits de localisation qui présentent le plus d'intérét dans ce groupe, car ils semblent le moins probables. Il est remarquable à ce point de vue, que malgré des recherches faites pendant deux années dans de grands herbiers et dans les livres, nous ayons constaté d'une part qu'il existe au Mexique 178 Fougères spéciales à cette région, et d'autre part, que les ^17 qui lui sont communes avec d'autres pays soient soumises à certaines regles de distribution géographique. D’après M. de Candolle (/. c. p. 417 et ^18), « il y a trois directions dans lesquelles beaucoup d'espèces se propagent ou se sont propagées autrefois d'une manière facile, tout en rencontrant dans le voisinage de grands obstacles qui resserrent leur habitation. Ces trois directions sont : 1? les pays autour du pôle arctique; 2° la zone de la mer Méditerranée, prolongée à l'ouest vers les iles Canaries, Madère et Acores, à l'est, vers le Caucase et la Perse ; 3° la grande ligne des Florides ou du Texas à Montevideo. Vient ensuite la direction des montagnes de l'Europe et de l'Asie tempérée, puis celle de la Californie au Chili; et enfin, celle de l'Inde au Sénégal. » — Les résultats que nous présentons confirment pleinement l'importance de la grande ligne des Florides et du Texas à Montevideo. Seulement, ils ne conduisent pas à séparer les espèces du Texas de celles du Chili, et contredisent toute opinion qui regarderait la chaine des Andes comme une barriere opposée à la transmis- sion des espèces. Les Fougères arborescentes sont, d’après les naturalistes qui ont visité le Mexique, bien plus abondantes sur le versant de l'Atlantique que sur celui du Pacifique, et la plus commune d'entre elles, l'Asophila pruinata, se retrouve trés-fréquemment au Chili. En outre, ces résultats augmentent l'importance de la zone de la mer Méditerranée, en montrant qu'elle a dù se joindre à une époque géologique antérieure a la zone de l'Amérique subtro- picale, et fortifient l'opinion, aujourd'hui généralement établie, que la végé- LIL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tation actuelle est la continuation des végétations antérieures, lentement pour- suivie à travers de nombreux changements géographiques et géologiques. M. Reuter, vice-président honoraire, fait à la Société la commu- nication suivante : NOTE SUR LE PRIMULA ALLIONII Lois., pr MI. G.-F. REUTER. Le Primula Allionii Lois. fut découvert, il y a environ un siècle, par Molineri, jardinier au Jardin botanique de Turin, et décrit par Allioni dans ses Auctuaria ad floram pedemontanam en 1789, sous le nom de P. glu- tinosa, avec l'indication de « la Madona delle Finestre ». Nous l'avons vaine- ment cherché, M. Boissier et moi, dans cette localité, où je crois que personne ne l'a trouvé, la nature granitique du terrain ne paraissant pas favorable à l'existence de cette espèce rare, qui demeura inconnue aux botanistes jusqu'a ces dernières années. Les auteurs se contentèrent de recopier la diagnose de Loiseleur, qui la décrivit et en donna une figure dans ses /Votices, p. 38, t. III, f. 4. Reichenbach, dans son Flora germanica excursoria, la réunit comme variété au P. viscosa Vill. Koch crut la reconnaitre dans une plante du Tirol méridional, et en donna une nouvelle description, mais la plante tirolienne fut reconnue différente, et est devenue le P. tirolensis de Schott. Tous les botanistes qui avaient le désir de trouver cette espéce, allaient en passant à Turin visiter l'herbier d'Allioni, pour voir la plante et noter la localité exacte d'aprés ledit herbier. M. le professeur Moris, avec sa bonté sí connue des botanistes, en donnait ordinairement un échantillon. C'est ainsi que nous la possédions, et que notre ami, M. le professeur Reichenbach fils, l'a obtenue et l'a figurée dans ses /cones Flore germanica, vol. XVII, tab. V1, f. 11. Enfin, il y a quelques années, M. Moggridge, botaniste anglais, qui habite Menton depuis assez longtemps, et qui parcourt avec une ardeur infatigable les Alpes-Maritimes, où il a fait plusieurs découvertes importantes, entre autres celle du rare Primula Allionii, en a trouvé plusieurs localités citées dans ses Contributions to the Flora of Mentone, fasc. IIT, tab. 63, oüilen à donné une description et une belle figure. En avril dernier, M. Boissier et moi avons fait une petite excursion sur les côtes de la Provence, d'Hyères à Menton. De cette dernière ville, nous fimes une tentative qui fut couronnée de succès pour la recherche du Primula. Partis de Menton dans une petite voiture, nous allâmes coucher à la Giandola, à moitié chemin sur la route entre Tende et Nice. Un peu aprés ce dernier village, encore dans la pleine région des Oliviers, à la sortie des gorges de Saorgio, sur la grande route de Tende, s'ouvre à gauche la petite vallée de Cairos, oü était indiquée l'une des localités de la plante recherchée. Enfin, SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LIII après environ deux heures de marche, en remontant ladite vallée, dans une petite gorge sauvage presque entièrement occupée par un lit de torrent parse- mé de gros blocs, nous trouvâmes notre plante contre des parois calcaires sur- plombantes et abritées de la pluie ; elle y est abondante, mais sur des points le plus souvent inaccessibles, où l'on voyait ses brillantes touffes qui laissaient tomber sur les gazons au pied du rocher de nombreuses corolles encore fraiches. Après plusieurs tentatives, nous pümes en recueillir un certain nombre d'échan- tillons dans un état de floraison malheureusement un peu avancé. Cette plante rare, qui croit un peu au-dessus de la région supérieure des Oliviers, se retrouvera sürement dans plusieurs stations analogues de ces montagnes ; elle croit en société des Primula marginata Curt., Potentilla saxifraga De Not., P. caulescens L., Sedum alsinefolium All., Mæhringia sedifolia Willd. , etc. Dans le voisinage se trouvaient Thymus vulgaris, Satureia montana, La- vandula vera, Euphorbia spinosa, etc. Au pied des rochers étaient des Buis entremélés de Violette odorante, Anemone Hepatica, Potentilla micran- tha et Primula suaveolens Bertol.; ces dernières espèces seulement en fleurs avec le Buis à cette époque. La Potentilla saxifraga, qui est une espéce nouvelle pour la flore de France (dans ses nouvelles limites) aiusi que le Primula, est trés-bien des- siné dans l'ouvrage de M. Moggridge, et commencait à peine à fleurir; il est très-répandu sur tous les rochers calcaires dans les basses vallées, entre Tende et Nice, méme dans les gorges de Saorgio sur la grande route; il est bien étonnant que cette espèce si distincte soit demeurée si longtemps ignorée des botanistes, ce que l'on doit probablement attribuer à sa floraison printa- nière ; ses jolies fleurs, d'un beau blanc, à pétales très-ouverts, rappellent un peu celles du Potentilla alba, mais sont plus petites; ses feuilles quinées et blanches en dessous simulent celles de l A/cAimilla alpina. En revenant de cette petite excursion, nous eümes l'heureuse chance de rencontrer à Sospello, petite ville sur la route, à la jonction de celles de Men- ton et de Nice, M. Moggridge, le botaniste auquel on doit la découverte du Primula dans ces montagnes; nous lui racontàmes le résultat de notre expé- dition qui l'intéressa beaucoup, et ce qui lui fit le plus de plaisir, ce fut d'ap- prendre que la localité oà nous avions trouvé la plante n'était pas de celles qu'il connaissait, et qu'elle y était plus abondante. Nous avions encore l'intention de rechercher une autre plante fort rare, le Cytisus Ardoini Fourn. , qui devait se trouver dans ces montagnes. M. Moggridge nous apprit qu'il croissait sur notre chemin pour retourner à Menton, et il eut la bonté de revenir avec nous pour nous conduire à la localité, en faisant un assez grand détour. Mais malheureusement la plante n'était pas encore en fleurs. M. Moggridge nous en envoya plus tard de beaux échantillons. Cette espèce très-rare a été décou- verte depuis peu d'années et est aussi nouvelle pour la flore de France; c'est un petit sous-arbrisseau à tiges dilTuses, à fleurs nombreuses et unilatérales, LIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rappelant par son port le Genista prostrata Lam., mais il s'en distingue tout de suite à ses feuilles trifolioliées, etc.; il est très-dilférent du C. glabrescens Sartorelli, qui croit dans les Alpes dela Lombardie; celui-ci est la méme espèce que le C. emeriflorus Rchb. Voici une petite description du Primula Allionit faite d'après de nombreux échantillons : PRIMULA ALLIONII Lois. — P. glutinosa All., non Jacq. — Plante solitaire ou réunie plusieurs en touffe sortant des fentes du rocher, à rhizome très- court ou s'allongeant avec l’âge, entièrement recouvert par les anciennes feuilles desséchées du centre desquelles naissent la rosette nouvelle et les fleurs. Les feuilles sont ovales ou oblongues-spatulées, plus où moins longuement rétré- cies en un pétiole dilaté à la base, entières ou obscurément dentées, à dents très-obtuses; toute la surface est couverte de petits poils glutineux, comme veloutée, et facilement salie par la terre et les menus débris qui s'y attachent. Les pédoncules sont uniflores, trés-courts, égalant la longueur du calice ou la dépassant de moitié ou à peine du double, naissant deux ou trois ensemble au centre de la rosette. Le calice est très-glutineux, campanulé ou oblong, à lobes ovales-obtus. La corolle a le tube une fois plus long que le calice, et le limbe très-ouvert, à cinq lobes échancrés ou bilobés. La capsule est globuleuse, plus courte que le calice, à cinq valves lancéolées-aigués. Cette plante présente les formes /ongistyla et brevistyla. La corolle est d'un beau rose, blanchissant par la dessiccation ; elle varie de grandeur, approchant souvent de celle du P. grandiflora. Les feuilles, très-visqueuses, rappellent par leur forme celles du Bellis perennis. — L'espèce dont elle est la plus voisine est le P. viscosa Vill., mais elle en diffère par les pédoncules uniflores et les feuilles plus ou moins entières. Les individus chezlesquelsle rhizome est très-allongé et colonnaire doivent être d'un âge très-avancé, et ont de Pana- logie sous ce rapport avec certaine forme de l'Androsace cylindrica des Pyrénées. La séance est suspendue et reprise quelques instants aprés, à l'Hôtel de la Truite, sous la présidence de M. Grenier. M. A. Peyre, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante, adressée à la Société. OBSERVATIONS SUR L'ORIGINE DE3 ESPÈCES JURASSIQUES, SPÉCIALEMENT SUR CELLE DES ESPÈCES DISJOINTES, par ME, le docteur H8. CHRIST. Toutes les chaînes de montagnes, et tous les pays en général, offrent le phé- noméne de non-continuité, de dispersion d'espèces. Le Jura, la chaîne qui nous occupe ici spécialement, n'est point exempt de cette loi ; au contraire, il en offre des exemples très-frappants. Tàchons de SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LV nous rendre compte de ce phénoméne. Séparons tout d'abord les trois grands groupes de végétation que nous offre le Jura : la végétation alpestre sur les crêtes, la végétation un peu méridionale à la base de la montagne, et la végé- tation moyenne entre ces deux régions. 1. — Nous savons, Messieurs, que la végétation du haut Jura n'a pas beaucoup de particularités, de traits saillants qui lui soient propres. Quoique cette. végétation se distingue si radicalement de la flore des montagnes grani- tiques, eugéogénes (comme Thurmann s'exprime), par exemple des Vosges, des terres froides de la Forét-Noire, elle ne differe nullement de celle des Alpes calcaires, surtout des Alpes occidentales. La flore alpestre du Jura n'est point une flore à part : c'est la flore alpestre des Alpes de Chambéry, de la Chartreuse, avec cette seule différence que ces Alpes offrent des types plus alpins, des espèces plus nombreuses, tandis que le Jura, en raison de son alti- tude moins considérable, ne nourrit plus les Aretia, les Pedicularis rouges des hautes Alpes. Les grandes raretés des sommets du Jura, qui sont des rare- tés pour le collecteur qui ne s'éloigne pas du domaine jurassique, ne !e sont pas pour celui qui herborise dans ces Alpes occidentales; il les y trouve presque toutes, en nombre, en étendue bien plus considérables. Il est donc probable, je dirai méme plus que probable, que le Jura, qui n'est qu'un chainon secon- daire du grand massif des Alpes calcaires occidentales, doit avoir recu sa flore alpestre de ce foyer-là. Cette flore diminue insensiblement vers le nord, et expire tout à fait dans l'Albe de Wurtemberg, ce dernier promontoire jurassique, avancé vers le nord, qui nous offre pourtant encore quelques es- pèces bien alpestres, le Crocus vernus entre autres. C'est donc une hypothèse plus ingénieuse que réelle, ce me semble, de croire que la végétation alpestre du Jura soit arrivée en masse, ou ait recu des augmentations notables du cóté du Valais, par l'entremise du grand glacier post-tertiaire, qui descendait du fond du Valais, franchissait l'emplacement actuel des lacs de Genéve et de Neuchà- tel et aboutissait aux pentes du Jura depuis Genève jusque dans le canton de Soleure. Quand on parcourt la liste des plantes alpestres jurassiques, et quand on la rapproche de celles des plantes valaisanes, on ne constate entre elles que fort peu de rapports : on ne trouve pas une seule espéce qui soit propre au Va- lais, et qui soit exclue des Alpes calcaires occidentales. Et il fandrait bien, à mon avis, de telles espèces jurassiques et. valaisanes à la fois, mananant aux Alpes de la Chartreuse, pour nous suggérer la pensée d'une provenance valaisane. 1l est bien plus naturel de supposer que la végétation d'un chainon dérive de la grande chaine de laquelle il se détache, que d'adopter l'hypothése d un transport par un glacier immense. Je ne dis pas que les glaciers valaisans n aient rien apporté du tout à la. chaine du Jura. Au contraire, je suis tout disposé à admettre que les quelques Mousses et les Asplenium septentrimale, dont quelques blocs erratiques sont ornés, nous sont arrivés avec les blocs mêmes du Valais. Mais pour le gros de la flore, je n'en crois rien. Et spécialement pour LVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Rhododendron ferrugineum, sur lequel on a fondé l'hypothèse que je viens de réfuter, je suis tout aussi certain d’une origine occidentale, que pour le reste des plantes alpestres, que pour l’Aconitum Anthora, l Arabis cenisia, l'Arabis stricta, le Ligusticum ferulaceum, Y Agrostis Schleicheri, le Dian- thus cesius, l Hypericum Richeri, Y Anthyllis montana, le Geranium nodo- sum, espèces qui manquent totalement au Valais et au reste de la Suisse. Car le Rhododendron ferrugineum est très-fréquent depuis les Alpes maritimes (où je l'ai vu moi-méme sur le col delle Finestre, entre Nice et Entraigues) à travers les Alpes des vallées vaudoises, jusqu'au Brizon et au Môle près Genève. Et le Rhododendron hirsutum manque à ces montagnes d'une manière plus compléte encore qu'au Valais. La végétation alpine du Valais est, à quelques rares exceptions prés, une végétation des schistes et de roches cristallines, une végétation eugéogène tout à fait opposée à celle du Jura. Celui-ci n'a pas ves- tige des plantes les plus communes du Valais, d'un Anemone vernalis, d'un Alnus viridis, d'un Carex frigida, d'un Primula villosa, des Draba alpes- tres à fleurs blanches, etc. 2. — Je viens d'établir que la végétation alpestre du Jura est celle des Alpes calcaires occidentales. Il est tout aussi facile de démontrer que la végé - tation des étages inférieurs du Jura dérive des régions du sud-ouest, de la vallée du Rhône et des confins de la région méditerranéenne. La partie basse du Jura présente, comme nous le savons tous, un commencement de cette végé- tation méridionaie, qui, assez développée dans le sud de la chaine, diminue peu à peu vers le nord. C'est le Buis surtout qui la caractérise. Avec le Buis, l'7beris saxatilis pénètre jusque dans le canton de Soleure, et le Carex gynobasis jusqu'au delà de Bâle. La station de l’Zberis à Onsin- gen et au Lomont est une des plus isolées. La localité la plus rapprochée du midi est à cent lieues de distance, c'est-à-dire aux Baronnies, dans le Dauphiné, et son vrai foyer ne se trouve que dans les Corbières, à Toulon, etc. 3. — Entre deux, entre les plantes alpestres et les plantes méditerranéennes, s'étend le gros de la végétation européenne, qui couvre d'une manière assez uni- forme notre continent, depuis la Sibérie jusqu'aux Pyrénées et méme au delà. Nous venons de constater l'origine de la végétation jurassique en gros et en général : celle de la partie basse est, pour un certain nombre d'espéces, celle du midi ; celle de la partie moyenne appartient à la végétation de l'Europe moyenne et de l'Asie tempérée ; celle des régions alpestres dérive des Alpes de la Chartreuse. Voilà la règle. Maintenant passons aux exceptions, qui nous offriront plus d'in- térét. Parmi les espéces dont l'aire jurassique se rattache sans interruption à leur aire générale, il v a un nombre assez grand d'autres espèces qui se trou- vent sur un point isolé, séparé de leur aire générale. Ces espèces disjointes peuvent étre groupées en diverses catégories. Il y en a, parmi les alpestres surtout, qui ne se trouvent ni dans les SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LVII Alpes de la Chartreuse, ni dans les Alpes occidentales en général, mais qui se retrouvent seulement dans des chaines alpines plus orientales : à ce groupe appartiennent : Cineraria campestris. Alsine stricta, Betula nana. Lysimachia thyrsiflora. Carex chordorrhiza. Saxifraga Hirculus. — Heleonastes. ] Pour retrouver ces espèces (toutes plantes des tourbières élevées), nous chercherions en vain dans les Alpes occidentales. Ce n’est que dans les vallées froides ou sur les plateaux élevés qui longent les Alpes suisses et allemandes qu'on les rencontre ; dans la Gruyère, à Einsiedeln et plus loin. Pour revoir l’Alsine stricta, il faut même pousser jusqu’en Bavière, au voisinage de Mu- nich. Mais dans ces parages, ces espèces sont tout aussi rares ct aussi dis- persées que dans le Jura; là aussi elles ne forment que de pauvres colonies. Leur patrie est plus loin: ce sont des espèces du Nord, des espèces de la Scan- dinavie, du nord de l'Amérique, de la Sibérie. Voilà donc une partie de la flore jurassique dont la présence se rattache très-probablement aux époques glaciaires, qui a pris le chemin opposé à celui des autres espèces alpestres, le chemin du nord au sud. Un autre groupe de plantes du Jura disjointes est celui qui, sans être venu des contrées arctiques, est pourtant arrivé au Jura du côté de l'Allemagne, et du revers septentrional des Alpes suisses ou allemandes. Ces espèces sont entrées dans le Jura par les parties septentrionales de la chaine, ce qui se reconnait par ce fait qu'elles s'arrétent déjà dans le nord, tout au plus vers le milieu de la chaine, et n'en atteignent pas les parties méri- dionales. Le Leontodon incanus est du nombre. C'est la plante qui s'avance le moins dans l'intérieur du Jura; elle arrive du nord des Alpes à l'Albe de Wurtem- berg, mais sans continuer plus avant dans nos contrées. Le Polygala depressa y appartient également, plante des montagnes alle- mandes, de la Forét-Noire surtout, du nord de la France aussi, qui a une station très-restreinte dans le Jura, et encore son existence y est-elle, je crois, ` un peu contestée. Le Coronilla montana aussi. Cette belle espèce nous arrive de l'Allema- gne, de la cóte d'Or peut-étre, mais ne pénétre point dans la partie moyenne du Jura. Quelques espèces ne manquent point aux Alpes occidentales, mais la manière dont leurs différentes stations se trouvent dispersées dans le Jura nous démontre que ce n'est guère là leur lieu de provenance. Je cite par exemple : Androsace lactea. Valeriana tripteris Primula Auricula. Carduus Personata, Luzula albida. LVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ges especes font absolument défaut dans le Jura méridional, sont rares ou plus ou moins rares dans les parties moyennes, mais assez fréquentes dans le nord de la chaine. Elles ne manquent pas tout à fait, comme j'ai déjà dit, dans les Alpes de la Chartreuse, mais l'aire jurassique de ces plantes est séparée de leur aire dans les Alpes occidentales et méridionales par une lacune, lacune qui embrasse pourtant les localités les plus propres, les plus favorables à ces plantes, savoir les localités les plus élevées, les plus alpestres. Il est donc assez probable que ces plantes sont arrivées au Jura septentrional d'un autre cóté : savoir des Alpes suisses, des environs du lac des Quatre-Cantons, autour duquel toutes ces espèces sont répandues, et qui est plus rapproché des stations ju- rassiques du Primula Auricula, de l'Androsace lactea, que les montagnes de la Chartreuse. A ce groupe on peut ajouter : Thlaspi montanum, Alyssum montanum, Arabis arenosa, manquant tous dans le sud de notre chaine, mais se trouvant dans le nord, très-éloignés de leurs stations en Dauphiné. Ces trois espèces sont extrêmement rares dans les Alpes suisses, mais se retrouvent dans la cóte d'Or. C'est là que je serais tenté de chercher leur provenance, à moins que la vérité ne soit dans l'hypothèse contraire, c'est-à-dire que le Jura ne les ait fournies à la cóte d'Or. | Si je parle d'origine et de provenance, ce n’estque dans un sens très-restreint et appliqné uniquement au Jura. Si l'on voulait embrasser la question générale, on devrait dire quele T hlaspi montanum est une plante de la région située relativement à nous au nord- ouest du globe, répandue sur une grande échelle dans l'Amérique du Nord et se retrouvant en Scandinavie. — Mais en fait de géographie botanique lo- cale, on est forcé de localiser aussi la discussion des aires. Avec la côte d'Or, nous nous dirigeons vers l'ouest directement. Remar- quons à cette occasion qu'un nombre assez considérable d'espèces, alpestres et autres, se sont introduites dans le Jura évidemment et incontestablement de ce cóté-là. C'est par exemple : Genista Halleri, Arenaria grandiflora, Alopecurus utriculatus, Braya supina, Peucedanum Chabræi, Polygala calcarea, Seseli montanum, qui n'existent pas à l'est du Jura; mais qui sont des plantes françaises plus ou moins répandues, qui atteignent le Jura, mais qui ne le dépassent pas du côté de Vest : qui y ont leur limite orientale. Cela n'est pas douteux pour le Genista, Y Alopeeurus, le Peucedanum, le Seseli, le Braya ; et me semble clair aussi pour le Polygala, qui n'est nulle part aussi répandu que dans l'est de la France et qui entre dans le cauton de Neuchâtel, comme pour l'Arena- ria, dont le domaine s'étend des Pyrénées jusqu'à Fontainebleau. J'y ajouter ai SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LIX aussi le Centranthus angustifolius, plante trés-francaise, qui est en Bourgogne et n'est point rare dans le Jura du nord et du milieu. J'y compte aussi le Scrofularia Hoppii, qui remonte des Pyrénées dans l'Auvergne, le Dau- phiné, et qui est cà et là dans le Jura, méme dans celui du nord (Soleure). De méme que les Pyrénées cristallines ont envoyé aux Vosges leur Andro- sace carnea, leur Angelica pyrenæa, leur Mulgedium Plumieri, et cela par l'entremise du centre, les Pyrénées ont également fourni au Jura quelques espèces calcaires par le même intermédiaire du centre de la France. Je ne tenterai pas de pousser plus loin ces rapprochements, car le temps nous est précieux. Passons donc vite encore à deux points intéressants. Le premier, c'est le manque bizarre et inexplicable pour le Jura de quel- ques espèces trés-communes dans toutes les Alpes calcaires. Comment se fait-il que nous manquions entièrement ou à peu près des Rumex alpinus, Geum mon- tanum, Meum Mutellina, Campanula barbata ? Rien de plus étonnant que cela. Le Maglan, le Dauphiné, en sont pleins, la Suisse en regorge, le centre de la France est pourvu des deux premiers, et les Pyrénées le sont des trois premiers. | Pourquoi cette absence complète dans le Jura? Pour le Rhododendron hir- sutum, c'est autre chose; c'est là une espèce de l'est, qui a son centre en Suisse, se répand à travers l'Autriche jusqu'aux Carpathes, mais expire vers l'ouest dans les Alpes du canton de Vaud. Déjà autour de Genéve vous n'en trouvez plus vestige: plus à l'ouest ou au sud non plus. La limite occidentale de cette espèce ne franchit pas la large vallée de la Suisse molassique et du lac de Genève. Le second point touche à des discussions bien hardies et bien en vogue aujourd'hui. C'est cette question : est-ce que le Jura a des espèces purement jurassiques, qui lui soient propres; en d'autres termes, plus à la hauteur des idées modernes ? est-ce que, dans le Jura, il s’est formé ou transformé des types d'une manière qui diffère de celle des pays voisins? Je crois que nous ne sommes pas autorisés à répondre d'une maniere tout à fait affirmative à cette question. Il y a toutefois une phanérogame au moins que l'onneconnait jusqu'à présent qu'au Jura : c'est l'Zeracleum al pinum de Linné. Cette espéce si tranchée, si curieuse, se trouve en abondance daas les clairieres du haut Jura septentrional ; elle manque dans le sud de la chaine. Elle cst citée par quelques floristes dans le Dauphiné, dans les Alpes occidentales en gć- néral, en Valais, dans les Pyrénées, en Autriche, en Transilvanie. J'ai fait bien des démarches pour vérifier ces assertions, toujours avec un résultat négatif. L'auteur le plus récent qui ait traité la question, Reichenbach fils, ne connait également que des localités jurassiques. Je serais heureux si quelqu'un des émi- nents botanistes descripteurs présents à la session pouvait me donner une indica- tion précise, non contestable, d'une localité extra-jurassique de cette plante. Dans le cas contraire, il faut bien la saluer comme le produit spécial du Jura. La LX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chose n'est point trop invraisemblable, car les Heracleum d'Europe (excepté le vulgaire Sphondylium) ont des aires tout aussi restreintes, et la région pyrénéenne comme le centre de la France ont l'une et l'autre leur Zeracleum à eux (H. pyrenaicum et Lecoquii). Il y a d'autres plantes qu'on connaît ailleurs, surtout en Savoie, mais qui ont pourtant leur domaine principal, je dirais leur métropole daus le Jura. C'est par exemple cette forme du Ranunculus montanus, que Schleicher a appelé gracilis, ce Sempervivum voisin de l'arachnoideum, que M. Reuter à nommé Fauconetti; c'est le curieux Poa hybrida de Gaudin, d'autant plus singulier que l'un des prétendus parents, le P. sudetica, est nul aux localités du P. hybrida; si je ne me trompe, c'est plutôt la forme particulière que le P. sudetica prend dans le sud de notre chaine, qu'une vraie hybride. — Puis cette curieuse plante voisine du Chærophyllum silvestre, que Thomas appelle Anthriscus torquata, et qui se maintient par la culture. Je cite ces formes pour vous démontrer, Messieurs, que le Jura aussi, malgré son humble position parmi les différentes chaines alpines dont il fait partie, que lui aussi commence à se former sa végétation à lui. Qui sait si dans les siècles des siècles, le nombre des species jurasse ou jurassicæ ne sera pas considérablement augmenté ? À l'occasion de cette communication, M. le Président présente quelques observations qu'il a bien voulu rédiger et transmettre au secrétariat aprés son retour à Besancon, sous forme de : NOTES CRITIQUES SUR QUELQUES PLANTES JURASSIQUES, par M. Ch GRENIER. Polygala depressa Wend. Le mémoire si intéressant de M. Christ, sur l'origine des espèces du Jura, m'a inspiré l'idée de revenir sur la géographie jurassique du Polygala de- pressa Wend. M. Christ pense que cette plante, qu'il regarde comme à peine jurassique, nous est arrivée d'Allemagne et particuliérement de la Forét-Noire. A ces loca- lités, M. Christ aurait dà ajouter les Vosges. Car cette plaute, commune sur notre lisière vosgienne, près de Montbéliard, arrive, avec les cours d'eau qui en descendent, jusque dans la forêt de Chaux, la forêt de la Serre et la plaine qui commence la Bresse. Sans doute, il a semblé bizarre à M. Christ de voir cette plante apparaitre aux Rousses, à l'extrémité du Jura opposée aux Vosges, puis manquer sur presque toute la longueur de notre chaine. Mais nous avons constaté que cette lacune n'était point réelle, puisque le P. depressa, aprés avoir longé tout le pied du Jura, a été retrouvé par nous à la tourbière de Pontarlier, et sur les pentes humides du Mont-d'Or, c'est-à-dire au centre SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXI de la partie élevée de la chaine. On le voit, tout est parfaitement régulier, et donne gain de cause à M. Christ. Arenaria gothica Fries, Voilà une des raretés de notre flore jurassique, une espèce nouvelle pour la flore de France, une espèce enfin qui appartient à la colonie scandinave qui végète dans les régions tourbeuses de nos hautes montagnes, et qu'il faut ajou- ter à la liste de M. Christ. Jusqu'à présent cette espèce a été confondue avec l'Arenaria ciliata L., mais par les raisons que je vais donner, on pensera, J'espère, que M. Fries a bien fait de l'ériger en espèce distincte. Tout le monde admet que l’A. ciliata est vivace. Or, je crois pouvoir affir- mer que la plante des bords du lac du Pont est annue/le. L'examen des ra- cines, et l'absence compléte de rejets terminés par des rosettes, et devant redonner des tiges l'année suivante, séparent nettement cette espèce de PA. ciliata L., dont elle n'a nullement l'aspect; elle a plutôt les allures d'une plante annuelle comme l'A. serpyllifolia qui croit dans la méme station. Du reste, pour lever tous les doutes, j'ai fait ample récolte de graines, et j'en envoie un petit sachet à la Société botanique de France, afin de la mettre à méme de constater authentiquement les faits. Ainsi, il neconvient plus, comme je l'ai fait encore dans ma Flore jurassique, de ramener cette plante, en variété, à l'A. ciliata L., mais il faudra la con- stituer en espèce. J'ajoute qu'il est probable qu'elle se retrouvera dans nos Alpes du Dauphiné, des Pyrénées, où elle a sans doute été confondue avec PA. ciliata L. Valeriana sambucifolia Mik. A un kilomètre du village des Longevilles, assis au pied du Mont-d'Or, nous commencions à peine à gravir les premiéres pentes de la montagne, à travers une haute forêt, lorsque M. Reuter et moi fümes mis en demeure, par nos confréres, de donner notre avis sur une grande Valériane qui partout bordait le chemin. Nous déclarâmes que cette plante avait toujours passé à nos yeux pour la variété à larges feuilles du V. officinalis L. Toutefois le doute qui avait traversé l'esprit de nos compagnons fut pour moi un trait de lumière, et je me promis d'étudier la question avec soin. A cette fin, je me mis à récolter des exemplaires en bon état, c'est-à-dire avec rejets ou stolons parfaitement conservés. De l'étude de ces documents, il est. résulté pour moi la conviction que la plante du bois des Longevilles est le Valeriana sambucifolin Mikan : espèce nouvelle pour le Jura, et presque nouvelle pour la France, où elle n'a encore été signalée que dans les Pyrénées centrales, par M. Zetterstedt. | Cette espèce n'a été distinguée du V. officinalis L. que par ses feuilles LXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'un vert plus sombre, à segments moins nombreux, plus larges, plus profon- dément dentés, et dont le terminal est ordinairement trilobé. Mais on trouve des intermédiaires, et ces caractères sont souvent d'une application difficile. Je crois avoir rencontré dans les stolons un caractère plus évident et plus pra- tique. Les stolons du V. officinalis sont hypogés, tandis que ceux du V. sam- bucifolia sont épigés ; ceux du premier se terminent par une rosette de feuilles à segments étroits et nombreux; les stolons du deuxième se terminent par une rosette appauvrie et à segments des feuilles larges et méme suborbiculaires, au nombre de 3-5 seulement. (Voyez l'excellente dissertation publiée sur le Valeriana sambucifolia par M. Timbal-Lagrave, in Rev. méd. Toul., p. 7 de l'extrait.) Cette plante nous vient plus probablement d'Allemagne que des Pyrénées ; la découverte de stations intermédiaires, dans l'une ou l'autre de ces directions, pourrait fournir des données plus précises. Knautia Godeti neut. Dans ma Flore jurassique, j'ai laissé à cette espèce le nom de Anautia lon- gifolia W. K. ; mais je regrette maintenant de ne pas lui avoir conservé celui de A. Godeti Reut. Car plus je revois la figure et le texte de Waldstein et Kitaibel, plus je suis convaincu que la plante de Hongrie n'est point la nótre. Ainsi, Waldstein et Kitaibel disent de leur plante : Radix perennis, multi- ceps. Caules ex eadem radice plures. Or, sur les exemplaires que j'ai exa- minés, je n'ai rieu vu de semblable ; et je pense dès lors qu'il faut conserver le nom créé pour notre plante par M. Reuter. Envisagé de cette manière, le À. Godeti Reut. vient se placer dans ce très- petit groupe d'espèces que M, Christ regarde comme appartenant en propre à lachaine du Jura. Campanula linifolia Lam. Sous les sommets du Mont-d'Or, dans les lieux un peu déprimés et où la neige séjourne un peu plus longtemps, j'ai retrouvé une vieille connaissance, un Campanula assez semblable au C. rotundifolia L., mais formant des touffes à fleurs d'un violet plus pále, subunilatérales, regardant en bas parce que les pédoncules sont courbés en demi-cercle et à corolle franchement cam- panulée, c'est-à-dire largement arrondie à la base. Ce ne pouvait pas être le C. rotundifolia, qui a la corolle plutôt conique que campanulée, et les pédoncules droits et dressés. Ce n'était pas non plus le C. pusilla, dont il avait 3-4 fois la taille, et dont il n'avait pas les nombreux rejets tracants. Était- cele C. linifolia Lam. ou une espèce nouvelle, C. pallidula Gren ? En tout cas, c'était une plante à remettre à l'étude ; je la récoltai donc avec soin, cherchant attentivement des rosettes stériles sur les souches longues et tra- SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXIII cantes. À mon grand regret, je n'en trouvai pas, et ne vis à la base des tiges glabres ou velues que rarement des feuilles ovales et un peu en cœur. Toute- fois, je note ce caractere négatif, qui n'est pas sans valenr. Dès que je fus en présence de mon herbier, je comparai mes exemplaires du Mont-d'Or avec ceux d'Auvergne, et aprés une étude attentive, je ne crois pas devoir séparer notre plante du C. linifolia Lam., actuellement du moins. C'est une plante nouvelle pour notre flore, et appartenant au groupe que M. Christ considére comme fourni au Jura par les montagnes du centre de la France ou méme par les Pyrénées. Scrofularia Hoppii Koch. Si je reviens sur cette plante, ce n'est point pour parler de ses caractères spécifiques que j'ai suffisamment exposés, mais pour dire un mot de ses sta - tions qui sont, je crois, plus nombreuses dans le Jura qu'on nele pense ; attendu que, parmi les localités citées pour le S. canina L., plusieurs appartiennent trés-probablement au S. Hoppii. D'où il résulterait que dans le Jura, le S. canina serait bien plus rare que le S. Zoppii. Linaria petræa Jord. M. Christ, dans son mémoire sur l’origine des espèces jurassiques, consacre un paragraphe aux espèces propres au Jura, et il les réduit à : Heracleum alpinum L., Ranunculus gracilis Schl., Sempervivum Fauconetti. Reut., Poa hybrida Gaud. — A ces espèces, il faut ajouter le Linaria petræa Jord., excellente espèce dont j'ai donné une diagnose différentielle très-détaillée dans ma Flore jurassique. Salix grandifolia Ser. Dans la région élevée de nos montagnes, le Salix grandifolia Ser. rem- place le S. cineres L. Mais lorsque le premier a des feuilles petites, par le fait d'une maigre végétation, il n'est plus facile de le distinguer du S. cinerea. Dans ce cas, M. Des Étangs est venu à notre aide en nous fournissant un excellent caractère spécifique, sur lequel il nous a promis une communication spéciale. M. Des Étangs a remarqué que, lorsqu'on enlève l'écorce des Salix cinerea et aurita, on trouve au-dessous la surface du bois couverte de cótes fines, saillantes et dirigées selon la longueur du rameau. Or, nous avons constaté que sous l'écorce du S. grandifolia, on rencontre un bois parfai- tement lisse; donc, pas de confusion possible en recourant à ce caractère. Toutefois, je dois ajouter que la présence de ces cótes saillantes et irré- gulières ne se manifeste pas ou presque pas sur le bois des rameaux de l'année, et qu'il faut chercher ce caractere sur le bois des rameaux plus anciens. Les feuilles lancéolées-oblongues du S. grandifolia ne permettent pas de le LXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. confondre avec le S. caprea à bois lisse, qui croit dans les mémes lieux, et dont les feuilles sont ovales plus ou moins allongées. Epipactis rubiginosa Crantz. Dans ma Flore jurassique, j'ai admis un Epipactis latifolia formé de deux variétés. J'ai presque honte d'avouer qu'il y a plus de cent ans que ces deux plantes ont été parfaitement décrites et distinguées comme espèces par Crantz, dans ses Stirpes. Ayant revu vivantes ces deux formes, dans notre excursion au Mont-d'Or et au Pont, et les ayant examinées avec attention, je pense qu'il faut les séparer comme espèces, ainsi qu'il suit : E. LATIFOLIA All. Ped. II, p. 152; Serapias latifolia L. Mant., p. ^90; S. viridiflora Hoffm. Deutschl. Fl. 1J, p. 181. — Cette plante est robuste et dépasse parfois 50 centim.; les bractées sont beaucoup plus grandes que les fleurs, qui sont trés-ouvertes, verdátres, inodores; le labelle, d'un lilas pàle, a les gibbosités lisses. E. RUBIGINOSA Crantz Stirp. 567 (1769); E. latifolio-atrorubens Hofim. Deutsch. Fl. 11, p. 482 (A791); Æ. atrorubens Schultes Fl. OEstr. Y, p. 538 (1794) ; Serapias latifolia Scop. Carn. II, p. 203 (1772). — Cette plante est un peu grêle, et dépasse rarement 30 centim. ; les bractées sont ordinairement plus courtes que les fleurs, qui sont petites, peu ouvertes, d'un pourpre noir, et exhalent une odeur de vanille ; le labelle a les gibbosités plissées-crépues. M. Des Etangs fait à la Société la communication suivante: NOTE SUR UN CARACTÈRE QUI SERT A DISTINGUER LES SALIX CINEREA ET AURITA PU S. CAPREA L., prr M. S. DES ÉTANGS. En 1841, j'ai communiqué à la Société académique de l'Aube une notice relative à un caractère certain, non encore indiqué dans les Flores, que présen- tent les Salis cinerea et aurita L., au moyen duquel on peut facilement les distinguer l'un et l'autre du Salix caprea L. et des espèces voisines (1). MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, auxquels j'ai adressé mon travail, ont signalé ce caractère dans les deux éditions de leur Flore des environs de Paris. Malgré cette publicité, qui remonte à plus de vingt-sept ans, j'ai remarqué qu'il était ignoré de ceux de nos collègues qui sont présents à cette session; C'est pourquoi je viens vous en entretenir. Voici en peu de mots ce que j'ai constaté et comment j'y ai été conduit : En examinant les tiges et les ramifications des S. cinerea et aurita, on voit qu'elles ne sont pas exactement cylindriques. L'écorce présente des parties (4) Memoires de la Société académique de l'Aube, 1841, p. 83. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXV planes séparées par des angles arrondis, ce qui donne l'apparence d'une barre de fer de forme cylindrique qui aurait été martelée sur une enclume. Pour m'assurer si la méme disposition était reproduite sur le corps ligneux, J'ai enlevé l'écorce d'une branche de chacune de ces deux espéces au moment oü la séve donne la facilité de le faire. A ma grande surprise, j'ai vu qu'au lieu d'étre lisse et unie, la surface du corps ligneux, ainsi mis à nu, est gar- nie de cótes ou arétes longitudinales formant des reliefs étroits trés-prononcés, atteignant parfois plusieurs centimètres de longueur, surtout chez le Salix aurita, et se prolongeant en pointe aiguë à chaque extrémité. Ces côtes distri- buées sans ordre sur le pourtour et dans toute la longueur du corps ligneux et de ses ramifications, sont tantót isolées, tantót rapprochées, en laissant entre elles un étroit sillon. MM. Cosson et Germain les ont décrites ainsi dans leur Flore : « lignes saillantes qui interceptent des losanges allongés. » Si l'on enléve l'écorce du S. caprea, on ne voit aucune aréte. Le corps ligneux est lisse, uni et glisse facilement entre les doigts. C'est cette absence d'arétes qui permet aux écoliers de fabriquer ces petits instruments qu'il nomment fléteaux. Ils détachent du corps ligneux du Marceau, au moyen d'une incision circulaire, un cylindre d'écorce d'une certaine longueur. En le faisant glisser le long de ce corps ligneux, qui fait alors l'office de piston, il se produit un vide dont ils font varier la longueur à leur gré, et en soufflantdaus ce tube, ils en tirent des sons plus ou moins aigus. Il est trés-possible que les Salix cinerea et aurita ne soient pas les seules espèces qui présentent les arêtes que je viens de décrire sommairement. Ces arétes doivent certainement jouer un róle important dans les hybrides résultant des espèces qui en sont pourvues et de celles qui n'en ont pas. Leur présence ou leur absence dans les formes considérées comme telles indiquera donc si ces formes ont ou non pour parents l'une ou l'autre des espèces munies de ces sortes de saillies ou appendices, et donnera plus de facilité pour en préciser la parenté. Il est vraisemblable que les S. Smithiana Willd. et affinis Gr. et Godr., qui ont des arétes, soient des hybrides; c'est ce qui semble résulter des synonymes rapportés sous ces espèces par MM. Grenier et Godron. N'ayant pas d'une manière certaine dans mon herbier le S. lanceolata Fries (variété capreiformis Wimm. du S. affinis Gr. Godr.), je ne puis dire si cette espèce, variété ou hybride, a des arêtes. Elle en est probablement dépourvue, puisque Wimmer lui donne pour parents les S. viminalis et caprea (Wimm. Sal. exs. n° 32). Le S. Pontederana, considéré comme hybride, n'a pas d'arétes ; son corps ligneux est aussi lisse que celui du S. caprea. 1l ne peut donc pas, comme on l'a dit, être issu du S. cinerea. Je n'ai pu observer que l'individu femelle. J'ai l'honneur de déposer sur le bureau un fragment de Salix aurita, sur le- quel chacun de vous, Messieurs, peut observer les arêtes que je viens de signaler. T. XVI, LE LXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président fait ressortir l'intérêt que présenterait pour la Société l'exploration des environs de Gap, qu'il a plusieurs fois parcourus avec un botaniste fort regretté, feu le colonel Blanc, et dans lesquels la Société trouverait pour guides, outre lui-méme, M. Gariod et MM. Burle frères, qui résident à Gap, ainsi que M. de Valon, qui a longtemps habité cette ville. Sur la proposition de M. le Président, vivement appuyée par M. Timbal-Lagrave, la Société émet à l'unanimité le vœu que le Bureau permanent choisisse l'an prochain la ville de Gap pour centre de la session extraordinaire. M. B. Martin, vice-président, s'exprime en ces termes : Messieurs, Au moment où notre cher Président (je choisis cette qualification de préfé- rence à toute autre et j'espere que celui à qui elle s'adresse n’y contredira pas), contraint pas des motifs trop légitimes, va, à notre trés-grand regret, se sépa- rer de nous, n'estil pas convenable de lui faire des adieux publics et aussi solennels que possible? N'est-il pas juste de le remercier ensemble de tous les actes d'obligeance qu'il a accomplis pour nous depuis le début de cette session ? L'obligeauce, cette qualité assez rare chez les maîtres qu'elle n'honore pourtant pas moins que le savoir, est chez notre Président élevée à la supréme puissance. Vous l'avez vu jusqu'ici, sans préoccupation pour la mesure de ses forces, uni- quement soucieux de donner à nos herborisations le plus de charme et le plus d'utilité possible, se tenir constamment à notre téte, étre partout notre guide et nous conduire avec dévouement sur divers points de la chaine du Jura, cette intéressante région, qui est comme son domaine botanique et dont il se plait à nous faire les honneurs avec l'empressement et la cordialité qui sont la véritable politesse des gens de science. Vous avez dü surtout étre touchés de voir un savant aussi distingué nous accueillir tous, sans distinction , avec la bonté la plus simple, la plus dévouée, la plus affectueuse. La plupart d'entre nous connaissaient déjà de longue main et presque familièrement l'éten- due de la bienveillance de notre chef, et ils n'ont éprouvé aucune surprise du caractère remarquable de ses manifestations actuelles. A ceux qui en font l'ex- périence pour la premiere fois, je recommande la mémoire de la journée d'hier, pendant laquelle le dévouement de notre Président a atteint ses der- nières limites; je leur rappelle le spectacle, quelquefois triste, toujours admi- rable, que nous avons eu sous les veux quand son bon vouloir s'est trouvé aux prises avec la fatigue, la douleur et les soullrances aiguës, Il y a dans ce rap- pel, à l'honneur de l'éminent professeur, des souvenirs émouvants que nous devons les uns et les autres garder soigneusement dans nos esprits. A cette occasion, n'est-ce pas pour nous un devoir de former des voeux pour le réta- SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXVII blissement d'une santé précieuse pour la botanique et chère aux amis de la botanique ? Recevez donc, par mon organe, bien cher et très-honoré Président, recevez à la fois l'expression de notre gratitude et de nos souhaits. Nous serons heureux d'apprendre au plus tôt que le retour des forces et de la santé a restitué à nos chères études l'exercice des facultés supérieures qui distinguent votre vive et forte intelligence, et qu'il n'y aura pas eu un long temps d'arrét dans l'impulsion que notre science tient de vous, et sans laquelle je soupçonne pour ma part que la partie de la botanique, qui est l'objet habituel de vos recherches et de vos travaux, risquerait fort de devenir bientôt manca et clauda. Ces paroles sont accueillies par les applaudissements unanimes de la Société. M. Grenier étant forcé par une indisposition de s'arréter au village du Pont, et ne pouvant diriger la Société dans ses excursions ultérieures, M. Reuter offre de lui servir de guide pour l'exploration de la vallée de Joux et pour l'ascension de la Dóle. Cette proposition est acceptée avec empressement par la Société ; mais M. Reuter étant obligé de se trouver à Genéve le lendemain soir, et aucun autre botaniste présent ne connaissant les herbori- sations à faire dans les environs, il est décidé qu'une modification importante sera apportée au programme, et qu'on atteindra les Rousses le méme soir, pour faire le lendemain samedi l'ascension de la Dóle. M. Eug. Fournier, tout en reconnaissant la nécessité de cette modification, fait remarquer combien eile est fácheuse pour les botanistes qui se baseraient sur le programme, imprimé et distribué au commencement de la session, dans l'intention de rejoindre la Société à l'une de ses étapes. Il ajoute qu'il se considérera comme obligé de séjourner aux Rousses jusqu'au lundi 19, ainsi que l'in- diquait le programme, pour y recevoir les confrères qui viendraient y rejoindre la Société. M. Fr. Klote, photographe à Vallorbe, qui se trouve actuellement au Pont, offre de prendre des clichés représentant en groupe les membres de la Société présents dans ce village (1). B Cette proposition est acceptée, et la séance est levée à une heure. (4) Il reste encore au bureau de la Société quelques exemplaires des photographies de M. kiœte : iis seront adressés à ceux des membres qui en feront la demande contre M , l'envoi d'un mandat de 2 francs. LXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 18 JUILLET 1569. PRÉSIDENCE DE M. BOURGAULT-DUCOUDRAY, VICE-PRÉSIDENT. La Société se réunit à une heure, à l'hótel dela Couronne, aux Rousses. Le procés-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président annonce une présentation. Cette séance étant la derniére de la session, la Société décide que la proclamation aura lieu immédiatement, et M. le Président proclame membre de ia Société : M. CnaPurs, employé des douanes, aux Rousses, présenté par MM. Bourgault-Ducoudray et Eug. Fournier. M. Eug. Fournier fait à la Société la communication suivante : SUR DEUX PELLÆA NOUVEAUX, par M. Eug. FOURNIER. Les Fougères de la Colombie, qui ont déjà fourni tant de nouveautés aux ptéridographes, sont loin d'avoir été complétement décrites par eux. Au nombre des plantes intéressantes qu'elles renferment se trouve une Cheilanthée, sur l'étiquette de laquelle M. Mettenius s'est borné, en préparant les Fougeres du Prodromus Flore novo-granatensis, à exprimer les doutes qu'elle lui inspi- rait. Les caractères des pinnules fertiles de cette espèce la rattachent à l’ancien genre A//osorus, mais la tige n'est pas simple et se ramifie irrégulièrement en rameaux obliquement ascendants, qui constituent les frondes. Elle paraitrait devoir être considérée comme arborescente si l'on s'arrétait à ce caractère superficiel. Mais on constate facilement que les prétendus rameaux sont tous d'égale importance en grosseur, et que chacun d'eux est décurrent sur l'axe en apparence principal au moment où il le rejoint, et que cet axe peut étre considéré comme résultant de la soudure de plusieurs pétioles différents. Cet axe offre de plus dans certaines de ces parties, et surtout supérieurement, une tendance à l'aplatissement qui rappelle les fascies tératologiques. Rien ne prouve, il est vrai, que l'échantillon recueilli par Funck ne soit pas anomal; cependant, l'état normal de l'espèce n'existant chez aucun type connu, il nous a semblé convenable de lui assigner une nouvelle dénomination. Quelques observations doivent étre faites sur le genre auquel appartient cette Fougère. Le genre A//osorus de Bernhardi, établi pour notre plante des Pyrénées et des Alpes, I A. crispus, a été étendu par Presl, dans son Tentamen, p. 151 (1836), d'une manière qui l'a rendu très-confus. Une division du genre, les Allosori eut ypici, a conservé les congénères du type primitif de Bernhardi, SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXIX dont les frondes fertiles sont dissemblables. Une autre, les Monomorphi, a recu des types très-divers : les uns que leur port spécial a fait ranger par Hoo- ker et Greville dans le genre Jamesonia (J. imbricata), les autres à surface inférieure des frondes glauque, blanche ou jaune, et à segments trés-divisés, qui constituent le genre Aleuritopteris Fée, genre très-naturel, les autres enfin à pinnules entières, assez régulières, qui forment le genre Pellæa Link (Platyloma J. Sm.). Une troisième division, celle des Aquilini, contient les espèces voisines du Pteris aquilina, caractérisées par leurs frondes cartilagi- neuses ; c'est la section Ornithopteris Agardh du genre Pteris. De tout cela il résulte que le genre A//osorus ne pouvait être conservé que pour la première section de Presl, c'est-à-dire pour les formes à segments fructifères dissem- blables ; malheureusement ce nom, suivant les règles de la nomenclature, parait devoir céder le pas au Phorolobus de Desvaux (Cryptogramma R. Br.). Met- tenius, à l'exemple de Kunze, a longtemps conservé le nom d' A/losorus aux vrais Pellæa; il y avait renoncé pour son Species Filicum, comme on le voit dans ses publications posthumes éditées dans le Zinnœæa par les soins de M. Kuhn. Voici la description de cette espèce, ainsi que d'une autre qui en est voisine : PELLÆA FASCIATA Fourn. n. sp. — Frondes bipinnatæ, basi adhærentes et caulem falsum simulantes, apice longe ac longe prodeuntes, rigidæ, rhachi flava, pubente, subflexuosa; pinnis sagittatis, acutis, 4-5 cent. longis, pinnu- lis truncato-cuneatis, aliquando confluentibus, basi superiore paulum auricu- latis, supra nitidis, glaberrimis, infra tuberculoso-puberulis, indusio continuo, fimbriato, soris flavis, nervillis lateralibus simplicibus v. bipartitis, margine recto enervi. Crescit in Americæ centralis Venezuela, prov. Merida, 7000', novembri sporigera (Funck et Schlim n? 1222). P. REFLEXA Fourn. n. sp.— Rhizoma horizontale. Frondes bi-tripiunatze, sesquipedales, stipite 12-15 cent. longo, rhachi flexuoso tenuiter et dense acu- leato, pinnis arcuato-reflexis, pinnulis truncato-cuneatis, basi superiore pau- lum auriculatis, pilosulis, aliquando in lacinias solutis, margine subcrenato, soris fulvis, indusio fimbriato, late membranaceo, nervillis lateralibus v. bi- partitis. Crescit in Columbia (Moritz absque numero). M. E. Roze dit qu'il n'existe pas de ligne de démarcation tranchée entreles Fougéres herbacées etles Fougeres arborescentes, et insiste sur ce point que chez celles-ci l'axe ne préexiste pas aux frondes, mais se forme au contraire par la juxtaposition et la réunion de leur rhachis. LXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cornu ajoute qu'au bout de vingt-cinq ans, la Fougére-mále posséde un véritable tronc. M. Bourgault-Ducoudray cite des Davallia arborescents. M. Eug. Fournier reconnait qu'en effet, certains genres ordinai- rement herbacés, comme le genre Phegopteris, ont des espèces arborescentes ; il cite aussi l Asplenium arborescens Willd. Mais ces faits, dit-il, ne se rencontrent que parmi les genres à bourgeon terminal aérien, dont les frondes ne se séparent pas à leur base en y laissant une impression cicatricielle. Il rappelle la division adoptée par J. Smith, qui sépare les Polypodiacées en Érémobryées et en Desmobryées d’après ce point de vue. I ajoute qu'en parlant d'une maniére générale des Fougéres arborescentes, il envisageait, comme tout le monde, les Alsophilées, et que celles-ci se distinguent des autres Fougères, non-seulement par l’obliquité bien connue des cellules qui constituent l'anneau de leur sporange, mais encore par la forme de pyramide triangulaire surbaissée qui appartient à cet organe. M. l'abbé Garroute demande s'il est préférable d'écrire Allosurus ou A//losorus. M. Eug. Fournier répond que l'orthographe véritable, conforme à l'étymologie, est A//osorus, et que la forme A//osurus, reproduite dans plusieurs Flores, résulte d'une faute typographique commise en 1836 dansle Genera d'Endlicher. M. Bourgault-Ducoudray informe les membres présents à la ses- sion que M. Lloyd, de Nantes, désirerait vivement recevoir vivant du Midi le Cuscuta Kotschyi, dont il est question dans sa Flore de la Loire-Inférieure, p. 355. M. Chapuis est prié par M. le Président de donner quelques détails sur les herborisations qu'il a faites aux environs des Rousses. LISTE DES PLANTES INTÉRESSANTES RENCONTRÉES DANS LES HERBORISATIONS AUX ENVIRONS DES ROUSSES, par ME. CHAPUIS. Thalictrum aquilegifolium L. — Forêts en montant à la Dôle. Juin, juillet. Anemone alpina L. — Sommet de la Dóle, exposition N. Juin. — narcissiflora L, — Ibid. Ranunculus Thora L. — En montant au Reculet depuis Lélex. Mai, juin. — aconitifolius L. — Prés humides; bords des ruisseaux. Juin. -— platanifolius L. — Forêts en montant à la Dóle. Juin, juillet. — lanuginosus L. — Coupe en montant à la Dóle par la Pile. Juillet. Trollius europæus L. — Prés humides. Juin. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXXI Aquilegia vulgaris L, — Pâturages. Juin. — atrata Koch. — Pâturages de la Dôle. Juillet. Aconitum Anthora L. — Sur la Dóle. Septembre. — lycoctonum L. — Buissons et bords des forêts. Juillet. — Napellus. L. — Bords des ruisseaux ; pâturages humides. Août, Actæa spicata L. — Bois; devant le fort des Rousses. Juin. Nufar luteum Smith. — Lac des Rousses. Juillet. Arabis alpina L. — La Dôle ; rochers. Juin, juillet. — incana Roth. — Bords de la route de la Faucille. Juillet. Cardamine silvatica Link. — Coupe en montant à la Dóle par la Pile. Juin, juillet. Dentaria digitata L. — Foréts. — pinnata Lam. — Forêts. Draba aizoides L. — La Dôle , fentes des rochers. Mai. Kernera saxatilis Rchb. — Rochers de la Dôle. Juin, juillet. Drosera rotundifolia L. — Tourbière, prés du lac. Août. — longifolia L. — Ibid. Parnassia palustris L. — Prés humides ; tourbiéres. Août. Polygala alpestris Rchb. — Pâturage de la Dole. Juillet, août. Helianthemum canum Dun. — Rochers au sommet de la Dóle. Juillet. Viola palustris L, — Tourbières. Mai, juin. — biflora L. — Reculet, rochers humides. Juin. — calcarata L. — Sommets des Colombiers et du Reculet. Juin. Dianthus silvestris Gaud. — La Faucille; rochers. Août. — aggericola Jord. — Ibid. —- monspessulanus L. — La Faucille, les Colombiers. Août. — superbus L. — Tourbière, près du lac. Juillet. Sagina nodosa Fenzl. — Ibid. Mehringia muscosa L. — Forêts. Juin, juillet. Stellaria nemorum L. — Bois en montant à la Dôle par la Pile. Juillet. — uliginosa Murr. — Fossés des tourbiéres, prés du lac. Juillet, août. Linum montanum Schleich. — Sur la Dóle. Juin, juillet. Hypericum quadrangulum L, (H. dubium Leers). — Sur la redoute. Juillet. Geranium silvaticum L, — Forêts. Juin, juillet. Rhamnus alpina L. — Coteaux pierreux. Mai. . Cytisus alpinus Mill, — Bois devant le fort; bief de la Chaille. Juin, Trifolium montanum L, — Prés et pàturages. Juillet. Orobus vernus L, — Forêts. Juin. Spiræa Aruncus L. — Forêts. Juillet. Dryas octopetala L. — Sommets de la Dôle et du Reculet. Juin. Geum rivale L. — Bords des ruisseaux. Juin. Rubus saxatilis L. -— Pâturages, Juin. Comarum palustre L. — Tourbières. Juillet. L. Alchimilla alpina L. — Glacis du fort ; pâturages. Mai, juin. Cotoneaster vulgaris Lindi. — Sommet de la Dóle. Juin. Sorbus Aria Crantz. — Dans les bois. Juin. . — Chamæmespilus Crantz. — La Dóle. Juin. | Epilobium spicatum Lam. — Dans les coupes ; sur les ruines. Août, — trigonum Schrank. — Bois en montant à la Dôle. Juillet. — palustre L, — Tourbières devant le lac. Juillet, août. . Sedum atratum L. — La Dóle, rocailles au-dessus de la forét. Juillet. Sempervivum tectorum auct. (S. juratense Jord.). — Sommets de la Dóle et des Colom biers. Aoüt, . Ribes alpinum L. — Forêts. Juin. . . — petræum L. — En montant à la Dóle. Juin. o, Saxifraga Aizoon Jacq. — La Dóle ; contre les rochers. Juin, juillet. — rotundifolia L. — Forêts. Juin. — Hirculus L. — Marais de la Trélasse. Juillet-août. Chrysosplenium alternifolium L. — Sous les sapins devant le fort, Mai, Astrantia major L. — Bords des forêts ; buissons. Juillet, août. LXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Athamanta cretensis L. — Sommet de la Dóéle, dans les fentes de rochers. Aoüt Laserpitium Siler L.— La Faucille ; Montfiers, etc. Juillet, Lonicera alpigena L. — Bois taillis. Mai, juin. Asperula odorata L. — Foréts. Juin. Valeriana angustifolia Tausch. — Pâturages. Juillet. — montana L. — Rocailles. Juin. Adenostyles albifrons Rchb. — Forêts. Juillet. — alpina Bl. et Fing. — La Faucille, au bord de l'ancienne route. Août. Homogyne alpina Cass. — Bois devant le fort ; la Dôle. Juin, juillet. Petasites albus Gertn. — Foréts. Mai. Aster alpinus L. — Sommet de la Dóle. Juillet. Bellidiastrum Michelii Cass, — Foréts. Juin. Senecio Fuchsii Gmel. — Forêt en montant à la Dóle. Août, — Doronicum L. — La Dóle, bord de la forêt au-dessus du chalet. Juillet. Gnaphalium silvaticum L. — Pàturages. Août. Leontopodium alpinum Cass. — Sommet de la Dóle. Juillet. Cirsium Erisithales Scop. — La Dóle; la Faucille, au bord de la route. Août. — oleraceum All. — Bords des ruisseaux. Juillet, Carduus defloratus L. — Pâturages. Juin. Centaurea montana. — Ibid. Carlina acaulis L. — Pâturages. Août. Hypochæris maculata L. — Prés en montant à Montfier, Juillet. Prenanthes purpurea L. — Dans les bois. Août. Mulgedium alpinum DC. — Sous les sapins, à la Dóle, à la Faucille. Juillet. Crepis succisæfolia Tausch. -— Prés en montant à Montfier. Juillet. — blattarioides Tausch. — La Faucille, bords de la vieille route. Août. — paludosa Tausch. — Forêt en montant à la Dóle. Juillet. Hieracium villosum L. — La Dóle ; la Faucille. Juillet. Phyteuma orbiculare L. — Prés et páturages. Juin. Campanula thyrsoides L. — La Dôle. Juin. — pusilla auct. (C. subramulosa Jord.). — Rochers ombragés. Juillet. Vaccinium uliginosum L. — Tourbiéres. Juin. — Myrtillus L. — Forêts. Mai. — Vitis-idæa L. — Tourbiéres; la Dóle, rochers près desquels on trouve le Rhodo - dendron. Juin, juillet. — Oxycoccos L. — Tourbières. Juin. Arctostaphylos alpina Spreng. — La Dóle, rochers au nord du plus haut sommet. Juin. Andromeda polifolia L. — Tourbiéres. Juin. Calluna Erica DC. — Tourbiéres et non ailleurs. Août. Rhododendron ferrugineum L. — La Dôle, rochers en arrivant au sommet, depuis Tré- lasse ; les Colombiers. Juin. Pirola rotundifolia L. — Forêts, juin. — secunda L. — Forêts. Juillet. Primula farinosa L. — Tourbiéres. Mai. Androsace villosa L. — Sommet de la Dóle. Juin. Soldanella alpina L. — La Dóle, versant N. Mai, juin. Swertia perennis L. — Prés tourbeux devant le lac ; à la Trélasse. Août. Gentiana lutea L. — Páturages. Juillet, août. — Cruciata L. — Ibid. — acaulis L. — Sommet de la Dóle. Juin. — verna L. — Pâturages. Mai, juin. — campestris L. — Prés. Aoüt. Erinus alpinus L. — Rochers. Juin. Veronica urticifolia L. — Foréts. Juin. — aphylla L. — Sommet dela Dóle. Juin. — fruticulosa L. — Terrains arides; glacis du fort. Juillet. Tozzia alpina L. — Dans la forêt en montant à la Dôle par la Pile. Juillet. Melampyrum silvaticum L. — Forêts. Juillet, Bartsia alpina L, — La Dôle, Juin, SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXXIII Calamintha alpina Lam. — La Dôle ; la Faucille. Juillet, août. Stachys alpina L. — Forêts. Juillet. Utricularia minor L. — Tourbière derrière le Bief-Noir, fossés. Août. Globularia cordifolia L. — La Dóle. Juin. Rumex scutatus L, — Débris de rochers, la Dóle; la Faucille; Morez. Juillet. Polygonum Bistorta L. — Prés humides. Juin. — viviparum L. — Pâturages de la Dóle. Juin, juillet. Thesium alpinum L. — La Dóle, exposition au midi. Juin. Asarum europæum L. — Forêts. Juin. Empetrum nigrum L. — Tourbiére près du Bief-Noir. Mai. Salix grandifolia Ser. — Forêts de la Dôle et de la Faucille. Juin. — ambigua Ehrh. — Tourbiére devant le lac. Mai. Betula nana L. — Signalé dans les marais de l'Abbaye (Suisse); tourbiere de Mouthe (Doubs). Juniperus nana Willd. — Sommet de la Dóle. Juin. Pinus uncinata Ram.? — Tourbiéres devant le lac. Juin, Abies excelsa DC. — Forme de vastes foréts. Juin. — pectinata DC. — Plus commun dans les forêts de la Faucille. Mai. Larix europæa DC, — La Faucille. Potamogeton compressus L. — Bord du lac, rare. Août. — marinus L. — Ibid. Orchis globosa L. — Prés, exposition Nord, Juillet. — sambucina L. — Sous de grands sapins, en allant de la Dôle à la Vasserode, Juin. — incarnata L.— Marais de la Trélasse et de la Pile, Juillet. Platanthera viridis Lindl. — Páturages ; cà et là. Juin. Listera ovata R. Br. — Bois et prés humides. Juillet. Nigritella angustifolia Rich. — Prés et pâturages, Juillet. Crocus vernus All. — Prés et pâturages. Mai. Convallaria verticillata L. — Foréts. Juin. Maianthemum bifolium DC. — Forêts. Juillet. Lilium Martagon L. — La Dóle. Juillet. Allium sibiricum L, ? — La Dóle, source en descendant au chalet. Juillet. Phalangium Liliago Schreb. — Rocher du Turu, route de Morez. Juillet. Veratrum album L. — Infeste les pâturages de la Dôle. Juillet, | Tofieldia palustris Huds. — La Dôle ; route de la Faucille; chemin du Vivier. Juin, juillet. Luzula flavescens Gaud. — Bois devant le fort. Mai. — maxima DC. — Rochers au sommet de la Dôle. Juillet. — multiflora Lej. — La Dóle; tourbière devant le lac. Mai, juin. Rhynchospora alba Vahl. — Tourbiére derriére le Bief-Noir. Juillet. Scirpus cæspitosus L. — Tourbières. Mai. | | — compressus L. — Marais de la Trélasse; ailleurs prés des sources. Juillet. Eriophorum angustifolium Roth. —. Tourbières. Mai, juin. — alpinum L. — Ibid. — vaginatum L. — Ibid. . Carex dioica L. — Marais de la Trélasse. Mai. | — pauciflora Lightf. — Tourbières des Rousses et de la Pile. Juin. — leporina L. — Marais de la Trélasse. Juin. — stellulata Good. — Ibid. — canescens L. — Tourbières des Rousses, devant le lac. Juin. — sempervirens Vill. — La Dóle, sous les rochers au levant. Juillet. — Scopolii Gàud. — Rochers ombragés en arrivant au sommet. Juin. Phleum alpinum L. — Páturages de la Dóle. Juillet. Nardus stricta L. — Marais de la Pile; la Dóle. Juillet, Botrychium Lunaria Sw. — Prés devant la redoute ; pâturages. Juillet. Asplenium Filix femina Bernh. — Forèts. Août. — viride Huds. — Rochers ombragés. Aoüt. — | Lycopodium Selago L.? — Tourbière derrière le Bief-Noir. — inundatum L. — Tourbière devant le lac. LXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lycopodium annotinum L. — Forét au versant O. de la Dóle. Selaginella spinulosa Al. Br. — Pâturages ; à la Trélasse ; à la Faucille. M. Des Étangs émet un vœu relativement à la publication du Bulletin, c'est que les comptes rendus des sessions extraordinaires n'aient pas une pagination spéciale. M. Eug. Fournier fait observer que les comptes rendus des sessions, détachés du reste du Bulletin, sont donnés ou vendus à part. M. Des Étangs répond que l'on pourrait faire un tirage à part, avec pagination spéciale, pour les exemplaires qui ne seraient pas destinés aux membres de la Société. M. Bras demande qu'il n'y ait qu'une seule pagination pour chaque volume du Bulletin, et qu'elle soit commune aux comptes rendus des séances, à la Revue bibliographique et aux sessions extraordinaires. M. Eug. Fournier répond que pendant plusieurs années cette méthode avait été suivie, et qu'elle a eu pour résultat de retarder considérablement la publication du Bulletin, toute cause de retard qui affectait l'une des trois parties entrainant celui des deux autres. I! ne voit pas de raison pour modifier un état de choses actuellement trés-favorable à la promptitude des publications de la Société. M. Roze fait remarquer que si la Commission du Bulletin a cru devoir prendre de nouvelles mesures relativement aux publications de la Société, elle ne l'a fait qu'avec l'assentiment du Conseil d'admi- nistration ; que le Secrétariat ne peut ici que prendre note des désirs exprimés par les membres de la Société présents à la session extraordinaire, mais qu'il ne lui est pas permis de prendre d'enga- cement sur des questions qui doivent étre d'abord soumises, soit à la Commission du Bulletin, soit au Conseil. M. Manceau demande alors que cette question soit renvoyée à l'examen de la commission du Bulletin. M. Bras, vice-président, se lève et exprime les remerciments dela Société pour le concours empressé qu'elle a recu de MM. les bota- nistes suisses; il remercie en particulier M. Chapuis, qui a bien voulu diriger la Société dansl'exploration de la Dôle, aprés le départ de M. Reuter, et le matin méme au lac des Rousses. M. le Président constate que les membres de la Société, bien que réunis encore au nombre de 23, n'ayant aucun guide pour les SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXXV diriger dansl'exploration du Reculet, désirent clore immédiatement la session. Quelques-uns d'entre eux formant le projet de se rendre en Valais, à Zermatt, il les invite à communiquer au secrétariat de la Société les résultats de lears herborisations. Enfin il déclare la session close en exprimant l'espoir que l'année prochaine les membres qui l'ont formée se retrouveront à Gap. RAPPORTS SUR LES HERBORISATIONS FAITES PAR LA SOCIÉTÉ RAPPORT DE M. J. POURTIER SUR L'HERBORISATION FAITE AU FORT DE JOUX, LE DIMANCHE 14 JUILLET, SOUS LA DIRECTION DE M. CH. GRENIER. Sous l'habile direction de M. Grenier, et pour utilisergvant l'ouverture offi- cielle de la session une demi-journée de loisir, quelques membres de la Société se sont rendus à la montagne du Larmont (versant sud), au sommet de laquelle s'éléve la partie neuve du fort de Joux, construite en partie dans le roc. Avant de parler des plantes recueillies à la montagne méme, énumérons les espèces intéressantes rencontrées pendant le trajet. En suivant la droite de la route, on trouve une haie formée en partie de Rosa parmi lesquelles nous avons distingué Rosa Reuteri (foliis duplicato-serratis). Plus loin, autour des buissons situés au pied du Larmont, nous avons remarqué le Geranium silvaticum; une autre espèce, beaucoup plus rare, Geranium palustre, s'y trouvait également en assez grande quantité. Dans le méme endroit crois- saient plusieurs Rosa parmi lesquelles on a recueilli Æosa subglobosa Smith. Dans le territoire cultivé situé au pied du Larmont et s'étendant jusqu'au delà méme de Pontarlier, on a remarqué une plante qu'on y cultive en grand et qui est pour le pays toute une industrie. Je veux parler de la Grande-Ab- sinthe : Artemisia Absinthium L. Bien que cette espèce soit cultivée dans d'autres pays qu'à Pontarlier, notamment en Suisse et sur quelques autres points de la France, je crois bon de dire, en passant, deux mots de sa culture, de sa distillation, enfin en général de l'industrie qu'elle alimente. Le climat de Pontarlier, trés-froid pendant une grande partie de l’année, favorise cependant la culture et le développement de cette plante aromatique. Il est aussi d'autres causes qui invitent les habitants à se livrer à ce genre d'industrie. La nature grandiose ici, est inculte sur quelques points et peu favorable aux efforts de l'homme. La contrée, couverte en grande partie d'épaisses foréts de sapins, dont l'éternelle verdure contraste avec la blan- SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXXVII cheur des neiges et des glaces de nos longs hivers, hérissée de monts aux cimes nues et arides pour la plupart, oblige les habitants de ces hauteurs à chercher dans l'industrie horlogère et forestière les ressources que leur refuse le sol; et ceux qui habitent la partie moyenne des montagnes utilisent le plus petit coin de terre à cultiver l'Absinthe qui croit si rapidement dans ce sol et y trouve de féconds éléments de nutrition. Cette culture est à la fois une branche de commerce importante et lucrative pour ceux qui s'y livrent en grand, et un moyen d'occupation avantageux pour des centaines de femmes et de jeunes filles qui languiraient dans le dénüment et la misère sans ce moyen d'existence. Les jeunes plants d'Absinthe destinés à l'exploitation ont été semés quatre ou six mois à l'avance. Si la plantation est faite au mois de mai, la récolte qui aura lieu une seule fois, la première année de la plantation, sera très-abon- dante. La plantation peut durer jusqu'à quatre ans au maximum, et pour chacune des années qui suivent la première, la récolte s'opére en deux fois : la première coupe se fait du 1** au 10 juillet ; la deuxième au mois de septembre. En ce qui regarde l'Artemisia pontica ou Petite-Absinthe, que l'on em- ploieà colorer la liqueur d'absinthe, le mode de culture est trés-simple. On n'en seme pas les graines, mais à une époque déterminée on reléve la plantation qui s'est accrue de tous les bourgeons, de toutes les tiges formées pendant son existence, de sorte qu'avec un seul métre carré de cette Petite-Absinthe, on en peut planter 10 autres metres et méme plus. Les tiges de cette espèce ne s'élèvent jamais qu'à 1 ou 2 décimétres, et la récolte n'a lieu qu'à une seule époque, vers le 1° septembre. Bien qu'offrant de la dureté, les racines d'Absinthe sont sujettes à périr par suite de la gelée. Les années oü la neige ne tombe pas en assez grande abondance pour garantir les plantes des rigueurs de l'hiver, il n'est pas rare de voir des plantations à moitié détruites, soit par la gelée, soit par l'action destructrice d'un insecte particulier à l'Absinthe. La dessiccation de la plante doit se faire à l'abri des rayons du soleil, dans des greniers espacés, bien aérés, l'air devant y circuler dans tous les sens. Sans cette condition essentielle, qui est une garantie de bonne qualité et de bonne conservation, l'Absinthe perdrait une grande partie de ses propriétés aroma- tiques. Une fois desséchée, l'Absinthe est coupée en morceaux, emballée dans des colis de forte toile, et une grande partie de celle qui ne peut étre utilisée à Pontarlier est dirigée sur les grands établissements de distillation du midi de la France. A Pontarlier, il existe cinq usines où l'on fabrique la liqueur d'absintlie. Par son goüt, son mode perfectionné de fabrication, le soin surtout d'éviter d'y faire entrer aucune substance hétérogène, l’absinth: de Pontarlier jouit d'une grande renommée. Elle est réputée pour être la meilleure que l'on con- naisse. LXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il y a deux opérations bien distinctes à suivre pour obtenir la liqueur d'ab- sinthe telle qu'eile est livrée au commerce : la premiere comprend la distilla- tion, la seconde consiste dans la coloration. La distillation se fait de la maniére suivante: les alambics sont chargés de grosse Absinthe desséchée sur laquelle on verse de l'alcool à 87 degrés. Le temps employé pour obtenir le produit de la distillation est ordinairement de quatorze heures. Par cette premiére opération, on obtient l'absinthe sans aucune teinte particulière. Son degré alcoolique est 73 degrés centésimaux. ll s'agit de lui donner la teinte verte qu'elle doit avoir. On doit pour cela procéder à une seconde opération. On charge les aiambics avec deux plantes distinctes qui sont : Artemisia pontica (Petite- Absinthe), et l’ Hyssopus officinalis L. On a soin de verser sur ces herbages l'absinthe blanche obtenue par la distillation première, et le résultat obtenu par cette nouvelle distillation est l'Absinthe verte ou colorée, Mais ce n'est pas cette absinthe colorée sortant des alambics qui est livrée à la consommation ; elle serait un véritable poison. Ici le cou- page devient nécessaire pour terminer l'opération. Pour un hectolitre d'Ab- sinthe blanche, on ajoute 4 d'absinthe colorée, c'est-à-dire 20 litres de ce liquide. Alors on a obtenu la liqueur d'absinthe telle qu'elle est livrée aux consommateurs et au commerce. Continuons notre excursion qui va nous conduire d'abord aux rochers du tournant de la Cluse, puis à ceux du fort de Joux. En gravissant le premier contrefort du Larmont, nous avons recueilli dans les lieux les plus escar- pés Hieracium Jacquini. Les éboulis de calcaire jurassique sont assez éten- dus dans la partie gauche ; nous y avons rencontré Galium montanum yill., Valeriana montana L. et Scrofularia Hoppii Koch (canina var. montana Gaud.) En redescendant un peu plus loin la montagne, nous avons traversé la route et sommes descendus dans un ravin où l'on voit encore l'ancien lit du Doubs, le cours de cette rivière ayant été détourné lors de l'établissement du chemin de fer franco-suisse. Daus cette localité, une autre espèce de Scro- fularia s'est offerte à nos yeux : Ser. alata Gilibert. Nous en avons recueilli, tant à cause de sa rareté que pour conserver un souvenir d'un aussi beau paysage. Dans les rochers situés au pied du fort de Joux, nous avons vu de beaux gazons fleuris du Campanula pusilla Hænke. En gravissant le sentier aride el tortueux conduisant au fort neuf, nous avons vu le Carduus defloratus, le beau Dianthus silvestris que signalait la beauté de ses pétales d'un rose tendre ; puis plus haut, dans des rochers presque inaccessibles, nous avons re- cueilli l'humble Coronilla vaginalis et le Laserpitium Siler. C'est de là que s'offre à la vue un panorama magnifique, lorsque placé sur le flanc de cette montagne on voit à ses pieds la gorge étroite située entre la Fauconnière et le Larmont, ainsi qu'une plaine assez vaste s'étendant jusqu'au lac de Saint-1 oint et au milieu de laquelle on voit le Doubs s'écouler doucement eu SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXXIX décrivant mille contours gracieux (1). Ses ondes argentées resplendissaient d'éclat sous les mille feux étincelants d'un soleil radieux. C'est là que cette limpide rivière précipite sa course, et descend en s'inclinant légèrement vers Pontarlier, et baignant le pied du romantique domaine de Sandon, situé au milieu des bosquets verdoyants et où a vécu un de nos poëtes regretté (2), qui venait s'inspirer à cette source poétique. Aprés avoir joui du spectacle ravissant de cette nature toute verdoyante, toute fleurie, nous sommes redescendus non sans peine, le sentier étant d'une pente très-difficile. Arrivés dans le village appelé La Cluse, nous avons trouvé des habitants polis, hospitaliers, pourvus richement des rafraichissements si nécessaires après une herborisation. Après quelque repos, nous sommes re- tournés à Pontarlier à la nuit tombante. RAPPORT DE M. Ch. GRENIER SUR L'HERBORISATION DIRIGÉE PAR LUI A LA TOURBIÈRE DE PONTARLIER, LE 12 JUILLET. En sortant de Pontarlier, pour se rendre aux tourbieres, on gravit un petit monticule formé de sables appartenant à la période diluvienne. L'abrupt du monticule regarde Pontarlier, et le versant opposé va en s'inclinant très-dou- cement sur une longueur de plus d'un kilomètre. La surface de ce terrain, occupée par la culture de l'Absinthe et des céréales, offre une petite florale spéciale qui a d'abord attiré les regards de la Société. On y trouve Papaver Argemone L., à capsules entièrement dépourvues de soies; en abondance : Fumaria Vaillantit Lois.; Neslea panniculata Desv.; Viola segetalis Jord.; Lathyrus heterophyllus L.; Bunium Bulbo- castanum L.; Chærophyllum aureum L.; Cirsium eriophorum Scop.; Galeopsis præcox Jord., remarquable par sa corolle à tube plus court que le calice, et à lèvre supérieure fortement en casque. En abordant la tourbière, on trouve : Geranium pratense L.; Senecio (4) Dans le Doubs, sur les pierres, au bas du fort de Joux, se trouve l'/nomeria Bre- bissoniana Kuetz., Rivulariée encroütée de calcaire. | Cette Algue, considérée par M. Rabenhorst comme appartenant à un genre douteux, n'a été observée vivante ni par lui, ni par M. Kuetzing, le fondateur du genre. Cela tient à son aspect, quí rappelle fort peu un végétal. Elle ressemble à du mortier ou du ciment disposé en couche irrégulièrement bosselée et qui aurait été noirci par de la fumée. Par- fois elle est plus jaunâtre ou plus verdâtre ; elle se développe sur les pierres, le bois, les plantes plongées dans l'eau. M. Ripart l'a rencontrée communément dans les eaux vives coulant sur le calcaire jurassique du centre de la France; ilen a publié une étude dans les Annales des sciences naturelles (Bot, 5° série, t. VII [1867], p. 12, pl. IX et x). Jel'ai retrouvée à l’intérieur de Paris, au jardin de l'École de pharmacie, dans un tonneau d'eau vive alimentée par l'eau de l'aqueduc d'Arcueil. où elle se maintient depuis deux ans. On la prenait pour un simple dépôt calcaire. Cette plante se retrouvera probablement dans un grand nombre d'autres localités. (Note communique? pav M. Max. Cornu.) (2) Auguste Demesmay, ancien député du Doubs, qui, par des efforts persévérants, a obtenu la suppression de l'impót sur le sel. LXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÈ FRANCE. nemorensis Jord., qui, dans toutes nos flores de France, porte le nom de S. Jacobea L. Mais la plante de Linné étant vivace d’après l'opinion una- nime des botanistes suédois, et la nôtre étant toujours bisannuelle, je pense que M. Jordan a eu raison de la constituer en espece distincte. De là on longe des champs de céréales, dans lesquels on récolte : Galeopsis Ladanum L. (G. intermedia Vill.); et sur les berges, Genista prostrata Lam. — En reprenant le chemin de la tourbière, dans les ornières, on ren- contre l'Zerniaria glabra L.; à droite et à gauche, Zuphras?a ericeto- rum Jord. ap. Bor. Fl. centr. 495 ; et quelques exemplaires du Polygala depressa Wend. , assez rare dans le Jura. Jusque-là nous avons marché sur une prairie livrée en pâturage au bétail. Arrivés aux terrains réservés à la faux, nous trouvons en abondance : Galium boreale L.; Senecio lanceolatus Gren. Fl. jur. (Cineraria lanceolata Lam. (1778), C. spathulæfolia Gmel.) presque entièrement passé; Orchis incarnata L.; Knautia Godeti Reut. Dans ma Flore jurassique, la crainte de multiplier le nombre des espèces m'a fait conserver pour cette dernière plante le nom de Knautia longifolia W. K. Mais plus je la compare à la figure et à la description de Waldstein et Kitaibel, plus je reviens à l'idée de M. Reuter, qui en a fait une espece distincte sous le nom de À. Godeti (Voy. plus haut, p. LXII). Nous franchissons le ruisseau sur des pierres espacées et tenant lieu de pont. Puis à gauche, sur la berge d'un autre petit ruisseau qui tombe à angle droit dans le grand, nous observons une colonie de Cirsium rivulari-palustre assez abondante pour que chacun puisse en récolter un ou deux exemplaires. Il y a plus de vingt ans que j'observe cette plante dans cette station, inter parentes. Le méme petit ruisseau offre à chaque pas de magnifiques exem- plaires de Cicuta virosa Lin., qui charment d'autant plus les botanistes qu'ils sont faciles à récolter, et que leur taille n'est pas trop gigantesque. Cette fois nous retraversons le chemin et nous äbordons à droite la princi- pale tourbière, pour ne plus la quitter. Tout d'abord se présente à nous la foule des Carez turficoles : C. dioica L.; C. pulicaris L.; C. Davalliana Sm. ; C. echinata Murr. ; C. teretiuscula Good.; C. paniculata L.; C. chor- dorrhiza Ehrh. et C. heleonastes Ehrh. (ces deux derniers si avancés qu il a été impossible d'en obtenir un exemplaire pour herbier); C. vulgaris Fries, avec la souche stolonifère et les gaines purpurines; C. limosa Lin.; C. fili- formis Lin. Je m'étais réjoui de présenter à tous mes collègues une ample moisson de C. tur fosa Fries, espèce suédoise, nouvelle pour la France. Mais le printemps qui, cette année, a été trés-froid et tardif, en avait décidé autrement. Le dé- veloppement des épis était incomplet, c'est à peine s'il fut possible de se procurer quelques rares et mauvais exemplaires de cette curieuse espèce. Heureusement j'avais prévu le danger, et j'avais apporté de Besancon une SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXXXI petite provision qui m'a permis de satisfaire aux plus pressantes exigences. Notre troupe nombreuse se divise alors en petites bandes qui sillonnent la tourbière en tous sens. Les uns rapportent Luzula sudetica DC. , Sieglingia decumbens Bernh. , Orycoccos vulgaris Pers., Polygala amara Jacq. et sa var. austriaca, Alchimilla vulgaris var. intermedia, les rosettes de feuilles qui dans deux mois nous donneront le Swertia perennis L., ct à mon grand étonnement une touffe déjà fleurie de Sazifraga Hirculus L. D'autres rencontrent : Eriophorum vaginatum L., Epilobium palustre L., Dro- sera rotundifolia et longifolia L., et même quelques hybrides de ces deux espèces. Tous ont les mains pleines d' Eriophorum alpinum L., dont les soies brillantes blanchissent la prairie de leur gaze d'argent, ct empêchent de distinguer le modeste Scirpus cæspitosus L., dont les touffes semblent des Eriophorum défleuris. Dans le voisinage des tourbières fraîchement remaniées nous observons quelques pieds d'un Epilobium que je regarde comme le véri- table Æ. virgatum Fries, que j'ai rapporté dans ma Flore jurassique à lE. obscurum Schreb. J'aurais terminé l'énumération des espéces qui ont attiré notre attention, si je n'avais à vous parler du genre Calamagrostis, qui nous a offert la perle de notre herborisation, le C. neglecta Fries, en trés-bon état, et en si nombreux exemplaires que chacun a pu en prendre à satiété. Cette curieuse espèce, nou- velle pour la flore de France, appartient sans doute à ce groupe de plantes qui, selon M. Christ, nous sont venues de la Scandinavie, où est leur véritable centre. Si nous fussions arrivés quelques semaines plus tard, ce méme genre Cala- magrostis nous eût offert une autre rareté que j'ai trouvée, l'an dernier, le 16 aoüt, en innombrables exemplaires mélés au C. neglecta alors déjà passé, c'est le C. tenella Host. Mais il nous a été impossible d'en apercevoir la trace, et c'est pour mémoire que je le mentionne ici; il en est de méme de l'A/sine stricta Wahlbg, dont les stations, encore trop imprégnées d'eau, étaient tout à fait inabordables. Je suis heureux d'ajouter à ce rapport la note suivante, qui résume les recherches cryptogamiques de MM. Roze et Cornu : Le bord de la tourbière a offert l’ Hypnum rugosum; dans la tourbière méme, parmi des touffes de Sphagnum acutifolium, on a trouvé le Meesia tristicha, avec de trés-nombreux pédicelles fructifères, ainsi que le Polytri- chum strictum, et les Hypnum aduncum et scorpioides; dans les trous d'eau : Chætophora tuberculosa, Ch. endiviæfolia, Nostoc cæruleum, Tolypothrix egagropila. — Le Rhinanthus minor était attaqué par le Peronospora densa Rabenh. T. XVI. F LXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. RAPPORT DE M. Ch. GODET SUR L'HERBORISATION FAITE LE 13 JUILLET AU CREUX-DU-VENT. Partis de Pontarlier à huit heures du matin, et descendus à Noiraigue, nous avions devant nous, vers le sud, la grande chaine qui sépare le val de Travers des contrées riveraines du lac de Neuchâtel jusqu'à la trouée qui débouche sur le versant méridional de ce lac, — chaine dont le Chasseral, que nous entrevoyions à notre droite à travers la brume, est le sommet prin- cipal. Aprés un déjeuner trop prolongé à mon gré (le temps est si précieux dans les courses de montagne), nous nous mîmes en route, divisés dès lori- gine; car tandis que M. Roze, avec quelques amis, gagnait le fond de la vallée dans l'espoir d'y rencontrer des Cryptogames intéressantes (1), la plupart des membres de la Société commencaient obliquement l'ascension sur le flanc de la montagne, jusqu'aux OEillons. Dans cette premiére partie de la course, on remarque les especes suivantes : Digitalis grandiflora. Veronica latifolia. Hieracium vulgatum. Pirola secunda. — murorum L., var. nemorense. Arabis alpina. Orobus vernus. Cardamine pratensis. Veronica urticifolia. — amara, Gentiana lutea. Melampyrum silvaticum. Bellidiastrum Michelii. Chrysosplenium alternifolium. Saxifraga rotundifolia. Rubus idæus. Festuca elatior. Polypodium calcareum, etc. — silvatica. auxquelles il faut ajouter, d’après les récoltes de M. Manceau, Ma?anthemum bifolium, Herminium Monorchis, Rubus glandulosus, Spiræa Aruncus. Notre bande se sépare alors de nouveau : les uns, craignant la fatigue, pren- nent à gauche, sous la conduite de M. Chapuis, de Boudry, et ils atteignent au bout d'une heure, sans aucune découverte nouvelle, le chalet connu sous le nom de la Maison-Robert, dont le constructeur, celui que Thurmann appelle le vieux Robert, avait tué les derniers ours, paisibles possesseurs avant lui de ces lieux sauvages. La Maison-Robert est située à l'entrée du Creux-du- Vent, enccinte de rochers verticaux qui paraissent gigantesques à qui n'a pas vu le cirque de Gavarnie. Ouverte seulement à l'est, du cóté de la Maison- Robert, elle est fermée au couchant par les murs infranchissables du Falcon- naire (anciennement la Fauconniére), mons Falconarius des Bauhin ; on peut en sortir au sud par un abrupt boisé, base de la Grand-Vi, et au nord par les difficiles escarpements du Pertuis-de-Bise. Ce sont ces escarpements que le reste de la troupe, réduite à quinze, esca- ladait par le cóté opposé, venant de Noiraigue, sous la direction de MM. An- (1) Ces Messieurs ont retrouvé dans la fontaine de Noiraigue le Cinclidotus aquaticus; qui y avait déjà été signalé par M. Schimper. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXXXII drez (de Fleurier), et Ch. Godet. Aprés nous être séparés de nos confrères, nous rencontrons sur la moitié supérieure dela montagne, au-dessus de la mo- raine qui y a laissé les blocs de granite des vallées latérales du Bas-Valais, té- moins muets des bouleversements d'un autre âge, les plantes suivantes : Adenostyles albifrons. Geranium silvaticum. Senecio Fuchsii. Thalictrum aquilegifolium. Poa hybrida. Mulgedium alpinum. Ranunculus platanifolius, Sorbus hybrida, etc. Arrivée au haut des escarpements, la troupe épuisée et haletante ne re- trouva ses forces qu'en apercevant le chalet du Soliah, où l'on se précipita pour étancher la soif et apaiser la faim. C'est alors qu'éclata l'orage qui mena- çait depuis le matin, et qui risqua de convertir notre herborisation en une véritable déroute, orage qui se fit sentir à plusieurs lieues à la ronde, jusque dans l'Oberland, où curent lieu des accidents sérieux dans la montagne, et qui dévasta les vignes des environs de Neuchâtel. Quand la grêle fut passée, nous pümes sortir du Soliah, mais il était quatre heures lorsque commenca la partie intéressante de l'herborisation. Du haut du Pertuis-de-Bise, nous dominions alors d'une hauteur de 200 mètres l'arène du vaste amphithéâtre de rochers à pic qui forment le Creux-du-Vent, et sous les sapins duquel se cachent la Fon- taine-Froide et le Rhododendron ferrugineum. De plus la récolte était bien compromise par l'humidité du sol et par les grélons dont les páturages étaient couverts, On cueillit néanmoins le long des bords du précipice : Aster alpinus. Orchis globosa. Hieracium glabratum. Anemone alpina. | — prenanthoides B. juranum. — narcissiflora (en fruits). Bupleurum ranunculoides. Salix retusa. Athamanta cretensis. Sorbus Aria-Chamæmespilus. Allium angulosum var. petræum Gaud. Hieracium villosum. Festuca pumila. Saxifraga Aizoon. — Polygala alpestris. Campanula rhomboidalis. Orchis pyramidalis. Auxquels il convient d'ajouter, d’après une liste obligeamment communi- quée par M. Manceau, les espèces suivantes : Gentiana acaulis. Festuca pumila. > — campestris. Thalictrum majus Jacq. ? Alchimilla alpina. Laserpitium Siler. Globularia cordifolia. Valeriana montana. Polygala austriaca. — alpestris. Après avoir contourné le cirque, nous redescendimes au fond du creux du Lilium Martagon. Thlaspi montanum. Thesium alpinum. Cotoneaster vulgaris. Elymus europæus. Salix grandifolia. LXXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cóté opposé, par le sentier de la Grand-Vi, dont les bords nous offrirent encore quelques plantes, comme : Bupleurum longifolium. Carex tenuis, Carex sempervirens. Rosa alpina var. lagenaria, etc. Arrivés à la. Fontaine-Froide (1), nous fümes désappointés de ne point y trouver au rendez-vous donné d'avance la seconde partie de la Société. La pluie et la grêle l'avaient forcée de s'arrêter ou de redescendre à la Maison-Robert, d’où elle avait regagné Noiraigue pour retourner diner à Pontarlier. Cela n'empécha pas les botanistes qui avaient fait la grande course d'explorer le pied des rochers perpendiculaires, malgré la fatigue, et de cueillir encore, parmi les éboulements, quelques bonnes plantes, comme : Erysimum ochroleucum, Androsace lactea. Scrofularia Hoppii. Hieracium humile. Cynoglossum montanum. Centranthus angustifolius. Poa cæsia Sm. Orobanche Laserpitii Sileris Rap. Potentilla caulescens (2). Adenostyles albifrons. Sedum dasyphyllum. — alpina. Galium spurium. Empetrum nigrum. Lycopodium annotinum, Coralliorrhiza Halleri. Phegopteris Dryopteris, etc. Nous redescendîmes ensuite à la Maison-Robert, où nous apprîmes le départ de nos compagnons, et à six heures nous rentrions à Noiraigue, où nous trou- vâmes préparé un repas auquel chacun fit honneur. A onze heures du soir, nous rentrions à Pontarlier. Aux plantes citées dans ce rapport, nous nous faisons un devoir d'ajouter les suivantes, extraites de la liste générale que MM. Rapin et Ayasse ont dressée de leurs récoltes : Aconitum lycoctonum. Coronilla vaginalis. — Napellus. Cotoneaster tomentosa. Actæa spicata. Crepis biennis. Arabis ciliata Koch. — blattarioides. Bartsia alpina. — succisæfolia. Botrychium Lunaria. Crocus vernus (3). Campanula persicifolia. Daphne alpina. — pusilla. — Mezereum. Carduus defloratus. Dentaria digitata. Carlina acaulis. — pinnata, Centaurea montana. Draba aizoides. (1) Sur les parois du conduit de bois qui déverse l'eau dans l'auge de la fontaine, on a recueilli le Meridion circulare et l'Hydnum Ducluzelii var. . (2) L'une des plantes dont la détermination causa le plus de difficultés à Haller. il (3) Il faut voir dans l’ [ter helvelicum quelle joie causa à Haller Ja découverte qu! fit au Creux-du-Vent de la précoce Levrette, à lui encore inconnue à celte époque. SESSION EXTRAORDINAIRE A Dryas octopetala, Epilobium alpestre. — spicatum. Erigeron alpinus. Festuca glauca Schrad. Gentiana excisa. — verna. Heracleum alpinum. Hieracium amplexicaule. — villosum. Laserpitium latifolium. Listera cordata. Lonicera alpigena. Luzula flavescens. — maxima. Lychnis silvestris. PONTARLIER, JUILLET 1869, Meum athamanticum. Nigritella angustifolia. Petasites albus. Ranunculus alpestris. — gracilis. — lanuginosus. — silvaticus Thuill. Rhamnus alpina. Ribes alpinum. Rubus saxatilis. Salix pentandra. Sedum dasyphyllum, Stachys alpina. Thesium pratense. Trollius europæus. LXXXV On aurait pu signaler à une autre époque de l'année d'autres espèces, no- tamment le Cypripedilon Calceolus et peut-être l’ Erysimum strictum, le T'ozzia alpina et plusieurs plantes dont on trouvera l'indication, accompagnée de longues dissertations critiques, dans l'7fer helveticum de Haller. Enfin, on trouvera ici avec intérêt la liste suivante des Cryptogames re- cueillies au Creux-du- Yent, communiquée par M. Cornu : Orthotrichum pulchellum. — rupestre. Ulota crispula. Dicranum scoparium var. Hylocomium splendens (en fruits). Plagiothecium silesiacum. Hypnum loreum. — molluscum. — Halleri. Hypnum uncinatum. Amblystegium coufervaceum. Hedwigia ciliata var. viridis. Mnium spinosum. Webera cruda. Plagiochila asplenioides. Metzgeria pubescens. Scapania nemorosa. Barbula tortuosa (fruct. , CC.). RAPPORT DE M. J. PAILLOT SUR L'HERBORISATION FAITE LE 15 JUILLET AU MONT-D'OR SOUS LA DIRECTION DE M, GRENIER. Le 14, nous quittions la coquette ville de Pontarlier à une heure de l'aprés- midi, pour nous diriger suc les Longevilles, distantes de 16 kilomètres. Les piétons avaient déjà pris les devants. Nous suivions la route de Suisse jusqu'au delà de la Cluse, dans une direction sud-est, sur un terrain d'alluvions. A l'endroit oü le Doubs a été détourné pour les travaux du chemin de fer, nous pümes recueillir Scrofularia alata Gilib. Bientôt, au détour du chemin, nous nous trouvons en face de l'imposant fort de Joux, dont l'origine se perd dans les temps obscurs du moyen âge. Cette sentinelle avancée de notre terri- toire a été le témoin muet de;bien des drames émouvants, depuis là déplorable fin de Berthe dont la légende nous a conservé le souvenir, jusqu'à celle de Toussaint-Louverture. Tour à tour repaire de brigands, cháteau-fort, prison d'État, ce roc a été disputé pendant quatre siècles par les seigneurs et les sou- LXXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. verains ; il a subi bien des vicissitudes depuis l'époque où l'illustre maison de Joux apparaît dans l'histoire, jusqu'au moment où il appartint définitivement à la France. Le fort placé sur le rocher en face a remplacé le château de la Cluse, ancien rival de celui de Joux. Parmi les éboulis qui descendent des deux forts et viennent jusqu'aux bords du chemin, nous admirons et nous recueillons les élégantes touffes des Cam- panula pusilla Hænke et Galium montanum Vill. Quittant la route de Suisse, nous prenonssur la droite, dans la direction du midi, la route n? 67 qui va à Jougne. Aprés avoir traversé le riant et pitto- resque hameau de la Gauffre, la voie s'engage dans une étroite vallée dont les pentes abruptes et les rochers sauvages percent cà et là le manteau de sapins (Pinus Abies L.) qui les couvre, et dont la sombre verdure donne à cette gorge, appelée la Combe, une majesté sauvage. Un petit ruisseau coule à droite ; on recueille sur ses bords : Geranium palustre (rare). Geum rivale. Salix aurita. Heracleum Sphondylium. — nigricans. Cirsium rivulare, Trollius europæus. ‘Glyceria fluitans. Sanguisorba officinalis. Et sur la lisière du bois : Geranium silvaticum. Lilium Martagon. Laserpitium latifolium, Epipactis atrorubens, Polygala amara. Les éboulis de la route sont constellés de Campanula pusilla Hænke et de Galium montanum Vill., mêlés à quelques Hieracium murorum L. (H. ovalt- folium Jord.), H. Jacquini Vill., Orobanche Galii Vauch. et d'autres plantes communes partout, dont je n'ai point pris note. M. Manceau cite encore, dans une liste des plantes recueillies de Pontarlier aux Longevilles, les espéces suivantes : Campanula Trachelium, Orobanche Epithymum, Centranthus angustifolius. Astrantia major. Aconitum lycoctonum. Epipactis latifolia. Trollius europæus. Myosotis repens Don. Helianthemum vulgare Gærtn. var. virescens, | Primula elatior. s.-var. obscurum G.G. A 10 kilomètres de Pontarlier, à l'extrémité d'un pré marécageux situé à droite de la route, sur le territoire de 'Touillon et Loutelet, se trouve la source si renommée de Fontaine-Ronde. L'eau sort de trois endroits différents, d'un sol entièrement calcaire ; mais la source du milieu seule offre un écoulement sujet à des augmentations périodiques. Elle jaillit alternativement de six SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXXXVII minutes en six minutes environ, d'entre les pierres d'une plage caillouteuse, dont l'abord a été rendu facile aux voyageurs par une levée circulaire qui part de la route. Le temps que l'eau met à monter n'est pas toujours régulier, et elle ne s’élève pas toujours à Ja méme hauteur. A quelques pas plus haut on entend, d’une ouverture en partie bouchée par les cailloux, et qui, à certains moments, déverse le trop plein d'eau, le bruit que fait le gaz acide carbonique qui, en se dégageant avec l'eau, produit l'intumescence périodique de Fontaine-Ronde. Cette curiosité naturelle a donné lieu à une légende que M. A. Demesmay nous a transmise en vers charmants. Dans l'enceinte de la levée même, on peut recueillir Cirsium rivulare Link, Glyceria fluitans R. Br., etc. A quelque distance de là, la vallée s'élargit, l'horizon devient plus vaste. Quittant la route qui nous versa des flots d'Helvétes, l'an 58 avant Jésus-Christ, nous traversons Touillon, puis Loute- let, et nous apercevons sur la gauche les Hópitaux-Vieux, Métabief et la Lon- geville-Dessus. On peut encore recueillir dans le fossé ou sur ses bords: Chara fragilis. Pinguicula vulgaris. Potamogeton pusillus. Primula farinosa (en fruits). Triglochin palustre. Les Monts-Ronds ferment tout à fait la scéne de ce cóté; la hauteur de l'un d'eux le fait prendre pour le Mont-d'Or qu'il nous masque et que nous aper- cevons quand nous sommes près des Longevilles, A notre arrivée aux Longevilles, les logements sont difficiles à trouver ; il y a plus de voyageurs que de lits dans les auberges; mais les habitants consentent à recevoir chez eux plusieurs d'entre nous, et gráce à leur bonne volonté, chacun peut avoir un lit sinon moelleux, du moins confortable. Le diner est trés- bon, l'hospitalité charmante, et le lendemain le soleil nous promet une journée magnifique pour l'ascension du Mont-d'Or. M. Félix Lanquetin, de la Longeville-Dessus, qui connait parfaitement les localités, veut bien nous servir de guide, et le départ a lieu à sept heures. Une route carrossable, qui monte par une pente assez douce, nous conduit au pied de la montagne. On avait pu observer au village : Cirsium lanceo- latum Scop., C. eriophorum Scop., Carduus crispus L., et d'autres plantes qui aiment le voisinage des habitations. | Dans le bois des Longevilles nous recueillons : Scrofularia nodosa L., à panicule tellement glanduleuse que nous la prenons d'abord pour une autre espèce. Mais une étude attentive m'a convaincu que, comme l Aquilegia vul- garis L., cette plante devient plus glanduleuse et prend un faciès différent à mesure qu'elle s'élève sur les hauteurs. Dans sa Note sur le staminode des Scrofulaires aquatiques, M. Du Mortier figure le staminode du Serof ularia nodosa L., en coin échancré au sommet, et insensiblement atténué jusqu à la base, ce qui n’est pas exact pour notre plante qui a le staminode arrondi, et LXXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. méme ovale plus large que haut, légèrement échancré ou non au sommet, et brusquement atténué en pédicelle. M. Grenier et moi, nous l'avons observé sur de nombreux échantillons de Scrofularia nodosa L. Nous continuons à récolter : Cephalanthera rubra Rich. Dentaria pinnata Lam. Epipactis latifolia All. Lunaria rediviva L. — rubiginosa Crtz. Chærophyllum Cicutaria Vill. Senecio saracenicus G.G. — aureum L. Hypericum Richeri Vill. Scrofularia Hoppii Koch (Vendrely). — montanum L. Neottia Nidus avis Rich, Epilobium trigonum Schrank. Listera cordata R. Br. Euphorbia verrucosa L. Primula elatior Jacq. — dulcis L. Phyteuma orbiculare L. Polystichum Filix-mas Roth. — spicatum L, Cystopteris Filix-femina Coss. et Germ. Scabiosa Succisa L. Aspidium Lonchitis Sw. Mulgedium alpinum Less. Spirea Aruncus L. Adenostyles albifrons Rchb. Ranunculus aconitifolius L. Sanicula europea L. — platanifolius L. Paris quadrifolia L. — lanuginosus L. Hieracium murorum L. — nemorosus DC. — ovalifolium Jord. Valeriana sambucifolia Mik. Astrantia major L. — montana L. Rosa platyphylla Rau. Myosotis palustris With. Laserpitium latifolium L. — silvatica Hoffm. — Siler L. Cystopteris fragilis Bernh. Rubus saxatilis L. Asplenium viride Huds. Prenanthes purpurea L. Thalictrum aquilegifolium L. Cardamine amara L. Picris crepoides Saut. Salix grandifolia Ser. — hieracioides L. Hieracium papyraceum Gren. Pirola rotundifolia L. Melampyrum silvaticum L, — secunda L. Stellaria nemorum L, Daphne Laureola L. Rumex Acetosa L. — Mezereum L. — arifolius All. Ajuga reptans L. Polygonatum verticillatum All, Luzula silvatica Gaud. — multiflorum All, — flavescens Gaud. Lilium Martagon L. Glyceria fluitans R. Br. Veronica Anagallis L. Saxifraga rotundifolia L. — serpyllifolia L. Hypericum quadrangulum L. — urticifolia L, Dentaria digitata Lam. Actæa spicata L. Geranium silvaticum L. Sorbus aucuparia L. Trollius europæus L, Ribes alpinum L, Geum rivale L. Pinus Picea L. Aconitum lycoctonum L. — Abies L, Cynoglossum montanum Lam. Quittant la voie, on prend le sentier qui va directement aux pâturages dont on longe la clôture sans la franchir. Les buissons ont succédé aux sapins ; dans les endroits découverts, on recueille : Anemone narcissiflora L. (fruits). — alpina L, (fruits). Lonicera Xylosteum L. Lonicera alpina L. Rosa platyphylla Rau. — alpigena L. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. LXXXIX Rosa rubrifolia Vill. — tomentosa Sm. — dimorpha. — Reuteri Godet. Aconitum Napellus L. (non fleuri). Ribes petræum Wulf. Laserpitium latifolium L. — Siler L. Orobanche Galii Duby. Campanula rhomboidalis L. — glomerata L. Hieracium juranum Fries, Carduus defloratus L. Arabis alpestris Schi. Orchis bifolia L. — globosa L. Echium vulgare L. — Wierzbickii Rchb. Thlaspi alpestre L. Centaurea montana L. Veratrum album L, (non fleuri). Hypericum Richeri Vill, Bientôt on n'a plus qu'une pelouse en pente assez unie et qui nous fournit abondamment : Nigritella angustifolia Rech. Botrychium Lunaria Sw. Crepis blattarioides Vill. Polygala vulgaris L. — alpestris Rchb. — oxyptera Rchb, — amara Jacq. — depressa Wend. Carex sempervirens Vill. — ornithopoda Willd. Carlina acaulis L. Cirsium acaule L. Polygonum viviparum L. Anthyllis Vulneraria L. (fleurs rosées). Avena flavescens L. Gentiana campestris L. (en fleurs). — excisa Presl (fruits). — verna L. (fruits). — Cruciata L. (non fleuri). Ranunculus montanus Willd. Carex pallescens L. Nardus stricta L. Phleum alpinum L. Homogyne alpina Cass. Myosotis alpestris Schm. Galium montanum Vill, Thymus Serpyllum L. Poa alpina L. Kæleria cristata Pers. — — var. gracilis Pers. Linum catharticum L. Arabis alpestris Schl. Valeriana dioica L. Trifolium badium Schreb. (rare). Tragopogon pratensis L. — minor Fries (M. Vendrely). Centaurea alpestris Hegetsch, Leucanthemum atratum DC. Narcissus poëticus L. (en fruits). Crocus vernus All. (en fruits). Antennaria dioica Gærtn. Festuca ovina L. Plantago alpina L. Orchis viridis Crantz. Stellaria graminea L. L'uniformité de la pelouse n'est plus interrompue que par les Veratrum album L., au milieu desquels les Gentiana lutea L. étalent leurs couronnes d'or étagées. Il faut encore signaler à cette hauteur : Thesium alpinum L. Phyteuma orbiculare L. var. lanceolatum, — spicatum L. Digitalis lutea L. Carduus defloratus L. Papaver Lecoquii Lam. Enfin nous arrivons au sommet. L’ horizon, constamment borné par la crête de la montagne, se trouve tout à coup, comme par enchantement, reporté aux lointaines barrières des Alpes : le panorama, du côté de la Suisse, est superbe et se perd dans un fond vaporeux où la terre semble s'unir au ciel. Un temps magnifique nous favorise, et l'on ne peut se lasser d'admirer ce paysage que les jeux de la lumière et de l'ombre transforment en tableau vraiment féerique. XC SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A gauche, la vue est limitée par le Suchet que leregard embrasse entièrement, et qui semble n'étre séparé de nous que par les vallées de Jougne et de l'Orbe ; à nos pieds un précipice de plusieurs centaines de métres, formé par un cirque de rochers à pic, limite le Mont-d'Or de ce côté. L'œil qui y est attiré irrésistiblement n'y plonge qu'avec effroi. Aprés avoir longuement pro- mené nos regards dans toutes les directions et rempli nos poumons de l'air si pur qu'on respire sur ces hauteurs, nous commençons sur ces crêtes dange- reuses, où le moindre faux pas peut entraîner la mort, une abondante récolte de plantes intéressantes : Thalictrum calcareum Jord. Rhamnus pumilus L. Calamintha alpina Lam. Coronilla vaginalis Lam. Hieracium amplexicaule L. (M. Vendrely). | Bupleurum ranunculoides L. — scorzoneræfolium Vill, Dianthus juratensis Jord. Cotoneaster vulgaris Lindl. Selaginella spinulosa A. Br. — tomentosa Lindl. Saxifraga Aizoon Jacq. Helianthemum vulgare Gærtn. Androsace lactea L. — grandiflorum DC. Potentilla salisburgensis Hænke. — canum Dun. Kernera saxatilis Rchb. Campanula rotundifolia L. — sagittata Miégeville. — linifolia Lam. (1). Draba aizoides L. Globularia cordifolia L. Erigeron alpinus L. Sedum atratum L. Aster alpinus L. Athamanta cretensis L. Dryas octopetala L., etc. Malgré l'intérêt qu'offraient ces récoltes, il fallait songer au départ. Des porteurs munis de vivres nous attendaient au chalet plus bas, où nous devions trouver de l’eau pour le déjeuner. D'autre part, M. Grenier, souffrant déjà depuis longtemps, voyait ses forces trahir son courage, et les cris que lui arra- chait la douleur nous mettaient dans une vive inquiétude, car la distance pour se rendre au Pont où l'on devait coucher était considérable, et les chemins, quand il y en a, sont difficiles dans ces montagnes. Du pain, du jambon, du fromage, du vin arrosé d'eau, nous fournissent un délicieux déjeuner dont l'appétit et la gaieté ne sont pas les moindres assaison- nements, Installés prés du chalet, à l'ombre sous des planches rustiques comme la table, rien ne manque au festin, pas méme les verres que nous préte le fromager. Aprés avoir réparé nos forces, nous descendons à travers les páturages dont la végétation est assez uniforme : Festuca ovina L. — pratensis Huds. — duriuscula L. Bromus erectus Huds. Dactylis glomerata L. Avena elatior L. — flavescens L, Koeleria cristata Pers. (1) Voyez plus haut, p. LXII. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XCI forment la base des pâturages où l'on remarque cà et là : Leucanthemum atratum DC, Scabiosa lucida Vill. Taraxacum officinale Wigg. Cirsium lanceolatum Scop. Crepis blattarioides Vill. — eriophorum Scop. Leontodon autumnalis L. — arvense Scop. — hispidus L. Pimpinella magna L. (fl. roses). Hypochæris radicata L. — saxifraga L., etc. Echium vulgare L. On est surpris de trouver sur ces hauteurs beaucoup de plantes abondantes dans la plaine, telles que: Polygala vulgaris L. Tragopogon pratensis L. — oxyptera Rchb. Luzula silvatica Gaud. Anthyllis Vulneraria L. Helianthemum vulgare Gærtn. Kæleria cristata Pers. Campanula rotundifolia L. Lolium perenne L. — glomerata L. Avena flavescens L, Linum catharticum L. — elatior L. Valeriana dioica L. Festuca pratensis Huds. Orchis viridis Crantz. — ovina L. Picris hieracioides L. — duriuscula L. Echium vulgare L. Bromus erectus Huds, Paris quadrifolia L. Hieracium Auricula L. Dactylis glomerata L — Pilosella L. Agrostis vulgaris With. Ranunculus nemorosus DC. Leontodon autumnalis L. — acer L. — hispidus L. Sanicula europæa L. Hypochoeris radicata L. Euphorbia verrucosa L. Plantago major L. Phyteuma orbiculare L. — media L. — spicatum L. — lanceolata L. Primula elatior Jacq. Fimpinella magna L. Gentiana campestris L. — saxifraga L., etc. — Cruciata L. Nos récoltes dans les pâturages sont à peu près nulles. A l'ombre des buis- sons de: Rhamnus catharticus L. Quercus pedunculata Ehrh. — sessiliflora Sm., etc. Prunus virescens Paill. — erubescens Paill. (4). Cratægus Oxyacantha L. on rencontre quelques : Pirola rotundifolia L. Fragaria vesca L. i garia v Campanula rhomboidalis L., etc. — collina Ehrh. Les bois que nous traversons dans la direction de la Dent-de-Vaulion, offrent plusieurs plantes intéressantes dont la plupart sont déjà citées : Spirea Aruncus L. | Hieracium juranum Fries. (4) Voyez plus haut, pp. XIV-XVII. XCII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans une gorge découverte et humide: Plantago intermedia Gilib., et sur la lisière du bois : Cerasus Padus DC. et Taxus baccata L. Là, les retardataires prennent le bon chemin et recueillent Cystopteris montana Link, tandis que la majorité de la troupe, sous la direction de M. Grenier, s'engage dans une fausse route qui, à la fin, nous conduit par une descente difficile à travers des rochers escarpés, prés du moulin de Bon- Port, sur le lac Brunet. Aprés avoir examiné la perte de l'eau sous le moulin méme, nous contournons le lac pour arriver au Pont, Nous sommes ample- ment dédommagés de nos fatigues par une abondante récolte de : Scrofula- ria Hoppii Koch et de Linaria petræa Jord., qui croissent dans les éboulis joignant le lac. Les rochers à gauche nous fournissent : Arabis alpestris Schl. Thymus Chamædrys Fries. —- hirsuta Scop. Erinus alpinus L. Thlaspi alpestre L. Carex Halleriana Asso, etc. Hieracium amplexicaule L. Les bords du lac: Teucrium Scordium L. Echium Wierzbickii Hab. — Botrys L. Potamogeton lucens L. Les prés humides à la tête du lac : Galium boreale L. Orchis incarnata L. Sanguisorba officinalis L. Schænus compressus L. Lathyrus heterophyllus L, Centaurea Jacea L. Et les buissons : Rosa canina L. Lonicera nigra L. — platyphylla Rau. Geranium minutiflorum Jord. — rubrifolia Vill. Pirola rotundifolia L. — Reuteri Godet. On observe dans les prés secs avant d'arriver au Pont : Poa alpina L. Avena flavescens L. Anthyllis Vulneraria L. Dactylis glomerata L. Galium montanum Vill. | Hieracium Pilosella L. Agrostis vulgaris With. — præaltum Vill. Festuca duriuscula L. Campanula rhomboidalis L., etc. Mais la plante la plus intéressante échappe à nos recherches, l Arenaria gothica, retrouvée le lendemain par M. Grenier. PROMENADE AU BORD DU LAC DU PONT, LE 46 JUILLET 1869, pr M. Ch. GRENIER. . . r’ : ni ^ Lorsque le mal brisant mes forces et trahissant mes désirs me mit, arrivé au SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XCIII village du Pont, dans l'impossibilité d'accompagner la Société aux Rousses, je la regardai tristement partir, et je suivis longtemps des yeux la caravane qui s'éloignait. Lorsque tout eut disparu, mes yeux retombérent sur ces beaux lacs, dont les eaux limpides et tranquilles baignent ces rives verdoyantes, où j'ai fait, il v a plus de trente ans, de si fructueuses récoltes ; et, passant ainsi en revue mes vieux souvenirs, je me laissai aller peu à peu à réver de nou- velles excursions. Mais la réalité, cet impitoyable maitre, me fit promptement rentrer en moi-même. Car comment lutter contre une enflure qui des pieds avait gagné le bas-ventre, sinon se hâter de regagner Pontarlier. Je demandai donc une voiture que je dus attendre deux heures. Que faire de ces deux heures d'attente ? j'étais au bord du lac; je songeai à chercher de rechef l’ Arenaria gothica Fries, qui nous avait échappé la veille. Sans traverser le pont jété sur le détroit qui réunit les deux lacs, je pris par la droite, en suivant le chemin que nous avions parcouru la veille. Il y avait à peine une demi-heure que je marchais, observant avec soin la maigre végé- tation qui nait entre les galets du rivage, que je commencai à apercevoir de beaux exemplaires de Scrofularia Hoppii Koch, Poa compressa L., Arenaria serpyllifolia L., Equisetum variegatum Schl., qui végète ici à une altitude de 1000 mètres ; Linaria petræa Jord. ; enfin Arenaria gothica Fries, en superbes et nombreux exemplaires, qui me permettront de donner sur cette plante curieuse de nouveaux renseignements. Le tout était entouré de Salix grandifolia Ser., mêlé aux S. aurita L., S. caprea L., S. purpurea L. Mon excursion avait donc été couronnée d'un plein succès, et rien n'aurait manqué à ma satisfaction, si j'avais pu la partager avec les excellents collégues que je venais de quitter. NOTE DE M. Eug. FOURNIER SUR QUELQUES PLANTES DE LA VALLÉE DE JOUX. La vallée de Joux, longue de 24 kilomètres, qui se termine au pied de la Dent de Vaulion, devant le village du Pont, a son origine supérieure au village des Rousses. Le cours d'eau qui la parcourt descend du lac des Rousses pour aboutir au lac des Ponts, puis au lac Brunet, d'oü il se creuse un chemin souterrain pour aboutir de nouveau à la lumière à 6 kilomètres plus bas, au-dessus de Vallorbe, et constituer la riviére d'Orbe. Daus cette vallée, nos recherches ne devaient guére embrasser que les cours d'eau et les tourbiéres. Déjà les bords du lac de Joux avaient offert à nos cryptogamistes le remarquable Arthrosiphon alatus, formant une croüte noirâtre et comme calcinée sur le sol, dans les places dégarnies d'herbe; et les cóteaux qui bordent la droite du lac, sur les arbres et les rochers ombragés : Neckera crispa, Barbula tortuosa, Hypnum incurvatum, H. molluscum, Pterigynandrum filiforme, Pylaisia polyantha, Isothecium myurum, Thuidium delicatulum, Ulota crispula, lorsque nous arrivàmes XCIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aux tourbières, dont le voisinage s'annoncait par la végétation suivante : Primula farinosa. Equisetum variegatum. Linaria petræa Jord. — silvaticum. Schænus ferrugineus. Carex Davalliana. — compressus. Ces tourbières, échelonnées dans la vallée que nous remontions du Pont aux Rousses, c'est-à-dire de 1000 à 1100 mètres, présentent une végétation inté- ressante, surtout à cause de la présence du Betula nana. Cette curieuse espèce de la Laponie atteint dans le Jura sa limite occidentale, et, croyons- nous, méridionale. Assez fréquente dans les marécages élevés du Jura suisse, où elle a été monographiée pour ainsi dire sur place par le botaniste de la Fer- rière (1), on a cru qu'eile ne dépassait pas la frontière française. Michalet, en reproduisant cette opinion (Mist. nat. du Jura, bot., p. 56), a été manifeste- ment dans l'erreur, puisque M. Grenier, dans sa //ore de la chaine juras- sigue, l'indique (p. 721) dans la tourbière de Mouthe et dans la vallée de la Brevine, ainsi que dans la tourbière francaise des Rousses, où la Société l'a rencontrée. D'ailleurs le Betula nana ne paraît pas s'étendre dans les condi- tions actuelles; car dans la première tourbière, celle du Brassus (ou du Sen- tier), située à droite de la route que nous suivions, à l'extrémité supérieure du lac de Joux, nous n'en trouvàmes qu'un pied; mais on put le recueillir en abondance dans la seconde tourbiére, plus petite et située à gauche de la route, mais moins humide. Par contre, l'ensemble de la végétation spéciale à ces localités était plus développé dans la première, Nous y avons en effet pu recueillir, dans les prés humides, Dianthus superbus (forme à calices viola- cés), Gentiana campestris, Thesium pratense, Polygala amara, et dans les Sphaignes : Salix ambigua. Betula pubescens. Pinus uncinata. Vaccinium Vitis idea. — uliginosum. Oxycoccos vulgaris. Andromeda polifolia. Eriophorum vaginatum. Polytrichum strictum, Webera nutans var. Cenomyce uncialis, — coccifera. Cetraria islandica. Enfin, sur le bord de la tourbière, dans un pré plus sec, l’ Arabis ciliata Koch. En cheminant le long de la vallée, les uns en voiture, les autres à pied, on a noté les espèces suivantes, dont je dois la communication à l'obligeance de M. Cornu : Salis pentandra, Ranunculus platanifolius, attaqué par le Peronospora F'icarie ; Nigritella angustifolia, Aconitum Napellus, Hy- drurus Ducluzelii (dans les ruisseaux coulant sur les pentes, avec P Zypnum (4) Description du Bouleau nain ou Petit-Bouleau (Betula nana) ; par Abraham Ga- guebin, dans les Acta helvetica, t. 1. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XCV filicinum et le Philonotis calcarea), Chroolepus aureum, sur les parois d’une auge de bois près d'une fontaine ; Cirsium rivulare Link. M. Paillot me signale en outre : Eriophorum alpinum. Carex distans. Carex paniculata. Rosa alpina, — leporina. Campanula rhomboidalis, Ces listes sont courtes. Par malheur, dans la vallée de Joux comme lors de plusieurs de nos sessions extraordinaires, que des circonstances indépendantes de la volonté de chacun forcent trop souvent à précipiter, le temps manquait pour profiter des richesses que pouvait offrir la flore de cette belle vallée, et pour en contempler le paysage ; partis du Pont entre une heure et deux heures de l'aprés-midi, il nous fallait atteindre avant la nuit le village des Rousses ; ce dernier souci était surtout impérieux pour ceux qui au départ de Pontar - lier s'étaient assuré des places dans les voitures, et qui devaient préparer des logements aux piétons leurs confréres. Aussi m'est-il impossible de donner plus d'extension à ce rapport, que complète d'ailleurs le récit de l'herborisation faite le dimanche matin dans la haute vallée de Joux, à la tourbiére des Rousses. RAPPORT DE M. Max. CORNU SUR L'HERBORISATION FAITE LE 18 JUILLET A LA TOURBIÈRE DES ROUSSES, C'est sous la direction de notre nouveau confrère, M. Chapuis, que nous fimes cette excursion, pour laquelle, malheureusement, le temps nous man- quait. Nous récoltàmes dans les prés : Carduus multiflorus Gaudin. Capsella agrestis Jord. Lactuca virosa. Polypodium Dryopteris. Erigeron acer. Veronica serpyllifolia. Rubus saxatilis. Bunium Bulbocastanum. Campanula rhomboidalis. Sur les rochers, l Zrinus alpinus ; dans la tourbière le Salix aurita, sur lequel M. Des Étangs renouvelle les explications données par lui l'avant-veille dans la séance du Pont, et les plantes suivantes : Betula nana (M. Manceau). Carex pauciflora. Salix incana Rhynchospora alba. Vaccinium uliginosum. Equisetum palustre. Vitis-idæa Polygala austriaca. nd la polifoli ; i Selago. Andromeda polifolia. Pala amara g i t aid € . os vulgaris. oly ra paycoceos vu g Viola segetalis ? Empetrum nigrum Drosera rotundifolia. ə ° E e: i iri — longifolia. Asplenium viride. "T EE cir qu 1 us. Da5 € 5d. . . Lens Drosera rotundifolia. ar xX PL: V . Heleocharis palustris. — iougilolia. XCVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans le lac : Ranunculus trichophyllus, Chara fragilis? Potamogeton perfoliatus, P. lucens, — sur les pierres : Draparnaldia glomerata, Chetophora pisiformis ; — dans les fossés : Utricularia minor, Chara his- pida, Coleochete (orbicularis?) fructifié à la face inférieure des feuilles des Nymphæa, Rivularia... sur les feuilles de l' Hypnum scorpioides. Enfin, sur les rochers qui bordent le lac, on rencontre les Mousses suivantes : Leptotrichum flexicaule (fr.). Barbula tortuosa. — subulata. — ruralis. Sur la tourbe : Dicranella cerviculata. Campylopus torfaceus. Encalypta streptocarpa. Didymodon rubellus. Ceratodon purpureus. Hypnum incurvatum. Polytrichum gracile. Climacium dendroides. Webera nutans var. Parmi les Sphaignes : Dicranum Schraderi. — palustre, — undulatum. Polytrichum strictum. Bryum pseudotriquetrum, Sphagnæcetis communis. Dans les mares : Hypnum palustre. — fluitans (fruct.) — aduncum, — giganteum. Hypnum scorpioides. — stramineum, — cordifolium. Au retour, nous suivons la route, et aucune récolte n'est faite durant le trajet. RAPPORT DE M. Max. CORNU SUR L'HERBORISATION FAITE A LA DOLE, LE 47 JUILLET. Nous partons des Rousses à sept heures du matin; trois voitures nous em- mènent; nous arrivons à la Dóle à sept heures et demie. L'herborisation est conduite par M. Reuter; en l'absence de M. Grenier, que nous regrettons tous de ne plus voir à notre téte, nous ne pouvons avoir de guide plus obli- geant ni plus instruit. Dans les prés, au bas de la Dóle, nous récoltons : Nigritella angustifolia, Polygala alpestris. Un peu plus loin, dans la tourbière de la Trélasse : Saxifraga Hirculus, Carex dioica. Carex canescens. -— flava. © SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. XCVII Carex Davalliana. Equisetum variegatum. Blysmus compressus. Pinguicula vulgaris. Schenus ferrugineus. Sur les arbres et sur les rochers ombragés, à gauche, se trouvent : Hypnum Halleri. Neckera crispa. Barbula tortuosa. Chroolepus aureum. On continue à monter en se dirigeant à droite, et l'on rencontre : Plantago alpina? Gentiana lutea. Nigritella angustifolia. Selaginella spinulosa. Crocus vernus (fruits passés, C.) Botrychium Lunaria. Et partout nous voyons, avec ses grandes feuilles d'un vert jaunâtre, le Veratrum album, qui n'est pas encore fleuri. Nous rencontrons une autre tourbière, qui nous offre : Vaccinium uliginosum. Drosera rotundifolia. — Vitis idea. Carex pauciflora. Oxycoccos vulgaris. — chlorocarpa, Andromeda polifolia. Lomaria Spicant. Eriophorum alpínum. Meesia tristicha (fr., RR.) — vaginatum. Parmelia sepincola. Nous traversons des prés en pente, où paissent de grands troupeaux de bœufs. Nous apercevons çà et là: Salix grandifolia. Rumex scutatus. Rosa alpina et var. Nardus stricta. — Reuteri. Digitalis grandiflora. Ranunculus aconitifolius. Aquilegia vulgaris. — platanifolius. Thlaspi alpestre. Gentiana verna. Tilia microphylla. Carex ornithopoda. Polygonum Bistorta. Lysimachia nemorum. — viviparum. Alchimilla alpina. Prenanthes purpurea. Nous sommes à moitié chemin du sommet ; nous entrons dans une partie plus fraîche et plus ombragée. La végétation est vigoureuse; nous y trou- vons : Mulgedium alpinum. Veronica urticifolia. Cacalia albifrons. Saxifraga rotundifolia. | | Bellidiastrum Michelii. Peronospora pusilla (sur le Geranium sil- Rubus saxatilis. vaticum). Ribes petræum. Aconitum Napellus. Moehringia muscosa. — Lycoctonum. Euphorbia verrucosa. Soldanella alpina. Polystichum spinulosut' Trollius europæus. — Lonchitis. Homogyne alpina. Pirola secunda. — rotundifolia Melampyrum silvaticum. Orchis globosa. Tozzia alpina. Dentaria digitata. — pinnata. Bartsia alpina. T. XVI. G XCVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Actæa spicala. Asarum europæum. Lonicera alpigena. Anemone alpina. — narcissiflora. Globularia cordifolia. Listera cordata. Sorbus scandica. Luzula flavescens. Campanula rhomboidalis . Epilobium montanum. Rumex arifolius. Cardamine silvatica. — amara. Luzula flavescens. Melica nutans. Trifolium badium, — montanum. Nous arrivons presque au sommet ; entre les rochers se présentent à nous : Hieracium villosum. Cratægus Chamæmespilus. Carex Scopolii. Sesleria cærulea. Geum rivale. Ici l Aquilegia atrata remplace l'A. vulgaris, abondant au bas de la mon- tagne et qui a disparu à cette hauteur. Nous escaladons les derniers rochers et nous sommes au sommet de la Dóle. Le spectacle est magnifique. Notre regard se promène au loin; nous voyons à nos pieds les pentes trés-roides du cóté sud de la Dóle; plus loin s'étend la nappe azurée du Léman, et dans le fond se dressent les cimes neigeuses du Mont-Blanc éclairées par le soleil. ý Nous nous arrachons avec peine à ce spectacle, et nous récoltons : Salix retusa. Leontopodium alpinum. Phleum alpinum. Poa alpina. Athamanta cretensis. Trinia vulgaris. Antennaria dioica. Androsace villosa. Saxifraga Aizoon. Linum alpinum var. &. montanum. Aster alpinus. Arbutus alpina. Kernera saxatilis. Sedum atratum. Juniperus communis var. D. alpina. Potentilla aurea, Bupleurum ranunculoides. Campanula thyrsoides (R). Draba aizoides. Viola biflora. Cotoneaster vulgaris. Sorbus scandica. Myosotis alpestris. Arabis hirsuta. Tofieldia calyculata. Globularía cordifolia. Leucanthemum maximum. M. Reuter cherche sur les rochers l'Anacalypta latifolia, qu'il y a récolté un grand nombre de fois; maisla sécheresse extréme et le peu de temps qui nous reste rendent cette recherche infructueuse; nous nous contentous de récolter le Distichium capillaceum. Il est temps de redescendre vers le déjeuner, que nos porteurs ont monté à mi-cóte, prés d'une fontaine. Nous nous asseyons sur l'herbe, à l'ombre d'un Sapin, et nous faisons honneur à nos provisions. Le déjeuner fini, M. Reuter et quelques-uns de nos confrères nous font leurs adieux et partent pour Saint-Cergues et Genève. Mais la majeure partie de la bande, plus intrépide, recommence l'ascension de la Dóle par un autre chemin, sous la direction de M. Chapuis. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. — xcix Nous remarquons l'abondance de certaines plantes dans les prés inclinés que nous traversons : Trifolium cæspitosum. Botrychium Lunaria. Carex sempervirens. Calamintha alpina. Crocus vernus (fruits passés). Nous entrons dans une partie de la forêt de sapins, où les rochers, entassés les uns sur les autres et couverts de mousse, rendent la marche extrémement pénible ; la fatigue et les difficultés du chemin ne nous permettent. pas d'her- boriser facilement. Nous récoltons cependant : ' Lycopodium annotinum. — Selago. Thalictrum aquilegifolium, Anemone alpina. — narcissiflora. Maianthemum bifolium. Rhododendron ferrugineum. Sedum atratum. Rosa alpina (et ses variétés). Barbula tortuosa. Rhamnus alpinus. Chroolepus aureum (C.) Erinus alpinus. Campanula thyrsoidea (A.C.) Daphne alpina. Rubus saxatilis. Polypodium Dryopteris. Lysimachia nemorum. Dentaria digitata. Bartramia Halleriana. Nous arrivons à un chemin moins fatigant ; la descente s'effectue rapide- ment par un sentier parallèle à celui par lequel nous avons monté. Nous revoyons au passage quelques espèces trouvées déjà le matin : Mulgedium alpinum, Tozzia alpina, Trifolium montanum, Ribes petrœum, les Dentaria et les Anémones, etc. — Mais nous avons háte de descendre et de prendre nos voitures. Nous rentrous aux Rousses à six heures. RAPPORT DE Mí. V. PERSONNA'T SUR L'HERBORISATION DU 21 JUILLET AU RECULET (1). Le 20 juillet, j'arrivais à Gex, pensant y rejoindre la Société botanique, qui devait y tenir une séance ce jour-là, faire le lendemain une herborisation au Reculet, et clôturer sur ce sommet de 1720 mètres la session extraordinaire de 1869. Je fis tout d'abord l'heureuse rencontre de mon ami, M. Baudin, receveur des contributions indirectes à Gex, et botaniste aussi habile que zélé, qui m'apprit que les dernières nouvelles de la Société s'arrétaient aux Rousses ; qu'aprés une herborisation à la Dóle, ses membres avaient dû se séparer, renoncant, par des raisons encore inconnues, à accomplir jusqu'au bout le pro- gramme. M. Baudin apprit bientôt que quelques autres botanistes de Genève et de (1) Il a été décidé par la Commission du Bulletin que le compte rendu de cette herbo- risation, qui faisait partie du programme, serait très-utilement joint au numéro de la session du Jura. C SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Savoie étaient venus, les uns jusqu'à Gex, quelques autres jusqu'à Ferney ; mais étaient repartis presque aussitôt, aussi désappointés que nous l'étions nous-mémes du contre-temps qui nous privait de l'honneur d'accompagner l'illustre professeur président de la session, et du plaisir de revoir nos amis des anciens jours. Toutefois, moins abattus que nos confréres en l'aimable science des flenrs, nous résolümes de compléter le programme et de nous rendre le lendemain au Reculet. + A dix heures du soir, M. Andreæ, pharmacien à Fleurier, arrivant de Nyons, et qui avait laissé la Société au Creux-du-Vent, décida qu'il se joindrait à nous, et le lendemain, 21, nous partions tous les trois pour Thoirv, dans la voiture de M. Baudin, gracieusement mise à notre disposition. Notre but n'étant pas d'explorer la plaine, nous la traversämes rapidement, en remarquant toutefois de magnifiques touffes de Dianthus superbus L. en pleine floraison sur la lisiére des bois. A sept heures, nous quittions Thoiry et commencions l'herborisation autour de la carrière, en cuéillant les Hieracium staticefolium Vill. Hieracium decipiens G,G. — Auricula L. Fumaria procumbens G.G. — præaltum Vill., et sa variété. Epilobium rosmarinifolium Hænke. Au-dessus de la carrière et dans un petit bois de chênes, à une altitude d'environ 600 mètres, nous recueillimes les espèces suivantes : Trifolium medium L. Campanula aggregata Nocca et Dalb. Pimpinella magna L, var. rosea Reut. Melampyrum silvaticum L. Bupleurum falcatum L. Sideritis hyssopifolia L. Peucedanum Oreoselinum Mench. Phalangium ramosum Lam. Libanotis montana All. Epipactis atrorubens Hoffm. Senecio flosculosus Jord. Nous entrâmes alors dans des taillis rocailleux et peu touffus, s'élevant en pente rapide jusqu'à la base des premiers rochers, entre 700 et 1000 mètres d'altitude, et où nous pümes successivement récolter : Dianthus monspessulanus L. Abies pectinata DC. Cotoneaster vulgaris Lindl. Juniperus alpina Clus. Arctostaphylos officinalis Wimm. et var. | Cracca major Franken. angustilolia Payot. Calamagrostis varia Schrad. Amelanchier vulgaris Mœnch. Festuca glauca Schrad. Genista tinetoria L. Brachypodium pinnatum Rœm. et Schult. Galium verum L. (que M. Andreæ suppose | Bromus erectus Huds. devoir produire une matière colorante | Kæleria cristata Pers. assez abondante). Elymus europæus L. Gentiana Cruciata L. Laissant alors à droite le Creuz-de- Pranciauz, par lequel nous comptions redescendre, nous grimpâmes par un soleil brûlant une assise de roches SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1860. CI calcaires nues et escarpées qui nous "offrirent une végétation magnifique et une abondante récolte, dont les espèces principales furent : Laserpitium Siler L. Sempervivum juratense Jord, Globularia vulgaris L. Teucrium montanum L. — cordifolia L. Helianthemum grandiflorum DC. Alsine Bauhinorum Gay. Hypericum Richeri Vill. Scrofularia Hoppii Koch. Leucanthemum atratum Timb.-Lag, Centaurea alpestris Hegetschw, Nous étions à bout de forces, la chaleur nous accablait, la roideur de la pente nous essoufflait outre mesure, et par-dessus tout, le défaut absolu d'eau nous empéchait d'étancher une soif ardente depuis plus d'une heure, quand nous apercümes avec bonheur le chalet d'Ardran, où nous recümes un accueil des plus affables et des plus gracieux. Bien différents des chalets des Alpes, ceux du Jura, et particulièrement celui d'Ardran, se distinguent par une propreté excessive, au dedans comme au dehors ; par des chambres hautes et spacieuses, par un aménagement rela- tivement luxueux, une fruitière très-bien tenue et des étables assez vastes pour que le bétail puisse s'y coucher à l'aise. A midi, nous nous remettions en marche, et dans le vallon méme d'Ardran, entre 45 et 16007 d'altitude, sur les pentes herbeuses qui descendent à gauche des rochers supérieurs, nous nous trouvámes en présence d'une végé- tation luxuriante, entretenue par des tapis de Mousse, humectée d'eau suintant de la roche. L'énumération des magnifiques récoltes que nous fimes sur ce petit coin de terre, haut de 100 mètres et large à peine de 200, suffira pour donner une idée des impressions qu'il nous produisait à chaque pas : Anemone narcissiflora L. Valeriana montana L. Ranunculus Thora L. et R. aconitifolius L. | Homogyne alpina Cass. Aconitum Anthora L. Adenostyles alpina Koch. Silene quadrifida L. Solidago alpestris W. et K. Gypsophila repens L. Senecio Doronicum L. Sagina Linnæi Presl. Soyeria paludosa Godr. Alsine verna L. Hieracium villosum L. Geranium phæum L. — elongatum Willd. Lathyrus montanus G.G. Phyteuma orbiculare L. Alchimilla vulgaris L, Campanula thyrsoidea L, Geum rivale L. Pedicularis foliosa L. Sorbus Chamæmespilus Crantz. Thesium pratense Ehrh. Saxifraga oppositifolia L, Euphorbia verrucosa f. montana Gaud, — Aizoon L. — angulata Jacq. Bupleurum longifolium L. Lilium Martagon L. Chærophyllum aureum L, Orchis globosa L. o Astrantia major L. Nigritella angustifolia Rich. Quittant à regret ce riant vallon, dont bien certainement nous n'emportions pas toutes les raretés, nous atteignions bientót un ravin semé de: Scabiosa lucida Vill, Linaria petræa Jord. ^ Anthyllis Vulneraria L. Silene brachyata Jord. Scrofularia Hoppii Koch. CIL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au-dessus duquel nous nous trouvons au pied de la calotte du Reculet. Nous cueillons encore, en l'escaladant, sur les rochers : Bartsia alpina L. Bellidiastrum Michelii Cass. Saxifraga muscoides Wulf. Draba aizoides L. Cystopleris fragilis Bernh. Asplenium viride Huds. et sur les páturages, rocailleux ou humides : Dianthus cæsius Sm. — juratensis Jord. Sedum acre L. Athamanta cretensis L. Scabiosa lucida Vill. Galium anisophyllon Vil. Erigeron alpinus L. Pinguicula vulgaris L. Hutchinsia alpina R. Br. Dryas octopetala L. Myosotis alpestris Schm. Saxifraga Aizoon L. Antennaria dioica DC. Oxytropis montana DC. Polygonum viviparum L. Soldanella alpina L. Campanula thyrsoides L. Gentiana Kochiana Perr. et Song. Urtica dioica L. Antennaria dioica DC. Poa alpina L. f. brevifolia G.G, A ce moment, un splendide panorama se déroule à nos pieds. Nous sommes sur le point culminant du Sâra, à 1720" ; nous dominons d'un côté toutes les cimes du Bugey, nous devinons le cours du Rhóne dans les profondes crevasses qui vont finir aux portes de Lyon ; derriére le fleuve nous aperce- vons les premiers contre-forts des Alpes dauphinoises ; au nord, nous voyons le Jura, et à l'est Genève et son lac, les Alpes suisses, les Alpes de Savoie, et par dessus toutes les cimes, se perdant dans les nues, le Mont-Blanc se dresse dans touie sa magique splendeur. Un temps magnifique nous favorise, et nous sommes émerveillés ! Ils étaient bien inspirés, les organisateurs de la session extraordinaire, en décidant une séance de clóture sur le Reculet, et combien nous regrettons que des empéchements, bien sérieux certainement, aient forcé nos maîtres et amis à renoncer à cette dernière partie du programme ! Après ces réflexions, nous reprenons la descente sur les chalets de Thoiry. Chemin faisant, nous récoltons successivement : Rosa pimpinellifolia L. B. intermedia G.G. Acer Pseudoplatanus L. Alchimilla alpina L. Carduus defloratus L. Mehringia muscosa L. Pinguicula grandiflora Lam, Bunium Carvi Bieb. Rhododendron ferrugineum L. Saxifraga rotundifolia L. Gentiana lutea L. Daphne Mezereum L. Anemone narcissiflora L. Lamium Galeobdolon Crantz. Rumex scutatus L. Centaurea montana L, Arabis alpina L. Orchis conopea L. Erinus alpinus L. Rhinanthus minor Ehrh. Au-dessous des chalets de Thoiry, nous cueillons encore : Plantago montana L. Campanula rotundifolia var. confertifolia Reut. SESSION EXTRAORDINAIRE A PONTARLIER, JUILLET 1869. CH Du Creux-de-Pranciaux, nous emportons les Trinia vulgaris L., Hieracium murorum L., le Campanula rhomboidalis L., et le superbe Cephalaria alpina Schrad., qui couronne dignement notre magnifique herborisation. Nous reprenons notre voiture à Thoiry, ct à dix heures du soir, à notre arrivée à Gex, nous trouvons notre ami et confrère l'abbé Chevalier, et l'excel- lent docteur de Gex, nous attendant, désolés d’avoir ignoré notre départ ct sincèrement jaloux de nos riches et abondantes récoltes. : "V : | " ə Paris, — Imprimerie de E, ManziszT, rne Mignon, 7,