SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE * 1$. — IMPAIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, ® — x BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 TOME DIX-NEUVIÈME PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLB, 84 1872 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE SÉANCE DU 5 JANVIER 1872. PRÉSIDENCE DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. La Société se réunit à sept heures et demie, dans une des grandes salles de l'hôtel, élégamment décorée d'arbustes et de plantes en fleur, originaires de la région intertropicale et particulièrement du Brésil (4). Presque tous les membres de la Société résidant à Paris et aux environs sont présents, ainsi qu'un grand nombre de personnes appartenant à d'autres Sociétés savantes et auxquelles des invitations spéciales avaient été adressées par le secrétariat. Dom Pedro d'Alcantara, empereur du Brésil, entre dans la salle quelques minutes avant l'heure fixée pour l'ouverture de la séance. Malgré les instances réitérées de M. le Président, Sa Majesté Im- périale refuse de prendre place au bureau, ne voulant assister à la réunion que comme simple auditeur. M. le Président ouvre la séance à huit heures précises, en adres- sant à la Société l'allocution suivante : DISCOURS DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Messieurs, La Société botanique de France écrira en lettres d'or, dans ses annales, que l'un des esprits les plus éminents du monde des lettrés et des savants, souve- rain de l'un des plus vastes empires de la terre, est venu, pendant l'année la plus néfaste de notre histoire, nous tendre la main et relever notre courage ! (4) Cette salle avait été gracieusement mise à notre disposition par le Bureau de la Société centrale d'hortieulture de France, qr XIX. (SÉANCES) 1 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quitter le ciel radieux du Brésil et la température bienfaisante des tropiques pour notre ciel nébuleux, pour notre hiver rigoureux ; s'éloigner d'un empire florissant, où s'épanouissent le culte de la saine raison, la science, le senti- ment du beau et la mutuelle bienveillance, pour venir ranimer l'esprit abattu d'une nation aujourd'hui meurtrie et brisée, — mais qui ne demande que l'union des cœurs courageux pour reconquérir sa place, au moins dans le domaine de l'intelligence, — c'est là une noble et généreuse pensée ! Messieurs, la visite du Brésil à la France fait réver d'une visite dela France au Brésil. — Que ne nous est-il donné d'admirer les merveilles de la végétation des contrées équinoxiales, depuis les Nymphéacées gigantesques qui couvrent d'un voile mystérieux les grandes plaines liquides de l'Amazone, jusqu'aux fantastiques Aroidées qui, en les enlacant d'un réseau inextricable, escaladent les plus hautes cimes des arbres, et mélent leurs fleurs bizarres aux épis écarlates des Broméliacées et aux inflorescences merveilleuses des Orchidées épiphytes, couronne splendide du dóme des foréts vierges! Que ne nous est-il donné, à nous, botanistes trop sédentaires des climats tempérés, familiers seulement avec la gracieuse mais modeste végétation européenne de nos montagnes et de nos plages maritimes, de nos taillis et de nos futaies, de nos étangs et de nos rivières, de nos prairies et de nos terres cultivées, de nous trouver transportés en présence du décor magique des grands fleuves et des vastes foréts du Brésil ! Ce bonheur, envié des naturalistes, trouverait-il un obstacle insurmontable dans la distance? La distance, aujourd'hui, ne se mesure que par le temps; il est vrai que, pour l'oiseau-voyageur, il faut bien tenir compte aussi de la longueur des ailes. — Cette distance, d'ailleurs, est-elle donc si infranchissable ? Gráce aux moyens de communication rapide (paquebots transatlantiques) établis entre l'ancien et le nouveau monde, — gráce aux cábles télégraphiques sous-marins, — gráce surtout à l'entente scientifique qui unit les groupes studieux des contrées les plus éloignées en un seul peuple de fréres, nous pouvons aujourd'hui, para- phrasant un mot célèbre, affirmer: avec assurance : I| n'est plus qu'un seul continent ! les barrières sont effacées entre l'ancien et le nouveau monde ; pour tout dire en un mot, il n'est plus d'Océan ! Mais ce n'était point assez, pour nous faire ardemment désirer de le mieux connaitre, que le Brésil fütle vaste sanctuaire de tous les prestiges. Le ciel a mis le comble à des dons si précieux, en lui accordant pour monarque un esprit à la hauteur de cette terre des merveilles. Heureux pays, qui résume les splendeurs de la création, et dont le souverain est à la fois le dispensateur des bienfaits de la Providence et le savant interprète de ses mystères et de sa grandeur ! En terminant son discours, M. Germain de Saint-Pierre exprime SÉANCE DU à JANVIER 1872. 3 le vœu qu'il soit permis à la Société botanique de France d'inscrire en tête de la liste de ses membres le nom de son auguste et savant visiteur. Sa Majesté Impériale répond en ces termes : « Je suis très-sensible à votre hommage, Messieurs. Je ne puis » mieux vous en témoigner ma reconnaissance qu'en promettant » une protection constante aux hommes de science. » Ces paroles sont couvertes par les applaudissements de l'as- semblée. ! M. de Sehenefeld, secrétaire général, donne lecture du pro- cés-verbal de la séance du 22 décembre 1871, dont la rédaction est adoptée. M. le comte Jaubert fait hommage à S. M. I. d'un exemplaire du compte rendu de la derniére session départementale de la Société, tenue sous sa présidence en juin 1870, et s'exprime en ces termes: Le Bureau de la Société m'a. chargé d’être l'interprète d'un humble hom- mage du compte rendu de notre derniére session départementale. Pollio amat nostram, quamvis sit rustica, musam. (VIRG, Ecl. III, v. 84.) Cette session, dont l'organisation m'était confiée, a été ouverte à la veille, hélas! des désastres de la patrie, au pied des ruines romaines d'Augustodu- num, et s'est poursuivie le long de la chaine des montagnes du Morvan ; elle s'est close au Domaine de Givry et, en quelque sorte, au sein des souvenirs botaniques du Brésil, dont l'herbier du Domaine s'est successivement enrichi, gráce aux recherches de Gardner, de Claussen, de Gaudichaud et de Salz- mann (l'infatigable explorateur de la province de Bahia), enfin grâce aux dons du vicomte de Pedra-Branca, l'éminent diplomate dont le nom reste atta. ché aux actes qui ont consacré l'indépendance de l'empire brésilien. Mais hátons-nous de céder la place aux communications de nos confréres, à commencer par le savant doyen de la section de botanique de l'Académie des sciences. M. Brongniart fait à la Société la communication suivante : NOTICE SUR LE PSARONIUS BRASILIENSIS, pr M. Ad. BRONGNIART. Les Psaronius constituent un groupe de tiges fossiles des plus remarqua- bles et dont les affinités ont été très-longtemps fort obscures ; la singularité et A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. souvent l'élégance des diverses parties de leurs tissus silicifiés les avaient fait remarquer déjà anciennement, surtout. des naturalistes de l'Allemagne, con- trée dont sont originaires les échantillons les plus connus. On les désignait sous les noms de Psarolithes (Sfaarsteine), d'Astérolithes (Sternsteine) et d'Helmintholithes ( Wurmsteine), suivant leur aspect ou les parties de la tige dont ils provenaient. Le brillant poli que ces fossilessilicifiés étaient susceptibles de prendre les avait fait rechercher comme objets d'art et de bijouterie. Aprés avoir longtemps hésité sur leur origine végétale ou animale, on reconnut que les diverses for- mes qu'on avait désignées sous ces différents noms étaient des portions ou des états distincts des tiges d'un méme genre de végétaux, et l'on a adopté pour ces ` plantes le nom générique de Psaronius. Pendant longtemps ces tiges fossiles n'ont été trouvées qu'en Bohéme et en Saxe ; il y a environ quarante ans qu'un gisement important de ces mêmes pétrifications a été trouvé prés d'Autun (Saóne-et-Loire), et depuis lors on a reconnu que des tiges, dans un état beaucoup moins parfait de conserva- tion, qui se rencontrent dans les terrains houillers exploités, se rapportent à ce méme genre : les gisements cités précédemment appartiennent en effet, soit aux couches supérieures du terrain houiller, soit au grès rouge qui les recouvre ; ce sont, par conséquent, des végétaux provenant d'une des plus anciennes périodes de végétation du globe. L'existence de ces mêmes végétaux au Brésil constitue donc un fait d'un grand intérêt; mais, avant de passer à la description de l'espèce remarquable qui fait l'objet de cette notice, il faut rappeler succinctement l'organisation générale des Psaronius. Les Psaronius sont des tiges iitbeMes de deux parties bien distinctes : un axe ou cylindre central, et une zone externe ou corticale formée par des ra- cines plongées dans le tissu cortical lui-méme ou enveloppant extérieurement la tige. La partie centrale est parcourue par des faisceaux vasculaires aplatis sous formes de bandelettes ou rubans, à section transversale sinueuse ou diverse- ment recourbée, qu'on a comparées à des vers, d’où le nom d'Helmintholithes (en allemand, Wurmsteine). Ces faisceaux ne forment pas une seule rangée à l'intérieur de cette partie de la tige, mais sont disposés sur plusieurs rangs ou sans ordre apparent, depuis l'extérieur jusqu'au centre. Les vaisseaux qui com- posent ces faisceaux sont des vaisseaux rayés (scalariformes) de dimension variable, mais qui paraissent tous de méme nature, et sont plongés dans une masse de tissu cellulaire homogène sans que chaque faisceau ait un étui d'un tissu spécial trés-dense, comme cela a lieu dans la plupart des Fougéres; ce cy- lindre central est souvent limité par une sorte de gaine, formée par une zone étroite d'un tissu cellulaire trés-dense, à parois épaisses et trés-colorées, même à l'état silicifié. En dehors de cette enveloppe, ce qu’on remarque d'abord, SÉANCE DU D JANVIER 1872. 5 c'est une masse de cylindres rapprochés les uns des autres, entourés chacun par un étui d'un tissu cellulaire allongé, dense et coloré, semblable à celui dont nous indiquionsla présence autour de l'axe central dans beaucoup d'espéces. Ces cylindres sont remplis d'un tissu cellulaire trés-délicat, offrant souvent des lacunes plus ou moins étendues et présentant dans leur centre un faisceau de vaisseaux rayés dont la coupe transversale a la forme d'une étoileà plu- sieurs branches, le plus souvent cinq ou six, quelquefois davantage; d’où le nom d'Astérolithes (Sternsteine en allemand) donné à ces tiges. Ces cylindres ne sont autre chose que des racines adventives naissant de la tige centrale et l'enveloppant de toutes parts, comme on le voit dans les Fougères en arbre et dans certains Lycopodes. Ces racines sont-elles contenues dans le tissu cellu- laire cortical, comme je l'ai montré dans plusieurs Lycopodes, ou sont-elles libres et extérieures à la tige elle-même, comme dans nos Fougères arbores- centes actuelles? Beaucoup d'observations montrent que dans un grand nom- bre de Psaronius, il .y a un tissu cellulaire régulier et continu interposé aux racines, et que, par conséquent, ces racines sont contenues dans le tissu méme de l'écorce. Dans d'autres espéces, le tissu cellulaire interposé entre les racines parait au contraire appartenir aux racines elles-mémes, formant autour de leur cylindre ligneux une couche de tissu cellulaire délicat qui ne se continue pas avec celui des racines voisines, mais est simplement en contact avec lui. La direction des cellules et l'absence ou la présence d'une ligne de démarcation entre le tissu cellulaire de deux racines voisines semblent bien établir cette dif- férence entre diverses espéces, et nous pouvons ajouter que des observations inédites de M. Grand'Eury sur les Psaronius carbonisés de Saint-Étienne paraissent bien confirmer ces deux formes de l'enveloppe radiculaire. Ces caractères ne sont ni ceux des Fougères arborescentes actuelles, ni exacte- ment ceux des Lycopodiacées; cependant j'avais été porté à les rattacher plutót à cette derniere famille par deux motifs : 1° La disposition des faisceaux vasculaires de la tige n'est pas celle des Fougères arborescentes actuellement connues (Cyathéacées et Dicksoniées) ; elle à, en plus grand, de trés-grands rapports avec celle des Lycopodiacées, et sem- blait indiquer des Lycopodiacées arborescentes telles que les Lépidodendrées. 2° Toutes les Fougères arborescentes connues présentent des racines ad- ventives entourant la tige extérieurement; certains Lycopodium présentent, au contraire, des racines adventives qui, avant de se porter au dehors, descen- dent dans une assez grande étendue dans le tissu cellulaire cortical, exacte- ment, sur une moindre échelle, comme dans les Psaronius. C'est sur ces analogies que je m'étais fondé pour rattacher les Psaronius plutôt aux Lycopodiacées qu'aux Fougères ; mais depuis l'époque où j'ai émis cette opinion, l'observation dans le terrain houiller de tiges ayant la structure de l'axe des Psaronius, et montrant des cicatrices pétiolaires qui ne peuvent 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. appartenir qu’à des Fougères, vient ranger forcément ces tiges dans cette dernière famille. On doit cependant reconnaître que les caractères que je si- gnalais précédemment les éloignent nécessairement de nos Fougères arbores- centes actuelles, et supposent l'existence, à cette époque, de Fougères en arbre appartenant à d'autres tribus de cette famille. Déjàles observations faites sur les Zodea de l'Australie, de la Nouvelle-Zé- lande et de la Nouvelle-Calédonie montrent les tiges de ces Fougères s'élevant avec régularité à 4 mètre environ et présentant, par leurs cicatrices foliaires et leurs racines adventives, l'aspect de Fougères arborescentes en miniature. Les Marattiées, dont les espèces actuelles ne possèdent que des rhizomes rampants ou de grosses souches tubéreuses, ont dans leur organisation interne plus de rapports qu'aucune autre Fougère avec les Psaron?us. Diverses frondes des terrains houillers paraissent se rapporter à ce groupe, et il n'y aurait rien d'étonnant à ce que les Psaronius fussent des Marattiées arborescentes. Enfin nous ne connaissons pas de Schizéacées à tige élevée; ce sont toutes de petites plantes herbacées ou grimpantes. Mais, parmi les frondes du terrain houiller, celles du Seftenbergia appartiennent, sans aucun doute, à cette tribu, et leur grande dimension peut faire présumer des plantes arborescentes. On peut donc conclure de ces réflexions que les Psaronius sont des tiges de Fou- gères arborescentes, mais n'appartenant pas aux tribus des Cyathéacées ou des Dicksoniées. Le PSARONIUS BRASILIENSIS est une des espèces les plus remarquables par la régularité de son organisation. L'échantillon principal sur lequel nos études ont été faites provient du Musée de Rio-de-Janeiro ; il a été rapporté en 1839 par M. Guillemin, alors aide-naturaliste de botanique au Muséum et envoyé en mission au Brésil : frappé de la beauté de cette tige fossile, et sa- chant l'intérét qu'elle aurait pour moi, il obtint des administrateurs du Musée d'en faire scier une portion, et cette opération, difficile sur une matière aussi dure, nous procura une section transversale de quelques centimètres d'épais- seur qui a été sciée de nouveau avec plus de régularité à Paris (Catal. des vég, foss., n° 1445). : On doutait à Rio méme de l'origine brésilienne de cet échantillon, qu'on supposait pouvoir provenir d'une collection acquise en Allemagne par le gou- vernement brésilien; mais non-seulement cette espèce de Psaronius est com- plétement différente de toutes les espéces trouvées en Europe, elle s'en dis- tingue également par certaines particularités de la silicification. Enfin, un échantillon recueilli par M. de Martius lui-méme à la surface du sol, entre Oeiras et San Gonçala d'Amarante, dans la province de Piauhy, qu'il a figuré dans son grand ouvrage sur les Palmiers et qu'il a donné au Muséum en 1836, est parfaitement semblable àla partie externe de l'échantillon du Musée de Rio; on ne saurait donc douter de l'origine brésilienne de cette belle tige, qui provient sans doute dela méme localité que l'échantillon de Martius. SÉANCE DU D JANVIER 1872. 7 Cet échantillon, beaucoup moins complet que l’autre, ne correspond qu’à la partie corticale ou radiculaire, mais il est moins altéré par la pétrifi- cation et fournit des indications plus nettes sur la nature des tissus. En outre, la forme de l'échantillon a permis de faire des coupes longitudinales qu'on ne pouvait pas obtenir sur la grande tige. Gette tige est compléte, car si la surface extérieure, qui devrait présenter les cicatrices d'insertion des feuilles, manque comme dans toutes les autres tiges de Psaronius, on peut douter si elle n'était pas détruite avant la silicifi- cation par suite de sa rupture résultant de la dilatation de l'écorce produite par l'accumulation. des racines. Elle est cylindrique et ne parait avoir subi aucune compression de nature à modifier la disposition des parties. On y distingue au premier coup d'œil la partie centrale entourée d'une gaîne du tissu dense et noir, et la partie corticale et radiculaire qui forme une zone épaisse tout autour de l'axe; la partie centrale a 10 centimètres de diamètre et la zone corticale 3 à 7 centimètres d'épaisseur. L'étui de tissu cellulaire, dense, serré, formé de cellules petites, allongées et à parois assez épaisses, qui en- toure la partie centrale, a environ 2 millimétres d'épaisseur ; il ne forme pas sur la coupe transversale un cercle régulier, mais une ligne ondulée divisée par des sinus plus ou moins profonds, en lobes inégaux, aplatis extérieure- ment, au nombre de six à l'endroit de cette section ; deux plus petits, diamé- tralement opposés, d'environ 2 centimétres de large, deux plus larges des deux côtés d'un de ceux-ci, ayant environ 6 centimètres de large et deux moyens de 5 centimètres de largeur, qui permettraient de partager cette sec- tion en deux moitiés semblables et symétriques par une ligne passant par le milieu des deux plus petits lobes. ' L'intérieur du cylindre central est occupé par un tissu cellulaire fin et dé- licat qui parait uniforme, mais qui est trés-altéré et méme généralement détruit par la silicification : dans ce tissu se trouvent contenus des sortes de ru- bans vasculaires dirigés longitudinalement et dont là coupe forme des bandes allongées, arquées ou recourbées en dedans vers leurs extrémités. La disposi- tion de ces bandes vasculaires offre une assez grande régularité et est en rap- port avec les lobes du cylindre ligneux qui enveloppe l'axe de la tige : ainsi une grande bande vasculaire correspond à chacun des quatre lobes les plus larges de ce cylindre, il n'y en a pas en contact direct avec les petits lobes. Ces grands faisceaux lamelliformes sont presque aussi étendus que les lobes auxquels ils correspondent, ils n'en sont séparés que par une couche peu épaisse de tissu cellulaire très-altéré. L'une de leurs extrémités est recourbée à l'intérieur en forme de crochet ; l'autre, encore plus repliée, vient généralement rejoindre presque le milieu de la lame vasculaire sur sa face interne. D'autres faisceaux ou bandes vasculaires sont placés plus à l'intérieur; ils sont d'autant plus petits. et paraissent d'autant plus jeunes qu'ils sont placés plus prés du centre et affectent une disposition symétrique qu'il est assez 8 : SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. facile de reconnaitre, malgré l'irrégularitéque présentent plusieurs d'entre eux. En face d'un des petits lobes. de l'étui cortical, on observe une bande vas- culaire isolée, allongée et arquée; puis plus à l'intérieur : 4° Quatre faisceaux fortement recourbés, quelquefois divisés en deux assez irrégulièrement et situés à peu près en face des grands lobes de l'étui cortical. 2° Quatre autres faisceaux, assez régulièrement arqués, à concavité dirigée intérieurement, alternant avec les précédents, et dont deux par conséquent correspondent aux petits lobes de l'étui cortical et deux à l'intervalle des grands lobes. 3° Quatre petits faisceaux, à section lunulée, alternent avec les précédents et sont placés très-près du centre; ils paraissent plus jeunes et imparfaitement constitués. Cette disposition semblerait indiquer des verticilles successifs de quatre parties alternant entre elles en formant huit séries longitudinales. Le nombre limité des faisceaux et leur position si réguliére ne se sont présentés que ra- rement dans les Psaronius d'Europe, dont la forme générale est, il est vrai, le plus souvent très-fortement altérée. Ces faisceaux ou bandelettes vasculaires sont, comme dans les autres Psa- ronius, complétement dépourvus de toute enveloppe ou étui spécial, et diffà- rent en cela de la plupart des Fougères actuelles: je n'ai pas pu, par des coupes longitudinales, étudier les caracteres particuliers des vaisseaux, mais l'altération profonde qu'on reconnait sur la coupe transversale rendrait proba- blement l'observation presque impossible. En effet, la silice, qui constitue tout l'échantillon, présente de petits glo- bules sphériques, d'une coloration différente, et surtout moins transparents, empâtés dans la silice amorphe qui pénètre tous les tissus, et ces petits glo- bules se sont particuliérement accumulés sur les parois des vaisseaux, qu'ils embrassent, pour ainsi dire, et dont ils masquent les vraies parois, Pour tout ce qui a rapport à la structure de la partie corticale et radiculaire, l'échantillon donné par M. dé Martius (Cat. vég. foss., n° 1446), plus parfait dans sa pétrification, vient compléter avec avantage l'étude de la tige entiére. On reconnait facilement sur l'un et sur l'autre que le tissu cellulaire inter- posé entre les racines est continu et ne provient pas d'un tissu propre à chaque racine ; les cellules qui les constituent, quoique souvent modifiées dans leur forme par la pression des racines, affectent une direction rayonnante relati- vement à l'axe dela tige. Elles font suite aux cellules fibreuses de l'enveloppe de la partie centrale; sur une coupe longitudinale, on voit qu'elles sont al- longées horizontalement et qu'elles forment des rangées à peu prés comme les cellules des rayons médullaires ; elles paraissent avoir les parois minces, mais assez résistantes, et sont souvent trés-bien conservées. Les racines nais- sent des faisceaux vasculaires de la tige. On en voit, en effet, qui s'engagent et traversent la gaine caulinaire, mais elles ne prennent leurs caractères SÉANCE DU 9 JANVIER 1872. 9 essentiels qu'en dehors de cette enveloppe de la tige et se dirigent verticale- ment et parallèlement entre elles; et cependant, sur l'échantillon 4446, on voit que celles qui sont les plus éloiguées de l'axe sont plus obliques, plus grosses, diversement sinueuses et quelquefois ramifiées; le tissu. cellulaire qui les sépare parait déchiré, comme si, prés de la surface externe, il se détruisait et nese continuait pas jusqu'à cette surface. On reconnait aussi que les tissus qui forment ces racines, et particulièrement leur gaine, sont plus jeunes et n'ont pas encore atteint leur développement complet. Chaque racine est formée d'un étui cylindrique, trés-régulier, composé de petites cellules allongées dans le sens de l'axe de la racine, à parois assez épaisses, fortement pressées l'une contre l'autre, divisées par des cloisons transversales et présen- tant une couleur brune et presque noire. Ces cellules paraissent identiques avec celles qui constituent la . — géné rale de l'axe caulinaire. A l'intérieur des racines, on trouve un tissu cellulaire trés-délicat dont les parois sont souvent trés-altérées et méme détruites. Dans les parties les mieux conservées, on peut reconnaitre qu'il ne présente que depetites lacunes assez irrégulières vers l'extérieur et paraît continu jusqu'au faisceau vasculaire. Sa forme semble se modifier un peu autour du faisceau vasculaire, mais son alté- ration ne permet pas de l'affirmer. Celui-ci se montre sur sa section transversale sous la forme d'une étoile le plus souvent à six branches, quelquefois à cinq. Les vaisseaux, assez gros au centre, sont généralement très-altérés, leurs parois sont très-minces, et ce n'est que sur quelques points de la coupe longitudinale qu'on a pu y reconnaitre de fines raies transversales. Cette description du Psaronius du Brésil, qui aurait eu besoin g être accompagnée de figures pour faire bien cornprendre la structure de cette tige remarquable, suffit cependant pour qu'on ne puisse la confondre avec les autres espèces de ce genre déjà décrites et figurées. Dans la classification établie par Stenzel et adoptée par M. Schimper, il est assez difficile de décider si elle doit se placer dans la section des Helmintho- lithes ou des Astérolithes distinguées parle parenchyme lacuneux ou continu de l’intérieur des racines, car ce tissu est généralement mal conservé, et les lacunes qu'on y aperçoit vers la périphérie sont si petites et si irrégulières, qu'elles pourraient facilement échapper à l'observateur. Le volume et la régu- larité de ces racines rangeraient plutôt cette espèce dans la première section et dans la division des vaginati, et elle pourrait se placer prés du Psaronius helmintholithus lui-même ; mais la tige du Brésil en diffère très-notablement par la disposition si régulière des bandes vasculaires de la tige formant des sortes de cercles composés de quatre faisceaux alternant avec les suivants. Il serait bien à désirer que des recherches dans la contrée où ce bel échan- tillon a été trouvé pussent en faire découvrir d'autres, Soit appartenant à la 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. même espèce, soit, ce qui serait probable, à d’autres espèces ou à d’autres genres de plantes fossiles souvent associés à celui-ci : toute tige plus ou moins entière, et même tout fragment de tige ou de bois silicifié provenant de ce terrain aurait un grand intérét pour la paléontologie végétale. A la suite de cette communication, M. Brongniart met sous les yeux de la Société les échantillons sciés et polis, ainsi que les pré- parations destinées à l'étude microscopique, du fossile remarquable dont il vient de parler. ; M. Laségue, ancien président et doyen d’âge, remplace momenta- nément au fauteuil M. Germain de Saint-Pierre, qui fait à la Société la communication suivante : NOUVEAUX DOCUMENTS SUR LA NATURE DES ORGANES SOUTERRAINS DES VÉGÉTAUX, RHIZOMES ET RACINES, pr MI. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. J'ai eu l'honneur de soumettre à la Société, comme résumé général de mes recherches sur la nature des divers organes souterrains des végétaux, une classification sommaire des tiges souterraines (rhizomes) et des racines. Des objections à diverses assertions contenues dans l'exposé de cette classi- fication ont été présentées à la Société (j'étais alors absent) par un observateur dont je me plais à reconnaitre le mérite et le talent. Je me propose aujourd'hui, Messieurs, en placant sous vos yeux un certain nombre d'observations figurées d’après la plante vivante, d'éclairer en quelque sorte, et sans avoir recours à une longue argumentation, les divers points en discussion ; j'ajouterai quelques faits nouveaux et quelques nouvelles consi- dérations. Le fait capital sur lequel repose ma classification est le caractére précis qui permet de distinguer d'une manière absolue les tiges souterraines des racines. J'ai présenté, à titre d'axiome ou de loi, la définition suivante : UNE TIGE (ou un rameau) SE TERMINE (quel que soit son âge) PAR UN BOUR- GEON composé de jeunes feuilles emboîtées. Du développement de ce bour- geon terminal, il résulte que des feuilles {complètes ou rudimentaires) sont insérées directement et selon une disposition régulière sur la tige ou le ra- meau, — UNE RACINE NE SE TERMINE JAMAIS PAR UN BOURGEON et ne porte jamais directement des feuilles. D'autres caractères, tirés de la structure de la tige et dela racine, peuvent s'ajouter utilement aux précédents, mais à titre seulement de caractères de second ordre. — Le caractère essentiel me paraît être /a présence ou l'absence du bourgeon terminal. SÉANCE DU D JANVIER 1872. Al De jeunes rameaux souterrains et rampants affectent souvent la forme gé- nérale et l'apparence de certaines racines ; — bien plus, certaines tiges sou- terraines présentent, pendant la première période de leur développement, la direction descendante (ou verticale de haut en bas) qui a été regardée pendant longtemps comme exclusivement propre aux racines. J'ai fait connaitre, à ce point de vue, les mœurs si singulières des rameaux souterrains de l'une de nos plus jolies plantes aquatiques, le Sagittaria sagit- tifolia, — et la curieuse singularité que présentent les extrémités trainant snr le sol des tiges volubiles du Liseron-des-haies (Calystegia sepium) qui pénètrent par leur sommet dans le sol, et s’y prolongent verticalement de haut en bas, sous la forme de longs tubercules rameux, de couleur blanche, épais et charnus. Mais rien n’est plus facile que de reconnaitre dans ces organes souterrains, en dépit de leur direction descendante et de leur apparence radi- ciforme, rien n'est plus facile que de reconnaitre de véritables tiges.— Ces tiges souterraines présentent, en effet, des écailles (ou feuilles rudimentaires) réguliérement disposées, et leur extrémité se termine par un bourgeon (chez la Sagittaire ce bourgeon terminal se renfle en un tubercule bulbiforme, lequel, pendant une période ultérieure de végétation, se prolonge en une tige ascendante aérienne et florifere). — Un axe souterrain, simple ou rameux, gréle ou volumineux, cylindrique ou globuleux, ligneux ou cliarnu, porte-t-il directement des feuilles entières ou squamiformes, des bases ou des cicatrices de feuilles, c'est un rhizome! — n'en porte-t-il pas, c'est une racine ! Mais, Messieurs, dans l'économie de la nature, est-il une seule loi qui puisse être dite générale dans le sens absolu du mot ?—Nous voyons, en effet, cha: que forme passer insensiblement à une autre forme, et les caractères regardés d'abord comme distinctifs et absolus nous échappent un à un à mesure que les séries des espèces ou des organes nous sont mieux et plus — connues. Une racine ne se termine jamais par un bourgeon, c'est vrai ; mais certaines tiges ou certains rameaux (je suis le premier à le reconnaître) peuvent, par avortement, arrét de développement ou oblitération, accidentellement, et dans certains cas normalement, manquer de bourgeon terminal. Je signalerai ici les plus remarquables de ces exceptions. Chez certains rameaux aériens connus sous la dénomination de cladodes, rameaux qui présentent la forme aplatie du limbe des feuilles et méme leur couleur verte, le bourgeon terminal parait manquer complétement ; dans le genre Ruscus, l'inflorescence est latérale et le cladode se termine en une pointe aigué. Une disposition qui n'est pas sans analogie avec la précédente est celle qui s'observe chez les tiges aériennes ou hampes florifères dans le genre Juncus. L'inflorescence parait latérale et la hampe se termine en une pointe aigué ; 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'extrémité de la tige florifere des Joncs est-elle continuée comme direction par une feuille qui aurait revétu l'aspect du rameau, et le bourgeon floral d'apparence latéral serait-il réellement terminal ? ou chez les Juncus et chez les Ruscus le bourgeon terminal serait-il en réalité atrophié et nul? C'est un point qui me semble devoir encore étre soumis à l'étude. Les rameaux spinescents de certains arbres, du Prunier épineux par exemple, se terminent bien évidemment par une pointe, le bourgeon terminal s'y réduit à un axe conique dont les feuilles sont abortives. A ces formes exceptionnelles bien connues et qui ne m'avaient pas cepen- dant été présentées comme objection dans l'argumentation, je vais ajouter certains faits que je crois avoir été le premier à signaler comme importants pour la science morphologique. — Je veux parler de certaines productions, de forme bizarre, qui se développent à la face supérieure des rhizomes bulbiformes de certaines Monocotylées, et notamment de quelques plantes de la famille. des Iridées. Si le bourgeon peut étre abortif pour certains rameaux aériens, pourquoi n'en serait-il pas de méme pour certains rameaux souterrains ? — Or, chez certaines espéces du genre Crocus, et notamment chez le Crocus sativus (le Safran), on voit très-fréquemment se développer à la partie supérieure du caulobulbe (ou caulosarque), au voisinage des bourgeons florifères, de volumi- neuses productions charnues, de couleur blanche, oblongues-coniques, cour- bées en forme d'ergot, lesquelles s'allongent et se terminent en s'amincissant en une extrémité radiciforme, qui plonge dans le sol à la maniére des racines. Ces productions singulières sont-elles des racines, ou sont-elles des tiges souterraines radiciformes réduites à leur partie axile et dont les organes ap- pendiculaires, les feuilles ou écailles, le bourgeon terminal proprement dit, seraient abortifs?— J'ai trouvé un tubercule de Safran muni de tiges souter- raines, allongées et charnues (ou turions), manifestement pourvues de feuilles squamiformes; — mais ces organes caulinaires étaient-ils les mémes que ceux qui, bien plus fréquemment, se présentent sans traces de feuilles ? Chez les Liliacées, et notamment chez les Hyacinthus et les Muscari, j'ai souvent observé et dessiné des fibres radicales charnues en forme de fuseau ou de navet ; il m'a semblé (vu les transitions de forme et de volume que je remarquais entre ces racines volumineuses et les fibres radicales gréles et cylindriques normales) qu'il s'agissait, dans ce cas, de la simple hypertrophie de racines adventives. Je passe maintenant à un autre ordre de considérations : la présence d'une coiffe membraneuse à l'extrémité de la racine, piléorhize (Trécul), ou mieux pilorrhize (Duchartre), constituerait-elle un des caractéres absolus de la ra- cine?— Et la présence d'une coléorrhize caractériserait-elle, d'une manière également absolue, les racines dans l’embranchement des Monocotylées ? — Je suis loin de l'admettre, — L'organe que je considère comme pilorrhize vraie, SÉANCE DU 5 JANVIER 1872. 13 de méme que l'organe que je regarde comme coléorrhize vraie, sont, selon moi, des organes, sinon exceptionnels, du moins assez rares dans le règne végétal. Je crois avoir démontré que coléorrhize et pilorrhize sont deux formes ou deux manières d’être d'un même organe.— L'étui de la racine (ou coléorrhize) et la coiffe de la racine (ou pilorrhize) sont l'une et l'autre le résultat de la rup- ture (sur des points différents) de l'écorce de la racine, rompue par suite de l'accroissement rapide du corps central de la racine. Dans le cas de pilorrhize (et pour moi le type de la racine pilorrhizée nous est présenté par les espèces du genre Lemna, les Lentilles d'eau), la coiffe de l'extrémité de la racine résulte de la rupture circulaire de l'écorce de la jeune racine. La partie antérieure de l'écorce ainsi rompue persiste sous forme de coiffe membraneuse à l'extrémité de la racine allongée; la partie postérieure de cette écorce constitue un manchon (qui n'avait pas été signalé) à la base de cette racine, — fait analogue, ainsi que je l'ai fait remarquer, à ce qui se passe pour le pédicelle fructifère des Mousses, dont l'enveloppe membraneuse (ep- gonium), rompue circulairement, produit un manchon à la base du pédicelle, et une coiffe à son sommet. Si j'ai comparé ce qui se passe pour la pilorrhize avec ce qui a lieu pour la formation de la coiffe (calyptra) des Mousses, je pourrais comparer ce qui se passe pour la coléorrhize avec ce qui a lieu pour la formation du manchon du pédicelle des Hépatiques (par exemple chez les Jongermannes et les Marchantia). La coléorrhize vraie, organe sur la nature duquel je me suis trop ample- ment étendu ailleurs pour avoir àen parler longuement ici, ne se rencontre que chez un petit nombre de familles végétales monocotylées ou méme dico- tylées. — La coléorrhize vraie, qu'on observe chez les racines primordiales dans un grand nombre de genres de la famille des Graminées, résulte de l'ac- croissement rapide de l'axe de la racine, axe qui, en raíson de son élongation, se fait jour à travers l'extrémité de la partie corticale, laquelle, ainsi perforée et cessant de s'accroitre, est convertie en une sorte de gaîne ou de manchon qui persiste à la base de la racine. Je passe à un dernier ordre de considérations : la production de bourgeons adventifs serait-elle limitée aux organes caulinaires, et peut-on considérer l'absence de bourgeons adventifs comme un des caractères de la racine? — Tel n'est pas le résultat de mes observations personnelles. — Certaines racines se couvrent latéralement de bourgeons adventifs et ont pu être confondues avec des rhizomes feuillés, par des observateurs superficiels; mais il suflit d'un peu d'attention pour reconnaitre que les feuilles squamiformes sont insé- rées sur les tiges adventives et non sur les racines qui ont produit les tiges adventives. — Les plantes communes herbacées et vivaces chez lesquelles j'ai constaté la présence normale de bourgeons adventifs nombreux à la surface AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des racines (bourgeons qui sont parsemés sans ordre et ne sont jamais ter> minaux) sont : l’£uphorbia Cyparissias, les Linaria vulgaris et L. striata, l'Alstroemeria rosea, et un grand nombre d'autres. En résumé, les tiges souterraines, à bien peu d'exceptions prés, seront toujours reconnues à leurs feuilles rudimentaires et à leurbourgeon terminal ; —et les racines, à l'absence complète d'organes appendiculaires. —Les carac- teres tirés de la présence ou de l'absence de la pilorrhize et de la coléorrhize, fort utiles pour distinguer entre elles les différentes sortes de racines, sont sans grande utilité pour la distinction des racines et des tiges souterraines. M. Éd. Bureau fait à la Société la communication suivante et présente de nombreux échantillons à l'appui : VALEUR DES CARACTÈRES TIRÉS DE LA STRUCTURE DE LA TIGE, POUR LA CLASSIFI- CATION DES BIGNONIACÉES, par M. Édouard BUREAU. Les botanistes sont préoccupés, depuis plusieurs années, d'une question dont l'Académie des sciences elle-méme a reconnu l'importance, enla mettant, pour ainsi dire, à l'ordre du jour. Il s'agit de savoir jusqu'à quel point la structure des organes de végétation, et particuliérement de la tige, est en rapport avec la configuration de la fleur et du fruit; si cette structure peut servir à reconnaitre des espèces, des gen- res, des tribus, des familles ; autrement dit, si les caractéres qui servent à déterminer les affinités naturelles des plantes doivent continuer à étre presque exclusivement tirés de l'examen des organes servant à la reproduction de l'espèce, ou bien si les résultats fournis par la forme et la composition des organes affectés à la vie de l'individu doivent étre pris, pour l'établissement des différents groupes, en plus sérieuse considération. La solution d'un tel probléme exigera une longue série de travaux spéciaux et le concours de nombreux botanistes : mais, en se bornant à certains organes età certains groupes de plantes bien choisis, il n'est pas impossible d'avoir assez promptement quelques résultats partiels. Pour ce qui est de la tige, remarquons tout d'abord que les caractères qu'elle présente varient considérablement suivant l’âge. Règle générale : plus les tiges de plantes différentes sont jeunes, plus elles se ressemblent ; plus elles sont vieilles, plus elles different, plus les caractéres qui leur sont pro- pres s'accusent et deviennent faciles à apprécier et à exprimer. Donc, si l'on veut, au début de recherches de ce genre, écarter les diffi- cultés trop grandes et procéder graduellement, il faut éviter de prendre pour sujet d'examen des groupes formés surtout de plantes annuelles ou herbacées, dont la vie est courte, et dans la tige desquelles des différences profondes n'ont pas le temps de se montrer. Mais parmi les familles composées de plantes ligneuses, et particulièrement SÉANCE DU D JANVIER 1872. 45 d'arbres, il y en a encore. un choix à faire. La plupart des arbres européens rentrent dans la catégorie des Amentacées, et les Amentacées, de l'aveu de tous les botanistes, ne forment point un groupe naturel. L'opinion exprimée par M. Brongniart, dans son Eumération des genres de plantes cultivées au Muséum, a été sur ce point unanimement adoptée, et les Amentacées sont regardées maintenant comme des formes dégradées se rattachant à divers types plus parfaits d'organisation. Ce sont donc les familles composées d'espèces ligneuses exotiques qui nous offriront les sujets d'étude les plus convenables pour le but que nous nous proposons, et particulierement les familles qui renferment un grand nombre de lianes, plantes dans lesquelles le type habituel des Dicotylédones présente les modifications les plus profondes et les plus variées. Telles sont les familles des Malpighiacées, des Sapindacées et des Bignoniacées. M'occupant depuis longtemps d'une monographie de ce dernier groupe, j'ai dû apporter une attention spéciale à l'étude des tiges. Lorsque je com- mencai ce travail, beaucoup de fragments de bois appartenant à cette fa- mille existaient, il est vrai, dans les musées botaniques; mais la plupart des échantillons étaient sans noms et indéterminables. On ne pouvait donc songer à tirer de leur examen des conclusions applicables à une classification naturelle. A ce point de vue, la collection des tiges de Bignoniacées était à refaire en- tiérement et dans des conditions de difficultés. toutes particulières. En effet, les fruits sont, dans beaucoup de cas, indispensables pour déter- miner exactement le genre des Bignoniacées. Il fallait donc trouver des col- lecteurs résidant au moins pendant une année dans le méme pays, et assez dévoués à la science pour prendre la peine de marquer les pieds sur lesquels ils cueilleraient des échantillons en fleurs, et de retourner dans une autre sai- son récolter les fruits.et couper la tige. Celle-ci, en raison des différences que présente le bois suivant l'àge, devrait étre représentée par des troncons de toutes les grosseurs, depuis la partie la plus épaisse du tronc jusqu'aux rameaux les plus fins. C'était certes demander beaucoup. Je védigoll néanmoins des intienctios dans ce sens, et je les envoyai à tous les correspondants que je pus me procu- rer dans l'Amérique du Sud et dans l'Amérique centrale. Le résultat a dépassé tout ce que je pouvais espérer. Mes premières démarches datent de 1868. Aujourd'hui je possède plus de 150 espèces de Bignoniacées soigneusement recueillies, avec la fleur, le fruit, la tige, les rameaux, et souvent méme la racine. Les trois quarts à peu près de cette collection proviennent des recher- ches de M. Corréa de Méllo, qui habite à Campinas, province de Saint-Paul, au Brésil, et de M. Glaziou, directeur du Jardin public de Rio-de-Janeiro. Grâce au zèle et à l'activité de ces deux botanistes, il y aura désormais peu de chose à ajouter à l'histoire des Bignoniacées du sud du Brésil. Le reste est dà aux envois de M. Hahn, qui m'a procuré presque toutes les Bignoniacées 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la Martinique, et de M. Paul Lévy, auquel je dois quelques espéces inté- ressantes du Nicaragua. Grâce à ces matériaux, aussi précieux qu'abondants, j'ai pu reprendre l'étude des modifications de structure que présente la tige des Bignoniacées, et des caractéres qu'on peut en tirer pour la classification. La partie la plus minu- tieuse de ces recherches, l'examen microscopique, qui a fourni des faits intéressants, n'est point encore terminée et demandera un certain temps ; mais la simple observation des tiges des genres grimpants, à l'eil nu ou armé d'une simple loupe, permet d'affirmer désormais ce que Gaudichaud avait entrevu en 1841, et ce que j'avais regretté, dans la première partie de ma Monographie des Bignoniacées, publiée en 1864, de ne pouvoir dé- montrer d'une facon complète. Il est certain maintenant que la structure de la tige de ces lianes est dans un rapport constant avec l'organisation de la fleur. Cette tige ne m'a offert, il est vrai, aucun caractère de famille, c'est-à- dire se retrouvant dans les Bignoniacées arborescentes et n'existant pas dans les familles voisines ; mais elle caractérise souvent des espéces, parfois des groupes supérieurs aux genres, et elle donne pour chaque genre des carac- teres excellents. Un fait remarquable, que rien jusqu'ici ne pouvait faire soupçonner, nous a été fourni par l'examen de tiges très-vieilles : les tiges de Bignoniacées appartenant à un certain nombre de genres, aprés avoir présenté pendant assez longtemps la disposition cruciale et la subdivision dichotomique particu- lière aux lianes de cette famille, finissent par subir des modifications qu'on croyait propres à des lianes de familles toutes différentes. Ainsi, les vicilles tiges d’ Amphilophium ressemblent à des tiges de Zanisteria (Malpighiacées) ; celles du genre Callichlamys offrent des couches ligneuses latérales, comme celles des Cocculus et des Cissampelos (Ménispermées) ; celles du genre Anisostichus ont dans l'épaisseur de l'écorce des corps ligneux cylindriques, comme on en voit dans les Serjania (Sapindacées); enfin les tiges de l'Zaplolophium, et du Glaziovia sont formées d'anneaux successifs et concentriques de bois et d'écorce, comme celles des Gnetum et du Wisteria sinensis. Il y a donc un rapport, un lien, entre ces structures si distinctes les unes des autres en appa- rence, et il me parait bien probable qu'on arrivera à rattacher toutes les for- mations anormales des tiges de lianes à une méme loi de développement. Voici le tableau des caractéres de la tige dans les différents genres de Bignoniacées à structure ligneuse anormale que j'ai pu examiner. J'omets seulement quelques genres nouveaux dont je ne pourrais donner ici une des- cription suffisamment complète. Je dois faire observer qu'il me parait possible de donner un tableau ana- logue pour les Biguoniacées arborescentes, bien que les caractères soient dans ces dernieres d'une appréciation moins facile. SÉANCE DU à JANVIER 1872. 17 Tableau des genres de Bignoniacées grimpantes à tiges anomales, d’après la structure de la tige. l. Bignoniacées dont la tige ne présente jamais que 4 prolongements intérieurs d'écorce. A. Prolongement d'écorce formant des lames qui s’accroissent seulement par leur extrémité intérieure et conservent toujours la méme largeur. a, Pas de formation tardive de bois dans l'épaisseur de l'écorce. 1. Tissu subéreux de l'écorce ne prenant jamais de développe- ment. SORIA A Sono ».. Arrabidæa DC, 2. Tissu subéreux de l'écorce développé sur les grosses tiges. ...... SE FUE 2 250242484 TE uso F4 Paragonia Bur. b. Formation tardive de bois dans l'épaisseur de l'écorce. Tige cylindrique pendant longtemps, puis déformée par production irrégulière de bois dans l'écorce et d'un côté seulement de la tige... €Callichlamys Miq- B. Prolongements primitifs d'écorce s’accroissant latéralement par la formation de prolongements nouveaux successivement juxtaposés, et formant ainsi des sortes de coins dont les bords sont taillés en escalier. a. Tige cylindrique ou carrée, n'ayant jamais une cannelure sur chaque angle dans le vieil âge. a. Pas de cellules à parois épaissses dans l'écorce. a. Marches des escaliers corticaux comprenant chacune plu~ sieurs intervalles de rayons médullaires. 1. Tige cylindrique, à 4 côtes très-peu marquées. Lames d'écorce à bords parallèles pendant long- temps, puis coins corticaux à bords en escalier dont les marches sont hautes et irrégulières... . core Zenbrssioic o. PORDON MIGES. 2. Tiges et rameaux, cylindriques ; ceux-ci finement striés. Stries saillantes, se détachant à la fin en filaments longitudinaux. Formation en escalier tardive, à marches peu nombreuses, larges...... S3 e ea ae e»... Stizophyllum Miers. 3. Tige cylindrique à 4 côtes étroites. Disposition en escalier dès le jeune âge. Coins corticaux larges ‘et courts, à lame centrale trés-large. Marches plus T ou aussi larges que hautes.......... DOE SR eA S nées are +... Cuspidaria DC. 4. Tige Bike, au moins dans le vieil âge. Écorce très- rugueuse, parsemée de nombreuses lenticelles. Disposition en escalier régulière ; le rayon médul- laire qui limite chaque marche assez prononcé, les autres très-fins. .......... Tynanthus Miers. B. Marches des escaliers corticaux trés-étroites, n'occupant chacune que l'intervalle entre deux rayons médullaires conséeutifs. Tige cylindrique. Coins corticaux à lame centrale trés-large. .............. Fridericia Mart. b. Des cellules à parois épaisses dans l'écorce. 1. Tige un peu aplatie en face des prolongements d'écorce. Coins corticaux trés-courts, augmentant trés-peu en lar- geur. Chaque lame nouvelle juxtaposée ne comprenant que l'intervalle entre deux rayons médullaires consécutifs. Cellules à parois épaisses distribuées irrégulièrement dans A XX (SÉANCES) 2 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la partie extérieure de la couche herbacée; quelques- unes seulement entre les gros faisceaux du premier li- DO: doser sas CAM SOBRE Tanaëcium Swartz. 2. Tige cylindrique. Prolongements d'écorce à marches peu nombreuses. 6 ou 7 rangs continus de cellules à parois épaisses placés sous l'épiderme. Adenocalymma Mart. b. Tige carrée, ayant dans le jeune âge 4 angles saillants, qui tombent et font place, dans la vieille tige, à 4 cannelures ou angles rentrants. Disposition en escalier à marches larges et irrégulières comprenant chacune plusieurs intervalles de rayons médullaires. ....... DC M MID o aiei h epaia oes o o amr ciuga, BMetema Miers. C. Prolongements d’écorce interrompus et partiellement supprimés par la dilatation latérale des 4 segments ligneux. Jeunes rameaux octogones, à 8 côtes ou ner- vures saillantes qui se détachent facilement. Vieille tige cylindrique. Écorce épaisse, ..... M IW Mq Er re 2s. Pithecoctenium Mart, II. Bignoniacées dont la tige présente, suivant l’âge, 4, 8, 16, 32 prolongements inté- rieurs d'écorce. À. Étui médullaire toujours entier. Segments de bois, jamais séparés les uns des autres dans les vieilles tiges par un tissu cellulaire de nouvelle formation, a. Pas d'anneaux concentriques formés alternativement de bois et d'écorce. a. Jeunes rameaux cylindriques, sans côtes ou nervures longitudinales, saillantes et caduques. a, Des cellules à parois épaisses dans l'écorce. Tige cylindri- que. Coins corticaux de différents âges, irréguliérement en escalier sur les bords. Cellules à parois épaisses dis- posées irréguliérement dans la partie extérieure de la couche herbacée et formant en outre de trés-gros amas entre les faisceaux du plus ancien liber et jusqu'au milieu des couches minces du liber suivant,.......... dob so ii 8.280 5....... Phryganocydia Marl. B. Pas de cellules à parois épaisses dans l’écorce, * Prolongements corlicaux de formes différentes : les 4 plus anciens longs et étroits, les 4 autres larges et courts, Écorce contenant une matière colorante TPUUDET IS AN EAE LE eR rae Cydista Miers. ** Prolongements corticaux tous de méme forme. Pas de matière colorante dans l'écorce. 1. Tige tordue en forme de câble, présentant exté-- rieurement 8 lobes arrondis. Coins corticaux de divers âges différant peu en longueur, tous trés-étroits, à marches rares ; les 4 premiers limités au sommet par des rayons médullaires plus gros et trés-rapprochés l'un de l'autre. Pas de cellules grillagées dans l'écorce..... E Cutie E NA +... Pyrostegia Presl, 2. Tige cylindrique. Bois très-compacte. Calibre des fibres et des vaisseaux très-petit. Coins corlicaux inégaux et augmentant sans cesse de nombre; disposition en escalier à marches hautes, irrégulières; chaque marche compre- nant plusieurs intervalles de rayons médul- laires, Rayons limitant la lame centrale des premiers coins à peine plus gros que les autres. Moelle trés-étroite. ... Clytostoma Miers, SÉANCE DU 5 JANVIER 1872. 19 3. Tige cylindrique ou légèrement en câble, Bois à textureassez lâche. Coins corticaux de divers âges à marches trés-rares, Rayons médullaires limitant la lame centrale des premiers coins écartés et très-apparents. Moelle épaisse, se détruisant au centre et devenant promptement annulaire....... .. Anemop:egma Mart. 4. Tige cylindrique. Nombreux coins corlicaux de tout àge. Marches réguliéres ou irréguliéres ; chaque marche ne comprenant que. l'inter- valle entre deux rayons médullaires consé- cutifs. Rayons médullaires limitant la lame centrale des premiers coins très-apparents. . gd serres ...... Lundia DC, 5. Tige en câble. Bois à gros vaisseaux. Segments du bois se dilatant latéralement et compri- mant les prolongements.corticaux. à mesure qu'ils se forment, de telle sorte que ces pro- longements prennent une forme linéaire. Par- fois formation de faisceaux ligneux dans l'é- corce, en face des prolongements corticaux.. s. d. vele. die ce. v ^. ^v. istiotis! Marl ilot h 15.Jeunes rameaux hexagones, iid à chaque angle une cóte ou ner- vure saillante qui se détache lorsque le rameau grossit. Vieille tige cylindrique. Écorce mince. Nombreux coins corticaux trés- MARINES disposition en escalier à marches irrégulières. . SOR 5 PR « VIA SL. TV esse à ...... Amphilophium "Kunth. b. Tige présent des anneaux eng ir formés alternativement de pois et d'écorce. i } Í 4. Tige peu tordue ou non pe Rayons hédilaieeha presque égaux en largeur..... one cer ..…... Haplolophium Cham. 2. Tige tordue en câble. Rayons médullaires trés-inégaux en largeur. Racines renflées en tubercules...... 5. Glaziovia Dur. B. Étui médullaire se brisant sur les vieilles tiges et chaque portion restant attachée au segment de bois correspondant. Segments de bois séparés alors par un tissu cellulaire de nouvelle formation et de nature corticale. a. Des couches annuelles. Segments de bois séparés par le tissu cellulaire peu nombreux. Faisceaux ligneux d'abord en éventail, trés-prompte- ment arrondis, au milieu du liber........... Amisostiehus Bur. b. Pas de couches annuelles. Segments du bois se subdivisant un: trés-grand nombre de fois par dichotomie. Les divisions devenant libres, s'élargis- sant en éventail, et séparées par du tissu cellulaire. Éventails Mie du centre de la tige se dirigeant daris tous les sens, 2 di Éventails ligneux du. centre des grosses tiges triangulaires entr au sommet, tous les autres subdivisés par dichotomie. Pas de tubereules à la racine. ...,........ ......) Menoa Bur. 2. Tous les éventails ligneux, ceux du centre comme ceux de la circonférence. se subdivisant au sommet par dichotomie. Racines renflées en tubercules........... eos... Bignonia L. Dans le tableau qui précède, nous avons écrit Adenocalymma et non Ade- nocalymna. Ce genre a été reconnu par Martius, et inscrit par lui dans son herbier, dés 1839, avec l'orthographe que-nous lui donnons ici, € 'est-à-dire avec deux m. J'ai vu plus dé dix étiquettes dela main de Martius, toutes 'rédi- 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gées conformément à l'étymologie grecque, et dans l’ Enchiridion d'Endlicher, qui a paru en 1841, on trouve le même nom cité sous la forme correcte : ADENOCALYMMA. Ce nom est en effet composé du substantif masculin adm, évo (glande), et du substantif neutre xdYuppa, ataç (enveloppe) ; il exprime un des caractères les plus apparents du genre, dont le calice porte de larges glandes aplaties. C'est donc par erreur que ce genre a été publié en 1845, dans le Prodromus, sous la forme ADENOCALYMNA, et nous sommes autorisés à ré- tablir l'orthographe véritable, en vertu de l'article 66 des Zois de la nomen- clature botanique. C'est mon ami M. de Schenefeld qui, frappé du désaccord existant entre la désinence féminine du substantif Adenocalymna et la forme neutre de tous les noms des espèces de ce genre mentionnées dans le Prodromus, a appelé mon attention sur l'opportunité de cette rectification. M. Germain de Saint-Pierre signale à cette occasion l'analogie que présente la structure de la racine du Corydallis bulbosa avec celle de quelques-unes des lianes dont M. Bureau vient d'entretenir la Société. M. Aug. Rivière, répondant à une question de M. Bueau, dit que les Bignoniacées vivantes, provenant de graines envoyées du Brésil par M. Corréa de Méllo et transportées, des serres du Muséum, en Algérie dans le Jardin du Hamma, se sont trés-bien développées dans ce dernier établissement, oü plusieurs d'entre elles se prépa- rent à fleurir. M. Riviére (1) fait ensuite à la Société la communication suivante : BROMÉLIACÉES ET ORCHIDÉES INTERTROPICALES. — HYBRIDATION ARTIFICIELLE DE DEUX LÆLIA DU BRÉSIL, pr M. Auguste RIVIÈRE. Les plantes vivantes déposées sur le bureau de la Société appartiennent aux familles des Broméliacées et des Orchidées, et croissent à l’état spontané dans les forêts des environs de Rio de Janeiro. Les Broméliacées y vivent en épiphytes, c’est-à-dire fixées sur des branches d'arbres, comme une grande partie des Orchidées ; et parmi celles le plus justement répandues et appréciées dans nos cultures européennes à cause de l'élégance de leur port et de la beauté de leurs fleurs, il faut citer tout d'abord le Bilbergia rhodocyanea, qui a été décrit par le professeur Achille Richard (4) Note du Secrétaire général. — C'est à l'extréme obligeance de M. Aug. Riviére, l'habile et savant directeur des admirables serres du Luxembourg, que nous avons dû la splendide décoration de fleurs intertropicales qui ornait notre salle le 5 janvier dernier à l'occasion de la réception de S. M. l'Empereur du Brésil, : SÉANCE DU 5 JANVIER 1872. 21 tors. de son introduction en. Europe dans les serres du jardin botanique de la Faculté de médecine de Paris. Les feuilles de cette Broméliacée sont épaisses et rigides, marquées de lignes grisâtres ; au centre des feuilles s'élève une hampe de 25 à 40 centimètres, toujours beaucoup plus courte que les feuilles et composée de bractées roses. L'inflorescence est ramifiée, compacte. De l'aisselle de chacune des bractées foliaires, qui sont d'un rose très-vif et armées de dents, se développent des fleurs d'un trés-beau bleu, passant ensuite au rouge. Les fleurs se succèdent pendant un temps assez long; et méme après la floraison, les bractées conservent encore pendant plusieurs mois leur couleur, laissant ainsi à la plante un agréable aspect. Le Bilbergia Leopoldiana, présenté avec l'espèce précédente, estégalement remarquable par son inflorescence longuement pendante, portant des fleurs à corolles bleues, qu'accompagnent de longues et larges bractées de la plus belle couleur rose violacé. Parmi les Orchidées, plusieurs pieds de Zygopetalum Mackayi figurent en première ligne ; cette plante habite également les forêts de Rio, où on la rencontre assez souvent sur les rochers, dans les détritus de végétaux et sur les souches et débris de gros et vieux arbres en décomposition. Ces plantes offrent pour nous le plus ‘grand intérêt, car elles rappellent l'origine de leur introduction et de leur culture en Europe. En effet, c'est en 1838 que le docteur Peixoto; médecin de S. M. l'Empereur du Brésil, envoya à Achille Richard une collection remarquable d'Orchidées, dans laquelle se trouvaient les plantes que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société botanique de France. Qu'il me soit permis de rappeler à la Société quelques passages d'un travail que j'ai fait sur la fécondation artificielle de plusieurs espéces d'Orchidées, et notamment de deux Zælia du Brésil. Dans le premier envoi fait par M. Peixoto, se trouvaient deux espèces appar- tenant au même genre : l'une le Zælia cinnabarina, espèce terrestre,et l'autre le Lelia crispa, espèce épiphyte. On savait que généralement ces plantes ne pouvaient se multiplier dans nos cultures qu'artificiellement, et éncore d'une maniere trés-limitée, par la divi- sion ou section des pseudo-bulbes ; car la formation du fruit n'avait pas encore été remarquée, à cette époque, sur les nombreuses fleurs qu'on avait été à méme d'examiner. Il restait donc une lacune à remplir, c'est-à-dire à savoir si, au moyen de la fécondation artificielle, on pouvait obtenir des fruits et surtout des graines fer- tiles. Les tentatives que je fis au jardin botanique de la Faculté de médecine furent couronnées d'un plein succès et m’engagèrent méme à pratiquer des hybridations ou mariages adultérins. Dans ce but, je choisis comme plante- mère le Leia crispa, qui a les fleurs blanches et le labelle bordé de violet, et 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comme: plante-pere le Zælia cinnabarina, à fleurs d'une couleur “rouge cinabre, La fécondation opérée en 1857 réussit à merveille, et en 1858 l'ovaire parvenu à maturité permettait de récolter de trés-bonnes graines qui, semées sur des mottes de terre de bruyère grossièrement concassées et tenues toujours humides, ne tardérent pas à germer sous l'influence d'une température assez élevée. Apres des phases diverses de développement, ces plantes fleurirent en 1863, et me permirent de constater que les produits obtenus étaient à fleurs jaunes, offrant des caracteres empruntés aux deux parents, résultat de cette hybridation d'espèce à espèce. En dehors de ces plantes brésiliennes, figure également au bureau. un ma- gnifique pied de. Cypripedilon insigne, du Népaul, portant une quarantaine de fleurs én-parfait épanouissement. Il existait déjà au jardin de l'École de méde- cine de Paris à la date de soixante à soixante-dix ans. Son abondante floraison est due au traitement particulier auquel ces plantes sont soumises, qui con- siste à leur donner beaucoup moins de chaleur qu'aux espèces brésiliennes, et méme à leur laisser passer une bonne partie de la belle saison à l'air libre, sans cependant négliger de les entretenir dans une humidité abondante. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : DE LA TRUFFE, DE SA CULTURE ET DE SA NATURALISATION DANS LES CONTRÉES AUXQUELLES ELLE EST ACTUELLEMENT ÉTRANGÈRE, par M. Ad. CHA'TEN. Nous sommes loin du temps où l'on regardait la Truffe comme. un: produit de. la fermentation de la terre, une excroissance, engendrée. par ‘un suc tombé des feuilles, un. tubercule rhizogéné, ou. un fruit souterrain. Mais. beaucoup d'hommes du monde pensent encore, avec. M. Jacques. Valserres, qu’elle n'est autre qu'une: galle due à la piqûre des radicelles de certains -arbres par des insectes diptères. Inutile de réfuter ces erreurs dans. une. réunion de botanistes, où chacun, à commencer par le Souverain éclairé qui honore de _sa présence cette séance de la Société botanique dont nous garderons- bonne mémoire, sait que la Truffe est un. vrai Champignon hypogé de la famille des Tubéracées, famille qui.compte parmi ses caractères : un réceptacle sphéroide, charnu, indéhiscent, lisse ou verruqueux, un parenchyme parsemé de spo» ranges renfermant de une à huit spores, etc. Quant au genre Zuber, type de la famille, il comprend des espèces non parasites, à réceptacle verruqueux, à sporanges globuleux ou oblongs, souvent appendiculés. Enfin notre bonne Truffe, dite Truffe noire, Truffe du Périgord, Truffe franche, et très-justement Truffe des gourmands, est le Tuber de Pline, lZ/;dnum de Théophraste et de Dioscoride, le. Lycoperdon Tuber de Linné, le Tuber cibarium de Sibthorp et de Bulliard, enfin le Tuber melanosporum de Vittadini et de Tulasne. SÉANCE DU B JANVIER 1872. 23 Truffes autres que la Truffe noire. — Plusieurs espèces du genre Tuber, autres que le Tuber melanosporum, sont recherchées comme aliments. Les Italiens font cas de leur grosse Truffe blanche ( Tuber magnum) que je trouve en effet fort bonne, mais sans qu'elle puisse étre mise en comparaison avec la Truffe noire; les Bourguignons et lés Champenois consomment avec plaisir la Truffe grise (Tuber brumale) et la Truffe rouge ou rousse (Tuber rufum), qui croissent en assez grande abondance dans leurs bois pour que de notable quantités soient exportées à Paris et dans l'Est, surtoutà Strasbourg et à Nancy. Ces deux Truffes, que produisent d'ailleurs aussi les contrées à Truffe noire, sont assez souvent laissées mélées avec celle-ci, non sans préjudice pour la qualité du mélange ; ce n'est en effet le plus souvent qu'à la présence de ces Truffes, d’une saveur spéciale qui les fait désigner sous le nom de Truffes mus- quées, qu'il faut attribuer la mauvaise réputation de certains crus de Truffes du Périgord ou de la Provence. La Truffe rousse est toutefois préférée à la Truffe grise; elle se vend toujours plus cher que celle-ci au marché de Dijon. Vers la fin de l'été et en automne, on consomme beaucoup, dans le midi de la France, d'une Truffe blanche, dite Truffe d'été (Tuber estivum), laquelle est à peu prés insipide et inodore. Si elle n'est pas bonne, on ne saurait la dire mauvaise; coupée en tranches minces, elle est soumise à la dessiccation pour être conservée. Il existe aussi une Truffe blanche d'hiver (Tuber hiemale), que j'ai observée en Périgord et quiestvendue mêlée à la Truffe noire, à laquelle elle ressemble extérieurement par la pellicule noire et diamantée qui recouvre sa chair blanche. Arbres produisant la Truffe. — 1l est bien clair que par « arbres produisant la Truffe », ilfautentendre, non que celle-ci soit une production immédiate de leurs parties (par exemple, une tubérosité ou une galle de la racine), mais qu'elle est bien une production médiate, dont l'arbre favorise le développe- ment par le fait méme de sa présence, et sans doute en lui donnant, non pas seulement un abri, mais un aliment. Cette réserve établie quant au mode de production, je dirai que la Truffe noire est attribuée à un grand nombre d'espèces d'arbres ou arbustes, dont j'énumère, d’après des autorités diverses, trente-neuf (parmi lesquelles sept Chênes), dans mon 77aité de la Truffe, publié en 1869 (1). Mais je suis très- disposé à croire que la vraie Truffe noire ne se rattache qu'à un nombre beau- coup plus restreint d'espécesligneuses. Mes raisons sont: 1° que souvent on aura pris pour la Truffe noire, la Truffe rousse, la Truffe grise, etc., qui ont à peu prés la méme apparence qu'elle; 2° que des Truífes se développent souvent dans le voisinage et sous l'ombre de plantes (Vigne, Églantier, etc.), situées dans le rayon d'action de Chénes qui sont les premiers et vrais produc- teurs de ces Truffes. (1) Cette énumération se trouve aussi dans notre Bulletin, t. XVI (Séances), pp. 20 et suiv. ; 2A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mes récentes-observations ne m'ont fait sürement constater la. présence de la Truffe noire que sous le Chêne pubescent, le seul qui en produise dans le Périgord, le Poitou, etc. , et sous le Chéne-Yeuseet le Chêne-Kermès, qui en Provence se partagent la production avec le Chêne pubescent. Sous le Chêne- Rouvre, comme sous l'Orme, je n'ai vu que des Truífes musquées (grise et rousse), les seules qu'on trouve en Champagne et en Bourgogne, où manquent à la fois les Chênes vertset le Chêne pubescenf. Le Pin d'Alep, commun. en Provence, produit sûrement aussi la Truffe noire, que j'ai recueillie près de lui à Carpentras, chez M. Rousseau, dans des lieux où il est isolé. Il en est de méme du Chátaignier. Sol propre aux Truffes. — Les sols calcaires sont les seuls qui produisent la Truffe noire. Celle-ci, qui vient surtout là où la roche calcaire, fissile. et perméable, forme- le fond du sol au point de masquer, aprés les pluies, la terre arable interposée (comme on le voit dans les galuches du Poitou et les garrigues du midi dea France), peut cependant se développer dans des terres qui, ainsi que je l'ai constaté par leur analyse, ne contiennent que 2 ou 3 cen- tiémes de chaux. Mais cette proportion de chaux peut étre regardée comme la proportion limite ; c'est dans de tels terrains que la Truffe noire croit sous le Châtaignier : plus de calcaire, et le Châtaignier dépérit ; moins de calcaire, et la Truffe n'accompagne pas ce dernier. Cette possibilité d'avoir des Truffes dans des sols ne contenant que quelques centièmes de chaux permet de les récolter sur des terres essentiellement sili- ceuses, à la seule condition d'ajouter à celles-ci, par le marnage, la proportion de chaux jugée indispensable: c'est dans de telles conditions que je tente une petite culture sur les coteaux (à meulières et à grès de Fontainebleau) des Es- sarts-le-Roi, canton de Rambouillet. . IL semble d'ailleurs que la Truffe préfère certaines formations calcaires aux autres : ; au premier rang des calcaires truffiers, se. placeraient les terrains ju- rassiques ; au deuxième rang, les formations crétacées; enfin au troisième rang, les dépôts tertiaires. Peut-être la proportion, dans le sol, de l'acide phospho- rique, élément qui représente environ 30 centièmes des cendres de la Truffe, n'est-elle. pas indifférente à la qualité truffière de ce sol. Mes analyses des terres, sans étre absolument concluantes, ne sont pas défavorables à cette hypothèse, La proportion de magnésie que contiennent les terres ne saurait être indif- férente aux Truffes, qui fixent dans leurs cendres presque autant de cette base que de chaux. Or, on sait que les sols jurassiques, surtout ceux des forma- tions les plus anciennes, sont parfois très-magnésiens. Enfin, se guidant encore sur la composition des cendres, on peut dire que la proportion de la potasse dans les terres est d'autant moins à négliger, que cet alcali entre en moyenne pour 25 centièmes dans les cendres de la Truffe. C'est sans doute là une des causes des bons effets de la feuillée, et, en général, des résidus végétaux, sur la production truffière. SÉANCE DU D JANVIER 4872. 25 Climat. —J'indiquerai en deux mots le climat convenable à la Truffe, en disant que ce climat n’est autre que celui dela Vigne. Là où le raisin ne márit plus, parce que la latitude. est trop septentrionale ou l'altitude trop grande, s'arrête la production de la Truffe : c'est ainsi que celle-ci, commune en Pro- vence au pied du Ventoux, ne dépasse pas sur cette: montagne une altitude de 700 à 800 mètres, et que, dans le nord de la France, elle s'arréte à la zone de Paris, où déjà elle est rare. On la trouve à toutes les expositions dans la Provence et méme dans le Quercy ou le Périgord ; mais elle devient assez rare dans le Poitou aux expositions nord, et ne se montre plus que sur les pentes méridionales aux environs de Paris. Point important à noter : la production truffière, favorisée par la perméa- bilité du sol, disparait dés que celui-ci devient trop humide. On peut faire à chaque pas des observations de cet ordre dans le Périgord et le Poitou, oü alternent fréquemment de petites collines sèches avec des vallons humides. Cependant la. Truffe, incompatible avec les terres à humidité stagnante, a besoin-d’eau pour se développer. C'est méme une remarque trés-ancienne que la récolte des Truffes ne sera abondante que s'il tombe de grandes pluies en juillet etem août, — Acclimatation. —L'acclimatation; ou pour "parler plus exactement, la na- turalisation de la Truffe: peut se déduire des indications précédentes. On doit tenir pour certain que le transport etla naturalisation de la Truffe noire seront faciles en Bourgogne et en Champagne; là où les roclies, les unes jurassiques, d'autres crétacées, sont couvertes de vignes. On peut croire aussi que. de nombreuses contrées de l'Europe (Hongrie, provinces danubiennes, etc.), et de l'Amérique sont appelées à porter des truffières. Il est probable, en parti- culier, qu'au Brésil, des provinces étendues (districts de Minas-Geraes, etc. ), qui aujourd'hui ne connaissent la Truffe que par ses conserves, la produiront à.une époque que l'auguste Souverain de ces belles contrées voudra rendre prochaine, es. à Développement et maturation. — La Truffe noireest mûre en.hiver. Aux premiers jours chauds du printemps, en avril ordinairement, elle: disparaît en se putréfiant et en exhalant, à la maniere des substances animales, des composés ammoniacaux. L'un des premiers effets. de cette. décomposition est la rupture des. sporanges, eL. par. suite.la mise en liberté. des spore. Celles-ci germent- elles alors? Cela est probable. Mais on comprend. combien. il est. difficile de suivre, mélées.au sol, ces spores brunes, aussi petites que des grains d'ami- don, et de voir ce qu'elles. y. deviennent. Ce que je puis dire, c'est que j'ai vainement tenté, même avec le. concours. de mes jeunes amis Roze, Sicard et Coruu, si habiles à obtenir.la germination. des Cryptogames, de faire germer ces spores dans des milieux où l'observation fût possible. Nous devons à M: Tulasne de sayoir, et c'est bien quelque chose, que quel- 26 SOCIÉTÉ POTANIQUE DE FRANCE. que temps après la destruction des Truffes, vers le mois de juin à peu prés, le sol des truffières se montre traversé de filaments blancs fort délicats; qu'un peu plus tard ces filaments s'accumulent sur: certains points où ils forment une sorte de feutre, au milieu duquel apparaissent les Truffes, d'abord trés- petites, mais grandissant peu à peu et finissant par s'isoler de leur masse feutrée et du mycélium, lesquels disparaitraient tout à fait bien avant l'époque de ma- turation des tubercules. En cherchant à répéter, en Poitou et en Périgord, cesintéressantes observa- tions, je n'ai pu que constater, en septembre et octobre, l'existence du mycé- lium épars dans le sol des truffières comme une toile d'araignée à fils argentés et généralement distants. Sans doute que si je n'ai pas vu le feutrage qui; à un moment, entoure les tubercules, c’est que mes observationsont été faites à une époque trop avancée de l'année. Je peux toutefois ajouter aux observations de M. Tulasne les points suivants : 1° Le mycélium, réduit à des fils épars, est souvent visible encore aprés lhi- ver, en mars et avril, et l'on peut croire dés lors qu'il est pérennant, ce qui assurerait aux Truffes un mode de 1nultiplication indépendant des spores, et peut-être beaucoup plus sür que par celles-ci. 2° Le mycélium existe déjà dans les truffières en voie de formation et qui ne donneront lieu à la récolte qu'aprés une ou plusieurs années. Ce fait, que j'ai maintes fois constaté dans les jeunes bois du Loudunois, chez M. Foucault notamment, indique bien que le mycélium ne produit de fruits, c'est-à-dire des Truffes, que lorsqu'il a un certain nombre d'années d'existence. On peut croire que cette sorte de période d'incubation, ou de végétation stérile, est mesurée par la durée (6 à 10 ans) qui sépare la plantation (par glands) d'un bois de Pé époque à — celui-ci donnera lieu aux premieres récoltes de Truffes. La maturation de la Truffe ne commence qu'après les premiers froids de novembre ; elle se continue successivement jusqu'au commencement du prin- temps. La méme traffière ou le même arbre peut ainsi donner lieu . " Te ré- coltes réparties sur une durée de cinq ou six mois! Toutefois les Truffes ont, au moins celles qui doivent mûrir les premières, acquis leur grosseur dés la seconde quinzaine d'octobre. A ce moment, leur écorce est déjà noire, l'intérieur étant encore d’an blanc pâle; ce n’est que plus tard et peu à peu, souvent successivement dans un méme sporange, que les spores passent au fauve, puis au. noir. Signes de l'existence des truffiéres. —Rien de plus facile que de recon- naitre Ia présence des truffières. Qu'il traverse un bois ou qu'il en suive la li- sière, celui qui a vu une fois des truffières reconnait du premier coup d'oeil, aux caracteres suivants, celles qui existent dans les endroits qu'il parcourt. Le sol est dépouillé de sa végétation herbacée, les mousses elles-mémes se pré- sentent soulevées et séches; quant à la terre, elle est effritée, friable, tandis SÉANCE DU 5 JANVIER 1872. 97 que le sol qui limite la truffière est habituellement recouvert d'herbes et con- serve sa compacité. Ce dernier fait est bien connu des gens qui cherchent les Truffes à la pioche: ceux-ci abandonnent leurs fouilles dés qu'ils quittent la terre effritée. Les truffières se: forment et apparaissent d'ailleurs, soit dans les jeunes semis- de Chênes truffiers, soit dans de vieilles plantations où des clairières succèdent aux Couverts ou ombrages, soit parfois, pour un arbre donné, sur un point éloigné de la vieille truffière, plusieurs années ordinairement avant celle où elle fournira des produits marchands. C'est enfin une observation générale que les truffières, si rien ne les a gê- nées dans leur évolution, sont placées tout autour des arbres auxquels elles se rattachent, et dans la zone des jeunes racines ; c'est-à-dire, d'autant plus prés du tronc que l'arbre est plus jeune, sur un cercle d'autant plus éloigné du pied de l'arbre que ce dernier est plus âgé. Récolte. — La récolte des Truffes a lieu par deux méthodes : 1? par des animaux dressés à cet effet; 2° directement par l'homme lui-même, s'aidant d'instruments divers, de la pioche le plus souvent, pour fouiller la terre. De ces divers chercheurs, le plus parfait n'est pas celui qu'on pense. Les animaux dont l'instinct est utilisé Wn la récolte des Trufles sont le porc et le chien. Le porc, à peu prés seul employé EE hui dans les pays où il y a le plus de Truffes, sent le tubercule d'assez loin, et se dirige droit au-dessus de lui; quelques coups de son solide museau le font arriver à celui-ci, qu "ilt jette hors de terre ou laisse en place (aprés l'avoir mis à nu), suivant le genre d'é- ducation qu'il a recu. Le rabassier donne au porc pour le récompenser, apres chaque fouille, une châtaigne ou un gland : s’il oublie cette juste rémunéra- tion, le porc grogne, refuse souvent de continuer le travail, ou méme s'appro- prie les Truffes qu'il aura découvertes. Un bon porc trouve souvent, dans un riche pays truffier, de 5 à 6 kilogrammes de Trufles par jour. Le chien, plus docile et plus agile que le porc, est préféré par les rabassiers maraudeurs, mais il creuse moins vite la terre qu'il ouvre avec ses pattes, et souvent n'atteint pas le plan jusqu'aux tubercules, si ceux-ci sont profondé- ment enfouis, cas surtout commun à l'arriére-saison. Il présente d'ailleurs cet inconvénient, sur les pentes rapides le long desquelles il projette en arrière avec ses pattes les tubercules, de faire perdre une partie de ceux-ci, ou tout au moins d'obliger les rabassiers à se fatiguer à leur poursuite. Un petit morceau de pain est ordinairement la — da chien quand ila trouvé une Truffe. Quand, ce qui est fréquent, le chien n'arrive pi jusqu'à la Truffe, rabassier retire celle-ci avec une sorte de couteau à large et forte lame. La récolte de la Truffe à la pioche ‘est surtout pratiquée par les marau- 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deurs ; elle est pénible, peu rémunératrice et ne donne que des produits infé- rieurs. Voici pourquoi. Dans la fouille à la pioche, celle-ci, dirigée am hasard, fait trouver indiffé- remment les Truífes mûres et celles qui, ne devant mürir qu'à une époque plus ou moins éloignée, ont peu ou pas de parfum et sont plus ou moins blanches encore à l'intérieur. L'écorce elle-même, déjà noire, donne à celles- ci l'apparence trompeuse de la maturité, de sorte que le public ne les re- connait que lorsqu'il les émonde ou méme quand il les mange. Le porc et le chien, au contraire, ne fouillent que les Truffes müres, sans toucher aux autres qu'ils. décéleront plus tardà mesure qu'elles arriveront à maturité. De là la supériorité très-grande, dans un même pays, des produits récoltés avec le chien et le.porc sur ceux obtenus par la fouille à la pioche. La production de Truffes par un arbre donné commence lorsque celui-ci a de six à dix ans, augmente jusqu'à trente ou quarante aus, puis reste station- naire, et enfin diminue. On peut croire que l'arbre produira des Truffes tant qu'il continuera. de. vivre. J'ai vu, par exemple, de Riez à Montagnac -(Basses-Alpes), des Truffes sous des Chênes séculaires isolés au milieu de terres cultivées. Culture. — Beaucoup de personnes seront disposées à sourire si. on leur parle de la possibilité de cultiver ou de produire la Truffe à volonté.. Et cepen- dant rien n'est plus certain, rien n'est plus facile, rien n'est plus rémunérateur que cette culture. Il suffit, pour cultiver la Truffe, d’un sol Ft calcaire, d'un cli- mat tempéré, tel que celui des contrées vignobles, et d'un semis. de glands truffiers, c’est-à-dire, tombés d'un Chêne ayant une truffière à son pied. Aux conditions de sol, de climat, de semence, il faut en ajouter une qua- trième, l'espacement des arbres; et l’on pourra, comme on le pratique dans la Provence, cultiver la Truffe. avec autant de certitude dans le succès que pour le Blé ou la Garance. Voici comment on procède en grand. Sur une terre labourée, on sème, dans des sillons ouverts par la charrue, e gland truffier en novembre, ou mieux en mars (après l'avoir stratifié avec du sable pour assurer la conservation de la faculté germinative), si l'on craint les ravages des mulots, etc., et l'on recouvre en passant la herse. Les glands seront mis à 1 métre sur les lignes, et celles-ci, dirigées du nord au sud, seront espacées de 2 métres. Chaque année un labour sera donné entre les lignes, et le milieu de celles-ci, soit sur un métre de largeur, pourra recevoir les premières années une récolte. Vers quatre ou cinq ans, les jeunes Chênes marquent, c'est-à-dire laissent voir les truffières en formation à leur pied ; à six ou huit ans, ils commencent à produire.: … Pendant la production, qui est en quelque sorte indéfinie, on se trouve SÉANCE DU 5 JANVIER 1872. 29 bien de continuer lelabour du printemps ; la vigueur des arbres en est accrue et les Truffes seront plus grosses et plus arrondies, qualités à rechercher. Un Provençal, nommé Bonnet, conseille la culture de la Truffe par semis direct des spores, dans un champ privé d'arbres absolument comme on le ferait pour le Blé ou la Pomme de terre. Cette pratique doit être mise sur le méme rang que la théorie d'un autre Provencal, Jacques Valserres, pour qui la Truffe est une galle produite par la piqüre d'une mouche sur les radicelles du Chêne. Encore M. Valserres admet-il l'utilité du Chêne, tandis que M. Bonnet s'en passe. Statistique de la production truffière. — On comprendra tout l'intérét qui s'attache à la question de la Truffe, et particulièrement à sa culture, appelée à décupler la production, comme cela a lieu sur quelques points des départe- ments de Vaucluse et des Basses-Alpes, par l'importance qu'a déjà en France la production du précieux tubercule. La récolte totale, dans laquelle les Basses-Alpes, Vaucluse et la Drôme en- trent, avec le Quercy, pour une proportion bien plus forte qué le Périgord où la culture proprement dite est à peu prés inconnue, est annuellement d'environ 4 600 000 kilogr. , qui, à 10 francs seulementle kilo, prix moyen de première main, forment une somme de seize millions. Terminons en disant que la récolte de la Truffe est, comme toutes les au- tres récoltes, soumise, en certaines limites, aux conditions météorologiques, et qu'elle est particulièrement soumise à influence. des pluies de juillet et d'aoüt. En ces mois, beaucoup de pluies (comme en 1871), Pasep de Truffes ; sécheresse, disette de Truffes (1). M. Roze fait à la Société la communication suivante : DE L'INFLUENCE DE L'ÉTUDE DES MYXOMYCÉTES SUR LES PROGRÈS DE LA PHYSIOLOGIÉ VÉGÉTALE, par ME. Ernest ROZE. Les végétaux inférieurs sont soumis aux mêmes fonctions biologiques que les végétaux supérieurs ; seulement ces fonctions y sont réduites à une simpli- fication telle, que leur étude permet d'en approfondir plus aisément le but essentiel et de mieux connaitre le róle des organes plus ou moins rudimen- taires qui les accomplissent. Ainsi, l'anatomie nous ayant démontré que Télé- ment histologique susceptible de constituer tous les divers éléments des tis- sus végétaux était représenté par la cellule, il était rationnel de prendre, pour point de départ de l'étude de la cellule en ellé-même, les Algues unicellulaires composées d'un seul de ces éléments. On pouvait croire, en effet, que l'on (1) Au moment de l'impression de ces lignes (fin d'août 1872), on peut pronostiquer, par les pluies abondantes tombées depuis deux mois, que la récolle des Truffes ne sera pas inférieure à celle de l'année dernière. 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. possédait là comme une sorte d'a végétal, la plus simple de ces organisations inférieures qu'il fût possible d'imaginer. Mais, d'un autre côté, la genèse de la cellule, mieux connue, ayant appelé l'at- tention sur ce fait que chez beaucoup d'Algues, et même chez plusieurs Cham- pignons (Saprolégniées-Péronosporées), des organites sans membranes (z00- spores) pouvaient exister pendant quelque temps avant de se constituer eu cellules, on se trouva dans la nécessité de reconnaitre que certaine partie du végétal pouvait. préexister sans étre à l'état cellulaire. Cette partie fort impor- tante puisqu'elle contribue à former la cellule en s'entourant d'une membrane; c'est ce que l'on:désigne sous le nom de protoplasma, et ce qu il: me semble plus logique d'appeler plasma (1). Cette existence du plasma antérieurement à l'apparition de la. membrane cellulaire indiquait déjà l'importance de son rôle dans toutes les formations des organes des végétaux. On pouvait se demander .s'il n'en serait pas non plus la partie essentiellement vivante et reproductrice, le —— actif de tous leurs phénomènes vitaux. Or quelle importante preuve ne pourrait-on pas apporter à l'appui de cette opinion, s'il se trouvait dans. la nature, des êtres d'une organisation tellement simple qu'ils ne présenteraient dans toute leur période vitale qu un élément constitutif, non plus méme cellulaire, mais plasmique ? Eh bien! ces êtres existent : je veux parler des Myxomÿcètes, êtres effecti- vement fort singuliers, qui ne se présentent à l'état cellulaire que dans deux seules circonstances : la première, pour cause de suspension de leur état végé- tatif (sclérotium) ; la seconde, pour conservation. du germe (fructification). Encore le premier état n'est-il que suspensif, puisque les fausses cellules qui le constituent se redissolvent: sous l'influence: de la chaleur et de l'humidité, ce qui permet à ces êtres de se retrouver après dans leur même état plasmique qu'auparavant. Mais cette simplicité même d' organisation, qui nous, déniontté le rôle im- (4) M. le docteur Cauvet, dans sa très-intéressante thèse médicale, récemment publiée et intitulée : Du proloplasma, se refuse à admettre la distinction proposée par M, Sachs (Physiol. végét. trad. française, p. 366) entre ce qu'il qualifie de deux substances différentes confondues sous le nom de protoplasma, dont l'une conserverait ce nom et dont l'autre serait appelée plasma. Je ne suis pas complétement de l'avis. de notre savant confrère, en ce sens que, tout en ne partageant pas l'opinion de M. Sachs, je ne puis croire que le terme créé par Hugo de Mohl avec une signification trés restreinte, la formation cellulaire, puisse étre indéfiniment conservé. Il me semble aussi que c'est à tort que M. Sachs veut changer cette même signification en appelant plasma ce qui constitue le protoplasma de Hugo de Mobl, et protoplasma ce que justement ce dernier n'avait pas en vue. en créant ce nom. D'uri üutre cóté, il ne me parait pas non plus qu'il puisse y avoir un pr otoplasma, puis un deuloplasma, comme Je voulait M. Van Beneden: Je ne vois dans la substance végétale vivante (protoplasma des auteurs) qu'une seule et même chose, douée de pro- priétés spéciales et de diverses facultés d'élaboration, dont la vitalité pr roduit et entre- tient tout l'organisme chez la plante, depuis la première jusqu'à la dernière période de l'existence, et c'est ce que je crois pouvoir désigner sous le nom général de plasma. SÉANCE DU D JANVIER 1872. 31 portant du plasma dans les végétaux, devait à juste titre exciter la défiance des premiers observateurs qui cherchaient à en faire une étude approfondie. On ne sera donc pas surpris de les voir se demander si ces étres devaient bien appartenir au règne végétal, ou s'ils ne devaient pas plutôt être rattachés au régne animal, non loin des Amibes ou des Polythalamies, ces infusoires plas- miques, avec lesquels leurs plasmodiums offrent plus d'un rapport, par leur reptation, leurs successifs changements de forme et leur quasi-contractilité. . Quant à moi, à la suite des premières recherches que j'ai faites sur leurs phénomènes biologiques, je n'hésite pas à le dire, jé regarde les Myxomycètes comme des végétaux. (1), et je crois pouvoir essayer. d'expliquer leur grande simplification d'organisation végétative, non-seulement par les facultés biolo- giques essentielles propres au. plasmodium, mais encore par leur station méme. En effet, il n'est pas douteux, lorsque l'on étudie leur histoire, qu'ils n'ont pas d'ordinaire besoin d'une enveloppe ou membrane protectrice. Le plasmodium naissañt (2), grâce à son mouvement amiboïde, s’introduit dans les interstices des vieux bois ou des écorces ramollis par l'humidité, qui lui offrent des éléments nutritifs à absorber : il s'y développe au milieu des cellules où il pénètre, s'allonge et grossit peu à peu. Dans cette pé- riode de nutrition, on conçoit quil est suffisamment protégé par la masse ligneuse qui le nourrit. Aussi y reste-t-il jusqu'a ce qu'il ait atteint son complet développement. 1l en sort alors pour se chercher un endroit favorable et fructifier, c'est-à-dire pour choisir une situation où l'état hygrométrique de l'air lui permettra en quelque sorte de se dessécher tout entier, sa masse plasmique se transformant en trés-peu de temps en un support agglutinatif surmonté, en général, d'un conceptacle protecteur des spores. Quant à la phase biologique pendant laquelle il se présente à l'état de sclérotium, elle s'explique par ce fait que ce phénomène n'a lieu que lorsque le plasmodium, sorti de son milieu nutritif, se trouve soumis tout à coup à l'influence de la sécheresse, causée soit par l'extrême chaleur, soit par l'exuréme froid. L'état pseudo-cellulaire qu'il prend alors n’est qu'une formation protectrice, tran- sitoire. (4) Je ne veux pas parler ici- des différences intimes que l'observation peut, faire rese sortir de la comparaison entre le plasma animal et le plasma végétal, et déjà méme en- tre les Amibes et les petits plasmodiums, Ces différences ne sont pas tellement notables que l’on ne soit vivement frappé aussi de leurs grands points de ressemblance, d'où se tire cette conclusion que, comme le végétal, l'animal puise dans le plasma l'origine de son existence et le principe actif de ses fonctions. MS V i (2) Je réserve ici la question fort intéressante du passage des germes ciliés aux petits plasmodiums qui sembleraient constituer chez les Myxomycétes un second état de déve- loppement. Cet état intermédiaire n'a pas d'ailleurs été signalé chez tous ces êtres ; et là méme où on l'a observé, on n'a pas fait assez attention, si je ne me trompe, à l'impor- tance de leur apparition qui paraît être due. à la fusion de plusieurs germes ciliés pri- maires. Ce dernier phénomène ne serait-il pas, en effet, caractéristique d'une sorte de fécondation ? S n | £t US 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quoi qu'il eh soit, n'est-il pas remarquable que ces étres puissent exister, croitre et fructifier en demeurant toujours à cet état plasmique que nous ne connaissions jusqu'alors que comme un état passager et dont on ne citait d'exemples que dans deux cas : reproduction gemmipare (zoospore), reproduc- tion sexuée (anthérozoide et gonosphérie ou globule germinatif femelle)? Voici donc un végétal chez lequel l'élément anatomique est en quelque sorte remplacé par l'élément physiologique, et dont toutes les fonctions vitales néces- saires s'effectuent au moyen de ce plasma qui seul le constitue. Quelle idée de l'importance du róle du plasmane devons-nous pastirer de cetexempleindiscu- table? Sinon que chez tous les végétaux, il peut en étre de méme, et que nous devons probablement retrouver, dans toutes les cellules de leurs organes, le plasma qui seul en accomplit les fonctions. De là à croire que les progrès de la physiologie sont liés à cette étude fondamentale, il n'y aqu'unpas. Déjà, en Allemagne, plusieurs physiologistes sont entrés dans cette voie que je crois féconde. Ils s'attachent à en faire l'objet de leurs nouvelles recher- ches, soit en étudiant le plasma en lui-même, pour le connaître dans ses pro- priétés essentielles, soit en l'observant dans différents organes pour en caracté- riser plus nettement les fonctions. Je ne pense pas qu'en France nous devions rester spectateurs indifférents de cette nature de travaux, et je souhaite vive- ment que les mémes causes produisent ici les mémes effets, c'est-à-dire que l'étude des phénomènes biologiques du plasmodium des Myxomycètes éveille dans l'esprit de quelques-ans de nos confrères le désir, sinoit- d'enrichir de nouvelles observations l'histoire encore peu connue de ces Myxomycétes, du moins d'approfondir l'histoire, bien moins connue encore, des diverses pro- priétés physiologiques du plasma. M. Cornu fait observer que, d'aprés ses recherches, les Myxo- mycètes doivent être placés dans la classe des Champignons, trés- prés des Chytridinées, qui, à certain moment de leur existence, se dépouillent aussi de la forme cellulaire. PPP A l'issue de la séance, M. le comte Jaubert et M. le président de la Société ont présenté les autres membres du Bureau à Sa Majesté Impériale, qui s’est gracieusement entretenue successivement avec chacun d'eux. SÉANCE DU 12 JANVIER 1872. PRÉSIDENCE DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. M. le Président annonce que l'Empereur du Brésil, Dom Pedro II d'Alcantara, protecteur des sciences, a daigné accepter le titre de SÉANCE DU 12 JANVIER 1872. 33 membre de la Société botanique de France dans la séance que Sa Majesté Impériale a honorée de sa présence, le 5 de ce mois. Depuis ce jour, ajoute M. Germain de Saint-Pierre, j'ai eu l'honneur d'étre admis, accompagné de M. le docteur ;«Bureau, à présenter à l'Empereur le diplôme qui Lui confère ce titre. En recevant ce diplôme ainsi que la collection complète des publications périodiques de la Société, et en agréant l'hommage des ouvrages de plusieurs de nos confrères et des nôtres, Sa Majesté Im- périale a bien voulu nous exprimer le désir d'assister encore, avant son pro- chain départ, à une de nos séances tenue tout à fait dans les formes ordinaires et dans le local où nous nous réunissons habituellement. M. le Secrétaire général annonce que M. le comte Jaubert lui a fait savoir que, en raison de son départ très-prochain, Sa Majesté Impé- riale a témoigné le désir que cette séance fût avancée de quatre jours. La Société, se conformant avec empressement au vœu de l'Em- pereur, décide que la prochaine séance aura lieu le 22 janvier cou- rant, et qu'une circulaire sera adressée à cet effet à tous les mem- bres résidant à Paris. L'ordre du jour appelle la Société à procéder aux élections annuelles fixées au 5 Janvier, et renvoyées à huitaine en raison de la visite dont S. M. l'Empereur du Brésil a daigné honorer la Société. M. le Président annonce que les membres du Conseil devant sorlir cette année sont : MM. Decaisne, Duchartre, Fermond et A. Gris. On procède à l'élection du Président pour l'année 1872. M. le docteur CORDIER ayant obtenu 52 suffrages sur 114 votants, est proclamé Président de la Société pour 1872. La Société nomme ensuite successivement : Vice-présidents : MM. l'abbé Chaboisseau, Decaisne, Bureau et Larcher. Secrétaire: M. Maxime Cornu. Vice-secrétaires : MM. Augustin Delondre et Maurice Tardieu. Membres du Conseil : MM. Chatin, Ernest Cosson, le.comte Jau- bert, Ad. Drongniart et Germain de Saint-Pierre. Il résulte de ces nominations que le Bureau et le Conseil d'admi- nistration de la Société sont composés, pour l'année 1872, de la maniére suivante : E X. (SÉANCE ) 3 34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Président. . M. CORDIER. Vice-présidents. MM. Ed. Bureau, MM. Decaisne, l'abbé Chaboisseau, Larcher. Secrétaire général. M. de Schonefeld. Secrétaires. Vice-secrétaires. MM. Max. Cornu, MM. Aug. Delondre, E. Fournier. M. Tardieu. Trésorier. — Archiviste. M. A. Ramond. M. Laségue. Membres du Conseil. MM. Beautemps-Beaupré, MM. le comte Jaubert, Ad. Brongniart, E. Lefranc, Chatin, A. Passy, E. Cosson, G. Planchon, Germain de Saint-Pierre, Prillieux, Gubler, 3. de Seynes. Sur la proposition de M. Ramond, la Société vote des remerci- ments unanimes à MM. Germain de Saint-Pierre, président, et Er - nest Roze, vice-président, pour le dévouement avec lequel, dura nt deux années consécutives et dans les circonstances les plus. péni - bles et les plus difficiles, ils ont dirigé les travaux de la Société. M. Germain de Saint-Pierre s'exprime en ces termes pour témoi- gner sa reconnaissance à la Société : Messieurs, permettez-moi de vous remercier cordialement de l'affectueuse bienveillance dont vous m'avez honoré pendant la durée exceptionnelle de mes fonctions de président de la Société. — Je dois tenir à m'en montrer reconnaissant par mon dévouement à notre science bien-aimée et aux intérêts de notre Société. T Malgré les temps si difficiles et si néfastes que nous avons eu les uns et les autres à traverser, je suis heureux, en transmettant mes pouvoirs à mon hono- rable successeur, d’avoir à déclarer la Société botanique de France en pleine voie de prospérité. SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 39 Des difficultés de toute nature et l’état peu satisfaisant de sa santé n’ont pas empêché notre cher secrétaire général, M. de Scheenefeld, de s'occuper activement et laborieusement des publications de la Société. Notre Bulletin n'a d'autre arriéré que ceiui que les circonstances ont rendu inévitable. Enfin, notre derniere séance, rendue solennelle pour notre Société par la présence d'un auguste protecteur des sciences, est la preuve la meilleure, Messieurs et chers confrères, du succès de vos travaux et de l'estime qu'ils ont méritée. SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. PRÉSIDENCE DE M. ÉD. BUREAU, VICE-PRÉSIDENT. S. M. l'Empereur du Brésil ayant daigné exprimer le désir d'as- sister encore, avant son trés-prochain départ, à une séance de la Société, tenue tout à fait selon les formes ordinaires et dans son local habituel, la séance qui devait avoir lieu le vendredi 26 jan- vier a été avancée de quatre jours. Sa Majesté Impériale arrive ponctuellement à l'heure fixée par Elle, et annoncée à MM. les Membres par un avis spécial. Aussitôt aprés son entrée dans la salle, la séance est immédiatement ouverte. M. Bureau, en prenant place au fauteuil, exprime le regret que M. ledocteur Cordier, récemment appelé aux fonctions de président de la Société pour l'année 1872, soit forcé par l'état de sa santé de passer les plus rudes mois de l'hiver sous un ciel plus clément que celui de Paris, et soit ainsi privé de l'honneur d'accueillir S. M. l'Empereur et empêché de présider cette séance. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de là séance du 5 janvier, dont la rédaction est adoptée, M. le comte Jaubert, à l’occasion du procès-verbal, cite le travail de M. Ch. Bailey, de Manchester, analysé dans le dernier cahier publié de la Revue bibliographique (1870, D), sur les lianes, et prin- cipalement sur les Bignoniacées qui servent à corder les balles de coton, et fait remarquer que cet auteur est arrivé à des conclusions analogues à celles de M. Bureau. M. Büreau fait observer que .dans la serre oü il cultive (aux en- virons de Nantes) de nombreuses Bignoniacées, il a souvent coupé 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des tiges de ces lianes, qui ont été reconnues comme d'un bon em- ploi dans la vannerie. M. le Secrétaire général donne lecture du procés-verbal de la séance du 12 janvier, dont la rédaction est adoptée. M. Eug. Fournier, en présentant les dons faits à la Société, men- tionne un important travail de M. Ferd. de Mueller, de Melbourne, sur le genre Albizzia, publié dans le Journal of Botany, nouvelle série, n° 4. Dans ce mémoire, le savant directeur du jardin de Melbourne cite celui que M. Fournier avait publié dans les Annales des sciences naturelles (h° série, t. XIV), mais il ne parait pas avoir connu celui que M. Fournier a publié postérieurement dans le Bulletin de la Société botanique (t. XII, p. 398), où il a le pre- mier exactement indiqué dans quel recueil le genre Albizzia avait été publié par Durazzini. M. le comte Jaubert fait hommage à l'Empereur : 1* Dela part de M. Weddell, de son Histoire naturelle des Quin- quinas et de sa Monographie des Urticées ; 2° De la part de M. Duval-Jouve, de ses ouvrages intitulés : Agropyrum de l'Hérault, Comparaisons histotaziques, Étude ana- tomique de l'aréte des Graminées. M. Augustin Delondre présente les observations suivantes : Le gouvernement brésilien, si dévoué au progrés, avait entendu parler des essais heureux de culture des Cinchona, qui avaient eu lieu dans les Indes britanniques et dans les Indes néerlandaises : considérant que le Brésil est un pays voisin de celui dont les Cinchona sont originaires, il s'était dé- cidé, à l'instigation de Philippe de Martius, je crois, à faire exécuter de son côté des essais de culture du précieux fébrifuge. Les premiers essais avaient été confiés aux soins de M. Glaziou, élève de notre savant maître M. le professeur Decaisne, et avaient été faits au Passeio publico, voisin de Rio-de- Janeiro. Les Cinchona qui s'étaient développés dans le jardin botanique an- nexé à cette promenade, avaient, pour faire place à d'autres jeunes plants, été transplantés, au fur età mesure qu'ils avaient atteint une certaine hauteur, dans diverses localités, et S. A. I. M*' le comte d'Eu avait méme présidé à la plan- tation d'un de ces Cinchona qui avait eu lieu avec une certaine solennité. Je savais qu'une certaine quantité de Cinchona avaient été plantés dans la Sierra des Orgues, mais je n'avais plus recu aucune nouvelle de ces essais. Notre auguste visiteur a gracieusement accueilli une demande à cet égard, et m'a fait l'insigne. honneur de me répondre que si les Cinchona, encore jeunes, n'étaient naturellement pas d'une grande hauteur, ils continuaient cependant SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 37 à prospérer. J'ai voulu indiquer ce fait pour montrer le grand intérêt que la famille impériale brésilienne attache aux recherches scientifiques, surtout à celles qui ont un but pratique, et j'ai pensé que le fait lui-même méritait incontestablement de prendre place dans nos annales. M. Auguste Rivière ajoute ce qui suit : A la suite des communications de M. Augustin Delondre sur les cultures de Quinquina (1), je pensais développer plus longuement les expériences faites chez nous sur la germination de cette précieuse Rubiacée qui joue un si grand rôle dans notre usage médical, surtout dans nos colonies, où sa multiplication et sa naturalisation sont à l'ordre du jour. J'aborde facilement cette question, en présence des nombreuses expériences que je poursuis continuellement dans le but d'introduire cette plante en Algérie depuis quelques années déjà, mais, je dois l'avouer maintenant, sans plus grand espoir de succès, tant le climat lui est rebelle; néanmoins les bonnes réussites de mes germinations et de mes éducations de jeunes plants me font un devoir de rendre compte à la Société des moyens employés; ils pourront servir à ceux que cette importante question intéresse, Vers le mois de juillet 1868, M. Augustin Delondre mit à ma disposition des graines de différentes espèces de Quinquina, les Cinchona succirubra, officinalis, nitida, peruviana, etc., qu'il avait reçues de Madras. Une partie de ces graines fut semée, dans le courant d'aoüt, dans des pots bien drainés et remplis de terre de bruyère grossièrement divisée : ces pots baignaient dans de larges soucoupes pleines d'eau, qui entretenaient par im- bibition une humidité constante, condition essentiellement favorable à la germination de ces graines, le tout au milieu d'une température élevée, comme celle d'une serre à multiplication. Ce premier semis, pour des causes inappréciables, n'eut pas grand succès, tandis qu'au contraire les semis successifs faits en septembre et octobre germèrent avec un ensemble et une rapidité vraiment surprenants : ainsi, les semis mensuels, en dehors de ces époques précitées, ne me donnaient que peu de résultats. Ayantà ma disposition une certaine quantité de graines, je recommencai les semis aux mêmes époques, c’est-à-dire en septembre et en octobre 1869 ; la germination se fit aussi bien que l'année précédente. C'est alors qu'il me vint l'idée de connaitre la durée de bonne conservation des graines de Quinquina, dont la germination est réputée si capricieuse et si délicate. (1) Voyez le Bulletin, t. XVIII, pp. 102 et 157. 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans ce but, en septembre et en octobre 1870, je répétai les mêmes opéra- tions avec les mêmes résultats. En 1871, toujours en septembre et octobre, je confiai à la terre tout ce qui me restait de graines de mes essais précédents, suivant toujours le méme mode d'opération et obtenant encore les mémes résultats avec ces semis d'automne. On peut donc conclure de ces faits que les graines de Quinquina peuvent se conserver plusieurs années, quatre ou cinq ans, comme l'ont fait celles que je cite, et peut-être plus. J'ajoute encore que, dans bon nombre de cas, Pin- succès de la germination ne doit pas être attribué à la mauvaise qualité des graines, mais au peu de précautions qu'on a pris et aux moyens insuflisants dont on a pu disposer, précautions et moyens qui sont indispensables pour réussir à faire lever cette graine, d'une germination toujours assez difficile pour ceux qui ne connaissent que peu la vie et les mœurs des végétaux. M. le Secrétaire général donne lecture des lettres suivantes qui lui ont été adressées : LETTRE DE M. J. DUVAL-JOUVE. Montpellier, le 19 janvier 1872. Mon cher ami, Je reçois à l'instant les premiers exemplaires ‘de mon Étude anatomique de l'aréte des Graminées, et je m'empresse de vous en adresser deux : un à vous destiné et un autre que je vous prie d'offrir à la Société pour sa biblio- thèque. Veuillez me permettre de vous dire en quelques mots ce que contient ce nouveau travail, Vous vous rappelez peut-être qu'il y a deux ans je recherchai les différences que nos Agropyrum offrent dans la structure de leurs rhizomes et de leurs feuilles, et qu'à cette occasion j'essayai de montrer que les feuilles et les rhi- zomes des Graminées, en apparence si uniformes, présentent dans les détails de leur organisation des différences trés-considérables et trés-inattendues, en méme temps parfaitement constantes sous les variations extérieures de chaque espèce. Ces résultats, joints à ceux d'études antérieures, me portèrent l'an der- nier à proposer l'emploi des comparaisons histotaxiques dans l'étude des espèces critiques. — Or, dans le présent travail, j'ai voulu examiner si les ca- ractères histotaxiques se maintiennent avec la méme constance jusque dans les derniers détails d'une partie trè, réduite et trés-accessoire, l'aréte des Gra- minées. Les résultats ont de beaucoup sürpassé mon attente; j'ai trouvé des caractères non-seulement trés-constants, mais encore, comme vous le mon- trera un simple coup d'oeil sur les planches, des caractères très-variés et très- SÉANCE DU 22 JANVIER 1872, 39 dissemblables d'un genre à un autre, et très-différents d'une espèce à une autre. L'étude anatomique des arêtes, appuyée de celle de leur évolution, m'a per- mis d'apprécier les, rapports de leur structure avec celle des feuilles, et surtout avec celle des glumelles qui les supportent. Si, comme dans les Æra, les glu- melles sont dépourvues de chlorophylie (ou, comme on dit quelquefois, mem- braneuses), les arétes sont elles-mémes dépourvues de chlorophylle et leur épi- derme n'est composé que de cellules à parois trés-épaisses et sans stomates. Si, au contraire, les glumelles ont des lignes de cellules à chlorophylle, les arêtes sont elles-mêmes pourvues de bandes latérales de cellules remplies de la même substance. La forme de ces bandes est différente et trés-constante dans chaque espèce, tout en conservant toujours un caractère commun dans un méme genre ou dans une méme. section générique. Ces bandes de cellules à chlorophylle sont recouvertes, non plus d'un épiderme épais, mais d'un épiderme mince et délicat, parsemé de stomates. L'étude de ces stomates m'a permis de constater qu'ils sont composés, non de deux cellules comme on semble l'avoir cru jusqu'ici, mais de quatre cellules comme le sont aussi les. stomates des feuilles des Graminées, des Cypéracées et des Joncées. D'un autre cóté, l'examen des cellules à chlorophylle de l'aréte et des feuilles de certaines Graminées m'a fait voir que ces cellules sont extrêmement lon- gues, et qu'au lieu d'avoir leur grand axe transversal par rapport à la direc- tion de l'organe, comme les cellules en palissade, elles l'ont parallèle à cette direction. La position des arêtes sur la (glumelle est ou dorsale, comme. dans les Avena, ou terminale, comme dans les Stipa. Or, dans le premier cas, l'aréte n'a qu'un faisceau fibro-vasculaire; dans le second cas, elle en a trois. La position. de. ces faisceaux, comme celle des bandes à chloropylle, offre, à côté de ce qu'elle a de commun à un genre, des caractères spécifiques tout à fait constants. L'évolution d'une arête est intéressante à suivre et permet de saisir très- nettement les rapports de l'aréte et de la feuille. C'est la pointe de l'aréte qui se montre d'abord, et le point végétatif étant basilaire, il suit que la région inférieure d'une aréte est la derniére formée. C'est ce qui explique comment, si une arête est incomplète, c'est la région inférieure, et non la supérieure, qui manque. Des opinions assez diverses ont été émises sur la signification morpholo- gique de l'aréte; l'étude anatomique permet de distinguer la valeur de cha- cune d'elles. Je termine ici cette analyse très-incomplète, mais déjà trop longue. Si vous croyez qu'il puisse en être donné lecture à la Société, en lui offrant mon tra- vail, vous m'obligerez en le faisant. ; AO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Chatin demande à prendre acte des observations de M. Du- val-Jouve contre les objections que quelques savants ont élevées lors de l'apparition des premières livraisons 'de son Anatomie comparée des végétaux. On a soutenu contre lui, dit-il, que la structure des tissus ne pouvait différer entre espèces voisines. De- puis lors bien des travaux, aprés les siens, ont surabondamment prouvé le contraire. LETTRE DE M. Ernest FAIVRE. Lyon, 19 janvier 1872. Monsieur le Secrétaire général, Il m'eàt été fort agréable de vous procurer un travail pour la séance du 22 janvier; je ne suis pas en mesure de le faire en ce moment, dans deux mois la chose eût été possible; j'ai parlé aussi à quelques botanistes qui n'ont rien pu me promettre. J'aurais été d'autant plus satisfait ou d'assister à la séance ou d'y présenter quelque modeste travail, qu'il m'eüt peut-être été possible de saisir cette oc- casion pour établir des relations entre notre Jardin botanique et les établisse- ments de méme nature au Brésil. Puisque je suis privé de la possibilité de me frendre à Paris ou d'y faire parvenir un travail, ne pourriez-vous pas, Monsieur (si votresanté vous le per- met, ce que je désire vivement), savoir quels sont les jardins botaniques du Brésil avec lesquels je pourrais correspondre; je me ferais un plaisir d'y adres- ser celles de nos plantes qu'on serait désireux d'y posséder? Ne pourrait-on pas se procurer un herbier des plantes du pays, et en parti- culier des plantes utiles, médicinales et autres? Pardonnez-moi mon indis- crétion, mon cher collégue ; elle vous sera expliquée par le désir que j'ai de rendre quelques services à la grande ville dont je dirige le jardin. Ne me refusez pas quelques indications qu'il vous sera facile d'obtenir sans doute par quelque savant de la suite de Sa Majesté. A l'occasion de cette lettre, M. le comte Jaubert annonce que prochainement une proposition sera faite au Conseil d'administra- tion, à l'effet de mettre la Société en communication directe et continue avec les botanistes de Rio-de-Janeiro. Sa Majesté Impériale prend la parole, et donne à la Société l'as- surance que ces rapports seront faciles à établir et à entretenir. L'Empereur cite en outre les établissements avec lesquels la Société ferait bien d'entrer en relations, tels que le Musée national de Rio ; le Passeio publico (Jardin public), qui pourra échanger avec la So- SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. AT ciété des plantes intéressantes; le Jardin botanique de Rio; les Instituts agricoles de Para et de Maranháo. Il y a aussi, ajoute Sa Majesté, quelques jardins botaniques dans diverses provinces de l'empire, et il sera facile d'obtenir des plantes de Bahia et de Pernambuco. Enfin, donnant une pleine adhésion à la proposition de M. le comte Jaubert, l'Empereur exprime le regret que les bota- nistes brésiliens ne se montrent pas assez soucieux de répandre leurs travaux en Europe, car le concours des savants des deux hémisphères ne pourrait étre que trés-utile aux progrés de la science. Liste de botanistes brésiliens, aujourd'hui vivants, dressée d'après les indications de S. M. V Empereur. MM. FREIRE ALLEMAO, directeur du Musée national de Rio-de-Janeiro. LADISLAU DE SOUSA NETTO, directeur de la section de botanique et d'agriculture au Musée nalional de Rio-de-Janeiro, J. DE SALDANHA DA GAMA filho, gentilhomme du palais (moco fidalgo), répétiteur à l'École centrale de Rio-de-Janeiro. À. GLAZIOU, directeur du Jardin public (Passeio publico) de Rio-de-Janeiro. D" GUILLAUME SCHUCH DE CAPANEMA, professeur de géologie à l'École centrale de | A Rio-de-Janeiro. D" CAMINHOA, agrégé à l'École de médecine de Rio-de-Janeiro. D" MIGUEL ANTONIO DA SILVA, agrégé à l'École de Rio-de-Janeiro. TEODORO PECKOLT, à Cantagallo, province de Rio-de-Janeiro. D" CovTINHO. RODRIGUES BARBOSA (Orchidées). JoAQuiM CORRÈA DE MÉLLO, à Campinas, province de Sáo-Paulo. FREDERICO ALBUQUERQUE, propriétaire à Rio-Grande do Sul. D" A. REGNELL, à Caldas, province de Minas-Geraes. HiPPOLYTE GAUTIER, consul de l'Uruguay oriental à Sainte-Catherine. D" ANTONIO MARIANO DE BOMFIZ, professeur à l'École de médecine de Bahia. BRUNET, directeur de l'École d'agriculture de Bahia, BARAQUIN, directeur du Jardin d'acclimatation de'Para. M. le Président remercie l'Empereur de ses bienveillantes dispo- sitions envers la Société botanique de France, qui sera toujours heureuse d'aider dans leurs travaux, autant qu'il sera en son pou- voir, les institutions scientifiques et les naturalistes du Brésil. M. l'abbé Chaboïsséau, vice-président, donne lecture de la com- munication suivante, adressée à la Société : JULES FOURREAU, NOTICE NÉCROLOGIQUE, par M. Adolphe MÉHU. (Villefranche-sur-Saóne, 15 janvier 1872.) Pierre-Jules FOURREAU (1) naquit à Lyon, le 25 août 1844, d'une famille (4) M. André Gairal, avocat à la Cour d'appel de Paris et ami d'enfance de Jules Four- A2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. où la culture des arts était traditionnelle (1). — Doué d'un esprit vif et péné- trant, d'une imagination ardente, réglée par un jugement droit et ferme, enfin d'une excellente mémoire qui décuplait en lui la puissance des autres facultés, porté d'ailleurs à l'étude par un insatiable besoin d'apprendre et cette « honnéte curiosité de s'enquérir de toutes choses» dont parle Mon- taigne, il tourna dès ses jeunes années l'activité de sa riche nature vers les choses de l'intelligence. Gráce à la profession de son pére, qui était architecte et dont il consultait avidement les livres et les estampes, grâce surtout à un intime et profond sen- timent du beau dans toutes ses manifestations, Jules Fourreau se trouva de bonne heure initié aux créations des grands maitres de la littérature et aux premières notions des arts, pour lesquels il annonçait des dispositions parti- culiéres. — C'est ainsi qu’au moyen de lectures assidues et par l'observation attentive des ceuvres d'art, il forma bientót son goüt, disciplina l'essor aventu- reux de sa pensée et assit sur des bases solides ces connaissances artistiques et littéraires qui devaient répandre plus tard l'intérét et le charme sur ses tra- vaux scientifiques. A l’âge où les enfants ressentent d'ordinaire moins d'attrait pour l'étude que pour les jeux bruyants, Jules Fourreau feuilletait silencieusement de gros volumes ou, s'armant d'un crayon, esquissait d'une main déjà süre des croquis pleins de hardiesse. D'autres fois, sans soupconner des difficultés qui n'exis- taient pas pour lui, il cherchait, sans maître et avec une témérité bientôt justifiée par le succès, à traduire sur le piano de ses sœurs les réminiscences d'une mélodie qui l'avait frappé et qu'une seule audition avait gravée dans sa mémoire. — Dès ce moment, les plantes attiraient sa jeune admiration ; à douze ans, il composa son premier herbier. Une telle facilité de travail et d'assimilation, tant de souplesse et une si grande variété de talent, n'eussent pas été sans péril: pour une nature. moins bien dirigée. — Jules Fourreau eut le bonheur de rencontrer dans une édu- cation profondément chrétienne cette direction morale qui met l'ordre et la règle dans une existence, plie doucement l'àme à la pratique du devoir et, loin d'entraver l'activité humaine, la porte à son suprême. degré d'énergie. en la préservant des égarements et des chutes irréparables. En. méme temps que l'esprit de l'enfant se nourrissait de lectures sérieuses et s'élevait: spontané- reau, a bien voulu me communiquer, pour la rédaction de cette notice, un volumineux mémoire, remarquable par le mérite de la forme autant que par l'élévation de la pensée; j'yailargement puisé. M"* et Mile L, Fourreau, M. Alexis Jordan, M. L. Roque, M. Cusin, m'ont aussi fourni des renseignements précieux. Je leur exprime ma reconnaissance. (4) Par sa mère, Jules Fourreau était petit-neveu d'un architecte renommé de la fin du xvin? siècle, Claude-Nicolas Ledoux, auteur d'un grand nombre d’édifices privés et pu- blics. Parmi, ces derniers, on cite notamment les barrières monumentales de Paris, dont plusieurs, élevées sur des plans grandioses, sont des œuvres remarquables, notam- ment les colonnes triomphales de la place du Trône et l’édifice de l'ancienne barrière de la Villette, i } SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. A3 ment aux nobles jouissances de l'art, une pieuse mére s'eíforcait d'ouvrir sou âme à la vérité et de façonner son cœur à la vertu. Ce fut donc à cette pre- mière école de l'enseignement maternel que Jules Fourreau recueillit le pré- cieux dépôt des croyances religieuses qui demeurèrent la joie et la force de sa vie. Au sortir des classes élémentaires, Jules Fourreau fut placé, vers l'áge de quatorze ans, au collége des Minimes à Lyon, oü il fit de brillantes études. Ces années tranquilles et laborieuses, pendant lesquelles s'acheva son éduca- tion littéraire, eurent une influence déterminante sur sa carrière scientifique. Aux Minimes régnait traditionnellement entre professeurs et élèves un esprit[de réciproque et franche cordialité, qui semblait continuer pour les jeunes gens la famille absente. En entrant dans cette maison, Jules Fourreau rencontra, prés de ceux qui avaient mission d'enseigner, des conseillers et des amis plus encore que des maitres, et comme il se sentait attiré vers la bota- nique par une impérieuse vocation, on lui donna toute liberté pour suivre son penchant. Le jardin botanique de la maison fut dès les premiers jours l'objet de ses visites, et son maitre fut le vénérable abbé Madenis, dont le nom est cher aux botanistes lyonnais (1). Ce bon vieillard fut charmé de rencontrer, aprés tant de tièdes et d'indifférents, un sérieux et fervent ami des plantes. Sous sa direction paternelle, Jules Fourreau fit des progrés rapides. On se ferait une idée fausse de cette nature privilégiée, si l'on se représen- tait à l'esprit un jeune homme taciturne, réveur, poursuivi de préoccupations constantes, et enfin avec cet extérieur morose et sombre qu'on attribue trop gratuitement aux disciples les plus zélés de la science. Tel n'était point Jules Fourreau. Il révélait, au contraire, par tous les dehors de son étre, un remarquable ensemble des qualités aimables qui distinguent le caractère français quand on l'envisage sous son jour le plus favorable: loyale franchise, bonne humeur, manières affables et distinguées, spirituelles et pi- quantes saillies, verve intarissable, chaleur communicative de l'imagination ;. enfin, sous les aspects multiples d’une nature qui ressentait vivement toutes les impressions, cette sensibilité exquise et ce fond d'imperturbable bonté qui constituent les àmes véritablement sympathiques. Par un contraste heureux, il réunissait au plus haut degré deux qualités (1) L'abbé Claude-Benoit Madenis (1798-1865) fut d'abord professeur, puis économe au collége des Minimes. L'áge et les infirmités étant survenus, il ne s'oceupa plus que de son jardin et des lecons de botanique. Il fit de nombreux éléves. En 1852, il publia un petit traité sous le nom de « Manuel du botaniste herborisant des environs de Lyon aux environs de Paris par le; Bourbonnais, précédé d'un Cours élémentaire de botanique, orné de quelques planches, par M. l'abbé M..., membre de la Société Linnéenne de Lyon. » Ce livre eut du succès à une époque où les ouvrages élémentaires de botanique étaient rares. ll se résume en une clef analytique pour les genres et les espèces ; celle des genres est basée sur le système linnéen. Vers la méme époque, parut à Lynn l Étude des [leurs de l'abbé Ludovic Chirat (1805-1856), qui est devenue, entre les mains de M. Cariot, un précieux traité de botanique locale. AA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui semblent exclusives l'une de l'autre: l'amour de l'exactitude et la passion des ceuvres de l'imagination et de l'art. S'il ne se sentait que peu d'inclination pour les exercices du corps et les jeux, il excellait en revanche dans cet art délicat de la conversation, qui est la pierre de touche du caractère aussi bien que de l'esprit. Tour à tour sérieux et enjoué, ardentà l'attaque et prompt à la réplique, il abordait avec entrain tous les sujets. Nul n'était plus habile à saisir le cóté faible d'une argumenta- tion et à désarconner son adversaire par un coup inattendu. Parfois il lui arrivait de décocher à propos quelque amicale épigramme, mais c'était d'un ton qui désarmait les plus susceptibles, et en maintes rencontres tel de ses camarades, qu'il avait finement pris à partie sur quelque témérité de style ou de pensée, tira bon profit de sa juste critique. Au physique, Jules Fourreau était un grand jeune homme, à l'expression fine et agréable sous des traits ‘énergiques. Son visage, d'une limpidité par- faite, traduisait instantanémentses mouvements intérieurs. Sa parole, facile et imagée, s'enflammait dans la description des choses qu'il aimait et produisait une sorte de fascination. H avait tout ensemble l'accent convaincu qui per- suade et la forme brillante qui séduit. Par la douceur de son caractère, l'agré- ment de ses relations, l'élévation de ses sentiments, la variété précoce de ses connaissances, il exercait sur ses amis un empire auquel on songeait d'autant moins à se soustraire qu'il joignait à tant de qualités charmantes la modestie, compagne ordinaire du vrai mérite. Son éducation achevée, Jules Fourreau quitta les Minimes. Il avait dix- huit ans. En entrant dans la vie, il eut, comme tous, à traverser: ces luttes redoutables où le jeune homme, devenu son maître, se fait à lui-même ses destinées. —1l sut tenir tête victorieusement, et aux sollicitations des doctrines sensualistes ou sceptiques, et aux entraînements de l’âge, si prompts à cor- rompre la raison par l'asservissement du cœur.—Il franchit donc sain et sauf ce passage périlleux autant que décisif. Par là s'expliquent à la fois les rapides progrés de son esprit, son enthousiasme pour la nature, et cette fraicheur de sentiments qu'on admirait en lui et qui est le privilége des cœurs purs. L'intention de sa famille, en rapport avec ses tendances artistiques, sem- blait destiner Jules Fourreau à la carrière que son père avait honorée, à l'archi- tecture, mais il eut à compter avec d'autres exigences. La nécessité de se créer plus vite une position qui le rendit capable d'étre utile aux siens lui fit un devoir d'accepter un poste dans une maison des plus honorables du haut com- merce lyonnais. Il y fut accueilli avec une bienveillance affectueuse, dont il a toujours gardé le plus reconnaissant souvenir. Mais le jeune naturaliste n'était point né pourle commerce; il souffrait dans ce milieu et tout son être y était étouffé. Aussi ne résista-t-il plus lorsque M. Jordan, auquel il avait été présenté par l'abbé Madenis, lui renouvela une proposition qu'il lui avait faite déjà dix-huit mois auparavant, celle del'attacher SÉANCE DU 22 JANVIER 41872. A5 à ses travaux. Jules Fourreau reprit avec un bonheur inexprimable le cours de ses chères études ; ceux-là seuls peuvent comprendre sa joie qui connais- sent non-seulement les saines et vives jouissances de tout travail opiniâtre entrepris sur une parcelle quelconque du domaine scientifique, mais encore et surtout les harmonies mystérieuses, les enivrements de l'àme et, pour tout dire enfin, la sublime poésie que les sciences naturelles tiennent en réserve pour qui sait ne point les séparer de leur principe divin. On s'étonna bientôt de son érudition précoce, tant elle lui coütait peu d'efforts. Il était laborieux, il est vrai, mais sans avoir pourtant cette-opinià- treté, cette ténacité infatigable qui caractérisent certaines natures et n'au- raient pas été compatibles avec son tempérament délicat. Une remarquable facilité suppléait à l'insuffisance de ses forces. Son esprit était d'une süreté et d'une promptitude étonnantes; avec lui une courte explication suffisait tou- jours ; et, lorsqu'il parcourait un ouvrage, par une rare faculté d'analyse, il savait d'un coup d'œil en tirer les traits les plus essentiels et donner à chaque détail sa valeur réelle dans l'ensemble des découvertes de la science. Le jeune collaborateur de M. Jordan se fit bientôt connaitre au monde savant, Au mois d'octobre 1866 parut la première livraison des /cones (1) : Jules Fourreau avait vingt-deux ans. — Dans ce grand ouvrage, les auteurs figurent les plantes critiques de l'Europe occidentale et notamment celles de la France. Cependant celles des autres parties de l'Europe, ainsi que celles d'Asie ou d'Afrique qui appartiennent au bassin méditerranéen, n'en sont pas exclues. Même, parmi les vraies exotiques, les auteurs y placent celles que leur rapport avec certaines plantes d'Europe pourraient faire confondre avec elles (2). Les remarquables planches de cette belle publication ont été gravées sur cuivre et peintes sous la direction de Jules Fourreau, d’après nature, sur le vif. Notre jeune artiste a dessiné lui-même une grande partie des analyses. Quelques plauches, surtout celles des premières livraisons, sont entièrement de lui. — Mais bientót, pour qu'il püt donner plus de temps à d'autres études, celte tâche a été confiée à un dessinateur de profession, que Jules Fourreau surveillait et dirigeait, ne se réservant que les analyses des fleurs les plus déli- cates.—Après le tirage des planches gravées, c'était lui toujours qui peignait à (1) Icones ad floram Europe novo fundamento instaurandam spectantes, auctoribus Alexi Jordan et Julio Fourreau, — Les livraisons 1 à 40 forment le premier volume et renferment 200 planches. Elles ont été publiées du mois d'octobre 1866 au mois de dé- cembre 1868. Le second volume est en cours de publication. Les quatre dernières livrai- sons 53-56, achevées en 1870, n'ont été mises en vente qu'en 1871. (2) « Plante criticae Europee occidentalis speciatimque Galliæ præsertim hic repræsen- tantur. Alie tamen eéuropææ vel etiam africanæ aut asiaticæ ad æstuarium mediterra - neum spectantes, ab opere minime sunt exclusæ. Insuper, inter vere exolicas, illæ sunt receptæ , quæ cum quibusdam europæis speciebus tanta affinitate conjunctæ sunt ut examini nimis celeri subjectæ, cum illis jam confuse fuerint vel facile in posterum confundi poterint. » — (Icones, præmonenda, p. I.) A6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'aquarelle le modèle que les coloristes devaient copier, et, quelle que fût Pha- bileté du peintre, jamais à son gré la nature n'était assez fidélement rendue, La première livraison des /cones fut suivie deux mois après (décembre 1866) du premier fascicule du Breviarium (1). Les fascicules devaient se succéder au fur et à mesure de l'élaboration des matériaux. Le second fut publié en 1868 (2). Mais tous ces travaux ne suffisaient pas à l'activité 'de notre ardent natura- liste. Dès l'année 186/, il avait choisi la Provence et la vallée du Rhône pour but de ses explorations. L'austére beauté de cette nature méridionale n'échappa pas à son âme élevée ; il en fat saisi et se prit dés lors d'une vive passion pour cette terre privilégiée. « C'est si bien le beau tel que je me le figure, écrivait- ilà sa sœur, que je ne melasse pas d'admirer. » Son enthousiasme éclate dans toutes ses lettres et se traduit en récits charmants, en longues descriptions, en transports passionnés. — Chemin faisant, il prend de nombreux croquis des sites qui le frappent. Mais son crayon, élégant et facile, ne rend pas à son gré la vivacité de ses impressions. Ges croquis lui servent à son retour à composer des aquarelles où il rend avec bonheur les tons chauds et la grande lumière de nos paysages du Midi. — Pour ces essais, Jules n'a point'de maitre ; aussi peut-on suivre, dans la série de ses ceuvres, le développement de son talent et reconnaître les efforis et les tàtonnements de l'artiste pour atteindre au but désiré : les premières aquarelles, chargées en couleur, essayent de lutter par la vivacité des tons avec le soleil de la Provence, et les derniéres, sobres, mais chaudes et vigoureuses dans leur simplicité, sont d'un effet saisissant et d'un grand style. — Jules Fourreau a laissé aussi quelques eaux-fortes, Les résultats scientifiques de ces excursions sont consignés dans le Cata- logue des plantes qui croissent le long du cours du Rhône. Ce Catalogue fut publié en 1869, aprés avoir paru dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Lyon. M est l'euvre personnelle de Jules Fourreau, et il embrasse toute la région qu'arrose le Rhône depuis sa sortie du Léman jusqu'à son embou- chure. Cet ouvrage ne devait pas étre une publication isolée; il se rattachait, dans la pensée de l'auteur, à un ensemble de travaux destinés à paraître dans la suite. La remarquable préface du Catalogue en signale le plan et la portée. Au début de la vie, le courageux jeune homme mesurait ainsi sa car- rière et fixait l'étendue de sa tâche. Déjà il avait préludé à ces études quand la guerre vint le surprendre, et, quoiqu'il préférát aux travaux qui exigent une précision toute mathématique ceux qui faisaient une plus large part à son esprit età son cœur, il avait commencé à préparer avec beaucoup d'ardeur un catalogue général des plantes de l'Europe. (4) Breviarium plantarum novarum, sive specierum in horto plerumque cultura re- cognitarum descriptio contracta, ulterius amplianda, auctoribus Alexi Jordan et Julio Fourreau. (2) Le troisiéme fascicule devait paraitre en 1870, mais les événements politiques en ont fait différer l'impression. SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. A7 Fidèle aux principes de son maître et à la marche qu'il avait adoptée dans ses publications précédentes, Jules Fourreau accueille dans son catalogue toutes les espèces nouvelles de l'école moderne. Il convient dans sa préface qu'on ne trouve plus dans son livre de types linnéens, à l'exception de ceux qu'il a été forcé d'y conserver provisoirement, les formes qu'ils comprennent étant encore à l'étude. Pour grouper ce nombre immense d'espèces, les gen- res linnéens deviennent insuffisants. Aussi l'auteur abandonne les coupes géné - riques adoptées, et y substitue une nomenclature nouvelle qui donne à son ceuvre-une allure et une physionomie bien différentes de celles de nos flores classiques. Notre longue habitude se révolte, il faut l'avouer, contre ces inno- vations. Mais la révolution n'est pas en réalité aussi profonde, aussi radicale qu'elle le parait, la plupart de ces créations n'étant « que le retour à d'anciens noms que le purisme et la fantaisie linnéenne avaient réussi à plonger dans l'oubli ». L'auteur a trouvé chez les Bauhin etchez notre grand Tournefort, «qui savaient probablement aussi bien le latin que Linné», puis dans Meench (1), Medicus, Necker, Adanson et M. Spach, la plupart des genres qu'il a adoptés. Gette recherche est de l'érudition de bon aloi. Pour former des groupes de méme valeur, Jules Fourreau a établi comme genres la plupart des sections de nos flores, et lui-méme, pour compléter la série, a dà en créer un certain nombre. C'est ainsi qu'il a institué, pour le. Daphne Gnidium L., le genre Mistralia en l'honneur du poëte qui a célébré dans Miréio la flore de la Crau, des Alpines et de la Camargue (2). Quel que soit le rang que l'on assigne plus tard, dans la nomenclature dé - finitive, à ces groupes formés par Jules Fourreau, qu'on les maintienne à la dignité de genres ou qu'on les réduise à l'état de simples sections, il est cer- tain. que ce travail a révélé chez le classificateur un merveilleux. sentiment des affinités. Saisir les rapports des espèces, établir à propos des coupes heu- reuses. et former des groupemeats naturels, tel était, à coup sûr, si l'on eu croit son illustre maître, M. Jordan, le côté le plus original et la vraie spcia- lité scientifique de Jules Fourreau. La Société de la Renaissance fut fondée à Lyon, le 16 décembre 1869, dans des circonstances qui méritent d’être rapportées. C'était aux derniers jours de l'empire : on sentait déjà le vent précurseur de la tempête qui devait renverser le gouvernement et ébranler si profondément l'ordre social. A Lyon, quelques jeunes gens d'élite résolurent de se réunir et de fonder une associa- tion dontle but. principal serait le perfectionnement intellectuel et moral de ses membres, au moyen de travaux développés et discutés publiquement. Les (4) Jules Fourreau a pris pour épigraphe de son Catalogue cette phrase de Moench : « Malo millia genera rite determinata perscrutari, ex iisque plantam ignotam eruere, quam ex quinquagintis, male descriptis et accumulatis plantis, inter ‘se invicem minime con- gruentibus, unam exquirere.» (Mœnch, Methodus, praefatio, p. VII). (2) L'Armana de 1869, de Frédéric Mistral, contient, en langue provençale, dans sa Crounico felibrence, une appréciation flatteuse du Catalogue de Jules Fourreau, A8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. questions de philosophie, d'histoire, de politique, de morale, de droit, d'éco- nomie sociale devaient composer le cadre de ses travaux. — Jules Fourreau se fit l'apótre de cette idée généreuse ; il travailla avec ardeur à sa réalisation, trouva des adhérents et imposa à l'association le nom de Société de la Renais- sance, marquant ainsi à ses amis, par un titre heureux, le but et la portée de l'œuvre naissante. Élu président dés les premières séances, il présenta à la Société deux études remarquables, l'une sur l'influence sociale, politique et religieuse de la Renaissance, l'autre sur la liberté de la presse. — En abor- dant ainsi avec le méme succés les sujets les plus divers, il donnait la mesure de la fécondité de son esprit. Mais, hélas! la guerre éclata et vint le ravir à ses chères et paisibles études. « On l'engageait, écrit un de ses amis, M. André Gairal, dans une page touchante adressée à un journal de Lyon (1), dans l'intérét de sa famille dont il était le soutien et en raison de sa santé délicate, à se soulager comme tant d'autres du rude fardeau des armes par l'un de ces emplois alors si recherchés, et qu'il eüt pu, gráce àla diversité de ses connaissances, remplir aussi bien qu'un autre. Il repoussa vivement cette idée et partit le cœur haut et ferme dans les rangs de la première légion du Rhône qui a si vaillamment soutenu l'honneur du nom lyonnais. » Malgré les fatigues et les souffrances inouies de cette fatale campagne, Jules Fourreau trouvait encore, au repos des longues marches, le temps et le courage de prendre des notes ou des croquis et. d'écrire presque journelle- ment aux siens. » Après l'affaire du 4 décembre, à Châteauneuf-Vandenesse, où, voyant le feu pour la premiere fois, le jeune naturaliste se conduisit avec l'intrépidité d'un soldat éprouvé, il combattit à Nuits pendant toute la mémorable journée du 18 décembre et fut atteint vers le soir par une balle qui lui brisa horrible- ment la jambe, comme il gravissait le talus du chemin de fer. Il tomba au mi- lieu d'acacias où les projectiles ennemis continuaient à pleuvoir. Hors d'état de faire un mouvement et perdant de plus en plus ses forces, il dut se cram- ponner à son sabre enfoncé en terre, pour se maintenir sur la pente glissante du talus, et demeura deux heures dans cette position, attendant vainement du secours. » Recueilli enfin par une ambulance badoise, puis transporté à Nuits, il lui faut subir encore, deux jours aprés, un trajet de plusieurs heures sur une charrette, pour trouver à l'hópital de Beaune les soins que réclame son état. Là on Jui annonce que l'amputation est devenue nécessaire. » Jules Fourreau a feit aussitót son sacrifice. Il se préoccupe uniquement de la douleur que va ressentir sa mère. Il demande uu prêtre, reçoit. les sa- crements avec les sentiments de foi vive et de piété qui ne l'avaient jamais (4) La Décentralisation — et l’ Écho de Fourvières, 8 avril 4871. SÉANCE DU 22 JANVIER 1572, A9 abandonné un instant pendant la campagne, et, plein de fermeté et de sang- froid, il supporte sans faiblir la cruelle opération. » Le lendemain, il recueille assez de force pour écrire à sa chére mére la triste nouvelle. Autour de lui, ses compagnons d'hópital admiraient la douceur, l'énergie et labonne humeur sympathique de cejeune homme de vingt-six ans, qui luttait victorieusement contre la souffrance et le chagrin. » Cependant la derniere heure du blessé approchait... Une fiévre violente s'empara de lui... Tout à coup, songeant à sa famille, à sa mère qu'il n'avait pu revoir, àses sceurs qui entouraient son chevet, et peut-étre aussi à ses tra- vaux prématurément abandonnés, il éprouva un de ces déchirements terribles que la religion seule peut adoucir et auxquels elle réserve les joies sublimes de l'immolation : « Mon Dieu! s'écria-t-il, le sacrifice que vous me demandez » est bien dur, mais vous étes bien digne que je vous l'offre! » —Puis il s'en- dormit doucement, collant avec transport ses lèvres au crucifix que lui pré- sentaient ses sceurs, et les dernieres paroles du mourant furent pour protester de son amour envers ce Dieu qu'il avait toujours fidèlement servi. » (6 jan- vier 1871.) | Telle. fut la fin de cet héroïque jeune homme. Nous ne pouvons, avec M. Gairal, « nous séparer de cette douce et chère image », sans ajouter un trait d'une poésie triste mais charmante. Dans ses courses fréquentes sous le beau ciel de la Provence, Jules Fourreau «s'était lié d'affection avec Mistral, qui attendait, à l’époque de la moisson des fleurs, le retour du jeune botaniste et l'appelait une Airondelle de bonheur ». Nous n'avons pu lire sans émotion les lignes touchantes que le poéte pro- vencal a écrites sur cette tombe fraichement recouverte de son ami. L'auteur de Miréio jure, à travers ses larmes, de consacrer une place dans ses vers à ce beau jeune homme, grave, naivement enthousiaste des beautés de la création de Dieu, croyant, admirateur avide, et pur comme un enfant. — Et le poëte chrétien ajoute : « C'est un élu ! JI est de ceux qui, par le sacrifice de leur vie ct la pureté de leur holocauste, désarmeront la main qui nous châtie et rachè- teront notre France dévoyée. » Ces paroles valent tout un panégyrique. — De ces travaux scientifiques, entrepris sur un vaste plan et qui eussent demandé les forces d'une longue existence, mais qui ont été arrétés brusquement par la mort glorieuse du soldat, il restera, nous n'en doutons pas, un durable souvenir, et le nom deJules Four- reau, pour les amis de la science, sera désormais inséparable de celui de son maitre; mais ce que nous avons voulu faire connaitre, non moins que ses titres à l'estime et aux regrets du monde savant, c'est l'admirable et féconde alliance, dans ce jeune homme au brillant avenir, du talent, du savoir et de la vertu. Quand on passe, de ses années si bien remplies et dont tous les instants étaient occupés par des œuvres utiles, à la belle fin qui les couronne ; quand on rapproche l'activité bouillante de sa jeunesse consacrée au travail du calme T. XIX. (SÉANCES) l 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et de la sérénité de son agonie sur un lit d'ambulance, au lendemain d'héroi- ques combats, on se sent pénétré d'une de ces émotions qui secouent et forti- fient les âmes en les excitant au bien avec l'autorité d'un grand exemple. Sans doute, la mélancolique image de l'élégie vient se représenter d'elle- méme à l'esprit : on songe à la fleur délicate, symbole de toutes les vanités d'ici-bas, qui, rencontrée avant midi par le fer impitoyable de la charrue, s'affaisse sur le sillon entrouvert en exhalant son dernier parfum. — Mais cette comparaison touchante des poétes est loin de traduire notre pensée. —La mort de Jules Fourreau n'a point été seulement pour les siens, pour ses amis et pour la science, un de ces malheurs subits que l'imagination consternée de l'antiquité païenne déplorait comme un coup aveugle du destin, — Une telle mort a été avant tout un sacrifice noblement accepté et terminant avant l'heure com- mune une pure et vaillante existence. — Qui oserait nier que ce sacrifice, généreusement offert à Dieu avec celui de tant d'autres victimes que nous pleurons, a, dans les vues de la Providence, une valeur et une portée immenses ? — C'est un enseignement qui appelle autre chose que de stériles regrets... Puissions-nous tous, quelles que soient notre condition ence monde et notre part d'influence sur les hommes et les événements, profiter de ces grands et salutaires exemples, pour obtenir, par notre propre réformation et par nos sacrifices, la régénération de notre malheureux pays et le salut de la société ! Les nobles pensées exprimées dans cet hommage rendu au mé- rite d'un jeune naturaliste et d'un vaillant soldat chrétien dont la mémoire sera impérissable dans tous nos cœurs, sont couvertes par les applaudissements de l'assemblée, dont Sa Majesté Impériale a bien voulu donner Elle-méme le signal. Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la Société : SUR LES PODOSTÉMACÉES EN GÉNÉRAL, ET LEUR DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE EN PARTICULIER, par M. M.-A. WEDDELL, (Poitiers, 20 janvier 1872.) Les petits végétaux dont je vais avoir l'honneur d'entretenir quelques instants la Société offrent un singulier intérét, intérét qui tient à la fois à leur station aquatique, à leur faciès tout à fait insolite parmi les Phanérogames, et enfin à. leurs caractères propres. D'après le recensement que je viens de faire, nos collections renferment aujourd'hui plus de cent espèces de Podostémacées, quand, il y a trente ans, on en connaissait à peine vingt-cinq, et, au temps de Linné, pas une. L'ac- croissement rapide de. cetfe famille peut donc être signalé comme un exemple SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. ot des conquétes de la botanique moderne, et ne témoigne pas peu, si je ne m'a- buse, de l'attrait tout particulier que ces plantes ont offert aux voyageurs. Il est en effet difficile, si l'on n'a pas eu l'occasion d'en juger de visu, d'imaginer sous combien de formes diverses ces plantes peuvent se présenter. Tantôt on croit voir une Algue ou une Mousse, tantôt un Lichen ou une Hé- patique ; ce n'est qu'exceptionnellement qu'une Podostémacée prend la figure de ce qu'elle est véritablement: une plante phanérogame... Et il ne faudrait pas croire que la similitude soit limitée à la forme; car, bien qu'un grand nom- bre aient les frondes ou les feuilles vertes, il en est d'autres qui ont la couleur des Algues dont elles ont usurpé la figure, et je pourrais citer certaine espèce de Mourera que j'eus le plaisir de surprendre au milieu des cataractes du rio Tocantins, dont l'abondance était telle, que les rochers au milieu desquels se débattaient les eaux en étaient voilés, et les couleurs si vives, que le fleuve semblait, qu'on me passe l'expression, rouler sur un tapis de roses. Une particularité d'un autre genre, et non moins piquante que celles dont je viens de parler, signale encore ce groupe bizarre : c'est l'incertitude où se sont constamment trouvés et se trouvent encore les botanistes, relativement à la place qu'il doit occuper dans l'échelle végétale, dont on peut dire qu'il a occupé successivement les degrés les plus éloignés, si bien que, de guerre lasse, on est tenté de se demander si nous n'avons pas là quelque lambeau vivant d'une flore qui a préexisté à celle qui orne actuellement la surface de notre globe, et qui aurait échappé, grâce au milieu dans lequel il s'est rencontré, au cataclysme qui a mis fin à l'existence de ses alliés naturels; dont les véritables affinités, enfin, ne pourront an jour nous être dévoilées que par ceux qui se livreront à l'étude approfondie des végétaux de l'époque géologique qui a im- médiatement précédé la nôtre. G'est là, toutefois, une question un peu trop épineuse pour que je m'y arréte, et je vais passer à des détails d'un tout autre caractère, qui, j'ose l'espérer, ne seront pas dépourvus d'intérêt : je veux par- ler de ceux qui ont rapport à la station des Podostémacées, et à la localisation des espèces, ce qui m'amenera tout naturellement à parler aussi de leur dis- tribution géographique. Différant, comme nous l'avons vu, des autres plantes phanérogames par leur faciès, les plantes qui nous occupent s'en distinguent encore en cé qu'elles sont dépourvues de véritables racines. Elles se fixent aux rochers sub - mergés, oü on les rencontre le plus habituellement, soit à la manière de beau- coup de plantes cryptogames, en s’y appliquant par toute ou partie de la surface de la fronde, soit, plus souvent encore, au moyen d'un épatement en palette de l'extrémité inférieure de la tige, plus rarement par des cram- pons assez analogues aux sucoirs de certains parasites. - Quel que soit d'ailleurs l'appareil qui sert à les fixer aux corps divers qui leur servent de soutien, elles s'y attachent si solidement, qu'il est rarement possible de les enlever sans lacérer leur tissu. On comprend qu'elles puissent 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ainsi résister impunément à l'effort des courants qui balayent la surface où elles se sont établies. Ce n'est pas en effet, on l'a déjà compris, dans les eaux tranquilles que végètent de préférence ces petits végétaux ; on ne les rencontre que trés-exceptionnellement dans ces conditions. Là où ils se plaisent le plus, là oii ilsse montrent véritablement avec profusion, c'est dans les torrents et les cataractes des grands cours d'eau des régions tropicales. Ceux qui ont visité ces contrées ont pu remarquer en outre que, dans les milieux que j'indique, c'est encore là où le courant se précipite avec le plus d'impétuosité, là où il se brise avec le plus d'éclat, qu'ils acquièrent leur maximum de développement. En voyant végéter les Podostémacées dans ces conditions, on est tout na- turellement conduit à supposer que leurs graines, entraînées par le courant, doivent se déposer parfois sur d'autres rochers placés à une distance plus ou moins grande au -dessous du lieu où elles ont müri, pour y former de nouvelles colonies. Eh bien ! il n'en est rien, et il y a certes lieu d'étre surpris d'une pareille anomalie. Déjà, lors de ma traversée de la Serra d'Estrella qui sépare la province de Rio de celle de Minas, j'avais pu remarquer que les Podostémacées y étaient très-localisées ; trois espèces, de genres différents, que j'y trouvai dans un petit affluent de la Parahyba n'ayant encore été observées, par exemple, dans aucune autre partie du Brésil. Mais le cas que je vais maintenant citer est bien autrement remarquable. Une des contrées les plus intéressantes que j'aie visitées au Brésil, comme membre de l'expédition Castelnau, a été la province de Goyaz, arrosée par l'Araguay et le Tocantins, riviéres magnifiques qui se réunissent sur les limites de la proviuce de Para, pour se déverser, à une soixantaine delieues plus bas, dans le fleuve des Amazones. On ne peut rien imaginer de plus admirable que certains points de leut parcours; mais, bien malheureusement pour la liberté de leur navigation, et, fort heureusement, on peut le dire, pour le développement des Podostéma- cées, leur lit se trouve coupé par des gradius de rochers anfractueux qui for- cent les eaux, paisibles jusque-là, à précipiter leur course et à bondir tumul- tueusement par-dessus les obstacles qui leur barrent le passage ; elles forment alors, selon l'importance de la barrière à franchir, soit de simples rapides (entaïpavas), soit de véritables cataractes (cachoeiras). Je me hâte de dire que les obstacles dont il vient d'étre question n'en ont pas été pour nous, grâce aux facilités de toute espèce mises à notre disposition par un gouvernement éclairé; aussi pümes-nous, en descendant l'une de ces grandes artères et en remontant l'autre, dans des canots construits exprés, les visiter en détail, dans une étendue de prés de cinq cents lieues ; et voici le fait curieux que j'y constatai, relativement aux plantes qui font le sujet de cette communication. Les chutes et rapides de l'Araguay constituent trois groupes principaux qui se trouvent échelonnés dans sa région inférieure. Le Tocantins, avant de rece- SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 53 voir l'Araguay, en a autant, et le cours d'eau qui résulte de Ja jonction de ces deux rivières est lui-même hérissé de nombreux obstacles du même genre. Or c'est par la cataracte supérieure de l'Araguay que nous abordämes la série, et j'y recueillis avec une extréme satisfaction plusieurs Podostémacées entièrement différentes de toutes celles que j'avais vues jusque-là. L'une des plus remarquables appartenait au genre auquél M. Tulasne et moi nous avons donné le nom de C'astelnavia. Je comptais bien recueillir encore les mémes espéces sur les rochers de la seconde cataracte ; mais quelle fut ma surprise, en constatant que toutes ou:presque toutes les espèces étaient diffé- rentes! Et le méme fait se reproduisit lorsque nous abordàmes la troisième et dernière cachoeira. Je recueillis, en tout, sept espèces du seul genre Cas- telnavia dans l'Araguay ; et je ne doutai pas un instant qu'en continuant mes recherches dans le Tocantins, au-dessous du point où l'Araguay s'y jette, je n'en rencontrasse d'autres, mais les recherches que je fis à cet effet n'eurent d'autre résultat que de me faire constater l'erreur de mon calcul. Le dernier Castelnavia que j'aie aperçu couronnait de ses frondes multipartites les ro- chers de gneiss de la cachoeira grande, Ja dernière et la plus dangereuse des cataractes de l'Araguay; et il n’est pas à ma connaissance qu'aucune autre espèce de ce genre ait été vue autre part au Brésil que dans le seul fleuve où je l'ai moi-même observé. Ce que j'ai dit de l’Araguay, je pourrais le dire encore du Tocantins. Dans chacune de ses cataractes j'eus l'occasion de constater la présence d'espéces et de genres différents de ceux que j'avais vus précédemment. Et enfin, au-des- sous dela réunion des deux rivières, je trouvai encore un genre différent de tous ceux qui croissent au-dessus; mais là l'espéce seulement s'est trouvée être nouvelle : c'était le Mourera rose, dont il a déjà été question, et auquel M. Tulasne m'a fait l'amitié d'attacher mon nom. — Les faits que je viens de signaler et dont je pourrais, sile temps me le permettait, multiplier les cita- tions, démontrent, il me semble, assez clairement, combien l'aire de végéta- tion des espéces et des genres de Podostémacées est généralement restreinte ; et ils sont en méme temps de natare à faire supposer que nous sommes en- core loin de connaitre toutes les especes qui sont destinées à prendre place, un jour, dans cette famille. Comment douter en effet, pour ne parler que du vaste empire du Brésil, que, dans les nombreuses rivières qui courent parallèle- ment à l'Araguay, entre lui ct la frontière orientale du Pérou, rivières encore inexplorées pour la plupart au point de vue qui nous occupe (1), et qui toutes ont leur cours semé de cataractes analogues, il ne se trouve pas encore à faire des moissons aussi riches peut-étre que celles que j'ai faites dans le Tocantins et l'Araguay, et qui doubleront au moins, je n'en doute pas, le nombre des espéces dont on a déjà constaté la présence dans ces régions. (4) Je ne connais en effet que le rio Madeira qui nous ait fourni une ou deux espèces, 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Pour terminer, il me reste à parler de la distribution générale des Podo- stémacées dans les différentes parties du globe. J'ai réuni, dans un tableau qui accompagne cette communication, les principaux détails numériques qui - s’y rapportent, et je ne veux pas fatiguer l'attention de la Société en m'y ar- rétant. Il me suffira de lui en signaler les traits principaux. Je divise les Podostémacées en deux groupes principaux (sous-ordres ou sous-familles), dont l'un, les Hydrostachvées, formé du seul genre Hydro- stachys, renferme quelques-unes des plus grandes espèces de la famille; par suite, cependant, de l'imperfection des fleurs, il n'en doit pas moins être placé au bas de l'échelle ! Pendant longtemps on a cru que ces Hydro- stachys étaient confinés dans l'ile de Madagascar, mais il en a été découvert, depuis, trois autres espéces dans les parties australes du continent africain lui-méme. La seconde sous-famille, désignée sous le nom de Podostémonées, comprend vingt-trois genres et se trouve distribuée très-irrégulièrement sur quatre con- tinents; c'est dire que le cinquième (l'Australie) n'a encore rien fourni. L'Europe, du reste, n'est guère mieux partagée, car la seule espèce dont on ait signalé la présence chez nous (je veux dire en Italie), le Z/andowia Preissii Tul., est reniée par les floristes italiens qui ont écrit le plus récem- ment sur ce sujet. Quant à moi, je dois dire que j'en ai eu sous les yeux un échantillon ayant tous les caractères de l'authenticité, et que j'y ai re- connu une véritable Podostémacée, différant de toutes les autres espéces connues. Est-ce par erreur qu'on l'a donnée comme originaire du nord de l'Italie? Voilà ce que je ne saurais dire. ! L'Afrique possède, outre ses neuf ÆZydrostachys, sept Podostémacées, appartenant à quatre genres différents, dont deux seuls cependant lui sont propres. L'un de ces derniers (Sphærothylaz) et un Hydrostachys (H. nata- lensis) paraissent être, avec un .Veolacis dela province brésilienne de Sâo- Paulo, les plantes de la famille qui s’écartent le plus de l'équateur vers le sud. Le Z'risticha hypnoides doit être cité, d'un autre côté, comme étant, de toutes les Podostémacées, l’espèce dont l'aire de végétation est la plus vaste, puisque non-seulement elle est très-répandue dans les régions intertropi- cales de l'Afrique et de l'Amérique, mais qu'elle s'en échappe méme vers le sud, dans le premier de ces continents. Peut-étre l'Abyssinie, dont on com- mence à bien connaitre la flore générale, nous fournira-t-elle un jour un plus ample contingent que celui qui nous a été offert par les autres régions de l'Afrique. L'une des espèces qui y ont été récemment découvertes (1) constitue un des genres les plus curieux de toute la famille. L'Asie, que nous devons nommer ensuite, ne nous a encore donné des (4) Le genre Anastrophea, que j'ai ainsi nommé à cause du renversement complet des organes floraux avant l'anthèse. SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 55 Podostémacées que de l'Inde et de Ceylan; mais il est difficile de croire que le royaume de Siam, au moins, ne nous en fournira pas aussi, un jour, un certain nombre. Les espèces recueillies jusqu’à présent dans les deux contrées signalées sont au nombre de vingt-quatre, réparties en quatre genres seulement. On cite cependant une espèce de Z'risticha comme originaire des Philippines, mais cette provenance est quelque peu douteuse, Si le fait se trouvait con- firmé, le genre 7risticha serait alors représenté dans trois parties du monde, et s'éloignerait, sous ce rapport, de tous les autres membres du groupe dont il fait partie, sa diffusion étant alors tout à fait comparable à celle de la plupart des genres de plantes aquatiques, et d'une foule d'autres familles pha- nérogames. Un point à noter, c'est que ce genre Tristicha, qui est de tous les genres de Podostémacées celui qui se trouve le plus répandu sur le globe, est aussi celui qui, sous le rapport de son organisation florale, a droit, avec le genre indien 7ern?ola, d’être placé en tête de la famille. L'Amérique enfin, et c'est par elle que se termine cette énumération, déjà peut-étre trop longue, l'Amérique, à elle seule, contient plus de Podo- stémacées que toutes les autres parties du monde réunies. J'en compte soixante- six espéces, partagées entre dix-septgenres. J'ai déjà dit que deux d'entre eux étaient représentés aussi en Afrique ou dans l'Inde ; je n'ai pas à y reve- nir. J'ajouterai seulement à ce que j'ai dit du genre Podostemon, que l'une de ses espèces américaines, le P. ceratophyllum, la seule de la famille qui se trouve aux États-Unis, est, de toutes les Podostémacées (en mettant toutefois de cóté la plante italienne), celle qui s'écarte le plus des tropiques vers le nord. Trois espèces seules habitent l'Amérique septentrionale avec celle dont il vient d'étre question ; elles appartiennent au Mexique et dépendent, comme le Podostemon ceratophyllum, de genres qui se retrouvent dans l'Amérique du Sud. Des soixante-deux espèces qui appartiennent en propre à cette derniere, dix-sept sont réparties entre les six genres qui constituent le joli groupe des Mourérées, les plus développées et les plus attrayantes de toutes les Podostémonées (1). j Parmi les autres, je ne vois à citer, en ce moment, que les JVeolacis, parce qu'ils constituent le genre le plus nombreux en espèces de.toute la fa- mille, celles-ci étant d'ailleurs répandues dans presque toutes les régions chaudes du continent. En résumé, l'Australie et la Polynésie ne possèdent, que nous sachions, aucune Podostémacée ; l'Europe en a peut-être une ; l'Afrique en compte dix-sept; l'Asie vingt-cinq; et l'Amérique soixante-six, dont quarante- deux ont été trouvées au Brésil, qui nous a fourni, par conséquent, à lui seul, presque la moitié des [espèces et les deux tiers des genres connus jusqu’à ce jour. (4) Le genre Mourera mérite, en particulier, d'étre signalé, autant parce qu'il est un 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Distribution géographique des Podostémacées, ORDO PODOSTEMACEARUM. Subordo I. Podostemoneæ. Trib. I. Tristicheæ. Gen. 1. Tristieha ...5. 0: To TOROA ei ovv. ui Trib. II. Weddellineæ. Gen, 3. Weddellina......... Trib. II. Eupodostemonea. Mourera ..... Lonchostephus. DLadE. -. sa: Marathrum ... Rhyncholacis. . OEnone Subtrib. I. Mourereæ. I3 E13 E 4. 5. 6. J. 8. 9. est t t| > Neolacis oss t . Lophogyne.... . Ceratolacis.... . Hydrobryum .. Dicrét, sta... . Podostemon... . Mniopsis ..... Sphærothylax. . Anastrophea .. Castelnavia . .. 20. Devillea. 21. Oserya.... .. 22. Carajea...... 23? Blandowia. ... [v] PLIIIS Subtrib. IL, Neolacideæ. FF LES] \ Subordo II. Hydrostachyesæ, Gen. 24. Hydrostachys . ..... Nombre d’espèces par région. EUROPE HE 8 © ; yet < RP S3 pA S a 4 » 7 » 1 » 3 » 1 » 4 » 7 » 6 » 3 » 18 » 2 » 1 » 1 » Al » 10 » 2 » 1 » 4 » 7 » 4 » 4 » 4 » 9| £1 9 » 4? Ad Europe. AFRIQUE COTE b] &l[s138 S | E AS 5 t Š À 411 2 » » » » » |» » |» » NN) » » » |» » » |» » | »wi» » » » yl» » » TL, » |» » » » » » » 2 » » » » » |» » 4718 $ p » Fil FIND » » |» I4 5 » » |» D» TN |» » 51 6 2 14.95.1410 a —— MÀ Afrique. ASIE me^, at à | À sik als = » |41? 4 E » » » |» » |» » 1» » |» » |» » |» » |» » | » » |» 4 |» 9 | » 7 » 5 l1» PIS » | » » | » » |» » | » » » l1 » » 2h | A? CR Asie, AMÉRIQUE — mes nmm Š E 3 $ e smH| gro S a 3 » å 1 1 » kb» 5». Ln » » 4 1 » » 1 2 » » » 1 » » » 1 2. 4A. 14.1.9 » » 2 D tot Sel: » SUIT MT » » » 2 » » » 4 » > » | D » |» » | » 4 » » 2 WELD » 9 » WES LS »:]b»5p» P» » |» » 7 » » » 1 11 »11 L9 » F9: HD 1 » r » » FES + » h:| 9-143 | 42 DR MÀ ——À Amérique. des premiers que l'on ait décrits un peu complétement, que parce qu'on y trouve les deux espèces de la famille qui, avec les Hydrostachys, acquièrent les plus grandes di- mensions, Ce sont les M. fluviatilis de la Guyane et M. aspera du Brésil. Les feuilles de ces plantes atteignent parfois la dimension de 4 à 6 décimètres. SÉANCE DU 22 JANVIER 1879. 53 Sa Majesté Impériale prend la parole pour exprimer l'intérét avec lequel Elle a entendu la lecture du travail de M. Weddell, et pour expliquer le terme de cachoeira qui s'y trouve employé. On appelle ainsi au Brésil, dit l'Empereur, une suite de chutes d'eau, plus ou moins espacées, plus ou moins abruptes, et dont quelques-unes ne sont que des rapides. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Société : DE QUELQUES QUESTIONS AFFÉRENTES A DES PLANTES BRÉSILIENNES, par ME. D. CLOS. (Toulouse, 18 janvier 1872.) I. Le dédoublement expliquant l'organisation des tiges . des Serjania. On à beaucoup discuté sur les causes qui donuent aux tiges des Sapindacées 2résiliennes, et notamment à celles du genre Serjania, leur singulière appa- rence, leur coupe transversale offrant une tige centrale entourée d’un certain nombre d’autres tiges plus petites, mais munies, chacune, comme elle, d’une moelle, d'un étui médullaire, de couches ligneuses concentriques et d'une écorce ; on les a considérées comme de jeunes branches du tronc restant soudées avec lui. Les intéressantes recherches du naturaliste brésilien Netto ont apprisque, dans le Serjania cuspidata, les trois tiges périphériques se montrent en méme temps que la centrale, ou même un peu avant elle; il en a été ainsi du S. Dombeyana, avec cette particularité qu'il y apparait une troi- sième génération de petits corps ligneux [voy. ce recueil, t. XII (Séances), p. 106]. J'ai la conviction que celte prétendue anomalie des tiges des Sapindacées reconnait pour cause le DÉDOUBLEMENT organique, phénoméne général en vertu duquel deux ou plusieurs organes occupent la place où, d’après les lois de la symétrie, on ne devrait en voir qu'un seul. On trouve des feuilles gémi- nées (Solanées), des stipules géminées (Malachra), des étamines et des pétales en faisceaux (Malvacées); on a décrit la partition des racines (carotte, bette- rave, Aumez), celle de certaines tiges ligneuses, surtout acotylédones. Le curieux mode de formation signalé par M. Netto, de deux ilots ligneux dans deux des grands rayons médullaires opposés d'un Serjania, qui avait déjà constitué son corps ligneux central, puis l'expulsion au dehors de ces deux îlots ligneux sous forme de deux tiges soudées ‘avec la première, ne confir- ment-ils pas l'explication donnée? Ce fait et les précédents ne présentent-ils pas les caractères du dédoublement ? 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. H. De quelques faits à constater au Brésil, Si ma faible voix pouvait être entendue, je ferais appel, par l'intermédiaire de l'auguste et savant monarque qui assiste à cette séance, au zéle des bo- tanistes brésiliens pour la solution de trois questions de physiologie végétale. 1* La ramification des Palmiers : elle est rare, je le sais; mais il importe- rait de vérifier si, comme dans les Pandanus et le Palmier-royal (Oreodoxa regia) de Cuba, elle s'opère par trifurcation. Ilest vrai que dans le Doum de la Thébaïde (Cucifera thebaica), le stipe, à peu de distance au-dessus du sol, se partage en deux branches subégales qui se bifurquent à leur tour ; mais ce fait ne serait-il pas l'exception, et la division ternairela loi ? Enfin cette division reconnaît-elle pour cause le développement de bourgeons axillaires, ou une partition de l'axe? 2» L'irritabilité des deux lames stigmatiques des Bignoniacées, lames qui, d’après les faits connus, s'appliquent l'une contre l'autre au contact d'un corps étranger, est-elle, comme je l'ai supposé (voy. ce recueil, t. XVI (Séances), p. 114], un caractère physiologique commun à tous les magnifiques représen- tants de ce grand groupe naturel? 3° La nature de l'étamine : une des questions les plus intéressantes de la métamorphose des organes des plantes est celle afférente à la signification de l'étamine, tour à tour considérée comme feuille et comme bourgeon. La plu- part des morphologistes ont vu dans le filet le pétiole, dans l’anthère la lame de la feuilie florale. J'ai cherché à montrer que généralement l’anthère est au contraire un organe différent de l'une et l'autre de ces parties et sans ana- logue (voy. Mém. Acad. des sc. de Toulouse, 6° série, t. IV). Il est une nom- breuse famille de plantes tropicales, celle des Mélastomacées, dont les étamines présentent les formes les plus variées, les plus étranges. On n'a guére cité, que je sache, d'anomalies florales de ce groupe ; et cependant l'étude de ses déviations accidentelles atteignant l'androcée, dévoilerait, peut-étre mieux que les monstruosités staminales d'autres familles, la vraie nature des di- verses parties de l'étamine. JI. De lindéhiscence des fleurs de l'Onagre trés-molle. Depuis deux ou trois ans j'observais dans l'école de botanique de Toulouse une espèce d'Onagraire offrant cette particularité de ne jamais épanouir ses fleurs. Celles-ci développaient toutes leurs parties extérieures à l'instar de celles des autres espèces d’OEnothères ; mais, au moment où devait s'opérer l'anthése, les quatre sépales, tout en restant adhérents par le sommet, étaient obligés de céder un peu à la pression des organes floraux qu'ils abritaient ; leurs bords s'écartaient, et l'on voyait, par ces sortes de fentes, les pétales passer de la couleur jaune-serin à une teinte rougeâtre, indice de leur affaiblissement vital. Puis l'ovaire fécondé, se débarrassant des induvies, devenait fruit fertile. SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 59 J'avais rapporté la plante à l'ŒÆnothera mollissima L., espèce originaire de Buenos-Ayres et probablement aussi du Brésil austral; mais il me restait quelques doutes, n'ayant trouvé l'indication de ce fait dans aucun ouvrage moderne, pas plus que dans la longue description de cette Onagre donnée par Lamarck (in Zncycl. méthod, part. Bot. t. IV, p. 552), qui l'avait vue vivante à Paris. Linné (Species, p. ^92) cite, à la suite de sa diagnose de l GZnothera mol- lissima et comme synonyme, l'Onagra bonariensis villosa, flore mutabili, Dill. Zlth. 297, tab. ccix, f. 286. Or, dans la description due à Dillen, j'ai relevé ce passage: «Flores... nec nisi sole candente expansi... Caeterum floris et calycis foliola non sejuncta decidunt, sed supra fructus exares- cunt.» Voilà bien le phénomène signalé, mais en quelque sorte comme exceptionnel et rapporté à un défaut d'intensité solaire à Eltham. A Tou- louse, où la température estivale est plus élevée que dans le Kent, cette cause n'est pas valable. Dans la plupart des vrais ŒÆnothera, et il en est ainsi de l'OE . mollissima, les fleurs axillaires se développent du bas des tiges et des rameaux vers le haut, chacune le plus souvent à un jour d'intervalle. Mais quelle qu'ait été la chaleur de la journéeen 1869, je n'ai jamais vu une de ces fleurs s'épanouir spontanément. Tout autre a été le phénomène en 1870. Les premières fleurs ont apparu le 25 mai et sont restées closes; mais le 5 juin, j'ai pu voir enfin deux fleurs épanouies ; et à partir de ce jour, grâce à une chaleur et une sécheresse conti- nues, certaines des fleurs adultes s'ouvraient, les autres restant fermées. Quelque particularité organique pourrait-elle expliquer ce défaut d'éclosion de toutes les fleurs ou de la plupart d'entre elles? Dans les Œnothera, les pétales sont généralement plus ‘longs que les sépales et très-élargis ; les éta- mines et le style avec ses stigmates dépassent également les piéces du calice en longueur ; or c'est le grand accroissement de ces parties d'une part, le dé- roulement des pétales tordus en préfloraison d'autre part, qui déterminent l'épanouissement. Mais dans OE. mollissima les pétales restent courts, petits, et dépassent de beaucoup les stigmates qui bouchent l'entrée du tube, tandis qu'ils sont à peine dépassés par les étamines. Le déroulement des pétales est donc le seul effort qu'aient à supporter les sépales en estivation valvaire et soudés par les bords. Quoi d'étonnant dés lors que ces derniers organes conservent leur adhérence au sommet? Je n'ai pu constater aucune différence entre les fruits des fleurs écloses et de celles qui restent fermées. L'OE. mollissima n'est pas du reste la seule OEnothérée dont les fleurs ne s'ouvrent pas (1). M. Philippi constatait au Chili que les fleurs printa- nières du Godetia Cavanillesi? Spach, dépourvues de corolle, gardent toujours (4) M. Tausch, qui a séparé de l'OE. mollissima l'OE. holosericea Tausch, ne dit rien du phénoméne de l'occlusion constante des fleurs (voyez le journal allemand Flora de 1839, t.I, p. 558); il serait intéressant de savoir si elle a lieu dans la seconde espèce. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leur calice fermé (in Botanische Zeitung de 1870, n° 7, p. 106), et le fait se rencontre dans d’autres familles. . Vaucher a signalé comme ne s'ouvrant jamais, bien que douées de fertilité, les fleurs latérales de l’Zmpatiens Noli-tangere (Hist. physiolog. des plantes d’ Eur. , t. I, p. 542), et comme restant également indéhiscentes et méme in - fécondes, lorsque la température est pluvieuse, celles du Pourpier commun (ibid., t. IX, p. 439). Plus prés de nous, M. L. Piré s'est assuré que dans l'A/sine pallida Dmtr, « la fleur, au lieu de s'épanouir comme celle de l’A/sine media L., reste con- stamment fermée » (voy. Bullet. de la Soc. botan. de Belgique, t. TI, p. ^4); enfin M. Kuhna distingué dans le Vandellia sessiliflora deux sortes de fleurs, les unes à corolle ouverte et stériles, les autres à corolle fermée et fertiles (in Botan. Zeit. de 1867, n° 9, p. 65) (1). Y a-t-il fleuraison chez l'A/sine pallida et chez l'UEnothera mollissima dans les cas où sa fleur ne s'ouvre pas ? La phrase de Linné: « Efflorescentia est lempus mensis quo singulae species plantarum primos flores ostendunt » (Philos. bot.) n'élucide guère la question. De Candolle, dans sa Physiologie végétale, p. ^66, définit la fleuraison «le brillant phénomène du développe- ment et de l'épanouissement des fleurs »; dans les plantes citées il n'y a pas épanouissement, et conséquemment il n'y a pas fleuraison. Mais le méme savant avait judicieusement distingué, en 1813, la fleuraison (florescentia, anthesis), action de fleurir; l'efflorescentia, action de commencer à fleurir ; l'apertio, épanouissement, ouverture de la corolle (Théorie élém. de la bot. p. A04). Il conviendra donc désormais de limiter le mot fleuraison à la for- mation ou production des fleurs, à moins qu'on ne veuille admettre une fleuraison complète et une fleuraison incomplète, suivant qu'elle sera ou non accompagnée d’épanouissement (2). M. Germain de Saint-Pierre présente les observations suivantes : Rien n’est plus facile, selon moi, que de constater le passage graduel, dans la forme et dans la structure, entre la feuille caulinaire et les organes consti- tuant les divers verticilles foliaires, y Compris le verticille staminal, dont se com- pose le bourgeon floral, la fleur. On peut aisément suivre les transitions entre la feuille caulinaire et la bractée, entre la bractée et le sépale, entre le sépale et le pétale, entre le pétale et létamine, et méme entre la feuille staminale (1) L'existence de fleurs dimorphes et dont les unes ne s'ouvrent pas, a été également constatée chez Lamium amplexicaule, Oxalis Acelosella, Impatiens Noli-tangere, Viola mirabilis, etc. (2) On lit dans le Dictionnaire de l'Académie : « Fleuraison se dit dela formation des fleurs et du temps ou de la saison dans laquelle les plantes fleurissent. » Bescherelle dis- tingue la fleuraison, temps pendant lequel les fleurs restent épanouies, dela floraison, qui est l'action de la fleur qui s'épanouit (Dictionn. national). SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 61 et la feuille carpellaire (j'ai observé plusieurs fois cette dernière transition chez diverses espèces du genre Salix ). — Le passage du pétale à l’étamine me semble mis hors de doute par le simple examen de la fleur normale du Nympha alba ou d'une Rose à fleurs doubles; ‘ces faits sont généralement regardés comme acquis à la science, et élémentaires. Au sujet des demandes adressées par M. Clos sur l'organisation des Serjania, M. Bureau rappelle que les travaux de M. Netto et les matériaux qui lui ont été envoyés par M. Corréa de Méllo établis- sent que les tiges latérales séparées du corps ligneux de ces lianes finissent par y rentrer aprés un parcours d'une certaine longueur. M. Duchartre dit qu'il a observé sur un Gaetum un fait analogue à ceux que rappelle M. Bureau. Dans cet exemple, un rameau laté- ral se détachait et contournait la tige, puis venait de nouveau se confondre avec elle. M. Duchartre ajoute, à propos de la ramifi- cation des Palmiers, que, dans le Journal of the Linnean Society, on a derniérement décrit des ramifications anomales du Borassus flabelliformis, dout les rameaux arrivaient alors à ressembler à ceux d'un candélabre. Un fait analogue a été observé sur le Dattier et décrit à une époque déjà ancienne dans les Annales de la Société d’ horticulture de Paris. M. Germain de Saint-Pierre s'exprime en ces termes : Les Palmiers et autres végétaux monocotylédonés arborescents sont généra- lement, il est vrai, à tige aérienne (tronc ou stipe) non ramifiée : mais il ne faut pas oublier que la tige aérienne est, généralement, loin de constituer tout le systéme caulinaire du végétal. Outre la tige aérienne, il y ale systéme cau- linaire soulerrain, il y a le rhizome. Or les Palmiers émettent fréquemment de longs rhizomes rampants très-rameux. Le Dattier produit à sa base de nom- breux rameaux axillaires, et le Chamærops humilis, grâce à ses tiges souter- raines rampantes trés-ramifiées, couvre le sol d'épais fourrés dans certaines parties de l'Algérie; il en est de méme d'un trés-grand nombre de Palmiers des régions tropicales. M. Fermond fait à la Société la communication suivante : CONSIDÉRATIONS PHILOSOPHIQUES SUR LES FLEURS DOUBLES, par BE, Ch. FERMOND. PREMIÈRE PARTIE, On a généralement coutume de désigner sous le nom de fleurs doubles celles chez lesquelles la corolle s’est plus ou moins multipliée, Il s'agit de 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. démontrer que cette qualification doit philosophiquement et logiquement se rapporter à un grand nombre d’autres fleurs. En effet, qu'est-ce que la fleur? C’est essentiellement le petit appareil dans lequel on reconnait des organes máles ou des organes femelles ; et tandis que le vulgaire ne voit, à proprement parler, de fleurs que dans des assemblages de sépales ou de pétales plus ou moins développés et possédant des couleurs plus ou moins vives ; au contraire, le botaniste voit des fleurs dans des groupes d'étamines ou de carpelles quelquefois entierement séparés et souvent dépour- vus de ces organes accessoires qui forment le calice et la corolle. Donc la fleur ne consiste pas seulement en une corolle, et, d'une manière générale, une fleur normale de Dicotylédone, par exemple, se compose d'un calice de 5 ou 6 sépales; d'une corolle de 5 ou 6 pétales ; d'un androcée de 5 ou 6 éta- mines; d'un gynécée de 5 ou 6 carpelles. Or nous demandons s'il est logique de ne donner le nom de fleurs doubles qu'aux fleurs dont la corolle seule vient à se multiplier. Déjà De Candolle, dans un mémoire sur les fleurs doubles (1), avait dé- montré que sous ce nom on avait confondu un grand nombre de faits hétéro- genes, et c'est alors qu'il a été conduit à classer les fleurs doubles sous trois divisions, savoir : | 4° Les fleurs pétalodées, c’est-à-dire celles qui doublent par le développe- ment simple en pétales de tous ou de quelques-uns des organes floraux : telles sont celles où le développement en pétales s'exécute par les bractées (/7or- tensia), par le calice (Primula calycanthema), par les étamines (Rosiers), ou par les carpelles (var. d’ Anemone nemorosa, etc.) ` 2° Les fleurs multipliées, c'est-à-dire celles dont le nombre des pétales est augmenté par l'accroissementdu nombre des rangées des verticilles floraux, ou par l’accroissement des parties de ces rangées et leur transformation en pétales, Dans la classe précédente le nombre des parties n'était pas augmenté et il n'y avait que transformation; ici, au contraire, il y a augmentation de nombre et transformation : c'est ce qui constitue les fleurs pleines (De Candolle). 2° Les fleurs permutées sont celles où l'avortement des organes génitaux détermine un changement notable dans la forme ou la dimension de l'un des téguments floraux. Ainsi, par exemple, l'avortement de l'un et de l'autre sexe ou de l'un d'eux, dans les Composées, détermine fréquemment un changement de forme dans leur corolle; tantót celle-ci, restant tubuleuse, devient plus grande qu'à l'ordinaire, comme on le voit dans certaines variétés de Reines- Marguerites, de Tagetes, etc.; tantôt elle se transforme en languette plane, ce qui est le cas le plus ordinaire des Composées appelées doubles dans les jar- dins. De semblables phénomènes se rencontrent dans le Viburnum Opulus, dont les fleurs stériles ont la corolle beaucoup plus grande que les fleurs fer- (1) Mém. Soc. d'Arcueil, t. II, p. 385. SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 63 tiles ; dans l’état naturel, les fleurs latérales offrent seules ce phénomène, tan- dis que dans la variété cultivée sous le nom de Zou/e-de-neige, toutes les fleurs présentent cet état de grandeur exagérée, liée à l'avortement des organes génitaux (De Candolle). Tel est, très en abrégé, l’état actuel de la question des fleurs doubles. Vo- yons maintenant si la discussion ne viendra ‘pas changer quelque peu cet état de choses. Et, d'abord, faisons observer que les fleurs comprises dans la troi- sième division, celles dites permutées, ne devraient pas être rangées parmi les fleurs doubles, puisque, au contraire, elles se simplifieraient de tous les verti- cilles composant l'androcée et le gynécée. Puis remarquons qu'une fleur de quatre verticilles floraux, calice, corolle, androcée, gynécée, par exemple, chez laquelle chacune des parties de ces verticilles se transformeraiten pétale, ne devrait rigoureusement pas consti- tuer une fleur double, puisque le nombre normal des verticilles ou des par- ties de la fleur ne serait pas augmenté, mais simplement transformé. Au contraire, il existe une foule de fleurs que l'on n'a pas pris l'habitude de regarder comme fleurs doubles, et qui pourtant méritent beaucoup mieux cette dénomination que celles sur lesquelles vient de porter notre critique. Ainsi, d'une manière accidentelle, les sépales peuvent se multiplier de facon à constituer un double calice, la fleur conservant le nombre normal de ses autres parties. Dans ce cas la fleur s'est doublée par son calice : c'est ce que nous avons observé dans des fleurs de Poirier; et l'état normal des Fraisiers, des Malvacées, n'offre peut-étre que des fleurs doublées par leur calice. Les Cactées, les Calycanthus, les Nandina, seraient des exemples de fleurs dou- bles par le calice, de la méme facon que les fleurs considérées aujourd'hui comme doubles le sont par leur corolle. Pareillement, lorsque le calice, la corolle et le gynécée existant, nous trou- vons plusieurs rangées ou un grand nombre d'étamines, comme dans les fleurs polyandres, nous avons encore des fleurs qui se sont doublées par l'an- drocée, au lieu de l'avoir été par la corolle. Enfin, dans quelques cas, la fleur peut présenter un calice, une corolle et un androcée plus ou moins simples et se multiplier plus ou moins par le gynécée. Dans cette maniére de voir nous avons encore une fleur double, par le gynécée et non plus par la corolle : tel est le cas des Magnolia, Lirioden- dron, Myosurus, etc. Si cette maniere de voir est juste, il ne nous reste plus qu'à donner des dénominations à ces diverses fleurs doubles; c'est pourquoi, conservant la désinénce donuée par De Candolle, nous proposerons celles qui suivent : 1° Fleurs sépalodées, fleurs doublées par le calice ; 2° — pétalodées, celles doublées par la corolle ; 3° — staminodées, celles doublées par l’androcée ; h° — carpellodées, celles doublées par le gynécée. 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mais ce n'est pas tout : il est une classe trés-importaute de fleurs doubles qui mérite surtout d'étre distinguée des précédentes et qui nous parait avoir une grande signification physiologique. Nous voulons parler des fleurs doublées par la formation de petites fleurs dans la fleur, et que, pour rester en accord de désinence avec les dénominations précédentes, nous nommerons fleurs anthodées, De Candolle n'ayant eu aucune connaissance de faits anormaux de ce genre, i llui était impossible de les distinguer des autres fleurs doubles. Nous croyons étre le premier qui ait annoncé ce singulier phénoméne désigné par nous, autre part (1), sous le nom d’anfhosanthie. Nous l'avous d'abord observé sur le Brassica Napus, chez lequel uu grand nombre de fleurs composées d'un calice et d'une corolle portaient, au lieu d'étamines, six petites fleurs complètes, c'est-à-dire formées elles-mêmes d'un calice, d'une corolle, d'un androcée et d'une silique. Depuis cette époque nous avons retrouvé accidentellement le méme phé- nomène dans le Nolana prostrata, le Lythrum Salicaria, et le Nicotiana rustica. Mais ce phénomène, que nous n'avons pu trouver qu'accidentellement sur les plantes sus-énoncées, nous l'avons toujours sûrement retrouvé plus ou moins complet sur la variété d’Alfhæa rosea que les fleuristes nomment Passerose-Arlequin, dans laquelle on rencontre une certaine quantité de petites fleurs munies de leurs corolles portant à leur centre un. petit groupe d'étamines. Plus tard, M. Bellynck nous a donné la description d'un Orchis ustulata découvert par M. A. Devos, qui présentait également un phénoméne d'antho- santhie suffisamment caractérisé. En effet , « le périanthe de cette fleur double, dit M. Bellynck, est composé, à sa partie supérieure, de deux labelles dressés, munis chacun d'un court éperon; parfois ces deux labelles sont soudés en- semble par un de leurs côtés, et alors il n'y a qu'un seul éperon placé entre les deux labelles, A l'intérieur de ces deux labelles, on en trouve plusieurs autres, tantót alternes, tantót superposés, ayant toujours leur partie libre dirigée en haut. Le centre et toute la partie inférieare de la fleur sont occupés par de petits groupes d'organes pétaloides, parfois sessiles, parfois portés sur un trés- court support, au nombre de six à dix, et dont les plus petits et les moins dé- veloppés occupent le centre. Chacun de ces groupes porte à sa base une brac- téole purpuriue, et se compose d'un petit labelle dressé et de plusieurs divi- sions pétaloides plus ou moins déformées. Les fleurs qui présentent le plus de ces petits groupes sont celles qui ont le moins de labelles solitaires. » Il est évident, ajoute l'auteur de la note, que les petits groupes de chaque fleur double sont autant de fleurs imparfaitement développées, privées de leurs étamines et de leur ovaire infère. Cette dernière circonstance explique pour- (1) Essai de phytomorphie, t. 11, p. 394, SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 65 quoi le labelle est dressé, c'est-à-dire dans sa position naturelle, car le labelle n'est inférieur dans nos Orchidées que par suite d'une torsion de l'ovaire infere, lequel renverse la fleur. L'analogie et les diverses particularités que nous venons d'exposer nous portent à croire que tous ces labelles solitaires, qui occupent la partie supérieure de la fleur double sont autant de fleurs, dis- tinctes réduites à leur labelle. » (Bellynck.) En rapprochant de ces faits ceux déjà connus et décrits par plusieurs au- leurs, par exemple le Primula signalé par De Candolle, dans lequel chacune des étamines, au lieu de se changer en un seul pétale, s'était transformée en une honppe de pétales réunis par la base, on peut se demander si chaque groupe de pétales remplacant. l'étamine ne doit pas étre regardé comme une fleur réduite à la corolle, et c'est cette maniére de voir que, pour notre compte, nous n'hésitons pas à adopter. De même encore, c'est très-vraisemblablement un phénomène de ce genre qui produit d'une maniere normale les faisceaux d'étamines alternes avec les pétales chez les Melaleuca et plusieurs Hypericum. Le nom de fleurs anthodées serait donc, dans notre manière de voir, appli- qué à toutes les fleurs doubles dans lesquelles on reconnaîtrait nettement le groupement d'organes représentant une fleur plus ou moins complète , ‘mais qui peut être réduite, soit à une houppe de pétales (Primula), soit à un fais- ceau circulaire d'étamines (Hypericum, Melaleuca), soit à des pétales groupés au milieu desquels on trouve une ou plusieurs étamines (A//hæa rosea). En raison méme des différences que peuvent présenter les fleurs anthodées, il devient utile de les distinguer par des dénominations qui ne laissent aucun doute sur leur composition; c'est pourquoi, désirant conserver les mémes désinences pour ces subdivisions, nous proposerons les expressions sépaloi- dées, pétaloidées, staminoïdées, carpelloïdées, expressions employées à titre de diminutif et qui, énoncées purement et simplement, peuvent trés-bien étre comprises. Ainsi la fleur du Primula et celle de l'Orchis ustulata précitées seront pour nous des fleurs anthodées-pétaloidées ou simplement des fleurs péta- loidées ; celle des Melaleuca, une fleur anthodée-androidée ou simplement androidée ; celle de Althea rosea, une fleur anthodée-pétalo-androidée ou, pour simplifier, pétalo-androidée. Si ces idées sont nettement comprises, si surtout elles sont adoptées, est-il nécessaire de nous étendre sur les conséquences à en tirer ? Nous nele pen- sons pas, et certainement plusieurs personnes ont déjà saisi le rapprochement que l'on peut faire entre les fleurs anthodées, qui ne sont réellement que des fleurs composées, et celles de cette classe de végétaux qui, d'une manière normale, nous présente des fleurs que le vulgaire regarde comme une seule fleur, dans les Composées, mais que depuis untemps immémorial les botanistes ont reconnu étre constituées par une multitude de fleurs. f, dE (SÉANCES) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Donc, dans cette manière de voir, les inflorescences des Synanthérées et des Ombellifères rentreraient naturellement dans la classe des fleurs antho- dées proprement dites, comme les fleurs anomales des Brassica Napus, Nolana, Lythrum, Orchis ustulata, Althæa rosea, etc., dont nous venons de parler. M. Chatin dit que le calicule des Rosacées résulte évidemment de la réunion de piéces stipulaires, en raison du nombre variable des piéces qui les constituent, et qui varie selon que cette réunion s'est ou ne s'est pas opérée. Il n'accepte pas non plus les opinions de M. Fermond sur le calicule des Malvacées. M. Duchartre, à l'appui de ce que vient de dire M. Chatin, rap- pelle qu'il s'est occupé de l'organogénie des Malvacées, et qu'il a vu dans le calice et dans le calicule de ces plantes des organes se développant d'une manière complétement indépendante et distincte. M. Duchartre cite en outre un fait de duplicature fort curieux que vient de présenter une O:chidée, le Cypripedilon Veitehianum hort., dans les serres de M. Guibert, à Passy. Un pied de cette espèce ayant été subdivisé en cinq pieds distincts, l'un de ceux-ci repro- duisit le C. Veitchianum normal, un autre des fleurs complétement dépourvues de labelles, et les trois autres, notablement plus petits, deux labelles renfermés l'un dans l'autre. M. Germain de Saint-Pierre présente les observations suivantes : Je ne répéterai pas ce que j'ai dit tout à l'heure, pour démontrer que l'éta- mine représente une feuille, et ne représente pas un rameau; la démonstra- tion de ce fait résulte non-seulement du passage insensible que l'ou observe si souvent de l'un à l'autre de ces deux organes, mais aussi de la situation que l'étamine occupe dans les tours de spirale décrits par l'insertion. des divers organes foliaires qui constituent essentiellement la fleur. Mais Je dois insister sur la distinction, géu^ralement admise par les térato- logistes et qui doit être maintenue, entre les fleurs doubles par transformation d'organes, et certaines fleurs prolifères. — Une fleur double peut résulter de la multiplication, par dédoublement ou partition, des pièces des divers verti- cilles floraux ; elle peut résulter aussi de l'allongement de l'axe central qui, dans certains cas, produit, en s'allongeant, une spirale indéfinie d'organes foliaires pétaluides (c'est le cas de la Giroflée à fleurs doubles, il s'observe aussi. quel- quefois chez les Roses); beaucoup plus fréquemment, chez les fleurs à étamines en nombre indéfini, la duplication de la fleur (l'augmentation du nombre des pétales) résulte de la modification ou frans/ormation des étamines en pétales : c'est ce qui a lieu chez les Malvacées, chez les Pavots , et, trés-généralement,. SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 67 chez la Rose, regardée avec raison comme le type le plus complet et le plus élégant de ia fleur double. Quant aux fleurs qui présentent à l'aisselle de leurs bractées, de leurs sé- pales, de leurs pétales (ou autres pièces des verticilles floraux), des bourgeons qui se développent en petites fleurs surnuméraires, elles constituent, dans la série des anomalies végétales, la classe ou catégorie des FLEURS PROLIFERES PAR DÉVELOPPEMENT DE BOURGEONS LATÉRAUX AXILLAIRES ; une étamine peut, à son aisselle, produire ainsi un bourgeon floral, mais, dans aucun cas, l'étamine elle-méme ne se transforme en un rameau floral. M. Fermond répond en ces termes : Bien que je n'aie rien affirmé touchant la duplicature du calice des Fraga- riacées et des Malvacées, je dirai, néanmoins, que dans l'objection de M. Chaiin je ne vois rien qui contredise ma maniere de voir, dont la preuve au contraire m'a été fournie par l'exemple anomal du calice double du Poirier signalé. D'ailleurs, quelle que soit l'origine du calicule, Mirbel a eu une idée analogue à la mienne quand il a dit: « Lorsque l'anvo/ucre, qui est une des enveloppes accessoires des fleurs, n'en contient qu'une, et que cet involucre adhère à la base du calice, comme dans lÆibiscus, alors on le nomme calicule, parce qu'en effet il représente un second calice. » D'un autre côté, quand on admet que les corolles doublent ou se multiplient par la transformation des étamines ou des carpelies, est-il donc défendu d'admettre que le calice se double, soit par les bractées et ses stipules (Mal- vacées), soit par les stipules seules des sépales (Fragariacées) — ce qui pour- taut n'a pas lieu dans’ un grand nombre d'autres Rosacées, — soit par des bractées seules (Polygala, OEillets), soit enfin par un véritable calice extérieur ou calicule dans les Lythrum ? Et l'on ne saurait ici invoquer la présence de bractées ou de siipules daus la formation de ce second calice. Donc, quelle que soit la manière dont ait été formé le calicule, le calice se montre double exactement comme une corolle se montre double par la transformation de ses étamines en pétales : c'e-t ce que j'ai voulu dire, et pas autre chose. Ce qui précède me semble répondre à l'observation de M. Duchartre, car il est évident que les étamines et surtout les carpelles ont organogéniquement un développement comp'étement indépendant et distinct de celui des pétales, et cependant la corolle n'en est pas moins considérée comme doublée ou multi- pliée par le fait de la métamorphose des étamines ou des carpelles en pétales. Je n'ignore pas que la plupart des botanistes admettent que l'étamine représente une feuille ; mais si le passage insensible de l'étamiue en pétale ou vice-versà s'observe souvent; si la situation que l'étamine occupe dans les tours d'hélices décrits par l'exsertion des divers organes foliaires qui constitue la (leur est observée; si en un mot, à bien des points de vue, l'étamine parait 69 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. être de nature appendiculaire, sous d'autres rapports on ne doit pas se dissi- muler qu'elle se comporte comme un organe de nature axile, et c'est pour- quoi quelques botanistes, avec Agardh et Endlicher, penchent plutót vers l'idée d'un organe axile. Les considérations que je dois développer ici, à cause de l'importance de l'objection de M. Germain de Saint-Pierre, vont me conduire, je l'espère, à démontrer comment les botanistes sont en désaccord sur ce point, quoique pouvant avoir raison les uns et les autres. Et d'abord établissons ces deux points principaux en faveur de la nature axile de l'étamine. 1° Tous les auteurs sont d'accord pour reconnaitre la transformation de l'étamine en pistil dans les Papaver. Je dis pistil et non carpelle, ce qui est très-différent pour le sujet qui nous occupe. En effet, le carpelle est une feuille, par conséquent de nature appendiculaire; mais l'ensemble des carpelles, ou si l'on veut l'axe qui supporte les carpelles est évidemment de nature axile. Or, si dans les Pavots l'étamine se transforme en petites tétes de pavots ou pistils, il est indiscutable que le pédoncule est un axe; donc dans ce cas l'étamine est de nature axile, et jusqu'à ce jour il n'est aucun botaniste qui ait nié la transformation de l'étamine des Papaver en pistil. 2° Originellement l'étamine est identique au bourgeon, c'est-à-dire que l'un et l'autre ne sont autre chose qu'un centre vital ou phytogène constitué par un amas de cellules à l'état naissant. La seule différence que l'on puisse alors y observer consiste en ce que chez la première sa position est latérale ; et qu'elle est centrale dans le bourgeon, position défavorable ou favorable à la nutrition du phytogène. Ce phytogène peut évoluer sans hécastosie ; dans ce cas il s'allonge sans émettre d'organes appendiculaires, comme on le voit dans le phytogene qui forme la vrille des Cucurbitacées ou quelques épines des Gleditschia, etc. (1). Lorsque, au contraire, les hécastosies se prononcent, le phytogène se com- pose de plusieurs autres phytogènes dont les circulaires vivant en commun par défaut d'hécastosie entrent dans la constitution des organes appendicu- laires, tandis que le central, mieux nourri, se compose à son tour comme le précédent, et par son évolution donne lieu à un mérithalle et à de nouveaux organes appendiculaires, et ainsi de suite (2). Le plus souvent, les phytogènes circulaires ou périphériques, moins bien nourris que le central, ont une évo- lution limitée et trés-circonscrite qui en fait des organes différents, surtout par la variété des défauts d'hécastosie, de l'axe qui continue à produire les phytogenes centraux successifs. Mais il peut arriver que des conditions spéciales puissent faire évoluer un (1) Phytogénie, p. 486 et 489. (2) Disons que cette composition du phytogàne, souvent fictive, se réalise toujours dans les végétaux dontles organes appendiculaires sont plus ou moins composés. SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. | 69 ou plusieurs des phytogènes circulaires, et alors au lieu d'évoluer en un organe appendiculaire, ils peuvent évoluer en organe axile, et c'est le cas que présentent parfois certaines étamines. Donc, pour moi, l'étamine serait un petit axe d'ori- gine appendiculaire comme dérivant d'un phytogène circulaire. (VoyezPhyto- génie, p. 307, où la théorie phytogénique de la formation de l'étamine est donnée, ) Cela posé, examinons l'hypothèse de sa transformation en pétale et celle de sa transformation en pistil et par suite en fleur. A. Comme phytogène circulaire d’un protophytogène-fleur, ce phytogène a une évolution nécessairement très-limitée. Dans quelques cas, il se compose une fois seulement, et ses phytogènes périphériques, évoluant ensemble par défaut d'hécastosie, donnent lieu à un organe plan qui n'est autre qu'un pétale, produit soit à la manière des feuilles de Monocotylédones (loc. cit. p. 111), soit à la maniére des feuilles opposées (p. 112), mais dont une des feuilles avorterait. Dans ce cas, le phytogène central avortant, on a un seul organe appendiculaire surmontant un petit axe plus ou moins dilaté représenté par l'onglet, et comme l'organe appendiculaire seul est apparent, les botanistes ont quelques droits à soutenir la nature appendiculaire de l'étamine. B. Mais il peut arriver que le phytogène circulaire d'un protophytogene- fleur soit suffisamment nourri et qu'alors il évolue à la manière d'un phytogène central. Dans ce cas, il se compose en un protophytogène dont les phytogènes circulaires évolueront en organes appendiculaires constituant les carpelles qui forment le pistil daus les Papaver et dont le support ou pédoncule sera un axe. C. Or, en admettant un excés de nutrition, de cet état à celui d'évolution qui en fait une fleur, la différence n'est pas si grande que tous les esprits ne puissent bien la concevoir. Dans ces conditions les botanistes sont en droit de dire que l'étamine appartient à l'ordre des organes axiles. Mais la vérité est que l'étamine doit être regardée comme un axe qui tire son origine d'un organe appendicu- laire, puisqu'il provient d'un phytogène périphérique ; et jusqu'à ce que l'on m'ait démontré, mieux qu'on n'a pu le faire, l'existence de ces prétendus bourgeons à l'aisselle d'une étamine, je crois être en droit, surtout d’après ce que je viens de dire, et en me basant sur une foule d'exemples que je ne puis reproduire ici. de soutenir que l'étamine s'est transformée en fleur dans les exemples que j'ai cités. D'ailleurs la théorie des axes est bien plus favo- rable à l'explication de la formation des étamines composées et formant cyclochorises comme dans les Hypericum et les Melaleuca, que l'idée qui consisterait à supposer qu'un bourgeon naît à l'aisselle d'une étamine pour produire l'étamine composée. Pour ce qui est des fleurs proliféres par développement de bourgeons latéraux axillaires que nous pouvons admettre sans inconvénients pour notre maniere de voir, elles se rapprochent en quelques points de nos fleurs 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. doubles anthodées, avec cette différence que dans les fleurs prolifères le phé- nomene d’anthosanthie n'est que partiel, tandis que dans les exemples de fleurs doubles anthodées que nous avons cités le phénoméne est général et se retrouve le méme dans tous les points de la périphérie de la fleur. La fleur prolifère ne serait qu'un acheminement vers la fleur double anthodée. Quoi qu'il en soit, les objections qui m'ont été faites ne me semblent. pas de nature à détruire les idées qui conduisent à la classification que j'ai proposée pour distinguer la nature des fleurs doub'es. M. Cornu fait à la Société la communication suivante : AFFINITÉ DES MYXOMYCÉTES ET DES CHYTRIDINÉES, par Wi. Max. CORNU. Amené, au milieu d'une autre série de recherches, à m'occuper incidem- ment des Chytridinées et de leur développement, j'ai cru trouver chez ces Champignons un ensemble de détails d'organisation qui se retrouvent chez les Myxomycétes. On peut ainsi rattacher ces derniers, productions ambigués à affinités incertaines jusqu'ici, au reste du règne végétal, et en particulier à plusieurs groupes élevés de la mycologie. Le fait caractéristique de l'histoire des Myxomycétes est l'absence de mem- brane pendant une partie de leur existence. Constitués par du plasma doué de mouvements contractiles, ils s'étalent en un lacis de filaments anastomosés, à l'aide desquels i's absorbent la substance nutritive du substratum poreux (tan, vieux bois), qu'ils imprègnent, pour ainsi dire. On appelle cet état, l'état de plasmodium. La membraue n'apparait qu'à l'époque de la reproduction. La masse entière se résout alors en uu nombre considérable de spores renfermée dans une enveloppe générale. Ces spores entrent en germination à l'aide de l'eau, et émettent des zoospores munies d'un cil unique et douées d'un mou- vement de reptation ainiboide. M. de Bary a été jusqu'à proposer de ranger les Myxomycétes dans le règne animal, sous le nom de Mycozoaires ou de Mycétozoaires. Les Chytridinées sont de véritables Champignons ; cela n'est pas contestable aujourd hui, et, parmi les plantes de ce groupe, on doit ranger certains para- sites des Saprolégniées pris par M. Pringsheim pour des organes sexuels de la plante nourricière (1). Ces parasites des Saprolégniées sont compris dans trois groupes, dont je forme trois genres nouveaux, parallèles à trois groupes de Chytridinées vivant sur des plantes aériennes. Le premier genre (Of/pidiopsis) correspond aux Olpidium de M. Al Braun. (4) Jahrbuech. fuer wiss. Bot. t. II. Une étude complète de ces parasites paraîtra dans quelques mois (Ann. des sc. nat, 5° série, t, XV). SÉANCE DU 22 JANVIER 1872. 74 Le deuxième genre (Rozėa, dédié à mon ami M. E. Roze) correspond à l'Olpidium simulans De By et Wor. Le troisième genre (Woronina, dédié à M. Woronine) correspond aux Synchytrium De By et Wor. Ces parasites passent une partie de leur existence à l’état plasmatique, dans l'intérieur des filaments, au milieu d'un autre plasma dont ils se nourrissent. Ce véritable plasmod ium présente, lorsqu'il s'entoure d'une membrane et dans certains cas, des mouvements lents mais réels. Les Synchytrium, ainsi que l'ont reconnu MM. de Bary et Woronine, restent, pendaut la moitié de leur développement en sporanges (c'est-à dire pendant sept jours), sans aucune sorte de membrane (1). Les zoospores n'ont qu'un cil unique, et sont douées du mouvement amiboide qui se retrouve chez un certain nombre d'autres espèces, | Les particularités qui viennent d'être citées permettent donc de rapprocher, ainsi que je l'ai dit, les Myxomycètes des Chytridinées, et par là de les ranger dans le vaste groupe de Champignons qui contient déjà des types très-diffé- rents les uns des autres. M. Eug. Fournier rappelle que M. Ém. Bescherelle a déjà dédié à M. Roze un genre de Mousses du Mexique, qui porte le nom de Rozea. M. Cosson présente à la Société quelques considérations sur la géographie botanique de la régence de Tripoli, comparée avec celle de l'Algérie et du Maroc. Plusieurs communications sont encore à l'ordre du jour, mais l'heure avancée oblige à les renvoyer à la prochaine séance. M. le Président, en énumérant ces communications, fait remarquer que, malgré les douloureux événements que notre pays vient de traverser, jamais les travaux parvenus à notre secrélariat n'ont élé aussi nom- breux qu'en ce moment. Il remercie de nouveau S. M. l'Empereur du Brésil, non-seulement de l'honneur insigne qu'il vient de faire à la Société en daignant prendre part à deux de ses séances, mais aussi de l'impulsion que l'intérét témoigné par lui à notre science a donnée aux travaux des botanistes francais. Avant de lever la séance, M. Bureau annonce une nouvelle présentation, et invite MM. les membres de la Société à passer dans une piéce voisine, oü l'on a disposé des échantillons de roches des (4) Comptes rendus de la Soc.des nat. à Fribourg en Brisgau, vol. III, livr, et trad, (Ann. sc. nat. 5° série, 1865, t. III, p. 239). 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. environs de Paris, faisant partie de la collection de M. le docteur Gustave Lelorain, laquelle est actuellement à vendre. M. Lelorain a fait parvenir au secrétariat, au sujet de cette col- lection, la note suivante : Cette collection a été commencée il y a une douzaine d'années ; elle est à peu prés identique à celle vendue à l'École Turgot (par l'entremise de M. le professeur Monmahout), attendu que les deux collections ont été faites paral- lèlement par M. Célin (qui a vendu la sienne à ladite École et qui vient de mourir) et par moi ; la mienne a l'avantage de pouvoir étre complétéé par moi et de renfermer, à chaque terrain ou portion de terrain, une série de fos- siles caractéristiques ; elle comprend cinquante boites, renfermant chacune neuf boites ou cuvettes (format de 10 1/2 centim. sur 8) ; elle a été calquée sur le tableau de Ch. d'Orbigny, mais on peut facilement y appliquer quel- ques légers changements, si l'on veut la mettre complétement au courant des idées de mon savant maitre, M. le professeur Hébert. Toutes les étiquettes de localités, avec remarques diverses, noms d'ouvriers, etc., et très-détaillées, datent de quatre ans passés. Il y a des lacunes pour quelques parties trés- éloignées de Paris, mais je pourrai trés-probablement les combler. Le nombre des échantillons, la plupart irréprochables et le plus souvent recucillis par mon ami M. Célin et par moi, peut atteindre environ cinq cents échautillons, y compris les fossiles. G. LELORAIN, rue Bertin-Poirée, 9. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. PRÉSIDENCE DE M. L'ABBE CHABOISSEAU, VICE-PRÉSIDENT. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procés-verbai de la séance du 22 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la séance précédente, M. le Président proclame l'admission de : M. Leroy-BEAULIEU (Anatole), rue Pigalle, 69, à Paris, présenté par MM. A. Passy et Gontier. i Après avoir énuméré les dons faits à la Société, M. Fournier donne lecture d’une note manuscrite de M. Renaudot, qui rend hommage au zèle courageux avec lequel MM. Pommier et Marvillet SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872, 73 ont pansé nos blessés sous le feu de l'ennemi, pendant la bataille de Beaune-la-Rolande (28 novembre 1870). M. Delondre, vice-secrétaire, donnelecture deslettres suivantes : LETTRE DE M. CORDIER. A M. le Secrétaire général de la Société botanique de France. El Alia (Maison-Carrée) prés Alger, 22 janvier 1879. Mon cher collégue, Je vous suis recounaissant de l'obligeance que vous avez eue de me faire tenir le bulletin de vote pour la nomination du président de notre Société, en méme temps que l'invitation d'indiquer au bas de ce bulletin la localité qui me semble préférable pour tenir la session extraordinaire de 1872. J'ai recu, en dernier lieu, le numéro du Moniteur universel qui rend compte de la séance que S. M. l'Empereur du Brésil a bien voulu honorer de sa pré- sence. J'avoue que j'aurais été flatté de me trouver, avec uu si grand nombre de mes collègues, assis sur les mêmes bancs qu'un prince qui témoigne tant de goût pour les arts et les sciences et qui semble avoir une prédilection pour celle que nous cultivons. Enfin, hier j'ai recu l'avis que vous avez la bonté de me donner de ma nomination aux fonctions de président de la Société botanique pour l'année 1872. C'est un grand honneur que la Société veut bien me faire ; veuillez, je vous prie, étre mon interprete prés d'elle et lui exprimer combien je suis touché de cet honneur. Les absences fort longues et assez fréquentes que je me permets, auraient dû détourner mes collègues de me donner leurs voix. C'est sans doute à mon âge avancé, et non à mes travaux scientifiques qui sont à peu prés nuls, que je dois ce témoignage de leur sympathie. C'était beau- coup pour moi d'avoir été appelé deux fois à la vice-présidence. Combien de membres beaucoup plus méritants que moi se seraient contenlés de cet honneur ! J'ai cru remarquer, en lisant le bulletin que vous m'avez adressé, que cha- que année, à la fin de la session extraordinaire, plusieurs membres expriment le désir que la session de l'année suivante soit tenue de préférence à tel ou tel endroit qu'ils désignent. La France a été explorée, pour ainsi dire, dans toutes ses parties les plus intéressantes sous le rapport de la botanique; il est deux régions cepen- dant qui, jusqu'à présent, n'ont pas été visitées par la Société: la Corse et l'Algérie. Il y aurait néanmoins de belles récoltes à faire dans ces contrées et probablement aussi un certain nombre d'espèces nouvelles à décrire. Je ne parlerai pas de la Corse que je ne connais pas, mais bien de l'Algérie. Quel beau pays ! quelle richesse de végétation pendantles cinq premiers mois 7h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de l’année ! Ici, la végétation marche si vite, que si vous attendez pour cueillir une fleur épanouie de la veille, huit jours après vous ne la retrouvez plus, la plante est en graine. Beaucoup de plantes de l'Algérie se retrouvent à la vé- rité sur le littoral méditerranéen de la France, mais combien d'espèces sont particulières à l'Afrique! Les Mousses, les Lichens et les Champignons y sont assez ráres, par contre les plantes phanérogames y ahondent de toutes parts. L'Algérie offrirait à nos collègues un ciel tout différent du nôtre, un pays délicienx, aujourd'hui des plus salubres ; ils y verraient des populations toutes diverses, dont les mœurs, les habitudes, la langue, le costume, différent es- sentiellement des nôtres. Les amateurs de zoologie y trouveraient des mammi- fères, des oiseaux, des poissons, des insectes également différeuts de ceux que nous connaissons. Les membres de la Société ne seraient pas abandonnés à leurs seules ressources sur la terre d'Afrique. Il y a en Algérie des hommes qui s'occupent de bo- tanique avec beaucoup de succès, lesquels se feraient un plaisir de les accom- paguer, de les guider dans leurs courses, et qui leur faciliteraient la détermi- nation des espèces. Parmi ces botanistes distingués, dont plusieurs font partie de notre Société, je citerai : MM. Durando, professeur à la Faculté de médecine, Letourneux, conseiller à la Cour d'appel, auquel nulle branche de l'histoire naturelle n'est étrangère, Bellot, professeur d'allemand au lycée, Caucière, inspecteur de l'Académie, Come, professeur au lycée, Bossu, juge au tribunal de premiere instance, Liron, interprète pour l'arabe au tribunal, Sipière, vétérinaire principal, Maupas, sous-bibliothécaire dela ville, qui s'est occupé surtout des Algues, Rivière, directeur du Jardin d'acclimatation, Pomel, ingénieur garde-mines, à Oran, j le docteur Reboud, aujourd'hui à Constantine, et d’autres sans doute que j'oublie. Si MM. Cosson et Kralik, qui connaissent si bien l'Algérie, faisaient partie de l'expédition, quels services ne rendraient-ils pas à nos collègues ! Arrivés à Alger, les membres de la Société, aprés avoir fait choix de leur centre de réunion, pourraient explorer la belle plaine de la Mitidja ; se diviser ensuite en trois fractions, dontl'une irait visiter la Kabylie, l'autre parcourrait l'Atlas et en le traversant pourrait ailer jusqu'aux confins du désert; la troi- sième, se dirigeant du côté d'Oran, pourrait pénétrer jusqu'aux confins du Maroc. Les grandes Compagnies de chemins de fer sont dans l'usage d'accorder SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872, 75 une remise de 50 pour 100 aux membres de la Société qui font partie de notre session extraordinaire : nous obtiendrions certainement la méme remise de la Compagnie des bateaux à vapeur qui font la traversée de Marseille à Alger. Nul doute que l'administration du chemin de fer algérien ne nous l'accordàt aussi. Ce chemin, qui va maintenant directement. jusqu'à Oran, offrirait un avan- tage aux personnes qui craignent les longs trajets sur mer. La traversée d'Oran à Carthagène se fait en douze à quatorze heures: de Carthagène à Paris le parcours peut se faire tout d'une traite ; mais je suppose que quelques membres de la Société voudraient s'arréter deux ou trois jours à Madrid, ne füt-ce que pour voir les monuments et les musées de cette capitale ; peut-étre aussi voudraient- ils visiter quelques villes d'Espagne. De Bavonne, le retour des membres se ferait avec la méme réduction de prix que pour l'aller, gràce à la libéralité de nos Compagnies francaises. Mais je m'aperçois que je. vous entretiens bien longtemps ; je mets fin à cette lettre en vous priant d'agréer les salutations tout affectueuses de votre bien dévoué, F.-S. CORDIER. LETTRE DE M. Émile BESCHERELLE. A M. le Président de la Société botanique de France. Versailles, 30 janvier 1872. Monsieur le Président, A l'occasion de la lecture du procès-verbal de la séance de lundi dernier qui aura lieu dans la séance du vendredi 9 février, permettez-moi de faire une observation. Le genre ROZEA, que voudrait fonder M. Cornu, ferait double emploi avec celui que j'ai créé il y a deux ans pour un groupe de Mousses exotiques. Je demande la priorité pour le mien, par la raison qu'il est mentionné dans le Bulletin de la Société botanique, t. XVII, p. 270. Si la diagnose n'est pas publiée, c'est qu'il n'a sans doute pas été possible à notre secrétaire général de la faire imprimer, car le texte des Mousses récoltées au Mexique par M. Bour- geau a été remis à la Société avant la séance du 24 juin 1870. Un autre motif est tiré de cette circonstance que les plantes du genre Aozea sont étiquetées sous ce nom dans les collections du Muséum d'histoire naturelle de Paris et dans celles des principaux bryologues auxquels je les ai communiquées. Veuillez agréer, etc. Ém. BESCHERELLE. M. Cornu dit qu'il se range volontiers aux observations présen- 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tées par MM. Eug. Fournier et Bescherelle, et qu'il modifie en Rozella le genre qu'il se proposait de dédier à M. Roze sous le nom de Rozea. M. Cosson rappelle que deux genres différents ont été dédiés à M. Durieu de Maisonneuve, sous les noms de Duriæa et de Riella. M. Duchartre dit que certains botanistes n'approuvent pas en principe la dédicace de plusieurs genres divers au méme per- sonnage, quelque différents que puissent étre les noms adoptés pour chacun de ces genres. Il cite pour exemple les genres suivants dédiés à Napoléon : Napoleona, Bonapartea et Calomeria (qui n'est que la forme grecque de Bonaparte). M. Cosson dit que l'inconvénient cesse quand les noms diffèrent entre eux aussi complétement que ceux-là. M. l'abbé Chaboisseau dit qu'il désapprouve les noms anagram- matiques formés par la transposition des lettres du nom primiti- vement adopté. Il cite, pour les blâmer, les noms fabriqués pour les sections du genre Filago. M. Cosson ne partage pas cette opinion. Il fait valoir la commo- dité que présentent aux savants des noms différents et cependant trés-analogues, tels que Gzfo/a, Logfia, Oglifa, en formant pour l'esprit un point de repère commun. M. Duchartre dit qu'au contraire ces noms trop analogues expo- sent les botanistes à confondre les genres qu'ils représentent. M. Cornu rappelle que jadis plusieurs savants, et notamment Berzelius, demandaient que l'on choisit, pour désigner les corps de tous les étres de la nature, des noms tout à fait en dehors de leurs propriétés. M. le Président annonce la perte bien regrettable que la science a faite dans la personne de MM. Crouan frères, dont l'un était mem- bre de notre Société, et qui sont décédés tous deux dansle courant de l'année qui vient de finir.—A cette occasion, M. Maurice Tardieu, vice-secrétaire, donne lecture de la lettre suivante et de la notice nécrologique qu'elle accompagne : LETTRE DE M. HESSE. A M. le Président de la Société botanique de France. : : Brest, 15 janvier 1872. Monsieur le Président, J'ai eu la douleur. de perdre successivement deux de mes amis, les frères SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 77 Crouan, qui faisaient, je crois, partie de votre Société. En vous notifiant leur décés, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien faire insérer la notice né- crologique ci-jointe dans le Bulletin de la Société botanique de France. Veuillez agréer, etc. E. HESSE, Officier de la Légion d'honneur, cfficier d'académie et membre de plusieurs So- ciétés savantes. LES FRÈRES CROUAN. La mort vient, hélas! de frapper successivement, et à un intervalle trop rapproché, deux savants botanistes, nos concitoyens, les deux fréres Crouan (Pierre et Hippolyte), que leurs travaux justement estimés ont placés dans les régions élevées de-la science. Issus d'une honorable famille d'industriels, ils recurent en naissant cette influence secréte qui est une révélation pour ceux qui en sont favorisés, et leur fait surmonter facilement les obstacles qui sont souvent infranchissables pour d'autres. A peu prés du même âge (1), ils parcoururent ensemble la même carrière, se firent recevoir pharmaciens à la suite de brillants examens, gérèrent eux- mêmes leur officine pendant un grand nombre d'années, puis la quittèrent en méme temps, afin de se consacrer plus entièrement à la calture de leur science favorite. C'est dans ces conditions exceptionnellement favorables, et sans lesquelles ils n'auraient certainement pu atteindre le but qu'ils s'étaient proposé, qu'ils entreprirent les nombreux travaux scientifiques qui leur ont acquis la réputa- tion méritée dont ils jouissent, et les ont mis en relation avec les savants de tous les points de l'Europe, parmi lesquels peu, surtout en phycologie, les ont dépassés. Doués d'une constitution robuste, marcheurs infatigables, ils parcoururent en toussens et en toutes saisons le département du Finistère, qui fut le prin- cipal champ de leurs explorations. Soldats intrépides de la science, ils ne reculèrent jamais devant le danger que présente l'intempérie des saisons, et les périls, encore plus redoutables, de l'élévation et de l'escarpement des rochers de nos cótes ; rien ne put modérer leur ardeur : aussi est-il peu probable qu'il reste encore quelque chose à glaner aprés d'aussi rudes et d'aussi habiles moissonneurs. Doués, à un degré presque égal, mais avec une aptitude différente, des qua- lités qui caractérisent les natures émérites, Crouan l'ainé avait l'esprit plus (4) Crouan (Pierre-Louis), naquit à Brest le 27 avril 1798, et y est mort le 19 no- vembre 1871. Crouan (Hippolyte-Marie), naquit dans la méme ville le 22 novembre 1802, et y est mort le 4 juin 1871. 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. calme, plus réfléchi, le coup d'œil prompt et sûr. Son frère, plus ardent, plus impressionnable, se laissait entraîner quelquefois por ses illusions, qu'il pre- nait pour la vérité ; mais les points douteux ou hasardés ne passaient pas ainsi sans contrôle; soigneusement examinés en commun et discutés avec patience, ils n'étaient acceptés que lorsque l'un et l'autre étaient d'accord ; et quand enfin la vérité apparaissait, qu'un pas de plus était fait ou une nouvelle découverte pour la science venait à être constatée, alors la joie des deux frères était d'autant plus complète qu'elle était partagée et qu'ils pouvaient goûter ensemble ce bonheur ignoré des profanes et que la science réserve seulement, comme récompense, à ses élus. La mort vint malheureusement mettre un terme à cette admirable asso- ciation. Mais elle arriva assez tard pour leur laisser le temps d'achever leurs travaux, comme ils le disent eux-mêmes avec une simplicité touchante dans la préface de leur Ælorule : « Nous remercions Dieu de nous avoir donné une » santé et une longévité qui nous aient permis de la terminer. » Les ouvrages laissés par les frères Crouan ne sont pas nombreux, mais ils ont une grande importance par la quantité et la nature des documents, la sûreté des observations et des synonymies qu'ils renferment, Le premier de ces ouvrages concerne les A/gues du Finistère. Il se com- pose de trois volumes répoudant aux trois grandes divisions dans lesquelles elles sont classées : les Fucoidées, les Floridées et les Zoospermées. Cette publication, ou plutót cette collection, car ce sont les plantes. elles- mémes qu'elle contient, présente le grand avantage de mettre les objets sous les yeux, de sorte qu'elle offre immediatement, au phycologue le moins habile, le moyen le plus sûr de ne pas se méprendre sur l'identité de la plante qu'il veut déterminer, et lui facilite ainsi considérablement un Lravail qui demande beaucoup de soins et d'expérience pour étre meué à bien. Le nombre des espèces contenues dans cet ouvrage est relativement con - sidérable, puisqu'ii comprend, pour le Finistère seulement, 4106 individus (et ce nombre a été dépassé depuis), tandis que le célèbre phycologue anglais Harvey n'a figuré, dans sa PAycologie britannique, que 384 espéces, pour tout le littoral de l'Angleterre, de l'Écosse et de l'Irlande, De plus, dans cet ouvrage, chaque plante est accompagnée d’une synonymie complète, puisée dans les ouvrages les plus récents et les plus estimés ; enfin il fait connaître les localités où l'on peut la rencontrer, Le deuxième ouvrage, la Florule du Finistère, est le complément nécessaire et indispensable du premier. 1l comprend, en effet, dans son ensemble toutes les plantes qui croissent dans le Finistère : les Cellulaires et les Vasculaires, et donne en outre la description de 300 nouvelles espèces de Sporogames ; enfin il contient trente-deux planches représentant l'erganographie, faite sur l'état vif et sous le microscope, des tissus et des frucufications de 198 genres d'Algues; et il est terminé par une planche supplémentaire, où sont figurés SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 79 vingt-quatre Champignons nouveaux, le tout formant un genera compléte- ment inédit. Toutes les plantes décrites dans cet ouvrage s'élèvent au nombre considé- rable de 4188 espèces, dont 3057 appartiennent aux Cryptogames. Nos savants phycologues ont eu l’heureuse idée de représenter, sur leur frontispice, des Algues marines groupées suivant les profondeurs qu’elles ha- bitent ; et, chose singulière, leur couleur varie en raison de ces profondeurs, qui modifient vraisemblablement l'action de la lumière. Ainsi celles qui se trouvent au bord du rivage qui découvre à chaque marée, les Fucées, sont géuéralement de couleur jaunâtre ou olive ; celles qui croissent dans la zone moyenne, telles que les Floridées, sont d'une covleur pourpre qui varie à l'infini suivant les espèces ; enfin celles qui ne découvrent jainais, ou seule- ment aux grandes marées, les Laminaires, les Chorda, sont d'une couleur brunátre. Non contents de tous ces travaux, les frères Crouan ont en outre com- posé un herbier complet et soigneusement classé de toutes les plantes que l'on rencontre dans notre département, et aussi de celles qui habitent toutes les parties du globe et qui leur ont été envoyées en échange par leurs nombreux correspondants. Enfin Crouan l'ainé joignait, à une connaissance approfondie des vézé- taux, des notions non moins étendues eu conchyliologie, qu'il a employées à réunir une collection de coquilles d'autant plus intéressante qu'elle forme un genera. Les habitudes d'ordre et d'économie qu'avaient nos regrettables savants leur avaient permis, quoique avec une modeste fortune, de satisfaire tous leurs goûts scientifiques : ils n'hésiterent jamais devant l'acquisition d'un ouvrage utile, quel qu'en fût le prix. Aussi ont-ils formé une bibliothèque qui contient les livres les plus rares, concernant leur spécialité, et ont-ils pu obtenir la satisfaction, si ambitionnée par ceux qui s'occupent de science, de publier leurs travaux. Ici se termine la tâche bien douce, mais aussi bien douloureuse, que l'a- mitié et l'estime que je professais pour ces aimables et modestes savants m'ont conseillé d'accomplir. Heureux ceux qui, comme moi, furent admis dans leur. intimité, dans leur paisible retraite, où sans bruit, sans éclat, sans ambition, on ne s'occupait que de science, et où s’accomplissaient ces travaux impor- tants dont je n'ai donné qu'un aperçu succinct, mais qui les placeront cer- tainement à côté des savants les plus distingués de notre époque et parmi les illustrations de notre département. E. HESSE. M. Cosson présente à la Société le travail suivant : 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DESCRIPTIO PLANTARUM NOVARUM IN ITINERE CYRENAICO A CL. ROHLFS DETECTARUM, auctore K&. COSSON. VIOLA SCORPIUROIDES Coss. Planta perennis, humilis, fruticulosa, caudice et basi ramorum lignosis cicatricosis cortice rimoso, ramis annotinis teretibus brevibus vel longius- culis erectis ascendentibus vel patenti- subdiffusis subherbaceis vel induratis pilis brevibus patentibus subdeflexis pubescentibus. Folia sub lente punctu- lata, iufra pallidiora glabra, supra saltem juvenilia ad marginem et secus ner- vos pubescentia, oblonga, inferiora obtusa, caetera acutiuscula, in petiolum longum contracta vel attenuata integra vel vix subsinuata. Stipulæ petiolo inferne adnatae et multoties breviores, parte libera lineari-lanceolata vel lineari-enfegra longe ciliata. Pedunculi axillares, foliis multo longiores, gra- ciles, erecti, supra medium bracteolis 2 minutis donati, recti, apice abrupte arcuato-deflexi. Sepala lanceolata, acuta, ciliata, infra insertionem in appen- dicem sepius truncatam eroso-dentatam producta. Petala lutea, post anthe- sim fuscescentia, calyce paulo longiora, ungue latissimo intus subbarbato, limbo brevi suborbiculato, in superioribus et lateralibus plano in inferiore compli- cato, superiora resupinato-ascendentia, lateralia et inferius deorsum versa ; calcar pallidum, crassum, obtusum, appendices sepalorum paulo excedens. Staminum appendix terminalis, ovato- triangularis. Ovarium ovato-subglobo- sum, glabrum. Stylus arcuato-subascendens, a basi ad apicem incrassatus ; stigma haud rostriforme cupulam terminalem styli obtinens. Capsula (immatura) ovato-subglobosa subtrigona, ca/ycem subæquans, glabra. In declivibus oropedii Cyrenaici ad 670 metr. florentem et. vix fructiferam detexit 9 Mart. 1869 cl. G. Rohlfs. V. scorpiuroides ad sectionem Nomimium DC. (Prodr. Y, 291) pertinet et juxta V. arborescentem L. collocanda a qua colore florum, limbo petalorum et multis aliis notis abunde differt. — V. arborea Forsk, (FL Æg.-Arab. Fl. Arab. fel. 120) in Yemen crescens, cum dubio a De Candolle ad varietatem serratifoliam V. arborescentis referta nobis descriptione Candolleana incom- pleta non satis nota. Fi ASTRAGALUS CYRENAICUS Coss. Planta perennis, pluricaulis, undique sericeo-hirsuta. Caules (non omnino evoluti) 2-3 decim. longi, crassi, erecti vel laterales ascendentes, inferne indu- rati stipulis emarcidis obtecti sed petiolorum vestigiis destituti, pilis molli- bus elongatis patentibus dense cano-villosi. Stipulæ tenuiter membranacez, pallide virentes, cito emarcide, inferiores ovato-lanceolatæ, superiores lan- ceolate vel lineari-lanceolatæ sensim. attenuate, ciliato-pilosæ, petiolo vix adnate, inter se libere. Folia sepius 2 decim. longa, petiolo longe sericeo- SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 81 hirsuto demum haud indurato marcescente et deciduo, 18-25- rarius 8-10- juga, foliolis suborbiculatis vel oblongo - suborbiculatis apice obtusis vel subretusis, supra glabrescentibus, subtus sericeo-hirsutis, junioribus sericeo- incanis, superioribus saepius alternis. Flores patuli, in racemos axillares subsessiles sub-1-floros laxiusculos approximatos fere totum caulem obti- nentes dispositi, breviter pedicellati, bibracteolati, bracteis tenuiter mem- branaceis linearibus apice attenuato - subulatis ciliato - pilosis calycem exce- dentibus, bracteolis conformibus tenuissimis calyce multoties brevioribus. Calyx 12-15 millim. longus, membranaceus, pallide luteolo-virens, longe sericeo-hirsutus pilis omnibus albis, £ubo tubuloso-campanulato , dentibus tubi longitudinem subtertiam æquantibus subæquilongis linearibus. Corolla pallide lutea, calyce duplo longior, vexillo obovato-vblongo inferne attenuato apice subretuso alis vix longiore, alis late oblongo-linearibus apice acutiusculis carinam obtusam longe excedentibus, ungue petalorum carina limbo lon- giore. Ovarium pubescenti-sericeum, oblongum, inferne in stipitem brevem attenuatum, superne in stylum multoties longiorem abiens, 13-14-ovulatum. Legumen ignotum. In oropedio Cyrenaico ad 650 metr. et ultra detexit et legit floriferum Mart. 1869 cl. G. Rohlfs. A. Cyrenaicus stipulis vix petiolo ima basi adnatis inter se liberis, floribus luteis in racemos axillares subsessiles paucifloros laxiusculos dispositis ad sub- seriem Christiani (DC. Prodr. II, 295) pertinet et ab omnibus speciebus hujus sectionis differre videtur quamvis fructibus haud suppetentibus ægre distinguendus. Caule sericeo-hirsuto pilis patentibus, petiolis demum. haud indurato-spinescentibus ad gregem A. Christiani L. referendus. Præsertim A. Græco Boiss, et Sprun. (in Boiss. Diagn. Or. ser. 4, 11, 57) affinis, a quo, fructu ignoto, tantum differre videtur indumento densiore, foliolis mi- noribus, florum racemis magis approximatis. Ab A. A/eppico Boiss. (Diagn. Or. ser. 1, 11, 58) differt indumenti pilis crebrioribus longioribus, petiolis demum non indurato-subpersistentibus, foliolis magis approximatis, floribus majoribus, alis carinam longe excedentibus, non subzequantibus. Ab A. Cilicico Boiss. ( Diagn. Or. ser. 1, r1, 59) differt pube densiore, foliolis minoribus sub- orbiculatis vel oblongo-suborbiculatis, non oblongis, bracteis calyce longio- ribus, racemis sub-7-floris, non brevissimis saepius 2-3-floris, calyce seri- ceo-hirsuto, non sparse piloso, carina dimidio breviore. — Ab A. Chris- tiano L. in Armenia (Tourn., Simon) et Cilicie montibus. Kassan-Oglu (Kotschy [1859] n. 126) differt indumento copiosiore, foliolis minoribus sepe subretusis, vexillo minus amplo oblongo-obovato apice subretuso, non late obovato profunde emarginato, carina sensim arcuata unguibus anguslio- ribus limbo longioribus, non limbo vix longioribus, ovario pubescenti-seri- ceo, non longe et dense villoso. T, 2i. (SÉANCES) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MALABAILA SUAVEOLENS Coss. herb. — Tordylium suaveolens Delie Fl. Eg. t. 63, f. 43. — Leiotulus Alezandrinus Ehrenb., e loc. nat. Ægypt. — Malabaila Sekakul Hcldr. in pl. Samarit. Æg. u. 3156 non Boiss. Planta biennis, undique pube brevi patente subcinereo tomentosa, radice fusiformi crassa. Caulis sæpius 3-20 centim. longus, erectas, medulla farctus, striato-subangulosus, superne ramosus, interdum a basi ramos nonnullos caulem subæquantes vel etiam superantes emittens, Folia inferiora breviter petiolata petiolo basi in vaginam amplexicaulem late dilatato, bipinnatisecta, 3-7-juga, ambitu ovato-triangularia, segmentis inferioribus subsessilibus sessi- libusve, /obis ovato- vel obovato-cuneatis inciso-pinnatifidis, lobulis tenuiter vel grosse dentatis ; superiora multo minora bipinnatisecta vel pinnati- secta, petiolo toto in: vaginam dilatato , lobis cuneiformibus basi saepe con- fluentibus grosse inæqualiterque inciso-dentatis. Umbellæ 4-7-radiatæ, radiis plus minus inæqualibus demum patentibus pubescenti-hirtis. /nvolucrum nullum. Involucella nulla vel 1-5-phylla, foliolis lineari-subsetaceis pedicellis brevioribus cito contortis et deciduis vel marcescenti-persistentibus. Petala lutea, nervo medio latissimo undique dorso dense longeque linato. Fructus pedicello gracili longior, suborbiculatus vel obovato-suborbiculatus, glaber, nitidus, subconcolor, apice emarginatus; ala incrassata opaca, mericarpio- rum parte inter vittam lateralem et nervum marginalem sita subpellucida ala sublatiore, valleculis univittatis, vittis subæquilongis vel inæquilongis ad tertiam partem. inferiorem mericarpii productis filiformibus exterioribus sepius latioribus; commissura glabra, bivittata. Stvlopodia breviter conica, infra basim stylorum in cupulam expansa, emarginatura breviora, stylis stylo- podio longioribus tenuibus deflexis, In planitie Cyrenaica littora i inter Bengasi et Schadabia (G. Rohlfs 9 Mart. 1869, florifera et fructifera). Iu Ægypto prope Alexandriam (Delile, Martins pater), in collibus siccis ad castrum Maxi prope Alexandriam (Samaritani 49 Mart. 1857, florifera et jam fructifera). ' M. suaveolens juxta M. Sekakul Boiss. (Diagn. Or. ser. 4. x, 42. — M. platyptera Boiss. in Ann. sc. nat. sér. 3, I, 336) collocanda a qua dif- fert caule evidentius striato-subangulato, petalis dorso longius et densius lanatis, et inprimis fructibus subtriplo vel subquadruplo amplioribus, — M. Numidica Coss. (in Bull. Soe. bot. IX, 297), planta liucusque tantum Al- geriensis in Planitiebus exce'sis provinciae Cirteusis visa, a M. suaveolente tan- tum differt caule elatiore et umbellis multiradiatis et forsan ejus varietas. ^ ANTHEMIS CYRENAICA Coss, Planta annua, pusilla, pube crispatula pubescenti-villosula, caulibns solitariis vel paucis, 7-12 centim. longis, erectis, simplicibus vel superue ramosis ramis erecto-patentibus, Folia pectinato-pinnatisecta vel bipinnatisecta, segmentis SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 83 distantibus linearibus acutis apice mucronatis, rachi integra haud dilatata. Pedunculi elongati, caulis longitudinem tertiam subæquantes, striati, post anthesim sub capitulo subincrassati. Zavolucri foliolis pluriseriatim imbri- catis scariosis nervo dorsali lato herbaceo, dorso margineque hirsuto-pilosis pilis longis crispis, exterioribus oblongo-lanceolatis acutis, mediis ob!ongis obtusis margine fimbriatis, interioribus oblongo-lanceolatis | navicularibus superne margine pilosis sensim in paleas abeuntibus. Receptaculum hemi- sphæricum, undique paleolatum. Palræ concavo-carinatæ, oblongm apice abrupte cuspidatæ, interiores infra cuspidem dentato-erosæ. Flosculi lutei, omnrs tubulosi, hermaphroditi ; fertiles, tubo compresso in flosculis exte- rioribus utrinque latissime alato, infra insertionem haud producto, limbo 5-dentato. Achænia (juvenilia) cyl/indraceo-obconica undique sub-10-costata costis laevibus, margine brevi membranaceo truncato coronata. In planitie Cyrenaica littorali inter Bengasi et Schadabia detexit cl. G. Rohlfs et legit floriferam et vix fructiferam 9 Mart. 1869. A. Cyrenaica juxta A. Ayalinam DC. abunde distinctam collocanda videtur. Habitu gracili et foliolorum involucri indole refert A. microspermam Boiss. et Kotschy(in Boiss. Diagn. Or. ser. 2, V, 108) in Ægypto inferiore versus Palæs- tinam (Kotschy [1855] n. 380) crescentem, sed eximie differt indumento non cinereo, capitulis flosculosis, non radiatis, receptaculo hemisphærico, non ova- to-subconico, paleis interioribus infra cuspidem erosis, non integris, achæniis margine brevi membranaceo coronatis, non calvis. FESTUCA (SCLEROPOA) ROHLFSIANA Coss. Planta humilis, annua, caulibus paucis vel solitariis, gracilibus, erectis, ad nodos flexuosis, superne longe nudis. Folia linearia, angusta, plana, glabra, superiora longe vaginantia; ligula elongata. Panicula oligostachya, rigida, subsecunda, ramis spiculis brevioribus crassis ériquetris inferioribus sepe spiculas 2-3 superioribus unicam gerentibus, interdum omnibus monosta- chyis. Spicule pro ratione plante majuscule, oblongæ inferne et superne angustiores, a lalere valde compresse, k-15-floræ, preter rachim et glu- mellarum inferiorum partem infimam glanduloso-pilosas glabri vel glabres- centes, breviter pedicellatæ pedicellis aequalis latitudinis. Glumæ subæquales, acutiusculæ, coucavo-carinate, flore contigno dimidia vel tertia parte bre- viores. Flores arcte imbricati, demum decidui. Glumella inferior concavo- navicularis acute carinata carina scabra, ovato-subrhombea, obtusiuscula vel subemarginata, mucronulata. Ovarium glabrum. Caryopsis oblonga, ventre concava et macula hilari abbreviata notata. In planitie Cyrenaica littorali inter Bengasi et Schadabia detexit et legit jam fructiferam 9 Mart. 1869 viator et perscrutator indefessus G. Rohlfs. Radice annua, spiculis breviter pediceltatis pedicellis crassis subtriquetris sulcatis æqualis latitudinis in paniculam rigidam dispositis, floribus obtusins 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. culis haud aristatis, glamella inferiore acute carinata, ovario glabro, caryopsi ventre concava et macula hilari abbreviata notata, planta ad subgenus Fes- tucæ Scleropoam pertinet. — Festucæ unioloidi Kunth (Poa Sicula Jacq. — Brizopyrum Siculum Link) spicularum fabrica, necnon pubescentia glandu- losa racheos et glumellarum inferiorum valde affinis, sed distincta spiculis pedicellatis sepe 2-3 in ramis panicula inferioribus, non omnibus sessilibus solitariis in spicam disticham dispositis, et carina glumellarum inferiorum acutiore. — Habitu et pubescentia glandulosa racheos et glumellarum refert F. Philisteam (Scleropoa Philistea Boiss. Diagn. Or. ser. 4, xir, 60) sed valde diversa floribus arcte imbricatis, glumellis inferioribus acute carinatis, non scarioso-marginatis. M. Delondre, vice-secrétaire, donne lecture de la lettre suivante : LETTRE DE M. Édouard ANDRÉ. A. M. le Président de la Société botanique de France. La Croix-Bléré (Indre-et-Loire), 20 janvier 1872. Monsieur le Président, Le temps qu'ont pris les élections de la Société à la séance du 12 janvier ne m'a pas permis de faire deux petites communications pour lesquelles je me proposais de demander quelques minutes d'attention à l'assemblée. La première se rapportait à la présentation d'un beau Lichen apporté ré- cemment des montagnes Rocheuses (Californie) par M. William Robinson, rédacteur en chef du journal The Garden à Londres, et dont il a bien voulu me remettre quelques échantillons. Ce Lichen est bien connu, sinon commun : c'est I' Evernia vulpina Ach. ou Cornicularia vulpina DC., assez répandu daus les régions alpines ou subalpines de l'Europe, et que l'on retrouve méme sur les collines de Killarney, en Irlande. Ce qui fait l'objet de ma présenta- tion d'aujourd'hui, à propos de ce Lichen, c'est l'intérét particulier qu'il pré- sente au point de vue ornemental dans les montagnes Rocheuses, oü M. Ro- binson l'a rencontré. Il y couvre souvent du haut en bas le tronc et les bran- ches de l’Abies nobilis Lindl. comme un vêtement, comme une chevelure d'or, lorsque le soleil de ces hautes régions resplendit de tous ses feux. Ainsi «qu'on peut le voir par l'échantillon de bois sec garni de Lichen que j'offre à la Société et qui est remarquable en ce qu'il porte un certain nombre d'apo- thécies, le développement de l’ Z'vernia vulpina dans l'Amérique du Nord est plus considérable que celui qu'on peut constater dans les échantillons pro- venant de nos montagnes d'Europe. Mais cette plante ne se trouve pas seulement sur le bois mort ; elle tapisse de ses franges dorées les branches en végétation et ne cesse qu'aux endroits où le feuillage de l’ Abies nobilis est compacte. On s'étonnerait tout d'abord de me voir employer le mot doré SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 85 quand on remarque en plein jour que le ton de ce Lichen est d’un jaune- soufre; mais, d’après M. Robinson, le soleil jouant sur les Sapins couverts de l’£vernia vulpina leur prête un ton d’or blanc qui produit de loin le plus curieux paysage qu'on puisse imaginer. C'est également dans ces parages que le méme voyageur a trouvé une quantité de beaux pieds du Darlingtonia californica Torrey, qu'il a rapportés vivants en Europe et que j'ai vus en parfaite santé dans les serres de M. Veitch à Londres, et de M. Linden à Bruxelles. Quand M. Robinson revint avec son Lichen, il en remit, en méme temps qu'à moi, un échantillon à M. Berkeley, le célèbre cryptogamiste anglais, qui rapporte à tort l'espèce au Z'orrera flavicans Ach., espèce qui faisait autre- fois partie du genre Cornicularia et qui se distingue à première vue de la nótre. Il n'a pas été difficile de rectifier cette dénomination donnée sans un examen attentif de la plante. En Suède et en Norvége, on emploie l Zvernéia vulpina pour teindre les étoffes de laine; et les Suédois, qui le nomment u/f-mossa (Mousse de loup), l'utilisent, avec un mélange de verre pilé et des restes d'animaux morts, pour empoisonner les loups. La seconde communication que j'avais à faire, etque j'appuie par l'envoi de l'objet de mon observation, se rapporte au fait suivant : Au mois de novembre dernier, en relevant chez moi un morceau de par- quet pour établir une cheminée dans mon cabinet, je trouvai, rampant sous les lames de chéne qui les recouvraient, delongs filaments, trés-gréles, blancs, avec des rudiments de feuilles. Ces tiges filiformes, dépourvues de chloro- phylle, atteignaient une longueur de 27,50 à 3 mètres. Je reconnus, avec un peu d'attention, qu'elles appartenaient au Convolvulus arvensis L., et en cherchant leur racine, je la trouvai sous le parquet, à deux ou trois mètres des murs extérieurs. Ayant interrogé le maitre macon qui faisait le travail, il m'affirma, ce qui est vrai, que le parquet avait remplacé, dans ce cabinet, un ancien carrelage il y a douze ans (en 1860). Voilà donc des plantes qui, privées de lumière et presque d'air, ont pen- dant DOUZE ANS et peut-étre beaucoup plus, poussé chaque année leurs tiges herbacées, et parcouru les différentes phases de végétation, sans fleurir il est vrai, mais sans paraître avoir rien perdu de leur vitalité première. J'ai laissé plusieurs de ces pieds sous le parquet restant, pour voir comment ils se com- porteront l'année prochaine. ' On a cité beaucoup de faits observés sur la longévité des graines et des bulbes, mais j'ignore si l'on a jamais fait connaitre des observations de ce genresur des plantes vivantes repoussant si longtemps dans une compléte obscurité. MM. Germain de Saint-Pierre et Eug. Fournier, entre les mains de qui j’ai 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. remis et Lichen et tigesdu Liseron, ont bien voulu se charger de les présenter à l'assemblée dans la prochaine séance. Je les prie d'agréer mes remerciments. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture des communications suivantes, adressées à la Société : DE QUELQUES RECHERCHES DE SYNONYMIE (suite) (1), par MI. D. CLOS. (Toulouse, 24 janvier 1872.) L Des Pourpiers d'ornement. On trouve dans tous les jardins de jolis Pourpiers aux fleurs rouges, jaunes ou méme à corolles multicolores, mais sur la dénomination desquels la plus grande diversité règne dans les livres de botanique descriptive. Ouvrez le tome J du grand ouvrage sur les Phanérogames de M. Spach, et vous n'y trouverez signalé comme Pourpier d'ornement (p. 226) que le Portulaca Gilliesii; tandis que dans leur Flore des jardins et des champs (p. 634), MM. Decaisne et Le Maout ne mentionnent que le P. grandiflora (2); et cet exemple est suivi dans le Nouveau Jardinier illustré de M. Hérincq, qui dit le P. grandiflora © ou Z, et qui lui assigne de nombreuses variétés dont une (P. Thellussoni) se distingue par ses tiges étalées, rougeâtres, ses feuilles cylindriques. Quant au Zon Jardinier, qui rapporte aussile P. Thel- lussoni comme variété à fleurs d'un rouge cocciné au P. grandiflora, il in- scrit comme espèces les P. grandiflora et Gilliesii, les fleurs du P. Gilliesii différant de celles de son congénére par l'absence de pentagone blanc: ce méme sentiment a été suivi par M. Duchartre dans le Dictionnaire universel d'histoire naturelle ; seulement le P. grandiflora y est donné comme annuel et le P. Gi/liesii comme vivace. Enfin, dans le Repertorium de Walpers (t. II, p. 23^), dans le Synopsis de Dietrich (t. III, p. 24) et dans le Manuel général des plantes de Jac- ques et Hérincq (t. I, pp. 692 et 693), figurent comme espèces P. Thellussont, Gilliesit, yrandiflora, ces deux derniers signalés dans le Manuel comme vivaces, tandis que le premier serait anpuel. Quant aux caractères morpho- logiques, comparatifs et distinctifs, ils ne sont pas donnés avec la précision désirable. MM. Decaisne et Naudin disent que le P. grandiflora est vivace, mais traité comme annuel dans nos jardins. Colla, dans son //lustrazione della (4) Voyez le Bulletin, t. X, pp. 99-10^ ; t. XVIIL, pp. 123-427. (2) C'est la seule espèce aussi qu'admettent MM. Decaisne et Naudin dans leur récente publication : Manuel de l'amateur des jardins, t. Wl, p. 458, où le P. Thellussoni est rapporté à titre de variété au P. grandiflora. La variété à fleurs doubles du P. Thellus- soni est figurée dans la Revue horticole, 4° série, t. 1, f. 4, SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872, 87 Portulaca Gilliesit, p. 3 (en note), ne voit dans le P. grandiflora qu'une variété du P .Gilliesii, écrivant « senza parlare della P. grandiflora che io credo esser una sola varietà » (in Mem. dell" Accadem. delle scienze di Torino, sér. 2, t. V, pp. 367 et suiv. ). En 1853 et 1854, M. de Schlechtendahl a cherché à débrouiller un peu ce chaos ; mais après avoir fait l'histoire de ces plantes et discuté leur synonymie (in Botan. Zeitung, 41° année, pp.691 et 915; 12° année, pp. 806 et suiv.), il ajoute : « Au reste les deux plantes (P. grandiflora et P. Gilliesi?) sont trés-semblables, ne différant que par un involucre plus développé chez le premier, dont les fleurs n'atteignent pas non plus la grandeur de celles du P. Thellussont. » II. Sur le Polygonum eymosum. Dès 1824, Treviranus décrivait sous ce nom une espèce voisine du P. ta- taricum, mais plus grande, vivace et munie d'akénes sans dentelures aux angles (1) (Delect. sem. hort. Vratisl. et Linnæa, t. M, p. 96). Cinq ans après, Desfontaines donnait aussi la diagnose d'une espéce désignée par lui sous le méme nom et qui ne paraît pas différer de celle de Treviranus (Cat. hort. Paris. 3° éd. p. 389). Il est étrange de voir M. Spach (Vég. phanér. t. X, p. 541) et M. Meissner (in DC. Prodr. t. XIV, p. 444), qui l'un et l'autre admet- tent un Fagopyrum cymosum, ne pas mentionner en synonyme la plante de Desfontaines. Steudel (Nom. bot. p. 375) considère les deux plantes comme différentes, et il rapporte le P. cymosum Trevir. en synonyme au P. aculeatum Lehm. Et, en effet, la justice voudrait peut-être que ce der- nier nom prévalüt, car c'est dans le catalogue des graines du jardin de Ham- bourg que Lehmann, en 1820, proposa la plante sous cette derniere déno- mination. C’est, du reste, la seule espèce du genre Fagopyrum qui soit vivace. Dans le tome II du Manuel général des plantes, p. 732, figure comme espèce le Fagopyrum cymosum Meissn. (Polygonum cymosum Trevir.) avec cette in- dication : « Introduit en 1537, Népaul. » Mais si, comme nous le croyons, l'espéce de Desfontaines ne differe pas de celle de Treviranus, la plante existe- rait en France depuis 1529. Elle est culiivée dans plusieurs jardins botaui- ques, et c'est ce qui m'a déterminé à en discuter la synonymie. III. De l'Amarantus curvifolias, Ce nom figure sur beaucoup de catalcgues de jardins botaniques; il a pour synonyme À. recurvatus de Desfontaines; mais ce savant seul, en le décri- (4) Foliis cordato-hasiatis, caule erecto inermi, seminum acutorum angulis æqualibus, floribus cymosis. Nepalia. 85 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vant, ne se faisait pas illusion sur l'illégitimité de cette Amarante à titre d'es- péce, car il ajoute : mihi omnino videtur monstruositas Amaranthi hybridi Linn. C'est à bon droit que Moquin-Tandon a rapporté, comme variété, PA. curvifolius à V A. retroflézus (in DC. Prodr. t. XII, p. 258), car au Jardin- des-plantes de Toulouse, nous avons vu la plante perdre, peu à peu ses caraciéres pour rentrer daus le type. D. Dietrich (Synopsis plant. L I, p. 863)signale un Amarantus curvifolius Spr. d'origine inconnue, aux feuilles oblongues-lancéolées, cuspidées, sinuées- crénelées. Est-ce une plante différente de la précédente? Elle est inscrite à titre d’espèce annuelle au Vomenclator botanicus de Steudel et comme ori- ginaire du Caucase, IV. Du Teucrium myrtifolium. On cultive dans l'École de botanique du Jardin-des-plantes de Toulouse une espèce de Teucrium frutescent que j'ai cru pouvoir rapporter au T. myrtifolium Hort. par., inscrit au Tableau de l'École de botanique de Paris, en 1804, p. 58, décrit par Poiret. dans le Dictionnaire de botanique de l Encyclopédie, suppl. p. 766, figurant encore avec diagnose dans le Ca- talogus plantarum Horti regii parisiensis de Desfontaines en 1829, 3° éd. pp. 97 et 394, dans le Synopsis de Dietrich, t. IH, p. 470, dans le Nomen- clator de Steudel ; mais omis par M. Bentham dans sa révision des Teucrium du Prodromus de De Candolle, t. XII. Desfontaines, comparant le 7. myrti- folium au T. Marum, ajoute: « an non varietas? » Mais ce sont deux espéces bien distinctes, le premier différant du second par ses tiges plus fortes, plus ligneuses, par ses feuilles plus grandes, vertes en dessus. V. Bes Sarothamnus Carlierus et Jaubertus. En 1848, M. le D' Companyo, dont la science déplore la perte récente, décrivait et figurait dans le septiéme volume de la Société agricole, scienti- fique et littéraire des Pyrénées-Orientales (pp. 313-320) deux Légumineuses considérées par lui comme espéces nouvelles, sous les noms de Sarothamnus Carlierus (tab. v1) et S. Jaubertus (tab. vir), et croissant, la première sur le plateau de Reglella prés d'Ille, et la seconde dans la contrée d'Oms et de Llauro (Pyr.-Orient.). Le Sarothamnus Carlierus n'est autre que le S. arboreus Webb, décrit longtemps auparavant par son auteur (Ker hispan. p. 52); et le S. Jaubertus me parait pouvoir serapporter au Genista candicans L. M. Com- panyo, tout en reconnaissant cette affinité, distingue de ce dernier son Saro- thamnus Jaubertus par sa tige cylindrique et non cannelée, par les feuilles ternées et pointues et non obovales, parles fleurs petites, d'un beau jaune d'or et disposées en ombelle à l'extrémité des, rameaux. Il suffit de comparer plusieurs échantillons de Genista candicans, pour reconnaitre que la forme SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 89 obovale des feuilles se modifie parfois et devient elliptique : j'ai sous les yeux des spécimens recueillis à Banyuls-sur-Mer (Pyr.-Or.), qui montrent presque toutes les fleurs terminant les rameaux en forme de petites ombelles. Reste le caractere des stries des tiges, qui ne me semble pas avoir une grande valeur. Ayant vainement cherché dans les ouvrages de phytographie moderne les deux noms proposés par M. Companyo, j'ai cru devoir les rappeler en vue de la synonymie. DES NOMS VENDÉENS DE DIVERSES PLANTES ET EN PARTICULIER DE LA BARDANR, USAGE DE CETTE DERNIÈRE CONTRE LES MORSURES DE SERPENTS, pr M. Ambroise VIAUD-GRAND-MARAIS. (Nantes, 24 janvier 1872.) Dans le numéro d'aoüt à décembre 1870 de la Revue bibliographique de notre Bulletin, se trouve un compte rendu du Dictionnaire franco-normand de M. G. Métivier, où un certain nombre de plantes sont indiquées avec le nom qu'elles portent à Guernesey. Ainsi le Typha latifoliase dit en dialecte guernesiais pavie, mot relié par l'auteur au gaëlique pab, poil laineux, en latin pappus; pavte, toujours d’après M. Métivier, correspondrait au vendéén pava ayant la méme signification. Je n'ai jamais recueilli ce mot pava, ce qui ne veut nullement dire qu'il ne soit pas employé dans certaines localités de la Vendée ou des Deux-Sévres, car notre patois se modifie considérablement d'un canton à un autre (1). Les noms vulgaires du Typha les plus en usage sont ceux de massette (petite masse) et surtout de quenouille. A Guernesey, dit toujours M. Métivier, la Bardane est appelée bo&illas, du bas-breton bouillas, bouton. Une note placée par M. Fournier au bas de la page 150, ajoute : « Profitons de l'occasion pour signaler que, d'apres le té- moignage digne de foi d'un médecin des environs de Briare, le suc de Bar- dane pilée est trés-efficace contre la morsure de la vipère. Il a sauvé plusieurs malades par ce moyen. » Dans une grande partie de la Vendée et du pays nantais, les Bardanes (Lappa minor DC., la plus abondante, et Lappa major Gærtn., commune dans le Marais vendéen, mais plus rare dans la Loire-Inférieure) portent le nom de bouillon et aussi bouillon-noir, mots évidemment de même origine que boäillas. Ces plantes sont aussi nommées, suivant les localités : narpron ou nap- peron, à cause de leurs larges feuilles; poisse, parce que leurs fruits s'atta- chent aux vêtements et les poissent; gratteron, les folioles de leurs involucres (1) D'après M. Éd. Dufour, le mot pava servirait, dans certaines localités, à désigner les Iris Pseudacorus et les Sparganium que l'on coupe pour orner les rues le jour de la Féte-Dieu. 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. étant terminées en hamecons crochus, et méme glouteron. Rabelais les appelle glateron. Leurs fruits sont nommés, suivant les localités : poires de vallée, poires angoizes, pères de chian (poires de chien), etc. Le mot bouillon a failli plusieurs fois me donner le change. Le trouvant indiqué dans certaines formules de guérisseurs, j'avais cru d'abord devoir le rapporter au Verbascum Thapsus Schrad. (vulg. Bouillon-blanc), considéré aussi comme spécifique des morsures envenimées. L'erreur était d'autant plus facile que les paysans d'Aigrefeuile, entre autres, appellent molènes les Lappa. Pour eux, le suc des larges feuilles des Zappa constitue la véritable panacée du venin. Ils vous racontent, comme fait indiscutable, bien qu'ils ne puissent en citer les témoins, qu'une belette en lutte avec un aspic aurait été vue se frottant aprés chaque coup de croc sur un pied de molène. Grâce à ce pré- servatif, elle revenait à la charge avec une nouvelle rage. Un spectateur ayant arraché la précieuse plante, la belette mordue en aurait vainement cherché une autre et serait morte du venin. C'est la vieille légende de Pline (Hist. nat. |. VIII, ch. xti, 27) avec des noms de plantes différentes : Testudo cu- nile, quam bubulam vocant, pastu, vires contra serpentes refovet ; mustela rutæ, in murium venatu cum tis dimicatione conserta. La Bardane, les Galium (verum e cruciatum surtout), ainsi que le Frêne, forment la base de la plupart des remèdes populaires contre les venins. Ils sont employés écrasés sur les plaies et sont aussi donnés à l'intérieur sous forme de macération vineuse, Comme remèdes externes, ils sont sans valeur et ce n'est pas le cas de discuter ici le pourquoi. Disons toutefois que les échidnines résistent aux réactifs les plus puissants, et que le seul traitement immédiat à employer sur la piqüre consiste à extraire le venin par la succion ou à empêcher son absorption à l'aide d'un caustique, de l'acide phénique par exemple. Quant à leur action interne, je serai moins affirmatif. Les formules des guérisseurs donnent certainement de meilleurs résultats que les ammoniacaux auxquels certains médecins restent encore fidèles, mais le succès de ces re- médes doit être attribué en grande partie au vin qui entre dans leur composi- tion. La Bardane n'en est pas moins un excellent dépuratif, et le meilleur peut-être que nous possédions parmi les plantes iudigènes contre certaines affections de la peau. | Voici quelques autres noms vulzaires de plantes usités en Vendée :. Le Primula acaulis s'appelle hozanne, parce qu'il fleurit à l'époque des Rameaux (Dimanche des hozannes et des palmes), de même que la Pâque- rette tire son nom de Pâques, et que les Orchis sont dits pentecôtes. Dans hozanne, lh n'est point aspirée et la liaison se fait au pluriel avec l'article. Les Vendéens disent par corruption Jes jozannes (Challans), mot qui, aux environs de Nantes, se transforme en juzannes, joannes, et même suzannes. Le Lotus corniculatus a comme synonyme à Challans le mot de £i/fauges et à Saint-Gervais celui d'eguivoge. Ce mot tiffauges est d'autant plus curieux SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 91 qu'une localité de ce nom, fort connue par son vieux château, ses délicieux sites et ses souvenirs historiques, existe au Bocage vendéen. A Noirmoutier les Salicornes s'appellent baisses et l’Atriplex portulacoides porusseau. Le Suæda fruticosa est nommé sart, et a servi, avec un peu de paille, à la nourriture des bestiaux pendant le rude hiver de 1870-1871. Beau- coup de lais de mer lui doivent le nom de Sartière, qui est resté à plusieurs propriétés du Marais de Bouin et de Beauvoir. Le Rubia peregrina conserve sa forme latine à Noirmoutier, où on le dé- signe sous le nom de rube, et ailleurs où on le connaît sous celui de roube. Presque partout, dans l'ouest, on le nomme aussi prend-main, et il passe pour avoir une grande action sur le sang. Je l'ai administré, non sans succès ap- parent, contre certains cas de pléthore. Le Trifolium repens est dit à Saint-Gervais rot de cailles ou rez de cailles (pour arréte- caille). Les Spiranthes estivalis et autumnalis sont appelés, à cause de leur in- florescence en spirale, herbes de la détourne, et une vieille croyance bretonne l?s accuse de faire perdre le chemin à qui les froisse du pied dans la lande. M. le comte Jaubert dit qu'en Berry le Typha est appelé pavet. M. Roze fait à la Société la communication suivante : DE LA FÉCONDATION CHEZ LES CRYPTOGAMES SUPÉRIEURES, ET EN PARTICULIER CHEZ LES SPHAIGNES, par MI. E. ROZE. I Dans une communication précédente (1), j'aidit quelques mots à la Société sur les Myxomycétes, ces êtres dont l'organisation est si simple qu'ils n’exis - tent à l'état cellulaire proprement dit que dans leur période fructifère, et que l'on voit naître, vivre, croître et se développer à l'état complétement plasmique. J'ai cru toutef is pouvoir admettre que ces étres n'eu étaient pas moins des végétaux, mais qu'ils nous faisaient connaitre par cela méme que tout végétal, quel qu'il soit, a pour base essenticlle de son existence, le développement d'un plasma qui lui est propre et qui se comporte au sein des cellules qu'il a lui- méme formées comme le plasmodium nu des Myxomycètes. Cette opinion n'est peut-étre pas. nouvelle en elle-méme, mais elle est encore si peu répandue qu'il me semble intéressant de la prendre en grande considération. En effet, si cette analogie est admise, il en résultera nécessairement que toutes les fonctions végétatives trouveront leur raison d'étre daus le róle spé- cial que doit jouer le p/asma pour chacune de ces fonctions. La respiration et la nutrition y trouveront, si je ne me trompe, de nouvelles explicatious fondées (1) Voyez plus haut, p. 29. 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur la faculté, dont le plasma se trouve doué, d'absorber diversement les gaz ou les liquides sous action variée de la lumière et de la chaleur. Mais qu’en déduirons-nous quant aux fonctions de reproduction, soit gemmipare, soit sexuée ? Il est à remarquer que la reproduction gemmipare n'a lieu qu'au moyen d'organes particuliers (gemmes, bourgeons, bulbilles, etc.) émanant du vé- gétal parfait et non rudimentaire, comme si le plasma des gemmes ou bour- geons devait être lentement élaboré par celui de toute la plante, afin de con- centrer en lui toutes les facultés vitales qu'il pourra ensuite développer peu à peu. Les zoospores des Algues ou des Saprolégniées nous montrent ce plasma dans son état le plus simple; les conidies des Champignons, les gemmules des Characées, des Muscinées et des Fougères, nous le présentent sous la forme uni- ou pluricellulaire ; enfin, les bourgeons des Phanérogames nous l'offrent dans son état le plus complet. Malgré tout, qu'il soit privé de mem- brane, ou renfermé dans une ou plusieurs cellules, c’est toujours le plasma qui seul est ici le germe du nouvel être : or, n'est-il pas remarquable que, méme chez les végétaux les mieux organisés, ce plasmu initial ait, au moyen du bulbe ou du bourgeon, la faculté de reproduire tout entière la plante qui lui a donné naissance? On sent que nous arrivons ici à la limite de nos con- naissances, à la puissance organisatrice que possèdent les molécules plasmiques. Quant à la reproduction sexuée, elle se différenciera trés-simplement de la reproduction gemmipare, car si un plasma unique suffit à effectuer la repro- duction gemimipare, deux plasma bien distincts, élaborés séparément, seront nécessaires pour assurer la reproduction sexuée : en d’autres termes, cette reproduction résultera de la formation d’un germe plus complexe qui nécessi- tera pour point de départ l’uniou de deux plasma très-différents l'un de l'autre, savoir; le plasma mâle et le plasma femelle. Tout ce que nous savons aujourd'hui ne nous laisse aucun doutesur ce point, et quelque mode de fécon- dation que ce soit, copulation de zoospores, conjugation, pénétration d'anthé- rozoides daus les archégones, soudure du boyau pollinique au sac embryon- naire, il s'agit toujours d'un rapprochement à faciliter, d'une union à effectuer entre le p/asma mále et le plasma femelle (1). Il sera seulement intéressant de (4) L'acte fécondateur dans les Phanérogames est encore peu connu, quant à son point essentiel, Les physiologistes allemands admettent une diffusion du plasma à travers la double membrane résultant de l'accolement du tube pollinique au sac embryonnaire. Cette opinion me parait discutable, car je ne pense pas qu'on s'explique facilement la possibilité d'une diffusion par ce méme point de contact dont l'épaississement ne peut que nuire au phénoméne. Il me parait aussi devoir en étre de méme de l'explication que donne M, de Bary de la fécondation par approche chez les Péronosporées, Il y a certai- nement là une question à élucider, d'autant qu'il s'agit d'organes dont la difficulté de pré- paration ne laisse pas que d'en rendre l'étude problématique. Mais il serait singulier que le mélange plasmique qui se voit nettement chez les Saprolégniées, cessát d'avoir lieu chez les Péronosporées. Dans tous les cas, l'opinion de la diffusion ne paraît-elle pas déjà résulter de la nécessité du rapprochement des deux plasma mâle et femelle ? SÉANCE DU Ð FÉVRIER 1872. 93 noter que relativement à l'élaboration de ces deux plasma, pour une raison qui nous est encore totalement inconnue, tantôt un seul individu suffit à l'effectuer (monccie), tantôt elle nécessite deux individus différents (dicecie). En résumé, le plasma étant considéré comme la partie essentiellement vitale des végétaux, la reproduction gemmipare s'effectue au moyen d'un seul plasma élaboré ad hoc, tandis que la reproduction sexuée n'a, lieu qu'après l'union intime de deux plasma distincts, élaborés séparément, et constituant, pour le plasma femelle, la gonosphérie ou globule germinatif, et pour le plasma mâle, soit le contenu non motile des anthéridies (Conjuguées, Sapro- légniées) ou du boyau pollinique (Phanérogames), soit les anthérozoides, c'est-à-dire un plasma qui, dans certains cas inerte bien qu'aquatique (Floridées), est d'ordinaire doué d'organes moteurs pour la progression dans l'eau. D'oü il résulte que le mouvement n'est pas nécessaire pour l'acte fécon- dateur, et que l'on peut dire que l’anthérozoïde n'est doué de motilité que pour se rapprocher de la gonosphérie. Ceci me paraît assez généralement admis, mais il v a divergence d'opinion sur la maniére dont s'effectue l'union de l'anthérozoide et de la gonosphérie. Ainsi, dans ses beaux travaux sur la fécondation des Fucus, M. G. Thuret a constaté que l'anthérozoide s'appliquait sur la gonosphérie, mais n'y pénétrait pas, ne s'enfoncait pas dans son intérieur. M. Cohn a décrit le phénomène de la méme facon chez le Sphæroplea. M. de Bary, sans admettre la pénétration, dit que chez l'Œdogonium il y a plutôt fusion de l'un avec l'autre. M. Prings- heim, au contraire, affirme que chez les Fucus il y a pénétration. Or il ne s'agit encore que des anthérozoides des Algnes. On concoit que les opinions peuvent étre autrement partagées sur le mode de fusion ou de péné- tration des anthérozoides des Cryptogames supérieures, oü l'observation est de beaucoup plus difficile, alors surtout qu'on est loin d'étre d'accord sur la structure normale des anthérozoides. D’après les résultats obtenus en étudiant ces corpuscules fécondateurs dans les différentes classes de Cryptogames, j'ai été frappé d'un fait, c'est que si l'on tient compte, sur l'anthérozoide des Algues, de ceci, qu'il est composé de deux parties, l'une qui sera l'appareil ciliaire, l'autre le plasma proprement dit, dont une propriété spéciale, facile à observer, sera d'absorber l'eau peu à peu aprés le mouvement,on pourra constater que ces deux parties assez distinctes, appareil moteur et plasma propre, se retrouvent sur tous les anthérozoides des autres classes de Cryptogames. Schacht, quia publié en 1864 un mémoire intéressant sur les Spermato- zoides dans le règne végétal, professait cette opinion, que l’anthérozoïde est un corpuscule plasmique, constitué par une cellule qui est composée des mémes éléments que ceux du contenu du tube pollinique. C'était dire que le corpuscule tout entier, appareil moteur et plasma proprement dit, constitue l'élément fécondateur. 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans l’hypothèse que j'avais présentée et à laquelle je demande la permis- sion de ne pas renoncer encore, je disais, en faisant abstraction de l'ap- pareil moteur de l'anthérozoide, que l'élément fécondateur me semble être plus particulierement représenté par la vésicule plasmique qui existe chez tous les anthérozoïdes. J'avais d'abord attribué plus spécialement aux granules amylacés que J'y signalais une importance qui m'a paru moindre depuis que je me suis assuré que ces granules étaient toujours eux-mêmes enveloppés de plasma. Or une troisième opinion s'est produite, d’après laquelle le rôle du plasma plus ou moins vésiculiforme de l'authérozoide serait tout à fait nul, l'appareil moteur étant en méme temps l'unique agent fécondateur. Voilà donc les trois opinions en présence: le tout, ou bien l'une ou l'autre partie. Je vais me contenter de résumer brièvement les idées des observateurs qui regardent l'appareil moteur comme devant suffire dans la fécondation. 4° M. Hanstein, à propos de la fécondation du Marsilia, en 1865 (1), s'exprime ainsi : « Le spermatozoide nage rapidement, dans une rotation con- tinue, perd son saccule amylacé, le plus souvent dans le inucus de la macro- spore, et se glisse sans lui dans le micropyle (canal de l'archégone). » A pro- pos du Pilularia, en 1866 (2), il dit qu'il regarde le saccule amylacé comme faisant partie intégrante du spermatozoïde ; mais, qu'en sortant de sa cellule-mère, celui-ci se déroule et perd alors son saccule amylacé. 2° M. Strasburger, en 1868 (3), dans ses recherches sur la fécondation des Pteris serrulata et Ceratopteris thalictroides, dit en propres termes : « La plupart des spermatozoides ont, depuis longtemps déjà, perdu leur appendice vésiculaire avant méme de s'approcher de l’archégone ; d'autres qui l'ont. con- servé l'abandonuent alors dans le mucilage ambiant ; aucun d'eux ne l'entratne avec lui à l'intérieur de l'archégone. » Entre autres observations relatives au Ceratopteris, il dit avoir vu « six spermatozoïdes qui, récemment sortis de l'anthéridie, avaient pénétré dans l'archégone, tandís qu'un pareil nombre de vésicules appendiculaires étaient demeurées à l'orifice du col engagées dans le mucilage excrété » (circonstance d'autant plus remarquable que d'a- prés M. Strasburger, ce mucilage, dans cette Fougére, se dissout beaucoup plus rapidement que celui du Pteris serrulata). Le méme observateur, dans un mémoire qui fait suite à celui-ci (4) et dans lequel il cherche à établir que le mucus archégonial est nécessaire pour (4) Pringsheim's Jahrbuecher fuer wissenschaftliche Botanik, t. IV, p. 497 (Bull. de la Soc. bot. Revue bibl. t. XIL, p. 113). (2) Pilulariæ globuliferæ generatio cum Marsilia comparata (Bull. Soc. bol, Revue bibl. t. Xlll, p. 275). 3) Ann. des sc, nat. 5° série, t. TX, p. 227, 2 (4) Sur le mécanisme de la fécondation chez les plantes cryptogames acrogènes (Ann. des sc. nat. 5° série, t. X, p. 326). SÉANCE DU 9 FÉVRIER !572, 95 l'introduction des anthérozoides dans l'archégone, s'exprime encore de cette facon : «Je dois cependant ajouter ici que le spermatozoïde perd toujours la vésicule attachée à sa partie postérieure avant son entrée dans l'organe sexuel femelle, d’où il résulte que cette vésicule ne saurait jouer le moindre rôle dans la fécondation. » 3° D'après M. Millardet (1), l'anthérozoide se formerait dans sa cellule- mere de telle facon que la spire ciliée se développerait autour de la vésicule elle-même : dès lors, si le développement du filament spiral est complet, lors- qu'il se déroule, la vésicule reste libre et tombe à l'écart. Si, au contraire, le développement du filament spiral n’est pas complet, il y a adhérence avecla vésicule plasmique et la paro: de cette vésicule restera unie par continuité au spermatozoide. D'où il résulte que, la partie ciliée se développant la première, c’est presque toujours à la partie postérieure qu'adhere la vésicule, Par suite, on doit considérer, comme plus parfaite, la forme dans laquelle la vésicule est complétement libre du filament spiral. Quant à la vésicule elle-même, elle contiendra le reste des éléments qui composaient primitivement la cellule- mere, protoplasma et granulations protéiques seulement, s'il n'y avait pas au- tre chose (/so27es); dans la plupart des cas, on y retrouve qnelques granules d'amidon. La vésicule n'est donc pas «morphologiquement parlant, ajoute-t-il, une partie essentielle du spermatozoide; elle n'en est que le résidu, qu'un append ice susceptible de manquer complétement, et quand elle existe, de lui étre adhérente ou de s'en détacher. » Voici ce que je crois devoir faire remarquer : ; 4° A M. Hanstein : que, d’après des observations très-variées et fort nom- breuses sur le Pilularia, jai constaté, au contraire, que les anthérozoïdes normalement constitués ne présentent jamais le fait du déroulement de la spire ciliée, ce qui n’a lien que sur les anthérozoïdes incomplétement formés, comme ceux qu'il a décrits ; qu’il y a lieu de se méfier des préparations mi- croscopiques qui, par la pression du verre à couvrir, fournissent à l'observa- tion des anthérozoides sortis de l'anthéridie avant sa maturité; enfin, qu'il est irés-difficile, chez les Cryptogames aquatiques, d'obtenir des anthérozoides normalement développés, la déhiscence des anthéridies s'effectuant naturelle- ment dans l’eau au fur et à mesure de leur maturité, ce qui rend à peu près impossible l'observation normale de la fécondation chez ces plantes. 2» A M. Strasburger : que j'ai observé les anthérozoïdes d’un certain nom- bre d'espèces de Fougères, et que j'ai pu reconnaitre qu'il y avait également lieu de se tenir en garde contre le résultat de la déhiscence anticipée des anthéridies, provoquée par la pression du verre à couvrir, ce qui fournit le plus souvent des anthérozoides dont le plasma vésiculiforme s'étire davantage et se détache plus facilement de la spire ciliée; que j'ai vu deux anthéro- (4) Le prothallium måle des Cryptogames vasculaires (4869). 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. zoïdes, avec leur vésicule, pénétrer dans un archégone, mais qu’en général, au milieu des préparations contenant des prothalliums femelles, il est souvent très- difficile de discerner si l'anthérozoide en mouvement présente ou non cette vésicule qui n'est pas fixée à l'extrémité postérieure de la spire ciliée, comme on le croit généralement, mais qui adhère, par la nature méme du plasma qui la constitue, au centre et au pourtour interne de cette spire ciliée; qu'enfin rien ne prouve que le mucus archégonial soit nécessaire à la fécon- dation, en ce qu'il arrêterait momentanément les anthérozoïdes au moment de leur entrée dans l’archégone (ce qui me paraîtrait plutôt nuire à la péné- tration que la favoriser), et que si, dans des expériences microscopiques, la déhiscence des archégones était nécessaire à certains points de vue, que si méme elle était attendue pour favoriser expérimentalement l'imprégnation, rien ne prouve que, dans la nature, le temps nécessaire à la déhiscence des anthéridies et des archégones également mûrs ne présente pas une durée telle que l’évacuation complète du mucus archégonial et la sortie des anthérozoïdes ne soient pas toujours deux phénomènes concomitants. La lenteur de l'éva- cuation du mucus archégonial des Polytrichum et de la mise en liberté de leurs anthérozoides viendrait à l'appui de cette derniére opinion. 3» A M. Millardet : que son explication de la formation et de la présence ou de l'absence de la vésicule plasmique est fort ingénieuse ; mais qu'elle ne me parait pas admissible quant à ses conséquences, qu'elle ne peut s'appliquer en aucune facon à la constitution normale des anthérozoides des Characées, des Hépatiques, des Sphaignes et des Mousses, sur lesquels on voit cette petite : masse de plasma vésiculiforme, d'abord partie intégrante du fil spiral cilié, commencer chez certaines Mousses à n'y plus étre fixée que par un point d'ad- hérence centrale, ainsi que je l'ai fait connaître sur les anthérozoïdes: des Bryum (A) et ce qui se voit aussi chez le Funaria ; qu'enfin, relativement à ce que M. Millardet appelle formation compléte de l'anthérozoide des Fou- geres ou des Rhizocarpées, il ne me paraît s'appuyer que sur des observa- tions d'anthérozoides incomplétement développés, car ilest très-facile de con- stater que plus le plasma vésiculiforme tend à se détacher rapidement des spires ciliées, plus tôt cesse le mouvement ciliaire et plus lente est la propul- sion de la spire elle-méme, ce qui coincide évidemment avec un arrét de développement de l'anthérozoide. En somme, comme je le disais plus haut, depuis que j'ai reconnu que la vésicule, dont il est ici question, préexiste constamment à l'état de plasma soit protéique, soit amylacé, sur les anthérozoïdes de toutes les classes de Cryptogames, je crois pouvoir persister dans mon idée premiére, d'abord parce que la présence constante d'une sorte de réserve préparée ad hoc ne me paraît pas pouvoir étre rejetée comme inutile, ensuite parce que les anthérozoides (4) Bull. Soc. bot. t. XV (Séances), p. 109. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1372. 97 des Floridées étant dépourvus de cils, il me semble qu'on peut admettre, tout au moins comme fort plausible (l'organe moteur n'étant pas indispensable), que la partie de l'anthérozoide réellement constituée par un plasma initial doit nécessairement jouer un rôle actif dans le phénomène fécondateur. IL Avant de présenter les résultats de mes observations sur les phénomènes de la fécondation chez les Sphaignes, ce qui vient en partie à l'appui de l'opi- nion que je viens d'exprimer, je demanderai qu'il me soit permis de dire quelques mots de l'organogénie de leurs archégones. M. Hofmeister a donné des détails précis sur le développement de l'arché- gone des Spheignes dont il ne fait pas toutefois une étude spéciale en dehors de l'archégone des Mousses (1). C'est sur quelques points de cette description organogénique que je désire ici appeler l'attention, notamment sur la forma- tion du canal archégonial et de la vésicule germinative. Car si M. Schimper, dans son beau mémoire sur l'histoire des Sphaignes, partageant sur ces points difficiles l'opinion de M. Hofmeister, et l'appuyant en quelque sorte de son utorité propre, n'a pas peu contribué à la faire généralement accepter, je dois avouer que mes observations personnelles ne me permettent pas de par- tager leur opinion sur ce sujet. D'aprés M. Hofmeister, l'archégone, peu de temps avant sa maturité, est constitué par une masse cellulaire lagéniforme dont le centre de la partie basilaire est occupé par une grande et large cellule, et dont l'axe du col est constitué par une colonne de cellules qui part du sommet de l'archégone et vient reposer sur la grande cellule centrale. Par conséquent, cette file de cel- lales tient la place du canal qui, lors de la déhiscence apicale de l'archégone, met en communication la cavité centrale avec l'extérieur. Or, comment se forme ce canal d’après M. Hofmeister? « Vers le méme temps, dit-il, qu'apparait une petite cellule-fille libre dans la cellule centrale, les cloisons transversales des cellules du cordon longitudinal qui occupe l'axe du col de l'archégone commencent à se dissoudre, La dissolution procède du sommet du col à sa base. C'est ainsi que se forme dans l'axe du col un canal qui, rempli seulement d'un fluide mucilagineux, débouche sur la grande cellule centrale vers la partie supérieure de la portion ventrale de l'archégone. » M. Schimper s'exprime en ces termes sur le même sujet (2): « Je n'ai ja- mais pu arriver à savoir si ce tube préexiste déjà dans le jeune archégone, ou s'il se forme seulement aprés coup et à la suite du cordon cellulaire qui en aurait occupé la place dans le jeune âge. M. Hofmeister admet le dernier cas, et, je crois, avec raison. » (4) Vergleichende Untersuchungen, etc. Leipzig, 1851. (2) Hist. nat. des Sphaignes, p. 49. T. Xi. (SÉANCES) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ayant été assez heureux pour observer de trés-jeunes archégones de Spha- gnum cymbifolium, j'ai pu noter que la préexistence du canal n'était pas douteuse, et qu'il se présentait chez les Sphaignes le inéme enchainement de phénomènes relativement à la formation de ce canal, que ceux que j'avais signalés chez le Marchantia polymorpha (1). La cavité canaliculaire non-seulement se forme en méme temps que la cavité centrale, mais on peut même dire que primitivement il n'en existe qu'une seule, origine de chacune d'elles. La rapide formation cellulaire de la masse archégoniale contribue seule à les distinguer en leur attribuant une forme caractéristique. On voit en effet se gonfler la partie inférieure, et la par- tie supérieure s'allonger, autrement dit les cellules du col se dédoubler en hauteur seulement, celles de la base se multiplier en largeur et en hauteur tout à la fois. Ainsi le jeune archégone ne se montre constitué que d'une seule couche de cellules; l'archégone adulte, au contraire, qui n'a qu'une scule couche de cellules autour du col, en montre trois trés-distinctes autour de la cavité centrale. M. Hofmeister n'explique pas seulement de cette facon la formation du canal, il tire encore un trés-bon parti de la résorption des cellules du cordon primitif. « Le produit de la dissolution des cloisons transversales de ce cordon qui occupe l'axe longitudinal du col de l'archégone, dit-il, consiste fréquem- ment dans les Mousses en une masse vermiforme de mucilage transparent mais trés-réfringent. » Mes observations sont loin de concorder sur ce point avec celles de M. Hof- meister. En effet, dans le canal préexistant d'un jeune archégone, je dois avouer n'avoir pu que constater l'absence de toute cloison transversale: en cherchant avec soin à me mettre à l'abri de toute illusion d'optique, je n'ai pu y discerner qu'un liquide propre chargé de très-fines granulations. Mais en pour- suivaat l'observation sur des archégones plus développés, j'ai réussi à voir peu à peu ce liquide granuleux devenir hyalin pendant que ses granulations se concentraient, se transformaient, se coagulaient, pour ainsi dire, en petites masses de mucilage granuleux. Peut-étre serait-il possible cependant de se mettre d'accord sur la présence des cloisons qui, selon M. Hofmeister, constitueraient les cellules canaliculaires du col de l'archégoue, si l'on réfléchit que leur présence est problématique puisqu'elles doiveut se dissoudre avant la maturité de l'organe. Ne s'agirait-il pas là tout simplement de cordons plasmiques dont le déplacement très-lent simulerait une sorte de dissolution ? On voit, en effet, le plasma de la cavité archégoniale y subir des variations d'aspect fort diverses jusqu'à la complète formation des deux globules germinatifs. Dans ce cas, il ne s'agirait plus que (4) Bull. Soc. bot, t. Xi (Séances), p. 196, SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 99 de fausses cellules et de mouvements plasmiques, ce qui pourrait expliquer la manière de voir de M. Hofmeister. Au surplus, pour établir nettement les fonctions d'un organe, il faut tou- jours le comparer à un organe de méme valeur dans une classe inférieure. On sera conduit, par cela même, à comparer l'archézone des Muscinées à l'oo- gone des Alzues, et à considérer cet archégone comme un sac oogonial dans lequel doivent se succéder les mêmes phénomènes que dans la simple cellule qui constitue l'oogone. Par suite, l'existence de véritables cellules y serait inexplicable. D'un autre cóté, au poiut de vue des rapports d'identité de fonction que M. Hofmeister cherche avec raison à établir entre les formations archégoniales et les formations anthéridiennes, l'apparition d'un plasma plus ou moins mu- cilagineux peut d'autant moins s'expliquer par la résorption d'un tissu cellu- laire primitif que l'origine des cellules-mères des anthérozoïdes est tout autre, car elles se forment elles-mêmes librement dans le p'asma anthéridien. L'archégone et l'anthéridie me semblent effectivement pouvoir fort bien se représenter par deux sacs celluleux, quelque peu différents de forme à leur maturité, mais identiques quant au: développement organogén'que et à les- sence de la fonction, c'est-à-dire quant à l'élaboration de chacun des plasma qu'ils renferment. La fonction principale de l'archégone est évidemment la formation du germe ; elle peut se diviser en deux phases distinctes. La première a pour point de départ l'écartement simu tané des cellules enveloppantes jusqu'à la consti- tution du sac archégonial, dont la cavité se remplit d'un plasma initial fine- ment granu'eux. La deuxième période, qui est celle pendant laquelle l'arché- gone acquiert sa forme et sa dimension norinales, commence dès l'apparition des deux nucléoles dans la cavité centrale, et se termine à la maturité de l'or- gane, c'est-à-direlors du développement définitif des globules germinatifs effec- tué par une sorte de coucentration plasmique autour de chacun des deux nucléoles primitifs. M. Schimper, qui a représenté avec tant d'exactitude la structure des organes des Sphaignes, me semble n'avoir pas réussi, sur ce point litigieux, à vaincre les difficultés du sujet ; en particulier, lorsqu'il représente comme libre dans la cavité centrale de l'archégone(1) ce qu'il appelle la cellule germinative. Du reste, l'observation est ici, je l'avoue, fort sujette à l'erreur, car les cellules de l'archégone sont, au moment surtout de la maturité de l'organe, d’une transparence très-imparfaite, par suite des grains de chlorophylle lenti- culaires et du plasma granuleux presque jaunâtre qui les remplissent. Ce n'est que grâce à l'emploi des nouveaux objectifs à immersion que j'ai pu noter quel était le véritable état de l'archégone. Par malheur il m'a été impossible de (4) Hist, nal. des Sphaignes, pl. 1x, fig. 13. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. poursuivre aussi loin que je l'eusse désiré ces observations: ce que je regrette d'autant plus que la dimension de l'anthérozoide des Sphaignes me faisait espérer qu'il serait peut-être facile, dans ce groupe de plantes, d'étudier le rôle encore problématique que doit jouer ce corpuscule dans l'acte fécondateur. Quoi qu'il eu soit, M. Schimper, à propos de cette méme cellule germina - tive, s'exprimait en ces termes : « La cellule germinative qui, avant la fécon- dation, est assez grande, simple, et occupe la partie supérieure de la partie centrale de l'archégone, contient ordinairement deux grands cytoblastes pla- cés vers les deux póles, et qui se voient méme à travers le tissu de l'archégone, à cause des granulations vertes amassées sur son pourtour, et qui vont en rayonnant en tous sens. » M. Hofmeister (/. c.) avait lui-même représenté cette cellule germinative comme dédoublée, par une cloison médiane transversale, en deux cellules avant chacune leur nucléus spécial. Je n'ai pas besoin de faire remarquer ici qu'il ne peut étre question de nucléus proprement dits, ces deux nucléus n'étant en réalité que les centres de formation des gonosphéries ou globules germinatifs. Toujours est-il que cette disposition des deux globu- les, qui persistent normalement jusqu'à la fécondation, parait étre, en effet, toute spéciale aux Sphaignes (1). Voici quant à leur mode de formation ce que j'ai cru remarquer, à la suite d'un assez grand nombre d'observations. La concentration du plasma dans la cavité archégoniale ne parait pas avoir lieu en égale quantité autour de chacun des deux nucléoles primaires. En effet, le globule basilaire est non-seulement d'ordinaire plus volumineux, mais c'est vers son nucléole que se porte tout d'abord la masse plasmique, de telle sorte que ce globule semble quelquefois avoir atteint son arrét de déve- loppement quand le supérieur est à peine au début de sa formation. On y voit alors apparaitre 3 ou 4 petites gouttelettes d'un liquide très-réfringent, certaine- ment huileux. Puis les globules augmentent encore légerement de volume, et les petites gouttelettes, se réunissant, constituent une sphérule huileuse qui vient se placer à l'un des póles de la partie supérieure de chaque globule germinatif (2). C'est le moment précis pour la fécondation, car il coincide avec la déhiscence apicale du col de l'archégone qui permet au canal-de commu- niquer avec l'extérieur. Cette déhiscence s'opère, comme le dit trés-bien M. Schimper, par, la disjonction des cellules du sommet. L'eau extérieure, qui est seule intervenue (4) Je me suis assuré que les Sphagnum subsecundum et acutifolium présentent également dans leur archégone deux globules germinatifs semblables à ceux du S. cym- bifolium. (2) L'huile, qui, sous forme d'une sphérule réfringente, donne à ces globules germi- natifs des Sphaignes un aspect particulier, ne se retrouve du reste pas là seulement dans les organes de ces plantes. On sait que les spores en contiennent trés-visiblement ; mais ce que je tiens à faire remarquer, c'est que les ceilules apicales de la tige qui sup- portent les archégones, renferment aussi de l'huile en notable quantité, comme une sorte de réserve nécessaire à la nutrition du futur embryon. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 104 dans l'accomplissement de ce curieux phénomène, en pénétrant insensible- ment dans l'archégone en vertu dela loi d'équilibre endosmotique des liqui- des de densité différente, dissout alors brusquement quelque peu du liquide plasmique contenu dans l'ouverture du canal ; le mucilage plasmique, tenu en suspension dans ce liquide, est projeté par saccades dans l'eau ambiante, et l'on peut le voir aussitôt s'y gonfler en petites vésicules hyalines et sphé- roidales. Le fait le plus singulier, qui s'est d'ailleurs constamment reproduit. dans toutes mes préparations, c'est que l'équilibre de densité qui s'établit entre l'eau extérieure et le liquide archégonial parait gagner jusqu'à la partie supérieure de la cavité centrale, de telle sorte que le globule germinatif supérieur ne tarde pas lui-même à se trouver également expulsé avec les dernières traces du plasma du col, et cela par une désagrégation successive de toute sa masse. Car ces globules germinatifs, je n’ai pas besoin de le dire, sont alors complé- tement dépourvus de toute membrane enveloppante, quelle qu'elle soit. Non- seulement, en effet, ils cèdent sous la pression, et si elle est légère, se déforment et se reforment immédiatement ; mais, si cette pression est assez forte pour en désagréger la matière constitutive, aucune trace de membrane cellulaire n’en peut être accusée. Cette maturité des archégones a lieu, comme celle des anthéridies, chez le Sphagnum cymbifolium, espèce dioique, dans le courant du mois de février el au commencement de mars. Si l'on dispose quelques archégones dans l'eau d'une préparation microscopique, en les choisissant pres deleur maturité, mais encore fermés, on constatera que leur déhiscence ne s'effectue guére qu'aprés une heure au moins d'immersion, Il suffit alors de placer dans deux ou trois gouttes d'eau un certain nombre d'anthéridies également en maturité pour obtenir simultanément une grande quantité d'anthérozoides que l'on peut ai- sément introduire avec quelques gouttelettes du liquide dans la préparation contenant les archégones. On assistera dés lors aux préliminaires immédiats de l'acte fécondateur. J'ai été assez heureux récemment pour réussir à en observer tout au moins les premiers phénomènes, c'est-à-dire à constater plusieurs fois l’introduc- tion de l'anthérozoide dans le canal archégonial, et sa pénétration définitive jusqu'au globule germinatif. | Les phénomènes que j'ai observés peuvent se résumer en quelques mots. Je dirai d'abord que les anthérozoides ne paraissent avoir aucune tendance à se diriger vers l'entrée du canal : ils y arrivent fortuitement et paraissent si peu la chercher, que l'on en voit beaucoup s'approcher des cellules apicales, puis prendre immédiatement une tout autre direction. Il faut, pour ainsi dire, qu'ils y pénètrent du premier coup. Alors on les voit s'introduire péniblement dans le canal, la pointe ciliée en avant. Le premier semble sou- vent s'y trouver arrêté par des obstacles peu visibles pour l'observateur, mais 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que je crois être des restes de mucus primordial. Ainsi arrêté, cet anthéro- zoide s'allonge et paraît faire de grands efforts pour passer outre: j'en ai vu qui, arrêtés momentanément, reprenaient ensuite plus vivement leur torsion hélicoidale, ce qui leur permettait, une fois l'obstacle franchi, de se rendre rapidement jusqu'à un nouveau point d'arrêt. Chaque anthérozoide arrive insensiblement ainsi prés du globule germinatif tenu en suspension dans le liquide de la cavité archégoniale, et sur lequel, la pointe ciliée en avant, il reprend sa rotation en hélice, jusqu'à cessation compléte de tout mouvement, Du reste, il ne me paraissait pas se chercher un point plutót qu'un autre sur ce globule germinatif, et c'est d'ordinaire sur le pôle supérieur de cette sphé- rule que jele voyais arriver tcut naturellement. Malheureusement les parois cellulaires peu transparentes de la partie basilaire de l'archégone ne m'ont point perinis d'y constater les phénomènes ultimes de l'acte fécondateur. Un point que je tiens seulement à bien établir, c'est que l'appendice plasmique contenant le granule amylacé que j'y ai signalé, pénètre constamment avec lui daus l'intérieur de l'archégone, et qu'aprés la cessation des mouvements ciliaires, il se trouve en contact avec le globule germinatif. Ce fait, une fois bien constaté, je me permettrai de demander aux observa- teurs qui regardent comme inutile l'appendice amylacé ou protéique des an- thérozoïdes des Fougères ou des Rhizocarpées, quelle explication ils croiront convenable de donner de son utilité chez les Sphaignes. Avouons que nous sommes trés-anxieux de surprendre la nature sur le fait, mais que trop sou- vent, en face de résultats d'observations controversables, nous commencons tout d'abord par nous les expliquer d’après les vues de notre esprit. Explication des figures de la planche l de ce volume. Fic. 4 et 2. Anthérozoides en mouvement. — 1500/1. Fic. 3. Anthérozuïde quelque temps aprés la cessation des mouvements ciliaires et le gonflement dans l'eau de l'appendice plasmique en une vésicule sphéroidale, au sein du liquide de laquelle est tenu en suspension le granule amylacé. — 1500/1. Fic. 4. Le même, plus tard, aprés résorption de la vésicule. On voit le granule am ylacé à côté du filament cilié. — 1500/1. Fic. 5. Un jeune archégone vu extérieurement. Fic, 6. Le méme, en coupe longitudinale. (Ces deux figures d’après un dessin, réduit de moitié, obtenu à la chambre claire en grossissement d'environ 300/1.) Fic. 7. Aspect extérieur d'un archégone proche de sa maturité. — 500/4, Fic. 8. Le méme, en coupe longitudinale (plan optique médian). Les deux globules ger- minatifs, ayant chacun leur sphérule huileuse, tenus en suspension dans le liquide mucilagineux interne. — 500/1. Fie. 9. Un archégone deux heures environ après sa déhiscence apicale ; trois anthéro- zoides y sont dessinés, le plus inférieur arrivant au globule germinatif, les deux autres se glissant dans le canal à la suite du premier. Le globule ger- minatit supérieur a disparu avec le mucilage du liquide interne peu après la déhiscence. — 500/1. (Cette figure laisse voir ce qui se passe dans la cavité archégoniale avec une nettelé, pour la partie basilaire de l'archégone, qu'il n'est malheureuse- ment pas possible d'obtenir dans les préparations microscopiques.) SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1879 103 M. Max. Cornu, qui a vérifié les observations de M. Roze, donne quelques détails sur les soins minutieux que nécessitent des études aussi scrupuleuses et des examens aussi prolongés. M. Duchartre soumet à M. Roze quelques observations au sujet de l'assimilation qu'il vient de présenter entre la fécondation chez les Cryptogames et le méme phénomène tel qu'il s'opère chez les Phanérogames : Sans doute, dit-il, quelques savants dont le nom fait autorité, notam- ment M. Pringsheim (Ueber Paarung von Schwærmsporen, die morpholo- gische Grundform der Zeugung im Pflanzenreiche ; Ber'in, 1869), avaient exposé une maniére de voir analogue à celle que vient de développer M. Roze; mais leurs arguments ne semblent pas à M. Duchartre avoir levé, plus que ceux qui viennent d'être présentés, une difficulté qui em- pêche d'admettre une parfaite similitude dans la marche de la fécondation pour l'ensemble du règne végétal. En effet, ce phénomène peut très-bien être considéré, chez les Cryptogames, comme résultant de la fusion directe de deux petits corps plasmiques, dont l'un est l'anthérozoide qui vient mêler sa substance à celle de l'autre, appelé globule e:mbryonaire, gono- sphérie (Befruchtungskugel), ou comme on voudra ; mais, chez les Phanéro- games, la substance plasmique mále(ana'ogue à celle qui forme l'an hérozoide), contenue dans le tube pollinique à l'état de fovilla, ne vient pas se méler directement à la substance plasmique femelle qui, à l'intérieur du sac embryo- naire fermé, constitue les vésicules embryonaires ou globules embryonaires. Cette fusion directe des deux matières plasmiques, celle qui féconde et celle qui est fécondée, reucontre un obstacle dans la membrane du sac embrvo- naire dont rien ne montre que la parfaite continuité cesse d'exister à cette époqve. La théorie de Horkel et Schleiden admettait la perforation de la membrane du sac parle tube pollinique, dont l'extrémité était considérée comme allant, dans la cavité de ce méme sac, se développer elle-même en embryon; mais d'abord il est facile de voir que ceite théorie ne ressem- blait nullement à celle que vient d'exposer M. Reze; de plus, on sait que le dernier et certainement le plus distingué partisan des idées de Horkel et de Schleiden, Herrmann Schacht, a fini par reconnaître et proclamer lui-même loyalement l'erreur dons laquelle il était tombé et au soutien de laquelle il avait consacré plusieurs mémoires. Donc, il est certain que la membrane du sac embryonaire dans lequel est renfermé le globule embryonaire, reste continue et imperforée ; il est certain, d'un autre cóté, que le tube pollinique vient appliquer son extrémité égale- ment fermée contre la face externe dela membrane de ce sac, parfois méme, comme le montrent le texte et certaines figures des beaux travaux de M. Tu- 104 SOCIÉTÉ BOg ANIQUE DE FRANCE. lasne, à une distance notable du point oü s'attache le globule embryonaire qui sera fécondé. Il peut dés lors y avoir action virtuelle, ou méme, si l'on veut, transport osmique du plasma pollinique vers le plasma embryonaire ; mais il ne semble pas possible d'admettre qu'il s'opère, dans ces conditions, une fusion directe de ces deux matiéres plasmiques. Dés lors l'unité absolue de la marche de la fécondation dans l'ensemble du régne végétal semble à M. Duchartre n'étre encore qu'une vue de l'esprit, ingénieuse, séduisante, mais non justifiée par les faits. Au reste, continue M. Duchartre, ce n'est pas seulement au point de vue de la fécondation que, contrairement à des généralisations prématurées, les Phané- rogames paraissent se distinguer des Cryptogames. Ainsi la production des organes par ce foyer de formation première qu'on a nommé le point végétatif parait établir encore une ligne de démarcation entre les Cryptogames et les Phanérogames en général ; en effet, il est établi que, chez les premières, ce foyer de formation consiste en une cellule unique dont les divisions succes- sives donnent naissance au tissu cellulaire qui s'organise ultérieurement en tissus divers, tandis que les observations de M. Hanstein tendent à prouver que ce méme foyer de formation, chez la généralité des Phanérogames, con- siste en un groupe cellulaire dans lequel le savant allemand distingue trois couches superposées : dermatogéne qui produit l'épiderme, périblème qui donne naissance au parenchyme cortical externe, plérome d’où proviennent toutes les formations tissulaires plus internes. Il y a donc, sous ce rapport encore, analogie prononcée, mais non simili- tude compléte entre les végétaux cryptogames et les végétaux phanérogames. .. M. Roze répond que les phénomènes essentiels de la fécondation chez les Phanérogames ne lui paraissent pas encore élucidés d'une manière complète : Cela tient en partie, dit-il, à la difficulté même des observations, car il faut avouer que l’on ne connaît bien que les phénomènes qui précèdent ou suivent l'acte fécondateur, et qu'on ignore encore la manière dont s'accomplit le phé- nomène fondamental, c'est-à-dire la transformation du globule femelle (ou gonosphérie) en cellule germinative primordiale. Mais il serait étrange que les Phanérogames échappassent seules à la loi toute naturelle qui régit les Crypto- games et, on pourrait méme ajouter, tous les animaux. La méme difficulté se présente d'ailleurs chez les Champignons aquatiques : sur certains d'entre eux, on constate sans nul doute le passage du plasma anthéridien à la gonosphérie ; sur d'autres, suivant M. de Bary, il n'y aurait pas union des deux plasmas. Cela me parait prouver tout simplement que, dans le premier cas, le phéno- mène est plus facile à observer que dans le second. Quant à la différence réelle que M. Duchartre a signalée avec raison entre SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872, 105 les foyers de formation première (ou points végétatifs) des Cryptogames et des Phanérogames, je dirai seulement qu'en parlant des bourgeons et de leur origine, je n'ai pas voulu chercher à expliquer leur mode de développement primaire. Je n'entendais signaler que leur origine proprement dite, et il me semble bien évident qu'ils ont tous pour point de départ une cellule primor- diale formée par un plasma initial distinct, antérieur à cette cellule. M. G. Planchon fait à la Société les communications suivantes : NOTE SUR LES IPÉCACUANHAS STRIÉS, par M. G. PLANCHON. On sait que les auteurs de matière médicale décrivent trois types principaux d'ipécacuanhas, appartenant tous les trois à des plantes de la famille des Ru- biacées. Ce sont : 1* Les zpécacuanhas annelés fournis par des C'ephaëlis, et dont on connait deux variétés bien tranchées, savoir : a. L'ipécacuanha annelé mineur (ipéca officinal ou du Brésil), produit par le Cephaélis Ipecacuanha L. b. L'ipécacuanha annelé majeur, nommé d'ordinaire ipécacuanha de Car- thagène. D'après M. Triana, ce dernier est donné par une espèce de CepAae- lis (peut-être méme par le Cephaëlis Zpecacuanha), cultivée à la Nouvelle- Grenade. Sa structure anatomique rappelle tout à fait. celle de l'anaelé mineur, et il est presque aussi riche que lui en émétine, 2° L'ipécacuanha ondulé ou blanc amylacé, peu riche en principes actifs, et produit par le Æichardsonia brasiliensis (Rich. scabra). 3° Enfin l'ipécacuanha strié, caractérisé par les stries longitudinales de sa surface, et qu'on rapporte d'ordinaire au Psychotria emetica H. B. K. C'est sur cette dernière sorte et sur son origine que je voudrais appeler un instant l'attention de la Société. Mérat et Richard sont les premiers auteurs qui lui aient donné le nom d'ipécacuanha strié, en le rapportant à la plante décrite sous le nom de Psy- chotria emetica. Depuis lors tous les auteurs admettent cette origine, et l'his- toire des zpécacuanhas striés parait aussi clairement établie que celle des autres sortes. L'examen anatomique d'échantillons contenus dans le droguier de l'École de pharmacie et celui d'une sorte d'ipécacuanha d'aspect violacé, recu par la Pharmacie centrale sous le nom d’ipéca violet, cet examen fait successive- ment par MM. Durand, Thénot et Ch. Menier dans leurs thèses inaugurales à l'École de pharmacie, a démontré que cette histoire n'était pas aussi simple qu'on le supposait. Il est d'abord évident en effet que, sous le nom d’ipécacuanha strié, on a 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. confondu deux sortes bien caractérisées, trés-différentes par leur structure et aussi par leur composition chimique. Une premiere espéce, répondant. à l'ipécacuanha violet, ne présente dans son écorce aucune trace d'amidon : dans sa zone ligneuse, elle a des vaisseaux à ouverture trés-étroite, se distinguant à peine sur la coupe transversale des fibres ligneuses qui les entourent, Cette espèce a dans certains échantillons une saveur douceâtre. Sa décoction produit une réaction marquée sur les réac- tifs cupro-potassiques, sans cependant dévier le plan de polarisation. Elle parait contenir trés-peu d'émétine: 2,75 pour 100 environ. La seconde espèce contient de l'amidon dans les cellules de l'écorce, et les vaisseaux de la zone ligneuse ont de grosses ouvertures trés-distinctes au mi- lieu du tissu ligneux. C'est la sorte qui a été analysée par Pelletier et dans laquelle il signale 79 pour 100 de ligneux, de gomme et d'amidon. Elle con- tient beaucoup plus d'émétine (9 pour 100) que la précédente, et c'est elle que l'on a regardée le plus souvent comme le type des ?pécacuanhas striés et comme produite par le Psychotria emetica. Cette opinion est-elle bien exacte? L'étude de racines authentiques du Psychotria emetica, fournies par M. Posada, notre nouveau collègue de la Nouvelle-Grenade, et aussi par M. Triana, m'a montré que c'est au contraire une errenr. Ces racines présentent en effet une structure en tout semblable, jusque dans tous les plus légers détails, à celle de l'ipécacuanha violet, dont elles ont d'ailleurs la composition chimique. C'est donc bien celle qui est produite par le Psychotria emetica, et non l'autre forme d'zpécacuanha strié, dont l'origine reste encore pour moi inconnue. NOTE SUR LE CUNDURANGO, par M. G. PLANCHOX. J'ai l'honneur de présenter à la Société une substance dont on a fait grand bruit dans ces derniers temps : le condurango ou cundurango (nid de condor), préconisé par les introducteurs de ce médicament contre les affec- tions cancéreuses. Ce sont des fragments de tige, variant d'épaisseur, le plus souvent con- tournés comme des morceaux de liane ; on y voit : 1^ au centre, une moe.le peu épaisse ; 2° tout autour, les couches ligneuses à structure rayonnée, à gros vaisseaux dont les ouvertures rendent le tissu poreux; 3° une écorce, qui est la partie supposée active. Un certain nombre d'échantillons sont méme réduits à cette partie. M. Planchon met sous les yeux de la Société des photographies à l'appui de cette communication. M. J. de Seynes demande s'il n'y a pas d'autres différences entre SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 107 es diverses sortes d'ipécacuanhas que la présence ou l'absence de l'amidon. M. Planchon répond qu'il est facile d'observer d'autres différences. M. de Seynes présente des observations sur la valeur pharmaceu- tique de l'ipéca, selon l'époque à laquelle il a été récolté. M. de Seynes fait ensuite la communication suivante : EXPÉRIENCES PHYSIOLOGIQUES SUR LE PENICILLIUM GLAUCUM Lk, par Mi. J. de SEYNES. Désireux de vérifier les faits de polymorphisme du Penicillium glaucum Lk. avancés par plusieurs naturalistes, et surtout sa filiation avec les microphytes qui jouent un si grand róle dans les fermentations, j'ai étudié le développe- ment de cette plante submergée dans différents liquides. Les résultats auxquels ces expériences ont abouti m'ont paru dignes de quelque attention. J'en ai donné un apercu à la Société philomatique peu de temps avant la guerre de 1870-71 ; je les reproduis ici d'une manière plus complète. Les spores de Penicillium germent, comme on le sait, avec une grande rapidité. Le 2 avril 1870, à une température de 17 degrés, je semai sur une tranche de citron des spores de cette plante qui entraient en germi- nation quelques heures aprés. Le mycélium, s'accroissant rapidement, pré- sentait, au bout de trois jours, des fructifications en pinceau très-nettes. J'avais placé en même temps des spores provenant de la même: plante dans une petite quantité d'eau sur une plaque de verre. Un couvre-objet de verre mince recouvrait le tout et confinait ce semis dans une couche d'eau trés-faible. Cette préparation, placée sur un support sous une cloche plongeant dans l'eau, se trouvait ainsi à l'abri de l'évaporation. Au bout de sept jours, une des spores seulement avait poussé un mycélium mesurant un dixième de millimètre de long sur 3 millièmes de millimètre de diamètre en moyenne. Les deux filaments issus de la spore se ramifiaient en deux autres plus courts et paralléles, comme pour former les pinceaux caractéristiques de ce genre ; ce n'était toutefois qu'une sorte d'ébauche ; les extrémitésse terminaient par un reuflement sphérique étranglé à la base, reproduisant à peu près la forme des vraies spores, mais la membrane en était plus fine et incolore. D’autres fois les filaments mycéliaux s'amincissaient et s'étiolaient sans pour cela s'éloigner du mode de structure, de bifurcation et de cloisonnement propre à la forme typique et sans qu'on püt découvrir la moindre tendance à réaliser un type nouveau. Le plasma était finement granuleux, homogène, moins réfringeant, et diffé- rait trés-peu, dans ses caractéres physiques, de son aspect habituel chez la méme plante venue à l'air libre. Il était simplement plus pauvre en granulations et moins dense. 408 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Si le mycélium est tenu plus longtemps submergé, une modification se produit dans le plasma, il présente alors un liquide clair, transparent, qui ne diffère pas, dans ses caractères optiques, de l’eau dans laquelle la préparation est plongée. Dans ce liquide se montrent des goutteleites huileuses, dispo- sées avec une régularité souvent remarquable ; elles sont d'égale dimension d’un diamètre un peu moins grand que celui de la cellule qui les contient, ^' placées à la file, à unedistance à peu près égale à leur diamètre (1). J'ai répété plusieurs fois ces expériences de végétation du P. glaucum dans l'eau, sans observer autre chose que des modifications intéressantes, mais d'un ordre tel qu'on aurait pu les prévoir d'avance et sans qu'il se for- mát aucune des productions attribuées à ce végétal ubiquiste, dont on s'est trop souvent plu à faire un véritable protée. Une seconde série d'expériences faites dans d'autres conditions m'a con- duit à un résultat assez inattendu, J'avais à [ma disposition des plantes de P. glaucum végétant suivant le mode particulier qui lui a valu le nom spécifique de crustaceum. On sait que chez le P. crustaceum le mycélium se feutre et forme un pseudo-parenchyme étendu sur la substance liquide sur laquelle végète le Champignon, de sorte qu'on peut l'enlever sous la forme d'une pellicule solide. Plusieurs de ces pel- licules furent placées dans des vases de verre à fond plat, la surface de la pellicule reposant sur le fond du vase. Une pièce d'argent ou des fragments de baguettes de verre placés au-dessus de ces pellicules les empéchaient de remonter à la surface du liquide versé peu à peu dans le vase. Ce liquide formait une couche de 6 à 10 centimètres de hauteur: c'était tantôt de l'eau ordinaire ; tantót de l'eau additionnée d'une quantité variable de sirop de sucre. Les vases étaient ensuite recouverts d'une cloche plate, destinée à préserver le liquide du contact des poussières atmosphériques. Cette expé- rience a été faite aussi en plaçant dans les mêmes conditions des tranches de citron sur lesquelles j'avais semé des spores de Penicillium et qui s'étaient couvertes d'un duvet de P. glaucum, soit encoré peu avancé et blanc, soit arrivé à l'état de maturité des spores. Au bout de quarante-huit heures, à une température de 20 degrés, quelques fines taches blanches aranéeuses, de la dimension d'une téte d'épingle, se montraient à la surface du liquide ; le nom- bre en augmentait rapidement, tandis que chacune d'elles s'étendait ; elles finis- (4) Le méme changement dans l'aspect physique du plasma se produit dans les cel- lules des Mucor placés sous les mêmes influences, et dans les cellules du parenchyme de Champignons plus élevés, préservés de la dessiccation, au moment où ils arrivent à un état de ramollissement qui correspond à la mort du Champignon et au commencement de fermentations diverses dont les agents sont faciles à reconnaitre, ces fermentations n'étant pas encore la fermentation putride. Lorsqu'on fait une coupe dans le parenchyme du Champignon, les gouttelettes plasmatiques se répandent au dehors et pourraient étre prises elles-mémes pour des organismes étrangers; un peu d'attention suffit pour Jes distinguer des bactéries ou autres microphytes à l'état ponctiforme, SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1872. 109 saient par former une trame légère, étendue sur toute la superficie du liquide, et s'épaississaient progressivement en présentant vers le neuvième, d'autres fois vers le sixième jour, l'aspect d'une vraie pellicule de Penicillium crustaceum. Cette première pellicule enlevée, une seconde se reformait de la même ma- nière, mais plus rapidement. Tel était le résultat que l'on obtenait avec le Penicillium placé dans l'eau filtrée. Dans les expériences faites avec de l'eau sucrée et à la méme température, une premiere pellicule se formait en trois jours. Le liquide examiné à ce mo- ment, aprés avoir donné des indices de fermentation, ne contenait pas de cel- lules de levüre. En suivant à la vue simple la série des phénomènes que je viens d'indiquer, deux hypothèses se présentaient à l'esprit : ou bien des spores, soit venues de l'extérieur, soit détachées du Penicillium submergé, étaient arrivées à la sur- face du liquide, y germaient et reproduisaient ce végétal dans les conditions ordinaires ; ou bien la production du végétal à la surface du liquide était le résultat d'une génération spontanée. L'une et l'autre de ces hypothèses est contredite par l'observation microscopique, et voici comment, en réalité, les choses se passent. Le Penicillium submergé donne naissance à des cellules de dimension con- sidérable, de forme sphérique, mais qui, au point de vue de la structure de la paroi ou de l'aspect du plasma, sont absolument semblables aux cellules ordi- paires du mycélium. Elles apparaissent sur des points indéterminés, tantôt-à l'extrémité des cellules qui végètent horizontalement, tantôt sur les filaments dressés qui ont une tendance confuse à se bifurquer comme les pinceaux spo- rifères. Leur dimension est très-variable et leur plus grand diamètre varie de 3 à 5 centièmes de millimètre, Un grand nombre continuent à végéter en don- nant naissance à des cellules du calibre ordinaire, qui elles-mémes reprodui - sent par gemmation de nouvelles cellules sphériques ; mais quelques-unes se détachent, s'élévent à la surface de l'eau et forment des amas qui apparaissent sous l'aspect de petites taches très- fines. A partir de ce moment, elles végètent en donnant naissance à des: cellules de la forme ordinaire, et le nombre des cellules sphériques de nouvelle forma- tion que l'on rencontre dans le nouveau mycélium, qui va former une pel- licule superficielle, diminue de plus en plus à mesure que la pellicule devient plus dense et jusqu'au moment où se montre la fructification, Les grosses cellules que je viens de décrire, et dont le róle parait étre de di- minuer le poids spécifique du mycélium retenu au fond. du liquide par une surcharge artificielle, ne sauraient étre comparées à des conidies, ou, si l'on veut, à des macroconidies ; elles sont loin, en effet, d'étre toujours terminales, comme les vraies conidies en chapelet, ou de présenter un développement semblable à celui des chlamydospores uaissant dans l'intérieur des cellules my- céliales le long de leur trajet; il n'y a aucun vestige de développernent intra- ell ulair e. 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Un coup d'œil jeté sur les planches suffit pour montrer tout ce qu'il y a d'irrégulier dans le développement de ces utricules. Ne pouvant pas vaincre la résistance opposée par le poids dont la pellicule submergée est chargée, elles se détachent et forment ainsi une bouture qui permet la continuité de la vé- gétation du Penicillium en lui faisant retrouver les conditions aériennes de sa vie normale. S'il était permis d'invoquer une analogie très-éloignée au point de vue anatomique, on pourrait comparer ces utricules aux vessies natatoires des plantes aquatiques. Toutefois, la formation des grosses cellules n'a lieu chez le Penicillium que d'une manière éventuelle. Il faut, comme on l'a vu, que cette plante soit dans des conditions créées artificiellement. Lorsqu'elle végète naturellement à la surface d'un liquide, l'air adhérent aux spores semées, ou intercalé entre les filaments mycéliens quand la plante est développée, suffit pour la maintenir àla surface. Les spores mises en germination sur unliquide ne produisent pas ces grosses cellules, et les petits ilots que forment ces spores sont tout à fait différents, ainsi qu'on peut s'en assureren comparant la fig. 5 de la planche H avec la fig. 4 de la planche II. Le but primitif que je me proposais dans ces expériences n'a pas élé at- teint; je n'ai jamais vu des cellules de levüre ou des microphytes nouveaux issus du Penicillium. Je n'ai donc pu vérifier ce fait accepté par plusieurs natu- ralistes. L'observation de la production du Penicillium par la levüre ou par d'autres microphytes n'a été décrite et ne peut se faire que dans des circon- stances qui prêtent à d’inévitab'es confusions, et j'avais tout lieu de supposer que j'opérais dans des conditions plus simples et plus favorables en essayant la vérification de ce fait dans l'ordre inverse, en mettant le Penicillium daus les circonstances les plus favorables à sa métamorphose en organismes nouveaux. On comprend aussi que pendant le développement des grosses cel- lules que je viens de décrire, on en rencontre dont le volume se rapproche un peu plus de celui de la levüre que lorsqu'elles ont atteint leur dimension définitive : le plasma conserve, il est vrai, un aspect différent, mais peut-être v aurait-il là une cause d'erreur qu'il faut signaler et qu'il est facile de dissiper en montrant que cette production se rencontre aussi bien dans l'eau pure que dans un liquide fermentescible. D'ailleurs, quelles que soient leurs dimeasions, les grosses cellules ne donnent jamais lieu, ni dans l'eau, ni dans un liquide sucré, ni dans le moût de bière, à une gemmation de cellules semblables à elles comme le fait la levûre, mais elles donnent naissance aux cellules cylin- driques ordinaires du mycélium du Penicillium glaucum Lk. Explication des figures des planches IX et III de ce volume. PLANCHE II, Fic. 1, 2 et 3, Penicillium glaucum Lk, germant et végétant dans l'eau (gr. 580 fois). Fic. 4. Fragment de mycélium de P. glaucum, ayant longtemps vécu dans l'eau (gr. 580 fois). Fic. 5. Groupe de spores de P. glaucum, en germination à la surface d'un liquide. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1572. 144 PLANCHE Ill. Fic. 1. Utricules renflées, formant un mycélium de P. glaucum, arrivées à la surface du liquide sous lequel végéte la plante-mére (gr. 350 fois). Fic. 2. État d’une portion de ce méme mycélium, au moment où il commence à pousser les fructifications en pinceau. Fic. 3. Branches du mycélium de Penicillium submergé se renflant. Fic. 4. Une cellule renflée, vue séparément au moment où elle a atteint ses plus fortes dimensions (gr. 580 fuis). Fic. 5. La méme à un état moins avancé et ayant un peu plus de ressemblance avec la figure 6, qui représente deux cellules de levûre de bière, au méme grossissement et figurées comme élément de comparaison (gr. 580 fois). M. Roze insiste sur l'absorption de l'eau par le plasma qui a dà se produire dans ces expériences. M. Van Tieghem demande sile développement anormalobservé par M. de Seynes est toujours inhérent à la vie aquatique du mycélium. lla vu souvent des Penicillium glaucum et des Aspergillusniger se développer sous l'eau sans qu'il se produisit de dilatation sur les filaments de leur mycélium. M. de Seynes dit qu’il a observé la transformation décrite par lui, toutes les fois qu’il a cultivé, sous une couche de liquide, des Penicillium qui avaient déjà germé et végété à l'air libre. M. le Président appelle l'attention de la Société sur la vente de la hibliothéque laissée par feu Ch. Lemaire, l’ancien rédacteur en chef de l'I//ustration horticole, qui aura lieu prochainement à la salle Silvestre. M. Augustin Delondre, vice-secrétaire, informe les membres de la Sociélé qui auront des renseignements à demander au secrétariat ou quelques ouvrages à consulter, qu'il sera habituellement à la bibliothéque les lundis et jeudis, de midi à deux heures. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1872. PRÉSIDENCE DE M. LARCHER, VICE-PRÉSIDENT. M. Maurice Tardieu, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 9 février, dont la rédaction est adoptée, aprés quelques observations de M. Duchartre. M. Roze prie M. Van Tieghem d'exprimer son opinion sur la dis» cussion quia eu lieu dans la séance du 9 février. 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Van Tieghem dit : Que dans cette discussion il aurait pu citer quelques exemples d'ouverture du tube pollinique.. Il a vu celui-ci, terminé en forme de poire chez les Ja- cinthes, s'ouvrir à la maturité par son sommet, et laisser une partie de son plasma s'épancher à quelque distance. Dans le Ricin, ce tube est claviforme et renferme, dans le renflement terminal, des vacuoles polyédriques, à chacune desquelles correspond une ouverture par laquelle il sort une gouttelette de plasma. Si M. Van Tieghem n'a pas ciié ces faits, c'est parce que le moyen d'observation était anormal ; le milieu oü il faisait vivre les tubes polliniques n'étant pas suffisamment nutritif, peut-étre ces plantules étaient-elles malades. M. Roze dit que ces faits ne lui semblent pas moins devoir être pris en sérieuse considération, car ils tendent à jeter quelque jour sur un phénoméne physiologique inobservé, c'est-à-dire le passage du plasma anthéridien à travers les membranes cellulaires, par résorption de ce tissu en certains points de sa surface. M. Duchartre fait remarquer que l'observation de M. Van Tieghem, quand méme elle serait basée sur une organisation normale, ne lèverait que la moitié de la difficulté. Même après que le boyau pollinique se serait ouvert, il resterait encore la membrane du sac pour empêcher le mélange des deux plasmas de sexualité différente. M. Cornu insiste sur la difficulté des préparations à effectuer pour étudier ces phénoménes délicats de la fécondation végétale, pendant lesquels on peut modifier les rapports des organes ou les déplacer en pratiquant les coupes. M. Duchartre répond que cela n'est guére à craindre de la part d'observateurs expérimentés. L'habitude permet de faire deux coupes, l'une en avant du plan médian de l’ovule, l'autre en arrière de ce plan, sans que le tube pollinique cesse de rester en contact avec la membrane du sac. Il n'est donc pas probable qu'on ait déplacé celui-ci. M. Van Tieghem présente à la Société ses Recherches sur la symétrie de structure des plantes vasculaires. M. Duchartre présente sa Note sur une monstruosité de la fleur du Violier et ses Réflexions sur les expériences du général Plea- sonton, et résume ces travaux devant la Société. M. le Secrétaire général communique à la Société la proposition faite par la Commission spéciale de la session extraordinaire, relati- vement à la fixation du lieu et de la date de ladite session, SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1872. 113 Après discussion, l'assemblée, modifiant légèrement cette propo- sition, prend la décision suivante : La Société consacrera cette année sa session départementale à l'exploration des basses montagnes de la partie orientale de la chaine des Pyrénées. L'ouverture de la session aura lieu à Prades (Pyrénées-Orientales), dans les derniers jours de juin ou les premiers jours de juillet, et la date précise (qui sera fixée suivant la marche de la saison) en sera annoncée un mois d'a- vance à MM. les membres de la Société. a M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante: SUR LES CANAUX OLÉO-RÉSINEUX DES OMBELLIFÈRES ET DES ARALIACÉES, pr M. Ph. VAN TIEGHEM. M. Trécul a décrit avec détail la structure et la répartition des canaux oléo- résineux dans la racine, la tige et la feuille des plantes de ces deux familles (1). De son côté et vers la méme époque, M. N. Mueller s'est appliqué à en suivre le mode de formation (2). Aussi, sans revenir sur le fond méme du sujet, me bornerai-je à attirer l'attention des botanistes sur une face de la question demeurée en oubli, je veux dire sur la structure et la distribution des canaux oléiferes dans l'organisation primaire de la racine et sur l'influence que cette distribution exerce sur la position des radicelles. J'étudierai ensuite ces canaux dans la tigelle et dans les cotylédons, et je rappellerai brievement la position qu'ils affectent dans la tige et dans la feuille. Organisation primaire de la racine. Ombellifères. — Étudions d'abord la racine principale issue de germi- nation. . Le jeune pivot des Ombellifères, celui de la Carotte que nous pouvons prendre pour exemple, est constitué par un parenchyme cortical entourant un cylindre central. Le parenchyme cortical est formé de larges cellules. polygo- nales ajustées assez irrégulierement et laissant entre clles de petits méats trian- gulaires. La zone interne ne présente pas, au moins d'une facon bien nette, la disposition en séries radiales et concentriques habituelle à la plupart des racines. Elle se termine en dedans par une assise de cellules plus petites, aplaties en forme de rectangle, étroitement unies entre elles et comme engre- nées par une série de courts plissements situés vers le milieu des faces laté- (4) Trécul, Des vaisseaux propres dans les Ombellifères (Comptes rendus, LXII, 454 et 201; 1866).— Des vaisseaux propres dans les Araliacées (Comptes rendus, LXIV 886 et 990; 1867). f (2) N. Mueller, in Jahrbuecher fuer wissensch. Botanik, V, p. 412-418 ; 1866-67, T. XIX. (SÉANCES) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rales, et qui se traduisent par des marques noires échelonnées ; c'est la mem- brane protectrice. Ces éléments plissés sont assez régulièrement superposés aux grandes cellules de l'avant-derniére assise corticale. Le cylindre central, dont la section est elliptique, commence par une rangée de cellules à paroi lisse, alternes avec les protectrices ; c'est la membrane rhizogène contre laquelle s'appuient les faisceaux vasculaires et libériens. Il y a deux faisceaux vasculaires diamétralement opposés, centripétes, se rejoi- gnant au centre en une lame qui occupe le grand axe de l'ellipse. Ils sont formés d'une seule série de trois à cinq vaisseaux cylindriques de plus en plus larges à mesure qu'on s'avance vers le centre. Le premier vaisseau et le plus étroit, toujours appuyé à la ligne de contact de deux cellules périphé- riques, est muni d'auneaux assez espacés, çà et là entrecoupés par quelques tours. de spire; le second est spiralé, maís la spirale, dont les tours sont assez écartés, est çà et là interrompue par quelques anneaux ; le troisième et les suivants sont spiralés, à bandes espacées seulement d'une fois et demie leur épaisseur; sur l'élément le plus large ces bandes sont souvent réunies entre elles le long des arétes de contact des cellules voisines, et le vaisseau est scalariforme. Tous ces vaisseaux ont leurs cloisons transverses obliques, rayées et permanentes. Alternes avec ces lames vasculaires, on voit deux larges faisceaux de cellules libériennes allongées, à contour polygonal irrégulier et flexueux, à contenu protoplasmique grisàtre. Leurs parois, minces dans le trés-jeune âge, ne tar- dent pas à s'épaissir notablement, et deviennent d'un blanc brillant en méme temps qu'elles acquièrent de nombreuses ponctuations sur leurs faces latérales et sur leurs faces transverses qui sont horizontales. Ces éléments libériens remplissent toute la demi-ellipse située entre la lame vasculaire et la mem- brane rhizogène. Ils sont toutefois séparés des vaisseaux par un rang de cel- lules conjonctives, à paroi mince, qui ne tarde pas à se dédoubler par des cloisons tangentielles, pour devenir l'arc générateur des formations secondaires. Les premiers vaisseaux secondaires se posent donc plus tard au contact direct des vaisseaux médians de la bande primaire (1). Les cotylédons qui surmontent la tigelle correspondent aux deux lames vasculaires du pivot; les deux feuilles suivantes, d'àge inégal, répondent aux faisceaux libériens. Cette organisation primaire de la racine est trés-simple et tout à fait nor- male. L'expérience montre que c'est par les vaisseaux de la lame diamétrale, ajustés cóte à cóte comme les tuyaux d'un jeu d'orgue, que les liquides, aspirés par les poils, s'élevent jusqu'à la base de la tige, et que c'est par les (4) Quelquefois il y a deux rangs de cellules conjonctives. C’est alors le rang externe qui devient l'are générateur, et les premiers vaisseaux secondaires sont séparés des primaires par une série de cellules conjonctives, SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1872. : 115 faisceaux libériens que les sucs plasmiques élaborés par les feuilles redescen- dent depuis la base de la tige jusqu'à l'extrémité de la racine. Revenons maintenant à la membrane rhizogène pour la mieux étudier. En face de la région médiane des faisceaux libériens, c'est-à-dire aux extré- mités du petit axe de l'ellipse, les cellules de cette membrane sont ordinaire- ment simples, carrées ou légèrement allongées suivant le rayon, çà et là divi- sées en deux par une cloison médiane tangentielle. Trés-jeunes, quand les vaisseaux, commençant à s'épaissir, ne sont pas. encore venus se rencontrer au centre, ou que cette réunion n'a eu lieu que depuis peu de temps, elles sont pleines d'un protoplasma azoté, jaunissant par l'iode. Un peu plus tard elles se remplissent de petits grains d'amidon simples ou doubles, de 0"",002 de diamètre, alors qu'aucune autre cellule de la racine n'en possède. Plus tard encore et méme avant le début des formations secondaires, l'amidon y a dis- paru et l'on ne voit plus dans les cellules qu'un nucléus pourvu de nucléole. Il se reforme ensuite dans les deux moitiés du faisceau libérien, dont les cel- lules médianes en demeurent dépourvues. Il y a donc toute une région de la racine, ni trop jeune, ni trop âgée, où les arcs de la membrane rhizogene superposés à la partie médiane des faisceaux libériens sont le siége exclusif de la formation et du dépót de l'amidon. Cette. région parait être plus âgée que celle où se forment et s'allongent les radicelles, et au voisinage de la radicelle l'amidon a disparu, sans doute. pour suffire au développement de l'organe ; plus haut et plus bas on le retrouve. En face des faisceaux vasculaires, c'est-à-dire aux extrémités du grand axe de l'ellipse, la membrane périphérique du cylindre central présente un tout autre aspect. Ses cellules, en nombre pair, puisque le vaisseau le plus étroit correspond toujours à l'intervalle entre deux cellules, au nombre de huit, par exemple, y sont hyalines, allongées suivant le rayon, et divisées cha- cune par une cloison qui part du milieu. de sa face externe et se dirige vers le sommet du grand axe, en faisant un angle d'environ 45 degrés avec le rayon. Chaque cellule est. ainsi- dédoublée en une grande cellule pentagonalelet une petite cellule triangulaire. Il y a huit cellules pentagonales, dont deux occu- pent les extrémités de l'arc et huit cellules triangulaires, dont deux se touchent en face du vaisseau le plus étroit. Par l'arrondissement des angles, un méa triangulaire se trouve creusé entre la petite cellule triangulaire et les deux grandes cellules pentagonales entre lesquelles elle est enchássée. 11 en ésulte la formation de sept méats : un médian en forme de losange, situé en face de la lame vasculaire sur le grand axe de l'ellipse, et provenant dela fusion de deux méats triangulaires, et trois triangulaires de chaque côté, dont la largeur décroit à mesure qu'on s'éloigne du médian. Ces méats sont de trés-bonne heure remplis d'une huile essentielle incolore. Toutefois, l'essence n'apparait pas à la fois dans tous les canaux ; elle se développe d'abord dans le canal quadrangulaire médian, puis pev dans les canaux triangulaires, 416 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. a partir du médian. Ces canaux oléifères sont très-étroits, car si la largeur du médian estimée le long des diagonales du losange est d'environ 0,012 suivant le rayon et 0"7,010 suivant la tangente, le premier canal triangulaire a, suivant la tangente, 0"",006, le second 0" ,004, et le troisième 0"",002. On trouve assez souvent dix cellules ainsi dédoublées, et par conséquent neuf canaux oléiferes en face de chaque faisceau vasculaire. Le pivot du Panais présente fréquemment douze cellules dédoublées et onze canaux oléifères. Les canaux sécréteurs d'un méme arc communiquent cà et là par des branches horizontales, interrompant la série des cellules qui les séparent. Toutes les cellules de la membrane périphérique qui ont subi le dédouble- ment dont nous venons de parler, aussi bien la pentagonale qui sépare deux canaux oléiféres consécutifs, que la triangulaire qui borde le canal en dehors, ne contiennent qu'un liquide hyalin, sans granules, et il est intéressant de remarquer que leur nucléus enveloppé d'une couche de protoplasma incolore et trés-réfringent, est toujours accolé contre le milieu de la paroi qui touche le méat où l'huile essentielle se déverse. Ainsi la membrane périphérique du cylindre central est divisée en quatre arcs: deux arcs oléifères plus larges, superposés aux faisceaux vasculaires, composés d'un nombre pair de cellules dédoublées (huit ou dix ordinairement) et creusés d'un nombre impair de canaux oléifères (sept ou neuf le plus sou- vent) et deux arcs transitoirement amyliféres, plus étroits que les premiers, superposés aux faisceaux libériens et composés de quatre à six cellules simples ordinaires. Cette membrane périphérique se comporte, en un mot, comme nous avons vu que se comporte chez les Composées la membrane pro- tectrice qui se trouve aussi dans le pivot du Tagetes patula, par exemple, divisée en deux arcs oléifères et en deux arcs transitoirement amylifères. La méme fonction est ainsi dévolue dans les Ombellifères et dans les Composées à deux membranes très-différentes par leur origine et par l'ensemble de leurs caractères, bien que juxtaposées. Mais ce qu'il y ade plus remarquable, c'est que ce phénomène de substi- tution physiologique d'une membrane à une autre est accompagné d'une ro- tation de 90 degrés, puisque ce qui était chez les Composées superposé aux faisceaux vasculaires correspond ici aux faisceaux libériens et vice versá. I! résulte, en effet, de la combinaison de cette substitution avec cette rotation une disposition des radicelles tout à fait originale et dont je ne sache pas que, en dehors des Ombellinées et des Pittosporées, le régne végétal offre d'autre exemple. On sait que chez toutes les Cryptogames vasculaires la radicelle naît dans la ;:ellale dédoublée de la membrane protectrice située en face d'un faisceau vas- tulaire. Les radicelles se disposent par conséquent en autant de rangées qu'il y a de faisceaux vasculaires. On sait aussi que, chez toutes les Phanérogames, la radicelle se forme aux dépens d'un certain nombre de cellules de l'assise SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1872, 117 périphérique du cylindre central à laquelle nous avons pu dés lors appliquer le nom de membrane rhizogène. Ces cellules forment sur la section transver- sale un arc plus ou moins étendu, et dans toutes les Monocotylédones, sauf les Graminées, ainsi que dans toutes les Dicotylédones qui me sont connues, sauf les Ombellinées et les Pittosporées, le centre de;cet arc s'appuie sur un faisceau vasculaire. Les radicelles sont donc encore disposées en autant de rangées qu'il y a de faisceaux vasculaires, et elles leur correspondent. Chez les Composées les choses se passent comme partout ailleurs. Rien n'y em- péche, en effet, la radicelle de naitre en face d'un faisceau vasculaire, et elle peut percer le parenchyme cortical sans interrompre le cours des canaux oléiferes, puisque ces canaux forment des arcs superposés aux faisceaux libériens. Il en est tout autrement dans les Ombelliferes. Toutes les cellules des arcs oléifères étant impropres à se diviser pour former les radicelles, celles-ci n'y pourront plus naître à leur place ordinaire. La fonction rhizogène se trouve ainsi rejetée sur les arcs superposés aux faisceaux libériens, arcs qui sont en général dépourvus de cette faculté, et que nous avons vus étre d'abord proto- plasmiques, puis transitoirement amyliferes. Mais sera-ce, comme dans les Graminées, dans les cellules médianes de cet arc que la radicelle des Ombellifères prendra naissance? Non, et voici pourquoi. En étudiant avec soin le contour externe du faisceau libérien , on rencontre au milieu de ce contour, contre la membrane rhizogène, et souvent au point de contact de deux de ses cellules, un étroit méat pentagonal bordé en dehors par les deux cellules rhizogénes, en dedans par trois cellules libériennes étroites, à contenu plus sombre que les autres et dont les parois demeurent minces alors que celles des autres cellules libériennes s'épaississent par les progrès de l’âge. Ce méat, qui a sensiblement la méme largeur que les trois cellules libériennes de bordure, soit environ 0"",008, renferme de l'huile essen- tielle. Mais cette huile n'apparait qu'assez tard, longtemps aprés que tous les canaux des arcs supravasculaires en sont déjà remplis. Avant ce moment, il est assez difficile de le bien voir. Il y a ainsi dans le pivot, outre les deux arcs de canaux oléifères supravasculaires, deux canaux libériens isolés. Sous peine d'interrompre ce canal libérien, la iradicelle ne pourra donc pas se former, comme dans les Graminées, dans les cellules médianes de l'arc rhizogène qui se trouve par là divisé en deux. C'est, en effet, dans les cellules comprises entre le canal libérien et le dernier canal de l'arc supravasculaire que se développe une radicelle, et il s'en fait ainsi quatre sur toute la périphérie du cylindre central. Chacune d'elles se dirige à traversle parenchyme cortical, en faisant avec le plan vasculaire un angle d'environ 45 degrés. Elle insère ses vaisseaux sur les vaisseaux moyens du faisceau vasculaire correspondant, par une amorce qui, partant du milieu de larc rhizogène perpendiculairenent à 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la iame vasculaire, vient rencontrer cette dernière au foyer correspondant de l'ellipse. Une section de la radicelle pendant son trajet à travers le parenchyme cortical montre ses deux faisceaux vasculaires en haut et en bas, et ses deux faisceaux libériens à droite et à gauche, de sorte que, comme dans toutes les autres Phanérogames, le plan vasculaire de la radicelle passe par l'axe du pivot. Ainsi, les radicelles se trouvent insérées sur le pivot suivant quatre généra- trices espacées de 90 degrés, qui alternent avec les deux canaux quadrangu- laires supravasculaires et les deux canaux pentagonaux libériens, qui corres- pondent en d'autres termes au milieu de chaque moitié des deux faisceaux libériens. On se rappelle que chacune de ces moitiés devient, aprés l'arc rhi- zogene, le siége d'un puissant dépót d'amidon. Cette disposition extérieure des radicelles du pivot des Ombellifères en quatre rangées est connue depuis longtemps, si bien que les auteurs, M. Clos en particulier (1), et M. Nægeli (2), l'ayant observée et n'y soupconnant rien d'extraordinaire, ont doté à priori le pivot de la Carotte et des autres Ombellifères de quatre faisceaux vasculaires en croix, comme il y en a quatre dans le pivot du Haricot, ou du Ricin, ou du Liseron. Le cas des Qmbellifères est donc très-différent de celui des Graminées, et nous en voyons la cause. Cependant il y a, comme je vais le faire voir mainte- nant, telle circonstance oü la position de la radicelle des Ombelliféres rappelle davantage, en apparence du moins, sa situation chez les Graminées. J'ai sup- posé tout à l'heure, ce qui a lieu en général, que deux radicelles du pivot ne naissent pas exactement au méme niveau dans le méme arc rhizogène supra- libérien. Mais cette coincidence se produit cependant cà et là le long d'un pivot donné. Alors comment les choses se passent-elles? Souvenons-nous que l'arc rhizogène supralibérien est beaucoup plus étroit que l'arc oléifere supravasculaire, puisqu'il ne compte le plus souvent que quatre à six cellules. Rappelons-nous encore que chaque cóne radicellaire exige pour sa formation que plusieurs cellules voisines se segmentent à la fois. Cela posé, soient » le nombre des cellules nécessaires pour produire une radi- celle, et p le nombre de cellules rhizogènes que renferme l'arc supralibérien au niveau où vont se former en méme temps les deux radicelles. Si l'on a p= 2n, ou p72n, les n cellules de droite, comptées à partir du dernier canal triangulaire, donneront une radicelle, et les n cellules de gauche se compor- teront de méme. Les deux radicelles se formeront indépendamment et sans empiéter l'une sur l'autre, elles divergeront à angle droit dans le parenchyme cortical pour venir se placer sur les quatre génératrices normales, comme lorsque chacune d'elles est seule à son niveau. Mais, et cela arrive assez fréquem- (4) Clos, Rhisotaxie anatomique (Ann. des sc. nat. 3* série, t. XVIII). (2) Nægeli, Beitræge, 1, p. 23 ; 1858. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1872. 119 ment dans le pivot, si p, par suite de la grande extension des arcs oléifères, devient plus petit que 27, il ne pourra plus se former au même niveau deux racines latérales indépendantes, et si néanmoins toutes les conditions sont réunies pour exiger qu'à ce niveau deux radicelles se forment du même côté, voici comment les choses se passent. On voit toutes les cellules de l'arc se diviser et former un cóne plas large que d'ordinaire, qui se dirigeà travers le parenchyme cortical perpendiculairement à la lame vasculaire. Cette radicelle implante ses. vaisseaux à la fois sur les deux faisceaux vasculaires primitifs, c'est-à-dire qu'elle envoie vers la bande vasculaire deux amorces latérales perpendiculaires à cette bande et qui la rencontrent aux deux foyers de l'ellipse. Coupée pendant son trajet à travers le parenchyme cortical, elle montre un cylindre central unique étalé transversalement, et qui renferme quatre fais- ceaux vasculaires, deux en haut et deux eu bas, se rencontrant en deux ban- des longitudinales parallèles. En un mot, elle se comporte comme deux radi- celles nées cóte à cóte au méme niveau, qui auraient empiétél'une sur l'autre, faute d'espace pour se constituer dans leur totalité, et qui se seraient. fusion- nées en un organe unique dirigé suivant la bissectrice de leur angle de diver- gence. A partir des derniers. canaux supravasculaires, chaque cellule de l'arc rhizogène se comporte donc, dans ce cas, comme elle se comporte quand elle fait partie d'un demi-arc fonctionnant isolément. Mais comme il manque au milieu de l'arc les cellules nécessaires: pagg achever chaque racine, ces deux organes, forcément counés, n'en font qu'un seul; Ce second mode d'insertion, qui se rencontre cà et là sur le même pivot en concurrence avec le mode normal, doit être considéré comme accidentel, puisqu'il résulte de la réunion fortuite de deux conditions indépendantes, à savoir, la formation simultanée de deux radicelles, à un méme niveau et du méme cóté dela bande vasculaire, et l'exiguité trop grande à ce niveau de l'arc rhizogène supralibérien qui se trouve réduit à fonctionner comme deux arcs incomplets. Il n'en est pas moins vrai que pour embrasser toutes les radicelles de notre pivot, les géminées: comme les simples, il faut y tracer huit génératrices deux en face des premiers vaisseaux formés ou des canaux quadrangulaires, deux en face du milieu de chaque faisceau libérien ou du canal pentagonal, quatre alternes avec les précédentes. De ces huit génératrices les deux pre- mières seules, celles qui contiennent l'insertion des cotylédons, sont toujours dépourvues de radicelles, et ce sont précisément celles-là qui, dans les racines binaires de toutes les autres plantes vasculaires moins les Graminées, les Ara- liacées et les Pittosporées, les possedent toutes. Les six autres génératrices renferment toutes les radicelles du pivot; les deux premiéres les racines gé- minées, accidentelles ; les quatre autres les racines simples et normales. Les choses se passent de la méme manière pour la structure binaire du 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pivot, pour la disposition des canaux oléifères de la membrane périphérique du cylindre central en deux arcs supravasculaires de sept, neuf ou onze méats, pour l'existence d'un canal oléifère pentagonal au milieu du pourtour externe de chaque faisceau libérien; enfin pour le mode d'insertion des radicelles que l'arrangement de ces deux sortes de canaux entraîne, dans le Panais (Pastinaca sativa), le Cerfeuil (Anthriscus Cerefolium), le Persil (Petro- selinum vulgare), le Fenouil (Fæniculum vulgare), le Carvi (Bunium Carvi), etc. On peut donc, vu l'homogénéité de la famille, y regarder cette organisation primaire du pivot et de ses radicelles comme générale. On la retrouve avec tous ses caractères et toutes leurs conséquences dans les radicelles binaires issues des racines adventives de la plante adulte, ou dans ces racines elles-mémes quand elles ont le type deux, comme on peut s'en assurer sur les Myrrhis odorata, Archangelica officinalis, Imperatoria Os- truthium, Phellandrium officinale, Hydrocotyle meschota, Astrantia inter- media, Helosciadium repens, Cicuta virosa, etc. Le nombre des canaux de chaque arc supravasculaire, nombre toujours impair, est un peu variable dans les diverses radicelles binaires d’une même plante, et aussi le long de la même radicelle. De onze ou méme treize dans un seul arc, il peut se réduire à cinq et méme à trois. En(in, si nous considérons cette organisation primaire dans des racines ad- ventives de plus en plus grosses, nous y trouverons un nombre de faisceaux constitütifs vasculaires et libériens plus élevé que deux et d'autant plus grand que la racine observée aura un cylindre central plus large. Ce seront d'abord trois faisceaux vasculaires confluents en une étoile à trois branches, alternes avec autant de faisceaux libériens (PAellandrium officinale, etc.); mais bien- tót les faisceaux vasculaires ne pourront plus se toucher au centre, qui sera occupé par du tissu conjonctif : suivant la grosseur des racines, on trouvera alors de quatre à vingt faisceaux vasculaires centripètes courts, situés à la périphérie d'un cylindre conjonctif de plus en plus puissant, où ils alter- nent avec autant de faisceaux libériens arrondis (ŒÆnanthe crocata, Sanicula europea, etc.). Quels que soient le développement du tissu conjonctif et le nombre des faisceaux, la disposition relative des canaux oléifères demeure la méme, c'est-à-dire que vis-à-vis de chaque faisceau vasculaire on trouve la membrane rhizogène creusée d'un arc de trois, cinq, sept canaux oléifères, et qu'on rencontre un canal oléifére isolé au milieu du contour externe de chaque faisceau libérien. La membrane rhizogène s'y divise donc en n arcs oléifères et eu n arcs transitoirement amvliferes, et ces derniers se trouvent, au point de vue de leurs fonctions rhizogènes, séparés en deux moitiés par le canal libérien, en sorte que les radicelles naissent et s’insèrent sur la racine suivant 2n génératrices alternes aux faisceaux vasculaires et libériens. Il peut de méme s'y produire des radicelles géminées qui seront alors situées sur n autres génératrices correspondant au milieu des faisceaux libériens. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1872. 421 Ainsi, que l'on ait affaire au pivot binaire ou à ses radicelles binaires suc- cessives, à une racine adventive ou à l'une quelconque de ses ramifications, l'organisation primaire de la racine conserve ses caractéres essentiels, les ca- naux oléiféres des deux espèces gardent le méme arrangement au sein de cette organisation, et cet arrangement détermine la méme disposition des radicelles. Araliacées. —Si aux racines adventives des Ombelliféres nous comparons maintenant celles des Araliacées (Hedera Helix, Aralia Sieboldi), nous y retrouvons la méme organisation primaire avec un nombre de faisceaux con- stitutifs également variable et en rapport avec le diamètre du cylindre central. S'il n'y a que deux faisceaux vasculaires unisériés, ils confluent au centre en une bande dirigée suivant le grand axe de l'ellipse. S'il y en a trois, ils ne se tou- chent plus et laissent entre eux au centre quelques cellules conjonctives. Enfin, s'il y en a quatre, cinq ou six, comme c'est le cas ordinaire pour les troncs principaux des racines du Lierre, ils sont courts et s'appuient à la périphérie d'un gros prisme conjonctif aux angles duquel ils correspondent, et qui se fibrifie de bonne heure. Dans tous les cas, la membrane rhizogéne s'y partage, comme dans les Ombelliféres, en arcs oléifères superposés aux faisceaux vasculaires, conte- nant trois, cinq ou sept canaux, et en arcs transitoirement amylifères et rhizogènes superposés aux faisceaux libériens. Seulement la disposition des canaux oléifères est un peu moins régulière que chez les Ombellifères. Norma- lement il y en a un quadrangulaire vis-à-vis du vaisseau le plus étroit et deux ou trois triangulaires de chaque cóté. Mais quelquefois il y en a deux trian- gulaires d'un côté et un seul ou trois de l’autre ; ou bien l'un des latéraux est quadrangulaire comme le médian ; ou bien il y a vis-à-vis du vaisseau une cellule impaire qui ne s'est pas divisée et qui est bordée par deux canaux triangulaires. Dans tous les cas aussi, on rencontre au milieu du pourtour externe du faisceau libérien un méat pentagonal ou hexagonal, tantót en contact direct avec les cellules rhizogènes et limité en dedans par trois ou quatre cellules libériennes à paroi mince et à contenu sombre, tantót entouré complétement par six cellules libériennes dont les deux externes le séparent de la membrane rhizogène, Ce méat renferme une huile plus pâle que celle qui remplit les canaux supravasculaires et cette huile y apparait plus tard. Cette disposition semblable des canaux oléifères supravasculaires et libé- riens entraîne nécessairement, au point de vue de l'insertion des radicelles des Araliacées, les mêmes conséquences que chez les Ombellifères. Si donc il y a dansun tronc principal n faisceaux vasculaires et libériens, les radicelles sim- ples s'inserent sur 2n génératrices alternes avec les n faisceaux vasculaires et les n faisceaux libériens, et les radicelles accidentellement géminées occupent n autres génératrices correspondant au milieu des faisceaux libériens. 429 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ainsi, le caractère si original que présente l’organisation primaire de la racine des Ombellifères est entièrement partagé par les Araliacées, ce qui prouve, mieux que toute autre considération peut-être, l'étroite affinité de ces deux familles et qu'elles sont véritablement les deux membres d'un seul et méme groupe naturel (1). Changements apportés dans la rácine par l'introduction des formations secondaires. Que deviennent maintenant, tant dans les Ombellifères que dans les Ara- liacées, ces divers canaux oléifères aprés l'introduction des formations libéro- ligneuses secondaires? Le parenchyme cortical primaire jusques et y compris la membrane protec- trice ne tarde pas à s'exfolier. Les cellules de la membrane rhizogène, no- tamment celles qui bordent les canaux oléifères, se divisent à la fois en dehors du canal et en dedans par de nombreuses cloisons tangentielles pour former en dehors une couchesubéreuse centripète à cellules tabulaires, en dedans une couche de parenchyme cortical centrifuge à larges cellules polygonales. Chaque canal de l'arc, refoulé en dehors par le développement des faisceaux libéro-ligneux et des rayons secondaires qui les séparent, se maintient ainsi, entre le parenchyme cortical secondaire et la couche subéreuse, au milieu de la zone génératrice commune à ces deux tissus, à une faible distance de la périphérie de l'organe exfolié. De plus, comme la cellule qui sépare deux canaux consécutifs s'étend en méme temps dans le sens tangentiel et se sub- divise par des cloisons radiales, ces canaux élargis s'écartent progressivement l'un de l'autre, tout en demeurant reliés par leurs branches d'anastomose primitives. En cetétatle canal quadrangulaire médian se trouve toujours super- posé au rayon de parenchyme secondaire, qui sépare deux faisceanx libéro- ligneux secondaires, mais l'association des canaux triangulaires latéraux avec lui pour former un arcsuperposé à ce rayon se relàche de plus en plus et devient de moins en moins nette. On voit que dans cette nouvelle position et quoique entourés de toutes parts par des formations secondaires, ces ca- naux oléifères n'en ont pas moins une origine primaire, puisqu'on les rencontre déjà à la pointe de la jeune racine avant qu'aucun élément du cylindre central (1) J'ai déjà, dans un autre travail (Recherches sur la symétrie de structure des végétaux, in Ann. des sc. nat. 5* série, t. XIII, p. 223 et 231), appelé l'attention. sur le mode d'insertion des radicelles des Ombelliféres et des Araliacées, en le rattachant à sa cause prochaine, c'est-à-dire à la présence d'un canal oléo-résineux quadrangulaire en face de chaque faisceau vasculaire. Mais dans cette premiére étude les canaux trian- gulaires latéraux, et par suite la disposition des canaux en ares supravasculaires , m'avaient échappé, ainsi que l'existence des canaux isolés libériens. Je n'avais donc pas pu expliquer le partage de l'arc rhizogéne supralibérieu en deux moitiés, et la gémina- tion accidentelle des deux racines quand elles se produisent au même niveau, Il y a donc lieu de compléter à cet égard les figures 52 et 54 de la planche 7, SÉANCE DU 23 FÉVRIER 4872. 123 soit encore différencié, bien mieux, puisqu'ils se trouvent déjà, rt d'huile il est vrai, dans la radicule et la tigelle de l'embryon. J'insiste sur ce point, car ce sont ces canaux oléifères ainsi refoulés en dehors entre la couche subéreuse et le parenchyme cortical secondaire, ainsi écartés l'un de l'autre par la segmentation de l'unique cellule qui les séparait dans la période primaire de l'organe, que M. Trécul a signalés en ces termes dans la racine âgée et déjà exfoliée des Ombellifères : « Il existe, tout près de la périphérie, au milieu ou immédiatement au-dessous d'une mince couche de tissu cellulaire, qui forme comme une sorte de périderme de quelques rangées de cellules un peu allongées horizontalement, des vaisseaux propres qui, dans les coupes transversales, sont isolés de distance en distance sur une ligne circulaire » (loc. cit. p. 155). L'origine tout à fait primitive de ces ca- naux, leur disposition en arcs superposés aux faisceaux vasculaires primor- diaux et dont le canal médian est quadrangulaire, les autres triangulaires, ainsi que l'influence qu'ils exercent sur la disposition des radicelles, ont éga- lement échappé à M. Trécul, qui n'a pas suivi depuis le début le développe- ment des tissus. En ce qui concerne la racine des Araliacées, voici en quels termes M. Tré- cul vend compte de ses observations : « Dans les racines, je n'ai vu de ces canaux que dans l'écorce. Comme chez les Ombellifères, ceux de la périphérie, souvent plus étroits que les autres, sont placés plus ou moins prés dela couche subéreuse, et sont unis entre eux par des branches horizontales ou obliques. On pourrait croire à première vue qu'ils sont épars, mais l'organogénie enseigne qu'il n'en est point ainsi. Dans les trés-jeunes racines adventives de V'Aralia edulis par exemple, les premiers vaisseaux dits 1ymphatiques, qui se développent au centre de l'organe, sont disposés suivant un triangle à peu prés équilatéral. Aux trois angles de ce triangle correspondent bientót les trois premiers rayons médullaires, et ‘dans l'écorce externe, en opposition avec chacun des rayons, naît un vaisseau propre sous la forme d'un méat triongu- laire ou bien à quatre faces. Pendant que ce premier méat ou vaisseau propre s'élargit avec l'agrandissement de ses cellules pariétales, qui sont ordinaire- ment plus larges que les cellules ambiantes, il apparait un autre méat à dis- tance de chaque côté, puis un second un peu plus loin, et ensuite un troisième également d distance, en sorte qu'il existe alors, à la périphériede la racine, vingt et un vaisseaux propres, si tous se sont développés normalement; mais il arrive parfois qu'il en naît trois d'un côté de chaque premier vaisseau et deux de l'autre, comme aussi, mais bien ‘plus rarement, il en peut naître quatre de chaque cóté. Durant l'apparition de ces organes, des faisceaux secon- daires se développent sur les trois faces du triangle primitif. » (Loc. cit. p. 887.) « Dens les ramifications de ces racines, les premiers vaisseaux lymphatiques (c'est-à-dire rayés ou ponctués) ne figurent point un triangle sur la coupe transversale, mais une ellipse. C'est aux extrémités du grand axe de celle-ci 124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que correspondent les deux premiers rayons médullaires, et c'est en opposition avec ces rayons, sous le jeune périderme, que sont produits les deux premiers vaisseaux propres. Il naît ensuite sur chaque côté de chacun d'eux, de distance en distance, trois ou quatre autres canaux oléo-résineux. En méme temps un faisceau fibro-vasculaire s'est développé sur chaque grand côté de l'ellipse. .. » (Ibid. p. 887.) « Les racines de plusieurs autres Araliacées me semblent avoir uu dévelop- pement analogue. Seulement quatre, cinq ou six faisceaux fibro-vasculaires se forment tout d'abord autour d'un axe fibreux ; il se fait autant de rayons mé- dullaires, vis-à-vis desquels nazssen les premiers vaisseaux propres... » (/bid. p. 888.) Cette description renferme plusieurs erreurs, mais l'une d'elles domine- toutes les autres. Dans des racines dont le parenchyme cortical primaire est déjà exfolié, déjà pourvu de périderme, où les faisceaux libéro-ligneux secon- daires sont déjà bien développés, dans des racines qui sont âgées par consé- quent, quoiqu'il les considère comme très-jeunes, M. Trécul affirme avoir vu naître les canaux oléifères sous la couche subéreuse et dans l'ordre qu'il indique. Or il résulte des recherches anatomiques que je viens d'exposer que toute cette prétendue organogénie des canaux oléifères n'est que pure illu- sion. Tous ces canaux existent déjà et sont déjà pleins d'huile essentielle à la pointe de la jeune racine, alors qu'aucun élément du cylindre central, aucun vaisseau, aucune cellule libérienne n'est encore différenciée. Ils sont déjà creusés, quoique encore dépourvus d'huile essentielle, dans la radicule et dans la tigelle de l'embryon. Il y a, en réalité, dans le développement des tissus de la racine, trois périodes qui ont échappé à M. Trécul : 1? celle où les divers éléments du cylindre central se différencient, la période de constitution ; 2° celle où, ces éléments étant tous différenciés, les arcs générateurs ne sont pas encore en- trés en jeu; c'est ce que j'appelle l'organisation primaire de la racine; 3° enfin celle où les arcs générateurs entrent en jeu pour former les productions libéro- ligneuses secondaires et les rayons qui les séparent, jusqu'à ce que la forma- tion de la couche subéreuse ait exfolié le parenchyme cortical primitif. M. Trécul n'a étudié que des racines déjà exfoliées, ayant franchi ces trois premières périodes, déjà vieilles par conséquent, et les canaux qu'il déclare y avoir vus naitre existent avec tous leurs caractéres dés le début de la pre- miere de ces trois périodes. Voilà ce que deviennent les canaux des arcs oléifères supravasculaires ; qu'advient-il maintenant des canaux isolés libériens? Ceux-là ne s'élargissent pas, au contraire. Il semble qu'ils sont peu à peu écrasés et comme oblitérés, à mesure que le faisceau libérien primitif est comprimé et rejeté en dehors par le faisceau libéro-ligneux qui se développe sur son bord interne. Les cel- lules de bordure du canal paraissent s'épaissir, et leur fonction cesser. SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1872. 125 Mais en méme temps que s'oblitère ce canal libérien primitif, il se déve- loppe dans les rayons d'éléments grillagés du liber secondaire, et en plus ou moins grande quantité suivant les espèces, de nouveaux canaux oléiferes, ori- ginairement étroits et bordés par quatre cellules spéciales, s'élargissant plus tard, et disposés à la fois en arcs concentriques et en séries radiales, Les Ara- liacées ne produisent de ces nouveaux canaux oléo-résineux que dans le liber secondaire ; le bois secondaire n'en renferme pas. C'est aussi le cas le plus général dans les Ombelliféres, mais M. Trécul y cite l'Ópopanaz Chironium, et le Myrrhis odorata comme ayant, en outre, des canaux oléo-résineux dans le bois secondaire. Ce sont ces canaux du liber secondaire dont M. N.-J.-C. Mueller a bien étudié le mode de formation dans les Araliacées (Cussonia, Hedera) et dans les Ombellifères (Ferula, Bubon, Archangelica) (1). Mais, dès qu'il s'agit de l'existence des canaux primaires et de leur disposition dans le tissu, cet auteur cesse d'étre exact. Je ne reléverai ici qu'un seul passage, celui oü il est affirmé que la racine d'Archangelica n'a pas d'autres canaux oléo- résineux que ces canaux secondaires, issus de la couche génératrice. Dans l'Artemisia et l’ Arnica, dit M. Mueller, il y a des canaux oléifères antérieurs au cambium et situés en face des masses ligneuses centripètes; des canaux de cette sorte manquent dans l’Archangelica (p. 429). Cette assertion est dou- blement erronée. Dans les deux familles il y a des canaux oléifères antérieurs à la couche génératrice. J'ai montré, dans une série de communications antérieures (séances des 24 novembre, 8 et 22 décembre 1871), que, dans les Composées, ces canaux primitifs sont non pas situés en face des faisceaux vasculaires centripétes, comine le dit M. Mueller, mais bien superposés aux faisceaux libériens, et nous venons de voir que chez les Ombellifères ils sont au contraire superposés aux faisceaux vasculaires centripètes (>). Tigelle et cotylédons. La limite entre le pivot et la tigelle des Ombellifères est marquée nette- ment au dehors par une ligne circulaire qui sépare l'épiderme grisâtre, velu et d'origine exogène de la racine principale, de l'épiderme blanc mat, lisse et (4) Pringsheim's Jahrbuecher, V, p. 412-418, p. 426-429. : à à (2) M. Mueller reconnait cependant (p. 428) que la racine d'Imperatoria Ostruthium possède deux espèces de canaux qu'il refuse à la racine d Archangelica, les uns plus précoces, les autres plus tardifs que les canaux du liber secondaire : 1? des cansas superposés un à un aux faisceaux ligneux primaires, antérieurs à la couche prairie ; 2" des canaux périphériques apparaissant beaucoup plus tard que les faisceaux libéro- ligneux secondaires et saus rapport avec eux. Pour nous, ces canaux sont tous d'une seule et même espèce, tous contemporains et primaires. Les premiers sont les canaux médians des arcs oléiféres de l’organisation primaire; les autres sont les canaux laté- raux de ces arcs, M. Mueller, qui a reconnu la précocité des uns, est tomé pour les au- tres dans la méme erreur que M. Trécul, 126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'origine endogène de la tige. Quel est le changement interne qui correspond à cette limite extérieure ? Sil'on étudie une série ininterrompue de. sections transversales pratiquées depuis cette limite jusqu'aux cotylédons, on voit que la structure du pivot se conserve dans ses traits les plus saillants à travers toute la tigelle jusqu'à quelques millimètres de l'insertion des cotylédons. Les deux lames vasculaires demeurent en effet associées au centre en une bande dirigée suivant le grand axe de l'ellipse ; l'arc de canaux oléiféres qui leur correspond. conserve tous ses caractères, seulement les larges cellules hyalines qui séparent les méats s'agrandissent encore ; les faisceaux libériens gardent leur aspect, mais s'écar- tent de la lame vasculaire et en sont maintenant séparés par plusieurs rangs de cellules conjonctives. Enfin, le cylindre central ainsi constitué est toujours enveloppé: par une membrane protectrice à plissements très-nets. Cependant, en examinant les choses de plus prés, on voit quequelques chan- gements ont eu lieu à la limite externe. D'abord, à partir de ce niveau, tous les vaisseaux spiralés de la bande sont devenus déroulables. Cette légère trans- formation est due à l'accroissement intercalaire. D'une facon générale, les vaisseaux spiralés de la racine ne sont pas déroulables, parce que l'accroisse- ment de cet organe est à peu prés exclusivement terminal, parce que, du moins, une fois les vaisseaux épaissis à un niveau donné, les cellules de ce niveau ne s'allongent plus sensiblement. Les vaisseaux spiralés de la tigelle, de la tige et des feuilles, ont leur spire décollée de la membrane primitive et déroulable, parce que la tigelle, la tige, les feuilles sont le siége d'un accroisse- ment intercalaire postérieur à la formation de la spire; 1l y a, entre ces deux phénomènes, un lien de cause à effet. Dire d'un côté que les vaisseaux spi- ralés sont déroulables dans la tige et non déroulables dans la racine, ou, en d'autres termes plus habituellement employés, que la tige a des trachées et que la racine n'en a pas; dire d'un autre cóté que la tige a un accrois- se ment intercalaire et que celui de la racine est exclusivement terminal, c'est exprimer non pas deux caractères différents, mais un seul et méme caractère. A ce premier changement s’en ajoute un second. A la limite externe, les arcs dela membrane périphérique du cylindre central superposés aux fais- ceaux libériens prennent d'abord de la chlorophylle comme les cellules libé- riennes elles-mémes, puis ils disparaissent, c'est-à-dire que leurs cellules se divisent et viennent former les éléments externes du faisceau libérien ; ce der- nier s'appuie alors directement contre la membrane protectrice, en méme temps qu'il s'écarte de la lame vasculaire. La tigelle n'a donc pas d'arcs rhizo- gènes ; la membrane périphérique du cylindre central s'y réduit à ses deux arcs oléifères. Nous avons déjà dit, à propos des Composées, que cette sup- pression dela membrane rhizogène en dehors des faisceaux libériens est un des caractères généraux du passage anatomiique de la racine à la tige. Mais SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1872. 127 ici elle entraîne avec elle une conséquence singulière, c'est l'impossibilité où se trouve la tigelle de former des racines adventives. Enfin, il y a encore un troisième changement à noter. Des cellules étroites et longues s'insinuent entre le vaisseau le plus externe et les larges cellules qui bordent le canal quadrangulaire, avec lesquelles ce vaisseau était en contact direct tout le long du pivot. Ces cellules ont le caractère des cellules libé - riennes, mais il semble que leur formation se rattache plutôt au début des productions secondaires qu'à la séparation de la tige et de la racine. Ainsi, s'il y a des plantes comme les Composées, le Ricin, le Liseron et tant d'autres, où tous les changements anatomiques qui séparent la tige de la ra- cine se succèdent rapidement et s’accomplissent dans un trés-court espace coin - cidant avec la limite externe, il y en a d'autres, comme les Ombellifères, et j'ajouterai les Crucifères, les Conifères, etc., où quelques-uns de ces change- ments, et les moins frappants, s’opèrent seuls à la limite externe. Les plus apparents peuvent ne s'accomplir que dans la partie supérieure de la tigelle, à peu de distance même des. cotylédons, en sorte que cette tigelle paraît, au premier abord, conserver tous les caractères anatomiques du pivot. Ces diffé- rences tiennent simplement, comme il est facile de le concevoir, à une loca- lisation différente de l'accroissement intercalaire de la tigelle (1). (1) Qu'il me soit permis de rappeler ici que l'étude de la manière dont s'opére, tant chez les Monocotylédones que chez les Dicotylédones , le passage de la racine principale à la tige, m'occupe depuis plusieurs années. Il y a plus de trois ans, j'annoncais (Comples rendus, 18 janvier 1869) que ce passage s’opère en général à la limite externe par le dédoublement des faisceaux vasculaires primitifs suivi de la translation latérale et de la rotation de leurs deux moitiés qui les amènent à se superposer aux f&isceaux libériens alternes et qui rendent leur développement, de centripéte, d'abord latéral, puis centrifuge. Depuis, j'ai vu que si un très-grand numbre de plantes se comportent ainsi, chez d'autres les choses se passent autrement, qu’il y a, par conséquent, plusieurs types à distinguer et que ces types méritent une exposition détaillée. Mais celte expo- sition devait nécessairement étre précédée d'une étude approfondie de la structure de la racine dans les trois grandes classes de plantes vasculaires. Aujourd'hui cette étude est faite et publiée au tome XIII des Annales des sciences naturelies, 5° série. C'est la pre- miére partie d'un grand travail d'anatomie et de physiologie végétales dont j'ai exposé le plan dans l'introduction qui précéde ce premier mémoire, Le second mémoire qui m'occupe en ce moinent traite de la tige, et l'un de ses chapitres est naturellement consacré à l'étude du passage anatomique de la racine à la tige. Il ne pouvait être question de ce passage dans le mémoire sur la racine, celle-ci conservant toujours ses caractères dis- tinctifs jusqu'à la limite externe. Si le passage est brusque, il s'opère dans un court inter- valle au-dessus de cette limite. S'il est progressif, il commence à la limite, et s’achève plus ou moins haut dans la tigelle, quelquefois seulement sous les colylédons. Si je rappelle ici l'état de mes travaux sur cette question, c'est qu'il vient de pa- raître dans le second fascicule du tome VIII des Annales de Pringsheim, parvenu aux abonnés de Paris dans la seconde semaine de janvier, un mémoire de M. Dodel, inti- tulé : Le passage de ia tige des Dicotylédones à la racine principale. La question n s est traitée, il est vrai, que sur un seul exemple, l'un des plus simples de tous, le Hari- cot, mais l'auteur y annonce toute une série d'études sur ce méme sujet. Je crois devoir constater ici l'indépendance de mes recherches et l'intention où je demeure de les continuer dans la voie où je les ai entreprises. ; 3. : Le chapitre de mon travail relatif à cette question a d'ailleurs une étendue plus 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Arrivé à peu de distance des cotvlédons, on voit la lame vasculaire multi- plier ses vaisseaux et se gonfler en son milieu, puis se dédoubler et se creuser de maniere à former une ellipse vasculaire au centre de laquelle il se trouve quelques cellules médullaires. Puis chaque pointe de l'ellipse s'isole et chaque côté se dédouble; d’où six groupes vasculaires, désormais centrifuges. En méme temps chaque faisceau libérien s'étale tangentiellement et se divise en quatre fragments dont les deux extrémes s'unissent ensemble ; d'oü six grou- pes libériens superposés aux six groupes vasculaires et intimement unis à eux pour former six faisceaux libéro-ligneux. Les arcs oléifères se divisent simul- tanément et se transforment de manière à former, au dos de chacun des fais- ceaux doubles, un canal quadrangulaire. Enfin, ces six faisceaux se rendent trois par trois aux cotylédons. Dans chaque nervure cotylédonaire, le canal quadrangulaire dorsal a ses cellules de bordure en contact immédiat avec le liber; il n'y a pas d'autres canaux dans le parenchyme. Je n'ai pas réussi à voir sur les larges cellules qui bordent les faisceaux des cotylédons les plissements caractéristiques de la gaine protectrice. D'ailleurs, à mesure qu'on s'éléve dans la moitié supérieure de la tigelle, ces plissements s'écartent l'un de l'autre, deviennent de plus en plus rares, et finissent par disparaitre. Mais si la tigelle et les cotylédons des Ombellifères n'ont pas de canaux oléo-résineux dans leur parenchyine, on sait depuis longtemps qu'il en est autrement dans la tige épicotylée et dans les feuilles qu'elle porte (1). D'aprés M. Trécul, toutes les Ombelliféres et les Araliacées ont des canaux sécréteurs grande. J'y étudie en effet le passage anatomique des deux organes aussi bien chez les Monocotylédones que chez les Dicotylédones. L'Asperge, l'Ail, l'Asphodéle, le Trades- cantia, 'lris, le Canna, le Dattier, les Graminées, se trouvent parmi les plantes ana- lysées à ce point de vue. Or, M. Dodel déclare, au début de son travail, qu'il n'y a pas lieu de s'occuper à cet égard des Monocotylédones, par la singuliére raison que voici : « Il est bien connu, dit-il, qu'il ne peut étre question chez les Monocotylédones d'une racine principale, et que les racines de ces plantes sont, sans exception, des racines adventives. Les Monocotylédones se trouvent donc tout d'abord exclues du cadre de ces recherches. » (Loc. cit. p. 150.) Telle est aussi l'opinion de Schacht: « Les Mono- cotylédones, dit-il, sont dépourvues de pivot dés leur germination, » (Les Arbres, p. 188.) J'avais oui dire cependant qu'en l'année 1810, l'Académie des sciences de Paris avait relenti d'une discussion demeurée célébre, entre L. C. Richard et Mirbel, au sujet d'une prétendue distinction des végétaux en Endorhizes et en Exorhizes, discussion que Cuvier a résumée dans ses Rapports annuels sur les progrés des sciences physiques et naturelles, et qui a valu à la science les belles recherches de Mirbel sur le mode de germination et le développement de la racine principale des Monocotylédones. C'est donc depuis plus de soixante ans un fait bien établi que les Monocotylédones déve- loppent au moment de la germination une racine principale, un pivot, au méme titre que les Dicotylédones. Aussi, sans insister sur ce point, me bornerai-je à ajouter que dans mon mémoire sur la Racine, j'ai analysé la structure de cette racine principale dans environ quinze genres monocotylédonés. (Voy. Ann. sciences nal., 5? série, 1872, t. XII, p. 123 à 146.) (4) On trouve notamment quelques bonnes observations sur les canaux sécréteurs du parenchyme de la tige et du rhizome des Ombelliféres dans une thèse de M, Jochmann : De Umbelliferarum structura et evolutione nonnulla (Vratislavie, 1855). SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1872. 129 dans le parenchyme cortical de leur tige et dans le parenchyme de leurs feuilles, et toutes, sauf quelques espèces de Bupleurum (B. Gerardi, B. ranunculoides), en possèdent aussi dans la moelle. Cet anatomiste a décrit avec détail les diverses dispositions qu'affectent ces canaux du paren- chyme, notamment ceux du parenchyme cortical de la tige des Ombelli- fères, où il distingue dix arrangements différents. M. Trécul a signalé aussi les canaux sécréteurs qui existent dans le liber primaire et secondaire des faisceaux libéro-ligneux de la tige et des feuilles des plantes de ces deux familles, N'ayant sur ce point rien d'essentiel à ajouter à ces observations, je me borne à renvoyer le lecteur aux deux mémoires cités plus haut. M. Chatin fait à la Société la communication suivante : SUR LA CULTURE DES MORILLES, par Mf. Ad. CHA'TIN. J'ai l'honneur de faire connaitre à la Société, dans le but surtout de pro- voquer les remarques que pourraient avoir à présenter quelques-uns de ses membres, le fait, signalé par un horticulteur, de la possibilité de cultiver les Morilles, Champignons que beaucoup de personnes (dont, soit dit en pas- sant, je ne partage pas tout à fait le goût) comptent parmi les plus agréables à manger. Chacun sait que si le nombre des Champignons alimentaires est consi- dérable, il en est peu, parmi ces derniers, que nous puissions faire croître à notre volonté et en toutes saisons. On peut méme dire à cet égard qu'en dehors de l Agaricus campestris, il n'y a qu'iusuccés ou réussites accidentelles de culture. De là l'intérét qui s'attache à la possibilité de faire entrer dans les cultures régulières quelque autre espèce de Champignon. Tel serait, suivant l'affirmation d’un jardinier d’ Étrépagny (Eure), dont M. le comte Lecouteulx, de Canteleu, s'était fait récemment l'organe auprés de la Société d'acclimatation, le cas de la Morille. Ce jardinier affirme qu'il produit la Morille à volonté et eu toute saison, par une pratique dont il a le secret, et qu'il propose de faire connaître à cette Société, moyennant un prix qu'il indiquerait si le principe de la proposition était accepté. Le Conseil de la Société ayant déclaré qu'il se réservait de fixer lui-même la valeur de la récompense, aprés qu'une commission nommée par lui aurait pu apprécier la valeur des résultats annoncés, l'affaire en est restée là. ; Si maintenant, admettant comme fondée la prétention transmise par M. le comte Lecouteulx, on cherche à deviner le secret du jardinier d'Etré- pagny, on se rapprochera peut-être du but en tenant compte des observations faites par quelques paysans sur la production des Morilles. J'ai, en ce qui me concerne, entendu un bücheron des environs de Rambouillet assurer qu'il trouvait fréquemment des Morilles aux endroits des foréts, frais d'ailleurs, oü T. XIX (SÉANCES) 9 430 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avaient longtemps séjourné des meules de bois, surtout des bourrées ou fagots, ayant laissé le sol couvert de leurs débris ; il ajoutait qu'il les rencontrait aussi autour des places jonchées de débris végétaux, où avaient été établies des charbonniéres. Sur la question de savoir si telle essence forestière était plus favorable aux Morilles que telle autre, il me dit qu'il croyait bien que les débris d'Orme (Vimus), de Charme (Carpinus), convenaient mieux que ceux du Chêne (Quercus) aux Morilles. Je ne peux qu'engager mes collègues à con- tróler ces données, queje me propose de vérifier moi-méme àla premiere occa- sion. On comprend qu'étant donné le substratum favorable à la multiplica - tion de la Morille, on pourra se placer dans telles conditions qui permettent d'obtenir, méme en hiver, ce Champignon qui n'apparait spontanément qu'au printemps (1). M. Roze regarde la Morile comme annuelle, en ce sens que ses spores doivent produire un mycélium dont les fruclifications sont susceptibles de se développer au printemps suivant. ll a observé des Pezizes qui se reproduisaient tous les ans au printemps. Ila rencontré le Morchella semi-libera principalement sous le Frêne. M. Pérard dit que dans l'arrondissement de Montluçon, le déve- loppement de la Morille grise (Morchella esculenta var.) lui a paru être favorisé par une terre imbibée de graisse ; il l'a observée tous les ans dans la fosse oü les wagons aménent le charbon de Com- mentry destiné à la consommation d'une importante usine. M. l'abbé Chaboisseau dit que, dans la Vienne, la Morille est assez abondante au bord des vignes, sous les haies, dans les terrains argilo-siliceux surmonlés d'une couche légére de diluvium. M. Duchartre dit qu'elle se trouve en assez grande quantité à Toulouse, sous une pépinière de peupliers au bord de la Garonne. M. Roze dit qu'il croit nécessaire, pour la croissance de la Morille, que le terrain où elle vient garde l'humidité dans une certaine sai- son ; il pense qu'elle se développe sous des branchages morts. (1) Les spécimens de Morille que je mets sous les yeux de la Société botanique sont ceux-là méme que M, le comte Lecouteulx a rapportés d'Etrépagny. Ils sont, en général, petits et appartiennent à la variété conica du Morchella esculenta Leur production aurait eu lieu en plein hiver. SÉANCE DU 8 MARS 1872. 131 SÉANCE DU 8 MARS 1872. PRÉSIDENCE DE M. ÉD. BUREAU, VICE-PRÉSIDENT, M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de a séance du 23 février, dont la rédaction est adoptée. M. Bureau fait hommage à la Société de plusieurs brochures pu- bliées par lui sur la question de l’enseignement supérieur à Nantes. M. Ramond, trésorier, donne lecture du rapport suivani : NOTE SUR LA SITUATION FINANCIÈRE A LA FIN DE L'ANNÉE 1871, ET PROPOSITIONS POUR LE BUDGET DE 1872. Les événements n'ont pas permis d'arréter les écritures de 1870 à l'époque réglementaire. Le compte que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à la Société comprend, avec l’année 1871 (1** janvier au 31 décembre), les dix derniers mois de 1870. La Société avait en caisse au 28 février 1870, date de la clóture des fr. €. comptes de. 1860nga.4.. 50... 0041 eyrans h a fitis b 19,948 16 Du 4*7 mars 1870 au 31 décembre 1871, la Société a reçu.........,,. 14,983 85 Cast un total d6.. ^... v. e«t o TEO TEE 08 Les dépenses ont été de.......... Sei uus eria cu ossis 1 40,088 89 Becidudi des poceltes. . coco eo 0 85 o MDN cou RU ll y a eu, en outre, à porter à l'actif pour conversions de valeurs (achat de rente, bons du Trésor, compte courant au Comptoir FRS TO SRE ET ET di. rarse 13.008 214 Et, au passif, une somme égale, ci..... Vitesse . 13,569 21 (Balance). L'excédant des recettes est représenté par les valeurs ci-aprés : Rente de 580 francs sur l'État (2 titres n° 114335, série 8°, et 140506, série 8') : capital, d’après le prix achát ier Eeveereccrevevico ho («26s : 495089 86 Bon du Trésor, n° 11780 : capital.......... 2,000 » Dépôt au Comptoir d’escompte....... 4b. i 4,201. 85 Numéraite.».- «ied a n mirror sie ere keni 3,185 41 Total (comme ci-dessus). ........e 19,937 12 Les recettes et les dépenses se décomposent comme suit : Solde en caisse à la clôture du compte de 1869,..... 5s. Pubs css 19,948 16 A reporler...... 19,948 16 432 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. RECETTES. Report... . 19,948 1 342 cotisations annuelles, à 30 francs................. 9,360 » 5 cotisations à vie, à 300 francs... . ......... 1,500 1.700 » 4 solde de cotisalion à vie. ........,4..0%.. 200 ? $O diplômes, à 2 an:n 2. ne AN er: 30 » Vente du Bulletin. ses as +... 0449 9r. qu Vases edt 859 » Remboursements pour excédants de pages............. 39 » Subventions du Ministére de l'Agriculture et du Commerce, 14,983 85 pour. 4870.61.4874... 2... cce t ve ae, eA 1,200 » Subvention du Ministère de l'instruction publique, pour 418741.7 EION OU A 500 » Rente sur VS.. indices ur re arare 4,120 » HNGPON dos DORE dU TEE... Lo ee core too sacs 108 », Intérêts du dépôt au Comptoir d’escompte.............. 71 85/ (n. PEU Pet dort T" 34,932 01 DÉPENSES, Ímpression du Bulletin. . .... SR REA Re , 6,514 ^» Revue bibliographique et Table.......... delete ANA 1,007 75 Frais dó práVUTO08 o. o4 3 ote cR i oor 569 » b bans. (o luu. tn a 460 15 PC ROME VE Sri tree oea see 738 44 Circulaires et impressions diverses. ..........,....,.. 615 95 BUE (LOO Ot EBZ onn eere rre] 2,000 » Abonnement pour chauffage et éclairage. .............. 400 »? 14,994 89 Menus frais, ports de lettres et de paquets..........,.. 419 25 Bibliothèque, herbier et mobilier. ..:,.......,........ 22 65 Dépenses extraordinaires... ce: i 130 » Honoraires du conservateur de T'herbier (pour 1870 et le premier trimestre de 1871). .... PR D ELA S SS. 629 » Traitement de l'agent comptable (pour deux ans). . Eeki 4,000 » Gages du garçon de bureau (pour deux ans)............ 700.» Excédant des recettes (comme ci-dessus, page 131)............ 19,937 12 Quant aux conversions de valeurs, elles ont donné les résultats ci-après : Rente sur l’État...... Encaisse au 28 février 1870.......... Sr 11,902 95 Nouveau titre de 80 fr. de rente 3 p. °/° : capital 1 7586 91 Encaisse actuel (comme ci-dessus, page 13 1)... 13,489 86 Bons du Trésof....... Encaisse au 18 février 1870................ 3,200 » Deux nouveaux bons n^* 2397 et 11780 : capital 4,000 » Tolkien «RAS EE ev. Dec PER 7,200 » A déduire pour encaissements. .............. 5,200 » Encaisse actuel (comme ci-dessus, page 131)... 2,000 » Comotoir d'escompte. . Encaisse au. 28 février 1870.....,,....... . 8,008 30 db acl. D a see croco ie 152 » Tolali v nr —— BRA 3,820 30 Remboursements à déduire................. 2,650 50 belsone pb. 5 du, wh d 0:01 490.» À ajouter pour INR... 5.05 css: 71 85 Encaisse actuel (comme ci-dessus, page 131)... — 1 ,26. 85 SÉANCE DU 8 MARS 1872, 133 Classement par exercices, et Réserve. Un tableau que le Conseil a eu sous les yeux et dont les éléments seront soumis à la Commission de comptabilité, indique le classement des recettes et des dépenses, d'aprés l'exercice auquel elles se rapportent. J'y ai rappelé aussi, selon l'usage, les recettes et les dépenses des années antérieures. Le tout se résume comme suit : Recettes depuis la fondation de la Société... ..... 199,496 13 DEUS. Ceo oo a a A su 179,559 04 Excédant des recettes (comme ci-dessus, page 132) — 19,937 12 Toutes les dépenses de 1868 et des exercices antérieurs sont soldées. Pour 1869, nous aurons à payer la Table et quelques frais accessoires: au fotal? environ Ne ee ne ee sie deco ee ee ee à eco eee E 300 » Pour 1870, nous devons le dernier cahier du Bulletin, le dernier cahier de la Revue et la Table, soit au total, avec les frais accessoires, .......... 1,200 » pour 1871, l'impression du Bulletin et de la Revue, les frais de port et de brochage afteindront probablement..." 24.1... 50,0, 3. 7,000 » Le total des dépenses à prévoir est done de...,.....,.,.,,,. 8,500 » Mais il nous est dü pour lés cotisations arriérées de 1870 et de 1871 (indé- pendamment de quelques cotisations non encore payées pour les anciens exercices) : 9,540 francs. Ces retards ont leur explication dans les tristes faits des deux dernières années. On peut espérer qu'ils seront bientôt réparés. L'arriéré des recettes serait alors plus que suffisant pour couvrir l'arriéré des dépenses, et l'encaisse actuel resterait en totalité acquis à la Société comme fonds de réserve. "Budget de 1872. J'ai maintenant à soumettre à la Société le projet de budget de 1872. Voici les prévisions pour les recettes : 320 cotisations annuelles, à 30 francs............... NV ER CR NE, 9,600 » [Le nombre des membres de la Société est de,........ 399 11 faut déduire 72 membres à vie..,..........,...., 72 Reste pour les cotisations annuelles, ,. ,. 320] Cotisations à vie....... Pl DIEITUR SES IPIE Mémoire. 5 diplômes à 2 francs..............,+,............. ov vidt ed 10 » Vente du Bulletin.............. Sens d) EVRWAA por y pires sn sois 600 » [La moyenne des six? années antérieures à 1870 “dépasse 900 francs.] Remboursements pour excédants de pages et frais de gravure... .. ... 100 » Subvention du Ministère de l’agriculture......................: «sis 600 » Subvention du Ministère de l'instruction publique... ....... eee 500 » Rente sur l'État... AGT Bi uiio hh nn AS. od OPE VS X 600 » lutéréts des bons du Trésor.:.........,.:...........4......e. 90 » [A 4 1/2 pour 100 sur un capital de 200 franes.] ‘Intérêts du dépôt au Comptoir d'escompte. .......... «se éecvtosvo 40 » [A 2 pour 100 sur 2000 francs, en moyenne.] des Total (les cotisations à vie non comprises)........ 12,140 » 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quant aux dépenses, elles pourraient être évaluées comme suit : / Impression du Bulletin...........,...... 9,225 » Seances....... 22 feuilles, à 114 fr. 2,508 » Rei. è. 45 feuilles, à 405 fr. 1,575 » Session et Table 9 feuilles...,...,. 4,442: » SEG A6 5,225 »] = Revue bibliographique et Table (rédaction)... 1,150 » Frais de grádvuTeB (02 5.50 5-022095. 200 > et autri z : 7,845 » esser odliage. du Bulletin, :- 4.5...» emot « 368 » : Impressions. [46 feuilles, à 8 francs, ] PorE GE Bulle... 420 ss er se dose 552 » [46 feuilles, à 42 francs (y compris l'envoi de livraisons et de volumes séparés.] Circulaires et impressions diverses......... 350 » ( Loyer. oov oes de ep cer recule 1,000 » ;.. V Chouffage et éclairage. -sr asror inr me 200 » ce Port de lettres et menus frais............. 400 » 4,950 » — | Bibliothèque, herbier et mobilier. ......... 450 » Dépenses exitaordinaméeS.., En résumé : La recette serait de.......,......,.,,..,.35.. 20 HR MEN. 12,140 » La” dépense’ de..7..7......& 201... .. 54 N CT LETRAS qi rero 11,145 » Et l'exercice se solderait par un excédant de J'ai l'honneur de proposer à la f«« 4° .P'ordonner lé renvoi du compte de 1870-71 à la Commission de compta- bilité, pour la vérification des pièces justificatives des recettes et des dépenses ; 2° D'approuver le projet de budget ci-dessus pour 1872. Les propositions de M. le Trésorier sont adoptées. M. le Président rappelle à la Société que le 23 juin dernier il lui a été donné communication d'une proposition de M. le colonel Paris, tendant à rompre les relations de la Société avec les sociétés savantes et MM. les botanistes de l'Allemagne du Nord, et que cette question a élé renvoyée à l'examen du Conseil d'administration. Le Conseil, dit M. le Président, aprés avoir consacré à cet examen toute son atten- lion, et sur un rapport présenté par M. l'abbé Chaboisseau, vice- président, propose à l'unanimité de passer à l'ordre du jour. Cette décision du Conseil, aprés une discussion approfondie, est unanime- ment confirmée par l'Assemblée. M. Ye Secrétaire général propose à la Société d'avancer d'une se- SÉANCE DU 8 Mans 1872. 155 maine la séance qui doit avoir lieu le 12 avril prochain et de tenir cette séance le 5 avril, en raison de la présence à Paris, durant la semaine qui suit la fête de Pâques, de MM. les délégués des Sociétés savantes des départements. Cette proposition est adoptée, et le chan- gement de date sera communiqué à tous les Membres par une cir- culaire spéciale. M. le Président appelle l'attention de la Société sur un voyage d'exploration botanique que M. Péronin va faire prochainement dans une parlie de l'Asie Mineure, sous le patronage de M. Bourgeau. MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes, adressées à la Société : NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE TRUFFE, par M. Henri BONNET. (Apt, Vaucluse, février 1872.) TUBER PIPERATUM BUOLICI (1). Nom vulgaire provençal: Pebra (poivre). Champignon globuleux, irrégulier, de grosseur variable, de couleur noir roussâtre ; couvert de verrues anguleuses, ridées, petites et déprimées au som- met ; à chair jaune assez pâle dans la jeunesse, roux foncé et fuligineux à la maturité, marbrée de veines à air très-nombreuses, larges, contournées, gangliformes; sporanges peu nombreux, contenant de une à quatre spores (rarement six spores) réticulo alvéolées. Ce Champignon, ordinairement dé la grosseur d'une forte noix, atteint exceptionnellement 'celle du poing; il est globuleux, irrégulier, dépourvu de fosse basilaire, mais à base généralement aplatie. Son cortex mince, se déta- chant facilement du parenchyme, laisse voir (à la loupe) de nombreux tila- ments mycéliaux dont les points de jonction avec les veines à air se reconnais- sent au microscope composé. Ce cortex est orné de verrues généralement moindres que celles des Mélanosporés, moins élevées, moins aigués au sommet, irrégulières, à faces ridées et limitées par des gercures assez profondes ou des arétes plus ou moins contournées et saillantes, Le gleba, ferme, presque sez, de couleur blanc jaunâtre dans la jeunesse de la Truffe, acquiert une teinte plus foncée avec le temps et devient fuligineux à la maturité. Les veines à air, trés-nombreuses et larges, bien qu'amincies par la dilatation du tissu fertile, conservent à âge égal un diamètre plus consi- dérable que celui des Truffes comestibles ; leur prolongement est accidenté de renflements irréguliers, presque gangliformes, reliés entre eux par des filets atténués au point de devenir malaisément perceptibles à l'œil nu. (1) Buolicus (Buoux) est le nom de la commune des environs d'Apt d’où l'on m'a apporté les échantillons que j'ai étudiés, , 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. "Le gleba est parcouru, en outre, de lignes obscures se distinguant à la vue simple. Les sporanges sont pédonculés, elliptiques ou sphéroïdaux, et contiennent de 1 à 4 spores, très-rarement 6. i — Les spores, colorées en jaune foncé, sont généralement sphériques quand elles naissent isolées dans les théques, et d'un ovale très-arrondi quand elles s'y montrent en plus grand nombre. Ces spores sont réticulo-alvéolées, plus exactement réticulées. Les alvéoles très-irréguliers dont leur épispore est orné se trouvant presque toujours ouverts, leurs parois trés-saillantes, à bords aigus inégaux et sinués, ressemblent, quand on les observe avec des lentilles à grossissement faible, aux piquants dont sont hérissées les spores des Mélano- sporés, des Brumales, ctc. ài Le Pebra n'est ni comestible, ni vénéneux ; l'odeur en est désagréable, très-forte, comme hircine; la saveur nauséabonde et piquante; elie laisse dans la bouche une sensation trés-persistante, analogue à celle que produit le piment des Indes, mais plus faible. COMPLÉMENT DU CATALOGUE DE PLANTES PHANÉROGAMES, RARES OU PEU COMMUNES DANS LA CIRCONSCRIPTION DE LA FLORE PARISIENNE, TROUVÉES A SAINT-GERMAIN EN LAYE OU AUX ENVIRONS, AVEC L'INDICATION, POUR CES ESPÈCES, DE LOCALITÉS QUI NE SONT PAS MENTIONNÉES DANS LA FLORE DES ENVIRONS DE PARIS (1), par M. Louis BRISOUT DE BARNEVILLE. (Saint-Germain en Laye, 49 février 1872.) Myosurus minimus L. — Parc de Chambourcy, mai 1870 et 1871 (L. B.). Helleborus fœtidus L. — Parc de Mignaux près Poissy et bois voisins de ce parc, avril 1870 (L. B. j. Melandrium silvestre Wohl. (Lychnis silvestris Hoppe). — Parc de l'É- tang-la-Ville, en fleur, avril et mai 1870 (L. B.). Stellaria uliginosa Murr. — Je l'ai trouvé en fleur avec M. Doyen dans un bois marécageux à Montamets prés Orgeval, le 11 mai 1870. Radiola linoides Gmel. — Friches d'Aigremont (L. B.). Oxalis Acetosella L. — Bois de Mareil, 1870 (L. D.). Bois de Montamets, 11 mai 1870 (L. B. et Doyen). Geranium pyrenaicum L. — Parc de Mignaux, en fleur, 19 mai 1870 ; Chambourcy, mai et juin 1871 (L. B.). Althæa hirsuta L. — Ancien parc de Marly, en fleur, : juillet 1871 (L. B.). Fumaria Bastardi Boreau Fl. cent. édit. 3, p. 34. (F. capreolata var. Bastardi partim C. et G. (FL Par. édit. 2, p.98.) — Demonval, en fleur et en fruit, juin et juillet 1871 ; Marly-le-Roi, en fleur et en fruit, juin 1869 et 1870, revu dans cette localité en 1871 (L. B.). (1) Voyez le Bulletin (Séances), t. XV, p. 21 et t. XVI, p. 294. SÉANCE DU S8 MARS 4872. 137 Melilotus parviflora Desf. — Trouvé assez abondamment dans un champ de blé aux environs de Chambourcy, en fleur et en fruit, juillet et doût 1871 (L. B.). Trifolium ochroleucum L. — Aigremont ; Chambourcy, en fleur, juin 1871 (L. B.). Indiqué à Saint-Germain par Mérat (FI. Par.) et trouvé par moi dans la forét. Tillæa muscosa L. — Parc de Chambourcy, juillet 1871 (L. B.). Sedum Cepæa L. — Ghambourcy, juillet 1871 (L. B.). Primula elatior Jacq. — Très-abondant dans le parc de la Celle-Saint- Cloud, en fleur, 12 avril 1870 ; parc de Mignaux, en fleur, avril 1870 (L. B.). Montamets, 11 mai 1870 (L. B. et Doyen). . Samolus Valerandi L. — Abondant dans le marécage d'un bassin de l'an- cien pare de Marly, en fleur et en fruit, juin et juillet 1870 (L. B.). Veronica montana L. — Parc de Chambourcy, mai 1870 et 1871 ; bois de Poncy du cóté de la ferme de ce nom, 11 mai 1870 : c'est dans cette der- nière localité que se trouve l'Al/ium ursinum que j'ai déjà indiqué (Bullet. Soc. bot. t. XV, p. 23) et où j'ai constaté qu'il était très-abondant à la date que je cite ici (L. B.). Limosella aquatica Li — Aigremont, 44 juillet 1871 (L. B.). . Galeobdolon luteum Huds. — Bois de Poncy (L. B.). Montamets, 11 mai 1870 (L. B. et Doyen). Campanula rapunculoides L. — Ancien parc de Marly, juillet. 1871 (L. B.). Galium saxatile L. — Friches d'Aigremont, juin et juillet 1870, juin, juil- let et août 1871 (L. B.). Hypochaeris glabra L. — Environs de Chambourcy, août 1871 (L. B.). Crepis tectorum L. — Poissy, 1871 (L. B.). Crepis biennis L. — Chambourcy, mai 1871 (L. B.). Polycnemum arvense L. C. et G. FI. Par. éd. 2, p. 551. — Se trouve dans la plaine sablonneuse qui s'étend entre Poissy et Triel, 7 juillet 1871 (L. B.). La plante que j'ai trouvé à la localité citée parait se rapporter à la variété majus. Ruscus aculeatus L. — Parc de Mignaux, avril 1870 (L. B.). Ophrys apifera Huds. — Ancien parc de Marly, en fleur, juin 1870 et 1871 (L. B.). Gymnadenia conopea R. Br. — Ancien. parc de Marly, en fleur, juillet 4870 (L. B.). Epipactis palustris Crantz. — Marécage d'un bassin de l'ancien parc de Marly et voisinage de ce marais, en fleur, juillet 1870 et 1871 (L. B.) Neottia Nidus-avis Rich. — Parc de Chambourcy, ‘mai 1871 ; bois de Ma- reil, juin 1870 (L. B.). Bois de l'Étang-la-Ville, 3 juin 1866 (L. B. avec feu M. Goubert). 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Je crois que l’Arum italicum que j'ai indiqué (Bullet. Soc. bot. t. XV, p. 23) comme se trouvant dans la forêt de Saint-Germain du côté de la ter- rasse, a été introduit dans cette localité où il n'en existe plus que quelques pieds peu vigoureux et qui semb!ent devoir en disparaître bientôt ; du reste je n'ai jamais vu cette plante y fleurir. Juncus tenuis Willd. ; Rchb. 7c. Fl. Germ. t. IX, tab. 398; Koch Syn. fl. germ. edit. 3, p. 635; Lloyd F} Ouest, édit. 2, p. 521. — Juncus tenuis et J. Smithii Kunth Enum. pl. t. WI, p. 348. — J. tenuis et J. Germanorum Steudel Syn. pl. glum. fasc. X, p. 305. — Forêt de Saint- Germain, en deux endroits différents : dans l'allée d'Hennemont et dans une autre allée qui part de l'avenue des Loges à gauche et aboutità un grand rond situé près du fossé qui sépare la forêt de l'ancien parc de Noailles, en fruit, août 4870, en fleur, juillet, et en fruit, août 1871 (L. B.). Cette plante a, sans aucun doute, été introduite dans la localité que je cite et s'y est naturalisée. Carex remota L. — Montamets, 11 mai 1870 (L. B. et Doyen). Carex Goodenowii J. Gay.— Friches d'Aigremont, mai et juin 1870, mai 1871 (L. B.). Curex tomentosa L. — Bords du marécage d'un ancien bassin de l’ancien parc de Marly, mai et juin 1570, revu en 1871 (L. B.). Carex maxima Scop. — Bois de Poncy du côté de la ferme de ce nom, mai 1870 (L. B.); Montamets, en fleur, 11 mai 1870 (L. B. et Doyen). FHieleocharis uniglumis Rchb. — Marécage d'un bassin de l'ancien parc de Marly, juin 1870 (L. B.). NOTE SUR LE WOODSIA ILVENSIS, par M. Vénance PAYOT. (Chamonix, février 1872.) Le Wondsia ilvensis R. Br., Schkuhr, Fée, Newman (Acrostichum il- vense L. (1).— Polypodium ilvense Sw.) a été tour à tour séparé, puis réuni au W. hyperborea R. Br. dontil se rapproche en effet beaucoup. Quant à moi, je crois qu'il doit être maintenu au rang d'espèce, non-seulement à cause de son aspect bien caractéristique, mais à cause de ses frondes beaucoup plus robus- tes, opaques, plus longuement et étroitement lancéolées, ovales, de 12 à 15 centimètres de longueur; à pinnules ou segments étroits, lancéolés, pinnati- (4) Iva est le nom latin de l'ile d'Elbe (ZEtholia des Grecs). L'épithéte ilvensis fut donnée, par les auteurs antérieurs à Linné, au Ceterach Marantæ, Fougére de la région méditerranéenne, que Césalpin avait désignée par ces mots: Celerach genus in Ilva nascens (cf. C. Bauh. Pinar, p. 359). Quel motita pu porter le grand naturaliste suédois à appliquer ce nom spécifique à une tout autre piante ( Acrostichum ilvense) qu'il dit lui- méme (Sp. p. 1528) ne croître que in Europe frigidissimcæ rupibus ? C'est là un petit probléme de nomenclature botanique, que je ne suis pas immédiatement à méme de résoudre, et que je prends la liberté de soumettre à la sagacité de mes honorables con- fréres. — (Note du Secrétaire général.) SÉANCE DU 8 MARS 1872. 139 fides, moins serrés ou beaucoup plus lâches, à lobes des segments incisés jus- qu'au limbe, arrondis, de 15 à 20"* de longueur, opposés, sessiles, assez lâches, bien moins serrés que dans le W. hyperborea, avec lequel il ne peut être confondu. Bien qu'il ait été considéré par la plupart des auteurs comme une simple variété du W. hyperborea, le W. ilvensis en diffère cependant d'une ma- nière trés-apparente par de nombreux caraciéres qui frapperont, à première vue, tous ceux qui comme moi auront la bonne fortune de rencontrer les deux espèces associées. Dans une excursion bryologique que j'avais dirigée du côté de la localité privilégiée -qu’on pourrait nommer le Jardin du phytologiste, j ài rencontré, sur un espace relativement très-restreint (un kilomètre au plus de circonférence), au moins trente espèces ou variétés diverses de Fougères, que tout botaniste peut collectionner pour peu qu'il s'aventure à explorer les rochers et leurs débris aux alentours du pont de Sainte-Marie aux Houches; il constatera une fois de plus et confirmera la réputation de cette localité en méme temps que l'abondance du Woodsia hyperborea qui en fait l'orne- ment. Quant au W. ilvensis, il y est beaucoup plus rare; néanmoins, dans une de mes excursions, j'aieu la chance de rencontrer les deux espèces réunies en une méme toulle, tout à fait enchevétrées par leurs frondes et leurs rhizomes. Je les ai soigneusement enlevées en formant une seule et unique motte de terre, dans laquelle les deux espèces restaient réunies ainsi que je les avais trouvées, et que j'ai transportée et transplantée avec une égale attention dans une serre anglaise (dite wardian case) avec une quantité de terre plus que suffisante pour que les deux plantes pussent végéter sans dis- continuité et sans souffrir du changement d'exposition, de climat, de sol ; tout a élé ménagé pour que ces conditions se trouvassent réunies comme dans le lieu où j'avais trouvé les plantes. Je visitai journellement cette serre, et je ne tardai pas à m'apercevoir, au bout de quinze jours, que les beaux échantillons de W. ilvensis, qui se distin- guaient si bien de ceux du W. hyperborea, dépérisseient à vue d'œil. Au bout de vingt-cinq jours, tandis que ces derniers se maintenaient dans un état de fraîcheur parfaite, les frondes du W. #{vensis étaient presque complétement anéanties et desséchées. On voit par ce qui précède que la différence entre ces deux espèces est constante, non-seulement quant aux caractères extérieurs, mais aussi quant à l'influence exercée par la culture sur l'une et sur l'autre. Les deux plantes ayant été inséparablement soumises aux mêmes conditions, on peut en con- clure que le W. ilvensis est plus lent à se développer que le W. hyperborea, qu'il se flétrit et se dessèche au moins un mois plus tôt, enfin que sa vie est plus délicate et d'une plus courte durée. Ces observations ont été recueillies de la manière la plus authentique et la plus exacte, sans aucune idée préconcue pour ou contre l'école synthétique ou l'école analytique. 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans une autre excursion, j'ai également été favorisé d'une surprise bien inattendue. En faisant une promenade bryologique dans notre vallée, au lieu dit le Bouchet, le 28 octobre 1862, à un moment de l'année où la vallée est souvent couverte de frimas et où les Fougères sont généralement desséchées, j'ai eu la main assez heureuse pour déraciner quelques magnifiques exem- plaires du Botrychium rutæfolium Al. Braun (B. matricarioides Willd.), dans un état remarquable de développement, à fronde fertile mesurant 14 à 15 centimètres de longueur, aux deux frondes stériles largement triangulaires pinnatilobées. C'est une espèce nouvelle pour la flore francaise. QUELQUES NOMS POPULAIRES DE PLANTES EN FOREZ, par M. Antoine ILE GBAND. (Montbrison, 6 février 1872.) Aguilli, aiguilles. — Noms donnés aux diverses espèces d’ Erodium et de Geranium. En Champagne, on les appelle aiguillettes ou atquillottes. (Des Étangs, Noms populaires des plantes de l’ Aube, p. 9.) Allier, alier, aliier. — Sorbus Aria ; le nom d’alier s'applique aussi à ce méme arbre en Champagne. (/bid. p. 10.) Allognier, allogne. — Le Noisetier et son fruit. Ces noms sont évidem- ment dérivés de Avellana. Angrell. — Le Houx. Ce nom populaire n'est pas sans analogie avec le nom scientifique Aguzfolium. Balai. — Sarothamnus scoparius. Cotell. — ris Pseudacorus, — De la forme des feuilles (couteau). Coural. — Le Chêne. On retrouve ce nom sur les confins des Pyrénées orientales : Notre-Dame du Coral; dansle nord, Notre-Dame du Chéne. Fayard. — Le Hétre, du latin Fagus. Jarrousse. —. Vicia monanthos. En Champagne on appelle ainsi le Lathyrus Cicera. (L. c. p. 55.) More . — Fruit de la Ronce. Peutier, peudan, pudanche, pudre. — Sorbus aucuparia. Pelocier, peloee, — Prunus spinosa et son fruit. Kéglisse. — Trifolium alpinum ; la racine a, en effet, une saveur sucrée. Soyié. — Nos deux espèces de Sureau. Truffes. — Pommes-de-terre. Tartarelle, — Rhinanthus glabra. Verne (1). — Alnus glutinosa ; porte en Champagne le méme nom, (Z. c, p. 94.) Vorzine. — Salix cinerea. (1) Le mot celtique guern ou vern (Aune), auquel l'ile de Guernesey doit son nom, a passé dans le vieux francais sous, la forme vergne ou verne, terme qui a élé employé par les écrivains de notre pays jusqu'au XV1° siècle (Bernard Palissy, Olivier de Serres, ete.), SÉANCE DU 8 MARS 1872, 141 SUR UNE ANOMALIE REMARQUABLE DE L'AGARICUS MACULA TUS, pr M. E. BOUDIER. (Montmorency, 4 mars 1872.) Le 29 octobre dernier, dans un envoi de Champignons 'que me faisait un de mes bons amis de Versailles, M. Defurnes, parmi un certain nombre d'es- péces plus ou moins intéressantes, je fus frappé de l'aspect d'une espéce qu'au premier abord je pris pour l'Agaricus (Collybia) maculatus, mais qu'un exa- men attentif me faisait douter lui appartenir. En effet, outre sa couleur qui n'était pas aussi blanche, sans doute parce qu'il avait quelques jours de récolte, seslames étaient toutes, sans exception, fortement dentées comme dans les Lentinus, mais n'étaient pas décurrentes. Désirant me bien fixer sur la vraie place de cetteespéce, je priai alors M. De- furnes, dont je connaissais le zèle pour l'histoire naturelle et la bonne amitié pour moi, de me la rechercher à nouveau et de m'envoyer des échantillons à divers degrés de développement. Je recus bientót aprés, dans un autre envoi, un individu du méme Champignon, le seul qui restát sur la souche où il avait été récolté, mais cette fois avec une anomalie que j'ai jugée assez remar- quable pour en faire le sujet d'une notice et qui en méme temps m'a confirmé 'état plus ou moins anormal du premier échantillon. Je meus alors plus de doutes sur le nom réel : c'était bien l’Agaricus (Collybia) maculatus Mb. et Schw., qui a quelquefois les lames dentées, déchiquetées d’après Secretan, peut-être lorsqu'il est avancé en âge. Quant à l'échantillon qui fait le sujet de cette note, au premier abord rien nele distingue dans son port, dans sa forme ou dans sa couleur; seulement, si on le regarde en dessous, on est frappé de voir que ses lames ne sont pas rayonnantes comme dans le cas habituel, mais bien concentriques. Ce carac- tére est méme si évident, car elles le sont si régulièrement, qu'à première vue on croirait à une espèce du genre Cyclomyces. Avec un peu d'attention toute- fois, on peut trouver en deux endroits différents (fig. It, a et b) distants d'en- viron 2 cent. l'un de l'autre, quelques feuillets ou portions de feuillets déve- loppés normalement, trois en aet quatre en b, en tout sept feuillets normaux sur conjointement avec le mot aulne ou aune (du latin alnus), lequel a prévalu depuis. Verna donné naissance à une foule de noms de localités, non-seulement en France (Verneuil, Vernaie, etc.), mais aussi dans les pays environnants. Ainsi on trouve : en Belgique, iin Vergnies ; en Espagne, Vernes, Vernet ; en Suisse, Vernex, Vernayaz ; en ^. rbd er- neil ; en Lombardie, Verna; en Toscane, Vernio. Ne voit-on pas là, dit ingénieusement M. A. Houzé (Etude sur la signification des noms de lieux en France, p. 22), des po qui tracent, en dehors de la France, la limite jusqu'oü s'étendait la langue celtique ? — Dans son savant Glossaire du centre de la France (couronné par 1 Institut), M. le comte Jaubert dit qu'en Berry l'Aune est désigné sous le nom de vargne. — D'aprés le Dictionnaire de M. Littré, le nom de vergne serait appliqué, en Picardie, à l'Osier, — (Note du Secrétaire général.) 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cette espèce qui, comme on le sait, les a si nombreux. De plus, outre ces deux endroits, on peut remarquer quatre autres dépressions linéaires et rayon- nantes, situées à peu près à distance égale, mais formées seulement, cette fois, soit par une dépression, soit par une échancrure, qui se reproduisent sur toutes les lames au même point, de sorte que la vue du dessous du chapeau représente un hyménium à lames concentriques, avec six rayons plus ou moins apparents, dus à différentes causes, mais qui sont les seuls rapports qui exis- tent entre cette curieuse anomalie et le type normal. Les feuillets circulaires sont dentés comme dans les Zentinus et sont fertiles. Ilsont la méme couleur, la mémelargeur et la méme consistance que dans l'état normal, mais ils sont assez souvent fendus, plus ou moins ondulés, et toujours trés-réguliérement concentriques ; les fentes et ondulations ne se reproduisent pas sur les lames voisines, sauf les cas indiqués plus haut. Entre la marge et le dernier cercle on voit des cloisons transversales irréguliéres, souvent anasto- mosées qui simulent des pores ; prés du pédicule, au contraire, entre le point d'aitache habituel et le premier cercle régulier, se trouvent des prolongements lamellaires irréguliers, contournés, résultant des fissures de la premiere lame et imitant as:ez bien Ja conformation de certains Sisostrema. Cette partie toutefois est bien peu considérable, puisqu'elle ne dépasse pas l'espace com- pris entre le pédicuie et le deuxième feuillet, n'étant qu'une altération du premier, Quant aux nombreuses lames qui existent entre la marge et le pédicule, elles sont rarement réunies aux feuillets normaux, si ce n'est par leur base qui dégénère en pli ou veine saillante et souvent se recourbe pour se relier à la lame suivante. On voit de plus, en écartant les feuillets, qu'ils sont. fréquem- ment anastomosés à leur base par des plis peu apparents qui les relient entre eux. Ges plis, à mon avis, doivent représenter les lames normales. En effet, je ne puis considérer cette anomalie que comme un avortement des lames pri- mitives avec développement exagéré et soudure des veines ou plis interlamel- laires si fréquents dans les Agarics, d'autant plus que rien dans la texture du chapeau n'indique ou ne fait présumer cette altération, Quelle que soit du reste la cause de cette curieuse monstruosité, le cas m'a paru assez intéressant pour la faire connaitre, non-seulement au point de vue tératologique, mais encore parce qu'elle me semble devoir influer sur la place que doit occuper dans les classifications le genre Cyclomyces lui-même ; place encore incertaine, puisque Fries le range parmi les Polyporés et Léveillé parmi les Agaricinés: Ce genre, en elfet; pourrait bien être ün Agariciné voisin des Lentinus ou des Lenzites, dont le cas normal serait, comme pour l'anomalie qui nous oc- cupe, d'avoir les lames circulaires par avortement des lames primitives avec développement et soudure des veines interlamellaires, Il est à remarquer aussi que Fries se base surtout, pour ranger le Cyclomyces parmi les Polyporés, sur SÉANCE DU S MARS 1872, 143 ce que l'hyménium est poreux prés de la marge du chapeau, et que justement on remarque le méme état dans l'anomalie que je fais connaitre. Explication des figures de la planche EV de ce volume. Fic. 1. Agaricus (Collybia) maculatus Alb. et Schw., anomal. Fic. 1. Le méme, vu en dessous. Fic. nr, Spores grossies 340 fois. M. Cornu fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LES ZYGOSPORES DU MUCOR FUSIGER Lk, pr M. Max. CORNU. Au mois d'octobre dernier, je rencontrai à Villeherviers (Loir-et-Cher), sur un pied d'Agaricus fusipes Bull. commencant à se décomposer, quelques fila- ments d'un Mucorassez rare, le M. fusiger Lk. Les théques terminales allongées et de couleur noire étaient en très-petit nombre; j'arrachai la touffe complete de l'Agaric et rapportai le tout au laboratoire de la Faculté des sciences à Paris. Je placai ces Champiguons sous une cloche : le Mucor se développa de nouveau et apparut plus aboncant ; un certain nombre de nouvelles thèques se mon- trérent sur le substratum, qui ne tarda pas à se décomposer. Au bout de huit jours, le tout devint très-fétide, noircit et tomba pour ainsi dire en déliquium. Le Mucor fut remplacé par un feutrage de filaments bruns, couchés sur le tissu altéré de Ag. fusipes ; en l'observant à la vue simple, il fut aisé d'y reconnaitre la présence de corps noirs, notablement gros et faciles à distinguer : c'étaient les zygospores, deuxième organe reproducteur du Mucor. MM. Tulasne (1) les ont, depuis plusieurs années, rencontrées dans des circonstances analogues; ils les ont décrites exactement : elles sont brunes, presque noires, trés-linemeut verruqueuses, parfois soudées par deux. Je n'ai rien de nouveau à ajouter sur les points fondamentaux. Les portions renflées destinées à s'accoupler naissent, soit de deux portions, parfois terminales, du méme filament, soit de deux rameaux divariqués. On rencontre quelquefois des spores qui semblent produites sans accouple- ment et que l’on nomme azygospores. Les filaments qui les portent sont munis de rameaux très-courts en forme d'épines ; ils sont bruns et très-diffé- rents de ceux qui portent les thèques ; ces derniers sont renflés à leur base et dressés, tandis que les autres sont cylindriques et déprimés. La forme et la dis- position de ces filaments ne se retrouvent dans aucune autre espèce, La plante elle-même et son mode de reproduction sexuée étant, du reste, assez rarement observés, j'ai cru devoir en parler ici pour y consigner les résul- tats de mes propres observations. (4) Phénomènes de copulation que présentent. quelques Champignons (Ann, sc, nat. Bot, 5* série, t. VI; p. 211, 1866). AAA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 22 MARS 1872. PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ CHABOISSEAU, VICE-PRÉSIDENT. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 8 mars, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation, et fait re- marquer qu'il a été déposé surle bureau un paquet de plantes séches fort intéressantes, adressé à la Société par notre honorable confrére M. le docteur Gaillardot, médecin sanitaire de France à Alexandrie (Égypte). M. Eug. Fournier fait part à la Société de la perte bien regret- table qu'elle vient de faire dans la personne de M. Ulysse Darraeq, créateur du Musée d'histoire naturelle de Dayonne, décédé récem- ment à Saint-Esprit-Bayonne (Basses-Pyrénées). M. Fournier donne ensuite lecture de la lettre suivante, qui lui a été adressée par M. Goumain-Cornille : LETTRE DE M. GOUMAIN-CORNILLE. Paris, 91 mars 1872. Monsieur, Je me propose d'entreprendre, vers le mois d'aoüt prochain, un voyage en Amérique, dans les montagnes Rocheuses, où j'ai des amis. Je m'occuperai un peu de tout : géographie, agriculture, géologie, miné- ralogie, botanique, faune, etc., etc. Le programme est large et surtout am- bitieux, Je demanderai à la Société botanique ses instructions. Les remplirai-je ? Hélas ! il me manque l'essentiel, la science ; mais j'ai une méthode que j'ai déjà appliquée à l'histoire politique, à l'histoire militaire, aux mathématiques, à l'administration, à la politique, c’est-à-dire au gouvernement des hommes sur une échelle de cent vingt mille àmes. D'ailleurs, j'aurai de savants collabora- teurs dans le pays méme. Si l'Académie des sciences veut bien m'encourager en m'aidant à obtenir de M. le Ministre de l'instruction publique des instruments pour mesurer l'altitude des montagnes, et explorer les lacs de l'Utah, ainsi que les États et territoires du Far- West, j'arriverai peut-être, ma santé se soutenant, à faire quelque chose. Plusieurs des membres de cette savante compagnie connaissent mes pro- SÉANCE DU 22 Mans 1872. 145 jets, notamment l'un de nos collègues, M. Duchartre, qui a eu la bonté de ne pas trouver trop déraisonpable mon aventureuse entreprise. Je possède assez bien l'anglais et l'espagnol: je lis et écris trés-facilement ces deux langues. J'ai encore un peu de difficulté à les parler. Au commencement de mai prochain, après l'impression d’un volume intitulé : Paris imprenable, recueil de vingt-cinq articles que j'ai publiés sous ma signature, dans le Journal de la guerre, pendant le premier siége, j'irai séjourner deux mois en Angleterre. C'est un petit voyage préparatoire indispensable. Si vous jugez à propos de communiquer cette lettre à la Société dans sa prochaine séance, je n'y vois aucun inconvénient. Veuillez agréer, etc. P.-A. GOUMAIN-CORNILLE. M. le comte Jaubert expose à la Société la substance de deux discours qu'il a prononcés récemment à l’Assemblée nationale et dans lesquels il a rappelé les titres de la Société botanique de France à une subvention ministérielle. M. le Président remercie M. le comte Jaubert de sa bienveillante intervention en faveur de la Société. M. Aug. Michel communique à la Société le travail suivant, de la part de MM. Brongniart et Gris : RÉVISION DES CUNONIA DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, pr MM. Adolphe BRONGNIART et Arthur GRIS. Il y a quelques années, on ne connaissait que trois espèces de Cunon?a : l'es- péce type du genre, le C. capensis, et deux espèces douteuses signalées par Blume. En 1862, nous en avons fait connaitre cinq autres, rapportées de la Nourelle-Calédonie par MM. Vieillard et Deplanche. Ces cinq espèces nous les avons retrouvées dans les belles récoltes de M. Balansa et dans l'herbier que M. Pancher a récemment offert au Muséum. La multiplicité des échan- tillons nous les a montrées sous des formes diverses qui nous ont permis de mieux saisir leurs caractères vraiment distinctifs et d'établir quelques variétés. Ces collections comprennent en outre trois types nouveaux, ce qui porte à onze le nombre total des espèces du genre. La révision que nous venons de faire, en méme temps qu'elle nous conduit à donner une description comparative de ces huit types et de leurs variétés, nous autorise aussi à insister sur certains caractéres du genre et à montrer qu'il est réellement distinct des Weinmannia (1). (4) « Genus Weinmanniæ arctissime et nimis afline », disent MM, Bentham et Hooker (Genera, vol. I, pars 11, p. 653). Ys Xn. (SÉANCES) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Cunonia ont un réceptacle un peu cupuliforme qui porte cinq sépales obtus, articulés, et qu'on ne retrouve presque jamais sous le fruit. C'est seu- lement dans le C. bullata que les sépales articulés sont persistants. L'ovaire présente à sa base dix petites fossettes (une pour chaque étamine) que l’on a considérées comme représentant un disque adhérent ; il est ordi- nairement uniloculaire dans sa partie supérieure et biloculaire pour le reste. Le nombre des ovules dans chaque loge est le plus souvent de 10; il peut s'élever à 15-16-20, et varie légèrement dans une méme espèce. Ces ovules sont bisériés dans chaque loge, pendants ou presque horizontaux, imbriqués, anatropes, à raphé extérieur et à micropyle intérieur. Les fruits s'ouvrent par déhiscence septicide, de bas en haut et en deux valves. Chaque valve se compose de deux parties. La partie extérieure, qui pa- rait charnue, est terminée par le style et se détache la première après la dé- hiscence. La partie intérieure est un endocarpe crustacé qui s'ouvre en dedans dans toute sa longueur, dont les bords vont en divergeant de haut en bas et qui demeure un certain temps suspendu aux branches d'une columelle pla- centaire centrale. Ordinairementles graines sont oblongues, comprimées, l'une des faces étant convexe et l'autre anguleuse sur son milieu ; elles sont bordées, d'un cóté seulement, d'une aile étroite qui se prolonge à leurs deux extrémités et se dilate en une expansion plus ou moins obtuse ; mais elles sont sujettes à des irrégularités de forme, de méme que l'aile peut se développer trés-inégale- ment ou s'atrophier presque complétement. Le testa est ordinairement mem- braneux, mais quelquefois il devient épais et spongieux. Si nous remarquons maintenant que, dans les Weinmann?a, le fruit, sec et mince, s'ouvre de haut en bas et non de bas en haut, que le calice est géné- ralement persistant sous le fruit, que les graines ont une forme et une pilosité différentes et spéciales, on reconnaitra aisément que les deux genres ne sont pas nimis affinia, mais au contraire parfaitement distincts. CUNONIA L. Folia imparipinnata. 4. CUNONIA VIEILLARDI Ad. Br. et A. Gris. Frutex 3-4 metr. altus, ramis junioribus glabris. Folia 5-10 cent. longa, bijuga vel ternata, petiolo sub ultimo jugo (in foliis bijugis) anguste alato, 2-7 cent. longo; foliola obovata vel spathulato-oblonga, 4-6 cent. longa, 2-3 cent. lata, versus basim integra cæterum crenata, gla- bra, coriacea, lateralibus basi paulum inæquilateris. Stipulæ ovato-cordate, glabræ, 1 cent. longæ. Inflorescentiæ axillaris rachis communis glabra, 4 1 cent, longa, in racemos SÉANCE DU 22 Mans 1872. 147 laterales duos adscendentes, 5-6 cent. longos, axi glabro, pedicellis 3 mill. lon- gis glabris, quasi furcata. Ovarium glabrum, ovulis 14 in loculo. Fructus valvis oblongo-lanceolatis, glabris, 10-12 mill. longis. Semina oblonga, angulata, ex uno latere ala angusta, ultra basim apicemque producta, ornata. Cunonia Vieillardi Ad. Br. et A. Gris in Bull. Soc. bot. de France, t. IX, p. 72) ek Anni 3e. nat: De Sir. t. T, p. 371. Habitat in monte Yaté (Vieillard, n° 602); in montibus ferrugineis aridis inter Canala et Couaoua sitis (Balansa, n° 2348 a); in monte Mumboldt, alti- tudine 1100 metr. (Balansa, n° 2318); in silvis ostii Prony dicti (Balansa ni? 2318 c, et 205). 2. CUNONIA LENORMANDI Vieill. mss, (1). Frutex 1-2 metr. altus, ramis junioribus pubescentibus. Folia 4-5 cent. longa, ternata, petiolo 8-10 mill. longo ; foliola obovata, 3 cent. longa, 2 cent. lata, versus basim integra, cæterum rotundato-crenata, in juventute villosa, demum glabrata, lateralibus basi paulum inzequilateris. Stipulæ ovatæ, apice obtusæ, 8 mill. longae, villosæ. Inflorescentic axillaris rachis communis ferrugineo-tomentosa, 2-24 cent. longa, in racemos laterales duos adscendentes, 2-25 cent. longos, axi pubes - cente, pedicellis 3 mill. longis pubescentibus, quasi furcata. Ovarium glabrum, ovulis 10 in loculo. Fructus valvis oblongis, glabris, 9-10 mill. longis. Semina oblonga, angulata, ex uno latere ala angusta, ultra basim apicemque obtuse vel rotunde parum producta, ornata. Habitat in locis ferrugineis montis Cougui dicti, altitudine 400 metr. (Pancher); versus apicem ejusdem, altitudine 1050 metr. (Balansa, n» 207). 3. GUNONIA PULCHELLA Ad. Br. et A. Gris. Arbor 10-15 metr. alta, ramis junioribus puberulis mammulis suberosis conspersis, cortice demum glabro tuberculoso, fisso, albescente. Folia 1-41 cent. longa, 3-8-juga, petiolo 4-8 cent. longo inter juga angus- tissime alato ; foliola ovata, elliptica vel etiam oblongo-lanceolata, 1 1-3 cent. longa, supra basim integram vel omnino obtuse serrata, infra secundum ner- vum medium precipue puberula, supra glabra, nitida, lateralibus basi paulum inæquilateris. Stipulæ minime, 3-4 mill. longæ, ovatæ, sericeo-pubescentes: Inflorescentiæ axillaris rachis communis puberula, 10-15 mill. longa, in ra- cemos laterales duos adscendentes, 5 cent. longos, axi pubescente, pedicellis 1 mill, longis pubescentibus, quasi furcata. (1) Ex Pancher lin herbario . 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ovarium pubescens, ovulis 10 in locu!o. Fructus valvis oblongis, puberulis, 4 mill. longis. Semina oblonga, angulata, ex uno latere ala angustissima, cæterum ulu a basim apicemque obliquiter producta, ornata. Cunonia pulchella Ad. Br. et A. Gris in Bull. Soc. bot. de France, t. IX, p.22, d Ann. sc. nat. 0 SEL, p- 312. Weinmannia austro-caledonica Vieill. mss. Habitat in silvis montium prope Wabap et Balade (Vicillard, n'* 571 et 2146); in vallibus altis montis Puebo (Deplanche, n? 372); in silvis prope Canala, altitudine 600 metr. (Balansa, n? 2297); in silvis prope la Concep- tion, altitadine 700 metr. (Balansa, n° 1085). Var. B. latifolia, foliolis majoribus latioribusque, foliis plerumque 2-3-jugis ; inflo- rescentiæ rachi communi villosa ; fructus valvis ovatis, brevioribus; ala seminifera basilari plerumque brevi, retusa. Arbor 15 metr. alta, floribus albescentibus ; crescit altitudine 600 m. (ex cl. Pancher). Var. y. plerophylla, foliis 6- jugis ; petiolo utrinque inter juga ala sursum versus sensim dilatata superneque rotundata ornato ; stipulis tomentosis ; inflo- rescentiæ rachi communi tomentosa ; fructus valvis ovatis, brevio- ribus ; seminis ala basilari brevi retusaque. Frutex 2-3 metr. altus; habitat in collibus ferrugineis ostii Prony dicti (Balansa, n? 513); Pancher. Var. ò. montana, foliis plerumque 2-jugis; ramulis inflorescentiæ rachi terminali solitaria stipulisque glabris. Frutex 3-4 metr. altus ; habitat in monte Humboldt, altitadine 1200 m. (Balansa, n° 2299). 4. CUNONIA PURPUREA Ad. Br. et A. Gris. Frutex 3-h metr. altas, ramis junioribus sericeo-pubescentibus. Folia 10-16 cent. longa, simplicia vel 1-2-juga, petiolo 2-8 cent. longo, sub ultimo jugo anguste alato ; foliola oblongo-lanceolata, plus minusve ar- cuata, 6-12 cent. longa, 1 2-3 cent. lata, aliquoties omnino integra, plerum- que versus apicem undulato-crenata, supra lucida (etiamsi puberula), infra pilis adpressis induta, demum glabrata, lateralibus basi paulum inæquilateris. Stipule ovatæ, ellipticæ vel rotundatze, 2 cent. longæ, sericeæ. Inflorescentiæ axillaris rachis communis sericea, 1 1-2 cent. longa, in râce- mos laterales duos adscendentes, 6-7 cent. longos, axi pubescente, pedicellis 4-5 mill. longis, puberulis, quasi furcata. Ovarium glabrum, ovulis 14-16 in loculo. Fructus valvis oblongo-ellipticis, glabris, 7-8 mill. longis. Semina irregularia, angulosa, angulis aliquando breviter subalatis, testa crassa papillosa, spongiosa. Cunonia purpurea Ad. Br. et A. Gris in Bull. Soc. bot. de France, t. IX, pP. 72, et Ann. sc. nat. 5° sér. t. 1, p. 371. Habitat in monte dicto Mont-Dore (Pancher); ad ostium 7upiti (Deplan- SÉANCE DU 22 Mans 1872. 149 che, n* 373); in insula Ouin ad rivorum ripas (Balansa, n° 206); ad basim montis Z/umboldt prope rivum go? dictum (Balansa, n° 2319). 5. CUNONIA DEPLANCHEI Ad. Br. et A. Gris (1). Hami juniores pilis cinereis brevibus applicatis induti. Folia 10-12 cent. longa, ternata, petiolo 1 1-3 cent. longo; foliola obovata vel obovato-oblonga, obtusa retusave, 4-8 cent. longa, 2-3 cent. lata, sub- integra vel versus apicem undulato-crenata seu denticulata, glabra, lateralibus basi paulum inæquilateris. Stipulæ cordatæ, 2 cent. longæ, puberulæ. Inflorescentiæ axillaris rachis communis sericea, 2 1-3 cent. longa, in racemos laterales duos adscendentes, 6-7 cent. longos, axi pubescente, quasi furcata, pedicellis 4-5 mill. longis, puberulis (aliquoties ramosis). Ovarium glabrum, ovulis 10 in loculo. Fructus valvis oblongo-ovatis, glabris, 8-9 mill. longis. Semina haud visa. Cunonia Deplanchei Ad. Br. et A. Gris in Bull. Soc. bot. de France, t. IX, p. 72, et Ann. sc. nat. 5° sér. t. I, p. 371. Habitat in montibus ferrugineis Novae Caledoniæ (Pancher, 1862 ; Deplan- che, n° 376). 6. CUNONIA MACROPHYLLA Ad. Br. et A. Gris, Frutex 3-8 metr. altus, ramis junioribus glabris. Folia 20-36 cent. longa, 1-2-juga, petiolo 6-18 cent. longo, robusto, gla- bro ; foliola petiolulata, petiolulo 11-2 $ cent. longo, oblonga vel elliptico- lanceolata, 8-15 cent. longa, apice obtusa seu rotundata, margine subintegra vel undulato-crenata vel etiam subdenticulata, glaberrima, supra nitida, late- ralibus ultra basim ex latere angustato abrupte interruptis, asymmetricis. Stipulæ magua, ovato-rotundatæ, rotundatæ vel flabelliformes, 2-5 cent. late, 2-3 cent. longæ, glabrae. Inflorescentia axillaris, simpliciter racemosa, 10-30 cent. longa, rachi ro- busta, obliqua, plus minusve adscendente, glabra, pedicellis manifeste sicut fasciculatim approximatis, versus apicem racemi solitariis, unilateraliter in- curvato-reflexis, 1-2 4 cent. longis, glabris. Ovarium glabrum, ovulis 16-20 in loculo. Fructus valvis 12-13 mill. longis, oblongis, glabris, stvlis persistentibus longe corniculatis. Semina irregulariter angulata, ad angulos irregulariterque alata. Cunonia macrophylla Ad. Br. et A. Gris in Bull. Soc. bot de France, t. IX, p. 71, et Ann. sc, nat. 5° sér: t. I, p. 371, Habitat in -collibus nudis ferrugineis, altitudine 300 metr. (Pancher); in '4) Species Cunoniæ purpureæ valde affinis. 450 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. monte Ya/é (Vieillard, n° 604); in collibus prope./a Conception (Balansa, n° 1074), in monte Mou, altitudine 300 metr. (Balansa, n° 2850); ad ostium Prony dictum (Balansa, n° 202). Folia simplicia, 7. CUNONIA BALANSÆ. Arbor 1-8 metr. alta, ramis junioribus sericeo-pubescentibus. Folia elliptico-oblonga, petiolo 4 4-2 cent. longo, limbo plerumque 10-12 cent. longo, 5-7 cent. lato, utrinque attenuato, versus apicem paulo obtuse serrato, ad basim integro, cæterum undulato, crenulato, crenato vel etiam denticulato, supra lucido etiamsi primum puberulo, infra pilis brevibus ad- pressis cinereis consperso. Stipulæ ovatæ, apice obtusæ, pilis cinereis densis, applicatis, indutæ. Inflorescentia axillaris, simpliciter racemosa, 8-10 cent. longa, rachi adscendente, pubescente, pedunculis 2-3 mill. longis, pubescentibus. Ovarium glabrum, ovulis 10 in loculo. Fructus valvis 5-6 mill . longis, oblongo-ellipticis, glabris. Semina oblonga, angulata, ex uno latere ala angusta, versus basim brevi, ad apicem obliquiter et obtuse elongata, ornata. Cunonia simplicifolia Vieill. mss. (1). Habitat in silvis montis Aougu? (Balansa, n° 2305), prope Canala (Balansa, n° 2305 a), montis Mi (Balansa, n° 1084); in locis ferrugineis, altitudine 500 metr. (Pancher). 8. CUNONIA BULLATA. Arbor 6-8 metr. alta, ramis junioribus ferrugineo-tomentosis. Folia elliptica vel ovata, petiolo 1-2 cent. longo, limbo 6-7 cent. longo, 4-5 cent. lato, apice rotundato, emarginato, obtuse brevissimeque mucro- nato, margine breviter et obtuse serrato, nervis infra valde prominentibus reticulato-bullato, in juventute supra puberulo infra secundumque petiolum ferrugineo-tomentoso, serius supra nitido infra plus minusve glabrato. Stipulæ subrotundatæ, 10-12 mill. longæ, ferrugineo-tomentosæ. Inflorescentia axillaris, simpliciter racemosa, 6-7 cent. longa, rachi adscen- dente, ferrugineo-tomentosa, pedunculis brevissimis crassis. Fructus calyce stipatus (sed sepala cuneata, apice obtusa, extus tomentosa, intus glabra, manifeste articulata), valvis 3-4 mill. longis, late ovatis, extus albo-pubescentibus. Semina haud visa. Habitat in cacumine montis Cougui, altitudine 1050 metr. (Balansa, n° 612); in monte Humboldt, altitudine 1200 metr. (Balansa, n° 2304). LA (4) Ex Pancher (in herbario). SÉANCE DU 22 MARS 1872. 151 M. Éd. Bureau met sous les yeux de la Société deux photogra- phies représentant chacune une espèce rare du genre Ficus. Ces photographies, obtenues au quart de la grandeur naturelle, sont très-bien réussies. M. Éd. Prillieux fait à la Société les communications suivantes : ACTION DE LA LUMIÈRE BLEUE SUR LA FORMATION DE L'AMIDON. RÉCLAMATION DE PRIORITÉ, par MI. Ed. PRILLIEUX. A la suite des recherches que j'ai faites sur l'action des rayons de lumière de couleur différente sur la décomposition de i'acide carbonique par les par - ties vertes des plantes, j'ai été amené à vérifier si l'on ne devait pas attribuer à la très-faible intensité lumineuse des rayons bleus le fait admis sans restriction par M. Famintzin, que dans la lumiere bleue comme dans l'obscurité, l'amidon ne se forme pas au milieu de la chlorophylle et, au contraire, s'il existe, disparaît peu à peu ; la propriété de déterminer la formation de l'amidon appartenant exclusivement à la lumiere jaune et aux rayons de réfrangibilité moyenne. Pour résoudre cette question, j'ai exposé des filaments de Spirogyra, préa- lablement dépouillés d'amidon par un séjour suffisant à l'obscurité, à une vive lumiere (celle du soleil pendant le jour, d'une forte lampe à pétrole pen- dant la nuit), lumiere qui, en traversant un écran de solution ammoniacale de sulfate de cuivre, perdait tous les rayons de réfrangibilité faible ou moyenne et se trouvait réduite presque complétement aux rayons violets et bleus ; il ne passait en outre que quelques rayons verts : or, dans ces conditions, j'ai con- staté trés-nettement la formation de grains d'amidon au milieu de la matière verte des Spirogyra. J'ai donc pu conclure que, contrairement à l'assertion de M. Famintzin, la formation de l'amidon n'est pas causée uniquement par la lumière jaune, et que la lumière la plus réfrangible (rayons bleus et violets) peut aussi, quand elle a un éclat suffisant, en déterminer la reproduction. M. le docteur Greg. Kraus, de Wurtzbourg, a publié sur le même sujet, dans le tome VII des Jahrbuecher de M. Pringsheim, des expériences qui lui ont donné des résultats semblables et l'ont. conduit à des conclusions à peu prés identiques. M. Marc Micheli (le traducteur du beau Traité de physiologie de M. J. Sachs) a rendu compte de ce travail dans le cahier d'octobre 1871 de la Bi- bliothèque universelle de Genève : « Le premier en date, M. Gr. Kraus, dit-il, observateur des plus exacts et auteur de plusieurs travaux importants, a repris les études de M. Famintzin sur la production de l'amidon dans la lumière colorée, et s'élève contre l'affirmation de cet auteur qu'aucune trace d'ami- don n'est produite sous l'influence des rayons bleus. — M. Kraus a employé, comme miheu coloré, de grandes cloches doubles imaginées par M. Sachs, 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'intervalle entre les deux cloches est rempli de solution de bichromate de potasse pour la partie la moins réfrangible du spectre, et d’une solution d'oxyde de cuivre ammoniacal pour les rayons les plus réfrangibles. — Différentes plantes aquatiques ou terrestres végétérent successivement dans ces appareils (Spirogyra, Funaria hygrometrica, Elodea canadensis, Lepidium, etc.). Le résultat fut constamment le méme; dans les trois cloches employées (lumière blanche, lumière jaune, lumière bleue) il y eut de l'amidon créé. De l'une à l'autre, il n'y avait qu'une différencede proportion et de promptitude. » J'ai été trés-heureux de trouver dans le mémoire de M. Kraus la pleine confirmation de mes expériences, mais je dois relever l'erreur de M. Micheli, qui, tout en rappelant mon travail en quelques mots, attribue la priorité à M. Kraus. Cette erreur est, du reste, trés-naturellement excusée par le silence absolu que garde M. Kraus sur mes observations ; il parait les avoir entiérement ignorées, bien qu'il eüt pu les connaitre. Mon travail a paru dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences (séance du 7 mars 1870). Le mémoire de M. Kraus a été publié dans le quatrième fascicule des Jahr- buecher de M. Pringsheim, qui n'a paru que dans le mois d'octobre de la méme année. Les Comptes rendus de l'Académie des sciences doivent étre recus à Wurtzbourg peu de temps aprés qu'ils ont paru. Mais, au surplus, il a été rendu compte de ma communication à l'Académie dans le numéro du journal Flora du 8 mai 1870. Or les expériences de M. Kraus sont rapportées dans son mémoire, toutes, avec leurs dates. La premiére est du 26 mai, les autres sont des mois de juin et de juillet. L'auteur pouvait donc avoir connaissance de mon travail méme par les journaux allemands avant de commencer le sien. C'est donc à tort qu'il ne l'a pas cité, et a tort aussi que M. Micheli lui attribue la priorité. COLORATION EN BLEU DES FLEURS DE QUELQUES ORCHIDÉES SOUS L'INFLUENCE DE LA GELÉE, par MI. Eid. PRILLIEUX. On sait que diverses fleurs de la famille des Orchidées, et en particulier celles des Calanthe et des Phajus, ont la propriété de bleuir sur tous les points oü leur tissu est altéré. Quand, par exemple, on froisse entre ses doigts une de ces fleurs, on la voit changer de couleur aussitót et devenir bientót d'un bleu indigo foncé. M. Goppert a pensé trouver dans ce phénomène un moyen de s'assurer du moment exact oü la mort se produit dans les tissus, et, par suite, un procédé pour résoudre une question très-controversée, à savoir, à quel instant meu- rent les plantes sous l'action du froid, si c’est quand les tissus gèlent on au SÉANCE DU 22 Mans 1872. 153 moment seulement où ils dégèlent. On sait que plusieurs plantes gelées peu- vent présenter le méme aspect, avoir toutes également les feuilles durcies par la formation de glacons à leur intérieur sans que rien puisse faire savoir alors si elles sont tuées ou non. Le dégel se produisant, l'une va reprendre l'appa- rence ordinaire de la vie, tandis que l'autre présentera tous les signes de mort et de rapide décomposition. Est-ce seulement en cet instant que la mort se produit, ou avait-elle déjà frappé la plante avant le dégel sans qu'on pût s'en apercevoir ? Le bleuissement de la fleur des Calantheet des Phajus, étant un signe apparent de mort, a paru à M. Geeppert devoir fournir la solution de la question. ^ La coloration en bleu se manifeste-t-elle dés que la fleur gèle ou seulement quand elle dégèle ? C'est ce qu'a expérimenté M. Gœæppert, et les résultats qu'il rapporte (1) semblent trés-nets. e Quand, dit-il, on fait geler des fleurs de Ca- lanthe veratrifolia, n'importe à quel degré de froid, elles se colorent pendant le gel en bleu pâle d'abord, puis de plus en plus foncé ; le labelle de la fleur et l'opercule sont les parties les plus foncées, ce sont les plusriches en chromo- gène. » De semblables expériences portant sur le Phajus grandifolius et sur le Phajus Wallichii ont donné les mêmes résultats ; toutes conduisent à la méme conclusion : la mort est produite par le gel, et par conséquent par l'ac- tion directe du froid et non pas seulement par le dégel ni à la suite du dégel. J'ai désiré reproduire cette intéressante expérience. Je n'ai pu d'abord me procurer de fleurs des espèces de Calanthe et de Phajus qui avaient servi aux expériences de M. Geppert, mais j'ai eu à ma disposition cet hiver des fleurs d'un autre Calanthe (C. densiflora) et d'un autre Phajus (Ph. maculatus) qui jouissent, comme celles des espèces employées par M. Gæppert, de la pro- priété de se colorer en mourant en bleu indigo. La fleur du Calanthe densi- flora est jaune, et non blanche comme celle du Ca/anthe veratrifolia. Celle du Phajus maculatus est également jaune. Pour faire geler ces fleurs, je les suspendais par un fil dans un bocal en- touré d'un mélange réfrigérant et où le thermomètre accusait une tempéra- ture d'environ — 10 à 15 degrés. Pour évaluer le changement de coloration, j'ai cherché d'abord à rapporter les nuances à l'échelle chromatique de M. Chevreul (d'après la planche don- née par M. Edm. Becquerel dans son livre intitulé /a Lumière); bien que l'appréciation des couleurs par cette méthode soit fort peu exacte, je donnerai comme exemple les résultats que j'ai notés ainsi sur une fleur de Phajus maculatus. Avant le commencement de l'expérience, je rapporte la nuance de la fleur au jaune tirant un peu sur l'orangé-jaune 5. Je laisse la fleur exposée à un froid d'environ — 12 degrés durant une demi-heure. Au bout de ce temps, la (4) Botanische Zeitung, numéro du 16 juin 1871. 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. retirant du bocal entouré de glace et de sel où elle avait gelé, je la retrouve, non pas bleue, mais jaune encore, bien que toute roide et durcie par la gelée. Au bout de peu d'instants, elle verdit à la température de la chambre, elle dé- gèle et la coloration verte se prononce de plus en plus. Au bout de cinq mi- nutes, le bout des sépales est déjà de la nuance vert-bleu 3, l'éperon est aussi très-vert. Au bout de dix minutes, les sépales sont vert-bleu 5; presque dans toute leur étendue, les nervures surtout sont d'une couleur très-foncée. Au bout d'un quart d'heure, la couleur vert-bleu a foncé de plus en plus. La fleur est entierement colorée en bleu-indigo, dont la teinte est seulement modifiée par le mélange de la couleur jaune primitive. Ainsi la coloration en bleu de la fleur, la formation de l'indigo bleu dans son tissu, ne s'est produite ici qu'au dégel, contrairement à ce que rapporte M. Goppert pour des espèces voisines. Dans quelques essais, la fleur paraissait avoir déjà une très-légère teinte verdâtre dès la sortie du bocal, sans doute par suite d’un commencement très-faible de dégel: mais dans une expérience faite avec grand soin et où j'avais deux fleurs de Phajus de méme nuance dont une seule fut exposée à la gelée, je vis trés-nettement la fleur gelée, pla- cée à côté de la fleur non gelée immédiatement au sortir du bocal, présenter sensiblement la méme teinte : ce n'est qu'aprés que la fleur eüt dégelé pen- dant quelques instants que la coloration verte commenca à se manifester. Les expériences faites sur le Calanthe densiflora ont donné des résultats identiques à ceux que je viens d'indiquer sur le Phajus maculatus. La couleur des fleurs des deux plantes est la méme; les passages du jaune au bleu foncé, par suite de la formation d'indigo bleu dans les tissus, sont aussi exactement les mémes. Si l'on examine au microscope les tissus des fleurs qui se colorent en bleu, on peut facilement constater que c'est toujours dans l'intérieur méme des cel- lules, et particulièrement au milieu du protoplasma qui tapisse en dedans la paroi cellulaire, qu'apparaissent sous forme de très-fins granules les premiers dépóts d'indigo bleu. Quand la cellule est altérée par la gelée (et il en est de méme du reste quand elle est tuée par immersion dans l'eau bouillante, dans l'alcool, etc. ), l'utricule primordiale, ou en d'autres termes la couche pariétale du protoplasma, s'est un peu contractée, elle n'est plus adhérente à la paroi cellulosique; mais jamais, dans l'intervalle qui se fait entre l'utricule primor- diale et la paroi cellulaire, on ne voit se produire d'indigo bleu. C'est dans le protoplasma méme que se déposent les granules d'indigo, si petits qu'ils n'ap- paraissent que comme des points sans largeur appréciable sous le trés-fort grossissement que donne le système n? 10 à immersion de Hartnack. ils gros- sissent peu à peu et bientôt présentent un diamètre plus considérable, et forment méme cà et là de petits amas irréguliers. Ces grains, du reste, sont répartis assez également dans toute la couche pariétale de protoplasma. Cette observation m'a paru offrir un intérêt particulier, en ce que l'expé- SÉANCE DU 22 Mans 1872. 155 rience ayant démontré précédemment qu'il sort des cellules, sous l'action de la gelée, du liquide qui va cristalliser dans les méats sous forme d'aiguilles de glace, on aurait pu supposer à priori que la substance incolore qui se trans- forme en indigo bleu filtrerait à travers les parois sous l'influence du froid et irait se colorer en bleu hors des cellules ou du moins en dehors de l'utricule primordiale. Or cela n'est pas en réalité. C'est dans la cellule méme que se produit l'indigo bleu, au milieu du protoplasma que la vie abandonne et dont l'organisation s’altère. Depuis que ces premiéres observations ont été faites, j'ai eu à ma disposi- tion des fleurs de Phajus grandifolius et de Ph. Wallichii, sur lesquelles j'ai répété les expériences rapportées plus haut. Les fleurs du Phajus grandifo- lius sont blanches en dehors et brunes en dedans. C'est sur la partie blanche que l'on doit chercher à observer le bleuissement qui ailleurs est en partie masqué par la coloration naturelle. Une première fleur fut exposée à un froid de — 12 degrés environ durant nne heure et un quart. Quand elle fut retirée roide et gelée du bocal entouré du mélange réfrigérant, la partie inférieure des sépales montrait une légère nuance bleuâtre très-pâle, mais ce n’est qu’au dégel que la coloration s'est nettement prononcée ; toute la fleur est bientôt de- venue d'un bleu indigo extrémement foncé, presque noir. Une nouvelle expé- rience m'a donné un résultat plus net encore. ` Une-fleur de la méme espèce de Phajus est restée durant trois heures ex- posée au froid sans que j'y pusse observer nettement de nuance bleuátre sur la face externe des sépales, qui conservait sa couleur blanche. J'avais mis la fleur dans un bocal à trés-large ouverture, entouré du mélange réfrigérant: de temps en temps j'enlevais le bouchon de liége qui fermait le bocal et j'obser- vais directement la fleur, qui élait placée au fond du bocal, la face inférieure du périanthe en dessus. J'observais donc la fleur sans la tirer du milieu très- froid où je l'avais placée et sans occasionner le moindre commencement de dégel. En outre j'eus grand soin de maintenir dans unétat convenable le mé- lange réfrigérant pendant toute la durée de l'expérience. Dans ces conditions, la fleur du Phajus grandifolius resta gelée de midi et demie jusqu'à trois heures et demie sans que je pusse saisir de modification appréciable dans la couleur de la face inférieure des sépales, qui m'a paru rester blanche sans mélange de nuance bleuátre. Depuis, j'ai répété encore cette expérience, dans des conditions pareilles, sur des fleurs de Phajus Wallichii. Après deux heures d'exposition à un froid d'au moins 12 degrés, les fleurs roidies par la gelée étaient seulement de nuance un peu plus terne, mais n'étaient point colorées en bleu. Ces nouvelles observations, portant sur des fleurs examinées par M. Gœp- pert, n'ont donc fait que confirmer celles que j'avais faites précédemment sur d'autres espéces. 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Roze demande s’il y avait un protoplasma abondant dans les cellules vivantes des fleurs examinées par M. Prillieux. M. Prillieux répond affirmativement ; c'est dans le protoplasma qui borde la cellule, et qui en est partie vivante, que se forment les grains d'indigo, origine de la coloration bleue. M. Duchartre dit que les liquides cellulaires persistent dans les cellules de la fleur des Orchidées aprés la mort du tissu, et que dans d'autres cas il se forme des glacons qui détruisent ces cellules; il demande à M. Prillieux comment il explique ces contradictions. M. Prillieux répond qu'il se borne à les constater. M. Ch. Martins dit qu'il a observé souvent l’action de la gelée sur les végétaux. Il constatait la formation de glaçons dans les cellules sans rupture de celles-ci. Le Narcissus Tazetta, au Jardin de Montpellier, gelait toutes les nuits pendant l'hiver et dégelait le matin, mais continuait à fleurir. Le W?gand?a urens est tué rapi- dement par un froid de — 5° C. Ses feuilles deviennent immédia- tement brunes ; elles sont flétries, et il y a par conséquent une mo- dification chimique dans la composition des tissus. Il ajoute que le dégel, qui est si redouté des jardiniers, ne lui a jamais paru avoir une influence aussi désastreuse qu'on le croit généralement. M. Duchartre cite une observation récemment communiquée à la Société d'horticulture par M. le maréchal Vaillant. Il a vu des Dahlia qui en automne ont résisté à un froid de — 2° à — 5°, accompagné d'un vent trés-violent. Le vent étant tombé, les Dahlia se sont cou- verts d'une couche de verglas et leurs feuilles ont noirci. M. Martins répond que dans le midi les cultivateurs savent bien que, pendant les nuits fraiches, ils n'ont rien à craindre pour leurs oliviers s'il régne un vent un peu violent. Il semble que les plantes soient surtout sensibles au froid par rayonnement, etnon pas, comme les animaux, à celui que le vent détermine. Sur le haut d'une ca- thédrale, avec A degrés de moins, il a vu les plantes se porter mieux, à cause du vent, que sur l'appui d'une fenêtre où elles étaient abri- tées. Il à vu à Neuchátel, dans une propriété de M. Desor, à 1000" d'altitude, le 11 août, des haricots noircir par une nuit froide, mais calme et sereine. L'observation de M. le maréchal Vaillant n'est pas nouvelle. Ce sont ces faits qui engagent les agriculteurs du midi à allumer de grands feux, avec de la paille mouillée, et à brüler de la résine contenue dans des pots à feu, lorsqu'ils prévoient une nuit SÉANCE DU 2? Mans 1872. 157 froide, calme et sereine. La fumée s'opposant au rayonnement nocturne, leurs vignes et leurs oliviers sont ainsi préservés de la . gelée. M. Bureau dit qu'à l'école de botanique du Muséum, il y a en plein air un Opuntia du Mexique qui a supporté, sans souffrir, le grand froid des 8-9 décembre dernier. M. Aug. Delondre, vice-secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante, adressée à la Société : QUELQUES REMARQUES SUR LE SYSTÈME SOUTERRAIN DES LIS, par M. Ch. ROYER. (Saint-Remy près Montbard , février 1879.) Le Journal de la Société centrale d'horticulture a publié (d'avril 1870 à septembre 1871) un important travail de M. Duchartre sur le genre Lis. Appréciant toute la valeur des organes souterrains, le savant auteur les fait intervenir à juste titre dans la détermination des espèces. Qu'il me soit permis cependant quelques observations de détail sur la description d'ailleurs si claire et si complète qu'il a tracée de ces organes. L'axe souterrain et horizontal des Lilium tubiflorum Wight et L. neil- gherrense Wight représente la portion inférieure de la tige, s'il est annuel et s'il ne forme pas d'oignon avant de se redresser en tige florifere ; mais il re- présente plutôt un rhizome, car il produit sans doute à son coude, ou à tout autre point de sa longueur, un oignon de remplacement. Une tige à partie infé- rieure longuement horizontale et souterraine serait en effet une particularité trés-étrange. D'ailleurs la mort du Z. neilgherrense, quand la culture en pot le : met daus l'impossibilité de développer ce long axe souterrain, parait prouver que.cet axe est un rhizome, et qu'il est chargé de former l'oiguou de remplace- ment indispensable à la vie de la plante ; puis, le diamètre plus fort, les pseu- dorrhizes plus abondantes au sommet de cet axe, dans le voisinage du coude, indiquent qu'un centre vital, un oignon, se produira à ce point. Dans un rhizome, j'appelle souche chaque centre végétatif, et article Ven- semble des mérithalles plus ou moins nombreux et allongés qui séparent deux souches. Parfois les souches sont si rapprochées entre elles, que les articles demeurent comme indistincts : ainsi du Z. candidum L. , comparé au L.. cana- dense L. Chez les Lis, les centres végétatifs sont des oignons ou bulbes, et portent ainsi un nom spécial, dont ils manquent chez quantité de plantes, oü je les appelle souches. Pris dans ce sens restreint, ce mot à été jusqu'alors rejeté comme faisant double emploi avec rhizome. A mes yeux cependant, la souche ne représente que la partie du rhizome la plus importante, celle dont naissent directement les tiges et la plupart des pseudorrhizes et des dragcons ; cette partie mérite donc bien un nom spécial. Dans une description complète 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des rhizomes drageonnants des Sparganium ramosum, Scirpus mariti- mus, etc., peut-on se dispenser de mentionner ces remarquables nodosités ligneuses qui sont espacées sur les parties anciennes et déjà mortes de ces rhizomes ? Or que sont ces nodosités séparées entre elles par de longs articles, sinon des centres de végétation éteints, d'anciennes souches en un mot? ce terme est donc nécessaire pour la clarté, la concision et l'exactitude des dia- gnoses. Car, si l'on se contente de dire que le rhizome est parsemé de nodo- sités ligneuses, on ne signalera en rien ni l'origine de ces nodosités, ni les fonctions importantes qu'elles ont eu à remplir (1). Chez le Lilium canadense L., je ne pense pas que ce soit la vieille tige flo- rifére qui se prolonge au-dessous de l'oignon. Le plus fort diamètre à ce point semble prouver qu'il s'agit d'un rhizome, lequel est, en effet, chez la plupart des plantes, beaucoup plus robuste que la tige aérienne. Puis, la production du bourgeon de remplacement en arriére de l'oignon est une rétrogression fréquente chez les plantes, et due à la loi de niveau. En eífet, quaud le rhi- zome n'est pas parfaitement horizontal, la souche, si elle n'usait de l'artifice de la rétrogression, s'éleverait bientót hors du sol, et, ne pouvant plus étre radicante, serait condamnée à une mort prochaine, comme il arrive au P/an- tago major. Si les oignons des Lilium Humboldtii Ræœzl et Leichtl. et L. Washing- tonianum Kellog sont latéraux et tendent à descendre, ce doit étre à raison d'une plantation opérée à une profondeur insuffisante ou dans un sol trop sec ; car, d'aprés M. Leichtlin, les Lis croissent généralement aux endroits couverts d'herbes et où le soleil ne peut pas atteindre la terre méme. La plante exécute alors, chaque année, un mouvement de descente, jusqu'à ce qu'elle rencontre son niveau naturel ou un milieu favorable à sa végétation. On ne peut facile- ment concevoir un rhizome normalement descendant; car, aprés quelques années, la souche arriverait à une profondeur telle qu'il y aurait obstacle radical à sa végétation. Enfin, comment admettre que dans le méme sol et avec les mémes conditions extérieures, il faille chaque année à la plante un changement de niveau ? Ce serait le désordre et l'anarchie introduits dans le monde végétal. Pour l'étude des racines et des rhizomes, on doit se défier des échantillons récoltés dans les jardins, où tantôt une plantation faite à un mauvais niveau, tantót des conditions nuisibles de sol, d'exposition ou de température, peu- vent modifier gravement le systéme souterrain, par suite des efforts incessants (4) H est des cas, pourtant, où dans la description des rhizomes on n'aura pas à parler des souches : ce sera quand celles-ci sont contigués, ou presque contiguës sans méri- thalles intermédiaires stériles bien appréciables {Anemone Hepatica) ; et encore quand les mérithalles intermédiaires sont nombreux, allongés, mais produisent à tous leurs nœuds des ramifications ou des drageons (Hippuris vulgaris). Dans ces deux casen effet, on n'a plus à signaler sur le rhizome de parties stériles contrastant avec des centres de végé- tation nettement prononcés: SÉANCE DU 22 Mans 187. 159 de la plante pour sortir de ces conditions défavorables. Puis les échantillons d'herbier, méme récoltés en pleine campagne, sont trop souvent incomplets en leurs organes souterrains, pour qu'ils puissent servir à un jugement défi- nitif. I1 en faut presque toujours qui aient été arrachés avec unsoin minutieux, et en vue de l'étude spéciale de la racine. Enfin beaucoup de particularités ne peuvent étre saisies que sur le vif, et par un examen fait, soit à diflérentes saisons, soit à différents âges de la plante. En résumé, il n'y a pasde différences essentielles dans le type de la végéta- tion souterraine des diverses espèces de Lis: rhizome trés-court (L. candi- dum L.), ou allongé (Z. tubiflorum Wight); à souche (oignon) définie, plus ou moins persistante. On pourra, avec M. Baker, sectionner le genre, suivant que les oignons auront des écailles ou des tuniques. Enfin, origine, insertion, dimension et persistance des écailles et des tuniques, durée et longueur des articles, drageons naissant ou des articles ou des souches; nombre, dimen- sions, ramifications, vestiture, insertion ét persistance des pseudorrhizes du rhizome, et encore de celles adjuvantes de la base des tiges, et autres particu- larités d'importance secondaire, suffiraient sans doute à la facile détermina- tion de plusieurs des espèces de ce beau genre. En réponse à cette communication, M. Duchartre s'exprime en ces termes : Je demande à la Société la permission de répondre sommairement aux observations présentées par M. Ch. Royer, dans sa note intéressante : 4° Quant aux Lis indiens dont la tige florifère est d'abord horizontale et plus tard dressée (Lilium tubiflorum Wight, L. neilgherrense Wight), je n'ai eu sous les veux que des échantillons d'herbier, tandis qu'il aurait été presque indispensable d'observer des plantes vivantes pour en bien connaître le dévelop- pement. Toutefois, les données que j'ai puisées dans cet examen se sont trou- vées en harmonie avec quelques renseignements et méme un croquis qu'a bien voulu me communiquer M. Max Leichtlin, de Carlsruhe, qui a possédé vivante au moins une de ces espèces. La tige dont il s'agit se couche horizontalement dans la terre, à sa sortie de l'oignon, pour se relever ensuite verticalement aprés avoir acquis environ 12-15 centimètres de longueur. M. Royer pense quela por- tion horizontale de cette tige ne doit pas appartenir à la méme période végétative que son prolongement vertical, et qu'au point de jonction de ces deux parties, c’est-à-dire au coude qui les rattache, doit se produire le nouvel oignon. « Une tige, dit-il, à partie inférieure longuement horizontale et souterraine serait une varticularité très-étrange. » Sije ne me trompe, ce serait simplement une tige ascendante qui, partant d'un oignon enterré, s'étendrait d'abord dans la terre. D'un autre cóté, l'absence de toute cicatrice, de tout vestige indiquant qu'il a pu exister, à un moment quelconque, un oignon situé à la jonction des por- 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tions horizontale et verticale de cette tige, l'identité complète d'état, de con- sistance, d'âge apparent de ces deux portions, et quelques autres motifs, me semblent étre contraires à l'idée exprimée par M. Ch. Royer que l'une de ces deux portions est un long rhizome nu et persistant, dont je ne connais pas d'exemple chez des plantes bulbeuses, tandis que l'autre serait la tige annuelle née de la première et parfaitement continue avec elle. Je reste donc porté à croire que l'oignon de ces Lis se trouvait à l'origine méme de leur tige, qui, dans ses deux portions réunies, était le résultat de la végétation d'une méme année. Je pense néanmoins qu'il faudrait suivre la marche de cette végétation pour être en droit de se prononcer à ce sujet avec une complète assurance. 2° Je n'ai rien à dire sur la nomenclature proposée par M. Ch. Royer rela- tivement aux deux parties qu'il distingue dans chaque rhizome ; elle est basée sur la maniére de voir de ce zélé botaniste, et, à cet égard, je n'ai le droit d'exprimer aucun. avis. 3° La description que j'ai donnée'de la formation annuelle des productions rhizomateuses et des oignons, chez le Lilium canadense L., me semble mon- trer ce qu'est réellement la courte portion de tige que j'ai signalée comme existant encore au-dessous de l'oignon épuisé et tendant à disparaître bientôt parce que cette tige a déjà fleuri. Puisque cet oignon s'était produit à l'extré- mité graduellement redressée d'un rameau rhizomateux horizontal, ce qu'on remarque encore sous lui, aprés qu'il a donné une tige florifère, ne peut pas étre autre chose que les derniers restes de ce méme rameau qui s'est détruit dans la plus grande partie de sa longueur première.— En outre, je ne crois pas nécessaire de faire intervenir ce que M. Ch. Royer nomme une rétrogression dans la production des rameaux horizontaux qui portent les nouvelles bulbes : chez les Lilium canadense, superbum, etc., à l'aisselle de l'une des écailles espacées que j'ai signalées sur le rhizome, au-dessous de la bulbe, est né un bourgeon qui s'est ensuite développé en rameau du rhizome ; il me semble que c'est là un fait qui n'a rien d'insolite et dont l'explication est toute simple. h° J'ai dit (p.82 du tirage à part des Observations sur le genre Lis) «la bulbe du Lilium Washingtonianum doit s'enfoncer de plus en plus dans le sol en s'accroissant, comme celle du Z. Humboldtii. » J'ai appuyé cet énoncé, avant tout, sur ce que M. Leichtlin, à qui l'on doitl'introduction en Europe de ces deux belles espèces et qui les cultive depuis trois ou quatre ans, m'a écrit en termes formels ; en second lieu et secondairement, sur l'observation des bulbes mémes de ces plantes examinées à l'état de repos, telles que je les avais eues sous les yeux. M. Ch. Royer ne croit pas que cet enfoncement pro- gressif soit possible (1). — Mais d'abord le rhizome auquel tiennent les écailles (4) J'ai constaté à diverses reprises que, chez le Lilium canadense, le rameau rhi- zomateux qui donnera le nouvel oignon se dirige en général, non pas horizontalement, mais dans un sens un peu oblique-descendant ; il ne s'ensuit pas néanmoins que les SÉANCE DU 22 Mans 1572. 161 des bulbes assez singulières de ces deux plantes est dirigé dans un sens obli- que faiblement descendant, de telle sorte que l'enfoncement en terre de son extrémité vivante ne doit s'opérer que lentement et à un degré assez faible ; en second lieu, je crois pouvoir dire que ce rhizome se ramifie pour donner naissance à de nouveaux oignons sur ses ramifications, et rien ne me prouve que ces ramifications suivent la direction oblique descendante du corps du- quel elles émanent ; il se peut qu'elles se relèvent quelque peu, de manière que l'oignon nouveau qui en naitra se trouve placé à un niveau sensiblement plus élevé que celui où était déjà parvenue l'extrémité végétante de l'oignon- mère; en troisième lieu, il y a des plantes bulbeuses chez lesquelles des caïeux se produisent au-dessous de la bulbe qui leur a donné naissance, chez lesquelles, par conséquent, on trouverait des bulbes de plus en plus enfoncées si, les caieux devenant bulbes, le développement se continuait dans le méme ordre, de génération en génération ; il existe même des espèces chez lesquelles la bulbe de remplacement se reproduit constamment plus bas que celle qui lui a donné naissance. Pallas signalait déjà ce fait pour le Tulipa bi- flora des steppes voisines de la mer Caspienne, dans lequel on trouve méme les vestiges superposés de plusieurs oignons successifs, et Treviranus, en con- firmant cette indication du célèbre voyageur, l'a étendue à plusieurs autres Liliacées qui finissent par étre considérablement enfoncées en terre ; enfin, je rappellerai qu'il existe des rhizomes qui croissent de haut en bas, de manière à finir par atteindre une grande profondeur dans le sol. Toutefois je me pro- pose de vérifier, dès que cela me sera possible, sur des plantes vivantes, com- ment les choses se passent réellement, à cet égard, pour les Lilium Hum- boldtii et Washingtonianum, ce que je n'ai pu faire jusqu'à ce jour. 5? Je crains que la conclusion déduite par M. Ch. Royer de l'ensemble de ses observations sur les Lis ne soit un peu trop générale: « Il n'y a pas, dit-il, de différences essentielles dans le type de la végétation souterraine des di- verses espèces de Lis.» Je crois, au contraire, qu'il existe, à cet égard, dans ces plantes, une assez grande diversité dont j'ai déjà essayé de donner une idée dans mes Observations, et que j'espére pouvoir faire connaitre prochaine- ment plus en détail, dans un travail spécial, en joignant à mes descriptions de nombreuses figures. Note de M. Ch. Royer, ajoutée au moment de l'impression (janvier 1873). Sur la bienveillante autorisation de M. Duchartre, une épreuve de sa réponse à mes observations m'étant trés-obligeamment communiquée par M. le Secrétaire général, j'ajouterai ces quelques lignes : oignons de cette espèce deviennent de plus en plus enterrés, puisque la partie terminale de ce rameau sur laquelle les écailles se rapprochent pour constituer la bulbe est tou- jours redressée. T. Xix. (SÉANCES) 41 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Malgré toute la valeur des arguments de M. Duchartre, je pense, et c'est aussi l'avis de l'éminent botaniste, que certains points ne pourront être entiè- rement élucidés qu'aprés examen d'échantillons complets et même vivants. M. Duchartre, tout en atténuant le mouvement de descente qu'il. accorde aux oignons des L. Humboldtii et L. Washingtonianum, rappelle qu'il existe des rhizomes qui croissent de haut en bas: ceux des E'quisetum et le corps tubéreux du Dioscorea Batatas sont parfois en effet cités en exemples. J'ai pourtant toujours trouvé chez nos £'quisetum un rhizome situé, il est vrai, à une assez grande profondeur, mais d'ailleurs s'étendant horizontalement ; quant à l'organe tubéreux du D. Batatas, je ne le considère que comme une pseudorrhize démesurément hypertrophiée. Le cas du Tulipa biflora est par- ticulièrement favorable à l'opinion de M. Duchartre ; mais encore pourrait-on désirer mieux connaître les conditions où il se produit; car, chez le T. Ges- neriana, le bulbe cesse d'étre pédicellé et de descendre, une fois arrivé à son niveau normal. Enfin, quand on sème à la surface du sol des Allium olera- ceum, À. vineule, etc., on voit les jeunes individus faire descendre chaque année leur bulbe, mais seulement jusqu'à un certain niveau, où se maintien- dront dés lors les plantes devenues adultes. A part les traits fondamentaux communs au genre (rhizome plus ou moins allongé, à souche [bulbe-oignon] définie), je suis loin de méconnaître les nom- breuses différences de détail qu'offre le système souterrain des Lis, diflérences dont on pourrait très-utilement se servir pour la distinction des espèces. Ainsi, tantôt les pièces du bulbe sont formées par des écailles et par les bases des feuilles, et ont ainsi dans le même bulbe une double origine ( Z. candidum); tantôt elles ne sont formées que par des écailles (4. Martagon, L. bulbiferum). Il faut pourtant ajouter que pendant les premières années, c'est-à-dire dans la période foliacée, et avant la production d’une tige, ces derniers Lis rentrent dans la section du L. candidum, car ils ont alors à leur bulbe les deux sortes de pieces. - M. Duchartre a très-nettement décrit, dans le Journal de la Société centrale d'horticulture de France (t. VI, 2° série, pp. 472-482). la double origine des pièces de l'oignon du Z. Thomsonianum Lindl. Au surplus, cette particularité se retrouve chez le Tulipa Gesneriana, le Scilla bifolia, e Muscari race- mosum et beaucoup d'autres Liliacées bulbeuses. M. de Schœnefeld présente à la Société, de la part de M. J.-B. Verlot, le Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Dauphiné, et appelle tout particulièrement son attention sur l'importance el l'utilité de ce remarquable travail, fruit de vingt années d'herbo- risations, que vient de publier l habile et dévoué directeur duJ ardin- des-plantes de la ville de Grenoble (1). (1) Voyez le Bulletin, t. XIX (Revue), p. 36. SÉANCE DU 22 MARS 1872. 163 M. Ch. Martins expose à la Société les résultats principaux de l'étude qu'il a faite de la végétation d'une garrigue, sur la colline de Montmaure prés Montpellier : Il s'est imposé, dit-il, la tâche de récolter toutes les plantes qui croissent sur cette garrigue, terrain rocheux où dominent le Chéne-vert, le Chêne- Kermès, le Thym, la Lavande, le Genista Scorpius, etc. La superficie est d'environ 20 hectares, et déjà en deux ans il y a récolté environ 360 espèces phanérogames; c'est un. nombre considérable pour une surface aussi res- treinte, et M. Martins ne croit pas que dans le nord il existe de station où l'on puisse recueillir autant d'espéces. L'origine des espéces de la garrigue n'est pas la même : quelques-unes sont des plantes miocènes, d'autres appartien- nent à la flore scandinave et remontent à l'époque glaciaire, la plupart enfin sont méditerranéennes. Dans un mémoire détaillé, M. Martins se propose de discuter ces origines; il pense également qu'il est intéressant de faire la florul complète d'une surface qui ne sera sans doute jamais mise en culture. Ses successeurs, parmi les botanistes de Montpellier, verront si le temps intro- duira quelques espèces nouvelles dans cette circonscription, ou si au contraire quelques-unes viendront à disparaitre par la suite. M. E. Cosson dit qu'il serait trés-intéressant de faire un travai analogue pour un terrain de déblai, et surtout d'y. noter l'époque de l'apparition successive de chaque espèce. Il rappelle que le Juncus capitatus s'est montré tout à coup à Thurelles prés Dordives (Loiret), oü il n'existait point auparavant, dans un terrain déblayé pour l'établissement du chemin de fer du Bourbonnais, et sans que son apparition eût été précédée d'une grande inondation. M. Bureau dit que de semblables observations seraient faites en- core avec beaucoup d'intérét dans les landes de Bretagne. M. Cosson ajoute que sans se borner à constater, comme l’a fait M. Martins, le nombre des espèces, il serait encore bon de déter- miner le nombre des individus de chaque espéce, en opérant sur un demi-hectare d'étendue par exemple. M. Duchartre dit que dans certaines localités la flore offre une richesse extraordinaire, tantót par le nombre des espéces, tantót par celui des individus. ll cite, à l'appui de cette observation, le littoral de la Méditerranée, dans les environs de Béziers, oü l'on trouve souvent l'une à cóté de l'autre deux flores diflérentes sur un espace restreint : celle du sable pur et mouvant, formant des dunes, où les espéces sont nombreuses, mais représentées par des individus 165 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trés-clairsemés, et celle des endroits déprimés convertis en prairies, submergés pendant l'hiver, où des espèces en petit nombre comp- tent chacune une trés-grande quantité d'individus. Les espèces qui forment la premiére de ces flores sont remarquables par leur couleur glauque ou leur villosité, plus rarement par leurs feuilles charnues; celles que comprend la seconde ont, au contraire, une verdure fraiche. Dans ces sortes de prairies littorales, la végétation consiste en majeure partie en Juncus acutus et maritimus, ce qui leur a fait donner, dans le pays, la dénomination vulgaire de jon- casses. À cóté de ces deux stations distinctes, on en trouve une troi- siéme, formée par les sables fixés et sujets à étre couverts par la mer pendant les grandes tempêtes; celle-ci a une uniformité d’aspect remarquable; elle tient en quelque sorte le milieu entre les deux précédentes, les espéces qui la forment étant assez nombreuses, et chacune d'elles couvrant généralement des espaces assez étendus partout où elle se montre. C'est là que se trouvent les Salicornia, Atriplex, Statice, etc. — En général on peut dire que, dans notre midi, la végétation est d'autant plus variée qu'elle échappe davan- tage à la culture. M. Ch. Martins dit qu'il a aussi le projet d'exécuter une florule du littoral dans le département de l'Hérault. Il a remarqué que la zone du littoral y présente quatre flores : 4° celle des marais salants, caractérisée par les Salsolacées ; 2° celle des mares d'eau douce, où l'on remarque beaucoup de plantes du nord; 3° celle des dunes fixes; et enfin 4° celle des dunes mouvantes, formée de plantes dont les racines pénétrent profondément dans les sables. M. Max. Cornu signale à l'attention de la Société des échantillons de plantes fossiles rapportées derniérement de Sézanne (Marne) par M. Meunier- Chalmas, et soumis par lui à la Société géologique. Ces plantes proviennent de travertins ; elles s'étaient fossilisées sous l'aeion deaux incrustantes. Les moindres détails y ont été admi- rablement conservés. On y remarque des fleurs à quinze étamines munies de leurs anthéres et présentant un style d'environ 15 mil- limétres de longueur, etc. M. Bureau ajoute que le terrain de Sézanne appartient à la base du tertiaire, et que les plantes qu'il renferme rappellent, par leurs Malvacées et leurs Tiliacées à grandes feuilles, la flore de l'Afrique tropicale. SÉANCE DU 22 Mans 1872, 165 M. Roze fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE PUCCINIA COMPACTA de Bary, par MI. E. ROZE. Les spécimens vivants d'Anemone nemorosa, que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société, ont été maintenus dans le méme pot depuis plus de trois ans, et aprés leur installation ils n'ont cessé chaque année de produire au printemps des pédoncules bractéiféres sans fleurs, mais dont les folioles présentaient à leur surface inférieure les nombreuses cellules biloculaires pédicellées du Puccinia compacta de By. D'autres pots, installés de méme, m'ont donné les mémes résultats. J'avais fait un essai identique avec des rhizomes supportant, lors de leur récolte, des pédoncules bractéifères de la méme plante chargés de l'GEci- dium leucospermum DC. Mais ces rhizomes ne m'ont plus reproduit que des feuilles privées de tout parasite, et l'état œcidiospore da Champignon a cessé de reparaître les années suivantes. Par suite, je croirai pouvoir, tout au moins, en conclure que le mycélium spécial du Champignon qui produit le Puccinia compacta est certainement pérennant, comme les rhizomes de la plante hospitalière. Ce fait étant bien constaté me semble toujours bon à noter pour l'histoire encore assez peu connue de ces Champignons parasites à deux états successifs de forine et de reprodution. M. Bernard Verlot dit que le Peridermium Sempervivi Tul. a été observé pendant plusieurs années dans les cultures du Muséum sur le Sempervivum arvernense. M. Cosson fait à la Société la communication suivante : COMPOSITARUM GENUS NOVUM ALGERIENSE, auctoribus 4x. BENTH AM et Ki. COSSON. WARIONIA gen. nov. Capitula homogama æqualiflora, floribus omnibus hermaphroditis fertili- bus. Involucram latum, bracteis pluriseriatis, imbricatis, ovato-lanceolatis, membranaceo-herbaceis, basi rigidis, apice laxis acuminatis, exterioribus gradatim brevioribus. Receptaculum planum, foveolatum, foveolarum margi- nibus elevatis, caeterum nudum. Corolla regulares vel parum oblique, tubo tenui, limbo parum ampliore infra medium 5-fido. Staminum filamenta gla- bra ; antheræ basi sagittatæ, auriculis contiguis connatis, caudis latiusculis laceris liberis appendiculatis. Styli rami lineares, obtusi, complanati, dorso papillosi. Achænia villis longis sericeis deusissime vestita, areola recta affixa ; pappi setæ pluriseriatæ, rigidæ, persistentes, denticulato-scabræ, inte- 466 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. riores elongatæ, exteriores breviores tenuioresque. — Planta indurato-suffru- tescens, dumulosa, erecta, ramosa, glabra. Folia alterna, sinuato-pinnatifi la, lobis inermibus. Capitula magna, ad apices ramorum breviter pedunculata, subcorymbosa. Involucri bracteæ ciliolatæ. Genus hoc eximium, e tribu Cinaroidearum, receptaculo nudo Berardiæ quodammodo accedens sed pluribus tamen notis abunde distinctum, cl. doctori Adr. Warion, chirurgo militari, plantae detectori, solertissimo et felicissimo Algeriæ occidentalis indagatori grato lætoque animo dicatum voluimus. W. SAHARE Sp. nov. Planta perennis, pluricaulis, dumulosa, indurato-suffrutescens, caulibus 50-50 centim. longis, superne ramosis, cortice candido, ramis patentibus. Folia pallide virentia, citrum redolentia, alterna, subsessilia, ambitu oblonga inferne attenuata, sinuato-pinnatifida, lobis undulatis grosse dentatis mucro- natis inermibus. Pedunculi fere ad apicem foliati. Capitula magna, apice caulium laxe cymoso-corymbosa. Involucri bracteæ, membranaceo-herbaceæ, ovato-lanceolataa acuminata, pube subarachnoidea ciliolatæ, exteriores sal- tem apice laxæ et patulae. Receptaculum nudum, late foveolatum, foveolarum marginibus elevatis subintegris. Corollæ luteo-croceæ, laciniis linearibus apice ciliolatis. Achænia villis longis sericeis albidis densissime vestita; pappi setae rufescentes, — Florentem et fructiferam Novembri 1865 et Aprili 1866 detexit cl. Warion. In fissuris rupium et collibus petrosis apricis Saharæ Algeriensis occi- dentalis juxta fines imperii Marocani nec non imperii Marocani confinis, ubi sæpe solum fere totum obtinet et ut plurimum Pu/icarie Mauritanicæ socia. In Sahara Oranensi ad 7yout, Bou-Semghroun, Nquila et in im- perio Marocano ad Oued Mouissifer, Chegquet-el-Selteni et F'iguig detexit cl. Warion. M. le Secrétaire général donne lecture de la note suivante : NOTE SUR LA MATIÈRE COLORANTE DE L'ÉBÈNE VERTE DE LA GUYANE, pr MM. RENAULT ce SAGOT. (Cluny, 4 août 1871.) Un des bois les plus remarquables de la Guyane est celui qui porte dans la colonie le nom d'ébène verte ou ébène soufrée. IL provient d'une grande Bignoniacée arborescente, aux feuilles digitées, aux belles fleurs jaunes (TE- COMA LEUCOXYLON Mart. var. Miquelii Alph. DC. in DC. Prodr. IX, 219), qui au moment de la floraison, s’aperçoit de loin dans les forêts. Le bois est très-dur et très compacte jusque sous l'écorce; il est d'un brun verdâtre; sur une coupe fraiche, il parait comune finement strié et ponctué d'une belle couleur jaune, vive et franche, d’où le nom vulgaire d’ébène soufrée. Cette SÉANCE DU 5 AVRIL 1872. 167 coloration provient d’une gomme-résine déposée très-abondamment dans les canalicules du bois et se présentant alors en lignes sur la coupe longitudinale, en ponctuations sur la coupe transversale, Nous avons essayé sur ce bois quelques réactifs chimiques. L'alcool dissout trés- rapidement la gomme-résine, et se colore en jaune en la dissolvant. Les aleaiis font passer la dissolution au rouge vif, et les acides, en neutralisant l'alcali, la ramènent au jaune, M. Renault n'a pas pu apercevoir au microscope de parois aux canalicules dans lesquels la substance gommo-résineuse est déposée. Nous nous proposons, si nous pouvons nous procurer des échantillons de bois d'un volume suffisant, d'extraire cette substance et de l'étndier chimiquement. Nous rappellerons, en terminant, que la famille des Bignoniacées présente, à la Nouvelle-Grenade, une espèce dont les Indiens tirent une belle couleur rouge, la chica, en en faisant macérer les feuilles dans l'eau. M. Boussingault a donné sur la chica des détails iméressants (1). M. de Schenefeld rappelle qu'en 1858 une notice de M. Triana sur la chica a été publiée dans notre Bulletin (t. V, p. 8^). Cette matière colorante est produite par le Bignonia Chica U.BK. SÉANCE DU 5 AVRIL 1872. PRÉSIDENCE DE M. ÉD. BUREAU, VICE-PRÉSIDENT, La réunion annuelle de MM. les délégués des Sociétés savantes et les vacances de Pâques ayant amené à Paris un certain nombre de membres de la Société botanique résidant dans les départements ou à l'étranger, plusieurs d'entre eux, notamment MM. Alph. de Candolle (de Genéve), Duval-Jouve, inspecteur d'académie, J.-E. Planchon, professeur à la Faculté des sciences de Mont- pellier, Émile Martin (de Romorantin), Laisné (d'Avranches), Hullé (de Blaye), etc., assistent à la séance. (4) Note du Secrétaire général (mars 1872). — Je prie nos honorables collégues, MM. Renault et Sagot, de vouloir bien excuser le retard, involontaire de ma part, de la publication de leur intéressante note qui, parvenue au secrétariat pendant les vacances de 1874, aurait dû être lue à la séance du 10 novembre derni-r. Malheureusement, la veille méme de cette séance, je suis tombé assez gravement malade. Ne pouvant sortir, j'ai euvoyé à MM, les Secrétaires les piéces à lire en séance, et, par inadvertance, la très- courte note de MM, Renault et Sagot est restée dans un carton contenant des papiers non destinés à l'impression, où le hasard me l'a fait retrouver récemment. 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Maurice Tardieu, vice-secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la séance du 22 mars, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. QuiNQUAUD (Eugène), docteur en médecine, rue de l'Odé on, 44, à Paris, présenté par MM. E. Roze et M. Cornu. M. le Président annonce une nouvelle présentation et fait part à la Société de deux pertes regrettables qu'elle vient de faire : M. ledocteur Hénon (de Lyon) est décédé à Montpellier le 28 mars ; et M. Manceau est décédé au Mans il y a quelques mois, mais le Bureau de la Société n'en a été prévenu que récemment. M. Roze, au nom de la Commission de comptabilité, donne lec- ture du procés-verbal de vérification des comptes de M. le Tréso- rier du 4°% mars 1870 au 31 décembre 1871. PROCÉS-VERBAL DE VÉRIFICATION DES COMPTES DU TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ BOTA- NIQUE DE FRANCE PAR LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ, POUR LES ANNÉES COMP- TABLES 1870 ET 4871, DU 1** MARS 1870 AU 31 DÉCEMBRE 1871. La Commission de comptabilité a vérifié dans tous leurs détails les comptes présentés par M. Ramond, trésorier de la Société. Lesdits comptes se soldent par un excédant de recettes de 19 937 fr. 12 cent., dûment repré- senté par les valeurs détaillées dans la note sur la situation financière, que . M. le Trésorier a soumise à la Société dans la séance du 8 mars dernier (1). La Commission a reconnu la compléte régularité de ces comptes. Elle propose, en conséquence, à la Société, de les déclarer approuvés, et de reconnaitre l'actif et consciencieux dévouement de M. Ramond, en lui votant d'unanimes remerciments. Paris, 25 mars 1872. Les membres de la Commission : A. PASSY, A. LASÈGUE, E. ROZE. Le vice-président de la Société, présidant la Commission en l'absence de M. le président de la Société, T. CHABOISSEAU. La Société vote des remerciments unanimes à M. Ramond, tré- sorier, pour le zéle et le dévouement avec lesquels il a rempli ses (4) Voyez plus haut, pp. 131-134. SÉANCE DU 9 AVRIL 1872. 169 fonctions dans les circonstances difficiles qu'elle a traversées, et pour le soin et la clarté de son exposé de situation. M. Duval-Jouve fait à la Société la communication suivante : SUR LE JUNCUS STRIATUS Schsb. ET LE J. LAGENARIUS J. Gay, par MI. J. BUVAL-JOUVE. « Juncus. Du latin jungo, je joins, j'unis. » (Théis, Gloss. bot. p. 249.) Un esprit chagrin pourrait croire, au contraire, que ce nom est tout récent, et qu'il a été, par ironie et antiphrase, choisi pour exprimer la division; car, parmi les genres de notre flore, il semble spécialement destiné à diviser les botanistes. Établi d'abord par Linné, avec la confusion peu excusable de deux genres que déjà avant lui Scheuchzer avait indiqués en leurs caractéres essentiels, que Micheli avait reconnus, nommés et figurés (1), le genre Juncus fut dé- finitivement, en 1805, divisé par De Candolle en deux genres évidemment distincts, Juncus et Luzula (F1. fr. III, p. 162). Or, quoique, dés 1809, Willdenow eût adopté ce dernier genre (Eum. pl. hort. berol. p. 393), quoique E. Meyer eüt publié, en 1822, son Synopsis Juncorum et, en 1823, son Synopsis Luzularum, quoique Laharpe eüt, daus sa Monographie, en 1825, discuté et adopté la division de De Candolle, Host, plutót que d'emprunter un genre à un auteur francais, maintenait, en 1827, dans son Flora austriaca, I, pp. 445-454, le vieux genre linnéen Juncus, sans méme indiquer aucune division, ni aucune synonymie; et ce qui est plus fort, la méme année, Roth, dans son Znum. pl. Germ. Il, pp. 97-106, adoptant le genre Luzula, en attribuait la distinction à Willdenow, et celle des espèces à E. Meyer, bien que Laharpe, Meyer et Willdenow eussent trés-fidélement indiqué l'auteur du genre. Il est difficile de pousser plus loin la jalousie ou la haine inter- nationale. Si le genre linnéen avait d'abord trop réuni, il fut plus tard trop divisé ; à ses dépens on créa les genres Prionium E. Mey., Cephaloxis Desv., Mar- sippospermum Desv., Rostkovia Desv., Prionoschænus Rchb, etc.; je passe les autres, pour arriver plus vite à dire que pour les trente et une espéces de notre flore, il y a plus de vingt questions encore pendantes, sur chacune des- quelles certains botanistes des plus sérieux et des plus compétents disent : oui, tandis que d'autres des plus compétents et des plus sérieux disent: non. Au premier rang des espèces qui ont le plus fourni matière à division et discussion se placent celles du deuxieme groupe de la section IV de M. Gre- (4) Scheuchzer ditdela capsule : « Pistillum..... in tria loculamenta divisum in quorum singulo vel semen unicum oblongum, vel semina plura minuta » (Agr. p. 310). Cette distinction fut trés-bien exprimée par Micheli pour l'établissement de ses genres Juncus et Juncoides (Nov. gen. p. 37, tab. 31) ; et c'est sur le premier de ces deux caractères que De Candolle a établi son genre Luzula, répondant au Juncoides de Micheli. 470 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nier : les JUNCUS vivaces à feuilles cloisonnées, et parmi celles-ci les J. stria- tus Schsb. et J. lagenarius J. Gay. Je ne m'occuperai que de ces deux der- niéres dans ce qui suit. En 1813, Requien recueillait « dans les lieux humides, au bord de la Du- » rance», un Juncus nouveau et lui imposait le nom et la diagnose qui suivent: « J. repens. — Culmo repente ramosissimo, foliis nodoso-articulatis » teretiusculis, panicula decomposita pauciflora, floribus fasciculatis, peri- » gonii laciniis acutis. » (In Guerin, Descr. de la Font. de Vaucluse, 2° édit. p. 253.) D'autre part, en 1822, un Juncus de l'herbier d’Agardh, envoyé de Tanger par Schousboe sous le nom de J. striatus, était décrit par E. Meyer dans les termes suivants : « J. striatus Schousb. — Foliis caulinis approxi- » matis nodulosis, vaginis striatis, anthela floribus capitatis composita, pe- » rianthii laciniis aequalibus lanceolato-acuminatis capsulam triquetram acu- » minatam superantibus. » (Syn. Junc. p. 27.) Cette description, très-fidèle sans doute, avait le défaut de toute description faite sur un échantillon unique, celui d'attribuer à des particularités individuelles une valeur spécifique; j'ai souligné les deux termes qui me paraissent dans ce cas. Or, en 1825, dans la Monographie des Joncées de J. de Laharpe, J. Gay décrivit un Juncus de l'herbier de Desfontaines, le nomma J. Fontanesii, en citant avec doute le J. striatus Schsb. comme synonyme. En méme temps età la méme page 42 du méme ouvrage, J. Gay décrivait comme espéce nou- velle une plante de Toulon et de Móntpellier qu'il nommait J. lagenarius et à laquelle il attribuait « capsula £urbinata,. basi subsphærica, rostrata ». Ces caractères qu'ils ne retrouvaient point, pour cause que l'on verra plus loin, empêchérent M. Duby et Loiseleur- D:slongchamps d'admettre l'espèce de Gay dans le Zotanicon gallicum et le Flora gallica, qui parurent tous deux en 1828 ; mais ces auteurs mentionnaient le J. repens Req., que de Candolle avait introduit, en 1815, dans son Supplément, p. 308. Malheureusement ce dernier auteur avait indiqué, comme « caractère absolument propre à » cette plante, des rameaux ne partant point de l'aisselle des feuilles, mais » naissant à la base des feuilles, lesquelles étaient ainsi à l'aisselle des » rameaux. » Ce prétendu caractére, cité plus tard par plusieurs auteurs, est le résultat d'une erreur d'observation que j'ai signalée en 1857 (in Billot, Annot. p. 114), et, comme il est commun aux Juncus de cette section, il jeta du doute sur la plante de Requien, de façon que M. Duby tend à la ra- mener au J. acutiflorus (Bot. gall. p. ^11), que Meyer en fait une variété du J. supinus (Syn. June. p. 30), que Laharpe rapporte le J. repens DC. au J. lampocarpos (0. €., p. 37) et celui de Requien au J. acutiflorus var. p. (o. c., p. 40), et que Kunth en fait une variété du J. /ampocarpos (Enum. plant. AN, pp. 325 et 326). Enfin, Mutel, qui fait aussi du J. repens Req. une forme du J. lampocarpos, fut le premier floriste francais à mentionner le SÉANCE DU 5 AVRIL 1872. 174 J. lagenarius Gay, en se bornant à traduire la diagnose de J. Gay, et, remar- quons-le, en ne citant que l'herbier de Gay (//. fr.1II, p 332). Et pourtant le Juncus deRequien était bien le même que le J. /agenarius Gay. Maisce ne fut qu'en 1855 que M. Grenier signala cette identité (Fi. Fr. ILI, p. 356), et en n:éme temps cet auteur indiquait en France,à Narbonne, le J. striatus Schsb. comme distinct du J. /agenarius et ayant le port du J. silvaticus Reich. Or, dans la Flore d'Algérie, Y, p. 268, M. Cosson réunit les J. striatus et lagenarius sous le premier de ces deux noms et les identifie si absolument qu'il n'indique pas méme la plus légère dilférence de forme comme ayant justifié ces dénomina ions différentes ; et, remarquons-le encore, M. Cosson cite comme autorité l'herbier de J. Gay, qu'il a cousulté à loisir. De plus, M. Grenier, comme Schousboe, attribue à son J. striatus des feuilles et des tiges distinctement striées, parsemées d'aspérités et de petits poils courts ; ce dont M. Cosson ne dit rien. Eh bien! M Grenier a eu raison d'admettre deux plantes distinctes et d'attribuer à l’une des stries et des aspérités ; et M. Gosson a été autorisé à faire la réunion qu'il a opérée et à ne mentionner ni aspérités ni stries ! Cette assertion n'est contradictoire qu'en apparence et sera justifiée parles détails suivants dont je regrette la longueur, sans pou- voir l'éviter. En 1859, j'entrepris de déterminer mes Juncus de l'Algérie et du midi dela France, et de chaque provenance fes échantillons étaient nombreux. Parini ceux que j'avais reçus, certains étaient nommés J. lagenarius, d'au- tres J. s/rintus, mais toute la différence que je pouvais y trouver consistait en ce que les échantillons nommés /agenarius étaient jeunes avec une pauicule rougeâtre et des stolons, et que ceux nommés s/rntus étaient des pieds isolés, p'us avancés, à panicule grisàtre et sans stolons. Impossible de m'en tirer et d'arriver à distinguer deux plantes. En novembre de la méme année, me trouvant à Paris, je priai M. J. Gay de vouloir bien me montrer l'échantillon type de sa description, attendu que, si je retrouvais bien sur /ous mes échan- tillons «la capsule insensiblement atténuée en bec » du J. lagenarius Gre- nier, je n'y avais jamais pu voir le « capsula turbinata, basi subsphærica ro- strata » du J.lagenarius Gay in Laharpe. Notresavant et regretté confrére mit à me satisfaire ce gracieux empressement que tout le monde connaît, ajoutant queles capsules bien développées paraissaient être rares sur cette espèce, mais que j'en verrais de bien {urbinées et même de bien sphériques à leur base, Et de fait, l'échantillon type qu'il me montra, et qui, je crois, venait de Toulon, absolument semblable aux miens pour tout le reste, offrait, à cóté de capsules ouvertes ou mal développées, quelques autres magnifiquement turbinées, renflées en sphère vers la base, subitement rétrécies en col, « rostratæ » ; enfin représentant si exactement une carafe, qu'on était forcé de reconnaître la parfaite justesse du nom layenarius. Mais la force méme du développement de ces capsules me parut anomale et me devint suspecte ; je 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. crus y reconnaître le résultat de la présence d'une larve d'insecte, comme sur les utricules du Carex precoz Jacq., devenu par là le C. sicyocarpa Lebel, et sur les utricules des Carex disticha Huds. , vulpina L., muricata L., etc., « Saepe corniculatæ, majores, ob larvam insecti cujusdam inhabitantis mon- » strosæ » (Leers F/. herb. p. 195), et je priai notre excellent maitre d'en ouvrir une pour vérifier mon doute. Il s'y refusa d'abord ; mais comme il aimait la vérité par-dessus tout, il le fit et reconnut que ma conjecture était juste. Il en parut très-attristé et me dit: — Eh bien! nous verrons s'il ne faut pas ramener cette plante à mon J. Fontanesii ; mais il ne m'en parla plus de- puis. Ilest de fait que les échantillons de son herbier étiquetés J. Fontanesit n'étaient que des pieds non déformés, mais sans stolons, de la plante que J. Gay avait nommée J. lagenarius. Je neles vérifiai pas tous, croyant alors moi-même à l'identité du J. Fontanesi et du J. striatus; mais, ayant de- mandé à voir le J. repens Req., je le trouvai dans le cahier ‘du J. acutiflo- rus,£et sur l'étiquette était : « J, REPENS. In ripis Druentiæ. » de la main de Requien, et au-dessous : u J. aculiflorus, € repens. » d'une autre écriture. C'était encore la méme plante, mais avec de grands stolons et sans capsules mûres. C'était aussi la plante que je possédais venant de Requien lui-méme. 1l devint donc évident pour moi que le tvpe du J. /a- genarius Gay, quelques pieds au moins de son J. Fontanesii et le J. repens Req. (J. acutiflorus, var. herb. Gay), n'étaient qu'une seule plante dont le J. repens « capsula pyramidali acuta » Req. était l'état normal, et le J. lage- narius « capsula turbinata, basi subspherica, rostrata » Gay, une déformation. Mais, d'autre part, si le J. Fontanesii Gay était le J. striatus Schsb., comme J. Gay le croyait, il devait avoir ce caractére « vaginis striatis » si saillant pour Schousboe qu'il lui avait suggéré le nom caractéristique ; cepen- dant je n'avais pas vu ce caractère sur les échantillons de l'herbier de Gay, et, j'avais beau faire, je ne pouvais pas non plus le rencontrer sur un seul de mes nombreux échantillons, soit secs, soit ramollis dans l'eau tiéde, soit enfin sur les pieds vivants. Or, voilà quele 20 mai 1869, en herborisant dans les mares de Roquehaute (Hérault), je vis un Juncus, encore jeune, d'un aspect tout nouveau pour moi, et à ma question, mon compagnon, M. Richter, répondit : — Mais c'est le J. striatus ; vous en trouverez tant que vous vou- drez à Caunelles, Courpouiran, Fontfroide, etc., prés de Montpellier. Ne voyez-vous pas ses tiges droites, ses gaines et ses feuilles profondément striées, rudes et couvertes de petites aspérités, comme le dit M. Grenier? — Et tout cela était exact; en fin juin, je retrouvai cette plante en abondance. En méme temps son faciès, ses aspérités et ses stries me portèrent à soupconner son SÉANCE DU 5 AVRIL 1872, 173 identité avec un Juncus publié par M. le docteur Sauzé, par (lui nommé J. asper (Cat. pl. Deux-Sèvres, p. 52)et par lui-même comparé au J.stria- tus. Je communiquai ma plante à l'auteur du J. asper, qui s'empressa de me répondre qu'il y avait avec la sienne identité complète, Ainsi, d'une part, je trouvais à Paris une tradition émanant de l'herbier de Gay et prenant pour le J. striatus Schsb., le J. Fontanesii Gay. identique à son J. lagenarius, ce dernier fondé sur un cas de monstruosité, et, d'autre part, à Montpellier une autre tradition reconnaissant un J. striatus tout diffé. rent du J. lagenarius. Restait à voir si le J. striatusde la tradition de Mont- pellier était bien celui de Schousboe. Or, en avril 1870, notre excellent confrère, M. le docteur Cosson voulut bien me permettre de consulter l'her- bier original de Schousboe que sa libéralité a assuré à la France, et je trouvai identité parfaite entre la plante de Montpellier et la plante étiquetée de la main de Schousboe : « J. striatus » Legi in arenosis locis subhumidis prope Tingidem ; 20 mai 1802. » — N° 145. Reliq. marocanæ. Et enfin M. Cosson me permettait de constater dans son riche herbier que tout ce qu'il avait recu des bords de la Méditerranée sous le nom de J. stria- tus, avant l'acquisition de l'herbier de Schousboe (1870), était du J. lage- narius, sans un brin de striatus véritable, comme tout ce que j'avais recu moi-même. Les pieds isolés et sans stolons étaient étiquetés J. striatus; les pieds stolonifères, J. lagenarius. C'est ce qui m'a fait dire plus haut que M. Cosson avait été autorisé à réunir sous un seul nom tout ce qu'il avait recu, et qu'en méme temps M. Grenier avait eu raison de décrire deux plantes sous deux noms distincts. Avant de donner les descriptions de ces deux plantes, il convient de bien reconnaitre les noms qu'elles doivent porter. Que lenom princeps de J. striatus doive, malgré des applications erronées, demeurer à la plante de Schousboe, c'est ce qui me parait hors de doute et d'examen. Mais celui de J. lagenarius Gay, se rapportant à un accident de déformation pris pour une forme permanente et essentielle, ne saurait étre conservé (8 3 de l'art. 60 des Zois de la nomenclature botanique). D'après ce que j'ai vu dans l'herbier de J. Gay, le nom de J. Fontanesi? se rapporte à des exemplaires de la méme plante et semble devoir étre repris. Je sais bien qu'on peut objecter que J. Gay et Labarpe ont imposé ce nom sur la croyance où ils étaient que leur plante était la seule que Desfontaines eût nommée J. articulatus et répandue sous ce nom dans les herbiers, tandis que la syno- nymie et les figures que cite Desfontaines, sans description à lui propre, ainsi que les plantes venant de lui, prouvent qu'il a compris sous le nom de J. ar- ticulatus L., et l'espéce algérienne et le J. Zampocarpos qui croit aussi en 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Algérie. Je sais bien aussi que beaucoup d'auteurs, et Laharpe le premier, ont employé à tort le nom de J. Fontanesii Gay, comme synonyme de J. striatus, les uns en distinguant le vrai J. striatus, les autres en prenant pour lui les échantillons sans stolons du J. repens Req. (lagenarius Gay) ; mais une synonymie incertaine ou erronée ne constitue ni ne détruit un droit, et les termes de la description de Laharpe, malgré sa synonymie fautive, ne peu- vent pas laisser de doute. Les caractères : « Culmus lanis.. . folia abbreviata... , » Spicis virescentibus..., perigonii foliola virescentia vel hinc inde rubescen- » tia, filamentis brevibus », conviennent tous au J. repens Req. (lagenarius Gay) et non au vrai J. striatus que Gay et Laharpe ne possédaient pas. Le nom princeps et si convenable de J. repens, imposé par Requien alors qu'il était déjà appliqué par Michaux (FZ. bor. Am. I, p. 191; 1803), ne saurait être repris ; celui de J. Reguienii serait un acte de justice, mais il a été con- sacré à un autre Juncus par M. Parlatore (Fl. ital. VI, p. 346): celui de J. Gayanus eüt également convenu à tous égards, mais Steudel s'en est servi pour dédier à M. Cl. Gay un Juncus du Chili. Il me semble donc que mal- gré quelques légers inconvénients, il y a justice à reprendre le nom de Gay, J. Fontanesii, et qu'il y aurait injustice à faire disparaître complétement le nom de l'auteur de l'espèce. C'est pourquoi nous proposons ce qui suit: 1. J. STRIATUS Schsb. in Meyer Syn. Junc. p. 27. — Grenier Fl. Fr. NI, p. 346, quoad descr., sed excl. syu. — J. asper Sauzé Cat. pl. Deux-Sévr. p. 52. 2. J. FoNTANESII J. Gay in Laharpe, Mon. Jonc. p. ^2 (excl. syn). — J. repens Req. in Guér. Vaucl. éd. 2, p. 253 (non Michaux). — J. lage- narius J. Gay, in Lah. Mon. Jonc. p. 42, eadem est planta cum fructibus ab insecto inbabitante deformatis.— J. lagenarius Gren. Fl. de Fr. ML, p. 346, sed planta normalis. — J. striatus Cosson, FT. Alg. p. 268 (non Schousboe). En établissant les caractères différentiels de ces deux espèces et des epéces du méme groupe, il faut, ce qu'on n'a pas fait suffisamment jusqu'ici, tenir compte de leur mode de propagation, et de plus rechercher si la disposi- tion des tissus élémentaires est exactement la méine, ou, plus brièvement, en faire la comparaison histotaxique. Des espèces vivaces du groupe à feuilles cloisonnées, les unes se propagent par rhizomes souterrains et sont entièrement dépourvues de stolons ; les autres n'ont point de rhizomes et ne se propagent que par des stolons aériens . Ces dernieres espéces commencent par n'avoir qu'une souche fibreuse, tout à fait analogue à celle d'une espèce annuelle; puis une de leurs tiges se couche, et, tout en demeurant semblable aux autres par la couleur et la longueur de ses entre- nœuds, elle s'enracine à un ou plusieurs de ses uceuds, d’où s'élèvent des feuilles et des tiges, en un mot une nouvelle plante qui se compo: te de la méme maniere, Sur les Juncus à rhizomes, cette partie, entièrement souter- raine sans chlorophylle, est toujours beaucoup plus grosse que les tiges SÉANCE DU 9 AVRIL 1872. 175 aériennes qui en naissent, et les entre-nœuds en sont si courts que les écailles qui les revétent, courtes elles-mêmes, se recouvrent néanmoins en grande partie les unes les autres. Mais sous ces dilférences purement superficielles, il en existe de plus profondes et de plus essentielles. Les stolons, étant des tiges aériennes, ont l'organisation simple des tiges des Monocotylédones, c'est-à-dire un seul système de tissus recouvert d'une couche épidermique et sans zones concentriques, Jes rhizomes, au contraire, offrent l'organisation propre aux racines et aux appareils souterrains des Monocotylédones, savoir une zone corticale cellulaireet une zone interne fibro-vasculaire (1). C'est là le critérium supréme. Or le J. striatus Schsb. se propage par rhizomes, et le J. Fontanesii Gay par stolons. Les rhizomes du J. striatus sont entièrement souterrains et rampent au moins à 07,03 au-dessous de la surface du sol; ils sont peu ramilfiés, parce que la région qui a supporté les liges fructifères se détruit le plus souvent dans l'espace d'un an. Les fascicules de feuilles et les tiges sont très-rappro- chés et seulement à une distance de 4 à 6 millim. au plus. Une coupe transver- sale nous niontre ces rhizomes composés, sous un épiderme trés-caduc, de deux zones concentriques trés nettement tranchées. L'externe , toute cellu- laire, égale environ le tiers du rayon et est parcourue par de grandes lacunes longitudinales. La zone interne débute par un rang de fibres hémicycliques (voy. Bullet. Soc. botan. de France, tom. XVI, p. 4u9) contre lequel s'ap- puient quelques cellules à parois épaisses, et tout le reste est rempli par un tissu cellulaire à parois assez épaisses, jusqu'au centre duquel sont distri- bués de nombreux et gros faisceaux cylindriques, composés d'une cein- ture de 3-5 rangs de fibres libériformes , puis d'ua cercle de vaisseaux rayés rempli d'ua groupe de trés -petites cellules. Les faisceaux des tiges ont deux gros vaisseaux symétriques. Le J. Fontanesii se propage, par stolons, toujours trés-développés, et qui, sur un sol humide, atteignent ou méme dépassent une longueur de 2 mè- tres. Dès le mois de mai, ces stolous s'enracinent à leurs nœuds distants de 07,05 à 0*,15, et les entre-nœuds, continuant encore à s'allonger, se soulè- vent, comme de petits ponts, entre chaque plante nouvelle, ce qui fait qu'on peut, à une époque où cette espèce n'a encore ni fleurs, ni fruits, la distinguer de toute autre à grande distance. Mais bientôt la vie se retire de ces entre- nœuds; ils se flétrissent, puis se dessèchent et se cassent; et chaque nou- veau pied isolé se comporte comme le premier, si le sol est assez humide ; sur un sol devenu très-sec, ils restent isolés, Ces stolons ont entièrement l'orga- nisation intérieure des tiges. C'est surtout par la disposition des cellules de leur épiderme que diffèrent les (4) Voyez Duval-Jouve, Agropyrum de l'Hérault, pp. 331-336, 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tiges et les feuilles des espèces qui nous occupent. Sur le J. Fontanesii, cet épiderme est tout uni, à cellules toutes égales, avec stomates épars; sur le J. striatus, une coupe transversale nous montre un épiderme à contour pro- fondément découpé en nombreuses et bizarres sinuosités répondant aux sail- lies et aux stries qui ont motivé les noms de cette plante, sériatus et asper. Les cellules de cet épiderme sont arrondies, très-inégales, petites au sommet des saillies, très-grandes dans les sinus, où les stomates sont sur deux ou trois rangs assez réquliers. Si nous ajoutons que le J. onfanesi? a ses bractées florales aiguës, ses fleurs supportées par un pédicelle au moins aussi long que le périgone est large, ses anthéres égales à trois fois la longueur du filet, et ses graines longue- ment atténuées aux deux extrémités, tandis que le J. striatus a ses bractées florales lancéolées et longuement acuminées, ses fleurs à peine pédicellées, ses anthéres dépassant à peine la longueur du filet et ses graines ovoides brus- quement atténuées aux extrémités, nous aurons donné une idée suffisante des différences qui séparent ces deux espèces et que l'on peut résumer en ce qui suit: J. striatus Schsb, J. Fontanesii J. Gay. Rhizomatibus brevibus, crassis, caules solitarios sed approximatos gerentibus ; caulibus, vaginis et foliis striatis et asperis; foliorum limbo crasso, ter quaterve vaginam superante ; bracteis floralibus lanceolatis longe acuminatis; floribus subsessilibus ; antheris filamentum subæquantibus ; semi- nibus ovoideis, utrinque abrupte attenuatis. Assez répandu aux bords des mares et des prairies dans le département de l'Hé- rault : à Roquehaute prés Béziers ; à Cau- nelles, à Fontfroide, prés Montpellier ; à Saint-Martin de Londres, etc. M. Honoré Roux l’a retrouvé à Marseille, au quartier des Martégaons. MM. Sauzé et Maillard l'indiquent à Lezai, Sainte-Soline et Sauzé- Vaussais, dans les Deux-Sévres. En Algérie, où il parait assez rare, à Bou-lsmaél (Clauson). . Stolonibus longissimis, gracilibus, dis- tantes ad nodos cauliculorum foliorumque fasciculos gerentibus ; caulibus, vaginis fo- liisque laevibus ; foliorum limbo gracili sub- compresso, vaginas adequante aut vix ad duplum superante; bracteis floralibus acu- tis; florum pedicello capsule latitudinem æquante vel superante ; antheris filamento triplo longioribus ; seminibus longe et leni- ter utrinque attenuatis. Trés-répandu aux bords des cours d'eau dans le département de l'Hérault : à Man- gino; à Gigean (M. Barrandon); à Vias ; à Saint-Chinian; à Pézenas (M. Biche); à Lodéve (M. Aubouy). Daus les Bouches-du- Rhóne : aux marais de Raphéle, prés d'Arles et sur tous les boris de la Durance depuis Sisteron jusqu'à son cenfluent. Dans le Var : à Toulon, à la Sainte-Baume, etc. Sur les bords du Var depuis son confluent avec l'Esteron jusqu'à son embouchure. « In Algeria fere tota » (Cosson). M. Bureau, à propos des piqüres d'insectes observées sur les Juncus, rapporte quelques faits relatifs à la caprification. L'insecle que l'on observe dans les contrées méridionales sur le Ficus Carica et qui, par sa piqüre, semble favoriser et háter la maturation des figues, ne se rencontre pas dans nos environs. Sur un certain nom- bre de figues, presque toutes indiquées comme comestibles et appar- SÉANCE DU 9 AVRIL 1872. 177 tenant à des espèces de Ficus exotiques de divers pays, M. Bureau a rencontré des insectes fort analogues à celui décrit par Gasparrini comme parasite du Ficus Carica. Ces insectes ont produit le même résultat sur ces différentes figues, en rendant le sycone plus suc- culent et les fruits proprement dits stériles. M. Cornu a remarqué chez les Sparganium des fruits stériles et fortement hypertrophiés par suite de la piqûre d’un insecte. M. Bureau insiste sur ce point que, dans la figue caprifiée, il y a en même temps hypertrophie du réceptacle et absence des graines qui ont été dévorées par l'insecte. M. Duval-Jouve a constaté souvent que, sur tout le littoral de l'Hé- rault, la stérilité du Juncus multiflorus est presque générale. M. de Schœnefeld a remarqué quelquefois la présence de larves d'insectes dans les capsules du Juncus glomeratus. Ces larves blan- ches, tuées par la compression de la presse d'herbier et en même temps forcées de poindre en dehors de la capsule, faisaient ressem- bler ces capsules à des graines en germination. M. Duval-Jouve rappelle que la présence d'un insecte sur le Ca- rex præcox avait porté M. le docteur Lebel à faire de cette défor- mation une nouvelle espèce sous le nom de Carex syciocarpa. M. Émile Martin rapproche de ce fait la création, par M. de Ro- chebrune, d'un Papaver collinum qui n'était qu'un Papaver Arge- mone déliguré par un insecle. M. Alphonse de Candolle fait à la Société une communication verbale dont nous regrettons vivement de ne pouvoir reproduire que le résumé suivant : DE L'INFLUENCE DES CLIMATS SUR LES ESPÉCES VÉGÉTALES, pr BE. Alph. de CANDOLLE. La question de l'influence des climats sur les formes et les qualités physio- logiques des espéces est une des plus importantes qu'on puisse examiner, mais aussi une des plus difficiles, à cause dela complication ordinaire des phéno- ménes et de la lenteur probable des effets. J'ai pensé qu'un moyen direct d'observations pourrait résulter de ce que certaines espèces sont exposées à des climats très-différents, depuis un nombre incalculable de siècles, lors- qu'elles habitent dans des pays très-éloignés les uns des autres : par exemple, en Écosse ct en Sicile, en Russie et dans le midi de la France. Si les graines dela méme espèce, recueillies dans ces localités difiérentcs, sont semees les T. XIX. (SÉANCES) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. unes à côté des autres, sous des conditions identiques, on doit pouvoir con- stater jusqu'à quel point la nature intime des espèces a changé, ou n'a pas changé, par des influences bien plus prolongées que celles de nos cultures ordinaires, Dans ce but j'ai obtenu de l'obligeance de plusieurs de mes cor- respondants des graines de Senecio vulgaris, Trifolium repens, Sisymbrium officinale et quelques autres espèces, recueillies à Édimbourg, Moscou, Mont- pellier et Palerme, puis je les ai semées, à diverses reprises, les unes à côté des autres, dans le jardin botanique de Genève. Le Sisymbrium s'est trouvé impropre à l'expérience à cause des diversités singulières des individus pro- venant de même origine, diversités qu'on aurait pu deviner par l'extrême di- versité de grosseur des graines recueillies ensemble. Les Trifolium repens de Moscou et de Palerme ont marché avec peu de différences quant aux époques de levée et de floraison, mais celui de Palerme était une variété plus forte et plus grande dans toutes ses parties. Les Senecio, au contraire, se sont montrés identiques de formes et différents pour la marche de la végé- tation. Ceux du nord ont été plus hâtifs. L'influence prolongée des climats semble donc amener des effets divers, suivant les espéces. Dans le cas actuel il s'agissait de plantes spontanées. On les avait choisies à dessein, comme plus probantes que les innombrables variétés des plantes cultivées. Elles avaient éprouvé les influences de climat pendant des séries de plusieurs milliers de générations. Cependant l'effet, d'aprés des exemples malheureusement peu nombreux, n'a été ni uniforme, ni trés-évident (1). M. de Candolle signale ensuite à la Société un travail de M. Linssen (de Saint-Pétersbourg) sur des observations relatives à la végétation et la floraison des plantes, travail d'aprés lequel il semblerait que ces phénomènes exigent moins de chaleur dans le Nord que dans le Midi. M. de Candolle présume plutót qu'il se produit dans le Midi une quantité de chaleur superflue, qui n'intéresse en rien la végé- tation et qui est comprise cependant dans les moyennes de tempé- rature. M. de Candolle prend pour exemple la naturalisation de la Vigne dans les régions méridionales et à la limite de sa culture, et constate, entre les moyennes de température prises à ces points extrêmes, une différence infiniment plus forte que celle qui est nécessaire pour expliquer la supériorité des raisins du Midi. M. Duchartre demande si l'accélération de la végétation dans le Nord ne doit pas étre attribuée plutót à la lumiére qu'à la chaleur. (1) Ces expériences ont été publiées, depuis la séance, dans les Archives des sciences physiques et nalurelles de la Bibliothèque universelle de Genève, cahier de juin 4872. SÉANCE DU D AVRIL 1872. 179 Il rappelle que A.-P. de Candolle a remarqué l'influence de la lu- miére sur la rapidité de la végétation dans les hautes montagnes ; une action analogue doit se produire sur la végétation des latitudes rapprochées du pôle. M. Paul Thénard a fait des observations éta- blissant que, à température égale, un temps clair influe favorable- ment sur la maturation du raisin. D'ailleurs M. Duchartre ne pense pas qu'il soit avantageux de prendre la Vigne pour sujet d'expé- riences, quant àla somme de chaleur nécessaire à la maturation des fruits; car il y a des cépages qui ont besoin de fort peu de chaleur, d'autres, au contraire, qui prospérent dans le Midi, mais qui ne müriraient pas leurs fruits sous un climat plus tempéré. M. de Candolle reconnait l'influence de la lumiére, que Linné avait déjà constatée; cependant il a fait autrefois des expériences à ce sujet (Géogr. bot. pp. 25 à 29) sans remarquer que la végéta- tion fût aussi activée qu'il l'aurait cru en raison de la longueur des jours. Il fait observer que c’est plutôt l'intensité que la prolongation de l'effet lumineux qui agit. M. Chatin dit que, d'aprés des observations faites durant les quinze dernières années, les mares et les cours d'eau des environs de Paris ont subi un abaissement de niveau trés-sensible. On a d'abord attribué le manque d'eau à une diminution de la quantité de pluie tombée, mais les observations faites à ce sujet ont fait reconnaitre que cette diminulion est minime et presque inappréciable. Par contre, on a observé que le nombre des jours clairs a augmenté notablement et a amené une évaporation plus abondante. Ce fait a dà agir nécessairement sur la végétation. M. Henri Vilmorin demande si la différence de précocité observée par M. de Candolle ne porte que sur la levée des graines. M. de Candolle répond que ses observations s'appliquent à l'en- semble de la végétation. M. Bureau dit avoir eu l'occasion d'apprécier l'influence bien évi- dente de la lumière dans une serre à multiplication où la tempéra- ture était constante, mais où la végétation ne devint active qu'au retour des jours longs et lumineux. M. de Candolle dit qu'il a fait une partie de ses expériences en faisant lever ses graines à la lumiére diffuse. M. de Schænefeld fait remarquer que la différence de durée des jours, aux environs du solstice d'été, entre Genéve et Moscou, ne 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lui paraît pas assez considérable pour compenser la diminution de chaleur et d'intensité de lumière qui résulte de l’obliquité des rayons solaires, bien plus grande à Moscou qu'à Genéve (1). M. Duchartf* répond qu'à Saint-Pétersbourg l'obliquité des rayons solaires, plus grande encore qu'à Moscou, n'empéche pas d'y constater des températures fort élevées, pendant la courte durée de l'été. M. l'abbé Chaboisseau, vice-président, remplace M. Bureau au fauteuil. M. Quinquaud demande à M. de Candolle de vouloir bien exposer les conclusions auxquelles le conduisent les expériences intéres- santes dont il vient de faire part à la Société. M. de Candolle dit qu'il ne croit pas étre dés maintenant à méme d'en tirer des conclusions précises et absolues. M. Chatin fait remarquer que le grand intérêt des expériences de M. de Candolle provient de ce qu'elles portent sur des plantes par- faitement connues et végétant depuis un temps immérnorial dans les différents pays d'oü on les a tirées, ce qui augmente singulié- rement l'importance et la signification des faits exposés. M. de Schœnefeld pense que les espèces annuelles se prêtent mieux que les vivaces aux expériences de ce genre, et que ce serait sur- tout sur elles qu’il serait avantageux de les continuer. M. de Candolle, sans combattre l'opinion de M. de Scheenefeld, rappelle que dans le Nord on trouve plus de plantes vivaces que d'annuelles. Si l'on doit opérer sur des plantes vivaces, M. de Schonefeld exprime le vœu de voir soumettre aussi à l'expérience des plantes alpines prises à différentes altitudes. M. de Candolle objecte que ces expériences ne seraient pas pro- bantes, les graines pouvant étre transportées à des hauteurs diffé- rentes; non-seulement, en effet, elles peuvent aisément descendre, mais elles peuvent méme être élevées par les courants aériens qui (4) Au mois de juin, la durée du jour, entre le lever et le coucher du soleil (non com- pris le crépuscule, plus long il est vrai sous les hautes que sous les basses latitudes), ést à Genève de seize heures moins un quart, et à Moscou de dix-sept heures et demie ; tandis que, le jour du solstice, la hauteur du soleil à midi est à Genève de 67°15’, et à Moscou de 57°42 seulement, et que par conséquent cette hauteur est toujours à Moscou plus ou moins inférieure à celle qu'on observe à Genéve depuis les derniers jours d'avril jusqu'à la mi-août. SÉANCE DU 5 AVRIL 4872. 181 transportent la poussière des plaines et des vallées jusqu'au sommet de trés-hautes montagnes. Un observateur a constaté ce fait au Rigi- Kulm, montagne située près de Lucerne (alt. 4800 m.). M. Chatin donne quelques nouveaux détails sur les essais de cul- ture de la Morille tentés avec succès par M. le comt@ecouteulx (1): M. Roze fait remarquer que la découverte de M. Lecouteulx n’au- rait une importance sérieuse que s’il était possible, par son pro- cédé, d’obtenir des Morilles à volonté et en toute saison, comme les cultivateurs de Champignons (Agaricus campestris) obtiennent les produits de leurs couches. M. Laisné (d'Avranches) dit qu'il a observé tous les ans des Morilles paraissant à la même place, depuis un demi-siècle, au voi- _Sinage des ormes. M. Duvillers fait remarquer que la Morille ne croit qu'à l'abri du vent. M. Chatin pense que la Morille, comme la plupart des Champi- gnons, persiste, lorsqu'elle rencontre de bonnes conditions, aux mêmes localités où elle se trouve retenue par son mycélium. C'est ainsi qu'il a vu persister depuis plusieurs années l'Oronge aux Essarts-le-Roi (Seine-et-Oise). M. l'abbé Chaboisseau connait plusieurs localités d'Oronge dans le terrain jurassique du centre de la France. M. Chatin a vu abondamment l’Oronge aux environs de Poitiers et de Limoges. Il cite l'opinion populaire répandue dans ces con- trées et d’après laquelle l’Oronge naissante, qu'on a regardée sans la cueillir, ne se développe pas; on y explique ainsi ses échantillons qui restent à l'état d'eeufs enveloppés dans leur volva. M. Pérard fait à la Société la communication suivante : RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES ESPÉCES DÉ LA TRIBU DES MENTHOIDÉES (LABIÉES), pr M. A. PÉRARD, Dans les études que j'ai faites récemment, dans le laboratoire de recherches du Muséum de Paris, sur l'anatomie des espèces de la tribu des Menthoïdées, j'ai constaté des différences notables dans le parenchyme cortical de certains types, et je viens faire part à la Société de quelques résultats obtenus, me proposant de donner une suite à cette étude anatomique de ce grand groupe de (4) Voyez plus haut, pp. 129 et 130. 182. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la famille des Labiées. Un travail de ce genre, et qui embrasse l'étude de la plus grande partie des espéces du groupe des Menthes, ne peut étre complet que par la réunion de nombreuses observations sur tous les types. Je suis encore loin du terme, car le champ est vaste; mais je puis dire cependant que les ca- ractères anatomigges, observés jusqu'ici sur un certain nombre d'espèces, ten- dent à séparer nettement les cinq genres que j'ai distingués organographique- ment dans la flore francaise (voy. le Bulletin, t. XVII, séance du 9 avril 1870). Ces caractéres anatomiques reposent déjà sur des différences soit dans le collen- chvme, soit dans le parenchyme médullaire, soit dans la couche herbacée, et surtout dans la disposition et la nature des fibres libériennes. Il est probable que de nouvelles observations viendront confirmer les résultats acquis ou en ajouter d'autres. Pour le moment, je me contenterai de signaler à la Société la présénce de lacunes aérifères dans la couche herbacée de certains types des Menthoidées. Dans les Pulegium, ces lacunes aérifères sont grandes et entourées généralement par un seul rang de cellules, ce qui donne un aspect - très-élégant à ce tissu de la couche herbacée (sur une coupe transversale de la tige). En suivant ces lacunes sur des coupes longitudinales, je les ai vues s'étendre d'un nœud à l'autre dela tige, sur des échantillons jeunes récoltés ces jours derniers. Cette disposition tendrait à donner à ces lacunes le carac- tere de véritables canaux aériféres. Néanmoins, ce fait n'étant pas général dans les autres types, je leur laisserai le nom de grandes lacunes aérifères. Celles que l’on rencontre dans le Preslia cervina ont beaucoup d'analogie avec les lacunes des Pulegium. Mais, dans le Lycopus exaltatus, elles sont plus petites et séparées généralement par deux ou trois rangs de cellules. Le tissu cellulaire de la couche herbacée est composé de cellules à chlorophylle plus petites et plus serrées. Les faisceaux de fibres libériennes sont ici formés de quinze à trente fibres très-épaisses, Enfin, dans le groupe considérable des Menthes proprement dites, on ob- serve de grandes lacunes aérifères parmi la couche herbacée du Mentha aqua- tica L. Ce fait est d'autant plus singulier que d'autres espéces qui croissent également au bord des eaux, le Mentha acutifolia Smith, entre autres, ne présentent pas de ces lacunes. Dans les Menthes de la section viridis, ces lacunes n'existent pas non plus. Sans vouloir tirer des conclusions d'obser- vations qui ont encore besoin d'étre plus nombreuses, il est toujours inté- ressant de voir que des échantillons de Pulegium, récoltés dans des terrains secs ou humides, ont les mêmes lacunes aérifères, et que des Menthes propre- ment dites, croissant dans les marais ou au bord des eaux, n'en possèdent pas, quand le Mentha aquatica L., dans les mêmes conditions, se fait remarquer au contraire par des lacunes aérifères aussi grandes que celles des Pulegium. En soumettant ces observations à la Société, mon intention est de constater les faits que j'ai reconnus et qui peuvent l'intéresser, mais, comme je l'ai dit plus haut, de n'en tirer pour le moment aucune conclusion. SÉANCE DU 5 AVRIL 18792. 183 M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : ` QUELQUES MOTS SUR LA GERMINATION DU DELPHINIUM NUDICAULE , pr M. P. DUCHARTRE. Je crois devoir communiquer à la Société un exemple curieux de germi- nation, qui vient de m'étre communiqué par mon savant confrére et ami M. Naudin, membre de l'Académie des sciences. Fixé depuis trois ou quatre années à Collioure (Pyrénées-Orientales), M. Naudin a institué, dansson jardin, de nombreuses expériences de physiologie végétale et de culture, pour lesquelles le climat de cette localité très-méridionale est particulièrement avantageux. Le dernière lettre que j'ai reçue de lui renferme, entre autres faits intéres- sants, les détails de la germination et du premier développement de la tige chez le Delphinium nudicaule. Voici en quels termes ces détails sont |in- diqués par lui : « Les graines de ce Delphinium germent d'abord comme toutes les autres. Il en provient une plantule à tige grêle, haute au-dessus du sol de deux ou trois centimètres, et que terminent deux cotylédons épanouis en feuilles. séminales sessiles, ovales, aiguës au sommet. Vous vous attendez à voir une gemmule se développer au sommet de cette petite tige, entre les cotylédons, et donner ainsi naissance aux diverses parties aériennes de la plante ; mais il n'en est rien. Les choses restent en cet état pendant quelques jours ; aprés quoi l'on voit sortir de terre, vraisemblablement du collet de la plantule, une petite feuille trilobée, puis une seconde, puis une troisième, etc. C'est là le commencement de la tige qui est destinée à persister; la premiere, qui supportait les cotylédons, n'est que transitoire, et elle est de plus en plus déjetée de côté, comme si c'était une seule et simple feuille. Tous les individus de Delphinium nudicaule que j'ai vus germer se sont cornportés de cette manière, J'ai donc lieu de croire que c'est l'un des caractères de cette espèce, et que ce caractere est constant et normal. » La tige d'une plante phanérogame, à partir de l'extrémité de l'axe hypocotylé, résulte du développement de la gemmule. La gemmule se trouve donc située normalement entre les deux cotylédons (chez les Dicotylédons), embrassée par la base de l'une et l'autre de ces feuilles séminales, à l'extrémité supé- rieure de la tigelle plus ou moins accrue par la germination. Puisque, chez le Delphinium nudicaule, la tige ne prend pas naissance entre les deux coty- lédons, mais beaucoup plus bas, un peu au-dessous du niveau du sol, on est conduit à penser que là gemmule se trouve chez cette plante à ce dernier ni- veau, fort au-dessous du limbe des cotylédons, et que, par conséquent, l'espece de petite tige verte qui s'élève hors de terre n'est pas la tigelle on l'axe hypo- cotylé, mais simplement une dépendance des cotylédons. Ceux-ci sont donc entièrement analogues à deux feuilles longuement pétiolées, avec cette par- ticularité remarquable que leurs deux pétioles se sont entièrement soudés 18h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l’un à l’autre pour constituer la fausse-tigelle qui soulève leurs deux limbes à 2 ou 3 centimètres au-dessus du sol. Une dissection fort simple montrerait si, comme tout autorise à le croire et comme on l'a vu déjà chez d'autres plantes, il en est réellement ainsi. N'ayant pas eu occasion de voir des germinations du Delphinium nudicaule, je n'ai pu faire cette vérification directe. Je n'en suis pas moins arrivé, sous ce rapport, à une probabilité bieu voisine de la certitude, en rapprochaut ce fait de plusieurs autres analogues qui sont mieux connus. Voici en effet, entre autres exemples (1), ce que disait récemment M. W. Mitten, dans une note qui a paru dans le Gardeners’ Chronicle du 1** juillet 1871 (p. 836) et que je traduis en majeure partie : « Dans les pieds de semis du Dodecatheon Meadia, dit ce botaniste, je trouve que les cotylédons restent longtemps tout à fait étalés sans que le moindre indice d'un bourgeon (gem- mule) se montre à leur aisselle ; mais, à la fin, un bourgeon se fait jour à tra- vers une fente longitudinale de ce qui parait étre la tige, juste au-dessus du point où la radicule s'enfonce dans la terre. Dans ce cas..., la tige qui sup- porte les cotylédons ne peut étre que l'union de leurs bases prolongées, dans laquelle la gemmule est immergée, de méme que chez quelques Composées américaines qui étalent leurs cotylédons à la surface de la terre supportés par une apparence de tige qui est en réalité tubulée, et chez lesquelles la gemmule se trouve à un niveau inférieur à la surface du sol, de manière que c'est de là que partent les feuilles et la vraie tige. » L'analogie entre la germination du Dodecatheon Meadia et celle du Delphinium nudicaule est assez marquée pour que l'explication des faits qui ont lieu chez la première de ces plantes doive étre appliquée à ceux qu'offre la derniere. M. E. Roze donne à la Société quelques détails sur les phases du développement de la fructification du Stemonitis ovata Fries, (1) Des exemples de plantules dans lesquelles les cotylédons forment, à leur partie inférieure, une longue gaîne tubulée, ressemblant extérieurement à une tigelle, ont été indiqués par Bernhardi (Linnca, VII, p. 574), surtout par M. Thilo Irmisch. Le dernier de ces observateurs a donné à ce sujet des descriptions circonstanciées et plusieurs figures relativement à l'Anemone coronaria et aux espéces voisines (Botan. Zeit. 1856, col. 17, pl. 1), à l'Eranthis hiemalis (Botan. Zeit. 1860, p. 221, pl. VII), au Ranun- culus millefoliatus (Botan. Zeit, 1865, p. 29, pl. H), ete. Le premier des mémoires de M. Irmisch dont on vient de voir la citation a été traduit daos les Annales des sciences naturelles (4° série, 1856, pp. 274-298, pl. VII-IX). Dans ce méme travail se trou- vent encore d'autres indications réunies dans une note placée au bas de la premiére page et dont voici la traduction : « De semblables gaines cotylédonaires prolongées en tube existent chez le Delphinium, triste et chez d'autres espéces de Delphinium.... J'ai déjà décrit en détail la formation de gaines du même genre chez le Chærophyllum bulbosum, dans les Abhandl. d. naturf. Gessellsch. zu Halle, pour 1854. On observe, en outre, de semblables gaines dans les plantules d'autres Ombelliféres, ainsi que dans celles de Dozecatheon, de Leontice et de Dentaria. » D'un autre cóté, M. Wichura (cité par M. Th. Irmisch) a mentionné l'existence de longues gaines cotylédonaires chez l’Ane- mone narcissiflora. D'autres faits du méme ordre ont été cités à des dates plus récentes. SÉANCE DU 26 AvRIL 1872. 185 depuis le moment de la sortie du bois du plasmodium blanc de ce Myxomycéte jusqu'à la maturité des conceptacles. Il signale, entre autres choses, la force ascensionnelle de ce plasmodium qui, aprés avoir établi et fixé la base du stipe, continue à le former insensi- blement tout en s'élevant sur lui, de maniére à ne plus contenir, lorsqu'il arrive au sommet de ce stipe, que les noyaux sporogénes qui se développent alors en spores avec une trés-grande rapidité. M. Roze ajoute que, d'aprés ses observations, les couleurs propres des plasmodiums lui paraissent étre invariables et constantes chez toutes les espéces qu'il a pu cultiver jusqu'ici. Seulement le plas- modium, qui est toujours d'un blanc laiteux chez les Stemonitis fusca, ferruginea, ovata, chez I Arcyria incarnata et chez plusieurs Phys®um, et qui est d'un jaune safrané chez le Badhamia capsu- lifera, change pour ainsi dire subitement de teinte pendant la for- mation des conceptacles. SÉANCE DU 26 AVRIL 1872. PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ CHABOISSEAU, VICE-PRÉSIDENT. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 5 avril, dont la rédaction est adoptée. A l’occasion du procès-verbal, M. Duchartre rapporte quelques faits communiqués récemment à la Société d’horticulture, relative- ment à la culture des Morilles. — On en a obtenu dans des pots. — M. Boisduval en a vu lever dans des vases à fleurs renfermant de la terre de bruyére que l'on n'avait pas changée depuis trois ou qua- tre ans. — Un observateur a dit qu'il fallait quinze à dix-huit jours pour le développement complet d'une Morille; — un autre, qu'il en trouvait tous les jours, à l'endroit de la récolte. M. Cornu dit que l'on peut concilier ces deux opinions : il a re- marqué en effet que les Coprins mettent un mois à se développer, depuis l'apparition du premier point blanc à la surface du sol jus- qu'à l'élongation complète, mais qu'il suffit d'un jour pour l'allon- gement du pédicule. Or, si le développement des Morilles est ana- 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. logue à celui des Coprins, leur premier état peut facilement échapper à l'amateur qui les recherche. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Durano (Eugène), professeur à l'École d'agriculture de Mont- pellier, présenté par MM. Loret et Barrandon. Lecture est donnée des lettres suivantes : 4° Lettre de M. J. Traherne Moggridge, accompagnant des échan- tillons de Fritillaria lutea dont il a déjà été question à la séance du 13 mai 1870 (voyez le Bulletin, t. XVII [Séances], p. 231.) 2 Lettre de M. Isidore Hedde, du Puy en Velay, au sujet de la publication d'un catalogue des noms vulgaires des plantes en Shine. 8° Circulaire de M. Calmet, libraire à Toulouse, concernant la vente de la correspondance autographe inédite, relative à la bota- nique du midi de la France, adressée de 1773 à 1818 à Picot de Lapeyrouse par des savants français et étrangers. M. Cornu, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante, adressée à la Société : PLANTES NOUVELLES POUR LE DÉPARTEMENT DE LA COTE-D'OR, pr BE. Ch. ROYER. (Saint-Remy près Montbard, 18 avril 1872.) Troisième partie (1). Hypericum quadrangulum L. — Saint-Remy. — L'H. quadrangulum L. de MM, Lorey et Duret (Fl. de la Côte-d'Or) n'est que PH. tetrapterum Fries. Viola hirta L. permixta (V. permixta Jord.). — Montbard. Cytisus supinus 7,.— Laignes. Prunus fruticans Weihe. — Nolay. Agrimonia Eupatoria L. odorata (A. odorata Mill, — Époisses, Saint-Sauveur. Epilobium roseum Schreb. — Précy-sous-Thil. — obscurum Schreb. — Saulieu. Scrofularia Ehrharti Stev. — Moloy, Darcey. — M. Boreau (Fi. du cenire de la Fr.) l'attribue à la Cóte-d'Or, mais sans indication de localité. Orobanche Teucrii Fr. Schultz. — Saint-Remy. — major L. FL succ, (Orobanche de la Centaurée-Scabieuse Vauch.). — Châtillon- sur-Seine). — Hedere Duby. — Darcey, Nolay. Thymus Serpyllum L, Chamædrys (Th. Chamædrys Fries). — Saulieu. Valeriana officinalis L. sambucifolia (V. sambucifolia Mik.). — Chevigny-lez-Semur , — Qultivé depuis cinq ans, côte à côte avec l'officinalis, conserve un faciès (1) Voyez le Bulletin, t. XV (Séances), p. 25 ; et t. XVI (Séances), p. 90. SÉANCE DU 26 AVRIL 1872. 187 bien distinct; en diffère par ses feuilles à segments moins nombreux et beau- coup plus amples, ovales-lancéolés et non linéaires-lancéolés, par une inflores- cence plus compacte et une floraison d’un mois plus tardive. Mais des formes intermédiaires le relient à l'officinalis. Les rejets ne peuvent servir de trait distinctif : le sambucifolia est à la vérité plutôt stolonifére, tandis que loffi- cinalis, en raison de ses stations moins humides et moins ombragées, est plutót drageonnant ; mais des modifications de sol et d'exposition donnent facilement la prépondérance aux drageons chez le sambucifolia et aux stolons chez l'officinalis. Centaurea amara L. serotina (C. serotina Bor.). — Montbard. — -— microptilon (C. microptilon G. G.). — Laignes. Senecio spathulæfolius DC. — Pothières, Riel-les-Eaux. Barkhausia setosa DC. — Rouvray. Potamogeton trichoides Cham, — Saulieu. — gramineus L, Zizii Koch. — Laignes. Carex polyrrhiza Wallr. — Pontailler. Calamagrostis lanceolata Roth. — Auxonne, Glyceria loliacea Godr. — Chevigny-lez-Semur. J'ai rencontré, chez quelques espèces, les formes suivantes : Ranunculus aquatilis L. hirtus, Cerastium brachypetalum Desp. glandulosum, Ery- simum cheiriflorum Wallr. bifidipetalum (au troisième semis, les pétales de presque tous les individus étaient revenus à la forme normale), Ononis spinosa L. unifoliolata, Ophrys apifera Huds. grandiflora, etc. Je dois enfin à l'obligeance de M. l'abbé Perrey, précepteur au château de Senailly, des échantillons d’Alyssum incanum L., récoltés à Époisses, sur les murs du parc du château, où cette espèce se reproduit depuis un très-grand nombre d'années. L’ Alyssum incanum ne figure pas dans l'ouvrage de MM. Lorey et Duret, mais il est indiqué aux environs de Semur, dans la Flore de Bourgogne de Durande. + M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : STRUCTURE ET MULTIPLICATION DE L'OIGNON DU LILIUM THOMSONIANUM Lindl., par M. IP. DUCHARTRE. Le Lilium Thomsonianum Lindl. (L. roseum Wall.) est une charmante espèce de l'Himalaya, dont la découverte est due à Wallich. Son oignon offre une organisation remarquable et, en outre, il est doué d'une faculté de mul- tiplication par caieux qui est des plus énergiques, et s'exerce d'une maniere spéciale. J'ai pu observer cette organisation et suivre cette multiplication grâce à l'obligeance avec laquelle mon correspondant et ami, M. Max Leichtlin, de Carlsrulie, a bien voulu m'envoyer successivement plusieurs échantillons pris à divers moments du développement de ce Lis. Voici le résumé des obser- vations que j'ai pu faire tant sur ces échantillons que sur quelques autres qui m'étaient venus d'autres cótés. 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. I. — Organisation de l'oignon du Lilium Thomsonianum. Le Lilium Thomsonianum est une espèce à végétation hâtive, qui com- mence à développer, dès avant l'hiver, ses feuilles étroites, presque linéaires, susceptibles d'atteindre jusqu'à 07,50 de longueur. En examinant son oignon adulte, lorsqu'il a déjà produit ses longues feuilles, au mois de janvier, on re- connait qu'il est composé de différentes parties placées concentriquement dans l'ordre suivant, de l'extérieur à l'intérieur : 1? des tuniques incomplètes, brunes ou brunátres, séches ou scarieuses, relevées, à leur face externe, de cótes lon- gitudinales saillantes, auxquelles correspondent tout autant de nervures inté- rieures. Le nombre des cótes, et par conséquent des nervures, varie d'une tuni- que à l'autre, depuis un minimum de 13 ou méme quelquefois 11, jusqu'à un maximum de 21 ou 23. Chaquetunique n'embrasse que la moitié ou un peu plus ‘de la moitié du pourtour de l'oignon ; son extrémité supérieure se prolonge en restes plus ou moins déchirés et désagrégés de limbe foliaire, ou méme plus tard loffre une cicatrice laissée par la destruction de ces restes ; il est donc évi- dent que ces enveloppes sèches ne sont pas autre chose que les bases des feuilles produites pendant la période végétative antérieure; or, comme il ne se développe par année que sept ou huit feuilles, il ne pourra exister plus tard que sept ou huit tuniques autour de l'oignon. Méme ces tuniques se désagré- geant et se détruisant graduellement, on n'en voit qu'un nombre de plus en plus faibleà mesure qu'on observe à une époque plus avancée de l'année. 2° Sous ces tuniques se trouvent de grandes écailles épaisses, charnues, atta- chées à l'axe fondamental de la bulbe en ordre quinconcial (2/5), ainsi que les tuniques, et qui constituent la plus grande partie du volume de ce corps tout entier. Ces écailles nourricières se montrent à peu prés constamment au nombre de sept ; elles sont parcourues intérieurement chacune par sept nervures aux- quelles correspondent, sur leur face externe, tout autant de larges cótes plus ou moins proéminentes ; leur tissu est charnu-consistant, épais dans toute leur portion moyenne, aminci vers leurs bords qui sont comme tranchants. Les plus extérieures d'entre elles ont leur contour général ovale, à large base, aigu ou méme acuminé au sommet, oü l'on ne voit jamais de cicatrice d'aucune sorte, tandis que les plus intérieures sont plus ou moins pandurées, leur portion ba- silaire élargie se dilatant en deux grandes oreillettes au-dessus desquelles se trouve un rétrécissement brusque. Ce sont ces écailles nourricières qui don- nent naissance aux nombreux caieux ou bulbilles épiphylles de l'existence desquels résulte le mode remarquable de propagation qui est propre au Lilium Thomsonianum. 3* Plus en dedans que les écailles charnues nourricières, se montre le fais- ceau des feuilles vertes et fraiches, normales, qui ont déjà pris tout leur dé- veloppement au mois de janvier. La réunion des bases concaves de ces organes forme un petit renflement qui n'intervient jamais que pour une faible part dans le volume général de l'oignon. Là les feuilles ont un peu plus d'épais- SÉANCE DU 26 AVRIL 1872. 189 seur que dans tout le reste de leur longueur, et néanmoins elles n'y sont épaisses que d'environ un millimètre ; de plus elles y sont marquées extérieu- rement de stries nombreuses qui plus haut deviennent légères. Ces bases de feuilles s'accroissent beaucoup pendant le reste de l'année; et, persistant après la destruction du limbe, elles doivent constituer finalement les tuniques brunes et scarieuses dont sera revétu l'oignon vers la fin de la période végétative ac- tuellement en cours ; or, pendant cette méme période, cet oignon se régéné- rera, en perdant d'abord ce qui lui reste de ses tuniques séches, ensuite ses écailles nourricieres, en faisant passer les bases de 'ses feuilles actuelles à l'état de nouvelles tuniques scarieuses, en produisant enfin de nouvelles écailles pourricières et préparant son bourgeon central à des développements ultérieurs. ^^ En dedans du faisceau de feuilles fraîches, on voit un bourgeon central formé d'au moins une douzaine de petites écailles charnues, dont les externes, quoique très-jeunes, offrent déjà suffisamment accusés les caractères d'écailles nourricières, tandis que les internes sont presque naissantes. Il n'est guère permis de douter que ces dernieres ne soient, au moins en partie, destinées à devenir une nouvelle génération de feuilles vertes. Il importe de faire observer qu'il n'y a jamais de transition entre les écailles nourricières et les feuilles, ni réciproquement. Au total, chaque période végétative amenant le développement complet d'une série d'écailles nourricières et d'une série de feuilles normales, on voit que l'oignon adulte du Lilium Thomsonianum, considéré vers la fin del'hi- ver, réunit : 1? quelques restes des produits de la période végétative antérieure, sous la forme de tuniques sèches, en d'autres termes, des vestiges de la gé- nération précédente ; 2° les deux natures de formations, écailles nourricières et feuilles normales, qui constituent la génération présente arrivée à l'apogée de son développement; 3° la génération prochaine en voie de formation, et ne permettant encore de reconnaitre à leurs caracteres que ses écailles nour- ricières les plus extérieures. II. — Productions de caieux épiphviles chez le Lilium Thomsonianum, Les écailles nourricières de ce Lis sont douées de la faculté de produire, sur leur face interne et vers leur base, des caieux ou bulbilles qui fournissent à cette espèce un puissant moyen de multiplication. Cette faculté est à son maximum sur les plus intérieures de ces écailles ; elle va de là en décroissant jusqu'aux extérieures, qui n'en offrent que de faibles indices ou en sont méme souvent dépourvues. Voici comment elle se manifeste sur les premieres. Chaque écaille nourriciere a des nervures au nombre presque toujours de 7, trés-rarement de 9 ou de 5 seulement. A sa face interne et vers sa base, ces nervures deviennent presque superficielles au fond d'un petit sillon qui s'étend sur une faible longueur, et qui s'élargit méme en une sorte de petite niche prés de sa terminaison supérieure. Dans chacune de ces ni- ches ou fossettes, il naît de la nervure, quand l'écaille est adulte, un petit 490 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. caïeu, ce qui donne 7 caïeux pour une même écaille. En général, il en ap- parait un peu plus tard un second au-dessus du premier, assez souvent méme sur certaines nervures, un troisième au-dessus du second. Il s'ensuit qu'on voit de ces écailles nourricières internes porter jusqu'à 16 et 18 bulbilles. Le nombre total de ces bulbilles qui sont produites en une année s'é- léve souvent à 50-60 pour un méme oignon adulte. Au mois de septembre, époque à laquelle on retire ordinairement les oignons de terre pour les trans- planter, on trouve autour d'eux ces caieux, sous la forme de petits corps tur- binés, noirs ou brun foncé, durs, cótelés à l'extérieur, les uns entièrement isolés, d'autres encore rattachés par une appareuce de pédicule formé d'une lanière de l'écaille-mère qu'ils ont arrachée lorsque, par suite de leur grossis- sement, l'espace leur a manqué pour rester les uns à côté des autres, sessiles comme ils l'étaient d'abord, à leur place d'origine. Ces caïeux ne naissent pas à la base méme d'une écaille-mére, mais à la hauteur de 5 à 10 millimétres au-dessus de cette base. III. — Végétation et développement des caieux épiphylles. Dès leur trés-jeune âge, ces caïeux peuvent se développer de deux ma- niéres différentes : les uns, eu petit nombre, s'allongent de bonne heure en une longue feuille verte que la confluence de ses bords convertit en un tube étroit, ouvert à son extrémité et qui atteint bientôt 10 centimètres environ de longueur ; les autres, en bien plus grand nombre, restent courts, turbinés, terminés par un petit bec pointu. Dans ces deux cas, leur enveloppe externe est continue et n'offre qu'une petite ouverture terminale: mais dans ceux qui restent courts, cette méme enveloppe ou feuille modifiée est plus épaisse que dans les autres, trés-renflée vers le bas et fortement cótelée à l'extérieur. Les caieux commencent donc toujours par être revêtus d'une tunique complète ; mais dés la fin de la seconde année de leur existence, les écailles et feuilles, qui sont produites par le bourgeon central abrité sous cette tanique, la déchi- rent, et, à partir de ce moment, l'oignon de plus en plus développé qui pro- vient de ce caieu ne présentera jamais plas que des tuniques incomplétes. C'est la différence essentielle qui distingue des caïeux les bulbes plus ou moins formées. IV. — Floraison du Lilium T'homsonianum. Lorsque, par l'effet de l’âge ou à la suite de l'enlévement de ses caieux épiphylles opéré artificiellement et de bonne heure, l'oignon de ce Lis est de- venu suffisamment fort, son axe fondamental commence à s'allonger par son sommet et s'élance ainsi en tige florifère, Cette tige est grosse, fistuleuse, haute au moins de 0^,50 ; elle porte des feuilles longues et rapprochées sur sa partie inférieure, de plus en plus espacées et raccourcies à partir de ce point, et elle se termine par une longue et belle grappe de fleurs roses, campanuléees, pendantes. Ce développement d'une tige florifére épuise la plante, età moins que, comme on le voit parfois, sa bulbe n'ait produit en méme temps un petit SÉANCE DU 26 AVRIL 1872. 191 nombre de caieux que je n'ai pas eu occasion de voir, mais que je crois devoir étre, dans ce cas, analogues aux caieux ordinaires, c’est-à-dire axillaires, il n'en reste rien en terre, l'espéce ayant acquis alors, en place de ses caïeux épi- phylles, simple moyen de multiplication végétative, ses movens de reproduction essentielle ou sexuée, qui sont le fruit et la graine. L'oignon de ce Lis est donc monocarpique : il diffère en cela de celui que possèdent diverses espèces de Lis, qui, ne donnant pour tiges floriferes que des productions latérales, peut fleurir plusieurs années de suite. D'un autre cóté, il ne ressemble nullement, pour son mode de formation, sa constitution et son développement, à celui de cer- taines autres espèces du méme genre, notamment de celles à rhizome de l'Amérique du Nord, parmi lesquelles les unes produisent chaque année à l'ex- trémité d'un rameau rhizomatique une nouvelle bulbe monocarpique qui meurt aprés avoir fleuri (L. canadense, L. superbum, etc.), tandis que les autres ont un rhizome chargé d'écailles charnues, qui vit plus ou moins longtemps, se désorganisant graduellement en arrière tandis qu'il s'allonge et fleurit en avant (L. Humboldtii Reezl et Leichtl., L. Washingtonianum Kell.). M. Cornu fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'AGARICUS (GOPRINUS) STERCORARIUS Buli. ET DE SON SCLÉROTE (SCLEROTIUM STERCORARIUM DC.) par M. Max. CORNU. M. Lemonnier, préparateur de botanique à l'École normale, me remit, au mois de février dernier, un sclérote globuleux et noir qui s'était montré dès les premiers jours de décembre dans les circonstances suivantes. Je lui avais donné des spores de Pilobolus crystallinus, et il les avait semées sur des crottes delapin; au lieu de le voir apparaitre, il vit au bout de cinq à six jours un feutrage blanc qui présentait de place en place de petits points blancs aussi et très-velus : ils s'accrurent, devinrent des globules en général réguliers, gros comme un grain de poivre, ou demeurerent plus petits; enfin ils prirent une couleur noire toute superficielle ; vers cette époque le feutrage blanc avait disparu. J'emportai la petite capsule de porcelaine dans laquelle le setnis avait été fait, et je pus voir pendant plus d'un mois naitre d'autres sclérotes pas- sant par les mémes périodes de développement. Le 5 février, je mis à part les sclérotes qui me parurent mûrs et j'en placai onze de diverses grosseurs sur de la terre de bruyére humide, recouverte d'une cloche : une grande humidité y était d'ailleurs entretenue, Ceux qui furent desséchés se ridèrent et se racornirent, les autres gardèrent leur vo- lume normal. L'un de ces derniers, au bout de trois ou quatre jours, présenta quelques points blancs à sa surface, qui grossirent lentement, et le ^ mars, aprés un mois, se dressa un petit Coprin adulte, haut de 5 centimètres, dont la taille 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avait grandi brusquement et qui tomba en déliquium le lendemain. Il avait un stipe velu à la base ; le chapeau était couvert d’une poussière neigeuse et cristalline formée de cellules sphériques un peu échinulées. Je crus recon- naître P Agaricus stercorarius Bull. provenant du Sclerotium stercorarium DC.; ce dernier a été indiqué par Fries et Chevallier comme venant sur un substratum différent de celui dont il est question ici. Le développement de ce sclérote et la production de l’Agaricus stercorarius qui en provient ont été publiés par M. Léveillé il y a déjà longtemps [Ann. des sc. nat. Bot. 2° série, t. XX, p. 228(1843)]. Un autre point blanc se montra sur le méme sclérote et donna naissance, au bout d'un mois, à un autre Coprin (mais plus réduit) et aussi à un troisième. Le sclérote, après ce temps, était presque entièrement vidé ; il ne restait plus que la partie corticale un peu résistante mais fragile ; il ne s'était pas développé en mycélium et l'on pouvait l'enlever du sol sans sentir la moindre résistance ou reconnaitre la moindre adhérence. Les autres sclérotes donnent de méme successivement, soit un seul Coprin, soit plusieurs fort variables de taille; en général, les plus grands naissent sur les plus gros sclérotes, avec quelques exceptions. Aujourd'hui tous ne sont pas épuisés, quel- ques-uns n'ont encore donné naissance à aucun Coprin (1). J'essayai de reproduire ces sclérotes par voie de semis. Je semai les spores de ce Coprin sur un substratum analogue ; mais comme il était maintenu très-humide, il s'y développa un trés-grand nombre de vers nématoides, la culture me parut ne plus mériter d'intérét : je la remis à mon ami Edmond Perrier, maitre de conférences de zoologie à l'École normale, pour qu'il pût étudier les vers nématoides. Pendant une absence de huit jours qu'il fit, le vase fut mal fermé, l'excés d'eau s'échappa, et deux gros sclérotes se montrérent, environ un mois aprés l'ensemencement. Dans un autre semis, effectué au laboratoire le 46 février, les sclérotes se montrérent aprés un laps de temps à peu prés analogue. Mais des Coprins s'étaient développés déjà le 8 mars, après vingt-et-un jours. Ges derniers Coprins provenaient-ils directement d'un mycélium, comme le dit M. Léveillé, ou de sclérotes non visibles aux regards? Le substratum trop exigu d'ailleurs se prétait mal aux recherches par sa consistance trop ferme. Dans une autre culture obtenue en semant sur du crottin de cheval des spores de Coprins analogues non liés en apparence à un sclérote, je pus suivre dans ce substratum moins compacte les stipes des individus développés sous apparence de sclérote. J'ai ainsi reconnu que dans la plus grande majorité des cas ils provenaient d'un sclérote, souvent fort petit, développé dans les profondeurs et surtout à la face interne du substratum en contact avec le vase. Sur toute (4) Note ajoutée pendant l'impression. — Je fus forcé de m'absenter au mois de juillet, pendant un mois environ. L'eau s'évapora lentement, deux des sclérotes se desséchèrent sans avoir rien produit encore. SÉANCE DU 26 AVRIL 1872, 193 cette surface il y avait un nombre notable de ces sclérotes à tous les états de développement, aussi bien qu'à la surface supérieure. On peut de là tirer quelques conclusions : ils n'ont donc pas besoin de l'air ou de la lumière pour se développer ultérieurement ; le Coprin seul cherche la lumière. Quant au sclérote, en se développant surtout à la surface soit supérieure, soit inférieure, il semble indiquer que, aprés avoir absorbé toute la substance nutritive néces- saire au développement du futur Coprin, il cherche dés lors à s'isoler d'un milieu devenu désormais inutile et auquel il n'empruntera plus guére que de l'humidité, Les faits sur lesquels je désire appeler l'attention de la Société sont, d'une part, le temps nécessaire à la formation (je ne dis pas à la maturation) du sclérote, qui est d'environ un mois; de l'autre, le temps nécessaire au dé- veloppement complet (aux dépens du sclérote) du Coprin, qui exige, depuis sa premiére apparition, uu mois entier, contrairement à l'opinion fréquemment soutenue que le développement des Agarics est extrémement rapide ; enfin, la production au moyen d'un semis direct d'un sclérote et d'un Agaric. On n'a pas souvent réussi à mener à bien de pareilles cultures ; les Coprins (1) sem- blent mieux se préter à ce genre d'expériences que les autres Agaricinées, le substratum que réclament ces dernières étant assez mal connu et difficile à rechercher. A la suite de cette communication, M. Roze émet l'opinion que les sclérotes lui paraissent être, non pas des états particuliers du mycélium, mais bien plutót des produits directs du mycélium pri- maire. M. Duchartre demande pourquoi l'on ne regarderait pas le tissu de l'ergot comme constitué par un mycélium condensé. M. Roze dit que c'est à cause de l'adhérence réciproque des cel- lules qui le constituent et de la forme particulière de ces cellules, dont l'ensemble ne présente aucune analogie avec les filaments du mycélium, ou méme avec les cordons mycéliques auxquels les sclé- rotes doivent leur origine. (1) Voy. de Bary, Morph. und Phys. der Pilze, pp. 189 et suiv. H dit d'ailleurs avoir obtenu au bout de dix-neuf jours seulement les premiers rudiments du Coprinus fime- tarius. T. XIX. (SÉANCES) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 10 MAI 1872. PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ CHABOISSEAU, VICE-PRÉSIDENT. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 avril, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce trois nouvelles présentations. M. le Secrétaire général donne lecture de la note suivante qu'il vient de recevoir de M. le docteur Roussel : Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. Alphonse de Brébisson. Il est décédé à Falaise (Calvados), le 26 avril, dans sa soixante-quatorziéme année. C'étaitun des naturalistes les plus distingués dela France. La plupart de ses tra- vaux sont insérés dans les Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie; parmi eux nous citerons : Coup d'oeil sur la végétation de la basse Normandie. Caen, 1829. Algues des environs de Falaise (en collaboration avec Godey), avec planches coloriées, 4835 ; ouvrage très-rare et très-estimé. Flore de la Normandie; quatre éditions (1836, 1849, 1859, 1869). Considérations sur les Diatomées et essai d'une classification, 1838. Notes sur quelques Diatomées des environs de Cherbourg, avec une planche, 1867. Les Desmidiées de la basse Normandie, avec deux planches, 1856. On lui doit aussi plusieurs excellents articles sur les Diatomées et les Des- midiées, insérés dansle Dictionnaire d'histoire naturelle de d'Orbigny. Par sa science, par son caractère bienveillant et si dévoué envers tous les naturalistes en relation avec lui, M. de Brébisson mérite tous les regrets de la Société botanique de France, dont il a longtemps fait partie. ROUSSEL. Paris, 10 mai 1872. L'ordre du jour appelle la Société à fixer la date de la session extraordinaire de cette année, dont le but a déjà été arrété dans la séance du 23 février dernier. M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. le pro- fesseur J. E. Planchon (de Montpellier), qui promet son concours à cette session, et pourrait y amener quelques élèves des Ecoles de Montpellier, pourvu qu'elle pàt être close au plus tard le 10 juillet, en raison des examens de fin d'année. La Société, aprés discussion, décide que l'ouverture de la session aura lieu à Prades (Pyrénées-Orientales) le 4° juillet prochain. — Il est décidé en outre que les séances annoncées comme devant étre tenues à Paris le 28 juin et le 12 juillet seront supprimées. SÉANCE DU 10 mar 18792. 195 M. Brongniart présente à la Société, de la part de M. le comte Gaston de Saporta, les cinq premiers fascieules de sa Flore fossile du terrain jurassique de France, et donne quelques détails sur cette importante publication. M. Rivet présente, au nom de MM. J. Grænland, M. Cornu et au sien, une brochure sur les préparations microscopiques. M. Delondre, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société : SUR UNE FLORULE ADVENTICE OBSERVÉE DANS LE DÉPARTEMENT DE LOIR-ET-CHER EN 1871 ET 1872, par MI. Adrien FRANCHET. (Cour-Cheverny, 4e" mai 1872.) La présence de l'armée française dans les diverses régions où elle a dû pas- ser et séjourner en 1870 et 1871, a été suivie de l'apparition d'un grand nom- bre de plantes inconnues auparavant dans la contrée. Partout oü les troupes ont campé, des espèces étrangères se sont montrées, souvent en excessive abondance, au point de constituer de véritables prairies sur des terrains où nulle végétation n'existait auparavant. Toute une cohorte de Légumineuses et de Graminées, appartenant à des climats plus chauds, envahit notre sol et se développa à côté de nos plantes indigènes, bientôt. éclipsées par la végétation vigoureuse de ces étrangères. Il n'était pas difficile d'assigner une cause à cette dissémination, opérée tout naturellement par des fourrages, d’origine souvent lointaine, dont les che- vaux avaient été presque exclusivement nourris pendant la campagne. Le ter- _ rain, fumé et piétiné parfois durant plusieurs jours, se trouvait dans des con- ditions excellentes pour recevoir les graines. Aussi, lorsque toutes ces plantes furent développées, chaque emplacement ayant servi de râtelier et d'écurie au cheval demeura indiqué par la luxuriante végétation qui le recouvrait. En présence d’un fait qui se manifestait sur une aussi grande échelle, j'ai pensé qu'il serait intéressant d'observer avec soin cette florule adventice, qui servira peut-étre de point de départ à l'introduction dans le centre de la France de certaines espèces que l'on serait trés-étonné d'y rencontrer dans quelques années, si l'on méconnaissait leur origine. Je ne doute pas que des observations analogues n'aient été faites sur d'autres points. Déjà notre honorable collègue M. Nouel, directeur du musée d'Or- léans, a consigné le résultat de ses recherches ainsi que de celles de MM. Ber- thelot et Humnicki, dans une note insérée dans les Mémoires de la Société des sciences et lettres de l'Orléanais. | Dans le département de Loir-et-Cher, trois localités. seulement ont été explorées avec soin. M. E. Nouel, professeur de physique au lycée de Ven- 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dôme, a recueilli, aux alentours de cette ville, prés de cent espèces qu'il a bien voulu me communiquer. J'en ai pu moi-même réunir cent soixante-quatre aux environs de Blois et à Cheverny. C’est la liste de toutes les espèces ob- servées en Loir-et-Cher que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à la Société. Cette liste aurait été plus considérable sans nul doute, si beaucoup de ces plantes n'avaient disparu, avant leur complet développement, sous la pioche du cantonnier ou la dent des bestiaux fort avides de ces fourrages nou- veaux. Les campements étant en effet souvent établis le long des routes, les semis qui s'opéraient sur les accotements et dans les fossés qui les bordaient, semblaient voués d'abord à une destruction certaine. Fort heureusement bon nombre de graines ont trouvé protection dans les haies, et d'autres, répandues dans les champs en friche, les terrains vagues, les prés, ont échappé à la des- truction. Je ne ferai point figurer sur ma liste plusieurs espèces ayant très-proba ble- ment la même origine étrangère, mais croissant d’ailleurs communément et naturellement dans le voisinage, telles que : Medicago maculata et apicu- lata, Melilotus arvensis, Trifolium repens, etc., etc. J'ai cru devoir me borner à citer les espèces complétement étrangères à notre région, et celles ne croissant que sur des points du département éloignés des lieux où elles ont été introduites ou tout au moins dans des conditions de terrain différentes. Pour plus de brièveté, j'ai désigné seulement par leur initiale les localités où les plantes ont été recueillies. Ainsi B — Blois; € — Cheverny ; V —Vendóme . J'ai pensé qu'il n'était pas inutile d'indiquer la distribution géographique de ces espèces étrangères en Europe et en Algérie. Pour ce dernier pays, je me suis servi de la Flore d'Algérie de M. Munby, 2* édit. 1866, seul travail d'ensemble que nous ayons sur la flore de nos possessions d'Afrique. Liste des plantes adventices, avec indication de leur aire géographique . en Europe et en Algérie (1). 1. Adonis autumnalis L. — B. — Eur. centr. et austr., Alg. 2. Ranunculus trilobus Desf. — C. V. — Eur. austr., Alg. 3. — muricatus L. — V. — Eur. austr., Alg. 4. Delphinium Ajacis L. — B, — Eur. austr., Sahara. 5. Nigella damascena L. — C. — Eur. austr., Alg. 6. Glaucium corniculatum Curt. — B.— Eur. centr. et austr., Alg. 7. Papaver hybridum L, — €. — Eur. centr. et austr., Alg, 8. Diplotaxis tenuifolia DC. — C.— Eur. centr., Alg. 9. — bracteata G. G. — V. — Eur. centr, 10. Rapistrum rugosum L. — V. — Eur. centr, et austr., Alg. 11. Eruca sativa L. — C. B. — Eur. austr., Alg. 12. Brassica elongata Ehrh. — B. V. — Hongrie, Russie austr. 13. — Gravinæ Ten. — C. — Italie, Algérie, (4) Les espéces dont les noms sont en italique ont été constatées par moi, postérieu- rement au 4°" mai 1872. , SÉANCE DU 10 Mar 1872. 197 . Sisymbrium pannonicum L. — C. B. — Eur. centr. (Allemagne), Russie austr. — Sophia L. — C. B, — Eur. centr. et austr., Alg. — officinale, var. leiocarpum Fourn. — C. — Sicile, Canaries. . Erysimum australe Gay. — €. — France mérid., Italie. . Berteroa incana L, — C. B. V. — Eur. sept. et centr., jusqu'en Alsace. . Camelina sativa L. — C. B. V, — Eur, centr, et austr. . Reseda alba L, — C. — Eur. occid. et austr., Alg. 21. Silene Tenoreana Colla. — B. C, — Corse, Italie, Alg. 22. — italica L. — C. — Eur. austr., Alg. 23. — quinquevulnera L. — B, — Eur. austr., Alg. 24, | — sp...(1). — C. 25. | — dichotoma Ehrh. — C. B. V,— Europe centr. et orient., de la Hongrie à la Tauride, 26. — noctiflora L, — B. V.— Eur. bor, et centr., jusque dans l'est de la France. 27. Lychnis macrocarpa Boiss. Reut. — C. — Espagne, Nice, Alg. 28. Dianthus velutinus Guss. — C. — Eur. austr., Alg. 29. Spergula maxima Weihe. — V. — Eur. centr. . Cerastium campanulatum Viv. (excl, syn.). — C. B. — Italie. . Linum angustifolium Huds, — B. C. V. — Eur. austr., Alg. . Malva Alcea L. — C. — Eur. centr. — niceensis L. — B. C. V. — Eur. occid. et austr., Alg. — microcarpa Desf. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. — parviflora L. — B, C. V. — Eur. austr., Alg. — borealis Walm, — €. — Eur. bor. et centr., depuis Moscou jusqu'en West- falie. . Lavatera cretica L. — B. €. V. — Corse, Sicile, Alg. — trimestris L. — B, V. — Eur. austr., Alg. — punctata L. — C. — Provence, Italie. Geranium pyrenaicum L. — B. €, — Eur. austr., Alg. Erodium moschatum Willd, — B. C. — Eur. austr., Alg. — malacoides Willd. — B. C, — Eur. austr., Alg. — sp... (2). — B. . laciniatum Cav, — B. €, — Espagne, Sicile, Algérie (introd. sur le litt. de Provence). — ciconium Willd. — B. — Eur. austr., Alg. littoreum Cav. — V. — Espagne, Sardaigne (introd. sur lelitt. de Provence). — 1 Ononis alopecuroides L. — V. — Pénins. ibér., Corse, Sicile, Algérie. Anthyllis hamosa Desf, — B. — Algérie. — VWulneraria L. — B. C, — Eur. centr. et austr., Alg. . Trigonella corniculata L. — B. C. —- France mérid. , Istrie, — monspeliaca L, — V. — Eur. austr., Alg, Melilotus sulcata Desf. — B. C, V. — Eur. austr., Alg, — parviflora Desf. — B. C, V. — Eur. austr. et occid., Alg. — messanensis Desf. — V. — Eur. austr., Alg. — neapolitana Ten. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. — alba L — B, V. — Eur, orient. et centr.?, Sibérie, . Medicago Soleirolii Duby. — €, V. — Corse, Algérie. — siriata Bast. — B. — France occid. (4) Plante réunissant presque tous les caractères du S. gallica, mais dont l'inflo- rescence est tout à fait différente. Pédicelles allongés, étalés et méme déclinés à la matu- rité, ne formant point une grappe, mais solitaires ou géminés au sommet des rameaux, ou placés dans les dichotomies. Les graines sont identiques à celles du S. gallica. M. Rohrbach ne mentionne point cette forme curieuse, qui constitue peut-être une espéce distincte. (2) Très-voisin de l'E. malacoides, mais à pétales plus grands, largement obovales, dépassant toujours notablement le calice, Les carpelles ressemblent à ceux de l E. ma- lacoides. 198 59. 60. 61. 62. 63. 100. 101. 102. 103. 104. 105. 106. 407. 108. 109. 110. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Medicago sp..... (1). — B. C. V. — Algérie? — sphaeroearpa Bert. — B. C, V. — Eur. austr., Alg. — pentacycela DC. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. — turbinata Willd. — V. — Eur. austr. , Alg. — muricata Willd, — B. — Eur. austr., Alg. — tribuloides Lam. — B. C, V. — Eur. austr., Alg. — Echinus DC. — B. C. V. — Italie, Algérie. — ciliaris Willd. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. . Trifolium stellatum L. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. — augustifolium L. — C. — Eur. centr. et austr., Alg. — lappaceum L. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. — flavescens Tin. — B. V. — Corse, Toscane, Sicile. — panormitanum Presl. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. — maritimum Huds, — B. C. V. — Eur. occid. et austr., Alg. maritimum, var. floribus laxis, — C. V. — supinum Savi. — €. — Italie, Grèce. — glomeratum L. — V..— Eur. centr: et austr., Alg. — striatum L. — B.— Eur. centr. et austr., Alg. — scabrum L. — C. — Eur. centr. et austr., Alg. — levigatum Pourr. — V. — Eur. occid. et austr., Alg: — phleoides Pourr. — B. C. V. — Espagne, Italie, Alg. — resupinatum L, — B. C, V. — Eur. austr. et occid., Alg. — tomentosum L. — B. V. — Eur. austr., Alg. — elegans Savi. — V. — Eur. centr. et austr., Alg. | — hybridum L. — V. — Eur. bor. et centr., Alg. | — nigrescens Savi. — B. — Eur. austr., Alg. : — isthmocarpum Brot. — B. C. V. Pénins. ibér., Italie, Algérie. — filiforme L. — B. — Eur. occid. et austr., Alg. Lotus decumbens Pourr. — B. — Eur. austr., Alg. — pusillus Viv. — B. — Algérie. . Tetragonolobus purpureus Mœnch. — B. — Eur. austr., Alg. — siliquosus Roth. — B. — Eur:, Alg. . Astragalus bæticus L. — B. C. V. — Pénins. ibér., Corse, Sicile, Alg. — hamosus L. — B. V. — Eur. austr., Alg. . Hippocrepis ciliata Willd. — V.— Eur. austr., Alg. . Scorpiurus subvillosa L. — B. V. — Eur. austr., Alg. — vermiculata L. — B. — Eur. austr., Alg. . Hedysarum flexuosum Desf. — B. V. — Algérie. . Vicia bithynica L. — C. — Eur. austr., Alg: — Pseudocracca Bert. — €. — Provence, Corse, Italie. — villosa Bert. forma? — C. — Allemagne. — lutea L, floribus purpurascentibus — V. Lathyrus- Ochrus L. — B. — Eur. austr., Alg. — Clymenum L, — C. V. — Eur. austr., Alg- — sphcericus Retz. — V. — Eur. austr. et centr., Alg. Ornithopus compressus L. — B. €. — Eur. occid. et austr. — Alg. Potentilla heptaphylla Mill. — B. V. — Eur. centr. Ammi majus L. — C. B, — Eur. occid. et austr., Alg. Caucalis muricata Bisch. — V. — Basse-Autriche. Coriandrum sativum L. — V. — Orient (importé en Europe et en Algérie). Asperula arvensis L. — V. — Eur. centr. et austr., Alg. — lœvigata L, — C. — Eur. austr., Alg. (4). Voisin du M. littoralis ; gousse plus large, plus aplatie tournant indistinctement à droite ou à gauche. C'est la plante publiée par M. Choulette, Fragm. fl. alg. exsicc. n? 569, sous le nom de M. corrugata DR. (qui n'est qu'une variété à gousse épineuse du M. lcvis). C'est, je crois, aussi la plante distribuée sous le nom de M. Heliz Willd., n? 59 des Plante maderenses de Mandon. 411. 412. 113. 114. 115. 116. 117. 118. 119. 120. 121. 122. 123. 124. 125. 126. 427. SÉANCE DU 40 mar 1872. 199 Fedia Cornucopiæ Gærtn. — V. — Eur. austr., Alg. Valerianella coronata DC. — C, — Eur. centr, occid. et austr., Alg, Bellis annua L, — C. V. — Eur. austr., Alg. Achillea ligustica L. — C. — Eur. austr., Alg. Cota tinctoria L. — B. C. — Eur. centr. et plus rarem. sept. et austr. — altissima Gay. — C. — Eur. austr." Chrysanthemum segetum L. — B. C. V. — Eur. centr. et austr., Alg. Coleostephus Myconís Cass. — C. V. — Eur. austr., Alg. — Myconis, var. hirtus. — C. — Eur. austr., Alg. Pinardia coronaria Cass. — B. — Eur. austr., Alg. Perideræa fuscata Brot, — B. — Eur. austr., Alg. Anthemis arvensis L. — C. — Eur., Alg. Ormenis aurea DR. — B. — Algérie. Anacyclus clavatus Pers. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. — clavatus, var. tomentosus. — V. — Eur. austr., Alg. Senecio leucanthemifolius Pourr. — B. €. V. — Eur. austr., Alg. Asteriscus spinosus G. G. — C. — Eur. austr., Alg. 128 et 128 bis. Calendula sp. dute...... — B. 129. 130. 131. 132. 133. 134. 135. 136. 137. 138. 139. 140. 141. 142. 143. 144. 145. 146. 147. 148. 149. 150. 151. 152. 193. 154. 155. 156. 157. 158. 159. 160. 161. Carduus fasciculiflorus Viv.? — C. — Eur. Austr. Centaurea alba L. var. deusta (1). — C, — Espagne, Italie. alba, var. splendens (2). — C. — Italie. alba, var. ..... (3).—. C. pullata L. — B. — Eur. austr., Alg. maculosa Lam. — B. — France, Allemagne. parviflora Desf. — B. — Algérie. — scorpiurifolia Duf. — C. Espagne. Carlina racemosa L. — V. — Eur. austr., Alg. Scolymus maculatus L. — B. — Eur. austr., Alg. — hispanicus L. — B. — Eur. austr. et occid., Alg. Cichorium divaricatum DC. — B. — Eur. austr., Alg. Seriola ætnensis L. — €. — Eur. austr., Alg. Hedypnois polymorpha, var. monspeliensis. — C. V. — Eur. austr., Alg. Pterotheca nemausensis Cass. — B. — France mérid., Corse, Ligurie. Podospermum laciniatum L. — V. — Eur. centr. et austr., Alg. Helminthia echioides L. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. Picris stricta Jord, — €. — Provence, Sicile. Barkhausia setosa Hall, — B.C. — Eur. austr., Alg. — amplexifolia God. — B. — Algérie. Convolvulus tricolor L. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. Anchusa officinalis L. — B. — Eur. centr. et orientale. Echium plantagineum L. — C, — Eur. austr., Alg. Echinospermum Lappula L. — B. €. V. — Europe, Alg. Verbascum sinuatum L. — B. — Eur. austr., Alg. Trixzago apula Stev., var. œ, lutea Willk. — V. — Eur. austr., Alg. — apula, var. B. versicolor Willk. — V. — Eur. austr. et occid., Alg. Calamintha patavina Host. — C. — Italie. Salvia verticillata L. — B. — All., Autr., Sicile (introd. dans l'Eur. occid.). Stachys hirta L. — B. V. — Eur. austr., Alg. Plantago Lagopus L. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. — Psyllium L. — V. — Eur. austr., Alg. Amarantus patulus Bert. — B. C. — Eur. austr., Alg. RAS (4) Appendice des écailles très-grand, renflé en capuchon, largement laché de brun à la base ; mucron exsert, allongé. : (2) Appendice des écailles trés-grand, renflé en capuchon, sans tache à la base, ou à tache trés-pále; mucron nul, vu ne dépassant pas l’écaille. (3) Appendice des écailles assez petit, apprimé, non renflé; mucron nul ou très- court. Variété rappelant le C. tougouriensis Boiss. et Reut., sinon identique avec lui, 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 462. Salsola Tragus L. — B. — Eur. austr., Alg. 163. Beta maritima L. — C. — Bords de l'Océan et de la Médit. 164. Euphorbia sp..... — V. 165. Trisetum neglectum Rem. Sch. — C. V, — Eur. austr., Alg. 166. — neglectum, var. glumis longe ciliatis. — C. 167. Gastridium lendigerum P. B. — B. C. — Eur. austr. et centr., Alg. 168. Gaudinia fragilis L. — B. C. V. — Eur. austr. et centr., Alg. 169. Kæleria phleoides Pers. — C. B. — Eur. centr., Autriche. 170. — hispida DC. — V. — Algérie. 171. Vulpia ligustica Bert. — B. C. V. — Provence, Italie, Alg. 172. — ciliata DC. — B. C. V. — Eur. austr. et occid., Alg. 173. | — geniculata Willd. — B. — Eur. austr., Alg: 174. Avena barbata Roth. — B. C. — Eur, occid. et austr., Alg. 175. — sterilis L. — B. C. V. — Eur. austr., Alg, 176. | — Ludoviciana DR., var Franchetiana (DR. in litt.). — C. — France occid.? 177. — hybrida Peterm. — C. — Eur. centr., Alg. 178. Briza maxima L. — C. V. — Eur. austr., Alg. 179. Cynosurus echinatus L. — C. — Eur. austr. , Alg. 180. — polybracteatus Poir. — C. —;Algérie. 181. Alopecurus utriculatus L. — C. — Eur. centr. et austr. 182. Phalaris cærulescens Desf. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. 183. | — paradoxa L. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. 184. — minor Retz. — V. — Eur. austr., Alg. 185. | — brachystachys Link. — C. V. — Eur. austr., Alg. 186. Phleum tenue Schr. — C. — Eur. austr. 187. Agrostis interrupta P. B. — C. V. — Eur. centr. et austr., Alg. 188. Polypogon monspeliensis L. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. 189. Panicum miliaceum L. — B. — Orig. de l'Inde, subsp. en Alg. 190. Brachypodium distachyon P, B. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. 191. Bromus squarrosus L. — C. — Eur. austr. et centr., Alg. 192. | — macrostachys Desf. — B. C, V. — Eur. austr., Alg. 193. | — alopecuroides Poir. — V. — Sicile, Alg. 194. — madritensis L. — B. €. V. — Eur. austr., Alg. 195. — maximus Desf. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. 196. Hordeum leporinum Link. — B. C, V. — Eur. austr., Alg. 197. — maritimum L. — B. C. V. — Eur. austr.; Alg. 198. Lolium strictum Guss. — V. — Eur., Alg. 199. JEgilops ovata L. — B. C. V. — Eur. austr., Alg. En parcourant cette liste, on reconnait immédiatement qu'elle n'est point exclusivement composée de plantes appartenant à la région méditerranéenne, bien que la majeure partie d'entre elles ait cette origine. Si l'on écarte, en effet, une douzaine d'espéces croissant naturellement d'ailleurs dans le centre de la France, il en reste plusieurs qui sont particulières à l'Europe centrale ou orien- tale. Comme, d'autre part, parmi les plantes formant cette florule adventice, les unes sont propres aux moissons, les autres aux prairies et aux pâturages, je crois pouvoir en conclure qu'elle a une double origine. Les avoines achetées dans la Basse-Autriche, ou méme en Russie, ont disséminé un certain nombre d’espèces ayant lear centre d'habitat dans ces régions, telles que : Brassica elongata, Sisymbrium pannonicum, Berteroa incana, Silene dichotoma, Malva borealis, Potentilla heptaphylla, Caucalis muricata, Cota tinctoria, Salvia verticillata. Quant aux foins, tirés presque tous du littoral méditerranéen, il ne fau- - SÉANCE DU 10 Mar 1872. 201 drait pas croire qu'ils nous soient exclusivement venus de l'Algérie. La Sicile, l'Italie, et peut-étre l'Espagne, ont également contribué pour une bonne part à la fourniture des fourrages employés durant la guerre. Comme plantes spéciales, nos possessions d'Afrique ne peuvent guère revendiquer que les suivantes : Diplotaxis auriculata, Orobus atro-pur- pureus (1), Anthyllis hamosa, Hedysarum flexuosum, Ormenis aurea, Centaurea parviflora, Barkhausia amplexifolia, Cynosurus polybracteatus. Un certain nombre d'autres espèces sont communes à l'Algérie, à l'Espagne et à l'Italie : je veux parler des Erodium laciniatum et littoreum, Trifolium isthmocarpum et phleoides, Medicago Echinus, Fedia Cornucopiæ, etc. Les espèces propres à l'Italie ou à la Sicile sont peu nombreuses, mais assez caractéristiques. Ce sont : Cerastium campanulatum, Trifolium supi- num, Calamintha patavina ; Centaurea alba var. splendens, Sisymbrium officinale var. leiocarpum Fournier (S. leiocarpum Jord.), qui n’a été si- gnalé, je crois, qu'en Sicile et aux Canaries. Si l’on se rend compte des rapports numériques existant entre les espèces des différentes familles qui sont représentées dans cette florule adventice, on aura. peut-étre lieu d'étre étonné de la prédominance des Légumineuses, qui entrent pour plus d'un tiers dans le nombre total, Faut-il attribuer à cette prédominance le goüt prononcé des chevaux pour des fourrages (j'entends ceux qui n'étaient pas avariés) qui, au premier coup d'œil, pouvaient paraître grossiers (2)? C'est un point que j'abandonne à la sagacité des hommes plus compétents que moi en matière agricole. C'est à eux aussi qu'il appartient de voir s'il ne serait pas opportun de tenter l'introduction des foins du Midi, de ceux de l'Algérie en particulier, dans certaines régions de la France où ils semblent devoir croitre vigoureusement sur des sols déshérités jusqu'ici de toute végétation. Je puis citer, à l'appui de ce que j'avance, l'ancien champ de manœuvres avoisinant la ville de Blois, véritable désert de sable, qui s'est vu tout d'un coup transformé en páturage aprés deux semaines de campement de nos troupes. Aujourd'hui méme encore, malgré le séjour constant de nom- breux troupeaux de moutons qui ont bien su découvrir cette oasis, l'emplace- ment des tentes et des piquets des chevaux est indiqué par des cercles et des lignes de verdure. Que füt-il donc advenu si ces plantes n'eussent point été contrariées dans leur développement, et s'il eüt été permis à leurs graines (4) Ces deux premiéres espéces n'ont point été observées en Loir-et-Cher, mais seu- lement à Orléans. : WS (2) M. Munby partage cette opinion. Ii dit en effet dans l'introduction à sa Flore de l'Algérie : « Les prairies naturelles des environs d'Alger fournissent un excellent four- » rage pour les chevaux, car elles sont composées presque exclusivement de plantes » légumineuses parmi lesquelles les genres Medicago et Scorpiurus tiennent le premier » rang..... Le foin des environs de Bouffarick et des prairies basses de la Milidja est » d'une qualité bien inférieure à celui du Sahel par le manque de plantes légumi- » neuses.» (Munby, Fiore de l'Algérie, 1° édit., Introd. p. x.) 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'atteindre leur maturité durant l'été de 1871, à l'abri de la dent des vaches et des moutons. Je ne crois pas qu'on puisse objecter la rigueur de notre climat durant l'hiver, contrel'introduction des fourrages algériens dans le centre de la France. Il est certain que beaucoup d'espèces ont bravé le rude hiver de 1871-72. Je puis citer dés maintenant Hedysarum flezuosum, Medicago Soleirolii , Echium plantagineum, Centaurea alba et parviflora, Reseda alba, etc.; toutes plantes appartenant éminemment à la région méditerranéenne et qui ont atteint, à cette époque peu avancée de l’année, un développement inat- tendu. Je termine cette trop longue note par une question qui sera sans doute résolue facilement par ceux de nos confrères auxquels la flore de l'Algérie est familière. Quel estle rapport numérique entre les plantes annuelles et les plantes vivaces dans les prairies algériennes ; ce rapport est-il le méme que dans notre région ? En France, si je ne me trompe, il est à peu prés du tiers, c'est-à-dire que sur les cent espéces qui composent en moyenne nos bonnes prairies (en tenant compte, bien entendu, de la loi d'alternance), trente-cinq environ sont annuelles. Si cette règle est applicable aux prés algériens, le nombre des espéces qu'on y peut rencontrer doit étre bien plus considérable que chez nous et peut atteindre le chiffre de trois cents, puisque, sur le nom- bre total des plantes signalées sur ma liste, cent au moins sont annuelles, abstraction faite de celles qui ne sauraient étre revendiquées, si ce n'est à titre accidentel, par les prairies et les pâturages. On comprend tout l'avantage que l'agriculture retirerait de l'introduction des fourrages algériens, si l'on se rappelle qu'en vertu de la loi d'alternance qui régit les prairies, celles-ci ont d'autant plus de chances de durée que le nombre des espéces qui les composent est plus considérable. Je ne saurais mieux faire que de renvoyer ceux qui voudraient étudier cette question à l'excellent ouvrage que notre regretté collègue M. Henri Lecoq a publié sur cette matière, il y a une quinzaine d'années. Plusieurs membres font ressortir les analogies et les différences qui existent entre le travail de M.Franchet et le Florula obsidionalis agri parisiensis, présenté à la Société en novembre dernier par MM. Gaudefroy et Mouillefarine (1). M. Eug. Fournier mentionne quelques cas d'hybridation qui ont été observés par MM. Cosson et Mouillefarine entre nos espéces parisiennes et les plantes adventices. M. Paul Petit présente à la Société quelques échantillons de Ni- tella tenuissima recueillis par lui prés d'Itteville (Seine-et-Oise). (1) Voyez le Bulletin, t. XVIII (Séances), p. 246. SÉANCE DU 24 Mar 1872. 203 M. Roze fait observer que, chez ce Nitella, les grains de chloro- phylle paraissent à la surface, à peu près enfouis dans une partie plasmique immobile, tandis que, à l'intérieur, le plasma circule avec une grande rapidité. M. l'abbé Chaboisseau dit que, d'aprés les renseignements qu'il a regus, le printemps de cette année n'a pas été favorable au déve- loppement des Characées précoces. Il ajoute que le Nitella syncarpa etle Potamogeton acutifolius paraissent alterner. Il a remarqué que ces plantes semblent se faire concurrence et parviennent à s'étouffer réciproquement dans l'étang de la Grange (Seine-et-Marne). M. Cornu, ayant conservé dans l'eau des spores du Chara conni- vens, les a vues germer au bout de dix mois et demi. De chaque spore part une petite plante spéciale, sorte de proembryon repré- sentée par M. Pringsheim (Jarbuech. f. wiss. Bot. t. HI, tab. 9-13). Il a revu les particularités décrites par cet auteur chez le Chara fragilis ; il n'y a aucune différence essentielle. Il rappelle à ce pro- pos que c’est M. Brongniart, présent à la séance, qui a le premier signalé, il y a longtemps, que les Chara sont monospermes, puis- que, par gerrination, ils émettent une plantule unique. Ce qu'on avait pris pour des spores ne sont que des grains d'amidon. M. Brongniart dit qu'en effet il a été amené à celte conclusion par la germination des spores des CAara, qui ne reproduisent cha- cune qu'un seul individu. Lecture est donnée d'une lettre de M. Goumain-Cornille qui, re- tenu par une indisposition, s'excuse de ne pouvoir se rendre ce soir à la séance pour soumettre à la Société, comme il l'avait annoncé, son projet de voyage dans l'Amérique du Nord. SÉANCE DU 24 MAI 1872. PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ CHABOISSEAU, VICE-PRÉSIDENT. M. Aug. Delondre, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 10 mai, dont la rédaction est adoptée. A l'occasion du procés-verbal, M. Roze fait remarquer que les Characées, étant des Cryptogames munies de radicelles, peuvent 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. épuiser le sol de la localité où elles croissent, et que c’est là la cause de leur disparition temporaire. M. l'abbé Chaboisseau ne pense pas que l'abaissement du niveau de l'étang de Trappes puisse expliquer la disparition des Characées. M. Max. Cornu a remarqué qu'aux environs de Cháteauneuf (Loir-et-Cher), les Chara manquent aussi complétement cette an- née ; il est possible que les touffes existantes aient été gelées par les froids exceptionnellement rigoureux de décembre dernier. M. l'abbé Chaboisseau rapporte que le Fossombronia pusilla, Hépatique qui dans le centre de la France fructifie à la fin de l'au- tomne, est actuellement en fructification à Fontainebleau. M. Cosson fait remarquer qu'un assez grand nombre de Crypto- games qui dans le midi fructifient en été ou en automne se déve- loppentau printemps dans nos environs. M. l'abbé Chaboisseau dit avoir constaté que souvent les échan- tillons printaniers ont un aspect anomal. Au sujet de la disparition des Chara, M. Cosson rappelle que M. Thuret avait découvert en 1847 ou 1848 le Nitella intricata aux environs de Lagny (Seine-et-Marne), et que l'année suivante cette plante avait disparu de la localité; mais que, deux ou trois ans aprés, dans une course obligeamment dirigée par 'M. Thuret, il avait lui-méme retrouvé la plante dans la méme mare oü elle avait été observée précédemment. — M. Cosson ajoute que le Nitella stelligera n'est connu que d'aprés de bien rares échantillons, mais que M. de Rochebrune a cependant trouvé les deux sexes de cette espéce dans les deux Charentes. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. HECKkEL, docteur en médecine, pharmacien en chef des hô- pitaux de Montpellier, présenté par MM. Émile et Gustave Planchon; Townsenp (Frédéric), Villa alta, à Cannes (Alpes-Maritimes), présenté par MM. Moggridge et E. Cosson. SÉGUY (Pierre), horticulteur, route de Sérignan, à Béziers (Hérault), présenté par MM. Théveneau et de Scheenefeld ; M. le baron de CoNTES, rue des Hautes-Treilles, 8, à Poitiers, ancien membre de la Société, est admis, sur sa demande, à en faire de nouveau partie. SÉANCE DU 24 Mart 1872, 205 M. le Président annonce en outre six nouvelles présentations. M. Eug. Fournier, secrétaire, en donnant connaissance des dons faits à la Société, appelle l'attention de l'assemblée sur le Vargatia, publication scientifique éditée à Vénézuéla (Caracas). M. Goumain-Cornille entretient la Société de son projet d'explo- ration scientifique d'une partie de l'Amérique du Nord (voyez sa lettre, plus haut, p. 144). M. le Président exprime à M. Goumain-Cornille la sympathie que son projet inspire à la Société, qui ne peut lui offrir un concours collectif efficace, mais dont tous ceux des membres que leur posi- tion pourrait meltre à méme de lui être utile ne manqueront pas de lui préter leur appui. M. Aug. Delondre pense que M. Goumain-Cornille trouvera de précieux renseignements dans les comptes rendus publiés chaque année par The American pharmaceutical Association, et spéciale- ment dans la partie consacrée au Drog Market. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture de la communica- tion suivante, adressée à la Société : NOTE SUR CINQUANTE PLANTES DES HERBIERS DE MONTPELLIER ET QUELQUES AUTRES ESPÈCES NOUVELLES POUR LA FLORE DE L'HÉRAULT, par M. HE. LORET,. (Montpellier, 19 mai 1872.) Nous avons publié déjà (1), comme nouvelles pour la flore de l'Hérault, deux cent soixante -six espèces et huit hybrides trouvées par nos amis et par nous. Ges espèces, nous tenons à le constater, n'avaient été attribuées au département par aucun écrit et ne figuraient avec cette origine dans aucune des collections de nos Facultés. Souvent, dans nos herborisations, d'autres plantes qui sommeillent depuis longtemps dans ces collections se sont présentées à nous et à d'autres mem- bres de la phalange zélée qui travaille à l'accroissement de nos richesses vé- gétales. Nul écrit public ne constatant la premiere découverte de ces espèces, à qui devions-nous en attribuer la conquête ? La règle généralement reçue au- jourd'hui établissait sans doute en notre faveur une sorte de droit. Toutefois, à côté du droit, il y a la délicatesse qui, pour nous, s'impose comme un devoir, et à laquelle nous avons sacrifié, sans hésiter, une vaine satisfaction d'amour- propre. Les herbiers de nos Facultés et de l’École de pharmacie sont publics, (4) Voyez le Bulletin de la Soc. bot. de France : t. X, p. 375 ; t. Xl, p. 327 ; t. XIII, pp. 13, 312 et 440; t. XV, p. 104 ; t. XVI, pp. 152, 285 et 454 ; Mémoires de l'Aca- démie de Montpellier, t. VI, année 1864. 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chacun peut s’assurer de leur contenu, avant de s’attribuer la première décou- verte de plantes qui peut-être figurent depuis longtemps comme espèces dé- partementales dans ces collections. Peu importe au cas présent l'inexactitude de quelques noms spécifiques : bien ou mal nommée, il s'agit de constater si une plante a été recueillie déjà dans la circonscription de la flore locale. Nous attendions l'impression de notre Flore de l'Hérault pour rendre aux morts la justice dont nous parlons. Toutefois le temps presse. Ce que nous considérons comme un acte de délicatesse parait scrupule peut-étre à ceux qui poussent. moins loin la réserve. On a donné, en effet, comme récemment découvertes et comme nouvelles pour ce département, des plantes recueillies chez nous depuis longtemps et enfouies depuis près d'un demi-siècle dans les herbiers dont nous avons parlé. C'est pour prévenir le retour de pareils faits, que nous publions la liste suivante, où figurent immédiatement après chaque espèce l'herbier où nous l'avons observée et, autant que possible, le nom du botaniste qui l'a rencontrée pour la première fois dans l'Hérault. Nous complétons par la men- tion des localités diverses où on les a rencontrées plus récemment, l'Aabitat de ces espèces chez nous et, selon notre usage, nous ne citons aucune localité dont nous n'ayons vu les plantes. Les botanistes sérieux savent aujourd'hui combien cette dernière précaution est nécessaire; car personne n'ignore combien de flores locales ont été indüment grossies et dénaturées par la reproduction sans contróle d'affirmations souvent inexactes. Drosera rotundifolia L. — Madiéres au pied de la Sérane (Millois, in herb. Delile, 1825); Saint-Gervais-sur-Mare (Farrand); le Caroux (E. Planchon); Fraïsse et la Salvetat ! (1). Helianthemum umbellatum Mill.— Le Caroux (Viguier, 1854) ; Saint-Geniès de Varensal (Farrand) ; Saint-Pons (Barthès). A Armeria L. — Ganges (Gros, in herb. Del., 1825); Ceilhes (Morand) ; Avène ! Radiola: linoides Gmel. — Entre Palavas et Pérols (Azéma, in herb. de Girard); Maguelonne (Herb. Dunal); le Soulié (Vidal) ; Andabre, Fraisse et la Salvetat ! Hypericum hyssopifolium Vill. — La Sérane (Gros, in herb. Del., 4825). H. Helodes L.; Helodes palustris Spach, — L'Espinouse (Rouvière, in herb. Del.) ; le Caroux (Viguier, 1833) ; la Salvetat (Théveneau) ; Fraïsse ! Rhamnus alpina L. — (Herb. de Girard, sous le nom de Rh. cathartica), Sorbs (D* Martin) ; Saint-Amand, le Caylar et Roqueredonde ! Cytisus trifiorus L'Hérit, — Lodève (Delile, Aubouy); entre Hérépian et les Aires (Farrand). Adenocarpus commutatus Guss.; À. cebennensis Delile, in Ind. sem. Hort. monsp., 1838, p. 1. — Ganges (Herb. Del.). ; Medicago tuberculata Willd.; M. pubescens DC. (non Horn.). — Grabels (Herb. Del., juin 1831) ; entre le plan des quatre Seigneurs et le château d’eau (Rancoulay) ; Béziers (frère Lioberus). Indiqué à Montpellier par MM. Grenier et Godron d’après Yherbier Delile. Trifolium micranthum Viv. ; T. filiforme L. (ex parie).— Gramont et Lamoure, près Montpellier (Delile) ; la Plauchude (Rancoulay). .(4) Le point d'affirmation (!) indique les localités que. nous avons nous-méme dé- couvertes. SÉANCE DU 24 MAI 1872. 207 Lathyrus Clymenum L. — (Gougé, in herb. de Gir.) ; Castelnau (Ernest Mas). Potentilla Tormentilla Nest. ; Tormentilla erecta L. — L'Espinouse (Herb. Del.); Andabre ! ; Saint-Pons (Barthès) ; Olargues (Aubouy). m Anserina L, — Saint-Pons (herb. Del.) ; Saint-Marcel (de Girard); la Sal- vetat Isnardia palustris L. — Saint-Guilhem, Prades, Montpellier à Sauret (de Girard). Paronychia argentea Lam. — Près d'Agde (Herb. Del. et Dun., sous le nom de P. capitata); Cette (Barrandon), plage de Sérignan ! Bulliarda Vaillantii DC. — Mares de Roquehaute, commune de Portiragnes (Herb, Dun.). Retrouvé aux mêmes lieux par plusieurs botanistes. Saxifraga Clusii Gouan. — L'Espinouse et le Caroux (Herb. Del.). Sanicula europæa L.; S. officinalis Gouan. — Indiqué par Magnol et Gouan aux Capouladoux et par Pouzin aux Cambrettes, localités où on ne l’a point retrouvé récem- ment, Faugères (frère Lioberus) ; Pardailhan, Saint-Amand, Roqueredonde et Saint- Martin d'Orb! Le déboisement, qui contrarie cette espèce, finit souvent par la faire disparaître. Æthusa Cynapium L. — Saint-Gervais (Herb. Del.) ; Marsillargues ( Dun.) ; Saint- Geniés de Varensal et Castanet-le-Haut ! Œnanthe Phellandrium Lam. — Marsillargues (Herb. Dun.). Bupleurum rotundifolium L. — Castelnau et Marsillargues (Herb. Dun.); le Larzac (Aubouy) ; Bédarieux (Martin pharm.). Le B. rotundifolium de Gouan n'est pas celui de Linné, mais le B. protractum Link, B. falcatum L. — La Sérane (Chapel, in herb. Del., 1828) ; Saint-Loup (Herb. Dun.); le Caylar ! Ægopodium Podagraria L. — Derrière le pic Saint-Loup (Roubieu) ; Ganges (Pouzolz). Sison segetum L.; Petroselinum segetum Koch. — Rencontré autrefois par Banel à Montpellier, où il doit être recherché. Capestang (Théveneau). Falearia Rivini Host, — Montpellier (Salzmann.) Retrouvé plus récemment par notre ami M. Richter. La Pompiniane (Barrandon) ; Béziers (Théveneau) ; Oupia (Barthès). Doronicum Pardalianches L. — Ganges (Gros, in herb. Del., 1825) ; la Sérane (Barrandon) ; Saint-Pons (Théveneau) ; Bédarieux (Martin pharm.) ; Andabre, Avène et Saint-Étienne de Mursan! Inula salicina L. — Mas-de-Londres et la Sérane (Herb. Del.); Montarnaud, Saint-Bauzille de Maumeil, Lodève (Aubouy); Pézenas (Biche); Saint-Gervais (Farrand); Lamalou et Avène ! Centaurca montana L. p. australis; C. seusana Benth, Cat. p. 68 (non Vill). — Saint-Loup (Bentham); la Sérane (Gros, 1827) ; Madières (Millois, in herb. Del.) ; Bédarieux (Martin pharm.) ; Saint-Pons (Théveneau); l'Escandorgue (Aubouy). Geropogon glaber L, — Valmargues (Herb. Dunal, 4 juin 1841, trois échan- tillons sans nom.) Zacintha verrucosa Gærtn. — Ganges (Gros, in herb. Del., 1827) ; aux Capou- ladoux (Barrandon). Phyteuma Charmelii Vill. — Pic Saint-Loup (Delile, 1820) ; Saint-Guilhem (Timbal). Lysimachia nemorum L. — L'Espinouse (Millois, in herb. Del.); la Salvetat (Théven.) ; Saint-Pons (Barthés) ; Andabre, Saint-Amand et Avéne! Cuscuta suaveolens Seringe; C. corymbosa Choisy (non Ruiz et Pav.). — Lattes (Touchy, in herb. Del., 1846, sous le nom de C. major DC.). Cynoglossum officinale L. — Madières (Millois, in herb. Del., 1823) ; le Coulet (Barrandon et Richter); Parlatge (Vareilles); Saint-Maurice! L'espàce que Gouan indique prés de Montpellier sous ce nom est le C. pictum Ait. Veronica scutellata L. — L'Espinouse (Millois, 1825, in herb. Del.). Retrouvé dans les mémes montagnes à Cassagnoles, par M. Barthés , la Salvetat (Théveneau, Loret). Orobanche Teucrii Holl. — La Sérane (Gros, in herb, Del., sans nom, 1827) ; Avène-les-Bains, où il est abondant! 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lathræa Clandestina L. — Ganges (Gros, in herb. Del.). Thymus Chamsædrys Fries. — La Sérane (Gros, in herb, Del., 1827) ; Andabre et Saint- Amand, Saint-Pons et la Salvetat ! Nepeta lanecolata Lam.; N. graveolens Vill. — Rochers de la Sérane à Pégai- rolles de Buéges (Gros, in herb. Del., 1827). Leonurus Cardiaca L. — La Salvetat (Rouvière, in herb. Del.). Retrouvé récem- ment au méme lieu par M. Théveneau. Stachys arvensis L.— Signalé anciennement prés de Pérols, où l'on doit le recher- cher. Béziers (Théveneau) ; Roquehaute (frère Lioberus, Richter). Atriplex rosea L. — Mireval (Delile); Béziers (Théveneau) ; Pézenas (Biche) ; Saint-Nazaire (Barrandon) ; Saint-Martin d'Orb ! Taxus baccata L. — Le Caroux (Touchy, in herb. Del., Planchon). Seilla bifolia L. — L'Espinou:e (Rouvière, in herb. Del.) ; la Salvetat (Azais) ; Fraïsse (Vidal) ; Saint-Pons (Barthès); Saint-Amand (Farrand) ; Pardailhan ! Orchis pyramidalis L, — Madières (Del.); Montarnaud (Barrandon), Saint-Pons et Pardailhan ! ©. Simia Lam. — Ganges (Gros, in herb. Del., 4822); Grabels (le- jardinier Daudé). Trigiochin palustre L. — Mauguio. (Del.) ; Pérols (Richter). Juncus lagenarius Gay. — Mauguio (Millois, in herb. Del.) ; Vias (Duval-Jouve); Pézenas (Biche) ; Capestang (frére Lioberus); Lodéve (Aubouy). Scirpus pauciflorus Lightf. — Mauguio (Millois, in herb. Del., 1825). Les espéces de cette liste les plus intéressantes pour notre flore sont surtout les suivantes, dont quelques-unes offrent méme un intérét général de géogra- phie botanique : Hypericum hyssopifolium ; Adenocarpus commutatus, des- cendu des hautes Cévennes; Medicago tuberculata; Isnardia palustris ; Œnanthe Phellandrium ; Ægopodium Podagraria ; Geropogon glaber, venu sans doute de la Provence ; Cuscuta suaveolens ; Lathræa Clandestina, plante de l'ouest, mais trouvée par nous autrefois dans l'Aude et indiquée par Pouzolz près de nos limites ; Nepeta lanceolata, un peu dépaysé dans notre Sérane; Stachys arvensis, plante qui ne figure point dans la Flore du Gard et que Pouzolz nous demanda autrefois comme une espèce qui lui était peu fa- miliere; Orchis Simia, trés-rare chez nous; Scirpus pauciflorus, quise cache au milieu des herbes de nos prairies marécageuses et que Delile a rencontré autrefois parmi les plantes apportées de Mauguio par le jardinier Millois. i Mentionnons maintenant, comme précieuses pour la flore de Montpellier et de l'Hérault, quelques espèces récemment découvertes : Jurinea Bocconi Guss., trouvé à Sorbs par le docteur Martin (d'Aumessas); Allium Victoria- lis L. , recueilli à Fraisse par l’instituteur Vidal ; Ophrys tenthredinifera Willd., découvert autrefois par le docteur Diomede Tuezkiewicz à Villeroi prés de Cette, et recueilli récemment, d'aprés les indications de ce savant bota- niste, par MM. Barrandon, le professeur Durand, Goulard et l'auteur de cette notice. Nous adressons à la Société, avec cet Ophrys, le Medicago leiocarpa Benth. (forme glabre du M. suffruticosa Ram.), découvert pour la premiére fois à Villevayrac prés de Montpellier, le 16 mai 1872, par MM: Goulard, Verriet-Litardière et par nous. Nous ne voyons dans cette dernière plante qu'une forme du M. suffruticosa Ram., auquel il faut joindre également, selon SÉANCE DU 2h Mai 1872. 209 nous, le M. Paillesii Philippe (F7. Pyr.), que nous avons recu autrefois de son auteur. Le type que nous avons recueilli dans toutes les Pyrénées, depuis les Eaux-Chaudes jusqu'à Prades, est plus ou moins velu ou pubescent. Plus bas il devient glabre ou glabrescent, et c'est ainsi. qu'il se présente prés de Perpignan, à Narbonne, dans les basses Corbières et dans l'Hérault, où il parait s'étre arrêté en descendant des Pyrénées. Il y a lieu d’être surpris qu'on ne l'ait pas signalé ici depuis longtemps, car les vastes garrigues de Villevayrac en sont remplies. Nous donnerons plus tard une seconde liste analogue à celle-ci et presque aussi nombreuse. M. Cosson dit qu'il a rencontré à Bédarieux (Hérault) Y Alyssum serpyllifolium Desf., variété de VA. alpestre, qu'il avait d'abord prise pour celte dernière plante assez répandue sur nos monta- gnes de France. L'A/yssum serpyllifolium se trouve à Bédarieux avec le Juncus Fontanesii. On rencontre dans cette intéressante localité unè réunion très-remarquable de plantes méridionales et septentrionales, et il peut y avoir encore à y faire de curieusés découvertes. M. de Schenefeld donne lecture de la lettre suivante : LETTRE DE Mi. HEDDE. A M. le Scerétoire général de la Société botanique de France. Le Puy en Velay, 21 mai 1872, Monsieur, Au retour de mon voyage, comme délégué de la Société académique du Puy en Velay, au congrès des réunions de la Sorbonne, j'ai eu l'honneur de vous écrire pour vous proposer la publication d'une Flore de la Chine, œuvre de plus de vingt années de travail, depuis mon retour de celte contrée, oit j'avais été envoyé en mission par le Ministère de l'agriculture et du commerce. Je profite aujourd’hui d'une occasion pour vous rappeler mon offre, et offrir à votre honorable Société une petite brochure que je viens de publier. Je verrais avec plaisir qu'elle voulüt un jour diriger ses excursions scienti- fiques du cóté du Velay, qui lui offrirait un terrain presque vierge pour ses investigations, Au Mezenc, sommet des Cévennes, à une altitude de 1780 me; tres, on trouve le Senecon à feuilles blanches et fleurs jaunes : c'est le seul point de la France intérieure où l'on puisse rencontrer, dit-on, cette belle et intéressante plante des Pyrénées. Agréez, etc. Isidore HEDDE. T. XIX. (SÉANCES) 14 910 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. M. Max. Cornu offre à la Société sa thèse pour le doctorat ès sciences, sur la reproduction sexuée des Saprolégniées et s'exprime en ces termes : La théorie de la sexualité des Saprolégniées donnée par M. Pringsheim dans le deuxième volume de ses Annales, est calquée sur celle des OEdogoniées. Ayant voulu vérifier les faits avancés par l'auteur, je n'ai pas tardé à en trouver d'autres inexplicables par sa théorie : j'ai été ainsi amené à l'examiner de prés et à la discuter article par article, pour ainsi dire. Les résultats qui me semblent les plus importants sont les suivants. La fécondation s'opere soit par conjugaison (sans anthérozoides), soit par le moyen d'anthérozoides semblables aux zoospores. Quant aux anthérozoides spéciaux décrits par M. Pringsheim, ce sont les zoospores de divers parasites appartenant à la famille des Chytridinées. J'ai examiné en détail ces parasites et en ai tenté une étade d'ensemble. Dans une communication précédente (1) j'ai dit quelques mots de ces plantes singuliéres et des raisons qui me paraissent permettre de les rapprocher des Myxomycétes. SÉANCE DU 15 JUIN 1872. PRÉSIDENCE DE M. CORDIER. M. le Président, en prenant place au fauteuil, adresse à la So- ciété l'allocution suivante : DISCOURS DE M. CORDIER. En prenant place au bureau, vous me permettrez, Messieurs, de m'excu- ser d'étre resté si longtemps sans faire acte d'apparition aux séances de notre Société, aprés avoir été appelé par vous à l'honneur de la {présider cette année. Parti pour l'Algérie vers le milieu de l'hiver dernier, un peu pour raison: de santé, j'y ai prolongé mon séjour plus longtemps que je ne l'avais pensé ; j'avoue que j'y ai été quelque peu retenu par la beauté de la nature et le luxe de la végétation, Ce n'est pas la première fois que j'ai visité l'Algérie, mais le nord de l'Afrique a quelque chose de si séduisant, qu'il est difficile de ne pas aimer ce pays : aussi ai-je exprimé le vœu que notre Société prit, une année ou l'autre, cette belle colonie pour but de l'une de ses sessions extraor- dinaires (2). L'exploration du nord de l'Afrique ne saurait manquer d'offrir (1) Voyez plus haut, page 70. (2) Voyez plus haut, page 74. SÉANCE DU 14 JUIN 1872. 233 un vif intérêt à ceux de nos collègues qui ne le connaissent point. Tout, il est vrai, ne serait nouveau pour eux dans ce pays, car il y a un cinquieme peut-étre des plantes qui viennent sur le littoral méditerranéen de la France qui se trouvent aussi sur le littoral des provinces de l'Algérie; aussi ceux d'entre nous qui feront partie de la session scientifique que notre Société doit tenir prochainement dans les Pyrénées orientales, auront à recueillir bon nombre de plantes qui sont communes au sud de la France et au nord de l'Afrique. Mais combien d’espèces d'Afrique seraient nouvelles pour le bota- niste dont les herborisations se sont bornées à la France! L'Algérie est un pavs trés-accidenté ; le sol par conséquent en est trés- varié. Ici, la plaine et quelques marais encore; là, de hautes montagnes avec des cours d'eaux et des vallées étroites ; là, la mer, ses rochers et ses sables. On concoit que la végétation occupant tant de sites, tant de stations différentes, soit disparate. Chaque station a, en effet, ses espéces particuliéres, mais, ce qui est digne de remarque, c'est que toutes celles qui viennent en Algérie, à l'exception de deux peut-étre, rentrent dans les familles naturelles des plantes de la flore francaise. L'une de ces deux espèces est le Chamærops humilis, L., malheureusement trop commune, de la famille des Palmiers ; l'autre, assez rare, est le Cynomorzum coccineum L., de la famille des Balanophorées. La France, tout au contraire, possède de nombreuses familles dont les re- présentants n'existent pas en Algérie: entre autres les Acoracées, les Butoma- cées, les Hydrocharidées, les Ménianthacées, les Navacées, les Hippuriacées, les Droséracées, les Azaléacées, les Cornuacées, les Eléagnées, les Evonyma- cées, les Empétracées, les Pirolacées, les Ramondiacées, les Staphyléacées, les Monotropacées, les Convallariacées, les Parisiacées, les Tiliacées, et bien d'autres encore. La plupart de ces familles sont, il est vrai, particulières aux climats tem- pérés, et plusieurs d'entre elles se plaisent dans l'eau ou dans les lieux humi- des, conditions qui ne se trouvent guère en Algérie; mais d'autres, telles que les Azaléacées, les Pirolacées, les Empétracées, ont pour habitat les hautes montagnes ou les lieux montueux, etc., cependant elles ne se trouvent pas non plus en Algérie. Les familles qui sont les plus nombreuses en genres et en éspèces en France; sont aussi celles qui en comptent davantage en Algérie : telles sont les Cypéracées, les Graminées, les Orchidées, les Composées, les Scrofulariées, les Borraginées, les Papilionacées, les Crucifères, les Cistinées, les Dian- thées, etc. Les plantes cryplogames, Mousses, Lichens, Champignons, sont rares en Afrique. Les arbres forestiers de la France, le Chêne, le Hêtre, le Charme, l'Érable, cultivés, y viennent mal, comme aussi nos Pins et nos Sapins, Nos ires 912 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fruitiers màme s'y acclimatent difficilement, encore donnent-ils des fruits qui n'ont pas la qualité de. ceux de France. Mais si l'Algérie, toute voisine qu'elle est de la France, semble se refuser à accepter nos arbres indigènes, il n'en est pas de même de diverses espèces d'arbres d'Australie. Les E'ucalyptus, les Casuarina, les Acacia, parais- sent devoir y réussir merveilleusement ; les Zucalyptus surtout, si nombreux en espèces que l'on n'en compte pas moins de cent trente-cinq tant en Aus- tralie qu'en Tasmanie. On peut espérer, en Algérie, la naturalisation d'une grande moitié de ces espèces. Mon frère a essayé, presd'Alger, dans la plaine de la Mitidja, la culture d'environ soixante-quinze de ces espèces, dont il s'est procuré les semences, non sans peine. Presque toutes paraissent devoir prospérer. L'Eucalyptus Globulus Labill., qui s'élève en Australie à une hauteur de 106 mètres, croit en Algérie avec une rapidité étonnante. Un de ces arbres, semé en 1865, c'est-à-dire il y a sept ans; et planté la méme année dans le jardin de mon frère, atteint aujourd'hui 20 mètres de hauteur et 93 centi- mètres de circonférence. D’autres, plus âgés de deux ans seulement, mesu- rent 1 métre 50 centimètres de circonférence à la hauteur de 1 mètre au- dessus du sol. Près du Jardin du Hamma — le jardin d’acclimatation —- d'autres arbres, de ce méme âge, atteignent aussi une taille trés-élevée, et, ce qui est remarquable, ces arbres croissent sans interruption, l'hiver comme l'été. L'Eucalyptus Globulus n'est pas la seule espèce dont la croissance soit-ra- pide et qui parvienne ainsi à une hauteur prodigieuse ; d'autres de ses congé- nères, tels que les Zucalyptus amygdalina, Stuartiana, colossea, pendula, arrivent aussi à une grande hauteur. Ces espèces contribueront sans aucun doute à la prospérité de l'Algérie, qui, assez prochainement peut-étre, pourra envoyer à la France le bois d’£ucalyptus, si dur et propre à tant d'usages. Je pourrais parler aussi de l'utilité que la médecine semble se promettre de l'usage des feuilles del'Z'ucalyptus Globulus contre une foule de maladies On va jusqu’à dire qu’elles peuvent remplacer le quinquina. L'Algérie, autrefois malsaine dans les plaines qu'il. a fallu défricher et où se trouvaient des marais desséchés maintenant, est aujourd’hui très-salubre. La terre y est presque partout d’une fertilité étonnante ; la sécurité y est devenue entière par suite du désarmement des Arabes et des échecs qu'ils ont éprouvés dans leur dernière révolte; le régime. militaire, contre lequel-les émigrants étaient prévenus, est maintenant supprimé. Comment donc se fait-il que tant de gens qui ne trouvent pas à vivre en France n'aillent pas habiter un pays si plein d'avenir eue pourrait nourrir dix fois plus: d'habi - tants qu'il n'en possède? Mais je m'apercois que je sors quelque peu de mon sujet pour vanter les ressources que nous. offre l'Algérie. Quelques personnes seront peut-être tentées de me-demander ce que j'ai SÉANCE DU 14 JUIN 1872. 213 fait pour le ‘progrès de la science pendant mon séjour en Afrique. Je doit l'avouer, j'y ai vécu à la manière arabe, c'est-à-dire un peu désœuvré, me contentant de recueillir les plantes qui croissaient dans mon voisinage. Je me ferai un plaisir de donner des échantillons de ces plantes à ceux de nos collègues qui voudront bien m'en demander. M. Cosson présente quelques observations au sujet des propriétés médicales de l'Eucalyptus Globulus, dont il a expérimenté l'action stimulante-tonique, antispasmodique et fébrifuge. M. Brongniart cite une publication de M. F. de Mueller sur les arbres utiles de l'Australie, dans laquelle l'auteur signale les espè- ces du genre Eucalyptus qui doivent être cultivées de préférence. M. Aug. Delondre rappelle que M. de Mueller a envoyé en Eu- rope les graines des espéces qu'il jugeait préférables. M. Cosson insiste sur la grande part qu'a prise M. Ramel (avec M. de Mueller) dans la vulgarisation des Eucalyptus et sur le désin- téressement avec lequel il l'a favorisée. M. Duvillers dit qu'il a planté à Dax (Landes) des Eucalyptus avec assez de succés. M. le Président ajoute que le Colocasia mollissima, cultivé en Algérie, se développe admirablement dans ce pays. M. Maurice Tardieu, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 24 mai, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Darury (Albert), à l'ile Maurice, présenté par MM. G. de Saint-Pierre et E. Cosson. Pineau (Joseph), docteur en médecine, à Charost (Cher), présenté par MM. Ripart et Roussel. GnAND'Eunv, ingénieur, à Saint-Etienne, présenté par MM. Brongniart et Eug. Fournier. PrLLIER (Alfred), au Mans, présenté par MM. Decaisne et Eug. Fournier. GovLanD (Prosper), rue de l'Engannerie, 14, à Caen, pré- senté par MM. Loret et Barrandon. VERRIET-LITARDIÈRE (Charles), étudiant en médecine, avenue de Toulouse, 12, à Montpellier, présenté par MM. Loret et. Barrandon. 944 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Weddell présente un opuscule de Robert Brown, ceuvre iné- dite de la première jeunesse de lillustre botaniste anglais, qui lui a été donnée par M. W. Carruthers, de Londres. M. le Secrétaire général prie M. Weddell, au nom de la Société, de traduire en francais cet intéressant travail, afin qu'il puisse étre publié dans le Bulletin. M. Weddell veut bien accepter cette mission, et a en effet obli- geamment adressé au secrétariat la traduclion suivante : HISTOIRE BOTANIQUE DU COMTÉ D'ANGUS, pr Robert BROWN. (Mémoire lu devant la Société d'Histoire naturelle d'Édimbourg, le 26 janvier 1792.) Robert Brown est né le 21 décembre 1773; il n'avait donc guère plus de dix-huit ans quand il lut cet essai, Il est probable que ce fut son premier tribut à la science botanique, et que c'est le travail auquel il est fait allusion dans la nolice nécrologique des Comptes rendus (Proceedings) de la Société Linnéenne (malheureusement la seule biographie que l'on posséde du plus grand des botanistes modernes), sous le titre de : « Addition au Flora scotica » de Lightfoot, lu en 1791. L'excursion dans l’Angus, qui ne dura pas plus d'une quinzaine, a dü être faite cette année ou l'année précédente. A cette époque le « Botanical Arrangement» de Withering, dont la seconde, et peut-être la meilleure édition, parut en 1787 (moins les Cryptogames, qui parurent en 1792), était, sans contredit, le livre le plus au courant que l'on possédât sur la flore anglaise; et l'on doit féliciter le jeune Brown de s'étre trouvé, aprés la lecture de ce mémoire, en re- lation avec cet excellent et soigneux auteur. La préface de la 3* édition (1796) fait men- tion du concours prété à l'auteur par « M. Brown, chirurgien à Edimbourg », et l'on trouve, dans le corps de l'ouvrage, la citation. de beaucoup de localités écossaises si- gnalées par lui, quelques-unes d'entre elles étant les mémes que celles indiquées dans ce mémoire. Nous avons eu soin d'imprimer la communication telle qu'elle se trouve dans le volume manuscrit des Transactions de la Société d'Histoire naturelle, où elle fut trouvée par M. Carruthers, au mois d'aoüt 1874 (1). Monsieur le Président, je n'ai pas la prétention de donner, dans les pages suivantes, l'énumération complète des produits végétaux du comté d'Angus ; je me propose simplement de signaler quelques-unes de ses plantes les plus rares, que je les aie recueillies moi-méme ou qu'on m'ait fourni sur leur compte des données satisfaisantes. Mais, avant d'entamer ce sujet, il ne sera pas inutile d'indiquer en quelques mots les limites de ce comté, et sa situation par rapport aux autres parties de l'Écosse. L'Angusshire est borné au sud par le Frith de Tay, qui le sépare du comté de Fiíe ; à l'est, par la mer d'Allemagne ; au nord, il est séparé du comté de Mearns par la rivière North Esk ; et à l'ouest, il est borné par le Perthshire et là chaine des monts Grampians, dont une partie s'y trouve méme comprise. Une exploration détaillée de ce comté, dont la superficie est (1) Tout ce premier paragraphe est de l'éditeur du Journal of Botany, où le travail de Robert Brown a été récemment publié pour la premiére fois (novembre 1871). SÉANCE DU 14 Jurn 1872. 245 non moins variée qu'étendue, eût exigé infiniment plus de temps que je ne pouvais y consacrer; et quand j'aurai dit que le séjour que j'y fis n'excéda pas une quinzaine, on sera peut-être tenté de voir de la présomption dans l'idée de donner seulement une esquisse de son histoire botanique. Aussi, afin d'éviter les nombreuses lacunes qui résulteraient d'une exploration aussi rapide, ne me suis-je pas proposé de donner le catalogue complet de ses productions végétales ; me bornant, ainsi que jel'ai déjà fait remarquer, à appeler l'atten- tion sur les espéces les plus rares, sur celles enfin qu'il m'est permis de signa- ler, en m'appuyant sur l'examen que j'en ai moi-méme fait, ou sur des au- torités compétentes, comme originaires de l'Angus. Maintenant, avant d'aborder la discussion des points spéciaux, il ne sera pas hors de propos de noter que, ici comme ailleurs, des points différents du pays peuvent donner naissance à une végétation tout à fait distincte, bien que les plantes qui la composent croissent dans des stations absolument sem- blables. On ne voit pas non plus toutes les plantes communes dans une partie du pays étre également répandues dans une autre. Ainsi, par exemple, il s'en faut que l Hypericum pulchrum soit commun aux environs d'Édimbourg, tandis que, dans presque tout l'Angus, il se ren- contre à profusion. C'est à peine aussi si l'on trouve quelques échantillons isolés du Fucus esculentus ou du F. pinnatifidus sur notre côte, lorsque cependant l'une et l'autre de ces plantes sont si abondantes dans le comté d'Angus que leur récolte et leur vente, celles de la premiére en particulier, fournissent à une classe spéciale, parmi les gens pauvres du pays, une occupation presque constante. Avant de poursuivre, je dois enfin faire encore remarquer que, au far et à mesure que je ferai mention des plantes, j'ajouterai, s’il y a lieu, quelques observations touchant celles dont les noms linnéens ne semblent pas encoresuf- fisamment établis ; non que j'aie la prétention, dans ce cas, de faire disparaitre l'ambiguité, mais plutót en vue des remarques que pourront faire à leur sujet les membres habiles de cette Société. Je ferai également quelques observa- tions sur un certain nombre de plantes admises dans le « Flora scotica », d’après des autorités douteuses, ou dont aucune localité particulière n'est mentionnée. : Je vais faire maintenant l'énumération proposée, suivant l'ordre. où les plantes se trouvent rangées dans le système linnéeu, en commençant par l'Utricularia minor, qui croît abondamment dans des mares d’eau stagnante de Forfar. On rencontre rarement cette espèce dans d’autres parties autour de l' Écosse ; la seule localité signalée dans le « Flora scotica » est le voisinage de Kirkmichael (comté de Dumfries). dans quelques fossés des tourbières. Le Schænus Mariscus, non signalé dans le « Flora scotica », croît dans le sol marécageux de Forfar. Le point où il se rencontre était autrefois un petit lac, drainé dans ces derniers temps, pour exploiter la marne qui s’y rencontre, et 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. depuis cette époque la plante n’a jamais été vue en fleur, et est fort débile. Le Scirpus sylvaticus se trouve également dans cette contrée, sur un sol inondé l'hiver, entre Brechin et Montrose. Eriophorum alpinum : plante non constatée jusqu'ici comme indigène de la Grande-Bretagne. Je l'ai observée dans la même localité que le Schænus Mariscus. A moins d'un mille(1) du même site, j'ai remarqué une espèce d'Agrostis qui me parut trés-différente de toutes celles ordinairement signalée s comme croissant en Angleterre. La saison était alors avancée, et je ne pus en trouver qu'un seul échantillon fleuri. Plus tard, en le comparant avec quelques Graminées récemment envoyées ici au jardin botanique par M. Curtis, je vis qu'il se rapportait exactement à son Agrostis tenuifolia. Lorsque je fus à méme de faire cette comparaison, la saison était encore plus avancée, et aucun pied de la plante ne se trouvait plus en fleur; mais la forme des feuilles, dont le nom spécifique tenuifolia a été tiré, m'a permis de constater que les plantes étaient parfaitement semblables. On ne pourra, toutefois, rien affirmer à ce sujet, avant la fleuraison des plantes de M. Curtis. Quant à présent, je me contenterai d'ajouter que, ne connaissant que fort peu le « Flora londinensis », je ne suis pas sûr si M. Curtis a déjà publié quelques observations sur cette espèce ou non. Le Bromus secalinus se rencontre dans quelques champs de blé, à plusieurs milles au sud de Forfar. Dans le : « Addition to Flora scotica », on l'indique daus des stations analogues derriére le jardin botanique, mais j'ai peine à croire qu'on l'y rencontre aujourd'hui. Le Scabiosa Columbaria est signalé dans le « Flora scotica . , d’après Sib- bald, mais sans indication de localité, Il a été rencontré dans les pâturages secs, à un mille environ d'Arbroath. Le Galium erectum de Hudson a été trouvé, m'a-t-on dit, prés de Brechin ; mais comme je n'en ai pas vu d'échantillon, ce renseignement peut être re- gardé comme sujet à caution. Si j'en parle, c'est parce que la plante n'est pas signalée par M. Lightfoot. Le Lysimachia thyrsiflora croit dans le sol tourbeux'où se rencontre le Schenus Mariscus, et également entre Montrose et Brechin, dans les mêmes conditions. Cette plante n'a pas été trouvée par M. Lightfoot, et n'a pas été vue non plus, à ce que je crois, par les voyageurs qui ont visité le pays plus récemment, L'Eryngium maritimum ou Houx-de-mer (Sea Holly) croît abondamment surla plage sablonneuse prés de Montrose, ainsi que dans beaucoup de situa- tions analogues sur la cóte. Ligusticum scoticum, observé également, mais en très-petite quantité, sur la cóte, entre Montrose et Arbroath. (1) Le mille anglais équivaut à 1609 mètres. SÉANCE DU 14 JuIN 1872. 217 ` Sium angustifolium. — J'ai trouvé cette plante dans les fossés, au voisi- nage de Forfar, et si j'en parle, ce n'est pas uniquement à cause de sa rareté, mais bien parce qu'elle a donné lieu à- une erreur dans le «Flora scotica ». L'espèce est insérée dans l'ouvrage cité, et ilen est donné une description très- caractéristique. Mais, dans l'appendice, le Sium latifolium est signalé, d’après M. Yalden, comme spontané en Écosse, et la seule localité mentionnée est King's Park. Or on ne peut guère douter que la plante nommée ici Sium ` latifolium ne soit le vrai S. angustifolium, car M. Yalden indique le S. lati- folium dans son catalogue des plantes de King's Park, publié à la fin del'ou- vrage de M. Lightfoot, bien qu'on sache parfaitement que le S. angustifolium se trouve abondamment dans cette localité et, autant que j'ai pu le constater, à l'exclusion de toute autre espèce du genre. Le Cicuta virosa cst trés-commun dans les fossés de Forfar, et dans d'au- tres parties du pays ; mais malgré sa fréquence, je n'ai jamais entendu dire qu'il eût été cause de quelque accident funeste, bien que ce soit un des poi- sons les plus violents du règne végétal. Linum Radiola. — Je l'ai observé dans des endroits humides de plusieurs points de la contrée. Le Drosera rotundifolia n'est pas rare dans les endroits marécageux. Se- lon M. Lightfoot, le D. longifolia est également commun en Écosse, mais il 'en faut qu'il en soit ainsi en réalité. On a soutenu, dans ces derniers temps, que les feuilles du Drosera ont la faculté, quand un petit corps est appliqué à leur face supérieure, de se contracter, et de renfermer la substance ainsi appliquée, jouant, dans beaucoup de cas, le róle d'une trappe pour les insectes qui ontpu s'y poser. L'examen de ce fait curieux est certainement bien digne de l'attention du naturaliste. Dans la seconde édition du « Botanical Arrange- ment» de Withering, il est affirmé que le phénomène se produit immédia- tement après l'application du corps étranger. Mais il paraitrait, d’après les ouvrages d'un auteur allemand plus récent, que ce n'est qu'au bout de plu- eurs heures que la feuille se replie complétement. Le méme auteur fait e marquer que lorsqu'un insecte est posé sur une feuille, il cherche naturel- lement à s'échapper, mais il en est empêché par la liqueur visqueuse sécrétée par leslongs poils qui en hérissent la face supérieure. Au bout de peu de temps, ces poils commencent à s’infléchir et finissent par embrasser l'insecte, que l'on trouve alors privé de vie, moins sans doute par suite de la pression des poils, qui ne peut étre bien forte, que par l'effet de la nature du fluide qu'ils laissent exsuder. Après que les poils ont ainsi renfermé l'animal, la feuille elle-même commence à se contracter, et recouvre lentement sa proie. Bien que je ne prétende pas nier le fait allégué- par M. Withering, fait relaté d'après une expérience positive, je suis néanmoins porté à ajouter plus de foi aux expé- riences de l'auteur allemand. Dans les quelques essais que j'ai faits moi-même, aucune contraction n'a eu lieu après un temps assez long; je n'en ai méme 248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pas observé du tout. Mais je dois dire que ces essais ayant été faits avec une épingle, et non avec un insecte, je ne puis, par cette raison, contester le fait, je devrais plutôt blàmer mon mode d'expérimentation. Car tous ceux qui ont vu cette plante en vie, savent bien que beaucoup de ses feuilles se trouvent repliées, et que si l'on vient à les ouvrir, on y trouve constamment renfermé quelque corps étranger. Si donc le Drosera est doué d'une faculté de ce genre (et il y a de trés-fortes raisons pour croire qu'ilen est ainsi), nous aurons quelque peine à l'expliquer d’après des principes purement mécaniques. Je reprends maintenant mon énumération. Juncus articulatus, viviparus. — Abondant dans les lieux humides, prés de Forfar. Dans un cas j'ai trouvé le bourgeon vivipare enraciné, et j'ai vu plusieurs fois ces plantes fleurir lorsqu'elles avaient à peine un pouce et demi de haut. Arbutus Üva-ursi et Epilobium alpinum. — L'une et l'autre de ces plantes se rencontrent sur plusieurs points de la chaine des monts Grampians. Dianthus deltoides. — Je l'ai observé sur plusieurs points de l'Angus, et j'en ai rencontré, dans une de ces localités, une variété dont la tige, au lieu d'étre divisée, comme cela a lieu habituellement, est simple et ne porte qu'une seule fleur. N'est-il pas probable que cette variété, ou quelque autre de la même espèce, est la plante mentionnée par Sibbald comme se trouvant sur une col- line près de Perth, et signalée dans le « Flora scotica » sous le nom de Dian- thus arenarius ? Afin d'éclaircir mes doutes à cet égard, j'examinai une col- line au voisinage de Perth (je ne puis dire au juste si c'était celle dont parle Sibbald), et j'y rencontrai précisément le Dianthus deltoides, avec une variété à fleur blanche. Le Dianthus arenarius devra donc, je le crains, être ravé du » Flora scotica ». Le Silene amena, ainsi que l'appellent ordinairement les botanistes de celte ile, croit copieusement le long de la côte. La plante en question est cependant bien différente de celle à laquelle Linné donnait ce nom, ainsi qu'on peut s'en convaincre en la comparant avec la diagnose et la courte description que cet auteur en a donnée. A tout prendre, on a peine à comprendre comment ce nom a pu étre appliqué par les botanistes de ce pays à une plante aussi complétement distincte par tous ses caracteres essentiels. D’après le « Hortus kewensis », il y aurait cependant lieu de croire que cette plante n'est autre chose qu'une variété du Cucubalus Behen, croissant sur la côte et signalée par les anciens auteurs botaniques. Il me parait toutefois parfaitement évident qu'elle doit constituer plus qu'une variété, puisque la culture ne lui fait éprouver aucune altération, ainsi que j'ai pu m'en convaincre. Elle appar- tient méme à un genre différent. Mais ceci servira jusqu'a un certain point à démontrer combien la séparation des Siene et Cucubalus est artificielle et a été faite mal à propos; car, à vrai dire, ils ne doivent constituer avec les Lychnis qu'un seul genre. Laissant ce derniergenre de cóté, il est évident que les deux SÉANCE DU 14 Juin 1872. 219 premiers pourraient facilement être réunis, sans faire la moindre violence aux principes du système linnéen. Cucubalus viscosus.— tette espèce aurait été recueillie sur la côte, près de Montrose, mais je soupçonne que, de même qu’en Angleterre, on a pris pour elle le Sene nutans. Le S. nutans n'a jamais, que je sache, été trouvé en Écosse ; au moins n'est-il pas signalé dans le «Flora scotica ». Une espèce d' Armeria a été observée sur la colline du château de Forfar, par M. Lightfoot, qui la rapportait à PA. Zaricifolia de Linné. Mais, à en juger par les figures citées dans le «Flora scotica », elle me parait bien dis- tincte. Quelle qu'elle ait pu être d'ailleurs, elle est sans doute perdue aujourd'hui pour l'Écosse, presque toute l'étendue de la localité qu'on lui attribuait ayant été depuis livrée à la culture. J'ai examiné avec soin ce qui en restait et n'ai rien trouvé qui lui ressemblàt. Le Sedum Telephium a été rencontré dans des champs de blé, au nord du comté. J'ai observé le Sedum anglicum de Hudson sur les rochers au voisinage de Dundee. Il ne sera pas hors de propos de faire remarquer ici qu'il y a lieu de supposer que cette plante est le S. annuum de Linné, puisque l'un et l'autre de ces auteurs citent la méme figure, c'est-à-dire celle donnée par Dillenius dans le « Synopsis » de Ray. J'aurais eu plus de confiance dans cette assertion si je n'avais pas remarqué que les deux plantes sont signalées comme étant cultivées dans le jardin de Kew. Mais je n'en suis pas moins porté à croire qu'il s'est glissé quelque erreur dans l'ouvrage où cela est dit ; ou bien, si les plantes sont réellement distinctes, il est évident que les syno- nymes ont été mal appliqués. Le Spergula saginoides croit dans les terrains sablonneux près de Forfar. Cette plante a été appelée S. laricina par Hudson et Lightfoot, et a été ob- servée par le dernier dans l'ile de Bute. La diagnose de l'une ou de l'autre de ces espèces lui convient parfaitement. i Spiræa Filipendula. — Terrains rocailleux au voisinage de Dundee. Turritis hirsuta. — On trouve cette plante sur plusieurs collines basses de l'Angusshire, et l'on m'a assuré que le 7. glabra avait été rencontré à quel- ques milles à l'ouest de Montrose. Cette espèce n'a pas encore été trouvée en Écosse et est trés-rare, méme en Angleterre. La variété de l Erodium cicutarium à fleurs blanches n'est pas rare sur la côte. Peut-être doit-elle être regardée comme plus qu’une variété. Toujours est-il que les différences qu’elle présente sont permanentes et inaltérables par la culture. La plupart des auteurs ont supposé que celles-ci résultaient du voisinage de la côte. Mais comme je les ai vues résister à la culture, je ne puis partager cette manière de voir. J'ai eu, en outre, fréquemment l'occasion de voir des individus de cette forme et de IE. cicutarium ordinaire croître côte à côte; et je puis ajouter que la première se retrouve dans King's Park, loca- 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lité qui parait entièrement à l'abri de l'influence maritime, et, de plus, que, dans le lieu actuellement mentionné, lÆ. cicutarium ne se montre nulle part. A tout prendre, cette plante a certainement tout autant de droit d’être séparée spécifiquement de lZ. cicutarium que l'E. pimpinellifolium de M. Curtis et d'autres auteurs. Orobus sylvaticus. — Cette plante a été observée dans les hois ombragés prés du cháteau d'Airly. Astragalus glycyphyllus. — Je l'ai rencontré sur la côte, entre Montrose et Arbroath. Une espéce du méme genre, que Hudson et aprés lui M. Light- foot ont prise pour l'A, arenarius de Linné, croît abondamment tout le long de la côte. On sait maintenant qu’elle est très-différente de cette plante; mais il est difficile de dire quel est le nom qui lui convient en réalité, Retzius fait remarquer, dans ses « Observationes botanicæ », qu'elle est très-voisine de PA. danicus, mais qu'elle en parait néanmoins distincte. Ce nom lui est appliqué dans la seconde édition du « Botanical Arrangement » de Withering, mais assez mal à propos, puisque la plante de Retzius est annuelle, tandis que celle de ce pays est vivace. Dans le « Hortus Kewensis » elle a été appelée Astragalus hypoglottis, mais elle ne se rapporte guère à la diagnose que Linné a donnée de cette espéce. Par suite donc de ces divergences d'opinion, je serais tenté de croire que la plante en question n'a ‘pas encore été décrite, ou que, si elle l'a été, elle a été mal caractérisée ou mal distinguée de celles dont elle se rapproche le plus. Il e:t, en effet, positif qu'elle se rapporte égale- ment bien aux diagnoses de plusieurs espéces d' Astragalus. Le Trifolium medium croit le long des haies, dans plusieurs parties de l'Angus. Les opinions ont aussi beaucoup varié à l'égard de cette plante. Dans la première édition du « Flora anglica», elle est appelée T. medium, nom qui doit lui étre conservé ; tandis que dans la seconde édition du méme ou- vrage, ainsi que dans le «Flora scotica », on lui donne le nom de 7. alpestre. Jacquin, dans son « Flora austriaca », en fait une espéce nouvelle à laquelle ila donné le nom de 7. flexuosum qui est adopté dans la seconde édition du « Botanical Arrangement ». Enfin, dans un mémoire écrit par Afzelius, et publié dans les « Transactions de la Société Linnéenne », il est démontré que la plante en question n'est autre que le 7. medium de Linné. Hyoseris minima. — Dans les champs de blé, autour de Forfar. La plante est signalée dans le « Flora scotica » d'aprés Sibbald, mais aucune localité ne lui est assignée. i J'ai aussi observé une variété de Carduus Marianus, à feuilles entière- ment vertes, à environ un mille de Dundee. Le Solidago cambrica a été trouvé dans l’ouest de l’Angus. Selon Light- foot, ce ne serait qu'une variété du S. Virga-aurea, résultant de la nature du sol; mais depuis lors il a été démontré, par la culture, que ces plantes sont spécifiquement distinctes. SÉANCE DU 14 Juin 1872. 221 Doronicum Pardalianches.— Croit dansleslieux ombragés, à quelques milles à l'ouest de Montrose. Cette plante n'a jamais encore été trouvée en Angle- terre, mais elle a été observée en Écosse par M. Lightfoot sur plusieurs points de l'Annandale. Toutefois, comme c'est toujours au voisinage des habitations qu'il l'a rencontrée, il en conclut qu'elle est sans doute échappée des jardins. Ceci n'a pu cependant avoir eu liea dans la localité que je signale. Je l'ai trouvée également, dans le comté de Perth, dans une situation qui confirme ma maniére de voir. Il est à remarquer, d'ailleurs, que c'est une plante que l'on ne trouve actuellement que très-rarement, presque jamais méme, dans les jardins. A tout considérer, je suis donc porté à regarder cette plante comme indigène dans ce pays, bien qu'elle puisse se rencontrer dans des sites qui pourraient laisser supposer qu'elle est échappée des jardins. L'Anthemis tinctoria a été observé, il y a quelques années, dans des champs de blé autour de Forfar, mais n'a pas été retrouvé. Lightfoot n'en fait aucune mention, et il est trés-rare en Angleterre. Il est méme fort pro- bable que la plante n'est pas originaire de ce pays, mais y a été importée avec des grains. Le Sparganium natans croit dans des mares d’eau stagnante à un mille à l’est de Forfar. Ce serait, d’après Hudson, une variété de son Sp. simpler ; il n’est guére douteux, cependant, que ce ne soient des espèces ‘parfaitement distinctes. Le Carex limosa croit dans le méme voisinage. Dans le « Flora scotica » on le signale près de Crief ; mais la figure citée par M. Lightfoot représente évidemment le C. panicea, ainsi que cela a déjà été dit dans le « Botanical Arrangement ». Salix arenaria Lightfoot. — Je l'ai trouvé en abondance dans un sol sablonneux, léger, prés de Montrose. La plante est toutefois bien distincte de celle à laquelle Linné appliquait le méme nom, ainsi qu'il est facile de s'en convaincre en la comparant à la description de cet auteur. Le S. arenaria de Linné a à peu prés la hauteur de l'homme, tandis que notre plante n'a guère plus de dix pouces de longueur et se couche sur le sol. Conuaissant les va- riations considérables auxquelles les différences de terrain peuvent donner lieu dans ce genre constitué par des plantes qui n'ont jamais encore été classées systématiquement, je n'oserais affirmer que celle en question n'est pas une variété du S. repens ; j'incline cependant davantage à croire. que ce sont des espèces distinctes, On m'a assuré que l' Zquisetum hyemale se rencontrait dans l'ouest de l'Angus. Il est cité dans le « Flora scotica », mais sans indication de localité. Enfin, j'ai observé le Pilularia globulifera dans des lieux inondés l'hiver, prés de Belmont. M. Lightfoot l'a également signalé, mais saus préciser la localité ni indiquer le nom de l'auteur de sa découverte. Je termine ici ma communication qui, il faut l'avouer, ne prête guère à la 222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. discussion ; aussi n'aurais-je pas eu l'idée de la soumettre à la Société si je n'eusse pensé que l'exposé de faits tendant à faire mieux connaitre l'histoire naturelle du pays que nous habitons répondrait en tous points aux vues de cette institution (1). M. Duvillers présente à la Société un exemplaire de son ou- vrage sur les Parcs et Jardins, et donne quelques détails sur les faits intéressants pour la botanique et l'arboriculture qu'il contient. — Sur sa demande, une Commission (composée de MM. Chatin, Eug. Fournier et Henri Vilmorin) est nommée par la Société pour exa- miner cet important travail et lui présenter un rapport à son sujet. M. Cosson fait à la Société les communications suivantes : BISCUTELLZE SPECIES EXPLANATÆ ET DISPOSITÆ, auctore E. COSSON. Subgen. I. JONDRABA. — Sepala lateralia infra insertionem in calcar pro- ducta. Petala in unguem contracta, ungue erecto, limbo patente. Glandulæ hypogyne valvares (laterales) elongatæ deflexæ. (Species hujus subgeneris duæ : B. auriculata L.,et B. cichorüifolía Lois.). Subgen. 1I. — THLASPIDIUM. — Sepala basi equalia. Petala inferne sensim attenuata, erectiuscula. Glandulæ hypogynæ valvares (laterales) breves vel longiusculæ haud deflexæ. Sect. 1. — Petala sensim in unguem attenuata inferne exauriculata. Plante annua, vel perennes caudice 1-2-cipite. Subsect. 4. — Staminum longiorum filamenta latissime utrinque mem- branaceo-alata vel latere altero appendice membranacea apice sæpe libera aucta. (Hujus gregis species unica [B. microcarpa DC.] ia Hispania australi indigena). Subsect. 2. — Staminum omnium filamenta filiformia vel vix complanata. 81. — Plante annuc. (Hujus gregis omnes plantæ ab auctoribus ut species habitæ ad speciem unicam referendæ [B. didyma L.] ). $ 2. — Planta perennis caudice 1-2-cipite. (Hujus gregis species unica [Z. radicata Coss. et DR. ined.] in Algeria indigena). (4) Ce petit travail de l'illustre Robert Brown ayant surtout un intérêt historique, nous avons conservé l'orthographe des noms de plantes, méme quand elle est en désac- cord avec les règles que nous suivons habituellement. (Note du Secrétaire général.) SÉANCE DU 14 JUIN 1872. 29% Sect. 11. — Petala abrupte basi in unguem contracta, inferne supra unguem brevissimum utrinque auriculato-dilatata auricula introflexa. Plante perennes vel inferne frutescentes sepius cæspitosæ. Subsect. 4. — Caudiculi crassi frutescentes epigæi. Siliculæ margine tumido tenuiter carinato cinct«. (Hujus gregis species unica [B. frutescens Coss. PL. erit. 27]). Subsect. 2. — Caudiculi graciles hypogæi. Siliculæ ad marginem carinato- subalatum viz ac ne viz incrassatæ. (Hujus gregis plantae omnes ab auctoribus ut species propriz habitae ad speciem unicam, præmonente cl. Spach (Vég. phan. VI, 571), propter variabilitatem notarum differentialium ad speciem unicam [B. lœvigata L.] referenda). Biscutelle omnes hucusque notæ ad species in hac tabula synoptica enu- meratas pertinere videntur ; species enim omnes ab auctoribus recentioribus constitute, tantum caule foliato vel nudo, inferne simplici vel a basi ramoso, foliorum forma et indumento, magnitudine et indumento silicularum et aliis notis variabilibus et minoris momenti distincte, melius forms quam va- rietates habendæ. — In speciebus plerisque siliculæ occurrunt glabra, aut pilis capitellatis plus minus longis scabræ, ciliate vel undique villosæ. Cll. Caspary et Bouché (conf. Walp. Ann. IV, 203-205) e seminibus ejusdem plantæ obtinuerunt specimina alia siliculis majoribus, alia siliculis minoribus, alia siliculis laevibus glabris, alia siliculis scabris, alia siliculis ciliatis, alia tandem siliculis undique villosis. B. microcarpa DC. (B. patulipes Jord.! Diagn. 1, 520) habitu cum B. di- dyma arcte conjuncta, licet filamentis staminum longiorum alato-membra- naceis gaudeat non ideo a genere removenda. Hæc nota valde singularis, et hucusque praetermissa, clarissime demonstrat differentias genericas e filamen- tis appendiculatis vel inappendiculatis non eruendas in speciebus ut in A/ysso ceteris characteribus affinibus. Ad B. didymam L. tanquam varietates referenda B. lyrata L. (B. rapha- nifolia Poir. ex parte) et B. Apula L., nempe tantum differunt foliis radicali- busin B. lyrata lyrato-pinnatipartitis pinnatifidisve petiolatis, in B. Apula oblongis vel obovatis grosse serratisin petiolum attenuatis, floribus in 2. lyrata majoribus intensius luteis laxius corymboso-racemosis, glandulis hypogynis placentariis sepius longiusculis, siliculis sæpius minoribus laxius racemosis, scilicet notis haud constantibus nempe interdum folia B. lyratæ congruunt cuminflorescentia B. Apulæ. In B. lyrata glandulæ hypogynæ mire varia- biles nempe placentariæ modo breves ovatæ vel cuneatæ, modo longiusculæ oblongæ vel lineares, modo obtusæ, modo acutae. 224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DESCRIPTIO BISCUTELL.E NOVÆ ALGERIENSIS , auctore E. COSSON. BISCUTELLA RADICATA Coss. et DR. in Choul. pl. Alg. exs. n. 503. — B. raphanifolia Poir. Voy. YI, 198 ex parte; Desf. #7. Atl. IT, 7^ ex parte excl. syn. Bocc. et Tourn. ad B. lyratam pertin. — B. virgata Coss. et DR. in herb. olim non Jord. Planta perennis caudice verticali vel obliquo sublignoso cicatricoso gracili vel crassiusculo elongato in radicem napiformem incrassatam abeunte, cau- lem solitarium emittente. Caulis erectus, 5-10 decim. longus, glaber vel in- ferne plus minus hirtus, superne ramosus ramis patulis corymbum genera- lem laxum efficientibus. Folia hirto-subvelutina, hirta, vel hirtulo-scabra ; radicalia plura, ampla, petiolata, lyrato-pinnatipartita lobo terminali maximo suborbiculato ovato vel ovato-oblongo grosse inæqualiterque crenato-dentato dentibus patentibus, lobis lateralibus 2-6-jugis oblongis ovatis triangularibusve sinualis dentatis vel subintegris distinctis vel confluentibusinferioribus mino- ribus interdum obsoletis rarius omnibus evanidis ; caulina pauca 2-3, oblongo- obovata vel oblonga grosse crenato-dentata, amplexicaulia ; superiora lanceolata vel linearia, subintegra integrave. Racemi pluriflori, laxiflori, etiam fructiferi breves, pedicellis capillaribus flore plus minus longioribus. Flores majusculi. Sepala erecto-patentia, basi æqualia, margine membranacea. Petala pallide lutea, calyce subduplo vel subtriplolongiora, obovata, sensim in unguem atte- nuata, exauriculata, suberecta. Staminum filamenta subfiliformia ezappen- diculata. Glandulæ hypogynæ minutae, placentariæ integra saepius subobso- leta, laterales (valvares) canaliculato-subbilobæ. Siliculæ majuscule, valva altera interdum abortiva, glabre vel pilis brevibus hirtæ, apice basique profunde emarginatæ, valvis margine angusto submembranaceo cinctis, intra marginem nervo prominulo donatis, Semina suborbiculata, lævia.—Apr.-Jun. In pascuis, dumetosis, sylvaticis et rupestribus Algerie, in montosis re- gionis Mediterrauee et in regione Montana, in provincia Oranensi non obvia. CIRT. Za Calle (Poir., DR.), Bône (Reboud), Dj. Edough ! (Kremer, Letourneux), Souk-Harras (Reboud), Hammam-Meskoutin (Dukerley), Dj. Tababor !, Taourirt-il-Ghil l. ALG. Akfadou (Letourneux), in mon- tium Djurdjura jugo Tamgout Ait-Djennad (Letourneux), T'eniet-el-Haa (Letourneux). Caudice perenni eximie differt a B. didyma L. var. lyrata habitu con- gruente et aliquando siliculis majusculis quoque gaudente. — A B. lævi- gate L. (Koch; Gren. et Godr.— B. perennis Spach Vég. phan.) varietatibus omnino distincta caudice non caspitoso, fasciculos steriles foliorum non emittente, caule solitario, petalisobovatis sensim in unguem attenuatis exau- riculatis, non oblongo-obovatis abrupte basi in unguem brevem contractis et supra unguem utrinque auriculato-dilatatis, — Z2. raphanifolia Poir. et Desf, SÉANCE DU 14 Jurn 1872. 295 comprehendere videtur speciem nostram et B. didymam var. lyratam (B. ra- phanifolia DC.) et propter hanc confusionem nostra nomine proprio novo designanda. M. Pérard demande si M. Cosson a observé chez les Biscutella des silicules lisses et papilleuses sur le méme pied. M. Cosson répond qu'illes a trouvées, il est vrai, sur des pieds différents, mais qu'il a observé des transitions insensibles entre les individus d'une méme espéce et des séries paralléles de variétés dans la plupart des espéces. M. Roze fait connaitre à la Société les résultats de quelques nou- velles observations qu'il a faites sur le développement des concep- tacles de plusieurs Myxomycétes, et sur la forme constante que présentaient les myxoamibes de ces différentes espéces. M. Brongniart demande si M. Roze a semé des spores fraiches, et, sur sa réponse affirmative, donne quelques détails sur le dévelop- pement des Szemonitis. M. Prillieux signale à son tour la culture qu'il a faite pendant un mois d'un Myxomycéte, qui vécut durant ce temps dans un tube bouché et se transforma ensuite à l'état stable qu'on nomme sc/é- rote, formé de cellules spéciales. M. Ad. Brongniart fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UNE FOUGÈRE ARBORESCENTE DU GENRE LASTREA, pr M. Ad. BRONGNIART. Toutes les Fougères à tiges réellement arborescentes signalées jusqu'à ce jour appartiennent soit à la tribu des Cyathéacées, soit au groupe des Dickso- niées parmi les Polypodiacées ; on ne connaissait, à ce que je crois, aucune Fougére du groupe des Aspidiées à tige arborescente ; très-peu présentent une tige dressée s'élevant à une faible hauteur et n'ayant en rien l'apparence des grandes Fougères en arbre de la tribu des Cyathéacées (1). L'existence d'une vraie Fougére arborescente ayant tous les caractéres de fructification des Zas/rea de Bory de Saint-Vincent et de Presl, ou de la section Lastrea des Nephrodium d'autres auteurs, me paraît donc un fait inté- ressant à signaler. Une plante vivante envoyée, il y a plusieurs années, des îles Philippines, (4) Depuis la lecture de cette note, j'ai pris connaissance du bel ouvrage de M. Karsten : Flore Columbiæ fragmenta, t. 1 et IL, et j'y ai trouvé la description et la figure de trois Fougères arborescentes de la tribu des Polypodiacées, le Phegopteris Karsteniana, pl. 139, etles Asplenium attenuatum, pl. 152, et bogotense, pl, 139, qui, sans atteindre la grande dimension des Cyathéacées, ont une vraie tige dressée, de 249 mètres, sem- blable à celles des Fougères en arbre. T. XIX. (SÉANCES) 45 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par le regretté voyageur Porte et dont les frondes viennent, pour la première fois, de porter des fructifications dans les serres du Muséum de Paris, établit ce fait d’une manière positive. Cette belle Fougère a une tige dressée, volumineuse, qui atteint actuelle- ment 0",70 de hauteur et développe de grandes frondes ayant tellement l'ap- parence de celle des Cyathea, qu'on l'avait jusqu'à présent considérée comme devant constituer une espece de Cyathea ou d'A/sophila inconnue dans les jardius. ; La tige, d'environ 12 à 15 centim. de diamètre, est couverte, ainsi que le pétiole et le rachis des frondes, de nombreux poils écailleux linéaires presque filiformes, contournés, formant un tomentum épais d'un brun foncé. Le pétiole, épais de 4 cent. de diamètre, est long d'environ 17,70, et se termine par une fronde de 17,50. Ce pétiole est profondément cannelé sur son côté supérieur et s'atténue de sa base à l'origine de la vraie fronde. La longueur du pétiole, c'est-à-dire de la partie nue du rachis, est déjà un caractère qui distingue les feuilles de cette plante de beaucoup d’autres Fougères en arbre. — La fronde proprement dite est dans la plus grande partie de son étendue bipinnée ou tripinnatifidée, les pennes secondaires ayant vers la base environ 10 cent. de long et étant divisées en pinnules oblongues, contigués ou unies par leur base, de 7 à 20 millim. de long sur 3 à 5 millim. de large, arrondies, obtuses à leur extrémité, crénelées, à nervures bipinnées; les nervures secon- daires étant elles-mêmes divisées en trois rameaux, dont l'inférieur dirigé vers l'extrémité de la penne porte vers son milieu un groupe de capsules et un tégu- ment réniforme. Les deux pennes primaires inférieures, au lieu d'étre symétriques comme les suivantes, présentent du côté inférieur ou externe des pennes secondaires pinnées très-grandes, semblables aux pennes primaires du reste de la feuille, caractère que je n'ai vu dans aucun Cyathea ni autre Fougère arborescente, mais qu'on trouve dans un assez grand nombre de plantes herbacées de cette famille. Quant aux caractères génériques, ils sont exactement ceux du Zastrea et ne différent en rien de ceux de notre Lastrea Filix-mas : les sores ou groupes de sporanges, au nombre de dix en général dans chaque petite pinnule, sont arrondis, recouverts par un mince tégument réniforme convexe. — Les spo-. ranges ne s’insèrent pas directement sur un tubercule saillant comme dans les Cyathéacées, mais sont portés par un pédicule grêle, dont la longueur égale à peu pres la moitié de celle du sporange. L'anneau élastique est presque complet, faisant suite au pédicelle, et dans toutes leurs parties ces sporanges ne different en rien de ceux des Polypodiacées ordinaires. On peut ainsi définir cette espèce remarquable : LASTREA ARBOREA. L. caudice erecto arborescente; petiolis tomento fusco dense tectis, elon- SÉANCE DU 44 jurn 4872. 297 galis, parte frondescente longioribus ; fronde bipinnata, pennis duabus infimis latere inferiore bipinnatis, superiore tantum pinnatis; pennis secundariis profunde pinnatifidis, pinnulis basi unitis oblongis, obtusis crenulatis ; soris 4-6 utroque latere nervi medii approximatis, indusio reniformi tectis. Hab. in insula Luzon Philippinearum, ubi detexit cl. viator Porte. M. Cornu demande si la Fougére mále ne présente pas, au bout d'un certain nombre d'années, une apparence arborescente. M. Brongniart répond que quelques Fougéres offrent cette appa- rence de tige plus encore que le Lastrea Filix-mas, mais que jamais elles ne présentent les mêmes caractères que la tige fran- chement arborescente du Lastrea des Philippines. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : SUR LA CLOQUE DU.PÉCHER, par ME. Éd. PRILLIEUX. La cloque du Pécher est une maladie dont les caractéres sont bien connus des horticulteurs, mais dont la cause est encore fort obscure. La cloque attaque principalement les feuilles, qui deviennent, sous l'influence de cette maladie, d'une couleur jaune pále ou rosée, tout en se contournant, s'ondulant, se crispant d'une facon très-remarquable. Elle cause aux arbres qu'elle atteint un dommage considérable. La ressemblance qu'il y a entre une feuille boursouflée et crispée par la cloque et une feuille déformée et con- tournée par les piqûres des pucerons a dû faire naître la pensée d'attribuer à cette cause la maladie de la cloque. Cependant on ne trouve pas constamment des pucerous dans les cloques des feuilles : il s'en faut de beaucoup, et ceux qu'on y observe parfois y sont sans doute venus accidentellement pour y cher- cher un abri. Déjà De'Candolle, dans sa Physiologie végétale, ne citait qu'avec beaucoup de doute l'opinion qui attribuait aux pucerons cette maladie du Pé- cher. Aujourd'hui cette manière de voir parait trés-généralement abandonnée, La plupart des auteurs qui, à ma connaissance, ont dit quelques mots de la cloque, se bornent à la considérer comme une altération des tissus de la feuille, due à des conditions météorologiques défavorables à la végétation (pluies froi- des, brusques modifications de température). Cette opinion parait régner à peu prés sans partage chez les horticulteurs. Quant aux traités de pathologie végé- tale de M. Kuehn et de M. Hallier, ils ne font pas mention de la cloque du Pécher. Nulle part je n'ai trouvé exprimée l'opinion que cette maladie est due au développement d'un Champignon parasite, et cependant le Champignon qui la produit a été trés-bien étudié par M. Tulasne dans un mémoire spécial sur le genre Taphrina et décrit par lui sous le nom de Taphrina deformans (1). (4) L.-R. Tulasne, Super Friesiano Taphrinarum genere (Ann. sc. nat. 5° série, t, V), 228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Si l'on compare le tissu d'une feuille atteinte de la cloque avec celui d'une feuille saine de Pécher, on voit que toutesles cellules de la feuille malade ont été lesiége d'une multiplication considérable. Dans le parenchyme vert qui est composé de cellules allongées perpendiculairement à la surface, on voit d'abord apparaitre des cloisons transversales; puis la multiplication des cellules se con- tinue par la formation de cloisons à peu prés dans tous les sens, et il se produit ainsi un tissu charnu homogène, composé de cellules pressées les unes contre les autres et danslesquelles il n'y a point de chlorophylle. Pendant ce temps, les cellules de l'épiderme se multiplient aussi, par suite de la formation de cloisons perpendiculaires à la surface; et ainsi, dans tous les points particulièrement atteints par la cloque, la feuille croit notablement en surface. De là les boursou- flements, les saillies en forme de cloque qui caractérisent cette maladie. Quand la cloque prend un développement considérable, on constate que l'altération du tissu ne porte pas seulement sur les feuilles, mais aussi sur l'extrémité jeune des rameaux qui, sur une partie de leur étendue, deviennent épais et charnus. Dans ce cas, c'est le parenchyme vert de l'écorce qui est le siége de la multiplication des cellules : les parties profondes, tout en prenant plus de développement qu'à l'ordinaire, contiennent encore de la matiére verte, mais les couches les plus rapprochées de l'extérieur en sont dépourvues; elles se sont multipliées, comme le parenchyme de la feuille, par la formation de nom- breuses cloisons qui se sont produites à leur intérieur dans tous les sens. On voit que l'altération due à la cloque est profonde et qu'elle peut s'étendre assez loin de la surface où se montre le petit Champignon parasite que M. Tulasne a nommé Taphrina deformans. Si l'on enléve un petit lambeau de l'épiderme d'une feuille manifestement atteinte de la cloque, on voit à sa surface une très-grande quantité de cellules souvent pressées les unes contre les autres. Elles sont à peu prés globuleuses ou un peu anguleuses quand les faces par oü plusieurs d'entre elles se tou- chent sont planes. Ces cellules ne sont pas disposées en files régulières, mais forment au-dessus de l'épiderme une sorte de membrane lacuneuse. Si l'on fait des coupes transversales de l'épiderme, on peut arriver à reconnaitre que ces cellules globuleuses se développent entre l'épiderme et la cuticule, comme l'a déjà indiqué M. Tulasne. Si le Champignon était ainsi réduit à ces simples cellules juxtaposées se maintenant entre la cuticule et l'épiderme sans pro- longements qui pénètrent dans l'intérieur du tissu sous-jacent, il serait bien difficile de comprendre comment il pourrait vivre et exercer au loin une ac- tion si considérable sur la constitution des tissus de la plante qui le porte. Mais il n'en est pas ainsi, en réalité; le petit végétal possède un mycélium trés-ramifié qui se glisse dans l'intervalle des cellules et pénètre tout le pa- renchyme en s'étendant le long des parois des cellules, mais sans les perforer. Les cellules qui composent ce mycélium sont généralement trés-allongées, mais elles sont souvent dissemblables de forme, irrégulières et anguleuses ; SÉANCE DU 44 JuIN 1872. 229 elles se sont plus ou moins étendues en largeur selon qu'elles ont trouvé un espace plus ou moins grand pour se développer: elles se sont ainsi évidem- ment modelées sur les méats intercellulaires. Ce mycélium est trés-ramifié ; ses branches se terminent par de trés-petites ramifications en forme de digi- tations qui s'appliquent sur les parois des cellules du parenchyme et ressem- blent beaucoup en trés-petit aux extrémités digitées des poils radicaux des végétaux supérieurs. Les filaments du mycélium se rencontrent surtout en grand nombre au-dessous de l'épiderme, mais ils s'étendent aussi au loin à travers tous les tissus où l'altération se manifeste. Telle est la structure du Champignon à l'état stéfile. Si l'on examine une feuille fortement atteinte par la cloque, on voit que souvent sa surface a un aspect blanchâtre et un peu velouté qui rappelle assez ce qu'on nomme la [leur des fruits. Dans ces places, l'épiderme est couvert de Taphrina defor- mans en fructification, et d'ordinaire on trouve les uns auprés des autres un certain nombre de ces petits étres à tous les divers états de leur développement. Quand la fructification va commencer à se faire, on voit la cellule globu- leuse qui constitue le Champignon stérile s'élever par sa partie supérieure et bientót faire saillie à travers la cuticule, puis se dresser en forme de colonne. Peu aprés, il se forme vers le bas de cette longue cellule une cloison transver- sale qui sépare la partie saillante de la partie inférieure. La premiére, qui est cylindrique et tronquée au sommet, est une véritable thèque: on y voit bientót apparaitre une file de spores sphériques au nombre de huit. Peu à peu ces spores vont s'amasser au sommet de la théque, qui s'ouvre ensuite par une fente transversale de facon à former deux lévres qui sou- vent s'enroulent en dehors et laissent un libre passage aux spores qui se disséminent. Les spores germent en donnant naissance à de petits bourgeons qui pro- duisent des corps de méme forme. D’après tout ce qui précède il me parait difficile d'hésiter à voir dans le Taphrina deformans la cause véritable de la cloque. L'opinion qui règne au- jourd'hui parmi les horticulteurs, et selon laquelle cette maladie serait due à une désorganisation des tissus par suite des gelées blanches et du froid, s'ac- corde mal, ce me semble, avec ce que nous savons de la structure des organes déformés : il n'y a pas trace de désagrégation de cellules, l'activité vitale y est développée à l'excés, la multiplication des cellules s'y continue avec une puissance extraordinaire. Ce caractére des organes déformés par la cloque s'accorde, au contraire, trés-bien avec la supposition de l'action irritante du Champignon dont j'ai constaté la présence au milieu des tissus. C'est un fait général et bien connu que l'hypertrophie des organes sur lesquels s'implantent les parasites. L'existence reconnue du mycélium du Zaphrina au milieu des cellules qui par leur multiplication excessive manifestent une activité maladive forme enfin une derniere preuve qui me semble tout à fait décisive. 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Geci admis, il en résulte une conséquence pratique touchant la facon de traiter les arbres sur lesquels la cloque se manifeste. L'auteur du seul article sur la cloque qu'ait cité M. Tulasne dans son excellent mémoire sur les Taphrina (Cours complet d'agriculture, t. XV, p. 255, art. PÊCHER), après avoir assuré que ce sont les pluies froides du printemp qui donnent aux arbres la maladie de la cloque, ajoutait les conseils suivants s Queques pro- priétaires arrachent les feuilles qui en sont attaquées, ils ont tort; la maladie s'étend sur les feuilles qui étaient saines. Il faut laisser sur les arbres les feuilles cloquées, elles tombent d'elles-mémes. » Il est clair que nous arrivons à une conclusion diasmftralement opposée, et que les feuilles remplies de mycélium et couvertes de fructifications de Taphrina doivent être considérées comme des foyers d'infection. Il faut s'en débarrasser au plus tót et les dé- truire le plus complétement possible. La première précaution à prendre pour combattre l'extension de la clo- que sur le Pécher doit donc étre de couper aussi tót que possible les parties attaquées et de les brûler. M. Brongniart demande si le mycélium passe entre les cellules ou s'il les traverse. M. Prillieux dit qu'il les disjoint sans en pénétrer les parois. M. Brongniart demande si la végétation du parasite commence à l'intérieur ou à l'extérieur. M. Prillieux pense que les spores doivent pénétrer dans la plante au moment où elles zerment, et s'y développer avant que le Cham- pignon paraisse au dehors. M. Roze demande si M. Prillieux a pu observer sur le Taphrina des phénoménes de fécondation. M. Prillieux répond que l'observation étant fort difficile, il n'a pu remarquer ces phénoménes. M. le Président déclare la session ordinaire de 1871-72 suspendue jusqu'au 26 juillet prochain, jour fixé pour la séance de clóture de cette session. — Il invite MM. les Membres à se rendre à la session extraordinaire qui s'ouvrira à Prades (Pyrénées-Orientales), le lundi 1** juillet prochain. — Y SÉANCE DU 26 JUILLET 1872. 231 SÉANCE DU 26 JUILLET 1872. PRÉSIDENCE DE M. CORDIER. Reprise de la session ordinaire de 1871-72. M. Maurice Tardieu, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 14 juin, dont la rédaction est adoptée. M. Bureau, en présentant les dons faits à la Société, rappelle que la direction du Jardin-des-plantes d'Angers organise des herborisa- tions dont elle publie chaque année un compte rendu. M. le Secrétaire général annonce que M. le Ministre de l'agricul- ture et du commerce et M. le Ministre de l'instruction publique ont bien voulu accorder à la Société, cette année comme les précédentes, des allocations de 600 et de 500 francs à titre d'encouragement. M. de Seynes donne lecture des statuts de la nouvelle Association francaise pour l'avancement des sciences, et présente à ce sujet une note qui a déjà été publiée dans notre Bulletin, t. XVIII (Revue), p. 237. M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société les communications suivantes : RÉPONSE AUX OBSERVATIONS DE M. CAUVET RELATIVES A QUELQUES-UNS DES TRAVAUX PRÉSENTÉS A LA SOCIÉTÉ, par M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. II. — Observations sur les remarques de M. Cauvet à propos de mon Tableau analytique des organes souterrains de la végétation (Bulletin, 4871, t. XVIII, p. 23). (Coléorrhizes; — piléorrhizes ; — ra- cine du Gui ; — caractere distinctif de la tige et de la racine.) Aprés avoir, dans une séance précédente (voyez plus haut, p. 10), exposé avec quelque détail plusieurs des faits principaux sur lesquels j'ai basé ma nouvelle classification des organes souterrains des plantes, je me propose au- jourd'hui de répondre sommairement, article par article, aux diverses objec- tions émises par mon honorable contradicteur M. Gauvet. Je continuerai à employer dans. cette argumentation la forme simple et rapide dont je me suis servi dans ma réponse (voyez Bulletin, 1871, t. XVIII, p. 122) à un article précédent : 1* — « On pourrait, dit M. Cauvet, reprocher au tableau sa longueur et le nombre de ses divisions. » — Réponse : Si les divisions sont nombreuses, c'est 289 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que les différents ordres de faits à classer sont nombreux; le classificateur doit se proposer d'établir dans son cadre autant de divisions et de subdivisions (en les subordonnant selon leur valeur relative) que la nature elle-méme nous présente de groupes bien définis. Grouper des faits disparates, dans le but d'abréger le travail, serait de l'inexactitude, et aurait pour résultat l'obscurité. 2° — « La nécessité, dit M. Cauvet, de certains mots nouveaux (gemmosarques, turiosarques, caulosarques), n'est pas bien démontrée. » — Réponse : Ces mots nouveaux présentent l'avantage de caractériser des classes d'objets jusque-là mal définies. Ces mots, qui signifient bourgeons charnus (ou bulbes), turions charnus (ou tubercules), tiges charnues, sont plus significatifs, plus expressifs, plus précis, que les mots bulbe et tubercule ; mots qui du reste doivent con- tinuer d'étre employés dans le langage ordinaire, lorsque la précision scienti- fique n'est pas de rigueur. 3°— Contrairement à l'assertion de M. Germain de Saint-Pierre (Racine non coléorrhizée : la plupart des racines), M. Trécul a démontré que toutes les racines des Monocotylédones sont coléorrbizées. » — Réponse : Une discussion ne peut s'établir utilement que lorsque, des deux parts, les mémes mots sont employés à désigner les mémes choses. J'ai précisé et défini le sens que j'attribue au mot coléorrhize, et le plus simple examen suffit pour s'assurer que les coléorrhizes vraies sont peu com- munes dans le régne végétal, méme dans l'embranchement des Monoco- tylées. h°? — «... M. Germain de Saint-Pierre ne considère comme pi/éorrhize que l'enveloppe celluleuse, ou coiífe, qui entoure l'extrémité des racines de plu- sieurs plantes aquatiques : cette restriction ne me semble pas fondée...; toutes les racines sont piléorrhizées; seulement, au lieu d'étre complétement libre comme dans les Lemna, la piléorrhize est, dans la grande majorité des plantes, adhérente par toute son étendue à l'extrémité de la racine... » — Réponse : M. Trécul étant l'inventeur du mot pi/éorrhize, il sait évidemment, mieux que personne, à quel organe il a entendu appliquer cette dénomination. Je crois cependant pouvoir avancer que si ce mot peut étre employé à désigner la coiffe de la racine des Lemna, la méme dénomination ne saurait être en même temps appliquée à l'épiderme adhérent dans toute son étendue (s'exfoliant ou non), qui revét l'extrémité de la plupart des racines ou de toutes les racines. Pour ce qui me concerne, j'ai appliqué la dénomination de piléorrhize (ou pilorrhize) à la coiffe des racines dans le genre Lemna (coiffe dont le premier, je le crois, j'ai fait connaître le mode de formation et la nature au point de vue morphologique), n'assimilant en rien cette coiffe à l'exfoliation (souvent nulle ou au moins problématique) de l'extrémité des racines. J'ai aussi démontré la curieuse analogie qui existe entre les vraies coléor- rhizes et les vraies piléorrhizes, la coléorrhize vraie de certaines Graminées n'étant autre” chose que l'écorce de la radicule traversée par le corps central € Ke SÉANCE DU 26 JUILLET 1872. 233 de la dite radicule, dont l'aceroissement continue lorsque l'accroissement de la partie corticale a cessé. 5° — « ... M. Germain de Saint-Pierre range, dit M. Cauvet, la racine diffluente du Gui parmi les racines pivotantes ; je ne sais trop sur quoi l'auteur dont je discute les opinions se fonde pour en agir ainsi...; je n'ai, ajoute M. Cauvet, jamais eu occasion d'étudier la végétation du Gui...: il est pro- bable que la végétation de la racine du Gui s'effectue à peu près comme celle du Cytinet (le Cytinus Hypocistis)... Je me refuse à admettre que la racine du Gui est diffluente, et je crois cette appellation basée sur un aperçu spécu- latif... Enfin, peut-on appeler racine pivotante une racine qui ne l'est pas du tout..? » — Réponse : Mon contradicteur avoue qu'il n'a jamais eu occasion d'étudier la végétation du Gui...; pour mon compte, j'ai au contraire maintes fois profité de l’occasion d'observer le mode de germination du Gui et son mode de végétation : aussi, lorsque M. Cauvet se trouve réduit à dire... « 7/ est probable que Ja végétation de la racine du Gui s'effectue à peu prés comme celle du Cytinet... » il m'est permis de m'étonner de le voir ajouter qu'il croit que mon opinion est basée sur un aperçu spéculatif (1). Relativement aux bourgeons adventifs du Gui, souvent nombreux en effet, qui naissent sur le parcours des processus ou empatements qui constituent la masse radiculaire ou radicellaire, ce fait ne pouvait en rien me rendre plus circonspect relativement à la racine rudimentaire du Gui (que M. Cauvet nomme une prétendue racine) ; j'ai en effet observé et signalé certaines plantes communes dont la racine se couvre normalement de trés-nombreux bourgeons adventifs épars ; j'ai signalé notamment comme offrant cette intéressante par- ticularité l Zuphorbia Cyparissias et le Linaria vulgaris. Je suis donc bien fondé à admettre que la racine du Gui, malgré ses bourgeons adventifs, n'est pas une prétendue racine, mais une racine véritable et seulement de forme spéciale. « Range-t-on, dit M. Cauvet, les sucoirs de la Cuscute au nombre des racines? » — Les sucoirs de la Cuscute sont, en effet, des racines adventives rudimentaires, comme les écailles du capitule d'une Composée, ou les écailles du bourgeon d'un Chêne ou d'un Poirier, sont des feuilles rudimentaires ; ces faits sont élémentaires, et comptent parmi les notions les plus essentielles de la morphologie végétale. (4) H suffit d'appliquer sur Ja jeune écorce d'une branche de Poirier quelques baies mûres de Gui, après en avoir déchiré le péricarpe (afin qu'elles se fixent à l'arbre par leur pulpe visqueuse), pour voir, au bout de quelque temps, les embryons contenus dans les baies entrer en germination, et les jeunes plantes de Gui faire pénétrer dans l'écorce du Poirier leurs racines, qui ont, à cette époque, la forme d'un clou, ou d'un pivot à pointe conique. Par suite des progrés de la végétation, la racine du Gui perd cette forme première et se prolonge dans plusieurs directions, en processus lamelleux diffluents, ou couches irrégulières, dont la couleur verte tranche sur la couleur blanchâtre du tissu ligneux de la branche-nourrice (lorsque l'on en pratique des coupes verticales). 931 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 6° — La dernière partie de l'article de M. Cauvet est consacrée à la discus- sion du caractere distinctif que j'ai proposé comme absolu pour distinguer toutes les tiges (souterraines ou aériennes) de toutes les racines : /a présence d'un bourgeon terminal, pour les tiges ; l'absence de bourgeons, soit axil- laires, soit terminaux, pour les racines. M. Cauvet objecte « qu'étant donné un troncon végétal dépourvu de bour- geon, on ne saurait dire si ce tronçon appartient à une tige ou à une racine ». — Il est bien évident que quel que soit le caractere distinctif d'un organe ou d'une plante, si l'on n'a sous les yeux qu'un fragment auquel manque la partie caractéristique ou distinctive, on peut se trouver embarrassé ; mais il en est ainsi de tous les objets saus exception ; ces fragments ne se déterminent qu'à l'aide des caractères, quels qu'ils soient, qu'ils ont pu conserver. C'est ainsi qu'on ne déterminera pas le genre auquel appartient une Ombellifère (si on ne le reconnait empiriquement à l'inspection générale dela plante) sans en avoir le fruit mûr, dans le cas où le genre est fondé sur la forme du fruit : ayez les Ombellifères en fruit; ayez les racines ou les tiges souterraines entieres, ayez au moins leur sommet. — Néanmoins, M. Cauvet appelle le caractére absolu d'absence de bourgeon à l'extrémité des racines, un carac- tére purement spéculatif. Puis il ajoute : « Si la présence d'appendices sur les bourgeons est nécessaire pour en établir la nature, la distinction admise par M. Germain de Saint-Pierre est absolue. » — Cette distinction est donc, en effet, absolue, car j'ignore complétement ce que serait un bourgeon sans appendices ; sans appendices étant la négation du bourgeon. Je cherche en vain une objection dans cette phrase de M. Cauvet : «... le bourgeon qui termine la tige et le tissu spécial que l'on trouve à l'extrémité de la racine offrent une grande ressemblance quant à leur but final, qui est le prolongement de l'axe. » — En effet, il ne s'agit pasde savoir si l'axe descen- dant (racine) a, comme l'axe ascendant (tige), pour but final de s'allonger ; mais il s'agit de constater la structure de la racine et la structure de la tige, l'une et l'autre s'allongent, en effet, mais au moyen d'appareils différents : la racine s'allonge par. une simple élongation ou multiplication de son tissu ; la tige s'allonge par l'évolution d'une spirale de feuilles. i 7° — « Je crois, dit M. Cauvet en terminant, que si l'on accepte la dis- tinction spéculative admise par M. Germain de Saint-Pierre, il sera- bon de la modifier de la manière suivante : la tige est toujours terminée par un bour- geon ; l'extrémité de la racine est toujours enveloppée par une pilorrhize. » Notre honorable et savant confrère M. Cauvet me permettra de me refuser positivement à admettre que cette modification qu'il propose de faire à ma définition soit bonne. H suffit complétement, selon moi, de savoir que ¿a tige (aérienne ou souterraine) est toujours terminée par un bourgeon (le fait est quelquefois masqué par un état abortif); et que la racine m'est jamais (dans aucun cas), terminée par un bourgeon, pour être à méme de distinguer, 7. LL 2 LS d SÉANCE DU 26 JUILLET 1872. 235 sans hésitation les tiges souterraines des racines (que la racine présente ou non vers son extrémité une partie épidermique adhérente ou plus où moins exfoliée). Je suis heureux que M. Cauvet m'ait fourni l'occasion, à propos de ces différentes questions, de revenir sur certains points que je n'avais peut-étre pas suffisamment précisés. FÉCONDATION DES OPHRYDÉES, OBSERVATION DU TRANSPORT INVOLONTAIRE DE LEURS MASSES POLLINIQUES D'UNE FLEUR A UNE AUTRE PAR LES INSECTES HYMÉNOPTÉRES, pr M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Ayant profité d'une saison favorable pour étudier, pendant un de mes séjours en Provence (à Hveres), quelques intéressants détails sur les moeurs des insectes hyménoptéres, à la demande de l'un de nos savants et laborieux confréres (1), le hasard me fit capturer, d'un heureux coup de filet, un insecte hyménoptére dont la tête me parut, au premier coup d'œil, ornée d'une paire d'antennes supplémentaires d'un aspect étrange, et me semblant constituer un fait anormal. A droite et à gauche de la partie antérieure de la téte de l'insecte, au voisi- nage de l'insertion des antennes (qui sont annelées, longuement filiformes et de couloir noire), se trouvait une paire d'organes simulant des antennes sup- plémentaires plus courtes, en forme de massue, et de couleur jaune. Le plus simple examen, au moyen d'une loupe ordinaire, puis d'un grossissement plus puissant, me démontra immédiatement qu'il s'agissait de deux masses polliniques enlevées à des Orchidées en fleur, et emportées involontairement par l'insecte en quête de pollen pülvérulent et de nectar. En fouillant les fleurs des Ophrys de la section Znsectifera (alors épanouies en abondance sur les collines de Silvabelle), l'insecte avait appuyé sa tête sur les rétinacles visqueux des masses polliniques, et, en se retirant, avait naturellement emporté, attachées à son front, dans la disposition symétrique qu'elles occupent chez la fleur, les masses polliniques claviformes dirigées en avant ; de là l'apparence, chez l'insecte, d’une paire d'antennes supplé- mentaires. Je surprenais, et j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société, l'un des faits les plus charmants des harmonies naturelles, où tout concourt au grand et ineffable concert. L'insecte, en cherchant sa pâture sur les fleurs de nos Ophrys à pollen en masses claviformes (masses dont le contact avec la surface stigmatique n'est qu'incomplétement assuré par la disposition de la 1) M. J.-T. Moggridge, observateur non moins habile que persévérant en. entomo- logie comme en botanique, qui vient tout récemment de publier un recueil plein d'inté- rét sur les mœurs des fourmis moissonneuses et sur les graines qu'elles récoltent de préférence pour leurs magasins, et aussi sur les mœurs de certaines tribus d'araignées à habitation souterraine fermée par une trappe. 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fleur), se charge, sans le vouloir, de ces sacs à pollen à pied visqueux, et ne peut ensuite visiter une autre fleur sans que le premier contact soit celui de ces goupillons fécondateurs qu’il porte en avant sur le stigmate. La nature avait pourvu d’une manière générale à la fécondation des fleurs à pollen pulvérulent, qui s'attache aisément aux surfaces pubescentes ou velues des insectes maraudeurs ; restaient les Orchidées, au pollen aggloméré en masses solides plus ou moins compactes ; le rétinacle de ces masses polliniques, qui ne semblait destiné qu'à les arrêter sur le stigmate lors de leur chute par un mouvement de bascule, devait servir aussi à les fixer sur la tête de l'abeille, L'insecte, depuis le développement primordial (évidemment con- temporain) de certains groupes végétaux et de certains groupes animaux (dont l'existence est en quelque sorte solidaire), agissait avec la méme dextérité, avec la même précision que peut le faire aujourd'hui le physiologiste ex- périmentateur le plus habile provoquant la fécondation en transportant du pollen d'une fleur à une autre, avec la pointe de son pinceau. Ce fait intéressant a été plusieurs fois observé. M. Darwin, le sagace et infatigable observateur, ne l'a pas ignoré. — Un observateur francais, dis - tingué dans toutes les branches des connaissances humaines, et qu'il ne m'est pas permis de nommer, a été témoin du méme fait sur un autre point du littoral de la Provence. Notre honorable et savant président, M. le docteur Cordier, m'a commu- niqué un fait analogue; et, au premier aspect, il avait pensé que les petits organes supplémentaires en forme de massue qui ornaient la tête de l'abeille, n'étaient autre chose que des parasites végétaux, des Sphéries développées sur le corps de l'insecte. L'examen de ces organes, à un grossissement suffi- sant, démontre qu'il s'agit bien réellement de masses polliniques d'Orchidées. J'ajouterai que les Sphéries, à l'état claviforme, ne se rencontrent généra- lement que sur les corps d'insectes morts pendant les premiéres phases du développement de ces Champignons, qui (ainsi que l'ont démontré nos savants confrères MM. Tulasne) présentent le curieux phénomène des générations alternantes. M. Cordier présente les observations suivantes : Je conservais des doutes sur la nature des appendices observés par moi et par M. Germain de Saint-Pierre sur la téte d'une espéce d'abeille, et que d'abord j'avais regardés comme une Sphérie de la section des Cordiceps ; après la communication de notre savant collègue et un examen plus attentif de ces appendices, je n'hésite pas à reconnaitre avec lui qu'ils sont en réalité les masses polliniques, les véritables étamines d'Orchidées, que les abeilles, en butinant sur les fleurs, emportent sans le vouloir, ct qui restent assez adhérentes à leur téte pour qu'elles ne s'en détachent pas facilement. SÉANCE DU 26 JUILLET 1872. 237 M. Paul Lévy présente à la Société un certain nombre de photo- graphies, représentant diverses plantes et quelques paysages du Nicaragua. M. Malinvaud fait à la Société la communication suivante : PLANTES OBSERVÉES AUX ENVIRONS DE GRAMAT ET DE LA CAPELLE-MARIVAL (LOT), par M. Ernest MALINVAUD. Depuis que M. le docteur T. Puel, par ses importants travaux, mal- heureusement inachevés, sur la végétation du département du Lot, a le pre- mier appelé l'attention sur l'intérêt considérable qu'elle présentait au point de vue de la géographie botanique, le catalogue (1) que nous devons à cet auteur el qui était, il y a vingt ans, l'expression la plus complète de cette flore locale, s'est enrichi de nouvelles acquisitions signalées par diverses commu- nications dans notre Bulletin (2). Je viens apporter ma part de découvertes et d'observations sur cette riche végétation que j'ai l'occasion de visiter presque tous les ans, depuis 1860. Mes premières herborisations ont rayonné au- tour des communes de Thémines et de Rocamadour, situées l'une et l'autre à une distance d'environ 10 kilomètres de la petite ville de Gramat, et la pre- mière au sud-est, la seconde au nord-ouest, de ce chef-lieu de canton. Sur ces deux points seulement, j'ai rencontré plus de cent espéces dont l'existence, dans les limites du département, n'avait pas encore été constatée ou n'avait point paru suffisamment établie aux veux de M. Puel, lors de la publication de son catalogue. Parmi les premières, et pour donner tout d'abord un aperçu de mes recherches, je citerai : Sisymbrium asperum. Thlaspi montanum. Arenaria triflora, Linum Leonii. Cytisus supinus. Sedum elegans. Petroselinum segetum. Bupleurum tenuissimum. Peucedanum Chabræi. Torilis nodosa. Rubia longifolia. Galium Timeroyi. — commutatum, — anopetalum, (4) Catalogue des plantes qui croissent dans le département du Lot, classées d'après le système de Linné, par T. Puel, docteur en médecine, membre de la Société géolo- gique de France ‘in Annuaires de ce département, de 1845 à 1852). Ce précieux ouvrage, presque introuvable aujourd'hui, et que j'ai eu beaucoup de peine à me procurer en col- lectionnant les annuaires qui le renferment, est un résumé critique et substantiel des documents antérieurs et des indications prises à diverses sources, que l'auteur avait pu rassembler, en les contrólant et les complétant souvent par ses recherches personnelles, (2) Ces communications sont insérées dans les tomes suivants du Bulletin de la Société botanique de France : Tome V (1858), p. 595 : Espèces du Lot à ajouler au Ca- talogue de M. T. Puel, par M. Victor Personnat. — Tome VII (1860), p. 22 : Observations sur quelques plantes du dépariement du Lot, par le méme, — Tomes VIII et IX (1861- 1862) : Revue critique de la flore du département du Lot, par M. T. Puel, nombreux articles, dont le premier est inséré dans le tome VII, p. 373. — Tome XY (1868), p. 48: Sur un Orchis hybride observé à la Mostonie (Lot), par M. de Valon, 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Galium viridulum. Knautia dipsacifolia. Carduus vivariensis. — nutanti-acanthoides. Centaurea solstitialis. Myosotis Balbisiana, Veronica anagalloides. Rhinanthus minor. Thymus angustifolius. Parmi celles qui étaient douteuses : Adonis æstivalis, Arabis Turrita. Biscutella lævigata. Hutchinsia petræa. Reseda Phyteuma. Silene Armeria. Rhammus infectoria. : Ervum gracile. : Prunus Padus. Enfin, parmi les espéces rares, mais qu'on avait observées sur d'autres points du département : Helleborus occidentalis. Delphinium cardiopetalum. Arabis cebennensis. ` Lepidium latifolium. Bunias Erucago. Rapistrum rugosum. Saponaria ocimoides, Linum strictum., Rhamnus Alaternus. Acer monspessulanum, Geranium nodosum. Pistacia Terebinthus. Ononis striata. — Columnæ. Medicago orbicularis, Melilotus alba. Dorycnium suffruticosum. Astragalus monspessulanus, Coronilla scorpioides. Vicia bithynica. Orobus niger. Spiræa hypericifolia. Sedum dasyphyllum. — altissimum. Conopodium denudatum. Bupleurum junceum. — aristatum. Galeopsis ochroleuca. Fraxinus australis. Thesium divaricatum. Cephalanthera ensifolia, Gladiolus segetum. Carex strigosa. Agropyrum glaucum (et sa variété latro- num). Etc., etc. Rosa spinosissima. Carum Bulbocastanum. Lonicera etrusca. Lactuca chondrillæflora. Salvia Sclarea. Sideritis hyssopifolia. Alisma natans. Sesleria cærulea. Eté., etc. Laserpitium gallicum, Centranthus Calcitrapa, Inula squarrosa. — montana. — graveolens. Artemisia camphorata. Chrysanthemum corymbosum, Podospermum laciniatum. Campanula Erinus, Jasminum fruticans. Convolvulus Cantabrica. Symphytum tuberosum, Euphrasia lutea. Stachys alpina. Plantago serpentina. Euphorbia verrucosa. Cephalanthera rubra. Serapias Lingua. Lilium Martagon. Allium paniculatum. Tragus racemosus. Kæleria valesiaca. Echinaria capitata. Melica ciliata, Gaudinia fragilis. Ete., etc. Une liste détaillée, avec des observations critiques et l'indication précise des localités, fera prochainement suite à ce premier tableau et en sera pour ainsi dire le développement. Ce modeste travail n'ayant d'autre mérite que la cer- €—— T * Ke SÉANCE DU 26 JUILLET 1872. 239 titude de la nomenclature, je passerai sous silence, dans les groupes litigieux, tout ce qui laisserait des doutes dans mon esprit, même des genres entiers, tels que les Rubus, dont on peut dire que la classification est aujourd'hui à peu prés inextricable. — Quant aux nouvelles espéces, qui divisent les meilleurs esprits et que des auteurs recommandables multiplient dans certains genres en s'appuyant parfois sur des caractéres minutieux et difficiles à con- stater, je me bornerai à un trés-petit nombre de déterminations vérifiées avec le plus grand soin. Les difficultés que présentent ces questions délicates m'ont été souvent aplanies par l'éminent auteur de la Flore du centre, qui, aprés avoir si heureusement contribué par son ouvrage devenu classique et par ses autres travaux aux progrés des études botaniques dans notre pays, continue de soutenir la vive impulsion qu'il leur a donnée, en encourageant et dirigeant par ses conseils tous ceux qui ne craignent pas de les lui de- mander. Indépendamment de mon fréquent recours aux avis d'un maitre aussi com- pétent que M. Boreau, j'ai consulté avec profit, dans les cas difficiles, des collections riches en espèces authentiques, notamment le magnifique herbier de M. E. Cosson, que le bienveillant accueil de cet illustre savant rend acces- sible à tous les botanistes, et mes recherches ont été facilitées par l'extréme complaisance de l'habile conservateur M. Louis Kralik. Je ne puis m'empécher de remercier aussi mon excellent ami M. Bouteiller (de Provins), aujourd'hui le doyen peut-étre des botanistes parisiens, dont les conseils et la grande expérience m'ont été plus d'une fois d'un inappréciable secours. (A suivre.) M. Eug. Fournier fait à la Société la communication suivante : SUR LES HYMÉNOPHYLLÉES RECUEILLIES DANS L'AMÉRIQUE CENTRALE PAR MM. CH. WRIGHT, FENDLER ET TH. HUSNOT, par M. Eug. FOURNIER. La première partie du travail que je présente aujourd'hui à la Société a paru dans notre Bulletin en 1868, t, XV, pp. 143 et sq. Les circonstances ont empêché, depuis, la publication de cette suite de notes, dont j'extrais aujour- d'hui ce qui est relatif au genre Didymoglossum, et qui seront terminées par l'étude du genre Zymenophyllum. ; 4. Didymoglossum punctatum Presl.— Wright 915, H. 422. Monte Verde (Wright 952 part.). 2. D. sphenoides Presl (Trichomanes sphenoides Kze). Cette espèce, que je devrais être sûr de bien connaître, puisque en écri- vant ces lignes j'ai sous les yeux des échantillons déterminés par Kunze lui-même, se rapproche du D. punctatum par l'existence de poils étoilés 240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. autour de sa jeune fronde, et s'en distingue par la forme de celle-ci, qui est en coin, comme l'indique le mot grec sy choisi pour dénomination. Mais ce n'est là que la forme ordinaire. Tantót la fronde cunéiforme et à nervures flabelliformes, irréguliérement laciniée dans sa partie supérieure, se prolonge supérieurement eu laciniures étroites, tantôt elle se rétrécit elle-même dès son origine, et, au lieu de se dilater en sphénoide, se continue en une fronde étroite à nervures pinnées. Ceci montre combien Van den Bosch s'est écarté de la nature en divisant le genre Did ymoglossum d'après la nervation de ses espèces. Ces formes diverses ont naturellement donné lieu à des noms spé- cifiques différents. La forme à fronde cunéiforme, laciniée supérieurement, est le D. laceratum Fée ; la forme à fronde étroite dès la base est le D. angusti- frons Fée. Cela nous permet d'établir la synonymie suivante : 2. D. sphenoides Presl (Trichomanes sphenoides Kze, Syn. 129). Var. a. genuinum — (D. laceratum Fée, Hist. Foug. Ant. p. 118, tab. XXXII, fig. 4; — T. reptans Hook. Grev.). Tovar (Fendl. 24); Antillis (H. 421, Wright, 952 part.); Porto-Rico (Blau- ner 317); Guadalupa (Lherm. 164, 198, 199, 200). Var. 6. frondibus angustioribus — (D. angustifrons Fée, Hist. Foug. Ant. p. 443, tab. xxvii, fig. 5; — D. muscoides Gris. Cat. cub. 273). Antilis (H. 417, Wright, 1836); Columbia (Karst. 54 sub D. Hookeri Presl). 3. D. ovale Fourn. n. sp. Se distingue du 7. sphenoides à fronde simple par la forme ovale de sa - fronde qui s'élargit peu après sa naissance ; elle est parcourue de la base au sommet par une nervure médiane plus forte que les latérales, Malheureuse- ment je n'en ai sous les yeux que des échantillons stériles. Tovar (Fendl. n. 25), Porto Rico (Blauner, n. 319). 4. D. lineolatum Van den Bosch ? M. Van den Bosch (Zymenoph. novas, p. 137) a créé une espèce, Didy- moglossum lineolatum, pour un numéro de Wright qu'il ne désigne pas. C'est probablement le n° 952, où nous avons reconnu un mélange du D. punc- tatum et du D. sphenoides, espèce trés-polymorphe. Le D. lineolatum, d’après la description, ne diffère pas beaucoup du D. sphenoides; les ner- vures y sont plus apparentes, mais cela pourrait tenir à l’âge des frondes et à leur état de dessiccation. M. Baker, dans son Synopsis, en fait le Tricho- manes lineolatum Hook. (Jamaica, Marsh). 5. D. reptans Presl. Var. a. muscoides Fourn. Mex. 60 (Tr. muscoides Sw. non Hook.). Monte Verde (Wright, 914). Var. b. quercifolium Fourn. Mez. 61. Cuba (Wright, 953); Tovar (Fendl. 23). SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. 241 6. D. Kraussii (Trichomanes Kraussii Hook. Grev.). — ; Antillis (H. 415). Je crois que le 7. procerum Fée (H. 416) rentre dans cette dernière espèce. Il est curieux de noter que, d’après un échantillon authentique conservé dans l'herbier de Bory, le 7. pyxidiferum Sw. non Hook. y ren- trerait également. Il se rapproche surtout du 7. procerum. On a séparé avec raison du genre Didymoglossum le Trichomanes Hoo» keri Presl, puisque cette espèce a l'indusium de la marge entier et non partagé en deux lèvres comme dans le genre Didymoglossum. Mois, comme elle en présente absolument le port, à un premier examen superficiel, nous en avions rangé les échantillons dans ce dernier genre (1), ce qui nous a empéché d'en parler dans notre précédente communication. Nous réparons ici celte omission. - | T. Hookeri Presl Hym. 16. Mett. Fil. Lechl. 2h. Microgonium Hookeri Presl Die Gefæssb. p. 27. — Trichomanes mus- coides Hook. et Grev. Je. Fil. t. 179; Hook. Sp. Fil. 1, 147 et herb. Kew! non Sw. — Didymoglossum Hookeri Fée Hist. Foug. Ant. p. 412. — Tr. alcicorne Lherm. in sched. — 77. reptans Desv.! msc. in herb. Mus. par. Cuba (Wright 912, 913); Saint-Domingue (Saint-Amans in herb. Bory); Saint-Vincent (Poiteau); Antillis (H. 419); Guyana (Lepr. 208); Tovar (Fendl. 455); ad Rio Acara juxta Para (Spruce); Peruvia (Lechler 2297). M. le Président déclare close la session ordinaire de 1871-72. La Société se réunira de nouveau à Paris, le 15 novembre prochain. SÉANCE DU 45 NOVEMBRE 1872. PRÉSIDENCE DE M. ÉD. BUREAU, VICE-PRÉSIDENT, M. Éd. Bureau, en prenant place au fauteuil, présente les excuses de M. Cordier, président de la Société, obligé de passer l'hiver en Algérie, et déclare ouverte la session ordinaire de 1872-73. M. Maurice Tardieu, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 26 juillet, dont la rédaction est adoptée. (4) Si nous avions besoin d'une excuse à cet égard, elle nous serait fournie par le célèbre ptéridographe Kunze lui-même, qui dans l'herbier de Bory a étiqueté par erreur Tr. sphenoides Kze son propre T, Hookeri ! T ux (SÉANCES) 16 2h2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président fait connaître à l'assemblée les pertes doulou- reuses éprouvées par la Société dans la personne de MM. Arthur Gris, Henri Blanche (de Dôle) et Roget de Delloguet. E Il ajoute que M. Ad. Brongniart s'est fait, sur la tombe méme de M. A. Gris, l'interpréte des profonds regrets de la Société, qui a perdu en lui l'un de ses membres les plus actifs, trop préma- turément enlevé à la science, dans toute la force de l'âge et du talent (1). M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. MM. Townsend, Le Sourd et N. Doümet-Adanson, ayant satisfait aux obligations imposées par l'article 14 des statuts, sont proclamés membres à vie. tol M. le Président appelle l'attention de la Société sur le don con- sidérable qu'elle a reçu de M. Fée, et donne lecture de la letire sui- vante : LETTRE DE M. FÉE. Paris, 20 septembre 1872. Mon cher Président et honoré collégue, J'inaugure mon arrivée à Paris, où je prends domicile, boulevard Saint- Michel, n° 115, en vous adressant, pour la Société botanique, une collection de mes ouvrages sur la famille des Fougères, complétée par. la Cryptogamie vasculaire du Brésil, que j'ai déjà eu l'honneur d'offrir à votre bibliothèque. Je serais heureux d'apprendre que cet hommage a été agréé par la Société. Recevez, je vous prie, l'expression de mes sentiments dévoués et confra- ternels, FÉ£E. M. Eug. Fournier annonce que la bibliothèque est maintenant ouverte aux membres de la Société les lundis, mercredis et ven- dredis, de 1 heure à 4 heures, et que le lundi qui suivra chaque séance, ils seront sûrs de pouvoir examiner dans cette bibliothèque la totalité des ouvrages offerts à la Société dans sa séance précé- dente. M. le Président donne lecture de la lettre suivante : (4) Voyez l'allocution de M, Ad, Brongniart aux funérailles de M. Arthur Gris, et la liste des travaux de noire regretté confrère, dans le Bulletin, t. XIX (Revue), pp. 99 et suiv. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872, 2h3 LETTRE DE M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. À Monsieur le Président de la Société botanique de France. Lyon, 14 novembre 1872, Monsieur le Président, Ayant ressenti quelques nouvelles atteintes de la maladie grave qui m'a frappé l'hiver dernier, et à laquelle je n'ai échappé que grâce aux soins dévoués de mon excellent ami M. le docteur Cosson, j'ai dû quitter Paris, pour aller chercher, pendant les plus rudes mois de l'hiver, un refuge sur les bords de l'extrémité orientale du Léman, où le climat est presque aussi doux que sur les rivages fortunés de notre Provence, Je viens donc vous prier, Monsieur le Président, de vouloir bien faire agréer mes excuses à la Société, aux séances ordinaires de laquelle ma présence est d'ailleurs rendue presque inutile par le zèle, les lumières et l'exactitude de mes honorables collègues du secrétariat. J'espère qu'avec leur aide bienveillante, je pourrai continuer à remplir de loin toutes mes autres fonctions, et notam- ment à poursuivre, avec plus de célérité qu'à Paris, la publication du Bulletin. J'ai, en Suisse, moins de distractions et de préoccupations, et je puis consacrer presque toutes mes journées à ma besogne. — Pour la circulation des épreuves el des manuscrits, je me suis arrangé de telle sorte que mon séjour tempo- raire hors de France n'augmentera en rien la dépense de la Société, ni celle d'aucun de mes honorables correspondants. Permettez-moi d'ajouter, Monsieur le Président, que mon voyage n'aura méme pas été tout à fait sans fruit pour la Société, J'ai passé d'abord quatre jours à Grenoble, dans le but unique de préparer les matériaux du compte reudu de la session de Prades-Montlouis, avec M. Henri Gariod, secrétaire de ladite session. La Société apprendra sans doute avec satisfaction que cet excellent et dévoué confrère, avec lequel je ne saurais assez me féliciter d’être entré en relations personnelles, avait su, gráce à une intelligence qui tient presque de la divination, rédiger les procès-verbaux et disposer le cadre de la session aussi régulièrement que M. Fournier ou moi l'aurions pu faire, Tout est parfai- tement ordonné. Il ne reste plus qu'un petit nombre de lacunes.à combler, et l'impression pourra commencer prochainement. — J'ai l'honneur de proposer à la Société de voter des remerciments à M. Gariod. Jamais, depuis seize ans, aucun secrétaire de session n'a plus consciencieusement rempli la tâche qu'il avait acceptée, tâche assez compliquée et absolument nouvelle pour lui. En ce moment je suis à Lyon (aussi dans l'intérêt de la Société), pour essayer d'y planter les jalons d'une session procbaine, car je crains bien que le voyage en Corse dont il a été question à Montlouis, tout attrayant qu'il est, ne soit fort difficile à réaliser dans les circonstances politiques actuelles, — 25^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Demain je me rendrai à Villefranche pour y continuer mes efforts, et après- demain je retournerai à Genève, puis à Vevey, puis à Montreux. J'aurais encore à vous signaler, Monsieur le Président, les motifs du retard actuel du Bulletin (que je déplore plus que personne) et les moyens que je compte employer pour remettre la publication au courant. Mais cette lettre devien- drait trop longue et priverait la Société de l'audition de communications plus importantes. J'aurai l'honneur d'en écrire à la Commission du Bulletin, que je vais faire convoquer suivant l'usage pour vendredi prochain, 22 novembre. Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'hommage de mon respectueux dévouement. W. DE SCHOENEFELD. Conformément à la proposition de M. le Secrétaire général, des remerciments sont votés à M. Gariod, pour les soins qu'il a apportés à la rédaction du compte rendu de la dernière session extraordi- naire, tenue à Prades et à Montlouis. A l'occasion du vœu exprimé par M. de Schoenefeld, relativement à la tenue d'une prochaine session à Lyon, M. Eug. Fournier dit que, sans vouloir préjuger ni même discuter le lieu qui sera choisi pour siége de la session de 1873, il doit informer la Société qu'il a recu de plusieurs botanistes belges des lettres qui témoignent de l'empressement avec lequel la Société serait accueillie par eux, si elle jugeait convenable de tenir sa prochaine session dans le nord de la France, de maniére à y comprendre une excursion en Belgique. La Société botanique de France pourrait ainsi, non-seulement ex- plorer des régions intéressantes au point de vue de leur végétation, tant actuelle que fossile, mais encore visiter de riches collections botaniques et horticoles, et notamment l'herbier national à Bruxelles, l'herbier Van Heurck, à Anvers, les établissements de MM. Linden et Van Houtte, etc. M. Ad. Brongniart fait hommage à la Société, de la part de M. le comte de Saporta, des 6°, 7° et 8* livraisons de sa Paléontologie francaise, végétauz des terrains jurassiques, etc. M. Ad. Brongniart dépose également sur le bureau un exemplaire du rapport qu'il a lu à l'Académie des sciences sur plusieurs mé- moires de M. Grand'Eury relatifs à la botanique fossile, et résume ainsi les principales découvertes de ce savant : RAPPORT SUR M. GRAND'EURY, par Mí. Ad. MBONGNIART. En présentant à la Société un exemplaire du rapport que je viens de faire me. À SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872, 245 à l'Académie des sciences sur le travail de M. Grand'Eury sur la Flore houil- lére de Saint-Étienne, je désire lui signaler très-brièvement toute l'impor- tance des études de ce savant ingénieur. M. Grand'Eury s'était proposé d'abord de trouver dans l'examen des fossiles végétaux qui accompagnent les diverses couches de houille du bassin de Saint-Étienne, un moyen de reconnaitre ces couches indépendamment de leur stratification souvent très-difficile à constater. Mais bientôt il a été entraîné par son sujet, et il a réuni sur les fossiles de ces terrains des docu- ments du plus grand intérét résultant des observations faites sur place dans les conditions les plus variées. Dans les Fougères, il a constaté, dans le terrain houiller lui-même, l'exis- tence de tiges arhorescentes de la forme des Psaronius, appartenant à deux groupes distincts, les uns à racines externes comme dans nos Fougères arbo- rescentes actuelles, les autres à racines adventives renfermées dans le tissu d'une écorce cellulaire épaisse. Il a reconnu l'existence de frondes énormes, se rapportant aux genres Neu- ropteris et Odontopteris, dont les pétioles simulent de grosses tiges, et qui semblent se rapprocher par ce caractère et par des indices de fructification des Marattiées actuelles. Les Calamites lui ont montré tous les degrés de leur développement et leur analogie frappante avec nos Préles, sauf l'absence des gaînes : il a en effet constaté cette absence sur de trés-jeunes rameaux et il a pu étudier l'organi- sation de ces grandes tiges fistuleuses. M. Grand'Eury me paraît avoir parfaitement confirmé la différence que j'avais signalée entre les vrais Calamites, Équisétacées, et les Calamodendron, végétaux ligneux arborescents de la division des Gymnospermes. Une de ses études les plus complétes est celle qu'il a faite des arbres qui consti- tuent le genre Cordaites, dont il a fait connaitre les tiges et les racines, les rameaux et les feuilles, enfin les fructifications, en indiquant les relations que l'ensemble de leur organisation parait établir entre eux et les Coniféres, telles surtout que les Dammara, les Podocarpus etles Taxinées, parmi lesquelles ils doivent constituer un groupe tout particulier. Ces quelques mots suffisent pour signaler toute l'importance du travail de M. Grand'Eury, mais ne donnent qu'une idée bien incompléte de ce grand ouvrage, qui sera une véritable flore représentant l'ensemble de la végétation de cette époque ancienne, la plus récente cependant de la longue période houillére. M. Brongniart fait ensuite connaitre quelques détails relatifs à la structure des tiges de Sigillaria et de Dictyozylon, à propos d'une note présentée par lui, le lundi précédent, à l'Académie des sciences, au nom de MM. Grand'Eury et Renault. 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOTE SUR LES TIGES DE SIGILLARIA A PROPOS DU MÉMOIRE DE M. RENAULT, pr M. Ad. BRONGNIART. En présentant à l'Académie des sciences le mémoire de M. Renault sur des tiges silicifiées d'Autun désignées sous le nom de Dictyoxylon, je n'ai pas pu avoir la parole pour faire quelques remarques à ce sujet, remarques que je demande à la Société la permission de lui soumettre. L'étude trés-exacte que M. Renault a faite de fragments de tiges que j'avais désignées dans les collections du Muséum sous le nom de Dictyoxylon, et l'heureuse chance qu'il a eue de rencontrer un de ces fragments présentant ]a surface extérieure de la tige, l'ont conduit, par suite de l'état incomplet de ces échantillons, à une détermination de ces parties que je necrois pas exacte. ]l a considéré le tissu d'apparence ligneuse comme constituant un vrai cylindre ligneux au dedans duquel se trouverait la moelle. Les caractères de structure de cette zone me semblent démontrer qu’elle correspond à l'écorce exté- rieure, sorte de couche subéreuse, que j'ai fait connaitre dans le Sigillaria elegans et qui differe du véritable axe ligueux par l'absence de toute espéce de vaisseaux ou de fibres ponctuées ou scalariformes. Cette zone n'est en effet composée que de fibres courtes, uniformes, mais elle différe de celle figurée dans le Sigillaria elegans en ce qu'elle est divisée par de larges espaces cel- lulaires qui déterminent la disposition réticulée de la masse du tissu fibreux, disposition également signalée par M. Binney dans ses importantes études sur son Sigillaria vascularis. La forme des cicatrices foliaires que montre la surface externe vient égale- ment confirmer que les Díctyoxylon ne sont autre chose que la zone corti- cale externe de certaines espèces de Sigillaria, dont l'axe ligneux et vascu- laireest probablement représenté à Autun par des échantillons que j'avais désignés dans les colletions du Muséum par le nom de Sigillaria xylinu, espèce qui diffère par quelques caractères seulement du Sigillaria vascu- laris de Binney (Philos. Trans. of the Royal Soc., 1865, p. 579). La forme des cicatrices d'insertion des feuilles sur la surface externe range cette espèce parmi les Sigillaires leiodermes (ou à surface lisse) et très-près du Sigéllaria lepidodendrifolía, si elle n'en est même pas une simple variété, M. le comte Jaubert donne lecture d'une notice nécrologique sur la vie et les travaux de Sébastien-René Lenormand (1). M. Eug. Fournier met sous les yeux de la Société de nombreux échantillons de Bidens radiatus Thuill., en fleurs et en fruits, re- cueillis sur les bords de l'étang de Saint-Hubert (Seine-et-Oise), les (4) Cette notice nécrologique a déjà été publiée dans le Bulletin, t. XIX (Revue), pp. 104 et suiv. - SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 187?. 947 échantillons en fleurs le 23 août dernier, et les échantillons en fruits à la fin de septembre. M. Fournier ajoute que la floraison tardive de cette espèce explique pourquoi elle est restée inconnue aux botanistes parisiens, méme après les indications de Thuil- lier (1). M. Eug. Fournier met ensuite sous les yeux de la Société des échantillons de plusieurs espèces nouvelles de Fougères recueillies au Nicaragua par M. Lévy et fait la communication suivante : SERTUM NICARAGUENSE, par Ml. Eug. FOURNIER. J'ai promis aux botanistes qui ont souscrit aux collections que M. P. Lévy ferait dans l'Amérique centrale de consigner dans le Bulletin de la Société la détermination des plantes rapportées par M. Lévy. Les circonstances ont retardé l'accomplissement de cette promesse, que je n'ai pas oubliée cepen- dant et que je commence à remplir aujourd'hui. Les ‘collections envoyées par M. Lévy à diverses reprises, pendant son premier voyage, s'élèvent à plus de mille espèces. Malheureusement un grand nombre n'ont pas été envoyées par lui en nombre et en état qui permit de les distribuer aux souscripteurs. Les plantes en nombre n'ont atteint que le chiffre de 516 dans ce premier voyage. Celles qui étaient en petit nombre ou en mauvais état ont cependant recu des numéros d'ordre, de 1000 à 1509, afin qu'elles pussent étre plus utilement citées. Les 448 premiers numéros de cette collection ont été accompagnés par M. Lévy d'un catalogue manuscrit oü se trouvent consignées des notes inté- ressantes sur un grand nombre des espèces de cet exsiccata ; ces notes seront jointes dans les notices publiées au Bulletin à la suite de chaque espèce qu'elles concerneront. Il en résultera, avec la description des nouveautés, un ensemble intéressant pour les botanistes qui étudient la flore de l'Amérique centrale, auquel je crois pouvoir appliquer justement le nom de Sertum nicaraguense. La flore du Nicaragua est en elle-même assez peu connue. Celle du Gua- temala, qui a servi de sujet à un mémoire spécial de Bertoloni, et celle de l'isthme de Panama, le sont davantage. Le Nicaragua lui-même, bien qu'il ait été exploré, n'a donné lieu qu'à des notes de voyage ou à quelques descriptions de plantes. Le botaniste allemand de Friedrichsthal, dont les plantes sont conservées dans l'herbier impérial de Vienne, me paraît être le premier en date; son voyage se placerait vers l'année 1843. Il a visité le Costa-Rica et le Nicaragua; mais bien que ses plantes fussent accompagnées d'étiquettes (1) Voyez le Bulletin, t. XIX (Revue), p. 83. 248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. donnant les localités d'une manière précise, les localités du Nicaragua ont été attribuées parfois au Guatemala à cause d'une inscription générale erronée apposée sur ces étiquettes (1) etsur les paquets qui renfermaient son herbier. Plusieurs plantes de Friedrichsthal ont été signalées dans divers mémoires, notamment le Polypodium Friedrichsthalianum Kze; mais aucune publica- tion d'ensemble n'en a été faite. M. OErsted, dont la science déplore la perte encore récente, a séjourné deux ans (1846-48) au Nicaragua et au Costa-Rica, et dit en avoir rapporté 6 à 700 espèces nouvelles d'animaux ou de plantes. Mais la premiére partie de son travail, seule publiée (2), ne renferme qu'une introduction (3) et la figure de quelques plantes. L'herbier de M. OErsted, mal conservé, était d'ailleurs dans un état dé- plorable en ces derniers temps, si je puis en juger par quelques échantillons qu'il avait eu l'obligeance de m'adresser en 1870. On trouverait, du reste, dans quelques mémoires publiés par lui (notamment sur les Acanthacées et les Gesnéracées), et dans les Videnskabelige Meddelelser pour 1872, etc., des indications éparses sur la végétation du Nicaragua (4). Viennent enlin les explorations de M. Seemann. Elles remontent, comme on sait, au voyage de l’ Herald, qui ne fit que toucher à quelques points de la cóte dans les régions qui nous occupent. Mais, plus tard, M. Seemann, attaché aux mines des Chontales, fit dans la région montagneuse du Nicaragua des explorations importantes. Le livre qu'il publia conjointement avec son ami et compagnon de voyage, M. Bedford Pim (Dottings on the road side, etc.) ne renferme rien de spécial sur la végétation du Nicaragua; mais M. See- mann envoya à diverses reprises à Kew des notes ou des plantes qui furent publiées dans le Journal. of Botany, et dont les principales sont relatives au Godwinia gigas, nouveau genre d' Aroidées, au Bomarea chontalensis Seem. , al Hypoderris Seemanni Prentice. Mais là encore aucun travail spécial. Aussi puis-je espérer que le Sertum nicaraguense remplira une lacune dans la litté- rature botanique; il aura avant tout l'avantage de mettre en lumière les explo- rations d'un compatriote. Je commencerai par la famille des Fougères, dont l'étude est terminée, mais sans me flatter de pouvoir suivre dans ces notes l'ordre de la classification quant à la succession des familles, (4) Je le dis de visu, ayant sous les yeux les Fougères recueillies par Friedrichsthal, que M. Fenzl a bien voulu me confier. (2) L'Amérique centrale, Recherches sur sa flore et sa géographie physique. Copen- hague, 1863, in-fol. (3) J'ai à dessein reproduit dans le Bulletin, t. XVI, p. 278, la partie de cette intro- duction qui est relative à la végétation du Nícaragua. (4) Ces pages étaient imprimées lorsque la librairie Friedlænder m'a procuré les bonnes feuilles d'un ouvrage non encore achevé, qui ont été achetées à la vente des collections laissées par feu M: OErsted en novembre dernier et qui traitent, dans l'ordre didactique, des plantes du Costa-Rica et du Nicaragua, en commençant par la cryptogamie infé- rieure. Je n'en ai obtenu ainsi que les six premiéres feuilles (pp. 1-96); mais j'ai pu m'assurer que les Fougères n'y sont pas comprises. (Note ajoutée pendant l'impression, (avril 4873.) SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. 249 SERTUM NICARAGUENSE. FILICES. NEUROMANES Trevis. N. Hedwigii V. d. Bosch. — Chontales (P. Lévy n° 4435). TRICHOMANES Sw. T. trichoideum Sw. — Absque loco (P. Lévy n° 1469). D’après un petit fascicule de Fougères fort ancien, qui provient de Swartz lui-même, et qui se trouve dans l'herbier du Muséum, cette espèce devrait porter le nom de 7. capillaceum L., que Swartz a cependant, dans son Synopsis, placé à la fin du genre Davallia, parmi les espèces douteuses de ce genre. T. alatum Sw. — Absque loco (P. Lévy n° 1509). T. radicans Sw. — Chontales (P. Lévy n° 1434). T. mexicanum Van den Bosch. — Absque loco (P. Lévy n° 1508). T. scandens L. — Absque loco (P. Lévy n° 1481). Le T. daucoides Presl Epim. p. 372, tab. 7, découvert à l'ile d'Ometépé par Friedrichsthal (n° 1040), n'a pas été encore retrouvé par M. Lévy. T. olivaceum Kze. — Absque loco (P. Lévy n° 1467). DIDYMOGLOSSUM Desv. D. Kraussii Presl. — Absque loco (P. Lévy n° 1480). Un Didymoglossum, voisin du D. punctatum Desv. , se trouve encore dans les collections de M. Lévy (n? 1506) ; mais le spécimen étant stérile ne peut donner lieu ici qu'à une mention. HYMENOPHYLLUM Sw. H, jalapense Schlecht. — Absque loco (P. Lévy n° 1468), LEPTOCIONIUM Pr. “L, pedicellatum (H. pedicellatum Kze). — Absque loco (P. Lévy n° 1466). ACROSTICHUM L. emend. A. melanopus Kze. — Absque loco (P. Lévy n* 1507). CHRYSODIUM Fée. Chr. hirsutum Fée. — Ad margines lacus nicaraguensis, in paludibus prope Granada (P. Lévy n? 15). Le pétiole de cette espèce a 2 mètres de longueur au moins. La jeune fronde est comestible. On la nomme au Nicaragua Palmichito, eomme plusieurs autres grandes Fougères. OLFERSIA Raddi non Presl, Le n° 1424 de M. Lévy paraît être une espèce nouvelle de ce genre jusqu'à 250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. présent monotype, mais en l'absence d'échantillons fertiles, elle ne saurait être décrite encore. LOMARIOPSIS Fée. L. vestita, n. sp. Frondes lanceolatae in caudicem parvum coalescentes, 1-1” longa, juniores tote squamis longis lanceolato-linearibus pallide fuscis dense imbricatis ado- perte, adultæ in stipite tantum brevi et rhachi inferiori dense vestitæ ; rhachi bisulcata, petiolis e sulco enascentibus ; sterium pinnulis mediocribus, 2-4” longis, mediis majoribus, infimis minimis, brevissime petiolatis, basi subcordato-truncatis, apice in acumen obtusum productis; fertilium 2-3” longis, margine tenuato indusiiformi, sporangiis mediocribus, annulo 13-arti- culato, sporis ovalis. vArboricola, Chontales, junio sporigera (P. Lévy n? ^76). Cette espèce se caractérise par sa vestiture, les Zomariopsis étant tous glabres d’après M. Fée (Gen., p. ^4); elle se distingue en outre du Z. ery- throdes Fée Gen. tab. I, B., par la forme de la bàse de ses pinnules. RuIPIDOPTERIS Schott. Rh. peltata Schott. — Absque loco (P. Lévy n° 4470). GYMNOPTERIS Fée. G. irregularis Fourn. — Arboricola, vivipara, in silvis pr. Granada, dec. sporigera (P. Lévy n^301); Chontales, junio sporigera (P. Lévy n° 1458). — Au Nicaragua /Jelecho negro (Fougère noire). z HETERONEURON Fée. C'est évidemment dans le genre Heteroneuron de M. Fée que rentre la fronde stérile du n° 472 de M. Lévy, qui provient des Chontales. Mais il ne me paraît pas certain que la fronde fertile du même numéro appartienne à la même espèce. Le genre Zeteroneuron Fée comprend d'ailleurs les genres Campium et Pocilopteris de Presl, et cette fronde stérile offre la nervation du genre Campium qui, même dans les Zpimeliæ, p. 170, n'a pas encore de représentants en Amérique. Je n'ai pas rencontré, dans les Fougères de M. Lévy, le Pœcilopteris lobu- losa Presl Epim. 173, décrit sur une fronde stérile rapportée par Friedrichs- thal et que je n'ai pas non plus-trouvé dans les collections de Vienne. ANETIUM Splitg. A. citrifolium Splitg. — Chontales, junio sporigerum (P. Lévy n° 1462). ANTROPHYUM Kaulf. A. cayennense Kaulf. — Chontales, in silvis, junio sp. (P. Lévy n° 1448). À. lanceolatum Kaulf. — Absque loco (P. Lévy n° 1482). À. lineatum Kaulf. — Absque loco (P. Lévy n° 4483). SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. 251 HEMIONITIS L. H. Levyi Fourn. in Bull. Soc. bot. XVIT, p. 237. — In insula Ometepe, ad rupes, oct. sporigera (P. Lévy n° 1157). NEUROGRAMME Link. N. rufa Link.— In insula Omotepe, in silvis, oct. sporigera (P. Lévy n° 157). GYMNOGRAMME Desv. G. calomelanos Kaulf. — Chontales, in silvis, junio sporigera (P. Lévy n? 1456). Var. pinnulis dilatatis (Ceropteris serrata Fée).— Granada (P. Lévy n° 76). Var, incisuris bidentatis (G. bidentata Presl). — Ibid. (P. Lévy n» 1300). CUSPIDARIA Fée. C. furcata Fée. — Chontales, arboricola (P. Lévy n° 480). XIPHOPTERIS Kaulf. X. serrulata Kaulf. — Absque loco (P. Lévy n° 1484). i POLYPODIUM L. emend. P. elasticum Bory (P. pendulum Schk. sec. Presl in herb. Mus. Vind.). — Absque loco (P. Lévy n°1491); Omotepe (Friedr. n°1025). P. Plumula Willd. — Chontales (P. Lévy n° 479). P. anisomeron Fée var. — Circa Granada (P. Lévy n° 1163). P. sororium Willd. — Chontales (P. Lévy n° 1422). P. attenuatum Willd. — Absque loco (P. Lévy n° 1477). «P. Kuhnii, n. sp. Rhizoma repens, paleis late ovatis brunneis onustam. Frondes membra- nacee, flaccidæ bipedales, stipite stramineo, profunde sulcato, 4-5 pollicari ; lamina 4-4! longa profunde pinnatipartita ; pinnis plus quam 20-jugis lineari- bus falcatis, 5-6'" longis, 4-5"" latis, basi utrinque dilatatis et in alam angustam confluentibus, apice attenuato acuto, margine calloso; maculis Goniophle- bii 2-3-seriatis, costalibus tantum soriferis, soris orbicularibus costae approxi- matis, annulo 12- articulato, sporis reniformibus. v]n insula Omofepe, oct. sporigerum (P. Lévy n° 1161). Cette plante a été regardée par M. Kuhn comme appartenant au P. atte- nuatum Willd. Je regrette de ne pouvoir partager cette opinion, qui n'était pas non plus celle de Kunze, d’après les échantiilons étiquetés de la main de ce savant dans l'herbier De Candolle. La plante de M. Lévy s'éloigne du P. atte- nuatum par les sores arrondis et non obliques, et par les aréoles proportion- ne lement plus courtes et plus larges. Elle a aussi les pinnules, même les infé- rieures, bien plus dilatées à la base. Elle se rapproche da P. ziphophoron Kze dont elle diffère par Ja forme de la base des pinnules, d’après la description de Mettenius (Po/., n° 107). 252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. P. letum Raddi. — Chontales (P. Lévy n° 1423). P. Falcaria Kze. — Absque loco (P. Lévy n° 1478). P. (Goniophlebium) rhodopleurum Fée. — Absque loco (P. Lévy n° 1486). P. nerüifolium Schkuhr. — In insula Ometepe, ad vetustas arbores, oct. sporigerum (P. Lévy n» 263). P. affine P. glaucophyllo Kze. — Chontales (P. Lévy no 1449). Mettenius a rapproché de cette espèce (Pol. n? ^29 b), le P. guatemalense Kl. Berliner Gartenzeitung, 1855, p. 33, que je ne connais pas. P. incanum L. — In insula Omotepe, oct. sporigerum (P. Lévy n° 1153). CAMPYLONEURON Presl. (0 C. dimorphum Fourn. DAP > Var. angustifolium. — Absque loco (P. Lévy n° 1476). C. Phyllitidis Presl. — Chontales, arboricola (P. Lévy n° 487). ~C. coarctatum (Polypodium coarctatum Kze in Linn. IX, 39). — Cho: tales, arboricolum, junio sporigerum (P. Lévy n° 481). Cette plante convient bien à la description reproduite par Mettenius (Pol. n° 145), si ce n'est quant à la longueur du pétiole, qui est loin d'atteindre 5 pouces dans les échantillons de M. Lévy. CHRYSOPTERIS Link. Chr. sporadocarpa Fée. — Absque loco (P. Lévy n° 1485). PLEOPELTIS Presl. P. percussa Hook. et Grev. — Chontales, arboricola (P. Lévy n° 482). CRASPEDARIA Link. C. vaccinifolia Link. — Chontales (P. Lévy, n° 1492). Se D €. cardiophylla (Marginaria Presl Tent. 188?, Polypodium cordatum e Desv. Ann. Linn. VI, 226? non Kze; certe non Craspedaria cordifolia Fée Crypt. Brés. 118, tab. 36, f. 1). — Chontales (P. Lévy n° 1430), immatura. PHEGOPTERIS Fée. Ph. martinicensis Fourn. — Absque loco (P. Lévy n° 1488). Ph. Wagneri Mett. — Chontales (P. Lévy n° 460). v Ph. nicaraguensis, n. sp. Rhizoma ascendens ; frondes coriaceæ stipite 1' longo, tetragono, sulcato, superne puberulo ; lamina 1'longa, lanceolata, pinnatisecta, segmentis 6-10- jugis, oppositis, subpinnatifidis, patenti-adscendentibus, infimis paulo mino- ribus, terminali basi attenuato, superioribus sessilibus basi inferiore truncato- auriculatis, superiore oblique cuneatis, mediis petiolulatis basi equaliter utrinque truncatis, inferioribus æqualiter attenuatis, cunctis in apicem atte- nuatis; laciniis obtusis, circiter 20-jugis; nervulis 11-jugis, binis ternisve inferioribus in sinum membrana hyalina instructum confluentibus, margine SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. 253 lobulorum et nervis in pagina inferiore pilos parvos simplices gerentibus; soris costulæ propioribus; sporangiis pedicellatis, annulo 15-articulato ; sporis nigris, reniformibus. Chontales, in silvis, junio sporigera (P. Lévy n° 460 bis). Cette espèce offre complétement le port du Phegopteris tetragona Mett., dont elle diffère par la disposition des nervures. Elle rappelle encore le Poly- podium refractum Fisch. et Mey., placé par M. Al. Braun dans le genre Aspidium, mais portant aussi une anastomose. Dans la monographie de M. Mettenius, elle devrait prendre le n° 38 bis ; les segments sont dans cette espèce bien moins larges et les nervilles moins nombreuses que dans le Phe- gopteris brachyodus Mett. Ph. tetragona Mett. ? — Circa Granada, in silvis (P. Lévy n° 55). Ce n'est qu'avec hésitation que j'adopte pour cette plante le nom de Phe- gopteris (Goniopteris) tetragona Mett. Fil. h. Lips., 8h. Elle offre parfaitement le port de cette espèce, et plusieurs des segments en reproduisent la nervation caractéristique : Nervi infimi in arcum conjuncti, proximi ad sinum una cum radio ex arcu ascendente adeuntes. Mais sur d'autres points du méme segment ou de la méme fronde ou d'une autre fronde émanant du méme rhizome, on trouve les deux nervilles les plus infé- rieures se dirigeant librement vers le sinus sans s'unir en arc. (J'ai constaté la méme variation sur un échantillon de Friedrichsthal [n° 581] déterminé par Presl.) Le méme segment d'une fronde se trouverait par conséquent rangé, suivant la classification de Presl, dans deux genres différents selon le point oü on le considérerait. Il existe de méme dans le genre Gontophlebium de cet auteur plusieurs espèces dans lesquelles les nervilles, ordinairement anasto- mosées comme le veut la diagnose du genre, se trouvent libres sur d'autres points de la méme fronde ou du méme segment, et retournent ainsi au genre Polypodium. Telle est la raison qui m'a empêché d'adopter le genre Gonzo- phlebium dans l' Enumeratio plantarum mexicanarum. J'ai encore constaté des variations analogues sur le Pteris biaurila L. Il faut reconnaître que ces faits constituent des objections sérieuses à adresser au système suivi par Presl dans la classification des Fougères, comme à tout système qui serait établi uniquement sur les caracteres de la nervation de ces plantes. Cependant, en ce qui regarde le genre Goniopteris en particulier, il faudrait se garder de conclure d’après l'examen des variations que présentent quelques échantil- lons anomaux. Aussi bien ces remarques ne contrarieraient-elles pas l'adoption du nom de Phegopteris tetragona Mett. Mais sur un seul des sporothèces des échantil- lons recueillis par M. Lévy, j'ai observé un indusium bien évident, petit, enfoncé dans son centre, à bord cilié. La plante devrait-elle pour ce fait passer dans le genre Aspidium ? Je ne le crois pas; car il parait certain que, sur l'immensité des sporothéces de ce Phegopteris, il n'y a jamais eu d'indu- 254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sium, C’est le cas de rappeler que plusieurs Fougères ont été rencontrées par les auteurs les plus compétents tantôt pourvues, tantôt dépourvues d'indusium. Je citerai le Bathmium plantagineum (Drijomenis plantaginea J. Sm. Bot. Her. 229, Polypodium plantagineum Jacq., Aspidium plantagineum Gris»b., Bathmium macrocarpum Fée Gen. 288) ; le Phegopteris refracta (Polypodium refractum Fisch. et Mey., Goniopteris refracta J. Sm. Cat. f. cult. 20, Aspidium refractum Al. Br. Ind. sem. hort. berol. 1856); il y en a d'autres exemples (1). Onaurait pu penser que le Phegopteris tetragona Mett. à l'état indusié devint l'Aspidium tetrogonum Nett. Pheg. u. Asp., n° 232 (A. setosum Kl.). Aussi n'ai-je pas manqué de comparer mon Phe- gopteris du Nicaragua avec l'A. se/usum KI., dont je possede en herbier un spécimen authentique, le n° 29% de Moritz. Mon Phegopteris en diffère (indépendamment du caractère fourni par l'absence relativement presque com- pléte d'indusium), par la fronde bien moins longue, les segments moins nombreux, l'anneau du sporange à divisions plus écartées, les spores muri- quées, et par la présence sur le réceptacle de longs poils blancs bi-trifurqués dés la base. Ces derniers caracteres existent-ils bien dans le Po/ypodium tetra- gonum Sw., type du Phegopteris tetragona Mett. ? C'est malheureusement ce que je ne saurais dire. Ph. crenata Mett. — Chontales (P. Lévy n° 1436). ASPIDIUM SW. A. molliculum Kze. — Prope Nandaïmé, ad rupes humidas, junio sporige- rum (P. Lévy n^ 3). À. Sprengelii Kaulf. — Chontales, in silvis pr. rivos (P. Lévy, n° 512). vA. chontalense, n. sp. Rhizoma... Frons membranacea, stipite 9" longo, basi paleis lanceolatis rufis obsito, lamina 8-9" longa, infra ad nervos pilis minutissimis albis simpli- cibus densis cum rhachi hirsuta, supra nitida, ambitu hastato-lanceolata, deor- sum tripinnatisecta, supra in acumen dentatum desinens; pinna breviter petiolatæ, infimae suboppositæ, 3-4" longa, lanceolata, superiores oblonga; pinoulæ lateris superioris in pinnis infimis multo minores, in pinnis supe- rioribus paulo majores, basales lateris inferioris in pinna infima maximae, basales brevissime petiolatæ, summæ confluentes, omnes ovato-elongatæ, obtusæ, inæquilateræ, basi inferiore cuneata, superiore truncata; laciniæ (vel segmenta tertiaria) sessiles e basi inferiore cuneata, superiore auriculata, cre- patæ, ad basim tantum pinnularum inferiorum discreta ; lacinulis monosoris, nervum in auricula 2-, alias 1-furcatum, usque ad marginem protensum excipientibus ; sori atrinque ad costulam segmentorum tertii ordinis rarius lacinularum uni-ordinati, in ramo antico dorsales, indusio reniformi, glabro, sporangiis parvis, nummulariformibus, annulo angusto, 13-articulato, (À) €f, Fée Gen. p, 311, RER UV SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. 255 “Chontales, in silvis (P. Lévy n° 516). A. Karwinskyanum Mett. — In insulae Omotepe pratis incultis (P. Lévy n° 1132). | A. mexicanum Presl, var. B. serratum Mett. sec. cl. Kuhn. — In præruptis insulæ Omotepe, octobri sporigerum (P. Lévy n° 207). A. Francoanum, n. sp. Rhizoma breve, ascendens ; frondes fasciculatæ, infra ad costas pilis simpli- cibus hirtæ; stipite 2-5°” longo, infra paleis latis lanceolatis denticulatis onusto; lamina 4-8” longa, lineari-lanccolata, crenato-lohata, petiolum paulo superante, basi attenuata, apice in acumen integrum producto; segmentis 20-30-jugis, adnatis, obtusis, inferioribus decrescentibus, margine callosis et ciliatis ; ner- vulis secundariis simplicibus v, rarissime furcatis, liberis, utrinque 8, binis v. ternis inferioribus uniuscujusque lateris in sinum membrana hyalina instruc- tum conniventibus, infimis lateris inferioris e rhachide orientibus ; soris cos- tulæ propioribus quam margini, utrinque 7; indusio reniformi margine ciliato, sporangiis ovatis, pedicellatis, annulo 17-articulàto, sporis ovatis. “Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n? 506). Cette espèce a été dédiée, sur le désir de M. Lévy, à M. Franco, alors consul du Nicaragua à Paris. A. Levyi, n. sp. Rhizoma ascendens; frondes firma, membranaceæ, plus quam pedales, lamina petiolum multo superante, lineari-lanceolata, pinnatisecta, in acumen longum desinente; segmentis sessilibus, basi æqualiter utrinque subhastatis, numerosissimis, patenti-ascendentibus, infimis minoribus; nervulis tertiariis pinnatis, infimis in sinum crenarum conniventibus; soris costulæ propioribus et secus costulam laciniz (vel, laciniis monosoris, secus costam segmenti) uni- ordinatis, ad nervos tertiarios (vel, tertiariis deficientibus, ad secundarios) insi- dentibus, indusio reniformi, pilis albis longis furcatis ciliato, sporangiis.... (immaturis). Chontales, secus rivos (P. Lévy n° 463) (1). Cette espèce me parait devoir être placée, suivant l'ordre de la monogra- phie de M. Mettenius, à côté de l'A. Skinneri ; elle se rapproche par son port de certaines formes de PA. scolopendrioides et de FA. reptans var. asplenioides (si tant est que cette dernière variété ne doive pas passer au rang d'espèce) ; mais elle n'a pas la nervation des Goniopteris. A. semicordatum Raddi. — Pr. Granada, ad margines silvarum, dec. spo- rigerum (P, Lévy n° 291); Chontales, in præruptis, oct. sporigerum (P. Lévy n? 1150). (4) fi est possible que, dans la précipitation causée par la nécessité de distribuer les collections de M, Lévy avant qu'il repartit pour son second voyage, les noms écrits sur les étiquettes imprimées n'aient pas toujours été parfaitement exacts. On est prié de ne s'en rapporter qu'aux numéros et à nommer d’après le présent travail. 256 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. CYCLODIUM Presl. C. meniscioides Presl, — Chontales, in silvis (P. Lévy n° 1459). BATHMIUM Link. A. Indusio peltato (Bathmium Fée). B. trifoliatum Link. — Absque loco (P. Lévy n° 1487). “Var. heracleifolium (B. heracleifolium Fée Gen. 287). — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n° 500). 7 B. Poppigit (Aspidium Pæppigii Presl pim. 62). — Chontales, in silvis, P. Lévy n° 1437). Les sores sont en général dans cette espèce placés au sommet des appen- dicules, libres dans les aréoles, d'une manière plus constante que dans l'espéce précédente. B. Indusio reniformi (Cardiochlæna Fée). " B. nicaraguense, n. sp. Rhizoma ascendens ; frondes subcoriacez, lamina integra, ovali-lanceolata, basi cordata, apice attenuata, mesonevro subtus prominente, stipite nigro, sulcato, basi paleis elongatis vestito ; steriles latiores, pedem longa, lamina petiolum plus duplo superante; fertiles stipite longissimo, frondem sterilem longe superante suffultae, angustiores, 4-5” longæ, 1"^ latae, margine paulum sinuato ; nervi secundarii costæformes prominuli, nervulis areolas Drynariæ appendiculatas efformantibus. Sori inter costas secundarias biseriati, majus- culi, receptaculo orbiculari, indusio amplo, coriaceo, persistente, reniformi, sporangiis sessilibus, 15 -articulatis. vChontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n° A51). Cette espèce a des rapports intimes pour la forme de la fronde avec le Polypodium cordifolium Mart. Gal. Foug. Mex. tab. ^, f. 2. Il est vrai que celui-ci est dépourvu d'indusium, mais ce caractère aurait pu ne pas m'empécher de joindre la figure de Galeotti à la plante si fortement indusiée de M. Lévy, en me fondant sur les remarques que je viens de développer au sujet du P/egopteris tetragona. Mais j'ai été détourné d'opérer cette réunion par l’assertion de Liebmann, qui, ayant observé sur les lieux au Mexique, dit (Mexicos Bregner, p. 125) avoir reconnu que le Polypodium cordifolium Mart. Gal. est une forme du Bathmium trifoliatum Link. C'est l'opinion qu'a suivie Mettenius et que j'ai adoptée moi-même dans l'Z'nume- ratio plantarum mexicanarum, p. 99. ATHYRIUM Roth. A. Skinneri Th. Moore. — Circa Granada, Las Fuentes, ad rupes humidas, januario sporigerum (P. Lévy n° 380). Ko ©! NI SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. ASPLENIUM L. À. serratum L. — Chontales, arboricola (P. Lévy n° 486), A. formosum Willd. — Chontales, ad rupes humidas, junio sporigerum (P. Lévy n° 477); circa Granada (P. Lévy n° 4143). ` A. erectum Bory. — Chontales, in silvis (P. Lévy n° 1438). A. subalatum Hook. et Arn. — Circa Granada ad rupes (P. Lévy n° 267). A. salicifolium L. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n? 515 bis). A. abscissum Willd. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n? 515 fer). À. Levyi Fourn., n. sp. Rhizoma ascendens, cæspitosum ; (rondes pinnatisectæ, in acumen serratum longum desinentes, non radicantes, glabra, coriaceze, 6'/-1' longæ v. plus quam pedales, limbo stipitem griseum fere nudum basi sulcatum «quante ; segmenta integra, opposita v. subopposita, ascendenti-patentia, iuferiora pau- lum breviora, sessilia, linearia, 1 1-2"^ longa, basi attenuata, superiore latiora, bidentata, nervis angulo 20° currentibus anadromis ; nervo primo superiore ramos 2 furcatos in auriculam obscuram abeuntes eniittente ; sori promi- nentes, fulvi, in ramo antico insidentes, parvi, indusio fornicato in paren- chyma vix producto ; sporangia pedunculo longo unicelluloso suffulta, annulo tenui longo 47-articulato sub finem angustato, sporis ovalibus nigrescentibus. " Chontales, arboricola, junio sporigerum (P. Lévy n° 474). Cette espèce me parait devoir se placer, dans la classification de M. Met- tenius, du reste un pea confuse, au voisinage de l'A. sanguinolentum. A. anisophyllum Kze (A. remotum Saint-Hil. msc. in herb. Mus. paris.).— Chontales, arboricola, junio sporigerum (P. Lévy n° 475). Cette espéce est, au point de vue géographique, une des plus intéressantes que M. Lévy ait rapportées, parce que c'est une des espèces communes à PA- mérique (où du reste elle est rare) et à la Polynésie. On l’a trouvée à Saint- Domingue et à Cuba (Linden n° 1887). A. Fournieri Kuhn. Fourn. in Zull. Soc. bot. Fr., XVII, 237. — In insula Omotepe ad rupes, oct. sporigerum (P. Lévy n° 1159) ; circa Gra- nada, januario sporigerum (P. Lévy n° 1312). A. cicutarium L. — Absque loco (P. Lévy n° 1479). A. plantagineum L. — Chontales, in silvis, junio: sporigerum (P. Lévy n? 504). A. ambiguum Raddi? (Asplenium Shepherdi Meu.! Aspi. n° 171). — Absque loco (P. Lévy n° 1471) ; Cuba (Linden n° 1898). Cette forme est voisine de l'A. Schiedei Mett., mais elle a les pinnules plus obtuses. Il me paraît probable que sous le nom d'A. Shepherdi Mette- nius a confondu plusieurs espèces. T. uL (SÉANCES) 17 258 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A. denticulosum Desv. — Chontales, junio sporigerum (P. Lévy n° 515). A. grandifolium L. — Chontales, in silvis (P. Lévy n° 503). ZA. (Diplazium) Callipteris Fée. — Chontales, in silvis (P. Lévy n° 503 bis). A. Lindbergii Mett. — Chontales, junio sporigerum (P. Lévy n° 1489). A. Kunzei Mett. — Chontales, junio sporigerum (P. Lévy n° 1461). BLECHNUM L. B. occidentale L. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n° 495); in præruptis umbrosis circa Granada, januario sporigerum (P. Lévy n° 407) ; in insula Omotepe (P. Lévy n° 1134). B. gracile Kaulf. — Chontales, ad rivos, junio sporigerum (P. Lévy n* 498). : LoManiA Willd. L. onocleoides Sw. — Chontales, in silvis (P. Lévy n? 1564). VITTARIA Smith. V. costata Kze. — Chontales, in silvis, junio sporigera (P. Lévy n° 1418). Cette espèce a été aussi rencontrée à la Guyane (Lepr. nis 63, 344). PTERIS L. P. edentula Kze. — Chontales, in silvis, junio sporigera (P. Lévy n° 493). P. pungens Willd. (Chilocampes venosa. Presl in herb. Vindob.). — Chon- tales, in silvis, junio sporigera (P. Lévy n° 495 bts). P. caudata L. — Chontales, in incultis, junio sporigera (P. Lévy n° 541). P. decomposita Gaud. — Chontales, in incultis (P. Lévy n° 511 Bus). P. apicalis Liebm. — Absque loco (P. Lévy n? 1471). Cette espèce, qui appartient au sous-genre Litobrochia par sa nervation réticulée, se caractérise par l'existence de trois nervures partant de l'arc pour se rendre au sinus. Le P. Orizabæ Mart. et Gal. ales pinnules plus rappro- chées, et un double rang d'aréoles entre l'arc et le sinus, ainsi que le P. pul- chra Liebm. CHEILANTHES Sw. emend. Fée Gen. Ch. brachypus Kze. — In insula Omotepe, ad rupes, oct. sporigera (P. Lévy n° 1131). Ch. angustifolia Hook. — In insula Omotepe, ad rupes, oct. sporigera (P. Lévy n° 1136). ADIANTUM L. A. lunulatum Burm. — Absque loco (P. Lévy n° 175 bis). A. dolabriforme Hook. — Circa Granada, ad rupes umbrosas (P. Lévy n? 175). SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. 259 A. concinnum HB. — In silvis circa Granada, januario sporigerum (P. Lévy n" 395) ; in insula Omotepe (P. Lévy n° 1149). A. tenerum Sw. — Circa Granada (P. Lévy n° 1040). A. trapezoides Fée. — Las Fuentes, in silvis pr. Granada, januario spori- gerum (P. Lévy n? 367). A. trapeziforme L. — Las Fuentes pr. Granada, in silvis, januario sterile (P. Lévy n° 367 bis). A. macrophyllum Sw. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n? 494). A. pulverulentum L. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n° A89). A. acuminatum Desv. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n° 490 bis). - A. villosum L, — Jismapa pr. Granada, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n? 22). A. striatum "Willd. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n° 489 bis). A. oblique-truncatum Fée (A. villosum Eat. non L.). — Circa Granada, in silvis (P. Lévy n° 40). A. obliquum Willd. — Chontales, iu silvis, junio sporigerum (P. Lévy n° 490 fer), — Lindig n° 147, Weddell n° 630 (in Brasilia) ; Guadalupa (Lherm.). A. lucidum Mett.! an Sw. (A. intermedium Sw. sec, Presl in herb. Vin- dobonensi). Var. œ. pinnatum. — Chontales, secus rivulos, junio sporigerum (P. Lévy n° 496). Var. B bipinnatum Mett. — Ibid. (P. Lévy n° 490), A. dolosum Kze. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n* 492). DiCTYOXIPHIUM Hook. D. panamense Hook. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy ' n* 452). Nous avons eu quelque difficulté à déterminer cette espéce d'un genre monotype qui n'existait pas dans les collections du Muséum, d'autant plus que l'indusium en est mal figuré dans le Synopsis Filicum de M. Baker. Cet indusium ayant presque disparu sur nos échantillons, nous avions été tenté de la rattacher aux Ptéridées, où elle aurait pris place dans le genre Amphibles- tra ; mais il ne peut rester de doute sur l'exactitude du classement de cette espèce. DIDYMOCHLENA Desv. D. sinuosa Desv. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n° 469). 260 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NEPHROLEPIS Schott. N. pendula Fée Gen. 319 (Aspidium pendulum Raddi). — Chontales, ad rupes (P. Lévy n° 485) ; Taboga in Mexico (Thiébaut n° 1246). N. punctulata Presl, var. lobulis prominentibus serratis. — Absque loco (P. Lévy n° 1503). Cette variété est la méme que la forme indiquée au Mexique. HYPODERRIS R. Br. v H. adnata, n. sp. Frondes late lanceolatæ, glabræ, lucida, basi pinuatisectæ, superius pinna- tifidæ, plus quam pedales, stipite stramineo, sulcato ; segmenta a basi ad api- cem decrescentia, infima 8" longa, crenata, falcata, inferiora basi inferiore longius decrescente adnata, superiora confluentia ; nervis secundariis cata- dromis parallelis, fulcatis, infra prominulis, rete Drynariæ; sori dorso vel apice nervorum insidentes, secus nervos secundarios ad marginem biordinati ; indusio sepius evanido, squamis parvis obtusis rotundato-ovalibus constituto; sporangia mediocria, pedicello pluricellulato suffulta, annulo 13-articulato, sporis nigrescentibus, muricatis. v Chontales, in silvis, junio sporigera (P. Lévy n° 501). H. marginalis, n. sp. Frondes lanceolatæ, infra pinnatæ, plus quam pedem longe, lobis acutis lanceolatis confluentibus, superius tantum lobatæ, dein undulatæ, deinceps apice integrae, acutae, mesonevro cum stipite erubescente. Rete ut in generibus Amphiblestra, Bathmio, e maculis appendiculatis constituto. Sori apice tantum segmentorum frondis secus nervum medium ordinati, margini pro- piores, indusio translucido, nigrescente, orbiculato, lobato, squamis subor- bicularibus. Chontales, in silvis, junio sporigera (P. Lévy n° 501 bis). Cette espèce et la précédente different évidemment de l'Æypoderris See- . manni Prentice in Journal of Botany, 1869, p. 240, qui provient également des Chontales, mais dont la fronde est bipinnatifide, et dont les sores sont disséminés réguliérement sur toute la surface inférieure de la fronde. Il y a donc dans les Chontales trois espèces de ce curieux genre Æypoderris, dont la quatrième, H. Brownii J. Sm., connue de la Trinité, se trouve aussi au Brésil (Weddell n° 647). DENNSTEDTIA Bernh. D. ordinata Fourn. Mex. 131. — Absque loco (P. Lévy n° 1493). LOPHOSORIA Presl. L. pruinata Presl. — Chontales (P. Lévy no 1474). SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872, 961 ALSOPHILA R. Br. A. microphylla Kl. — Absque loco (P. Lévy n° 1475). HEMITELIA R. Br. H. nigricans Presl Æpim. 31? — Chontales, in silvis, junio sporigera (P. Lévy n°465). Je n'inscris cette détermination qu'avec doute, cette plante ayant : sor? 3-4 in in unaquaque lacinia, tandis que Presl n'attribue à la sienne que : soris discretis uno-duobus. Mais tous les autres détails conviennent ad- mirablement, D'ailleurs Æ. nigricans Presl est une plante du Nicaragua, recueillie par de Friedrichsthal sur les bords du fleuve San Juan, mais indi- quée par erreur au Guatemala dans le texte des £pimeliæ, comme cela est arrivé fréquemment pour les plantes de Friedrichsthal. Cette espéce fait mal- heureusement défaut dans la collection que M. Fenzl m'a communiquée. Il y a encore dans les récoltes de M. Lévy d'autres échantillons de Fou- geres arborescentes, trop incomplets pour qu'ils puissent étre déterminés avec certitude. MERTENSIA Willd. M. tomentosa Sw. — Chontalés, in silvis humidis, junio sporigera (P. Lévy n? 509). ! MARATTIA Sm. M. weinmanniæfolia Liebm. — Absque loco (P. Lévy n° 1473). ANEIMIA Sw. A. incisa Schrad. — In præruptis insule. Omotepe, octobri sporigera (P. Lévy n? 264). A. filiformis Sw. — Circa Granada, in fossis, septembri sporigera (P. Lévy n° 209). A. adiantifolia Sw, — Circa Nañndaïmé, junio sporigera (P. Lévy n° 27). LYGODIUM Sw. L. venustum Sw. — (L. Vincetoxicum Saint-Hil, in sched.). — In incultis insulae Omotepe, octobri sporigerum (P. Lévy n° 130). L. commutatum Presl! — Ibidem, stérile (P. Lévy n° 130 bis), L. oligostachyum Desv. — Circa Granada, januario sterile (P. Lévy n° 1363). eL. (Hydroglossum) spectabile Liebm. — Chontales, in silvis, junio sporige- rum (P. Lévy n? 4494). L. heterodoxum Mett. — Chontales, in silvis, junio sporigerum (P. Lévy n° 1463). Là se borne la liste des Fougères que M. Lévy a envoyées jusqu'à présent. 962 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Comme cette collection sera probablement complétée par des envois ultérieurs, nous n'ajouterons pas ici de remarques générales sur les Fougéres du Nica- ragua, les réservant pour l'avenir. Nous ferons seulement observer un fait qui ne manque pas d'intérét, et que les récoltes actuelles de M. Lévy suffisent pour mettre pleinement en lumière : c'est que, malgré la différence de niveau, un grand nombre d’espèces se retrouvent à la fois à Grenade de Nicaragua, au bord du lac, c'est-à-dire à une altitude trés-faible, et dans la région monta - gneuse des Chontalés. M. Lévy évalue environ à 600 métres la localité oü il a herborisé dans ces montagnes. Des faits encore plus frappants ont été déjà cités ailleurs, pour montrer combien les Fougeres de la zone intertropicale sont indifférentes à la différence d'altitude méme dans des limites très-étendues (1). M. Ad. Brongniart présente les observations suivantes sur la ner- vation considérée comme caractére générique dans les Fougéres : L'introduction des caractéres tirés de la nervation dans la distinction des genres de Fougéres, qui est due en premier, je crois, à Robert Brown, me paraît propre à établir des groupes trés-naturels et très-distincts, si on limite son emploi dans de justes mesures. Il y a des modifications dans la nervation qui me paraissent n'étre que les conséquences d'une méme organisation primitive; d'autres résultent, au con- traire, d'une disposition essentiellement différente, sans transition possible de l'une à l'autre. Ainsi des nervures simples bifurquées ou dichotomes passent à la disposition réticulée par l'anastomose de ces nervures, de maniére à former un réseau à peu prés régulier, à mailles égales et semblables; ces modifica- tions ne me paraissent avoir qu'une valeur secondaire : c'est ce qu'on observe dans les Lygodium, dans beaucoup de Pteris et autres genres, Mais la ner- vation par arcades ou par union latérale des nervures secondaires, de manière à former des aréoles plus ou moins quadrilatères, avec nervules libres ou anastomosées, me parait constituer une nervation qui ne peut pas résulter de la nervation bifurquée ou dichotome, que je considére comme incompatible avec elle, et fournissant alors des caractères d'une véritable valeur. C'est ainsi que plusieurs des genres formés aux dépens des anciens Polypodium et Aspi- dium me paraissent d'excellentes coupes génériques. Pour conclure, je dirai que les caractères déduits des plus légères modifica- tions de la nervation me semblent conduire à des divisions génériques peu im- portantes et souvent peu naturelles; que l'exclusion générale et systématique des caractères tirés de la nervation, comme Mettenius l'avait fait dans ses der- niers ouvrages, me paraît priver la classification de divisions génériques très- (4) Voyez ce que j'en ai dit dans le Bulletin, à propos de la distribution géographique des Fougères mexicaines (t. XVI, session de Pontarlier, p, XLIII). SÉANCE DU 45 NOVEMBRE 1872. 265 bien définies et très-naturelles ; qu'en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, une juste appréciation de la valeur et de la constance des caractères doit diriger le botaniste et lui faire adopter un juste milieu entre deux extrêmes également exagérés. M. Eug. Fournier se félicite d'entendre M. Brongniart exprimer une opinion analogue à celle que lui-méme avait émise, non sans hésitation, dans une note insérée aux Comptes rendus et Mémoires de la Société de Biologie (4° série, t. V, p. 61 du Compte rendu des séances). C'est en suivant cette opinion qu'il s'est refusé à admet- tre, dans l'Enumeratio plantarum mexicanarum, des genres tels que Goniophlebium et Litobrochia, tandis qu'il en a accepté d'au- tres, tels que Campyloneuron, Chrysopteris, Pleuridium, Amblya, Bathmium, où la différence de nervation coincide avec une diffé- rence dans la disposition des sores et dans le port des plantes. M. Chastaing adresse à la Société une photographie représentant, dans des proportions réduites, des frondes fertiles et stériles de Lomaria Spicant, bifurquées ou trifurquées au sommet. Ces échan- tillons ont été récoltés par lui dans les terrains schisteux des envi- rons de la Chátre (Indre). M. Chatin fait à la Société la communication suivante : SUR LA PRÉSENCE DE L'ILYSANTHES GRATIOLOIDES AUX ENVIRONS D'ANGERS, par NE. Ad. CHATIN. Le 16 octobre 1872, étant de passage à Angers, je ne manquai pas d'aller rendre visite au savant auteur de la Flore du centre de la France, notre digne et excellent collègue M. Boreau, qui a formé, par ses herborisations et ses écrits, plusieurs générations de botanistes. La conversation ayant été ame- née sur l'//ysanthes gratioloides, cette intéressante plante dont, il y a quel- ques années, les membres de la Société botanique purent récolter de beaux exemplaires à Trentemoult, en aval de Nantes, où depuis, chassant le Zin- dernia pyxidaria qui lui avait prêté un imprudent abri, il s'est presque complétement substitué, à la manière des ingrats, au trop hospitalier Zin- dernia, M. Boreau me proposa d'aller recueillir sur les bords de la Maine, dans une localité où il l'avait trouvée depuis peu d'années, l'acclimatée de Trentemoult. La proposition de M. Boreau fut sur-le-champ acceptée, un peu pour l’/{ysanthes, surtout pour passer avec lui quelques bonnes heures, et le lende- main 17, nous remontions la Maine, ayant admis en tiers dans notre prome- nade le docteur Lieutaud, professeur d'histoire naturelle médicale à l'École de 264 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. médecine et de pharmacie d'Augers, l'une des meilleures recrues enrólées par M. Boreau sous la bannière de Flore. Arrivés aux environs de Saint-Léonard, nous vimes, sur une plage étendue qui s'abaisse insensiblement vers la Maine, dont le limon la féconde en s'y déposant avec quelqnes débris (fruits et tiges de Trapa natans, etc.), arrachés aux étangs supérieurs, comme une immense prairie essentiellement formée par l Zlysanthes. La plus grande partie de cette prairie, longue d'au moins 2 kilo- mètres et large de plus de 50 mètres, était à ce moment sous les eaux, par suite de la crue de la rivière. La plante, en pleine fructification, avait presque toutes ses extrémités tronquées par le bec des canards sauvages, oiseaux trés- friands de ses jeunes et tendres pousses. Cependant je pus, aidé de mes bons compagnons, MM. Boreau et Lieutaud, récolter de trés-nombreux exemplaires nou mutilés, que je me fais un plaisir d'offrir, en notre nom commun, aux membres de la Société botanique. Deux remarques se présentèrent d’elles-mêmes à nous. La première est que l'//ysanthes fait à peu prés complétement défaut sur la berge de la rive droite, berge trés-inclinée, par conséquent peu favorable au dépót du limon de la riviére, et sur les pentes de laquelle les eaux sont, à des intervalles trés-voisins, ou nulles, ou profondes, tandis qu'elles s'étendent insensiblement en nappe sur la plage presque horizontale de la rive gauche. La seconde remarque est que le terrain de cette rive gauche, où I'//ysanthes abonde, ne lui est guère disputé que par le Gratiola officinalis, proche pa- rente qui semble méme se retirer devant lui, comme le fait à Trentemoult un autre genus affine, le Lindernia, C'est ainsi qu'ingrat une fois encore au sein de membres de sa famille qui l'avaient accueilli aux débuts de sa naturalisa- tion, l’/lysanthes gratioloides, aprés avoir pris au Gratiola jusqu'à son nom, semble vouloir le chasser des lieux qu'il a choisis pour y établir ses colonies. Depuis quand l'//ysanthes est-il fixé sur les bords de la Maine et comment s'est faite sa naturalisation? Nul ne le vit à son arrivée, et sans doute que, comme vers Nantes, il a été transporté avec les emballages de quelque bateau venu des terres lointaines (Amérique du Nord) desquelles il est indigène. Quand il y fut, il y a quelques années, observé pour la premiere fois, déjà il y était abondant comme aujourd'hui, ce qui indique une naturalisation ancienne. Du reste, nulle trace, sur les bords de la Maine, du Lindernia des rives de la Loire. M. Bureau présente à ce sujet les observations suivantes : En 1868, lorsque l’/lysanthes fut découvert en France, j'essayai, avec M. Lloyd, de déterminer l'époque précise de son introduction. Il résulta des recherches faites par nous dans un grand nombre d'herbiers qu'en 1853 le SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. 265 Lindernia pyxidaria existait seul à Trentemoult, prés Nantes; qu'en 1858, M. Lepeltier y récoltait I'/7ysanthes, et qu'en 1861, lors de la visite de la So- ciété botanique à cette localité bien connue, l'//ysanthes avait pris compléte- ment la place du Lindernia. C'est l'espèce exotique, et non l'espèce ancienne et indigène, qui fut recueillie abondamment par nos confrères. Les deux plantes se ressemblent tellement, que les botanistes nantais ne s'étaient pas encore apercus de la substitution. C'est donc entre 1853 et 1858 que l'//ysanthes est apparu à Nantes. Qu'il soit originaire de l'Amérique du Nord, cela n'est pas douteux; mais par quelle voie est-il venu s'installer à l'embouchure de la Maine et sur les rives de la basse Loire? C'est ce qui restera peut-étre toujours trés-obscur. Le transport direct des graines par un navire est moins probable qu'on ne pour- rait le croire. Les relations commerciales de Nantes sont principalement avec les Antilles, la Réunion et l'Inde. Il est trés-rare que des navires venant des États-Unis abordent dans ce port : c'est au Havre qu'ils se rendent presque tous, A en juger d’après les détails donnés par M. Chatin, la plante est beaucoup plus abondante à Angers qu'à Nantes, et il est important de remarquer qu'elle y a été cueillie par M. G. Genevier en 1851, c'est-à-dire deux ans au moins avant l'époque où elle s'est montrée dans la Loire-Inférieure. Il me parait donc assez probable que l'7/ysanthes, au lieu de se propager en remontant la Loire, a descendu le cours du fleuve. Ses graines ont fort bien pu arriver avec des ballots de fibres textiles débarqués au Havre et expédiés à quelqa’une des filatures d'Angers, soit par le chemin de fer, soit plutót par la navigation inté- rieure, au moyen de ces bateaux qui passent de la Seine à la Loire par le canal de jonction et descendent ensuite ce dernier fleuve, transportant à plus bas prix que le chemin de fer les marchandises destinées aux villes de l'Orléanais, de la Touraine et de l'Anjou. Je n'émets ici, bien entendu, qu'une simple hy- pothése; mais, parmi celles qu'on peut faire sur l'origine et la marche de cette naturalisation inattendue, je n'en trouve pas qui s'accorde mieux avec les faits observés. M. Pérard rappelle le mémoire de M. Boreau sur la naturalisation de cette plante. M. Cosson signale quelques faits analogues à cette rapide invasion de l’{lysanthes, offerts par le Cyperus vegetus et le Panicum vagi- natum aux environs de Bordeaux. M. Chatin fait remarquer que la nature et la disposition du ter- rain semblent avoir influé puissamment sur l'abondance de la plante dans les localités où il a recueilli I'Zlysanthes. M. Mouillefarine fait à la Société la communication suivante : 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LA FLORULE OBSIDIONALE DES ENVIRONS DE PARIS EN 1872, pr MM. GAUDEFROY e MOUILLEF ARINE. Nous avons, au mois de novembre 1871, entretenu la Société de l'appari- tion de plantes méridionales sur les points où avaient campé les troupes fran- caises pendant les deux siéges de Paris (1). Ce phénoméne n'a pas occupé seulement les botanistes parisiens, il parait s'étre produit partout oü se sont arrétées nos troupes durant les tristes campagnes de 1870-1871. M. Nouel a présenté à la Société des sciences et arts d'Orléans une liste de 90 espéces méridionales observées autour de cette ville. M. Paillot en signale 161 aux environs de Besancon dans le Bulletin du Flora Sequanic exsiccata. Les deux listes sont à peu prèsidentiques aux nôtres et relèvent la méme végétation. Des observations semblables, encore inédites, ont été faites à Angers par M. Boreau, à Blois par M. Franchet et à Vendóme par M. Ernest Nouel. Chose assez remarquable, M. Buchinger à Strasbourg, avait, avant le commence- ment des hostilités, prévu ces introductions, sur l'inspection des fourrages de notre cavalerie ; et c'est sur ses indications que les premières recherches ont été faites dans les anciens campements de l'armée de la Loire. M. le marquis de Vibraye a eu le privilége d'intéresser le public à cette question des plantes adventices par une communication qu'il a faite le 27 mai 1872 à l'Académie des sciences et que la plupart des journaux ont ana- lysée. Mais le savant correspondant de l'Institut s'est placé sur un autre ter- rain que le nôtre, celui de l'agronomie. Il lui à paru que ces plantes nou- velles, se développant si loin de leur pays natal dans de telles conditions de vitalité et d'énergie, pouvaient constituer d'importantes recrues pour l'agri- culture fourragère, et il s'est engagé à en suivre et à en étudier les dévelop- pements. Nous savons que son exemple a été suivi, et que, sur plusieurs points, la culture des plantes algériennes est à l'étude. La Société concoit que nos études de l'an dernier prenaient pour nous un nouvel intérêt et que notre première préoccupation, au printemps de cette année, fut pour ce que nous avions nommé la Z7orule obsidionale. La réapparition méme de cette florule était rendue fort problématique par l'hiver que nous venions de traverser. On se rappelle que le thermométre était descendu, en décembre 1871, jusqu'à — 23 degrés. C'était une rude épreuve pour des plantes algériennes, et nous n'avons pas constaté sans quel- que surprise que la grande majorité en avait triomphé. Cette surprise doit cependant diminuer quand on y regarde de plus prés et quand on tient compte du rôle protecteur qu'a joué, pendant la période des grands froids, l'épaisse couche de neige dont la terre était couverte (2). (1) Voyez le Bulletin, t. XVIII, pp. 246 et suiv. : (2) On s'en convaincra d’après le relevé des observations faites à l'Observatoire de SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872, 267 Notre ami M. Bernard Verlot, collaborateur et conseil assidu de nos recher- ches, nous a fourni des observations qui viennent trop utilement confirmer les nôtres pour que nous manquions à les rapporter ici. A l'école de botanique du Muséum de Paris, un grand nombre de plantes appartenant à la région méditerranéenne, au Cap, au Mexique, à la Californie, se ressément à l'au- tomne; puis, sans que l'hiver soit trés-rigoureux, elles disparaissent peu à peu, et au printemps il n'en reste plus de trace. Or, pendant l'hiver dernier, mal- gré le froid et grâce à la neige, il a vu survivre 129 espèces qui y succombent habituellement. Ces espèces sont les suivantes : Agrostis oreophila. Andriala laxiflora. — lachnantha. Lobelia Erinus ! Polypogon monspeliensis. Campanula Lœflingii. Chæturus fasciculatus. — Loreyi, Lagurus ovatus. — strigosa. Briza minor, Picridium tingitanum. — maxima. Zacintha verrucosa. Avena parviflora. Pterotheca nemausensis. — geminiflora. Hedypnois polyorpham. — hirsuta. Tolpis barbata. Echinaria capitata. ^ Seriola ætnensis. Bromus Gussoni. Barkhausia rubra. Ægilops speltoides. Notobasis syriaca. — cylindrica. Lactuca oleifera. — triuncialis. — Dregeana. — bicornis. Picris pauciflora. — Aucheri. Tripteris cheiranthifolia. Festuca cynosuroides. Leucanthemum setabense. — pectinella. Gamolepis Tagetes. — geniculata. Lonas inodora. Schismus marginatus. Cenia discoidea. Lamarckia aurea. Cotsula coronopifolia. Cynosurus elegans. Dimorphotheca pluvialis. — polybracteatus, Pyrethrum Myconis. Hordeum maritimum. Xeranthemum annuum, Psilurus nardoides. : Florestina pedata. Lepturus subulatus, Gunthera viscosa. Paspalum dilatatum. Schkuhria abrotanoides. Phalaris truncata. Burrielia gracilis. — cærulescens. Lastheinia glabrata. — canarieusis, Ptilomeris aristata, Asphodelus tenuifolius. Galinsoga brachystephana. — fistulosus. Madia sativa. Bulbine annua. — viscosa., Andriala sinuata. — mellosa. Montsouris, en décembre 1871, dont nous nous contenterons d'extraire les constatations suivantes : Temp, maxima: Temp. minima: Temp. du sol à 1 m. : 7 décembre........ + 3,0 va ho » 8 Nh uu... — 2,6 — 15,0 » 9 ib. b — 9,4 —23,9 + 4,16 A0 0 =. —12,1 —13,2 + 3,96 41 id. exu uere + 0,5 — 4,0 + 3,85 268 SOCIÉTÉ LOTANIQUE DE FRANCE. Callichroa platyglossa. Anthemis Duriæi. Felicia tenella. Bellis annua. Amberboa moschata, Centaurea napifolia. — Verutum. — apula. Silybum eburneum. — viride. — Marianum. Senecio chrysanthemifolius. Knautia orientalis, Pterocephalus plumosus. — palæstinus. Fedia Cornucopiæ. Collomia coccinea. — heterophylla. — linearis. Gilia tricolor. — capitata. — laciniata. Vaillanta muralis, Polemonium mexicanum, Leptosiphon androsaceus. — densiflorus. — luteus. Eutoca viscida. Nemophila atomaria, — insignis. Nemophila maculata. Omphalodes linifolia. Collinsia grandiflora. — bicolor. Plantago stricta. — pumila. Helianthemum lasiocarpum. Erodium maritimum. Limnanthes Douglasii. Sinapis dissecta. Erucastrum arabicum. Argemone mexicana. — grandiflora. — ochroleuca. Platycapnos spicatus. Ranunculus trilobus. Silene trinervia. — echinata. — integripetala. — ambigua. Viscaria pusilla. Talinum teretifolium. Godetia amæna. Sphærostigma Bottæ. — minutiflorum, — cheiranthifolium. Arthrolobium scorpioides. Trigonella cærulea. Ornithopus compressus. On a pu jouir pour chacune d'elles d'une double floraison : d'abord celle des individus ayant passé l'hiver, et plus tard celle des individus ressemés aux époques ordinaires. Il semble, en résumé, que les végétaux qui nous occupent ont moins à craindre chez nous l'intensité du froid, que l'humidité de l'automne et les alternatives de gelée et de temps doux pendant l'hiver. Il fallait donc, sans fonder trop d'espérances pour les années suivantes, profiter de la clémence relative du dernier hiver, et continuer en 1872 nos observations de 4871. Nos plantes obsidionales, suivant à peu prés les époques ordinaires de leur évolution dans leur pays d'origine, ont apparu dés la fin de mars. Le bois de Meudon ne montrait encore que ses gazons feutrés par l'hiver, que la plaine des Bruyères était toute fleurie de Bellis annua et d’ Anthemis fuscata. Au milieu d'aoüt tout était terminé, et nos localités se distinguaient au contraire par leur aspect desséché. Grâce à leur apparition vernale, nos plantes ont atteint, en 1872, un plus beau développement qu'en 1871, où leurs graines ne s'étaient semées, en général, qu'au mois d'avril, pendant le second siége. C'est ainsi que le Bartsia Trixago, V Echium plantagineum, V Eufragia viscosa, qui n'avaient été observés, l'an dernier, qu'en individus chétifs, ont donné cette année de très-beaux échantillons. C'est ainsi que nous sont apparues cette SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. 269 année des plantes splendides que nous n'avions pas vues en 1871, telles que Malope malacoides, Vicia atro-purpurea, etc. Nous ne pensons pas toutefois qu'il v ait à se laisser prendre à ces appa- rences et à en conclure à une acclimatation définitive des plantes méridio- nales. Nous ne savons comment les mêmes espèces se comportent dans les sables de la Loire, et si elles y réalisent les espérances qu'elles y ont fait con- cevoir; mais, aux environs de Paris, il ne nous parait pas qu'elles doivent persister et qu'on ait à regretter leur disparition à un autre point de vue que celui de la curiosité botanique. Les plantes obsidionales ont chez nous trois adversaires redoutables : la végétation indigène, l'homme et le climat. La lutte avec les végétaux indigènes était, cette année, tout à fait curieuse à observer. En 1871, c'était une surprise, une confusion absolue, un péle- mêle des envahisseurs et des envahis ; il y avait un Mélilot ou un Trèfle algé- rien partout oü s'était éparpillée une botte de foin. En 1872, la guerre est déclarée, et l'on s'observe. Les deux armées sont dans leurs lignes et tout ce qui s'est aventuré au dehors a disparu. Les plantes adventices ont gardé pour elles, en s'y resserrant un peu, les terrains de campement que nous avous décrits l'an dernier, elles se sont ressemées facilement dans ce sol factice, et les individus ont augmenté en nombre et en développement, mais ils n'ont pu s'étendre aux environs. Nos localités forment des ilots, desquels on passe sans transition à la flore ordinaire des environs de Paris. Il nous parait certain que si les plantes obsidionales n'ont pu se ressemer en dehors des campements, elles en disparaîtront quand le sol aura perdu les qualités artificielles que lui ont données les amas de fumier de cheval. La concurrence avec l'homme a déjà commencé, et sera la plus redoutable quand les ruines de nos pauvres environs auront été un peu relevées. Le terrain y est trop cher pour rester longtemps en friche. Déjà les avenues du parc de Neuilly sont sarclées, et le plateau de la Bergerie est rendu à la cul- ture. Le rond-point des Bergéres n'aura plus grand intérét quand les travaux auront repris dans une fabrique dont la cour nous sert de jardin botanique, et quant aux plantes dela plaine des Bruyères, si le laboureur les épargne, le botaniste ne les manquera pas. On en sait déjà trop le facile chemin. Enfin, l'hiver, qui aurait pu faire pis, ne nous a pas moins enlevé prés de soixante espèces de notre liste de l'an dernier. Les Medicago, si nom- breux en 1874, ont considérablement diminué. L'agriculture a-t-elle à s'intéresser à cette disparition et à s'efforcer de fixer chez nous quelques-unes de ces plantes. Nous n'avons pas assez d'auto- rité pour en juger. Il nous semble cependant qu'aucune d'elles, à part peut- être le Trifolium flavescens Tineo, n'a de grandes qualités fourragères. Les autres Légumineuses sont chétives, les Graminées dures et courtes de tige, la majorité est annuelle (1). Nos prairies artificielles nous paraissent n'avoir rien (1) Voyez à ce sujet le Bon jardinier pour 1873, p. XXVI. 270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à leur envier. La seule chose qui nous ait frappés, à ce point de vue, est l'ampleur que prennent au milieu des plantes algériennes deux espéces bien connues, le Trifolium pratense etle T. repens. Plus d'une fois nous les avons recueillis comme des plantes nouvelles. Ce développement est-il dû à la fumure du sol ? sont-ce au contraire des échantillons d'une race plus forte que les agronomes auraient intérét à fixer chez nous? Nous indiquonsce point à leurs études. Ce qu'on pourrait leur indiquer aussi, c'est que pendant qu'on s'éprend chez nous des fourrages algériens, l'État, à qui l'on doit leur introduction, s'en dégoüte et. y renonce. Nous avons émis l'an dernier sur nos appro- visionnements de fourrages des idées inexactes que l'obligeance d'un de nos confrères nous a permis de rectifier. C'est par suite de faits exceptionnels que nos armées ont semé des plantes algériennes de Strasbourg à Besancon, et de la vallée de la Loire au Mont-Valérien. C'est habituellement en Bour- gogne et dans le centre de la France que l'administration de la guerre fait ses achats. En 1870, le printemps fut, on s'en souvient, d'une sécheresse exceptionnelle. La France ne pouvait fournir qu'une quantité de foin infé- rieure aux besoins. La rapidité de l'invasion empéchait d'ailleurs les achats et livrait à l'ennemi les approvisionnements. On fit pour le foin comme pour les armes, on en demanda un peu partout, et l’on en reçut d'Angleterre et de Hollande par les ports de la Manche, d'Italie et surtout d'Algérie, par ceux de la Méditerranée. En Algérie, il n'y a pas de culture fourragère régulière, et les foins furent recueillis çà et là dans les trois provinces, sur des points plus ou moins éloignés de la côte. Ce n'est point à l'éloge des foins du Midi qu'eux seuls aient laissé leur trace et ressemé leurs graines. Cela vient de ce que dans le Nord on sait faire le foin et qu'on le cueille avant la maturité des fruits. La paix rétablie, l'administration a repris ses approvisionnements ordi- paires. Notre cavalerie ne consomme plus de foin d'Algérie, et lorsque les camps qui entourent Paris auront été levés, ils ne présenteront pas le méme intérét que nos localités obsidionales. Celles-ci nous ont encore procuré cette année d'intéressantes études et de fructueuses herborisations. Nous avons fréquemment et longuement revu les anciennes. Nous en avons découvert trois nouvelles. La première comprend les bastions de l'enceinte entre le viaduc d'Auteuil et la porte de la Villette. C'est, on le sait, une ligne suivie pendant la prise de Paris par un des corps de l'armée de Versailles qui, s'avancant par le chemin de ronde, a successivement campé dans la plupart des bastions. La seconde est le parc de la Malmaison, où campaient, pendant le second siége, l'artillerie et les pontonniers. C'est la localité où les plantes adventices se sont le mieux acclimaté et ont donné les plus beaux échantillons. Enfin la troisiéme est le parc de Maisons-Laffitte, oü il n'est jamais venu un soldat pendant les deux siéges. Pourquoi des pelouses défoncées et refaites en SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872. 271 hiver se sont-elles recouvertes ce printemps d'une végétation purement obsi- dionale? C'est, suivant le propriétaire qui s'intéressait à nos recherches, parce que le terreau qu'il a employé avait été acheté à la gare d'Orléans et pro- venait du fumier d'un campement. C'est, dit l'un de nos amis, parce qu'on y a semé des graines achetées à l’État. L'administration de la guerre vend ses fonds de greniers aux grainetiers, qui les revendent comme graines de foin. On s'était déjà aperçu dans le ‘commerce du foin inusité que donnaient les fonds de greniers de 1871, et l’État avait quelque peine à s'en défaire jusqu'au moment où les Comptes rendus de l'Académie des sciences leur ont donné un intérét agronomique. Si c'est à cette cause qu'est due la florule de Maisons-Laffitte, le méme effet a dû se produire ailleurs et le champ des recherches est illimité. Il nous reste à donner à la Société l'énumération des plantes observées par nous en 1872. Nous les avons rapprochées de notre liste de l'année dernière, de facon à montrer et les espèces disparues et les espèces nouvelles. En se reportant à notre première liste (t. XVIII, Séances, pp. 246 et suiv.), on verra que nous avons indiqué nos localités par des numéros. Nous les repro- duisons ici, en y ajoutant : pour les bastions, le n° 11; pour la Malmaison, le n? 12; et pour Maisons-Laffitte, le n° 43, 1871. 1872. 1. » Ranunculus trilobus Desf, — 7, 8, 10, 11. » 36. — macrophyllus Desf. — 7, 8, 10, 11. 2. » — muricatus L. — 7, 10, 3. » Nigella damascena L, (1). » 139. Raphanus Landra Moretti, — 7. 4. » Hirschfeldia adpressa Mœnch. — 8, 10, 12. » 191. Erysimum perfoliatum Crantz (2). — 8, 11. 5. » Eruca vesicaria Cav. — 7, 10, 12. 6. » Berteroa incana DC. — Partout. » 192. Sisymbrium Læselii L. — 7, 8. » 193. — pannonicum Jacq. — 8, 11. fä » Lepidium perfoliatum L. » 194. — . Smithii Hook. — 8. » 195. — ruderale L. — 12. 8. » Camelina silvestris Wallr. — 7, 8, 10, 11. » 196. — sativa L. — 10, 11, 12. » 197. Iberis umbellata L, — 12. 9. » Rapistrum Linnæanum Boiss. et Reut.— 7, 8, 11, 12. 10. » — rugosum All, — 7. » 198. Cordylocarpus muricatus Desf. (3). — 6. Ai. » Bunias Erucago L. — 12. 42. » Diplotaxis erucoides L. — 10. » 199, — pendula DC, — 12. 13. » Helianthemum salicifolium Pers. — 40. (1) Les espèces dont les noms sont en italique n'ont pas été retrouvées en 1872. (2) Observé en 1871, mais placé à tort parmi les espéces parisiennes. (3) Un seul pied, en fruits mürs (M. Ramey). Nous avons observé plusieurs fois les silicules remarquables de cette plante dans des résidus de fourrages provenant d'Algérie. 272 1871. 14. 15. » » 16. 14 18. 19. 1872. » » 200. 214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Reseda alba L. Astrocarpus Clusii J. Gay. Dianthus velutinus Guss. — 7. Tunica saxifraga L. — 41. Silene Armeria L. — rubella L. — 7. — quinquevulnera L. — 7, 8, 10. — lusitanica L. — 8, 10. — disticha W. — 13. — dichotoma Ehrh. — 7, 12. — italica DC. — 10. — bipartita Desf., var. lasiocalyx. — 13. — noctiflora L, — fuscata Link. — 13. Lychnis Cœli-rosa Desr. — 2, 13. Spergula maxima Weihe. — 8, 11. Arenaria media L. — salsuginea Fnzl. (4), — 8. Moœnchia mantica Fnzi. Cerastium campanulatum Viv, (non C. litigiosum De Lens). — 7, 8, 10, 12. Linum angustifolium Huds. — 2, 7, 8, 10, 12. Malope malacoides L. (2) (M. stipulacea Cav.?). — 2, 7, 11, 12. Malva mauritiana L. — 7, 12. — niceensis All. — 7, 8, 12. — parviflora L. — 7. — borealis Wallm. (3). 8. Lavatera trimestris L. — 12. — erelica L, — 12. Erodium laciniatum Cav. — 12. — ciconium W, — moschatum W. — 7,410. — chium W. — malacoides W. — 8, 10. — Gussoni Ten. (4) (E. commutatum Tod.). — 8, 10, 12. Lupinus albus L. Medicago scutellata All, — marginata W, — 8, 12. — radiata L. — Soleirolii Duby. — 7, 10, 11. —- — var. (M. plagiospira DR.). — 7. — Helix W. — 7, 8, 13. — pentacycla DC. — Partout. — ciliaris W. — 8, 12. — Echinus DC. — 7, 8. — disciformis DC. — tribuloides Lamk. — 7, 8. — turbinata W. — 7, 8,10, 12. — spharocarpa Bertol. (5). — 7, 8, 11, 12. — sardoa Moris. — 12, (1) Observé et omis en 1871. (2) Espéce ou variété, mais plante bien distincte de ce que nous avons reçu Sous ce nom des environs de Fise (Toscane). (3) Observé et omis en 1871. (4) Observé et omis en 1871. (9) Espèce polymorphe, variant beaucoup par la forme et la dimension de ses légumes, 1071 1872 49. » 50. » 91. » 52. » 53. » » 245, 54. » 55. » 56. » » 216. 57. » » 217. » 218. 58. » 59. » 60. n 61. » » 219. 62. » 63. » 64. » 65. » 66, » » 220. 67. » 68. » 69. » 70. » 71. » 7p » z3. » 25. » 20; » » 224. » 222^ 76. » 77. » 78. » 79. » 80. » 81. » » 223. 82. » » 224. 83. » 84. » 85. » » 225. » 290. 86. » 87. » 88. » 89. » 90. » SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872, Trigonella corniculata L. — 8, 10. Melilotus parviflora Desf. — 8, 10, 11, 12. neapolitana Ten. — 8. messanensis Desf, — 7, 8. sulcata Desf. — Partout. infesta Guss. (1). — 8, Trifolium stellatum L. — 7, 8, 10, 42. Eo LT TITRE angustifolium L. — 7, 8, 10, 12. flavescens Tin. — 7, 8, 11, 12. Cherleri L. — 8. maritimum Huds. — 7, 8, 10, 11. Xatardi DC. (2). — 7, 8, 12. leucanthum M. Bieb. — 8. panormitaaum Presl. — 7, 8, 10, 11, 12. lappaceum L. — 8, 10, 11, 12. phleoides Pourr. — 7, 8, 10. sphærocephalum Desf. — 8. tenuiflorum Ten. — 8. resupinatum L. — Partout. tomentosum L. — 7, 8, 14, 12. spumosum L, — 7. glomeratum L. — 7, 12. lævigatum Desf. — 8, 13. Michelianum Savi. — 2, 7. elegans Savi. nigrescens Viv. — 7, 8, 10, 11, 12. isthmocarpum Brot. — Partout. hybridum L. — 7, 8. Tetragonolobus purpureus Mœnch. — 7. — biflorus Seringe. conjugatus Seringe. Lotus ornithopodioides L. Astragalus bamosus L. — 8. Biserrula Pelecinus L. — 8, 41. Vicia pr131 1111 hybrida L. —- 8. hirta Balb. — 7, 8. narbonensis L. bithynica L. — 8, 10. villosa Roth, dasycarpa Ten. varia Host. — 7, 8. atro-purpurea Desf. — 8, 12. Pseudocracca Bertol. — 7, 8, 10. biflora Desf, — 10. Lathyrus Clymenum L. — 7, 8, 10, 13. — var. tenuifolius Desf, — 8, 10. Ochrus DC. — 7, 8,43. sphæricus Retz. — 8, 10. Cicera L. — 8,10. Orobus atro-purpureus Desf. — 7. Scorpiurus subvillosa L. sulcata Desf. vermiculata L. * Arthrolobium scorpioides L. (4) Un fragment, en fruits. (2) Nous semble une bonne espéce, trés-distincte du T. maritimum Huds. (sÉANCES) 18 T. XIX. 19 274 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 1871. 1872. 94. » Ornithopus compressus L. — 10. 92. » Hedysarum flexuosum Desf. — 10, 93. » — coronarium L. 94. » — capitatum Desf. » 227. Potentilla recta L., var. (P. obscura W.). — 7, 10, 11. 95. » Lythrum Græfferi Ten. 96. » Pharnaceum Cerviana L. 97. » Daucus setulosus Guss. 98. » Coriandrum sativum L. » 228. OEnanthe globulosa L. — 2, 7. » 229. Bupleurum protractum Link. — 7, 8, 10. 99. » Ammi majus L. 100. » Galium murale All, — 7, 10. 104. » Fedia Cornucopiæ Gærtn. — 7. » 230. Valerianella puberula DC. — 7, 8, 10, 11. 102. » — discoidea Lois. — 12. 103. » Scabiosa maritima L. 104. » Stenactis annua Nees. 105. » Bellis annua L. — Partout. 106. » Anthemis tinctoria L. — 7, 8, 10, 12. » 231. — punctata Vahl. — 10. » 232. D. o res sp. ? — 7, 12. 107: » — fuscata Brot. — 7, 8, 10, 11, 12. 108. » Ormenis aurea DR. — 7, 8, 12. » 233. Achillea ligustica All. — 7, 8. 109. » Anacyclus clavatus Pers. — 7, 8, 10, 11, 12, 410. » — valentinus L. — 7, 12. AAA » Matricaria discoidea DC. 112. » Pyrethrum Myconis Mænch. — Partout. 1413. » — arvense Salzm. — 8. 114. » Chrysanthemum coronarium Less, — 8, 12. 115. » Senecio crassifolius W. 116. » — humilis Desf. — Partout. » 234. — delphinifolius Vahl, — 8. 447. » Calendula stellata Cav. 118. » — gracilis DC. 119. » — Crista-galli Viv. 120. » Carlina racemosa L. » 235. Centaurea deusta Ten. — 7, 11, 12. » 236. — maculosa Lamk. — 8. 121. » — pullata L. — 7. 122; » — | napifolia L, — 7. » 237. — fuscata Desf. (1) — 8, 10. 123: » Silybum Marianum Gærtn. 124. » Galactites tomentosa Mœnch, — 11. 125. » Scolymus maculatus L. — 8, 10. 126. » Hyoseris radiata L, — 7, 8. 427. » Hedypnois polymorpha Gr. et Godr., var. erecta. 128. » — — var. diffusa. — 7, 8, 12. 129. » Catanance lutea L. 130. » Cichorium glabratum Presl. — 8, 10, » 238. Tolpis barbata Gærtn. — 13. » 239. Hypochæris neapolitana Ten, — 7. 131. » Seriola ætnensis L. — Partout. » 240. Thrincia tuberosa DC. — 8. (1) Observé et omis en 1871. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 19872. 975 1871. 1872. 132. » Thrincia hispida Roth. — 10, 12. 433. » Kalbfussia Salzmanni Sch. Bip. — 7, 8, 10, 12. 134. » Urospermum picroides Desf. 136. » Barkhausia amplexicaulis Coss. et DR. — 7, 8, 10, 12. » 241. — intybacea DC. — 7, 8, 12. » 242. — selosa L. (1). — Partout. » 243. Podospermum calcitrapæfolium DC, — 2, 7, 8, 10, 12. 137. » Picridium vulgare Desf. » 244. Pterotheca nemausensis Cass, — 10. » 245. Sonchus tenerrimus L. (2)? — Partout. 138. » Xanthium spinosum L. 139. » — sirumarium L, 140. » Campanula dichotoma L. » 246. Anagallis arvensis L. (3) (A. platyphylla Biv.). — Partout. 141. » Convolvulus tricolor L. — 8, 12. 1^9; » Cerinthe gymnandra Gasp. — 8, 12. 143. » Echium plantagineum L. — 7, 12. 144. » Linaria reflexa Desf. 145. » Veronica anagalloides Guss. — 8, 10, 12. 146. » Trixago apula Stev. — 8, 10, 12. 147. » Eufragia viscosa Bth. — 8, 10, 12, » 247. — laíifolia Griseb. — 8. » 248. Dracocephalum thymiflorum L. — 10, 12. 148. » Stachys marrubiifolia Viv. — 7. 149. » — hirta L. — 7, 8, 10, 42. » 249. Salvia Verbenaca L. — La Double-Couronne. 150. » Plantago Lagopus L. — 8,10, 11, 12. 154. » — Psyllium L. — 10, 11, 12. » 250. Beta maritima L. (4). — 10. 152. » Chenopodium ambrosioides L. 153. » Suæda maritima Dum. 154. » Amarantus chlorostachys W. 155. » — albus L. 156. » Albersia prostrata Kunth. 157. » Rumex bucephalophorus L. — 7, 8, 10, 44. 158. » Euphorbia segetalis L. 159. » Anthoxanthum Puelii Lecoq et Lam. — 7, 8, 10. » 251. — .....? (an amarum?) (5). — 12. » 252. Alopecurus bulbosus L. — 10. » 253. — macrostachys Poir. — 7, 10, 11. 160. ». —. utriculatus Pers. — 7, 10. 161. » Phalaris canariensis L. — 7, 11. 162. » — brachystachys Link, 163. » — minor Retz. — 7. 164. » — paradoxa L, — 7, 8, 41, 12. » 254. — truncata Guss, — 7, 12. 165. » — cærulescens Desf. — Partout. (4) Bien que signalée avant la guerre, dans les champs de luzerne, l'origine de cette espèce, répandue sur tous les campements, ne peut être douteuse, (2) Nous rapportons avec doute, à cette espéce, un Sonchus à fleurs violacées, trés- abondant partout. (3) Déjà observé en 1871 et trés.commun sur tous les campements. Plante remar- quable par la grande dimension de ses corolles toujours bleues et l'aspect robuste de toutes ses parties. (4; Observé et omis en 1871. (5) Plante fétide au moment de l’anthèse, 276 41871. 1872. 166. » » 255. 167. » » 256. 168. » 169. » 170. » 474: » 172: » 472 » 174. » » 257. » 258. 175. » 176. » 477. » 178. » 179. » 180. » » 259. 181. » 182. » » 260. » 261. 183. » » 262. » 263. 184. » 185. » 186. » » 264. 487. » 188. » » 265. » 266. 189. » 190. » » 267." » 268. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Panicum miliaceum L. — 7. Sorghum halepense Pers, — 7. Lagurus ovatus L. — Partout. Gastridium lendigerum Gaud. — 7, 12. Agrostis pallida DC. — 8, 11. Polypogon maritimus W. — Partout. — subspathaceus Req. — 8. Gaudinia fragilis L. — Partout. Avena sterilis L. — 7, 8, 44. Trisetum neglectum Rem. et Sch. — 11. Kæleria phleoides Pers. — 8, 10, 44. — hispida DC. — 7, 8, 10, 44, 42. — pubescens P. B. (K. villosa Pers.). — 8. Cynosurus polybracteatus Poir. (non Godr.). — Partout. — echinatus L. — 7, 8, 10, 42. Glyceria distans Whlbg. Briza maxima L. — 7, 8, 13. — minor L. — 8, 13. Eragrostis pilosa P. B, Bromus madritensis L. — 7, 8, 10, 44. — maximus Desf. — 7, 10, 12. — rubens L. — 441. — scoparius L. — 8, 42. — Alopecurus Poir. — 8, 11, 12. — macrostachys Desf. Vulpia Alopecuros Link (1). — 8, 10. — ciliata Link. — 7, 8, 12. — ligustica Bertol. — Partout. — geniculata Link. Brachypodium distachyon Rem. et Sch. — 7, 8, 10, 11, 12. Lolium strictum Presl. — 7, 8, 44, 12. Hordeum maritimum With. — Partout. — leporinum Link. — Partout. — bulbosum L, — 7, 8, 10, 11, 12. — crinitum Desf. — 8. Ægilops ventricosa Tausch. — 7, 8, 10, 12. — ovata L. — 7, 8, 12. Lepturus filiformis Trin, — 8, 44. Psilurus nardoides L. — 7, 10, 14. En nous fournissant des matériaux nouveaux, nos herborisations de cette année nous ont permis de rectifier les noms de quelques espéces insuffisam- ment étudiées l'année dernière, par suite de l'état incomplet des échantillons que nous avions à examiner ; ce sont : N° N° No N° No 8. Camelina fœtida Fries — C, silvestris Wallr. 26. Linum perenne Lois. — L. angustifolium Huds. 36, Erodium Salzmanni Delile (2) — E. cicutarium L., var. (E. triviale Jord.). 39. Medicago orbicularis All. — M. marginata W. 76. Vicia lutea L. forma — V. hirta Balb. N° 435. Barkhausia taraxacifolia L., forma — B. amplexicaulis Coss. et DR. (1) Observé et omis en 1871. (2) Nous avons utilisé les n° 36 et 135 pour deux espéces nouvellement trouvées. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1872, 211 Ces observations ne sont pas seulement les nôtres : nous avons été au- Lorisés à profiter de celles de MM. de Bullemont et Ramey, et de nos amis MM. Th. Delacour, Bernard Verlot et G. Maugin. Le fait le plus curieux qui se dégage du tableau qu'on vient de lire, c'est l'existence d'une seconde source d'importation végétale. Nous avions cru jusqu'ici pouvoir tout attribuer aux fourrages algériens; cette année, nous avons vu se former un groupe tout à fait différent d'origine : Sisymbrium Loselii, Sisymbrium pannonicum, Malva borealis, Silene dichotoma, Dra- cocephalum thymiflorum, Lepidium perfoliatum, Potentilla obscura. Ces plantes ne peuvent avoir qu'une origine commune, c'est la Russie méridio- nale, et ont dû venir dans nos carnpements avec les avoines d'Odessa (1). M. Chatin a observé quelques plantes adventices à Versailles (autour de la pièce d'eau des Suisses) et à Bourg-la-Reine. A cette derniére localité, les plantes introduites semblent devoir se main- tenir plus longtemps qu'en d'autres endroits, grâce aux conditions favorables qu'elles ont rencontrées. - M. E. Cosson a remarqué au commencement de l'année que le Ranunculus trilobus et le Senecio. crassifolius paraissaient seuls disposés à s'étendre et à se propager. Il ajoute que les plantes adventices n’ont’chance de se naturaliser d'une manière perma- nente que dans les terrains meubles, presque constamment dé- pourvus de végétation indigéne. M. Henri Vilmorin a observé que le Trifolium resupinatum pa- raissait se maintenir trés-abondant dans un assez grand nombre de localités. Lecture est donnée de la note suivante : SUR LE RŒZLIA GRANADENSIS Rgl., par ME. TRIANA Les caractères d’après lesquels M. Regel (Animadversiones de plantis vivis nonnullis horti bot. imp. Petrop., etc.) distingue son nouveau genre de Mélastomacées, Ræzlia, du genre Monochætum, sont tirés de la forme tubu- leuse, plutót que campanulée, du calice, et du nombre des étamines réduit à quatre, au lieu de huit. Le premier de ces caracteres, celui du calice, est en lui-méme assez secondaire pour ne pas mériter de s'y arréter. Le signe dis- tinctif du type réside donc en définitive exclusivement dans le second carac- . (4) La notice de M. Franchet sur la florule adventice de Loir-et-Cher, que nous avons citée parmi les travaux analogues au nótre, mais non encore publíés, vient de paraitre dans le dernier cahier du Bulletin, sé ance du 10 mai 1872, pp. 195 et suiv. (Note a oulé au moment de l'impression, avril 1873.) , 278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tère, c'est-à-dire dans le nombre des étamines qui est égal aux divisions de la fleur. Il faut donc étudier comparativement ce dernier, pour fixer la valeur réelle du genre Ræzlia. Si nous considérons l'ensemble des espèces connues de Moncchætum, on remarquera que, chez elles, les étamines sont tantôt à peu près égales entre elles, tantôt alternativement plus ou moins inégales et dissemblables. L'inégalité et la dissemblance des quatre étamines d'un des verticilles floraux des Mono- ehatum consiste, suivant les espèces, dans le degré plus ou moins avancé de leur atrophie. Sous les lettres c, d, b et a, du n° 49, tab. V, de notre mé- moire sur les Mélastomacées, nous nous attachons précisément à faire ressortir cette gradation dans l'atrophie des quatre étamines, comparativement à leurs collatérales. Chez le Ræzlia, l'atrophie de ces quatre étamines, que l'on voit déjà assez avancée dans le Morochætum Bonplandii, atteint son maximum, et elles y disparaissent compiétement. Le genre Ræzlia se trouve donc exactement daus les mêmes conditions que les autres genres américains T'u/asnea et Meisneria. L'une des espèces de Tulasnea est octandra, mais avec quatre de ses étamines à peu prés avortées, l'autre est tout à fait tetrandra, et l'on n'a pas méme songé à constituer deux genres de ces deux plantes. Chez les Weisneria proprement dits, le Meisne- ria arenaria compte huit étamines à peu prés égales et dont les alternes por- tent des anthéres assez bien conformées, tandis que quatre des étamines du Meisneria microlicioides sont à peu près réduites aux filets et sans anthères apparentes. Ce qui prouve que dans ces plantes il y a une tendance à l'avor- tement plus ou moins complet d'une des rangées d'étamines. Par cette raison nous avons cru indispensable de joindre aux Meisneria, comme synonyme, le Syphanthera, qui avait été distingué aussi par ses fleurs tétrandres, à cause de la disparition des quatre étamines alternantes qui s'y trouvent réduites à quatre tubercules, Les n** 46 et 14 de notre planche I du méme mémoire représen- tent ces différents degrés d'avortement dans les deux genres. Ces exemples suffisent pour démontrer que le degré d'atrophie ou méme la disparition des étamines d'un des verticilles floraux, dans certains groupes de Mélastomacées, ne saurait fournir à lui seul des caractères ayant une valeur générique. Le Ræzlia peut donc, tout au plus, être considéré comme section tetrandra du Monochetum, parallèlement aux Syphanthera, dans les Meisneria, et aux deux 7ulasnea. Quant à l'espèce décrite par M. Regel sous le nom de Ræzlia grana- densis, nous croyons qu'elle est identique à la plante que nous avons publiée sous le nom de Monochætum quadrangulare, SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1872, 279 SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1872. PRÉSIDENCE DE M. ÉD. BUREAU, VICE-PRÉSIDENT. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 15 noyembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président fait connaître à la Société la perte douloureuse qu'elle a faite dans la personne de M. Delaunay, de Tours. Par suite des présentations faites dans la séance précédente, M. le Président proclame l'admission de : MM. ViaLLANES (Alfred), professeur à l'École de médecine de Dijon, présenté par MM. Fr. Lombard et Ch. Royer. CuziN, aide-naturaliste au service du parc et des jardins de la ville de Lyon, au palais Saint-Pierre, à Lyon, présenté par MM. Méhu et de Schoenefeld. Lévy (Paul), ingénieur, à Grenade de Nicaragua, présenté par MM. Eug. Fournier et Éd. Bureau : correspondant à Paris, M. Margaron, 32, rue des Rosiers. M. Éd. Prillieux fait à la Société la communication suivante : SUR LA FORMATION DE BOURRELETS AU BORD DE PLAIES FAITES SUR LA TIGE DU WIGANDIA CARACASANA hort. (1), par MX. Kd. PRILLIEUX. Quand on fait une plaie sur une tige de plante dicotylédonée, il arrive, souvent dans certaines espèces, plus rarement dans d'autres, que les tissus - voisins de la blessure ne meurent point, et qu'au contraire il se forme autour de la partie lésée, à partir des bords à vif, un tissu réparateur dont les élé- ments se développent et se multiplient activement, et qui produisent ce qu'on nomme un bourrelet. Ce sont les parties les plus vivantes de la tige, et en particulier celles qui ont le pouvoir de former normalement des tissus nouveaux, qui manifestent spé- cialement cette aptitude à donner, quand eiles sont blessées, naissance à des bourrelets. M. Trécul, dans ses importantes études sur l'accroissement des tiges et sur la formation du bois et de l'écorce, a fort bien étudié comment ce tissu répa- (4) Ce nom pourrait n'étre pas exact. Quelques personnes pensent que le vrai Wi- gandia caracasana est une espéce toute différente, qui n'existe plus dans les jardins d'Europe, et que celle dont il est question ici doit porter le nom de W. macrophylla. (Decaisne et Naudin, Manuel de l'amateur des jardins, t. 1l, p. 629.) 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rateur se produit aux dépens des tissus déjà formés, et en particulier du jeune bois dont tous les éléments se transforment en cellules qui se multiplient par des cloisons transversales. J'ai eu occasion d'étudier, il y a déjà plusieurs années (1866), de nom- breux bourrelets formés sur des tiges de Wigandia caracasana qui avaient été mutilées, et tout en revoyant la plupart des faits trés-bien décrits et figurés par M. Trécul dans d'autres plantes, j'ai pu reconnaitre quelques particula- rités qu'il ne sera peut-étre pas sans intérét de signaler. Je décrirai seulement deux plaies faites sur une bouture de Wigandia au printemps de la seconde année. La coupe de la tige du Wigandia n'offre pas de particularités notables; on v voit, à partir du centre : 1" une moelle centrale largement développée ; 2° un anneau ligneux formé par le bois de l'année précédente et composé de fibres à parois assez épaisses, entremélées de vaisseaux ponctués dans la por- tion moyenne de l'anneau, et de trachées dans la partie par où il touche à la moelle (étui médullaire) ; cet anneau ligneux est traversé par de nombreux rayons médullaires; 3? à l'extérieur du bois de l'année précédente, est le jeune bois de l'année, où se trouvent les mêmes éléments, hormis les trachées, mais trés-jeunes et fort déliés ; 4° hors du jeune bois, sont des faisceaux isolés de fibres libériennes, et au delà, du parenchyme cortical. C'est la structure ordi- naire d’une tige dicotylédonée. Le pied de Wigandia dont je m'occupe avait été coupé à une hauteur de 29 centimètres du sol, et l'on avait en outre fait sur la tige des plaies latérales plus ou moins profondes, qui toutes, comme la plaie terminale, donnèrent naissance à des bourrelets. A la partie supérieure, oü la tige avait été tranchée, se sont formés sur la coupe deux bourrelets : l'un extérieur, correspondant au jeune bois et situé entre le vieux bois et les faisceaux de fibres libériennes, a pris un accroisse- ment considérable et s'est couvert de bourgeons adventifs qui se sont déve- loppés et forment au sommet de la tige une couronne de jeunes pousses; l'autre bourrelet s'est développé en dedans de l'anneau ligneux : il est dà à la multiplication des cellules de la moelle qui avoisinent l'étui médullaire (1). Sur une coupe longitudinale ou reconnait à quels éléments sont dus les deux bourrelets. Le bourrelet intérieur ou médullaire a été produit par la multiplication des cellules de la moelle qui bordent l'étui médullaire. Ce ne sont pas les cellules qui limitent immédiatement la plaie qui se sont multipliées, mais celles qui sont un peu au-dessous ; celles que l'instrument tranchant a blessées ou a (4) Ces deux bourrelets ne sont pas tout à fait complets, tout à fait circulaires, à cause d’une plaie qui a été faite sur le côté de la tige à une faible distance de son extrémité. Dans les points correspondants, les deux bourrelets ne se sont pas formés, les anneaux qu'ils figurent sur la plaie terminale sont ouverts en cet endroit. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1872. 281 mises au contact de l’air extérieur se sont desséchées et sont devenues bru- nátres, et c'est au-dessous d’une pellicule composée ainsi de cellules que la vie a abandonnées, que le bourrelet se forme par la multiplication des cellules immédiatement sous-jacentes. La multiplication des cellules se fait par la pro- duction de cloisons dans leur intérieur, non-seulement dans le sens horizontal, mais encore latéralement; d’où il résulte que le bourrelet qui se forme semble s'épancher de côté, au-dessus de l'extrémité de l'étui médullaire et du vieux bois, bien que les éléments ligneux ne prennent aucune part à sa formation. Quant à l'autre bourrelet qui se produit à l'extérieur de l'anneau ligneux, il est dà à la multiplication et à la transformation des éléments anatomiques du jeune bois qui tous se changent en cellules. Les fibres se continuent avec des cellules plus allongées, les rayons médullaires sont courbés, infléchis vers le haut par l'extension des cellules d'origine fibro-ligneuse ; ils paraissent former la partie du bourrelet qui est située du côté du vieux bois et s'épanche sur l'anneau ligneux de l'année précédente. Sur une coupe de la tige non mo- difi&e, on voit, à l'extérieur du nouveau bois, un cercle de faisceaux de fibres libériennes. On retrouve ces faisceaux libériens à l'extérieur du bourrelet qu'ils limitent en dehors; ils ne prennent pas part, plus que le vieux bois, à la formation du bourrelet, mais l'extrémité brune et morte des fibres libé- riennes qui ont été tranchées est un peu recouverte par l'épanchement latéral du bourrelet, comme cela a lieu, du reste, à l'autre bord au-dessus du bois de l'année précédente. i Parmi les plaies faites le long de la tige, je n'en mentionnerai qu'une seule, qui était trés-profoude et qui offrait cette particularité notable, qu'elle aussi montrait deux bourrelets : l'un, à l'extérieur du bois, tel qu'on le voyait dans les plaies superficielles et qui était semblable à ceux qui se forment ordi- nairement sur les branches blessées des arbres ; l'autre, vers la partie centrale de la plaie, dans les points où la coupe, aprés avoir tranché le bois, pénétrait jusqu'à l'étui médullaire et la partie la plus extérieure de la moelle. C'est bien uu bourrelet médullaire semblable à celui qui s'est formé sur l'extrémité coupée de la tige. Sur une coupe longitudinale, on peut s'assurer que ce bour- relet médullaire est formé d'un tissu qui s'est développé autour des trachées, mais surtout plus intérieurement ; on retrouve ces trachées, brisées, divisées et emportées au milieu de la masse celluleuse du bourrelet. Le bourrelet extérieur est toujours celui qui prend le plus de développe- ment, et il donne presque toujours naissauce, vers la partie inférieure des plaies, à des bourgeons adventifs qui se développent activement. Sur la coupe de l'extrémité de la tige, ce bourrelet produisait toute une couronne de jeunes pousses. Le bourrelet médullaire, au contraire, n'en avait produit sur aucune des plaies que j'avais observées, à l'époque oü remontent mes premieres observations ; mais, cette année méme, j'ai eu occasion de voir, sur un bourrelet médullaire formé au sommet d'une tige coupée de Wigandia, 282 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. se développer un bourgeon adventif absolument comme sur le bourrelet externe. On voit, par tout ce qui précède, que dans le Wigandia la partie de la moelle qui borde l'étui médullaire reste longtemps douée d'une vitalité consi- dérable et est apte à former des bourrelets, comme le jeune bois aprés que le vieux bois a perdu cette propriété. C'est.un fait analogue à celui qui a été observé par M. Hétet (1), dans le Pircunia dioica. Seulement, dans cette derniere plante, la tige est anomale; elle forme plusieurs couches ligneuses par année, Dans le Wigandia au contraire, la tige, bien qu'offraut une vigueur peu commune de végétation, a une structure normale. Hl peut donc y avoir, dans les tiges, des régions autres que la zone d'accrois- sement qui soient aptes à donner naissance à des tissus nouveaux ; l'étude de la tige robuste du Wigandia montre que la partie interne, aussi bien que la partie externe, de l'anneau ligneux peut posséder cette propriété. M. Duchartre demande à M. Prillieux s'il a pu faire l'examen anatomique du tissu des bourrelets. M. Prillieux répond que le bourrelet interne, dépourvu de bour- geons, ne lui a offert que du tissu cellulaire; dans l'autre cas, il a constaté toujours des fibres et des vaisseaux. Le bourrelet interne se présentait comme une production cellulaire venant de la moelle et repoussant les trachées en dehors. M. Duchartre engage M. Prillieux à poursuivre ces recherches en les appliquant à l'étude des phénoménes du bouturage. Il rappelle les expériences intéressantes desquelles il résulte que les racines de nouvelle formation développées sur des boutures (Maclura) par- taient tantôt de la section du bois, tantôt du bourrelet, tantôt de la surface externe de l'écorce. Lecture est donnée de la note suivante, adressée à la Société par M. C. Roumeguére et accompagnée de l'envoi de quelques exem- plaires d'une monstruosité de l’Agaricus conchatus Bull. : SUR UNE MONSTRUOSITÉ DE L'AGARICUS (PLEUROTUS) CONCHATUS Bull., pr M. Casimir ROUMEGUÈRE. (Toulouse, 25 novembre 1872.) J'ai l'honneur de communiquer à là Société botanique une forme insolite d'un Agaric de la division des Pleurotus, section des Concharia de Fries, l'Agaricus conchatus Bull. (A. inconstans Pers. pr. p.), qui se présente à (4) Recherches expérimentales sur la formation des couches ligneuses dans le Pircu- nia (Ann. sc. nat. 4° série, t. XVI, p. 218). SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1872. 283 Toulouse depuis quelques années avec un chapeau dimidié, offrant à l’une de ses extrémités une sorte d'éperon recourbé, et que j'ai inscrit dans mon herbier sous le nom de forma gryphoides, à cause de la ressemblance frap- pante du chapeau avec les gryphées dont le sommet de Ia grande valve est recourbé. L'Agaric-inconstant est vulgaire à Toulouse, mais il n'est pas toujours facile à distinguer de l'Agaric de l'Orme, si ce n'est par les feuillets de la première espèce qui courent sur le pédicule quelquefois jusqu'à fa base; cependant ce caractère disparaît par le développement du Champignon. La forme gryphoide dont il s'agit se montre depuis quelques années (d'oc- tobre jusqu'aux fortes gelées, qui le détruisent), aux branches: élevées et sur la portion coupée par le vent, des Vernis-du-Japon (A?/antus glandulosa) du parc de l'arsenal de Toulouse. Ces Ailantes sont ágés, et le Champignon affecte de ne pas apparaitre à une élévation moindre de 6 mètres. La forme gryphoide du chapeau est constante depuis plusieurs années dans cet endroit. Je suis convaincu, ayant toujours recueilli des exemplaires isolés et libres, qu'aucun obstacle n'a arrêté la croissance du Champignon et que l'anomalie constante que je signale n'est point forcée. M. Cornu fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UN CHAMPIGNON PARASITE SUR UN INSECTE, par M. Max. CORNU. Dans une visite faite aux vignes de M. Vialla (domaine de Saporta), à quel- ques kilomètres de Montpellier, vers la fin d'octobre de cette année, M. Durand, professeur à l'École d'agriculture, notre confrère, trouva un Rhynchites Be- tuleti (Cigarreus, Attelabe), insecte parasite de la Vigne, couvert par une efflo- rescence blanche due à un Champignon. L'animal était dans une attitude . naturelle et caché par une portion d'écorce de Vigne derrière laquelle il est probablement mort, tué par le Champignon. L'échantillon me fut généreuse- ment abandonné. Cette espèce, plus ou moins voisine de la muscardine des vers à soie et des /saria, est extrémement confuse à observer. J'ai pensé qu'il ne serait peut-étre pas sans intérét d'en faire quelque peu l'étude. Je décris briévement ce que j'y ai rencontré, Au premier abord, on ne voit qu’une masse confuse, formée presque exclu- sivement par des spores sphériques trés-petites ; en se servant de grossissements plus forts et supérieurs à 500 diamètres et en utilisant les meilleures prépara- tions, on apercoit des filaments qui portent de distance en distance des glo- mérules de spores. Ces glomérules sont formés de cellules beaucoup plus grosses que les spores et qui servent de support à d'autres cellules plus réduites, produites par bour- 28h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. geonnement. Ces dernières émettent un processus très-grêle, en forme de zigzag qui à chaque angle porte une spore très-brièvement pédiculée ; les spores peuvent aller jusqu’à dix par filament. Ces spores sont de véritables conidies, nées sur un axe en forme de ligne brisée ; l’axe est mis par une cellule en rapport avec l’axe central par une série de cellules sphériques de plus en plus grosses, formant un ensemble toru leux, analogue aux îlots des cellules de levûre de bière. En certains points, le pulvinule du Champignon était composé de filaments très- jeunes et loin encore d’être adultes. J'ai pu ainsi reconstituer la série de développement de ces cellules primaires depuis l'instant où elles naissent sur l'axe principal, jusqu’au moment où l'axe sporifère n'est encore constitué que par un court stérigmate. Il ne semble pas que cette espèce soit l’/saria Eleutherarum (Tul. Sel. Fung. Carp. III, p. 8), trouvé par M. le baron Cesati sur le Rhynchites conica à Verceil (Piémont) ; car dans cette espèce les conidies sont linéaires. Je m'abstiens jusqu'ici de donner aucun noin à l'espèce dont il est question plus haut ; je me réserve d'y revenir plus tard. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture des lettres suivantes, que M. le Secrétaire général l'a prié de communiquer à la So- ciété : LES BOTANISTES DU XVIIIe SIÈCLE ET DU COMMENCEMENT DU XIXe. BIOGRAPHIES, AUTOGRAPHES ET PORTRAITS, par MI. Casimir ROUMEGUERE A M. le Secrétaire général de la Société botanique de France. Toulouse, 23 novembre 1872, Monsieur, Mon admiration respectueuse pour les reliquiæ des anciens maîtres de la science m'a porté à rechercher avec un soin tout particulier les papiers, les écrits autographes et les portraits des botanistes du xvi11° siècle et du com- mencement du x1x*. Ma collection, calquée sur l Album botanique de Moquin- Tandon, mon ancien maitre et ami, et sur celui formé par mon savant et vénérable correspondant, M. le professeur Fée, occupait deux cartons il y a vingt ans ; elle en remplit quinze aujourd'hui. Là, chaque botaniste possède un fascicule distinct où sont pieusement groupés, à mesure que je les obtiens, et à cóté des correspondances autographes, des notes biographiques, des détails parfois ignorés se rapportant à ses études, à ses collections ou à ses travaux. M. le professeur Fée, à qui je dois plus d'une perle de mou écrin scientifique, m'écrivait naguère : « Un Album botanique est une source de » jouissances; il met en rapport avec le passé; moins durable que les mé- » dailles, il consacre cependant des faits qui ont leur intérêt. On regarde avec SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1872. 285 » un sentiment pieux les carac tères tracés par les botanistes qui nous ont » précédé dans la carrière, et avec un sentiment bienveillant et souvent affec- » tueux l'écriture de ceux de nos contemporains avec lesquels nous avons été » en rapport. Votre collection est beaucoup plus riche que la mienne. Je » me suis borné à réunir les autographes des auteurs d'ouvrages quelque peu » considérables, de sorte que mon recueil est assez restreint; dois-je vous » dire que je n'ai fait que peu d'efforts pour l'accroitre et vous m'en faites » naitre l'envie... » D'autres amis de la science, confidents de mes recherches, me sont venus généreusement en aide, et la reconnaissance me fait uu devoir de les citer. Hélas! pourquoi faut-il que je fasse une distinction entre mes bienfaiteurs ? Parmi ceux qui ne sont plus, je retrouve Moquin-Tandon, Fiotow, Schærer, Forestier, Léon Dufour, Ph. Hepp, Companyo, H. Lecoq, Lenormand, Brébisson, trop tót ravis à leurs chéres études, trop tót destinés à mon hommage biographique. Parmi les amis vigilants qui honorent et promettent d'honorer longtemps encore la science, je cite avec satisfaction les noms aimés de MM. Duby, Durieu de Maisonneuve, A. de Franqueville, Krempel- huber, Le Jolis, A. Magen, De Notaris, Félix Renou, docteur Roussel, H. Van Heurck, etc., etc. Mon honorable confrère M. Timbal-Lagrave m'a facilité la possession de plus de quatre cents correspondances autographes d'un trés-grand intérêt, triées sur un plus grand nombre encore, dont j'ai retenu la copie, et émanant de célébrités de la fin du siècle dernier qui les avaient adressées au premier historien de la flore pyrénéenne. La seconde portion des autographes du fonds de Picot de Lapeyrouse échappa au cabinet d'histoire naturelle de Tou- louse qui la désirait; elle a été récemment acquise par le Muséum d'histoire naturelle de Paris. Ce témoignage de l'intérêt que les professeurs d'un établis- sement scientifique si remarquable ont accordé aux écrits de leurs prédéces- seurs, n'est pas isolé parmi nous. La Société botanique s'est montrée sage appréciatrice des belles pages de la littérature scientifique, lorsque à diverses reprises elle a ouvert son Bulletin aux correspondances de l'immortel Linné, des Jussieu, de Villars, de Lapeyrouse et d'Allioni, si habilement mises en lumiére par MM. Chatin, Soubeiran, Malbranche et Aug. Gras, Puis-je me permettre de mentionner encore mon étude concernant Linné, Acharius, Gouan, Lamarck et Lapeyrouse, dont la Société a entendu la lecture lors des séances de Prades dont le compte rendu n'a pas encore été publié ? Pour moi, pour nous peut- étre puis-je dire (car tous les botanistes doivent sentir de la méme maniere), l'écriture d'un savant excite autre chose qu'une vulgaire curiosité ; cette écriture prend à nos yeux une valeur sentimentale, et la pensée qu'elle exprime devient toujours un enseignement, quel que soit le point de vue où nous nous placions. Qu'il s'agisse d'une controverse, d'une réclamation, d'un éloge, d'une critique, méme d’une boutade, l'observateur, 286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. physiologiste ou historien, trouve sa part d'intérêt. Un homme aussi dévoué à la science qu'à son pays, M. le comte Jaubert, le Mécène de notre Société, a dit à propos des grandes collections botaniques du Muséum, et de celles de M. Delessert : « Qu'on ne s'y reconnaîtra, qu'on n'y travaillera soi-même » avec profit, qu'aprés s'étre bien rendu compte des dispositions matérielles » quelquefois défectueuses que ces collections peuvent présenter; qu'on » devra aussi se familiariser avec les diverses écritures des maîtres pour » remarquer partout au passage les étiquettes les plus dignes de confiance. » Vous savez que M. Laségue avait formé une collection d'autographes pour l'utilité des visiteurs de l'herbier Delessert et qu'il avait été souvent sollicité de la reproduire par la lithographie dans le, but de la propager. Autoine-Lau- rent de Jussieu écrivait à Lemonuier en 1787, au sujet de la formation d'un herbier général: « Ayez l'attention d'indiquer toujours, sur l'étiquette de » chaque plante, le lieu et l'herbier d'où elle est tirée. » C'est qu'en effet, les anciens botanistes, méme les oncles de l'auteur du Genera plantarum, étaient bien moins soigneux que nous de signer leurs étiquettes et d'indiquer le collecteur. Cette omission assez habituelle rend la connaissance des écri- tures indispensable pour toute recherche dans les anciens herbiers. C'est au point de vue: 4° De cette vulgarisation de l'écriture des savants botanistes et des belles pages qu'ils ont laissées, aussi attachantes souvent par la forme que par les faits qu'elles rappellent ; 2° D'une biographie spéciale qui manque et dont les principaux matériaux sont groupés ou prés de l'étre, — biographie neuve, anecdotique, privée pour ainsi dire, « fondée sur le témoignage des oreilles et des yeux », représentant bien l'histoire de la botanique elle-même, — appuyée de fac-simile ; 3* De la reproduction de portraits authentiques peu connus ou jamais col- ligés ; c'est à ces divers points de vue, dis-je, que plusieurs de mes honorables confrères m'ont exprimé l'opportunité d'une publication et m'ont fait pro- mettre de l'exécuter. Je m'impose la tâche agréable de donner, dans le courant de l'année 1873, la nouvelle biographie botanique, mais j'aurais besoin du concours de tous mes confrères de la Société botanique, et c'est par votre entremise que j'ose le solliciter. Ce concours est de deux genres : d'abord la bienveillante commu- nication des documents en leur pouvoir et propres à compléter ou à perfec- tionner mon ouvrage ; ensuite la souscription à mon livre, exigible seulement à sa réception. Je confie mon dessein au zèle ardent et éclairé que vous montrez pour nos études, et si, comme je l'espère, il obtient votre approbation, je n'hésite pas dès lors à solliciter votre appui. Veuillez agréer, etc. Casimir ROUMEGUERE. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1872. 287 LETTRE DE M. J. DIUVAL-JOUVE. A M. W. de Schenefeld. Montpellier, 11 novembre 1872. Très-cher ami, Les vents du sud-est, qui ont soufflé en tempête sur nos côtes méditerra- néennes du 45 au 19 octobre, ont ruiné plus d’un cultivateur par les pluies torrentielles qu'elles ont jetées dans la vallée du Rhône; mais, faible compen- sation ! elles ont enrichi mon herbier d’une plante très-nouvelle pour moi et pour notre flore de l Hérault. Le 20 octobre, au premier rayon de soleil, je me rendis sur la plage entre Palavas et Carnon (Hérault), dans l'espoir d'y recueillir des pieds fertiles du Posidonia Caulini, comme M. Huet, dans la méme saison et dans les mémes circonstances, avait rencontré, à Toulon, ceux qui nous ont valu la savante étude de notre confrère M. Grenier (Bull. Soc. bot. VII, pp. 362 et suiv.). Contre mon attente, je ne rencontrai de cette plante que quelques pieds très- rares, à peine suffisants pour les coupes qu'exige un travail commencé ; mais je trouvai, en quantité considérable et à l'état de fraicheur parfaite, une plante marine se distinguant à première vue par ses rhizomes d'un rouge de corail, émettant de chacun de ses nœuds, avec une régularité parfaite, un faisceau de deux ou trois feuilles, et àl'opposé une racine unique, presque aussi grosse que le rhizome, et longue de 50 centimètres au moins. Les Zostéracées sont si peu nombreuses dans la flore de France, que je vis immédiatement que j'avais une plante nouvelle pour notre flore, et le Synopsis de Gussone m'apprit que ce devait étre le Zostera nodosa Ucria. Ma plante en présente tous les caractères et n'a point les stipules men- tionnées sur le Cymodocea æquorea ; mais comme elle est dépourvue de fruits, je m'abstiens de me prononcer jusqu'à plus ample informé. Les pêcheurs de Palavas l'ont reconnue à ses sarments de corail, et m'ont dit qu'elle croit en abondance sur un banc sablonneux à 4 mètres de profondeur entre Palavas et Aigues-Mortes. Au mois de mai, j'espere vous envoyer un travail complet sur cette plante et sur quelques autres de nos étangs salés. En attendant, vous en recevrez un petit échantillon par la poste. Veuillez agréer, etc. DUVAL-JOUVE. M. Balansa rappelle que l'on a placé dans le genre Zostera cinq ou six plantes qui n'appartenaient méme pas à la famille des Zosté- racées. M. Duchartre dit qu'il y a chez les Zostera, méme en l'absence de toute fructification, des caractéres anatomiques trés-nets, qui ne 288 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pourraient permettre d'erreur à un anatomiste de la valeur de M. Duval-Jouve. Il entre à ce sujet dans quelques détails explicatifs. Lecture est donnée de la note suivante : NOTE SUR QUELQUES PLANTES PHANÉROGAMES, RARES OU PEU COMMUNES DANS LA CIRCONSCRIPTION DE LA FLORE PARISIENNE, TROUVÉES AUX ENVIRONS DE SAINT- GERMAIN EN LAYE, par M. Louis BRISOUT DE BARNEVILLE (1). (Saint-Germain en Laye, 12 novembre 1872.) Ranunculus Chærophyllos L. — Forêt de Saint-Germain : allée de la croix de Montchevreuil, vis-à-vis de Chambourcy ; en fruit, juillet 1872 (L. B.). Althzea hirsuta L. — Saini-Cucufas; juin 1872 (L. B.). Galega officinalis L. — Saint-Cucufas; en fleur et fruit, août 1872 (H. et L. B.). Cette plante, originaire du midi de l'Europe, a trés-vraisem- blablement éié introduite à la localité citée, par les fourrages des troupes qui y ont campé en 1870 ou en 1871. Trifolium elegans Savi. — Route de Conflans, dans la forêt de Saint- Germain ; en fleur, aoüt 1872 (L. B.). Cette plante a peut-étre été introduite dans la forét par des fourrages. Prairie du clos du cháteau de Chambourcy ; en fleur, juin 1872 (L. B.). Epilobium spicatum Link, — Forét de Saint-Germain ; en fleur, juillet 1872 (L. B.). Crepis tectorum L. — L'Étang-la-Ville ; juin 1872 (L. B.). Grammica racemosa Engelm. (Cuscuta racemosa Mart. et Spix; Cus- cuta corymbosa Choisy). — Trouvé aux environs de Chambourcy, sur la Luzerne cultivée ; en fleur, 28 juillet 1872 (L. B.). M. Cosson fait connaître à la Société qu’il a rencontré à la Tran- cade d'Ambouilla, aprés la session de Prades (en compagnie de quel- ques plantes rares, telles que le Telephium Imperati et Y Alyssum Peyrousianum), le Globularia spinosa Lam., qui n'était connu jusqu'ici qu'au mont Serrat, aux Baléares et dans la Suéde méri- dionale. (4) Voyez plus haut, pp. 136-138. SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872, 98 © SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872. PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ CHABOISSEAU, VICE-PRÉSIDENT. M. Max. Cornu, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 29 novembre, dont la rédaction est adoptée. A l’occasion du procès-verbal, M. Duchartre donne lecture d’une lettre de M. Duval-Jouve au sujet d'une Zostéracée recueillie par lui sur les bords de la Méditerranée, aux environs de Montpellier, et qu'il avait attribuée avec doute au Zostera nodosa. A la suite de cette lecture, M. Duchartre fait à la Société la com- munication suivante : QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES CARACTÈRES ANATOMIQUES DES ZOSTERA ET CYMp- DOCEA, A PROPOS D'UNE PLANTE TROUVÉE PRÈS DE MONTPELLIER, pr M. P. DUCHARTRE. Notre savant et laborieux collègue, M. Duval-Jouve a envoyé à la Société botanique de France, pour sa dernière séance, des échantillons stériles d'une Phanérogame marine que les gros temps ont jetée en abondance sur la plage de la Méditerranée, prés de Montpellier, et qu'il a regardée comme pouvant être le Zostera nodosa Guss.(1). J'ai soumis à la Société, relativement à cet intéressant envoi, quelques réflexions que je crois devoir reprendre et com- pléter aujourd'hui, en vue surtout de rechercher à quel genre de Zostéracées peut appartenir l'espéce que M. Duval-Jouve vient de découvrir sur cette partie de notre littoral. Un mot d'abord sur le nom de Zostera nodosa Guss., sous lequel M. Duval- Jouve a envoyé sa plante. M. Parlatore, dans sa Flora italiana (III, p. 658), le fait remonter à Ucria, dont l'ouvrage est antérieur à celui de Gussone ; aussi l'écrit-il Zostera nodosa Ucria. D'un autre côté, M. Ascherson (Sitzungs- Berichte der Gesellsch. naturforsch. Freunde zu Berlin pour 4869, p. 3), se fondañt sur ce que l'A/ga gramineo. folio, triphylla, sarmentis Vitis du Pamphyton siculum, tab. 191, de Cupani, est incontestablement, selon lui, le Cymodocea æquorea Kæn., et que ce synonyme de Cupani est rapporté sans hésitation par Ucria à son Zostera nodosa, fait de ce. dernier le Cymodocea cquorea Ken. , sous le nom de Cymodocea nodosa (Ucria) Aschers. Quant à M. Duval-Jouve, il n'applique à la plante qu'il vient de découvrir près de Montpellier le nom de Zostera nodosa qu'avec doute, ainsi qu'il le dit caté- (4) Voyez plus haut, p. 287. T, XX. (SÉANCES) 19 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. goriquement dans le passage suivant d'une lettre qu'il m'a fait l'honneur de m'écrire, le 5 décembre 1872 : « Le mauvais temps continue sur nos côtes de l'Hérault, et, par suite, la plage entre Palavas et Carnon continue à se couvrir de la plante que j'ai adressée à la Société sous le nom peut-être très-inexact de Zostera nodosa. Je serais fort heureux si je pouvais connaître avec certi- tude le nom de mon prétendu Zos/era nodosa. » Pour donner satisfaction à ce désir très-légitime de notre savant collègue, je vais tàcher de puiser dans l'anatomie, relativement à sa plante, des éléments d'une détermination qu'il est impossible de déduire de l'examen des organes reproducteurs, puisqu'ils font entièrement défaut, la mer n'ayant rejeté que des pieds stériles. La première question qu'il s'agit de résoudre pour cela, consiste à savoir si les caractères anatomiques permettent de distinguer un Zostera d'un Cymo- docea. En effet, dans le cas où ceite distinction serait possible, d'après la seule considération de la structure, il ne resterait plus qu'à voir si la plante trouvée par M. Duval-Jouve offre, dans la construction tissulaire de ses organes végé- talifs, les caractères du premier de ces genres, comme l'a pensé notre hono- rable collègue, ou si, au contraire, elle se relie au dernier, comme certaines analogies me l'ont fait penser d'abord, antérieurement à tout examen. Pour donner une idée succincte de la structure anatomique des genres Zostera et Cymodocea, je recourrai à une série d'observations que j'ai faites, il y a prés de vingt ans, sur les différents genres de la famille des Zostéracées ; ces observations m'avaient fourni la matière de deux mémoires accompagnés de 30 planches in-A*, qui sont restés inédits et dont il n'a été publié que deux extraits fort succincts, eu 1854, dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences (XXXIX, 1008, 1080). ÎI. Genre Zostera. a. Végétation. — Les Zostera sont des plantes herbacées vivaces, pour- vues d’une tige horizontale ou rhizome que fixent au sol du fond des mers de nombreuses racines adventives, rangées par groupes dont la situation est régu- lière et constante. La durée des diverses parties de ce rhizome varie seion les espèces. D’après M. W. Hofmeister (Bot. Zeit., 1852), chez le Zostera, ma- rina, les eutre-nœuds postérieurs meurent au bout de quelques mois, tandis que, chez le Z. nana, ils persistent pendant p'us d'une année. Dans tous les cas, cette lige rampante se détruit progressivement en arrière, en mème temps qu'elle s’allonge en avant, grâce à son bourgeon terminal. Ses entre-nœuds varient de longueur selon la vigueur des plantes, surtout selon les espèces. Dans le Z. marina, je les ai toujours vus longs de 07,01 à 07,02 environ. Ils different beaucoup, à cet égard, de ceux que co nprennent les rameaux fertiles et que j'ai vus atteindre jusqu'à 0",20 de longueur, Ces rameaux se dressent SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872, 291 verticalement et portent des feuilles plus courtes que celles de la tige qui leur a donné naissance. Chacun d'eux a sa premiere feuille (préfeuille) adosste l'axe-mére, c'est-à-dire placée dans l'angle formé par ce rameau et le rhi- zome. Les feuilles des Zostera naissent chacune de la périphérie entière d'un nœud ; cles offrent. inférieurement une longue gaîne membraneuse, close dans le bas, fendue plus haut ct venant se terminer supérieureinent en deux oreillettes marginales, plus où moins tronquées. Sous chaque insertion de feuille et un peu au-dessous du nœud qui la porte, se trouvent constamment deux groupes symétriques de racines rangés sur une méme ligne transversale, mais laissant entre eux un assez large espace. Chez le Z. marina, chaque groupe réunit jusqu'à dix et douze racines ; il n'en comprend que deux à quatre chez le Z. nana. Les feuilles étant distiques, il s'ensuit que le rhizome présente quatre rangées longitudinales de ces groupes de racines. La produc- tion de ces organes a lieu de si bonne leure qu'on les voit déjà sous la fornie de petits mamelons au-dessous des feuilles qui sont encore renfermées dans le bourgeon. ; b. Anatomie, — Mes études sur la structure anatomique des Zostera ont porté sur des échantillons frais du Z. marina L., d'une variété (?) de cette espèce qui venait du bassin d'Arcachon, et du Z. nana Roth. 1. Tige. — Sur la coupe transversale de la tige rampante ou du rhizome des Zostera que j'ai examinés (la coupe ayant été m.née vers le mi ieu de la longueur d'un entre-nœud), j'ai trouvé l'organisation suivante ; Le centre est occupé par un corps ou gros faisceau fibro-va-culaire central, assez consistant, dont le contour est arrondi ou obscurément quadrilatère, et dont le tissu serré est composé de cellules étroites, polygonales, intine- ment unies entre elles, remplies d’une matière blauchàire, un peu granu- leuse, d'aspect gélatineux. Ces cellules se montrent, sur une coupe longi- tudinale, en moyenne huit ou dix fois plus longues que larges, superposées en files par des bases peu obligues ou à peu pres horizontales. Ces caractères peuvent les faire assimiler à des cellules couductrices, Dans la longueur des entre-nœuds, je n'ai point vu de vaisseaux; mais j'ai observé de très-petites trachées dans les nwuds où toutes les cellules changent d'aspect, se raccour- cissent beaucoup et donnent ainsi dans leur ensemble un parenchyme à cel- lules courtes, non sériées, qui forme un plancher continu entre les deux entre- nœuds inférieur et supérieur. Ce fait résulte de ce que ces vaisseaux s'éten- daient dans toute la longueur de l'entre-noeud, pendant sa première jeunesse, et qu'ils ont disparu plus tard dans toute la portion intermédiaire aux nœuds, points essentiellement actifs. Le faisceau central est creusé d'une lacune longitudinale, à section à pen près circulaire, qui en occupe l'axe, et dont le diamètre est au plus (Z. ma- rina) égal au cinquième de celui de ce faisceau, ou reste même (Z, nana) 293. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. beaucoup plus faible encore. D'autres lacunes longitudinales, beaucoup plus étroites, assez irrégulières et inégales entre elles, semblent rayonner autour de la premiere. Tout le reste de la tige est constitué par un parenchyme à grandes cellules généralement 2-3 fois plus longues que larges, superposées en files longitudi- nales, qui se subdivise en deux épaisses zones concentriques, et qui, enfer- mant à son intérieur le gros faisceau central, est recouvert extérieurement d'un épiderme dont les cellules sont semblables à celles qui se trouvent immédiatement au-dessous d'elles. La zone parenchymateuse interne est sensiblement plus épaisse que l'externe. Si celle-ci peut étre regardée, pour divers motifs, comme corticale, celle-là semble devoir étre considérée comme formant, avec le faisceau central, le corps ligneux, Comme elle est parcourue, dans la plus grande partie de son épaisseur, par de nombreuses lacunes longitudinales, placées sans ordre et inégales entre elles, je me con- tenterai de la nommer zone lacuneuse. Ces cellules sont les seules dans lesquelles j'aie vu des grains d'amidon. Celles qui entourent immédiatement le faisceau central sont étroites et forment d'ordinaire autour de celui-ci un cercle régulier, que rend méme souvent trés-apparent sa teinte brunâtre. A partir de cette limite interne, les cellules deviennent d'abord de plus en plus larges pour aller plus loin en diminuant de largeur jusqu'à la limite externe de la zone. Quant à la zone corticale, les cellules qui la forment ont aussi leur plus grande ampleur dans sa portion moyenne. La zone corticale se joint à la zone lacuneuse, sans ligne de démarcation nette entre les deux, sur un cercle où se montrent deux faisceaux excentriques, qu'on peut qualifier, par analogie, de fibro-vasculaires, beaucoup plus petits que le gros faisceau central, mais constitués comme lui, et creusés d'une, plus rarement de deux ou méme de trois lacunes longitudinales, inégales entre elles et souvent irrégulières. Dans une tige à section elliptique, comme l’est généralement celle des Zostera, ces deux faisceaux excentriques sont pla- cés sur le grand axe de l'ellipse. La zone corticale considérée en particulier offre, disséminés sans ordre dans son parenchyme, mais principalement vers l'extérieur, de nombreux faisceaux inégaux et irréguliers de fibres libériennes parfaitement caractérisées, très-longues et étroites, à parois extrêmement épaisses. Nous verrons plus loin que ces faisceaux libériens font entière- ment défaut dans la tige rampante du Cymodocea. En résumé, la tige rampante ou le rhizome des Zostera indigènes est essen- tiellement caractérisé par ses deux faisceaux excentriques et par les nombreux faisceaux libériens qui sont épars dans sa zone corticale (1). (1) La description ci-dessus différe sous presque tous les rapports de celle qui a été donnée par Unger, dans son Chloris protogæa (Leipzig, 1847 ; in-A^), dans l'article relatif au Zosterites marina (loc. cit., p. 48-50, tab, XVII, fig. 7-8). En effet, d’après le savant allemand, la tige du Zostera marina renferme des « faisceaux vasculaires dis- , SÉANCE: DU 13 DÉCEMBRE 1872, 293 2. Racine. — Les racines du Zostera marina, tout en offrant une ana- logie générale de structure avec la tige, s'en distinguent par une diminution notable dans le nombre de leurs éléments constitutifs : 4° Leur faisceau centra ne se creuse pas de lacunes longitudinales ; tout au plus y voit-on un indice à peine indiqué d'une lacune centrale; je n'ose pas méme affirmer que ce soit réellement une lacune, non une cellule ou un simple méat intercellulaire, que la cavité qui en occupe le centre et qui n'a pas plus de 1/600* de millimétre de largeur. 2° Les faisceaux excentriques y font entièrement défaut. 3° Les faisceaux libériens corticaux y manquent également. ^? On n'y voit pas non plus de zone lacuneuse; mais à la place de celle-ci, autour du faisceau cen- tral, se trouve une zone de parenchyme fort remarquable parce que les cel- lules qui la constituent sont disposées régulièrement en lignes rayonnantes et en cercles concentriques autour de celui-ci ; par une conséquence nécessaire de cet arrangement, elles sont d'autant plus larges qu'elles se trouvent plus éloignées du centre, et les méats qu'elles laissent entre elles sont quadrangu- laires. Nous verrons une zone tout à fait analogue dans les racines du Cjmo- docea. 5° La zone corticale devient ici collenchvmateuse ; elle comprend trois ou quatre assises concentriques de cellules rapidement décroissantes de dedans eu dehors, dont les parois épaisses ne laissent point entre elles de méats. 6° L'épiderme est formé de cellules beaucoup plus grandes que celles qu'il recouvre immédiatement et allongées dans le sens rayonnant, En somme, absence de lacunes, de faisceaux excentriques, de liber, enfin état particulier de la zone cellulaire ligneuse et du parenchyme cortical, tels sont les caractères qui distinguent les racines des Zostera de la tige des mêmes plantes et méme des racines de la généralité des Zostéracées. 3. Feuille. — Les deux espèces et la variété de Zostera que j'ai exami- nées m'ont offert dans leurs feuilles une structare absolument identique, avec posés en cercle parfaitement complet. Chaque faisceau comprend deux grands vaisseaux réticulés et un ou méme deux vaisseaux spiraux simples ou annelés, situés derrière les premiers ; le tout est entouré de cellules parenehymateuses à parois épaisses, qui com- prennent entre elles, vers le cóté antérieur, un petit faisceau de vaisseaux propres. Ce corps vasculaire est circonserit vers l'extérieur par la zone corticale ». D'un autre cóté, la tige adulte de la méme plante présenterait, d'aprés le méme botaniste, une grande lacunc centrale, assez irrégulière dans son contour, dont le diamètre égalerait le quart de l'é- paisseur totale de la tige. Cette énorme lacune serait creusée dans une grande masse centrale de parenchyme que circonscrirait extérieurement le cercle de faisceaux fibro- vasculaires fort complexes dont il vient d’être question. Enfin les faisceaux libériens de la zone corlicale, à en juger par la figure 7c, pl. XVII du méme ouvrage, formeraient un cercle régulier, à une faible profondeur en dedans de la circonférence de la tige. Non-seu- lement je n'ai vu rien d'analogue sur mes échantillons frais de Zostera marina et de sa variété venue du bassin d'Areachon, ni sur ceux du Z. nana, échantillons qui avaient diverses provenances, mais encore il me semble que la description donnée par Unger nes'applique pas au type des Zostéracées en général, ni méme, oserais-je presque dire, à celui d'une Monocotylédone submergée quelconque. Je pense donc qu'une confusion accidentelle d'échantillons opérée à son insu peut seule expliquer la description donnée par cet observateur aussi consciencieux qu'habile, 20h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de simples différences en plus où en moins quant à la proportion de leurs élé- ments cons'itutifs. Voici, en résumé, ce qu'on observe dans le Z. marina considéré plus particulièrement. La fouille linéaire -rubanée de cette espèce neut atteindre jusqu'à 07,30 de longueur sur 0,604 à 07,006 de largeur. Elle est obtuse-arrondie au som- met, parfa tement entière. Ses nervures parallèles et indivises, au nombre de sept quelquefois de reuf (comptées sur une section transversale), se termi- nent par une anastomose en arc ou en sorte de chevron, les deux plus internes s'unissant à la médiane, un peu en arrière du sommet, les autres à leur voi- sine plus interne, à des niveaux d'autant plus bas qu'elles- mémes sont plus prés du bord. Une particularité caractéristique, c'est que la nervure médiane se prolonge au delà de ces anastomoses jusqu'au sommet proprement dit de la feuille. Entre les lignes trés-marquées des nervures on en voit, surtout en regardant contre le jour, d'autres moins apparentes qui répondent à tout autant de cloisons cellulaires séparant de grandes lacunes longitudinales inté- rieures. Enfin on distingue en méme temps de légères lignes transversales qui, à des intervalles variables, unissent une nervure à sa voisine. Celles-ci sont dues à des cloisons transversales, formées d'un seul plan de cellules, qui laissent de grands méats à leurs angles, mais ne sont pas étoilées en réalité ; elles sub- divisent chaque lacune longitudinale en plusieurs compartiments superposés. Une coupe transversale de la feuille du Zostera marina y fait reconnaitre une structure assez complexe. Son épiderme est formé de cellules à section à peu prés arrondie, superposées en files longitudinales, à parois épaisses, surtout vers l'extérieur, où se trouve une cuticule peu difficile à reconnaître, Ces cellules épidermiques sont aussi larges ou méme plus larges que longues sur les portions supérieure et moyenne de la feuille; elles deviennent graduel- lement de plus en plus longues vers la base de l'organe où se fait le déve- loppement. Elles sont remplies de chlorophylle, qui manque, au contraire, presque entièrement dans le tissu immédiatement sous-jacent. L'iutérieur. de la feuille offre une nombreuse série de grandes lacunes qui s'étendent parallèlement entre elles dans la longueur de cet organe jus- qu'à une certaine distance (parfois plusieurs millimètres) de son extrémité, Entre deux nervures adjacentes, il existe de six à dix lacunes. Ce nombre descend à trois chez le Z. nana, qui de plus n'offre que trois nervures (la m: diane et deux latérales plus faibles) et dont la feuille entière n'est creusée dès lors que de six lacunes. Les cloisons complètes on lames cellulaires qui séparent ces lacunes sont formées d'un seul plan de grandes cellules, et elles se réunissent, en se b furquant au-dessous de l’épiderme. Les cloisons par- courues dans leur milieu par une nervure sont beaucoup plus épaisses, sur- tout la médiane, dont le tissu se creuse parfois lui-même de très-petites lacunes. Les faisceaux des nervures ont tous la texture de ceux de la tige, particulièrement des deux faisceaux excentriques. SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872. 295 La feuille du Zostera marina renferme encore de nombreuses fibres libé- riennes, semblables à celles que nousa offertes la zone corticale de la tige et groupées en pelits faisceaux irréguliers qui occupent deux situations diffé- rentes ; la plupart d'entre eux sont sous-épidermiques ou marginaux; d'au- tres, beaucoup moins nombreux, se rattachent aux faisceaux des nervures ou s'en élo'gnent fort peu. Chez le Z. nana, les faisceaux libériens sont peu nombreux ct tous sous- épidermiques. Ils suivent les deux bords de la feuille ou s'en. éloignent peu. Enfin la membrane mince qui prolonge les deux bords de la feuille, à sa base, pour en compléter la gaîne, n'est constituée que par deux assises de cellules qui semblent étre la continuation de l'épiderme des deux faces. En résumé, la feuille des Zostéres indigènes est carac érisóe : par sa ner- vure médiane arrivant au sommet, au delà de l'anastomose des deux nervures adjacentes ; per ses grandes lacunes longitudinales. tontes du méme ordre et situées également entre les nervures; par ses cloisons à nervures qui sont pleines et sans lacunes; enfin par ses faisceaux libériens irrégaliers, distribués, soit tous, soit au moins la plupart, sous l'épiderme et sans rapport déterminé de situation avec les nervures. II. Genre Cymodocea. L'espèce qui forme le type de ce genre est le Cymodocea wyuvrea f.œn, (Phucagrostis major Cavol., Zostera mediterranea Di.). A.-P. de Can- dolle indiquait cette Zostéracée, dans son Synopsis, p. 150, comme propre à la Méditerranée, en lui attribuant à tort des feuil'es très-entières, et dans le 3° volume de sa Flore française, p. 155, comme croissant « au fond de la Méditerranée, peut-Gire aussi dans l'Océan ». Précisant davantage, M. Duby, en 1828 (Bot. gall., p. L41), l'a signalée uniquement dans la mer, prés de Montpellier, tandis que M. Grenier, dans la Flore de France (HI, p. 526), en 1855, l'a exclue de notre flore, en s'appuyant pour cela sur des recherches de J. Gay. « Il résulte, dit-il en effet, des recherches dont M. Gay nous a fait part, que cette espèce n'est pas francaise. » Cette plante ainsi exclue de notre flore a été cependant trouvée le long de la côte de Pro- vence, sur le rivage de la presqu'ile de la Croisette, près de Cannes, le 24 dé- cembre 1859, par M. Thicn, dirccteur-adjoint du Musée d'histoire naturelle d'Orléans (voyez Pull. Soc. bot. de Fr., VM, 1860, pp. 361-888). Environ deux ans plus tard, M. Éd. Bornet a annoncé (ibd. , VH, 1861, p. 457) qu'elle « croit en abondance, non-seulement aux environs de Cannes, mais aussi dans Jes criques peu profondes, à fond de sable et de vase, qui décou- pent cà et là le contour de la presqu'ile d'Antibes ». L'indigénat en est donc aujourd'hui parfaitement établi. Même, si je ne me trompe, il résultera de la suite de cette note qu'elle est plus répandue, le long de nos côtes de la 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Méditerranée, qu'on ne l'a cru jusqu'à ce jour, et que l'indication donnée par M. Duby, d’après je ne sais quelles données, quant à sa présence près de Montpellier, est conforme à la réalité des faits. Le Cymodocea æquorea Kœn.,oule Phucagrostis major Cavol., si comme MM. Gussone, Parlatore, Bornet, etc., on adopte, pour motif d’antériorité, ce dernier nom (qu’on devrait alors écrire Phycagrostis), a été étudié avec beaucoup de soin et d'exactitude, à une date récente, par M. Bornet, dans son remarquable mémoire intitulé : Recherches sur le Phucagrostis major Cavol. (Ann. des sc. natur., 5° série, I, 1864, pp. 5-51, pl. 1-11. Bien que l'objet spécial de ses études sur cette plante füt d'en faire connaitre à fond la reproduction, dont le beau mais déjà vieux travail de Cavolini (Phucagros- tidum Theophrasti anthesis ; in-A», Naples, 1792 ; 35 pages et 2 pl. Repro- duction dans Usteri, Annalen der Botan., IH, 11* cahier, pp. 33-62, pl. 3-4) n'avait pas complétement élucidé l'histoire, cet habile observateur n'a pas manqué d'en exposer succinctement la structure anatomique. Seulement, comme celte face de son sujet était pour lui secondaire, il n’a pas accom- pagné cette partie de son texte de figures explicatives en nombre suffisant (1). D'un autre côté, quelques légères différences qui existent entre les résultats dé mes observations et les données consignées dans le mémoire de M. Bornet, ainsi que le désir d'offrir comparativement la description anatomique des Zostera et Cymodocea, expliqueront pourquoi je vais donner, relativement à ce dernier genre, des détails que je m'efforcerai d'abréger le plus possible. a. Végétation. — A cet égard, je ne puis que renvoyer au beau travail de M. Bornet, qui, habitant la presqu'ile d'Antibes, autour de laquelle le Cymo- docea «quorea croit en abondance, a pu suivre pas à pas la végétation de cette plante, à partir de sa germination et a donné de son développement un exposé aussi précis que circonstancié. Je me bornerai à rappeler que la tige rampante (ou rhizome) de cette espèce, considérée à l'état adulte, est arron- die ou sensiblement comprimée par les côtés, fixée au sol par de nombreuses et fortes racines adventives, nées aux nœuds, ou un peu au-dessous comme chez le Zostera marina, mais toujours isolément et non par groupes, plus ou moins rouge, épaisse en général de 0,002 à 07,003, assez longue ou méme longue, puisque j'en ai vu qui mesuraient 07,20, et qu'il en est qui dépassent beaucoup cette longueur. Elle est notablement épaissie en anneau à chaque nœud qui porte ou a porté une feuille sur toute sa périphérie. Ses entre- nœuds sont, les uns bien développés, longs de 2 à 5 ou méme 6 centimètres, (1) La planche 11 du mémoire de M. Bornet, la seule qui soit consacrée à l'anatomie du Cymodocea, ne renferme que trois figures destinées à montrer le premier développe- ment des racines et les rapports de ces organes avec les tissus Sur lesquels ils prennent naissance. D'ailleurs ces figures ne reproduisent que des coupes longitudinales qui ne peuvent donner une idée suffisante des couches concentriques comprises dans la tige et dans la racine, En outre, aucune n'est relative à la feuille. n— ,À SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872, 297 les autres fort courts, à ce point que, sur un bel échantillon recueilli près de Smyrne, par M. Balansa, j'en ai compté douze, rapprochés dans une étendue totale de 0",02. Les séries d’entre-nœuds longs et courts se succèdent alterna- tivement, et M. Bornet nous apprend que, chaque année, il s'en produit une série de longs et une série de courts, la première pendant que la végétation est dans toute sa force, la seconde vers la fin de la période végétative et comme une sorte de prélude au repos de l'hiver. Ainsi que celle des Zostera, la tige du Cymodocea se détruit graduelle- ment en arrière pendant qu’elle s'allonge en avant; mais sa destruction en arrière est fort lente, car M. Bornet rapporte avoir vu un rameau de douze ans sur un fragment de tige encore parfaitement sain, et il ajoute qu'il ne doute pas qu'on ne puisse en rencontrer de plus vieux encore, Les nombreux rameaux de cette plante sont disposés sur la tige en ordre alterne-distique, comme les feuilles. Ils donnent naissance à des racines adventives. Ceux d'entre eux qui s'élévent verticalement ou en s'inclinant quelque peu vers le bout de la tige, et ce sont les plus nombreux, sont remar- quables par la brièveté de leurs entre-nœuds, soit qu'ils restent stériles, soit qu'ils se terminent par une fleur de l'un ou l'autre sexe. C'est encore là une différence des plus saillantes entre les deux genres dont il s'agit dans cette note. Les feuilles du Cymodocea ressemblent à celles du Zostera marina par leur aspect et leurs dimensions; mais elles sont bordées, surtout. vers le sommet, de dents cartilagineuses trés-visibles, qui fournissent un excellent moyen pour faire distinguer ces deux plantes au premier coup d'œil. De plus, leur longue gaine a une teinte jaunâtre qui se prolonge sur la base du limbe en une macule oblongue, nettement tranchée sur son pourtour. b. Anatomie. — Mes observations relatives à l'anatomie du Cymodocea æquorea ont été faites sur une série de beaux échantillons secs que je tenais de M. Balansa, et qui avaient été récoltés par lui prés de Smyrne. 1. Tige. — Examinée sur une coupe transversale menée vers le milieu d'un long entre-nœud, la tige du Cymodocea offre les régions qui ont été indiquées plus haut dans celle des Zostera. On y voit un gros faisceau cen- tral constitué de même; autour de celui-ci une zone lacuneuse épaisse, et plus extérieurement une large zone corticale que recouvre un épiderme ; mais avec cette analogie générale de structure, elle offre des différences sail- lantes et caractéristiques : 4° Le corps central m'a offert, autour de la lacune centrale, un nombre moindre de lacunes rangées à peu prés en cercle. 2° Les faisceaux excentriques sont nombreux (28 à 30), rangés en deux cercles concentriques, dans lesquels ils alternent assez réguliérement entre eux; en outre, ceux du cercle le plus externe sont de beaucoup les plus petits. Dans le C. Preauxiana Webb, je n'ai trouvé qu'un seul cercle de ces faisceaux. 3° L'ordre d'agrandissement et de décroissement successifs 298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la section des cellules du parenchyme, dans les zones lacuneuse ct corti- ca'e, est très-peu marqué, de manière à rendre à peu près impossible à tracer la démarcation entre ces deux zones. M. Bornet dit qu'on rencontre les fais- ceaux « au point de jonction de la zone des lacunes ct du parenchyme corti- cal » : mais comme il existe deux cercles de faisceaux, la zone qui les ren- ferme a, en moyenne, une largeur égale à 1/12 de l'épaisseur totale de la tige, et il semble difficile d'appliquer à une pareille zone les mots de point de jonction. Comme, d'un autre côté, entre les lacunes les plus excentriques et les gros faisceaux du cercle interne, il existe une épaisseur de 4-6 cellules de pare: chyme continu, je crois pouvoir dire que les deux cercles de faisceaux excentriques appartiennent à la zone corticale, dans laquelle ceux du cercle externe s'avancent beaucoup. 4° Les faisceaux de fibres du liber manquent complétement dans la zone de parenchyme cortical. 5° Les cellules de l'épi- derme different beaucoup de celles du parenchyme sous-jacent par leur étroitesse et leur allongement considérable de dedans en dehors. J'ajoute que ces cellules sont revétues extérieurement d'une couche épaisse de cuticule, trés-facile à reconnaitre sous le microscope. En résumé, le grand nombre des faisceaux excentriques du Cymodocea et leur disposition en deux cercles, joints à l'absence de faisceaux libériens, feront toujours distinguer sans hésitation, füt-ce à la simple loupe, ou même à l'œil nu, la tige de cette plante de celle d’un Zostera. .2. Racine. — Cette distinction deviendra bien plas facile et plus sûre encore par l'examen méme superficiel de la structure des racines. Dans le Cymondocra, ces organes ressemblent à ceux des Zostera par leur faisceau central et par la zone parenchymateuse qui l'environne, dans laquelle on observe, peut-être mieux dessinée encore, la disposition des ce/lules en files rayonnantes et par cercles concentriques; mais ils en différent nettement par toute leur portion plus extérieure. En effet, à la zone parenchymateuse de cellules rangtes en sens rayonnant succède, sans transition d'aucune sorte, une zone dans laquelle le parenchyme est tout disposé en grandes l:mes longitudinales, composées chacune d'une senle assise, lonzuement prolongées dans le sens des rayons de la racine et laissant entre elles, de l'une à l'autre, d'énormes lacunes nécessairement rayonnantes. Cette disposition remarquable est si prononcée, si facilement visible, que la préparation la plus grossière suffit pour la faire reconnaitre. Or, rien ne représente cette zone lacuneuse dins la racine de nos Zostéres. — Enfin la zone corticale diffère encore dans les deux genres dont je m'occupe. Chez le Cymodocea, elle a l'épaisseur de 5-6 cellules entre lesquelles il existe des méats triangulaires, et qui alternent plus ou moins irrégulièrement entre elles. Or, on a vu que, chez le Zostera, cette couche est moins épaisse et composée de cellules à parois épaisses, sans trace de méats. L'épiderme des racines du Cymodocea est semblable à celui de la tige. SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872, 200 En résumé, les grandes lacunes rayonnantes et le parenchyme cortical à méats distinguent nettement les racines du Cymodocea de celles des Zostera. 3. lentille, — Cousidérée entière et sans dissection, la feuille adulte du Cymodocea œquorea ressemble beaucoup à celle du Zostera marina, soit pour les dimensions et la forme, soit pour le nombre des nervures parallèles qui la parcourent, bien que celles ci soient assez souvent réduites à cinq dans la dernière de ces plantes; mais celle du Cymodocea, a sa nervure médiane terminée à son anastomose avec les deux adjacentes ; en outre, j'ai déjà dit qu'elle est bordée, surtout vers le sommet, de dents de scie cartilagineuses : ces deux caractères la distinguent au premier coup d'œil de celle des Zostera indigènes (1). Intérieurement et sur une section transversale, la feuille du Cymodocea est caractérisée par la structure spéciale de ses cloisons à nervures, par ses lacunes de deux ordres, par le nombre et la situation de ses faisceaux libériens sous-épiderimiques. De chaque nervure partent en divergeant six lames formées chacune d'un seul plan de cellules. El'es se portent par trois vers chacune des deux faces de la fcuille ; puis chacune se bifurque à son extrémité pour tapisser la face intérieure de l'épiderme d'une assise simple de parenchy me. 11 résulte de là que chaque cloison, parcourue dans son milieu par une nervure, est creusée de deux paires de lacunes longitudinales, qu'on pourrait, en raison de leur situation, appeler lacunes septales. La cloison parcourue par la nervure mé- diane est plus complexe encore, puisqu'elle offre quatre lames cellulaires diri- gées vers chaque face de la feuille, et par conséquent trois paires de lacunes septales. L'intervalle entre ces cloisons à nervures est occupé par les grandes lacunes primaires, analogues à celles qui existent seules dans la feuille des Zostera (ainsi que par les cloisons interlacunaires'. Celles du Cymodocea sont beaucoup moins nombreuses que celles du Z. marina ; on n'en compte en effet qu'une entre la uervure submarginale et sa voisine, deux dans chacun des autres espaces entre deux nervures; enfin il en existe une petite le long de chaque bord. Une feuille entière, à sept nervures appareutes, offre ainsi douze lacunes primaires et trente lacunes septales. On décrit habituellement la feuille du Cymodocea comme ayant sept ner- vures ; c’est ce que dit notamment M. Bornet (/oc. cit., p. 9); mais on néglige alors de compter un faisceau fibro-vasculaire, c'est-à-dire une nervure peu apparente, qui longe chacun des deux bords et qui porte le nombre réel des nervures à neuf. Comme la feuille des Zostera, celle du Cymodocea renferme des faisceaux (4) M. Ascherson a décrit sous le nom de Zostera Muelleri lrmisch, une Zostéracée de la côte méridionale de l'Australie, qui, dit-il, a les feuilles largement échauerées au sommet et deniées. Je ne connais pas autrement cette plante et j'ignore dés lors si c’est réellement un Zostera, 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de fibres libériennes ; mais ici le nombre en est déterminé, et ils sont tous sous-épidermiques, sauf les deux marginaux qu’une rangée de cellules de pa- renchyme sépare de l'épiderme. J'ai toujours vu un de ces faisceaux à chaque extrémité de la lame cellulaire médiane des cloisons à nervure, et deux aux points correspondants dans les deux lames moyennes de la cloison qui renferme la nervure médiane. En ajoutant les deux faisceaux libériens marginaux, on arrive, pour la feuille entiére, au nombre total de dix-huit, et non, il me semble, de vingt-trois, comme l'admet M. Bornet (1). Quant à l'épiderme, il rappelle entièrement celui du Zostera. Je n'ai donc pas à en parler. En somme, la feuille du Cymodocea æquorea est nettement caractérisée par ses deux ordres de lacunes, par l'organisation remarquable et complexe de ses cloisons à nervures, par le nombre déterminé ainsi que par la situation fixe et symétrique de ses faisceaux libériens. Aprés avoir exposé comparativement dans ce qui précède les caractères végé- tatifs et anatomiques les plus saillants des Zostera marina L. et nana Roth, d'un côté, du Cymodocea æquorea Kæn., de l'autre, il me sera facile, je crois, d'établir que la plante phanérogame marine que M. Duval-Jouve vient de trouver, rejetée par fragments et toujours sans fructification sur la plage, non loin de Montpellier, est bien réellement le Cymodocea æquorea et non un Zostera quelconque. En effet : 4° dans la lettre qu'il m'a fait l'honneur de m'écrire, le 5 décembre 1872, notre savant confrére dit : « J'ai de trés- bonnes préparations de toutes les parties, feuilles, rhizome, racines. Ces dernières sont d'une grosseur et d'une force extraordinaires; leur structure est admirable. Les cellules qui entourent le faisceau fibro-vasculaire central sont en lignes rayonnantes, sans alternance aucune, ce qui produit sous le microscope un effet merveilleux. » Et à cóté de ce passage se trouve dans sa lettre un croquis d'une portion de coupe transversale montrant nettement les diverses zones que j'ai décrites. La racine de la plante de Montpellier est donc certainement celle du Cymodocea æquorea. Dans un autre passage de sa lettre, M. Duval-Jouve dit : « La coupe de la feuille répond exactement à la coupe que vous avez donnée de la feuille du Cymodocea æquorea, dans vos Éléments de botanique, p. 40, fig. 19, et ma première pensée a été que cette plante, sans fleur et sans fruits, était le Cymo- docea æquorea, que je n'ai jamais vu; mais ce qui m'a détourné de ma pre- mière idée, c'est ce que Gussone dit du Cymodocea æquorea, etc. » En effet, sur les fragments rejetés par la mer que notre savant collégue a bien voulu (1) Ce botaniste dit (loc. cit., p. 44) de ces faisceaux de fibres libériennes que « il y en a trois autour de chaque nervure ». Il en existerait donc deux à une extrémité de la lame cellulaire à nervure et un seul à l'autre extrémité ; il y aurait là un défaut de symétrie que je n'ai jamais observé. SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872. 301 me faire parvenir par la poste, il m'a été facile de voir les dentelures cartila- gineuses de la feuille du Cymodocea, et intérieurement les lacunes primaires et septales, ainsi que les autres caractères propres à cet organe, dans la même espèce. La plante trouvée prés de Montpellier est donc certainement par ses feuilles le Cymodocea æquorea Koen. Enfin, sur ces mémes fragments envoyés par M. Duval-Jouve, la tige ram- pante ou rhizome, remarquable à l'extérieur par sa couleur rouge, m'a offert, au premier coup d'œil, toute la structure anatomique du Cymodocea, ses deux cercles alternes de faisceaux excentriques, l'absence complète de liber dans la zone corticale, etc. Je crois donc, au total, étre autorisé à dire que, d'aprés tous ses carac- tères végétatifs et anatomiques, la plante marine qui a été jetée en grande quantité, pendant les mois de novembre et décembre 1872, sur la cóte, prés de Montpellier, est indubitablement le Cymodocea c quorea Keen. (Phu- cugrostis major Cavol.), qui existe dès lors en abondance dans le golfe du Lion tout comme dans les parages de Cannes et d'Antibes, probablement méme tout le long de nos côtes de la Méditerranée. Comme, d'un autre côté, cette espèce a été trouvée depuis longtemps par Cavolini, dans le golfe de Naples, par Gussone au cap Misène, en Sicile et autour des iles voisines, par M. Balansa et d'autres botanistes suf les côtes de l'Algérie et de l'Asie Mineure, par M. Boissier sur celles d'Espagne, etc., il semble permis de présumer qu'elle suit tout le contour de la Méditerranée. La découverte de M. Duval- Jouve, en nous la montrant près de Montpellier, c'est-à-dire au fond du golfe du Lion, a comblé une lacune considérable dans nos connaissances relatives à sa répartition géographique, en méme temps qu'elle en établissait plus large- ment l'indigénat ; elle a donc, à ce double point de vue, un intérêt considé- rable qui justifiera peut-étre la publication de cette note (1). M. Balansa demande si, par les caractères anatomiques, on pour- rait distinguer les différentes espèces de Cymodocea. M. Duchartre, sans pouvoir affirmer qu'on puisse arriver à cette listinction par les caractères anatomiques, cite, comme un autre »xemple de la valeur de ces caractères pour la distinction des genres dans les Zostéracées, le genre Thalassia, dont la tige renferme six faisceaux excentriques en deux groupes. (4) Deux planches, réunissant 14 figures, avaient été préparées et remises pour être jointes au texte de la note ci-dessus; mais une circonstance particulière survenue au dernier moment n'a pas permis à la Société de les faire graver; et, par suite, les descrip- tions qui précèdent ont dù être publiées sans être accompagnées des indications icono- - graphiques qui certainement en auraient facilité l'intelligence. (Note ajoutée au moment de l'impression.) 302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Balansa est porté à considérer les Thalassia comme des Hydro- charidées. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. M. Bureau présente un exemplaire de son travail sur les Morées et les Artocarpées de la Nouvelle-Calédonie. Il donne à ce sujet quelques détails sur le genre nouveau Sparatosyce, le plus voisin du genre Ficus que l’on connaisse jusqu'à ce jour. Ce genre s'é- carte encore cependant des Ficus par des caractères trés-notables. Il est dioique, ct les styles, trés-longs, passent par l'ouverture su- périeure du réceptacle femelle. Les réceptacles de l'un et de l'autre sexe finissent par se fendre longitudinalement et par simuler des inflorescences de Dorstenia. Lecture est donnée des lettres et dela note qui suivent : LETTRE DE M. CORDIER. A. M. de Schœnefeld, secrétaire général de la Société botanique de France. EI Alia près Alger, 7 décembre 1872. Mon cher col'ègue, ; Voici un mois bientôt que je suis de retour en Algérie ; je voulais avant mon départ de Paris aller vous saluer et vous prier de m'excuser auprès de nos coliègues de la Société botanique, de répondre si mal à l'honneur qu'ils ont bien voulu me faire en me nommant président de la Société. Vous éiiez alors, si je ne me trompe, en Suisse, et par conséquent je ne pouvais vous faire ma prière de vive voix. Des absences trop longues et trop fréquentes ne m'ont pas permis d'assister aussi souvent que je l'aurais voulu aux séances si intéressantes de notre Société. Heureusement nos honorables vice-présidents, remplis de zèle et d'assiduité, me remplacent avec une supériorité qui justifierait presque mes abs: nces. Agréez, etc. F.-S. CORDIER. LETTRE DE M. Eng. FOURNIER. A M. le Président de la Société botanique de France, : a Montfort4l'Amaury, 12 décembre 1872. Monsieur le Président, Retenu ici à mon grand regret par la santé de ma mère qui m'y a rappe'é, je vous prie de vouloir bien présenter mes excuses à la Société dans sa séance de demain, SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872. 303 J'ai remis au siége de la Société un exemplaire de la Cryptogamie mexi- caine, parue il y a six semaines et dont j'ai l'honneur de faire hommage à la Société. A ce propos, Monsieur le Prési lent, je vous prierai de faire remarquer à mes co frères que le titre latin seul de cet ouvrage doit être pris en considé- ration, le titre francais, qui relègue au second rang, et fort indûment, mes collaborateurs, ayant été composé par l'imprimerie nationale, sans être com- muniqué à M. Decaisne, ni à moi qui en ai été fort contrarié. Heureusement le titre francais est destiné à disparaitre par la reliure, et le titre latin seul sera mentionné dans la Ztevue bibliographique. Veuillez agréer, etc. D' Eug. FOURNIER. SERTUM NICARAGUENSE, publié par M. Eagène FOURNIER. — II MÉLASTO- MACÉES, déterminées par MI. J. TRIANA (1). Arthrostemma campanulare Tr. — Chontales (P. Lévy no 1505). Aciotis purpurascens Tr. — Chontales (P. Lévy n° 499 bis). Oxymeris dichotoma Tr. — Chontales (P. Lévy n° 1500). Conostegia subcrustulata Tr. Gros thyrses de fleurs d’un rose violacé ; feuilles d’un beau vert velouté à reflets d'or. Plante ornementale du premier ordre, Défilé de /as Fuentes pr. Grenade de Nicaragua, décembre 1869 (P. Lévy n° 319); — Cruz verde, région de Nandaïmé, altit. 100 m., juillet 1869 (P. Lévy n? 1164). C. jalapensis Don. — Chontales (P. Lévy n° 1411). C. superba Don. — Chontales (P. Lévy n? 1510). Miconia gracilis Tr. — Chon'ales (P. Lévy n° 499). Heterotrichum octonum DC. — Chontales (P. Lévy n° 499 fer). Clidemia hirta. — Chontales (P. Lévy n°1504). Calophysa setosa Tr. — Chontales (P. Lévy n° 1500). M. Dalansa fait à la Société la communication suivante : ASCENSION DU MONT HUMBOLDT (GANDO DES NÉO-CALÉDONIENS), par M. B. BALANSA. Le Uumboldt, point culminant de la Nouvelle-Calédonie (1650 mètres d'aliit.), se trouve, à vol d'oiseau, à 11 kilomètres da littoral, au S.-0. du récif du Ngoï. Plusieurs rivières sortent de ses flancs. Les deux plus impor- tantes sont, sur son revers occidental, la Tontouta, et sur l'oriental, le Nuoï, C'est en suivant ce dernier cours d'eau jusqu'à son premier grand alfluent de la rive droite, et de là gravissant la crête qui vient expirer au bec foriné par (1) Voyez plus haut, p, 247. 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la rencontre des deux rivières, que son ascension nous semble le plus facile ; c’est du moins le chemin que nous avons suivi. Deux voyages précédents nous avaient préparé à cette ascension. Nous avions déjà atteint 1300 mètres d'altitude, et là nous avions entrevu une région botanique qui fera toujours l'admiration des naturalistes qui graviront ces cimes élevées; nous désirions, daus un dernier voyage, constater si, au point culmi- nant du massif (1650 métres), cette région, que l'on retrouve encore au sommet de la Dent de Saint-Vincent, présentait toujours les mêmes caractères. Le 20 février dernier, nous débarquions à Messioncoé, petit village chré- tien situé en face de l'ilot Mamére. Nous apportions tout ce qui est nécessaire pour camper dans ces régions élevées, oü l'air est vif méme pendant l'hiver- nage. Pour interprète nous avions Louis, jeune Canaque très-intelligent, ancien éléve de l'école de Nouméa et héritier présomptif de la petite chefferie de Couin, entre Messioncoé et le Port-Bouquet. Messioncoé est un village canaque situé sur les bords dela mer, près del'em- bouchure du Pamboui ; il se compose de quelques cases dissémnées sans ordre dans un bosquet de cocotiers. Derrière lui, une petite plaine, formée par les atterrissements de cette rivière auxquels se sont joints des sables madrépo- riques rejetés par les vagues, renferme çà et là quelques bons terrains que les Canaques utilisent. De petites plantations d'Igname, de Taro, de Canne-à-sucre, de Bananier, et depuis quelques années de Patate et de Manioc, augmentent les ressources alimentaires que la péche et les récifs bordant cette partie du littoral procurent à ces indigenes, qui sont presque tous catholiques. Une petite église, à murs blanchis à la chaux et protégée par les rameaux horizontaux d'un énorme Ficus prolixa, est desservie par un père mariste résidant à Tio. La végétation qui entoure ce village n'a rien de caractéristique. Elle est en partie formée par ces plantes littorales que l'on rencontre sur presque tous les rivages de l'Océanie : le Thouarea, V Aira sabulonum, le Lepturus repens, le Stenotaphrum subulatum, quelques Convolvulacées, l’ Zernandia peltata, le Scævola crassifolia, le Casuarina equisetifolia, un Pandanus, dans les sables maritimes ; l’ Avicennia le Sonneratia leucantha, des Lumnitzera, des Rhizo- phorées dans les bas-fonds vaseux des récifs émergeant à marée basse; et derrière celte première zone, mais ne dépassant jamais la base des collines éruptives, le Casuarina leptoclada et ces nombreuses espèces de Composées, de Légumineuses, de Graminées qu'on ne rencontre jamais dans les foréts vierges de la Calédonie, mais qu'on observe en revanche sous presque toute la zone tropicale de l'Océanie. Nous ne pümes, par suite du mauvais temps, nous diriger vers le Hum- boldt que le 22. Après avoir longé pendant quelques minutes le -récif s'éten- dant devant Messioncoé et tout couvert de Zostérées, nous atteignimes les bouches du Pamboui, Aprés les avoir traversées, nous fimes halte au fouzn- SÉANCE bU 13 DÉCEMBRE 1872. 305 tou (hameau) de Té, à l'embouchure de la plus méridionale d'entre elles, Nous suivimes ensuite un instant la plage ; puis, quittant le littoral, nous gra- vimes aussitôt les collines éruptives qui séparent, dans leurs parties inférieures, les bassins du Pamboui et du Ngoi. Nous venions de quitter la région habitée et habitable de cette partie de l'ile. La Calédonie pétrée était devant nous avec ses caractéres si tranchés. A partir de ce point, nous ne devions plus rencontrer aucune des plantes obser- vées jusque-là. Une flore nouvelle, ayant presque toutes ses espéces spéciales à ces terrains éruptifs et à la Calédonie, se montrait à nous. Les collines de Té sont presque dépourvues de végétation. Des Dillénia- cées, des Épacridées, des Casuarina tétragones, quelques Pancheria, Codia, Grevillea, Stenocarpus, Cloëzia, chétifs, rabougris, mélangés à des touffes de Carpha arundinacea, croissent çà et là. D'énormes amas d'argiles rou- geâtres, renfermant du fer oxydé, forment encore, malgré les profondes dénudations occasionnées par les eaux, des bancs puissants qui recouvrent, en se modelant sur toutes leurs surfaces, les roches éruptives (Iherzolite) sous- jacentes. Ces argiles ne paraissent pas avoir été formées sur place por la décomposition de ces mêmes roches ; elles ont été sans doute entraînées, charriées là à l'état pâteux, car sans cela les globules de fer oxydé et parfois de quartz qu'elles renferment disséminés dans toute leur masse, auraient dû, obéissant aux lois de la pesanteur, se déposer les premiers. Le Ngoi contourne le pied méridional de ces collines. On ne tarde pas à en atteindre les bords. Le sentier que l'on suit sur l'une ou l'autre de ses rives serpente au milieu de hautes broussailles formées d'espéces qui, en Calédonie, sont caractéristiques des terrains ferrugineux. Les Casuarina tétragones, les Baloghia, les Cloëzia, les Grisia, les Grevillea, les Stenocarpus, le Sper- molepis gummifera, le Dubouzetia grandiflora, les Montrouziera à fleurs souvent d'un rouge éclatant, et offrant, dans une de ses espéces, la plus grande et la plus belle des fleurs calédoniennes, s'y rencontrent à chaque pas. Au septième gué, ce sentier est abandonné pour gravir la crête qui doit con- duire sans interruption au sommet'du Humboldt. L'ascension, dans sa moitié inférieure, n'offre rien de remarquable. Le chemin, quoique obstrué par d'énormes blocs de lherzolite, est assez facile à parcourir. On chemine presque toujours à travers d'épaisses broussailles formées de Cunoniacées, d'Euphor- biacées, de Myrtacées, de Casuarinées, de Protéacées. Le panorama est splendide. Dans nos voyages précédents, nous avions constaté le manque absolu d'eau dans les deux tiers supérieurs du Humboldt; il ne fallait donc pas placer notre premier campement à une trop grande altitude. Un magnifique Kaori (Dammara ovata), projetant ses rameaux à gauche de la crête que nous sui- vions, nous avait déjà abrité dans un premier voyage ; nous fimes de nouveau halte à son pied. Autour de notre campement croissait en abondance une T. XIX. (SÉANCES) 20 306 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Graminée ayant la taille de notre Phragmites, et constituant, dans la tribu des Bambusées, un genre nouveau, le genre Greslania. Elle couvrait notam- ment une petite ravine au fond de laquelle nous pûmes recueillir deux ou trois litres d’eau pour les besoins de la soirée. Nous nous trouvions alors vers 600 mètres d'altitude, et la partie la plus pénible de notre ascension semblait étre faite. Jusque-là le temps nous avait souri ; mais la nuit une légère brume nous causa des inquiétudes. Le lendemain matin, ciel couvert ; les sommités voi- sines sont cachées par les nuages. Désirant rapprocher un peu plus notre campement définitif du sommet du Humboldt, nous choisimes à 200 métres plus haut une petite plate-forme couverte de broussailles. Notre tente y fut dressée, non loin d'un petit bois formé presque exclusivement par l'un des arbres les plus remarquables de la Nouvelle-Calédonie, mais dont malheureu- sement la détermination, faute de fleurs femelles et de fruits, n'a pu encore étre faite. Autour de notre campement s'étalait une végétation suffrutescente des plus riches; daus les parties dénudées, des chaumes de Cypéracées et des touffes compactes d'un Xyris, à feuilles recouvertes à leur base d'un enduit gommeux se gonflant à la pluie, rendaient le chemin glissant et la marche difficile. Les larges et profondes vallées situées au-dessus et au-dessous de nous étaient couvertes de vastes forêts, au milieu. desquelles on. remarquait, mêlés au gigantesque Dammara Moorii, les troncs élancés de l'Araucaria Balansæ dominant les autres colosses. Pendant cinq jours un brouillard intense nous entoura, accompagné sou- vent d'une pluie torrentielle; nous ne pümes continuer notre ascension. Le 28, le ciel était toujours couvert et le vent du S.-E. soufflait faiblement. Ennuyé de l’inactivité forcée des jours précédents et pensant que le mauvais temps touchait à sa fin, nous nous décidons à faire l'ascension du pic le plus élevé du massif. Nous choisissons trois de nos meilleurs Canaques, avec vivres et couvertures nécessaires. A huit heures du matin, nous nous mettons en marche. Nous suivons toujours les crétes, cheminant à travers des taillis d'ar- bustes et d'arbrisseaux variés. Vers 1000 mètres d'altitude, nous rencontrons une zone de petits Bambous (Greslania circinata) formant un fouillis inex- tricable. Heureusement, le sentier tracé lors de notre premiére ascension, trois ans auparavant, n'avait pas encore été obstrué. Cette zone de Bambous, si insolite pour la Nouvelle-Calédonie, ne disparut que vers 1100 mètres d'altitude. A cette hauteur, dans une région si souvent plongée dans les nua- ges, la végétation commenca à prendre un cachet particulier. Les arbres de- vinrent plus nombreux, plus élevés; les Fougéres arborescentes, d'abord isolées, se groupèrent davantage, et enfin, vers 1250 mètres d'altitude, un changement complet s'était opéré. Nulle trace de la végétation observée depuis le commencement de l'ascension ; toute une flore nouvelle avait apparu, et avec elle le plus splendide décor qui ait jamais orné les montagnes. SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872. 307 Comment donner une idée du paysage étrange et imposant qui, à partir de ce point, ne nous abandonna qu'à la base du petit cóne formant le point cul- minant du Humboldt? Qu'on se figure une forêt au milieu d'énormes blocs de lherzolite disparaissant sous un épais tapis de Mousses, d'Hépatiques, de Fougères. Les arbres, souvent tortueux quoique très-élevés, simulent, par leurs contours bizarres, tantót des ponts naturels, tantót des berceaux ou des grottes profondes ; les troncs, lés branches de tous ces végétaux laissent flotter de longs festons de Mousses, d'Hépatiques, de Trichomanes, d'Hymenophyl- lum, de Lichens ; des Fougères arborescentes, simulant une forêt sous une autre forêt, nourrissent en outre sur leurs troncs toute une flore cryptoga- mique. A la vue de ce décor féerique, on ne peut s'empêcher d’être vivement impressionné. Les Canaques, résumant à leur manière leurs impressions, disaient qu'ils avaient peur. La flore de ces hautes régions, quoique composée d'espéces spéciales, n'est pas trés-varióe, Les Myrtacées sclérocarpées, les Cunoniacées, les Araliacées, les Épacridées, etc., y sont représentées par quelques espèces. Les lianes, à l'exception d'un Zreycinetia trés-abondant sur quelques points, y font presque défaut. Il n'y a qu'une espèce de Fougère arborescente (Zalantium Berteroanum Kze); mais, par son extrême abondance, elle donne au paysage un cachet tout particulier. Nous n'y avons observé ni Palmiers, ni Pandanus, abondants toutefois dans la région moyenne du Humboldt, Mais revenons à notre ascension. Nous étions toujours plongés dans les nuages. La pluie commençant à tom- ber, nous nous hâtâmes de choisir un campement pour la nuit. Nous avions atteint un des points culminants du massif (1400 mètres environ), et le sommet méme du Humboldt, au S.-O. de l'endroit où nous étions, ne devait pas être très-éloigné. Notre premier soin fut d'allumer du feu; nous n'en obtinmes qu'avec la plus grande difficulté ; les feuilles et les brindilles de bois mort étaient tellement imprégnées d'eau, que, saus le papier qui garnissait notre cartable, on n'aurait jamais pu les allumer. Aprés avoir construit à la hâte un abri, nous profitàmes d'un moment. où la pluie ne tombait plus pour nous diriger résolüment, au milieu du brouil- lard, versle sommet du Humboldt. Nous primes un de nos hommes, à qui nous avions donné préalablement quelques vêtements. Pendant prés de deux heures, guidés par la boussole, nous cheminàmes mollement, suivant toujours les crétes, sous le dóme de verdure que nous avons précédemment décrit, et nous pümes enfin, sans grandes fatigues, atteindre presque le sommet du Humboldt, point culminant de la Calédonie. La pluie depuis quelque temps avait recommencé. Des bancs de nuages nous cachaient presque constamment le sommet si ardemment désiré. Bien qu'il füt très-rapproché de nous, nous ne pouvions, dans les circonstances défavorables où nous nous trouvions, songer à y parvenir. Notre Canaque, transi de froid, $08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ne nous accompagnait qu'avec peine ; l'humanité, à défaut d'autres considé- rations, nous forcait à rétrograder. Le cóne qui nous restait à gravir, de faible dimension, est composé de blocs énormes de lherzolite amoncelés les uns sur les autres, Sous l'influence alternative de la sécheresse et de l'humidité, la végétation curieuse que nous avons décrite avait disparu. Elle était remplacée par des arbrisseaux plus ou moins rabougris, croissant dans les interstices des blocs et appartenant la plupart aux Myrtacées. On y remarquait surtout le long panache florifere d'un Dracophyllum. Le but que nous nous étions proposé en escaladant le Humboldt était en partie atteint: nous pouvions rétrograder. Avant d'en effectuer la descente, nous cueillimes religieusement quelques échantillons des arbustes qui nous entouraient. Pour le naturaliste, ils remplacent ces signatures banales que le touriste, craignant qu'on ne suspecte la sincérité des ses récits, grave pru- demment sur les sites remarquables qu'il visite. Après avoir jeté un dernier regard sur ces lieux que nous aurions tant désiré explorer complétement, nous regagnàmes, avec notre Canaque, au milieu du brouillard et de la pluie, notre abri provisoire, une heure avant le coucher du soleil. Dans la nuit du 28 au 29, le mauvais temps ne fit qu'empirer. L'abri fait par les Canaques ne nous garantit que trés-imparfaitement. L'air était vif; au point du jour le thermomètre marquait 15° centigrades. Le 29 au matin, quand un feu ardent eut ranimé nos membres engourdis, nous regagnâmes, plongés dans les nuages, et fouettés par un vent violent, notre campement de la veille. Pendant cette descente, contemplant pour la derniere fois les repré- sentants de cette flore si curieuse et si intéressante des montagnes calédo- niennes, nous pümes, malgré le mauvais temps, cueillir quelques-unes de ces plantes (le Zibocedrus austro-caledonicus notamment) dont on n'a encore trouvé en Calédonie qu'un ou deux pieds, et qui, plus communes peut-étre autrefois, semblent, daus le combat de la vie trop inégal pour elles, marcher à une rapide extinction. La nuit du 29 février au 1** mars fut affreuse. La pluie tomba constamment à torrents. Au point du jour, les rafales du vent de S.-E. étaient d'une violence extréme. Vers huit heures, le vent tourna au N.-E. en redoublant de force. Notre tente fut déchirée, renversée; nos vivres, nos papiers, nos plantes, mouillés, dispersés. Tous nos vétements étaient ruisselants d'eau. Vers neuf heures le vent se calme, le ciel s'éclaircit, les montagnes se dégagent de nuages, et la mer, éclairée par quelques rayons de soleil, nous apparaît frémissante dans toute son horreur. Une demi-heure de ce calme trompeur s'écoule. De violentes rafales du S.-O. lui succèdent, mais le cyclone touchait à sa fin. Le soleil brillait par intervalles, les montagnes se dégarnissaient de plus en plus; une petite pluie fine était cependant tamisée encore par quelques nuages pas- sant sur nos tétes. Nous désirions ne partir de notre campement que le lende- main, mais il nous fut impossible de retenir les Canaques. Depuis sept jours SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872. 309 ils étaient rationnés et sans repos ; ils ne voulaient plus rester sur cette mon- tagne maudite. Bon gré, mal gré, il fallut les suivre. En un instant les paquets furent préparés. Vers midi, on commença à effectuer la descente. Les rafales du vent de S.-O. étaient toujours trés-violentes ; nous dümes prendre des précautions pour ne point étre jetés contre les pointes de rocher. Le soir, nous campâmes sur les bords du Ngoi, au milieu d'un bosquet de Spermolepis gummifera. Quoique la crue de cette rivière fût considérable, la limpidité de ses eaux vint confirmer ce que les Canaques nous avaient dit. Tous les cours d'eau descendant du Humboldt ont en effet leur source vers le tiers inférieur de la montagne. Les eaux pluviales, tombant sur ses pentes, filtrent à travers les blocs de lherzolite qui recouvrent la surface de la montagne, et vont, toujours limpides, apparaitre au jour bien au-dessous du niveau deleur chute. C'est le motif qui rend les deux tiers supérieurs du Humboldt complétement dépourvus de sources et de cours d'eau. Aprés les plus violents orages, on ne voit pas méme au fond des ravins la trace du passage des eaux. Le 2 mars, nous pûmes traverser le Ngoi à la nage, et, longeant toujours cette fois la rive gauche de la riviére, nous atteignimes sans encombre le hameau de Té. Notre excursion était finie, et c'était pendant notre campement sur les flancs du Humboldt que nous avions essuyé toute la violence du premier cyclone qui eüt ravagé l'ile depuis notre arrivée dans la colonie (aoüt 1868). Le mont Humboldt est de formation éruptive. La Iherzolite semble en être la roche dominante. De sa masse imposante, il domine ces immenses solitudes qui forment la plus grande partie du sud de la Calédonie. A part le hameau de Té et le village de Messioncoé sur le rivage de la côte orientale, l'œil attristé ne voit, en gravissant son sommet, aucun point où le colon puisse s'établir. Ni cultures, ni éléve du bétail possibles ; carles Graminées, les Légumineuses, les Composées, qui forment la base de presque tous les pâturages, y font complétement défaut. En 1869, nous constations le premier ce fait étrange, et quoique certains essais malheureux eussent donné déjà une éclatante consécration à nos pa- roles, on y répondit par des railleries. Pouvait-on croire, en effet, que, dans la seule moitié méridionale de l'ile, prés de 400 000 hectares fussent plutôt une entrave qu'une ressource pour la colonisation? une entrave, car impro- ductifs par eux-mêmes, ils ne font qu'allonger inutilement les distances entre les parties colonisables. ; Mais, dira-t-on, si les plantes fourragères font défaut dans ces terrains érup- tifs, ne pourra-t-on pas les y acclimater ? Une observation attentive de la flore de ces contrées dissipera peut-étre toute illusion à ce sujet. Autant les naturalisa- tions sont fréquentes et faciles dans la plupart des autres formations géologiques de l'ile, autant, dans ces montagnes éruptives on dans les plaines qu'elles enclavent, elles semblent rares, pour ne pas dire nulles, Leur végétation leur est propre ; elles semblent en rejeter toute autre. 310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lorsqu'on gravit l'Ouichiambo, à Bouloupari, les premières pentes, formées de schistes noduleux, sont couvertes d’une riche végétation fourragère. Un peu plus haut, les Graminées deviennent plus rares; on ne les rencontre que par touffes isolées : on a atteint les schistes serpentineux. Enfin, vers le sommet, là où les formations éruptives (lherzolite) sont seules représentées, les Gra- minées, les Légumineuses, les Composées, ont complétement disparu. L'Oui- chiambo est l'image fidèle de la Calédonie. Nous le répétons : dans les terrains éruptifs, nulle culture, nulle élève de bétail possibles. Dans l'extréme nord de la colonie, les iles Bélep, Yandé, la presqu'ile Poum, le cap Tonnerre, etc., de formation éruptive, ne sont pas sous ce rapport plus favorisés que le sud. Les bords de la mer seuls y sont cul- tivables. Les schistes serpentineux, si répandus sur certains points de la Calé- donie, et les autres roches métamorphiques, semblent, au point de vue de la colonisation, tenir le milieu entre les terrains éruptifs et les autres formations sédimentaires de l'ile. L'éléve du bétail, quoique possible, n'y sera pas trés- prospere ; mais, par contre, on pourra trouver dans leur voisinage des plaines alluvionnaires d'une assez grande fertilité, La Calédonie commence à étre assez connue pour qu'on puisse en dresser une carte agronomique. Nul travail ne serait plus utile. Les terrains, au point de vue de leur fertilité, une fois classés, on verrait peut-étre quel est le sys- tème de colonisation le mieux approprié au pays. Si l'on considère seulement les 4 800 000 hectares que renferme cette grande ile du Pacifique, on aencore sans doute de vastes terrains à concéder. Il n'en est pas malheureusement ainsi, car on ne tient pas compte des vastes espaces incolonisables. Quel est donc l'avenir de la Calédonie ? L'avenir peut-étre réservé à certains peuples qui ne sont devenus grands que par eux-mémes, qui n'ont habité qu'un pays souvent ingrat, qui, par leurs institutions, ont fini par étendre au loin leur influence. Ne jugeons pas de l'importance d'une colonie par le nombre de balles de café ou de sucre qu'elle peut produire. On peut devenir prospère par d'autres voies. Par sa position, par son climat, par son incomparable salubrité, par plusieurs de ses vallées d'une fertilité remarquable, la Calédonie est destinée certainement à jouer un grand róle dans le Pacifique. Qu'on lui donne donc de bonnes institutions favorisant la petite culture; qu'en émiettant intelligemment le sol, on y attire une race énergique, intelligente, laborieuse : on aura assez fait pour l'avenir du pays, pour la grandeur de la France si fortement attachée à sa prospérité coloniale. M. E. Cosson demande quelques détails sur la configuration du mont Humboldt. M. Balansa répond : Le Humboldt est le point culminant d'un massif montagneux dont le re- SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872. 311 vers oriental plonge brusquement dans la mer, tandis que l'occidental borne à l'est les vastes plaines de Saint-Vincent, de la Tamoa, de Paita, etc. La Dent de Saint-Vincent (1547 mètres), le mont Mou (1219 mètres), le Cougui (1078 métres), en sont, aprés lui, les pics principaux. Toutes ces montagnes ont la méme composition géologique : la lherzolite en forme la charpente. Leur flore a un cachet tout spécial : elle différe complétement de celle qu'on observe dans les plaines de Saint-Vincent, de la Tamoa, de tous les lieux, en un mot, compris dans les formations sédimentaires, les seuls propres en Calédonie aux cultures ou à l'éléve du bétail. Dans tous les terrains éruptifs de la Calédonie on peut faire plusieurs jour- nées de marche sans rencontrer un seul pied de Composée, de Papilionacée, de Malvacée, de Convolvulacée, de Graminée; c'est le fait le plus caracté- ristique de leur flore. L'ascension des montagnes offre souvent de grandes difficultés. D'énormes blocs de rochers, amoncelés les uns sur les autres, ne contribuent pas peu à rendre parfois la marche pénible; souvent. méme elle devient dangereuse, lorsque la végétation qui recouvre ces blocs cache quel- que cavité béante. Inutile d'ajouter que, dans ces lieux absolument inhabités, on ne trouve ni sentier, ni chemin d'aucune sorte. M. Poisson fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LE GENRE CASUARINA, par ME. Jules POISSON. Le genre Casuarina forme à lui seul la petite famille des Casuarinées. Représenté par vingt-cinq à trente espéces, ce groupe comprend des plantes arborescentes et dont la majeure partie est originaire de l'Australie. Au point de vue anatomique. les Casuarina ont été étudiés en 1812 par Kieser (1), qui n'a dit que peu de choses de leur organisation. En 1842, M. Goeppert (2) a publié une étude intéressante sur la structure du bois de ces végétaux. Leurs rayons médullaires, si développés d'ordinaire, atti- rèrent son attention. Il remarqua que ces rayons, composés d'un seul ou de deux rangs de cellules au début, avaient jusqu'à trente rangées de cellules sur les tiges âgées. Frappé d'une organisation qui paraissait spéciale au bois de ces arbres, il les considérait comme ayant des rayons médullaires concentriques en connexion avec les rayons médullaires ordinaires qu'il nomme centrifuges ou connectifs. Depuis, ces formations ont été interprétées comme n'ayant pas d'analogie avec les rayons médullaires proprement dits, mais rentrant dans l'élément anatomique nommé parenchyme ligneux. Tous les éléments du bois des Casuarina sont ponctués, et ce fait est signalé par M. Geeppert. (1) Mémoire sur l'organ. des Plantes. (2) In Linnæa, 4844, p. 747, et Ann. sc. nat. 2° série, t. XVIII, 1842, 312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. C'est à M. Sanio que l'on est redevable des travaux anatomiques les plus re- marquables sur le groupe qui nous occupe, travaux publiés dans divers recueils allemands. Cet auteur sépare les éléments du bois des Casuarina en paren- chyme ligneux, fibres substitutives, trachéides et trachées. Des observations spéciales prouvèrent à cet anatomiste que la formation du suber dans ces plantes est toute particulière. En effet, le système appendiculaire de ces végé- taux est anomal, et, quoique des analogies avec d’autres végétaux d’apparen ce aphylle aient été invoquées, notamment avec les Æquisetum et plusieurs Phanérogames, la structure de leurs feuilles est propre au genre Casuarina. Or ces feuilles sont fixées, sur leur plus grande étendue, à la tige ou au rameau par leur face supérieure, et sont libres seulement à leur sommet. C'est ce sommet qui constitue la dent de la gaine. Le système anatomique des rameaux des Casuarina est donc complexe malgré son apparence, puisqu'il consiste en système axillaire et système appen- diculaire ; ce qu'on peut constater facilement au moyen d'une coupe trans- versale. Mais le parenchyme cortical trés-développé se transforme dans une certaine portion et des points déterminés dés la premiére année, et aprés deux périodes de développement en général, en formation subéreuse par cloisonnement ; la- quelle s'étend de facon à isoler les feuilles de l'axe quiles porte, quand la durée des fonctions physiologiques de ces feuilles sera terminée. Dans une dissertation sur les Casuarina vivants et fossiles, M. Stache, pro- fesseur de géologie à Vienne, traite de la structure comparée des Casuarina. Ce que nous savons, c'est que déjà ce savant avait en 1855 réfuté les obser- vations de M. Gœppert en ce qui concerne les rayons concentriques de ce dernier, et les rapportait au parenchyme ligneux. Une autre dissertation de M. E. Lœw (1) contient une étude anatomique étendue sur les Casuarina. Cet auteur passe en revue les travaux antérieurs sur le sujet qui l'occupe, puis il prend la plante au début, c'est-à-dire lors de la germination. IJ constate les observations de M. Sanio, les développe, les commente, et il donne à la feuille des Casuarina le nom de phyllichnium. — Cet organe, qui attire l'attention par sa structure insolite, est formé comme toute feuille, d'un épiderme, d'un parenchyme vert et d'un faisceau fibro-vas- culaire ; mais la face inférieure est seule libre, et, de méme que les feuilles des autres arbres, porte des stomates à cette face inférieure. Or ici ces sto- mates, au lieu d'étre longitudinaux comme dans la plupart des plantes, ont leur fente transversale. De plus, ces stomates, composés de deux cellules semi-lu- naires, ne sont pas disposés sans ordre, mais en séries longitudinales qui varient de une à cinq rangées sur chaque moitié de feuille ou de phyllichnie. La forme de ces phyllichnies est variable. Des formations d'un tissu sous-épidermique (4) Dissert, de Cas. caul. et fol. evolut. 1865, SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1872. 313 qu'on rencontre toujours dans ces feuilles de Casuarina et nommé tissu libriforme (il est plus ou moins abondant, s'étend de la périphérie vers le centre des phyliichnies) les séparent longitudinalement et souvent totalement. Ces caractéres anatomiques nous avaient frappé et engagé à faire des re- cherches sur ce sujet: mais ils avaient attiré l'attention de M. Leew, lequel tenta une classification des espèces au moyen de ces traits distinctifs. Il nous a semblé que la valeur de ces caractères devait être prise en considération, mais qu'il ne fallait pas les employer exclusivement sans le concours des carac- téres organographiques, et que, pour des espèces affines, ils paraissaient être insuffisants. Dans un mémoire spécial dont cet article est extrait, nous expo- sons la classification de M. Lew. Nous avons aussi passé en revue les travaux d'organographie entrepris jus- qu'à présent sur les Casuarina, et nous avons suivi leur époque d'apparition depuis la découverte des plantes composant ce genre. Rumpbius (1) publie et figure les deux espèces connues de son temps dans les iles asiatiques hollandaises. Il est rapporté par Miquel que c'est dans le Voyage de Dampier qu'il est fait allusion pour la première fois au genre Ca- suarina, mais nous n'avons pu coustater ce renseignement bibliographique. — Depuis, les frères Forster (2) décrivirent les deux espèces précédentes sous les noms de C. equisetifolia et C. nodiflora. Thunberg (3), qui déjà avait deviné avec une sagacité remarquable la structure probable des rameaux des Casua- rina, parait avoir été omis par la plupart des savants qui se sont occupés de ce groupe, et Murray (^) emprunte à Thunberg les espéces citées par ce dernier. Sprengel (5) enregistre treize espéces. En 1848, Miquel (6), dans sa mono- graphie, décrit une trentaine d'espéces; mais, dans sa seconde monographie (7), il réduit les espèces à vingt-six. Enfin le nombre de ces espèces est encore réduit par MM. Bentham et Ferd. de Mueller (8), en ce qui concerne les formes australiennes. La distinction des espéces portait, pour les anciens, sur les inflorescences mâles ou bien sur les caractères de la ramification; puis plus tard Ja rami- fication, la structure des strobiles ainsi que l'inflorescence furent prises collec- tivement pour diagnostiquer les espèces entre elles, — Les dernières publica- tions de Miquel divisaientle genre Casuarinaen £ucasuarina et Acanthopitys. Cette dernière section était faite pour deux ou trois espèces, dont les bractées accrescentes qui accompagnent le fruit sont munies d'appendices épineux. (1) Herbarium Amboinense, IIT, p. 86, t. 57-58. (2) Genera a. 1775 L. — Prodrom. insul. Austr. a, 1786. (3) Dissert. nov. gen. a. 1782. (4) Systema vegelab. a. 1784. (5) Systema vegetab. a. 1826. 6) Revisio crit, Casuarin. (7) DC. Prodr. XIV, 11, p. 332. (8) Flora australiana, V. 314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Bentham divise les Z'ucasuarina de Miquel en deux sections : Zecopitys et Trachypitys, sections basées sur la forme que prennent les bractées lorsque les strobiles sont adultes, ce qui donne à ces derniers un aspect particulier et rend la distinction très-facile. Un certain nombre d'espéces présentent, à notre point de vue, des caractères différentiels suffisants pour former un groupe, ou mieux une coupe divisant nettement le genre Casuarina en deux types bien tranchés. Cette division s'accorderait aussi bien avec les caractères anatomiques et organographiques, qu'avec la distribution géographique des espéces. La première division, Casuarinæ cylindricæ seu cryptostomæ, compren- drait les espèces australiennes, une espèce n'ayant encore été trouvée qu'à Java, le C. montana Miq., et enfin le C. equisetifolia Forst., qui se ren- contre aussi bien en Australie que dans tous les pays tropicaux. Sauf ces deux formes qui peut-étre un jour seront reconnues comme légitimement austra- liennes, les espèces de cette division se reconnaissent à première vue. Leurs rameaux ou ramules sont toujours cylindriques ; quand ils sont obtusément quadrangulaires, comme cela se remarque sur les espèces n'ayant que quatre phyllichnies, la distinction devient facile, car sur la coupe transversale du ra- mule on constate des sillons en forme de V plus ou moins profonds, et du fond de ceux-ci partent des poils plus ou moins abondants, plus ou moins longs. Enfin les stomates sont placés en série sur les parois latérales des sillons qui sont de fait les parois latérales des phyllichnies. Finalement la disposition des inflorescences máles et la conformation des strobiles offrent encore de bons caractères différentiels. i La seconde division, Casuarinæ tetragonæ seu gymnostomæ, serait formée de toutes les espèces étrangères à l'Australie, habitant les iles de la Malaisie et la Nouvelle-Calédonie. Ces plantes n'ont jamais que quatre phyllichnies ; leurs rameaux ou ramules sont quadrangulaires et à angles saillants, ils sont dépour- vus de sillons profonds en forme de V, et les stomates sont placés extérieure- ment sur les deux cótés de la ligne médiane des phyllichnies. L'inflorescence mâle est le plus souvent composée, et les écailles des strobiles, renflées latéra- lement à la maturité, sont disposées en quatre rangs alternant les uns avec les autres. Enfin la ramification, souvent verticillée dans la première division, est toujours alterne ici ou en faux-verticille. Les espèces formant la division Zetragonæ sont les suivantes : C. nodiflora Forst., C. Rumphiana Miq., C. sumatrana Jungh., C. Deplancheana Miq. et var., C. angulata sp. nov., C. leucodon sp. nov., C. Cham«ecyparts sp. nov. Les autres espèces rentreraient dans la division Cylindrice. SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 315 SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ CHABOISSEAU, VICE-PRÉSIDENT. M. Eug. Fournier, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 13 décembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. Crépin (Francois), conservateur au Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, rue du Commerce, 16, à Bruxelles, présenté par MM. E. Cosson et l'abbé Chaboisseau. GinAUDIAS (Louis), receveur de l'enregistrement, à Limogne (Lot), présenté par MM. Méhu et de Schenefeld. M. Balansa fait à la Société la communication suivante : CATALOGUE DES GRAMINÉES DE LA NOUVELLE- CALÉDONIE , pr MW. BALANSA. J'ai l'honneur de soumettre à la Société le catalogue des Graminées trou- vées par mes devanciers et par moi dans la Nouvelle-Calédonie. Je me per- mettrai de le faire précéder de quelques considérations. Les Graminées forment la base des pâturages néo-calédoniens. La côte ouest, formée en grande partie de terrains sédimentaires, est surtout favorable à leur croissance. De Nouméa à Gatop, on chemine presque toujours à travers des plaines plus ou moins ondulées, couvertes dans les parties les plus arides d'Andropogon Allionii, dans les terres riches et profondes d'Andropogon cinctus, et dans les bas-fonds humides d'/mperata Kænigii. Ces trois Gra- minées forment la base de tous les pâturages calédoniens. Le Niaouli (Me/a- leuca Leucadendron), souvent clair-semé, rarement formant des taillis épais, est presque le seul arbre, avec le Casuarina leptoclada, croissant dans ces vastes espaces. Ni les foréts vierges, ni les immenses étendues de terrain compris dans les formations éruptives ne renferment de Graminées. On ne les observe que dans les lieux où la flore primitive de l'ile a disparu. Ce fait ne présente presque pas d'exception. Pour rencontrer quelque représentant endémique de cette famille, il faut souvent gravir les hauts sommets des montagnes de l'ile, là où croissent de préférence trois espèces de Greslania, le seul genre, avec le Leptaspis umbrosa et deux ou trois Panicum, dont la spontanéité ne puisse être douteuse, toutes les autres espèces, au nombre de cinquante-sept ou cin- 316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE . DE FRANCE. quante-huit, ayant dû se naturaliser dans l’île à une époque plus ou moins reculée. Les Graminées ne sont pas seules à devoir être exclues, presque en totalité, de la flore endémique de l'ile. Les Composées, les Papilionacées et quelques autres familles semblent être aussi généralement étrangères à cette contrée ; et, sous ce rapport, l'examen attentif, sur les lieux mêmes, du tapis végétal néo-calédonien conduit au même résultat que l’étude dans le laboratoire. Sur plusieurs points, en effet, la flore endémique a disparu sans laisser aucune trace, et a été remplacée par d’autres plantes appartenant, pour le plus grand nombre, à des familles presque étrangères au pays. Un fait digne de remarque, c'est que ces familles sont celles qui, dans presque tous les pays, forment, quant au nombre des espèces, le fond de la végétation. Dans cette flore adventive, on remarque encore, contrairement à ce qui a lieu dans la flore autochthone de l'ile, la grande prédominance des plantes her- bacées sur les plantes ligneuses, et la sociabilité de la plupart d'entre elles. Par ces caractères, elle se rapproche singulièrement des flores de l'ancien monde. Celles-ci aussi auraient-elles succédé à une ancienne végétation dont peu de représentants subsisteraient ? Quand on songe aux difficultés extrémes apportées à la naturalisation des plantes avant que les navires sillonnassent les mers, il faut admettre qu'un grand nombre d'années, peut-étre méme de siécles, a dà s'écouler avant que certaines espéces, dont le point de départ est encore inconnu, se soient répan- dues sur presque tout le globe. Et cependant, sous des climats si différents, l'espéce, en se propageant d'ile en ile, de continent en continent, à travers l'immensité des siècles, n'a vu aucun de ses caractères importants, je ne dis pas se transformer, mais méme se modifier sensiblement. Pour ne éiter qu'un seul exemple, l’ Andropogon Allionii, qui est la plante la plus commune de la flore calédonienne, est absolument semblable à celui qui croit dans le midi de la France. La théorie darwinienne nous semble par là singulièrement affaiblie. L'ob- servation directe en effet, en dehors de toute idée préconcue, ne prouve-t-elle pas que ni le milieu, ni le temps, ne peuvent transformer l'espéce? Et, quant au temps, ce sont des centaines de siècles que l'observation, au moins dans le règne animal, peut embrasser, car c'est peut-être jusqu'à une période aussi lointaine qu'il faudrait remonter pour essayer de fixer l'époque où les iles Loyalty, si riches en coquilles fossiles identiques avec celles qui vivent aujour- d'hui dans la mer environnante, pouvaient étre encore enfouies sous les eaux. Ni création, ni transformation d'espéces, l'observation le démontre tous les jours ; mais des espèces, et par suite des genres, des familles méme entières peuvent-elles disparaitre, dans les conditions géologiques et météorologiques actuelles, sans laisser le plus souvent aucun vestige aprés elles ? Nous le croyons SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 317 fermement. La flore de notre globe semble s'appauvrir tous les jours ; elle n'est peut-étre qu'une épave de la végétation primitive. Le Blé, le Seigle, la plupart de nos végétaux cultivés et de nos animaux domestiques, dont la patrie est inconnue, ne peuvent descendre d'autres espéces plus ou moins modifiées; ce serait aller contre tous les faits observés. Ces espéces, à l'époque actuelle, ne doivent se trouver nulle part spontanées, et dans le combat de la vie elles auraient disparu sans retour sans les soins intéressés qui leur ont été prodigués. L'homme, à leur égard, a eu donc un róle providentiel. Mais toutes les plantes n'ont pas cet heureux privilége; la plupart d'entre elles disparaissent sans laisser aucune trace. Que sera devenue, dans quelques siècles, la flore actuelle de la plupart des îles de l'Atlantique et de l'Océanie; elle aura passé à l’état historique, et pour la connaître, on devra parcourir alors ces recueils, archives véritables du monde, où aura été décrite leur vé- gétation primitive, Pour rédiger ces archives, les matériaux pour la Nouvelle- Calédonie abondent. Qu'on se mette à l'oeuvre. Léguons à nos descendants un apercu de sa flore endémique, qui pour eux, sans cela, ne serait plus qu'un mythe. Pour qu'on ne puisse, dans ces questions de naturalisation, nous soupconner d'avoir un parti pris, permettez-nous, Messieurs, de vous signaler, avant qu'on en ait fait l'étude, les familles que nous considérons comme étrangères à la Calédonie. Nous ne mentionnerons que les principales : Les Composées, moins peut-étre une espece ; Les Papilionacées, moins le genre Stenopetalum ; Les Graminées, moins quatre Bambusées, le Leptaspis umbrosa, et peut- être deux Oplismenus ; Les Malvacées ; Les Convolvulacées ; Les Morées ; Les Cypéracées, moins les espéces propres aux terrains ferrugineux ; Les Ombellifères, moins le genre Myodocarpus ; Les Casuarina à ramules cylindriques, etc. Dans ces familles, presque toutes les espèces doivent se retrouver dans d'autres contrées, et par cela méme sont probablement décrites. Par contre, les familles qui nous semblent être spéciales à la Calédonie sont : Les Myrtacées, moins le Niaouli (Melaleuca Leucadendron) ; Les Rubiacées, moins quatre ou cinq espéces herbacées ; Les Protéacées ; Les Conifères ; Les Apocynées, moins quatre ou cinq espèces littorales ; Les Euphorbiacées, moins quatre ou cinq espèces herbacées ; 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Araliacées, moins le Panax Manguette Vieill. ; Les Casuarina à ramules tétragones ; Les Épacridées ; Les Saxifragacées, les Dilléniacées, les Sapindacées, les Sapotées, les Pal- miers, les Pandanées moins le Pandanus odoratissimus, etc. Là, tout doit étre nouveau. On a affaire à la flore autochthone de l'ile. . Si nos prévisions, Messieurs, se réalisent, ne sera-ce pas un puissant argu- ment en faveur de cette thèse des naturalisations dont je viens incidemment de vous entretenir ? Catalogue des Graminées de la Nouvelle- Calédonie. SPOROBOLUS ELONGATUS R. Brown. Páturages, lieux incultes. — Dotio (Bal. n° 3579); Bourail (Bal. n° 896) ; Balade (Vieillard n° 1496) ; ile des Pins (Pancher n° 269). PHRAGMITES COMMUNIS Trin. Bord des rivières, lieux marécageux. — Ferme modèle (Bal. no 3088). AIRA SABULONUM Labill. Serum austr. cal. p. 16, fig. 21. Sables maritimes. — Balade (Vieillard n° 1484). Var. uniflora (Agrostis virginica Labill. Nov. Holl. p. 20, tab. 23). Sables maritimes. — Nouméa (Bal. n° 885, Vieillard n° 1485); îlot Maitre, près de Nouméa (Bal. n° 713); îlot Siandé, prés de Bourail (Bal. n? 8857). CYNODON DACTYLON Pers. Commun dans tous les villages canaques de la Nouvelle-Calédonie. Natura- lisé vers 1854. — Bolade (Vieillard n° 1492). DACTYLOCTENIUM ÆGYPTIACUM Willd. var. radicans. Lieux incultes. — Nouméa (Bal. n^: 714, 3581, 3581*; Vieill. n° 1491). CHLORIS CYNODONTOIDES Sp. nov. Spiculæ bifloræ, flore inferiore sessili, hermaphrodito, sub apice glumellæ inferioris aristato, superiore pedicellato, neutro, ad paleam inferiorem sub apice aristatam redacto. Chloris caudice repente; caulibus adscendentibus pedalibus, glabris ; foliis linearibus superne scabridis, inferne pilis longis discrete conspersis, ligula truncata brevissime fimbriata ; spicis 3-5, filiformibus, digitatis, expan- sis, bipollicaribus, basi villosis ; spiculis in racheos communis latere exteriore sessilibus ; glumis linearibus, : subulatis, margine late membranaceis, dorso scabris, superiore florem hermaphroditum superante, inferiore triplo breviore ; glumella inferiore floris hermaphroditi scabra, sub apice aristata, arista recta glumellam 2-3 superante ; glumella superiore bicarinata breviore ; glumella floris tabescentis glabra sub apice aristata ; caryopsi fusiformi, glumellis inclusa sed libera, macula hilari punctiformi notata. SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 319 Chloridi digitatæ affinis. Differt culmo humiliore, floribus minoribus, superiore sub apice aristato. Bord des sentiers, collines incultes. — Nouméa (Pancher, Balansa). ELEUSINE INDICA Gærtn. Villages canaques, champs cultivés. — (Vieillard n° 1490). LEPTOCHLOA CHINENSIS N. ab E. Bois, lieux ombragés. — La Conception (Deplanche n° 75); Bourail( Ba. n° 887). Var. suffruticosa. — Nouméa (Bal. n° 1737, 3076). ERAGROSTIS VIRESCENS Presl, — Poa virescens Kunth ; Poa chilensis Moris. Lieux sablonneux (Deplanche n? 76). Var. nigrescens (Vieill. n° 1493; Pancher n? 266; Bal. nos 722, 897, 3583 ; Labill. in lierb. Mus.). | ; ERAGROSTIS ZEYLANICA Nees, in Hook. Journ.; Er. spartinoides Steud. Lieux sablonneux; collines arides. — Embouchure du Tio (Bal. n» 3582) ; Bourail (Bal. n° 898); Nouméa (Bal. n° 723); Balade (Vieill. n° 1494). Var. pallescens, caryopsi decidua, glumella inferiore plerumque persistente. Balade (Vieillard n° 1495); îlot Mouac (Bal. n° 3085); île des Pins (Pan- cher n» 264). ERAGROSTIS INDICA Willd. var. perennis. Uarai (Deplanche n? 91; Pancher). CENTOTHECA LAPPACEA Desv. Lieux ombragés. — Balade (Vieill. n° 1500); Yenguin (Bal. n° 3087); Ferme modele (Bal, n^ 709). GRESLANIA gen. nov. Spiculæ unifloræ, hermaphroditæ, cum floris secundi rudimento pedicelli- formi. Glumæ 2. Glumellæ 2, muticæ ; inferiore concava, superiore obscure bicarinata. Squamulæ 3. Stamina 6. Ovarium glabrum. Styli 3, a basi distincti et plumosi. Caryopsis (vel melius achænium) tereti-oblonga, paleis obtecta sed libera ; pericarpium crassum, cellulosum ; semen liberum ; albumen examy - laceum ? Genus cl. comiti de Greslan, de agronomia neo-caledonica bene merenti, dicatüm. Le Greslania doit être placé à côté du JVastus. M diffère de ce genre, ainsi que de toutes les autres vraies Bambusées, par ses épillets uniflores, avec un rudiment pédicelliforme d'une seconde fleur. En outre, dans le Greslania, la graine n'est adhérente au péricarpe que par le hile; son fruit est donc un vrai akéne. Dans le JVastus, au contraire, d'aprés Kunth, la graine serait, comme dans l'immense majorité des Graminées, soudée intimement au péri- carpe. 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. GRESLANIA MONTANA Sp. nov. G. rhizomate...., caulibus simplicibus, 3-5-pedalibus, erectis, digiti cras- sitie; foliis oblongo-lanceolatis, scabridis, ad summum culmi confertis, e basi rotundata in petiolum brevissimum ex articulo solubilem attenuatis, va- ginis cylindricis, glabris, ore truncatis ; paniculis terminalibus, aphyllis, erec- tis, densis, oblongo-lanceolatis, ramulis brevibus; spiculis 3-4, approximatis, fere sessilibus ; glumis inzequalibus, oblongis, obtuse mucronulatis, glabris, flore hermaphrodito fere duplo brevioribus ; glumellis glumis similibus, sed superiore inferiorem subæquante ; flore secundo pedicelliformi glumella supe- riore paulo breviore; glumellulis 3, diaphanis, ovalibus, obtusis, glabris, minore glumellz superiori opposita ; caryopsi oblonga stylorum basi superata. Dent de Saint-Vincent [Comboui], sur les pentes dénudées, vers 800 mètres d'altitude (Bal. n° 2917). On le retrouve aussi au sommet du Cougui, et sur le versant oriental du mont Humboldt. GRESLANIA CIRCINATA Sp. nov. G. montanc affinis. Differt praecipue culmo elatiore, foliis lanceolatis, non confertis, ramulis longiusculis mire circinatis ; glamis et glumellulis lanceolatis. Mont Humboldt, dans les bois, vers 1200 métres d'altitude (Bal. n? 3580). — Vieillard (sine loco) n» 3347. GRESLANIA RIVULARIS Sp. nov. G. rhizomate...., caulibus sterilibus simplicibus, 6-9-pedalibus, Arun- dinis Plinianæ crassitie ; foliis lanceolatis e basi rotundata in petiolum brevem ex articulo solubilem attenuatis, vaginis glabris, ore truncato, fibroso-ciliato ; paniculis amplissimis, ramosissimis, laxis ; ramulis foliosis ; spiculis 3-7, fere sessilibus, glabris, ad summum pedunculi vagina inclusi dispositis ; glumis 2, oblongis, inæqualibus, obtuse mucronulatis, glabris, flore hermaphrodito bre- vioribus ; glumellis oblongo-lanceolatis, glabris, inferiore superiorem paulo superante; flore secundo pedicelliformi glumella superiore paulo breviore ; caryopsi oblonga.... Bord des ruisseaux. — Rivière du Pamboui, prés de Messioncoé (Bal. n° 1742). Nous n'avons pu nous procurer ni les fleurs, ni les fruits d'une autre Bam- busée, atteignant souvent 10 métres de hauteur et croissant en société dans les loréts de l'ile. Les Canaques emploient ses tiges, soit pour faire des vases servant à puiser de l'eau, soit surtout pour y graver les objets qui frappent le plus leur imagination. LEPTURUS REPENS h. Brown. Sables maritimes. — Chépénéhé [Lifou] (Bal. n° 1733); îlot Mamère [côte est] (Bal. n° 1733*). SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 391 STENOTAPHRUM SUBULATUM Trin. Lieux incultes, sables maritimes. — Chépénéhé [Lifou] (Bal. n° 1731); îlot Mamère [côte est] (Bal. no 1731?) ; île Ouin (Bal. n° 710); ile des Pins (Pancher) ; Balade (Vieill. n° 1503). ROTTBOELLIA COELORHACHIS Forst. — Labill. Sert. austr. cal. p. 15, tab. 20. Lieux humides et herbeux. — Balade (Vieill. n° 4504); Nouméa (Bal. n° 1734); Baie d'Ouié (Bal. n° 712); Lifou (Deplanche). SACCHARUM OFFICINARUM L. Cultivé et parfois subspontané (Bal. n° 1920, 1920*, 3090; Vieill. n° 1510 sub Saccharo spontaneo). La Canne-à-sucre fleurit fréquemment ; nous n'avons jamais pu cependant trouver des caryopses márs, la fécondation ne pouvant sans doute avoir lieu, par suite de l'absence habituelle du pollen dans les étamines. EULALIA JAPONICA Trin. (Saccharum floridulum Vabill. Sert. austr. cal. p. 13, tab. 18). Bord des ruisseaux, collines incultes. — Bourail (Bal. n° 883) ; Nécoué (Bal. n» 1921) ; Balade (Vieill. n? 1509). EULALIA GLABRATA Ad. Brongniart in Voy. Duperrey, Phanérog. p. 93, tab. 19. La plante calédonienne différe du type par ses glumes moins acuminées et ses épillets un peu plus gros. Partie supérieure du bassin du Dotio, sur les berges des ruisseaux. — Trés-rare. IMPERATA KOENIGII Nees. Prairies humides, collines incultes. — Balade (Vieill. n° 1508); Ferme modèle (Bal. n° 882). C'est une des Graminées les plus communes de la Calédonie. Ses feuilles encore jeunes sont assez recherchées par les beeufs. Les Canaques s'en servent. pour couvrir leurs cases. | ANTHISTIRIA IMBERBIS Retz. Collines arides. — Balade (Vieill. n° 1514) ; Nouméa (Bal. n° 3074). ANDROPOGON SCHOENANTHUS Roxb. Assez commun sur les collines incultes et arides, mais fleurit trés-rare- ment. Les feuilles, trés-aromatiques, servent à préparer, par infusion, uno boisson assez recherchée des colons. ANDROPOGON ANNULATUS Forsk. var. Collines arides. — Nouméa (Bal. n» 717). ANDROPOGON REFRACTUS R. Br. (A. fahitense Hook. et Arn.). Collines arides. — Balade (Vieill. n° 1512) ; Bourail (Bal. n° 889). ?u (sÉANCES) 21 322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ANDROPOGON ACICULATUS Retz. Collines arides. — Nouméa (Bal. n° 3077); Balade (Vieill. n° 1487). Mauvaise plante fourragère, formant un gazon très-serré. Les Canaques en font des pelouses devant leurs habitations. ANDROPOGON CINCTUS Steud. Syn. Glum. p. 398, n° 441. Nouméa (Bal. n 716, 888); Balade (Vieill. n° 1513) ; ile des Pins (Pan- cher). C'est une des trois Graminées formant la base des páturages. Le bétail la recherche avidement. ANDROPOGON PETITIANUS Rich. F1. abyss. Lieux sablonneux, collines arides. — Tio (Bal. n° 2394) ; plaine de Né- coué (Bal. n° 1744 ; Vieill. n° 1506.) ANDROPOGON ALLIONII DC. (Andr. austro-caledonicus Vieill. in Æssais sur la Nouv.-Cal.). Cet Andropogon, dont la souche est cespiteuse, et non pourvue d'un rhizome rampant et sucré ainsi que l'affirme M. Vieillard, est la plante la plus com- mune de la Nouvelle-Calédonie. Il affectionne surtout les collines arides. La plupart des pâturages sont exclusivement formés par lui. Les bœufs le recher- chent avec avidité, méme lorsque ses tiges sont desséchées. Cette Graminée formerait la plante fourragère par excellence de la Nouvelle-Calédonie, si, à l'époque de leur maturité, ses graines, pénétrant, par leur callus acéré, dans la chair des moutons, n'occasionnaient parfois des plaies mortelles. ANDROPOGON JUBATUS Sp. nov. Andr. perennis, cæspitosus, caulibus sepius simplicibus, erectis, foliosis, nodis pilosis; foliis linearibus, planis, glabris; vaginis glabris, inferioribus teretibus arctis, superioribus dilatatis spicas juniores sæpe obtegentibus ; ligula brevi truncata ; spicis apice caulis vel ramorum 2-4 digitato-confertis, rachi pedicellisque pilosis ; spiculis in articulis geminis, altera hermaphrodita sessili, altera mascula pedicellata. — Spiculæ masculæ flore inferiore neutro, ad glumellam redacto, superiore masculo; glumis 2, subinæqualibus, florem masculum superantibus, inferiore oblonga, apice integra longe pilosa, supe- riore membranacea, uninervia, glabra ; glumellis floris masculi nullis; stami- nibus 2. — Spiculæ hermaphroditæ a dorso compresse, flore hermaphro- dito unico, sessili, basi flore neutro stipato ; glamis 2, flore hermaphrodito longioribus, inferiore saepe paulo majore, membranaceo-subherbacea, sub- concava, apice obscure tridentata, sub apice nervosa et pilosa, mutica, supe- riore membranacea, obscure uninervia, glabra; floris neutri glumella florem hermaphroditum amplectente, tenuiter membranacea, mutica; floris herma- phroditi glumella inferiore minuta fere ad aristam longam redacta, arista plus minus contorta, glabra, superiore plane deficiente ; squamulis. ...; staminibus 21; ovario sessili, glabro ; stylis 2, terminalibus, basi distinclis ; stigmatibus SÉANCE DU. 27. DÉCEMBRE 1872. 323 elongatis, plumosis, lateraliter ad medium spicule emergentibus ; caryopsi oblonga, a dorso leviter compressa, ventre ad basim macula hilari punctiformi notata, glumis obtecta sed libera. Falaises, lieux incultes. — Nouméa (Bal. n° 708°); ilot aux Lapins (Bal. no 708). ISCHÆMUM MUTICUM L. Champs humides. — Balade (Vieill, n° 1516) ; Canala (Bal. n° 1738). ISCHÆMUM MURINUM Forst. var. spiculis majoribus. Falaises, bords de la mer. — Balade (Vieill. n^ 1517); baie du Prony (Bal. n° 707) ; Chépénéhé [Lifou] (Bal. n° 1741). APLUDA MUTICA L. Lieux humides. — Balade (Vieill. n° 1518). PASPALUM SCROBICULATUM L. var. (Pasp. Kora Willd.). Commun dans les lieux humides, — Nouméa (Bal, n°* 721, 1735); Balade (Vieill. n°° 1468, 1469). PASPALUM VAGINATUM Swartz (Pasp. littorale R. Brown). Sables maritimes. — Balade (Labillardière in herb. Mus. par.); île des Pins (Pancher). PASPALUM BREVIFOLIUM Fluegge, Lieux incultes. — Balade (Vieill. n° 1482); Nouméa (Bal. n° 715, 1730). UROCHLOA SEMIALATA Kunth. Collines herbeuses, près de Tchiaor (Bal. n° 3089). PANICUM (DIGITARIA) PRURIENS Trin, /con. VIII, t. 92. — Très-voisin du Paspalum reimarioides Ad. Brongn. Bot. Voy. la Coq. pl. 21. Lieux cultivés. — Balade (Vieill. n° 1480); Canala (Vieill. n° 1481); la Conception (Bal. n? 1728); vallée de Tio (Bal. n? 5589). PANICUM (DIGITARIA) TIMORENSE Kunth (Digitaria propinqua Gaudi- chaud). Lieux incultes. — Ilot Mamère (Bal. n° 3590) ; Lifou (Bal. n° 4729) ; ile des Pins (Pancher n° 278). PANICUM (DIGITARIA) COLLINUM Sp. nov. P. perenne cæspitosum, caulibus adscendentibus erectisve, simplicibus vel basi ramosis; foliis planis, linearibus, cum vaginis glabris, ligula oblonga, truncata ; spicis 2-5, erecto-patulis ; spiculis remotiusculis, plus minus pedi- cellatis, oblongis, in rachi flexuosa triquetra ad angulos scabra geminis; gluma inferiore minima, oblongo-lanceolata, glabra, superiore trinervia, oblongo-lanceolata, extus pilis longis sericeis obsita, florem hermaphroditum subæquante ; glumella floris neutri oblonga, 5-nervia, extus pilis longis seri- ceis obsita, florem hermaphroditum paulo superante; flore hermaphrodito oblongo-lanceolato, glumellis demum coriaceis, glabris, levibus ; squamulis 32^ SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. carnosis, truncatis; staminibus 3 ; ovario sessili, glabro; stylis 2, termina- libus, elongatis, ad basim coalitis, stigmatibus plumosis ex apice floris emer- gentibus ; caryopsi oblongo-lanceolata, a dorso compressa, ventre ad basim macula hilari punctiformi notata, glumellis indurescentibus arcte inclusa sed libera. Collines incultes. — Dumbéa (Bal. n° 3078); Deplanche (sine loco) n° 244. PANICUM (OPLISMENUS) BARBIFULTUM Hochst. (in Pl. /nd. or. n° 1279). Spontané ! — Forêts. — Tchiaor (Bal. n° 3086); Bourail (Bal. n° 891) ; Pont-des-Francais (Bal. n^ 2916). PANICUM (OPLISMENUS) ÆMULUM R. Brown. Spontané! — Foréts. — Base du Cougui (Bal. n? 1732) ; Daaoui de Ero (Bal. n° 892); Bourail (Bal. n° 890, 891); Balade (Vieill. n° 1499). PANICUM (OPLISMENUS) SILVATICUM Lam. Balade (Vieill. n° 1475). PANICUM (OPLISMENUS) FRUMENTACEUM Roxb. (Oplismenus frumentaceus Kunth. ). Balade (Vieill. n° 1471). PANICUM (VIRGARIA) CAPILLARE L. Lieux sablonneux. — Tio (Bal. n° 3584); Balade (Vieill. n° 1473) ; île des- Pins (Pancher n° 260). PANICUM (VIRGARIA) AMABILE Sp. nov. P. perenne, cæspitosum, caulibus 2-3-pedalibus, glabris; foliis lanceo- latis nunc glabris, nunc parce glanduloso-pilosis, ligula ovata, truncata, fim- briata ; spiculis parvulis, glabris, sæpe colore violaceo suffusis, ovatis, pedicel- latis, in paniculam amplam, ramosam, diffusam dispositis, ramis paniculæ elongatis, filiformibus, ramosis, scabris ; glumis membranaceis, inferiore latis- sima, ovato-acuta, uninervia, flore hermaphrodito subtriplo breviore, supe- riore obscure 5-nervia florem hermaphroditum superante; flore inferiore neutro e glumellis 2 composito, glumella inferiore obsolete 5-7-nervia, glumæ superiori simillima et glumellam superiorem membranaceam, pellucidam, binerviam fere duplo superante; flore hermaphrodito ovato-oblongo, glumellis laevibus, subenerviis; squamulis...; staminibus 3; ovario sessili, glabro ; stylis 2, terminalibus, basi distinctis; stigmatibus plumosis, ad apicem floris emergentibus; caryopsi ovato-oblonga, a dorso compressa, ventre ad basim macula hilari ovata notata, glumellis lævibus, albidis, indurescentibus inclusa, sed libera. Prairies. — Dotio (Bal. n° 3585); Bourail (Bal. n° 894); ile des Pius (Deplanche n° 88); Swan-river, Australie occidentale (Drummond n° 957). PANICUM (VIRGARIA) TELMATODES Sp. nov. P. perenne, caudice repente, rhizomate plus minus elongato emittente, SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872, 325 caulibus ramosis, glabris, inferne sæpe prostratis et ad nodos radicantibus, sæpe digiti crassitie; foliis lanceolatis latis, nervosis scabris, glabris, vaginis levibus, ligula brevi, truncata, fimbriata; spiculis parvulis, glabris, oblongis, in paniculam ramosam subdiffusam dispositis, ramis panicula confertis, rigidis, ad angulos scaberrimis ; glumis membranaceis, inferiore latissima ovata, ener- via, flore hermaphrodito triplo breviore, superiore 7-nervia florem herma- phroditum superante ; flore inferiore neutro e glumellis 2 composito, glumella inferiore glumæ superiori simillima et glumellam superiorem membranaceam, pellucidam, binerviam fere duplo superante; flore hermaphrodito ovato- oblongo, glumellis levibus, enerviis ; squamulis 2, parvis, carnosis; stami- nibus 3; ovario sessili, glabro ; stylis 2 terminalibus, basi distinctis; stigmatibus plumosis ad apicem floris emergentibus ; caryopsi ovato-oblonga, a dorso compressa, ventre ad basim macula hilari oblongo-lanceolata caryopseos dimi- diam partem æquante notata, glumellis laevibus, albidis, indurescentibus inclusa sed libera. Marais, flaques d'eau. — Bourail (Bal. n^ 895). PANICUM NUMJEENSE Sp. nov. P. perenne, caulibus erectis, mire ramosis, glabris, 4 metr. longis; foliis planis, linearibus, glabriusculis, basi abrupte attenuatis et villosis, vaginis glabris, arctis ; ligula brevi truncata fimbriata ; spiculis pedicellatis, in spicas paucifloras spicam compositam depauperatam efformantes dispositis; - gluma inferiore minima, ovato-triangulari, puberula, superiore oblonga, mutica, 1-9 nervia, externe pilis longis rigidis uncinatis obsita, florem hermaphroditum æquante; flore inferiore neutro e glumellis 2 composito, glumella inferiore glumz superiori simillima et glumellam superiorem membranaceam pelluci- dam binerviam fere duplo superante ; flore hermaphrodito oblongo, glumella inferiore obscure 5-7-nervia apice pilosa; squamulis 2, carnosis ; staminibus 3; ovario sessili, glabro ; stylis 2, terminalibus; stigmatibus plumosis ad apicem floris emergentibus ; caryopsi.... Spontané! — Presqu'île de Nouméa, dans les bosquets (Bal. n° 1736; Pancher). PANICUM RADICANS Retz (P. pulipes Nees et W. Arn. in Walpers 1861, p. 963). Lieux herbeux ou ombragés. — Ferme modèle (Bal. n° 718); vallée du Dotio (Bal. n° 3075, 3587) ; Balade (Vieill. n° 1474). PANICUM GRACILE R. Br. Spontané? — Forêts et collines incultes. — Balade (Vieill: n° 4477); Bourail (Bal. n° 893); bords du Dotio (Bal. n° 3586); Nouméa (Bal. n°2915); île Nou (Deplanche n° 66). PANICUM PROSTRATUM Lam. Collines arides.— Balade (Vieill. nv 1476); Nouméa (Bal. n** 719, 720, 3588). 326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. PANICUM INFIDUM Steud. Commun dans les prairies humides (Deplanche n° 63; Pancher in Mus. neo-cal. n° 4^6). PANICUM (SETARIA) GLAUCUM L. Commun dans les lieux cultivés. — Balade (Vieill. ne 1472). PANICUM (SETARIA) HOOKERIANUM, sp. nov. (Setaria intermedia Hook. fil. et Thomson in Aerb. Ind. or. non R. et Sch.). Panico viridi affine; differt precipue panicula laxa, glumellis floris herma- phroditi eximie transverse punctato-rugosis. Cultures indigènes (Baudouin, Pancher). PANICUM (SETARIA) AUSTRO-CALEDONICUM Sp. nov. P. perenne, cæspitosum, caulibus erectis, glabris, simplicibus vel ramo- sis ; foliis planis, linearibus, glabris, ligula ovata, lacera; panicula elongata, stricta, saepe interrupta, e ramulis laxifloris composita, setis solitariis, viren- tibus, spiculis duplo longioribus, aculeolatis, aculeolis sursum versis ; spiculis oblongis, glabris, pedicellatis, pedicellis apice dilatatis ; glumis membranaceis, inferiore oblonga, submutica, 1-3-nervia, superioris dimidiam partem æquante, superiore 5-nervia, flore hermaphrodito breviore; flore inferiore masculo, e glumellis 2 composito, glumella inferiore glumæ superiori simillima, glumel- lam superiorem membranaceam binerviam et florem hermaphroditum æquante; floris hermaphroditi glumellis oblongis minute punctulato-rugulosis ; caryopsi oblonga, dorso compressa, macula hilari suboblonga notata. Prairies, terrains nouvellement défrichés. — Nouméa (Bal. n° 711); Uarai (Vieill. no 3341). CENCHRUS ANOMOPLEXIS Labill. Sert. austr.-cal. p. 14, tab. 19. Lieux incultes. — Nouméa (Bal. n° 724). THOUAREA SARMENTOSA Pers. Fréquent dans les sables maritimes. — Canala (Bal. n° 1740); Yaté (Vieill. n° 1505) ; îlot de Mamère (Bal. n° 1739). SPINIFEX SERICEUS R. Br. Sables maritimes. — Ilot Maître, près de Nouméa (Bal.); ile des Pins (Pancher). Corx LACRIMA L. var. exaltata. Bord des rivières. — Bourail (Bal. n° 884) ; Balade (Vieill. n° 4467). LEPTASPIS UMBROSA sp. nov. L. perennis, rhizomate crasso, repente, foliorum delapsorum cicatricibus notato ; caulibus erectis, 2-pedalibus, foliosis, glabris; foliis oblongo-lanceo- latis nervosis et transversim venulosis, in petiolum attenuatis, supra glabris, infra puberulis ; vaginis glabris, compressis, nervosis, nervo medio valde pro- minente; ligula ad barbulam annularem redacta ; spiculis monoicis, subsessi- SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 327 libus, cernuis, in spicas paucifloras spicam compositam, elongatam, strictam efformantibus ; floris masculi glumis 2 inæqualibus, oblongis, villosulis, glu- mella inferiore duplo minoribus ; glumella inferiore bursiformi, oblonga, api- culata, marginibus coalitis; superiore lineari; staminibus 6; floris feminei glumis aeque ac masculi similibus; glumella inferiore bursiformi, inflata, hirta, apice pervia pro emissione stigmatum, et post fecundationem valde accrescente, marginibus coalitis exceptis, superiore coriacea, lineari, ovarium duplo superante ; ovario sessili, oblongo, puberulo ; stylis 3, terminalibus, basi coalitis, stigmatibus 3 ; staminibus 6, effetis, minutis ; caryopsi ovata, dorso compressa, ventre sulco longitudinali exarata et macula hilari lineari in tota longitudine notata, glumella inferiore inflata inclusa sed libera. Forêts. — ‘Table Unio (Bal. n° 1745); Pancher (sine loco) n° 622. ARISTIDA PILOSA Labill. Sert. austr.-cal. p. 12, tab. 17. Variat foliis tenuioribus, vel rigidioribus. Collines arides, — Balade (Vieill. n° 1486); Bourail (Bal. n° 886) ; Nou- méa (Bal. n° 1743) ; Poum (Bal. n^ 3083) ; ile Mouac (Bal. n° 3084); île des Pins (Pancher n» 275). M. Duchartre demande si M. Balansa a recueilli des faits expli- quant une naturalisation aussi complète. et aussi générale que celle qu'il a observée et à quelles causes puissantes il croit pouvoir l'at- tribuer. Il passe en revue les différents modes de transport et de diffusion des graines et des germes reproducteurs, et les trouve insuffisants pour expliquer le développement des espéces qui, sui- vant M. Balansa, se seraient naturalisées à la Nouvelle-Calédonie. M. Balansa répond : La nature, dans les migrations des plantes, possède sans doute des moyens qui échappent à nos investigations. Dés qu'un ilot madréporique se forme au milieu de l'Océan, il ne tarde pas, quoique situé souvent à une grande dis- tance des terres, à se couvrir de ces plantes qui, dans presque toute Ja région tropicale, croissent non loin du rivage. A une époque relativement récente, lorsque la grande ile voisine devait avoir son relief et sa flore actuels, les iles Loyalty ont surgi du sein des mers, et la végétation aussi riche que variée qui les recouvre n'a pu être empruntée qu'aux iles voisines. La Calédonie n'a pas été seule sans doute à fournir son contingent, car à Lifou croissent plusieurs arbres qu'on n'y a pas encore trouvés. Au reste, en admettant, ce qui est très-probable, que le point de départ de toutes les plantes naturalisées en Calédonie soit l'Asie australe ou les grandes iles de la Malaisie, ces plantes, pour atteindre notre colonie, n'ont jamais eu, en passant par l'archipel des 328 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Salomon et celui des Nouvelles-Hébrides, à franchir des bras de mer de plus de 500 kilomètres de largeur. M. E. Cosson fait observer que les terrains libres acceptent très- facilement les naturalisations. C’est ce qu’on remarque dans les sables de la Loire et dans les terrains alluvionnaires des bords de la Gironde. À Madère, la destruction des forêts a produit des terrains libres bientôt envahis par des plantes exotiques. Des faits analogues ont dà se produire dans les iles de la Nouvelle-Calédonie et de Sainte-Héléne, et le déboisement expliquerait les phénoménes de naturalisation constatés par M. Balansa. M. Duchartre fait remarquer les conditions toutes différentes que présentent, à la naturalisation d'espéces étrangéres, les terres vierges et les terres depuis longtemps cultivées. Ainsi, aux environs de Montpellier, au port Juvénal, parmi les nombreuses plantes adventices qui y ont été signalées, cinq espéces seulement ont sub- sisté ; tandis qu'en Amérique on voit de vastes étendues de pampas envahies par des espèces nouvelles. M. Balansa objecte que la flore de Montpellier a été dès longtemps et depuis des siècles enrichie autant qu'elle pouvait l'étre de toutes les espèces qui pouvaient s’y naturaliser. M. Max. Cornu demande si l’Igname parait spontanée à la Nou- velle-Calédonie, si c'est l'espéce de l'Asie et si elle a été introduite dans l'ile avant ou aprés la conquéte ? M. Balansa répond : Les Canaques cultivent en Calédonie quatre espèces d'Ignames : les Dios- corea alata, aculeata, pentaphylla et bulbifera. Les deux premiers, très- fréquemment cultivés, ont été certainement introduits dans l'ile avant sa dé- couverte par Cook. Les deux derniers paraissent être spontanés, car on les rencontre croissant loin de toute habitation. Il est bon cependant d'ajouter que quelques Papilionacées dont l'introduction est assez récente semblent pré- senter ce méme caractère de spontanéité. M. E. Cosson dit qu'en France la richesse du tapis végétal fait obstacle aux naturalisations, ce qui n'a pas lieu dans les pays oü domine la végétation arborescente. A l'appui de cette observation, M. Balansa dit qu'il se rappelle d'avoir été frappé, aux environs de Mostaganem, de l'aspect tout particulier que présentait un petit bois, sorte de forét vierge dont la SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 329 végétation tranchait avec tout ce qui l'entourait : c'était, suivant lui, un des rares échantillons conservés intacts de la végétation endé- mique, bien différente de celle qui domine aujourd'hui en Algérie. M. Mer fait à la Société la communication suivante : DE L'ORIGINE ET DU DÉVELOPPEMENT DES BOURGEONS DORMANTS DANS LES VÉGÉTAUX LIGNEUX DICOTYLÉDONÉS, par MI. Émile MER. Tous les rejets, toutes les branches dites gourmandes que l'on voit appa- raître en des places indéterminées, sur les végétaux ligneux dicotylédonés, sont toujours regardés comme produits par des bourgeons adventifs. Bien que le mode de formation de ces bourgeons n'ait pas été, je crois, spé- cialement étudié, on leur attribue une origine analogue à celle des racines adventives. On suppose que, produits dans la zone génératrice, au voisinage des faisceaux fibro-vasculaires, ils ont percé récemment l'écorce sur laquelle on les apercoit et qu'ils ne vont pas tarder à former des branches. Le présent travail a pour but de démontrer que cette opinion est loin d'étre toujours exacte, — Dans la très-grande majorité des cas, ces bourgeons ont une origine axillaire remontant à celle de l’entre-nœud sur lequel ils sont insérés. Le plus souvent aussi un nombre d'années considérable s'écoule entre leur apparition et leur développement en rameaux. M. Trécul, à deux reprises différentes, a abordé cette question. Dans son mémoire sur la formation des racines adventives, il a émis. l'opinion que les bourgeons à fleur que l'on voit chaque printemps s'épanouir sur des troncs méme très-âgés de Cercis Siliquastrum, ne devaient pas être considérés comme adventi(s, parce qu'il avait constaté que ces bourgeons proviennent d'anciens bourgeons florifères et qu'à travers le bois il avait pu suivre jusqu'au centre la trace des pédicules de toutes leurs générations. — Dans un autre mémoire, il démontre que les loupes que l'on apercoit sur certains arbres (Hêtre, Charme, Paulownia, Cedre, etc.) sont dues à un développement spé- cial de bourgeons dont les pédicules sont enfermés dans la masse ligneuse. Mais il n'a examiné ni leur origine, ni leur évolution avant la formation de ces loupes. Enfin, se bornant à l'examen de quelques types, il ne semble pas avoir reconnu la généralité de ces bourgeons et le róle important qu'ils jouent dans la végétation de nos arbres. PREMIERE PARTIE. I Caractères généraux des bourgeons dormants. Si l'on examine de prés le tronc d'un Chéne, d'un Hétre, d'un Charme ou d'un Bouleau, on y remarque généralement un grand nombre de petits bour- 330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. geons dont la teinte se confond avec celle de l'écorce, car, de méme que cette dernière, ils sont souvent recouverts de Lichens. Tantót isolés, tantôt réunis en groupes, les uns sont à peine perceptibles, les autres sont plus volumineux ; d'autres enfin sont situés à l'extrémité ou sur les cótés de pédicules ayant seulement quelques millimétres de longueur. Suivant l'essence considérée, ils affectent des formes particulières : ovoïdes, droits et ramassés (Chêne), aplatis, arqués et appliqués sur l'écorce (Charme), longs et assez effilés (Hêtre). Si l'on ouvre un de ces bourgeons et qu'on l'examine à la loupe, on constate qu'il differe d'un bourgeon ordinaire par une forme relativement plus arrondie, plus ramassée. Les écailles sont presque complétement lignifiées : les plas basses sont méme desséchées et se détachent facilement ; l'axe sur lequel elles sont insérées est également lignifié ; enfin, à son sommet, le petit amas vert de feuilles en préfoliaison est trés-réduit. — En choisissant un de ces bour- geons sur une branche qui ne soit pas trop volumineuse, on peut, avec quel- ques précautions, arriver, par une suite d'incisions longitudinales, à mettre à nu un pédicule interne : on constate alors qu'il pénétre généralement jusque dans la partie centrale du rameau. On peut également, après avoir détaché le bourgeon, entamer sur le tronc l'écorce d'abord, puis le bois; on aperçoit alors, sur les entailles successives que l'on pratique ainsi, les sections du pédi- cule qui le supportait, jusqu'à ce que l'on soit arrivé à la couche sur laquelle il a pris naissance et qui presque toujours est située trés-profondément. Il arrive parfois que, sous un groupe de plusieurs bourgeons accolés les uns aux autres, on ne trouve qu'un nombre moindre de pédicules ou méme un senl; et réciproquement, que, sous un seul bourgeon, on rencontre plusieurs pédi- cules. Dans le premier cas, on est en présence de bourgeons formés récemment sur la partie interne ou externe du pédicule d'un bourgeon plus ancien ; dans le cas oü il n'y a qu'un pédicule sapplémentaire, il appartient à un bourgeon disparu qui avait pris naissance, soit simultanément, soit antérieurement à celui qui subsiste, ou méme qui l'avait créé. Le bois de ce pédicule revét alors souvent une teinte brune qui annonce un commencement de décomposition. On remarque que les fibres ligneuses du tronc s'écartent à droite et à gauche de chacun de ces pédicules, pour se rejoindre en haut et en bas, ce qui permet de les distinguer des marques que laisse parfois la section de leurs faisceaux fibro-vasculaires, marques qui se reconnaissent en outre à leurs faibles dimensions et à leur disposition particulière, En examinant au microscope la structure de ces pédicules, on y trouve tous les éléments anatomiques habituels aux tiges, mais déformés, et singulièrement réduits. — Ainsi, les fibres ligneuses ne sont guére plus longues que des cel- lules ordinaires, les vaisseaux sont également très-courts et trés-étroits, les rayons médullaires sont contournés, et il est impossible de les suivre daus une section faite suivant l'axe. — Cette structure particuliére s'explique par la grande lenteur de végétation de ces organes. SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 331 Ces bourgeons peuvent être appelés dormants, puisqu'ils restent souvent un nombre considérable d'années sans se développer. Leur croissance est alors à peine apparente, et il faudrait les examiner à des âges différents pour s'assurer qu'il s'est produit dans leur état quelque modification. On constaterait alors qu ils ont donné naissance souvent à d'autres bourgeons qui leur sont accolés, que les uns ont formé de petits rameaux, tandis que d'autres se sont desséchés et sont sur le point de disparaitre ; que d'autres enfin, à l'allongement prés de leur pédicule, semblent étre restés stationnaires. Mais ce n'est généralement que sous l'influence de changements brusques apportés dans les conditions de la végétation, tels que, une exploitation qui donne accés à la lumiere, de fortes gelées ou la destruction du feuillage par des insectes phytophages, la suppression de grosses branches, des décortications partielles ou annulaires, que ces bourgeons peuvent former des pousses vigoureuses. Il en résulte alors, pour la vitalité de l'arbre, une perturbation qui, dans certains cas, lui est fatale. Sa ramification peut étre changée, la texture et la qualité de son bois bien modifiée et parfois son existence méme compromise. I Origine des bourgeons dormants. L'origine des pédicules qui supportent les bourgeons dormants est mixte. Ils proviennent, soit de bourgeons axillaires qui ne se sont pas développés, soit, mais plus rarement, de bourgeons adventifs. — Qu'on examine un rameau de Chéne de l'année, on remarquera d'abord des bourgeons axillaires, puis, sur une certaine longueur, à partir de son point d'insertion, des bour- geons trés-rapprochés les uns des autres et plus petits, qu'on pourrait sup- poser adventifs, car on ne constate dans leur voisinage la trace d'aucune feuille. Mais en y regardant de plus prés, on remarque qu'ils sont situés à l'aisselle d'écailles dont on voit parfois les restes. Ce sont les écailles du bourgeon: qui a formé le rameau et qui justifient par là leur assimilation aux véritables feuilles. Comme trace de leur existence, quand elles ont dis- paru, on remarque de chaque cóté de ces bourgeons, de petits coussinets étroits et allongés, formant un angle dont les deux cótés sont dirigés vers le bas. Si l'on examine ensuite une branche de deux ou trois ans, on constate que la plupart des bourgeons situés à l'aisselle des feuilles ont formé des rameaux et que ceux qui n'en ont pas formé sont généralement desséchés, tandis que les petits bourgeons qui se trouvaient à l'aisselle des écailles ont conservé leur vitalité. Ils doivent donc déjà être considérés comme bourgeons dorinants. Le nombre de ces derniers pourra encore étre accru par la naissance daus leur voisinage de quelques bourgeons adventifs. Enfin, sur un rameau de vingt-cinq à trente ans, les bourgeons dormant, 332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont surtout concentrés autour des cicatrices formées par le desséchement et la chute des branches latérales ; or cette situation est précisément celle des bourgeons nés à l’aisselle des écailles dont j'ai parlé plus haut: il est donc naturel d'admettre que les uns proviennent des autres. It Développement des bourgeons dormants. Mais, pour que ces bourgeons soient toujours apparents, il est nécessaire que les pédicules qui les supportent suivent le développement des rameaux sur lesquels ils sont insérés. J'ai reconnu que cet allongement des pédicules se fait, comme celui de toute branche, par son extrémité. En examinant un certain nombre de ces bourgeons, on en trouve plusieurs sur lesquels ‘on voit surgir, d'entre les écailles lignifiées, d'autres écailles plus jeunes; parfois méme elles sont encore vertes et herbacées : ce qui indique la formation récente d'un bourgeon terminal. Ailleurs, on remarque que la série des écailles lignifiées apparente est plus considérable qu'elle ne l'est normalement : ces écailles appartiennent donc à plusieurs bourgeons successifs. Enfin, il n'est pas trés-rare au printemps de voir ces écailles ligneuses surmontées d'une petite tige verte, portant à son sommet un jeune bourgeon. M. Trécul, dans ses observations sur les bourgeons du Charme, a parfaite- ment vu que les écailles anciennes sont rejetées de cóté à mesure que crois- sent les nouvelles, par suite de la rupture de l'écorce du pédicule; parfois méme elles sont repoussées à droite et à gauche du sommet du bourgeon : les petites saillies qu'elles dessinent par là sur le tronc forment les deux côtés d'un angle obtus. Le pédicule ne correspond pas alors aux plus anciennes écailles, ainsi qu'on serait tenté de le croire, mais bien aux plus nouvelles. Cette disposition m'a paru étre générale ; elle est trés-marquée sur le Charme (ce qui donne aux bourgeons de cette essence un aspect spécial), mais elle est trés-visible dans le Bouleau et le Saule marceau, beaucoup moins dans le Chéne. : Tous ces faits démontrent que l'accroissement en longueur des pédicules s'effectue par additions successives de nouveaux bourgeons. Les anciennes écailles tombent peu à peu, à mesure que les axes sur lesquels elles sont insé- rées sont englobés dans l'écorce. Mais en méme temps que les pédicules s'al- longent, leur extrémité s'accroit en diamètre. Il est facile de s'assurer, par des sections lougitudinales, que cette extrémité est entourée d'une zone généra- trice en continuité avec celle du rameau traversé : on concoit alors qu'il se forme là un développement annulaire qui ne se produira plus sur le méme point l'année suivante, puisque la zone génératrice du rameau qui porte le bourgeon aura reculé vers l'extérieur de toute l'épaisseur de l'accroissement annuel. Ainsi s'explique le faible diamétre d'un pédicule, diamétre qui, cepen- SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1879. 333 dant, n’est pas constant dans toute sa longueur, car le développement annu- laire peut varier d'une année à l'autre. De plus, suivant que l'allongement du pédicule sera, pendant une certaine période, plus grand ou plus petit que l'accroissement en largeur du rameau qui le supporte, ou qu'il lui sera égal, la saillie formée par le bourgeon terminal ira en augmentant ou en diminuant, ou restera stationnaire. Les loupes visibles sur le Hétre se forment à peu près de la méme manière, Pendantunevingtaine d'années, les pédicules des bourgeons dormants de cette essence s'accroissent, comme je viens de le dire; mais au bout de ce temps, quand ils ne produisent pas de rameaux, on voit la base de leur partie extérieure se renfler. Un dernier bourgeon se forme un peu au-dessus de ce renflement ; parfois méme une petite feuille s'épanouit, mais l'allongement est désormais arrêté. Ce bourgeon terminal dépérit lentement : en méme temps le renfle- ment se poursuit et forme bientót une petite sphére qui, dans son développe- ment successif, finit par atteindre le bourgeon désormais sessile sur elle. Ce dernier ne tarde pas à disparaître, et la sphère ligneuse prend, avec lenteur, des proportions de plus en plus grandes. Pendant ce temps, la partie du pédicule qui traversait l'écorce du tronc s'est séparée de celle qui traversait le bois : du tissu subéreux se forme entre elles : la zone génératrice du tronc, inter- rompue par le passage du pédicule, a réuni ses bords, et celle qui entou- rait l'extrémité de ce dernier enveloppe maintenant complétement la loupe qui possède dès lors un développement propre par couches concentriques se formant chaque année du bois et de l'écorce : ce qu'attestent ses dimensions bien plus grandes sur les sujets âgés que sur les jeunes, et la présence du tissu subéreux que l'on voit recouvrir sa face interne, quand on l'en détache. Elle laisse alors dans le tronc un alvéole allongé horizontalement, dont la surface est lisse : ce qui démontre que les petites sphéres adhéraient fort peu au tissu sous-jacent. à Jusqu'ici il n'a été question que de branches internes terminées par des bourgeons apparents. Mais ces bourgeons peuvent se dessécher à l'extérieur ou étre détruits par l'envahissement de l'écorce du tronc. Le développement du pédicule peut alors étre définitivement arrété, mais souvent aussi il conti- nue à grandir trés-lentement par son extrémité que recouvre la zone généra- trice. Ce n'est plus alors par une suite non interrompue de bourgeons qu'il s'allonge, mais par la formation successive de ceilules terminales. Ce cas s'ap- plique à la plupart des arbres. Rieu ne décèle à l'extérieur la présence de branches internes, et il faut le concours de circonstances particuliéres pour que leur existence se manifeste au dehors par la naissance de bourgeons. Qu'une forte gelée par exemple survienne, et l'on verra au printemps sui- vant les troncs les plus lisses se couvrir d'un grand nombre de bourgeons appartenant à des branches intérieures dont on ne soupconnait pas la présence. A l'aide de sections tangentielles ou rayonnantes, on peut s'assurer que ces 33A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bourgeons terminent des pédicules qui s'enfoncent profondément dans la masse lizneuse. Parfois méme, dans des conditions normales, ces pédicules font saillie dans l'épaisseur de l'écorce sans être surmontés d'aucun bourgeon. On peut s'en assurer facilement en décortiquant un jeune Saule. Il peut arriver qu'un pédicule qui décelait à l'extérieur la présence d'un bourgeon ne soit plus indiqué par suite de la disparition de ce dernier; puis qu'au bout de quelques années il reparaisse terminé par un nouveau bourgeon. Ce fait est bien visible sur le Saule marceau. Cet arbuste possede, de chaque cóté de l'insertion de ses rameaux, deux bourgeons dont la situation est, comme on le voit, très-caractéristique, Or ces bourgeons, souvent peu apparents à la base des rameaux âgés de trois à quatre ans, et recouverts d'écailles ligneuses, disparaissent complétement sur ceux de cinq à six ans, pour reparaître sur d’autres rameaux plus âgés, occupant leur place bien reconnaissable et munis de jeunes écailles. On voit, par cet exemple, qu'un méme bourgeon ne saurait conserver sa vitalité au delà de trois ou quatre ans. Cette limite d’âge peut, je crois, être considérée comme maxima. Enfin les arbres sur lesquels on apercoit des bourgeons dormants pendant une grande partie de leur existence, possèdent également de nombreuses branches internes invisibles. Ce fait a été mis en évidence par les expériences suivantes : J'ai choisi un certain nombre de tiges (Chéne, Charme et Hétre), et j'ai entouré d'une marque colorée, jusqu'à une certaine hauteur, les bourgeons visibles; puis, à cette hauteur, j'ai pratiqué une décortication annulaire, ou bien j'ai supprimé plusieurs fortes branches, afin de faciliter le développement des bourgeons dormants et la formation des bourgeons adventifs, s'il devait s'en former de ces derniers. Au bout de quelques mois j'ai constaté : 1° Que la plupart des bourgeons marqués avaient formé des rameaux ; 2° Que, si quel- ques-uns étaient restés stationnaires, c'est parce qu'ils étaient généralement desséchés; 3° Que quelques nouveaux bourgeons s'étaient développés. Je m'assurai par des incisions que ces derniers appartenaient néanmoins à des branches internes invisibles lors de l'opération. — Je répétai cette opération sur des arbres plus âgés (quarante 1 cinquante ans), et j'obtins des résultats différents suivant les essences. Dans le Chêne, le nombre des bourgeons qui avaient échappé à la marque était plus considérable que daus le cas précédent, d'abord parce qu'ils avaient pu mieux se dissimuler dans une écorce épaisse et rugueuse, mais surtout parce que le nombre de pédicules sans bourgeons était plus considérable. — Il en était de méme en effet, quoique la différence füt moins sensible, pour le Hétre et le Charme, dont les écorces sont lisses. On ne rencontre plus ni bourgeons dormants, ni rejets sur des troncs de Chêne âgés de cent cinquante à deux cents ans. Mais on pourrait supposer qu ils sont enfouis dans l'épaisseur du rhytidome et qu'en détachant les feuillets SÉANCE. DU 27 DÉCEMBRE 1872. 335 externes de ce dernier on les amènerait au jour ; ce qui favoriserait leur évo- lution. Pour m'en assurer, je fis enlever toute la partie crevassée de l'écorce d'un Chéne de cent soixante ans, en respectant une partie suffisante du tissu subéreux, pour que la zone génératrice ne püt, en se desséchant, se détacher du bois, puis je fis pratiquer une décortication annulaire, Aucun bourgeon ne fit son apparition : ce qui montre qu'à cet âge il n'en reste plus sur le tronc et que les branches internes sont incapables de se développer. Dans une autre série d'expériences je supprimai jusqu'à une certaine hau- teur tous les bourgeons visibles, puis je fis faire des décortications annulaires, ou bien je supprimai des grosses branches. Au bout d'un certain temps, je vis plusieurs rameaux se développer, principalement sur les troncs des Chénes à écorce rugueuse. Ces rameaux étaient assez nombreux sur les arbres où des décortications annulaires avaient été faites, et ils étaient presque uniquement concentrés en dessous des décortications. Sur ceux dont je m'étais contenté de dégarnir la cime, des rameaux s'étaient développés en grande quantité au-dessous de la zone où les bourgeons avaient été supprimés. Sur cette zone au contraire, j'en remarquai beaucoup moins. Mais, dans tous les cas, les bourgeons qui avaient produit ces rameaux étaient dormants. . Il arrive souvent, et surtout dans le Chêne (1), qu'un bourgeon dormant acquiert un développement partiel. Son pédicule s'allonge hors de l'écorce et se couvre de plusieurs autres bourgeons, qui eux-mémes en produisent à Jeur tour. Quand plusieurs bourgeons rapprochés se comportent ainsi et que leur nombre s'est considérablement accru, on voit se produire des nodosités que l'on désigne sous le nom de broussins, lesquels peuvent encore se former sous d'autres influences. Leur volume s'augmente constamment, parce qu'ils devien- nent le siége d'une accumulation excessive des principes nutritifs. De nouveaux bourgeons, s'insérant sans cesse sur les pédicules des bourgeons existants, empêchent de plus en plus la libre circulation des matières plastiques; mais, en raison de leur agglomération sur un espace restreint, ils n'atteignent qu'un développement rudimentaire et la plupart se dessèchent à l'automne. En même temps on en voit sortir de nouveaux qui passent par les mémes phases que les précédents. La tumeur augmente sans cesse, et souvent elle finit par devenir le siége de caries. Ces broussius sont trés-fréquents sur les arbres d'aligne- ment soumis à des élagages répétés et principalement sur le Tilleul, l'Orme et le Marronnier-d' Inde. Ils sont bien plus rares sur les arbres élevés en massif, parce que l’état découvert qui a pu les produire n'est que temporaire, et que le taillis en grandissant finit par entraver leur développement. Jusqu'à présent je n'ai signalé l'existence de bourgeons dormants que sur (4) J'ai eu l'occasion de voir se développer un jeune rameau de Chéne sur la section méme d'une branche qui venait d’être coupée. Ce rameau provenait évidemment d'une branche interne recouverte entièrement par la masse ligneuse : étant d'ailleurs complé- tement isolé de l'écorce du tronc, il vécut peu de temps, 334 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bourgeons terminent des pédicules qui s’enfoncent profondément dans la masse lizneuse. Parfois méme, dans des conditions normales, ces pédicules font saillie dans l'épaisseur de l'écorce sans être surmontés d'aucun bourgeon. On peut s'en assurer facilement en décortiquant un jeune Saule. Il peut arriver qu'un pédicule qui décelait à l'extérieur la présence d'un bourgeon ne soit plus indiqué par suite de la disparition de ce dernier; puis qu'au bout de quelques années il reparaisse terminé par un nouveau bourgeon. Ce fait est bien visible sur le Saule marceau. Cet arbuste possede, de chaque côté de l'insertion de ses rameaux, deux bourgeons dont la situation est, comme on le voit, très-caractéristique, Or ces bourgeons, souvent peu apparents à la base des rameaux âgés de trois à quatre ans, et recouverts d'écailles ligneuses, disparaissent complétement sur ceux de cinq à six ans, pour reparaître sur d’autres rameaux plus âgés, occupant leur place bien reconnaissable et munis de jeunes écailles. On voit, par cet exemple, qu’un même bourgeon ne saurait conserver sa vitalité au delà de trois ou quatre ans. Cette limite d'àge peut, je crois, être considérée comme maxima. Enfin les arbres sur lesquels on aperçoit des bourgeons dormants pendant une grande partie de leur existence, possèdent également de nombreuses branches internes invisibles. Ce fait a été mis en évidence par les expériences suivantes : J'ai choisi un certain nombre de tiges (Chêne, Charme et Hêtre), et j'ai entouré d'une marque colorée, jusqu'à une certaine hauteur, les bourgeons visibles ; puis, à cette hauteur, j'ai pratiqué une décortication annulaire, ou bien j'ai supprimé plusieurs fortes branches, afin de faciliter le développement des bourgeons dormants et la formation des bourgeons adventifs, s'il devait s'en former de ces derniers. Au bout de quelques mois j'ai constaté : 1° Que la plupart des bourgeons marqués avaient formé des rameaux ; 2° Que, si quel- ques-uns étaient restés stationnaires, c'est parce qu'ils étaient généralement desséchés; 3° Que quelques nouveaux bourgeons s'étaient développés. Je m'assurai par des incisions que ces derniers appartenaient néanmoins à des branches internes invisibles lors de l'opération. — Je répétai cette opération sur des arbres plus âgés (quarante 1 cinquante ans), et j'obtins des résultats différents suivant les essences. Dans le Chéne, le nombre des bourgeons qui avaient échappé à la marque était plus considérable que daus le cas précédent, d'abord parce qu'ils avaient pu mieux se dissimuler dans une écorce épaisse et rugueuse, mais surtout parce que le nombre de pédicules sans bourgeons était plus considérable. — Il en était de méme en effet, quoique la différence füt moins sensible, pour le Hétre et le Charme, dont les écorces sont lisses. On ne rencontre plus ni bourgeons dormants, ni rejets sur des troncs de Chêne âgés de cent cinquante à deux cents ans. Mais on pourrait supposer qu'ils sont enfouis dans l'épaisseur du rhytidome et qu'en détachant les feuillets SÉANCE. DU 27 DÉCEMBRE 1872. 335 externes de ce dernier on les amènerait au jour ; ce qui favoriserait leur évo- lution. Pour m'en assurer, je fis enlever toute la partie crevassée de l'écorce d'un Chéne de cent soixante ans, en respectant une partie suffisante du tissu subéreux, pour que la zone génératrice ne püt, en se desséchant, se détacher du bois, puis je fis pratiquer une décortication annulaire. Aucun bourgeon ne fit son apparition : ce qui montre qu'à cet áge il n'en reste plus sur le tronc et que les branches internes sont incapables de se développer. Dans une autre série d'expériences je supprimai jusqu'à une certaine hau- teur tous les bourgeons visibles, puis je fis faire des décortications annulaires, ou bien je supprimai des grosses branches. Au bout d'un certain temps, je vis plusieurs rameaux se développer, principalement sur les troncs des Chénes à écorce rugueuse. Ces rameaux étaient assez nombreux sur les arbres où des décortications annulaires avaient été faites, et ils étaient presque uniquement concentrés en dessous des décortications. Sur ceux dont je m'étais contenté de dégarnir la cime, des rameaux s'étaient développés en grande quantité au-dessous de la zone où les bourgeons avaient été supprimés. Sur cette zone au contraire, j'en remarquai beaucoup moins. Mais, dans tous les cas, les bourgeons qui avaient produit ces rameaux étaient dormants. Il arrive souvent, et surtout dans le Chêne (1), qu'un bourgeon dormant acquiert un développement partiel. Son pédicule s'allonge hors de l'écorce et se couvre de plusieurs autres bourgeons, qui eux-mémes en produisent à leur tour. Quand plusieurs bourgeons rapprochés se comportent ainsi et que leur nombre s'est considérablement accru, on voit se produire des nodosités que l'on désigne sous le nom de broussins, lesquels peuvent encore se former sous d'autres influences. Leur volume s'augmente constamment, parce qu'ils devien- nent le siége d'une accumulation excessive des principes nutritifs. De nouveaux bourgeons, s'insérant sans cesse sur les pédicules des bourgeons existants, empêchent de plus en plus la libre circulation des matières plastiques; mais, en raison de leur agglomération sur un espace restreint, ils n’attcignent qu'un développement rudimentaire et la plupart se desséchentà l'automne. En màme temps on en voit sortir de nouveaux qui passent par les mêmes phases que les précédents. La tumeur augmente sans cesse, et souvent elle finit par devenir le siége de caries. Ces broussius sont trés-fréquents sur les arbres d'aligne- ment soumis à des élagages répétés et principalement sur le Tilleul, l'Orme et le Marronnier-d'Inde. Ils sont bien plus rares sur les arbres élevés en massif, parce que l'état découvert qui a pu les produire n'est que temporaire, et que le taillis en grandissant finit par entraver leur développement. Jusqu'à présent je n'ai signalé l'existence de bourgeons dormants que sur (4) J'ai eu l’occasion de voir se développer un jeune rameau de Chéne sur la section méme d'une branche qui venait d’être coupée. Ce rameau provenait évidemment d'une branche interne recouverte entièrement par la masse ligneuse : étant d'ailleurs complé- tement isolé de l'écorce du tronc, il vécut peu de temps, 336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les végétaux ligneux appartenant aux Dicotylédones angiospermes. Ils se trou- vent en effet bien moins répandus sur les Conifères. Cependant, on peut voir sur le Cèdre de grosses loupes provenant de bourgeons de cette nature. M. Trécul les a signalées. D'un autre côté, j'ai remarqué de nombreuses branches internes dans plusieurs Gymnospermes et notamment dans le 7axo- dium distichum. Leur disposition dans cette dernière espèce étant toute par- ticuliére, je dois entrer à ce sujet dans quelques détails. Le Taxodium distichum perd ses rameaux tous les ans, sauf ceux qui sont terminaux. On reconnait facilement ces derniers à ce qu'ils se lignifient à l'automne et à ce qu'un certain nombre de leurs feuilles portent à leur aisselle une deuxième génération de rameaux. Au printemps suivant, on voit se déve- lopper des bourgeons, méme sur des branches de six à sept ans, quoique en moindre quantité que sur les plus jeunes. Or ces nouveaux rameaux poussent toujours à la base de ceux qui sont tombés l'année précédente, et leur róle est de les remplacer. Ce fait est mis en évidence par leur rapport de situation, qui est identique à celui des feuilles, et par leur arrangement dans un même plan horizontal. A l'aide de sections longitudinales et tangentielles, on peut du reste s'assurer que ces branches extérieures ne sont que les prolongements de pédicules in- ternes. — On a donc ici un exemple remarquable d'un développement continü et régulier de branches intérieures à l'aide de bourgeons dont un grand nombre forment immédiatement des rameaux destinés à tomber quelques mois aprés. Mais tous les bourgeons qui apparaissent ainsi au printemps ne se déve- loppent pas tout de suite, et l'on en voit encore à la fin de l'été qui ne se développeront que l'année suivante ou méme jamais. Enfin il n'est pas rare de voir deux rameaux partir d'un méme bourgeon : ce qui indique que sur le pédicule de ce dernier un nouveau bourgeon a pris naissance. DEUXIÈME PARTIE. I Développement des bourgeons dormants en branches gourmandes, Sur les arbres nés à l'état isolé, et continuant à y vivre, la plupart des bourgeons dormants meurent sans se développer. Il en est de méme pour les arbres dont la vie s'écoule en massif serré. Au contraire, tout changement apporté à leur régime tend à favoriser l'évolution de ces bourgeons. Si l'on coupe quelques-unes des branches les plus grosses d'un arbre, ou si on le fait passer brusquement de l'état de massif à l'état isolé (ainsi qu'il arrive à la suite d'une exploitation), ses bourgeons se développent avec vigueur et forment des branches gourmandes. Dans ces circonstances, le tronc d’un Chêne en est presque entièrement couvert. Les branches gourmandes absorbent une grande SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 337 partie de l'eau puisée par les racines et des matières nutritives accumulées en réserve dans la tige : la cime se trouvant ainsi appauvrie, quelques-uns de ses rameaux ne tardent pas à périr. Si l'état isolé se perpétue, la cime s'affaiblit de plus en plus, et, les branches basses se développant sans cesse, l'arbre tend à prendre une forme conique et sa croissance en hauteur se trouve trés-ra- lentie. Mais heureusement il n'en est pas ainsi dans les taillis. Le sous-bois, croissant peu à peu, fait disparaitre les résultats funestes causés par l'exploita- tion sur les réserves. Les branches basses, qui netardent pas à étre enveloppées dans le massif, se dessèchent et tombent; et, si la durée de la révolution est suffisamment longue (trente à trente-cinq ans par exemple), toutes ces branches gourmandes ont disparu à son expiration. Si l'on examine un arbre ayant déjà parcouru deux révolutions, on n'observe plus de bourgeons dor- mants que dans les régions où des branches gourmandes étaient insérées sur son tronc. Ces bourgeons, en effet, que l'on pourrait appeler de deuxiéme génération, se sont formés à la base des branches gourmandes, comme ceux qui ont donné naissance à ces derniéres s'étaient formées sur les rameaux primitifs. Il semble qu'au début de la troisième révolution ces bourgeons de deuxième génération doivent se développer comme l'ont fait ceux de première génération et passer par les mémes phases. Il n'en est cependant pas tout à fait ainsi. Quelques-uns seulement forment des branches gourmandes, parce que la cime d'un arbre de cinquante à soixante ans, étant bien plus ample que celle d'un arbre de vingt-cinq à trente, attire à elle la plus grande partie des principes nutritifs. Ces branches gourmandes ne se présentent plus alors que par bouquets espacés. N'étant pas suffisamment alimentées, elles ne se déve- loppent qu'imparfaitement, et les bourgeons qui se forment à leur base auront presque tous péri à l'issue de la troisiéme révolution. Sur un Chéne séculaire, on voit encore quelques branches gourmandes se développer. Sur le Hêtre et le Charme, ce fait ne se présente qu'à titre d'exception. Les choses se passent différemment si l'on supprime les branches provenant des bourgeons de premiere génération, sans le faire au ras du tronc. Les bourgeons de deuxiéme génération se développent alors en rameaux, par suite du trouble apporté dans la marche de la séve, et à leur base apparaissent des bourgeons de troisième génération. Cependant, quand les arbres ont dépassé une certaine limite d'âge, les bourgeons dormants ont disparu, à cause de l'énorme développement de la cime qui continue à attirer toute la séve, quel- que amputation que l'on ait pratiquée sur le tronc. J'ai attribué jusqu'ici le dépérissement graduel des bourgeons dormants à l'extension de la cime de l'arbre, et, en effet, si l'on diminue cette cime, on ne tarde pas à voir les bourgeons se développer en rameaux. Mais cette raison n'est probablement pas la seule. On remarque en effet un certain rapport entre l'àge de l'arbre auquel ces bourgeons disparaissent et l'époque de son T. XIX. (SÉANCES) 29 336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les végétaux ligneux appartenant aux Dicotylédones angiospermes. Ils se trou- vent en effet bien moins répandus sur les Coniferes, Cependant, on peut voir sur le Cédre de grosses loupes provenant de bourgeons de cette nature. M. Trécul les a signalées. D'un autre cóté, j'ai remarqué de nombreuses branches internes dans plusieurs Gymnospermes et notamment dans le Tazo- dium distichum. Leur disposition dans cette dernière espèce étant toute par- ticuliére, je dois entrer à ce sujet dans quelques détails. Le Taxodium distichum perd ses rameaux tous les ans, sauf ceux qui sont terminaux. On reconnait facilement ces derniers à ce qu'ils se lignifient à l'automne et à ce qu'un certain nombre de leurs feuilles portent à leur aisselle une deuxième génération de rameaux. Au printemps suivant, on voit se déve- lopper des bourgeons, méme sur des branches de six à sept ans, quoique en moindre quantité que sur les plus jeunes. Or ces nouveaux rameaux poussent toujours à la base de ceux qui sont tombés l'année précédente, et leur róle est de les remplacer. Ce fait est mis en évidence par leur rapport de situation, qui est identique à celui des feuilles, et par leur arrangement dans un méme plan horizontal. A l'aide de sections longitudinales et tangentielles, on peut du reste s'assurer que ces branches extérieures ne sont que les prolongements de pédicules in- ternes. — On a donc ici un exemple remarquable d'un développement continü et régulier de branches intérieures à l'aide de bourgeons dont un grand nombre forment immédiatement des rameaux destinés à tomber quelques mois après. Mais tous les bourgeons qui apparaissent ainsi au printemps ne se déve- loppent pas tout de suite, et l'on en voit encore à la fin de l'été qui ne se développeront que l'année suivante ou méme jamais. Enfin il n'est pas rare de voir deux rameaux partir d'un méme bourgeon : ce qui indique que sur le pédicule de ce dernier un nouveau bourgeon a pris naissance. DEUXIÈME PARTIE. I Développement des bourgeons dormants en branches gourmandes. Sur les arbres nés à l'état isolé, et continuant à y vivre, la plupart des bourgeons dormauts meurent sans se développer. Il en est de méme pour les arbres dont la vie s'écoule en massif serré. Au contraire, tout changement apporté à leur régime tend à favoriser l'évolution de ces bourgeons. Si l'on coupe quelques-unes des branches les plus grosses d'un arbre, ou si on le fait passer brusquement de l'état de massif à l'état isolé (ainsi qu'il arrive à la suite d'une exploitation), ses bourgeons se développent avec vigueur et forment des branches gourmandes. Dans ces circonstances, le tronc d’un Chêne en est presque entièrement couvert. Les branches gourmandes absorbent une grande SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 337 partie de l'eau puisée par les racines et des matiéres nutritives accumulées en réserve dans la tige : la cime se trouvant ainsi appauvrie, quelques-uns de ses rameaux ne tardent pas à périr. Si l'état isolé se perpétue, la cime s'affaiblit de plus en plus, et, les branches basses se développant sans cesse, l'arbre tend à prendre une forme conique et sa croissance en hauteur se trouve trés-ra- lentie. Mais heureusement il n'en est pas ainsi dans les taillis. Le sous-bois, croissant peu à peu, fait disparaître les résultats funestes causés par l'exploita- tion sur les réserves. Les branches basses, qui netardent pas à étre enveloppées dans le massif, se dessèchent et tombent; et, si la durée de la révolution est suffisamment longue (trente à trente-cinq ans par exemple), toutes ces branches gourmandes ont disparu à son expiration. Si l'on examine un arbre ayant déjà parcouru deux révolutions, on n'observe plus de bourgeons dor- mants que dans les régions où des branches gourmandes étaient insérées sur son tronc. Ces bourgeons, en effet, que l'on pourrait appeler de deuxiéme génération, se sont formés à la base des branches gourmandes, comme ceux qui ont donné naissance à ces dernières s'étaient formées sur les rameaux primitifs. Il semble qu'au début de la troisième révolution ces bourgeons de deuxième génération doivent se développer comme l'ont fait ceux de première génération et passer par les mémes phases. Il n'en est cependant pas tout à fait ainsi. Quelques-uns seulement forment des branches gourmandes, parce que la cime d'un arbre de cinquante à soixante ans, étant bien plus ample que celle d'un arbre de vingt-cinq à trente, attire à elle la plus grande partie des principes nutritifs. Ces branches gourmandes ne se présentent plus alors que par bouquets espacés. N'étant pas suffisamment alimentées, elles ne se déve- loppent qu'imparfaitement, et les bourgeons qui se forment à leur base auront presque tous péri à l'issue de la troisiéme révolution. Sur un Chéne séculaire, on voit encore quelques branches gourmandes se développer. Sur le Hétre et le Charme, ce fait ne se présente qu'à titre d'exception. Les choses se passent différemment si l'on supprime les branches provenant des bourgeons de premiere génération, sans le faire au ras du tronc. Les bourgeons de deuxiéme génération se développent alors en rameaux, par suite du trouble apporté dans la marche de la séve, et à leur base apparaissent des bourgeons de troisième génération. Cependant, quand les arbres ont dépassé une certaine limite d'âge, les bourgeons dormants ont disparu, à cause de l'énorme développement de la cime qui continue à attirer toute la séve, quel- que amputation que l'on ait pratiquée sur le tronc. J'ai attribué jusqu'ici le dépérissement graduel des bourgeons dormants à l'extension de la cime de l'arbre, et, en effet, si l'on diminue cette cime, on ne tarde pas à voir les bourgeons se développer en rameaux. Mais cette raison n'est probablement pas la seule. On remarque en eflet un certain rapport entre l’âge de l'arbre auquel ces bourgeons disparaissent et l'époque de son T. XIX. (SÉANCES) 22 39 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, maximum de croissance. Ce maximum a lieu dans le Chêne vers quatre-vingt- dix ans; or, à ce moment, le nombre des bourgeons dont son tronc était garni a bien diminué. Ce maximum arrive plus tôt pour le Hêtre et le Charme (vers soixante-dix ans), aussi les bourgeons dormants ont-ils dans ces essences presque entièrement disparu et ne peut-il plus s'en reproduire. Enfin, dans les bois tendres où l'époque du maximum de croissance est plus avancée, la longévité de ces bourgeons est encore moins grande. Il est probable que l'ac- croissement de diamétre du tronc l'emportant sur l'allongement du pédicule du bourgeon, ce dernier finit par étre enveloppé dans le bois. On comprend ainsi que sa distance de la zone génératrice du rameau qui le supporte, et dans laquelle il puise son alimentation, étant de plus en plus grande, par suite de l'augmentation d'épaisseur de l'écorce, il arrive un moment où les principes nutritifs ne lui parviennent plus eu assez grande abondance. Il en est de même pour toute branche qui, lorsqu'elle est munie d'un nombre insuffisant de feuilles, ne tarde pas à périr. H Influence des bourgeons dormants sur la constitution des arbres. J'ai remarqué que les branches gourmandes se forment en plus grande abondance dans les sols arides. Je crois devoir en attribuer la cause, d'abord au peu de développement qu’acquièrent les cimes des arbres dans ces terrains, et aussi à la sécheresse du sol. Les matières nutritives accumulées dans le tronc ne trouvent en effet dans une eau peu abondante qu'un véhicule insuffisant pour les charrier vers la cime, mais suffisant cependaut pour donner naissance à des bourgeons sur la tige et au-dessous de l'insertion des branches. On comprend d'ailleurs que plus les révolutions sont longues, moins il se développe de branches gourmandes sur les réserves, à la suite de l'exploitation. Un plus grand nombre en effet de bourgeons dormants disparaissent dans l'intervalle des révolutions, et les arbres étant envahis par les branches gour- mandes à des reprises moins rapprochées, leur cime a le temps de se déve- lopper davantage. Enfin si, aprés l'exploitation, on enlève sur les réserves quelques fortes branches, ainsi que malheureusement on le fait trop souvent, pour laisser croitre le taillis, on favorise beaucoup l'évolution des bourgeons dormants. C'est ce qui se produit sur une bien plus grande échelle dans les pays où l'on a l'habitude d'élaguer presque complétement, et à des intervalles peu éloignés (tous les dix ans environ), les rameaux des Chênes qui croissent à l’état isolé. Les branches gourmandes prennent alors un développement excessif. L'arbre perd bientót sa forme normale, il se courbe en tous sens, et se couvre de nodosités tellement fortes qu'il ne peut plus étre employé comme bois d'œuvre. — 10 15 ETRS SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. $39 III Du róle des bourgeons dormants dans le traitement des taillis. Q uand on coupe par la base un arbre appartenant à une des essences dites feuillues, on voit au bout de quelque temps des bourgeons se développer et donner naissance à des rameaux qui prennent le nom de rejets. C'est sur ce fait que repose la régénération des taillis. Ces bourgeons peuvent apparaitre soit sur l'écorce de la souche (c'est ce qui arrive généralement); soit sur le périmétre de la section, entre l'écorce et le bois; soit enfin sur les racines, et alors on les appelle drageons. Dans le premier cas, les rejets proviennent de bourgeons dormants ; dans le deuxième et le troisième, ils proviennent de bourgeons adventifs. Pour s'en assurer, on pratique, sur des sujets exploités à quelques centimétres au-dessus de terre, des entailles destinées à rechercher les traces des pédicules des bourgeons. Du reste, ceux qui sont dormants se distinguent des autres par la grande rapidité de leur évolution. Ils forment des rejets, dans nos climats, dés le mois de mai. Ceux qui sont adventifs ne sont guère visibles que dans le mois de juillet, et encore en octobre en voit-on qui commencent seulement à poindre. Ils sont produits par la zone généra- trice, à un niveau un peu inférieur à la section, car, par suite de l'exploita- tion, l'écorce se trouve généralement détachée du bois sur quelques milli- métres de profondeur. ; On les voit alors surgir, parfois en grand nombre, du bourrelet ligneux récemment formé. On acquiert d'ailleurs la preuve qu'ils ont été produits de cette manière, en détachant un fragment d'écorce et en constatant qu'ils y restent généralement adhérents. Sur la surface ligneuse ainsi mise à nu, on n'apercoit pas trace de pédicule. Il faut à ces bourgeons, pour se produire, un certain temps, dont n'ont pas besoin les bourgeons formés d'ancienne date et qui n'ont plus qu'à se développer en rameaux (1). On comprend que cette durée doive étre encore plus longue pour les dra- geons, puisque, avant d'apparaitre au jour, ils ont en outre une certaine épais- seur de terre à traverser. Le mode le plus général de reproduction par rejets est celui qui se fait (4) J'ai eu de ce fait, cet été, un exemple bien frappant en comparant l'évolution des bourgeons du Magnolia grandiflora et du Prunus Laurocerasus. — Ces deux espéces avaient beaucoup souffert des froids de l'hiver 1870-71, et tous les bourgeons apparents avaient élé détruits, Mais dés le mois de mai, de nouveaux bourgeons s'étaient montrés sur l'écorce des P. Laurocerasus, et les rameaux qui en étaient provenus avaient atteint au mois d'août 0,50 de longueur, tandis que ceux des Magnoliers commençaient à peine à apparaitre. — En entaillant le bois sous ces derniers, on ne remarquait aucune trace de pédicules, de la présence desquels on pouvait s'assurer en faisant la méme opéra- tion sur les P. Laurocerasus. Ce qui indiquait que les bourgeons de ceux-ci étaient dus à un développement de branches internes enfouies sous l'écorce et ayant pu par conséquent résister aux rigueurs de la saison. 39 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. maximum de croissance. Ce maximum a lieu dans le Chêne vers quatre-vingt- dix ans; or, à ce moment, le nombre des bourgeons dont son tronc était garni a bien diminué. Ce maximum arrive plus tôt pour le Hêtre et le Charme (vers soixante-dix ans), aussi les bourgeons dormants ont-ils dans ces essences presque entièrement disparu et ne peut-il plus s'en reproduire. En(in, dans les bois tendres où l’époque du maximuin de croissance est plus avancée, la longévité de ces bourgeons est encore moins grande. Il est probable que l'ac- croissement de diamètre du tronc l'emportant sur l'allongement du pédicule du bourgeon, ce dernier finit par être enveloppé dans le bois. On comprend ainsi que sa distance de la zone génératrice du rameau qui le supporte, et dans laquelle il puise son alimentation, étant de plus en plus grande, par suite de l'augmentation d'épaisseur de l'écorce, il arrive un moment où les principes nutritifs ne lui parviennent plus en assez grande abondance. Il en est de même pour toute branche qui, lorsqu'elle est munie d'un nombre insuffisant de feuilles, ne tarde pas à périr. II Influence des bourgeons dormants sur la constitution des arbres. J'ai remarqué que les branches gourmandes se forment en plus grande abondance dans les sols arides. Je crois devoir en attribuer la cause, d'abord au peu de développement qu’acquièrent les cimes des arbres dans ces terrains, et aussi à la sécheresse du sol. Les matières nutritives accumulées dans le tronc ne trouvent en effet dans une eau peu abondante qu'un véhicule insuffisant pour les charrier vers la cime, mais suffisant cependant pour donner naissance à des bourgeons sur la tige et au-dessous de l'insertion des branches. On comprend d'ailleurs que plus les révolutions sont longues, moins il se développe de branches gourmandes sur les réserves, à la suite de l'exploitation. Un plus grand nombre en effet de bourgeons dormants disparaissent dans l'intervalle des révolutions, et les arbres étant envahis par les branches gour- mandes à des reprises moins rapprochées, leur cime a le temps de se déve- lopper davantage. Enfin si, aprés l'exploitation, on enlève sur les réserves quelques fortes branches, ainsi que malheureusement on le fait trop souvent, pour laisser croitre le taillis, on favorise beaucoup l'évolution des bourgeons dormants. C'est ce qui se produit sur une bien plus grande échelle dans les pays où l'on a l'habitude d'élaguer presque complétement, et à des intervalles peu éloignés (tous les dix ans environ), les rameaux des Chênes qui croissent à l'état isolé. Les branches gourmandes prennent alors un développement excessif. L'arbre perd bientót sa forme normale, il se courbe en tous sens, et se couvre de nodosités tellement fortes qu'il ne peut plus étre employé comme bois d'œuvre. SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872, 839 III Du róle des bourgeons dormants dans le traitement des taillis. Q uand on coupe par la base un arbre appartenant à une des essences dites feuillues, on voit au bout de quelque temps des bourgeons se développer et donner naissance à des rameaux qui prennent le nom de rejets. C'est sur ce fait que repose la régénération des taillis. Ces bourgeons peuvent apparaitre soit sur l'écorce de ia souche (c'est ce qui arrive généralement); soit sur le périmétre de la section, entre l'écorce et le bois; soit enfin sur les racines, et alors on les appelle drageons. Dans le premier cas, les rejets proviennent de bourgeons dormants ; dans le deuxième et le troisième, ils proviennent de bourgeons adventifs. Pour s'en assurer, on pratique, sur des sujets exploités à quelques centimètres au-dessus de terre, des entailles destinées à rechercher les traces des pédicules des bourgeons. Du reste, ceux qui sont dormants se distinguent des autres par la grande rapidité de leur évolution. Ils forment des rejets, dans nos climats, dés le mois de mai. Ceux qui sont adventifs ne sont guére visibles que dans le mois de juillet, et encore en octobre en voit-on qui commencent seulement à poindre. Ils sont produits par la zone généra- trice, à un niveau un peu inférieur à la section, car, par suite de l'exploita- tion, l'écorce se trouve généralement détachée du bois sur quelques milli- mètres de profondeur. On les voit alors surgir, parfois en grand nombre, du bourrelet ligneux récemment formé. On acquiert d'ailleurs la preuve qu'ils ont été produits de cette manière, en détachant un fragment d'écorce et en constatant qu'ils y restent généralement adhérents. Sur la surface ligneuse ainsi mise à nu, on n'apercoit pas trace de pédicule. Il faut à ces bourgeons, pour se produire, un certain temps, dont n'ont pas besoin les bourgeons formés d'ancienne date et qui n'ont plus qu'à se développer en rameaux (1). On comprend que cette durée doive être encore plus longue pour les dra- geons, puisque, avant d'apparaitre au jour, ils ont en outre une certaine épais- seur de terre à traverser. Le mode le plus général de reproduction par rejets est celui qui se fait (4) J'ai eu de ce fait, cet été, un exemple bien frappant en comparant l'évolution des bourgeons du Magnolia grandiflora et du Prunus Laurocerasus. — Ces deux espèces avaient beaucoup souffert des froids de l'hiver 1870-71, et tous les bourgeons apparents avaient élé détruits, Mais dés le mois de mai, de nouveaux bourgeons s'étaient montrés sur l'écorce des P. Laurocerasus, et les rameaux qui en étaient provenus avaient atteint au mois d'août 0,50 de longueur, tandis que ceux des Magnoliers commençaient à peine à apparaitre. — En entaillant le bois sous ces derniers, on ne remarquait aucune trace de pédicules, de la présence desquels on pouvait s'assurer en faisant la méme opéra- tion sur les P. Laurocerasus. Ce qui indiquait que les bourgeons de ceux-ci étaient dus à un développement de branches internes enfouies sous Fécorce et ayant pu par conséquent résister aux rigueurs de la saison. 340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à l’aide des bourgeons dormants. Les rejets de bois tendres cependant produi- sent souvent des bourgeons adventifs croissant entre le bois et l’écorce. Ainsi, dans les Peupliers, le périmètre de la surface de section en est littéralement couvert (1). Les arbres ne peuvent émettre de rejets, après leur exploitation, que jus- qu’à une certaine époque de leur existence, variable d’ailleurs suivant les espèces. Il faut excepter de cette règle celles qui se produisent surtout au moyen de bourgeons adventifs ou de drageons. Cette limite arrive, pour le Chéne, entre soixante et quatre-vingts ans ; pour le Hétre, le Charme et la plu- part des autres bois durs, entre cinquante et soixante ans. On voit qu'elle coincide à peu prés avec celle qui a été assignée à la vitalité des bourgeons dormants de première génération. L'absence de ces derniers entraîne en effet pour la souche l'impossibilité presque compléte d'émettre des rejets. Mais on voit assez souvent, sur des souches ayant dépassé cette limite, des bourgeons adventifs se former entre le bois et l'écorce, méme quand ce mode de repro- duction n'est pas habituel dans cette essence alors qu'elle est exploitée à un âge inférieur. Ce fait se présente sur les souches de vieux Chênes et surtout de vieux Hétres. On comprend en effet que quand les bourgeons dormants ont disparu et ne peuvent plus utiliser à leur profit les matières nutritives de la souche, ces derniéres se portent uniquement sur la zone génératrice qui alors forme des bourgeons. Mais ceux-ci, apparaissant trés-tardivement, se trouvent peu lignifiés au début de l'hiver et sont souvent détruits par le froid. J'ai remarqué d'ailleurs que, sauf dans les Peupliers et quelques autres bois tendres à croissance trés-rapide, les rejets provenant de bourgeons adventifs n'ont qu'une faible vitalité, comme les rameaux provenant de bourgeons nés sur des broussius. On ne saurait en attribuer la cause à l’âge de l'arbre, car ce fait se présente dans des Charmes encore jeunes sur lesquels poussent en méme temps des bourgeons dormants et adventifs. Les premiers forment des rejets vigoureux, les autres n'en forment que de gréles et de courte durée. Formés sur un tissu encore jeune, ils ont une assiette bien moins solide. D'aprés l'opinion générale, le Hétre repousse difficilement de souche aprés quarante ans, et l'on en attribue la cause à la difficulté qu'éprouvent les bour- geons à percer son écorce serrée. Cette opinion n'est pas exacte. A cet âge, la plupart des bourgeons dormants du Hétre n'existent plus et se sont trans- formés en loupes décrites par M. Trécul; mais il se forme, sur le périmètre de section, entre le bois et l'écorce, des bourgeons adventifs, lesquels donnent naissance à des rejets qui prennent un facile développement et meurent le plus souvent pendant l'hiver. (1) Cette faculté de bourgeonnement est tellement grande dans les Peupliers-@ Italie, que j'ai vu souvent, quand une décortication annulaire était pratiquée sur cette espèce, une quantité innombrable de bourgeons croître sur le bourrelet inférieur en voie de for- mation. TETTE SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 341 Puisque les rejets sont dus en général à des bourgeons dormants et qu'une souche ne peut plus produire de rejets dés que ces bourgeons ont disparu, il semble surprenant que ce mouvement arrive bien plus tót pour la souche que pour le reste du corps de l'arbre. Ainsi un Chéne peut se couvrir de branches gourmandes jusqu'au delà de cent cinquante ans, tandis qu'une souche de cette méme essence est généralement improductive aprés soixante ans. Voici l'explication de ce fait. J'ai dit que les branches gourmandes d'un Chéne de cent cinquante ans proviennent de bourgeons de quatrième ou cinquième génération. Or ces branches ne se forment généralement pas sur la partie inférieure du tronc située à quelques centimétres au-dessus du sol. Il ne peut donc pas se produire, n cet endroit, de bourgeons appartenant aux généra- tions successives, et que l'on rencontre plus haut. Il ne s'y trouve que des bourgeons de premiére génération. Dés qu'ils sont morts, la souche reste stérile. On peut méme se servir de ce moyen pour apprécier la limite d'àge à laquelle peuvent parvenir les bourgeons dormants d'une essence donnée. Résumé. Les faits qui précèdent peuvent être résumés ainsi qu’il suit : 1» La plupart des bourgeons que l'on remarque sur les végétaux ligneux dicotylédonés, et qui ne sont ni axillaires, ni terminaux, sont situés à l’extré- mité de pédicules inclus dans le bois. Ces pédicules peuvent être simples ou ramifiés ; c'est-à-dire que le bourgeon considéré peut terminer directement le pédicule origine ou seulement une de ses ramifications. Des dissections mettent parfaitement ces faits en évidence, 2° Ces bourgeons proviennent soit de petits bourgeons que l'on trouve à la base de jeunes rameaux et à l’aisselle d'écailles, soit de bourgeons adven- tifs naissant à côté des précédents dans les environs des insertions des branches, pendant les premières années de leur existence ; or c’est généralement dans cette région qu’on rencontre les bourgeons dormants. 3° Ces premiers bourgeons n’ont qu'une courte durée (un, deux ou trois ans), mais sont remplacés par de nouveaux qui se forment à leur extrémité. La partie de leur pédicule enfermée dans l'écorce s'accroit en méme temps en diamétre. Chacun de ces bourgeons peut donner naissance à beaucoup d'autres, soit à l'extérieur, soit dans l'épaisseur de l'écorce: de telle sorte que le nombre de pédicules diminue à mesure qu'on s'enfonce dans la masse ligneuse. 4? Beaucoup d'arbres ne présentent pas, à l'extérieur, de bourgeons dor- mants, et cependant ils peuvent, dans certaines circonstances, se couvrir de bourgeons ayant ce caractère : ce qui indique que des pédicules internes peu- vent s'allonger sans qu'aucun indice révèle leur présence au dehors. 5° Les bourgeons adventifs ne semblent pas pouvoir se former sous des écorces un peu épaisses. Il y a cependant des exceptions à cette règle. 342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 6° Le bois de nos arbres est donc traversé par des branches se ramifiant suivant les mémes lois que les branches de la cime : dans certains d'entre eux le nombre en est trés-grand. 7^ Sous un seul bourgeon apparaissant à l'extérieur, on trouve quelquefois deux pédicules : ce qui indique que le bourgeon qui terminait l'un d'eux. a disparu. Alors le développement de ce dernier est définitivement arrété, ou bien se continue par son extrémité qui est en relation avec la zone génératrice du tronc. Aprés avoir ainsi longtemps végété sans bourgeon, ce pédicule peut, à un moment donné, en former un et le produire au jour. 8° Cette évolution de bourgeons ne se fait guère que pendant une partie de l'existence de l'arbre : aprés quoi elle s'arréte, à cause de l'ampleur acquise par la cime et aussi de leur distance toujours plus grande de la zone généra- trice du tronc. 9° Mais dans le cas où ils se sont développés en branches, de nouveaux bourgeons que j'ai appelés de deuxième génération naissent à la base de ces branches, de méme qu'étaient nés ceux de premiere génération, et peuvent alors persister longtemps encore. Si l'on supprime ces branches sans avoir soin de le faire au ras du tronc, les bourgeons qn'on laisse ainsi subsister produisent des rameaux à la base desquels se forment des bourgeons de troi- sième génération, et ainsi de suite. C'est pourquoi l'on voit des rejets apparaître méme sur des tiges âgées ; cependant, quand cet âge a dépassé une certaine limite, tous les bourgeons dormants ont disparu par suite de l'énorme extension de la cime. 10» Il y a donc lieu de réserver le nom de bourgeons adventifs à ceux qui, sans étre normaux, se développent dans l'année méme de leur naissance, et de donner à ceux qui restent au moins une année sans produire de rameaux, quelle que soit du reste leur origine, la dénomination de bourgeons dormants, que justifie leur lente évolution. Conclusions pratiques. De ce qui précéde, il y a lieu de déduire les conclusions pratiques sui- vantes : f í 4° Parmi les nombreux avantages que présentent les longues révolutions de taillis (trente à trente-cinq ans), il faut compter celui de trouver, à leur expi- ration, des arbres ayant une cime fournie et dont le tronc, peu garni de bour- geons dormants, se couvrira d’un nombre relativement restreint de branches gourmandes. 2° On ne saurait éviter complétement la production de ces dernières, puis- qu'elle est le résultat méme de l'exploitation et qu'on ne peut reculer celle-ci jusqu'à l'entiére disparition des bourgeons dormants, sans renoncer à la régé- nération des souches qui est liée à leur existence ; mais on peut du moins d q^ L 1 T HU"DPEy SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 343 modérer leur évolution, en ne supprimant aucune branche importante de la tige. 3° Puisque le nombre des bourgeons dormants est limité, celui des branches gourmandes qui en proviendront l'est également. Donc, si l'on attend que la plupart de ces bourgeons se soient développés (ce qui aura lieu deux ou trois ans après l'exploitation) et qu'on supprime alors les branches gour- mandes, on sera certain qu'il ne s'en formera que fort peu dans la suite, et si cette opération est répétée sur un arbre une deuxième et méme une troi- sième fois, on aura par là préservé son tronc de tout envahissement ultérieur. Seulement, il faut avoir bien soin d'enlever en méme temps le petit amas de bourgeons dormants de deuxième et troisième génération, qui se forment toujours à la base de ses branches, ainsi que je l'ai dit plus haut : sans quoi ces bourgeons nouveaux ne manqueraient pas de se développer dans les années suivantes. C'est pour avoir négligé cette précaution essentielle que les émondages ont si rarement produit les résultats qu'on en attendait. Cette prescription entraînant évidemment la nécessité de pratiquer sur les arbres d'assez larges incisions, on peut craindre, si les branches gourmandes sont abondantes, que l'écorce ne soit enlevée sur une trop grande surface et que les sujets n'en souffrent. Dans ce cas, l'opération devra être faite en deux fois, à quelques années d'intervalle. On n'enlévera d'abord que la moitié des branches gourmandes, et l'on attendra la cicatrisation des plaies pour enlever la seconde moitié. Il semble méme qu'on pourrait prévenir le développement des bourgeons dormants en les supprimant quelque temps avant l'exploitation, ce qui entrai- nerait l'avantage de pratiquer des incisions moins larges. Mais il serait impos- sible d'apercevoir tous les bourgeons, puisque ces branches internes ne sont pas toutes terminées par des bourgeons extérieurs. J'ai tenté cette expérience plusieurs fois, et j'ai constamment vu se déve- lopper des rameaux provenant de branches intérieures qui avaient échappé à mon investigation. Je me hâte du reste d'ajouter que ces émondages sont inutiles, dans fa plupart des cas, si l'on a soin de ne supprimer, aprés l'exploitation, aucun rameau important, parce que les branches gourmandes disparaissent à mesure qu'elles sont dominées par le taillis grandissant, et ne se forment généralement pas en assez grande abondance pour pouvoir entraîner le dépérissement des arbres. De leur présence, il ne résultera, dans le développement des cimes, qu'un ralentissement momentané. 4° L'accumulation des bourgeons dormants a souvent pour conséquence la formation des broussins. Dans ce cas, on ne devra pas hésiter à faire l'ablation de ces tumeurs. 5* L'existence des branches internes ou de bourgeons préts à se développer est une ressource précieuse pour les arbres, quand leur cime et leurs bour- 944 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. geons normaux ont été détruits par la gelée ou toute autre cause. Peu de temps suffit pour qu'il se forme des rameaux d'une certaine longueur, rameaux qui peuvent se lignifier avant l'hiver. Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la Société : SUR LA SYNONYMIE DE QUELQUES CYPÉRACÉES, par ME. J. DUVAL-JOUVE. (Montpellier, 26 juillet 1872.) Dans des travaux que bientôt j'aurai l'honneur de communiquer à la Société, j'aurai souvent à parler de certaines Cypéracées dont la synonymie est contes- tée : c'est pourquoi je me crois obligé, pour éviter toute ambiguité, de justifier d'abord les dénominations que j'emploierai. La plante nommée par Linné ScAenus mucronatus a un aspect si parti- culier, que les enfants méme la distinguent et que les botanistes les moins portés aux vues hypothétiques se sentent entrainés à voir en elle un survivant, aujourd'hui isolé, d'une végétation antérieure à la période géologique actuelle. Aussi les anciens botanistes l'ont-ils tous reconnue ; ils ont méme peu varié dans leurs phrases de désignation. Pour Lobel, qui l'a figurée, c'est le Juncus cyperoides maritimus Adv. ou le Juncus maritimus Ic. 87; dénomination adoptée par Tabernzmontanus. C'est pour G. Bauhin : Gramen maritimum Cyperoides Pin. p. 16, n° 44 et Theatr. p. 91 ; pour J. Bauhin, qui en donne une figure passable : Gra- men marinum cyperoides Hist. plant. H, p. 498; pour Morison, qui la figure aussi : Gramen junceum maritimum, capite squamoso foliaceo Hist. Ill, .p.. 227,. S.. 8, tab. 9, fig. 6; pour Tournefort : Scirpus. maritimus, capite glomerato : Inst. p. 528: dénomination que Scheuchzer reproduit avec une très-bonne figure, Agrost. p. 367, tab. virt, fig. 4. Enfin, Michel en fait son Melanoschœnus maritimus humilis, : Cyperi effigie Gen. p. 46. Ainsi tous rappellent la station exclusivement maritime de cette. plante, et quelques-uns une certaine ressemblance avec les Cyperus. Linné la placa dans son genre Schænus, où elle se heurtait contre le Schœnus aculeatus (qui n'est qu'un Crypsis) et le Cladium Mariscus y et, S'écartant, on ne sait pourquoi, de la loi qu'il s'était imposée de prendre, autant que possible, son épithète spécifique dans les anciennes phrases, il lui donna celle de mucronatus, aussi peu justifiée et aussi mal choisie que le genre, Il en est résulté qu'en moins d’un siècle cette malheureuse plantea passé successivement dans cinq genres, a reçu sept épithètes spécifiques et en défi- nitive neuf noms différents : —- bh or SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 345 1753. Schenus mucronatus L. Sp. pl. p. 42. 1763. Scirpus Kalli Forskäl Deser. p. 45. 1771. Cyperus capitatus Vandelli Fasc. pl p. 3. 1778. Schænus maritimus Lam. Fl. fr. III, p. 443; nom abandonné et remplacé par celui de Linné, dans le Dict. encycl. 1, p. 739. 1785. Cyperus ægyptiacus Gloxin Obs. p. 20, tab. 3; nom adopté par Kunth. 1820. Mariscus mucronatus Presl Cyp. et Gram. sic. p. 19 (4). 1831. Cyperus macrorhizus Richard, sec. Nees ab Esenb. in Wight Bot. p. 73. 1844. Cyperus schænoides Griseb. Spic. fl. Rum. et. Bith. YI, p. 421; nom adopté par M. Godron dans la Flore de France (2). 1845. Galilea mucronata Parl. Fl. palerm. p. 297 et Giorn. bot. II, p. 134. M. Parlatore, aprés avoir dit avec pleine raison : « Pianta stata poco o niente » studiata dagli autori diversi, che superficialmente osservandola l'hanno ripor- » tata ora al genere Schænus, ora al Cyperus, ora al Mariscus ; pero do questi » generi e affatto distinta » (For. palerm. p. 299), distingue son genre Ga- lilea du genre Cyperus par les caractères que montre le tableau comparatif suivant : Cyperus. « Squamis distiche imbricatis, interdum paucis inferioribus minoribus vacuis. Filamentis filiformibus ; antheris apice Galilea. « Squamis subdistiche imbricatis, 4-2 inferioribus majoribus vacuis. Filamentis longissimis dilatalis, persis- integro obtusiusculis. tentibus ; antheris appendiculatis, appen- dicula punctiformi, obtusa, fusca. Achenium triangulare, vel rarius com- Achenium compresso-trigonum, hinc pla- pressum. » niusculum, illic convexo-obtusangulum. » (0. c. pp. 282 et 283.) (0. c. p. 297.) Avant d'aller plus loin, nous ferons remarquer que les termes employés par le trés-savant botaniste italien pour exprimer le second de ces caractères : « squamis 1-2 inferioribus majoribus vacuis », s'éloignent de l'interprétation exacte de la réalité. (1) Si Presl n'avait pas affirmé lui-même l'identité de sa plante avec celle de Linné, il serait difficile dela soupconner aux earaetéres génériques suivants : « Spiculæ bi-tri- flora teretiusculæ, squamis duabus vel tribus, infimis minoribus vacuis » , dont pas un ne convient au S. mucronalus L. (2) Au sujet de ce nom nous ferons observer que, si l'on veut faire de cette plante un Cyperus, il y a justice à reprendre le nom le plus ancien, celui de Vandelli, 1771, puisqu'on ne peut employer l'épithéte linnéenne ‘mucronatus, appliquée par Rottboel, en 1772, à un Cyperus. Ce nom de Cyp. capitatus conviendrait mieux d'ailleurs que ceux d'egyptiacus et de schœænoides. Il est bien vrai que Retz a employé le nom de Cyp. capitatus (Obs. IV, p. 9), mais seulement vers 1785 (ses Obs. étant de 1779 à 1791) ; Poiret a fait aussi un Cyp. capi- tatus (Dict. encycl. VII, p. 246), mais seulement en 1806. — Ce sont donc ces noms déjà employés qui devraient être changés, et non celui de Vandelli, 946 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans les Cyperus, chaque rameau de l’anthèle, grand ou petit, est, indé- pendamment d'une feuille bractéale, muni à sa base d'un ocréa (1). De plus chaque épillet offre aussi à sa base : 4° une petite feuille bractéale de la gran- deur d'une écaille ; elle repose sur le rameau ; 2° à l'opposé et sur l'axe. de l'épillet, une autre petite bractée, ou écaille vide, qui est le représentant de l'ocréa des rameaux. Or, à la base de ses rameaux principaux, le Schænus mucronatus L. a bien une feuille bractéale (involucre de quelques auteurs), mais il n'a jamais d'ocréa (2) ; à la base de chaque épillet il a bien aussi une bractée (écaille vide de quelques auteurs) trés-colorée ; mais il n'en a point une seconde qui soit vide et corresponde à l'ocréa, puisqu'il n'a point d'ocréa sur les rameaux principaux. Il est facile de voir que la petite bractée (ou écaille vide) de la base des épillets n'appartient pas à l'épillet, mais bien au rameau qui le supporte, car elle reste adhérente au rameau et non à l'épillet, quand on arrache ce dernier. Dès lors à son aisselle ne peut se trouver aucun organe de reproduction. Comme elle est d'ailleurs assez semblable aux écailles de l'épillet et qu'elle n'en diffère qu'en ce qu'elleest un peu plus grande, plus scarieuse et sans bandes vertes sur la région dorsale, cette ressemblance a fait illusion à M. Parlatore (et à quelques autres) (3), et l'a conduit à dire que les épillets de son Galilea ont à leur base une écaille stérile et plus grande. C'est, à notre avis, une erreur d'interprétation. Toutes les écailles de l'épillet proprement dit recouvrent des organes de reproduction, ou, comme on dit, sont fertiles 5 et quand il y en a de stériles, ce ne sont que les plus petites, vers le sommet. C'est précisément à la base de l'épillet des Cyperus que se trouvent deux bractées vides ou au moins une. On ne les a jamais signalées, à ma connais- sance du moins, encore qu'elles soient trés-remarquables et, comme les ocréas, trés-digues de fournir des caractères spécifiques. Pour en revenir aux caractéres génériques, il me semble que ceux que (4) I en est de méme des pédicelles des épis femelles des Carex de la section des Eucarex (voyez Bull. Soc. bot. t. XI, p. 269) et des rameaux de l'anthéle des Scirpus, Cladium, etc, — Nous reviendrons prochainement sur ce point trop peu étudié. (2) Les épillets des Carez de la section Vignea n'ont pas non plus d'oeréa à la base de leur pédicelle. (3) M. Willkomm n'admet pas le Galilea comme genre, mais il en fait toutefois une section propre du genre Cyperus : « Sect. I. Galilea. Glumte inferiores 1-2 steriles. » Sect. I. Eucyperus. Glumæ omnes floriferæ. » (Prodr. fl. hisp. 1; p. 137.) C'est le contraire de ce qui est ; attendu qu'à la base de tout épillet de Cyperus, il y a deux bractées (glumes stériles Willk.), Comme M, Willkomm, M. Caruel fait du Galilea un sous-genre : « 1. PsEUDoscHOENUS, Glumæ infimæ submajores, — Cyp. capitatus Vand. — (Schæ= nus mucronatus L.). — Galilea Parl. r 3 Eucyperus. Glumæ infimæ subminores. — Cyperi auct. » (Gen, Ciper. Eur. p.25. À ce compte, il faudrait placer avec le Galilea une bonne moitié des Cyperus (par ex. C. distachyus, fuscus, flavescens, etc.), qui ont la bractée de l'épillet plus grande que les écailles proprement dites, idées x M. SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1872. 347 M. Parlatore tire des organes de reproduction, joints à l'aspect propre de cette plante, justifient suffisamment une distinction générique. Et, si le prin - cipe est admis, nous ne voyons pas de meilleur nom que celui de GALILEA, lequel, comme le dit très-bien M. Parlatore, rappelle le grand homme « che » dandoil metodo alle scienze fisiche, ha direttamente giovato allo studio delle » scienze naturali. La botanica dunque non tardi più ad offrire il suo omaggio » à questo sommo genio, a cui, mercè la invenzione del microscopio, essa » deve la parte più importante dell’ anatomia vegetabile. » (Flor. palerm. p. 298.) En 1843, M. Doell exprima l'opinion que Linné n'avait pas compris dans son Scirpus triqueter la forme de cette espèce à épillets conglomérés, car, au lieu de dire « spiculis sessilibus pedunculatisque », il aurait dà dire... « peduncu- latisve » (Rhein. FI. p. 165). M. Godron a été plus loin : il a prétendu que ladescription et le nom de Scirpus triqueter L. Mant. I°, p. 29, se rappor- tent non à l'espéce que tout le monde admettait sous ce nom, mais à celle que Schrader avait figurée et décrite sous le nom de S. littoralis Fl. germ. I, p. 142, tab. v, fig. 7.; en conséquence il a opéré un échange de nomen- clature. M. Dell a revendiqué alors sa part de paternité dans ce changement et s'est empressé de l'adopter (F7. Bad. I, pp. 300 et 301); mais, suivant M. Boreau, la vraie paternité appartiendrait à Chaubard. Quoi qu'il en soit de ce point, pour agir ainsi sur des noms de plantes bien connues, bien figurées, et s'exposer à la confusion que doit amener un tel échange entre des noms acceptés depuis prés d'un siécle, il faut le plus puissant de tous les motifs, savoir, la parfaite évidence d'une erreur matérielle. M. Godron n'allégue rien de semblable, et, au contraire, comme le fait justement remarquer M. Boreau, « les botanistes qui ont confronté l'herbier de Linné n'y ont pas reconnu le S. littoralis Schrad. » (F1. centr. p. 661). Le savant auteur de la Flore de France s'appuie simplement sur cette remarque de Linné : « Culmus triqueter angulis planis, nec excavatis », qui suit en effet la dia- gnose du S. triqueter. Mais, pour si peu qu'on y fasse attention, on verra que ces mots, comme la diagnose qui les précéde, ont pour objet de comparer la nouvelle espèce au S. mucronatus déjà décrit par Linné et très-bien figuré par Scheuchzer Agrost. tab. 1x, fig. 44. Or, le S. mucronatus a des « tiges triquètres avec les angles aigus et les faces excavées » (Godron 77. Fr. II, p. 376), tandis que le S. triqueter L. est décrit, par M. Godron lui- méme, comme ayant « les tiges triquètres avec angles aigus, deux faces planes » et la troisième correspondant à l'anthéle faiblement canaliculée » (o. c. p. 374). Il était donc permis à Linné de dire de son S. triqueter : « angulis planis nec excavatis ». En outre Linné, aprés avoir dit de son S. mucro- natus « spicis conglomeratis » (Sp. pl. ed. 4, p. 50), dit comparativement de son S. triqueter « spiculis sessilibus pedunculatisque mucronem æquan- 348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tibus », ce qui ne peut en aucune façon s'appliquer à la grande panicule rameuse du S. lttoralis. De plus enfin, Linné, à la suite de la diagnose, vise la figure de Plukenett Almag. tab. 40, fig. 2, laquelle convient parfaitement et se trouve précisément dans le méme auteur suivie de la figure du S. mu- cronatus, fig. 3, auquel Linné compare son S. triqueter. Nous croyons donc devoir, à l'exemple de MM. Boreau (F7. centr. p. 661), Kirschleger (Fl. Als. IE, p. 233), Cosson (FI. Alg. p. 235), reprendre la dénomination linnéenne, et continuer d'appeler S. littoralis la plante que Schrader a si bien décrite et si bien figurée sous ce nom. M. l'abbé Chaboisseau met sous les yeux de la Société des échan- tillons de Riccia Bischofféi anthéridiféres, recueillis au pont de Lathus (Vienne), localité citée notamment dans la Flore des Musci- nées de l'est de la France, par M. l'abbé Boulay, avec une bonne description. Mu PARIS. — IMPRIMERIR DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2 NE +”, PITE PEEL RUN rr UTUNTUR TEE T. ONES Tome XIX P1. 1. Bullet. de Ia Soc. Bot. de France. FÉCONDATION DES SPHAIGNES. Bull. de la Soc.Bot de France. Tome XIX. PL. 2 © © © CIE TTT- © De S. det. Pierre sc. PENICILLIUM VÉGETANT DANS L'EAU. Tome XIX Pl. 3. Bull. dela Soc.Bot. de France CA Een OC MODIFICATIONS DU MYCELIUM du Penicillium glaucum Ik. Bull. de la Socete’ bot. de France. Tome XIX PL. 4 Lith, par G Sovereyres, Bruxelles Anomalie de l'Agaricus (Collybia) maculatus Alb. & Schw. Juliet. (à la Soc fig ds France Tom.XIX pl. V. dao, = A | i M 11 MI UA] s \ | j i 1 ‘ a weed J Puvat-Jouve, det. ALTHENIA filiformis Petit et À.Barrandonii J. Duv-J. REVUE - BIBLIOGRAPHIQUE. (JANVIER-AVRIL 1872.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. F. Savy, libraire de la Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris. Einfluss fremden Pollens auf die Form der erzeug- ten Frucht (/nfluence d'un pollen étranger sur la forme du fruit obtenu par la fécondation); par M. C.-J. Maximowicz (Mélanges biolo- giques, tirés du Bulletin de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, t. VII, pp. 422-436, et Bulletin, t. XVII, pp. 275-285). Il s'agit dans ce mémoire d'un sujet récemment discuté à l’occasion d'un mémoire de M. Hildebrand (1), relatif à une action singuliére du pollen. Le fruit né d'un croisement hybride rappellerait les caractères de l'espéce qui a fourni le pollen. Plusieurs faits favorables à cette opinion sont rapportés par M. Maximowicz. Le plus récent est celui qu'a observé M. Meehan (Procee- dings of the Acad. of nat. sc. of Philadelphia, 1871). Ce dernier bota- niste a vu un raméau d'un Poirier stérile, entremélé aux rameaux d'un Pom- mier voisin, porter des fruits qui participaient de la pomme et de la poire. Quant à l'observation de M. Maximowicz, elle a été faite sur deux espèces du genre Lilium, qu'il cultivait pour s'éclairer sur leurs difiérences spécifiques. Ce sont les L. davuricum Gawler (L. spectabile Link) et L. bulbiferum L., espéces que plusieurs auteurs, notamment M. Asa Gray, M. Miquel et M. Baker, ont regardées comme identiques (2). Pour réfuter ces opinions, le botaniste russe figure les bulbes, réellement fort différents, de ces deux espéces, et donne des détails sur leurs caractéres différentiels, notamment sur ceux de leurs capsules respectives. Ensuite il décrit une expérience intéressante. Il a fécondé une fleur du L. bulbiferum par le pollen du Z. davuricum, et une fleur de ce dernier par le pollen du premier. Les deux ovaires se développèrent. Celui du £L. davu- ricum ne parvint pas à maturité complète; mais quand la capsule, longue de deux pouces, se dessécha, elle avait la forme caractéristique de celle du L. bulbiferum, V'espèce-père: Au contraire, celle du Z. bulbiferum parvint à (1) Voyez le Bulletin, t. Xv (Revue), p. 233. (2) Voyez Duchartre, Observations sur le genre Lis (Journal Soc. hort., mai 1870, p. 284, et tirage à part, p. 23). T. ME: (REVUE) 4 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, une maturité complète ; elle offrit de même les caractères propres au fruit du L. davuricum, l'espèce-père. Il est évidemment fâcheux, pour les conclusions à tirer de ce fait, que les deux espèces mises en contact soient aussi voisines l’une de l’autre. M. Maxi- mowicz s'efforce de combattre les diverses objections qu'on pourrait lui adres- ser, et notamment celle qui consisterait à regarder le Z. bulbiferum comme un hybride. Ueber die Braunkohlen-flora des Zsily-thales in Sie- benbürgen (Sur la flore des lignites de la vallée de Zsily en Transil- vanie); par M. O. Heer (Mittheilungen aus dem Jahrbuche der Kön. Ungar. geologischen Anstalt, t. 1L, 1** livraison). In-8° de 25 pages, avec 6 planches lithographiées. Pesth, 4872, impr. Thor et Wein. Un Chara, deux Fougères, une Conifère, deux Monocotylédones, vingt et une Dicotylédones, tel est le bilan de cette florule, dont trois espèces : Cinnamo- mum Hofmanni, Apocynophyllum levigatum et Rhamnus Warthe, sont spéciales à la vallée de Zsily, et dont dix-neuf ont déjà été signalées sur d'autres points, reconnus pour appartenir à l'étage miocene inférieur. Enumeratio Piperacearum in Brasilia à Dre Regnell detectarum, qua nunc in Museo botanico holmiensi asservantur, auctore Miquel (Ar- chives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, t. v, pp. 168-176). Ce travail est un appendice aux Pipéracées du Brésil publiées par M. Miquel dans le Flora brasiliensis. On y trouve quelques espèces nouvelles : Pepe- romia diaphana, P. augescens Mig., P. atropunctata Miq., P. Regnelliana Miq., Artanthe Caldasiana Miq. Animadversiones de plantis vivis nonnullis horti bo- tanici imperialis Petropolitani; auctore E. Regel (egyrait des Travaux du Jardin botanique impérial de Soint-Pétersbourg, '* année) ; tirage à part en brochure in-8*. Les plantes étudiées dans ce mémoire sont les suivantes : Begonia echino- sepala Rgl, n. sp., du Brésil; Colea undulata Rgl in Gartenfl. 1870, p. 322, tab. 669, de Madagascar ; Lepidium utaviense, de l'Utah, Am. sept. (Roezl) ; Lamprococcus carulescens Rgl in Gartenfl. 4861, tab. 694, Amér. tropicale ; Lepidozamia Peroffskyana Rgl, de la Nouvelle-Hollande ; Nidularium den- tieulatum Rgl (Bromelia C. Koch), de l'Amérique tropicale, JV. sarmentosum Rgl; aussi de l'Amérique tropicale. L'anteur donne ensuite une: revue monographique du genre Pharus, puis il décrit les espèces suivantes : Polycycnis muscifera Rchb. f., de la Nou- velle-Grenade ; Ræzlia granadensis, Mélastomacée nouvelle (4) ; Silene Ti- (4) D'après M, Triana, qui a communiqué sur ce sujet à là Société une note encore REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 3 lingi, de la Californie, et Stelis fasciculiflora, Orchidée dont la patrie est incertaine. Supplementum II ad 9tnumerationem plantarum in re- gionibus cis- et transiliensibus a cl. Semenovio aono 1857 collectarum, auctoribus E. Regel ei F. ab Herder (extrait du Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1870, pp. 237-283). Ce second supplément est borné à un fascicule qui comprend les Renoncu- lacées, les Berbéridées, les Nymphéacées, les Papavéracées, les Fumariacées et les Crucifères. Il est l’œuvre de M. Regel seul, les auteurs s'étant partagé le travail. Nous y trouvons quelques espèces nouvelles : Eranthis longisti- pitata Rgl, Ræmeria bicolor Rgl. Corydallis Sewerzowi Rgl, C. glau- cescens Rgl, Matthiola runcinata Rgl, Parrya flabellata Rgl et autres Parrya motivant un Synopsis des espèces russes de ce dernier genre, Mega- carpæa gigantea Rgl, Chorispora tenella Rgl (avec. un Synopsis des espèces russes de ce genre), Sisymbrium Sewerzowi Rgl (aff. S. toxophyllo), Crambe Sewerzowi Rgl. L'auteur décrit aussi des esp?ces déja connues, et un ceriain nombre de variétés nouvelles, - Sulle Endocarpee dell Europa centrale e di tutta l'Italia ; par MM. Santo Garovaglio et Gibelli (Reale Istituto Lombardo di scienze e lettere, Rendiconti, séance du 25 novembre 1869). Cette tribu ne se compose que de trois genres avec une douzaine d'espéces, espéces et genres trop multipliés, au dire des auteurs, par les lichénographes antérieurs. Les plantes y sont décrite#avec autant de précision qu'en comporte la variabilité de leurs caractères extérieurs, Sulla Placidiopsis Gruppæ, nuovo genere di Licheni fondato dal dott. Beltramini ; par M. Santo Garovaglio (ibid, , séance du 27 janvier 1870). Ce Lichen appartient précisément à la tribu des Endocarpés. L'auteur ne lui a point trouvé les spores bi- ou quadriloculaires; mais des spores elliptiques, uniloculaires, ressemblant à celles de VEndocarpon (Placidium) hepaticum. Il n'y à donc aucune raison de conserver le genre Placidiopsis, dont les échantillons ont été probablement confondus par M. Beltramini avec ceux du Psora decipiens, avec lequel il croit pêle-mêle. Del posto ehe le Pertusarie devono occupare in una disposizione metodica dei Licheni; par M. Santo Garovaglio (ibid. , séance du 6 avril 1871). La présence de plusieurs nucléus dans une méme excroissance du thalle, le inédite, le Ræzlia granadensis Rgl ne serait qu'un synonyme du Monochatum quadran. gulare Triana, mis h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. défaut d’un involucre ou périthécium spécial, le petit nombre des spores dans chaque thèque, et leur grandeur relative, que l'on peut qualifier de gigan- tesque, tels sont les caractères dont il faut principalement tenir compte dans la recherche des affinités des Pertusariées. L'auteur les rapproche des Ændo- carpon et des Verrucariées à cause de la constitution de leur nucléus. I combat les lichénographes qui en ont cherché l'affinité parmi les Lichens gymnocarpés ; il fait observer que les apothécies des Pertusariées ne présentent qu'une fausse gymnocarpie et offrent des formes anomales, accidentelles, tran- sitoires, et d'ailleurs fort variables. Sur la germination du Delphinium nudicaule; par M. Naudin (Journal de la Société centrale d'horticulture de France, 1872, p. 153). Les graines de ce Delphinium germent d'abord comme toutes les autres. Il en provient une plantule à tige grêle, haute au-dessus du sol de 2 à 3 cen- timètres, et que terminent deux cotylédons épanouis en feuilles séminales sessiles, ovales, aiguës au sommet. Les choses restent en cet état pendant plusieurs joure, aprés quoi l'on voit sortir de terre, vraisemblablement du collet de la plantule, une petite feuille trilobée, puis une seconde, puis une troi- sième, etc. C'est là le commencement de la tige qui est destinée à persister ; la première qui supportait les cotylédons n'est que transitoire, et elle est de plus en plus déjetée de cóté, comme si c'était une simple feuille. Dans le Gardeners Chronicle du 4° juillet 1871, p. 836, M. W. Mitten, au rapport de M. Duchartre, s'est occupé des bourgeons qui, lors de la germination, peuvent naître au-dessous des cotylédons. Il a distingué deux cas: 1° dans l'un, ce sont des bourgeons adventifs qui naissent sur la tige de la plantule accidentellement. Ainsi, dit-il, il se produit fréquemment de tels bourgeons adventifs chez l’ Anagallis arvensis, quand on supprime le sommet de sa jeune tige avec les cotylédons. On voit alors naître sur la portion restante de cette jeune tige de petites protubérances qui ne tardent pas à s'organiser en vrais bourgeons. Dans l'autre cas, les choses se passent comme le sigaale M. Naudin pour le Delphinium nudicaule. Dans les pieds de semis du Dodecatheon Meadia, les cotylédons restent longtemps tout à fait étalés, sans que le moindre indice d'un bourgeon se montre à leur aisselle ; mais, à la fin, un bourgeon se fait jour à travers une fente longitudinale de ce qui parait étre la tige, juste au-dessus du point oü la radicule entre dans la terre. Dans ce cas, la tige qui supporte les cotylédons ne peut être que l'union de leurs bases prolongées, dans laquelle la gemmule est immergée, de méme que chez quelques Com- posées américaines qui étalent à la surface de la terre leurs cotylédons sup- portés par une apparence de tige qui est en réalité tubulée, et chez lesquelles la gemmule se trouve à un niveau inférieur à la surface du sol, niveau d’où partent les feuilles et la vraie tige. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5 Histoire des plantes ; par M. H. Baillon. MONOGRAPHIE DES LÉGUMINEUSES-PAPILIONACÉES (t. II, pp. 197-384, avec 80 figures dans les textes). — Prix : 10 fr. M. Baillon a classé les Papilionacées selon les règles adoptées par M. Ben- tham dans le Genera plantarum. Elles se trouvent ainsi partagées en onze séries secondaires : Viciées, Phaséolées, Galégées, Lotées, Trifoliées, Hédy- sarées, Dalbergiées, Génistées, Podalyriées, Sophorées et ‘l'ounatéées. Il est à remarquer que dans l'ensemble de ce grand groupe des Papilionacées, il n'y a aucun caractère qui soit constant et qui le distingue d'une manière absolue des deux autres sous-familles de Légumineuses. M. Baillon y admet deux cent quatre-vingt-seize genres, indépendamment d'un petit nombre de types génériques douteux ou fort incomplétement connus. Certains de ces genres se distinguent d'une manière assez marquée dans la série où ils sont placés. Ainsi Abrus diffère des Viciées, où il est rangé, ainsi que des Phaséolées ; les caractères de sa fleur rappellent les Dalbergiées, dont il se sépare nettement par son fruit où sont des rudiments de cloisons dans l'inter- valle des graines. Dans les Galégées, les Brongniartia ont la radicule droite comme celle des Césalpiniées. Le genre Anthyllis et les voisins ont le fruit indéhiscent ou à peine déhiscent dans la tribu des Lotées, Les Ononis sont anomaux dans les Trifoliées, dont ils se rapprochent, dit l'auteur, par la forme de leurs filets staminaux, leurs feuilles et leurs inflorescences. Les Zornia du Mexique différent par quelques caractéres, et surtout par le port, de la plupart des genres des Hédysarées. Les genres qui fournissent les Baumes américains n'ont qu'un ou quelques ovules et un fruit samaroide dans la série des Sophorées. La série des Tounatea se rapproche des Césal- piniées, surtout par la profondeur qu'y prend le réceptacle et par l'insertion périgynique de quelques genres. Notons ce nom peu connu de Tounatea Aubl. (1775), substitué par l'auteur à celui de Swartzia Schreb., qui ne date que de 1789, suivant une règle inflexible de nomenclature. D'ailleurs, M. Baillon reconnaît lui-même que le mode de groupement que l'on est forcé pour la pratique d'admettre parmi les Papilionacées ne peut étre que pure- ment artificiel. Parmi les nouveautés qui dans les Papilionacées appartiennent en parti- culier à M. Baillon, il faut citer : le genre Asagræa, établi pour le Dalea spinosa Asa Gray (le genre Asagræa de Lindley n'étant plus qu'un synonyme de Schænocaulon) ; le Ctenodon Weddellianum, Hédysarée du Brésil (Wedd. n° 2771, Gaud. n° 215); le Xanthocercis, Dalbergiée de Madagascar (Ber- nier n° 256, Boivin n** 2465, 2756); le genre Poëssonia, dédié à notre confrère M. J. Poisson, extrêmement anomal parmi les Galégées et méme parmi les Papilionacées, car ses feuilles sont simples, alternes, entières et couvertes d'un duvet blanchátre, ses fleurs solitaires, axillaires, sans éclat (le P. sola- 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nacea est du Pérou, CI. Gay n» 180); et le genre Arthroclianthus, qui se rapproche beaucoup des Desmodium, Hédysarée à fleurs de Clianthus, de la Nouvelle-Calédonie. MONOGRAPHIE DES PROTÉACÉES (t. 11, pp. 385-498, avec 30 figures dans les textes). — Prix : 2 fr, 50 c. Dans l'état actuel de la science, M. Baiilon a dû, pour ceite monographie, trouver beaucoup moins de documents antérieurs, suriout récents, que pour les précédentes. Tl a adopié des opinions particuliéres sur les affinités et sur le classement de cette famille, Les Proiéacées avaient éié placées par M. Bron- gaiart enire les Rharanoidées et les Daphaoïdées ; par Lindley dans son alliance des Daphnales, où les Proiéacées sont associées aux Lauracées et aux Thyméléacées, M. Baillon reconnait qu'elles présenient aussi de nom- breuses analogies avec ún grand nombre de Sanialacées, Loranthacées, Eléa- gnacées, etc. Mais il peuse que c'est par leurs types les plus réduits, ceux que caractérisent la séparation des sexes, les ovaires uaiovulés, les fruits indéhis- cents ei monospermes, que les Protéacées se rapprochent sartout de ces diffé- rents groupes. Par leurs types les plus élevés, dans lesquels on irouve des ovaires multiovulés, des fruits polyspermes, déhiscents suivant leur longueur, des graines sans albumen, une périgynie bien prononcée, et quelquefois même un androcée irrégulier et des feuilles composées-pennées, il croit que les Proiéacées se relient surtout aux types arborescents, monopérianthés, parfois oligandres ou même diclines à fleurs légérement irrégulières de cer- taines des Légumineuses, principalement des Césalpiniées. M. Baillon divise la famille des Protéacées en six séries : Eibothriées, Banksiées, Persooniées, Franklandiées, Proiéées et Stirlingiées. Il insiste sur les caracteres tranchés de leur bois, savoir : la netteté, la rectitude et la dis- position réguliére des rayons médullaires ; la disposition alternante, dans les couches du bois, des fibres et des vaisseaux ponctués ; la segmentation en îlots des fibres libériennes; la présence de faisceaux fibreux en dedans méme des trachées de l'étui médullaire, l'existence de cellules scléreuses disséminées par masses dans l'intérieur de la moelle et jusque dans les rayons médullaires et le parenchyme cortical. Toutes ces particularités se trouvent réunies dans cer- taines espéces du genre Stenocarpus. M. Baillon a publié dans l'Adansonia, t. 1x, pp. 250-262, un mémoire sur les ovules des Protéacées. 11 ressort de cette étude que le nombre des ovules est un Caractère de trés-peu de valeur dans cette famille. L'orthotropie et Vanatropie en fournissent de meilleurs. Ce n'estcertes pas sans étonnement que l'on voit, dans une famille aussi naturelle, et dans des plantes d'ailleurs trés- voisines, des ovules ascendants et descendants, anatropes et orthotropes. Cela rappelle les exceptions étudiées par Payer dans l'embryogénie des Rosacées, chez lesquelles la direction du micropyle varie d'une facon étrange. M. Baillon REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 7 a constaté, en étudiant le développement des Geum, que le nucelle y prend une direction descendante pendant qu'il s'allonge et avant méme qu'il se recourbe ; qu'il devient anatrope, non par réflexion, mais par suite d'accroissement inégal. Dans les Euphorbes aussi l'anatropie del'ovule est due à un accroisse- ment extréme de sa portion extéro-inférieure, tandis que son bord supéro- interne s'arréte dans son développement. En suivant l'évolation de plusieurs Grevillea cultivés dans les serres, M. Baillon a constaté à des degrés divers un méme fait général chez les Protéacées, c'est que, quand l'ovule y est des- tiné à devenir plus ou moins complétement anatrope, il commence de s’ac- croître inégalement sans que son sommet nucellaire quitte sa situation. Phy- siologiquement, l'ovule des Protéacées est essentiellement descendant, et tel il paraît être constamment dés le premier âge. Si plus tard il parait souvent ascendant, c'est parce qu'il se déforme et se développe irrégulièrement. On pourrait comparer l'ovule ascendant des Protéacées à ces pétales qui ne peu- vent être qu'ascendants, mais dont lelimbe, peu considérable dans sa portion montante, se bosselle inférieurement, puis s'accroit en un énorme sac ou épe- ron descendant, sans que le sommet organique de l'organe ait jamais varié (Aquilegia, Epimedium, etc.). Depuis que cette monographie a paru, M. Baillon a fait connaître les carac- tères du Patagua chilensis Peepp. in sched. , qui constitue un nouveau genre de Protéacées (Adansonia, t. x, p. 49). MONOGRAPHIE DES LAURACÉES, ÉLÉAGNACÉES ET MYRISTICACÉES (t. II, pp. 429-512, avec 66 figures dans les textes). — Prix : A fr. Pour M. Baillon, le verticille interne de la fleur des Lauracées est une corolle, parce que ses trois divisions apparaissent simultanément. Le gynécóe est constitué par un seul carpelle, les résultats de l'observation organogénique étant contraires à la théorie de M. Meissner, qui admet trois feuilles carpel- laires. Dans le AHavensara de Sonnerat (A gathophyllum aromaticum Willd.), il semble qu'il y ait six loges sur la coupe du fruit, mais ceci tient à ce que, pendant le grossissement de ce fruit, six fausses-cloisons, nées de la paroi interne de la poche réceptaculaire, se dirigent vers le centre, où elles finissent par se rejoindre sur une partie de la hauteur. Le péricarpe, les téguments séminaux et l'embryon lui-méme, pénétrés de dehors en dedans et refoulés par ces cloisons, se déforment au point de se partager en six lobes dans presque toute leur hauteur. Prés de leur sommet seulement, les cloisons ne se rejoi- gnent pas et laissent entière la portion de la graine qui répond à la tigelle, à la radicule et au point d'attache des cotylédons. M. Baillon a rattaché aux Lauracées non-seulement les Gyrocarpus, mais aussi les /lligera et les Hernandia, qui représentent pour lui le type dicline des Zlligera. Pour lui, la famille des Lauracées comprend donc huit séries : Cinnamomées (auxquelles il a rattaché le Potameia de Dupetit-Thouars, au- 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. jourd'hui classé parmi les Protéacées), Cryptocaryées, Ocotées, Tétranthérées; Cassythées, Gyrocarpées, Illigérées et Hernandiées, Quant aux affinités de cette famille, les Lauracées, ayant un gynécée constamment réduit à un seul carpelle, sont aux Monimiacées ce que les Prunées et les Alchémilles sont aux autres Rosacées ; elles ont plus ou moins fréquemment les feuilles opposées, sans stipules, les organes aromatiques, le réceptacle floral concave et les anthères à panneaux des Monimiacées. Elles se rapprochent en même temps beaucoup des Protéacées et des Éléagnacées, entre lesquelles M. Baillon les place, comme l'ont fait la plupart des auteurs. L'organogénie florale des Cassytha a été de la part de l'auteur l'objet d'ob- servations particulières (Adansonia, t. 1x, pp. 307-311). La fleur du Cassytha se comporte tout à fait comme celle des Cryptocarya; de méme son récep- tacle, qui cependant devient bien plus épais, charnu et bacciforme. L'auteur n'a pu étudier tous les développements de la graine, mois le fait qui l'a le plus frappé, c'est que l'embryon, très-épais à sa maturité et remplissant alors toute la cavité séminale, est relativement beaucoup plus mince vers le milieu de la maturation, et qu alors il y a autour de lui un albumen charnu considérable qui, comme celui des Amandiers, est résorbé par la suite. L'étude organogénique du Cassytha, inséparable de celle des autres Lauracées, sert à démontrer la nature du placenta dans ces plantes, et à prouver, bien plus clairement que celle des Lauracées ordinaires, que le périanthe intérieur est une corolle, comme l'avait déjà indiqué Adanson, puisque les deux verticilles floraux des Cassytha n'ont pas des caractères extérieurs identiques. M. Baillon a admis le genre Ætoricon où Ægotoxicon dans les Éléagna- cées. Il pense que, de méme que les Lauracées représentent le type unicar- pellé des Monimiacées à ovules descendants, les Éléagnacées sont le Lype ana- logue des Monimiacées à ovules ascendants. Et comme, d'autre part, il y a des Monimiacées à étamines déhiscentes par des fentes, et d'autres dont les anthères s'ouvrent par des panneaux, les Éléagnacées sont en méme temps les analogues des premières, aussi bien que. les Lauracées représentent. les der- niéres parmi les types à gynécée unicarpellé. M. Baillon s'en est tenu à l'opinion de R. Brown, qui a établi une famille spéciale des Myristicacées. C groupe a des affinités nombreuses, d'abord avec les Protéacées et les Lauracées, puis avec les Monimiacées, les Anonacées, les Ménispermacées et les Lardizabalées. Il est possible qu'on découvre quelque type intermédiaire entre celui des Myristica et. celui de quelqu'une de ces familles, dont on s'expliquera mieux alors les affinités avec les Muscadiers. MONOGRAPHIE DES MÉNISPERMACÉES ET DES BERBÉRIDACÉES(t. III, pp.1-76 avet 73 figures dans les textes, 1871). — Prix : 4 fr. M. Baillon a fait rentrer dans les Ménispermacées, dès 1862, le genre Bura- saia Dup.-Th., et y ajoute encore (Adansonia, t. IX, p. 303) le curieux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 9 genre Rameya, dont le fruit contient jusqu’à trente ou quarante carpelles rap- , Prochés en tête sur un réceptacle commun (Mayotte, Boivin n° 3286, Nossi- bé, Boivin n°21195); et plus tard (Adans., t. x, pp. 153-156) il décrit le Gabira longifolia (Antitaxis Miers, Cocculus Decne). M. Miers avait proposé de diviser les Ménispermées en sept tribus, que M. Baillon réduit à quatre : Cocculées, Pachygonées, Chasmanthérées et Cis- sampélidées. Ces plantes présentent des affinités multiples : 4° avec les Lau- racées ; 2° avec les Magnoliacées, principalement par les Schizandrées ; 3° avec les Anonacées et les Myristacées ; 4° avec les Berbéridacées, par la série des Lardizabalées ; 5° avecles Euphorbiacées. La première de ces affinités s'explique sil'on réfléchit que les Lauracées nesont en réalité qu'une portion d'un groupe naturel plus vaste, dans lequel peuvent se rencontrer des anthères à déhis- cence valvicide, des gynécées polycarpellés et des réceptacles floraux à peine creusés en cupule. En somme, les Ménispermacées peuvent étre considérées comme à égale distance des Lauracées et des Magnoliacées. M. Baillon, aprés avoir décrit la structure des tiges des Ménispermacées, insiste sur trois de leurs caractéres histologiques jusqu'ici peu ou point con- nus : La zone qui enveloppe la moelle est, dans les Menispermum, formée d'éléments allongés, résistants, intermédiaires pour les caractéres extérieurs aux cellules et aux fibres. Dans les Anamirta, les faisceaux fibro-vasculaires, trés-développés, forment dans les tiges de longues trainées verticales et rem- plies d'un suc abondant, blanc jaunâtre. Entin dans la moelle de ces végétaux, on trouve, à cóté de cellules pleines de gaz dans leur vieillesse, des cellules scléreuses réfractant énergiquement la lumière et pourvues de canaux rami- fiés, qui sont sans doute les organes d'une élaboration particulière. Les Berbéridacées admettent dans la monographie de M. Baillon les Lardiza- balées comme simple tribu, puis une tribu nouvelle, formée du genre Ery- throzylum, souvent rapporté aux Bixacées, et du nouveau genre chilien Berberidopsis Wook. f., qui relie le précédent aux Berbéridacées (Adansonia, t. IX, p. 311) ; enfin les Podophyllées et les genres voisius du Berberis. Dans une note spéciale (Adansonia, t. 1x, p. 320), l'auteur s'est occupé de la struc- ture anatomique de quelques-unes de ces plantes. Il étudie la hampe. des Podophillum et des Leontice à la suite de celle de l'Asperge, à cause de sa ressemblance avec celle des Monocotylédones. La structure des Zerberis et des Mahonia est complétement. différente de. celles des Podophyllées. Il y a de nombreuses fibres ligieuses en dedans de leur étui médullaire, de même que chez les Lauracées. C'est dans l'intérieur des fibres courtes et inégales qui constituent les faisceaux libériens que se trouve surtout la substance jaune, amère, dont la présence caractérise tous les Berberis. Les Lardizabalées se font remarquer par la forme et l'indépendance de leurs faisceaux libériens, et par la multiplication tardive de leurs faisceaux fibro-vasculaires, ce qui rap- pelle les faits décrits dans les Ménispermacées. 40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MONOGRAPHIE DES NYMPHÉACÉES (t. rr, pp. 77-104, avec 34 figures). — Prix : 2 fr. | M. Baillon constitue les Nymphéacées avec les Cabombées, les Nélumbées (1), les Nymphéées et les Sarracéniées. Les premières se rapprochent des Alis- macées, les secondes des Renonculacées, les troisièmes des Podophyllées, les dernières des Papavéracées. MONOGRAPHIE DES PAPAVÉRACÉES ET DES CAPPARIDACÉES (t. 11, pp. 105- 180, avec 84 figures). — Prix : 4 fr. On s'accorde aujourd'hui, dit M. Baillon, à partager les Papavéracées en quatre tribus ou séries, les Platystémonées, les Papavérées, les Eschscholtziées et les Fumariées. Aprés avoir rappelé ce qu'on sait sur les affinités des Papa- véracées, il ajoute que parmi les familles à ovaire uniloculaire et à placentas pariétaux, il y a des genres qui, par leurs organes sexuels, rappellent beaucoup ce qui s'observe dans les Papavéracées : par exemple les Parnassia, certaines Cistacées, Bixacées et Capparidées. Les Capparidacées comprennent, outre les Cléomées, réduites au seul genre Cleome, et les Capparidées, une série distincte pour le genre Mærua, à inser- tion périgynique, et les séries à position quelque peu douteuse (l'auteur l'avoue lui-méme) que représente chacun des genres Ropalocarpus et Mo- ringa. M. Baillon reconnaît que ce dernier genre est trés-analogue aux Légu- mineuses, dont il ne diffère essentiellement que par le nombre de ses placentas pariétaux ; il ajoute que le Cordyla, qui est une Tounatéée (Swartziée), a été rangé, dans le Tentamen Flore Senegambiæ, parmi les Capparidées, dont il ne se distingue réellement que par son étamine unique. M. Baillon a étudié dans l'Adansonia l'organogénie des fleurs du Moringa, dont les verticilles sont d'abord hypogynes. MONOGRAPHIE DES CRUCIFÈRES (t. III, pp. 181-292, avec 120 figures). — Prix : 8 fr. M. Baillon a principalement basé cette étude sur les résultats des recherches de M. J. Hooker, les plus satisfaisantes, dit-il, bien qu'elles aient été criti- quées (2), qui aient été jusqu'ici produites sur ce groupe difficile. Convaincu qu'il n'y a guère, dans une famille aussi naturelle, de caractéres absolus, mais qu'il importe, pour la classer (artificiellement, quoi qu'on fasse), de faire passer en première ligne les caractères les moins inconstants et ceux qu'il est le plus facile de constater dans la pratique, il revient en principe à la méthode d'A- danson, tout en la modifiant par l'adjonction des tribus nouvelles établies par ses successeurs. Il établit ainsi sept séries ainsi caractérisées : (4) M. Baillon a publié une étude organogénique spéciale des Nelumbo, dans l'Adan- sonia, t. X, p. 1. Un réceptacle analogue à celui des Nelumbo, qui s'éléve autour des pistils pour les enceindre dans son épaisseur, a été observé dans les Eupomatia (Ano- nacées) et les Tambourissa (Monimiacées). (2) Voyez le Bulletin, t. X, p. 449. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 11 A. Crucifères hypogynes : 1° CHEIRANTHÉES, — Silique déhisceate : Arabidinées, Sisymbrinécs (1) et Brassicinées. 2° RAPHANÉES. — Fruit allongé, ordinairement indéhiscent. 3° CAKILÉES. — Fruit allongé, rarement court, lomeniacé. 4° ISATIDÉES. — Silique inarticulée, iadéhiscen:e. 5° LUNARIÉES. — Silicale déhiscezte, comprimée parallèlement à la cloi- son : Alyssinées, Camélinées et Succovinées. 6° THLASPIDÉES. — Silicule déhiscente, comprimée perpendiculairement à la cloison (Ibéridinées, Lépidinées). B. Crucifères pé; igynes : 7* SUBULARIÉES (2). M. Baillon admet cent soixante-trois genres de Crucifères. Il en a peu sup- primé dans cetie famille, eu égard à la méihode de rédaction qu'ila suivie pour d'autres. Faisons cependau: remarquer qu'il a fondu le genre Ricotia dans le Farsetia (3), ei réuni au genre Brassica, à l'exemple de plusieurs auteurs, les Sinopis et les Diplotaxis. M. Baillon n'a pas discuté les questions controversées qu'ont soulevées la consiilution de l'androcée et celle du gynécée des Crucifères. MONOGRAPHIE DES RÉSÉDACÉES, CRASSULACÉES ET SAXIFRAGACÉES (t. mt, pp. 293-464, avec 144 figures). — Prix : 10 fr. Nous avons peu de chose à dire de la monographie des Résédacées, — M. Baillon trouve aux Crassulacées d'étroites affinités avec les Astrocarpus, qui ont des organes de végétation comparables à ceux des Penthorum, genre allié à la fois aux Saxifragacées et aux Crassulacées, puis un gynécée à carpelles indépendants comme celui des Joubarbes ; comme en outre, dans les Résédées, les carpelles deviennent pluriovulés, on ne trouve de diffé- rences entre les deux groupes que l'irrégularité du disque, de la corolle et de l'androcée dans les Résédacées. Le Penthorum, qui n’a pas les feuilles charnues des Crassulacées, est placé par M. Baillon dans les Saxifragées. Celles-ci représentent une famille par enchainement, composée de vingt séries : Saxifragées, Penthorées, Cépha- lotées, Parnassiées, Francoées, Hydrangées, Philadelphées, Escalloniées (aug- mentées du Séichoneuron, jusqu'ici rapporté aux Santalacées), Brexiées, (1) M. Baillon a observé des variations dans la situation de la radicule sur différente individus d'une méme espéce, le Cardamine pratensis. (2) M. Baillon a publié une note spéciale sur la périgynie des Subulariées dans l’ Adan- sonia, t. X, p. 45. (3) La monographie du genre Farsetia, publiée dans ce Bulletin (t. xt, p. 54), ainsi que celle du genre Hesperis (t. xim, p. 326), ont été omises dans les citations placées en bas de page dans le Genera qui termine la monographie des Cruciféres de M, Baillon. 42 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pittosporées, Ribésiées, Banérées, Cunoniées, Codiées, Bruniées, Hamamé- lidées (1), Liquidambarées, Platanées, Myosurandrées, et enfin Datiscées, terme ultime de cette série d'éléments disparates, qui la rattache aux Sauru- rées, de la famille des Pipéracées, et en méme temps aux Urticacées, Quelque opinion que l'on concoive sur ces réunions, on reconnaitra que cette agglomé- ration constitue, à proprement parler, une classe (formée surtout des Saxifragi- nées et des Hamamélinées de M. Brongniart) plutót qu'une famille, ou groupe comparable à celui que forment les Résédacées ou les Crucifères. Les Myosurandrées, mentionnées ici, sont formées du genre Myrothamnus Oliv., que M. Hooker considère actuellement comme intermédiaire aux Ha- mamélinées et aux Saxifragées, et du Myosurandra B. Bn (in Adansonia, t. IX, p. 325), plante rapportée de Madagascar par Commerson et restée dans les incerta du Muséum. Une famille aussi vaste et constituée comme celle des Saxifragacées doit présenter, dit M. Baillon, de trés-nombreuses affinités. Quelques-unes sont tellement étroites, qu'il est extrémement difficile de distinguer les Saxifragacées par des caractéres absolus des Rosacées et des Crassulacées. Par les PAila- delphus, Cassipourea, Crossostylis, etc., les Saxifragacées sont reliées aux Myrtacées, Rhizophorées, Mélastomacées ; parles Thamnea, aux Mémécylées; par les Fendlera, etc. , aux Lythrariées ; par les Parnassia, aux Droséracées ; par les Groseilliers, aux Cactacées et aux Ficoides ; par les Donatia, aux Styli- diées ; par un grand nombre de Saxifragacées superovariées, aux Hypéricacées, et méme aux Gentianacées, qui, dans certains cas, n'ont de caractere distinctif que leur monopétalie ; par les Hamamélidées et les Platanées, à la plupart des groupes des Amentacées, aux Cornées, Helwingiées, Alangiées, Haloragées et Onagrariées ; par les Phyllonema, Choristylis, aux Célastracées et Rhamna- cées, etc., etc. Les familles groupées par la généralité des auteurs autour des Pittosporées se relient indirectement. aux Saxifragées. Les Brexiées, qui relient le plus étroitement les Escalloniées et plusieurs autres séries de la famille des Saxifragacées au petit groupe des Pittosporées, ont été rappro- chées par M. Ad. Brongniart des Éricacées, par M. Agardh des Berbéridées, etc. De ces affinités multiples, il résulte qu'il n'y a pas un seul caraciére de ceux qui servent à différencier entre elles les familles dicotylédones qui soit con- stant dans celle-ci (p. 420). Cela tient évidemment à ce que les rapprochements (1) On trouvera dans l'Adansonia, t. X, pp. 120-137, des notes sur les Hamamé- lidées, où M. Baillon s'efforce de justifier l'introduction de cette famille et des suivantes dans le groupe des Saxifragacées, Il va méme jusqu'à citer les Corylus, dans le groupe confus des Amentacées, comme ayant des relations intimes avec les Hamamélidées. Les Corylées ne sont certainement autre chose, dit-il, que des Hamamelis aussi réduits que possible, à sexes séparés, à fleurs nues, à inflorescences amentacées. Les Corylées ont deux carpelles insérés dans la concavité d’un réceptacle sacciforme. M. Baillon cite sous le nom nouveau d'Ostrearia australiana une Hamamélidée de la Nouvelle-Hollande, oà l'on n'avait pas encore observé cette famille, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 13 qui l'ont constituée sont concus d'apres la méthode de comparaison générale, et non d’après celle de la subordination des caractères, contre laquelle s'élève l'auteur. La subordination quand méme, dit-il (Adansonia, t. 1X, p. 281), est en opposition directe avec l'esprit des méthodes naturelles. Observationes botanieæ et descriptiones plantarum novarum her- barii Van Heurckiani. Fasc. 11, auctoribus H. Van Heurck et J. Müller Arg. In-8° de 249 pages. — Anvers, chez F. Baggerman; Berlin, chez R. Friedlander et fils. | PIPERACEÆ. — Piper accrescens (Griffith n° 1203), P. pallidum (Grif- fith n° 1208), P. subpedicellatum (Griffith n° 1209). OLEINEÆ. — Linociera Mülleri (Griffith). SOLANEÆ. — Nicotiana megalosiphon (Nouv.-Holl.); Solanum pana- mense (Chagres, Fendler n° 251), S. Fendleri (Fendler n° 254); Jochroma Benthamianum (Spruce n° 5397). CALLITRICHEÆ. — Callitriche Mandonis (Mandon n° 1456). APOCYNEÆ. — Zeurckia (1) semperflorens (Nouv.-Caléd., Vieill. n° 915, 917, Depl. n° 63); Springia (nov. gen.) indica (Griffith n° 973) ; Le- gouixia (nov. gen., dédié à M^"* René Lenormand, née Legouix) amabilis (Griffith n» 227) ; Zschokkia peruviana (Spruce n° 4935) ; Rauwolfia odonto- phora (Spruce n° 6302) ; Alyxia disphærocarpa (Vieill. n° 951), A. leu- cogyne (Deplanche n° 944), A. glaucophylla(Vieill. n°947); Dipladenia ste- noloba (Spruce n» 5390); Anisolobus anomalus (Spruce n° 4900) ; Hetero- thriz Vanheurckii (Spruce n° 4303); Tabernæmontana intercedens (Inde orientale, Hohen. n° 529, 2181), T. Vanheurckii (Spruce n° 4209), T. Colli- gnonc (Inde orientale), dédié à M"* Henri Van Heurck, née Collignon, T. lurida; Alstonia quaternata (Deplanche n° 456), A. Legouixic (Vieill. n° 920), A. Vieillardi (Vieill. n° 924), A. Deplanchei ( Deplanche n° 462, h62 bis), A. Lenormandi (Vieill. n° 919); Malouetia panamensis (Fendl. n? 184); Blaberocarpus Sebusi (Griffith n° 2343); Z'edydanthera Schrieckii (Cum. n° 910) ; Alyxia affinis (Vieill. n° 958), A. breviflora (Vieill.n° 952), A. podocarpa (Vieill. n° 2959) ; Alstonia lanceolata (Vieill. n° 921), A. Ræ- peri (Vieill. n° 922); Cerbera obtusifolia (Vieill. n° 2979); Heurckia viri- dis (Vieill. n° 2971). UMBELLIFERÆ, — Bupleurum Vanheurckii (Chine). COMBRETACEÆ. — Anogeissus phillyreæfolia (Wallich n° 8557); Buche- navia megalophylla (Guyane); Terminalia tarapotensis (Spruce n° 4507, sub titulo Crotonis distributa) ; 7. myriocarpa (Griffith n% 2013 et 2014), T. odontoptera (Cayenne), T. zeylanica (Thw. n° 618, 646) ; Combretum Penthamianum (golfe de Fonseca), C. Geheebii (Gardn. n° 1593), C. steno- ~ (4) Ce genre et plusieurs des plantes suivantes ont été décrits en 1870 dans le Flora, pp- 168 et suiv. , par M. J. Müller. 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. petalum (Griffiib), C. Vanheuez:; (Giiffiih n° 725), C. Griffithii (Griffith n* 726), C. Thwaiiesionum (hw. n° 1601), C. leucarihum (Thw. no 1601), C. platyphyllum (Vade), C. seiednetum | (Vade), C. insigne (Griffith n? 1019), Remarques sur l'orizine des leutieelles; p;: M, A. Trécul (Compies rendus, t. LXX, 3 ju:liet 1871, pp. 15-23). M. Trécul examiae d’abord l'historique de la question. La plupart des auteurs, dit-il, se rangent à l'avis de M. de Mohl, d'après leqvel fes lenticelles sont une formation partielle de liége, qui ne sori pas comme le vrai liége de la suriace du pareachyme cortical externe, mais qui doii son exi-tence à une excroissance du parenchyme corical interne. M. Trécul éiablit qu’il faut revenir à la première observation de M. Unger, qui assure que les lenticelles naisseut dans les places d'abord occupées par des siomaies peu nombreux; d’ailleurs jl n'est pas vigoureusement exaci de dire que les lenticelles soient une excroissance du pareachyme cortical intere, Dans tous les végéiaux l'saeux que M. Tvécul a pa examiner à un âge fa- vorable, ila vu que les peiites taches ordinairement pâles ou blanches, signa- lées par M. Unger, conteanent le plus souvent un siomate au milieu. Ces taches, le plus souveat blanchátres, quelquefois rouges ou roses avec un point blanc au milieu, s'élèvent plus ou moins au-dessus de la surface da rameau, en petites émiaences circola: res, ellipiiques ou oblongues. Elles doivent leur aspect blaachátre au gaz qui ^npiegae le tissu sous-jacent, Quand les proëmi:ences que Surmontent les siomaies sont arrivées, avec le rameau, à un ceriain développement, les cellules exterües brunissent, Ozdiaaive- ment, au momevi où ces dernières ConMmenceat à se colorer en brun, les cellules sous-jacenies se muliipleoi par division, ei elles donnent assez fréquemment lieu à ua’issu lâche, formé de vésicules souvent plates au début ei disposées en séries radiales, «oi devienaent ensuie seulement slobaloide:, ou bien conservent l'aspeci sobé-eux, Taniôt cette multiplication cellalaire s'effectae au-dessous des stomaies avant que le suber oa P5" deviie commence à se développe. sous les autres paries de l'épiderme. Tantôt ces deux développeinen:s sont à peu près simultanés. La constitution des lenticelles, d'un tissn peu dense à l'extérieur et ea relation avec le parenchyme ve: i aux dépens duquel elles multiplient leurs cellules, semble auioriser à considé er celles-ci comme servant à la respiration, surtout si l’on considère en outre l'ob:curcis: event v0iable du tissu de; leaiicelles par linterposition des gaz. Pouriaot M. Trécu! ne croit pas que ces organes aient pour fonciion spéciale des phénomènes ge taliachant à la respiration ; les l'élenticelles Jui paraissent avcir surtout. Pour: objet de Protéger les tissus de l'écorce mis à nu par la iuptu.e de l'épiderme, En conséquence de ses obser- vations, il adopte l'exposé suivant : | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 45 Les lenticelles qui naissent sur les rameaux résultent d'une formation par- tielle de liége au-dessous des tissus détruits, ou en voie de mourir, qui envi- ronnent la cavité dite respiratoire, placée sous les stomates, laquelle formation subéreusea pour but de protéger les tissus internes contre l'action nuisible des agents atmosphériques ; mais il. y a d'autres protubérances subéreuses, assez semblables aux précédentes par la forme extérieure, qui sont produites à la suite de simples crevasses de l'épiderme avant la naissance du liége ou du périderme, tandis que d'autres sont nées à la surface d'une couche péri- dermique préexistante. Remarques sur la strueture des Cyathéacées ; par M. A. Trécul (Comptes rendus, t. LXXII, 6 février 1871, pp. 142-157 ; 27 février 1874, pp. 203-211 ; et Ann. sc. nat., 5° série, t. XII, pp. 270-301). Ce mémoire fait suite aux communications précédentes faites à notre Aca- démie des sciences par M. Trécul sur la structure des Fougères (voy. le Bul- letin, t. XVIII, Revue, p. 3). Le corps cellulo-vasculaire principal des Cyathéacées figure un étui plus ou moins ondulé, traversé çà et là par des fentes à bords saillants en dehors, au bord desquelles aboutissent des faisceaux radiculaires, des faisceaux pétiolaires, quelquefois un bourgeon adventif au-dessous de l'ouverture foliaire, des fais- ceaux intramédullaires et des faisceaux intracorticaux dans certaines espèces. M. Trécul s'occupe successivement de chacun de ces divers ordres de fais- ceaux, critique ou compléte les descriptions qui en ont été données par MM. de Mohl, Mettenius, Karsten et Lestiboudois. Aprés étre entré dans de nombreux détails sur la distribution des faisceaux vasculaires dans la tige des Cyathéacées, M. Trécul examine la constitution de ces faisceaux. La ramification du pétiole des Cyathéacées est effectuée par le concours des faisceaux antérieurs et des faisceaux postérieurs d'un méme côté. Ce con- cours est exercé par le crochet qui existe à chaque extrémité des deux arcs vasculaires. Des coupes transversales prises de bas en haut montrent qu'à l'approche d'une ramification, chacun des deux crochets devient plus profond. Un peu plus haut, une cloison vasculaire transversale est formée dans ce crochet ; puis cette cloison, aprés s'étre épaissie, se dédouble, et l'anneau ou tube vasculaire se sépare de l'extrémité de chaque crochet. Les deux anneaux ainsi produits se rapprochent graduellement en montant, et vers leur entrée dans le tissu du pétiole secondaire ils se joignent et s'unissent de manière à figurer d'abord un 8 sur la coupe transversale. Vers son entrée dans le pétiole secondaire, ce système vasculaire se partage en quatre faisceaux distincts. Les quatre faisceaux des pétioles secondaires, aprés s'étre disposés deux à deux, s'unissent en montant à la facon de ceux du pétiole primaire, et, s’affaiblissant de bas en haut, ils reproduisent les formes PE par l’auteur pour la ter- minaison des rachis primaires. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ramification du rhizome de lAspidium quinquan- gulare ; par M. A. Trécul (Comptes rendus, t. LXXII, 17 avril 1874, pp. 472-479; et Ann. sc. nat., 5° série, t. XII, pp. 365-372). M. Trécul avait décrit antérieurement le mode de ramification des pétioles de cette Fougère dans les Comptes rendus, t. LXX, p. 669. Dans l'Aspidium quinquangulare, le faisceau qui engendre le bourgeon ne donne ordinairement qu'une seule racine ; ce bourgeon d'ailleurs peut occuper des positions diverses, comme les racines elles-mémes. Le rhizome de celte Fougere peut se ramifier par la modification de ses faisceaux radiculaires, et il semble que cette ramification puisse être opérée par l’un quelconque des faisceaux. Le faisceau radiculaire ne diffère du faisceau destiné au bourgeon qu'en un point : c'est que le premier s'atténue notablement à partir de sa base, tandis que le second, après s'étre atténué de méme, s'épaissit graduellement un peu plus haut. Tous les deux sont formés, un peu au-dessus du point d'in- sertion, d'un cordon de vaisseaux à section transversale elliptique, composé des vaisseaux les plus gros dans la partie moyenne, qui est la plus considé- rable, et des vaisseaux gréles aux deux extrémités latérales. Ce cordon vascu- laire est entouré, comme toujours dans les Fougéres, par une zone de cellules appartenant au système de tissu dit cribreux ou grillagé. L'auteur décrit avec beaucoup de soin les modifications qui s'observent dans le faisceau destiné au bourgeon quand il commence à grossir. Mais il reste certain que ce faisceau était primitivement de nature radiculaire par sa structure et par son insertion. Le bourgeon donne naissance à un nouveau rhizome. Son systéme vasculaire reste tubuleux jusqu'à la première ouverture foliaire. Chaque ouverture fo- liaire porte trois faisceaux pétiolaires, pourvus chacun d’un groupe de trachées, et se réunissant pour pénétrer dans la fronde, Les faisceaux foliaires sont accompagnés sur leur face interne d'un cordon de cellules noires, composé de cellules parenchymateuses à parois épaisses, rappelant les cellules scléreuses de certaines Phanérogames, et pouvant étre pleines, méme à une période avancée de leur développement, de grains amylacés, ovoides ou elliptiques, comme les cellules du parenchyme voisin. La coloration noire du cordon envahit souvent la paroi interne des utricules voisins restés d'abord incolores. Outre ces cellules noires, la tige de l'Aspidium quinquangulare contient d'autres cellules fibreuses qui forment une colonne assez considérable dans le centre de la moelle, et qui occupent aussi la périphérie de l'écorce. Appendix plantarum novarum vel minus cognitarum que in horto regio botanico berolinensi coluntur. 1874. Ce nouvel A ppendice, signé de MM. A. Braun, C. Koch, Ascherson et Bouché, traite des plantes suivantes : Med icago turbinata: Moris, espèce que M. Ascherson concoit dans un sens très-large ; Heuchera erubescens: Al;. Br, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 17 et Bouché, de Costa Rica; Zupatorium vernale Vatke et Kurtz, Mexique? ; Gerbera Kunzeana Al. Br. et Bouché (Cleistanthium nepalense Kze) ; Loni- cera caprifolioides C. Koch msc.; Salvia cleistogama De Bary et Paul, S. clandestina y. angustifolia Benth., du Cap; Hordeum murinum var. chilense Br.; Danthonia semiannularis R. Br.; Eleusine tristachya Kunth non Schrank ; Panicum (Setaria) adhærens Al. Br. et Bouché, comprenant un très-grand nombre de formes différentes ; Pinus silvestris L., var. ery- thranthera Sanio; Selaginella Kraussiana Kunze, var. Poulterii Al. Br., S. Mettenii Al. Br., S. molliceps Spring (S. rubriceps Al. Br., S. suberosa Baker) ; Marsilia Ernesti Al. Br., M. hirsuta R. Br. Sur trois végétations d'un méme oignon de Jacinthe rose; par M. Chevreul (Comptes rendus, t. txxit, 10 avril 1871, pp. 431-439). Le méme oignon a été suivi dans trois végétations ou trois années consécu- tives par M. Chevreul. La couleur des fleurs a varié. Le fait le plus singulier, c'est que dans la deuxiéme année la végétation a été normale, tandis que das la première et dans la troisième il ne s'est pas développé de racines à la surfce inférieure du plateau. M. Chevreul pense que l'eau a été absorbée par simple imbibition. Il ne parle pas de caieux produits par cet oignon. Structure du pistil des Primulacées et des Théophras- tées ; par M. Ph. Van Tieghem (Ann. sc. nat., 5* série, t. XII, pp. 329-339). M. Van Tieghem rectifie dans cette note une erreur qu'il avait commise antérieurement (Ann. sc, nat., 5° série, 1868, t. Ix, p. 211), en considé- rant le placenta central des Primulacées comme le prolongement de l'axe. Il est certain aujourd'hui que les faisceaux vasculaires de ce placenta ont les trachées en dehors, et par conséquent appartiennent à un système appendicu- laire. Dans les cas de virescence où la colonne centrale se prolonge et porte une fleur, elle recèle un système axile anomal qui prolonge le pédicelle et dont la fleur secondaire est la terminaison ; ce second système a les trachées inté- rieures. Des faits anomaux analogues se rencontrent chez les Rhododendron et chez les OEillets cultivés. Cette maniére de considérer le pistil des Primulacées est confirmée par l'examen anatomique des fleurs de plusieurs genres de cette famille et des fleurs des T'heophrasta. Les faisceaux de la colonne placentaire, au lieu de former un tout indépendant du pistil, se rattachent individuellement aux faig- ceaux externes des carpelles sur lesquels leur base vient s'insérer et vers lesquels ils tournent leurs trachées. De méme que l'étamine des Primulacées n'est pas une feuille autonome, mais seulement un lobe du pétale ; de méme l'ovule de ces plantes correspond T. ZH. : (REVUE). 2 18 SOCIÉTE BOTANIQUE DE FRANCE. seulement au lobe d'une feuille, ainsi que le démontre la division du systéme vasculaire dont une digitation parvient à chaque ovule. M. Van Tieghem apprécie dans ce travail la théorie de M. Cave (1), qui s'est occupé du placenta des Primulacées, et il n'a pas de peine à prouver que les faits concluent directement contre les observations de ce botaniste. Anatomie de la fleur des Santalacées ; par M. Ph. Van Tie- ghem (Ann. sc. nat., ibid., pp. 340-346). Un double intérét, dit l'auteur, s'attache à l'étude anatomique de la fleur des Santalacées, par la comparaison que l'on est amené à faire de son mode de placentation avec celui des Primulacées et avec celui du Gui. Les caractères de cette fleur, en tant du moins qu'ils se peuvent déduire de l'étude anatomique du Thesium et de l'Osyris, sont les suivants : L'étamine y est une dépendance vasculaire de la face interne du sépale. Les trois carpelles sont vasculairement indépendants des sépales, quoique unis à eux par le parenchyme dans la majeure partie de leur étendue. L'axe floral ne se prolonge pas au-dessus de l'insertion des carpelles; mais chaque feuille carpellaire porte à sa base et en superposition avec elle un talon vasculaire; ce talon est, comme le carpelle lui-même, uni avec ses congénères dans la majeure partie de leur longueur, et il forme ainsi une colonne qui se dégage plus ou moins tôt du tissu de l'ovaire; mais il redevient libre à son sommet, et c'est dans ce sommet que se développe le sac embryonnaire. A chaque carpelle correspond donc un ovule, et cet ovule n'est autre chose qu'un lobe pédicellé du carpelle. L'analogie avec les Primulacées, et notamment avec les plantes de cette famille oà le nombre des ovules égale le nombre des carpelles du pistil, est aussi complete que possible tant pour l'étamine que pour l'ovule. Par rapport au Gui, la différence réside dans une séparation plus grande de l'élément mâle vis-à-vis du sépale, et de l'élément femelle vis-à-vis du carpelle. Voilà donc, dit en terminant M. Van Tieghem, un nouvel exemple de pla- centation dite axile qui disparaît comme les autres, et qui vient se ranger sous la loi générale qui peut s'exprimer ainsi : Le sac embryonnaire est toujours une cellule du parenchyme de la feuille carpellaire, et par conséquent l'ovule qui entoure ce sacest toujours une partie du tissu de cette feuille, Cette partie est plus ou moins transformée, plus ou moins séparée du reste de la feuille. En d'autres termes, la portion ovulaire et la portion carpellaire de la feuille femelle sont plus ou moins distinctes l'une de l'autre, plus ou moins dévelop- pées l’une par rapport à l'autre : voilà toute la différence. (4) Voyez le Bulletin, t, xvit, Revue, p. 110, — Sur la nature de l'ovule des Pri- mulacées, voir aussi une brochure de M. Faivre qui regarde chaque ovule du Primula sinensis comme une feuille modifiée (t, xvu, Revue; p. 90). LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 Recherches sur la structure du pistil et sur Yanato- mie comparée de la fleur; par M. Ph. Van Tieghem. Mé- moire couronné par l'Académie des sciences (Prix Bordin, 1868). In-4? de 261 pages, avec 16 planches gravées. — Paris, Imprimerie nationale, 1871. Nos confrères ont trouvé dans le Bulletin, il y a plusieurs années (t. xv, Revue, p. ^3), des extraits du rapport de M. Decaisne sur lequel l'Académie des sciences a couronné ce mémoire de M. Yan Tieghem, Un temps assez long s'est écoulé, comme d'ordinaire, avant la publication du mémoire auquel pour cette raison, l'auteur a ajouté des notes qui ne sont pas sans importance. Le mémoire de M. Van Tieghem est divisé en deux parties. Dans la pre- miére il passe en revue les différents types d'organisation du pistil, et dans la seconde les divers types offerts dans leur gynécée par les principales familles végétales, suivies dans l'ordre adopté par M. Brongniart. En commençant son travail, l'auteur fait remarquer qu'un placenta n'est pas toujours de nature axile, c’est-à-dire appartenant à l'axe du végétal, parce qu'il est situé suivant l'axe de la fleur, et que Payer a commis à cet égard une confusion étrange. Il cherche ensuite à définir la vraie nature de l'axe et de l'appendice ; l'axe a son système vasculaire symétrique par rapport à un plan ; celui de l’appendice est symétrique par rapport à une droite. Tel est le fonde- ment de la doctrine de l'auteur sur la symétrie de structure des végétax (Voyez t. XVI, Revue, p. 14). Ces définitions ont été appliquées par lui avec une rigueur mathématique à l'analyse de la fleur. Elles l'ont conduit à recon- naitre que l'axe cesse toujours avant de produire le placenta, et qu'il n'y a point de placentas ayant une valeur morphologique axile. Nous avons déjà rendu compte dans la Revue (t. XVI, p. 50) des idées de M. Van Tieghem à ce sujet, à l'occasion de la publication d'un extrait de son mémoire dans les Annales des sciences naturelles, et résumé ainsi la premiére partie de son travail. La seconde partie est une énumération méthodique des familles examinées Par lui, auxquelles se sont ajoutés les Conifères depuis qu'il a déposé son mémoire à l'Académie. La dernière des familles étudiées par lui est celle des Campanulacées, au sujet de laquelle il diffère complétement d'opinion avec M. Trécul. De l’ensemble de ses études, l’auteur conclut dans les termes suivants : La fleur est une somme d'appendices, et ce sont les plus internes de ces appendices qui consacrent une partie de leur propre substance à la formation des corps reproducteurs. L'ovule est toujours inséré sur une feuille, et il représente un lobe plus ou moins grand de cette feuille (1). Chacun des appen- (4) Depuis, M. Van Tieghem s'est appliqué à suivre le mode de distribution des fais- ceaux libéro-vasculaires dans l'ovule et dans la graine, et il y a reconnu (sous ce carac- tère général de n'avoir jamais qu'un plan de symétrie), des différences nombreuses et ca- ractéristiques qu'il a indiquées, en les £roupant autour de quelques types principaux, 20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dices floraux possède un système vasculaire, et une gaîne de parenchyme qui enveloppe ce système vasculaire. Tantôt ces appendices n'ont entre eux aucune espèce de dépendance, ni parenchymateuse, ni vasculaire, et ils sont entière- ment libres. Tantót les gaînes cellulaires d'un plus ou moins grand nombre d'entre eux sont réunies en une seule dans leur partie inférieure, et on ne les distingue dans cette gaine commune que par leurs systèmes vasculaires indé- pendants. Tantót enfin les faisceaux vasculaires des appendices superposés sont eux-mêmes réunis, dans leur région inférieure, en un ou plusieurs troncs communs, par l'intermédiaire desquels s'opere l'insertion de ces appendices sur l'axe. L'indépendance compléte des appendices floraux dans les cinq ver- ticilles donne un seul type d'organisation ; leur union parenchymateuse seule, cent un types ; leur union vasculaire seule, sept types; l'action combinée de l'union parenchymateuse et de l'union vasculaire, cent cinquante-quatre types. Ainsi, à ne considérer que le cas où elle est complète, régulière et formée de cinq verticilles alternes, la fleur peut revétir, en tout, deux cent soixante- trois types généraux d'organisation. Chacune de ces formes principales peut, à son tour, subir un certain nombre de modifications secondaires, correspon- dant aux divers systémes de valears numériques que les paramétres variables qu'elle renferme sont susceptibles de prendre dans la nature. Dans une note, l'auteur examine et critique vivement la loi générale d'ap- parition des ovules que Payer a déduite de l'ensemble de ses observations organogéniques. Recherches sur la symétrie de structure des plantes vasculaires; par M. Ph. Van Tieghem (Ann. sc. nat. , 5° série, t. XIII, pp. 1-314, avec 8 planches) ; tirage à part en un vol. in-8°. Paris, V. Mas- son et fils, 1871. L'idée-mère de ce travail a été exposée à l'Institat par M. Van Tieghem, dans un mémoire que nous avons reproduit partiellement (t. xvr, Revue, p. 14). Après avoir établi les caractères de la racine, de la tige et de la feuille, il applique les principes qu'il a établis à l'étude de diverses questions d'ana- tomie et d'organographie. La première partie de ce travail a seule été encore publiée. Elle concerne la racine. L'auteur étudie l'organisation générale de la racine dans les principaux groupes de plantes vasculaires, Cryptogames et Phanérogames. Il résume d'abord les résultats de ses études sur la racine des Cryptogames vasculaires. Quand la racine, dit-il, fait sa première apparition dans le monde végétal, elle se montre dépourvue de cellules rhizogènes latérales ; mais en revanche elle dédouble sa dans une note insérée aux Comptes rendus, séance du 44 août 1871. Il a montré dans cette note que le mode de nervation de la graine ne demeure pas toujours constant dans la méme famille de plantes, et qu'il se retrouve au contraire avec les mémes caractéres dans des groupes trés-éloignés. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 21 cellule rhizogène terminale. Elle se divise donc sans se multiplier, et doit toujours être considérée dans son ensentk!s, Ce premier état nous est offert par les Lycopodiacées et les Ophioglossées. Puis apparaissent des éléments rhizogènes latéraux, et la cellule terminale ne se découble plus. La racine se multiplie sans se diviser et chaque branche du système peut être considérée isolément, puisqu'elle est en elle-même une racine complète et indépendante, Gette racine, si elle est binaire, s’insère toujours sur la précédente de manière que le plan de ses vaisseaux soit perpendiculaire à celui du faisceau vasculaire vis-à-vis duquel elle se développe. Le degré croissant d'autonomie de ces cellules rhizogènes par rapport aux cellules protectrices marque d'ailleurs la série des perfectionnements successifs. Ainsi dans les Fougères et dans les Marsiléacées, les cellules rhizogènes sont simplement empruntées à la membrane protectrice, dont tous les éléments revêtent à cet effet des caractères particuliers; dans les Prêles, quoique appartenant toujours à la dernière assise de l'écorce, elles sont entièrement distinctes des éléments protecteurs. Dans les Phanérogames, cette indépendance relative des cellules rhizogènes et des cellules protectrices est bien plus grande encore, puisque chez elles les cellules- méres des radicelles n'appartiennent plus à l'écorce. Des différences secondaires se montrent dans chacun de ces groupes. Elles affectent surtout le nombre des faisceaux constitutifs de la racine primaire, le plus ou moins grand développement du tissu conjonctif, la disposition et la forme des éléments du parenchyme cortical, l'absence ou la présence de canaux gommeux et de vaisseaux tannifères. En employant la méthode des injections colorées, M. Van Tieghem s'est assuré que chez les Cryptogames vasculaires, c'est par les faisceaux vasculaires de la racine que les liquides du sol montent dans la plante ; et que c'est par les faisceaux libériens qu'ils redescendent aprés s’être convertis dans les feuilles en séve élaborée. Les deux courants inverses, alors parfaitement localisés, alter- nent côte à côte et ne sont séparés que par quelques cellules conjonctives, et il ya dans toute racine complète au moins deux courants de chaque espéce. Chez les Monocotylédones, dont l'auteur a étudié vingt familles, partout l'é- corce présente sous l'épiderme deux zones bien distinctes, et se termine par une membrane plissée, qui est la membrane protectrice. Partout le cylindre cen- tral commence par une membrane rhizogène, quelquefois discontinue, comme dans les Graminées. La racine principale continue ordinairement la tige, de maniere que le cotylédon corresponde à l'un de ses faisceaux vasculaires, Les radicelles se forment toujours aux dépens des segmentations de certaines cellules de la membrane périphérique du cylindre central; d'où une dif- férence importante par rapport aux Cryptogames vasculaires. En général, les cellules rhizogènes sont situées. en face des faisceaux vasculaires ; les radi- celles s'insérent donc directement sur ces faisccaux et sont disposées en autant de séries longitudinales. Mais les Graminces font exception ; la membrane péri- 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. phérique étant interrompue en face des vaisseaux, les radicelles s’y produisent vis-à-vis des faisceaux libériens. En tenant compte de l'extrême dégradation qui résulte chez quelques plantes submergées de la résorption prématurée ou de l’absence de différenciation de la région interne du cylindre central, le méme type de structure régit la racine de toutes les plantes de l'embranche- ment des Monocotylédones. Depuis le Dracena et le Pandanus jusqu'à r Hy- drocharis et au Potamogeton on trouve ce type réalisé plus ou moins com- plétement et avec mille variations secondaires, mais il conserve toujours ses mêmes caractères essentieis ; partout l'écorce et le cylindre central obéissent aux mêmes lois de différenciation. Enfin, si l'on met à part la membrane rhi- zogène qui, toujours distincte de la protectrice, est formée chez les Monocoty- lédones par l'assise périphérique du cylindre central, ces lois de différenciation sont précisément celles qui régissent la formation de la racine des Crypto- games vasculaires. C'est exclusivement par les lames vasculaires de son cylindre central que la racine principale des Monocotylédones conduit jusque dans la tige les liquides qui pénétrent par sa section sous l'influence de la transpiration des feuilles. Les cellules conjonctives qui séparent ces lames des faisceaux libé- riens, au moins tant qu'elles gardent leurs parois minces, ne contribuent point directement à cette ascension. On voit donc qu'au point de vue physio- logique, ces cellules n'ont qu'un róle secondaire à remplir, comme on pouvait déjà le conclure de l'étade anatomique, qui montre ce tissu très-variable en puissance et méme absent dans un certain nombre de cas. Dans certains cas, ce tissu conjonctif se laisse, il est vrai, pénétrer par les injections colorées, mais seulement par l'imbibition qui en gagne les éléments de proche en proche. La racine des Dicotylédones offre deux états. L'organisation primaire que leur racine posséde lorsqu'elle est jeune encore, mais lorsque déjà tous ses éléments ont achevé leur différenciation, est identique avec l'état unique et per- manent de la racine des Cryptogames vasculaires et des Monocotylédones. Mais plus tard il se forme dans le cylindre central primitif, par le jeu de la couche génératrice, des productions secondaires, à la fois vasculaires, libériennes et conjonctives, qui épaississent de plus en plus la racine, et y dissimulent plus ou moins le type primitif. Ces deux périodes se présentent toujours dans la racine des Dicotylédones, qu'elle soit principale ou secondaire, normale ou adventive. La période secondaire commence par la formation d'un arc de cellules géné- ratrices, qui a lieu sur le bord interne des faisceaux libériens, et aux dépens de la rangée la plus externe du tissu conjonctif. En méme temps les cellules rhizogènes situées en dehors des faisceaux vasculaires se divisent, et, par l'in- termédiaire de leurs éléments internes, les arcs générateurs intra-libériens s'ajustent bout à bout en une couche génératrice continue. Les deux sortes d'arcs dont cette couche se compose produisent par segmentation, et suivant le procédé connu depuis longtemps pour la tige des Dicotylédones, en dehors; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 23 des éléments libériens et grillagés, en dedans, des cellules ligneuses de diverse nature, quelquefois exclusivement des vaisseaux (Coniféres et Cycadées), plus souvent un mélange de larges vaisseaux et de fibres ligneuses. De leur cóté, les cellules externes de la membrane périphérique du cylindre central, ou membrane rhizogène, se divisent toutes pour former une zone génératrice cor- ticale extérieure à la première, et, comme elle, douée d’une double action ; cette zone produit en dedans un parenchyme cortical secondaire, et en dehors une couche subéreuse. Ce développement, dá à une deuxiéme couche génératrice et propre à la racine, se remarque surtout dans la famille des Chénopodées et dans celle des Nyctaginées. Les faisceaux surnuméraires développés dans le parenchyme cortical secondaire peuvent étre de six ou sept en une seule année de développement. Dans une racine dicotylédonée d'un âge moyen, les liquides du sol aspirés par les extrémités des radicelles s'élévent peu à peu à travers toutes les rami- fications du système jusqu'à la base de la tige, en cheminant exclusivement dans les vaisseaux secondaires aussi bien que dans les lames primitives. La séve nutritive élaborée par les feuilles revient ensuite en sens inverse depuis la base de la tige jusqu'aux extrémités des radicelles, en cheminant exclusi- vement dans les éléments libériens, aussi bien dans les secondaires que dans les primitifs. L'auteur donne à la fin de son mémoire des conclusions où il trace d'une manière générale les caractères dela racine. Aprés ces conclusions viennent deux notes. Dans la première, M. Van Tieghem réfute des observations cri- tiques qui lui ont été adressées par M. Trécul (voyez le Bulletin, t. XVI, Revue, p. 176); il maintient toutes les assertions générales qu'il avait posées dans sa communication à l'Académie en 1869. Ensuite il examine quelques opinions émises par M. Trécul au sujet de l'insertion des radicelles sur la racine et « reléve les erreurs oà M. Trécul parait s'étre laissé entrainer ».— La deuxième note est relative à quelques expériences anciennement faites pour déterminer les voies de la séve, par La Baisse, à Bordeaux, en 1753, et par Reichel, en Allemagne, en 1758. Reisen in Amur-lande und auf der Insel Sachalin (Voyage dans.la région de l'Amur ét dans l'ile Sachalin); par M. Fr. Schmidt (extrait des Mémoires de l'Académie impériale des sciences de Saint- Pétersbourg, T° série, t. xit, n° 2). Présenté à l'Académie le 8 fé- vrier 1866. — Saint-Pétersbourg, 1868 (1). In-4°, 227 p., 8 tab. , 2 cart. Cet ouvrage est l'exposé dela partie botanique de l’un de ces voyages entre- pris sous le patronage de la Société impériale russe de géographie, et dont les résultats sont si fructueux pour la science. L'auteur a donné à son mémoire (1) Ce mémoire n'a été distribué par l'Académie de Saint-Pétersbourg que pendant l'hiver 1870-71. 9A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la même forme que celle du Primitie Flore amurensis. Dans une courte préface, il indique les diverses régions qu'il a parcourues durant son voyage (1859-1862), pendant lequel il a plus spécialement étudié la végétation des pays d'Amgun et de Bureja, vastes contrées montagneuses situées au nord-ouest dela Mandchourie, et l'ile Sachalin, qui s'étend depuis l'embouchure de l'Amur jusqu'à l'ile d'Yéso, dont elle n'est séparée que par le détroit de La Péyrouse. L'auteur étudie successivement ces deux florules. La première a pour titre : Florula amguno-burejensis. M. Schmidt explora cette région en 1862. Il note avec soin les diverses particularités, ayant un caractère scientifique, qui ont marqué son voyage pendant l'hiver et pendant l'été. Les détails qu'il donne sur la géographie botanique du pays sont trés- circonstanciés. Il énumere les différents arbres qu'on y rencontre et leur mode de répartition. Il termine par la statistique des familles et des genres, en les comparant, à ce point de vue, avec ceux des contrées limitrophes. La flore des pays d'Amgun et de Bureja se compose de quatre cent soixante- dix-neuf espèces, en y comprenant les Mousses et les Hépatiques. Dans ce nombre, les Cypéracées entrent pour quarante-huit espéces; les Composées pour quarante-sept ; ce sont les deux familles les plus richement représentées. Comme nouveautés, l'auteur décrit seulement les Ribes burejensis, Crepis burejensis, Scrofularia amgunensis, Carex pseudocuraica, C. amgunen- sis, C. Middendorffi, C. Maximowiczii (= C. vulgaris Max. Prim. Fl. am. an Fries ?), Lasiagrostis alpina. Le Flora sachalinensis forme la deuxième partie du mémoire de M. Schmidt. Il débute par des considérations générales, concernant Sachalin, sur sa situa- tion géographique, son orographie, son climat, les caractères et la physiono- mie de sa flore qui offre beaucoup d'analogie avec celle du Kamtchatka d'une part, et d'autre part avec celle de la Mantchourie et du Japon, ce que sa position géographique explique d'ailleurs tout naturellement. Il termine par quelques observations sur les plantes cultivées dans l'ile et sur celles qui accompagnent invariablement l'homme, partout où il réside. M. Schmidt énumère ensuite les 589 plantes qui composent la flore de Sachalin, nombre auquel il faut joindre 9 Hépatiques, 51 Mousses et 15 Li- chens, déterminés par MM. Girgensohn et Bruttan, de Dorpat. Les familles les plus largement représentées dans cette ile sont les Renon- culacées, 29 espèces ; les Composées, 53 esp.; les Cypéracées, 42 esp.; les Graminées, 39 esp., qui forment à elles seules plus du quart de la végétation. Les Légumineuses ne dépassent pas le chiffre de 11 espèces. Les plantes nouvelles y sont au nombre de 37 : Anemone gracilis (— A. ranunculoides B. gracilis Schlecht.) ; A. flaccida (= A. baicalensis Sieb. et Zucc. non Turcz.); Aconitum sachalinense, Macropodium pterospermum, Silene (Elisanthe) sachalinensis, Hex rugosa (sp. nov.?, an Z. crispa Siebold ?}, Prunus (Padus) Ssiori, Saxifraga sa- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 25 chalinensis, Chrysosplenium flagelliferum, Bupleurum sachalinense, Ange- lica refracta (A. rupestris Rupr.), Lonicera Glehni, Aster Glehni, Cha~ mæmelum tetragonospermum, Saussurea duiensis, S. sachalinensis Campanula circæoides, Linaria geminiflora, Rumex Regeli, Polygonum stoloniferum, Fagopyrum suffruticosum, Salix sachalinensis, Abies Glehni j Platanthera sachalinensis, P. ophrydioides, Polygonatum Maximowiczit, Lilium Glehni, Stenanthium sachalinense, Scirpus planiculmis, Carex arenicola, C. Traiziscana, C. pseudololiacea, C. sachalinensis, C. Glehni, C. foliosissima, Brylkinia nov. gen., qui diffère des Uniola par son inflo- rescence en grappe, sa glume inférieure aristée, la supérieure bicarénée, non pliée, B. caudata (— Ehrharta caudata Munro), Scolochloa spiculosa, Ca- lamagrostis sachalinensis. L'auteur termine par une liste des noms vulgaires des végétaux usités chez ` les diverses peuplades de l'extrême Orient, Ainos, Gilak, etc., sujet déjà étudié par M. de Charencey dans le Bulletin de la Société hávraise d'études diverses. Les planches sont d'une fort belle exécution. On y trouvera figurés : Ribes burejensis, Scrofularia amgunensis, Carex amgunensis, Lasia- grostis alpina, Macropodium pterospermum, Ilex rugosa, Lonicera Glehni, Campanula circæoides, Stenanthium sachalinense, Abies Glehni, A. Weit- chi var. sachalinensis, Ephippianthus Schmidtii, Carex pseudocuraica, C. foliosissima, C. pseudololiacea, C. sachalinensis, C. Traiziscana, C. Glehni, Scirpus planiculmis, Calamagrostis sachalinensis, Scolochloa spi- culosa, Brylkinia caudata. Diagnoses plantarum novarum Japoniæ et Mandshu- riæ scripsit C. -J. Maximowicz. — Decas xr. — Extrait du Bulletin de l'Académie Impériale des sciences de Saint- Pétersbourg, t. XVII, p. 117- 456. Mélanges biologiques, t. vit (Conf. Bull. Soc. bot. de France, Revue, t. XVIU, p. 54). L'auteur donne le tableau synoptique des 8 espèces de Magnolia (sensu Baillon, Zist. pl. 1, 188), qui croissent spontanément au Japon. Une seul espèce est nouvelle, M. compressa Max. (Michelia), fort remarquable par ses carpelles comprimés. La forme et la nervation des feuilles la rapprochent du M. parviflora Sieb., et Zucc. , dont les fruits ne sont pas connus. Mais cette der- nière espèce a les rameaux et les pétioles velus, et non pas glabres comme ceux du M. compressa. — Dialysplenium, sous-genre établi par M. Maxi- mowicz aux dépens des Chrysosplenium et qui diffère de tous les genres de l'ordre par ses filets staminaux soudés jusqu'au milieu : Chrysosplenium (Dialysplenium) album Max., de Kiusiu et des monts Hakone. — Zeucan- themum nipponicum Franchet : sous-frutescent, uniflore, feuilles spathulées, dentées dans leur moitié supérieure (Yédo et Hakodadi). — Pyrethrum. L'auteur présente une nouvelle définition de ce genre, qui, tel qu'il est traité 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans le Prodromus, est composé de plantes disparates. Il croit donc devoir le restreindre aux six espèces suivantes, dont les deux premières constituaient pour De Candolle la section Dendranthema, nettement séparée des Artemisia par l'appendice du connectif ovale-obtus et non lancéolé trés-aigu : Pyre- thrum sinense Sab. ; P. indicum Cass. , tous deux à capitules radiés; P. se- ticuspe Max. sp. nov., distinct des précédents par les lobes terminaux des feuilles atténués en une longue soie filiforme; P. marginatum Miq. et P. Pallasianum Max. (— Artemisia Pallasiana Fisch.), l'un et l'autre à capi- tules discoides ; enfin P. Decaisneanum Max., sp. nov., espèce singulière entre toutes par ses capitules hétéromorphes, dioiques sur différents individus, les fertiles discoides, les stériles rayonnés. Cette curieuse plante a été trans- mise à M. Maximowicz par M. Decaisne, qui la cultivait au Muséum depuis quelques années. M. Maximowicz la considére comme provenant du Japon, selon toute probabilité (1). A propos des Artemisia du Japon, l'auteur donne le tableau synoptique de toutes les espéces du genre qui croissent dans l'Asie orientale. C'est un travail qui sera vivement apprécié de tous ceux qui ont à étudier ces plantes difficiles. Deux espèces nouvelles seulement sont signa- lées : A. Thunbergiana Max., voisin de l'A. annua L., mais bien distinc- par ses capitules trois fois plus gros, ses feuilles moins divisées, à rachis pec- tiné et non entier; A. Schmidtiana Max., que sa tige fruticuleuse, ses feuilles toutes pétiolées, ne permettent pas de confondre avec lA. sericea Weber. L'auteur étudie ensuite les Borraginées sino-japonaises, qui atteignent le chiffre de 41 espèces réparties dans les genres suivants : Tournefortia, 3 esp.; Heliotropium, 2 esp.; Lithospermum, h esp.; Mertensia, 2 esp.; Ancistrocarya, gen. nov., à nucules 1-2 par avorte- ment, luisants, étroitement ovales, tronqués, obliquement atténués en pointe recourbée au sommet ; une espèce : A. japonica Maxim. (Nangasaki); Steno- selenium, 1 ésp.; Myosotis, 3 esp.; Eritrichium, 7 esp., dont une nouvelle : E. brevipes Maxim. (Endogonia DC.), à fleurs presque sessiles, disposées en grappes géminées, nues, raides ; Æchinospermum, 3 esp.; Anoplocaryum, 1 esp.; Cynoglossum, 4 esp.; Omphalodes, 4 ‘espèces, dont deux nouvelles : l'une qui, communiquée par M. le docteur Savatier, sera prochainement dé- crite ; et O? Zcumæ Maxim., connu seulement par une figure du Soo bokf, t. rrt, pl. 28; Bothriospermum, f esp. ; Thyrocarpus, 1 esp. À. FRANCHET. (4) La patrie du P. Decaisneanum n'est plus douteuse. La plante cultivée au Mu- séum provenait de graines envoyées à M, Vilmorin par M. Savatier, qui l'avait recueillie aux environs d'Yokoska, toujours dans le voisinage des habitations, en novembre 1866. A la fin de cette méme année, il m'en adressa des graines qui, semées chez M. le mar- quis de Vibraye, au commencement de 1867, fleurirent et fructifièrent en septembre 1868. Notre collègue M. A. de Rochebrune en fit à cette époque un dessin. Nous con- sidérions alors cette plante comme le Tanacetum marginaium Miq., var, radiatum Franch. et Rocheb. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 27 La Botanique de la Bible; étude scientifique, historique, littéraire et exégétique des plantes mentionnées dans la Sainte Écriture, par M. Fré- déric Hamilton. In-8° de 187 pages, avec un atlas de photographies.— Nice, 1874, typ. V'e Eugène Gautier et Gie, En vente à Paris, chez MM. Sandoz et Fischbacher, libraires, rue de Seine, 33. L'auteur n'a pas la prétention d'avoir résolu toutes les questions qui se rattachent aux passages où l'Écriture mentionne quelque plante, mais il croit avoir signalé tous les végétaux dont il y est question directement ou indirecte- ment, et il a mis sous les yeux du lecteur tous les renseignements qu'il a pu recueillir et les principales opinions qui ont été exprimées sur la vraie signifi- cation des noms de plantes que ces différents passages renferment. M. Hamilton fait observer que les renseignements fournis par les voyageurs qui visitent aujourd'hui la Palestine et qui rapportent à telle ou telle plante biblique les végétaux qu'ils observent peuvent être erronés, parce que les conditions du sol sont dans ce pays trés-différentes de ce qu'elles étaient il y a deux mille ans. Aujourd'hui la lande aride et le marais malsain ont rem- placé les moissons de Booz et la vigne de Naboth. A cause de l'insuffisance des renseignements que nous possédons pour éclaircir le texte hébreux, l'au- teur insiste sur l'importance que présente la version des Septante faite, à une époque où la Palestine était en pleine culture, par des Juifs d'Alexandrie, en position de savoir parfaitement quelles essences. étaient : indiquées. par les expressions de leur langne nationale. Dans la série d'études qu'il présente sur les plantes de la Bible, l'auteur arréte surtout l'attention du lecteur sur celles dont l'Écriture nous parle nomi- nativement, dont nous connaissons l'espéce sans équivoque, et dont nous pouvons étudier la fleur et le feuillage dans nos jardins. Il donne la descrip- tion botanique de chaque espèce, l'indication des principaux passages où elle est mentionnée, et des détails aussi complets qu'il lui est possible sur son his- toire.et sur ses propriétés ; à chacun de ces articles se joint une photographie prise sur nature dans les environs de Nice. En signalant l'analogie, et nous pourrions dire l'identité (1) que présente le mot hébreux dohhan employé pour désigner une céréale, et le nom arabe du Millet(2), dukhun, M. Hamilton indique la vraie méthode scientifique de parvenir avec sûreté à la détermina- tion des plantes de la Bible, Malheureusement elle n'est pas toujours appli- cable. C'est la méme méthode qui lui fait reconnaitre dans le Chedek de la Bible le Solanum sanctum, chadak des Arabes. En résumant les travaux de Bochart, Celsius, Vossius, Encoutre, Rosenmüller, Munk, etc., on arriverait à signaler beaucoup d'exemples analogues. (4) A cause de la facilité avec laquelle se modifient les voyelles dans les langues sémi- tiques, (2) Nous copions le texte ; mais il faudrait sans doute, pour plus d'exactitude, lire ici Holcus Dochna Forsk., cultivé sous le nom de Doch'n en Syrie et en Égypte. 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Essai de tératologie taxinomique, ou Des anomalies végétales considérées dans leurs rapports avec les divers degrés de la classification ; par M. D. Clos (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences de Toulouse, 3° série, t. 111, pp. 55-136); tirage à part en brochure in-8° de 80 pages. Toulouse, impr. Douladoure, 1871. Ce travail est dédié à la mémoire de Moquin-Tandon, le créateur de la tératologie végétale. L'auteur s'y est proposé d'envisager les déviations végétales dans leurs rapports avec les divers degrés de la classification : quelles sont les monstruosités générales aux alliances, aux familles, aux tribus, aux genres, aux espèces, tel est le vaste champ d'études, encore bien peu exploré, qu'of- frait la tératologie taxinomique. Il fallait d'abord relever et classer par fa- milles, en les coordonnant, tous les faits d'anomalie consignés dans les annales dela science, à partir de l'ouvrage de Moquin-Tandon ; puis comparer ces documents entre eux, soit dans une méme famille, soit dans des familles liées entre elles par une étroite affinité, ou par leur correspondance dans des séries parallèles, où méme par l'analogie, afin de mettre en saillie les déductions générales résultant de ces rapprochements. M. Clos n'a cherché à remplir dans ce mémoire que la premiere partie de ce programme, en négligeant méme à dessein les variétés légères qui grossissent les catalogues des horti- culteurs. Il traite successivement : 1? des anomalies comparées des Acotylé- dons, Monocotylédons et Dicotylédons ; 2° des anomalies comparées des Dico- tylédons apétales, polypétales et monopétales ; 3° des anomalies comparées des Dicotylédons inférovariés et supérovariés ; 4^ des anomalies comparées dans diverses familles ; 5° des anomalies propres à chaque famille et compa- rées entre elles ; 6° des anomalies propres aux genres; 7^ des anomalies propres aux espéces ; 8? des anomalies propres aux variétés ; 9° des anomalies propres aux individus; 40° de Ja distinction de la monstruosité et de l'état normal; 11° de la distinction de l'espèce et de la monstruosité; 129 de la distinction de la variété et de la monstruosité ; 13° de la distinction du genre et de la monstruosité ; 14° de la distinction des monstruosités et des galles, Fragments d'une flore de la Nouvelle-Calédonie, ou Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de cette con- trée, fasc. 1t; par MM. Ad. Brongniart et A. Gris (Ann. sc. nat., 5° sé- rie, t. XIII, pp. 350-504) ; tirage en brochure in-8° de 65 pages. Paris, V. Masson, 1872. Ce mémoire concerne diverses familles, Il commence par un supplément aux Coniféres. Ce qui concerne les genres Podocarpus, Dacrydium et Fre- nela a été communiqué à la Société dans sa séance du 26 novembre: 1869. Ce qui a trait aux genres Libocedrus et Araucaria Va été dans la séance du 14 juillet 1871. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 29 Le mémoire de MM. Brongniart et Gris continue par un supplément aux Protéacées. Ils ont trouvé dans les collections de M. Pancher et dans les der- niers envois de M. Balansa un groupe de cinq espèces dont ils forment un genre nouveau qui doit prendre place dans la tribu des Persooniées, Beau- prea, dédié à Beautemps-Beaupré, membre de l'Académie des sciences, l’un des compagnons de Labillardière dans le voyage de d'Entrecasteaux; dont le petit- fils, aujourd'hui juge au tribunal de la Seine, a été vice-président de notre Société. L'examen des fruits du Cenarrhenes spatulæfolia Ad. Br. et A. Gr. a montré aux auteurs que cette Protéacée constitue un genre nouveau ; il est dédié por eux à M. Garnier, ingénieur, qui a publié un livre intéressant sur la Nouvelle- Calédonie. Le genre américain Rhopala contient maintenant deux espèces à la Nouvelle-Calédonie. Un supplément aux Myrtacées renferme des détails sur le genre Spermolepis. Ge genre ne comprend plus que le S. gummifera Ad. Br. et A. Gr. Le S. rubiginosa présente tous les caractéres que Berg a attribués à la fleur d'une espéce brésilienne qu'il nomme Schizocalyx, et les auteurs le décrivent sous le nom de Sch. rubiginosa. Ils rapportent au méme genre une espéce nouvelle, Sch. neo-caledonica. Suivent des notes sur le Syzygium pterocalyx (Caryo- phyllus pterocarpus Vieill.), sur le Pleurocalyptus Deplanchei Ad. Br. et A. Gr., sur le genre Crossostylis, dont une nouvelle espèce, C. Seberti, leur parait le type du genre; donnant par multiplication les C. biflora et gran- diflora, et par réduction le C. multiflora. Ils maintiennent contre M. Baillon la détermination générique de cette espèce. Un supplément aux Rubiacées renferme la description de quatre espèces de Grisia et du Morierina de M. Vieillard. Description de trois Asclépiadées nouvelles cultivées au Muséum; par M. J. Decaisne (Ann. sc. nat. » 9° Série, t. XIII, pp. 404-406, avec une planche). Le nouveau genre Decabelone se rapproche beaucoup des S/apelia ; la cou- ronne staminale y est. formée de cinq folioles blanches divisées chacune en deux longs filaments trés-gréles, de couleur violette, terminés par une petite tête ou ampoule globuleuse qui fait ressembler ces filets à de petites épingles, d'où le nom générique Belén, épingle. L'origine du Decabelone elegans, cultivé chez M. Pfersdorff, n'est pas con- nue. Les deux autres types nouveaux décrits par M. Decaisne, Apferanthes tessellata et A. cylindrica, sont des plantes d'Abyssinie confondues dans l'herbier de M. Schimper. Du sue propre dans les feuilles d'Aloés; par M. Trécul (Comptes rendus, 1871, t. LXXII, n° 18). M. Trécul rappelle d'abord des observations anatomiques faites par quatre EIU SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. auteurs sur les organes qui renferment le suc propre des Aloés, et contra- dictoires. M. Trécul a constaté que la viscosité du suc d’Aloès est due à une matière albuminoïde. C’est, dit-il, à la limite du parenchyme vert externe et du paren- chyme incolore central que sont répartis de distance en distance et verticale- ment les faisceaux vasculaires, qui se relient çà et là les uns aux autres. Ces faisceaux, qui sont de dimensions différentes, et dont de plus petits alternent avec de plus gros, sont disposés de manière que leur partie libérienne est tournée vers la surface de la feuille, et leur partie trachéenne vers la moelle. Ges faisceaux verticaux sont unis entre eux, d’une façon analogue à ceux des Musa, par des fascicules qui vont horizontalement ou quelquefois obliquement de la partie trachéenne d’un faisceau à celle d’un autre, en passant par der- rière un ou plusieurs de ces faisceaux, c'est-à-dire sur le côté médullaire, sans communiquer avec eux. Ces fascicules horizontaux sont plus complexes, mais de composition variée ; leur partie libérienne n’est en effet pas toujours formée d'éléments semblables dans les diverses plantes. Dans certaines espèces, ils ont un groupe de fibres du liber à parois épaisses, Dans d'autres espèces, ce liber manque entièrement, et il ne parait alors exister, sur ie cóté externe du groupe vasculaire proprement dit, qu'un cordon du tissu dit cribreux. Dans la plupart des Aloés, ce cordon cribreux est formé, dans sa partie externe, de cellules oblongues, ordinairement beaucoup plus grandes que les autres, et qui contiennent le suc propre. Dans la majorité des Aloès, les cellules à suc propre semblent occuper la place des fibres du liber à parois épaissies. Cepen- dant les plantes qui renferment à la fois des laticifères, le tissu cribreux et du liber fibreux paraissent prouver jusqu'à l'évidence que ces divers éléments anatomiques n'ont pas des fonctions identiques. Il est possible qu'il se produise des lacunes dans les cordons de cellules à suc propre des Aloés, ce qui tend à concilier des observations contradic- toires d'Unger et de Gasparrini. | M. Trécul à fait en outre de nombreuses observations sur les caractères chimiques du suc propre des Aloés, sur les cristaux qu’il renferme, etc. Le liquide où macèrent des feuilles d' Aloe soccotrina (dont les feuilles deviennent pourpres en se desséchant) offre une teinte jaune ; il devient d'un rose foncé sous l'influence de l'iode. Bes vaisseaux Propres cé du tannin dans quelques Fougères ; par M. A. Trécul (Ann. sc. nat., 5° série, t. XII, pp. 373 382), Ce mémoire a été lu à l'Académie des sciences par M. Trécul, le 29 mai 1874. Les cellules en série longitudinales des Cyathéacée, pleines d'une ma- tière résineuse rouge, ont été signalées par M. de Mohl. Des assertions con- tradictoires ont été émises à l'égard de ces cellules par Meyer; M. Karsten, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 31 M. Harting. M. Trécul indique ce qu'il y a de vrai dans les diverses opinions de ces auteurs. Il y a deux sortes de vaisseaux à suc propre dans les pétioles des Angiopteris evecta et Willinckii : 4° de véritables canaux à suc mucila- gineux, sans membrane propre, revétus d'un épithélium, comme ceux qu'a vus M. Harting dans l'espèce qu'il a examinée ; ils sont épars dans le parenchyme, où ils se ramifient et s'anastomosent; 2 des vaisseaux propres tannifères consistant dans ce que M. Harting nomme liber du rachis (c'est la couche fibreuse externe du pétiole), dans le parenchyme et quelquefois dans la couche du tissu dit cribreux, non en canaux continus sans membrane, comme le pense le botaniste allemand, mais en séries de grandes cellules allongées, super- posées, souvent longues d’un millimètre et plus, et à parois de séparation hori- zontales et plus ou moins obliques. La première sorte de vaisseaux propres n'existe pas dans les racines des Angiopteris evecta et Willinckii. Au contraire les deux sortes se rencon- trent dans la racine du Marattia Kaulfussii. Le parenchyme cortical y est partagé en deux zones presque égales, l'une externe sans amidon, translucide, l'autre interne, sombre, parce que ses cellules amylifères ont entre elles des méats pleins de. gaz. C'est dans la région moyenne de cette dernière couche que sont mêlées des séries de cellules tannifères, à suc assez souvent rouge- brique, à des canaux dont le contenu incolore, dépourvu de tannin, est sim- plement mucilagineux. i M. Trécul est amené à rappeler les rapports qu'ont les vaisseaux propres d'un assez grand nombre de végétaux avec les vaisseaux ponctués, rayés, réticulés ou spiraux de ces mémes plantes. Dans beaucoup de cas, il a. con- staté la contiguité des deux sortes d'organes ; dans des cas moins nombreux, il a observé leur communication directe par des ouvertures ; ailleurs, il y a seu- lement des pores plus ou moins larges, fermés par une membrane de sépara- tion. Chez une quantité de végétaux, il a observé la présence du suc propre dans les vaisseaux ponctués, rayés, réticulés ou spiraux, sans que le latex eüt pu s'y introduire par un accident de préparation. Les vaisseaux poreux, rayés, réticulés et spiraux ne sont donc pas exclusivemept destinés à charrier des gaz. Chez les Cyathéacées, M. Trécul a vu à la fois, dans le méme tissu paren- chymateux, des cellules à suc propre en voie d'accroissement, des cellules en état de parfait développement, et des cellules en voie de disparaitre par la résorption de leur contenu, ainsi qu'il l'avait vu chez les Aloós, La tige du Balantium antarcticum, quoique appartenant à une tribu différente, montre dans la disposition des éléments parenchymateux, fibreux et vasculaires de sa tige, une analogie marquée avec ce qui existe chez les Cyathéacées, Il ya à travers le parenchyme de la tige de PA Isophila aculeata et du Balantium antarcticum un renouvellement des cellules du suc propre, comparable, dit M. Trécul, à celui qu'il a signalé dans les faisceaux des feuilles des Aloèss 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur la décoloration des fleurs ct des feuilles par Pé- Icctricité; par M. Becquerel (Comptes rendus, t. LXXIII, séances des 10 juillet, 31 juillet et 14 décembre 1871). M. Becquerel a établi, dans son premier mémoire, que les effets produits par des décharges électriques, méme très-faibles, sur la décoloration des fleurs et de certaines feuilles, étaient les mémes en général que ceux qu'on obtient en les plongeant dans de l'eau à 100 degrés. Tous ces effets paraissent étre dus, dit M. Becquerel, à Ja diffusion des liquides colorés renfermés dans les cel- lules des pétales des fleurs, à travers leurs parois brisées. Dans son second mémoire, M. Becquerel montre qu'une diminution subite de la température à produit des effets analogues ; sous l'influence de la congélation, les enveloppes des cellules ontété altérées. L'élévation au-dessus de 50 degrés a déterminé des modifications analogues. La modification de teinte produite par ces chan- gements sur les fleurs rouges est de méme nature que celle qui est déterminée par les alcalis ; car la teinte est ramenée à son premier état par un acide faible. Cependant le microscope n'indique aucune lésion appréciable dans les parois des cellules qui ont subi les décharges électriques. En soumettant à de telles décharges des pétales de papier teint avec le liquide retiré des pétales et humide, la matiere colorante est de méme décomposée. Quant aux fleurs bleues et aux fleurs jaunes, l'électricité agit lentement sur leurs pétales pour détruire la matière colorante, mais non pour la rendre trés- soluble dans l'eau. La chaleur solaire, dit M. Becquerel, produit sur les fleurs de Volubilis, bleues le matin et violacées dans la journée, un effet analogue, mais moins rapide (4). Sur l’origine du carbone fixé par les végétaux à ehloro- phyile; par M. L. Cailletet (Comptes rendus, t. Lxxin, 26 décem- bre 1871, pp. 1476-1477). Les expériences nombreuses de M. Cailletet l'autorisent à conclure que tout le carbone fixé par les végétaux provient de l'acide carbonique de l'atmos- phére; il refuse toute influence aux matières carbonées emmagasinées dans le sol. Recherches sur les mouvements de la séve à travers . Fécorce; par M. Faivre (Comptes rendus, t. LXXII, 27 novem- bre 1871, pp. 1263-1267). M. Faivre résume de la manière suivante ses expériences : 1° L'hiver, sur (4) On sait que, dans un travail antérieur, M. Beequerel a expliqué la coloration du sang veineux par la série des actions électro-capillaires. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 les boutures, pendant la saison végétative, sur les rameaux herbacés et ligneux, la séve s'élève de bas en haut par l'écorce, particulièrement par les couches libériennes, — 2° Cette séve est nourriciére; c'est une nouvelle preuve d'un courant séveux ascendant, renfermant des matières élaborées. — 3° L'écorce est donc le siége, spécialement dans sa région libérienne, de mouvements séveux ascendants et descendants ; comme il est difficile de comprendre l'exis- tence simultanée à travers la même région de ces deux courants inverses, on est conduit à admettre que ces deux mouvements s’exécutent successivement par les mémes voies, dans des conditions de périodicité que nous ignorons encore. — 4° Les expériences de l'auteur expliquent la gravité des plaies de l'écorce et les conséquences funestes des incisions annulaires; la destruction des parties supérieures, consécutive aux incisions et aux plaies de quelque gravité, est due surtout à l'entrave que l'ablation de l'écorce apporte au mou- vement ascendant de la séve. Structure de la Bettéra ve ; par M. Lestiboudois (Comptes rendus, t. LXXILI, séance du 31 juillet 1871, pp. 307-314). La racine du Zeta rappelle, selon M. Lestiboudois, à cause de ses cercles concentriques séparés les uns des autres par des zones médullaires, la disposi- tion qu'on observe dans les Dicotylédones hétérogènes (Bauhinia, Menisper- mum, etc.). En effet, si l’on suit la Betterave dans tous ses développements, on peut remarquer qu'il apparaît des faisceaux nouveaux dans le parenchyme en dehors des faisceaux préexistants et de l'interstice d'accroissement. Les fais- ceaux nouveaux entourent les anciens et en sont séparés par la partie du paren- chyme cortical placée en dedans de la formation nouvelle ; tous les faisceaux anciens conservent leur élément cortical et s'accroissent, aprés qu'ils ont été enfermés par les faisceaux extérieurs; les formations circulaires acquierent ainsi une largeur d'autant plus grande qu'elles sont plus intérieures, et toutes contiennent des tissus récents : c'est sans doute à cette circonstance qu'est due la grande proportion de sucre que contient cette racine. Monographie des Centaurées normandes de la section Jacea G.G.; par M. l'abbé Tabard (extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 2* série, t. V); tirage à part en brochure in-8° de 31 pages. Caen, typogr. F. Le Blanc-Hardel, 1871. M. l'abbé Tabard a partagé son mémoire en cinq chapitres : Observations préliminaires ; étude de la section Jacea ; discussion des caractères spécifiques des Centaurea et application de ces caractères à la distinction des espèces du groupe Jacea ; influence du terrain ; analyse et description des huit espèces observées en Normandie. Ges espèces sont les suivantes : Centaurea Jacea L., C. pratensis Thuill., C. serotina Bor., C. imicropülon Godr., C. nigrescens T. XIX. (REVUE) 3 3A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Willd., C. decipiens Thuill., C. nemoralis Jord. (C. nigra auct. non L.) C. nigra L. Catalogue raisonné des plantes composaní l'école bota- nique du jardin d' A vranehes, reconstitué entièrement en 1864 ; par M. Léon Besnou. 1 vol. in-8°. Avranches, typogr. H. Tribouillard. Ce catalogue est précédé d'une introduction où M. Besnou raconte l'éta- blissement du Jardin botanique d'Avranches, fondé à la suite de la loi sur l'instruction publique décrétée par la Convention nationale. Ce jardin avait été presque abandonné, lorsque M. Besnou fut chargé en 1864 d'y reconstituer l'école de botanique, qui contient aujourd'hui environ 2100 espéces. Elle est mal pourvue en serres; cependant, toute modeste qu'elle parait, elle est préparée de manière à former des botanistes. On trouve en effet sur les étiquettes de l'école tous les renseignements utiles à connaitre, méme relati - vement à la durée de la plante, à l'époque de sa floraison, aux stations qu'elle préfère, à ses usages, à ses qualités, à son emploi, et, s'il va lieu, à la date de son introduction en France. L'ordre suivi dans la plantation du jardin, et par conséquent dans le catalogue, est celui de M. Brongniart et de la Flore des Jardins et des champs, de MM. Decaisne et Le Maout. On the study and value of Chinese botanical works, with notes on the history of plants and geographical botany from Chinese sources (Étude et importance des livres de botanique chinois, avec des Notes sur l'histoire des plantes et la géographie botanique d’après les Sources chinoises); par M. E. Bretschneider. Brochure in-8? de 51 pages. Pékin, 1870, typogr. Rozario, Marcal et Cie. L'auteur, M. Bretschneider, Allemand d'origine, est médecin de la léga- tion russe à Pékin, d’où il date l'introduction de son livre écrit en anglais (17 décembre 1870). Dans cette introduction, il explique quelques particula- rités de la langue chinoise, et insiste sur la facilité qu'offrirait l'alphabet russe pour rendre certaines articulations chinoises. L'objet de cette brochure est de montrer comment les Chinois entendent les sciences naturelles, et spécialement la botanique, et quel avantage lessavants européens peuvent retirer de l'étude des ouvrages de botanique chinois. Comme les principaux travaux des Chinois sur l'histoire naturelle sont des annexes de leur médecine, l'auteur est conduit à faire incidemment. des remarques sur leur thérapeutique. Enfin il donne quelques échantillons carac- téristiques des descriptions chinoises et ajoute quelques gravures sur bois d'après les originaux chinois. Après avoir rappelé les ouvrages publiés dans le Céleste Empire sur les sujets qui l'occupent, il donne des extraits des princi- paux d'entre eux, et notamment du Pén-tsao, en les éclaircissant de notes REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 35 intéressantes, telles que peut les donner un naturaliste qui à résidé en Chine pendant plusieurs années. Appendiee au Dictionnaire français-latin-chinois de la langue mandarine parlée ; par M. Paul Perny, provicaire apostolique de Chine, Un volume in-4°. Paris, Maisonneuve, 4872, — Prix: 70 francs. Ge volume se divise en deux parties. La seconde est consacrée à l'histoire naturelle ; la partie spécialement botanique y a un grand développement (59 pages in-4^ sur deux colonnes). Le missionnaire dévoué qui a parcouru la Chine pendant plusieurs années, et qui, à peine échappé aux persécutions des mandarins, a failli tomber victime, l'année derniere, des gens de la commune, nous a donné dans ce livre une énumération aussi complète qu'il l'a pu des végétaux connus en Chine. Cette énumération est disposée suivant l'ordre alphabétique des noms francais ou latins de chaque plante. L'auteur indique le nom chinois (avec l'emploi des caractères chinois), la famille et les usages des plantes. Cette étude est fondée sur l'herbier assez considérable que M. Perny a rapporté en France et déposé au Muséum. Nous ne voudrions pas affirmer qu'il n'y ait dans son travail aucune erreur de synonymie botanique ; il y a à coup sür de bien nombreuses fautes typographiques ; mais on devra penser en le consultant surtout aux mérites du voyageur et de l'érudit. C'est la première fois qu'un dictionnaire spécial de cette importance est publié ; et il està remarquer qu'aucune traduction sérieuse des nombreux ouvrages chi- nois relatifs à la botanique et à la matière médicale ne pourra être entreprise avant que l'on connaisse d'une manière convenable Ja Synonymie des termes chinois et des termes latins employés, les uns en Orient et les autres en Occident, à désigner les mémes plantes. M. l'abbé Perny a ouvert la voie; ce n'est pas le seul mérite de son livre. Étude générale sur la végétation dans le nord de la Chine; par M. E. Martin (Bulletin de la Société d'acclimatation, .2° série, t. 1x, mars 1872, pp. 184-202). | ; M. Martin est médecin de la légation de France à Pékin. 1l s'est. trouvé en relation avec M. l'abbé David, récemment nommé membre correspondant de l'Académie des sciences, dont les voyages et les envois ont déjà fait l'objet de différentes monographies insérées dans les Annales du Muséum. M. Martin a lui-même beaucoup voyagé en Chine, et son Étude générale renferme le résumé de ses impressions de voyage, dont nous extrairons les plus saillantes. M. Martin signale une espèce d' A/antus à peine connue en France, dont la fleur offre un parfum agréable et dont les jeunes feuilles sont arrangées en salade par les Chinois. — Les tiges de Bambou juxtaposées horizontalement servent de voiles pour les bateaux. — Toutes les. graines apportées d'Europe en Chine, quelques précautions qu'on y ait mises, ne donnent à la première 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. récolte que des produits inférieurs et dégénèrent ensuite au point de décou- rager de tentatives nouvelles. Les fruits sont peu abondants dans le nord de la Chine (Pêches, Jujubes, Diospyros Kaki). Il n'existe presque plus de vignes à Pékin. — Pour conserver les fruits, les Chinois les immergent au préalable dans des solutions préparées à cet effet ; ils fixent encore dans la pulpe de cer- tains légumes, du navet par exemple, les pédoncules des grappes de raisin, des poires, des pommes, etc. M. Martin donne des détails intéressants sur l'horticulture du nord de la Chine (1). Essai sur les plantes du Dauphiné. Diagnosis specierum nova- rum vel dubio præditarum ; par M. Casimir Arvet-Touvet. Brochure in-8° de 72 pages. Grenoble, typogr. Prudhomme, 1871. Ce livre, dont l'introduction est datée de Gières, 9 mai 1871 (2), est dédié à M. l'abbé Faure. Il contient la description d'espéces nouvelles appartenant au Dauphiné, surtout à sa région élevée, et même aux Pyrénées. Ces espèces sont réparties dans les genres Thalictrum, Ranunculus, Silene, Sagina, Cerastium, Rhamnus, Trifolium, Astragalus, Oxytropis, Hippocrepis, Onobrychis, Prunus, Potentilla, Rosa, Epilobium, Saxifraga, Heracleum, Seseli, Laserpitium, Galium, Valeriana, Knautia, Senecio, Leucanthe- mum, Achillea, Cirsium, Centaurea, Saussurea, Tragopogon, Hieracium, Pinguicula, Primula, Gentiana, Cerinthe, Myosotis, Orobanche, Veronica, Linaria, Euphrasia, Rhinanthus, Thymus, Stachys, Teucrium, Plantago, Atriplex, Salix, Orchis, Chamæorchis, Epipactis, Narcissus, Allium, To- fieldia, Eriophorum, Scirpus, Carex, Agrostis, Deschampsia et Serrafalcus: M. Casimir Arvet-Touvet a publié ultérieurement une deuxième brochure, datée du 12 mars 1872, dans laquelle il a substitué (à la page 10) douze noms spécifiques en remplacement de douze autres appliqués, dans son premier mé- moire, à des espèces regardées par lui comme nouvelles, mais faisant partie de genres où les mêmes noms spécifiques existaient déjà. Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Dau- phiné; par M. J.-B. Verlot, Un volume in-8° de 408 pages. Grenoble, typogr. Prudhomme, 4872 (3). Le Catalogue raisonné que M. J.-B. Verlot offre aujourd’hui aux botanistes, (4) On trouvera des renseignements sur l'agriculture chinoise dans un travail de M. Simon, inséré dansle Bulletin de la Société de géographie, décembre 1871. (2) L'imprimerie Prudhomme note sur le verso du titre de cette brochure que la date réelle de sa publication est février 1872, ce qui explique que M. Verlot n'ait pu en tenir compte dans son Caialogue raisonné, qui a paru quelques mois aprés, et dont le tirage était presque terminé dés le mois de février 4872, (3) M. Verlot nous prie d'annoncer qu'il tient ce livre à la disposition des botanistes au prix de 7 francs, pris chez lui à Grenoble, ou qu'il l'enverra franco au prix de 8 francs aux personnes qui lui en feront la demande. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 37 grâce à la Société de statistique de l'Isère et à la bienveillance du conseil général du même département, est le fruit de plus de vingt années d’herbo- risations. Il comprend la végétation de trois départements, l'Isère, les Hautes- Alpes et la Drôme. M. Verlot avait surtout exploré personnellement la partie la plus élevée des départements de l'Isère et des Hautes-Alpes, mais il a eu à sa disposition, pour les autres points de la flore dauphinoise, des renseigne- ments et des herbiers trés-nombreux fournis par plusieurs botanistes habi- tant l’Isère et les Hautes-Alpes, et, pour la Drôme, par MM. Chabert, Fazende et le R. -P. Eugène. Le jardin de Grenoble, où M. Verlot cultive les plantes de sa région, lui a été fort utile pour l’élucidation des espèces critiques. Enfin M. B. Verlot, chef de cultures au Muséum de Paris, a aidé la rédaction du catalogue de documents précieux, puisés dans les herbiers ou dans la bi- bliothéque de cet établissement. M. Verlot, en préparant son ouvrage, s'est trouvé en présence d'une grande difficulté, la délimitation de l’espèce, aujourd'hui si controversée. Il s'est sur- tout occupé des espèces déjà décrites et n’a rien négligé pour leur rattacher la synonymie de celles qui sont contenues dans les flores de Villars et de Mutel. Il a admis un grand nombre des espèces de MM. Jordan et Fourreau dans le commencement de son travail, principalement dans les genres Thalictrum et Ranunculus. Plus loin, il s'est en général contenté de citer les créations de l'école nouvelle à la suite de l'espéce ancienne qu'elles ont pour but de dé- membrer. D'ailleurs il déclare formellement que s'il n'a pas admis avec des numéros spéciaux toutes les espèces créées récemment par MM. Jordan et Fourreau, cela vient de ce qu'il ne les connait pas, sans entendre porter aucun jugement sur leur valeur. Cependant son catalogue ne renferme pas moins de 2832 numéros, auxquels il convient d'ajouter dix-huit espéces contenues dans le supplément, Les plus intéressantes pour leur nouveauté en France ou en Dauphiné sont les suivantes : Aquilegia atrata Koch, A. Reuteri Boiss., Silene Pseudotites Bess., Arenaria stolonifera Vill. ined., Potentilla penn- silvanica L., Agrimonio odorata Camer. , Achillea Ageratum L. , Hieracium leucopogon Grenier inéd., Elodea canadensis Mich., Ophioglossum lusitani- cum L. L'Equisetum Telmateya Ehrh. (1783) porte le nom d'E. maximum Lam. (1778). L'auteur a admis avec raison le genre Phegopteris, et rapporté le Blechnum Spicant Roth au genre Lomaria, ainsi que devraient le faire tous les floristes. Note sur les tubereules du Callitriche autumnalis ; par MM. Kareltschikoff et Rosanoff (Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, 2° série, t. v, 4870, pp. 124-136, avec une pl. ). Feu le professeur Kareltschikoff avait commencé ce mémoire achevé par M. Rosanoff sur l'étude de matériaux conservés dansl'alcool. Ces tubercules du 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Callitriche sont des excroissances anomales développées sur les organes axiles, au niveau desquelles la structure de ceux-ci est complétement modifiée. Le - faisceau fibro-vasculaire, qui occupe normalement le centre de l'axe, passe insensiblement dans le tissu cortical au niveau des tubercules. Ceux-ci pré- sentent une masse compacte, et la partie intermédiaire entre le centre et la périphérie s’y compose de cellules allongées dans le sens radial, entre lesquelles sont disséminées de grandes ouvertures que M. Kareltschikoff a regardées comme des méats intercellulaires élargis. Ces cellules allongées sont isolées ou réunies par groupes. Dans leur intérieur se rencontrent de singuliers corps aplatis, tabulaires, se modelant sur la forme des parois, d'une épaisseur con- stante et de contours fort divers, composés de très-petites cellules polygonales disposées en deux couches et formant un tissu parenchymateux. Ces formations renferment dans la membrane de leurs cellules constituantes une notable quantité de silice. Elles sont souvent réunies à la paroi dela cellule par un appendice. M. Kareltschikoff les avait considérées comme des cystolithes com- parables à ceux des Urticées ; M. Rosanoff y voit les restes d'un mycélium para- sitaire. Il cite un grand nombre de Champignons qui, à l'époque de leur reproduction, présentent peu d'indices d'un mycélium, par exemple le Sapro- legnia De Baryi Walz (Bull. univ. Kiew, 4869). D'aprés M. Fischer de Waldheim, dit-il, et les observations inédites de M. De Bary, les Urédi- nées et les Ustilaginées déterminent souvent, dans les cellules des plantes qu'elles habitent, un dépót abondant de cellulose autour des filaments du mycélium. Sur Févaporation de l'eau et la décomposition de Pa- cide carbonique par les feuilles des végétaux; par M. P.-P. Dehérain (Ann. sc. nat., 5° série, t. XII, pp. 4-23). + Cette publication renferme deux mémoires communiqués à l'Académie des sciences, le premier dans sa séance du 9 août 1869, le deuxième dans sa séance du 25 octobre de la méme aunée, L'auteur en a formulé les conclu- sions de la manière suivante : L'évaporation de l'eau par les feuilles est déterminée par la lumière et non par la chaleur. — Cette évaporation se continue dans une atmosphère satu - rée, — Les jeunes feuilles évaporent plus d'eau que les anciennes. — Les rayons lumineux (jaune et rouge) efficaces pour déterminer la décomposition de l'acide carbonique, sont aussi ceux qui provoquent l'évaporation la plus abondante. — La différence d'action des divers rayons lumineux est encore sensible quand on s'efforce de les amener à une intensité lumineuse égale. — La partie supérieure des feuilles décompose mieux l'acide carbonique que l'in- férieure, et est aussi celle qui évapore la plus grande quantité d'eau. — Il est vraisemblable qu'il existe entre les deux fonctions capitales des végétaux, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 39 évaporation et décomposition de l’acide carbonique, une liaison dont il reste à déterminer la nature. Sur l'intervention de l'azote atmosphérique dans la végétation ; par M. P.-P. Dehérain (Comptes rendus, t. LXXIII, n° 24, pp. 1352-1355). M. Dehérain a obtenu régulièrement l'absorption de l'azote dans un liquide formé de 15 grammes de glucose dissous dans 15 centimètres cubes d'eau et de 15 centimétres cubes d'ammoniaque ordinaire, surmonté d'une atmosphére d'air et d'oxygène bien déterminée et enfermée dans un matras scellé à la lampe. Il chauffait cet appareil pendant une centaine d'heures au bain-marie. L'azote restant alors dans l'appareil est en quantité beaucoup plus faible que quand on l'avait introduit. Ainsi en présence de la combustion lente des matières organiques, l'azote atmosphérique entre en combinaison, probable- ment pour former de l'acide nitrique, qui, au contact d'un excès de matière carbonée, se réduit et cède son azote à la matière organique. Toute plante qui abandonne des débris sur le sol qui l'a portée, et qui brüle au contact de l'air une matiére organique, est donc l'occasion d'une fixation d'azote plus ou moins grande; cette réaction se continue pendant de longues années et finit par accumuler dans les terres abandonnées à une végétation spontanée, comme les landes, une quantité d'azote suffisante pour qu'au moment du défrichement, le cultivateur puisse en tirer plusieurs récoltes de céréales sans faire intervenir d'engrais azotés. Mais peut-étre l'azote ne se fixe-t-il a avec la même facilité dans toutes les terres ? Flora Sequaniæ exsiceata, ou Herbier de la flore de la Franche- Comté; par MM. J. Paillot et X. Vendrely (extrait des Mémoires dé la Société d'émulation du Doubs, séances des 10 décembre 1870 et 13 dé- cembre 1871); tirage à part en brochure in-8° de 28 pages. Besançon, typogr. Dodivers, 1872, Sous le titre qui est celui de cette brochure, les auteurs se proposent de publier, en livraisons successives, un herbier renfermant toutes les plantes qui croissent en Franche-Comté, c’est-à-dire dans les départements de la Haute- Saône, du Doubs et du Jura ; ils reprennent l’œuvre laissée interrompue par notre regretté confrère E. Michalet, en l’étendant à toute la Franche-Comté. Aujourd'hui que l'attention est appelée sur les espèces affines formées aux dépens des types linnéens, les auteurs feront leur possible pour que ces espéces soient représentées dans leur publication, tout en réservant leur opinion sur la valeur de ces espèces. La brochure que nous avons sous les yeux contient d'abord l'énumération des trois cents espèces déjà publiées par MM. Paillot et Vendrely ; suivent des notes sur plusieurs d’entre elles, notamment sur les suivantes : Capsella gra- ho SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cilis Gren., hybride entre les C. rubella Reut. et C. agrestis Jord. , Thlaspi improperum Jord., Prunus rosiflora Paill., P. cerasiflora Paill. Vient ensuite l'énumération des septième et huitième fascicules publiés par les auteurs. Elle contient plusieurs espèces non encore observées en Franche- Comté, et qui s'y sont naturalisées par suite du mouvement des troupes pen- dant la guerre. M. Paillot a fait des observations analogues à celles des botanistes parisiens sur la flore obsidionale, à celles de M. le marquis de Vibraye. Un grand nombre d’espèces adventices se sont développées sur les terrains incultes qui avoisinent la gare de Besancon, et plusieurs en si grand nombre, qu'elles demeureront sans doute acquises à la flore de cette région. Il est à remarquer que le bouleversement opéré ainsi dans les relations géogra- phiques des espéces ne s'est pas fait sentir seulemeut sur les végétaux des provinces éloignées, mais aussi sur les plantes du pays, que l'on trouve ordi- nairement dans des stations tout à fait différentes. M. Paillot termine cette notice par l'énumération de toutes les espèces adventices observées tant par lui que par MM. Cordier et Pourtier (1). Quatriéme Notice sur quelques plantes du département du Loiret; par M. Nouel (extrait des Mémoires de la Société d'agri- culture, Sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, t. x11); tirage à part en brochure in-8°, pp. 55-64. Voici les plantes nouvelles dont la présence a été constatée dans le Loiret par M. Nouel ou par ses correspondants : Hypericum montanum L., Anthe- mis montana L., Euphorbia Gerardiana L., Potamogeton polygonifolius Pourr., P. obtusifolius M. et K., P. gramineus L., Poa sudetica Hænke, trouvé en abondance par M. E. Cosson dans les clairiéres ombragées et sur les pentes fraîches de la forêt de Montargis, Agropyrum cæsium Presl, Nitella tenuissima Kütz. et JV. flexilis Al. Br. M. Nouel a constaté aussi la pré- sence de deux plantes adventices (2) : Barbarea patula Fries et Trifolium purpureum Lois., et un grand nombre de localités nouvelles pour des plantes rares du département du Loiret. Sur apparition spontanée en France de plantes four- ragères exotiques, à la suite du séjour des armées belligérantes, en 1870-1871; par M. de Vibraye (Comptes rendus, t. LXXIV; séance du 27 mai 1872). M. de Vibraye a constaté que les plantes naturalisées dans le Loir-et-Cher (4) Tous les renseignements reçus depuis un an montrent que ces faits ont été très- généraux. M. Boreau, auquel M. Paillot a soumis les plantes qu'il signale, écrit qu'aux environs d'Angers il a trouvé les mêmes espèces. M. Franchet a, dans le courant de l'été de 1871 , recueilli dans les environs de Blois environ deux cents plantes méridionales ke ws gr M. Ernest Nouel en a enregistré prés de quatre-vingts aux environs de endóme. (2) M. Nouel a lu à la Société des sciences et arts d'Orléans, dans sa séance du REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. hA par suite de l'apport de fourrages algériens ont supporté victorieusement, dans le centre de la France, l'épreuve d'un hiver tout exceptionnel, et constituent artificiellement de véritables prairies naturelles, véritables oasis implantées sur des sols arides où nulle végétation de quelque importance ne s'était montrée jusqu'alors. C'est trés-probablement, ajoute M. de Vibraye, le point de départ de l'introduction définitive d'un nombre inespéré de plantes fourragères qu'on ne s'attendrait pas à y rencontrer. ; Il est à remarquer que le point de départ de ces recherches a été fourni aux botanistes de France par M. Buchinger, qui quelques jours avant l'inves- tissement de Strasbourg écrivait à M. Franchet, pour le prévenir que l'examen des foins distribués aux chevaux lui avait procuré quatre-vingt-quatre espéces de la région méditerranéenne, et dont plusieurs appartenaient tout spéciale- ment à la flore algérienne. M, Buchinger pressentait déjà les faits de natura- lisation que beaucoup de nos confrères ont eu depuis l'occasion de constater. Au 4° mai 1872, dit M. de Vibraye, on signalait dans les quatre localités de Blois, Cheverny, Vendóme et Orléans, non moins de deux cents espéces, dont cent soixante-dix au moins spéciales aux prairies et aux pâturages. La gelée du 12 mai, qui a fait souffrir les vignobles, et compromis les jeunes pousses des arbres, notamment celles des Coniféres indigènes aussi bien que celles des exotiques, a respecté les fourrages d'origine algérienne. Ueber die Milehzellen der KEuphorbiaceen, Moreen, Apocyneen und Asclepiadeen (Sur les cellules laiteuses des Euphorbiacées, Morées, Apocynées et Asclépiadées); par M. George David. In-8° de 59 p., avec 4 pl. Breslau, 1872, chez J.-U. Kern.— Prix : 3 fr. 25. Voici de quelle manière l'auteur lui-même rend compte des résultats de ses recherches : 1. Lesorganes qui, dans les familles sus-nommées, conduisent le suc laiteux ne sont pas des « fusions de cellules », mais des cellules qui, par l'élongation active et passive comme par la ramification dans les espaces intercellulaires, atteignent une longueur importante. 2. Ces organes naissent des cellules du tissu fondamental ; on ne doit par conséquent les identifier ni avec les vraies fibres libériennes, ni avec le Sys- tème fibro-vasculaire. 3. Ils ne s’anastomosent point entre euxJet ne produisent par conséquent aucun « système » dans le végétal. Encore moins peut-on constater une com- munication entre eux et les éléments du bois. 2 février 1872, une Notice sur un certain nombre de plantes adventices qui ont élé recueillies à Orléans pendant l'année 4871. Tl s’agit encore ici de plantes naturalisées pendant la guerre. M. Nouel énumére quatre-vingt-dix espéces. Il pense qu'un certain nombre de ces plantes se maintiendront aux environs d'Orléans, les unes par leurs graines, les autres par leurs racines vivaces. A9. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A. Ts naissent encore plus tôt que les vaisseaux spiraux, et seulement à une trés-faible distance du cóne végétant. 5. Is se trouvent dans les mêmes parties de la plante où se rencontrent des faisceaux vasculaires; et les laticifères de la feuille ou bien lui appartiennent en partie, ou bien sont tous la continuation de ceux de la tige. 6. S'il se trouve des cellules à latex dans la moelle, ce sont seulement des prolongements ou des ramifications de celles du parenchyme cortical, quand il n'y à point dans la moelle de formations libériennes ; dans le cas contraire, les laticiferes de la moelle y sont indépendants. Traité de Paléontologie végétale; ou la Flore du monde pri- mitif, dans ses rapports avec les formations géologiques et la flore du monde actuel ; par M. W.-Ph. Schimper. T. 11, 2° partie, pp. 521 à 968 ; et 4° li- vraison de l’atlas. Paris, J.-B. Bailliére et fils, 1870-72. La deuxième partie du tome 11 de l'ouvrage de M. Schimper comprend la description des Dicotylédones depuis les Amentacées jusqu'aux Diospyri- nées. L'énumération des genres de Dicotylédones fossiles est précédée d'une introduction intéressante. M. Schimper y porte approximativement à trois mille le nombre des Dicotylédones fossiles déjà connues. Dans la seule for- mation crétacée supérieure d'Aix-la- Chapelle, le docteur Debey en a, dit-il, découvert deux cents espéces (malheureusement presque toutes encore iné- dites); et ces deux cents espèces ne représentent probablement point une fraction considérable de la végétation dicotylédonée de leur époque, car la localité oü elles étaient enfouies offre à peine une surface de quelques centaines de mètres carrés. Il ne serait méme pas exagéré, selon l'auteur, de supposer que la somme des espèces fossiles dépasse en Europe celle des espèces vivantes, car chaque période avait une végétation dont la physionomie générale s’est conservée jusqu'à l'époque actuelle, sur des étendues plus ou moins considé- rables, dans des régions de notre globe qui offrent les mêmes conditions cli- matériques que celles qu'offraient les lieux dans lesquels vivaient les flores fossiles correspondantes. L'Europe a eu successivement ses flores austro-asia - tique, intertropicale, sud- et nord-américaine ; or nous savons quelle est la richesse en familles, genres et espéces de chacune de ces flores dans les temps actuels. Et quand méme nous n'admettrions pas la méme richesse de. formes pour les flores fossiles, nous n'en arriverions pas moins, avec les données que nous possédons déjà et dont le nombre va toujours en augmentant, à un chiffre beaucoup plus considérable que celui qu'offre la flore européenne vivante. Apres ces considérations, M. Schimper trace une étude générale de la nervation des Dicotylédones, puis il entre dans l'énumération des familles et des genres, où nous ne pouvons le suivre. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h3 Catalogue des plantes vasculaires indigènes ou géné- ralement cultivées en Corse, suivant l'ordre adopté dans la Flore de France de MM. Grenier et Godron, avec l'indication des stations et des époques de floraison ; par M. L.-J.-A. de C. de Marsilly, avec le concours de MM. E. Revelière et P. Mabille. In-8° de 202 pages. Paris, chez G. Masson, 1872 ; Bourges, impr. A. Jollet. Le Catalogue que nous annoncons représente, d’après M. de Marsilly lui- méme (p. ^ de sa préface), le résultat des recherches de M. Mabille jusqu'en 1868, de quelques-unes de Requien, d'une partie de celles de M. Revelière (qui, ayant quitté depuis plusieurs années la botanique pour l'entomologie, n'a pas pu se rappeler toutes ses découvertes), des propres recherches de l'auteur pendant environ quatre ans, et des nombreuses indications que MM. Grenier et Godron ont réunies dans leur Flore de France, d’après MM. Bernard, Kralik, de Pouzolz et Soleirol. L'auteur cite beaucoup de points de la Corse, tant d’après les observations de MM. Revelière et Mabille que d'aprés les siennes ; mais il n'a vu ces points, pour fa plupart, qu'un petit nombre de fois, les environs d'Ajaccio, Bonifacio, Portovecchio et Bastia exceptés. M. de Marsilly regrette que le défaut de temps l'ait empéché de consulter l'herbier de feu M. Romagnoli, conservé au musée d'Ajaccio (1), et surtout un autre herbier trés-important formé par les soins de Requien et d'autres botanistes connus et conservé au couvent de Vico. Nous regret- terons encore qu'il n'ait pas eu l'occasion de mettre à profit les matériaux considérables amassés il y a une quinzaine d'années par Moquin-Tandon en vue d'une flore de la Corse, non plus que les herborisations de M. Debeaux et de M. N. Doümet-Adanson. Somme toute, le Catalogue de M. de Marsilly fournira cependant des documents utiles, nous dirons méme nécessaires à tout botaniste qui voudra herboriser en Corse ou étudier la végétation de cette ile. Les espèces n'y sont pas décrites; mais un grand nombre d'entre elles donnent lieu à quelques observations. Le Catalogue est terminé par un nues des localités citées dans ce livre et dans la Flore de France. Ce livre ajoute à la Flore de France de MM. Grenier et Godron, qu'il com- pléte, quelques observations intéressantes et des formes nouvellement distin- guées. Nous citerons aprés M. Mabille (Recherches sur les plantes de la Corse) : Ranunculus Hevelierii Bor., Helleborus corsicus Willd. (H. livi- dus G. G. non Ait.), Papaver obtusifolium Desf., Fumaria Gussoni Boiss., Pteroneuron corsicum Jord., Succowia balearica, Vella annua L., Polygala corsica Bor. ; Silene Boullui Jord. ; Linum ambiguum Jord.,' Rubia Re- (4) Parmi les espèces recueillies par M. Romagnoli, nous pouvons en citer une qui manque au Catalogue de M. de Marsilly, le Cardamine chelidoniaL. (Kralik, pl. cors. exs., n° 472). Voyez d’ailleurs à cet égard Cosson : Notes sur auelques plantes critiques, fasc, 2, p. 50 et suiv. hh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quienii Duby, Filago lagopus Parl., Anarrhinum corsicum Jord., Thesium ramosum Hayne, Urginea fugax Steinheil, Asphodelus corsicus Jord., Tri- chonema Requienii (Romulea Parl.), T. Revelierii Jord., T. purpurascens Ten. , Triglochin laxiflorum Guss., Melica typhina Bor., etc. Communications faites au congrès scientifique de Moulins (1870); par M. A. Pérard. Brochure in-8° de 45 pages. Mou- lins, impr. C. Desrosiers, 1872. Cette brochure conlient d'abord une notice rédigée pour répondre à la question. suivante, posée au congrès scientifique de Moulins : « Comparer la flore de l' Allier à celle des départements limitrophes ; indiquer les espèces les plus remarquables. » M. Pérard relate d’abord les travaux publiés sur la flore du centre de la France depuis un certain nombre d’années, Les plantes de la partie orientale du département de l’Allier sont fréquemment rencontrées dans les départements de la Nièvre et de Saône-et-Loire ; celles de l’ouest sont représentées en partie dans le département de la Creuse. Le calcaire liasique, au nord de l'arrondissement de Montluçon, est émaillé de plantes intéres- santes que l'on peut constater également dans le département du Cher. Les parties méridionales du département ont de nombreux points de ressemblance avec la végétation granitique du département de la Loire et surtout avec celle des coteaux calcaires de la Limagne. Les environs d’Échassières se font remar- quer par une végétation analogue à celle de quelques points élevés de la chaine du Forez. Plusieurs des plantes signalées par M. Pérard dans les listes qu'il donne sont nouvelles pour le département de l'Allier, dans lequel la réunion d'espèces silicicoles et d’espèces calcicoles offre un intérêt particulier. M. Pérard trace ensuite l'Z/numération des Cryptogames cellulaires observées jusqu'ici dans le département de l'Allier. On y remarque, parmi les Mousses, l Hylocomium. loreum, de la région élevée des Alpes, et parmi les Lichens le Dirina repanda Nyl., plante de la région méditerranéenne qui remonterait vers le centre de la France. Il rend compte ensuite d'une excursion faite le 7 aoüt 1870, par quelques membres da congrés de Moulins, sur les bords de la Loire. On ya constaté le Naias minor, Y Agropyrum cæsium Presl, espèces nouvelles pour le départe- ment, et l'on a visité l'abbaye de Septfons, dirigée par les religieux de la Trappe, oü existe un petit jardin botanique, bien tenu, consacré à Ja culture des plantes médicinales. Des comparaisons histotaxiques, et de leur importance dans l'étude critique des espèces végétales; par M. J. Duval-Jouve (extrait des Mémoires de l' Académie des sciences et lettres de Montpellier) ; tirage à parten brochure in-4°, pp. 471-525. Paris, J.-B. Bailliere et fils, 1871. L'histologie végétale se borne à l'étude intrinsèque des tissus, que l’Aisto- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A5 taxie compare entre eux. Les essais d'application de l'histotaxie à la détermi- nation des plantes vivantes sont restés isolés. Ils ont méme conduit quelquefois à errer l'anatomiste qui a cherché des distinctions non plus dans la disposition relative des tissus, mais dans les modifications ultérieures qu'ils peuvent subir : ainsi l'auteur du Juncus equisetosus, regardé à tort comme distinct du J. inflezus L. (1). M. Duval-Jouve pense que les caractères extérieurs du végétal Dioni conduire, par l'étude de toutes les variations, à la création d'un nombre infini d'espéces, tandis que si l'on s'attaque à la disposition des éléments de l'orga- nisme, on arrive tout de suite à ce qui est essentiel et nécessaire. C'est, selon lui, dans l'organisation intérieure que se trouve le maintien de la forme spéci- fique dans l'espace comme dans le temps, et c'est à la disposition des tissus élémentaires qu'il faut demander des caractères constants. Ainsi le Juncus bufonius, wés-variable dans ses caractéres extérieurs, possede une structure intime invariable en sa disposition générale comme en ses détails. Les comparaisons histotaxiques conduisent promptement à apprécier les variations parallèles des types congénères (voyez le Bulletin, t. XII, p. 196), et les variations parallèles des types à propagation similaire (espèces annuelles, stoloniferes, amphibies, etc.). L'emploi de ces. comparaisons peut servir à contrôler les espèces indéfiniment multipliées. A ce propos, M. Duval-Jouve fait le procès de l'école qui professe l'immutabilité des espèces, et par consé- quent le droit des moindres variations à constituer une espéce. Il commence par prouver que le principe de la mutabilité n'a pas été regardé autrefois comme contraire aux textes bibliques, et que les opinions professées par l'orthodoxie étaient favorables à tous les excés du transformisme, parce que Loutes ces questions ne se rapportaient qu'à des groupes qu'on regardait comme trés-éloignés de l'homme. Il raconte ensuite les faits généralement connus, l'histoire des Æ gilops, etc. Il fait remarquer que si la constatation de caractères stables est le but du système orthodoxe, l'histotaxie l'y condui- rait plus sürement que le seul examen de la surface des plantes. Selon M. Du- val-Jouve, les erreurs de l'école qu'il combat, et qu'il nomme dialytique, viennent de deux causes : la première, c'est qu'elle ne tient ancun compte de la subordination des caractères différentiels ; la seconde est que son observa- tion, si subtile et si délicate, ne porte que sar l'extérieur. La doctrine de la permanence et de l'invariabilité absolue des espèces est d'ailleurs en contra- diction absolue avec ce que la géologie nous apprend de plus certain sur la non-permanence de l'état de choses existant actuellement sur le globe ; (1) M. Duval-Jouve a publié dans les Comptes rendus, t. LXXIV, séance du 1*' avril 1872, une note intéressante sur l'anatomie des cloisons que présentent les feuilles de certains Juncus. Ces diaphragmes sont composés de couches cellulaires entre lesquelles use un réseau transversal fibro-vasculaire, fait tout à fait spécial aux feuilles des oncées, A6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Duval-Jouve insiste au contraire sur la flexibilité avec laquelle ces formes se plient aux milieux ambiants ; toutefois il reconnait que les comparaisons histo- taxiques montrent que les modifications intérieures, s'il y en a en ce moment, se font avec une lenteur qui est pour nous une véritable permanence. Plus loin il admet que. parmi nos végétaux il y a évidemment des types fixés, inflexibles, comme arrêtés et vieilis, survivants à une période antérieure (Ex. Cneorum tricoccon L.), et à cóté d'eux destypes plus flexibles, comme s'ils étaient plus jeunes (Rubus; Rosa, Mentha). Ces derniers se prêtent à de nombreuses combinaisons ; quand ils se seront fixés sous des formes que leur parfaite harmonie avec les circonstances aura rendues moins variables, les especes seront, comme on. dit, établies. En -continuant -la discussion, M. Duval-Jouve établit que la culture par semis est un moyen de contrôle insuffisant et souvent impraticable ; ultérieure- ment il fait remarquer que la manière dont il comprend l’espèce n'est point inconciliable avec le principe de création; que seulement elle n'a point la prétention de limiter et d’amoindrir la puissance créatrice en se fondant sur l'interprétation personnelle d'un texte. Étude anatomique de l'aréte des Graminées; par M. Du- val-Jouve (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier); tirage à part en brochure in-A*, pp. 33-78, avec 3 planches. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1871. Voici le résumé tel quele donne M. Duval-Jouve lui-méme de ce mémoire. Il y a à distinguer l'aréte complète (ou plus simplement l'aréte), et l'aréte incomplète (ou subule) — L'aréte complète se compose de deux régions : une inférieure, hygrométrique et tortile, ou colonne ; une terminale non tordue, ou subule. — La subule peut exister sans être supportée par la colonne ; elle est dite subule simple. — L'aréte complète ne se développe que sur la glumelle inférieure. — La subule simple apparait sur toutes les enve- loppes florales (glumes ou glumelles), à tous les degrés de développement, depuis le plus réduit (mucron, apex auct.) jusqu'au plus allongé (soie, barbe auct.). Dans toute aréte, on trouve au moins un faisceau fibro-vasculaire cen- tral, entouré de fibres libériformes à parois épaisses. Les arétes dorsales n'ont qu'un faisceau, les terminales en ont trois. — Le faisceau central de l'aréte descend toujours dans la glumelle et jusqu'à sa base. — L'aréte contient aussi des bandes latérales de parenchyme vert quand la glumelle aristifere en. con- tient elle-méme. — Sur les bandes de parenchyme vert, les cellules de l'épi- derme sont à parois minces et avec stomates ; sur le reste, elles sont à parois épaisses et sans stomates. — Sur les espèces d'un méme genre, la structure des arétes se rattache à un type général avec des différences propres à chaque espèce. — Sur une méme espèce, la structure d'une subule simple est iden- tique avec celle d'une subule faisant partie d'une aréte complète, — La subule REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 47 simple n'est qu'une arête. dont la colonne ne s’est pas développée, comme une feuille sessile est celle dont le pétiole fait défaut, — De méme qu'on ne peut fonder une distinction générique sur l'absence ou sur la présence du pétiole des feuilles, on ne peut séparer génériquement les Graminées. à glumelles subulées des Graminées à glumelles aristées. — Une glumelle avec aréte complète répond à une feuille complète ; la glumelle correspond à la gaine ; sa partie supérieure à la ligule, la colonne au pétiole, la subule au limbe. — La glumelle parait d'abord sous forme de bourrelet cellulaire; la subule se montre et se développe ensuite, puis au-dessous d'ellela colonne, et enfin la glumelle achève son développement. — Commela première feuille d'un rameau de Graminée est, par un effet de compression, privée de nervure médiane, la glumelle supérieure est, par le méme effet, toujours privée d'aréte et le plus souvent de nervure médiane. Les glumes sont privées d'aréte compléte, comme les feuilles radicales sont privées de limbe chez les Graminées, les Cypé- racées, les Joncées et la plupart des Monocotylédones. Ueber die Heliotropien der mittellàndisch-orientali- schen Flora (Sur les Héliotropes de la flore méditerranéenne et orientale); par M. Alexandre de Bunge (extrait du Bulletin de la So- ciété des naturalistes de Moscou, 1869, n° 2); tirage à parten brochure, in-8° de 54 pages. Moscou, impr. de l'Université impériale, 1870. Dans la région étudiée par M. de Bunge, Linné ne connaissait que deux Héliotropes, Willdenow cinq, Lehmann neuf; De Candolle, dans le tome 1x du Prodromus, en a énuméré vingt-huit, M. de Bunge en signale soixante- dix, dont une vingtaine sont complétement nouveaux. Il les partage en onze sections, ayant un peu modifié la circonscription de celles du Prodromus et en ayant augmenté le nombre. Il n'a pas manqué de tracer la clef dichoto- mique des espèces et des genres, ce qui nous parait la meilleure manière de faire comprendre et de bien comprendre soi-méme la valeur des espéces que l'on établit. A un point de vue plus général, il pense que les Tournefortia doivent étre séparés des Ehrétiées auxquelles ils ont été joints daus le Prodro- mus, pour étre réunis aux Héliotropiées. Il pense que les Borraginées du Prodromus doivent constituer trois familles, l'une renfermant les Cordiacées et les vraies Ehrétiées, l'autre les Héliotropiées, et la troisième les Borraginées. Les Héliotropiées se distinguent de celles-ci par le style terminal et la présence d'un périsperme, contrairement à ce qui en a été dit dans le Prodromus. Die Arten der Gattung Dionysia Fenzl (Les espèces du genre —); par M. Al. Bunge (Mélanges biologiques tirés du Bulletin de l'Aca- démie impériale des sciences de Saint- Pétersbourg, t. VII, pp. 193-214); tirage à part en brochure in-8°. Ce genre de Primulacées appartient à la Perse et aux régions voisines de A8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Affghanistan et de la Mésopotamie. M. de Bunge (1) trace l'histoire des décou- vertes successivement faites dans ce genre par les explorations des voyageurs et par les travaux des botanistes sédentaires. Il se compose aujourd'hui de douze espèces ; le Dionysia drabæfolia (D. diapensiæfolia var. Hochst. in sched.), le D. Kotschyi (D. bryoides var. Hohen. in sched.), le D. tapetodes (D. bryoides Cat. Griffith non Boiss.), le D. curviflora (D. bryoides Boiss. et Buhse Aufzæhl. p. 155, non Boiss. Diagn.) etle D. rhaptodes sont signés de M. de Bunge. Heliocarya, eine neue Borragiueen Gattung, nebst einigen Bemerkungen über Borragineen überhaupt (L’Heliocarya, nouveau genre de Borraginées, avec des remarques sur les Borraginées princi- palement); par M. Al. de Bunge. Brochure in-4° de 12 pages. Moscou, 1871. L'Heliocarya monandra, espèce unique du nouveau genre, appartient à la flore de la Perse. Ce genre est voisin du genre C'accinia ; il est parfaitement caractérisé par son androcée réduit à une seule étamine fertile, la postérieure; (cet androcée offre déjà des étamines de grandeur inégale dans le Caccinia). Ce dernier genre est étudié par l'auteur aprés l’ÆZeliocarya ; ilest divisé en trois sections, dont la dernière, Actinobole, renferme seulement le Caccinia Actinobole n. sp. Les appendices dela gorge de la corolle, si développés chez les Caccinia, manquent à l Heliocarya. L'auteur a fait quelques observations spéciales sur les caractères que présentent ces appendices daus divers genres de Borraginées, ainsi que sur les caractéres des nectaires placés plus bas dans le tube de la corolle. La dernière note de ce petit mémoire est consacré à la des- cription d'un nouvel Onosma, O. longilobum. Die Gattung Acantholimon Boiss.; par M. Al. Bunge (extrait des Mémoires de l' Académie impériale de Saint-Pétersbourg) ; tirage à part en brochure in-4° de 72 pages, avec 2 planches. Saint-Péters- bourg, 1872. Ce mémoire a été lu à l'Académie le 48 mai 1871. M. de Bunge y explique d'abord dans une introduction l'histoire scientifique des espèces du genre Acantholimon signalé pour la première fois en 1627, par Prosper Alpin (De plantis exoticis, p. 57, De Echino seu De alia Tragacantha). Viennent ensuite des détails intéressants sur l'organographie de ce genre difficile, dont les caracteres spécifiques principaux sont offerts par la constitution des feuilles, la villosité intérieure du limbe du calice, le nombre des fleurs des épillets, L'auteur se livre ensuite à des considérations sur.la distribution géographique des espèces du genre. Ensuite il étudie le genre Acantholimon au point de (4) Le nom de ce savant est écrit Al. Bunge sur les publications de mr sid et Al. v. Bunge sur celles de Moscou. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A9 vue spécial des hypothèses darwiniennes ; il reconnait une grande difficulté, à cause des relations multiples qui relient entre eux les divers types de ce genre, à les considérer comme dérivés d'un d'entre eux, l'A. diapensioides par exemple, par séries rectilignes. Il croit possible, sinon très-vraisemblable, que les espéces du genre le mieux développées sont parvenues à leur type par des chemins différents. 1l ignore si certaines formes doivent étre considérées comme les ancétres des autres ou comme l'expression terminale de la série à laquelle elles appartiennent. M. de Bunge énumère, tant dans son mémoire que dans le supplément, quatre-vingt-cinq espèces d' Acantholimon distribuées en huit sections. Une clef dichotomique est annexée à chaque section. Ta plupart des sections et vingt- cinq espèces appartiennent en propre à l'auteur, quelques-unes à MM. Jaubert et Spach, tout le reste à M. Boissier, qui a aidé l’auteur de sa correspondance et de son herbier, De l'influenee du climat sur la croissance de quelques arbres résineux ; par M. A. Békétoff (Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, 2° série, t. V, pp. 199-254). L'action du climat sur la croissance des arbres n’a pas donné lieu, dit l'au- teur, à un grand nombre de travaux exacts. Il ne peut citer que les recherches de MM. Bravais et Martins sur le Pin silvestre, quelques données communi- quées par les mêmes savants à l'égard du Chêne et du Frêne, et d'autres qui se trouvent dans le dernier volume du voyage de M. de Middendorf, concer- nant les arbres de la Russie. M. Békétoff résume ainsi qu'il suit les résultats de ses observations : 4° Le diamètre des arbres étudiés, ainsi que l'épaisseur de leurs couches moyennes, augmente de l'O. à PE. approximativement entre les 45° et 64° degrés long. N.-E., en suivant d'ailleurs un seul et méme degré de latitude, 2° Le contraire s'observe entre le 64° degré lat. N. et la limite polaire de la végétation forestiere. Il en résulte que la limite entre ces deux variations du diamètte des arbres en sens opposé passe en Scandinavie et en Russie. Donc le climat continental détermine au sud du 64° degré lat. N. un accroissement plus actif du Pin et de l'Épicéa en diamètre ; le contraire arrive dans les contrées situées au nord du 64* degré lat. N., quoique à un moindre degré. 3° Comme la densité du bois diminue avec l'épaisseur des couches annuelles, et vice versá, l'auteur pense que, pour le Pin et l'Épicéa, la densité du bois augmente non-seulement du S. au N., mais aussi de l'E. à l'O. entre les 64° et 45° degrés lat. N., et vice versá, entre le 64° degré lat. N. et la limite polaire de la végétation forestière. 4? Une couche moyenne d’un millimètre approximativement, à l’âge de cent à cent vingt ans, est reconnue pour caractère du meilleur bois de con- T. XIX. ^ 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. struction, et correspond à une densité considérable mais non extrême, réunie à une élasticité particulière. C’est donc dans la zone froide que l’on doit chercher les meilleurs Pins et Épicéas pour la construction. Les arbres polaires ont une trop forte densité, qui nuit à l'élasticité de leur bois; ceux de la zone tempérée manquent au contraire de densité et d'élasticité, en devenant parfois même spongieux. La zone froide du Pin et de l'Épicéa est située, dans divers pays monta- gneux, à une hauteur bien différente : plus on s'avance vers le sud, plus elle s'éléve, en disparaissant complétement sur les chaines qui n'atteignent pas au delà de 1500 à 2000 pieds et méme à 3000 pieds. Elle doit donc embrasser une étendue de pays trés-peu considérable en comparaison de celle qu'elle embrasse dans les plaines immenses du nord de l'Europe et de la Sibérie. D'ailleurs les Pins et les Épicéas des montagnes, venus a des altitudes trop considérables, n'ont pas cette homogénéité du bois et cette égalité de venue que possedent en général les arbres des plaines du Nord. Zusammenstellung den Lichenen der Provinz Preus- sen (Exposition des Lichens de la province de Prusse) ; par M. Arnold Ohlert (Schriften der K. Phys.-QEkon. Gesellschaft zu Kænigsberg, 1870, 1'* livraison, pp. 1-51). Ce mémoire doit étre considéré comme une seconde édition, revue et con- sidérablement augmentée, d'un travail relatif au méme sujet et publié par M. Ohlert dans le méme recueil en 1863. 1l adresse ses remerciments à M. Nylander pour la détermination des espèces douteuses. Il a accordé une grande attention aux réactions chimiques qui caractérisent les organes de certaines espèces de Lichens. Études botaniques, chimiques et médicales sur ics Valérianées ; par M. Joannès Chatin. Thèse pour le doctorat en mé- decine. In-4° de 148 pages, avec 44 planches gravées. Paris, J.-B. Bail- lière et fils, 1872. Versailles, typ. Cerf, 1872. La première partie de cette thèse, exclusivement botanique, renferme : 4° un aperçu historique sur la formation de la famille des Valérianées, qui date des travaux d'Adanson, l'un des disciples de Bernard de Jussieu, et, dit l'au- teur, le vrai précurseur de Laurent de Jussieu ; 2» l'étude des caractères propres à la famille, aux genres et aux principales espèces. M. J. Chatin ne s'est pas proposé de faire, d’après les herbiers, une étude monographique des Valérianées ni méme des Valérianes, mais de tracer, parallèlement aux carac- teres morphologiques, la diagnose anatomique de la famille, de ses genres et de ses principales espèces, tâche abordée en général par M. le professeur Chatin dans son Anatomie comparée des végétaux. D'autant plus faciles à saisir et plus exactes qu'elles répondent à des groupes de moins en moins con- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 sidérables, ces diagnoses anatomiques paraissent à l'auteur devoir étre d'une précision absolue quant aux unités spécifiques. Cette étude a fourni à M. J. Chatin une base très-importante pour apprécier l'origine des divers Nards (1) connus dans la matiere médicale. Illes a étudiés dans leurs caractères extérieurs et dans leurs caractères anatomiques ; cet examen, corroboré par un grand nombre de dessins renfermés dans 14 planches de format in-4°, donne à son travail une valeur tout à fait originale. L'ana- tomie lui a permis d'établir par de nouvelles preuves que le Nard indien vrai est réellement fourni par le /Vardostachys Jatamansi (2) DC. ( Valeriana Jata- mansi W. Jones); que le Valeriana saxatilis se trouve parfois mêlé au V. celtica dans le Nard celtique qui est exporté des régions du Haut-Danube en Orient par la voie de Trieste. L'anatomie enfin met hors de doute que malgré l'opinion commune, qui rapporte le faux Nard indien au Vardostachys gran- diflora, ce produit ne peut être attribué à une espèce de la famille des Valé- rianées, ni méme à une plante dicotylédone, mais probablement à une Cypé- racée, L'auteur a étudié en outre tous les produits désignés à tort sous le nom de Nard dans le commerce ou dans les auteurs, y compris Pline Ancien. Ainsi le faux Nard du Dauphiné et le Nardus spuria narbonensis (3) de Dalechamp doivent être rapportés à l'A/ium Victorialis L.; le Nard d'Italie (Nardus italica de Matthiole et de Lobel, Nardus germanica Lonicer), au Lavandula Spica L.; le Nard de Crète au Valeriana Phu L., etc. Après les études anatomiques, viennent dans la thèse de M. J. Chatin une esquisse organogénique du développement des Valerianella, puis une étude chimique qui forme la deuxième partie. La troisième partie de la thèse est divisée en quatre chapitres : matiere médicale, pharmacologie, thérapeutique, applications alimentaires. Un /ndex bibliographique et l'explication des planches terminent la thèse. Sur le Sumbul; par M. le professeur N. Kauffmann (Nouveaux Mé- moires de la Société impériale des naturalistes de Moscou, t. xiir, livrai- son 3, 1871). Le travail dont nous rendons compte est un travail posthume, M. Kaulf- mann, professeur de botanique à l'université de Moscou, étant décédé le 27 décembre 1870. Le Sumbul dont il traite a déjà une histoire compliquée, et (4) M. J. Chatin rapporte le mot Nord à une racine sémitique. On peut erro Úa cet égard un mémoire de W. Jones Sur le Nard des anciens, inséré dans les Rech S asiatiques, t. 11, p. 445, de la traduction française de Labaume. On trouvera encore des documents sur le même sujet dans le tome V de la même collection, savoir : une note ad- ditionnelle de W. Jones, et un mémoire de Roxburgh. Ajoutons que Lobel (Adversaria nova, p. 42), en traitant du Nardus Dioscoridis, suggère encore une autre étymologie, mais peu acceptable. E : (2) Le composé sanscrit jatámáfisi, comme le simple jatd, rappelle les fibres entre- lacées qui enveloppent la racine. (3) Voyez le Bulletin, t. x, p. 18. 22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ous pensons que le dernier mot n'est pas dit à cet égard. L'attention de nos confrères a été appelée sur ce sujet par une note de M. Paul Vælkel, repro- duite dans le Bulletin, t. xvitr, p. 7, à la suite de laquelle M. Cauvet a transcrit (p. 17) l'article qu'il avait consacré, dans ses Vouveaux Éléments d'histoire naturelle médicale, au Sumbul, Soumboul, Jatamansi (1), racine musquée (Sambala Guibourt). M. Kauffmann a dit en 1869, au congrès de Moscou (2), que d’après M. Fedtchensko le Sumbul était une Fougère. M. Ruprecht, dans le Sertum tianschanicum dont nous avons rendu compte (3), a pensé que le Sumbul devait être produit par son nouveau genre Angelocarpa, voi- sin des Archangelica, ce qui se rapprocherait singulièrement de l'opinion brièvement émise par M. Dorvault dans la 7° édition de l’ Officine. M. Petun - nikow, en annonçant dans le Botanische Zeitung (1871, n° 3, col. 48), la perte que la science avait faite dans la personne de M. Kauffmann, a donné le catalogue des travaux de ce savant et cité son mémoire sous presse sur le Sumbulus moschatus Reinsch. Ce nom a été mentionné dans cette Revue, t. XVII, p. 143, d’après le n° 27, 1870, du Wochenschrift de M. Koch, re- produit dans le Pharmaceutical Journal, numéro du 8 avril 1871. Or dans son mémoire publié, M. Kauffmann a adopté pour le Sumbul le nom d'Zurgan- gium, parce que les bandelettes du fruit de cette Ombellifère sont larges et courtes. M. Petunnikow reconnait que la largeur considérable des canaux résinifères est le seul caractère qui distingue le nouveau genre Zuryangium du genre Ferula. L'examen anatomique du rhizome odorant de cette plante a été fait par M. Tchistiakoff. On en trouvera les détails dans le passage du Botanische Zeitung cité en téte de cet article. Observations on Mucor Mucedo ; par M. R.-L. Maddox (The Monthly microscopical Journal, septembre 1869, pp. 140-147). L'auteur a étudié les corps trés-variés qui se sont offerts à lui dans le champ du microscope, quand il eut placé dans une goutte d'eau du porte- objet des fragments d'une Mucédinée croissant sur des cerises mûres et qu'il regarde comme appartenant au Mucor Mucedo L. Il l'a cultivée sur différents (4) I y a ici une source d'erreur et une question de botanique historique, qui sera éclaircie par l'examen des notes que Langlés a mises au bas de la traduction des mé- moires de W. Jones, cités en note au bas de la page précédente. Les Indiens distin- sue trois espèces de Sumbul (ou plus exactement Symbal), dont l’une est le Nardo- staëhys Jatamansi DC. Sumbul signifie épi en arabe, et ce nom, suivant M. Fée (Commentaires sur la botanique et la matière médicale de Pline, note 57 du livre xn), tient à ce que la base de la tige des aromates indiens est entourée de fibres qui lui don- nent l'apparence d’un épi. On dit aussi Sombalah. On a pensé que dans la question ‘il faudrait tenir compte du Simbulela de Forskal (Fl. Æg.-ar., p. 115); mais ce dernier nom est adopté à la place d'Ant/rrhinum;L. par M, P. Ascherson, dans les Beiträge zur Flora Æthiopiens de M. Schweinfurth ! (2) Voyez le Bulletin, t. xvu, Revue, p. 26. (3) Voyez le Bulletin, t. xvii, Revue, p. 89. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 substratums naturels. Outre quelques observations intéressantes sur la struc- ture du Mucor, l'auteur a remarqué que les spores non mûres de ce Cham- pignon ne se prétent à aucun développement, pas méme à celui de Bactéries, sur les substratums où les spores müres de la méme espèce germent parfaite - ment et reproduisent le Mucor. Cependant il a va des corps bactéroides dans le champ du microscope où il observait les premiers Mucor; ces corps se trouvaient évidemment dans le jus de la cerise ouverte en fermentation. Cultivation of microscopical Fungi: pr M. R.-L. Maddox (ibid. , janvier 1870, pp. 14-24, avec une planche). L'auteur à étudié surtout le développement de l'Oidium Tuckeri et celui du Penicillium glaucum. Il se livre à de longues réflexions sur l'étiologie de certaines maladies infectieuses et sur la génération spontanée. Il regarde comme douteux que le protoplasma puisse se convertir en Bactéries ou en germes de Champignons. Dans les pétales de certaines fleurs, et spécialement, dit-il, de l'£schscholtzia, on peut voir quelques cellules remplies de ces corps animés, qui prennent la place du plasma normal, s'étendent dans les cellules voisines et en hâtent la mort ; mais, dit-il, on ne peut savoir si les germes de ces corps se sont introduits par les spongioles ou par les stomates. En tout cas, il soupconne une origine étrangére (1). Les naturalistes anglais ne par- tagent pas tous ce sentiment (2), par exemple M. Parfitt et M. Bastian. M. Edward Parfitt a lu devant le Devonshire Association for the advance- ment of science, en juillet 1869, un mémoire publié en novembre 1869, dans the Monthly microscopical Journal, où il décrit la formation de nombreux organismes qui se sont développés dans des infusions bouillies et qu'il attribue à la génération spontanée. Il nous suffira de faire remarquer, en renvoyant pour les détails le lecteur curieux au mémoire original, que les infusions bouillies étaient conservées dans des vases recouverts de papier, et qu'il fallait [4) C'est là le mode de reproduction que certains savants désignent aujourd'hui sous le nom de zénogénése, de Eévos, étranger. (2) Les discussions relatives à la génération spontanée revenant à l'ordre du jour, nous devons, sans insister trop sur un sujet qui sort un peu de notre cadre, citer à nos lecteurs les travaux qui ont paru en 1870 dans l’Athenœum : Discours d'ouverture pro- noncé par M. Huxley au congrès de l'Association britannique pour l'avancement des sciences à Liverpool, le 14 septembre 1870 (Ath., n° 2238) ; un mémoire de M. G. W. Child (Ath., n° 2240); une note de M. Samuelson, qui critique les recherches de M. Bastian (ibid,) ; et une réponse de M. Bastian (Ath., n° 2244). On consultera aussi avec intérêt les travaux suivants : 4° une communication importante faite par M, le doc- teur Benjamin T. Lowne au Quekett microscopical Club, le 73 septembre 1870, qui a dis- cuté alors la question de la génération spontanée, Cette communication a été publiée dans The Monthly microscopical Journal, décembre 1870, pp. 326 et suiv. M. Lowne croit que les spores et le mycélium du Penicillium glaucum peuvent se développer dans un liquide avec lequel ils ont été portés à l'ébullition; — 2? un mémoire publié dans le New-York medical Journal, en février 1872, où M. le professeur J.-C. Dalton apprécie les travaux récemment publiés en Europe et en Amérique sur la génération spontanée, attribuée, dit-il, aux étres que nous connaissons le moins. 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les découvrir chaque jour pour une observation qui a duré plus d’un mois; cela suffira pour que les adversaires de l'hétérogénie puissent révoquer en doute l'exactitude de la méthode suivie par M. Parfitt. Les recherches de M. Bastian sur la génération spontanée et la fermentation ont été publiées dans les deux ouvrages suivants : The Modes of origin of lowest organisms, including a Discussion of the experiments of M. Pas- teur, and a Reply to some statements by proff. Henslow and Tyndall, in-8°, 122 pages ; et The Beginnings of life, 4871. Dans l'une de ses principales expériences, qu'il dit avoir exécutée conjointement avec M. Frankland, M. Bastian a chauffé jusqu'à une température de 1/46? à 453°. C. des flacons cachetés renfermant une infusion dans laquelle, au bout de trois semaines, sont apparus des flocons (1), et au bout de soixante-cinq jours une moisissure à la surface du liquide. Or il a constaté que les moisissures ou les spores chauffées dans l'eau à cetie température sont toujours détruites. Il est donc convaincu que les nouveaux étres nés dans ses flacons sont des produits de génération spontanée. M. Frankland a commencé de réfuter les résultats obtenus par M. Bastian (2); il a été suivi de près par M. Metcalfe Johnson, de Lancastre (voyez the Mon- thly microscopical Journal, novembre 1870 et avril 4871). M. Johnson, opérant en vases clos, y détruit les germes atmosphériques par l'introduction de vapeur de soufre, et les germes immergés au moyen du sublimé corrosif qu’il précipite ensuite par un iodure soluble. Les germes étant ainsi détruits, les flacons ne donnent lieu à aucun développement organisé, bien qu'en pré- sence de matières albumineuses. On Fungi and fermentation; par M. James Bell (Zhe Monthly microscopical Journal, juillet 1870, pp. 1-14, avec une planche). L'auteur a employé le blanc d'œuf comme substratum dans ses expériences, ajouté, il est vrai, à une solution sucrée, dans un vase maintenu à une tempé- rature de 70 degrés Fahr. Dans d'autres expériences, c'est le gluten qu'il a employé comme matière azotée. Il a examiné la fermentation, qui n'a pas été la méme dans ces deux cas. Il a opéré aussi dans l'extrait de malt. Il a noté avec soin quels Cryptogames se sont produits, et combien d'alcool s'est formé dans chaque expérience, faite, comme on voit, au libre contact de l'atmosphére. Il conclut de ses recherches qu'un grand nombre de productions fongoides tendent à former de l'alcool dans les solutions sucrées où elles végètent, mais que la quantité d'alcool produite dans un temps donné varie selon l'espéce de Champignon (3). (1) Voyez le journal anglais Nature, numéro du 7 juillet 4870, p. 200. (2) Voyez Nature, numéro du 19 janvier 1871; l'article a été reproduit dans The American Journal, 1871, p. 230. (3) Le même auteur a publié sur le même sujet un mémoire dans le Journal de la Société chimique de Londres, 1870, p. 387 et suiv. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55 On the temperature of Fungi; par M. Mac Nab (Gardeners’ Chronicle, 1874, n? 39, p. 1256). M. Mac Nab a observé qu'un gros échantillon de Lycoperdon giganteum, placé dans sa boite à herboriser, y développait une chaleur notable. Il a fait quelques expériences qui prouvent que la différence entre la température du Champignon et celle de l'air peut aller jusqu'à 15,2, surtout le matin; cette différence va en décroissant jusqu'à l'heure de midi. Cette température est évidemment due à la formation de l'acide carbonique, c'est-à-dire à la respi- ration réelle du tissu (1). On the development of Fungi in potable Water; par M. E. Frankland (The Journal of the chemical Sociéty, mars 1871, pp. 66-74). Ce travail a été entrepris à la suite d'un mémoire de M. Heisch, publié dans le méme recueil (octobre 1870, p. 374), qui avait commencé des expé- riences analogues. Nous croyons que les conclusions de M. le professeur Frankland intéresseront nos confrères; ce sont les suivantes : 1. L'eau potable mélée avec du purin, urine, albumine et certaines autres matières, ou mise en contact avec du charbon animal, développe conséquem- ment des Champignons ou d'autres organismes, quand on y dissout de petites quantités de sucre et qu'on l'expose à une température d'été. 2, Les germes de ces organismes existent dans l'atmosphère, et toute eau les contient aprés un contact de quelques moments avec l'air. 3. Le développement de ces germes ne peut avoir lieu sans la présence du phosphore. L'eau ne les produit pas, méme aprés avoir été souillée, si elle est exempte de phosphore. Ueber die im menschlichen Ohre beobachteten Schim- melpilze (Sur les Moisissures observées dans l'oreille de l'homme); par M. H. Karsten (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1870, pp. 74-80, avec une planche). L'auteur décrit plusieurs formes d' Aspergillus qui, de même que dans les cas observés antérieurement (2), ont été regardées comme causes de la diffi- (1) Dutrochet avait déjà constaté une différence d'un demi-degré entre la température du Boletus æneus et celle de l'atmosphère. Rappelons aussi que Marcet a étudié la res- piration du Lycoperdon Bovista (Bibliothèque universelle de Genève, 1834, t. LXII, page 393). (2) Voyez : Mayer, Beobachtungen von Cysten mit Fadenpilzen aus dem üussern Gehürgange eines Müdchens, dans Archiv für Anat. und Physiol, deJ. Müller, 1844, p. 104. — Gruber, Ueber Myringomycosis aspergillina. Saint-Pétersbourg, 1868. — Hallier in Archiv für Ohrenheilkunde, 4869, 2* partie, — J. Bócke in Ungarische medizi- nisch-chirurgische Presse, 1868. — Hagen in Hallier Zeitschrift für Parasilenkunde, 2* partie. — C. Versari in Mem. del" Acad. di Bologna, 1870, pp. 223-237.— Steudener et Bezold, etc. 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. culté de l'audition, Toutes ces formes nesont probablement que des variations de l'Aspergillus glaucus. L'auteur a tiré.de ses cultures la conviction que l'A. glaucus, aussi bien que sa variété flavescens, se transforme plus ou moins directement en Penicillium glaucum Link. D'autres types rappelaient le genre Rhodocephalus Corda, d’autres le Sterigmatocystis Gramer (1). Botanische Untersuchangen über die Alkoholgäh- rungspilze (Recherches botaniques sur les Champignons de la fer- mentation alcoolique) ; par M. Max Reess. In-8? de 84 pages, avec A planches lithographiées. Leipzig, chez Arthur Félix, 1870. L'auteur a consigné dans ce travail les résultats de l'observation de plu- sjeurs années. Il trouve dans la levüre un organisme sui generis, dont le cercle de développement est parfaitement connu et fermé, dont la multipli- cation s'exerce par une force de bourgeonnement illimité, et la reproduction par la formation de thèques oligosporées. 1l désigne les levüres, dont la levüre de bière est le type, par le nom de Saccharomyces, et présente une revue monographique de ce genre, sur lequel il avait déjà publié une note (Bot. Zeit., 1869, n° 7). Il fait remarquer que le Saccharomyces Cerevisiæ est à peu près le seul Champignon qu'on observe dans la bière en fermentation. Il s'étend sur les variétés qui constituent la levûre inférieure et la levüre su- périeure, variétés devenues constantes, et qui ne passent que difficilement de l'une à l'autre. Une deuxième espèce, le S. exiguus Reess, se trouve dans le liquide qui a fermenté, mais très-rarement, et presque toujours mélangée avec le S. Cerevisie ; ses cellules sout en forme de toupie et très-petites. Dans la formation du vin et du poiré, M. Reess a aussi observé des Saccha- romyces qui y sont les agents de la fermentation; mais celle-ci est livrée à elle-méme, et les Saccharomyces paraissent venir de l'extérieur, de méme que dans la fabrication de la biére belge (faro). Dans ces différents cas, l'au- teur a observé plusieurs Saccharomyces: nouveaux : S, apiculatus (dont les cellules ont la forme d'un citron) (2), S. ellipsoideus, S. Pastorianus et S. conglomeratus. Dans la fermentation du vin, le S. apiculatus domine au début, puis c'est le S. e//ipsoideus qui l'emporte ; ce dernier entretient la post-fermentation (Vackgährung), à la fin de laquelle on observe quelque- fois le S. Pastorianus. Quant au S. conglomeratus, c'est une forme rare qui apparait quelquefois dans la seconde période de la fabrication du vin. Dans la fabrication du faro, on trouve réunies ces quatre espéces, auxquelles se joint encore le S. Cerevisic, qui forme au commencement la plus grande partie de la levüre, tandis que plus tard c'est le S. e///psoideus qui prédomine. La (1). M. Cramer avait déjà vu le Penicillium naître des conidies du Sterigmatocyslis. (2) Dans les Comptes rendus du 12 février 1872, M. Engel a fait du S, apiculatus Reess un genre nouveau, Carpozyma, rappelant la fructification des Prolomyces. M. Engel cite sept espèces de Saccharomyces, parmi lesquelles le S. minor, n. sp. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 57 dernière forme qu'on observe est la moisissure du vin, qui développe des théques dans des conditions de nutrition insuffisante et que l'auteur nomme Saccharomyces Mycoderma. Cependant ce Mycoderme ne parait pas à l'au- teur être un ferment, mais comme un agent de putréfaction (1). L'auteur refuse d'admettre que les Saccharomyces qu'il décrit comme jouissant d'un double mode de production soient des phases du. développement d'une Mucédinée quelconque. Zur Entwicklungsgeschichte von Penicillium (Organo- génie du Penicillium); par M. E. Löw (Pringsheim's Jahrbücher, t. vit, h* livraison, pp. 472-510, avec une planche, 1870). M. Löw n'a étudié que deux espèces, le Penicillium crustaceum Fr. et le P. cladosporioides Fres, Jl expose ainsi lui-même les résultats de ses obser- vations. 4°- Penicillium erustaceum. — La vésicule germante se forme par la sortie de la membrane interne de la spore après la- fente de la membrane externe. — La vésicule germante se sépare de la spore en formant un article; la cel- lule apicale qui en résulte est seule susceptible de partitions ultérieures. — Les petits corpuscules protoplasmiques développés à l'intérieur des vacuoles ne peuvent pas traverser l'enveloppe membraneuse de la cellule. — La liaison du Penicillium et du Leptothrix n'a pas été vérifiée. — La ramification des filaments de Penicillium est amenée par des soulèvements de la paroi des cellules secondaires, que la cellule terminale primaire ne peut pas offrir. On observe quelquefois une sorte de bifurcation au sommet des utricules. — La croissance en forme de Coremium est confirmée pour le Penicillium crois- sant dans le jus de raisin. — La pseudocopulation des filaments de Penicil- lium est vraisemblablement causée par le défaut de matériaux nutritifs dans le voisinage du mycélium. — L'utricule fructifère naît comme une proémi- nence latérale ou comme la continuation directe d'une ramification du mycé- lium. C'est un fait anomal que la présence d'une vésicule germante portant des conidies à son sommet. — Il n'est pas possible de constater une relation directe entre la pseudocopulation et la formation des utricules fructiferes. .... . La baside naît comme une saillie spéciale au sommet de l'utricule fructifére, et la premiere spore produite nait de méme sur la baside...... Chaque spore nait comme une dilatation en forme de noeud sur le stérigmate au-dessous d'une spore plus ancienne. 2» P. cladosporioides. — La germiuation, la partition des cellules, la rami- fication ont lieu comme chez le P. crustaceum. — L'utricule fructifère est d'abord un filament simple, qui se segmente de bas en haut. — Les conidies se forment comme une dilatation terminale ou latérale développée sur une conidie (4) Nous traduisons, bien entendu, mais sans pouvoir nous empêcher de faire remarquer que Ja putréfaction est une fermentation particuliére. 508 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus ancienne. Une conidie plus jeune est toujours placée au-dessus d'une conidie plus ancienne. — La forme des conidies est extraordinairement va- riable. — Les articles supportés latéralement par l'axe fructifére doivent, par leur mode de naissance et par leur faculté germinative, étre considérés comme des conidies. Ces deux espèces appartiennent évidemment à deux genres différents. Il faut d'ailleurs ramener au Penicillium cladosporioides Fres. (P. olivaceum Corda), le P. viride, P. chlorinum et le P. nigrovirens Fres, Recherches anatomiques ct physiologiques sur les Champignons ; par M. J.-B. Carnoy (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, 1810, t. 1x, n° 2, pp. 157-321). M. Carnoy a eu pour but d'établir hors de toute contestation le polymor- phisme étonnant de certains Champignons. Il n'a voulu admettre aucune transformation comme prouvée qu'aprés l'avoir vue apparaitre surle mycélium de l'espéce qui se transformait. Il commence par étudier, dans de grands dé- tails, une espèce nouvelle observée par lui en Italie, qu'il a nommée Mucor romanus ; il l'a examinée au point de vue anatomique, en vérifiant l'action des agents chimiques sur elle, constatant l'existence de couches d'accroisse- ment, etc, Dans la partie physiologique, M. Carnoy distingue dans la méme espèce les phases de la vie mucoréenne (1) et celles de la vie mucédinéenne. Examinantla vie mucoréenne, il traite successivement de la germination des spores, du développement du mycélium, de celui des tubes sporangifères, de celui des sporanges et de ce qu'ils contiennent, enfin des phénomènes qui suivent la reproduction, Ces études donnent lieu à l'auteur de formuler plusieurs lois parfaitement nouvelles ; nous remarquons celle-ci : Une fois que l'on voit apparaitre les premiers vestiges de la cellule sporangiale, les tubes fructiféres sont frappés d'arrét dans leur développement; mais aprés la maturation des spores survient une troisième période qu'on peut appeler période du grand allongement des tubes fructiferes; en quelques heures, ils gagnent jusqu'à 5 centimètres et plus en hauteur. Les autres Mucorinées, telles que le Rhi- zopus, les Pilobolus, les Hydrophora, sont dépourvues de cette troisième période. La cause de ce grand allongement réside, selon l'auteur, dans le cou- rant de liquide cristallin qui s'établit dans les tubes fructiféres vers le com- mencement de la deuxiéme période, et qui acquiert toute son intensité à la troisième. Alors les tubes diminuent de diamètre et la paroi cellulaire s'amin- cit sensiblement. (1) L'état de la science antérieur aux recherches de ces derniéres années parait avoir été consigné dans les Beitrüge de MM. de Bary et Woronin, qui ont rattaché au Mucor Mucedo cinq formes reproductrices distinetes : 4° Mucor, 2° Ascophora Candelabrum Corda, 3° Thamnidium elegans, 4° Chatocladium Jonesii, 5° spores mycéliennes. Ce sont ces derniéres qu'a particuliérement étudiées M, J. de Seynes dans notre Bulletin, t. XVII, p. 390. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 59 L'auteur s'occupe longuement des phénomènes de la maturation des spores. Le courant de liquide cristallin, après avoir pénétré dans le sporange, y forme des vacuoles que la nature emploie pour diviser le protoplasma du sporange et pour régler la forme des spores auxquelles ces vacuoles donnent naissance. Les zoospores des Saprolegniées et des Péronosporées paraissent à l'auteur se former de la méme manière. Tl est naturel, dit-il, de penser que les mem- branes primordiales des sporanges s'organisent au milieu des lames de proto- plasme interposées aux lacunes. M. Carnoy pense qu'il en est de méme dans les Ascomycétes, les Pyrénomycètes et les Discomycètes. Jamais l'auteur n'a vu le développement des spores commencer par un noyau cellulaire, comme l'ont dit MM. Nägeli et de Bary. Les spores qui ont leur membrane de cellulose peuvent germer, et pour cela elles mürissent auparavant sur le sol où on les a jetées, de la méme manière que dans l'intérieur du sporange. Pendant la maturation, les spores de Muco- rinées diminuent généralement de volume et se déforment, ce qui est un simple effet de leur rapetissement. Les formes mucoréennes secondaires du genre Mucor sont classées par l'auteur en deux grands groupes : 1» les formes sporangiales, telles que les Thamnidium et les Hydrophora ; 2° les formes non sporangiales, dont les fructifications naissent à l'extrémité ou sur le parcours des tubes sporifères ou des filaments mycéliens (macroconidies). Ces macroconidies sont termi- nales ou intercellulaires. La formation des premières rappelle celle des spores des Torula. Les macroconidies intercellulaires commencent toujours par être terminales ; puis leur sommet se bombe en un tube mince qu'une cloison vient séparer à la base de la macroconidie qui lui a donné naissance. Dans la germi- nation, tantót les macroconidies reproduisent la forme mucoréenne, tantót elles donnent naissance à d'autres macroconidies sans mycélium. Les spores issues des sporanges peuvent aussi se multiplier par simple gemmation, dans des cir- constances particulières. Les formes mucédinéennes du Mucor romanus sont au nombre de cinq: 4° levûre; 2° Penicillium ; 3° Botrytis ; 4° Torula; 5° forme ascomycéte. Quand on sème les spores de Mucor sur un milieu im- propre à leur germination normale, il s'organise à leur intérieur des nodules solides, blancs et brillants, analogues de forme à des cytoblastes, qui s'épan- chent par là rupture de la spore et se conduisent comme des cellules de levüre, de Cryptococcus (sur des oranges); cette levüre envahit en quelques jours tout un quartier d'orange, et le troisième jour elleen a pénétré intérieu- rement toutes les cellules. La forme de la levüre que produisent les nodules des spores de Mucor varie d'un fruit à l'autre. Pour faire germer cette levüre sous forme de filaments, il suffit de la semer sur une peau d'orange non arrosée. I se développe aussitôt un mycélium, puis les frnctifications du Penicillium glaucum. L'auteur ajoute que toutes les moisissures cultivées dans certaines conditions se transforment en Penicillium glaucum à peu prés identique 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. partout. Jamais l'auteur n'a vu sortir d'une levüre un mycélium de Mucor. Mais les spores de Penicillium, germant sur un porte-objet, y donnent cha- cune plusieurs globules de levüre. Toutefois on ne peut retourner directement de la levüre au Mucor. Les spores de Mucor, quand elles manquent de nour- riture, peuvent aussi fournir directement un mycélium pénicillien ; cela arrive notamment aux vieilles spores. Le mycélium mucoréen, non cloisonné, peut lui-même se transformer en mycélium mucédinéen. Dans un cas, M. Carnoy a observé des fructifications de Penicillium qui partaient de la base d'un tube sporangifere de Mucor. En employant le chlorure de zinc iodé, il a vu se colorer la partie mucoréenne, la partie mucédinéenne jamais. Si l'on séme des spores de Mucor sur une orange, c'est toujours à l'extrémité opposée du fruit qu'apparait le Penicillium, à cause de la transformation que subit le mycélium mucoréen à l'intérieur du fruit. Ainsi la transformation des Mucor en Penicillium constitue un fait uni- versel et régulier qu'on peut ériger en loi générale. Il faut l’attribuer à un défaut de nourriture, à une élaboration insuffisante de protoplasme. D'un autre côté, les Penicillium peuvent retourner au type Mucor en passant par l'état de Botrytis. Le Botrytis apparait quand on sème le M. romanus sur des fécès. Les spores de ce Botrytis, semées’sur orange, donnent naissance à un mycélium mucoréen des mieux caractérisés. Sur un sol azoté, au contraire, le Botrytis se reproduit lui-méme en méme temps qu'il reproduit le Mucor. Les spores pénicilliennes elles-mêmes peuvent donner naissance aux amas jaunes de Botrytis quand on les cultive sur les déjections du chat. Enfin le mycélium cloisonné produit par la germination des spores du Mucor romanus sur des déjections animales est sujet à se déliter en fragments qui sont autant de cellules cylindriques, arrondies aux deux extrémités; il se forme ainsi des spores de Torula, qui germent en émettant obliquement un tube de germination de l'une ou de leurs deux extrémités à la fois. Plusieurs des ramifications du mycélium qui en résulte donnent un mycélium pénicil- lien ; d'autres se segmentent à leur extrémité et reforment des cellules de Torula. L'auteur pense que la transformation en Torula pourrait bien être causée par une fermentation vibrionienne. Une dernière production du mycélium mucédinéen qui dérive du M. ro- manus se présente sous la forme de corps jaunes multicellulaires naissant d'un rameau du mycélium contourné en hélice, comme les conceptacles des Pezizes. L'auteur considère ces corps jaunes comme des ébauches d’Ascomycètes ou méme d'Hyménomycétes. M. Carnoy est en effet parvenu à suivre le dévelop- pement complet de deux Coprinus, qui commencent aussi par l'enroulement et la segmentation d'un filament de mycélium. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 Das genus Mucor (Le genre Mucor); par M. O.-E.-R. Zimmermann. Dissertation inaugurale soutenue à l'université d'Iéna. In-8* de 51 pages, avec une planche. Chemnitz, 1871. Le nom de Mucor vient du latin mucere, et du celtique muer (1), humide, L'auteur a divisé sa thèse en quatre parties. Dans la partie historique, il réfute les opinions de M. Hallier ; il ne croit pas que le Tilletia se rencontre dans le cycle de transformation des Mucorinées, et il n'est pas évident pour lui que les Micrococcus se développent en cellules de levüre, d’où puissent naître des Champignons plus élevés. Dans la partie morphologique, l'auteur s'occupe de la germination des spores, du mvcélium, des tubes sporangifères, de la production des sporanges, de celle des zoosporanges, des formes conidiennes. L'auteur, fondé sur des recherches soigneuses, est d'accord avec M. de Bary et M. Hoffmann pour exclure le Penicillium glaucum du cycle des phases que traversent les Mucor. Il a vu des filaments de Penicillium pénétrer dans l'intérieur des tubes du mycélium mucoréen, et en faire sortir plus loin leur goupillon chargé de spores ! Une température basse (de 10 à 12 degrés C.) favorise le développe- ment des Penicillium contrairement à celui des Mucor. Un dernier para- graphe de ce chapitre est intitulé : De /a génération alternante. L'auteur rappelle ce qui se passe chez les Pucerons ; il compare la forme sporangienne aux nourrices (2). M. Zimmermann n'a pas observé la transformation des Mucor en Empusa ni en Achlya. Les spores des Mucor ne causent aucune maladie aux insectes. Elles se retrouvent non altérées dans leurs intestins. Dans la partie physiologique, l'auteur s'occupe d'abord des conditions de la germination. Les spores sont tuées aprés avoir été maintenues quelque temps à 100 degrés. C'est une température de 20 à 30 degrés qui est le plus favorable à leur germination. Les jeunes plantules sont très-sensibles au froid, Vient ensuite l'étude de la nutrition et de la sécrétion. Les Mucor produisent beaucoup d'acide carbonique, de l’aldéhyde et des acides organiques, mais aucune excrétion d'azote. La lumière n'est pas nécessaire pour la production de ces phénoménes. Dans la partie systématique, l'auteur admet les espèces suivantes : 1. Mucor Mucedo L. (renfermant M. elegans et bifidus Fr., caninus P. et murinus; Ascophora elegans, fructicola et Todeana Corda ; Thamnidium elegans Link). — 2. M. racemosus Fres. — 3. Mucor Phycomyces Berk. — h. M. macrocarpus Corda (M. rhombosporus Ehrb.).— 5. M. fusiger Link. — 6. M. stolonifer Ehrb. (Ascophora Mucedo Tode, M. glaucus Corda, (4) Le terme mucre signiñe humide, et mucreur, humidité, dans le dialecte parlé encore aujourd'hui dans quelques parties de la Normandie. On trouve muger dans Arnobe. (2) En allemand Ammen. On sait que les zoologistes nomment ainsi les êtres qui en engendrent d'autres sans le concours du sexe mále. 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. ascophorus et clavatus Link, M. amethysteus Berk., Rhizopus nigricans Ehrb.). — 7. M. Aspergillus Scop. (Aspergillus maximus Link, Sporo- dinia grandis Link, Syzygites megalocarpus Ehrb.). Ucber die Bezichungem der Bacterien zum Penicil- lium giaucusm, und über den Einfluss einiger Stoffe auf die Entwic- kelung letzteren (Des rapports des Bactéries avec le Penicillium glaucum, et de l'influence de quelques substances sur le développement de celui-ci); par M. Wjatscheslaw Manasseïn (extrait des Mikroscopische Untersuchun- gen, etc, ou Recherches microscopiques entreprises dans le laboratoire du professeur Wiesner, à l'Institut polytechnique de Vienne). Stutt- gart, 1871. M. Polotebnow, dans les recherches qu'il avait entreprises dans le labora- toire du professeur Wiesner, avait été jusqu'à refuser (dans l'édition russe de son travail) aux Bactéries la qualité d'étres vivants, parce qu'elles ne présen- tent, disait-il, aucune trace ni de mouvements actifs, ni de nutrition, ni de croissance, ni de multiplication (1). L'auteur a écrit contre ces conclusions. Il a entrepris plus de deux cent cinquante cultures. Il à employé comme sub- stratums, tantôt des tronçons de pomme de terre, tantôt la composition de M. Pasteur, formée de sucre, de tartrate d'ammoniaque et de cendres de levüre. 1l a eu les plus grandes peines à se garantir de l'invasion des Bactéries nées avant l'expérience, ayant remarqué qu'il s’en trouvait méme dans l'eau distillée qui n'avait séjourné que vingt-quatre heures dans le laboratoire (2). Il a employé des grossissements de 650 à 1000. Relativement à l'action de la température sur les spores maintenues dans l'eau, l'auteur, confirmant les recherches de M. Hermann Hoffmann, a reconnu que les spores du Penicillium glaucum meurent entre 70 et 90 degrés, celles du Mucor stolonifer entre 80 et 90 degrés ; celles de l'Asper- gillus macrosporus sont tuées par une ébullition de cinq minutes. — En agis- sant sur des spores sèches, M. Manassein a vu, contrairement aux recherches de M. Pasteur et de M. Hoffmann, que les spores de Penicillium ne suppor- tent pas au delà de 180 degrés, tandis qu'elles supportent, sans que leur faculté de germination en soit endommagée, une température de 1^0 degrés. (1) Voyez à ce sujet le Bulletin, t. xvir (Revue), p. 148. (2) Cette difficulté avait été déjà signalée par M. Huxley, dans un article sur les relations des Penicillium, des Torula et des Baclerium (voyez le Quarterly Journal of micro- scopical science, t. x, p. 361). On sait en effet combien est rapide le développement de la vie dans les substances qui peuvent l'entretenir et qui sont mises en contact avec l'atmosphére. M. Crace-Calvert a lu le 8 mai 1871, devant la Société royale de Londres (Proceedings of the Royal Society, 1871, n°128, et Naturforscher, 1874, p. 282), un mémoire où il reconnait qu'en mêlant à de l'eau le blanc d'un œuf frais pondu et par- faitement pur, dans les mois d'aoüt et de septembre, et en le laissant exposé un quart d'heure à l'air libre, on y voit, au bout de ce temps, des corpuscules vivants en grande abondance, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 63 L'auteur a examiné quelle influence exercent sur le développement du Penicillium le chlorure de chaux, le sulfate de cuivre, l'alun, le sublimé, l'acide phénique, le chlorhydrate de morphine, le chlorhydrate de quinine (1). M. Manassein n'a vu aucune Bactérie accompagner la germination des Peni- cillium, quand il avait pris toutes les précautions pour se garantir de l'inya- sion de ces parasites. Aussi tient-il pour très-douteux la parenté des Bactéries et des Penicillium (2) admise par M. Polotebnow. Ce dernier naturaliste a ré- pondu à son contradicteur dans le méme recueil scientifique en 1871, p. 129. Beiträge zur Kenntniss der Hefe und zur Lehre von der alkoholischen Gàáhrung (Recherches sur la leváre et sur la théorie de la fermentation alcoolique); par M. W. Manassein (Mi kroscopische Untersuchungen, etc., 1871, pp. 116-128). La levûre fraîche et humide est tuée par une température de 70 à 72» C. ; desséchée à l'air, mais contenant encore 13 pour 100 d'eau, elle périt entre 445° et 120". A 440°, les cellules de levüre paraissent, à l'examen micro- scopique, complétement mortes (parce que leur protoplasma n'offre plus de vacuoles); cependant elles déterminent encore la fermentation alcooli- que, et cela même quand il n'existe plus aucune trace de Bactéries, de vi- brions ni de corpuscules d'aucune sorte auxquels on puisse l'attribuer. Même quand la température a été élevée jusqu'à 258? G., la fermentation et le dégagement d'acide carbonique peuvent encore avoir lieu! A la clôture (1) M. Kráwitsch (Ueber die Wirkung des Chinins auf die Gührung, Saint-Péters- bourg, 1869) a trouvé que la quinine s'oppose à la fermentation alcoolique et à la fer- mentation lactique. Cela est à rapprocher de l'action que la quinine exerce dans les fiévres graves. D'aprés M. Manassein, 1/20 pour 100 d'acide phénique a suffi pour em- pêcher tout développement d'étres vivants. Rappelons à ce propos que l'acide phénique a été employé non sans succés par des vétérinaires distingués pour traiter les animaux ma- lades du sang de rate, dont le sang fourmille de Bactéridies. On trouvera des expériences contradictoires dans les Comptes rendus de la Société de biologie, 1869, p. 71, et 1870, p. 84; dans la Gazette médicale de Paris, 1872, n° 16-19; et l'on consultera encore avec intérét sur ce sujet les Comptes rendus, séance du 21 octobre 1872 (Mémoire de M. Sédillot) et des 28 octobre et 4 novembre 1872 (Mémoire de M. Crace-Calvert), (2) D'aprés M. Cohn aussi, les Bactéries seraient des étres spéciaux, et non une phase des Penicillium (Sitzungsberichte der Schlesischen Gesellschaft für vaterlündische Cul: tur, médecine, séance du 4 août 1871). On y trouvera aussi les observations de MM. Rec- klinghausen et Waldeyer, d'aprés lesquels les granulations formées par du pus, trouvées dans les fiévres graves et les cas de pyohémie (embolies capillaires de M. Virchow), sont constituées en grande partie par des accumulations de Bactéries. M. Waldeyer a trouvé des colonies de Bactéries dans le foie, l'estomac, le pancréas et les capsules surrénales. Ces faits intéressent autant les médecins que les hétérogénistes. Ils ont été considérés comme assez importants par le gouvernement anglais pour qu'il invitât M. le D" Sanderson, médecin du Conseil privé, à rédiger un rapport sur la question. M. Sanderson a conclu carrément que ni les Bactéries ni les Microzymas ne peuvent être mis en cause dans l'étiologie d'aucune forme spécifique de maladie chez les étres vivants, et que leur pré- sence ne peut étre regardée que comme la preuve d'un état de putréfaction consécutif à la mort. La discussion s'est engagée sur ce sujet, au mois de mai 1872, dans une des séances de la Société pathologique de Londres, : 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de l'expérience, les cellules de levüre paraissent carbonisées. Si la carbonisation s'éléve entre 295 et 308°, il n'y a plus d'aldéhyde produit, mais encore des traces d'alcool! Il en est de méme quand la levüre a bouilli pendant longtemps avec une solution sucrée, Cependant on n'observe pas alors de développement de gaz visible, et il n'apparait pas de nouvelle cellule de levüre, mais des Bactéries en repos et un grand nombre de corpuscules animés du mouvement moléculaire. Des spores de Penicillium bien pures de matières étrangères, secouées fortement avec une solution sucrée et enfoncées au-dessous du liquide, produisent toujours de l'alcool, méme dans les cas où l’on ne pouvait trouver de Mycodermes dans ce liquide, et où il y avait une production abondante de mycélium. M. Manassein conclut de ces expériences et d'autres que nous ne pouvons rapporter, que, pour obtenir la fermentation, il n'est pas besoin de cellules vivantes de levüre; et qu'il est plus probable que le ferment nécessaire à la disjonction du sucre, formé dans la levüre et dans quelques Moisissures pendant leur vie, peut encore agir après leur mort, comme l'émulsine des amandes douces. Untersuchungen über die Alkohol und 35ilehsafígah- rang nebst einer Bereitungsweise milchsaurer Salze (Recherches sur la fermentation alcoolique et sur la fermentation lactique, avec un mode de préparation des lactates) ; par M. Carl Otto Harz (Zeitschrift des allge- meinen | QEsterreichischen Apotheker-Vereins, 1870-1871, et Flora, 1871, n* 5-9). Ce mémoire commence par une longue introduction historique, qui, au dire de M. H. Hoffmann, contient des inexactitudes fàcheuses, Quant à l'interprétation des phénomènes de la fermentation, l'auteur refuse la valeur d'espéces autonomes aux formes mycodermiques, et les regarde comme des vésicules dégénérées provenant de cellules végétales (particulièrement de Moi- sissures), mais ne pouvant donner naissance au végétal qui les a produites. Elles se produisent parce qu'une cellule étant tombée dans un substratum qui ne lui est pas habituel, une solution sucrée, par exemple, y meurt, tandis que de son contenu il nait des cellules-filles, qui s'accommodent aux conditions nouvelles où elles vivent. Parmi ces formes mycodermiques l'auteur range; outre celles qui sont généralement admises, les Micrococcus de M. Hallier (Microzymas de MM. Béchamp et Estor), et le Sarcina ; toutes ces formes peuvent, selon l'auteur, passer de l'une à l’autre. Il a méme vu dans le champ du microscope deux Micrococcus contenus dans un filament bien isolé de l'Oidium lactis Fres. , se développer, en douze heures, en Bactéries à quatre et à six articles; dans un autre cas des Bactéries isolées grossir (au bout de plusieurs semaines !) en Oidium lactis (1). Il n'a jamais vu de formes de Mu- cédinées ou de Mucorinées sortir des cellules de ferment. (4) Cet Oidium est, à proprement parler, un Mycoderme. M. Bonorden l'a désigné sous le nom de Chalara Mycoderma. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 On sait que M. Karsten et à son exemple d'autres naturalistes ont pensé que la formation de l'alcool ou des autres produits de la fermentation s'ac- complit dans des vésicules intérieures des Mycodermes, vésicules que M. Kar- sten nomme organes de sécrétion ou cellules-filles, tandis que d'autres bota- nistes les regardent comme des vacuoles. Pour M. Harz, ces vésicules ne sont que l'utricule primordial de M. de Mohl; et c'est le mouvement de transmu- tation des couches extérieures de la cellule mycodermique qui crée les pro- duits de la fermentation. L'auteur a observé que la levüre de biére nait directement des conidies des Penicillium, ainsi que des cellules du Rhizopus ; dans ce dernier cas, les cellules de levüre sont d'abord sphériques. Il a vu le liquide mis en fermen- tation par les conidies de Penicillium, bouilli pendant une heure, reprendre la fermentation aprés s'étre refroidi, comme si rien n'était arrivé. Il a souvent observé que la levüre de bière déterminait la fermentation lactique dans le sucre de lait préalablement purgé de tout germe étranger par une immersion prolongée dans l'éther. M. Harz pense que la présure doit son action sur le lait uniquement à ce qu'elle contient de l'acide chlorhydrique, et il attribue la fermentation lactique à des Bactéries, origines de l'Oidium lactis, avec lequel il est parvenu à opérer la fermentation alcoolique. Le carbonate de chaux empéche la fermentation lactique, tandis que le carbonate de magnésie la favorise, surtout à la température de 18 à 24 degrés C. La suite du mémoire est consacrée à des considérations purement chimiques. Zur Bacterienfrage (Sur la question des Bactéries) ; par M. Ferdi- nand Cohn (Bot. Zeit., 1871, n° 51). M. Cohn a fait depuis plusieurs années un grand nombre de recherches sur les végétaux inférieurs et notamment sur les Bactéries. La deuxième partie de ses Beiträge zur Physiologie der Pflanzen renferme un grand mémoire de lui sur l'origine et les couditions biologiques des Bactéries ; il a résumé lui- méme, dans le passage que nous citons du Botanische Zeitung, ses opinions sur les Bactéries, daus les propositions suivantes : 1. Les Bactéries sont des cellules ; chez leurs plus grandes formes, avec le secours des objectifs à immersion les plus puissants, on arrive à constater un contenu protoplasmique, renfermant trés-probablement de l'azote, des corpus- cules solides, réfractant vivement la lumière, et une limite bien nette, mais sans distinguer en aucune facon une membrane à double contour; il ne parait pas qu'il y ait d’enveloppe de cellulose autour de ces corpuscules, ni que leur mouvement soit causé par des cils. 2. Le protoplasma des cellules bactériennes est incolore, mais réfracte la lumiére autrement que l'eau. Réunies en grand nombre, elles troublent ce liquide et le rendent plus ou moins opaque. 3. Ces cellules se multiplient par partition transversale en deu» cellules- T. XIX. (REVUE) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. filles équivalentes, qui bientôt se partagent de nouveau ; les produits de cette génération, ou bien se séparent bientôt, ou bien demeurent un certain temps réunis en formant une chaine. Cette multiplication est influencée d'une part par la nutrition, d'autre part par la chaleur ; elle cesse à des températures infé - rieures, et elle est activée, jusqu'à un maximum déterminé, par l'élévation du thermomètre. h. Les Bactéries s'assimilent des combinaisons azotées, dont elles forment leur protoplasma, et il est probable, d'aprés ce qu'on sait sur le mode de nu- trition des Champignons et des Infusoires privés de bouche, que cette assimi- lation se fait par endosmose. 5. Les Bactéries peuvent aussi s'assimiler des combinaisons azotées solides, non solubles dans l'eau, après les avoir préalablement liquéfiées. Cette liqué- faction de composés albumineux solides ou à demi liquides, liée à l'assimilation qu'en font les Bactéries et à l'apparition de produits accessoires, est ce que l'on conuait sous le nom de putréfaction. 6. Les Bactéries sont des organismes isolés, chargés de la putréfaction des substances azotées; les autres organismes, tels que Moisissures et Infusoires, euvent bien s'assimiler de tels matériaux, mais ils n'en déterminent pas la putréfaction. Les Bactéries sont des végétaux saprogénes, tandis que les Moisissures ne méritent que le nom de saprophytes, les Infusoires, les Né- matoides et certaines larves de Diptères celui de Saprozoaires. 7. Plus riche est le milieu où les Bactéries puisent les matériaux de leur nutrition, plus elles se multiplient, et plus grosses sont les cellules qui les constituent, bien qu'elles ne dépassent pas un certain maximum. li y a vrai- semblablement différents genres et espèces de Bactéries ; mais c'est seulement sur des caractères extérieurs que l'on peut distinguer avec M. Hoffmann (4) les Microbactéries, les Mésobactéries et les Macrobactéries. On pourrait distin- guer aussi les Bactéries punctiformes, cylindriques et hélicoïdes (Vibrio, Spi- rillum). 8. Quand les matériaux azotés ont été épuisés, les Bactéries cessent de se multiplier, et passent de l'état mobile à l'état de repos; elles sécrétent alors ordinairement une substance intercellulaire et s’agglomèrent en masses ana- logues à des Palmella ou des Zooglea (2). A cet état, elles peuvent encore croitre et se diviser, et sous certaines circonstances reprendre l'état agile. Elles se comportent comme les Euglena, les Chlamydomonas, etc. 9. Quand l'eau dans laquelle vivent les Bactéries s'évapore, un trés-grand nombre de Bactéries sont entrainées dans l'atmosphère, et ce sont les plus petites de ces cellules. On le prouve facilement en recouvrant d'une lame de verre un vase à demi rempli d'un liquide renfermant des Bactéries, et placé (4) Voyez le Bulletin, t. xvi, Revue, p. 233. (2) Cela fait songer au Merismopædia ventriculi Ch. Robin, Algue de la tribu des Pal- mellées, trouvée souvent dans les liquides fermentés qui sont rejetés par le vomissement, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 67 dans une pièce chaude. Ges corpuscules, germes de Bactéries, existent donc toujours dans l'air, d’où la pluie les précipite sur toutes les substances (1). Sur le Penicillium bicolor; par M. J. de Seynes (Comptes rendus, t. LXXII, 1871, séance du 11 décembre, pp. 1388-1390 ; et Ann. sc. nat., t. XIV, p. 378). Le Penicillium bicolor a des spores d'un vert bleuátre portées par un mycélium de couleur jaune. M. de Seynes a vu que les parties colorées en jaune doivent leur couleur à la présence de vibrions. C’est le V. synzanthus Ehrenb., végétant en parasite sur le P. glaucum, qui a fait créer par Fries le P. bicolor, élevé par Corda au nom de genre sous le nom de Coremium. M. de Seynes va plus loin. Il a fait contre les hétérogénistes une obser- vation trés-intéressante. On sait que ceux-ci, suivant leur chef M. Pouchet dans son Traité de l'hétérogénie, admettent généralement que les taches nébuleuses formées à la surface d'un liquide dans la pellicule proligére peuvent constituer, en se condensant, le corpuscule reproducteur d'un Champignon. M. de Seynes a observé les mémes phases dans le développement graduel de la pellicule proligère, mais il s'est assuré qu'il fallait les prendre dans l'ordre inverse, c'est-à-dire qu'il a eu sous les yeux des Mycodermes ou des conidies de Mucor, progressivement envahis par des Bactéries, et dont la membrane disparaissait, soit par l'accumulation de ces Bactéries, soit par la destruction qu'elles peuvent opérer de l'enveloppe cellulaire. La fixation des Bactéries et des Leptothriz sur d'autres organismes a conduit, dit l'auteur, à des confu- sions manifestes dans l'ouvrage de M. Hallier. Recherches sur l'origine des levûres lactique et al- coolique; par M. A. Trécul (Comptes rendus, t. LXXII, séance du 26 décembre 1871, pp. 1453-1460). M. Trécul, au contraire, est, on le sait, partisan de l'hétérogénie (2) : non- seulement il admet plusieurs des transformations admises par M. Hallier, non-seulement il croit que les Bactéries sont les premieres formes ou Schwær- mer (embryons vibratiles) du Penicillium, mais encore que ce sont des modifications de la matière albuminoide tenue en dissolution dans le moût de la bière qui fermente. Il y a donc dans ses opinions deux catégories très-dis- tinctes : il reconnait un trés-large champ au polymorphisme des Champignons, ce en quoi il est d'accord avec beaucoup de mycologues, car M. Hoffmann lui-même a admis que la levüre de bière doit son origine à un Penici- (4) Voyez plus haut, p. 62, note 2. : (2) Voyez dans le Bulletin, t. xui, Revue, p. 178,1a première mention que M. Trécul ait faite des végétaux qui se forment aux dépens des éléments du latex, nommés plus tard par lui Amylobacter (ibid., p. 215). 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lium (4); maisM. Tréculsoutient aussi que ce corps peut, dans certains cas, devoir sa première origine à la matière albuminoide vivante ,an rebours du vieil adage : Omne vivum ez ovo, énergiquement défendu par M. Pasteur. Suivant M. Trécul, on observerait la série des transformations suivantes : matière albuminoide changée en Bactéries ou directement en levüre alcoolique ou en Mycoderma ; Bactéries devenant immobiles et se transformant par là en levûre lactique ; levûre lactique transformée en levûre alcoolique, celle-ci en Mycoderma Ce- revisit ; enfin ce dernier en Penicillium (2). Cellules de leváre de bière devenues mobiles comme des Monades ; par M. A. Trécul (Comptes rendus, 1872, t. LXXIV, séance du 2 janvier 1872, pp. 23-26). M. Trécul a observé des Monades renfermées dans des cellules appartenant au pourtour de la moelle d'une tige d' Helianthus tuberosus, qui contenaient en méme temps des vésicules chlorophylliennes disposées autour d'un nucléus. Quelques-unes de ces vésicules avaient grossi et s'étaient décolorées. Quelques gouttelettes de teinture d'iode ayant été mises sur la préparation, les vésicules agrandies devinrent brunes absolument comme les Monades, tandis que celles qui étaient restées vertes et qui avaient conservé la dimension normale n'avaient pas bruni. M. Trécul a cru pouvoir en conclure que les Monades provenaient de la modification des vésicules chlorophylliennes. M. S. Reissek, dons les Comptés rendus des séances de l'Académie des sciences de Vienne, 4851, t. VII, p. 339, a décrit des Monades nées de grains de chlorophylle du Caltha palustris, des cellules-filles du pollen de l'Orchis Morio, et des granules du contenu pollinique du Pinus silvestris (3). C'est encore en Monades actives que se sont transformées, dans certaines observations de M. Trécul, les cel- lules bien connues de la levüre. Les cellules oblongues acquéraient la pro- priété de s'infléchir, de se courber alternativement dans un sens et dans le sens opposé. Toutes ces cellules étant dépourvues de cils, l'observateur était surpris de les voir, quand elles étaient en repos, attirer à la distance de trois centièmes de millimètre, et repousser ensuite des cellules de levüre non transformées aussi grosses qu'elles-mémes. A certaines places, prés du bord de la lame de verre, ces cellules se dilataient plus ou moins et se vidaient de leur plasma, puis leur contour se déformait, devenait anguleux, et restait fina- lement marqué par une série de granulations représentant la membrane altérée, Bientót la ligne du contour granuleux se rompait, et les granules se dispersaient dans le liquide environnant. (4) Voy. le Bulletin, t. xiv, Revue, p. 50. (2) Voy. le Bulletin, t. xv, Revue, pp. 168 et 217. (3) On trouvera dans le Bulletin, t. xut, Revue, p. 164, les observations de l'auteur allemand J. Lüders sur l'origine et les transformations des Bactéries. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 Note sur les prétendues transformations des Bacté- ries et des Mucédinées en levûüres alcooliques; par M. J. de Seynes (Comptes rendus, 1872, t. LXXIV, séance du.8 janvier 1872, pp. 113-114 ; et Ann. sc, nat., 5° sér., t. XIV, pp. 381 et suiv.). M. de Seynes cultive depuis six ans des Bactéries, des Levüres, des Mucor, des Penicillium et autres Mucédinées, sans jamais avoir surpris les transfor- mations annoncées par M. Hallier et admises en partie par M. Trécul. M. de . Bary n'a pas été plus heureux. Lorsqu'on fait germer et végéter des Penicil- lium dans l'eau, il se produit, au bout de quelque temps, des changements notables dans l'état du plasma. Ces changements s'observent dans les mycé- liums submergés et daus les cellules du parenchyme des Champignons supé- rieurs à un moment qui correspond à la mort du végétal. Le plasma se divise en granulations très-distinctes, à peu prés d'égale dimension, et souvent pla- cées à égale distance dans le sens du plus grand axe de la cellule. Ces granu- lations, semblables aux gouttelettes huileuses du plasma dans son état habituel, ne sont pas surajoutées à ces dernières et n'en sont qu’un mode d'agrégation différent. Quant au passage de ces granulatiops à l'état de Bactéries, M. de Seynes ne l'a jamais coustalé, pas plus que le passage du mycélium: à l'état de Leptothrix. M. de Seynes fait d'ailleurs remarquer que les observations rapportées jus- qu'ici au sujet de la production de levüre par les Bactéries sont peu concor- dantes. Pour M. Trécul, la Bactérie s'enfle et se transforme isolément. Pour M. Béchamp, les Bactéries ou les Microzymas (1) s'associent pour former une cellule, théorie déjà soutenue par M. Pineau. M. de Seynes attribue ces faits au parasitisme des Bactéries. (Yoyez plus haut, p. 67.) M. de Seynes a constaté la filiation de la levüre et des Mycodermes (2) ; il a observé un mode de reproduction intra-cellulaire des Mycodermes (3). Depuis il a vu une forme de reproduction aérienne des Mycodermes, qui n'a aucun rapport ni avec les Penicillium (4) ni avec les Mucor, ni avec aucun des genres (4) Les observations de M. Béchamp ont été assez longuement appréciées par M. Henry-J. Slack dans The Monthly microscopical Journal, mars 1871, pp. 90 et suiv, Il importe de faire remarquer que M. Béchamp admet que les Moisissures naissent des germes (Microzymas) de l'atmosphére (Voyez les Comptes rendus, 1872, t. LXXIV, p. 119, et dans la séance du 19 janvier 1872, une réclamation de M. Béchamp). (2) Voyez le Bulletin, t. xv, Séances, p. 179. (3) Voyez le Bulletin, t. xv, Séances, p. 118. d ; à (4) M. le professeur Fischer, de Berne, ne pense pas non plus qu'il y ait de relations entre le Penicillium et Ja levüre: d’après lui, les spores du Penicillium ne font point fermenter les liquides sucrés, n ais agissent sur le tannin pour le dédoubler en acide gallique et en sucre. ll pense que ce Champignon est un être indépendant, Les espèces de Mucor au contraire agiraient d’après lui comme la levüre dans la fer- mentation alcoolique, et les spores des Mucor seraient susceptibles de la multiplication par bourgeonnement. (Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern, 4874, p. XLVI.) 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. auxquels on a jusqu'ici rattaché les levûres, et sur laquelle il se propose de revenir. Die Entwickelungszeschiehte von Penicillium (Histoire du développement du Penicillium); par M. O. Brefeld (Sitzungsberichte der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, séance du 27 janvier 1872). M. Brefeld a observé, autour des plaques du Penicillium crustaceum, des taches blanchâtres de la grosseur d'une graine de Pavot, formées par le mycé- lium de ce Penicillium. A leur surface, les ramifications de ce mycélium for- maient un lacis feutré et floconneux ; à l'intérieur, ce tissu devenait plus dur, et se transformait peu à peu en un pseudoparenchyme d'un brun brillant, visible par la disparition du tissu superficiel. L'auteur compare cette forma- tion à un Sc/erotium (par exemple à celui des Coprins) ; et regardant comme des conidies, chargées de transmettre l'espéce par voie de reproduction asexuelle, les spores en chapelet des Penicillium, il considère ce faux paren- chyme comme les fruits (Sporenfrüchte) du Penicillium. Ces corps s'étaient développés sur des morceaux de pain maintenu humide. Si on les laisse se dessécher à l'air, ils perdent toute faculté d'un développement ultérieur, méme si on les humecte de nouveau. Mais, si on les cultive sur ur sol humide, on voit d'abord naitre de certaines de leurs cellules les tubes conidiiféres du Penicillium glaucum ; puis le parenchyme du Sclerotium, brun à l'extérieur et incolore au dedans, se creuse peu à peu de vacuoles et tend à se dissoudre ; il n'en reste que trois couches celluleuses périphériques qui ont pris une colo- ration un peu plus foncée. A mesure qu'il se forme des vacuoles dans le tissu du Sclerotium, il naît des parties encore saines de ce tissu des vésicules qui se ramifient dans l'intérieur des vacuoles et en remplissent les cavités. Ces vésicules sont de deux sortes : les unes gréles, minces, mais plus résistantes, les autres plus renflées, mais à paroi plus fragile, et trés-fournies de proto- plasma. Celles-ci produisent les théques versla fin de leurs rameaux, dont les extrémités se dilatent en cellules ovales, où se forment huit spores par génération endogène. Entre les vésicules qui engendrent les théques, serpen- tent lâchement celles de la première sorte, plus gréleset plus minces. Les spores produites ress mblent à celles des Aspergillus. Elles deviennent libres à la maturité par la destruction des thèques. Semées sur un substratum appro- prié, ces spores germent comme celles des £urotium (1), et produisent un mycélium ramifié d’où s’elèveut les tubes porteurs des conidies du Penicil- lium! L'auteur n'a pu s'assurer davantage de la sexualité des deux sortes de vésicules qui naissent dans le Sclerotium. Ces recherches nous paraissent continuer celles de M. Carnoy, qui, lui (4) On sait que M. de Bary a prouvé que l’Aspergillus glaucus est la forme à conidies d'un Champignon thécasporé du genre Eurótium. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 74 aussi, avait vu le Sclerotium. On voit que ce n'est point un Hyménomycète qui en sort, mais que le Sclerotium lui-même prend la texture d'un Cham- pignon ascomycéte (1). Recherches sur le développement de VZfelícostylum Muscæ, sp. nov. ; par M. Nicolas Sorokin (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1870, pp. 256-262, avec une planche). L'Helicostylum Musee Sorok. s'est développé sur le corps des Mouches mortes de l’ Zntomophthora Muscæ Fres., mises sous une cloche et dans une atmosphère humide. Il se distingue de l' Z. elegans Corda, entre autres carac: tères, par l'existence de processus épineux stériles qui naissent après les spo- ranges et auprés d'eux, comparables à des anthéridies (2), et par celle d'une columelle qui entre dans la paroi du sporange comme chez les Mucor, auxquels, dit M. Sorokin, cet Æelivostylum ressemble beaucoup. Einige neue Hyphomyceten Berlin's and Wien’s, nebst Beiträgen zur Systematik derselben (Quelques nouveaux Hyphomycètes de Berlin et de Vienne, avec des remarques sur leur classification); par M. C.-O. Harz (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1871, pp. 88-147, avec 5 planches); tirage à part en brochure gr. in-8° avec 5 planches gravées in-4°. — Prix : 9 fr. 40 (Thlr. 2,15) à la librairie Fried- länder à Berlin. Ce mémoire se présente comme une sorte de monographie de la famille des Hyphomycétes (Mart. F/. erl. 1817), que l'auteur traite de la maniere sui- vante : A. MUCEDINEÆ Fr. — Gonidiis liberis. 1. Capillaceæ (hyphis solitariis). a. Gonidiis liberis (non concatenatis) simplicibus : Monosporium Bon. : M. acremonioides n. sp., M. sepedonioides n. sp., M. niveum Bon. Sporotrichum Link : Sp. mycophilum Link, Sp. chrysospermum Harz, Sp. flavissimum Link, Sp. vitellinum Link. Sepedonium Link : S. mucorinum n. sp., S. curvisetum n. sp. Mycogone Link : M. rosea Link, M. cervina Dittm. Acladium Link : A. pallidum n. sp. Botrytis Micheli emend. : 2. spectabilis n. sp. (4) M. O. Brefeld a donné suite à ces recherches, car la librairie annonce de lui un ouvrage que nous n'avons pas vu encore, intitulé Bolanische Unlersuchungen über Schimmelpilze (Recherches botaniques sur les Moisissures). La premiére partie, seule parue (Leipzig, 1872, 64 pages avec 6 planches), renferme des détails sur les types sui- vants : Mucor Mucedo, Chætocladium Jonesii, Piptocephalis Freseniana. (2) Voyez la description du Monosporium spinosum dans Bonorden, Handbuch der allgemeinen Mycologie, p. 95, tab, vir, fig. 168. 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Clonostachys Corda emend. : C. candida n. sp., C. Populi n. sp. Trichoderma Pers. emend, : T. lignorum Harz. Cephalosporium Corda emend. : C. stellatum n. sp. Haplotrichum Link emend. : H. elegans Harz. b. Gonidiis non concatenatis, didymis, septatis v. cellulosis. Acrothecium Corda : À. sarcopodioides Harz, A. floccosum Harz (1). Trichocladium, nov. gen. : — T. asperum n. sp., T. tenellum n. sp., T. fuscum Harz. Menispora Pers. : M. penicillata n. sp. Dematium G. F. Hoffmann : D. verticillatum G.-F. Hoffm., D. atrovi- rens Harz, D. carneum Harz. Mystrosporium Corda : M. hispidum n. sp. Dactylosporium, nov. gen. : D. macropus Harz. Stemphylium Wallr. : S. botryosum Wallr., S. lanuginosum n. sp. c. Gonidiis concatenatis, omnibus simplicibus, rarius gonidiis infimis catenarum didymis vel septatis : Torula Pers. : T. convoluta n. sp. Xenodochus Schlecht. : X. Allii n. sp. Amblyosporium Fres. : A. umbellatum n. sp. Spicaria Harting : S. nivea n. sp., S. elegans Harz, S. verticillata- Harz, S. anomala Harz. Hormodendrum Bon. : H. elatum n. sp. Gonatorrhodum, n. gen. d. Gonidiis concatenatis, omnibus didymis septatis v. cellulosis : Alternaria Nees, Cladosporium Link, Cladotrichum Corda et genres voisins. 2. Truncigeræ (hyphis consociatis, truncum plus minus densum formantibus). Stysanus Corda (1), Stilbum Tode. B. MUCORINEE Fr. — Gonidiis inclusis. Mucor Micheli : M. corymbosus n. sp. Hydrophora Tode : H. hyalina n. sp. Mortierella Coem. : M. crystallina n. sp., M. echinulata n. sp. Ce mémoire ne doit pas être regardé comme une monographie complète, mais comme l'exposition faite dans un ordre monographique des: nouveautés découvertes par l'auteur, et des changements qu'il a introduits dans la no- menclature. | (1) Ce Champignon avait été désigné antérieurement sous le nom de Trichothecium floccosum par le méme auteur, dans le mémoire sur la fermentation alcoolique et lac- tique que nous avons signalé plus haut, p. 64. ; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 Sur le polymorphisme du Wucor Mucedo,; par MM. Ph. Van Tieghem et G. Le Monnier (Comptes rendus, 1872, t. LXXIV, séance du 8 avril 1872, pp. 997-1001). Les auteurs ont reconnu trois formes reproductrices nouvelles du Muror Mucedo, savoir : deux systémes distincts de sporanges et l'appareil sexué qui engendre par voie de conjugaison l’œuf ou zygospore. MM. Van Tieghem et Le Monnier, en étudiant les filaments sporangifères d'un Mucor Mucedo, développé sur des excréments, ont rencontré, prenant origine sur le méme mycélium, V Helicostylum elegans, qui n'avait pas été étudié depuis Corda, et dont les spores reproduisent le Mucor (1). — Ils ont encore rencontré une forme entièrement nouvelle, Circinumbella, qui tient du sporange terminal ordinaire par la dimension de ses sporanges, etc., et du système hélicostylé par la disposition et l'enroulement en crosse de ses rameaux fructifères. L'ensemble de ces fructifications forme une ombelle fructifère à la fois terminale et unilatérale. Cette forme n'a pas été trouvée sur le mycélium d'un Mucor, mais ses spores sphériques, germant dans une goutte de jus d'orange filtré, donnent un mycélium qui porte au bout de deux jours les sporanges caractéristiques du Mucor Mucedo. — Enfin, au mois de février der- nier, les auteurs ont découvert les spores sexuées, ou zygospores, du Mucor Mucedo L. En reconnaissant, par l'étude de la germination, que les corps reproduc- teurs de la forme chætocladienne du Mucor sont des sporanges monospermes, les auteurs ont resserré le polymorphisme du Mucor entre des limites plus étroites. Les spores mycéliennes naissent à l'intérieur du tube mycélien, et sont par conséquent aussi des spores endogènes. Il est tout à fait digne d'intérét que, dans leurs expériences multipliées, ces savants n'aient jamais vu le Penicillium glaucum en continuité de tissu ou de génération avec le Mucor. Sur le polymorphisme des organes reproducteurs dans les Mortierella; par MM. Van Tieghem et Le Monnier (75id., t. LXXV, 4° juillet 1872, pp. 12-16). M. Harz, dans le mémoire que nous venons d'analyser, est tombé dans une erreur grave en regardant l'appareil fructifere des Mortierella comme para- site sur quelques espèces de Mucor. Les Mortierella ont leur mycélium propre. MM. Van Tieghem et Le Monnier ont décrit deux nouvelles espèces de ce genre : Mortierella Candelabrum et M. reticulata, qu'ils ont cultivées sur des substratums divers, ainsi que le M. polycephala Coem. Sur le mycé- lium des Mortierella, ils ont vu se développer trois sortes d'organes reproduc- teurs : les gros tubes sporangifères, dont souvent un faisceau s'insère en un (4) Voyez le journal L'Institut, numéro du 13 mars 1872. 7h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. seul point d'un filament mycélien ; — des rameaux dressés, courts et gréles, à spores échinées acrogènes, et trés-semblables au Sepedonium mucorinum de M. Harz ; — enfin des spores mycéliennes pareilles à celles qu'on observe dans les Mucor. Sur les zyzospores du Mucor Phycomuyces ; par MM. Van Tieghem et Le Monnier (Comptes rendus, t. Lxxv, 8 juillet 1872, pp. 75-76). Les auteurs font connaître la reproduction sexuée sur une cinquième espèce de Mucor, chez le M. Phycomyces. Les deux cellules copulatrices arquées qui, à la maturité, se colorent en brun foncé sur leur face convexe, portent, tout autour du cercle d'attache de la zygospore, de longues épines noires, creuses, plusieurs fois dichotomes, et qui couchent quelques-unes de leurs branches sur la zygospore, comme pour la protéger. Ces épines se développent plus tôt sur l'une des cellules copulatrices que sur l'autre; celle-là est aussi plus fortement ombrée. Ii y a donc une différence marquée, comme un commen- cement de sexualité entre les deux éléments qui, dans ce Mucor, contribuent à la formation de la zygospore. Note sur PX puse Muscæ Cohn, et son rapport avec les Sapro- legniées ; par M. Eug. De-La-Rue (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1869, n° 3, pp. 468-472, avec deux gravures sur bois). Il s'agit encore dans ce mémoire des transformations des Mucorinées. M. Bail et M. Hoffmann ont admis le premier que l'Zmpusa, le second que les Saprolegniées se transforment en Mucor. M. De-La-Rue a cultivé plusieurs formes de Saprolegniées sans avoir jamais observé qu'elles se transforment en Mucor. Il a observé avec soin le premier développement de l'£mpusa Muscæ Cohn (Æntomophthora Muscæ Fresenius, Myiophyton Cohnii Lebert, Trichotrauma dermale G. de Saint-P.) (1). Il regarde comme caractéri- sant ce premier état de développement les vésicules rondes et ovales-allongées que l'on trouve dans le corps des Mouches mortes à l'automne, vésicules qui, à l'une de leurs extrémités, s'allongent en filaments sortant du corps dela Mouche et formant un duvet touffu qui couvre tout l'insecte. En observant tous les degrés de leur développement successif, on est frappé de l'analogie que ces filaments présentent avec les filaments de Saprolegnia. L'Empusa Musee n'est pour l'auteur qu'une phase des Saprolegniées. Entwiekelungsgescehichte der ÆEmpusa Muscæ und E. radicans, par M. O. Brefeld (Botanische Zeitung, 1870, nos 11 et 12, col. 161-166, 177-186). Les observations de l'auteur ont été faites sur la chenille du Pieris Bras- (4) M. Ch. Robin avait regardé le Trichotrauma comme n'étant que le premier état de développement du Saprolegnia ferax (Hist, nat. des végétaux parasites, p. 392). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 sicæ. Il décrit d'abord la maladie de l'insecte attaqué par le Champignon (Empusa radicans), dont il meurt à l'état de rigidité. Le Champignon sort le lendemain de son cadavre, tout à coup, en filaments abondants, jette en grande quantité ses spores au voisinage,- et au bout de quelques heures se desséche avec les restes de la chenille. Ses spores germent dans l'eau, et fournissent un utricule qui devient l'origine de quelques filaments et d'une spore secondaire. De celle-ci naît un utricule de germination (Kezmschlauch), sem- blable à celui des Urédinées et des Péronosporées. Si l'on dépose les spores à la surface d'une chenille bien portante, elles germent ; quelques-unes préparent des spores secondaires, mais la plupart poussent directement des utricules de germination, qui pénètrent directement l'épiderme de l'insecte ou oblique- ment, en ondulant ; la peau brunit à leur entrée ; au troisième jour, le fila- ment atteint le corps graisseux, qu'envahit un mycélium puissant; les vais- seaux de la chenille charrient bientót de petits ramuscules du parasite, etc. Il n'y a point de fructification à l'intérieur du corps de la larve. La fructi- fication s'accomplit au dehors, aprés sa mort, sous forme de stérigmates dont le dernier article se détache successivement, Dans les Mouches, l'auteur a vu les ramuscules de PÆ. Muscæ engendrer non un mycélium, mais une grosse cellule à leur extrémité. Celle-ci se mul- tiplie à la manière des cellules de levóre, et les cellules qui en résultent pénè- trent dans le sang et par là dans tout l'organisme. En cultivant l’ Zmpusa dans l'eau, on obtient un type analogue à l'AcA/ya, mais non identique, dépourvu de zoospores. L'auteur compare ces phénomènes à ceux que déterminent d'autres para- sites tels que le Botrytis Bassii, les saria etles Cordyceps. M. Brefeld a publié depuis sur ce sujet un mémoire détaillé et accompagné de quatre planches dans les Abhandlungen der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, 4874, t. xir, n° 1. Ueber die herbstliche Pilzkrankheit der Stubenfliege (Sur la maladie que les Champignons déterminent à l'automne chez la Mouche domestique); par M. le comte H. de Solms-Laubach (Abhand- lungen der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, 1870, Beilage, page 37). Le mécanisme de la séparation des spores (Abwerfung) est tout à fait le même chez l' Zmpusa Muscæ que chez les Pilobolus. L'atricule, gonflé par le liquide, se fend supérieurement et lance la spore et son contenu liquide, après quoi il disparaît (co/labirt). Le liquide qui accompagnait la spore dans ` l'utricule se dessèche à l'air et forme une enveloppe cireuse autour d'elle. D’après l'auteur, on ne connaît pas encore le développement du parasite au delà de la germination. Il ne croit pas que l'Æmpusa tende à la forme des 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Saprolegniées, et regarde comme douteux que ce parasite ait quelque affinité avec les Mucorinées, mais sans expériences personnelles spéciales à ce sujet. Uebersicht der in Schlesien gefundenen Pilze (Revue des Champignons observés en Silésie) ; par MM. Schröter et Schneider (Verhandlungen der Schlesischen Gesellschaft für vaterländische Cultur, 1869 et 1870). Dans le premier des deux volumes des Comptes rendus de la Société silé- sienne que nous citons, sont élaborées, dans le cadre restreint qu'indique le titre de ces mémoires, les familles des Chytridiacées, Saprolegniées, Péro- nosporées et Mucorinées. Parmi les Chytridiacées, les auteurs énumèrent onze espèces du genre Synchytrium (1), observées en Silésie sur quinze plantes nourricières. Relativement aux Saprolegniées, l'auteur signale comme espèce nouvelle le Saprolegnia dioica Schrót (2). Quarante et une espèces de Péronosporées ont été observées par M. Schneider. L'Zmpusa et le Tarichium de M. Cohn y sont rapportés aux Mucorinées. L’ Empusa Jassi, observé sur le Jassus seznotatus par M. Cohn, est ramené à l'E. Musce, et IZ. Aulicæ, décrit depuis 4844 par Assmann sur les chenilles et sur les chrysalides de l Zuprepia aulica, à Y Empusa radicans Brefeld. Dans le volume de 1870 (Sitzungsberichte der botanischen Section, séance du 27 janvier 1870), M. Schróter a longuement traité des Ustilaginées et des Urédinées. Dans la premiere de ces deux familles, les nouveautés sont les suivantes : Ustilago umbrina, observé sur le Gagea pratensis; le genre Geminella, caractérisé par ses deux spores géminées, dont une seule germe, avec deux espèces : G. Delastriana, sur le Veronica arvensis L., et G. folii- cola, sur le Carez rigida Good. ; enfin, le Sorisporium Junci, parasite du Juncus bufonius, et le S. bulbosum, parasite du Panicum Crus Galli. L'au- teur a classé les Urédinées d'une maniére qui lui est propre, conformément à des vues systématiques nouvelles, fondées sur l'étude de leur organisation. Il partage les Urédinées en trois divisions principales : les Phragmidiées, les Mélampsorées et les Coléosporées. Les Phragmidiacées se distinguent par la présence simultanée de spermo- gonies et d'un GEcidium, par la séparation complète des téleutospores (quel- quefois unies à l Uredo seulement par une substance gélatineuse), et par le promycélium ordinairement quadricellulaire. Ici sont énumérés les genres (1) Le genre Synchytrium, après avoir été l'objet d'études approfondies de la part de M. Woronin (voyez le Bulletin, t. xv, Revue, p. 160), a été monographié spécialement par M. Schröter, dans les Sitzungsberichte der botanischen Section der Schlesischen Gesellschaft für vaterländische Cullur, séance du 18 novembre 1869. Ce mémoire, qui renferme la description de plusieurs espèces nouvelles, a été reproduit dans les Beiträge zur Biologie der Pflanzen de M. Cohn (voyez le Bulletin, t. xvm, Revue, p. 179). (2) Il y a déjà un S. dioica Pringsh. - REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 77 Uromyces, Puccinia, Gymnosporangium, Endophyllum, Triphragmium, Phragmidium et Xenodochus. Les Mélampsorées sont fondées sur le défaut de spermogonies et d'OEci - diums, sur la fusion des téleutospores en une couche solide entre elles et avec le promycélium, etsur ce fait que les spores de l’ //redo, qui se trouvent sous un péridium, sont muriquées à leur surface. Ici se trouvent les genres Me- lampsora, Cronartium et Calyptospora Kühn. Les Coléosporées sont caractérisées par les téleutospores claviformes for- mées de cellules disposées l'une au-dessus de l'autre sur plusieurs rangs, dont le promycélium ne produit qu'une sporidie isolée. Ici sont rassemblés les deux genres Coleosporium et Chrysomyxa. ` Les espèces nouvellement décrites sont les suivantes : Uromyces punctatus, parasite sur un Astragalus; U. striatus, sur des Légumineuses; Puccinia obtusa, sur le Salvia verticillata ; P. sessilis, sur le Phalaris arundinacea; Phragmidium fusiforme, sur le Rosa alpina; Melampsora guttata, sur un Galium. à Ueber Uredineen (Sur les Urédinées); par M. P. Magnus (Bot. Zeit., 1871, n° 43, col. 744). Les spermogonies des Urédinées naissent généralement sous l'épiderme , et constituent une cavité arrondie, ouverte par un ostiole, de la surface interne de laquelle naissent les stérigmates et au-dessus les paraphyses. Cependant dés 1869, M. de Bary a reconnu une structure différente sur- l'ücidium elati- num et l'OE. leucospermum ; les spermogonies se trouvent là entre la cuticule et l'épiderme, et c'est de leur fond seulement que s'élèvent les stérigmates et les paraphyses. Chez le Zriphragmium Ulmariæ et le Phragmidium, les stérigmates du sommet desquels se séparent les spermaties ne sont plus guere renfermés dans un espace clos. Ils soulèvent la cuticule en s'élevant et en émet- tant les spermaties. Ces caractères, selon M. Magnus, permettraient d'arriver à une classification naturelle des Urédinées mieux fondée que celle de M. Schróter, dont nous venons de rendre compte. L'auteur pense encore que des Cæoma décrits comme tels ne font que repré- senter l'UEcidium de certains Puccinia. Ainsi l'UE. Taraxaci a été rapporté par M. Fuckel au Puccinia Chondrille. Neue Saprolegnicem (Saprolegniées nouvelles); par M. H. Leitgeb (Pringsheim's Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik, t. VW, 3° par- tie, pp. 357-389, avec trois planches). L'auteur a décrit deux genres nouveaux, Dictyuchus et Diplanes. C'est la diversité des phases parcourues par le corps reproducteur (Schwärmspore), et l'époque oit se place un phénomene important, le rejet de son enveloppe, qui caractérisent ces genres et qui les distinguent des genres voisins, Achlya et 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Aphanomyces. Chez le Dictyuchus, la spore n'arrive guère à une individualité distincte, à une vie propre, avant d'avoir dépouillé son enveloppe ; c'est seule- ment alors qu'elle prend les caractères de zoospore. Chez l'AcAlya etl Apha- nomyces, elle s'individualise beaucoup plus tôt. Mais, dans tous ces types, elle n'a d'abord que. des mouvements communiqués avant cette Sorte de mue (1); elle n'abandonne le lieu de son origine, c'est-à-dire le sporange, que pour perdre son enveloppe au devant de l'orifice, et acquérir là sa motilité. Chez le Diplanes, la mue est une phase qui se rencontre pendant la période de motilité de la zoospore. Ce genre offre une transition entre le Saprolegnia et l Achlya. Il tient du premier par le mode de formation des nouveaux sporanges, comme pour l'ensemble du développement purement végétatif, et participe de l Achlya par le caractère très-important de la mue des corps reproducteurs. Beiträge zur Kenntniss der Saprolegnieen [Recherches sur les Saprolegniées); par M. J. Walz (Botanische Zeitung, 1870, n 34 et 35, avec une planche). L'auteur décrit le Saprolegnia de Baryi, dont les filaments vivent en parasite dans ceux du Spirogyra densa qu'ils traversent. Il a observé sur cette Saprolegniée des conidies, qui germent dans l'eau, des zoospores et des oospores. Les zoosporanges où sont renfermées les premières se développent dans l'intérieur des cellules du Spirogyra, en traversent la paroi avec leur rostre ; cette paroi s'entr'ouvre et laisse s'échapper les zoospores. Ces zoospores se présentent sous la forme d'une vésicule arrondie, pourvue d'un filament. Elles pénétrent avant d'avoir poussé aucun filament à travers la paroi cellulaire du Spirogyra, et, en émettant une prolongation, elles la traversent, puis devien- nent ovales et développent un nouveau filament. Les organes sexués se déve- loppent sur le méme thalle ou mycélium que les zoosporanges, mais un peu plus tard ; ils ressemblent à ceux du Pythium monospermum. Les oogonies sont arrondies ; les anthéridies allongées, nées d'un ramuscule latéral sur le méme filament, lancent dans l'oogonie un prolongement du rostre, et y per- dent plusieurs corpuscules séminaux. L'auteur n'a pas observé leur fusion avec la vésicule embryonnaire, Celle-ci s'entoure d'une membrane et se trans- forme en oospore. Ainsi ce parasite lient le milieu entre les genres Pythium et Saprolegnia, quoique plus proche de ce dernier. Il détermine la contraction des masses de chlorophylle et les colore en noir ; plus tard les cellules attaquées meurent. L'auteur s'occupe ensuite de deux espéces du genre Pythium : P. proli- (1) Nous savons bien que ce terme est inexact, puisque la spore ne perd pas une enve- loppe dans les mémes conditions biologiques que la chenille, mais nous nous en servons faute d'autre, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 79 ferum Schenk et P. globosum Schenk. Le premier produit dans une cellule J'Algue des filaments entrecroisés, formés de cellules elliptiques; chaque article y devient plus tard un zoosporange. Le P. globosum est unicellulaire, et correspond à un article du précédent; il existe des passages entre les deux espèces (1). M. Walz ajoute encore quelques détails sur les conidies du Saprolegnia dioica Pringsh. Ueber die Entlecrung der Zoosporamgien (Comment se vident les zoosporanges); par M. J. Walz (Botanische Zeitung, 1870, n° 43, col. 6, pp. 89-691, n° 44, col. 703 et suiv.). L'auteur a examiné des Saprolegnia, des Chytridium, des OEdogonium, des Cladophora. Il termine son mémoire par les conclusions suivantes : 1. Chez les organismes que j'ai mentionnés, en méme temps que se for- ment les zoospores, a lieu une modification dela paroi du zoosporange ; elle se gonfle et acquiert ainsi sur quelques points la faculté de se colorer en bleu ou en violet par l'action de l'iode. 2. Dans quelques cas, notamment chez des espèces de Chætophora, la paroi du zoosporange est tout entiére soumise à cette modification; elle se dissout à la fin complétement. 3. Dans d'autres cas (Cladophora, OEdogonium, Saprolegnia dioica Pringsh., S. de Baryi Walz, Chytridium roseum de Bary et Wor., CA. globosum Al. Br.), c'est seulement sur un point ou sur des points déterminés du zoosporange qu'a lieu la liquéfaction complete de la paroi, mais la couche interne de cette paroi se liquéfie (Cladophora) ou se gonfle sur toute l'étendue Je la cellule. h. La partie de la paroi du zoosporange qui se gonfle ainsi absorbe de l'eau, ce qui augmente la pression dans l'intérieur de la cellule, et en cause la rupture. 5. Dans quelques cas (Saprolegnia monoica, S. de Baryi), la rupture du zoosporange est causée aussi en partie par la dilatation des zoospores aui se remplissent d’eau. Ueber die Entwiekelung des Chytridium Olla (Sur le du développemeut du —) par M. L. Kny (Sitzungsberichte der natur- forschender Freunde zu Berlin, séance du 20 juin 1871). Le Chytridium Olla a été découvert par M. AL Braun, parasite sur l'GEdo- gonium rivulare. M. Kny décrit avec soin l'ouverture des sporanges par une sorte de couvercle qui se souléve, l'issue des zoospores, leur rassemble- (4) M. de Bary a décrit sous le nom de Pythium proliferum une espèce qu'il ne faut pas confondre avec celle de Schenk, 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment autour de l'oogone de la plante nourricière, les « filaments brillants », qui ressemblent à des extrémités radiculaires et qu'ils envoient vers la gono- sphère de l'Œdogonium et jusque dans son intérieur. On peut trouver jusqu'à vingt-quatre Chytridium ainsi parasites sur le même (Ædogonium. Ces filaments brillants (Flimmerfaden) sont capables de développement; ils s'é- paississent et s'entourent d'une membrane. L'extrémité radiculaire parvenue dans la gonosphère s'y dilate et forme un petit sucoir arrondi entouré d’une membrane mince. Voilà un exemple de parasitisme qui est bien de nature à en imposer pour une fécondation véritable. L'auteur ajoute que le Chytridium Olla étant manifestement composé de deux membranes, le sous-genre Zuchytrid?um doit être séparé des autres sous-genres au voisinage desquels il a été jusqu'à présent placé, et prendre rang dans la classification à côté du RAizidium Al. Braun. Entwickelung einer Chytridiee (Développement d'une Chy- tridiée) ; par M. Kny (Sitzungsberichte der Gesellschaft naturforschender Freunde zu Berlin, séance du 24 novembre 1871). Cette Chytridiée est un Olpidium que M. Kny a trouvé sur la côte occi- dentale de l'Angleterre, vivant en parasite sur le Cladostephus spongiosus Ag. sur les grosses cellules du sommet ou sphacella (1). Les zoospores de cet Olpidium sont d'abord allongées avec un contour extérieur irrégulier. C'est le méme parasite que M. Pringsheim avait observé sur le Sphacelaria tribu- loides et aussi sur le Cladostephus spongiosus, mais qu'il avait décrit comme l'anthéridie de l'Algue (2). L'auteur soutient son opinion contre M. Prings- heim en invoquant cele de M. Al. Braun, qui dans son mémoire sur le Chytridium (p. 61), a regardé comme parasitaires les formations que M. Pringsheim considérait comme les anthéridies du Saprolegnia ferax. La nouvelle espèce, CAytridium (Olpidium) Sphacellarum, a été déjà observée par M. Kny sur des exemplaires de Sphacelaria scoparia qu'il avait récoltés en 1867, à Cherbourg. Monographie des Saprolegniées ; par M. Maxime Cornu. Thèse pour le doctorat ès sciences naturelles (extrait des Ann. sc. nat., 5° série, t. XV) ; tirage à part en un volume in-8° de 198 pages, avec sept planches gravées, Paris, impr. Martinet, 1872. La monographie entreprise par M. Cornu doit comprendre quatre parties : 4° étude de la reproduction sexuée ; 2° étude de la reproduction asexuée ; 3° étude systématique ; 4° physiologie et biologie. La thèse qu'il a présentée à la Faculté des sciences, et que nous analysons, ne comprend, en fait d'examens (1) Voyez Decaisne, Ann. sc. nat., 5° série, t. xvii, p. 374. (2) Berlin Monastb., 1855, p. 21. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 81 détaillés, que ceux qui.se rapportent au premier ordre de faits. Cependant il y a annexé, comme préambule, un résumé succinct de la reproduction asexuée. D'aprés le mode de sortie des zoospores et leur conformation, on peut, dit-il, établir dans la famille des coupes très-naturelles. Les genres sont fondés en général sur le mode de reproduction asexuée et sur l'organe de végétation. Il divise les plantes dont il s'est occupé (y compris les Péronosporées munies de zoospores) en deux groupes, les Saprolegniées vraies et les Monoblépharidées. Celles-ci, composées jusqu'ici du seul genre Monoblepharis (A), ont des zoo- spores munies d'un cil unique, et le mode de sortie de ces vésicules mobiles y est tout spécial; de plus la reproduction sexuée s'y effectue par anthérozoides ; elles se rapprochent des OEdogoniées et des Goléochétées. Les Saprolégniées vraies ont des genres à filaments cylindriques (Saprolegnia, Achlya, Apha- nomyces, Dictyuchus, Pythium), ou à filaments munis d'étranglements (Apo- dya n. g., Achlyogeton, Myzocytium et Rhipidium n. g.). Dans tous ces genres on observe des zoospores réniformes munies de deux cils. Il faut entendre ici pour les genres Saprolegnia et Achlya les zoospores de deuxième formation, celles qui ont rejeté leur enveloppe, pour parler comme M. Leitgeb, ou celles qui ont été émises par les zoospores de premiére formation, si l'on s'exprime comme M. Cornu. Ces zoospores, d’après l'auteur de la thèse, existent d'une manière générale chez les Saprolegnia et les Achlya; aussi refuse-t-il d'admettre le genre Diplanes fondé par M. Leitgeb sur ce seul caractère. Il désigne sous le nom de dictyosporange ou sporange réticulé, le sporange tel qu'il s'observe dans ces plantes apres l'émission des zoospores de deuxième formation, quand les cellules-mères qui les ont émises restent dans le sporange et y produisent l'aspect d'un réseau. Cette modification, constante dans le genre Dictyuchus, se rencontre de temps à autre, dan d'autres types, par l'effet d'une anomalie, par exemple chez les Saprolegnia et les Achlya, quand les cellules-mères ou zoospores, de première formation n'ont pu sortir du sporange et y ont émis les zoospores secondaires réniformes. Chez certains Pythium, le plasma s'épanche au dehors en refoulant devant lui l'extrémité du sporange et la couche située au-dessous, qui se gonflent, et forment une vésicule dans l'intérieur de laquelle le plasma se fragmente en petites masses qui deviennent des zoospores et en crévent, pour sortir, la paroi peu résistante. La reproduction sexuée des Saprolegniées a offert à M. Cornu l'occasion d'exposer des idées nouvelles qui sont en contradiction avec celles qu'a gra- duellement affirmées M. Pringsheim dans des travaux fort connus. Pour les Monoblepharis, aucune contestation n'est possible, puisque ces étres n'étaient pas connus avant les travaux de M. Cornu. Pour les Saprole- gniées vraies, il y a plusieurs cas à distinguer. (4) Voyez le Bulletin, t. xvin, p. 59, T. XIX, (REVUE), 6 i] 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Tantót il existe autour de leur oogone des branches latérales dont la partie terminale, où afflue le plasma, a été nommée anfhéridie. Ce terme est criti- quable, parce qu'elles ne contiennent pas d’anthérozoïdes ; l'auteur préférerait, sans vouloir l'imposer, celui d'androcystes. Ces anthéridies se fixent sur l'oo - gone, et émettent, à travers des perforations pratiquées à l'avance naturellement ou qu'elles déterminent elles-mémes, des prolongements diversement flexueux et ramifiés, qui s'enfoncent dans l'intérieur des gonosphères ou masses proto- plasmiques qui, aprés ce contact, sont transformées en oospores.On comparerait volontiers l'émission des filaments spéciaux et destinés à la fécondation, qui naissent de la cellule anthéridienne, à la germination des grains de pollen sur le stigmate. Nulle part, dans cette catégorie de faits, M. Cornu n'a vu d'anthérozoides. M. Reinke (1) affirme les avoir vus fréquemment, mais M. Cornu, qui apprécie sévèrement le travail de ce physiologiste, semble dis- posé à croire que les infusoires lui ont fait commettre de singulières méprises. Ce mode de fécondation est une véritable conjugaison. Les cellules copulatrices de sexe différent sont méme presque identiques dans les Myzocytium, et il en résulte une oospore. Ce fait rappelle tout à fait ce qui a lieu chez les Rhyn- chonema, dans les Zygnémacées. Dans d'autres cas, les espèces sont dénuées de branches latérales. Il y a alors, selon M. Pringsheim, deux cas à distinguer. L'un correspondrait au cas intermédiaire entre la moncecie et la diœcie, qu'il a distingué chez les OEdogoniées : il existerait alors des gynandrospores, qui émettraient des spo- ranges spéciaux produisant des individus máles, et remplaceraient les branches latérales. L'autre cas correspondrait à la dicecie. Les individus mâles des espèces dioiques, telles que le Saprolegnia dioica Pringsh., donneraient des anthérozoides chargés d'opérer la fécondation, et remplaceraieut encore les branches latérales. . M. Cornu détruit complétement l'une et l'autre manière de considérer ces faits. Selon lui, ce que M. Pringsheim désigne sous le nom de gynandro- spores, ce sont des formes, ou constantes, comme dans le Dictyuchus mono- sporus Leitg., ou anomales, comme chez certains Saprolegnia où Achlya. Quant aux individus máles des Saprolegniées dioiques, ce sont des Chytridi- nées parasites au sujet desquelles M. Cornu entre dans de grands développe- ments. Il décrit les genres nouveaux O/pidiopsis, Rozella et Woronina, et profite de cette occasion pour faire ressortir l'analogie que les Chytridinées, constituées à un certain moment de leur existence par un véritable plasmo- dium, présentent avec les Myxomycétes. Restait, aprés avoir éliminé les interprétations proposées par M. Prings- heim, à expliquer comment se fait la reproduction sexuée des Saprolegniées dépourvues de branches latérales, et par conséquent d'organes mâles, en appa- (1) Voyez le Bulletin, t, xvi, Revue, p. 36, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 rence du moins. M. Cornu, s appuyant sur l’existence (qu’il a observée chez les Monoblepharis), d'anthérozoides très-semblables aux zoospores, suppose que parmi les sporanges des espèce dénuées de branches latérales, il doit se trouver des anthéridies très-semblables aux sporanges. Il ne se dissimule pas que cette reproduction par conjugaison et par fécondation, existant simultanément dans un même genre, pourra sembler singulière. Mais il pense, se fondant sur des faits analogues et incontestables observés dans la reproduction asexuée, qu'il faut accorder peu d'importance au mode de propulsion du plasma mâle dans la fécondation. Synopsis der Saprolegmieen, und Beobachtungen über einige Arten (Synopsis des Saprolegniées, et recherches sur quelques espèces) ; par M. Karl Lindstedt. In-8° de 69 pages, avec 4 planches lithographiées. Berlin, 1872, chez R. Friedländer et fils. Cette thèse est dédiée à M. Al. Braun. Elle contient deux parties. La pre- mière renferme des recherches sur quelques espèces ; la seconde, une énumé- ration systématique des genres connus de cette famille, et de leurs espéces, avec la bibliographie qui s'y rapporte. Dans la premiere partie, M. Lindstedt étudie principalement deux espèces nouvelles de Dictyuchus : D, Magnusii et D. polysporus, Y Achlya polyandra (Hildebrand) et un Saprolegnia. Nous remarquons dans ces pages la conclusion suivante : Nous arrivons ainsi à ce fait remarquable que !a fécondation a lieu dans une méme famille d'une double maniere : l'une par contact, ou plutót par la péné- tration complète du contenu de l'anthéridie dans la spore (Dictyuchus Ma- gnusi, D. monosporus, D. polysporus, Achlya racemosa, A. lignicola, A. polyandra) ; Vautre par l'émission de corpuscules séminaux mobiles (Saprolegnia monoica, Pythium monosporum, Aphanomyces leis ?). La seconde partie de la thése contient un tableau dichotomique conduisant à la détermination des Saprolegniées, puis une description monographique des tribus, des genres et des espèces de cette famille, que l'auteur divise en Leptomiteæ (Leptomitus, Rhipidium), et Saprolegnioideæ (Saprolegnia, Pythium, Lagenidium, Monoblepharis, constituant le groupe des Sapro- legniées, et Dictyuchus, Achlya, Aphanomyces, Diplanes et Achlyogeton(1), formant la tribu des Achlyées). Neuere Nachrichten über Bidens radiatus Thuill.; par M. P, Ascherson (Botanische Zeitung, 1870, n° 7 et 8). Nos lecteurs peuvent se reporter à un article de notre regretté confrère, M. J. Gay (voyez le Zulletin, t. vit, p. 153), pour avoir l'histoire de cette (4) M. Ernst Pfizer a décrit sous le nom d'Ancylistes Closterii une plantule dont il a suivi le développement, et qui se rapproche des genres Lagenidium et Achlyogeton (Mo- naisberichte der K. Akad. der Wissenschaften zu Berlin, mai 1872, avec une planche). 8h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plante, sur laquelle de nouveaux documents se sont produits depuis cette épo- que. M. OErsted (1) a soutenu, contre M. Gay et M. Schweinfarth, que l'on avait mal compris son opinion lorsqu'il l'avait exprimée à Paris, en examinant l'échantillon de Thuillier dans l'herbier Delessert, et que son Bidens platy- cephalus est réellement distinct du B. radiatus (2) Thuill., quoique ni les fleurs, ni les fruits ne fournissent aucun caractere différentiel. M. Lange (3) a soutenu également la légitimité du B. platycephalus. M. Ascherson fait remarquer que les légères différences qui ont été constatées au jardin de Copenhague, entre l'espèce danoise et la postérité des graines du B. fastigiatus Michalet sont du nombre de toutes celles qui se maintiennent par la culture dans tout jardin entre races différentes d'une méme espèce et de provenance variée (4). Il regarde le B. platycephalus OErst. comme un simple synonyme du B. radiatus Thuill. (B. fastigiatus Michalet). Il ajoute en outre les syno- nymes suivants: B. frondosus Retz. Obs. u. Prodr. Fl. scan. non L. ; B. fo- liosus Willd. Eum. hort. berol. Suppl., p. 56; B. intermedius Opiz. Il nous apprend en outre que le B. cannabinus Tausch n'est qu'une forme sans im- portance du B. tripartitus L., et que le B. tripartitus cernuus F. Winter, de Saarbrück, rentre dans le B. cernuus L. Ces observations ont été faites par M. Ascherson à la suite d’un voyage dans le nord de la Bohême, où il a trouvé le B. radiatus sur le bord occiden- tal du Grand Étang, près de Hirschberg, en société avec les deux autres Bidens de la flore européenne. Le B. radiatus s'y épanouissait seulement alors que les deux autres espèces étaient déjà en pleine fleur (5). Il résulte des recherches de M. Ascherson, que la même espèce avait été trouvée antérieu- rement sur divers points de la Bohême et de la Saxe (6), à Prague par Opiz, dès 1845, près de Dresde par M. G. Reichenbach, etc. Elle le sera certaine- ` ment sur d'autres points (7). A l'égard de sa distribution géographique, le (1) Til Belysning af Bidens platycephalus. Cette note a paru dans les Comptes rendus de la Société d'histoire naturelle de Copenhague pour 4862, p. 312, avec deux planches. (2) Il est inutile de faire remarquer que nous devons suivre M. Schweinfurth dans une rectification nécessitée par les lois de la grammaire latine. (3) Haandbog i der Danske Flora, 3* édition, 1864, p. 100. (4) Nous n'avons pas besoin de faire remarquer combien cette manière de voir, pré- sentée incidemment, a d'importance relativement à la maniére dont on doit comprendre l'espéce. (5) La vallée de Hirschberg est cependant l'une des localités les plus parcourues par les botanistes de Bohême. Il en est certes de méme, pour les botanistes parisiens, des bords de l'étang de Saint-Hubert, où le B. radiatus vient d'être retrouvé, précisément dans un des endroits où l'avait signalé Thuillier. (Voy. la séance du 15 novembre 1872.) (6) Le B. radiatus manque au livre de M, Otto Wünsche : Excursionsflora für das Königreich Sachsen und die angrenzenden Gegenden, Leipzig, typ. B.-G. Teubner, 1869, Flore récente dela Saxe royale que nous signalons en passant, n'ayant pas assez de place pour iui consacrer une notice spéciale. (7) M. Engler l'a retrouvée, depuis la publication du mémoire de M. Ascherson, au bord d'un grand étang à Peilau, prés Reichenbach en Silésie (Sitzungsberichte der Schlesischen Gesellschaft für vater!ündische Cultur, séance du 10 novembre 1870). On REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85 B. radiatus est évidemment une espèce d'origine asiatique comme tant d’autres qui ont peuplé l'Europe occidentale ; ses localités s'étendent jusqu'au fleuve Amur et au Kamtchatka (1). Des préparations microscopiques tirées du règne végétal, et des différents procédés à employer pour en assurer la conservation ; par MM. Johannes Grænland, Maxime Cornu et Gabriel Rivet. Brochure in-8° de 76 pages, impr. Simon Racon et Ci. Paris, F. Savy, 1872. — Prix: 3fr. 50 c. : On accueillera certainement avec satisfaction un petit livre qui porte à la connaissance de tous le moyen de réussir avec le moins de frais possible dans les préparations microscopiques les plus variées et les plus délicates. Nous avons beaucoup de traités sur le microscope, la plupart traduits de l'étranger; mais nous n'en connaissons pas qui, sous une forme plus modeste, ct spéciale- ment destiné aux botanistes, les mette mieux à méme de résoudre les diffi- cultés sans nombre que présente aux commencants la confection et surtout la conservation des préparations d'anatomie végétale destinées à l'examen mi- croscopique. La compétence des auteurs est bien connue de nos confrères, qui savent que M. Grænland avait été jadis attaché à l'enseignement du pro- fesseur Schacht. Ils ont insisté à dessein sur certains points qui sont presque inconnus méme à des botanistes de profession ; nous voulons parler de la ma~ nière de se procurer au meilleur marché possible les s/ides et les covers (2), c'est-à-dire d'apprendre à les découper soi-même. Ils ont soin d'indiquer en note l'adresse des différents industriels chez lesquels le botaniste pourra se procurer les objets extrémement nombreux qu'il doit posséder pour constituer un petit atelier de micrographie, depuis la meule à aiguiser jusqu'aux bitumes, vernis et essences. Dans la description des différentes fournettes, instruments qui servent à couper les rondelles de verre mince et à disposer les cellules de bitume, on remarque celle qu'a inventée l'un des auteurs, M. Cornu, dans laquelle le verre reste immobile, tandis que l'outil est mis en mouvement à l'aide de la main. On-remarquera aussi la description des différents micro- tomes, dont l'un a déjà été décrit dans notre Bulletin par M. Rivet. Instruits par une expérience déjà solide, les auteurs ont indiqué neuf for- mules de liquides conservateurs à employer, selon les effets qu'on veut en obte- nir et selon les objets qu'on désire conserver. Nous y remarquons qu'un mélange, fait en certaines proportions, d'eau distillée, de chloroforme et nous signale aussi dans l'OEsterreichische botanische Zeitschrift, en 1871, un article de M. Heidenreich, relatif à cetle plante, ce qui nous fait supposer qve Ja plante a été trouvée en Autriche ; ce journal parvenant très-irrégulièrement à la Société, il nous est impossible de nous en assurer, (4) Voy. de Herder, Plante Raddeanæ monopetalæ, in Bull. Mo:c. 4865, n° 2, p. 40. (2) Termes anglais qui désignent les lames de verre et les rondelles minces. S6 SOCIÉTÉ BOTAFIQUE DE FRANCE. d'acide acétique, a l'immense avantage dee onserver parfaitement les Conferves, de détruire les concrétions calcaires qui existent quelquefois à la surface des Algues ou méme dans leur intérieur, enfin d'absorber les bulles d'air que contiennent souvent les objets aprés leur mise en cellule. Die Vegetation der Erde, nach ihrer klimatischen Anordnung (Za végétation du globe, d'aprés sa disposition suivant les climats); par M. A. Grisebach. 2 volumes in-8°, Leipzig, chez W. Engelmann, 1872. Cette publication importante de M. Grisebach doit prendre rang dans l'ordre chronologique aprés le Traité de géographie botanique raisonnée de M. Alph. de Candolle. Quoique conçue sur un plan fort différent, l’œuvre de M. Grise- bach touche à quelques-uns des mémes sujets, en tenant compte cependant des notions nouvelles acquises par la science sur quelques-uns d'entre eux ; et discute plusieurs des mémes questions. Le plan de M. Grisebach a été surtout de délimiter certaines régions botaniques, et d'en tracer les caracteres. Nous allons indiquer comment il comprend ces régions: c'est là la partie la plus originale de son livre, et la plus propre à susciter des critiques. Ces régions sont au nombre de vingt-quatre, ainsi déterminées : 4° Flore arctique.— 2° Région forestière de l'ancien monde. Sous ce nom, l'auteur comprend l'Europe moyenne avec toutes ses chaines de montagnes.— 3° Région méditerranéenne. — 4° Région ‘des steppes (Caucase, Arménie, Perse, Afghanistan). — 5° Chine et Japon. — 6° Région indienne, compre- nant l'Himalaya. — 7° Sahara, borné à l'est par la mer Rouge. — 8° Soudan, dont la flore se relie à celle de l'Arabie. — 9° Kalahari, c'est-à-dire Afrique occidentale et centrale. — 10° Flore du Cap. — 11^ Australie. — 12» Région forestière de l'Amérique septentrionale. — 13° Région des prairies améri- caines. — 14? Région de la côte californienne. — 45° Région mexicaine, — 16° Inde occidentale (Antilles). — 17° Région de l'Amérique méridionale au nord de l'Équateur. — 18° Région du Brésil équatorial. — 19° Brésil méri- dional et Paraguay. — 20° Flore des Andes tropicales de l'Amérique du Sud (région maritime du Pérou, région des Quinquinas, région alpine). — 21^ Région des Pampas. — 22° Région de transition du Chili, — 23° Région boisée antarctique. — 24° Région insulaire, comprenant les Açores, Madère, Canaries, Madagascar, Bourbon, les îles Viti, la Nouvelle-Calédonie, les Sand- wich, la Nouvelle-Zélande, les Galapagos, Juan-Fernandez, les îles antarc- tiques, Tristan d’Acunba, Sainte-Hélène, etc. ! La composition de la plupart de ces régions, et surtout de la dernière, montre que M. Grisebach n’a pas eu pour objet de circonscrire des régions botaniques naturelles, mais d'étudier des cadres géographiques dans lesquels peut s'exercer utilement l'activité des voyageurs, qui trouveront en effet des renseignements précieux dans La végétation du globe. Au sujet de chacune de ces vingt-quatre régions géographiques, l'auteur étudie dans autant de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 paragraphes distincts le climat, les essences qui impriment à la flore un carac- tère dominant, les stations particulières ou formes de végétation (bois, sava- nes, mâquis, déserts, etc. ), les régions botaniques distinctes qui s'y trouvent, et les centres de création qu'il y reconnaît et qu'il appelle centres de végéta- tion. Ceux-ci sont quelquefois trés-nombreux. Pour la région II, M. Grise- bach admet cinq centres de végétation : les Alpes avec cent quatre-vingt-dix espèces spéciales, les Pyrénées avec quatre-vingt-huit, les Carpathes avec vingt-neuf, les Cévennes avec deux, l'Oural avec une. Dans la région III, il en reconnait un en Espagne, un en Algérie, un dans les iles Baléares, la Corse et la Sardaigne, un en Italie, un dans la péninsule hellénique et dans l' Archi- pel, un sur la côte occidentale de l'Asie Mineure. Dans toutes ces études, l'auteur s'occupe beaucoup des migrations végétales et de l'origine du tapis végétal de chaque contrée. Sur FOrme épineux des Chinois; par M. J.-E. Planchon (Comptes rendus, t. LXXIV, séance du 8 janvier 1872). Découvert dans la Mongolie orientale par M. l'abbé David, cet arbre est appelé par les Chinois d'un nom que le savant missionnaire traduit par « Orme épineux ». M. Hance l'a décrit sous le nom de Planera Davidi. Ce type, d'un caractère mixte, se-tient presque à égale distance des U{mus à fruits en samare entourés d'une aile circulaire, et des Ze/kova (Planera de l'ancien monde), dont le fruit turgide est dépourvu d'aile. En effet, le fruit de l'Orme épineux présente d'un cóté une loge en forme de virgule ou de cornue renversée, dont l'obliquité se retrouve chez le fruit plus ventru des Zelkova ; de l'autre cóté, une aile unilatérale répondant à la moitié de l'aile circulaire des Vimus. Par là se trouve justifié le nom d' Zemiptelea proposé par M. Planchon pour ce nouveau genre. Le caractére mixte de l'Hemiptelea Davidii se retrouve sur les organes végétatifs; et ce nouveau genre détermine la fusion des Ulmacées et des Planérées, fusion qu'on aurait pu prévoir par ce fait que le Zelkova crenata, vulgairement dit Orme du Caucase, se greffe sur les Ormes d'Europe. Ueber Castanea vesca und ihre vorweltliche Siam- mart (Sur le Castanea vesca et son prototype antédiluvien) ; par M. C. d'Ettingshausen (extrait des Sitzungsberichte der K. Akad. der Wissen- schaften, t. LXV, 1872, 1** livraison); tirage à part en brochure in-8° de 18 pages, avec 17 planches. — Prix : 6 fr. 50. Le Castanea atavia Ung. est une espéce tertiaire trés-répandue et ancien- nement connue. M. d'Ettingshausen s'est proposé d'éclaircir par de nombreux dessins de l'espéce fossile et de l’espèce vivante la question de savoir si le C. atavia et le C. vesca appartiennent à la méme espèce. Il se prononce pour la négative, Il en résulte qu'il y aurait eu transmutation de l'une à l'autre; 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'auteur déclare que le manque de faits ne permet pas encore d'expliquer le procédé de cette transmutation. Versuch einer vergleichend - anatomischen Untersu- chung des Stengels einiger Lemnacecn (Zssai d'une étude comparative de la tige] de quelques Lemnacées) ; par M. Tchistiakoff (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1869, n° 4, pp. 246- 256, avec trois planches). Ce mémoire a paru dans le méme cahier en russe, puis, par extrait, en allemand. La « tige» des Lemnacées est, bien entendu, pour lui, la fronde ovale de ces petites plantes. Il en étudie les faisceaux vasculàires, le mode de ramification ; il soutient contre M. Hegelmaier que les cellules vasculaires ne s'y résorbent point. Il s'occupe spécialement du procédé par lequel ont lieu le développement du bourgeon qui sort de ces singuliers axes, la partition des cellules de ce bourgeon, la production des lacunes aériféres (réservoirs à gaz), l'organisation de la cellule elle-même. I pense que la complication de structure de ces pseudo-tiges provient de la différence de développement qui affecte le parenchyme sur sa face supérieure au-dessous de l'épiderme. Dans le Spirodela, où le développement est plus avancé, la couche supérieure du parenchyme contient, au lieu de chlorophylle, une substance colorante rouge, dissoute dans le suc cellulaire; le système vasculaire y est plus compliqué. L'auteur trace une classification de ce système dans les divers types de végé- taux aquatiques qu'il a étudiés, et auxquels se joignent l' Z/odea et le Val- lisneria. Yl s'étend sur les caractères que présentent les couches d'accroisse- ment dans les cellules vasculaires de quelques Lemnacées ; il admet que ces cellules sont capables de supporter un certain degré de dilatation saus se rompre. Il résulte de ses recherches que le développement des lacunes aéri- fères chez les plantes qu'il a étudiées est complétement analogue à celui des canaux résinifères de végétaux bien différents. Catalogue des Champignons du canton de Neuchâtel; par MM. P. Morthier et L. Favre (extrait du Bulletin de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, 4870, t. vint, n° 3) ; tirage à part en brochure n-8° de 63 pages. Ge catalogue est une énumération, dressée suivant l'ordre taxonomique, des espèces dont la station et les localités sont indiquées. On y trouve 40 Mucor, 35 Œcidium, h8 Puccinia, 6 Morchella, 6 Geaster, 34 Clavaria, 32 Hyd- num, 67 Polyporus, hA Cortinarius, 10 Coprinus, etc. L'herbier de Chaillet, déposé au musée de Neuchâtel, a été très-utile pour dresser cette énumération, dont la richesse provient de ce que le canton de Neuchâtel, qui s'étend en plein Jura, renferme des altitudes et des terrains très-variés. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. S9 Thesaurus Literature botanice omnium gentium, inde a rerum botanicarum initiis ad nostra usque tempora, quindecim millia operum recensens. Editionem novam reformatam curavit G.-A. Pritzel. Leipzig, chez F. A. Brockhaus, 1871-72. Nous n'avons pas besoin d'insister, en annoncant la nouvelle édition du Thesaurus de M. Pritzel, sur le plan de ce livre, dont la première édition est entre les mains de tous les botanistes. Nous devons signaler seulement les améliorations, que chacun du reste devine d'avance. Il avait été fait à la pre- miere édition des additions, soit dans des documents imprimés (notamment par M. Ernestus de Berg), soit dans des lettres adressées à M. Pritzel, qui avait d'ailleurs continué ses recherches, et qui avait fait, il y a quelques années, un voyage pendant lequel il a consulté les principales bibliothèques publiques et privées en vue de cette deuxiéme édition. L'auteur cite notamment dans son nouveau prospectus, comme n'ayant pas été consultées pour la premiére édition de cet ouvrage, la bibliothéque du Musée royal de Kew, celle de la Société botanique de France, celle du jardin de Padoue, très-riche en ouvrages anciens sur la botanique, celle de Saint-Marc à Venise, et celle de feu M. de Martius. Le Catalogue of scientific papers publié par les soins de la Société royale de Londres aux frais du gouvernement anglais lui a été d'un grand secours pour beaucoup d'additions. Le nombre des signes indiquant que l'auteur a vu par lui-même les ouvrages cités s'est en conséquence augmenté de beaucoup dans la deuxiéme édition. i Une addition importante, etjque tous les botanistes accueilleront avec satis- faction, consiste dans une notice biographique concernant chaque auteur. Quatre livraisons de cette seconde édition, qui doit en comprendre six, ont déjà paru au moment où nous écrivons ces lignes. Chaque livraison est publiée au prix de souscription à 2 thalers (7 fr. 50). Sur une nouvelle espèce du genre Alfhenia : par M. Duval- Jouve (Comptes rendus, t. Lxxv, 8 juillet 1872, p. 95). L' Althenia Barrandonii, qui rappelle les services rendus à la flore de l'Hérault par notre confrére M. Barrandon, a été recueilli le 23 juin dernier engrande quantité, dans des flaques d'eau saumátre, prés les Onglous, station de la ligne de Montpellier à Cette. L'A. filiformis Petit a de courts stolons, présentant entre chaque tigelle une écaille ; les feuilles de chaque tigelle, contigués, serrées en paquet et se recouvrant les unes les autres, se terminent par un limbe capillaire un peu concave à sa face supérieure ; la capsule, tronquée à ses extrémités, a les faces divisées par une créte saillante et les marges bordées d'une aile membraneuse, large, trés- mince et ondulée. L'A. Barrandonii Duval-Jouve a plutôt des rhizomes que des stolons, 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sans écailles entre les longues; tiges qui s’en élevent; ses feuilles, éparses sur les tiges, sont écartées entre elles de 2 à 3 centimètres ; leur limbe est fili- forme plutôt que capillaire, et convexe sur les deux faces ; la capsule, plus grosse, atténuée à ses extrémités, a les faces tout unies, sans lignes saillantes, et les marges non ailées-membraneuses, mais épaissies en bourrelet comme certaines espèces de Zannichellia. L'étude anatomique du limbe a prouvé à M. Duval-Jouve que, chez les Althenia, la région élargie de l'organe foliaire est une gaine et le long fil qui s'en détache un limbe. Ce limbe est évidemment comparable, au point de vue morphologique, à l'aréte des Graminées. (Voyez plus haut, p. 46.) Sur um fait physiologique observé sur des feuilles de Drosera ; par M. Ziegler (Comptes rendus, t. LXXIV, séance du 6 mai 1872, pp. 1227-1229). M. Ziegler a reconnu quetoutes les substances albuminoides animales qu'on à tenues pendant une minute entre les doigts acquièrent la propriété de faire contracter les cils des Drosera. Ila constaté aussi que les mêmes substances, quand elles n'ont pas été mises préalablement en contact avec un animal vi- vant, n'exercent aucune action de ce genre. Cette curieuse propriété peut être communiquée aux substances animales par le contact médiat des doigts à travers du papier ciré fin. Elle se perd quand on humecte à plusieurs reprises ces substances avec de l'eau distillée, et qu'on les sèche chaque fois au bain- marie. D'un autre cóté, des Drosera ont été placés, avec une petite motte de terre et suffisamment d'eau, dans des capsules légéres de platine, et ces cap- sules déposées chacune sur une poignée d'albumine du sang, qu'on avait eu soin de tenir pendant une demi-heure dans la main. Au bout de vingt-quatre heures, tous ces Drosera sont devenus complétement insensibles aux insectes et aux corps organiques animaux, modifiés par le contact d'un être vivant. Les propriétés de ces plantes sont devenues inverses, et, chose merveilleuse, leurs cils se contractent alors sous l'influence de matiéres organiques qui avaient été d'abord mises en contact, pendant quelques minutes, avec des paquets de papier à.double ou triple enveloppe, renfermant du sulfate de qui- nine, matières qui ne font point se contracter les cils des Drosera dans leur état normal. Toutes les fois que, par une cause quelconque, un Drosera n'a plus les feuilles sensibles à l'impression des insectes, il suffit de placer la capsule de platine qui le contient sur un paquet de sulfate de quinine pour qu'il récupère peu à peu ses propriétés normales. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 Sur une forme de cellules épidermiques qui paraît propre aux Cypéracées; par M. Duval-Jouve (Comptes rendus, t. LXXV, séance du 5 août 1872, pp. 371-372). Il s'agit dans cette note de saillies présentées par la paroi interne de certaines cellules de l'épiderme des Cypéracées. Sur le Schænus mucronatus L., la paroi interne de l'une des cellules épidermiques de la région moyenne émet un cóne trés-élégant qui quelquefois s'avance jusqu'à toucher presque la paroi externe. Cette structure appartient à toutes les cellules de la méme zone. Autour de la base du cóne, la paroi interne, au lieu de rester mince comme celle des autres cellules, s'épaissit fortement et forme comme une galette sur laquelle s'éléve le cône, Ce renflement est plein comme le cône lui-même. En présence des réactifs, ce renflement et le cóne se comportent comme les parois des autres cellules épidermiques. Par ébullition dans la potasse causti- que, ils se gonflent extrêmement, ainsi que les autres parois. Des cellules por- tant ces saillies coniques ont été retrouvées par l'auteur à la face inférieure des tiges et sur les rhizomes de la méme plante. L'auteur a constaté la pré- sence de semblables cellules sur toutes les Cypéracées qu'il a pu étudier vivantes, mais il n'a pu trouver la moindre trace de saillies coniques émanant de la paroi interne de cellules épidermiques chez un certain nombre de Typha- cées, de Joncées et de Graminées. Observations sur la bulbe du Lilium T'homsonianum Lindl. et sur sa multiplication; par M. P. Duchartre (Comptes rendus, t. LXXV, séance du 9 septembre 1872, pp. 601-606, et Journal de la Sdciété centrale d'horticulture, août 1872, pp. 472-482). Le Lilium Thomsonianum Lindl. (L. roseum Wall.) est un Lis de PHi- malaya qui fleurit rarement. Il semble que toute sa force végétative soit employée à produire des caieux abondants ; en enlevant ceux-ci, M. Leichtlin détermine sans peine la floraison de la plante. Les écailles bulbiféres de l'oi- gnon sont au nombre de sept, et chacune d'elles peut produire sept, quatorze caieux ou méme davantage, du moins pour les quatre écailles voisines du centre; il y a donc formation, daus un seul oignon et pour une seule année, de cinquante à soixante caieux épiphylles. Ces caieux naissent sessiles, el, en grossissant, ils soulèvent fréquemment une lanière de l'écaille ; ils paraissent ainsi pédicellés avant de devenir libres. Dès leur jeunesse, tantôt ces caieux s'allengent immédiatement en une longue feuille verte et tubulée, ouverte à son extrémité ; les autres, formant la grande majorités restent courts, sur- montés d'un bec arqué pointu; tous sont entourés d'une tunique brune complete, Intérieurement est un bourgeon central, destiné à porter une hampe qui épuisera la plante, l'oignon de ce Lis étant monocarpique. 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Introduction to thc study of palæontologie al Botany; | par M. John Hutton Balfour. In-8° de 118 pages, avec quatre planches gravées, et une centaine de gravures sur bois. Édimbourg, chez Adam et Charles Black, 1872. Ce livre est dédié à M. Gœppert. Il contient une introduction, des remar- ques sur la manière de conserver, d'examiner et de déterminer les plantes fossiles, puis une étude des roches fossilifères. Aprés ces détails, l’auteur aborde l'étude des différentes flores fossiles, en commencant par la plus ancienne. 1l trace ensuite un résumé des notions principales acquises par l'étude qu'il vient de faire, puis donne une énumération bibliographique de diverses publi- cations à consulter sur la botanique fossile (liste oà nous remarquons plusieurs lacunes, surtout en ce qui concerne les publications francaises). L'explication des planches et uu index terminent ce petit livre, qui sera consulté avec fruit par les personnes qui voudraient se donner une idée générale des principaux résultats obtenus par les études de botanique fossile. Udvalg af de i Kjobenbavn botaniske haves frofortegnelser fra 1854-70 beskrevne nye arter (Étude des espèces nouvelles observées au Jardin botanique de Copenhague de 1854 à 1870) ; par M. J. Lange (Botanisk tidskrift, 2° série, tome I“, pp. 177-293, avec 4 planches coloriées) ; tirage à part en brochure in-8°, Ces espèces, au nombre de quatre, sont les suivantes : Saxifraga multicaulis Lge, Ind. sem. hort. haun. 1863, p. 4 (S. cochlea- ris hort. genuens. non Rchb.; S. cuneifolia var. apennina Bertol. ?). Probablement du midi de l'Euro! S. infundibulum Lge, l. c. , p. 5 (S. cuneifolia hort. haun. olim non Le». — Patria ignota. Heracleum eminens Lge, Ind. sem. horti haun. 1861, p. 29 (H. gigan- teum Hornem., Hort. haun. suppl. p. 29 ?). — Taurus. Lycopersicum racemiforme Lge (L. racemigerum Lge, Ind. sem. hort. haun, 1865, p. 26). BIBLIOGRAPHIE, Enumeratio plantarum quas anno 1865 ad flumina Borysthenem et Kou- kam inferiorem in Rossiz australis provinciis catherinoslaviensi et taurica col- legit L. Gruner (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1869, n° 4, pp. 91-142). Ueber das Vorkommen der weissen Trüffel in der Umgebung von Moscou (Sur la présence de la Truffe blanche, Rhizopogon albus Fries, dans les environs de Moscou) ; par M. de Shelesnov (ibid., n° 2, pp. 451-458). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 Traité du développement de la fleur et du fruit : Buettnériées ; par M. H. Baillon (A dansonia, t. 1X, pp. 336-351, avec une planche), Note sur le Canotia ; par M. H. Baillon (ibid., t. x, pp, 18-20). Ce genre mexicain, classé jusqu'ici parmiles Rosacées douteuses, appartient décidément à la famille des Célastracées. Note sur l'Atamisquea ; par M. Baillon (/2id., t. x, pp. 28-31). Description d'un nouveau genre de Tiliacées à fleurs oligostémones ; par M. H. Baillon (;bid., pp. 34-39). Ce genre néo-calédonien est dédié à M. le comte de Solms- Laubach. Le Solmsia est une Tiliacée regardée par plusieurs botanistes comme fort analogue à un Microsemma, et remarquable parmi les Tiliacées par le nombre réduit de ses étamines, de ses ovules, par l'absence de la corolle et par la diclinie des fleurs. Sur le Psilozylon; par M. H. Baillon (ibid., pp. 39-41). — Les rapports du Psilozylon Dup.-Th. (Fropiera Hook. f.) avec les Lythrariacées sont grands, mais malgré la division de son ovaire en loges complètes, il y aurait lieu en méme temps de le comparer à plusieurs genres des groupes des Bixacées et des Samydées, dont les feuilles sont alternes, ponctuées, dont les fleurs sont diclines et ont un réceptacle cupuliforme autour duquel s'insérent le périanthe et l'androcée. Note sur le Æigiostachys; par M. Baillon (ibid., t. x, pp. 42-hh). Ce genre mexicain est décidément considéré par M. Baillon comme une Rosacée anomale. Sur les Saururopsis ; par M. H. Baillon (iid., pp. 69-71). Note sur le Rosa microphylla ; par M. H. Baillon (ibid. , pp. 72-73). Sur le nouveau genre Mazwellia ; par M. H. Baillon («bid., pp. 98-100). — Ce genre, voisin à la fois des Byttnériées et des Lasiopétalées, appartient à la flore de la Nouvelle- Calédonie. Sur le nom scientifique du Raifort sauvage ; par M. H. Baillon (ibid., pp. 101-102). — Cette plante, si on ne la garde pas dans le genre CocAlearia, ce que l'auteur ne regarde pas comme indispensable, doit être nommée Armo- racia lapathifolia Gilib. (1785). Note sur un cas d'apparente parthénogénèse ; par M. H. Baillon (ibid., page 102). Sur deux nouveaux genres apétales ; par M. H. Baillon (Adansonia, t. X, pp. 112-119). — Ces genres ont tous deux des fleurs diclines et des fleurs mâles apérianthées. L'un est du Thibet oriental ; il a autour de chaque inflo- rescence deux larges feuilles pétaloides blanches ; il est dédié au R. P. Armand David, nommé récemment membre correspondant de l'Académie des sciences dans la section de géographie. Le Davidia se rapproche par son ovaire infère de l'organisation des Hamamélidées. Quant au Balanops de la Nouvelle-Calé- donie, ses affinités demeurent encore indéterminées. Sur les Quararibea; par M. H. Baillon (/bid., pp. 146-149). — Plusieurs 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ont réuni en un seul les genres Myrodia et Quararibea, que l'auteur reporte dans la tribu des Bombacées, famille des Malvacées. De cette maniere les Myrodia se trouvent définitivement écartés du groupe des Hélictérées qui en sont réellement bien différents, quant à l’organisation fondamentale de leurs organes sexuels. De genere novo Picrella ; par M. H. Baillon (¿bid., pp. 149-151). — Le Picrella trifoliata, qui a fleuri récemment au Muséum, a été apporté du Mexique par Ghiesbreght. M. Baillon décrit une espèce voisine, sous le nom d’ Esenbeckia Berlandieri (Berl., Virl.). Note sur le Spiræopsis; par M. H. Baillon (ibid., p. 152). — Le S. ce- lebica Miq. (Dirhynchosia Blume) n'est qu’une espèce de Weinmannia. Sur une nouvelle forme d'ovules ; par M. H. Baillon (ibid., pp. 157-161, avec une planche). — La graine des Gyrostemon est anatrope, mais longue et étroite. Puis, son mouvement anatropique une fois accompli, elle se coude et se replie sur elle-méme en deux branches presque égales ou inégales. Alors l'embryon et l’albumen qui l'entoure, de rectilignes qu'ils étaient, comme dans un ovule anatrope ordinaire, deviennent peu à peu courbes et hippocré- pidiformes. Développement de la fleur des Sterculiées; par M. H. Baillon (ibid., pp. 161-164). — L'étude du développement des Sterculiées semble démontrer qu'on ne saurait faire de ces plantes une famille distincte de celle des Malva- cées, pas plus qu'on ne saurait songer à séparer dans deux ordres différents celles des Lasiopétalées qui ont les carpelles libres, et celles dans lesquelles ils s'unissent par leur portion inférieure pour constituer un ovaire pluriloculaire ; pas plus qu'on n'a dû placer dans deux familles séparées les Tiliacées dont l'ovaire est à plusieurs loges et celles qui, comme les Brownlowia ou les Chris- tiania, ont plusieurs carpelles indépendants. . Études sur l'herbier du Gabon du Musée des colonies françaises ; par M. H. Baillon (ibid. , pp. 165-176). Nouvelles espèces de plantes de la Colombie; par M. A. Posada (/?d., pp. 186-187). — Andripetalum Yolombo, Tagetes apetala, Cassia medelli- nensis, Cassia edulis. Sur la sécrétion acide de quelques Droséracées ; par M. H. Baillon (ibid. , pp. 187-188). Note sur le genre Malvella; par M. H. Baillon (i5id., pp. 188-190). — Ce genre a les ovules tantôt ascendants et tantôt descendants, selon l’âge des fleurs observées, et revient au genre Malvastrum Asa Gray, si l'on tient à le conserver comme distinct des Malva. Note sur les Tiliacées ; par M. H. Baillon (jbid. , pp. 190 et suiv.). Note sur l'histoire de la Lindernie ; par M. Boreau (Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, t. XXV et XXVI, 1874, pp. 56-61). Nouveaux faits constatés relativement à l'histoire de la botanique en Anjou ; Md LEGS GUAE ILLO REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 par M. A. Boreau (¿bid., pp. 73-80). — M. Boreau signale aux environs d'Angers le Polycnemum pumilum Hop., le Salix fruticulosa de Lacroix, le Carex Guestphalica Bæœnn., non indiqué en France, diminutif du C. divulsa, dont il a tous les caractères. I s'en distingue par la ténuité de toutes ses parties et par ses habitudes sociales, croissant en nombreux individus qui produisent des tiges floriféres pendant tout l'été; l'akéne est aussi de forme plus arrondie. New-York Fungi (Champignons de New-York); par M. Ch. H. Peck (Grevillea, n° 4, 1872). Pezizæ americane ; par MM. C. Cooke et Ch. H. Peck (i5id.). British Fungi; par M. C. Cooke (ibid.). On a minute [Vostoc with spores (Sur un petit Nostoc muni de spores) ; par M. William Archer (25id.). Recent Observations on Col/ema, etc. ; par M. W. Archer (#bid.). A new Moss from Ireland (Une Mousse nouvelle d'Irlande) ; par M. le docteur Robt Braithwaite (čbid.). Novara Diatoms, etc. (Description de nouveaux genres et espèces de Diatomées recueillis pendant le voyage de circumnavigation de la frégate impériale autrichienne la Novara) ; par M. M.-A, Grunow (ibid.). NOUVELLES. (Novembre 1872). — Nous apprenons par une lettre de M. Oliver la mort regrettable de M. Welwitsch, l'explorateur anglais de la côte occidentale d'Afrique, auquel la botanique a dû pendant un grand nombre d'années d'importantes décou- vertes, notamment celle du curieux genre de Gnétacées qui lui a été dédié par M. J. Hooker. M. Welwitsch avait éprouvé dans ses voyages des accidents et des maladies aux suites desquelles il a succombé récemment aprés son retour en Angleterre, victime de son dévouement à la science. — On annonce la perte de M. A.-S. OErsted, professeur de botanique à l'université de Copenhague, décédé le 3 septembre dernier, aprés une courte maladie. M. OErsted était né le 21 juin 1816, et s'était d'abord occupé de zoologie. Il avait fait, de 1846 à 1848, un voyage dans l'Amérique centrale, dans les États de Costa-Rica et de Nicaragua, et a publié partiellement les résultats de son voyage dans divers mémoires, notamment dans une grande publication in-folio, L'Amérique centrale, qui malheureusement en est restée à la premiere livraison. — On a annoncéencore la mort de M. Christener, de Berne, dont l'her- 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bier, particulièrement riche en Hieracium, a été acquis récemment par M. Shuttleworth. — M. Amédée de Fonvert est décédé à Aix (Bouches-du-Rhône), le 28 janvier 1872, à l’âge de soixante-quatorze ans. M. de Fonvert était l'auteur, en collaboration avec M. J. Achintre de la méme ville, d'un Catalogue des plantes vasculaires qui croissent naturellement dans les environs d'Aix. Dans son testament, M. de Fonvert a légué à son collaborateur M. Achintre un herbier très-intéressant acheté en 1853, à la mort du docteur Honnorat, de Digne, par M. Reinaud de Fonvert. Cet herbier, qui comprend mille trois cents espèces, avait été composé par Villars, et donné par lui à M. Honnorat lorsqu'il était élève en médecine. Cet herbier est d'autant plus intéressant qu'il contient des espèces établies par Villars, et manquant à son herbier, dont la ville de Grenoble a fait l'acquisition en 1857, vingt-trois ans aprés sa mort. — Le jardin botanique de Bruxelles a été témoin, le 13 octobre dernier, d'une manifestation touchante faite par les botanistes belges en l'honneur de M. B. Du Mortier. Cette cérémonie se présentait comme une féte jubilaire, cinquante années après la publication des Commentationes botanicæ, le pre- mier ouvrage de M. Du Mortier. C'est pour rappeler cet anniversaire que les botanistes belges ont eu la délicate inspiration d'offrir au président de la Société royale de botanique de Belgique un album renfermant leurs portraits- cartes et leurs signatures et dont la couverture, en métal repoussé, est un véritable objet d'art. Les sentiments dont ils étaient pénétrés ont trouvé un chaleureux interprète en M. Éd. Morren, professeur à l'université de Liége, qui a dignement fait ressortir les deux qualités qui assurent à M. Du Mortier l'estime de ses concitoyens : l'amour de la patrie et l'amour de. la science. Nous nous permettrons d'insister sur un titre qui garantit à M. Du Mortier la reconnaissance de tous les botanistes européens dans le présent comme dans l'avenir : ils n'oublieront jamais que sans les efforts patriotiques tentés avec succés par l'éminent député de Roulers pour créer l'herbier national de Belgique et constituer à Bruxelles le jardin botanique de l'État, l'herbier de Martius embellirait sans doute aujourd'hui le Musée de Rio- Janeiro. — M. Leresche a découvert dans le canton du Tessin, prés du lac de Lo- carno, une plante nouvelle pour la flore de Suisse, l'Adenophora suaveolens Mey. — Nous trouvons dans le Gaulois du 25 octobre dernier une nouvelle que nous reproduisons sous toutes réserves, et qui, si elle se confirme, frappera douloureusement les botanistes. M. Pritzel, le savant bibliothécaire de l'Aca- démie des sciences de Berlin, aurait disparu récemment, assassiné peut-étre, dans un voyage qu'il a fait au commencement du mois d'octobre 1872, à l'ile REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 97 d'Héligoland ; et à la méme époque sa maison de Berlin était ravagée et dépouillée du mobilier, des livres et des instruments qu'elle contenait. — M. le docteur Eichler va quitter au printemps prochain les fonctions qu'il occupe à Gratz pour accepter la place de professeur ordinaire de bota- nique et de directeur du jardin botanique à Kiel. — M. E. Phitzer vient d'être nommé professeur ordinaire de botanique à l'université de Heidelberg, et M. Kerner à l'université de Prague. — M. le docteur Schultz prévient lessouscripteurs à l Herbarium normale que, par suite d'un chute récente qui lui a occasionné de graves blessures, il se trouve dans la pénible nécessité de retarder la publication de ses centuries. — M. Balansa est revenu récemment de la Nouvelle-Calédonie avec de nouvelles récoltes de plantes qui ont été déposées au Muséum d'histoire naturelle. — M. Hobkirk prépare un Synopsis des Mousses d'Angleterre, pour lequel il à déjà réuni un certain nombre de souscripteurs. Ce livre doit former un volume petit in-8° de 150 pages environ. Le manuscrit est tout prêt et l'im- pression en seratommencée dés qu'il se sera déclaré un nombre de souscrip- teurs à peu près suffisant pour en couvrir les frais. Il suffit d'écrire à M. Chas. P. Hobkirk, 7, Arthur street, Fitzwilliamstreet, Huddersfield, Londres, pour étre inscrit sur la liste des souscripteurs, et recevoir l'ouvrage franco par la poste au prix de 6 fr. 50 (en France et en Belgique). On ne payera qu'aprés réception. Quand le nombre suffisant de souscripteurs aura été atteint, la souscription sera close, et le prix de l'ouvrage augmenté aprés sa publication. — Nous avons annoncé l'année dernière (t. xvii, Revue, p. 46), que M. Cooke se proposait de fonder un journal consacré exclusivement à la bota- nique cryptogamique. Ce journal a commencé de paraitre cette année (1872), sous le titre de Grevillea. Un numéro est distribué chaque mois aux abonnés au prix de6 sh., soit 7 fr. 50, un peu plus cher que nous ne l'avions annoncé. Le Grevillea donne en anglais la description des espèces cryptogamiques nou- vellement découvertes dans les iles Britanniques, et indique les localités des formes rares ou intéressantes pour les espéces déjà connues. Il publie en outre les diagnoses des espèces exotiques, spécialement celles qui proviennent, soit des colonies anglaises, soit des États-Unis ; enfin des pays où l'on parle la langue anglaise. Une planche est jointe à chaque cahier mensuel. — On trouvera chez MM. J.-B. Baillière et fils, libraires, rue Haute- feuille, 19, un certain nombre de fascicules de Fougères de la Guadeloupe, provenant de feu Lherminier, qui renferment environ cent quarante espéces, T. dux. (REVUE) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aux prix de 30 fr. la centurie. Ces plantes ont été déterminées par M. Fée. On trouvera à la même librairie quelques cahiers de Lichens de la Guade- loupe, — Nous avons annoncé dans un des derniers numéros de la Revue, t. XVIIL, p. 192, la formation d’une Société de botanique à Barcelone. Nous devons ajouter, d’après des renseignements fournis par notre hono- rable confrére M. Rodriguez, que cette Société a aussi. pour but la création d'un herbier général pour l'étude de la flore ibérique, et qu'elle a déjà réuni quarante associés, dont le nombre, selon le règlement de cette Société, ne pourra pas d'ailleurs dépasser cinquante. — Il vient de se former encore, à Madrid, ajoute notre correspondant, une Sociedad española de Historia natural, dont les publications ont commencé de paraitre sous le titre d' Anales de la Sociedad. Nous souhaitons vivement que cette Société puisse se soutenir, pour les bons résultats que la science doit en attendre. — D'aprés M. le docteur Wallace, de Colchester, qui vient de publier à ce sujet un article dans le 77mes, l'origine premiere de la maladie de la pomme de terre doit être attribuée à l'action d'insectes du genre Eupteryz (E. picta, E. viridis). Le végétal ne serait attaqué que consécutivement par le Perono- spora. — M. Casimir Roumeguére nous prie d'annoncer qu'il a publié, à la de- mande qui lui en a été faite, un /ndez synonymique des Champignons, com - plétant son récent ouvrage Champignons d' Europe, dont la publication a été encouragée par les divers ministères, et qu'il s'empressera d'adresser cet Index aux souscripteurs de son livre qui ne l'auraient pas reçu et qui le lui demanderaient, rue Riquet, 31, à Toulouse. Erratum. Dans le dernier numéro de la Revue, 1871, pp. 222 et 223, deux travaux de M. le professeur Éd. Morren ont été indiqués à tort comme ayant paru dans L'Illustration horticole. C'est dans la Belgique horticole que ces ar- ticles ont paru. D' EUGÈNE FOURNIER, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 Nous n'avons pu, dans notre dernier numéro, qu'annoncer immé- diatement la perte douloureuse que notre Société venait de faire dans la personne de M. Gris, et que nous avions apprise au moment du tirage de la derniére feuille; nous donnons aujourd'hui à nos confrères le discours prononcé par M. Ad, Brongniart sur la tombe de notre regretté confrère, ainsi que la liste de ses travaux (1). ALLO CUTION DE M. AD. BRONGNIART AUX FUNÉRAILLES DE M. ARTHUR GRIS, 20 AOUT 1872. Messieurs, Ne laissons pas cette tombe se refermer sans adresser quelques paroles . d'adieu à celui qui fut notre ami et qui pour moi fut un ami et un collabora- teur dévoué. La mort est venue nous l'enlever d’une manière si imprévue, que nous pou- vons à peine croire qu'elle l'ait frappé, car pour les hommes qui, comme moi, sont parvenus presque au terme de leur carriere, rien n'est plus douloureux que de voir tomber ceux qui dans l'ordre de la nature semblaient destinés à leur succéder et à les remplacer. Il y a quelques semaines, Arthur Gris enseignait, au milieu d'une assemblée attentive et charmée, la science à laquelle il s'était consacré avec passion ; rien alors ne pouvait faire prévoir qu'il düt avoir une fin prochaine et que nous serions obligés maintenant de rappeler en quelques mots cette vie trop courte et si bien remplie. Malgré bien des obstacles, surmontant les difficultés d'une vie souvent pénible, il avait toujours donné pour but à ses travaux la science pure, étudiée dans ce qu'elle présente de plus élevé et de plus profond. Ses recherches sur la fécule et sur la germination, sur la nutrition des arbres et sur la moelle, en sont la preuve. Lorsqu'il se livrait à des études sur les plantes de nos collections, il voulait toujours en scruter l'organisation jusque dans leurs parties les plus délicates. Déjà botaniste profond, il fût devenu une des sommités de notre science, si sa santé déjà ébranlée par une perte cruelle n'eüt été profondément atteinte par une affection peu grave d'abord en apparence, mais devenue fatale pour cette organisation affaiblie. Adieu, cher ami, adieu. (1) On trouvera, dans la Revue des eauæ et foréts, 1872, p. 340, une notice bio- graphique sur M, Gris, notice qui a été reproduite dans la Belgique horticole, no- vembre 1872. 100 1857. 1858. 1860. 1861. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Liste des travaux de M. Arthur Gris. Des rapports du nucléus avec la chlorophylle (Bulletin de la Société botanique de France, 1v, pp. 154-156). Recherches microscopiques sur la chlorophylle (Thèse pour le doctorat ès sciences soutenue le 3 décembre 1857; in-4° de 47 p. et 6 pl., et Ann. des sc. nat., A? série, vit, pp. 179-219, pl. 5-10). Note sur la Rose verte (Bull. de la Soc, bot. de France, v, pp. 261-263). Note sur quelques cas de monstruosité observés sur le Philadelphus speciosus (Buil. de la Soc. bot. de France, v, pp. 330-332). Note sur des grains de fécule observés dans l’Ag/aonema simplex (Bull. de la Soc. bot. de France, v, pp. 630-632). Nouvelles observations sur les grains de fécule de Aglaonema simplex (Bull. de la Soc. bot. de France, vi, pp. 104, 105). Note sur les modifications de structure de la fécule dans l'albumen des graines en voie de germination (Bull. de la Soc. bot. de France, vi, pp. 195-198). Quelques observations sur la fleur des Cannées (Bull. de la Soc. bot. de France, vi, pp. 261-264). Sur quelques cas remarquables de pélorie dans le genre Zingiber (Bull. de la Soc. bot. de France, vi, pp. 316-348). Description d'une nouvelle espèce de Stromanthe : Stromanthe setosa A. Gris (Buil. de la Soc. bot. de France, vi, pp. 348, 349). Sur un fruit de Stromanthe sanguinea, obtenu dans les serres du Muséum, au moyen de la fécondation artificielle (Bull. de la Soc. bot. de France, vi, pp. 408, 409). Note sur le fruit et la graine des Maranta indica, Thalia dealbata et Calathea villosa (Bull. de la Soc. bot. de France, v1, pp. 737-739). Note sur les grains de fécule contenus dans l'albumen des graines du Zea Mays et du Coix Lacryma (Bull, de la Soc. bot. de France, vi, pp. 771-774). Origine et mode de formation des canaux périspermiques dans les Marantées (Bull. de la Soc. bot. de France, vn, pp. 237-239). Sur une plante qui constitue probablement un nouveau genre de la tribu des Marantées (Bull. de la Soc. bot. de France, vii, pp. 320-322). Observations sur l'ovule et la graine du Posidonia Caulini. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot, de France, vu, pp. 472-474). Origine des canaux périspermiques dans le Thalia dealbata (Bull. de la Soc. bot. de France, vu, p. 875). Note sur la fécule du Riz (Bull. de la Soc. bot, de France, vii, pp. 876-877). Note sur un genre nouveau d'Ombelliferes de la Nouvelle-Calédonie. En colla- boration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, vui, pp. 121-123). Description de quelques Éléocarpées de la Nouvelle-Calédonie, En. collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, vm, pp. 198-203). . Note sur le genre Joinvillea de Gaudichaud et sur la famille des Flagellariées. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Buil. de la Soc. bot. de France, vin, pp. 264-269). 1861. 1864. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 101 Note sur un nouveau genre de Nyctaginées de la Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull, de la Soc. bot. de France, viu, pp. 374-376). Note sur le genre Crossostijlis de Forster. En collaboration avec M, Ad. Bron- gniart (Bull. de la Soc, bot. de France, vut, pp. 376-378). Du développement de la fécule, et en particulier de sa résorption dans l'albu- men des graines en germination (Ann. sc. nat., 4? série, xi). Sur le développement de la graine du Ricin (Comptes rendus de 7 Acad. des $t., séance du 21 octobre 1861). Notice sur les Saxifragées-Cunoniées dela Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, 1x, pp. 67-78). Note sur le système tégumentaire de la graine du Ricin (Bull. de la Soc. bot. de France, 1x, pp. 433, 434). Note sur le développement de l'aleurone dans les graines de quelques Légumi- neuses (Bull. de la Soc. bot. de France, 1x, pp. 466-469). De l'organisation de la scutelle dans le Mais, et de son rôle pendant la germi- nation (Bull. de la Soc. bot, de France, x, pp. 90-92). Note pour servir à l'histoire physiologique de la germination (Bull. de la Soc. bot. de France, x, pp. 182-184). Note sur quelques Protéacées de la Nouvelle-Calédonie, En collaboration avec M. Ad, Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, x, pp. 226-229). Note sur deux genres nouveaux de Myrtacées de la Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Ad, Brongniart (Bull. de la Soc, bot. de France, x, pp. 369-374). Description de quelques espèces nouvelles d'Éléocarpées de la Nouvelle-Calé- donie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull, de la Soc. bot. de France, x, pp. 475-477). Description de deux nouveaux genres de Myrtacées de la Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Brongniart (Bull. de la Soc, bot. de France, x, pp. 574-578). Recherches concernant les fonctions des vaisseaux (Comptes rendus des séances de l'Acad. des sc., LVI, pp. 1048-1050). Note sur les Épacridées dela Nouvelle-Calédonie et sur un genre nouveau de cette famille. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull, de la Soc. bot. de France, xi, pp. 65-69). Note sur le genre Chiratia Montrouzier. En collaboration avec M. Ad. Bron- gniart (Bull, de la Soc. bot. de France, x1, pp. 69-71). Sur la germination du Mirabilis longiflora (Bull. de la Soc. bot, de France, xi, pp. 120-123). Descriptions de quelques espèces nouvelles ou peu connues de Myrtacées de la Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Buč. de la Soc. bot. de France, xt, pp. 182-185). Descriptions de plusieurs espèces du genre Pittosporum de la Nouvelle-Calé- donie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull, de la Soc. bot. de France, xi, pp. 185-189). Descriptions de quelques Dilléniacées dela Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc, bot. de France, xi, pp. 189-192). 102 4864. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Descriptions de quelques Palmiers du genre Kentia. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xt, pp. 310-316). Sur un nouveau genre de Liliacées, En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xt, pp. 316-318). Sur la germination de la Belle-de-nuit (Mirabilis longiflora) (Bull. de la Soc. philomathique de Paris, séance du 9 avril 1864, 1, pp. 36-40, et Journal l'Institut, n°4582, 27 avril 1864, p. 135). Recherches anatomiques et physiologiques sur la germination (Ann. des sc. nat., 5° série, 11, pp. 9-123, pl. 1-14). Mémoire auquel l'Académie des sciences a décerné le grand prix des sciences physiques en 1863. Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle-Ca - lédonie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Ann. sc. nat., 5° série, 1, pp. 330-381, et it, pp. 124-168). Reproduction d'articles publiés dans le : Bull. de la Soc. bot. de France. 1865. Remarque sur la fleur femelle des Coniferes et des Cycadées (Buil. de la Soc. 1866. philomathique, séance du 10 juin 1865, it, pp. 123, 124, et Journal l’Institut, n? 1645, pp. 221, 222). Description des Protéacées de la Nouvelle-Calédonie appartenant aux genres Grevillea, Stenocarpus, Cenarrhenes et Knightia. En collaboration avec M. Ad, Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xu, pp. 37-46). Observations sur les Myrtacées Sarcocarpées de la Nouvelle-Calédonie, et sur le nouveau genre Piliocalyx, En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xu, pp. 174-187). Notice sur le genre Soulamea. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xu, pp. 242-244). Sur quelques Ombelliféres de la Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Brongniart (Bull. de la Soc. bot, de France, xut, pp. 270-272). Descriptions de quelques nouvelles espèces de la Nouvelle-Calédonie. En collabo- ration avec M. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xu, pp. 299-302). Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle-Calé- donie (suite). En collaboration avec M. Ad, Brongniart (Ann. des sc. nat., 5° série, t, pp. 197-238). Reproduction d'articles publiés dans le Bull. de la Soc. bot, de France. Note sur les corps reproducteurs des Cycadées (Bull. de la Soc. bot, de France, xur, pp. 10-13). Sur quelques Conifères de la Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull, de la Soc. bot. de France, xux, pp. 422-427). Sur les Symplocos dela Nouvelle-Calédonie, En collaboration avec M. Ad. Bron- gniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xm, pp. 428-431). Recherches pour servir à l'histoire physiologique des arbres (Bull. de la Soc. bot. de France, xin, pp. 431-433). Recherches pour servir à l’histoire physiologique des arbres (Comptes rendus, LXI, p, 438). Nouvelles recherches pour servir à l'histoire physiologique des arbres (Comptes rendus, LXII, p. 603). Suite à des recherches pour servir à l'histoire physiologique des arbres (Comptes rendus, Lx, p. 737). 1866. 1867. 1868. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103 Supplément aux Myrtacées de la Nouvelle-Calédonie, En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bu/7. de la Soc. bot. de France, xm, pp. 468-473). Note sur le prétendu genre Chiratia. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xui, p. ^79). Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle-Calé- donie (suite), En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Ann. sc. nat. 5? série, vi, pp. 238-266). Articles publiés dans le Bull. de la Soc. bot. de France. Note sur le Naias major (Bull. de la Soc, bot. de France, xiv, pp. 251, 252). Note sur le genre Spermolepis. En collaboration avec M, Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xiv, pp. 253-255). Note sur le nouveau genre P/ewrocalyptus de la Nouvelle-Calédonie, En colla- boration avec M. Ad. Brongniart (Bull. Soc. bot. Fr., xiv, pp. 263-265). Description de quelques plantes remarquables de la Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Nouvelles Archives du Muséum, 1v, pp. 1-47, pl. 1-15). Sur le mouvement des étamines du Parnassia palustris (Comptes rendus, LXVII, p. 913). - Observations anatomiques et physiologiques sur la moelle des plantes ligneuses (Comptes rendus, 1xvim, pp. 874-877). . Anatomie comparée de la moelle dans les Éricinées (Bu//. de la Soc. bot. de France, xvii, pp. 11-16). Mémoire sur la moelle des plantes ligneuses (Nouvelles Archives du Muséum, vi, pp. 201-302, pl. 12-20 (1870), et extrait, Ann. sc. nat., 5° série, xiv (1872), pp. 34-79, pl. 4-7). Anatomie comparée de la moelle des végétaux ligneux (suite : Corylacées, Bétulinées, Pomacées) (Buč. de la Soc. bot. de France, xvu, pp. 53-59). Anatomie comparée de la moelle des plantes ligneuses (suite : Caprifoliacées) (Bull. de la Soc. bot. de France, xvn, pp. 109-112). Sur la présence du nucléus dans les réservoirs de substances nutritives (Bull. de la Soc. bot. de France, xvu, pp. 126-127). Anatomie comparée de la moelle des plantes ligneuses (suite : Magnoliacées) (Bull. de la Soc. bot. de France, xvii, pp. 153-156). Sur le mouvement des étamines dans le Parnassia palustris (Mémoires de la So- ciété nationale des sciences naturelles de Cherbourg, xvi, pp. 128-139). 1871. Supplément aux Conifères de la Nouvelle-Calédonie. En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Bull. de la Soc. bot. de France, xvni, pp. 130-141). Note sur le nouveau genre Garnieria, de la famille des Protéacées, En collabora- tion avec M. Ad. Brongniart (Bul.de la Soc. bot.de France, xvii, pp. 188-190). Supplément aux Protéacées de la Nouvelle-Calédonie : Sur le nouveau genre Bauprea. En collaboration avec M. Ad, Brongniart (Bull. de la Soc. bot, dé France, xviii, pp. 241-246). Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle- Calédonie (suite). En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Ann. sc. nat,, 5* série, xut, pp. 340-404). Description de quelques plantes remarquables de la Nouvelle-Calédonie (suite). En collaboration avec M. Ad. Brongniart (Nouvelles Archives du Muséum, vu, pp. 203-235, pl. 13-18). SÉBASTIEN-RENÉ LENORMAND (1). Parmi les savants dont l'histoire de la Botanique aime à consacrer le souve- Vir, sont ceux qui, modestement attachés à leur province natale et sans s'étre signalés par de grandes découvertes ou des publications du premier ordre, ont éminemment contribué aux progrès de la science par le patronage qu'ils y ont exercé, par l'étendue de leurs relations, par une libéralité sans bornes, autant qu'ils l'ont honorée par leur désintéressement et la dignité de leur caractère. Tels furent, en France et de nos jours, Mougeot (de Bruyères), Requien (d'Avignon), Lenormand (de Vire, peut-être l'une de nos villes de France qui, à importance égale, ont de tout temps produit le plus de zélateurs des Sciences et des lettres). Honoré de l'amitié de ces trois hommes excellents, il m'a été donné de les visiter souvent, d'entretenir avec eux, pendant de lon- £ues années, une correspondance pleine de charme et d'instruction. Le pre- mier fut, dés 1819, mon guide dans les Vosges; le second, mon introducteur dans la brillante végétation du Midi ; et, peu de temps avant le jour qui nous a ravi Lenormand, nous échangions encore, dans sa retraite philosophique de Lénaudiéres, les fruits de nos études et nos sentiments. Sébastien-René Lenormand naquit le 2 avril 1796, à Condé-sur-Noireau, où il passa ses premières années chez un parent pendant que son père sié- geait dans les assemblées législatives. Le député rentra dans la vie privée, aprés avoir courageusement lutté contre le coup d'État du 18 brumaire. Il appela son fils à Vire pour le placer au collége qui venait de s'organiser dans cette ville sous les auspices de M. Asselin, numismate distingué, alors sous- préfet de l'arrondissement. A quinze ans, le jeune éléve avait brillamment traversé les premières épreuves de toute carrière libérale : il fut envoyé d'abord à Caen, et bientôt aprés dans une pension préparatoire pour l'École polytechnique. Les événements de 1814 lui donnèrent une autre direction, et il s'appliqua aux études du barreau. Reçu avocat en 1820, il vint exercer sa profession à Vire. Pendant ses divers séjours à Paris, au travers des lecons de l'École de droit et des exercices arides de la procédure, son penchant décidé pour la botanique s'était déjà manifesté. Il avait, dans ses heures de loisir, fréquenté le plus qu'il l'avait pu le Jardin-des-plantes, où l'attiraient la bonté paternelle des maitres, le concours empressé de leurs auxiliaires. Ainsi, dans le méme temps, moi-méme — alors inconnu au jeune condisciple que plus tard je devais si heureusement rencontrer dans la méme voie, — je désertais aussi le palais de justice pour l’amphithéâtre de Desfontaines, notre premier patron, et les conseils pratiques du jardinier en chef, le bon Jean Thouin , qu'il me (1) Cette notice, promise à nos confrères par M. le comte Jaubert dans la séance du 22 décembre 1871, a été lue par lui à la Société dans Ja séance du 45 novembre dernier. SÉBASTIEN-RENÉ LENORMAND. 405 semble voir encore dans les sentiers de l'École, son cahier de notes sous le bras et à sa boutonnière son cornet à écrire à côté du ruban de la Légion d'honneur. Lenormand et moi avons ainsi, à une année de distance l'un de l’autre, prêté le serment d'avocat, tout en vouant à l'histoire naturelle une sorte de culte domestique. Ses talents comme jurisconsulte furent promptement appréciés dans son pays natal, et il y conquit, dans la confiance publique, l'un des premiers rangs. Le président du tribunal devant lequel il plaidait, M. Dubourg d'Isigny, homme d'esprit, poëte et savant, était épris comme lui de la botanique, et tous deux lai consacraient en commun leurs loisirs : à leur collaboration est dû le premier catalogue qui ait été publié des plantes du Bocage normand. Sur ces entre- faites, sa sœur aînée avait épousé Dominique Delise, habitant la ville voisine de Fougères, naturaliste aussi zélé qu'il avait été brave officier, poursuivant dans sa retraite des travaux estimés dans plusieurs branches de la crvpto- gamie, notamment les Lichens : que de liens entre les deux beaux-frères si dignes l'un de l’autre ! L'ordre des Algues, si approfondi de nos jours dans sa structure intime, n'a- vait, jusqu'au commencement de ce siècle, guère attiré l'attention des natu- ralistes que sous ses aspects généraux, par l'étonnante diversité et l'élégance de ses formes ; il devint pour Lenormand l'objet d'une véritable prédilection. A Caen, il en avait abordé l'étude dans les lecons de Lamouroux, l'un des premiers classificateurs de cette immense famille de végétaux. 1l la poursuivit avec ardeur, en société avec ses compatriotes Alph. de Brébisson, Roberge et spécialement Chauvin, plus tard professeur à Caen, dont il devait être un jour le panégyriste dans une notice émue et savante oü se déguisent ses décou- vertes personnelles, mais où se réflète son propre caractère. Les mêmes mérites se retrouvent dans son éloge d'un autre botaniste éminent, Turpin, originaire aussi de Vire. En 1828, il avait acquis un auxiliaire, plus précieux encore, de ses recher- ches, en unissant son sort à une femme aimable et vertueuse, qui partagea bientôt tous ses goûts. Il avait, le 6 octobre de cette année, obtenu la main de M!* Mélite Le Gouix, fille d’un avoué très-considéré de Vire. Elle suivait son mari dans ses explorations sur les cótes de la Normandie, surtout à Granville, Arromanches, Port-en-Bessin, etc. , et c'est elle qui dés lors a porté à la per- fectjon la préparation des Algues, que la générosité de M. Lenormand a ré- pandues en nombre prodigieux dans la plupart des grandes collections, à leur tour ses débitrices. Ses largesses en attiraient d'autres de la part de tous les col- lecteurs. Nul ne lui a payé plus magnifiquement sa dette que Harvey, après son voyage de 1854 en Australie, entrepris spécialement pour la récolte des Algues. Après les événements de 1830, M. Dubourg d'Isigny, son ami malgré la différence de leurs opinions politiques, ayant donné sa démission des fonctions de président du tribunal civil de Vire pour éviter de servir le gouvernement 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nouveau, l'avait pressé de le remplacer, ce qu'il aurait été facile d'obtenir du ministre de la justice, M. Dupont (de l'Eure), de tout temps lié avec la famille Lenormand. Cette démarche, si honorable pour tous les deux, n'eut pas de suite : Lenormand, par un désintéressement bien rare, surtout aux époques de révolution où tant de gens se précipitent sur les emplois publics, voulut rester avocat. Peut-étre aussi méditait-il déjà la retraite charmante, mais prématurée au point de vue des vulgaires intéréts du monde, que lui gardait sa propriété de Lénaudiéres. Toutefois ce fut en octobre 1835 seulement qu'il renonca au barreau et au séjour de Vire : la santé de M^* Lenormand s'était altérée et exigeait des soins assidus; tous deux fixèrent définitivement leur résidence à Lénaudières. Le voyageur qui S'y rend à pied, en partant de Vire, traverse un pays pitto- resque, mélé de bois et de prairies; il s'engage dans une vée ombreuse qui conduit à la demeure du sage: Vos sapere et solos aio bene vivere, quorum Conspicitur nitidis fundata pecunia villis (1). C'est un petit manoir patrimonial, de bonne apparence et qui sent sa vieille bourgeoisie, loin des villages, dans une situation riante. Au nord, une belle plantation de sapins l'abrite ainsi que le potager, — paulum silvæ super his, de la maison d'Horace. A l'ouest, la cour normande, qui est un verger avec une fontaine, — jugis aguæ fons, et la métairie, — modus agri non ita ma- gnus (2). A l'est, une allée en terrasse et taillée, dont les ouvertures latérales laissent glisser Ja vue dans un vallon et au delà sur des collines boisées. — ^u midi, des bosquets composés de plantes choisies de pleine terre, sorte de jar- din botanique, moins les étiquettes de fer-blanc. Point de portier : on entre partout en tournant le loquet d'une barrière basse. Au seuil un cordial ac- cueil vous attendait: alors commençaient les entretiens familiers où le cœur avait la meilleure. part, mais où la botanique ne tardait guère à se placer en tiers qui ne craint jamais d’être importun. L'herbier fournissait d'inépuisa- bles sujets de recherche et de comparaison ; une foule de questions de no- menclature, de géographie botanique, de culture, étaient tour à tour abor- dées sans fatigue ni pédanterie. Bientót une courte promenade entrainait dans le voisinage à la recherche de ce que nous appelons une bonne plante, le Sibthorpia europca, par exemple, au moulin de Bionet, le Lepidium Smithit que le visiteur, pressé d'arriver au rendez-vous, avait omis de cueillir sur les talus de la vée (3). (1) Honar. Epist. I, xv. (2) Sat. I, vi. (3) Le compte rendu d'une excursion de la Société Linnéenne aux environs immédiats de Vire, le 8 juillet 1866, mentionne, entre aulres espèces plus ou moins rares, dans une premiére série : Androsemum officinale, OEnanthe crocata, Wahlenbergia hederacea, Sibthorpia SÉBASTIEN-RENÉ LENORMAND. 107 On s'asseyait ensuite à une table frugale, où le cidre (1) du cru était pré- féré aux vins fins du Midi, qui pourtant n'y manquent pas. Puis on passait en revue les plantes du potager et des bosquets, qui à leur tour provoquaient d'utiles observations. Comme les intéréts de la patrie restent, bon gré mal gré, au fond de toutes choses, méme dans les existences que l'expérience a le plus détachées de la politique active, on s'entretenait, dans l'allée de la terrasse, des événements, des miséres du temps présent, et l'on méditait ensemble sur l'avenir. Telle était notre conversation à la veille pour ainsi dire des désastres de 1870. Lenormand appartenait à cette génération sérieusement formée, sous la Restauration, à la pratique des institutions libérales. Nous avons vu son désin- téressement en 1830. Lorsque éclata la néfaste révolution de 1848, ses conci- toyens, qui avaient éprouvé son patriotisme dans les luttes électorales, le por- térent à la sous-préfecture de Vire : il ne fallut, pour vaincre sa résistance, rien moins que les instances publiquement répétées de la population. Dans ces graves circonstances, sa présence à la téte de l'arrondissement fut pour tous une garantie. A la fin de 1849, il écrivait à notre confrère, l'excellent crypto- gamiste, le docteur Roussel : « Concevez-vous rien de plus désolant pour un pauvre botas; qui a » cherché à s'isoler le plus qu'il lui était possible pour ne pas étre distrait de » ses occupations habituelles, que de le nominer, à son insu, à une place qui » le jette au milieu des affaires publiques et de la politique, sans lui laisser le » temps de se reconnaitre? Que de mauvais sang j'ai fait pendant les huit » mois que j'ai passés daus cette maudite galére, et que de fois, me voyant ` sous-préfet, j'ai pensé au Médecin malgré lui ! » Ses actes avaient justifié pleinement les espérances de ses administrés ; aussi europea, Potamogeton pusillus, Carex elongata, Leersia oryzoides, Avena longi- folia, Polypodium Dryopteris, Pterygophyllum lucens, Philonotis fontana, Cinclidotus fontinaloides, etc. Dans une seconde série : Ranunculus Lenormandi, Helodes palustris, Isnardia palustris, Carum verticilla- tum, Helosciadium inundatum, Exacum filiforme, Pilularia globulifera, Nitella trans- lucens, etc. ) (4) TEn ramènes la joie à la table attristée ; Sur tes flots d’or frémit une mousse argentée ; La fièvre aux yeux ardents que rappelle le vin, Abandonne sa proie à ton aspect divin. L'arbre qui t'a produit n'occupe pas sans cesse Les mains du laboureur autour de sa faiblesse ; Il suffit à lui-même, et ses bras vigoureux Savent bien, sans nos soins, porter leurs fruits nombreux. C'est l'ami de Cérés : à l'abri de sa tête Les épis fortunés méprisent la tempéte, Et dans le méme champ une double moisson ¿Nous donne l'aliment auprés de la boisson. E pommiers touffus qui couvrez la Neustrie ! (CASTEL, les Plantes.) 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'avaient-ils vu avec un profond regret résigner ses fonctions le lendemain du jour où échoua la candidature du brave et honnête général Cavaignac contre le futur empereur : il avait obéi à sa conscience. Le 15 février 1849, il expli- quait ainsi sa résolution au même correspondant : « Ce n’est qu'après avoir adressé trois fois ma démission et lorsque la » nomination du président actuel de la République ne me permettait plus de » rester au poste où m'avait appelé la précédente administration, que j'ai pu » obtenir la permission de rentrer dans ma solitude. J'ai répondu à la con- » fiance de mes concitoyens, puisque l'ordre et la tranquillité n'ont pas été » troublés un seul instant dans notre pays ; mais je n'aurais ni la volonté, ni » le courage, ni la force de m'imposer désormais un pareil sacrifice. Mon » cabinet est encombré de paquets que je n'ai pu encore classer..... » Vingt ans aprés, nous calculions tristement tous deux les derniéres consé- quences de l'immense aberration populaire de décembre 1848 : qui pou- vait prévoir à quel degré d'abaissement la France serait si prochainement entrainée ? Jusqu'en 1835, la botanique n'avait fait que partager la vie studieuse de Lenormand. Le temps était venu pour lui de s'y livrer sans réserve. Il a peu écrit pour les académies ou pour la presse. Ses publications se bornent à ses premières études sur la flore de Normandie, à quelques mémoires sur des sujets spéciaux, à des discours à la Société Linnéenne de Normandie, à l'éloge de Chauvin, etc. Toutefois, ces modestes publications sont non- seulement instructives pour les naturalistes, mais, de plus, marquées au coin du bon goüt et de la saine littérature. C'est que Lenormand était aussi un homme de goût, un lettré familier avec les bons auteurs de l'antiquité et ceux - de notre langue. Il revendiquait volontiers les droits des poëtes de sa ville natale à la célébrité, du vieil Olivier Basselin, le chantre populaire des Vauz de Vire, et, au commencement de ce siècle, de Castel, auteur du poëme des Plantes (1), de Chénedollé, chantre du Génie de l'homme. Plusieurs de ses compagnons d'études s'étaient essayós aussi avec succés dans l'art des vers, Chauvin dans la versification latine, Dubourg d'Isigny et d'autres dans la poésie francaise : Lenormand se plaisait à réciter leurs gracieuses pro- ductions. Mais son talent d'écrire s'est donné carriére dans l'immense correspon- dance qu'il a entretenue pendant un demi-siécle avec les savants des deux hémisphères. Il était impossible de citer, dans quelque contrée que ce fût, un nom de botaniste, plus ou moins autorisé, qui n'eüt chez lui une sorte de (4) Tous les recueils de littérature comptent parmi les chefs-d'eeuvre du genre des- criptif oà le sentiment profond de la nature est allié à l'exactitude scientifique, ses peintures de quelques plantes d'une organisation merveilleuse : Ophrys apifera, Mimosc pudica, Dionea muscipula, Vallisneria spiralis. SÉBASTIEN-RENÉ LENORMAND, 109 compte ouvert (1). C'était un travail incessant de préparation de plantes à expédier, de classement et de distribution des espèces reçues du dehors. Par exemple, le 31 octobre 1865, il écrivait à vn ami : « J'ai vécu prés de quatre mois au milieu de productions marines de Java, de Curacao, des iles Malouines, du détroit de Magellan, des cótes du Chili, etc. Tout ce temps a été consacré à remettre à l’eau l'énorme masse » d'Algues que j'avais recues de plusieurs de mes amis et à les préparer avec ` le plus grand soin possible. Les échantillons s'élèvent à plus de neuf cents..... » Et ailleurs : « Outre la besogne que me donnent les Algues, je suis tellement encombré » de paquets de plantes que je ne sais bientôt plus où poser le pied dans mon » cabinet. Je n'en avais jamais tant recu que cette année. Il vient de m'en » arriver de Ceylan, du royaume d'Assam et de l'Himalaya, par des corres- » pondants anglais; et de la Guyane, par M. Sagot, etc., etc. » L'extrait chronologique qu'on ferait de la correspondance de Lenormand, serait une histoire compléte des événements, des voyages oü la botanique a été intéressée, et constituerait son meilleur éloge. Dans ses lettres se pein- draient avec fidélité, dans un style simple et attachant, son admirable activité, l'étendue de son savoir et de son obligeance : dans les réponses qu'il recevait de ses plus célèbres comme de ses plus humbles correspondants, on trouverait partout les témoignages de l'empressement avec lequel de telles relations étaient recherchées, de l'affection respectueuse qu'elles inspiraient à tous ceux que leur bonne fortune y avait introduits. Soit que la botanique, ne conduisant la plupart de ses adeptes qu'à des jouissances pures d'ambition et d'intérét de fortune, leur présente moins d'occasions de rivalité, soit méme que ce genre d'études ait une vertu intrin- séque pour adoucir les mœurs, il est certain qu'en général une bienveil lance réciproque et une heureuse disposition à s'entr'aider régnent parmi les botanistes : ils composent comme une corporation cosmopolite, qu'anime à un degré singulier l'esprit de propagande. Ces traits étaient éminemment déve- loppés chez Lenormand : quelle passion de rendre service! quel dévouement! En dehors des positions officielles et ne demandant jamais rien pour lui-méme, son crédit en faveur d'autrui consistait à exploiter celui de ses correspondants. Il n'y mettait pas de facons, à peu prés en ces termes : « X... est un homme » de mérite; il fera honneur à notre chère botanique. Je vous charge de ses » intérêts... J'en ai répondu : vous m'en rendrez compte. » Et jamais une telle délégation n'était refusée. Mougeot et Requien, souvent associés à Lenor- x x = (4) Lenormand a cité, par ordre alphabétique, dans son discours àla Société Linnéenne du 6 juillet 1866, tous ceux avec qui il a entretenu des relations suivies : ils sont au nombre de cent vingt-huit. 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mand dans ses démarches, en agissaient de méme: tel ce philosophe de l'anti- quité qui léguait à ses amis ses enfants mineurs à pourvoir. Les voyageurs surtout avaient dans Lenormand un conseil, un appui, un correspondant, dont la sollicitude- les suivait pas à pas dans leurs loin- taines explorations : il saisissait toutes les occasions de leur transmettre des nouvelles et des encouragements. Geux de ses compatriotes de la Nor- mandie qui s'étaient voués aux expéditions scientifiques recurent d'une manière spéciale les marques multipliées de son ingénieuse sympathie. Le . plus célèbre d'entre eux, Dumont d'Urville, qui, aprés avoir affronté les banquises glacées du póle, trouva une mort si cruelle dans une cata- strophe de chemin de fer, avait comme lui recu le jour à Condé-sur- Noireau et était son ami de jeunesse : Lenormand fut le promoteur de la souscription qui éleva au grand navigateur une statue dans leur ville natale. MM. Vieillard et Deplanche, tous deux chirurgiens de la marine, étaient partis pour la Nouvelle-Calédonie, munis de ses instructions détaillées qu'ils de- vaient remplir el encore dépasser avec tant d'énergie et de persévérance qu travers des tribus sauvages. Pendant plusieurs années ils lui adressèrent sans reláche leurs abondantes récoltes, avec mission de les classer et de les distribuer en première ligne aux établissements scientifiques et à plusieurs de ceux de l'étranger, en seconde ligne à des particuliers inscrits sur une sorte de liste d'honneur, où l'indulgente amitié de Lenormand m'avait placé. Il s'était chargé de cette immense manutention : il. y fut puissamment aidé par M"* Lenormand. Chaque espèce était d’ailleurs accompagnée. d'une étiquette de son écriture élégante, indiquant, outre ses déterminations provi- soires d'une remarquable sagacité, le détail précis des localités et de la récolte. Il était allé pour moi, aprés le retour des voyageurs, jusqu'à dresser, toujours de sa main, un catalogue général des envois successifs, d’après les. contrôles les plus sürs et ses propres rectifications. Ces matériaux précieux, grossis de ceux de M. Pancher, ancien jardinier du Muséum, et de M. Balansa, qui a déjà si bien. mérité de la botanique dans ses expéditions en Orient, sont le fondement de la grande œuvre d'une Flore de la Nouvelle-Calédonie, entre- prise par le doyen actuel de la botanique, M. Brongniart, trop prématurément privé de la collaboration de notre regretté confrère Arthur Gris. Prochaine- ment, nous sommes fondés. à l'espérer, le monde savant sera complétement initié àla belle végétation de cette colonie francaise, émule de l'Australie. Pour- quoi ses cótes sont-elles attristées par les épaves de nos discordes civiles ! Un herbier, instrument indispensable et produit d'un travail. incessant, est .pour le botaniste comme l'histoire de sa vie : progrés de ses connaissances, circonstances privées, joies et douleurs de la famille, amitiés, services reçus ou rendus réciproquement, tout y a laissé des traces oü l'on se plait à reve- nir; les événements publics eux-mémes y sont, à l'occasion, marqués à leurs dates : ainsi s'ajoutait sans cesse au riche herbier de: Lenormand une valeur SÉBASTIEN-RENÉ LENORMAND. 414 de sentiment. Il en avait posé les bases dés sa jeunesse dans son apprentissage au Muséum de Paris, et pendant plus de cinquante années il y a rassemblé et classé avec une patience et dans un ordre admirable les échantillons des espèces végétales de la terre et des eaux dans tous les climats : jamais aucun particulier n'a peut-étre réussi à former une collection plus vaste. Heureux le botaniste qui, à son dernier jour, ne craint pas que son trésor tombe entre des mains indifférentes, et qui peut le transmettre à ses enfants, élevés par lui dans des goüts simples et studieux ! L'herbier qu'ils perfection- neront à leur tour sera pour eux la source d'inépuisables jouissances. Ce bonheur n'était pas réservé à Lenormand : de son mariage n'était issue qu'une fille enlevée en 1829, encore enfant, et dont la naissance avait été fatale à la santé de sa mere. Les parents, désolés, n'avaient trouvé de consolation que dans leur mutuelle tendresse et dans leurs communs travaux de l'herbier. Le sort inévitable des collections, même lorsqu'elles passent une première fois de leurs auteurs à leurs familles, est de s'absorber finalement dans les établis- sements publics au profit, il est vrai, des générations futures. Par les temps qui courent, les dynasties, méme botaniques, n'ont pas une longue durée; et, en fin de cause, la république des lettres, devenue leur héritière, reste chargée de perpétuer leur ceuvre et de préserver leur mémoire de l'oubli. Lenormand avait tout préparé pour assurer un tel asile à son herbier; il l'avait légué, longtemps à l'avance, ainsi que sa bibliothèque, à la Faculté des sciences de Caen et à la piété intelligente de deux de ses meilleurs amis, M. Morière, professeur, et M. Vieillard, conservateur de cet établissement. Dans la der- nière session de la Société Linnéenne de Normandie tenue à Vire, il a énu- méré les provenances de toutes les collections qui tour à tour sont venues, par une sorte d'attraction qu'à tous les titres il avait su rendre irrésistible, se fondre dans son herbier : toutes les régions du globe, tous les jardins et musées botaniques y avaient d'innombrables représentants. Il prononça alors ces paroles que M. Morière a rappelées sur la tombe entr'ouverte de Lenor- mand, entourée des hommages et, on peut le dire sans exagération, arrosée des larmes d'une population entière : « Je ne mourrai pas tout entier : j'ai assuré le sort des collections qui ont » fait le charme de ma vie. Elles recevront une honorable hospitalité dans » la galerie du Jardin-des-plantes de Caen. Je continuerai à les rendre de » plus en plus dignes de figurer près de celles de d'Urville, de Lamouroux, » de Chauvin, de Roberge, de d'Isigny. » Ainsi, jusqu'à la fin, l'amitié et la reconnaissance s'allierent, dans cette áme généreuse, à l'amour de la botanique. Cinq années seulement s'écoulérent encore à Lénaudières, au milieu des mêmes travaux..... Le 11 décembre 1871, Lenormand s'éteignit doucement, aprés une courte maladie, entre les bras de sa digne compagne. 412 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Une rare réunion de qualités du cœur et de l'esprit, un caractère à la fois ferme et plein d'aménité, une probité antique, une raison saine, une modé- ration parfaite dans les opinions et la conduite de la vie, tels étaient les titres de Lenormand à l'estime publique, à l'attachement de tous ceux qu'il a plus particulièrement connus. Les services qu'avec un zèle infatigable il a rendus à la science se continueront aprés lui par l'enseignement né de ses travaux. La Société botanique de France devait à sa mémoire un tribut spécial de regrets : $a province le citera toujours avec orgueil comme un de ses meil- leurs citoyens. COMTE JAUBEBT. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, W., DE SCHŒNEFELD, Patis.— Imprimerie de E. Martinet} rue Mignon, 2. á REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (MAI-JUILLET 1872.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. F. Savy, libraire de la Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris. Diagnoses plantarum novarum Japoniæ et Mand- shuriæ; scripsit C.-J. Maximowicz. — Decas XII (extrait du Bulletin de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. xvin, pp. 35-72, Mél. biol., t. vin, pp. 597-650) (1). Dans cette nouvelle décade, M. Maximowicz étudie d'abord les espéces du genre Saxifraga appartenant à la flore du Japon. Ce sont : S. sarmentosa L. et sa variété tricolor Lem. — S. cuscutiformis Lodd., du midi de la Chine. — S. cortusifolia Sieb. et Zucc. — S. sendaica Max., sp. nov., du Nippon cen- tral, province de Sendai, connu seulement par la figure qu'en donne le Soo bokf. C'est un type bien caractérisé par sa tige trés-garnie de feuilles et son inflorescence en grappe si courte, qu'elle dépasse à peine les feuilles au milieu desquelles elle naît. Les quatre espèces précédentes appartiennent à la sec- tion Diptera Bork. — S. fusca Max., sp. nov. (Boraphila Engler), de l'ile d'Yeso; singuliere espéce, assez voisine du S. punctata L., mais dont les fleurs sont brunes et le disque trés-épais et tellement dilaté, qu'au premier coup eil les étamines paraissent insérées sur ses bords. Les Éricacées jouent un róle fort important dans la flore japonaise, et ce n'est que dans les régions situées à l'orient du Mississipi qu'on en peut trou- ver autant d'espèces, étant donnée d'ailleurs une étendue égale de terrain. Elles sont réparties dans les genres suivants : Vaccinium, 10 esp., parmi lesquelles le V. Vitis idea, qui se retrouve jusqu'à Hakodate, sous le 32° degré de lat. bor. — Chiogenes, 4 esp. — Epigæa, 4 esp.— Gaultheria, 3 esp. — Leucothoë, 3 esp., dont deux nouvelles : Z. Tschonoskii (Eubotrys Nutt.), du Nippon central, à feuilles lancéolées-acuminées, et à corolle ovoide-globu- leuse ; L. Grayana, de l'ile d'Yeso, dont les feuilles sont ovales ou oblongues et la corolle tout à fait globuleuse. — Cassiope, 1 esp. — Andromeda, 7 esp., dont une nouvelle : A. nana (Portuna Nutt.), de l'ile de Nippon, caracté- risée par ses feuilles pérennantes, elliptiques, ses anthères aristées à la base.— (4) Voyez le Bull., t. xvni, Revue, p. 54, et t. XIX, Revue, p. 25. T. XIX. (REVUE) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Enkianthus, 4 esp.: E. japonicus Hook. f. (— Andromeda perulata Miq. ?) — Phyllodoce, 2 esp. — Menziesia, L esp. — Tsusiophyllum, 4 esp. — Rhododendron, 20 esp. — Ledum, 1 esp. — Tripetaleia, 2 esp. — Pirola, 7 esp. — Moneses, 4 esp. — Chimaphila, 2 esp. — Monotropa, 2 esp. En résumé, les Éricacées japonaises, dont le nombre s'élevait à 46 d’après M. Miquel, atteignent aujourd'hui le chiffre de 70, dont 42, soit à peu prés 60 pour 100, sont propres au Japon. La répartition géographique des 28 autres espèces peut s'établir ainsi qu'il suit : 12 appartiennent à la région circumpolaire, 7 à l'Amérique, 3 à l'Himalaya, 2 àla Sibérie, 3 à la Chine, et une se retrouve en méme temps en Europe et en Asie. Ces chiffres disent assez que la flore du Japon offre une affinité à peu près égale avec les flores de l'Asie et de l'Amérique. Mentionnons ensuite le Scopolia japonica Max. sp. nov. (Atropa Belladona des botanistes japonais). C'est une plante ressemblant beaucoup au S. car- niolica, mais qui parait s'en distinguer par son style courbé et par l'inégalité des dents calicinales. L'auteur étudie ensuite avec beaucoup de soin les Juglandacées de l'Asie orientale, représentées par les genres Péerocarya, 2 esp., Platycaria, A esp., et Juglans, 5 esp. Il donne la figure de la noix de quatre d'entre eux : J. mandshurica Max., J. stenocarpa Max., J. Sieboldiana Max. et J. cordi- formis Max. Ce dernier constitue une nouvelle espèce caractérisée surtout par sa noix opaque, comprimée par le dos, arrondie, acuminée aux deux extrémités et carénée sur les cótés. Cet arbre croit au Japon et ses noix sont comestibles. Le genre Calanthe est représenté dans la flore japonaise par six espèces ; une seule est inédite: C. reflexa Max., plante plus gréle que le C. puberula Lindl., auquel elle ressemble beaucoup, ainsi qu'au C. biloba Lindl. Elle différe de tous les deux par la forme deson labelle et parla couleur de ses fleurs dont les sépales et les pétales sont d'un lilas pâle avec le labelle rose. — Le nouveau genre Yoania appartient aux Orchidacées-Néottiées ; il ne renferme qu'une espèce croissant dans les forêts de la région alpine du Nippon central, Y. japonica Max., plante aphylle portant 2 ou 3 grandes fleurs violacées, à labelle blanc. M. Maximowicz termine cette douzième décade par la description très- précise et très-détaillée d'une plante encore peu connue, le Galeola septem- trionalis Reich., qui se rencontre çà et là dans tout le Japon. C'est une espèce très-voisine du G. Lindleyana Reich. , mais distincte par ses fleurs plus petites, ses sépales plus étroits, ses papilles d'une autre nature, ses capsules d'une belle couleur pourpre à la maturité. A. FRANCHET. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ` 115 On pollen considered as am aid ín the differentiation of species (Du pollen comme caractére adjuvant dans la distinction des espèces); par M. Ch. Bailey (Zhe Monthly microscopical Journal, février 1870, pp. 94-96). L'auteur traite de la forme du grain pollinique, des accidents extérieurs qui en marquent la surface, de ses dimensions, de sa coloration. Le grain du Cam- panula media est parsemé de petites épines ; celui du C. Medium en es tout à fait dépourvu. L’ Epilobium brachycarpum a le pollen beaucoup plus fin que : YE. Fleischeri ; celui du Silene acaulis est de moitié plus petit que celui du Silene alpina. Celui de l'Anemone sulfurea est arrondi, tandis que celui de l'A. montana est elliptique; celui de l’Aronicum Doronicum est beaucoup plus allongé que celui de l'A. scorpioides. Celui du Æanunculus philonotis est arrondi, jaune, tandis que celui du Zl. platanifoléus est blanc et beaucoup plus petit, etc. Ueber Aufbewahrung mikroskopischer Prüparate (De la conservation des préparations microscopiques) ; par M. H. Hoffmann ( Verhandlungen der K. K. zool.-botanischen Gesellschaft in Wien, 4874, pp. 1261-1266) ; tirage à part en brochure in-8° de 6 pages. L'auteur fait remarquer dans cette note que le baume du Canada rend ordinairement les objets trop transparents et par là presque invisibles ; que la glycérine, de méme que la solution de chlorure de calcium, comme ils restent liquides, font perdre beaucoup de temps pour étre enfermés dans la cellule; enfin que le liquide Farrant (composé par parties égales de glycérine, de gomme arabique et d'une solution aqueuse saturée d'acide arsénieux, donne une grande commodité sans doute, mais n'est pas facile à préparer pour tout le monde d'une maniére parfaitement satisfaisante. L'introduction d'acide arsénieux ne garantit pas d’ailleurs contre l'introduction de mycéliums étrangers. M. Hoffmann communique deux modes de préparation dont il se sert avec succès depuis plusieurs années pour les corps solides (non pour les filaments de nature muqueuse tels que les Spirogyra, pour lesquels il préfère décidé- ment la glycérine). Premiere méthode, — On met dans une éprouvette graduée 2 volumes d'eau distillée, puis de la belle gomme arabique bien pure en grains, de ma- niere que l'eau occupe 4 volumes (la gomme pulvérisée ne donne pas une solution claire). Ensuite on ajoute un volume d'une solution saturée de chlo- rure de calcium, plus une goutte de créosote, à l'effet d'empécher le déve- loppement de mycélium étranger. On laisse la solution se reposer six semaines dans le méme vase, bien bouché ; on la remue doucement avec un agitateur, et elle est préte à étre employée. 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Deuxième méthode. — On emploie, pour 2 volumes d'acétate d'ammo- niaque officinal (liquide) à réaction neutre, un volume de gomme arabique en grains comme ci-dessus. On peut s'en servir au bout de quinze jours. Comme cette solution décolore la chlorophylle à la longue, il faut dans bien des cas préférer la précédente. Botany for heginners (La Botanique des commencants) ; par M. Maxwell T. Masters. Un volume in-8° relié, de 177 pages, avec de nombreuses gravures sur bois intercalées dans le texte. Londres, chez Brad- bury, Evans et Cie, 1872. L'auteur s'est attaché à mettre de côté l’attirail des termes scientifiques qui lui est familier, afin 'écrire pour des commencants, et à choisir pour exemple les fleurs les plus simples. M. Masters, qui est un organographe fort distingué, a tenu dans quelques cas à s'écarter dela méthode de convention adoptée pour décrire certains organes des plantes, croyant avec raison qu'on ne peut faire de;progrés dans la connaissance des végétaux quand on n'observe que les apparences de leur organisation. Il a cependant voulu ne présenter aucune opinion qui lui füt propre et n'épuiser aucun sujet, n'écrivant que pour faciliter à celui qui l'aura lu l'étude de livres plus importants. Plusieurs des chapitres de son livre avaient déjà paru en substance dans les colonnes du Gardeners’ Chronicle. Ueber lKKalk- und Salzpfianzen (Sur les plantes des terrains cal- caires et salins) ; par M. H. Hoffmann (Extrait des Zandwirthschaftliche Versuchs- Stationen de M. le prof. Nobbe, t. xi11, 1870) ; tirage à part en brochure in-8°, pp. 269-364. Ce mémoire est divisé en deux parties, conformément à son titre. M. Hoffmann rappelle d'abord les opinions soutenues par lui dans son mémoire de 1865 (voyez le Bulletin, t. xut, Revue, p. 199). M. Hoffmann n'admet pas, on le sait, qu'il y ait des plantes du calcaire dans le sens généralement employé, chimiquement parlant, pour ainsi dire; il ne croit pas qu'on puisse conclure dela présence d'un certain nombre de plantes de telle sorte à la prédominance dela chaux dans le sol, ni penser que la cendre de ces plantes contienne une grande quantité de ce principe. Il admet bien que ces plantes sont restreintes dans leur aire de végétation par la tempé- rature du sol qui les porte, et que cette température est dans de certaines relations avec la proportion de chaux renfermée dans le sol. Son mémoire actuel est destiné à mettre en lumiere l’influente des milieux sur la croissance des plantes, sur la formation des fruits, etc. Il a pour cela cultivé la méme espèce dans différents sols artificiels et pendant plusieurs années, et notamment sur des sols calcaires et sur des sols siliceux. Il a mis en expérience les espèces suivantes : Z'alcaria Rivint, Dianthus Carthusia- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 447 norum, Euphorbia Cyparissias, Medicago sativa, Trifolium pratense, . Onobrychis sativa. Le Falcaria n'a permis aucune conclusion nette ; pour le Medicago, le calcaire a eu une influence heureuse, mais M. Hoffmann l'attribue aux propriétés physiques du sol modifié par l'amendement, etc. MM. Sendtner, Kerner et d'autres observateurs avaient émis cette hypo- thèse que ce n'était pas seulement la présence, mais plutôt l'absence de cer- tains végétaux qui se liait intimement à la proportion de chaux contenue dans le sol. De là l'expression de plantes calciphobes (kalkfeindliche Pflanzen). Les expériences de M. Hoffmann démontrent qu'il faut renoncer à cette hypothèse, abandonnée déjà par M. Kerner. Dans la seconde partie de son mémoire, M. Hoffmann s'occupe des plantes qui croissent habituellement dans les terrains saliféres. Il a. cultivé d'une ma- nière artificielle le Plantago maritima, le Glaux maritima et le Salicornia herbacea, dans des terrains artificiels tantót pourvus, tantót dépourvus de sel, et il décrit l'influence qu'a exercée sur leur développement la présence ou l'absence de ce composé : en général le défaut de sel n'a pas empéché le déve- loppement de ces plantes. Il s'occupe ensuite de l Equisetum arvense, et dit qu'on le considère comme Aalophobe (salzscheu), mais que ses expériences n'ont pas justifié cette opinion. Ajoutons, dans l'intérêt de ceux de nos lecteurs qui lisent facilement la langue allemande, qu'ils trouveront un résumé substantiel des données acquises par la science contemporaine Sur l'influence de la constitution du sol sur la végétation dans un article que M. H. Hoffmann a publié sous ce titre dans le dictionnaire d'agriculture ( Landwirthschaftliches Lexicon) que M. le doc- teur J.-J. Fühling fait paraitre à Glogau, chez le libraire C. Flemaieng. Cet article a paru aussi dans le Neue landwirthschaftliche Zeitung (Nouvelle Gazette agricole), du méme docteur Fühling, 21* année, 1'* livraison, et il a été tiré à part. Ueber Variation (Sur la variation) ; par M. Hoffmann (Bot. Zeit., 1872, n° 29). M. Hoffmann a donné dans cet article un résumé de ce que lui ont appris les observations et les expériences nombreuses qu'il a faites sur les causes de la variation, sur son étendue, et sur la fixation des variétés. Les causes de la variation sont, en somme, inconnues. Il indique cependant d'une manière sommaire les diverses influences physiques et chimiques, Pour lui, les varia- tions de température et de lumiére n'ont pas d'influence sur la production des variétés. Du reste, la faculté de variation manifestant ses effets sur des parties similaires d'un méme pied (fleurs avec ou sans rayons chez les Composées, dimorphisme floral des Monacanthus, des Viola, fruit du Vicia amphicarpa), il semble difficile d'admettre à priori une grande influence aux agents exté- rieurs dans ces phénomènes. M. Hoffmann en accorderait davantage cependant 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. .à l'humidité, du moins chez les végétaux inférieurs (Penicillium, Torula, Mucor, Saprolegnia, Achorion, Chlorococcus) ; car pour les végétaux supé- rieurs il attribue la forme spéciale des feuilles nageantes non pas tant à l'in- fluence de l'eau qu'à celle de l'adaptation (1). Ce mémoire se termine par des considérations dont nous empruntons la traduction à M. Duchartre (Journal de la Société d'horticulture, août 1872). La variation est déterminée par une tendance intérieure (sauf des exceptions sans importance, qui ont besoin d'étre examinées avec soin). L'influence des milieux qui, dans la nature, semble s'exercer si fréquemment sur la variation des plantes et sur leur forme, repose sur la variation spontanée avec adapta- tion de la forme la plus convenable à des circonstances particulières données. Ce résultat parle en faveur de la sélection naturelle dans le sens de Darwin; tandis qu'on voit par ce qui précède que la filiation des espèces par descen- dance au moyen de la fixation de variétés exige de nouveaux éléments de démonstration. A Revision of the genera and species of herbaceous capsular gamophylious Ziliacece ; par M. J.-G. Baker (The Journal of the Linnean Society, vol. xt, n% 54 et 55, pp. 349-436, 4870). Il y a maintenant vingt-sept ans que le dernier recensement général des Liliacées a été fait dans l'Znumeratio de Kunth. Encore ce botaniste ne paraît-il pas à M. Baker avoir eu eutre les mains des matériaux assez nombreux pour tracer de visu une étude de la famille complète dans tous les détails. M. Baker y relève certaines irrégularités de méthode rendues plus sensibles par le défaut d'un synopsis des genres. Il a pu puiser pour son travail des matériaux dans les collections de plantes vivantes de Kew, dans celles de M. Wilson Saunders, dont le Refugium botanicum contient les Liliacées les plus importantes figurées dans ses derniers cahiers, et dans les herbiers de M. Hooker, de M. Bentham et de J. Gav, de Linné, de Smith; il a étudié encore une belle collection de Liliacées du Cap, contenue dans l'herbier de Trinity College à Dublin. Hl a pu ainsi examiner tous les genres qni ont été proposés dans le cadre qu'il s'est tracé, et dans lequel il admet vingt-six genres et deux cent vingt espèces, dont quarante sont décrites pour la première fois dans son mémoire. Il donne un conspectus synoptique des genres, suivant un usage qui devrait étre universellement suivi par les auteurs de travaux d'ensemble, et passe ensuite à la description des espèces. Toute la partie purement mono- graphique de son travail est écrite en latin. (4) Consulter, sur cette question, un mémoire de M. C. Paul : Anpassung der Blätter der Wasserpflanzen (Accommodation des feuilles des plantes aquatiques). Brande- bourg, 1870, à f p qualiques) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 119 On the Commetlynaceæ of Bengal; par M. C.-B. Clarke (The Journal of the Linnean Society, vol. xt, pp. 438-455). L'auteur a vu vivantes à l'état sauvage toutes les espèces, sauf trois, qu'il a décrites, et il a d’ailleurs travaillé avec trois herbiers, celui du jardin bota- nique de Calcutta, dont il est directeur, celui de M. Kurz, conservateur de l'herbier, et le sien propre. 1l s’est proposé l'étude synonymique et la des- cription des espéces connues, bien plus que la création de nouvelles diagnoses. Cependant il y en a cinq parmi les vingt-cinq espèces qu'il signale. Elles sont renfermées dans sept genres, pour la circonscription desquels l’auteur s'est référé à Enumeratio de Kunth. Il a constaté dans le Forrestia Hookeri Hassk. des différences curieuses dans la constitution variable des loges et des graines du même fruit, différences qui d'ailleurs se rencontrent aussi dans le genre Commelyna. Monographie der Gattung Sarifraga L., mit besonderer Berücksichtigung der geographischen Verhältnisse (Monographie du genre Saxifraga, avec des considérations spéciales sur sa distribution géogra- phique) ; par M. A. Engler. In-8° de 292 pages, avec une carte. Breslau, chez J.-U. Kern, typogr. R. Nischkowsky, 1872. Ce grand mémoire comprend deux parties. La première, sous le nom de généralités, traite d'abord des limites du genre, de diverses particularités phy- siologiques et morphologiques, de la division du genre et de sa distribution géographique. M. Engler reconnait dans le genre Saxifraga quinze sections, dont les espéces se répartissent dans cinq zones géographiques, ou autrement se rattachent à cinq centres de création ou mieux de développement, savoir : la région méditerranéenne, l'Himalaya, la Sibérie, le Japon et l'Amérique du nord. A la fin de la période tertiaire, la plus grande partie de nos Saxifrages actuels existait déjà, suivant l'auteur, et particulièrement six types qu'il désigne par X!, X2, X?, X, X5 et X6, répandus entre le 26* et le 60° degré de latitude nord. X* était la souche de la section Diptera Borkh. , caractérisée par des poils pluricellulés, des fleurs irrégulières et un disque marginé. Ce type doit étre l'un des plus anciens, à cause de ses faibles connexions avec les autres et de sa situation isolée au Japon, ile séparée alors déjà depuis long- temps de la terre ferme. X? était le prototype de la section ZZirculus. X? a été l'origine des sections Robertsonia, Trachyphyllum, Porphyrion, Kabschia, Euaizoonia, qui ont des caractères communs. X* a donné naissance aux sec- tions Dactyloides, Nephrophyllum, Tridactylites, Miscopetalum et Cym- balaria. X5 a précédé comme type fondamental la section Boraphila Engler, et X5 les sections /someria et Peltiphyllum. L'auteur admet que ce méme type, par ses poils pluricellulés, et par le réseau spécial des feuilles florales, a été également l'origine des genres Heuchera, Mitella, Tiarella et Tolmiee. 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A l'époque où se place l'auteur dans ces!considérations, c'est-à-dire avant le soulévement des Pyrénées, des Alpes, du Caucase et de l'Himalaya, le type X? s'étendait vraisemblablement de l'espace qui est aujourd'hui la mer Médi- terranée (et à l'est de cet espace) jusque dans la région de l'Himalaya; c'est de lui qu'est sortie la section Zrachyphyllum, particulièrement riche dans la région de l Himalaya, où peut-être cependant elle a perdu un certain nombre d’espèces qui n'auront pas pu supporter l'élévation du sol (1); c'est à cette époque qu’une espèce de la région méditerranéenne, le Saxifraga oppositi- folia L., s'étendit jusqu'à l'Himalaya, tandis qu'une autre, le S. Aizoon Jacq., n'atteignit que le Caucase. — Le type X?, origine de la section Hirculus, se développait en méme temps dans la région de l'Himalaya, tandis qu'il n'a laissé aucune trace dans d'autres régions. Daus la premiere, celle de la Médi- terranée, on trouvait déjà le type X^, qui y parvint plus tard à un haut degré de développement et n'a point encore terminé son évolution. Ces détails, que nous ne pouvons continuer à reproduire, montrent quel genre d'intérét offrent les considérations développées par M. Engler. Il n'a pas manqué de discuter, à propos des Saxifrages, la relation des iles Canaries avec le continent, l'origine de la flore polaire, l'influence de la végétation de l'extréme Orient sur celle de l'Amérique du Nord, etc. C'est l'union ancienne du nord de l'Europe avec l'Islande et le Groenland qui a rendu possible dans ces dernières régions l'extension des formes appartenant au groupe du Saxi- fraga hypnoides, ainsi que dans l'Amérique du Nord..... Le centre de végé- tation de la Sibérie a envoyé des espéces jusque dans la région polaire, et dans l'Amérique du Nord jusqu'à l'ouest des montagnes Rocheuses. M. Eugler fait observer avec raison que les résultats de ces recherches peuvent avoir une importauce générale, attendu que beaucoup de genres alpins se comportent comme les Saxifrages. Gent soixante-six espèces ont été recensées par M. Engler, dans cette monographie du genre Saxifraga. Le petit nombre des nouveautés qu'il avait à établir avait été déjà signalé par lui dans son Zndez criticus, publié en 1869 dans les Comptes rendus de la Société zoologico-botanique de Vienne, ou dans un mémoire publié par lui dans le Linnæa dés 1866. Nous n'avons pas besoin d'insister sur le soin extréme avec lequel a été rédigée toute la partie descriptive de ce mémoire, Les hybrides ont été indiqués par lui à la fin des sections auxquelles ils appartiennent (2). (4) Nous tenons à faire remarquer que, dans l'opinion de l'auteur, l'existence d'espéces qui vivent aujourd'hui prés des neiges éternelles dans les Alpes et les Pyrénées, serait antérieure sur le globe au soulévement de ces montagnes. (2) M. Engler a étudié aussi l'anatomie de certains groupes du genre Saæifraga. On trouvera dans le Botanische Zeitung, 1871, n? 52, une note de lui sur certaines cellules épidermiques spéciales à la section Cymbalaria Griseb. — Ajoutons que M. Caruel a re- tracé d’après M. Engler la distribution géographique des Saxifrages dans le Nuovo gior- nale botanico italiano, déc. 1872, p. 251. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 121 Revision of the ÆEriogoneæ ; par MM. John Torrey et Asa Gray (Proceedings of the American Academy of arts and sciences, janvier 4870, pp. 145-200). On sait que les Ériogonées ont été établies comme ‘une tribu des Polygo- nées par M. Bentham, il y a environ trente-sept ans, et élaborées de nouveau par lui pour le quatorzième volume du Prodromus en 1856. D'un autre côté M. Torrey a fait pendant plusieurs années de ces plantes (exclusivement américaines) l'objet d'une étude attentive; et M. Asa Gray, à son dernier voyage en Europe, a pu comparer sa propre collection avec les herbiers de Kew et avec l'herbier de Nuttall, conservé au British Museum ; {c’est donc sur une base très-solide qu'a été établie l'étude que; nous annoncons. Elle comprend sept genres, les auteurs ayant supprimé le Mucronea de M. Ben- tham et admis parmi les Polygonées le genre Zastarriæa. Le genre Ærio- gonum est riche de quatre-vingt-une espèces ; les auteurs en donnent le tableau dichotomique. Le genre Chorizanthe en offre vingt-cinq. Répandu sur toute la chaine des Andes, des montagnes Rocheuses au Chili, ce genre rappelle par sa distribution géographique celle de certains genres américains de Cruciféres. Les auteurs en ont à dessein laissé de côté les espèces chiliennes. Reconstruction of the order Déapensiaceæ; par M. Asa Gray (ibid., juin 1870, pp. 243-247). MM. Decaisne et Le Maout, dans le Traité général de botanique descrip- tive et analytique, p. 235, ont rétabli cette petite famille, fondée par Lindley en 1836, et dont les genres Diapensia et Pyxidanthera avaient été rattachés aux Éricinées par Endlicher et M. J. Hooker. Ils ont continué à regarder ce petit ensemble comme voisin des Éricacées. M. Asa Gray, qui les avait rapprochées pendant longtemps des Polémoniacées, avec Don, Fries et M. Alph. de Candolle, revient maintenant à l'autre manière de voir. Il y ajoute le genre’ Galax de Linné, dont l'affinité est restée longtemps douteuse, et le Shortia Torr. et Gray (1841), qui a pour synonyme le genre japo- nais Schizocodon Sieb. et Zucc., enrichi l'an dernier de deux espèces par M. Maximowicz. Revision of the north American Polemoniaceæ; par M. Asa Gray (ibid., pp. 247-282). L'auteur passe en revue quatre genres : Phlox, Collomia, Gilia et Pole- monium. Il signale ou décrit vingt-sept Phlox, onze Collomia, soixante-cinq Gilia et six Polemonium. Il ressort de son mémoire qu'il existe des fleurs à court style et d'autres à long style chez les PAloz et chez les Gilia. 129 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Miscellaneous botanical Notes and Characters ; par M. Asa Gray (ibid., pp. 287-296). Ces notes concernent les genres suivants : JVama, Lycopus, Seseli, Viola, Abutilon, Kosteletzkya, Desmodium, Astragalus, Brickellia, Lino- syris, Melampodium, Palafoxia, Pentstemon, Lycium, Salvia, Coldenia, Eriogonum, Lastarriæa (Ancistrophyllum Nutt.), Polygonum et Argyro- thamnia. En outre deux genres nouveaux de Labiées sont établis par M. Asa Gray, savoir : Conradina pour le Calamintha canescens Torr. et Gray, et Poliomintha pour V Hedeoma incana Torr, Contributions to the natural history of the Passiflo- racecæ ; par M. Maxwell T. Masters (extrait des Transactions of the Linnean Society, vol. XXVII); tirage à part en brochure in-^^, pp. 593- 645, avec 4 planches. Cet important mémoire traite des points suivants : Organographie, germi- nation, développement de la feuille, des vrilles, des bractées, de la fleur, etc.; tératologie ; remarques générales sur la morphologie de la fleur dans les Passiflora ; anatomie fine des divers organes ; fécondation de la fleur; mou- vements des organes reproducteurs, etc. ; affinités du groupe, et maniere d'estimer la valeur des caractères en général; remarques sur les genres de Passiflores ; énumération des genres et des espèces de la tribu des Passiflorées; distribution géographique et bibliographie. L'occasion de ce mémoire a été fournie à M. Masters par les travaux. qu'il a faits sur la famille des Papilionacées pour le Flora of tropical Africa de M. Oliver et pour le Flora brasiliensis. M. Masters s'est occupé d'une maniere spéciale de la couronne des Passi- flores, réduite dans les Malesherbiées à une série de tubercules qui s'élèvent de la marge du tube, à peine plus développée dans le genre africain Smeath- mannia, qui est des Passiflorées, et qui chez le Passiflora quadrangularis forme jusqu'à six verticilles isolés les uns des autres. Quoiqu'il existe de très- grandes variétés dans la constitution de cet organe, variétés sur lesquelles Sowerby a fondé le sectionnement du grand genre Passiflora, ces variétés se groupent facilement sous un petit nombre de chefs principaux, savoir : la nature de la couronne, qu'elle soit filamenteuse, membraneuse, tubulaire ou annulaire, sa position (attachée à la gorge, médiane ou basilaire) relativement au tube de la fleur, et sa forme. M. Masters ne peut croire que ces modifica- tions aient une grande valeur taxonomique ; il les regarde comme caractéri- sant seulement des sous-genres. De nombreuses illustrations de ces différents cas se trouveront représentées dans le fascicule du Flora brasiliensis consacré aux Passiflorées. M. Masters figure dans son mémoire la couronne dans le Modecca tenuifolia, où elle est fort singulière, IH croit que la couronne a dans REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 123 le genre Passiflora, le seul où il ait pu examiner ce point de vue physiolo- gique, d'intimes relations avec la maniére dont s'accomplit la fécondation. Il croit que les fleurs de ce genre sont faites pour la fécondation croisée, nouvel exemple d'une tendance générale aujourd'hui, surtout parmi les naturalistes anglais. La couronne joue d'une maniere générale le róle de nectaire, et attire les insectes. Relativement aux affinités de la famille, M. Masters entre dans une longue discussion sur l'importance numérique et sur l'importance taxonomique des caractères. Il insiste sur la valeur relativement plus grande des caractères qu'il nomme congénitaux, par opposition à ceux qui se modifient ou s'ac- quierent par les progrès du développement. Les caracteres numériques, tirés de la fréquence avec laquelle se rencontrent, dans les familles que l'on consi- dère, certaines modifications organiques, et qui forment la base du système d'Adanson, n'ont, d'après M. Masters, que peu de valeur, à moins qu'ils n'em- ` pruntent une importance nouvelle à l'invariabilité, au cóté physiologique de ces modifications. Les caractéres congénitaux ont une importance cardinale pour déterminer l'affinité, à cause de leur fréquence et de leur invariabilité relative, et peuvent nous renseigner sur la parenté primitive des formes qui existent aujourd'hui. Par exemple l'examen organogénique novus porte à croire qu'à un certain état de leur développement, les fleurs des Passiflora sont presque identiques à celles des Turnera, de sorte que les Passiflora sont des Turnera arrivés à un degré de complexité plus élevé. De toute cette dis- cussion, dont nous ne pouvons signaler que quelques points, M. Masters con- clut que les Passiflores sont placées parmi les Dicotylédones hypogynes, et que les familles les plus voisines sont les Malesherbiées, les Turnéracées, les Samydées, les Bixacées etles Violacées. Leurs relations avec les Cucurbitacées sont d’après lui plus apparentes que réelles. Nous aurons peu de chose à dire de l'énumération monographique de la tribu des Passiflorées proprement dites, après avoir signalé le nouveau genre Dilkea (Spruce n° 1320), si ce n'est pour signaler l'importance de ce travail, qui fournira une base sérieuse aux déterminations des floristes. Le genre Passiflora, que l'auteur comprend d'une manière plus étendue que plusieurs autres monographes, y renferme cent quatre-vingt-quatre espéces, plus un certain nombre de types encore mal connus. Dans l'étude géographique qui suit, pour laquelle il nous faut encore renvoyer au Flora brasiliensis, nous remarquons quelques faits intéressants. Ainsi on rencontre à Madagascar une nouvelle espèce de Passiflora de la section Granadilla, laquelle est principalement représentée au Brésil. Les espèces de Passiflorées connues par l'auteur à la Nouvelle-Calédonie, aux iles Fidji, et à l'ile Norfolk, appartiennent pour la plupart à un groupe particulier Polyanthea, qui est largement répandu dans l'Asie tropicale. Les genres à types peu nombreux se trouvent particulièrement dans l'Afrique occidentale, nouvel exemple d'un fait remarquable de géographie botanique. 12A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Choix de Cryptogames exotiques nouvelles ou peu connues ; par M. J.-E. Duby (tiré des Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, t. xxt, 4" partie); tirage à part en brochure in-4° de 13 pages, avec ^ planches lithographiées. Ce mémoire est consacré à l'illustration des espéces nouvelles de Mousses recueillies par M. Welwitsch dans le royaume d'Angola, ainsi qu'à l'ile Saint- Thomé. Sur la terre ferme, ces Mousses proviennent des districts de Houlla et de Pungo-Ambongo. Les espèces nouvelles, signées de MM. Welwitsch et Duby, appartiennent aux genres Sphagnum, Pogonatum, Polytrichum, Bryum, Campylopus, Fissidens, Pottia e& Trematodon. On ue s'étonnera point de voir mentionnés dans le royaume d'Angola ces genres ubiquistes ; mais on remarquera avec intérét que plusieurs des espéces africaines décrites par M. Duby se trouvent immédiatement voisines d'espèces américaines, appartenant au Canada, au Mexique ou aux Andes. Les Plantes bulheuses : espèces, races et variétés cultivées dans les jardins de l'Europe, avec l'indication des procédés de culture; par M. Bossin. 2 volumes in-12. Paris, librairie agricole, 1872. — Prix : 2 fr. 50 cent. Ces deux volumes renferment une monographie horticole, moins étendue que ne l'indique le titre, disposée en ordre alphabétique, et restreinte aux Liliacées et aux Amaryllidées cultivées. Mais elle est précédée d'une introduc- tion importante. M. Bossin, qui a été mélé pendant de longues années au monde horticole, relate brièvement les auteurs et les ouvrages qui nous ont fait con- naître les plantes bulbeuses au point de vue cultural, en commençant par La Quintynie. On lira avec intérét l'énumération des fleurs que les marchands génois apportaient sur le marché de Paris au commencement du siècle. Ensuite M. Bossin reproduit les moyens de multiplier les plantes bulbeuses en forcant les écailles à produire des caieux, moyen qui a été décrit par Gaudi- chaud en 1842 d’après un horticulteur anglais (1). Il rappelle ensuite les expé- riences qu'il a faites avec Biot vers 1840, sur l'influence que les injections colo- rées peuvent avoir sur la couleur des plantes bulbeuses; puis il donne les résul- tats des analyses que M. A. Chevalier a faites à sa prière pour déterminer la quantité de fécule contenue dans des racines bulbeuses. Nous y lisons qu'un excellent amidon a été extrait des oignons du Crocus sativus, qui pro- duit aussi un alcool {de bonne qualité. L'auteur reproduit ensuite une note de M. Pépin sur la culture en pleiue terre de quelques oignons exotiques : oignons qui, si l'on prend soin de les enfoncer assez profondément, peuvent étre cultivés chez nous en pleine terre, à condition que leur végétation ait lieu au printemps. (4) On a pu entendre un horticulteur étranger, dont les procédés ont été il y a quelques années l'objet de controverses assez vives, M. D. Hooibrenk, s'attribuer l'in- vention de ce procédé, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 125 Les Conifères de pleine terre; par M. A. Dupuis. Un volume in-12 de 156 pages, avec 47 gravures sur bois. Paris, librairie agricole, 1872. — Prix : 1 fr. 50 c. Ce livre renferme : 1° des Considérations générales qui traitent des carac- teres, de la végétation, de la distribution géographique et du rôle décoratif des Coniféres; 2° l'Étude des espèces, qui en occupe la plus grande partie; 3° des données sur la Culture des Conifères. L'auteur s'est occupé spécialement des Conifères qui peuvent être cultivées en pleine terre, soit dans toute l'étendue de la France, soit au moins dans une notable partie de son territoire. Il décrit chaque espèce avec exactitude et clarté, en fait connaitre les noms vulgaires, l'origine, l'intérét horticole, etc. Des gravures très-élégantes et représentant bien le port des espèces, accom - pagnent ces détails. Nous remarquons, dans ceite énumération de Conifères spontanées ou cultivables chez nous : l' Araucaria Rulei, qui habite la Nouvelle- Calédonie et les iles voisines ; le Dacrydium elatum, qui habite Sumatra et la Nouvelle-Calédonie;; l Ephedra altissima, assez répandu dans le midi de la France, etc. Reports of experiments made in the gardens of the Royal Horticul- tural Society at Chiswick in 1869, on the influence of various manures on different species of plants; par MM. Maxwell T. Masters et J.-H. Gilbert (extrait des Proceedings of the Royal Horticultural Society, 1810, pp. 19-79) ; tirage à part en brochure in-8°. Ce Compte rendu des expériences faites en 1869 à Chiswick, dans les jardins de la Société royale d’ horticulture, sur l'influence que les diffé- rents engrais exercent sur diverses espèces de plantes, a un intérétspécial qui doit le faire rapprocher du mémoire de M. Hoffmann (voy. p. 117). Les recher- ches qu'il résume ont été faites conjointement par M. Masters comme botaniste et par M. Gilbert comme chimiste. Elles tirent leur origine d'une commu- nication faite le 2 juin 1868 à la Société d'horticuliure de Londres par M. Gilbert, qui traita des caractères en vertu desquels une plante arrive à obtenir la prépondérance dans une prairie variée sous l'influence de différents engrais. Le mémoire se divise en deux parties distinctes. La premiere, inti- tulée : Rapport sur la croissance et les caractères des plantes. pendant la continuation des expériences, est signée par M. Masters. La seconde : Rapport sur la quantité de matière végétale produite, est signée par M. Gilbert. Les plantes qui ont été prises pour sujets de leurs expériences sont les suivantes : Dactylis glomerata, Anthoxanthum odoratum, Lolium perenne, Poa pra- tensis, P. trivialis, Bromus mollis, Trifolium pratense, T. repens, Lotus corniculatus, Plantago lanceolata, Achillea Millefolium, Carum Carvi. Dans ses conclusions, M. Masters déclare que c'est au mode de végétation de 126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la plante qu'il faut attribuer sa victoire dans la lutte par laquelle elle établit, dans des circonstances données, sa prédominance sur les autres espèces. Il est aisé de voir que le Dactylis, avec sa vigueur générale, ses touffes solides de feuillage, ses rejets éparpillés à l'entour, ses masses épaisses de racines ; — l'Achillea, avec ses touffes rameuses en couronne, sa profusion de rejets, un ample développement de la racine, doivent l’emporter sur des Graminées telles que l’Anthoxanthum. Or l'addition de certains engrais peut avoir pour effet d'augmenter le développement de la racine (1) ou celui des stolons, de manière à donner à un végétal les conditions nécessaires pour qu'il triomphe de ses rivaux. Il résulte de ces considérations, que l'on devra choisir pour la culture, dans la pratique, les races les mieux douées par leur structure pour vaincre dans la lutte vitale. Étude sur le Cundurango de Loja; par M. le docteur L. Buis- son, précédée d'une notice historique et botanique présentée par M. Triana à l'Académie des sciences de Paris. Brochure in-8? de 31 pages. Paris, impr. A. Parent, 1872. La description du Cundurango et d'autres détails botaniques reproduits dans cette brochure ont été communiqués par M. Triana à l'Académie des sciences (Comptes rendus, t. LXXIV, p. 879, séance du 25 mars 1872). On sait quele Condor emploie comme contre-poison du venin des ser- pents les feuilles d'une espéce de liane, désignée pour cette raison sous le nom de Cundur-angu, c'est-à-dire liane du Condor. M. Triana a recu sous le nom de Cundurango les tiges, feuilles et fruits d'une espèce qu'il a reconnue facilement pour une de celles qu'il avait récoltées lui-méme dans la région chaude du Magdalena. C'est une espèce de Macroscepis que M. Decaisne a reconnue comme nouvelle et a décrite sous le nom de M. Triancæ. Ultérieurement, M. Triana a consulté la description botanique assez détaillée du Cundurango de l'Équateur, faite sur les lieux et d’après nature par M. Fuentes, pharmacien ; et il a pu examiner dans les magasins du consulat de l'Équateur, à Paris, les fruits et les feuilles du Cundurango. Il a reconnu que décidément celui-ci appartient au genre Gonolobus. Il le décrit sous le nom de Gonolobus Cundurango. M a eu entre les mains des échantillons d'écorce de cette plante qui, bien que peu différents par la couleur et méme par la saveur, ont étéloin d'offrir à l'analyse la méme composition chimique. Des analyses qui ont été faites, il résulterait que le Cundurango des environs de Loja est seul trés-riche en principes actifs, les autres n'en renfermant pas ou n'en renfermant que dans une très-petite proportion, ce qui peut expliquer les insuccés formels obtenus, dans leurs expériences sur les pro- (4) Sur le procédé chimique par lequel la matière organique {du sol peut s'agréger el céder à la végétation des substances minérales, on consultera avec beaucoup d'intérét un mémoire de M, L. Grandeau dans les Comptes rendus, séance du 8 avril 1872; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 priétés thérapeutiques du Cundurango, par plusieurs chirurgiens des hópitaux de Paris. Du reste, M. Buisson, dans les pages qui suivent, reconnaît, tout en vantant ce médicament, qu'il faut se tenir en garde contre des entrainements irréfléchis. Pour lui, le Cundurango est un antiseptique puissant et peut-étre le tonique le plus actif que l'on connaisse ; il a de plus une action fondante de même nature que celle de l'iodure de potassium. Ueber dcn Cunduraugo; par M. H.-G. [Reichenbach (Botanische Zeitung, 1872, n° 30, 26 juillet, col. 551-554). Au moment où M. Reichenbach se trouvait à Kew, M. Oliver y reçut un échantillon de Cundurango que le savant anglais reconnut pour appartenir à un Marsdenia. Cet échantillon venait du collecteur bien connu, Benedict Rózl, qui habite maintenant à Jungferteinitz en Bohême. M. Reichenbach a fait d- cette plante une étude attentive, ainsi que de plusieurs autres Marsdenia. Il le décrit sous le nom de Marsdenia Cundurango Rchb. M. Reichenbach connaissait le travail de M. Triana et soutient que la plante de M. Rœzl n'est point un Gonolobus (1). M. Rœzl tenait de M. Fuentes que ses échantillons appartenaient bien au vrai Cundurango officinal. Ils venaient des environs d'Huancabamba, sur le côté occidental des Cordillères : on y nomme la plante Bejuco de perro ; elle y est employée cn infusion pour tuer les chiens. Ajoutons que M. R«ezl a vu à Payta des milliers de ballots de Cundurango fort divers les uns des autres, chaque marchand prónant le sien comme le vrai spécifique. Cette drogue atteignant sur le marché de New-York un prix trés-élevé, il est évident que des tiges et des feuilles de propriétés fort diverses sont vendues dans le commerce sous le méme nom. Nous répéterons à ce sujet quelle incertitude il en doit résulter pour les différents essais thérapeutiques (2). Die periodischen Erscheinungen des Pflanzenlebens (Phénomènes périodiques de la vie des végétaux); par M. Carl Linsser (Mémoires de l'Académie impériale des sciences de Saint- Pétersbourg, t. XI, n° 7, 1867; et t. xiii, n° 8, 1869) (3). Le premier de ces deux mémoires que l'auteur a réunis sous un titre à peu prés commun (et qui en effet forment les deux parties d'une méme série de (1)0n trouvera dans le compte rendu de nos séances une note de M. Triana en réponse à celle de M, Reichenbach. (2) Ajoutons que M. Bayon, médecin de Bogota, a conjecturé que le Cundutango pouvait étre le Mikania Guaco, d'aprés la similitude d'usages et sans étude préalable. M. Destruge, de Guayaquil, membre de la Société d'anthropologie de Paris, a publié dans le Pharmaceutical Journal, 1872, n? 86, p. 665, une description botanique du Cuudu- rango. D'aprés lui, cette plante devrait constituer un nouveau genre d'Asclépiadées, dans la tribu 11, div. 4 Astephaneæ de M. Decaisne ; le défaut de couronne staminale et la situation verticale des anthéres l'éloignent considérablement du genre Gonolobus comme du genre Marsdenia. : ; (3) Ces mémoires n'ont été adressés qu'er. 1872 à la Société botanique de France, 128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. recherches), est intitulé : Les phénomènes périodiques de la vie des végétaux dans leursrapports avec les phénomènes calorifiques; le deuxième porte en sous- titre : Résultats d'un examen des documents obtenus en Europe sur l'action que les quantités de chaleur et de pluie exercent sur les végétaux ligneux. Ces travaux ont été entrepris à l'instigation de M. Quételet, directeur de l'observatoire de Bruxelles, qui a recueilli personnellement d'importants maté- riaux sur la partie météorologique de ces problémes si compliqués. Le principal résultat du premier mémoire de M. Linsser peut être résumé dans les termes suivants : 1. Les végétaux du Nord, transplantés dans le Sud, y deviennent plus pré- coces que ceux du Sud ; et les végétaux du Sud, transportés dans le Nord, y restent en retard sur ceux-ci. 2. Les végétaux des montagnes et ceux de la plaine se conduisent récipro- quement de la méme manière quand on les change de région (1). Les résultats du second mémoire de M. Linsser sont appréciés par lui dans les termes suivants : Pour la vie de tout individu végétal, il y a deux régulateurs principaux : l'accoutumance individuelle et le principe d'économie. Lorsque, des deux facteurs de la vie végétale que nous venons d'étudier dans deux mémoires consécutifs, la chaleur et l'humidité, c'est la chaleur qui, faisant périodique- ment défaut, doit être économisée, la vie entière de la plante s'adapte étroite- ment aux phases calorifiques, par exemple dans tout le Nord et dans la plus grande partie des climats tempérés. Quand c'est l'humidité, et que la question de la chaleur, toujours garantie à la plante d'une maniére suffisante, céde tout à fait le pas, alors la vie végétale s'adapte aux variations de l'humidité, comme à Madére; quand enfin le climat oblige le végétal à n'user qu'avec économie de ces deux facteurs, comme dans les steppes de la Russie mérie dionale et à Boukhara, il cherche à tenir compte de la double condition qui lui est imposée. En terminant, M. Linsser expose quels sont les progrès à accomplir encore dans la voie où il s'est placé, et il annonce un prochain mémoire relatif aux plantes herbacées, ce qui remplira le desideratum exprimé par M. de Candolle. De invloed der temperatur op de levensversehijnse- len der planten (De l'influence que la température exerce sur les phénomènes de la vie des plantes) ; par M. Hugo de Vries (Nederlandsch Kruidkundig Archief, 2° série, t. 1**, pp. 25-49); tirage à part en brochure in-8°, la Haye, chez Nijhoff, 1870. M. de Vries examine d'abord, d’après des expériences répétées sur un grand (4) Ces faits, qui ne sont pas absolument nouveaux dans la science (voyez Alph. DC., Géogr. bol., p. 47), ont été appréciés par M. de Candolle dans une communication qu'il a faite à la Société au printemps dernier, et qui a déjà paru dans les Archives de la Bibliothèque universelle de Genève, cahier de juin 1872. f REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 129 nombre de végétaux différents, quelle est la limite supérieure de température pour la vie végétale. Il résulte des tableaux qu'il a dressés, que, pour la majo- rité des espèces observées, la température limite dela vie se trouve, dans l'eau, entre 45 et 47 degrés, et dans l'air (ou dans la terre sèche), entre 50 et 52 degrés; mais que, pour certaines espèces, cette limite est située plus haut, et pour d'autres plus bas. La limite est située, sur le thermomètre, plus bas pour les feuilles jeunes que pour les feuilles plus âgées, et plus bas aussi pour le sommet des feüilles allongées que pour leur extrémité inférieure. Appréciant les faits rapportés par Bierkander et par M. Hardy, l'auteur pense que généralement les plantes peuvent, sans inconvénient pour leur vie, être refroidies (pendant peu de temps) jusqu'au zéro du thermomètre. Il traite ensuite de l'innocuité pour la vie végétale des changements brusques de température. M. de Vries croit qu'il est illogique de vouloir tirer, des phé- nomenes observés lors du dégel rapide, des conclusions relatives à l'influence des changements brusques de température en général, quand ces changements sont situés dans l'intervalle thermométrique qui s'étend, à partir et au-dessus du zéro, jusqu'à la limite supérieure indiquant la chaleur compatible avec a vie de la plante. L'influence des changements rapides de température sur les mouvements du protoplasma a été étudiée par M. Hofmeister. L'auteur a reconnu que ces mouvements éprouvent un ralentissement d'autant plus considérable que la variation de température comprend un plus grand nombre de degrés. Quant à l'influence de la température sur l'imbibition des parois des cellules vivantes, il a vu que les parois s'imbibent plus à une température plus élevée qu'à une température plus basse ; mais que l'eau, une fois absorbée, ne se dégage plus par un refroidissement subséquent. Enfin l'auteur a étudié l'influence de la température sur la rapidité de la germination. Il confirme le résultat obtenu déjà par M. Sachs, à savoir, qu'il y a pour chaque espèce un point d'élection où la croissance se fait avec plus de rapidité qu'à toute autre température, et qu'au-dessous de ce point, la longueur atteinte augmente, tandis qu'au-dessus elle diminue, à mesure que la tempé- rature s'élève. Sur la mort des cellules végétales par l'effet d'une tempéra- ture élevée; par M. Hugo de Vries (Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, 18714, t. v1, pp. 245-295). Après avoir examiné dans le mémoire précédent la limite supérieure de température posée par les lois naturelles à la vie végétale, M. de Vries étudie les changements qui se produisent dans les cellules quand cette limite est franchie. Il résume lui-méme comme il suit les résultats de ses recherches : 4° La limite de température pour la désorganisation de la paroi des cellules est (souvent de plusieurs degrés) plus élevée que celle qui détermine la mort T XIX. (REVUE) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du protoplasma ; les altérations que la paroi des cellules éprouve au-dessus de cette limite sont d'autant plus considérables que la chaleur a été plus forte. 2° La limite de température pour la vie du protoplasma est d'autant plus élevée que la proportion d'eau est plus faible ; elle dépend de l’âge du tissu étudié; elle est différente pour des tissus différents de la méme espèce de plantes, et pour le méme tissu chez des espèces différentes; elle est même loin de montrer une égalité parfaite pour toutes les cellules d'un tissu homogene. : 3° Les changements visibles que la mort, par une température élevée, dé- termine dans le protoplasma sont essentiellement : la perte de a transparence; la perte de la solubilité dans quelques réactifs (lorsque celle-ci appartenait à l'état vivant) ; le changement de la perméabilité et de la faculté d'imbibition pour des substances dissoutes dans l'eau, lesquelles (dans les cas examinés) deviennent ordinairement plus grandes; une diminution considérable de la capacité pour l'eau, entraînant la perte presque complète de la mobilité des molécules, et accompagnée dans la majorité des cas d'une expulsion d'eau et par conséquent d'une diminution de volume. he Les changements que détermine dans le protoplasma la mort par d'autres causes sont, sous les rapports essentiels, les mêmes que les précédents, à moins qu'il ne s'opére une dissolution totale ou partielle du protoplasma. Sous les rapports secondaires, par exemple en ce qui concerne la netteté et la grandeur de la contraction due à la mort, ou la possibilité d'étre contracté par les réactifs après la mort, le protoplasma offre des différences, suivant qu'il a été tué par telle ou telle cause. 5° Les réactifs dont un corps protoplasmatique est capable de s'imbiber, sont les seuls qui puissent le tuer directement ; dans tous les cas, cet effet exige que le réactif atteigne dans le protoplasma une concentration déterminée, quoique souvent très-faible ; dans beaucoup de cas, le protoplasma ne meurt que longtemps aprés qu'il a été pénétré par le réactif. 6° Le changement moléculaire qui accompagne la mort du protoplasma consiste essentiellement dans la destruction des molécules solides, probable- ment par dédoublement chimique de leur substance ; un des produits de cette décomposition présumée est une matière qui appartient au groupe des matières albuminoides et qui se sépare à l'état de molécules solides ; de cette manière, il se forme un corps capable d'imbibition qui, parses propriétés, se rapproche le plus d'autres corps albuminoides analogues. Sur le róle de l'albumine dans le protoplasma végétal, on doit adopter la théorie émise par M. Hermann dans son Grundriss der Physiologie der Menschen. La matière inogène qui, d’après ce savant, se trouve dissoute dans le protoplasma de toutes les cellules à fonctions vitales énergiques; qui, par son dédoublement en un corps albumineux et en matières non azotées riches en oxygène, est la source de tout travail, et qui elle-même est régénérée par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 131 le corps albumineux, les matières non azotées et l'oxygène, — cette matière, dans cette théorie, subit, lors de la mort, une décomposition compléte, dontle produit albumineux passe à l'état de congélation. Warme und Pflanzenwacehsthum (Za chaleur et la croissance des végétaux); par M. Wladimir Kæppen (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1870, n° 3 et h, pp. 41-110). Ce long mémoire porte un sous-titre dont voici la traduction : Recherches sur la dépendance où la rapidité de croissance des parties de l'embryon est placée relativement aux circonstances thermométriques, avec un coup d'œil spécial sur l'importance des oscillations de température et de la quantité de chaleur, M se divise en trois parties, intitulées : 4° Remarques préliminaires; 2° Influence des oscillations de température sur la rapidité de croissance des parties de l'embryon; 3° La germination dépend de la hauteur de la température constante du milieu. L'auteur a fait plusieurs séries d'observa- tions sur les plantes suivantes : Lupins, Lentilles, Féve, Maïs, Blé, examinant les conditions de température et l'allongement de la radicule pendant la durée de l'expérience, et soumettant ses plantes à des variations artificielles de température. 1l a reconnu d'une manière générale que l’allongement de la radicule est d'autant plus rapide que la température est plus élevée, pourvu qu'elle soit constante ; car, d’après lui, les variations de température, méme celles qui agissent pour élever la colonne thermométrique, exercent une influence fâcheuse, 1l l'a prouvé par une triple expérience fort intéressante. Il a laissé pendant cent quarante-quatre heures un pot à une température presque constante de 15?,1 C.; un autre a été élevé deux fois à celle de 20^, tout en restant le reste du temps à la méme température de 15^,1 ; enfin un troisième a été porté jusqu'à 30°, le minimum étant toujours de 15°. Bien que la température moyenne de chacune de ces trois expériences ait été pour la première de 45°,4, pour la deuxième de 16? et pour la troisième de 18°, la longueur moyeune de la racine des Pois qui croissaient dans chacun des pots a été de 110^ dans la première expérience, de 88" dans la deuxième, et dans la troisième seulement de 56""", Accessoirement à ces expériences et à d'autres analogues qui constituent la partie originale de ses recherches, M. Keeppen s'est occupé aussi des observa- tions faites sur l'allongement des végétaux par divers auteurs, notamment par M. Duchartre, en tant que ce phénomène est influencé par la chaleur. Il a discuté longuement les formules qui ont été établies pour expliquer les rela- tions de la croissance des végétaux avec la chaleur par M. Quételet, par M. Cohn (Verhandlungen der Schlesischen Gesellschaft für vaterländische Cultur, 1855, p. 6), et par M. H. Hoffmann (Zeitschrift der csterreichis- chen Gesellschaft für Meteorologie, 1868, p. 93; 1869, pp. 392 et 953). à Il ne partage point les opinions ou les hypothèses de ces auteurs, Pour mieux 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les contredire, et pour accuser l'influence nuisible des oscillations de tempé- rature sur le développement des végétaux, il a recours aux différences de temps observées chaque année entre la frondaison et la floraison de certaines espèces arborescentes, différences qui sont réglées par les variations de la température. Il a construit des tableaux qui montrent quelle est d’une part la température minimum, et quelle est d'autre part la température la meilleure pour le développement initial de chacune des espèces observées par lui. Il termine en exposant, comme M. Linsser, que les espèces ont dà prendre l'habitude de phases périodiques, parce qu'elles ont dû subir la périodicité des phénomènes atmosphériques et s’y accommoder pour vivre, à ce point qu'elles conservent ces phases méme quand il n'existe plus de périodicité dans les agents du monde extérieur, comme sous le climat égal de Madère, L'hiver de 1570-71 dans le jardin des plantes de Montpellier ; par M. Ch. Martins (Extrait des Mémoires de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, t. VIL, p. 527) ; tirage à part en brochure in-4° de 11 pages. M. Martins établit d'abord quelles ont été les alternatives de température dans l'hiver rigoureux qui a sévi sur la France en méme temps que tant d'autres calamités. Ensuite il apprécie les effets de ce froid sur les végétaux cultivés dans le Jardin des plantes qu'il dirige, et qui ont été détruits par le froid, ou atteints jusqu'aux racines, ou bien atteints dans leurs feuilles et leurs branches. Ceux qui font partie de cette dernière catégorie ne souffrent jamais dans les hivers ordinaires, et quelques-uns avaient supporté impunément les gelées de janvier 1855 (1). Ensuite il étudie les effets du froid sur les végétaux cultivés ou spontanés aux environs de Montpellier. Beaucoup de végétaux indigenes ont été frappés par la neige. Parmi toutes les plantes sensibles au froid mentionnées dans cette note, la plupart de celles qui sont considérées comme indigenes, puisqu'elles se propagent spontanément dans la campagne, où elles existent de temps immémorial, appartiennent réellement à des groupes exotiques dont elles sont le seul représentant actuel dans le midi de la France. Ces faits confirment des opinions déjà exprimées par M. Martins, sur l'ancien- neté géologique de quelques types de la flore actuelle (2). Ricordi presi circa gli effetti del freddo sull’ inverno 1871-72, sopra alcune piante di queste orto (Remarques faites sur les effets du froid de l'hiver 4874-712 sur quelques plantes du jardin de Pise); par M. Ferdinando Cázzuola, conservateur de ce jardin (Nuovo Giornale botanico italiano, octobre 1872, pp. 245-251). Le thermometre est descendu à Pise jusqu'à — 11? centigr. pendant la nuit. Un grand nombre de plantes cultivées en pleine terre dans ce jardin y ont été (1) Voyez les Mémoires de l’Académie de Montpeliier, 1855, t. ut, p. 90. (2) Voyez le Bulletin, t. xvii, Revue, p. 217. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 tuées par le froid, et parmi ces plantes nous trouvons Citrus Aurantium L., Phæniz dactylifera V., Pinus pyrenaica Lap., Pteris cretica u, Euca- lyptus Globulus Lab., Ceratonia Siliqua L., Stratiotes aloides L., etc. D’autres ont été très-fortement atteintes, détruites presque jusqu’au collet, d’autres endommagées seulement dans leurs organes aériens. On lira ces listes avec un grand intérêt ; si on les rapproche des travaux de M. Ch. Martins, elles fourniront des documents de nature à faire comprendre l’une des causes de l'extinction graduelle d'espèces végétales qui peuplaient le midi de l'Eu- rope avant l'Europe actuelle. Ueber das Gefrieren der Zellen von Nitella syncarpa (De la congélation des cellules du Nitella syncarpa) ; par M. F. Cohn (Sit- zungsberichte der Schlesischen Gesellschaft für vaterländische Cultur, séance du 2 février 1871). Les recherches dont il s’agit ont été faites pendant le froid exceptionnel qui a régné dans l'Allemagne orientale pendant le mois de février 1870. Les tiges de Nitella soumises à l'observation étaient disposées sur une plaque de verre, recouvertes d'une couche d'eau de 2 millimètres d'épaisseur : le tout placé sur la table du microscope. Un fin thermomètre traversait la couche d'eau. Les choses étant en cet état, l'appareil fut exposé à l'air extérieur par une tem- pérature de — 20° C. Le petit thermomètre descendit en quelque temps à — 5°: le mouvement'circulaire du protoplasma était encore très-actif ; à — 2° on l'apercevait encore, quoique plus lent. A une température plus basse encore, les cellules des Nitella étaient comprimées, broyées et tuées par les glacons qui se formaient dans le liquide. Pour se mettre à l'abri de l'action mécanique des glaçons, l'expérimentateur placa des fragments de Nitella dans une fiole de verre de 5 millim. d'épaisseur, dépourvue d'eau, à faces paralléles, avec un bouchon muni d'un thermomètre, etc., et transporta l'appareil dans l'air froid extérieur. Il pouvait observer au microscope au travers des parois du verre. Le mouvement du protoplasma fut constaté jusqu'à — 2^; au-dessous de ce point, de — 3° à — 4°, il vit se congeler une partie du contenu de la cel- lule, tandis qu'en méme temps l’utricule primordial se ridait et se contractait en un sac vert et plissé en dedans de la paroi cellulaire dénudée. L'appareil étant reporté dans une chambre, Ja température de l'appareil remonta à zéro ; le contenu congelé de la cellule de Nitella se liquéfia, l'utricule primordial contracté se dilata et se réappliqua sur la paroi de la cellule. Hohe der Kältegrade welche die Vegetation über- haupt ertragt (Quels sont les degrés de froid que la végétation peut généralement supporter ?); par M. H.-R. Gæppert (Bot. Zeit., 1871, n° Let 5). M. Geeppert fait observer que les températures les plus basses reconnues 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans les explorations polaires (— 40° à — 47°) n'intéressent qu'un nombre de végétaux des plus restreints. Ceux dont la tige n'est pas assez élevée pour dépasser la couche de neige se trouvent dans des conditions toutes différentes, Abritées sous un écran mauvais conducteur de la chaleur, ces plantes sont soumises à une température qui ne dépasse guère— 2°. Mais si la neige les met à l'abri d'un froid trop vif et devient la préservatrice indispensable de la végétation dans les hautes latitudes et sur les montagnes, le développement n’en est pas moins tout à fait arrêté. Les plantes les plus connues pour fleurir en hiver, l Helleborus niger, le Bellis perennis, cessent de croître dès que la température devient trop basse ; seulement elles ne souffrent pas de la gelée : une fleur à demi épanouie peut être complétement roidie par le froid pen- dant quelques jours; dés que le dégel arrive, elle recommence à se déve- Jopper. Sous nos latitudes, la chaleur de l'été, en réchauffant le sol, peut exercer une certaine influence sur la végétation hivernale. Dans les régions nivales, il n'en est point ainsi ; le sol, toujours gelé, ne conserve aucune chaleur; tout doit venir du soleil : c'est ainsi qu'on voit quelquefois des plantes (Saules, Rhododendrons) gelées dans les parties inférieures, porter à l'extrémité de leurs rameaux des feuilles et des fleurs épanouies. Il ne faudrait pas croire qu'une plante, parce qu'elle est gelée, se trouve par là méme mise à l'abri de l'influence délétére d'un froid plus vif. Chaque espéce peut supporter un certain abaissement de température ; quelques-unes peuvent, sans inconvénient, geler tout à fait et dégeler ensuite, mais pour chacune il existe un certain minimum qui ne saurait étre dépassé sans entrainer des conséquences fatales. Ucber die Einwirkung der Kalte auf die Pflanze (Do l'influence du froid sur la plante); par M. H.-R. Gœppert ( Wochen- schrift für Gärtnerei und Pflanzenkunde, 1871, n° 5). M. Geppert résume dans cet article des communications faites par lui à la Société silésienne pour la culture nationale en mai et en octobre 4871 (1), et qui devront paraître în extenso dans les Mémoires (Abhandlungen) de cette Société. Quand la température, dit M. Gœppert, se maintient au-dessous de zéro, toutes les plantes exposées à l'air libre gèlent peu à peu tôt ou tard, selon l'étendue de leur contour, ou selon l'état plus ou moins liquide du contenu de leurs cellules ; et par conséquent les cellules de parenchyme gèlent plus tôt que les vaisseaux et les cellules ligneuses (la tige herbacée et les feuilles (1) La Société botanique a recu en effet de M. Gæppert une note de trois pages, inti- tulée Einige Bemerkungen über das Verhalten der Vegetation im, lelztverflossenen Winter (Quelques remarques sur la manière dont s'est comportée la végétation durant l'hiver dernier), et datée de Breslau, 20 octobre 1874. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 avec des phénomènes de mouvement souvent remarquables). C'est le proto- plasma qui doit dans ces faits appeler surtout l'attention, comme l'ont prouvé les recherches de MM. Nægeli et Sachs. Les parois des cellules et des vaisseaux ne sont méme pas plus lésées alors qu'elles ne le sont aprés le dégel ; et méme elles ne sont point fendues chez les végétaux tués par le froid, chez lesquels elles sont seulement détendues, et impropres aux phénomènes de diffusion si développés durant la vie de la plante. De là vient, entre autres effets, la sortie libre de l'eau à la surface des végétaux congelés. La cellulose et la chloro- phylle sont détruites; de là le brunissement et enfin le noircissement des feuilles, commencement de putréfaction. Ce dernier phénomène apparaît aussi dans les cellules des rayons médullaires de la tige, qui, à des températures trés-basses, se trouve souvent fendue jusqu'au cylindre médullaire. Ces fis- sures, dont les bords ne se ressoudent pas entre eux, amènent peu à peu les tissus qu'elles intéressent à se convertir en véritable humus. D'autres chan- gements s'effectuent dans d'autres organes. L'amidon des pommes de terre se transforme en sucre sous l'influence de la gelée. M. Gœppert discute encore la question de savoir si les végétaux peuvent s'habituer à subir des températures basses inconnues dans leur pays d'origine. Il reconnaît d'ailleurs qu'il existe plusieurs causes occasionnelles qui peuvent augmenter le tort causé par le froid aux plantes, savoir: des conditions diverses d'humidité, le vent, les alternatives de chaleur et de froid, l'intensité du froid en lui-même, et enfin des conditions locales; il s'étend successivement sur chacun de ces points. M. Gœppert a encore publié dans le Botanische Zeitung, 1871, n° 2h, une note sur le méme sujet, note qui ne demande pas à étre analysée ici, puisqu'elle l'a été par M. Prillieux, à l'occasion de la critique qu'il en a faite dans une des séances de la Société (1). Ueber den Tod vón Bäumen in Folge verspäteter Nachwirkung des Frostes (De la mort des arbres consécutive à la prolongation de l'ac- tion du gel) ; par M. H.-R. Gœppert (Wochenschrift für Gärtnerei und Pflanzenkunde, 1872, n° 16). Ce sujet a été étudié par M. Bolle dans la cinq cent trente et unième réunion de la Société pour l'encouragement de l'horticulture, le 28 aoüt 1871. Les observations de M. Bolle avaient porté sur l'Acer obtusifolium et sur l'A. japonicum. M. Gappert a observé les mêmes faits que M. Bolle, aux obser- vations duquel il ajoute quelques remarques. Les arbres fruitiers de la région qu'il habite brunissent profondément dans la moelle sous l'action du froid ; cette coloration envahit ensuite les rayons médullaires et l'écorce interne, et (1) Il faudrait, d’après M. Koch, joindre aux Orchidées examinées par M, Goppert le Polygonum tinctorium, qui est, comme on sait, riche en indigo, et qui présenterait les mémes phénoménes de coloration aprés l'action du froid, 436 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tous les ilots de substance qui la présentaient se réunissent si l'action du froid se prolonge. Chez les Conifères, ce brunissement se borne à l'écorce ; celle-ci se souléve, méme sur une longueur de deux pieds, et le desséchement de la couche génératrice dénudée, qui en résulte, empéche ensuite la formation du bois, ce qui fait dépérir les jeunes arbres, etc. De tels phénomènes sont très- rares sur la racine, garantie parla terre et par le manteau de neige qui la recouvre. Souvent ils commencent au-dessus de la couche de neige pour envahir tout l'axe végétant jusqu'à ses bourgeons, dont le développement ulté- rieur est arrêté. La nature peut lutter (1), mais sans succès, contre eux, et la mort générale de la plante survient consécutivement. Les plantes herbacées, de méme que les Orchidées étudiées précédemment par M. Geeppert, meurent plutôt pendant la congélation. Dans la suite de son article, M. Geeppert répond à des observations que M. le docteur Filly a. faites contradictoirement à ses conclusions sur le bleuissement des Calanthe et des PAajus. , De l'influence de la congélation sur le poids des tissus végétaux ; par M. Éd. Prillieux (Comptes rendus, t. LXXIV, séance du 20 mai 1872, pp. 1344-1346). On a observé depuis longtemps que les bois engagés dans la glace perdent une portion notable de leur poids. Dalibard attribue ce phénoméne à ce que les bois, en se contractant par l'effet du froid, expulsent une partie de l'eau dont ils sont imbibés. Selon M. Hofmeister, quand l'eau gèle dans les cavités du bois, l'air qu'elle contenait en dissolution se dégage sous forme de bulles à l'in- térieur des cellules ligneuses; aprés que le bois est dégelé, les bulles d'air y demeurent dans l'intérieur et en diminuent le poids. M. Prillieux, en étudiant les effets du froid sur les plantes vivantes, a reconnu (2) que la glace se forme dans les tissus en dehors des cellules, et que, par conséquent, l'eau qui se prend en glace a été rejetée, sous l'influence du froid, hors des organes qui la contenaient. Il a fait des expériences sur des racines de Carottes et de Navets, et sur des tubercules de pommes de terre, et il les a exposés à l'influence du froid dans des bocaux contenant du chlorure de calcium. Dans tous les cas qu'il a observés, les racines exposées à la gelée ont ainsi perdu plus de poids que celles qui demeuraient à la température ordinaire. En faisant congeler des rondelles de carotte dans de la benzine, M. Prillieux a reconnu que les rondelles qui ont gelé ainsi laissent en dégelant des gouttelettes d’eau tomber de leur surface dans le liquide ambiant, ce qui prouve qu'elles avaient en gelant expulsé une partie de l'eau qu'elles contenaient. (1) Sur les secours que l'art horticole doit apporter à la nature pour garantir les plantes de l'aetion du froid, on consultera avec intérét un article de M. Bouché, inspec- teur du jardin botanique de Berlin (Wochenschrift, 1872, n°5 7 et 8). (2) Voyez les Comptes rendus, 1870, t. LXX, p. 405. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 Beobachtungen über das Erfricren vieler Gewüchse, und namentlich unserer Obstbäume (Recherches sur la congélation de beaucoup de végétaux, et particulièrement de nos arbres fruitiers); par M. Karl Koch ( Wochenschrift für Gärtnerei und Pflanzenkunde, n? hh, 2 novembre 1872). M. Koch analyse dans cette notice les travaux de M. Oberdieck de Jeinsen, le Nestor des pomologues allemands, travaux qui ont commencé par la publi- cation (en hollandais) d'un mémoire couronné par la Société hollandaise des sciences de Harlem, sur l'influence qu'avait exercée le rude hiver de 1822-22. Pour faire mieux apprécier les opinions d'Oberdieck, M. Koch commence par passer en revue ce qui a été dit récemment de l'influence du froid sur la végétation. Il insiste sur l'indépendance que possède la vie dela cellule végétale et sur ses autres conditions biologiques ; sur les phénoménes d'endosmose, sur la maniere dont la chaleur et le froid les influencent. La paroi cellulaire, quand le froid se fait sentir, excréte de l'eau à l'extérieur, et cette eau se condense en glaçons autour de la cellule (d'autant plus que la température descend davantage), souvent au-dessous de l'épiderme qu'ils soulèvent, Il en résulte des déchirures de l'écorce et méme du bois sous-jacent, surtout quand l'action du froid est subite. Quand le froid cesse, les glacons se transforment en eau, les cellules qui se sont contractées se dilatent à nouveau, et les fentes tendent à se refermer, mais sans que leurs bords puissent se souder, méme quand les couches ligneuses de nouvelle formation les ont recouvertes et les dissimulent à l'extérieur. Quand la gelée cesse lentement, l'eau sortie des cellules y rentre peu à peu ; mais si le dégel survient brusquement, cette eau n'y rentre pas aussi vite, et se glisse dans les méats intercellulaires. Les cellules ne se retrouvent pas alors dans les mémes conditions biologiques qu'avant la gelée; il en peut résulter leur mort et celle de la plante. C'est là ce qui explique l'influence néfaste du dégel prompt, constatée par beaucoup d'horticulteurs. M. Koch traite ensuite des phénomènes partiels de congélation, laquelle peut n'atteindre que la racine. Dans ce cas, les bourgeons se développent tant qu'ils peuvent vivre aux dépens des matériaux de nutrition accumulés en réserve dans la partie aérienne de l’arbre pendant l’année précédente, Oberdieck a émis l’idée que ni les froids tardifs du printemps (ou précoces de l'automne), ni l'action du soleil, ni le givre, ne sont particulièrement nui- sibles à la végétation, tout au contraire de ce qu'on croit généralement. M. Koch discute successivement chacun de ces points. Plants Severzovianæ et Borszcovianæ. Supplementum ad Enumerationem plantarum in regionibus cis- et transiliensibus a cl. Se- menovio anno 1857 collectarum. Fasciculus secundus, auctore F. ab Her- 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. der (Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou, 1870, n° 3 et ^, pp. 163-269). Ce fascicule est consacré aux Ombellifères; il en énumère vingt-sept espèces, presque toutes spéciales aux steppes de la Tartarie. Nous avons tenu à signaler ce fait de géographie botanique, qui sera plus frappant si l'on se rappelle qu’un grand nombre des plantes qui habitent les décombres de l'Europe, et notamment d'Ombelliferes, nous sont probablement venues de l'Orient, comme peut-être le Torilis nodosa Gærtn. Ajoutons que l Hyalo læna Severzovii Rgl est, d’après l'auteur, un synonyme du Prangos holo ptera DC. Monographische Cebersicht der Gattungen Zscallonia Mutis, Belangera Camb. wmd Weinmannia L., nebst Beiträgen zur geographischen Verbreitung der Escallonieen und Cunoniaceen (Revue monographique des genres Escallonia, Belangera et Weinmannia, avec des remarques sur la distribution géographique des Escalloniées et des Cunoniacées) ; par M. A. Engler (Linnæa, nouv. série, t. 11, livr. 5 et 6, pp. 527-650, 1870). Les études de M. Engler sur les groupes voisins des Saxifragées se sont étendues, comme on le voit, au delà de ses travaux monographiques propre- ment dits; car, quoiqu'il ne publie dans ce mémoire que la description de trois genres, il a cependant examiné l'ensemble des Escalloniées et des Cuno- niacées d'une manière assez complète pour en tracer la distribution géogra- phique, en relevant le nombre d'espéces de ces familles qui se rencontrent dans chacune des circonscriptions géographiques entre lesquelles il a divisé son sujet. Ces études ont été causées et facilitées par ce fait que la rédaction des Cunoniacées et des Escalloniées dans le Flora brasiliensis avait été confiée à M. Engler, qui a trouvé des matériaux fort importants pour l'étude des genres et des espéces américaines de ces deux familles dans l'herbier royal de Munich. Le nombre des genres de la famile des Escalloniées monte dans ce mémoire à 17, celui des espèces à 81 ; dans ce dernier chiffre, le genre Æscallonia à lui seul contient 42 espéces ; un grand nombre des autres genres sont mono- types. Cette famille s'étend du A1* degré de latitude nord au 56* degré de latitude sud; mais sa région proprement dite, si l'on ne tient pas compte de l'écart d'un petit nombre (10) d'espéces isolées, est restreinte entre le 45° et le A^* degré de latitude australe, Le genre Æscallonia constitue, dans la région alpine et subalpine des Cordillères, jusqu'à 5000" dans la Nouvelle-Grenade et dans la république de l’Équateur, une zone analogue à celle des Rhodo- dendron de l'Himalaya (où les Escalloniées sont représentées par le genre Polyosma. Les sections naturelles du nombreux genre Z'scallonia coincident avec leur distribution géographique. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 Le nombre des Cunoniacees connues jusqu'ici atteint 409. Ces espèces se répartissent entre 18 genres, parmi lesquels le genre Weinmannia comprend à lui seul 61 espèces ; ici encore se rencontrent beaucoup de genres mono- types. Les limites géographiques de la famille sont comprises entre le 20* de- gré de latitude nord et le 44° degré de latitude sud, mais le plus grand nombre des espèces est cantonné entre le 13° et le 35° degré de latitude australe, Le plus grand nombre des Weinmannia (32) appartient à la chaîne des Andes. Les espèces de Codia, de Pancheria et de Cunonia, à l'exception d'une seule, ne sont connues jusqu'à ce jour que de la Nouvelle- Calédonie, mais l'auteur pense qu'on retrouvera des types analogues dans quelques-unes des îles voi- sines, de même que déjà les espèces néo-calédoniennes de Geissois et de Spi- raanthemum ont leurs correspondants dans les iles des Navigateurs et dans les iles Fidji. Le genre Zelangera de Cambessèdes est brésilien. Les onze autres genres de la famille appartiennent à l'Australie orientale, à des iles de la Polynésie : Tasmanie, Nouvelle-Zélande, Fidji, Célèbes, et au Cap, ce qui parait appuyer l'opinion que l'isolement des végétaux dans des régions insu- laires favorise le développement de formes spéciales. En poursuivant dans le détail l'étude du genre Weinmannia, l'auteur arrive à reconnaître que la plu- part des Weinmannia de la Polynésie different de ceux de l'Amérique du sud par l'absence d'ailes sur le pétiole de la feuille ; celles de la section Leio- spermum, qui habitent la Nouvelle-Zélande, les iles Fidji et les iles des Navi- gateurs, par la caducité des folioles calicinales, etc. ; celles de Madagascar parce qu'elles ont le pédoncule à cinq angles. Le plus grand nombre des Weinmannia à feuilles simples ou à feuilles ternées est propre à la chaine des Andes (1). The Madura or Fungus-foot of India; par M. Jabez Hogg (The Monthly microscopical Journal, août 1871, pp. 61-68, avec une planche; et mars 1872, pp. 98-100, avec une planche). Nous avons déjà parlé, il y a plusieurs années (2), de cette curieuse maladie parasitaire observée dans l'Inde sur le pied de l'homme, et dans laquelle le mal a paru jusqu'ici essentiellement causé par un Champignon, nommé Mycetoma par M. Carter. Les observations de M, Hogg tendent à infirmer les conclusions de M. Carter ; il fait valoir la difficulté que les spores d'un Cham- (4) On trouvera dans les Sitzungsberichle der Schlesischen Gesellschaft für vaterlün- dische Cultur, séances des 13 et 27 janvier 1870, une communication de M. Engler sur les Escalloniées et les Cunoniacées de l'Amérique du Sud, à propos desquelles il entre dans des détails intéressants sur la constitution de l'ordre des Saxifraginées, qui comprend, dit-il, comme l'a pensé M. Al. Braun, les Escalloniées, les Cunoniacées, les Saxifragées, les Ribésiacées, les Francoacées, les Philadelphées, les Élatinées, les Cras- sulacées et les Tamariscinées, et qui appartient à la série des Rosifloræ. On comparera avec intérót cette classification avec celle qu'a adoptée M, Baillon dans sa Monographie de la famille des Saxifragacées (voyez plus haut, p. 12). (2) Voyez le Bulletin, t. xut, Revue, p. 9. 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pigeon ou les produits de leur germination trouveraient à traverser l'épiderme du pied, et il est disposé à regarder le parasite comme secondaire. Études anatomiques sur les Porphyra ; par M. Édouard de Janczewski (Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles de Cherbourg, t. XYI, 1871-72, pp. 345-359). La coloration de la fronde des Porphyra est celle des Floridées ; leur chro- mule est un mélange de chlorophylle et de phycoérythrine. Les organes reproducteurs rappellent aussi beaucoup cette classe; les anthérozoides sont complétement immobiles et les spores dépourvues d'une membrane de cellu- lose. Cependant, si l'on compare leur développement à celui des autres Flori- dées, la différence devient évidente. Le groupe d'anthérozoides que M. de Janczewski considére comme l'anthé- ridie des Porphyra provient de la segmentation d'une cellule de la fronde ; il n'y a là aucune partie végétative portant les anthérozoides ou les anthéridies. Dans les vraies Floridées, les anthéridies sont toujours insérées sur le tissu végétatif ou sur un axe particulier, et les anthérozoides sont souvent portés par des organes spéciaux. Le tissu sporogène des Porphyra diffère sensiblement des tétraspores des Floridées. Les tétraspores (dispores ou polyspores) sont toujours constituées d'un nombre déterminé de cellules, tandis que ce nombre varie dans les octo- spores du Porphyra leucosticta et encore plus dans celles du P. laciniata. Le nombre normal de huit ne prouve rien ni pour ni contre l'analogie des octo- spores avec les tétraspores. Le défaut d'individualisation de ces organes cst la différence essentielle, et à cet égard les Porphyra rappellent les Conferves. Leurs spores différent cependant par la nature de leur mouvement et de leur évolution. Les zoospores des Chlorosporées se développent par segmentation du protoplasma de la cellule-mère sans que de véritables cloisons y apparaissent. Enfin les Porphyrées s'éloignent surtout des véritables Floridées par le défaut d'organes femelles ! La comparaison poursuivie par l'auteur montre que les Porphyrées s’éloi- gnent beaucoup plus des Floridées que les Dictyotées, qui serviraient en quel- que sorte de lien intermédiaire. En outre les Porphyrées, auxquelles appar- tiennent certainementles Zangia marins, rappellent beaucoup les Chlorosporées par le défaut d'individaüalisation de leurs organes reproducteurs. Catalogue des Mousses, Sphagmes et Hépatiques des environs de Montbéliard ; par M. L. Quélet. Un volume in-8° de 332 pages, sans lieu de publication ni date. M. Quélet commence par décrire dans une préface les trois régions qui ont été le champ deses recherches : région inférieure ou champêtre, région mon- tagneuse, appartenant aux Vosges et au Jura, et région alpestre très-limitée. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 141 D ans l'énumération des Mousses et des SpAagnum, il a suivi la classification du Synopsis Muscorum de M. Schimper ; dans celle des Hépatiques, la dis- position adoptée par Gottsche, Lindenberg et Nees d'Esenbeck. Il admet lui- méme que son catalogue d'Hépatiques est très-incomplet. A la page 43 du volume dont nous venons d'indiquer le titre, commence un second mémoire intitulé : Les Champignons du Jura et des Vosges, par le méme auteur. Ce travail commence par des généralités sur les Champiguons. Il doit être considéré comme la description synoptique d'un herbier qui con- siste en exemplaires desséchés et en figures coloriées. Plusieurs des espèces décrites par l'auteur sont signées de lui comme étant nouvelles (1). A la fin du volume, un troisième titre nous apprend que ce volume est extrait des Mémoires de la Société d'émulation de Montbéliard, et publié en 1872, Ce titre est suivi de 23 planches lithographiées représentant des Champi- gnons, et d'une vingt-quatrième planche qui porte le n? 1, lequel fait évidem- ment double emploi. On the structure of the stems of arborescent Lycopo- diaceæ of the eoal-measures (De la structure des tiges des Lycopodiacées arborescentes du terrain houiller) ; par M. W. Carruthers (The Monthly microscopical Journal, février 1872, pp. 50-54, avec deux planches). L'auteur a pu étudier, sur de beaux spécimens qui lui ont été fournis par M. Butterworth, la structure de la base des feuilles d'une Lycopodiacée arborescente de l'époque houillère, Il ne la nomme pas, et avec raison, de peur d'ajouter un synonyme mal fondé à ceux qui encombrent déjà le champ de la paléontologie végétale. L'axe du Zepidodendron observé par lui est entièrement de tissu scalariforme, le plus grand diamètre des vaisseaux étant dans le sens du rayon. Il existe dans ce tissu des faisceaux vasculaires verticaux situés primitivement dans le centre de la tige, qui s'écartent peu à peu de l'axe pour se rapprocher de la base des feuilles. M. Williamson a proposé d'appeler cet axe une moelle. Tel n'est pas l'avis de M. Carruthers. Cet axe en effet n'est entouré d'aucun tissu ligneux. Il est évident, dit l'auteur, que c'est tout sim- plement l'analogue de l'axe vasculaire des Lycopodiacées vivantes, comme l'a suggéré Witham dans le premier mémoire oü il ait été traité de la structure interne des Zepidodendron (Transactions of the natural history Society, Newcastle on Tyne, mars 1832). Les bases des feuilles sont dirigées perpendiculairement à la tige, ce qui pla- (4) Voyez l'éloge fait de la sagacité de M. Quélet comme mycologue, par M. le pro- fesseur Elias Fries, dans une lettre qui est maintenant sans objet, puisque le livre de M. Quélet parvenait à la Société en méme temps que sa lettre s'imprimait dans notre Bulletin, à la fin de la dernière séance de décembre 1871. 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cerait l'espèce étudiée par M. Carruthers dans le genre Zepidophloios. Mais il croit que ce nom générique ne sera pas maintenu, et que les Lepidodendron avaient la base des feuilles persistante comme les Sigillaria. Étade sur Paire d'extension de quelques plantes mé- ridionmales dans le bassin de la Meuse; par M. André Devos (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. 1x, n° 2, pp. 322-346). Les plantes dont s'occupe spécialement l’auteur dans ce mémoire de géogra- phie botanique sont les suivantes : Aconitum lycoctonum, Dianthus cesius, Arabis arenosa, Sisymbrium austriacum, Braya supina, Draba aizoides, Hutchinsia petrea, Biscutella levigata, Helianthemum pulverulentum, Sedum rubens, Potentilla rupestris, Cerasus Mahaleb, Libanotis montana, Sazifraga hypnoides, Cynoglossum montanum, Veronica prostrata, Teu- crium montanum, Artemisia camphorata, Inula britannica, Linosyris vulgaris, Euphorbia stricta, Buxus sempervirens et Quercus pubescens. Ces plantes, dont plusieurs sont étrangéres à la flore parisienne (ou y sont fort rares), se rencontrent dans la vallée de la Meuse; plusieurs n'y occupent qu'un très-petit nombre de localités, ou méme une seule. L'auteur incline à croire que ces espèces ont été apportées en Belgique avec les boues et les blocs de pierre durant la période glaciaire. Il termine son mémoire par des considéra- tions sur la riche végétation qui couvre la longue bande de calcaire devonien, placée entre les terrains rhénans de l'Ardenne et le calcaire carbonifère des provinces de Namur et de Liége. C'est sur cette bande de terrain relativement chaud que croissent les plantes qui sont étudiées dans ce mémoire. La Vie d’une plante; par M. Jean Chalon. Un volume in-8° de 743 pages. Namur, 1871. En écrivant ce livre, qui est un véritable traité élémentaire de botanique, d'une manière attrayante, M. Jean Chalon a voulu donner aux gens du monde un guide qui süt échapper à deux écueils également fácheux, l'aridité ou l'insuffisance. Il n'a pas craint cependant d'aborder certaines questions diffi- ciles, comme la nutrition des cellules, au sujet de laquelle il émet une théorie spéciale à quelques égards, et d'innover à quelques points de vue dans les considérations morphologiques, en excluant de la nomenclature des fruits les fruits composés formés de pistils libres sur les axes, et en regardant l'ai- grette des Synanthérées comme une dépendance des parois de l'ovaire, ana* logue aux ailes membraneuses des Ormes et des Frénes. Dans la fécondation, il regarde avec M. Fermond l'embryon comme la continuation directe de la matière pollinique, En traitant de l'espéce, il se prononce franchement et d'emblée darwiniste ; dès les premiers mots, il déclare que l'espèce n'existe pas. Un petit traité de tératologie termine l'ouvrage, qui doit étre suivi d'un REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143 second volume contenant la partie descriptive et l'étude particulière des Cryp- togames. Ulteriori Osservazioni e Considerazioni sulla dichogaemia nel regno vegetale; par M. Federico Delpino (Atti della Società italiana di scienze naturali, vol. xir, pp. 167-205). js Ce mémoire forme la deuxième partie d'un travail très-étendu dont la pre- mière partie a été déjà analysée dans cette Revue (t. xvir, p. 169). M. Del- pino s'y livre à une étude générale des phénomènes liés à la dichogamie. Il divise d'abord les végétaux en plusieurs groupes, selon la manière dont ils accomplissent la loi naturelle de la dichogamie. Les plantes zoogames sont les végétaux inférieurs dont les anthérozoïdes mobiles transportent la semence saus qu'il y ait besoin d'aucun intermédiaire : celles qui ont besoin pour cet acte d'un concours étranger sont nommées par lui diamésogames. Ces der- nières se divisent en trois sections, hydrophiles, anémophiles et zoidiophiles. Les premières sont fécondées par l'intermédiaire de l'eau : ce sont les Flori- dées, les Naïadées, notamment le Posidonia Caulini, sorte de Graminée organisée pour vivre au sein des eaux; les Ceratophyllum, le Vallisneria, etc. En décrivant la fécondation des végétaux aquatiques, M. Delpino entre dans des détails monographiques et synonymiques assez importants pour qu'on doive consulter son mémoire toutes les fois qu'on s'occupera de la famille des Naïadées, et surtout des Naiadées exotiques (1). Quant aux plantes anémo- philes, célébres depuis l'observation de Bernard de Jussieu, on devine une partie de ce que l'auteur doit en dire. Il étudie dans cette classe les Coni- fères (2), les Amentacées, le /Vegundo, les Polygonées, les Glumacées, les Palmiers, les Urticées, les Euphorbiacées, plusieurs genres d'Apétales, méme des Renonculacées (Thalictrum). I faitremarquer que le stigmate de plusieurs plantes anémophiles est d'une couleur rouge de sang (Poterium, Ricinus, Corylus, Alnus, Parietaria). Les détails donnés par l'auteur sur chacune des plantes qu'il étudie révèlent un observateur des plus ingénieux. Sulla dicogamia vegetale e specialmente su quella dei Cereali ; par M. F. Delpino (extrait des Bolletini del Comizio agrario parmense, h° année, n° 3 et 4, mars et avril 1871). M. Delpino, d’après le point de vue auquel il les étudie, divise dans ce mémoire les végétaux en six catégories, A la première appartiennent les (4) C'est pour cela sans doute que les intéressantes observations de M. Delpino ont été traduites en allemand par M. Ascherson, avec des additions, dans le Botanische Zeitung, 1871, n° 26 et suivants, : (2) Le rédacteur des Archives des sciences physiques et naturelles d2 la Bibliothèque universelle de Genève (n? du 15 février 1872) fait remarquer que les observations de M. Delpino sur les Coniféres ont été faites avant lui par Vaucher (Physiologie des plantes d'Europe, vol. 1v; p. 184). Ahh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantes dioïques, les protérogynes brachystigmates, les polygames dont les fleurs hermaphrodites sont protérogynes et brachystigmates, les protérandres brachystémones, les syngynandres chez qui le pollen n’exerce aucune action sur le stigmate de la même fleur, et beaucoup de plantes dont la structure florale rend l’autofécondation impossible par des empêchements mécaniques. — A la deuxième catégorie appartiennent les plantes monoiques et beaucoup de polygames ; — à la troisième, les syngynandres dont la structure florale favorise la fécondation par un pollen étranger, les protérogynes macrostigmates et les protérandres macrostémones : dans cette catégorie se place le Seigle. — Dans la quatrième, sont les syngynandres dont la structure florale favorise l'autofécondation. Là se placent le Blé et l' Hordeum vulgare, chez lequel la fécondation étrangère est encore plus difficile que chez le Blé.— En cinquième lieu viennent les végétaux à (leurs fermées, qui quelquefois ont aussi des fleurs ouvertes, comme par exemple l’ Hordeum distichum. — La sixième catégorie ne renferme aucune espèce, mais seulement quelques individus de l’ Hordeum distichum à fleur complétement fermée (4). On voit que les végétaux dichogames, qui remplissent complétement la première catégorie, sont de moins en moins nombreux à mesure qu'on avance dans cette énumération, et disparaissent dans la derniere ; les végétaux homo- games, absents dela premiere, suivent une progression inverse. On concoit que les observations de M. Delpino offrent un certain intérét pour l'agriculture; elles lui servent notamment à critiquer les procédés de M. Hooibrenk, à l'exemple de beaucoup d'auteurs et notamment de M. Kær- nicke (Gartenflora, 1866, p. 20). Studi sopra un lignagsio anemophile delle Com- poste, ete. (Etudes sur une descendance anémophile des Composées du groupe des Artémisiacées) ; par M. F. Delpino. Br. in-8°, Florence, 1871. Poursuivant ses recherches sur les plantes zoidiophiles ou anémophiles, M. Delpino a été surpris de trouver, dans la grande et uniforme famille des Composées, une subdivision dans laquelle la fécondation s'opére par l'inter- médiaire du vent, tandis que généralement elle a lieu par les insectes. Comme il attache beaucoup d'importance aux fonctions, il étend le nom d'Artémi- siacées à toutes les Composées anémophiles, c'est-à-dire aux Ambrosiacées et Xanthiées, qui ont comme les Absinthes un pollen lisse et volatil; et comme la dispersion du pollen est plus ou moins facilitée par certaines formes ou direc- (4) M. Alfred W. Bennett, en Angleterre, s'est occupé aussi de cette question, sur laquelle il a lu un mémoire au 48* meeting pour l'avancement de la science tenu à Liverpool en 1870 (Report of the British Association, etc., 1870, p. 111). M. Bennett nomme synacmie le mode de reproduction dans lequel les organes mâles et l'organe femelle de la même fleur sont prêts au méme moment à remplir leurs fonctions. M. Spruce a également adressé sur cette question, à la Société d'horticulture de Londres, un mé- moire lu le 21 décembre 1869 (voyez The Journal of Botany, févr. 1872, p. 44 et 334). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 145 tions des capitules, il constitue quelques genres et sous-genres nouveaux sur ces caractères d'inflorescence, La nature du pollen dans les Artémisiacées ainsi définies se trouve liée à l'absence de rayons plus ou moins développés et colorés, et aussi à l'absence de sécrétion nectarienne au fond de chaque fleur, de telle sorte que rien n'attire les insectes. Les idées de M. Delpino sont aussi avancées que possible dans le sens dar- winien. Il va méme jusqu'à essayer de construire l'arbre généalogique des Composées et des familles voisines, d'après leur filiation supposée. L'abondance actuelle des Composées, relativement aux époques géologiques antérieures, est mentionnée par lui comme un indice de formation récente (1). Ueber die Geseblechtsverhbaltnisse bei den Compositen (Des fonctions sexuelles chez les Composées) ; par. M. F. Hildebrand (Acta Leopold .-Carol., vol. xxxv, 1869); tirage à part en brochure in-A*, de 104 pages, avec six planches lithographiées, L'auteur a décrit la structure et la forme des organes sexuels, ainsi que le mode de fécondation dans la grande famille des Composées. Toutes les Composées, dit-il, sont protérandres ; quand le style s'étend et enlève les grains de pollen sur ses poils collecteurs, le stigmate n'est pas encore prét pour la fécondation ; aussi les grains polliniques ainsi enlevés doivent-ils étre portés sur d'autres fleurs par l'action des insectes. Les fleurs unisexuées des Composées sont regardées par l'auteur comme dérivant par appauvrissement des fleurs her- maphrodites de méme type. Ueber die Bestaubungsvorriehtungen bei den Fuma- riaceen (Des phénomènes qui préparent l'imprégnation chez les Fu- mariacées); par M. F. Hildebrand (Pringsheim's Jahrbücher, t. vu, he livraison, pp. 423-471, avec 4 planches, 1870). A l'exception de l’Æypecoum, les Fumariacées sont toutes soumises pour leur imprégnation à l'action des insectes. L'auteur remarque dans cette famille trois procédés de fécondation particuliers, ceux des Z/ypecoum, qui sont pro- térandres, ceux des fleurs à deux éperons, Dicentra et Adlumia, et ceux des fleurs à un seul éperon, Corydallis et Fumaria. Chez les Dicentra et Adlumia, Ja base des pétales offre une abondante provision de nectar ; pour y atteindre, l'insecte éperonné doit passer entre les deux pétales, dont la partie supé- rieure portée sur une sorte de charnière s'écarte aisément ; il se charge ainsi (4) M. Alph. de Candolle, en appréciant ce travail dans les Archives des sciences phy- siques et naturelles, 15 février 1872, fait remarquer que cet argument n'est pas aussi solide qu'il le semble. Il repose sur des faits observés seulement dans l’hémisphère boréal, tandis que dans l'autre hémisphére, le cap de Bonne-Espérance, la Nouvelle-Hollande et une partie de l'Amérique, qui ont énormément de Composées, étaient émergés déjà depuis des temps reculés, pendant lesquels l'Europe était sous les eaux en voie de forma- tion. Les Composées ont donc pu se répandre d'anciens continents sur des nouveaux, Ti XIX; (REVUE). 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de pollen. Chez les espéces à un seul éperon, l'introduction de l'insecte s'opére par des procédés variés, mais a toujours le méme résultat, la fécon- dation médiate (1). Experimente und Beobachtungen am einigen trimor- phen Oæalis-Arten (Ezpériences et recherches sur quelques espèces trimorphes d'Oxalis); par M. Hildebrand (Botanische Zeitung, 1871, n* 25 et 26). Un pistil n'est fécondable que par les étamines qui se sont développées à la méme hauteur que lui relativement à la corolle, et par conséquence nécessaire dans une autre fleur. En expérimentant sur l’Oxalis Valdiviana, M. Hil- debrand a obtenu les résultats suivants : vingt-huit fleurs à long style, fécondées avec le pollen des fleurs à longues étamines, produisirent vingt-huit capsules ; au contraire, vingt-trois fleurs à long style, fécondées avec du pollen d'étamines moyennes, ne produisirent que deux capsules, qui ne donnérent à elles deux qu'une seule graine. M. Hildebrand a étudié aussi l’ Oxalis Regnelli Miq.; bien qu'il y ait entre ces deux espéces une petite différence au point de vue du mécanisme de la fécondation, il croit pouvoir conclure, somme toute, de la manière suivante : Ce sont les unions légitimes qui donnent lieu à la fécondité la plus consi- dérable. — Les parents exercent tous deux une influence indéniable sur le produit de la fécondation. Les grains de pollen qui appartiennent aux anthères de méme hauteur ont méme grosseur ; et ces grains diminuent de grosseur à mesure que s'abaisse la situation des anthéres dont ils font partie. On the fertilization and dissemination of Duvernoia adhatodoides ; par M"* Barber (The Journal of the Linnean So- ciety, vol. XI, n° 56, pp. 469-472, 1871). Il n'y a rien de bien particulier dans la fécondation de l'Acanthacée du Cap qui fait le sujet de cette note; elle doit être croisée, et ne peut s'effectuer sans le concours d'un gros hyménoptère du genre Xylocopa. Mais ce qui mérite d'étre remarqué, c'est que cet insecte est le seul qui puisse féconder (1) 11 faut noter à ce sujet que M. H. Müller de Lippstadt, a également publié des observations sur l'action des insectes dans Ja fécondation croisée (Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und Westphalens, 1869, 26° année, 2° partie, Correspondenzblatt, n° 2, p. 43 et suiv.). Il cite un certain nombre de cas particuliers, et concorde avec MM. Darwin, Hildebrand et Delpino, quant aux con- clusions générales. — L'action des insectes, si utile pour la fécondation eroisée de cer- taines fleurs, doit, quand elle est nécessaire, influer considérablement sur l'étendue de l'aire des espéces végétales. ll est clair que celle-ci devra se modeler sur l'airegéogra- phique occupée par les insectes dont dépend la fécondation de ces fleurs. Par exemple, la rareté du Sphinx Convolvuli en Angleterre paraît expliquer pourquoi le Convolvulus sepium n'y forme pas ses fruits. On lira avec intérêt sur ce sujet quelques considéra- ee pedes par M. F. Buchanan White dans le. Journal of Botany, janvier 1873, pp. 11-15; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147 cette plante, et que c'est pour lui seul qu'elle sécréte son nectar : merveil- leuse preuve, dit l'auteur, aux sentiments duquel nous nous associons pleine- ment, de la prévision divine qui a réglé la nature, Notes om a species of Pipteris found on the Kagaberg, South Africa; par M. J.-P. -Mansel Weale (¿bid., vol. xu, n° 65, pp. 42-45, 1871). Les fleurs de cette Orchidée sont disposées de telle facon que l'insecte attiré par leur nectar est arrété parles masses polliniques qui s'attachent à son abdomen, et obligé de se retirer pour aller butiner sur une autre fleur. Si celle-ci a été déja privée de son pollen par un autre insecte, alors le nouveau venu peut atteindre le suc qu'il recherche, et mettre une des masses polliniques qu'il emporte avec lui en contact avec le stigmate. Some observations om the fertilization of Disa ma- crantha; par M. J.-P. Mansel Weale (2bid., pp. 45-47). Dans cette Orchidée, au contraire, c'est l'auto-fécondation que l'auteur regarde comme le procédé organique le plus fréquent ; il suffit du plus léger choc, quand la fleur est ouverte, pour en chasser les pollinia de leur loge et les projeter sur le stigmate. Le vent et les insectes s'en chargent. Note om some species of Habenaria found in South Africa; par M. J.-P, Mansel Weale (ibid., pp. 47-48). Les insectes se chargent encore de la fécondation de ces Habenaria, prin- cipalement certains insectes nocturnes ; mais dans l'une de ces espèces l'incur- vation des masses polliniques suffit parfaitement pour les mettre en position d'opérer la fécondation (1). Observations on the mode in which certain species of Asclepiadeæ are fertilized (Remarques sur la manière dont sont fécondées certaines espèces d' Asclépiadées) ; par M. J. P. Mansel L'auteur a examiné les types suivants : Gomphocarpus physocarpus, G. fruticosus, Xyomalobium linguæforme Harv., Pachycarpus, Periglossum, Cordylogyne. Il conclut de ses différentes observations que les insectes inter- viennent dans une large proportion pour la fécondation, et qu'il semble y avoir une adaptation entre la forme et les mouvements des pollinia, les ailes (4) Sur la fécondation des Orchidées, et particulièrement des Cypripedium, on con- sultera avec intérêt un travail communiqué en 1869, au congrès général de la Société des naturalistes de la Prusse rhénane et de la Westphalie, par M. H. Müller, et publié sépa= rément par ce botaniste, sous le titre suivant : Ueber die Anwendung der Darwin’schen, Theorie auf Blumen und blumenbesuchende Insecten (De l'application de la théorie Dar- winienne aux fleurs el aux insectes qui les recherchent). 448 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des anthéres, la position et la forme de la corolle et de ses appendices. La petite quantité de follicules mûrs produits dans chaque plante, si dispropor- tionnée avec le nombre des fleurs, rend trés-probable que ces plantes ont besoin de recevoir l'unprégnation de plusieurs masses polliniques, ce qui tendrait à prouver que la nature est moins économe de moyens qu'on ne le pense dans la généralité des cas. Il est à remarquer que sur les deux carpelles de ces Asclépiadées, l'un avorte presque constamment (1). Zur Gesehlechtsbestimmung (De la détermination sexuelle) ; par M. H. Hoffmann (Botanische Zeitung, 1871, n** 6 et 7). M. Hoffmann a cherché si des expériences faites sur des plantes à sexes séparés, réunis ou non sur le méme individu, permettraient d'avancer quel- que affirmation sur la cause de la sexualité des étres. Il n'est pas malheureu- sement parvenu à des résultats bien probants, car il conclut seulement que la moyenne des faits recueillis par lui n'est pas défavorable à l'hypothèse d’après laquelle une fécondation tardive produirait relativement plus de máles, une fécondation précoce plus de femelles. Il a d'ailleurs étudié avec conscience la partie bibliographique de son sujet, et ne dédaigne pas dans son mémoire de faire des incursions sur le terrain des zoologistes, en empruntant des faits aux travaux de MM. Thury, Flourens et Coste, Gerbe, A. Schneider, etc. Die Selbstbestáàubung bei Juncus bufonius L. (L'auto- fécondation chez le J. bufonius); par M. A. Batalin (Botanische Zeitung, 1871, n? 23, col. 388-392). D’après l'auteur, le Juncus bufonius ne peut se reproduire que par auto- fécondation. Le nectar sécrété en grande abondance dans la fleur pénètre dans la cavité des anthères ; sous son influence, les grains polliniques émettent des utricules qui sortent des anthères pour atteindre le stigmate, se glissant au milieu des poils qui le recouvrent. Jamais l’auteur n’a vu de grains de pollen dans la cavité de la fleur. Il considère le Juncus bufonius comme formant une exception unique dans le règne végétal. Ajoutons que M. Batalin, naturaliste russe, n’a vu dans son pays le Juncus bufonius porter que des fleurs triandres et closes, ce qui excluait toute fécon- dation étrangère. Ueber die Bestäubung bei Juncus bufonius L. (De la fécondation chez le J. bufonius); par M. P. Ascherson (Botanische Zei- tung, 1871, n° 33, col. 551-556). M. Ascherson a repris le sujet étudié avant lui par M. Batalin. Il a observé, (4) ll est bon d'ajouter aux divers mémoires mentionnés dans ces pages et relatifs à la fécondation, une note de M. A. Batalin (Bot. Zeit., 1870, p. 53), qui traite de la bene chez les espèces suivantes : Sagina nodosa, Mimulus gultatus et Syringa garis. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. - 149 comme on doit s'y attendre, des fleurs hexandres du Juncus bufonius (1). Il n'en décrit pas la fécondation comme l'auteur russe. Il rappelle le travail de M. de Mohl sur le pollen des Joncées, dont les grains restent réunis par quatre dans une cellule-mére ; et il affirme avoir vu que dans les oscillations dela tige, les filaments brillants qui forment les papilles stigmatiques de ce Juncus viennent en contact avec les anthéres, de telle sorte que peu de temps aprés l'ouverture de la fleur, on trouve l'ovaire parsemé de grains polliniques composés. Cette ouverture a lieu à des degrés trés-variables, selon le climat et selon l'aspect du ciel, soit nulle, soit incomplète, soit complète de manière que la fleur prenne la forme d'une étoile à six rayons, Aussi M. Ascherson sou- tient-il que la fécondation étrangere est possible dans cette plante. Il cite d'ailleurs comme un exemple oü elle est impossible (exemple qui est resté inconnu à M. Delpino), celui du Salvia cleistogama de Bary et Paul, espèce de l'Afrique australe. Noch einige Beobachtungen über die Bestäubung von Juncus bufonius (Encore quelques recherches sur la fécondation du J. bufonius) ; par M. Fr. Buchenau (Zotanische Zeitung, 1871, n° 50, col. 845-852). L'importance accordée au modeste J. bufonius devait provoquer quelques observations de la part du monographe autorisé de la famille des Joncées, M. F. Buchenau. Ses observations concordent avec celles de M. Ascherson en ce qu'elles ont d'essentiel. Le temps sombre agit d'aprés lui non pas seulement pour retarder la fécondation, mais encore pour prolonger la durée de la fleur. Il reconnaît que la proximité des papilles stigmatiques et des anthéres doit faire de l'auto-fécondation le cas le plus commun dans cette espèce. 1l donne encore quelques détails sur la fécondation chez le J. Tenageia, chez le J. squarrosus, et chez les Juncus des groupes des ApAylli et des Articulati (qu'il préférerait nommer Septati). Il reconnait que ces espèces sont proto- gynes au point de vue de la fécondation, tout au contraire des Luzula, qui sont protérandres. Études mycologiques ; par M. N. Sorokin. In-4° de 48 pages, avec 4 planches. Charkow, 1871. Ce mémoire a été publié en russe. Il traite d'un grand nombre de sujets de cryptogamie. L'auteur le divise en deux parties : dans la premiére, il fait connaitre des faits nouveaux sur des espèces déjà connues ; dans la deuxième, il fait connaitre des genres et des espéces nouvelles. Voici les sujets qu'il a traités : Développement des spores chez le Coniothecium epidermidis Corda, (4) Sur le grand nombre des fleurs hexandres de Juncus, voyez Buchenau : Ueber die Dimerie bei Juncus, dans les Abhandlungen des nalurwissenschaftlichen Vereins su Bremen, 1871, t. 11, p. 370. 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et chez le Diatrypella quercina Nke; parasitisme d'un Botrytis sur quelques Conifères ; chlamydospores du Sordaria coprophila DNts; germination des chlamydospores du Radulum quercinum Fr.; développement du Sporormia lageniformis Fuck.; production de Champignons daus l'alcool. Les nouveautés décrites par l'auteur sont les suivantes : Mucor Pontiæ, M. Pilobolus, Hyalopus macrocephalus, Ceratopodium elegans, Clado- sporium parasiticum, Echinobotryum. rubrum, . Ramularia puccinioides, Dicæoma populinum, Ustilago Gageæ, Laboulbenia Pitreana, Erythro- sphaera Reinhardii et Walzia racemosa. Beiträge zur Chemie und Physiologie der Pilze (Recher- ches chimiques et physiologiques sur les Champignons); par MM. Wolf et Zimmermann (Botanische Zeitung, 1871, n? 18 et 19). Nous avons rendu compte, il y a deux ans (t. XVII, Revue, p. 80), d'un mémoire où M. Borscow a établi d'une manière générale la sécrétion d'am- moniaque chez les Champignons vivants, MM. Wolf et Zimmermann viennent contredire cette manière de voir. Ils ont cultivé un certain nombre d'espéces fort différentes, savoir : Mucor Mucedo Fres., M. stolonifer Ehrenb., M. ra- cemosus Fres., Agaricus muscarius L., Lactarius piperatus Fr., Agaricus ostreatus Jacq. et Claviceps purpurea. Tul. Voici leurs conclusions : Il n'y a jamais d'ammoniaque libre sécrétée pendant la végétation normale des Champignons. C'est toujours un produit de putréfaction. Chez les Agari- cinés il apparait bien, aprés l'arrét de la végétation, des produits de sécrétion alcalins et fugaces ; c'est de la triméthylamine, qu’il faut-regarder comme le résultat d'une transformation ou d'un dédoublement des principes azotés qui constituent la substance du Champignon. L'ergot de Seigle ne donne pas non plus d'ammoniaque comme produit de sécrétion ; mais, dans des circonstances qu'il y a lieu de préciser davantage, il peut exhaler de la triméthylamine libre, The Cholera-Fungus (Le Champignon du choléra); par M. €. Cooke (Pharmaceutical Journal, 47 décembre 1870). On se souvient que M. Hallier a attribué le développement du choléra à un Urocystis parasite dans l'Inde sur le Riz (1), et que cette théorie a été fort controversée. Ultérieurement M. Hallier a renoncé à P Urocystis, tout en maintenant que la maladie était causée par un parasite du Riz, vu qu'on trouvait dans les selles des cholériques les mémes cellules que dans les tissus de cette Graminée. M. Timothée Richard Lewis a été envoyé par le gouver- nement anglais dans l'Inde pour étudier cette question sur les lieux. M. Lewis a publié son rapport. Le principal résultat est que les vésicules figurées par (4) Voyez le Bulletin, t; xv, Revue, p. 33. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 451 M. Hallier ne se rencontrent pas toujours dans les déjections des cholériques, ne se trouvent pas seulement dans les cas de choléra, ni même dans le cas de maladie des intestins, et peuvent être rencontrées dans les selles de personnes parfaitement bien portantes; par conséquent qu'il n'existe aucun Champi- gnon spécial aux selles des cholériques. M. Lewis a méme constaté que les conditions de mouvement des corpuscules observés par M. Wallier, indiquant leur vitalité, peuvent étre remplies dans des substratums azotés, en dehors du corps. Il pense que les corpuscules observés dans les selles dites « à grains de riz » (spéciales aux cholériques), tiennent à la déjection du plasma du sang. Ges corpuscules se trouvent généralement associés à des globules du sang. En rendant compte de ce rapport (publié à Calcutta), M. Cooke signale un fait intéressant. Il a obtenu une espèce nouvelle de Mucor, fort élégante, du Penicillium roseum. M. Lewis a publié dans son rapport, qui est accompagné de nombreuses planches, des observations analogues. Mykologische Berichte. Uebersicht der neuesten Arbeiten auf dem Gebiete der Pilzkunde (Revue des publications récentes relatives aux Champignons); par M. Hermann Hoffmann. Fasc. 111 pour 1871, in-8^ de 138 pages. Giessen, chez M. J. Ricker, 1872. Ce fascicule est le troisième’ de ceux que publie sur la mycologie. M. H. Hoffmann, qui a certes bien fait de transformer ainsi la Revue qu'il faisait auparavant avec plus ou moins de régularité dans le Botanische Zeitung. Un fascicule paraît chaque apnée, consacré à rendre compte des travaux qui ont paru depuis la publicationzdu précédent, ou de ceux qui avaient échappé à l'auteur. Toutes les publications relatives aux Champignons sont analysées par M. Hoffmann, qu'elles soient purement descriptives ou qu'elles n'aient qu'une valeur biologique. Les travaux relatifs à la fermentation et à la transformation des Mucédinées tiennent la plus grande place dans ce troisiéme fascicule, auquel nous avons fait plus d'un emprunt pour la rédaction de cette Revue. M. Hoffmann ne craint pas, dans plus d'un cas, de donner son opinion sur les problèmes agités dans les travaux qu'il analyse ; le lecteur sera toujours heu- reux de la connaitre. Mycologia europæn. Abbildungen aller in Europa bekannten Pilze, etc. (Figures de tous les Champignons connus en Europe) ; par MM. W. Gonnermann et L. Rabenhorst. Parties 1-6, Dresde, 1869-1871. Les fascicules 1 et 2 sont consacrés aux Agaricini, avec 12 planches ; le 3*aux Pezizei, avec 6 planches ; le 4° encore aux Agaricini, avec 6 planches; le 5° et le 6°, dus à MM. B. Auerswald et Fleischhack, aux Pyrénomycetes ; le 7* aux Zoleti. Les planches qui accompagnent cette importante publication sont consacrées non-seulement à la figure de l'espéce, mais encore à divers détails analytiques. 452 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BIBLIOGRAPHIE. On the Development of vegetable Organisms within the thorax of living Birds (Du développement d'organismes végétaux à l'intérieur de la poitrine d'oiseaux vivants) ; par M. James Murie (The Monthly microscopical Jour- nal, avril 1872, pp. 149-155, avec une planche). L'auteur a réuni tous les faits connus sur le développement de moisissures dans l'appareil respiratoire des oiseaux pendant leur vie. Clef dichotomique des Mousses, d'aprés Mérat; par M. Ch. Copineau (Mémoires de la Société Linnéenne du nord de la France, 1869-71, pp. 229-247). Note sur le Jardin des plantes d'Amiens; par M. le docteur Richer (čbid., pp. 252-254). Verzeichniss der in Bern's Umgebungen vorkommenden kryptogamischen Pflanzen (Znumération.des Cryptogames qui se rencontrent dans les envi- rons de Berne); par M. L. Fischer (Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern, pour l'année 1871). Ce mémoire est consacré aux Lichens et aux Mousses. + Siebenter Nachtrag zu dem in den Mittheilungen vom Jahr 184^ enthal - tenen Verzeichnisse schweizerischer Pilze, etc. (Septième addition à l Énumé- ration des Champignons suisses contenue dans les Mittheilungen pour 1844); par M. G. Otth (ibid. , pp. 88-115). — Un grand nombre d’espèces nouvelles sont signalées dans ce mémoire, parmi les genres Agaricus, Bolbitius, Tra- metes, Leptopeza, Calospheria, Valsa, Diaporthe, Thyridium, Melo- gramma, Dothidea, Nectria, Cucurbitaria, Xylospheria, Cladospheria, Phragmotrichum, Epicoccum, Verticillium, Puccinia, etc. - Von den mathematischen Gesetzen welche sich beïm Wachsthum der Waldbäume und Waldbestände finden lassen (Des lois mathématiques qui se découvrent dans la croissance des arbres forestiers ou des surfaces boisées) ; par M. Kutter, ingénieur (#bëd., pp. 116-137). — L'auteur conclut que ces lois sont encore presque inconnues, et qu'il nous reste beaucoup à faire pour éclaircir ce sujet. Ueber die an erratischen Blócken im Canton Bern vorkommenden Pflanzen (Sur les plantes qui se rencontrent sur les blocs erratiques dans le canton de Berne); par M. le professeur L. Fischer (Mittheilungen der naturfor- schender Gesellschaft in Bern, 4874, pp. 85-88). Sur une nouvelle espèce de Loranthus des iles Philippines, à inflorescence adventive ; par M. J. Müller Arg. (Archives des sciences physiques et natu- réelles, Genève, 15 septembre 1872, p. 41). Quelques plantes de la flore de l'Espinouse; par M. A. Vidal, instituteur (Annales de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle de X Hérault, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 453 mars-avril 1872). Ce mémoire consiste en une liste de plantes divisée en quatre parties selon les stations qu’elles affectent : 1" plantes des bois et des haies ; 2° des tourbières, marécages et prairies ; 3° des lieux cultivés ; 4° des lieux incultes. Note sur l'Omphalodes verna Mœnch ; par M. Apollon Hardy (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. 1x, n° 2, pp. 347-350). Catalogo delle piante vascolari spontanee della zona olearia nelle due valli di Diano Marina e di Cervo ; par M. Luigi Ricca (Atti della Società italiana di scienze naturali, vol. xir, pp. 60-143). The so-called « Olives » of southern China ; par M. H.-P. Hance (Phar- maceutical Journal, 25 février 1871). — Ces olives chinoises appartiennent au genre Canarium, et aux C. Pimela et C. album. De l'Z'ucalyptus Globulus; par M. E. Debray. In-8°, 65 pages. Paris, impr. Pourcelle-Florez. Circulation of the latex in the laticiferous vessels ; par M. H.-C. Perkins (American Naturalist, juillet 1870 ; reproduit dans The Monthly microsco- pical Journal, septembre 1870, p. 146). The supposed Fungus on Coleus leaves ; and also notes ou Podisoma fus- cum and P. Juniperi ; par M. Henry J. Slack (The Monthly microscopical Journal, mai 1872, pp. 217-221, avec une planche). Note on A/the&a Ludwigii and Cystanche tubulosa ; par M. N.-A. Dalzell (The Journal of the Linnean Society, vol. Xi, pp. 437-438). Note on some Algæ found in the north-atlantic Ocean ; par M. G. Dickie (cbid., pp. 456-459). Contributions to British Bryology; par M. S.-O. Lindberg (ibid., pp. 460- ^68). Ueber die Keimung von Carpolyza spiralis Salisb. (Sur la germination Ju —) ; par M. Th. Irmisch (Zeitschrift für die gesammten Naturwissens- chaften de MM. Giebel et Siewert, 1870, pp. 49-53). Entwickelungsgeschichte der Spaltóffnungen von Anemia und Niphobolus (Organogénie des stomates des Aneimia et des Niphobolus); par M. J. Rauter (Mittheilungen des naturwissenschaftlichen Vereines für Steiermark, t. 11, 2° partie, Graz, 1870, pp. 188-203, avec une planche. Gedáchtnissrede auf Franz Unger, nebst Verzeichniss der Schriften Unger's (Souvenir de Fr. Unger, avec l'énumération de ses travaux) ; par M. H. Leitgeb (ibid., pp. 270-294). Nova plantarum species Liroliæ, Venetiæ, Carnioliæ, Carinthie, Styria et Austrie ; par M. A. Kerner (Zeitschrift des Ferdinandeum für Tirol und Vorarlberg, 3* série, 15* livraison, Inspruck, 1870, pp. 247-292, avec deux planches). Die Flora von Oberæsterreich (Za flore de la Haute-Autriche); par M. Joh. Duftschmid, 1°° livraison, 94 pages). 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Flora der Braunkohlenformation im Kónigreich Sachsen (Flore de la for- mation houillère de la Saxe royale) ; par M. H. Engelhardt (Preisschriften gekrönt und herausgegeben von der fürstl. Jablonowski'schen Gesellschaft zu Leipzig, n° xvi, Leipzig, 1870, 69 pages, 15 planches). Flora des Herzogsthums Salzburg, 111 Theil: die Laubmoose (Flore du grand-duché de Salzburg, 3° partie : Les Mousses); par M. A.-E. Sauter (Mittheilungen der Gesellschaft für Salzburger Landeskunde, 10° année de la Société, 4870, pp. 23-103). Ueber den Trimorphismus der Pontederien ; par M. Fritz [Müller (Je- naische Zeitschrift für medicin-naturwissenschaftlichen Gesellschaft zu Jena, t. vi, 1** et 2° parties). Iéna, 1870-71, pp. 74-78, avec planches. Die Bestäubung der Gymnospermen (La fécondation des Gymnospermes, par M. Ed. Strasburger (ibid., pp. 249-262, avec 8 planches). Beweis, dass der Micrococcus der Infektionskrankheiten keimfähig und von hohern Pilzformen abhängig ist, und Widerlegung der leichtsinnigen Angriffe des Hrn de Bary (Preuve que le Micrococcus des maladies infectieuses est susceptible de germer et dépend de types fongiques plus élevés, et réponse à l'attaque inconsidérée de M. de Bary); par M. E. Hallier (Zeitschrift für Parasitenkunde, publié par MM. E. Hallier et F.-A. Zürn, t. 11). Iéna, 1870, pp. 1-21, avec une planche. Die Parasiten der Infektionskrankheiten (Les parasites des maladies infectieuses); par M. E. Hallier (ibid., pp. 67-77, 113-132, avec une planche). Untersuchungen über die Pilze welche die Faulbrut der Bienen erzeugen (Recherches sur les Champignons qui produisent la décomposition putride des Abeilles); par M. J. Zorn et E. Hallier (ibid., pp. 137-161, tab. 4). Beiträge zur Kenntniss der Pilzeinwanderung auf die menschliche Haut (Recherches sur l'introduction des Champignons à travers la peau humaine); par M. Weisflog (/5id., pp. 162-226). Zur Geschichte der Botanik (Sur l’histoire de la botanique); par M. H. Karsten (Allgemeine medicinische Zeitung, Vienne, 1870). A new genus of Celastrinec from New-Caledonia (Nouveau genre de Cé- lastrinées de la Nouvelle-Calédonie); par M. B. Seemann (Journal of Botany, 1870, vol. virt, p. 68) (1). Sertulum chinense quintum ; par M. H.-F. Hance (ibid., p. 71). Note on certain Lichens (Recherches chimiques sur les Usnea barbata, Evernia Prunastri, Cladonia rangiferina); par M. John Stenhouse (Pro- ceédings of the Royal Society of London, vol. xvii, janvier-février 1870, pp. 222-227). (4) Nous n'avons pu trouver dans aucune bibliothéque de Paris les années 1870 et 1871 du Journal of Dotany, qui sont épuisées en librairie. REVUE. BIBLIOGRAPHIQUE. 155 On the relations of Penicillium, Torula and Bacterium; par M. Harley (Quarterly Journal of microscopical science ; par MM. Lankester, nouvelle série, 1870, pp. 355-362, avec planches). Algæ japonicæ Musei botanici Lugduno-batavi ; par M, W.-F.-E. Suringar (Scripta Societatis scientiarum hollandice, que Harlemi est). Harlem, 1870, 39 et VIIN pages, 25 planches. Une promenade botanique sur les marnes irisées ; par M. Humbert (Zul- letin de la Société d'histoire naturelle du département de la Moselle, 12* cahier, Metz, 1870, pp. 39-50). Florule de l'arrondissement de Thionville; par M. Barbiche (?57d., pp. 51-90). Symphyti species nova (S. abchasicum) ; par M. E.-R. de Trautvetter (Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 1870, w 1, pp. 72-73). Sopra un Microfito trovato in un novo integro di Gallina (Sur une Mucédi- née trouvée dans un œuf de Poule intact); par M. Achille Fumagalli (Zen- diconti, del Reale Istituto Lombardo. di scienze e lettere, 2° série, Milan, 10 mars 1870, p. 196) (1). Ancora sulla produzione degli Infusorii in palloni suggellati ermeticamente e scaldati à 100^ (Encore la production d’Infusoires dans des ballons scellés hermétiquement et chauffés à 100"); par M. P. Cantoni (ibid., pp. 1131-1135). — MM. Balsamo Crivelli, Maggi et Cantoni ont vu se déve- lopper dans une solution de matière organique enfermée dans un appareil de verre, fermé ensuite à la lampe, des moisissures voisines du genre Gonatospo- rium Gorda (Goniosporium Link). Sulla distribuzione degli elementi minerali ed organici nelle diverse parti delle piante del genere Pinus ; par M. De Luca (Rendiconto della R. Acca- demia delle scienze fisiche e matematiche, Naples, 1870, fasc. 3-4). Die Nuphar der Vogesen und des Schwarzwaldes (Le Nénuphar des Vosges et de la Forét-Noire) ; par M. Caspary (Abhandlungen der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, 1. xt, 1869-70, pp. 179-270, avec 2 planches). Symbolæ mycologicæ. Beiträge zur Kenntniss der rheinischen: Pilze (Re- cherches sur les Champignons rhénans) ; par M. L. Fuckel (Jahrbücher des Nassauischen Vereins für Naturkunde, publié par M. C.-L: Kirschbaum; Wiesbaden, 1869-70, pp. 4-459, avec 6 planches lithographiées et coloriées). Beiträge zur Orchideenkunde (Recherches sur les Orchidées) ; par M. H.- G. Reichenbach (Verhandlungen der Kaiserl. Leop.-Carol. deutschen (1) Bien que, n'ayant pas lu ce mémoire, nous n'en puissions rien dire, nous croyons utile dele rapprocher du mémoire de Spring : Des Champignons qui se développent dans les œufs de Poule (Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. xx, n° 46) ; et d'un autre de M. Panceri (voy. le Bull. t. vur, Revue, p. 393). Ajoutons que M. George Siger- son (The Monthly microscopical Journal, aoüt 1870, p. 97) a trouvé une Algue du genre Achlya dans le lait d'une noix de Coco parfaitement intacte, 456 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Akademie der Naturforscher (Nova Acta, etc.), t. xxxv, Dresde, 1870, 19 pages, 6 planches). Ueber Ophrys insectifera L. part.; par M. J. Traherne Moggridge (i5id., 16 pages, 4 planches). Zur Entwickelungsgeschichte der Victoria regia Lindl. (Organogénie du —) ; par M. C.-F. Seidel (bid., 26 pages, 2 planches). Adumbratio Flore Muscorum totius orbis terrarum; par M. A. Jäger (Bericht über die Thätigkeit der St-Gallischen naturwissenschaften Ge- sellschaft, 1869-70, publié par M. le docteur Wartmann, Saint-Gall, 1870, pp. 245-299). Cerises multiples ; par M. J. de la Harpe (Bulletin de la Société Vaudoise des sciences naturelles, vol. X, ne 63, pp. 501-503, Lausanne, 1870). Gentiana Jaeschkei re-established as a new genus of Gentianecæ ; par M. S. Kurz (Journal of the Asiatic Society of Bengal, Calcutta, 1870). On the geographical Botany of New-Zealand ; par M. J. Hector (Transac- tions and Proceedings of the New-Zealand Institute, 4869). On some new species of New-Zealand plants; par M. J. Buchanan (ibid., 1870, pp. 88-89). NOUVELLES. (Janvier 4873.) — On annonce le départ de la corvette. The Challenger, jaugeant 2306 tonneaux, destinée par le gouvernement anglais, sous le commandement du capitaine G.-S. Nares, à un voyage de circumnavigation entrepris dans un but scientifique. M. Moseley, l'un des naturalistes attachés à l'expédition, est spécialement chargé de la récolte des plantes. — M. Delpino, professeur à l'institut forestier de Vallombrosa, a été attaché comme naturaliste à l'équipage du Garibaldi, qui entreprend aussi un voyage de circumnavigation. — Les exemplaires tirés de la première édition du Synopsis Filicum de MM. Hooker et Baker étant épuisés, il va étre procédé à un second tirage de ce livre, qui contiendra des additions importantes. Comme il a été primiti- vement cliché, le texte ne peut se préter à un remaniement notable ; aussi les additions seront-elles pour la plupart renfermées dans un appendice. Ces additions ont de l'importance; on y remarque vingt Cyathea nouveaux et *autant d' A/sophila. (1) Nous croyons nécessaire de rappeler à nos confrères que cette énumération est faite en général de seconde main, d’après les index bibliographiques qui paraissent dans les journaux étrangers, la plupart des publications qui y sont signalées n’ayant pas été adressées à la Société, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 157 — L'herbier de M. le professeur Meissner de Bâle vient d’être acheté par l'institution américaine de Columbia College (New-York). — Une Société botanique vient de se former à Luxembourg ; le président de cette Société est M. Krombach. — M. le professeur De Notaris vient d'étre promu de l'université de Génes, à celle de Rome. — Il vient d’être fondé à Gand une école d'horticultare, dont le directeur est M. Kickx, professeur de botanique à l'université de cette ville. — On annonce la publication du deuxième fascicule des Æieracia Scan- dinaviæ exsiccata de M. Lindberg ; en vente chez M. le professeur Lange, directeur du jardin botanique à Copenhague. — On annonce que M. Schweinfurth va repartir pour l'Afrique centrale, afin d'y continuer ses explorations botaniques. — On a des nouvelles de M. O. Beccari, qui, aprés avoir rapporté de Bor- néo les importantes récoltes qui ont été distribuées entre tous les Musées européens, explore maintenant la Nouvelle-Guinée. Les dernières sont datées de Sorong, 12 juin 1872. M. Beccari a trouvé la plante (une Laurinée) qui fournit le Massowi, écorce aromatique fort recherchée à Java. En deux mois, il avait déjà recueilli cinq cents Phanérogames, mais il croit que la flore de la Nouvelle-Guinée n'est pas de moitié aussi riche que celle de Bornéo. Cependant, dit-il, le pays y est beau, la végétation splendide, et les nouveautés innombrables. — Les botanistes désireux de compléter leurs collections peuvent entrer en relations avec M. Reverchon, naturaliste à Briancon (Hautes-Alpes), pour les plantes du Dauphiné et du midi de la France. — Les membres de la Société sont invités à adresser au siége de la Société un exemplaire de leur portrait-carte photographié ; ces portraits seront réunis en un album qui sera conservé dans la bibliothéque de la Société. — M. le baron Thümen, à Teplitz (Bohême), se dispose à publier un Her- barium mycologicum œconomicum, en fascicules de cinquante espèces, au prix de 3 thalers (11 fr. 25 c.). — On signale l'arrivée à Saint- Pétersbourg de collections importantes pro- venant de la Mongolie méridionale, où elles ont été récoltées par le capitaine Pozewalsky, qui a l'intention de pousser plus loin ses explorations au sud vers le Tibet, et peut-étre de traverser le Brahmaputra. M. Trautvetter doit donner l'énumération des plantes recueillies par ce naturaliste. — M. John Piquet, pharmacien à Jersey, qui étudie depuis longues années la végétation de cette ile, vient d'y découvrir deux plantes fort intéressantes, le Centaurea paniculata L. et le Scabiosa maritima, qu'il considere comme 458 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. indigènes. Il les a rencontrées à l'extrémité occidentale de l'ile, sur des ver sants sablonneux et stériles au nord de la baie de Saint-Ouen. Géographique- ment, ces deux plantes se joignent à la petite phalange des végétaux dont la présence sur les cótes occidentales de l'Europe atteste l'influence bienfaisante du gulf-stream. — Dans notre dernier numéro (p. 96) nous avons reproduit (sous toutes réserves) une triste nouvelle concernant M. Pritzel, donnée par le Gaulois du 25 octobre dernier. Les inquiétudes que l'on avait concues sur le sort de ce savant se trouvent en partie justifiées, car nous apprenons de source cer- taine qu'il vient d'étre admis dans une maison de santé en Prusse. — La librairie Labitte doit procéder prochainement à la vente d'une bi- bliothéque botanique importante, dans laquelle on remarque une collection du Zinnea, le Prodromus, le Règne animal de Cuvier, les travaux .de M. Schimper sur la bryologie, le Flora chilena de M. Cl. Gay, les Zcones flore germanice et helveticæ de M. Reichenbach, le grand Dictionnaire de Levrault, la Monographie du Mais par Bonafous, le De fructibus de Gærimer, les Fougères de la Grande-Bretagne gravées par elles-mêmes, etc., et plus de mille brochures de botanique, pour la plupart des travaux monographiques. — L'Académie des sciences a tenu, le 25 novembre 1872, une séance pu- blique annuelle consacrée à la distribution des prix proposés pour 1870 et pour 1871, sous la présidence de M. Liouville. Nous devons compte à nos lecteurs de ce qui intéresse les botanistes dans cette séance. 1° Prix décernés pour 1870. Le prix Desmazières a été décerné à M. De Notaris, pour son travail intitulé : £pilogo della Briologia. italiana (1). En ce faisant, la commission a pensé non-seulement qu'elle couronnait un très-bou ouvrage, mais qu'elle récompensait un. savant dont toute la vie a été consacrée à l'étude conscien- cieuse et approfondie de la cryptogamie italienne. Une mention honorable a été accordée à M. Casimir Roumeguére, pour son ouvrage intitulé : Cryptogamie illustrée, ou Histoire des familles natu- relles des plantes acotylédones d' Europe : Famille des Champignons (2).— L'auteur, dit M. Ad. Brongniart, rapporteur, est bien au courant des travaux les plus récents sur ces végétaux remarquables, et sans qu'on trouve dans son ouvrage l'indication de recherches originales, on doit reconnaitre qu'il pré- sente un exposé bien fait de l'état actuel de la science, et qu'il peut, sous ce rap- port, rendre des services à ceux qui voudront se livrer à l'étude souvent si difficile de ces végétaux. (4) Voy. le. Bulletin, t. XVI, Revue, p. 155. (2) Voy. le Bulletin, t. xvii, Revue, p. 56. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159 Le prix de physiologie expérimentale a été partagé entre M. A. Gris, pour son Mémoire sur la moelle des plantes ligneuses, et M. Chatran, pour ses Observations concernant l’histoire naturelle des Écrevisses. 2» Prix décernés pour 1871. Le prix Bordin (Rôle des stomates dans les fonctions des feuilles), pro- posé déjà pour 1869 et prorogé à 1871, a fourni le sujet d’un encouragement de 1500 francs, décerné à M. A. Barthélemy, professeur de physique au lycée de Montpellier, et la question a été retirée du concours. Prix Desmazières : Un encouragement de 500 francs a été accordé à M. Th. Husnot « pour reconnaitre le zèle de ce botaniste et l'intérét que présente, à un certain point de vue, sa publication sur les Fougères et les Lycopodiacées de la Martinique. » Le prix Thore n'a pas été décerné, non plus que le prix de La Fons- Mélicocq. Parmi les mémoires présentés au concours pour le prix Bréant, se trou- vent les Recherches sur les maladies infectieuses étudiées spécialement au point de vue de l'état du sang et de la présence des ferments, par MM. Coze et Feltz (Paris, 1871, in-4°, avec 6 planches). M. Ch. Robin, rapporteur, a constaté que « des études expérimentales de M. Coze et Feltz, il résulte que, daus les maladies infectieuses aiguës (septi- cémie, fièvre puerpérale, fièvre typhoide, pyrexies éruptives), le sang, entre autres modifications, renferme toujours des Bactéries. Dans la septicémie, la fiévre typhoide et la fiévre puerpérale, les éléments figurés se rapprochent plus ou moins du type du Bacterium catenula. Dans la variole, la scarlatine et la rougeole, les bâtonnets sont plus petits et isolés (Bacterium Termo et B. punctum). Ces caracteres différentiels, ajoute M. Robin, n'ont pas une valeur absolue ; car, ainsi que l'ont fait observer M. Davaine et d'autres encore, les dimensions de ces organismes sont loin d'étre fixes; elles varient pour la méme espèce selon les conditions de développement, l’âge des sujets et le moment où on les examine. On sait de plus, depuis les recherches de Colin (1853), de notre Rapporteur (1865), de Hoffmann, de Maggi et Cruvelli (1868), etc., que les Bactéries ne sont autre chose qu'une des premières phases du développement des Algues du genre ZLeptothrix, d'une part, et Leptomitus, de l'autre ;.... — et plus loin : aprés l'inoculation, l'animal sain ipoculé meurt d'autant plus vite que le sang inoculé contenait plus de Bacté- ries(1). » — Le mémoire de MM. Coze et Feltz a obtenu un encouragement de 1200 francs. Le prix de physiologie expérimentale a été décerné à M. J. Raulin, pour ses Études chimiques sur la végétation (2). (4) On trouve d’autres détails sur ce sujet plus haut, p. 63. (2) Voyez le Bullelin, t. xviu, Revue, p. 170. 460 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Prix proposés pour les années 1872, 1873, 1874 et 1875. L'Académie n'a reçu aucun mémoire pour le concours du grand prix des sciences physiques pour 1871, ayant pour objet l'Étude de la fécondation dans la classe des Champignons. La commission à laquelle le jugement de ce concours avait été renvoyé est d'avis qu'il y a lieu de maintenir la question au concours pour l'année 1875, en fixant le terme de l'envoi des pièces au concours au 1° juin. Les auteurs rechercheront les organes à l'aide desquels s'opère la féconda- tion, soit dans le groupe des Basidiosporés, soit dans celui des Thécasporés, sur lesquels on ne possède encore que des notions fort incomplètes. Les mémoires, écrits en latin ou en francais, devront étre accompagnés de dessins explicatifs. Le prix consistera en une médaille d'or de 3000 francs. Le prix de La Fohs-Mélicocq, qui consiste en une médaille de la valeur de 900 francs, sera décerné par l'Académie au meilleur ouvrage de Botanique sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de la Somme, de l'Oise et de l’ Aisne. Le terme du concours est fixé au 4% juin 1874. Le prix Bordin proposé pour 1871 sera décerné seulement en 1873, sur la question suivante : Faire connaitre les ressemblances et les différences qui existent entre les productions organiques de toute espèce des pointes australes des trois continents de l'Afrique, de l'Amérique méridionale et de l'Australie, ainsi que des terres intermédiaires, et les causes qu'on peut assigner à ces différences (4). Une autre question est proposée pour le prix Bordin, à décerner en 1875 : L'étude de l'écorce des plantes dicotylédones, soit au point de vue de l'ana- tomie comparée de cette partie de la tige, soit au point de vue de ses fonctions. Malgré de nombreuses observations sur la structure de l'écorce, il reste encore bien des points obscurs relativement à l'organisation comparée de cette partie de la tige dans les différents groupes naturels du règne végétal, à la structure et au mode de formation et d'accroissement des divers tissus qui les constituent, ainsi qu'au róle physiologique de chacun de ces tissus. L'Aca- démie ne demande pas aux concurrents, pour ce prix, d'embrasser l'ensemble, si étendu, de ce sujet, mais d'approfondir, par des recherches qui leur soient propres, quelques-unes des questions diverses qu'il comprend, et d'étendre ainsi nos connaissances sur l'anatomie comparée ou sur les fonctions de l'écorce. Les mémoires, en francais ou en latin, devront étre adressés à l'Académie avant le 4° juin 1873. (4) Voyez le Bulletin, t. xvi, Revue, p. 142. Le rédacteur de la Revue, gérant provisoire du Bulletin, D' EUGÈNE FOURNIER, Paris, — Imprimerie de E. ManTINEf, rue Mignon, 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (AOUT-OCTOBRE 1872.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans celte Revue chez M, F, Savy, libraire de la Socicté botanique de France, rue Hautefcuille, 24; à Paris. Er Koppen hos Woré£em:ielken en Blomit cller cn Blomsterstand? (Ze cyathium de l'Euphorbe est-il une fleur ou une inflorescence?) ; par M. Eug. Warming. Brochure in-8° de 104 pages, avec 3 planches gravées. Copenhague, 1871. Ge mémoire a été présenté comme thèse inaugurale à l'université de Co- penhague. 11 remet sur le tapis une question qui était regardée comm résolue aujourd'hui. On a cru généralement en effet dans notre siècle, que le cyathium de l'Euphorbe était une inflorescence, en se fondant sur les travaux de Robert Brown, jusqu'à ce que MM. Payer et Baillon aient combattu cette opinion et de nouveau soutenu celle de Linné, en s'aidant d'une méthode nou- velle, l'étude organogénique. La premiere partie de la thése de M. Warming expose avec détails ce cóté historique de la question. La deuxieme partie renferme un aperçu succinct du mode de ramification des Zuphorbia, exposé oü l'auteur n'ajoute presque rien de nouveau à ce que l'on connait déjà par les excellentes études de Ræœper et de M. Wydler. La troisième partie traite de l'organogénie de l'inflorescence ; dans la quatriéme, l'auteur en donne l'explication en la considérant dans son ensemble et dans les détails, ainsi que dans les genres voisins. Il critique d'après ses observations plusieurs de celles de Payer et de M. Baillon. Ces derniers savants se sont trompés d'aprés lui en croyant que le calice (ou l'involucre) nait le premier, et les faisceaux d'éta- mines plus tardivement, et que les cinq faisceaux d'étamines apparaissent simultanément. Tout le mode de développement suivi par M. Warming et expliqué par ses figures conduit à cette conclusion que les cinq folioles de l'in- volucre sont les feuilles-mères de cinq bourgeons, desquels se développent plus tard les cinq faisceaux de fleurs máles. Il en résulterait évidemment que le cya- thium est une inflorescence. L'auteur a obtenu des résultats organogéniques semblables en interrogeant le développement d'appareils qui sont unanime- ment regardés comme des inflorescences. Pour déterminer la nature de cette inflorescence, l'organogénie a besoin de s'aider de la morphologie comparée. C'est pourquoi M. Warming à étudié les rapports de structure que présen- tent avec l'£uphorbia d'autres genres de la méme famille (Anthostema, Caly- copeplus, Pedilanthus). L'involucre de l'Æwuphorbia ne se compose pas, T; XI (REVUE) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comme l’ont pensé Linné, Schleiden et Schacht, de dix folioles, mais de cinq. Les glandes, qui apparaissent plus tard sur le bord de l'involucre déjà formé en bourrelet cohérent, doivent étre considérées comme homologues à de pures formations glanduleuses qui existent sur les pétioles et sur le bord des feuilles, chez uu trés-grand nombre d'autres Euphorbiacées, et, daus des cas ano- maux, sur les bractées et les écailles interflorales de l' Zuphoróia méme. L'articulation des filets staminaux apparait aprés la formation de la fibre vas- culaire centrale qui les parcourt, de méme que l'articulation des étamines de l’Alchemilla, et c'est exclusivement l'analogie avec l Anthostema qui fait croire que cette articulation indique en réalité chez l Ewuphorbia une limite entre la fleur mâle proprement dite et son pédicelle. L'étamine elle-même est un axe qui développe du pollen, comme cela se voit chez le Načas et chez le Casuarina, et probablement chez le Typha et le Cyclanthera. Si chaque éta- mine est une fleur mâle, chaque faisceau doit certainement être considéré comme une cyme unipare scorpioide, ce que M. Wydler a dit le premier. M. Warming donne un grand nombre de preuves à l'appui de cette opinion. Les écailles interflorales, qui se développent longtemps aprés les fleurs mâles et les fleurs femelles, sont pour M. Warming des trichomes, qui équi- valent à de véritables bractées ; et il les classe avec le pappus et les écailles du clinanthe des Composées, le périgone sétiforme de beaucoup de Cypéracées, les poils qui entourent les fleurs femelles des Typha, les épines des Cactées, etc. M. Warming donne ensuite des détails sur l'évolution des fleurs femelles, détails qui ne concordent- pas exactement avec les observations de Payer. Il insiste beaucoup sur l'organogénie des ovules. Le bourrelet qui se forme sous l'ovaire, et qui prend de grands développements chez le Calycopeplus et l'Anthostema, parait à l'auteur étre un vrai calice. Il doit donc, en résumé, admettre l'opinion de Robert Brown et de M. Wyd- ler; et il regarde l’ Euphorbia comme en harmonie complète avec les autres Euphorbiacées, en ce qu'ils ont des (leurs unisexuées. Ces (leurs sont, il est vrai, extrêmement simples, mais leur inflorescence est trés-compliquée (1). Zur Deuiung der Euphorbia-Blüthe (De la signification de la fleur des Euphorbia); par M. Fr. Schmitz (Flora, 1871, n** 27 et 28); tirage à part en brochure in-8° de 16 pages, avec une planche. M. Schmitz a repris la question que M. Warming avait étudiée a l'aide de l'organogénie. Les faits réunis ainsi par M. Warming ne lni paraissent pas suffisamment décisifs pour nécessiter une interprétation exclusive de la fleur _ (4) Ce mémoire a été publié dans les Videnskabelige Meddelelser fra den naturalis- toriske Forening i Kjübenhavn, 1871; un extrait en avait paru auparavant dans le Flora en 1870, n? 25. On peut considérer encore comme une addition à ce mémoire une autre note publiée par M. Warming en 1871 dans le Botaniska Notiser, n? 6, sous le titre suivant : Om Stóvudvikling i axer og Blade, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 163 de l’£uphorbia, mais la comparaison établie avec les genres Calycopeplus et Anthostema lui fait regarder l'opinion de R. Brown sur la structure florale des Euphorbes comme presque complétement prouvée, s'il peut, dit-il, être question de preuve dans un différend morphologique. C'est à la tératologie que M. Schmitz s'est adressé pour confirmer cette opinion, et principalement à des monstruosités fournies par l'£uphorbia Cyparissias : ce sont des cas d'élongation de l'axe floral où les étamines qui constituent les fleurs mâles naissent sur cet axe à des hauteurs différentes et à l'aisselle de bractées glan- duliféres, d'autres où l'étamine elle-même devient rameuse et porte des brac- tées. Alors un faisceau devient l'équivalent d'une seule étamine normale, et se trouve avec elle dans le méme rapport que sont par leur androcée l'AntAu- rium avec l'Arum et l'Atherurus, le Mercurialis avec l Euphorbia, le Zannichellio avec le Naïas, etc. Einige Bemerkungen über die Blüthe von Euphorbia und zur Deutung sogenanníter axilen Antheren (OQuel- ques remarques sur la fleur de l'Euphorbia et sur la signification des anthéres dites axiles) ; par M. G. Hieronymus (Bof. Zeit., 1872, no 41, 12 et 13, avec une planche). L'auteur de ce mémoire émet une opinion contraire à celle de M. War- ming : il regarde le cyathium de l'Euphorbe comme une fleur. Il reproche : à M. Warming de comparer les premiers mamelons celluleux qui doivent donner naissance aux étamines des £uphorbia avec les bourgeons axillaires qui se. montrent dans la fleur des Graminées ; il préfère les comparer à ceux qui produisent les faisceaux d'étamines des Hypéricinées, des Tiliacées, des Mal- vacées, familles trés-voisines de celle des Euphorbiacées. Il a examiné plus de vingt espèces. Il fait valoir la constitution des écailles rameuses qui se trouvent. disséminées entre les faisceaux d'étamines des Æuphorbia, et considère cha cune d'elles comme morphologiquement analogue à un de ces faisceaux. Il a étudié les monstruosités, auxquelles il n'accorde en général qu'une faible valeur morphologique, et fait remarquer qu'on a confondu à tort avec les éta- mines rameuses des Ewphorbia un axe produit à l'aisselle d'une feuille de leur périgone par le développement d'un bourgeon anomal, dans les cas de virescence.. Le reste de son mémoire est consacré à la discussion théorique de ce qu'il faut entendre par une étamine axile, c'est-à-dire des cas présentés par le Vaïas, le Casuarina, et d'autres plantes parmi lesquelles M. Warming a rangé les Euphorbia. M. Hieronymus reconnaît bien qu'il existe des cas où un organe, ovule ou anthère, termine Faxe en fait, mais il est trés-géné pour admettre que sur un seul organe se trouvent ainsi réunies les propriétés des axes et celles des appendices (1). Il conclut d'une manière embarrassée (4) Cet embarras n'existerait pas pour l'auteur allemand s'il s'en référait à la manière de voir proposée par M. Trécul (voyez plus loin, p. 167). 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en disant : ce n'est pas que l'axe se termine par la production d'une anthère ou d'un ovule, mais c'est que par cette production se trouve arrété tout emploi de matériaux nouveaux à une croissance ultérieure de l'axe, et à la formation de nouveaux organes appendiculaires, ct que dès lors la dernière feuille se trouve sur le prolongement direct de l'axe. Bestätigung der Et. EXirown schen Ansicht úber das Cyathium der Euphorhien (Confirmation de l'opinion de R. Brown sur le cyathium des Euphorbes) ; par M. J. Müller (Flora, 1872, n? 5, pp. 65-71). Ge mémoire a paru presque en méme temps que le précédent, sans qu'aucun des deux auteurs ait pu avoir connaissance du travail de l'antre. M. Müller, le monographe des Euphorbiacées, partage l'opinion de M. Warming, de R. Brown et de la grande majorité des auteurs de ce siècle, ainsi qu'on le voit d'ailleurs par le Prodromus. Fondé surtout sur des considérations morpho- logiques, il n'a pu méconnaitre l'analogie qui existe entre le cyathium des Euphorbes et l'involucre des Anthostema, Calycopeplus et Dalechampia. M. Boissier à partagé la méme opinion en rédigeant pour le Prodromus la monographie des £uphorbia et de quelques petits genres voisins, En prépa- rant pour le Flora brasiliensis la monographie des Euphorbiacées (dans laquelle il a aussi le genre £uphorbia à traiter), M. Müller a confirmé son opinion et donné de nouveaux détails à l'appui. H fait valoir les observations de M. Warming et de M. Schmitz, qui viennent à l'appui de sa thése. L'un des points importants de la question en litige est l'articulation des étamines des E'uphorbia et la nature de la partie de cet organe qui se trouve au-dessous de cette articulation. Or, chez beaucoup d’ Zuphorbia brésiliens, la partie inférieure à cette articulation diffère singulièrement de celle qui lui est supérieure ; chez F Euphorbia cotinoides Miq., elle forme un pédicelle velu, et l'autre un filament nu. Ce pédicelle est une partie axile, sans que la partie qui le surmonte doive être considérée autrement que comme appendiculaire. M. Müller a été conduit par ses études systématiques à une interprétation toute différente des étamines dites axiles par différents observateurs. Toutes les étamines verticillées, spirales, centrales ou terminales des Euphorbiacées sont décrites par lui comme appendiculaires. Chez les genres brésiliens Alger- nonia et Ophthalmoblepton, où il n'y a normalement qu'une seule étamine parfaitement centrale, il a observé parfois une autre étamine placée latérale- ment ; or il ne peut se trouver dans une méme fleur une étamiue axile et une étamine appendiculaire. M. Müller regarde donc les étamines terminales de fait comme étant aussi de nature appendiculaire. 1l n'est plus nécessaire d'ail - leurs, pour expliquer la fleur monandre des Zuphorbia, de recourir à la théorie de M. Roper, qui voyait dans l'étamine terminale un verticille soudé, car le genre brésilien A céinostemon nous offre des fleurs mâles dont les éta- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165 mines varient en nombre de huit à une seule, à l'aisselle d'une même bractée. La fleur de l'Actinostemon, privée de calice et des étamines extérieures, et réduite à l'étamine centrale, est identique avec la fleur monandre de l Eu- ohorbia. M. Müller accorde une importance légitime aux monstruosités telles que celles qu'a étudiées M. Schmitz. Il examine aussi la fleur femelle, et en tire des déductions favorables à la théorie Brownienne. Ainsi l'organe placé à la base de la fleur femelle dans le cyathium de certains £'uphor bia ne lui parait pas pouvoir être regardé comme un disque hypogyne, ainsi que l'ont fait Payer et M. Baillon, mais présenter au contraire les caractéres indéniables d'un calice. Noch ein Versuch zur Beutung der Euphorbicn-Blü- then (Encore une tentative pour interpréter la fleur des Euphorbes); par M. Lad. Celakovsky (Flora, 1872, n° 10, pp. 153-158). M. Celakosky partage l'opinion de M. Schmitz et sur l'importance des monstruosités en morphologie et sur la constitution du cyathium des Euphor- bes. Il a observé sur un Euphorbe exotique non déterminé une anomalie qui l'empêche d'accepter la manière de voir de Payer sur cette dernière question. Mais tout en reconnaissant le cyathium pour une inflorescence, M. Celakosky ne peut accepter certaines assertions relatives à la fleur mâle des Euphorbes, qu'ont développées MM. Schmitz et J. Müller. Ce dernier botaniste regarde comme appartenant à l'axe la partie de l'étainine située au-dessous de l'articu- lation, de méme que M. Schmitz ; M. Cclakosky n'admet, pour la partie située au-dessus, ni qu’elle soit une étamine simple comme le pense M. Müller, ni qu'elle résulte de la soudure de deux étamines comme l'a dit Reeper. II fait remarquer que dans une des monstraosités observées par M. Schmitz, l'an- thére s'est transformée en carpelle, et par conséquent est à elle seule l'équi- valent d'un carpelle. Alors les filets staminaux de M. Müller appartiennent aussi à l'axe. Qu'indique donc l'articulation ? la place d'une préfeuille au- dessous de la fleur diandre dont chacune des deux étamines est réduite à une . anthère. On rencontre des articulations ayant méme signification, par exemple chezles Thesium. La suppression de la préfeuille est exprimée dans la fleur femelle des Zuphorbia par un renflement annulaire. Ein weiterer Beitrag zur Bildung der Ewphorbia- Blüthe (Recherches additionnelles sur la constitution de la fleur des Euphorbia) ; par M. A. Ernst (Flora, 1872, n° 14, avec une planche). M. Ernst a connu à Caracas le travail de M. Schmitz et il a aussi observé des monstruosités sur la fleur de Euphorbia caracasana Boiss. Ces mon- struosités ne nous paraissent avoir qu'un rapport éloigné avec les théories dis- cutées dans les mémoires précédents. 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Observations sur la nature des différentes parties de la fleur: par M. A. Trécul (Comptes rendus, t. LXXV, séance du 16 septembre 1872, pp. 649-655, séance du 7 octobre 1872, pp. 773-781). Ce mémoire est un nouveau document produit par M. Trécul pour soute- nir ses opinions dans le différend scientifique qui s'est élevé entre lui et M. Van Tieghem. M. Trécul affirme qu'une coupe transversale ne suffit pas toujours pour déterminer quelle est la nature, axile ou appendiculaire, d'un organe aérien. Une feuille d' Allium Cepa offre tous ses faisceaux symétriques par rapport à un point, et ces faisceaux sont orientés comme ceux d'une Dicotylédonée; d’après la définition de M. Van Tieghem, cette feuille serait un axe. Le pédoncule des Anagallis collina et A. arvensis est symétrique par rapport à un plan qui passerait entre ses deux faisceaux et par l'axe de la tige ; d'aprés la définition de M. Van Tieghem, ce serait un organe appendi- culaire, etc. M. Trécul reproche ensuite au méme botaniste d'étre conduit à certaines confusions par l'application qu'il fait de l'insertion vraie des appen- dices, et de donner au mot feuille une signification beaucoup trop étendue, en ne reconnaissant, par exemple, qu'un seul appendice dans le cas où les étamines, le pétale et le sépale s'insérent vasculairement les uns sur les autres. Selon lui, M. Van Tieghem eût dû se demander aussi si les sépales ne sont pas dela méme nature que les pédoncules, sur lesquels ils sont attachés par leur système vasculaire. Pour démontrer que là est la solution du probléme en discussion, M. Trécul choisit des exemples dans la famille des Primulacées. Dans plusieurs Anagallis, Lysimachia, Androsace, les éta- mines, les pétales et les sépales constituent un tout qui, dans le systéme de M. Van Tieghem, représenterait un cycle de feuilles composées, dont les lobes auraient subi une triple manifestation. Il y a au contraire chez ces plantes (surtout si l'on se rappelle les cinq filaments stériles des Samolus, trois cycles de ramification.bien accusés : le cycle calicinal, le cycle corollin et le cycle staminal. Il faudrait méme ajouteriles faisceaux qui vont aux parois )variennes et aux placentas. Comme tous ces faisceaux naissent aussi des mêmes faisceaux primitifs que ceux des trois verticilles les plus extérieurs, et que d'ailleurs les dix faisceaux primitifs sont anastomosés entre eux au sommet du pédoncule, on voit que le pédoncule et la plante entière forment un tout dont les parties sont reliées par leur système vasculaire, et, en dernière ana- lyse, qu'il n'y a pas de limites susceptibles d’être définies entre les axes et les appendices. D'autres faits conduisent à la méme conclusion : La racine de certaines Fougères, en se prolongeant, se change en tige souterraine ou rhizome. Beau- coup de ces plantes, le Bryophyllum calycinum, etc. «engendrent des bour- geons adventifs sur leurs feuilles: où est la limite entre les deux sortes d'organes ? On n'en trouve pas non plus dans les caractères de persistance ou REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 467 de caducité ; les rameaux aplatis des Xylophylla et des Phyllanthus se désar- ticulent et tombent comme des feuilles. M. Trécul conclut que les branches d’une tige, les feuilles et les diverses parties de là fleur ne sont que des formes particulières de la ramification, destinées à remplir des fonctions différentes. Il demande même s'il ne serait pas plus naturel de tout rapporter à la tige, qui est l'organe primordial, que de tout rapporter à la feuille, qui n’est qu’une des formes de la ramification spécialisée pour effectuer la respiration. Il est facile de s'assurer d'ailleurs que bon nombre de carpelles ont dés leur jeunesse une constitution essentielle- ment différente de celle des feuilles de méme âge. Les ovaires de quelques plantes ont une structure semblable à celle du pédoncule qui les porte, par exemple les Prismatocarpus. Dans l'ovaire des Nigella arvensis, damascena, hispanica, et dans celui du Garidella Nigellastrum, une couche fibreuse continue revét de méme les faisceaux vasculaires, s'étendant dans l'intérieur des cloisons. Tout l'embarras vient de l'introduction malheureuse des mots axe et ap- pendice. Si l'on supprime ce dernier mot, et que l'on consente à regarder les feuilles, les sépales, les étamines et les carpelles comme de simples ramifi- cations de la tige, il n'y a plus aucune difficulté à se figurer des étamines naissant sur les pétales, une corolle naissant sur un calice, un bourgeon nais- sant sur une feuille, tout en conservant aux organes les noms que leur ont donnés les créateurs de la science. Dans sa seconde communication (7 octobre), M. Trécul a examiné princi- palement la famille des Campanulacées, déjà étudiée par lui dans son pre- mier mémoire sur ce sujet, inséré en 1842 dans les Annales des sciences naturelles. L'ovaire des Prismatocarpus est, dit-il, formé par un changement survenu dans la partie supérieure du rameau pour subvenir aux besoins de la reproduction. Il serait étrange que le fruit des Prismatocarpus fût une modi- fication de la tige, et celui des autres Campanulacées une transformation de quelques feuilles. D'ailleurs un caractère un peu négligé jusqu'ici, l'insertion anatomique, permet de décider la question. Il se présente en effet ordinairement, au-dessous de chaque verticille de la fleur, une anastomose des faisceaux nés de la tige avant qu'ils se prolongent dans chacun des organes floraux. Les Primulacées, les Malvacées, l'Ardisia solanacea, sont remarquables par ces anastomoses, qui sont situées dans ces plantes à la partie inférieure de la fleur. Ailleurs elles suivent l'insertion du calice. A mesure que celui-ci s'éléve sur certains ovaires infères, l'anastomose subcalicinale s'élève aussi, par exemple dans la fleur des Campanulacées. En décrivant la marche des faisceaux dans l'ovaire de ces plantes, M. Trécul réfute plusieurs assertions de M. Van Tieghem qu'il regarde comme erronées ou comme trop générales. Par exemple, si le Campanula Medium présente dans ses parois ovariennes cinq faisceaux 165 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vasculaires principaux, ce qui peut faire illusion aux partisans de la théorie des carpelles-feuilles, chez d'autres Campanulacées ce nombre est tout différent. D'ailleurs la structure de l'ovaire ne rappelle en rien celle des feuilles (notam- ment par la couche fibreuse des Prismatocarpus, et même dans la partie libre des parois de l'ovaire des Platycodon). Si l'on ad met l'existence de feuilles carpellaires, dit en terminant M. Trécul, il faut avoir recours à une série d'hypothéses, dont la principale consisterait dans la fusion des feuilles carpellaires avec les feuilles staminales, les feuilles pétalines, les feuilies calicinales, dans le seul but d'attribuer à ces diverses sortes de feuilles une insertion normale sur la tige, au-dessus de l'ovaire infère que forme leur prétendue soudure. Au contraire, si l'on se refuse à faire aucune hypothèse, on dit que la tige, représentée par le pédoncule, s'évase à son sommet, qu'elle se creuse de trois ou cinq loges qui contiennent les ovules, et que les étamines, les pétales et les sépales sont normalement insérés sur cette tige modifiée, c'est-à-dire sur l'ovaire infère ; enfin que le Íruit, qui est un organe particulier au méme titre que la feuille, et qui con- serve quelquefois la structure générale de la tige, n'est qu'une des formes de la ramification de celle-ci, comme la feuille, mais ayant souvent sa constitution spéciale comme l'ont également la feuille et la racine. Dicotylédonés hétérogènes ; par M. Lestiboudois (Comptes rendus, t. LXXV, séance du 5 aoüt 1872, pp. 336-343; séance du 2 septembre, pp. 567-575 ; séance du 7 octobre, pp. 811-819). Daus la premiére de ces deux communications, M. Lestiboudois trace le développement des hétérogènes en général. Il commence par rappeler les dif- férents travaux publiés à leur sujet. Ensuite il insiste sur la réunion des carac- tères qui peut seule faire reconnaitre que des formations ligneuses sont réelle- ment créées en dehors de la zone génératrice ; savoir : 4° L'existence de fibres libériennes entre la première formation ligneuse et la deuxième ; 2° la situation de la deuxième formation dans le tissu cortical, en dehors de la zone génératrice primitive. Il rappelle qu'on pourrait con- fondre avec les plantes qui ont des productions extralibériennes des espèces ayant seulement entre leurs couches ligneuses, ou au milieu de ces couches, des zones ou des ilots formés par des éléments anatomiques qui diffèrent par la consistance ou la forme des clostres ligneux. M. Lestiboudois insiste, comme il l'avait fait dans des publications anté- rieures, avec d'autres auteurs, sur ce point que la structure des hétérogènes établit une transition entre la structure des Monocotylédonés et celle des Dicotylédonés. Il existe toujours un nouveau liber dans les productions qui apparaissent en dehors de la zone primitive d'accroissement des hétérogènes ; et les faisceaux de première formation des Monocotylédonés sont disposés cir- culairement autour de leur moelle centrale comme ils le sont chez les Dico- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 169 tylédonés. Le fait saillant de leur structure, c’est la formation de faisceaux nouveaux en dehors de la zone génératrice des premiers faisceaux, fait qu’on retrouve chez les hétérogènes. On observe des plantes à structure hétérogène dans plusieurs groupes très- éloignés les uns des autres, par exemple parmi les Cycadées, les Gnétacées, ies Pipérinées, les Chénopodées, les Phytolaccées, les Amarantacées, les Am- pélidées, les Convolvulacées, les Gentianées, les Rubiacées, les Malpighiacées, les Lardizabalées, les Ménispermées, les Caryophyllées, les Calycanthées, les Bauhiniées et les Phaséolées. Chez les hétérogènes, les formations anomales s'organisent tantôt dans la moelle, au dedans du système ligneux déjà formé, tantôt en dehors de la zone d'accroissement. Les premiers sont dits par l'auteur enfogènes, les seconds ectogénes. Ces deux variétés de structure se trouvent quelquefois réunies dans la méme tige. Les entogènes ont quelquefois les faisceaux dispersés sans ordre dans la moelle, D'autres fois leurs faisceaux médullaires sont disposés symétriquement en regard de ceux qui constituent le corps ligneux continu; ils semblent n'être que les faisceaux primitifs du système central, restés séparés des fibres ligneuses parce que le tissu utriculaire qui unissait ces diverses sortes d'or- ganes est devenu aréolaire comme celui de la moelle. Les ectogènes présentent aussi un certain nombre de modifications dont la plupart sont déjà connues. Dans sa deuxième communication, M. Lestiboudois étudie particulièrement l'hétérogénie de structure chez les Cycadées, les Gnétacées et les Pipéracéss ; dans sa troisième, il en poursuit l'examen chez les Chénopodées, les Phyto - laccées, les Amarantacées, les Plumbaginées, les Convolvulacées, les Avicen- nia et les Gentianées. Morées et Ariocarpées de ia Nomnvrlle-Calédonie; par M. Éd. Bureau (Ann. sc. nat., t. X1, 1869, pp. 364-382, t. xiv, pp. 246- 278); tirage à part en brochure in-8° de 50 pages, avecuue planche. Paris, G. Masson, 1872. M. Bureau a extrait de la monographie qu'il prépare pour le Prodromus la description des Morées et Artocarpées recueillies dans la Nouvelle-Calédo- nie. Ce groupe y présente sept genres, dont trois pour les Morées et quatre pour les Artocarpées ; mais le genre Ficus contient à Ini seul à peu près quatre fois autant d'espéces que tous les autres réunis. M. Bureau a dû remanier profondément les genres Malaisia, Fatoua et Cudrania. Chacun. des deux premiers ne renferme, à son avis, qu'une seule espèce, et il en est de même du genre Pseudomorus, qu'il a fondé pour une partie des Mûriers à périgone de la fleur femelle non accrescent. Dans le genre Cudranta, il a réuni aussi plusieurs espéces nominales en une seule. Cette réunion provient de l'enri- 470 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chissement des herbiers, qui présentent maintenant de nombreux intermé- diaires entre les formes regardées jadis comme distinctes. M. Bureau ne serait pas étonné, à en juger par ce qu'il a vu, qu'il y eût dans la botanique exotique presque autant d'espéces anciennes à supprimer que d'espéces nouvelles à créer. Cette étude est d'autant plus importante, car c'est avec les bonnes espèces qu'on fait les bons genres. Au point de vue de la géographie botanique, les Morées et Artocarpées de la Nouvelle-Calédonie confirment les faits déjà reconnus dans la flore de ce pays pour d'autres familles : on trouve parmi ces plantes un mélange de formes indiennes, australiennes, polynésiennes, mélées à des types tout à fait spéciaux, et qui s'écartent méme notablement des genres avec lesquels ils ont l'analogie la plus prochaine. Ainsi le genre Malaisia, le Morus Brunoniana Endl. qui devient le type du genre nouveau Pseudomorus, le genre Fatoua, le Cudrania javanensis se retrouvent dans une ou plusieurs des régions voisines, l'ile de Norfolk, les Sandwich, l'Australie, les iles Viti, le Japon, la Chéne, l'Archipel indien et méme l'Inde. Mais à cóté de ces formes, présentant une grande extension géographique, se trouve un genre spécial et trés-intéressant, puisque c'est le genre le plus voisin des Ficus que l'on connaisse jusqu'ici, bien que les dif- férences soient encore assez profondes. M. Bureau l'a appelé Sparattosyce (figue déchirée), pour indiquer un de ses caractères les plus remarquables. Les fleurs mâles et les fleurs femelles sont enfermées dans des réceptacles dis- tincts ; les étamines sont extrorses, et les styles sortent longuement par l'ou- verture supérieure du réceptacle femelle par ce qu'on peut appeler l'oeil de la figue. A la maturité, tous ces réceptacles se déchirent de haut en bas, s'éta- lent et prennent peu à peu l'apparence de réceptacles de Dorstenia. Quant aux vrais Ficus, les uns se retrouvent dans l'Inde ou dans l'Archipel indien, d'autres dans quelques iles de la Polynésie, d'autres enfin en Australie, et, parmi les espéces nouvelles, qui sont nombreuses, la plupart viennent se placer prés de types appartenant à l'une des régions indiquées plus haut (1). i Das fibrovasal System im Blüthenkolben der Pipera- eeen (Le système fibro-vasculaire des chatons des Pipéracées) ;- par M. Fr. Schmitz. Brochure in-8° de 30 pages. Essen, typogr. G.-D. Büde- ker, 1871. On trouvera dans le Bulletin, t. xi, Revue, p. 457, dans l'analyse d'un important mémoire de M. Casimir de Candolle, des renseignements bibliogra- phiques sur le sujet étudié par M. Schmitz. Cet auteur trace successivement la texture anatomique des entre-nceuds de la tige, puis celle du chaton floral, (1) M. Balansa a rapporté au mois de novembre dernier des matériaux nouveaux qui renferment quelques espéces nouvelles et qui obligent M. Bureau à préparer un supplé- ment à ce mémoire. : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 471 qu'il suit chez les Peperomia, les Artanthe et les Piper. Le chaton de toutes les Pipéracées étudiées par l'auteur se comporte comme celui du Pe- peromia pellucida. Le dermatogène y est nettement caractérisé, de même que les couches extérieures du periblema. Les couches intérieures du peri- blema se distinguent aussi fort bien du pleroma. Les recherches de M. Schmitz différent considérablement des résultats obtenus par M. Sanio et par M. Cas. de Candolle, notamment en' ce qu'il ne reconnaît pas d'anneau cambial au pourtour du chaton. Il soutient que M. C. de Candolle a décrit sous le nom d'anneau de cambium un double épiderme. Les Peperomia, d'après l'auteur, different des Piper en ce que leur chaton se prolonge en un axe nu, inactif, tandis que celui des Pzper conserve jusqu'à son extrémité sa force végétative (1). Der morphologischen Aufbau von Verhuellia Miq. (La structure morphologique du Verhuellia Miq.); par M. Fr. Schmitz (Flora, n** 26 et 27, 1872). M. Grisebach a établi dans son Catalogus plantarum cubensium un genre Mildea, que M. Schmitz, aprés avoir examiné un échantillon authentique du genre, ramène au genre VerAuellia avec M. Cas. de Candolle et M. Baillon. Cependant le Mildea elegans Griseb. est pour lui spécifiquement distinct du Verhuellia elegans Miq. et devient le V. pellucida Schmitz. Il a étudié dans de grands détails la structure histologique de cette plante ainsi que celle du V. Aydrocotylifolia Schmitz (Mildea Griseb., Verhuellia cor- difolia Cas. DC.). ` Histoire des plantes. — MONOGRAPHIE DES PIPÉRACÉES ET DES UnTICACÉES; par M. H. Baillon. In-8^, avec 55 figures dans les textes. ` Paris, Hachette et Cie, 1872, — Prix : 3 fr.. M. Baillon range parmi les Pipéracées : 1^ les Saururées, à l'exemple de M. C. de Candolle ; 2 les Pipérées; 3° les Chloranthées ; 4° (avec doute) les Cératophyllées. Les deux premières de ces tribus ont été jugées voisines par un grand nombre de botanistes, malgré la différence de leur ovaire, qui chez les Saururées contient plusieurs placentas pariétaux pluriovulés, et chez les Pipéracées un seul ovule presque basilaire. Chez les Chloranthées, l'ovule unique, au lieu d’être inséré vers la base de l'ovaire, l'est au contraire dans un point de sa paroi postérieure voisin du sommet ; c'est pour cela qu'il devient descendant au lieu d'étre ascendant. M. Baillon a étudié ce point avec détails dans l’Adansonia, t. X, pp. 138-146. Il n'admet pas que la fleur des CA/o- (4) Sur la plupart des faits énoncés par M. Schmitz dans ce mémoire, nous pouvons renvoyer à une analyse antérieure (t. xviii, Revue, p. 72). 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, ranthus soit une inflorescence, comme l'a cru M. J. de Cordemoy (1). Cette fleur est d’après lui hermaphrodite comme celle des Euphorbes. Quant aux Cératophyllées, leur embryon dressé, dépourvu d'albumen, est si développé, qu'il équivaut à l'ensemble d'une petite plante ayant des feuilles, des bour- geons axillaires, et intérieurement deux gros cotylédons charnus, et que, par ce grand développement de l'embryon, ces plantes paraissent, dans la classe des Pipéracées à double albumen, représenter ce qu'est le Nelumbo parmi les Nymphéacées. Les Pipéracées sont avant tout extrêmement voisines des Urticées, mais elles s'en distinguent par leur double albumen. Par les Chloranthacées et ies Cératophyllées, cette famille semble se relier aux Hippuridées. D'autre part, par leurs types les plus compliqués (Saururus), elle se rapproche très-étroite- ment des Datiscées ; les genres Gymnotheca (Saururées) et Tetrameles (Datis- cées) ont au fond la même organisation florale, seulement le second possède un périanthe. Cette affinité rattache intimement les Pipéracées aux Saxifra- gacées, qui s'y relient d'autre part par les Myosurandrées ; car l'auteur a fait voir que le Myosurandra a les rameaux, les feuilles opposées, l'odeur, l'inflorescence des Chloranthus, les gaines et les stipules des Hedyosmum, la fleur nue des Pipéracées et Saururées, les carpelles indépendants de plu- sieurs de ces dernières, avec un placenta pariétal placé dans l'angle interne de l'ovaire, et n'en differe d'une facon absolue que par l'anatropie de ses ovules et son albumen unique. Dans l'étude des Urticées, M. Baillon s'est borné à suivre la monographie de M. Weddell; il a admis en conséquence dans cette famille cinq séries, savoir : Urérées, Procridées, Boehmériées, Pariétariées et Forskohlées. Outre leurs rapports avec les Pipéracées, les Urticées en ont d'autres avec les groupes secondaires autrefois réunis avec elles, comme les Cannabinées, Morées, Artocarpées, Ulmacées et Celtidées ; mais ceux-ci se séparent constamment d'elles d'une manière générale, par la présence dans leur gynécée de deux feuilles carpellaires, rapprochées en un ovaire à deux loges (dont une parfois stérile), souvent distinctes dans le sommet de leur portion stylaire, et réunies entre elles par l'intermédiaire d'une colonne placentaire axile sur laquelle s'insère un ovule plus ou moins franchement anatrope et descendant. Le gy- nécée des Urticacées est unicarpellé, comme celui des Nyctaginées, qui s'en distinguent par le périanthe souvent pétaloide et par l'anatropie de leur ovule, On peut en dire autant de l'ovule des Phytolaccacées à un seul carpelle. Enfin les Euphorbiacées à carpelles solitaires, comme les Macaranga, Eremocar- pus, Antidesma, dont les fleurs sont. d'ailleurs unisexuées €t parfois même apérianthées, n'ont plus comme caractere essentiel qui les distingue des Urti - cées que l'anatropie plus ou moins compléte des ovules descendants. (1) Voyez le Bulletin, t. xi, Revue, p. 27. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, : 173 Ueber Bildungsabweichungen bei Usmbelliferen (Des déformations chez les Ombelliferes) ; par M. J. Peyritsch (Sitzungsbe- richte der Kais. Akad. der Wissenschaften, math.-naturw. Classe, dé- cembre 1869, pp. 899-911, avec 4 planches). Vienne, 1870, Les monstruosités qui forment le sujet de cette notice ont été constatées par l'auteur sur les espèces suivantes : Carum Carvi, Daucus Carota, To- rilis Anthriscus et Peucedanum Chabræi. La plupart de ces monstruosités sont des cas de virescence, avec développement de bourgeons anomaux dans l'intérieur, ou prolongation de l'axe central (prolifération). Les carpelles sont très-fréquemment multipliés. Mais l'androcée ne varie guère dans les fleurs monstrueuses, et conserve généralement les cinq éta- mines normales des Ombelliferes. Dans une fleur de Torilis Anthriscus, l'axe central se prolonge pour donner naissance à une deuxième fleur, et les éta- mines qui entourent cet axe naissent avec lui du fond d'une cupule réceptacu- laire anomale; mais sur ces cinq étamines, trois seulement ont conservé leurs caracteres ; les deux autres sont remplacées par des axes terminés chacun par une fleur (1). Beitrage zur Entwickelungsgeschichte des Blüthen- staudes und der Blüthe bei den Umbetliferen (Recherches sur le développement de la fleur et de l'inflorescence chez les Ombelli- feres) ; par M. T. Sieler (Bot. Zeit., 1870, n°° 23 et 2h, avec une planche). On a pensé généralement que la famille des Ombelliféres est si naturelle que des études organogéniques faites sur un des types de la famille auraient une valeur générale. Telle n'est pas précisément l'opinion de M. Sieler, qui a examiné un grand nombre de plantes différentes de cette famille, et qui recon- nait trois types différents dans leur mode de développement. Il émet une opi- nion importante qui le sépare des observateurs antérieurs, Jochmann et Payer. Un organe avait été regardé jusqu'ici comme le calyce primordial des Om- bellifères, parce que cet organe apparait avant les autres verticilles de la fleur. On l'a rencontré méme chez des espéces dont la fleur parfaite n'a point de calyce. Mais il apparaît après sa formation d'autres verticilles en dehors et (1) Les botanistes quí ne veulent voir dans le cyathium des Euphorbes qu'une fleur, et qui révoquent en doute la valeur des interprétations fondées par leurs adversaires sur l'existence de monstruosités telles que la transformation d'un faisceau d'étamines en un axe rameux, auraient beau jeu à faire valoir en leur faveur les monstruosités observées par M. Peyritsch, car personne ne conclura de cette anomalie du Torilis Anthriscus que l'étamine des Ombellifères représente une fleur monandre, D'un autre côté, en voyant l'organe appendiculaire si facilement remplacé, dans la méme situation, par un organe qui est indubitablement de la nature des axes, n'arrive-t-on pas à partager l'opinion de M, Trécul sur le peu de valeur absolue de ces distinctions ? 17^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au-dessous de lui; de sorte que M. Sieler regarde ce calyce primordial comme un verticille staminal, qui serait ainsi le premier né sur le réceptacle. L'auteur a encore constaté que la cloison de l'ovaire biloculaire des Ombel- lifères est formée par le retournement des quatre bords des deux carpelles. Il admet encore une particularité curieuse, c'est que le sommet de chacun des quatre bords carpellaires se transforme en un ovule ; il n'en reste jamais qu'un seul dans chaque loge ovarienne. Enfin la situation infère de l'ovaire est due à une zone annulaire qui se forme au-dessous de l’insertion des ver- ticilles floraux, et qui, en se développant, soulève tous les verticilles au-des- sus d'elle. Remarks om plants furmishing varieties of Ipecacua- nha, and on the cultivation of Cephælis Ipecacuanha, etc. (Remarques sur les végétaux qui fournissent des sortes d’Ipécacuanha, et sur la cul- ture du Cephælis Tpecacuanha au jardin botanique royal d'Édimbourg) ; par M. Balfour (Transactions and Proceedings of the botanical Society, vol. xr, part. 1, pp. 151-163, Édimbourg, 1871, séance du 44 mai; et Pharmaceutical Journal, 25 mai-4® juin 1872). Les plantes qui fournissent l'Ipécacuanha ou qui en contiennent sont les suivantes, savoir : 1° Rubiacées : Cephælis Ipecacuanha Rich. (Ipécacuanha annelé ou de Lisbonne); Psychotria emetica Mutis (Ipécacuanha strié); Richardsonia scabra St-Hil. (Ipécacuanha blanc ou ondulé); Borreria ferruginea DC. ; B. Poaya DC. ; Manettia cordifolia Mart. — 2° Violariées : Jonidium Ipe- cacuanha St-Hil.; Z. microphyllum HBK.; 1. Poaya St-Hil. ; Z.parviflo- rum Vent. ; I. brevicaule Mart. ; L. urticifolium Mart. — 3°. Polygalées : Polygala Poaya Spix et Mart, — 4° Asclépiadées : | Z'ylophora asthmatica Wight et Arn. — 5° Euphorbiacées : Æuphorbia Ipecacuanha L. Le principal but de M. Balfour en écrivant ce mémoire est d'insister sur la culture de l'Ipécacuanha, que le gouvernement anglais a résolu d'établir dans l'Inde, à la demande de ceux qui craignent avec raison que cette précieuse: Rubiacée ne soit peu à peu détruite au Brésil (4), par l'avidité commerciale et inintelligente des indigènes. Aug. de Saint-Hilaire, dans ses Plantes. usuelles des Brésiliens, insistait déja sur l'importance qu'il y aurait à établir une cul-, ture sagement aménagée de l'Ipécacuanha. Des essais tentés par plusieurs personnes, disait-il, prouvent que cette plante se reproduit également bien par des semis et par des boutures. M. Mac Nab (2) a prouvé expérimentale- (1) D’après M. le docteur Gunning, médecin diplômé d'Édimbourg, établi à Palmeiras Pw fu le Cephælis a déjà presque complétement disparu de la province de Rio- aneiro. (2) Communication faite à la Société botanique d'Édimbourg, le 9 décembre 1869 (Transactions and Proceedings of the botanical Society, 1870, vol, X, part ur, pp. 318 el suiv., avec une planche). s REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 ment qu'elle vient bien de bourgeons développés artificiellement sur des troncons de rhizomes maintenus sous verre dans une atmosphére chaude et humide. Ce moyen a été mis à profit pour multiplier les pieds d'Ipécacuanha récemment envoyés du Brésil à Édimbourg, par M. Gunning (1). M. Balfour entre encore dans des détails descriptifs et économiques relatifs aux lieux où l'on rencontre l'Ipécacuanha, et à la manière de le récolter (2). C'est après les études faites à Édimbourg, que la culture de l'Ipécacuanha a été sérieusement entreprise dansl'Inde anglaise. Au commencement de 1872, il y avait seulement cinq pieds d'Ipécacuauha dans le Sikkim, et sept au jar- . din botanique de Calcutta, provenant tous d'un pied qui avait été envoyé de Kew en 1866. Un procédé de multiplication, pratiqué par plusieurs des iar- diniers employés aux plantations de Cinchona, a fourni quatre cents boutures dont la plus grande partie avaient pris racine et constituaient de bons petits pieds au mois de mai dernier. En outre, on avait recu à Calcutta cent pieds environ d'Ipécacuanha, envoyés dans des caisses à la Ward, de M. Balfour, et cent'cinquante de MM. Lawson, pépiniéristes bien connus d'Édimbourg. En conséquence des ordres donnés par le gouvernement de l'Inde, et fondés sur les résultats des expériences de feu le docteur Anderson, ces plantes furent envoyées aussitót que possible dans le Sikkim (le climat de Calcutta ne conve- nant point au développement de ces plantes), dans une des profondes et chaudes vallées du Rungbee, sous la surveillance immédiate des jardiniers européens préposés à la culture des Cinchona. Il paraît évident aujourd'hui qu'il faut à l'Ipécacuanha un ombrage épais (ainsi que l'avait déja remarqué Koster en 1817), et un climat chaud, égal et trés-humide, conditions parfaite- ment remplies dans les vallées creusées daus le Sikkim, sur les pentes de l'Himalaya. C'est bien en effet dans ces conditions qu'il croit au Brésil, d’après Aug. de Saint-Hilaire. Pla arum novarum turcicarum breviarium, auctore V. de Janka ((E'sterreichische botanische Zeitschrift, 1872, n° 6); tirage à part en brochure in-8° de 8 pages, 1872. Les espèces nouvelles décrites par M. de Janka dans ce mémoire sont les suivantes : Ranunculus. incomparabilis (R. tenellus Jka iter turc. exs. non Viv. nec J. Gay), des Balkans ;: Aquilegia aurea, de Perim-Dagh (Macédoine (1) Il est à remarquer que les pieds envoyés par M. Gunning, qui ressemblent à la figure donnée de l'Ipécacuanha par Martius (Specimen maleriæ medicæ brasiliensis, tab. 1), s'écartent par des différences presque spécifiques des vieux échantillons cultivés au jardin d'Edimbourg et chez MM. Jacob Makoy, à Liége, auxquels se rapporte la fi- gure du Cephælis donnée par Sir W. Hooker (Bot. Mag., tab. 4063). Ceci devra être pris en considération dans la monographie des Rubiacées, qui se prépare pour le Flora brasiliensis. Il ne serait pas impossible qu'il y eût là deux variétés en rapport avec le dimorphisme floral constaté aujourd'hui dans un assez grand nombre de types. (2) Sur les localités où croit le Cephælis au Brésil, voyez Weddell Ann, sc. nat., 3* série, t. x1 (1849), pp. 193 et suiv. 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. orientale); Alyssum chalcidicum ; Hypericum tenellum, du Rhodope; Arygrolobium sessiliflorum, de Bjela (Bulgarie); Cytisus absinthioides, de Kara-Dagh, Perim-Dagh, etc.; Potentilla Haynaldiana, de Perim-Dagh, des Balkans, etc., voisin du P. nivalis Lap.; Saxifraga pseudo-sancta, de la limite inférieure de la région alpine des Balkans ; Seseli purpurascens ; Bu- nium minutifolium, des steppes voisines de la mer Noire entre Aidos et Burgas; OEnanthe millefolia, des prés humides au pied des Balkans; Cepha- laria virginea, des pentes méridionales des Balkans ; Centaura Kerneriana (C. derventana Janka antea non Vis. et Panc.), voisin du C. cirrata Rchb. ; S. thracica, des steppes de la Thrace orientale ; Znula Ascherson?ana (Bul- garie, Balkans, Rhodope); Achillea pseudo-pectinata (pentes méridionales des Balkans, Rhodope, etc.) ; Onosma paradoxum, du mont Athos; Stachys tenuifolia, de Lerigo ; Pedicularis occulta (P. leucodon Janka iter turc. exs. non Griseb.); Crocus balkanensis (C. thessalus Jka iter turc. exs. non Boiss., C. biflorus Friv. herb. rum. non Mill., C. Pallasii Griseb. Spicil. non Bieb.), voisin du C. candidus Clarke; et Brachypodium sanctum (Festuca sancta Janka Ofst. bot. Zeitschr. 4871, p. 250, Triticum sanctum Janka iter turc. exs.). Botanische Untersuchungen über Schimmelpilze (/e- cherches botaniques sur les Moisissures) ; par M. Oscar Brefeld. 1" partie. Mucor Mucedo. Chetocladium Jones'ii (sic), Piptocephalis Freseniana. Zygomyceten. Yn-h? de 6^ pages, avec 6 planches lithographiées. Leipzig, chez A. Félix, 1872. En commission chez Franck, à Paris, — Prix : 1A fr. 75. Ges recherches sur les Moisissures doivent comprendre trois parties. La seconde renfermera l'étude organogénique du Penicillium crustaceum Fr. (P. glaucum Link) ; la troisième sera consacrée à une monographie des Mu- corinées dont l'auteur réunit les matériaux depuis deux ans. ü Les types étudiés dans la première partie sont énumérés dans le titre. Dans ses travaux, l'auteur insiste surtont sur la nécessité de cultiver une spore unique, en la suivant sans interruptions dans l'observation, ce qui évite de nombreuses sources d'erreurs, telles que l'invasion de Champignons étrangers à celui qu'on observe, Il admet cependant la réalité de grandes variations, notamment chez le Mucor Mucedo, variations telles, dit-il, que sans l'examen organogénique, on serait exposé à regarder comme appartenant à des espéces ou méme à des genres différents les petites formes rameuses à membrane sporangienne épaissie par endroits et déliquescente à la fin, dont la columelle manque, dont les spores sont petites et arrondies, et les formes droites à columelle rigide, à spores grosses et ovales. Mais pour classer d'une maniere nette et simple les Mucorinées et d'abord le genre Mucor, il faut au préalable résoudre la question des conidies d'une maniere positive ou négative. L'une REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ETT des formes conidiennes le plus importantes est le Chetocladium Jonesti (1). Cette derniere espèce a été regardée comme parasite sur les Mucoriuées, et avec raison suivant l'auteur. Il a constaté (avec l'emploi d'un objectif à immersion n? 10, de M. Hartnack), un fait trés-important : c'est que le jeune utricule en germination du Chætocladium, en contact avec un filament de mycélium du Mucor, se confond ensuite avec ce filament par suite de la ré- sorption de Ja double paroi qui les séparait au point de contact. Voilà un fait nouveau dans l'histoire du parasitisme, et un motif de concevoir malheureuse- ment des doutes sur l'assimilation de deux types différents de Mucédinées, méme quand on les aura saisis croissant simultanémentsur le méme mycélium. L'auteur recherche ensuite si la forme conidienne du Mucor Mucedo serait le Piptocephalis. M résulte de ses études que ce type est parfaitement "indépendant, et l'auteur en tire ce résultat général que les conidies, que l'on ne pouvait attribuer avec probabilité qu'au Mucor Mucedo parmi les Mucori- nées, doivent définitivement étre regardées comme absentes dans cette famille. C'est aprés avoir exposé ces recherches que l'auteur reprend son point de vue principal et s'occupe de la place que les Mucorinées doivent occuper dans les Champignons. Il reconnait d'abord que les trois Champignons étudiés par lui dans ce mémoire sont dans d'intimes relations entre eux par les traits essentiels de leur reproduction sexuelle, tous trois possédant des zygospores qui deviennent immédiatement en totalité des spores d'attente (Dauer-Sporen), ou qui, aprés une partition ultérieure et assez simple, se fragmentent pour produire ces organes de reproduction. L'auteur caractérise par le nom de Zygomycétes ces êtres et tous ceux qui viendront à l'avenir se ranger dans la méme classe. Les Zygomycètes, d’après les connaissances que nous possédons aujourd'hui, se partagent en deux groupes : le premier renferme les Zygomy- cètes à sporanges asexués, dont les spores naissent à l'intérieur d'une cellule- mère ; le second ceux qui sont pourvus de conidies asexuées produites par séparation à l'extrémité des filaments (Abschnürung) ou par une désarticu- lation simple. A cette seconde catégorie appartiennent les Ghétocladiées et les Piptocéphalidées. Ucher Azolla; par M. Ed. Strasburger. Grand in-8? de 86 pages, avec sept planches lithographiées. Iéna, chez H. Dabis, 1873. Paris, libr. Franck. — Prix: 16fr. — Ce travail comprend une introduction ; il se divise ensuite en deux parties : l'une morphologique et histologique, l’autre systématique. Dans la première, l'auteur étudie successivement les organes de végétation, le cône terminal végétant et son mode de partition, la structure de la tige, la feuille, les bour- (4) L'auteur écrit Jones'ii sans doule en considération de la grammaire allemande qui dirait dans ce cas, en allemand, Ch«tocladium Jones'scher ; nous ne croyons pas devoir suivre celte innovation orthographique, T. XIX. (REVUE) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. geons latéraux, la racine et les poils ; puis les microsporanges et les macro- sporanges. En décrivant le contenu des microsporanges, l'auteur appelle mas- sulæ les organes nommés avant lui gongyli ou semina, à l'exemple de Mette- nius (Linnea, 1847, et Plante Tinneanæ), et glochides les organes piliformes qui s'élèvent à la surface des massulæ, dans l'épaisseur desquelles sont creusées les cavités qui renferment les microspores. Le développement des macrospo- ranges ressemble beaucoup à celui des mêmes organes chez les Marsilia, d’après la description qui en est donnée par M. Russow. Dans la partie systématique, nous ne trouvons que quatre espèces d’Azo/la, réparties en deux sous-genres, Savoir : Azolla Meyen : A. filiculoides Lam., A. Caroliniana Willd.; Rhizomor - pha Meyen (4) : A. pinnata R. Br., A. nilotica Decaisne, Les deux premières de ces quatre espèces sont répandues en Amérique, la troisième en Océanie, au Cap, au Japon ; la quatrième est jusqu'à présent spéciale à l'Abyssinie. Étude sur quelques Sideritis de la florc francaise; par M. Éd. Timbal-Lagrave (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, T° série, t. 1v, pp. 372- 388) ; tirage à part en brochure in-8° de 19 pages. Ce mémoire est précédé d'une introduction historique où l’auteur blâme la méthode employée par Linné dans le Species. Pour mieux embrasser les groupes, le naturaliste suédois, dit M. Timbal-Lagrave, condensa les espèces, puis les fractionna en leur attribuant des caractères conventionnels, souvent arbitraires ; il fit reculer la botanique et nuisit beaucoup à la connaissance des espèces. Pour les plantes du Midi surtout, Linné, guidé par Sauvage et Gouan, confondait très-souvent des types parfaitement distincts et bien tranchés pour tous aujourd’hui. M. Timbal-Lagrave ne s'occupe pas des Sideritis romana et montana, espèces trés-tranchées, pourvues de caractères bien déterminés et très-perma- nents. Voici les types qu’il distingue, avec leur synonymie : S. HYSSOPIFOLIA L, Sp. 803. Gaud. Fl. helv. 1v, 27. — Sideritis alpina hyssopifolia Bauh. Pin. 223. — Sideritis vit Clus. Hist. 11, 41. — S. al- pina a. Vill. Dauph. 11, 363. — S. hyssopifolia Lap. part. — S. scordioides Koch Syn. 656. Alpes, Jura, Pyrénées, région alpine inférieure. S. PYRENAICA Poir. Dict. Suppl. 11, 383. Benth. Cat. 121. — S. crenata Lap. part. — Sideritis pyrenaica, hyssopifolia, minima, procumbens Tourn. Inst. 192. — S. alpina b. Vill. Dauph: n, 313. — S. alpina Pourr. in Mém. Acad. Toul. 4"! série, 111, 398. (1) Beiträge sur Kenntniss der Azollen, in-4°, 4836. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 Région sous-alpine des Pyrénées, au centre de la chaîne. S. RUSCINONENSIS Timb.-Lagr. — S. subspinosa Cav. Icon. rar. WI, 5, tab. 209? — S. crenata Lap. part. — S. spinosa Benth. Cat. 121? — S. scordioides a. grandiflora Benth. Prod. xit, 443. Basses montagnes des Pyrénées-Orientales. S. GOUANI Timb.-Lagr. — S. incana Gouan Žli: 36. DC., Benth. Cat. p. 121 ; non L. Fonds de Comps (herb. Lapeyrouse). S. GuILLONII Timb.-Lagr. — S. hyssopifolia Lloyd Flore de l'Ouest, 383. — S. alpina c. Vill. Dauph. i, 375. — S. montana hyssopifolia minor Barr. 172. Rochers calcaires du midi de la France : Billot Cent. n. 234A bis ; Maille et Puel FZ. loc. n° 7 (coll. A. Guillon); Rocamadour (Bras). S. PEYREI Timb.-Lagr. — S. hyssopifolia Pourr. Mém. Acad. Toul, xut, p. 338? non L. Garrigues et bords des champs dans l’Aude, région des Corbières. S. SCORDIOIDES L. Sp. 803. Lob. Adv. nova p. 212. GG. FL Fr. 11, 698. — S. fructiculosa Pourr. Mém. Acad. Toul. 1'* série, 111, 328. Narbonne, Montpellier, Perpignan, etc. Var. B. hirta Lap. — Sideritis montana, scordioides, tomentosa Barr. f. 1160. S. HIRSUTA L. Sp. 803. Lap. Pourr. Mém. Acad. Toul. 4"° série, 111, 328. Toulon, Marseille, le littoral (Billot Cent. n° 3889). S. TOMENTOSA Pourr. Mém. Acad. Toul. 1'* série, 111, 328. — S. Cava- nillesii J. Gay Coron. Endress. 16 non Lag. Calcaires des Corbières, de l'Aude et du Gard. Compendio della Flora italiana ; par MM. V. Cesati, G. Passe- rini et G. Gibelli, livr. 19-20. Il s'agit dans ces livraisons des Conifères, parmi lesquels nous remarquons les espèces suivantes : Pinus pyrenaica Lap. (P. brutia Ten.); Juniperus macrocarpa Sibth. et Sm. (J. Oxycedrus L. herb. non Sp. pl.); Ephedra vul- garis Rich. (E. distachya L., E. monostachya L.) ; E. nebrodensis Tin.;— des Amentacées : A/nus cordifolia Ten., A. suaveolens Req.; Betula nana L.; Carpinus duinensis Scop. (C. orientalis Lam.); Corylus tubulosa Willd.; Quercus Farnetto Ten. (J: congesta Kit. non Presi); Salis peloritana Præstandr., S. cratægifolia Bertol, — Urticées : Urtica lusitanica Brot. (U. membranacea L.), U. rupestris Guss., U. atrovirens: Reg. (U. gran- didentata Moris); Parietaria Soleirolii Spr.; Ulmus pedunculata Fouge- roux [1784] (U. effusa Willd., 4787). Nous devons insister sur les étymologies que les auteurs ont proposées pour les noms latins tels que Pinus, Alnus, etċ., et dont plusieurs leur appar- 480 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tiennent. Ils dérivent Pinus du celtique pin, montagne; Alnus du celtique al près, lan, berge; Betula du celtique Betu, betulla, ou peut-être de batula, batuere, battre, parce que les faisceaux des licteurs romains étaient composés de rameaux de Bouleaux (ou d'essences voisines?). Carpinus viendrait encore du celtique car, bois, et pin, tête : bois destiné à mettre les bœufs sous le joug; Quercus du celtique quer, beau, et cuez, arbre : bel arbre par excel- lence; Salix de sœhever, osciller, à cause du tremblement des rameaux (1)5 Populus du. murmure semblable à celui du peuple que font entendre les feuilles agitées par le vent; Humulus du latin Aumere, être humide, à cause de l’habitat de la plante. Ce fascicule est accompagné de deux planches dans lesquelles on voit que le talent de M. Gibelli progresse toujours avec la publication elle-même. A supplement to the Flora vectensis ; par M. A.-G. More (Journal of botany, 1871) ; tirage à part en brochure in-8? de 30 pages. Londres, impr. Taylor et Cie, 1871. Le Flora vectensis (Flore de l'ile de Wight) de M. le docteur Bromfield est de 1856. Depuis ce temps, plusieurs espèces y ont été ajoutées, notamment par les recherches de M. More lui-méme, qui a résidé sept ansà Bembridge. Il a déjà publié antérieurement en 1858, un Catalogue des plantes de l'ile de Wight dans le Annual Report for 4858 of the Isle of Wight Philosophical Society, Société qui conserve dans ses salles l'herbier du docteur Bromfield à Ryde. Quelques-unes des localités et des plantes connues de M. More ont été signalées encore dans la partie botanique de l'Appendice à A new guide to the isle of Wight par le Rév. E. Venables (1860), ainsi que dans le Phyto- logist, les Reports of the Botanical Exchange Club, le Journal of botany, d'année en année. Les Rubus et les Rosa ont été traités dans ce Supplément d'une manière approfondie, à l'aide des travaux de M. J.-G. Baker. L'auteur y comprend dix-huit espèces (de celles dont on ne conteste pas la valeur) qui étaient inconnues à M. Bromfield, ainsi qu'un grand nombre des types regardés comme des sous-espèces ou des variétés. Botaniquement, comme géologique- ment, l'ile de Wight est une partie du Hampshire, et cependant M. More trace une liste assez longue de plantes observées dans le Hampshire et qui ne l'ont pas été dans l'ile. 11 signale enfin quelques espèces dont l'absence dans le comté comme daus l'ile est certainement digne de remarque. On the gemmæ of Mosses; par M. C.-P. Smith (The Monthly microscopical Journal, janvier 1870, p. 62). Ce mémoire a été communiqué à la Société d'histoire naturelle de Brighton (4) On trouvera dans notre Bulletin (t. xvi, session d'Autun-Givry, p. XXXV et sq.) d’autres étymologies. proposées pour Salix et Populus. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 181 et du comté de Sussex, le 11 novembre 1869. Dans les Mousses d'Angleterre, dit l'auteur, aucune des Pleurocarpes n'est encore connue pour porter des bourgeons. La situation de ceux-ci varie suivant les espèces ; sur le Tortula papillus, ils sont à la partie supérieure du côté interne de la feuille; sur le Didymodon gemmaceus, à son sommet; sur le Tetraphis pellucida, en groupes pédicellés à l'extrémité des tiges séparées; sur le Webera annotina, . à l'aisselle des branches stériles ; sur le Bryum atropurpureum, à l'état de bulbilles dans les aisselles des feuilles, On a regardé comme appartenant à une Conferve les filaments qui s'élèvent sur les feuilles de l'Orthotrichum Lyellii, et qui reproduisent cette Mousse. On Bog Mosses (Sur les Sphagnum); par M. R. Braithwaite (The Monthly microscopical Journal, juin 1871, pp. 1-5, avec une planche; décembre 1871, pp. 268-273; avril 1872, pp. 55-58, avec une planche; juillet 4872, pp. 3-4, avec une planche; octobre 1872, pp. 157-158 ; jan- vier 1873, pp. 12-15, avec deux planches). L'auteur fait précéder de généralités sur le genre Sphagnum, extraites des meilleurs auteurs, l'histoire de chacune des espèces de ce genre connues en Angleterre, qu'il espere figurer successivement. Les publications de MM. Dozy, Schimper, C. Müller, Sullivapt, Lindberg et Russow ont été sa- vamment mises à profit dans le résumé qu'il trace de l'organisation de ces cu- rieuses Mousses. M. Lindberg (Üfversigt af Kongl. vetenskaps Akad. För- handlingar, 1862) a donné du genre Sphagnum un groupement particulier qu'il a, depuis, modifié dans une communication inédite adressée par lui à M. Braithwaite ; cet auteur a suivi le nouveau sentiment de M. Lindberg. Il divise donc le genre Sphagnum (après avoir séparé, sous le nom d’/socladus, le S. macrophyllum), en quatre sections : Cymbifolia, subsecunda, rigida et cuspidata, au total dix-sept espèces, dont deux seulement n'ont pas été trou- vées dans la Grande-Bretagne. Il s'attache à donner de chaque espèce une figure originale, à la décrire avec soin, et à ea faire connaitre la synonymie exacte. Sur les diaphragmes et les réseaux fibro-vasculaires des tiges ct des feuilles de certaines Monocotylé- „dones; par M. Duval-Jouve (Comptes rendus, t. LXXV, séance du 23 septembre 1872, pp. 715-717). Nous avons indiqué plus haut, page 45, en note, la présence d’un réseau fibro-vasculaire signalé par M. Duval-Jouve dans les diaphragmes des feuilles de certains Juncus. Depuis ce savant a retrouvé de semblables réseaux dans beau- coup de diaphragmes qui interrompent les lacunes à air chez diverses Mono- cotylédones aquatiques. Tantôt, dit-il, ces diaphragmes ne s'étendent que sur une eule lacune ayant à son pourtour au moins autant de faisceaux longitudinaux 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que de faces (Zuzula maxima, Scirpus lacustris, Cyperus fuscus) ; tantôt ils s'étendent sur plusieurs lacunes qui n'ont pas un faisceau longitudinal à chacun de leurs angles, et ils relient entre eux des faisceaux disséminés (Cy- perus Papyrus, Sagittaria, Acorus) ; tantôt un seul diaphragme relie tous les faisceaux longitudinaux épars au pourtour d'une lacune unique (Juncus lampocarpos) (4). Les réseaux vasculaires qui accompagnent les diaphragmes occupent diverses positions ; tantôt ils sont accolés au-dessous (Scirpus lacus- tris), tantôt ils s'intercalent dans l'unique assise du diaphragme qu'ils inter- rompent (Sagittaria), tantôt ils rampent dans l'épaisseur du diaphragme composé de plusieurs assises de cellules (Cyperus Papyrus), tantôt ils courent entre les bords des grands diaphragmes (Strelitzia). La forme des cellules d'un diaphragme diffère toujours de celle du reste du parenchyme ; cette forme, rigoureusement déterminée sur une méme espèce, varie à l'excés d'une espèce à l’autre, Cependant cette forme est toujours telle qu'elle présente de grands méats pour permettre le passage des gaz, fonction qui, avec la consolidation de la tige ou des feuilles, était la seule qu'on attribuât précédemment aux diaphragmes. Comme ces diaphragmes sont accompagnés de faisceaux trans- versaux, leur fonction parait étre aussi de fournir des points d'appui à ces faisceaux qui mettent en communication les faisceaux longitudinaux. Ces derniers, sur les Monocotylédones aquatiques, ne sont donc ni aussi indépen- dants, ni aussi isolés qu'on l'avait cru d'abord, en n'attribuant un réseau vascu- laire avec anastomoses qu’à quelques groupes d' Aracées, d'Asparaginées, etc. Dans un méme genre, les espéces aquatiques ou des lieux trés-humides ont des diaphragmes avec faisceaux transversaux, tandis que les espéces congé- nères tout à fait terrestres en sont privées, ce qui montre que l'influence des milieux se fait sentir non-seulement à l'extérieur, mais jusque dans l'organi- sation la plus intime. Diapbragmes vaseuliféres des Monocotylédones aqua- tiques ; par M. J. Duval-Jouve (extrait des Mémoires de l' Académie des sciences et lettres de Montpellier, section des sciences); tirage à part en brochure in-4? de vingt pages, avec une planche. Paris, J.-B. Bailliére et Fils, 1873. : Ce mémoire doit être considéré comme une édition plus complète des idées et des découvertes brièvement signalées par M. Duval-Jouve dans la note pré- cédente, Il se termine par les considérations suivantes : M. Van Tieghem a dit: L'étude anatomique des végétaux submergés ` apprend au physiologiste jusqu'à quel point la vie aquatique peut modifier la structure intime d'une plante en la séparant des végétaux aériens de sa famille, pour la rapprocher au contraire d'autres plantes submergées comme elle, (4) C'est ainsi que M. Duval-Jouve écrit à dessein ce nom spécifique, en se fondant sur Pétymologie. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 183 mais que l’organisation de leurs fleurs rattache à des familles naturelles sou- vent fort éloignées (1). En effet, les plantes sur lesquelles on a mentionné jusqu'à ce jour une organisation mixte sont toutes des plantes plus ou moins submergées, par exemple : Villarsia nymphoides, Nuphar lutea, Aldra- vandia vesiculosa, Utricularia vulgaris. Qu'on veuille bien le remarquer, ce sont des Dicotylédones que l’on a signa- lées comme se rapprochant des Monocotylédones par un ou plusieurs points de leur organisation. Mais le présent travail signale sur de nombreuses Mono- cotylédones, simplement aquatiques ou des lieux humides, une structure qui rappelle celle des Dicotylédones. C'est une ressemblance de plus à ajouter aux points d'organisation communs aux types des deux embranchements de Pha- nérogames, signalés par M. Léon Marchand dans son mémoire Sur les tiges des Phanérogames (Adansonia, t. v, p. 66). Acrostichum Prestonëé Baker, n.sp. (Gardeners Chronicle, 1872, p. 1555). Get Acrostichum, l'une des nouveautés envoyées de Rio-Janeiro à Kew par M. Glaziou, est trés-voisin, dit M. Baker, de l'A. scolopendrifolium Raddi, qu'il identifie avec PA. erinaceum Fée, mais la nouvelle espèce n'offre d'é- cailles sur aucune des faces de la feuille ; nous en reproduisons la diagnose. Paleis caudicis parvis lanceolatis brunneis membranaceis ; stipitibus elon- gatis contiguis, paleis firmis linearibus patentibus nigrescentibus dense crinitis; frondibus sterilibus magnis lanceolato-ligulatis membranaceis, praeter costam paleis eis stipitis conformibus praesertim ad faciem inferiorem crinitis, nudis, apice et basi subdeltoideis, margine paleis minutis lanceolatis ascendentibus dense imbricatis decoratis, venis subpatentibus leviter arcuato-ascendentibus ; frondibus fertilibus multo minoribus, stipitibus longioribus. On a new Ceylonense Acrostichum; par M. J.-G. Baker (The Journal of botany, mai 1872, p. 146). Acrostichum (Chrysodium) Wallii Baker : rhizomate gracili reptante paleis lanceolatis subsecundis vestito, frondibus segregatis sterilibus subsessilibus anguste ligulatis glabris membranaceis viridibus nullo modo squamosis obtusis margine obscure et late repandulis basi cuneatis, maculis inter costam et marginem uniseriatis valde verticaliter elongatis vena unica centrali recurvata sepissime præditis, frondibus fertilibus gracillimis filiformibus longe petio- latis. — Mooroowokka, Ceylan (Wall et Hutchinson). Cette espèce est très-voisine de l’A. lanceolatum Hook. et Bak. Syn. Fil. 420, dont elle diffère principalement par la fronde stérile ligulée beaucoup plus étroite, avec des aréoles unisériées. (4) Voyez le Bulletin, t. xv, p. 158. 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On a new Asplenium from Cope colony; par M. J.-G. Baker (7he Journal of botany, décembre 1872, p. 362-363). À. Rawsoni Baker (A. Ruta muraria Pappe et Rawson Syn. Fil. Afr. aust., p. 20 non L.). — Zuasplenium caudice erecto, paleis minutis linea- ribus, stipitibus nudis nitide castaneis, frondibus subcoriaceis parvis glabris deltoideis bipinnatis, pinnis oppositis vel alternis infimis maximis deltoideis, pinnulis 3-5 contiguis obverse deltoideis instructis, extrorsum distincte inciso- crenatis, venis flabellatis exsculptis, soris linearibus, demum confluentibus faciem totam pinnularum, marginibus exceptis, occupantibus. On enregistrera avec intérét cette distinction spécifique ; l'erreur de Pappe et Rawson est un exemple de celles que l'on a commises fréquemment en ap- préciant la distribution géographique des Fougères; il y aurait encore à faire beaucoup de distinctions analogues à celle que vient d'établir judicieusement M. Baker. Platyloma brachyplerum Th. Moore (Gardeners Chronicle, 1873, n° 5). -Frons 8-12" alta, stricta, rigida, caerulea, linearis, erecta, bipinnata ; pinnæ brevissimæ, erecto-patentes, sessiles, superiores dense, ambitu semicirculares, pinnulis 7-9 patentibus, anguste linearibus, 3-7” longis, apice mucronatis, basi rotundatis, admodum revolutis ; soris parvis oblongis, transversis, venas terminantibus, confluentibus in angustam lineam subtus reflexum herbaceum marginem; venulis obsoletis ; stipite castaneo, tereti, lævi, antice sulcato ; rhachi castanea, bisulcata ; caudice decumbente, repente, squamis subulatis conspicuis induto. Cette Fougere, qui vient de la Californie, et qui est vivante chez MM. Veitch à Chelsea, est voisine du P/atyloma mucronatum (Pellea mucronata Eat.). M. Moore caractérise le genre Plafyloma par son réceptacle allongé suivant la direction des nervures. Musei frondosi i: insulis Ceylon ct Borneo: par M. E. Hampe (Nuovo Giornale botanico italiano, vol. 1v, n° ^, décembre 1872, pp. 273-291). Ce mémoire comprend deux parties : l'énumération des Mousses recueil- lies à Ceylan et l'énumération des Mousses recueillies à Bornéo par M. Bec- cari. Un grand nombre d'espéces sont nouvelles ; beaucoup d'autres sont rapprochées de celles qui ont été décrites dans le Pryologia javanica: Deux genres nouveaux sont signalés par M. Hampe : 4° LORENTZIA (fondé depuis 1865) : — Calyptra campanulata usque ad medium laciniato-multifida thecam superans, in exteris Hypnis tamaricellis consimile. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. | $93 2e SOLMSIA. — Peristomium nullum, theca erecta, ore contracta, intus membrana circulare hymenostoma. Calyptra longissima thecam prorsus in- cludens, basi convoluta, medio fissa. — Inter Dicranum et Holomitrium vagans, ob thecam gymnostomam proprium genus. Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que le premier de ces deux genres est dédié à M. Lorentz, connu par plusieurs mémoires de bryologie. Le second est institué en souvenir de M, le comte Reinhard de Solms- Braunfels (1). Flore du département des Deux-Sèvres: par MM. J.-C. Sauzé et P.-N. Maillard. Première partie : Manuel analytique destiné à faciliter la détermination et à assurer le classement des plantes spontanées du département (extrait des Mémoires de la Société de Statistique, sciences et arts du département des Deux-Sèvres); tirage à part en un volume in-12 de XXVIII et 343 pages, Niort, chez L, Clouzot, libraire-éditeur, rue des Halles, 22, 1872. L'appel que les auteurs ont adressé aux botanistes en 1864, dans leur Cata- logue des plantes des Deux-Sèvres, a été entendu, et les renseignements qu'ils ont reçus leur ont permis de préparer une Flore descriptive du même département, dont la rédaction touche presque à son terme; ce volume ana- lytique en forme la première partie. Il se compose d'une préface, d'un vo- cabulaire de botanique, de l'analyse des genres et de celle des espèces. Celle-ci nous permet de signaler à nos lecteurs quelques détails importants. Certains genres nous paraissent étudiés avec un soin spécial dans leur travail : par exemple Thalictrum, Scleranthus (avec quatre espèces), Taraxacum (quatre esp.) ; dans les genres Viola, Poterium, Prunus, Polygonum, Rubus, Hieracium, ils ont fait profiter leur catalogue de plusieurs des espèces nouvelles décrites par MM. Jordan, Boreau, Genevier et d'autres auteurs. Le genre Rosa renferme quelques espèces signées de MM. Sauzé et Maillard ; nous devons citer aussi le Juncus asper, à rameaux striés, rudes ; et l’ Ophio- glossum sabulicolum, à fronde petite, ovale-lancéolée, d’un vert pâle, qui porte le nom des auteurs. Quelques espèces paraissent intéressantes par leur présence dans le département des Deux-Sèvres : Plantago eriophora Hoffm. et Link, Chenopodium paganum Rchb. , Senecio ruthenicus Maz. et Timb., Alisma lanceolatum With.,Sinapis Schkuhriana Rchb., Orchis alata Fleury, Pisum Tuffetii Lesson, etc. L'Anchusa sempervirens est devenu le Caryo- lopha sempervirens Fisch. et Trautv. Nous bornerons là cette note, en fai- sant observer qu'il convient d'attendre, pour se rendre un compte exact des travaux de MM. Sauzé et Maillard, la publication de leur Flore descriptive. (4) Un genre du méme nom, appartenant à la famille des Tiliacées, a été dédié anté- rieurement par M. Baillon à M. le comte de Solms-Laubach, aujourd'hui professeur extraordinaire à l'université de Strasbourg (voyez plus haut, p. 93). 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. \ Notas geographicas y económicas sobre la republien de Nicaragua, su historia, topographia, clima, producciones y riquezas, poblacion y costumbres, gobierno, agricultura, industria, comercio, etc.; y una exposicion completa de la cuestion del canal interoceänico y de la de iumigracion, con una lista bibliográfica, la mas completa hasta el dia, de todos los libros y mapas relativos à la América central en general y á Nica- ragua en particular; por Pablo Lévy. Un volume grand in-8° de 627 pages, avec une carte géographique. Paris, librairie espagnole de E. Denné- Schmitz, 1873. . Nos lecteurs se rappellent sans doute qu'en 1869 nous les avons invités par la voie de ce Bulletin à souscrire aux collections botaniques que devait recueillir au Nicaragua M. Paul Lévy, qui a quitté l'Europe en février 1869, pour ce voyage. Au milieu de difficultés sans cesse renaissantes dont quelques- unes ont été indiquées par des extraits de lettres dans ce Balletin, M. Lévy est arrivé en peu d'années à faire du Nicaragua, à des points de vue très- divers, une exploration assez compléte pour que le gouvernement de cette république lui confit la rédaction de cet ouvrage et lui donnàt la subvention nécessaire pour cette publication. Parmi les sujets très-divers qu'elle embrasse, et que le titre indique, nous devons seulement signaler (p. 166) le chapitre consacré aux richesses végétales du Nicaragua. Plusieurs des plantes qui sont citées dans ces pages l'ont été d’après l'herbier de M: Lévy, dont malheureu- sement (vu les événements que nous avons traversés) l'étude n'était pas assez avancée dans toutes ses parties pour que les déterminations données par M. Lévy soient toutes à l'abri de la critique (1). C'est principalement au point de vue économique que M. Lévy s'est placé en écrivant ce chapitre, pour faire connaitre les richesses du Nicaragua, ignorées dans le pays méme à ce point que les droguistes y font venir de Paris, à grands frais, des médicaments qui s'y trouvent indigènes. Il a divisé son étude en plusieurs catégories : bois de construction, bois d'ébénisterie, bois de tein- . ture, arbres médicinaux, arbres qui fournissent un produit industriel ou des fruits comestibles; un deuxième chapitre est consacré à la végétation herbacée, qui comprend les divisions suivantes : plantes économiques et industrielles, plantes textiles, plantes oléagineuses, plantes médicinales, céréales, légumi- neuses, plantes comestibles diverses, plantes fourragères, plantes aroma- tiques, etc. Nous devons citer encore la liste complète des Fougères recueillies par M. Lévy, dans son dernier voyage, déterminées par M. Fournier (2), et un (1) Ainsi le Nispero est l'Achras Sapota, le Guapinol est l'Hymenca Courbaril, le -Zapote est le Lucuma Bonplandi, (2) Cette liste a été communiquée à la Société, dans sa séance du 45 novembre, avec des notes, et avec la description des espèces nouvelles. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 index bibliographique d'ouvrages relatifs à l'Amérique, dans lequel les recher- ches de M. Lévy lui ont permis de faire entrer même des publications qui sont restées inconnues à Pritzel (du moins dans la première édition du The- saurus). La carte géographique qui termine ce volume, entièrement originale, est due aux recherches de M. Lévy, que ses études spéciales rendaient par- faitement apte à ce genre de travail. The genus Albizziæ; its origin and systematic limits considered ; par M. le baron Ferd. de Müller (7he Journal of botany, janvier 1872, pp. 7-11). i M. de Müller a demandé des renseignements à M. le docteur Giglioli de Florence sur la fondation du genre Albizzia et sur la publication du mémoire original de Durazzini (1). Il donne ensuite des notes sur les espéces suivantes : Albizzia lophantha Benth.; A. Sutherlandi F. Müll. Fragm. phyt. austr. Vi, 25; A. basaltica Benth. F1. austr. 11, 422; A. Thozetiana F. Müll. in Benth. F}. austr. 31, 422; A. procera Benth. in Hook. Zond. Journ. Int, 88 (Gloucester Island) ; A. canescens Benth. Flor. austr. 11, 423; A. prui- nosa F. Müll. (Pithecolobium pruinosum Benth. in Hook. Lond. Journ. 1U, 211), aff. A. Junghunianæ Miq. ; A. monilifera F. Müll. (Pithecolobium moniliferum Benth. in Hook. Lond. Journ. 1m, 211); A. Tozeri F. Müll. (Pithecolobium grandiflorum Benth. FT. austr. 11, 42h); A. Hendersonii F. Müll. (Pithecolobium Hendersonii F. Müll. Fragm. v, 191, vt, 202). Il y a encore quelques autres Albizzia d'Australie inédits dans les herbiers de M. de Müller. Il indique en outre une liste de douze espèces (non austra- liennes) rapportées daas l'état actuel de la science au genre Pifhecolobium et qui doivent selon lui passer dans le genre Albizzia. D'un autre côté il serait disposé à regarder le genre A/bizzia comme une simple section du grand genre Acacia, caractérisée par les étamines soudées en tube à la base; l'A. Sutherland: indique une transition naturelle entre ces deux types ; et cependant il ajoute que l’Archidendron ne peut être séparé géné- riquement de l' A/bizzia que par la pluralité de ses carpelles, et que méme les Calliandra, les Enterolobium et peut-être aussi les Serianthes devraient ren- trer dans le genre Albizzia, ainsi que le genre Z ygia qui lui a été incorporé dans le Genera plantarum de MM. Bentham et Hooker. On obtiendrait ainsi un grand genre collatéral avec le genre Acacia et présentant les mêmes modi- fications que ce genre dans la constitution du gynecée (la section Vachellia du genre Acacia offre une pulpe remplissant l'ovaire). (1) M. de Müller aurait trouvé facilement ces renseignements dans le Bulletin de la Société botanique de France (voyez Fournier : Notes supplémentaires sur le genre Al- bizzia, t. xit, p. 398, 1865). On lui saura gré cependant, ainsi qu'à M. Giglioli, de la reproduction du texte de Durazzini, qui est introuvable dans la plupart des bibliothéques de l'Europe, et dont la date (aoüt 1772) est importante pour ce point d'histoire. 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Conspectus familiarum eryptogamaruim secundum metho- dum naturalem dispositarum, auctore F. Cohn (Zedwigia, février 1872). Cette classification s'écartant sur un grand nombre de points de celle qui est trés-généralement admise, nous croyons devoir la reproduire in extenso : Classis T. THALLOPHYT E. Ordo 1. SCHIZOSPOREZÆ : Fam. 1. Schizomycetécæ. Fam. 2. Chroococcacee Fam. 3. Oscillariaceæ. Fam. 4. Nostocaceæ. Fam. 5. Rivulariacee. Fam. 6. Scytonemacee. > Ordo tt. ZvcosPOREE : Fam. 4. Diatomaceæ. Fam. 2. Desmidiaceeæ. Fam. 3. Zygnemaceæ. Fam. h. Mucoracec. Ordo 111. BASIDIOSPORE X. Sect. 1. Hypodermiæ : Fam. 1. Üredinacece, Fam. 2. Ustilaginaceæ. Sect. 2. Basidiomycetæ : Fam. 3. Tremellaceæ. Fam. h. Agaricaceæ. Fam. 5. Zycoperdacee. Ordo 1v. ASCOSPOREZ : Fam. 1. Tuberaceæ. Fam. 2. Onygenaceæ. Fam. 3. Erysiphaceæ. Fam. 4. Spheæriaceæ. Fam. 5. Helvellaceæ. Fam. 6. Lichenes (excl. Collemaceis). Ordo v. TETRASPOREE : Fam. 1. Zangiacem. Fam. 2. Dictyotacee. Fam. 3. Ceramiaceæ. Fam. h. Nemaliaceæ. Fam. 5. Lemaniacec. Fam. 6. Sphærococcaceæ, Fam. 7. Melobesiaceæ. Fam. 8. Rhodome- lacew. Ordo vi. ZoospronEE : Fam. 4. Palmellaceæ. Fam. 2. Confervaceæ. Fam. 3. £'etocarpaceæ. Fam. h. Sphacelariaceæ. Fam. 5. Sporo- Chnaceæ, Fam. 6. Laminariacee. Ordo vit. OosPORE X. Sect. 1. Leucosporeæ. Fam. 4. Chytridiaceæ. Fam. 2. Peronosporaceæ. Fam. 3. Saprolegniacec. Sect. 2. Chlorosporeæ : Fam. 4. Volvocaceæ. Fam. 5. Siphonacec. Fam. 6. Sphæropleaceæ. Fam. 7. Œdogoniaceæ. Fam. 8. Coleochæ- taceæ, Sect. 3. Phæosporeæ : Fam. 9. Tilopterideæ. Fam. 10. Fucaceæ. Classis HI. BRYOPHYTÆ. Ordo 1. PnYcoBRY x. Fam. 4. Characec. Ordo 11. Muscr. Fam. 4. Anthoceraceæ. Fam. 2. Ricciaceæ. Fam. 5. Marchantiaceæ. Fam. li. Monocleaceæ. Fam. 5. Jungermanniacec. Fam. 6. Andrœaceæ. Fam. 7. Sphagnaceæ. Fam. 8. Phascaceæ. Fam. 9. Bryaceæ. Classis HIT. PTERIDOPHYT EFE. Cohors 1. Trichosporangiæ. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 Ordo i. Firices : Fam. 4. Æymenophyllaceæ. Fam. 2.. Gleicheniacem. Fam. 3. Schizæaceæ. Fam. 4. Osmundaceæ. Fam. 5. Polypodiaceæ. Fam. 6. Cyatheacec. Ordo 11. RHizOCARPE E. Fam. 1. Salviniaceæ. Fam. 2. Pilulariaceæ. Cohors 11. Phyllosporangiæ. Ordo 1. SrROBILOPTERIDES : Fam. 1. Warattiaceæ. Fam. 2. Zquise- taceæ. Fam. 3. Ophioglossaceæ. Fam. 4. Lycopodiacec. Ordo 11. SELAGINES : Fam. 1. /soetacecæ. Fam. 2. Selaginellaceæ. Nous croyons superflu d'appeler l'attention de nos confrères sur le caractère original de celte classification, qui passe à pied joint par dessus les anciennes divisions pour se fonder sur les progrès modernes accomplis dans l'étude de la reproduction des Cryptogames. Quel que soit l’ordre dans lequel les bota- nistes placeront ultérieurement les groupes institués par M. Cohn, il paraît peu probable que quelques-uns de ces groupes (du moins dans la premiere des trois classes) ne soient pas conservés, surtout ceux qui consacrent les idées les plus nouvelles, tels que celui des Zygosporacées. Prodromus Floræ ehersonensis, auctore Eduardo a Lindemanu. Un vol. in-8° de 229-xxv1 pages. Odessa, typ. Nitcze, 1872. Le Prodromus de la flore de la Crimée débute par une introduction oü l'auteur expose le nombre et la nature des matériaux qui ont servi de base à la rédaction de sa florule et auxquels nous pouvons ajouter le catalogue des récoltes de M. le docteur Saint-Supéry (1). Le nombre des esp?ces signalées par M. de Lindemann en Crimée est de 1359. Cet ouvrage, dont le défaut de caractères russes nous empêche de transcrire le titre, est publié par la Société des naturalistes de la Nouvelle-Russie, dont il faut louer l'activité scientifique. Nomenclature usuclle de 550 fibres textiles ; par M. Ber- nardin. Brochure in-8*. Gand, 1872. M. Bernardin, qui professe à l'institut de Melle, prés Gand, un cours sur les matières premières, a institué, comme annexe de son enseignement, un Musée de tout ce qui sert au commerce et à l'industrie. La Nomenclature usuelle, rédigée d’après son enseignement, donne par ordre alphabétique le nom d’une foule de matières textiles dans les langues et les dialectes les plus divers et, outre le nom scientifique, des reuseignements techniques assuré- ment utiles, Le méme auteur a publié ensuite une autre brochure intitulée : C/ass;fi- fication de 250 matières tannantes, Gand, 1872, in-8°, où les botanistes trouveront des renseignement utiles, (4) Voyez le Bulletin, t. nt, p. 22, 490 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Étude sur la naturalisation de quelques végétaux exo- tiques à la montagne Saint-Pierre-lez-Maastricht; par M. André De Vos (extrait du Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, séance du 7 juillet 1872, t. xt, pp. 198-235); tirage à part en brochure in-8? de 42 pages. Gand, impr. C. Annoot- Bracckman, 1872. ` M. De Vos ne peut admettre comme indigènes à la montagne Saint-Pierre, qui est d'ailleurs l'une des localités les plus riches de la flore explorée par les botanistes belges, les espèces suivantes : Colutea arborescens, Omphalodes verna, Doronicum Pardalianches, Coronilla varia, Sedum Cepæa, Ribes alpinum, Lonicera Xylosteum, Papaver hybridum, Senecio squalidus, Bunias Erucago; et il doute même de la spontanéité des Orobus niger, O. vernus, Pulmonaria officinalis et Campanula latifolia. Il consacre un article à chacune de ces plantes, étayant son opinion sur l’examen de la végé- tation des environs de Maastricht, et sur de nombreux renseignements puisés dans les meilleures flores anciennes et modernes de l’Europe. Nouvelles recherches bryologiques ; par M. Louis Piré; 4° fas- cicule (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, 1. x, n° 2; pp. 86-105, avec 2 planches). M. Piré enregistre dans ce mémoire un grand nombre de Mousses nou- velles pour la flore belge, dont la découverte est due principalement à MM. Gravet, Delogne et Marchal. Deux d’entre elles sont complétement nouvelles pour la science, le Æhynchostegium Delognet Piré, différent du Rh, depressum par son inflorescence monoique et ses feuilles nerviées jusqu'à la moitié du limbe, et fortement dentées en scie au sommet ; et le Plagio- thecium Gravetüi Piré, qui diffère principalement du P. denticulatum par le réseau des feuilles beaucoup plus dense au centre, par la forme de la capsule subdressée, et par l'opercule apiculé. Flora orientalis, sive Enumeratio plantarum in Oriente à Grecia et Ægypto ad Indiz fines hucusque observatarum, auctore Edmond Boissier. Volumen secundum. Calycifloræ polypetalæ. Genève, Bâle et Lyon, chez H. Georg, 1872. Genéve, typ. Carey. Le deuxième volume du Flora orientalis s'étend des Burséracées aux Ombelliferes ; les Légumineuses en remplissent la plus grande partie, avec des genres trés-nombreux en espèces : 23 Ononis, 69 Trigonella, 36 Medi- cago, 115 Trifolium et 757. Astragalus! On étudiera avec intérêt dans ce livre trois zones géographiques assez distinctes, celle des plantes de l'Europe moyenne qui se terminent dans les montagnes de la Gréce, celles qui com- mencent dans les déserts de l'Afrique pour se continuer dans une région ana- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 logue à travers la Perse méridionale jusqu'à l’Indus, et enfin celles qui n'ont que des localités isolées en Asie-Mineure ou en Arménie. Parmi les espèces qui frappent le plus l'attention par leur situation géographique dans ce livre, il faut évidemment citer les Rosacées arborescentes, à cause-des données qu'elles fournissent sur les migrations des peuples et sur l'origine des races aryennes, de concert avec la philologie. Le Cerasus avium Meench est indiqué « in sylvis Ponti supra Cerasuntem », le Prunus domestica L. « prope Tchabakhar Vazistaniæ in regione alpina spontanea », l Armeniaca vulgaris Lam. « in fruticetis et praeruptis totius Caucasi », l’ Amygdalus com- munis « in Antilibano, ubi regionem ad alt. 3000'-5000' arboribus constituit, in rupestribus et dumosis Mesopotamiæ spontanea ». La multiplicité des types spécifiques de ces divers genres se joint aux ‘indications fournies par les voyageurs pour attester la patrie orientale de nos arbres fruitiers. On lira avec intérêt, parmi eux, la monographie des Prus de l'Orient, surtout en la rapprochant de celle qui termine le jardin fruitier de M. Decaisne. Les Ombellifères présentent aussi quelques genres importants : 45 Buple- vrum, 30 Ferula, parmi lesquels le F. Assa fætida L. non Boiss. et Buhse (Scorodosma fœtidum Bunge), 31 Ferulago, 29 Peucedanum, 27 Hera- cleum. — Le genre Hedera présente trois espèces, dont l'une, VH. Poetarum Bertol, , se retrouve en Corse. Monographie des Ætatine de la flore belge; par M. Apol- lon Hardy (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. x, n? 3, pp. 175-194). Aprés une introduction historique et bibliographique, dans laquelle il nous donne le conspectus du genre E/atine, tel qu'il doit paraître prochainement dans la nouvelle édition du Flora belgica que prépare actuellement M. Du Mortier, M. Hardy entre dans la monographie proprement dite. Il reconnait en Belgique huit espèces d’ E latine, qui sont les suivantes : 4. E. Alsinastrum L, (E. verticillata Lam.). 2. E. hexandra DC. (£. Hydropiper L., var. 8; E. paludosa Seub., var. «; E. hexandra GG. , var. a). 3. E. majuscula Dum. (1827) (E. major Al. Br.); E. orthosperma Duben; Z. Zydropiper DC. Jc. Gall., tab. 43, f. 3; Lam. ZU., tab. 320, f. 25 E. paludosa Seub., var. B; E. campylosperma GG.). 4. E. Hydropiper L. ; excl. var. £. 5. E. siphosperma Dum. (E. nodosa Walk, ; Æ. Schkuhriana Hayne ? ; E. octandra DC, ; E. Hydropiper G.G.). 6. E. triandra Schk. 7. E. macropoda Guss. (E. Fabri Gren. !). 8. E. campylosperma Seub. (E. Hydropiper pedunculata Moris). 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Das plantas toxicas do Brasil. — These de concurso para a cadeira de botanica medica da faculdade de medicina do Rio de Janeiro ; par M. Joaquim Monteiro Caminhoa. In-8° de xr-188 pages. Rio-de- Janeiro, 1871. La premiere partie de ce mémoire renferme plusieurs parographes traitant de l'influence des végétaux vénéneux sur l'homme et les animaux, de lin- fluence de la nature du sol sur les principes toxiques des plantes, etc. La seconde partie est consacrée à l'exposition méthodique des plantes vénéneuses du Brésil. Chaque espèce est désignée par son nom scientifique et par ses noms vernaculaires. A la suite de ces noms se trouve l'indication de la patrie de l'espéce. Celle-ci donne lieu à des observations sur la nature de ses prin- cipes vénéneux, sur le mode d'extraction de ceux-ci, etc. Le grand nombre de plantes vénéneuses qui se rencontrent au Brésil accroit l'intérét du mémoire de M. Caminhoa. New Ferns from Lord Howe’s Island (/Vouvelles Fougères de l'ile de Lord Howe); par M. J.-G. Baker (The Journal of botany, janvier 1813, pp. 16-17). Ces deux Fougères ont été recueillies sur le sommet du mont Gower dans lile Howe, pendant l'expédition envoyée d'Australie dans cette ile pour étu- dier l'éclipse de 1871. Ce sont les suivantes : Todea (Leptopteris) Moorei Baker : Frondibus magnis oblongo-deltoideis tripinnatifidis, pinnis imbricatis oblongo-lanceolatis, inferioribus centralibus paulo minoribus leviter deflexis, pinnulis lanceolatis, segmentis late ligulatis vel infimis subcuneato flabellatis apice 3-5 crenatis, venulis in segmentis 3-5. — Cette espèce tient le milieu entre le 7! Fraseri d'Australie et le T. hymenophylloides de la Nouvelle-Zélande. | Asplenium (Darea) pteridoides Baker : Stipitibus nudis compressis viri- dibus, frondibus oblongo-deltoideis tripinnatifidis glabris nudis magnitudine mediocribus viridibus crassiusculis, pinnis inferioribus deltoideis basi inæqua- liter cuneatis superioribus sensim brevioribus, pinnulis rhomboideis sessilibus, dimidio inferiore integris subæqualiter cuneatis, dimidio superiore segmentis paucis brevibus ligulatis obtusis integris ascendentibus instructis, venulis erecto-patentibus in segmentis tertiariis solitariis centralibus, soris simplicibus elongatis (36 lin. longis) submarginalibus, semper extrorsum apertis.— Cette espèce d' Asplenium ressemble à un Pteris ; elle rappelle par certains points V A. bulbiferum et par d'autres l'A. flaccidum. Zur Botanik der Talmud (La botanique du Talmud); par M. le docteur Duschak. Brochure in-8° de 133 pages. Pesth, 1871. En commis- sion chez Franck, à Paris. — Prix : 2 fr. 75. M. Duschak a divisé ainsi le sujet de ses études de philologie et de bota- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 193 nique : plantes textiles (fournissant le Lin, le Coton, le Chanvre, les maté- riaux utiles à la fabrication du papier) ; huiles végétales (d'olives, de Sésame, d'eeillette, de noix, de noix de coco ; cire, etc.) ; matières colorantes (indigo, safran) ; gommes résines (myrrhe, oliban, assa fœtida), arbres résineux (Pin, Sapin, Meléze, Cèdre); arbres à bois dur (Chene, en hébreu : 4° é/ón, que l'auteur compare au grec i)64 et au latin ex; et 2° mel, que l'auteur com- pare au grec pea. — Châtaignier, Sycomore, Acacia, Buis, etc.); arbres à bois blanc (Saule, Corylus, Zizyphus); jardins pomologiques (Pommier, Poirier, Coignassier, Grenadier, Figuier, Cucurbitacées, Vigne, à propos de laquelle l'hébreux bacha est rapproché du grec Gaxy» et de Bacchus; — Pécher, Amandier, Prunier, Cerisier, Aurantiacées, Dattier, etc.) ; Cé- réales diverses, Légumineuses; racines charnues (Rave, Carotte, Asperge, Artichaut) ; végétaux bulbeux ou alliacés; végétaux que l'on mange en salades ; végétaux à épices, etc. Chacun de ces articles contient des assimila- tions philologiques sur la valeur desquelles les savants spéciaux auront à se prononcer, et peu de notions botaniques en outre de la détermination bota- nique du végétal étudié par l'auteur. L'étude de M. Duschak, quoique bornée au Talmud, aura de l'importance méme pour celle des plantes de l'Ancien et du Nouveau Testament, puisqu'elle permet de suivre la tradition qui s'est con- servée parmi les rabbins et les savants juifs relativement au nom de certaines plantes contestées. On remarquera d'ailleurs que son livre est dédié à M** Haynald, archevêque de Kalocza, l'érudit qui connait le mieux en Europe les questions d'exégése relatives à l'histoire naturelle de l'Écriture, et dont on attend d'année en année une importante publication sur cette matière, qui se prépare depuis longtemps avec le concours de notre confrère M, le docteur Aug. Kanitz. On the stipules of Magnolia and Liriodendron ; par M. Thomas Meehan (Proceedings of the Academy of notural sciences of Philadelphia, pp. 114-117). M. Meehan pense que la feuille des Magnolia est ternée dans l'origine, et que les deux lobes latéraux, en devenant adnés au pétiole, forment les gaînes stipulaires que l'on connait ; que dans le genre Liriodendron la soudure est portée encore plus loin, et que le pétiole y adhére avec la tige, autour de laquelle adhère également la gaîne stipulaire, en laissant libre, entre ses extré- mités, un sillon que l'on reconnait au cóté opposé à celui de l'insertion de la feuille. Comision de la flora forestal espamola. Resumen de los trabajos verificados por la misma durante los años de 1869 y 1870. Madrid, tip. del Colegio nacional. Un vol. in-4° de 190 pages, avec 13 planches. Ce volume renferme, en premier lieu, le récit des excursions entreprises par Td (REVUE) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les naturalistes espagnols membres de la commission forestière, ainsi que les listes des plantes rencontrées par eux dans diverses localités. Vient ensuite un résumé nommé Catalogue méthodique des espèces ligneuses et silvestres observées dans des excursions faites par la commission de 1867 & 1870. Il comprend, pour chaque espèce, l'indication soigneuse des localités où elle a été observée et des noms vulgaires qu'elle y porte, suivant le mode adopté par la inême commission dans une publication antérieure (1). Les planches jointes à ce fascicule représentent le Genista Tournefortii Spach, le Quercus Robur L., le Q. coccifera L., le Sorbus hybrida L., différentes variétés du Q. Ilex L., le Catha europea Boiss., le Myrtus communis L., et des variétés du Rhamnus alaternus L. Revision of the momenclatare and arrangement of the Cape species of Anthericum ; par M. J.-G. Baker (The Journal of botany, avril 1872, pp. 99-101 ; mai 1872, pp. 135-141) ; tirage à part en brochure in-8*. Le genre Anthericum, extrêmement abondant au Cap de Bonne-Espé- rance, est assez confus dans les herbiers et dans les livres. M. Baker en trace d'abord l'histoire; il montre que l'exactitude de leur étude dépend de l'exa- men des types des vingt-deux espèces établies et trés -briévement caractérisées par Thunberg, dont l'herbier est conservé à Upsal. M. Baker a pu en obtenir communication. Il établit d'abord un conspectus des espèces qu'il admet et qu'il répartit entre cinq groupes : Bulbine L., Bulbinella Kunth, Tra- chyandra Kunth, Streptanthera (Cæsia Kunth part, non R. Br.), et Di- lanthes (Chlorophytum Kunth part. non R. Br.). Ges espèces sont au nombre de cinquante-quatre. Notice sur le Pinguicula Flos Mulionis Ed. Mn.; par M. Éd. Morren (La Belgique horticole, décembre 1872, pp. 371-374, 2 pl). P. Flos Mulionis foliis spatulato-oblongis acuminatis superne pilosis, scapis, calycibus, calcare et ovario pilosis, lobis calycinis lanceolatis acutis, corolla subbilabiata, quinquepartita, lobis patentibus obcuneatis subaequalibus, cal- care reliqua corolla sublongiore cylindrico arcuato acuminato. — Folia rosu- lata, 15-20 lin. longa, pollicem lata, crassa, pagina inferior glabra. Scapi 2-3- pollicares. Corolla 10 lin. longa, fauce alba, pubescente, limbo ampliato, pur- pureo-violaceo, calcare lobisque majoribus per authesin sursum spectantibus, tubo abbreviato. — Differt à P. oblongifolia DC. lobis corollae obcuneatis, fauce aperta. — Habitat prope Paso del Macho, prov. Vera-Cruz, Mexico (Omer de Malzinne). M..Morren figure cette espèce, cultivée à Liége chez MM. Jacob Makoy, et reproduit le dessin encore inédit de Mociño, seule trace du Pinguicula (1) Voyez le Bulletin, t. xvit, Revue, p. 155. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 oblongifolia qui existe encore dans la littérature botanique, et que M. Alph. de Candolle a bien voulu lui communiquer. On a species of Azete new to the Flora of Europe discovered by D" F. Welwitsch, with a review of the Juncaccæ collected by him in Portugal ; par M. Henry Trimen (The Journal of botany, mai 1872, pp. 129-155). Le Luzula découvert en Portugal par feu M. Welwitsch (77. lusit. exs. n° 95) est le Zuzula purpurea Link (Juncus purpureus Buch. , Luzula ele- gans Lowe, L. Berthelotii Nees, L. gracilis Welw. msc., Bourg. pl. can. n? 152). M. Trimen en donne la description et une figure. Dansle synopsis qu'il trace figurent les genres Narthecium et Aphyllanthes. Les Joncées proprement dites y sont représentées par les espèces suivantes : Luzula Forsteri DC. (Juncus vernalis Brot.). — L. purpurea Link. — L. silvatica Gand. (J. maximus Brot. — L. lactea E. Mey. (J. lacteus Link in Schrad. Journ. bot., 11 [1799], p. 346; J. stæchadanthos Brot.). — L. campestris DC. — L. cæspitosa J. Gay. Juncus acutus L, — J. maritimus Lam. — J. communis E. Mey. — J. glaucus Ebrh. (J. diaphragmarius Brot.). — J. obtusiflorus Ehrh. — J. Fontanesii Gay (J. articulatus Desf., J. silvaticus Brot. part., J. striatus Hochst. un. itin. lusit. n° 334, Welw. FL lusit. n° 295, J... Hochstetteri Steud., J. striatus var. 8. diffusus Huet FL nap. exs. n° 432). — J. echi- nuloides Brot. (J. valvatus Link ?). — J. silvaticus Reichard (J. acutiflorus Ehrh., J. silvaticus Brot.).— J. éamprocarpus Ehrh. — J. supinus Meench (J. Welwitschii Wochst.). — J. squarrosus L. — J. Tenageia L. — J. pygmæus Rich. (J. hybridus Brot.).— J. capitatus Weig. (J.gracilis Brot. ). Sertulum maiguatense ; par M. A. Ernst (The Journal of botany, septembre 1872, pp. 261-264). Le mont Naiguata est situé dans la province de Caracas ( Vénézuéla), à l'est de la chaine nommé S7//a de Caracas. Le Naiguata a une hauteur de 2800 mè- tres; c'est la montagne la plus élevée de la chaîne littorale du Vénézuéla. M. Linden en a fait l'ascension partielle il y a trente-cinq ans. Plusieurs explo- rateurs, ayant à leur téte M. James et M. Spence (qui a envoyé en Angleterre à son père, M. Peter Spence, Erlington- House, Whalley Range, Manchester, une belle collection d'Orchidées de Caracas), ont recueilli le 23 avril 1872, un certain nombre de plantes intéressantes sur le sommet du Naiguata, au nombre de trente-deux, dont M. Ernst donne la détermination, y compris celle d'une espèce nouvelle de Chusquea (Ch. Spencei Ernst), ce qui lui donne occasion de tracer un synopsis du genre Chusquea, Il termine par cette remarque inté- ressante, que plusieurs espèces végétales du Mexique se retrouvent dans le Vénézuéla sans que l'on connaisse de stations intermédiaires, 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Botanique japonaise. Livres Kwa-Wi; traduit du japonais avec l’aide de M. Saba, par le docteur L. Savatier. 4 vol. in-8° de 156 pages. Paris, F. Savy, 1873. La traduction du Kwa-wi n'est que le commencement d'une série de publications que M. Savatier se propose de faire plus tard, afin d'initier les botanistes européens aux progres successifs et à l’état actuel de la botanique japonaise. Son livre commence par une préface où il donne quelques détails sur la maniére dont les plantes sont désignées dans les livres japonais, sur la pro- nonciation des noms de ces plantes, qui varie au Japon d'un dialecte à Pautre, et sur la manière de la transcrire en caractères européens, assez difficile pour que les noms japonais cités par Kæmpfer, par Thunberg, ainsi que beaucoup de ceux qu'à indiqués Siebold, et même MM. Hoffmann et Schultes, trés-versés cependant dans la connaissance des langues de l'extrême Orient, n'expriment absolument rien aux oreilles des botanistes japonais. M. Pfizmaier au contraire (1), qui a traduit déjà plusieurs passages d'une encyclopédie japonaise, s'est approché plus que tout autre de la véri- table prononciation indigène. Les livres Kwa-wi eux-mêmes comprennent deux préfaces, l'une d'an ami de l’auteur qui présente le livre au public ; la seconde de l’auteur lui-même. Ensuite les huit livres de l'ouvrage se subdivisent en quatre livres qui traitent des herbes, et quatre autres qui traitent des arbres. Chaque livre comprend vingt-cinq descriptions, assez courtes, au bas de chacune desquelles M. Sa- vatier donne la détermination botanique correspondante et souvent une note intéressante en se référant au traité fondamental de botanique japonaise, le Soo bokf. Le livre se termine par une table alphabétique des noms japonais cités dans le livre, avec le nom botanique en regard, suivie d'une table alphabétique latine des espèces. Christiania Omegas phanerogamer og Bregner, cte. (Enumération des Phanérogames et des Fougères de la flore de Chri- tiana) ; par M. A. Blytt. In-8° de 103 pages. Christiania, 1870. M. le professeur Blytt a déjà publié en 1844 l'£numeratio plantarum vascularium que circa Christianiam sponte nascuntur. Depuis cette époque, des recherches postérieures ont augmenté cette liste de cent soixante et onze espèces, de facon qu'elle en compte à présent neuf cent cinquante et une (y compris les plantes adventives). Cette richesse relative tient à la variété des terrains, à la végétation maritime des côtes, à la végétation subalpine des . (4) Voyez le Bulletin, t.xiv, Revue, p. 6. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 montagnes qui s'élèvent à près de 2000 pieds, et à la situation assez méridio- nale, en Norvége, de ce pays, dont le climat est continental et offre de grandes chaleurs en été. Les recherches qui ont été faites en Norvége relativement à l'influence du terrain sur la végétation ont fait penser que la distribution des plantes est déterminée par les qualités physiques du sol conjointement avec la nature du climat. On trouvera énumérées dans le mémoire de M. Blytt (dont l'introduc- tion fait partie d'un traité couronné par l'université norvégienne), dans autant de tableaux différents : 4° les espèces qui se présentent exclusivement sur les schistes argileux et sur le calcaire ; 2° celles qui se. présentent de préférence sur ces lerrains; 3° celles qui se présentent exclusivement sur les roches primitives et plutoniques ; 4° celles qui se présentent de préférence sur ces roches. Le premier tableau renferme cinquante-trois espèces, et le troisième cinquante-neuf, Il faut noter un fait important, c'est que, des neuf cent cin- quante et une espèces qui existent dans les environs de Christiana, sept cent quatre-vingt-une y ont été positivement trouvées sur différentes roches. Les plantes subspontanées ct maturalisées de la flore du Grand-Duché de Luxembourg; par M. Eug. Fischer (extrait des Publications de l'Institut royal grand-ducal de Luxem- bourg, section des sciences naturelles) ; tirage à part en brochure in-8? de 126 pages. Luxembourg, impr. V. Buck, 1871. M. Fischer insiste d'abord sur un fait de géographie botanique bien connu, . à savoir que les végétaux qui forment le tapis végétal d'un pays quelconque ne sont pas dans leur généralité les mémes qui existaient autrefois dans le méme lieu. Il divise les plantes introduites et naturalisées en quatre groupes : 3° celles qui ont été introduites avant et pendant l'époque de la domination romaine ; 2° le groupe du moyen âge, que l'on peut faire remonter d'apres M. Chatin à l'époque de Charlemagne ; 3° le groupe de plantes introduites à la suite de la découverte de l'Amérique, et provenant du nouveau continent ; h° les plantes introduites dans les derniers temps. En présentant l'énumération de ces quatre groupes, fondus en une seule série, l'auteur y comprend par extension les plantes les plus communes cultivées en grand dans le Luxembourg, messicoles, silvicoles ou horticoles, et les plantes non consignées par Tinant dans la Flore luxembourgeoise, qui maintenant croissent à l’état plus ou moins sauvage dans le Grand-Duché. Pour chacune de ces plantes, l'auteur indique, autant qu'il lui est possible de le faire, l'époque et les particularités de son introduction dans le pays, ainsi que sa patrie, si elle est connue. D'après cet ouvrage, il y aurait anjourd'hui dans le Grand-Duché environ trois cent vingt espèces végétales phanérogames subspontanées, naturalisées ou cultivées avec une certaine extension et qui autrefois, à une époque reculée, 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ne S'y trouvaient pas. C'est environ le quart de la végétation. Il y en a proba- blement d’autres encore, dit l’auteur, qui se sont répandues sur les pas de l'homme depuis que notre sol est habité, mais les données lui manquent pour en déterminer avec plus ou moins de probabilité l'origine étrangère. Histoire dc la botamique, de la minéralogie et de la géologie, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours; par M. Ferdinand Hocfer. Un volume in-8° de 411 pages. Paris, Hachette et Cie, 1872. — Prix : A fr. L Histoire de la botanique, qui forme environ les deux tiers de ce volume, a été divisée par l'auteur en quatre livres. Il traite successivement de la bota- nique dans l'antiquité, au moyen áge, et dans les temps modernes; le qua- trième livre .est intitulé : Progrès de la botanique depuis le dix-huitième siècle jusqu'à nos jours. Le premier livre traite dela flore biblique, de la flore d'Homère et des plantes citées dans les œuvres des poëtes ou des naturalistes de l'antiquité. Dans cette étude, dont il ne faut pas méconnaître l'originalité, l'auteur adopte souvent une interprétation nouvelle des termes anciens, hébreux, grecs ou latins, et il en fournit des étymologies intéressantes. Ainsi le Dokhan, Holcus Sorghum L. (H. Dochna Forsk.) (1), dont les épillets en. panicule sont d'un brun plus ou moins foncé, dérive de l'hébreu dokhan, être de couleur bru- nâtre. Le pôl des Hébreux, Faba dans la Vulgate, serait le Pois chiche. L'adaschtm (pluriel d'agesch), d'adasch, faire paître, désignerait la Vesce, et ce ne serait pas pour un plat de Lentilles qu'Esaü aurait vendu son droit d'ainesse. Le fapponak ne serait point le Pommier, mais l'Oranger. Le mot hébreu mor (dérivant de marar, découler, être amer) paraît la racine du grec uugoa. Les dudaim. de la Bible seraient les fruits de Asclepias gi- gantea, etc. — Le Lotus d'Homère est pour M. Hoefer le Caroubier (Voyez l'Univers pittoresque du méme auteur, États tripolitains, p. 83, et le Ca- roubier ou l'arbre des Lotophages, par M. Ph. Bonné, Alger, 1869, in-18). Le Népenthès d'Homère. est pour lui l'opium, le moly une espèce d' Arum, probablement la Serpentaire. — La flore du paganisme offre à l'étude de l'auteur le jardin des Hespérides, dont il fixe la place dans la Cyrénaique, où croissait le Silphium (Thapsia Silphium Viv., Laserpitium Derias Pacho). — Plus loin, analysant le vers fameux, Alba ligustra cadunt, ete., M. Hoefer y reconnaît d'une part les fleurs blanches printanières du Troëne, et de lautre part les baies noires qui leur succèdent en automne, et qui sont cueil- lies pour servir de teinture. Dans le deuxième livre sont étudiés les botanistes arabes (principalement Abd-Allatif), les botanistes byzantins, les botanistes de l'Occident (École de (^) Voyez plus haut, p. 47. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 199 Salerne, Macer Floridus, Walafrid, 'abbesse Hildegarde, Albert le Grand, etc. ); il se termine par la mention des premiers voyages scientifiques. Le livre troisième commence par les découvertes faites en Amérique (Lopez de Gomara, Fernandez de Oviédo, Hernandez, Martin del Barco, Jerôme Benzoni, André Thevet) ; enfin, avec Marcgrave et Pison, nous entrons dans une période plus connue. Tout le troisième livre de l'auteur témoigne d'une érudition aujourd'hui assez rare chez les botanistes de profession et prouve que M. Hoefer possède une bibliothèque spéciale comme il n'en existe en France qu'un petit nombre chez les particuliers. Chacun des auteurs antérieurs à Linné lui fournit l'occasion d'une notice à la fois biographique et bibliogra- phique qui sera toujours consultée avec fruit, fondée sur l'esquisse originale de leurs travaux, de leurs voyages et de leurs relations. Le livre quatrième traite de la phytonomie, on classification, de la phyto- logie (mot choisi par l'auteur pour désigner l'ensemble de l'anatomie, de la physiologie et de la morphologie végétales), et de la phytographie, dans laquelle il comprend la culture, l'acclimatation et la distribution des végétaux. Les livres et les noms d'auteurs se pressant dans le x1x° siècle, l'auteur. ne peut que signaler brièvement la plupart des publications consacrées aux plantes vasculaires dans cette derniére et féconde période. Essai phytographique d'une Chloris vichyssoise. Flore de Vichy, aux naturalistes et aux amis des fleurs ; par M. Pascal Jourdan, avec une préface de George Sand. Un volume in-12 de 369 pages, avec douze dessins à deux teintes. Vichy, typ. et lith. C. Bougarel, 1872. « Voici, dit madame G. Sand dans sa préface, un livre dont l'éditeur doit étre encouragé et l'auteur remercié, car il rentre dans ce mouvement civilisa- zeur qui honore une ville et une province. Ce livre est un appel et un stimu- lant à l'étude poétique et positive de la nature ; on voit qu'il a été fait avec amour, avec passion méme, puisqu'il a pu étre fait sans préjudice des travaux simultanés d'utilité publique (1) que l'auteur, géologue et mineur praticien, a su mener à bien ». . Le livre de M. P. Jourdan débute par une préface écrite en septembre 1870, où respirent les sentiments les plus patriotiques. Il vient ensuite au sujet de son livre, et se demande où est la ligne de démarcation entre la vie végélale et la vie animale. Il reconnait que la transition reste obscure, mais que le monde des plus petits étres a pour point de départ précis identique et incontestable : l'àmperfection infinie. La Cryptogamie inférieure a été, de la part de M. Jourdan, l'objet d'une attention particulière, Il a plusieurs fois exploré les nombreuses galeries sou- (4) La Flore de Vichy a été composée au moment oà M. Jourdan, chargé d'une impor- tante mission hydrotechnique, rendait à Vichy la grande source des Célestins, 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. terraines qui se croisent en tous sens sous les bâtiments des bains, et recherché minutieusement les plantes vivant dans ces milieux obscurs et humides. Cette flore souterraine a été sommairement décrite par l’auteur sous le pseudo- nyme d'El-Hadg-Méphisto, dans le n° 17 du journal Le Programme de la journée à Vichy, 5 juin 1870. Cette végétation doit avoir des fonctions dif- férentes de la respiration ordinaire des végétaux, respiration qui, suivant l'auteur, a été signalée dans son dualisme fonctionnel d'aspiration et d'exha- lation par Anaxagore, cinq cents ans avant l'ère chrétienne. Le catalogue dressé par M. Jourdan s'éloigne beaucoup par sa forme de l'aridité des catalogues ordinaires. Il entre au sujet de plusieurs plantes dans des détails descriptifs et historiques, et s'étend sur les noms populaires et les symboles qui ont été attachés à chacune d'elles. Un appendice renferme la liste des plantes rares qui croissent en dehors du périmetre embrassé par la flore de Vichy, avec l'indication des localités et des terrains sur lesquels ces plantes ont été observées. Mosaïque de florales rudérales du centre de Ia France; par M. Pascal Jourdan, Premier fascicule. Brochure in-8° de 49 pages. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1872. Ce premier fascicule se compose de notes détachées dont les sujets sont : 4° le château et l'église de Guéret; 2° le Puy-de-Gaudy ; 3° Toulx-Sainte-Croix ; 5° les pierres Jomathres du mont Barlot; 5° les pierres d'Ep-Nell. L'auteur à cru bon de joindre à ses remarques botaniques quelques données historiques, minéralogiques ou géologiques. Le catalogue de la florule de chaque église ou des blocs de pierre offre dans les travaux de M. Jourdan un intérêt particulier parce que l'auteur y fait ressortir l'influence que l'exposition exerce sur la distribution géographique des plantes. Monographie du genre Cyclamen ; par M. A. De Vos (La Belgique horticole, 1872, pp. 235-237). L'auteur divise, dans cette monographie horticole, les Cyclanen en deux groupes : A. Espèces à floraison printanière; Corolle sans plis à l’entrée de la gorge : Cyclamen europœæum L. (Alpes). — C. coum Mill. (Grèce, Archipel). — C. vernum Lab. (C. repandum Sibth. tab. 186 ; Bot. cab. 1942 ; C. hede- rifolium Bot. Mag., tab. 1001; C. radice Castaneæ magnitudine Tourn. ; France méridionale). — C. persicum Mill. (C. latifolium Sibth., C. indi- cum L.). — C. antiochium. B. Espèces à floraison automuale : C. africanum Van Houte FI. des serres, viu, p. 249 (C. africanum aliud gigas monspessulanum H: R. P., C. neapolitanum Duby). — C. hederifolium C. Bauh. (Gers). — C. grecum Link (Morée, Crète): REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 201 index plantarum officinalium Floræ Chersonensis, auctore E. a Lindemann (Mémoires de la Société des naturalistes de la Nouvelle- Russie, t. 1°); tirage à part en brochure in-8*. Odessa, Nitcze, 2012 Cet index se divise en plusieurs listes qui comprennent : 1? les plantes offi- cinales ; 2° les plantes alimentaires; 3° les plantes oléiféres; 4° les plantes ré- sinifères; 5° les plantes saccharifères ; 6° les plantes saliferes; 7° les plantes à tabac, que l'auteur nomme fremificeæ ; 8° les plantes à tanner ; 9? les plantes textiles ; 10° plantes tinctoriales. L'auteur indique quelles sont les parties de chaque plante employée et quels sont ses usages ou ses vertus. Die Eiweisskorper der Getreidearten, Hülsenfrüchte und Olsamen (Le principe albumineux des céréales, des fruits des Légumi- neuses et des graines oléagineuses) ; par M. H. Ritthausen. In-8° de 252 pages. Bonn, Max Cohen et Fils, 1872. — Prix : 6 fr. 75. En commis- sion chez Franck à Paris. L'auteur a partagé son livre en cinq chapitres. Le premier traite des sub- stauces protéiques dans les Graminées (Blé, Seigle, Orge, Mais, Avoine) ; le deuxième étudie la caéine, la légumine et la conglutine chez les Fèves et les Haricots, les Lupins, les Amandes, le Ricin, etc. ; le troisiéme traite des produits de décomposition qu'on obtient en traitant par divers agents chi- miques les substances protéiques. Le cinquième chapitre traite des méthodes analytiques. On voit que cet ouvrage est plutót du ressort de la chimie que de celui de la botanique; on y trouvera cependant des documents importants pour l'étude dela germination et des transformations que subissent les sub- stances protéiques dans leur transport à travers les organes des végétaux, ainsi que sur la constitution propre des grains des diverses espèces de céréales, qui différent singulièrement entre eux. Ainsi l'Orge se rapproche du Blé, sauf qu'elle ne contient pas de gluten, le Mais est riche en fibrine, le Seigle a peu de fibrine, mais de la mucédine et de la cas^ine végétale; enfin l'Avoine se distingue par sa grande richesse en légumine. Les plantes étudiées au mieroseope; par M. Jules Girard. Petit in-8° de 302 pages. Paris, libr. Hachette, 1873. Ce livre débute par des préliminaires où l'auteur donne des conseils au lecteur sur l'emploi du microscope et sur l'application de cet instrament à des observations de botanique. Le livre proprement dit se divise en deux parties : la première est relative à l'anatomie des organes des plantes, la deuxième aux végétaux microscopiques. Dans la première partie, M. Girard étudie succes- sivement la cellule végétale, les caracteres principaux du tissu des plantes, la chlorophylle, l'absorption radiculaire, l'organisation et le développement de 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la tige, la structure et les fonctions des feuilles, les formes de la graine et du fruit, et le tapis végétal des foréts. La deuxième partie passe en revue les sujets suivants : le monde des Cham- pignons, les causes des maladies des plantes, les produits de la fermentation végétale, les Algues marines grandes et petites, les végétations de l'eau crou- pissante, les Algues géométriques, les Diatomées; confusion de la vie végé- tale avec la vie animale ; enfin les poussières de l'atmosphère et l'origine des épidémies (1). j Ucber die mannliclien Pflanzen und die Schwarmspo- ren der Gattung Zirgopsis (Sur les plantules måles et les zoo- spores du genre Bryopsis); par M. Pringsheim (Wonatsberichte der R. Preussischen Akad. der. Wissenschaften, mai 1871, pp. 240-255, avec une planche). Les organes mâles du genre Bryopsis n'étaient pas encore connus lorsque M. Pringsheim profita pour les étudier du séjour qu'il fit sur les côtes de la Méditerranée pendant l'hiver 1870-71, bien que leurs zoospores aient déjà été décrites par J. Agardh et plus tard par d'autres algologues, notamment par MM. Derbés et Solier, et par M. Thuret. M. Pringsheim fait ressortir quel- ques différences dans les descriptions données de ces organes par ces divers savants. Il trace ensuife le compte rendu de ses propres observations, faites sur le Bryopsis cupressoides et le B. arbuscula, et décrit avec soin la manière dont les granules de chlorophylle se transforment en zoospores. Il a observé des zoospores agrégées deux ou plusieurs ensemble au sortir du zoosporange sans croire qu'il y eüt là union entre des zoospores préalablement séparées, attendu qu'elles. n'étaient. pas associées par les extrémités non ciliées, comme cela a lieu dans le cas de conjugaison véritable. Ces phénomènes ne tien- draient selon lui qu'à un arrêt de développement. Aprés ces observations, M. Pringsheim entre dans la description des indi - vidus mâles des Bryopsis, qui se distinguent par leur coloration rose ou orangée.. Il a suivi avec soin sur eux le développement des microgonidies, qui ont d'abord une forme allongée, presque bacillaire, et qui sont pour lui les anthérozoides des Bryopsis. Ils s'écartent notablement de la forme que ces organes présentent chez les Vaucheria, mais sans que ces différences dépassent celles qui peuvent affecter deux genres différents. Mais outre cette coustatation d'organes mâles, l'auteur n'a pu trouver d'or- ganes femelles chez les Bryopsis, ni observer rien qui ressemblât, chez ces plantes, à une véritable copulation (Paarung). : (1) En traitant du livre de M. Girard, nous devons signaler, dans le méme ordre d'études, un mémoire de M. le comte Castracane degli Antelminelli : Sulla illumina- 310n6 monocromatica del microscopio e la fotlomicrografia e loro utilità (extrait des Atti del? Accademia pontificia dei nuovi Lincei, xxiv? année, 3° session); tirage à part en brochure in-4° de huit pages avec une planche. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 Ueber Entstehung und Paarung der Schwürmsporen von Efothria (Origine et copulation des zoospores des Ulothrix); par M. C. Cramer (Botanische Zeitung, 1871, col. 76-80, 89-91). Ces observations ont été publiées d'abord dans le Compte rendu annuel de la Société des sciences naturelles de Zurich, t. xv. M. Cramer a observé sur un Ulothrix recueilli dans pne fontaine de Zu- rich des zoospores de deux sortes ; les plus gros germaient sans copulations, ce qui prouve que c'étaient simplement des organes de végétation; les petits élaient soumis à une copulation comme ceux du Pandorina Morum qu'a étudiés M. Pringsheim. Beobachtungen über Paarung von Schwarmsporen (Recherches sur la copulation des zoospores) ; par M. W. Welten (Bota- nische Zeitung, 1871, n° 23, col. 383-387, avec une planche). Les observations de M. Welten ont porté sur le C'hlamydoroccus pluvialis, dont la génération se rapproche beaucoup de celle du Pandorina. Il existe dans cette espèce un mode de reproduction, suivant lequel le contenu d'une cellule-mére se partage en deux ou en quatre parties, ou cellules-filles, qui deviennent libres, et qui, transformées en zoospores ciliées, s'accolent par l'exirémité opposée à celle qui porte les cils; les membranes qui les séparent se résorbent au point de contact, après quoi l'on voit le contenu de l’une des deux cellules, que l'on peut regarder comme la cellule-mâle, passer peu à peu dans l'autre ; le contour de cette cellule -móle persiste pendant longtemps, et les deux cils aussi, lorsqu'ils se sont depuis longtemps séparés du con- tenu protoplasmatique de la cellule. Il est de plus en plus évident ici que les zoospores femelles sont des vésicules embryonnaires mobiles. Ecobaehtungemnm über Paarung von Schwarmsporen ; par M. J.-T. Rostafinski (Botanische Zeitung, 1871, n° 46, col. 781-785). L'auteur commence par décrire la formation des deux sortes de zoospores chez une Volvocinée du genre Chlamydomonas ; les faits s’y présentent comme dans le Pandorina et V Ulothrix, mais ils different beaucoup de ceux que M. Welten a vus sur le Chlamydococcus, où ce sont les macrozoospores qui entrent en conjugaison. On ne trouve d'analogie avec ces faits que dans les phénomènes observés par M. Cienkowski sur les monades parasites (Archiv für mikroskopische Anatomie de Max Schultze, 1, 203), dont on peut rap- procher encore un fait étudié par M. Lieberkühn ( Vossische Zeitung, juillet 1855). Suivant M. Rostafiuski, la prétendue copulation de M. Welten ne serait que le fait d'une succion opérée sur une macrospore du Chlamydo- coccus par une Monade parasite. 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Ein neuer Algen-Parasit aus der Orduung der Phyco- myeeten ; par M. Phitzer (Monatsberichte der K. preuss. Akademie der Wissenschaften, mai 1872, pp. 379-398, avec une planche). Nous avons déjà cité ce mémoire de M. Pfizer, en note au bas de la page 83. Nous y revenons pour dire que M. Pfitzer diffère un peu sur certains détails de classification des auteurs qui l'ont précédé. Il réunit son Ancy- listes Closterit, le Myzocytium de M. Cornu, celui de M. Schenk, qui diffère selon lui du précédent, et l'Achlyogeton de M. Schenk, dans le groupe nou- veau des Ancylistées, et trace de la manière suivante les caractères de quatre familles cryptogamiques qui sont depuis quelque temps l'objet de travaux importants : 1. CHYTRIDIEX. — Mycéliam se transformant complétement ou presque complétement en une ou plusieurs conidies qui produisent des zoospores. Spores permanentes naissant par reproduction sexuelle. 2. ANCYLISTEÆ. — Végétation comme chez les Chytridées, Conidies pro- duisant des zoospores et aussi des utricules nées par germination. Spores permanentes résdltant d'une copulation. 9. SAPROLEGNIEÆ. — Mycélium uni-cellulaire, aquatique ; conidies sur les rameaux, ne se détachant pas, produisant des zoospores. Fécondation par anthérozoïdes. h. PERONOSPOREÆ. — Végétation comme chez les Saprolegniées, non aquatique. Les conidies produisent des zoospores ou des utricules par germi- nation. Fécondation par diffusion. On remarquera en lisant le mémoire de M. Pfitzer, et surtout en consultant ses figures, combien est grande la difficulté que les faits de parasitisme jettent dans l'étude de la fécondation des Cryptogames inférieurs, les parasites pou- vant facilement étre pris pour des organes de fécondation quand ils s'accolent sur le tissu dont ils se nourrissent, ou quand ils y pénètrent. Nous avons déjà fait ressortir cette difficulté, Ueber den Befruchtungsvorgang bei den Charen (Sur le mode de fécondation des Chara) ; par M. de Bary (ibid., pp. 227-239, avec une planche). Jusqu'à présent, dit l'auteur, c'est seulement sur des raisons d'analogie qu'on s’est appuyé pour admettre la sexualité et la fécondation chez les Charactes sans l'avoir observée directement. Ses observations viennent combler cette lacune, Elles ont été faites sur le Chara fætida et sur le Ch. contraria. Il a vu les anthérozoides se rassembler autour du col de l'archégone, et le filament mâle s'unir au corps protoplasmique de l'oogone; enfin d’après ces faits les Characées viennent définitivement se ranger, par leur fécondation, auprés des Fougères, des Mousses, et méme, dit-il, des Vauchériées et des OEdogoniées. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 Ce fait anéantit l'hypothèse soutenue autrefois par M. Pringsheim, qui repor- tait la fécondation des Characées à une période organogénique bien antérieure. D'un autre côté il conduit l'auteur à assigner aux Gharacées une place dans le grand groupe des Algues où elles formeraient une division de même valeur que les Characées et les Floridées. BIBLIOGRAPHIE. On the occurence of Orobanche ; a genus new to the Flora of New-Zea- land; par M. T. Kirk (Transactions and Proceedings of the New-Zealand Institute, 1869, p. 106). On the discovery of /soëtes and other genera of Rhizocarpeæ, new to the flora of New-Zealand ; par M. T. Kirk (ibid. , p. 107). On the naturalized plants of New-Zealand, especially with regard to those occurring in the province of Auckland ; par M. T. Kirk (ibid. , pp. 131-146). Rivista botanica (Revue botanique pour l'année 1869) ; par M. A. Fazzi ( Rivista scientifica publicata per cura della R. Accademia dei Fisiocritici, sous la direction du professeur G. Gianuzzi, 2* année, Sienne, 1870, pp. A^-71). Cross Fertilization and the Law of Sex in Zuphorbia (Fécondation croisée et loi sexuelle dans le genre Euphorbia) ; par M. Thomas Meehan (Procee- dings of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1870, pp. 15-15). On the flowers of Aralia spinosa L. and Hedera Helix L.; par M. Tho- mas Meehan (ibid. , pp. 107-108). Notes ou Silphium laciniatum L.; par M. Thomas Meehan (i5id., pp. 117-418). Bud-varieties (Variétés dans le bouton) ; par M.Th. Meehan (ihid. , p. 128). Remarks ou D" Asa Gray's notes ou Buckley's new plants of Texas (Re- marques sur les notes de M. Asa Gray sur les plantes nouvelles du Texas de Buckley); par M. S.-B. Buckley (ibid. , pp. 135-158). — M. Buckley se plaint que M. Asa Gray ne lui a pas toujours rendu justice, et s'applique à réfuter les critiques que M. Gray a publiées en 1862, sur les travaux bota- niques de l'auteur. On some fossil ferns in the Ravenhead collection; par M. F.-P. Marrat et le Rév. H.-H. Higgins (Proceedings of the Liverpool geological Society, 1872). — Les six espèces de Fougères fossiles énumérées par M. Marrat dans ce mémoire viennent des couches de Ravenhead, près Liverpool. De l'influence du froid de l'hiver sur la germination des graines ; par M. Duclaux (La Belgique horticole, 1872, pp. 177-178). On Symea,a new genus of triandrous Liliaceæ from Chili ; par M. J.-G. Baker (The Journal of botany, mars 1872, pp. 65-66, avec une planche). 206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On Anacharis; par M. C.-C. Babington (ibid. , avril 1872, pp. 97-99). On the source of the China Root of commerce (Sur la source de la racine de Squine du commerce) ; par M. Henry-F. Hance (ibid. , pp. 102-103). On a substance known as australian caoutchouc (Sur une substance connue comme un caoutchouc d'Australie); par M. W.-T. Thiselton Dyer (?5id., pp. 103-106). Notes on the (lora of Malte and Gozo; par M. J.-F. Duthie (/5id., juillet 1812, pp. 206-210). Notes ou Potamagetons ; par M. C.-C. Babington (ibid., août 1872, pp. 228-229). On a new species of /ris (/. tomiolopha, de la Chine); par M. H.-F. Hance (tbid. , pp. 229-231). On à new chinese Bignoniad (Sur une Bignoniacée nouvelle de la Chine) ; par M. H.-F. Rance (:bid., septembre 1872, pp. 257-259). — Il s'agit du Spathodea ( Markhamia) cauda-felina, n. sp. L'auteur y joint quelques observations sur la constitution de certains genres de Bignoniacées. On the structure of the valves of Z'upodiscus Argus and Zsthmia enervis, showing that their siliceous deposit conforms to the general plan of deposition in simpler forms (De la structure des valves de l'Eupodiscus Argus et de l'Isthmia enervis, pour montrer que leur dépôt siliceux se conforme au plan général que suivent ces dépóts dans des types plus simples) ; par M. Henry-J. Slack (The Monthly microscopical Journal, décembre 1872, pp. 256-259, avec une planche). Aufzehlung und Beurtheilung der auf den ostfriesischen Inseln bis jetzt beobachteten phanerogamischen und cryptogamischeu Gefæsspflanzen (Énu- mération et examen critique des végétaux vasculaires, phanérogames et eryptogames, observés jusqu'ici dans les iles de la Frise orientale) ; par M. Car. Nóldeke (Abhandlungen hersgg. vom naturwissenschaftlichen Ve- reine zu Bremen, t. 111, 1'* livraison, 1872, pp. 125-198). Beitrag zur Laubmoosflora der ostfriesischen Inseln (Recherches sur les Mousses des iles de la Frise orientale); par M. C.-E. Eiben (ibid., pages 212-216). Ueber die Nervatur der Bracteen bei den Linden (De [a nervation des brac- tées dans les Tilleuls) ; par M. Fr. Buchenau (/jid., pp. 14-16). Iakttagelser rörande Småland Movsflora (ousses connues jusqu'ici en Smaland) ; par M. N. J. Schentz (Ofversigt af Kongl: . Vetenskaps-Akade- miens Förhandlingar, année 1870, n° 2, pp. 75-103). Ce travail comprend les Mousses ct les Hépatiques. En begyudende « naturalisation à grande distance » i den europæiske Po- larzone ; par M. J.-M. Norman (cbid., n° 7, pp. 807-812). Alger Samlade vid Alexandria af D' Hedenborg (Algues recueillies à Alexan- drie par le D' Hedenborg); par M. J.-E. Areschoug (ibid. , n? 10, pp.929 -939). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 NOUVELLES. (Mars 1873.) — Trois naturalistes belges, MM. Van Volxem, Van Beneden fils et de Sélys- Longchamps fils sont partis l'été dernier pour Rio-Janeiro dans le but d'explo- rer quelques parties du Brésil, où ils doivent rester jusqu'au mois de juin prochain. — M. Van Heurck a enrichi récemment son Musée botanique d'Anvers d'une collection de produits végétaux employés en médecine et dans les arts. Ces produits, au nombre de plus de trois mille, font l'objet d'un catalogue systématique qui paraitra prochainement. — M. C.-F. Austin a mis récemment en vente, sous le titre de: Musct Appalachian, une collection de Mousses recueillies dans l'État de New Jersey. Cette collection renferme quatre cent cinquante espèces ou variétés et se vend 25 dollars. S'adresser à l'auteur, à Closter, New Jersey, États-Unis. — M. P. Rewisch, de Deux-Ponts, annonce la publication d'une collec- tion de Mousses desséchées de l'Allemagne et de la Suisse, sous le titre de : Herbarium Muscorum frondosorum Europe medic. — Au printemps de 1874 doit avoir lieu à Florence une grande exposition internationale d’horticulture organisée par la Société d'horticulture de Tos- cane, que préside notre savant confrère M. Parlatore. A l'occasion de cette exposition, il y aura un congrés de botanique, dont le programme sera rédigé par MM. Parlatore et Caruel. — Il vient de se fonder à Paris une Revue des sciences médicales en France et à l'étranger qui contiendra de temps à autre des articles de botanique appliquée à la médecine. Cette Revue, dirigée par M. Georges Hayem, pro- fesseur agrégé à la Faculté de médecine et médecin des hôpitaux, paraît trimestriellement à partir du 45 janvier dernier, par cahier de 400 pages environ. On s'abonne par l'envoi d'un bon de poste de 30 fr. par an (pour Paris) ; 33 fr. pour l'Algérieet les départements, à l'adresse de M. G. Masson, libraire, place de l'École de médecine, 17, à Paris. — M. Bordère, instituteur à Gédre, par Luz (Hautes-Pyrénées), vient de publier son nouveau catalogue d'exsiccata, à vendre au prix de 10 fr. la cen- turie. Nous y remarquons un herbier de 2000 plantes des Pyrénées au prix de 200 fr. — A vendre une collection de Diatomées renfermant environ 500 espèces et variétés montées sur mica, = Prix : 20 fr. S'adresser à M. Hansen, 1, quai Bourbon, à Paris, 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — La Société d'agriculture, de botanique et de pomologie du pays de Wans vient de se reconstituer à Saint-Nicolas (Flandre Orientale). Cette Société avait existé antérieurement de 1826 à 1851. — Le jury belge nommé par arrêté royal du 6 décembre 1871, à l'effet de décerner le prix des sciences naturelles au meilleur ouvrage publié pendant la derniere période quinquennale (1867-71), a décerné ce prix aux Recherches anatomiques et physiologiques sur les Champignons, de M. l'abbé Carnoy (1). — M. Élihn Hall, bien connu par son habileté de collecteur, a recueilli en 1871 dans l'État de l'Orégon (États-Unis) une collection de plantes (cinq ou six ceuts espèces) parmi lesquelles se trouvent des types nouveaux, et qui sont mises en vente au prix de huit dollars par centurie. S'adresser à M. Ch. Wright, Harvard University Herbarium, Cambridge, Massachussets, États-Unis. — Il reste encore à vendre, dans les collections laissées par feu le D' Adal- bert Schnizlein, des fascicules de Lichens (plus de cent espèces exactement déterminées), et plusieurs fascicules de Fougères, Lycopodiacées, Equisetum, Jungermannes, Algues, Mousses et Champignons. S'adresser à M"* veuve Jo- hanna Schnizlein, à Erlangen (Prusse). — Les collections de plantes faites l'année derniére par M. Hoffmann de Rolla (Missouri, États-Unis), lequel se propose de continuer ses explorations en 1873, sont en vente au prix de 4 à 6 thalers le centurie. S'adresser à M. P. Magnus, Bellevue-Str., 8, à Berlin. — La vente de la bibliothéque de feu M. Alph. de Brébisson doit com- mencer à Paris le 24 mars prochain, rue Neuve des Bons-Enfants, 48, par les soins de M. F. Savy, libraire, rue Hautefeuille, 14, chez lequel se dis- tribue le catalogue. — M. le professeur Willkomm, directeur du Jardin botanique de Dorpat, voyage en ce moment dans le midi de l'Espagne, oà il recueille des matériaux pour la terminaison du Prodromus florc hispanicæ. M se propose de faire une excursion botanique aux iles Baléares. — La flore des iles Sandwich est en ce moment l'objet d'études nouvelles aux États-Unis de la part de M. Hillebrand. Les Rubiacées les plus remar- quables de cette flore ont été figurées dans l'une des livraisons récentes des Icônes plantarum de M. Hooker (3° série, t. I). Voyez plus haut, p. 58. Le rédacteur de la Revue, gérant provisoire du Bulletin D' EUGÈNE FOURNIER, — — — Pais, — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon. 2, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1872.) N, B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. F, Savy, libraire de la Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris, Flore eryptogamique de l'Est: Muscinées (Mousses, Sphaignes, Hépatiques) ; par M. l'abbé Boulay. In-8? de 880 pages. Saint- Dié, typogr. L. Humbert ; Paris, F. Savy, 1872. Ce livre est le résultat de quinze aunées d'excursions incessantes, dirigées par l'auteur dans tous les sens à travers les contrées qui répondent aux trois anciennes provinces de Lorraine, d'Alsace et de Franche-Comté ; aidées des communications bienveillantes faites par MM. Pierrat, A. Mougeot, Paillot, l'abbé Lemaire, F. Schultz, Winter et Schimper de leurs exsiccata, et des notes transmises par M. J. Müller arg. et par M. Renauld, qui prépare un tra- vail sur les Mousses de la Haute-Saône. En rédigeant son travail, la constante préoccupation de l'auteur a été d'abord de faciliter autant que possible aux commencants la détermination rigoureuse des genres et des espèces. C'est dans ce but qu'il a donné de longs préliminaires sur l'organographie des Mousses et des Hépatiques, qu'il n'a admis que des genres bien tranchés, qu'il a sectionné les grands genres en groupes de plus en plus restreints, etc. Afin d'étendre un peu l'horizon d'une flore trop localisée, il a tracé de courtes diagnoses des espèces appartenant au reste de la France, grâce aux matériaux qui lui ont été communiqués par M. Lamy, M. l'abbé Puget, M. l'àbbé Ravaud, M. Husnot, M. Bescherelle et d'autres explorateurs. Les espèces ainsi signalées, mais étrangères à la circonscription primitive de l'ouvrage, sont au nombre de 97 pour les Mousses et de 18 pour les Hépa- tiques. Dans l'ouvrage lui-méme, on compte 456 Mousses proprement dites, 9 Sphaignes et 109 Hépatiques. La Flore cryptogamique de l'Est se termine par des additions et par une table alphabétique des espèces. Au point de vue des études de géographie botanique, on consultera avec intérét le livre de M. Boulay, à cause des détails qu'il donne sur la constitu- tion des terrains et des listes qu'il trace des Mousses et des Hépatiques qui croissent sur chacun d'eux. Ces détails étendent et confirment ceux que le méme auteur avait déjà donnés auparavant en 1866, dans sa Notice sur la Géograph ie botanique des environs de Saint-Dié. M. Boulay regarde comme T. XIX, (REVUE) 44 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. établie l’action chimique des roches sur la dispersion des Mousses, bien qu’un certain nombre d'espèces, qu'il énumère, soient indifférentes à la nature du sol, Ge n’est, du reste, qu’en analysant chimiquement le sol où croissent les Mousses observées que l'on arrivera, dit-il, à des conclusions définitives. Climat, géologie, faune et géographie botanique du Brésil; par M. Emmanuel Liais, directeur de l'Observatoire impérial de Rio-de-Janeiro. Un volume in-8° de 640 pages, avec une carte géogra- phique. Paris, Garnier frères, 1872. La partie spécialement consacrée dans cette importante publication à la géographie botanique du Brésil se divise en deux chapitres : le premier traite des relations de la flore et du climat ; le second de la distribution des végétaux à la surface de l'empire. Dans le premier, l'auteur s'occupe d'abord des influences climatériques et des causes étrangères à la climatologie agissant sur la distribution des végé- taux, des caractères spéciaux de la flore américaine, et des particularités rela- tives à la distribution de quelques plantes de cette flore. Il y traite des courants marins et de l'influence qu'ils exercent sur la température du sol et par suite sur la végétation, ensuite du régime des pluies au Brésil ; les brouillards fréquents sur le bord des fleuves de l'intérieur, qui ont lieu dans la saison sèche comme dans la saison humide, entretiennent la vigueur de la végétation pendant la saison sèche sur les bords de ces fleuves, où les arbres gardent leurs feuilles. Dans le deuxième chapitre, l'auteur subdivise la flore du Brésil en plusieurs catégories : flore des régions séches de l'intérieur, flore des montagnes, flore des campos et flore des plateaux. Il indique les principales essences qui caractérisent chacune de ces flores. Dans ces passages se trouve la descrip- tion de quelques types regardés par M. Liais comme nouveaux : Vochysia cinabensis, trouvé prés des mines de Cinabi; Anacardium humile, qui parait former un petit arbrisseau nain de 50 centimètres de hauteur, mai dont les tiges se réunissent au-dessous du sol, formant les extrémités aériennes d'un grand arbre souterrain, dont le tronc descend profondément dans la terre ; Pradosia glycyphlæa (Lucuma glycyphlæa Miq. in Flora bras., fasc. XXII, pp. 82 et 83); Trilix hygroscopica, n. sp. On trouvera encore dans ce chapitre l'opinion de l'auteur sur l’étiologie des vrilles des Ampélides, sur la taille du Caféier et sur les cultures du Brésil, Veber die Entwickelung der Embryo’s der Coniferen (Sur le développement de l'em5ryon des Coniféres) ; par M. Pfizer (Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rhein, lande und Westphalens, 1871, 2° partie, Sitzungsberichte, pp. 119-121) . Ce mémoire a été communiqué par M, Pfizer dans une séance générale REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 211 à Bonn le 7 août 4871. Il comprend des détails d'histologie trés-fine relatifs à la genèse cellulaire. L'auteur, en se référant à un travail publié par lui dès 1869 (Pringsheim's Jahrbücher, t. vili, pp. 56 et 57), critique les opinions émises par M. Hofmeister sur le développement des Abiétinées (Morphologie der Gewächse, p. 543, eL Vergleichende Untersuchungen, p. 135). Le résultat général auquel est parvenu M. Pfitzer, c'est que les extrémités des rameaux des Conifères, sortis de la période embryonnaire, ne possèdent généralement pas de cellule apicale, mais se différencient des végétaux angiospermes par la séparation incomplète du dermatogène et du périblème ; d'ailleurs, chez eux, les cordons de plérome sont séparés dans la premiere jeunesse, et montrent une sorte de croissance directe par le sommet, comme MM. Hanstein et Reinke l'ont trouvé dans les racines des Angiospermes. L'embryon du Thuya occidentalis, dont s'est occupé particulièrement l'auteur, s'accroit un certain temps après l'allengement du proembryon, par une cellule apicale, de laquelle se détachent alternativement des segments à droite et à gauche, etc. L'embryon du Tagus se comporte de méme d'une maniere générale. Ce mode de développement se rapproche dans ses premières phases de celui des Salvinia, et ensuite de celui des Angiospermes. Il en est tout autrement des Abiétinées que l'auteur a étudiées (Pinus Pi- naster, P. Laricio, P. silvestris, Abies canadensis). Chez elles, après l'allongement et la multiplication bien connus de cer- taines cellules de l'endosperme, la cellule terminale de chaque rangée est partagée par une cloison horizontale ou faiblement voütée en une cellule terminale hémisphérique et un segment court cylindrique, immédiatement inférieur. La première est l'origine de la tige, le segment est celle de la racine. La premiere cloison qui se forme dans la cellule terminale (origine de la tige) est longitudinale, tantôt droite, tantôt inclinée; les cellules-filles qui en ré- sultent forment chacane une cloison qui croise la précédente. Il n'y a donc point là de cellule apicale. Les cellules tangentielles qui donnent naissance au dermatogene n'apparaissent que plus tard. La cellule radiculaire voit se former au contraire dans son intérieur d'abord une cloison horizontale, puis il en résulte aussi quatre cellules-filles. Ces recherches ont une conséquence fort intéressante ; elles montrent que les Conifères se plecent entre les Cryptogames vasculaires et les Angiospermes par les caracteres histologiques de leur développement comme par les carac- teres de leurs organes de reproduction. Les Cupressinées se rapprochent davantage des Cryptogames et les Abiétinées des Phanérogames normales. On a encore ici un nouvel exemple de cette loi générale, formulée d'abord par les zoologistes, à savoir, que les étres relativement supérieurs dans une série suivent dans les premières phases de leur vie une loi de développement à laquelle restent soumis des êtres voisins, mais inférieurs, pendant toute leur existence, 212 | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On the history, histological structure and affinities of Nematophycus Logani Carr. (Prototaxites Logani Dawson), or Alga of Devonian age ; par M. Wm. Carruthers (The Monthly microsco- pical Journal, octobre 1872, pp. 160-172, avec deux planches). Ce fossile a été découvert au Canada par sir Wm. Logan (Report of the Progress of the Canadian geological Survey, 185A) et décrit par M. Dawson en 1856, dans les Proceedings of the American Association, p. 174. Ce méme auteur l'a nommé Prototaxites en 1859, dans le Quarterly Journal of the geological Society, vol. xv, p. 477, et plus tard, en 1863, Vematozylon crassum, dans le méme recueil, vol. XIX, p. 446. M. Dawson, étant venu en Angleterre en 1870, a reconnu ce fossile dans des strates fossilifères de ce pays, et en a déposé des échantillons au British Museum. M. Carruthers alors, dans un mémoire On the history and affinities of the British Coniferæ, pré- senté à la section de géologie de l'Association anglaise pour l'avancement des sciences, tenue à Liverpool en 1870 (voyez Nature, 6 octobre 1870, p. 464), a considéré le Prototaxites comme une Algue. Un extrait de ce mémoire, paru dans le recueil anglais Academy, octobre 1870, p. 16, et reproduit dans The American Naturalist, mai 1871, provoqua dans ce dernier recueil, vol. V, p. 245, une réponse de M. Dawson, qui regarda comme une erreur grossière (blunder) l'opinion de M. Carruthers, et confirma la sienne la même année dans sa grande publication intitulée : The fossil plants of the Devonian and upper Silurian formations of Canada. M. Carruthers reprend à son tour la question et entre dans de grands détails descriptifs pour justifier son opinion. Selon lui, les prétendus rayons médul- laires signalés par M. Dawson seraient des espaces vides de tissu oü la fossi- lisation ne s'est pas faite. Les « cellules de pleurenchyme » de M. Dawson seraient des tubes d'une Algue, et la double série de fibres spirales que M. Dawson a décrites comme caractérisant la texture intérieure de ces cel- lules leur serait extérieure. Ce serait là, suivant l'auteur anglais, une Algue gigantesque; une structure analogue à celle du /Vematophycus se rencontre, dit-il, dans les Siphonées, les Dasycladées et les Valoniacées. Development of Sorastrum spinulosum Næg.; and a new species of Protococcus, par M. Henry-J. Carter (Annals and Magazine of natural History, h° série, 1869, vol. 1v, pp. 420-435, avec une planche). Le développement du Sorastrum commence par la division du sporange en seize portions ou groupes de huit individus chaque. Aprés étre sortis du sporange, ces groupes s'accroissent en grosseur sans que le nombre de leurs individus s'augmente. Ce mode de développement n'est pas toujours suivi avec une régularité constante ; il y a des groupes de huit, seize et trente-deux individus chacun, Ceux des individus ainsi procréés qui ne produisent pas REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 913 de nouvelles familles conservent leur contenu protoplasmique, grossissent, deviennent globuleux, et perdent leurs épines par une sorte d'atrophie. Alors apparait un sporange sphérique ou légèrement elliptique, ayant deux fois environ le diamétredu plus gros individu de Sorastrum, et présentant un con- tour d'un vert de mer sombre, entouré d'une enveloppe gélatineuse. La nouvelle espèce de Protococcus, décrite sous le nom de P. e/ongatus, a été rencontrée par l'auteur dans les bassins de Bombay. The natural history of the Diatomaces; par M. Arthur Scott Donkin. Premiere partie. Londres, chez Van Voorst, 1870. L'auteur de cette étude des Diatomées anglaises est professeur de médecine légale à l'université de Durham. Il nous parait avoir eu pour dessein de se mettre au niveau des amateurs qui n'étudient qu'avec des microscopes ordi- naires, en négligeant à dessein de tenir compte des perfectionnements obtenus dans Ja connaissance de la nature du test des Diatomées par l'emploi des objectifs à immersion. Ainsi il admet l'existence de stries chez les Navi- cules (1). Untersuchungen ueber Bau und Entwickelumg der Bacillarieæ (Hecherches sur la structure et [e développement des Bacillariées) ; par M. E. Pfitzer (Botanische Abhandlungen, publiés par M. J. Hanstein : pars II, in-8° avec 6 planches coloriées). Bonn, 1871. — Prix : 8 fr. 75 c. On sait que sous le nom de Bacillariées, il faut entendre ici les Diatomées. Nous conserverons ce dernier nom comme étant d'un usage général, tout en reconnaissant que le genre Zacillaria Gmelin est de 1788, tandis que le genre Diatoma DC. n’est que de 1805. , M. Pfitzer trace d'abord l'histoire des progrés successifs réalisés dans l'étude des Diatomées, et qui, selon lui, n'ont pas été bien considérables depuis les travaux de Nitzsch et d'Ehrenberg. L'un des derniers progrés, qui a débuté par les recherches de Wallich sur l Amphitetras, le Triceratium et le Biddulphia (1858), a été réalisé presque simultanément par M. Mac- donald (2) et par M. Pfitzer lui-méme, relativement à la constitution de l'anneau qui réunit les deux valves des Diatomées. M. Pfitzer concoit la famille des Naviculées dans un sens plus restreint que (4) Nous pouvons signaler un autre exemple de la méme tendance chez M. H.-L. Smith, qui vient de publier un Conspectus des Diatomées dans Je recueil américain Lens. Cette publication, qui est trimestrielle, sert d'organe à la Société de microscopie de l'État de l'lllinois, dont le siége est à Chicago. M. F. Kitton a publié, dans un des derniers nu- méros du Grevillea, une analyse critique de cet ouvrage de M. H.-L. Smith, dont le titre exact est New Conspectus of the families and genera of Diatomaceæ. — (2) Voyez le Bulletin, t. xvi, Revue, p. 37. — Voyez aussiun mémoire de M. Macdo- nald sur la structure de la frustule dans les Annals and Magazine of natural History, A* série, 4869, t. III, pp. 1-8. 9214 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la plupart des auteurs. Il sépare de cette famille plusieurs genres qu'il trans- porte dans d'autres groupes. Le Navicula spherocarpa Kütz. devient le type d'un nouveau genre Anomæoneis, et transporté dans les Cymbellées, parce que les valves en sont asymétriques; il en est de même des Navicula sculpta Ehrenb. et N. bohemica Ehrenb. , qui entrent dans ce nouveau genre. Le Toronidea Donk. passe aussi dans les Cymbellées. Les genres Donkinia Pritch., Amphiprora Ehrenb. et Amphitropis Rabenh. , forment un groupe rapproché par l'auteur des Nitzschiées; le Berkleya et le Zhaphidoglæa pas- sent dans les Amphipleurées, le Mastogloia dans les Cocconéidées. Enfin le genre nouveau JVeidium, qui comprend les Navicula firma Kütz., N. amphi- gomphus Ehrenb., N. limosa Kütz., IV. affinis Ehrenb., se sépare des Navi- culées parce que les plaques d'endochrome y sont immobiles, et que la divi- sion des frustules s'y effectue par une fissure parallèle à l'axe longitudinal de la cellale. M. Pfitzer entre encore dans des détails circonstanciés sur le genre Pinnularia, qu'il rétablit; sur le Stauroneis phœnicentron, qui ne produit qu'une auxospore par la conjugaison de deux cellules-mères ; sur le genre Pleurostaurum Rabenh., qu'il confirme par des caractères nouveaux ; sur le Pleurosigma (1) ; sur le Frustulia, qu'il comprend d'une manière assez diffé- rente de celle de M. Rabenhorst, et de manière qu'il équivaut presque à la sec- tion des Vaviculæ crassinerves de M. Grunow et au genre Vanheurckia de M. de Brébisson ; enfin sur le Colletonema et sur le Schizonema. Le groupe des Cymbellées embrasse dans le mémoire de M. Pfitzer les genres suivants : Zrebissonia Grun., Anomæoneis Pftz., Cymbella Ag., Cocconema Ehrenb, et Éncyonema Kütz. Il parait que la conjugaison dans les Cymbellées s'effectue par paires. L'auteur rapproche des Cymbellées les Amphorées, qui renferment les genres Amphora et Æpithemia. Les auxo- spores sont produites dans ce groupe au nombre de deux, par deux cellules- mères, et à angle droit avec ces dernières. M. Pfitzer s'est particulièrement occupé dans ce mémoire de la structure de l'épiderme siliceux extérieur des Diatomées, et en outre d'un ordre de faits qui doit forcément rester inconnu aux observateurs qui n'étudient les frus- tules qu'aprés les avoirs traitées par un acide ; nous voulons parler du contenu de la cellule des Diatomées. Ces observations portent principalement sur les Navicules, sur le protoplasma, la vésicule et les globules huileux qui en occu- pent l'intérieur. Le Diatomec e la Geologia nelle formazioni marine ; par M. le comte F. Castracane (extrait des Atti dell" Accademia ponti ficia de' Nuovi Lincei, anno XXV) ; tirage à part en brochure in-4° de 16 pages. Rome, 1872. L'auteur démontre la grande importance que prennent les Diatomées dans (1) On trouvera dans le Botanische Zeitung, 1870, col. 320, une note sur la struc- ture de la paroi cellulaire du Pleurosigma, par M. J.-H.-L. Flügel. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 245 la constitution d’une partie de la croûte terrestre, et spécialement dans les gisements de carbonate calcaire. Il cite un exemple de bancs entiers formés par des valves de Diatomées, à Mendaino prés Arbino, dans la vallée de l'Isauro, un autre à San- Angelo pres Sinigaglia. Il fait observer combien peu sont abondants le calcium, le silicium et l'acide carbonique dans les eaux de la mer, et combien ils le sont dans toutes les formations marines, et il en recherche la cause. Il fait voir que les Diatomées séparent le calcaire combiné avec l'acide carbonique à l'état de bicarbonate, en respirant et décomposant cet acide carbonique pour s'en assimiler le carbone ; le calcaire séparé tombe immédiatement au fond de la mer dans un état de divisibilité extréme. Algæ japonicæ Musei botanici Lugduno-batavi, auctore W.-F.-R. Suringar. In-4° de 39 pages, 25 planches. Harlem, 1870. Ces Algues tant maritimes que d'eau douce sont au nombre de 78, recucil- lies pour la plupart aux environs de Nangasaki ; elles ont été déjà énumérées par l'auteur dans le troisième volume des Annales Musei Lugduno-batavi en 1867, dans un travail qui contenait la diagnose des espéces nouvelles, Quelques changements de nomenclature ont été admis par M. Suringar dans ce nouveau travail, plus étendu, qui renferme 30 Diatomées distribuées en 15 genres, 4 Desmidiée, 1 Zygnémée, 2 Oscillariées, 3 Confervacées, 3 Ulva- cées, 4 Chroolépidée, 3 Cœloblastées, 1 Phæosporée, 9 Fucacées, 1 Dic- tyotée et 20 Floridées, parmi lesquelles le nouveau genre £ndotrichia. Biatomacées renfermées dans le médicament vermi- fuge counu sous le nom de Mousse de Corse; par M. Alph. de Brébisson (Revue des sciences naturelles, t. 1°", 2° livr., pp. 188-198, avec une planche). Le travail dont nous rendons compte a été terminé par M. Alph. de Bré- bisson le mardi 23 avril 4872. Le lendemain, il a commencé à souffrir, et le vendredi 26 la mort l'a enlevé à la science et à l'affection de sa famille. Une partie de ce travail avait été lue antérieurement dans une séance de la Société Linnéenne de Normandie tenue à Honfleur en 1871. A.-P. de Candolle avait. distingué dans la Mousse de Corse environ vingt espèces d'Algues, sans tenir compte des Diatomacées qui s'y trouvent presque toujours mélées en grande quantité, retenues entre les rameaux des Algues toulfues qui recouvrent de leur tapis varié les rochers sous-marins du littoral de la Méditerranée. Depuis, M. de Brébisson a lui-méme publié en 1854, dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, une Note sur quelques Diatomées marines rares ou peu connues du littoral de Cher- bourg. Il a pensé qu'on pourrait trouver quelque intérêt à comparer ces deux listes. Le catalogue des Diatomacées reconnues dans la Mousse de Corse renferme 216 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. environ cent cinquante espèces bien caractérisées. Ge nombre atteindrait faci- lement le double si l'on y voyait figurer les espèces portées sur des pédicelles fragiles qui n'ont pu être conservées, et toutes celles qui, peu chargées de silice, résistent difficilement aux acides employés pour leurs lavages. On y trouve des espèces d'eau douce que l'auteur n'a pas mentionnées, parce que si elles se tronvent dans la Méditerranée, c'est seulement parce qu'elles y sont entrainées par les cours d'eau qui y descendent. M. de Brébisson a donné des indications intéressantes sur la maniere de dis- tinguer l'espéce dans les Diatomacées. Les deux valves d'une méme espèce de cette famille sont souvent dissemblables, et méme quelquefois chaque valve est formée de couches un peu différentes qui peuvent se séparer. Ces parties isolées ont .été souvent regardées comme appartenant à plusieurs espèces, quoique provenant de la méme. D'autre part, une des propriétés les plus remarquables des Diatomacées est de pouvoir se reproduire complétement à divers degrés de leurs évolutions successives, et chacune de ces évolutions, pendant l'existence de ces Algues, amène quelques changements de forme ou de taille dans les frustules. Note sur un gisement nouveau de Diatomacées dans le terrain quaternaire dcs environs de Rome ; par MM. Guinard et Bleicher (75bid., n° 3, pp. 315-319). Jusque dans ces derniers temps, il n'avait été fait mention de végétaux fossiles, aux environs de Rome, que dans les travertins de Tivoli; les plantes qu’on y avait reconnues appartenaient toutes à la flore actuelle du pays, soit aux Dicotylédones herbacées ou arborescentes, soit plus rarement aux Mono- cotylédones. L'âge du dépôt de Diatomacées observé par les auteurs semble établi par les coquilles palustres et terrestres quaternaires qui s'y rencontrent, et par la présence, dans les gravières sous-jacentes aux Diatomées, de nom- breux restes de l'Elephas meridionalis et de l'Hippopotamus major. On a reconnu dans la terre marneuse de ce dépôt vingt genres et quarante espèces de Diatomacées, énumérées dans cette note. La plupart de ces espèces, celles qui se rencontrent le plus fréquemment, sont celles qui aiment les eaux calmes et tranquilles. Un grand nombre de ces espéces vivent encore dans les cours d'eau des environs de Montpellier. Sur la distribution géographique des Ulmacées ; par M. J.-E. Planchon (Comptes rendus, 1872, p. 1495). M. Planchon, dans cette note qu'on peut considérer comme la suite d'une note précédente (voyez plus haut, p. 87) ne s'est occupé que d'une tribu des Ulmacées, comprenant les genres Planera, Zelkova, Hemiptelea, Ulmus et Holoptelea. Ces végét: ux occupent pour la plupart dans notre hémisphère une zone comprise entre le 30° et le 64* degré de latitude. Seul le genre Æolo- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 217 otelea s'avance près des tropiques; l'espèce unique dont il est formé, H. in- tegrifolia Planch., habite les montagnes élevées de l'Inde et de Ceylan. L'He- miptelea Davidii est confiné dans la Mongolie orientale, etle Planera aquatica Gmel. dans le sud de l'Amérique du Nord. — Le genre Ze/kova Spach comprend trois espèces : Z. cretica, Z. crenata et Z. acuminata, dont l'une habite la Crète, l'autre le Caucase, la troisième le Japon. Le genre Ulmus est subdivisé en trois sections : les Oreoptelea, les Dryo- ptelea et les Microptelea. — Dans les Oreoptelea on trouve une espèce euro- péenne, deux espèces qui appartiennent aux États-Unis et une espèce mexi- caine. — Dans les Dryoptelea, V Ulmus campestris s'étend depuis l'extrême occident de l'Europe jusqu'à l'occident de l'Asie septentrionale; on le trouve aussi dans le nord de l'Afrique. L'U. montana se rencontre aussi en Europe et en Asie. Quatre espèces sont particulières à l'Asie : U. pumila, Walli- chiana, virgata, erosa. Enfin VU. fulva Mich. est propre à l'Amérique. — Le troisième sous-genre, Microptelea, s'étend du 23° au 35° degré de lati- tude. L'U. parvifolia habite les parties méridionales de Ja Chine et du Japon ; PU. Hookeriana a été trouvé dans l'Himalaya ; Y U. crassifolia est américain. De ces observations, M. Planchon déduit que l'Asie est le centre des Ulmus et des Ulmidées. En effet aucune espèce d’ Ulmus n'est propre à l'Eu- rope ; une seule est particuliére à l'Amérique, tandis que l'Asie en a quatre qui lui appartiennent exclusivement et deux qui lui sont communes avec l'Europe. Dans le groupe des Ulmidées, l'Asie possède en propre les Æolo- ptelea et les Hemiptelea ; elle a deux sous-genres sur trois d’ Ulmus (Dryo- ptelea, Microptelea) et le Zelkova en commun avec l'Europe. Il n'y a que le genre Planera qui appartienne à l'Amérique seule. Icones plantarum; 2'série, vol. I, part 4. Londres, janvier 1871. Cette quatrième livraison termine le premier volume de la nouvelle série des Zcones plantarum, dont Sir W. Hooker avait publié dix volumes (un millier de planches), et que M. J. Hooker continue avec un zéle aussi louable qu'utile. Les plantes les plus intéressantes de la nouvelle livraison sont les sui- vantes : Ranunculus limoselloides, de la Nouvelle-Zélande ; Chalepoa magel- lanica Hook. f., qui offre le port d'un Diapensia ou plutôt d'un Pyzidan- thera, et qui est rapporté avec doute aux Pittosporées ; Aaphanocarpus Kirkii Hook. f., Cucurbitacée africaine, qui présente un ovule dressé et un suspendu; Phyllacanthus Grisebachianus Hook. f. (Catesbæa phyllacantha Griseb. Cat. cub.), Brackenridgea zanguebarica Oliv. , deuxième espèce de ce genre. Botany of a geological exploration of the fortieth Parallel under Clarence King ; par M. S. Watson. On trouvera dans ce volume, d’après la notice que M. Asa Gray lui con- sacre dans The American Journal, numéro de février 1872, un catalogue et 218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. presque une flore de la contrée qui s'étend entre la Sierra Nevada de Californie et les montagnes Rocheuses. Non-seulement l'auteur y décrit les nouveautés ou les espéces que ses explorations ont fait mieux connaitre, mais encore les caractères des genres ou des espèces que l'on ne trouve pas dans les ouvrages ordinaires sont donnés par lui dans des notes en bas de la page. 1l a en outre ajouté dans un appendice le Synopsis des genres de cette flore qui ont été l'objet de travaux récents, copié dans différents mémoires épars dans les recueils botaniques de tous les pays, ou tracé d’après ses propres études. La famille des Crucifères présente dans ce volume un intérêt particulier. I} faut noter la découverte du Parrya macrocarpa R. Br., plante jusqu'à présent spéciale aux régions polaires. Les genres Streptanthus, Jodanthus et Thely- podium ont été l'objet de recherches nouvelles ; l'auteur y ajoute un nouveau genre : Caulanthus. Le Smelowskia? californica Asa Gray donne à l'auteur, qui croit le connaître, lieu d'établir le Sisymbrium californicum Watson (1). Flora of the British India; par M. J.-D. Hooker, avec la colla- boration de plusieurs botanistes. Part I, in-8" de 208 pages. Londres, chez Lowell Reeve et Cie, 1872. On a abandonné à Kew le projet de continuer sur son plan étendu la Flore de l'Inde de MM. Hooker et Thomson, et entrepris de recommencer ab ovo cet ouyrage suivant le plan usité pour les autres flores coloniales de l'Angle- terre, mais encore plus condensé, en se rapprochant du Flora of the British Islands de M. J. Hooker. Avec ce plan on espère faire entrer dans l'ouvrage la description de mille quatre cents espéces environ. Le présent demi-volume s'étend des Renonculacées aux Polygalées. Le nom du docteur Thomson est associé, dans les premières familles, à celui de l'au- teur qui les a traitées, Flora brasiliensis. Le 57° fascicule de cette magnifique publication renferme les Passiflo- rées, par M. Masters. Le fascicule 58 renferme les Phytolaccées, traitées par M. J.-A. Schmidt, de Hambourg, et les Nyctaginées, par le méme auteur, enfin les Crassulacées (deux espèces indigènes seulement) et les Drosérarées (une douzaine de Drosera), par M. Eichler lui-inéme. Ce savant a remarqué, aprés M. Caspary, que dans toutes les espèces pentaméres de Drosera, le second sépale fait face à l'axe, tandis que dans l'A/drovand/a cette place est occupée par le sinus qui se trouve entre le second et le quatrieme sépale, le troisieme de ces organes étant superposé à la bractée. Le fascicule 59 est très-mince ; il renferme les Équisétacées, élaborées par feu M. J. Milde. (4) D’après M. Asa Gray lui-même, le Smelowskia ? californica Asa Gray serait le Sisymbrium incisum Engelm., etle Sisymbrium californicum Watson serait le S, longe- pedicellatum Fourn. (Voyez The American Journal, septembre 1866.) REVUE BIPLIOGRAPIIQUE. 919 Ucher die Morphologie von Chondriopsis cœærulescens Crouan, und die dieser Alge eigenen optische Erscheinungen (Sur la mor- phologie du Chondriopsis cærulescens Cr. , et sur les propriétés optiques spéciales à cette Alque) ; par M. L. Kny (Monatsberichte der K. Preuss. Akademie, juin 1870) ; tirage à part en brochure in-8° de 17 pages, avec une planche. Derlin, 1870. L'Algue sur laquelle ont porté les observations de M. Kny, et qu'il a recueillie à Palerme, n'était pas encore connue dans la Méditerranée. Elle donne un exemple nouveau et très-singulier d'une coloration d'un bleu vif qui ne dépend pas d'une matière colorante bleue. A la lumière incidente, les filaments de cette Algue placés dans l'eau de mer passent d'un bleu métallique sur certains points à un beau vert, et sur d'autres à une nuance violette. A la lumière transmise, toutes les parties au contraire sont d'un rouge brun. Le microscope nous apprend que la propriété de réfléchir la lumière bleue, pos- sédée seulement par les cellules de la couche corticale la plus extérieure, n'appartient point aux membranes de ces cellules, mais à leur contenu, c'est- à-dire à des corpuscules faiblement granuleux, sphériques, d'un jaune mat, qui réfractent assez fortement la lumière et qui nagent dans le liquide de la cellule. Quand ils ont été détruits par la pénétration de l'eau de mer dans lo cellule qui les renferme, celle-ci parait obscure à la lumièr l'eau douce, ces corpuscules se dissolvent peu à peu de l'exté sans que leur action sur la lumière se modifie avant leur dispan #9 ce qui prouve que leurs propriétés optiques appartiennent à lei substance dans toute son épaisseur. Quand certaines parties de la plante paraissent colo - rées en violet, cela tient au mélange de la lumière rouge transmise et de la lumiére bleue réfléchie. Naturellement M. Kny a songé d'abord à rattacher ces phénoménes à la fluorescence. Il semble clair, surtout quand on a lu la note de M. de Mohl sur les phénomènes de coloration des fruits du Viburnum Tinus (1), que ces cor- puscules séparent les rayons qui les frappent en deux parties, renvoyant les rayons bleus et laissant passer les autres, qui donnent une lumière transmise d'un rouge brun. Musci Tarvisini enumerati tabulisque dichotomis strictim et comparate descripti; par M. P.-A. Saccardo (extrait des Atti della Società Veneto- Trentina di scienze naturali, vol. 1, fasc. 1); tirage à part en brochure in-8° de 47 pages. Padoue, 1852. Ce catalogue des Mousses qui se rencontrent dans la province de Trévise est disposé selon le Bryologia italica de M. De Notaris, avec l'indication précise de l'endroit où elles ont été récoltées. L'auteur ne présente pas ce (4) Voyez le Bulletin, t. xviir, Revue, p. 119. 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. catalogue comme complet, Il a fait suivre cette énumération de diagnoses exposées sous forme de clef dichotomique. Die Gefasspflanzen Spitzbergens und der Bären Insel (Les plantes vasculaires du Spitzberg et de l'ile Bear); par M. Th. Fries (Abhandlungen vom naturwissenschaftlichen Vereine zu Bremen, t. 11, 1'* livraison, 1872, pp. 87-92). M. A.-J. Malmgren a publié en 1862, dans les Comptes rendus de l’ Aca- démie des sciences de Stockholm (Ofversigt af Vetenskaps- Akademiens För- handlingar, 1862, n° 3) une Revue de la flore phanérogamique du Spitz- berg. De nouveaux documents ont été depuis introduits sur cette flore dans notre science, notamment par l'expédition polaire envoyée par la Suède en 1868. Eu 1869, M. Th. Fries a publié des additions à la flore phanéroga- mique du Spitzberg (1) et de l'ile Bear (2). Ultérieurement, en 1871, M. Th. Fries a de nouveau étudié le méme sujet dans un mémoire qui a été communiqué à MM. Buchenau et Focke et repro- duit dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Bréme, sous le titre qui se trouve en tête de cet article. Ce mémoire y est donné comme une énumération compléte de la flore du Spitzberg et de l'ile Bear (3); mais nous ne voudrions pas garantir cette affirmation avant d'avoir consulté le mé- moi mgren. Co NIS Floræ insularum Nowaja Semlija ; par M. E.-R. de Trautvetter (Travaux du Jardin botanique impérial de Saint-Péters- bourg, t. 1, pp. 43-88). L'auteur donne des notes critiques sur les espèces trouvées dans les iles qui constituent l'archipel de la Nouvelle-Zemble, par Baer en 1837 et par Middendorf en 1870 ; il indique avec soin leurs localités et en donne à l'oc- casion quelques descriptions. La liste des especess'éléve à cent cinq ; chacune présente en général un certain nombre de synonymes, ce qui réduit de beau- coup le nombre des espèces indiquées jusqu'à présent dans la région boréale de la Sibérie, surtout avec les variétés fréquemment admises par l'auteur. Il supprime les genres Braya et Eutrema pour les faire rentrer dans le genre Sisymbrium, ainsi que l Hesperis pygmæa Hook. (H. Hookeri Led., H. Pal- lasii Torr. et Gray). Le Woodsia ilvensis Baer rentre dans le Cystopteris (4) Tillägg till Spetsbergens Fanerogam-Flora, in Oefversigt af Kongl. Vetenskaps Akademiens Förhandlingar, 4869, pp. 424-144. Ce travail est accompagné de notes sur un grand nombre d'espèces et de la description de quelques nouveautés : Draba leptopetala et Poa colpodea. (2) lbid., pp. 145-156. i (3) Le nom de cette petite île, située entre le Spitzberg et le cap Nord, est écrit, sut- vant les atlas et les différentes langues de l'Europe, Bären, Heer ou Bear. Nous croyons devoir adopter ce dernier nom. Bear-island signifie tle de l'Ours en anglais, comme Büren-Insel en allemand. at Pap. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. : = 291 fragilis Bernh. On comparera avec intérêt la florule de la Nóüvelle-Zemble avec la flore du Spitzberg telle qu'elle résulte des documents précédents +: avec la flore d'Islande de M. Babington. Die Salicornien der deutschen Nordsecküste (Les Sali- cornes de la côte de lu mer du Nord); par MM. Fr. Buchenau et W.-0. Focke (Abhandlungen vom naturwissenschaftlichen Vereine zu Bremen, t. 111, 1872, pp. 199-211). Ce mémoire est destiné à élucider certaines questions délicates de synony- mie et de priorité nées de travaux que MM. Duval-Jouve et Du Mortier ont publiés l'un et l'autre vers la fin de l'année 1868. Les auteurs reconnaissent d'ailleurs, dans la région qu'ils ont étudiée, la présence des espéces suivantes : 1. Salicornia patula Duval-Jouve (S. annua Afzel. sec. Fries non Sm.; S. herbacea var. 3. Sm. Fl brit.; S. herbacea var. B. conferta G.-F. -W. Meyer). — Ic. : Fl. dan. tab. 303. 2. S. procumbens Sm. (S. acetaria Pall. ?) — Ic. : Fl. dan. tab. 2475; Engl. bot. tab. 445 (S. annua), tab. 2475 (S. procumbens). 3. S. stricta Dum. Gymnograumine decomposita Baker (Gardeners Chronicle, 1872, n° 48). G. (Eugymnogramme)stipitibus fasciculatis elongatis nudis, cassis, deor- sum flavo-pulveraceis parce paleaceis ; frondibus magnis suberét blato- deltoideis membranaceis decompositis utrinque viridibus glaberrimis, pinnis contiguis lanceolato-deltoideis petiolatis infimis maximis, pinnulis contiguis deltoideis basi postice cuneato-truncatis inferioribus petiolatis, segmentis ter- tiariis ad alam angustam pinnatifidis, quaternis cuneato-flabellatis profunde palmatifidis lobis brevibus linearibus, venis liberis in segmentis ultimis solita- riis centralibus ; soris sulfureis secundum venas decurrentibus apicem seg- mentorum haud attingentibus.— Originaire de la région andine de l'Amérique du Sud, et voisin du G. extensa Baker Fl. bras. fasc. 49, p. 599 (Ano- gramme Biardii Fée Fil. bras., p. 241, tab. 77) (4). Notes om the structure and measurements of cells of Hepatieze ; par M. James Williamson Edmond (Transactions and Pro- ceedings of the botanical Society, Édimbourg, 1871, pp. 88-96). L'auteur a mesuré au micrometre les cellules de la feuille, les spores et les élatères de vingt-six espèces d'Hépatiques. Aucune conclusion spéciale n’est tirée par l’auteur. (4) Nous reproduisons la synonymie donnée par M. Baker, nous référant pour la question de priorité à ce que nous avons dit antérieurement (voyez le Bulletin, t. xvm, Revue, p. 156). 11 nous paraît évident que les noms donnés par M. Fée, dont la publi- cation a l'antériorité, ne peuvent pas être rélégués dans la synonymie. 923 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Carolus Linnzeus. Ein Lebensbild ; par M. Johannes Fr. X. Gistel, cognomine Tilesius. Un volume in-8° de 391 pages, avec un portrait et un autographe de Linné. Francfort-sur-le-Mein, chez J.-D. Sauerländer, 1873. Paris, libr. Franck. — Prix : 9 fr. 35. Ce livre comprend une introduction, des documents sur l'état actuel de instruction universitaire en Suède, puis huit livres consacrés : 1? à la généa- logie; 2° à la biographie de Linné ; celle-ci remplit le deuxième, le troisième el l equatrième livres. Le cinquième livre étudie l'influence immense que Linné a exercée sur les sciences naturelles, et la maniere dont il a été apprécié par ses contemporains, botanistes et zoologistes. Un chapitre de ce livre a pour but de comparer Linné et Buffon, les deux génies peut-étre les plus difficilement comparables. Le sixiéme livre est consacré à l'histoire des col- lections, des livres et des manuscrits de Linné, etc. Un appendice est relatif à la biographie de Linné fils. Recherches histo-chimiques sur la chute automnale des feuilles ; par M. K. Ledeganck (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. x, n° 3, pp. 133-167, avec une planche). Ce mémoire se divise en plusieurs chapitres : historique, moyens d'obser- vation ylérations générales, recherches histologiques, observations parti- culiémt Wie de la chute des feuilles, déductions physiologiques. Ne pou- vant relater ¿n extenso l'ensemble de ses observations, qui portent sur un nombre considérable d'espèces, l'auteur s'est borné à en extraire quelques-unes dont les résultats lui ont paru les plus concluants. Ceux qu'il résume concer- nent les espèces suivantes : Betula alba, Fagus silvatica, Ulmus campestris, Ribes Grossularia, Syringa vulgaris, Tilia europea, Populus alba, Fra- æinus Ornus, Juglans regia, Quercus Robur ex Carpinus Betulus. ` — L'auteur pense que c'est l'accroissement des couches péridermiques qui constitue la cause prédisposante de la chute des feuilles. Le tissu nouveau, soit qu'il se forme sur place, soit que sa substance se produise ou se dépose dans les cellules déjà formées, détermine Ja mort des autres tissus qu'il isole, en les privant de l'afflux des sucs nourriciers. En effet, les cellules, une fois qu'elles sont complétement subérifiées, ne contiennent plus que de l'air, et interceptent de cette manière le passage des liquides, ce qui empêche à la fois l'évaporation dans les parties dénudées et la propagation des lésions dans l'épaisseur des parenchymes. Or, en se. propageont de l'écorce, ou de la péri- phérie du coussinet, vers le centre de l'interligne articulaire, cette formation subéreuse isolera le parenchyime de la feuille de celui du coussinet. Quand les feuilles sont nettement articulées sur leur coussinet, comme dans l'Orme, le Tilleul, le Noisetier, la matière subéreuse suit une marche nettement centri- pète (ne laissant intacts que les faisceaux vasculaires) : procédé que l'auteur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 203 nomme subérification par couche. Chez les feuilles dont l'articulation est nulle ou incompléte (Chéne, Charme), et que l'on voit fréquemment rester attachées à leurs rameaux durant tout l'hiver, la transformation subéreuse a lieu localement, par le dépôt de la matière subéreuse dans la cavité de quel- ques cellules : c'est ce que l'auteur appelle subéréfication diffuse ou par infiltration. La présence de ces tissus nouveaux doit étre considérée seulement comme la cause prédisposante de la chute des feuilles; quant à la cause efficiente, l'auteur la trouve surtout dans l'action du froid. Le tissu de la base du pétiole, spongieux, aéré, élastique, se resserre à un degré bien plas considérable que celui du coussinet, qui présente des caracteres physiques opposés, et dont le changement de volume sera à peine appréciable. Au-dessous de + 4° G., il se produit un mouvement en sens contraire, par suite de la dilatation du pa- renchyme du coussinet, dense, succulent et plein de liquide, en opposition avec la contraction toujours croissante du parenchyme spongieux du pétiole. Enfin, à la première congélation, l'expansion qui accompagne la solidifica- tion des tissus est telle, que la rupture se fait en masse. D'ailleurs le tissu nouveau, aprés avoir séparé la feuille de son support, doit servir désormais de protecteur à ce dernier, et le préserver, à l'approche de l'hiver, du froid, de la sécheresse et de l'humidité. ; [3 Notes on the British batrachian tanunculti E. 2 F. Robinson (?5id., pp. 121-126). Ray dans son Synopsis, et Sibthorp dans son Flora oxoniensis (17^), n'ont signalé que quatre espèces de Ranunculus de la section Batrachinm. M. Babington, dans le Manual of British Botany, en décrit huit aux dépens de l'ancien Ranunculus aquatilis. M. Robinson discute cette opinion, et il tire de son travail cette conclusion, qu'il n'y a en Angleterre que quatre espèces de la section Zatrachium, ainsi caractérisées : 4. A. heterophyllus Sibth. — Foliis superioribus natantibus, sæpe longe pedunculatis, sepius tripartitis ; segmentis cuneiformibus; foliis submersis læte viridibus, segmentis capillaribus aliquando subrigidis; floribus stel- latis. 2. R. trichophyllus Chaix. — Foliis natantibus raris; foliis submersis obscure viridibus, segmentis brevibus capillaribus apiculatis ; floribus parvis. 3. R. circinatus Sibth. — Foliis natantibus 0 ; foliis submersis sessilibus, segmentis furcatis, ambitu rotundo, in eodem plano sitis; floribus ut ple- rumque parvis. — X. rigidus Hoffm. ; R. divaricatus Koch. 4. R. fluitans Lam. — Caule longo; foliis natantibus 0; foliis submersis rigidis; segmentis longissimis, linearibus, fere parallelis, obtusis ; floribus latis, 224 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mémoire sur les effets de la foudre sur les arbres et les plantes ligneuses; par M. Daniel Colladon (Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, t. xxx, 2° partie, 1872). Les expériences entreprises par M. Colladon sur l'électricité atmosphérique dés 1826, lui avaient montré qu'un jeune arbre ou une branche fraichement coupée soutirent des nuages et conduisent dans le sol une quantité d'électricité aussi considérable qu'une tige entièrement métallique et de méme hauteur, terminée par un faisceau de longues aiguilles acérées et mise en bonne com- munication avec un terrain humide. C'est à partir de l'année 1868 que lau- teur s'est occupé de rassembler des observations d'arbres foudroyés. Toutes celles qu'il a mentionnées dans ce mémoire, et qui sont au nombre de vingt- quatre, lui sont personnelles. Dans toutes ces observations, il a examiné aussi méthodiquement que possible la nature du terrain, la position de l'arbre, son diamétre, sa hauteur au-dessus du sol, et relativement aux arbres et aux édi- fices environnants, et l'orientation des plaies. 11 a cherché ou fait rechercher trés-attentivement, jusqu'au sommet de la plupart des arbres atteints, les pre- mières traces visibles du passage de la foudre, et lorsque les difficultés de l'as- cension étaient trop grandes, on examinait l'état des parties avec une bonne lunette. Les ics à la même essence présentent toujours les mêmes caractères distinctifs dans la manière dont ils subissent les effets de la foudre. Les observations de l'auteur ont porté sur le Peuplier, l'Orme, le Sapin, la Vigne, le Marronnier et le Noyer. Il entre dans des détails qui sont généralement du domaine de la physique et où nous ne le suivrons pas. Nous ferons seule- ment remarquer avec lui qu'un des résultats de ses recherches est l'innocuité de violentes décharges sur les branches fréles, mais jeunes, et possédant par conséquent une bonne conductibilité relative. De là vient que le sommet des Peupliers foudroyés demeure sans lésion, tandis que l'aubier est fendu dans le bas du tronc. Le tronc d'un Poirier vieux a été brisé en gros fragments par la foudre, tandis que sur un jeune arbre de la méme espèce on a vu simplement quelques lambeaux d'écorce enlevés au tronc immédiatement au-dessous des branches. Florz dalmatiez supplementum ; par M. R. de Visiani. In-4° de 189 pages, avec dix planches coloriées. Venise, 1872. Ce supplément énumére des espéces trouvées en Dalmatie depuis la publica- tion du Flora dalmatica, terminé par M. de Visiani en 1847. Quelques-unes sont entierement nouvelles; ce sont les suivantes : Romulea crocifolia Vis. — R. foliis linearibus supra vaginam patentibus, basi et apice canaliculatis, sub anthesim involutis demum planis, supra linea REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 125 alba notatis, sublus bicarinatis, scapo unifloro simplici, flore spathis duplo longiore, perianthii tubo limbum subæquante, staminibus perianthio breviori- bus, filamentis basi extrorsum villosis, stigmatibus stamina superantibus. Lilium Cattaniæ Vis. — L. foliis lanceolatis, acutis, planis, plurinerviis, intermediis verticillatis, caeteris sparsis, floribus reflexis, phyllis revolutis im- maculatis unicoloribus obscure vinosis, polline aurantiaco, pedunculis fructus infracto-ascendentibus. Fl. junio. Campanula Pichleri Vis. — C. foliis obtuse serratis, alternis, ovatis, supremis lanceolatis sessilibus, floribus paniculatis secundis nutantibus, calycis laciniis setaceis integris patulis reflexisve, corolla campanulata obtuse quinquepartita laciniis linearibus, stylo demum exserto trifido. Vincetoxicum Huteri Vis. et Asch. — V. subvolubile foliis subcordato- ovatis oblongisve, corollis supra villosulis, coronae decemlobæ lobis late bre- viterque triangularibus, apice inflexis. Iberis Zanardinii Vis. — I. pubescens, caule fruticuloso undique foliato, foliis subcarnosis angustissime lineari-spatulatis acutis integris, pedunculis fructus breviter racemosis, siliculis ellipticis emarginatis, lobis obtusis stylo subaequalibus. Les dix planches coloriées qui accompagnent ce supplément représenten les espèces suivantes : Secale dalmaticum Vis., Ægilops uniaristata Vis., Romulea crocifolia Vis., Crocus salmaticus Vis., Lilium Camie Vis., Thesium Parnassi Alph. DC., Lonicera glutinosa Vis., Arenaria orbicu- laris Vis., Centaurea crithmifolia Vis., Campanula Pichleri Vis., Delphi- nium brevicorne Vis., Vincetoxicum Huteri Vis. et Asch., Iberis Zanar- dinii Vis., Silene Reichenbachii Vis., Iberis serrulata Vis., Dianthus multi- nervis Vis., Arabis neglecta Schult., Carex illegitima Ces., Avena compacta Boiss., Cirsium siculum Spr. Ueber den Einfluss der Lufttemperatur und des Tages- lichts auf die stfftllichen und täglichen Aenderungen des Längenwachs- thums der Internodien (De l'influence de la température de l'air et de la lumière du jour sur les variations horaires et. quotidiennes de l'accrois- sement longitudinal des entre-nœuds); par M. J. Sachs (Arbeiten des botanischen Instituts in Würzburg, 1872, 2* livraison, pp. 99-193, avec 7 planches). La premiere partie de ce long mémoire est consacrée à l'examen des résul- tats généraux fournis à l'auteur par ses devanciers. La deuxième partie est relative à la description des appareils et des procédés d'observation. L'auteur emploie, pour ses recherches, des plantes en pot, de moyenne dimension, susceptibles d'étre cultivées dans une chambre, et par conséquent dans des con- ditions invariables de température, de lumière et d'humidité. Il a recouru spécialement à des plantes bulbeuses ou tuberculeuses, afin que les matériaux TH (REVUE) 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nécessaires à l'accroissement ne pussent lui faire défaut. Il a mis en usage trois appareils de mensuration dans le détail desquels l'espace nous empêche d'entrer. Il est entré dans des précautions extrêmement minutieuses dont nous nous contenterons de donner l'exemple suivant : Une cause d'erreur importante consistant dans les déplacements que font éprouver à la p'aute les mouvements de gonflement et de contraction de la terre du pot, suivant ses variations d'humidité ou de sécheresse, M. Sachs est arrivé à l'annuler en n'expérimentant qu'avec des pots saturés d'eau plusieurs jours à l'avance. La troisième et la quatrième partie du travail de M. Sachs sont consacrées au détail des expérieuces et à l'exposition des résultats qui en découlent. Nous reproduirons les principaux. L'accroissement d'un organe débute par de faibles augmentations ; peu à peu celles-ci deviennent plus considérables, et l'accroissement atteint son maxi- mum de rapidité ; à partir de ce moment, il diminue insensiblement et finit par s'arréter complétement. Ces phases sont désignées par M. Sachs sous le nom de grande période d'aeccroissement. L'expérience a montré que dans un entre-nœud en voie de formation chaque segment horizontal préseate une grande période, et que la grande période d'accroissement de l'entre-neeud tout entier est formée par l’ensemble de ces périodes spéciales. Elle fait encore voir que l'accroissement marche de bas en haut et que les segments plus anciens ont déjà fini de croître ou se trouvent dans les dernières phases de leur grande période, alors que les plus jeunes sont au début de leur accrois- sement. ; Si les changements de température déterminent des variations momentanées dans l'accroissement, ils sont sans influence sur la marche générale de la grande période. Dans les plantes étiolées, l'accroissement est beaucoup plus considérable que cans les plantes vertes ; son maximum arrive plus tard que dans. ces dernieres plantes ; il ea est de même pour sa terminaison. Les observations entreprises dans le but d'établir l'influence des variations de température sur la marche horaire ou quotidienne de l'accroissement ont toujours été faites dans l'obscurité, sur des plantes étiolées qui avaient été élevées à l'abri de la lumière, dans le but d'éviter les perturbations qui auraient pu se manifester dans l'accroissement d'une plante élevée à la lumière, par suite de son accommodation méme à l'obscurité, Les résultats obtenus par M. Sachs offrent des différences remarquables, selon que les variations de température sont rapides et étendues, on bien lentes et de peu d'intensité. La première classe de variations est constituée par une différence de température d'un ou de plusieurs degrés dans l'espace d'une heure ; la deuxième par une différence d'un seul où de quelques dixièmes de degré seulement pendant le méme temps. Sous l'influence des premières, la courbe d'accroissement suit de si près REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 297 celle des températures, qu'elle semble presque en être là reproduction ; au contraire, les variations lentes et de faible intensité permettent à d'autres influences d'exercer une action prépondérante qui masque l'effet des oscil'a- tions de température. C'est surtout à l'époque de la plus grande rapidité de l'accroissement que les variations considérables dans la température exercent sur le phénomène une influence décisive. L'accroissement, lorsqu'il est à son début ou qu'il commence à se ra'entir, se moutre plus indépendant relati- vement à la cause perturbatrice dont il est question. A l'époque du plus grand accroissement de la plante (milieu de la grande période), les changements de température d'un ou plusieurs degrés, dans l'espace d'une heure, altèrent profondément la marche de l'accroissement : à l'élévation de température correspond une augmentation d'accroissement, à l'abaissement de température une diminu:ion. L'influence de la lumière est, d’après M. Sachs, toute différente de celle de la température. En général, les courbes d'accroissemert s'élévent du soir au matin, quand méme la température de la nuit diminue d'un ou de plusieurs degrés ; après le lever du soleil, elles s'abaissent subitement avec une grande rapidité, bien que la température augmente de plusieurs dixièmes de degré. Cet abaissemeut peut continuer jusqu'au soir, de manière à donuer lieu à une période quotidienne simple caractérisée, du soir au matin, par l'augmentation de l'accroissement, et du matin au soir par sa diminution. 1l n'est pas rare de voir se produire, surtout dans le cas où la température du jour augmente de quelques degrés, une augmentation passagère de l'accroissement vers midi, ou dans l'aprés-dinée, mais cette augmentation n'empéche point le minimum du soir de se produire. 1l est presque impossible de se rendre compte de ces faits autrement qu'en admettant que l'augmentation d'accroissement produite par l'obscurité, aussi bien que sa diminution déterminée par la lumière, ne se produisent pas subi- temeni, mais seulement petit à petit. L'état d'accroissement lent qu'a déter- miné pendant la journée l'action de la lumière demande un certain temps pour passer à l'état d'accroissement rop:de qui correspond à l'ob-curité ; ce phénomène de modification lente se traduit par l'élévation continue de la courbe d'accroissement du soir au matin. De méme, on peut rapporter sim- plement l'abaissement de la courbe d'accroissement du matin jusqu'au soir à ce fait que l'état d'aceroissement maximum que la plante a atteint pendant la nuit ne cède que peu à peu la place, sous l'influence de la lumière, à un (tat nouveau. M. Sachs consacre un chapitre particulier à examiner la concordance de la période quotidienne de l'accroissement déterminée par la lumière avec la Périocicité de la tension des tissus et celle des mouvements des feuilles. MM, Krauss et Millardet ont montré que les. variations. périodiques de la tension coiucident de telle sorte avec les mouvements périodiques des feuilles 99S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que l'on peut considérer ces derniers comme consécutifs aux variations qui se produisent dans la tension des tissus. La période quotidienne de la tension concorde extraordinairement avec celle de l'accroissement dans le cas oü les deux phénomènes ont lieu sous l'influence de l'alternative du jour et de la nuit. La période quotidienne qui se manifeste par l'augmentation de la tension à partir du soir jusqu'au matin, et par sa diminution depuis le matin jusqu'au soir, est, comme la période correspondante de l'accroissement, une fonction de la lumière : ce qui le prouve, c'est d'abord cette circonstance que ses deux points extrémes coincident avec la disparition et l'apparition dela clarté du jour, et surtout que dans l'obscurité continue elle disparait (1). Le mémoire se termine par une revue de la bibliographie afférenteà la ques- tion. On en trouvera une analyse plus longuement détaillée dans la Revue des sciences naturelles, à laquelle nous avons emprunté ces lignes. Growth or evolution of structure in seedlings (Crois- sance ou évolution des jeunes plantes); par M. John C. Draper (The Ame- rican Journal, novembre 1872, pp. 392-398). L'auteur a fait croître des végétaux à la lumière d’une part et dans l'obscu- rité de l'autre. Il s'est appliqué à constater le poids des cendres qu'on obtient en traitant des parties égales de plantes qui ont levé de graines daus chacune de ces deux conditions. Celles qui se sont développées à la lumière donnent une quantité plus considérable de cendres. Ce fait, dégagé des considérations relatives à l'excrétion radiculaire où se complait l'auteur, concorde parfaite- ment avec les données précédentes qui résultent du mémoire de M. Sachs. Si l'allongement est moins considérable à la lumière, c'est que la nutrition s'opere en solidifiant les tissus existants, et en augmentant par conséquent la quantité de matières renfermées dans le tissu de la plante. Sulla struttura morfologica del frutto pisside e pis- sidio, e sulla loro deiscenza circolare; par M. G. Licopoli (Jul/etino dell" Associazione dei naturalisti e medici, nn. h, 5 et 6 de 1871). L'auteur a étudié, pour apprécier la nature et la déhiscence des fruits connus sous les noms de pyxis et de pyzidium, le Portulaca oleracea, V Ana- gallis arvensis, le Celosia cristata, le Plantago major et la Jusquiame. Il pense que la partie inférieure de ces fruits est constituée par le réceptacle de la fleur exhaussé, et la partie supérieure par les carpelles, si bien que la (4) M. Éd. Morren, dans son discours intitulé : Introduction à l'étude de la nutrition des plantes, prononcé en séance publique de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, le 17 décembre 1872, a insisté sur ces rapports de l'allon- gement et de l'intensité de la tension. Il y a joint des considérations sur l'évaporation et sur l'expulsion des gouttelettes à l'extrémité de certaines feuilles, ainsi que sur divers phénoménes de la nutrition. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 229 déhiscence circulaire de la pyxide est comparée par lui à la chute naturelle d'un verticille d'organes appendiculaires. Sur la naturalisation et la végétation du Bambusa aiit is Poir., dans le midi de la France; par M. Ch. Martins (Annales de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault, 2* série, t. 111, novembre-décembre 1871, pp. 267-272). M. Martins rapporte au Bambusa mitis Poir. le Bambusa viridi-glauces- cens Carrière et le B. aurea Hort. La structure anatomique des feuilles s'est montrée semblable à M. Duval-Jouve dans ces trois espèces. Ge Bambou a été déjà utilisé pour fixer des alluvions. Il remplacera avec avantage l Arundo Donax. Sous le point de vue pittoresque, c'est également une précieuse acquisition. Ce Bambou se propage par stolons. Dans la terre sèche et dure, sa progression est favorisée par une particularité physiologique très-singulière : les gaînes des petites feuilles primordiales caduques qui révèlent les entre-nœuds des stolons, et portent à leur aisselle les bourgeons des rameaux de l'arbuste, sécrètent une certaine quantité d'eau qui, humectant la terre, permet ainsi au stolon de percer le sol le plus compacte. A propos des variations du Bambusa mitis, M. Martins touche la notion de l'espéce. C'est, dit-il, une notion subjective, nécessaire pour distinguer des êtres dont les formes sont différentes, mais qui ne préjuge absolument rien contre leur identité originelle (1). L'espéce est dans l'esprit du botaniste qui l'accompagne de son nom ; il ne saurait convaincre celui de ses confrères qui n'attache pas la méme importance aux caracteres différentiels qui l'ont déter- miné à séparer deux formes trop similaires aux yeux de son contradicteur pour être séparées. Mais, comme il est nécessaire de distinguer et de classer les plantes et les animaux, il faut continuer à établir des espèces. Toutefois il est clair qu'il vaut mieux réunir que diviser, sans quoi on multiplierait les formes végétales au point que l'espéce finirait par se réduire à l'individu; car il n'existe pas deux plantes qui soient complétement identiques l'une à l'autre. Les grands classificateurs sont ceux chez lesquels les facultés synthétiques et les facultés analytiques se maintiennent dans un juste équilibre : ils distinguent ce qui mérite d'étre distingué et réunissent ce qui a trop de points communs pour étre séparé : tel est le caractére des travaux de Linné, de Jussieu, de Lamarck, des de Candolie et de Rob. Brown. Les botanistes modernes ont souvent péché par excés d'analyse. Le désir de faire des espéces nouvelles et de leur imposer un nom suivi de celui du créateur n'a pas été étranger à cette tendance. La réaction commence déjà, et, comme toujours, elle dépassera peut-étre le but. (4) Voyez, dans la Revue des Deux Mondes du 41°" mars 1873, un article de M. Martins intitulé : Lamarck, sa vie et ses œuvres, et les articles publiés par M. de Quatrefages dans le Journal des savants contre la théorie Darwinienne. 230 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. E'ofanical Supplement to the fifth annual Report of the United States geo'ogical Survey of the territories for 1871 ; par M. Lesquereux. Ce supplément, préparé en mai 1872 par M. Lesquercux, contient la description d'un certain nombre d'espèces de plantes fossiles qui n'ont été reçues par l'auteur. qu'après l'impression du Fif/h annual Report. Les points e:sentiels qui résultent des nouvelles recherches de l'auteur sont indi- qués par lni dans les termes suivants : Àe 1 ajoute vingt nouvelles formes à la liste des espèces fossiles du terrain tertiaire, et en décrit vingt et une autres déjà connues dans le terrain miocène de l'Europe, mais non encore observées dans la flore tertiaire de l'Amérique. Le nombre des espèces fossiles connues dans l'étage tertiaire aux États-Unis se trouve ainsi porté à deux cent trente et une. Le deuxième et le troisième point sont relatifs à des considérations de stra- tigraphie. 4° L'auteur a pu étudier dans la flore tertiaire de l'Amérique du Nord des modifications en rapport avec le climat et la latitude des diverses localités ; en même temps il a reconnu l'identité des caractères de la végétation à des distances éloignées, mais sous la méme latitude. 5° Il a montré une relation plus intime entre la flore actuelle et celle de l'époque tertiaire par la découverte de nouveaux types identiques et communs à ces deux flores. Cette dernière relation est particalièrement indiquée par les p'antes fossiles de la localité de Green River, qui peuvent être rapportées au miocene supérieur. Outre les espèces de Salix, de Myrica, d’ Ilex et de Rhus, dont les représentants ont des rapports intimes avec les espèces de ces genres qui vivent actuellement, la flore fossile de Green River possède un Ampelopsis et un Morus qui indiquent d'une manière très-nette l'origine de certaines Ampé.idécs et Morées américaines, Dic Coniferen und die Gnetaceen; par M. Él. Strasburger. In-8°, 29 p., 26 planches. Iéna, 1872, chez Hl. Dabis. Prix : 55 fr. Après avoir, dans un précédent ouvrage (Die Befruchtung der Coniferen, Iéna, 1869), exposé en détail les diverses phases du phénomène de la féconda- tion chez plusieurs Conifères, M. Strasburger s’est livré à une étude appro- fondie ct comparative de cette famille, ainsi que de celle des Gnétacées. Par- tisan très-prononcé des hypothèses Darwiniennes, ce savant part du principe que les caractères morphologiques ne sont que l'expression des circonstances généalogiques des individus ou des groupes d'individus. Si tous les éléments du problème relatif à chaque être étaient suffisamment connus, la classifica- ion naturelle, dans son ensemble, devrait coincider avec l'arbre généalogique de tous les êtres passés et actuels. Ne perdant pas de vue cette idée, l'auteur prend l'histoire comparative du développement des organes comme le seul REVUE BIBLIOGRAPHIQUE: 231 criterium de leur valeur relative. Les caractères de position et de fonctions se trouvent donc rejetés au second plan. L'étude du développement conduit à voir une grande analogie entre les corpuscules du Welwitschia et les vésicules embryonnaires des Phanérogames supérieures, La même méthode conduit l'auteur à considérer la plus exté- ricure des trois enveloppes florales des Gnétacécs comme un véritable ovaire, et les deux autres comme l'analogie des téguments d'un. véritable ovule. Cela établi, l'enveloppe unique des Conifères, se développant de la méme façon que l'ovaire des Gnéractes, devient elle-même un ovaire, renfermant un seul ovule nu. Par des raisons analogues, les productions tardives de l'axe floral, telles que l'écaille fiuctifère des Aroucarices et la cupule des Taxacées, deviennent homologues. L'iuteur ne s'est pas d'ailleurs borné à l'examen des organes de repro- duction : il a aussi suivi le développement de ceux de la végétation, ainsi que la marche de la germination. Les noiibresses analogies qu'il arrive ainsi à établir le conduisent enfin à grouper toutes les Conifères et Gnétacées en une seule série généalogique faisant suite aux Cycadées, et commençant aux Arau- cariées pour se terminer en dcux rameaux, d'une part aux Abiétinées, par les Pins, Cèdres, ete. ; de l'autre aux Gnétacées par le Welwitschia. L'auteur expose Ini-méme de la manière suivante les résultats généraux auxquels il est parvenu : 4° Les fleurs femelles des Conifères et des Gnétacées sont des bourgeons métamorphosés. 2» Toute la fleur est réduite à un ovaire nu, et les enveloppes florales dis- tnctes, connues chez les autres Phanérogames, manquent ici entièrement. 3° L'enveloppe unique de la fleur des Conifères est Phomologue de l'enve- loppe extérieure des Gaétacées ; l'enveloppe extérieure des Gnétacées est I homologue des carpelles des Phanérogames supéricures ; elle est donc un ovaire. he Cette enveloppe ovarienne entoure, chez les Conifères, un ovule réduit au nucelle, chez les Gnétacées un ovule revétu d'un ou de deux téguments. 5° Ces téguments de l'ovule des Gnétacées sont homologues aux téguments des Phanérogames supérieures, mais ils se développent. cependant encore de bas en haut, l'intérieur étant de formation postérieure à l'extérieur. 6° Toutes ces enveloppes doivent être considérées comme des produits foliacés. 5 ; 7° L'extrémité axile du bourgeon devient le nucléus. 8° L'enveloppe ovarienne chez les deux familles est formée de deux feuilles carpellaires. Celles-ci naissent séparées et se réunissent bientôt par leurs bords que sous-tend une base commune. Dans quelques cas rares, elles sont soudées des l'origine. 9° Les téguments des Gnétacées sont sans exception également développés 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à l’origine tout autour de l’axe floral. Ils peuvent répondre chacun à une seule feuille. 40° Les formations foliaires qui s’intercalent postérieurement sous les feuilles préexistantes dans les Conifères sont de nature discoide. Elles forment l'é- caille fructifére chez les Araucariacées et la cupule des Taxacées, mais elles manquent complétement chez les Gnétacées. D'aprés ces résultats, il ne parait pas qu'on puisse conserver, pour cette division du règne végétal, le nom de gymnosperme en opposition à celui d'an- giosperme, appliqué aux Phanérogames supérieures. D'autre part, les Cycadées, Conifères et Gnétacées se distinguent de toutes les autres Phanérogames par leurs corpuscules, qui en font une classe à part. Se fondant sur des considérations paléontologiques, l'auteur propose de désigner dorénavant les Cycadées, Conifères et Gnétacées sous le nom d’Ar- chispermes, et les autres Phanérogames sous celui de Métaspermes. Notes on some drugs collected in Morocco; par M. Arthur Leared (Pharmaceutical Journal, février 1873, pp. 621-625). Ce mémoire, communiqué le 5 février 1873 à la Société pharmaceutique de Londres, dans laquelle il a excité un attrait de curiosité, et provoqué des remarques intéressantes de MM. Hanbury, Bentley et Collins, se compose de deux parties, le récit abrégé d'un voyage fait par l'auteur dans le Maroc, oü il a atteint 31° 30^ de latitude, et fait des observations avec le thermomètre et le baromètre anéroide, — et l'exposition méthodique, dressée par familles végé- tales, des documents que l'auteur a recueillis sur les drogues en usage au Maroc pour la pharmacie, l'art vétérinaire ou d'autres usages, et tirées du regue végétal. L'auteur a recu des documents sur ce sujet à Maroc, ainsi que dans les villes du littoral, entre Tanger et Mogador. Il donne dans son mémoire le nom indigène de la plante, en indique l'usage et entre souvent dans de longs détails sur l'application ou sur quelques points d'histoire et d'étymologie. Diagmoses plantarum novarum Japoniæ et Mandshu- rise ; scripsit C.-J. Maximowicz. — Decas XIII (extrait du Bulletin de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. xviii, pp. 215- 296, Mél. biol., t. 1x, pp. 1-30) (1). M. Maximowicz ne se contente pas de décrire dans ses décades les espèces nouvelles appartenant à la flore de l'extrême Asie, mais il étudie souvent les genres entiers, tels qu'ils sont représentés dans les limites géographiques qu'il s'est tracées. Ainsi, dans sa treizième décade, aprés avoir signalé un nouvel Anemone, A. nikoensis (Alpes de Niko), différant de lA. umbrosa G.-A. Mey., par ses feuilles plus découpées, à segments pétiolés, par ses pétioles dilatés, etc. , il énumère tous les Cardamine de l'Asie orientale au nombre de (1) Voyez le Bulletin, t. xvii, Revue, p. 54, et t. xix, Revue, pp. 25 et 113. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 233 quinze, parmi lesquels deux seulement sont nouveaux : C. yezoensis Maxim., et C. Tanakæ Franchet et Savatier (Nippon). Parmi les espèces du genre, antérieurement décrites, on peut remarquer : C. africana L., qui del'A- frique australe arrive au Japon, aprés des étapes intermédiaires à Bourbon, à Ceylan et dans l'Inde; C. Airsuta L., dont M. Maximowicz ne sépare pas le C. silvatica Link, tout en faisant remarquer que cette dernière forme est seule trés-répandue en Asie, tandis que le vrai C. hirsuta ne semble avoir été signalé jusqu'ici qu'à Hongkong. — Pontostemon hispidus Maxim. (Mand- chourie); plante velue-hispide dans toutes ses parties. — Hesperis lutea Maxim. (Mandchourie et Japon); assez voisin des 77. matronalis L., et podocarpa Boiss., mais à fleurs jaunes. — Æutrema Wasabi Maxim., le Wasabi des Japonais, trés-recherché comme condiment. — Angelica kiusiana Maxim. (Kiousiou). — Æ£'dosmia neurophyllum Maxim. (Kiousiou). — Sium nip- ponicum Maxim. (Nippon). — Lampsana apogonoides Maxim. (Kiousiou et Nippon), espèce bien distincte du Z. parviflora A. Gray, par ses fruits étroi- tement oblongs-fusiformes. L'auteur énumère ensuite les Ulmacées de l'Asie bffentale; au nombre de seize espèces qui se répartissent ainsi : Zelkova, 1 esp. — Hemiptelea, 1 esp.— Ulmus, h esp.— Pteroceltis, g. nov. (cum icone). Ce genre, carac- érisé surtout par sa drupe recouverte d'un épicarpe mince, de consistance 'igneuse, dilaté en ailes comme chez les Ulmus, est intéressant en ce sens qu'il réunit la tribu des Ulmacées à celle des Celtidées ; 1 esp., P. Tatarinowit, récolté une seule fois dans le jardin dela Mission russe à Pékin, oü il n'a pas été retrouvé depuis. Il est probablement originaire de la Mongolie ou dela Chine boréale, — Celtis, 3 esp. — Homæoceltis, À esp. — Gironniera, 2 esp. — Spontia, 3 esp. Enfin l'auteur signale une Juglandée omise dans la précédente décade : Zngelhardtia chrysolepis Hance (Hongkong). A. FRANCHET. Hedwigia. Ein Notizblatt für Kryptogamische Studien, nebst Repertorium für Kryptogamische Literatur. Onziéme volume, Dresde, 1872. Le Journal eryptogamique de M. Rabenhorst pour l'année 1872 con- tient plus particulièrement, dans la partie qu'il appelle Zegistorium, des extraits de diverses publications concernant la cryptogamie. Les articles ori- ginaux y sont peu continus, et c'est d'eux seuls que nous devons entretenir les lecteurs du Bulletin. A la page 188 de l'année 1872, le Bulletin a déjà transcrit l'article de M. Cohn, professeur à Berlin, sur une nouvelle classification des Cryptogames. Nous n'avons donc plus à nous en occuper. M. George Winter publie les diagnoses de quelques Pyrénomycétes d'Au- triche, dont trois Sphærella, autant de Leptosphæria et un Cucurbitaria. Dans un second mémoire, le méme auteur décrit quatre espèces de Zepto- 231 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. sphæria d'Allemagne et un Gnomonia. — Des notices bryologiques de M. Ge- hech se rapportent à l'Orthotrichum cupulatum Hoffm., var. Rudolphianum Schimp., à péristome double, ies seize dents sont soudées par paires, et de la sorte on croit avoir affaire à un péristome de huit dents. En outre l'auteur con- state la valeur des caractères qui ont servi à l'établissement. du Fontinalis gracilis Lindb. — M. Limpricht publie quelques notices supplémentaires consignées par feu Milde dans son exemplaire du Bryologia silesinca ; Vune de ces notices concerne le Zeptotrichum zonatum Lorentz (1869), synonyme du Weisia zonata Brid. En 1865, M. Lorentz a donné à cette Mousse le nom de Campylopus irregularis, en 1867 celui de. Leptostomum Molend ianum. Enfin nous devons à M. Ruthe la description d'une nouvelle espèce de Fontinalis, de la Marche de Brandebourg, sous le nom d'androgyna. C'est particulièrement par son inflorescence que cette nouveauté se distingue du F. antipyretica, ainsi que par son organisation foliaire. Toutes les espèces de ce genre connues jusqu à présent en Europe sont franchement dioiques. M. Venturi a.entrepris une révision générale des OrtAotrichum. Dans le douzième volume de I //edwig?a, dont nous avons sous les yeux les trois pre- miers numéros, se trouvent les descriptions des trente-deux espèces admises par l'anteur. S'il est excessivement facile de reconnaitre les caractères géné- riques de ce genre de Mousses, il est de fait que les caractéres spécifiques sont d'autant. plus difficiles à reconnaître et à fixer. Des erreurs, des confusions sont inévitables quand on tient compte, pour l'établissement des espèces, de la présence ou de l'absence du péristome interne, ou du nombre des cils de cet organe. L'examen seul d'un grand nombre d'échantillons permet d'appré- cier la valeur qu'il faut attribuer au tissu cellulaire des feuilles, fort variable selon l'âge des plantes. Un bon caractère spécifique, que l'expérience est venue confirmer, se trouve dans Ja forme des stomates du col capsulaire : les uns sont superficiels; les autres se voient dans des dépressions de cet organe et sont comme entourés d'ne circonvallation. Un autre caractère qui pré- sente une grande constance est fcurni par la direction. des dents du péristome extérieur desséchées. Dans certaines espèces, ces dents sont ou dressées ou écartées, constamment diaphanes et jaunâtres, soit lisses, soit parcourues par des lignes serpentantes ; jamais elles ne sont granuleuses, ni opaques. Dans d’autres espèces, au contraire, les dents se recourbent vers le dehors et s'ap- pliquent plus ou moins à la paroi capsulaire; ou bien elles s'enroulent vers le dehors. Généralement leur surface est granulée. Outre ces caracteres spé- cifiques constants, on en rencontre d'autres dans la présence ou l'absence des stries capsulaires ; mais ce caractère doit être utilisé avec réserve. La forme des feuilles présente également son importance, quand on fait engrer en ligne de compte la direction du bord foliaire vers le dedans ou vers Ie dehors ; cependant la méme espèce offre parfois des formes très-variées, soit nues, soit papilleuses. BUCHINGER. REVUE BIBLIOGRAPNIQUE, 299 Études sur la petite Kabylie; par M. Bernard (Recueil de mé- moires de méderine, de chirurgie et de pharmacie militaires, t. XXVII, 1872, pp. 417 418). j Un chapitre de ce mémoire est consacré à la botanique. Les botanistes, dit l'auteur, ont remarqué qu'il y a une grande relation entre les produits du sol de l'Algérie et ceux de l'autre rive de la Méditerranée. Il cite les plantes que l'on trouve dansla petite Kabilie : le Chéne-Liége, l'Orme, le Saule-pleureur, le Tremble, l'Oiivier, le Figuier, le Jujubier, le Laurier, les arbres fruitiers, les Aurantiacées ; le Tamarin, qui a, dit l'auteur, une fleur d'un parfum suave dont les pétales se détachent très-vite, fleurit en avril et porte une baie que l'on mange quand elle est noire, quoiqu'elle soit un pen amère. La nomen- clature des plantes médicina'es est émaillée de fautes typographiques tellement monstrueuscs, que nous n'osons pas la reproduire, de craiute d'erreurs. On the development of the audrocium in Cochlio- stema ; par M. Maxwell T. Masters (extrait du Jovrnalof the Linacan Society, Botanique, vol. X111, pp. 204-209, avec une planche); tirage à part en brochure in-8? de 6 pages. M. Masters avait déjà décrit, dans le Gardeners’ Chronicle, 1868, p^ges 264 et 333, le Cochliostema Jacobinianum de Lemaire. Ayant pu en examiner des fleurs parfaitement développées, il a reconnu pour erronée à plusieurs égards la manière théorique dont il avait expliqué à cette époque certaines particularités de l'androcée de cette plante. Le calice et la corolle y ont chacun trois éléments. Les étamines y sont au nombre de six ; mais ce sont les trois situées da côté postérieur de la fleur qui se développent les premieres, et qui seules portent des anthères. L'etamine antérieure moyenne, qui correspond au pétale antérieur, fait méme quelquefois défaut. Ces éléments de l'androcée sont ultérieurement soulevés par une proéminence circulaire du récep:acle qui forme un tube staminal plus long à sa partie postérieure. C'est seulement alors qu'il se forme dans les anthères ces organes spiraux qui ont fait donner son nom au genre. Ce sont des excroissances pétaloïdes nées des cô:6s de chacun des filaments postéro-supérieurs, qui se développent graduellement jusqu'à ce qu'elles enveloppent les anthères. Quant au curieux processus lobé ct cilié qui se développe alors, c'est simplement unc exeroissance du récep- tacle, qui se développe du côté postérieur de la fleur. M: Masters compare ensuite ses observations à celles que Payer avait faites sur l'organogénie des fleurs du Tradescantia et du Commelyna. Il résulte de l'étude du savant anglais que le Cochliostema ne diffère des autres genres de la méme famille que par l'ordre dans lequel les éléments de son androcée se développent, ct non par le nombre ou la position de ces éléments. 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Des Champignons dans le département de la Charente- Inférieure ; par M. Jules Mousnier. Brochure in-8° de 74 pages, avec figures intercalées dans le texte. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1873. Ce travail a été sans doute, vu la nature de la préface, soumis comme thèse à une école de pharmacie. L'auteur débute par des généralités sur les Champi- gnons, d’après MM. Tulasne, M. Boudier, M. de Seynes. Il entre ensuite dans des détails d'hygiène et insiste sur les précautions à prendre dans le choix des Champignons, avec d’autant plus de raison que, dans le département de la Charente-Inférieure, où il a fait ses observations, aucun contrôle ne préside à la vente des Champignons apportés par les campagnards sur le marché. Vien- vent ensuite quelques détails sur la classification des Champignons ; il en men- tionne d’après Léveillé les classes, et décrit les familles et certaines espèces utiles à connaître. Nous remarquons la famille des Syzygitées, voisine, mais distincte de celle des Mucors. L'auteur compare les phases de l'ergot aux métamorphoses des insectes. Le dernier ordre, Myxosporées, renferme dans cette these les familles des Ustilaginées, des Trichiacées et des Spumariées. Mexicanas plantas nuper a collectoribus expeditionis scientificæ allatas aut longis ab annis in herbario Musei parisiensis depositas, præside J. De- caisne, enumerandas curavit Eug. Fournier. Pars prima. Cryptogamia, adjuvantibus cll. W. Nylander et Em. Bescherelle edita. Parisiis, ex typo- grapheo Reipublicæ, M. DCCCLXXII. Un volume in-4° de 166 pages, avec 6 planches lithographiées par A. Riocreux. En commission chez Masson, à Paris. — Prix : 14 fr. Ce livre, dont nous ne donnons à dessein que le titre latin (1), a paru au mois d'octobre 1872. C'est la première partie des recherches botaniques faites au Muséum de Paris, sous la haute direction de M. Decaisne, sur les herbiers recueillis au Mexique pendant l'expédition scientifique par MM. Bourgeau et Hahn, collecteurs spéciaux, ainsi que par quelques personnes qui se sont alors occupées accidentellement de la récolte des plantes, quand d'autres services militaires ou scientifiques leur en laissaient le temps; nous citerons notam- ment parmi elles : M. le docteur Weber, attaché au service de santé, aujour- d'hui médecin-major à l'hópital militaire des Invalides ; M. le docteur Gouin, médecin de l'hópital de la Vera-Cruz ; M. Thiébault, lieutenant de vaisseau; M. Guillemin, ingénieur des mines, auquel est dédié le Polypodium Guil- (4) Ce titre est en effet le seul qui doive étre accepté et reproduit. Le titre francais qui figure sur la couverture volante de la livraison, et qui ne tient pas un compte suffi- sant des botanistes qui ont bien voulu collaborer à la rédaction de cet ouvrage, à été composé et tiré par l'Imprimerie nationale sur le modéle des autres publications faites au nom de la commission scientifique du Mexique, sans avoir été communiqué proba- blement à M. Decaisne, ni à M. Fournier. Heureusement ce titre doit disparaître à la reliure (voyez à ce sujet le procès-verbal de notre séance du 43 décembre 1872). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 937 leminianum ; M. Léon Méhédin, qui s'occupait surtout de la recherche des antiquités, etc. Cette première partie renferme la cryptogamie, ou plutôt une partie de la cryptogamie mexicaine ; les Algues, les Champignons et les Hé- patiques ont dû être laissés de côté : les Algues, parce qu'elles manquaient complétement dans les herbiers déposés au Muséum; les Hépatiques, parce qu'elles avaient été depuis peu d'années l'objet d'une monographie spéciale et très-importante de M. Gottsche ; et les Champignons, parce qu'ils avaient été réservés à l'examen de M. Léveillé, que la mort nous a enlevé avant l'achéve- ment de son travail. Ce volume comprend donc l'étude des Lichens, des Mousses et des Crypto- games supérieures. M. Nylander, en énumérant les Lichens, s'est borné aux collections recueillies par MM. Bourgeau et Hahn. Au contraire M. Besche- relle, en traitant des Mousses, a donné à son travail toute l'extension qu'ont permise les matériaux qu'il a eus entre les mains, et qui provenaient d'un grand nombre de collecteurs différents. Un genre nouveau se trouve décrit dans son travail, le genre Æozea, dédié à notre confrère M. Ernest Roze, bien connu par ses travaux de cryptogamie. Ce genre, qui offre une grande ana- logie avec le genre Cylindrothecium, contient dès à présent huit espèces, dont sept propres au Mexique et une à l'Inde anglaise (1). Un grand nombre d'espéces nouvelles sont en outre signalées par M. Bescherelle. Les Fougères, les Équisétacées, les Rhizocarpées et les Lycopodiacées ont été traitées par M. Fournier, à l'aide de tous les documents qu'il a pu ras- sembler sur ces plantes. Relativement aux Fougères, nous n'avons qu'à ren- voyer le lecteur qui désirerait se renseigner sur le plan suivi et sur les résultats obtenus par l'auteur, à une note acceptée dans les Comptes rendus de l'Aca- démie des sciences, séance du 3 mai 1869, et à un mémoire publié par M. Fournier dans le Bulletin de la Société botanique de France en 1869 (Session de Pontarlier, pp. xxxVI-LI1). Les Équisétacées ont été traitées avec l'aide des déterminations obligeamment fournies par M. Milde ; l'auteur a vivement regretté de n'avoir pu obtenir le même secours de M. Al. Braun pour les Selaginella. Aucune espèce nouvelle n'est d'ailleurs renfermée dans ces deux familles, non plus que dans celle des Rhizocarpées. Ce fascicule est terminé par une table des matiéres, Les planches qui y sont jointes représentent quelques espèces nouvelles de Fougères : Acrostichum Bourgeanum, A. Mülleri, Polypodium Guilleminianum, P. isomerum, (4) M. Bescherelle, regrettant avec raison la lenteur que les circonstances imposaient à la terminaison et par conséquent à l'apparition de ce fascicule, a fait imprimer sa mo- nographie des Mousses du Mexique, dans le tome xvi des Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, sous le titre de Prodromus Bryologiæ mezicang, Elle s'y trouve précédée d'un avant-propos oü l'auteur examine la distribution géogra- phique des Mousses du Mexique, et qui n'existe pas dans la cryptogamie que nous ana- lysons, 238 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. Phanerophlebia Lindeni, Asplenium Ghiesbreghtii et Adiantum convo- lutum. Beiträge zur Kenntniss der Centrolepidecn (Recherches sur les Centrolépidées); par M. Georg Hieronymus (extrait des Abhand- lungen der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, V. X); tirage à part en brochure in-4° de 108 pages, avec 4 plancl.es gravées. Halle, chez H.-W. Schmidt, 1873. Paris, libr. Franck. — Prix : 10 fr. 75. Le Centrolepis tenuior cultivé au jardin botanique de Halle et les échantil- lons conservés dans les heibiers de Berlin, de Vienne et de Leipzig, ainsi que dans celui de Schlechtendal, aujourd'hui à Halle, enfin l'examen, fait à Londres par M. Ascherson, d'échantillons authentiques de R, Brown, ont mis M. Hiero- nymus à même d'entreprendre ce travail à la fois histologique et taxonomique. L'auteur traite successivement de la germination et du développement de l'iuflorescence et de la fleur; ensuite des caractères généraux des Cen- trolépidées, examinés dans leurs différents organes. Il insiste sur le côté bibliographique de leur étude : il fait remarquer que le terme de C'entrolepis (m. à m. écaille éperonnée) provient d'une interprétation inexacte de Labil- lardière. Il traite ensuite la question, déjà bien éclaircie, de la place qu'oc- cupent les Centro épidées dans le règne végétal. On peut, dit-il, partager la classe des Énantioblastées en deux groupes, dont le premier comprendrait les Centro:épidées, les Restiacées et les Ériocaulées, ainsi que les genres Ælagel- laria et Joinvillea (4). Le Conspectus systematicus des Ceutrolépidées forme une monographie rédigée avec un soin extrême. L'auteur y établit le genre Brézulu (2) pour quelques espèces démembrées du genre A phela. Les Roses. Ilistoire, culture, description; par MM. H. Jamain ct E. Forney ; avec une préface par M. Ch. Naudin. Grand in-8^ de 267 pages, avec 60 chromolithographies d’après nature par Grobon et 60 gravures sur bois.. Ouvrage pub'ié sous la direction de J. Rothschild, Deuxième édition. Paris, J. Rothschild, 1873. Si l'on réunissait, comme le dit M. Naudin, tout ce qni a été écrit depuis un siècle sur les Rosiers et leur culture, on ferait une bibiothèque. Cctte abondance de productions bibliographiques tient à la quantité considérable d'hyl rides et de formes intermédiaires qui se sont produites daris ce groupe s: naturel, ct qui présentent aux monographes des difficultés toujours croissantes, Les auteurs de ce nouveau traité n'ont pas prétendu les vaincre; ils se sont contentés de trier dans cette fourmilière de Roses anciennes et nouvelles les variétés d'élite, sans se préoccuper de leur origine. Nous parlons des variétés (4) Voy. Ad. Brongniart in Ann. sc, nat., 1864, p. 336. (2) Voy. Bot. Zen., xxx, n° 13, col, 206. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 239 actuellement cultivées, car on n'ignore pas qu'un grand nombre des variétés anciennes, méme de celles qui ont été illustrées par Redouté, sont tombées dans l'oubli. A ce point de vue, les auteurs ont rempli une lacune évidente dans l'histoire des Roses. Après un préambule consacré à l'Histoire de la Rose, MM. Jamain et Forney traitent des espèces de Rosiers et de leur distribution géographique, puis de leur culture, notamment de leur taille et de leur culture forcée. Vient ensuite la liste des Rosiers les plus recommandables, une bibliographie spé- ciale, puis un choix des variétés des Roses les plus remarquables, planches et descriptions. Ces var étés sont au nombre de soixante. Les Plantes alpimes. Choix des plus belles espèces. Description, sta- tion, excursion, culture, emploi; pr M. B. Verlot. Grand in-8° de 320 pages, avec 50 planches. Chromolithographies et 78 vignettes. Ouvrage publié. sous la direction de J. Rothschild. Paris, J. Rothschild, 1873. Après une introduction consacrée à quelques généralités sur la: végétation alpine, M. Verlot donne les principes de la culture tels qu'ils résultent de son expérience. Dans un second chapitre, il conduit le Lecteur dans quelques- unes des plus intéressantes et des plus riches stations de nos montagnes, au mont Viso, au Lautaret, au cirque de Gavarnie, au pic de Belledone, à la Grande- Chartreuse, au mont Cenis, au mont Blanc, au mont Ventoux. Quel- ques-uns de ces récits ont été empruntés par l'auteur aux comptes rendus de nos sessions extraordinaires ainsi qu'à son excellent Guide du botaniste her- borisant. On y trouvera des documents très-intéressants à consulter avant d'entreprendre certaines courses alpines dans les Alpes ou les Pyrénées. L'O.zy- tropis Jacquini Bge (O. montana Gaud., Astragalus montanus Jacq.) est distingué par M. Verlot da véritable O. montana DC., qui croit dans des loca- lités moins froides que le précédent. à Dans un dernier chapitre, M. Verlot s'est occupé de la récolte et du transs port des plantes, puis des modes de multiplication, et du parti qu'on peut en tirer pour l'ornement et la décoration. Deax séries de planches accompagnées d'une courte description et d'indications de culture complètent ces études : la première consacrée aux plantes alpines proprement dites, la seconde à des espèces que leur petite taille ou leur mode de végétation permettent d'utiliser de la méme façon. Enfin il donne une liste, bornée aux plus intéressantes, d'espèces alpines pouvant former le fond d'une bonne collection. Les Plantes médicinales et usuelles de nos champs, jardins, foréis; par M. H. Rodin. Petit in-8" de 527 pages, or.é de 117 vignettes. Ce livre est consacré principalement à la description des plantes comes- tibles, suspectes ou vénéneuses, ainsi que de celles qui sont em, loyées caas 9^0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la médecine, l'industrie et l'économie domestique, et à l'énumération de leurs usages. Cependant l'auteur n'a pas eu l'intention de faire une flore médi- cale à proprement parler. Évitant à dessein une forme trop technique, il a voulu écrire pour tout le monde, pour vulgariser des notions utiles; mais principalement pour les curés, pour les iustituteurs et, en général, pour ceux que leur position met à même de diriger ou d'enseigner nos populations rurales, celles qui ont le plus besoin de connaitre et d'employer, avant l'arrivée long- temps attendue du médecin, les secours que la nature met à leur portée. Le livre de M. Rodin est ainsi divisé : Étude des simples; récolte des sim- ples; propriétés générales des familles; principes extraits des végétaux. Les chapitres suivants renferment la description des plantes rangées suivant leurs propriétés émollientes, tempérantes, stimulantes, toniques-améres, astrin- gentes, antihystériques, réfrigérantes, antispasmodiques, sudorifiques, diuré- tiques, purgatives, narcotiques, rubéfiantes, dangereuses. — Un chapitre est consacré aux plantes que l'auteur nomme spéciales : la Bétoine, l'Absinthe, l'Aunée, l'Orchis. Le dernier traite des falsifications. Bien qu'écrit pour les gens du monde, le livre de M. Rodin peut étre ap- précié par les connaisseurs, qui y reconnaitront des détails exacts et des preuves d'actualité scientifique; le médecin de campagne y pourrait méme puiser plus d'une indication utile que ne mentionnent plus nos codex modernes envahis par la chimie et par les médicaments exotiques et coüteux. Ber Gegenwürtige Stand der Mycologie, mit Rücksicht auf die Lehre von der Infection-Krankheiten (Z'état actuel de la mycologie, avec un aperçu de la théorie des maladies par infection cryptogamique) ; par M. Ed. Eidam. 2* édition revue et augmentée. In-8° de 251 pages, &vec 72 planches gravées. Berlin, 1872. L'auteur avait donné, l'année précédente, un exposé sommaire des résultats obtenus par les recherches des mycologues et des conséquences multiples qui s'aunexaient à ces travaux. Il a étendu cette fois son cadre en décrivant la plupart des travaux récents, du moins les plus importants, et en facilitant l'in- tellig nce de cette exposition par des planches appropriées. A la fin du livre se trouve un chapitre particulier consacré à la théorie que professe M. Hallier sur les maladies parasitaires, et aux hypothèses (Anschau- ungen) de M. Bonorden. Dans ses conclusions finales, l'auteur dit qu'il y a aujourd'hui dans la mycologie trois partis en présence, dont deux opposés, représentés, l'un par MM. Tulasne, l'autre par M. de Bary, entre lesquels se tiennent MM. Hallier et Bonorden (1). (4) M. de Bary a répondu dans le Botanische Zeitung, 1872, col. 865, que celte ap- préciation n'était point exacte ; qu'il n'y a point trois partis en présence sur le terrain scientifique, mais trois opinions dont l'une est en dehors de la science, puisqu'aux pro- cédés logiques de celle-ci elle substitue les procédés de la fantaisie. : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 941 Einige Notizen über die Vegetation der nordlichen Gestade des Schwarzen Mecres (Quelques notes sur la végé- tation du littoral septentrional de la mer Noire) ; par M. A. Rehmann (extrait du tome x des Verhandlungen des naturforschenden Vereins in Brünn); tirage à part en brochure in-8° de 85 pages, avec deux planches lithographiées. Brünn, 1872, impr. W. Burkart. Berlin, chez Friedlünder. — Prix : 28 sgr. (3 fr. 50). M. Rehmann avait entrepris, au printemps de 1868, un voyage dans les gouvernements russes de Podolie, de Bessarabie et de Cherson, pendant lequel il a recueilli les observations consignées dans ce mémoire. Il faut lui en savoir d'autant plus de gré que l'herborisation est entourée, dans les steppes de la Russie méridionale et méme aux environs immédiats des villes, de diffi- cultés singulières dont ne triomphent pas toujours les botanistes du pays eux- mémes. Son mémoire commence par une description géographique et géolo- gique des régions parcourues par lui, suivie de documents météorologiques. Le Ruppia maritima et le Zostera nana croissent sur les côtes de la mer Noire ; le Mulgedium tataricum caractérise la végétation des falaises, et dans les dépressions inondées l'hiver se rencontrent, outre les plantes vulgaires en Europe, le Gypsophila trichotoma, le Cynanchum acutum, le Statice caspia. Les berges éloignées de l'action des marées sont parsemées de buissons de Viburnum Lantana et d'Amygdalus nana, dont l'abri ombrage les espèces suivantes : Colchicum bulbocodioides, Leontice altaica, Cerastium perfo- liatum, Chorispora tenella, Linaria macroura, Milium vernale, Aspara- gus verticillatus, Centaurea trinervia. Dans les endroits découverts fleurissent au premier printemps : /ris pumila, Tulipa silvestris, T. Biebersteiniana, Gagea bulbifera, Hyacinthus leucophœus, Valeriana tuberosa, plusieurs Astragalus, etc. La flore estivale se compose de Composées, Dipsacées, Labiées, Graminées, etc. A partir de la côte s'étend, sur deux degrés de latitude environ, la région des steppes, que caractérisent deux Stipa, S. pennata et S. Lessingiana, le Crambe tatarica, des espèces de Jurinea, de Serratula, de Centaurea, de Phlomis et de Salvia, les Iris humilis et hungarica, des Astragalus à fleur jaune, de nombreux Euphorbes d'un vert grisâtre, des broussailles formées de Cara- gana frutescens et de Spiræa crenata. On y remarquera l'absence presque complète des Cypéracées. La flore des vallées que parcourent les grands fleuves et celle de leurs berges présentent encore des caractères particuliers que l'auteur met en relief. La dernière rappelle celle des berges de la mer Noire. Les Chênes espacés sur le bord des fleuves se rapprochent à mesure qu'on avance vers le nord ; les sous- bois et la végétation herbacée de ces foréts sont presque complétement com- posés d’espèces de l'Europe moyenne. L'auteur n'a pas manqué de rechercher T. XIX, (REVUE) 16 2h2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pourquoi les steppes sont dépourvues d'arbres, ce qu'il attribue, comme MM. Kerner et Grisebach, principalement à des influences climatériques et secondairement à la constitution du sol, car les plus beaux bois de Chênes de l'Ukraine naissent sur la terre noire (1). Mais il entend ces influences climaté- riques autrement que M. Kerner (2). Le mémoire de M. Rehmann se termine par l'énumération, dressée suivant l'ordre taxonomique, de toutes les espèces qu'il a observées dans son voyage. De l'acide atractylique ou atractylidivalérosulfurique, produit im- médiat de la racine de l’Aéractylis gummifera L. (Carlina gummifera de G. Bauhin); par M. Ed. Lefranc (extrait du Journal de pharmacie et de chimie) ; tirage à part en brochure in-8° de 13 pages. Paris, 1873. Dans un premier travail (3), intitulé de l'acide atractylique et des atrac- tylates, M. Lefranc a traité de l'extraction et des propriétés générales de ces produits immédiats, jusqu'alors inconnus, de la racine de l'Atractylis gummifera L., dont il avait étudié auparavant les caractères botaniques et l'histoire intéressante (4). De cette étude chimique était ressorti un fait capital pour l’histoire de l'analyse immédiate, à savoir, que l'acide atractylique était probablement un représentant naturel des composés artificiels, aujourd’hui nombreux, qui se rapportent au type éthylsulfurique, sinon un acide sulfocon- jugué analogue à l'acide benzino-sulfurique. En raison de l'extrême singula- rité de ce fait, il a paru à M. Lefranc qu'il importait d'en déterminer la pro- babilité, et de donner à celle-ci les caractères de la certitude, Tel a été le but du travail nouveau communiqué par son auteur à l'Aca- démie des sciences dans sa séance du 17 février 1873. Il traite d'abord de la saponification de l'acide atractylique partielle ou complète. L'acide atracty- lique a pour formule C9'H5:S:0?5, En le saponifiant complétement par un alcali, il donne, par la fixation de 2 éléments d'eau, de l'acide sulfurique, de l'acide valérique et de l'atractyline C^H?*0!5, Cette dernière est une sub- stance solide, blanchâtre, d'aspect gommeux, inodore, de saveur très-sucrée, forte et spéciale. Par une saponificat on incomplète, praticable surtout avec la baryte, on peut n'enlever à l'acide atractylique que l'acide valérique, les éléments de l'acide sulfurique restant unis à l'atractyline pour former l'acide (1) On sait que la terre noire de Russie, dont la fertilité est prodigieuse, parait due à des dépôts lacustres émergés au-dessus des eaux par suite d'un plissement dans l'écorce du globe. Elle a été particuhèrement étudiée par sir R. Murchison dans sa Doscr.ption géotogique de la Russie d Europe, et analysée par M. Dehérain et par M. Grandeau. (2) Oulira avec intérét, sur ce sujet, les considérations que M. Ascherson a présentées en rendant compte de cet ouvrage dans le Botanische Zatung, 1873, n° 11, relative- ment aux causes qui limitent l'étendue de la végétation arborescente, notamment dans son élévation sur le flanc des montagues. (3) Voyez le Journal de pharmacie et de chimie, 4° série, t. 1x, p. 81 et suiv., les Comptes rendus, novembre 1868, ei le Bulletin, t. xv, Séances, p. 141. (4) Voyez le Bulletin, t, xiu, Séances, p. 146, et t, xiv, Séances, p. 48. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2^3 atractylidisulfurique ou béta-atractylique, qui est tribasique comme l'acide atractylique. L'atractvline se dédouble sous l'influence d'une solution étendue de potasse en une sorte de sucre et un produit défini, cristalisable, l'atractyligénine, qui reste combinée avec la potasse. Netice sur M. A. de Brébisson; par M. A. Malbranche (extrait du Bulletin de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, année 1872, 2° semestre); tirage à part en brochure in-8° de 40 pages. Alphonse de Prébisson naquit à Falaise le 25 septembre 1798. Son père était un entomologiste distingué, et sa jeunesse se passa au milieu de collec- tions d'histoire naturelle nombreuses, circonstance qui contribua, sans aucun doute, à déveloz per en lui de bonne hcure un goût prononcé pour les sciences naturelles, dont aucune branche ne lui fut absolument étrangère. Ses pre- miers travaux datent de 1825, et se produisirent au sein de la Société Lin- nécnne, qui venait de se former à Caen. Ils préludaient à la Flore de Nor- mandie (1), dont le projet naquit dans une séance de la Société Linnéenne de Normandie, et dont on connait le succès. Ce fut en 1826 que M. de Brébisson commenca la publication des Mousses de Normandie, donnant ainsi un exemple qui a été heureusement et largement suivi depuis, d'abord par Mougcot et Nestler, et qui a transformé la cryptogamie. Depuis il s'est con- sacré presque uniquement, pendant quarante ans, à l'étude des Diatomées ainsi qu'à des études spéciales de photographie. M. Malbranche donne à la fin de cette notice biographique la liste des principaux ouvrages de M. de Brébisson, liste que l'on complétera aisément à l’aide du Catalogue de la bibliothèque tel qu'il a été rédigé par M. René de Brébisson, pour la vente faite au mois de mars dernier. Nous remarquons dans cette liste et dans ce catalogue une bro- chure récente : De la structure des valves des Diatomacées (Paris, 1872), que nous ne connaissons que par ce titre. M. de Brébisson a laissé en outre un grand nombre de dessins fort importants de Desmidiées et de Diatomées dont notre confrère M. Petit s'est rendu acquéreur à la dernière vente. En méme temps que cette notice consacrée à M. de Brébisson, nous devons signaler celle que vient de publier M. J. Morière : Notice biographique sur Sébastien-René Lenormand. in-8° de 31 pages, Caen, Le Blanc-Hardel, 1873, et qui renferme plusieurs extraits de la notice biographique publiée par M. le comte Jaubert dans notre Bulletin (voyez plus haut, p. 104). Cours de chimie agricole professé à l'école d'agriculture de Gri- gnon ; par M. P.-P. Dehérain. Un volume in-8° de 616 pages. Paris, Ha- chette et Cie, 1873. Le Cours de chimie de M. Dehérain, qui s'adresse bien plus aux botanistes (1) M. de Brébis:on ne tira jamais aucun profit de cette Flore; il se contentait d'une cinquantaine d'exemplaires, et abandonnait à l'imprimeur les bénéfices de l’entreprise, SAh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'aux chimistes, comprend quatre parties, l'étude du développement des plantes, celle du sol arable, celle des amendements et celle des engrais. La première partie, sur laquelle à dessein nous insisterons davantage dans cette analyse malheureusement trop courte, est un véritable résumé des notions les plus récemment acquises à la science dans une grande partie du vaste champ de la physiologie végétale. Elle comprend plus que le tiers du volume. M. Dehérain y traite successivement de la germination, de l'assimi- lation du carbone, de l'assimilation de l'azote, de la composition des cendres, de l'assimilation des substances minérales, des principes immédiats contenus dans les végétaux cultivés et de leur dosage, enfin de la formation, des méta- morphoses et des migrations des principes immédiats dans les végétaux. En traitant de l'assimilation, il soumet à une critique approfondie la théorie de M. Ville, d'aprés lequel les plantes absorberaient directement l'azote de l'at- mosphère. On ne saurait en définitive, dit-il, accepter les conclusions de M. Ville; tant que les expériences de ce savant n'auront pas été confirmées par d'autres observateurs, l'opinion des physiologistes devra rester en suspens, d'autant plus que la réaction qui donnerait naissance aux albuminoides par fixation d'azote libre dans les végétaux est contraire à tout ce que nous enseigne la chimie. La composition des cendres des végétaux n'a plus pour M. Dehérain l'in- térêt qu'elle avait autrefois. L’insuccès qu'il a éprouvé en amendant des cultures qui prélèvent sur le sol une quantité notable d'alcalis, telles que celles des Betteraves et des Pommes de terre, avec des sels de potasse; l'influence remarquable, au contraire, qu'a exercée cet alcali sur le froment, oü la potasse n'existe cependant qu'en minime proportion, lui ont démontré qu'il est impos- sible de déduire de là composition des cendres d'une plante la nature des engrais qu'il conviendrait de lui donner (1). Dans le chapitre suivant (Assimi- lation des substances minérales), M. Dehérain présente au lecteur une con- clusion assez neuve : c'est que si les substances minérales, telles que les phos- phates, et dans quelques cas la potasse, poraissent étre indispensables au développement de la plante, dans d'autres cas, au contraire, la détermination de la composition des cendres qui existent dans les bois ou dans les feuilles n'a . pas plus d'intérêt que n'en aurait pour l'ingénieur l'analyse des sels qui se déposent dans une chaudière à vapeur. Les plantes sont des appareils d'éva- poration ; les eaux chargées de principes minéraux contenus dans le sol y pénètrent, s'y évaporent, et abandonnent ces principes minéraux qui souvent n'ont aucune influence sur la marche de la végétation ; et les idées qu'on s'était faites à priori sur l'utilité de certains principes minéraux n'ont pas résisté aux expériences entreprises pour les vériüer. Ce chapitre consacré à _(1) La méme conclusion a été soutenue par M. Cloëz dans un travail encore assez récent (voy. Bulletin de la So-ietó chimique, 1869, t. xit, p. 32). REVUE PIBLIOGRAPIIIQUE. 945 l'assimilation repose en grande partie sur des travaux que l'auteur a poursuivis pendant plusieurs années et qui lui ont valu le prix Bordin en 1865 (1). L'é- tude des principes immédiats intéressera surtout le lecteur par les détails d'analyse chimique. Relativement à la chlorophylle, l'auteur soutient les idées de. M. Filhol. L'évaporation de l'eau par les feuilles est traitée par M. Dehérain avec un assez grand développement, d'aprés les travaux publiés par M. Lawes dans The Journal of the horticultural Society of London, vol. VI, part. 111 et 1V (1851), et dans The Rothamsted Memoirs, vol. 1, et d’après les expériences qu'il a faites lui-même à l'école d'agriculture de Gri- gnon. Selon M. Dehérain, c'est l'évaporation, plus active chez les jeunes feuilles que chez les anciennes, qui détermine le mouvement des principes immédiats nécessaire à la maturation ; et comme cette éóveporation est produite par la lumiere et non par la chaleur, on concoit que deux années également chaudes pourront étre inégalement favorables à la végétation, si elles sont inégalement lumineuses, Relativement aux transformations des principes sucrés, M. De- hérain croit que le glucose, formé directement dans les feuilles par l'union de l'oxyde de carbone et de l'hydrogeéne, donnerait, en s'unissant à lui-même, sous l'influence de la chaleur solaire, le sucre de canne avec élimination d'eau ; que le sucre de canne vraisemblablement s'unit à une nouvelle quantité de glucose, avec une nouvelle élimination d'eau, pour fournir l'amidon, etc. (2). Dans les trois autres livres, nous avons surtout à signaler le róle joué par les Légumineuses dans la culture et leur mode de nutrition ; elles préparent les voies aux céréales parce qu'elles laissent sur le sol d'abondants détritus, parce qu'elles prennent leurs aliments dans une couche plus profonde, et peut- étre parce qu'elles choisissent dans le sol d'autres aliments azotés que ces céréales, notamment dans les acides azotés solubles que renferment les terres riches. Mentionnons aussi la grande discussion sur les sels employés comme engrais et sur le système de M. G. Ville. M. Dehérain ne reconnait aux engrais chimiques qu'un'róle analogue à celui du guano, de la poudrette, des phosphates, c'est-à-dire celui d'engrais complémentaire. Le fumier reste pour lui la matière fertilisante par excellence, de sorte que le progrès agricole est lié pour lui à l'élevage des animaux, et par suite à la culture de la Betterave, les engrais des villes jetés dans les eaux d'égout devant servir surtout à la culture maraichere qui s'établit naturellement aux environs de tous les grands centres de consommation. Second Report of experiments made in the gardens of the Royal horticultural Society at Chiswick on influence of various manures on diffe- rent species of plants (Deuxième rapport sur les expériences faites dans (1) Voyez le Bulletin, t. xm (Revue), p. 42, (2) C’est la théorie que M. Berthelot a adoptée dans ses Leçons professées devant la Société chimique en 1862. 2h6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les jardins de la Société royale d'horticulture à Chiswick relativement à l'influence que différents engrais exercent sur différentes espèces de plantes) ; par M. le docteur Masters (extrait des Proceedings of the Royal horticultural Society, vol. 111, pp. 124-158); tirage à part en brochure in -8°. Ce second mémoire (1) renferme la description des expériences faites dans la saison de 1870, et d'abord l'état que présentaient, au 1** avril 1870, les plantes soumises, en 1870, à une premiere série d'expériences, ainsi que le sol. Cet état une fois constaté, des engrais frais ont été engagés dans le sol, sem- blables à ceux qui avaient déjà été employés auparavant. L'auteur nous fait connaître les résultats observés sur chacune des douze espèces mises en expé- rience ; puis il en compare les effets des six conditions différentes où chacune d'elles a été placée (dont l'une est l'absence d'engrais quelconque). Vient eusuite une rote sur la température et la quantité de pluie observées conjoin- tement avec ces expériences. En concluant, M. Masters insiste sur ce que les faits dont il a été témoin tendent à prouver que les plantes, toutes conditions égales d'ailleurs, s'accom- moderont à presque toute variété de sol. Tout ce que les engrais ont pu faire a été d'augmenter ou de diminuer la vigueur de la plante, sans en affecter les fleurs ou les graines. Jamais les caracteres de port, à plus forte raison les caracteres dits spécifiques, n'ont varié. Il est un fait curieux, c'est que dans aucun cas peut-étre, ni les engrais purement minéraux, ni le nitrate de soude, ni les sels ammoniacaux, appliqués isolément, n'ont produit la méme vigueur de développement que le mélange de ces engrais. Il est aussi à noter que certaines plantes, l'Anthozanthum odoratum par exemple, croissent toujours mieux en société avec d'autres plantes qu'elles ne le font isolément. Experiments on the transpiration of watery fluid by leaves (Expériences sur. la transpiration de^ fluide aqueux par les feuilles); par M. W.-R. Mac Nab (Transactions and Proceedings of the botanical Society, vol. Xt, part. 4, 1871, pp. 45-65). Ces expériences, au nombre de plus de cent, ont été faites sur le Laurier- Cerise. Le premier point à établir était la quantité totale d'eau renfermée dans les feail'es, et la quantité qu'on en pouvait retirer en pratiquant l'évaporation dans le vide en présence de substances ayant pour l'eau une grande affinité, telles que l'acide sulfurique et le chlorure de calcium. L'auteur a trouvé en moyenne 63 pour 100 (en poids) d'eau dans les feuilles, et n'en a pu extraire que 6 pour 100 environ par les moyens sus-énoncés. Il en résulte que la quantité d'eau qui peut transsuder à la surface de la feuille est de 5 à 6 pour 100 dela (1) Voyez plus haut, page 125. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE., 247 quantité totale renfermée dans la feuille. Cette fraction serait de l'eau pure et libre, tandis que celle qui reste dans le tissu serait en combinaison intime avec la séve ou les liquides renfermés dans les cellules. Quand l'évaporation est active et produit en un temps donné de grandes quantités de fluide, il faut, ou bien que cette eau soit prise aux tissus (que cette perte désorganiserait), ou qu'elle soit la conséquence d'une activité très-grande d'absorption radi- culaire. A la lumière diffuse, la perte par évaporation est environ de 0,59 pour 100, et à peine moindre dans l'obscurité ; à la lumière solaire, elle est de 3 pour 100 environ. M. Mac Nab ne paraît pas avoir étudié à ce point de vue l'iufluence des divers rayons du spectre. M. Mac Nab s'est occupé incidemment de la physiologie des stomates, dont le róle est jugé dans les publications actuelles d'une manière assez contradic- toire (1). Il a particulièrement porté son attention sur ce fait, résultant de ses expériences, que quand l'atmosphère est saturée d'humidité, la quantité d'eau évaporée cst plus grande que quand l'air ambiant est sec, tout le temps que les féuilles restent exposées au soleil ; tandis qu'à l'ombre les feuilles exposées pendant une heure à une atmosphère humide ne fournissent pas d'eau, et n'en fournissent que 2 pour 400 dans une atmosphère sèche, Il résulte de ce fait une conclusion pratique, c'est que les plantes enfermées dans l'atmosphere humide d'une serre chaude perdront de grandes quantités d'eau, à moins que l'évaporation ne soit modifiée et régularisée par un ombrage artificiel approprié (2). En opérant séparément sur chacune des deux faces de la feuille du Laurier- Cerise, la face opposée étant enduite de collodion, M. Mac Nab a reconnu que la lame inférieure donnait par évaporation douze fois plus environ que la face supérieure. Ucber den Einflinss ciniger Bedingungen auf dic Trans- piration dcr Pflanzen (De l'influence de quelques conditions sur la transpiration des plantes), par M. Baranetzky (Botanische Zeitung, 1872, n° 5, 6 et 7). L'auteur remonte à Guettard et à Senebier pour faire l'histoire de l'évapo- ralion végétale; il cite ensuite les auteurs qui ont ajouté à la science des données originales, et dont il nous semble restreindre beaucoup la liste dans son premier article. Il passe ensuite à l'exposé des résultats qu'il a obtenus (1) En analysant ce travail dans le Gardeners’ Chronicle (1871, n° 3), M. Masters se montre disposé à croire que les stomates se comportent différemment, quant à l'occlusion et à l'ouverture de leur orifice, sur différentes plantes dans les mémes circonstances, et que ces différences tiennent à la différence de forme et de direction des cellules qui en- tourent l'orifice relativement aux cellules voisines de l'épiderme. (2) Voyez sur l'évaporation des feuilles les observations de M. Dehérain. (Voy. plus haut, page 38). 248 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'été précédent dans le laboratoire de M. Jul. Sachs. Tl étudie d'abord les diverses influences de l'ébranlement des plantes sur leur transpiration ; et ayant reconnu que le simple transport des plantes cultivées en pots suffit pour modifier les conditions de leur évaporation, il part de là pour infirmer les expériences antérieures dans lesquelles on n'a pas tenu compte de cette cause de perturbation. Il étudie ensuite l'influence de l'éclairage sur la transpira- tion et les conditions de périodicité de ce phénomène. Ses expériences ont été faites principalement sur !' Zsculus Hippocastanum, le Cucurbita Pepo et le Broussonnetia papyrifera. Il conclut de la maniere suivante : 4. Par un ébranlement violent, il sort subitement des parties végétales un air saturé de vapeur d'eau, qui doit étre remplacé par de l'air atmosphérique nouveau ; par conséquent les coups de vent auxquels les plantes sont exposées jouent un rôle trés-important dans le renouvellement de l’atmosphère inté- rieure des plantes. 2. Les ébranlements mécaniques les plus légers peuvent déjà modifier la tension dans l'intérieur des tissus végétaux, en ce sens que les stomates sont alors partiellement fermés, et que la transpiration en est diminuée. 3. L'action de la lumière peut déterminer dans la plante des courants ana- logues aux courants déterminés mécaniquement ; cependant, si l'irritation causée par l'agent lumineux est souvent mise en jeu, la plante finit par cesser de se laisser impressionner par lui. 4. L'action de la lumière sur l’état des stomates peut se manifester de plu- sieurs facons, ce qui doit dépendre un état déterminé de la plante elle-méme. 5. Il n'existe point de périodicité indépendante dans les phénoménes de la transpiration végétale. La Conscienee dans les plantes; par M. Éd. de Hartmann (Revue des cours scientifiques, h janvier 1873). L'auteur rappelle d'abord quelques-uns des faits qui établissent l'absence de limites pouvant séparer le règne végétal du règne animal ; en continuant cette dissertation, il s'efforce de prouver que les phénoménes de conscience ne con- stituent pas plus que d'autres un critérium qui puisse distinguer les deux règnes. Les nerfs, dit-il, ne sont pas la condition sine qua non de la sensibi- lité; ils manquent chez certains êtres et dans certains tissus animaux. Le polype dépourvu de nerfs manifeste de hauts degrés de conscience, qui ne font point défaut, au-dessous du polype, aux infusoires ; or un grand nombre de plantes inférieures se placent au même degré que les infusoires. Le proto- plasma végétal, qui estla véritable cause du mouvement réflexe chez les plantes supérieures, paraît être complétement identique avec le protoplasma des pro- tistes et des animaux les plus bas ; l'effet semblable produit sur les uns et les autres par les excitants les plus divers comme par les narcotiques en est la preuve. Ce protoplasma prend d'ailleurs dans les p'antes de l'ordre le plus REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 249 élevé une très-grande extension. L'Oscillaire, quand elle se dirige vers la partie éclairée du vase qui la contient, est aussi sensible à la lumière que le polype ; la feuille de vigne s'efforce de tourner le cóté droit vers le soleil qui le frappe; enfin chaque fleur sent la lumiére vers laquelle, en s'ouvrant, elle tourne la tête. L'auteur pense aussi que la feuille du Dionæa, comme celle de la Sensitive, sent le contact des insectes avant de réagir contre cette sensation en se repliant. Il va jusqu'à soutenir que la plante a des sensations sexuelles. Il recherche ensuite s'il y a chez elle unité de conscience : il serait possible, d'apres lui, que les vaisseaux spiraux servissent à des communications de ce genre ; mais la plante n'a pas besoin, comme l'animal, d'une unité de conscience; il lui suffit de percevoir des sensations isolées sans les rattacher à un sensorium commune. The Uses and Origin of the arrangements of leaves in plants; par M. Chauncey Wright. Broch. in-4°, sans date ni lieu d'origine. Il ne faudrait pas chercher dans ce mémoire des observations sur un fait ou une plante en particulier. Il est d'un caractère entièrement théorique et géné- ral. L'auteur examine d'abord les différentes séries de fractions que l'on considère dans l'étude mathématique de la phyllotaxie, et se propose d'exami- ner ce qu'il y a de vrai dans la théorie de l'angle-type de divergence. Cela le conduit à rejeter la théorie actuellement admise (depuis les recherches de Bravais), du moins dans la forme sous laquelle elle est admise, et à en expli- quer à sa manière pourquoi il ne se rencontre dans l'arrangement des feuilles qu'un petit nombre de fractions de divergence. Cet angle-type de divergence, qui, d'aprés Bravais, est de 2 ERES ne diffère, d’après l'auteur, de la fraction 2 que par une valeur presque TETTE exacte de ==, quantité qui se soustrait absolument à l'observation, de sorte que toutes ces considérations se réfugient dans une sphère Fa Rer oio théorique. Cet angle est calculé par l'auteur d’après la série A À, 2, 2, &, À, dont chacun des termes est complémentaire du terme correspondant de celle qui est étudiée dans les cours de botanique ; il le trouve égal à 1/5 — 1 — 0,6080, approximative- ment. Cette série est, on le sait, une série périodique indéfinie de la forme l- t ., dontla raison est 1 , tandis que celle dont nous nous Dr m ordi- E nairement : £, £, 2, 3, 35, etc., est une série périodique de la forme ;——7 I : dde 4..., dont la raison est 2. M. Chauncey Wright fait aussi entrer en ligne de compte la série dont la raison est 3, et celle dont la raison est ^, et dont les termes : Z5, etc. , se rencontrent très-rarement aujourd'hui 4 3? 2 8 5 B 3192 8 »2:115 18 0U 45 55 9* 14° -— 250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans la nature. Mais il soutient que ces arrangements foliaires étaient beau- coup plus communs chez les plantes fossiles, et qu'ils ont dû se modifier dans le courant des âges en s'adáptant à une cause finale hypothétique dont il ne nous parait démontrer nulle part, du reste, la réalité. Ucber thermische Vegetation-Constanten (Sur une constante de chaleur dans la végétation); par M. H. Hoffmann (extrait des Abhand- lungen der Senckenbergischen naturforschenden Gesellschaft, t. VIN, pp. 379-405); tirage à part en broch. in-4°, avec une planche lithographiée. L'auteur rappelle d'abord la méthode des sommes de température utile mise en œuvre par M, Alph. de Candolle, Ce mode d'appréciation n'est, dit- il, correct que d'une manière extrêmement générale, la limitation des aires de chaque espèce tenant à des causes multiples. Il est vrai d'ailleurs que chaque plante a son zéro, ou si l'on veut son propre thermomètre. L'auteur se flatte d'avoirle premier démontré (Grundzüge der Pflanzen- Klimatologie, 1857) que pour la germination, la frondaison, la floraison et la fructilication d'une plante, il faut des températures différentes. Cependant l'auteur croit que, malgré cette complication, on peut arriver à exprimer par une formule simple la quantité de chaleur nécessaire à une phase donnée de la végétation. Ila observé, pendant dix ans, l'époque où s'ouvraient les premières fleurs d'un. ZZsculus Hippocastanum au jardin de Giessen, et additionné suivant la méthode de M. Fritsch les températures antérieures à ce jour, c'est-à-dire en additionnant les sommes qui expriment, à partir du 1** janvier, les sommes de température moyenne offertes par l'air à l'obscu- rité, négligeant toutes celles qui étaient inférieures à zéro. Il s'en faut bien que cette méthode conduise à obtenir des résultats qui concordent entre eux pour chaque année; ce qui prouve que les températures moyennes n'ont dans la question qu'une faible importance, et surtout les températures moyennes prises dans l'obscurité. Ces considérations ont amené M. Hoffmann à observer au coritraire, pour en faire la base de ses calculs, les températures extrémes observées chaque jour sur un thermométre à mercure exposé au soleil. La courbure construite sur ces données s'est montrée extrêmement différente de celle qu'on obtenait en opérant avec la méthode de M. Fritsch. Cette méthode des maximes d'insolation a produit au contraire des résultats très-comparables entre eux pour quatre années consécutives entre les mains de l'habile profes- seur de Giessen. Des observations ont été faites sur la méme base à Francfort par M. Ziegler, et en concordance parfaite avec celles de Giessen. Notice historique sur les Jardins botaniques de Pont- à-Mousson et de Naney ; par M. D.-A. Godron (extrait des Mé- moires de l'Académie de Stanislas, 1872) ; tirage à part en brochure in-8° de 40 pages, avec un plan. Pour l'histoire générale de la botanique, il importera toujours de consulter REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 251 les travaux d'érudition accomplis avec de patientes investigations dans les archives des villes qui ont possédé ou qui possèdent encore quelque jardin botanique ; à ce point de vue, on nous saura gré de signaler la nouvelle publi- cation que le doyen Lonoraire de la faculté des sciences de Nancy était mieux à même que personne de rédiger, et pour laquelle, après de longues années de professorat dans cette ville, il a trouvé récemment encore des documents nouveaux. Les diverses fondations, dont la première remonte au collége de médecine de l'université de Pont-à-Mous:on, établie en 1572, et dont la principale est l'acte (encore inédit) par lequel le roi de Pologne accorda en 1758 les terrains nécessaires à la création d'un jardin botanique au collége royal des médecins de Nancy ; les divers administrateurs qui se sont succédé à la tête de ce jardin comme directeurs, dont les derniers sont Braconnot, M. J.-E. Planchon, M. Vincent, M. Godron (qui dut, à l'époque de la création de la faculté des sciences de Nancy (1854), réunir la double attribution de professeur de botanique et de directeur du jardin); les diverses améliorations introduites ou désirables, intéresseront non-seulement ceux qui s'occupent de l'histoire de la botanique, mais encore ceux qui ont un jardin botanique à surveiller, De la disposition adoptée en 1569-70 dans la rcplan- tation de l'école de botanique du Jardin des plantes de Toulouse ; par M. D. Clos (extrait du Bulletin de la Société d'his- toire naturelle de Toulouse, t. V) ; tirage à part en brochure in-8° de 13 pages. M. Clos établit d'abord quelles sont les conditions auxquelles doivent satis- faire les écoles de botanique dans les villes d'une certaine importance. Il s'était guidé par ces principes en 1853, lorsqu'il avait replanté l'école de bota- nique; les transpositions de familles et de genres, nécessitées par les progrès de 1a taxonomie, et celle de changer le sol épuisé des plates- bandes l'ont amené, en 1869, à faire une replantation nouvelle sur laquelle il édifie le lecteur. A ce sujet, M. Clos. entre dans de grands détails sur les difficultés créées par l'état - actuel et les discordances des travaux relatifs à la classification végétale. S'il n'est pas douteux, dit-il, que certaines familles d'Apétales se relient intime- ment à telle ou telle famille polypétale, il en est qui semblent avoir leur auto- nomie (alliances des Urticacées, des Amentacées, et surtout des Conifères et des Cycadées, si avec plusieurs auteurs récents, on refuse la gymnospermie à ces dernières). D'autre part il explique pourquoi il a modifié la position de certaines familles dans la disposition linéaire des Dicotylédones. M. Clos n'a pas adopté la méthode : 4° De De Candolle, parce qu'elle est fondée sur cette considération, acceptée àl'époque de sa publication par la plupart des botanistes, mais combattue depuis à bon droit, que les Polypétales occupent le premier rang, quant au 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. degré de développement ; et parce que, comme celle d'A.-L. de Jussieu, elle sépare les Polypétales des Apétales. 2° Ni celle d'Endlicher, dans laquelle les Monopétales sont également inter- posées entre les Apétales et les Polypétales, rompant ainsi les affinités bien reconnues aujourd'hui de ces deux derniéres classes. 3° Ni celle d'Adrien de Jussieu, parce qu'elle repose sur cette considéra- tion, réfutée par M. Chatin, que les Composées sont les plantes les plus éle- vées dans la hiérarchie. &° Ni celle de M. Ad. Brongniart, qui part du méme principe qu'Adrien de Jussieu, et qui, de plus, a cru devoir répartir /ou£es les Apétales dans le groupe des Polypétales. M. Clos expose ensuite la classification qu'il a suivie, et dont le caractere dominant est de commencer les Dicotylédones par les Gamopétales (Primu- lacées), pour passer de là aux Polypétales (des Ombellinées aux Célastroidées), et aux Apétales par la transition naturelle qu'offrent les Cyclospermées, puis terminer par les Diclines, comprenant les Apétales inférieures, les Amentacées et les Conifères. Notice biozraphique sur Ic professeur Kirschleger; par M. le docteur Faudel (extrait du Bulletin de la Société naturelle de Col- mar, 12° et 13° années, 1871-72); tirage à part en brochure in-8° de 30 pages. Colmar, impr. C. Decker, 1872. Comme l'a fort bien dit M. Schneegans dans sa notice nécrologique sur M. le professeur Kirschleger, publiée dans le Courrier du Bas-Rhin du 16 novembre 1869, notre régretté confrère, dans le corps des professeurs de Strasbourg, représentait au plus haut degré l'élément local, le génie alsacien. Doué d'une volonté et d'une faculté d'application énergiques, il en donna les preuves les plus remarquables dans toute sa carriére, médicale un instant à Munster, mais bientôt scientifique à Strasbourg, où il se fixa en 1834, et où il fut nommé, en 1835, professeur à l'école de pharmacie. M. Faudel énumère successivement les travaux de Kirschleger, et, pour faire mieux apprécier son ouvrage capital, la Flore d'Alsace, reproduit ce qui en a été dit dans la Revue de notre Bulletin et dans le Rapport sur les progrès de la botanique phyto- graphique, par M. Brongniart. Il insiste avec raison sur la fondation de la Société vogéso-rhénane et sur le programme qu'elle devait remplir, ainsi que sur la publication de la flore vogéso-rhénane, dont la publication a été terminée par M. le professeur J.-Ph. Becker de Mulhouse, aprés la mort de notre confrére, qui nous a quittés à temps pour ne pas voir les malheurs de sa chère Alsace. La mémoire de Kirschleger, d'ailleurs, ne périra pas; nous avons déjà annoncé que son buste de marbre a été placé sur le théâtre de son long professorat, à l'école de pharmacie de Strasbourg. La notice de M. Faudel se termine par la longue énumération des publica- REVUE BIBLIOGRAPITIQUE. 953 tions de M. le professeur Kirschleger. Nous y remarquons un catalogue raisonné des plantes de l'arrondissement de Colmar, manuscrit in-folio de 208 pages. Studier öfver der skandinaviska Arterna af Slägtet Fosa (Etudes sur les espèces scandinaves du genre Rosa) ; par M. N.-J. Scheutz. In-4° de 46 pages. Weajó, 1872. Cette étude, publiée en suédois sur les Roses dela Scandinavie, doit précé- der une monographie que l'auteur publiera en latin. Dans son travail, l'au- teur débute par un aperçu sur l'histoire littéraire du genre Rosa, dans lequel il passe succinctement en revue les principaux ouvrages qui ont été publiés sur les Roses, et il s'y étend longuement sur les travaux des auteurs scandi- naves. La préface se termine par des considérations générales sur les organes des Roses et sur l’espèce dans ce genre. M. Scheutz a établi plusieurs espèces nouvelles : R. sclerophylla, R. cli- vorum, R. venusta, R. Friesit (R. collina Fries) et R. commutata (1). Primitiz monographiæ Rosarum. Matériaux pour servir à lhis- toire des Roses; par M. François Crépin. Deuxième fascicule (extrait du Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, 1812) ; tirage à part en brochure in-8° de 130 pages. Gand, impr. C. Annoot-Braeckmann, 1872. Nous avons fait connaitre déjà (2). les idées de M. Crépin sur la classifi- cation des Roses, données par lui dans le premier fascicule des Primitiæ mo- nographiæ Rosarum. Dans ce deuxième fascicule, il traite d'abord dela Révi- sion des Roses de l'herbier de Willdenow, qu'il a pu obtenir de l'herbier de Berlin, faveur que le directeur de cet herbier n'accorde plus aux botanistes francais: cette révision était indispensable pour élucider l'histoire du genre Rosa, Dans ce travail, M. Crépin a rangé les espèces d’après leurs sections ou tribus, au lieu de suivre l'ordre des numéros de l'herbier. Il publie, sur cha- cune des Roses de l'herbier Willdenow, d'intéressantes observations de détail et des rectifications critiques de synonymie, dans lesquelles nous regrettons de ue pouvoir le suivre, Cette longue étude est suivie de Considérations sur l'histoire des Roses. En présence de la confusion qui regne dans la science au sujet de l'espéce, M. Crépin croit devoir rappeler quelques principes qui peuvent utilement diriger le phytographe daus l'étude de ce groupe. Daus son premier fascicule, il distingue parmi les Rosa des formes secondaires, de petites espèces; ce (4) On trouvera dans une analyse publiée par M. Crépin, dans le Bulletin de la So- ciété royale de botanique de Belgique, t. Xi, à laquelle nous empruntons ces détails, le conspectus du genre tel que l'a concu M, Scheulz, et les caractéres de ces espéces nouvelles, (2) Voyez le Bulletin, t. xvii (Revue), p. 55, 254 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. n'est pas dans le but de les maintenir au rang des véritables espèces, mais pour parvenir plus facilement à démontrer que ces mêmes formes secondaires ne sont pas de vrais types spécifiques. En employant cette méthode, il espère arriver à convaincre les partisans de l'école moderne de l'inanité de la plupart de leurs créations, et à les forcer à reconnaître que leurs principes de spécifi- cation les conduisent fatalement à la distinction spécifique de l'individu. Le genre Rosa, groupe dont les espèces véritables ont été le p'us divisées, sera probablement le genre un. peu important qui servira le premier à renverser définitivement la théorie spécifique de l'école moderne. Dès aujourd'hui, M. Crépin se fait fort de démontrer, avec de nombreuses preuves à l'appui, que les principes de spécification de l'école moderne en conduisent déjà les adeptes à la distinction du buisson; et même que les caractères spécifiques qu'ils emploient permettent parfois de distinguer plusieurs de leurs petites espèces sur le méme buisson de Xosa. Pour faire bien comprendre ce qui distingue l'espéce dela variété dans les Roses, M. Crépin rappelle deux faits d'une importance capitale : la solidarité des caractères et l'existence des variations parallèles. L'étude des variations parallèles jette, dit-il, un jour tout nouveau sur cette foule de petites espèces qu'on croit distinctes et qui ne sont au fond que les variations parallèles d'un nombre beaucoup plus restreint de véritables types spécifiques. Le chapitre suivant est intitulé : Revue des publications récentes sur les Roses. M. Crépin y étudie le Supplément à la flore du Jura suisse et francais, par M. Ch. Godet, la monographie de M; Baker et celle de M. N. J. Schentz. M. Godet a fondé dans son livre une classification nouvelle sur la forme des aiguillons. M. Crépin ne croit pas que ces organes, quelle que soit leur impor- tance au point de vue de la spécification, puissent servir de base à une classi- fication naturelle des Roses. En analysant la monographie de M. Baker, il déclare qu'en général il partage les idées de cet auteur en fait de spécili- cation. Nous ne voulons pas cesser ces informations sur l'état de la science relati- vement au genre Rosa, sans annoncer que M. Gandoger a présenté à la Socié:é royale de botanique de Belgique, en mai 1872, un travail intitulé : Monographie des Roses européennes et de l'Orient, et que M. Déséglise pré- pare un supplément à son mémoire sur les Roses. Catalogue dc la flore de Belgique ; par MM. F. Crépin, F. Gravet et C. Delogne. Grand in-8° de 32 pages. Bruxelles, chez Mayolez, 1872, — Prix : 50 centimes. Tous les botanistes qui ont herborisé en France connaissent le Catalogue des plantes vasculaires de M. Lamotte, et savent quels services ce petit ouvrage leur a rendus pour la classification de leurs herbiers et l'organisation de leurs échanges. Le Catalogue que nous signalons, dressé sur un plan REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 255 analogue, rendra le méme service aux botanistes belges, comme aux botanistes francais qui iront herboriser au delà de notre frontière du Nord. A ce titre, nous ne pouvons que recommander l'ouvrage de MM. Crépin, Gravet et Delogne, au moment où va s'ouvrir.notre session de Belgique. Comme il comprend un certaiu nombre d'espéces qui n'ont point encore été observées en France, il sera utile aux botanistes francais pour signaler des desiderata aux botanistes belges. Il contient d'ailleurs, outre les Phanérogames et les Cryptogames vas- culaires, les Mousses et les Hépatiques, ct peut donc convenir au bryologue aussi bien qu'au phanérogamiste. BIBLIOGRAPHIE. On the variation at different seasons, of a Hieracium, considered to be H. stoloniferum Waldst. et Kit., as described in Fries Symbole ad histo- riam Hieraciorum, Upsala, 1848, p. 5; par M. Balfour (Transactions and Proceedings of the Botanical Society, vol. xi, part 1; Édimbourg, 1871, pp. 82-83, avec deux planches). Notes on the distribution of Algae; par M. George Dickie (2bid., pp. 97- 100). On the Flora of the south of France; par M. James F. Robinson ibid., pp. 101-104). On Antholites Pitcairnæ and its fruit (Cardiocarpum) ; with other fossil plants from Falkirk ; par M. C.-W. Peach (iid. , pp. 108-109). NOUVELLES. (Mars 1813.) Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. le docteur Godey, mem- bre de la Société Lianéenne du Calvados, décédé à Balleroy, près Baveux, le 47 février dernier. M. Godey, né à Saiut-Ló, consacrait depuis de longues années les loisirs que, lui laissait la pratique de la médecine à l'étude de la cryptogamie, et pricinpalement des Agaricinées. Il avait entrepris une ZVore mycologique normande, que la mort ne lui a pas permis d'achever. On lui doit une Z'tude sur les Agaricinées du Calvados (1866), des Observations sur les Lichens de la Normandie (1868), et une note sur une espèce nouvelle d'Om- bellifère (1). Par son testament, M. Godey a légué ses collections, et notam- ment son grand travail iconographique sur les Agaricinées, au musée botanique de Caen. — Dans sa séance du 31 mars, l'Académie des sciences a élu M. le docteur (1) Nous empruntons ces renseignements au discours prononcé sur la tombe du doc- teur Godey par M. Moriére, en regretiant de ve pouvoir donner à nos lecteurs des ren- seignemeuts plus précis. On les trouvera dans les publicativns de la Société Linnéenne du Calvados, qui ne sont pas adressées à notre bibliothèque, 956 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. E. Cosson à la place vacante dans la section des académiciens libres, en rem- placement de M. le maréchal Vaillant. — La dernière réunion des délégués des Sociétés savantes des départe- ments, tenue à la Sorbonne les 16, 17 et 18 avril 1873, a été suivie de la dis- tribution des prix, faite le 19 avril, sous la présidence de M. le Ministre de l'instruction publique et des cultes. Une médaille d'or a été décernée à M. Sirodot, doyen de la Faculté des sciences de Rennes, pour ses travaux sur les Lémanéacées, dont nous rendrons compte dans notre prochain numéro ; une autre à M. Pomel, membre de la Société algérienne de Climatologie, pour son Étude du Sahara. Une médaille d'argent a été décernée à M. Grandeau, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, pour ses travaux de chimie agricole ; une autre à M. J.-B. Verlot, pour sa Flore du Dauphiné. — M. le docteur F. Schultz, de Wissembourg, a dernièrement fait paraître trois centuries de son Herbarium normale, dont deux de Phanérogames et une de Cryptogames. On y remarque le Zatrachium Langei F. Schultz, n. sp., de Copenhague ; le Senecio divergens F. Schultz, voisin du S. aqua- ticus; plusieurs Hieracium intéressants, au nombre desquels l'A. Fritzei, décrit l'année précédente dans le Flora par l'auteur. Le prix de ces collections est de 25 francs par centurie. En outre, on est prié de souscrire pour la somme de 3 fr. au catalogue complet des douze cen- turies publiées dans l’ Herbarium normale de M. Schultz. — Nous avons recu depuis la publication de notre dernier numéro le premier numéro des Anales de la Sociedad española de historia natural, qui contient le règlement de cette Société. Le nombre des membres y est . Mlimité. Il suffit pour en faire partie de se faire présenter par un des mem- bres de la Société. Les membres sont assujettis à une cotisation annuelle de 60 réaux (15 fr. 90 cent.). Le président de la Société est le professeur M. Colmeiro, directeur du Jardin botanique de Madrid, et son trésorier Don Serafin de Uhagon, calle del Sordo, 27 (2°, derecha), à Madrid. Le pre- mier numéro publié par cette Société renferme, entre autres documents, une reproduction d'une carte inédite de Humboldt, représentant plusieurs points de la chaine des Andes. — La librairie F. Savy vient de faire paraître la première livraison d'une traduction du Traité de botanique de M. le professeur Julius Sachs, faite sur la troisième édition de ce livre, due à M. Van Tieghem, et accompagnée de notes du traducteur. Le rédacteur de la Revue, gérant provisoire du Bulletin, D". EUGÈNE FOURNIER, Paris, — Imprimerie de E. MartiKEt, rue Mignon, 2. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME DIX-NEUVIÈME. N. B. — Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes. Ainsi, pour trouver Truffe, cherchez Tuber, etc. Les chiffres arabes se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société. — Les chiffres arabes entre crochets [ ] désignent la pagination de la Revue bibliographique, et les chiffres romains celle de la Session extraordinaire. A Abies Glehni [25]. Acantholimon Boiss. [48]. Acharius. Lettres inédites, XXII. Achillea pseudo pectinata Jka nov.'sp.[176]. Aconitum Sachalinense [24]. -Acrostichum Prestoni et Walii Baker nov. sp. [183]. Action de la lumière bleue sur la forma- tion de l'amidon, 151. Agaricus maculatus Alb. et Schw. (Ano- malie del), 141. — stercorarius Bull., 191. — conchatus Bull. (Monstruosité de I), 282. Agde (Hérault) (L'A/fhenia Barrandonii recueilli aux env. d’), xxir. Albizzia [187]. Algérie (Flore de l): Compositarum genus novum Algeriense, 165. — Descriptio Biscutellæ nove Algeriensis, 224.. — Warionia Benth. et Coss. nov. gen. 165. — W.Sahare, 166. — Biscutella radi- caía Coss. et DR., 224. Algues [212] [215] [219]. Allium | Victoríalis trouvé aux envir. de Montlouis, xc. Aloès [29]. , Althenia Barrandonii Duv.-J. nov. Sp., xxi, LXxXXVI [89]. - Alyssum Pyrenaicum Lap. (Sur l), c. — serpyllifoliuum Desf.. trouvé à Bédarieux (Hérault), 209. — chalcidicum Jka nov. sp. [176]. Amarantus curvifolius, 87. Amérique centrale (Hyménophyllées re- cueillies dans l’), 239. Amidon (Sur la formation de l’), 154. Anacalypta latifolia Schw., xct. Anarrhinum Corsicum Jord. (44] T. XIX. Anatomiques (Recherches) sur les espéces 5 la tribu des Menthoïdées (Labiées), 181. Ancistrocarya Max. nov. gen. [26]. Anpré (Ed.). Lettre, 84. Anemone gracilis et flaccida [24]. Angelica refracta [25]. Angers (Présence de l'I/jsanthes gratio- loides aux env. d"), 263. Angleterre (Culture de la Vigne dans les temps anciens en), xc. Angus (Histoire botanique du comté d"), 214. Annonces, voy. Nouvelles, Anomalies, voy. Monstruosités. Anthemis Cyrenaica Coss., 82. Anthericum [194]. Apocynées [13] [41]. Apteranthes tessellata et cylindrica [29]. Aquilegia aurea Jka nov. sp. [175]. Arabis hirsuta DC., xciv. Araliacées, 413, Argyrolobium sessiliflorum Jka nov. sp. [176]. Armenia Mulleri Huet, cvi. Artanthe Caldasiana Miq. nov. sp. [2]. Artemisia Schmidtiana et Thunbergiana . Max. nov. sp. [26]. Artémisiacées [144]. Arlocarpées [169]. Ascension du.mont Humboldt, 303, Asclépiadées [29] [41] [147]. Aspergillus [55]. Asphodelus Corsicus Jord. [44]. Aspidium quinquangulare [16]. Asplenium Rawsoni Baker nov. sp. [184]. Aster Glehni [25]. Astragalus Cyrenaieus Coss., 80. Atractylis gummifera L. (242]. Azolla [177]. aps 258 Bacillariées [213]. Bactéries [65] [69]. Barawsa (B.). Ascension du mont Hum- boldt, 303. — Catalogue des Graminées de la Nouvelle-Calédonie, 315.— Obs., 287, 301. 302, 310, 327, 328. Bambusa mitis Poir. [229]. Bannaxpox (J.). Voy. Duval-Jouve. Bédarieux (Hérault) {L Alyssumserpyllifo- lium trouvé à), 209. Belangera [138]. Bexraam (G.) et Cossow. Compositarum genus novum. Algeriense, 165, Berbéridacées [8]. BescuereLe (E.). Lettre, 75. Bibliographie [92] [152] [205] [255]. — Vente de la correspondance inédite de Picot de Lapeyrouse, 186. — Travaux de M. A. de Brébisson, 194. — Liste des publications du docteur J.-L. Com- panyo, xvi. — Descriptiones variorum plantarum Alpium Delplinatus et Gal- lie Narbonensis, vxxix. — Liste des tra- vaux de M. A. Gris [109]. Bidens radiatus Thuill. trouvé à l'étang de Saint-Hubert (S.-et-0.), 246. — [83]. Bignouiacées (Classification des), 44. Biscutella radicata Coss. et DR. nov. $p., 224. Biscutellæ species explanatæ et depdia,) 222. — novæ Algeriensis, 224, Blanche (Henri). Sa mort, 242. BoispuvaL. Obs., 185. Bonxer (H.). Sur une nouvelle espèce de Truffe, 435, Borraginées (Nouveau genre de) [48]. Botanistes (Les) du xvin? siècle et du com- mencement du xiax*, 284. Bounier (E.). Sur une “anomalie remarqua- ble de l Agaricus maculatus, 444. BourçAuLT-Ducoupray a recueilli le Romu- lea Columne prés de Saint-Nazaire, et le Muscari Lelievrii Bor. au Pallet (L.- Inf.), xc. — Obs., xzvui. Bourgeons dormants dams les végétaux li- gneux dicotylédonés, 329. Brachypodium sanctum Jka nov. sp. [176]. Brébisson (A. de). Sa mort, 194, à nu biographique [243]. Brisout DE BanxrviLLE (L.). Complément du catalogue de plantes phanérogames, : rares ou peu communes dans la circen- | scription de la Flore parisienne, trouvées | à Saint-Germain en Laye ou aux envi- rons, avec l'indication, pour cesespèces, | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans la Flore des environs de Paris, 136, 288. Broméliacées intertropicales, 20. BRONGNIART (Ad.). Sur le Psaronius Brasi- liensis, 3. — Sur une Fougère arbores- cente du genre Lastrea, 225. — Rapport sur M. Grand'Eury, 244. — Sur les tiges de Sigillaria à propos du mémoire de M. Renault, 246. — Discours pro- noncé aux funérailles d'A. Gris [99]. — Obs., 195, 203, 213, 225, 227, 230, 244, 262. — et Gris (A.). Révision des Cunonia de la Nouvelle-Calédonie, 145. Brown (Robert). Histoire botanique du comté d'Angus, 214. (Voy. Weddell). Brylkinia Schmidt nov. gen. [25]. — cau- data [25]. Bryologie des Pyrénées-orientales, xci. Bryopsis [202]. Buffonia perennis Pourr., xciv. Bunium minutifolium Jka nov, sp. [176]. Bupleurum fruticosum L., xcv. — Sachali- nense [25]. Bureau de la Société pour 1872, 33. Burrau (Ed.), Valeur des caractères tirés de la structure de la tige, pour la clas- sification des Bignoniacées, 14. -— Ré- ponse à une proposition de M. le colonel Paris, 134. — présente deux photo- graphies de Ficus, 151.— Obs., 35, 41, 61, 71, 131, 435, 157, 163,164, 177, 179, 231, 241, 264, 302. C Calamagrostis Sachalinensis | 25]. Calédonie (Nouvelle-) (Révision des Cuno- nia de la) 445. — Ascension du mont Humboldt, 303. — des Gra- minées de la), 315. — Voy. (dans la table de la Revue bibl.) Brongniart, Bu- reau, Gris, Callitriche autumnalis [37]. Callitrichées [13]. Calmet. Circulaire concernant la vente dela correspondance inédite de Lapeyrouse, 186. | Cambredase (P yr.-Or.) (LeSazzfragaretusa Campanula cireæoides [25]. | Canaux oléo-résineux des Omibelliferes et des Araliacées, 113. Canigou (Pyr.-Or.) (Herborisation de fa So- ciété au), cxxvi. Capelle-Marival (Lot) (Plantes observées aux env. de la), 237. Capparidacées [10]. de localités qui ne sont pas mentionnées. Capsella Bursa-pastoris Mench, cxi. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Caractères anatomiques des Zostera et Cymodocea, 289. Carex arenicola, foliosissima, Glehni, pseudololiacea, Sachalinensis et Trai- ziscana [25]. Castanea vesca [87]. Casuarina (Sur le genre), 344. Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Dauphiné, 162. Centaurea Kerneriana nov. sp. [176]. Centaurées (sect. Jacea G. G.) [33]. Centrolépidées [238]. Cephælis Ipecacuanha [174]. Cephalaria virginea Jka nov. sp. [176]. CuanmoirssEAU (l'abbé) présente des plantes sèches envoyées d'Egypte par M. Gaillar- dot, 144. — remercie M.le comte Jau- bert, 145.— présente le Riccia Bischoffii recueilli au pont de Lathus (Vienne), 348, — Obs., 76, 111, 130, 180, 181, 203, 204, 205. Chamamelum tetragonospermum [23]. Cbampignons, 29, 70, 283 [53] [54] [55] [56] [58][75][76] [80][88][139] [149] [150] [151] [236] [240]. Characées [204]. CaAsrArxGT présente une photographie du Lomaria Spicant, 263. Cuarix (Ad.). De la Truffe, sa culture et sa naturalisation dans les contrées auxquel- les elle est actuellement étrangére, 22. — Sur la culture des Morilles, 129. — Sur la présence de l'I/ysanthes gratio- loides aux env. d'Angers, 263.—- Obs., 66, 179, 180, 181, 265, 277. Chondriopsis cærulescens Crouan [219]. Chorispora tenella Rgl nov. sp. [3]. Christener. Sa mort [95]. Chrysosplenium flagelliferum [25]. Chusquea Spencei Ernst nov. sp. [195]. Chytridinées (Affinité des), 70. Chytridium Olla [79]. Clematis Vitalba var. ruscinonensis T.-L., XCV., Cloque (Sur la) du Pêcher, 227. Cros (D.). Quelques questions afférentes à des plantes brésiliennes, 57.— Quelques recherches de synonymie, 86.— Histori- que des Hyoscyamus albus et major , xxiv. Cochliostema [235]. Coloration en bleu de quelqués Orehidées sous l'influence de la gelée, 152. Combrétacées [13]. Commélynaeées du Bengale [119]. Commission de comptabilité, 168, — pour examiner l'ouvrage : les Parcs et Jor- dins, 222. Companyo (Jean-Louis). Notice nécrolo- gique, X. - 259 Cowpanyo (Lotiis). Discours, x. Composées [144] [445]. Compositarum genus novum Algeriense, 165. Conifères [28] [125] [179] [210] [230]. Conseil d'administration pour 1872, 33. Corpier (F.-S.). Discours de présidence, 210. — Lettres 73, $02, — Obs., 213, 236. Connu (M.). Affinité des Myxomycètes et des Chytridinées, 70. — Sur les zygo- spores du Mucor fusiger Lk, 143.— pré- sente des échantillons de plantes fossiles, 164. — Sur le développement de l’Aga- ricus stercorarzus Bull. et de son sclé- rote, 191. — fait don de sa thèse de doctorat és seiences, 210. — Sur un Champignon parasite sur un insecté, 283. — Obs., 75, 76, 103, 112, 177, 185, 203, 204, 227, 328. Corse (Sur les forêts de la), Lxxx. Corydalis glaucescens et Sewerzowi Rgl nov. $p. [3]. Cosson (E). Deseriptio plantarum novarum in itinere Cyrenaico, 80.—Biscutellæ spe- cies explanatee et dispositae, 222. — Des- criptio Biscutellæ nove Algeriensis, 224. — Sur les plantes observées à la Trancade d'Ambouilla, (Pyr.-Or.), cxxxvitr. — a trouvé | Alyssum serpyllifolium à Béda- vieux (Hérault), 209. — le Ligustieum Pyrenœum à Vernet (Pyr.«Or.), xLvir. — le Globularia spinosa Lam. à la Traneade d'Ambouilla (Pyr.-Or.), 288. — Obs., 74, 76, 1463, 204, 243, 225, 265, 277, 310, 328, IV, XLIX, LXI, LXII, LXVII, XCIiI. — Voy. Bentham. Cóte-d'Or (Plantes nouvelles pour le dépar- tement de la), 486. Crambe Sewerzowi Rgl nov, sp. [3]. Crassulacées [14]. Crocus Balkanensis Jka nov. sp. [176]. Orossostylis Seberti A. Br. et A. Gris nov. sp. [29]. i Crouan frères. Leur mort, 76. — Nótice nécrologique, 77. Crucifères [1 0]. Cryptogames exotiques nouvelles [124],— (Classification des) [188]. — (Etude sar les) [233]. Culture des Morilles, 429. — de la Vigne en Angleterre dans les temps anciens, xc.— et naturalisation de la Truffe, 22. Cundurango (Sur le), 106 [127]. — de Loja [126] Cunonia L., 146. — Balansæ, 150. — bullata, 450. — Deplanchei Ad. Br. et A. Gris, 149. — Lenormandi Vieill., 447.— macrophylla Ad, Br. et À, Gris, 0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 449. — puichella Ad. Br. et A Gris, 447. — purpurea Ad. Br. et A. Gris, 448. — Vieillardi Ad. Br. et A. Gris, 146. Cunoniacées [138]. Cyathéacées [15]. Cyclamen [200]. Cymodocea, 289, Cypéracées (Synonymie 344[91]. Cyrénaique (Rég. de Tripoli) (Descriptions de plantes nouvelles de la), 80. Cytisus absinthioides Jka nov, sp. [176]. de quelques), D Darraeq (U.). Sa mort, 144. Decabelone elegans nov. gen. [29]. DE CANDOLLE (A.). De l'influence des cli- mats sur les espèces végétales, 177. — Obs., 178, 179, 180. Delaunay (A.). Sa mort, 279. DELONDSE (A.). Obs., 36, 111, 205, 213. Delphinium nudicaule, 483 [4]. Descriptio plantarum novarum in itinere Cyrenaico, 80. — Biscutellæ nove Al- geriensis, 294. Des Erawcs (S.). Trifoliation de diverses espèces ligneuses et herbacées à feuilles opposées, LXXII. — Un nom à ajouter à ceux des naturalistes qui ont douté de la fixité des espéces, Lxxvit. — Sur la cul- ture dela Vigne en Angleterre dans les temps anciens, xc.— Obs., LXII, LXXXV. Développement de l’Agaricus slercorarius el de son sclérote, 191. Dianthus Benearnensis Loret, xcv, Diapensiacées [121 ]. Diatomacées [213] [214] [216]. Dicotylédonées [168]. Dictyuchus Leitgeb nov. gen. [77]. Didymoglossum Krausii, 241. — lineola- tum Van den Bosch?, 240. — ovale Fourn. nov. sp., 240. — punctatum Presl, 239. — reptans Presl, 239. — sphenoides Presl, 240. Dionysia Fenzl [47]. Diplanes Leitgeb nov. gen. [77]. Dipteris [147]. Disa macrantha [147]. Discours de MM: Germain de Saint-Pierre, 4. — Cordier, 210. — J.-E. Planchon, H. — Timbal-Lagrave, iv. — Companyo, X. — Bronguiart [99]. Distribution géographique des Podostéma- cées, 50. Dons faits à la Société, 210, 242, x. DOUMET-ADANSON (N.). Membre à vie, 242. — Sur les forêts de la Corse et Ja des- | L truction des Laricios archi séculaires qu'elles renferment, Lxxx. — L'herbo- risation à la vallée d'Eyne, cu.— Rap- port sur une excursion de Montlouis à Vernet-les-Bains et au Canigou, CXXIV. — Nolte sur la vallée de Llo, CXXXI. — Obs., Lxxxv. Drosera [90]. DvcBARTRE (P.). Quelques mots sur la germi- nation du Delphinium nudicaule, 183. — Structure et multiplication de l'oignon du Lilium Thomsonianum Lindl., 187. — Sur les caractéres anatomiques des Zostera et Cymodocea, 289. — Obs., 61, 66, 76, 103, 111, 112, 130, 156, 159, 163, 179, 180, 185, 193, 327, 328. Duvar-Jouve (J.). Sur les Juncus striatus Schab. et lagenarius J. Gay, 169. — Sur la synonymie de quelques Cypéracées, 344. — Sur une nouvelle espèce, PAZ- thenia Barrandonit, rxxxvi. — Lettres, 38, 287, 289. — Obs., 177. — et BARRANDON découvrent une nouvelle espèce d'A/thenia aux env, d'Agde (Hé- rault), xxii. Duvernoia adhatododies [146]. DvviLLERS présente son ouvrage : les Parcs et Jardins, 222. — Obs., 181, 213. E Elatine [191]. Eléagnacées [7]. Elections pour 1872, 33. Empusa Muscæ et radicans [174]. Endressia Pyrenaica Gay, cix. Eranthis longistipitata Rgl nov. sp. [3]. Eriogonées [121]. Eritrichium brevipes Max. nov. sp. [26]. Escallonia |4 38]. Escalloniées [138]. Espèces (Fixité des), Lxxvir. Etude de la géographie botanique de la région méditerranéenne de la France, XX. Euphorbiæ [41] [162-165]. Evernia vulpina Ach.(Cornicularia mots DC.), 84. Excursions et voyages de la Société pendant sa session extraordinaire, voy. Herbori- sations. — faites avant ou apres la ses- sion, cxx. Expériences physiologiques sur le Penicil- lium glaucum Lk, 107. Eyne (Pyr.-Or.) (Herborisation de la So- ciété à la vallée d"), cit. F Fagopyrum suffruticosum [25]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 261 FarvnE (E.). Lettre, 40. Fécondation chez les Cryptogames supérieu- res, 91. — des Ophrydées, 235. Fée (A.). Lettre, 242. FENDLER. Voy. Fournier, FERMOND (A.). Considérations philosophi- ques sur les fleurs doubles, 61. — Obs., 67. Festuca Rohlfsiana Coss., 83. Feuilles opposées (Trifoliation de diverses espèces ligneuses et herbacées à), LXXII. Ficus (Photographies de), 151. Filago Lagopus Parl. [44]. Fleurs doubles (Considérations philosophi- ques sur les), 61. Flore de l'Algérie, voy. Algérie. — de Bel- gique, voy. (dans la table de la Revue bi- bliogr.) Crépin, Delogne, Gravet, Hardy. —- du Brésil, voy. (dans la méme table) Flora brasiliensis. — de Crimée, voy. (dans la méme table) de Lindmann.— de Dalmatie, voy. (dans la méme table) de Visiani.— des Deux-Sèvres, voy. (dans la méme table) Sauzé, Maillard.—- fossile, voy. Fossiles. — de France, voy. France. — de la Franche-Comté, voy. (dans la table de la Revue bibliogr.) Paillot, Ven- drely. — de l'Hérault, voy. France.— des Indes anglaises, voy. (dans la table de la Revue bibliogr.) Hooker. — d'italie, voy. (dans la méme table) Cesati, Gibelli, Pas- serini. — du Japon, voy. (dans la méme table) Maximowicz. — du Loir-et-Cher, voy. France. — du Grand-duché de Luxembourg, voy. (dans la table de la Revue bibliogr.) Fischer. — du Mexique, voy. (dans la méme table )Mezica- nas plantas. — de l'archipel de la Nou- velle-Zemble, voy. (dans la méme table) Trautvetter. — orientale, voy. (dans la méme table) Boissier. — des env. de Paris, voy. Paris. — de Servie, voy. (dans la table de la Revue bibliogr.) Herder.— de l'ile de Wight, voy. (dans la méme table) More. Fontainebleau (S.-et-M.) (Le Fossombronia ` pusilla fructifie à) en mai, 204. Font-de-Comps (Pyr.-Or.) (Herborisation . faite à la), xcvi. Font-Romeu (Pyr.-Or.) (Herborisation faite à), cvi. Fonvert (A. de). Sa mort [96]. Forêts (Sur les) de la Corse, LXXX, Fossiles. Sur le Psaronius Brasiliensis, 3. — (Plantes) de Sézanne (Marne), 164. — Flore fossile du terrain jurassi- que de France, 495. — Paléontologie francaise, végétaux des terrains jurassi- ques, etc, , 248. —Rapport sur M. Grand'- Eury, 244, — Surlatige du Sigillaria, 246. — Voy. dans la table de la Revue bibliogr.): Balfour, Bleicher, Carruthers, de Castracane,d'Ettingshausen, Guinard, Heer, Lesquereux, Schimper. Fossombronia pusilla fructifie à Fontaine- bleau en mai, 204. Fougères, 225, 247, 262 [15] [30] (186] [192] [196]. FouRwiER (Eug.) annonce l'ouverture de la bibliothèque de la Société, 242. — pré. sente de nombreux échantillons de Bi- dens radiatus Thuill., recueillis à l'étang de Saint-Hubert (S.-et-O.), 246. — pré- sente des Fougéres de Nicaragua, 247, — Sur les Hyménophyllées recueillies dan: l'Amérique centrale par MM. Wright, Fendier et Husnot, 239. — Sertum Ni- caraguense, 247, 303. — Lettre, 392. — Obs., 36, 71, 144, 202, 205, 244, 263. Fourreau (Jules). Notice nécrologique, 41. France (Flore de). De la Truffe, sa cul- ture et sa naturalisation dans les con- trées auxquelles elle est actuellement étrangere, 22. — Des noms vendéens de diverses plantes et en particulier de la Bardane, 89. — Sur une nouvelle espèce de Truffe, 135. — Complément du catalogue des plantes phanérogames, rares ou peu communes dans la circon- scription de la Flore parisienne, trouvées à Saint-Germain en Laye ou aux env., avec l'indication, pour ces espèces, de localités qui ne sont pas mentionnées dans la Flore des environs de Paris, 136, 288. — Sur le Woodsia ilvensis, 138.— Quel- ques noms populaires de plantes en Forez, 440. — Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Dauphiné, 162. — Sur les Juncus striatus Schsb. et Zagenarius J. Gay, 169. — Plantes nouvelles pour le département de la Cóte-d'Or, 186. — Sur une florule adventice observée dans le département de Loir-et-Cher en 1871 et1872,195.— Sur cinquante plantes des herbiers de Montpellier et quelques autres espèces nouvelles pour la Flore de l'Hé- rault, 205. — Plantes observées aux env. de Gramat et de la Capelle-Ma- rival (Lot), 237. — Sur la présence de I'Hysanthes gratioloides aux env. d'An- gers, 263. — La florule obsidionale des env, de Paris en 1872, 266. — Ses- sion extraordinaire à Prades-Montlouis, rcxL. — De l'étude de la géographie . botanique de la région méditerranéenne -> de la France, XX. — Matériaux pou*-: servir à l'histoire de la botanique dans la” 262 . Roussillon et du jardin des plantes de Perpignan, Lu. — Descriptiones rario- rum plantarum Alpium Delphinatus et Gallie Narbonensis, Lxxix. — Sur les forêts dela Corse, LXXX. — Sur une pou- velle espèce d'A/thenta, LXXXVI. — Sur la bryologie des Pyrénées-Orientales, xci. — Sur l'AZyssum Pyrenaicum Lap., C. — Herborisations faites par la Société pendant la session, xciv-Cxxi, — Her- borisations faites ayant ou après la session, CXXII-CXXXIX. Espéces décrites ou signalées ; Agaricus conchatus Bull., 282, — 4. ma- culatus Alb. et Schw., "AA, — Allium Victorialis, xc. — Althenia Barran- donii,xxu, LXXXVI [89]. — Alyssum Pyrenaicum Lap., c. — A. serpyllifo- hum Desf., 209. — Anacalypta lati- folia Schw., xci. — Anarrhinum Corsi- cum Jord. [44]. — Arabis hirsuta DC., xciv. — Armeria Muller: Huet, cvi, cxxl, — Asphodelus Corsicus Jord. [44]. Bidens radiatus Thuill., 246. — Buffonia perennis Pourr., xciv, — Bupleurum fruticosum L., xcv. Capsella Bursa-pastoris Mœnch, cxnt. — | Clematis Vitalba var. D rthe RC Dianthus Benearnensis Loret, xcy, Endressia Pyrenaica Gay, cix, Filago Lagopus Parl. [44 ]. — Fossombranta| usilla, 204.— Fumaria Gussoni Boiss. | 43]. $a lucidum Lap., xcvi. — G, papil- losum Lap., CXVNI. — Globularia spinosa _ Lam., 288, Helleborus Corsicus Willd, [43]. — cium fragile Jord., CXIX, - — Hyoscyamus. albus, uxiy, — H. major, LXIV, — Iberis amara L., cxx. — Ilysanthes gra- tioloides, 263. — Imperatoria. Ostru- thium, xc. ruscinonensis ; Hiera- H Juncus capitatus, 163. — J, Fontanesi J. Gay, 474. — J. lagenarius J. Gay, 469. — J. str iatus $e chsb., 169, Lactuca perennis L., xcv, — Le tenerrima Pourr., xcv. — Laserpitium gallicum . Bauh., xcv. — Lepidium heterophyllum ntham, CXYIt, a~ Leucanthemum vul- gare Lk, cxu. — Ligusiieum Pyre- A gis EVIL + Lilium yrenaicum, l. = linaria procera. DC., cxx. — inym. ambiguum, Jord, [43]. -— Lo- maria Spicant, 263. 95 Aer Pantha ,208.— Melica [44]. ++ Morehella escu- P SOGIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lenta var. conica, 430.— M. semi-libera, 430, — Muscari Lelievrii Bor., xc. Nitella tenuissima, 202. Papaver obtusifolium Desf. [43]. — Pedi- cularis verticillata L., cxu, — Polygala Alpina, xxxi. — P. Corsica Bor. [43]. — P. nivea, vxxi. — Pteroneuron Cor- ` sicum Jord. [43]. Ranunculus geraniifolius Pourr., cxi. — R. Revelierii Bor, [43]. — Riccia Bis- eui, 348. — Romulea Columne, xc. — Rosa mitissima Gmel., cxvi. — Rubia Requienii Duby [43]. - Sarcocapnos enneaphyllus DC., xciv, — Sarothamnus Carlierus, 88. — S. Jau- bertus, 88, — Saxifraga retusa Gouan, XCI, — Sideritis Gouani T.-L. [179]. — S. Guillonii T.-L. [479]. — S. hirsuta L. [179]. — S. Ayssopifolia L. [178]. — S, Peyrei T.-L. [179]. — S. Pyre- - Pa Poir. [178]. — S. ruscinonensis T.-L. [179]. — S. scordioides L. [179]. — S. tomentosa Pourr. [179]. — Silene Boullui Jord, [43]. — Sisymbrium ery- simifolium Pourr., cxv. — Succowia Balearica [43], Thesium ramosum Hayne [44]. — Tor- menlilla erecta, cxvn. — Trichonema purpurascens Ten. [A4], — T. Requienii [44]. — T, Revelierii Jord. [44]. — Tri- glochin laxiflorum Guss. [44]. — Tuber Ft Buolici H. Bonnet nov. SP., 135. Urginea fugax Steinheil [44]. Vicia onobrychiordes L., cix, — Viola lu- teola Jord., cxyut. Woodsia hyperborea, 439. — W. ilvensis R. Br., 138. | Zostera nodosa Guss., 289, Yoy. (dans la table de la Reyue bibliogra- hique) : Arvet-Touvet, Besnon, l'abbé EN Duval-Jouve, Mabille, de à ar- silly, Mousnier, Nouel, Paillot, Rivière, Tabbé, Tabard , Timbal-Lagraye, en- drely, Verlot, de Vibraye, FRANCHET (A.). Sur une florule adventice observée dans le département de Loir- . et-Cher en 1871 et 1872 195, Fumaria Gussoni Boiss, [43 3 Fumariacées [145], G GapzcEAU (E.). Rapport sur une herbori- sation faite par lui au ravin du Réart, E Près Perpignan, EU. — Rapport sur une excursion fa! ie par lui à Port-Ven- dres EEIE, — us, ILYN. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. GAILLARDOT envoie des plantes sèches d'E-. gypte, 144 . Galium lucidum Lap., xcvi. — papillosum Lap., cxvir. Ganiop (H.). Rapport sur l'herborisation à la Font-de-Comps, xcvit. — Obs., LXXIX. GAUDEFROY et MOUILLEFARINE. Florule obsi- dionale des env. de Paris eu 1872, 266. Géographie botanique de la région mé- diterranéenne de la France, xx. GERMAIN DE SAINT-PIERRE (E.). Discours, 1. — Nouveaux documents sur la nature des organes souterrains des végétaux, rhizomes et racines, 10. — Allocution, 34.— Réponse aux observ. de M. Cauvet sur quelques travaux présentés à la So- ciété, 231.— Fécondation desOphrydées, S 235. — Obs., 20, 33, 60, 61, 66. Germination du Delphinium nudicaule, 183. Globularia spinosa Lam. trouvé à la Tran- cade d'Ambouilla (Pyr.-Or.), 288. Gnétacées [230 ]. Gouan. Lettres inédites, xxii. GovMais-ConNILLE (A.). Lettres, 144, 203. — Obs., 205. Gramat (Lot) (Plantes observées aux env. de), 237. Graminées de la Nouvelle-Calédonie, 315. — (Arétes des) [46]. Gris (A.). Sa mort, 242. — Allocution prononcée à ses funérailles [99]. — Liste desestravaux [100]. — Voy. Brongniart. GUILLON (A.).. Plantes recueillies dans la vallée de Llo, cxxxvi. Gymnogramme decomposita Baker nov. sp. [221]. " Habenaria [147 ]. Heppe (J.). Lettres, 186, 209. Helicostylum Muscæ Sorok. nov. sp. [71]. Heliocarya monandra [48]. Héliotropes [47]. Helleborus Corsicus Willd. [43] Hemiptelea Davidii (Planera Davidi) [87]. Hénon. Sa mort, 168. Hépatiques [140] (209] [221]. Hérault (Quelques espéces nouvelles pour la Flore de l’), 205. Herbiers de Montpellier (Cinquante plantes des, 205. Herborisations de la Société aux env de Prades et de Montlouis, xciv. — à Ville- franche-de-Conflent, xciv. — à la Font-de-Comps, xcvu. — à la vallée d'Eyne, cu. — à Font-Romeu, CVII. — au ravin de Réart près Perpignan, cxxir, — de Montlouis à Vernet-les-Bains et au 263 Canigou, cxxiv.— aux env. de Puycerda (Espagne), cxxvi. — à Port-Vendres, CXXX. Hesse. (E.). Lettre, 76. Hieracium fragile Jord., cxix. Humboldt (Ascension du mont), 303. Husxor(Th.). Bryologie des Pgrénées-Orien- tales, xci. — Voy. Fournier. Hy bridation artificielle de deux Le//a g Brésil, 20. Hybrides, 165, 191, 202. Hyménophyllées, 239. Hyoscyamus albus et major (De l'histori- que des), 1xiv. Hypericum tenellum Jka nov. sp. [176]. Hyphomycetes [71]. I Iberis amara L., cxx. Ilex rugosa nov. sp.? [24]. Ilysanthes gratioloides (Sur la présence de l') aux env. d'Angers, 263. Imperatoria Ostruthium trouvé aux env de Montlouis (Pyr.-Or.), xc. Influence des climats sur les espèces végé tales, 177. Inula: Aschersoniana Jka nov. sp. [176]. Itteville (S.-et-O.) (Le Nitella tenuissima recueilli près d'), 202. J JAUBERT (le comte) expose la substance de deux discours qu'il vient de prononcer à l'Assemblée nationale, 145, — Notice nécrologique de M. Lenormand, 246 [104]. — Obs., 3, 35, 40, 91. Juncus bufonius L. [148] [149]. — capi- tatus, 463. — Fontanesii J. Gay, 174. — lagenarius J. Gay, 169. — striatus. Schsb., 169. K Kirschleger. Notice biographique [252]. L Lactuca perennis L. et tenerrima Pourr., XCV. Lælia (Hybridation artificielle de deux), 20. Laisné. Obs., 181. Lamarck. Lettres inédites, xxu. Lappa (Usage de la Bardane contre les morsures de serpeuts), 39. Laserpitium gallicum Bauh., xcv. Lastrea, 225. Lathus (Vienne) (Le Riccia Bischoffii o a cueilli au pont de), 348. 264 Lauracées [7]. LE GRAND. Quelques noms populaires de plantes en Forez, 140. Légumineuses [5] [204]. LELORAIN. Note au sujet de sa collection géologique, 72. Lemnacées [88]. Lenormand |S.-R.). Sa mort, 246. — No- tice nécrologique [104]. Lepidium heterophyllum Bentham, cxvir. Le Sourn. Membre à vie, 242. Lettres de MM. André, Bescherelle, Cor- dier, Duval-Jouve, Faivre, Fée, Fournier, Goumain-Cornille, Hedde, Hesse, l'abbé Miégeville, Moggridge, E. Planchon, Re- boud, Roussel, de Schenefeld. Voy. ces noms, — inédites de Ch. de Linné, de Gouan, du chevalier de Lamarck, d'A- charius et de Picot de Lapeyrouse, xxrr. Leucanthemum vulgare Lk, cxi. Lévy (P.) présente des photographies de plantes et de paysages du Nicaragua,237. Lichens [50]. Ligusticum Pyreneum recueilli à Vernet (Pyr.-Or.); xcvi. Liliacées [118]. Lilium (Quelques remarques sur le système souterrain des Lis), 457. — Glehni [25]. — Pyrenaicum (trouvé aux env. de Mont- louis), xci. —' Thomson?anum Lindl. (Structure et multiplication de l'oignon du), 187 [91]. Linaria geminiftora (25]. — procera DC., cxx. Linné, Lettres inédites, xxir. Linum ambiguum Jord. [43]. Liriodendron (193]. Llo (Note sur la vallée de), cxxxr, — (Plantes recueillies dans la vallée de), cxxxvt. Loir-et-Cher (Florule adventice de), 195. Lomaria Spicant (Photographie du), 263. Lonicera Glehni [25]. Loret (H.). Note sur cinquante plantes des herbiers de Montpellier et quelques espèces nouvelles pour la Flore de l’Hé rault, 205. Luzula [195]. Lycopodiacées [144 ]. M Medion pterospermum [24]. Ear [193]. — compressa Max. nov sp. [25 MAN nettes Coss., 82. MaumvaUD (E). Plantes observées aux env. de Gramat et de la Capelle-Mari- val (Lot), 237. Manceau. Sa mort, 168, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Marin (Em.). Obs., 177. Manris (L. de). De l’étude de la géographie botanique de la région méditerranéenne de la France, xx. Martins (Ch.). Obs., 156, 163, 164. Matériaux pour servir à l'histoire de la bo- tanique dans le Roussillon et du jardin des plantes de Perpignan, ri. Matthiola runcinata Rgl nov. sp. [3]. Medicago leiocarpa Benth., 208. Megacarpæa gigantea Rgl nov. sp. [3]. Méuu (A.). Notice nécrologique de Jules Fourreau, 41. Mélanges, voy. Nouvelles. Mélastomacées, 303. Melica typhina Bor. [44]. Ménispermacées [8]. Menthoidées (Labiées), 181. Mer (E.). De l'origine et du développement des bourgeons dormants dans les végé- taux ligneux dicotylédonés, 329. MiÉcevittE (l'abbé). Lettres à MM. Cor- dier et de Schenefeld sur qqs plantes des Pyrénées, Lxvin. — Notes ajoutées à ces lettres au moment de l'impression, LxxI. MocsnipcE (J.-T.). Lettre, 186. Monades [68]. Monocotylédones [181] [182]. Monstruosités et Anomalies. Considérations sur les fleurs doubles, 61. — Duplica- ture d'une Orchidée, 66. — Duplica- ture du calice des Fragariacées et des Malvacées, 67. — Sur un Convolvulus arvensis L., 85. — Monstruosités de la fleur du Violier, 142. — Sur une ano- malie de l'Agaricus maculatus, 441. — Coloration en bleu des fleurs de quelques Orchidées sous l'influence de la gelée, 152.— Sur le Carex precoz, 177. — Sur une monstruosité de l’ Agaricus conchatus Bull., 282. Montlouis, voy. Prades. — (Herborisation à), cxxiv, — (Plantes trouvées aux env. de), 288, xci, cxxxvur. — (Séances à), XLVIII, LXVIII, LXXXIX. Montluçon (Développement du Morchella esculenta aux env. de), 430. Montpellier (Herbiers de), voy. Loret. Morchella (Culture des Morilles), 429. — esculenta var. conica, 430. — semi-li- bera, 130. Morées [41] [169]. Morphologie. LAM de la jeune racine entre espèces congénères, LXI. Mortierella candelabrum et reticulata Van Tiegh. et Le Monnier nov. sp. [73]. MoviLLEFARINE, Voy. Gaudefroy. Mousses, xct [440] [149] [180] Yasa] [490] [209] [215] [219]. p TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Mucédinées [69]. Mucor [61]. — fusiger Lk, 143. — Mu- cedo [52] [73] [176]. — PAycomyces 74]. Multiplication (Structure et) de l'oignon du Lilium Thomsonianum Lindl., 187. Muscari Lelievrii Bor. trouvé au Pallet (Loire-Inf.), xc. Mycologie, voy. Champignons. Myristicacées [7]. Myrtacées [29]. Myxomycètes (Affinité des), 70. N Naturalisation et culture de la Truffe, 22. Nature des organes souterrains des végé- taux, rhizomes et racines, 10. Nécrologie, 41, 76, 444, 168, 194, 242, 246, 279. Voy. Nouvelles. Nematophycus Logani Carr [212]. Nitella syncarpa [133]. — tenuissima recueilli prés d'Itteville (S.-et-0.), 202. Noms populaires de plantes en Forez, 440. — vendéens de diverses plantes, 89. Nou (le guide Michel) a recueilli le Sari- fraga retusa Gouan à Cambredase (Pyr.- Or.), xci. Nouvelle-Calédonie, voy. Calédonie, Nouvelles [95] [156] [207] 255]. Nymphéacées [10]. 0 Œnanthe millefolia Jka nov. sp. [176]. Œrsted. Sa mort [95]. Oléinées [13]. Olette (Pyr.-Or.) (Herborisation à), cxxiv. Ombelliferes, 113 [13][173]. Omphalodes Icumæ Max. nov. sp. Gel Onosma paradoxum Jka nov. sp. [176 Opbrydées, 235. Orchidées, 66, 152.— intertropicales, 20. Organes souterrains (Nouveaux documents sur la nature des) des végétaux, rhizo- mes et racines, 10. Oxalis [146]. . E Pallet (Loire-Inf.) (Le Muscari Lelievrii Por. trouvé au), xc. Papaver obtusifolium Dest. [43] Papavéracées [10]. Paris, Florula obsidionalis, 266. — (Flore des environs de), voy. Saint-Germain en Laye. Parrya flabellata Rgl nov. sp. [3]. Passiflorées [122]. 265 PAyoT (V.). Sur le Woodsia ilvensis, 138. Pedicularis occulta Jka nov. sp. [176]. — - verticillata L., cxi. Pepro 11 D'ALCANTARA (Dom) répond à M. Germain de Saint-Pierre, 3, — accepte le titre de membre de la Société, 33. — Obs., 41, 57.— Séances données à l'oc- casion de sa présence à Paris, 1, 35. Penicillium bicolor [67 ].— cladosporioides Fres. [57]. — crustaceum Fr. [57]. — glaucum Lk, 107 [62] [70]. Peperomia atropunctata, augescens, dia- phana, Regnelliania Miq. sp. nov. [2]. PÉnAnD (A.). Recherches anatomiques sur les espèces de la tribu des Menthoidées (Labiées), 181. — Obs., 130, 225, 265. Peridermium Sempervivi Tul., 165. PeriT (P.) présente le Nitella tenuissima recueilli prés d'Itteville (S.-et-O.), 202. Phanérogames [196]. Photographies du Cundurango, 106. — de deux Ficus, 151. — du Lomaria Spi- cant, 263. — de plantes et de paysages du Nicaragua, 237. Phylloxera vastatrix (Conférence sur le), xix. Physiologie du Penicillium glaucum Lk, 407. — végétale, 29. Picot de Lapeyrouse. Lettres inédites, xxit. Pinguicula Flos Mulionis Ed. Mn nov. sp. [194]. Pinus Laricio (Destruction des), Lxxx. Pipéracées [13] [170] [171]. Placidiopsis Gruppe [3]. PraAwcHON (E.). Discours d'ouverture à la session de Prades-Montlouis, IT. — Con- férence sur le Phylloxera vastatrix, xix. — Lettre, 194. — Obs., LXII, LXVII, LXXII, LXXVII, LXXIX. PraNcnoN (G.). Sur les Ipécacuanhas striés, 105. — Sur le Cundurango, 106. — Obs., 107. Platanthera ophrydioides et Sachalinensis 25]. EUM brachypterum Th. Moore nov. sp. [184]. Podostémacées, 50. Poisson (J.). Sur le genre Casuarina, 311. Polémiacées [121]. Polygala Alpina, xxxi, — Corsica Bor. [43]. — nivea, LXXI. Polygonatum Maximowiczit [25]. — Polygonum cymosum, 87. — stoloniferum 25]. Porphyra [140]. Port-Vendres (Pyr.-Or.) (Herborisation de M. Gadeceau à), cxxx. Potentilla Haynaldiana Jka nov. sp. [176]. Prades. (Session extraordinaire de la So- 266 eiété à), 1-cxz. — (Réunion prépara- toire à), II. — (Séance de la session à), ix. PniLLIEUX (E.), Action de la lumière bleue sur la formation de l'amidon, 151. — Coloration en bleu des fleurs de quelques Orchidées sous l'influence de la gelée, 152. — Sur la cloque du Pècher, 227. — Sur la formation de bourrelets au bord de plaies faites sur la tige du Wigandia | Caracasana, 279, — Obs., 156, 225, 230, 282. Primulacées [17]. Procès-verbal de vérification des comptes du Trésorier, 168, Protéacées [6] [29]. Protococcus elongatus Carter nov. [243]. Prunus Ssiori [24]. Psaronius Brasiliensis (Sur le), 3. Psychotria emetica (Note sur les Ipéca- cuanbas striés), 105. P(eroneuron Corsicum Jord. [43]. Puccinia compacta. de Bary, 165, Puycerda (Espagne) (Herborisation de M. Tourlet aux env. de), cxxvin. Pyrénées-Orientales (Bryologie des), xci. La Deeaisneanum Max. nov. sp. 26]. sp. Q QuiNQUAUD. Obs., 180. R Racine (Similitade morphologique de la jeune) entre espèces congénères, LXIL RamoxD (A.). Rapport sur la situation fi- nancière de la Société, 431. Ranunculus. [223]; — incomparabilis Jka nov. sp. [175]. — geraniifolius Pourr., cxi, — Revelieri Bor (43]. Rapports sur les herborisations de la Société, voy, Herborisations. Réart (Herborisation de M. Gadeceau au ravin du) près Perpignan, cxxui. Resoun (V.). Lettres, XLIX, Lt. Remerciments à MM. Gariod, 244, xcu, - Germain de Saint-Pierre, 34, Planchon, xx, Ramond, 168, Roze, 34, de Schæ- nefeld, 1v. Rexawsx et Sagor. Sur la matière colorante de l'ébène verte de Guyane, 166. Résédacées [11]. Révision des Cunonia de la Nouvelle-Calé- donie, 145. RicAWT présente un manuscrit intitulé à Descriptiones. rariorum plantarum. Al SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pium Delphinatus et Galliæ Narbonensis, LXXIX. Riccia Bischoffii recueilli au pont de La- thus (Vienne), 348. RiPART, Obs., LXXVII River présente une brochure sur les prépa- rations microscopiques, 195, RIVIÈRE (A.). Broméliacées et Orchidées intertropicales. Hybridation artificielle de deux Lælia du Brésil, 20.— Obs. , 20,37. Rœmeria bicolor Rgl nov. sp, [3]. Rœzlia granadensis Rgl (Sur le), 277. Roget de Belloguet (M.). Sa mort, 242. Romulea Columnae trouvé près de Saint- Nazaire (L.-Inf.), xc. Rosa [238 || 253 ]. — mitissima Gmel., cxvi. RouxEGUEnE (C). Sur une monstruosité. de l'Agaricus (Pleurotus) conchatus Bull., 282. — Les botanistes du xviu* siècle et du commencement du xx°, 284. — Notice sur J.-L. Companyo, X, — Lettre inédite de Barrera (de Prades) à Picot de Lapeyrouse. Itinéraire botani- que dans les Pyrénées-orientales, xx. — Lettres inédites de Linné, „Gouan, Lamarck, Acharius et Lapeyrouse, xxit, — Sur F Alyssum Pyrenaicum Lap. , C. RoussEL. Lettre sur M. de Brébisson, 194. RovER (Ch.). Quelques remarques sur le systéme souterrain des Lis, 157. — Plan- tes nouvelles pour le département de la Côte-d'Or, 186. — Similitude mor- phologique de la jeune racine entre espèces congénères, LXII. — L'heure du sommeil des fleurs ne peut servir de ca- ractère spécifique, sx. — a trouvé le Lilium Pyrenaicum aux env. de Mont- louis, XCt, + Obs., Lxu, LXVII, LXXXV». Roze (E. De l'influence de l'étude des Myxomycètes sur le progrès de la phy- siologie végétale, 29, — De la fécon- dation chez les Cryptogames supérieures, et en particulier chez les Sphoignes, 91. — Sur le Puccinia. compacta de Bary, 165. — Obs., 404, 411, 112, 130, 156, 181, 184, 193, 203, 230. Rubia Requienii Duby [43]. Rubiacées [29]. Rumex Regeli [25]. S Sacor (P.), Voy. Renault, i Saint-Germain en Laye (S.-et-0.) (Nou- velles localités de plantes rares dans la circonscription de la Flore parisienne trouvées à), 136, 288. Saint-Hubert (S.-et-O.) (Le Bidens radiatus Thuill. recueilli à), 246. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Sainte-Marie-aux-Houches (Haute-Savoie), localité des Woodsia hyperborea iet il- vensis, 139, Saint-Martin-du-Canigou (Pyr.-Or.) (Her- borisation de la Société à), cxxv. Saint-Nazaire (Loire-Inf.) (Le Romulea Co- lumnæ trouvé près de), xc. Salicornia [224]. Salix Sachalinensis [25]. Santalacées [18]. SAPORTA (le comte G. de). Flore fossile du terrain jurassique de France, 496. Saprolegniées [77] [78] [80] [83]. Sarcocapnos enneaphyllus DC. , xciv, Sarothamnus Carlierius et Jaubertus, 88. Baussurea duiensis èt Sachalinensis [25]. Saxifraga L. [119]. — pseudo-sancta Jka nov. sp. [176]. — refusa Gouan, xci. — Sachalinensis [24]. Saxifragacées [41]. Schizocalyx neo-Calédonica [29]. SonoexereLp (W. de). Communication rela- tive à la session extraordinaire, 149. — Lettre à M. le Président, 248. — Obs., 134, 162, 167, 177, 179, 480,. 214, CXXXIX, Scirpus planiculmis [25]. Sclerotium stercorariuin DC., 194. Scolochloa spiculosa [95]. Sertulum Naiguatense Ernstnov. sp. [195]. Sertum Nicaraguense, 247, 303. Seseli purpurascens Jkà nov. sp. [76]. . Session extraordinaire (Fixation de la), 112, 194.-—à Prades-Montlouis en 41872, t-CxL. | — (Membres qui ont assisté à la), 1. — (Autres personnes qui ont pris part à la), Ii. — (Bureau de la ), iv. — (Progamme de la), virt. — (Programme supplémen- taire de Ja), ix. — (Séances de la), ix, XLVII, rxvur, LXXXIX. — (Herborisations de la), voy. Herborisations. SEYNES.(J. de). Expériences physiologiques sur le Penicillium glaucum Lk, 107. — Obs., 107, 111, 231. Sézanne (Marne) (Plantes fossiles rappor- tées de), 164. Sideritis Gouani T.-L. [179]. — Guillonii T.-L, [179]. — Arsute L. [179]. — hyssopifolia L. [478]. — Peyrei T.-L. [179]. — Pyrenaica Poir. [178]. — ruscinonensis T.-L. (479]. — scordioides L. [179]. — tomentosa Pourr. [179]. Sigillaria (Tiges de), 246. li Boullui Jord. [43]. — Sachalinensis 21]. sapo tdi erysimifolium Pour., cxv. — Sewerzowi Rgl nov. sp. [3]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Séances te- nues à l'occasion de la présence de l'Em- 267 pereur du Brésil, 4, 35, — Situation financière, 131, ++ Fixation du lieu et dela date de là session extraordinaire, 112,194, — Allocations du Ministre de l'agricultureet du Ministre de l'instruction publique, 231. — Ouverture de la bi- bliothéque, 242. Solanées [13]. Sommeil (L'heure du) des fleurs ne peut servir de caractère spécifique, Lx. Sorastrum spinulosum Næg. [212]. Sparatosyce Bur. nov. gen., 302. Sphagnum, 91 [140] [181] [209]. Stachys tenuifolia Jka nov. sp. lai Stemonitis ovata Fries, 184, Stenanthium Sachalinense | 251. Structure de la tige (Valeur des caractères tirés de la) pour lu classification des Bi- gnoniacées, 14. — et multiplication de l'oignon du Lilium Thomsonianum Lindl, , 187. Suecowía Balearica [43]. Sumbul [54 ]. Synonymie (Quelquesrecherches de), 86.— de quelques Cypéracées, 344. T Tecoma Leucoæylon, 166. Tét (Pyr.-Or.) (Herborisation à la vallée de la), cxxiv, j Teucrium myrtifolium, 88. Théophrastées [47 ]. Thesium ramosum Hayne [44]. TRÉVENEAU. Obs., LXVII. Thurelles (Loiret) (Plantes observées près de), 163. Tiges de Sigillaria, 246. —(Formation de bourrelets au bord de plaies faites sur la) du Wigandia Caracasana, 279. TiMBAL-LaGRAVE. Discours, 1v. — L'herbo- risation de Villefranche - de - Conflent, xciv. — L'herborisation à Font-Romeu, suivi de notes critiques sur quelques plantes trouvées pendant l'excursion, cvi. — Obs., LXXII, LXXVII, XCI. Tormentilla erecta, cxvu. Touret (A.). Rapport sur une herborisa- tion faite par lui aux env. de Puycerda (Espagne), cxxvin. TowssENp. Membre à vie, 242. Trancade d'Ambouilla (Pyr.-Or.) (Le Globu- laria Spinosa Lam. trouvé à la), 288. — (Plantes observées à la), cxxxvnr.. — Triana (J.). Sur le Ræzlia granadensis Rgl, 277. — (Mélastomacées détermi- nées por), 303. d Trichonema purpurascens Ten., Requien et Revelierii Jord. [44]. 268 Trifoliation de diverses espèces ligneuses et herbacées à feuilles opposées, LXXII. Triglochin laxiflorum Guss. [44]. Tuber (Culture et naturalisation de la Truffe), 22. — piperatum Buolici H. Bonnet nov. sp., 135. Turquie d'Asie, voy. (dans la table de la Revue bibliogr.) Janka. U Ulmacées [216]. Ulothrix [203]. Urédinées [77 ]. Urginea fugax Steinheil [44]. Urticacées [171]. v Valérianées [50]. Van TieGHEM (Ph.). Sur les canaux oléo- résineux des Ombellifères et des Ara- liacées, 113. — Obs., 111, 112. Vella annua L. [43]. Verhuellia Miq. [171]. VenLor (B.). Obs., 165. VERLOT (J.-B.). Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Dauphiné, 162. Vernet (Pyr.-Or.) (Le Ligusticum Pyre- neum recueilli à), xLvr1.— (Herborisa- tion de la Société à), cxxv. Viaup-GranD-Marais (A.). Des noms ven- déens de diverses plantes, et en particu- lier de la Bardane, 89. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Vicia onobrychioides L., cix. Villefranche-de-Conflent (Pyr.-Or.) (Her- borisation de la Société à), xciv. VirwoniN (H.). Obs., 179, 277. Viola luteola Jord., cxvm. — scorpiu- roides Coss., 80. Vitis (Culture de la Vigne en Angleterre dans les temps anciens), xc. W Warionia Benth. et Coss. nov. gen., 165. — Sahare, 166. WEDDELL (H.-A.). Sur les Podostémacées en général et leur distribution géogra- phique en particulier, 50. — présente un opuscule de Robert Brown, 214, — Traduction de cet opuscule : Histoire botanique du comté d'Angus, 214. Weinmannia [138]. Welwistch. Sa mort [95]. Wigandia Caracasana (Sur la tige du), 279. Woodsia hyperborea, 139. — ilvensis R. Br., 138. WRiGaT (Ch.). Voy. Fournier. Z Zoospores [203]. Zostera nodosa Guss., 289, Zygospores (Sur les) du Mucor fusiger Lk, 143. TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DES PUBLICATIONS ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (TOME DIX-NEUVIÈME.) N. B. — Cette table ne contient que les titres des ouvrages analysés et les noms de leurs auteurs. Tous les noms de plantes, dont les descriptions ou les diagnoses se trouvent reproduites dans la Revue bibliographique, ainsi que les articles nécrologiques, etc., qui précede celle-ci. Appendir plantarum novarum, par MM. "| Braun, C. Koch, Ascherson et Bouché 16]. - ARveT-Touver (C.). Essai sur les plantes du Dauphiné [36]. Asa Gray. Reconstruction du genre Diapen- sia [121]. — Révision des Polémiacées de l'Amérique du Nord [121]. — Miscel- lanées botaniques [122]. — Voy. Torrey. ASCHERSON (P.). Nouvelles observations sur le Bidens radiatus Thuill. [83]. — De la fécondation chez le Juncus bufonius L. [148]. — Voy. Appendix. Baïtey (Ch.), Du pollen considéré comme caractére adjuvant dans la distinction des espéces [115]. Barcon (H.). Histoire des plantes : Mono- graphie des Légumineuses-Papilionacées, Protéacées, Lauracées, Eléagnacées, My- risticacées, Ménispermacées, Berbérida- cées, Nymphéacées, Papavéracées, Cap- paridacées, Crucifères, Résédacées, Cras- sulacées et Saxifragacées [5]. — Mono- graphie des Pipéracées et Urticacées [171]. Baker (J.-G.). Revue des genres et éspèces gamophylles capsulaires herbacés de Liliacées [118]. — Acrostichum Pres- toni Baker n. sp. |183]. — Sur un nouvel Acrostichum de Ceylan [183]. — Sur un nouvel Asplenium de la Co- lonie du Cap [184]. — Nouvelles Fou- geres de l'ile de Lord Howe [192]. — Revue des espèces d'Anthericum du Cap f 194]. — Gymnogramme decomposita 221]: idi (J.-H.). Introduction à l'étude de | doivent être cherchés dans la table générale la paléontologie botanique [92]. — Re- marques sur les végétaux qui fournissent des sortes d'Ipécacuanha [174]. BanaserzxY. De l'influence de quelques con- ditions sur la transpiration des plantes [247]. Barger (M"*). De la fécondation d'une Acanthacée du Cap par un insecte [146]. Bany (de). Sur le mode de fécondation des Chara [204]. Barariw (A.). L'auto-fécondation chez le Juncus bufonius L. [148]. BECQUEREL. Sur la décoloration des fleurs et des feuilles par l'électricité [32]. Békérorr (A.). De l'influence du climat sur la croissance de quelques arbres ré- sineux [49]. BFLL (J.). Sur la fermentation des Cham- pignons [54]. BrnNAnp. Etude sur la petite Kabylie [235]. BerxarDix. Nomenclature usuelle de 550 fibres textiles [189]. BESCHERELLE (E.). Voy. Mexicanas plantas. Besnou (L.). Catalogueraisonné des plantes composant l'école botanique du jardin d'Avranches [34]. Bibliographie [92] [152] [205] [255]. Bixicugn. Voy. Guinard. BLyrr (A.). Enumération des Phanérogames et des Fougères de la Flore de Christiania [196]. pot Bossier (Ed.). Flora orientalis, enume- ratio plantarum in Oriente, Gracie, Ægypto ad Indie fines hucusque obser- vatarum, vol .M, Burséracées, Légumi- neuses, Ombellifères [190]. BossiN. Les plantes bulbeuses [124]. 270 Botanique japonaise, livres Kiva-Wi, tra- duit du japonais par M. L. Savatier [196]. BoucuÉ. Voy. Appendix. Bourav (l'abbé). Flore cryptogamique de l'Est : Muscinées [209]. BRAITHWAITE (R.). Sur les Sphagnum | 184 |. Braus (A.). Voy. Appendix. BnÉnissoN (A. de). Diatomacées renfermées dans le médicament vermifuge connu sous le nom de Mousse de Corse [215]. BnrrgLp (O.). Histoire du développement du Penicillium |70]. — Mémoire sur l'Empusa Muscæ et E. radicans |74]. -— Recherches botaniques sur les moisissures [176]. BRETSCHNEIDER (E.). Etude et importance des livres de botanique chinois [34]. BRoweNIART (A.) et Gris (A.). Fragments d'une Flore de la Nouvelle-Calédonie 28]. ids (Fr. ). Encore quelques recherches sur la fécondation du Juncus bufonius [149]. — et Focke (W.-O.). Les Sali- cornes de la cóte de la mer du Nord [224 |. Buisson (L.). Etude sur le Cundurango de Loja [126]. Bunce (A. de). Sur les Héliotropes de la Flore méditerranéenne et orientale [47], — Les espèces du genre Dionysia Fenzl [47] — L'Heliocarya, nouveau genre de Borraginées, avec des remarques sur les Borraginées principalement wk — Sur le genre Acantholimon Boiss. |48]. BunEAU (E.). Morées et Artocarpées de la Nouvelle-Calédonie [169], CAILLETET (L.). Sur l'origine du carbone (32) par les végétaux à chlorophylle CammmoA (J.-M.). Des plantes vénéneuses du Brésil [492], Carnoy (J.-B.). Recherches anatomiques et physiologiques sur les Champignons [58]. CARRUTHERS (W.). De la structure des tiges des Lycopodiacées arborescentes du ter- rain houiller [141]. — Sur l’histoire de la struéture et des affinités du. Nemato- phycus Logani Carr, [212]. Carter (H.-J.). Développement du Soras- trum spinulosum Neg. [212]. CasrRACANE (le comte F. de). De l'impor- tance des Diatomées dans la géologie [244]. CazzuoLa (F.) Remarques faites sur les effets du froid de l'hiver 1874-72 sur quelques rlantes du jardin de Pise [132]. CELAKOYSKI (L.). Encore une tentative pour interpréter la fleur des Euphorbes [165 J. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cesati (V.), PasseniNt (G.) et G1BELLI (G.). Complément à la Flore italienne [179]. CuaLox (J.). La vie d'une plante [142]. Cnartx (J.). Etudes botaniques, chimiques et médicales sur les Valérianées [50]. Cnauxcey Wriçar. Origine mathématique de l'arrangement des feuilles [249]. CREYREUL.. Sur trois végétations d'un méme oignon de Jacinthe rose [17]. CLamkE (C.-B.). Sur les Commélynacées du Bengale [119]. Cros (D.). Essai de tératologie taxinomique [28]. — De la disposition adoptée en 1869-70 dans la replantation de l'école botanique du jardin des plantes de Toulouse [254 ]. Coun (F.). Sur la question des Bactéries [65]. — De la congélation des cellules du Nitella syncarpa [433]. — Conspec- tus familiarum cryptogamarum [188]. CorrLApow (D.). Mémoire sur les effets de la foudre sur les arbres et les plantes li- gneuses [224]. CookE (C.). Le Champignon du choléra [150]. Cornu (M.). Monographie des Saprolegniées [80]. — Voy. Grænland. Cramer (C.). Origine et copulation des zoospores des Ulothrix [203]. CnÉpIN (F,). Primitiæ monographie Ro- sarum, 2° fasc, [253]. —- GRAVET (F.) et DELogxE (C.). Catalogue de la Flore de Belgique [254]. Davin (G.). Sur les cellules laiteuses des Euphorbiacées, Morées, Apocynées et Asclépiadées [44]. Decaisne (J.). Description de trois Aselé- iadées nouvelles cultivées au Muséum 29]. — Voy. Mexicanas plantas. DzuÉmam (P.-P.). Sur l'évaporation de l'eau et la décomposition de l'acide ear- bonique par les feuilles des végétaux [38]. — Sur l'intervention de l'azote atmosphérique dans la végétation [39]. — Cours de chimie agricole [243 DE-La-RuE (E.). Note sur l'Empusa Muscæ Cohn [74]. D£roscxg (C.). Voy. Crépin. Derrixo (F.). Observations ultérieures et considérations sur la dichogamie dans le règne végétal [143]. — Sur la di- chogamie végétale, et spécialement sur celle des Céréales [443]. — Etudes sur une descendance anémophile des Composées du groupe des Artémisiacées [144]. Dz Vos (A.). Etude sur l'aire d'extension de quelques plantes méridionales dans le base sin de la Meuse[ 142]. — Étude sur la na- TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. turalisation de quelques végétaux exoti- ques à la montague Saint-Pierre-lez- Maastricht [190]. — Monographie du genre Cyclamen [200]. DRAPER (J.-C.). Croissance ou évolution des jeunes plantes [228]. Dvsv (le pasteur J.-E.). Choix de Crypto- games exotiques nouvelles ou peu con- nues [124]. DvcnanrRE (P.). Observations sur la bulbe du Lilium Thomsonianum [91]. Dvruis (A.). Les Conifères de pleine terre [125]. Duscuak. La botanique du Talmud [192]. Dvvar-Jovvz (J.). Des comparaisons histo- taxiques [44]. — Etude anatomique de l'aréte des Graminées [46]. — Sur une nouvelle espèce du genre Althenia [89]. — fur une forme de cellules épider- miques qui parait propre aux Cypé- racées [91 ]. — Sur les diaphragmes et les réseaux fibro-vasculaires des tiges et des feuilles de certaines Monocotylédones | [181]. — Diaphragmes vasculifères des Monocotylédones aquatiques [182]. EicurER. Voy. Flora brasiliensis. Epam (Ed.). L'état actuel de la mycologie [240]. ExGcer (A.). Monographie du genre Saxi- fraga [119]. — Revue monographique des genres Escallonia, Belangera et Weinmannia [138]. Enwsr (A.). Recherches additionnelles sur la constitution de la fleur des Euphor- bia [165]. — Sertulum Naiguatense [195]. Ernwesmauses (C. d’). Sur le Castanea vesca et son prototype autédiluvien [87]. FarvmE (E.). Recherches sur les mouve- ments de la séve à travers l'écorce [32]. FavprL. Notice biographique sur le pro- fesseur Kirschleger [252]. Favre (L.). Voy. Morthier. Fischen (E.). Les plantes subspontanées et naturalisées de la Flore du -duché de Luxembourg [197]. Flora brasiliensis, enumeratio plantarum. in Brasilia hactenus dectectarum, con- finuée sous ta direction de M. Eichler, fasc. Lvir, Lrx,Passiflorées, Phytolaccées, Nyctaginées - Crassulacées , Droséracées, Equisétacées, pa Schmidt, Eichler et J. Milde [218]. Flore forestière espagnole, rés: des excursions entreprises par les naturalis- tes espagnols de la commission fores- tiere pendant les années 1869 et 1870 [193]. r MM. Masters, J.-A. 274 Focke (W.-0.). Voy. Buchenau. Ferney (E.). Voy. Jamain. Fournier (E.). Voy. Mexicanas plantas. FRANKLAND (E.). Du développement des Champignons dans l'eau potable [55]. Fmrs (Th.). Les plantes vascülaires du Spitzberg et del'ile Bear [220]. GAROVAGLIO (Santo). Sur le Placidiopsis Gruppe nov. gen. [3]. — De la place que les Pertusariées doivent oceñper parmi les Lichens [3]. — et GrsELLI. Sur les Endocarpées de l'Europe cen- trale [3]. GisELLI. Voy. Cesati et Garovaglio. GitBERT (J.-H.). Voy. Masters. Garp (J.). Les plantes étudiées au mi- croscope [201]. GisTEL (J.). Carolus Linnœus [222]. Goprox (D.-A.). Notice historique sur les jardins botaniques de Pont-à-Mousson et de Nancy [250]. — Voy. Grenier. Gogrpert (H.-R.). Quels sont les degrés de froid que la végétation peut générale- ment supporter ? [133]. — De Fin- fluence du froid sur la plante [134]. — De la mort des arbres consécu- tive à la prolongation de l'action du gel [135]. GONNERMANN (W.) et RasrNHomsT (L.). Mycologia ewropea. Figures de tous les Champignons connus en Europe [151]. GRAVET (F.). Voy. Crépin. Gris (A.). Voy. Brongniart. GRISEBACH (A.). 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HitpEBRAND (F.). Des fonctions sexuelles chez les Composées [145]. — Des phé- nomènes qui préparent l'imprégnation chez les Fumariacées [145]. — Expé- riences et recherches sur quelques es- pèces trimorphes d'Ozalis [146]. Hogrer (F.). Histoire de la botanique, de la minéralogie et de la géologie, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours [198]. HorrMANN (H.). De la conservation des préparations microscopiques [115]. — Sur les plantes des terrains calcaires et salins [116]. — Revue des publi- - cations récentes relatives aux Cham- pignons [151]. — Sur une constante chaleur dans la végétation [250]. Hoce (J.). Le Madura, ou maladie parasi- taire du pied de l'homme dans l'Inde [139]. Hooker (J.-D.) Icones plantarum, 3° série, vol. I, part. 4 [217].— Flore de l'Inde anglaise, avec la collaboration de plu- sieurs botanistes [218]. Jamain (H.) et Forney (E.). Les Roses [238]. Janczewski(E de).Etudes anatomiques sur les Porphyra [140]. Janka (V. dej. Plantarum novarum turci- carum breviarium [175]. Jourpax (P.). Essai phytographique d'une Chloris vichyssoise, avec une préface de George Sand [199]. — Mosaique de flo- rules rudérales du centre de la France [200]. KARELTSCHIKOFF et RosaNorr. Note sur les tu- bercules du Callitriche autumnalis [37]. KansrEN (H.). Sur les moisissures obser- vées dans l'oreille de l'homme [55]. KaurrMANN (N.). Sur le Sumbul [51]. Kyy (L.). Sur le développement du Chy- tridium Olla |79]. — Développement d'une Chytridiée [80]. — Sur la mor- phologie du Chondriopsis cærulescens Cr., et sur les propriétés optiques spé- ciales à cette Algue [219]. Koca (C.). Recherches sur la congélation de beaucoup de végétaux, et particuliè- rement de nos arbres fruitiers [137]. — Voy. Appendix. : Koeppen (W.). La chaleur et la croissance des végétaux [4341]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lance (J.). Etudes des espèces nouvelles observées au jardin botanique de Co- penhague de 1854 à 1870 [92]. LrzanED (A.). Notes sur quelques drogues en usage au Maroc [232]. LEDEGANCK (K.). Recherches histo-chimi- ques sur la chute automnale des feuilles [222]. Lrrmawc (Ed.). De l'acide atractylique produit par la racine de l'Afractylis gummifera L. [242]. LeurGes (H.). Saprolegniées nouvelles [77 ]. Lr Monnier (G.). Voy. Van Tieghem. LEsQuEREUX. Supplément botanique au 15"-* Rapport annuel présenté par la commission géologique des Etats-Unis sur les territoires examinés en 1871. [230]. : Lesrisoupois (A.). Structure de la Bette- rave [33]. —- Dicotylédonés hétérogènes [168]. Lévy (P.). Notes géographiques et écono- miques de la république de Nicaragua [186]. Liars (E.). Climat, géologie, faune et géo- graphie botanique du Brésil [210]. Licopout (G.). Sur la structure morpholo- gique des fruits connus sous les noms de pyxis et pyxidium [228]. LiNDEMANN (E. de). Prodomus Flore Cherso- nensis [489]. — Index plantarum offici- nalium Flore Chersonensis [201 ]. LixpsrEDT (C.). 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Note sur une es- pèce de Dipteris trouvée sur le Kagaberg, Afrique du Sud [147]. — Quelques ob- servations sur la fertilisation du Disa macrantha [147]. —- Note sur quelques TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. espèces d'Habenaria trouvées dans PA- frique du Sud [147]. — Remarques sur la manière dont sont fécondées cer- taines espèces d'Asclépiadées [147]. MansiLLy (C. de), REVELIÈRE (E.) et Ma- BILLE (P.). Catalogue des plantes vascu- laires indigènes ou généralement culti- vées en Corse [43]. Marin (E.). Etude générale sur la végé- tation du nord de la Chine [35]. Martins ,(Ch.). L'hiver de 1870-71 au jardin des plantes de Montpellier [132]. — Sur la naturalisation et la végétation du Bambusa mitis Poir. dans le midi de la France [229 |. Masters (M.-T.). La botanique des com- . mençants [116]. — Contributions de l'histoire naturelle des Passiflorées[ 122]. — Sur le développement de l'androcée dans le Cochliostema [235]. . —. Deu- xième rapport sur les expériences faites dans les jardins de la Société royale d'horticulture à Chiswick relativement à l'influence des engrais sur quelques plantes[245 ].— et GirsEnT (J.-H.). Pre- mier rapport sur les expériences faites dans les jardins de Chiswick, ete. [125]. — Voy. Flora brasiliensis. Maximowicz (C.-J.). Influence d'un pollen étranger sur la forme du fruit obtenu par la fécondation [1]. — Diagnoses plantar. novar. Japoniæ et Mandshurie, Decas xi [25]. — Decas xu [113]. — Decas xui [232]. MzznaN (Th.). Sur les stipules des Magno- lia et Liriodendron [193]. Mexicanas plantas, par MM. Decaisne, Eug. Fournier, W. Nylander et E. Bes- cherelle [236]. Mirpz (J.) Voy. Flora brasiliensis. MiqueL. Enumeratio Piperacearum in Bra- silia |2]. : pur (Th.). Platyloma brachypterum 184]. More es Supplément à la Flore de -. l'ile de Wight [480]. Morren (Ed.). Notice sur le : Pinguicula Flos Mulionis Ed. Mu[194]. Mortar (P.) et Favre (L.). 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Une nouvelle Algue parasite de l’ordre des Phycomycètes [204]. — Sur le développement de l'embryon des Conifères [210]. — Recherches sur la structure et le développement des Bacil- lariées [213]. À Pré (L.). Nouvelles recherches bryologi- ques [190]. PLANCHON (J.-E.). Sur l'Orme épineux des Chinois [87]. — Sur la distribution géo- graphique des Ulmacées [216]. Prizcieux (Ed.). De l'influence de la con- gélation sur le poids des tissus végélaux [136]. | Pringsheim Sur les plantules mâles et les zoospores du genre Bryopsis [202]. PRITZEL (G.-A.). Thesaurus Literature bo- tanicæ omnium gentium [89]. QuELET (L.). Catalogue des Mousses, Spha- gnes et Hépatiques des environs de Mont- béliard [140]. . RapENnonsr (L ). Hedwigia, recueil d'études cryptogamiques, vol. XI [233]. — Voy. Gonnermann. : Reess (M.). Recherches botaniques sur Jes Champignons de la fermentation alcoo- lique [56]. i Rebez (E.). 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Recherches sur le développe- ment de la fleur et de l'inflorescence chez les Ombelliferes [473]. Smıra (C.-P.). Sur les bourgeons des Mousses [80]; ©. . Sorws-Lavsacu (le comté H: de). Sur la . maladie que les Champignons déter- minent à l'automne chez la mouche do- mestique [75]. 919 . Sonokrw (N.). Recherches. sur le déve- loppement de l'Helicostylum Musie, nov. sp. [71]. — Etudes mycologiques [149]. STRASBURGER (E.). Sur les Azolla [177]. — Les Conifères et les Gnétacées [230]. Suninéan (W.-F.-R.). A/gæ japonice| - Musei botaniei Lugduno-Batavi [215]. Tasamp (l'abbé) Monographie des Cen- taurées normandes de la section Jacea G. G. [33]. i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. TcursriAkKorr. Essai d'une étude comparative de la tige de quelques Lemnacées [88]. TiwrAL-LacmAvE (E.). Etude sur quelques Sideritis de la Flore francaise [178]. | Torrey (J.) et Asa Gray, Révision des Eriogonées [121]. TRAUTVETTER (E.-R. de). Conspectus Floro insularum Nowaja Semlija [2201]. Trécuz (A.) Sur l'origine des lenticelles [14]. — Sur la structure des Cyathéa- cées [15]. — Ramification du rhizome de l'Aspidium quinquangulare [16]. — Du suc propre dans les feuilles d'Aloés [29]. — Des vaisseaux propres et du tannin dans quelques Fougères [30]. — Recherches sur l’origine des levüreslac- tique et alcoolique [67]. — Cellules de levüre de biére devenues mobiles comme des Monades [68]. — Observations sur la nature des différentes parties de' la fleur [166]. TRIMEN (H.). Sur des espèces de Luzula nouvelles pour la Flore d'Europe [195]. Van Heunck et MuELLER (J.). Observationes botanica [13]. Van Tiecmem (Ph.) Structure du pistil des Primulacées et des Théophrastées [17]. — Anatomie de la fleur des San- talacées [18]. — Recherches sur la structure du pistil et sur l'anatomie comparée de la fleur [19]. — Recherches sur la symétrie de structure des plantes vasculaires [20]. — et Le Monnier (G.). Sur le polymorphisme du Mucor Mucedo [73]. — Sur le polymorphisme des or- ganes reproducteurs dans les Mortie- rella [73]. — Sur les zygospores du Mucor Phycomyces [74]. VENDRELY (X.). Voy. Paillot. VerLoT (B.). Les plantes alpines [239]. Vertot (J.-B.). Catalogue raisonné des plantes vasculaires du Dauphiné [36]. VisrAYE (lé marquis de). Sur l'apparition spontanée en France des plantes fourra- gères exotiques [40]. Vista (R. de). Flore dalmaticæ supple- mentum [224]. Vies (H. de). De l'influence que la tem- pérature exerce sur les phénomènes de la vie des plantes [128]. — Sur la mort des cellules végétales par l'effet d'une température élevée [129]. Warz (J.) Recherches sur les Saprole- gniées [78]. — Comment se vident les zoosporanges [79]. WarminG (E.). Le cyathium de l'Euphorbe est-il une fleur ou ume inflorescence ? En S | | Warsow (S.). Botanique d'une exploration TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. géologique au 40° parallèle sous Cla- rence King [217]. Werren (W.). Recherches sur la copula- tion des zoospores [203]. Wiccramson-Enmonn (J.). Notes sur la Structure et la mesure des cellules des Hépatiques [221]. 275 Wor? et ZimMermanwx. Recherches chimi- ques et physiologiques sur les Champi- gnons [150]. ZIEGLER. Sur un fait physiologique observé sur des feuilles de Drosera [90]. ZIMMERMANN (O.-E.-R.). Le genre Mucor [61]. — Voy. Wolf. FIN DU TOME DIX-XEUVIEME. AVIS AU RELIEUR. Planches : La planche I de ce volume doit prendre place en regard de la page 102 des séances; les planches II et IH, entre les pages 110 et 111; la planche IV, en regard de la page 143; la planche V, en regard de la page Lxxx1x de la session extraordinaire. Classement du texte : Comptes rendus des séances, 348 pages. — Session extraor- dinaire à Prades, 140 pages.— Revue bibliographique et tables, 275 pages. PARIS. — IMPRIMERIE DB E. MARTINET, RUE MIGNON, 2 SOCIETÉ BOTANIQUE DE FRANCE SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS EN JUILLET 1872. La Société, conformément aux décisions prises par elle dans ses séances du 23 février et du 10 mai 1872, s’est réunie en session extraordinaire à Prades (Pyrénées-Orientales), le 1* juillet. Les séances de la session ont eu lieu le 4° juillet à Prades, et les 3, 5 et 6 à Mont-Louis. La Société a exploré suecessivement : aux environs de Prades, Villefranche-de-Conflent et la Font-de-Comps; et aux environs de Mont-Louis, la vallée d'Eyne et la forét de Font-Romeu. En dehors de ces herborisations officielles, quelques membres réunis par groupes plus ou moins nombreux ont exploré, au cours de la session, Vernet-les-Bains prés Prades, et les environs immédiats de Mont-Louis; MM. Cosson, Doümet-Adanson et Hullé ont, aprés la session, fait l'ascension du Canigou; MM. Timbal-Lagrave, Thé- veneau, Trouillard et Gariod ont dirigé leurs recherches vers la Nouvelle et Sainte-Lucie (Aude). Les membres de la Société qui ont pris part aux travaux de la session sont : MM. Bourgault-Ducoudray. MM. Guillon. MM. Roumeguère. Cosson(E.). Hullé, Roussille. Deruelle. Husnot. Royer (Ch.). Des Etangs (S.). Kralik. Théveneau. Doümet-Adanson. Lombard (F.). Thibesard. Durand (Eug.). Martin (L. de). Timbal-Lagrave. Gadeceau. Penchinat. Tourlet. Gariod. Planchon (J.-E.). Trouillard. Guillaud. Ripart, Weddell, T, XIX: A Il SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parmi les personnes étrangères à la Société qui ont assisté aux séances ou pris part aux excursions de la session, nous citerons : M. BARGETON, sous-préfet de l'arrondissement de Prades. M. CALMON, maire de Prades. MM. ACÉZAT, avocat. Bès, négociant, ancien maire, Boixo, président du tribunal civil, Boysson (de), receveur particulier. CIRCAN, avoué. CoMPANYO, docteur en médecine, directeur du musée d'histoire naturelle de Perpignan. DESPRÉS, délégué de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées- Orientales. GAUTIER (Gaston), de Narbonne. JACOMET, juge au tribunal civil. LACROIX (de), notaire. MARIE, avocat. NaubIN, membre de l'Institut (Académie des sciences). PALLARES, avoué, ancien maire. PATAU, capitaine de frégate en retraite. PouJoL, jardinier de l'École de pharmacie de Montpellier. RENDU (Victor), inspecteur général honoraire de l'agriculture. Ricanp, secrétaire de la Société archéologique et de l'Académie des sciences et des lettres de Montpellier. SAINT-PIERRE, directeur de l'École d'agriculture de Montpellier. TIXEDOR (de), propriétaire, TOLRA, avocat, VILAR, avocat. Etc., etc. Réunion préparatoire du 1° juillet 1872. Les membres de la Société arrivés à Prades se réunissent à une heure et demie, sous la présidence de M. Planchon (président délé- gué par le Conseil), dans la salle de la mairie, obligeamment mise à leur disposition par la Municipalité. M. Planchon ouvre la séance par l’allocution suivante : DISCOURS DE Mf. J.-E. PLANCHON, Messieurs et chers confréres, J'espérais bien que notre vénéré président, M. Cordier, et notre secrétaire général, M. de Schœnefeld, pourraient inaugurer en personne l'ouverture de cette session, et procéder suivant l'usage à l'installation du Bureau que vos suffrages vont désigner. Cet espoir n'ayant pu se réaliser, le Conseil d'adminis- tration dela Société botanique a bien voulu nous désigner, M. Cosson et moi, pour remplir cette mission toute temporaire : M. Cosson est naturellement SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. II à sa place pour suppléer notre ami M. de Schenefeld ; pour moi je ne m'ex- plique le choix dont j'ai été honoré qu'en me rappelant combien la Société tient compte à ses membres fondateurs de leur part d'efforts et de sympathie dans son œuvre à la fois vulgarisatrice et scientifique. En tout cas, je me considere ici comme en famille, et c'est avec un vrai bonheur que je vois ainsi groupés par le seul attrait de l'étude tant d'amis anciens à côté des amis nou- veaux que vont nous créer nos cordiales réunions. C'est vraiment un beau privilége pour la science, et surtout dans des temps aussi troublés que les nôtres, que de réunir dans une bonne volonté commune des hommes que sépareraient peut-être les âges, les opinions, les professions et les habitudes sociales. En présence de la nature, ces diversités s'effacent. On se sent liés par la faculté commune de l'admiration, qui, comme toutes les choses élevées, arrache l'homme aux préoccupations étroites et égoistes. Mais je ne veux pas insister sur des choses que vous sentez mieux que je ne saurais les dire. Permettez-moi seulement de vous rappeler à quel titre la partie haute des Pyrénées orientales a pu être légitimement choisie comme troisième centre d'exploration de cette admirable chaîne qui nous montre, à cóté de plantes spéciales, les tvpes de la végétation alpine de la Scandinavie, de la Suisse et de l'Espagne, superposés en quelque sorte à la flore de la région de l'Olivier. Vos excursions prochaines vont vous révéler ces richesses végétales. La Font- de-Comps, la vallée d'Eyne, Cambredase, tous les environs de Mont-Louis, sont des lieux classiques en fait d'herborisations pyrénéennes. Avec ceux de nos con- fréres qui veulent bien nous en faire les honneurs, vous éprouverez de vraies jouissances en recueillant les fleurs que chaque saison renouvelle; mais à ce plaisir du moment se joindra le souvenir des hommes qui nous ont fait con- naître ces trésors botaniques longtemps ignorés. Partout nous croirons voir la trace du grand Tournefort, qui, parti de Montpellier, encore étudiant, vers 1680, préludait par les montagnes du Roussillon à sa grande exploration des Pyrénées; de Gouan, dont le meilleur ouvrage, les ///ustratzones, doit son principal intérêt aux plantes de cette région ; de Lapeyrouse, qui les connais- sait moins sans doute que celles des Pyrénées centrales, mais qui les fait entrer pourtant dans le cadre de son ouvrage; de M. Bentham enfin, dont le Catalogue des plantes du Languedoc, précédé d'un piquant récit d'excursions pyrénéennes, conserve, après plus de quarante ans, une rare valeur scientifique. A ces représentants de la botanique générale, la plus simple justice veut qu'on joigne avec reconnaissance les noms plus modestes des botanistes locaux, Razouls, Bourgat, Xatard, Barrére, Coder, Companyo, observateurs, collectionneurs infatigables, dont les labeurs nous ont tracé le chemin facile qui s'ouvre à notre curiosité, Honneur donc à ces enfants du Roussillon, presque tous disciples de notre École médicale de Montpellier, et puisse leur exemple faire surgir dans leur pays méme des successeurs dignes d'eux ! iv SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Et maintenant, Messieurs, à nos travaux. En déclarant la session ouverte, nous cédons volontiers la place à ceux de vous qui, par leur connaissance des lieux et des plantes, vont nous guider et nous instruire. M. E. Cosson propose de voter à M. de Schoenefeld, que l'état de sa santé a empêché de venir mettre au service de la session son activité et son dévouement éprouvés, et à MM. Reboud et Guillon, que leurs fonctions retiennent à leurs postes, des remerciments pour l'intérét qu'ils ont témoigné à distance pour la session par leurs efforts et leurs indications. Cette proposition est adoptée par acclamation. Le Bureau spécial de la session, conforinément à l'article 11 des statuts, est constitué ainsi qu'il suit : Président : M. Édouard TIMBAL-LAGRAYE, pharmacien à Toulouse. Président honoraire : M. Charles NAUDIN. membre de l'Académie des sciences. Vice- présidents : MM. Anatole Guillon, directeur des contributions indirectes à Niort ; Charles Penchinat, docteur-médecin à Port-Vendres ; Antonin Théveneau, docteur-médecin à Béziers ; Trouillard, banquier à Saumur. Vice-président honoraire : M. Victor Rendu, inspecteur général honoraire de l’agriculture. Secrétaires : MM. Henri Gariod, procureur de la République à Bourgoin (Isère) ; Al. Guillaud, aide-naturaliste à la Faculté de médecine de Montpellier ; Th. Husnot, maire de Cahan (Orne); Louis de Martin, docteur-médecin à Narbonne. M. Planchon ayant procédé immédiatement à l'installation du Bureau spécial, M. Timbal-Lagrave, président de la session, prend la parole en ces termes : DISCOURS DE M. Édouard TIMBAL-LAGRAVE. Messieurs, Je dois avant tout vous remercier de l'honneur que vous avez bien voulu me faire en m'appelant à présider notre session extraordinaire de cette année. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. v En voyant autour de moi des botanistes éminents et des savants du plus grand mérite, j'aurais dû, pour mieux profiter de leurs conseils et de leurs intéressantes leçons, décliner cette faveur insigne, rester simple soldat dans nos rangs; mais j'ai dû répondre à l'appel que vos suffrages ont fait à mon dévouement à la science et à la Société botanique qui en est l'égide; j'ai accepté dans l'espoir que l'appui de nos maîtres ne me ferait pas défaut, en parcourant ensemble ces belles localités du Roussillon, devenues classiques par les travaux d'illustres botanistes nos devanciers et par ceux d'autres savants non moins distingués qui sont parmi nous aujourd'hui. Malgré les nombreux travaux dont les Pyrénées ont été l'objet, il ne faut pas croire, Messieurs, que cette vaste chaine soit complétement connue au point de vue de la végétation spontanée. Je crois, au contraire, que c'est la partie la moins étudiée de la flore francaise, et surtout de la flore espagnole, le versant méridional des Pyrénées étant plus riche que le versant nord. Cela tient à plusieurs causes contre lesquelles nous avons eu souvent à lutter dans nos courses, La difficulté des transports, les distances à parcourir, les hauteurs à atteindre, l'absence de chemins tracés, le manque de gites pour la nuit, le froid, la neige, dans ces régions élevées, l'impossibilité de se procurer les choses indispensables à la vie, découragent souvent le botaniste. Nous n'avons pas la prétention de faire de grandes découvertes pendant cette session ; cependant, malgré le peu de temps que nous pourrons y consacrer, nous avons lieu d'espérer qu'il nous sera possible de faire de précieuses obser- vations et d’intéressantes recherches, et, de plus, d'emporter un grand nombre d'échantillons de plantes rares, pour nos futures études. Ces types de nos maîtres, que nous récolterons sur les mêmes montagnes, dans les mêmes vallées, et quelquefois sur le méme rocher, oü les ont signalés les premiers ceux qui les ont fait connaitre, seront toujours comparés avec fruit aux descrip- tions et aux figures données. Nous aurons aussi l'avantage de nous rendre compte des modifications qu'elles ont subies avec le temps, et surtout de déterminer dans quelle mesure ces modifications ont eu lieu, Ces observations seront d'autant plus pleines d'intérét, que la phytographie tend de plus en plus à reposer sur des bases plus exactes et plus minutieusement étudiées. Les botanistes qui ont exploré les Pyrénées orientales sont trés-nombreux. Plusieurs ont publié le résultat de leurs observations ; d'autres se sont bornós à communiquer leurs recherches à ceux qui s'occupaient d'ouvrages généraux, apportant ainsi modestement leur pierre à la construction de l'édifice scienti- fique que nous avons tous ici la mission de perfectionner. Tournefort parait étre le premier qui ait parcouru sérieusement la chaine des Pyrénées, En 1680, il dirigea ses pas vers le Roussillon, visita Perpignan, Collioure, Céret, vint à Mont-Louis, fit l'ascension du Canigou et se rendit en Catalogne par Bellegarde ; il séjourna à Barcelone chez son ami Salvador, auquel il fit généreusement part de ses récoltes. Ses observations furent con- VI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. signées dans son bel ouvrage qui a pour titre : Znstitutiones rei herbariæ (1731), que vous connaissez tous. Lapeyrouse a dit de Tournefort : « C’est in- » contestablement celui des botanistes qui a parcouru le premier les Pyré- » nées; doué d'une perspicacité admirable, il a pour ainsi dire empreint ses » pas partout où il est passé, et laissé peu de chose à glaner à ceux qui les » ont suivis. » Aprés Tournefort, quelques botanistes traversèrent le Roussillon, récoltè- rent quelques plantes, mais ils ne nous paraissent pas avoir sérieusement étudié la végétation de cette partie des Pyrénées. Nous citerons : Barrelier, qui y passa aussi pour aller en Catalogne; Quer et Minuart, qui vinrent en Cer- dagne jusqu'à Puycerda en 1776; Gouan, professeur de botanique à Mont- pellier, qui visita les mêmes contrées ; en compagnie de Barrera (de Prades), Razouls et Bourgat, il explora non-seulement les montagnes élevées du Rous- sillon, comme la vallée d'Eyne, le Llaurenti, etc., mais encore la partie basse et les Corbiéres, Cases de Penna, Saint-Antoine de Galamus, Salvanaire, Car- caniéres, etc. Gouan publia ses observations dans ses Z//ustrationes botanicæ (1763). Ce travail, avec figures, est sans contredit son meilleur ouvrage ; il contient plusieurs bonnes espèces que nous aurons l'occasion de rencontrer. Gouan voulut témoigner sa gratitude à ses compagnons en leur en dédiant deux espèces nouvelles, l’ Eryngium Bourgati et l' Angelica Razoulsii. Aprés Gouan, nous devons une mention spéciale à Pourret, qui pendant quinze années ne cessa pas de visiter la Gaule narbonnaise, les Corbières et le Roussillon, avec toute l'ardeur de la jeunesse et une activité extréme : « Il » fouilla, dit Lapeyrouse, jusqu'au dernier recoin du Llaurenti, de la vallée » d'Eyne, Mont-Louis et ses alentours ; il parcourat souvent les montagnes de » Madres, Salvanaire, le col de Jau, accompagné de Broussonet (de Mont- » pellier) et de Sibthorp; il vint à Barcelone, examina les plantes de Tourne- » fort dans l'herbier Salvador, fit l'ascension du mont Serrat, et rentra en » France par le col de Nouri. » La relation qu'avait rédigée Pourret de son voyage en Catalogne n'a pas été publiée; il fit ensuite un Chloris narbonensis dont un extrait fut. im- primé dans le troisième volume de la première série des Mémoires de l Aca- démie des sciences de Toulouse. C'est par cet extrait, que nous avons étudié avec soin, qu'on peut se faire une juste idée de la sagacité et de la haute science de Pourret. Les espéces qu'il a découvertes, ou celles dont ses recherches ont facilité l'étude sont innombrables; plusieurs appartiennent au Roussillon, comme Lactuca tenerrima, Silene ciliata, Saxifraga pubescens, etc., que nous trouverons assurément. Nous serons, je l'espère, assez heureux pour récolter celles moins connues signalées par lui dans les Pyrénées orientales, et qui n'ont pas été encore retrouvées, ou celles que l'on a rangées, peut-étre à tort, parmi les synonymes, comme Thesium pyrenaicum, Valeriana scrofulariæfolia, Cardamine runcinata, Sisymbrium erysimifolium, etc.s toutes ces plantes, SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. vil et d'autres encore, sont des sujets d'étude que je signale à votre attention. Outre cette œuvre importante, Pourret avait conçu et exécuté en partie plusieurs grands travaux, notamment une monographie des Statice, qui n'a jamais paru, et celle des Cistes, qui est manuscrite et malheureusement inachevée. Cette derniére a beaucoup servi à M. Clos et à moi-méme pour notre travail sur les Cistes de Narbonne ; il semblerait, d’après les lettres que Pourret écrivait à Lapeyrouse, qu'il avait fait aussi un CAloris hispanica, qui ne nous est pas parvenu. Après lui, plusieurs autres visitèrent les Pyrénées. De Candolle, en 1807, y fit un voyage rapide, parcourut le Roussillon et visita les botanistes de cette contrée, 1l consigna dans son supplément à la Flore française le résultat de ses observations. À la même époque Lapeyrouse étudiait la flore des Pyrénées, faisant de nombreuses courses dans les Pyrénées orientales, oü il avait d'ail- leurs de zélés correspondants, notamment Xatard (à Prats-de-Mollo) et Coder (à Prades). Il publia, sur les plantes de cette vaste chaine, son. Histoire abré- gée des plantes des Pyrénées, ouvrage trés-remarquable, plein de judicieuses observations, et qui sert encore de guide à ceux qui veulent herboriser avec fruit dans ces montagnes ; il était l'ami de Pourret, de,Villars et en relations avec tous ceux qui s'occupaient d'histoire naturelle dans les Pyrénées. Huit ou dix ans aprés, deux naturalistes anglais, MM. Walker-Arnott et Bentham, firent un voyage d'exploration botanique dans le bas Languedoc et le Roussillon. Ils vinrent à Perpignan, à Prades, où ils signalèrent leur pas- sage par la découverte de l’ Zypecoum grandiflorum. Ils visitérent la Font- de-Comps, Mont-Louis, la vallée d'Eyne, passèrent dans l'Andorre, et revinrent à Saint-Béat par Sentein, le Chichoy et Melles, en longeant la montagne de Crabère. M. Bentham, dans un opuscule intitulé : Catalogue des plantes des Py- rénées et du bas Languedoc (Paris, 1826), rédigea le résultat de ses obser- vations, dont la précision et l'exactitude nous seront utiles dans nos pro- chaines courses. Depuis cette époque, les Pyrénées n'ont cessé d'étre explorées par une foule de botanistes. Mais la plupart ne nous ont pas initiés à leurs travaux, par exemple M. Bubani, qui prépare une flore de toute la chaine. D'autres se sont bornés à offrir généreusement leurs plantes et leurs observations aux botanistes monographes ou aux auteurs de flores générales. Je citerai MM. Colson, Gouget, Huet du Pavillon, Boutigny, Reboud, Guillon. M. Pen- chinat a publié, dans les exsiccata de Billot, une série de plantes très-intéres- santes, et M, Companyo, pour les excursions des naturalistes dans les Pyrénées orientales, un Guide qui contient non-seulement le catalogue des plantes, mais encore celui des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des insectes de ce pays. Citons enfin Endress, botaniste allemand, qui parcourut toute la chaine des Pyrénées, et mourut des fatigues de cette longue course. Notre vénéré maître VIN 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. J. Gay étudia les plantes qu'Endress avait récoltées dans son voyage, et après Ja mort de celui-ci publia le Corona Endressi, ouvrage consciencieux et érudit, qui contient la description de toutes les espèces rares ou critiques de cette collection. Gay, étant conduit par ses recherches à séparer le Laserpitium simplex Lap., en fit un genre à part et le dédia à Endress : c'est l'Zndres- sia pyrenaica Gay. Tel est, Messieurs, l'exposé succinct et rapide des travaux qui ont été pu- bliés sur le Roussillon par les botanistes que nous venons de citer. Si je n'ai pas parlé de la Flore de France et de Corse de MM. Grenier et Godron, c'est parce qu'elle est la derniére par sa date, et que je désirais faire une mention spéciale de cet ouvrage remarquable, oü se trouvent savam- ment élaborés tous les travaux de nos devanciers. Les plantes des Pyrénées orientales y sont particuliérement bien traitées, et l'on y trouve d'utiles ren- seignements sur les localités et les caractères des espèces qui y sont signalées. Comme vous le voyez, Messieurs, le champ est vaste, les pentes sont ardues, l'étude est difficile. Ne nous décourageons pas, le résultat de nos courses nous dédommagera amplement, je l'espére, de nos fatigues et de nos peines. Sursum corda / Suivons l'exemple de nos prédécesseurs et montrons- nous dignes de leur succéder dans les annales de la science ! Le projet de programme de la session est ensuite proposé ainsi qu'il suit (4) : LUNDI 1°* JUILLET. — À une heure et demie, réunion pour la constitu- tion du Bureau et la fixation du programme de la session. — Immédiatement aprés excursion à Villefranche. — Séance à 8 heures du soir. MARDI 2. — Herborisation à la Font-de-Combs; départ à 4 heures du matin. MERCREDI 3. — Départ pour Mont-Louis à 8 heures du matin, en voiture. — Bains d'Olette, — Séanceà Mont-Louis, à 8 heures du soir. JEUDI 4. — Herborisation à la vallée d'Eyne; départ à 4 heures du matin. VENDREDI 5. — Repos. — Petite excursion à Font-Romeu. — Séance à 8 heures du soir. SAMEDI 6. — Herborisation à Cambredase ; départ à 4 heures du matin. — Clôture de la session, Sur celte proposition, MM. Roumeguére, Bourgault-Ducoudray, membres de la Société, M. le docteur Companyo au nom de la ville (1) Le programme arrêté n'a pas pu être rigoureusement exécuté; la course de Cam- bredase a dù être sacrifiée en raison des fatigues occasionnées par les herborisations des jours précédents, SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. 1x de Perpignan, et M. Després au nom de la Société agricole, scienti- fique et littéraire de cette ville, demandent que la session soit close à Perpignan le 7 juillet. Aprés une courte discussion, la Société, adoplantle projet de programme présenté par le Bureau spécial, vole par seize voix contre huit l'ordre du jour proposé par M. Trouillard et ainsi concu : La Société, attendu que Perpignan est un centre important d'herborisations nombreuses et fruclueuses qui ne peuvent étre faites utilement en la saison actuelle, émet le vœu qu'une session printanière soit tenue à Perpignan le plus prochainement possible, et passe à l'ordre du jour. M. Timbal-Lagrave indique ensuite, à titre de programme sup- plémentaire pouvant étre réalisé aprés la clóture de la session offi- cielle, les courses suivantes : 1* De Mont-Louis à Puycerda (Espagne), par le col de la Llagone. — 25 à 30 kilomètres. — * 2° De Bourg-Madame à la vallée de Carol. — 25 à 30 kil. 3° De la vallée de Carol aux Escaldes. A? Llaurenti. — Sources de l'Aude. — Descendre à Ax par Mijanés et Quérigut, — Environ 50 kil. — Prendre un guide. M. le Président annonce une nouvelle présentation. La Société se sépare à trois heures. SÉANCE DU 1^ JUILLET 1572. PRÉSIDENCE DE M. TIMBAL-LAGRAVE. La Société se réunit à huit heures du soir, dans la salle de la mairie de Prades. M. Gariod, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la réunion préparatoire tenue dans la matinée, dont la rédaction est adoptée. M le Président, au nom des membres de la session, remercie M. le Sous-préfet et M. le Maire de Prades de leur accueil empressé. A ces remerciments, auxquels l'assemblée s'associe unanimement, M. le Sous-préfet répond quelques mots obligeants. Par suite de la présentation faite dans la réunion préparatoire, M. le Président proclame l'admission de : x SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. MurroT (Henri), Grand'rue, 55, à Carcassonne, présenté par MM. Clos et Timbal-Lagrave. M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations. M.ledocteur Louis Companyo fils dépose sur le bureau l'ouvrage de son père, intitulé : Histoire naturelle du département des Pyrénées- Orientales (3 vol. in-8°, Perpignan, 1861-64), et s'exprime en ces termes : DISCOURS DE ME. Louis COMPANTO. Messieurs, * J'aurais cru manquer à un devoir sacré en n'assistant pas à votre réunion dans ce pays, réunion si longtemps et si ardemment désirée par mon vénéré père, que j'ai eu la douleur de perdre il y a quelques mois à peine : prévenu de votre arrivée à Prades, je me suis empressé de m'y rendre pour assister aux séances de la Société botanique de France, que vous représentez, et auxquelles il eüt été si heureux de prendre part. Je viens vous offrir en son nom un souvenir : c'est son ouvrage sur l'histoire naturelle des Pyrénées- Orientales, où se trouvent consiguées les observations qu'il a pu faire pendant soixante années de courses et d'explorations dans les contrées si intéressantes et si riches que vous allez parcourir dés demain. Veuillez l'accepter comme un simple souvenir du modeste vieillard qui n'est plus, et comme un hommage respectueux de son fils dévoué. Permettez-moi, Messieurs et chers confrères, au nom de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, dont j'ai l'honneur d'étre vice-président, de vous exprimer le regret que le peu de temps dont vous pouvez disposer vous empêche de clore votre.session dans nos Pyrénées par une séance d'adieux à Perpignan, au sein de cette Société, qui eût été si heureuse de vous recevoir et d'échanger avec des confrères aussi éminents que vous, ses pensées et ses aspirations. Vous nous avez fait concevoir l'espérance de vous voir bientôt revenir parmi nous; au nom de la Société et en mon nom personnel, je vous remercie de votre promesse ; nous en attendrons avec l'impatience la plus vive la réalisation, soutenus par l'espérance qu'elle ne se fera pas longtemps attendre. M. Roumeguére fait à la Société la communication suivante : NOTICE SUR JEAN-LOUIS COMPANYO, par M. Casimir ROUMEGUERE. On a dit souvent avec un juste à-propos, que la perte d’un homme de bien est une calamité publique, mais quel ne doit pas être Je deuil que ressent une cité lorsqu'elle perd un de ses citoyens. utile et laborieux qui consacra sa SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XI vie à la défense du pays, au soulagement, à l'instruction et au bien-être de ses semblables. Jean-Baudile-Louis COMPANYO-LANQUINE, docteur en médecine, chevalier des ordres de la Légion d'honneur et de François-Joseph d'Autriche, officier de l'Instruction publique, président de la Société agricole, scientifique et lit- téraire des Pyrénées-Orientales, directeur du muséum d'histoire naturelle de Perpignan, membre d'un grand nombre de Sociétés savantes nationales et étrangères, etc. , etc., naquit à Céret, le 16 décembre 1781. Son père, Louis Companyo, était docteur en médecine, médecin consultant du roi, intendant des eaux d'Arles (aujourd'hui Amélie-les-Bains), correspondant de l'Académie de médecine de Paris et auteur de travaux scientifiques remarquables (1). Orphelin de trés-boune heure, le jeune Companyo se fit remarquer par son application studieuse et par une force de volonté peu ordinaire pour son âge. Les livres de son père avaient fait naître en lui le désir de s'instruire : ils lui avaient surtout donné le goût de l'histoire naturelle et des. sciences médicales, « En y regardant de bien prés, a dit l'immortel Arago (sur le fauteuil duquel devait s'asseoir un jour Companyo, président de la Société agricole des Py- rénées-Orientales), il est rare qu'on ne découvre pas, dans la vie de chaque homme, les filaments quelquefois trés-déliés qui rattachent les mérites et les goûts de l’âge mûr à des impressions de jeunesse. ». Companyo devait fournir l'occasion de vérifier cette sage opinion, Sa vocation était faite, Il se rendit à l'École de Montpellier, et, aprés un brillant concours, il fut pourvu en 1807 d'un emploi de chirurgien sous-aide-major à l'armée d'Espagne. Là il ren- contre le colonel Dejean, aux côtés duquel il marche dans ces défilés impra- ticables de Pajarés que les balles de l'ennemi rendent encore plus difficiles. Il voit son chef descendre de cheval pour ramasser un carabe chassé des brous- sailles par la marche précipitée des soldats, et ce fait singulier en de pareilles circonstances frappe le jeune médecin et décide probablement de sa prédilec- tion pour l'entomologie. Nous retrouvons Companyo à la fin de cette méme année sous les ordres du baron Larrey, qui devient son ami et avec lequel il fait toutes les campagnes d’Espagne et de Portugal. Companyo assista à tous les engagements, à ce terrible et incomparable siége de Saragosse, à ces luttes opiniâtres d'un peuple qui défend son indépendance. I rentra en France lors de la retraite de l'armée, atteint d'une affection typhoide grave. contractée pendant cette funeste et inutile expédition, et lors de sa convalescence il fut attaché à l'hôpital militaire de Prades, comme chef de service en qualité de chirurgien aide-major. Companyo, dont lassanté avait été ébranlée par les fatigues des dernières campagnes, ne put continuer le service militaire, et, aprés avoir fait accepter sa (1) On doit à Louis Companyo un mémoire très-étendu Sur les eaux d'A rles, leurs propriétés et leur application à la thérapeutique. On a du méme auteur la relation d'une épidémie de fièvre typhoïde qui désola la contrée à la fin du siècle dernier. XII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. démission, il se présenta devant la Faculté de Montpellier, où il reçut le grade de docteur en médecine le 17 juin 1812. Sa thèse (1) donnait dès ce moment une idée de l'intelligence, de l'instruction et des aptitudes de l'auteur; elle faisait pressentir quelle serait sa carrière. Il s'établit à Perpignan et y exerca la profession de médecin jusqu'au moment de sa mort, c'est-à-dire pendant cinquante-neuf ans. Dans le cours de cette longue carrière médicale, le dévouement de Companyo ne s'est jamais démenti, il a toujours été affable, prévenant, plein de bonté et de soins pour ses malades. Il trouvait, par un sage calcul du temps, le moyen de concilier les exigences de sa profession avec l'étude de l'histoire naturelle qu'il poursuivait avec ardeur.’ La vie du praticien est dans ses bonnes ceuvres, celle du savant est tout entiére dans ses ouvrages. Comment pourrait-on séparer un écrivain de ses œuvres en écrivant sa biographie ? L'histoire de ses écrits, celle de ses col- lections, n'est-elle pas la sienne propre? Lorsqu'un homme s'est consacré tout entier aux actives méditations de la science, l'histoire de sa vie puise son plus vif intérêt dans l'exposé fidèle des travaux qui ont fait ses joies, ses tour- ments et sa gloire. Companyo a le mérite d'avoir fait connaître le premier l'existence dans la contrée de la genette, de la marte, du lynx et d'avoir étudié les mœurs des lérots et du desman, mammifères qu'on ne connaissait en France que par des types empaillés de provenance étrangère. Cuvier ne dédaignait pas de s'éclairer au contact de l'expérience de Companyo. Au sujet de l'écureuil fauve et de l'écureuil brun qu'on rencontre ensemble dans les montagnes des Pyrénées-Orientales et qui paraissaient former deux espèces distinctes pour | l'illustre auteur de l'Anatomie comparée, ce savant écrivait à Companyo : « Voilà bien des questions. Ne les trouvez pas, je vous prie, indiscrètes. Elles » ont pour objet une science que nous cultivons et qui doit par conséquent leur » servir d'excuse. » Plus tard, c'est la confusion que font les chasseurs entre la fouine et la marte. Elle fournit le sujet de la nouvelle correspondance de Cuvier, et, lorsque Companyo a aplani ses doutes, Cuvier lui répond : « Je ne » saurais trop vous remercier dela complaisance que vous mettez à répondre » à mes importunes demandes ; mais notre science à nous pauvres naturalistes » ne se nourrit que de faits bien moins intéressants pour l'esprit que ces vues » élevées, ces vastes spéculatious qui font l'objet des sciences plus abstraites. » Les renseignements que vous me donnez sur le caractére spécifique de la » marte sont tout à fait curieux et tout à fait nouveaux...... » Quant à la genette, qu'on n'avait jamais vue vivante à Paris avant l'envoi du docteur Gompanyo, Cuvier lui écrivait, le 21 février 1831 : « Je ne saurais trop vous (1) Des hémorrhagies utérines qui surviennent vers les derniers temps de la grossesse, avant et après l'accouchement. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. xiit » remercier des soins que vous voulez prendre pour nous procurer la genette » de France. Je sens plus que jamais le besoin d'en posséder un individu » dont l'origine ne soit pas douteuse. Nous étions loin de soupconner que cet » animal füt en assez grande abondance dans vos montagnes pour fournir à un » commerce de pelleterie. Les naturalistes travaillent trop dans leur cabinet ! » Aussi, comment concilier l'érudition que la science exige et les observations » qui lui seraient également nécessaires? C'est ce que j'ignore. » À propos du lynx venu des foréts de Formiguere et de la Salvanaire, Companyo va encore former le jugement de Cuvier, qui lui écrit : « Ayezla bonté de me dire si » le Felis Lynx L. se trouve vers la partie orientale des Pyrénées...... Il » serait intéressant de déterminer les limites dans lesquelles cette espèce est » restreinte, et nous pourrons devoir cette connaissance à vos soins. » La correspondance de Cuvier avec Companyo à duré jusqu'à la mort du grand naturaliste. Elle se résume en deux mots sans cesse répétés : remerci- ments et éloges pour le zèle éclairé et les observations toujours neuves du naturaliste roussillonnais. Le Muséum de Paris avait déjà placé le nom de Companyo sur plusieurs sujets dont ce dernier l'avait enrichi. Cet acte de jus- tice, Cuvier l'annonce à son correspondant à l'occasion des documents fournis sur les lérots. « Les notes qne vous me donnez sur les animaux de vos contrées » sont extrêmement précieuses, dit Cuvier, et j'en ferai sûrement un très-utile » usage en les publiant, et comme de raison en vous en attribuant le mérite, » L'administration du Muséum reconnaissait les soins de son correspondant ; elle lui envoyait les sujets qui pouvaient répondre à ses désirs, et ces dons, assurément précieux par leur choix, ont été transmis au Musée de Perpignan par son généreux fondateur. Le goût de Companyo pour l'entomologie remonte à la rencontre du colonel Dejean en 1809. Rendu à la vie sédentaire, il futle premier dans les Pyrénées- Orientales à réunir les insectes dont ce pays fournit un contingent si nombreux et si varié. Dix années plus tard, Bastard et Leclerc-Thouin, aide-naturaliste du Jardin des plantes de Paris, visitèrent le Roussillon et contribuèrent, pat leurs recherches et leurs échanges, à augmenter la collection de leur guide obligeant, C'est à la méme époque que l'auteur de la belle Histoire des Co- léoptères d'Europe, le comte Dejean, lieutenant général, vint en entomo - logiste parcourir les Pyrénées orientales et fut recu par l'ancien aide-major de l'ambulance légère de l'armée d'Espagne. Les courses de ces deux amis de la science furent communes, de méme que les découvertes qu'ils firent, et la collection de Companyo s'accrut considérablement par les rapports qu'il établit dés cette époque avec l'entomologiste le plus instruit de l'Europe; il lui dut les relations que créèrent par la suite, dans les Pyrénées-Orientales, un grand nombre de naturalistes étrangers. En 1838, Audouin, professeur au Muséum d'histoire naturelle, envoyé par le gouvernement;quis'étaitému des ravages considérables occasionnés par la pyrale XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans quelques vignobles de France, vint dans le Roussillon étudier la manière ` de vivre de cet insecte et rechercher les moyens de s'opposer à ses ravages. H ne pouvait avoir de collaborateur plus dévoué, ni plus utile que Companyo, qui, lui aussi, subissant l'impulsion générale, avait étudié avec ardeur le mal ressenti par les vignobles du pays et avait essayé d'y porter remède. Le mémoire de Companyo, publié par la Société philomatique de Perpignan, faci- litait la tâche du délégué du Ministre de l'agriculture. Des rapports directs firent encore plus, et, aprés sa tournée, alors qu'Audouin rassemblait les éléments de la magnifique publication qu'il ne devait pas, hélas ! terminer, il écrivait au docteur Companyo : « Lorsque je vous ai dit que j'userais de votre » obligeance et lorsque vous avez été assez aimable pour me dire que vous » me donniez carte blanche, vous ne saviez peut-être pas à quoi vous vous » engagicz; mais croyez que je saurai apprécier ce que votre amitié pour moi » et votre Zèle pour la science vous porteront à faire: Vos compatriotes vous » en auront aussi quelque reconnaissance, et je ne manquerai pas l’occasion » de leur faire savoir que je partage vivement ce sentiment. » Le Ministre de l'agriculture tint les promesses de son délégué, et Companyo, en recevant de M. Gouin le don du livre d'Audouin, recevait aussi des remerciments officiels pour le zèle intelligent et empressé qu'il avait montré à l'occasion des dégâts de la pyrale. Le travail de Companyo sur l'industrie sétifère eut un grand retentissement, à cause des pertes causées dans les magnaneries par un mal alors trés-peu connu, la muscardine. L'auteur s'était montré aussi perspicace botaniste que sériciculteur habile, et ses conseils avaient déjà relevé autour de lui le courage des éleveurs. Son mémoire, très-instructif, fut imprimé et répandu par les soins de la Société philomatique et demandé en nombre par le Ministre de la guerre pour les magnaneries de l’État en Algérie. — Companyo à décrit plusieurs insectes nouveaux; il a fait connaître le pre- mier l'existence d'un grand nombre d'autres dans les Pyrénées-Orientales, dont il a évalué le total à prés de 4000. On constate avec plaisir, en par- courant ses ouvrages, en visitant ses galeries, le soin qu'il a mis à signaler ses compagnons d'excursions. Dans tous ses travaux il savait rendre justice à chacun; aussi ne dut-il jamais venir à la pensée de personne de lui imputer un oubli, encore moins une apparence de mauvais vouloir. Pour lui, l'obser- vation de la nature, de ses phénomènes, de ses secrets, ne fut jamais le sujet d'une vaine et stérile curiosité ; il saisissait toujours une occasion pour donner un but, une application utile à ses travaux. Je rappellerai le PAZcotribe dont Companyo découvrit le parasite (Locusta arachnoidea Comp.), insecte qui, à l'état de larve, détruit les jeunes pousses de l'Olivier et qui cause dans le département des Pyrénées-Orientales, lorsque sa multiplication est malheu- reusement trop favorisée, des dommages considérables. Son étude, dans laquelle il indique l'époque de l'apparition de l'insecte parfait et le moyen SESSION EXTRAORDINAIRE. A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XV pratique de lui faire la: chasse, parut en 4858. Ge travail produisit le bien qu'on en attendait, et attira à son auteur les remerciments de tous les pro- . priétaires d'olivettes. On a appelé avec raison le département des Pyrénées-Orientales le Jardin de la France, tant est riche en produits végétaux variés cette contrée, l'une des plus fécondes de notre continent. Le Roussillon sut attirer Tournefort, Gouan, Broussonet, De Gandolle, Duby, Montagne, Schærer, Endress, etc. , qui, tous publierent des travaux d'un grand intérét. Plusieurs compatriotes de Companyo, Barrera, Bonafos, Massot, et surtout Xatard et Coder, ont également enrichi la science de leurs découvertes; néanmoins aucun travail d'ensemble n'avait paru avant les premiers ouvrages du naturaliste éminent dont j'esquisse la vie et qui datent de 1845. Camille Montagne, le célèbre cryptogamiste francais, vint résider à Perpignan au printemps de l'année 1829, à l'époque où le docteur Companyo réunissait les mammifères, les oiseaux, les insectes, les mollusques, les plantes et les minéraux de cette collection que tous les savants de l'Europe allaient visiter chez lui. La parité d'âge et de goûts unit aussitôt les deux naturalistes; ils avaient d'ailleurs dans leur passé d'autres motifs pour resserrer leurs relations, Comme Companyo, Montagne était le fils d'un médecin, comme lui il avait perdu son père dès l’âge le plus tendre : tous deux avaient fait de leur carrière deux parts bien louables, l'une appliquée à secourir sur les champs de bataille les défenseurs du pays, l’autre à cultiver la science qui fait toujours sa gloire et contribue à sa prospérité. Companyo guida Montagne dans sa première excursion au Canigou ; ils visitèrent ensemble la plage maritime et Vernet-les- Bains, où l'heureuse rencontre du docteur Lallemand, d'Auguste de Saint-Hilaire et d'Endress assura à chacun de ces botanistes, pendant plusieurs mois, des pérégrinations toujours fructueuses. À cette colonie inattendue succédérent plus. tard Pouzet, J. Gay, Canta, Carlier, Colson, Michel, et MM. Reboud et Penchinat qui leur ont survécu, tous hommes de mérite dont Companyo parz tagea souvent les fatigues et fut attentif à centraliser les découvertes. Lorsque vous visiterez la salle des herbiers, au muséum de Perpignan, vous admirerez, Messieurs, comme je l'ai fait souvent, ces preuves irrécusables des labeurs de Companyo et de ses collaborateurs, Voilà la part de la botanique descriptive. Mais notre regretté confrère ne négligeait pas la botanique appliquée. On lui doit un mémoire tendant à la vulgarisation de la greffe du Chéne-Liége sur le ‘hêne-vert, dans le but d'assurer la longévité du sujet et l'abondance de l'écorce, produit commercial important pour les Pyrénées-Orientales. C'est dans la direction de la Pépiniére départementale, dont il fut le créateur et le conservateur, que Companyo a rendu de grands et de mémorables services. yest à lui qu'appartiennent les nombreux essais de culture d'arbres et d'arbustes exotiques, dont la plupart, rapidement acclimatés, font aujourd'hui l'ornement des jardins, des promenades ou des voies publiques dans le Roussillon et sur 4 XVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. divers autres points de la France. On lui doit aussi l'introduction de plusieurs végétaux utiles (1). Le jury du concours régional de l'année 1862, interprétant la reconnaissance du pays, décerna à Companyo une médaille d'or. Animée du méme sentiment, la Société agricole, qui était impuissante pour attacher un nouveau ruban sur la poitrine de ce bienfaiteur du pays, lui offrit un bijou précieux, une chainette d'or réunissant les divers insignes dont son mérite seul l'avait, quoique bien tardivement, rendu titulaire. Parmi nos contemporains, plusieurs attribuèrent aux découvertes de Com- panyo ces dédicaces de l'amitié qui survivent quelquefois à celui qui en est l'objet malgré l’inconstance des savants à l'endroit du baptême des genres ou des espèces. M. Grenier et le professeur de Haguenau lui dédièrent un Statice nouveau du territoire privilégié de l'Aude, le Statice Companyonis. Billot disait à cette occasion : « Nous avons déjà dédié cette espéce à M. Companyo, » à qui la collection des centuries est redevable de tant de belles plantes de ce » genre. » Un mollusque terrestre de la zone subalpine des Pyrénées-Orientales avait été décrit par M. l'abbé Dupuy sous le nom de Zestacella Companyonis. Un autre mollusque du ravin des Albéres avait été publié par Aleron sous le nom g Helix Companyonis. Companyo n'a pas cessé d'étre un des membres les plus actifs de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, où on le retrouve tour à tour secrétaire, vice-président, enfin président et président honoraire, lorsque son âge ne lui permet plus de diriger ses travaux. Ce dernier honneur, qui avait été offert à l'illustre Arago, vint émouvoir notre modeste confrère dans son humble retraite; il voulut l'éluder, ne se croyant pas digne de suc- céder à une aussi grande illustration. Il ne céda qu'aux instances pressantes de ses collègues, et sa lettre de remerciments dépeint la noblesse du caractère et la modestie de cet infatigable pionnier de la science. À la fin de l'année 1840, Companyo fut nommé directeur-conservateur du musée d'histoire naturelle de Perpignan. Son magnifique cabinet, dont il venait de faire don à la ville, réuni aux legs importants de M. Boluix, forma le noyau de la collection publique qu'il s'attacha depuis cette époque à accroître par ses nombreuses relations et par des sacrifices pécuniaires qu'il n'hésitait pas à s'imposer. Ce musée, commencé comme beaucoup de collections par la ferme volonté d'un seul homme, est sans contredit aujourd'hui, dans les limites qu'on lui a assignées, un des plus riches de France(2). Ne serait-il pasà désirer que le département et la ville fissent reproduire sur le marbre les traits de Companyo pour placer son buste à l'entrée de ces galeries qui pendant trente (4) Plantes textiles : Urlica nivea, Corchorus textilis. — Arbres forestiers : le Croton de la Chine (Stillingia sebifera), le Cryptomeria japonica. — Plantes alimentaires : Ozalis erenata, les Pois de la Chine à graines vertes et à graines blanches; le Dolichos Soya. — Plantes aromatiques : Basilic des fontaines de Moïse. (2) M. le D" Companyo fils, à qui la ville de Perpignan a heureusement confié le soin SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XVII années furent l'objet de son travail incessant et de ses continuelles préoccu- pations. A l'exemple du Pline francais, Companyo avait étudié les trois règnes de la nature ; il possédait le don, pour me servir d’une expression de Cuvier, « de se délasser d’un travail par un autre ». Cette merveilleuse aptitude à tout embras- ser et à tout coordonner, il l'avait puisée dans l'étude de la médecine, qui est en « effet la voie la plus large et la plus élevée pour s'instruire dans l'histoire natu- relle ». Cependant Companyo ayait tracé le cadre de ses investigations : dans sa pensée, son pays devenait la limite de son ambition studieuse. Il s'appliquait à lui- méme ces mots du botaniste Pontedera : Von in extremas adducimur ter- ras aut in Indias rapimur ; GARLIA decreta est nobis, in GALLIA merebimus. Le sujet n'en restait pas moins vaste : il était méme immense pour une seule personne, et Companyo, parvenu à l’âge de quatre-vingts ans, eut le bonheur de voir terminée son Histoire naturelle des Pyrénées-Orientales. Il avait employé moins de quatre années pour rassembler ses études, grouper ses notes, pour revoir ses collections et fixer ses souvenirs (1). Au mois d'aoüt dernier, je visitai l'ami dont je déplore la perte, et je le trouvai toujours plein de complaisance, gai (2), affectueux, ouvrant les tré- de continuer l’œuvre de son père, a généreusement réuni à ce précieux dépôt, qui n'oc- cupe pas moins de sept salles, une remarquable série ethnographique, de belles et impor- tantes collections botaniques, zoologiques et paléontologiques d'une trés-grande valeur, recueillies pendant un séjour prolongé en Égypte et dans ses divers voyages sur notre continent. i (1) Sa Minéralogie est consacrée à la description des vallées, et, comme l’auteur le dit lui-même, c'est un voyage pittoresque à travers le département, dans le but de familia- riser le naturaliste avec les lieux qu'il devra parcourir. Dans ce voyage, il fait connaître les terrains qu'habitent les plantes et les animaux ; il indique les localités oü gisent les minerais; il signale aussi les sites remarquables, les grottes, les eaux minérales, les alti- tudes des montagnes, et rappelle les événements historiques et les traditions populaires., Les chapitres Géologie et Paléontologie offrent de nombreux faits inédits. ; : Le Régne végétal, cette étude de prédilection de Companyo, est dans son livre aussi complet que possible. Il énumère soigneusement et décrit toutes les plantes recueillies jusqu'iei dans la contrée ; à côté du nom scientifique, il place le nom catalan (idiome du Pays) ; il indique les vertus médicinales de ces mêmes plantes et leur utilité dans les arts industriels et agricoles. Le Règne animal comprend les mammifères, les oiseaux, les rep- tiles, les poissons, les mollusques et les insectes, ll ressort surtout de ce dernier travail Que, ce qu'on a avancé souvent, le département des Pyrénées-Orientales est un de ceux qui ont été le plus favorisés de la nature et le mieux partagés dans la distribution des étres de la création, Comparée à celle de l'Europe entiére, sa faune serait représentée par le rapport de 3 à 4. CNN Cette. publication, dont le Conseil général avait reconnu l'importance et l'utilité, a été faite sous les auspices du Conseil municipal et aux frais de la ville et du département. A ce travail est venu succéder un autre très-important, qui prouve encore l’ardeur infatigable de Companyo : c’est un catalogue raisonné de tous les objets que renterme le musée, accompagné des cartes des cours d'eau de la contrée, avec indication des vallées et des terrains qui les constituent. Ce dernier travail, très-original, doit permettre de saisir d'un coup d’œil la constitution géologique et minéralogique du pays, et les nombreuses Sources thermales et minérales qui s’y trouvent. Espérons que cette œuvre utile ne sera pas long- lemps suspendue et que son achèvement sera dà à la piété filiale. ET j (2) Malgré son âge avancé, Companyo avait conservé une gaieté de caractère peu T. XIX. B XVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sors de son savoir, avec une modestie qui en augmentait le charme, dans ce sanctuaire de l'étude, son musée, où il se plaisait tant. Il poursuivait loro- graphie rée//e des vallées de la Tet, du Tech et de l'Agly, qu'il était impatient de montrer au public. Autour de lui étaient des caisses arrivées récemment d'Espagne, et dans lesquelles son fils, médecin dela Compagnie de Suez, avait ajouté de nouveaux dons pour la collection de la ville. Rien ne pouvait faire pressentir l'approche d'un dénoüment fatal. Sa forte constitution donnait à ses amis l'espoir de le revoir bientót à la téte de nos excursions, ou nous mon- trant encore les sentiers qui lui étaient si connus, les gites de plantes intéres- santes dont il avait le secret. Hélas! l'heure suprême était arrivée. Le véné- rable docteur Companyo échappait à la science militante, il s'éteignait subitement sans souffrance au milieu de sa famille désolée..... Cette mort douce, comparable au sommeil réparateur qu'attend le voyageur fatigué, était la récompense anticipée de ses vertus. Le 10 septembre 1871 fut un jour de deuil pour la ville de Perpignan. Les funérailles du docteur Companyo furent honorées du concours de tous les fonctionnaires publics, du haut clergé, des sociétés scientifiques et populaires, du personnel enseignant et de tout ce que la ville posséde d'hommes marquants daus la science, dans le commerce et dans l'agriculture. Ses amis, la ville de Perpignan, le département des Pyrénées-Orientales, ne l'ont pas perdu tout entier : le docteur Companyo revit dans un fils, héritier de son noble caractère et de son savoir, dévoué, comme il l'était, à sa ville natale, médecin et naturaliste comme lui, continuant l’œuvre importante da musée, à laquelle, de loin comme de prés, il n'avait pas cessé de collaborer, et portant dignement un des noms dont la médecine etles sciences naturelles s’honoreront toujours le plus. Liste des publications du docteur J.-L. Companyo. 1° Mémoire descriptif et ostéologie d'une Baleine échouée, le 27 novembre 1828, sur les côtes de la Méditerranée, près de Saint-Cyprien. Perpignan, 1830, fig. 29 Rapport sur un Serpent de 11 pieds de long, sur 48 pouces de circonférence, tué dans le département des Pyrénées-Orientales (Bulletin de la Société philomatique de Per- pignan, année 1836). 3? Rapport sur un tableau des Mollusques terrestres et fluviatiles du département des Pyrénées-Orientales, offert à la Société par M. Aleron (Bull. Soc. phil. 4837). - ordinaire, Il ne pouvait douter que j'ignorasse que les froids l'empéchaient de sortir de son cabinet, constamment chauffé par un poêle, et cependant il m'écrivait le 4 mars 1870 : « Vous devez penser que les folies de ces derniers jours sont la cause que je n'ai pas répondu plus tôt à votre si aimable lettre ; rassurez-vous, je n'y ai pris la moindre part. » Quelque temps aprés, sa gaieté était encore plus expressive. « Il faut convenir, m'éerivait-il (en m'envoyant un Lichen, rare en fructification, le Physcia flavicans DC., habituellement stérile en Europe), que notre aimable maîtresse nous fait passer des moments bien heureux. Je suis chaque jour plus épris de ses charmes ; mais, loin d’être un de ces amants ombrageux et jaloux qui prétendent posséder exclusivement les faveurs d'une belle, je savoure d'autant plus mes jouissances que je puis les faire partager à mes rivaux,» ` i SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XIX , 4° Catalogue des Oiseaux qui ont été trouvés dans le département, soit sédentaires, soit de passage (Bull. Soc. phil. 1839). 5° Notice sur les Insectes qui ravagent quelques cantons de vignobles du départemént des Pyrénées-Orientales, avec carte (Pyrale et Altica). Conseils .aux vignerons (Bull. Soc. phil. 1839). 6° Catalogue raisonné de divers objets offerts à la Société des Pyrénées-Orientaies, pour le cabinet d'histoire naturelle (Bull. 1841). 7° Catalogue descriptif des Mammifères qui ont été observés et qui vivent dans le dépar- tement des Pyrénées-Orientales (Bull. 1841). 8* Rapport sur l'Industrie sétifére du département (Bull. 1843). 9° Itinéraire de. quelques vallées du département, suivi du catalogue des quarante- trois premières familles des plantes observées dans cette contrée (Bull, 1845). 109 Observations sur la présence de trois Oiseaux nouveaux pour la faune du départe ment (Bull. 1845). 11? Description d'une nouvelle espèce de Mulette, trouvée dans les eaux douces du département (Unio Aleroni Comp.), fig. (Bull. 1845). 42° Quelques mots sur l'histoire naturelle de l'ile Sainte-Lucie (Aude) (ibid.). . 13^ Rapport sur l'éducation des Vers à soie Trevellins et sur le Mûrier multicaule (ibid.). 14? Rapport sur les plantations de Müriers et d'Oliviers dans les Pyrénées-Orientales ibid.). 15? Mémoire sur la greffe du Chéne-Liége sur le Chéne-vert (ibid.). 16? Mémoire sur deux nouvelles plantes de la famille des Génistées (genre Saroiham- nus), découvertes dans les Pyrénées-Orientales, 2 planches (Bull. 1848). 179 Considérations sur les ossements fossiles trouvés dans le bassin du Roussillon : Mastodonte et Hippopotame; et sur deux tétes humaines trouvées, l'une dans les caver- nes calcaires des Corbières, à Saint-Paul (avec figure), l'autre, tête éburne, de dimen- sion colossale, trouvée dans le cimetiére d'Oms (Bull, 1851). 18° Considérations sur le Gutta-percha, et les services qu'il est appelé à rendre à Pin- dustrie (Bull. 1851). 19? Catalogue des Insectes coléoptères observés dans les Pyrénées-Orientales, avec indication des localités (Bull. 1851). . - 20* Note sur la priorité de la découverte de la Subularia aquatica, dans les eaux du plateau de Carlite (Bull. 1851). 21° Note sur la présence de l'Eider (Anas mollissima L.) dans le Roussillon (Bull. 1854 se Suite du catalogue des Insectes coléoptères, avec indication des localités : Hydro- canthares jusqu'aux Lamellicornes inclusivement (Bull. 1856). 23» Observations sur les Insectes nuisibles aux Oliviers . dans le département des Pyrénées-Orientales, et qui ont amené l'auteur à la découverte de l'insecte parasite du Phlæotribe, le Locusta arachnoidea Comp. (Bull. 1858). 24° Notice sur des Cétacés échoués sur les côtes de la Méditerranée entre Saint- Lau: rent de Ja Salanque et Leucate, en février 1864, figures (Bull. 1867). 25° Mémoire descriptif d'une Baleine à museau pointu (B. — échouée sur la Pantière de Collioure; Perpignan, 1868. i ; 26° Du reboisement des tèrrains en pente. Perpignan, 1869. “279 Histoire naturelle du département des” der qe 3 volumes in-8°, Perpignan, 1851-1864. ut M. le Président se rend 'iblerpiaie des vifs et légitimes regrets qu'inspire la perte de M. le docteur Companyo. | M. J.-E. Planchon fait une communication (ou plutót une trés- intéressante conférence) sur le PAwlloxera vastatrix, et dépose sur le bureau divers opuscules relatifs à ce nouveau fléau de la Vigne, ainsi que les Actes du congrès scientifique tenu à Montpel- lier en 1868. — XX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur la proposition de M. L. de Martin, la Société vote des remer- ciments unanimes à M. Planchon pour les services éminents qu'il a rendus à la viticulture par ses importantes études sur le Phyl- loxera. M. Roumeguére fait à la Société une communication intitulée : Lettre inédite de Barrera (de Prades) à Picot de Lapeyrouse. — Itinéraire botanique dans les Pyrénées-Orientales (1). M. L. de Martin fait à la Société la communication suivante : DE L'ÉTUDE DE LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE DE LA FRANCE, par M. Louis de MARTIN. M. le professeur Ch. Martins, de Montpellier, dans la session régionale de l'Association scientifique de France, faisait il y a quelques mois une commu- nication à laquelle la Société botanique de France pourrait apporter son con- tingent d'utilité. Voici ce que nous disions de cet important sujet, dans le compte rendu que nous en avons donné (2) : « L'histoire complete de la flore et de la faune de notre pays est assurément une trés-utile tentative, et, malgré ses complications et ses difficultés, elle sera menée à bonne fin par nos savants, pour peu qu'on leur facilite la besogne. » La région méditerranéenne, caractérisée par la culture de l'Olivier, n'à jamais été l'objet d'une étude d'ensemble. La premiére chose à déterminer serait de fixer les limites altitudinales des principales cultures, telles que celles du Figuier, du Châtaignier, de l’Olivier, du Mürier et de la Vigne, déjà du reste indiquées par Giraud Soulavie, à la fin du siècle dernier, dans les mon- tagues du Vivarais. Mais, ces situations extrémes n'étant pas uniquement fonction des conditions d'existence de ces végétaux, vu que le probléme se complique encore d'éléments économiques et industriels, il faudrait joindre à ces notions principales, comme contróle, les limites de quelques végétaux spontanés qui ne sont pas subordonnés à ces dernières, tels que les Gistes, les Arbousiers, le Chéne-vert, les Phillyrea, auxquels les botanistes pour- ront joindre les plantes sociales de moindre dimension, telles que les Lavandes, le Thym, le Romarin, les Genéts, qui appartiennent à la flore méditerra- néenne. i » Pour les botanistes qui habitent le bord de la mer, il sè présente un (4) Note de la Commission du Bulletin. Malgré le vif intérêt local que présente cette communication, nous ne pouvons l'insérer ici, M, Roumeguère ayant, à la prière de ses confrères de Perpignan, publié son travail, depuis notre session, dans le xx? bulletin de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales. (2) L.-H. de Martin, Compte rendu de la session régionale de l Association scienti- fique de France à Montpellier, 1872, in-8°, 120 pages. Montpellier, librairie Coulet: SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XXI autre sujet de recherches : c'est celui de savoir, jusqu'à quelle distance les plantes littorales s'éloignent de la mer. Quelques-unes, telles que les Salicor- nia, le Pancratium, sont invariablement liées au voisinage immédiat de l'eau salée; mais il en est d'autres, telles que les Tamarix, l Ephedra distachya, l'Atriplex Halimus, le Coris monspeliensis, l’ Alyssum maritimum, le Cine- raria maritima, etc., qui, quoique essentiellement maritimes, s'éloignent plus ou moins du rivage. Ces distances ne sont pas connues, et cependant elles sont indispensables à la géographie botanique, qui divise les plantes suivant les stations qu'elles occupent. On comprend combien est grande leur impor- tance, puisqu'on saura les points de départ d'un végétal et la localité extréme oü il cesse de vivre. » L'ensemble de ces études devra étre poursuivi pendant plusieurs années, par les botanistes et méme par les agriculteurs de la région ; en outre, si, pour marcher plus sûrement, les observateurs ont sous les yeux une carte bien faite, pour qu'ils puissent déterminer exactement le lieu où ils se trouvent, et àla main un barométre qui leur donnera la hauteur oi ils sont, nous aurons là des travaux sérieux et utilisables. Ceux-ci nous permettront de tracer un tableau fidéle de la végétation des départements méridionaux, lequel contri- buerait puissamment à compléter nos connaissances sur la géographie et la topographie des végétaux. » Nous ne saurions trop insister sur la proposition du professeur Martins, car son importance frappera certainement tous les esprits. Si chacun, dans son village, se met à remarquer le genre, l'espéce et la nature des végétaux de la localité; s'il note les influences diverses que la pratique des anciens du pays et la sienne lui auront signalées touchant la culture, la floraison, la fructification, etc., des plantes sauvages ou cultivées, on recueillera là beau- coup de renseignements dont plus tard les botanistes feront un bon profit, Les instituteurs peuvent rendre de grands services, car, par leurs connais- sances plus Ctendues, ils sont à même de mieux observer que d'autres. Il n'est certainement douteux pour personne que l'agriculture de nos contrées méridionales ne finisse par retirer, de toutes ces recherches, quelque utilité pratique; d'autre part, leur science générale sera mieux connue et leur histoire n'en sera que plus complète. Ce sont là autant de motifs sérieux. pour que l'on s'empresse de seconder au plus tôt le savant directeur du Jardin-des- plantes de Montpellier, et nous pouvons affirmer que le travail, s'il est entre- pris, sera heureusement terminé, car à la tête de l'œuvre se trouvent toutes les sommités scientifiques du midi. » Il nous parait donc éminemment nécessaire que la Société botanique de France, de son côté, procède à une étude semblable, et tout au moins qu’elle charge une Commission de s'entendre avec L'Association scientifique de France pour que l'étude de la flore méditerranéenne soit faite au plus tôt. La Société compte des botanistes un peu partout dans le midi, et les renseigne- áf : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ments fournis par eux seront nombreux et certains, car la plupart sont origi - ñaires des lieux qu'ils habitent. Nous demandons en conséquence que le Bureau de la session extraordinaire transmette notre vœu au Bureau de Paris, afin qu'une détermination soit prise. - Le vœu de M. le docteur Louis de Martin est renvoyé au Bureau de Paris. M. J.-E. Planchon dépose sur le bureau, de la part de MM. Duval- Jouve et Barrandon, quelques échantillons d'une nouvelle espéce d’Althenia, découverte par eux, en juin 1871, aux Onglous (Hérault), entre Agde et Cette (1). — — M. Roumeguére dépose sur le bureau le travail suivant, dont l'heure avancée ne permet pas de donner leeture : LETTRES INÉDITES DE CH. DE LINNÉ, DE GOUAN, DU CHEVALIER DE LAMARCK ET D'ACHARIUS, ADRESSÉES A PICOT DE LAPEYROUSE ; ET LETTRES OU RÉPONSES :INÉDITES DE L'AUTEUR. DE LA FLORE DES PYRÉNÉES A CES BOTANISTES. Communication faite par M. Casimir ROUMEGUËÈRE (2). Dans une de vos précédentes sessions (Toulouse, 1864) vous avez accueilli, Messieurs, avec une légitime faveur l'intéressante analyse que vous offrit M. Aug. Gras, de la correspondance inédite de Lapeyrouse avec Allioni. La pensée qui détermina notre honorable et savant confrére à adresser, au pied des Pyrénées, un tribut de respectueuse admiration à la mémoire du principal historien de la flore pyrénéenne, est la mienne en ce moment. Picot de Lapeyrouse occupa, vous le savez, la chaire d'histoire naturelle lors de la création de l'École centrale de Toulouse. Il savait communiquer à de nombreux élèves, attirés par le charme de son élocution et la clarté de ses descriptions, l'enthousiasme dont il était pénétré pour la science de la nature ; et il est incontestable, quelle que soit l'insuffisance actuelle de sa flore eu égard aux progrès accomplis depuis près de cinquante ans, que ses leçons et les premières décades de sa Flore ?llustrée répandirent au commencement de ce siécle le goüt de la botanique dans notre midi. Toutes les illustrations scientifiques de son époque ouvrirent des relations avec lui, En parcourant sa correspondance (3), il est facile de distinguer la place que tenait chaque bota- (4) Voyez plus bas (séance du 5 juillet) l'article dé M. Duval-Jouve sur celte plante, laquelle il a donné lé nom d’Althenia Barrandonii. ı (2) Ces lettres ayant surtout un intérêt historique, .nous les publions sans changer un seul mot, et en conservant méme quelques négligences d'orthographe de l'original. Nous nous sommes bornés à quelques légers changements de ponctuation, pour rendre le texte plus facile à comprendre. (Note de la Commission du Bulletin.) ; (3) La volumineuse correspondance des savants francais et étrangers avec Lapeyrouse fut conservée par le colonel Dupuy, exécuteur testamentaire et ami du botaniste pyré- SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. xxii niste dans ses travaux commencés ou projetés. Parmi ceux qu'il consultait et avec lesquels il discutait courtoisement ses opinions, nous retrouvons : Acharius, Bellardi, Bory de Saint-Vincent, Buffon, Cuvier, Desfontaines, Léon Dufour, J. Gay, Aug. de Saint-Hilaire, Alex. de Humboldt, A.-L. de Jussieu, Lamarck, Latourrette, Loiseleur-Deslongchamps, Linné fils, Persoon, Pourret, Reemer, Séguier, Thunberg, Villars et Willdenow, dont je posséde de nombreuses lettres autographes. Parmi ses correspondants collecteurs, ou mieux ses familiers, qu'il traitait nécessairement avec le sans-facon qu'autorisent des rapports fréquents et de longue date, figurent : Barrera, Bergeret, Bonafos, Bugard, Gouan, Lagasca, Lalanne, Palassou, Pech, Prost, Schleicher, Thore et Xatard. Dans la plupart des lettres écrites aux personnes de la première catégorie ou des réponses de ces dernières, il est question de sujets scientifiques d'un cer- tain intérêt et qui méritent d'occuper une page de l Histoire de la botanique. Dans les lettres avec ses voisins et dans les rapports écrits de ceux-ci, jose dire, en me servant de l'expression employée par M. Aug. Gras, que, à défaut d'intérét scientifique marquant, €es correspondances « offrent toujours un véritable attrait quand elles servent à fixer là pensée fugitive et l'inspiration momentanée d'un écrivain qui a des droits assurés à notre sympathie ». Les résumés de ces derniers écrits intéressent plus particulièrement aussi la bio- graphie de leurs auteurs. ` Lapeyrouse avait une grande facilité d'écrire, Sa plume rendait sa pensée avec une spontanéité remarquable, et il ne minutait sa correspondance que dans les cas rares où il avait à consulter une célébrité botanique ou à rompre une lance avec un confrére « désobligeant ». Les minutes de ma collection sont peut-étre les seules qu'il ait laissées, et je les publie dans l'ordre de leurs dates. 1? Lettre de Gouan (1780) avec la réponse de Lapeyrouse; 2° lettres échangées entre Linné fils et Lapeyrouse (1780-1783); 3° lettre du chevalier de Lamarck (1789) et réponse de Lapeyrouse; 4° lettre de Lapeyrouse (1806) et réponse d'Acharius. I Ant. Gouan a commencé avec Lapeyrouse, dès l'année 1773 (époque de la publication des /llustr. et observ, botanicæ), une correspondance amicale qui fut continuée jusqu'en 1818. Le professeur de Montpellier survécut trois ans à son ami, Gette correspondance témoigne de la plus grande familiarité entre les deux botanistes; 11 ne s'agit que de paisibles discussions, dans lesquelles la déférence et la courtoisie restent toujours du cóté de Lapeyrouse. Quoique d'une simplicité qui descend jusqu’à la naïveté, Gouan affecte parfois un ton néen ; à la mort du colonel, cette correspondance échut à son neveu, étranger aux études botaniques, et je dus à l'obligeance de la famille Judan de pouvoir ajouter à mon album d'autographes les pièces de cette correspondance qui m'intéressaient le plus, XXIV i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. protecteur envers son correspondant qui semble l'excuser en redoublant d'urbanité -avec lui. Gouan laisse parfois percer une pointe d'orgueil : il s'oublie fréquemment en ne ménageant pas assez selon les convenances du monde ses confréres dont il parle et qu'il traite néanmoins de sincéres amis (1). Le 8 juillet 1796, il letutoie, mais sa lettre de cette date est la seule qui contienne cette licence. Une seule fois, dans le long commerce d'amitié de la part des deux botanistes, il s'éleva une véritable querelle. Gouan se montra envers Lapeyrouse et à l'égard des savants de son temps, d'une arrogance presque surprenante chez un homme instruit. Voici cette lettre : « Montpellier, le 27 février 4780... » Ouvrant la boite j'ai été surpris, mon bon, de ne trouver rien de neuf ni de bon pour moi. Vos deux chardons me sont connus depuis longtemps et à beaucoup d'autres avant moi, bien gravés, bien décrits. J'ai eu souvent le * Dracæna et des Arum, je les ai toujours renvoyés à mes amis; le vôtre cependant n'ira pas ailleurs puisqu'il me vient de vous, mais il n'en sera pas de méme des plantes sèches, Vous ne m'avez rien donné d'intéressant, soit pour la nouveauté, soit pour la préparation. Mes élèves, qui allèrent en juin aux Pyrénées, m'apportérent tant et tant que je pourrais vous en remercier à perpétuité, et quant à la préparation, certainement ils ne le cédent à personne. Voici donc en bref ce que je pense : Le Scirpus articulatus n'en est point un, c'est un. Cyperus. Votre Potentilla nivea est, depuis de longues années ou siècles, gravée, décrite, citée, etc., etc., et je vous ai dit il y a cinq ans ce que je pensais de celle que vous nommez alchemilloides ; je Vai dit à Séguier qui a dü vous le dire, j'ai donné le méme avis aux censeurs de Paris, (1) Les lettres de l'abbé Pourret (autographes de ma collection) contiennent plusieurs révélations qui confirment ce que j'avance. L'auteur du Chloris narbonensis écrit à La- peyrouse, le 11 octobre 1779 : « Je n'ai pu m'empêcher de rire et d’être indigné des propos de l'illustre et célèbre Antonius Gouan, sur le compte de M. Adanson. En vérité, peut-on pousser l'extravagance aussi loin, et n'est-ce pas faire soi-méme l'aveu le plus formel de sa propre bétise que de parler ainsi d'une personne qui n'a peut-étre point d'égal au monde pour sa vaste érudition et pour ses connaissances en histoire naturelle et principalement en botanique? A la vérité, M. Adanson est trop l'antagoniste de toutes les bêtes et il aurait pu ménager un peu plus dans ses Egmilles l'auteur de P Hortus Mons- peliensis mais que dire d'un homme qui n'avait fait que copier tout au long. des phrases de Linneus et qui avait voulu, pour y mettre quelque chose du sien, imaginer des carac- tères secondaires qui n'ont pas le sens commun et qui peuvent s'appliquer à une infinité d'autres plantes, de genres et de familles différents? Si Gouan a porté sur M. Adanson un jugement aussi faux que celui que vons m'avez rapporté, M. Adanson l'a mieux jugé, et il ya longtemps que je l'avais jugé de même, Je m'étais promis de ne plus parler de lui, et je crois que je m'étais imposé ce silence auprés de vous, quoique j'eusse pu me jus- tifier sur la prévention peu flatteuse pour moi qu'il a essayé pendant longtemps d'insinuer dans l'esprit degens qui ne me connaissaient méme pas. Je ne puis douter qu'il ne vous ait écrit sur mon compte des choses peu honnétes; si vous ne me l'avez pas dit, des per- sonnes qui le tenaient de vous me l'ont répété, et je ne vous en eusse: pas parlé si vous ne m'eussiez fait sentir que vous. connaissiez l’homme... » SESSION EXTRAORDINAIRE. A. PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XXV et c'est une plante que vous trouverez dans Tournefort sous le nom de Quing... fol. sub- argenteo. La Cardamine resedifolia estle Lepidium alpi- num ; Y Alsine mucronata de tout le monde l'est aussi de Linné, et j'ose croire qu'ayant redressé là-dessus tous les Parisiens ou Pharisiens (4) je leur ai encore appris que c'était auparavant une Arenaria de Linné, que cet homme rare et à pleurer longtemps avait lui-méme changé de place sur mon avis. Votre Alchemilla pentaphyllea est encore sujette à caution, et il faut que j'ouvre mon herbier pour y répondre. Ce sera incessamment. Au surplus, point de colère; et n'interprétez pas à mal ce que je vous en dis, parce que l'intention n'y est pour rien. J'ai à intercaler plus de 3000 plantes diverses, dont plusieurs nouvelles des Alpes. J'ai de plus à répondre à 60 pages de manuscrit pour un botaniste qui n'a point de prétention et qui pourtant est fait pour en avoir plutót que tant de doctes dont vous me parlez : il aura son tour et vous jugerez de mes élèves. Jugez de mes occupations, de la con- fiance dont on m'honore et de ma satisfaction à répondre ; mais, par ma foi, il y a de quoi y perdre la tête et les yeux. » Il n'est guère possible de me persuader qu'une plante, qui vous a fleuri si bien et si souvent, ne donne ni graines, ni caieux ; je vois au bas de chaque fleur du Crinum un germe énorme : il fallait les laisser mürir et vous auriez eu un produit immeñse de bulbes. Vous entendez le latin, Linneus et autres, par conséquent vous deviez interpréter à votre profit le synonyme de Rudbeck : Lilium bulbiferum umbelliferum, car dans chaque germe vous (1) Tous les « Pharisiens » ne manquaient ni de sympathie pour Gouan, ni d'indul- gence pour ses œuvres, si l'on en juge par l'opinion qu'exprimait à son sujet A.-L. de Jussieu, dans une lettre qu’écrivait ce dernier à Lapeyrouse le 22 janvier 1776 (ma col- lection). « Les lieux que vous avez parcourus dans les Pyrénées, disait l'auteur du Genera plantarum, doivent étre riches; j'ai toujours désiré les parcourir. Anciennement nous avions formé avec M. Gouan le projet d'une grande herborisation, mais les lecons du Jardin du Roi sont un grand obstacle; d'ailleurs mon ami a, en ce moment, des embarras de famille qui l'occupent plus qu'il ne voudrait et qui lui occasionnent beaucoup de fatigues de corps et d'esprit, Je le plains bien sincèrement, surtout depuis que j'ai le plaisir de le connaitre personnellement; il jouit de l'estime de ses confréres et de tous les botanistes.» Gouan pouvait avoir sur le cœur la dure critique de ses œuvres échap- pée de la bouche de Bernard de Jussieu, oncle du botaniste que je viens de citer. C'est l'abbé Pourret, écrivant encore à Lapeyrouse, qui nous le rappelle : « Je reconnais bien Gouan, dit-il, aux reproches qu'il vous a faits d'avoir consulté M. Séguier, comme si, parmi les gens qui savent le mérite qu'il fant avoir pour étre botaniste, on avait jamais osé mettre Gouan au niveau de l'auteur des PI. veronenses. Voudra-t-il mettre en parai- lèle de cet ouvrage bien exact l'Hortus et le Flora de Montpellier? Vous savez proba- blement le cas que fesait de ces deux livres M. Bernard de Jussieu, qui aimait cependant leur auteur, quoique celui-ci ait osé dire de ce grand homme que c'était un ignorant en botanique et qui n'avait que des noms dans Ja tête par l'habitude où il était de les pro- noncer. Pour revenir à ce que je vous disais, M. de Jussieu, dans un de ses cours, disait à ses élèves : Messieurs, je vous annonce un nouvel ouvrage de botanique, et je me rétracte sur ce que je vous disais il y a quelque temps. J'avais cru d abord que l'on ne pouvait pas faire de plus mauvais livre en botanique que celui qu'avait publié M. Gouan, sous le titre d’Hortus monspeliensis, mais je me suis détrompé depuis que le bâtard de Linneus nous a donné son Flora monspeliaca, » XXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aurez de vrais bulbes, il ne vous restera donc aucun prétexte à l'avenir ; vous m'auriez fait jouir différemment si vous eussiez laissé la fleur sur la plante ; elle occupera pourtant une place dans mon herbier, à côté de celle que men- voya un de mes élèves qui est à Geylan. Je suis bien fâché de ne pouvoir pas profiter pour mon herbier de vos autres plantes. Je vous en remercie beau- coup, parce que je rends justice à l'intention. » Lapeyrouse né fait pas attendre sa réponse, elle est instantanée. Il a été blessé et il prend avec son ami un ton de dignité qui lui sied d'autant mieux qu'il a à peu prés raison. 1l est vif et met son contradicteur au pied du mur, enfin il use de l'ironie avec tact ét se montre tout à fait homme du monde. » Toulouse, le 1*r mars 1780. » Je serais indigne de votre amitié si je ne répondais pas à votre lettre avec autant de franchise que vous m'en avez témoigné, mon cher docteur. Je serai digne de vous et m'efforcerai de vous atteindre en cela seulement ; pour tout le reste, je n'y aspire pas. » Vous avez été surpris de ne trouver dans la boîte rien de neuf ni de bon pour vous, ce n'est pas nia faute. Je vous prévins franchement de ce que je pouvais vous comtnuniquer. Voici votre réponse : 7e ne veux pas embarrasser mon jardin de plantes grasses, j'accepterai seulement l Arum sagittifolium etle Dracæna. Si vous doutez de votre propre écrit, je vous enverrai votre lettre que j'ai sous les yeux. Ai-je tort pour avoir exécuté ponctuellement vos ordres ? » Mes deux Chardons vous sont connus depuis longtemps et à beaucoup d'autres avant vous, bien gravés et bien décrits ? Je sais tout comme vous que le C. polymorphus a été décrit par tous les auteurs même les plus modernes, tels que OEder, Scopoli, Linné, Gorter, Haller qui en a donné une figure ; et malgré cela il y.a beaucoup à dire sur cette plante, qu'il faut voir et observer pendant trois ou quatre ans consécutifs pour éviter les erreurs de tous les botanistes, sans vous en excepter vous-méme qui ne la connaissez pas mieux qu'eux dès lors que vous la jugez par les seules feuilles radicales qui commen- cent à poindre (1). J'en dis autant pour celui qui porte le nom de Clusius (4) C'est le Cirsium heterophyllum (@ Allioni) des auteurs modernes. M. Duby (Bot. gall. p. 288) a établi la var. helenioides (Cirs. helenioides All.) pour la forme à feuilles entières, et la var. incisum (Cirs. heterophyllum Al. pr. parie) pour la forme à feuilles inférieures seulement pinnatifides. D&jà De Candolle (Fl. fr. p. 117) admettait ces deux formes constantes. MM. Grenier et Godron (Fl. Fr. II, p. 223) reconnaissant aux formes diverses de cette plante, justement qualifiée de polymorphe par Lapeyrouse, des caractères communs, ont supprimé les variétés généralement admises avant la publi- cation de leuf ouvrage. En cèla nos contemporains sont revenus au premier sentiment de Lapeyrouse. Avant de publier la Flore abrégée des Pyrénées (1813), Lapeyrouse avait dit en décrivant avec détail, au point de vue notamment de la concordance du C. poly- morphus avec la synonymie des botanistes anciens, qu'il était impossible d'arréter toutes les variétés par suite du mélange et de la disposition variée des feuilles entiéres et des feuilles pinnatifides sur le même pied (voyez Mém, Acad. Toul. 1782, t. 1, p. 222). SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XXVII qui l'a parfaitement décrit. Linné a donné dans le pot au noir en rapportant à son C. mollis le synonyme de Clusius qui appartient à môn Chardon |bien différent du C. mollis ; et vous avez, en marchant sur les traces de votre maître, trébuché tout comme lui sur cette plante de Clusius, dont vous taxez la figure de rudis parce que vous la rapportez mal à propos aù C. mollis et que vous ne connaissez pas celle dont parle cet auteur, Quant à la Potentilla nivalis, elle est « depuis plusieurs siècles, gravée, décrite, citée », c'est bientôt dit. Et où, s’il vous plait? Vous auriez dû le dire. Je vous somme de le faire ét vous défie de m'en indiquer une figure. Je sais bién que Bauhin et Parkinson en parlent. Je n'ignorais pas que Toürnefort avait donné une phrase descriptive de la Potentilla alchemilloides ; j'ai relevé son synonyme et dû le rejeter; celui de foliis in apice incisis tiré de Ray, que vous me donnâtes écrit pro- prio pugno il y a trois ans, ne pent s'y rapporter. (1). » Vous savez que je ne suis point allé aux Pyrénées depuis trois ans: je n'ai que quelques plantes sèches préparées tant bien que mal, par des mains peu exercées; et puisque vous en regorgez, il fallait en bon ami m'en préve- nir, et même m'en faire part, car, sauf un Adonis apennina, je n'ai pas eu de vous une seule plante rare. Je mérite cependant une part à vos faveurs au moins par mes sentiments pour vous. » Si j'ai noté le gente Scirpus, j'ai fait une bêtise ; c'est un Cyperus, vous avez raison, et je l'ai assez vu fleurir pour le connáitre : c'est une erréur machinale. » Qui, mon cher, j'aime la science et la vérité pour elles-mémes. Personne ne se rétractera avec plus de plaisir que moi, mais il y aurait de l'inconsé- quence à le faire sans savoir pourquoi ; votre avis n'est point motivé, Si vous aimez la science, je vous supplie de le faire ; car je n'ai jamais juré sur parole de personne. Au surplus, comme je n'abonde pas en mon sens, j'ai consulté d'habiles gens que toute l'Europe a placés à la tête des botanistes, à qui j'ai communiqué mes plantes, mes doutes et mon travail. Leur avis a confirmé le mien. Je puis le montrer écrit de leurs mains, avec les invitations pressantes qu'ils m'ont données pour le publier; s'ils se trompent, il faut croire que la - botanique s'en est enfuie avec les Jussieu, les Linné, les Haller. j » Mais vous ne croirez pas cela, vous, et vous aurez raison. Il existe de grands botanistes, et cette aimable science nous restera ne füt-ce que par les soins de vos éléves : à les voir répandus dans toutes les parties du globe, on ne peat s'empresser de croire que vous avez hérité de la mission du grand Linné et que, nouvel Élisée, vous avez eu son manteau. Il était homme cepen- dant, prenez-y garde, etse trompait quelquefois, ou l'on se trompe en l'iaterpré- tant mal. Par exemple, pour mon Crinum, il dit : bulbi intra capsulas gene- (4) Les Potentilla nivalis et alchemilloides de Lapeyrouse ont été acceptés par tous les florisiés, même contemporains, comme espèces légitimes, avec les synonymes rap- portés par l'auteur de la Fiore des Pyrénées, qui en donne le premier une figure. XXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rantur : cela peut être vrai dans son pays natal, mais ici j'ai vingt fois attendu cette progéniture aprés sa fleur, vingt fois j'ai été trompé ; si elle vient, elle vous sera acquise, ne füt-ce que pour vous offrir des objets digues de votre courroux (1). » Mon trés-cher, vous n'aimez pas les Parisiens; que vous ont-ils donc fait? Ils possèdent cependant parmi eux des gens les plus versés dans toutes sortes de sciences ; chacun peut avoir sa manie et son faihle; mais à coup sür, Adanson, Jussieu, Guettard, Lemonnier, Lamarck, méme le jardinier Thouin, ces gens-là savent quelque chose en botanique ; un bon esprit, un jugement sain, l'usage de l'herborisation, le secours des herbiers, une bonne bibliothèque; je crois qu'avec cela il sera donné à tout le monde de faire quelques progrés dans cette science en dépit de tous les jaloux et de laisser en arrière ceux qui ne doivent leur réputation qu'aux próneurs. » Je vous plains de tout mon cœur, et vous félicite de tout le train et le tracas que vous occasionne votre juste réputation ; c'est un « pesant fardeau d'avoir un gros mérite ». Vous voilà donc enterré avec les trois mille plantes, vous voilà occupé de répondre à cet énorme manuscrit? Il n'y a donc qu'à moi à qui vous ne répondez que par un signe de téte; je vois bien que vous ne me regardez pas comme vos élèves, à qui sûrement vous rendez raison de votre sentiment; mais quoiqu'il en soit vous ne parviendrez jamais à me dé- tourner des sentiments que je vous ai voués, et que vous veuillez ou non, je serai toujours voire ami. ». LAPEYROUSE, » II Après la mort du grand législateur des sciences naturelles, son fils Charles de Linné, qui lui avait succédé dans l'intendance du Jardin royal d'Upsal, continua les relations scientifiques qu'avait entretenues son glorieux père et, parmi celles qu'il commença nous retrouvons le nom de Lapeyrouse. C'est par les soins du chevalier Stockenstróm, géologue suédois qui visitait fréquemment les Pyré- nées, que Linné fils fut sollicité de nouer des rapports avec le professeur de Tou- louse: Trois lettres furent échangées. Ch. de Linné ne parle point le langage sentencieux et méthodique qui appartenait à son père ; il n’a de commun avec celui-ci que l'extrême concision ; le style du fils est simple et ne manque cependant pas d'élégance, On en jugera par la première lettre à Lapeyrouse, qui renferme l'indication des. travaux dont il poursuit la continuation. C'est — (4) Sur diverses Liliacées, sur l’Allium vineale notamment, il se produit, aprés la floraison et à la place méme des fleurs, des bulbilies ; et, à l’aisselle des feuilles du Lilium bulbiferum, de petites bulbes qui tombent d'elles-mémes et produisent en .végétant sur la terre un nouveau pied. Dans les Amaryllidées et spécialement daus le genre Crinum, les graines se changent souvent en un albumen charnu offrant l'apparence de bulbilles. Ce phénomène de la production à la fois de caïeux et de bulbilles est plus rare cependant dans les Amaryllidées que dans les Liliacées. SESSION EXTRAORDINAIRE À PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. xxIX le supplément à la treizième édition du Systema naturæ, pour lequel il a rassemblé un grand nombre de plantes nouvelles; c'est la partie zoologique du même ouvrage, qu'il va traiter ensuite et pour laquelle il s'entoure de maté- riaux utiles. Linné entretient Lapeyrouse d'une nouveauté botanique origi- naire du Bengale, cultivée par lui au Jardin d'Upsal, le curieux Sainfoin oscillant qu'il décrivit l'année suivante, mais qui ne fut bien connu chez nous qu'en 1784 par le mémoire de Broussonet. L'herbier de Linné père est pauvre en Valérianes; son fils se recommande à Lapeyrouse pour ce genre presque absent dans les contrées du Nord, tandis qu'il abonde dans les Alpes et dans les Pyrénées. Il souhaiterait de recevoir des graines du Tozzia alpina, qu'il suppose être répandu dans nos montagnes. Il lui importe de savoir si Lapeyrouse a rencontré un ver trématode, le Fasciola, dans les ruisseaux des Pyrénées. (Linné employait le nom de Fasciola dans un sens plus étendu qu'on ne l'admet aujourd'hui, car on a détaché de l'ancien genre le groupe des planaires, celui précisément dont Liané fils veut parler et qui renferme des espèces aquatiques et terrestres, tandis que le genre Fasciola proprement dit est conservé pour les seules espèces parasites d'autres animaux.) Il termine en s'excusant sur la longueur de sa lettre, mais il laisse au bout de la plume le salut amical qui clóturait toujours les lettres de Linné pére. Est-ce un oubli ? est-ce une froide réserve motivée par une premiére relation ? Dans ce dernier cas, la réserve est bientót rompue par l'affabilité que témoigne Lapeyrouse, et elle va faire place, dans la seconde lettre de Linné, à l'expres- sion de la plus cordiale amitié. Voici la lettre de Linné : « Jllustrissimo baroni de Peyrous (sic) S. P. D. Carolus a Linné. `» His diebus apud me fuit D"* Stockenstróm (mineralogus), qui de Te, Tua- que eruditione botanica, mihi pulchérrima retulit ; narrabat mihi pulchram collectionem plantarum quam in Pyrenæis fecisti, et illas inter plures esse novas quas mittere destinares in Sueciam, sed ad quem dicere non poterat ; ille credebat se etiam me asseverare posse te non male ducturum, si litteris luas occupationes interpellare auderem. di » Plurimaás nunc crederem plantas ex Pyrenæis notas botanicis esse, cum tot illas inquisiverunt; sed possibile tamen est lynceo oculo reperire aliis quamvis oculatis non visa; si, Illustriss. Baro, aliqua in duplo harum haberes, quas Botanico Sueco consécrare velles, gratissimo ab illo reciperentur animo, et omnibus officiis praestaret se obligatum in quibus scire posset se Tibi gratum esse, Mitto hoc vere aliquot Botanophilos in alpes nostras Lapponicas, herbarum, muscorum; avium et insectorum ob caussam, ul colligant; nam hzc omnia déliciæ sunt meæ in primis; si desiderares itaque alpinas nostras Pyrenæis vestris quoad habitum non multum dissimiles, credo me versus autumnam communicare posse. XXN SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » Hoc et preterito anno plantam curiosissimam in horto admiratus sum qua habet motum foliolorum omnino quasi voluntarium ; nam a nulla externa caussa oriri videtur, ut in. notis. nostris plantis sensitivis ; est haec Æedysari nova species, quam in libro meo, quod nunc sub prælo sudat, vocavi gyran- tem, nam motus circa petiolum ubi affixus, quasi gyratorius est. », Supplementum Syst. nat. parentis mei edit. Xii, per ultimos hos duos annos elaboravi, ut nunc sub prælo sit in Germania; continet magnam copiam plantarum novarum; presertim magnam copiam occasionem habui detegendi earum, qua in officinis pharmaceuticis in. usu. sunt. sed. quoad. originem hucusque vel false, vel dubie, vel nullo modo cognita fuere. » Nunc propero me ad elaborandam zoologicam partem systematis. - Si, Illustr. Baro, ipse aliqua nova, vel amici Tui, habeant (quod sine dubio credo), et communicare velitis, illa inseram sola cum differentia sua specifica et nomine auctoris seu donatoris, sed rogarem si hoc fieri posset haec aestate ? » An in Pyrenæis vidisti Fasciolam illam fuscam in rivulis montanis et in aquis frigidissimis vulgarem, et quam alpicolæ cardialgiam caussari putant, et in Act. Taurin. descriptam ? Miror an hac vivipara seu ovipara est. » Valerianæ sunt inter Pyrenæas plantas, quarum misera mihi sunt exemplaria in herbario parentis. An vere distinguentur génere Crocus et Bulbocodium ? et multa alia, quæ certe per Te mihi innotescere possent, qui in loco natali observasti et vidisti illas obscuriores plantas. An semina Tozziæ alpinæ habes ? » Sed longiori epistola hac vice non debeo fatigare. » Dabam Upsaliæ d. 21 mart. 1780. » Mon adresse : à M. Charles de Linné, intendant du Jardin royal et pro- fesseur à Upsal. » La réponse de Lapeyrouse à Linné ne dut pas se faire attendre (sa minute qui suit est sans date). L'auteur se montre fort touché de la gráce que Linné a mise à accueillir ses ouvertures. 1l lui en témoigne sa reconnaissance comme peut le faire un disciple à l'égard d'un maître bienveillant. Il entre dans quel- ques détails sur la diversité des sites de la magnifique chaîne des Pyrénées, étendue depuis l'Océan jusqu'à la Méditerranée qui en baignent: les versants opposés, sur les richesses botaniques qu'offrent sa zone, méridionale, ses basses montagnes et les cimes élevées couvertes de neiges éternelles, 1l cite les premiers botanistes explorateurs des Pyrénées, ceux qui les ont suivis. Il parle enfin de ses propres découvertes, que Linné père n'a pas connues, et met à la disposition de Charles de Linné toutes ses plantes doubles. Lapeyrouse partage admiration de son correspondant pour le nouvel Z/edysarum qu'il con- naît et qu'il ambitionne de placer dans le jardin de l'Académie déjà pourvu de nombreuses plantes exotiques, mais il est. intrigué de sayoir si la. plante dont il est question à donné des graines. En échange des plantes sèches. qu'il lui adresse, et dans lesquelles se trouvent les Valérianes des Pyrénées, Lapeyrouse SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XXXI manifeste le vif plaisir qu'il attache à obtenir lés plantes de là Laponie, ses Lichens et ses Mousses surtout. Il voudrait des types certains des Carduus heterophyllus et helenioides , dont'il est porté à repousser les distinctions spé- cifiques. Répondant aux questions de Linné, Lapeyrouse est contraint de garder le silence sur l'organisation et l'habitat du Fasciola, qu'il n'a pas remarqué aux Pyrénées ; et, quant au 70zzia qu'il n'a pas encore rencontré dans ses courses et qu'il ne cultive pas, il s'excuse de n'avoir pas de graines à offrir. De Candolle, dans sa Flore frunçaise, signala les seuls habitats connus de cette Primulacée, fixés déjà par Haller, Villars et Allioni dans les Alpes; mais Lapeyrouse fut le premier à découvrir ensuite le Zozzia aux Pyrénées, et la mention qu'il en fait dans sa Flore abrégée est la seule aussi qu'aient rap- portée MM. Grenier et Godron dans leur récente publication : Voici cette lettre de Lapeyrouse (1) : « Illustrissimo Carolo a. Linné, immortalis Linnæi filio et heredi dignissimo, S. P. D. obsequentissim. Lapeyrouse. » Inter tot et tanta que mihi præstitit beneficia amicissimus eteruditissimus Stockenstróm, illud in primis debeo annumerare quod me tibi notum fecerit, el tamdiu votis expetitam me inter et te necessitudinem oriri fecerit. Credas itaque velim, illustr. Botanice, meam erga te amicitiam demonstrandi me in posterum omnes modos prosecuturum ; faveas itaque satis, ut discipulum certe obsequentissimum erudias, et monitis per bone doctrine tramites ducere non dedigneris. » Pyrenæas inter plantas plures sunt quz quidem in his frigidis regionibus crescere non putantur; Creticas etenim quam plures Italicas, Narbonenses et Hispanicas abunde alunt hi montes, in vallibus et cautibus ad meridiem positis. Si deinde altius assurgamus, et loca aeterna nive perennantia perlu- stremus, non solum alpinas Lapponicas, imo et Sibiricas stirpes inveniemus, verum non paucas hisce montibus peculiares ; non nisi pauci botanici stric- tissimos tantummodo horum montium tractus visitarunt ; quum enim à mari oceanico ad mediterraneum usque extendatur immensa illa series montium, per spatium 80 circiter leucarum gallicarum; nec quantum hujus partem inviserunt Monspelienses, siquidem Belleval, Magnolius, Sauvages, Gouan, et reliqui Ruscinonensem tantummodo provinciam, Tournefortius Bigorren- sem, et thermas Baregienses vel Bagnerenses minus noli quippiam alii lustravere ; invisos aliis montes primus peragravi ; omissas omnino a tuo illustr. parente plures, notas antiquis nec satis certo descriptas quasdam novas, (4) Note du Secrétaire général, — Les autographes latins de Lapeyrouse, que nous a communiqués M. Roumeguére; ne sont que des minutes remplies de surcharges, de ra- tures et d'abréviations, Avec l'aide de notre savant et obligeant ami M. le docteur W. Ny- lander, très-habitué à la correspondance latine, nous avons fait tout ce qui dépendait de nous pour les reproduire aussi correctement que possible, XXXIIL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. unam aut elteram male’ observatas neotericis pauciores in his itineribus reperi. » Harum quasdam in duplo habeo, alias ab amicis itinerum comitibus exspecto ; quas habebo summa cum voluptate tecum communicabo. » Addam insuper quas potui observationes colligere (et non paucas habeo! quas ad supplem. zoologicæ partis Syst. Nat. facere opinabor; et huic operi. vertente junio, incumbam. » Mirabilia de tuo Hedysaro gyrante retulerat de re botanica bene meri- turus D"* Pourret, at vero curiosiorem illam plantam videndi desiderium in me auxisti ; Academia nostra hortum botanicum, exoticis plantis satis instruc- tum, cure mes commisit; num quid Hedysarum illud tibi semina gignit? num quid nobiscum rariores communicare poteris? Quz cumque possidemus ea ad nutum tuum tibi mittentur. » Nihil autem jucundius, nihil optatius mihi evenire poterit, quam præclara illa messis Lapponicarum plantarum, Muscorum, Lichenum quam promittis; addas quaeso, si possis, bonum specimen Cardui heterophylli et C. helenioidis ab omnibus partibus absolutum ; necesse est ut has plantas videam, botanices problema ut dirimam sat difficile. » Fasciola illa cardialgiam causans mihi ignota prorsus est. Valerianas in adversariis scripsi, ut tibi mittantur pulchra specimina nostratium, nec semina 'lozzie alpina, imo nec plantam habeo. Obstat systema sexuale quo minus jungantur genere Crocus et Bulbocodium, qua tamen cum Golchicis certa in methodo naturali minime separari possent, quamvis Adansonius Cro- cum cum Iridibus collocaverit, Bulbocodium autem et Colchicum cum Hyacinthis. Hac autem omnia attentius investigabo , tibique rescribam. Cum plantis siccis mittam tibi dissertationes aliquot meas ad mineralogiam facientes. » Vale et me ama, mihique identidem scribas. » Dans la même année 1780, Ch. de Linné écrivit une seconde fois à Lapey- rouse. Je ne connais cette lettre que par la réponse du botaniste toulousain. Lapeyrouse a recu un envoi de plantes d'Upsal et des graines du curieux « Sainfoin oscillant », qui ont été immédiatement confiées à la terre avec toutes les précautions que la pratique peut indiquer. Il manifeste pour ces dons une vive reconnaissance, et exprime le désir de connaître les suppléments que Ch. de Linné a publiés des œuvres de son père, qui ne sont pas encore mis en vente chez les libraires et qui lui parviendraient par les soins du consul de Suede à Bordeaux, auquel on pourrait les adresser. Les observations de Ch. de Linné, relatives à l'influence que produit le climat sur le développement de diverses Graminées, fournit à Lapeyrouse l'occasion de lui faire connaître les métamor- phoses qu'il a observées dans la croissauce du Carduus helenioides, récolté pat lui dans les Pyrénées et qu'il cultive depuis dix ans. Il fait remonter au sol et au climat la cause de la description, par divers botanistes, tels que Bauhin, SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. xxxi Clusius, Ray, Haller, Scopoli et Linné père, de chacun des états de cette plante, qui forment pour ceux-ci autant de plantes différentes. Lapeyrouse a remarqué que son Chardon ne donnait, la premiére année, que des feuilles radicales, entières, trés-amples ; la deuxième, des tiges dont toutes les feuilles sont entiéres; et les années suivantes, des feuilles toutes pinnatifides ou partie d'entre elles seulement, sans aucun ordre apparent, les supérieures étant le plus souvent entières (C. Aeterophyllus). — Les observations de Lapeyrouse avaient été communiquées par lui à l'Académie des sciences de Toulouse en 1778, mais son mémoire ne fut imprimé qu'en 1782. Linné fils manquait probablement de relations personnelles en Italie ; les amis de son père devaient être morts, et Lapeyrouse lui apprend qu'il ne connaît aucun botaniste de ce pays, si ce n'est l'auteur des Plante Veronenses, son ancien ami Séguier, de Nimes, que Linné fils doit bien connaitre (noster Seguierus, dit Lapeyrouse). Ce dernier offre à Linné ce qu'il posséde et qui peut lui être agréable-pour son jardin ou pour son musée, notamment des minéraux précieux, la tourmaline du Tirol, le mercure d'Idria et le manganese des Pyrénées, que Lapeyrouse vient de faire connaitre dans le Journal de physique. Voici la lettre dont il est question : P. Lapeyrouse à Ch. de Linné. « Grates amplissimas persolvere fas sit pro acceptis tuæ erga me benevo- lentiæ testimoniis. Hedysari gyrantis semina terræ ex arte mandavi, multam- que mihi lætitiam afferet planta haec curiosa nimis. » Dissertationem epistolae comitem summa cum voluptate iterum atque iterum perlegi; et desiderium me tenet cognoscendi quaecumque de botanica praelo mandabunt illustrissimi Sueci ; vellem imprimis supplementa quz dedisti operi- bus immortalis parentis tui possidere, quae in Gallia apud bibliopolas non prostant ad hanc usque diem ; sed ne vectori publico committas rogo; eorum vectigal immensi apud nos est pretii; moram potius facias, et consuli Sueco ad Bourdeaux mittas, quam quoque viam sequar cum ad te vel libros, vel chartas, vel plantas, vel lapides mittendi erit animus, » Quod autem ad dissertationem attinet, ingeniosissimas observationes de Graminibus diversis in diverso solo ad eamdem speciem reductis miratus sum. Credendum quod si attentius explorarentur plantæ, qua cursitando plerumqre vel siccae tantum et deformatæ a botanicis invisuntur, mirabiles et non suspi- catæ detegerentur in eis variationes. Sic Carduum helenioidem, 2° anno in C. heterophyllum, et rursus heterophyllum in alium foliis omnibus pinnatis 3* anno immutari observavi jam quotannis a 10 annis; totaque planta ratione soli uliginosi vel aridi, climatis, positione in apricis vel umbrosis, innumeras in omnibus partibus patiturj mutationes, quas botanici pro differentia specifica T. HE C XXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. assumpserunt, sicque 10 plantas ex una specie confecerunt, quam autem observa- tionem in actis Academiae nostrae, qua prælo parantur, videbis; si autem citius in lucem edita non fuerint procul a nobis culpa sit, deficiebant nummi, quos in perpetuum suppeditavit testamento unus ex sodalibus semper laudandus. » Impatiens fero quod, litibus et negotiis innumeris distractus, nec studio nec amicis vacare possim ; jam a tribus annis; Pyrenæos montes lustrandi mihi defuit copia ; fere exhausta sunt mez supellectiles naturales; novis orbus sum observationibus ; et siti ardente premor, quam satiare in me non est, naturam in suis opificiis denuo visitare; indulgenter itaque agas mecum quoad usque, ab omnibus curis domesticis expeditus, totus studio natura incumbere possim. » Nullos nosco botanicos Italos; an ullos cognoscere est? Solus superest senex Arduinus fortassis, Venetiis, et omni laude major noster Seguierus Nemausi; lugeas merito quod in tali climate desint qui scientiam colant et augeant. Musa paradisiaca hodie sub dio in Sicilia colitur vulgatius. » Turmalini lapides, ex Tirolensi monte Greiner, mihi in duplo sunt ; pul- chrum specimen lubentissime mittam; habesne mineras hydrargyri Idriensis ? possem etiam mandare; de- magnesiis (sc) nostris Pyrenaicis descriptio- nem feci in Journal de physique, hoc anno, quam tibi dabo etiam; notae tibi sunt he mineræ; pulchras attulit ex nostris ferrifodinis amicissimus Stockenstróm. » Toto corde tibi gratulor, quod tuæ cure demandaverit, numquam mo- riendus rex vester, et hortum et musæum ; benevolentiae gratitudinis et meriti en habes testimonium. » Tecum assentior et firmiter credo genera naturalia numquam divellenda ob differentiam unius partis; sic tamen in praxi multoties non sentit illustr. tuus pater. » Sed sermoni tam grato finem facere oportet, Vale, sæpe rescribas, me memoriam serva, et me tantisper ama, qui erga te vera flagro amicitia et existimatione. » j L'année allait finir. Lapeyrouse attendait une nouvelle correspondance de Linné, et le chevalier de Stockenstróm lui écrivait le 28 novembre : « Je ne sais pas encore quand je verrai M. Linné, mais en tout cas je n'oublierai de lui parler de vous. Ces messieurs d'Upsal sont paresseux, ils ne viennent que très- rarement ici (Stockholm), et pourtant il n'y a qu'une journée de distance. » Deux nouvelles années se sont écoulées. Nous sommes parvenus à l'année 1783. Les deux correspondants éprouvent en méme temps du regret de leur silence, et les lettres qu'ils échangent, lettres qui devaient étre les dernieres, se croisent en chemin! Lapeyrouse dit affectueusement à son ami : « Je vous prie de me dire si vous jouissez d'une bonne santé et si vous vous souvenez encore de moi. » De son côté, Linné, qui n'a recu aucune lettre depuis deux ans, exprime une pensée analogue. Lapeyrouse a été retenu longtemps dans son lit par la maladie. Ses récoltes de plantes ont souffert de son inaction pro- SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XXXV longée; cependant il peut encore envoyer à Upsal, par la voie de Bordeaux, les plantes qu'il a récemmeut décrites, et il réitere l'offre des roches et des minéraux qu'il a en double. Linné doit à l'obligeance d'un ami comm, M. de Stockenstróm, le bel ouvrage de son correspondant sur les Orthocéra- tites des Pyrénées, et il exprime à l'auteur ses plus vifs remerciments; il produit aussi de bonnes raisons pour excuser son silence. Il s'est absenté long- temps; il a parcouru, durant ces deux années, une partie de l'Europe; il a été à Londres, à Paris, en Belgique, en Allemagne, en Danemark, recueillant par- tout des collections botaniques et zoologiques. Il poursuit la publication du Sup- plementum, dont le premier volume est consacré en entier au règne animal, Son ami Broussonet, récemment revenu des Pyrénées, lui a promis une part de ses récoltes : il s'en réjouit, mais il fonde à cette occasion un reproche amical sur l'impossibilité où s'est trouvé Lapeyrouse de lui témoigner moins tardivement son application aux recherches botaniques. Il est « peiné de voir que son cor- respondant soit plus porté à l'étude dela minéralogie qu'à celle de la botanique et de la zoologie, qui lui offrent cependant des ressources infinies ». Voici ces deux lettres, les dernières échangées, car Linné fils mourut dans cette méme année 1783 : « Generosissimo D»? Baroni Picot de Lapeirouse S. P. D. Carolus a Linné. » Hisce diebus reditus Upsaliam, in domo mea reperio donum Tuum : opus. de Orthoceratite, pro quo Tibi quam maxime obstrictus vivo; opus pul- cherrimum et quoad omues partes summa exactitudine et ingenio elaboratum. » Feci per duos annos iter per aliquam Europa partem; fui Londini, Pari- siis, Belgio, Germania et Dania, solummodo occupatus in describendo mammalia et vegetabilia, et quorum magnam collectionem faciendi. habui occasionem. » Vidi in Actis Holmiensibus pulcherrima Tua observata circa aves; optarem Te etiam quaedam habere in mammalibus ; edendum mihi est primum volumen Syst. Nature proximo autumno, comprehendat solummodo mammalia. Fac ut sciam, an ullas litteras mihi- scripsisti per hos duos annos? forte adhuc reperiendæ sunt a me. » Quondam promisisti mihi ex tourmalinis vestris ; ; quas vehementer desiderarem. » Amicus monspeliensis D"* Broussonet, hac æstate per Pyrenæos profe- cturus, spem erigit meam, multa pulchra ex rarioribus illorum montium parti- cipem fieri. Doleo, Te non adeo amare zoologiam et botanicam ac mineralo- giam ; optimam certe haberes occasionem etiam has observationibus ditare. » Vale, Vir generosissime, et esse Te adhuc propenso erga me animo fac ut mature resciscam, XXE - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » Dabam Upsaliæ, d. 3 april. 1783. :» Quz nova litteraria ex vestris terris hoc tempore, et quæ nova observata in actis Academiæ Tolosanz ultimis his annis edita sunt, nempe quz pertinent ad historiam naturalem ? » P. Lapeyrouse à Ch. de Linné. « Optatæ jamdudum deficiunt tuæ litterae, vel negotiis, vel studio, vel for- san valetudine (quod Deus avertat!) impeditus, nihil mihi rescripsisti. Dicas rogo an bene valeas, an mei adhuc memineris. » Curis et negotiis adhuc expeditus non sum. Parisios proficiscebar ; in currum conscendebam, nova superveniunt negotia, et in longum domi denuo affixus sum. » Descriptiones et notas ad animalium historiam quam paras pollicitus eram; tandem otio utens aliquantulum huic operi manum admisi quam ami- cissim. Stockenstróm, ut ad te perveniat curabit. More illustr. tui parentis de avibus tantum tractavi, quippe qui absolutiorem de his et historiam et criticam, et anatomen plerumque, et descriptionem habeo, prorsus tibi super- fluam, cui non eorum historiam, sed praecipuos characteres, vel addendi vel emendandi in mente est. : » Me pudet pauperrimam plantarum messem ad te mittere, sed omnia æstate elapsa mihi male-evenerunt. Litibus detentus fui domi; amicissimus doctor Vergnies, Stockenstrómio notissimus, aquarum medicus, me curante cum præ- fecto insule Doming. profectus est, qui observationes ad historiam naturalem instituat in insulis Americæ ; quotannis elegantes et novas stirpes Pyrenaicas accipiebam ab illo amico botanophilo egregio. Chirurgum quempiam in altis- simis Pyrenæorum commorantem instructum feceram ut stirpes, quas sub manu habebat elegantissimas, in horto sicco ordinaret ; arsit ejus domus nefando eventu, et plantis jam siccatis orbatus fui. Habeo et Valerianas unam et alte- ram, et Carduos, et Potentillas, et Daphnem meam, et etiam alias pauculas, quas, si velis, mittam cum turmalinis. Vellem prius ut rescriberes si arri- deant tibi mineræ hydrargyri Idriensis, vel nostrae» manganenses (sic); et heec omnia consuli vestro Burdigalam mittam. » Ex omnibus his, quas ad me mittere destinasti, imprimis placebunt stirpes siccæ et Cryptogamæ et Gramineæ praesertim ; si ampla fuit messis quam tibi ex Lapponia retulerunt missi a te botanophili, mei per otium memoriam serva. Quandoquidem difficiles sunt he plante, et non tuto determinantur, Si absit fructificatio. » Interea, amicitie et existimationis erga te certus sis, rogo. Vale. » III. Lapeyrouse entra en rapports avec le chevalier de Lamarck en 1789,à loc- casion de la vublication qu'il préparait alors de sa première décade de la Flore SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. xxxvi des Pyrénées; cependant cette décade ne parut qu'en 1794. Lamarck, connu par sa Flore francaise sortie de l'Imprimerie royale en 1768, par Vlllustration des genres qu'il publia en 1783 pour l'Encyclopédie métho- dique, et par le Dictionnaire de Botanique qui lui fait suite, jouissait d'une légitime réputation de science, et tous les botanistes de son époque, Lapeyrouse de ce nombre, recherchaient ses conseils. Lamarck avait promis à son confrére de l'Académie des sciences, Laumont, ami de Lapeyrouse, son entière bienveillance pour ce dernier, et il justifie sa promesse dans la lettre qui va suivre. Lamarck fait connaître son sentiment sur le manuscrit de Lapeyrouse. D'abord il le conseille fort judicieusement à propos de la rédaction des phrases caractéristiques, et quant aux espèces, il les suit une à une. A propos de l'An- drosace pyrenaica, i| doit nécessairement se méprendre. Il dit : « Votre Androsace est absolument la méme plante que celle que j'ai décrite dans mon Dictionnaire sous le nom d'Androsace alpina. » Lamarck revint en effet sur ce jugement trop peu réfléchi. On verra, dans la réponse de Lapeyrouse qui fait suite à la lettre de La- marck, que le botaniste pyrénéen résiste à l'opinion du maître et qu'il veut conserver la priorité de la découverte de l'Androsace pyrenaica, bonne espèce pour lui, et qu'il dit avoir eu l'intention de nommer A. diapensioides à cause de sa ressemblance apparente avec un Diapensia. Lapeyrouse nous a appris plus tard que son savant correspondant avait reconnu son erreur, mais là ne s'arrête point le litige occasionné par PAn- drosace des Pyrénées. La première décade de Lapeyrouse parut, et l'auteur, modifiant sa première détermination, publia sa plante nouvelle sous le nom d'Androsace diapensioides, trouvant sans doute l'adjectif pyrenaica trop vague et nullement caractéristique. S'il n'eüt pas omis d'inscrire A. pyrenaica mss., comme il le pouvait, il se fût épargné peut-être les ennuis qui Patten- daient à propos de cette plante (1). De son côté, Lamarck publia en son nom un Androsace pyrenaica, auquel il donne pour synonyme VA. diapensioides de Lapeyrouse; et De Candolle, son continuateur, suivit les mêmes errements dans sa Flore francaise. Lapey- rouse se trouvait donc dépouillé de sa découverte, et il attendit pour s'en plaindre l'apparition de sa Flore abrégée. A la page 94 et à Particle A. py- renaica, il dit : « J'envoyai de beaux échantillons à M. de Lamarck, il recon- nut enfin son erreur et sé rendit; je conserve ses lettres. Quel fut mon (4) Lapeyrouse ne put pas obtenir un rapport écrit sur sa Flore d ig rd p qu’il avait soumise au jugement de la première classe de l'Institut, M. eis des Pg i teur verbal, cédant à ses vives instances, finit par lui répondre, le 14 octo re ,d'une manière écourtée et assez roide. Sa lettre se termine ains! : « HI ma semblé que vous aviez changé sans nécessité les noms de beaucoup d'espèces... qu enfin vous aviez frai durement et injustement des hommes d'un mérite avoué de tout le monde. » XXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. étonnemént, lorsque je vis dans ses //lustrations, n° 1953, qu'il publiait cette espèce qu'il ne tenait que de moi, dont je lui avais donné des échantillons et dont mon ami lui avait confié le dessin, la gravure et le manuscrit! Je reprends donc ma propriété...... » Et Lapeyrouse inscrivit le synonyme de Lamarck en seconde ligne, après le nom spécifique de diapensioides qu'il con- serva à son profit. Ce procédé de Lapeyrouse, je parle du renversement des noms publiés, était légitime, et MM. Grenier et Godron, qui ont suivi de bonne foi l'errement dela Flore de De Candolle, auraient sans doute fait la méme rec- tification dans leur Flore s'ils eussent connu le petit procès qu'éclaircit aujour- d'hui la correspondance des botanistes en cause. Il n'est pas dans ma pensée de vouloir relever Lapeyrouse des critiques que les hommes de son temps ont fait peser sur ses découvertes, un fait isolé comme celui que je signale serait insuffisant d'ailleurs pour appuyer cette tâche; mais je crois qu'il est bon de reconnaître (je ne parle que d’après l'examen de la correspondance de ceux qui l'ont contredit) que plus d'une fois Lapeyrouse avait eu des motifs pour se plaindre. « Paris, 34 octobre 1789. » Monsieur, j'ai recu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 28 septembre dernier, et qui accompagnait une décade de votre Flore des Pyrénées, que M. de Laumont m'a fait voir. Connaissant votre intention et vos sentiments dont vous me réitérez les assurances par votre derniére lettre, j'ai pris la liberté d'examiner le manuscrit de cette décade, non assurément pour prétendre à le censurer, mais pour vous faire part, avec une franchise digne de m'obtenir quelque titre à votre amitié, des observations que cet examen me mettrait dans le cas de faire, et en un mot dans le dessein de contribuer en quelque;chose à l'intérét que l'ouvrage estimable que vous entreprenez me paraît mériter, i » Sur vos espèces : Votre Geranium larvatum m'a paru être le même que celui que M. l'abbé Cavanilles a publié sous le nom de Geranium glandu- losum, dans sa cinquième dissertation. J'ai faiten marge de votre manuscrit la citation de la page et de la figure dans l'ouvrage de M. Gavanilles. La figure et la description que vous donnez de cette plante sont: beaucoup meil- leures que celles qu’on trouve dans l'ouvrage cité; mais sa racine m'a semblé d'une grosseur extrême, Cette plante est vivante au Jardin du Roi. » Je n'ai rien à ajouter à ce que vous dites sur le Geranium cinereum ; je pense seulement que cette espèce est trés- voisine par ses rapports du Gera - nium argenteum L. La figure que vous donnez du Stachys alpina m'a paru un chef-d'eeuvre pour la beauté ‘du travail et la fidélité de l'exécution. Votre Scabiosa cinerea est sans doute une espèce neuve et qui paraît fort tranchée par ses caractères, si, comme vous le dites, la culture ne lui fait point acquérir une tige rameuse, et si ses feuilles caulinaires ne deviennent SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. xxxix pas bipinnées ou subeomposées, ce qui arrive à la Scab. columbaria. Votre Androsace pyrenaica est absolument la méme plante que celle que j'ai décrite dans mon Dictionnaire, sous le nom d' And». alpina, n° 8. J'ai mis en marge de votre manuscrit la citation des synonymes de cette plante. — Votre Campanula longifolia me paraît une plante neuve pour tous les botanistes , elle ne m'est point connue, il est vrai que je ne connais pas non plus la Cam- panula alpina de Linné, dont je n'ai point parlé dans mon Dictionnaire. J'ai mis en marge de votre manuscrit les raisons qui me portent à croire que votre Antirrhinum sempervirens est la méme espèce que l'AntirrAinum molle de Linné, ou n'est qu'une variété de cette espèce. Je ne vois rien à dire sur les trois autres espèces, qui sont le Cineraria sibirica, l Ononis alope- curoides et le Cerastium lanatum, si ce n'est que les figures et les détails de ces plantes et des sept autres me (paraissent trés-bien rendus et traités d'une manière supérieure. Il résulte de ces observations que, sur les dix plantes qui composeront votre première décade, il ne se trouvera que deux espèces nouvelles, savoir : le Scabiosa cinerea et le Campanula longifolia. Mais, quoique vous ne regardiez peut-étre que comme peu de chose deux plantes nouvelles pour une décade, je trouve cependant que c'est beaucoup, et je doute fort que chaque décade de votre Flore des Pyrénées puisse offrir au public un pareil nombre d'espèces véritablement nouvelles. » Sur votre manuscrit : Je vous dirai d'abord que j'ai remarqué que vous faisiez vos phrases caractéristiques trop longues. C'est un défaut dont je ne me suis aperçu que tard pour moi-même, de manière que ce n'est que dans les derniers demi-volumes de mon Dictionnaire que je crois avoir saisi la proportion convenable dans la longueur des phrases, qui ne doivent jamais ressembler à des descriptions, mais seulement présenter les caractères dis. tinctifs d’une espèce d'une manière trés-concise. Aussi Linné a eu raison de dire qu'une phrase ne devait pas offrir plus de treize mots ; une phrase ne doit méme avoir cette longueur que lorsqu'il n'est pas possible de faire autre- ment, comme on y est quelquefois forcé dans les genres très-nombreux en espéces. » Vos descriptions m'ont paru fort bonnes, très-bien faites ; elles offrent un avantage sur celles que j'ai composées en francais, en ce que vous suppri- mez les verbes, ce qui abrége et rapproche votre style du style systématique des naturalistes modernes. Mais je désire fort que vos descriptions, qui se pré- sentent comme tout d'un trait, soient partagées chacune par un «linea, de manière que tout ce qui concernera les parties de la fructification soit distingué au premier coup d'œil de ce qui appartiendra aux parties du port. » Ce que j'ai l'honneur de vous dire à cet égard n'est pas relatif à ce que j'ai exécuté, car, dans les premiers demi-volumes de mon Dictionnaire, tout y est entassé, serré et presque sans ordre ; je n'ai pensé que tard à me corriger, et je puis dire que je n'ai commencé à donner une forme convenable à mon XL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. travail que dans le cinquiéme demi-volume de mon Dictionnaire, qui vient de paraitre. Mais la confiance que vous me témoignez me porte à ne pas vous laisser oublier, pour votre ouvrage, un avantage que je n'ai pas su procurer au mien. Je continuerai, si cela vous intéresse, à vous dire ce que je penserai sur les objets de chaque décade que vous ferez parvenir à ma connaissance. Quant à ce qui concerne les plantes nouvelles que vous étes dans le cas de me faire connaitre en me communiquant vos manuscrits et vos dessins, vous pou- vez trés-fort compter sur mon honnéteté, et vous devez étre persuadé que si je viens à traiter, pour mon Dictionnaire, des genres auxquels vos espèces nou- velles appartiendront, je ne ferai aucune mention de ces espéces, mais j'at- tendrai pour les citer que votre ouvrage ait paru. Il est vrai que si quelqu'une de ces espéces se trouvait déjà dans mon herbier, m'ayant été communiquée par d'autres, je ne pourrais pas faire la méme chose. J'ai l'honneur d'étre trés-parfaitement, Monsieur, votre trés-humble et trés-obéissant serviteur, » Le Chev. de LAMARCK. » « Toulouse, le 6 novembre 1789. » Vous ne pouviez, Monsieur, me donner des preuves plus certaines de la disposition où vous êtes de m'accorder votre amitié, qu'en examinant d'un œil sévère la décade dont M. de Laumont vous a présenté le manuscrit et les dessins. Je ne saurais assez vous exprimer combien vos avis et vos observa- tions m'ont été agréables. Jaloux de mériter votre estime et votre amitié, j'en solliciterai vivement la continuation, et je crois, Monsieur, entrer dans vos vues, si quelquefois ayant une opinion différente de la vótre, je vous en explique trés-franchement les motifs et vous en développe les principes. J'aime la science de la meilleure foi possible ; je suis prét à lui faire tous les sacrifices, excepté celui de la vérité. Je sais trés-peu de chose, mais j'ai quelque habitude de l'observation des corps naturels, et je suis assez familier avec les plantes alpines, que j'ai beaucoup étudiées dans les livres, mais plus encore sur les cimes sourcilleuses où la nature les a cachées. » Vous avez raison, Monsieur, mes phrases caractéristiques sont trop longues; e tacherai, à votre exemple, de me réformer sur ce point ; quoique souvent les plantes congénères nous forcent d’être plus longs que. nous ne le voudrions. » Très-certainement, je pense comme vous, et je distinguerai par des alinea les divers membres de mes descriptions. C'était mon dessein, mais pour pro- fiter de l'occasion, je vous ai envoyé un manuscrit presque informe. C'est mon premier jet et je le polirai encore. » J'ai déjà eu l'honneur de vous dire avec combien d'empressement je profiterai de vos offres obligeantes pour la suite de mon ouvrage. » Dans un ouvrage de la nature de celui-ci, il faut tâcher de réunir plus SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XLI sieurs convenances. Il faut plaire aux savants et s'assurer leurs suffrages, wais il ne faut pas négliger les amateurs et les bibliomanes. Il faut préparer de longue main, pour tout l'ouvrage, une variété qui attache ; il faut combiner les plantes nouvelles avec celles qui sont trés-connues ; la figure des unes est précieuse au botaniste et n'offre qu'un médiocre intérét à l'amateur, tandis qu'il est séduit par l'image d'une plante peu rare, qui en effet est plus pitto- resque, mais qui n'est pas aussi importante pour la science. Ainsi mon Androsace n'a pu offrir au peintre autant de moyens de développer son talent que le Stachys alpina; un gramenznouveau, une plantule ne flattera pas l'amateur et sera infiniment recherchée du savant. Et quoique je me sois imposé la loi de ne jamais répéter la figure d'une plante qui aura déjà été gravée d'une manière passable, je n'ai jamais eu la sotte présomption de ne vouloir donner que des espéces nouvelles, quoique j'en aie un assez bon nombre; mon ouvrage eût été trop court. » Mais, sans être neuve, une espèce peut offrir des discussions critiques, des réformes dans les caracteres spécifiques, des observations, qui doivent étre de quelque intérét, Tout n'est pas dit sous ce rapport. Cependant toutes les recherches faites sous ce point de vue doivent nécessairement ‘concourir à la perfection de la science et à la fin ultérieure qui est la connaissance solide des espèces. » Toutes mes figures peuvent donc être ainsi classées : figure nouvelle d’une espèce neuve, figure nouvelle d’une plante connue, figure exacte d’une plante déjà gravée, mais très-imparfaitement ; ces dernières seront même en petit nombre. » Cet aperçu posé, passons à mes dix espèces. » Cerastium lanatum. Décrit par vous. Ma figure est nouvelle. » Cineraria sibirica. J'ai réformé quelque chose à ses caractères spéci- fiques. La figure d'Ammann est détestable, la mienne est très-exacte. » Ononis alopecuroides. Plante connue, mais qui m'a fourni des observa- tions intéressantes ; figure nouvelle. » Campanula longifolia. Plante et figure nouvelles. » Antirrhinum sempervirens. Figure nouvelle. La plante l'est-elle ? On peut faire valoir de bonnes raisons pour et contre. Mais en supposant que ce soit PA. molle de Linné (ce qui me serait bien dur à croire), c'est toujours une chose très-utile de fixer d'une manière stable la connaissance d'une espèce qui jusqu'ici était bien vague et bien imparfaite, et c'est là l'avis de M. de Lamarck. » Scabiosa cinerea. Tournefort a connu cette espèce et l'a indiquée par une phrase; on peut en dire autant d'Allioni; la description restait à faire, ainsi que son épreuve par la culture. Sous ce rapport, elle est neuve. La figure aussi, car celle d'Allioni n'est pas bonne; sürement elle a été faite d’après le sec, XLII SOCIÉTÉ BOTANIOUE DE FRANCE. » Geranium cinereum. Figure nouvelle; celle de Cavanilles étant très- imparfaite, et dans la vue de faire ressortir un caractére spécifique qui n'est pas exact. La corolle, chez lui, est dessinée d'idée, Tournefort a indiqué cette espèce. Cavanilles l'a caractérisée, et trés-mal. Il restait à réparer ses fautes et à rétablir les vrais caractères de cette espèce, qui est en effet très-voisine du G. argenteum, mais qui ne peut s'identifier avec lui, et vous l'avez pensé ainsi dans votre Dictionnaire. » Stachys alpina. Figure nouvelle et parfaite d'une plante trés-connue. On doit compter pour rien la figure de Morison. L'amateür en sera sûrement plus satisfait encore que le botaniste. » Androsace pyrenaica. Quelque déférence que j'aie pour vos décisions, je ne puis rendre les armes sans une honorable défense. J'avoue que votre juge- ment m'a étonné. C'est l'espéce sur laquelle je comptais le plus pour la nou- veauté. Un botaniste des Alpes doit connaître les Arefia et toutes leurs variétés, et j'en possède un bon nombre de toutes les montagnes d'Europe ; je connais les descriptions et les figures de Haller, de Jacquin, etc., et je vois toujours dans mon espéce des caractéres qui la distinguent fortement de toutes les autrés. Et d'abord un facies propre, des gazons plus serrés, des hampes tou- jours inclinées, la corolle toujours blanche et point échancrée. Mais, plus que tout cela, les trois folioles grandes et remarquables qui calyculent le calice, et qui sans l'inspection du fruit en feraient une Diapensia. Or, si des caractères tels que une différence constante dans la grandeur, le duvet constant des feuilles, etc., suffisent pour séparer des espèces, combien à plus juste titre un caractére aussi important que celui-ci doit-il nous autoriser à ne pas le négli- ger; jamais dans aucun Aretia vous ne l'avez vu ; et ma plante est si abon- dante, sur la montagne où je l'ai observée, que je pourrais en fournir une voiture. Jamais ce caractére n'a été en défaut; ce n'est pas une variété individuelle, aussi tous les botanistes à qui j'ai communiqué cette espèce n'ont pas hésité à la regarder comme trés-neuve. Je vous en envoie un échantillon, pour que vous puissiez la juger encore mieux que sur sa figure. J'avais eu le dessein de la nommer Androsace diapensioides. » Geranium larvatum. Avant d'examiner si c'est le glandulosum Cav. , je dois dire que je le trouvai en 1782; je lus sa description en 1783, à l'Aca- démie; elle est consignée sous une date certaine dans ses registres que je citerai. J'ai indiqué son lieu natal à M. de Laumont, qui l'y a trouvée avant que M. Cavanilles ait publié sa dissertation. La priorité m'appartiendrait donc et je n’userais que de mon bien. Fût-ce encore la même, sa figure est incomplète. — Il a séparé de cette espèce le G. rupestre du mont Serrat, qui évidemment n'en est qu'une variété. J'ai dû relever tout cela, sa racine a été fidèlement copiée d’après nature. » Je Suis avec respect, etc. » LAPEYROUSE. » SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XLII AE La correspondance directe de Lapeyrouse avec Acharius s'est bornée à l'échange d'une seule lettre, en 1806. Le botaniste toulousain apprend à son savant correspondant que, dés sa jeunesse, il a exploré les Pyrénées, dont il a observé les nombreuses productions lichénologiques, et qu'il a récemment distribué ses récoltes d’après l'ordre du Methodus Lichenum dont il apprécie les mérites en termes louangeux. Il l'entretient des Décades de la flore des Pyrénées, dont la cinquième est préparée ainsi qu'une partie de la sixième, et qui auraient déjà vu le jour sans l'état de guerre de la France, qui met ob- stacle à la continuation de cette entreprise scientifique. Alors qu'il souhaitait de lui communiquer ses récoltes et de profiter de ses conseils pour la déter- mination des espèces qui l'embarrassent, il a appris par son correspondant de Suisse, Schleicher, qu'Acharius se proposait de donner prochainement une nouvelle édition de sa Méthode des Lichens, augmentée des nouvelles espèces qui lui ont été communiquées; et il a ambitionné de faire connaître à ce savant les espèces qu'il a recueillies dans les Pyrénées et les figures qu'il a déjà fait exécuter, mais qui ne sont pas encore sorties de son cabinet. A la méme époque, en septembre 1805, vint à passer à Toulouse le docteur Wiedemann, qui offrit à Lapeyrouse l'occasion qu'il désirait. Ce fut donc cet étranger qui se chargea obligeamment, en rentrant dans son pays, de remettre dans les mains d'Acharius les Lichens des Pyrénées. Lapeyrouse regrette dans sa lettre que diverses espèces de cet envoi (qu’il suppose être parvenu) soient en spécimens uniques. Il a atteint, dit-il, les sommets des crêtes les plus élevées et il aurait eu de la peine à en rapporter un trop lourd fardeau. Ses figures offrent seize espéces, dont quelques-unes « nouvelles »; elles ne sau- raient, dit-il, suppléer à la nature, mais il déclare qu'il n'en a pas vu de plus exacles. On peut reconnaître en effet, dans ces figures, que la délicatesse et l'exactitude du dessin sont aussi remarquables que la vérité du coloris (1). Voici la lettre de Lapeyrouse; elle fut remise à Acharius par un ami commun, hôte fréquent de la France, Thunberg; Lapeyrouse est peiné du silence du savant lichénologue, il le conjure de lui répondre. « {llustrissimo Domino Erik Achario, summo hujus cvi Lichenologo, Phi- lippus. Picot Lapeyrouse, legionis Aquila, Instituti- imperialis Gallie, Academ, Holmiensis, etc., membro; historie naturalis. professor. in Schola speciali Tolosana, S. P. D. » Indagationi plantarum in Pyrenæis sedulo a teneris addictus, Vir illustris- (4) Les planches 44, 45, 46 et 47 manquent habituellement à l'ouvrage de Lapey- rouse, qui s'arrête à la fig. 43 (1794-1801). Cependant le tirage a été complet, sauf le texte. (Voyez une note dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Toulouse, année 1857, p. 414 et p. 452.) XLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, sime, pulchram Lichenum copiam ex his alpibus retuli ; observationes quam- plures institui, quæ me ad novam generum distributionem ad usum proprium impulerunt; Hoffmanni opera, ia. quibusdam lumen adjecere, in aliis dubia auxerunt. Tandem casu felici quidem, in manus incidit egregia tua Lichenum Methodus, secundum organa carpomorpha ; tunc cecidere squama ex oculis, nova affulsit lux ; inventa tua novam Lichenum philosophiam, doctissimam æque ac accuratam synonymiam miratus, Pyrenaicam meam Lichenum seriem ad normam tuæ Methodi dispescere conatus sum. Non difficilis labor in plerisque, sed non in omnibus. Dum immensam Lecidearum ac imprimis Parmeliarum congeriem ingreditur Botanicus, filo ariadneo armatus necesse est; non sine titubatione fateor me in his generibus processisse. Quasdam tamen species notatu dignissimas et in tuis operibus silentio, mea mente, saltem prætermissas accu- rate depinxi, in nativis coloribus ære incidi curavi; quo pacto quintam Flore mea Pyrenaicæ decadem, in lucem mox prodituram cum sexta, nisi bella diu adhuc prohibeant, quatuor tabulis, 16 Lichenum species exhibentibus, ador- navi. Interea pharmacopola helveticus Schleicher ex suis alpibus Lichenum numerosam seriem ad me misit, epistolam tuam, qua specierum illius seriei determinationem ad. illum transfers, mecum communicavit. Legi in hàc epi- stola, te autumno proxime venturo, novam Methodi tuæ editionem multo ditiorem et emendatam typis mandaturum. Extemplo, quatuor mearum tabu- larum 44, 45, 46, 47 nempe, exemplar egregiæ tuæ perspicacitati offerre jubet animus. Quidquid in Lichenibus notum est in tuo classico opere inveniri debet. Tabulas meas designare tibi licebit, uti si opus integrum sub manibus versaretur. » Tunc temporis celeb. in arte obstetricia Professor in Academia et noso- comio Kiel Danorum, aulic. Consil. Wiedemann, Tolosam attigit, Parisios profecturus, desinente septembri Lares suas revisurus. Fidei egregii et amæ- nissimi viri, exemplar 4 tabularum commisi, quippe qui dum patriam saluta- verit tuta et celeri via in tuas manus deponendum curabit. Insuper, totam meam Pyrenaicam Lichenum suppellectilem, retractare incæpi, quidquid in du- plo erit oculis tuis acerrimis dignum, numero notabitur, et ad benevolum D'" Wiedemann Parisios mittam antequam ex hac urbe proficiscatur ; Lichenibus litteras jungam, et sic mentem tuam facillime mihi declarabis, tam super tabu- las, quam super ipsos Lichenes. Doleo, quod unius alteriusve speciei specimen unicum pone me sit; in itineribus alpinis, præcipue cum excelsiora cacumina perlustranda, difficilis labor sarcinas colligendi et vehendi. Sed figuræ meæ naturam non ægre supplent, perfectiores etenim non novisti. » Auspiciis celeb. Thunbergii, cujus pristinam. in me bonevolontiam jam- diu sum expertus, litteræ hæ ad te pervenient quippe qui ignotus tibi, nulla alia ratio, a tantis curis quibus obrutus es, potest te distrahere quam cupido augendi amabilem scientiam quam tantopere adamas.. » Obsequio meo crede, etc. D. ‘Folosæ, 6 jul. 1806. » SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADYS-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XLV Acharius répond aussitôt à la lettre qu'on vient de lire et qui lui a été fidè- lement remise « la veille » par Thunberg. Il n'a pas recu l'envoi confié au docteur Wiedemann. Il est impatient d'examiner les types des Lichens de Lapeyrouse, de voir ses planches; il les désire, il les attend avec anxiété. L'ouvrage qu'il prépare, et dont a voulu parler Schleicher, est son Lichenogra- phia universalis, dont il explique le plan et la division. Il a recu et utilisé pour cette nouvelle publication des communications de la plupart des contrées du globe. Les amis de Lapeyrouse, Persoon et Léon Dufour, ont enrichi ses manuscrits par leurs découvertes ; cependant il garde le ferme espoir de rencon - trer quelques nouveautés dans l'envoi annoncé par Lapeyrouse. « Viro celeberrimo illustrissimo D Lapeyrouse salutem et observantiam dicit. Erik Acharius, M. D., Professor Reg., etc. » Faventissimas Tuas litteras, Vir clarissime! d. 6 julii ad me scriptas, quibus nihil gratiusesse potuit, cura amicissimi Thunberg heri accepi, et mox ad eas responsa dare me accingo. » Quid ego in Lichenum historiam illustrandam conferre potui, etiam Tibi, Vir illustrissime, arriserit, jucundum est cognoscere, nec minus suavis ea erit mihi reminiscentia, quas istis meis lucubrationibus in Tuam notitiam ac familiaritatem me pervenisse, quamque colore (sic, an colere?) nullo non tempore studebo ac aestimare. » Per meas ad cl. Schleicher missas litteras et Tecum communicatas, novisti me novam meditari Methodi Lichenum editionem. Jam de hac plura dicere oportet, ut scias quid inde exspectandum sit. Prodibit nempe ad initium anni sequentis Lichenographia mea universalis, si quis imprimendi sumtum in se suscipiens acquiri potest. Multa in hac innovata, addita et emendata invenies. Examine insignium Lichenum collectionum fere ab omnibus mundi partibus ad me missarum, uti etiam observationibus aliis scrupulose institutis eo perventum est, ut novam de hisce plantis doctrinam elaborare ac proponere potuerim. Hoc, juvantibus observationibus multiplicibus sub vitris compositis factis, naturam et propagationem Lichenum clarius demonstrare conabor et hoc fundamento nititur nova mea dispositio, quam ut spero, naturalissimam et facillimam invenies. Genera multa nova condidi (eorum numerus jam A0 est, Lecidea et Parmelia valde partitis) characteribus certis et fixis stabilita. Partes Lichenum explicantes et characteres genericos clare illustrantes, figuras deli- neavi microscopicas opusculum una sequentes et tabulas circiter 18-20 occu- pantes. Species quam plurima reductæ sunt, sed alias novas bene multas harum in locum addere licuit, adeo ut jam maxime completum et naturale Lichenum systema conditum invenient, ut puto, Botanici. » Non nihil ad opusculi mei ornamentum conferrent nova Tuc Pyrenaicæ species! Anxius hac vestra detecta noscere et icones Tuas mihi benigne pol- XLVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. licitas lustrare expeto et exspecto. Utinam cito ad me pervenient et antequam manuscriptum finitum typis mandassem. Locupletissimas sane ex alpibus Hel- veticis, Italicis et Carinthiacis Lichenum collectiones, ad me faventibus amicis missas, examini subjeci et has inter multas inveni novas species. Insuper Gallicorum Lichenum insignem numerum mihi subministrarunt Persoon et Leon Dufour, quo factum est, ut etiam quam plurimas earum, quas in sua Flora Francie enumerabit De Candolle, noscam ; tamen alias novas inter col- lectanea Tua occurrere optime persuasus sum. » Dufour, Lichenes perquirendi caussa, iter ad Pyrenæos jam nunc fecit, ut mihi scripsit, Parisiis. » Si Tibi, Vir æstumatissime ! placeret ad me, per amicum communem S.-T. Thunberg, plantas phanerogamicas rariores Pyrenaicas et Galliæ australis pro herbario meo mittere, conarer aliis, vobis ut opinor expetitis, imprimis e Mu- scorum, Algarum aquaticarum, Lichenum et Fungorum familiis, vegetabilibus munificentiam Tuam remunerari. » Vale, mihique ut incepisti faveas ! » Ex museo Vadsteni d. 12 augusti 1806. » Que se passa-t-il depuis l'envoi de Lapeyrouse en 1805? Rien ne l'indique. Cet envoi dut étre perdu. Il n'est plus question du docteur Wiedemann dans aucune correspondance. Trois ans aprés, en 1808, Lapeyrouse obtient une détermination des espèces de Lichens qu'il a figurées. Mais il ne dut point l'utiliser, car les nombreuses planches connues ont toutes été tirées sans la lettre, et aucun texte ne renferme cette détermination ; nous la trouvons dans une lettre de Willdenow, et nous la rapportons ci-après : « Mon trés-respectable ami, j'ai l'honneur de vous communiquer ici mes observations sur les Lichens des Pyrénées, que j'ai examinés avec soin : Tab. 45 fig. 3 est Lecidea geographica atrovirens Ach. — 47 — 4 Urceolaria cinerea Ach., pas encore abveloppé. — 46 —1 — scruposa Ach. — A46 — 4 Lecidea polytropa Ach. — 4h — 14 une espèce nouvelle pas encore décrite par Acharius. — une espéce nouvelle toute différente de la plante nommée Parm. crassa var, opaca Ach. Sans nom (de Maladetta) est Lecidea fusco-atra Ach. Tab. 44 fig. 2 Parmelia chlorophana Ach. — 46 — 3 — avec Parmelia elegans Ach. — 47 — 3 — sawicola Ach. Parmelia encausta Ach, — encausta Ach. — stygia Ach. — encausta Ach. Tab. 47 fig. 4 est — Lecidea cechumena Ach. — 45 — — -— Nar. — 47 — — — — var. Sansnom (pic du Midi) — — var. : Agréez, etc. CH.-L. WILLDENOW. » A la même époque, Léon Dufour pressait vivement Lapeyrouse de continuer SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XLVII une publication dont il semblait devoir partager l'honneur; voici ce qu'il lui écrivait de Saint-Sever, le 17 aoüt 1809 : « J'ai parcouru à la háte ma collec- tion de Zichens, et, malgré vos nombreuses et riches espèces dans ce genre, je me hasarde à vous en offrir quelques-unes, moins à cause de leur rareté que pour leur exacte détermination. Ma correspondance avec le célébre Acharius me met à méme de pouvoir vous certifier la justesse de sa nomenclature, et ma collection prétée à De Candolle peut vous assurer aussi de l'identité de mes espèces avec celles de la Flore francaise. Je n'ai point oublié notre projet de Lichénographie, et, lorsque j'aurai débrouillé le chaos des récoltes en bota- nique que j'ai faites dans la Provence et le Languedoc, je m'occuperai de vous communiquer mes observations et mes doutes. » On sait que des motifs d'économie amenérent la cessation de la publication es Décades. Les fascicules 5 et 6 ne furent pas mis dans la circulation. En 1813, Lapeyrouse publia sa Flore abrégée, dans un format portatif, dépourvue de figures. Il devait s'étre arrêté à la pensée, qu'il ne réalisa point, de donner la partie cryptogamique de la chaîne des Pyrénées. On retrouve le témoignage de ce laborieux dessein dans l'échange de la correspondance qu'il entretint avec Schwægrichen, avec Persoon et avec son infatigable ami Léon Dufour. Le Supplément à là flore, qui parut en 1817, fournit l'occasion, stérile encore, de reprendre ce projet. Voici ce que L. Dufour écrivait à Lapeyrouse, de Barce- lone, le 4° décembre de la méme année : « La Cryptogamie des Pyrénées doit être une des plus variées de l'Europe; je vous engage à la traiter avec toute l'attention possible. Celle de De Candolle, quoique abondante en espéces, est détestable. Ses descriptions sont vagues et ne disent rien avec beaucoup de mots. Il est plus difficile qu'on ne pense de signaler d'une manière claire et tranchante ces petits végétaux; il faut beaucoup d'application, beaucoup d'exercice. Cet ouvrage vous donnera plus de besogne que la Phanérogamie. Je vous recommande surtout spécialement mes amis privilégiés les Lichens. Acharius, à force d'en avoir vu, d'en avoir étudié, s'est laissé en quelque sorte embrouiller, et il a trop souvent décrit des individus. » Lapeyrouse avait dû prendre un parti définitif, car Léon Dufour l'entretenait le 8 mars suivant, pour la dernière fois, du méme sujet et lui marquait son mécompte : « Je suis trés-fàché, lui disait-il, que vous n'abordiez pas la Cryptogamie en entier. C'est le complément indispensable de votre Flore, je vous engage encore à ne pas y renoncer...... » La séance est levée à dix heures. cs Avant la séance, M. E. Cosson a eu l'obligeance de distribuer aux membres de la session des pieds fraichement recueillis par lui, à Vernet, du Ligusticum pyrenæum, ainsi que des échantillons des- séchés d' Alyssum pyrenaicum recueillis à la Font-de-Comps, par le guide Michel Nou. XLVII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A l'issue de la séance, et pour répondre à l'aimable invitation qui leur était faite, les membres de la session se sont rendus au cercle de Prades, où les attendait l’accueil le plus cordial. Ils ne sauraient assez se louer de l’obligeance de M. le Sous-Préfet (qui a bien voulu mettre à la disposition de la Société quelques lits à la sous-préfec- ture), de M. le Maire (qui a résolu par les efforts les plus dévoués le difficile problème d’une installation à laquelle les hôtels de la ville ne pouvaient suffire), et des personnes notables d'une ville dont l'hospitalité laissera à tous les membres de la session le plus agréable souvenir. SÉANCE DU 3 JUILLET 1572. PRÉSIDENCE DE M. THÉVENEAU, VICE-PRÉSIDENT. La séance est ouverte à neuf heures et demie du soir, dans la salle de l’hôtel Jambon, à Mont-Louis. M. le docteur Théveneau, en prenant place au fauteuil, présente les excuses de M. Timbal-Lagrave, président de la session, empêché de se rendre à la séance. Le procès-verbal de la séance du 1‘ juillet est lu et adopté. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame l'admission de : MM. RoussiLLE (Albert), professeur de chimie à l'École d'agricul- ture de Montpellier, présenté par MM. Timbal-Lagrave et Husnot. BouriNEAU (François-Auguste), étudiant en pharmacie, à Chinon (Indre-et-Loire), présenté par MM. Tourlet et Bourgault-Ducoudray. L’Isce nu DRÉNEUF (Georges de), propriétaire, à Nantes, pré- senté par MM. Bourgault-Ducoudray el Gateceau. MM. Bourgault-Ducoudray et Gateceau rappellent que c'est à M. Georges de l'Isle que revient l'honneur de la découverte, dans l'étang du Grand-Auverné (Loire-Inférieure),du Co/eanthus subtilis, espèce nouvelle pour la France (1). (1) Voyez le Bulletin, t. Xl, p. 261. SESSION EXTRAORDINAIRE: A: PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XLIX M. le Président fait connaitre que M. le Maire de Mont-Louis, in- vité par un télégramme de M. le Sous-Préfet de Prades à se mettre à la disposition de la Société, est venu lui offrir ses bons offices, et il propose de voter des remerciments à M. le Sous-Préfet et à M. le Maire de Mont-Louis. Cette proposition est votée par acclamation. M. Cosson, au nom du Bureau permanent, dit que, de Paris, M. le président de la Société adressera à M. le Sous-Préfet de Prades les remerciments de la Société pour son obligeance empressée. Il dit aussi que M. le président de la Société enverra à la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales copie de l'ordre du jour voté dans la réunion préparatoire sur la proposition de M. Trouillard. M. Gariod, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante, adressée par M. le docteur Reboud à M. Cosson : LETTRE DE M. V. REBOUD. Constantine, 17 juin 1872, Mon cher confrère, Jecommence par vous dire que le botaniste est essentiellement mouton de Panurge : il suit les routes connues qui doivent lui faire cueillir quelques plantes rares, mais classiques, qui manquent à ses collections. Il lui arrive trop rarement de s'égarer au hasard dans des cantons nouveaux, et il y en à beaucoup en France, dans des vallées inexplorées dont le nombre est encore grand dans la Cerdagne et dans le Conflent. S'il ne rapportait que des plantes vulgaires, la géographie botanique n'y trouverait pas moins son avantage. Ainsi, au lieu d'entreprendre le voyage de Prades à Prats de Mollo par le Pla-Guilhem, j'aimerais mieux fouiller le revers oriental du Canigou, qui me semble digne d'une. sérieuse exploration. Je crois que le pauvre canton de Sournia mériterait également l'attention de la Société. Mais montons plus haut : aprés avoir visité les environs de Prades, Saint- André ou Saint-Michel de Cuxa, la Trencade, Villefranche, la Société pourrait aller coucher à Olette et aux bains d'Olette. . Dans cette station, les microgra- phes pourraient étudier le dépót des eaux chaudes. | Le lendemain ón gagnerait Mont-Louis à pied, en suivant trois zones : la rivière, la route et les hauts sommets : Fontpédrouse, Sauto, etc. Aprés avoir tenu séance à Mont-Louis, dans une des grande salles de la citadelle aux armes de Louis XIV, la Société devra procéder à l'exploration des montagnes qui ferment le bassin de la Cerdagne à l'est et à l'ouest, et du bassin lui-méme. . * , Voici, à ce sujet, comment Je crois qu elle T. XIXe devrait se fractionner, afin de L SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mieux étudier le pays; elle formerait quatre sections, dont chacune aurait un point à visiter. Première section. — Son but serait de remonter la Tet par le plateau de Barrés, celui des Abaillans, la Bouillouse, faire l'ascension du puy de Prigue, descendre en Capsir, et revenir à Mont-Louis par la forêt de la Matte et la Llagone. Deuxième section. — Elle se rendrait tout droit aux étangs situés à la base du pic de Carlitte, guidée par des pêcheurs de truites d'Angustrina ; elle irait coucher sur les bords de l'étang Liarg, pour recueillir le Subularia aquatica, que nous y avons trouvé, l'abbé Guinand et moi, en 1849, le 23 août, for- mant de vastes plaques vertes submergées en fleurs et en fruits. Le lende- main on gravirait le puy de Carlitte, comme je l'ai fait, et l'on pourrait venir coucher à Odello ou aux Escaldes, pour aller ensuite à Carol et à Puycerda. Ces deux sections seront, si vous voujss, les sections occidentales. Une troisième section remonterait la vallée de Prats ou de Saint-Thomas, gagnerait les crêtes nord du Cambres d'aze et le col de Nuria, d’où elle irait pénétrer dans la vallée de Llo. C'est cette section qui pourrait rencontrer le Xatardia scabra. Vous avez un petit croquis indiquant le point où je l'ai recueilli en 1847. La quatrième section visiterait Saint-Pierre-dels-Forcats, le Cambres d'aze, descendrait dans la vallée d'Eyne vers la jassa d'en Dolmau, et irait coucher le soir à Eyne. ll serait impossible d'aller à la Cabanasse pour revenir le len- demoin. : Ces deux dernières sections seraient également chargées d'explorer les vallées d'Err et le puig Male, qui sont rarement visités; puis elles viendraient à Puycerda retrouver une partie dela bande occidentale, avec laquelle elles rentreraient à Mont-Louis en bataille, c'est-à-dire de manière que les membres, éparpillés sur une longue ligne de l'est à l'ouest, allant du sud au nord, battraient tout le bassin de Cerdagne, depuis Llivia jusqu'à Font-Romeu et au col de la Perche, qu'ils pourraient voir dans le point coupé par la route, ainsi que le bach de Bolcaire. A Mont-Louis, la bande du Capsir recevrait les sections orientales et leur ferait part de ses observations; on ferait échange de Subularia contre le Xatardia. Mais ce dernier est bien rare : il est vrai qu'il peut se — en deux facilement. Voilà, en deus mots, ce qu'il y aurait à faire pour bien étudier le pays. Il faut d'avance écrire à Augustin Jambon, greffier de la justice de paix, et au com- mandant de place. Jambon vous trouvera des guides, et M. le commandant de place vous fera préparer, avec le maire, une des larges salles du lieutenant du roi, à la citadelle (1600 mètres d'altitude). M. Alart a publié un volume sur le col de la Perche. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLLT 1872. LI Quant aux jeunes botanistes qui ont encore le feu sacré, je leur proposerai le voyage de Mont-Louis à Prats de Mollo, par la montagne. J'y ai bien souvent pensé, mais jamais une occasion favorable ne s'est présentée qui püt me per- mettre de le réaliser. Agréez, etc. V. REBOUD. M. Cosson donne lecture de la lettre suivante, et dépose sur le bureau la communication qu'elle accompagne : LETTRE DE Mi. V. REBOUD. A Monsieur le Président de la Société botanique de France. Constantine, 24 juin 1872. Monsieur le Président, Au commencement du mois d'avril 1871, je débarquai à Marseille, avec un bataillon de tirailleurs de Constantine destiné à l'armée de l'est ou de l'ouest. Aprés deux jours d'incertitude, nous allions à Perpignan attendre des ordres. A mon arrivée, je fis une visite au vénérable docteur Companyo, que je n'avais pas vu depuis vingt ans et qui s'éteignait, peu aprés, au milieu de sa famille désolée, à l’âge de quatre-vingt-onze ans. En le quittant, je.me rendis aux Tanneries : il me tardait de revoir le Jardin des plantes de. Perpi- gnan, où j'avais passé de si longues heures au milieu de bosquets fleuris en hiver comme au printemps. Le Jardin n'existait plus! Sur le sol qu'ombrageaient tant d'espèces arbo- rescentes exotiques, s'éléve un quartier neuf, formé de maisons élégantes et traversé par une rue qui conduit de la ville à la gare du chemin de fer. C'est à peine si, quelques semaines plus tard, en compagnie de notre excellent confrére M. Anatole Guillon, j'ai pu retrouver quelques grands Magnoliers à demi enfouis dans le talus des nouvelles fortifications. Je fus désolé de ce changement, comme je le fus de la disparition des grandes garrigues des envi- rons de la ville, où la Vigne a pris la place de tant de plantes rares ou peu connues que j'y avais cueillies au printemps de 1845. Je: pensai alors à recueillir quelques renseignements sur ce Jardin des plantes sacrifié aux intéréts locaux. Ces renseignements, je devais les trouver aux Archives des Pyrénées-Orientales. Grâce à l'obligeance extrême de M. Alart, j'ai pu en quelques jours copier ou analyser de nombreuses pièces officielles concernant non-seulement l'ancien jardin du maréchal de Mailly, devenu Jardin des plantes, mais encore relatives à quelques botanistes rous- sillonnais, à la création d'une chaire de botanique à l'Université de Perpi- gnan, et enfin aux professeurs Coste et E. Bonafos. — Ge sont ces documents, incomplets à la vérité, que j'ai l'honneur de vous LIL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. adresser, ne pouvant aller moi-même prendre part aux travaux de la Société. Je regrette bien vivement de ne pouvoir accompagner nos confrères dans les nombreuses et riches localités des environs de Mont-Louis que j'ai visitées si souvent pendant les trois années que j'ai consacrées à l'exploration de cette partie de la Cerdagne. J'aurais été heureux de conduire la Société à la station du Xafardia scabra et à celle du Subularia aquatica. Cette derniere espéce est abondante sur les bords de l'eséang Liarg (étang long) prés de la cabane des pêcheurs d'An- gustrina. C'est là que, M. l'abbé Guinand et moi, nous l'avons trouvé le 23 août 1849. Veuillez agréer, etc. V. REBOUD. Matériaux pour servir à l’histoire de la botanique dans le Roussillon et du Jardin des plantes de Perpignan. —(Extraiis des Archives des Pyrénées- Orientales. — G. 1307. — Université.) Pièce n° 1. A Fontainebleau, 34 octobre 1153. Sa Majesté voulant bien donner une gratification au sieur Barrère, docteur en médecine à Perpignan, pour l'encourager à continuer ses recherches bota- niques, vous lui ferez remettre une somme de douze cents livres, qui se trouve de reste et d'excédant dans la caisse de l'imposition ordinaire du Rous- sillon ; mais vous ne la délivrerez qu'à la condition expresse qu'il travaillera incessamment à faire un état en deux colonnes des diíférents végétaux qui sont produits dans cette province et sur la partie des Pyrénées qui en dépend. Il faudra que l'une de ces colonnes contienne le nom dela plante ou du végétal, et l'autre le nom sous lequel il est connu dans le pays, et que vous m'envoyiez cet état. ij Bi | Signé : MACHAULT. Note de M. Reboud. — Il y avait à cette époque deux botanistes du nom de Barrère : 1» Barrère (Pierre), de Perpignan, docteur en médecine dans l'Université de cette ville, le 29 juin 1718. Il se voua à l'étude de la botanique et de l'his- toire naturelle, et fut envoyé en 1722 à Cayenne, comme médecin-botaniste du Roi. Il y fit un séjour d'environ trois ans et publia à son retour son £'ssa? sur l'histoire naturelle de la France équinoxiale (1), ouvrage dédié à (4) Essai sur l’histoire naturelle de la France équinoxiale, ou dénombrement des plantes, des animaux et des minéraux qui se trouvent dans l’île de Cayenne, les îles de la Remire, sur les côtes de la mer et sur le continent de la Guyane, par Pierre Barrère, correspon- dant de l'Académie royale des sciences de Paris, docteur et professeur royal en médecine dans l'Université de Perpignan, médecin de l'hópital militaire, Paris, chez Piget, 1741. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LIIL M. de Maurepas. Il est mort en novembre 1755, aprés avoir rempli les fonc- tions de proto-medic, de recteur de l'Université ; il était correspondant de l'Académie royale des sciences. On a aussi de lui : Question de médecine où l'on examine si la théorie de la botanique est nécessaire à un médecin. Narbonne, 1740, in-A4*. (Bibliothèque de Perpignan.) Thomas Carrère (1714-1764), de l'Université de Perpignan, recteur de la Faculté de médecine, écrivit, en réponse à la brochure de Barrére, un mé- moire Sur /a nécessité de la connaissance des plantes. Nous n'avons pu nous procurer le travail de Carrére. 2* Barrere (Pierre), de Prades, docteur en médecine de l'Université de Toulouse, fut pendant vingt ans attaché en qualité de médecin à l'hópi- tal militaire de Mont-Louis et ne cessa de se livrer à l'étude des plantes du pays qu'il habitait. Tl a écrit sur les épidémies, a fait une Topographie médi- cale de Mont-Louis et s'est occupé, avec Carrère (Joseph-Barthélemy-Francois) de la Société royale de médecine, d'une topographie botanique de la province. Il était chargé « de celle de la partie des Pyrénées qui est en Conflent et dans la Cerdagne ». Carrère, de son côté, avait fait une Topographie botanique de la plaine du Roussillon (4). Nous croyons que les douze cents livres furent accordées à Barrère de Per- pignan. L'état fut envoyé le 15 décembre 1753. Quant à la somme elle- méme, il semble, d’après les comptes de l'époque, que Barrère eut toutes les peines du monde à la toucher, si toutefois il y réussit. Pièce n? 2. Statuts de la Faculté de médecine, n° 71, p. 257. M. Joseph Ceilles, médecin conseiller du Roy, maitre en arts de l'Univer- sité de....., professeur de médecine et de botanique, sous-doyen de la Faculté de médecine de Perpignan, ancien recteur de l'Université du Roy pour le conseil souverain du Roussillon, docteur le....., et professeur le 31 mars 1757, à Perpignan. | ; Piéce n° 3. Ordonnance royale (de 1759 à 17661) qui erée un Jardin des plantes et une chaire de botanique à Perpignan, (Maréchal de Belle-Isle.) Art, 49. — Les professeurs, docteurs et suppóts de l'Université de notre ville de Perpignan continueront à jouir des priviléges, franchises et immu- nités accordés à ladite Université, tant par nous et les rois nos prédéces- seurs que par les anciens souverains de notre province de Roussillon (2). (4) Voyage pitloresque dans le midi de la France, Provence et Roussillon, par le baron Taylor, p. 40. ; (2) L'Université de.l'erpignan fut fondée en 1347 par le roi Pierre d'Aragon, La charte de fondation a été publiée par Puiggari. (Note de M. Reboud.) LIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Art. 11. — Sera établi un Jardin des plantes dans ladite ville de Perpi- gnan, et l’un des professeurs de médecine, qui sera nommé à cet effet, sera chargé de faire un cours de botanique. Pièce n° 4. Lettres patentes du Roi concernant la police de l’Université de Perpignan, et pour régler l'administration des revenus dont le Roi lui a fait don, Du 24 juin 1768, à Perpignan, imprimerie de J.-B. Reynier, 1769. Art. 19 (p. 8). — Il sera annuellement employé sur le produit de cette méme pension (1), pour l'entretien du Jardin des plantes établi par l'article 44 de notre susdite déclaration, la somme de 1200 livres : voulons que le professeur de botanique, en tout ce qui pourra concerner la direction et dis- position du Jardin des plantes, soit subordonné à la Faculté de médecine, que les états de dépenses à faire soient approuvés par ladite Faculté et visés par son doyen, et que les années oü ladite somme de 1200 livres ne sera pas entièremeut nécessaire pour l'entretien dudit Jardin et pour fournir aux gages du jardinier, le résidu demeure és mains du trésorier de l'Univer- sité pour étre employé à d'autres objets utiles à la méme Université, Pièce n° 5. Lettre de M. le duc de Choiseul à M^ de Bon, intendant du Roussillon. Versailles, 1er février 1767. Je viens, Monsieur, d'écrire à l'Université de Perpignan, au sujet de la chaire de botanique que le Roi a créée l'année dernière et qui devait être donnée au concours. Cette science ayant été peu cultivée dans le Roussillon, je pense qu'il serait difficile d'y trouver des sujets en état.de concourir pour la chaire en question ; d'ailleurs, quand il y en aurait quelques-uns qui eussent acquis une certaine connaissance des plantes, elle ne pourrait étre qu'imparfaite en comparaison de celle que les. éléves de l'École de Paris sont à portée de se procurer sous les yeux et par le secours de M. de Jussieu. Parmi les plus distingués de ces élèves, je trouve le sieur Coste, docteur en médecine de l'Université de Montpellier, et que j'ai fait venir dans le dessein de le mettre en état d'occuper un jour la chaire en question. Les progrès qu'il a faits depuis qu'il s'occupe de botanique sont attestés non-seulement par M. de Jussieu, mais par tous les connaisseurs en ce genre, et je crois ne pou- voir mieux faire pour le succés de cet établissement du Jardin de Perpignan, que de le faire nommer à la chaire qui en est l'objet; mais, comme elle devrait être donnée au concours et qu'il est bon de conserver cette espèce de forme dans cette nomination, M. le vice-chancelier, à qui j'en ai parlé et qui est de (4) Pour concourir au rétablissement de l'Université, on accorde une retenue annuelle, de 4000 livres sur l'abbaye de Saint-Michel de Cuxa (prés Prades). SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. rv mon avis, m'a dit d'écrire à l'Université de médecine de Perpignan, afin qu'elle m'adressát une lettre, dans laquelle elle paraîtrait désirer le sieur Coste pour professeur de botanique. Mon premier soin est de vous faire part de ces arrangements que je vous prie de vouloir bien appuyer. Je m'intéresse au sieur Coste, et je vous serai véritablement obligé de ce que vous voudrez bien faire pour lui, non-seulement dans cette occasion, mais dans toutes celles où il réclamerait vos bontés qu'il mérite plus que personne, Signé : Duc de CHOISEUL. Pièce n° 6. Provisions de la chaire de botanique. Lettre à M. de Bon (?). Versailles, 17 juillet 1767. Monsieur, Je vous envoye les provisions de la chaire de botanique de l'Université de Perpignan, que le Roi a bien voulu, pour cette fois et sans tirer à consé- quence, accorder au sieur Coste. Vous voudrez bien faire connaître ces pro- visions à l'Université, pour que le pourvu jouisse de la grâce que Sa Majesté lui a faite, - : Signé : DEMAUJEON. Pièce n° 7. Plan du Jardin des plantes, Son origine. M. le duc de Mailly, promoteur de la restauration de l'Université de Per- pignan, céda, pour l'établissement du Jardin des plantes, dit aussi jardin de Mailly, le jardin du lieutenant général de la province et celui du lieutenant du Roi de Perpignan. Il existe, dans les archives de Perpignan, un « plan des jardins du lieute- » nant général de la province et du lieutenant du Roi de Perpignan, destinés » pour le Jardin des plantes » ; on y lit les détails explicatifs suivants : « Pavillon à deux étages pour démontrer la botanique et pour serrer en » bas les plantes. » Terrasses pour démontrer l'été. » Muraille de 50 pieds pour abriter du vent de la tramontane. » Tout ce qui est marqué en arbres dans le jardin du lieutenant général est » Orangers, Grenadiers, Lauriers-Roses el Rosiers. » ms Le jardin du lieutenant du Roi était en boulingrin ; on devait y faire élever une serre, On trouve deux plánches, représentant le Jardin des plantes de Perpignan, dans le Voyage pittorésque dans le midi de la France, Pro- vence et Roussillon, par le baron Taylor, grand in-folio. LYI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pièce n° 8. Délibération de l'Université de Perpignan au sujet du Jardin botanique (1777). (Résumé.) Il ne sera rien fait sans l'autorisation du recteur, — Les clefs da jardin seront entre les mains du portier jusqu'à l'achèvement du règlement. — Faire avantage réel à l'Université des bois, feuilles, fruits. — Dresser l'in- ventaire des effets contenus dans le jardin. Piéce n? 9. Lettre de Coste, professeur de botanique, à M. le maréchal de Mailly (4 mai 1778). (Résumé.) La délibération de l'Université détruit toute la confiance qu'on avait en lui. Il n'a plus d'initiative ; la commission veut tout diriger. La clef du parterre doit rester entre les maius du portier, contrairement aux ordres de M. de Mailly qui l'avait chargé de faire changer la serrure. Il allait le faire et n'aurait pas manqué de donner une nouvelle clef aux marquises de Blanes et d'Ortoffa, afin qu'elles et leur compagnie puissent jouir à leur aise de Ja promenade dans le parterre « où j'aurais semé des graines venant de l'Inde ». Lassé par dix ans de tracasseries, Coste demande la place de médecin de la Généralité, place à laquelle il prie son protecteur d'attribuer des appointements qui remplaceront les cinq cents livres qu'il touche. : Sa demande ne fut pas acceptée. Est-ce à cette méme époque qu'il demanda la place de bibliothécaire de l'Université? Cette place devait être occupée par un ecclésiastique, et M. de Maupeou demande si l'on ne dM ete pas passer outre. Note de M. Reboud. — I existe encore en janvier 1792 un sieur Michel Coste ou Costa, professeur à la Faculté de médecine. Est-ce le protégé du duc de Choiseul ? Pièce n° 10 4793). Le conseil du département des Pyrénées-Orientales, aprés longue discus- sion, arréte : Le citoyen Anglade enseignera l'histoire naturelle, la botanique, la chimie appliquée à la pharmacie, et sera chargé des cabinéts de chimie et d'histoire naturelle. 4 Pièce n° 11 (9 floréal an II). En vertu de la loi du 16 germinal de l'an II de la République, qui ordonne aux administrateurs de prendre sans délai les mesures les plus actives pour l'entretien et la conservation des jardins botaniques situés dans les arrondis- sements, le district de Perpignan, à la date du 9 floréal, charge M. E. Bonafos SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LVII du jardin botanique, le nomme professeur provisoire et lui ordonne de se rendre à son poste (1). Pièce n° 12, Le 23 floréal, M. Bonafos accuse réception de sa nomination de professeur de botanique, accordée par le district le 9 floréal, Pièce n° 13 (15 messidor). Il s'adresse aux administrateurs au sujet de l'état déplorable du jardin bota- nique, dans lequel on a établi un poste de canonniers ; il prépare un rapport général suivi de la liste des végétaux qui existaient lors de son arrivée (2), et gémit sur la destruction qui a eu lieu d'un grand nombre de plantes et d'arbres précieux, sur les orangers de la serre; il expose ses besoins pour le rétablissement du jardin et des constructions qui lui sont nécessaires. Piéce n? 14 (18 messidor). (Résumé.) Les administrateurs lui accordent ce qu'il demande. Pendant les réparations, les plantes précieuses sont transportées dans le jardin du sieur Bertin. Il obtient 1500 livres; il est autorisé à herboriser dans les Pyrénées. Pièce n° 15 (22 fructidor). Rapport de Bonafos sur son voyage, Parti le 14 thermidor avec le jardinier Llancat (qui fut longtemps au service du maréchal de Mailly et plus tard jardinier royal), Bonafos visite Villefranche, la Trencade, Conat, Font-de-Comps, Saint-Martin du Canigou, Castell, bach de Moura, Mont-Louis, Puycerda, val d'Eyne, Cambres d'aze, bach de Bolcaire, col de Nouri (avec patrouille de miquelets), la Llagoue, etc. Le jardinier rentre à Perpignan avec un âne et mulet chargés des plantes recueillies, nécessaires au jardin botanique. Il a dépensé 500 livres tant pour lui et le jardinier que pour le transport de ses plantes. Il demande à faire porter au jardin les livres de botanique qui se trouvent à la bibliothèque de la ville. Plus tard, E. Bonafos prend le titre de professeur d'histoire naturelle et herborise à Peña, Estagel, Soréde, Saint-André, etc. Pièce n^ 16 (21 prairial an XI). E. Bonafos, professeur d'histoire naturelle, au général Martin, préfet du département des Pyrénées-Orientales. Citoyen Préfet, J'appris dans le temps du citoyen Thouin, professeur au Muséum nationai d) M. Bonafos était alors à l'hópital militaire de Choisy-le-Roi. (2) Nous avons en vain cherché cette liste. LVIH : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, d'histoire naturelle, que l'administration de cet établissement, d'après | le rapport de ses deux commissaires Thouin et Desfontaines, avait demandé au conseiller d'État Fourcroy la conservation de trente-deux jardins botaniques, choisis parmi ceux des Écoles centrales. Aux motifs généraux qui les avaient décidés à solliciter cette mesure, les professeurs administrateurs du Muséum avaient joint la liste des trente-deux jardins et le développement des motifs particuliers -sur lesquels était fondée leur demande relative à la conservation de chacun d’entre eux. Le Jardin botanique de Perpignan, compris dans cette liste, est un de ceux en faveur desquels ils se sont le plus fortement prononcés. Le citoyen Thouin me dit en méme temps qu'il serait trés-possible que tous les jardins désignés ne fussent pas conservés. Mais il pensait que, si le gouvernement n'adoptait qu'en partie la mesure proposée, le Jardin des Pyrénées-Orientales serait toujours maintenu. Le conseiller d'État Fourcroy et le ministre de l'intérieur ont. donné leur approbation à ce sujet, l'assentiment des Consuls manque encore. Dés que je fus informé de ces nouvelles, je les communiquai au citoyen Jacomet ; il vit le conseiller d'État Fourcroy, se convainquit aupres.de lui de la véracité de tout ce que je lui avais annoncé, et ne négligea pas de recom- mander notre département à la sollicitude du magistrat. Je m'empressai de vous en instruire aussi, J'écrivis à ce sujet à mon oncle Bonafos; je l'invitai à vous faire part de cet article de ma lettre. Mon oncle a rempli mes désirs, il m'a répondu que vous aviez ajouté à toutes vos bontés pour moi celle d'écrire au ministre de l'intérieur et de me désigner à lui pour remplir la place de professeur dans le Jardin de Perpignan. Je vous remercie de ce nouveau témoignage d'estime. Il me tardait de vous exprimer toute ma reconnaissance, et j'aurais plus tót rempli ce devoir, si je n'avais voulu, avant de vous écrire, voir le citoyen Thouin. Depuis très-peu de jours, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec lui. D'aprés ce qu'il m'a dit, il parait que la mesure proposée par le Muséum ne sera pas adoptée en totalité par le gouvernement ; déjà le nombre des jardins dont la conservation a été demandée a été réduit, mais celui de Perpignan n'a point été rayé de la liste. Le citoyen Thouin m'a donné les plus grandes espérances; mais ses collègues pensent avec lui qu’un des meilleurs moyens de faire réussir ce projet serait de faire parvenir au gouvernement le vœu des autorités locales et en particulier celui des préfets. Il m'a donc engagé à vous écrire pour vous inviter à de- mander au ministre de l’intérieur la conservation du Jardin de Perpignan. Il désirerait que votre lettre contint le développement des motifs que vous juge- rez devoir faire impression sur le ministre. Dans le nombre de ceux que l'administration du Muséum a présentés se trouvent des considérations relatives à la beauté, à la chaleur du climat, SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. rix la position de Perpignan à l'extrémité méridionale de la France, l'existence déjà ancienne d'un jardin tout formé qui serait considéré comme une colonie du Muséum national, dans lequel on pourrait entreprendre les expériences d'acclimatation, déposer les plantes venues d'Afrique et d'Espagne, adressées au Jardin de Paris, faire séjourner quelques jours les animaux d'Afrique dont la ménagerie nationale s'enrichit tous les jours. Si vous vous décidez à écrire, peut-étre serait-il bon que vous parussiez ignorer la démarche faite par l'administration du Muséum et l'opinion des membres qui la composent. Votre démarche aura nécessairement une grande influence, et le départe- ment que vous administrez avec tant de zèle vous devra la conservation d'un établissement précieux. Quant à moi, citoyen préfet, je serai trop heureux, si je puis continuer à obtenir votre estime et votre indulgence, et si, dans la nouvelle orgauisation qui se prépare, la direction du Jardin de Perpignan m'est conservée, je ferai tous mes efforts pour me rendre utile et justifier ainsi la confiance dont vous m'avez honoré. J'ai l'honneur, etc. Signé : E. BONAFOS. Mon adresse est rue Vaugirard, 98, prés de l'Odéon, ou chez le citoyen Durand, banquier, rue de Caumartin, 2. J'ai fait passer à mon oncle Bonafos, depuis environ deux mois, par le retour du. citoyen Gironne, un paquet renfermant 274 espèces de graines. Elles m'ont été données, au nom de l'administration du Muséum national d'histoire naturelle, par le-citoyen Thouin et sont destinées au Jardin. de Perpignan. Piéce n° 17 (15 juillet 1808), L'État céde à la ville la jouissance du Jardin des plantes, étab!i dans le bastion n° 72 et les bâtiments qui en dépendent, aux conditions suivantes : 1* De le rendre à première réquisition, quand le service militaire l'exigera. ^ ; 2% De conserver sur pied, s'il est possible, les arbres existants et de réserver ceux dont les projets de la Ville exigeraient la coupe, soit pour servir aux travaux militaires s'ils y sont propres, soit pour être vendus à l'enchere par les soins de l'autorité militaire. Piéce n° 18 (1814). Llancat, ancien jardinier royal, est remplacé par le sieur Schmit (Georges), qui était déjà chargé de la direction de la Promenade; il touche la somme de 700 francs : 400 pour le Jardin et 300 pour la direction de la Promenade (créée en 4810) et de la Pépinière. LX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Ch. Royer fait à la Société la communication suivante : L'HEURE DU SOMMEIL DES FLEURS NE PEUT SERVIR DE CARACTÈRE SPÉCIFIQUE, par M. Ch. ROYER. Dans plusieurs ouvrages descriptifs, l'heure du sommeil ou celle de la veille des corolles intervient dans la détermination de quelques espèces ; mais c'est par suite d'observations incomplètes. En effet, le Tragopogon pratensis, qui est dit fermer ses fleurs vers neuf à dix heures du motin, commence à pcine son épanouissement à ce moment du jour quand la température est humide et fraiche , et il peut alors veiller jusqu'à trois heures de l'après-midi; tandis que, par uae forte chaleur, on le voit ouvrir de grand matin, puis dès sept heures fermer complétement ses capitules. « On connait, dit De Candolle en sa Flore francaise , l Ornithogalum » umbellatum sous le nom de Notre-Dame de onze heures, parce qu'il » S'épanouit à peu prés à onze heures du matin. » Mais, de méme que pour le Tragopogon praténsis, l'heure de l'épanouissement est très-incertaine. Ainsi, par les matinées trés-chaudes, cet Ornithogalum s'ouvre bien avant onze heures, tandis que toute la journée il refusera de s'ouvrir si la tempé- rature ne dépasse guère 10 à 12 degrés C. La réfraction des ligules à la fin de la floraison est attribuée aux Anthemis arvensis, A. Cotula, Ormenis mixta, et autres Composées. Mais cette réfrac- tion a lieu en outre chaque soir pendant toute la durée de la floraison. Pas- sagere alors et alternant avec l'étalement, elle n'est qu'un signe du sommeil des ligules, tandis qu'après l'anthese elle est permanente et devient un signe de mort ; car chez les plantes sommeillantes, les corolles, pour mourir, pren- nent l'attitude du sommeil. ; Il est inexact de dire que le Lychnis diurna s'ouvre le jour ; il s'ouvre la nuit, et comme il n’est pas sommeillant, il reste ouvert jour et nuit jusqu’à la fin de sa floraison. Le Z. vespertina au contraire est une plante sommeil- lante, et qui -ne peut veiller qu'avec une faible somme de chaleur ; sa veille a donc lieu la nuit, d’où l'on a dit qu'il s'ouvre au crépuscule. Mais, ici encore, rien n'est fixe -dans l'heure ni dans la durée de l'épanouissement : aussi, par un abaissement notable de température, les fleurs de cette plante commen- cent-elles leur veille bien avant le soir, et la prolongent-elles le lendemain une grande partie de la matinée. Qu'il me soit permis de signaler l'intérêt tout particulier qui s'attache à la veille nocturne du Zychnis vespertina, des Silene nutans, S. inflata, S. nocti- flora et aütres Caryophyllées indigènes." Sans insister sur le singulier mode de sommeil, non par occlusion de la corolle, mais par enroulement transversal (S. nutans) ou par plissement longitudinal (Lychnis vespertina) des pétales SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. 1x1 sur leur face interne, je ferai remarquer combien la veille nocturne de ces fleurs confirme les règles proposées dans mon Æssai sur le sommeil des plantes (Ann.. des sc. nat. 5* série, IX, 1869, pp. 345-379). Car jy donnais, pour causes principales à la veille des fleurs, la température et la turgescence, tandis que la lumière n'y était regardée que comme cause accessoire ; et pour preuve, j'invoquais des plantes que je faisais épanouir presque instanta- nément, en les exposant à la fois et à la chaleur tiède et à la pleine obscurité d'un four. Dans la veille des feuilles au contraire, j'accordais à la lumière un rôle aussi important qu'à la température et à la turgescence. Or l'exemple des Calliandra cités par M. Duchartre (Bull. Soc. bot, t. XVI, p. 251) comme sommeillant de jour par leurs fleurs et de nuit par leurs feuilles, montre qu'en effet la lumière a beaucoup plus d'influence sur la veille des feuilles que sur celle des (leurs. Les botanistes se sont donc mépris, . qui ont assimilé les deux sommeils, et voulu conclure de l'un à l'autre. La veille nocturne des fleurs de Lychnis vespertina établit en outre toute la valeur dela turgescence. Si cette veille en effet se prolonge un si long temps, c'est-à-dire durant toute la nuit, et parfois encore une partie de la matinée, c'est parce que la turgescence se maintient mieux la nuit que pen- dant le jour; et quand une plante peut, comme le Lychnis vespertina, le Silene nutans, etc., se contenter pour sa veille de la chaleur de la nuit, elle est assurée de veiller beaucoup plus de temps que celle qui a besoin de la cha- leur diurne ; car les pertes de la turgescence obligent bientôt cette dernière à refermer ses corolles, malgré toutes les sollicitations du plus brillant et du plus chaud soleil. Si l'on ajoute encore, aux causes du sommeil déjà indiquées, les influences de l'orientation, celles de la nature du sol, etc., il sera facile de se con- vaincre que le sommeil est soumis dans ses manifestations à bien des vicissi- tudes. Et, méme en supposant pour une fleur des conditions identiques de tenipérature et de turgescence plusieurs jours de suite, les heures de veille et de sommeil varieront encore d'un jour à l'autre, parce que l'aptitude au phé- noméne se modifie avec l’âge de la corolle, et que plus la fleur est jeune, plus elle est prompte et à la veille et au sommeil. On ne peut donc, dans les dia- gnoses, mentionner utilement les heures soit de l'occlusion, soit de l'épa- nouissement des corolles. M. Cosson fait remarquer que les Lychnis diurna et L. vesper- tina sont, dans l'état actuel de la science, des Melandrium. Il ajoute que le Linum grandiflorum Desf. est une des plantes qui démontrent le mieux l'influence de la lumière; il étale presque horizontalement ses pétales par un temps clair, les redresse et LXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ferme ainsi presque sa corolle par un temps couvert, et sa corolle devient infundibuliforme par un temps moyen. ^ M. Royer répond que les phénomènes observés par M. Cosson sont dus à l'influence de la chaleur bien plus qu'à celle de la lumière, puisqu'on peut les provoquer artificiellement au moyen d'un four chauffé, M. Planchon fait remarquer que les Mesembrianthemum sont très-sensibles aux éclipses, qu’il a vu des fleurs de Mesembrianthe- mum se fermer pendant l'éclipse et se rouvrir aprés. Il conclut de là que la lumiére joue un róle dans les phénoménes rapportés par M. Cosson, et il voit dans le sommeil des plantes une action com- plexe de la chaleur et de la lumiére. M. S. Des Étangs dit qu'il y a aussi une part due à l'influence de l'état hygrométrique de l'atmosphére. M. Cosson dit qu'à son avis, dans le sommeil des plantes, il y a tout à la fois influence de la lumiére et du rayonnement, ainsi que de la température et de l'humidité. M. Des Étangs appuie cette opinion, et cite comme exemples des observations faites par lui sur les Anagallis et sur les Anthemis. M. Royer objecte quil y a lieu de distinguer, comme il l'a dit dans son mémoire sur le sommeil des plantes, entre les fleurs et les feuilles (1). M. Des Étangs dit qu'il a observé que le Ranunculus trichophyllus s'épanouit le jour et se ferme le soir. ` M. Royer fait encore à la Société la communication suivante : — SIMÍLITUDE MORPHOLOGIQUE DE LA JEUNE RACINE ENTRE ESPÈCES CONGÉNÉRES, : pr M. €h. ROYER. Dans le genre Sedum, les S. rubens, S. album et S. Telephium sont extrémement différents par la durée et par la forme de leurs organes souter- rains; mais, au début, l'évolution souterraine a été la même chez ces espèces. Les germinations, en effet, offrent aprés quelque temps, et c'est un des traits caractéristiques du genre, un pivot très-grêle et tendant à l'atrophie, accosté d'une couronne de radicelles au collet, c'est-à-dire au plan de jonction du pivot et de l'axe hypocotylé. Des différences ne tardent pas à se prononcer : tandis que le S. rubens meurt sans émettre de pseudorrhizes, il en sort bientôt des nœuds caulinaires inférieurs chez le S. album et le S. Telephium; (4) Voyez Ann. sc. nat. sér. 5, t. IX. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. xi mais ces pseudorrhizes et les radicelles nées du collet restent faibles chez le S. album, au lieu que la plupart se renflent et deviennent robustes et fusi- formes chez le S. Telephium. Plus tard encore, les différences s'accuseront davantage, puisque le S. album aura un rhizome allongé et gréle, et le S. Telephium une souche courte et volumineuse. Le faible développement du pivot entraine dans les Sedum une autre note caractéristique, la courbure de la partie inférieure des tiges. Dès que la jeune plante a poussé quelques feuilles et par là augmenté de poids, le pivot se trouve incapable de la maintenir verticalement ; elle se courbe donc pour s'appuyer sur son axe hypocotylé et sur ses mérithalles inférieurs; et c'est là le cas de la plupart des plantes à tige ascendante, Le robuste S. Z'eléphium lui-même se soumet à cette nécessité dans sa jeunesse, jusqu'à ce qu'il ait constitué une forte souche à ses nœuds caulinaires inférieurs, Le S. rubens offre parfois l'inverse de ce qui doit exister, c'est-à-dire que le pivot est bien développé et les radicelles du collet presque atrophiées. Voici la raison de cette anomalie : postérieurement à la germination, la surface du sol aura été dénudée par les pluies ou par tout autre cas fortuit; et les radi- celles, se trouvant à leur naissance au-dessus du sol, ne peuvent accomplir toute leur évolution. Pour ne pas périr, la plante est donc obligée d'allonger et de fortifier son pivot, sur lequel se concentre dés lors toute la végétation souterraine. Mais, méme dans ce cas exceptionnel, on retrouve au principe le type morphologique propre aux especes du genre Sedum. Chez un autre genre, le genre Æanunculus, le système souterrain débute aussi avec une remarquable ‘unité de formes, quoiqu'il soit appelé plus tard à de telles différences qu'à elles seules elles suffisent à une facile détermina- tion des espèces. Les jeunes Ranunculus arvensis, R. philonotis, R. aqua- tilis, R. auricomus, R. repens, R: acer, etc., sont munis, en effet, d'un pivot très-grêle, promptement dépassé tant par les radicelles nées vers la base de l'axe hypocotylé que par les pseudorrhizes qui sortent des nœuds cauli- naires inférieurs. Ces germinations ont donc d'abord beaucoup de similitude avec celles de Sedum ; miais bientôt elles s'en distinguent d'une façon notable, en ce que l'axe hypocotylé des Ranunculus se détruit en ‘rnême temps que le pivot, tandis qu'il lui survit chez les Sedum ; et, chez le S. Telephium, cet axe se renfle méme pour former le premier mérithalle charnu de la jeune souche. Il y a donc lieu de reboniätéré que des espèces congénères, pour vues plus tard des systèmes souterrains les plus dissemblablés, ont commencé par avoir dans leur jeune racine les plus grands rapports morphologiques. C’est dire assez que les parties souterfaines, si précieuses pour la détermination des espèces, peuvent aussi servir à celle de certains genres. - M.Gariod, secrétaire, donne lecture de la communication suivante : LXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DE L'HISTORIQUE DES HYOSCYAMUS ALBUS ET MAJOR, par MI. D. CLOS. (Toulouse, juin 1873.) En 1676, Magnol, dans son Botanicum monspeliense (p. 134) admet deux espèces d’ Hyoscyamus, l'albus et le creticus luteus major PIN., avec cette annotation : « Præcipuam differentiam a superiori, in flore notavimus, cujus folia ex albo sublutea sunt, in interioribus partibus obscure purpurea, sicut quinque stamina, apices vero sublutei. » En 1715, Garidel écrit à ce propos : « Pour moi, je suis dans le sentiment de M. Ray, qui veut que ces deux espèces ne diffèrent en rien l'une de l'autre et qu'elles ne soient par conséquent qu'une seule et méme espèce (Hist. des Plant. de Prov. p. 235). Aussi, environ un demi-siècle après, Gérard n'admet- il dans son Flora gallo -provincialis que H. albus, indiqué par lui comme annuel, ajoutant que Magnol a eu tort de croire que PH. creticus vint à Montpellier : «..... Varietatem Hyoscyami albi quam pro cretico habuit, re- censet Garidellus, addens neutiquam differre ab Hyoscyamo albo .» (P. 315.) Mais presque à la méme époque (1765), Gouan revieut à l'opinion de Ma- gnol, admettant (Flora monspeliaca, p. 76) les H. albus et aureus, et assi- gnant à ce dernier, qu'il distingue par ses fleurs pédonculées, Nimes pour habitat. Dans son Species (p. 257), Linné avait parfaitement caractérisé V H. aureus, qu'il dit bisannuel et originaire de Créte et d'Orient : « Foliis petiolatis eroso- dentatis acutis, floribus pedunculatis, fructibus pendulis. » Frappé, sans doute, de ce désaccord des auteurs au sujet de FH. aureus, Miller propose l'admission de son H. major. Mais la confusion n'en continue pas moins. En 1780, Bulliard (Herb. tab. 20) fait figurer et décrit sous le nom de Jusquiame dorée une espèce évidemment étrangère, mais qu'il indique comme indigène et. bisannuelle, entraînant à sa suite Lamarck (Flore fran. n°478), Lamarck et De Candolle (Flore francaise, t. IH, p. 608), Loiseleur (Flora gall. Y, 455), Du Mont de Courset (le Botan. cultiv. 2° édit. t. II, p. 139), M. Boisduval (F/ore franc. t. I, p. 230), enfin M. Reichenbachet Mutel; seulement ces deux derniers botanistes, identifiant la plante du sol francais avec la plante étrangère, admettent pour elle le nom d' Zl. canariensis Ker. Cependant, dés 1796, Latourrette décrivait PH. aureus comme originaire d'Orient et cultivé dans nos jardins; et, en 1842, Dunal, dans sa révision des Solanées pour le Prodromus de De Candolle (t. XII, part. 1, p. 549), reprend lH. major de Miller pour la plante francaise distincte de P Æ. albus. Cet avis de Dunal est partagé par MM. Grenier et Godron, de Pouzolz, etc. Les caracteres distinctifs assignés à Æ. major par Dunal sont : - 1° Une corolle} fond noir-pourpre (tuba luteo intus atro-purpureo). SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. Lxv Ce caractere est-il constant? M. Maugeret le considére comme tel. Que des auteurs d'une époque antérieure n'aient pas pris ce signe en con- sidération, on ne saurait s'en étonner, tant sont parfois fugaces les couleurs des plantes! Ainsi Willdenow a écrit de l'H. albus : variat corollæ fauce atro-purpurea et viridi (Species plant. t. I, p. 1011). Mais on voit M. Reichenbach caractériser ainsi FH. albus : corolla albida unicolor aut fauce violacea. Dubois et Boitard décrivent aussi cette espèce avec des fleurs d’un blanc sale à gorge pourpre. Et M. Reichenbach encore, suivi par Mutel, dit de l’ H. canariensis Ker (H. aureus DC.) : corolla ochroleuca fundo violaceo aut viridi. 2° La durée, plante vivace (perennis), caractère admis par les auteurs de la Flore de France. Mais, d'une part, H. albus est donné comme annuel par Gérard, Linné, Boisduval, Dubois et Boitard, Bulliard, Latourrette, MM. Reichenbach, Don, Grenier et Godron, Philippe, Ardoino, et méme par Mertens et Koch, tandis que ce dernier auteur, dans son Synopsis, lui assigne, comme Allioni, une durée de deux ans. Et, d'autre part, VH. aureus de France (H. major Mill. et Dunal) a recu le signe @ de De Candolle, Boisduval, Mutel, Dubois et Boitard; et de M. Reichenbach le signe © ; Du Mont de Courset le dit # ou trisannuel. La durée de l’espèce ne dépendrait-elle pas de l'époque du semis? Trois ans de suite, au Jardin des plantes de Toulouse, des graines d’ Æ. major (ayant bien évidemment le fond de la corolle noirâtre), semées au printemps, ont produit une plante identique avec le pied-mère, mais fleurissant fin juin, et annuelle; tandis que trés-probablement, si les semences de la méme plante abandonnée à elle-même se fussent répandues peu aprés leur maturité sur un sol abrité (le long d’un mur exposé au midi par exemple), elles eussent germé avant l'hiver et développé durant la mauvaise saison de fortes racines qui auraient rendu ces pieds pérennants, peut-étre méme vivaces, mais tout au moins polycarpiens. Trouverait-on dans l'habitat des deux Pues quelques différences de nature à aider à leur distinction ? On a vu que Magnol indique IZ. major à Montpellier, Gouan à Nimes, en spécifiant même là Tourmagne (Flora monspel. p. 76); mais il ne s'accorde: pas avec Pouzolz qui, d'une part, dit Æ. albus commun dans les arènes de Nimes et sur les murs et les rochers aux environs de la ville, et qui cite, de l'autre, VÆ: major sur les murs des rochers de Clarensac à Villeneuve-lez-Avignon (mais d'apres le témoignage de Palun). M. Maugeret n'a vu à la Tourmague que PH. albus (in Litt.). Dunal donne pour patrie aux H. albus et major toute la région méditer- ranéenne, tandis que MM. Grenier et Godron emploient ces mémes termes au sujet de PÆ. albus, limitant IA. major à Montpellier, à Cette et à Aix. t. 9 E LXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Allioni et: Colla font croître l'H. aureus à Nice; mais M. Ardoino n'y a trouvé que l'H. albus (Flore de Menton, 2° édit.), et les échantillons que j'ai cueillis moi-méme à Beaulieu prés Villefranche, en mai 1865, appartiennent à cette dernière espèce. Cependant MM. de Wegmann et Bureau disent avoir recueilli aux portes de Villefranche près Nice LH. major (voyez Bull. de la Soc. bot. de France, t. XII, p. LH, session à Nice). M. Maugeret m'écrit : « Je crois avoir rencontré le major à Cette, sur la colline qui domine la ville... Le major et l'albus croissent passim autour de Narbonne, sur les décombres, les vieux murs, le bord des chemins ; souvent, mais pas indispensablement, ensemble. » Et encore : « L'A. major se trouve partout à Narbonne. » denis L'herbier de M. Timbal-Lagrave renferme des échantillons désignés sous le nom d'H. major et cueillis, soit par notre confrère à l'ile Sainte-Marguerite, soit par M. Braun à Béziers, soit par M. Huet au fort d'Artigues près Toulon. Au témoignage de M. Maugeret, Delort a consigné dans ses notes avoir récolté H. major à Montpellier. Aussi M. Maugeret s'est-il cru autorisé à écrire : « Je pense que F H. major est très-répandu dans le midi, et qu'il n'a pas été signalé parce qu'on ne son- geait pas à le distinguer de l'a/bus (in /tf.). » Bertoloni, dans son importante Flore italienne, n'a pas hésité à ramener à lH, albus, V H. canariensis Reich. et UE. aureus All., caractérisant ainsi la corolle : pallide flava, fundo viridi'vel atro-purpureo. Le savant phytographe fait cette remarque : « Smithius in Fl. gr. suspicatus est H. albus f L., qui est A. albus Bull. herb. tab. xcix, et H. albus vulgaris Clus; Hist: pl. lib. v, p. 83, sistere diversam speciem ob flores omnes fere sessiles in spica foliosa, subnutante digestos et ob folia floralia minora oblonga, acuta, vix incisa ; verum ita passim ludit species apud nos dum nascitur in locis siccis et præsertim in muris, » (Flora ttal. t. 1I, p. 613.) » Cette méme opinion est adoptée par M. Moris (Flora sardoa, t. Iii, p. 168) et par Gussone, qui se borne à distinguer de l'H. albus une variété b : corollis fauce et basi atro-purpureis ; et plus récemment M. Giuseppe Bianco, dans son Flora d'Avola, n'admet aussi que VH. albus (in Atti del- l'Accad. di sc. natur, di Catana). MM. Willkomm et Lange ne distinguent pas méme à titre de variété PH. major de lH. albus. Mais n'est-ce pas à tort que ces deux botanistes écrivent de l'H. albus, dénomination sous laquelle ils comprennent aussi PH. major : « Differt a praeced. (H. nigro) radice. annua, etc. » (Prodr. flore hispan: t. II, p. 534)? Les recherches que j'ai pu faire dans les priucipaux herbiers de Paris m'ont offert toutes les transitions entre les échantillons types d H. albus et d'A. major. Goncluant de ce résultat, de la grande divergence des auteurs à cet égard, et de cette déclaration de Dunal à propos de H, major : « Albo SIMIL- SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LXVII LIMUS, sed diversus VIDETUR » , je n'aurais guère hésité à rapporter 1 H. major (à titre de variété) à l'H. albus, si je n'étais ébranlé par le témoignage de deux bons observateurs, qui, ayant pu étudier ces deux plantes sur pied dans la région méditerranéenne, les tiennent pour distinctes. M. Maugeret écrit : « Le port st l'aspect permettent de les distinguer facilement à première vue. Bien que je ne trouve pas cela noté dans mes remarques, j'ai le souvenir trés-présent que le major est plus aigu dans toutes ses parties et l'a/bus plus obtus. Le caractère de la coloration du tube de la corolle en pourpre foncé est très- constant ; j'ai ouvert des milliers de corolles sans observer de dégradations de nuances. Cela m'était d'autant plus facile que le major poussait abondamment sur le sommet d'une tour de la mairie de Narbonne qui dépendait de mon logement... M. Delort admettait la validité de l'espéce. Voici du reste le ` résumé des notes de M. Delort et des miennes pour. le major : « Feuilles llorales sinuées comme les caulinaires, toutes pétiolées, pubescentes et douces au toucher. Corolles moins jaunes que dans l'a/bus, à tube pourpre foncé en dedans. Filaments des étamines wiolets ; anthères blanches. Tiges et rameaux hérissés de poils droits, doux et blanchâtres. » On voit que le caractère de la durée n’a été pris en considération ni par Delort, ni par M. Maugeret. Empéché, bien à regret, de me joindre en cette occasion à mes confrères de la Société botanique de France, j'ai cru d'autant plus opportun de leur soumettre la question discutée dans cette note, qu'ils trouveront peut-étre dans leurs excursions les éléments pour la résoudre. M. Planchon présente, sur cette communicalion, les observations suivantes : il ne voudrait pas décider que les formes appelées major et albus sont des espèces et non des races, c’est-à-dire des variétés fixées ; mais ces formes se pré- sentent en général très-distinctes et sans nuances intermédiaires, l'a/bus étant la forme vulgaire partout aux environs de Montpellier, le major ayant sa localité la plus ordinaire à si mw Montpellier), sous les murs mémes de cette antique église. M. Théveneau affirme qu'il a remarqué les deux variétés d'Hyo- scyamus et appuie les observations de M. Planchon.. M. Cosson dit qu'il a observé, dans les deux formes d'Hyoscya- mus, des individus annuels ou pérennants par induration, phéno- méne du reste assez fréquent chez les espéces e bassin méditer- ranéen. . M. Royer ajoute : Que des espèces annuelles ou bisannuelles peuvent offrir aussi des cas de LXVII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pérennité, même dans le centre de la France. Ainsi, à Savigny-sous-Beaune et à Gevrey (Côte-d'Or), il a trouvé des Arabis arenosa qui avaient déjà fleuri plusieurs années. Mais il faut ajouter que ces individus croissaient dans les fentes de rochers exposés au plein midi, et étaient ainsi dans les conditions de chaleur et de sécheresse dont jouissent les plantes de la région méditerra- néenne. Au surplus, sauf cette question accessoire de durée, le type du sys- tème souterrain de ces Arabis n'avait pas éprouvé la plus légère modification. La séance est levée à dix heures et demie. SÉANCE DU 5 JUILLET 1572. PRÉSIDENCE DE M. TIMBAL-LAGRAVE. La Société se réunit à huit heures du soir, à Mont-Louis, dans la salle de l'hótel Jambon. Le procés-verbal de la séance du 3 juillet est lu et adopté. M. Gariod, secrétaire, donne ensuite lecture des deux lettres suivantes : LETTRES DE M. l'abbé MIÉGEVILLE. A M. le Secrétaire général de la Société botanique de France. Pau, 24 juin 1872. Monsieur et honoré confrère, Connaissant, depuis bien des années, vos bontés à l'égard de vos confrères, je viens, en toute confiance, vous demander un service assez insigne. Vous savez que le Bulletin de la Société botanique a enregistré, il y a quel- ques années, une de mes modestes notices, intitulée : PAytographia aliqua- rum plantarum vallis Heas, où figure une intéressante espèce de Polygala, nommée par moi, sous toutes réserves, Polygala nivea (1). M. Alexis Jordan, à qui je l'envoyai naguère, sur sa demande, avec d'autres plantes pyrénéennes du genre, m'écrivit immédiatement qu'elle lui paraissait identique avec le Polygala alpina publié, à une époque antérieure, par deux botanistes savoi- siens, MM. Perrier de la Bathie et Songeon. | Le Polygala nivea tapisse tout à l'heure, en compagnie des Ranunculus pyrengus, Gregoria Vitaliana, Androsace carnea, etc., tous les points où il n'y a pas de neige du beau plateau de Trémouse qui déroule ses pâturages, dans nos hautes Pyrénées, au sommet du vallon de Héas, sur les limites de la (4) Voyez le Bulletin, t, XII, p. 341. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LXIX France et de l'Espagne. Le Polygala alpina couvre en ce moment aussi, je pense, la riche vallée d'Eyne, que la Société a comprise dans le programme de sa session extraordinaire aux Pyrénées orientales. ; L'herbier de la Société renferme un certain nombre d'exemplaires de Poly- gala nivea. Le Polygala alpina vous tombera bientôt sous la main, et, trans- portée à Paris par vous, la plante de la vallée d'Eyne ira se placer dans votre riche collection à côté de la plante de Trémouse. i Il me paraît être de l'intérêt de la science d'élucider le doute conçu par l'éminent botaniste de Lyon. Vous allez être pourvu de tous les éléments nécessaires pour le résoudre; ayez l'obligeance de vous en charger. Si l'ob- sérvation parvient à démontrer que nos deux plantes ne constituent qu'une espèce, je renonce volontiers à ma dénomination et suis tout disposé à appeler désormais Polygala alpina le Polygala barégeois. Les lois de la nomenclature et de la justice m'imposent une lettre de rectification. Au Poly- gala alpina appartient, dans l'hypothèse de M. Jordan, le droit d'antériorité. Veuillez agréer, etc. A M. le Président de la Société botanique de France. Pau, 24 juin 1872. Monsieur le Président, J'ai eu l'honneur d'envoyer à M. de Schoenefeld, au mois de novembre dernier, une notice intitulée : Essa? de révision des Armoises alpines des Pyrénées francaises (1). La Société botanique de France, n'ayant pas encore publié le compte rendu de la séance où ce travail a été lu, je m'empresse de vous faire parvenir, à Prades, les principales formes d'Arfem/sia racemosa et oligantha, avec priére de les mettre sous les yeux des botanistes qui vont explorer, sous votre direction, les points phytographiques les plus importants des Pyrénées orientales. Ils pourront confronter notre Artemisia oligantha du mont Perdu avec le prétendu Artemisia glacialis (Villars), signalé au sommet de Cambre d'ase, par Lapeyrouse et par Philippe. Vous trouverez aussi, dans mon fascicule, un assez bon nombre d'échan- tillons de deux plantes pyrénéennes qui ne sont pas pour moi sans quelque charme. Le Myosotis nana (non Villars) et le Valerianella pusilla ont recu les honneurs de la publicité, à Paris, dans la séance de la Société du 16 jan- vier 1863. Leurs diagnoses sont consignées au tome dixième du Bulletin, pp. 27-28. Je les découvris, à la fin d'avril 1862, non loin de l'établissement de la Raillére, dans la vallée de Cauterets, oü la Providence m'avait envoyé pour y remplir une mission apostolique. Je les ai observés, maintes fois, depuis cette époque, dans la plupart des vallées des hautes Pyrénées. Ces plantes encombrent, aux mois de mai et de juin, les massifs de verdure des (4) Voyez le Bulletin, t. XVIII, pp. 367-372. LXX f SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vallées d'Azun, d'Aure, du Louron et de la Neste. Elles foisonnent, en ce moment, le long des routes qui sillonnent la belle vallée d'Argelés, où je viens de recueillir les exemplaires inclus dans mon fascicule. Chose étrange! elles mêlent presque partout leurs touffes gréles et plus ou moins compactes. Ces charmants végétaux sont depuis dix ans l'objet spécial de mes études. L'im- perturbable constance de l'exiguité de leur taille et de leurs caracteres mor- phologiques m'a toujours frappé. On pourrait avoir la tentation de prendre le Myosotis nana pour une forme naine du M. intermedia Link ou du M: hispida Koch. La simple confrontation de notre plante avec l'une quelconque des deux autres, me semble suffire pour prouver l'inadmissibilité d'une telle hypothése. La notice où elles figurent établit d'une manière assez péremptoire, si je ne m'abuse, que le Myosotis nana diffère considérablement de l'un et l'autre de ses deux con- généres. Je dois seulement ajouter, à l'appui de ce fait, que, rouge dans la période de son estivation, d'un bleu de ciel à l'époque de sa maturité, sa corolle forme un contraste significatif avec l'organe correspondant de l'espece de Koch ou de Link, deux ou trois fois plus grand. Quant à la petite Máche que j'ai l'honneur de placer, par votre entremise, sous les regards de la Société, je l'avais d'abord confondue avec le Valeria- nella olitoria de nos auteurs classiques. M. Edmond Bouteiller, professeur à Provins, auquel je l'avais expédiée sous cette étiquette, me fit la gracieuseté de m'écrire que rien n'était moins certain qu'une pareille dénomination. Je me décidai alors à la publier dans notre Bulletin, en lui imposant, selon ma coutume, le nom provisoire de Valerianella pusilla. Bien que cela convienne moins à un ecclésiastique qu'à tout autre, qu'il me soit permis de me citer moi-méme dans l'intérét de la science. Yoici mes. propres termes, empruntés à l'endroit précité du Bulletin : « Pour parvenir à une détermination süre, » à une définition positive des espéces de ce genre, il faudrait un examen » rigoureux du fruit dans son entière maturité. Ne possédant pas ce fruit, je » suis forcé d'ajourner l'opération à une époque plus opportune. » — Depuis 1862, la Providence à mis maintes fois à ma disposition cet élément d'analyse. Les péricarpes du Valerianella olitoria et du Valerianella pusilla ne me paraissent offrir aucun point de similitude vraiment catégorique. Rugueux et presque globuleux, le péricarpe du Valerianella olitoria porte une cica- trice légèrement creuse sur son dos ventral, et une crête peu prononcée sur chacune de ses faces. Le péricarpe du Valerianella pusilla, lisse, apiculé, et une fois moindre que celui de son congénère, montre de chaque. côté deux sillons assez profonds, et sur chaque face trois crétes fines, deux bien accentuées et l'autre confusément dessinée, — Voilà, Monsieur le Président, des faits dont mon petit fascicule vous four- nira la preuve. Je vous prie de les soumettre au contrôle de tant d'éminents confrères, heureux de se grouper autour de votre fauteuil. Pent-être suffi- SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LXXI ront-ils pour déterminer la Société à élever au rang d'espèces deux plantes qui sont aussi communes dans nos vallées que le Bellis perennis et le Senecio vulgaris. Daignez recevoir, etc. Notes de M. Miégeville, ajoutées au moment de l'impression (novembre 1873). 1. Le Polygala alpina Perr. et Song. et notre Polygala nivea ont sans doute de grandes affinités, Néanmoins un certain nombre d'échantillons du premier, récoltés au Lautaret en 1869, que M. Jordan a daigné m'envoyer le 8 juin 1870, m'ont permis de constater quelques légères différences entre la plante des Alpes et celle des Pyrénées. Les tiges du P. alpina, nues à la base, émettent, à une certaine hauteur, des rosettes de feuilles grandes, larges, obovées, obtuses ; et ses feuilles raméales, plus petites que les radicales, et pres- que ovales-elliptiques, s'atténuent progressivement à mesure qu'elles se rap- prochent de la grappe florifèré. Assez semblables à celles du P. alpina, les feuilles inférieures du P. nivea s'étalent en rosettes à la base de ces tiges, plus courtes que celles de son rival ; mais les caulinaires affectent de s'agrandir peu à peu en montant vers la grappe florifère, et les bractéales atteignent par- fois l'ampleur des radicales. Le P. alpina me semble accuser une tendance plus prononcée que le P. n?vea vers la forme du P. calcarea Schultz. Si je ne me trompe, le P. nivea, qui foisonne en juin dans les pâturages de Trémouse, en société du Ranunculus pyrenœus, se sépare carrément de tous les Poly- gala connus de nos montagnes. 2. Il ne sera pas facile d'établir l'identité de notre Myosotis nana avec le M. versicolor Pers. En voici la preuve : presque aussi longues que les tiges, les grappes fructifères du M. nana sont ordinairement feuillées; ses calices sont ouverts à la maturité; ses pétales, très-exigus, passent du rouge au bleu foncé, au lieu de passer da jaune au bleu et du bleu au violet. Sa taille est plus petite et sa physionomie d’un vert plus jaunâtre que celles de son concur- rent. Ses touffes, souvent couchées sur le sol, compactes et proportionnelle- ment larges, forment alors de gracieux tapis de verdure, le long des routes, en certaines localités, par exemple aux environs de la commune de Borderes- Louron. Cet ensemble de caractères ne saurait convenir au M. versicolor. Inutile d'ajouter que la forme nana, d'une fixité imperturbable, est bien plus vulgaire, dans nos Pyrénées, que la forme versicolor, qui abonde dans les cultures de nos plaines et dans les champs de nos vallées subalpines. Au reste, le genre Myosotis pourrait n'avoir dit son dernier mot ni dans nos montagnes, ni dans les autres circonscriptions de notre flore. 3. Je crois devoir porter à la connaissance du Comité consultatif que le Valerianella pusilla, en conservant invariablement tous les autres carac- tères exposés par mes diagnoses, perd subitement, dans nos jardins potagers, LXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, sa forme rabougrie, et développe de nombreuses tiges assez longues, toutes radicales, qui forment une belle toufle circulaire d'un diamètre d'environ deux décimétres. M. le Président fait passer sous les yeux de la Société les échan- tillons communiqués par M. l'abbé Miégeville. ll dit que de prime abord il croit reconnaitre : dans le Myosotis, le M. versicolor ; dans le Valerianella, le V. olitoria; et dans le Polygala dit nivea, le P. alpina. ll croit d'ailleurs qu'il conviendrait de renvoyer ces plantes au Comité consultatif, à Paris. M. J.-E. Planchon, appuyant la proposition de M. le Président, fait remarquer que les membres de la Société réunis en session extraordinaire ne sauraient en aucune façon constituer un tribunal, car il peut leur manquer, pour rendre, sur les plantes communi- quées, un jugement éclairé, le temps, la préparation et la compé- tence nécessaires. Le renvoi des plantes de M. Miégeville au Comité consultatif est décidé. M. Des Etangs fait à la Société la communication suivante : TRIFOLIATION DE DIVERSES ESPÈCES LIGNEUSES ET HERPACÉES A FEUILLES OPPOSÉES, pr M. S. DES ÉTANGS. M. G. Maugin a signalé à la Société botanique de France, dans sa séance du 23 novembre 1860 (Bulletin, t. VIL, p. 867), un cas de trifoliation qu'il a observé sur le Lilas (Syringa vulgaris L.) dans un petit enclos de l'hôpital Saint-Louis, à Paris. Il n'a pu voir se développer les bourgeons placés à l'ais- selle de chacune des feuilles ternées, parce qu'on n'a pas laissé subsister les branches et les sujets qui présentaient cette monstruosité. Il s'est demandé si les bourgeons nés à l'aisselle des feuilles auraient donné naissance à des rameaux trifoliés, et si la trifurcation persisterait par le bouturage, la greffe ou le marcottage, en les plaçant dans d'autres conditions de terrain et d'insola- tion. — Au moment de cette communication, M. Ad. Brongniart a demandé à M. Maugin s'il avait trouvé à la fois des feuilles opposées sur les branches de Lilas dont il a présenté des échantillons àla Société. M. Maugin a répondu que cela était fort rare. Les faits que j'ai observés, l'un ces années dernières, les autres tout récem - ment, me mettent à méme de résoudre ces diverses questions. Je commence par le plus ancien. Àu milieu dela cour de la maison que j'ai habitée à Bar-sur-Aube pendant onze ans et que j'ai quittée l'année derniere, existe un Paulownia imperialis SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LXXHI dont, chaque année, je retranchais toutes les branches au niveau du tronc qui a une hauteur de 27,50. Je le faisais pour éviter la trop grande humidité qu'aurait produite le développement excessif de cet arbre dans une cour peu spacieuse. . Au printemps, je voyais surgir, du point où les branches avaient été sup- primées, un certain nombre de bourgeons qui poussaient avec une grande vigueur et formaient bientót de nouvelles branches qui atteignaient 2 à 3 mètres et plus de longueur. L'une d'elles prenait le dessus, s'élevait verti- calement en formant le prolongement de l'axe, tandis que les autres s'éten- daient tout autour. à Tous les ans plusieurs jets portaient dans toute leur longueur des feuilles verticillées 3 à 3 au lieu d'étre opposées 2 à 2, comme cela a lieu dans les rameaux à feuilles opposées. Le troisième verticille était superposé au premier, pris pour point de départ. Les rameaux sortis des feuilles inférieures étaient constamment à feuilles opposées. En 1861, procédant autrement que je ne l'avais fait jusqu'alors, je sup- primai toutes les branches latérales de l’année précédente, en laissant subsister celle à feuilles trifoliées, qui continuait l'axe. Ce Paulownia, qui existe encore tel que je l'ai laissé, donne déjà par lui - méme une réponse péremptoire aux questions que s'était posées M. Maugin : ainsi, les rameaux sortis des aisselles des feuilles disposées 3 à 5 n'ayant porté que des feuilles opposées, il est de toute évidence que le bouturage et la greffe n'en auraient pas produit. d'autres. M. Maugin a paru attribuer l'anomalie qu il a observée sur le Lilas au milieu dans lequel se trouvait le sujet qu'il a observé. Je suisloin de le con- tester; mais, d’après les observations que j'ai faites, la trifoliation s'est présentée dans des milieux bien différents les uns des autres. Ainsi que je l'ai dit, ce Paulownia est planté au milieu d'une cour de petite dimension. Elle a 67,80 de longueur sur 87,80 de profondeur ; des bâti- ments d'habitation l'entourent de trois cótés ; à l'aspect du midi est une autre cour de méme dimension précédée d'une autre cour moins grande. Celte situation permet aux rayons du soleil de pénétrer daus la premiere. cour pen- dant une grande partie. de la journée, de sorte que l'arbre est exposé à une grande chaleur augmentée par la réverbération des bátiments, ce qui peut con- tribuerà la vigueur de la végétation, et peut-étre aussi à la trifoliation à laquelle il est sujet. Je passe aux faits observés tout récemment : I Le 13 juin 1872, parcourant les jardins du domaine de Belroi près Bar-sur-Aube, et longeant une allée bordée d’un côté par des arbres de diverses essences qui, au printemps de cette année, avaient été, les uns élagués, les autres recepés, j'ai remarqué plusieurs Lilas qui avaient été soumis à cette opération. EXRIV -> SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'an d'eux, qui n'a été qu'élagué, porte une pousse de l'année à feuilles trifoliées de la base au sommet. D'autres jets ont des feuilles opposées, mais elles ne sont pas au méme niveau, il existe entre elles un écart d'un centimètre environ ; elles ne se croisent pas à angle droit, comme à l'état normal, ce n'est que la quatrième paire qui est superposée à celle qui sert de point de départ. La paire termi- nale est revenue à l'état normal, c'est-à-dire que les feuilles sont assises en regard l'une de l’autre. Un autre scion porte des feuilles alternes an lieu d’être opposées; la cin- quième est superposée à la première : c'est la disposition quinconciale, telle qu'elle existe dans un grand nombre de végétaux. Au sommet elles sont presque opposées. Une autre souche qui avait été recepée a émis des scions doit l’un a les feuilles trifoliées. Un Lonicera tatarica L., qui a aussi été recepé, a produit des scions trés-vigoureux, les uns à feuilles opposées, les autres à feuilles ternées dans toute leur longueur. Elles sont d'une dimension extraordinaire, et à premiere vue on ne devine pas à quel sujet elles appartiennent. À quelque distance, un autre Lonicera tatarica, qui n'a été ni recepé, ni élagué, porte un scion trifolié, né sur la partie courbe d'une branche prin- cipale. II. Le lendemain 16 juin, étant à Jaucourt, commune peu éloignée de Bar-sur-Aube, j'ai vu, le long d'un mur qui borde un sentier à l'aspect du couchant, plusieurs Lilas qui présentaient à peu près les mêmes cas tératolo- giques que ceux de Belroi, avec cette circonstance particalière que les tiges avaient été raccourcies, dès l'année dernière, à la hauteur d'un mètre environ, et que les pousses de cette année l'ont été également vers le milieu de leur longueur, soit par la main de l'homme, soit par la dent des animaux. L'un des scions a les feuilles ternées dans une partie de sa longueur et op- posées dans le haut. Dans un autre, elles sont alternes, avec cette circonstance que ce n'est que la sixième fpaiié n est perpendiculaire à celle prise pour point de départ. 7 Dans ce même sentier existe un Sureau, Siah bicia nigra L., du pied duquel est sorti un scion à feuilles trifoliées. Son extrémité ayant été retran- chée, je n'ai pu constater si la trifoliation avait persisté jusqu'au sommet. III. Le 18 juin, en revenant d'une courte herborisation, un cas de tri- foliation s'est présenté sur une autre espèce, l'Acer Pseudoplatanus L. L'an- née derniére les plantations qui existent sur le talus en tranchée du chemin de fer de l'Est, à Dolancourt, avaient été recepées au niveau du sol. Deux jeunes Acer, produits probablement d'un semis naturel, avaient subi le sort commun. De la souche de chacun d'eux était sorti, entre autres à feuilles opposées, un scion à feuilles trifoliées, ce qui se reconnait aux cicatrices laissées par la chute des feuilles. La pousse de cette année, qui est la conti- SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LXXV nuation de celle de l'année précédente, est aussi à feuilles trifoliées. Celle-ci a émis de courts bourgeons, garnis de 2 à 4 feuilles opposées. Pour rentrer à Bar-sur-Aube, je devais m'arréter à Jaucourt, où j'étais déjà allé quelques jours auparavant. Ea attendant le passage du train, j'ai été par- courir le jardin de la maison de M. Thyébaut, maire de la commune, où je savais qu'il existe des Lilas et où j'avais l'espoir de trouver des cas de trifolia- tion et d'anomalies semblables à celles que j'avais déjà constatées dans la méme commune. Je n'ai pas été trompé dans mon attente. En effet, j'ai remarqué plusieurs scions sortis l'année derniere, sans qu'il y eût eu recepage, du pied de quel- ques souches de Lilas, avec des feuilles trifoliées, ce qui était indiqué par les cicatrices qu'elles avaient laissées après leur chute. Comme le Sycomore de la tranchée de Dolancourt, ils se sont allongés cette année en portant des feuilles trifoliées ; il y avait aussi des jets à feuilles alternes dont la sixième était per- pendiculaire à la premiere. J'ai en outre trouvé dans ce jardin le Lonicera tatarica à feuilles ternées : il avait subi un élagage. IV. Le 21 juin, étant à Baroville, commune distante de 6 kilométres de Bar-sur-Aube, j'ai trouvé et recueilli, au bord d'un chemin découvert, un cas de trifoliation sur une autre espèce, le Cornus sanguinea L., avec cette parti- cularité qu'il est né celte année, Le recepage n'est donc pour rien dans cette anomalie. Ses feuilles sont ternées de la base au sommet ; les rameaux qu'il a émis ont, comme le Paulownia, des feuilles opposées. V. Le 30 juin, veille de mon départ, j'ai encore trouvé dans le jardin de M. Vitry, à Bar-sur-Aube, un jeune scion de Lilas à feuilles trifoliées sorti à un mètre de distance de la souche d'un Lilas élevé sur une seule tige, contre un mur à l'aspect du levant. VI. Enfin, le premier de ce mois, m'étant arrété pendant quelques heures à Chátillon-sur-Seine, chez M. Des Étangs, président du tribunal civil, mon parent, j'ai observé avec lui dans son jardin plusieurs Lilas offrant divers cas de trifoliation et d'anomalies semblables à celles que je viens de signaler. Ces anomalies ne sont donc pas aussi rares qu'on a pu le croire, puisqu'en quel- ques jours j'ai pu en signaler plusieurs exemples dans divers lieux. Les plantes herbacées à feuilles opposées ont aussi parfois des feuilles ternées. i L'année dernière j'ai recueilli, au bord d'un champ, un fort pied de Gale- opsis Ladanum L., qui présentait cette anomalie. Comme les espèces ligneuses, ses rameaux ont des feuilles opposées. Je possède dans mon herbier le Knautia arvensis Goult. à feuilles ternées, ainsi que l Anagallis phænicea. Il résulte des faits quì précèdent : 4° Que les végétaux ligneux à feuilles opposées peuvent exceptionnellement avoir des feuilles ternées. LXXVT SOCIÉTE BOTANIQUE DE FRANCE. 2 Que cette trifoliation peut se continuer dans toute la longueur du sujet et méme dans la pousse de seconde année : c'est ce qui a lieu chez le Lilas et le Sycomore. 3° Qu'elle.se manifeste dès la naissance. Le Cornus sanguinea L. en est un exemple. ^? Que le scion peut aussi revenir à l'état normal et se terminer par des feuilles opposées. 5° Que les rameaux issus des aisselles des feuilles ternées ne se présentent qu'avec des feuilles opposées. 6° Qu'il suit de ce dernier fait que la trifoliation ne peut se conserver, ni par la greffe, ni par le bouturage. 7° Que le Lilas a quelquefois des feuilles prenant naissance, non pas au méme niveau, mais à des niveaux différents, l'une étant moins élevée que l'autre. 8° Que le méme arbuste dévie encore de l'état normal en présentant des feuilles alternes. 9° Que la trifoliation a lieu aussi chez les végétaux herbacés à feuilles opposées. 10» Il résulte encore des mêmes observations que l'élagage et le recepage contribuent dans plusieurs cas à ces diverses anomalies, mais qu'il peut en exister en dehors de ces circonstances et même à la naissance du sujet. Végétaux qui ont présenté des cas de trifoliation et d'autres anomalies. Ligneux. Syringa vulgaris L. Lonicera Xylosteum L. , obs. par M. pianie (Bull: V, 759). — chinensis Wats., obs. par M. Des Moulins (Bull. V1, 397). — tatarica L, Acer Pseudoplatanus L, Cornus sanguinea L, ' Herbacés. Galeopsis Ladanum L, Knautia arvensis Coult. Anagallis phænicea Lamk. Il est vraisemblable que si l'on n'a pas à signaler des faits plus nombreux de trifoliation, c'est parce que l'attention des observateurs ne s’est pas portée sur cette anomalie, dont j'ai pu constater plusieurs cas dans quelques courses faites tout récemment à de courts intervalles, Du reste, mon intention, dans cette communication, n'a pas été de chercher à expliquer la cause de ces anomalies : je laisse ce soin à de plus compétents que moi. Note poutée au moment de l'impression. — Depuis mon. retour à Bar- sur-Aube, j'ai observé, le long du bief du moulin du bas de cette ville, plusieurs Sambucus racemosa L., qui avaient été recepés au printemps dernier et dont SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LXXVIL les scions sortis de la souche étaient, les uns à feuilles opposées, les autres à feuilles trifoliées. La trifoliation s'est maintenue jusqu'au sommet. M. Planchon dit queles cas de trifoliation sont trés-fréquents, surtout chez les plantes recepées, que c'est là un signe de vigueur, et cite comme exemple le Viburnum Tinus. Il fait observer gail- leurs que le mot trifoliation est improprement appliqué aux phé- noménes dont il s'agit, et qu'il faudrait dire feuilles zernées et non feuilles £rifolices. M. Ripart dit avoir observé des feuilles ternées chez la Salicaire. M. Timbal-Lagrave a observé le méme phénomène chez le Lysi- machia Otani Asso, et ajoute que, lorsque la plante se dessèche, la dessiccalion se fait suivant la spire, et que c'est la feuille acces- soire qui persiste le plus longtemps. Quand il y a recepage, dit-il, il y a raccourcissement du mérithalle. MM. Planchon et Timbal-Lagrave recommandent, au sujel de ces phénoménes, de consulter les travaux de Bravais et de Steinheil. M. Des Étangs fait à la Société la communication suivante : UN NOM A AJOUTER A CEUX DES NATURALISTES QUI ONT DOUTÉ DE LA FIXITÉ DES ESPÈCES, pr M. S. DES ÉTANGS. Dans son ouvrage Sur l’origine des espèces, M. Ch. Darwin a donné, avant d'entrer en matière, une notice historique sur les progrès récents de la science à ce sujet. Il a énuméré les auteurs qui, en France et à l'étranger, ont pensé que les espéces, au lieu d'étre immuables comme l'admet la généralité des naturalistes, subissent des modifications, et que les formes actuellement vivantes descendent, par voie de génération régulière, de formes préexistantes. Pour la France il a cité Lamarck et Geoffroy Saint-Hilaire. Il en est un qu'il a oublié, et que je crois devoir rappeler dans cette réunion de botanistes francais : c'est GIROD DE CHANTRANS. zB Ce savant académicien a publié en 1831 un mémoire ayant pour titre : Doutes proposés aux naturalistes sur l'instabilité des formes qui caracté- risent les corps que nous distinguons en genres et en espèces (1). Il serait trop long d'en faire ici l'analyse : je me borne à en extraire quel- ques passages qui suffiront pour établir ses titres à prendre rang parmi les naturalistes francais qui, avant M. Darwin, avaient douté de Ja fixité des espèces. Ainsi, après avoir parlé des variétés de fruits et de légumes obtenues par la (4) Ce mémoire a été lu à la séance de la Société Linnéenne de Paris, le 8 novembre 1821 ; il est inséré au tome Ier, p. 137, des Mémoires de cette Société, XXXVII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. culture, il ajoute : « Je me demauderai encore si les mêmes causes secrètes » qui produisent journellement des variétés, ne pourraient pas, à la longue, » faire disparaitre d'anciennes familles, en leur en substituant de nouvelles? » (P. 140.) « Mais, lorsque les mémes circonstances qui ont produit une altération sub- » sistent pendant un laps de temps considérable, n'est-il pas vraisemblable » qu'elle s'établit de plus en plus solidement, et finit par acquérir assez de » fixité pour constituer ce que nous appelons une espèce? » (P. 140.) « Quant à la durée nécessaire pour amener ces changements, elle ne saurait » étre uniforme ni soumise au caleul. » (P. 141.) « Les faits s'accumulent donc de toutes parts. pour nous apprendre que les » mêmes espèces, au lieu de se maintenir dans un état d'uniformité, sont » sujettes à des changements plus ou moins considérables, selon les lieux oü » elles vivent. » (P. 144.) « Il paraît donc que le Créateur, en déposant un certain nombre de types » dans le sein de la nature, lui a donné en même temps tous les moyens de » combinaisous nécessaires pour varier successivement la série des étres, de » manière que sa décoration primitive ne ressemblerait guère, selon: toute » apparence, à celle dont nous jouissons aujourd'hui, et que le monde futur » ne ressemblera pas davantage au monde actuel. » (P. 444.) Je m'arréte dans ces citations, Elles doivent suffire pour démontrer que Girod de Chantrans doit figurer à la suite de Geoffroy Saint-Hilaire et de Lamarck, au nombre des savants francais qui ont émis l'opinion que les espèces se transforment graduellement par des modifications successives ; m is lui-même semble avoir ignoré les travaux de ses devanciers, car il ne les t men- tionne nullement. ' Je dois ajouter que ses doutes portaient aussi bien sur les êtres animés que sur les végétaux. Girod de Chantrans était correspondant de l’Institut et membre honoraire de la Société Linnéenne de Paris. Tl a publié des Recherches chimiques et microscopiques sur les Conferves, Bisses, T) rémelles, etc., en un vol. in-4°, avec 36 planches, 1802 ; les Entretiens d'un père avec son fils sur quelques questions d'agr ADS in-8^, 1805 ; Un essai sur la géographie physique, le climat et l'histoire naturelle du département du Doubs, 2 vol. in- 8°, 1810, etc. Il est honorablement cité par Lapeyrouse ( Hist. abr. Pyr. Introd. p. Xxx) pour des observations hypsométriques faites dans la contrée méme où nous sommes réunis et publiées dans le Bulletin de la Société philomatique, an VIII, n° 52. M. Ricard, secrétaire de la Société archéologique et de l'Aca- démie des sciences et lettres de Montpellier, communique à la SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LXXIX Société un volume in-4°, manuscrit, intitulé Descriptiones rario- rum plantarum Alpium Delphinatus et Galliæ Narbonensis. C'est un manuscrit autographe inédit du célébre Richer de Belleval, fonda- teur du Jardin des plantes de Montpellier. Cet ouvrage, que M. Ricard a acquis récemment, avait autrefois appartenu au botaniste Gilibert (de Lyon), qui l'avait en sa possession, en 4796, lors de la publication des /cones ou cuivres gravés de Belleval dans les Démonstrations de botanique. Gilibert substitua au texte latin du professeur de Montpellier un commentaire en français, sans indiquer la distinction entre ce qui était de lui et ce qu'il avait extrait de l'œuvre de Belleval. Ce manuscrit qui était déjà incomplet, puisqu'il s'arrêtait alors à la page 436, l'est encore davantage aujourd'hui, il ne se compose actuellement que de 220 pages ; les 109 feuillets placés en tête du: volume ont disparu. Lorsque M. Planchon a publié, en 1869, une notice sur Richer de Belleval (1), cet important ouvrage n'avait. pas été retrouvé dans la belle bibliothèque du fils de Gilibert, d’où il provient cependant, et qui a été depuis vendue, à Lyon, aux enchères: Notre manuscrit contient la description des plantes rares ou inconnues observées par Belleval dans ses voyages de 1615 à 1619, notamment dans les montagnes alpines de la Seyne et de la Grande- Chartreuse, et dans d'autres excursions à l'Espérou et aux environs de Mont- pellier.- C'est pour ce recueil des observations qu'il rédigeait à mesure que les plantes se présentaient, et qui était destiné à l'explication de ses planches ou qui en renfermait la première ébauche, que Belleval avait fait graver un grand nombre de planches sur cuivre dont il reste de rares épreuves et sur lesquelles M. Planchon a appelé naguère l'attention du monde savant. La découverte que M. Ricard a faite de cet intéressant manuscrit aura l'avantage de per- mettre d'apprécier, comme descripteur de plantes, Belleval, qui nous était à peu prés inconnu à cet égard, par la malencontreuse idée qu'avait eue Gili - bert d'en travestir le texte primitif latin en style moderne francais et de méler constamment son propre commentaire aux termes de l'original. M. Planchon, à l’occasion des dessins de ce manuscrit représen- tant diverses Fritillaires, annonce qu'il. adressera prochainement à la Société une Révision des espèces françaises du genre Fritillaria (voyez le Bulletin, t. XX [Séances], pp. 96 et suiv.). M. Gariod atteste la parfaite exactitude des figures de Belleval représentant les Fr. involucrata et delphinensis, espèces que ses herborisations dans les Alpes lui ont rendues familiéres. 1) Pierre Richer de Belleval, fondateur du Jardin des plantes de Montpellier. Mont- — pu ^ is "x le vœu que dans l'exploitation des forêts il soit interdit d'abattre les arbres dépassant les Ergo OW do hieu f — ll y a quinze ans bientót (Bull. NT, h1), ya l'hon- neur d'adresser à la Société ces paroles : « Il existe une Société — " ain » maux; peut-être un jour les végétaux trouveront-ils aussi d UNAM, : M s vd chaleureux plaidoyer de mon excellent ami M. Doümet-Adanson en faveur des ar séculaires réalise aujourd'hui mon vœu au delà de mes espérances, XXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE D'ALTHENIA (ALTH, BARRANNONII J. Duv.- 1), pr 3E. J. DUVAL-JOUVE (Montpellier, 30 juin 4872.) Dans la Note que notre excellent confrère M. Barrandon a publiée (Bù. Soc. bot. t. XVIII, p. 174) sur une excursion qu'en juin 1871 nous avons faite ensemble aux Onglous (station du chemin de fer du Midi, entre Agde et Cette), on lit ce quisuit : « Nous trouvámes...... et ensuite l' A7tAenia fili- » formis Petit, forme dressée et plus rapprochée de la figure de Mutel (F7. » fr. tab. 63, fig. ^73), que du dessin original de Félix Petit (Ann. se. d'obs. » t. I, pl. xit, fig. 1), où les groupes de fleurs sont représentés sur des tiges » rampantes. » Or nous avions rencontré très-peu de pieds de cette plante, et, si j'étais parfaitement sûr du genre, je doutais fort de son identité avec la plante de Petit. Les dessins du mémoire de ce botaniste ont été exécutés par M. Decaisne avec une perfection et une exactitude qui font autorité ; d'autre part, en ma qualité d'Arlésien, je connaissais bien la plante de l'étang de Valcarès en Camargue, plante dont Petit a dit : « Herba humilis, in cespites laxos, « 4-6 » uncias latos, extenditur. Caules Aum? repentes, rami. vix supra terram 4-8 » lineas elati » (o. c. p. 452), et il m'était impossible de reconnaitre la plante figurée et décrite, dans celle des Onglous, qui était dressée avec des tiges vingt fois plus hautes. Il fat donc décidé que la course des Onglous se referait cette année; ce qui a été accompli le 23 de ce mois, avec un plein succès. Nous ayons en effet trouvé, au midi de la station, des flaques d'eau saumâtre oü cette plante croit en telle quantité, que, aprés que six botanistes en eurent récolté immodérément, il n'était pas possible: de s' apercevoir qu'on en eüt pris. Mais cette fois la plante n'était plas seulement vingt fois plus haute que celle de Petit, mais cent fois, car elle atteignait jusqu'à 50 centimètres de haut, comme on le verra par les échantillons joints à cette note. Notre plante était en bon état, avec étamines belles encore et beaux fruits à tous les degrés de développement. L'examen attentif de l'ensemble et l'analyse des parties de la fructification ne nous ont pas permis d'hésiter un seul instant à y voir une plante distincte de l'espéce unique qui jusqu'ici constituait ce genre. Sa grande taille, comparée à l'exiguité de la plante primitive, semblait me commander pour nom spécifique un adjectif comme procera, altissima Ou gigantea ; en proposant pour elle celui d' A/tA... Barrandonit, j'ai voulu exprimer mes sentiments de gratitude envers notre confrère M. Barrandou, pour sa part dans la découverte de cette plante, pour les services qu'il a rendus à la botanique en vecueillant les précieux matériaux de sa Fore de l'Hérault, et surtout pour la générosité et la largeur d'esprit avec lesquelles il se plait à communiquer et ses. récoltes. et ses observations. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. LXXXVIL La différence dans la taille et dans le port de la plante des Onglous était un premier motif de présomption, Je n'ignore pas que beaucoup de plantes aquatiques sont exposées à varier grandement, suivant qu'elles végètent dans un courant rapide, ou dans des eaux dormantes plus ou moins profondes, ou enfin sur une vase desséchée, Mais ici tout s'accorde : Petit a recueilli sa plante « in lacu salso, sub aqua pedem et vix amplius alta », et la nótre croit exactement dans les mémes conditions. Je n'ignore pas que Mutel a dessiné son A/thenia avec tiges hautes de 11 centimètres, mais aussi celui qu'il a dessiné ne vient pas du Valcarés, mais des environs de Montpellier, comme il le dit expressément, o. e. HT, p. 230 (1) ; et les figures analytiques que cet auteur donne des parties de la fructification ne sont que la copie réduite de celles qu'avait données Petit. S'il avait analysé lui-même les diverses parties de sa plante à longues tiges dressées, il aurait constaté, comme nous, les carac- tères suivants, que je mets, pour en faciliter la comparaison, en regard du texte de Petit, comme je le fais aussi pour les figures. Caractères génériques absolument conformes. « Caules (stolones) repentes, 4-4 uncias ^ St!olons courant dans la vase, atteignant » longi, articulati et nodosi, Nodus, folio » imperfecto instructus, inter duas articu- » lationes bracteis ornatas semper obser- » vatur. Ex illo nec ramus nec radices » oriuntur. E singula articulatione vero, » radix una, duæ vel rarius tres descen- » dunt, et ramus simplex aut divisus foliis » instruetus surgit (fig. 1). » Ramus 4-8 lineas altus, erectus, fo- » liis imbricatis, confertis indutus, apice » tribus pedicellis, ovariis coronatis, defi- » nitus. ». Folia graminea imbricata, 3-12 líneas longa ; floralia limbo sepius, abortione, carent, : X v (4) riche herbier de notre confrére M. ou dépassant 50 centimètres ; absolument dépourvus d'écailles (folio imperfecto, Pe- tit) entre les points d'oü s'élévent les tiges (articulationes, Petit). Le dessinateur de Mutel avait bien vu cette différence et n'avait point figuré ces écailles sí frappantes sur la plante de Petit (fig. 2) et que M. Prillieux a aussi mentionnées (Bull. Soc. bot. t. XI, p, 221). Tiges hautes de 10 à 50 centimétres, droites, à feuilles espacées et distantes de 9 à 3 centimètres; portant de nombreux rameaux à feuilles également espacées, si ce n'est au sommet, Feuilles très-espacées entre elles (2-3 centimètres), jamais imbriquées, si ce n'est au sommet des rameaux et tout contre linflorescence. Les florales sont presque toutes pourvues d'un limbe claviforme , s'isolant pràs de la base, et si court, qu'il n’atteint méme pas l'extrémité de la partie libre de la gaine. - En avril 1873, il m'a été possible de consuller les collections du Muséum et le E. Cosson. Le Muséum ne posséde qu'une feuille d' Alihenia filiformis, recueillie dans la province d'Oran ; tout le reste est de PAUR. Bar- randonii, provenant des environs de Montpellier. M. E. Cosson possède une belle feuille d'échantillons d' Ah. fiformis, recueillis par Petit dans le Valcarès et accompagnés d'une note originale. de Petit ; plus deux feuilles d'AUA. filiformis provenant, l'une de la pro- vince d'Oran, l'autre du Portugal ; tous les échantillons des autres feuilles, provenant de Montpellier et nommés par le correspondant Alth. filiformis, appartiennent à PAUh. Bar- randonü, La comparaison de ces échantillons ne peut laisser de doute sur la distinction des deux espèces. (Note ajoutée pendant l'impression.) LXXXVIII » Limbus capillaris, postice convexius- » culus, antice concaviusculus, margine » incrassatus. » Étamine conforme à celle de l’ Alth. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Limbe filiforme plutôt que capillaire ; trois ou quatre fois aussi gros que celui de . PAUh. filiformis, ainsi que la figure de Mutelle représente trés-bien ; peu comprimé et presque cylindrique, non concave à la face supérieure ; marges non épaissies (1). filiformis, ainsi que le nombre et la position des ovaires ; styles plus longs. « Capsula stipitata, subovalis, basi plus » minusve truncata, compressa margine » alato, sub lente rugis interruptis subflexuo- » sis brevibus longitudinaliter . sulcata, » linea eminente subobliqua in duas partes Capsule d'un tiers plus longue que celle de l'Alth. filiformis, longuement stipitée, longuement atténuée à ses deux extrémités et surtout à l'inférieure ; marges épaissies, non ailées; faces tout unies et sans aucune » inæqualiter partita (fig. 3 et 5). » Epicarpium, membrana tenuis » utroque latere in alam expansa. ligne saiilante (fig. 4 et 6). Epicarpe mince, sans aucune trace d'ailes latérales membraneuses. Mésocarpe mince sur les faces, renflé en bourrelet sur les marges. Endocarpe uni sur les faces, émettant sur les marges des cils fermes, souvent bifides, et qui pénètrent jusqu 'à l'épicarpe à travers les marges renflées du mésocarpe (fig. 7). Graine beaucoup plus longue et plus étroite que dans l' Alih. filiformis ; par suite embryon plus long, mais conformé de méme (fig. ^, 6, 8, 9 et 10). in » Sete endocarpii marginem cingunt » (fig. 3). » Semen compressum (fig. 5). » Je dois faire remarquer qu'Endlicher, qui a établi les caractères du genre Althenia sur des échantillons de Petit, dit expressément : « Capsula com- pressa, alato-marginata », tandis que Kunth, qui a eu sous les veux la grande plante et n'y a pas vu d'ailes marginales, se borne à dire: « Fructus stipi- tatus, oblique oblongus, lateribus compressiusculus » ; mais, toujours con- sciencieux, il cite en note la mention que fait Endlicher des ailes marginales. Un point plus important encore est que Kunth, dans sa minutieuse descrip- tion du fruit, ne mentionne point les lignes saillantes que Petit signale et figure sur les faces. Pour expliquer la différence de taille qu'il voyait entre sa plante et celles de Petit et d'Endlicher, Kunth croit devoir ajouter : « Planta pusilla aut longiuscula, ratione loci magis minusve inundati » (Enum. plant. HI, p. 126). Mais le Valcarès, où Petit a recueilli sa plante, est un étang long de 12 kilomètres et large de 7, communiquant avec la mer, et par conséquent d'un niveau invariable et en tous cas ne devenant jamais à sec; tandis que nos flaques saumâtres des Onglous sont toutes petites et à sec dès les premières (1) La coupe que je donne (fig. 10) de cette partie de la feuille montre en méme temps qu'elle n'est point seulement, comme l'avait cru Endlicher, une arête dae à la simple prolongation de la nervure dorsale ( « folia brevia, nervo medio elongato excurrente, aristata », Endl, cité par Kunth, Enum, plant. ML, p. 126), mais bien, comme l'avaient dit Petit et Kunth, un vrai limbe, avec faisceau fibro-vasculaire médian, pareachyme sur les cótés et fibres marginales sous l'épiderme, SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 4872. LXXXIX chaleurs de juillet. Les formes devraient donc y être plus réduites s'il n'y avait qu'une seule espèce, tandis que c'est le contraire qui arrive. Les caractères des deux espèces de ce genre peuvent se résumer dans les diagnoses comparatives suivantes : Alth. filiformis Petit. Stolonibus ad limisuperficiem repentibus, 3-5 cent. longis, ad basin cauliculorum et inter cauliculos bracteas emittentibus. Cau- lieulis brevissimis, 5-15 millim. altis; foliis omnibus imbricatis confertis; limbo antice concaviusculo, marginibus incrassato, Capsula subovali, plus minusve truncata, in utroque latere alata et in utraque facie linea eminente in duas partes inæquales partita, Semine ovato, compresso. Alith. Barrandonii J. Duv.-J. Stolonibus in limo decurrentibus, lon- gissimis (50 cent.), inter ramulos nudis. Caulibus erectis altissimis (15-50 cent.); foliis in caule remotis, ad inflorescentiam confertis ; limbo antice et postice convexo. Capsula ovato-lanceolata, utrinque atte- . nuata ; ad margines incrassata, in utraque facie levissima. Semine oblongo, com- presso. Les marges de la capsule, non ailées-membraneuses, mais épaissies en bourrelet comme sur certaines espèces de Zannichellia, fournissent un rap- prochement important entre deux genres si voisins, et forcent de retrancher du nombre des caractères génériques de l' A/(/enza celui des ailes marginales de la capsule. Explication des figures de la planche V de ce volume. Fic.. 4. Althenia filiformis Petit. — Reproduction d'une partie de la figure 4 de Petit. — Grandeur naturelle. Fic. 2. Alth. Barrandonii J. Duval-Jouve. — Un des plus petits sujets, choisi à cause du cadre de la planche. — Grandeur naturelle. Fic. 3. Capsule de l'AUh. filiformis ; copie de la figure 6 de Petit, — 20/1. Fic. 4. Capsule de l'Alth. Barrandonii. — 20/1. ; Fic. 5. Coupe de la capsule de F Alth. filiformis. — Copie de la figure 8 de Petit. — 20/1. Fic. 6. Coupe de la capsule de l’Alth. Barrandonii. — 20/1. Fic, 7. Bords du mésocarpe de l’ Alth. Barrandonii.— Avec ses cellules à bor 1s ondu- lés et ses soies. — 142/1. Fic. 8. Embryon de PAlth. filiformis ; copie de la figure 11 de Petit. — 20/1, Fic, 9. Embryon del'Alth. Barrandonii. — 20/1. Fic. 10. Coupe transversale du limbe de la feuille de Alth. Barrandonii. — 142/1. La séance est levée à onze heures. SÉANCE DU 6 JUILLET 18572. PRÉSIDENCE DE M. TIMBAL-LAGRAVE. La Société se réunit à huit heures du soir, à Montlouis, dans la salle de l'hôtel Jambon. M. Gariod, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 5 juillet, dont la rédaction est adoptée. XC SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. M. Bourgault-Ducoudray communique à la Société quelques échantillons de Romulea Column, trouvés à la Villemartin près Saint-Nazaire (Loire-Inférieure), le 17 mars dernier, et de Muscari Lelievrii Bor., récoltés par luile 28 mars, dans le parc de la Galis- sonuière (1), commune du Pallet (Loire-Inférieure). M. Des Étangs fait à la Société la communication suivante : DOCUMENT SUR LA CULTURE DE LA VIGNE EN ANGLETERRE DANS LES TEMPS ANCIENS, pr Mi. S. DES ÉTANGS. On sait par divers documents qu'autrefois la Vigne était cultivée dans le nord de la France et méme en Angleterre. M. Alph. de Candolle s'étend assez longuement à cet égard dans sa Géographie botanique. J'ai en main un document, datant de deux siècles, qui vient à l'appui de ce qu'a dit M. de Candolle, en ce qui concerne l'Angleterre; il ne peut être révoqué en doute. C'est un petit volume in-18, intitulé : L'État présent de l'Angleterre, traduit de l'anglais d Édouard Chamberlayne, 3° édition. Amsterdam, chez Jean Blaen, 1671. Voici ce qu'on lit à la page 11 (je conservel'orthographe) : « Les Vignes y ont » esté autrefois assez communes dans les provinces méridionales, et au cœur » de l'Angleterre, et l'on y pourroit aussi faire venir dela soye, ce que le Rov » Jacques a voulu entreprendre autrefois; mais d'autant que la pluspart des » habitans sont portés à la navigation, par le moyen de laquelle on peut sup- » pléer à ce défaut, et remplir l'Angleterre de toutes sortes de vins, de soyes » et d'autres marchandises estrangères, à meilleur marché que si on les faisoit » icy, conformément au dire de l'ancien poéte : Quicquid amat luxus, quiequid desiderat usus, Ex te proveniet, vel aliunde tibi, » l'on a jugé qu'il valoit mieux faire servir la terre à produire de la laine, du » blé et du bestail, à quoi elle est fort propre. » On peut remarquer que l'auteur ne donne pas pour cause à la cessation de la culture de la Vigne en Angleierre l'abaissement de la température, mais un plus grand profit tiré du sol par d'autres cultures. Toutefois il faut admettre quela Vigne était peu productive, puisqu'on lui préférait d'autres produits. B M. Des Etangs ajoute que dans la journée il a trouvé au moulin de la Llagone, en abondance, les Allium Victorialis et Imperatoria Ostruthium (2). (1) Localité découverté par M. Paul Dubois, en 1870. (2) Note du Secrétaire général ajoutée pendant l'impression, — Par une lettre datée SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XCI M. Ch. Royer dit qu'il a trouvé, le mémeljour, à la méme loca- lité, le Lilium pyrenaicum. M. Timbal-Lagrave annonce que le guide Michel Nou, de Vernet- les-Bains, qui a conduit la Société dans ses herborisations à la vallée d'Eyne et à Font-Romeu, vient de rapporter de Cambredase le Saxifraga retusa Gouan, dont il distribue des échantillons à la Société. M. Husnot dit qu'il a trouvé à Cambredase une Muscinée trés- intéressante, l'Anacalypta latifolia Schw., et fait à cette occasion lacommunication suivante : á NOTICE SUR LA BRYOLOGIE DES PYRÉNÉES-ORIENTALES, par M. HUSNOT. Le bryologue qui veut explorer les montagnes des Pyrénées-Orientales doit diviser ses excursions en trois séries : | 1* Les rochers des cótes:de la Méditerranée, les foréts et les pics des Albères, en mars. 29 La vallée du Tech, en mai. 3° La vallée de la Tét, en juillet. 1* Les rochers des environs de Collioure, de Port-Vendres, et les montagnes des Albéres, exposés à un vent violent qui souffle de la côte, sont très-secs et ne présentent que peu d'intérêt, Je ne mentionnerai que le Zeptodon Smithi Diks., le Bartramia stricta Brid. et le Coscinodon pulvinatus Spr.: cette dernière espèce est assez abondante à Notre-Dame de Consolation et à Valbonne. Les autres Muscinées que j'y ai récoltées, telles que les Barbula mem- branifolia Hook. ct squarrosa DNot., le Rebovlia hemispherica Raddi, sont assez communes sur les côtes de la Méditerranée depuis Port-Vendres jusqu’à Mentog. on owes, nsi. 2° La vallée du Tech. — Au-dessus d'Amélie-les-Bains, la vallée du ‘Tech et les petites vallées latérales sont assez humides. Le Barbula membranifolia Hook. est abondant entre. Amélie et Arles ; en sortant de cette ville, on récolte le Funaria calzarea Whinb. et l'£ntosthodon Templetoni Hook. au bord de la route, et, dans la petite vallée du Riu Ferrer, le Brachythecium sale- de Bar-sur-Aube, 4 décembre 1873, M, Des Étangs, en me renvoyant quelques feuillets d'épreuves que je lui avais transmis, a bien voulu m'annoncer qu'il a trouvé aussi, le 6 juillet 4872, au moulin de la Llagone, les Rhinanthus minor Ehrh., Pedicularis verti- cillata L:, Polygonum viviparum L., Veronica Pone Gouan, Sisymbrium pyrenaicum L., Lepidium heterophyllum Benth. , Ligusticum pyrengum Gouan, Lonicera nigra L, — De plus, M. Des Étangs a constaté, dans Ja même localité (dont l'altitude est de près de 1700 mètres), la floraison remarquablement tardive (6 juillet) du Lilas et de l'Aubé- pine, cultivés dans le jardin du moulin, XCII Í SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. brosum Hoffm.: au pied de rochers sur lesquels croissent le. Cynodontium Bruntoni Sm. et l Asplenium germanicum Weiss. Entre Arles et le Tech, on trouve, en suivant l’ancienne route, le Leptotri- chum glaucescens Hedw. , le Cynodontium polycarpum Ehrh., l Eucladium verticillatum Sch. , l’ Hypnum commutatum Hedw., le Fissidens grandifrons Brid. et le Campylopus atrovirens DNot. Ces deux dernières espèces sont assez répandues dans les Pyrénées centrales; la première est toujours stérile, et la seconde n'a été trouvée en fruit que récemment, dans la vallée de Burle, prés Luchon, par M. Fourcade, qui a si bien exploré les Pyrénées centrales. Entre le Tech et Prats-de-Mollo, il y a peu d'espèces à récolter, mais au- dessus de Prats, immédiatement en sortant de la ville, on voit des murs et des rochers humides couverts de Mousses. Je venais d'arriver à Prats, j'examinais ces rochers que je comptais explorer le lendemain, lorsque deux gendarmes vinrent m'inviter poliment à les suivre chez le commandant de place. A cette époque, c'était en 1871, pendant l'armistice, il fallait exhiber souvent son passeport, j'avais en outre un congé de mobilisé ; je croyais donc que j'allais étre débarrassé en un instant, mais le commandant en décida autrement. J'étais porteur de la carte de Roucoules et du Catalogue des Mousses d'Europe, de Lorentz, publié à Stuttgardt, avec quelques notes en allemand ; le comman- dant crut alors avoir mis la main sur un officier prussien qui venait explorer le pays, et, très-fier de cette importante capture, il donna l'ordre de m'arréter immédiatement ct de me conduire de brigade en brigade jusqu'à Perpignan. Arrivé dans cette ville entre mes deux gendarmes, je dus à la bienveillante intervention d'un membre de la Société botanique de France, M. le docteur Reboud, d'étre mis immédiatement en liberté ; mais je n'en avais pas moins couché trois nuits en prison, passé par cinq brigades et manqué l'exploration de la haute vallée du Tech. ' 3^ Vallée de la Têt: — Les montagnes des environs de Prades, dépourvues de foréts et de sources, sont trés-pauvres en Muscinées. La seule espéce qui mérite d'être signalée à la Font de Comps est l'Zomalothecium Philip- peanum Spruce. Le bryologue qui, prenant Prades pour point de départ, voudra faire d'in- téressantes récoltes, devra remonter la vallée de la Castellane, franchir le col de Jau et visiter la belle forét de Lapazeuil, située un peu au delà du col, dans le département de l'Aude, à une altitude d'environ 1500 n. ; il y trouvera en abondance le Mnium spinosum Voit, et un assez grand nombre d'autres espèces rares de la région alpine. | La haute vallée de la Tét n'est pas beaucoup plus riche que la partie infé- rieure. Aux environs de Mont- Louis, on ne voit que des espèces assez communes dans les montagnes : Weisia crispula Hedw., Didymodon rubellus Roth, Encalypta ciliata Hedw., Pterigynandrum filiforme var. heteropterum, etc. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872, xcu L'ascension de Cambredase m'a fourni le Desmatodon latifolius Hedw. , ve Grimmia alpestris Schl. et l'Anacalypta latifolia Schw. Cette dernière ?spéce est assez abondante dans les pâturages rocailleux du sommet de cette montagne. Je rappellerai ici que, lors de la session de la Société botanique dans le Jura en 1869, nous avons cherché vainement l’Anacalypta latifolia au sommet de la Dóle, sous la direction du regrettable M. Reuter, qui l’y avait récolté plu- sieurs fois. — Quelques jours plus tard, en compagnie de MM. Mauceau et Peyre, enlevés trés-jeunes à la science et à leurs amis, du docteur Gontier et d'une dame anglaise, nous trouvions quelques touffes de cette belle Mousse sur le petit îlot de rochers situé au milieu des glaciers du col Saint-Théodule, à une altitude de 3350 mètres. En résumé, les montagnes des Pyrénées-Orientales sont trés-pauvres en Mousses; le bryologue qui voudra récolter les bonnes espéces pyrénéennes devra explorer le sP yrénées centrales, et principalement les environs de Luchon. M. le Président invite MM. les Membres présents à émettre un vœu au sujet de la prochaine session extraordinaire. Aprés quelques observations, et la proposition de M. Trouillard en faveur de Belley (Ain), ainsi que celle de M. Thibesard en faveur d'Hyéres (Var), la proposition suivante, faite par M. Doûmet- Adanson et appuyée par MM. Théveneau et Husnot, réunit la majo- rité des suffrages : La Société émet le vœu que la prochaine session ait lieu en Corse. La Société, sur la proposition de M. E. Cosson, portant la parole au nom du Bureau permanent, vole à l'unanimilé des remerci- ments à MM. les membres du Bureau de la session, et en particulier à MM. Planchon, Timbal-Lagrave et Gariod, pour le zéle avec lequel ils ont préparé, inauguré et dirigé les travaux de la session. M. le Président déclare close la session extraordinaire de 1872, et la séance est levée à dix heures et demie. Extrait du procès-verbal de la séance ordinaire tenue à Paris le 15 novembre 1812, sous la présidence de M. le D' Bureau. Sur la proposition du Secrétaire général, des remerciments sont votés à M. Gariod pour les soins qu'il a apportés à la rédaction du compte rendu de la session extraordinaire tenue à Prades et à Mont- Louis. RAPPORTS SUR LES EXCURSIONS FAITES PAR LA SOCIÉTÉ PREMIÈRE SÉRIE EXCURSIONS FAITES PENDANT LA SESSION, RAPPORT DE M. Ed. TIMBAL-LAGRAWVE SUR L'EXCURSION FAITE "LE 1er JUILLET A VILLEFRANCHE-DE-CONFLENT. L'herborisation de Villefranche avait pour but la récolte de quelques plantes indiquées spécialement dans cette localité, notamment le Sarcocapnos enneaphyllus DC. , qui abonde sur les murs et les fortifications de cette ville. Le 4°" juillet, après le déjeuner, onse mit en marche pour Villefranche. En suivant la grande route, on récolta quelques especes triviales pour cette contrée, mais qui présentaient quelque intérêt à nos collègues du nord, peu habitués à la végétation des vallées chaudes de nos Pyrénées : parmi celles qui nous ont paru avoir plus d'importance, nous citerons le Zu/fonia perennis Pourr., et l'Arabis hirsuta DC. Cette dernière plante est une forme à feuilles larges ; les supérieures semi-amplexicaules, un peu dentées, minces et papyracées, hérissées. Les siliques sont également distribuées à partir du tiers supérieur de la tige. Les Pyrénées offrent plusieurs formes curieuses de cette espèce très- complexe. Celle-ci paraît propre aux Pyrénées orientales. Nous avons vu à Notre-Dame de Consolation des individus qui avaient de 5 à 6 décimétres de hauteur. A droite, avant d'arriver à la ville, nous avons exploré les bords du chemin, la rigole de la prise d'eau. Sur les talus et les rochers, nous avons trouvé, parmi d'autres plantes, le Dianthus nommé par MM. Grenier et Godron D. pungens ; nous avons dit ailleurs (4) que ce n'était pas celui que Linné avait nommé pungens, mais que ce nom devait appartenir au D. hispanicus d' Asso. Le Dianthus de Villefranche a été rapporté au D. furcatus Balbis, par De (4). Mém. Acad, de Toulouse, série 6, t. V, p. 234. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XGV Candolle et M. Bentham, détermination très-exacte ; mais ce. non de furcatus ne peut rester à cette plante, puisqu'il a été donné déjà à une espèce d'Italie et de Trieste, par Hornemann (Hort. hafn. suppl. p. A7), à moins de faire comme Seringe (in DC, Prodr. I, p. 362), qui donne un nom nouveau à la plante de Hornemann (D. Hornemanni) pour laisser à Balbis le D. furcatus ; mais les droits acquis à la priorité semblent s'opposer à ces déterminations. Seringe, dans le Prodromus, et M. Bentham dans son Catalogue des plantes des. Pyrénées, véunissent le D. geminiflorus Lois. (FI. gall. Y, p. 505) au D. furcatus de Balbis, tandis que MM. Grenier et Godron (Fl Fr. t. L, p. 232) considèrent la plante de Loiseleur comme devant être réunie au D. Se- guieri Chaix. Ce dernier rapprochement nous parait plus exact; mais depuis la publication de la Flore de France et de Corse, le D. Seguieri a été divisé en plusieurs espèces, d’où il résulte que le D. geminiflorus doit être rapporté au D. benearnensis de mon savant ami M. Loret ou en devenir méme le nom princeps. A côté de ce Dianthus et dans les mêmes lieux, nous avons vu en quantité le Bupleurum fruticosum L. et le Laserpitium gallicum Bauh. Ces Ombelli- feres, trés-commuues dans la région méditerranéenne, viennent aussi en abon- dance à Saint-Antoine de Galamus, à Narbonne, et à Montolieu dans l'Aude. A mesure que le Laserpitium s'éloigne des parties montueuses de cette région, il a les découpures des feuilles plus lavges, plus vertes et plus luisantes. Plus loin nous avons été frappés par une variété du Clematis. Vitalba L. qui différe.de celle à feuilles entières : par ses fleurs plus grandes, ses pétales ovales, plus longs ; par les filets des étamines jaune foncé, ainsi que les anthères; par ses pédoncules. plus longs, dressés, non divariqués ; par ses feuilles très- entières et dures, d'un vert glauque ; enfin par ses tiges plus grosses, plus fermes, étalées et non arquées, décombantes. Nous n'avons pu en voir les fruits. Nous appelons l'attention des botanistes sédentaires sur cette plante qui mérite d'étre examinée avec soin, et que nous désignerons provisoirement par le nom de Clematis Vitalba var. ruscinonensis Nob. .… Dès notre arrivée à Villefranche, sur le premier rempart, nous avons vu le Sarcocapnos très-abondant, fleurs et. fruits en très-bon état. Ayant encore assez de temps, on a suivi la route de Vernet, versla fonderie, Dans ce trajet, nous avons trouvé plusieurs. plantes sur les rochers, notamment des Rubus, des Rosa, qui.n'ont pu être déterminés. Mais nous avons étudié plus parti- culiérement deux plantes dont nous pouvons dire quelques mots : ce sont les Lactuca tenerrima Pourr. et Galium lucidum Lap. non All. Lactuca tenerrima Pourr, el L. perennis L. Le Lactuca tenerrima, confondu avant Pourret avec le Z. perennis, est assez répandu dans les Pyrénées-Orientales; nous l'avons récolté le 20 mai à Saint-Paul de Fenouilhet, et le 25 à Cosprond, avec M. Penchinat, Dans ces XCVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deux localités, on voit la forme type de Pourret, tandis quesur les rochers de Villefranche, cette plante prend un très-grand développement. Ses tiges sont nombreuses, trés-grandes, 4 à 5 décimètres, à rameaux très-longs, trés-nom- breux et trés-embrouillés ; les feuilles sont plus grandes et plus découpées, les organes de reproduction seuls ne varient pas; les fleurs sont petites, légère- ment azurées ; les fruits sont ovales, courts et aplatis; elle fleurit en juillet, à Villefranche, en mai à Port-Vendres. Le Lactuca perennis de nos flores varie aussi beaucoup. 1l présente surtou deux formes qui ont été considérées comme deux espèces distinctes : l'une qui se trouve dans les Pyrénées orientales, à Taillefer et au col de Mollo, entre Port-Vendres et Consolation : c'est le Lactuca cichortifolia de De Candolle (Fl. Fr. t. V, p. h35); et l'autre, commune dans le centre de la chaîne, à Saint-Béat, Saint-Aventin prés Luchon, a été appelée par Lapeyrouse Z. son- choides, tandis que chacun des auteurs que nous avons cités prend pour type du Z. perennis une autre forme, trés-bien représentée par Dodonæus (Pempt. 026, fig. 2). Ces plantes sont assez répandues dans ces localités. Le Z. cichoriifolia DC. croit souvent mêlé avec le perennis et le fenerrima, comme à Taillefer près Port-Vendres. Il présente plusieurs tiges, chacune avec des feuilles inférieures en rosette terminées par des rameaux étalés, assez longs, gros et roides. Les feuilles sont trés-nombreuses, de formes tout à fait différentes des autres. Elles sont longues, à dents moins profondes, plus finement et inégalement découpées, à lobes triangulaires, atténuées trés-aigués au sommet, n'atteignant jamais la nervure médiane : ce sont des feuilles roncinées et non pinnatifides comme on l'observe dans le type. Les fleurs sont celles du perennis, ainsi que les akènes elliptiques, atténués en longs becs. Le Z. sonchoides Lap., qui manque en Roussillon, a les rosettes des feuilles radicales nc donnant qu'une ou deux tiges, très-grosses, très-élevées. Les feuilles sont pinnatifides jusqu'à la côte médiane à lobes peu dentés, le terminal triangulaire, obtus au sommet, comme chez le Sonchus oleraceus; les fleurs sont trés-grandes et les akènes semblables au type, mais le port est complétement changé. Ces espéces ou variétés sont trés-communes dans leurs localités respectives. Je n'ai pas encore soumis ces plantes à des essais de culture, pour juger de la fixité de leurs caractères. Mais comme tous reposent sur des organes de végétation souvent variables ou trompeurs, je n’oserais, dans l'état actuel des faits, me prononcer sur leur valeur spécifique. MM. Grenier et Godron, qui semblent avoir connu ces formes, réunissent le Z. sonchoides en synonyme au perennis, tandis qu'ils font une variété du Z. cichoriifolia DC. Galium lucidum Lap. non All. Ce Galium appartient à la section du Mollugo, caractérisée par ses fleurs blanches à corolles aristées, en panicules plus ou moins composées, à verticilles SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XCVII à huit feuilles, à nervures saillantes, à pointes aristées; enfin par ses tiges roides, de 4 à 5 décimétres, dressées-ascendantes, comme les Galium dume- torum Jord., erectum Huds., corrudæfolium Vill., lucidum AN. Il nous est impossible de le rapporter à aucune de ces espèces. Le Galium de Villefranche a le port du G. corrudæfolium, dont il se sépare par ses fleurs en larges panicules, à rameaux étalés, divariqués, par la corolle lon- guement aristée, par le fruit peu chagriné, par ses feuilles verticillées par huit et non six, un peu repliées aux bords, aristées et bordées de dents fortes accrochantes, plus longues, réfléchies non arquées, à nervures dorsales sail- lantes, par ses tiges blanches pubescentes à la base, par sa taille qui est de 4 à 5 décimètres. Le G. lucidum ne noircit pas en séchant, tandis que le corrudæ- folium devient ordinairement noir par la dessiccation ; il faut donc provisoire- ment réunir cette plante au G. corrudæfolium Vill., à titre de variété, jusqu'à ce qu'on puisse l'étudier dans de meilleures conditions. Nous avons vu aussi, sur le méme chemin de Villefranche, le G. lœviga- tum L., qui est indiqué au même endroit par Lapeyrouse, sous le nom d’aris- tatum DC. ; puis nous avons récolté quelques plantes moins importantes, telles que le Crepis albida Vill. (la forme à feuilles simplement dentées) et l' Antiz- rhinum latifolium DC. passé fleur depuis longtemps. La pluie nous ayant surpris subitement, nous avons dü interrompre nos recherches et rentrer au plus vite à Prades, mais non sans être mouillés un peu. RAPPORT DE ME. Henri GARIOD SUR L'EXCURSION FAITE LE 2 JUILLET, A LA FONT-DE-COMPS. Le 2 juillet, dés quatre heures et demie du matin, nous quittions l'hospita- lière petite ville de Prades, pour faire, sous la conduite du guide Jacques Lambijou, l'ascension dela montagne de Conat jusqu'à la Font-de-Comps. La course devait être pénible, mais au sommet de la montagne l'A/yssum pyre- naicum Lap. devait récompenser nos efforts et compléter notre récolte de la journée. En une demi-heure, et aprés avoir franchi le pont jeté sur le ruisseau de la Taurinya, nous atteignimes le village de Ria, pittoresquement báti en amphi- théâtre le long des rives de la Tét. Au sortir du village, dont nous avions gravi rapidement les rues étroites et montueuses, et dans les schistes le long du chemin, apparaissent, après I' Umbilicus pendulinus DC. que nous trouvons sur quelques vieux murs : Lycium mediterraneum Dun. Euphorbia Characias L. Papaver setigerum DC. Cynoglossum pictum Ait. Convolvulus altheoides L. Lactuca tenerrima Pourr. Galium maritimum L. Passerina Thymelæa DC. Euphorbia nicæensis All. Cistus laurifolius L. T. XI G XCVI - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lavandula Stœchas L. Malva Alcea L. var. multidentata Koch, — Spica L. (en bouton), Galeopsis Ladanum Guss. (à fl. courtes et Lonicera balearica L. longues sur le même pied), Papaver Dodonæi Timb. Melica glauca F. Schultz, Plantago Cynops L. Sedum reflexum L. Malva rotundifolia L Geranium sanguineum L. Linum tenuifolium L. Helichrysum angustifolium DC. Crepis diffusa DC. Sedum altissimum Poir, Rumex scutatus L. i Nardurus Poa Boiss. Nous poursuivons ensuite notre route, nous élevant par un sentier qui longe les cultures, et nous récoltons chemin faisant : Ægilops ovata L, . | Campanula Trachelium L. Carduus recurvatus Jord. Erysimum perfoliatum Crantz, Linaria arvensis Desf. Rœmeria hybrida DC, Erucastrum Pollichii Spenn. Digitalis lutea L. Achillea odorata L. Poa compressa L. Carduus vivariensis Jord. Lavandula vera DC. (en fleur), Centranthus Calcitrapa Dufr. Polygonum Bellardi All. Thymus vulgaris L. Echinaria capitata Desf, Barbarea sicula Presl, Adonis æstivalis L. Ruta montana Clus. var. Neslia paniculata Desv. Genista Scorpius DC. Centaurea Scabiosa L, Salvia Verbenaca L. Medicago media Pers, Inula helenioides DC. (I. dubia Pourr.), Teucrium flavicans Lamk, jusqu'au petit village de Bellioc, le plus élevé dans la montagne. A l'entrée de ce hameau trés-misérable , décimé jadis, dit-on, par la peste, et sur le sentier on remarque à fleur de terre les restes de sépultures dans lesquelles on apercoit à travers les dalles disjointes des débris humains. Autour du hameau, nous constatons la présence des Hyoscyamus niger L., Malva rotundifolia L. et Urtica pilulifera L.; puis, sur les schistes : Ononis striata Gouan, Plantago media L., Anthyllis montana L. et. Erinus alpi- nus L.; et sur la dolomie : Onopordon acaule L., Paronychia serpyllifolia DC., Globularia nana Lamk, Arenaria tetraquetra L. Nous arrivons ainsi jusqu’à des pentes dénudées et arides, que nous gravis- sons avec quelque peine au milieu des Prunus spinosa L. (nain) et Genista Scorpius DC. , retrouvant çà et là les Lavandula vera DC. et T hymus vul- garis L., auxquels viennent s'ajouter les touffes élégantes du Saponaria ocimoides L. à 3 Au-dessus de ces pentes, la montée devient moins rapide; mais quelques-uns de nos compagnons, fatigués de la course déjà fournie, s'arrétent en nous souhaitant de riches récoltes, tandis que les autres poursuivent l'excursion, s'encourageant de la voix et de l'exemple, Sed me Parnassi deserta per ardua dulcis Raptat amor (1),.. (1) Vire. Georg. lib. 11. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. XCIX et récoltant (1) : Linum ruscinonense Timb. (2) (en fr.) Iberis saxatilis L. e — campanulatum L. Carduus carlinæfolius Lamk (type), Aster alpinus L, Viscaria alpina Fries, Aphyllanthes monspeliensis L. Alchimilla pyrenaica L. Duf. Astragalus monspessulanus L, Anemone alpina L, Linum narbonense L. Au-dessus d’un bois, dans lequel nous trouvons assez abondant le Plantago argentea Chaix, nous atteignons un plateau recouvert d'une pelouse rocailleuse sur sol noirâtre dolomitique, où s'offrent à nous : Androsace villosa L. Anthyllis montana L. Trinia glaberrima Duby, Plantago Cynops L. Arabis auriculata Lamk, Anthyllis Vulneraria L. var. rubriflora DC. Vers le sommet de la montée, sous les Pinus uncinata Ram. rabougris, et Pinus silvestris L. plus élevés, nous. trouvons : Pirola- chlorantha Sw., Hepatica triloba Chaix et Galium vernum Scop., rare dans les Alpes, commun dans les Pyrénées, et nous arrivons enfin, à onze heures, au but ardemment désiré, à la fontaine dite la Font-de-Comps. Cette fontaine, qui jaillit entre des blocs de rochers, fournit une eau excellente à la température (déterminée par uotre camarade M. Roussille) d'environ 4°. Là nous faisons halte et, comme le botaniste ne se nourrit pas seulement de ses récoltes, on se hâte de déballer les provisions, qui diminuent rapidement. De notre salle à manger nous avons une assez belle vue sur la vallée de la Têt et sur un bois de Pins qui du sommet de la montagne descend très-bas vers la vallée. Aprés avoir rendu au déjeuner les honneurs qui lui étaient dus, nous repre- nons nos explorations, et tout d'abord, dans des éboulis de rochers à quelques mètres au-dessous de nous, nous trouvons une Ancolie qui attire notre atten- tion : Aquilegia vulgaris L. à. hirsutissima Lap. Hist. abr. Pyr. p. 306 (A. pyrenaica DC. B. decipiens G. G. Fl. Fr.Y, p. 45; A. villosa Benth, Cat. non Gouan), et que M. Timbal-Lagrave propose d'élever au rang d'es- péce sous le nom d'Aquilegia hirsutissima (3). Nous trouvons eusuite, sur les rochers et dans les éboulis : Poa alpina L. ^ rte Saxifraga granulata L. Saxifraga Aizoon Jacq. Hieracium amplexicaule L. (4) Nous n’avons pas trouvé le Cirsium echinatum DC., qui, sous le nom de Cnicus ferox Willd., figure dans l'herbier de Lapeyrouse comme provenant de la Font-de- Comps, où plus récemment M, le capitaine Galant (de Pau) l’a récolté en juin. — Les localités françaises de cette rare espèce, connue d’abord exclusivement à l'ile Sainte- Lucie, sont donc : l'ile Sainte-Lucie, la Clape et Crabit, près Narbonne; la Font-de- Comps, près Prades ; Rennes-les-Bains, dans les Corbières. ; (2) Timbal-Lagrave, Nole sur une nouvelle espèce du genre Linum, in Buil. Soc. bot. t. VIL (1860), p. 509. : (3) « Cette plante est certainement une espèce : elle doit être placée entre l'A, viscosa G. G. et lA. pyrenaica DC. » (Timb.-L. in lid.) C SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Valeriana montana L. (1). Vicia sepium L. var. montana Koch, Saxifraga media Gouan, Arabis alpina L. var. incana, Galium papillosum Jord, Passerina dioica Ram. (?) Veronica aphylla L. Valeriana globulariæfolia Ram. Hieracium Jacquini Vill. Lonicera pyrenaica L. — politum Fries, Lotus corniculatus L. Erysimum pumilum Gaud, (?) Kernera saxatilis Rchb. Sesleria cærulea Ard. Gentiana verna L. Trifolium elegans Savi, Linaria supina Desf. B. pyrenaica G.G. Enfin, pendant que les plus intrépides cherchaient avec avidité l’ Alyssum promis à notre zèle, et en découvraient (à eux vingt environ) un petit pied en fruits (2), M. Husnot, parvenu au sommet de l’escarpement aux parois duquel s'accroche malicieusement cette espèce inaccessible, plantait au haut de la montagne de Conat, sous la forme de son A/penstock, le drapeau de la Société botanique de France. Aprés quoi, par le méme chemin, nous redescendons jusqu'à Prades, oü nous arrivons vers neuf heures du soir, satisfaits de notre herborisation (3), mais impatients de chercher dans un repos bien mérité l'oubli des fatigues de la journée et les forces nécessaires pour nos prochaines excursions. NOTE DE M. Casimir ROUMEGUER E SUR L'ALYSSUM PYRENAICUM Lap. (4). Le 10 juillet 1811 Barrera écrivait à Lapeyrouse : «Vous recevrez enfin avec cette lettre un certain nombre des plus beaux échantillons qu'il est possible d'avoir de l’ Alyssum fruticosum des rochers de Comps. Il a fallu le zèle et le désir de vous étre utile pour que cet infatigable pharmacien (Coder) allàt sur le lieu, avec un paysan chargé de deux perches qu'ils ont bien attachées afin (4) « C'est là, je crois, le type, et si quelque forme doit être distinguée, ce sont les ue veter plus grandes, à feuilles arrondies ou à feuilles supérieures lobées. » (Timb.- in litt. (2) Grâce à la munificence de notre confrère M, Cosson, qui a fait la multiplication des Alyssum pyrenaicum, chacun au retour a eu sa part de cette plante dont la récolte, du temps méme de Lapeyrouse, présentait beaucoup de difficulté (voyez la commu- 1822)" de M. Roumeguére sur Barrera, faite à la séance tenue à Prades le 4*7 juillet 872). (3) Je ne puis toutefois souscrire à cette phrase de M. Le Grand, disant des Pyrénées- Orientales : « Cette belle contrée, la plus riche sans contredit de toute la France » (Contrib. à la fl. des Pyrénées-Orientales in Bull. Soc. bot. XVI, 385). — M. A. Grise- bach (Végétation du globe), attribue aux Alpes 190 espéces spéciales et 88 seulement aux Pyrénées, Aucune contrée en France n'est, je crois, plus riche que les environs de Gap, où la Société botanique trouverait, dans mes excellents amis MM. Burle et en moi- méme des guides dévoués. (4) Note du Secrétaire général (décembre 1873). — La Commission du Bulletin n'a pu insérer la communication de M. Roumeguére sur Barrera (à laquelle fait allusion l'a- vant-derniére note du rapport ci-dessus de M. Gariod) par des motifs exposés plus haut, P. XX; mais, en raison de l'intérêt particulier que présente tout ce qui se rapporte au rarissime Alyssum. pyrenaicum Lap., nous croyons que nos confrères nous sauront gré de reproduire ici la note concernant cette espéce et quelques autres plantes de la Font- de-Comps, note que M. Roumeguére a publiée dans le xx° bulletin de la Société agri- cole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, pp. 21-22 du tirage à part. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CI d'atteindre à l'inaccessible rocher et avoir quelques pieds de cette belle plante. Leurs premiers efforts ayant été inutiles, il a fallu user de coups de perche pour en détacher les échantillons que nous vous envoyons et qui sont des plus beaux ; il faudrait des moyens plus pénibles et plus coûteux pour avoir des pieds entiers. » Cet Alyssum, que Lapeyrouse avait qualifié dans le principe du.nom spé- cifique de fruticosum, devint l'A/yssum pyrenaicum dans ses flores (F1. Pyr. tab. 50; Hist. abr. pl. Pyr. p. 371). Il a été maintenu au rang d'es- péce par tous les floristes, malgré l'opinion de De Candolle, qui ne considérait dans la plante nouvelle des Pyrénées qu'une forme à feuilles obtuses de l'A/ys- sum halimifolium L. (Flore francaise, suppl. p. 59A). Il ne restait plus, en 1863, que trois pieds de l'intéressante plante, placés sur les escarpements inaccessibles de la partie supérieure du rocher qui do- mine la Font-de-Comps (localité unique en Europe avant la découverte de cette espéce en Espagne par M. Bubani), et qui se trouvent hors dela portée de la main de l'homme. Les guides s'emparent au printemps de toutes les plantes venues de graines aux abords du rocher. La Société botanique de France vient d'en avoir les preuves par la déconvenue qui l'attendait dans son excursion à la Font-de-Comps et par le magnifique fascicule de plantes desséchées que le guide Michel Nou vendit à M. le docteur Cosson. Il faut attribuer la miracu- leuse conservation de la belle touffe d’ Alyssum qu'on voit aujourd'hui à 15 mè- tres du pied du rocher, à l'impossibilité qu'il y a de l'atteindre. On connait la boutade très-excusable de Lapeyrouse, à la suite de l'opinion émise par De Candolle : « Un trait de plume, dit le botaniste pyrénéen (aprés avoir décrit minutieusement la prétendue variété qu'il défendait), une idée fugitive, suffisent pour créer des variétés ou identifier des synonymes. Cette marche peut satisfaire l'amour-propre, mais elle ne conduit ni à la lumière, ni à la vérité. » (Hist. abr. pl. Pyr. suppl. p. 91.) On trouve sur les plateaux de Comps : le Biscutella apula L., les variétés scabra Fenzl et glutinosa Koch de l Arenaria serpyllifolia L. , et le Genista tinctoria, B lasiocarpa G.G. Cette féconde contrée offre encore sur les escar- pements des rochers l’ AZchimilla pyrenaica L. Duf. et la variété decipiens de l Aquilegia pyrenaica DC. Au roc de la Coba del Fat, localité unique du département, on récoltait, il y a quelques années encore, le Dracocephalum austriacum L., que la rapacité de quelques botanistes étrangers semble avoir totalement fait disparaître aujourd’hui. L'Endocarpon. Guepini Mont. habite les hauts plateaux; plus bas on trouve sur les Conifères l’élégant Platysma juniperinum Hoffm., et sa variété Pinastri Ach.; dans les bois de la méme zone, l Hieracium nemorense. CII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE. RAPPORT DE M. N. DOUMET-ADANSON SUR L'EXCURSION FAITE LE 4 JUILLET A LA VALLÉE D'EYNE. Le ^ juillet, à cinq heures du matin, les vingt-sept membres qui s'étaient rendus à Mont-Louis se trouvaient sur pied et équipés pour la course au val d'Eyne, où l'on nous promettait d'abondantes récoltes. — Mont-Louis, la cita- delle française la plus avancée vers la Gerdagne espagnole, est bâti à l'extré- mité d'une ancienne moraine de glacier, occupant un vaste espace entre la Têt et un de ses affluents qui lui apporte ses eaux au-dessous même du pro- montoire couronné par la forteresse. De ce point, élevé de 1650 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, on domine un grand plateau, dont le point extréme, connu sous le nom de col de la Perche, fait la séparation des eaux de France et de celles d'Espagne. La vue s'étend à l'est sur la vallée inférieure de la Têt, resserrée entre de hautes montagnes dont le Canigou forme l'extrémité à droite ; et à l'ouest, sur la vallée de la Sègre, qui coule au milieu de la large plaine de Cerdagne, bornée au nord par le massif du pic de Carlitte, à l'ouest par les monts espagnols dits de Puycerda, au sud par la continuation de la ligne des crétes auxquelles vient se relier le massif du Canigou. Au nord et au nord- est, la vue est bornée par les hauteurs boisées du Capsir et les plateaux super- posés qui conduisent graduellement jusqu'au pied du massif de Carlitte, dont on apercoit les cimes neigeuses par la coupure livrant passage à la Tét qui en descend. Au sud, se dressent comme des géants, de l'autre côté d'une vallée riante et bien cultivée, les escarpements du Cambres d'ase et de ses voisins les divers Puy-mals, sommités variant entre 2600 et 2800 mètres d'élévation. Le pied en est occupé par une noire ceinture de forêts de Pins (Pinus silvestris var. uncinata) ; les flancs, rehaussés de larges plaques jaune d'or dues à l'abon- dance des fleurs du Sarothamnus purgans, sont rougis en juillet-aoüt par les myriades de fleurs des Rhododendron ferrugineum ; tandis que les sommets, - tourmentés et abrupts, laissent voir à nu les strates redressés et brisés des schistes. Durant six mois de l'année, ces régions sont recouvertes d'un épais linceul de neige, dont les lambeaux nombreux bigarraient encore le gris sinistre de la roche. t L'atmosphére transparente des hautes montagnes, un soleil méridional qui dardait les crêtes de ses rayons empourprés, une brise pure et fraiche, par- fumée par les prés en fleur, prétaient un charme sans pareil à ce beau pano- rama : on respire à l'aise quand on se trouve au milieu des montagnes, l'ardeur botanique se réveille, la gaîté gagne les plus moroses. La vallée de la Cabanasse est bientôt franchie, et l'on se trouve peu aprés sur des pentes douces occupées par les pâturages tourbeux qui couvrent le plateau dela Perche et ne s'arrétent qu'au pied méme du Cambres d'ase. D'abondantes sources surgissent de ces terrains herbeux et donnent nais- SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CIN sance à de nombreux ruisselets limpides qui, se creusant un lit profond dans l'épaisseur de la tourbe, disparaissent fréquemment sous une puissante couche de gazon et de sphaignes, pour former ensuite, en se réunissant, le ruisseau qui passe à la Cabanasse, village situé au-dessous de Mont-Louis, dont il n'est en quelque sorte que le faubourg. L'herborisation a déjà commencé, car parmi les touffes éparses de Genista anglica, de Juniperus communis et de Calluna vulgaris, ou dans les gazons de Carez et de Graminées, on peut cueillir : Sedum annuum L. Ranunculus angustifolius DC. — Villarsii DC, Nasturtium pyrenaicum R, Br. Lepidium heterophyllum Bth. Polygala vulgaris L. — depressa Wend. Medicago suffruticosa Ram. Trifolium alpinum L. Hieracium Auricula L. Pedicularis pyrenaica J. Gay, Gentiana pyrenaica L, Nigritella angustifolia Rich. Orchis conopea L. Carex panicea L. Lycopodium selaginoides L, Alchimilla alpina L. Les prairies plus vigoureuses, et partant plus riches, sont émaillées par les grappes élégantes du Polygonum alpinum, les épis violet foncé de l'Orchis latifolia, les fleurs penchées du Narcissus poëticus var. stellatus J. Gay, les bouquets purpurins du Pedicularis verticillata, les aigrettes légères du Tha- lictrum aquilegifolium, et les houppes soyeuses de l Eriophorum angustifo- lium. Ges diverses espèces si élégantes sont escortées de : Crepis succisæfolia Tausch. Scorzonera humilis L. Scrofularia alpestris J. Gay, Verbascum Boerhavii L. ' Nepeta latifolia L. (non fleuri), Armeria plantaginea Willd. Avena pubescens L. Barbarea sicula Presl. Nasturtium pyrenaicum R. Br. Arabis alpina L. Thlaspi alpestre, Lepidium heterophyllum Bth. Trifolium spadiceum L, Geum rivale L. Heracleum pyrenaicum Lamk, Mais tandis que les boites et les cartables s'emplissent, les heures s'écoulent ‘rapidement et le soleil est déjà haut quand on atteint le pied de la montagne. Là, quelques vieux murs écroulés nous offrent parmi leurs débris épars, l'une des Ombellifères les plus rares des Pyrénées, l' Zndressia pyrenaica J. Gay, que l'on s'empresse de-moissonner et que l'on confond facilement avec l'Ange- lica pyrenca. Le col de la Perche, les plateaux et quelques-unes des vallées qui avoisinent Mont-Louis sont les vraies et probablement les seules stations de cette plante intéressante, Le soleil poursuit tranquillement sa course, faisant comme la tortue de la fable; et nous, imitant le lièvre, nous nous arrétons à chaque plante nouvelle. Cependant le bois de Pins qui couvre le flanc de la montagne est déjà atteint, et nous nous mettons à gravir péniblement, cueillant cà et là quelques jolis pieds de Lychnis alpina qui étalent leurs fleurs roses à côté des capitules CEV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. argentés des Antennaria dioica et des fleurs jaunes des Hieracium Pilosella et Auricula. Le sentier assez frayé que nous suivons s’élève insensiblement et nous con- duirait assez haut dans la vallée, mais ceux des nôtres qui nous ont précédés ayant jugé plus convenable de suivre les bords du torrent, nous nous voyons contraints, si nous voulons prendre part au déjeuner, de regagner le chemin qu'ils ont préféré, en descendant presque à pic au milieu des escarpements et des broussailles. Nous en profitons pour cueillir quelques plantes, entre autres le Plantago monosperma Pourr., que nous n'avions pas encore rencontrées ; puis, suivant toujours la rive droite du torrent à travers le chaos des blocs roulés ou éboulés, entremélés d’ Helleborus viridis, d Aconitum Napellus, de Delphinium elatum L., d' Epilobium spicatum, de Daphne Mezereum, d'Aqvilegia vulgaris var. viscosa, de Thalictrum aquilegifolium (aux fleurs tantôt blanches, tantôt violacées), de Ronces, de Rhododendron et de Saro- thamnus purgans, nous rejoignons l'avant-garde qui vient de s'arréter à l'en- droit jugé le plus favorable pour procéder au déjeuner, opération importante et déjà réclamée à plus d’une reprise, vu l’heure matinale du départ de Mont- Louis. Chacun met à profit ce moment de halte poùr faire part de ses impressions, énumérer ou ranger ses récoltes. Les vétérans et les savants déterminent les espèces ou désignent aux jeunes, dont les bonnes jambes viennent en aide à une noble ardeur, les plantes qu'il est bon de ramasser ou de rechercher : c'est ainsi que le temps consacré au repas profite encore à la science. Bientót cependant la troupe s'ébranle avec un nouvel élan, grimpant, en- jambant les blocs, cueillant et arrachant à l'envi, chacun aspirant à l'honneur de trouver le premier les plantes signalées d'avance à l'attention générale. Jusque-là nous avions tous suivi la rive droite ; quelques-uns pourtant avaient déjà manifesté le désir de passer sur la rive opposée qui leur semblait devoir étre plus riche, tant à cause de son exposition que de sa nature; de grands éboulis, entremélés de ruisseaux glacés, avaient séduit leurs regards ; mais le torrent avait sans cesse opposé un obstacle à l'accomplissement de leurs vœux. Les premiers ponts de neige apparurent enfin, et l’occasion fut saisie par les plus hardis, non sans quelque chance de prendre un bain glacé, car l'eau avant sourdement miné la couche blanche, il eût été facile de disparaître dans une crevasse ou d'étre entrainé dans l'eau par la chute des bords de ce pont trop fragile. Aucune mésaventure ne survint heureusement, et en vertu du proverbe, Audaces fortuna juvat, les plus entreprenants virent bientót leur hardiesse récompensée. Les éboulis et les gazons humides nous offrirent dès lors à profusion : Anemone Hepatica L. (à fleurs roses et|Corydallis solida Sm. quelquefois blanches), - Cardamine resedifolia L. — alpina L, var. sulfurea, Hutchinsia alpina R. Br, SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. cv Arabis alpina L. Erigeron uniflorus L. Iberis Garrexiana All. Jasione perennis Link, Viola tricolor L. var. alpestris, Primula integrifolia L, — biflora L. — latifolia Lap. Silene rupestris L. — intricata G. G. Linum alpinum L, Gentiana acaulis L. Anthyllis Vulneraria L. var. — verna L. Trifolium alpinum L. Pulmonaria angustifolia L. Oxytropis Halleri Bge, Plantago monosperma Pourr. Vicia pyrenaica Pourr. Luzula lutea DC. Saxifraga exarata Vill. Avena pubescens L., Erigeron alpinus L. ; ainsi que de nombreux Sempervivum comprenant toutes les variétés du montanum, de l'arachnoideum et du tectorum que nous avions déjà rencon- trées abondamment. Sur la rive opposée croissaient d'innombrables touffes de Sarothamnus purgans couvertes de leurs fleurs jaunes, que remplaçaient les fleurs rouges du Rhododendron sur le versant où nous étions. Tout à coup un cri joyeux, vrai cri d'enthousiasme, fit vibrer la corde bota- nique dans tous les cœurs. L'un de nous venait d'apercevoir la première touffe d'Adonis pyrenaica étalant au soleil sa verte chevelure parée de belles fleurs d'or. Tous ceux qui se trouvaient en ce moment sur la rive gauche furent bientôt réunis prés de la belle plante; il y eut un de ces moments d'émotion qui se gravent dans la mémoire de ceux qui aiment réellement la nature, émotions pures entre toutes et que l'on aime tant à se rappeler quand les ans ont déjà effacé le souvenir de mille autres circonstances de la vie. La touffe fut promptement moissonnée, prenant place dans les boites ou les cartables, et pourtant elle était seulement le prélude de ce que nous réservait la riche station à laquelle nous venions d'aborder. Des touffes autrement belles de l Adonis allaient se montrer par centaines sous nos pas, mêlées à celles du Saxifraga geranioides étalant luxueusement leurs jolies fleurs d'un blanc de lait; les corolles bleues des Gentiana acaulis et verna, les étoiles roses du Silene acaulis, les. fleurs violettes du Primula integrifolia, les turquoises du Myosotis pyrenaica, les clochettes finement découpées du Soldanella alpina, les fleurs blanches des Alsine grandiflora et Hutchinsia alpina, les touffes soyeuses de l'Ozytropis Halleri, émaiilaient littéralement le gazon, humide encore de la fonte des neiges, que nous allions fouler pendant plusieurs heures avant de songer à la retraite. Tandis que les explorateurs de gauche s'étaient élevés assez haut sur les flancs de la vallée, ceux de droite avaient continué à suivre le lit du torrent jusqu'à l'endroit oà un petit pont, fait de troncs d'arbres recouverts de plaques de gazon, leur avait permis de franchir facilement le cours d'eau. Ils avaient récolté également l Adonis, mais en moins grande abondance ; puis, longeant la rive gauche par un sentier qui s'écarte peu du ruisseau, avaient poussé 'usqu'à la première cascade, d’où ils revenaient déjà lorsque nous fimes halte CYI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au bord d'une source limpide et froide située à quelques pas d'un ancien four à chaux. Michel Nou, le guide connu de Vernet-les-Bains, gravissant de son côté les flancs escarpés du Cambres d'ase,en avait rapporté l’ Androsace pubescens et un seul pied du Papaver alpinum pour lequel il était encore trop tót. Quant à nous, poursuivant notre route aprés quelques instants de repos, nous ne tardâmes pas à atteindre la chute du torrent, cueillant aux alentours du sentier : Corydallis solida Sm. . Endressia pyrenaicaJ. Gay (à peine en fleur), Viola arenaria DC. Polygala depressa Wend, — silvestris var. Riviniana, Paronychia polygonifolia Vill. — biflora L. ; Primula latifolia Lap. (en fleur et déjà dé- Gagea Liottardi Schult. fleuri à certains endroits). Là, un énorme rocher humide, que l’on est forcé de franchir pour dépasser la cascade, nous offrit : Draba lævipes DC. Primula latifolia Lap. — cuspidata G.G. Sedum annuum L. Saxifraga exarata Vill. Globularia nana Lamk, —' pubescens Pourr. Cardamine resedifolia L. — nervosa Lap. Alsine verna Bartl. — androsacea L. Valeriana tripteris L, etc.; puis nous nous trouvâmes dans une dépression inondée et émaillée par les fleurs du Ranunculus angustifolius, quì formait à cet endroit une véritable prairie. Au delà de ce point, les neiges occupaient encore tout le fond de la vallée, cachant sous leur couche épaisse le lit du torrent, dont la présence se mani- festait par de sourds grondements. Des troncs et des branches de Pin, en partie recouverts par la couche glacée, témoignaient que les avalanches descendues des escarpements voisins avaient formé, en s'amoncelant, le lit épais sur lequel nous marchions. Des deux cótés, mais principalement sur la rive gauche, les pentes très-rapides étaient littéralement couvertes d'une épaisse broussaille de Rhododendron montrant à peine leurs boutons. Entre leurs touffes énormes, l'Anemone vernalis commençait seulement à montrer ses cloches livides, l'Anemone Hepatica ne manifestait sa présence que par quelques rares fleurs, le Gentiana lutea et le: Veratrum album, V Aconitum Napellus et le Senecio Tournefortit sortaient à peine de terre ; tandis que, plus précoces, l' Androsace carnea, le Primula integrifolia, quelques Draba et de véritables tapis de Loiseleuria procumbens étalaient leurs fleurs dès que la neige ne les recou- vrait plus. Enfin, un seul pied fleuri de Ranunculus parnassifolius attestait que l'hiver sévissait encore en ce point reculé et limité par des escarpements sauvages, qu'il était inutile de franchir vu le retard général de là végétation, et imprudent de dépasser en raison de l'heure déjà trop avancée. Nous pouvions alors nous croire parvenus au bout de la vallée et nous avions SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CVIT vainement cherché le Sisymbrium bursifolium L., plante indiquée. jadis par Pourret et qui n'a plus été retrouvée depuis (1). Plusieurs courses faites ultérieurement dans le courant du mois d'aoüt m'ont prouvé aux dépens de mes jambes que nous n'étions pas encore à moitié chemin du co! de Nuria, véritable fond du val d'Eyne. Cette importante vallée, qui déverse des eaux abondantes dans la Ségre, n'a pas en effet moins de trois lienes de longueur. Très-encaissée depuis son entrée au-dessus du village d'Eyne jusqu'au cirque oit nous nous étions arrétés, elle s'élargit sensiblement plus haut et forme un nouveau cirque plus vaste, terminé par deux cols : l'un sur la rive droite qui donne accés dans la vallée de Saint- Thomas dépendant du bassin de la Têt; l'autre sur la rive gauche, celui de Nuria, chemin d'un pèlerinage célèbre situé à quelque distance en Espagne. C'est en descendant de ce col que je cueillis au mois d'août le Sisymbrium pinnatifidum DC., rare dans ces parages et qui pourrait bien être la plante prise.par la plupart des botanistes pour le S. bursifolium. C'est aussi parmi les éboulis du méme col que se rencontrent cà et là le Xafardia scabra Meissn. et le Galium cometer- rhizon, et que l'on peut récolter par centaines le Ranunculus parnassifolius, dont les fleurs, d'un rose pâle relevé de pourpre, s'épanouissent dans le courant d'aoüt au milieu des débris humides de la roche schisteuse. Déjà le soleil ne dorait plus que les cimes neigeuses du pic de Carlitte, lequel s'éléve majestueusement en face d'Eyne, et le gros de la bande avait depuis longtemps regagné le bas de la vallée, quand nous songeàmes nous- mémes à la retraite. Reprenant donc le chemin de Mont-Louis aussi rapidement que peuvent le faire des chercheurs de plantes dans de si riches localités, ce ne fut pas sans avoir récolté quelques pieds du Cardamine amara, indiqué avec doute aux Pyrénées par M. Bentham, du Saxifraga ascendens, croissant avec ce dernier dans le lit du torrent, des Carex ornithopoda Willd., erice- torum Pall., polyrrhiza Wallr. var. brevifolia (dans les prairies), que nous atteignimes à la nuit le village d'Eyne, où l'on arrive par des chemins pierreux servant généralement de lit aux nombreux ruisseaux détournés par les habi- tants pour arroser leurs belles prairies. Traversés de nuit, le col et le plateau de la Perche nous parurent singulière- ment plus longs que le matin, bien que notre allure füt autrement rapide; il est vrai que nous les franchissions beaucoup plus bas. Nous croyions enfin toucher le pont-levis de la forteresse, comptant sans l'inévitable montée de la Cabanasse qui nous parut bien roide aprés une course de seize heures. C'était heureusement le dernier coup de collier; quelques minutes aprés, nous retrouvions nos collégues, en pleiue séance, dans la grande salle à manger de l'hôtel Jambon. Personne alors ne regrettait les fatigues de cette laborieuse journée ; comment du reste en eût-il pu être autrement, après une course (4) Voyez Gr, et Godt. Fl. Fr. t. I, p. 157. CVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans un pays aussi beau, et qui, en dépit d’un retard de plus de quinze jours dans la végétation, avait fourni des récoltes riches et pleines d'intérêt? Nous avions cueilli pendant cette journée une foule de plantes que l'on trouve généralement passées à l'époque habituelle des excursions, preuve évidente de l'avantage qu'il y aurait à faire des herborisations à plusieurs moments de l'année. RAPPORT DE M. Ed. FIMBAL-LAGRAVE SUR LA COURSE FAITE LE 5 JUILLET A FONT-ROMEU, SUIVI DE NOTES CRITIQUES SUR QUELQUES UNES DES PLANTES TROUVÉES PENDANT CETTE EXCURSION. Moins heureux que mes collègues qui vous ont rendu compte des belles courses de la Font-de-Comps et de la vallée d'Eyne, deux localités devenues classiques depuis les recherches de Gouan, Pourret et Lapeyrouse, je viens à mon tour vous parler, Messieurs, de la petite excursion de Font-Romeu, indi- quée dans notre programme pour nous reposer de la course de la vallée d'Eyne, avant d'entreprendre celle de Cambredase. Gette excursion avait pour but l'exploration des prairies qui constituent le tapis végétal de cette région, et en méme temps l'étude de la flore des bois de Pins qui disparaissent peu à peu des environs de Mont-Louis, pour donner aux abords de cette ville l'aspect le plus triste et le plus dénudé. Le 5, aprés déjeuner, nous nous sommes mis en marche vers le col de la Perche, en parcourant les prairies qui bordent la route; ces páturages sont situées à 4600 ou 1700 mètres d'altitude, et par conséquent en pleine région alpine inférieure. Comme Esquierry dans les Pyrénées centrales, et Panticosa dans les Pyrénées aragonaises, localités que la Société explora en 1864 et 1868, Mont-Louis possède une multitude d’espèces que l'on trouve toujours dans cette méme région, comme : Polygonum Bistorta L. Ranuneulus bulbosus L. Crepis succisæfolia Tausch, Leucanthemum vulgare Lamk (voy. note A.), Ranunculus pascuicola Jord. OEnanthe pimpinelloides Pourr. — Boræanus Jord. Deschampsia cæspitosa P. B. — vulgatus Bor. Trifolium cæspitosum Reyn. — Amansii Jord. Carex echinata Murr. Alopecurus pratensis L. Betonica Alopecuros L, Heracleum pyrenaicum Lamk, Narcissus poéticus L. Festuca rubra L. Lotus corniculatus L. Trifolium badium L, Gentiana campestris L. Centaurea nigra L. Hieracium Auricula L, Crepis blattarioides Tausch, Knautia silvatica Duby, Tragopogon dubius Vill. , Poterium muricatum Spach. Dianthus deltoides L. 1° Parmi les plantes plus spéciales et qui manquent dans d’autres régions, nous avons remarqué : L'Armeria Mulleri Huet (note N.), qui se ne trouve pas dans les Pyrénées SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CIX centrales, où il est remplacé par une autre forme qu'on a nommée peut-être improprement A. filicaulis Boiss., d’après un de nos collègues présent à la course. 2° Le Vicia onobrychioides L., qui est très-abondant ; il constitue aussi un véritable fourrage dans la haute vallée d’Aran (Catalogne), mais manque à Es- quierry, où il est remplacé par le Vicia Gerardi, qui est aussi à Mont-Louis ; on ne trouve pas non plus le Vicia onobrychioides à Castanèze, où abonde au contraire le Vicia argentea Lap.; enfin, cette plante descend à Perpignan et à Narbonne sur le calcaire. 3° L'Endressia pyrenaica Gay, qui couvre toutes les prairies, avec le Polygonum alpinum L., le Geranium Endressi Gay, que nous avons vu en masse dans les prairies de Saillagouse (Cerdagne), et le Ranunculus geranii- folius Pourr. (note B.) Trollius europæus L. Anemone alpina L. Veratrum album L. Lathyrus pratensis L. Pedicularis verticillata L. (note C.), Sanguisorba officinalis L. Scorzonera aristata Ram. Cirsium rivulare Link, Centaurea Endressi Hochst. Luzula sudetica DC, Erucastrum Pollichii Spenn. Jusqu’au village, nous avons observé sur les bords de la route quelques plantes rurales qu’on trouve dans toutes les localités analogues, mais qui sou- vent présentent des formes curieuses, comme le Linaria procera DC. Cat. monsp. 121 (note M.), qui à Mont-Louis est à fleurs presque sessiles, en épis trés-courts, à lévre supérieure jaune, tiges couchées grosses et courtes, à sépales trés-acuminés et allongés. Si la culture conserve ces caractères, cette forme pourra certainement étre distinguée comme le faisaient Lapeyrouse et De Candolle. Alyssum calycinum L. Malva rotundifolia L, Helianthemum latifolium Dun. Lepidium campestre L, Capsella virgata Jord. (note D.), Medicago suffruticosa Duby, Geranium pyrenaicum L, Senecio adonidifolius Lois. Sisymbrium erysimifolium Pourr. (note E.), | Papaver Dodonæi Timb. Enfin on voyait partout le Verbascum Boerhavi L.; il entrait même dans les prairies maigres. Nous sommes arrivés ainsi au village de Bolcaire, dont les abords nous ont offert en très-grande quantité le Rosa mitissima Gmel. (d'après M. Ripart) (note F.), et sur les murs les Arenaria serpyllifolia L., Alsine tenuifolia Crantz. Les prairies qui entouraient le village étaient de deux sortes, les unes grasses, calcaires, et les autres un peu humides, spongieuses avec quelques flaqués d'eau; les premières nous ont présenté les espèces que nous avons citées plus haut, mais les secondes avaient une végétation différente qui nous a permis de récolter les Sedum villosum L., Eriophorum polystachyum L., CX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ranunculus angustifolius DC., bonne espèce, qui ne vient pas à Penna- blanca près Luchon, comme on l'a dit et comme je Pai dit moi-même. La plante de Luchon est une forme des Ranunculus pyrenœus L. à pédoncules glabres, tout simplement : nous nous sommes tous trompés ; mais le Z. an- gustifolius DC. est caractérisé par sa fleur, ses carpelles et sa racine que n'a pas le pyrenœus. Nous y trouvons aussi les : Carum Bulbocastanum L. Campanula glomerata L. Carum Carvi L. Leontodon autumnalis L. Genista anglica L, Dianthus deltoides L. Orchis pyrenaica Philippe, Scabiosa orophila Timb, Platanthera chlorantha Rich. Scrofularia alpestris Gay, Hypochæris radicata L. Euphrasia alpina Lamk, Carex echinata Murr, En montant toujours vers la forêt, nous avons atteint les pelouses sous- alpines, qui nous ont fourni quelques plantes très-intéressantes : Gentiana pyrenaica L. (en quantité), Trinia vulgaris DC. var. pumila Rehb. — acaulis L. (plus ráre), Scorzonera humilis L, Heleocharis uniglumis Koch, Galium papillosum L. (note J.), _ Lychnis alpina L. — verum L. Genista purgans DC. Euphorbia hiberna L. — sagittalis L, Primula intricata G, G. Polygala alpestris Rchb. var.grandiflora Nob. | Helianthemum vulgare L. Les fleurs de cette espèce sont plus | Thymus Chamædrys L. grandes que dans le type de Chambéry. | Acinos vulgaris Jord. Polygonum viviparum L. Genista anglica L. Lepidium heterophyllum Benth. (note G.), | Myosotis alpestris Schm. Tormentilla erecta L. var. orophila Nob. | Galium vernum Scop. (note H.), Silene rupestris L. Viola luteola Jord. (note I.), Anemone vernalis L, Nous sommes ainsi arrivés dans la forêt de Font-Romeu, formée par le Pinus uncinata Ram., d’une très-haute taille. La végétation était moins belle que vers le bas, à cause de l'ombre qui nuisait jau développement des plantes. Cepen- dant on trouvait çà et là quelques-unes des espèces que nous avons déjà men- tionnées, auxquelles se joignaient de temps à autre l’ Arbutus Üva-ursi L. et le Carlina Cinara Pourr. Le fond du tapis végétal étant généralement com- posé des Nardus stricta L., Alchimilla pyrenaica L. Duf., Dactylis glo- merata L., Festuca glauca Lamk; et sur les rochers qu'on rencontrait sur la route on voyait les : Thymus alpinus L Valeriana montana L. Scleranthus perennis L. Teucrium Chamædrys L. Erigeron alpinus L. Orchis ustulata L. C’est ainsi que nous sommes arrivés au pied du calvaire de Font-Romeu, en faisant l'ascension des nombreuses marches qui conduisent à la plate-forme, d'où l'on jouit de la magnifique vue des plaines de la Gerdagne francaise. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXI Nous avons observé entre les rochers empilés à cet endroit, et notamment sur le plus élevé de la région, quelques plantes qui peuvent étre communes en Cerdagne, mais que nous n'avions pas encore vues : Epilobium spicatum Lamk, Actæa spicata L. — alpinum L. Melica uniflora L. Dianthus Cartusianorum L. Laserpitium latifolium L, Veronica saxatilis L, Hieracium fragile Jord. (note K.). Poa nemoralis L. Du calvaire à la chapelle de Font-Romeu il n'y a que quelques pas; cependant sur notre chemin nous avons remarqué les Cynoglossum Dioscoridis Vill. et Barbarea intermedia Bor, en trés-grande quantité. L'abbaye de Font-Romeu se compose de deux corps de bàtiment, dont l'un est réservé aux malades et aux étrangers qui y séjournent ; l'autre est habité par le desservant de la chapelle et le sacristain qui remplit aussi les fonctions de concierge. Une immense cour, dont la chapelle occupe le centre, est remplie de petites tables dressées en plein air, comme dans nos villages les jours de grandes fétes, A certaines époques de l'année, de nombreux pèlerins, et méme des tou- ristes, viennent offrir à la sainte Vierge leurs vœux et leurs prières; les ez- voto dont les murs sont couverts témoignent de la dévotion qui les attire dans ces lieux. La manière dont chacun exprime sa reconnaissance à la Vierge, soit en peinture, soit par écrit, n'est pas la chose la moins curieuse de ce pélerinage. Une fontaine, dont l'eau est excellente et d'une températare de 4 degrés au-dessus de zéro, sert à laver les plaies ou les membres malades des visiteurs. Le sacristain fait un commerce trés-lucratif de délicieux vin d'Espagne, que nous avons dégusté avant de nous remetire en route pour continuer nos recherches bota- niques interrompues un moment (1). Au lieu de suivre le méme chemin qui nous ramenait à Bolcaire et au col de la Perche, nous sommes revenus direc- tement à Mont-Louis en suivant la rive droite de la Tét. Pendant ce trajet, nous avons observé quelques espèces dont nous avons déjà parlé, et de plus, sur les bords des escarpements de la Têt, nous devons signaler les : : Fragaria drymophila Jord. Carduus carlinæfolius Lamk (type), Achillea tomentosa L, Luzula albida DC. Le Festuca varia Lamk var. curvula (F, curvula Lap.! non Gaud. ) vient par touffes comme le F. Æskia Ram., et non en immenses tapis comme la Fétuque du sommet de Cagire. Elle a les feuilles jonciformes courbées, les chaumes deux fois plus longs, la panicule étroite et les épillets arrondis et fermés comme les Bromus. (4) Je passe avec intention sous silence les observations curieuses que l'on pourrait faire sur cette localité vénérée dans toute la contrée, pour me borner à la botanique, but principal de l'excursion.. cxl SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous sommes rentrés à Mont-Louis à six heures, par un temps superbe, terminant dignement notre journée en récoltant, dans un champ près de la ville, une plante très-intéressante, l’/beris resedifolia Pourr. (note L. ). NOTE A. Leucanthemum vulgare Lamk et auct. Les Leucanthemum vulgare et montanum de la Flore francaise renfer- ment chacun une série de formes trés-curieuses et intéressantes à étudier. 1l y a plus de vingt ans que je poursuis ces plantes dans toutes mes herborisations; je les ai méme soumises à des expériences de culture, qui m'ont donné le moyen d'établir quelques espèces confondues sous ces deux noms. Je me pro- pose de publier prochainement une notice sur ce sujet, si plein d'intérét. J'ai été surpris en apercevant, dansles prairies de Mont-Louis, la forme com- mune dans le bassin de la Garonne ; tandis que dans les Pyrénées centrales, à la méme altitude, on rencontre fréquemment le L. commutatum Martr. et Timb. Dans celles du Jura, les L. vulgare et commutatum disparaissent pour faire place au Z. Bauhini Nob. En Savoie et en Suisse, la forme la plus vul- gaire, depuis Annecy jusqu'au sommet du mont Charvin, est le L. sabaudum, que j'ai autrefois nommé à tort L. atratum L. Enfin, dans le Tarn et l’ Aveyron, elle est représentée par le Z. subglaucum Laramb. Nos recherches nous ont amené aussi à diviser le Leucanthemum montanum de De Candolle (Chrysanthemum L.) en plusieurs espèces affines. Nous conservons le nom de Leucanthemum montanum DC. à la plante commune dans l'Hérault et le Gard, à laquelle nous réunissons comme variété le L. pallens de J. Gay. Nous séparons de ces derniers le L. suffruticulosum Nob., trés-commun dans les garrigues des Corbières, du Gard et de l'Aude, tandis que nous considérons encore comme espèce le Z. maximum de Ra- mond et nous le distinguons du maximum de De Candolle que nous nom- mons Z. Barrelieri Nob.; enfin nous avons décrit, comme espèce séparée, dans la Botanique agricole et médicale de Rodet, éd. 2, p. 446, à l'usage des vétérinaires, le Z. persicifolium, confondu aussi avec le maximum. NOTE B. Ranunculus geraniifolius Pourr. Dans une note sur les synonymes de Pourret, j'ai dit que le Ranunculus geraniifolius devait être une forme prise dans le Ranunculus montanus des auteurs. Aujourd'hui je crois pouvoir affirmer que la plante de Pourret, de la vallée d'Eyne et des prairies de Bolcaire, appartient non-seulement à ce groupe, mais qu'elle forme encore, à mon avis, un type à part auquel je con- serve le nom que lui a donné cet illustre botaniste. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXIII Le R. geraniifolius se distingue du gracilis Schleich. des Hautes-Pyrénées et du Jura, ainsi que de celui d'Arbas, que je me propose de séparer aussi (R. ar- bascensis), par ses feuilles inférieures à cinq lobes, chacun tridenté à sinus obtus ; celles qui viennent ensuite, à cinq lobes aussi, mais trés-profonds, lais- sant entre eux à la base un vide ovale, et puis se réunissant; ils sont en outre tridentés, à dents trés-acuminées, aiguës. Cette feuille est semblable à celle du Saxifraga geranioides Gouan. Les supérieures une ou deux sur la tige trifide, à lobes fendus jusqu'à la base, obtus. Il s'en distingue aussi par ses capitules globuleux, par ses carpelles noirs, lenticulaires, assez longs, droits et recourbés au sommet, caractère qui n'appartient pas aux deux autres. Le À. gerantifolius Pourr. ne peut pas se rapporter aux deux formes du R. montanus figurées par Jacquin, ni à la plante que nous avons signalée en Savoie ; il doit, ce me semble, être distingué de ses congénères. NOTE C. Pedicularis verticillata L. Plantetr ès-commune à Mont-Louis; elle manque dans le centre de la chaine, à Luchon et dans la vallée d'Aran, où elle est remplacée par le P. pyrenaica Gay, pour reparaître à Gèdre, Baréges, Gavarnie, dans les Hautes-Pyrénées, Le P. rostrata L. vient au contraire dans toute la chaine, de Mont-Louis au pic d'Arbisson ; il monte un peu plus haut que le pyrenaica Gay, comme ce savant botaniste l'a fait observer. Le P. pyrenaica Gay est commun dans toute la chaine pyrénéenne ; il doit croître dans la vallée d'Eyne, où je ne l'ai pas vu, mais j'y ai récolté le P. co- mosa L., qui manque aussi, je crois, dans les environs de Luchon et dans les Hautes-Pyrénées; je l'ai trouvé encore dans la vallée du rio Juela, qui conduit du port de la Hourquette à Salardu, par le village de Bazergues, frontière de Catalogne. Lapeyrouse l'indique à Castaneze, où je ne l'ai pas aperçu. NOTE D. Capsella Bursa-pastoris Mœnch Meth. 271 et auct. Le Capsella Bursa-pastoris est une plante polymorphe, qui remonte dans les montagnes par les vallées, jusque dans la région alpine supérieure ; elle suit généralement le bord des sentiers, avec les Galeopsis, les Barbarea, car elle vient toujours se placer autour des cabanes de bergers, en compagnie des Rumex alpinus L., A. Patientia L., Chenopodium Bonus- Henricus L. , Urtica urens L., Poa annua L., et enfin le Spergularia rubra Pers. Dans ces diverses localités, cette espèce prend des formes assez constantes pour que M. Jordan les ait décrites comme des espèces. Celle observée à Mont-Louis semble se rapporter au C. virgata Jord., tandis que celle qu'on T. XXI. CXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rencontre à Bagnères-de-Luchon, dans les mêmes conditions, doit être le C. precoz du même auteur. Dans ces stations particulières, ces plantes semblent ne pas varier ; mais dans la plaine, où les circonstances météorologiques et climatologiques sont variables, on remarque au contraire que le Capsella Bursa-pastoris présente toutes les formes observées par M. Jordan. Elles se succèdent toute l’année, depuis les premiers jours du printemps jusqu'à l'automne, prenant des formes "trés-remarquables. Dans le bassin sous-pyrénéen et aux environs de Toulouse, nous avons au mois de mars nos murs de terre couverts du Capsella ruderalis Jord. 1l pousse avec une grande vigueur, fleurit, fructifie et dure quinze jours au plus. Nous avons sur les chemins, aux bords de nos canaux, le C. virgata Jord., et en grande quantité dans nos prairies artificielles l'agrestis Jord., qui est un peu moins avancé; vers la mi-avril, dans les mémes localités, les pelouses, les talus, le Capsella rubellu Reut., qui dure longtemps. En été, au contraire, on observe trés-communément le C. precoz Jord., et en août et septembre le C.stenocarpa Timb. (1). D’après ce qui précède, on se demande si ces plantes sont réellement des espèces, ou des variétés dues, comme je l'ai déjà dit, soit à des influences locales, soit à l'action de la chaleur qui peut activer le mouvement plus ou moins précipité des organes sur lesquels sont fondés les caractères qui dis- tinguent ces espéces affines. Il ne faut pas perdre de vuequele Thlaspi Bursa-pastoris L. et ses dérivés sont des plantes annuelles, à tissus lâches, à végétation trés-active, La rosette des feuilles radicales se développe rapidement, du collet pousse un bourgeon, et bientót la tige apparait ; si l'humidité et la chaleur la secondent, elle s'allonge vite, fleurit , fructifie, et meurt presque aussitôt, Si l'humidité l'abandonne et si le temps est froid, la plante reste stationnaire. Les organes peuvent se perfectionner, méme pendant ce temps d'arrét, les tiges prendre une dis- position différente, les capsules se dilater ou s'allonger plus ou moins, et donner à quelques individus un port et un faciès différents, La forme méme de quelques organes peut être modifiée, quelques angles adoucis, raccourcis oa exagérés par des variations de températnre ou par des alternances de cha- eur et d'humidité. On peut trés-bien se rendre compte des colorations que prennent certains organes, comme dans ce cas particulier dela coloration des sépales et des silicules. On sait aussi qu'une plante, pour fleurir et fructifier, doit absorber une quantité de chaleur qu'on a cru pouvoir déterminer. Or ne peut-il pas arriver que, quand cette chaleur lui est donnée trés-rapidement, sa végétation ou lévo- (1) Je ne parle pas du C. gracilis Gren., que nous avons aussi, mais cette plante est pour moi un état maladif qu'on remarque chez toutes les espéces que nous avons obser- vées dans nos diverses courses. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXY lution de la plante et de ses organes soit aussi trés-accélérée, et. ne peut-il en résulter pour certains sujets une modification légère, mais sensible, dans le développement des organes? Les tiges simples ou rameuses, les feuilles entiéres ou plus ou moins dentées, glabres ou hérissées, les fleurs à calices verts ou purpurins, égalant les pétales ou plus longs qu'eux du double, les silicules surtout, ne peuvent-elles pas étre modifiées ? Nous l'avons constaté pour le Capsella gracilis Gren., qui présente, sur la méme tige, plusieurs formes de silicules, depuis celles avortées jusqu'à la silicule parfaite; à plus forte raison peut-on admettre des modifications plus légères dans les autres formes. Si le temps devient pluvieux, si le sol est quelque temps humide, certaines Cruciféres que j'ai signalées autrefois, telles que les /beris et les Aéthionema, après avoir terminé leur compiète évolution, aprés le développement du fruit, au moment de répandre leurs graines et de mourir, reprennent une nouvelle vigueur. Du centre des grappes de fruits, poussent des fleurs qui fructifient à leur tour, et donnent des silicules qui ne sont pas tout à fait pareilles aux pre- mières. Il y en a de plusou moins complètes comme dans le Capsella gracilis, et de plus ou moins avortées commeon l'a observé dans l’Zberis bicorymbifera de MM. Grenier et Godron. Il est, je crois, nécessaire de faire quelques essais de culture et méme quel- ques expériences avant de se prononcer définitivement sur la valeur spécifique de ces divers Capsella. NOTE E. Sisymbrium erysimifolium Pourr. in Mém. Acad. Toul. vol. MI, p. 329. Le Sisymbrium erysimifolium de Pourret serait, d'aprés M. Bentham et MM. Grenier et Godron, synonyme du Sisymbrium austriacum DC. Mais il-est bien démontré aujourd'hui, par M. Jordan et par tous les botanistes qui herborisent dans les Pyrénées, que sous ce nom collectif on confond plu- sieurs espèces affines. — Je. u'entrerai pas ici dans. de mn détails sur la détermination de ces plantes, je me bornerai à parler de celle de Pourret. De Candolle dit que la plante de Pourret est entièrement glabre, ce qui ne peut convenir au S. erysi- mifolium de Pourret, car cet auteur le distingue par cette diagnose ; Foliis runcinatis, caule hirto, siliquis brevibus approzimatis, et il dit la plante annuelle. Ce n'est donc pas le S. erysimifolium que De Candolle a en vue, mais bien le S. austriacum ou les. S, montivagum et chrysanthum Jord. , qui sont bisannuels, sinon pérennants. A Mont-Louis; la plante commune que nous prenons pour l'espèce de Pourret appartient au méme groupe. Elle a une racine simple pivotante qui nous a paru annuelle. La tige est unique, haute de L à 5 décimètres, très- CXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. droite, un peu hérissée et rameuse au sommet. Rameaux étalés portant de petits ramuscules aux grappes floriferes. Feuilles sinuées, mais à lobes iné- gaux, étalés, le lobe moyen plus long, ovale-elliptique, entier; les caulinaires roncinées, bilobées, à lobes d'autant plus longs et plus profonds, qu'ils occupent le bas du limbe, sessiles , le terminal à dents aigués, droites. Fleurs jaunes ; calices à sépales jaunátres, avec deux ou trois poils au sommet très- visibles sur le bouton ; styles égalant la corolle, un peu hérissés apres lan- these par des poils caducs; siliques anguleuses, glabrescentes; pédoncules un peu pubescents. Cette plante est très-répandue dans les prairies et les lieux incultes, sur les bords des chemins, prés de la ville; nous ne l'avons pas observée sur les murailles. Celle qui vienten Piémont, au col de Tende et aux bains de Vinadio, et que De Candolle rapporte à celle-ci, doit appartenir au même groupe. M. Bentham, Cat. Pyr. p. 122, a trouvé cette plante dans la méme loca- lité, mais il l'a réunie en synonyme aux S. austriacum Jacq. et acufan- gulum DC. Cependant il distingue ensuite le S. taraxacifolium DG., qui est le vrai S. erysimifolium Pourr. NOTE F. Rosa mitissima Gmel. (Rosa pimpinellifolia Lap. Hist. abr. Pyr. 283). Le genre Rosa est largement représenté dans les environs de Mont-Louis et dans la Cerdagne française. Outre le Rosa de Bolcaire que nous avons trouvé à Saillagouse avec MM. Gariod et Théveneau, nous avons observé d’autres espèces très-remarquables de la section Tomentosæ. Les Canine et les Rubiginosæ nous ont paru plus rares. Lapeyrouse avait pris dans cette région les types de ces espèces, qui sont encore pour la plupart dans ces mêmes localités. On trouve aussi son Rosa villosa à Bolcaire. Quand ce Rosier pourra être bien étudié, il devra constituer une bonne espèce, à côté de celles qu’on a décrites ces derniers temps. Il se distingue de tous les autres par son port dressé sans rameaux décombants, ses tiges purpurines, ses rameaux très-feuillés et ses aiguillons droits ou relevés, forts et d'un blanc mat, très-peu épaissis à la base, mais trés-longs; par ses feuilles spatulées, tomenteuses sur les deux faces, à cinq lobes spatulés- arrondis, à pétioles courts, tomenteux, avec quelques poils glanduleux ; stipules étroites, à oreillettes divergentes, tomenteuses, glanduleuses, celles des feuilles supérieures trés-développées ; pédicelles courts, épineux ; calices bleuâtres chargés d'épines ainsi que les sépales, ceux-ci sont pinnatifides, dépassant de beaucoup les pétales, qui sont d'un rose vif. Cette plante était en pleine floraison en juillet. Nous avons observé à Bol- caire et à Eyne le R. spinosissima de Lapeyrouse, où cet auteur l'a indiqué en 1815. Nous ne parlons pas des autres espéces, ne pouvant les déterminer sur nos échantillons trop incomplets et dépourvus de fruits márs. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXVII NOTE G. Lepidium heterophyllum Bentham (Cat. Pyr. p. 95). Cette plante paraît assez répandue aux environs de Mont-Louis, elle est trés-commune daus la vallée d'Eyne. Ses tiges sont un peu velues au sommet et toujours couchées. Dans la vallée d'Aran, à.Bagnos (Catalogne), elle est très abondante, mais dans cette localité les feuilles et les tiges sont complétement glabres, et celles-ci sont ascendantes et dressées, les fleurs sont plus nom- breuses, en épi bien plus allongé : c'est la plante que De Candolle a nommée Thlaspi heterophyllum DC. Je ne puis encore dire si l'on doit les réunir, mais je ne crois pas qu'on puisse les confondre avec le Lepidium Smithit Hooker, du nord et du centre de la France, qui a toujours les tiges courbées, les feuilles plus étroites, les fleurs en épis ‘plus étroits, plus condensés, les pédicelles plus courts, et les silicules plus grandes et plus larges. NOTE H. Tormentilla erecta auct. Il y a bien des années que je m'occupe du genre 7ormentilla : il pré- sente une série de formes qui ont échappé à l'attention des botanistes. Celle dont nous parlons en ce moment est commune dans toutes les Pyrénées, depuis la partie inférieure de la chaine, jusque dans les bois de la zone alpine. Elle se montre moins abondante dans la région du Sapin que dans celle du Hétre (T. orophila Nob.). Elle est trés-distincte par sa petite taille, ses tiges courtes portaut deux ou trois fleurs à pédoncules et pédicelles courts, ses feuilles étroites, lancéolées à dents trés-profondes, aigués, ses stipules petites à trois dents, ses flenrs à calicule grabrescent, à divisions à peu prés égales aux sépales. Les pétales courts dépassent trés-peu le calice. Carpelles ovo?des, lisses et allongés ; la racine est petite. Outre cette forme, on en trouve deux autres trés-remarquables, dans les Pyrénées centrales. La premiére, que je nomme provisoirement T. gracilis, est commune dans les landes de Montrejeau et de Lannemezan ; elle a aussi les fleurs de petite taille, mais ses tiges sont longues, filiformes, complétement étalées sur le sol; elle porte plusieurs pédoncules #rès-longs, gréles, se divisant à leur tour en pédicelles filiformes nombreux, les stipules ont cinq lobes dentés. Carpelles pourvus de /égéres dépressions tuberculiformes, placées en travers, et de petits points protubérants et arrondis, trés-visibles à la loupe. La racine est plus grosse et moins allongée. La seconde forme, que nous allons étudier, se trouve dans la région alpine supérieure, dans les lieux humides à sphaignes : c'est une très-grande plante, à tiges velues, fortes, dures, longues, étalées et non couchées ; ses feuilles sont CXVHI =s: SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. grandes, à cinq lobes trés-dentés ainsi que les stipules ; les fleurs ont les pétales qui dépassent du double le calice et le calicule, celui-ci est à lobes plus grands que les sépales; pédoncules simples, uniflores, velus ; racine très-grosse, allon- gée, napiforme (7. dissecta Timb.). Les carpelles sont fubériformes, comme dans le gracilis, mais ils sont plus courts et plus larges que dans ce dernier. Dans le bassin sous-pyrénéen, tous nos bois sont remplis d'une autre forme, que je nomme 7. ericetorum Nob. Celle-ci se distingue par ses tiges couchées sur le sol ou les herbes environnantes, trés-nombreuses, rougeâtres, un peu hérissées, portant des pédoncules peu ramifiés; par ses fleurs de taille moyenne, par ses sépales et calicules de même forme, à pétales dépassant du double le cali- cule; par ses carpelles rénzformes et lisses; par ses feuilles d'un vert sombre, à poils luisants appliqués en dessus, glauques et à nervures saillantes en dessous; enfin par sa racine arrondie en boule, comme une châtaigne. Je me propose de faire sur ces Zormentilla peu connus, un travail critique, auque! je donnerai un plus grand développement, ceci n'étant qu'une simple note. NOTE I. Viola Iuteola Jord. Ce Viola est certainement compris dans le Viola tricolor de Lapeyrouse, ainsi que le V, alpestris, que nous avons observé à la vallée d'Eyne. Toutefois ces deux plantes, quoique rapprochées par leurs caractères, ne peuvent être confondues. Dans la région alpine de la vallée d'Aran (Catalogne), à Salardu et Tredos, dans les prairies, nous avons vu une autre forme trés-commune, que je rapproche du V. Paillouxi Jord. Ges plantes ne croissent pas dans les envi- rons de Bagnères-de-Luchon, où l'on trouve partout en août le V. monticola Jord., qui fait partie de ce méme groupe, et représente aussi le V. tricolor de Lapeyrouse: Quoi qu'il en soit de cette confusion, l’espèce de Font-Romeu se distingue de ses congénères par ses fleurs grandes, à pétales tous blancs, si ce n'est l'inférieur qui présente cinq stries violet foncé et l'éperon violacé ne dépassant pas le calice ; par ses feuilles inférieures longuement pétiolées, arrondies, les supérieures ovales; par ses stipules déjetées, à lobe terminal en- tier, ovale-lancéolé ; enfin par ses tiges gréles, ascendantes, à mérithalles très- espacés. Toute la plante est un peu hérissée et comme ciliée. Le V. kispida Lap. appartient au V. cenisia L., et peut en être séparé par de très-bons caracteres, NOTE J. Galium papillosum Lap. M'étant beaucoup occupé du Galium papillosum Lap., dans les localités indiquées par cet auteur, dans le centre de la chaine à Cagire, à Bouts, etc. , SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXIX j'étais désireux de poursuivre mes recherches dans les Pyrénées-Orientales, Déjà l'année dernière (mai 1871) j'avais parcouru dans le même but les envirous de Port-Vendres et de Collioure; les courses désignées par le pro- gramme de la session m'ont donné le moyen de compléter mes recherches. J'ai trouvé en effet dans nos diverses explorations, le Galium papillosum Lap. à la Font-de-Comps, Villefranche, vallée d'Eyne, Font-Romeu, Mont- Louis, etc., tantôt glabre (type), tantôt un peu hérissé en bas (G. obliquum Lap. non Vill.), comme il arrive dans toutes les espèces du groupe silvestre, qui lui aussi a la forme velue (G. nitidulum Thuill.); mais quand il est velu, le G. papillosum estun peu plus divariqué et n'offre pas de papilles, ce qui me fait croire que ces papilles représentent des poils mal développés, Quoi qu'il en soit, on reconnait que cette plante varie considérablement selon les localités, comme nous l'avons déjà observé à Toulouse avec mon ami M. Baillet (Études sur. les Galium toulousains). A la Font-de-Comps et à Villefranche, on trouve toujours la forme à feuilles étroites, à tiges gréles trés-divariquées, et à petites fleurs, à laquelle M. Jordan (Obs. p. 31) a conservé le nom de G. papillosum. Dans les prairies du vil- lage d'Eyne, de Bolcaire et du col de la Perche, on rencontre en grande quantité le Galium Nouletianum Baill, et Timb.; mais à mesure qu'on monte dans les bois de pins de Font-Romeu, on trouve notre G. chlorophyllum Baill. et Timb., souvent accompagné du G. silvestre Poll. à forme glabre. A Mont- Louis, sur les glacis, ce méme Galium chlorophyllum est assez commun, mais comme il est très-exposé au soleil, il est hérissé à la base, comme on l'observe aussi à la Font-de-Comps sur les 6G. papillosum Jord, NOTE K. Hieracium fragile Jord. Ontre cet Hieracium commun à Font-Romeu et dans toute la Cerdagne francaise, Saillagouse, Bourg-Madame, etc., quelques-uns de mes confrères ont récolté plusieurs espèces d'Z/ieracíum que nous n'avons pu déterminer sürement sur place, manquant de livres et de documents comparatifs. Aujour- d'hui, mieux renseigné, nous pouvons dire qu'on trouve aux environs de Mont-Louis plusieurs espèces très- intéressantes, indiquées dans les Pyrénées par M. Fries et dans celles de l'Aude par mon ami M. Loret (Quérigut, Escouloubres, Montaillou), etc. Ge sont les : Hieracium anglicum Fries, sur la route de Perpignan à Mont-Louis (doc- teur Théveneau). Hieracium oreades Fries, ibid. (Gariod), Saillagouse. Hieracium onosmoides Fries, ibid. Hieracium Gougetianum G. G. ibid. Enfin l'Zieracium vestitum G. G. abonde dans la vallée d'Eyne, et rA, CXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. amplexicaule croit aussi dans les rochers des environs de Mont-Louis, ainsi qu'à la Font-de-Comps, où nous avons remarqué le H. bifidum Kit. et rA. cæsium Fries, qui en est aussi voisin, NOTE L. Iberis amara L. et auct. Sous ce nom, on confondait, il y a quelques aunées, plusieurs plantes. M. Jordan a le premier distingué de ce groupe l’/beris Forestieri, et depuis PZ. arvatica. Quoique ayant entre elles une certaine ressemblance quant au port et au faciès, ces deux plantes présentent des caractères spécifiques d'une grande valeur. On distingue facilement '7. Forestieri, qui habite les champs, les rochers calcaires du bas des montagnes à Saint-Béat, et qui à Luchon abonde dans toutes les vallées. L'arvatica au contraire n'est pas montagneux, il pullule dans les champs sur les allavions de la Garonne et de l'Ariége, dans tout le bassin sous-pyrénéen. Sur les bords des champs à Bolcaire, sur la route de Font-Romeu, nous avons trouvé une forme qui se rapporte au méme groupe, mais qui n'appar- tient ni à l'une, ni à l'autre des espéces que nous venons de mentionner ; elle se distingue par ses feuilles grandes, les inférieures à lobes très-grands et très- profonds , obtus, nombreux , comme pinnatifides , les supérieures ovales-ellip- tiques, pétiolées, entières ; par ses silicules de taille moyenne, trés-ouvertes, à sinus arrondis, et à style dépassant beaucoup la silicule ; ailes étroites com- parativement aux autres, en pointe courte et droite. $ Serait-elle l’/beris resedifolia Pourret? Nous n'avons pu trouver rien de précis sur cette plante, simplement indiquée par Lapeyrouse (Hist. abr. Pyr. p. 369). NOTE M. Linaria procera DC. Cat. monsp. p. 121 (Linaria striata B. conferta Benth. in DC. Prodr. t. X, p. 278; G. G. Fl. Fr. t. II, p. 579. — An- tirrhinum monspessulanum L. Sp. 854; Lap. Hist. abr. Pyr. p. 351). Ce Linaria, trés-commun à Mont-Louis, a été bien décrit par De Candolle, qui l'avait trouvé cultivé au jardin de Montpellier ; il n'en connaissait pas l'ori- gine, mais il est probable qu'il y avait été porté des Pyrénées orientales. Lapeyrouse avait aussi, à l'exemple de Linné, parfaitement distingué cette plante, quoiqu'il reconnaisse trés-bien son affinité avec le repens L. A l'exemple de l'illustre botaniste suédois, il le distingue sous le] nom de A. monspessu- lanum L. Sp. 15^, et reconnaît comme jui qu'il est odorant, tandis que le repens, qui est le strata DC., est sans odeur. A ces caractères il faut encore ajouter que les fleurs sont plus grandes, à grappes condensées, à lèvre supé- rieure plus développée, plus jaune, et que les feuilles sont plus larges, moins glauques et plus glutineuses, SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXXI NOTE N. Armeria Mulleri Huet. La plante de la vallée d'Eyne et de Font-Romeu doit être rapportée à l’ Ar- meria Mulleri Huet du Pavillon (Descript. de quelques pl. now. Pyr. p. 6). La petite brochure que M. Huet a publiée sur son voyage aux Pyrénées est si rare que je crois devoir transcrire ici la note textuelle relative à cette plante. « ARMERIA MULLERI Huet. Perennis, scapo elongato, foliis linearibus molli- bus, obtusis uninerviis, involucri foliolis exterioribus herbaceis argute scarioso- marginatis, interioribus obtusissimis scariosis, vagina capitulum vix duplo superante, calyce sulcato villoso, sulcis costas æquantibus. Planta 2-3 decim. — Hab. in monte Canigou (Pyr. orient.). » Cette plante, placée nécessairement dans la premiere section de MM. Grenier et Godron (foliis linearibus), diffère des cinq espèces dont elle se compose; voici quelques-uns des caractères importants qui la séparent de chacune d'elles. » Elle diffère : 4° de PA. maritima Willd., par le limbe du calice, de beauconp plus long que le pédicelle, par la hauteur de ses scapes, etc. » 2° De PA. multiceps Wallr., par les limbes des calices plus courts, ou égaux au tube, par ses feuilles non mucronées, non cartilagineuses, ni trans- parentes sur ses bords, etc. » 3° De lA. ruscinonensis Gir., par ses feuilles molles, non mucronées, par la hauteur de ses scapes, par ses capitules plus petits et plus denses. » 4° De l'A. juncea Gir., par ses feuilles uniformes, uninerviées, non ciliées ; les inférieures non canaliculées dans leur moitié inférieure, toutes obtuses ; scapes plus élevés, fleurs plus foncées. » 5° Enfin de LA. magellensis Boiss., par les folioles extérieures de son involucre plus petites que les intérieures, toutes plus ou moins scarieuses sur les bords; par les sillons du calice, velus ainsi que les côtes qui les égalent ; par ses feuilles uniformes, etc. » Note du Secrétaire général. — Ainsi qu'il a été dit plus haut (p. vii), la Société a renoncé à exécuter le 6 juillet l'ascension du Cambredase, indiquée à la fin du programme, et nous ne pouvons en conséquence publier aucun rapport sur la végétation de cette montagne. Néanmoins diverses promenades botaniques ont été faites ce méme jour aux environs immédiats de Mont-Louis et notamment au moulin de la Llagone, où M, Des Étangs a constaté la présence de quelques espèces, citées pp. XC-XCI. CXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DEUXIÈME SÉRIE EXCURSIONS FAITES AVANT OU APRÈS LA SESSION. RAPPORT DE M. Émile GADECEAU SUR UNE EXCURSION FAITE PAR LUI AU RAVIN DU RÉART PRÈS PERPIGNAN, LE 30 JUIN, EN COMPAGNIE DE MM. BOURGAULT- DUCOUDRAY ET TOURLET, Dès cinq heures du matin, nous franchissons, sur un pont voisin du palais de justice, la rivière la Têt, qui, descendue des Corbières, arrose la ville de Perpignan, et bientôt nous sommes sur les remparts, d’où la cité tout entière nous apparaît, dominée par les tours du Castillet et par le clocher de la cathédrale. Les jolies fleurs bleues de l Zrodium ciconium Willd. attirent notre atten- tion : c'est par lui que nous commençons notre récolte, à laquelle viennent s'ajouter presque aussitôt Pzptatherum ‘multiflorum P. Beauv. et Kochia prostrata Schrad, Aprés cette courte exploration des murs d'enceinte, redescendant vers la route de Port-Vendres qui doit nous conduire au ravin, nous rencontrons une troupe de mulets pittoresquement harnachés et montés par des Catalans aux costumes éclatants et variés. Tout en cueillant au bord du chemin : Melica Magnolii G, G, Echinaria capitata Desf. Polypogon monspeliensis Desf. Medicago suffruticosa Ram. Lepidium Draba L. Ononis repens var. B. procurrens Lloyd, Triticum ovatum G, G. nous admirons les nombreux jardins qui entourent la ville et dans lesquels la douceur de la température (1) permet de cultiver à l'air libre le Dattier, l'Olivier, l'Oranger, etc. Les haies sont ornées des belles fleurs rouges du Grenadier (Punica Grana- tum L.), auxquelles succèdent les Genéts d'Espagne (Spartium junceum L.) et les tiges charnues du Cactus Opuntia L., toutes plantes entièrement natu- ralisées ; enfin cà et là se dressent les tiges majestueuses de l'Aloés-Pite (Agave americana) semblables aux branches d'un candélabre. À droite, l'horizon est fermé par la masse imposante du Canigou, dont les cimes neigeuses atteignent 2786 métres d'altitude; de ces hauts sommets (4) 30 à 35 degrés C. en été ; trés-rarement 0 degré en hiver. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXXIII descendent, entrainées par les pluies, les matières calcaires et granitiques qui forment l'alluvion connue sous le nom de plane du Roussillon, région riche en plantes intéressantes. Sur les bords de la route croissent : Asteriscus spinosus G. G. Echium italicum L, Cnicus benedictus L. Verbascum sinuatum L, Microlonchus salmanticus DC. Phlomis Herba-venti L. Silybum Marianum Gærtn. Calamintha Nepeta Link, Onopordon illyricum L. Asparagus acutifolius L. Urospermum Dalechampii Desf. Cynosurus echinatus L, Galactites tomentosa Mænch, Bromus macrostachys Desf. Echium plantagineum L. Les champs en friche plantés d'Oliviers contiennent : Tribulus terrestris L. Medicago lappacea Lam. var. pentacycla DC. Trifolium angustifolium L. Anacyclus clavatus Pers. Dans les moissons coupées, les fleurs d'or da bel Hypecoum grandiflorum Benth. nous font pousser des exclamations de plaisir ; enfin, tout en dérobant aux haies des rameaux de Paliurus australis R. et Sch., nous arrivons au « ravin du Réart ». Pour le moment, ce ravin est complétement à sec et son lit sablonneux offre un vaste champ à nos recherches ; nous le traversons sur un beau pont de construction récente, puis descendant à droite, nous cueillons sur le talus le Scrofularia canina L.; les sables sont couverts des : Trifolium resupinatum L. Chenopodium Botrys L, Galium maritimum L. Amarantus albus L. Bunias Erucago L. Eragrostis poæoides P. B. Anagallis arvensis var. cærulea Lam, Avena sterilis L, M. Bourgault-Ducoudray, notre aimable compagnon, qui a bien voulu pendant toute la session nous prodiguer les conseils de son expérience, nous signale de belles touffes de Salix incana Schrank, ainsi que de beaux pieds de Sonchus tenerrimus L.— M. Tourlet annonce Clematis recta L. et Tragus racemosus Hall.; ce dernier en société de plusieurs autres habitants de nos plages de l'Océan, tels que : Medicago littoralis Rhode et Xanthium. spi- nosum L. — De mon côté je rapporte Ranunculus trilobus Desf. qui tapisse les fossés, Scabiosa maritima L. et Equisetum variegatum Schleich. Un soleil brülant darde ses rayons sur la route de Perpignan qu'il nous faut reprendre ; défense expresse d'herboriser désormais sous peine d'arriver trop tard. Cette prohibition rend encore plus pénible notre marche accélérée au milieu du jour ; aussi est-ce avec plaisir que nous apercevons enfin la ville, où nous pénétrons par une suite d'importantes fortifications. CXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. RAPPORT DE M. N. DOUMET-ADANSON SUR UNE EXCURSION DE MONT- LOUIS A VERNET-LES-BAINS ET AU CANIGOU. Il n’est guère de session départementale de la Société botanique, qui n'ait ce que nous avons coutume d'appeler la queue de session. Quand on s'est déplacé de quelques centaines de kilomètres pour herboriser en un point de la France que l'on ne connaissait qu'imparfaitement ou méme pas du tout, huit jours sont bien courts, et les courses générales, presque officielles, ne suffisent pas à satisfaire tout le monde. C'est pourquoi, dés que le Président a prononcé la formule sacramentelle : Messieurs, la session est close, des groupes partiels se forment et organisent quelques courses plus intimes dont les résultats res - tent le plus souvent inédits. C'est là un tort, car ces herborisations ont parfois pour théâtre des localités très-intéressantes ou peu connues, mais que l’éloi- gnement ou les difficultés de transport font écarter des programmes officiels ; dans tous les cas, les listes des plantes recueillies ou observées dans ces di- verses herborisations constitueraient des documents utiles à ceux qui seraient tentés de visiter les mêmes parages. Ce motif nous conduit à donner les quelques renseignements recueillis rapidement dans nos courses supplémentaires de la session des Pyrénées- Orientales. , Vallée de la Tét, de Mont-Louis à Olette. En quittant Mont-Louis par la porte de France, la grande route, tournant brusquement à gauche, passe au pied des talus de la forteresse pour ne s'en éloigner qu'aprés avoir traversé le pont hardiment jeté sur la Têt; au-dessus du mur qui retient les terres à gauche de la route, régne une belle haie de Rosiers à fleurs simples, probablement plantée par la personne dont on peut voir l'inscription funéraire dans un petit jardin situé à l'extrémité. Parmi ces Rosiers, dominent surtout Rosa alpina L. et Rosa pimpinellifolia L., l'un et l'autre alors couverts de leurs jolies fleurs, ce qui nous donne l'occasion d'en faire ample provision. Sur un gros rocher qui suit immédiatement la haie de Rosiers, on cueille Molopospermum cicutarium DC. i Le pont étant franchi, on arrive au village de Fetjès, qui n'est qu'un faubourg de Mont-Louis, et pour éviter d'interminables lacets, on prend un ancien chemin, lequel, aprés avoir traversé plusieurs petits ravins, va rejoindre rapidement la route à mi-cóte, à quelques kilomètres avant Fontpédrouse. Les rochers qui le bordent sont couverts de Dianthus attenuatus Sm., auquel se mêlent sans doute d'autres espèces non encore fleuries, de Sempervivum ara- chnoideum L., S. montanum L., S. tectorum L., affectant les formes les plus variées, d' Achillea odorata L.; le Saponaria ocimoides L. et le Vicia onobrychioides L., s'y montrent fréquemment. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXXV Avant d'arriver à Fontpédrouse, village qui doit son nom à la belle cascade que l'on voit tomber de l'autre cóté de la Tét, on cueille, parmi les brous- sailles à gauche de la route, Lathyrus cirrosus Ser., et non loin de là on rencontre une pente abrupte sur laquelle croît abondamment le Cistus lauri- folius L. , aux belles fleurs blanches. Une remarque à faire, c'est que, malgré le grand nombre de touffes et la multitude de fleurs dont elles sont couvertes, les jeunes pieds de cette belle plante y sont en trés-petite quantité. On voit aussi sur le bord de la route Rosa sepium Th., Antirrhinum Asarina L. d'une vigueur rare, Avena pratensis L. var. bromoides. A Thués, autre village en partie caché sous le feuillage touffu de magnifiques Noyers, la route repasse sur la rive droite du torrent jusqu'aux bains du Grau d'Olette. Les rochers coupés à pic pour le passage de la route sont constam- ment mouillés par d'abondantes eaux formant parfois de belles cascades. La végétation qui les garnit est luxuriante et particulièrement riche en Fougères et en Mousses : c'est là que M. Cosson a cueilli, parmi les Asplenium septen- trionale Sw., VA. Breynii Retz, espèce indiquée seulement aux Pyrénées d'aprés Lapeyrouse. r Du Grau d’Olette à Olette même, on reprend la gauche de la Têt. Les petits ravins humides donnent asile au Lysimachia Ephemerum L., et sur les rochers qui bordent la route on peut récolter Lactuca tenerrima Pourr., Kochia prostrata Schrad., Achillea chamæmelifolia DG., Centranthus angusti- folius DC. D'Olette à Villefranche-de-Conflent, la végétation se ressent de la tempé- rature plus élevée et des abords de la plaine ; mais notre trajet ayant été fait en voiture, nous ne pouvons donner la liste des plantes intéressantes qui peu- vent s’y rencontrer. Vernet-les-Bains, Saint-Martin du Canigou. La vallée de Vernet, qui offre aux touristes et aux malades une importante et agréable station, ne doit pas être dédaignée par les naturalistes. Le site est pittoresque, les ressources de tout genre abondantes, la végétation belle et assez variée dans les environs pour que l'on puisse y herboriser pendant plusieurs jours avec fruit. Dans les champs de blé voisins des mines, nous avons trouvé abondamment Hypecoum grandiflorum Benth. ; dans l'établissement thermal méme, An- drosæmum officinale All; et aux alentours : Ligusticum pyrenæum Gouan, Armeria plantaginea Willd. Achillea chamæmelifolia Pourr. (dont la vé- | Thesium divaricatum Jan, ritable patrie paraît être le Conflent), | Molinia serotina Mert. et Koch, Doronicum Pardalianches Willd, Dianthus attenuatus Sm. Lactuca tenerrima Pourr. Hieracium amplexicaule L. var. Jasione perennis Lamk, — olivaceum G, G, CXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Une belle ruine, que l’on aperçoit de l'établissement des bains, dresse fière- ment ce qui reste de ses vieilles tours du x1v° siècie, à 1000 ou 1200 mètres au-dessus de la mer, sur l'un des contre-forts du Canigou : c'est l'antique abbaye de Saint-Martin, que l'on ne manque jamais d'aller saluer quand on a quelques heures à soi. Arrivés à Vernet vers midi, nous nous empressàmes de consacrer à cette course ce qui restait de la journée. Nous en rapportàmes : Cistus laurifolius L, Anthemis Triumfetti All. (dans le petit bois Lathyrus cirrosus Ser. au-dessous de l’abbaye), Potentilla rupestris L. Cynoglossum montanum Lamk, Alchimilla alpina L, Antirrhinum latifolium DC. Crucianella angustifolia L. Digitalis lutea L. Avant sept heures nous étions de retour à Vernet, non sans avoir remarqué en traversant le village de Casteils un grand nombre de colonnettes et de pierres sculptées fort originales, provenant des ruines d’un vieux monastère du XII* ou Xiti* siècle, qui existait dans les environs. Le Canigou. C'est le plus souvent de Vernet que l'on part pour accomplir l'ascension du Canigou, le dernier des géants pyrénéens avant d'arriver au chainon des Albéres qui se prolonge jusque dans la Méditerranée. La réputation de cette belle montagne n'est pas tant due à son élévation (2785 mètres) qu'à sa posi- tion exceptionnelle et à l'admirable point de vue dont on jouit de son sommet. Détachée en quelque sorte du reste de la chaine, elle domine de toute sa hauteur les fertiles plaines du Roussillon : du point culminant l'œil em- brasse d'énormes espaces sur la pleine mer, et, sur terre, découvre depuis les parages de Montpellier en France, jusqu'aux environs de Barcelone en Espagne. Le 9 juillet, nous partions au nombre de sept (4) pour aller coucher aux cabanes de la Jas de Cadi, à 2100 mètres d'altitude. L'ascension du Canigou est faite et refaite si souvent chaque année et a été trop de fois décrite pour qu'il soit besoin de la détailler. Nous nous bornerons à dire qu'elle est plus longue et pénible que difficile et dangereuse, et qu'après avoir souffert d'une température tropicale jusqu'au col de la Fontaine froide (1267 métres), nous devions franchir une première avalanche au ravin de la Lipandière, une seconde beaucoup plus étendue qui dérobait complétement à nos regards le torrent important de Cadi, et trouver une température assez basse à notre campement de nuit. (4) MM. le D? Cosson, Guillon, Hullé, le D" Louis de Martin, rin gammes t Ben- jamin Mayet, et le guide "Michel Nou (de Vernet). SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXXVII Parmi les plantes récoltées ou remarquées dans cette partie de la course, notons : ~ Cistus laurifolius L. (un peu au-dessus de Casteils), Thalictrum aquilegifolium L. (à fleurs d’un beau lilas), Cardamine resedifolia L. (un peu partout), — amara L, (au torrent de la Lipandière), Rhododendron ferrugineum L, (en touffes superbes après la Fontaine froide), Sarothamnus purgans G. G. Valeriana pyrenaica L. (dans les ruisseaux après la Fontaine froide), Pirola uniflora L. (dans les bois aprés la Lipandière), Ajuga pyramidalis L. (épars dans les bois), Listera cordata R. Br, (difficile à trouver, mais abondant à certains endroits boisés riches en humus), Juncus trifidus L. (près de la Lipandiére), Aspidium Lonchitis Sw. (partout dans les bois et les fentes de rochers). Le campement méme de Cadi, situé au bord d'un ruisseau limpide et froid qui coule sur une ancienne moraine, se compose de quelques huttes de pierre, où il faut se garantir des puces à l'intérieur et se méfier des vipères aux alentours. On cueille sur la toiture méme : Galeopsis intermedia Vill.,? et dans le voisinage : partout où l’homme habite dans les hautes montagnes ), Paronychia polygonifolia Vill. Saxifraga geranioides L, Sisymbrium pinnatifidum DC, Astrocarpus sesamoides J. Gay, Viola tricolor L. var. alpestris, Spergularia rubra Pers, Chenopodium Bonus-Henricus L. (comme Le repas fut éclairé par les reflets d'un grand feu ; la nuit fut joyeuse aux dépens du repos, car l'essa? loyal, ainsi que l'un d'entre nous baptisa spiri- tuellement la tentative de sommeiller, ne dura guère qu'une petite heure, et vers deux heures du matin, malgré les ténèbres, nous nous remimes en marche, poussés par le désir d'atteindre le sommet avant le lever du soleil. L'ascension, toujours pénible, était rendue dangereuse par les nombreux rochers épars au milieu du sentier ; au jour, nous foulionis les larges plaques de neige glacée restées au pied du pic, dont, avant cinq heures, nous attei- gnions le sommet par le fameux couloir dit de la Cheminée, seul passage prati- cable. Le thermomètre, tourné en fronde sur le point culminant, au-dessus même de la hutte terminale, accusait alors E 5°, avec une bise qui nous cinglait la figure et nous glaçait le bout des doigts. RRCNUERN les rayons bienfaisants du soleil qui nous avaient précédés et l'abri de la hutte nous permirent de séjourner environ une heure sur le rocher extréme e de relever la liste des plantes qui végètent dans cet espace de quelques mètres carrés exposé à toutes les rigueurs atmosphériques. Voici les espèces dont nous avons constaté la présence : CXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Erysimum ochroleucum DC. Saxifraga exarata Vill. Hutchinsia alpina R. Br. — bryoides L. (non fleuri), Sisymbrium pinnatifidum DC, " Pyrethrum alpinum L. (non fleuri), Draba tomentosa Wahlnb. Erigeron uniflorus L. Silene acaulis L. Androsace carnea L. Cherleria sedoides L. (non fleuri), Globularia nana Lamk, Arenaria grandiflora L. (non fleuri), Gentiana verna L. Alsine verna Wahlnb. (non fleuri), — alpina Vill. Cerastium alpinum L. Thymus Serpyllum L. var. nervosus, Potentilla nivalis Lap. (non fleuri), Myosotis pyrenaica Pourr. Sempervivum montanum L, (non fleuri), Avena montana Vill. Saxifraga oppositifolia L. (passé), ` Poa alpina L. (non fleuri). En tout vingt-quatre espèces qui croissent à 2780 mètres sans aucun abri. En redescendant, nous pümes: constater un retard de la végétation beau- coup plus grand sur les flancs et au pied du pic qu'à l'extrémité méme, ce qui parait résulter du séjour plus prolongé des neiges, lesquelles disparais- saient à peine. Les Siene acaulis, Cerastium alpinum, Gentiana alpina, Linaria alpina, Alsine grandiflora, Leucanthemum alpinum, Aster alpinus, Iberis Gar- rexiana, Erysimum ochroleucum, Androsace carnea, émaillaient le sol de leurs jolies fleurs. Plus en retard, le Senecio leucophyllus, très-abondant, sou- levait péniblement les débris de ses vieilles tiges aplaties par la pesanteur de la neige. Plus bas, dans les portions de la prairie déjà libres des neiges, on voyait s'épanouir Crocus vernus All., Gagea Liottardi Schult., Thesium alpinum L., Ranunculus pyrenœus L., etc. A midi, nous étions tous réunis à la Jas de Cadi, et de là, après un repos de quelques heures, on repartit pour Vernet, où nous faisions notre rentrée entre six et sept heures du soir. RAPPORT DE M. E.-H. TOURLET SUR UNE EXCURSION FAITE PAR LUI AUX ENVI- RONS DE PUYCERDA (ESPAGNE), LE 7 JUILLET, EN COMPAGNIE DE M. GADECEAU. Les environs de Puycerda étaient d'abord compris parmi les localités que devaient explorer en commun les membres de la Société réunis à Mont-Louis. Mais cette excursion ayant été retranchée du programme de la session, Puy- cerda ne fut visitée que par quelques groupes de botanistes qui ne voulurent pas quitter les Pyrénées sans franchir la frontière d'Espagne. C'est ainsi que, le 7 juillet au matin, au moment où la plupart des membres de la session partaient de Mont-Louis, M. Gadeceau et moi nous nous faisions conduire à Puycerda. À peine sommes-nous sortis de la ville qu'un brouillard épais nous enve- loppe; en quelques instants nos vétements sont traversés et nous sommes mouillés de la tête aux pieds. L'intensité de ce brouillard, qui nous empêche de voir à quelques pas de nous et qui bientót se change en une pluie serrée, SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXXIX la violence du vent qui.l'accompagne, enfin le peu de confortable de notre véhicule, nous donnent souventl'idée de retourner sur nos pas pour rentrer à Mont-Louis. Cependant nous avancons toujours et bientót nous sommes en vue de Sail- lagouse; à ce moment le ciel se découvre et désormais toute hésitation disparait. Nous arrivons à Saillagouse, où nous nous arrétons quelques instants pour nous sécher; nous profitons de ce temps d'arrét pour visiter le village où nous recueillons : Sisymbrium Sophia L., Lepidium ruderale L. et Asperugo procumbens L., abondants autour de l'église. Nous nous dirigeons ensuite vers Bourg-Madame et, chemin faisant, nous récoltons sur un talus escarpé : £uphorbia Gerardiana Jacq., Reseda Phy- teuma L. Enfin nous parvenons à Bourg-Madame, où nous laissons notre voiture; nous franchissons la frontière d’Espagne, et bientôt après nous récoltons sur le bord des champs : Hypecoum grandiflorum Benth., Androsace maxima L., fruc- tifié, et une forme de Podospermum laciniatum à feuilles pour la plupart li- néaires-lancéolées indivises; puis, sur le bord d'un filet d'eau, Mentha emar- ginata Rchb. Nous gravissons les pentes de la colline sur laquelle est bâtie Puycerda et nous récoltons sur les murs Erucastrum obtusangulum Rchb., fort abondant en cet endroit. Nous donnons un coup d'œil rapide à la ville qui est en préparatifs de fête; C'est aujourd'hui, en effet, le premier dimanche de juillet, jour de la grande féte annuelle de Puycerda. En sortant de la ville, du cóté du nord, nous récoltons dans les rues désertes situées derrière l'église : Lepidium ruderale L., Sisymbrium [rio L., Sisymbrium Sophia L.; puis sur les bords du chemin : £chinospermum Lappula Lehm., Salvia horminoides Pourr., Fumaria anatolica Boiss., Agrostis verticillata Vill. , Tanacetum vulgare L., Artemisia Absinthium,L. Nous gagnons bientôt les prairies, où croissent : Geranium pratense L., G. pyrenaicum L., Tragopogon pratensis L., Astragalus glycyphyllos L., Stachys silvatica L., Spiræa Ulinaria L., Festuca pratensis Huds., Veronica Anagallis L. , V. Beccabunga L. , et une foule d’autres plantes abondantes dans nos prairies du centre et de louest de la France. Les haies qui bordent ces prairies sont ornées des belles fleurs du Xosa rubiginosa L. ' Nous arrivons. enfin à un large torrent qui coule dans la vallée avec une rapidité effrayante; nous le traversons sur un pont formé de quelques troncs d'arbres jetés en travers et maintenus par des pieux battus en terre, mais que la violence du courant ébranle fortement. Les prés et les champs situés sur l'autre rive ne nous offrent rien de remarquable, et nous repassons bientót ce pont dangereux pour rentrer à Puy- cerda. T. XIX. / CXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les champs que nous rencontrons près de là nous offrent : Spergularia rubra Pers., Valerianella pumila DC., Centaurea Cyanus L., Biscutella lævigata auct., Trifolium Lagopus Pourr., auxquels se mêlent les rares Trifolium parviflorum Ehrh. et Trigonella polycerata L., ainsi que le ma- gnifique Z/ypecoum grandiflorum Benth. , très-abondant et en trés-bon état. Les bords du chemin qui conduit à Puycerda nous offrent encore quelques espèces intéressantes, parmi lesquelles : Plantago carinata Schrad. , Medicago suffruticosa Ram., Alyssum alpestre L., commençant à fleurir. En rentrant en ville nous recueillons encore sur les murs Fumaria anato- lica Boiss. Nous restons quelque temps à Puycerda pour examiner la féte, notamment les danses publiques qui ont lieu sur la place principale, magnifiquement décorée pour cette circonstance, puis nous reprenons le chemin de Bourg- Madame. Nous y trouvons notre voiture qui doit nous ramener à Mont-Louis, en fai- sant prés de Saillagouse une halte qui nous permet de recueillir, dans les prai- ries : Onobrychis supina DG., Sanguisorba serotina Jord., Spiræa Filipen- dula L.; et sur les bords de la route : Plantago serpentina Vill., Achillea odorata L. , Campanula rotundifolia L. Mais bientôt nous sommes surpris par l'orage qui nous suit jusqu’à Mont- Louis, où nous arrivons accompagnés d'une pluie torrentielle, dont nous ne pouvons qu'à grand'peine préserver nos malheureuses plantes. RAPPORT DE M. Émile G ADIECIAT SUR UNE EXCURSION FAITE À PORT-VENDRES, LE 9 JUILLET ET DIRIGÉE PAR M. LE D? LOUIS GOMPANYO. Le 9 juillet 1872, après la dispersion des membres de la Société, le désir de ne, pas quitter les Pyrénées-Orientales sans en avoir entrevu le littoral nous réunissait à la gare de Perpignan. À dix heures nous montions, MM. Miei eis ua Tourlet et moi, dans le train de: Port-Vendres, guidés par M. le docteur Companyo, conserva- teur du Muséum d'histoire naturelle de Perpignan, qui déjà nous avait fait avec la plus grande cordialité les honneurs de la ville où la mémoire de son pere est honorée à si juste titre (1). A onze heures et demie, aprés un trajet rendu moins agréable par une cha- leur accablante, nous arrivons à Port-Vendres, A peine hors de la gare, nous cueillons, dans les carrières, Antirrhinum majus L., et peu de temps après nous sommes sur le port, dont l'heureuse situation rend toujours possible et relativement facile la navigation entre ce point et l'Algérie. Sur une place voisine, s'éléve un obélisque de 33 mètres de hauteur, avec (4) Voyez plus haut, page x, la notice de M. C. Roumeguére sur Jean-Louis Companyo lue à la séance du 4er juillet 1872, 3 BDD? SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. : CXXXI bas-reliefs et trophées allégoriques, érigé en 1786 par le comte de Mailly, maréchal-gouverneur, à la gloire de son maître l'infortuné Louis XVI. En gagnant le rivage, notre aimable cicerone nous fait remarquer dans un ` jardin de superbes Nicotiana glauca Hook. arborescents, et sur les rocailles qui bordent la route, nous récoltons : Z'chinops Ritro L., Lavandula Stæ- chas L. et Psoralea bitùminosa L. Avec les sables maritimes se montrent : Helichrysum Stæchas DC, Briza maxima L. Hedypnois polymorpha DC, Lagurus ovatus L. Camphorosma monspeliaca L. Gaudinia fragilis P, Beauv, Passerina hirsuta L. Lepturus incurvatus Trin., tandis que les lieux vagues fournissent : £'challium E laterium Rich. et Ca- lamintha Nepeta Link. À l'aspect de la Méditerranée, nous faisons trêve à nos recherches, pour nous abandonner, pendant quelques instants, à la contemplation du gracieux en- semble qui s'offre à nos regards : la nuance azurée des flots resplendissant sous un ardent soleil, les voiles blanches des tartanes rentrant au port, la tour rouge- brique de l'ancien phare de Collioure s'avancant dans la mer, les montagnes brumeuses qui forment à ces rives un cadre grandiose, tels sont les principaux traits de ce riant tableau bien digne du pinceau de nos peintres de marine. Mais sur les rochers schisteux qui bordent la côte croissent les espèces les plus intéressantes; aussi, nous dérobant à notre admiration, faisons-nous main basse sur les Plantago subulata L., Smilax aspera L., Frankenia interme- dia DG. , Armeria ruscinonensis. Gir. , Atriplex portulacoides L. et Sideritis romana L, (CC.). Dans les interstices, voici de belles touffes du rare Polycarpon peploides DC., puis Dianthus attenuatus Sm. et Euphorbia Pithyusa L; sur les co- teaux sablonneux s'allongent les rameaux brillants du Paronychia argentea Lam. , avec les Linum gallicum L(CC.), Brachypodium ramosum R. et Sch. et un Zrisago en graines, que je prendrais pour l'apula de Swartz; plus loin, des rochers escarpés, bordant une petite baie sablonneuse, nous offrent : Daucus Gingidium L., Osmunda regalis L. et Alyssum maritimum Lam. Enfin, par- venus à l'entrée du port, prés du phare (constrait, dit-on, sur l'emplacement de l'ancien temple de Vénus auquel la ville doit son nom, Portus Veneris), nous cueillons Hyoscyamus albus L et Conyza ambigua DC. Aprés un repos de quelques instants, nous reprenons le train de Perpigaan tout chargés des richesses botaniques récoltées dans cette belle et trop courte promenade. NOTE SUR LA VALLÉE DE LLO, pr M. N. DOUMET-ADANSON. Mont-Louis est l'un des points des Pyrénées-Orientales le mieux situés pour le botaniste qui désire étudier la flore des hautes vallées. Il est, en eflet, CXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. assez rare de rencontrer à une altitude de 1600 mètres un centre relativement important, offrant les ressources les plus complètes pour la vie matérielle et les plus variées au point de vue des exigences de la vie scientifique. Le natu- raliste qui s'y établit temporairement se trouve déjà porté au niveau des hautes ` vallées et au pied méme des cimes élevées qu'il peut atteindre en peu d'heures. De là, surtout s’il élit domicile à la Cabanasse pour s'épargner à chaque excursion quelques centaines de métres de montée ou de descente inutiles, il pourra saus trop de fatigue parcourir aisément les Cerdagnes (francaise et espagnole) ainsi que le Capsir, visiter tout le haut bassin de la Tét et celui dela Ségre, franchir une foule de cols qui le conduiront en Espagne, gravir les plus hautes crétes sans perdre de temps, atteindre méme jusqu'au Carlitte dont la cime, dépassant 3000 metres, est le plus élevé des sommets que l'on rencontre à l'est des Pyrénées centrales. Il a donc à sa portée des points très-variés d'as- pect, de nature et d'orientation, offrant par suite des associations diverses de végétaux, et une multitude de vallées magnifiques, très-étendues pour la plu- part, toutes ornées d'une flore d'une grande richesse. Au nombre de celles qui offrent le plus d'intérét, doit se ranger la vallée de Llo, qui débouche immédiatement après celle d'Eyne, laquelle avait été le théátre de la principale herborisation faite par la Société pendant son trop court séjour à Mont-Louis. Llo ne fut pas visitée par la Société, mais la réunion dans le pays d'un nombre considérable de botanistes, d’herboristes, comme nous intitulent les montagnards, ne pouvait manquer d'avoir un grand reten- tissement dans tous les villages voisins ; aussi, la veille de notre départ de Mont- Louis, vit-on poindre à l’hôtel Jambon deux vrais herboristes indigènes, désireux de nous guider dans leur célèbre vallée, et proposant, à défaut d'une visite dans leur domaine, de récolter et d'envoyer la série des plantes qu'ils savent y exister. Notre excellent confrére M. Cosson, ayant accepté cette offre, recut quelques jours aprés, de Jean Fabre et Jean Gover, une pacotille de plantes qui attestaient la richesse dela flore de Llo et dont nous croyons iutéressant de donner la liste. Liste des plantes récoltées dans la vallée de Llo, le 9 juillet 1812, par MM. Jean Fabre et Jean Gover (de Llo). Anemone vernalis L. — alpina L, Ranunculus parnassifolius L. Aconitum pyrenaicum Lamk. Helleborus viridis L. Erysimum ochroleucum DC. Brassica Cheiranthüs Vill. Alyssum calycinum L. Iberis spathulata DC. — Garrexiana All. Biscutella lævigata L. Viola alpestris Jord. Polygala vulgaris L, Polygala depressa Wender. Lychnis alpina L. . Silene ciliata Pourr, — rupestris L, — acaulis L. Alsine verna Bartl. Cherleria sedoides L. Anthyllis Vulneraria L. Trifolium alpinum L; Astragälus monspessulanus L. Hippocrepis comosa L. Potentilla frigida Vill. Alchimilla-alpina L. SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1879. CXXXIII Epilobium spicatum Lamk, Paronychia serpyllifolia DC. Scleranthus perennis L. Sedum reflexum L. Sempervivum montanum L. Saxifraga Aizoon Jacq. — geranioides L. — exarata Vill. Imperatoria Ostruthium L. Endressia pyrenaica J. Gay, Valeriana tripteris L. — officinalis L. Galium verum L. Scabiosa Columbaria L. Erigeron alpinus L. — uniflorus L. Antennaria dioica Gærtn. Achillea odorata L. Senecio Tournefortii (en feuilles) Lap. Hieracium Pilosella L, — murorum L, Phyteuma spicatum L, Loiseleuria procumbens Desv. Gregoria Vitaliana Duby, Primula integrifolia L. — latifolia L, Vincetoxicum officinale Mænch, Gentiana acaulis L. Gentiana alpina Vill. —. verna L. Echium vulgare L. Myosotis pyrenaica Pourr. Antirrhimum Asarina L. Linaria striata DC. — alpina DC. Veronica fruticulosa DC. Pedicularis comosa L, — pyrenaica J. Gay, Origanum vulgare L. Thymus Serpyllum L. var. nervosus, Satureia montana L. Calamintha alpina Lamk, Salvia Verbenaca L. Lamium album L. Globularia nana Lmk, Armeria plantaginea Willd. Polygonum viviparum L, Daphne Mezereum L. Orchis ustulata L. Gymnadenia conopea R. Br, Lilium Martagon L. Bellevalia comosa Kth, Luzula maxima DC. — lutea DC. Asplenium septentrionale. Sw. Botrychium Lunaria Sw. J'ajouterai qu'ayant eu quelques semaines plus tard l'heureuse chance de visiter la vallée de Llo, j'ai pu apprécier moi-méme les qualités et le dé- vouement de l'un de ces deux guides et constater en méme temps son intelligence comme chercheur de plantes. C'est, du reste, une spécialité pour l'un et l'autre, et, à défaut de notions scientifiques, les récoltes et le commerce considérable d'herbes officinales qu'ils font en commun les mettent à méme de connaitre merveilleusement tous les coins de leur montagne, et les portent tout naturelle- ment à observer et à distinguer le plus grand nombre des espéces qui y crois- sent. Le botaniste désireux d'explorer avec fruit ces parages ne saurait donc mieux faire que de s'adresser à eux pour le guider, ce qui lui épargnera bien des pertes de temps et peut-étre aussi bien des omissions dans la population végétale du pays. Quelques données descriptives de la localité ne seront pent-étre pas sans in- térét pour les botanistes qui seraient tentés de faire à leur tour la méme course; nous ferons donc suivre la liste des plantes envoyées par MM. Fabre et Gover, de l'itinéraire de notre propre herborisation faite en août 1872 et de ia liste de nos récoltes. Llo est un gros village distant d'une petite heure de marche de celui d'Eyne, dont il est séparé par deux monticules assez ardus. Le long du chemin ou sentier qui mène de l'un à l'autre, on rencontre assez abondamment l Zndressia py- renaica, et presque à l'entrée méme du village on commence à trouver une CXXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, forme de l’£rodium macradenum L'Hérit. , associée au Paronychia serpylli- folia et à quelques plantes méridionales croissant'sur des schistes entremélés de calcaire dolomitique. Une descente plus que rapide vous fait arriver dans les rues tortueuses, escarpées et malpropres du village, oà vous ne trouvez pour toute auberge qu'une maison décorée de ce nom prétentieux, uniquement parce que l'on peut s'y procurer un morceau de pain et une bouteille de vin. Comme dans toutes les constructions voisines, on y entre par l'étable, et un porc est le pre- mier étre vivant que l'on rencontre ; mais si vous faites assez de bruit pour effrayer les poules, elles vous indiquent, en se sauvant, l'échelle remplacant un escalier par où l'on peut atteindre le logis des maîtres, situé au -premier étage. Là, une femme, généralement étonnée de votre apparition, vous de- mande en patois fort peu intelligible (car ce n'est ni du catalan, ni de l'espagnol, ni du languedocien, ou plutót c'est à la fois tout cela et bien d'autres choses encore) ce que vous désirez. Faites-vous comprendre, si vous pouvez, et vous tremperez un morceau de pain noir dans un verre de vin détestable, moyen- nant la somme de deux ou trois sous. Du reste, l'hospitalité vous est donnée avec une franche et honnête cordialité, ce qui compense bien le défaut de confort; et, si vous étes parvenu à vous faire comprendre, on vous conduira avec empressement jusqu'à la demeure de l'un des deux herboristes chez les- quels vous trouverez le méme accueil bienveillant et cordial. Bien que la vallée commence à Llo méme, rien ne la révéle, si ce n'est le cours torrentueux de la Segre, bondissant au pied d'un vieux château ruiné qui domine le village. Cette première barrière tournée, l'acces en est une seconde fois défendu par un immense rocher surplombant le torrent de plus de cent mètres, et auquel le chatoiement du schiste phylladien dont il est formé a fait donner le nom de Castel vidre (château de verre), C'est sur ce dangereux escarpement que croit le Sazifraga media, L'ohstacle est tourné par un che- min scabreux sur les bords duquel croît abondamment l’ Erodium macra- denum, mentionné plus haut, C'est aussi près de là, dans les environs de l'ancienne maison Girvès, que croitrait (d’après Companyo) l'introuyable Sazi- fraga luteo-purpurascens. Au delà de Castel vidre, la vallée de Llo ressemble, en plus beau, à celle d'Eyne, dans laquelle on retombe bientôt si l'on gravit les pentes inclinées de la rive droite du torrent. Arrivé sur les crêtes, on peut cheminer entre les deux vallées jusqu'au col de Llo, mais la course est longue, pénible et plus d'une fois dangereuse; Par la rive gauche, au contraire, après avoir franchi la Segre un peu au-dessus de la maison Girvés, on suit un chemin relativement facile, traversant à diverses reprises de beaux bois de pins, et l'on arrive sans trop se fatiguer à la Fon del Segre, source glaciale qui sort de dessous les éboulis schisteux et donne naissance à la rivière de méme nom, dont les eaux l'écoulent en Catalogne après avoir traversé la Gerdagne. Les rochers voisins SESSION EXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXXXV de cette source, halte habituelle des voyageurs qui se rendent à Nuria par le col de Llo, sont intéressants à explorer, car ils abritent dans leurs interstices la série à peu prés compléte des plantes alpines de ces parages, notamment une collection très-riche de Saxifrages; le Rosa pyrenaica: et une foule de Sempervivum et de Sedum en couvrent le faite et les parois. A ce point déjà très-élevé, la vallée forme un vaste cirque, moins ouvert cependant que celui de la vallée d'Eyne. Les éboulis et les escarpements qui s'élévent au-dessus sont facilement franchis en suivant le chemin de Nuria; mais, en laissant celui-ci sur la gauche, on peut atteindre, avec quelques diffi- cultés, il est vrai, le passage de l’Zmboutado, plus élevé que le col de Llo, moins fréquenté que celui-ci et partant plus intéressant, Les plantes y sont abondantes et beaucoup moins avancées que sur les autres points de la vallée, ce qui parait tenir non-seulement à l'altitude, mais encore et surtout à l'orientation et au passage beaucoup plus fréquent des nuages et des orages. Au delà de ce passage dangereux, on se trouve en Espagne, et en moins d'une heure et demie il est facile d'atteindre, en descendant de terrasse en terrasse, le pélerinage célébre et fréquenté de Nuria. Durant ce parcours on rencontre par centaines de pieds le Sazifraga media, et l'on passe sur le bord de l’ Zmboutado (l'entonnoir), gouffre curieux ouvert sous un rocher dans le- quel toutes les eaux du ruisseau dont on suit le cours disparaissent avec fracas pour ne plus ressortir, du moins en un point connu, Sur les rochers à pic situés au-dessous de Nuria, se trouve abondamment le joli Androsace imbricata Lmk; et, à deux heures et demie de marche au delà du monastère, se trouve le ravin de Ginesta, sur les escarpements calcaires duquel croissent le Æamondia pyrenaica et le Saxifraga longifolia: les Catalans donnent à ce dernier le nom de Corona del re et lui attribuent des propriétés abortives qui en font prohiber sévèrement la récolte et le trafic dans le pays. On peut revenir de Nuria par le col et la vallée de Llo, ou par le col de Nuria et la vallée d'Eyne. Eu suivant ce dernier chemin, on cueille, dans les éboulis qui dominent le col méme ou qui s'étendent au-dessus, le rarissime Xatardia scabra Meissn. (1), que l'on ne trouve pas en fleur avant le milieu d'aoüt et qui n'y est toutefois que peu abondant. Si au contraire on veut revenir par la vallée de Llo, on pourra, de la Fon del Segre, descendre directement dans le ravin dont on atteint le fond au-dessous d'une magnifique cascade, et l'on y rencontrera, au milieu d'une riche et puis- sante végétation, toute la flore d'Eyne, Ce parcours est d'environ deux lieues, jusqu'au Mas-Girvès, point de jonction avec le chemin qui conduit au village, d’où il faut encore environ deux heures pour regagner Mont-Louis. (4) Cette plante a été dédiée à Xatard, juge de paix à Prats-de-Mollo, dont le nom est écrit ainsi par Lapeyrouse et par M. Bentham. Mais M. Reboud m'a assuré que son nom s'écrivait Xatart, et que le genre devrait s'appeler Xatartia. (Note du Secrétaire général) CXXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Plantes récoltées ou constatées dans la vallée de Llo, par M. Dotnet - Adanson, au mois d'août. Aconitum Napellus L. — lycoctonum L, Aquilegia vulgaris L. Thalictrum aquilegifolium L. — alpinum L. Caltha palustris L. Actæa spicata L. Thlaspi alpestre L. (Th. Gaudinianum Jord. ), Sisymbrium pinnatifidum DC, Viola valderia All. (col de ’ Emboutado), Astrocarpus sesamoides J. Gay, Saponaría ocimoides L. Cerastium lanatum DC. Erodium glandulosum Willd. Oxytropis uralensis DC. Sarothamnus purgans G. G. Ononis spinosa L. — cenisia L, Orobus luteus L. Rosa pyrenaica Gouan, Herniaria alpina Vill. Sedum album L. — anglicum Huds. — atratum L. < Sempervivum arachnoideum L. — tectorum L, — montanum L. Saxifraga stellaris L. bryoides L. grenlandica L. aizoides L. Aizoon Jacq. media Gouan, ascendens L. Saxifraga retusa Gouan, — oppositifolia L. pentadactylis Lap. hypnoides L. pubescens Pourr. muscoides Wulf. — rotundifolia L. Molopospermum cicutarium DC. Ligusticum pyrenæum DC. Pimpinella magna L. Eryngium Bourgati Gouan, Galium pyrenaicum Gouan, ~- — cometerrhizon Lap. Carduus carlinæfolius Lamk, Leucanthemum alpinum Lamk, Artemisia glacialis L, Senecio leucophyllus DC. Aronicum scorpioides DC. Aster alpinus L. Homogyne alpina Cass. Cacalia albifrons L. Phyteuma hemisphæricum L. Gentiana tenella Rottb. Myosotis pyrenaica Pourr. Erinus alpinus L. Pinguicula grandiflora Lamk, Ajuga pyramidalis L. Teucrium Scorodonia L. Androsace villosa L. Soldanella alpina L. Plantago monosperma Pourr. Polygonum alpinum All. Thesium alpinum L. Salix herbacea L. — — PLANTES RECUEILLIES DANS LA VALLÉE DE LLO, LES 13 ET 14 JUILLET 1872, pr M. A. GUILLON. Anemone vernalis L. Hepatica triloba Chaix, Adonis pyrenaica DC. — Entre le sommet ; de Finestrelles et la vallée d'Eyne. Ranunculus parnassifolius L. — Sommet de Finestrelles (trés-abondant). — Villarsii DC. Trollius europæus L., Arabis hirsuta L. — ciliata Koch. Erysimum ochroleucum DC. Draba aizoides L. — tomentosa Vahl. Iberis Garrexiana All. Thlaspi arvense L, Biscutella lævigata L. — ambigua DC. Astrocarpus sesamoides J. Gay, Reseda Phyteuma L. Viola silvestris Lmk. var. Riviniana, — tricolor L, var. alpestris DC. Polygala vulgaris L. — depressa Wender. Dianthus Cartusianorum L, var. — deltoides L. Saponaria ocimoides L. Silene nutans L. — saxifraga L. — rupestris L, Lychnis alpina L. SESSION ÉXTRAORDINAIRE A PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXXXVII Arenaria serpyllifolia L, — grandiflora L, — striata L. Alsine mucronata L, Geranium pratense L. — pyrenaicum L. Erodium macradenum L'Hérit, — Près des sources thermales, à la base de la mon- tagne de Salangoy. Genista purgans DC. — sagittalis L. Ononis rotundifolia L. — striata Gouan, — Columnæ AIl. Anthyllis Vulneraria L. Medicago suffruticosa Ram. Trifolium montanum L. — alpinum L. Lotus corniculatus L. Astragalus monspessulanus L. ' Vicia pyrenaica Pourr. — onobrychioides L. — villosa Roth var.;glabrescens Koch, Potentilla rupestris L. — argentea L. — verna L. — — var. Rosa pimpinellifolia L. — alpina L. Alchimilla alpina L. Cotoneaster vulgaris Lindl. Epilobium spicatum Lmk, Paronychia polygonifolia DC. — serpyllifolia DC. Scleranthus perennis L. Sedum annuum L. Saxifraga media Gouan. — Rive gauche de la Ségre, au bas du bois de pins. oppositifolia L. — muscoides Wulf. — var. pubescens Pourr. geranioides L. — Montagne de Fines- trelles. Astrantia major L. Eryngium Bourgati Gouan, Endressia pyrenaica J. Gay, Ligusticum pyrenæum Gouan, Molopospermum cicutarium DC. Laserpitium latifolium L. Galium vernum Scop. Valeriana montana L. 1— tripteris L. Homogyne alpina Cass. Erigeron alpinus L, — uniflorus L. Achillea Millefolium L. — chamæmelifolia Pourr. Pyrethrum alpinum Willd. p — = Antennaria dioica Gærtn. Senecio adonidifolius Loisel. — leucophyllus DC, — Sommet de la mon- tagne de Finestrelles. — Tournefortii Lapeyr. Carduus carlinoides Gouan, Cirsium monspessulanum All. Hypochæris maculata L. Leontodon pyrenaicus Gouan, Tragopogon major Jacq. Barkhausia albida Cass. Crepis succisæfolia Tausch , Hieracium Pilosella L. Auricüla L. amplexicaule L. saxatile Vill, — murorum L, silvaticum Lmk, — — var. Jasione humilis Pers. Phyteuma hemisphæricum L. — orbiculare L. — spicatum L. — Charmelii Vill. Campanula rotundifolia L. Arctostaphylos Uva-ursi Spreng. Loiseleuria procumbens Desv. Pinguicula vulgaris L. Primula intricata Gren. et Godr. — latifolia Lapeyr. Gregoria Vitaliana Duby, Androsace carnea L. Vincetoxicum officinale Mænch, Gentiana lutea L. — verna L, — acaulis L. Myosotis pyrenaica Pourr. Antirrhinum Asarina L. Veronica Teucrium L, — fruticulosa L, — urticifolia L. — bellidioides L. — Sommet de la mon- tagne de Finestrelles. — serpyllifolia L. Euphrasia officinalis L. var. (E. alpina DC.), Rhinanthus major Ehrh. Pedicularis pyrenaica J. Gay, — comosa L. Thymus Serpyllum L. — — var. nervosus (Th. nervosus J. Gay), Calamintha alpina Lmk, Galeopsis intermedia Vill. Ajuga pyramidalis L. Globularia nana Lmk, Armeria alpina Willd, — plantaginea Willd. Plantago monosperma Pourr., — carinata Schrad. Polygonum alpinum L. — CXXXYIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCF, Luzula lutea DC. Carex ericetorum Poll. — flava L. Stipa pennata L. Agrostis rupestris All. Festuca spadicea L. Asplenium septentrionale Sw. Botrychium Lunaria Sw. Daphne Mezereum L, Lilium Martagon L. — pyrenaicum Gouan, Phalangium Liliago Schreb. Asphodelus cerasiferus J. Gay, Gymnadenia conopea Rich. Luzula maxima DC. — nivea DC, NOTE SUR LES PLANTES OBSERVÉES A LA TRANCADE D'AMBOUILLA, LE 42 JUILLET, par M. E. COSSON. La Société botanique, pendant sa session, n'a pu, le 1° juillet, consacrer que quelques heuresà l'herborisation de Villefranche (1), herborisation qui avait été du reste contrariée par le mauvais temps; et nous n'avions abordé la montagne de la Trancade d'Ambouilla, une des localités des Pyrénées-Orien- tales les plus intéressantes pour le botaniste, qu'aux environs immédiats de Villefranche. Je crois donc utile de donner la liste des espèces qui y ont été observées dans la nouvelle herborisation que nous y avons faite, mes amis MM. Kralik, A. Guillon, Doümet-Adanson, Hullé et moi, le 12 juillet, quel- ques jours aprés la clóture de la session. Notre liste, bien qu'incompléte, don- nera une idée de la végétation de cette montagne, dont nous n'avons exploré, sur une étendue d'environ 2 kilomètres, que les éboulis calcaires et la base des rochers de marbres: métamorphiques dominant la route nationale entre Villefranche et Ria. Dans cette intéressante association de plantes de la région méditerranéenne chaude et de la région montagneuse inférieure, les espéces les plus rares, ou spéciales en France aux Pyrénées-Orientales, sont les Hype- coum grandiflorum, Alyssum Peyrousianum, Dianthus pungens, Lactuca tenerrima, et le Globularia spinosa, espèce nouvelle pour la flore de France et qui n'était encore connue qu'aux Baléares, en Espagne et dans la Suède méridionale. Nous avons eu la satisfaction de faire cette découverte au moment méme oü nous étions sur le point de nous séparer, aprés une quinzaine de jours si bien remplis par de belles courses rendues charmantes par Ja plus cordiale camaraderie. Hypecoum grandiflorum Benth. Alyssum Peyrousianum J. Gay, Sisymbrium acutangulum DC. Dianthus pungens L. sec. Godr. Silene noeturna L. Linum suffruticosum L. — narbonense L, Acer monspessulanum b, Rhamnus infectoria L. Cytisus sessilifolius L. Genista Scorpius DC. (4) Voyez plus haut, pp. Xciv et suiv. Ononis minutissima L, Prunus Mahaleb L. Telephium Imperati L. Sedum altissimum Poir. Bupleurum fruticosum L. Seseli montanum L. Laserpitium gallicum Bauh, Cornus mas L. Galium maritimum L. Cephalaria leucantha Schrad. Artemisia camphorata Vill. SESSION EXTRAORDINAIRE À PRADES-MONTLOUIS, JUILLET 1872. CXXXIX Artemisia campestris L. Helichrysum serotinum Boiss, Phagnalon sordidum DC, Echinops sphærocephalus L. Carlina corymbosa L. Catanante cærulea L. Lactuca tenerrima Pourr. — perennis L. Phillyrea media L. Echium vulgare L. Verbascum sinuatum. L. Antirrhinum latifololium DC. Veronica Teucrium L, Lavandula latifolia Vill. Thymus vulgaris L, Teucrium aureum Schreb. — Chamædrys L. - Globularia spinosa Lmk, var. minor Willk. Chenopodium Botrys L. Aristolochia Pistolochia L, Euphorbia nicæensis All. — Characias L. Celtis australis L, Ulmus campestris Sm. Quercus Hex L, Juniperus phænicea L. Aphyllanthes monspeliensis L. Molinia serotina Mert. et Koch, Bromus squarrosus L. Triticum caninum Huds. Satureia montana L, Notes du Secrétaire général (1°* février 1874). — Comme pouvant servir de complément à ces documents relatifs à la flore roussillon- naise, nous rappelons aux lecteurs de notre Bulletin les articles suivants, déjà publiés dans ce recueil : 1? Sur un nouveau Linum (L. ruscinonense), par M. Timbal-Lagrave (t. VII, p. 509) ; 29 Une excursion dans le massif de Mont-Louis, à la recherche des Isoëtes des Pyré- nées orientales, par M. le vicomte S. de Salve (t. XII, session de Nice, p. Xxv1) ; 39 Contributions à la flore des Pyrénées-Orientales, par M. A. Le Grand (t. XVI, L- 985) ue : E Lid du. deux Antirrhinum, nouveaux pour la flore de France, trouvés à Perpignan par M. 0. Debeaux (t. XX, p. 11). — Nous devons également signaler l’important travail de M. W. Nylander, intitulé Observata Lichenologica in Pyrencis orientalibus, et publié dans le Bulletin dela So- ciété Linnéenne de Normandie, 2* série, tome VII; Caen, 1873. .— Nous prions nos lecteurs de vouloir bien excuser les irrégularités et méme les contradictions qu'ils trouveront, dans ce numéro du Bulletin, quant à l'orthographe des noms de localités, qui ont tous au moins deux formes, l'une catalane, et l'autre plus ou moins arbitrairement francisée. Pour quelques-uns de ces noms, le désaccord entre les divers livres et cartes que nous avons pu consulter est tel, qu'il nous a été impossible de nous arréter à une forme invariable. Ainsi, pour ne citer qu'un seul exemple, nous trouvons écrit de huit maniéres différentes le nom d'une des montagnes qui entourent Mont-Louis : Cambredase (Timbal-Lagrave), Cambredazas (Lapeyrouse), Combredasse (Lézat), Cambrasdaza (Joanne), Cambredases (Bentham), Cambredasses (Jeanbernat), Cambres d'ase (Reboud), Cambrasdasa (S. de Salve). | — Enfin, en terminant la publication du compte rendu de cette importante session de Prades-Montlouis qui, après l’interruption causée par nos malheurs de 1870-71, a digne- ment inauguré la reprise des sessions départementales de la Société botanique de France, j'ai le devoir de remercier tous les zélés correspondants qui m'ont aidé dans ce travail, et notamment MM. Bourgault-Ducoudray, Clos, Companyo, Cosson, Des Étangs, Doümet- Adanson, Duval-Jouve, Guillon, Reboud , Roumeguère et Timbal-Lagrave. Je dois exprimer CXL b SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tout particuliérement ma vive reconnaissance à M. le D* W, Nylander, pour l'empresse- ment avec lequel il m'a prêté le secours de ses lumières pour le déchiffrement trés-ardu des autographes de Linné fils, de Lapeyrouse et d'Acharius, et surtout à notre excellent et dévoué confrére M. H. Gariod, pour le zéle et les soins aussi minutieux qu'intelligents qu'il a apportés à la rédaction des procès-verbaux et à la mise en ordre des matériaux com- pliqués de la session. C'est gráce à lui qu'il m'a été aussi facile d'accomplir ma tàche que si j'avais eu la bonne fortune d'assister à la session et l'honneur d'y remplir moi-méme les fonctions de secrétaire. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin. W. DE SCHŒNEFELD. PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MICNON, s