SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE BULLETIN * DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME VINGT-SIXIÈME (Deuxième série. — Tome I") PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 1879 STATUTS BT RÈGLEMENT ADMINISTRATIF DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE”. DÉLIBÉRÉS EN CONSEIL LE 20 JUIN ET VOTÉS PAR LA SOCIÉTÉ DANS LA SEANCE DU 97 JUIN 4870, CHAPITRE I. Constitution et Administration de la Société. ARTICLE 1 [T]. La Société prend le titre de Société botanique de France. : Anr. 2 [II]. Elle a pour objet : 4° De concourir aux progrès de la Botanique et des sciences qui s'y rattachent : 2 De faciliter, par tous les moyens dont elle peut disposer, les études et les travaux de ses membres. ART. 3 [IIT]. Pour faire partie de la Société, il faut étre présente dans une de ses séances par deux membres qui ont signé la présentation el avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président. Les Francais, quel que soit le lieu de leur résidence, et les étrangers, peuvent également, au même titre, être membres de la Société. Le nombre des membres résidant à Paris ne pourra pas dépasser quatre cents. Celui des membres résidant dans les départements ou à l'étranger est limité à six cents. (4) Les articles des statuts sont imprimés en italique. ij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ART. 4 [VI]. L'administration de la Société est confiée à un Bureau et à un Conseil dont le Bureau fait essentiellement partie. ART. 5. L'élection de chaque ordre de fonctionnaires se fait au scrutin secret sur un seul bulletin. Si un second tour de scrutin est nécessaire, l'élection a lieu non plus à la majorité absolue, mais à la pluralité des suffrages. ART. 6. Aucune décision administrative ne peut étre prise par la Société sans avis préalable du Conseil. CHAPITRE JI. Du Bureau et du Conseil. ArT. 7 [VII]. Le Bureau est composé : D'un Président, De quatre Vice-Présidents, D'un. Secrétaire général, De deux Secrétaires, De deux Vice-Secrétaires, D'un Trésorier, D'un Archiviste. ART. 8 [VIT]. Le Président et les Vice-Présidents sont élus pour une année. Le Secrétaire général est élu. pour cinq années : il est rééligible awr mêmes fonctions. Les Secrétaires, les Vice-Secrétaires, le Trésorier et l'Archiriste sont élus pour quatre années ; ces deux derniers sont seuls rééligibles. Le Secrétariat est renouvelé par moitié tous les deux ans. Anr. 9 [IX]. Le Conseil est formé en outre de douze membres dont quatre sont remplacés chaque année. ART. 10 [X]. Le Président est choisi à la pluralité des voix, parmi les quatre Vice-Présidents en exercice. | Son élection a lieu dans la dernière séance du mois de décembre. Tous les membres de la Société sont appelés à y participer directement ou par correspondance. Les autres membres du Bureau et les membres du Conseil sont élus dans la méme séance à la majorité absolue des membres présents. STATUTS ET RÈGLEMENT. iij ART. 11. Pour l'élection du Président, tout membre qui ne peut assister à la réunion électorale doit envoyer au Secrétariat, avant la derniére séance de décembre, son suffrage individuel dans un bulletin cacheté et enfermé dans une lettre signée de lui. ArT. 12. Le Président sortant ne peut être immédiatement élu Vice- Président. ART. 13. Le Secrétaire général représente la Société dans ses relations extérieures ; il est chargé de toute la correspondance administrative de la Société ; il remplit les fonctions de Secrétaire du Conseil et de gérant du Bulletin, dont il donne le bon à tirer. ART. 14. Les Secrétaires et les Vice-Secrétaires sont chargés de ré- diger les procés-verbaux des séances, de diriger l'impression du Bulletin et de tenir la correspondance scientifique. ART. 15. Le Président a la direction générale de la Société; il fait convoquer le Conseil toutes les fois que les affaires de la Société le de- mandent. Dans tous les cas, il est tenu de le réunir sur l'invitation signée dé trois membres du Conseil. ArT. 16. Le Conseil ne peut prendre de décision s'il ne réunit au moins sept de ses membres. Sur la proposition de trois. membres, le vote peut avoir lieu au scrutin secret. ART. 17. Sur la demande de trois membres du Conseil, il peut être fait appel à la Société des décisions qui n'auraient pas été prises aux deux tiers des voix. ART. 18. Les procès-verbaux des séances du Conseil doivent être transcrits sur un registre coté et paraphé par le Secrétaire général. Ils doivent être écrits à Ja suite, sans aucun blanc ni intervalle, et signés par le Président et par le Secrétaire général. Les renvois doivent être para- phés et les mots rayés doivent être approuvés. CHAPITRE LI. Des Commissions. ArT. 19. Le Conseil se réunit dans le mois de janvier pour examiner l'état des affaires de la Société et nommer la Commission de Comptabilité et la Commission des Archives. iv SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ces deux Commissions sont composées de trois membres. ‘ART. 20. Le Conseil élit annuellement, à la méme époque, une Commis- sion permanente chargée de surveiller la publication du Bulletin. Anr. 21. La Commission du Bulletin prononce sur l'insertion textuelle, ou par extrait ou analyse, dans le Bulletin, des mémoires ou notes lus el des communications verbales faites à la Société. Elle veille à ce qu'il ne s'y introduise rien d'étranger à l'intérét de la science. Anr. 22. Le Conseil élit encore à la méme époque : 1" Une Commission chargée d'étudier les conditions de lieu et d'époque de la Session extraordinaire ; 2» Une Commission chargée de déterminer les plantes de France et d'Algérie soumises à l'examen de la Société. Anr. 23. Les membres des Commissions peuvent étre pris indistincte- ment, soit dans le Conseil, soit dans la Société en dehors du Conseil. ART. 24. Tout membre d'une Commission, qui n'a pas assisté à ses réunions pendant trois séances conséculives, est censé démissionnaire. Aprés avoir été averti, il est remplacé, s'il ne présente des excuses valables. | ArT. 25. Le Président et le Secrétaire général font partie de droit de toutes les Commissions. CHAPITRE IV. De la tenue des Séances. ART. 26 [IV]. La Société tient ses séances habituelles à Paris. Leur nombre et leurs dates sont fixés chaque année par le Conseil pour l'année suivante. Tous les membres de la Société ont le droit d'assister aux séances. Jls y ont tous voix délibérative. Les délibérations sont prises à la majorité des membres présents. ART. 27. La Société se réunit habituellement deux fois par mois, le deuxiéme et le quatriéme vendredi, de novembre en juillet. Le tableau des jours de réunion est imprimé sur la couverture du Bulletin. Une carte nominative contenant les mémes indications est envoyée chaque année à tous les membres de la Société. ART. 28. Les membres sont convoqués à domicile pour la première STATUTS ET RÈGLEMENT. V séance de novembre et pour la séance d'élections, ainsi que pour toutes les séances où il doit être statué sur des questions administratives. ART. 29. Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la Société doivent étre présentées par un de ses membres. ART. 30. La présence du Président ou d'un des Vice-Présidents, assisté d'un des Secrétaires ou Vice-Secrétaires, suffit pour constituer le Bureau à chaque séance. En cas d'absence du Président et des Vice-Présidents, le Trésorier, ou à son défaut l'Archiviste, occupe le fauteuil; et en cas d'absence des Secrétaires et Vice-Secrétaires, le Président du jour désigne un des membres du Conseil pour en remplir les fonctions. En eas d'absence de tous les membres du Bureau, les fonctions de Président sont remplies par le plus àgé des membres du Conseil présents à la séance, et celles de Secrétaire par le plus jeune. Anr. 31. Au commencement de chaque séance le procès-verbal de la séauce précédente est soumis à l'approbation des membres présents. Le procès-verbal de la séance qui précède les vacances de la Société n'est soumis qu'à l'approbation du Conseil. ART. 32. Les communications, soit verbales, soit manuscrites, des membres de la Société sont faites dans l'ordre suivant lequel elles ont été annoncées au Secrétariat ; les communications des personnes étrangères à la Société prennent rang après celles des membres, sauf les cas d'ur- gence, qui seront appréciés par le Bureau. Anr. 33. Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle des travaux déjà publiés. ART. 34. Les membres qui ont fait des communications verbales ou pris part aux discussions peuvent remettre des notes au Secrétaire pour la rédaetion du procés-verbal. ART. 35. Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Botanique ou aux sciences qui s'y rattachent. ART. 36. Toutes les propositious relatives à l'administration de la Société sont adressées par écrit au Président, qui en réfère au Conseil à sa plus prochaine réunion. CHAPITRE V. Des réunions extraordinaires. Anr. 37 |XI]. La Société pourra tenir des séances extraordinaires sur des points de la France qui auront été préalablement déterminés. 1. vj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Un Bureau sera spécialement organisé par les membres présents à. ces réunions. ArT. 38. Toutefois, la séance d'installation. est ouverte au nom du Bureau permanent par le Président de la Société ou par l'un de ses Vice- Présidents, et, à leur défaut, par un membre spécialement délégué à cet effet par le Conseil. ArT. 39. Le Bureau spécial de la Session est chargé de la tenue des séances; il se compose d'un Président et d'un nombre indéterminé de Vice-Présidents et de Secrétaires. ART. 40. En dehors des séances le Secrétariat permanent continue de fonctionner pour toutes les affaires de la Société. ART. 41. L'organisation de la session appartient exclusivement à un Comité nommé par le Conseil au plus tard un mois avant l'ouverture de la Session. Anr. 42. Le Président du Bureau spécial de la Session fait de droit, à partir de son élection, partie du Comité. Il n'y a d'ailleurs nulle incom- patibilité entre les fonctions de Vice-Président ou de Secrétaire du Bureau spécial et celles de membre du Comité. ART. 43. Les membres du Comité, par le fait de l'acceptation de ces fonctions, prennent l'engagement, sauf les empéchements de force majeure, d’être rendus au chef-lieu de la Session, au plus tard la veille de la séance d'ouverture. : ART. 44. Le Comité se met en rapport avec les autorités locales et fait aux personnes étrangères à la Société (tant pour les séances que pour les excursions) les invitations qu'il juge convenables. Il régle, sauf approba- tion de la Société, dans la premiére séance de la Session, le programme et la durée de cette Session, et prend toutes les mesures nécessaires pour faciliter les excursions et en maintenir l'ordre. ART. 45. Chaque excursion de la Société est autant que possible diri- gée par un membre du Comité, qui, tout en conservant la direction supé- rieure et la responsabilité des détails d'exécution, peut se faire assister au besoin par un ou plusieurs botanistes du pays, connaissant plus spécialement les localités à explorer. Anr. 46. Avant chaque excursion, le Président désigne un rapporteur qui sera chargé d'en rédiger un compte rendu sommaire. Anr. 47. Chaque Session extraordinaire fait l'objet d'un numéro du Bulletin, muni d'une pagination spéciale et comprenant : 1^ La liste des personnes présentes à la Session ; 2° La composition du Bureau spécial ; 3° Le programme de la Session ; 4 Les communications faites aux séances ; STATUTS ET RÈGLEMENT. vi] 9" Les comptes rendus des excursions effectuées conformément au pro- gramme ou avec l'agrément du Comité d'organisation ; 6^ Les comptes rendus des visites aux collections publiques ou partieu- lières. ART. 48. Aucun membre de la Société, à l'exception du Président de la Session, ne peut, en l'absence du Comité, se considérer comme repré- sentant la Société en quelque lieu que ce soit, ni vis-à-vis de qui que ce soit, à moins qu'il n'ait recu à cet effet un mandat spécial du Comité. ART. 49. Suivant les circonstances, la durée de la Session pourra être prolongée ou abrégée par le Comité. — ART. 50. Tous les manuscrits relatifs à la Session extraordinaire devront étre remis au Secrétariat permanent dans le délai de trois mois à partir de la clóture de la Session. ART. 51. À la première séance de chaque Session extraordinaire, il sera donné lecture du présent chapitre. CHAPITRE VI. Des publications. ART. 52 [XII]. Un Bulletin des travaux de la Société est délivré gra- tuitement à chaque membre. ART. 53. Ce Bulletin contient les procès-verbaux des séances de la Société, les communications qui lui sont faites ou adressées dans ces mémes séances, le compte rendu des Sessions extraordinaires, et les décisions du Conseil qui peuvent être d'un intérêt général pour la Société. ART. 54. Le Bulletin comprend, en outre, une Rerue bibliogra- phique des publications relatives à la Botanique qui parviennent à la Société. ART. 59. Le Bulletin est imprimé aux frais de la Société dans le format in-8° ; l'étendue en est déterminée chaque année par le vote du budget. Il peut étre échangé contre d'autres publications scientifiques et ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu'au prix de la cotisa- tion annuelle. ART. 56. Les rédacteurs de la Revue bibliographique n'y exprimeront aucune opinion sur le mérite des ouvrages; ils doivent simplement et briévement en rendre compte. | viij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ART. 57. Les articles de critique scientifique ne peuvent étre reçus qu'à titre de communications et sont publiés sous la responsabilité person- nelle de leurs auteurs, dans la premiére partie du Bulletin. ArT. 58. Les communications verbales dont les auteurs ne donnent pas la rédaction dans les quinze jours qui suivent la séance où elles ont été faites ne sont que signalées dans le procès-verbal, d’après les notes prises par les Secrétaires. ART. 59. Tout manuscrit remis au Secrétariat ne peut être ni modifié, ni retiré par l’auteur, sans l'autorisation de la Commission du Bul- letin. ART. 60. La Société imprime gratuitement les communications de ses membres qui ont été admises à l'insertion par la Commission du Bulletin et qui ne dépassent pas des limites que cette Commission est chargée de fixer ; au delà de celte étendue, en application de l'article 55, les auteurs devront supporter une partie des frais de la publication. La quotité de cette contribution est fixée annuellement par le Con- seil (1). Art. 61. Les frais de gravure des planches publiées dans le Bulletin sont à la charge des auteurs ; le tirage est fait aux frais de la Société. Anr. 62. Les membres n'ont droit de recevoir que les volumes des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société leur sont cédés moyennant une indemnité déterminée par le Conseil. ArT. 63. Les auteurs de notes insérées au Bulletin peuvent obtenir la remise gratuite de quatre bonnes feuilles contenant leur communication, en en faisant, avant l'impression, la demande au Secrétariat. ART. 64. Les auteurs peuvent faire faire, à leurs frais, un tirage à part de leurs communications. L'exercice de cette faculté est soumis aux conditions suivantes : 4° L'auteur qui voudra en profiter devra en faire la déclaration expresse et par écrit en tête de son manuscrit. 2 Les tirages à part seront payés directement à l'imprimeur d'aprés un tarif arrété entre celui-ci et la Société. 3° Ces tirages à part devront rester entièrement conformes au texte du Bulletin. 4 Le faux titre devra porter : Extrait du Bulletin de la Société bota- uique, avec l'indication de la séance dans laquelle la communication a été faite. (I) Elle est actuellement de 5 franes par page d'impression. STATUTS ET RÈGLEMENT. IX CHAPITRE VII. Des collections de la Société. Aur. 65. Les collections de la Société comprennent une Bibliothèque ct un Herbier. ART. 66. L'Archiviste est chargé de la garde de ces collections, il en dresse un inventaire. ART. 67. La Bibliothèque de la Société se compose de ses publications, de celles qu'elle recoit en échange de son Bulletin, et des dons qui lui sont faits. Les jours et heures où elle est ouverte sont fixés par le Conseil, ainsi que le mode de communication ou de prét des livres et autres documents qu'elle renferme. Ces dispositions font l'objet d'un réglement parliculier dont l'exécution est confiée à un Bibliothécaire Conservateur, nommé par le Conseil sur la présentation de l'Archiviste, qu'il est chargé de remplacer en cas d'absence. ArT. 68. L'Herbier de la Société se compose des exsiccata qui lui sont donnés et des échantillons présentés à l'appui des communications et non réclamés par les auteurs. ART. 69. Les dons faits à la Société sont inscrits au Bulletin avec les noms des donateurs. CHAPITRE VIII. Des propriétés et revenus ct des dépenses de la Société. ART. 70. Le Trésorier est chargé du recouvrement des sommes dues à la Société, des sommes provenant de legs ou donations et du paiement des dépenses. ART. 71. Le Trésorier ne peut faire aucun emploi extraordinaire des fonds de la Société, sans une délibération spéciale du Conseil. ART. 72 [XIII]. Chaque membre paie une cotisation annuelle de 30 francs. Elle est due par les nouveaux membres à partir du 1*" jan- X SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vier, quelle que soit la date de leur admission. Les membres proclamés dans les deux derniers mois de l'anuée ı ne figurent que sur la liste de l'année suivante. ! . La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, étre rem- placée par une somme de 300 francs une fois payée. Ant. 73. La cotisation annuelle est due par les membres démission- naires pour l'année dans laquelle ils oat envoyé leur démission. L'envoi du Bulletin aux nouveaux membres n'a lieu qu'à partir du paie- ment de la cotisation. Dans le cas où, aprés avis du Secrétariat, un membre se trouve débi- teur au 1" janvier d'une année de cotisation, le Bulletin cesse de lui être envoyé. Si, sur un nouvel avis qui lui sera adressé par lettre chargée ou recommandée dans le courant de l'année suivante, il ne satisfait pas au paiement, il cessera de faire partie de la Société et sera rayé de la liste des membres. ' Arr. 74 [XIV]. La Société établit chaque année son budget pour l'année suivante. Dans la premiére séance du mois de mars de chaque année, le compte détaillé des recettes et des dépenses de l'année précédente est soumis à son approbation. Ce compte est publié dans le Bulletin. ART. 15 [XV]. Les fonds libres sont déposés dans une caisse publique jusqu'à leur emploi définitif. Les sommes recues qui n'ont pas été employées dans le cours d'un exercice sont placées en rentes sur l'État, en obligations de chemins de fer [ranceis (dont le minimum d'intéret est garanti par l'État), en actions de la Banque de France ou en obligations du Crédit foncier, sauf celles que la Société juge nécessaires pour couvrir les dépenses de l'exercice suivant. Les valeurs ainsi acquises ne peuvent étre aliénées qu'en vertu d'une délibération de lu Société. ART. 76 [XVI]. La Société est représentée dans les actions judiciaires qu'elle a & exercer ou à soutenir, et dans tous les actes passés en vertu de ses délibérations, par le Trésorier ow par l'un des membres du Conseil qu'elle a désigné à cet effet. ART. Ti. Les dépenses sont divisées en ordinaires et extraordinaires. Les dépenses ordinaires se composent du loyer, des contributions, du traitement des fonctionnaires et agents de la Société, des frais de bureau et d'impression, des frais de poste et des frais d'entretien des meubles el du local. i STATUTS ET RÈGLEMENT. x] Les dépenses extraordinaires sont votées par le Conseil, après avis du Trésorier. ART. 18 [V]. Les délibérations relatives à des acquisitions, aliénations ou échanges d'immeubles et à l'acceptation de dons ou legs, sont soumises a l'autorisation du Gouvernement, préalablement à toute exécution. ART. 19. Un tableau placé dans la salle des séances fera connaitre les noms des Bienfaiteurs de la Société. ART. 80. Les membres qui cessent de faire partie de la Société ne peuvent réclamer aucune part dans ses propriétés. ART. 81 [XVI]. En cas de dissolution, tous les membres de la Société sont appelés à décider sur la destination qui sera donnée à ses biens, sauf approbation du Gouvernement. PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, d, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE SEANCE DU 10 JANVIER 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, en prenant place au bureau, remercie la Société de sa nomination dans les termes suivants : En prenant place au bureau pour la premiére fois en qualité de Prési- dent, je dois remercier la Société de l'honneur qu'elle m'a fait en me donnant une si haute marque d'estime et de sympathie. J'en ai été, Messieurs, profondément touché. J'aurai grand besoin de votre indulgence, mais j'espére que vous voudrez bien m'aider dans l'aecomplissement de la tâche que vous m'avez imposée. Permettez-moi de réclamer le concours de tous pour le bien de notre Société. Fondée depuis prés de vingt-cinq ans, la Société Botanique a prouvé son utilité par les services qu'elle a rendus. TI n'y a plus à démontrer aujourd'hui comment il est avantageux, pour les progrès d'une science, d'unir par un lien commun tous ceux qui la cultivent. Nous avons tous éprouvé combien l'établissement de séances réguliéres oà chacun vient exposer le résultat de ses récentes recherches et les soumettre au contróle et à la discussion des amis les plus éclairés, des juges les plus compétents, combien la publi- cation du Bulletin, qui permet à nos collégues absents de prendre part de loin à nos travaux et les tient au courant des publications étrangères, com- bien tout cela a contribué à l'avancement et à la diffusion des connais- sances si diverses qui sont du domaine de la Botanique. Travaillons donc tous à assurer la prospérité croissante de notre œuvre commune. Pour cela, je ne vous demande pas seulement, Messieurs, d'apporter ici de 6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nombreux travaux, de présenter à la Société des communications qui enrichiront son Bulletin et le maintiendront au rang élevé qui lui est acquis parmi les publications botaniques ; il est encore un autre service que je sollicite instamment de vous pour le bien commun, c’est d'assister assidüment à nos séances pour rendre ainsi de plus en plus fréquentes el intimes les relations d'affectueuse confraternité qui font àla fois le eharme et l'utilité de notre Société, M. le Président fait part à la Société du décès de deux de ses membres : MM. Taillefer et Blondin de Brutelette. A ce sujet, il est donné lecture de la lettre suivante, adressée par M. Poisson : Paris, 10 janvier 1879. Monsieur le Président, Permettez-moi de vous prier de signaler aux regrets de la Société la perte qu'elle vient de faire en la personne de M. de Brutelette, l'un de ses membres fondateurs. M. Blondin de Brutelette vient de s'éteindre aprés une trés-courte maladie et entouré des soins de sa famille, le 24 décembre dernier, dans son hôtel à Abbeville. Notre collègue était né le 10 juin 1806, à Abbe- ville méme, où il habitait quelques mois de l'hiver; puis il passait le reste de l'année au château de Drucat, Ses études classiques terminées, M. de Brutelette vint à Paris faire son droit. Le voisinage du Jardin des plantes fit naître en lui le goût de la botanique, que développa la fréquentation assidue du cours de Desfontaines, ce professeur si sympathique à ses élèves. De retour en Picardie, M. de Brutelette continua à se livrer à l'étude de l'histoire naturelle avec des guides tels que Baillon, qui fut longtemps correspondant du Muséum; Tillette de Clermont-Tonnerre, qui s'occupa beaucoup de botanique et principalement de cryptogamie, et qui a laissé un bel herbier et une riche bibliothéque à sa ville natale. Notre confrère était d'une modestie qui le faisait trop douter de lui- méme ; mais les encouragements d'un ami intime, M. Éloy de Vieq, bota- niste zélé et membre de notre Société, le déterminérent à accepter une part de collaboration à un Catalogue des plantes du département de la Somme. Cette publication fut honorée d'un prixà l'Académie des sciences. La mort est venue surprendre inopinément M, de Brutelette au moment ou M. de Vieq et lui travaillaient activement à une Flore de la Somme. Faisons des vœux pour que cette œuvre si douloureusement interrompue ne reste pas inachevée. SÉANCE DU 10 JANVIER 1879, 7 L'herbier que laisse notre regretté collègue est considérable et très soigné. Depuis trente ans au moins, et indépendamment des échanges qu'il faisait avec d'autres botanistes, il souscrivait à toutes les publications de plantes d'Europe et du bassin méditerranéen. On ne pouvait être plus sympathique et plus affectueux que l'était M. de Brutelette. Si sa réserve ne permeltait parfois qu'aux personnes admises dans son intimité d'apprécier dans tout leur mérite ses qualités solides, la plus remarquable droiture de caractère, associée à la plus indulgente bonté, inspirait bientót l'admiration et le respect. Notre excellent collégue faisait un noble usage de sa fortune. Que de misères a soulagées sa charité! Que d'adversités auxquelles il est venu en aide avec la discrétion la plus pieuse ! Le dernier et bien vif souvenir que les botanistes parisiens auront conservé de lui, c'est cette mémorable excursion que, de concert avec son digne ami, M. de Vicq, il organisa, en 1876, sur le littoral du départe- ment de la Somme, pour les élèves du cours de botanique du Muséum ; excursion qui réalisa un désir depuis longtemps exprimé par M. le profes- seur Bureau. A ce souvenir s'en joindront bien d'autres, non moins durables, pour ceux qui, comme nous, ont eu l'honneur d'étre, pendant delongues années, comptés au nombre des amis de M. de Brutelette. Tous ont ressenti la douleur d'une telle perte, mais aucun plus vivement que celui qui vient aujourd'hui, monsieur le Président, vous prier de vouloir bien rendre un dernier hommage à la mémoire de ce savant trop modeste, qui fut un homme de cœur et un homme de bien. Veuillez agréer, etc. J. Porssox. Dons faits à la Sociélé : D. Clos, Des stipules et de leur róle. A. Franchet et Savatier, Enum. plantar. in Japonia sponte crescen- tium, part, 2 du tome I, et part. 4 du tome II. Gillot, Notice biogr. sur J.-B. Cornet et Notice sur la flore de la Bresse Ghalonnaise et Louhannaise. C. Martins et A. Roux, Index seminum horti monspeliensis anna 1879. G. de Saporta, Le Monde des plantes avant l'apparition de l'homme. Mémoires de la Société historique, littér. artist. et scientifique du Cher, 2° série, 3° vol. J.-G. Baker, A Synopsis of Hypoxidaceæ. Joseph Boehm, Ueber Wasserbewegung in transspirirenden Pflanzen. 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Joseph Boehm, Ueber die Zusammensetzung der in den Zellen und Gefässen des Holzes enthaltenen Luft. — Inaugurations-Rede des für das Studien-Jahr, 1818-19, etc. — Ueber Stürkebildung in den Chlorophyllkórnern bei Abschluss des Lichtes. — Ueber die Verfürbung grüner Blätter im intensiven Sonnenlichte. — Ueber die Aufnahme von Wasser und Kalksalzen durch die Blätter der Feuerlohne. Joseph Boehm et Jakob Breitenlohuer, Die Baumtemperatur in ihrer Abhängigkeit von äusseren Einflüssen. Franz von Hönel, Ueber den Gang des Wassergehaltes und der Trans- piration bei der Entwicklung des Blattes. — Ueber den Ablösungsvorgang der Zweige einiger Holzgewachse, ete. G. Kunte, Plantarum Acotyledonearum Africe australioris recensio nova, etc. Particula prima. Lipsiæ, 1836. Braun, Koch, etc., Appendix plantar. nov. et minus cognitar. que in Hort. reg. bot. Berol. coluntur, 1851. A. Braun, C. Bouché, Index seminum in Horto botan. Berol. anno 1858, collectorum. | J. K. Hasskarl, Observationes botanicæ quas de Filicibus Horti Bogo- riensis, etc., ann. 1855 et 1856. M. Malinvaud fait observer que les quatre derniers ouvrages de cette liste sont donnés par M. Eugéne Fournier. M. Duchartre dépose sur le bureau quelques-unes des publications les plus récentes de M. de Saporta, entre autres celle qui est intitulée : le Monde des plantes avant l'apparition de l'homme, et en donne une rapide analyse. Il présente ensuite une petite caisse renfermant diverses variétés de Crocus en fleur sortant de la collection de M. Paul Chappellier. M. Duchartre fait ressortir l'avantage de cette culture, qui permet d'avoir des fleurs presque en toute saison. Les Crocus, en effet, offrent des espèces printanières qui fleurissent de janvier à avril, et des espéces automnales fleurissant de septembre à janvier. Il appelle enfin l'attention de la Société sur un groupe de Champignons récolté dans une cave et apporté à la Société d'horti- culture. Ces Champignons, appartenant à un méme individu, pré- sentent des formes anomales. M. de Seynes pense que cet exemplaire est une monstruosité de l'Agaricus ostreatus modifié ainsi par le développement à l'obscurité. Il fait remarquer le renflement et l'allongemes&t du stipe ainsi que la SÉANCE DU 1O JANVIER 1879. 9 diminution du chapeau, et rappelle que Dunal a trouvé une mons- truosité analogue dans l'A. melleus ayant poussé dans l'intérieur d'un Marronnier. M. Cornu se rattache à la détermination de M. de Seynes. Ce Champignon a un peu l'apparence de certains individus modifiés de VA. ostreatus. Il en a le goût et le faciès. On peut citer, comme fait analogue, le développement monstrueux de TA . conchetus Bull., Punnus conchatus Fries, que M. A. de Candolle, vers 1827, a reconnu ètre identique avec la forme décrite sous le nom de Clavaria ther- malis venue dans un établissement d'eaux thermales (Ann. sc. nat., 1" série). Le chapeau était de méme rudimentaire et contourné, le stipe claviforme et dilaté en forme de pipe : le tout figurant une Clavaire, comme dans l'échantillon. présenté par M. Duchartre. M. Cornu rappelle, à ce propos, les échantillons monstrueux d'un Lentinus tigrinus qui furent envoyés à deux reprises de la Loire- Inférieure et dont une photographie passa sous les yeux de la Société. M. Ramond fait la communication suivante : SUR LA VÉGÉTATION DE LA NORVÉGE, par M. RAMOND. J'avais désiré, à l'ouverture de la séance du 27 décembre, reproduire, en les motivant, les doutes que j'avais exprimés, à la séance précédente, sur la cause à laquelle MM. Flahault et Bonnier attribuent les grandes di- , mensions qu'acquièrent en Norvézeles feuilles de certains végétaux, celles des arbres principalement. Mais notre dernière séance de 1878 a été con- sacrée tout entière aux élections. J'ai dà ajourner mes observations, et elles seront peut-étre aujourd'hui bien tardives. Ce que j'avais l'intention de dire avant tout, c'est qu'il me parais- sait probable que les faits signalés par nos honorables collègues n'ont qu'un caractére aecidentel. Trés-fréquemment, en effet, nous voyons en France les feuilles prendre un grand développement dans des conditions particuliéres : toutes les fois, notamment, que le végétal recoit une nour- riture surabondante. C’est ce qui se produit pour les plantes cultivées dans un sol fortement fumé, ou bien encore pour les taillis que l’on vient d'abattre et pour les tétards que l'on a recepés. Les tiges qui se dévelop- pent dans l'année qui suit l'abatage ou le recepage portent des feuilles doubles au moins des feuilles normales, en longueur et en largeur. Voici, par exemple, deux échantillons recueillis sur un tétard de Salix 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fragilis, Yun dans l'année du recepage, l'autre deux ans plus tard. Il existe entre eux une trés-grande différence dans la dimension des feuilles. Quelquefois aussi on observe des différences analogues sur des Saules qui n'ont jamais été recepés. J'ai retrouvé daus mon herbier un échantillon récolté au Pecq (prés de Saint-Germain), à une date bien ancienne, le 3 septembre 1848, sur une touffe de Salix Caprea croissant librement depuis plusieurs années, Le limbe des feuilles a 14 centimètres de lon- gueur sur 8 centimétres de largeur, tandis que les feuilles normales du Salix Caprea ne dépassent pas 7 à 8 centimètres en longueur et 5 à 6 centimétres en largeur. J'incline donc à penser que les échantillons que nos collègues ont montrés à la Société dans la séance du 13 décembre représentent un état spécial plutót que l'état général et normal de la végétation de la Norvége. Ce qui me confirmerait dans cette opinion, c'est que les échantillons d'arbres de la Norvége et des autres contrées du Nord que j'ai examinés dans l'herbier du Muséum et dans les riches collections de M. Cosson ont des feuilles semblables à celles de nos arbres. Je citerai surtout comme n'offrant à cet égard rien qui s'éloigne de ce que nous voyons d'ordinaire en France, des échantillons de Salix Caprea et de Salix cinerea récoltés à Drontheim par MM. Martins et Robert pendant le voyage scientifique de la corvette la Recherche. M. Martins, il est vrai, dans la partie botanique de la relation de ce voyage, constate que des Pois (Pisum sativum) culti- vés dans le voisinage du golfe d'Alten ont des feuilles de trés-grande dimension. Mais M. Martins ajoute que ces Pois ne mürissent pas leurs graines. Il s'agirait done d'un développement des organes foliacés obtenu aux dépens des organes de la fructification. Or, quand cette derniére condition existe, le méme fait se produit fréquemment sous nos lati- tudes (1). Dans tous les cas, s'il fallait tenir pour constant qu'en Norvége les feuilles des arbres sont normalement plus grandes qu'en France, il y au- rait, à mon avis, à chercher la cause de cet état de la végétation, non pas, comme MM. Flahault et Bonnier l'admettent, dans la quantité plus grande (1) Note ajoutée pendant l'impression. — Des renseignements que je dois à l'extréme obligeance de M. Nylander, le savant lichénographe, viendraient à l'appui de mon opi- nion sur le caractere accidentel des faits signalés par MM. Flahault et Bonnier. Ils auto- riseraient aussi, je crois, à attribuer le méme caractère à des faits analogues cités par M. Grisebach dans son grand ouvrage Sur la végétation du globe (traduction de M. de Tchihatchef, t. I, p. 155). M. Nylander, qui est né dans l'extréme Nord et qui y a beau- coup herborisé, m'assure que les feuilles des arbres qui croissent dans ces hautes lati- tudes ne different pas de celles de nos arbres des mêmes espèces. Il a bien voulu aussi consulter M. Norrlin, aide-naturaliste au Musée botanique de Helsingfors : « Excellent » observateur et mieux initié que qui que ce soit (ce sont les termes mémes dont » M. Nylander s'est servi) aux choses botaniques et forestières du Nord scandinave, » M. Norrlin, dont les voyages se sont étendus jusqu'en Corse et en Algérie, n'a trouvé, SÉANCE DU 40 JANVIER 1879. 41 de lumière que les plantes reçoivent pendant les longs jours des étés du Nord, mais plutôt dans l'humidité plus grande du sol et du climat. Si les jours sont plus longs dans l'extréme Nord que dans l'Europe moyenne, les rayons solaires y parviennent plus obliquement; la végétation com- mence beaucoup plus tard, elle se termine beaucoup plus tôt. En France, d'ailleurs, où, du nord au midi, la durée des jours ne diffère pas sensi- blement, la quantité de lumiére qui arrive jusqu'aux végétaux, sous le ciel habituellement couvert de la Normandie, est assurément bien infé- rieure à celle qu'ils recoivent sous le ciel toujours serein de la Provence. D'après les théories de nos confrères, ce serait donc en Provence que les feuilles devraient avoir les dimensions les plus grandes. Or c'est le con- traire qui a lieu. Peut-on admettre que la méme cause ait dans l'extréme Nord des effets différents de ceux qu'elle présente chez nous? On s'expliquerait trés-bien, au contraire, surtout dans des conditions spéciales de fertilité du sol, que l'humidité du climat norvégien favorisàt le développement des feuilles, ainsi que cela a lieu dans l'Europe moyenne. C'est dans la brumeuse Irlande que s'est créée la variété du Lierre à larges feuilles. Le Houx, que l'on trouve partout dans l'Europe occidentale, vient beaucoup moins bien dans les régions plus sèches de l'Europe orientale, et ses feuilles s’y rétrécissent. Mais c'est principalement pour les arbres et les arbustes du bassin méditerranéen, que la douceur relative des hivers de notre littoral de l'Ouest permet de cultiver jusqu'en Bretagne et en Normandie, que se manifeste avec une grande netteté l'action de l'humi- dité sur le développement des feuilles. Le Figuier, les arbres et les arbris- seaux verts d'ornement (Laurus nobilis, Laurier-tin, Laurier de Por- tugal, etc.), transportés dans ces régious plus humides, s'y revétent de feuilles plus larges, moins coriaces, d'un vert plus clair que dans la patrie natale. Au début de la séance, M. Duchartre présentait à la Société la récente publicalion de M. de Saporta (le Monde des plantes avant l'apparition de » comme M. Nylander, aucune différence appréciable entre les feuilles des arbres du » nord de l'Europe et celles des arbres de l'Europe moyenne. En Norvége, il est. vrai, » dans la vallée de Lyngen, les feuilles des arbres et des autres plantes sont grandes et » d'une belle végétation ; mais M. Norrlin n'y voit que l'effet de conditions naturelles » favorables, d'avantages locaux, lels que l'humidité atmosphérique, le sol tres-fertile, » nourri par de riches éléments qui descendent constamment des pentes alpines vers la » mer. M. Norrlin estime, d'ailleurs, que si M. Martins a vu à Bossekop des Pois d'une » végétation luxuriante, ce serait simplement le résultat du climat humide et d'une » fumure abondante. Les longs jours arctiques n'y seraient probablement pour rien. » (Lettre de M. Nylander, du 19 février 1879.) D'un autre côté, je remarque que M. Grisebach a considéré comme dépassant la grandeur habituelle, des feuilles de Populus Tremula de Norvége ayant 5 centimètres de diamètre, Il semblerait done qu'il a pris pour terme de comparaison des arbres de chétive venue, car, aux environs de Paris, on trouve fréquemment des feuilles de Populus Tremula de 6 à 1 centimètres de argeur. 49 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'homme), et il signalait, avec sa haute compétence, l'importance de ce beau travail. M. de Saporta retrouve dans les végétaux fossiles nos végé- taux actuels simplement transformés pendant la série des âges, et c'est justement à l’action successive de climats secs et de climats humides qu'il attribue ces transformations pour les organes foliacés. Je n’ai pas qualité pour apprécier les théories de l'éminent géologue d'Aix. Mais évidem- ment, pour que les effets en sens opposé de la sécheresse et de l'humidité sur le développement des feuilles aient pu servir de base à ces théories, il a fallu qu'ils fussent de notoriété générale, qu'ils fussent admis sans contestation par les botanistes et par les cultivateurs. Voici comment s'est exprimé à ce sujet M. de Saporta : « Le dévelop- » pement ou la réduction du limbe foliaire sont en étroite connexion avec » la chaleur et l'humidité, soit seules, soit réunies et agissant de con- » cert. On sait généralement que les étres vivants et, par conséquent, les » parties de ces êtres, sont plus étendus, toute proportion gardée, dans » les pays chauds que dans les pays froids et tempérés..... Les végétaux » les plus puissants, porteurs des feuilles les plus larges, viennent cer- » tainement de pays à la fois humides et chauds. Cependant, si le climat » est à la fois chaud et sec, les dimensions iront en s'amoindrissant..... » Si la chaleur diminue, mais que l'humidité persiste ou augmente, les plantes, subissant cette influence, verront s’accroître la dimension de leurs organes, le milieu aquatique favorisant la taille des organismes mis en contact avec lui... C'est pour cela que certains végétaux du Midi, plantés dans les contrées du Nord et exposés à une plus grande humidité que dans leur pays d’origine, portent des feuilles plus amples, quoique moins fermes. Par le défaut de chaleur, leur port perd de sa puissance, leur taille s'abaisse, mais leurs feuilles prennent de l'exten- sion sous l'influence de l'humidité, et elles deviennent plus larges qu'elles ne l'auraient été au contact d'un elimat plus chaud, mais aussi plus sec. C'est effectivement ce qui arrive au Chéne vert, au Figuier et au Myrte, lorsque ces arbres sont cultivés en Bretagne et en Nor- » mandie, au milieu des brumes et des averses, loiu des splendeurs du » soleil méridional. » (Le Monde des plantes avant l'apparition de l'homme, p. 314 et 315.) Puisque je me trouve conduit à donner à ces observations plus de déve- loppement que je ue l'avais d’abord pensé, la Société me permettra de signaler deux faits d'ordre différent qui montrent à quelles méprises on pourrait s'exposer en concluant du particulier au général dans l'étude de l'influence des climats. — . J'ai cité plus haut le nom de M. Martins, et je n'ai pas besoin de rappeler que le savant professeur de Montpellier est, dans les questions de géogra- phíe botanique, un des maitres les plus autorisés. L'une des communi- Y o. vy wo vy» wo wo wo bv wW Ww SÉANCE DU 10 JANVIER 1879. 13 cations qu'il a faites à la Société (Séance du 10 mai 1867) est relative au contraste qui existe, sous la méme latitude, entre la végétation des envi- rons de Montpellier et celle des environs de Saint-Jean-de-Luz. La plupart des arbres et des arbrisseaux à feuilles persistantes qui caractérisent la végétation du bassin méditerranéen ne se retrouvent pas, à l'état spontané, auprès de Saint-Jean de Luz. Ce sont les arbres à feuilles caduques qui dominent; et, dans ses traits principaux, la végétation de notre extrême Sud-Ouest est un prolongement de celle de la Normandie et de la Bre- tagne. Une différence bien caractéristique aussi, c'est que la culture de la Vigne, si générale dans le bassin méditerranéen avant l'invasion du phyl- loxera, ne réussit à Saint-Jean de Luz que sur de petits espaces et dans des expositions privilégiées. On ne récolte méme pas, dans le pays, du raisin pour la table. Celui que l'on servait à M. Martins en 1866 venait d'Espagne. De mon côté, j'ai su dernièrement qu'à Biarritz on tire le raisin de table de Toulouse et de Montauban. A partir de la commune de Bidart, limitrophe de celle de Biarritz, el la premiére commune du pays basque, ce n'est plus le vin qui estla boisson habituelle, c’est le cidre. Ainsi que M. Martins l'a fait remarquer, les vergers de pommiers remplacent les vignobles. Au delà de la frontiére espagnole, on trouve encore ces vergers sur le versant occidental des montagnes, jusqu'aux Asturies, où M. Durieu de Maisonneuve, en 1835, et d’après lui M. J. Gay, les ont, les premiers, signalés (voy. J. Gay, Duriæi iter asturicum, in Annales des sciences naturelles, 1836). On serait donc autorisé à croire que la Vigne, qui vient si mal à l'extrémité méridionale de notre région du Sud-Ouest, doit, à plus forte raison, étre d'une culture difficile dans le reste de cette région. Rien ne serait moins exact, cependant. Le climat de Biarritz et de Saint-Jean de Luz, l'un des plus beaux, d'ailleurs, de la France, et l'un des plus tempérés, est modi- fié, pour la culture de la Vigne, par des influences locales. Dans le bassin de la Gironde et jusqu'à la Charente, la Vigne croit dans tous les sols, à toutes les expositions. Et, par exemple, sous le 45° degré, les vins blancs de Bergerac, qui sont des vins naturellement sucrés, analogues aux vins doux de Lunel, sont fournis par des vignobles plantés dans un sol argi- leux, sur le versant nord d'un coteau, par conséquent dans les conditions, eu apparence les plus défaverables de sol et d'exposition. Le second fait que je voudrais indiquer se rapporte à la végétation des environs du Havre. On admet généralement que la culture des arbres caractéristiques du bassin méditerranéen s'arréte, sur le littoral de l'Ouest, à Cherbourg. En réalité, elle se prolonge jusqu'au Havre. On trouverait difficilement, je crois, à Montpellier ou à Marseille, des Laurus nobilis, Viburnum Tinus, Arbutus Unedo, Prunus Lauro-cerasus et lusita- nica, plus vigoureux que ceux qui forment la décoration habituelle des 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. coteaux justement renommés d'Ingouville et de Graville, dont Casimir Delavigne a cru pouvoir dire, dans un excès d'admiration pour sa ville natale : Aprés Constantinople, il n'est rien de plus beau (1). Plantés, la plupart, depuis longteinps, ces végétaux du Midi ont bravé les hivers les plus rigoureux, et j'ai eu l'occasion de dire autrefois à la Société (2) qu'en 1859, je les ai vus résister à des froids qui ont atteint 17 degrés sur le plateau qui domine le Havre. Voici des échantillons de Laurus nobilis, de Laurier-tin, d'Arbousier et de Laurier de Portugal, que j'ai récoltés sur ce plateau, de 1857 à 1864, dans la commune sub- urbaine de Sanvic, où j'ai passé plusieurs étés. Tous portent des fruits mürs. Or ce serait se tromper beaucoup que de croire que cette végéta- tion méridionale s'étend à la Normandie tout entière. Au Havre, comme à Saint-Jean de Luz, mais dans un sens tout différent, il s'agit d'un climat purement local; et, pour les environs du Havre, l'action préservatrice de ce climat ne dépasse pas une bande littorale de 3 à 4 kilométres. Plus loin on ne trouve dans les jardins que les arbres et arbrisseaux verts que nous voyons aux environs de Paris; et là, comme à Paris, ceux du Midi sont exposés à souffrir des hivers rigoureux. En 1859 notamment, les Prunus Lauro-cerasus, les plus résistants des végétaux du bassin médi- terranéen, ont gelé jusqu'à la racine, au delà de la bande littorale. M. Flahault répond ce qui suit : M. Bonnier et moi n'avons que quelques mots à dire au sujet des remarques étendues de notre honorable collégue, M. Ramond. Les faits que nous avons observés ne sont pas exceptionnels. Leur géné- ralité a été constatée par tous les botanistes qui ont visité la Norvége et par les botanistes norvégiens. Le but denotre communication n'était pas de révéler des faits nouveaux, mais de présenter une vérificatiou et une expli- cation de faits déjà connus. Il suffit à cet égard de citer les phrases suivantes de M. Broch, dont la haute autorité scientifique est une garantie de rigueur et d'exactitude : « Ce dernier. phénoméne se reproduit aussi d'une maniére générale sur » tous les arbres et plantes pour la grandeur et la couleur des feuilles et » des fleurs. Les botanistes étrangers des pays plus méridionaux qui visi- » tent la Norvége en été sont étonnés du vert foncé et frais des arbres à » feuillage et des couleurs vives des fleurs qui poussent également dans » leur pays. Et ce phénomène augmente régulièrement avec la latitude, de (1) C. Delavigne, École des vieillards, acte 1**, scene I'e, (2) Bulletin de la Société bolanique, séance du 12 mars 1869, SÉANCE DU 10 JANVIER 1879, 15 » sorte qu'ils inclinent d'abord à les considérer comme des variétés nou- » velles. Il en est de méme de la grandeur des feuilles des arbres prove- » nant de semences de contrées plus méridionales (1). » Les nombreuses expériences faites par M. Schübeler mettent ces résul- tats hors de doute. [l est évident que les comparaisons ne doivent être faites que toutes conditions égales d'ailleurs; elles ne doivent porter, par exemple, que sur des plantes prises sur les mêmes lignes isothermiques et dans des condi- tions d'humidité aussi analogues que possible. Au sujet des citations de MM. Nylander et Norrlin, il suffit de jeter les veux sur une carte des lignes isothermiques (méme en ce qui concerne le mois de juillet seul), pour se convaincre que les modifications sensibles en Norvége ne doivent l'étre ni en Finlande, ni en Laponie orientale, à cause de l'abaissement des lignes isothermiques dans ces contrées (2). Enfin, les échantillons de feuilles de grandes dimensions que nous avous rapportées ont été récoltés dans des régions éloignées de toute culture et presque inhabitées : ils ne proviennent par conséquent ni de tétards, ni d'un terrain fumé, ni de taillis récemment exploités. M. Mer prend ensuite la parole en ces termes : La lumière joue un rôle important dans les dimensions des feuilles. On en voit une preuve dans le fait que ces organes sont généralement plus développés sur le bord des inassifs boisés qu'à l'intérieur. J'ai déjà signalé ce fait, il y a trois ans, chez le Hétre : depuis jai eu l'occasion de lob- server d'une manière bien plus nette encore sur les Épicéas. Si l’on examine les arbres de lisiere appartenant à cette essence, il est facile de remarquer que les aiguilles sont sensiblement moins longues sur les branches plon- geant dans le massif que sur les branches opposées ; elles sont aussi moins épaisses. Cette différence affecte surtout le petit diamétre de la section qui, dans cette espèce, ainsi qu'on le sait, a la forme losangique. Cette réduction de dimensions provient de ce que les cellules y sont moins grandes. Les rameaux sont aussi plus minces ; la moelle, les accroisse- ments ligneux, la zone corticale y sont moins développés. Le calibre inté- rieur de tous les éléments y est plus petit, saus que les parois cependant aient paru plus minces, ni que le rapport ordinaire entre les bois d'au- tomne et de printemps ait semblé modifié. Comme conséquence du faible développement de l'écorce, les canaux résineux qui s'y trouvent sont plus (1) Le royaume de Norvège et le peuple norvégien. Broch, Christiania, 1878, 1*' fasci- cule, p. 175. (2) La vallée de Lyngen, citée par M. Norrlin, est une vallée norvégienne. (Vote de M. Ramond.) 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. étroits, disposés sur un seul rang au lieu de l'étre sur deux, comme dans les branches exposées à la lumiére et entourées de cellules sécrétantes plus petites et moins nombreuses ; ce qui explique pourquoi dans l'exploi- tation des Pins maritimes, où l'on a surtout en vue la production de la résine, on a soin de maintenir un écartement notable entre les arbres. M. Chatin pense que ces différences peuvent être attribuées, au moins en partie, à ce que les racines des arbres de lisière, se répan- dant d'un cóté dans un sol moins appauvri que le sol boisé, y pui- sent des principes nutritifs plus abondants, d'ou résulte un plus grand développement des organes situés de ce cóté, ainsi du reste qu'on le voit sur les accroissements annuels de la tige, lesquels sont moins épais en regard du massif. M. Mer répond que les différences signalées par lui se rencontrent également sur les arbres qui bordent les clairiéres. Or le sol de ces dernières est généralement plus pauvre que le sol boisé, souvent méme il est ruiné entièrement ou constitué par des roches qui ne permettent pas à la végétation forestière de s’y implanter. Dans ce cas, la lumière seule peut être cause des modifications en question. M. Van Tieghem fait ensuite la communication suivante : SUR LES FORMATIONS LIBÉRO-LIGNEUSES SECONDAIRES DES FEUILLES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. On sait que les faisceaux libéro-ligneux primaires de la tige s'incurvent aux nœuds pour entrer dans les feuilles en traversant l'écorce. On sait aussi que, chez les Gymnospermes et la plupart des Dicotylédones, la por- tion inférieure de chacun de ces faisceaux comprise dans le cylindre cen- tral de la tige s'accroît bientôt en épaisseur par le moyen d'une assise gé- nératrice intercalée au liber ét au bois et qui produit, en dehors contre le liber primaire, du liber secondaire ; en dedans contre le bois primaire, du bois secondaire. Lette assise génératrice se prolonge-t-elle dans la portion supérieure du faisceau qui traverse l'écorce et pénètre dans la feuille, ou bien cesse-t-elle brusquement à la limite du cylindre central? En d’autres termes, le faisceau possède-t-il à quelque degré, ou ne possède-t-il pas, dans la feuille, les formations libéro-ligneuses secondaires qui s’y forment dans la tige? Cette question, fort simple assurément, ne paraît pas avoir attiré l'atten- tion des anatomistes. Tout au moins, les ouvrages d'anatomie les plus com- plets et les plus récents, le Traité d'anatomie comparée de M. de Bary, SÉANCE DU 10 jaNvikn. 1879. 17 par exemple, n'en font-ils pas mention. Ce silence mème peut paraitre préjuger la question dans le sens négatif. Cependant, il y a plus de dix ans déjà, au cours d’une longue série de recherches sur la disposition et l'orientation des faisceaux dans les pétioles, qui m'ont permis de formuler en 1868 la loi de symétrie bilatérale de la feuille, j'ai pu recueillir bon nombre d'observations qui donnent à ce probléme une solution positive. La chose n'ayant, après tout, qu'un médiocre intérêt, je me bornerai ici à signaler en quelques mots l'existence et la raison d'étre de ces forma- tions libéro-ligneuses secondaires dans les faisceaux de la feuille. Il ne peut, naturellement, être question ici des Cryptogames vascu- laires, ni des Monocotglédones, mais seulement des Gymnospermes et des Dicotylédones. Encore n'y a-t-il pas lieu de parler de ces Dicotylédones assez nombreuses où la tige n'épaissit pas, où n'épaissit que trés-peu ses faisceaux. Les formations libéro-ligneuses secondaires se produisant tou- jours en bien moindre quantité dans les feuilles que dans la tige, il ne faut les chercher dans les feuilles que là où la tige les développe en abondance. C'est donc chez les Gymnospermes et les Dicotylédones ligneuses que nous en trouverons les exemples. Chez les Cycadées, où les faisceaux du pétiole ont, comme chacun sait, leur bois primaire centripète, le bois secondaire est représenté par le groupe de vaisseaux centrifuges situé en dehors de la pointe du bois pri- maire et il va en diminnant à mesure qu'on s'élève dans le pétiole. Dans les Conifères, le bois secondaire de l'unique faisceau est représenté par quelques rangées de vaisseaux aréolés disposés en séries radiales et qui continuent le bois primaire centrifuge. Dans les Dicotylédones ligneuses, dont j'ai étudié un assez bon nombre sous ce rapport, le bois secondaire est composé d'un mélange de vaisseaux et de fibres où les fibres dominent souvent. Il est plus développé dans le pétiole que dans le limbe, oü il parait cesser complétement dans les nervures secondaires. Dans le pétiole lui-méme, il est plus abondant dans les gros faisceaux que dans les petits, et d'autant plus qu'il v a moins de faisceaux. Le jeu de l'assise génératrice est, dans tous les cas normaux, de courte durée, et une fois que la feuille a acquis sa grandeur définitive, les faisceaux ne s'y épaississent plus. Le bois secondaire est donc d'autant plus développé que la feuille a une croissance plus lente, mais il ne l'est pas plus dans les feuilles persistantes que dans les caduques. Le róle de ces formations, et notamment du bois secondaire, est d'ail- leurs facile à comprendre. Là où elles se développent, il arrive qu'une fois les faisceaux primaires totalement différenciés, la feuille grandit encore. Alors c'est le bois secondaire qui, par ses fibres, vient renforcer le pétiole et lui permettre de soutenir la feuille devenue plus pesante; qui, par ses vaisseaux, vient augmenter la capacité de transport du pétiole et lui per- T. NNVI. (SÉANCES) 2 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mettre d'alimenter la transpiration plus abondante de la feuille devenue plus large. Mutatis mutandis, et sur une plus grande échelle, la méme explication rend également compte du développement du bois secondaire dans la tige et dans la racine. Par ses fibres, soutenir davantage, à mesure qu'augmente la charge des parties supérieures; par ses vaisseaux, transporter davantage à mesure qu'augmente la dépense de transpiration desfeuilles : voilà le double besoin qu'il vient satisfaire en se développant dans toute l'étendue du corps de la plante. M. Mer cite le fait suivant comme venant à l'appui de l'opinion soutenue par M. Van Tieghem : Il y a quatre et cinq ans, je cueillis des feuilles de Lierre que jimmer- geai dans l'eau par l'extrémité du pétiole. Elles ne tardèrent pas à déve- lopper des racines sur ce point. Transportées ensuite dans de la terre, elles continuèrent à végéter et sont encore actuellement en trés-bon état. Elles n'ont formé aucun bourgeon : condition qui précisément leur a per- mis de vivre aussi longtemps, car l'amidon qu'elles accumulaient dans leurs tissus ne servait pas au développement de jeunes orgaues, ainsi que cela se présente dans les Begonia. Or, pendant tout ce temps, le lissu de ces feuilles s'est profondément modifié : les limbes se sont épaissis par suile du développement anormal dans ce sens des cellules palissadiformes, les faisceaux primitivement isolés des pétioles se sont réunis presque complètement ; du bois secondaire s'est formé jusque dans les principales nervures, ce qui démontre l'existence d'une zone génératrice dans ces organes. Par suite de cette augmentation exagérée en diamétre, l'écorce s'est crevassée en plusieurs endroits, du suber s'est constitué, et méme, ce qui est plus étrange, il s'en est formé sur quelques points du limbe, aux dépens des cellules palissadiformes pour la face supérieure et de celle du tissu lacuneux pour l'autre. Je me propose du reste de décrire ultérieu- rement en détail ces curieuses modifications. M. Cornu présente de la part de M. Howse, de Londres, deux dessins d'un Psalliota développé monstrueusement. Dans l'un des eas, le chapeau est recouvert par une lame de tissu hyménial dispo- séc en forme de pointe, et qui, si elle était vue seule, caractériserait le genre Hydnum, tandis que les lames sont normales à la face inférieure, L'autre spécimen n'offrait ce développement que sur une faible portion de la surface et dans une sorte de repli du tissu des lames. SÉANCE bU 24 JANVIER 1870. 19 SÉANCE DU 24 JANVIER 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUN, M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal dela dernière séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président proclame membre de la Société : M. Fucarrox (Louis), licencié ès sciences naturelles, 41, rue de Buffon, à Paris, présenté par MM. Clos et Duchartre, et fait connaitre ensuite une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : D.-A. Godron, Examen des feuilles cotylédonaires des Erodium. — De l'hybridation dans le genre Papaver. Saint-Lager, Note sur la géographie botanique de la Bresse. G. de Saporta, l'ancienne végétation polaire. — Plantes fossiles des arkoses de Brives, prés le Puy-en-Velay. — Les anciens climats de l'Europe. — Observations sur les végétaux réunis dans le groupe des Noeggerathia. — Sur une nouvelle découverte de plantes terrestres siluriennes, due a M. L. Crié. G. de Saporta et A.-F. Marion, Révision de la flore Heersienne de Gelinden. Rames, Géogénie du Cantal. Notiee sur les titres scientifiques de M. Delesse. D. Moore, On a new Species of Isoetes of Ireland. C. Cooke, On black Moulds. G. Engelmann, À Synopsis of the American Firs. E. Askenasy, Ueber eine neue Methode, um die Vertheilung der Wachs- thumsintensitàt in wachsenden Theilen zu bestimmen. Franz von Hóhnel, Ueber den negatiren Druck der Gefásslnft. — Ueber den Kork und rerkorkte Gewebe überhaupt. — Histochemische Untersuchung über das Xylophilin und das Coni- ferin. M. Gaston Bonnier fait la communication suivante : 2() SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR LA DISTRIBUTION DES VÉGÉTAUX DANS LA RÉGION MOYENNE DE LA PRESQUILE SCANDINAVE, par MM. Gaston BONNIER ct Ch. FLAHAULT. Dans un voyage fait pendant les mois d'aoüt et de septembre 1878, nous avons exploré la péninsule scandinave entre 59 et 64 degrés de lati- tude. Nous nous sommes proposé de comparer les résultats de nos observations sur la distribution des végétaux avec ceux obtenus par l'un de nous dans les Alpes et les Pyrénées. Mais c'est surtout pour insister spécialement sur la manière dont nous avons opéré dans ces observations, que nous croyons qu'il peut étre utile d'en communiquer quelques résul- tats à la Société botanique. Chaque fois que les conditions locales nous ont paru suffisantes pour déterminer un changement intéressant dans la flore, nous avons dressé la liste complète de toutes les plantes que nous avons remarquées. Nous les avons ensuite rangées par ordre de fréquence, placant d'abord les espéces qui forment le fond de la végétation, puis les espéces abondantes, enfin les espèces moins répandues ou exceptionnelles. Nous avions soin de noter la situation en altitude et en latitude de la région observée, ainsi que les conditions d'humidité du sol ou de l'air. Dans les pays monta- gneux, nous marquions, autant qu'on pouvail le faire, les limites infé- rieure et supérieure de l'extension des espéces répandues, en observant l'exposition du versant considéré. Dans notre voyage en Scandinavie, nous avons exploré : 1° Les bords d'un fjord méridional de la Norvège (environs de Chris- tiania). 2° Une vallée du S. au N. (vallée du Guldbransdal). 3° La région des hauts plateaux (Dovrefjeld, mont Snohatten et Knuts-Hó). 4 Une vallée de PO. à l'E. (vallée du Romsdal). 5 Les côtes O. (Molde, Christiansund et Trondhjem). 6^ La traversée complète de la presqu'ile de l'O. à l'E. (de Levanger à Sundsvall, par Ostersund). T° Les plaines de la Suède (traversée de l'E. à l'O., de Stockholm à Christiania). Nous avons dressé une quarantaine de listes, comme celles dont nous venons de parler, en des localités déterminées, dont nous avons cherché à faire varier les conditions le plus possible. Nous citerons comme types les listes suivantes : SÉANCE DU 2% JANVIER 1879. 91 Mont Muen, près Listad (Guldbrausdal) (lat. 61° 30"). I. — Fond de la végétation sur les pentes exposées au sud (vers 800 mètres d'altitude). Pinus Abies L. Vaccinium Myrtillus L. Betula odorata Bechst. Empetrum nigrum L. — nana L. Calluna vulgaris Salisb. Juniperus communis L. Nardus stricta L. Salix pentandra L. Aira flexuosa L. — Caprea L. Melampyrum silvaticum L. — nigricans Wahl. Maianthemum bifolium DC. Vaccinium uliginosum L. Polygonum viviparum L. — Vitis-Idæa L. II. — Bois et clairieres entre 600 et 900 mètres d'altitude. 1° Especes dominantes autres que les précédentes. Antennaria dioica Gærtn. Calamagrostis lanceolata Roth. Linnæa borealis L. Calamintha Acinos Clairv. Gentiana campestris L. Veronica officinalis L. Aconitum septentrionale L. Astragalus alpinus L. 2% Espèces moins abondantes. Brunella vulgaris Mœnch. Campanula persicifolia L. Primula scotica Hook. — rotundifolia L. Trifolium pratense L. Carduus crispus L. Ranunculus silvaticus Fries. Origanum vulgare L. Verbascum nigrum H. Woodsia ilvensis R. Br. Melampyrum pratense L. — hyperborea R. Br. Filago montana DC. Polypodium vulgare L. Sedum album L. Arabis Thaliana L. Gentiana amarella L. — hirsuta L. Trifolium medium L. Erigeron acris Scop. Viola tricolor Balb. Hieracium silvaticum Lap. Thalictrum alpinum L. Galeopsis versicolor Curt. Alchemilla hybrida. Cracca major Frank. Cotoneaster vulgaris Lindl. Plantago media L. Pyrola rotundifolia L. Achillea Millefolium L. Asplenium Adiantum-nigrum L. Poa pratensis L. Anthyllis Vulneraria L. Festuca tenuifolia Sibth. Silene diurna Gr. Godr. Pimpinella Saxifraga L. — rupestris L. Trientalis europæa L. — inflata Sm. HI. — Tourbières sur les pentes de la montagne (entre 600 et 1000 mètres d'altitude). 1° Espèces dominantes. Empetrum nigrum L. mp Parnassia palustris L. Saxifraga aizoides L. Nardus stricta L. 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 9* Espéces moins abondantes. Menyanthes trifoliata L. Selaginella denticulata Koch. Veronica Beccabunga L. — serpyllifolia L. — alpina L. Pedicularis silvatica L. Pinguicula vulgaris L. Carex capillaris L. Orchis viridis Crantz. Primula scotica Hook. Vaccinium uliginosum l.. Geum rivale L. Caltha palustris L. Rhinanthus minor Ehrh. Aconitum septentrionale L. Oxalis Acetosella L. Silaus pratensis L. IV. — Tout au sommet. Empetrum nigrum L. Juniperus communis L. Pinus Abies L. Pinus silvestris L. Calluna vulgaris Salisb, Aira flexuosa L. Mont Blaahærne, prés Domaas (lat. 62 05). Versant exposé au N. P. I. — Base (entre (4( et 900 mètres d'altitude). Prairies boisées marécageuses arrosées par les nombreux ruisseaux qui descendent des névés, 1* Fond de la végétation. Pinus silvestris L. Vaccinium uliginosum L. Betula odorata Bechst. Calluna vulgaris Salisb. Vaccinium Vitis-Idæa L. — Myrtillus. Empetrum nigrum L. Phyllodoce cærulea Gr. Godr. Festuca tenuifolia Sibth. Aira flexuosa L. 2 Autres plantes moins abondantes. Juncus alpinus Vill. — stygius L. Pinguicula vulgaris L. Parnassia palustris L. Triglochin palustre L. Rhinanthus minor Ehrh. Equisetum hiemale L. — palustre L. Galium uliginosum Mér, Potentilla Tormentilla Nest, Caltha palustris L. Epilobium collinum Gmel. Selaginella spinulosa Braun. Lycopodium Selago L. Tofielda borealis. Sium angustifolium L. Pyrola rotundifolia L. Pedicularis palustris L. Geum rivale L. Saxifraga aizoides L. SÉANCE DU 24 JANVIER 1879. II. — Coteaux secs (de 900 à 1100 mètres d'altitude). 1° Espèces dominantes. Salix reticulata L. — incana Schrank. — hastata L. — glauca L. — Lapponum L. — arbuscula Wahl. Betula nana L. Phyllodoce cærulea Gr. Godr. Nardus stricta L. Aira cæspitosa L. Antennaria dioica Gærtn. Leontodon proteiformis Will. Aconitum septentrionale L. Veronica officinalis L. Polygonum viviparum L. Euphrasia officinalis L. 2 Espèces moins abondantes. Lotus corniculatus L. Gentiana campestris L. Erigeron alpinus L. Wahlbergella apetala Fries. Lycopodium alpinum L. Erigeron acris L. Oxyria digyna Campd. Linnæa borealis L. Lycopodium Selago L. — annotinum L. Maianthemum bifolium DC. Potentilla maculata Pour. Silene diurna Gr. Godr. , jotrychium Lunaria Ñ: Alchemilla alpina L. Saussurea alpina DC. Juncus trifidus L.. — alpinus Vill. — triglumis L. Brunella vulgaris Meench. Festuca pratensis L. Alopecurus geniculatus L. Carex atrata L. — pulla Good. — rigida Schrank. Triglochin palustre L. III. — Entre 1100 et 1200 metres d'altitude. (Vers 1100 mètres les arbres disparaissent complètement). 1° Espèces dominantes. Salix incana Schrank. — reticulata L. -— herbacea L. Empetrum nigrum L. Phyllodoce cærulea Gr. Godr. Oxyria digyna Campd. Alchemilla alpina L. Nardus stricta L. Vaccinium Myrtillus L. — Vitis-Idæa L. — uliginosum |. 2 Espèces moins abondantes. Astragalus alpinus L. Juncus trifidus L. Veronica alpina L. Lycopodium alpinum L. Ranunculus nivalis Vill. Eriophorum angustifolium Roth. — Scheuchzeri Hopp. Saxifraga oppositifolia L. — stellaris L. Viscaria alpina Fries. Juncus alpinus Vill. Taraxacum Dens-leonis Desf. Luzula spicata DC. — campestris DC. Alopecurus geniculatus L. Tofielda borealis Wahl. Arctostaphylos alpina Spreng. 3 . | 24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. IV. — Au sommet (1200 mètres d'altitude). 1* Fond de la végetation. Empetrum nigrum L. Betula nana L. Vaccinium uliginosum L. Arctostaphylos alpina Spreng. Antennaria dioica Gærtn. Loiselenria procumbens Desv. Salix herbacea L. 2% Espèces moins abondantes. Silene acaulis L. Pedicularis palustris L. Diapensia laponica L. Lycopodium alpinum L. Arenaria biflora L. Solidago Virga-aurea L. Luzula spicata DC. Hieracium alpinum L. (?) Campanula rotundifolia L. - Alsine hirta Hn. Poa pratensis L. Ranunculus pygmæus Wahlenb. Saxifraga oppositifolia L. Mont Knuts-Ho, près de Kongswold (62 22 de latitude). Massif du Dovre (de 1000 à 1800 mètres d'alt.j. Schistes micacés. Versant exposé à l'O. Beaucoup plus riche que le versant E. de la vallée. Nous passons les deux séries de listes suivantes. I. -— Prairies des pentes et rochers au-dessus de Kongswold (1000 mètres d'alt.). II. — Prairies entre 1200 et 1500 mètres. Les Saules y sont extrêmement abondants, et donnent à la végétation un aspect particulier. UT. — Roches dénudées et névés (1500 à 1800 mètres). 1* Fond de la végétation. Salix reticulata L. Betula nana L. — herbacea L. Empetrum nigrum L. 2° Espèces abondantes. Salix hastata L. Silene acaulis L. Oxyria digyna Campd. Trisetum subspicatum P. B. Ranunculus glacialis L. — nivalis Vill. Dryas octopetala L. Erigeron uniflorus L. Saxifraga cæspitosa Koch. — adscendens Jacq. Saxifraga oppositifolia L. — cernua Lap. — nivalis L. Veronica alpina 1. Carex parallela Sommerf. — atrata L. — vulgaris Fries. Saussurea alpina DC. Polygonum viviparum L. SÉANCE DU 2/4 JANVIER 1870. t£ Ÿ 3° Espèces moins abondantes. Pedicularis (Ederi Vahl. Primula scotica Hook. Arctostaphylos alpina Spreng. Viola biflora L. Potentilla maculata Pour. Cerastium arvense L. Taraxacum Dens-leonis Desf. Diapensia laponica L. Arabis alpina L. Alsine stricta Wohl. Campanula rotundifolia L. Draba rupestris R. B. Luzula spicata DC. Petasites niveus Baumg. Sedum Rhodiola DC. Rumex acetosa. L. var. alpestris L. Leontodon autumnale L. Eriophorum Scheuchzeri Hoppe. Lycopodium Selago 1l. Hieracium alpinum (?). — alpinum L. Cardamine bellidifolia All. IV. — Au sommet (1800 mètres). Salix herbacea L. Ces quelques exemples font voir comment nous avons recueilli nos observations. Nous insistons sur cette manière bien simple de procéder, parce qu'on ne saurait déduire rien de sérieux sur la distribution des végétaux, si l'on n'avait seulement à sa disposition que des listes de plantes récoltées en herborisation. Une espèce représentée sur une méme surface par mille individus n'y pourrait étre distinguée d'une autre espèce qui ne serait représentée sur cette méme surface que par un seul échantillon. Les indications générales et toujours plus ou moins vagues des flores sont également insuffisantes. Pour faire des études sur la distribution des végétaux, il est essentiel de noter les conditions physiques du milieu et la fréquence relative des espèces. Au sujet spécial de nos observations comparatives sur la Scandinavie, les Alpes et les Pyrénées, on trouvera les résultats de nos observations dans les Annales des sciences naturelles (1). M. Van Tieghem fait la communication suivante : SUR LA FERMENTATION DE LA CELLULOSE, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Le 18 mars 1850, Mitscherlich annonçait à l’Académie de Berlin que la cellulose fermente. L'expérience est fort simple. On met dans l'eau des tranches de pomme de terre. Aprés quelques jours, si les circonstances (1) Observations sur les modifications des végétaux suivant les conditions physiques du milieu, t. VII, 6* série, 1879, p. 93. 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et notamment la température sont favorables, les cellules du parenchyme se désagrègent d'abord, puis se dénudent ; la cellulose qui les unissait et les recouvrait a disparu; l'amidon est tombé au fond avec les débris du protoplasma. On filtre, et dans le liquide on introduit des tranches nou- velles : elles se désagrégent plus vite que les premières; et l’on peut recommencer souvent, car à chaque fois le ferment se multiplie. Le liquide actif ne contient trace d'aucun Champignon, mais il est tout rem- pli de Vibrions, et Mitscherlich ajoute: « Il se peut que ces Vibrions soient, ici aussi, l'agent du phénoméne (1). » En 1865, au cours de ses recherches sur les laticiféres, pendant qu'il isolait ces organes par la macération des tissus qui les renferment, M. Trécul a découvert autour et à l'intérieur de ces tubes, autour et à l'intérieur des cellules du parenehyme environnant, des corpuscules amyliféres qu'il a nommés Amylobacter et dont il a distingué trois genres d'aprés leur forme, qui est en cylindre (Amylobacter vrai), en fuseau (Clostridium), ou en têtard (Urocephalum). Suivant lui, ces corps nais- sent, tous àla fois et spontanément, dans les laticiféres et les cellules closes, par une transformation directe du protoplasma (2). Il y a prés de deux ans (3), j'ai montré à Ja Société que loin de constituer trois genres distincts, les Amylobacter de M. Trécul ne sont autre chose que l'un des états successifs d'une seule et méme espéce appartenant au genre Bacillus de la famille des Bactéries, dont j'ai suivi le développe- ment depuis une spore primitive jusqu'aux spores nouvelles, et que j'ai appelée Bacillus Amylobacter. Avant de parvenir à sa phase amylacée, pendant qu'il est encore en voie d'allongement et de division, ce Bacille peut pénétrer dans la cavité des cellules en en traversant la membrane ; j'ai assisté à cette pénétration, qui ne surprendra personne tout à l'heure. Là il continue d'abord à s'allonger et à se diviser; puis les nombreux articles ainsi produits et isolés se chargent d'amidon, tous à la fois et par une nutrition indépendante. En sorte que si, à l'exemple de M. Trécul, on ne les recherche que par les réactifs iodés, ils doivent paraître nés sur place, simultanément et spontanément. Du méme coup j'ai ainsi expliqué trés-simplement les faits observés par M. Trécul, et écarté un argument en faveur de la génération spontanée auquel personne jus- qu'alors n'avait répondu, En méme temps j'ai montré que ce Dacille est anaérobie, et qu'il possède la propriété remarquable de dissoudre la cellulose et de la faire fermenter avec dégagement de gaz. Qui s’étannera maintenant sil perce cà et là la (1) Monatsberichte der Berliner Akademie, 18 mars 1850. (2) Comptes rendus, 1865, t. LXI, p. 156 et p. 436. — Ihid. 1867, t. LXV, p. 513. (3) Bulletin de la Société botanique, séance du 23 mars 1877. SÉANGE DU 2^4 JANVIER 1879. 27 membrane d'une cellule pour aller poursuivre st terminer son développe- ment dans sa cavité? L'Amylobacter est le ferment figuré de la cellulose. C'est lui le Vibrion, que Mitscherlich a vu pulluler dans le liquide et qu'avec raison il a supposé « devoir étre, ici aussi, le principe actif ». Ainsi se sont trouvées rattachées l'une à l'autre, comme exprimant deux aspects différents d’un seul et méme phénomène, l'expérience de Mitscherlich et l'observation de M. Trécul (1). J'ai poursuivi ces recherches. Parmi les résultats nouveaux que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à la Société, il en est plusieurs qui, intéressant la définition méme du sujet, doivent nous occuper tout d'abord. "Toutes les membranes des cellules végétales sont-elles indifféremment attaquées par l'Amylobacter ? En aucune façon. A vrai dire, je ne connais qu'un seul état où toutes les cellules de toutes les plantes aient leurs membranes, si épaissies qu'elles puissent étre, également dissoutes par lui : c’est l'état d'embryon (2). Dès que la plante, en se développant, a spécialisé et solidifié ses tissus, on y remarque de profondes différences. Pour les apprécier, la méthode la plus süre est de placer dans l'eau en vase clos, et à l'étuve vers 30 à 35 degrés, le tissu à essayer découpé en tranches minces, avec un fragment d'un tissu trés altérable quelconque et des spores d'Amy- lobacter. Celui-ci se développe toujours tout d'abord aux dépens du tissu altérable et pullule dans le liquide ; mais, selon les cas, il désagrége ou laisse intact le tissu essayé. Pour éviter autant que possible l'intrusion dans ces cultures d'organismes différents apportés par l'eau, l'air, le vase ou les tissus, lesquels, en nuisant à l'Amylobacter, pourraient fausser le résultat, on utilise la propriété de résister à la température de 100 degrés que les spores d'Amylobacter partagent avec celles de quelques autres (1) La cellulose étant une des substances les plus insolubles que l'on. connaisse, ces premières recherches nous ont introduit dans un ordre général de phénomènes peu exploré jusque-là : la fermentation des matières insolubles produites par les êtres vivants. Question plus complexe encore que celle des fermentations ordinaires, puisque le ferment doit exécuter ici un double travail : transformer d'abord la matière insoluble en une substance soluble, en un mat la digérer; puis décomposer, faire fermenter cette substance soluble. Le B. Amylobacter, par exemple, digère d'abord la cellulose, comme l'embryon du Blé, ou mieux du Caféier et du Dattier digère à la germination la cellulose accumulée pour lui dans l'albumen ; mais ensuite il fait fermenter le principe soluble obtenu, ce que ne fait pas cet embryon qui se l'assimile en entier. Jusqu'à quel point ces deux phases du phénomène, la digestion et la fermentation proprement dite, accom- plies successivement par le mème organisme, sont-elles distinetes dans le temps et peuvent-elles être isolées? Jusqu'à quel point la première peut-elle être rattachée à la sécrétion d'une diastase ? Ce sont des questions sur lesquelles nous aurons à revenir plusieurs fois dans cette longue suite de recherches qui m'occupent activement. Tenons- nous-en aujourd'hui à la cellulose et à l'Amylobacter. (3) Précédée d'un gonflement considérable, la dissolution attaque d'abord la lamelle moyenne qui unit les cellules en tissu; puis, dans chacune des cellules ainsi dissociées, elle s'opére progressivement de dedans en dehors. La marche de ce phénomène sera décrite en détail dans mon mémoire. 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . Bacilles ; on les sème dans le liquide bouillant qu'on laisse ensuite refroi- dir à la température de l'étuve. On y gague à la fois en pureté et en rapidité. Par cette méthode, ce qui résiste, c'est d'abord toute membrane où, par les progrès de l’âge, la cellulose s'est transformée ou incrustée: cuti- fiée, par exemple (cuticule) (1), ou subérifiée (liége, périderme, endo- derme), ou lignifiée (fibres et vaisseaux du bois, cellules scléreuses), ou minéralisée (cellules à membrane siliceuse ou calcaire). Cependant quand elle est gélifiée (Ascococcus, Nostoc), la matière gélatineuse peut être dissoute et décomposée par l'Amylobacter. Ce qui résiste encore, ce sont plusieurs tissus où la cellulose s'est pourtant conservée pure, comme les fibres du liber (on extrait les fibres textiles par le rouissage, c'est-à-dire par l'action en grand des Amylobacter), comme les laticiféres (on les sépare par la macération, qui est encore l’œuvre des Amylobacter), comme la moelle des tiges à partir d'un certain àge, ete. Ce qui est dissous, au contraire, dans une plante phanérogame aérienne, outre l'embryon, l'albumen et les jeunes extrémités des tiges et des racines qui disparais- sent en entier, c'est le parenchyme séveux de l'écorce, de la moelle jeune, des feuilles, des fleurs et des fruits; ce sont les divers éléments du bois mou, du liber mou et du cambium ; c'est le parenchyme de réserve des tubercules, rhizomes et bulbes, etc. Mais il n'en est plus de méme dans les Phanérogames aqualiques submergées; ici la cellulose de tous les éléments de la tige et des feuilles résiste aux Amylobacter, et c'est là, pour cette sorte de plantes, une nécessité d'existence. Parmi les Crypto- games, il en est de méme des Characées et des Algues, et l'Amylobacter, qui est une Algue, en donne un frappant exemple. La cellulose des Cham- pignons demeure aussi le plus souvent inallérée; cependant elle est dissoute dans les tissus de réserve des sclérotes. Celle des Mousses, des Sphaignes, des Hépatiques et des Lycopodes, celle des feuilles des Fou- gères, résiste, tandis que le parenchyme du rhizome des Fougères et de la tige des Préles est dissous. Au point de vue de la digestibilité par l'Amylobacter, il y a donc, comme on voit, de grandes différences dans une méme plante suivant les tissus, dans un méme tissu suivant les plantes. Sous ce rapport, il y a cellulose et cellulose, comme M. Fremy l'a montré depuis longtemps par l'action de divers réactifs, auxquels il convient désormais d'ajouter l' Amylobacter. Par là le sujet de ce travail se trouve mieux défini, restreint qu'il est maintenant à la cellulose digestible. Mais, en outre, il découle de ces résultats deux applications que je ne puis qu'indiquer ici: l'une physiolo- (1) M. Brongniart a isolé la cuticule en faisant macérer des feuilles de Chou, c'est-à- dire, on le sait maintenant, en les livrant en proie aux Amylobacter. SÉANCE DU 24% JANVIER 1879. 30 gique, relative aux divers degrés de digestibililé de la cellulose des diffé- rents végétaux pour l'homme et pour les animaux, degrés dont l'Amylo- bacter donne peut-étre la mesure; l'autre paléontologique, relative aux chances inégales de fossilisation dans l'eau que présentent les diverses plantes suivant leur nature, chances qui, toutes choses égales d'ailleurs, sont d'autant plus grandes que la cellulose résiste mieux à l'Amylobacter el que l'eau est moins propre à son développement. ` Quelle est maintenant l’action de ce Dacille sur les matières insolu- bles qui sont contenues dans les cellules dont il a dissous la membrane? Prenons pour exemple une cellule de réserve placée dans l'eau à l'état de vie latente, et renfermant des substances albuminoides insolubles avec de la matiére grasse ou avec des grains d'amidon. L'Amylobacter ne touche, ni aux grains d'amidon (on les retire des tissus amylacés par fermen- tation, c'est-à-dire aprés l'action des Amylobacter), nià la matière grasse, ni aux substances albuminoides. Il laisse donc le corps de la cellule inaltéré dans sa forme et dans sa structure ; il le dénude, el voilà tout (1). Dans les cultures d'Amylobacter, on ne peut donc pas, comme aliment carboné, substituer à la cellulose l'amidon en grains, ni la matière grasse, et il faudra également fournir l'aliment azoté à l'état de dissolution. Mais l'amidon soluble convient parfaitement; en y ajoutant des nitrates et des sels minéraux, on réalise un milieu artificiel où l'Amylobacter se déve- loppe aux dépens de l'amidon, qu'il fait fermenter avec dégagement de gaz. On obtient le méme résultat avec la dextrine, la glycose et le sucre de Canne. A vrai dire, l'Amylobacter transforme d'abord l'amidon soluble en dextrine et la dextrine en glycose; il intervertit d'abord le sucre de Canne par une diastase qui agit en dehors de lui: c'est toujours, en défi- nitive, la glycose qui fermente. Il en est de méme quand c'est la cellulose qui fournit à l'Amylobacter son aliment carboné ; elle est d'abord amenée à l'état de dextrine, puis de glycose, et c'est encore en réalité la glycose qui fermente. Les produits de cette fermentation spéciale et nouvelle de la (1) Mais ce que l'Amylobacter est impuissant à faire, d'autres êtres microscopiques ont pouvoir de l'aceomplir? comme je Le montrerai ultérieurement. Il y a un organisme qui dissout les grains d'amidon; un autre transforme et saponifie la matière grasse ; un autre encore attaque ct rend solubles les substances albuminoides : à chacun son œuvre. Et il faut le concours, simultané ou successif, de ces quatre organismes pour venir à bout d'une cellule de réserve plongée dans l’eau à l'état de vie latente, si elle contient à la fois sous sa membrane de cellulose, des substances albuminoides, de la matière grasse et des grains d'amidon. Entre ces quatre êtres, il y a done, au moins en ce qui concerne la première phase de leur action sur ces quatre sortes de substances, une spécialisation, une division du travail analogue à celle que l'on observe le long du tube digestif d'un animal supérieur. Encore ne sait-on rien, chez les animaux supé- ricurs, sur le mécanisme de la digestion de la cellulose, ni sur la région du tube digestif où elle s'opère et qui correspond aux Amylobacter. 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. glycose par le Bacillus Amylobacter, où se ramènent, comme on voit, celles de la cellulose, de l'amidon soluble, dela dextrine et du sucre de Canne, feront l'objet d'un travail spécial. Disons seulement qu'il s'y dégage de l'acide carbonique et de l'hydrogene, et qu'il s'y produit un acide qu'il faut neutraliser par le carbonate de chaux au fur et à mesure qu'il se forme, sous peine de voir l'acidité croissante du milieu empécher bientót le déve- loppement de l'Amylobacter. Dans une pareille fermentation de glycose en activité, si l'on introduit quelques tranches minces d'un organe trés altérable, d'un Radis, par exemple, le résultat est assez surprenant. Tant qu'il y adu sucre, les tran- ches de Radis ne sont pas attaquées. Elles, si altérables dans l'eau pure, peuvent se conserver intacles plusieurs semaines durant au sein d'un liquide où pullulent les Amylobacter, si dans ce liquide on a mis beaucoup de sucre et sila fermentation est lente. Mais attend-on la fin, ou vient-on à un moment quelconque à enlever le liquide sucré et à le remplacer par de l'eau ordinaire, elles disparaissent en quelques heures. En présence de ces deux matières, le sucre et la cellulose, l'Amylobavter, puisant sa nourriture àla source la plus accessible, ne s'attaque d'ahord qu'au sucre. Celui-ci épuisé, il porle son effort sur la cellulose, qui exige plus de travail. Cette expérience va nous permettre de décider si l'Amylobacter agit sur la cellulose par l'intermédiaire d'une diastase, qu'il formerait en excés el répandrait au dehors. Car, s'il en est ainsi, cette diastase de cellulose se formera tout aussi bien quand le ferment vit et se développe dans la gly- cose, de méme que la diastase inversive se produit tout aussi bien dans ces conditions, malgré qu'il n'y ait pas de sucre à intervertir ; elle s'accumulera méme dans le liquide, s'y trouvant sans emploi. De fines tranches de Radis plongées dans une fermentation de glycose en train depuis plusieurs jours, devront donc disparaître, ou tout au moins offrir au microscope quelque marque de dissolution. On vient de voir qu'il n’en est rien. Il ne parait donc pas qu'il y ait une diastase de cellulose formée en excès par l'Amylobacter et agissant à distance en dehors de lui. Comme le montrent d'ailleurs les observations microscopiques, c'est au contact direct de l'Amylobacter avec la cellulose que se produit l'action dissolvante du pre- mier corps surle second. SiP hypothèse d'une diastase s'offre naturellement à l'esprit pour expliquer cette première phase de la fermentation de la cellulose et en général des matiéres insolubles produites par les étres vivants, il faut convenir que, dans ces conditions, elle est difficilement vérifiable. M. Prilliéux présente à ce suiet les observations qui suivent : l en SÉANCE DU 24 JANVIER 1870. 31 CORROSION DE GRAINS DE BLÉ COLORÉS EN ROSE PAR DES BACTÉRIES, par M. Ed. PRILLIEUX. Ç) Les très-intéressantes observations de M. Van Tieghem sur l'altération produite dans les tissus végétaux, et particulièrement sur la. décomposi- tion de la cellulose par les Amylobacter, donneront, je pense, un interét particulier aux observations que j'ai faites sur la désorganisation et la consommation des éléments des grains de Blé par une autre Bactérie ap- partenant au genre Micrococcus, et dont le mode d'action sur les tissus, sur les cellules et sur leur contenu, n'est pas le méme que celui des Amy- lobacter. Il se produit fréquemment dans les cultures des trés-nombreuses varié- tés de Blé de M. Vilmorin une altération particulière de certains grains qui se colorent en rose. M. Vilmorin a eu l'obligeance d'en réunir une certaine quantité appartenant à des variétés diverses, soit à grains durs, soit à grains tendres, el de me les donner pour rechercher la cause de leur singulière coloration. Je n’entrerai pas ici dans la description détaillée de la structure de ces grains de Blé altérés. On sait que dans un grain de Blé, outre l'embryon, dont le tissu est très-riche en protoplasma, on trouve à la périphérie de l'albumen une couche continue formée d'une seule assise qui ne contient aussi que de la matière azotée, matière que l'on a considérée comme identique au gluten, bien qu'elle ait des propriétés différentes. Le reste du corps de l'albumen est formé de cellules dans lesquelles se trouvent un grand nombre de grains d'amidon de taille différente, les uns grands et lenticulaires, les autres petits et globuleux, englobés dans une masse de gluten transparent et s'étirant en fils. Daus les grains roses, ce sont les tissus et couches particuliérement riches en matière azotée qui offrent la coloration purpurine la plus intense : d'abord la couche superficielle de l'albumen dite couche à gluten, puis l'embryon tout entier, et surtout dans celui-ci le plérome, qui est plus parti- culièrement riche en plasma. À l'intérieur des grains roses, ordinairement prés de Pextrémité du sil- lon, se trouve une cavité irrégulière, plus ou moius grande, entourée d'une zone transparente et contenant le long de ses parois une substance amorphe, trouble, dans laquelle on reconnait, à l'aide de forts grossisse- ments, des nuées de Bactéries globuleuses se rapportant au genre Micro- coccus (Cohn). Parfois de semblables cavités s'observent aussi sur les côtés du grain, au-dessous de la couche à gluten; les petites cavités peu vent communiquer avec celle qui occupe le milieu du grain et qui est ordi- nairement la plus grande, 32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ces cavités sont produites par les Micrococeus qui, pénétrant de l'exté- rieur le plus souvent par le sillon, rongent les tissus du grain. La zone transparente qui entoure la lacune est formée par la portion de l'albumen qui est déjà altérée par l'action des Micrococcus, mais n’est pas encore consommée entièrement. Cette zone, qui s'étend entre la cavité peuplée de Micrococcus et le tissu encore intact, présente tous les degrés progressifs de l'altération de l'albumen. Il y a à considérer dans les cellules qui le composent trois éléments : 1° l'amidon, 2? le gluten, qui forment le contenu des cellules, et 3° la paroi méme, qui est de la cellulose. Contrairement à ce que M. Van Tieghem a observé pour les Amylobacter, ce n'est pas la cellulose qui est d'abord attaquée, tandis que l'amidon en grains est respecté; tout au contraire, dans un grain de Blé rose ce sont les grains d'amidon qui sont d'abord rongés : ils sont réguliérement cor- rodés par l'extérieur ; les petits disparaissent d'abord, les gros diminuent et finissent par être résorbés à leur tour, laissant vide dans le gluten encore inaltéré la place qu'ils occupaient, de telle facon qu'à un certain moment on trouve la cellule remplie d'une masse de gluten creusée de vacuoles dans quelques-unes desquelles on trouve encore cà et là un grain colo- rable en bleu par l'iode. L'action désorganisatrice des Micrococcus continuant, la matière azotée et la cellulose sont attaquées à leur tour. La masse de gluten se réduit à un petit amas irrégulier, amorphe, qui diminue, tandis que la paroi de cellulose se gélifie et se gonfle en réduisant de plus en plus l'étendue de la cavité cellulaire. Ce gonflement est assez peu régulier, et souvent la paroi se gonfle plus en cerlains points. Prés de la lacune que bordent les Micrococcus, on distingue à peine, au milieu de la masse amorphe formée par les parois cellulaires gonflées et confondues en une couche hyaline, des traces des cavités des cellules. Cette couche gélifiée est incessamment consommée par les Bactéries, et la cor- rosion s'avance toujours dans la profondeur du tissu de l'albumen en sui- vant le méme mode d'attaque. M. Bureau fait remarquer que les feuilles des plantes aqua- tiques se sont conservées dans les dépôts sédimentaires générale- ment bien : ce qui s'explique par les observations de M. Van Tieghem. M. Cornu dit avoir observé plusieurs fois un fait qui parait con- traire à l'une des propositions énoncées par M. Van Tieghem. Ce fait consiste dans la production abondante de spores du B. Amylo- bacter dans un milieu sucré : le sucre ne pàraitrait donc pas aussi SÉANCE DU 2% JANVIER 1879. 33 défavorable qu'il semble le penser à la production des spores, dans certaines conditions du moins. Pour des expériences relatives à l'absorption des substances colo- rantes, faites en collaboration avec M. Mer, il a fait bon nombre de cultures dans l'eau, et notamment en se servant d'Allium Cepa. Cette plante contient, comme on le sait, une assez forte propor- lion de sucre. Or le développement était parfois arrêté par le B. Amylobacter qui avait envahi les tissus. Les racines étaient frappées de mort et finissaient, en se décomposant, par se réduire à deux membranes concentriques : l'une formée par l'épiderme, l'autre par la couche protectrice renfermant les faisceaux. Dans l'intérieur de ces deux membranes, on observait un nombre consi- dérable de spores. Il y a plus, ces spores, développées également dans la masse du bulbe, qui était bientôt réduit en putrilage, for- maient parfois, au fond des bocaux, une sorte de précipité pulvéru- lent et comme nacré. M. Van Tieghem répond que l'observation de M. Cornu est au contraire conforme à toutes celles qu'il a faites sur les tissus végé- taux les plus divers. Dans un tissu sucré quelconque (Carotte, Bet- terave, ete.), le B. Amylobacter consomme d'abord lesucre, puis la cellulose, et, dans ces conditions, il développe abondamment ses spores. Le sucre tout seul est moins favorable à la production des spores que le sucre avec cellulose. M. de Seynes demande si le bleuissement du B. Amylobacter par l'iode est bien une preuve de la présence de l'amidon. Il rappelle que les parois des théques, dans beaucoup d'Ascobolus, dans les apothécies des Lichens, bleuissent par l'iode, sans qu'on en ait jamais conclu qu'elles étaient composées par de la matiére amylacée. M. Van Tieghem répond que si ces parois ne sont pas constituées par de l'amidon méme, elles sont formées par une substance ana- logue et intermédiaire entre la cellulose et l'amidon. M. Cornu fait ensuite la communication suivante : NOTE SUR L'HYPOCREA ALUTACEA Pers.; par M. Maxime CORNU. L'Hypocrea alutacea Pers. est une espèce trés-rare en France. MM. Tulasne ne l'ont pas rencontré dans leurs nombreuses excursions au milieu des montagnes. M. Quélet m'a dit qu'il l'avait trouvé un trés-petit T. XXVI. (SÉANCES) 2 34 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nombre de fois: Fuckel (Symbol. Mycol. p. 185) l'indique comme trés rare dans sa région. M. Tulasne, pour l'étudier, dut recevoir des échantil- lons vivants et frais recueillis à Batheaston par M. C.-E. Broome, le myco- logue anglais bien connu par ses nombreux travaux en collaboration avec l'illustre Berkeley et par son extréme obligeance. Cette plante souléve une difficulté assez malaisée à résoudre. Par sa forme extérieure verticale et dressée, par sa disposition claviforme et les conceptacles qui recouvrent le stroma, on pourrait la considérer comme un Torrubia ; mais la forme des spores, l'aspect général, la eoloration, la rap- procheraient davantage des Hypomyces et de certains Hypocrea exotiques. M. Tulasne, qui l'a décrite et figurée (Carp. t. IH, p. 35, tab. 1v, fig. 1-6), la rapproche des Hypomyces lateritius Fr. et Lactifluorum Schw., et admet que le stroma n'est pas dû au Champignon lui-même, mais en grande partie au substratum sur lequel il se développe. Il pense en effet que le Cla- varia Ligula Schiff. est envahi par un Champignon qui le déforme nota- blement, comme cela a lieu pour le Lactarius deliciosus, quoique à un inoindre degré, et qu'il se couvre aussi d'une fructification ascophore qui lui est étrangére. La séparation des deux mycéliums par l'observation au microscope, déjà fort difficile quand il s'agit du Lactarius deliciosus et de son para- site, serait évidemment des plus difficiles et des plus délicates, car ici le tissu de la Clavaire n'est pas spécial comme celui des Lactaires ; il n'est pas muni de ces cellules particuliéres diversement situées et rayonnantes autour des laticiféres assez réguliérement disposés ; il n'y a qu'un mycé- lium formant un corps solide par la réunion et la soudure de ses filaments, qui sont fort ténus. Dans une excursion faite aux environs de Pontarlier, l'année derniére, avec nos confréres MM. Roze et Grillet, j'ai rencontré un certain nombre de pieds d'Hypocrea alutacea. C'était dans les parties boisées situées non loin du fort de Joux, dans des localités fort riches. L'Hypocrea fut immé- diatement reconnu, et je priai M. Grillet, qui à ce moment était proche, de vouloir bien m'aider à chercher le Clavaria Ligula. L'Hypocrea était en belle place, croissant sur des amas épais d'aiguilles de Sapin (Abies picea) formant un sol très-propice au développement des Champignons ; le sol élait horizontal et n'était pas recouvert de Mousses, Nous avons recueilli ` une vingtaine d'échantillons d'Hypocrea : ils étaient en général isolés et rarement groupés par deux; beaucoup plus hauts que ceux qui ont été ligurés par M. Tulasne, ils avaient de 5 à 7 centimétres. La partie renflée présente des points nombreux orangés ou plutót couleur de brique. L'analogie avec l' Hypomyces lateritius est assez grande, au moins du pre- mier coup d'oeil et extérieurement. Je cherchai avec soin si nous ne trouverions pas quelque Clavaire plus ou SÉANCE DU 24 JANVIER 1879. 35 moins analogue à notre Clavaria pistillaris, dont le Cl. Ligula est comme une réduction; nous n'en avons pas trouvé trace, ni cette fois-là, ni dans les excursions suivantes. Faut-il admettre que tous les échantillons de Clavaria ont été déformés par le parasite? Cela parait bien peu probable. Notons en outre qu'en Angleterre, d’où venaient les échantillons de M. Broome, le Clavaria Ligula n'existe pas, du moins il n'est pas signalé par M. Cooke dans ses Bristish Fungi. et Fries insiste. spécialement sur l'absence de cette espèce dans ce pays (Hym. Europ. p. 616) : « Deside- ratur in Britannia. » Pensant que cet Hypocrea serait peut-être parasite sur une larve ou sur une Tubéracée, j'ai déraciné la plante avec précaution, en enlevant tout le substratum à une assez grande profondeur et en enlevant ensuite piece à pièce les aiguilles de Sapin. M. Grillet voulut bien se joindre à moi ; malgré nos efforts, nous n'avons rien trouvé. La rencontre inespérée du Mitrula cucullata sur les aiguilles accu- mulées de l'Épicéa à Fontainebleau avait attiré mon attention sur cette plante qui est décrite et représentée dans le Carpologia comme venant dans des conditions semblables ; je l'avais déjà cherchée, ainsi que le rare Xylaria bulbosa, envoyé aussi d'Angleterre à M. Tulasne par M. Broome. Peut-étre, malgré nos recherches infructueuses, cette espéce est-elle parasite, mais le substratum spécial pourrait avoir disparu à l'époque de la maturité. Cependant il faudrait réellement le prouver ; quoi qu'il en soit, je ne pense pas qu'on puisse la regarder comme développée aux dé- pens du Clavaria Ligula. Doit-elle rester dans le genre Hypocrea, ou, comme Fries l'avait placée, doit-elle retourner dans le genre Cordyceps ou Torrubia? ll y a un certain nombre d'Hypocrea exotiques, claviformes de méme, et que l’on rencontre sur des substratums divers; il y en a de développés, les uns sur du bois, d'autres sur de l'humus : il semble que, parmi ces espèces, lH. alutacea ne serait pas déplacé, On sait qu'il y a, chez les Hypoxylés, des Xylaria parasites sur le bois mort, et d'autres formes qui sont humicoles ou fimi- coles. Certaines d’entre elles, ainsi que M. Tulasne le fait remarquer lui- méme (Carp. II, p. 21), présentent des transitions avec les Hypocrea. Le Xylaria compuncta Jungh.) est dans ce cas et se rapproche un peu de notre plante. Les Torrubia ou Cordyceps sont bien plus franchement parasites sur des végétaux ou des animaux vivants ou récemment morts, et notre plante, par le substratum qu'elle choisit, humus ou produit. organique décomposé, s'en éloigne certainement ; elle s'en éloigue comme d'ailleurs aussi par les caractéres énoncés plus haut (spores et port général). Nous la maintiendrons done dans le genre Hypocrea, et en signalant que, chez les Xylaria, il y a déjà des espèces qu'on pourrait vraisemblablement en rapprocher. 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la derniere séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce le décés de M. Waters, membre de la Société, et fait connaitre une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : Joseph Arévalo y Baca, Catalogus seminum in horto botanico Valen- tino, anno 1818 collectorum. R. Braungart, Geobotanisch-landwirthschaftliche Wanderungen in Bóhmen. Lecture est donnée de la lettre suivante adressée par M. Malinvaud, bibliothécaire. J'ai recu, pour la bibliothéque de la Société, un don aussi important qu'inattendu : la Partie botanique du Voyage de la corvette l'Astrolabe, exécuté pendant les années 1826 à 1829 sous le commandement de Dumont d' Urville. Cet ouvrage, publié à Paris en 1832-1834, se compose de deux volumes grand in-8° de texte, par A. Richard, et d'un bel atlas de 78 planches in-folio, représentant la plupart des espéces nouvelles découvertes pendant ce Voyage autour du monde. Le premier volume de texte comprend un Essai d'une Flore de la Nouvelle-Zélande, dans lequel sont décrites 379 espèces; dans le second volume se trouve le Sertum astrolabianum (Description des espèces nouvelles ow peu connues recueillies pendant la circumnavigation de l Astrolabe). Cet ouvrage con- sidérable, depuis longtemps épuisé en librairie, est, par le nombre des descriptions originales qu'il renferme et par le nom du savant botaniste qui les a faites, l'un des plus précieux qu'on puisse consulter pour l'étude des plantes exotiques. Il nous est généreusement donné par M. Albert Vendryés, attaché au Ministère de l'Instruction publique. Je saisis cette occasion de signaler à la reconnaissance de la Société les nombreux ser- vices que lui a déjà rendus M. Vendryés, soit par ses avis opportuns au sujet des ouvrages utiles pour notre bibliothéque dontle Ministére pouvait disposer en notre faveur, soit par son obligeante intervention pour nous 6 SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879. y7 les faire obtenir. — Il appartient à M. le Président de décider sous quelle forme il jugera convenable de faire parvenir à M. Albert Vendryès, au nom de la Société, l'expression de sa vive gratitude. M. le Président décide qu'une lettre de remerciments sera, à cette occasion, adressée à M. Vendryès. Il lit ensuite une lettre circulaire de M. le Ministre de l'Instruction publique relative à la prochaine réunion des délégués des Sociétés savantes. M. Van Tieghem fait la communication suivante : SUR LES PRÉTENDUS CILS DES BACTÉRIES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. On sait que les Algues dela famille des Bactéries, tantót se meuvent dans le liquide où elles se développent, tantôt au contraire y demeurent immo- biles. Cela dépend sans doute des conditions du milieu, sans qu'on puisse toutefois dire avec quelque précision quelle condition excite et quelle autre empêche le mouvement. Certaines espèces (la plupart des Micrococ- cus, le B&cillus anthracis, etc.) ne sont connues qu'à l'état d'immobilité ; d'autres, bien voisines (le Bacterium Termo, le Spirillum volutans, etc.), sont d'ordinaire à l'état de mouvement ; d'autres enfin (le Bacillus Amy- lobacter, etc.) sont tout aussi fréquemment mobiles que fixes. Chez ces dernières, il arrive très fréquemment que dans une chaine d'articles se déplacant au sein du liquide, c'est le premier article seul qui se meut en entraînant tous les autres à sa suite. Ainsi cette motilité du corps, à laquelle on attachait autrefois une grande valeur, que l'on regardait méme comme pouvant caractériser l'animal par rapport à la plante et qui a décidé bien des auteurs à placer les Bactéries mobiles parmi les Infusoires, se montre à nous aujourd'hui comme un caractère trés variable, et par consé- quent d'importance trés secondaire. Il n'en est pas moins intéressant de chercher à quelle cause le mouve- ment des Dactéries doit étre rapporté, quand il existe. C'est toujours, en dernier ressort, à la contractilité du protoplasma qu'il faut s'adresser, bien entendu. Mais cette contractilité peut se manifester de deux maniéres différentes. Ou bien c'est le protoplasma intérieur à la membrane, le corps protoplasmique de la cellule, qui se contracte tout entier et détermine le mouvement. Ceci n'exclut pas, naturellement, la possibilité pour la membrane de porter à sa surface certains prolongements filiformes de composition chimique ternaire comme elle, et qui suivront passive- ment les mouvements propres du corps. J'appellerai appendice un pareil v 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. prolongement appartenant à la membrane et, comme elle, passif dans le mouvement. Ou bien c'est un protoplasma extérieur à la membrane, un prolongement du corps protoplasmique de la cellule à travers la membrane, qui se con- traete seul ; le corps de la cellule ne fait que suivre passivement le mouve- ment. J'appellerai, suivant l'usage recu, cil vibratile, ou plus brièvement cil, un pareil prolongement du protoplasma, de nature azotée comme lui et actif dans le mouvement. A priori, l'existence d'une membrane continue de cellulose autour du corps protoplasmique des Bactéries parait devoir exclure ce second mode de mouvement. C'est à lui cependant que semblent venir préter appui tous les faits acquis jusqu'ici à la science et que je vais brièvement rappeler. Des prolongements terminaux ont été en effet observés : par Ehrenberg en 1838, sur son Ophidomonas jenensis, qui, d'aprés M. Cohn, serait un Spirillum, et sur son Bacteriun triloculare, qui est sans doute un Bacillus (4); par M. Cohn en 1872, sur le Spirillum volutans (2) ; par MM. Dallinger et Drysdale en 1875, sur le Bacterium Termo (3); par M. Warming en 1876, sur les Bacterium sulfuratum, Vibrio Rugula, Spirillum Undula (4); par M. Koch enfin en 1877, sur divers Bacterium, Bacillus et Spirillum (5). M. Koch a publié pour la première fois de bonnes photographies de ces plantes, faites sur l'état sec, et où les prolongements sont trés nettement marqués, et il a donné en méme temps un moyen de les mieux voir, qui est de les colorer en brun par une solution aqueuse d'extrait de Campéche. Comme on le voit par les observations de MM. Warming et Koch, il n'y a ordinairement qu'un seul prolongement à chaque sommet, mais quelque- fois il y en a deux ou trois; parfois aussi l'une des extrémités en est dépourvue, tandis que l'autre en a un, ou bien elle en a un pendant que l'autre en a deux ou trois. De mon côté j'ai observé ces prolongements sur divers Bacillus, et notamment sur le B. Amylobacter, dont l'étude m'occupe depuis longtemps. Immobiles, les articles n'ont pas de prolongements. Mobiles, ils en ont souvent un à chaque extrémité; mais il n'est pas rare d'en voir qui n'en possèdent qu'à un seul bout, et d'autres qui en sont complètement dépour- vus. J'aurai à revenir plus loin sur cette observation. Ainsi l'existence fréquente de ces prolongements terminaux, quand la (1) Infusionthierchen, 1838, p. 76, tab. V, fig. 1 et 2. (2) Cohn, Beiträge, 1872, Bd. I. Heft 2, p. 183. (3) Monthly Microscopical Journal, septembre 1875. (4) Videnskabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjóbenharn,. 1875, n° 20-28. (5) Cohn, Beiträge, 1877, Bd. 1I, Heft 3, SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879. 39 cellule est mobile, est désormais acquise à la science. Mais sont-ce des cils, c'est-à-dire sont-ils des dépendances du protoplasma, de nature azo- tée et actifs dans le mouvement? Qu bien sont-ce des appendices, c'est-à- dire sont-ils des dépendances de la membrane, de nature ternaire et passifs dans le mouvement? Il ne semble pas qu'aucun des auteurs dont il a été fait mention plus haut se soit seulement posé la question ; tous ont, sans hésiter, considéré ces prolongements comme des cils vibratiles. La chose ayant paru à tous évidente, aucun n'a cherché à la démontrer. Il eût fallu, pour cela, prouver que ces prolongements sont doués de mouvement propre et qu'ils sont de nature protoplasmique. Or, ayant la méme réfringence que l'eau, ils ne s'y voient pas ou s'y voient trés mal, et les mouvements qu'on y apercoit, pen- dant que le corps de la cellule se déplace, peuvent tout aussi bien leur étre communiqués par lui. C'est à l'état sec que M. Koch les a observés et photographiés. D'autre part, personne ne s'est occupé de savoir s'ils sont de nature azotée ou non. La question n'est donc pas résolue. Je me suis proposé de l'étudier en prenant pour objet principal le Bacillus Amylobacter observé aux divers phases de son développement. Considérons un article de ce Bacillus, immobile et en voie d'allongement. Il est tout enveloppé d'une gaine gélatineuse, plusou moins épaisse suivant les circonstances, qui contourne ses deux sommets sans y former de pro- longenients ; elle provient de la gélification de la couche externe de la membrane de cellulose. Aprés s'étreallongé, le bàtonnet se divise en deux ; la cloison transversale ne tarde pas à gélifier sa lamelle moyenne, qui se gonfle et sépare les deux articles, en venant rejoindre tout autour la gaine gélatineuse. À la longue, ce disque gélatineux interposé se distend de plus en plus, puis se dissout en son milieu; les deux cellules sont alors entiérement libres, et l'étui gélatineux se continue au-dessus de chaque extrémité. Supposons maintenant qu'il y ait mouvement, et voyons quel change- ment cette circonstance va introduire dans les phénoménes qui suivent le cloisonnement. Le disque gélatineux se forme encore, mais il ne tarde pas à étre étiré de plus en plus par la traction de celui des deux articles qui se meut seul et par la résistance de l'autre, qui est entrainé. Les deux cellules se déplacent alors ensemble, séparées par une distance qui peut devenir plus grande que leur propre longueur, mais rattachées l'une à l'autre par un fil invisible à l’œil. Enfin ce fil se rompt vers son milieu, laissant, à cha- que bout des deux articles désormais libres, un prolongement effilé. Si les choses se passaient ainsi à chaque bipartition nouvelle, il est facile de voir que tout article devenu libre aurait un prolongement à chaque extré- mité. Mais il arrive aussi de temps en temps que le fil se rompt au voisi- 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nage d'un des points d'attache; d’où l'existence. d'articles à un seul prolongement et d'articles qui en sont entièrement dépourvus, quoique parfaitement mobiles. Enfin si le lien gélatineux, avant de se rompre en travers, se fend en long, on observera deux ou trois prolongements insérés au méme point sur le sommet correspondant. L'action des réactifs vient confirmer la nature de ces prolongements. telle qu'on peut déjà la déduire du mode de formation que je viens d'exposer. Ni l'iode, ni les différents principes colorants dérivés de l'aniline, le violet d'aniline par exemple ou la fuchsine, ne colorent ces prolongements, tandis qu'ils teignent trés fortement le corps protoplasmique de la cellule qui les porte. M. Koch, qui a fait de son cóté cette observation avec les couleurs d'aniline, avec le carmin et l'hématoxyline alunée, constate avec quelque étonnement ce résultat négatif (loc. cit. p. 419). Ils ne présentent donc pas les réactions caractéristiques des substances protoplasmiques. Au contraire, la solution aqueuse d'extrait de campéche et le liquide cupro- ammoniacal, qui, dans le Leuconostoc par exemple, colorent la matiére gélatineuse, la premiére en brun, la seconde en bleu, colorent de la méme manière les prolongements en question, ainsi que l'étui gélatineux où ils s'attachent. Ils offrent donc les réactions du principe ternaire dextrinique qui provient de la transformation de la cellulose. Pour toutes ces raisons, je crois donc devoir considérer les prolonge- ments terminaux observés par moi sur les divers Bacillus, et notamment sur le Bacillus Amylobacter, et en méme temps ceux qui ont été signalés par divers auteurs dans les autres genres de Bactéries, non comme des cils vibratiles de nature protoplasmique et doués d'une motilité propre, mais comme des appendices gélatineux de nature ternaire, entiérement passifs dans le mouvement. Ils sont des dépendances, non du corps proto- plasmique dela cellule, mais de sa membrane, dont ils continuent la gaine gélatineuse; on peut les comparer à ces appendices gélatineux que les spores des vrais Sordaria portent à côté du pore germinatif et au bout de la queue. J'attribue donc ici le mouvement de la cellule à la contraction de son corps protoplasmique tout entier. Pour qui a observé attentivement le déplacement de ces chaines de Bacillus dont il a été question plus haut, formées de plusieurs articles dont le premier seul se meut en remorquant les autres, la chose parait certaine, tant est frappante la différence d'allure entre ce premier article souple, qui se déforme sans cesse, et les autres, rigides, qui se balancent tout d'une pièce à sa suite. Si la première cellule était mue par un cil, elle offrirait le méme aspect que les autres. Comme preuve derniére et qui semble décisive, je rappellerai enfin l'observation mentionnée tout à l'heure, où des articles d Amylobacter en mouvement trés actif se sont montrés, aprés leur dessiccation, entiérement dépourvus de prolongement terminal. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1870. 4A Il n'en est pas moins vrai qu'entre l'existence de ces appendices inertes et la motilité des cellules qui les portent, il y a une relation de cause à effet, Mais cette relation a lieu précisément en sens inverse de ce qui est admis. C'est le mouvement qui précède la formation de l'appendice et qui la détermine ; l'appendice est l'effet, non la cause du mouvement. Aussi, cet effet n'étant pas nécessaire, l'appendice peut-il manquer. Si les remarques qui précédent offrent quelque intérét, c'est surtout au point de vue de la place qui revient à la famille des Bactéries daus le Système naturel. On sait que, dès l'année 1872, M. Cohn a très judicieuse- ment fait ressortir non-seulement les ressemblances générales de la famille des Bactéries avec celle des Phycochromacées, mais encore les affinités spéciales de chacun de ses genres avec les genres correspondants de la famille voisine. J'ai pu récemment, en faisant connaitre à la Société les caractéres du Leuconostoc (Ascococcus mesenteroides Cienk.) qui constitue ce qu'on appelle la gomme de sucrerie, apporter un élément de plus à cette comparaison et à ce groupement paralléle; le Leuconostoc est eu effet un Nostoc à cellules plus petites et incolores. Or la découverte de ces prolongements, si on les considére comme des cils, et par suite l'existence générale du mouvement ciliaire dans les cellules qui composent le corps végétatif des Bactéries, viennent singuliérement troubler ce voisinage. Aucune Phycochromacée, en effet, ne possède de cils vibratiles sur les cellulles qui composent son corps végétatif; le mouve- ment, quand il s'y manifeste, est toujours dû à la contraction totale du corps protoplasmique de la cellule. Par là les Bactéries s'éloigneraient donc assez profondément des Phycochromacées, à qui elles ressemblent par tant d'autres caractéres, pour se rapprocher des Monades, et par elles, des [nfusoires flagellés. L'union renaît plus intime, au contraire, si, comme je crois l'avoir établi, les prolongements en question sont des appendices inertes, et non des cils vibratiles. M. Cornu demande ensuite la parole : Les raisons qui viennent d'étre données contre le mouvement des Bac- téries, en tant que produit par des organes propulseurs ciliaires, peuvent étre combattues par une comparaison tirée du groupe des Oscillariées, comparaison qu'invoque M. Van Tieghem. L'analogie des Oscillariées avec les Bactéries est évidente; il est certain aussi que chez les premières, dans certains cas, nombreux d'ailleurs et bien souvent étudiés, il est impossible d'attribuer le mouvement à autre chose qu'à un protoplasma diversement contracté. En dehors des Oscillaires, très connues, on peut citer la forme reproductrice mobile si bien étudiée par MM. Bornet el Thuret, et qui a reçu le nom d'hormogonies. Je saisis A9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. celte occasion pour rappeler qu'aux conférences de Cryptogamie au Muséum, j'ai pu, dans nombre de genres, les faire voir à plusieurs de nos confréres au souvenir desquels je fais appel aujourd'hui. Les hormo- gonies n'ont pas de cils. Le curieux Spirulina, que j'ai rencontré aux envi- rons de Montmorency, n'en a pas non plus, et il présente de grandes ana- logies avec les Vibrio proprement dits. Ceci semble donc confirmer l'opinion qui vient d'étre émise. Mais on peut ajouter des faits contraires. Les figures données par M. le D' Koch, et qui sont des photographies, donnent des cils une repré- sentation qui rappelle singulièrement les cils des anthérozoides des Mousses par exemple, qu'on a laissés sécher sur une lamelle de verre : pour ces derniers, c'estla maniére la plus facile de les voir, et ils prennent uñe disposition spéciale en se desséchant, sous l'influence de leurs der- niers mouvements, disposition qui parait peu compalible avec l’hypothèse d'une trainée de mucilage. M. Warming, dans son mémoire sur les Bactéries des cótes de Danemark, a représenté (texte danois), dans plusieurs planches, des Bactéries avec des cils ; il a figuré ces cils en mouvement, et méme plusieurs cils à cer- taines extrémités : quoique cela soit un peu vague dans ma mémoire aujourd'hui, je me rappelle nettement ce point précis. Nous avons parlé plusieurs fois des Bactéries, nous en avons examiné ensemble au labora- toire du Muséum, et il me semblait considérer leur mouvement comme d'origine ciliaire (1), et les cils comme particulièrement visibles, quand la Bactérie s'arréte ou pivote par l'une de ses extrémités. Mais s'il y a des Oscillariées dépourvues d'organes ciliaires, il y a des genres qui en sont pourvus. On peut citer les Anabaina et Cylindrosper- mum, un bon nombre d'Oscillaria et de Phormidium, notamment l'espèce si communele long des murs humides, que nous appelons Ph. vulgare et qui n'est peut-être que l’Osc. urbica. Ces espèces portent à leur extrémité des touffes de filaments hyalins trés ténus et qui possédent un mouvement propre, que plusieurs de nos confrères ont pu constater au laboratoire du Muséum, mouvement qui est trés lent et spécial pour chaque cil ténu, mouvement individuel de flexion alternative. M. Dornet, interrogé sur ces organes, a été très-perplexe ; il pense avec nous qu'ils ne sont pas des parasites fixés sur la plante, en un point unique de laquelle ils se montrent toujours. Ainsi donc la présence de cils véritables ne rompra pas l’analogie qui (1) Note ajoutée aprés la séance. — En me reportant au compte rendu du mémoire danois, publié ensuite en francais par l'auteur, j'ai pu me convaincre que, bien qu'il ait constaté des cils dans la plupart des formes des Bactéries, M. Warming est très-peu affirmatif sur leur rôle propulseur, qu'il révoque méme en doute. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879, 13 existe entre les Oscillaires et les Bactéries; leur rôle paraît probable d’après les figures publiées par les différents auteurs. M. Van Tieghem répond : Pour ce qui est de la famille des Bactéries, c'est-à-dire de l'objet essentiel de ma communication, M. Cornu, qui avoue n'avoir point observé lui-méme les prolongements en question, se borne à m'opposer des objec- tions tirées des photographies de M. Koch, et des figures de M. Warming que j'ai citées plus haut. Dans les premières, les prolongements sont quelquefois, pas toujours, enroulés sur eux-mémes, tortillés, disposition que M. Cornu affirme avoir été prise sous l'influence de leurs derniers mouvements. Quand cela serait, où est la preuve que ces mouvements soient propres et non communiqués ? Toute la question est pourtant là. Mais il ne faut pas oublier que les photo- graphies de M. Koch ont été faites sur l'état sec, et que ce tortillement s'explique probablement par une contraction inégale pendant la dessicca- tion. On ne peut donc en aucune facon l'invoquer comme une preuve du mouvement propre à l'état vivant. Je relève aussi l'expression traînée de mucilage employée par M. Cornu, comme ne rendant pas du tout le véritable aspect de ces prolongements. Ce sont des filets trés déliés qui, bien que formés de cellulose gélifiée, n'en ont pas moins une assez grande résistance et un contour trés ferme. Dans le travail de M. Warming, certaines figures se rapportent à diverses Monades et sortent de notre sujet, d'autres à des Bactéries. Dans quelques- unes de ces derniéres, des lignes ponctuées indiquent en effet le dépla- cement des appendices observé par l'auteur. Mais si c'est le corps qui se contracte pour se mouvoir, il est bien certain que les appendices qu'il porte oscilleront aussi et méme avec une amplitude plus grande. Sur certaines Bactéries, M. Warming figure en effet plusieurs prolongements groupés au méme sommet. Mais, comme je l'ai dit tout à l'heure, celte plu- ralité peut provenir ici, comme dans les appendices gélatineux des spores de certaines Sphériacées, d'une scission longitudinale pendant l'étirement. Au sujet du mouvement propre de ces prolongements, M. Warming est d'ailleurs bien loin d’être affirmatif. Passons maintenant aux Phycochromacées, et aux objections que M. Cornu adresse à la bréve remarque relative à l'absence de cils vibra- tiles dans cette famille, par laquelle j'ai terminé ma communication. Dans le Phormidium vulgare et les autres Oscillaires qui se compor- tent de la méme facon, le sommet du thalle porte une touffe de prolonge- ments trés ténus, et pendant que cette extrémité se contracte et oscille 44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'un mouvement propre qui n'est contesté ici par personne, ces prolonge- ments se déplacent et se meuvent aussi : voilà le fait. En leur attribuant, à eux aussi, une motilité propre, il est clair que M. Cornu fait une hypothèse inutile. Car, supposons-les passifs ; il est évident que l'extré- mité mobile du thalle va communiquer son mouvement aux divers prolon- gements qu'elle porte, et de telle facon qu'à un moment donné ils se trouveront dans des phases différentes de leur oscillation, et par consé- quent posséderont l'un par rapport à l’autre un mouvement relatif. L'existence de ce mouvement relatif ne prouve done nullement qu'ils jouissent d'une motilité propre, qu'ils sont des cils vibratiles. Ils se com- portent bien plutôt comme des appendices inertes. Le cas du Cylindro- spermum, cité aussi par M. Cornu, où, le sommet du thalle étant devenu immobile, puisqu'il est occupé par une spore, les prolongements qu'il porte ont en même temps cessé de se mouvoir, me semble une preuve de plus à l'appui de cette opinion. ' M. Cornu sait-il si ces prolongements sont azotés, de la nature du protoplasma, comme sont tous les cils vibratiles, ou seulement ternaires, de la nature de la membrane? M. Cornu s'étonne que M. Van Tieghem conteste l’analogie des Bactéries agiles avec les hormogonies, qui sont certainement une forme homologue. Les Oscillaria peuvent se segmenter directement en fragments agiles, qui ne sont autre chose que des hormogonies, comme les Leptothrix donnent des Bactéries ; cette division hormo- gonique des Oscillaires n'était pas encore signalée en 1877, et des dessins en ont été montrés alors à M. Bornet : M. Cornu la signale en passant. Dans les Oscillaria et les Cylindrospermum, c'est le thalle lui- méme, quise confond d'ailleurs entiérement avec les filaments reproducteurs (ils le sont tous), qui porte des cils. Quant à l'emploi des couleurs d'aniline comme permettant. de caractériser les substances azotées par rapport au mucilage, des études spéciales sur un grand nombre de ces matières colorantes oni montré à M. Cornu une différence d'action trés importante sur ce point, et il formule les plus expresses réserves. ` M. Roze dit qu'il lui parait impossible de voir les cils vibratiles colorés avec des réactifs, à cause de leur extrême petitesse; il cite à ce sujet les anthérozoides. M. Van Tieghem répond : SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879. 45 D’après M. Roze, les cils vibratiles ne se colorent pas avec les réactifs. Comme les prolongements des articles des Bactéries dont il est question dans mon travail se colorent trés nettement en brun par l'extrait de campéche, ainsi que je l'ai observé aprés M. Koch, et faiblement en bleu par le liquide cupro-ammoniacal, M. Roze doit admettre avec moi que ce ne sont pas des cils vibratiles. M. Roze dépose sur le bureau le mémoire suivant : DIAGNOSES NOUVELLES DE QUELQUES ESPÈCES CRITIQUES DE CHAMPIGNONS, par M. L. QUÉLET. PREMIÉRE PARTIE. Amanita leiocephala DC. est une forme d’ovoidea dont l'anneau fugace, ou oblitéré sous l'influence d'une température sèche, ne forme, au bord du chapeau et sur le stipe, que de légers flocons blancs. Cette pré- tendue espèce a pu donner aussi naissance à Volvaria regia (récemment omis par Fries), par la couleur rosée fugitive des lamelles observée par M. Boudier sur de jeunes spécimens, prés de Menton (nov. 1877). . Lepiota echinata Roth. — Le voile floconneux et olive bistré, les lamelles pourpres pálissantes, la spore olivàtre et ditphane, et l'odeur de beaucoup de Lepiota (Friesii, hematosperma, cristata, etc.), montrent que cette curieuse espèce a sa place naturelle prés du Lepiota seminuda, non loin de son ancien voisin Ps. hematosperma (Bull). — Champ. Jura et. Vosg. III, pl. I, fig. 3, et Note Bull. Soc. bot. 1876, p. 145). Lepiota serena Fr. — Blanc ei fragile. Stipe fistuleux, gréle, élancé (0",05-6), glabre, blanc puis grisàtre; base ovalaire. Anneau médian, entier, membraneux, mince, finement crénelé, glabre, retroussé et caduc. Chapeau mince, campanulé puis étalé (0",02-3), glabre puis soyeux et striolé au bord. Lamelles libres, assez serrées, ventrues. Spore (0"",01) ellipsoide, biocellée. Automne. — En fascicules sur l'humus des vergers ; sur la tannée avec L. Cepæstipes. Tricholoma inamænum Fr. — Stipe fibro-charnu, long, gréle, prui- neux et villeux, blanc. Chapeau charnu, convexe mamelonné (0",03-5), sec, glabrescent, d'un blanc-créme sale, à la fin gercé-aréolé et ocracé grisàtre. Chair ferme, épaisse au centre, blanche, à odeur des T. sulfu- reum. et Bufonium. Lamelles fortement émarginées et uncinées, planes, larges, épaisses, espacées et blanches. Spore (0"",01) pruniforme, courte, ocellée. A6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Été. — En troupe dans les foréis de Sapins du Jura, — Trés voisin des T. sulfureum et Bufonium, dont il ne parait être qu'une variété et dont il doit partager lesqualités suspectes. Tricholoma arcuatum Bull. (cognatum Fr.). — Stipe fibro-charnu et mou, fibrilleux, blanc ocracé, concolore. Chapeau charnu, convexe, (0",05-8), mou, café au lait, argileux. Chair humide argileuse. Lamelles larges, assez espacées, émarginées et décurrentes par un filet, ocre bistré ou concolores. Spore (0"",01) pruniforme, aculéolée. Printemps et été. — Pàturages montagneux du Jura. — Cette espéce ne peut être le T. arcuatum Fr. dont les lamelles sont blanches « candide » (Mon. Hym.), tandis que celles des figures de Bulliard sont ocracées. Tricholoma oreinum Fr. — Stipe fibro-charnu, rigide, assez grèle, pruineux au sommet, blanc ; base semi-bulbeuse. Chapeau charnu, convexe, orbiculaire (0",03-5), glabre, sec, bistré clair ou un peu cendré. Chair légère blanche et douce. Lamelles élégamment émarginées, uncinées, serrées, minces et blanches. Spore (0"",008) pruniforme, aculéolée. Été. — En troupe dans les forêts et les pâturages du haut Jura. — Comestible. Trop voisin de T. humile. Clitocybe tuba Fr. — Stipe creux à la fin, tenace, glabre et blanc. Chapeau mince, convexe ombiliqué (0",05), uni, glabre, blanc hyalin blanchissant. Lamelles horizontales, longuement décurrentes, serrées, blanches passant au blanc-crème. Spore ovoide (077,008), pointillée. Été-automne. — En cercle dans les sapiniéres du Jura. Clitoeybe gallinacea Scop. — Slipe plein, tenace, incurvé, strié, fari- neux et blanc. Chapeau convexe puis déprimé (0",015), pruineux, hygro- phane, blanchissant par le sec. Chair mince, blanche, amarescente. Lamelles minces, adnées à peine déeurrentes, peu serrées, blanches. Spore ovoide pruniforme (0"",006), subtilement aculéolée. Fin automne. — Dans les vieilles souches (Saule) des foréts des col- lines du Jura. Collybia nummularia Lam.? — Stipe fistuleux, trés grêle, courbé, tenace, glabre, blanchàtre ou bistré à la base. Chapeau orbiculaire, con- vexe plan (0",01-2), mince, hygrophane, blanchàtre blanchissant, avec une tache ombilicale fauve clair. Lamelles sinuées-libres, étroites, fine- ment denticulées et blanches. Spore (0"",007) ovoide-allongée. Eté. — En troupe sur les troncs moussus (Chêne). Collybia clusilis Fr. — Stipe fistuleux, grêle, tendre, satiné, paille grisonnant, cotonneux et blanc à la base. Chapeau hémisphérique ombili- qué (0703-3), soyeux, hygrophane, gris ocracé pålissant; marge arrondie el striolée. Chair blanchâtre, inodore. Lamelles adnées, espacées, très-larges, semi-circulaires, blanc-créme. Spore (0"",008) ovoide, ocellée. Automne. — En troupe dans les bruyéres sablonneuses des Vosges. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879. 47 Collybia acervata Fr. — N'est que la variété cespiteuse des Conifères, de Marasmius erythropus. P. A. et S. ne séparaient pas non plus ces deux formes. Omphalia ventosa Fr. — Stipe tubuleux, fragile, épaissi et cotonneux à la base, glabre, concolore pâlissant. Chapeau submembraneux, infundibu- liforme (07,03), glabre puis ondulé, flasque, hygrophane, roux incarnat, puis bistré et pâlissant, luisant; marge striée. Lamelles trés-décurrentes, peu serrées, incarnat blanchâtre. Spore (0"",005) ovoide. Été. — En troupe dans les bois de Coniféres. — Je l'ai d'abord pris pour une forme luxuriante de O. pyxidata. Omphalia detrusa Fr. — Stipe ferme, plein puis creux, atténué vers le bas, glabre, gris páàlissant. Chapeau peu charnu, convexe oubiliqué (0",02-3), glabre, cendré obscur; marge souvent ornée de zones prui- neuses gris clair. Lamelles adnées, à peine décurrentes, assez serrées, bistre clair ou grisâtres. Spore (0"",006) ovoide-sphérique, aculéolée. Automne. — Dans les foréts de la plaine. — Aspect d'un Collybia hy- grophane et peu caractérisé. Omphalia umbratilis Fr. — Stipe fistuleux, bistre, noir à la base. Chapeau submembraneux, ombiliqué cyathiforme (0",01), strié, bistre noir, grisonnant. Lamelles décurrentes, gris bistre. Spore pruniforme (0"", 008), finement aculéolée. Automne. — En troupe sur les tas de terre des fossés et des chemins. — Trop voisin de O. rustica. Omphalia sphagnicola Berck. — Variété de Philonotis ocracée fuligi- neuse et parsemée de trés-fines méches. Été. — Dans les tourbiéres du Jura. Mycena sudora Fr. — Stipe subfiliforme (07,08), dur, à peine fistu- leux, radicant, glabre et blanc. Chapeau membraneux, campanulé (07,02), mamelonné, strié, ridé par le sec, diaphane, visqueux, blanc de lait. Lamelles espacées, assez épaisses, adnées, blanches puis incarnat rosé. Spore (077,015) ovoide-pruniforme, granuleuse. Automne. — Sur les souches ou les feuilles mortes des forêts de la plaine. Pleurotus geogenius DC.? — Charnu, compacte, en éventail ou demi- entonnoir, oblique (0",06-9), recouvert d'une couche gélatineuse, gris jaunâtre ou bistré, pruineuse et veloutée. Chair ferme, blanche, douce et inodore. Stipe latéral, canaliculé, concolore et velouté. Lamelles décur- rentes, étroites, serrées, fourchues et blanches. Spore (0"",008) pruni- forme allongée. Été. — Epars au pied des souches dans les foréts des collines juras- siques. | Pleurotus porrigens P. — Sessile et résupiné, puis dilaté latéralement 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. en oreille (0",03-8), tenace, mince, pruineux, tomenteux à la base, blanc éclatant. Chair dure, fragile et blanche. Lamelles décurrentes, souvent ramifiées, serrées, très-étroites, blanches puis blanc-créme. Spore ovoide- sphérique (077,006). Été-automne. — Sur les souches de Coniféres (Vosges). Pleurotus chioneus P. — Bianc de neige, latéral puis retourné, or- biculaire-réniforme (0",005), mince, floconneux. Lamelles ténues, serrées, irradiant autour d'un stipe filiforme, incurvé, court (1-2"") puis oblitéré. Spore pruniforme (0"",01), très-allongée et blanche. Automne. — Groupé sur les ramilles dans les forêts de la plaine. — Plus délicat que A. septicus, il ressemble à C. variabilis. Volvaria speciosa Fr. — Stipe fibro-charnu, plein, atténué vers le haut, dilaté au sommet, bulbeux, énucléable, striolé; pubescent tomen- teux et blanc. Volva membraneuse, molle, villeuse et blanche. Chapeau charnu, campanulé puis aplati et mamelonné (07,15), glutineux, glacé par le sec, gris puis jaunâtre au centre avec la marge unie et blanc de lait. Chair molle, soyeuse, satinée dans le stipe, blanc de neige, à odeur vi- reuse. Lamelles arrondies, écartées, ventrues, incarnat rougeâtre. Spore pruniforme, (0"7,015 -18), rose fauve. Été. — Lieux vagues (sciure et houille), Jura. Vénéneux. — Je le re- garde comme une variété blanche du V. pubescens Schum. Volvaria media Schum. — Stipe plein, aminci vers le haut, glabre et blanc; volva membraneuse, lobée. Chapeau campanulé convexe (0",03-5), visqueux puis glacé et blanc. Chair blanche. Lamelles écartées, ventrues, larges, blanches puis incarnat obscur. Spore (077,02) ellipsoïde, rosée. Printemps. — Bois de Saules et de Frénes en Algérie. Annularia lævis Kr. — Stipe séparable, fistuleux, à moelle flocon- neuse, atténué vers le haut, striolé, satiné et blanc. Anneau membraueux, soyeux. Chapeau campanulé convexe (0",08-5), glabre puis finement gercé-floconneux, blanc. Lamelles minces, serrées, molles, libres, d’un blanc rosé. Spore pruniforme (0"",01), ocelléeet rosée. Eté-automne. — Prés et chemins sablonneux. — La Rochelle (G. Ber- nard). Je n'y vois qu'une forme de Lepiota naucina dont la spore et les lamelles sont plus rosées par uu climat plus chaud. (Champ. Jura et Vosg. T1, 35, et Bull. Soc. bot. 1876, p. 143.) Pluteus ephebcus Fr. — Stipe plein, rigide, fibreux, striolé, satiné et blanc, renflé, subfloconneux, gris lilacin à la base. Chapeau convexe plan (0",05-7), finement frisé-granulé, bistre violacé. Lamelles très écartées, ventrues, blanches puis incarnat rosé. Spore (07",006-8) ellip- soide-sphérique, ocellée, incarnate. Été. — Sur l'humus des bois de la plaine. — Intermédiaire entre les P. umbrosus et plautus. SÉANCE DU 1^4 FÉVRIER 1879. 40 Entoloma ameides. Berk. — Décrit sous le nom de turbidus (Champ. du Jura, I, p. 85). Entoloma turbidum. Fr. — Stipe creux, fissile, tordu, gris argenté, Chapeau campanulé (0",1), glabre puis fendillé, gris bistre; marge mince, striée et droite. Lamelles larges, émarginées ou libres, serrées, ondulées et grises. Spore polygone (0"",01), rose rouillé. Eté. — Dans les prés et les clairières du Jura. Entoloma costatam. Fr. — Stipe creux, fibrilleux, grisàtre, avec le sommet floconneux et blanc. Chapeau convexe, (0",1), bosselé, glabre, hy- grophane, bistre grisonnant. Chair grise puis blanche, à odeur de moisi. Lamelles larges, émarginées, ondulées, paille bistré, ornées de fines cótes transversales blanches. Spore polygone arrondie (0"",012), pourprée. Automne. — Cespiteux dans les prés humides. — Jura. Clitopilus mundulus Lasch. — Stipe plein, court, villeux, gris jau- nàtre, cotonneux, filamenteux et blanc à la base. Chapeau convexe puis cyathiforme (0",05-8), souvent faiblement mamelonné, mince, tenace, grisàtre puis fuligineux et rayé-tessellé de bistre; marge festonnée prui- neuse et blanche, tachée de noir par le froissement ainsi que les lamelles. Chair spongieuse, blanche puis grisàtre-paille, trés-amère ; odeur de fruits. Lamelles étroites, décurrentes, serrées, paille grisàtre puis gris bistré. Spore (077,006) ovoide, incarnate. Été. — En cercle dans les sapiniéres des collines vosgiennes. — Me parait étre une variété du C. Pseudo-Orcella. Eecilia carneo-alba With. — Stipe grêle, à peine creux, striolé, satiné et blanc, cotonneux à la base. Chapeau convexe ombiliqué (07,03), mince, villeux, hygrophane, blanc, souvent roussâtre ou bistré au milieu. Lamelles adnées-décurrentes, ténues, longtemps blanches puis incarnates. Spore (0"",012) polygone sphérique. . Été-automne. — Dans les bois humides des environs de Paris. Nolanea proletaria Fr. — Stipe fistuleux, tendre, fragile, fibrillo-strié, grisàtre. Chapeau campanulé convexe (0",03-4), membraneux, hygro- phane, soyeux, grisâtre, argenté par le sec, finement velouté et brun au sommet. Lamelles adnées, larges, grisàtres puis incarnat sale. Spore poly- gone, globuleuse (0"",01), rosée et ocellée. Été. — Dans les plantations de Coniféres moussues. — Moins élancé et plus large que pascua. Pholiota caperata. P. — Stipe fibro-charnu, fragile, strié fibrilleux, peluché au sommet et souvent muni d'une pellicule volviforme à la base; anneau membraneux, strié, distant, souvent oblique et déchiré. Chapeau campanulé convexe (0",06-8), charnu, variant du jaune-abricot (Secretan) ounankin mat au citrin-paille lustré, couvert d'un voile blanc, farineux- aranéeux et incrusté au sommet, floconneux et caduc sur la marge amincie T. NXVL (SÉANCES) 4 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ridée-sillonnée, et fissile. Chair fragile, humide, blanchàtre, prenant en méme temps que le stipe et Panneau une teinte jonquille. Lamelles unci- nées adnées, dentelées, jonquille clair puis ocracées. Spore (0"",015- 0,02) pruniforme, lancéolée, ocracée, Été-automne. — Isolé ou en troupe dans les forêts sablonneuses. — Jura et Vosges. Environs de Paris (E. Roze), dans la Marne (C. Richon). — Parait très voisin de P. phalerata. Pholiota unicolor Fl. d. — Stipe gréle, allongé, fistuleux, concolore ou brun bistre en bas ; anneau membraneux, mince, distant, blanc-jon- quille. Chapeau submembraneux, campanulé convexe (0",01-2), mame- lonné, glabre, hygrophane, strié, fauve rouillé pàlissant. Lamelles adnées, ventrues, larges, minces, ocracé clair puis fauve safrané avec un fiu liséré blanc. Spore pruniforme (0"",012), jaune fauve. Automne. — En troupe dans les bois de Coniféres humides, — Très voisin des formes gréles de marginata et de mycenoides. Pholiota tubereulosa Schæff. — Stipe creux, incurvé, fibrillo-flocon- neux, jaune fauve, brun en bas, bulbeux et radicant. Anneau submem- braneux, réfléchi et caducs Chapeau charnu, convexe (0",03-5), sec, glabre puis finement peluché, jaune fauve. Lamelles sinuées, émarginées, citrines puis safranées avec la marge denticulée et blanche, Spore ellip- soide (0"",008), fauve. Eté. — En fascicules sur les troncs couchés de la région montagneuse du Jura. Hebeloma elátum Batsch, — Stipe long mou, tordu, fibrilleux-villeux, farineux au sommet, blanc puis bistre. Chapeau bossu convexe (0",01), glutineux, incarnat ocracé, blanchàtre sur la marge. Chair épaisse, tendre, blanche, douce amère et exhalant une forte odeur de Radis et de miel (analogue à celle du P. radicosa). Lamelles uncinées, ondulées, in- carnat pâle puis bistres. Spore pruniforme (0"",013), fauve bistre. Automne. — Gespiteux dans les bois de Conifères. — Très voisin de H. crustuliniforme. Hebeloma diffractum Fr. — Stipe fusiforme, creux, écailleux-flocon- neux et blanc. Chapeau convexe (0",05-8), chamois clair, aréolé-crevassé par le sec. Chair blanche, à odeur faible de Radis. Lamelles larges, émar- ginées, blanchâtres puis brun rouillé. Spore pruniforme (0"",008), brune. Printemps. — Gespiteux sous les Pins maritimes, — La Rochelle (G. Bernard). Inocybe 'asterospora, — Stipe plein, ferme, bulbeux, muni d'une cuticule séparable, rousse, pubescente et rayée de brun. Chapeau con- vexe mamelonné (0^,03-5), fendillé, bistre, rayé de brun, odeur de moisi. Lamelles émarginées, ventrues, minces, blanc bistré puis cannelle, Spore globuleuse (0"®,012), étoilée-épineuse, brune. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1870. 51 Eté. — Bords des chemins dans les forêts de la plaine. Vosges. Inocybe Bongardii. Fr. — Stipe allongé, plein, dur, fibrilleux-fila- menteux, brun pâle. Chapeau peu charnu, campanulé (0",03-5), crevassé et couvert de fibrilles retroussées, brun roux. Chair blanche, prenant à l'air une teinte pourpre et exhalant une forte odeur de tonneau moisi. Lamelles émarginées, ventrues, épaisses, jaune-créme puis brun rouillé, avec l'aréte denticulée et blanche. Spore pruniforme (0"",013), brune. Été. — En troupe dans les bois gramineux. — Jura, Vosges, environs de Paris (Boudier). Inocyhe grata Weinm. — Décrit sous le nom de Bongardii (Jura et Vosges, T, p. 306). Inocybe capucina Fr. — Décrit sous le nom de brevis (Jura et Vosg. 1, p. 154) (chair blanche et non brune). Naucoria redueta. Fr. — Stipe fistuleux, flexueux, grêle, atténué vers le haut, jaunâtre puis bistre, pulvérulent au sommet, villeux et blanc à la base. Chapeau membraneux, convexe-plan (0",01-015), à peine mamelonné, lisse puis pulvérulent à la loupe, strié, hygrophane, chamois brunissant. Lamelles adnées-sinuées, ocracées rouillées. Spore pruniforme (0"",01), ocracée. Automne. — Gespiteux dans les forêts marécageuses des Vosges. Naucorin subglobosa. À. S. — Stipe fistuleux, grêle, rigide, strié au sommet, jaune-serin, brunâtre à la base. Chapeau mince, hémisphérique (0",02-3), glabre, humide, jonquille, plus foncé au sommet. Chair fragile, citrine, Lamelles sinuées, espacées, trés-larges, arrondies, épaisses, fra- giles, jaune-serin puis brunes. Spore en amande (0"", 01), fauve. Été-automne. — Dans les bois de Pins des hautes Vosges. Naucoria pusiola Fr. — Stipe fistuleux, flexueux, pruineux au som- met, citrin-paille, luisant, brunissant à la base. Chapeau hémisphérique (0%,01), mince, visqueux, citrin pâle. Chair concolore. Lamelles adnées, planes, larges, jaune-paille puis brunes. Spore pruniforme (0"7,01-0,012), brune. Automne. — En troupe dans les pelouses sablonneuses du nord de la France. — Ressemble aux formes naines du pediades, Naueoria siparia Fr. — Stipe plein puis fistuleux, fragile, Novon- neux, brun rouillé, pulvérulent et ocracé au sommet. Chapeau convexe (0^,01-02), mince, Awmide, tomenteux-laineux, brun. Lamelles larges, adnées, ocracées, puis brunes avec l'aréte floconneuse. Spore (0"",008) pruniforme, fauve. Été. — Cespiteux dans les bois humides des Vosges. — Plus mou et plus élevé que le N. erinaceus, auquel il ressemble. Galera autoehthona Berk. (Pumtia P.?). — Stipe fistuleux, subfili- forme, villeux au sommet, pruineuz et blanc, naissant d'une couche fari- 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. neuse blanche. Chapeau ténu, hémisphérique puis: convexe-plan (0",01), glabre, ocracé blanchissant ; marge striolée et finement floconneuse. La- melles adnées-sinuées, créme-ocre puis fauves, avec un fin liséré blanc. Spore pruniforme (0"",006-8), ocracée. Été-automne. — En troupe sur l'humus des bois de la plaine. Psalliota campestris Var. villatiea Brond. — Stipe creux, glabres- cent et anneau mou, trés épais. Chapeau compacte (0",1-2), pelucheux, crevassé, blanc roux ou brunâtre. Chair ferme, fétide, rousse à l'air. Lamelles incarnat grisàtre puis bai bistre. Spore ellipsoïde (0"",007), ocellée, bistre. Toute l'année dans les cours, caves, jardins, etc. Psathyra ammophila Mont. — Stipe blanc, strié, fusiforme à la base. Chapeau charnu, convexe-hémisphérique puis aplani (0",02-3), fibrilleux, chamois pâle. Lamelles larges, adnées, décurrentes par filet, grisàtres puis brun noir. Voile cortiniforme fugace. Spore ellipsoide (0"",015), pourpre bistre. | Printemps. — À demi enfoui dans le sable des dunes. — La Rochelle (G. Bernard). Psathyra bifrons Derk. — Stipe tubuleux, fragile, farineux en haut, villeux puis satiné, blanc, souvent violeté. Chapeau campanulé puis étalé (07,02), hygrophane, bai-purpuracé puis micacé et incarnat; marge cou- verte de flocons soyeux et blancs puis glabre et striée. Lamelles adnées, purpurines puis violet-noir. Spore ellipsoïde (0"",015), noir violet. Eté. — Souches pourries et humus des forêts ombragées du Jura. — Helobius Kalch. Ic. Hung. t. xvii, fig. 4, me parait être une variété majeure et décolorée. Psathyrella prona Fr. — Stipe filiforme, glabre, blanc hyalin, prui- neux au sommet. Chapeau membraneux, campanulé hémisphérique (0",005-8), hygrophane, strié, pellucide, gris bistre, puis micacé, incar- nat ou gris perle. Lamelles espacées, larges, grises puis noires, avec l'aréte parfois rosée. Spore ellipsoide-allongée (0"",016), bistre noir. Été. — Dans les ornières des forêts de la plaine. — Jura. Cortinarius imbutus Fr. — Stipe fibro-charnu, glabre, blanc, luisant, lilacin påle au sommet. Cortine blanchätre et fugace. Chapeau convexe, bossu (0",03-6), souvent ridé, avec la marge mince et fimbriée, d'un blond pàlissant et luisant par le sec. Chair blanchàtre puis concolore, à odeur vireuse, à saveur un peu âcre. Lamelles émarginées-adnées, ondulées, ventrues, violacées puis cannelle. Spore (077,01) pruniforme et fauve. Eté-automne. — En troupe dans les foréts de la plaine. — Jura et Vosges. Cortinarius decumbens P. — Stipe grêle, creux à la base, recourbé, farineux au sommet, d'un blanc brillant. Cortine satinée et blanche. Cha- peau bosselé convexe (0",03-4), ferme, soyeux, blanc puis ocracé et lui- SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879. 53 sant. Chair blanche, acidule, faiblement amère. Lamelles adnées, ventrues, blanc-erème puis ocracées. Spore pruniforme (0"",008), citrine. Automne. — Cespiteux ou en troupe dans les bois de Coniféres. — Jura. Cortinarius tofaceus Fr. — Stipe plein, bulbeux, cotonneux, fauve jaunissant; voile fibrilleux concolore. Chapeau charnu, épais, hémisphé- rique (0",1), cotonneux, ocracé fauve. Chair molle, blanche, à odeur de Radis. Lamelles émarginées, larges, espacées, jaune pâle puis fauve can- nelle. Spore (0",01) ovoide, picotée et jaune. Été. — Cespiteux dans les foréts montagneuses du Jura. Cortinarius turgidus Fr. — Stipe plein, épais, dur, bulbeux, strié- fendillé, glabre, blanc argenté. Cortine fugace et blanche. Chapeau con- vexe (0",1), compacte, pruineux-micacé, blanc teinté d'argileux et brillant ; marge soyeuse et blanche. Chair ferme, blanche et sapide. Lamelles ser- rées, émarginées, étroites, denticulées, blanc bleuâtre puis argile pâle. Spore (0"^, 01) pruniforme, ocracée. Été. — En troupe dans les forêts de la plaine. Cortinarius scandens Fr. — Stipe long, fistuleux, flexueux, fibrillo- soyeux, pulvérulent au sommet, citrin påle blanchissant. Chapeau cam- panulé (0"",02-3), mamelonné, mince, fauve puis jaune de miel et lui- sant. Cortine blanche. Lamelles adnées uncinées, ténues, jaunàtres puis fauves. Spore pruniforme (0"",007), jaune fauve. Automne. — Prés des souches, dans les sapiniéres du Jura. Cortinarius pholideus À. S. — Stipe plein, renflé à la base, brun bis- tré, orué de zones floconneuses brunes. Chapeau convexe (07,05), flocon- neux-granulé, brun. Chair violacée, ainsi que le sommet du stipe, puis bru- nàtre. Lamelles violacées puis cannelle. Spore pruniforme (0"",008), fauve. Été-automne.— Dans les forêts arénacées.— Vosges etenvirons de Paris. Cortinarius gentilis Fr. — Stipe fibro-charnu, écailleux, concolore et orné d'un ou de plusieurs bourrelets floconneux d'un jaune-jonquille. Chapeau mince, campanulé pointu (0",02-4), soyeux et fauve roux. La- melles adnées, épaisses, espacées, cannelle clair. Spore pruniforme (Om 01), fauve. Été-automne. — Cespiteux sous les Pins. — Vosges, environs de Paris. (Boudier). Cortinarius ianthipes Sec. — Stipe grêle, plein, glabre, lilas avec un petit bourrelet floconneux et blanc au sommet, villeux et blanc à la base, violacant et brillant par la dessiccation. Cortine fauve et fugace. Chapeau campanulé mamelonné (0",01), soyeux, roux fauve avec la marge jaunátre. Lamelles adnées, lilacines puis brun-olive avec une fine bordure blanche. Spore pruniforme (0"",008), fauve. Automne, — Dansla mousse des troncs d'arbres des bois ombragés. — Jura. 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cortinarius latus P. — Stipe épais (07,03), tendre, fibrilleux, flocon- neux au sommet, blanc ou paille avec une cortine annulaire blanchâtre. Chapeau épais, convexe (0",1), glabrescent, humide, chamois, bistré au centre. Chair molle, douce et blanche. Lamelles émarginées ou adnées, larges, serrées, jaunâtres puis brunes. Spore (0"",009) pruniforme, lar- meuse, fauve. Été. — Cespiteux dans les forêts humides de la région montagneuse du Jura. M. Bonnet donne lecture de la note qui suit : NOTE SUR QUELQUES HERBORISATIONS DE FIN DE SAISON AUTOUR U'ALGER, par MM. BATTANDIER et TRABUT. Les marais voisins de la rade d'Alger ont une flore assez spéciale et ne paraissent pas avoir été suffisamment explorés. Il en est de méme du massif de la Mouzaia et de quelques autres montagnes des environs d'Alger ; aussi croyons-nous devoir donner aujourd'hui le compte rendu de quelques herborisations que nous y avons faites en septembre dernier et qui nous ont procuré quelques espéces nouvelles pour l'Algérie. Aoüt. — Fort de l'eau. Nous avons trouvé dans cette herborisation : Dorycnium gracile Jord. en fruit, des restes de Cladium Mariscus, de Juncus multiflorus, etc. Le Lippia nodiflora en fleur. L'Ipomea sagittata Desf. en fleur et en fruit, et cà et là quelques fleurs remontantes de Cirsium monspessulanum L., de Centaurea Rhopa- lon Pomel, et le Polygala Courcierana Pomel, dont les tiges gréles altei- gnent 17,50 de longueur et qui fleurit toute l'année. Le Leersia mauritanica Salzm. et le Molinia cerulescens, abondam- ment fleuris. | Le 14 septembre, nous avons entrepris une grande herborisation dans le massif du Djebel Mouzaia. A la Chiffa, dans les gorges, nous trouvons abondamment : Daucus setifolius Desf., Centaurea sempervirens L., Cephalaria leucantha, Argyrolobium Linneanum. Un sentier arabe qui part de la petite auberge. de Sidi Madani monte en zigzag le long d'un contrefort à pente raide, privé de broussailles, mais couvert de rochers trés piltoresques. Nous recommandons la végétation printaniére de cette région, où nous avions déjà trouvé l'ZEgilops intermedia Steud. Au sommet de ce premier mamelon commence la région des petites Saxi- frages et du Viola Munbyana. . Auprés d'un marabout et dans les pierres de quelques tombes, nous trouvons encore des fleurs de Gypsophila compressa. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879. 55 A partir dece point, le chemin se dirige vers le djebel à travers un petit bois, puis au revers d'une colline on se trouve en face d'une tribu arabe. Un peu plus loin, le sentier se bifurque. Une des branches se dirige vers le Djebel par la ligne la plus courte ; l'autre, plus intéressante, serpente sous bois dans les flancs de la montagne, à travers une série de vallons et de ruisseaux trés-pittoresques. Nous remarquons de beaux pieds d Tlex Aquifolium, de Celtis australis, d'Acer obtusatum, de nombreux Rosa. Nous y trouvons le Ranunculus repens L., le Petasites fragrans, le Senecio giganteus, des feuilles de Campanula alata Desf., des formes particulières de Mentha rotundi- folia. Enfin nous arrivons en vue du pic et nous en commençons l'ascension. Nous notons des Quercus Mirbeckii de plus de 5 mètres de tour. Gette essence pourrait être bien plus propagée qu'elle ne l'est, si l'on se donnait la peine de la cultiver, ou simplement de la protéger un peu contre les Arabes et leur bétail. Au sommet du pic, nous y trouvons des buissons rabougris qui nous paraissent formés par l'Amelanchier vulgaris. Nous arrachons quelques bulbes d'Allium Cupani et multiflorum. Ces derniers, cultivés, parais- sent devoir différer beaucoup de ceux de la plaine. Tout prés du sommet (1640 métres), se trouve une koubba rustique dédiée à quelque marabout. Les nombreux débris de gargoulettes, de chandeliers de poterie, etc., qui l'entourent, indiquent la sainteté du pèlerinage. Nous commençons la descente, assez difficile, en nous dirigeant vers le lac, où nous arrivons après trois heures de marche. Nous trouvons sur notre route des restes de Cirsium echinatum L. Le lac est formé par une dépression de la montagne, en forme de cuvette, dominée d'un côté par un pic latéral de la Mouzaïa et entourée de belles forêts de Quercus Ballota. Au fond se trouve le lac, et tout autour un pâturage où nous rencontrons en abondance un Buffonia que nous décrivons plus loin et que nous dédions à M. Duval-Jouve. Ce Buffonia fleurit au moins tout l'été et tout l'automne, car nous l'avons trouvé abondamment fleuri en juillet et en septembre, avec de nombreux boutons d'àges divers. Dans le lac nous rencontrons une végétation aquatique trés-abondante : Polygonum amphibium, Potamogeton natans, P. lucens P. pectina- tus, P. oppositifolius. Ce dernier est. trés-abondant dans un petit ruis- seau qui prend sa source au-dessous du lac et descend dans une gorge sauvage du côté du camp des Chênes. Nous revenons par le chemin historique du col de Tenia, en récoltant des formes intéressantes de Fumana glutinosa, Eryngium tricuspida- 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tum Desf., Centaurea parviflora Desf. Cette route est assurément la plus avantageuse pour parcourir le Djebel Mouzaia. Le 22 septembre, nous trouvons à la Maison-Carrée : Potamogeton pusillus, Mentha aquatica var., et surtout les restes d'une Graminée reconnue par M. Duval-Jouve pour le Phalaris arundinacea (1) non signalé en Algérie. Il est très abondant dans un grand marais situé derrière l'étang Gimbert. Nous trouvons ensuite dans l'Oued Reghaïa, sous le pont du village, une abondante station de Caulinia fragilis, non signalé en Algérie ; plus bas, dans la rivière, de beaux pieds de Fontinalis antipyretica, et enfin dans les marais situés à l'embouchure de la rivière : Le Naias muricata Del., non signalé en Algérie. Nous avons plus tard rencontré cette belle espèce dans l’Oued Boudouaou, où elle abonde. L'Ipomoa sagittata Desf., trés-abondant en fleurs et en fruits mürs. Le Spartina Duriæi Parlatore. Le Polygonum Hydropiper, que nous n'avions jamais trouvé près d'Alger. Le Diotis candidissima, en fleur. Le Calystegia Soldanella. Le Cynanchum acutum, en fruit (il fructifie assez rarement dans la Mitidja). Enfin des échantillons d'Inula chrysocomoides Poir., à grandes ligules. BurFoniA DuvaLJouvir, nov. sp. — Stipe crassissima tetrandra mono- sperma. Perennis, stirpe aliquoties crassitie digiti, caules firmos numerosos emittenti. Pars quorum subterranea valde verrucosa ; pars epigea autem nodosa, interdum basilaribus foliis multo brevioribus. Ramis floriferis gracilibus, dichotomis, cymas 1-4-flor. emittentibus, internodis superioribus folio longioribus, pedunculis flores æquantibus. Foliis subulatis basi vagina magna connatis. Calyci glabro ebracteato. Sepalis quatuor, exterioribus paulo longiori- bus, interioribus leviter carinatis, 4-5 millim. longis, 1/2 millim. latis, acutis subpungentibus, tri-quadrinerviis, margine membranaceo cinetis. Petalis albis, oblongis calyce quarta parte brevioribus. Filamentis quatuor corollam :equantibus, antheris violaceis. Stylis duobus filamenta subæquantibus. Calyce fructifero aperto, capsulæ valvis ellipticis longiori, stylis persis- tentibus. (1) M. Duval-Jouve à reconnu avec certitude cette Graminée à la coupe de sa feuille en octobre 1878. Depuis, la floraison (avril 1879) a confirmé cette détermination. (Note ajoutée pendant l'impression.) | SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879. 57 Semini 1 ac 1/2 millim. longo, 4 millim. lato, compresso oblongo, tenuiter et seriatim tuberculato secus peripheriam præsertim. Has. — Ad lacus Mouzake ripas, in locis herbidis siccisque, ad 1400 metr. altitud. Nobis semperflorens visa. M. Mer donne lecture des trois communications suivantes : OBSERVATIONS RELATIVES A L'INFLUENCE DE L'ÉTAT HYGROMÉTRIQUE DE L'AIR SUR LA VÉGÉTATION, par M. P. SAGOT. Daus un air chargé de vapeur d'eau les feuilles transpirent peu ; aussi les axes et les appendices foliacés, restant trés-turgescents, se dévelop- pent-ils d'une manière excessive, au détriment des fleurs et des fruits. De plus, si le sol est médiocre, la quantité de sels minéraux qui s'aceumulent dans [es tissus est souvent trop faible pour que les graines puissent arriver à maturité. Dans une atmosphère sèche, au contraire, la transpiration étant trés-grande, la turgescence des tissus est toujours faible ; aussi l'aceroissement est-il trés lent. Cet état de choses favorise le développe- ment des fleurs et des fruits, ainsi que la maturation des graines, méme dans des sols assez pauvres, car les sels,. charriés en solutions relative- ment plus concentrées, finissent par s'amasser dans les tissus en quantité notable. D'après ce qui précède, il est facile de se rendre compte des faits sui- vants : 1* Dans les foréts équatoriales, ainsi que le faisait remarquer dans ses lecons A. Saint-Hilaire, les arbres qui s'étaient dépouillés de leur feuil- lage pendant la saison séche, entrent en floraison, sous l'influence des vents humides, avant méme que la pluie soit tombée. De méme, des bulbes se mettent à végéter dés qu'ils se trouvent dans un milieu humide. La eroissance d'un certain nombre de nos légumes, des Choux prineipa- lement, est arrêtée souvent pendant la sécheresse de l'été, avec quelque abondance qu’on les arrose. Mais vient-il à tomber une pluie, si faible füt-elle, dont la conséquence est de diminuer la transpiration, l’accrois- sement devient très rapide pour se ralentir ensuite, si la pluie continue, parce qu'alors la provision de substances minérales accumulées pendant la sécheresse commence à s'épuiser. Dans les serres, les Haricots, Mais, Pois, Blés, etc., s'étiolent, méme dans le terreau, à cause de la trop grande quantité de vapeur d'eau répandue dans l'air. Il n'en est cependant pas ainsi de toutes les plantes, car il en est qui réclament au contraire une atmosphère humide (Fougères, Palmiers, Scitaminées, Aroidées, Pipéracées, Mélastomées, etc.). C'est 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. surtout à la sécheresse de l'air qu'il faut attribuer la végétation souvent languissante des Bananiers, Amomées, ete., dans nos jardins botani- ques. | 2 La structure des tissus varie méme suivant le degré d'humidité de l'atnosphére. Qu'un arbuste soit transporté en été d'une serre chaude en plein air, il perd bientôt ses feuilles, qui sont remplacées par d'autres plus petites, plus rapprochées et d'une consistance plus ferme. Celles-ci dis- paraissent à leur tour quand, à l'automne, l'arbuste est réintégré dans la serre. C'est de méme à l'arrivée des pluies et au commencement de la période de sécheresse que tombent les feuilles des arbres, dans les foréts équatoriales. On sait que la radiation solaire active singuliérement la transpiration ; aussi les feuilles ne s'échauffent-elles, sous son influence, que lorsqu'elles sont pourvues d'une cuticule épaisse qui entrave cette fonction. Une des premiéres remarques de Humboldt, à son arrivée au Venezuela, fut que les tiges vertes de Cereus s’échauffent au soleil. 3 Ayant semé à la Guyane des grains de plusieurs Céréales d'Europe, ainsi que du Millet, dans un sol médiocre, mais bien cultivé et dans une saison favorable, je vis les jeunes plantes se couvrir de quelques feuilles, puis elles. languirent et périrent prématurément. Ayant répété cette expérience dans un sol plus riche, les plantes vécurent plus longtemps. L'Avoine méme, celle des Céréales qui redoute le moins l'excés d'humi- dité, donna quelques panicules grenées. Dans uncarreau de jardin potager à Mana (Guyane), M. Mélinon parvint même à obtenir des épis mürs de Blé. 4^ Dans une atmosphére chaude et humide, les plantes de régions plus fraîches et plus sèches éprouvent un certain étiolement. Leurs feuilles sont minces, pàles, sans consistance ; leurs tiges s'allongent démesuré- ment, mais restent gréles et sont impuissantes souvent à se soutenir. La maturation des fruits s'opére mal, pour certaines espéces, dans ces con- ditions. Les raisins ne sont jamais savoureux et sucrés; les Dattes ne deviennent pas comestibles. Je citerai une plante vulgaire des cultures, la Tomate, comme un exemple remarquable de l'influence des climats sur le développement des fruits. Dans les pays chauds et humides, elle ne parvient pas à former de gros fruits, colorés d'un vermillon vif, sapides et juteux, comme en Europe. La floraison est souvent entravée dans ces conditions : certaines espéces ne fleurissent pas. Le regretté M. Pancher avail observé que les Mesem- brianthemum, portés du Cap à la Nouvelle-Calédonie, y fleurissaient souvent une premiére fois, s'ils avaient des bourgeons à fleur, mais ensuite n'y développaient plus que des tiges feuillées sans fleurir. Les Lis, et diverses autres plantes bulbeuses de nos régions, ne fleurissent pas dans les pays chauds. SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1870, 50 L'Olivier ne donne pas de fleurs aux Antilles, mais il produit des fleurs et des fruits à Lima. Les observations trés intéressantes de mon ami M. Marlinet ont montré comment, avec une température inférieure de quelques degrés seule- ment à celle de la Guyane, mais avec un air plus sec, et malgré la rareté des pluies, qui se réduisent souvent à des brouillards, divers fruits d'Eu- rope, ordinairement inconnus dans les pays chauds, peuvent mürir sur les côles du Pérou; comment certains légumes peuvent s'y cultiver et cer- laines mauvaises herbes d'Europe se naturaliser dans les cultures. Par contre, il a vu Erythroxylon Coca, plante des forêts humides du versant oriental des Andes, dépérir dans le Jardin botanique de Lima. La nature a adapté le tempérament de certaines plantes à l'atmosphére humide et à l'ombre perpétuelle des foréts équatoriales. Beaucoup de Rubiacées, de Mélastomées, de Pipéracées, de Samydées, diverses Grami- nées et Cypéracées silvicoles, y poussent et y fleurissent abondamment. » Les dimensions relatives des tiges et des racines varient aussi singu- lièrement avec l'état hygrométrique de l'air. C'estainsi que, dans la Guyane, les racines d'une plante de même dimension sont en général moins déve- loppées que sur les cótes rocheuses des Canaries. Dans les Alpes et les sables arides des dunes, ces organes acquièrent un grand développement. Dans les régions assez sèches, les forêts peuvent s'exploiter en taillis, parce que les souches des arbres renferment une quantité suffisante de principes minéraux que l'eau y a. déposés, par suite d'une aclive trans- piration. Ce mode de traitement, au contraire, ne peut s'appliquer en Guyane. Des observations qui précédent découlent quelques conséquences pra- tiques relatives à l'horticulture et à l'agriculture. a. En imitant l'alternance des saisons sèche et humide, dans quelques compartiments des serres chaudes, on obtiendrait la floraison de quel- ques espéces jusqu'ici réfractaires. L'été serait alors la saison séche, mais il faudrait, dans ces compartiments, dés l'automne, chauffer énergique- ment. b. Le châssis, si utile pour l'horticulture, pourrait recevoir une appli- cation nouvelle pour la culture en pleine terre de diverses grandes plantes herbacées, annuelles ou vivaces, des pays chauds et de quelques arbustes peu élevés, Les châssis devraient avoir alors une hauteur suffi- sante et étre pourvus, pour l'automne, d'un petit appareil de chauffage. On adosserait à un mur, à une exposition convenable, une charpente légère, sur laquelle on placerait des chàssis vitrés; on élèverait ainsi une petite serre temporaire, mobile, facile à monter et à démonter. On pour- rait y cultiver, l'été et jusqu'au milieu de l'automne, diverses Convolvu- lacées, l'Agati grandiflora, V Abroma augusta, etc., et diverses plántes 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui ne peuvent bien se développer qu'en pleine terre, et avec le concours de l'humidité de l'air et d'une chaleur suffisante. On y obtiendrait facilement la fructification des Bananiers nains. Dans le midi de l'Espagne et le nord de l'Afrique, on cultive de beaux Bananiers dans les patios ou cours intérieures des maisons. La chaleur n'y est pas plus élevée que dans la campagne, mais l'air y est moins sec, et la plante y est protégée contre l’excès de la radiation solaire. On commence à multiplier dans les pays chauds les jardins botaniques. Ils rendront de grands services à la science, s'ils sont intelligemment installés et pourvus d'un personnel et d'un matériel suffisants. Les châssis etles serres à multiplicalion y sont nécessaires, comme en Europe. Les serres fermées, pour expériences, et particuliérement pour les essais d'hybridations, peuvent y être trés utiles. Il est important d'installer ces jardins dans un terrain étendu et couvert, en partie, de foréts naturelles. On perce des avenues dans ces forêts, et l’on y plante des arbres en lignes, qui se trouvent dés lors dans leurs conditions normales de développe- ment. Sous bois, on introduit les Fougéres et les arbustes qui vivent naturellement à l'ombre. c. Le plus difficile probléme de l'agriculture équatoriale consiste daus la conservation de la fertilité du sol, qui, aprés le défrichement, s'appau- vrit avec une rapidité incroyable par le lavage qu'y occasionnent des pluies torrentielles, et la prompte destruction de l'humus. Et cependant cette conservation y est absolument nécessaire, car l'humidité permanente de l'air diminue la transpiration des feuilles, et rend impossible, d’après ce que nous avons dit, toute culture productive dans les terres de médiocre qualité. La conversion du ligneux en terreau peut seule résoudre la diffi- culté. L'élément végétal des engrais qui, en Europe, se prend dans la paille des céréales et le fourrage consommé par les animaux et rejeté sous forme de déjections, doit se tirer, dans les terres équatoriales, des petits rameaux feuillés des arbres, des arbustes et des hautes herbes. La fermentation, activée par la chaleur et l'humidité, y est assez puissaute pour que le ligneux se décompose promptement. Afin de lui donner une première impulsion, il suffit d'ajouter à beaucoup de matière végétale une faible quantité de matière animale quelconque, ou de matière végétale azotée très putrescible. Les pluies naturelles sont assez abondantes pour diluer ce ferment, et le répartir dans toute la masse, où une active décomposition ne tarde pas à s'établir. On voit que c'est le procédé de l'agronome provençal Jauffret, transporté sous de nouveaux climats, où il est d'une pratique plus facile et plus prompte. Comme le climat équatorial est propice à la végétation des arbres et des hautes herbes et peu favorable à la production des bons fourrages et à la santé SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1879. 61 des animaux, on doit chercher à y entretenir le sol en lui rendant le ligneux converti en terreau. ADDITIONS AU CATALOGUE DES PLANTES DE LA DORDOGNE DE M. DES MOULINS, par le marquis d'ABZAC DE LA DOUZE. Un de nos collègues les plus distingués et les plus sympathiques, le regretté M. Charles des Moulins, a publié, il y a déjà bien des années, un Catalogue des plantes vasculaires de la Dordogne, et cet ouvrage, complété par divers suppléments successifs, existe assurément dans les bibliothèques de plusieurs membres de la Société. Sans nul doute, depuis l'apparition de ces fascicules, le nombre des végétaux signalés dans notre département a dù notablement s'accroitre par les recherches des botanistes de la pro- vince; malheureusement aucun d'eux n'a, jusqu'à ce jour, fait connaitre au public le résultat de ses explorations. Je viens leur donner un exemple utile en communiquant à la Société botanique quelques plantes intéres- sanles rencontrées par moi et non indiquées encore dans notre circon- scription. Elles sont peu nombreuses, parce que les loisirs m'ont presque toujours manqué pour ajouter un large contingent de richesses au domaine de notre flore, et le fussent-elles davantage, la nomenclature en offrirait peut-étre un intérét médiocre au milieu de nos séances si remplies de travaux plus importants : cependant, pour les motifs ci-dessus énumérés, et dans le but de fournir quelques éléments nouveaux àla géographie bota- nique, il me parait bon d'en publier la modeste liste, et j'ose compter à cette occasion sur l'indulgence de mes savants collègues. l^ Arum vulgare Lam., A. maculatum L. Cette plante a été découverte, il y a bien longtemps déjà, par un excellent observateur, M. Charles Godard, dans une station silvatique et humide de la commune de la Douze, arrondissement de Sarlat. Plus tard je la recueillis moi-méme et la signalai à M. Des Moulins, qui oublia malheu- reusement de l'iusérer dans son catalogue. Elle parait fort rare dans notre région, où foisonne au contraire l'Arum italicum Mill. 2" Ruta bracteosa DC. J'ai récolté cette remarquable espèce non loin du chàteau de Montravel, à quelques kilomètres de la frontière girondine, et je m'expliquais diffi- cilement sa présence dans une contrée si éloignée de son pays d'origine. Voici, selon toute apparence, l'explication de ce fait extraordinaire. Mont- ravel était habité, peu avant la Révolution, par le chevalier de Nogaret. Vers cette époque, ce gentilhomme reçut de Provence un nombre assez considérable d'Orangers. Les graines de la plante étrangère ont vraisem- blablement émigré avee eux en Périgord, et, trouvant sur ces brülants Coteaux un sol et une exposition favorables, y ont facilement germé et 02 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. solidement implanté leur race. Une espèce irès méridionale, le Nepeta Cataria, croissait dans la méme localité. 3 Tulipa Oculus-solis Saint-Am. ` Je n'ai pas vu la plante, mais elle m'a été indiquée dans la vallée de la Lidoire par une personne digne de foi et suffisamment compétente. La fleur, étant rouge, ne pouvait être confondue avec le Tulipa silvestris L., jusqu'ici seul représentant du genre dans les parties chaudes du départe- ment. C'est donc une espéce nouvelle pour le Périgord et, suivant toute probabilité, le Tulipa Oculus-solis Saint-Am., qui croit dans le Lot-et- Garonne et je pense aussi dans la Gironde, départements limitrophes. La plante était assez abondante pour mériter de la part des paysans le nom de mauvaise herbe. 4 Barkhausia setosa DC., Crepis setosa Hall. J'ai rencontré cette espèce à Meycourby, à 7 kilomètres de Périgueux, dans une contrée à sous-sol trés calcaire. Les échantillons étaient d'une rare vigueur et beaucoup plus beaux que leurs similaires recueillis par moi autrefois en Poitou. 5° Linaria origanifolia DC. Cette charmante petite Antirrhinée s'est montrée à moi pour la pre- mière fois dans ce pays, le 4° juin 1876, sur les pittoresques rochers des bords de la Vézére, non loin des grottes préhistoriques de Laugeries. Deux espèces de choix, Geranium sanguineum et Veronica latifolia, croissant à peu de distance, semblaient lui former une garde d'honneur. 6° Delphinium peregrinum L. Jai découvert cette jolie Renonculacée, au commencement de l'été 1878, dans une région solitaire et sauvage, comprise aux environs de Périgueux entre la route de Paris et la vallée de l'Isle. Elle croissait en abondance sur un sol uniquement composé de pierrailles calcaires, rem- plissant de.ses phalanges serrées un pli de terrain dominé par des coteaux dénudés, sur l'un. desquels se dresse un entassement bizarre de rochers connu sous le nom de trône du roi des Chauses. L'existence d'une station gauloise au voisinage de cette pyramide natu- relle avait été constatée par la découverte de nombreux silos et d'un vaste souterrain, G'est le désir de visiter ces restes curieux des vieux Ages qui me conduisait en ce désert, et m'a. fait rencontrer une espèce ignorée jusqu'ici dans le département. NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR LE D" RIPART, par MI. Gaston GENEVIER. C'est avec un profond sentiment de tristesse que j'ai l'honneur d'an- noncer à la Société botanique de France la perte d'un de ses membres SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1870. 63 les plus distingués. M. le docteur Ripart est mort à Bourges le 17 octobre dernier. Agé de soixante-quatre aus seulement et d'une constitution robuste, il paraissait destiné à vivre de longues années encore; mais une affection du cœur, dont il était atteint depuis peu de temps, est venue brusquement briser une existence noblement remplie. Doué d'une véritable passion pour l'histoire naturelle, le docteur Ripart consacrait à l'étude des plantes tous les instants de loisir que lui lais- saient les exigences d'une nombreuse clientèle. C'est surtout vers la Cryptogamie que ses goûts l'entrainaient. H a publié plusieurs mémoires sur les Algues d'eau douce du centre de la France; il y a un an à peine il achevait une Monographie des Mousses du Cher, précédée d’une clef analytique trés détaillée. Il s'oceupait également de l'étude des Lichens du méme département et de celle des Champignons, et publiait naguère daus le Bulletin de la Société le trés curieux Peziza Glissonii. Dessinant parfaitement à la chambre claire, il a reproduit un nombre considérable de préparations micrographiques de Pyrénomycétes et de Champignons épiphytes. Il est à désirer que ces précieux matériaux ne soient pas perdus pour la science. D'une grande modestie, comme tous les vrais savants, très réservé ct très bienveillant dans ses relations, le docteur Ripart s'est toujours montré de la plus parfaite obligeance envers tous ceux qui avaient recours à ses lumières, Doué d'un coup d’œil remarquable et d’une grande activité, il n'était étranger à aueune branche de l'histoire des plantes, et sa prodigieuse faculté d'observation le poussait surtout à l'étude de ces genres difficiles, qui bien souvent rebutent d'autres botanistes moins observateurs et moins persévérants. C’est ainsi qu'avec son ami M. Déséglise, il s'est livré à l'étude du genre Rosa, et à celle, non moins hérissée de difficultés, des Hieracium, dont on rencontre dans les forêts du Cher des formes extré- mement remarquables, la plupart nommées par M. Jordan et publiées dans la Flore du centre de Boreau. Il a en outre enrichi le Bulletin de notre Société de plusieurs articles trés-intéressants. Qu'il me soit permis de témoigner ici toute ma reconnaissance à ee savant et excellent ami pour les précieux conseils et les nombreux doen- ments dont il m'a si généreusement gratifié pendant la publication de ma Monographie du genre Rubus. Il était impossible qu'un observateur aussi sagace ne fût pas frappé des différences considérables que présentent entre eux les Rubus dans les plaines calcaires des environs de Bourges. Une sous-section surtout des Discolores, les Tomentosi, très répandus dans ce pays, renferme de nombreuses espèces à feuilles blanches tomen- teuses sur chaque face, etattirent, à première vue, l'attention du botaniste. Mais dans les flores qui ont précédé 1840 ou 1850, de Candolle, Mutel, 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Grenier et Godron, Boreau (1* et même 2° édition, etc.), toutes ces formes étaient invariablement rapportées au R. tomentosus Borkh., et plus rare- ment quelques-unes au R. collinus DC.; il n'était tenu aucun compte des fleurs tantôt roses, tantôt blanches, ni desfeuilles, dont les formes étaient souvent si dissemblables. Le docteur Ripart, rompant avec la routine, attaquait hardimentla question et se posait en face de la nature ; il étudiait ces formes sur place pendant de longues années, constatait la valeur de leurs caractères, et en faisait d'assez nombreuses espèces dont les types sont soigneusement représentés dans son herbier par de beaux échan- ullons authentiques qu'il a bien voulu me confier : ce sont res espèces qui figurent dans ma monographie sous les noms d'Acroleucophorus, pellitus, amictifolius, Ripartii, elc. Les Discolores furent aussi de sa part l'objet d'intéressantes études; avec une perspicacité remarquable il sut distinguer de nombreuses formes trés voisines, qu'un botaniste aussi exercé pouvait seul reconnaitre. Que l'on ne croie pas que ces espéces affines soient de simples variations dues aux localités ou aux influences météorologiques, car l'année der- niére, pendant un séjour que nous fimes ensemble au bord de la mer, à Pornichet (Loire-Inférieure), nous pümes en recueillir plusieurs dans les sables rendus calcaires par des débris de coquillages, ei ces espéces étaient parfaitement identiques à celles du Cher. Une localité qui eut une grande influence sur les études rubologiques de notre regretté confrère fut la forêt d'Allogny, forêt excessivement riche en espèces variées et où se trouvent abondamment les plus beaux types de ce genre ; illa visitait à diverses reprises chaque année, et plusieurs fois il a eu l'obligeance de m'y conduire et de me montrer sur place des pieds vivants de ses espéces que j'ai pu étudier avec soin. C'est sur les ancieus laitiers romains, composés de débris ferrugineux, qu'il a découvert sou R. myriadenophorus, certainement la plus belle espèce du genre et une des mieux caractérisées, et qu’il était si heureux de me faire récolter, surtout parce que primitivement je n'avais pas voulu l'admettre comme distincte, ne l'ayant examinée qu'en herbier et n'y voyant qu'une forme du R. thyrsiflorus. La perte de notre excellent et savant confrère sera, je n'en doute pas, vivement ressentie par tous les membres de la Société botanique, mais plus qu'à tout autre peut-être elle me sera sensible; car, en outre d'un bon et utile collaborateur, je perds un ami véritable, et cette mort, jointe à celle, bien récente encore, de mon vénéré maitre M. Boreau, est un de ces malheurs dont rien ne console. Ce sont, hélas! des pertes irrépa- rables. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. 6 SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. Charles de SaiNT-MaRTIN, propriétaire, à Billy-sous-les-Cótes (Meuse), présenté par MM. Battandier et Trabut. Il fait connaitre ensuite une nouvelle présentation. Dons fails à la Société : L. Sargnon, Rapport sur la Session de la Société botanique de France tenue en Corse, en mai-juin 1877. Julius Wiesner, Die heliotropischen Erscheinungen im Pflanzenreiche, 1 Theil. M. Van Tieghem fait la communication suivante : DÉVELOPPEMENT DU SPIRILLUM AMYLIFERUM sp. nov., par M. Ph. VAN TIEGHEM. Lasubstanee ternaire qui compose la gangue gélatineuse du végétal connu dans l'industrie sous le nom de gomme de sucrerie peut servir d'aliment carboné au Bacillus Amylobacter, qui la dissout et en méme temps la fait fermenter avec dégagement d'acide carbonique et d'hydro- gene (1). C'est ea étudiant l'Aimylobacter qui se développe ainsi dans la gomme de sucrerie placée sous l'eau, que j'ai rencontré, vivant à cóté de lui dans les mèmes conditions de nutrition, le Spirille nouveau dont je 'ne propose de faire connaitre aujourd'hui le développement. (1) On sait que cette plante a été considérée récemment par M. Cienkowski comme très voisine de l'Ascococcus Billrothii de M. Cohn, dont elle pourrait bien, suivant lui, n'étre qu'une simple variété ; il l'a nommée Ascococcus mesenteroides. L'ayant étudiée de mon côté et d'une facon tout à fait indépendante, je l'ai d'abord rattachée aussi au genre Ascococcus, et comme le travail de M. Cienkowski a été publié avant le mien, j'ai T. XXVI. (SÉANCES) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Considérons-le d'abord dans sa phase végétative, pendant qu'il esi en voie d'allongement et de division. Le filament, enroulé vers la droite en une hélice rigide, mesure en épaisseur 0"",0012 à 0"",0015 ; le diamètre de l'hélice est de 0,003 à 0,004 ; son pas, ordinairement de 0"",006, atteint quelquefois 0"",009. Chaque Spirille isolé fait généralement deux à quatre tours de spire. Dès qu'il s'est allongé assez pour former quatre tours, il se divise en effet au milieu; avant de se séparer, les deux moiliés s'inclinent souvent l'une vers l'autre autour de la charnière médiane, jus- qu'à devenir presque parallèles et alors elles demeurent quelquefois enchevétrées en forme de caducée. Cette séparation est obtenue au moyen de la gélification de la lamelle moyenne de la cloison médiane; aussi cha- que bout entraîne-t-il ordinairement avec lui un fin prolongement gélati- neux. Tant qu'il s'allonge et se divise ainsi, le filament ne fait que jaunir par l'iode. Plus tard, il cesse de s'allonger, grossit notablement et prend une rétrin- gence toute différente. Alors, l'iode le colore en bleu, quelquefois tout - entier, mais le plus souvent en réservant deux places blanches, si la spire a deux tours. Ces deux placés blanches occupent ordinairement les deux bouts ; mais parfois l'une est au sommet et l'autre au inilieu; plus rare- ment elles se trouvent rapprochées toutes deux au milieu. Si le Spirille n'a qu'un tour, il n'y a jamais qu'une place blanche, qui est terminale. Cette phase de réserve amylacée précède et annonce le développement des spores. On voit bientót, en effet, se former dans le filament, à chaque place blanche, une spore brillante, à contour sombre, à membrane cutinisée, de forme ovale et mesurant 0"7,0025 à 0®",0030 de long sur 0"",0015 de large. Plus tard le filament cesse de bleuir par l'iode; le protoplasma et l'amidon qui l'imprégnait disparaissent pour faire place à un liquide hya- lin. A cet état épuisé, où ne se colorant plus par l'iode, il est encore cependant capable de se mouvoir, le Spirille, s'il a deux tours, se montre nettement pourvu d'une cloison en son milieu, et chacune des deux cel- lules constitutives renferme une spore sous sa mince membrane. Ces deux dà adopter la. dénomination spécifique proposée par lui (a). Mais depuis, ayant mieux connu l'Ascococcus Billrothii, et surtout ayant observé les spores de la gomme de sucre- rie et suivi leur germination, j'ai compris que ces deux plantes ne peuvent pas être réunies dans un méme genre, ét j'ai fait décidément de Ja gomme de sucrerie un type générique nouveau sous le nom de Leuconosloc (Nostoc blanc), nom qui indique à la [ois sa grande ressemblance avec le Nostoc et la principale différence qui l'en sépare 3 l'absence de chlorophylle (b). i (a) Sur l'Aseococeus mesenteroides et la transformation qu'il : ^ I > 3 provoque dans le sucr canne (Bulletin de la Société botanique, séance du 22 novembre 1878). 1 e. de (b) Sur la gomme de sucrerie (Leuconostoc mesenteroides) (Annales des se nat. Bor. Ge série; 1319, t. Vit, p. 180). ' bifidis SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1870. 67 spores sont aux deux bouts opposés de la spire; ou bien l'une est termi- nale, l'autre au milieu contre la cloisou ; ou bien encore elles s'appuient toutes deux de part et d'autre contre la cloison, Si le Spirille n'a qu'un tour, il est sans cloison, et son unique cellule n'a qu'une spore, toujours terminale. Plus tard encore, la membrane est résorbée, et finalement les spores se trouvent mises en liberté. Placée dans des conditions favorables, la spore germe en grossissant uu peu; le tube qui s'échappe par la rupture de l'exospore culinisée ne tarde pas à se courber d'abord en arc, puis en hélice, s'allonge ainsi jus- qu'à former deux tours de spire et prendalors une cloison vers son milieu. Chaque cellule s’accroit ensuite dans la méme direction et se cloisonne aussi quand elle a développé deux tours. Formé alors de quatre lours de $pire avec trois cloisons, le Spirille se sépare ordinairement en deux sülvant sa cloison médiane, et chaque moitié, devenue indépendante, se développe à soi tour de la méme manière. On se trouve donc ramené à la pliase végétative qui a servi de point de départ. Les spores des Bactéries n'otit été observées jusqu'ici que dans le type cylindrique et dans le seul genre Bacillus. Les voici connues maintenant dans un genre du type rond (Leuconostoc) et dáus un genre du type spi- ralé (Spirillum). Il est dès lors probable qu'en les cherchant avec soin, on ne tardera pas à les découvrir aussi dans les autres genres qui se grou- pent autour des trois précédents pour former les trois tribus de la famille. On voit encore que la propriété de se constituer une réserve amylacée pendant la période qui précède la formation des spores, pour la dépenser plus tard pendant et aprés cette formation, n'appartient pas exclusivement au Bacillus Aylobacter, mais peut se rencontrer dans d'autres genres de la famille. Elle se retrouve; en effet, trés nellement exprimée dans le Spirille dont il est ici question, et que je nomme pour cette raison Spiril- lum amyliferum.; Au point de vue physiologiqué aussi, ce Spirille me parait fort intéres- sant. Comme le Bacillus Amylobacter, en effet, il peut vivre sans oxygène libre; et comme lui il devient alors un ferment énergique. Ayant en train uue série de cultures de ce remarquable organisme, je me borne aujour- d'hui à cette bréve indication. Cette découverte des spores dans ce Spirillum rend trés probable leur existence dans les Spirochæte, où elle permettrait d'expliquer trés simple- ment la marche que suivent les choses dans la fièvre récurrente. On sait eu effet, M. Obermeier l'a démontré en 1873, que la fièvre récurrente est toujours corrélative du développement dans le sang d'un Spirochæte, que M. Cohn a nommé Spirochæte Obermeieri ; il pullule dans le sang pen- dant les accès et ne s'y montre pas du tout dans les intervalles. Or admet- tons que ce Spirochæte ait des spores comme notre Spirillum aniyliferum. 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Introduite au début dans le sang, la plante y pullule et l’épuise, ce qui dure de six à sept jours: c'est le premier accès. Après quoi, elle fait ses spores et disparaît : il y a rémission. Pendant ce temps, le sang répare ses pertes et, après huit jours, durée de la première rémission, il sé retrouve sensi- blement dans les conditions initiales. Les spores y germent alors, la plante y pullule de nouveau et l’épuise encore, mais plus vite que la première fois : c’est le second accès, qui ne dure en effet que cinq jours. Puis elle fait de nouveau ses spores et disparaît : c’est la seconde rémission, pen- dant laquelle le sang exigera, pour se réparer, plus de temps que la pre- miére fois et qui dure en effet neuf jours. | M. de Seynes demande à M. Van Tieghem si la réaction bleue, dont il vient de parler, se présente dans le contenu ou dans la paroi. Dans certaines cellules du Ptychogaster, c'est seulement une partie de la paroi qui bleuit, la portion externe ne bleuit pas. Cet exemple représente peut-étre en grand ce que M. Van Tieghem a vu en plus petit. Il devient alors trés difficile de savoir si la coloration par l'iode doit s'appliquer au contenu ou à la paroi. M. Van Tieghem répond que, dansles cas cités par lui, c'est bien évidemment le contenu seul qui se colore et non la paroi, car cette coloration n'apparait que pendant une certaine période de la vie du petit végétal correspondant à son âge můr. Dans sa jeunesse, il ne se colore pas encore, et il ne se colore plus aprés la formation des spores. La membrane cependant existe à l'une et à l'autre époque. M. Bonnier fait la communication suivante : SUR LE ROLE ATTRIBUÉ A LA DISPOSITION DES ORGANES FLORAUX PAR RAPPORT A LA VISITE DES INSECTES, par M. Gaston BONNIER. J'ai dit dans une précédente séance qu'un grand nombre d'auteurs modernes supposent que tous les organes floraux sont disposés chez les Phanérogames, pour faciliter la visite des insectes et dans le but de leur faire opérer chez les plantes la fécondation croisée. Voici à ce sujet quelles sont les conclusions des nombreuses observa- tions et expériences dont j'ai parlé (4) : l° On peut modifier notablement la forme de la corolle sans mettre obstacle à la visite des insectes. 2» Les insectes les plus divers peuvent visiter une méme espéce de fleur. (1) Pour plus de details, voyez Ann. sc. nat. Bot. 6* série, t. VIIL, SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. 69 La nature des insectes visiteurs varie avec la localité; de méme que le volume de nectar produit varie avec la latitude et l'altitude. Une plante nectarifére et visitée par les insectes dans une région, peut être sans nec- tar et non visitée dans une autre contrée. 3° Le développement de poils à l'intérieur de la corolle (comme chez les Labiées). d'écailles ou éperons internes (comme chez les Borraginées), n'est pas corrélatif de celui du nectar. 4^ Les inseetes peuvent trés souvent visiter les fleurs sans opérer la fécondation croisée et méme sans opérer aucune fécondation. Ils récol- tent fréquemment un liquide sucré en dehors de la fleur. 5 Les insectes visiteurs vont là où le sucre est le plus abondant et le plus facile à prendre ; leur visite fréquente n'est pas en rapport avec les dispositions florales qui facilitent la fécondation croisée. , M. Duchartre déclare avoir entendu dire par des personnes auto- risées que des Abeilles peuvent abandonner les fleurs, quand on met à leur portée des liquides sucrés. Ce moyen serait même, paraît-il, employé dans la pratique pour obtenir du miel dépourvu de cris- taux de sucre. M. Bonnier confirme ce fait d’après ses propres expériences. M. Cornu fait la communication suivante : NOTE SUR L'HERBIER GÉNÉRAL (partie myeologique) DU MUSÉUM, par M. Maxime CORNU. L'herbier que M. Tulasne a eu la générosité de donner au Muséum en 1873 est certainement la partie la plus précieuse de toutes les collections que nous possédons. J'ai l'honneur d'annoncer à la Société qu'il est com- plétement préparé, rangé et intercalé dans l'herbier général. J'en ai fait le catalogue ; j'ai inscrit à la main tous les noms et indiqué le renvoi aux sources, c'est-à-dire aux différents mémoires de M. Tulasne publiés dans les Annales, au Selecta Fungorum carpologia et à la Mono- graphie des Champignons hypogés. C'est la série des étiquettes elles- mémes qui constitue le catalogue que j'ai l'honneur de mettre sous vos yeux; les fiches nombreuses écrites sur papier écolier présentent une épaisseur de plus de 25 centimètres. Dans une séance ultérieure je demanderai la permission de revenir sur cette importante collection ; pour l'instant, permettez-moi de dire quelques mots sur l'herbier où elle doit prendre place. Une des difficultés que j'ai rencontrées au Müséum, c'est le manque 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'aide; nous avons eu quelques botanistes bénévoles qui nous ont rendus de véritables services, mais pour la besogne presque matérielle les secours nous ont en partie manqué. Ce qui m'a fait défaut, c'est, d'une part, pendant plusieurs années, un garcon de laboratoire et un préparateur; le préparateur titulaire, M. Gran- jon, s'occupant de paléontologie végétale, service encore bien moins partagé que le mien, la phanérogamie et le service du laboratoire des hautes études réclamant tout le temps du garçon. Nous avons un véritable besoin de préparateurs qui, avec une grande bonne volonté, connaissent un peu les collections: nous sommes loin, pour la eryptogamie surtout, de posséder un service fonctionnant à plu- sieurs degrés et épargnant, comme cela est toujours possible, le travail manuel et fastidieux à qui peut mieux employer son temps. Lorsque Mettenius mangea l'herbier des Fougères, il eùt été bien utile de faire écrire sur chaque étiquette le nom adopté par lui pour les espè- ees qu'il avait réunies : c’est ce que j'ai fait moi-même pour les Laminaires étudiées par M. Rostafinski ; faute d'avoir fait cela, beaucoup d'espèces vues par l'illustre ptéridographe ont été éloignées des autres et sont demeurées innommées, et la plus légère altération de l'ordre primitif à fait disparaître toute trace de son travail. Ce sont des difficultés de cette nature qui arrêtent le travail et le rendent extraordinairement ennuyeux au bout de quelques mois. l Nous avons d'ailleurs un arriéré effrayant: pour les Algues, éparses en beaucoup de points des galeries, nous avons, M. Bornet et moi, travaillé ensemble quatre mois pour les réunir en groupes naturels et rendre pos- sible (je ne dis pas facile) le travail, complétement impossible aupa- ravant. Pour les Champignons, avant que cette réunion puisse étre tentée, il fallait intercaler l'herbier de M. Tulasne, fondement de la mycologie moderne, et il faudra intercaler de méme l'herbier propre de Desmazières, ainsi que celui du D" Roussel. L'herbier de Desmaziéres a été donné en 1863. Pour pouvoir intercaler les échantillons de ce précieux herbier dans l'herbier général du Muséum, il fallait que ce dernier fût un peu plus en ordre; en un mot, qu'il füt en quelque sorte rangé. Or, depuis quelques années, il avait été fort négligé et l'intercalation ne laissait pas que d’être pénible; de plus, un ceriain nombre d'espèces déterminées et parfaitement nommées étaient retirées de leurs places, notamment l'envoi trés riche fait par M. Hermann Hoffmann, de Giessen. Certaines cases étaient complètement pleines, c'était le plus grand nombre, la collection étant fort à l'étroit dans les 36 cases qui lui étaient affectées ; un certain nombre de chemises bourrées d'échantillons avaient SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. 71 été, par erreur sans doute, intercalées çà et là hors de leur rang et con- tenant nombre d’espèces les plus différentes. Le premier soin a dù être de réunir par genres, puis par espèces, chacun des nombreux échantillons épars çà et là. La réunion par espèces a exigé l'emploi d'étiquettes saillantes dont on ne devra jamais abandonner l'usage. Ces espèces ont été rangées par ordre alphabétique, disposition qui parait brutale au premier abord et peu scientifique; ce n'est pas sans avoir lutté beaucoup que je me suis décidé à l'adopter à la fin. Mais l'intercalation continuelle exigeant à chaque instant un remaniement incessant des paquets, il a fallu s'y résoudre. Il nous reste d'ailleurs un nombre si considérable d'espèces à réunir encore aux précédentes, que cette disposition nc peut étre encore aban- donnée. Il ne faut pas oublier que c’est elle qui permet la comparaison la plus aisée avec les listes et les catalogues; dans les ouvrages qui traitent de ces matières la disposition est alphabétique comme dans tous les Index et toutes les Tables. Il est à peine besoin de faire remarquer, d'ailleurs, qu'avec cet ordre et la présence d'étiquettes saillantes, on arrive en quelques minules à trouver une espéce donnée dans les genres qui contiennent plus de cent à deux cents espèces ; que cette recherche peut être confiée à un garcon de labo- ratoire et abrége beaucoup de temps perdu. Sans doute, au point de vue scientifique , la difficulté de détermination est augmentée ; mais dans un musée destiné à étre consulté, l'herbier doit avoir en vue de rendre cette besogne facile: de plus, le travail le plus pressant et le plus urgent de beaucoup, est celui de l'intercalation, besoin qui chez nous prime tous les autres et qui correspond à l'une des nécessités les plus impérieuses. Et dans quel ordre faudrait-il disposer ces espéces? quelle est l'analogie réelle? Il n'y a pas d'ouvrages comprenant la généralité des espéces depuis le Systema mycologicum Fries, c'est-à-dire depuis cinquante ans. Il n'y a que des essais partiels, et les spécimens exotiques font forcément de larges coupures dans cette disposition. L'ordre naturel des genres est aussi trés modiflé : si l'on se reportait à Endlicher ou à l'un quelconque des Genera, que de changements y trou- verait-on ! Les espéces ont été séparées de certains genres pour étre placées dans des familles différentes : l'Uredo candida (Péronosporée) était autrefois placé avec les Stillospora (Ascomycète) dans les Urédinées. On citerait des genres entiers démembrés en trois ou quatre parties considérées désormais comme ayant les affinités les plus diverses. Cette disposition alphabétique est celle qui a été adoptée par mon ami 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le docteur Cooke dans la liste de plusieurs groupes de Champignons qu'il a bien voulu me communiquer, et notamment dans celle des Polypo- rus et des Tramétes, qu'il vient de publier récemment: seule elle parait pratique et réellement applicable aux grands herbiers en ce moment; mais elle n’est, il faut le dire, que fransitoire, et sera changée en une autre plus scientifique dés qu'un ouvrage général aura vu le jour. Dans les conditions actuelles, l'herbier des Champignons peut étre aisé- ment consulté ; il l'a été par des botanistes francais ou étrangers : MM. les docteurs Prillieux, Quelet, Richon, Cooke, Fischer de Waldheim, Harck- ness, Magnus, Bommer, baron de Cesati, ete., etc. M. de Seynes, en faisant le travail qu'il continue sur les espèces mexicaines, s’est plaint souvent du désordre qui régnait alors et des difficultés que présentaient les comparaisons ; aujourd'hui cela n'existe plus. Le travail de rangement a subi plusieurs phases : il a fallu successive- ment déplacer les paquets, qui de 36 se sont élevés au nombre de 80; chacun de ces remaniements a été très laborieux et a troublé profondé- ment l'ordre primitif. Un catalogue, pour ainsi dire géographique, existe, qui permet de retrouver la place de chaque genre, situé d'ailleurs à cóté des genres voisins dans l'échelle naturelle. Il y a un groupe de formes imparfaites, un groupe de formes partielles, un groupe d'incerte sedis. Au cours de ce rangement, il aurait été facile d'extraire les matériaux d'un grand nombre de notes diverses; j'aurais pu faire la description d'espèces nouvelles. J'ai pensé qu'il. valait mieux consacrer tout mon temps à ce travail utile plutót que d'en distraire une partie pour des tra- vaux personnels. C’est en effet à des travaux personnels entrepris au lieu d'accomplir ces rangements que nous devons une partie de l'arriéré qui nous incombe aujourd'hui. Nous pouvons le dire, sans amertume et sans reproche, c'est un aide-naturaliste, mort aujourd'hui, que son âge appelait à ces sortes de travaux. C'était à lui que revenaient ces occupations; on ne pouvait demander à M. Tulasne, membre de l'Institut, homme d'une santé chancelante et dela plus haute valeur scientifique, de faire cette besogne, j'oserai dire manuelle; il avait rempli et bien au delà son devoir aprés avoir étudié à fond les spécimens de nos collections et avoir fourni les grands ouvrages qui sont le fondement et la base méme des travaux de systématique. Les collections phanérogamiques portent d'ailleurs les traces les plus nom- breuses de ses patientes, laborieuses et difficiles investigations. Le travail des herbiers est sans gloire et sans éclat ; il est modeste et en méme temps de la plus haute importance. Une fois que seront réunies les collections Desmaziéres et Roussel, il nous restera encore des vides nombreux. SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. 73 Sur les listes générales qui m'ont été adressées par M. le docteur Cooke nous, avons seulement le quart à peine des espèces: aujourd'hui que les flores de l'Australie, de la Californie, de Bornéo, de Ceylan, de l'Inde, du Cap, etc., sont assez bien connues, enregistrons avec regret que nous n'en possédons presque rien, si ce n'est de trés anciens spécimens extréme- ment clairsemés. Pour les espèces nouvelles d'Europe nous sommes encore plus pauvres ; les relations personnelles seules peuvent combler ces lacunes. Lecture est donnée des trois communications suivantes : HERBORISATIONS FAITES DANS LA CHARENTE-INFÉRIEURE EN 1878, par M. FOUCAUD. Les herborisations que j'ai faites cette année sur divers points de la Charente-Inférieure m'ont permis de découvrir, comme les années précé- dentes, quelques nouveautés pour le département et plusieurs stations de nos plantes rares. Cette notice a pour but de faire connaitre ces décou- vertes et celles dont j'ai été informé, et de faciliter aux botanistes la recherche de quelques raretés intéressantes. Thalictrum nigricans DC. — Marais tourbeux d'Aigrefeuille et d'Anais ! Quelques formes intermédiaires entre cette plante et T. flavum L. se trouvent dans les mémes marais. T. Savatieri Foucaud. — Catalogue des plantes vasculaires du dépar- tement de la Charente-Inférieure, p. 45, et Bull. Soc. bot. Fr. t. XXV, p. 255. Cette plante a été découverte par M. le docteur A. Savatier, il y a plus de vingt ans, dans les haies de Beauvais-sur-Matha. Ranunculus hederaceus L. — Çà et là, de Bussac à Bédenac, à Cer- coux, à la Clotte et à la Barde (D' A. Savatier et moi). Doit se trouver ailleurs. R. tripartitus DC. — Fossés bordant la route de Bussac à Bédenac (D' A. Savatier et moi). N'avait encore été vu dans le département que par M. Parat, à Gabras, prés de Tonnay-Charente. R. divaricatus Schranck. — La Gère, près de Ciré! Vautron! marais de Saint-Symphorien ! Doit exister dans le vaste marais de Saint-Agnant. R. gramineus L, — Habite souvent les prés mouillés et se développe alors beaucoup plus que dans les pelouses séches ; dans les lieux humides, les racines sont trés renflées. et les feuilles atteignent quelquefois prés de 2 centimètres de largeur. 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Papaver mieranthum Dor. — Talus des fossés et moissons du cal- caire à Angliers et à Saint-Christophe ! E P. Lecoqii Lamotte. — Haies entre Brie et Sonnac (D' A. Savatier). Fumaria contusa Jord. — Valin en Cercoux, la Barde (D* A. Savatier et moi) Saint-Savinien (Tesseron). F. micrantha Lag. — Répandu cà et là, dans un grand nombre de localités, depuis Royan, Meschers jusqu'à Marans ! Barbarea præcox R. Br. — La Croix-Rouge en Bresdon, Cressé (D' A. Savatier); Archingeay (Tesseron). Brassica oleronensis À. Savatier. — Catalogue des plantes vascu- laires du département de la Charente-Inférieure, page 46. Au sujet de cette plante nouvelle, M. le docteur A. Savalier m'adresse la description suivante : « Sépales dressés, un peu plus longs que la moi- tié des pédoncules. Style conique assez épais, quatre à cinq fois plus court que la silique. Pédoncules fructifères étalés presque à angle droit. Siliques redressées sur les pédoneules, presque à angle droit aussi, à valves cón- vexes. Graines noirâtres, petites, trés légérement chagrinées. Feuilles radicales d’un vert sombre assez longuement pétiolées, irrégulièrement lobées, couvertes sur toute leur surface de poils épais et rudes; les supé- rieures embrassantes, glauques, glabres, lancéolées, en cœur à la base, qui se prolonge de chaque côté en oreillettes arrondies. Racine fusiforme, allongée, succulente, de 10-15 centimètres, alteignant rarement plus de la grosseur du doigt, d'un goût fort agria" lorsqu'ellé à "subi la cuisson. » Cette plante est répandue cà et là dans les cultures de quelques loca- lités de l'ile d'Oléron, où M. le docteur Savatier me l'a fait cueiltir l'anhée derniere. Nasturtium asperum Coss. — Lieux humides de la prairie d'Allas- Bocage (D* A. Savatier et moi). . pyrenaicum R. Br. — De Cercoux à la Clotte et à la Barde " A. Savatier et moi). featis tinctoria L. — Se trouve accidentellement dans quelques luzer- nières à Montroy ! la Jarrie! Saint-Pierre d'Amilly! Répandu à Beauvais- sur-Matha, d'aprés M. le docteur A. Savatier. Hutchinsia petrrea R. Br. — Champs secs prés de Saint-Christophe ! bourg du Gieq (D* A. Savatier). Biscutella Iævigata L. — Lande entre la Clotte et la Barde (Lloyd) ; gare de Pons. Helianthemum pulverulentum DC. — Chaumes dé Saint-Savinien (Tesseron). Viola subcarnea Jord. — Bois de Saint-Christophe ! V. seotophylla Jord.— Bords du Lary, près de la Clotte et Hide é éntre SÉANCE DU 98 FÉVRIER 1879. 75 Chez-Chauvet et la Barde (D'A. Savatier et moi). Me parait répandu dans le département. V. Foucaudi À. Savatier. — Catalogue des plantes vasculaires du département de la Charente-Inférieure, page 49. s Au sujet de cette plante, M, le docteur A. Savatier m'adresse la descrip- tion suivante : « Plante petite, à rameaux étalés et partant du collet de la racine, rarement de la tige centrale. Feuilles inférieures orbiculaires en cœur, profondément crénelées, échancrées au sommet, à pétioles bien plus longs que les feuilles. Feuilles intermédiaires ovales non en cœur, légére- ment échancrées au sommet et profondément crénelées, à pétioles plus longs que les feuilles suivant la station et s'élargissant au sommet. Feuilles supérieures subspathulées. Stipules à 5-8 lobes, le milieu foliacé, crénelé, légérement déprimé au sommet, plusieurs fois plus long que les latéraux ; les deux intermédiaires spathulés-arrondis, les latéraux sublinéaires, Pédoncules égalant les entre-nœuds ou 1-3 fois plus longs suivant les stations, aplatis en dessous et sillonnés en dessus et ouverts à angle droit, quelquefois à angle aigu, suivant la station. Bractées violacées à cinq divisions, situées à la naissance de la courbure ; divisions intermé- diaires plus longues et plus larges que les autres. Sépales lancéolés et violacés à la base; le supérieur ascendant plus Jong que les pétales supé- rieurs ; les autres plus courts que les pétales inférieurs. À pendice un peu plus court que l'éperon et légèrement aplati, violacé et courbé. Pétales supérieurs blanchátres, petits et entiers, les latéraux jaunátres, surtout à la base, qui porte une tonffe de poils; l'inférieur échancré au sommet et marqué de cinq stries marron foncé à la base, qui est légèrement poilue et d'un beau jaune. Capsule ovale-arronflie et égalant presque les sépales. Graines cylindriques, courtes, à hile rond et rapproché de la base. » Cette plante habite les terrains calcaires et se distingue au premier coup d'œil des autres Viola avec lesquels elle croît, par son port, sa taille et surtout par ses fleurs jaunes, qui sont bien plus petites que celles des autres espèces du département. Je l'ai rencontrée à Saint-Pierre d'Amilly et dans les Deux-Sèvres, à Saint-Christophe et dans les communes des environs. | l Astrocarpus Clusii Gay. — Cercoux, la Clotte, la Barde (D' A, Sa- vatier et moi). Parnassia palustris L. — La Châtaigneraie en Saint-Symphorien (Bernard et moi). Polygala depressa Wend, — Lande humide de Montendre (D' A. Savatier et moi). P, calcarea Schulz. — Bois de Saint-Christophe! de Boyrgpeuf ! de la Garde-au-Valet! bord du marais de Marsais! Vallet, la Clotte (D' A. Savatier et moi). 76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dianthus caryophyllus L. — Meschers! Saponaria oficinatis L. — Bords du Lary, prés de la Clotte (D" A. Savalier et moi) ; Chadin eu Saint-Savinien (Tesseron). Cucubalus baccifer L. — (à et là dans les haies depuis Allas-Bocage jusqu'à la Barde et probablement au delà (D" A. Savatier et moi). Lychnis diurna Sibth. — Le Gouffre de la Sèvre est la seule station indiquée pour cette plante dans le département ; je l'y ai vainement cher- chée l'année dernière : ne setrouvait sans doute là qu'accidentellement et a dà disparaitre. Linum corymbulosum Reich. — Commun dans les cantons de Matha et d Aulnay (D* A. Savatier). L. suffruticosum L. — Vallet, la Clotte, Saint-Martin d'Ary (D' A. Savatier et moi). Hypericum montanum L. — Croix-Gente, prés de Montendre (D' A. Savatier et moi) ; Sainte-Soulle ! Geranium pusillum L. — Esnandes! Angliers! Angoulins! Jonzac (D' A. Savatier et moi). G. sanguineum L. — Bois de Bourgneuf et de la Garde-au-Valet ! Oxalis corniculata L. — Pied des murs à Nieul-sur-Mer! Rhamnus Alaternus L. — Rochers au pied des ruines du château de Montguyon (D' A. Savatier et moi). Medicago tribuloides Lam. — Cóte d'Angoulins! Trigonella gladiata Stev. — Pointe des Minimes, où l'on croyait la station détruite ! Melilotus alba Desr. — Lieux sablonneux humides prés du phare de la Coubre (Bernard et moi). | ` Trifolium Michelianum Savi. — Presqu'ile d'Enette! Séche-Bec, près de Bords (Tesseron). T. suffocatum L. — Presqu'ile d'Enette! Astragalus glycyphyllos L. — Quelques pieds dans une haie près de la gare de Ciré ! Doit se trouver dans les bois des environs. Ornithopus compressus L. — Saint-Symphorien! Cercoux (D' A. Sa- vatier et moi) ; Saint-Savinien, Corme-Royal (Tesseron). Œnothera biennis L. — Dunes de la pointe de la Coubre (Bernard et moi). Sedum reflexum L. — Répandu dans tout le sud du département (D' A. Savatier et moi). Bupleurum aífine Sadler et B. Jaequinianum Jordan. — Sur ces deux plantes M. Lloyd m'adresse la note suivante destinée aux additions àla Flore de l'ouest de la France : «. La forme à rameaux courts, appliqués (B. affine Sadler), et celle à rameaux allongés, étalés-ascendants (B. Jacquinianum Jord.)i ne consti- SÉANCE DU 98 FÉVRIER 1879. 77 tuent qu'une même espèce, ainsi que je l'ai constaté avec le D" Maupon, en présence des intermédiaires croissant dans la localité maritime de Tharon (Loire-Inférieure). Dans les dunes et les lieux sans abri, il n'y a que B. affine, tandis que dans les lieux plus frais et abrités par les buis- sons une partie des individus sont B. Jacquinianum. L'été humide de 1878 a produit des B. Jacquinianum et des formes intermédiaires où il n'existait en 1877 que B. affine. » De cette derniére récolte, j'ai recu de M. Lloyd un échantillon de B. af- fine, dont les graines, semées dans mon jardin à Saint-Christophe et dans le Jardin botanique départemental de la Rochelle, ont produit de magni- fiques échantillons de B. Jacquinianum. Smyrnium Olusatrum L. — Valin, la Barde, le Fouilloux (D' A. Sa- vatier et moi). | Carum verticillatum Koch. — (à et là, dans presque tous les prés mouillés des landes, depuis la Barde jusqu'à Montendre (D' A. Savatier et moi). | Conopodium denudatum Koch. — L'existence de cette plante dans Ja Charente-Inférieure est fort douteuse. Les botanistes qui nousont précédés l'ont notée « rare dans le calcaire ». Pimpinella magna L.— Noté, par erreur, commun dans le départe- ment par nos devanciers ; n'y existe probablement pas. Seseli coloratum Ehrh. — Lande de Cadeuil, à une assez grande dis- lance de l'endroit où je l'ai découvert l'année dernière. Peucedanum Cervaria Lap. — Vallet! bois de Bourgneuf! Rubia tinctorum L. — Haies des jardins de Châtel-Aillon ! Artemisia annua L. — Plante étrangére à la France, trouvée prés de la gare et dans quelques jardins de Saint-Savinien où M. Tesseron me l'a fait cueillir. Linosyris vulgaris Cass. — Tige de 5-10 centimétres; sur les coteaux crayeux de la Gironde. Inula Helenium L. — La Groie en Genouillé (Riveau). Gnaphalium dioicum L. — Je l'ai vu dans l'herbier de feu M. de Beaupreau, avec cette indication vague : « Forêt de Benon, ex Bonpland. » Il m'a été impossible de voir cette plante dans les nombreuses herborisa- tions que j'ai faites sur divers points de la forêt de Benon ; n'y a peut-être pas été trouvée. Diotis candidissima Desf. — L'existence de cette plante dans la Charente-Inférieure est trés douteuse : nous nous sommes assurés, le docteur A. Savatier et moi, qu'elle ne se trouve plus à Damino, dans l'ile d'Oléron; il m'a également été impossible de la découvrir à Fouras, où j'ai fait plusieurs herborisations ; dans le département elle n'est notée que sur ces deux points et dans l'ile de Ré. 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE. Chrysanthemum corymbosum L, — Bois de Bourgneuf! Carduus pycnocephalus Jacq. — Bord des chemins, prés de Saint- Médard! Se répand de plus en plus. Tolpis umbeilata Pers. — La Petite-Maconne en Saint-Symphorien, Terre-Négre, prés de Royan (Bernard et moi). Scorzonera hispaniea L. — Bois de Bourgneuf! Allas-Bocage (D" A. Savatier et moi). S, hirsuta L. — Bois de Bourgneuf! Hypochæris maculata L. — Bois de Bourgneuf ! Pterotheea nemausensis Cass. — Luzerniéres de Croix-Chapeau ! Se répand de plus en plus. Crepis niewæensis Balb, -— Montguyon (D° A. Savatier et moi). Hierncium Auricula L. — Ne se trouve dans la Charente-Inférieure que cà et là, dans les terrains tertiaires, depuis Montendre jusqu’à la Barde (D'. A. Savatier et moi). Xanthium macrocarpum DC. — M. Crévélier a découvert dernière- ment cette plante à Royan, où son apparition est récente. M. Bernard et moi, nous l'avons vue depuis dans deux conches en allant à Terre-Négre, à une assez grande distance de Pontaillac, où elle a été découverte. La facilité avec laquelle ce Xanthium s'est répandu dans certains sables mari- times porte à croire qu'il se maintiendra dans le département. X. strumarium L. — La Boulinière en Longéves! X. spinosum L. — De Barzan à Bureau, près de Terre-Négre ! Se main- tient et méme se répand. Campanula rotaméMolia L. — Fief de la Couture en Bazauges, Sécheboue (D' A. Savatier). Gentians Pheumeonandie L. — Marais tourbeux de la Chàtaigneraie en Saint-Symphorien (Bernard et moi). Erythræa chloodes Gren: et Godr. — Lèdes prés du phare de la Coubre, et entre Saint-Palais et Terre-Négre (Contejean). Echium pyramidate Lap. — Longèves et environs ! Selanam ocbroleuweum Bast, — La Rochelle! Saint-Symphorien ! Doit se trouver ailleurs. Verbascum nigrum L.— La Clotte (D'A. Savatier et moi) ; Saleignes; la Motte en Geay (Tesseron). Digitatis purpurea L. — Les botanistes qui nous ont précédés ont sans doute fait erreur en notant cette plante dans le département ; élle pourrait tout au plus se trouver dans les terrains tertiaires de Montendre et des envi- rons, où le docteur A, Savatier et moi nous l'avons vainement cherchée. Odontites lutea L, — Mortagne-sur-Gironde (Baudoin). Melissa officinalis L, — S'échappe des jardins ef se trouve çà et là dans tout le département, SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. 79 Nepeta Cataria L. — Orion, près de Châtel-Aillon! Leonurus Cardiaca L. — Cercoux, la Barde (D' A. Savatier et moi). Brunella hyssopifolia L. — Bussac (D' A. Savatier et moi). Pinguicula Iusitanica L.— Marais de la Chátaigueraie en Saint-Sym- phorien, Cadeuil (Bernatd et moi). Utricuiaria minor L, — Marais entre Aigrefeuille et Virson ! la Gére, près de Cire ! Centuneulus minimus L. — Répandu dans la lande de Cadéuil! lande entre Bussac et Bédenac (D* A. Savatier et moi). Phytolacca decandra L. — Se répand dans les landes de Montendre (D' A. Savatier et moi) ; vallée de Chamouillac (Bénuraud). Chenopodium rubrum L. — Marais de Saint-Symphorien et de Sou- bise, prés de Rochefort (Bernard et moi). Ch. opulifolium Schrad. — Saint-Symphorien (Bernard et moi); Sainl-Savinien (Tesseron). Daphne Cneorum L.— Landes entre Montendre et Bussac (D' A. Sa- valier et moi). Aristolochia rotunda L. — Allas-Docage (D' A. Savatier et moi). Euphorbia verrucosa L. — Préguillac (Tesseron). E. Esula L. — (à et là, dans les Vignes, entre Saint-Christophe et la gare d'Aigrefeuille ! Ficus €arica L. — Lande de Cadeuil (Bernard et moi). Alisma natans L. — N'existe pas dans la Charente-fnférieure, bien qu'il ait e noté commun par nos devanciers. . repens DC. — Me parait également étranger au départeme. Potamogeton hcterophyllus Schreb. — Marais de la région des dunes de la Coubre (Bernard et moi). P. trichoides Cham. -— Marais de Genouillé (Riveau), nouveau pour le département. Lemna arrhiza L. — Rochefort (Wingerter) ; Lafond ! Sparganium minimum Dauhin. — Marais de la région des dunes de la Coubre (Bernard et moi). | Orchis odoratissima L. — Marais entre Aigrefeuille et Virson! ©. pyramidatis L. — Allas-Bocage (D' A. Savatier et moi). 9. alata Fleury. — Montendre (D' A. Savatier et moi). ©. purpurea Huds. — Les Ferrières en Saint-Savinien (Tesseron). Ophrys muscifera Huds. — Les Ferrières en Saint-Savinien (Tesse- rou). Nouveau pour le département. Serapias cordigera L. — Montendre (D° A. Savatter ef moi). S. lingua L. — Allas-Bocage (D' A. Savatier et moi). Epipactis atrorubens Reich. — La Garde de Montlieu (Jarri). Nou- veau pour le département. 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. E. palustris Crantz. — Saint-Christophe, Saint-Symphorien (Bernard et moi). | Neottia Nidus-avis Rich. — Bois de Saint-Christophe! Spiranthes æstivalis Rich. — Saint-Christophe ! Narcissus poeticus L. — Prairies de Crazannes (Tesseron). Phalangium Liliago Schreb. — Saint-Palais de Négrignac (Caudé- ran). Allium ericetorum Thore. — De la Châtaigneraie à Cadeuil (Bernard et moi). A. Deseglisei Bor. — Cette plante, qui est répandue sur plusieurs points de la Charente-Inférieure, est loin d'avoir des caractéres constants. Souvent les bulbilles, au lieu d'étre placés autour du bulbe principal, sont fixés à une assez grande hauteur sur la tige. La position des bulbilles dépend, comme je l'ai remarqué pour À. sphærocephalum L., dela profon- deur du bulbe principal. La longueur des pédicelles des fleurs varie égale- ment, et par suite les tétes sont fréquemment à peine ovales et l'espéce est alors trés-difficile à distinguer de A. sphærocephalum L., en compa- gnie duquel elle est souvent répandue. Juncus striatus Schousboe. — Fouras! J. anceps La Harpe. — Lédes de la pointe de la Coubre (Bernard et moi). J. heterophyllus Léon Dufour. .— Sur plusieurs points à Montendre (D' A. Savatier et moi). | Scirpus pungens Roth. — Noté assez commun, par erreur, par les botanistes qui nous ont précédé; marais de Berjat et environs, Oléron (Lloyd). | S. silvatieus L. — Noté assez commun dans le département par nos devanciers ; n’y existe probablement pas. Eriophorum latifolium Hop. — Marais mouillés, prés de Bussac (D* A. Savatier et moi). Carex paniculata L. — La Barde (D' A. Savatier et moi). €. punctata Gaud. — Cadeuil (Tesseron). Setaria glauca P. de Beauv. — La Gripperie en Saint-Symphorien (Bernard et moi). keersia oryzoides L. — Répandu au bord de la Gère, près de Ciré! Polypogon maritimus Willd. — Fouras! Aira media Gouan. — Marais de Longéves! Cynosurus echinatus L. — La Barde (D' A. Savatier et moi). Ægilops ovata L. — Répandu au bord des chemins de Saint-Chris- tophe à Longèves ! Equisetum Telmatela Ehrh. — Courpignac, la Barde, Saint-Martin d'Ary, Montguyon (D A. Savatier et moi). SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. 81 E. hiemale L. — La Petite-Maconne en Saint-Symphorien (Bernard et moi). Isoetes Hystrix Durieu. — Fouras! landes entre Bussac et Bédenac (D* A. Savatier et moi). Nouveau pour le département; bien moins déve- loppé dans les landes qu'à Fouras. Osmunda regalis L. — Lande de Cadeuil (Bernard et moi). Polystichum Thelypteris Roth. — Saint-Symphorien (Bernard et moi). Nitella opaca Ag. Wall. — Marais de Beauregard en Saint-Médard ! N. intricata Roth. — Marais de Genouillé (Riveau). N. tenuissima Kütz. — La Gère, prés de Ballon! LISTE DE QUELQUES PLANTES RÉCOLTÉES AUX ILES SANGUINAIRES, par M. P'abbé BOULLU (1). En descendant le revers occidental de l'ile de Mezzomare, on rencontre : Arum muscivorum P. (2). Melilotus messanensis Desf. Erica arborea L. Cistus monspeliensis L. Artemisia arborescens L. — salviæfolius L. Lathyrus annuus L. Viburnum Tinus L. — ciliatus G.G. Pistacia Lentiscus L. Le Carduus cephalanthus atteint dans cet endroit des proportions extraordinaires. Sur les pelouses humides se montrent les hampes dessé- chées du Narcissus Tazeita L. Aprés avoir parcouru tous les replis de l'ile, il est prudent d'y déjeuner ; car on est sür d'y trouver de l'eau, au moins de citerne, ressource qui manquerait peut-étre surle rivage opposé. On regagne les embarcations, et laissant à gauche deux ou trois îlots presque complètement dénudés, o:i va débarquer à la Parata. Les bateliers pourront dans quelques instants profiter de la brise de mer pour cingler vers Ajaccio, emmenant les récoltes déjà faites et le superflu des bagages. De la tour de la Parata on voit s'arrondir devant soi, du cóté du nord, l'anse de la Minaccia, terminée par le capo di Feno. Là croit, dans les sables de la plage, Pancratium maritimum L. Letemps manquerait pour aller le cueillir ; il faut se borner à ce qu'on a sous la main : (1) Supplément au compte rendu des herborisations aux iles Sanguinaires (t. XXIV, ess. extraord. p. LXXXVII). (2) La spathe de cette plante remarquable cst bien moins grande ici et à Corte que dans l'ile de Lavezzi, où elle mesure souvent 0",45 de longueur sur une largeur de 0,30. T. XXVI. (SÉANCES) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Frankenia lævis L. Stachys marrubiifolia Viv. Barkhausia bellidifolia DC. Daucus gummifer Lamk. — hispidus Desf. — maritimus Lamk. — Gingidium L. Scleropoa loliacea God. Gr. Aristolochia rotunda L. Beta maritima L. Atriplex littoralis L. Polygonum maritimum L, . Urtica pilulifera L. Trisetum neglectum Bœm. Melica major Sibth. Danthonia decumbens DC. Lepturus incurvatus Trin. Polypogon subspathaceum Req. Anthemis secundiramea Bik. Erodium corsicum Lamk. Spergularia media Pers. Trifolium lappaceum L. Lotus Allionii Desv. Scorpiurus subvillesa L. On laisse derriére soi les ruines d'une tuilerie, et l'on arrive à l'an- cienne Madrague, où aboutit le càble du Sémaphore. On peut récolter en passant Euphorbia Pithyusa L., Triglochin laxiflorum Guss., et à tra- vers broussailles et roches. éboulées on atteint la plaine de Vignola. Près de la mer se montrent : Alyssum maritimum Lamk, Silene cretica L. Centunculus minimus L. Anagallis parviflora Salzm. Clematis maritima L. Raphanus Landra Moretti. Sagina maritima L. , Atriplex crassifolia C.-A. Mey. Plantago crassifolia Forsk. Euphorbia pinea L. Cyperus flavescens L. Schænus nigricans L. | Heleocharis palustris R, Br. Dans les maquis, parmi les rachers : Hypecoum procumbens L. Cerastium aggregatum DR. Tribulus terrestris L. Genista candicans L. Lotus conimbricensis Brot. Torilis nodosa Gærtn. Asteriscus spinosus G. G. Helianthemum guttatum Mill. Carduus fasciculiflorus Viv. Arbutus Unedo L. Erythræa maritima Pers. Osyris alba L. Euphorbia pubescens Desf. Arum Arisarum L. Asplenium lanceolatum Huds. STIRPES NOVÆ VEL. RARIORES FLORÆ JAPONICÆ, par M. A. FRANCHET. Les plantes qui font l'objet de cette note ont été recueillies par M. l'abbé Faurie, missionnaire au Japon, principaletnent dans les environs de Niigata, ville considérable de la province d'Etehigo et située sur la côte de Nippon, par 37° 58° N., presque en face de l'ile Sado. La flore de cette région a élé étudiée par le doeteur Vidal et ensuite par M. l'abbé Faurie; elle est fort riche en espèces qui n'ont été jusqu'ici retrouvées sur aucun autre point du Japon. SÉANOE DU 28 FÉVRIER 1879. 83 Je.regrette de ne pouvoir publier ici la liste des espèces recueillies, au nombre de plus de 400, par M. l'abbé Faurie, durant son voyage de Niigata à Yédo, à travers le massif montagneux d'Aidzu et la chaine de Nikó. J'espére donner ailleurs des détails plus complets sur ce voyage, qui, sans parler des espèces nouvelles, a enrichi la flore du Japon d'un grand nombre de localités de plantes rares et trés peu connues jusqu'ici. IsoPYRUM NiPPONICUM +. — Rhizoma crassum, obliquum vel rarius subperpendiculare, atrofuscum, squamatum. Folia radicalia longe petio- lata, biternata, segmentis e basi integra euneata obovatis, grosse et intequa- liter crenatis vel sinuatis, lateralibus triplo minoribus, segmento terminali 2-4 cent. longo, 2-3 cent. lato; folium scapi conforme, petiolo subpol- licari, stipulis minutis connatis sufulto, limbi segmentis inferioribus sæpius bifidis ; folia bractealia valde diminuta, segmentis ternatis vel tri- lobatis. Flores laxe paniculati, pedicellis erectis 1-2 cent. longis, apice dilatato disciformi; sepala 5, circiter 2-3 millim. longa, obovata, viridi- alba, apice obtusa ; petala longe unguiculata, ungue laminam suborbicu- larem 3-4-plo superante, (in sicco) flavescentia. Ovaria bina, stigmatibus minimis. Carpella 2, demum sub angulo recto patentia, angusta, folliculis dense punctatis, sub apice rotundato stylo uncinato vel subrecto mucro- natis. Semina pallida, in utroque carpello usque ad 6. — Planta glauca, digitalis vel usque semipedalis. Espèce bien caractérisée par la forme de ses feuilles. Les fleurs sont une fois plus petites que celles de l'Isop. adoxoides et deux fois au moins que celles de l'Isop. dicarpon et de l'Isop. stipulaceum, dont elle a les pétales et les fruits. La forme des folioles rappelle tout à fait celle du Thalictrum tuberiferum Max. CARDAMINE BRACHYCARPA +. — Annua,e collo dense multicaulis, in- ferne breviter pubescens, cæterum glaber. Caules graciles, erecti, simpli- ces vel parce ramosi. Folia parva, semi- vel vix pollicaria, petiolo exauri- culato, profunde pinnatifida vel etiam pinnatisecta, segmentis minimis, integris, oblongis, utrinque tantum 3-4, terminali trilobo paulo majore ; racemus demum elongatus, flexuosus. Pedicelli subpatentes, floriferis 2-3 mill. vix longis, fructiferis duplo longioribus. Flores parvi; sepala petalis dimidio breviora, viridia vel violascentia, apice hyalino late mar- ginata ; pelala vix 2 mill. superantia, erecta, oblonga, alba. Siliquæ ascen- dentes, vix 10 mill. longe, 4 mill. latæ, apice breviter attenuatze, valvis enervibus. Semina in loculis pauca, uniseriata, ratione siliquæ magna, fulva, tenuissime punctata. Voisin du Cardamine hirsuta et surtout du C. parviflora, dont il a le port; il.se distingue nettement de l'un et de l'autre par la brièveté de ses siliques. . .:. ud VEMM | | 84 | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hab. — insul. Nippon, prov. Etchigo, circa Niigata, secus vias humidas (R. P. Faurie). VIOLA PACHYRHIZA +. — Rhizoma horizontale, articulatum, penne gal- linæ crassitie, pallidum, ad collum ramosum, et squamis fulvis subtiliter denticulatis vestitum. Folia cordata, vix ultra pollicaria, apice breviter attenuata, acuta, tenuissime crenulata, in nervis puberula, mox glabrata, petiolo virescenti 2-3-plo breviora. Pedunculus viridis, petiolo æquilongus, infra medium bibracteolatus, bracteolis lanceolatis acutissimis, denticu- latis. Flores circiter semipollicares, pallide violacei; sepala glabra, oblonga, obtusa, marginibus anguste albo hyalina, appendicibus truncatis, dentatis ; petala imberbia, calcare crasso 3 millim. longo et fere lato appendices sepalorum paulo superante. Espèce très rapprochée du V. vaginata Maxim. et du V. cucullata Ell. Elle se distingue du premier par ses fleurs et par ses feuilles plus petites, nullement àcuminées, par ses pédoncules et ses pétioles verts et assez gréles ; ses pétales glabres intérieurement, ses sépales courts, arrondis au sommet et les écailles fauves qui se trouvent au collet de la racine l'éloi- gnent du V. cucullata. Le V. pachyrhiza se distingue en outre de ces deux espéces par son éperon remarquablement épais, presque aussi large que long et dépassant peu les appendices. Hab. — Yns. Nippon, prov. Etehigo, in umbrosis montium circa Niigata (R. P. Faurie). ACER TATARICUM L. var. aidzuensis +. — Folia tenuiter membra- nacea. Fructus illis plante typicæ æquimagni, alis samararum erectis sese marginibus incumbentibus. Différe du type par ses feuilles plus minces, noircissant par la dessicca- tion, par ses samares dont les ailes sont dressées, paralléles, et se recou- vrent par le bord interne. L'Acer tataricum var. Ginnala Maxim. a ses fruits presque une fois plus petits, à ailes plus ou moins divariquées. Hab. — Insul. Nippon central., in silvis regionis subalpinæ tractus Aidzu (R. P. l'aurie). POTENTILLA ANCISTRIFOLIA Bunge, Enum. pl. Pek.: Lehm. Revisio Potentill. tab. xviii. Hab. — Insul. Nippon, prov. Shimodzuke, in monte Nikó ; fruct. ma- turos m. Aug. 1877 legit R. P. Faurie. Calices couverts de soies raides, apprimées; sépales externes moitié plus étroits et plus courts que les internes, ceux-ci dressés à la maturité, lancéolés-aigus, longs de 3 mill. environ ; carpelles poilus. Les fleurs sont peu nombreuses au sommet des rameaux, etles pédoncules bitides à peine aussi longs que la feuille qui les accompagne. Ni Bunge, ni Lehmann n'ont SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. 85 connu la plante en fleur ou en fruits.: La figure du Revisio Potentillarum convient bien à nos spécimens. (unysosPLENIUM FaAvnuE +. — Rhizoma gracile, breviter repens, ad collum squamis ovatis obsessum et cauliculos ascendentes simplices pro maxima parte nudos emittens. Folia crassiuscula, late ovata vel ovato- rotundata, e basi crenata serrata (crenis utrinque 7-9 porrectis), breviter petiolata, limbo basi contracto subdecurrente ; folia radicalia sæpius sub anthesi emarcida, in cauliculis florentibus tantum 2 (floralibus neglectis), valde diminuta, infra medium prodeuntia, vel etiam haud raro evanida; in cauliculis sterilibus juga foliorum usque 3, scilicet par inferius circiter ad medium nascens multo minus, paribus 2 supremis fere contiguis; cruciatim patentibus, ratione inferiorum maximis. Cyma bis bifida, sub- laxiflora, foliis bracteantibus caulinis forma similibus, sed duplo minoribus; pedicelli floribus æquilongi ; sepala virescentia, intus dense fusco punctu- lata, rotundata ; stamina 8, sepalis duplo longiora. Capsula basi breviter adnata, longe exserta, lobis demum arcuato patentibus. Semina pro genere magna, ovato- globosa, 14-15 costis dentato-serratis ornata. -— Planta gla- berrima, siccitate rufescens. Voisin du Chr. macrostemon Max., le Chr. Fauriæ en diffère par la consistance plus coriace de ses feuilles, par ses tiges stériles simples, longuement nues et terminées par deux paires de feuilles contiguës beau- coup plus grandes que celles de la paire inférieure ; par l'absence assez constante des feuilles radicales au moment de la floraison. Lorsqu'elles persistent jusqu'à cette époque, elles sont brièvement pétiolées et non sen- siblement plus grandes que celles des tiges. Dans le Chr. macrostemon, les feuilles radicales existent toujours durant la floraison et sont à cette époque souvent trés développées; les tiges fertiles et stériles sont également pourvues de feuilles qui décroissent en grandeur à mesure qu'elles s'élévent sur la tige. Hab. — Insul. Nippon, prov. Etchigo, in monte Nitz', haud procul ab urbe Niigata (R. P. Faurie). Trapa QUADRISPINOSA Roxb. Hab. — Insul. Nippon, prov. Etchigo, in fossis circa Niigata (R. P. Faurie). Très-voisin du Tr. natans L., il en diffère surtout par ses fruits plus gros, dont les cornes sont à peu prés droites et dépourvues au sommet de cils dirigés en bas. La grande iconographie de la Flore japonaise, Phonzo Zoufou, donne une bonne figure des fruits du Tr. quadrispinosa dans le vol. Lxxvi, fol. 3, sous le nom de Ogi bissi. | CICUTA NIPPONICA +, — Radix...... Caules tripedales et | ultra (teste 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Faurie), striato-sulcati. Folia infima bi-tripinnata, ambitu late deltoidea, neglecto petiolo facile 0",35 longa, foliolis sessilibus acute dentatis, subtus pallidioribus, ovato-lanceolatis, basi oblique rotundatis vel brevissime attenuatis; folia suprema pedunculos fulcientia petiolo æquali (nec dila- tato cymbæformi) donata, tripartita, foliolis lanceolatis. Pedunculi patentes 8-10 cent, longi ; umbellæ 10-15 radiatæ, exinvolucratze, radiis gracilibus, 3-4 cent, longis; umbellularum radiolz filiformes, usque ad 40, inæquales, involucellis polyphyllis diu persistentibus, foliolis linearibus quam radiolæ triplo brevioribus ; calicis lobi triangulares, acuti, in fructu erecti; petala albida, staminibus breviora. Fructus glohosi, a latere compressi. — Planta glaberrima. Cette espèce parait bien distincte du C. virosa L, et du C. maculata par ses fruits presque une fois plus gros, globuleux et non pas plus larges que haut, par ses folioles beaucoup plus larges (3-4 cent., sur 6-8 cent, de long) et bordées de dents aigués presque réguliéres. Les folioles des C. virosa et maculata sont incisées-dentées. Les feuilles du C. nipponica ressemblent heaucoup à celles de V Ange lica sylvestris L. Hab — Insul. Nippon, prov, Etchigo, in locis humidis circa Niigata frequens (R, P. Faurie). | ANGELICA POLYCLADA +. — Caulis elatus, 2-4 metr. alt., diametro facila pollicari, dense striato-sulcatus, late fistulosus, presertim apica bifarie pilis brevibus erispulis pubescens. Folia in sieco rigide chartacea, subtus glaucescentia el in nervis hreviter puberula, infima ampla bipedalia, ambitu triangularia, tripinnatisecta, vaginis valde inflatia, foliolis ovatia dense et subinæqualiter serratis, acuminatis, basi cunealis, superioribus paulo angustioribus, sepe trisectis, valde inæquilateralibus, in petiolos decurrenti-confluentibus; folia suprema ad vaginam cucullata inflatam redacta. Umbellæ (presertim primarie) multiradiatæ, radiis 30-60 valde inæqualibus, longioribus usque ad 0,15 attingentibus, brevioribus vix 0,06 longis, latere interno dense puberulis; involucrum et involucellum nulla, umbellularum radiolis filiformibus scabro puberulis, ut et radii inæqua- libus ; calicis lobi obsoleti ; petala albida, inæqualia, scilicet 3 angustiora et paulo longiora, lanceolata cum acumine inflexo: stamina petalis lon- giora, antheris albis ; stylopodia incrassata depressa ; styli breves, deflexi. Ovarium tenuissime puberulum, Fructus a dorso valde compressi late ovali; juga lateralia in alas latiusculas expansa, dorsalibus et lateralibus filiformibus ; vittæ commissurales solitariæ, Par ses pétales sensiblement inégaux, la plante que nous décrivons ici se rapproche des Heracleum, mais ses caractères carpologiques ne permet- tent pas de la séparer des Angelica; son port rappelle asses bien celui SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. 87 de l'Ang. Archangelica trés développé. C'est probablement la plante figu- rée dans le Só mókou Zoussetz, vol. V, fol. 35, sous le nom de Sidi Udo, bien que la forme des fruits soit un peu différente. Hab. — insul. Nippon, circa Yokoska (Savalier) ; Tasima, in tractu Aidzu (R. P. Faurie). CAUCALIS PRÆTERMISSA Hance Advers. in Ann. sc. nat. (série 5), t. V, p. 214. Hab. — Ins. Nippon, probabiliter ubique frequens. Vidi e viciniis Yedo, Yokoska, Nikó, Niigata (Savatier, Faurie, Dickins). Espèce bien caractérisée par M. Hance et confondue avec le C. japo- nica. Ses fruits sont plus petits, ses ombelles formées de rayons plus nombreux et pourvues d'un involucre ; ses feuilles découpées en lobes plus larges, plus rigides. MENZIESIA FERRUGINEA Smith. Hab. — Ins. Nippon, prov. Etchigo, in montibus Gosen (R. P. Faurie). Espéce répandue surtout dans l'ouest de l'Amérique septentrionale; elle existe aussi au Kamtchatcha, SCROFULARIA KAKUDENSIS +. — Caulis glaber elatus, angulis vix vel angustissime alatis. Folia lanceolata, in petiolum subpollicarem anguste appendiculatum breviter attenuata, tenuiter et crebre serrata, acuminata, glaberrima, subtus glaucescentia. Inflorescentia axillaris et terminalis, thyrso aphyllo, ovato, usque 6 poll. longo, 4 poll. lato; ramis bracteola lineari suffultis, divaricatis, dichotomis vel trichotomis, glandulosis. Pedunculi bracteolati, floribus 4-6-plo longiores, graciles, glandulosi; se- pala anguste marginata, parce punctata, lanceolata, subacuta, nunc etiam acuminata; corolla ovata, sordide purpurascens, calice duplo longior; anthera sterilis spathulato rotundata ; stamina corollam æquantia. Capsula Quvenilis), acuminata. Espèce voisine du Ser. nodosa. Elle s'en distingue par ses feuilles atté- nuées à la base et nullement cordiformes; par ses sépales lancéolés-aigus et méme parfois acuminés; par son inflorescence formée de rameaux allongés, gréles et étalés. Le Scr. alata Asa Gray s'éloigne davantage par ses feuilles crénelées, et la variété de celte espèce, que Miquel a éta- blie sous le nom de duplicato-serrata, n'est probablement pas distincte du Ser, nodosa. Hab. — Yos, Nippon, prov. Etchigo, ad Kakuda yama, haud procul ab urbe Niigata (R, P. Faurie), PLANTAGO VILLIFERA +, (Heptaneuron). — Radix crassa, ad collum pilis densis rufescentibus ohsessa, Pedunculi ascendentes, villosi (demum 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. subglabrati), striato-angulosi, digitales usque palmares et ultra. Folia rosulata, ovata vel oblonga, subtiliter et remote denticulata, in petiolum distinctum limbo breviorem attenuata, sub 7-nervia, pube brevi crispula tomentella. Spica sub anthesi pollicaris, demum 2-3 poll. longa, densi- flora, floribus paucis inferioribus tantum dissitis ; sepala ovata, obtusa, marginibus late hyalina; corolla pallide (ad faucem magis intense) fu- scescens, lobis ovatis, callose mucronatis ; staminum filamenta longe ex- serta, antheris luteis, margine decoloribus, ovato-rotundatis, cordatis, apice mucronulatis ; stigmata elongata, albida. Capsula calice duplo lon- gior, pyramidato-acuta, 3-4 sperma, seminibus nigricantibus obovatis, complanatis, 'ala angusta, hyalina demum evanida marginatis. Port du PI. media, dont il se distingue bien par sa corolle fauve. La villosité qui recouvre toute ses parties permet dele reconnaitre facilement parmi toutes les espéces de la section Heptaneuron. Hab. — Insul. Nippon, prov. Etchigo, in rupibus maritimis ad Kakuda yama, haud procul a Niigata (R. P. Faurie). SPARGANIUM SIMPLEX Huds. Fl. Angl., 401. Hab. — Insul. Nippon, prov. Etchigo, in uliginosis circa Gosen prope Niigata (R. P. Faurie). SCIRPUS RADICANS Schkuhr, in Nst. Ann. 4, p. 48, tab. 1. Hab. — Insul. Nippon, prov. Etchigo, ad rivulos circa Niigata (R. P. Faurie). l FIMBRISTYLIS VELUTINA +. — Rhizoma longe repens, pluriculmum. Culmi digitales usque subpedales, obscure angulati, dense velutini. Folia culmis vix breviora, presertim subtus dense sericea, plana, 1 1-2 mill. lata, apice acuta. Involuerum subtriphyllum, phyllis rigidis velutinis valde inæqualibus, phyllo longiore capitulum adæquans. Umhella compo- sita, pauci-radiata, radiis tantum 3-4 (radio centrali longiore, subpolli- cari), dense velutinis, erectis, vel uno alterove patente. Spiculæ ovato- lanceolatæ, subacutæ, 10 mill. longæ, 5-8 in capitulum globosum dense congestæ ; squama» pubescentes, ovat:e, obtuse cum apiculo minimo, dorso pallide fulvæ, carina virides, trinerviæ, marginibus late hyalino membra- naceæ; stamina 3; stylus basi complanatus, alte bifidus. Achænium leviter biconvexum, late obovalo-rotundatum, subtilissime punctulatum, lute- scens. — Planta glaucescens. Espèce voisine du F. sericea Rob. Brown et surtout du F. decora Nees (autant que nous en pouvons juger par les descriptions), auxquels Kunth et Steudel attribuent des feuilles raides, soyeuses seulement en dessous. Hab. —- Insul. Nippon, prov. Etchigo, in littore arenoso inter Kakuda et mare, haud procul ab urbe Niigata (R. P, Faurie). SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1879. 89 CAREX NIPPONICA T. — Cespitosa, læte virens. Culmi striati, subrom- pressi, obsolete trianguli, apice tantum parce scabrati, cæterum leves, fere ad medium usque foliati. Folia flaccida, 3-4 mill. lata, longe vaginantia, vagina ad oram membranaceo -fusca, ligula interiori ovata, culmum subæ- quantia, marginibus vix scabra; bractea spica brevior vel etiam brevis- sima. Spiculæ in spicam oblongam dense congestæ, non vel vix distincti, infimæ composite, omnes ovatæ, apice mascula ; squamæ ovatæ obtusulæ, hyalinæ, dorso fascia lata viridi notatæ. Perigynium pallide virens, vix 3 mill. longum, ebasi ovata lanceolatum, dorso convexum et tenuiter multi- striatum, facie interna planum, subenerve, fere e basi anguste margina- tum, e media vel tertia parte inferiore usque ad apicem dense spinuloso- serratum, in rostrum bifidum longe attenuatum. Achænium pallidum, ellipticum, perigynio multo angustius, puncticulatum. — Culmi subpedales, penne columbinz vix crassitie. Le C. nipponica n’a d'affinité qu'avec le C. neurocarpa Max. Il s'en distingue nettement par ses chaumes un peu scabres au sommet, par ses bractées trés courtes ; par la forme étroite de ses périgynes, qui sont dé- pourvus de ponctuations, lancéolés, bordés d'une aile étroite qui atteint leur base en s'atténuant. Les périgynes du C. neurocarpa sont largement ovales, ponctués de brun, bordés d'une aile érodée, subitement tronquée et qui ne dépasse pas leur milieu. Les chaumes sont lisses. Le C. stipata Muelh. s'éloigne davantage par ses périgynes spongieux à la base, ses épillets presque tous distincts, etc. Hab. — Insul. Nippon, prov. Etchigo, in humidis circa Niigata (R. P. Faurie). CAREX PODOGYNA Fr. et Sav. Enum. pl. Jap. III, 131 et 557. Hab. — Insul. Nippon, prov. Etchigo, in rupibus maritimis ad Ka- kuda yama, haud procul ab urbe Niigata (R. P. Faurie, 1871). C'est la seule localité bien certaine, qui nous soit connue, oü cette sin- guliére espéce croisse spontanément. Carex FAURIÆ +. — Rhizoma repens. Culmi leves, ultra pedales, basi squamati. Folia fasciculorum sterilium culmos æquantia, 6 mill. lata, acuta, marginibus scabra, subtus glaucescentia; folia culmorum floren- tium angustiora, longe vaginantia, vaginis tenuiter membranaceis, dense fusco-punctatis, demum reticulato fissis, ore fuscis, ligula interiori elon- gata, lanceolata, fusca; bractea inferior evaginata, spicam subæquans. Spiculæ 4, haud distantes, erectæ, superior ex toto mascula, cxteris pro maxima parte femineis, apice tantum brevissime masculis; spicula mas- cula lineari-oblonga, squamis lanceolatis obtusis, dorso viridibus, nervo medio sub apice desinente, marginibus late hyalinis; spiculæ femineæ eylin- dricæ, 3-4 cent. longæ, inferiore graciliter pedunculata, pedunculo semipol- 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. licari; squamæ obeordatæ, perigynio breviores, dorso virides, valide 3-5 nervis, lateribus late hyalinæ, mucronatæ, mucrone brevi sublevi perigy- nium subæquante vel sepius illo breviore. Perigynium ovatum, ful- vum, compressum, parce papillosum, dorso trinervatum cum nervis duo- bus alteris margine magis approximatis; rostrum breve, albidum ; stylus bifidus. Espèce assez voisine du C. phacota Nees, et du (C. dimorpholepis Steud.; elle en diffère surtout par les écailles de l'épi mâle qui sont trés- obtuses, et parle mucron des écailles femelles lisse, ou à peu prés, et plus court que les périgynes. Dans les C. phacota et dimorpholepis, le mucron est bordé de soies raides et dépasse longuement le périgyne. Hab. — Insul. Nippon, prov. Etchigo, in argillosis humidis prope Niigata (R. P. Faurie). CAREX LONGEROSTRATA C. A. Meyer Cyp. nov. in Mém. Acad. imp. des sciences de Saint-Pétersbourg, vol. I, p. 240, t. xr. Hab, — Insul, Nippon, prov. Etchigo, in silvis umbrosis montanis circa Niigata (R. P. Faurie). Les spécimens récoltés par M. l'abbé Fayrie représentent le type de la plante de Meyer, et la figure qu'en a donnée cet auteur leur convient parfai- tement ; l'existenee au Japon du C. longerostrata ne saurait donc être mise en doute. Cette espèce a été très mal à propos réunie au C. Michelii Host par M. Boeckeler dans sa Revue des Cypéraoées de l'herbier de Berlin. Carex Monnowit Boot, var. 3 longesquamata. — Diffère du C. Morro- wii y Niigatensis Vr. et Sav. Enum. IT, 312, par ses épis femelles tous mâles au sommet, longuement pédoneulés, par la couleur verte de toute la ` plante. Le C, foliosissima Fr. Schmidt, Flor, Sachal. 195, tab., vi fig, 1-0, parait trés voisin de la variété signalée ici, mais son auteur lui attribue des écailles lisses. Hab, — Insul. Nippon, prov, Etchigo, circa Niigata (R, P. Faurie). SÉANCE DU 14 MARS 1879. PRÉSIDENCE DE M, PRILLIEUX. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der- nière séance, dont la rédaction est adaptée, SÉANCE DU 14 Mans 1879. 01 mr suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. l'abbé Récuiw, professeur au collège de Mamers (Sarthe), présenté par MM. l'abbé Chevalier et Malinvaud. M. le Président fait connaitre ensuite une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : Commission supérieure du Phylloxera. — Session de 1878 (don du Ministére de l'Agriculture et du Commerce). Gaston Bonnier et Charles Flahault, Observations sur les modifications des végétaux selon les conditions physiques du milieu. O. Debeaux, Contributions à la flore de la Chine, fasc. 3. Delesse et de Lapparent, Revue de géologie pour les années 1876 et 1871, t. XV. Duval-Jouve, Notes sur quelques plantes récoltées en 1871, dans le département de l'Hérault, Fredr. Elfving, Studien über die Pollenkürner der Angiospermen. A. G. Nathorst, Om en Cycadekolte frán der rátiska Formationens lager vid Tinkarp i Skåne, — Bidrag till Sveriges fossila Flora, fase, 1 et 2, — Om Ginkgo? crenata Braun. . — Floran vid Bjuf, — Beiträge zur fossilen Flora Schwedens. . M. Malinvaud signale à la gratitude de la Société, parmi les ou- yrages qui viennent de lui être présentés, les nombreux et impor- tants mémoires de paléontologie végétale, gracieusement envoyés par M. Nathorst, sur la demande de l'archiviste, Il donne ensuite lecture du passage suivant d'une lettre de M. Martial Lamotte : « Je voulais rédiger pour le Bulletin une note sur plusieurs espèces » récemment trouvées dans le Cantal, Le temps me faisant défaut, je vous » prie de vouloir hien annoncer à la Société la découverte dans ce groupe » de montagnes du Sawifraga hieraciifolia Waldst. et Kit,, récolté l'année » dernière par les Frères Héribaud et Gatien. » M. Malinyaud ajoute que le Sazifraga hieraciifolia, espèce de l'est et de l'extrême nord de l'Europe, est trés voisin du Saaifraga nivalis L., indiqué par Delarbre en Auvergne, mais non retrouvé 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. depuis; aussi pensait-on que ce floriste avait fait erreur. ll est maintenant assez probable qu'il avait vu le Saxifraga hieraciifolia, qu'on ne séparait pas, de son temps, du 5. nivalis L. M. le Président informe la Société que la localité désignée par le plus grand nombre de suffrages pour le siège de la Session extraor- dinaire en 1879 a été Aurillac. L'ouverture de cette Session a été provisoirement fixée au 91 juillet. M. le Président met aux voix l'adoption de la localité et du jour de l'ouverture. La Société approuve à l'unanimité les mesures prises par le Conseil. M. Prillieux présente à la Société, de la part de M. Rivière, le travail suivant : ESSAI SUR LA NATURE DES VRILLES EN PARTICULIER ET SUR LA DISPOSITION DES ORGANES APPENDICULAIRES DE LA VIGNE EN GÉNÉRAL, par M. Gustave RIVIÈRE. Plusieurs théories ont été proposées pour expliquer la nature des vrilles de la Vigne ainsi que leur position toute spéciale sur la tige. Sans vouloir faire ici l'examen critique de ces diverses théories, nous dirons seulement qu'elles n'ont rien expliqué d’une manière conclüante. Nous allons essayer de donner, à l’aide des exemples que nous possé- dons, des explications s’accordant mieux avec les lois générales. Pour cela, il nous faut d’abord examiner un bourgeon de Vigne ordinaire. En commençant par sa base, nous voyons : 1-2 ou 3 yeux solitaires, al- ternes distiques, non situés le plus souvent à l'aisselle d'une feuille (qui est remplacée par une petite écaille), puis 1, 2, 3, 4, 5, 6 ou 7 feuilles (suivant la vigueur des variétés) alternes distiques, ayant à leur base un œil et quelquefois méme un faux bourgeon ou entre-cœur, sur lequel nous reviendrons plus loin; à ces feuilles aucun organe n'est opposé. Ensuite viennent deux feuilles munies à leur aisselle d'un œil et d'un faux bourgeon; mais à chacune d'elles une grappe est ordinairement opposée (daus les bourgeons stériles, ces deux grappes sont remplacées par deux vrilles ; quelquefois il n'y a qu'une seule grappe qui avorte, c'est toujours la supérieure). Au-dessus de ces deux grappes oppositifoliées, on trouve une feuille sans grappe ni vrille qui lui soit opposée, et au-dessus on trouve le plus souvent deux vrilles oppositifoliées ; plus rarement on ren- contre (mais seulement dans les variétés trés fructifères) une grappe au lieu d'une vrille opposée à la première de ces feuilles; au-dessus de ees deux dernières, une feuille sans grappe ni vrille, et quelquefois deux. En SÉANCE DU 14 Mars 1879. 93 nous élevant toujours, nous trouvons deux vrilles oppositifoliées ; puis une ou deux feuilles sans rien, et ainsi de suite. Comme nous l'avons fait remarquer plus haut, à la base des feuilles se trouve ordinairement un entre-cœur ou faux bourgeon, un œil. Ce faux bourgeon nait, dans le cas général, d’une écaille le plus souvent trifide qui, primitivement, semble envelopper l'œil et le faux bourgeon. Il est très-facile de remarquer que le point d'insertion de cette écaille est invariablement du côté de l’œil, et que le faux bourgeon, toujours dé- jeté sur le côté opposé à cet œil, naît au-dessous de lui; de plus, que, par rapport à la tige, il est toujours placé du méme cóté, c'est-à-dire que si nous prenons le bourgeon de facon que les yeux nous regardent, les faux bourgeons regarderont dans un sens diamétralement opposé, par conséquent dans un plan perpendiculaire à celui des feuilles. Cette écaille n'est autre qu'une feuille avortée appartenant au faux bourgeon, attendu qu'elle est placée à son premier entrenœud et exactement dans la position voulue (perpendiculairement au plan des feuilles du bourgeon primaire). La feuille suivante du faux bourgeon lui est en effet alterne distique ; par conséquent l'oeil qui se trouve à l'aisselle de cette écaille, ou plutôt de cette feuille transformée, appartient au premier entrenceud du faux bour- geon et non à la tige principale, comme on l'avait cru jusqu'à ce jour. Ce qui le prouve suffisamment, c'est que, si nous pingons le faux bourgeon au-dessus de son empâtement, l'oeil susdit se développe, et nous voyons que ses feuilles sont insérées suivant un plan perpendiculaire au plan d'insertion des feuilles du faux bourgeon, plan qui se trouve alors forcément étre le méme que celui du bourgeon primaire. On se demande tout naturellement ce qu'est devenu l’œil qui devait exister à la base de la feuille ordinaire, puisque celui qui s'y trouve ne lui appartient pas. Cet œil, comme il est facile de le concevoir, s'est déve- loppé et a donné naissance au faux bourgeon ou entre-cœur, anticipant ainsi d'une année sur sa végétation, comme cela arrive d'ailleurs pour certaines espéces d'arbres fruitiers vigoureux. De plus, s'étant développé en méme temps que le bourgeon primaire qui lui a donné naissance, l'ceil dont il émane n'a jamais été enveloppé d'écailles. Nous rentrons alors dans la loi générale d'un cil à l'aisselle d'une feuille. Les caractéres de ce faux bourgeon sont exactement les mémes que ceux du bourgeon ordinaire qui lui donne naissance. En effet, le premier nœud posséde un cil qui, comme les bourgeons du premier degré, n'a pas le plus souvent de feuille à sa base, mais une écaille. Ce premier noeud ne posséde pas non plus de grappe ni de vrille; le second et le plus souvent letroisiéme possèdent une grappe ou une vrille oppositifoliée ; le quatrième, une vrille, plus rarement une grappe; le cinquième, une feuille sans grappe ni vrille opposée à cette dernière ; le sixième et le septième, cha- 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. eun une vrille oppositifoliée ; le huitième, une feuille sans rien d’opposé : absolument la méme végétation que les bourgeons du premier degré. (Les grappes se remarquerit surtout sur les faux bourgeons dans les mauvaises années, lorsque les extrémités des bourgeons ont été gelées au printemps; ou aprés ce qu'on appelle l'opération du rognage.) Connaissant maintenant les caractères du bourgeon et dufaux bourgeon, il va nous étre facile de démontrer l'origine exacte de la vrille, qui n'est qu'une inflorescence avortée, par conséquent devant encore présenter les caractères atrophiés de la grappe ou du faux bourgeon, puisque l'inflores- cence elle-même, comme il est démontré, est un bourgeon métamor- phosé. En général, les vrilles se présentent sous l'aspect d'expansions filiformes simples ou rameuses, herbacées dans le jeune âge, devenant ligneuses à la fin de la végétation, persistantes quoique n'ayant qu’une seule année de vé- gétation, puisqu'elles se dessèchent et meurent à la fin du premier automne : leur rôle est de soutenir par leur enroulement autour des corps environ- nanis les jeunes tiges gréles de cet arbuste sarmenteux, et ce qui tend à prouver cette assertion, c'est qu'elles disparaissentsur les tiges âgées, qui sont beaucoup plus fortes. Quant à leur position, elles sont toujours oppositifoliées, comme les grappes dont elles dérivent. En effet, nous avons vu plus haut, en étudiant le bourgeon; qu'à partir de la 2°, 3°, 4, 5°, 6* ou 1° feuille, on doit trouver une ou deux grappes suc- cessives oppositifoliées ; nous avons vu aussi qu'à la place de ces grappes oppositifoliées dans les bourgeons stériles, on rencontre des vrilles, vrilles qui ne peuvent cerlainement provenir que dela métamorphose des grappes, puisqu'elles en tiennent la place; dans ce cas, la transformation est com- pléte, mais il n'en est pas toujours ainsi; elle peut n'étre que partielle. Les vrilles sont donc des grappes dont les fleurs ont avorté. Si, comme nous venons de le voir, les vrilles présentent encore certains caractéres ' qui dénotent leur origine, ces caractéres de ressemblance sont encore plus grands avec les faux bourgeons. Quand on examine attentivement les vrilles, on voit qu'elles sont for- mées soil par un simple filament, d'autres fois qu'elles sont bifurquées, trifurquées ou deux fois bifurquées ; la dernière de ces divisions est méme quelquefuis trifurquée, ou bien encore on a une troisième bifurcation ; on a alors des divisions filiformes, alternes, distiques, auxquelles sont opposées de petites écailles roussâtres qui ne sont autres que des feuilles avortées. mE l| arrive dans certains cas qu'au lieu de trouver une simple vrille op- posée à une feuille, on rencontre une vrille portant quelques fleurs. Il n'existe donc pas de différence entre le faux bourgeon oppositifolió et SÉANCE DU 14 MARS 1879. 95 celui qui naît à l'aisselle de la feuille. Comme le faux bourgeon qui naît à l'aisselle d'une feuille, le faux bourgeon oppositifolié n'est pas né d'un œil écailleux. Conséculivement, nous retrouvons dans la Vigne une unité de conformation qui se répète constamment dans toutes les subdivi- sions de la tige. Nous appuyant maintenant sur les développements antérieurs, nous pouvons déduire que les feuilles alternes distiques de la Vigne devraient être normalement opposées; car si nous savons, d'une part, que l'inflo- rescence en grappe, et par suite la vrille, est un faux bourgeon (dont la feuille d'ou il naita avorté comme la feuille des yeux de la base des bour- geons), et d'autre part qu'un faux bourgeon, qui n'est en somme que le produit du développement anticipé d'un œil, ne peut naître qu'à l'aisselle d'une feuille (vraie ou d'une écaille la remplaçant), comme cela existe pour les faux bourgeons ordinaires qui sont immédiatement opposés à ces der- niers, les feuilles de la Vigne devraient alors étre opposées. Par conséquent, les grappes étant des faux bourgeons métamorphosés, comme nous venons de le démontrer, et étant démontré aussi que ces faux bourgeons naissent à l'aisselle de feuilles, nous rentrons dans le cas général des inflorescences axillaires. Essayons maintenant d'expliquer comment il se fait que dans la végéta- tion dela Vigne, on rencontre sur les bourgeons un certain nombre de feuilles n'ayant ni grappes ni vrilles qui leur soient opposées. Nous avons vu plus haut qu'un bourgeon ne posséde ni grappes ni vrilles opposées à ses premiers yeux ou à ses premières feuilles ; que les deux premiers organes opposés sont le plus souvent des grappes ; que la feuille suivante n'a rien d'opposé, et que les deux qui suivent ont chacune une vrille, etc... C'est bien ainsi que sont disposés ordinairement ces organes sur les bourgeons, mais il n'en est pas toujours comme cela. En effet, les grappes peuvent naître, suivant les variétés, à partir du deuxième nœud, et n'apparaitre méme qu'au septième ; donc il n'y a pas pour elles de place marquée. On peut en conclure alors qu’elles avortent sur une longueur variable. Au-dessus de ces deux grappes, on rencontre le plus sou- vent une seule feuille n'ayant ni grappe ni vrille opposée, mais on peut aussi en rencontrer 2 et méme 3, comme on rencontre 1, 2, 3, 4 grappes ou 4, 2, 3, 4 vrilles successives : donc rien d'absolu. Dans le genre Ampelopsis (A, aconitifolia), nous avons méme rencontré onze grappes successives sur un bourgeon. Il est donc plus simple d'adimettre alors, au lieu d'invoquer des hypothèses, que, quand une grappe ou une vrille ne naîl point opposée à une feuille, c'est que le faux bourgeon dont elles dé- rivent a avorté comme il avorte plus réguliérement aux feuilles inférieures sur une longueur variable suivant les variétés. 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. A la suite de cette communication, M. Prillieux ajoute les obser- vations suivantes : Dans le travail qu'il soumet à la Société, M. Riviére admet que la vrille dela Vigne, bien que ne naissant pas de l'aisselle d'une feuille visible, doit étre considérée néanmoins comme un rameau axillaire tout à fait comparable à l'axe secondaire qu'il nomme faux bourgeon, et qui pousse à l'aasselle de la feuille développée vis-à-vis de la vrille. Selon lui, la feuille mére de la vrille avorte constamment, hormis quelques cas exceptionnels, tandis que la feuille mére du faux bourgeon prend nor- malement tout son développement. La Vigne doit donc être considérée, selon M. Rivière, comme ayant des feuilles opposées dont l'une avorte constamment à chaque nœud, sans que pour cela son bourgeon axillaire avorte aussi, du moins deux fois sur trois. Il m'est impossible de partager cette maniére de voir et d'admettre que les feuilles dela Vigne ne sont alternes distiques que par avortement dela moitié des feuilles normalement opposées. Si, en effet, les feuilles naissaient par paires, tout en étant distiques, les paires successives seraient superposées. Or, une pareille hypothèse est en contradiction avec tout ce que l'on con- nait touchant la disposition des feuilles. Il faut donc renoncer à cette explication et se contenter d'une de celles qui ont été antérieurement proposées. La théorie qui a été longtemps admise sans conteste, qui a été soutenue par Róper et par Al. Braun, et qui est encore aujourd’hui défendue par M. Eichler, considère la pousse de la Vigne comme un sympode, et les vrilles comme des axes détrónés, comme disait Turpin, et déjetés pour laisser la place à d'autres qui doivent naitre sur eux, et par conséquent aprés eux. Or, jai montré, il y a bienlongtemps déjà, que ce prétendu axe usurpateur et relativement secondaire naît en réalité avant l'apparition du premier ru- diment de la vrille, qui serait l'axe primaire. Cette observation, qui avait d'abord été contestée par Payer, a été depuis pleinement confirmée par MM. Nægeli et Schendener, et par M. Warming. Elle me parait avoir toujours toute sa valeur contre la théorie du sym- pode, qui du reste doit, pour expliquer les faits, admettre comme fondées des suppositions peu. vraisemblables, telles que l'existence de deux modes différents de ramification, l'un principal, l'autre accessoire, parmi lesquels l'accessoire serait le seul qui se montre nettement et constam- ment. Toutes les feuilles, qu'elles aient ou non des vrilles vis-à-vis d'elles, produisent à leur aisselle des bourgeons ou pousses portant des feuilles disposées transversalement par rapport au plan de la feuille mère ; ce que SÉANCE DU 14 Mars 1879. 97 jappellerai, pour plus de simplicité, des pousses axillaires à séries transversales. Dans la supposition que la vrille est la terminaison déjetée de l'axe, le rameau usurpateur qui forme le prolongement de l’entrenœud inférieur est aussi un rameau axillaire, mais qui a un caractère différent, qui a ses feuilles dans le méme sens que l'axe d'où il naît: c'est ce que j'appellerai une pousse axillaire à séries paralléles. Ces pousses axillaires à séries parallèles, qui, par leur entrenœud infé- rieur, font partie du sympode, puis se déjettent et forment la vrille, sont considérées comme les pousses axillaires normales ; les pousses à séries transversales comme des pousses accessoires. Aux nœuds où il n’y a pas de vrille, on admet que l’entrenœud suivant est la continuation du précédent, qu'il est de méme ordre et qu'il n'y a pas usurpation de la pousse axillaire normale. On devrait donc s'attendre à trouver là, à l'aisselle de la feuille, les deux sortes d'axes secondaires. En est-il ainsi en réalité? Point du tout ; il n'ya dans l'aisselle de la feuille qu'une seule pousse, comme d'ordinaire et comme aux feuilles opposées aux vrilles : c'est une pousse à séries transversales, c'est-à-dire une pousse offrant le caractere de celles que l'on regarde comme accessoires. Ainsi, quand une des deux pousses axillaires manque, c'est la ramifica- tion normale et réguliére qui fait défaut. Celle qui se développe toujours, aussi bien dans les feuilles sans vrilles que dans les feuilles opposées aux vrilles, c'est la pousse accessoire. Cette maniére de voir me semble, je l'avoue, fort peu naturelle. Il me parait bien plus simple et plus conforme aux faits d'admettre : 1* que la pousse principale de la Vigne est un axe unique et non un enchai- nement d'axes usurpateurs d'ordres divers (monopode et non sympode) ; 2 qu'il n'y a qu'une seule espèce de pousses axillaires, et que ce sont les pousses secondaires, à séries transversales, qui naissent constamment à l'aisselle des feuilles. S'il est des pousses que l'on puisse regarder comme accessoires, hors de la loi commune et présentant un caractère exceptionnel, ce sont bien plutôt les vrilles. Si l'en refuse de voir dans la vrille le produit d'un simple dédoublement de l'axe, comme je l'avais proposé (Soc. Bot. t. III), en y reconnaissant plutôt le caractère et l'organisation d'un rameau (Lestiboudois, Soc. Bot. t. IV), on devra concéder du moins que ce n'est pas non plus une pousse de méme nature et de méme ordre que celle qui nait à l'aisselle dela feuille, mais que c'est une production accessoire qui émane de l'axe principal, sans présenter les caractères d'un rameau normal du second ordre. Puis il fait la communication suivante : T. XXVI. (SÉANCES) 7 98 SOGIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR LA NATURE ET SUR LA CAUSE DE LA FORMATION DES TUBERCULES QUI NAISSENT SUR LES RACINES DES LÉGUMINEUSES, par M. PRILLIEUX. Les tubercules qui couvrent les racines des Légumineuses ont été l’objet de nombreux travaux; cependant leur nature morphologique et leur cause, qui ont été fort controversées, sont loin d’être encore exactement connues. Un a proposé d'y voir : des galles (Malpighi) ou des renflements maladifs de racines(De Candolle); des hypertrophies de radicelles (Clos); des radi- celles avortées et renflées (Gasparrini); des bourgeons adventifs rudimen- taires et tuméfiés (Treviranus). En ce qui touche la cause de ces produc- tions, on l'a attribuée à la gène apportée par le sol à la croissance des racines (Clos), ou à divers parasites, soit animaux (Malpighi), soit végé- taux : hyphes de Champignons (Eriksson), Bactéries (Woronine), Plasmo- diophora (Woronine et Kny). Dans la présente communication, je me pro- pose de rechercher : 1* quelle est la nature morphologique des renflements des racines de Légumineuses ; 2° si l'on doit attribuer la formation de ces corps à des parasites, et, s'il en est ainsi, quels sont ces parasites. I Les racines des Légumineuses présentent la strueture bien connue que l'on observe d'ordinaire dans les plantes dicotylédories: on y voit à l'état jeune, sur une coupe transversale, à l'intérieur, un épiderme portant des poils radicaux; au-dessous, un épais parenchyme cortical qui entoure un cylindre central ; à la limite de celui-ci, est une couche protectrice formée d'une assise de cellules qui s'engrénent les unes dans les autres par les plissements que M. Caspary a fait connaître ; au dedans de cette assise est une couche de péricambium (couche rhizogène de M. Van Tieghem)entou- rant un système fibro-vasculaire qui présente le plus souvent quatre centres, parfois trois ou méme deux seulement. Dans les tubercules que portent les racines, on ne trouve jamais d'épi- derme à la surface de l'organe, mais seulement un tissu qui se désagrège dans ses parlies exiérieures et qui présente tous les caractères d'un tissu subérifié. Gette sorte de liège enveloppe entièrement le tubercule, et bien que la croissance de ce corps se fasse visiblement par l'extrémité la plus éloignée de son point d'attache sur la racine, il n'y a rien qui puisse étre comparé exactement à une pilorhize. | Au-dessous de la couche subéreuse est une couche de parenchyme non subérifié, souvent très riche en fécule, C’est dans cette couche que s'étendent, dans le sens de la longueur du tubercule, les faisceaux vascu- laires qui émanent de la racine et vont se terminer dans le tissu jeune qui SÉANCE DU 14 Mans 1879. 99 occupe la partie terminale du renflement. Ces faisceaux vasculaires sont souvent fort nombreux (j'en ai compté de 35 à 40 dans les tubercules de l Acacia Berteriana). Chacun d'eux est entièrement entouré par une couche protectrice particulière qui est subérifiée. En dedans de la zone amylifére que parcourent les faisceaux, est une masse centrale dë parenchyme con- tenant des cellules spéciales : tantôt ces cellules forment exclusivement toute la masse ; tantót elles sont réunies en ilots que séparent des lames de tissu amylifère ; tantôt elles sont entremélées avec les cellules qui con- tiennent de l'amidon. Les cellules spéciales sont caractérisées par la nature toute particulière de leur contenu : elles sont remplies de corpuscules d'une extrême ténuité qui se colorent en jaune par l'iode, et qui ont été considérés par M. Wo- ronine comme des organismes parasites de la nature des Bactéries. Rare- ment j'ai vu dans ces cellules spéciales un certain nombre de grains de fécule mélés aux corpuscules bactériformes ; j'ai observé néanmoins ce fait dans les tubercules jeunes et en voie d'accroissement rapide du Cytisus ramosissimus. On voit par cette courte description que la structure des tubercules differe de celle des racines des Légumineuses par l'absence de pilorhize, d'épiderme, et par conséquent de poils radicaux ; par le nombre des fais- ceaux, qui sont isolés et entourés chacun par une couche protectrice parti- culiére, et enfin par la nature spéciale du parenchyme qui occupe la partie centrale de l'organe. Toutefois, quand on songe aux différences fort grandes que présentent parfois les racines qui se tubérifient comme celles des Ophrydées, si onles compare aux racines fibreuses des mêmes plantes, on reconnaît la nécessité de recourir à l'examen des premières phases du développement de ces organes pour se prononcer avec certitude sur leur véritable nature. On sait que les racines secondaires des plantes dicotylédones naissent à la périphérie du cylindre central de la racine primaire, au-dessous de la gaine protectrice, dans la couche formée de cellules à parois minces que l'on a nommée péricambium ou couche rhizogéne. Il s'agit de recon- naître si c’est bien dans cette couche que se produisent les premières divisions et multiplications de cellules au point où va prendre naissance un rudiment de tubercule. — Si, en faisant un grand nombre de coupes minces dans la portion terminale d'une racine qui porte plus haut de très jeunes renflements, on est assez heureux pour en obtenir une passant par le lieu d'origine de ce qui doit étre un tubercule, on peut reconnaitre que c’est, non dans le péricambium, mais dans la partie profonde du paren- chyme cortical, au voisinage c'est vrai, mais à l'extérieur de la couche protectrice, que les cellules se divisent d'abord et que va apparaitre un tissu nouveau. Quand il commence déjà à se développer, on voit, en exa- 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. minant la coupe à un faible grossissement, un point voisin du cylindre central qui se distingue par son peu de transparence du reste du paren- chyme cortical. A l'aide d'un grossissement plus fort, on reconnait que là les cellules se sont multipliées de facon à produire chacune un véritable tissu de petites cellules remplies de plasma trés dense et peu transparent. Chacune des cellules devenues mères peut contenir une dizaine de cellules filles, ou méme davantage, sans que pour cela elles différent de taille des cellules voisines du parenchyme cortical. Sur des coupes passant par des points d'origine de tubercule à un degré encore antérieur de formation, j'ai pu voir une dizaine seulement de cellules se divisant en deux par une cloison ; ce cloisonnement se répète, et c'est ainsi que se forme d'abord le parenchyme primordial du tubercule naissant ; mais bientót il ne se limite plus aux celtulés du parenchyme cortical de la racine, il gagne les cellules adjacentes de la couche protectrice et celles de la partie voisine du péri- cambium. Puis les cellules du corps cellulaire qui s'organise prennent le caractère vasculaire auprès des vaisseaux de la racine, et des faisceaux se constituent peu à peu dans le jeune tubercule. Né dans la profondeur du tissu, il grossit en repoussant devant lui les cellules voisines du parenchyme cortical qui prennent bien quelque extension, mais ne peuvent suivre le rapide développement du corps qu'elles recouvrent; elles se désagrégent bientót et le tubercule sort du corps de la racine et va s'arrondir librement au dehors. On voit que, si l'origine des faisceaux vasculaires du tubercule est sem- blable à celle des faisceaux vasculaires d'une racine secondaire, et si la facon dont ces corps sortent de la profondeur des tissus ne diffère guère dece qu'on observe dans le développement de la racine, le licu et le mode d'apparition du centre primitif de formation de ces deux sortes d'organes est trop différent pour qu'on les puisse considérer comme de méme nature. Si le tubercule n'est pas une radicelle tubérifiée, que peut-il étre, sinon une sorte de tumeur, une excroissance maladive des tissus profonds de la racine. L'étude des galles montre que souvent, sous l'influence d'excitations extérieures spéciales, les tissus des organes produisent des corps ayant une organisation particuliére. Est-ce à cet ordre d'organes nosologiques que doivent étre rapportés les tubercules des Légumineuses? Pour tran- cher la question, il convient d'étudier si le développement d'organismes parasites est lié à la production de ces corps. H Malpighi avait été frappé de la ressemblance qu’offrent les tubercules des Légumineuses avec des galles, mais il ne put constater à leur intérieur la présence normale d’œuf ni de larve d'insecte. SÉANCE DU 14 Mans 1879. 101 Il est certain que, malgré l'apparence, ces tuhérosités ne sontpas dues à des piqüres, ni d'insectes, ni d'anguillules, comme on l'a aussi parfois supposé (1). Quant aux organismes parasites de nature végétale qu'on y a signalés avec quelque autorité, ils sont de deux ordres : ce sont, d'une part, des Bactéries ; de l'autre, des Myxomycétes, les hyphes de Champi- gnons signalées par M. Eriksson n'étant fort probablement rien autre chose que le cordon de plasmodium de M. Kny. Peut-on, avec M. Woronine, considérer comme des Bactéries les cor- puscules qui se trouvent constamment en quantité prodigieuse dans les cellules spéciales du parenchyme central des tubercules? Ces corpuscules sont d'une extréme ténuité, et il est bien difficile, à cause de cela méme, d'obtenir sur leur structure les notions nettes, pré- cises et complètes qu'il serait utile d'avoir ; cependant j'ai pu me convaincre que la description qu'en a donnée M. Woronine est loin d'étre compléte- ment exacte. l Les cellules que je nomme cellules spéciales varient de forme et de taille, selon les plantes, mais ont toujours des parois minces et contien- nent, du moins dans les parties du tubercule dont le développement est achevé et qui ne sont pas encore trés vieilles, des corpuscules d'une exces- sive finesse, et qui sont, ou bien simplement arrondis, et ne sauraient guére, dans ce cas, étre distingués de trés petites granulations de plasma, ou bien allongés et d'une forme caractéristique. Ce sont ces corpuscules allongés que M. Woronine considère comme des Bactéries et qu'il décrit comme « de petits cylindres ou plutót des bàtonnets d'égale épaisseur » dans toute leur étendue (2) ». Ces corps sont, selon M. Woronine, « doués » de la faculté de se mouvoir avec plus ou moins de rapidité » quand ils sont placés dans l'eau depuis quelques heures. Leur locomotilité, ajoute- t-il, n'est pas ce qu'on a appelé du nom de mouvement moléculaire. C'est un mouvement spontané et qui leur est propre, car on les voit souvent tra- verser le champ du microscope avec la rapidité d'une flèche. «Il est diffi- cile de dire au juste combien de temps peut durer la faculté de locomotion de ces petits êtres; dans quelques cas, j'en ai vu, continue M. Woronine, se mouvoir encore avec agilité après douze, dix-huit et méme vingt heures de séjour dans leau; d'autres fois leur mouvement avait déjà cessé au bout de trois à six heures. Ceux chez qui le mouvement s'est arrêté, subissent bientôt de singulières transformations: d'abord ils s'allongent, puis ils se divisent en fragments qui ont aussi l'apparence de petits bâtonnets; on les voit aussi produire des sortes de germes qui tantôt se détachent du corpuscule mère, tantôt lui restent adhérents et wo w v ww v Wow vu wu (1) Voyez Cornu, Phylloxera, p. 169. (2) Ann. sc. nal. série 5, t. VII, p. 83. 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » représentent, par leur réunion, des figures variées, celles par exemple » de colliers, de croix, de filaments moniliformes, etc. » On voit par cette description que, selon M. Woronine, les corpuscules à L'état adulte seraient capables de mouvements spontanés ; ils seraient alors cylindriques et se rapporteraient probablement au genre Bacillus ; ce n’est que plus tard, et après être devenus immobiles, qu'ils présenteraient la très singulière forme de filaments moniliformes rameux, en croix, etc., qui ne seraient que des amas de gemmes. . Les résultats de mes observations ne confirment pas cette opinion. Jamais je n'ai vu les corpuscules présenter nettement la forme tout à fait eylindri- que et régulière de Bacillus; ils ont au contraire un aspeet tout spécial : ce sont de courts filaments offrant des renflements et des rétrécissements successifs plus ou moins marqués, el qui, au lieu d’être exactement droils, sont ordinairement un peu courbés, soit dans un sens, soit dans deux sens différents, en forme d'S. Souvent, en outre, ces filaménts sont un peu ra- mifiés ; ils portent une ou deux branches courtes partant du filament prin- cipal et ont à peu prés la figure d'un X ou d'un Y. Cette apparence singu- liére ne se produit pas tardivement et seulement aprés que les mouvements du corpuscule auraient cessé, comme le dit M. Woronine; chaque fois, en effet, qu'on coupe un tubercule pour en examiner la structure, on voit le liquide de la préparation troublé par des myriades de corpuscules fourchus, ramifiés, coralloides, et dont un grand nombre paraissent animés d'un mouvement de trépidation qui rappelle assez bien celui des Bactéries agiles; il n'est pas nécessaire de laisser les corpuscules plusieurs heures dans l'eau pour les voir animés de mouvements. Les mouvements des corpuscules sont-ils vraiment spontanés, comme l'admet M, Woronine? La question est importante ; car, si elle est résolue affirmativement, il sera démontré par cela même que les corpuscules sont bien des étres parasites analogues aux Bactéries. Les raisons données par M. Woronine, pour la trancher, ne sont pas suffisantes, Dans les prépa- rations de cellules spéciales désagrégées que j'ai laissées macérer quelques heures, comme l'indique M. Woronine, j'ai vu maintes fois de véritables Bacillus et de véritables Vibrions qu’il ne faut pas confondre avec les cor- puscules particuliers du tubercule, La méthode qui m'a semblé la plus sûre pour constater si le mouvement des corpuscules est vital consiste à faire agir, sur ce qu'on suppose être un organisme doué de mouvement spontané, une substance qui éteint sûre- ment la vie, comme l'acide osmique ou la teinture d'iode; si les mouve- ments sont arrêtés par le réactif, il est naturel d'admetire qu'ils sont bien dela nature des mouvements vitaux ; mais, dans le cas contraire, on doit les considérer comme des mouvements moléculaires. Or, en soumettant des corpuscules sortis des cellules spéciales à l'action de l'iode, je les aj vus SÉANCE DU 14 Mars 1879. 103 se colorer très-nettement en jaune, sans que pour cela ils cessassent de se mouvoir comme précédemment. Il ne m'est donc pas possible d'admettre que les mouvements des corpuscules soient spontanés et comparables à ceux des Bactéries agiles. Le principal argument sur lequel on s'est ap- puyé pour considérer les corpuscules comme des Bactéries est donc sans valeur; toutefois il ne faut pas regarder la question comme absolument tranchée par là dans le sens négatif. Certainement les corpuscules ne peu- vent être assimilés à des Bactéries cylindriques et douées de mouvement. Mais on n'a pas démontré la fausseté de l'hypothése qui regarderait les corpuscules sphériques comme des Micrococcus sans mouvements spon- tanés, et les filaments ramifiés comme des files de Micrococcus unis à la façon des Torula. J'ajouterai que j'ai observé sur des tubercules anciens de Cytisus ramosissimus commençant à se désorganiser un état trés curieux des corpuscules allongés et coralloides; on les voyait hors des cellules répandus en nombre prodigieux dans des masses gélatineuses mamelonnées et présentant ainsi une très-remarquable ressemblance avec les colonies de Bactéries, qui sont, comme les Zooglæa, réunies dans des amas de matière mucilagineuse, Les corpuscules présentaient trop nette- ment, au milieu des masses gélatineuses, leur forme caractéristique, et ils différaient trop d’aspect des Bactéries ordinaires, pour qu'il y eût à craindre quelque confusion entre les corpuscules et des organismes étrangers. Les cellules qui contiennent les corpuscules renferment aussi des corps différents qui ont une certaine ressemblance avec des noyaux. M. Woronine les a observés et décrits: « On remarque, dit-il, que plusieurs de ces cel- » lules contiennent, outre les corpuscules en forme de bâtonnets, un corps » beaucoup plus volumineux qui rappelle quelquefois un nucléus de cel- » lule bien déterminé, mais dont la forme la plus ordinaire est celle d'une étoile irréguliére à contours indécis. On dirait que ce corps émet dans tous les sens des processus mucilagineux. La nature morphologique et la signification de ce corps me sont, ajoute M. Woronine, restées inex- plicables. » Pour se former une opinion de quelque valeur, aussi bien sur ces corps singuliers que sur la nature des corpuscules bactériformes qui se dévelop- pent à l'intérieur des mémes cellules, il convient d'en étudier la formation dans les tissus jeunes, soit à l'extrémité en voie de croissance des tuber- cules déjà parvenus à une certaine grosseur, soit dans les tubercules naissants. Mais là va nous apparaitre, en outre, un organisme particulier que M. Kny a récemment signalé (1), et qu'il a considéré comme ana- logue et peut-être méme identique au Plasmodiophora Brassicæ qu'a si bien décrit et figuré M. Woronine, oonfirmant ainsi d'une facon positive y xy vyv vy (1) Bot. Zeitschr. janvier 1879, p. 57 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les suppositions que ce: dernier avait déjà exprimées avec quelque doute (1). Si l'on examine de trés jeunes tubercules de Pois, de Tréfle, etc., on voit trés nettement, surtout dans les parties les plus jeunes, des cordons muqueux fort singuliers qui traversent la cavité des cellules et s'étendent souvent assez loin en ligne droite dans les tissus, en pénétrant de cellule en cellule sans étre arrétés par les parois. Ces cordons sont formés d'une matiére homogène trés dense, trés réfringente et qui offre les caractères des ma- tiéres albuminoides. Ils paraissent analogues au protoplasma, mais ont une consistance solide et ne se résolvent pas aisément en fines granulations. Ces cordons sont souvent simples, mais assez souvent aussi ils se bifur- quent etse ramifient. Ils sont ordinairement assez déliés et à peu prés cylin- driques dans leur parcours dans le milieu des cellules, mais, au voisinage des parois qu'ils traversent, ils s'épaississent considérablement et semblent s'aplatir à la surface de la cloison, au travers de laquelle ils passent. Ces cordons portent cà et là des renflements ordinairement à peu prés globuleux, mais qui souvent aussi se lobent et qui peuvent présenter des formes fort diverses. Ces sortes de tétes sont parfois trés volumineuses ; tantôt on n'en voit qu'une dans chaque cellule, d'autres fois on en peut voir un nombre considérable terminant desramifications qu'émet le cordon, qui peut se contourner de facon fort irréguliére et former des sinuosités ou s'étaler le long des parois. L'aspect de ces productions, malgré cette grande diversité, est toujours bien caractérisé. On les reconnait facilement dans les parties jeunes: dans certaines plantes dont les tubercules se pré- tent bien àces reeherches, comme le Coronilla glauca, j'aisuivi les cordons muqueux dans les tissus parvenus à un degré avancé de développement, où on les voit pénétrer dans les cellules spéciales et se perdre au milieu de la masse opaque des corpuscules. Là il est assez difficile de les suivre ; cependant on peutencore bien souvent reconnaitre directement et avec cer- titude qu'ils sont en continuité avec les corps nucléiformes trés réfringents que M. Woroninea signalés dans les cellules spéciales, et l'on peut dés lors se convaincre que ces corps sont de méme nature que les tétes sphériques piriformes ou irrégulières qu'on voit si aisément dans les cellules trans- parentes des tissus jeunes. Pour bien observer les corps muqueux et nu- cléiformes des cellules spéciales, il faut faire des coupes assez minces pour ouvrir un certain nombre de cellules, puis les débarrasser par des lavages d'une partie au moins des corpuscules qu'elles contenaient : on voit alors de grosses masses irréguliéres tràs réfringentes, tenant encore souvent à un filament plasmatique qui leur sert. de pédicule. D'autres fois elles sont isolées, les cordons muqueux sont rompus. (1) Jahrbuch für wiss. Bot. t. XI, 571. SÉANCE DU 14 mars 1879. 105 Quand on observe les tissus jeunes dans lesquels les cellules spéciales commencent à se différencier, on voit qu'elles présentent un aspect parti- culier et caractéristique avant qu'elles contiennent des corpuscules bac- tériformes. Elles sont tapissées, à l'intérieur, d'un épais revétement inu- queux jaunátre et trés réfringent. Sur une coupe faite trés récemment, on voit souvent. trés nettement dans la matière muqueuse et transparente plusieurs grandes vacuoles entre lesquelles s'étendent des lames et des prolongements qui unissent une paroi à l'autre ; mais, au bout de peu de temps, le plasma, d'abord transparent, se trouble, et l'observation devient beaucoup plus difficile. On peut trouver des transitions des formes de passage entre les cordons de plasma et les revétements muqueux, et il est dés lors naturel de les considérer comme de méme nature ; la matiére qui les com- pose parait seulement plus dense dans les filaments et les renflements en forme de téte que dans les masses épaisses et réfringentes qui tapissent les parois et se creusent de vacuoles à l'intérieur des jeunes cellules spéciales. Les renflements que portent les cordons muqueux ne sont pas toujours globuleux ; je les ai vus souvent se lober d'une façon irrégulière et former des masses mamelonnées dont la surface devient granuleuse, et qui pré- sentent toutes les transitions avec des amas de granules identiques aux corpuscules bactériformes. Ces cordons eux-mémes, dans leur trajet allongé, m'ont présenté parfois des portions gonflées mamelonnées et de- venant granuleuses. Dans les revétements épais des cellules spéciales, j'ai vu aussi trés souvent le plasmodium se mamelonner et devenir granuleux. Il est sans doute difficile de distinguer entre la modification que subit le plasma qui, en mourant à la suite de la coupe, devient granuleux, et la formation des corpuscules, qui est éminemmentune ceuvre vitale. Ces cor- puscules sont si petits, qu'il est bien difficile deles reconnaitre avec sûreté quand ils sont accumulés en amas dans les cellules. Malgré la difficulté de ces recherches et l'incertitude qui s'ensuit forcément, j'ai obtenu et figuré un si grand nombre de préparations où des filaments de plasmodium paraissent se diviser à plusieurs reprises en lobes et se résoudre en cor- puscules, que je ne puis guère hésiter à admettre que les corpuscules bac- tériformes sont en réalité nés du plasmodium. Comparant les observations qui précédent à celles qu'a faites M. Woro- nine sur le Plasmodiophora Brassice, il semble naturel d'admettre que les revétements muqueux des cellules spéciales, aussi bien que les cordons et les renflements en forme de tête, appartiennent à un organisme étranger au tissu de la plante légumineuse, organisme parasite qui pénétre de l'extérieur dans la racine, s'y étend, s'y développe, et produit une altéra- tion spéciale qui a pour effet la formation de cette sorte de galle qui est le tubereule. Sur des Pois, j'ai vu bien nettement des cordons muqueux 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pénétrer de l'extérieur à l'intérieur de jeunes tubercules à travers la por- tion corticale. Depuis longtemps on a remarqué que, tandis que les Légumineuses qui étendent leurs racines dans le sol y produisent de nombreux tubercules, les plantes de méme espéce que l'on cultive dans l'eau en sont dépourvues, M. Clos a méme, d'après cette observation, considéré la gêne que le sol met à la croissance des racines comme la cause de la production des tuber- cules; M. Kny admet aussi, et d'une manière absolue, que l'infection n'a jamais lieu dans un liquide : dans de nombreuses cultures de Légumi- neuses, dans des solutions nutritives, il n'a jamais observé de renflements sur les racines. | / J'ai constaté des exceptions à cette règle. On trouve très rarement, il est vrai, des tubercules sur les rácines des Légumineuses cultivées dans l'eau ou dans des solutions nutritives; j'en ai vu cependant de jeunes, mais très nettement caractérisés, sur un pied de Haricot cultivé dans une solution nutritive, dans mon laboratoire. Depuis j'en ai pu produire, par infeotion artificielle, sur des germinations de Pois. Je mis dans l'eau une touffe de Tréfle dont les racines portaient de nombreux tubercules trés développés, à la fin de l'automne, puis je fis plonger dans le liquideles racinesd'un jeune Pois qui se développa d'abord sans rien présenter de remarquable; mais, quand la plante eut formé de nombreuses racines secondaires, je remarquai sur celles-ci de nombreuses saillies sphériques dont la nature n'était pas douteuse : ce fut précisément cette plante qui me fournit les matériaux sur lesquels je reconnus d'abord le développernent dés filáments de plasmodium. | Il est donc démontré que les tubercules se peuvent produire dans l'eau comme dans le sol, pourvu que les parasites qui les produisent puissent parvenir jusqu'aux jeunes racines. Quant au mode méme de propagation du parasite et au rôle qu'il con- vient d'attribuer, soit aux corps nucléiformes, soit aux corpuscules bacté- riformes, je me propose d'en faire le sujet d'un travail ultérieur. M. Cornu pense qu'on doit attribuer à la présence de ces renfle- ments l'état de souffrance général des Légumineuses employées dans la grande culture. Les récoltes de fourrages artificiels sont bien moins considérables qu'autrefois. | M, Vilmorin croit que tel n'est pas le véritable motif, car cette infériorité de production ne se remarque pas sur les autres Légu- mineuses ; Pois, Vesces, Fèves, Haricots, etc,— Il pense qu'on doit en rechercher la cause dans l'épuisement du sol, leg racines des SÉANCE DU 14 Mans 1879. 107 Luzernes pénétrant dans une couche de terre que les engrais ne peuvent généralement pas atteindre. M. Cornu répond qu'il y a une grande différence, relativement à la propagation du mal, entre les plantes annuelles et les plantes vivaces. Ces derniéres s'infestent réciproquement. M. Chatin ne partage pas l'avis de M, Cornu. Il fait remarquer qu'en donnant de la chaux au sol, on arrive à faire vivre plus long- temps les Luzernes, Quand on plante des Luzernes dans des terrains neufs, ainsi qu'on le fait maintenant sur beaucoup d'alluvions marines de Normandie et de Bretagne, on parvient à les maintenir pendant douze et quinze ans. La chaux semble plus nécessaire que la potasse. Les pays granitiques, qui jamais ne cultivaient cette Légumineuse, la cultivent maintenant, à la condition de chauler. M. Vilmorin dit avoir remarqué derniérement que les inflores- cences femelles de Coudrier fleurissent plus tard que les inflores- cences mâles appartenant à un même pied: ce qui faciliterait la fécondation croisée, Lecture est donnée de la communication suivante : MONSTRUOSITÉ DU LINARIA ELATINE (1), par le B" L, MARCHAND. Les anomalies qui font le sujet de ce travail sont tellement diverses, qu'il est. difficile de généraliser les faits, tout au moins avant de les avoir fait connaitre en détail, Avant de considérer la plante anormale, voyons ce qu'elle est à l'état ordinaire, Le Linaria Elatine Desf. est une plante annuelle, étalée à terre, à feuilles pétiolées, velues, ovales-aigués, les inférieures ovales-arrondies, plus ou moins dentées à la base; les moyennes hastées, les supérieures sagittées, rarement entières, La tige se divise dés la hase en rameaux allon- gés, filiformes, presque simples, couchés, couverts de longs poils mous, élalés et de poils plus courts glanduleux. Àu premier abord, notre monstruosité répond assez bien à cette des- cription; toutefois un œil exercé aperçoit bien vite, dans le système végé- tatif, des anomalies singulières, Les feuilles, ou plutôt les appendices (1) Cette monstruosité m'a été envoyée il y à plusieurs années déjà par M. Vigud- Grand-Marais, professeur à l'École de médecine de Nantes. Des circonstances indépen- dantes de ina. Volonté m'ont forcé d'ajourner la publication de ce fait, dont tout l'inté- rêt doit être reporté à l'habile observateur qui m'a procuré l'occasion dé le déerire. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. foliacés des extrémités, ont une manière d’être particulière : on voit en effet, en y regardant de plus prés, que tout le systéme se compose de folioles non point sagittées, alternes et plus ou moins divisées, mais bien de piéces ovales-aiguës, tantôt opposées, tantôt verticillées, pétiolées ou non munies de pétioles. Mélangées à ces touffes de folioles, sont de petites corolles plus ou moins déformées, décolorées, souvent virescentes, traversées par des tiges et des ramules qui donnent eux-mêmes des folioles, puis encore des corolles déformées et des fleurs anormales de toute sorte. Pour bien comprendre ces singularités, il faut encore se reporter à ce que présente la fleur à l’état normal. Les fleurs du Linaria Elatine sont petites, mesurant 4 à 5 millimètres, non compris l’éperon, solitaires à l'aisselle des feuilles; elles sont portées par des pédoncules filiformes, glabres, étalés à angle droit. Le calice, 5-partite, a des divisions lancéolées acuminées. La corolle, de couleur jaune pâle, à base prolongée en un éperon courbé l'égalant en longueur, est composée d'un tube cylindrique rétréci en gorge supérieurement et ter- minée par deux lévres: la supérieure dressée, de couleur rouge violet en dedans ; l'inférieure trilobée, portant un palais qui ferme la gorge à peu prés complétement. L'androcée se compose de quatre étamines à loges oblongues. L'ovaire, biloculaire, contient deux placentas axiles chargés d'ovules. A la maturité, on a une capsule qui s'ouvre par deux trous formés par la chute d'opercules discoides. Les graines sont ovoides, brunes, cou- vertes de crétes saillantes et anastomosées, qui limitent des alvéoles irrégu- liers inégaux. Nos monstruosités, tout en présentant çà et là quelques-unes de ces fleurs normales qui permettent de reconnaître le type, sont le plus souvent tellement métamorphosées, qu'il n'y aurait pas à les reconnaître si l'on ne possédait des transitions qui servent de passage entre les plus normales et les plus déformées. Ainsi (pl. I, H 1) la fleur rappelle bien la description précédente; mais l'éperon est moins prononcé, la gorge moins fermée, le palais absent, ettoutes les colorations, toutà l'heure franchement définies, se fondent en une teinte gris verdátre, sale. Ces fleurs toutefois donnent des capsules et des graines à peu prés normales (H 2), de telle sorte qu'on a le diagramme (G 1) et la coupe de l'ovaire (G2) qui sont normaux. En d'autres cas (L), la déformation devient plus irrégulière sans rentrer encore dans les cas dont la singularité nous a surtout frappé. Beaucoup de rameaux, ou mieux de ramules, se présentent comme celui figuré en À : c'est une sorte de bifurcation dichotomique qui donne deux rameaux que nous allons étudier successivement. Le rameau de gauche porte d’abord une fleur modifiée. Les sépales sont tous égaux et libres jusqu’à la base, et le calice ressemble à une rosette de cinq petites folioles; au centre, le rameau s’élève et porte une corolle un SÉANCE DU 14 Mans 1879. 109 peu irréguliére (c'est-à-dire encore un peu normale), mais sans apparence d'éperon. Une coupe verticale (A a) nous montre qu'elle porte cinq éta- mines dont une plus petite, la supérieure, deux moyennes, et deux plus grandes, inférieures. Au centre, le ramule se continue, puis porte (A 2) deux folioles opposées (les fcüilles carpellaires sans doute), se poursuit encore, et donne une seconde fleur (A 3). Celle-ci (A b) est construite comme la première : le calice est semblable, mais la corolle est beaucoup plus régulière ; l'androcée est en tout semblable à celui dela première fleur. On peut en juger en comparant surtout les deux diagrammes A a' et A b'. Àu centre, le rameau se poursuit toujours; il porte (A 4) deux folioles (sans doute encore deux feuilles carpellaires) décussées avec les deux ho- mologues précédentes (A 2), puis se continue et donne une troisiéme fleur (A 5). Celle-ci est en voie de développement (A c) ; on y trouve une coupe calicinale à cinq dents égales, une coupe corolline à cinq dents égales, alternes avec les dents du calice, cinq étamines toutes de méme taille. Au centre, le ramule s'éléve encore et donne deux folioles(A 6), puis se renfle, esquissant les premiers rudiments d'une autre fleur (A 7). Le-détail de celle fleur, à ses débuts (A d), montre cinq mamelons presque égaux, puis au centre deux mamelons pointus. Que serait-il advenude ce rameau et de cette fleur, si la main de notre collégue ne füt venue arréter ce siugulier développement pour nous fournir les éléments d'une intéressante étude? Peut-étre se serait-il encore produit de nouvelles fleurs avec des modifica- tions plus accentuées que nous retrouverons tout à l'heure. Prenons maintenant le ramule de gauche. Nous le voyons d'abord donner trois paires de folioles opposées décussées ; la troisiéme paire donne deux rameaux à son tour, un petit que nous représentons à gauche et qui con- tinue à donner des feuilles, tandis que le second, celui de droite, repro- duit presque la série de modifications que nous venons de décrire. Ainsi nous avons d'abord une fleur (A 1^) qui rappelle celle décrite en A6, puis l'axé continué porte deux folioles (carpellaires); à l'aisselle de l'une d'elles est un rudiment de fleur; l'axe, se poursuivant, donne une seconde fleur (A 3^), au centre de laquelle se trouve un simple mamelon qui était sans doute appelé à poursuivre le développement. La fleur représentée en B est régulière, comme on peut le voir : cinq sé- pales à peine réunis à la base, une corolle réguliére à cinq lobes alternes; en l'ouvrant, on trouve cinq étamines inégales et, au centre, un pistil bien constitué. En C, est une fleur plus singulièrement construite. Dans un calice pres- que gamosépale est incluse une corolle comme celle de B, mais dans cette corolle deux organes frappent l'attention. C'est d'abord une lame roulée en cornet, supportant cinq étamines attachées vers son tiers supérieur; trois sont portées sur des filets simples, courts, les deux dernières sur chacune 110 SOCIËTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des pointes d'un filet fourchu. L'autre organe est un rameau qui vient presque à la hauteur de la coupe de la corolle étaler une petite fleur régu- lière (G b). En D, la singularité est autre. Le pédoncule donne une rosette de cinq feuilles pétiolées, dans laquelle on doit voir le verticille des sépales, puis se continue, et, à une assez longue distance, porte un deuxième verticille de pièces semblables aux précédentes, alternant avec elles : c’est le verticille corollin, à n'en pas douter, car, aprés s'étre encore allongé, voici le ramule offrant cinq étamines alternes avec les dernières folioles; ces cinq éta- mines renflées, à poches anthérales bien gonflées, à filet court, sont conni- ventes sur un petit corps médian qui n'est autre que le pistil. Cette fleur nous amène à celle représentée en E a. On y retrouve le méme verticille sépalin et lé méme verticille corollin, séparés encore par un axe qui s'est allongé ; mais ici l'androcéeest placé non plus sur une colonne qui s'élàve du centre, mais sur un plateau à la base des folioles corol- lines ; il est représenté par cinq anthéres sessiles (E b) du centre des- quelles s'éléve une colonne qui porte une fleur (E €) dont le détail est donné en E c. Nous représentons en F une fleur dont le calice est en cupule surbaissée; la corolle personnée rappelant plutót celle de la Scrofulaire que celle dela Linaire, on n'y voit aucune trace d'éperon: ll y a cinq étamines inégales, un pistil en apparence bien conformé; mais si l'on vient à l'ouvrir, on trouve que l'ovaire est devenu uniloculaire, et qu'à la place des deux pla- centas accolés sur une-cloison médiane, on a un corps singulier en forme de marteau, libre dans la loge, avec un manche fiché dans le fond et deux ailettes à la partie supérieure ; sur les bords de ces ailettes se voient en certain nombre des ovules avortés (2), qui ont pris la forme d’anthères supportés par un court filet, La fleur G est, en apparence, moins déformée que la précédente, toutefois absence d'éperon à la corolle. L'androcée est celui d'une fleur normale ; c'est le gynécée qui est ici anomal. Sur la cloison, les deux pla- cenlas s'arrondissent dans chaque loge, mais, par suite d'un arrét de déve- loppement dont la cloison se trouve frappée, les deux loges ne sont plus séparées en haut, de telle sorte que les placentas, axiles à la base, se réu- nissent au sommet pour faire un placenta central. Ce placenta néanmoins ici n'est pas complètement libre, car il tient à l'ovaire par un prolongement qui l'unit au sommet de la loge. Dans les fleurs I et J, les déformations placentaires sont autres. La fleur T est pour ainsi dire la contre-partie de la fleur précédemment étudiée. L'ovaire est en effet uniloculaire à la base et biloculaire au sommet. Dans la portion inférieure se trouve un placenta arrondi, qui monte et s'étale bientôt comme nous l'avons vu dans F, avec vette différence toute- SÉANCE DU 1A Mans 1879. 111 fois, que les deux ailettes ne sont plus libres, mais bien soudées aux parois. Dans la fleur J, nous avons un placenta en forme de bilboquet, central, complétement libre et portant sur sa téte arrondie des ovules déformés. L'élougation s'arrête parfois brusquement ; c'est ce qui a lieu dans la fleur M. Le rameau, aprés avoir donné: 1* un calice régulier, dialysépale, 2° une corolle régulière gamopétale, à cinq lobes réguliers, 3° un andro- cée de cinq étamines égales, produit un sac ovarien ouvert en haut et com- plétement vide. La fleur dont le diagramme est tracé en O était semblable, sauf toutefois que le sac ovarien n'était pas lobé, et que du centre s'élevait une colonnette renflée en téte et couverte d'ovules avortés, comme dans la fleur J. La fleur que nous avons représentée en Q est semblable à peu prés à celle représentée en M, avec cette différence qu'elle est doublée, c'est-à- dire qu'elle présente un calice presque dialysépale, à huit sépales, une corolle gamopétale à huit divisions, un androcée de sept étamines égales, et un sac ovarien à six dents. Dans ce sac, au centre, étaient deux pla- centas inclus avec ovules avortés. La fleur N nous ramène à ce que nous avons décrit pour A, et les fleurs P, R, S, qui nous restent à décrire, ne sont que des combinaisons des diverses erreurs de nature déjà mentionnées. Ainsi la fleur P est composée d'un calice dialysépale régulier, d'une co- rolle gamopétale à peine irrégulière, d'un androcée de cinq étamines égales portées sur la corolle; puis du centre s'éléve un ramule qui porte une seconde corolle tuberculeuse à peine irréguliére, à cinq dents. Nous disons corolle, parce qu'en se continuant, l'axe donne une téte (P 2, P 3) de cinq étamines qui alternent avec les cinq divisions précédentes et s'applique sur un petit pistil. Cette fleur semble étre la combinaison des dispositions À et D. En S, nous avons de méme la réunion des monstruosités E et O. C'est d'abord un verticille de cinq feuilles sépalines pétiolées, puis l'axe allongé ; puis un verticille de cinq feuilles, sépalines encore, alternes avec les précé- dentes. L'axe s'allonge encore et donne une corolle gamopétale à cinq lobes, sur laquelle se voient les rudiments avortés de cinq étamines; l'axe se poursuit, et donne un sac de trois feuilles carpellaires, ouvert en haut et laissant passer un placenta renflé en tête et chargé d'ovules avorlés. Enfin en S, l'axe, après avoir donné un calice régulier dialysépale à cinq parties, une corolle gamopétale régulière à cinq dents, cinq étamines égales, se prolonge et semble devenir tout à fait un organe de végétation qui ne fournit plus que des feuilles. De ce que nous venons de dire, il ressort donc : 1? Que l'axe floral a une grande tendance à l'élongation ; les verticilles floraux, plus ou moins modi- 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fiés, sont écartés les uns des autres par l'allongement de cet axe: c'est ceque l'on peut voir dans A, D, E, N, P, R, S. Dans certains cas, l'axe ainsi pris de développement ne donne que des appendices floraux plus ou moins modi- fiés ; dans d'autres cas, ainsi dans S, aprésavoir donné quelques verticilles, il se prolonge en rameaux végétatifs rappelant, par la disposition et la forme des feuilles, les premiers rameaux d'un pied de Linaria Elatine, c'est- à-dire que les feuilles sont opposées, ovales-lancéolées aigués, plus ou moins pétiolées. ZEE Le calice tend rapidement à devenir régulier et complètement dialysé- pale (A 1et4', B, C, D, E, I, P, etc.). Assez souvent les sépales se changent en folioles pétiolées, comme dans D, E, R. La corolle perd ses couleurs, passe au verdâtre, et se déforme peu d'abord (H); cependant l'éperon s'est raccourci; en L, il est plus court encore; puis la corolle devient régulière, c'est une cloche plus ou moins profonde (B, C, N, R, S). Elle peut devenir foliacée, alors ses folioles ressemblent à celles transformées du calice (D, E, R). Parfois la corolle est double, c'est-à- dire que deux corolles se présentent entre le calice et l'androcée (P, R). Les piéces de la corolle sont en général au nombre de cinq, mais parfois elles peuvent étreau nombre de sept, huit (Q); cela coincide avec un dédouble- ment des autres verticilles de la fleur, calice, androcée, gynécée. L'androcée tend à prendre le type cinq (A, etc.), et de plus à devenir régulier (Ac, D, E, M,O, Q). Le plus souvent les étamines sont adnées sur la coupe de la corolle (A, B, F, H, I, J, L, M, N,O, P, Q, S). Mais parfois, comme dans E, elles sont libres et sessiles au fond de la coupe, autour de l'axe qui s'éléve, ou bien elles sont emportées par cet axe (D, P); ou hien enfin, ce qui est plus rare, elles sont portées par une lame surajoutée, comme en C, qui oceupe un côté de la corolle, tandis que de l’autre côté un axe naît de la base d'un pétale. Le pistil, dans les fleurs monstrueuses, présente presque tout de suite l'avortement des graines. Les métamorphoses portent ensuite sur l'ovaire : celui-ci, plus ou moins déformé, entr'ouvre parfois ses feuilles carpellaires (M, R, Q), de maniére que le sac reste ouvert et partite vers le haut ; si la parti- tion est plus prononcée, on a ainsi des folioles qui sont le plus ordinairement sessiles, mais aussi parfois deviennent pétiolées. Ces folioles sont opposées quand les feuilles carpellaires sont au nombre de deux (A2, A 2', A4, N, S). Mais parfois elles deviennent ternées (R). Le placenta offrede grandes varia- tions : tantôt il est central, libre, renflé en tête à la partie supérieure, rétréci en colonne inférieurement (J, R); tantôt il est aplati en double lame libre (F), ou attaché par les bords des ailettes à la paroi : de telle facon que tantót l'ovaire, uniloculaire en haut, est biloculaire en bas (G); tantôt, au contraire, il est uniloculaire en bas et biloculaire en haut (D). Toutefois il ne faut pas croire que la complication des métamorphoses de certains verticilles SÉANCE DU 14 Mans 1879. 113 entraîne nécessairement celle des verticilles suivants: ainsi en D et P, où les métamorphoses du calice, de la corolle et de l'androcée sont aussi accentuées que possible, l'ovaire est loin d'étre aussialtéré dans sa forme que dans A a, ou dans S. Les taxinomistes ne peuvent s'appuyer sur une monstruosité de cette nature pour tirer de conclusions sérieuses; les anomalies les plus opposées peuvent donner raison à quiconque voudrait les invoquer. Cette mons- truosité prouve trop de choses pour qu'on puisse l'invoquer pour prouver quelque chose ; et si jamais le Linaria Elatine venait (on ne sait ce qui peut arriver de nos jours), à voir sa place contestée, notre monstruosité ne pourrait pas certainement la lui faire reconquérir. En l'observant, je ne pouvais m'empécher de rapprocher certains des états que je voyais de certains autres que j'ai figurés autrefois dans l’ Anagallis arvensis (1). Et si je me suis tant arrêté à la description de la présente monstruosité, c'est que je tenais à faire ressortir comment deux familles aussi éloignées et aussi différentes que le sont les Primulacées et les Scrofularinées, peuvent, sous l'influence des agents extérieurs, sans doute, étretellement dérangées dans l'harmonie de leurs formations, qu'elles deviennent presque complè- tement identiques. Suit-il de là que l'étude des monstruosités soit une étude stérile ? Nous ne le pensons pas ; seulement il faut les utiliser à autre chose qu'à débattre les points litigieux de classification : on ne peut les forcer à affirmer ce qu'elles ne peuvent dire. Suivant nous, elles pourraient bien plutót éclairer les problèmes difficiles de physiologie. Mais, dans ce cas, il ne fau- drait pas se borner à une simple constatation des faits les plus saillants, il faudrait, quand faire se pourrait, suivre la marche de la maladie. On arriverait ainsi à se renseigner sur la cause de ces modifications qui nous semblent des erreurs de nature, et qui, au contraire, ne sont que l'ap- plication de lois encore inconnues dont nous devons poursuivre la recherche. NOTE SUR LE DIMORPHISME DU FRUIT DU JUBELINA RIPARIA, par M. P. SAGOT. J'ai le plaisir de communiquer à ia Société botanique l'observation d'une forme nouvelle du fruit du Jubelina riparia À. Jussieu, récoltée au Maroni par M. Mélinon. Cette forme rapproche de plus en plus du genre Hirea cette belle et rare Malpighiacée guyanaise. Le genre Jubelina fut créé en 1843 par A. de Jussieu, sur cette espèce unique et alors inédite, dans sa savante monographie des Malpighiacées. Il (1) Monstruosilés végétales (Adansonia, 1V, p. 159). | T. XXVI. (SÉANCES) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. n’avaif sous les yeux qu'un trés petit nombre d'échantillons : les uns en fleur, un ou peut-étre plusieurs autres en fruits, provenant d'une méme récolte. Les fruits étaient plus ou moins développés, mais aucun d'eux n'était arrivé à la compléte maturité. Cette belle Malpighiacée est trés facile à reconnaitre à son inflorescence terminale formée de beaucoup de fleurs serrées et pourvues de braciées nombreuses, les premières oblongues, les suivantes linéaires; à son calice formé de sépales allongés linéaires subspathulés ; à ses pétales d’un rose pourpré; à ses grandes feuilles pubescentes tomenteuses en dessous ; aux grands poils sétiformes apprimés, portés parle fruit. Il suffit. de l'avoir vue une seule fois pour la reconnaitre sans hésitation sur l'échantillon méme le plus incomplet. Cette plante est rare dans les collections, non pas parce qu'elle ne croit que dans de rares localités à la Guyane, mais plutót parce que, étant une liane de taille trés élevée, elle se présente rarement à la portée de la vue et de la main. Depuis 1854, M. Mélinon a plusieurs fois envoyé au Muséum des échan- tillons en fleur du Jubelina riparia, récolté d'abord sur les bords de la Mana, puis au Maroni; mais dans un dernier envoi figuraient des échan- tillons en fruits, qui frappérent immédiatement mon attention par leur forme nouvelle et tout à fait différente du fruit typique. Ces fruits, en effet, présentaient la forme d'un fruit d'Hirea avec sa large aile circulaire faisant le tour du carpelle, et non celle d'un Jubelina dont le carpelle porte cinq ailes longitudinales étroites, ondulées, sinuées, lobulées, à peu prés égales entre elles. J'avais donc sous les yeux un cas remarquable de dimorphisme, et je m'empressai de l'étudier. Le fruit du Jubelina, tel qu'il est décrit et figuré par A. de Jussieu, et tel que le présente l'échantillon authentique de l'herbier du Muséum, est formé de trois carpelles, également développés, rapprochés en une masse ovoido-pyramidale, trigone, haute et large d'un pouce environ (A. Juss.). Chaque carpelle porte cinq ailes verticales, étroites, ondulées, sinuées. A l'intérieur, il présente une cavité médiane, séminifère et deux cavités latérales vides. Les ailes n’ont au plus que 6 millimètres. Le fruit est cou- vert de poils raides, grèles, apprimés. Dans la plante de M. Mélinon, il n'y a ordinairement qu'un ou deux carpelles développés. Cet organe présente une trés grande aile marginale, circulaire, bilobée par une scissure médiane supérieure et une scissure médiane inférieure. Trois ailes dorsales assez courtes, sinuées, lobulées, irrégulières, la médiane plus grande, se voient à la face dorsale du car- pelle. Le fruit porte toujours les poils raides, apprimés, déjà décrits. En cou- pantle carpelleen travers, j'ai aperçu une cavité médiane séminifère, garnie SÉANCE DU 14 mars 1879. 115 d'une membrane à paroi propre, qui est la véritable cavité ovarique. Sur ses cótés, deux lacunes irréguliéres, vides, dépourvues de paroi propre, pré- sentant des traces minces de cloisons intercellulaires, m'ont paru de sim- ples lacunes produites par la raréfaction du tissu cellulaire atrophié et déchiré, La grande aile membraneuse marginale circulaire, subdivisée comme en deux ailes par les scissures médiane supérieure et inférieure, au lieu d'avoir 6 millimétres de longueur, en avait 20 ou 30 ; le plusgrand diamètre du carpelle était non plus d’un pouce, mais de 7 centimètres. Ce fruit ne diffère en rien d'essentiel de celui d'un Hiræa. On sait en effet que, dans ce genre, caractérisé par le grand développement des ailes margi- nales, plus ou moins complétement réunies en une seule aile circulaire, on trouve un vestige des ailes dorsales réduites à une ou trois crétes la- melleuses, et que l'aile circulaire peut être sans fissure, ou présenter une fissure verticale supérieure ; qu'enfin le fruit peut offrir, ou le développe- ment des trois carpelles, ou celui de deux seulement, ou méme celui d'un seul, les deux autres formant un appendice plus ou moins pourvu d'ailes irrégulières et sinuées, restant souvent attaché au carpelle fertile (Hire fagifolia et espèces voisines). Curieux de voir par moi-même ces loges latérales stériles ducarpelle du Jubelina décrites par A. de Jussieu, j'ai soumis à l'analyse un jeune fruit de l'échantillon authentique de l'herbier du Muséum. J'avoue queles loges latérales m'ont paru. de simples lacunes, formées par déchirure ou atro- phie, au sein d'un tissu cellulaire raréfié. Non-seulement elles sont vides, mais elles n'offrent aucune trace de paroi propre et ne ressemblent en rien à une cavité ovarique, si atrophiée qu'on la suppose. J'ai analysé plusieurs fruits de diverses espèces d’Hiræa pour chercher à y retrouver ces cavités latérales. Une fois, j'ai cru en reconnaitre un ves- tige, plus souvent je n'en ai vu aucune trace. Voilà done une Malpighiacée trés caractérisée, trés reconnaissable, qui s'est présentée à la Guyane avec deux formes de fruit différentes. Comme aucune de ces deux formes n’a l'apparence d'une monstruosité, je qualifie ce phénoméne de cas de dimorphisme. Je pense méme que, si l'une des deux formes pouvait paraître anormale, ce serait plutôt celle du Jubelina typique, parce que les courtes ailes y sont irréguliérement sinuées, cris- pées et ondulées, mélées méme de petites crétes accessoires iniermé- diaires. Aprés tout, ce dimorphisme ne porte pas sur un point de constitution organique bien essentiel. Les ailes où expansions aliformes, qu'elles se développent sur la tige, le pétiole, le fruit, ou méme la graine, sont d'un développement assez souvent variable, et à côté du type légitime, les flores mentionnent bien souvent une forme à aile courte, forma brachyptera. Pour en citer un exemple pris à la Guyane, l'échantillon du Securidaca 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. paniculata Lam. (Polygalées) récolté par Leprieur et conservé dans lher- bier du Muséum, présente un fruit qui n'a qu'une aile assez courte. J'ai recueilli la méme espéce en fleur, et de jeunes fruits nouvellement noués montrent déjà une aile aussi développée que celle des autres Securidaca. J'ai tout lieu de croire que le Jubelina nicaraguensis Gr. (in Griseb. et Oersted, Malpigh. centro-american. p. 48) doit étre également rapporté au genre Hirea ; la description du fruit, « alis samare lateralibus latissimis », viendrait confirmer cette présomption. Quant à l'échantillon recueilli par A. Kappler à Surinam, portant le n° 1807, et étiqueté Hiræa rosea Miq. n. sp. dans l'herbier du Muséum, on ne peut faire autrement que de le considérer comme le Jubelina riparia lui-même; les feuilles sont un peu plus elliptiques que celles de l'échantillon en fruit de A. de Jussieu, mais tous les autres caractères attribués à cette espèce se retrouvent sur ce spécimen. SÉANCE DU 28 MARS 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la derniére séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président fait connaitre une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : Édouard André, Traité général de la composition des parcs et jardins. Em. Burnat et Aug. Gremli, les Roses des Alpes-Maritimes. M. Malinvaud donne quelques détails sur ces deux ouvrages : « La Société, dit-il, sera reconnaissante à M. André d'avoir bien » voulu lui offrir son beau livre sur l'Art des jardins. Le sujet spécial » indiqué par le titre y est traité ex professo avec une compétence dont » le nom de l'auteur est la meilleure garantie. » Quant au volume donné par MM. Burnat et Gremli, guide précieux » pour une étude approfondie des Rosiers des Alpes-Maritimes, l'abon- » dance des renseignements et la clarté de l'exposition le rendront aussi » agréable qu'utile à consulter pour ceux qui aborderont à un point de » vue plus général l'examen de ces plantes critiques. » SÉANCE DU 928 mars 1879. 117 M. Malinvaud donne ensuite lecture des passages suivants d'une lettre de M. Ramond, trésorier de la Société : « Nous recevons l'ampliation du décret nous autorisant à accepter » le legs de 300 francs de rente, qui nous a été fait par notre regretté » collégue M. Thibesard. » ec Je prévois qu'il me sera difficile d'assister à la séance de ven- » dredi. Si, en effet, je n'y venais pas, je vous prierais d'annoncer à la » Société l'autorisation que nous avons recue. Le décret est du 26 février » 1819; il a été notifié par dépêche du Ministre de l'Instruction publique » et des Beaux-Arts, du 21 mars courant. » M. le Président informe les membres présents de la résolution adoptée par le Conseil, de célébrer par un banquet le 25* anniver- saire de la fondation de la Société. Une circulaire sera envoyée incessamment à ce sujet. M. Fournier donne lecture de la communication suivante : DE L'ESPÈCE DANS LE GENRE RUBUS, ET EN PARTICULIER DANS LE TYPE RUBUS RUSTICANUS Merc., par M. MALBRANCHE. (Réponse à MM. Boulay et Lefèvre). I Depuis la publication de mon Essai sur les Rubus normands, les obser- vations n'ont pas manqué à ce travail; plusieurs botanistes m'ont encou- ragé dans cette voie, et je compte parmi les plus précieuses l'approba- tion que lui a donnée M. Godron, le savant auteur de la Flore francaise. De leur cóté, M. Boulay, le laborieux fondateur de l'Association rubolo- gique (1), M. Lefèvre, infatigable collecteur et collaborateur de M. Muller (2), en ont fait une critique à laquelle je vais essayer de répondre. M. Boulay a fait observer que « le nombre n’a rien à faire dans la » question ; il ne s'agit pas de savoir s'il y a peu ou beaucoup d'espéces » J'en conviens; mais on peut toujours étre surpris et concevoir quelque hésitation en passant des 10 espéces de la flore de France au chiffre de 400 que je suppose atteint. Il est vrai que le Draba verna a bien donné (1) Association rubologique (Annotations, 1876). p Examen de l'Essai sur les Rubus normands (Bull. Soc. bot. Fr. t. XXIV, Séances, P. 217). 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lieu à 245 espèces (1) ; mais il est vrai aussi que leur auteur éprouve aujourd'hui ua extrème embarras à s'y reconnaitre. M. Boulay ajoute : « Il s'agit de constater des distinctions manifestes dans la nature et de fixer leur importance relative » (loc. cít.). C'est bien là, en effet, le travail que nous poursuivous les uns et les autres; où nous différons, c'est sur l'évidence des distinctions et sur leur importance rela- tive, La valeur des caractères, c’est bien là le point en litige; tous n'ont pas la même importance, tous ne méritent pas d'être signalés. Il y a long- temps que mon illustre maitre, Adrien de Jussieu, disait qu'il fallait « peser les caractéres plutót que les compter ». La subordination des caractéres a été la clef des méthodes naturelles ; elle sera aussi, dans un ordre moins élevé, celle des espèces. La loi des individus ne diffère pas de celle des sociétés. Je ne veux pas répéter ici toutes les appréciations que j'ai données dans mon Essai sur les Rubus normands, au sujet de la variabilité, de l'incon- stance et du peu de valeur des caractères sur lesquels les rubologues modernes s'appuient pour créer des types nouveaux élevés à la dignité d'espéces. Quelle valeur, en effet, attribuer à des caractères qui se fondent sous nos mains pour ainsi dire, mobiles, fugaces, apparaissant à la clarté vive du jour, disparaissant sous l'ombre des bois, autres sur la colline et dans la vallée, défiant la patience de l'observateur, qui manque d'expressions pour les décrire et d'adjectifs pour les qualifier. Cette inconstatice. les fait rentrer dans la elasse des variations individuelles, et leur introduction dans les diagnoses encombre la science sans profit. Mais comment fonder sur ces variations des types spécifiques? M. Boulay, à la vérité, prend soin de déclarer « qu'il ne croit pas à la primordialité et à la stabilité absolue de toutes ces formes, en aucune sorte » (2). Alors, pourquoi les décrire comme si elles les possédaient ; pourquoi les placer sur le méme rang et les élever au méme titre que les espèces ? Puisqu'elles ne sont pas stables, vous en convenez, à quoi s'appliquera la description que vous faites ? M. Jordan, lui, croyait à la primordialité et à la stabilité de ses espéces, etil était logique en les décrivant. Mais cette stabilité füt-elle prouvée dans l'époque actuelle, il ne s'ensuivrait pas que l'on ait affaire à des espéces, mais seulement à des races fixées par la permanence des in- fluences qui les ont fait naitre. M. Boulay ne nie pas l'origine commune, mais il attend qu'elle soit dé- montrée, et, en attendant, il agit comme si elle ne devait pas l'être. L'école opposée sait bien que l'origine commune n'est pas démontrée; mais par les faits acquis, l'observation de caractères communs st décisifs, les analogies, (1) Jordan, Des especes affines. (2) Annotations. SÉANCE DU 28 MARS 1879. 119 elle la soupconne, elle a de fortes présomptions et elle agit comme si elle devait l'étre. Voilà, en pressant la question, oü l'on en est dans les deux camps. Fermes et rigoureux dans leur Jordanisme, car il faut bien appeler la doctrine par son nom, les rubologues effacent de la science les expressions de forme, de variation, de variété et d'espéce, et n'admettent plus qu'une seule catégorie de types supposés primordiaux, constants, de méme valeur. Dans les 225 espèces décrites par M. Genevier, pour le seul bassin de la Loire, il n'y a pas une seule variété. Si M. Boulay ne croit pas à la stabilité de ces formes, pourquoi leur impose-t-il des noms qui encombrent la science, augmentent les difficultés? « Tant pis, me répondait un jour un botaniste dans une discussion ana- logue, tant pis; il ne s'agit pas de faire de la science facile, mais de la science vraie. » Oh! sans doute. Eh bien! neserait-il pas plus scientifique — et seulement pour les variétés un peu importantes — de leur imposer, au lieu d'un nom nouveau, un qualificatif qui nous apprendrait quelque chose et rappellerait la note saillante qui les différencie d'avec le type au- quel elles se rattachent ; par exemple : microphyllus, macrophyllus, nanus, robustus, aquaticus, apricus, umbrosus, etc. C’est ainsi que M. Godron employait pour les formes des Batrachium une nomenclature simple et claire. « Il est infiniment plus facile, dit un savant botaniste belge, M. Kickx, de décrire une plante comme nouvelle, que d'en étudier les affinités et de la rapporter à un type connu. » Les desiderata de la science seraient plutót dans une synthése habile, savante, qui rechercherait le lien qui rapproche au lieu des nuances qui divisent. Le savant professeur de Lille ne repousse pas cette conclusion finale, mais il ne croit pas que le moment soit venu de la poser; les vues théoriques que l'on pourrait émettre manqueraient de base, il veut quel'on achève d'abord la statistique complète et intelligente des formes actuelles. Nous pensons, d’après le plan adopté, que l'on s'engage dans un travail sans nécessité et sans fin; car, comme nous le disions avec M. Frédault, «ces formes se succèdent par centaines, se croisent, persistent plus ou moins longtemps, et disparaissent lorsque l'on a à peine eu le temps deles étudier, et de nouvelles prennent leur place » (1). On nous reproche de faire des réductions arbitraires, tandis que l'on reste dans les limites de la pratique commune. Geux qui me feront l'hon- neur de me lire, penseront peul-étre que je pourrais retourner la réflexion à mon profit et trouver quece sont vos créations, vos séparations qui sont arbitraires et que vous sortez de la pratique commune. Ce mode de faire (1) Frédault, Traité d'anthropologie. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. embarrasse la science de beaucoup de noms provisoires, mais c'est là le moindre inconvénient; il méconnait en méme temps le rang, la valeur d'une forme, ses affinités naturelles et sa véritable signification. M. Boulay prévoit, pour son travail, une seconde phase, celle de l'ex- périmentation. «1l faudra constater, dit-il, si les formes distinguées provi- soirement jusque-là sont d'une fixité absolue, ou, dans le cas probable d'une certaine variabilité, quelles sont les causes externes et surtout in- ternes, l'étendue et les limites des variations dont la preuve sera faite » (loc. cit. p. 4). L'auteur nous convie ici à un travail herculéen; on en comprendra les difficultés si l'on réfléchit qu'il s'agit de centaines de formes à soumettre aux influences multiples et combinées de climat, d'altitude, de soleil, d'ombre, d'humidité, etc., qui peuvent les modifier. Mais ces expériences se font journellement dans la nature ; « la grande diffusion des Rubus et la multiplicité des formes spontanées » fournissent à l'observa- teur un champ immense. J'ai déjà essayé, dans mon premier travail, de faire la part de ces influences et de noter les modifications qu'elles opè- rent. Aujourd'hui, serrant la question de plus prés, sans penser l'avoir épujsée, j'essayerai de rechercher, pour un type qui est trés commun dans nos contrées et qui me semble bien caractérisé, le Rubus rusticanus Merc., Ja valeur des caractères qui séparent une quarantaine d'espéces que l'on a créées à ses dépens. J'ai la mauvaise chance que ce type n’est admis ni par M. Godron, ni par M. Lefèvre ; mais la vérité, à laquelle je crois obéir, doit l'emporter sur toute autre considération. J'aurai le. regret de me séparer sur ce point du classique auteur de la Flore de France, — qui admet cependant ce type, à titre de variété, — et en méme temps de M. Lefévre, à qui on doit un si grand nombre de créations moins justifiées, et qui, malheureusement, n'est plus là aujourd'hui pour défendre ses opinions. I! Le Rubus rusticanus a été créé par Mercier, trop tôt enlevé à des études sérieuses et pleines de promesses, dans un travail intitulé : Rubi genevenses, imprimé à la suite du Catalogue des plantes de Genéve par Reuter. J'ai d'abord à établir l'autonomie de cette espéce qui est réunie par M. Godron au R. discolor W. et N., comme forme des pays calcaires, ou prise pour le R. discolor lui-méme par un certain nombre d'auteurs, ou partagée par d'autres en un nombre considérable d'espéces. Mon but est de montrer : 1° qu'il faut dégager complètement du discolor l'espéce de Mercier, et 2 qu'une foule d'espéces — je ne parle que de celles que jai vues — créées par MM. Lefévre, Ripart, Genevier, Boulay, etc., n'en doivent pas étre séparées. SÉANCE DU 98 mars 1879. 121 D'abord le rusticanus Mercier ne peut être confondu spécifiquement avec le discolor Weih. et Nees. Mettons en regard les descriptions de ces auteurs. R. piscoLor W. et N. Turion de 12 à 15 pieds de long, de $ à 1 pouce d'épaisseur, courbé, anguleux, simple ou rameux, presque toujours d'un pourpre obscur (obscure purpureus), muni d'aiguillons, de poils et de lignes fines, dur et ligneux (stri- goso-sericeo, dans la diagnose). Aiguillons longs de 3 à 4 lignes, larges de 2 et plus, solitaires et épars sur les angles de la tige, 5-nés (envi- ron 5 dans un mérithalle), recourbes, glabres, purpurins à la base, jaunes au sommet, durs et piquants. Feuilles alternes, toutes 5-nées. Pé- tiole commun long de 3 pouces, géni- culé, triangulaire, revétu, ainsi que les pétioles particuliers, d'aiguillons petits fortement recourbés et d'une pubes- cence dense et un peu étalée. Stipules étroites ciliées. Pétiolule de la feuille moyenne long d'un pouce, les intermé- diaires d'un demi-pouce, les inférieurs de 2 lignes. Foliole moyenne ovale-orbiculaire aiguë; les autres ovales et aiguës, toutes à dents mucronées-serrées, gla- R. RUSTICANUS Merc. (1). Turion glabre fortement anguleux et canaliculé, arqué dans le bas, d'une couleur gris glauque à l'ombre, brune au soleil (2) et se ramifiant la première année. (Il ajoute en note : Cette espéce n'est point velue, mais il y a une lé- gére pubescence sur les rameaux, sur- tout les pétioles et la panicule. On remarque souvent une sorte d’enduil grisátre sur la tigeet les rameaux, qui, dans la vieillesse, peut se détacher par écailles. Il n'y a jamais de glandes.) Aiguilons remarquables par leur force; partant d'une base fort élargie, ils se rétrécissent peu à peu jusqu’à leur sommet ou le plus souvent jus- qu'à leur milieu; le sommet alors se prolonge en une pointe longue et acé- rée ; généralement droits sur la tige, ils se courbent un peu en se rappro- chant de son extrémité et sur les bran- ches. Leur longueur atteint jusqu'à 8 millimétres, et leur nombre, de 4 à 5 dans un entrenœud, peut aller jusqu'à se toucher tous par leur base sans perdre de leur force (3). Feuilles caulinaires 5-nées. Pétiole commun arrondi en dessus, rarement aplati, pubescent et armé d'aiguillons nombreux, arqués ou crochus. Pétioles particuliers plus longs que dans les espéces voisines (collinus, cuneifolius). Foliole moyenne ovale-oblongue, arrondie el un peu atténuée à la base (obovale), sans échancrure, s'élargis- (1) J'ai dà intervertir l'ordre descriptif de Mercier, mais j'ai scrupuleusement respecté Ses expressions. (2) Habituellement d'un pourpre violacé franc. (3) Les aiguillons sont souvent velus assez haut. 122 brescentes et vert foncé en dessus, blanches cendrées en dessous, à tomen- tum léger, coriaces. (Dans les diagnoses il dit : acuminatis... argute duplicato- serratis. Dans la figure la feuille, est représentée large et échancree forte- ment à la base [cordée].) Rameau floral anguleux, muni d'ai- guillons épars recourbés et revétus d'une pubescence légère qui dans la panicule se change en un tomentum blanc. Les feuilles présentent la forme de celles des tiges stériles. Elles sont 5-nées à la base, 3-nées au milieu, celles de la partie supérieure mélées à l'inflores- cence, quelquefois simples. Bractées allongées étroites, 3-fides ou simples. Inflorescence : Panicule ou plutôt grappe composée, formée, depuis les aisselles des feuilles supérieures où naissent les premiers ramules jusqu'au sommet, de ramules courts nombreux en grappe ou en corymbe multiflore. Pédoncules revétus de soies courtes herbacées et d'un tomentum blanc. Calice blanc tomenteux, à divisions aiguës, réfléchies à la maturité du fruit. Corolle élégante à pétales et étamines róses (1). Fruits moyens, noirs et de saveur agréable. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sant wn pew em se rapprochant du sommet, qui se termine brusquement par une pointe courle(cuspidée). Leur largeur varie depuis la forme arrondie jusqu’à celle d’une ellipse et la pointe peut manquer complètement. Rameau floral droit, creusé dans une partie de sa longueur. Feuilles 5-nées en bas, 3-nées au sommet des rameaux ; rarement 1 ou 2 feuilles se trouvent à l'origine de la grappe ; elles sont bientôt remplacées par des brac- tées scarieuses, courtes et terminées par 3 divisions ; simples dans le haut de la grappe. Inflorescence : Grappe réguliére, composée de 8 à 12 ramules assez dis- tants et d'autant plus etalés qu'on les observe plus prés du sommet, jusqu'à former avec l'axe un angle droit et méme renversé. Ils varient de longueur et rendent la grappe large ou étroite. Ils portent le plus souvent 3 fleurs, dont les pédicelles gros et courts s'en déta- chent dès le milieu; les pédicelles latéraux se subdivisent quelquefois de maniére que le nombre des fleurs peut aller jusqu'à 7. Calice blanc cotonneux à sépales réfléchis. Fleurs moyennes d'un rose foncé ou carné ; pétales chiffonnés obovés, dont les bords convergent en ligne droite jusqu’à leur point d'in- sertion ; rarement ils sont un peu ren- trés de manière à former un onglet (2). Fruit normal un peu allongé, com- posé d'au moius 40 carpelles petils et serres, ayant une touffe de poils à leur sommet; mais souvent le nombre des carpelles diminue beaucoup, ils sont alors plus gros. Semence petite, ovoide oblongue, à bords également convexes, base arrondie, sommet émoussé, faces arrondies. (1) Dans la figure, les pétales sont représentés un peu onguiculés ; l'inflorescence un peu flexueuse et passablement aciculée. (2) Les jeunes carpelles sont pubescents ou poilus, Les organes sexuels sont ordinai- rement colorés. Les rapports de longueur varient. SÉANCE DU 28 MARS 1879. 193 4 Dans les champs, haies, buissons. Commence à fleurir au 8 juillet. Terres fertiles, haies des villages; elle disparait dans les terres compactes et ne se trouve pas dans les bois. Il me parait difficile, après des descriptions aussi précises, de confondre ces deux plantes. Le R. rusticanus de Mercier me paraît un type des mieux caractérisés. Trés commun dans nos contrées, on le reconnait facilement, malgré les variations de quelques caractères, à une physionomie particu- liére, à ce « je ne sais quoi » que les descriptions ne rendent qu'imparfai- tement et qui ne trompe guère l'œil d'un observateur attentif et qui a beaucoup pratiqué l'espèce. On peut ne pas s'accorder sur ce qui est le R. discolor de Weihe, mais il me semble impossible, d'aprés la deserip- tion et la figure, de le reconnaitre dans le rusticanus, si bien décrit par Mercier. Voyons l'opinion des auteurs sur ce point. Arrhenius, dans les Rubi Sueciæ, adopte le nom de discolor Weihe, mais il est douteux qu'il ait eu en vue la plante d'Allemagne. Il décrit (tableaux synoptiques): « Tige anguleuse à faces planes; feuilles étroitement ovales-elliptiques, toutes atténuées à la base, plus larges au sommet, acu- minées (ou à sommet cuspidé) ; pétales obovés atténués à la base ». Tout cela ‘conviendrait mieux à rusticanus ; la forme des feuilles, indiquée par Weihe (ovato-orbiculatum), l'embarrasse ; il est obligé d’admettre que la forme varie et tend, en Suède, à la forme ovale. M. Godron, dans la Flore de France, admet le type de Weihe, mais sa description intermédiaire semble comprendre les deux espèces dont il est question. C'est du reste l'opinion exprimée dans ses lettres, à savoir, que le rusticanus Merc. n’est qu'une forme du discolor, propre aux terrains calcaires. M. Genevier distingue complètement le rusticanus Merc. (R. discolor auct. non W. et N.): « Tige excavée cérosineuse. Feuilles rétrécieset entières à la base. Pétales ovales-arrondis au sommet et érodés... à onglet court. » C'est bien la plante de Mercier. Quant au discolor de Weihe, il le place dans un autre groupe et le fait synonyme de speciosus Mull. et Boul. 1l décrit: « Faces de la tige planes, peu excavées. Feuilles largement ovales, à base large entière ou à peine échancrée, ondulées-crispées au bord. Ra- meau floral arrondi à la base. Pétales rose clair; styles blonds. » Cette des- cription répond assez exactement à l'argenteus de Weihe, que Mercier fait aussi synonyme de speciosus (mais les échantillons de M. Boulay sont différents). M. Genevier admet, au reste, avec doute argenteus comme synonyme d'argentatus Mull. et comme voisin de discolor. Mercier distingue naturellement son espèce de celle des Rubi germanici à laquelle on veut la joindre, et la plupart des auteurs qui se sont occupés de ce genre ne confondent pas ces deux types. 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Il est au moins étrange que M. Lefévre, qui séparait si facilement et pour des caractères légers, qui était si prompt à créer des espèces, ait persisté « en dépit de la critique », à réunir les deux espéces dont il s’agit. « Aucune description, dit-il (loc. cit.), ne convient mieux à cette espéce (rusticanus) que celle de Weihe et Nees (discolor). Il est. évi- dent, ajoute-t-il, que cette Ronce éprouve des variations suivant les lieux qu'elle habite, et dans lesquelles plusieurs botanistes ont cru voir des espèces distinctes. » Et, d'un trait de plume, il supprime les Weiheanus Rip., rusticanus Merc., subemarginatus Mull. et Timb., avellanus Mull. et Timb., cuneatus Boul. et Bouv., cannabinus Boul. et Let., floccosus Boul. et Mehu, insignitus Timb. et Mull., apiculiferus Mull. et Timb., pronatiflorus Timb. et Mull., inæquidentatus, Boul. et Timb., enoplo- stachys, Mull. et Timb., tephracanthus Boul. et Timb., Bouveti Genev., semiviridis Boul. et Motel., splendens Chaboiss., brachyclados Boul. et Tuezk., etc. Et c'est M. Lefèvre, l'auteur des R. nigricatus, phyllophorus, grypoacanthus, qui fait une pareille hécatombe! M. Lefévre tire sur ses troupes, ear MM. Muller, Timbal-Lagrave, Boulay, Genevier, divisent d’après les mêmes procédés et avec la méme facilité. Je me trouve avoir, vis-à-vis de M. Lefévre, cette singuliére position, de trouver qu'il a tort : 1* de réunir deux espèces distinctes ; 2° de distinguer spécifiquement beau- coup d'espéces dont la séparation n'est pas suffisamment justifiée. M. Chaboisseau, tout en admettant le nom de discolor qu'il applique certainement à rusticanus, émet des doutessur l'identité de sa plante avec celle de Weihe, et il déclare que ce n'est pas celle d'Arrhenius. M. Boulay admet très bien le type de Mercier, représenté parle n° 11 de l'Association rubologique, et décrit dans les diagnoses, n° 17: «Tige con- cave sur les faces, floconneuse ; aiguillons robustes, droits ou légérement recourbés. Foliole terminale assez brièvement pétiolulée, obovée entière ou à peine émarginée à la base, rapidement contractée et terminée par un acumen court... Pédoncules étalés faiblement armés... » Tout cela con- vient parfaitement; mais il en sépare, sur des différences trés légères, un certain nombre d’espèces peu légitimes, à mon avis, dont plusieurs méri- tent à peine d’être distinguées comme formes. Je reviendrai plus tard sur ces procédés de nomenclature, je ne veux que constater en ce moment l'admission par M. Boulay, du rusticanus, et le maintien de toutes ces formes dérivées, comme espéces légitimes et indépendantes, dont la valeur est trés contestable. Il ne peut étre douteux que M. Timbal-Lagrave ainsi que M. Muller ne partagent les vues de M. Boulay, puisque ces botanistes ont établi un grand nombre d'espéces sous des formes bien plus rapprochées que le discolor de Weihe et le rusticanus de Mercier. Je passe maintenant à l'examen des formes que je réunis comme simples SÉANCE DU 28 mars 1879. 195 variations de l'espéce rusticanus. On peut les partager en trois ou quatre groupes principaux dont les caractères sont tirés de la forme des feuilles (il s'agit toujours de la foliole médiane des feuilles caulinaires): A. feuilles entiéres à la base, plus ou moins élargies dans la moitié supérieure ; D. feuilles entières elliptiques ; C. feuilles échancrées à la base ; D. feuilles petites, variables, caractérisant des plantes croissant dans les lieux secs et méritant à peine d’être séparées. Si l’on veut préciser davantage, on au- rait les formes obovata, elliptica, marginata et microphylla. Des limites bien tranchées n'existent pas entre elles ; il en est toujours ainsi pour des variations d'un méme type. Des caractères communs relient toutes ces formes qui n'offrent que des différences légères, dépendant des circon- stances de terrain, d'exposition, d'humidité, etc. Je n'ai rien trouvé de certain à prendre dans la couleur des organes floraux; les caractères em- pruntés àlatige, aux aiguillons (dans les formes dont il s'agit) sontsouvent difficiles à saisir et aussi peu décisifs. L'abondance et la force des derniers varient selon l'exposition trés évidemment. M. Boulay dit lui-même (Diagnoses, 1811, p. 6) que la couleur des fleurs est toujours plus vive à l'ombre qu'au soleil. Les caractéres tirés de la forme des feuilles sont plus saillants et plus faciles à apprécier, quoique, je le répète, les nuances tran- sitoires laissent encore quelquefois de l'incertitude. Je place en première ligne, comme typique, le groupe obovata, parce que c'est lui que Mercier me parait avoir surtout eu en vue en créant son espèce. Dans l'embarras de choisir un nom parmi tous les noms spécifi- ques nouveaux, et pour ne pas paraitre accorder à l'un une légitimité à laquelle les autres ont autant de droit, j'ai préféré prendre une qualifica- tion banale qui a de plus l'avantage de signaler le caractère dominant. Les formes appauvries débiles, à inflorescence réduite, ne peuvent, à aucun ütre, figurer dans une flore sous prétexte de variétés nana, pumila, depauperata, etc. À. F. obovata (type).— R. rusticanus Boul. Ass. rub. 151, Diagn. 11. La tige, à faces excavées, est couverte d'un fin tomentum de poils étoilés, épars et d'un enduit grisàtre cérosineux ; lesaiguillons sont longs et droits. Pétales arrondis cunéiformes. Feuilles un peu courtes, élargies, approchant beaucoup du latifrons Boul. ; dents un peu superficielles, larges, mucro- nées. Inflorescence étroite-allongée, un peu pyramidale ; pédoncules étalés; étamines blanches. Haies ; Marseille. — Id. Ass. rub. 213. Les aiguillons sont plus larges et un peu arqués ; les folioles un peu plus longuement pétio- tulées (aussi M. Boulay le réunit-il dans ses Diagnoses à petiolatus Timb.). La forme des folioles varie de l'obovale à l'elliptique; dents moins larges ; pétales brusquement atténués ; organes sexuels colorés; turion dressé, courbé à l'extrémité. Haies; Saône-et-Loire. — Id. Ass. rub. 11. Feuilles un peu plus longues, obovales-elliptiques. — R. albescens Boul. 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ass. rub. 216, de Saône-et-Loire également, ne diffère pas du ne 213. M. Boulay dit qu’on le distingue à la couleur pâle des organes de la fleur (mais les pétales sont encore roses dans le bouton), à la brièveté des pé- tiolules, au sommet de la feuille qui n'est pas cuspidé, mais insensiblement acuminé, à la denticulation superficielle (elle est identique à son rusticanus, n° 451). Il ajoute que cette espèce est plus rapprochée du speciosus des Vosges, dont elle diffère par la tige à faces concaves et à revêtement grisà- tre. Dans mon exemplaire, la tige est peu excavée ; l'inflorescence, qui n'est pas celle du speciosus, varie de la grappe simple à la pyramide composée ; les pétales se rapprochent du type; les feuilles raméales du petit rameau sont légèrement échancrées à la base. Elle a été récoltée dans les haies des prés. — R. cuneatus Boul. Ass. rub. 13, Diagn. 21. Tomentum et aiguillons du rusticanus (Boul. loc. cit. 151) ; dents, pétales, nervures des feuilles conformes; les folioles obovées et bien entières dans les deux. Les inflorescences sont construites de méme, celle du cuneatus est plus ro- buste ; les feuilles raméales sont semblables à celles de la tige dans cuneatus, assez grandes et bien nettement cuspidées; dans rusticanus, elles. sont plus petites, ovales et acuminées. Organes sexuels d’un rose clair. Terrains ombragés ; Angers. — R. FLExIPES Boul. Ass. rub. 221. Diffère du précé- dent comme une plante du granit peut différer d'une plante de l'argile, une plante du Gard d'une plante d'Angers. M. Boulay dit qu'elle se distin- gue par la structure de l'inflorescence, mais il est difficile d'en juger par les spécimens distribués ; le rameau floral du n° 221 est en fruit, ceux du n° 13 commencent à fleurir; ajoutez que les premiers sont broutés au sommet. Les inflorescences sont panieulées dans les deux espèces ; dans la plante du Midi, les feuilles sont plus petites, à dents moins superfi- cielles, le tomentum moins abondant partout, les aiguillons un peu plus nombreux ; les feuilles raméales inférieures concolores; les pétales plus arrondis. — R. MACROBELOS Boul. Ass. rub., 222. Forme appauvrie, sans valeur scientifique, du granit et du Gard.— R. ApIcuLIFERUS Mull. et Timb.; Doul. Ass. rub. 81, Diagn. 20. M. Boulay reléve les notes suivantes : Styles dépassant les étamines ; péliole de la foliole terminale égalant à peine la moitié de la hauteur de cette foliole (c'est la forme générale dela feuille [ 191 Boul. |); foliole plus nettement cuspidée. L'inflorescence diffère par sa structure plus resserrée (les ramules sont dressés el divisés presque à la base) ; tous les organes de la fleur sont colorés; les aiguillons petits. Haies du bord du canal; Toulouse. — R. consrricriFozius Boul. Ass. rub. 15, Diagn. 30. Inflorescence à aiguillons nombreux et petits, ce qui la fait placer par l'auteur dans une section différente : « Inflorescence hérissée d'aiguillons.» Feuilles obovales-elliptiques. M. Boulay dit « pan- duriformes ». Haies; Toulouse. — R. MassiLIENSIS Boul. Ass. rub. 159, Diagn. 29. M. Boulay rapproche cette Ronce de la précédente avec pro- SÉANCE DU 98 mars 1879. 197 natiflorus, que je place dans le groupe suivant à cause de ses feuilles : elles sont intermédiaires, arrondies à la base, à peine obovées ; du reste, carac- tères de l'inflorescence, des pétales, des organes, en tout semblables à ceux des rusticanus, albescens, etc. Haies; Marseille. Ces trois plantes, con- strictifolius, massiliensis et pronatiflorus, croissant dans le Midi, à une exposition sans doute plus éclairée, devaient présenter des aiguillons plus nombreux. — R. PETIOLULATUS Timb.; Boul. Ass. rub. 152, Diagn. 11. M. Boulay lui-méme dit dans les Diagnoses qu'il doit étre réuni à rusticanus. — R. SUBEMARGINATUS Mull. et Timb.; Boul. Ass. rub. 12, Diagn. 22. Ne diffère pas plus que le précédent du type. Les feuilles sont subéchancrées. Toulouse. — R. niscoLor Chab. Exsice. Tout à fait le type bien représenté par les premières plantes du groupe. — R. pniscoLon Bill. Exs. 1659. Bien conforme encore. — R. crispuzus et R. Ocurus-JuNOoNIs Gandoger Exs. 416 et 61. Ne différent pas davantage. Lyon. — R. SERRICULATUS Rip. (échantillon de M. Motelay). Dents fines ; trésaculéolé. Chemin de carriére, Gironde. — R. BasranpraNus Genev. (échantillon de Rouen nommé par l'auteur). Dents grandes un peu longues. — R. LATIFRONS Boul. Ass. rub. 154, Diagn. 19. Ne se distingue que par ses feuilles courtes et élar- gies, à base encore parfaitement entiére. M. Boulay dit qu'elle est trés voisine de cuneatus, apiculiferus, subemarginatus, etc. — R. RUSTICANUS (forma) Malb. 451 (1). Plante de Saint-Aubin-Elbeuf ; sables en plein soleil. Tige couverte d'un tomentum court frisotté (comme dans floccosus, bra- chyclados, tephracanthos), remplacant l'enduit cérosineux ; rameau floral plus aculéolé ; feuilles bien discolores, dents pointues ; pétales petits, mais forme du type (cunéiformes). — R. ziGuLATUS Boul. in Herb. Letendre. Ne diffère que par le sommet des feuilles prolongé en une pointe ligulée. — R. piFFUSUs Boul. in Herb. Let. Tige moins canaliculée, aiguillons plus étroits, inflorescence aculéolée un peu diffuse. Ne diffère pas de pronati- florus. — R. n&rnospicrENs Boul. in Herb. Let. Ne présente pas d'autre différence que les aiguillons de l'inflorescence recourbés, crochus. Mais cela s'observe dans plusieurs autres formes. — R. PERARMATUS Boul. in Herb. Let. Toujours le méme type; aiguillons de l'inflorescence nom- breux, forts et droits.— R. AwPLITHYRSUS Boul. in Herb. Let. et R. Pnvr- NOSUS Boul., dans la méme collection, ne peuvent être séparés des pré- cédents. Le premier, dont la floraison est avancée, a les ramules plus étalés, les feuilles raméales en grande partie 3-nées et concolores à la base. Ces légères variations n'ont pas de valeur. B. F. elliptica : feuilles ovales-elliptiques, entiéres, arrondies à la base. —R. ix.gouinENTA TUS Boul. et Timb. Ass. rub. 83, Diagn. 39. Aiguillons médiocres; foliole moyenne légèrement échanerée ou entière à la base, et (1) Ces numéros sont ceux de mes récoltes. 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parfois obovée, comme dans le rusticanus (c'est M. Boulay qui le déclare dans les Diagnoses). Du reste, organes colorés, carpelles velus, inflores- cence, aiguillons, tous les caractéres d'un rusticanus. — R. PRONATI- FLORUS Timb. et Mull. Ass. rub. 82, Diagn. 28. A peine différent du pré- cédent. M. Boulay le place dans un autre groupe (à feuilles obovées rétrécies) ; cependant la foliole moyenne est, comme il le dit dans ses Diagnoses, « arrondie à la base et vers le sommet », de plus subémarginée, de sorte que tout cela serelie. Dans les deux espéces, aiguillons nombreux, carpelles peu velus. Toutes deux sont des environs de Toulouse. Les fleurs, plus pàles dans une espèce, ne sont pas une note suffisante; d'ailleurs, M. Boulay dit lui-méme 'avec raison : « forme générale du rusticanus ». Eh bien! ne l'en séparons pas. — R. EXPALLESCENS Timb. Boul.; Ass. rub. 161, Diagn. 25. Les notes caractéristiques indiquées par M. Boulay n'ont rien de saillant : le pétiolule de la foliole moyenne de mes échantillons a la moitié de la hauteur du limbe ; les pédoncules et pédicelles ne différent pas de ceux de beaucoup de formes voisines ; dents superficielles ; feuilles arrondies à la base et plutôt elliptiques. Toulouse. — R. BRACHYCLADOS Boul. Ass. rub. 88, Diagn. 33. Je ne vois pas de différences un peu no- tables. M. Boulay reléve : « Aiguillons droits, tige floconneuse, foliole arrondie à la base, dents plus accentuées que dans la précédente (tephra- canthos). » Les pédoncules et pédicelles n'ont que des rapports de longueur ordinaires. — R. rLoccosus Boul. Ass. rub. 17, Diagn. 26 : « Feuilles plutôt elliptiques », sans doute, mais aucun caractère à prendre dans les aiguillons, les pétales, les organes sexuels. Rhóne. — R. cANNABINUS Boul. Ass. rub. 16, Diagn. 31. Ne diffère absolument du type que par les décou- pures des feuilles, qui sont dentées, laciniées. Mais plusieurs espéces de Rubus offrent cette variation, entres autre le Rubus cæsius, chez qui Weihe l'avait déjà signalée. Dans la localité classique où je l'ai récoltée avec M. Letendre, on trouve tous les passages entre la feuille simplementdentée typique et celle dont les dents profondément lobées-laciniées ont donné lieu au R. cannabinus. Haies du village Quevilly, prés Rouen. — R. STRIA- TUS Boul. Ass. rub. 155, 156, 157, 217, 218, 219, 290. Diagn. 34. M. Boulay estime que cette espèce se distingue de toutes ses voisines par sa lige à peine concave, nullement floconneuse, mais la plupart de ces numéros ont des tiges à faces plus ou moins creusées et à tomentum plus ou moins visible. Les n" 156, 157, ont manifestement des poils étoilés petits, nombreux, couvrant méme les aiguillons, semblables à tous ceux qu'on voit dans le rusticanus et ses formes. Le n° 217 a l'enduit grisátre cérosineux trés abondant, qui a gêné le développement des poils; cepen- dant on les retrouve encore surles aiguillons et dans la rainure du pétiole. Les 7 exemplaires ont été récoltés par M. Tuezkiewiez dans le Gard, dans des ravins ombragés ou exposés au soleil. A cette occasion, M. Boulay fait D SÉANCE DU 98 Mans 1879. 139 remarquer (Liste méthodique... 1811, n° 219, 290) que « la couleur rose des organes de la fleur, quand elle existe, est toujours plus vive àl'ombre qu'au soleil ou dans des lieux découverts ». Aussi le n° 218, recueilli sur des murailles découvertes, a les organes floraux pâles et décolorés. Cela est parfaitement d'accord avec nos observations ; c’est cette inconstance que nous invoquons pour ne pas diviser sur des caractéres aussi variables. La forme des pétales varie de l'orbiculaire à l'obovale. Le tomentum des feuilles clair verdâtre, presque brillant dans les formes 217, 218, 219, 220, est cendré grisâtre et terne dans les autres. Je pencherais à croire que les premiéres ont été récoltées à des expositions éclairées; cependant les notes des étiquettes chevauchent entre l'ombre ou le soleil, etles n^ 155, 219, 220, sontdits deslieux ombragés.— R. prÆæTERMISSUS Ripart (ex spec. Coquet). Nantes. — R. pniscoLoR Lef. (ex spec. auct.). Cette plante n'a au- cun rapport avec la plante de Weihe et Nees, que M. Lefèvre persiste, « en dépit de la critique » (Examen de mon Essai sur les Rubus), à réunir à rusticanus ; les feuilles, l'inflorescence, tout differe, et au point de vue où ce botaniste s'est placé, sa plante devrait être séparée. Ses feuilles ne ressemblent absolument ni au discolor de Weihe, ni au rusticanus de Mercier; mais pour nous l'ensemble ne s’éloigne pas de ce dernier type.— R. RusTICANUS Merc. (ex specim. Coquet) se placerait ici; nous n'avons pas de bonnes feuilles. Nantes. — Un échantillon de Bordeaux et un autre de Lyon appartiennent également à ce groupe ; le dernier, récolté à l'ombre, à les pédoncules menus, les feuilles minces, le tomentum léger, et n'a pas d'enduit cérosineux sur la tige. — Mon n^ 177 de Rouen et une autre plante de l'Eure. répondent tout à fait à des formes ombragées du striatus cité plus haut; elles ont été nommées pretervisus Rip. par M. Genevier et roseolus par M. Boulay (ce n'est pas la plante des Ronces vosgiennes). N° 244 de mes récoltes, nommé rusticanus par M. Genevier, et discolor par M. Lefèvre, ressemble en définitive au suivant. — R. AvELLANUS Mull.; Boul. Ass. rub. 14, Diagn. 23. Toulouse. M. Boulay ne caractérise ce Rubus que par des détails insignifiants. La feuille unique me semble un peu exagérée, elle est subpanduriforme. C. F. emarginata : foliole moyenne plus ou moins échancrée à la base. La plupart de ces plantes, à aiguillons plus nombreux, à feuilles plus pe- lites, à nervures saillantes, à iuflorescence un peu hirsute, appartiennent à des habitat insolés, à des terrains sableux; quelques autres, d'exposi- tions plus ombragées, ont les feuilles plus grandes, la taille plus robuste et répondent aux R. Weiheanus Rip. et vulgarius Genev. Des formes intermédiaires les relient entre elles et avec les groupes précédents et le suivant. — R. nusriCcANUS Boul. Ass. rub. 80, 149, 150, 212, 214, de la Gironde, de Maine-et-Loire, du Gard et de la Seine-Inférieure. — R. Wemeanus (Rip. ez ipso) Boul. Ass. rub. 10. Cet échantillon, récolté T. XXVI. (SÉANCES) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. par M. Timbal-Lagrave à Toulouse, et certifié par M. Ripart, ne répond pas bien à la description des Rubus de la Loire, p. 253. La tige n'est pas glabrescente, mais couverte d'un tomentum court, étoilé, qui monte jusque sur les aiguillons ; les feuilles sont évidemment digitées et non pédatées. Dans ses Diagnoses, M. Boulay dit de la foliole terminale: « brièvement orbiculaire, un peu anguleuse »; en effet, quelques-unes se rapprochent de la forme obovée-subquadrangulaire ; le sommet n'est point longuement acuminé. Reçu de Bordeaux la méme plante bien conforme. — R. TEPHRA- caNTHOS Boul. Ass. rub. 85, Diagn. 32. Il est impossible de trouver de différences un peu notables entre cette espéce etle R. Weiheanus. Le revé- tement floconneux-crépu existe encore plus prononcé sur cette dernière espèce, qui mérite à autant de titres le nom de tephracanthos (aiguillons cendrés). Un grand nombre de formes ont leurs aiguillons velus. Tous les deux ont la foliole terminale longuement pétiolulée, subtronquée, légé- rement échancrée à la base (1), acuminée au sommet, superficiellement dentée; tous les deux ont l'inflorescence moyenne presque inerme, les organes de là fleur colorée et les carpelles velus. Je cherche des diffé- rences: folioles largement oblongues (tephracanthos), brièvement orbi- culaires, un peu anguleuses (Weiheanus) ; inflorescence plus dense dans le dernier; les pétales du tephracanthos, les seuls que j'aie vus, appart- tiennent, comme tous les autres caractères, au type rusticanus, suborbi- culaires en coin dans la moitié inférieure. Le n° 80 de l’Ass. rub. est encore identique; les n°s 242, 214, 449 et 150 sont des plantes plus aculéolées et d'habitat plus éclairés ou de sols légers, au moins cela est certain pour 214, des environs de Rouen ; 149 et 212 sont des plantes des schistes et du granit. — R. coxcEsTUs Boul. Ass. rub. 153, Diagn. 18. Voisin de rusticanus, d'aprés M. Boulay. Les aiguillons caulinaires ne sont pas for- tement courbés dans mon échantillon ; les notes différentielles, peu impor- tantes, sont tirées de la longueur relative des pétioles, des dents, del'inflo- rescence dense, de la couleur des organes de la fleur, etc. — R. INSIGNITUS Timb.; Boul. Ass. rub. 18, Diagn. 36. Toulouse, prés de l'embouchure du canal du Midi (lieux frais?). Inflorescence appauvrie; différences insignifiantes; mauvais échantillons.— R. ExoPLosrAcnuys (Mul. et Timb.) Boul. Ass. rub. 84, Diagn. 24. Toulouse. M. Boulay en dit : pétiolule court, atteignant seulement le quart de la foliole moyenne (il a exactement le tiers), cette foliole « atténuée aux deux extrémités subrhomboidales » ; notre échantillon ne réalise pas ces caractères. — 275 de mes récoltes, nommé R. vulgarius par M. Genevier, de lieux un peu ombragés de la forêt Lalonde, est trés voisin de striatus. M. Genevier dit de son Weihea- (1) Le tephracanthos est placé dans une section à foliole arrondie à la base; le fait est qu'elle est légérement émarginée, comme M. Boulay le dit dans ses Diagnoses. SÉANCE DU 28 Mans 1879. 131 nus, « très voisin de rusticanus, dont il n’est peut-être qu'une variété. Il s’en distingue par la foliole terminale non rétrécie à la base ; par les feuilles à surfaces moins décidément convexes, plus grandes et en général plus acuminées ; par les étamines blanches ou très légèrement rosées à la bise, courtes, dépassant un peu les styles roses. Jeunes carpelles hérissés. » (Supplément à l'Essai mon. p. 98.) — R. PEDUNCULARIS Timb. ; Boul. Ass. rub. 160, Diagn. 38. M. Boulay ne reléve guére que la longueur des pétiolules et l'inflorescence grande, pyramidale, à pédicelles déclinés. — R. PRÆTERMISSUS Rip. (échantill. de M. Motelay). La description de M. Ge- nevier ne cadre pas; la plante bordelaise de diffère pas de vulgarius. — R. sEMIvIRIDIS Boul. Ass. rub. 81, Diagn. 43. Haies, bord d'un ruisseau, terrain argileux ; Gironde. Cette plante a tous les caractères de celles des lieux frais ombragés : inflorescence petite, pétales arrondis, tomentum léger. Elle serait aussi bienréunie au groupe précédent.— R. PnasiNiFoLIUs Timb.: Boul. Ass. rub. 162, Diagn. 31. Toulouse. Caracteres insignifiants tirés de la briéveté de la feuille, de la foliole plus nettement émarginée, des aiguillons moins nombreux (il y en a cependant plus que dans les précé- dentes). D. F. microphylla : feuilles petites, entiéres elliptiques; inflorescence petite. Cette forme se rencontre au mont Saint-Michel, au roc de Granville, dans des terrains escarpés et découverls. Je l'ai recue de M. Gillot (n* 53) de Mâcon, récoltée à 500 mètres d'altitude, de lieux exposés au soleil. Mème station à Lyon, lieux secs, débris de roches. — Un autre échantillon du lihône (de M. Lacroix), sables isolés, a les feuilles raméales 3-nées. — R. Puceri Boul. Haute-Savoie, bois. Moins caractérisé : inflorescence moyenne, feuilles raméales 5-nées. — R. RUSTICANUS (forma), coteaux sees découverts, Saint-Cyr de Salerne (Eure). Plante trés aculéolée, feuilles en partie 3-nées. — R. nusTicANus Boul. Ass. rub. 19, Diagn. 11: terrains siliceux caillouteux. — R. susLENIs Boul. Ass. rub. 158, Diagn. 21. Feuilles obovées ; les pédoncules ne sont pas ascendants (dans mon exem- plaire), mais étalés méme, déclinés dans le rameau en fleur, redressés dans le rameau fructifére. Le rameau floral est passablement armé, les pétales ovales-cunéiformes. — R. Bouveri Genev.; Boul. Ass. rub. 86, Diagn. 55. M. Boulay place ce Rubus dans la section des feuilles élargies et émargi- nées ; les feuilles cependant, dans mon exemplaire, sont pelites, non ou à peine émarginées ; l'inflorescence n'est pas longue-étroite ni dense, mais moyenne pyramidale, à pédicelles menus étalés-ascendants ; les pétales cunéiformes. Ce sont là du reste des caractères bien légers. Angers, route d'Épinard : argile (?). Le lecteur qui aura eu la patience de me suivre dans cette longue énu- mération reconnaitra que ces nombreuses formes sont séparées par des caractères de peu de valeur, et qui ne sauraient, à aucun titre, légitimer 139 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leur distinction spécifique. Ces variations légères affectent tantôt un organe, tantôt un autre, et laissent toujours évidente une physionomie typique qui caractérise une espèce des mieux établies. M. Mer fait une communication sur la distribution de l'amidon dans les végétaux ligneux pendant l'hiver. M. Flahault fait la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LA FLORE CRYPTOGAMIQUE DE LA SCANDINAVIE, par MM. Gaston BONNIER et Ch. FLAHAULT. On a beaucoup écrit déjà sur la flore cryptogamique des pays scandi- naves. Le rapport des Cryotogames aux Phanérogames y est beaucoup plus grand que sous nos latitudes, comme Linné lui-méme l'avait fait observer ; aussi ne faut-il pas s'étonner de ce que l'étude de ces végélaux ait intéressé d'une facon toute particulière un grand nombre de botanistes de ce pays, et qu'il s'y soit foriné des spécialisles d'une rare compétence. Cette richesse de la flore cryptogamique est due surtout, sans aucun doute, à la grande humidité du sol et de l'air; les neiges accumulées en abondance pendant le long hiver sur les plateaux, fondent dés le printemps en produisant une énorme quantité d'eau qui y séjourne et forme les im- menses tourbières ou les lacs si nombreux dans les régions élevées de la péninsule; ou bien elle s'écoule lentement le long des pentes en y entre- tenant une constante humidité. Aussi ne peut-on s'étonner de rencontrer dans des localités trés séches, à l'époque de l'année qui correspond au minimum d'humidité, un certain nombre de plantes qui sous nos latitudes ne se trouvent jamais que dans les endroits trés humides. C'est ainsi que nous avons souvent rencontré, sur les pentes exposées au midi, des plantes qu'on ne trouve en France que dans les localités les plus humides et les plus marécageuses. Citons par exemple les espèces suivantes : Geum rivale L. Galium uliginosum L. Lythrum Salicaria L. Salix pentandra L. Achillea Ptarmica L. Parnassia palustris L. Equisetum silvaticum L. Pedicularis silvatica L. Pinguicula vulgaris L. — palustris L. C'est encore à l'influence de l'humidité du sol qu'il faut attribuer la formation de ces vastes prairies de Saules, si étendues le long des pentes de tous les sommets du Dovre; elles y constituent une région. presque SÉANCE DU 28 Mans 1879. 133 aussi nettement limitée que la région des Sapins dans les Alpes, et qui s'étend jusqu'au voisinage des névés. La plupart de ces plantes caractérisent chez nous les tourbières et le voisinage des marais; aussi ne peut-on s'étonner de rencontrer à cóté d'elles, jusque sur le sommet des rochers, la grande abondance de Mousses et de Sphaignes qui les accompagnent en général sous le climat de Paris. Ces faits sont d'autant plus caractérisés qu'on atteint des latitudes plus élevées. Il nous est arrivé de rencontrer vers le 64* de latitude, au milieu des immenses forêts de Sapins qui couvrent tout le pays, de grands espaces presque complétement dépourvus de Phanérogames. Quelques Graminées, quelques Carex ou Luzula, en étaient les seuls représentants. Des prairies entières y sont formées par les Lycopodiacées, les Fougères et les Équi- sétacées, pressées en masse au milieu d'un tapis de Mousses, de Sphaignes et de Lichens, épais de 30 à 40 centimètres. Les espèces de Cryptogames vasculaires ainsi répandues à profusion sont principalement : Equisetum silvaticum L. Aspidium Filix-foemina Sw. Lycopodium annotinum L. — aculeatum Sw. — Selago L. — Lonchitis Sw. — clavatum L. Polypodium Phegopteris L. Selaginella spinulosa A. Braun. Cystopteris fragilis Bernh. Struthiopteris germanica Willd. — montana Link. Pteris aquilina L. La question de la distribution des Mousses dans les régions scandinaves a élé fort bien traitée par M. Schimper (1), dans un court aperçu où l'on trouve toutes les qualités d'observation du savant bryologue. Comme l'au- teur le fait trés bien remarquer, on y trouve presque toutes les espéces de Sphagnum connues en Europe. Les Mousses que l'on peut grouper autour de la forme Hypnum (Hylocomium, Thuidium, Neckera, Rhaco- mitrium, etc.) sont d'autant moins abondantes, que l'on s'avance plus vers le nord. Nous pouvons ajouter à cela que la forme Hypnum devient d'autant plus rare à la méme latitude, que l'altitude est plus élevée. Au contraire, à mesure qu'on s'éléve le long des pentes abruptes qui conduisent jusque sur les hauts plateaux de la Norvége, on voit une autre forme apparaitre et dominer bientót; nous ne pourrions mieux la carac- tériser qu'en l'appelant la forme Dicranum. Nous rapporterons à cette forme les Mousses à tiges simples ou presque simples, dressées et serrées les unes contre les autres. La forme Dicranum se préte trés bien à la for- mation d'un sol spongieux par la facilité avec laquelle l'eau s'éléve le long (1) Synopsis Muscorum europæor, 2* édit. p. xiv. 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des tiges pressées les unes contre les autres en faisceaux et munies de noinbreuses feuilles appliquées contre les tiges. On voit méme certaines espéces, qui dans la plaine ou dans la forét appartiennent nettement à la forme Hypnum, se modifier, changer leur physionomie, et passer à la forme Dicranum. C'est ainsi, par exemple, que le Rhacomitrium lanuginosum, si abondamment ramifié dans les foréts de Sapins, perd ses ramifications à mesure qu'on s'éléve vers les hauts plateaux, et y devient dicraniforme en perdant ses rameaux latéraux, qui y demeurent presque à l'état de bourgeons. Il suffit de jeter un coup d'ceil sur les listes suivantes pour se convaincre de ce que nous venons d'avancer. I. — Muscinées les plus répandues dans les forêts de Sapins des environs d'Ostersund (Suède), 300 mètres d'altitude. Leskea sericea Hedw. Pterigynandrum filiforme Hedw. Antitrichia curtipendula Brid. Didymodon rubellus Sch. Rhacomitrium heterostichum Brid. Thuidium abietinum Sch. Hylocomium splendens Sch. Hypnum crista-castrensis L. — triquetrum Sch. — uncinatum Hedw. Bryum crudum Schreb. Ptilidium ciliare Nees ab Es. Barbula tortuosa Web. et Mohx. Jungermannia barbata Schreb. Funaria hygrometrica Hedw. — porphyroleuca Nees ab Es. Neckera complanata Sch. Il. — Muscinées les plus répandues au voisinage du sommet du Snohatten, . Dovrefjeld (Norvége), 1800-2300 métres d'altitude. Bryum capillare L. Barbula ruralis Hedw. Dicranum scoparium Hedw. Pterygynandrum filiforme Brid. — fulvellum Sm. Mnium affine Schw. Hylocomium splendens Sch, Andrea Hartmanni Thed. Orthotrichum patens Bruch, Bartramia fontana Hedw. Pogonatum urnigerum Rohl. Tetraphis pellucida Hedw. Hypnum uncinatum Hedw. Andrea petrophila Ehrh. Grimmia ovata W. et M. — — var. flaccida Sch. — apocarpa Hedw. Gymnomitrium adustum Nees ab Es. Ceratodon purpureus Brid. Bartramia ithyphylla Brid. Weissia crispula Hedw. Bryum nutans Schreb. Rhacomitrium canescens Brid. Jungermannia barbata Schreb. — — var. g prolixum Scb, — — var. decurrata Nees ab Es. — lanuginosum Brid. — setiformis Ehrh. On voit que la forme Hypnum entre pour 60 pour 100 dans la constitu- tion de la flore bryologique des environs d'Üstersund, tandis que la forme Dicranum ne s'y trouve représentée qu'à raison de 20 pour 100. Au contraire, la forme Dicranum atteint sur les plateaux du Dovre- SÉANCE DU 28 Mans 1879. 135 fjeld, au sommet du Snœhatten, la proportion de 55 pour 100, et la forme Hypnum y devient presque négligeable; on y trouve en outre un certain nombre d'espéces qui ne peuvent étre rangées dans aucune de ces deux formes. Les rochers de gneiss situés sur le bord de la mer sont le plus souvent couverts de Mousses appartenant à la forme Hypnum. Le Rhacomitrium lanuginosum y présente l'aspect que nous lui connaissons'aux environs de Paris. On peut citer encore comme présentant quelque intérêt les espèces sui- vantes : Hylocomium subpinnatum Lindl., Grimmia Hartmanni Sch., Plagiothecium undulatum Bl., récoltés en face de la pleine mer, aux environs de Christiansund (Norvége). Quant aux Lichens, qui constituent aussi une partie considérable de la flore eryptogamique scandinave, comme ils n'empruntent rien ou presque rien au sol qui les porte, leur distribution estsurtout en rapport avec l'état hygrométrique de l'air. Dans la contrée que nous avons parcourue, ils donnent partout au paysage un cachet particulier, par la profusion avec laquelle ils sont répandus. Leur abondance devient frappante surtout dans les régions élevées où ne croissent plus les Phanérogames. On rencontre là, en Scandinavie, une vaste région qu'on peut nommer la région des Lichens, car tous les autres végétaux y ont disparu successivement ; les Mousses elles-mémes n'y for- ment plus que quelques tapis épars dans des localités spécialement favo- rables, et les Algues y sont trés peu abondantes. Comme le fait fort bien remarquer M. Nylander depuis si longtemps familiarisé avec l'étude des Lichens dans les contrées septentrionales de l'Europe, les espéces fruticuleuses et foliacées sont trés abondantes dans les páys scandinaves (1). Ce savant a déterminé la part que prennent les Lichens dans la consti- tution de la flore scandinave ; ils y sont dans la proportion de 29 pour 100, tandis qu'en France, on ne les trouve que dans la proportion de 16 pour 100. Ce qui est beaucoup plus important encore au point de vue de la dis- tribution géographique, c'est que dans ces régions chaque espéce est représentée par un nombre d'individus beaucoup plus considérable que sous nos latitudes. Quand on atteint les plateaux du Dovrefjeld, au-dessus des Bouleaux nains et des Saules, s'étendent à perte de vue de vastes prairies aux teintes variées, formées de Cetraria nivalis, de C. juniperina, de C. acu- leata, d’Alectoria ochroleuca, mêlés au Cladonia rangiferina. (1) Synopsis methodica Lichenum, p. 68. Paris. 136 " , A côté de ces espèces remarquables par le caractère particulier qu'elles impriment au paysage, beaucoup d'autres moins importantes sont cepen- dant dignes d'étre notées. On peut en juger par les exemples suivants : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. I. — Lichens les plus répandus au niveau des névés, au sommet du Knuts-Hó, Dovrefjeld (Norvége), 1600-1800 mètres. Cladonia alcicornis Flk. lemadophila æruginosa Trev. Bæomyces æruginosus Nyl. Cetraria islandica Ach. — nivalis Ach. — aculeata Fries. — fahlunensis Schær. Alectoria ochroleuca Nyl. forma « ri- gida Fries. Xanthoria parietina Fries. Hæmatomma ventosum Mass. Lecanora subfusca Ach. — varia 8 polytropa Nyl. — saxicola Stenh. Sphærophoron coralloides Pers. Parmelia olivacea Ach. Caloplaca vitellina Fries. — elegans Fries. Gyrophora hyperborea Ach. — proboscidea Ach. À mesure qu'on s'éléve de la plaine vers le sommet du Snohatten, point culminant des montagnes du Dovre, les Lecidea, Rhizocarpon, Solorina, Lecanora, et en général les Lichens saxicoles, deviennent plus abondants; finalement le Lecidea geographica, très répandu déjà au niveau de la mer sur les deux côtes, demeure seul comme le dernier représen- tant de la vie végétale. Dans les vastes forêts de Sapins qui couvrent les plaines, l'Usnea bar- bata, Y Alectoria jubata, sont parfois si abondants, qu'ils transforment les forêts en vraies forêts de Lichens. ` La facilité avec laquelle se conservent les Diatomées nous a permis d'en récolter un certain nombre d'espéces. Notre collègue M. Petit, si versé dans leur étude, a bien voulu les déterminer. Nous le prions d'accepter à ce sujet tous nos remerciments. En voici la liste compléte. Diatomées récoltées dans les ruisseaux descendant du Muen, Guldbrandsdal (Norvége), 600 métres d'altitude. Cocconeis Placentula Eh. Gomphonenia intricatum Kg. — constrictum Eh. — geminatum Ag. — ventricosum. — calcareum Clev. — mustela Eh. Cymbella (Cocconema) aspera Eh. — lanceolata Eh. — cistula Hemp. Encyonema lunula Grünow. Epithemia turgida Kg. Navicula mesolepta Eh. var. à stauro- neiformis Grünow. — borealis Eh. Stauroneis rectangularis Grev. Synedra Ulna Eh. Staurosira Tabellaria W. Sm. — mutabilis W. Sm. Himantidium gracile W. Sm. Eunotia Arcus W. Sm. Tabellaria flocculosa Kg. — fenestrata Kg. Tetracyclus lacustris Ralfs. | SÉANCE DU 98 mars 1879. 137 Les espèces les plus abondantes sont les Tabellaria. Citons particulière- ment : Gomphonema geminatum et Tetracyclus lacustris, espèces très peu répandues en France, et le Gomphonema calcareum, découvert par M. Cleve en Suède et qui n’a pas été cité depuis dans d’autres localités, à notre connaissance. Il est toujours intéressant de montrer que des espèces considérées comme rares ont une aire d'extension plus étendue que celle qu'on leur attribuait. Nous ne pouvons terminer cette note sans témoigner notre vive recon- naissance à M. l'abbé Boulay, le savant auteur dela Flore des Muscinées de l'Est, qui a bien voulu déterminer les Mousses que nous avons recueil- lies en Scandinavie ; à notre collègue M. Camus, préparateur à la Faculté des sciences, qui nous a aidés à déterminer les Lichens ; à M. Th. Fries, qui a eu la bonté de revoir nos déterminations dans les cas où nous avions conservé quelques doutes sur la spécification de ces derniers. Lecture est donnée de la communication suivante : NOTE SUR LES STATIONS DU PIN SILVESTRE, par M. GUINIER. Le Pin silvestre est l'essence des plaines du nord de l'Europe et des parties tempérées ou froides des montagnes aux diverses latitudes. Peu de végétaux sont plus aptes à croitre sur nos Alpes, dans les stations les plus diverses et dans les conditions en apparence les plus contraires. Il parait cependant établi que le Pin silvestre recherche surtout les deux condi- tions suivantes : 1° Un sol léger et perméable où il puisse enfoncer et étendre librement ses racines fortes et nombreuses ; 2 Un climat sec. Cette essence est très rare dans le massif montagneux si bien boisé de la Grande-Chartreuse, où le sous-sol est presque partout formé de cal- caires durs et indécomposables et où le climat est très humide ; mais elle existe en bouquets d'étendue restreinte dans un certain nombre de stations où l'examen des conditions du sol permet de se rendre compte avec exac- litude de ses préférences à cet égard. En ce qui concerne le climat, il est à croire que l'humidité de l'atmosphére n'exclut généralement le Pin sil- vestre qu'en favorisant outre mesure le développement de toutes les autres essences forestiéres ou arbustives, et méme de la végétation herbacée. D'abord on ne trouverait pas un seul pied de Pin silvestre dans toute la partie centrale du massif qu'on nomme l'Enclos. L'Enclos est la partie de la vallée du Guiers formant un vaste cirque où est établi le monastère de 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la Grande-Chartreuse et qui est fermé de toutes parts par des crétes d'une grande hauteur, sauf aux portes du Grand-Logis et de Fourvoirie, qui livrent passage au torrent du Guiers. C'est dans l'Enclos que l'atmosphére est le plus humide et la végétation la plus luxuriante. Mais, en dehors de l'enceinte de l'Enclos et tout autour de cette région, le Pin silvestre apparait en dix ou douze localités où sa présence peut s'expliquer par la nature du sol. On le trouve en effet seulement, soit sur des sables calcaires provenant d'alluvions quaternaires, soit sur des boues ou dépôts glaciaires de composition diverse, souvent (comme à la Buffe, au-dessous du pic de Chaume-Chaude, et aussi à Malissart) sur des terrains argileux, toujours imprégnés d'eau, et quelquefois en voie d'éboulement ou de glissement, ce qui prouve que cet arbre ne redoute pas absolument l'humidité du sol. | Dans plusieurs de ces stations onle voit associé aux végétaux dits silici- coles, la Callune, Bruyére presque aussi rare que le Pin silvestre dans le massif, ou le Châtaignier. Il est remarquable que le Pin silvestre, auquel on attribue généralement une préférence marquée pour les sablessiliceux (maniére de voir qui n'est guére justifiée par l'abondance avec laquelle cet arbre croit dans les cal- caires marneux de toutes les Alpes), manque dans les terrains de mollasse et de poudingue qui bordent le massif de la Chartreuse au nord-ouest, probablement à cause du peu de perméabilité du sous-sol. En résumé, le Pin silvestre appartient assez nettement à la catégorie des végétaux hygrophiles psammiques de Thurmann. Mais dans toutes les études relatives à la dispersion des végétaux, il faut s'attendre à trouver des faits inexplicables, c'est-à-dire difficiles à concilier avec les autres faits connus. C'est ainsi que le Pin silvestre occupe la sommité du Rocher du Pin, au-dessus de Saint-Laurent du Pont. Le Rocher du Pin est une sorte de promontoire escarpé qui se projette en avant de la grande muraille de rochers à laquelle le bourg de Saint- Laurent est adossé, mais qui est moins élevé que la créte de cette muraille. L'aréte de ce promontoire, formée de rochers calcaires durs et indécom- posables, dépourvue de terre végétale, si ce n'est dans les fissures, estoc- cupée par des Pins silvestres de tout àge, qui paraissent s'y perpétuer par la voie des semis naturels : les arbres ont une ramification trés diffuse, et sont tordus et tourmentés par l'action des vents qui sévissent dans cette situation découverte. L'altitude du sommet du Rocher du Pin est de 1040 métres. En dehors des quelques ares de superficie occupés sur ce sommet par le Pin silvestre, on ne trouve plus un seul représentant de cette essence à de grandes dislances. SÉANCE DU 28 mars 1879. 139 Cette station, en raison du sol et du climat, lequel est certainement trés humide à cause de l'exposition au nord-ouest, semble devoir convenir aussi peu que possible au Pin silvestre. Il est remarquable qu'il. n'y est aucunement mélangé de Pin à crochets, ainsi qu'il arrive dans beaucoup de stations élevées du Pin silvestre. Le Pin à crochets, au surplus, se com- porte comme un végétal alpin, et n'a aucune des tendances accusées par le Pin silvestre au point de vue du climat et du sol. La végétation herbacée du Rocher du Pin est celle des calcaires indécom- posables de la montagne (terrains dysgéogénes, Thurmann), et peut étre caractérisée par les Phalangium Liliago Schreb., Convallaria Polygona- tum L., Carduus defloratus L., Hypericum nummularium L., Teucrium Chamædrys L. et montanum L., Laserpitium gallicum L. Bauh. On y trouve également: Cytisus Laburnum L., Juniperus communis L., Vac- cinium Vitis-ldea L. et divers arbrisseaux, M. Bonnier fait la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LA SITUATION MORPHOLOGIQUE DES SACS POLLINIQUES CHEZ L'HELLEBORUS FŒTIDUS, par M. Gaston BONNIER. On a longtemps discuté sur la situation qu'occupent les sacs pollini- ques, par rapport au limbe de la feuille staminale, chez les Angiospermes. Cassini et Rœper admettaient que, dans chaque loge, un sac pollinique est situé sur la face supérieure du limbe et l’autre sur la face inférieure. En examinant des feuilles intermédiaires entre les pétales et les éta- mines chez les Rosa, Papaver, Nigella, H. Mohl a montré que la théorie précédente ne saurait être admise, car, dans les cas observés, les quatre sacs polliniques se trouvent situés sur la face supérieure du limbe. Ces dernières observations généralisées ont pu faire admettre que les sacs polliniques se développent toujours sur la face supérieure du limbe, chez les Angiospermes, tandis qu'ils se développent toujours sur la face inférieure chez les Gymnospermes. On pouvait bien objecter que la position apparente des sacs polliniques semblait les faire considérer comme insérés sur la face inférieure de la feuille staminale, chez certains Angiospermes, les Akebia par exemple; mais rien dans la structure deces étamines ne venait donner raison à l'une ou à l'autre des hypothéses; on était toujours en droit d'admettre que, méme chez les anthéres les plus extrorses, les sacs polliniques sont déve- loppés sur la face supérieure du limbe. Au sujet d'expériences faites sur l’ Helleborus fetidus, j'ai eu l'occasion d'examiner un trés grand nombre d'individus de cette espéce qui croit en 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. abondance dans le département de l'Eure. J'ai trouvé un échantillon où : toutes les fleurs présentaient de curieux iutermédiaires entre les étamines et les carpelles. En allant de l'intérieurà l'extérieur, on rencontrait dans ces fleurs des éta- mines où le connectif se prolongeait au-dessus des anthéres en un style court, avec l'indication des papilles stigmatiques ; cette partie supérieure prend ensuite, sur les feuilles suivantes, une extension de plus en plus grande. Sur d'autres feuilles plus internes, on rencontre à la fois du pollen et. des ovules bien développés; puis l'indication des sacs polliniques devient de moins en moins apparente à mesure que les ovules sont plus nombreux. En général, la partie carpellaire est supérieure à la partie staminale. Daus certaines feuilles cependant, la transformation carpellaire ne porte que sur une moiüé du limbe ; une section transversale passe alors à la fois par les ovules et les sacs polliniques. Dans ce cas, la partie carpellaire de la feuille n'est pas fermée et les ovules sont à découvert sur les bords du limbe. Si l'on examine au microscope cette section transversale, on voit le fais- ceau dorsal correspondre à la fois au connectif de l'anthére et à la nervure médiane du carpelle. Du côté carpellaire, le faisceau marginal est déve- loppé;il envoie des ramifications à l'ovule d'une part, et au faisceau dorsal d'autre part. Dans cette moitié de la feuille, la partie supérieure du limbe est ainsi nettement limitée par ces faisceaux, dont le bois est tourné de ce côté; la face inférieure aù- contrairé est.du côté libérien ; les ovules insérés sur le bord de la feuille limitent nettement la face supérieure de la face inférieure. Or ces deux sacs polliniques, sur cette moitié de la feuille, se trouvent indiqués de la facon la plus évidente du cóté libérien des faisceaux, entre l'insertion de l'ovule et la partie externe dela nervure médiane. Ils sont donc situés sur la face inférieure de la feuille, de la facon la plus incontestable. : Dans ce cas, les quatre sacs polliniques de la feuille staminale doivent étre considérés comme placés sur la face inférieure du limbe, et il devient dés lors impossible d'étendre à tous les Angiospermes les observalions de H. Mohl. M. Van Tieghem dit que, dans le Leucoium vernum, il a observé de nombreux passages entre les pétales et les étamines, montrant le développement des quatre sacs polliniques sur la face supérieure, comme H. Mohl l'avait indiqué pour d'autres plantes. L'observation de M. Bonnier est d'autant plus intéressante, qu'elle est contraire à ce qui élait regardé jusqu'ici comme une régle générale. M. Van Tieghem fait la communication suivante : SÉANCE DU 28 Mans 1879. 144 SUR LES SPORES DE QUELQUES BACTÉRIES, M. Ph. VAN TIEGHEM. C'est chez certaines espéces de Bacillus que les spores des Bactéries ont été observées d'abord. Elles n'étaient méme connues que dans ce seul genre, lorsque, dans un travail récent, je les ai décrites dans le Leuco- nostoc (L. mesenteroides) et le Spirillum (Sp. amyliferum) (1). Une fois démontrée dans ces trois types, l'existence des spores devenait trés pro- bable dans les autres genres qui se groupent autour d'eux pour former les trois tribus de la famille, et une recherche attentive ne pouvait manquer de les y découvrir. C'est une contribulion à cette recherche que j'apporte aujourd'hui à la Société en lui signalant les spores des genres Bacterium, Spirochete et Vibrio ; j'y ajouterai celles d'une grande espèce de Bacillus. J'ai rencontré derniérement et à plusieurs reprises, à la surface de divers liquides où je cultivais d'autres organismes, un Bacterium immo- bile, remarquable par sa réfringence et son éclat, que je nommerai : Bacterium lucens. Transporté sur de l'eau pure, il y a pàli peu à peu en s'épuisant, et finalement il y a fait ses spores. Chaque article étranglé forme le plus souvent une spore sphérique dans l’une de ses moitiés, pen- dant que l'autre simplement se vide. Quelquefois pourtant chaque moitié fait une spore; mais alors il semble bien qu'il y a une cloison au milieu. Dans des liquides où j'avais mis à putréfier divers Mollusques, et notam- ment des Huitres, j'ai trouvé en grande abondance un Spirochæte que je ne crois pas pouvoir identifier avec le Sp. plicatilis. J'attendrai cependant de le connaitre mieux avant de lui donner un nom spécifique. Sa spire flexible fait de cinq à huit tours làches. Avec huit tours, elle mesure jus- qu'à 077,100 de longueur, pour une largeur de 0"",004. Le filament qui la forme est trés mince; son diamètre, à l'état d'aecroissement, ne dépasse pas 0™ 0008. A aucune époque, il ne se colore en bleu par Piode. Tant qu'il s'allonge, les cloisons n'y sont pas visibles, même après l’action de l'alcool, qui rend pourtaut si nettes les articulations du Bacillus anthracis. Elles deviennent évidentes, au contraire, pendant et aprés la formation des spores. On voit alors le filament, qui a grossi, découpé en articles courts mesurant environ 0"",003 et dont il ya à peu près quatre par tour de spire. Chaque article demeure cylindrique, forme une spore sphérique qui mesure 0"7,0008. Un Spirochæte ayant huit tours de spire portera donc environ (1) Développement du Spirillum amyliferum (Bulletin de la Société botanique, t. XXVI, p. 65, 1879). — Sur la gomme de sucrerie (Leuconostoc mesenteroides) (Annales des sc. nat. Bor. 6* série, 1879, t. VIE, p. 180). 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 32 spores. Plus tard, la membrane se résorbe et met les spores en liberté. Dans ces mêmes liquides pullulait un Vibrion que je crois pouvoir rap- porter au Vibrio serpens. Je l'ai suivi longtemps dans ce milieu sans y trouver de spores ; mais, une fois transporté dans l'eau pure, jl n'a pas tardé à en produire. Chaque Vibrion fait alors quatre, cinq ou six spores sphériques, et se montre nettement divisé en autant d'articles, qui demeurent cylindriques. Je n'ai pas observé qu'il y eüt production d'ami- don pendant cette phase reproductive. Enfin je signalerai encore un Bacillus immobile et de trés grande taille, ressemblant, à certains égards, au B. Ulna, dont il se distingue nettement par ailleurs : je le nommerai Bacillus crassus. Pendant qu'il s'allonge, le filament mesure ici 0"",004 de diamètre. En se préparant à former des spores, il grossit encore en demeurant cylindrique, et atteint 075,005 à 077,006, mais sans produire d'amidon. Les spores, dont il se fait une vers l'extrémité de chaque article, sont sphériques et mesurent 0"",005. Ce sont les plus grosses qui soient actuellement connues dans la famille des Bac- téries. M. Cornu fait la communication suivante : MALADIE CAUSÉE DANS LES SERRES CHAUDES PAR UNE ANGUILLULE QUI ATTAQUE LES RUBIACÉES, par M. Maxime CORNU. La tendance générale des agriculteurs est d'expliquer les faits acciden- tels qui se présentent dans les cultures par des causes générales : ils attri- buent le plus souvent les maladies nouvelles qui attaquent les végétaux jusque-là indemnes à des modifications dans le régime ordinaire des saisons, dans l'épuisement du sol ou la dégénérescence de la plante. Les maladies dont la cause visible est un parasite ne les désarment pas; ils invoquent alors la théorie de la prédisposition, quoique le parasite soit transmissible d'un individu primitivement sain à un autre également en bonne santé : cette théorie est la matière de discussions sans fin. Nos journaux agricoles sont remplis, surtout depuis vingt-cinq à trente ans, de dissertations sem- blables, à propos de l'Oidium et du Phylloxera. Quand une maladie nouvelle se déclare dans une serre, on ne peut in- voquer les intempéries, l'épuisement du sol, la mauvaise culture, la séche- resse ou l'humidité ; quand il s'agit d'espéces-oblenues depuis peu par des semis, on ne peut alléguer la dégénérescence à la suite de nombreux boutu- rages; on est alors obligé d'expliquer l'affection par la présence du para- site qui en est la cause directe et non une conséquence secondaire. SÉANCE DU 98 Mans 1879. 143 La maladie des Caféiers du Brésil que M. le docteur Joberta signalée récem- ment dans une note intéressante présentée à l'Académie des sciences (1) a pour origine une Anguillule parasite. Cette Anguillule vit et se développe au sein des tissus des organes radicellaires, elle est la cause de leur modi- fication successive et de leur mort : sous son influence, les radicelles se renflent diversement, puis elles meurent ; les racines gréles et les plus grosses se renflent de méme et meurent successivement. La plante, épuisée aprés avoir dépensé ses réserves, meurt d'inanition à la suite d'une sorte d'agonie plus ou moins longue. M. Jobert compare le dépérissement des plantes atteintes par cette maladie et les effets qu'elle détermine aux ré- sultats semblables produits par le Phylloxera. « C'est principalement au bord des riviéres, des ruisseaux, dans les vallées sombreset humides, qu'elle se développe. » Je ne sais si l'on fait intervenir comme cause l'humidité du sol ou la dégénérescence des plantes ; en tout cas, cette derniére explication ne pa- rait pas devoir étre admise. Dans les serres de la Ville de Paris vient de se déclarer une maladie nouvelle qui produit de grands dégâts sur les Hamiltonia et les Ixora, cultivés pour la beauté de leurs fleurs. M. Bauer, chef du fleuriste aux serres de la Ville de Paris, remarqua au mois de février dernier, en effectuant l'opération annuelle du rempotage, que ces plantes, qui paraissaient souffrantes depuis quelque temps, pré- sentaient des racines fort modifiées : ces racines, renflées cà et là, formaient comme des chapelets de nodosités, le chevelu avait disparu. C’est la première fois qu'une chose semblable se présentait à lui. Il porta deux de ces plantes à M. Carriére, chef des pépinières au Muséum, qui me les remit. Les Ixora ont des racines munies d'un tissu trés dense et résistant : le pied que je recus était déjà mort et dans de mauvaises conditions pour l'étude ; le pied d’ Hamiltonia était à demi vivant, et je pus facilement l'utili- ser. Lesnodosités, de formes trés diverses, présentent un diamètre beaucoup plus considérable que l'organe méme sur lequel elles sont développées : sur les racines menues, ce diamètre est parfois dix fois plus considérable ; sur les grosses racines, il est souvent plus du double ou du triple. Des coupes minces montrent cà et là, dans le parenchyme du tissu cor- tical, des kystes irréguliers renfermant un nombre considérable d'œufs. Ces œufs sont ovoides, un peu courbés et réniformes; ils sont incolores. Ce sont des œufs d'Anguillules; ils ont en général un contenu non seg- menté, mais dans plusieurs cas j'ai pu voir la segmentation du plasma et méme la formation d'une jeune Anguillule repliée en hélice sur elle- méme. (1) Séance du 9 décembre 1878, p. 941. 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. La paroi des kystes est incolore ou faiblement teintée en jaune; en dehors des œufs se trouve un liquide incolore ou jaunátre, souvent trés réfringent, dans lequel se voient quelquefois des globules trés ténus de pigment d'un bleu foncé, presque noir. Le kyste parait se former aux dépens d'une Anguillule qui se renfle et se dilate énormément, et dont l'enveloppe extérieure devient la membrane du kyste. L'Anguillule adulte, dont je n'ai rencontré que des fragments au milieu des coupes diverses, est fort longue et munie, comme certains Nématoides, de stries transversales trés nombreuses. Dans un mémoire spécial sur le Phylloxera vastatrix (1), j'ai cru de- voir signaler certaines affections des racines, dans lesquelles se présentent des nodosités. J’ai indiqué la bibliographie relative à ce sujet, on pourra y voir les résumés et les analyses des auteurs cités ; j'ai décrit des altéra- tions semblables à celles dont il vient d'étre question ; elles se sont pré- sentées sur des plantes diverses : Sainfoin, Clématite des haies et un Cis- sus cultivé. On trouvera dans le mémoire (pl. x et xvr) quelques figures relatives au parasite et aux altérations qu'il détermine ; elles sont fort sem- blables à celles des Hamiltonia et des Ixora, mais moins considérables. Les dimensions des deux parasites, la forme, la couleur des kystes, la présence du pigment spécial dans les uns, la teinte jaune des autres, l'en- roulement de la jeune Anguillule dans son œuf, ne permettent pas, à ce qu'il semble, d'assimiler les deux espéces. L'Anguillule des serres, qui vit sur deux genres de Rubiacées, parait pouvoir étre identifiée avec le parasite des Caféiers, et cette opinion, non encore établie sur des expériences, mais sur des inductions, parait assez probable. Dans une note présentée à l'Académie le 24 mars dernier, j'ai indiqué une particularité qui permettra d'attaquer l'Anguillule et peut-être de la détruire. Les kystes sont en ce moment la seule forme que revéte le Nématoide ; les adultes sont trés rares et paraissent avoir, pour ainsi dire, disparu. Détruire les œufs serait détruire toutes les générations ultérieures : or les kystes s'ouvrent à l'extérieur, et les jeunes Anguillules doivent, dés leur éclosion, sortir au dehors pour se porter vers des radicelles nouvelles ; plus tard elles auront pénétré dans la profondeur des tissus et seront désor- mais à l'abri. C'est donc l'instant où elles sont, par leur évolution même, amenées toutes à quitter momentanément la plante, qu'il faut choisir pour essayer de les détruire. (1) Recueil des savants étrangers (Imprimerie nationale), t. XXVI, n^ 1, 357 ages; 24 planches (1878). P ; SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 145 On pourrait, en France même, commencer un certain nombre d’expé- riences en vue de découvrir le meilleur toxique à diriger contre elles. On profiterait sans doute des résultats qui ont été obtenus en poursuivant la destruction duPh ylloxera, et qui ont été en partie obtenus au laboratoire de la station viticole de Cognac (1). Les praticiens jugeront s'ils ont quelque chose à emprunter à ces recherches. SÉANCE DU 48 AVRIL 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Mer, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance précédente, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations. Dons faits à la Société : P. Brunaud, Liste des plantes phanérogames et cryptogames crois- sant spontanément à Saintes (Charente-Inférieure) et dans les environs. J.-M. Casimir Arvet-Touvet, Additions à la Monographie des Pilosella et des Hieracium du Dauphiné, suivie de l'analyse de quelques autres plantes. Elie Marchal, Révision des Hédéracées américaines. Rev. W. B. Clarke, Remarks on the sedimentary Formations on New South Wales. Kaiser, Ulmoxylon, ein Beitrag zur Kenntnissfossiler Laybhôlzer. G.-A. Pasquale, Notizie botaniche relative alle provincie meridionali d'Italia pel 1818. Joh. Lange, Nogle Bidrag til Sporgsmaalet om Ændringerne i Dan- mirks Planteveret. Joh. Lange og H. Mortensen, Oversigt over de i Aarane 1872-78 i Dan- mark Fund ne sjuldnere eller for den danske Flora nye Arter. M. le Président donne lecture d'une lettre par laquelle M. le Ministre de l'agriculture informe la Société qu'il souscrit à douze exemplaires du Bulletin. (1) Expériences faites à la station viticole de Cognac, par MM. Mouillefert et Cornu (Recueil des savants étrangers, V. XXV, n° 3). T. XXVI, (SÉANCES) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. le Président annonce que des remerciments seront adressés, au nom de la Société, à M. le Ministre de l’agriculture et du commerce. M. Cornu fait à la Société la communication suivante : VALEUR DES CARACTÈRES ANATOMIQUES AU POINT DE VUE DE LA CLASSIFICATION DES ESPÈCES DE LA FAMILLE DES CRASSULACÉES, par M. Maxime CORNU. L'anatomie des Crassulacées a été souvent étudiée. Depuis le travail de Regnault (1) sur ce sujet, on a publié plusieurs mémoires sur la structure des plantes si intéressantes de cette famille; on ne parait pas avoir observé une particularité trés curieuse qui constitue, pour les Crassulacées, un type spécial de tiges anomales. Ayant eu l’occasion, il y a plusieurs années, d'étudier un Sempervivum exotique cultivé au Muséum, desséché aprés avoir fleuri, j'y rencontrai une modification complète de la structure ordinairement admise pour ces plantes, et je voulus rechercher si d'autres espèces ne la présenteraient pas. Cette modification se retrouve en effet sur plusieurs espèces voi- sines (2), mais les herbiers seuls me permirent de la reconnaitre; sur les plantes vivantes en petit nombre, du reste, mises à ma disposition, elle ne se retrouva pas. : On sait que chez un certain nombre de Crassulacées, et en général chez les Sempervivum, les rayons médullaires font défaut, ainsi que les vaisseaux distribués ordinairement dans le bois ; les vaisseaux sont grou- pés alors dans la région interne de l'anneau ligneux, vers l’étui médul- laire. Dans certaines tiges, le bois dense est interrompu par des places où les éléments ne se sont pas lignifiés : ce bois est formé, comme dans les autres espèces, de fibres disposées en files régulières ; çà et là sont répartis des îlots de cellules demeurées minces, au milieu desquelles on rencontre des vaisseaux élégamment rayés ou spiralés. Dans la modification spéciale que j'ai observée, le bois était continu, dépourvu de vaisseaux dans sa masse; il en était muni seulement à la pé- riphérie de la moelle, volumineuse et le plus souvent détruite, qui occu- pait le centre de la tige desséchée ; mais autour de ce cylindre ligneus, semblable à ceux de beaucoup d'autres tiges, se trouvaient des productions (1) Ann. sc. nat. 4* série, t. XIV, p. 72, pl. 4-9. (2) Une note sur ce sujet a été luc devant l’Académie des sciences (Comptes rendus, séance du 7 mars SÉANCE DU 18 AvniL 1870. 147 particulières. Un nombre considérable de cylindres ligneux supplémen- taires, parfaitement réguliers ou un peu déprimés, étaient disposés sans ordre apparent au milieu du tissu trés contracté de l'écorce. Leur nombre s'élevait, dans certains cas, jusqu'à une centaine; leur structure était celle du corps ligneux central, moins la moelle volumineuse ; comme là, les fibres ligneuses étaient dépourvues de vaisseaux interposés, ces derniers étant làchement groupés au centre. Leur diamétre pouvait atteindre jusqu'à la moitié de l'épaisseur du bois, suivant le rayon. Cette structure se rencontre chez des espéces diverses (S. canariense, urbicum, ciliatum, giganteum) des Canaries ou d'autres régions, car l'espéce que j'ai étudiée d'abord était originaire du Mexique : cette struc- ture n'est pas en relation avec l'épaisseur dela tige, car elle ne se montre pas dés la base ; ni avec les ramifications ou l’âge de la plante, car cer- taines espéces ne la présentent jamais. Cette modification du type primitif ne se montre pas dés la base de la tge; j'ai pu étudier à ce point de vue, outre mon individu desséché, les 8. giganteum et urbicum, déterminés rigoureusement et de provenances authentiques. Dans les trois cas où la partie basilaire a pu être soumise à l'examen, le bois de la tige y présente une structure différente : il est dé- pourvu des eorps ligneux supplémentaires dont il est entouré au sommet ; mais en revanche ee bois est discontinu : il offre des tlots d'éléments minces au milieu desquels se voient des vaisseaux. Ces îlots se montrent assez prés du centre, c'est-à-dire qu'ils ont dà apparaitre de bonne heure, dès la jeunesse dela plante; ces espèces étant presque cylindriques, la variation en épaisseur ne permet pas d'accepter une explication tirée de l'accroissement du diamètre, Dans l'échantillon du Mexique, la racine, dure et lignifiée, assez épaisse près du collet, présentait la même disposition. On aurait pu. étre tenté d'établir sur la structure des tiges de ces Sempervivum qui appartiennent à la section Æonium, des coupes parti- culiéres et méme d'ériger en genres les sous-sections présentant ces parti- cularités anatomiques, Une anomalie aussi rare chez les Dicotylédones que la présence de corps ligneux supplémentaires pourrait paraitre au premier abord un caractère suffisant pour séparer les espèces qui la présentent. Mais nous devons étre fort réservés sur ce sujet, du moins chez les Crassu- lacées ; des espéces fort voisines (S. Smithii, cruentum, holochrysum), authentiques et bien déterminées, sont dépourvues de ces corps ligneux et ne présentent aucun caractère extérieur qui les distingue des autres. Cette manière de voir, quelle que soit la manière dont on la juge, est confirmée au plus haut point par la différence de structure que présente la méme plante au sommet et à la base, au moins dans les trois espèces que j'ai signalées plus haut. | d 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans une espèce de Greenovia (Gr. Terra), récoltée à l'ile de Fer par la Perraudière, on observe des corps ligneux supplémentaires, non-seule- ment à la périphérie, mais au centre mème de la tige. Peut-être retrouvera- t-on cette disposition chez les Sempervivum; je n'ai point voulu sacrifier à ces recherches des échantillons précieux et authentiques, la plupart déterminés par Webb, qui s'est occupé spécialement de la famille. des Crassulacées. Cette particularité de structure des Sempervivum, ne se recontrant que dans les tiges florales et qui meurent après avoir fleuri, n'a forcément qu’un développement restreint; elle se montrait cependant sur plus du tiers de la tige sèche que j'ai sacrifiée et qui avait 1",20 environ; je n'ai pu en étudier le développement, faute de matériaux vivants. Peut-étre doit-on la rattacher à la présence de secteurs ligneux fré- quents chez les espèces du groupe des Cyclospermées ; ici le secteur s'ac- croitrait jusqu'à devenir un cercle complet. Le róle physiologique de ces formations parait devoir étre de consolider la tige florale. Aux lourdes rosettes de feuilles, disposées au haut de tiges gréles, s'ajoutent des inflorescences trés ramifiées et chargées de nom- breuses fleurs ; à l'instant où la plante va fleurir, se forment de nombreuses cordelettes ligneuses, anastomosées entre elles et avec les rameaux, de manière à assurer d'une manière plus complète la rigidité et la solidité de l’ensemble. M. Cosson fait observer que le Sempervivum fruticosum est natu- ralisé depuis plusieurs années sur les rochers des environs de Nice, et qu'il y est méme très abondant; M. Cornu pourrait profiter de cette circonstance pour se faire envoyer des tiges fraiches de cetle plante et en suivre le développement. M. Mer fait ensuite une communication sur l'absorption de l'eau par le limbe des feuilles dans les plantes bulbeuses. M. Duchartre dit que M. Mer aurait dü, pour rendre son expé- rience plus concluante, déterminer la perte subie par le bulbe seul ; il fait remarquer que M. Cailletet, et plus récemment M. Joseph Boussingault, ont démontré que toutes les feuilles reprennent de la turgescence aprés avoir été plongées dans l'eau. M. Duchartre ajoute que toutes les expériences faites avec les plantes bulbeuses sont toujours d'une interprétation difficile. M. Malinvaud donne lecture de la communication suiv TT" ante adres- sée à la Société par M. Legrand : SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 149 CONSTATATION DE DEUX ESPÈCES D'ELATINE NOUVELLES POUR LE PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE, par Antoine LEGRAND. Le supplément que le savant auteur de la Flore de l'Ouest vient d'ajouter à la derniére édition de son livre, contient la description d'une espéce nouvelle d'Elatine qui a recu le nom d'inaperta (Lloyd). Sur le vu de cette intéressante indication, la pensée me vint d'examiner tous les Elatine de mon herbier, et bien m'en prit. Ayant accumulé depuis plus de dix ans de nombreux spécimens de ce genre, j'avais placé dans la chemise de PE. hexandra tous ceux qui avaient le port ou les apparences de cette espéce généralement répandue, ne pouvant croire que les espéces voisines allemandes ou jurassiennes vinssent à s'égarer dans l'intérieur de la France, si loin de leur habitat ordinaire. L'examen trop superficiel de ces petites plantes in'a fait laisser de cóté, dans ma statistique botanique du Forez, deux espéces fort intéressantes et à peine citées en France: Elatine Hydropiper L. et E. triandra Sehkr. Je viens aujourd'hui réparer cette omission. L'Elatine Hydropiper L. est bien facile à distinguer : il suffit d'examiner à la loupe la conformation des graines que les auteurs disent « courbées en fer à cheval ». Cette expression n'est pas tout à fait exacte ; leur forme est celle d'un crochet dont les deux branches sont trés rapprochées, l'une étant plus courte que l'autre. Cette espéce n'a de rapports, quant à la forme des graines, qu'avec l'E. campylosperma Seub., bien différent d'ailleurs. Les feuilles de l'Hydropiper sont plus longuement pétiolées que dans l'hexandra ; mais, sur mes échantillons un peu vaseux, ce caractère était moins saillant, ce qui me l'a fait négliger. Je crois du reste que l'E. Hy- dropiper est ordinairement plus ou moins immergé, d’où un port dif- férent. ' J'ajouterai que les graines de l'E. Hydropiper du Forez sont identiques à celles que m'ont fournies mes échantillons de la Prusse. J'ai trouvé en abondance l'Elatine hydropiper L., le 25 aoùt 1867, couvrant les bords vaseux d'un étang situé entre Montbrison et Saint- Romain le Puy (Loire). Jusqu'à ce jour cette espèce, rarissime en France, n'avait été signalée (en dehors de la vallée du Rhin) que deux fois : A Trappes (Seine-et-Oise), en 1864, par M. Gaudefroy, in Bull. Soc. bot. t. XI, p. 287. ; A Brest, par MM. Crouan, in Lloyd, Flore de l'Ouest, 3° édit. p: 61. € L'Elatine triandra Schkr., si ce n'est le caractère que présentent ses fruits d’être absolument sessiles, ne se distingue pas aisément de l'hezandra. 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les feuilles sont assez analogues dans les deux espèces pour que la plu- part des auteurs s'abstiennent de les différencier. Kirschleger est un de ceux qui ont eru devoir en parler : il attribue à l'E. triandra des feuilles elliptiques-linéaires, caractére qui ne parait pas toujours constant, mais que présentent précisément les échantillons récoltés dans la Loire, aux- quels les feuilles étroitement linéaires et sensiblement sessiles donnent le port d'un Callitriche hamulata Kuetz., de taille trés réduite. Les graines m'ont paru dans le triandra plus étroitement linéaires et plus finemerit réticulées que dans hexandra. J'ai récolté abondamment l'E. triandra, le 31 août 1872, sur les bords vaseux du grand étang de Précieux, dans la plaine du Forez (Loire), où il croissait en société de l’ Elatine macropoda et du Lindernia pyxidaria. Il n'était connu en France que dans les environs de Dôle, d’où Michalet l'a publié dans son Exsiccata des plantes du Jura (n° 9, 1855). Mes échantillons de la Loire ne différent pas sensiblement de ceux que je posséde du Jura et de la Saxe (les feuilles sont seulement plus étroites). Désireux de faire contrôler ma détermination par un botaniste plus expert, j'ai soumis tha plante à M. Lloyd, qui y a reconnu comme moi lE. trian- dra. « Toutefois, m'écrit ce savant et consciencieux auteur, sur le sec je ne saurais trop le distinguer de mon inaperta. » Et en effet, ayant recu, grâce à la bienveillance de son parrain, quel- ques spécimens d'inaperta, je n’y trouve pas sur le sec de caractères diffé- rentiels suffisants pour séparer ces deux plantes qui me paraissent, sinon la mêmé espèce, au moins deux formes extrêmement voisines. Ces obser- vations doivent étré rapprochées de celles de M. Asa Gray, dont le Bulle- tin bibliographique de la Soc: bot. (t. XXV, p. 148) vient de nous apporter l’anälyse intéressante d'un travail sur les Élatinées d'Amérique. L'illustre botaniste américain, en signalant VE. triandra dans le nouveau monde, récule eonsidérablement les limites de l'aire connue de cette espéce; ajoutons qu'il lui rapporte en synonyme Æ. inaperta Lloyd. En résumé, le Plateau central, en ce moment, de la part de mon excel- lent confrére et ami M. Lamotte, l'objet d'un si important travail, s'enri- chit de deux espèces nouvelles, dont une àu moins est nouvelle aussi pour le bassin de la Loire. Que l'on veuille donc bien me permettre de rectifier comme il suit ma statistique botanique dù Forez, eù ce qui regarde le genre Elatine, lequel comprendra les cinq espéces ci-aprés : 4. Blatine Hydropiper Li 2. E. macropoda Guss. (E. Fabri, Grenier !). 8. E. hexandra DC. et var. pédunculata Goss: et Germ. 4. E. triandra Schk. 5, B. Alsinastrum L. SÉANCE DU 18 Avrit 1879. 151 M. Bonnet donne ensuite lecture des deux communications sui- vantes : DES STIPULES CONSIDÉRÉES AU POINT DE VUE MORPHOLOGIQUE, par M. D. CLOS. Toulouse, 5 dééémbre 1878. Envisagées eotrimé des dépendances de la feuille, les stipules ont été jusqu'ici trop négligées par les botanistes, qui les ont tahtót méconnues, tantôt admises sans preuves suffisantes, ou confondues avec des feuilles, dés parties de la feuille ou dés orgahes voisins (folioles, gaines, décurren- ces, vrillés, épines; coussinets, glandes, poils, etc:). Elles semblent se dérober parfois à l'observation, ou par leur petilesse (1), ou par leur prompte eaducité (2). Les quelques lignes qui leur sont consacrées dans cette note permettront d'apprécier peut-être, et l'intérêt qui s'attache à ce sujet, el l'étendue du champ d'exploration qu'il peut encore offrir au mor- phologiste. ° 1. Feuilles et stipules. —On a vu des fewilles-stipules (Dutrochet) dans les feuilles primordialés du rameau ches les Asperges; des stipules (Hooker) dans les deux petites écailles basilaires-(gaines) des rameaux du Verbena aphylla (Bot. Miscell., I, 116), mais à tert, car les feuilles des Verbénacées, dit M. Bocquillon, ne sont jamais accompagnées de. stipules (Rév. des Verbénuc., 15); des stipules oppositifoliées (Miquel) dans les pro- phylles dés branches des Pipérées (Gas. dé Gandolle, Mém.: sur les Pipér: pp. 18-19); une stipule intra foliacée chez les Aristoloches, appendice représenté par la preiniére feuille soit, d’un rarhéau-pédoncule, soit d'un rameau-feuille, soit enfin d'un axe d’inflorescence (voy. Duchartre, t. I, p. 60 de ce reéüeil). On a pris encore pour des stipules les deux premières feuilles du bourgeóii axillaire chez plusieurs Solanées et Gestrinées, chez des Gynopleura et des Malesherbia: Il y aura lieu de détermiher la signification des appendices parfois folii- formes accompagnant la feuillé chez quelques Convolvulacées (Ipomaa pendula, 1. stipulacea, 1. pulchella, etc.), et qualifiées sans hésitation de Stipules chez l'7. stipulacea par Jacquin (Schœænbr.; IT, 39, Jc.) Faut-il voir dans les appetidices de végétation du curieux Rosa berberi- (1) Lamarck écrit dà Geranium exstipulaceum Cav. : « ses stipules sont à la vérité fort petites, mais elles existent sensiblement » (Dict. II, 681). Faut-il voir dans lés deux minimes languettes qu'offre l'Hippuris deux stipules ititra foliaités (Uaspary, in Prítigse heim, Jahrb. Y, 394), òu deux squamules intrávaginales (Irmisch;in Bot. Zeit. de 1865, p. 187)? (2) Chargées parfois d'abriter la feuille en vernation, elles tombent, ce rólé templi comme lé sighale Arabies pour deuk ftubiaeées, lAmatoud géianénsis et le Polyphragmon. 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. folia (genre Lowea Lindl., Hulthemia Du Mort.) deux stipules connées, comme le veut Ledebour (Flor. alt. II, 225, et Icon. IV, 20, « stipulis connatis foliiformibus» ), ou une feuille, soit décomposée et réduite à sa foliole terminale, soit simple? Cette derniére interprétation me parait, comme à Lindley et à M. Spach, la plus rationnelle, nonobstant cette par- ticularité, signalée par Ledebour, que ces appendices sont parfois bi-trifides. Les divers caractéres de division dela feuille se retrouvent dans les stipules : il en est de pinnatifides (plusieurs espèces de Medicago et de Melilotus), de pinnatipartites (Viola tricolor, Passiflora pinnatistipula, Pomaria glandulosa), de palmatipartites (Althea rosea, A. ficifolia, Pterospermum acerifolium, etc.). Jacquindit palmées celles de l’Ipomæa stipulacea (loc. cit.). De là aux stipules multiples il n'y a qu'un pas. La feuille du Malachra capitata en a deux de chaque cóté, et d'aprés Jacquin ce nombre serait doublé chez le M. alceæfolia. M. Trécul accorde au Nelumbium codophyllum trois stipules pour chaque feuille (voy. Ann. sc. nat. 4° sér. I, 295). Le Kerria japonica m'a offert de chaque côté des feuilles des rameaux gourmands une stipule, ou simple, ou bidentée, ou bifide, ou bipartite. Il n'y a point, à ma connaissance du moins, de stipules soit composées, soit peltinerves, soit pédalinerves, ce qu'avait déjà reconnu de Candolle (Organogr. Y, 335) ; par contre, il est des stipules semisagittées et je ne sache pas qu'on ait signalé des feuilles aussi franchement dimidiées. 2. Folioles et stipules. — M. Baillon dit des Viburnum : « Ces plantes fournissent une bonne démonstration de ce fait, que les stipules sont des lobes de feuilles... » (Adans. 1, 372). Sans doute le Cobæa scandens et les Otophora montrent les folioles inférieures de la feuille composée diffé- rentes des autres: «foliolis... infimis quasi in stipulas transformatis », écrit Blume des seconds ( Rumphia, III, 142), mais que de fois on a pris des folioles inférieures pour des stipules! Cela a été le cas pour les genres Bonjeania, Tetragonolobus, Lotus, gratifiés par presque tous les auteurs modernes, et récemment encore par MM. Willkomm et Lange (Prodr. FI. Hisp. VII, 337-339), de stipules foliacées, comme le faisait Linné pour le Lotus tetraphyllus, bien que Cambessédes, Trinius, E. Meyer (in Bot. Zeit. de 1843, p. 423), Fischer (Ind. sec. sem.) et M. Norman (Quelques observ. de morph.,14) aient dévoilé les vraies stipules de ces genres dans de petites languettes hypophylles promptement caduques. Les deux prétendues stipules (stipulae foliolis similes...) admises dans le Crotalaria arborescens Lamk par Jacquin (Vindob., III, 37), par de Candolle (Prodr. II). ne sont que des folioles, car les stipules manquent à quelques espéces de Crotalaria, et une espéce (C. quinquefolia) à cinq folioles. Poiteau a pris et figuré à tort comme stipules deux folioles pétiolées ter- SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 153 minant les pétioles ailés du Lathyrus Ochrus (Cours d' hort. p. 297, f. 86), les vraies stipules sessiles et en faux s'y trouvant parfois à la base de ces pétioles. MM. Bentham et Hooker refusent les stipules aux Canarium, pour n'y voir que des folioles inférieures différentes des autres (Gen. PI. I, 324). M. Spach les admet chez plusieurs espèces de ce genre ; et à en juger par la figure du C. commune, donnée par Rumph (Amb. II, t. 47), il me parait difficile de dénier le nom de stipules à ces « bina foliola... squamosa quie peculiaris sunt structuræ et form: » (Rumph, 145). 3. Gaines et stipules. — En 1844, M. Wydler déclare que les stipules appartiennent à la gaîne, et il cite entre ces deux sortes d'organes des cas de transition (in Bot. Zeit. Il, 36). Rosiers, Polygonées, Oxalidées, Berbéri- dées et nombre de Légumineuses offrent en effet sous ce rapport des exem- . ples de fusion des stipules et de la gaine. Maisje ne saurais voir que des gaînes sans stipules: 1» chez les Renonculacées (Ranunculus, Isopyrum, Thalictrum (1), Caltha, etc.), bien que des stipules soient assignées aux trois premiers genres par M. Lloyd (Fl. de l'Ouest) et au quatrième par MM. Wydler, Kützing (Grundr. der. phil. Bot., 684) et Hooker, et que ce dernier auteur ait écrit dans sa diagnose du Caltha dionæfolia: « sti- pulis màximis » ; 2 dans les écailles des tiges des Tussilaginées, contrai- rement à Agardh (in Flora, 1850, p. 759) ; 3° dans les prétendues stipules amplexicaules, soit du Cardamine impatiens (Mirbel, Elém. phys. vég. 670), soit des Aroidées, Schleiden ayant prouvé pour les Pothos, et M. Caruel pour les Philodendron (la Morfol. p. 116), que ces plautes n'ont que des feuilles alternativement inégales. Quant aux oreillettes, pro- longement terminal de la gaine (Pothos, Scindaspus, Anthurium), elles ne représentent pas plus ici des stipules que chez les Ombellifères et les Thalictrum. Toutefois les genres des tribus des Hydrocotylées et des Mulinées sont les uns munis, les autres dépourvus de stipules, deux dispo- sitions réunies dans le genre Hydrocotyle. On constate la coexistence des stipules et de la gaine, soit connées chez Salix daphnoides, soit distinctes chez Pentagonia pinnatifida (in Hook. Lond. Journ. of Bot. VII, t. 18). À. Décurrences et stipules. — Que les prétendues décurrences et les stipules ne different pas anatomiquement, comme l’a reconnu Cassini (Opusc. phyt. II, 547) ; que dans quelques espèces de Lathyrus, comme aussi, d'aprés Thory, chez le Rosa turbinata, les stipules soient dites décurrentes sur la tige; que dans le Crotalaria rubiginosa (voy. Wight, Ic. III, t. 885) les deux ailes dela tige se lerminent à chaque nœud par deux pointes stipulaires et de forme triangulaire, entre lesquelles nait la feuille, on n'en saurait conclure, méme pour ces cas spéciaux, l'identité des sti- (1) Même dans le T. aquilegifolium, dont la gaîne des feuilles caulinaires se prolonge en deux oreillettes subscarieuses étalées. ` 15% SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pules et dés décurfentes. Ce dernier mot, trop souvent pris au sens propre, me paraît avoir favorisé la propagation d'idées et même de théories en contradiction formelle avec l’organogénie et que rien ne justifie. Que në peut-óti le rémplacer paf un autre à l'abri de ces critiques? 5. Vriiles et supules, — Seringe et aprés lui de Candolle (Organ. 336) n'étaient pas éloignés de considérer comme des stipules les vrilles dés Gücurbitácées, opinión adóptée sans hésitation par Kirschleger (voy. Flora dé 1845, 615), par Stoks (voy. Ann. of Nat. Hist: de 1846), Payer (Elém: de Bot., 53), Parlatore, etc.; et celles des Smilax ont été aussi tenues pour telles par M. Cauvet (voy. ce recueil, XII, 241). On a vu tour à tour dans les premières ute racitie, un axe, un axé et sa feuille, une feuille; je les ài prises pour un dédoublement de là feuillé; ét lés secondes m'ont páru de simples prolongements sans signification morphologique des fais- céaux fibro-vaseulaires du pétiole (ibid. III, 545-548, IV, 984-987). 6. Éplries et sitputes. — On rapporte à bon droit: 4° aux rameaux, les épines des Orangers, dans lesquelles du Pétit-Tliouárs voyait réellement dés stipules (Cours de phytol:, 47); 2 aux feuilles, les épines de l'Ama- antus spinosits, appelées stipulaires par Lamarck (Dict. YI, 118), mais dont P. Savi à dévoilé là nature (Giorn: bot. I, 310), celles du Gelosia trigyna que Jacquin a figurées (Vindob. VE, t: 15) et qualifiées de stiptle geminæ... (p. 12). Telle parait être aussi la signification des épines des Azima et d’uné Losaniacée, l'Anthocleista Vogélii, à propos ‘de laquelle M. Planchon a écrit: « Aculei 2, paulo Supra insertioherh folii cüjusque::: (non stipulares) » (hi Hook: fe. 793). Les Ribes offrent dans quelques espèces, notamment chez R. oxyacan- thoides, des épinés stipulaires;il en est ainsi de quelques Batrhinia (section Pauletia), en particulier du B. grandiflora (1). Quant aux épines du Xanthium spinosum, dont M. Sachs se borne à dire qu'elles octtpent la place des stipules(Tr. de Bot.; trad. franc;, 264), jai cherché jadis à montrer qu'elles tiennent lieu des réceptacles des fleurs femelles et qu'elles en ont la signification (voy. Mém. Acad. sè: Toulouse, 4° sér. VI, 66-75, Ic.). 1. Glandes et stipules: — Faut-il voir dés stipules dans les glandes qué montrent de chaque côté de la feuille ün assez grand nombre d'Apo- eynées, dé Résédacóes, de Cruciféres, d'Epilobiées, de Lythrarióes (2), (1) Îl est. remarquable qué éelte espèce, come certains Ribes, ait de plus une épiné pulvinale (voy. Hook. Bot. Misc. II, 218). (2) M. Kraus (in Bot. Zeit. de 1846, p. 143-145) et M. Duchartre (Rev. bot. il, 208) ont vu dés Slipules dans ces glandes, opinion ebmballue pat Payer (Orgünügén. 910), mais qu'a reprise en 1857 M. Norman: Sur.73 genres de Crucifères observés, 4 seule: ment en étaient dépourvus, et sur 150 espèces examinées, 136 en avaient. M. Norman en a figuré plusieurs, et il a découvert aussi celles des Épilobiées et des Lythrariées (Quelques observ. de morphol. végét.). SÉANCE DU 18 AVRIL 1870. 155 d'Eüphorbiacées et de quelques Balsamninées? La feuille, la foliole, orga- nes appendiculaires, ne sont. jamais (?), que je sache, représentées par des glandes, organes intermédiaires ou mixtes. En serait-il autrement des stipules? Daus quatre des familles citées, les glandes occupent la place des stipules, mais ne passent point à l'état de lamés ou expansions aplalies ; toutefois chez les Euphorbiacées, à côté dés Tragia et Didymotheca, des Pedilünthus Ghiesbreghtianus et Houlletianus; àüx petites glandes sessiles escortant la feuille, à côté des Croton macrocalyx, Perrotelianum et lachnostephanum qui sont dans le méme cas (le dernier ayant ses glandes noirátres), on peut citer de nombreux genres pourvus dé stipules normales, et dans ce méme genre Croton on en voit de toutes formés, d'étroites et allongées (G. pungens), d'ovales (C. tomentosum), de pinnatifides (C. Pur- diei, C. polycarpus, C. speciosus, G. staminosus). Il semble dés lors bien difficile d'établir une limite absolue entre les stipules él les glandes qui, à leur défaut, en occupent la place. On pourrait qualifier celles-ci de glandes stipuloides, résersant le nom de glandes stipulaires pour les glandes que portent certaines stipules, celles du Vicia sativa, par exemple, « dont l'excrétion, dit M. Darwin, dépend manifestement des changements opérés dáns là sèvè sous l'influence des rayons d'un solèil brillant » (Fécond. crois. trad: fr., 412). 8. Coussinets et stipuiès. — ll n’est pas dë genre où la téndatice à la fusion de ces deux parties de la plante soit plus manifeste ei plus inté- ressante que chez le Genista : telle espèce en effet a de petités stipules den- tiformes se détachant à peine du coussinet, qui se confond à soti tour avec la base du pétiole (G. gibraltarica) ; telle autre porte súr ses jeunes rameaux des feuilles fasciculées à l'aisselle de petites excroissances qui représentent peut-être la fusion intime du coussinet, du pétiole et des stipules (G. Lobelii). 9. Poils et stipuies. — Faut-il voir dés stipüles dans les faisceaux de poils axillaires que montrent certaines Portulacées (Grahainía, Portulaca pilosa, etc.)? Je ne saurais partager à cet égard l'affirmation de certains auteurs écrivant : « sfipulæ in pilos solütæ »; la nature stipulaire de ces productions me parait plus que douteuse. CATALOGUE DES PLANTES LES PLUS REMARQUABLES CROISSANT DANS LE BASSIN SUPÉRIEUR DE L'UBAYE (Basses-Alpes); compris entre Barcelonnette et la frontière de l'Italie d’un côté, et les Hautes-Alpes de l'autre. Altitüde minimum 1163 mètres et maximum 3098 mètres ; par BE. LANNES. Atragena alpina Lin. — Bois, rochers : la Condamine aux Maüfés, Tournoux ; la Blachiète, prés Máurin, etċ. Thalictrum aquilegifolium Lin, —= Prairies : là Condamine à Süitit:Añne, Lau- zanier, Fouillouse, etc. 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thalictum alpinum Lin. — Lieux humides: Croués, Malemort, Lauzanier, Enchas- traye au grand quartier, Fours. fœtidum Lin. — Coteaux : la Condamine, Maurin. — minus Lin. — Coteaux : la Condamine, Tournoux, Maurin. — majus Jacq. — Coteaux : la Condamine, fort de Tournoux. Anemone vernalis Lin. — Pelouses alpines : Fouillouse, Parpaillon, vallon de Serennes, Croués, Plate-Lombarde, Malemort, Horonaye, etc. Halleri All. — Hautes prairies : Riou-German et vallon du Châtelet, prés = Serennes; Horonaye. alpina Vill. — Ravins, coteaux pierreux : la Condamine, Larche, Par- paillon, etc. myrrhidifolia Vill. — Prairies : Saint-Paul, Maurin, Lauzanier, Fouil- louse, etc. sulfurea Lin. — Prairies : Lauzanier, Fouillouse, etc. Baldensis Lin. — Lieux pierreux: Croués, Parpaillon, Riou-German, vallon du Châtelet, Bérard, col de Mirandol, etc. narcissiflora Lin. — Prairies alpines : Lauzanier, Horonaye, Malemort, Fouillouse, Saint-Paul, la Condamine à Sainte-Anne, etc. hepatica Lin. — Bois : la Condamine, Tournoux, Saint-Paul, Larche. Ceratocephalus falcatus Pers. — Champs : Faucon, Jausiers, Châtelard, Bar- celonnette. Ranunculus trichophyllos Chaix. — Ruisseaux : la Condamine. — glacialis Lin. — Coteaux pierreux : Croués, Lauzanier, Vallonnet, Par- paillon, Riou-German, Bérard, etc. pyrenæus Lin. — Prairies : Lauzanier, Parpaillon, Croués, etc. bupleurifolius DC. — Prairies : Maison-Méane. plantagineus DC. — Prairies : col de Mirandol, prés Saint-Ours. Seguieri Vill. — Coteaux pierreux : Vallonnet, Bachasse, : Parpaillon, Soleille-Buou, prés Barcelonnette, vallon du Chátelet à Serennes. parnassifolius Lin. — Coteaux peu gazonnés : Riou-German, prés Serennes. montanus Willd. — Pelouses : Lauzanier, Fouillouse, Parpaillon. Villarsii DC. — Prairies : la Condamine à Sainte-Anne, Parpaillon, Lau- zanier, Horonaye à la Clapiére. aduncus G. G. — Bois : Tournoux, la Condamine, Parpaillon, Se- rennes, etc. lanuginosus Lin. — Prairies, bois : Parpaillon, Tournoux. reptabundus Jord. — Lieux humides : mare prés dela Condamine. — arvensis Lin. 8 inermis G. G. — Moissons : Faucon, la Condamine. Trollius europæus Lin. — Prairies : la Condamine, Parpaillon, Larche, etc. Nigella damascena Lin. — Jardins : ła Condamine. Aquilegia alpina Lin. — Prairies, bois : la Condamine aux Tardées, Fouillouse, Saint-Paul, vallon du Chátelet, etc. Sternbergii Rehb. — Rochers : Serennes. Delphinium montanum DC. — Coteaux pierreux et élevés : Bachasse, Lau- zanier, Soltron, la Portiolette,.la Manche, etc. Aconitum Authora Lin. — Coteaux pierreux : Parpaillon, Bérard, Lauzanier, Serennes, etc. Lycoctonum Lin. — Coteaux, bois: la Condamine, Larche, Lauzanier, Vallonnet, Serennes, Parpaillon, Bérard, etc. Napellus Lin. — Jardins : la Condamine. SÉANCE DU 18 AvRiL 1879. 157 Aconitum paniculatum Lam. — Cascade du Lauzanier, bois de la Sylve, prés Meyronnes. Brassica Richerii Vill. — Coteaux : Lauzanier, au bas de la cascade. Diplotaxis repanda G. G. — Ravins : Bousolliéres, Vallonnet de Meyronnes, etc. — Erucastrum G. G. — Champs : la Condamine. Erysimum virgatum Roth. —- Coteaux : la Condamine, Serennes. — cheiriflorum Wallr. — Coteaux : la Condamine, Serennes. — australe Gay. — Graviers, coteaux : la Condamine, Meyronnes, Lau- Zanier, etc. — alpestre Jord. -— Coteaux : Larche. — ochroleucum DC. — Coteaux : Lauzanier. — perfoliatum Crantz. — Champs : Faucon, la Condamine. Sisymbrium lrio Lin. — Bords des champs : la Condamine. : — austriacum DC. — Bords des champs : la Condamine. — acutangulum Koch. — Bords des champs : la Condamine, Larche. — taraxacifolium DC. — Coteaux : Larche. — pinnatifidum DC. — Çoteaux pierreux : à l'extrémité de Longet, prés Maurin. Hugueninia tanacetifolia Rchb. — Broussailles : Fouillouse, Lauzanier. Arabis brassicæformis Walir. — Bois : Tournoux, Saint-Paul, Serennes. — saxatilis All. -— Buissons : la Condamine. — glabrata Koch. — Prairies: la Condamine, Lauzanier, Vallonnet, Male- mort, etc. — sagittata DC. — Coteaux : Tournoux, Heronaye. — alpina Lin. — Rocailles : Bérard, Lauzanier, Croués, Parpaillon, Mau- rin, etc. — cærulea Jacq. — Rocailles : Vallonnet, Plate-Lombarde, col de la Por- tiolette, etc. — bellidifolia Jacq. — Bords des sources : Lauzanier, col de la Madeleine, Fouillouse, etc. — turrita Lin. — Broussailles : Faucon, prés Barcelonnette. Cardamine azarifolia Lin. — Ruisseaux : Lauzanier, Larche. — alpina Willd. — Rocailles : Vallonnet, Longet de Maurin, Bérard, etc. — resedifolia Lin. — Rocailles : Lauzanier, Pelvat. Dentaria digitata Lin. — Bois : Fouillouse. Alyssum campestre Lin. — Champs : la Condamine. — montanum Lin. — Coteaux : crête de Soleille-Buou, prés Barcelonnette. — alpestre Lin. — Coteaux : crête de Bachasse, Serennes. Draba pyrenaica Lin. — Lieux pierreux : crête de Bachasse, Longet à la Cula, Vallonnet, etc. — aizoides Lin. — Prairies, coteaux : Horonaye, Vallonnet, Croués, Se- rennes, Parpaillon, etc. . — tomentosa. Wahl. var. a. — Rochers : la Barge, prés Maurin. — — stellata g DC. — Pelouses : Lauzanier, au-dessous du lac. — — frigida G.G. — Pelouses : Vallonnet, Bérard, Plate-Lombarde, Maurin, etc. , " — — nivalis DC. — Pelouses : Vallonnet, Malemort, Bérard, la Blachiére de Maurin. — — Jlevipes G.G. — Pelouses : Lauzanier, Plate-Lombarde. —— Kernera saxatilis Rchb. — Rochers : Serennes, Saint-Paul à la Reissole, la Portiolette, etc. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Biscutella cichoriifolia Lin. — Coteaux : la Condamine. — levigata Lin. — Coteaux : la Condamine, Lauzanier, Meyronnes. Iberis pinnata Lin. — Champs : Faucon. — Garrexiana All. — Coteaux : Horonaye, prés de Larche. Æthionema saxatile R. Br. — Graviers : Serennes sous le rocher du Pin. Thlaspi virgatum G. G, — Bois: en face de Saint-Paul, au-dessus de Bousol- liéres. == alpestre Lin. — Prairies : Lauzanier, la Madeleine. — alpinum Jacq. — Prairies, Sainte-Anne dé la Condamine, Croués, Plate- Lombarde, Maurin, Saint-Paul, ete. — rotundifolium Gaud. — Eboulis : Vallonnet, Parpaillon, Longet, la Por- tiolette, etc. Hutchinsia alpina R. Br. — Lieux frais, rochers : Lauzanier, Vallonnet, Bérard, etc. Lepidium pratense Serres. — Prairies: Lauzanier, Serennes, la Blachière, Horo- naye, etc. — hirtum DC. — Graviers : la Condamine, Glaisolles, Bousolliéres, etc. Helianthemum serpyllifolium Mill. — Coteaux : la Condamine. obscurum Pers. — Bois : Tournoux. celandieum DC. — Coteaux : la Condamine, Serennes, ete. alpestre DC. — Coteaux : la Condamine, Serennes, vallon du Châtelet, etes penieillatum Thib. — Coteaux : Châtelard. grandiflorum DC. — Bois : lẹ Condamine, Tournoux, Malemort, Par- paillon, etc. Viola pinnata Lin. — lochers : Serennes, Maurin, lac de Paroird. — J'ai trouvé à Serennes une variété à fleurs blanches, tandis que les fleurs sont erdinairement violettes. — collina Bess. — Bois taillis : la Condamine. == arenaria DC, — Pelouses : Sainte-Anne, Serennes, Maurin, Saint-Paul, Tournoux, etc. — — var. à fleurs blanches, — Bois, coteaux : Tournoux, Serennes. — biflora Lin. — Lieux frais: Serennes, Parpaillon, Vallonnet, Maurin, Fouillouse, etc. — calcarata Lin. — Prairies alpines : Sainte-Anne de la Condamine, Croués, Maurin, etc. — Loysii Wulf. — Prairies alpines : Croués, Maurin, Fouillouse, etc. = cenisia Lin. — Débris de roches : la Condamine, Serennes, Maurin, Parpaillan, ete. l'olygala comosa Schk. — Coteaux : la Gondamine, Serennes. — alpestris Rchb. — Prairies : Lauzanier, Maurin. — Ghamebuxus Lin. gr, à fleurs jaunes ou jaunâtres. — Rois : la Con- damine, Tournoux, etc. 7 cr ar, à fleurs rouges, — Bois; la Condamine et Tournoux, Jausiers. Silene alpina rhe — Lieux pierreux : Vallonnet, Lauzanier, Parpaillon, Mau- rin, eic. — conoidea Lin. — Champs : la Condamine, Faucon, Chátelard. — Saxifraga Lin. — Rochers : la Gondamine, la Reissolle, Serennes, ete. - rupestris Lin. — Rochers : Lauzanier. — acaulis Lin. — Rochers : Lauganier, Vallonnet, Parpaillon, etc. — elengata Hell. — Rochers ; Lauzanier, Plate-Lombarde, ete. — italica Pers. — Coteaux : de Saint-Ours au Vallonnet, Bausalliéres. I3 1011 SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 1n9 Silene pseudo-Otites Bess. — Coteaux : la Condamine. Lychnis Flos-Jovis Lam. — Prairies : Sainte-Anne de la Condamine, Lauzanier. Saponaria ocymoides Liu. — Coteaux : la Condamine, Serennes. Gypsophila repens Lin. — Coteaux ; la Condamine, lac Paroird, prés Maurin, ete. Dianthus saxifragus Lin. — Bords des routes : de Jausiers à Faucon. — hirtas Vill. — Coteaux : Parpaillon, Bérard. — deltoides Lin. — Coteaux : au-dessus du Mélezen, prés Saint-Paul. — cæsius Smith. — Coteaux : la Condamine. — silvestris Wulf. — Coteaux : la Condamine, Maurin, — Godronianus Jord. — Coteaux : la Condamine, Fouillouse, — saxicola Jord. — Coteaux : Tournoux. — neglectus Lin. — Prairies : Lauzanier, Fouillouse, Parpaillon, etc. Sagina glabra Willd. — Pelouses : Parpaillon, Lauzanier, Plate-Lombarde, etc. — Linngi Presl. — Rochers : Vallannet, Bérard, col de la Manche, etc. Dutfonia macrosperma Gay. — Coteaux : la Gondamine. Alsine mucronata Lin. — Rochers : la Condamine, Serennes, Larche, etc. =— verna Bart. — Prairies : Lauzanier, Malemort. — reeurya Vill. — Gazons : Lauzanier. — Villarsii M. et K. — Rochers : Lauzanier, Bérard, Malemort, etc. — striata Gr. — Rochers : Lauzanier, col de Vars, Maurin, etc. — Cherleri Feuzl. — Pelouses : Vallonnet, Lauzanier, Bérard. — lanceolata M. et K. — Rochers : Saint-Paul, Serennes, la Condamine, etc. Mæbringia polygonoides M. et K. — Pelouses : Vallonnet, Lauzanier, Arenaria biflora Lin. — Rochers : cols de Chabrières et de Stropi, — ciliata Lin. — Coteaux : Lauzanier, Vallonnet, Malemort, etc. Cerastium trigynum Vill. — Hautes montagnes. — Jaricifolium Vill. — Rochers : Lauzanier, Bérard, Maurin, etc. — molle Vill. — Coteaux : Mélezen, Bérard. — alpinum Lin, — Coteaux : lac Paroird, prés Maurin. — latifolium Lin. — Coteaux pierreux : Bachasse, Vallonnet, Lauzanier, etc. — -— f pelunculatum Lin. — Coteaux pierreux : Crouès, Bérard, Plate- Lombarde, etc. Linum suffruticosum Lin. — Coteaux : col de Fours. — alpinum Lin. — Coteaux : Croués, Parpaillon, Fouillouse, etc. — gustriacum Lin. — Prairies : Glaisolles. Geranium pratense Lin. — Prairies : la Condamine, Saint-Paul, Serennes, etc. — silvatieum Lin. — Prairies, bois : la Condamine, Saint-Paul, Se- rennes, etc. — aconitifolium L'Hér. — Prairies, bois : la Condamine, Lauzanier, Fouillouse, etc. — phieum Lin. — Bois : la Condamine. Hypericum Coris Lin. — Rochers : Bousallières, Fours. — Richeri Vill. — Prairies : Parpaillon, Horonaye, Lauzanier, ete. Acer opulifolium Vill. — (Coteaux : la Condamine. Rhamnus alpina Lin. — Bois, coteaux : la Condamine, Serennes. — pumila Lin. — Rochers : la Condamine, Serennes. Cytisus sessilifolius Lin. — Coteaux : Pas de Grégoire, la Condamine, la Ro- chaille. | — alpinus Mill. — Coteaux : Barcelonnette au Gache, Grange commune. Ononis rotundifolia Lin. — Coteaux, rochers : Bousolliéres, la Condamine, Saint-Paul. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ononis fruticosa Lin. — Coteaux : Barcelonnette, Bousollières, la Conda- mine. — eenisia Lin. — Coteaux : la Condamine, Tournoux, Serennes, Malemort. — striata Gouan. — Coteaux : la Rochaille, prés de Meyronnes. Anthyllis montana Lin. — Coteaux : Bousolliéres, la Condamine, Tournoux, Serennes. — rubriflora DC. — Prairies : Maurin, Malemort, la Condamine aux Tar- dées. Trigonella monspeliaca Lin. — Coteaux, rochers : au-dessous du Châtelard. Medicago falcato-sativa Rchb. — Coteaux : la Condamine, Serennes. — Gerardi Wild. — Pelouses : la Condamine. Trifolium alpestre Lin. — Prairies : Horonaye, Larche, Soleille-Buou. — nivale Sieb. — Prairies : Longet de Maurin, Bachasse, etc. — montanum Lin. — Bois : la Condamine, Tournoux, Lauzanier. — Balbisianum DC. — Prairies, bois : au-dessus de Bousolliéres, la Con- damine, Grange-commune. — alpinum Lin. — Prairies: Vallonuet, Croués, Malemort, Plate-Lombarde. — Thalii Vill. — Lieux pierreux : créte du col de Vars, la Portiolette, Horo- naye, Parpaillon, Serennes dans les graviers du Châtelet. — pallescens Schreb. — Prairies : Longet de Maurin, Mirandol, Bachasse, la Blachiére, prés Maurin. — badium Schr. — Prairies : Bachasse-la-Blachière, prés Maurin. — spadiceum Lin. — Col de Stropi. Astragalus Cicer Lin. — Coteaux: Larche. — alopecuroides Lin. — Coteaux : au-dessus de Bousolliéres prés Barce- lonnette. -— purpureus Lam. — Coteaux : Barcelonnette, la Condamine. — leontinus Jacq. — Coteaux : Serennes, Lauzanier. — hypoglottis Lin. -— Prairies: la Condamine, Lauzanier, Bérard, Barce- lonnette. — onobrychis Lin. — Coteaux : la Condamine, Serennes, Saint-Flavy, Bar- celonnette. — austriacus Lin. — Bois, coteaux : Tournoux, la Condamine aux Tardées, Jausiers. — monspessulanus Lin. — Coteaux : la Condamine, pas de Grégoire, la Rochaille. — depressus Lin. — Coteaux : vieille route de Parpaillon, redoute de Tournoux. — aristatus L'Hér. — Coteaux : la Condamine, Saint-Paul, Malemort, etc. Oxytropis campestris Lin. — Prairies, rochers : Malemort, la Condamine, Plate- Lombarde. | — fœtida DC. — Rochers : Bérard, rocher de Saint-Ours, crête de Parasac. — uralensis Bunge. — Coteaux, rochers : la Condamine aux Tardées et à la cime de la Blache, vallon du Châtelet prés Serennes. — cyanea Gand. — Rocailles : Bérard, rocher de Saint-Ours. — lapponica Gand. — Prairies : Lauzanier, la Blachière, Fouillouse, Male- mort. l — montana DC. — Rochers : Bachasse, Parpaillon, Bérard, Vallonnet. — pilosa DC. — Rochers : la Condamine à la Blache, Jausiers Phaca alpina Wulf. — Coteaux : Bachasse, Lauzanier, Bérard, Longet. — astragalina DC. — Praries : Lauzanier, la Blachiére, Parpaillon, Bérard. SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 161 Phaca australis Lin. — Rochers : rocher de Saint-Ours, les Tardées, Vallonnet, Parpaillon. — Gerardi Vill. — Rochers : rocher de Saint-Ours. Colutea arborescens Lin. — Coteaux : la Condamine, Tournoux. Vicia pyrenaica Pourr. — Prairies : les Praz, prés la Condamine. — peregrina Lin. — Coteaux : Jausiers. — onobrychioides Lin. — Coteaux : la Condamine, Saint-Paul, Bousol- liéres, etc. — silvatica Lin. — Broussailles : Glairolles. — Orobus DC. — Broussailles : Ja Condamine. — cassubica Lin. — Prairies : col de la Madeleine. Cracca Gerardi G. G. — Coteaux, bois : pont Ripert, Tournoux, les Tardées. — varia G. G. — Broussailles : de Serennes à Fouillouse. Lathyrus heterophyllus Lin. — Coteaux : la Condamine, Tournoux, Maurin. — vernus Wimmer. — Bois : la Condamine, Tournoux, Fouillouse, etc. — montanus G.G. — Prairies: Lauzanier, Malemort, Saint-Paul, Soleille- buou. — angulatus Lin. — Moissons : Glairolles. Coronilla Emerus Lin. — Rochers : au-dessus de Bousolliéres, Tournoux. — vaginalis Lam. — Coteaux : la Condamine. — scorpioides Koch. — Champs : Barcelonnette. Hedysarum obscurum Lin. — Rochers : la Condamine, la Sylve, Lauzanier. Onobrychis montana DC. — Prairies : Bousolliéres, Riou-German, prés Se- rennes. | — saxatilis All. — Coteaux, rochers : la Condamine, la Rochaille, Tour- noux. Prunus brigantiaca Vill. — Coteaux : la Condamine, Saint-Paul, Serennes. — padus Lin. — Coteaux : Saint-Flavy prés Jausiers, route de Larche. Dryas octopetala Lin. — Coteaux, rochers: Parpaillon, Horonaye, Vallonnet. Geum rivale Lin. — Prairies humides : la Condamine à Sainte-Anne, Lar- che, etc. — montanum Lin. — Prairies : Parpaillon, Bérard, Lauzanier, Horonaye. — reptans Lin. — Rocailles : Parpaillon, Plate-Lombarde, Bérard, Longet, Parasac, etc. Sibbaldia procumbens Lin. — Hautes pelouses : Plate-Lombarde, Mirandol, la Manche. Potentilla caulescens Lin. — Rochers : Serennes, Maurin. — minima Hall. — Hautes pelouses : Vallonuet, Lauzanier. — frigida Vill. — Hautes pelouses : Stropi, Mirandol. — grandiflora Lin. — Prairies : Lauzanier, Parpaillon, etc. — pedemontama Reut. — Prairies : Parpaillon, Longet. — opaca Lin. — Prairies : Larche. — alpestris Hall, — Coteaux : la Condamine, Serennes. — aurea Lin. — Prairies, bois: Parpaillon, Riou-German, Fouillouse, Val- lonnet. — intermedia Lin. — Prairies : la Condamine, Saint-Paul, Serennes, etc. — rupestris Lin. — Coteaux : Enchastrayes, Serennes. — argentea Lin. — Coteaux : la Condamine, Saint-Paul, Serennes. — inclinata Vill. — Coteaux : Serennes. . Rosa alpina Lin. — Rochers, bois : Barcelonnette, la Condamine, Lauzanier, etc. (plusieurs formes). T. XXVI. (SÉANCES) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rosa rubrifolia Vill. — Bois : la Blachiére, prés Maurin, de Meyronnes à Lar- che, Jausiers, etc. — montana Chaix. — Coteaux, bords des routes : Bousolliéres, Pas de Gré- goire, de Saint-Paul à Serennes, des Glairolles à Larche, etc. — caballicensis Puget. — Coteaux : Bousolliéres. — glandulosa Bell. — Coteaux : Bousolliéres, la Condamine. -— imponens Rip. — Bords des routes : Glaisolles, Tournoux. — glauca Vill. — Coteaux : Bousolliéres, la Condamine. — ]utetiana Lem. — Coteaux : Jausiers, Saint-Paul, Glaisolles, Tournoux, Bousolliéres. — dumalis Bechst. — Bords des routes : de Barcelounette à Saint-Paul. — cladoleja Rip. — Coteaux : de Meyronnes à Larche, Bousollières. — andegavensis Bast. — Coteaux : la Condamine, Bousollières, Glaisolles, Saint-Paul. — Chavini Rap. — Coteaux : la Condamine, Bousollières. — Reuteri God. — Coteaux : la Condamine, Bousolliéres. — urbica Lem. — Bords des routes : de Saint-Paul à Serennes. — platyphylla Rau. — Bords des routes : la Condamine, Bousollières. — coriifolia Fries. — Coteaux : au-dessus de Bousolliéres. — collina Jacq. — Bords des routes: Pas de Grégoire, la Condamine, Saint-Paul. . — bicolor Jacq. — Jardins : la Condamine. ^— arvatica Puget. — Coteaux : Bousolliéres, des Glaisolles à Saint-Paul. — septicola Déségl. — Coteaux : Tournoux. — micrantha Smith. — Coteaux : Faucon, Bousolliéres. — didymocarpa Gdgr. — Coteaux : Raccourcis des Glaisolles. — tomentosa $m. — Bords des routes, coteaux : de Meyronnes à Larche, Horonaye. — mollis Smith. — Coteaux : Bousolliéres. — Grenieri Déségl. — Broussailles : la Condamine, de Meyronnes à Certa- mussat. — pemifera Herm. — Bords des routes : des Glaisolles à Larche. Sanguisorba officinalis Lin. — Prairies : Lauzanier. Alchemilla alpina Lin. — Coteaux : la Condamine, Larche, Parpaillon, Vallon. — vulgaris Lin. — Prairies : la Condamine, Parpaiilon, Larche, etc. — montana Willd. — Coteaux : Malemort, Horonaye, Parpaillon. — pyrenaica Léon Duf. — Rochers, lieux frais: Lauzanier, Bérard, Par- paillon. — — — pentaphyllea Lin. — Lieux humides et élevés : Longet de Maurin, prés des laes. Cotoneaster vulgaris Lindl. — Rochers : Parpaillon, Bérard, Malemort, Tour- noux. Sorbus aucuparia Lin. — Bois : Tournoux, Saint-Paul, la Blachiére, etc. — Aria Crantz. — Bois : Tournoux, la Blachiére, Lauzanier. — Chamæmespilus Crantz. — Rochers : Lauzanier, près de Ja Cascade. Amelanchier vulgaris Mœnch. — Coteaux, rochers : la Condamine. Epilobium alsinæfolium Vill. — Bords des ruisseaux : Lauzanier, Riou- German. — alpinum Lin. — Lieux humides : Lauzanier, Bérard, vallon de Fouil- louse. — roseum Schreb. — Lieux humides : la Condamine, Enchastrayes. SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 168 Epilobium montanum Lin.— Bois : Tournoux, Fouillouse, entrée du Lauzanier. — collinum Gmel. — Bords des routes : Serennes, la Rochaille, Maurin. — spicatum Lam. — Bois : la Gondamine, Fouillouse, Parpaillon. — rosmarinifolium Hœnck. — Graviers : la Condamine, Glaisolles. — Fleischeri Hochst. — Graviers : lac Praroard, prés Maurin. Myricaria germanica Desv. — Bords des eaux : la Condamine, etc. Telephium hmperati Lin. — Coteaux, rochers : la Condamine, route de Jau- siers. Paronychia polygonifolia DC, — Sables : Jausiers, pont de l'Estrech, col de Vars. — capitata Lam. — Rochers : la Condamine, la Reissolle, Serennes. Herniaria incana Lam. — Champs : Jausiers, Faucon, la Reissolle, Serennes. — alpina Vill. — Rochers : mont Pelvat, prés Maurin. Sedum Rhodiola DC. — Rochers : col de Stropi. — maximum Sut, — Bois : Meyronnes, — Anacampseros Lin. — Hautes montagnes : Lauzanier. — atratum Lin. — Rochers : Vallonnet, Lauzanier, vallon du Châtelet. — annuum Lin. — Pelouses, rochers : Lauzanier, rocher de Saint-Ours. — micranthum Bast. — Murs : la Condamine. — dasyphyllum Lin. — Murs : la Condamine, Serennes. — glanduliferum Guss. — Rochers : Bachasse, vallon du Châtelet. — alpestre Vill. — Pelouses : col de Vars. — altissimum Poir. — Coteaux : la Condamine, Tournoux. — anopetalum DC. — Coteaux : la Condamine. Sempervivum tectorum Lin. — Coteaux : Bachasse, Malemort, Lauzanier, etc. — montanum Lin. — Rochers : Fouillouse, Sainte-Anne de la Gondamine. — arachnoideum Lin. — Rochers : Croués, Serennes, Tournoux, Lauzanier. — hirtum Lin. — Rochers : Lauzanier. Ribes alpinum Lin. — Broussailles : la Blachiére, Lauzanier. — petreum Wulf. — Broussailles : Lauzanier. Saxifräga rotundifolia Lin. — Bois: la Condamine, Parpaillon, Fouillouse, Lauzanier, — aspera Lin. — Rochers : Lauzanier, Bérard, Soltron, etc. — bryoides Lin. — Rochers : Longet, Stropi. — aizoides Lin. — Lieux humides : Bousolliéres, la Condamine, Larche. — petraea Lin. — Tertres prés des lacs de Longet. — exarata Vill. — Rochers : Lauzanier, Vallonnet, Fouillouse, Bérard. — muscoides Wulf. — Pelouses : Lauzanier, Vallonnet, Bérard, Parpaillon. — Aizoon Jacq. — Rochers : la Condamine, Saint-Paul, Serennes, Tour- noux, Bérard. — Aizoon Jacq. var. stolonifère et à feuilles allongées. — Rochers : Horo- nave. = dispensoides Bell. -— Rochers : Serennes, Longet de Maurin. — cæsia Lin. — Rochers : Vallonnet, Soltron, lac de Praroard, près Maurin. — oppositifolia Lin. — Rochers : la Condamine, Saint-Paul, Parpaillon. — biflora All. — Coteaux pierreux : Bérard, petit Parpaillon, Croués. Laserpitium latifolium Lin. — Prairies : la Condamine, Tournoux, Lauzanier. — gallicum C: B. — Coteaux : la Condamine, Meyronnes, Lauzanier. — Siler Lin. — Prairies : Horonaye, Lauzanier, vallon de Fouillouse. — Panax Gouan. — Prairies : col de Vars. Levisticum officinale Koch. — Jardins : la Condamine, Mélezen, Larche, etc. 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Peucedanum Ostruthium Koch. — Lieux pierreux et frais : Lauzanier, vallon du Châtelet. Gaya simplex Gand. — Hautes pelouses : Plate-Lombarde, Bérard. Meum athamanticum Jacq. — Prairies : Sainte-Anne, Bousollières, Malemort, Lauzanier. Ligusticum ferulaceum All. — Coteaux : Lauzanier. . Athamanta cretensis Lin. DC. — Rochers : la Condamine, Serennes, Lauzanier, Bérard. — mutellinoides DC. — Rochers : la Condamine. Seseli carvifolium Vill. — Rochers, coteaux : la Condamine à Saint-Roch. — libanotis Koch. — Coteaux : Longet de Maurin. Bupleurum longifolium Lin. — Bois :la Barge, prés Maurin. . — ranunculoides Lin. — Prairies : la Condamine, Saint-Paul, Lauzanier, Longet, etc. — caricifolium Rchb. — Rochers : Serennes, Saint-Ours, la Portiolette, etc. — petræum Lin. — Rochers : Horonaye au Bec-de-lièvre, col de la Portio- lette. — gramineum Vill. — Prairies : Barcelonnette, la Condamine, Saint-Paul. Pimpinella Tragium Vill. — Rochers : Saint-Ours. Bunium Carvi Bieb. — Prairies : la Condamine, Serennes, Maurin. — Bulbocastanum Lin. — Champs : la Condamine, Saint-Paul, Maurin, etc. — petreum Ten. — Rochers : Vallonnet de Meyronnes, vallon du Châtelet. Ptychotis heterophylla Koch. — Coteaux pierreux : Barcelonnette, la Gonda- mine. Chærophyllum Villarsii Koch. — Bois : la Condamine, Parpaillon, Fouillouse. — hirsutum Lin. — Bords des ruisseaux : la Condamine. Myrrhis odorata Scop. — Prairies : Bérard, Lauzanier, Sainte-Anne de la Con- damine. Astrantia major Lin. — Prairies : Parpaillon, Bérard, Lauzanier, etc. — minor Lin. — Prairies : de Barcelonnette au pic Séolane. Eryngium alpinum Lin. — Prairies : Lauzanier. Viscum laxum Boiss. et Reut. — Parasite sur le Pin silvestre : la Condamine, Barcelonnette. Sambucus racemosa Lin. — Coteaux : la Condamine à Saint-Roch. Lonicera nigra Lin. — Bois : Tournoux, la Blachiére, prés Maurin. — alpigena Lin. — Bois : Enchastrayes, les Maures, la Bláchiére, etc. — egrulea Lin. — Broussailles : Lauzanier, Pas de Grégoire. Rubia tinctorum Lin. — Coteaux : Saint-Paul sur Ubaye. Gahum vernum Scop. — Pelouses : Lauzanier, Horonaye, Tournoux, la Sagne. — boreale Lin. — Coteaux : La Condamine, Lauzanier, Soleille-buou, etc. — glaucum Lin. — Prairies, bois : Barcelonnette, la Condamine, Lauzanier. — eminens G. G. — Prairies : Lauzanier, vallon de Fouillouse. — silvaticum Lin. — Bois : la Sylve, Tournoux, les Tardées à la Condamine. — Jævigatum Lin. — Bois : Tournoux. | — corrudæfolium Vill. — Coteaux : la Condamine, Serennes, etc. — myrianthum Jord. — Coteaux : la Condamine, Saint-Paul, Maurin. — luteolum Jord. — Rochers : Lauzanier. — alpicola Jord. — Coteaux : Barcelonnette, la Condamine, Serennes. — brachypodum Jord. — Coteaux : Bachasse, Enchastrayes. — montanum Vill. — Prairies : la Condamine, Serennes, Fouillouse, Larche. SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 165 Galium argenteum Vill. — Coteaux : la Condamine, Serennes. — tenue Vill. — Rochers : la Condamine, Serennes. pusillum Lin. —- Rochers : de Serennes à Maurin, la Blachiére. - helveticum Weigg. — Hautes montagnes : Lauzanier, Vallonnet, Ba- chasse. Asperula longiflora W. et K. — Coteaux : la Condamine, Tournoux, Serennes. — Jordani P. et S. — Rochers : la Rochaille, prés Meyronnes. Valeriana tripteris Lin. — Bois : Fouillouse. — montana Lin. — Rochers : la Condamine, Bousolliéres, Horonaye. — Saliunca All. — Rochers.: Bachasse, Parpaillon, Crouès, Bérard. Knautia dipsacifolia Host. — Prairies : Lauzanier. Scabiosa graminifolia Lin. — Coteaux, rochers : la Condamine, Tournoux, la Rochaille. — glabrescens Jord. — Prairies : Serennes. . — affinis G. G. — Coteaux : la Condamine, Barcelonnette, Lauzanier. — lucida Vill. — Pelouses : la Condamine, Serennes, Tournoux, Maurin. — brigantiaca Jord. — Pelouses : Vallonnet de Meyronnes, Maurin. — breviseta Jord. — Prairies : la Condamine. Adenostyles albifrons Rchb. — Bords des ravins : Lauzanier. — alpina Bl. et F. — Coteaux : la Condamine, sur le sentier du clos de l'Ane. — leucophylla Rchb. — Coteaux : Lauzanier, Bérard. — hybrida DC. — Eboulis : Bérard. in Homogyne alpina Cass. — Pelouses : Vallonnet, Bachasse, Parpaillon, Male- mort. Petasites albus Gærtn. — Bords des torrents : la Condamine. — niveus Baumg. — Bords des torrents : la Condamine, Bérard. Solidago minuta Gand. — Vill. — Coteaux élevés : Bachasse, Parpaillon. Erigeron dræbachensis Mill. — Bords des routes: des Saniéres Saint-Flavy, la Fortune, Serennes. — Villarsii Bell. — Prairies : Bousollières, Tournoux, Saint-Paul, Lauza- nier, Longet. — alpinus Lin. — Pelouses : Lauzanier, Vallonnet, Croués, etc. — uniflorus Lin. — Pelouses : Lauzanier, Vallonnet, Croués, etc. Aster alpinus Lin. — Rochers : la Condamine, la Reissolle, Bachasse, Parpaillon. Bellidiastrum Michelit Cass. — Rochers : la Condamine, Serennes, Parpaillon. Aronicum Doronicum Rchb. — Bois, coteaux : Parpaillon, vallon du Chátelet. — scorpioides DC. — Hautes montagnes : Lauzanier, Plate-Lombarde, Par- paillon, Bérard. Arnica montana Lin. — Prairies : Lauzanier, Bérard, Parpaillon, Longet. Senecio gallicus Chaix. — Bords des chemins : la Condamine, la Reissolle, prés Saint-Paul. — incanus Lin. — Lieux pierreux : Lauzanier, col de Vars, Longet, etc. — saracenicus Lin. — Bois : Mourjouan, Uvernet, la Foux, Enchastrayes. — Doronicum Lin. — Coteaux : la Condamine, Lauzanier, Fouillouse. — Barrelieri Gouan. — Coteaux : Soleille-buou, prés Barcelonnette, vallon prés du Chátelet de Serennes. | Tephroseris aurantiaca Jord. — Prairies exposées au nord : Fouillouse, Lauza- nier, Longet. — lanuginosa Jord. — Prairies exposées au midi: Soleille-buou, vallon près Serennes, 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Artemisia Absinthium Lin. — Goteaüx : vallée de Larche, Mélezen, Maurin. — camphorata Vill. = Coteaux rochers : La Condamine, la Rochaille de Meyrotnes. — . incanescens Jord. — Coteaux : Pas de Grégoire, prés Jausiers. — ambigua Jord. — Rochers : Pas de Grégoire, prés Jausiers. = mutellina Vill; — Rochers : Lauzanier, Vallonnet, Longet; Bérard; etc. — glacialis Lin. = Rochérs : crête de Costé-Loupet, Vallonnet, canal de Malemort. — spicata Wulf. = Rochers : Vallonnet, Croués, Longet, Bérard: — chamæmelifolia Vill. — Cotéaux : Maurin, Bousolliéres, Lárthe. Leucanthemum maximum DC. = Prairies, bois : Tournoux, la Condarnine. — atratum Gaud. — Prairies humides : col de Vars. — montanum DC. — Bois : la Condamine. — coronopifolium G. G. — Rochers: Lauzanier, Horonaye, Parpaillon, Báchasse. alpinurü Lam. — Hautes niontágnes : Bachasse, Parpaillon, Lauzanier. — corymbosum G. G. — Coteaux. Bois : lá Condaminé, Serenñes, Tour- noux. Achillea compacta Lam. — Coteaux : Tournoux, Meyroótines, Larthe, etc. — tanacetifolia All. — Hautes prairies : Lauzanier, au Bás de la cascade, Grange commune, prés Jausiers. — dentifera DC. — Bords dés prairies : Lauzanier, Grange commune. — macrophylla Lin. — Bois : la Sylve, Meyronnes, Grange comiiune au rocher de la Toir. — nana Lin. — Eboulis : Vallonnet, Lauzanier, Bachasse, Lohgét, etc. CC. Buphthalmum grandiflorum Lin. — Broussailles : Serennes, là GCondámiine, Meyronnes. Inula bifrons Lin. — Coteaux : Barcelonnette, la Condamine. — montana Lin. — Coteaux secs : la Condaminé, Barcelonnette. Gnaphalium norvegicum Gunn. — Hautes prairies : lac dé Praróard, col des Mohges. | — supinum Lin. — Hautes prairies : Vallonnet, Parpaillon, Bérard, Lau- zaniér. Antennaria Carpathica Bl. et F. — Pélôuses alpines: Parpaillón; Fouillouse, Bérard, Longet. — dioica Gærtn. — Bois : Tournoux, Bérard, Malemort, Fouillouse, Longet. Leóntopodium alpinum Cass. — Coteaux alpins : Vallonnet, Horonaye, Longet, Fouillouse. Echinops sphærocephalus Lin. — Coteaux : la Condamine. = Ritro Lin. — Coteaux : la Condamine, Toutmoux, Meyronnes. Cirsium monspessulanum All. -— Lieux humides : Bousolliéres, la Cóndamine. — monspessulanum All; var. à fl. blánéhes : — Lieux humides : le Villard, prés la Condamine. bulbosum DC. — Bois ? Tournoux, la Cóndaniine, Barcelonnette. — rivulare Link. — Prairiés humides : Maürin, Lauzánier. — spinosissimum Scop. — Bords des ruisseaux : Laüzanier, Parpaillon, Bérard. — spinosissimo-heterophyllum G. G. — Lieux humides : Lauzàiiier. — hetérophyllo-spinosissimum Nos: — Lieux humides : Lauzaniér. — heterophyllum All. — Lieux humides : de Larché au Láuzániér. SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 167 Carduus nigrescens Vill. — Bords des routes : là Condamine. — carlinzfolius Lam. — Coteaux : Vallonnet, Bérard, vallon du Châtelet. — defloratus Lin. — Coteaux : Lauzanier, la Condamine, Saint-Paul. Rhaponticum heleniifolium G. G. — Coteaux : Enchastrayes. Centaurea alba Lois. — Prairies : Bousollières, Barcelonnette. — uniflora Lin. — Prairies : Parpaillon, Lauzanier, Longet, etc. — nervosa Willd. — Prairies : Malemort, Longet, Lauzanier, Grange com- mune. — montana Lin. — Prairies : Malemort, Longet, Lauzanier, Grange com- mune. — axillaris Wild. — Coteaux : Horonaye, Malemort, vallon de Serennes. — Kotschyana Heuff. — Coteaux : Lauzanier, Horonaye. — maculosa Lam. — Coteaux : Bousolliéres, Faucon. = leucophwea Jord. — Coteaux : Bousolliéres, la Condamine, Tournoux. — paniculata Lin. — Coteaux : Bousolliéres. Crupina vulgaris Cass. — Coteaux : Bousolliéres, Saint-Flavy, Guillemorin. Berardia subacaulis Vill. — Eboulis alpins : Bachasse, Parpaillon, Bérard, Val- lonnet, Praroard. / Saussurea depressa Gr. — Eboulis alpins : Bachasse, Parpaillon, Riou-German, Bérard. Carlina acaulis Lin. — Coteaux : la Condamine. = acanthifolia All. — Coteaux : Rampes du fort de Tournoux, la Blache. Lappa tomentosa Lam. — Bords des routes : la Condamine, Saint-Paul, Larche. ; Xeranthemum inapertüm Willd. — Lieux incultes : Jausiers, Bousolliéres, Lauzet. Catananche cærulea Lin. — Coteaux : Bousolliéres. Hypochæris maculata Lin. — Prairies : Lauzanier, col de là Madeleine, Croués. — uniflora Vill. — Prairies : Lauzanier, Horonaye, Malemort, etc. Leontodon Taraxaci Lois. — Eboulis alpins : Lauzanier, Bérard, Bachasse, etc. — pyrenaicus Gouan. — Prairies :'Lauzanier, Vallonnet, Mirandol, Croués. = crispatus Godr: — Prairies : la Condamine, Châtelard, de Fours au col. — crispus Vill. — Coteaux secs : la Condamine. Picris pyrenaica Lin. — Prairies : de Meyronnes à Larche, Barcelonnette, etc. Scorzonera hispanica L. A. latifolia Koch. — Prairies : au-dessus du Mélezen de Saint-Paul. — hispanica B. glastifolia Wallr. — Prairies : Bousolliéres, la Condamine, Longet, Lauzanier. Podospermum subulatum DC. — Bords des champs : pont de l’Estrech, prés Saint-Paul. — decumbens G. G. — Bords des champs : Bousolliéres, la Condamine. Tragopogon crocifolius Lin. — Coteaux : la Condamine. Prenanthes purpurea Lin. — Bois : la Condamine, Tournoux, la Sylve. Crepis albida Vill, — Coteaux : Serennes, Saint-Ours, les Tardées, Châtelet. — nicmensis Balb. — Champs : la Condamine, Saint-Paul, Barcelonnette, Saint-Flavy. - pulchra Lin. — Champs : la Condamine, Saint-Paul. - pygmæa Lin. — Eboulis alpins : Bachasse, Bérard, Parpaillon, Val- lonnet. - blattarioides Vill. — Prairies : Lauzanier, Horonaye, Bérard, Sainte- Anne. . 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Crepis grandiflora Tausch. — Prairies : Lauzanier, Horonaye, col de la Made- leine. Soyeria montana Monn. — Prairies : Soleille-bœuf, col de la Madeleine, Male- mort. — : paludosa Godr. — Lieux humides : Fouillouse, Horonaye, Lauzanier. Hieracium Pilosella Lin. 8 nigrescens Fr. — Prairies : Croués, col de la Madeleine. Pilosella Lin. A. pilosissimum Fr. — Bords des routes : Saint-Paul. prealtum Vill. — Prairies : la Condamine au Grache et à Sainte-Anne, Malemort. florentinum All. — Graviers : la Condamine, Saint-Paul, Barcelonnette. — glaciale Lach. — Prairies alpines : Bachasse, la Portiolette, Riou- German. . — sabinum Seb. et M., var. à fl. jaunes. — Prairies : Saint-Paul, Lauza- nier, etc. — sabinum Seb. et M., var. à fl. rouges. — Prairies : Cronés, Larche, Lauzanier. — staticæfolium Vill. — Coteaux : Bousollières, la Condamine, etc., CC. — glaucum All. — Coteaux : Vallonnet de Meyronnes. — brigantiacum Jord. — Coteaux : entre Maurin et le lac de Praroard. — subnivale G. G. — Rochers : Vallonnet, la Portiole, Longet. | — jugicolum Jord. et Brl. — Rochers, lieux pierreux : Vallonnet de Mey- ronnes, vallon du Chátelet, hauteurs du lac de Praroard, prés Maurin. — granduliferum Hoppe. — Prairies alpines : Fouillouse, Malemort, col de la Madeleine, Lauzanier, Vallonnet, Bachasse, etc. — piliferum Hoppe. — Pelouses : Lauzanier, Vallonnet de Meyronnes. — villosum Lin. -— Prairies : Horonaye, Lauzanier, etc. t — elongatum Willd. — Prairies : Fouillouse, Longet, Maurin, Parpaillon. — flexuosum DC. — Prairies : Malemort, Longet de Maurin. — elatum G. G. — Prairies : Lauzanier, Malemort. — valdepilosum Vill. — Prairies : Lauzanier, Malemort. — speciosum Hornm. — Prairies : Malemort, col de la Madeleine, Longet. — notatum Jord. et Brl. — Prairies : Parpaillon, Malemort, Bérard, etc. -— mentitum Jord. — Prairies : Lauzanier. — saxatile Vill. — Rochers : Bousolliéres, Fours. — pseudo-Cerinthe Koch. — Coteaux : Parpaillon, la Condamine, Serennes. — amplexicaule Lin. — Rochers : Serennes, Saint-Paul. pulmonarioides Vill. — Rochers : Fouillouse. lanatum Vill. — Coteaux, rochers: Bousolliéres, la Condamine, Se- rennes. — andryaloides Vill. -— Rochers : Bousolliéres. — snochroum Jord. sp. n. — Rochers : Bousolliéres, Coste-Loupet, près la Condamine. — Liottardi Vill. — Coteaux : Horonaye, Soleille-bœuf, prés Bousolliéres. — pulchellum Gren. — Rochers : Vallonnet de Meyronnes, la Condamine. — rupestre All. — Rochers : Serennes, Bousollières. — Jacquini Vill. — Rochers : Serennes, au bas du vallon. — picroides Vill. — Prairies : Lauzanier. — cydonimfolium Vill. — Prairies : Malemort, Lauzanier, Parpaillon, etc. -- prenanthoides Vill. — Prairies, bois : Parpaillon, la Condamine. — prenanthoidiflorum Jord. et Brl. — Bois : la Condamine. SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 169 Phyteuma pauciflorum Lin. — Pelouses alpines : Vallonnet, Lauzanier, Bérard. Charmelii Vill. — Rochers : Saint-Paul à la Reissolle, la Condamine, Bachasse. scorzoneræfolium Vill. — Prairies : Lauzanier, la Madeleine, vallon de Serennes. betonicæfolium Vill. — Prairies : Longet de Maurin. Halleri All. — Prairies boisées : Parpaillon, Serennes, Lauzanier, Grange commune. Campanula barbata Lin. — Prairies : Parpaillon, Lauzanier, vallon de Seren- nes, etc. Allionii Vill. — Coteaux rocailleux : Lauzanier, Bousolliéres, la Conda- mine. spicata Lin. — Coteaux : la Condamine, Horonaye, Fouillouse. urticæfolia Schm. — Buissons : Serennes, Maurin, etc. linifolia Lin. — Prairies : Saint-Paul, la Blachiére, prés Maurin, Soleille- buou. Scheuchzeri Vill. — Prairies : Bousolliéres, Saint-Paul. gracilis Jord. — Coteaux pierreux, rochers : Saint-Paul, la Condamine. cespitosa Scop. — Rochers : la Condainine, Bachasse. pusilla Hoenh. — Rocailles : la Condamine, Bachasse. persicifolia Lin. — Bois : la Condamine, Tournoux. cenisia Lin. — Rochers : cime du vallon de Bérard. Vaccinium uliginosum Lin. — Lieux humides : Lauzanier, Parpaillon. Vitis-idæa Lin. — Bois : Tournoux. Arctostaphylos officinalis Wimm. — Bois : Tournoux, Horonaye. Loiseleuria procumbens Desv. — Coteaux élevés : Tournoux. Rhododendron ferrugineum Lin. — Bois : Tournoux, Lauzanier, Fouillouse. Pyrola rotundifolia Lin. — Coteaux élevés : la Condamine, Fouillouse, Lau- zanier. secunda Lin. — Bois : la Condamine, Tournoux, Fouillouse. uniflora Lin. — Bois : la Condamine, Tournoux. chlorantha Sw. — Bois : la Condamine. Pinguicula grandiflora Lam. — Lieux humides : Serennes. leptoceras Rchb. — Lieux humides : la Condamine à Sainte-Anne. alpina Lin. — Lieux humides : Fouillouse, Lauzanier. Primula intricata G. G. — Prairies : Lauzanier, Horonaye, Fouillouse, Croués. farinosa Lin. — Prairies humides : la Condamine, Serennes, Lauzanier. marginata Curt. — Rochers : la Condamine, Saint-Paul, Maurin. Gregoria Vitaliana Duby. — Coteaux : Montagnes de la Condamine. Androsace pubescens DC. — Rochers : extrémité du vallon Bérard. — lactea Lin. — Rochers : Longet de Maurin. carnea Lin. — Prairies : la Condamine, Maurin, Lauzauier. obtusifolia All. — Prairies : Longet, Parpaillon, Bérard, Fouillouse. maxima Lin. — Champs : la Condamine, Larche, etc. Soldanella alpina Lin. — Prairies : Parpaillon, Lauzanier, Maurin. Gentiana lutea Lin. — Prairies : la Condamine à Sainte-Anne, Mélezen. MEM luteo-punctata G. G. — Prairies : Lauzanier, Malemort, Enchastrayes. Burseri Lap. — Prairies, bois : Parpaillon, Lauzanier, Fouillouse. cruciata Lin. — Coteaux : la Condamine, Maurin, etc. asclepiadea Lin. — Lieux humides : Lauzanier, Horonaye. acaulis Vill. — Prairies : Croués, Lauzanier, Parpaillon, etc. 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gentiana bavarica Lin. = Lieux humides : Vallonnet de Meyronnes, Lauzatier. — verna Lin. — Prairies : Partout il existe diverses formes : elongata, an- gulosa, pumila. — brachyphylla Vill. — Hautes pelouses : Lauzanier, Bachasse, Longet. — campestris Lin. — Prairies : la Condamine, Mirandol, Loriget, Lau- zanier. | =" teneélla Rottb. — Lieux tourbeux : Mirandol, Vallonnet, Longet, Fouil- louse. — > nivalis Lin. — Prairies : Mirandol, Longet, vallon de Serennes, Fouil- louse. — cGiliata Lin. — Bords des bois : Barcelonnette, la Condamine. Swertia perennis Lin. — Lieux tourbeux : Lauzanier, Fouillouse; Parpaillon. Cerinthe minor Lin. — Cotéaux : la Condamine; Saint-Paul, Lauzanier, Bou- solliéres. : | = alpina Kit. — Prairies : Longet de Maürin (Je Pai trouvé le 6 juillet 1875). Borrago officinalis Lin. — Jardins, champs : la Condamine, etc. Anchusa arvensis Bieb. — Chainps : la Condamine, Saint-Paul, Serennes. Onosma echioides Lin. Coteaux : la Coridatnine, Mélezen, Serennes; Maurin. Lithospermum permitturi Jord: — Champs : lä Gondamine, Mauriti; Larche. Myosotis alpestris Séhinidt. — Pelouses, bois : là Coïdamine, Lauzanier, Male- mort. Cynoglossum Dioscoridis Vill; — Bords des champs : Tournoux, la Condamine, Meyronnes. | | | Asperugo procumbens Lin. — Vieux murs : la Condämine, Glaisolles, Sérennes. Atropa Belladoria Lit. — Bois : Barcelonnette. Scrofularia canina Lin. — Ravitis : la Condamine, Sérennes. — ' Hoppii Koch. — Coteaux : Meyronnes, Lauzanief; ete. Antirrhinum latifoliüm DC. — Coteaux : la Coridámine. Linaria italica Trev. — Bords des champs : Saint-Paul. — simplex DË: = Chatñps : fa Condarnine, Pas de Grégoire. — alpina DC. — Hautés mmiohtagnes : Crgués, Parpaillon; Pas-de-la-Louve à Saint-Paul, etc. Veronica latifolia Lin. + Bois taillis : Barcelonnette à Gaudissard. — ürtieæfolia Liù. — Lieux frais, bois : la Condamine, Tournoux, Se- rennes. a- aphylla Lit. — Pelouses : Parpaillon, Bérard, Vallonnet, Lauzanier. — Allionii Vill. — Pelouses : Lauzanier, Vallonnet, Riou-German, Bérard. — fruticulosa DC. — Rochets : Lauzanier, Bachasse, Malemort. - saxatilis Jacq. — Rochers : Laufanier, Longet de Maurin, Malemort. — bellidioides Lin. — Hautes triontagnes : Vallonnet, Lauzanier, ete. -> alpina Lin. — Hautes montagnes : Vallonnet, Lauzanier, Parpaillon, Fouillouse. — serpyllifolia Lin. — Prairiés : la Condamine, Saint-Paul, etc. — tenella All. -= Prairies humidés : vallon de Parpaillon, autour de la cabane. Digitalis grandiflora All. — Coteaux : Grange commune, prés Jausiers. Euphrasia pratensis Rehb. — Prairies : La Gondamine. — minima Schl. = Prairies : Lauzanier, la Madeleine, Fouillouse. — alpina Lam. — Práiries : Lauzanier, Parpaillon, Longet, etc. — salisburgensis Funk. — Prairies : Parpaillon, Bachasse, la Cotidamine. Bartsia alpina Lin. — Prairies : Lauzanier, Parpailloti, Malemort, Foüillouse. : sfANGE bu 18 AvhiL 1879. 471 Pedicularis vettieillata Lin. — Prairies humides : la Condamine, Sérenñes, Malemort, Longet, Horo naye, la Blachiére, etc. — foliosa Lin. — Prairies : Sainté-Atine de la Condatmine, Malemort, Lau- Zanier. — rosea Wulf. — Rocliérs : Crotés, prés de la Condamine. — comiosa Lin. — Prairies : Serennes. — incarnata Jacq. — Prairies : Lauzaniéf, Horonaye, Longet, Bérard. — gyroflexa Vill. — Prairies : Malemort, Parpaillon, etc. — fasciculata Bell. — Prairies : Malemort, Parpaillon, Tournoux, etc. — rostrata Lin. — Prairies : Lauzanier, Vallonnet, Longét, etc. — tuberosa Lin. — Coteaux : Totirhoux. Melampyrum nemorosum Lin. — Bois : Tournoux. — silvaticum Lin. — Lieux boisés : Pas de Grégoire, Seretities, la Blachiére. Phelipæa cærtlea C. A. M. — Vallon du Bourget, prés Barcelonnette. Orobanche Teucrii Hol. et Scli. — Sur le Teucríum lucidum : la Condamine. Lavandula Spica Lin. — Coteaux : la Condamine. — delphirensis Jord. — Coteaux : de Jausiers å Saint-Flaty. Mentha silvestris Lin. — Bords des canaux : la Condamine, Saint-Paul, etc. = viridis Lit. — Lieux hümides : la Condamine. Hyssopus decumbens Jord. — Cotéaux : Bousolliéres. Satureia montana Lin. — Cotedux : la Condamine, Serennes, etc. Calamintha grandiflora Mœnch. — Bois : la Condamine, Bérard. — nepetóides Jord: — Coteaux pierréüx : là Condamine, Seretities. — alpina Lam. — Coteaux : la Condamine, Serennes, la Blachiére. Salvia Æthiopis Lin. — Coteaux : Jausiets. Nepeta lanceolata Lam. — Bords des routes: là Condátnine, Saint-Paul, Larthe. Dracocephalum Ruyschiana Lin. — Prairies : Faucon à Soleillé-buou, là Made- leine. Lamium longiflorum Ten. — Coteaux : Sérennes, Fouillouse. Galeopsis monticola Jord. — Champs : Meyronnes. — intermedia Vill. — Champs : la Condamine. — Betonica hirsuta Lin. — Prairies £ Lauzaniér, Parpaillon, etc. Scutellaria alpina Lin. — Coteaux : la Condamine, Lauzanier. Ajuga pyramidalis Lin. — Prairies, bois : Parpaillon, Lauzanier, Fouilloüse. Teucrium lucidum Lin. — Coteaux : la Condamine, Meyronnes, la Reissolle. Plantago serpéntina Vill. — Coteaux : Jausiers, la Condamine, le Lauzánier. — alpina Lin. — Pelouses : Parpaillon, Lauzanier, etc. — fuscescens Jord. — Prairies : Lauzanier, Horonaye, Malemort. — Cynops Lin. — Coteaux : la Condamine. Armeria alpina Will. — Hautes prairies : Lauzanier, Vallonnet, Párpaillon. Globularia cordifolia Lit. — Rochers : la Condamine, Serennes. Oxyria digyna Campd. — Rochers élevés : Parpaillon, Vallonnet, Lauzanier. Rumex alpinus Lin. — Lieux humides : Lauzanier, la Madeleine, Parpaillon. — scutatus Lin. — Murs : la Condamine, Saint-Paul, etè. + arifolius All. — Prairies : Lauzañiér, col de la Madeleine. Polygonum Bistorta Lin. — Prairies : la Condamine, Saint-Paul, ete. — viviparum Lin. — Prairies alpines : Serennes, Parpaillon, Lauzanier. Daphne Mezereum Lin. — Bois, coteaux : la Condamine à Sainte-Anne, Par- paillon. | Daphne alpina Lin. = Coteaux : la Condamine, Sérennes, éte. — Cneorum Lir. « Bois ‘ Bousollières, Touürnoux, etc. 179 ` SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Thesium alpinum Lin. — Coteaux : Lauzanier, col de la Madeleine, etc. — tenuifolium Sauter. -— Coteaux : Bousolliéres, la Condamine, Tournoux. — divaricatum Jan. — Coteaux : Serennes, la Condamine, Bousolliéres. — pratense Ehrh. — Prairies : la Condamine. — intermedium Schrad. — Coteaux : Fouillouse. Hippophae rhamnoides Lin. — Bords des torrents : la Condamine, etc. Empetrum nigrum Lin. — Lieux pierreux et humides : Tournoux. Euphorbia pilosa Lin. — Prairies : Enchastrayes, prés Barcelonnette. — flavicoma DC. — Coteaux : de Larche au rocher Corette. -- taurinensis All. — Coteaux boisés : la Condamine. Salix pentandra Lin. — Bords des ruisseaux : Larche, Lauzanier, etc. — undulata Ehrh. — Bords des eaux : la Condamine. — incana Schr. — Bords des eaux : la Condamine. — daphnoides Vill. — Bords des chemins : la Condamine, Larche, Maurin. — Smithiana Willd. — Coteaux : la Condamine. — hastata Lin. — Bords des ruisseaux : Lauzanier, Fouillouse, etc. — nigricans Smith. — Bords des ruisseaux : Malemort, la Blachiére, Par- paillon. — cæsia Lin. — Bords des ruisseaux : lauzanier, Malemort, la Blachiére. — glauca Lin. — Bords des ruisseaux : Fouillouse, vers Plate-Lombarde. — arbuscula Lin. — Bords des ruisseaux : Lauzanier, Parpaillon. — myrsinites Lin. — Bords des ruisseaux : vallon de Fouillouse. — reticulata Lin. — Lieux humides : Vallonnet, Fouillouse, Parpaillon. — retusa Lin. — Lieux humides : Vallonnet, Fouillouse, Parpaillon. — herbacea Lin. — Lieux humides : Vallonnet, Fouillouse, Parpaillon. Pinus silvestris Lin. — Bois : la Condamine, Serennes. — uncinata Ram. — Bois : la Condamine, Serennes. — Cembra Lin. — Sommet des bois : la Condamine. — Picea Lin. — Bois : la Condamine, Tournoux. — Abies Lin. — Bois : la Condamine, Tournoux. — Larix Lin. — Bois : la Condamine, Tournoux. Juniperus alpina Chis. Coteaux : col de Vars. — Sabina Lin. — Coteaux : la Condamine, Saint-Paul, Serennes. Bulbocodium vernum Lin. — Prairies alpines : Malemort, Horonaye, Croués. Colchicum alpinum DC. — Prairies : Bachasse, près de la Condamine. Veratrum album Lin. — Prairies : Lauzanier, Horonaye, Parpaillon, Seren- nes, etc. Tofieldia calyculata Wahlb. — Lieux humides : Malemort, Parpaillon, Bousol- liéres. Tulipa silvestris Lin. — Prairies, champs : Faucon, Bousolliéres. — alpestris Jord. — Prairies: Lauzanier, Longet, Malemort, la Condamine. Fritillaria delphinensis Gr., var. à fl. jaunes. — Prairies : Lauzanier, Certa- mussat. — — var. à fl. rouges. — Prairies : Malemort, prés Larche. Lilium Martagon Lin. — Prairies, bois: Lauzanier, Horonaye, Parpaillon, la Condamine. ' — croceum Chaix. — Coteaux secs : la Condamine, Serennes. Lloydia serotina Rchb. — Rochers : Longet de Maurin. Ornithogalum tenuifolium Guss. — Prairies : Malemort, Soleille-buou, etc. Gagea Liottardi Schult. — Prairies, bois : Parpaillon, Malemort, Horonaye. — arvensis Schult. — Champs : la Condamine, Serennes, Certamussat. SÉANCE DU 18 AvRIL 1879. 173 Allium Scorodoprasum Lin. — Champs : la Condamine, de Jausiers à Saint- Flavy. vineale Lin. — Coteaux : la Condamine. Ampeloprasum Lin. — Champs : la Condamine.’ rotundum Lin. — Coteaux : col de la Madeleine. Schœænoprasum Lin. — Prairies humides : la Condamine, Lauzanier. foliosum Clar. — Prairies humides : col de la Madeleine, Bachasse. carinatum Lin. — Prairies : col de la Madeleine, Maurin, la Condamine. paniculatum Lin. — Buissons : la Condamine, de Meyronnes à Larche. narcissiflorum Vill. — Rochers, éboulis : Vallonnet, rochers de Saint- Ours. Muscari botryoides DC. — Prairies : Parpaillon, Horonaye, col de la Madeleine, Saint-Paul. Paradisia Liliastrum Bertol. — Prairies : Parpaillon, Serennes, Lauzanier. Asphodelus subalpinus Gren. — Prairies : Horonaye, Lauzanier, Soleille-buou. Polygonatum verticillatum All. — Bois: Lauzanier, la Blachiére de Maurin. Maianthemum bifolium DC. — Bois : Tournoux. Crocus vernus All. — Prairies : la Condamine, Serennes, Lauzanier, Horonaye. Narcissus poeticus Lin. — Prairies : la Condamine, Lauzanier, Serennes. Cypripedium Calceolus Lin. — Prairies, bois : de Serennes à Fouillouse, Tour- noux. Goodyera repens R. Br. — Bois : Tournoux. Cephalanthera rubra Rich. — Coteaux boisés : la Condamine dans la Blache. Listera ovata R. Br. — Bois : Pas de Grégoire, Bousolliéres, Serennes. Orchis globosa Lin. — Prairies : Lauzanier, Malemort, Longet, Parpaillon. — sambucina Lin. — Prairies : Lauzanier, Horonaye, Parpaillon, etc. — incarnata Wild. — Prairies : Lauzanier, Horonaye, Parpaillon, etc. — viridis Crantz. — Prairies, bois : Parpaillon, la Madeleine, etc. — albida Scop. — Prairies, bois : Parpaillon. Herminium clandestinum G. G. — Prairies humides : au-dessus de Bousol- liéres. Nigritella angustifolia Rich. — Prairies : Lauzanier, Malemort, Longet, So- leille-buou. Potamogeton marinus Lin. — Étangs : lac de la Madeleine. — rufescens Schr. — Étangs : lac de la Madeleine. Typha minima Hoppe. — Lieux humides : entre Ja Condamine et Jausiers. Juncus filiformis Lin. — Prairies : Lauzanier. — Jacquini Lin. — Prairies : Longet de Maurin. — triglumis Lin. — Prairies humides : Lauzanier, Longet, Vallonnet. —- tritidus Lin. — Rochers : la Reissolle, Lauzanier, Longet. — alpinus Vill. — Lieux humides : la Condamine, Saint-Paul, Parpaillon. Luzula flavescens Gaud. — Prairies boisées : Lauzanier, Serennes, Croués. — maxima DC. — Bois : la Condamine, Parpaillon, Croués. — spadicea DC. — Rochers : Bérard. ' — nivea DC. — Bois : la Condamine. — lutea DC. — Pelouses : Lauzanier, Longet, Fouillouse à Plate-'[ombarde. — spicata DC. — Prairies : Lauzanier, Riou-German, Maurin, Vallonnet. — pediformis DC. — Prairies: Lauzanier, Malemort, etc. Schœnus ferrugineus Lin. — Lieux tourbeux : Lauzanier. Schœnus nigricans Lin. — Lieux humides : Bousolliéres, prés Barcelonnette. Eriophorum alpinum Lin. — Lieux tourbeux : col de Vars. LEE EL IL 101] 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Eriophorum Scheuchzeri Hoppe.— Lieux tourbeux : Vallonnet, Horonaye, Longet. — vaginatum Lin. — Lieux tourbeux : Lauzanier. — angustifolium Roth. — Lieux tourbeux : la Condamine, Serennes, Lau- zanier. — gracile Koch. — Lieux tourbeux : la Condamine, Serennes, Lauganier. Scirpus compressus Pers. — Lieux humides : la Condamine, Parpaillon, Enchas- trayes. — pauciflorus Ligthf. — Lieux humides : Vallonnet, au-dessus de Mey- ronnes. — cespitosus Lin. — Lieux tourbeux : Lauzanier, Parpaillon, Longet. Eleocharis multicaulis Dietr. — Mares : Barcelonnette. — uniglumis Koch. — Lieux humides : Barcelonnette, la Rochaille. Elyna spicata Schrad. — Pelouses : Fouillouse, Vallonnet, Parpaillon, Bachasse. Carex dioica Lin. — Lieux humides : la Condamine. — Davalliana Sm. — Lieux humides : la Condamine, le Lauzanier, etc. — rupestris All. — Rochers : la Portiole, Vallonnet, etc. — fœtida Vill. — Pelouses sèches : Vallonnet, Lauganier, etc. — pauciflora Ligthf. — Lieux humides : Longet de Maurin. — echinata Murr. — Lieux humides : Lauzanier au-dessus du lac. — curvula All. — Rochers : Vallonnet de Meyronnes. — bicolor All. — Lieux tourbeux : Vallonnet de Meyronnes. — Goodnowii Gay. — Lieux humides : la Condamine, Vallonnet, Lauzanier. — stricta Good. — Lieux humides : Lauzanier, Vallonnet, Mirandol. — capillaris Lin. — Lieux humides : Parpaillon, Lauzanier, Serennes, So- leille-buou. — panicea Lin. — Lieux humides : la Condamine, Malemort, Bousolliéres. — nigra All. — Prairies : Longet, Vallonnet, etc. — atrata Lin. — Prairies : Mirandol, Lauzanier. — polyrhiza Will. — Prairies sèches : chalets de Sainte-Anne, Croués, etc — tomentesa Lin. -— Lieux humides : la Condamine, Serennes, Larche. — montana Lin. — Prairies : la Condamine, Glaisolles, Bousolliéres. — Halleriana Asso, — Rochers : la Condamine, Tournoux, Serennes. — ornithopoda Will. — Lieux boisés : la Condamine, Pas de Grégoire. — mucronata All. — Rochers : Sergnnes au rocher du Pin. — frigida All. — Lieux humides : Lenget, Lauzanier. — sempervirens Vill, — Lieux humides : Lauzanier, Croués. — ferrugina Scop. — Lieux humides : la Condamine, aux Tardées. — firma Host. — Lieux humides : Sainte-Anne, Lauzanier, Malemort, Croués. — tenuis Host. — Rochers : Parpaillon, Lauzanier. Hierochloa borealis R. et Seh. — Broussailles : Barcelonnette au Plan, Pas de Grégoire, prés Jausiers, Larche. Phleum alpinum Lin. — Prairies : Lauzanier, Parpaillon, Croués. — præcox Jord. — Coteaux : la Condamine. | — Michelii All. — Prairies : Lauzanier, Bérard, Bachasse, Croués. Alopecurus Gerardi Vill. — Pelouses alpines : Lauzanier, col de la Madeleine, roues. Calamagrostis littorea DO. — Broussailles : entre la Condamine et Jausiers. Agrostis alpina Scop. — Prairies : Parpaillon, Vallonnet, etc l Agrostis rupestris All. — Rochers : Lauzanier. . Stipa capillata Lin. — Rochers : la Cendamine. SÉANCE DU 18 AVRIL 1879. 479 Stipa pennata Lin. — Rochers : la Condamine, Bousollières, col de la Made- leine. Lasiagrostis Calamagrostis Link. — Coteaux : la Condamine, Serennes, Mey- ronnes. Deschampsia cespitosa P. B., var. alpina Gaud. — Prairies : Lauzanier. Avena setacea Vill. — Rochers : entre Serennes et Maurin. — montana Vill. — Rochers : Meyronnes, Saint-Paul, Bachasse, Lauzanier. — Hostii Boiss. — Rochers, coteaux : Horonaye, Serennes au rocher du Pin. — Scheuchzeri All. — Prairies : Horonaye. — pubescens Lin. -- Prairies : Barcelonnette, Serennes. — sesquitertia Lin. — Prairies : Lauzanier, Horonaye, Croués, etc. Trisetum flavescens P. B. — Graviers, prairies : Ja Condamine, Lauzanier. — distichophyllum P. B. — Coteaux : la Condamine, Serennes, Bérard. Keleria cristata Pers. — Coteaux : la Condamine, Gleisolles, Meyronnes. — Setacea Pers. — Pelouses : la Condamine. Glyceria plicata Fries. — Bords des eaux : Serennes. — loliacea Godr. — Bois : Enchastrayes. Poa minor Gaud. — Hautes montagnes : Valonnet, Lauzanier, Malemort, etc. — laxa Hænke. — Bords des ruisseaux : au-dessus du Mélezen de Saint- Paul. — glauca DC. — Coteaux : Faucon à Soleille-buou. — alpina Lin. — Prairies, coteaux : La Condamine, Vallonnet, Lauzanier. — distichophylla Gaud. — Coteaux : au dessus de Jausiers, Malemort. Melica nebrodensis Parl. — Coteaux : La Condamine, Serennes. — mutans Lin. — Broussailles : la Condamine, Tournoux, Serennes. Festuca curvula Gaud. — Coteaux secs : La Condamine. — violacea Gaud, — Coteaux pierreux : Lauzanier, Vallonnet, Bachasse. — heterophylla Lam. — Bois : Enchastrayes, Lauzanier. — pumila Chaix. — Rochers : Bérard. — varia linke, — Rochers : créte de Costo-Loupet, Serennes à Champ- rond. — flavescens Bell. — Hautes prairies : Mirandol. -— Scheuchzeri Gaud. — Prairies : Lauzanier. — spadicea Lin. — Prairies sèches : Croués, Malemort, ete. Triticum ovatum G. G. — Bords des routes : Barcelonnette. Botrychium Lunaria Sw. — Pàturages, bois : Lauzanier, Bachasse, Riou- German. Polypodium dryopteris Lin. — Rochers : au-dessus des Saniéres, prés Jausiers. Woodsia hyperborea R. Br. — Rochers : Lauzanier, près du lac. Aspidium Lonchitis S. — Rochers : Lauzanier, Parpaillon, ete. Cystopteris fragilis Dernh. — Rochers, murs : la Condamine, Saint-Ours. Asplenium Halleri DC. — Rochers, murs : la Condamine, le Châtelard. — viride Huds. — Rochers, murs : Parpaillon, Lauzanier. — septentrionale Sw. — Rochers, murs : Lauzanier. Lycopodium Selago Lin. — Rochers : Fond du Lauzanier, | Selaginella spinulosa A. Br. — Pâturages humides: Parpaillon, Yallonuet, Enchastrayes, Bérard, Lauzanier, etc, 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 9 MAI 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Bonnet, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la derniére séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. MALBRANCHE, pharmacien de l'hópital général, vice-prési- dent de la Société des sciences, 26, rue de Joyeuse, à Rouen, présenté par MM. E. Fournier et Éd. Bureau. ScniNDLER (Henri-Emmanuel), substitut du procureur de la République, à Villefranche de Rouergue (Aveyron), pré- senté par MM. Bras et Malinvaud. M. de Saint-Martin, ayant rempli les conditions prescrites par les Statuts, est proclamé membre à vie. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Il fait part ensuite à la Société de la perte douloureuse qu'elle a éprouvée récemment dans la personne de M. le D' Gubler, décédé au Val Margue, prés de Toulon. M. le Président rappelle que le D' Gubler était membre de la Société depuis l'année de sa fonda- tion, qu'il avait pendant plusieurs années fait partie du Conseil d'administration, et qu'il avait été appelé plusieurs fóis à la vice- présidence. Dons faits à la Société : Abeille, Fibromes interstitiels de l'utérus. L'abbé Boulay, Révision de la Flore des départements du nord de la France, ?° fascicule. Cauvet, Cours élémentaire de botanique. A. Cazes, Flore du Pic du Midi de Bigorre. D. Clos, La théorie des soudures en botanique. C. Roumeguére, Revue mycologique, n° 2 (avril 1879). A. Famintzin, Embryologische Studien. M. Duchartre, au nom de l'auteur, fait hommage à la Société de la thése de M. Gérard, Sur le diagramme de la [leur des Orchidees, et donne en méme temps une analyse rapide de cet ouvrage. SÉANCE DU 9 Mar 1879. 177 M. Eug. Fournier, ayant demandé la parole, s'exprime en ces termes : J'ai demandé la parole pour porter àla connaissance de la Société une nouvelle qui est une bonne nouvelle. On se rappelle que pendant le der- nier Congrés international de botanique et d'horticulture, à la réunion qui a eu lieu chez M. Cosson, il fut rédigé, grâce à l'initiative prise par M. Prillieux, alors premier vice-puésident de la Société, et par M. Bureau, notre secrétaire général, une pétition adressée à S. M. l'Empereur du Brésil, pour obtenir du gouvernement brésilien de continuer la publica- tion du Flora brasiltensis. Cette pétition, signée par tous les botanistes présents, a dû être prise en sérieuse considération par S. M. Dom Pedro, dont le nom figure en téte de la liste de nos membres, car je viens de recevoir une lettre de M. Warming, de Copenhague, lettre datée du 4 mai dernier, où je lis que le gouvernement brésilien va continuer la publica- tion du Flora brasiliensis. M. Warming tient cette nouvelle de notre con- frére M. Glaziou, directeur des jardins impériaux de Rio-de-Janeiro. Tout porte donc à la regarder comme certaine, et tout nous invite en méme temps à féliciter notre Président et notre Secrétaire général de l'heureuse initiative qu'ils ont prise en cette circonstance. M. Bonnier fait la communication suivante : SUR LA STRUCTURE DE QUELQUES APPENDICES DES ORGANES FLORAUX, par M. Gaston BONNIER. Les divers organes floraux, que l'on considére comme étant des organes foliaires, présentent trés souvent des appendices dont la valeur morpho- logique peut étre trés différente. L'appendice peut étre vasculaire (écailles des Ranunculus) ou ne former qu'une simple émergence cellulaire (disque des Résédacées); ce peut être un dédoublement interne (ligule des Silénées), latéral ou externe ; c'est quelquefois un recourbement vers l'extérieur (éperon) ou vers l'intérieur (écaille des Borraginées), etc. Je citerai quelques types de structure parmi les appendices des éta- mines ou des carpelles qui ont été le moins étudiés. Appendice staminal constitué par un recourbement du filet. — Chez les Corydalis, on pourrait croire, au premier abord, que la partie allongée qui se détache du filet staminal et pénétre dans l'éperon du pétale est une ramification du filet; mais il n'en est pas ainsi. T. XXVI. (SÉANCES) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le faisceau staminal s'incurve en entier dans cette partie, se recourbe à l'extrémité et revient sur lui-même, au-dessous des anthères ; de façon qu'en coupe transversale, cette région de l'étamine logée dans l'éperon du pétale présente deux faisceaux dont les bois se regardent. C'est donc, pour ainsi dire, un éperon du filet. L'extrémité de cet éperon présente en coupe transversale le faisceau arrivant de l'axe entouré par des vaisseaux en forme de fer à cheval; c'est-à-dire qu'en se recourbant le faisceau se dilate à l'extrémité et s'épanouit en une surface contournée qui entoure la partie inférieure de son trajet; puis il se condense de nouveau et continue sa course récur- rente jusque vers le connectif. , Les appendices staminaux des Asclepias offrent une structure voisine de la précédente. La partie externe du cornet qu’on observe au-dessus des étamines, dans ce genre, présente des faisceaux dont les bois se regardent sur la coupe transversale ; c'est un recourbement du filet où les vaisseaux sont atténués dans la partie supérieure; quant à la partie anté- rieure de ces cornets, elle n'est pas vasculaire. Appendice staminal constitué par une dépendance du con- nectif. — L'appendice des étamines qu'on rencontre chez les diverses espèces du genre Viola diffère complètement par sa structure de celui des Corydalis. Dans le Viola odorata, par exemple, une coupe longitudinale montre que les faisceaux vasculaires qui pénètrent dans cet appendice ne sont pas formés par un recourbement du faisceau staminal à l'intérieur, mais sont des dépendances vasculaires du connectif. Le large faisceau staminal con tinue sa marche sans se détourner vers l’appendice. On a ici en réalité une dépendance de l'étamine (un lobe de la feuille staminale, si l'on veut), et non un éperon. Une coupe transversale montre que les faisceaux vasculaires, distribués plus ou moins régulièrement, présentent leur bois entouré presque éga- lement de tous les côtés par le liber. Appendice carpellaire constitué par un recourbement de la base du earpelle. — Chez certains genres de Scrofularinées, on trouve dans l'appendice du carpelle antérieur une structure pour ainsi dire intermé- diaire entre une simple dépendance vasculaire et un éperon du carpelle; c'est-à-dire qu'une partie des vaisseaux se contourne dans le tissu et revient sur elle-même, tandis que l'autre continue son chemin direc- tement. On voit nettement cette disposition à la base de l'appendice carpellaire du Rhinanthus minor ou du Scrofularia aquatica. Dans un vrai éperoti, SÉANCE DU 9 Mar 1879. 179 les vaisseaux internes manqueraient; dans une simple dépendance du carpelle, ce sont les vaisseaux supérieurs qui feraient défaut. Appendice carpellaire constitué par une dépendance formant un lobe spécial de la feuille carpellaire. — On peut citer l'écaille qui se trouve en avant de l'ovaire, chez le Lathrea Squamaria, comme formant une dépendance ou ramification spéciale du carpelle. C'est une sorte de lame trés développée transversalement, munie de nombreux fais- ceaux vasculaires (40 à 50), trés différenciés; ils se rejoignent à ceux du carpelle antérieur. Leur bois et leur liber sont orientés comme ceux du carpelle. Les quelques exemples que je viens de citer suffisent, je pense, pour monirer que l'étude interne de la structuredes appendices chez les organes floraux révéle des différences profondes que l'aspect extérieur ne fail souvent pas prévoir: cette étude est donc indispensable si l'on se propose de déterminer la valeur morphologique de ces appendices ; elle peut en outre présenter un intérét particulier lorsque les appendices des organes floraux ont un róle physiologique à remplir. M. Malinvaud, au nom de M. Cornu indisposé, donne lecture de la lettre suivante : Précigné (Sarthe), 4 mai 1879. Monsieur, Depuis plusieurs années je récoltais à Précigné une Morille à long pédicelle fistuleux, mais sans y faire grande attention. Cette année, étonné de la grande abondance de cette Morille, j'ai voulu me rendre compte de ma découverte, et j'en ai adressé plusieurs exemplaires à M. Paul Alexandre d'Alengon. Le surlendemain, je savais le nom de cette Morille, qui est le Morchella rimosipes DC. J'ajouterai que cette espéce est excessivement abondante ici dans le parc du château de Bois-Dauphin. Elle croit au milieu des bosquets, dans les endroits un peu frais. Il n'est pas rare d'en rencontrer vingt, trente et méme plus dans un espace de quelques mètres carrés. Elle est d'ailleurs bien connue des chasseurs de Morilles, qui lui donnent le nom de moine, probablement à cause de la ressemblance de son chapeau avec la toupie qui dans le pays porte ce nom. Cependant je crois qu'ils donnent indiffé- remment ce nom à toutes les espéces ou variétés dont Je chapeau a la forme conique plus ou moins allongée. Aussi, avant de restreindre au Morchella 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rimosipes ce nom vulgaire, il me faudra faire d'autres observations. Je sais en outre qu'on mange sans difficulté quelques espéces à chapeau conique, tandis que l'on rejette cette forme élevée à cause de sa mauvaise odeur. Si le Morchella rimosipes est assez rare pour que cette localité soit intéressante à enregistrer, je vous prie, Monsieur, de la communiquer à Messieurs les membres de la Société. Agréez, etc. L. CHEVALLIER. M. de Seynes fait la communication suivante : SUR LE GENRE PHYMATOSPHÆRA Passer., par M. J. de SEYNES. Il y a un an, j'ai présenté à la Société une observation concernant un Champignon auquel j'ai donné le nom d'Eurytheca en le rapportant aux Sphériacés. Pendant l'impression de la note qui a trait à ce nouveau genre, j'ai eu connaissance d'un travail de M. Passerini, publié dans le Nuovo giornale botanico italiano, juillet 1872, sur des Champignons recueillis en Abyssinie par M. Beccari. Parmi ceux qui sont décrits dans ce travail figure, sous le nom de Phymaltosphera, un genre de Sphériacés qui reproduit plusieurs caractères du genre Eurytheca, et au sujet duquel l'auteur est conduit aux mémes réflexions que moi sur les affinités de cette plante avec les Dothidea et avec les Tubéracés. Je m'empresserais de renoncer à la paternité d'un genre, et je serais heureux de rattacher mon Eurytheca au Phymatosphæra de M. Passerini, si ce dernier genre ne me paraissait devoir donner lieu à quelques réserves que je demande à la Société la permission de lui soumettre. Le stroma des Phymatosphæra est décrit et figuré par le savant ita- lien comme présentant des tubercules arrondis à sa surface. Les spores, 9-1-septées, sont figurées (t. v, fig. 11, d) avec des cloisons transversales et longitudinales, d’où provient sans doute l'aspect müriforme indiqué dans la diagnose; leur longueur est de 10 à 15 micromillimètres. J'ai décrit le stroma de l'Eurytheca comme « un petit corps noir, solide, peu proéminent, étroit, allongé, avec surface rugueuse »; j'a- joute que l'aspect rugueux de la surface n'était apparent qu'à un trés fort grossissement, comme peut l'étre celle d'un Thysteriwm, mais qu'il n'y avait aucune trace de tubercules. Les spores, qui ont 25 à 30 micromilli- métres de long, ne m'ont jamais offert que des cloisons transversales. Les autres caractères sont identiques. À première vue, ces différences sont d'un ordre secondaire et ne comporteraient qu'une distinction spécifique SÉANCE DU 9 mar 1879. 181 entre les deux formes, celle de M. Passerini et la mienne; mais, sil'on y regarde d'un peu plus prés, on remarquera que les caractéres attribués au genre Phymatosphera sont exactement ceux des Myriangium. La disposition tuberculeuse du stroma est la méme que celle décrite par les auteurs qui ont donné les caractéres de ce Lichen. Les tubercules en question sont des apothécies, dont Montagne dit dans le Sylloge : « Apo- thecia imperfecta tuberculiformia. » M. Berkeley a fait la méme obser- vation : « Apothecia tuberculiformia, primo clausa, tandem aperta » (Australian Fungi). M. Nylander décrit ainsi le thalle : « Thallus niger, opacus, parvus, tuberculato-glomeratus »; la figure qu’il en donne (Syn. Lich. tab. 1v, fig. 1) est exactement semblable à celle que reproduit : M. Passerini (loc. cit. tab. v, fig. 11, a). Les spores des Myriangium sont indiquées comme murali-divisæ, c'est-à-dire présentant à la fois des cloisons transversales et des cloisons longitudinales; enfin leur dimen- sion, dans le M. Curtisii, est, d'aprés M. Nylander, d'environ 48 micro- millimètres, par conséquent assez rapprochée de celle des spores du Phymatosphera abyssinica. ll est bien difficile de ne pas être frappé de la trés grande similitude de ces deux formes et de la nécessité d'une comparaison et d'une critique minutieuses qui permettent de séparer génériquement le Phymatosphera avant de pouvoir adopter ce dernier nom. Je n'ai pas à ma disposition les éléments d'une semblable étude, mais elle est de nature à tenter la sagacité de plus d'un botaniste. La présence de spermaties constatée par M. Passerini dans le Phymato- Sphera ne pourrait à elle seule élucider la question, puisque ces corps se retrouvent aussi bien chez les Lichens que chez les Champignons. A la suite de cette communication, M. de Seynes donne quelques détails sur les observations contenues dans une nole présentée par lui à l'Académie des sciences sur la réaction bleue de la cellulose fongique en présence de Piode, réaction souvent partielle, et qui peut faire croire à la présence de corps amyloides dans la cellule de certains Champignons, en particulier dans la thèque de plusieurs Rosellinia. Übservations présentées par M. Van Tieghem : M. Van Tieghem dit qu'il a observé à plusieurs reprises, depuis bien des années, au sommet des asques de divers Ascomycétes, des phénoménes tout semblables à ceux que M. de Seynes a si exactement décrits dans les Rosellinia. Pour n’en citer qu'un seul exemple, facile à vérifier, il signale au Sommet de l'asque du Peltigera canina l'existence d'un corps cylindrique 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE. DE FRANCE. en forme de bouchon, bleuissant fortement par l'iode. La face inférieure de ce bouchon est toujours en relation avec la membrane interne de l’asque, dont il se montre comme un prolongement épaissi. Tantôt sa face supérieure est notablement distante de la membrane externe : un observa- teur inattentif peut alors se figurer avoir sous les yeux un corps amyloide né librement dans la cavité cellulaire au sein du protoplasma. Tantót, au contraire, sa face supérieure s'appuie contre la membrane externe et méme se trouve comme enchássée dans un creux formé par l'amincissement de cette membrane au sommet. Dans tous les cas, ce bouchon est évidem- ment le résultat d'une modification locale de la membrane de l'asque en rapport intime avec le mécanisme de sa déhiscence. À la maturité, quand la membrane externe s'est rompue au sommet, la membrane interne dilatée passe par l'ouverture. en poussant devant elle, entre les paraphyses et jusqu'à une certaine hauteur dans l'air au-dessus de leur sommet, le bouchon bleuissant qui la termine. Puis la fine mem- brane qui relie ce bouchon à l'asque se rompt à son tour pour le passage des spores, et le bouchon, devenu libre, retombe à la surface du périthéce. M. Malinvaud donne lecture de la communication suivante, adressée à la Société par M. Le Grand : | APPARITION DE L'HELODEA CANADENSIS DANS LE CENTRE DE LA FRANCE; notes sur la marche envahissante de cette espèce, par M. A. LE GRAND. Les botanistes assistent depuis quelques années à un fait bien curieux, l'invasion de l'Helodea canadensis Rich., et d'autant plus étrange, que c'est quand cette plante se met à pulluler qu'elle apparait tout à coup aux regards. Généralement, dans les lieux où elle s'est établie, il a été impossible de marquer son point de départ, de préciser son apparition, de suivre ses progrés. On a constaté l'envahissement, une fois le fait ac- compli, sur des espaces souvent considérables où on ne le soupçonnait pas. N'est-ce pas dans ces conditions qu'on l’a découverte à l'embouchure de la Loire, dans le Berry et ailleurs? C’est qu’en effet elle se multiplie avec une rapidité telle, qu'elle devient promptement un fléau pour la navi- gation méme : dans nos canaux, dans nos rivières, elle végète avec la vigueur d'une plante tout à fait indigène, L'Helodea canadensis est une espèce désormais acquise à notre flore. Les dragages répétés, les curages ne la chasseront pas de nos canaux, d’où déjà elle s'est répandue dans les mares voisines, dans les ruisseaux et méme sur le bord des riviéres, Dans ces stations, elle se trouvera du moins à l'abri des poursuites, vaines d'ailleurs, de l'administration. SÉANCE DU 9 Mar 1879. 183 Voilà certes une espéce de plus! Elle sera consignée à l'avenir dans nos ouvrages au méme titre qu'une foule d'espéces importées par des causes diverses et dont l'indigénat réel n'est mis en suspicion que par le bota- niste. Faible dédommagement, du reste, de la perte des nombreuses espéces que nos flores locales voient successivement disparaitre. C'est de l'Amérique du Nord qu'elle nous vient, comme jadis l'Erigeron cana- dense. La découverte de cette espéce, si abondante dans le canal de Berry, m'a donné la pensée de rechercher l'époque de son apparition. En juin 1875, lors de mon arrivée à Bourges, je la constatai avec éton- nement dans la ville méme, sous Je pont d'Auron; quelques semaines aprés, notre regretté confrère, feu le docteur Ripart, la trouvait pour la pre- mière fois au bec d'Allier ; un autre de nos amis, feu Clisson, la récoltait en fleurs à Vierzon. Moi-méme, en juillet 1875, je la trouvais fleurie dans les mares et les ruisseaux voisins du canal à Plainpied. Les années sui- vantes, je l'ai rencontrée presque partout en Berry, dans le canal latéral à la Loire, de Saint-Bouize à Cosne, à Thauvenay, dans les ruisseaux d'eau courante. Elle fleurit abondamment à Bourges, dans les eaux peu pro- fondes, quoique courantes, et jusque sur les bords de la rivière d'Yévre, à Foécy. Nul doute qu'elle ne soit entraînée à l'aval, dans le département de Loir-et-Cher, en suivant le canal de Berry, et qu'elle ne pullule bientôt dans tout le thalweg de la Loire jusqu’à son embouchure, où elle est si bien établie du reste. Ainsi, avant 1875, l'Helodea était inconnu dans le Berry, parcouru cependant par des investigateurs habiles et infatigables. En 1875, on le constate ; mais déjà il foisonnait. En 1870, les membres de la Société botanique de France réunis à Givry chez M. le comte Jaubert (1), de si regrettable mémoire, l'observérent avec un vif intérêt dans une pièce d'eau du parc et en pleine floraison. Il y avait été introduit, en 1867, de fragments provenant du Muséum de Paris, par les soins de M. Déséglise. Serait-ce la source des colonies qui peuplent aujourd'hui nos cours d'eau, où elles ont établi une demeure vraisembla- blement définitive? Toujours est-il que M. Déséglise a quitté le Berry en 1871 pour habiter Genève, et qu'avant son départ il ne l'avait encore vu, m'a-t-il écrit, nulle part dans notre région qu'il explorait avec tant de soin et de perspicacité. C'est probablement vers cette époque, soit de 1871 à 1875, quel Helodea a fait invasion dans le Berry, où il est devenu une véritable mauvaise herbe. (1) Buil. Soc. bot. t. XVII, p. LXXIX. 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cependant les agents de l’administration des Ponts et chaussées, qui lui font une guerre impitoyable et le connaissent sous le nom de Mouron d’eau, prétendent qu'il existait dans le canal de Berry dés 1860, fait qui a besoin, ce me semble, d’être confirmé. Afin d'appeler l'attention des botanistes sur la question historique de cette colonisation qui présenteun véritable intérét, j'ai essayé de résumer ce que l'on connait des progrés envahissants de cette mauvaise herbe, en faisant usage, soit des documents épars déjà publiés, soit en m'en référant à de zélés collégues qui ont bien voulu répondre à mes questions. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE RÉGIONALE DE L'Helodea canadensis EN France. — Nord de la France et bassin rhénan. — Dans le département du Nord, l’Helodea aurait été remarqué pour la première fois vers 1869 dans les routoirs de Wavrin, entre Lille et la Bassée (Boulay, in litt.). En 1871, le docteur Warion le signalait à Saint-Amand, dans la Scarpe, comme très abondant (1). M. l'abbé Boulay m'écrit que, depuis cette époque, il a été observé à Douai, dans la Scarpe et dans la Lys; qu'ac- tuellement il remplit tousles canaux, les rigoles, les fossés de la Flandre, à Lille, Saint-Omer, etc. M. Le Monnier l'a signalé récemment dans le canal de la Marne au Rhin (2). M. Rouy le découvrait, dés 1872, dans les marais d'Harly, prés de Saint-Quentin (Aisne), où il le signalait à la Société botanique en 1875 (3). Bassin de la Seine. — Le docteur Warion, dans sa communication déjà citée, dit l'avoir récolté en abondance en 1868 et 1869 dans tous les fossés et ruisseaux du bois de Vincennes, surtout vers Saint-Mandé, der- rière l'hópital militaire. Là, comme dans la forêt de Fontainebleau, où il parait qu'il se propage, il a sans doute été introduit avec intention, de méme que les nombreux semis d'espéces étrangéres que font souvent les botanistes parisiens. Il n'en est pas de méme dans le bassin supérieur de la Seine, où il a été conslaté pour la première fois en 1875. À cet égard, je ne saurais mieux faire que de reproduire l'extrait d'une lettre de M. le commandant Briard, zélé botaniste de Troyes. « Sa présence a été constatée dans le canal de la Haute-Seine, à Méry, en 1875, par M. Hariot. Je l'ai récolté moi-méme, au mois d'aoüt de la même année, dans le canal, à la hauteur de la pré- fecture, à Troyes. L'année suivante, j'ai reconnu que la plante avait en- vahi le canal, de telle sorte que l'administration a dû le faire draguer. » Aujourd’hui il en parait moins obstrué; mais elle s'est propagée dans (1) Bull. Soc. bot. de France, t. XVIII, p. 295. (2) Ibid. t. XXV, p. 48. (3) Ibid. t. XXII, p. 90. SÉANCE DU 9 Mar 1879. 185 les cours d'eau environnants. En outre, elle a été constatée à Bar-sur-Aube par M. Des Étang. » Ouest et bassin de la Loire. — Je vois dans le Bulletin de la Soc. bot. de France, t. XXII, p. 91, que M. Chatin l'a fait introduire dans l'Orne. On l'a indiquée à Brest (Bull. Soc. bot. t. XXII, p. LXII). Comme je l'ai dit, elle a envahi ou tend à envahir toute la vallée de la Loire, depuis le confluent de l'Allier. Habite : 1^ Le canal latéral et le canal de Berry. 2 La Loire à Juigné-sur-Loire (Maine-et-Loire), où M. Bouvet l'a dé- couverte en 1875 (1). 3 La Haute-Vienne, où M. Lamy de La Chapelle a constaté cette espèce vers 1867, et où M. l'abbé Chaboisseau la retrouvait quelques années aprés. « J'ai pu constater, m'écrit notre savant confrère de Limoges, que, successivement, elle avait pris possession non-seulement dela plus grande partie de l'étang de Riz-Chauvron, mais que, de plus, elle avait envahi un autre étang de la localité peu distant du premier. » 4^ Dans la 3* édition de sa Flore si justement appréciée, M. Lloyd la signale à embouchure de la Loire, en ces termes : « Cette plante, origi- naire de l'Amérique du Nord, découverte seulement cet automne 1875, par M. Genevier, est extrêmement commune à Nantes, dans les eaux tran- quilles des trois rivières, où elle n’existait pas il y a trés peu d'années. » (Page 290). Bassin de la Garonne. — C'est par notre collègue, M. Motelay, de Bordeaux, que j'ai appris ia colonisation, par l'Helodea, des cours d'eau et des étangs des Landes. Mais là son origine parait connue, en partie du moins. Dans les cours d'eau des environs de Bordeaux, elle serait due aux cultures de l'éminent directeur du Jardin botanique, Durieu de Maison- neuve et remonterait à 1862 ou 1863. Depuis, la plante a gagné le ruis- seau de Leyre, qui se jette dans le bassin d'Arcachon, où l’Helodea existe en masses compactes. Il a envahi l'étang de Soustous, prés de Dax, qui cependant n'est pas en communication avec les cours d'eau précédents. Notre savant collègue M. Timbal-Lagrave ne l'a pas encore vu dans le bassin supérieur de la Garonne, non plus que dans le canal du Midi. Bassin du Rhône.— Observé dans Saône-et-Loire et dans l'Ain, de Màcon à Bourg, par M. Lacroix (2). Introduit à Lyon par M. l'abbé Boullu (3). Observé autour de Grenoble, dés 1869, par M. Verlot, qui cite l'Helodea dans son Catalogue des (1) Bull. Soc. bot. de France, t. XXII, p. LXU. (2) Bull. Soc. bot. de Lyon, 24 aoüt 1876. (3) Ibid. 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plantes du Dauphiné, p. 333. Il s'est répandu dans les fossés de ceinture des fortifications de la ville, qu'il encombre tellement aujourd'hui, qu'il faut que ces fossés soient curés au moins deux fois par an. On ne connait pas l'origine de cette introduction (Verlot, in litt. ). Si l'on examine et rapproche ces diverses indications, on tire les con- clusions suivantes : L'Helodea s'est propagé dans les régions où règne un climat tempéré ; il n'a pas encore été apercu dans la région méditerranéenne, dans la région des Oliviers, non plus qu'en Italie (D' Levier, in litt.). C'est dans la période comprise entre 1867 et 1875 que cette espèce s’est naturalisée en France; mais c'est surtout autour de 1875 qu'elle a pris le plus d'extension et a été signalée le plus fréquemment. 1867 parait étre la premiére date de sa constatation en France (dans la Haute-Vienne); en 1875, on l'indique simultanément comme trés abon- dante à Nantes, dans l'Aube, le Berry. Par quelle voie cette plante américaine nous est-elle parvenue ? On peut avoir des indices de ses pérégrinations en suivant son itinéraire à travers les pays voisins. C'est en 1836 que, pour la première fois, on la remarque en Europe : M. Crépin, dans un très intéressant article publié en 1862 dans le Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, raconte avec détail son apparition en Irlande en 1836, puis en Écosse en 1846; en Belgique et en Hollande en 1860 et en 1861. Postérieurement à ces dates, elle appa- rait enfin chez nous. Ces constatations donnent l'itinéraire suivi par l'Helodea. Elle commence à se développer en Suisse, d'après ce que m'a fait con- naitre M. Deséglise. Elle s'est vulgarisée dans le nord de l'Allemagne, parallélement sans doute à ce qui se passait dans le bassin inférieur du Rhin. Un de mes correspondants, M. le docteur Felsmann, de Ditmannsdorf, en Silésie, prétend qu'elle a été constatée dés 1859 aux environs de Potsdam. Depuis, elle s'est répandue dans le bassin de l'Elbe, de l'Oder, dans les provinces rhénanes allemandes ; elle a été découverte par Milde, en 1869, à Dreslau, où elle est devenue pullulante. Concluons donc que l’Helodea canadensis est maintenant une espèce européenne fixée, en voie d'extension et de propagation rapide et continue dans les régions où il trouve des conditions de climal favorables à son développement. Toutefois cette plante dioique parait n'avoir laissé émigrer que le sexe mâle, qui seul semble avoir été constaté jusqu'à présent en Europe. M. Duchartre exprime le regret que quelques botanistes, SÉANCE DU 9 mar 1879. 187 entrainés sans doute par le désir d'augmenter la flore indigène, aient favorisé la naturalisation et la propagation d'une espéce aussi nuisible que l'Helodea canadensis. M. Prillieux fait la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LA CORROSION DES GRAINS D'AMIDON PAR UN MICRO- COCCUS DANS LES GRAINS DE BLÉ ROSE, par M. Éd. PRILLIEUX. J'ai eu l'honneur, à l'occasion d'une fort intéressante communication de M. Van Tieghem sur la corrosion de la cellulose par les Amylobacter, d'entretenir la Société de la destruction des divers éléments des grains de Blé par un Micrococcus. Je désire lui présenter quelques détails supplé- mentaires sur la corrosion des grains d'amidon produite par ces petits êtres à l'intérieur du Blé rose. On connait l'organisation des grains d'amidon du Blé. On sait qu'ils sont de deux sortes, les uns gros et lenticulaires, les autres petits et glo- buleux. Dans l'état ordinaire, on n'y distingue nettement ni noyau ni couches. Au moment où le Blé germe, les grains d'amidon doivent se dissoudre pour passer dans le corps de l’embryon et servir à son développement ; mais avant de disparaitre complètement, ils subissent certaines modifica- tions intérieures qui ont été décrites et figurées par Gris (1) et par M. Sachs (2). Ils ont montré que, quand les grains d'amidon commencent à se dissoudre dans ces conditions, ils présentent d’abord par places un aspect feuilleté qu'ils ne montraient pas auparavant et qui parait dù à ce qu'une substance interposée entre les feuillets est dissoute. De plus on voit apparaitre au centre organique du grain des fentes rayonnantes au nombre de deux ou trois, le plus souvent en forme de V ou d'Y, qui fré- quemment s'élargissent ou se ramifient et forment des canalicules et des sillons rayonnants ou irréguliérement sinueux, tandis qu'en méme temps il s'en creuse aussi d'autres circulairement entre les feuillets. Les grains se divisent ainsi en segments, qui eux-mêmes se fractionnent; souvent ils se brisent en fragments irréguliers qui sont échancrés et perforés de di- verses facons sous l'influence corrosive de l'agent de la germination, et finissent par se dissoudre. L'agent qui transforme l'amidon pendant la germination des céréales VE Du développement et de la résorption de la fécule (Ann. sc. nat. série 1v, t. XIII, p (2) Zur Keimungsgeschichte der Græser (Bot. Zeit. 1862, p. 145 et pl. ME 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. a été isolé : c'est une substance soluble qui a recu de Payen et Persoz le nom de diastase. Dans un récent travail, M. Baranetzky (1) a montré que les ferments végétaux semblables à la diastase, dont on n'avait encore constaté l'action hors de la plante sur l'amidon qu'à l'état d'empois, peuvent dissoudre aussi les grains d'amidon en dehors des cellules (2), et il a étudié la corro- sion qui se produit dans ces conditions sur différentes sortes de farines, et en particulier sur l'amidon du Froment. Il a, comme Gris et M. Sachs, reconnu et figuré (p. 48 et fig. 5) que l'attaque du grain se manifeste par l'apparition de feuillets concentriques et de canalicules qui s'étendent à partir du centre à travers la masse du grain. Jl résulte de toutes ces obser- vations que la matiére dissolvante pénétre à travers les feuillets jusqu'au centre méme du grain de fécule et qu'elle y opére une corrosion interne qui est mauifestée nettement à la vue par l'apparition de canaux qui se creusent dans la profondeur du grain. Si, au lieu d'employer un ferment végétal comme la diastase, on fait agir sur le grain d'amidon le mélange d'acide chromique et d'acide sulfurique dont la préparation et l'emploi comme réactif ont été indiqués par M. Wiesner (3), on observe encore le méme phénoméne de pénétration du dissolvant et de désorganisation interne précédant la dissolution complète. Dans les Blés roses, la corrosion des grains d'amidon par les Micro- coccus se fait d'une autre façon. On p’y voit ni fentes ni canalicules dans la profondeur du grain, accusant la pénétration d'un liquide dissolvant. Les grains diminuent de taille peu à peu sans changer notablement de forme, sans se fragmenter ; ils sont seulement rongés à la surface par les Micro- coccus. En examinant les grains d'amidon de Blé rose assez fortement altérés, on en trouve un assez grand nombre où l'on voit des marques pro- fondes de corrosion qui, pénétrant à divers endroits sur le bord du grain jusqu'à une certaine profondeur, met à nu plusieurs couches et fait appa- raitre en ces points la structure feuilletée du grain. En outre cette cor- rosion inégale rend un peu sinueux le bord des grains lenticulaires. Dans aucun cas je n'ai vu se former à leur intérieur des canalicules, ni rayonnants, ni circulaires ; la masse du grain m'a paru demeurer toujours homogène. Les Micrococcus ne corrodent donc pas les grains comme la diastase qui se produit pendant la germination. Il résulte de cette observation que ces petits étres ne sécrétent pas un ferment liquide pénétrant dans le grain d'amidon à la façon de la diastase et des autres dissolvants de la fécule, ou du moins que, si c'est un liquide (1) Die sterkeumbildenden Fermente. Leipzig, 1848. (2) Loc. cit. p. 37. (3) Einleitung in die technische Mikroskopie, p. 38. SÉANCE DU 9 Mai 1879. 189 analogue à la diastase qui leur donne un pouvoir corrosif sur les grains, cette matiére n'est pas produite en quantité suffisante pour se dissoudre dans le liquide et pénétrer dans l'intérieur du grain, et qu'il imbibe seu- lement les membranes du Micrococcus, qui ne corrode les grains d'amidon qu'au contact. Observations de M. Van Tieghem : M. Van Tieghem fait observer que la dissolution du grain d'amidon dans la cellule, pendant l'acte germinatif et sous l'influence de la diastase, ne s'opére pas toujours de la méme maniére daus la méme plante. Cen- trifuge dans les conditions normales de germination, elle peut devenir centripéte dans telle ou telle circonstance défavorable. Elle marche alors progressivement de la périphérie au centre et uniformément sur tout le pourtour du grain, laissant d'abord intact son squelette de cellulose, pour le dissoudre à son tour un peu plus tard. Il en est ainsi, par exemple, dans la graine de Haricot ou de Féve, exposée sous l'eau à l'action destruc- tive du Bacillus Amylobacter. Il s'y fait d'abord un commencement de germination, bientót entravée. Dans ces conditions, il ne se produit sans doute, dans le corps protoplasmique de la cellule, qu'une trés faible quan- tité de diastase, assez peu pour que l'action de ce corps protoplasmique sur les grains d'amidon qu'il enferme s'exerce à la manière du Micro- coccus rose étudié par M. Prillieux ou de la Bactérie, dont M. Van Tieghem à parlé dans une des précédentes séances. M. Bonnet donne ensuite lecture de la communication suivante : INDÉPENDANCE, DÉVELOPPEMENT, ANOMALIES DES STIPULES; BOURGEONS A ÉCAILLES STIPULAIRES, par M. D. CLOS (1). 1. Indépendance des stipules. — On considère généralement les stipules comme des dépendances de la feuille qu'elles accompagnent : € La stipule accompagne toujours la feuille » (Du Petit-Thouars, Cours de Phytol. 46). « Les stipules nées du méme nœud que la feuille en sont une répétition latérale, une sorte de dédoublement » (Aug. de Saint-Hilaire, Morphol. 189). M. Germain de Saint-Pierre dit que chacune des deux Stipules latérales adnées ou non à la feuille peut être considérée comme une dépendance de l'une des moitiés latérales de la feuille, et par consé- quent comme un demi-organe (in Bull. Soc. bot. de France). Enfin, (1) Voyez page 151 de ce recueil. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lestiboudois, ayant observé que les mémes faisceaux fibro-vasculaires se distribuent à la feuille et aux stipules, a cru également devoir considérer celles-ci comme une dépendance des autres. J.-G. Agardh a été un des premiers à professer la doctrine de l'auto- nomie des stipules. Elles ne sont point, dit-il, une partie de la feuille, car elles se forment avant elle, et elles s'éloignent le plus habituellement des feuilles sous tous les rapports et méme dans leur structure (in Flora od. Bot. Zeit. 2* sér. VIII, t. 2, p. 759). L'indépendance des stipules me parait suffisamment établie par les faits suivants : 1° J'ai précédemment cité nombre de plantes (méme des genres appar- tenant notamment aux Légumineuses, aux Malvacées, aux Géraniacées, aux Tiliacées, aux Polygonées, aux Paronychiées, etc.) oü les stipules persistent seules, souvent méme multipliées et réunies en stipulium au voisinage de l'inflorescence ou à celle-ci, les feuilles ayant complètement disparu. Je ne connais pas, il est vrai, d'exemple d'un végétal muni de stipules uniquement et sans trace de feuilles (1) ; mais le beau et curieux genre chilien Adesmia montre, avec des espèces munies de feuilles com- posées accompagnées de stipules (la plupart d’entre elles), les A. aphylla et bracteata n'ayant qu'un trés petit nombre de feuilles vers le bas de la tige (2), les stipules existant seules sur les rameaux, d’où elles se pro- longent sans modification à l'inflorescence, axillant les fleurs à la facon des bractées. Toutefois deux Casses sans feuilles (les Cassia aphylla et crassiramea) sont aussi dépourvues de stipules. 2° Les stipules existent seules au bas des tiges et des rameaux de quel- ques espèces de Phaca (notamment des P. alpina, bætica, glabra), d'Ononis (tel surtout l'O. cephalotes, figuré par M. Boissier dans son Voyage en Espagne, tab. 41), de Rubus (en particulier des R. arcticus et Chamæmorus, étant réunies en gaine dans ce dernier), et de Chesneya, comme le montre si bien la figure du Chesneya vaginalis des Illustrationes de Jaubert et Spach, tab. 48. J'ajoute que ces auteurs établissent dans ce genre une subdivision (la deuxiéme) ainsi caractérisée : « Caules v. rami floriferi inferne foliorum loco vaginis stipularibus membranaceis cyathiformibus instructi » (ibid. t. I, p. 49). Enfin le Nelumbiwm codo- phyllum a deux stipules extrafoliaires qui sont, pour M. Trécul, les sti- pules axillaires de deux feuilles avortées (in Annal. sc. nat. Bor. 4* sér. t. I, 295). Dans l'herbe annuelle à tige dressée, on voit souvent les feuilles par- (1) Dans le Lathyrus Aphaca, la vrille tient lieu de feuille quant à la symétrie. (2) Hooker a écrit de PA. bracteata : « The leaves are few and confined to the lower part of the stem. » (Botan. Miscell. VI, p. 193.) SÉANCE DU 9 Mar 1879. 194 courir d'abord une période ascendante de développement, à laquelle succéde une période descendante jusqu'à leur transformation en bractées. Chez les plantes pourvues de stipules, celles-ci se conforment-elles à cette méme marche? Je n'en connais pas d'exemple. La figure du Vallea pu- bescens donnée par M. Miers (Contrib. to Bot. YI, pl. 81) montre, il est vrai, les stipules et les feuilles diminuant de grandeur en s'approchant de l'inflorescence, mais aussi parfois les stipules, au voisinage des fleurs, sont plus grandes que sur le reste de la tige, la feuille disparaissant ou étant très réduite (plusieurs Ononis). Il est rare aussi que les stipules offrent des caractères en rapport avec ceux des feuilles ou des folioles; on citait comme telles les prétendues stipules de beaucoup de Lotées, qui ne sont que des folioles ; cependant les Trigonella pinnatifida et laciniata ont les stipules, la premiére pinna- üfides, la seconde laciniées, comme le sont les folioles de ces deux espèces. 2. Développement des stipules. — M. de Mercklin avait écrit en 1846, que dans les feuilles simples les stipules ne se développent qu'avec les parties inférieures de la lame qui contiennent en général le pétiole, et que dans les feuilles composées les stipules constituent également la partie la plus jeune de toute feuille (Entwicklungsgeschichte der Blatt- gest. trad. in Ann. sc. nat. Bor. 3° sér. t. VI, 220). M. Trécul a montré que ce n'est point exact pour les stipules des feuilles simples, car chez le Tilleul, par exemple, les stipules apparaissent en méme temps que la proéminence interposée à elles et qui doit former la feuille (ibid. XX, p. 245, pl. 21, fig. 29), et qu' « il est une foule de feuilles composées dont les stipules naissent avant les premières folioles de ces feuilles »: que dans celles à formation basifuge, on voit successivement paraitre le rachis de la feuille d’abord et sur ses côtés les stipules, puis la paire infé- rieure de folioles ; et que dans celles dont la formation est basipète, les stipules naissent avant les folioles inférieures, commençant même dans quelques cas avant les supérieures (p. 245, 298, 299). M. le D* Marchand, étudiant, à son tour, le développement du Cofea arabica, à partir de l'embryon pris dans la graine, d vu les cotylédons offrir à leur base deux mamelons de tissu cellulaire d'abord indépendants, mais qui s'allongent en cónes et se réunissent par un bourrelet montant avec eux ; le petit sac bilobé qu'ils forment abrite deux autres mamelons alternes, rudiments des premieres feuilles épicotylédonaires auxquelles succé- deront encore deux mamelons stipulaires (jamais quatre) semblables aux premiers, et dont la fusion se fait devant la feuille et à son aisselle (in Baillon, Adansonia, V, 28-42). On ne peut done invoquer, comme l'a fait Agardh, l'apparition des stipules avant les feuilles, pour considérer les premiers de ces organes comme indépendants. | 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans le Lathyrus purpureus, la jeune feuille est entourée par les stipules, tandis que dans le Thermopsis lanceolata, les deux organes se développent également. Au résumé, on est, je crois, autorisé à considérer encore aujourd'hui comme vraie celte assertion émise à la date de quelques années par M. Alph. de Candolle : « L'organogénie n'enseigne pas un caractère distinctif du mode de croissance des limbes et des stipules qui puisse faire reconnaitre, indépendamment des positions, l'une de ces parties quand l'autre manque. » (Mém. sur les Bégon. p. 10.) Dans un grand nombre de plantes les stipules se développent rapide- ment et ne tardent pas à tomber, « en sorte, dit Du Petit-Thouars, qu'il y a beaucoup d'arbres qu'on en croirait dépourvus quand on les examine au milieu de l'été, et qui en ont cependant » (Cours de phytol. 46). Ailleurs, comme chez le Viola persicifolia, le développement de ces organes est remarquablement tardif, et ils ne paraissent guére destinés alors à protéger le bourgeon. 3. Anomalies des stipules. — On n'en a signalé qu'un bien petit nombre. Moquin-Tandon cite un pied de Faba vulgaris où l'avortement des limbes de feuilles coincidait avec un accroissement énorme des sti- pules (Tératol. 156). Dans ses Saules de la Suisse, Seringe propose, sous le nom de multistipulata, une variété de Salix pendula remarquable par la multiplicité des stipules. Au rapport d'Hermann Schacht, il n'est pas rare de voir des rameaux de Coudrier à stipules bien développées, la feuille qu'elles accompagnent n'ayant pas atteint son développement nor- mal, et ce botaniste a fait figurer cette disposition (Beitr. t. 1V, f. 20). Un jeune rameau de Quercus macrocarpa m'a offert dans sa moitié inférieure aphylle des écailles oblongues géminées, paraissant être des stipules. À. Bes bourgeons à écailles stipulaires, — Linné a écrit dans son Philosophia botanica: « Gemma constat vel stipulis vel petiolis, vel foliorum rudimentis » (edit. Willd. n^ 88). Adanson, établissant sur les bourgeons et boutons à fleur son 14* système, caractérise ainsi la 4° des 8 classes qu'il y comprend : Bourgeons à écailles qui ne sont que de vraies stipules, et met dans cette classe : « Espargoutes, Persicaires, 10 Rosiers, Jujubiers, plusieurs Légumineuses, 27 Tithymales, 3 Anones, 15 Tilleuls, Géranions » (Familles des pl. p. cexlvj). M. Alph. de Candolle a confirmé pour les Tilleuls la nature stipulaire des écailles des bourgeons (in Annales sc. nat. Bor. 3° sér. V, 321). M. Henry, dans ses conscien- cieuses recherches sur les bourgeons, a reconnu qu'il en est ainsi des bourgeons d'un certain nombre d'Amentacées. Ce botaniste passe suc- cessivement en revue, analyse, décrit et figure l'organisation des bour- geons chez le Bouleau, l’Aulne, le Charme, l'Ostrya, le Coudrier, le SÉANCE DU 9 Mar 1879. 193 Chêne, le Hêtre, le Châtaignier, et retrouve chez tous les stipules formant les écailles extérieures des bourgeons, écailles qu'il appelle stipules à l'état d'anamorphose (Anamorphosirte Nebenblættchen), et donne des ochrea aux Platanes : « Die Knospenhüllen sind oben verwachsene Ochreæ » (in Nov. Acta Nat. cur. XVIII, part. I, p. 527-535, tab. 39). De Candolle aussi a fait figurer dans son Organographie, t. XXI, les modifi- cations par lesquelles passe l'écaille du bourgeon chez le Pirus hybrida, pour former les appendices définitifs de végétation : l'écaille, d'abord ovale (fusion de la gaine et des stipules, fig. 7), montre bientôt trois pointes au sommet (indices des stipules et d'un premier rudiment de feuilles, fig. 8), puis enfin la pointe médiane se détache, donnant la feuille pé- tiolée (fig. 9). A son tour, Poiteau déclare que les écailles intérieures d'un bourgeon de Poirier sont formées chacune par deux stipules réunies à la base du pétiole (Cours d'hortic. 299), et Kützing fait une observation analogue pour les bourgeons mixtes des Cerisiers (Grundz. der philos. Bot. t. IT, p. 114, tab. 26, ff. 10-17). Dans son beau mémoire, Beitræge zur Kenntniss der Phyllomorphose (in-4, 1857), M. Rossmann ne pouvait négliger ce côté de la ques- tion, et il a cru avoir trouvé dans la nervation la solution de ce difficile problème, savoir : dans les écailles gemmaires des plantes à stipules quelle part appartient au pétiole ou à la gaîne, quelle aux stipules? Or ce botaniste, dans les figures qu’il donne (tab. 11) du passagé des écailles aux feuilles chez les Ribes sanguineum, f. 23-27, Prunus Padus, f. 28-36, Spiræa sorbifolia, f. 31-42, met en évidence la présence dans tous ces cas de trois nervures médianes, écartées à la base, se réunissant à leur Sommet, qui est celui de l'écaille d’où partira le pétiole de la feuille, et les deux parties latérales de l'écaille en dehors de ces trois nervures repré- sentant à ses yeux les stipules qui se dévoilent, dés l'apparition du limbe, par deux petites pointes au sommet (1). De nombreuses Rosacées, les Oxalis, les Mahonia, ont des écailles vagino-stipulaires. Je reléverai encore les assertions suivantes, quant à la nature stipulaire des écailles gemmaires. Lindley a écrit des Scépacées : « Leaves... with membranous stipules which form the scales of the buds » (Veget. Kingd. 283), et de Candolle, du Brownea : « gemmæ fol. longe stipulaceæ », et de l'Inga Marthe : « rami novelli e gemma stipulacea squamosa orti » (Prodr. IL, 477 et 444). (1) « Wir werden... anzunehmen, dass der Theil der Knospenschuppen oder der Ueber- gænge welcher zwischen diesen Gefæssbündeln liegt, dem Blattstiele entspricht, dass er also überall die Mitte der Phyllodien bildet und die Nebenblætter mit ihm und nicht unmittelbar unter einander verwachsen seien. » (P. 39.) Tandis que M. Henry se refuse faire entrer les stipules dans la composition des écailles gemmaires du Ribes gracile, + Rossmann émet un avis contraire en ce qui concerne le À. sanguineum (p. 35, note). T. XXVI. (SÉANCES) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÈ FRANCE. SÉANCE DU 93 MAI 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Malinvaud, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la derniére séance, dont là rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. MiQUEL (Pierre), docteur és sciences, physicien à l'obser- vatoire météorologique de Montsouris; présenté par MM. Van Tieghem et Bonnier. CARBONNAT (Prosper DE), licencié és sciences, place d'Armes à Aurillac, présenté par MM. Rames et Malvezin. M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations ; puis il fait part à la Société de la perte regrettable qu'elle vient de faire dans la personne de M. Édouard Spach, conservateur des galeries de botanique du Muséum, décédé à Paris, le 18 mai der- nier, dans sa soixante-dix-huitième année, et donne lecture du discours suivant prononcé sur sa tombe par M. le professeur Édouard Bureau : DISCOURS DE M. BUREAU, SUR LA TOMBE DE M. SPACH. L'homme aussi bon que savant dont nous déplorons la perte eut une existence si simple, si retirée, si ennemie de tout éclat, que nous nous sommes demandés un instant si nous ne devions pas garder prés de sa tombe ce silence qu'il a recherché pendant sa vie. Et cependant, comment rester muet en face de cet hommage qui s'impose, de ces services à recon- naitre, de cet exemple à proposer? La vie de M. Spach fut faite de travail, de modestie et de dévouement: Il est difficile de raconter une telle existence où tous les jours se ressem- blaient; mais on s'incline devant elle, car elle se résume dans une attache absolue à la science et au devoir. Né à Strasbourg le 26 novembre 4801, M. Spach entra au Muséum, comme aide-naturaliste de culture, le 4° janvier 1829, Ses travaux le pla- cèrent promptement à un rang très distingué parmi les botanistes fran- çais. Il publia dans les Annales des sciences naturelles un grand nombre de monographies, dont les principales sont celles des Grossulariées, des SÉANCE DU 23 MAI 1879. — 195 Hypéricinées, des Cistacées, des genres Poterium, Spartium et Genista, el, dans les nouvelles Annales du Muséum, la monographie des Ona- grariées. Il fit paraitre avec Desfontaines un supplément au Catalogue des végé- laux cultivés au Muséum, et avec de Mirbel une Note pour servir à l'his- toire de l'embryogénie végétale, et une autre plus spéciale s sur l'embryo- génie des Pins, des Thuias et des Ifs. Bien d'autres publications de M. Spach mériteraient d’être citées et .e seront assurément dans la notice que la Société botanique de France ne manquera pas de consacrer à sa mémoire. Qu'il me soit permis ici d'insister seulement sur ses deux ceuvres capitales : l'Histoire naturelle des végétaux phanérogames, dont la publication dura de 1834 à 1848, et qui ne comprend pas moins de 14 volumes in-8°., avec un atlas de 152 planches, et les Illustrationes plantarum orientalium, publiées en collaboration avec le C* Jaubert, 5 volumes in-folio, contenant 500 plan- ches, dues en partie à l'habile crayon de la femme de mérite qui, en devenant la compagne de M. Spach, s'était associée à ses travaux. Le 1* volume de cet ouvrage parut en 1842, le 5* en 1856. De telles œuvres semblaient devoir ouvrir à M. Spach les portes de l'Académie des sciences ; mais rien ne put vaincre sa modestie, et il re- poussa énergiquement toutes les instances qui furent faites prés de lui, par des membres de la section de botanique, pour le décider à une can- didature. A la mort de Gaudichaud, en 1854, M. Spach fut nommé garde des galeries de botanique; à partir de ce moment, sauf le dernier volume des lllustrationes, il ne publia plus rien. C'est qu'il vit dans sa charge nouvelle des devoirs nouveaux, et qu'il les accepta avec une abnégation entière. Comprenant combien il était nécessaire, pour que la botanique descrip- tive püt prendre quelque développement dans notre pays, que les herbiers du Muséum fussent parfaitement classés, il se donna tout entier à cette œuvre aussi utile qu'ingrate; il y apporta toutes les ressources de son esprit analytique et ce sentiment des affinités naturelles qui constitue le naturaliste et qu'il possédait à un si haut degré. Tous les jours, pendant vingt-cinq années, M. Spach s'appliqua à ce travail de .détermination et de classement, arrivant aux galeries avec une ponctualité dont la maladie méme ne pouvait venir à bout, restant aprés l'heure de fermeture habi- tuelle des laboratoires et jusqu'à ce que la lumière du jour lui manquát. Les collections botaniques du Muséum témoigneront toujours de cet im- mense labeur. Des huit mille paquets de plantes qui composent nos her- biers, il en est peu qu'il n'ait examinés et dont les étiquettes ne soient couvertes de son écriture, Les botanistes qui fréquentent nos galeries, en 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. voyant son œuvre interrompue, pourront se rendre compte de la portée des services qu'il rendait et qu'il a rendus presque jusqu'à son dernier jour. Pour nous, témoins quolidiens de ses travaux, nous nous empressons de leur rendre pleine justice, et nous conserverons toujours la mémoire de cet excellent et savant vieillard, qui, pendant une si longue vie, n'avait cessé d'étouffer en lui-même toute ambition pour mieux écouter le devoir. S'il est resté dans une situation modeste, une grande place lui est réservée dans le respect public, à cóté des Daubenton, des Laurillard, cés autres dévoués, dont la vie, comme celle qui vient de s'éteindre, semble s'étre confondue avec la vie de notre cher Muséum. Adieu, Édouard Spach, nous gardons votre souvenir et votre exemple; allez avec confiance recevoir la récompense promise à ceux qui ont passé en faisant le bien. M. le Président annonce ensuite àla Société la mort d'un des professeurs les plus distingués de l'université de Goettingue, le docteur Auguste Grisebach, décédé le 9 mai 1879, à l’âge de soixante-six ans, et dont l'important ouvrage Sur la végétation du globe a été récemment traduit en français par notre éminent con- frère M. P. de Tchihatcheff. Dons faits à la Société : A.-G. Bouisson, Synopsis analytique des plantes vasculaires du dépar- tement des Bouches-du-Rhóne. A. Déséglise et Th. Durand, Descriptions de nouvelles Menthes. Samuel Smiles, Vie d'un naturaliste (trad. de l'anglais, par M. E.-T. Perrot). Günther Beck, Vergleichende Anatomie der Samen von Vicia und Ervum. — Kleinere Mittheilungen aus d. botan. Laborat. der Professor W. Reichárdt, I Heft. | pe Todaro, Relazione sulla cultura dei Cotoni in Italia, avec atlas in-folio. M. Malinvaud signale la haute valeur, à la fois scientifique et artistique, du bel ouvrage généreusement envoyé à la Société par M. le professeur A. Todaro; le savant directeur du Jardin botanique de Palerme. Le volume de texte renferme une monographie très étendue du genre Gossypium, et l’atlas in-folio, 12 chromolitho- graphies supérieurement exécutées. SÉANCE DU 23 mar 1879. 197 M. P. Marés donne à la Société les détails suivantssur un ouvrage relatif à la Flore des íles Baléares, qu'il est sur le point de ter- miner : J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de la Société un exemplaire complet, quant à l'énumération dés espéces, du Catalogue raisonné des plantes des iles Baléares, que j'ai fait avec la collaboration de notre regretté confrére G. Vigineix. , M. Malinvaud a bien voulu vous en présenter les dix premières feuilles à la séance du 8 novembre dernier. i Ce travail doit être complélé par une Introduction, un Supplément, diverses indications et quelques planches. Malgré le long retard que des circonstances fortuites ont fait subir à son impression, ce Catalogue contient encore 4 espèces nouvelles pour la science et 90 espèces environ qui mont pas encore été signalées aux Baléares. Dès que l'ouvrage sera terminé, j'aurai l'honneur d'en donner une ana- lyse compléte à la Société. J'ai à signaler dans ce travail les plantes nouvelles suivantes : Ranun- culus Weyleri, dédié à M. Weyler, chef médical des îles Baléares; Viola Jaubertiana, dédié à M. le comte Jaubert; Genista: Pomeli, dédié à M. Pomel; Scutellaria Vigineixii, dédié à M. Vigineix aprés sa mort par son collaborateur. M. Rodriguez a soumis, le 25 juillet 1878, à la Société botanique de France, un fascicule de plantes nouvelles pour les Baléares, parmi lesquelles figure le Viola stolonifera Rodrig., trés voisin du nôtre : il nous parait n'en étre qu'une variété. M. Barcelo a publié dans les Annales de la Soc. esp. d'hist. naturelle de Madrid, en 1871, le Scutellaria balearica Barc., qui se rapporte au S. Vigineiæii. Nous avions déjà décrit et nommé depuis longtemps ces deux espèces, et cette partie de notre Catalogue était déjà imprimée, lorsque nous avons eu connaissance des publications des auteurs espagnols. Le Supplément indiquera cette synonymie. Plantes trouvées aux Baléares et qui n’y ont pas encore été signalées : Anemone hortensis L. sp. var. fulgens | Malcolmia ramosa Coss. Gr. Godr. Helianthemum Caput-felis Boiss. Ranunculus Weyleri Nob. Viola hirta L. Delphinium pictum Willd. — Jaubertiana Nob. Fumaria densiflora DC. . Polygala vulgaris L. Diplotaxis catholica DC. Silene coarctata Lag. 198 Silene sericea AM. Sagina maritima Smith. Cerastium campanulatum Viv. Spergularia uliginosa Pomel. Linum narbonense L. == angustifolium Huds. var. elatior Nob. Erodium littoreum Leman. Genista Pomeli Nob. — acanthoclada DC. Ononis antiquorum L. — mitissima L. Melilotus indica L. Tetragonolobus purpureus Mœnch. Vicia cuneata Guss. Ervum hirsutum L. Lens nigricans Godr. Pisum arvense L. Lathyrus latifolius L. Orobus saxatilis Vent. Scorpiurus sulcata L. Hippocrepis multisiliquosa L. Poterium Magnolii Spach. Cratægus oxyacantha L. Paronychia argentea Lamk. — capitata Lamk. Tillæa muscosa L. Daucus maritimus Lamk. — hispidus Desf. . Laserpitium gallicum C. Bauh. Ridolfia. segetum Moris. Ferula glauca L. Rubia lævis Poiret. Gallium æthnicum Biv. — silvestre Pollich. — divaricatum Lamk. Vaillantia filiformis Willd. Fedia Caput-bovis Pomel. Knautia hybrida Coult. Aronicum scorpioides DC. Senecio gallicus Chaix in Willd. — crassifolius Willd. nf SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Artemisia maritima L. Hymenostema Fontanesii Willk. Onopordon illyricum L. Xeranthemum inapertum Willd. Campanula dichotoma L. Erica mediterranea L. Myosotis gracillima Losc. Scrofularia vernalis L. — ramosissima Lois. Linaria tristis Mill. in DC. — origanifolia DC. Orobanche Rapum Thuil. — amethystea Thuil, Micromera inodora Benth. Scutellaria Palium L. var. flavescens Benth. Statice Gougetiana Gir. Blitum bonus-Henricus Reichb. Polygonum Bellardi All. Thesium humile Vahl. Euphorbia Gayi Salisb. Parietaria officinalis L. var. è erecta Wedd. in DC. Gagea arvensis Schult. Asphodelus cerasiferus Gay. Trichonema Linaresii Gren. et Godr. Cephalanthera ensifolia Rich. Epipactis microphylla Swartz. Orchis longicruris Link. — conopsea L. Cyperus schonoides Griseb. Agrostis verticillata Will. Avena bromoides Gouan. Trisetum condensatum Schult. Vulpia geniculata Link. Triticum villosum P. Beauv. Ægilops triaristata Willd. Asplenium fontanum Bernh. Adiantum nigrum L. sp. var. 8 ser- pentini Koch. — Capillus Veneris L. sp. vär. trifi- dum Mild. SÉANCE DU 9$ mar 1879. 199 M. Ramond, trésorier, donne lecture à la Société de son rapport annuel : NOTE SUR LA SITUATION FINANCIÈRE A LA FIN DE L'ANNÉE 1878, ET PROPOSITIONS POUR LE BUDGET DE 1880. fr. c. La Société avait en caisse à la fin de l'année 1877............ ... 15,257 09 Elle a recu pendant l'année 1878......................... 13,656 05 C'est un total de......,..................4... - 98,913 14 Les dépenses ont été de................................1. 11,766 63 Excédant des recettes................,,,,........... 17,146 51 Il y a eu, en outre, à porter à l'actif, pour conversions de valeurs..................... 5,406 25 Et, au passif, pour le même objet, une somme égale, ci.........................,........ 5,406 25 (Balance.) L'excédant des recettes est représenté par les valeurs çi-après : Rente de 600 francssur l’État (2 titres nominatifs n° 114,335, 8* série, et n°140,506, 2* série, et un titre au porteur, n° 189,859): Capital, d’après le prix d'achat. 13,863 26 Dépôt au Comptoir d’escompte............. 3,124 70 Numéraire. .............................. 158 55 Total (comme ci-dessus) ........ 17,146 51 Les recettes et les dépenses se décomposent comme suit : RECETTES. Solde en caisse à la fin de 1877..... TM" 15,257 09 284 cotisations annuelles, à 30 francs... 8,520 » | 8.640 »! Soldes de cotisations. ............ eese 90 » , 5 cotisations à vie, à 300 francs.................... 1,500 » 13 diplômes, à 2 francs........................... 26 » Vente du Bulletin. ............................... 2,228 » Remboursements pour excédants de pages et frais de gravures . ..... rene nnennnpe nee 70 45) 13,656 05 Subvention du Ministère de l'Agriculture et du Com- merce (1)................................... . 600 » Rente sur l'État. ...................,............ 600 » Intérêts du dépôt au Comptoir d’escompte........... 19 95 Recettes accidentelles. ........................... 165 Total....................... Verres. 28,913 14 (0 Une subvention de 500 francs, allouée par le Ministère de l’Instruction publique, n'a été payée qu’en 1879. Elle figurera dans les comptes de cet exercice. | 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. DÉPENSES. Impression du Bulletin (368 fr. 08 pour 1876, 4334 fr. 77 pour 1877 et 397 fr. 20 pour 1878). ..... 5,100 05 Revue-bibliograph. et Table (rédaction). 1,180 » Frais de gravures........1.......... 547 92 Brochage du Bulletin... 432 35 7199 80 Port du Bulletin..................... 353 48 Circulaires et impressions diverses. .... 126 » Loyer. ............................. 1,100 » Abonnement pour chauffage et éclairage. 200 » Menus frais, ports de lettres et de pa- 11,766 63 quets............................ 553 »( 2676 83 Bibliothèque, herbier et mobilier...... 191 80 Dépenses extraordinaires ............. 632 03 Honoraires du conservateur de l'herbier. 500 » Traitement de l'agent comptable. ...... 500 1 1,350 » Gages du garcon de bureau............ 350 » Excédant des recettes (comme ci-dessus, page 199)........... 17,146 51 Quant aux conversions de valeurs, elles ont donné les résultats ci-après : Rente sur l'État....... Encaisse à la fin de 1877.............. 15,863 26 Méme encaisse actuel (voy. ci-dessus). Comptoir d'escompte... Encaisse à la fin de 1877............., 1,098 50 Versements . ................. ...,.. .. -3,706 25 Total..,,,,......,,......... 4,804 75 Remboursements à déduire............ 1,700 » Reste. ............... 5,104 75 A ajouter pour intérêts.............. 19 95 Encaisse actuel (comme ci-dessus). 3,124 70 — — CLASSEMENT PAR EXERCICES. J'ai mis sous les yeux du Conseil un tableau qui présente le classement des recettes el des dépenses de 1878, d'aprés l'exercice auquel elles se rapportent. J'ai dressé aussi un tableau aualogue pour la totalité de nos recettes et de nos dépenses depuis la fondation de la Société. Voici le résumé général de ce dernier tableau : Recettes depuis la fondation de la Société... ..... 292,896 68 Dépenses....................,.............. 275,750 17 Excédant des recettes (comme ci-dessus)...... 17,146 51 Les dépenses antérieures au 1*" janvier 1878 sont toutes soldées. Sur 1878 il restait à payer, au moment de la clôture de l'exercice, la SÉANCE DU 23 war 1879. 201 presque totalité des frais d'impression du Bulletin et les dépenses acces- soires qui s'y rapportent. Le tout s'élévera à 5000 francs environ et pourra étre à peu prés couvert par les recouvrements que nous avons encore à faire tant sur 1878 que sur les années antérieures. Mais à ce sujet je dois signaler à la Société, ainsi que j'ai eu le regret de le faire bien souvent, les trop longs retards que nos rentrées éprouvent. Le Con- seil vient de décider qu'un pressant appel serait fait aux membres qui n'ont pas encore acquitté leurs cotisations. Pour l'avenir, la Société se trouvera amenée, je crois, à lexemple de plusieurs autres Sociétés, notamment de la Société géologique, à subordonner l'envoi du Bulletin au payement préalable de la cotisation de l'année. Budget de 1880. J'ai maintenant à soumettre à la Société le projet du budget de 1880. Voici les prévisions pour les recettes : 300 cotisations annuelles à 30 fr.......................... os... 9,000 > (Le nombre des membres de la Société qui auront à acquitter, en 1880, la cotisation annuelle peut étre évalué à 320. Mais pour tenir compte des retards de payement qui pourraient encore se produire, on limite les prévisions à 300 cotisations.) 3 cotisations à vie, à 300 fr.................................. 900 » 10 diplômes à 2fr......................................... 90 » Vente du Bulletin........... seen HH mte 1,500 > Remboursements pour excédants de pages et frais de gravures. ... 100 » Subvention du Ministère de l'Agriculture. ...................... 600 » Subvention du Ministère de l'Instruction publique............ ... 500 » Rente sur l'Etat ....... VEMM 900 » Intérêts du dépôt au Comptoir d’escompte...................... 25 » Total.............,................... 13,545 » Les dépenses pourraient être évaluées comme suit : Impression du Bulletin.................... 5,900 » E Séances........ 92 feuilles I Revue......... 15 z € Session et Table. 8 e 5 = . e B pes 45 feuilles. | 8,710 > Sow JRevue bibliographique et Table (rédaction).. 1,180 » a À [Frais de gravures................,....... 200 » a | Brochage du Bulletin..................... 450 » x | Port du Bulletin...............:......... 650 » Circulaires et impressions diverses... ..:.... 330 »; 209 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Report : ` 8,40 » Loyer... .. eee nn n mee 1,100 » Loyer et frais | Chauffage et éclairage.............. — 200 » | du Ports de lettres et menus frais....... 500 » 2,250 » matériel. | Bibliothèque, herbier et mobilier... .. 150 > Dépenses extraordinaires. ........... 300 » Conservateur de l'herhier........... 500 » Personnel. j Agent comptable.............,..... 500 » 1,390 » Garçon de bureau.......,......... . 350 » Total pour les dépenses.. ....... IM 12,310 » En résumé : La recette serait de..... Pevsseseeceneoecossesseaoeteeeeeemos 13,545 >» La dépense de.............................................. 12,310 > Et l'exercice pourrait se solder par un excédant de........... 1,235 » Cet excédant serait formé surtout par les cotisations à vie, et devrait venir en accroissement de notre capital. | J'ai l'honneur de proposer à la Société : 4° D'ordonner le renvoi du compte de 1878 à la Commission de comptabilité ; 2» D'approuver le projet de budget ci-dessus pour 1880. Les conclusions de ce rapport sont mises aux voix et adoptées, et M.le Président remercie M. Ramond du dévouement et du soin avec lesquels il ne cesse de pourvoir à l'administration financiére de la Société. M. Duchartre fait hommage à la Société d'une brochure intitulée : Note sur des Safrans à flewr monstrueuse, puis il fait la communi- cation suivante : NOTE SUR LA SITUATION DES BULBILLES CHEZ LE BEGONIA DISCOLOR B. Br., par M. P. DUCHARTRE. Le Begonia discolor R. Br. (in Ait. Hort. Kew. ed. 2, V, p. 284), don. M. Alph. de Candolle fait un synonyme du B. Evansiana Andr. (Prodr. XV, 1* pars, p. 313), est le siège d'une production abondante de bulbilles qui, selon plusieurs ouvrages d'horticulture, fournissentle meilleur d'entre les divers modes de multiplication auxquels on peut recourir pour cette espéce. Telle que je l'ai observée, cette production de bulbilles me semble mériter de fixer un instant l'attention de la Société. La formation de bourgeons renflés en bulbilles est un fait habituel chez plusieurs espèces du grand et beau genre Begonia, particulièrement chez SÉANCE DU 23 MAI 1879. 203 celles qui, comme le B. discolor R. Br., appartiennent à la section Kne- sebeckia. Dans presque tous les cas, ces bulbilles sont indiquées comme venant à l'aisselle des feuilles: « Foliis in axilla plerumque bulbilliferis », dit M. Alph. de Candolle dans la caractéristique de la section Knesebeckia (Prodr. XV, 1* pars, p. 305), et auparavant, se plaçant à un point de vue plus général, il avait écrit, dans son mémoire sur la famille des Bégo- niacées (Ann. des sc. nat., 4° sér., 1859, XI): « La formation de bulbilles » à l'aisselle des feuilles ou des bractées est assez fréquente dans la » famille. » En outre, il y a aussi quelques cas dans lesquels cette forma- tion a lieu en dehors de l'aisselle des feuilles ou des bractées, dans des situations où elle semble ne pouvoir être qu'adventive. Ainsi, d’après M. Alph. de Candolle (loc. cit.), « le Begonia (Parvibegonia) sinuata » Wall. émet un bourgeon au sommet du pétiole, en d'autres termes, » à la base du limbe, et dans le B. (Monophyllon) prolifera, espèce nou- » velle de Singapore, ce méme bourgeon existe, accompagné quelquefois » d'un ou deux autres, et se développe habituellement en pédoncule uni- » flore. » Ainsi encore M. J. Sachs dit (Lehrbuch, 3° édit., p. 136 de la trad. par M. Van Tieghem), d'aprés Peterhausen (1), que « dans le B. co- » riacea, on trouve parfois des bourgeons adventifs en forme de petites » bulbes sur la surface méme de là feuille, aux points où les nervures » principales se séparent en rayonnant ». Ainsi enfin Link assimile à des bourgeons adventifs, venus n'importe où sur la tige, les bulbilles de diverses plantes, parmi lesquelles il cite spécialement quelques Begonia : « Interdum » ejusmodi. bulbogemmæ in caule libere proveniunt, nullis foliis fultæ, » gemmis adventitiis similes, quod inBegoniis quibusdam accidit. » (Elem. phil. botan., ed. 9*, 1837, I, p. 342). Dans le Begonia discolor R. Br., ou Evansiana Andr. (Alph. DC.), une production de bulbilles est fréquente, et elle a été signalée tant par les botanistes que par lés horticulteurs. « Bulbilli in Begonia Evansiana &pe apparent », lit-on dans le Prodromus (loc. cit.). D'un autre côté, (1) Je reproduis le nom de Peterhausen, comme l'écrit M. Jul. Sachs, à partir de la 3° édition de son Lehrbuch (3° édit., p. 206 et 236 de la trad. franc. ; 4° édit. p. 172 et 614), bien qu'il ne m'ait pas été possible de vérifier l'exactitude de cette citation quant au nom de l'auteur, ni quant au titre et àla date du mémoire. Je n'ai vu en effet indiqué nulle part le mémoire, intitulé Beitrüge zur Entwickelungsgeschichte der Brutknospen (Hameln, 1869), par M. Peterhausen, que M. J. Sachs cite comme renfermant la descrip- tion des bulbilles du Begonia coriacea; mais je trouve cette description dans un mémoire que j'ai entre les mains et qui a pour auteur le docteur Hermann Peter. Ce mémoire a été également publié à Hameln; sa 2* édition porte la date de 1863, et elle est intitulée : Untersuchungen über den Bau und die Entwickelungsgeschichte der Brutknospen. Les deux travaux n'en font-ils qu'un, et le docteur Herm. Peter est-il le méme que l'auteur nommé par M. J. Sachs Peterhausen ? C'est ce qu'il m'est impossible de décider. Dans tous les cas, les sujets que M. J. Sachs indique comme traités par Peterhausen sont absolument ceux dont s'occupe le docteur Herm. Peter. 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. parmi les ouvrages d'horticulture les plus répandus, le Bon Jardinier dit, relativement à cette espéce : « Multiplication par éclats ou à l'aide » des bulbilles axillaires qui prennent facilement racine. » Le Manuel de l'amateur des jardins, par MM. J. Decaisne et Ch. Naudin, renferme une indication analogue au sujet de cette plante (II, p. 331) : « On la multi- » plie par fragments de la souche, ou mieux encore par la plantation des » bulbilles qui naissent à l'aisselle des feuilles. » Enfin, dans les Fleurs de pleine terre, par MM. Vilmorin-Andrieux, se trouve la phrase sui- vante (3* édit., 1870, p. 156) : « On peut le multiplier, soit par la sépara- » tion des rhizomes, au printemps, soit au moyen des bulbilles qui se » développent en abondance à l'aisselle des feuilles. » Il est donc établi, pour les botanistes et les horticulteurs, que les bulbilles se développent uniquement à l'aisselle des feuilles chez le Begonia discolor R. Br. (B. Evansiana Andr. ; Alph. DC.). Tout autre cependant est la situation dans laquelle j'ai eu récemment occasion d'observer ces bulbilles, ainsi que la Société peuts'en convaincre par les échantillons et les dessins que j'ai l'honneur de mettre sous ses yeux. En effet, celles en grand nombre que j'ai rencontrées sur cette espèce étaient venues sur l'axe secondaire qui était né à l’aisselle des feuilles, mais non à cette aisselle. On voit encore sur plusieurs de ces frag- ments de tiges séches que deux bulbilles sont placées symétriquement à droite et à gauche de la base d'un rameau axillaire, en général tellement près de cette base, et, quand le rameau est gros et vigoureux, si éloignées l'une de l'autre, qu'on pourrait aisément croire qu'elles se trouvent à l'ais- selle des stipules. C'est en effet à l'aisselle des stipules que je les avais crues situées, lors de mes premières observations qui avaient eu pour objet des tiges séches, peu ramifiées. . Ce fait s'est montré constant sur cinq ou six pieds vigoureux de ce Begonia qui avaient élé plantés, pendant l'été dernier, en pleine terre, et qui, ayant été ensuite relevés pour étre mis en pots à l'automne, avaient été laissés à sec, dans le fond d'une serre froide, jusqu'aux premiers jours du mois de mai 1879. ll n'est peut-être pas inutile de donner ici une description succincte de ces bourgeons modifiés et tubérisés. Ils forment un corps ovoide, sensiblement rétréci en pointe au sommet, long de 07,005, épais de 07,0025 en moyenne, arrondi dans le bas, souvent plus renflé à son cóté externe qu'à son cóté interne ou dirigé vers la tige; la masse en est essentiellement formée par un ramule ou axe tubérisé, dont toutes les parties cellulaires se sont hypertrophiées et sont remplies de grains d'amidon ovoides. Le tout est revétu d'une enveloppe brun rougeátre, très mince, composée de cinq ou six assises de cellules subéreuses à parois délicates, à section rectangulaire allongée dans le sens tan- SÉANCE DU 93 mar 1879. 205 gentiel et rangées, comme d'ordinaire, en files radiales. Cet axe épaissi porte ordinairement quatre feuilles-écailles deltoides-lancéolées, très minces, disposées un peu irrégulièrement en paires croisées. Les deux presque opposées qui forment la paire inférieure, et qu'on peut considérer comme deux préfeuilles, s'insérent un peu au-dessus de la base de la bulbille, sur une ligne parallèle au plan qui passerait à la fois par le rameau et par la tige; les deux autres, situées aux extrémités d'un diamètre perpendiculaire à la ligne qui joint les deux premières, surmontent un entrenœud qui forme à lui seul environ les trois quarts ou les quatre cin- quièmes de la longueur totale du ramule tubérisé. Celles-ci sont généra- lement moins allongées que les deux inférieures, et elles s'attachent par une base plus large. Enfin la pointe de la bulbille est occupée par un petit bourgeon qui déjà passait à l'état de pousse, dans beaucoup de cas, au moment où j'ai fait mon observation. Je ferai observer que ces bulbilles de Begonia discolor dans lesquelles les feuilles sont restées étrangéres à la tubérisation et se trouvent réduites: à l'état de lames trés ténues, tandis que l'axe qui les porte s'est renflé en une masse féculente, différent essentiellement, sous ce rapport, d'autres productions du méme genre dans lesquelles, au contraire, le ramule n'a pris qu'un trés faible développement, tandis que leur masse est presque uniquement constituée par des feuilles-écailles fortement épaissies. Je citerai comme exemples de cette dernière manière d’être les bulbilles qui Se produisent, soit isolément, soit par deux ou trois, à l'aisselle des feuilles du Lilium bulbiferum L., surtout du L. tigrinum Gawl. Celles-ci, bien qu'atteignant souvent prés d'un centimétre d'épaisseur avant de quitter la plante mére, n'offrent que quatre ou cinq feuilles-écailles ovales, plus ou moins apiculées, fortement convexes en dehors, concaves en dedans, considérablement épaissies, qui se recouvrent l'une l'autre en spirale dans l'ordre quinconcial, et qui s'attachent par leur base à un axe ou ramule court et non épaissi. On est donc en droit de distinguer, comme le faisait déjà un peu vaguement M. Herm. Peter (loc. cit., p. 49), deux catégories de bulbilles, les unes axiles, les autres foliaires, analogues, les derniéres aux véritables bulbes soit tuniquées, soit écailleuses, les premières aux bulbes solides qui forment le passage aux tubercules proprement dits. Voici maintenant quelle est la situation dans laquelle j'ai vu les bul- billes du Begonia discolor sur les tiges nombreuses de celte espèce que j'ai examinées, soit fraiches à l'automue, soit desséchées, sur des pieds qui avaient été conservés à sec et en serre froide, pendant l'hiver. Le bourgeon qui se produit à l'aisselle d'une feuille se développe en général en un rameau axillaire plus ou moins vigoureux. Ce rameau porte à sa base deux feuilles-écailles ou préfeuilles presque opposées, situées 906 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à droite et à gauche de cette base, c'est-à-dire de telle sorte que le plan qui passerait par leurs deux lignes médianes serait parallèle à celui de la feuille mère. Elles sont attachées par une large base, mais très réduites en longueur; au point de ressembler, dans la plupart des cas, à un simple repli transversal des tissus superficiels du rameau. Bien que, au premier coup d'œil; elles semblent opposées, un examen plus attentif montre que l'une des deux est insérée un peu plus haut que l'autre. Quand le rameau axillaire est peu ou médiocrement vigoureux, il se produit, à l'aisselle de chaque préfeuille, une bulbille qui presque toujours persiste dans cet état. C'est là le cas le plus fréquent, surtout pour les pieds cultivés en pot ou dans le haut des tiges vigoureuses. Il peut arriver que le bourgeon né à l'aisselle de la feuille reste à l'état de bulbille, soit à peu près sessile, soit pédiculée ; on voit alors le plus souvent trois bulbilles dans la méme aisselle, une médiane qui est réellement axillaire, et deux latérales qui sont nées de celle-ci et qui sont par conséquent des axes secondaires par rapport à elle. Dans un petit nombre de cas, je n'ai vu qu'une préfeuille qui était alors adossée à la tige. J'ai rencontré alors une ou deux fois une seule bulbille placée à l'aisselle de cette préfeuille, ou méme une bulbille axillaire sans préfeuille visible. Il n’est pas inutile de faire observer que les deux préfeuilles dont il vient d’être parlé étant situées trés prés de la base du rameau axillaire, ou, dans les cas où le développement a été énergique, ne se trouvant soulevée que de peu de millimétres au-dessus de cette base, immédiate- ment aprés les avoir produites, la pousse axillaire s'allonge en un long entrenœud, sans la moindre transition. Lorsque le rameau axillaire a un développement énergique, ses deux bour- geons préfoliaires qui, sans cela, seraient restés sous la forme de bulbilles, se développent l'un et l'autre en rameaux, mais d'ordre subordonné et tou- jours beaucoup plus faibles que celui duquelils sont issus; On voit alors dans une méme aisselle un fort rameau médian ou de premiére génération, en général renflé fortement dans le bas, et deux rameaux latéraux ou de seconde génération, notablement plus faibles et qui sortent à 4 ou 5 mil- limétres plus haut que le plan d'émergence du premier. Dans ce cas, ces deux axes tertiaires offrant chacun deux préfeuilles basilaires à peu prés opposées, chacun d'eux produit deux bulbilles à l'aisselle de celles-ci, mais situées pour Chacun d'eux dans un plan perpendiculaire à celui dans lequel sont placés les trois rameaux eux-mémes. C'est là une conséquence naturelle de ce fait que les deux bourgeons basilaires d'un rameau, chez le Begonia discolor, se trouvent dans un plan parallèle à celui ‘de la feuille ou préfeuille à l'aisselle de laquelle est né le rameau qui les porte. Dans certains cas, on voit sur la partie inférieure d'un rameau de première génération, d'un côté un rameau de seconde génération bien SÉANCE DU 23 Mar 1879. 207 développé, et en face de lui une bulbille bien formée ou plus ou moins rudimentaire, quelquefois même un petit bourgeon foliacé et non tubé- risé. J'ajoute, en terminant, que l'énergie végétative qui, à la plupart des nœuds de la tige, donne naissance aux productions que je viens d'indi- quer; se traduit visiblement, à partir du plan de ces nœuds, par un fort épaississement de l'axe qu'aecompagne une eoloration superficielle en rouge intense limitée à cette portion supérieure à un nœud. Cette marche d'aprés laquelle s'opérent la ramification et la production de bulbilles, chez le Begonia discolor, diffère assez des indications données par les auteurs cités au commencement de cette note; pour que j'aie pensé qu'il ne serait pas inutile d'en donner une description. M. Malinvaud, au nom de M. Eugéne Fournier qui n'a pu venir à là séance, donne lecture de la traduction suivante d'une lettre de M. le docteur Hasskarl, de Cléves : C'est avec beaucoup d'intérét que j'ai lu dans le Bulletin (tome XXV, p. 163), qu'un individu de Carica Papaya portant des fleurs mâles était, après la section de sa partie supérieure, devenu femelle. J'ai moi- méme autrefois, en 1844 (Catal. hort. Bogoriensis, p. 188), dit que sou- vent les inflorescences mâles du Carica portent à leur extrémité unë fleur androgyne de laquelle sortent des fruits d'une conformation spéciale. Dans mes Plante javanicæ rariores, j'ai décrit avec plus de soin ces fleurs hermaphrodites et ces fruits, et j'ai fait remarquer (p. 180) que Pison, il y a déjà deux cents aris, avait remarqué des fleurs fertiles sur des pieds mâles de cet arbre (Piso, IV, cap. 23, p. 159). Voyez aussi Rheede, Hortus malabaricus, Y, p. 21-23, tab. 15, et Rumphius, Herb. amboi- nense, I, p. 149. A ce propos, je ferai encore observer que cet arbre, qui est ordinairement décrit et figuré avec un tronc unique, sé rencontre aussi quelquefois ramifié, ce que j'ai indiqué p. 180 dans mes Plante javanicæ » rariores : « Truncus autem etsi sæpe juventute simplex, attamen senilis » sæpissime ramos 9-5 aut plures erectos emittit (cf. etiam Rumph. Herb. » amb. Y, p. 145, tab. 50 et 51, ubi p. 147). In Amboina quoque arbores » Conspeximus qua multo crassiorem reliquis gerebant truncum, qua ex- tendebantur in multos explicatos et incurvos ramos, instar Socci arboris. » x M. Bonnier place sous les yeux de la Société divers échantillons d'extraits sucrés recueillis sur différents végétaux, et de sucres purs préparés par lui à l'aide de ces extraits sucrés ; il fait sur ce sujet la communication suivante : 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. RECHERCHES SUR LES SUCRES DES VÉGÉTAUX, par M. Gaston BONNIER On sait que la plupart des matières sucrées que l’on rencontre chez les végélaux appartiennent aux deux grands groupes des saccharoses et des glucoses. Les premiers constituent des matiéres de réserve non directement assimilables ; les seconds peuvent étre immédiatement utilisés par l'orga- nisme. Lorsqu'un saccharose mis en réserve est utilisé par la plante, il doit étre d'abord transformé en glucoses. Ce dédoublement du saccharose en deux glucoses, accompagné d'une hydratation, s'opére par l'action d'un principe azoté soluble découvert par Mitscherlisch. M. Berthelot, qui a isolé ce principe dans la levüre de bière, l'a nommé ferment inversif. J'ai pu extraire un semblable ferment soluble des tissus saccharigènes des Phanérogames (Helleborus, Hyacinthus, Primula, etc.). Ce principe azoté soluble peut transformer en glucoses jusqu'à soixanle fois son volume de sucre de Canne (saccharose). Or, j'ai montré que des réserves spéciales de saccharoses peuvent se produire localement dans tous les organes de la plante, à certaines époques de leur développement. Un accroissement ultérieur de l'organe est accom- pagné de la destruction de ces réserves; le saccharose est dédoublé en glucoses assimilables par le ferment inversif : ainsi sont utilisées les ma- tières mises en réserve. On voit par là de quel intérét physiologique est l'étude dessucres chez les végétaux ; il est important de savoir reconnaitre les différentes espéces de sucres qu'ils renferment, d'en déterminer la proportion relative, de pou- voir les obtenir isolés et purs. 1° Récolte de la matière suerée. — Le procédé le plus simple con- siste à extraire par l'eau toutes les substances solubles du tissu sacchari- fére. Si l'on fait ensuite évaporer après avoir filtré, on obtient un extrait sucré qu'on peut soumettre à l'analyse. En certains cas, la substance sucrée, entrainée par l'eau qui circule dans la plante, perle en gouttelettes à l'extérieur (nectar). On peut alors recueillir ce liquide sucré en l'aspirantavec une pipette munie d'une boule sphé- rique et terminée par une pointe effilée. Si l'on opère ainsi sur un trés grand nombre d'organes de la méme espèce, on peut récolter un volume relativement considérable de matiére à analyser. 2° Analyse des mélanges sucrés naturels. — J'ai décrit ailleurs les divers procédés que j'ai employés pour analyser les mélanges de sucres (1). Je me contenterai de dire que, dans le cas où la quantité de matière re- (1) Voy. Ann. sc. nat. 6° série, t. VIL, SÉANCE DU 23 MAI 1879. 909 cueillie était suffisante, j'ai contrôlé le résultat des analyses en opérant à la fois, sur le méme mélange, par des procédés trés différents: le dosage par la liqueur de Fehling, l'analyse optique par l'angle de déviation du plan de polarisation de la lumière, et la mesure de l'acide carbonique dégagé par la fermentation. Si le tissu est trés riche en saccharose, on peut mettre directement en évidence le sucre de Canne dans les cellules. Si l'on traite la préparation par l'aleool absolu, comme le sucre de Canne est insoluble dans ce liquide, tandis que les glucoses y sont solubles, il apparait sous forme de cristaux étoilés dans les cellules saccharigènes. Les produits autres que les sucres proprement dits étaient éliminés et dans quelques cas dosés (dextrine, mannite, gómme, etc.). 3° Résultats généraux. — On peut trouver des tissus à sucres trés développés dans la racine (Betterave. Carotte), dans le rhizome (Cyperus esculentus), dans la tige ligneuse (Acer, Syringa). J'ai fait voir qu'on trouve en général, dans la fleur, une accumulation de saccharoses accom- pagnés de glucoses, dans les tissus voisins de l'ovaire. On trouve souvent aussi des accumulations de sucres en des régions localisées des organes appendiculaires. | Le plus souvent le saccharose (C*H20%2) est du sucre de Canne, rare- ment du mélézitose (Larix). J'ai trouvé dans la miellée des Sambucus et Quercus le mannitose déjà signalé sur le Fraxinus. Le glucose (C#H120?) le plus répandu est le sucre de raisin, presque toujours accompagné de lévulose. Chez les Sorbus, Amygdalus, Cydo- nia, etc., on trouve le glucose appelé sorbine. — A côte de ces sucres je puis citer la mannite (C'?2H'*052), déjà signalée chez beaucoup d'Algues et de Champignons, et que j'ai rencontrée dans les feuilles d' Acer. La proportion relative de ces différentes substances est extrémement variable. Je ne donnerai pas ici le détail de mes analyses; je me conten- terai de dire que, d'une manière générale, dans chaque tissu sucré, on peut constater que les saccharoses s'emmagasinent d'abord en réserve, puis se détruisent pour étre consommés sous forme de glucoses. Ces deux périodes successives peuvent étre nettement séparées (Betterave), ou insen- Siblement réunies l'une à l'autre (renflements sucrés des feuilles). 4 Préparation des sucres isolés et purs. — J'ai essayé d'obtenir les trois sucres, saccharose, glucose et lévulose, à l'état pur, extraits des tissus saccharifères de la fleur. Voici par exemple comment j'ai opéré en traitant un mélange des trois sucres. Le mélange esttraité par l'alcool absolu ; le sucre de Canne, insoluble, cris- lallise. Les cristaux, pris à la pince, trempés un instant dans l'eau, redis- Sous, sont soumis à une nouvelle cristallisation. On finit par obtenir ainsi T. XXVI. (SÉANCES) 14 940 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. un sucre cristallisé, ne donnant pas trace de précipité avec le tartrate cupro-potassique, et dont le pouvoir rotatoire est p —-1- 735,8 vers 15° de température. C'est du sucre de Canne ou saccharose pur. - Après avoir évaporé à sec le mélange, repris par l'aleool à 90° et ajouté un volume d'éther double, on peut retirer tout le saccharose par cristalli- sation. Il reste un mélange de glucose et de lévulose. Si l'on traite ce mélange par la chaux et l'eau, on peut séparer le lévu- losate de chaux du glucosate dechaux soluble. En traitant le lévulosate de chaux par l'acide oxalique, on obtient lelévulose, sucre visqueux incristal- lisable. On pourrait obtenir le glucose d'une manière analogue ; on l’obtient plus pur en le séparant du lévulose par cristallisation. J'ajouterai que la forme des cristaux de glucose permet trés facilement de les distinguer au microscope des cristaux de saccharose. C'est là un procédé d'analyse qualitative qui peut donner d'utiles vérifications. M. Malinvaud donne lecture de la note suivante : SUR DEUX CAS DE MONSTRUOSITÉ OBSERVÉS DANS DES FRUITS DE CITRUS, par M. Édouard HECKEL. La premiére monstruosité qui fait l'objet de cette note m'a été fournie en double par la Société de botanique et d'horticulture de Provence, dont j'ail’honneur d’être membre, et qui a bien voulu la mettre à ma disposition pour en faire l'étude. Je suis heureux, de mon cóté, aprésavoir employé un premier spécimen pour la dissection, de pouvoir adresser le second à la Société botanique de France : il servira à contróler et à appuyer, je l'espére, mes assertions contenues dans cette courte analyse. L'anomalie a porté sur un fruit mûr de Citrus Aurantium Risso (pro- venant des iles Baléares), qui présentait sur son épicarpe une surface, équivalant à peu prés au cinquiéme dela sphéricité, teinte d'une couleur entiérement verte tranchant considérablement sur la teinte jaune particu- lière au fruit quand il est arrivé à parfaite maturité. Le contour et la couleur verte de cette surface bien délimitée sont ceux d'une feuille d'Oranger privée de pétiole : la nervure médiane elle-même est accusée; seule, la nervation secondaire fait défaut, et c'est là tout ce qui manque pour que la ressemblance soit compléte. Née du pédoncule, cette feuille s'étend jusqu'au sommet du fruit où vient mourir sa pointe apicale. Il me semble naturel d'interpréter ce phénoméne dans le sens de la réversion et d'y voir un fait de virescence peu commun. Ce retour vers un état primitif pourrait servir SÉANCE DU 23 MAI 1879. 911 à nous éclairer sur la nature morphologique de l'ovaire, si la théorie fo- liaire du carpelle n'élait basée sur des faits plus évidents et plus simples encore, dont la morphologie et la tératologie végétales nous offrent des exemples innombrables. Mais si le cas qui m'occupe constitue à ce point de vue une véritable superfluité, il peut nous étre de quelque utilité pour nous instruire sur la maniére dont doit étre envisagée la constitution de l'ovaire. Le fruit est considéré comme formé de dix loges munies de plu- sieurs graines : d’après notre monstruosité, il serait formé de cinq feuilles carpellaires soudées bord à bord, à moins toutefois que la nervure médiane ne soit elle-méme qu'une simple apparence et ne constitue en réalité qu'une ligne de soudure de deux feuilles réduites dans leurs dimensions et dont l’accolement représente la surface d’une feuille ordinaire d'Oran- ger. Pour nous éclairer sur l'interprétation à adopter, il suffira, je crois, d'examiner ce qui se passe ici dans le verticille staminal, dont les défor- mations (réduction ou multiplication du nombre typique) ont un profond retentissement (c'est un fait bien évident) sur le verticille femelle. Les données organogéniques nous indiquent quele cycle staminal a été l'objet d'une partition qui a porté à 25 le chiffre de 5 piéces qui devrait nor- malement le composer en totalité, puisque la fleur est construite sur le type quinaire. Dans de semblables conditions, il est admissible qu'il s'est produit un phénoméne analogue, mais moins répété et moins profond, sur chaque carpelle constituant l'ovaire. Les apparences seraient pour l'inté- grité de la feuille carpellaire telle qu'elle est dessinée en vert sur le péri- carpe; mais, je l'ai dit, les nervures latérales secondaires manquent abso- lument, et rien n'empéche de voir là une feuille seule ou deux folioles accolées. Quoi qu'il en soit, notre surface verte embrasse manifestement deux loges de l'ovaire et leur correspond à peu prés exactement, sauf un léger empiétement sur les deux voisines, l'une de droite et l'autre de gauche. Un fait assez significatif, à mon sens, prouve que nos deux loges sont bien sous la dépendance de la feuille imprimée en vert : c'est que les graines qui y sont renfermées ont leurs cotylédons doués d'une couleur verdâtre rappelant celle de la chlorophylle. Je ne doute pas que cette ma- niére d'étre ne soit due au pigment chlorophyllien, depuis que j'ai constaté d'une facon certaine, au moyen de l'analyse spectrale, malgré les assertions contraires de certains auteurs qui veulent y voir une matière résineuse dérivée des essences (stéaroptènes), que toutes les graines de la manda- rine possédent de la chlorophylle. En résumé, j ’inclinerai à croire qu'il y à eu partition de Ja feuille carpellaire, et que chaque division a servi à former une loge de l'ovaire. Les données organogéniques fournies par Payer (4) sont conformes à celte manière de voir; mais l'examen de la (1) Traité d'organogénie comparée de la fleur, p. 115, article ORANGER. 919 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. seconde anomalie observée chez un C. Limonium Risso semble lui être défa- vorable. Ce citron, provenant de Porto-Marino (Italie), prés de Vintimille, pré- sente la forme générale d'un cylindre taillé en biseau aux dépens de sa base supérieure, tandis que l'inférieure, normale, donne attache au pédoncule. Cette partie taillée en biseau présente cinq digitations inégales formées par les cinq carpelles séparés, et remarquables en ce queleur ensemble simule assez bien une main diabolique à pouce tronqué et à doigts terminés par des griffes. Le chiffre cinq est ici bien incontestable en apparence ; mais il reste à savoir si chacun de ces carpelles si bizarrement disjoints n'est pas composé de deux loges; si, en un mot, chaque demi-feuille n'a pas servi à constituer une loge à elle seule. Si mon appréciation est juste, il doit y avoir partition dans chaque doigt; c'est ce qui reste à voir. Je n'ai point voulu disséquer le fruit, afin de pouvoir l'adresser intact à mes col- légues de.la Société botanique, et de leur permettre d'en constater toute la singularité ; mais je serais trés désireux que l'un d'entre eux voulüt bien faire ce travail, et que le résultat m'en füt communiqué pour étre joint à cette note. Ferrari, d'aprés Moquin-Tandon, a figuré un citron digité (fructus maniformis) et plusieurs oranges corniculées; mais je ne sache pas que le fait singulier de virescence que je signale ici dans le C. Aurantium ait jamais été observé. 7 SÉANCE DU 13 JUIN 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX M. Malinvaud, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance précédente dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. Drake DEL CasriLLo (Emmanuel), 2, rue Balzac, à Paris, présentés par MM. Ed. Bureau et Ed. Bonnet. GuéDon (Adrien), ancien avoué prés le tribunal de la Seine, 75, rue Saint-Lazare, à Paris, présenté par MM. Mouille- farine et Gaudefroy. M. le Président annonce que M"* veuve Gubler vient de donner à la Société toute la portion botanique de la bibliothéque de feu SÉANCE DU 13 JUIN 1879. 943 M. le D' Gubler, son mari; ce don, trés important, contient beau- coup de livres ayant appartenu à Gaudichaud, et un certain nombre d'ouvrages très rares. M. le Président décide qu'une lettre de remer- ciments sera adressée à M"* veuve Gubler. Dons faits à la Société : Fréminier, Sur un Cyclamen nouveau pour la flore du Gard. Malbranche, Les Lichens des murs d'argile dans l'arrond. de Bernay. B. Martin, Les Vicia cassubica et Oxalis stricta, espéces nouvelles pour le Gard. Ménier, Falsification de la gelée de groseille, déc. par les Diatomées. . Ardissone, La vie des cellules (trad. par Champseix). Comes, Catal. delle Piante racc. in Egitto e Palestina nel 1874. Rodriguez, Excursion botanica al Puig de Torrella (Mallorca).: Ant. Kerner, Die Schutzmittel der Blüthen gegen unberufene Gáste. M. Sagot présente des dessins à la plume représentant l'hétéromór- phisme du fruit du Jubelina riparia A. Juss. (famille des Malpighiacées), sur lequel il a fait une précédente communication : 1° Forme Jubelina, observée par A. de Jussieu sur des échantillons récoltés à la Guyane par Leprieur. Trois carpelles égaux, à cinq ailes lon- gitudinales courtes, sinuées, égales. | 2° Forme Hiræoides, récoltée postérieurement par M. Mélinon. Déve- loppement de un ou deux carpelles seulement; ailes marginales très grandes, membraneuses, planes, figurant comme deux ailes de papillon. En consultant, à la bibliothèque du Muséum, la monographie des Mal- pighiacées d'A. de Jussieu, M. Sagot a pu voir que le carpelle mür de la première forme présentait une accrescence considérable des vacuoles latérales, tandis que l'examen du fruit jeune lui avait montré ces vacuoles petites. Cette accrescence ne se produit pas dans la forme Hiræoides. M. Sagot présente ensuite un exemplaire de tirage à part d'un article sur la Vigne sauvage observée à Belley (Ain), article publié dans le der- nier numéro des Annales de botanique, et des échantillons séchés de Vigne sauvage française et de Vignes subspontanées. Il donne quelques observations, dont voici le résumé : Les botanistes sont depuis longtemps divisés d'opinion sur la sponta- néité véritable ou la subspontanéité de la Vigne en France. Tournefort (Institut. rei herbar.) cite un Vitis silvestris lugdunensts. Gmelin (Flor. bad. alsat.) admet un Vitis silvestris. 914 SOCIÉTÉ: BOTANIQUE DE FRANCE. Bronner, dans un mémoire allemand publié en 1857 (D. wilden Trau- ben d. Rheinthales, m. Taf. Heid.), a admis et décrit plusieurs Vignes sauvages dans la vallée du Rhin. Au contraire, De Candolle dans la Flore française, Koch dans la Flore d'Allemagne, Boreau, Grenier et Godron, n'ont regardé la Vigne en France que comme subspontanée. Dans ces derniéres années, la botanique géologique a apporté un nouvel élément dans la discussion. Elle a constaté des empreintes de Vitis à tous les étages du terrain tertiaire, et notamment dans le travertin ancien de Brie. Longtemps M. Sagot n'avait observé que des pieds de Vigne subspon- tanée, soit dans le midi, soit dans le centre de la France ; mais, ayant été plusieurs fois à Belley dans ces derniéres années, il y rencontra en grande abondance, en plein bois, et sur une région étendue, la Vigne sauvage. Elle était remarquable par des fleurs polygames, les pieds mâles étant beaucoup plus nombreux que les:pieds hermaphrodites; par une grande constance de forme; par un bois gréle, des feuilles petites, des grains trés petits, arrondis, noirs, d'un goût sûr et acerbe méme à parfaite matu- rité, des pepins courts. M. Sagot ayant envoyé des pepins au Jardin des plantes, M. Decaisne lui recommanda de continuer ses observations, lui représentant combien la découverte d'empreintes de Vitis à tous les étages du terrain tertiaire donnait de présomptions favorables à l'existence d'un Vitis sauvage en France. |... : . LIU La Vigne sauvage de Belley est fort semblable au Vitis cebennensis Jord. que M. Jordan a trouvée, il y a un certain nombre d'années, dans une vallée sauvage des Cévennes calcaires à la Sérane, qu’il conserve vivante dans son jardin à Lyon, et dont il a répandu des graines dans les jardins botaniques. La Vigne subspontanée se présente variable d’un pied à un autre, et se présente à des degrés divers de dégénérescence, c’est-à-dire de retour à la similitude de l’état sauvage. Plusieurs des Vignes de Bronner de la vallée du Rhin, conservées vivantes dans son jardin par M. Jordan, ont paru à M. Sagot plutôt sub- spontanées que sauvages, mais il est très possible que la vallée du Rhin présente aussi la vraie Vigne sauvage. Bronner a observé des pieds mâles stériles. Dans les semis très nombreux de Vigne, qui ont été faits en France en vue d'obtenir des races nouvelles améliorées, il est arrivé parfois (quoique rarement) qu'on a vu naitre des pieds máles stériles. M. Cour- tillier, à ce que M. de Soland a assuré récemment à M. Sagot, en a ob- SÉANCE DU 13 Jurn 1879. 215 servé. Le plus souvent on constatait un certain degré de dégénérescence dans la qualité du fruit, mais le bois restait fort et les feuilles amples. Il est évident qu'on semait en trés bonne terre soigneusement cultivée, et que les pieds qui avaient fourni les graines croissaient en bonne terre également. Dans des cultures en plein bois, et avec des semis continués dans cette condition pendant plusieurs générations successives, on obtiendrait sans doute un retour sensible à la similitude de l'état sauvage, et l'on verrait naitre un bien plus grand nombre de pieds máles. En parcourant les nombreux échantillons de Vitis de l'herbier général du Muséum, M. Sagot a vu quelques pieds à fleurs mâles récoltés dans l'ancien continent. ' M. Bureau fait observer qu'on a trouvé dans les travertins de Sésanne une Vigne fossile. M. Prillieux dit que les Olivastres du Midi, qui ne sont que des Oliviers échappés des cultures et retournant au type; sauvage, reproduisent toutes les variétés qu'on observe dans les Oliviers cultivés. M. Marés ajoute qu'il a vu en Algérie des Vignes croissant dans des ruines de l'époque romaine, et qui, bien qu'abandonnées à elles- mêmes depuis douze ou quatorze siècles, avaient conservé tous les caractéres spécifiques de la Vigne dite d'Alicante. M. Duchartre fait la communication suivante : NOTE SUR DES FLEURS MONSTRUEUSES DE GRENADIER (PUNICA GRANATUM L.), ` par M. P. DUCHARTRE. Le 11 juin courant, M. Duval-Jouve a bien voulu m'envoyer de Mont- pellier, par la poste, quatre fleurs et deux boutons de Grenadier cueillis sur des arbres de son jardin. « Non-seulement », m'écrivait notre excellent et savant confrère, « ces fleurs sont doubles par la transformation des » étamines en pétales, mais encore du centre de chacune il en nait une » autre avec calyce charnu, pétales et étamines. » J'ai examiné avec attention ces boutons et ces fleurs qui, une seule exceptée, étaient arrivées en assez bon état pour qu'on püt en reconnaitre l'organisation, et cet examen m'y a fait observer des particularités qu'il me semble opportun de faire connaitre, tant en raison de leur intérét propre que des indica- tions qu'on peut en tirer relativement à la question fort controversée, mais non encore absolument résolue, de la formation des ovaires infères, 916 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dans ma note, je commencerai par décrire ces fleurs; je tàcherai ensuite d'en tirer quelques déductions en vue de faire apprécier la légitimité de l'une ou l'autre des hypothèses qui ont été proposées touchant cette importante mais difficile question. wr e | Coupe longitudinale de la fleur A, faiblement grossie, menée un pen en avant de son plan médian. (Voyez l'explication des lettres dans le texte.) I. La première et la mieux conservée de ces fleurs, que, pour abréger, je désignerai par A, offrait un calyce (c) fendu en six lobes égaux, lan- céolés, étalés horizontalement ou légėrement révolutés, dont le tube por- tait intérieurement de nombreux pétales plus ou moins chiffonnés (p), plus courts que les lobes calycinaux, et groupés par trois ou quatre, ou méme en faisceaux plus nombreux sur l'un des côtés de la fleur; ces groupes de pétales alternaient assez réguliérement avec les lobes calyci- naux.fPlus bas, par conséquent plus prés du centre dela fleur, émer- geaient de ce méme tube de nombreuses étamines (ef) déjà séches, in- sérées sur une zone large de 6 ou 7 millimétres. Cette zone était limitée inférieurement par un bourrelet proéminent, périphérique et continu (b,b), dontle bord libre était dans cette fleur non-seulement tronqué, mais encore creusé d'un léger sillon médium. Enfin la fleur se complétait par un pistil qui s'éloignait assez peu de l'état normal, et dont l'ovaire (ov), occupant le cóne renversé qui forme la portion inférieure de la fleur chez le Grenadier, portait à son sommet un style (st) surmonté d'un stigmate. On voit que cette fleur, considérée seulement dans les parties que je viens d'énumérer, était complète et semi-double; mais la monstruosité SÉANCE DU 123 JUIN 1879. 917 dont elle était affectée avait agi, d'un cóté sur sa corolle, dontles pétales nor- maux s'étaient dédoublés de maniére à devenir chacun un groupe plus ou moins nombreux de folioles corollines, d'un autre sur le gynécée, dont l'ovaire et les ovules avaient subi une altération de leur état normal. On sait que l'ovaire du Grenadier, dans son état naturel, a une organi- sation tout à fait caractéristique et se montre creusé de deux étages de loges multiovulées. Les loges de l'étage inférieur sont au nombre de trois et offrent chacune un gros placenta axile, à peu prés hémisphérique et chargé d'un grand nombre d'ovules; celles de l'étage supérieur sont au nombre de cinq, plus éloignées du centre, et renferment chacune un gros placenta également hémisphérique et chargé d'ovules, mais pariétal. L'observation organogénique a montré que les cinq loges supérieures se sont formées les premiéres, et que leurs placentas, d'abord axiles, ont subi, pendant la suite du développement de l'ovaire, un transport vers l'extérieur accompagné d'une sorte de mouvement de bascule dont ona vu ailleurs quelques autres exemples et qui finalement a renversé leur situa- tion premiére. Quelquefois, notamment chez les Grenadiers à fleur jaune (Payer), l'étage inférieur a cinq loges qui alors alternent d'ordinaire avec celles de l'étage supérieur. On a méme vu se former, dans quelques cas, un troisiéme étage, alors toujours à 3 loges situées plus bas et plus rap- prochées du centre que celles des étages moyen et surtout supérieur. M. Eichler (1) dit avoir observé, dans le jardin botanique de Heidelberg, tous les intermédiaires possibles entre cet état le pluscomplexe de l'ovaire (9 4- 5-1-3 loges) et celui qui lui est habituel (5-]-3 loges). L'ovaire de la fleur A avait conservé les deux étages habituels de loges, mais la situation relative de celles-ci était irrégulière, surtout à l’étage inférieur (}'), qui m'a paru en avoir 5 comme le supérieur, qui, dans tous les cas, en avait plus de 3. Les placentas de ces loges étaient axiles, comme ils devaient l’être ; mais ils ne portaient pas d'ovules. Les 5 loges de l'étage supérieur (I) étaient bien formées, mais inégales de grandeur et irréguliérement situées: 4 étaient comprises dans la méme demi-cir- conférence, tandis que la cinquième se trouvait isolée au milieu de la- deuxiéme demi-circonférence, par conséquent loin des autres. Les pla- centas de ces loges étaient nettement pariétaux, chargés à leur surface de nombreux ovules imparfaits. Les diverses parties que je viens de décrire formaient, dans A, ce que je puis appeler la fleur extérieure, laquelle, comme on le voit, n'avait subi que d'assez faibles altérations tératologiques. Mais le fait le plus important dans cette monstruosité, c'était la présence d'une fleur intérieure, née de la précédente par une prolification particuliére. (1) D" A. W. Eichler, Blüthendiagramme, 11, p. 488. 918 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cette fleur intérieure naissait de la base du tube de la fleur externe, entre le sommet de l'ovaire d’où s'élevait le style de celle-ci et le bour- relet périphérique interne (bb) dont j'ai signalé l'existence. La coupe lon- gitudinale montre que le tube de la fleur interne semble étre le résultat d'un dédoublement ou, si l'on veut, d'une partition de celui de la fleur externe, bien plutót qu'une produclion du haut de l'ovaire; car si sa face interne descend jusqu'au niveau de l'ovaire, sa face externe se termine beaucoup plus haut, de sorte que son plan d'origine se trouve tout entier sur le prolongement de la face interne du tube de la fleur mère. L'organisation de cette fleur interne était fort simplifiée, puisqu'elle se réduisait à un calyce et un androcée. Son calyce (c'c), semblable de colora- tion, d'épaisseur et de consistance à celui de la fleur mére, avait à peu prés la méme longueur que celui-ci; il était beaucoup moins ouvert et en entonnoir. Il était également fendu en 6 lobes fort inégaux en largeur, ce qui ne permettait pas de reconnaitre entre ces deux enveloppes calycinales un rapport d'opposition ou d'alternance. Quant à l'androcée, il comprenait un grand nombre d'étamines (et) insérées sur toute la face interne du tube, c'est-à-dire dans une zone de plus d'un centimétre de hauteur. Le développement de ces étamines ayant eu lieu de haut en bas, comme dans la fleur normale de cette espéce, les supérieures étaient longues et déjà sèches, tandis que les inférieures étaient notablement plus courtes et encore fraiches. Quant au pistil, il n'en existait pas le moindre indice ; on ne voyait méme pas de place où il eüt pu exister, la fleur entière se réduisant à un tube ou entonnoir staminifère. En somme, la monstruosité A consistait en une fleur semi-double et compléte, mais stérile par atrophie des ovules, qui avait produit, par prolification, une fleur fille ou interne, apétale et agyne. II. Une deuxième monstruosité B, qui m'était arrivée en partie décom- posée, ressemblait à la fleur À en cesens que les deux calyces y formaient l'un et l'autre un verticille complet, et que la corolle manquait à la fleur interne ; mais elle s'en distinguait, d'un autre cóté, sous les rapports sui- vants: 1° Le calyce interne avait 7 lobes presque égaux, longuement cohérents entre eux sur les bords en trois groupes, dont deux binaires et un ternaire, tandis que le calyce externe paraissait avoir eu 6 lobes iné- gaux en largeur. 2° L'un des lobes du calyce interne s'était développé au bord et au sommet en une grande lame pétaloide, spatulée. 3° La fleur externe manquait de pétales devant 2 de ses sinus calycinaux, tandis qu'il en existait un groupe devant chacun des 4 autres. 4° Elle n'offrait aucun indice de loges ovariennes; dans la masse obconique qui, à l'état normal, les aurait renfermées, descendait profondément la cavité de la fleur interne sous la forme d'un puits étroit dont le fond en cul-de-sac n'était distant que de 07,007 du sommet de ce cône renversé, et dont les parois . SÉANCE DU 13 Jurn 1879. 219 étaient chargées d'étamines sur une large zone. 5° Le tube calycinal interne était plus profondément séparé de l'externe que dans la fleur A. En somme, la monstruosité D consistait en une fleur mére ou externe incomplétement et irrégulièrement semi-double, polyandre et agyne, qui avait produit, par prolification, une fleur fille ou interne, apétale et agyne. IIT. La troisième des monstruosités qui se sont trouvées en état d’être examinées en détail, c'est-à-dire la fleur C, ressemblait encore à la fleur A pour la prolification et pour la situation relative des parties, mais elle en différait à certains égards : 1° Dans la fleur externe, le calyce avait 7 lobes à peu prés égaux. 2^ La corolle faisait presque défaut et se trouvait réduite à de simples rudiments de pétales, situés isolément ou par deux, devant 3 sinus calycinaux, rien ne représentant le verticille corollin devant les 4 autres sinus, et les étamines étant restées nombreuses comme toujours. 3° En place d'ovaire, on voyait une masse extérieure- ment obconique, comme d'ordinaire, mais pleine, sans le moindre indice de loges, dans le tissu de laquelle pénétraient de haut en bas des fissures irréguliéres, et qui n'était pas surinontée d'un style. 4* Dans la fleur interne, le calyce incomplet se réduisait à deux grands lobes placés aux extrémités d'un, méme diamètre, et rattachés à leur base par un simple bourrelet continu. 5? De ce bourrelet s'élevait, sur un seul cóté de la fleur, un faisceau asymétrique de pétales colorés. 6* La zone staminifére du tube était beaucoup plus étroite que dans les deux cas A et B. Comme dans les deux monstruosités précédentes, rien ne représentait un gynécée dans cette fleur interne. Ainsi la troisiéme de ces monstruosités réunissait une fleur mére ou externe presque apétale, polyandre et agyne, et une fleur fille ou interne partiellement semi-double, dans laquelle les verticilles calycinal et corol- lin étaient incomplets et le pistil faisait absolument défaut. IV. J'ai disséqué les deux boutons de fleur que j'avais à ma disposition. L'un, D, offrait : 4° une fleur externe pourvue d'un calyce bien formé, de deux ou trois cercles complets de pétales, sans étamines, et dont le pistil, sans style ni stigmate, était réduit à un ovaire creusé, vers le haut de sa masse, des loges de l'étage supérieur avec leurs placentas pariétaux char- gés de mamelons ovulaires; 2* une fleur interne avec calyce, corolle, et nombreuses étamines sans indice de pistil. Dans le second bouton, E, il y avait une fleur externe trés double qui, en dedans de ses nombreux pé- tales, n'avait conservé qu'une ou deux étamines imparfaites, dans laquelle aussi men ne représentait le pistil, et une fleur interne formée d'un calyce complet à 3 lobes dont2 bidentés et un tridenté, d'un verticille de pétales suivi de nombreuses étamines, sans plus de traces de pistil que dans trois des cas précédents. 220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En résumé, le caractère essentiel des cinq fleurs monstrueuses dont je dois la communication à l’obligeance de M. Duval-Jouve consiste en une prolification qui, d’une fleur mère tantôt presque complète quant au nombre et à l'état de ses verticilles, tantót'et plus fréquemment incom- pléte par absence des parties qui constituent normalement le pistil, a fait naitre directement une fleur fille en tube ouvert aux deux bouts et tou- jours dépourvue d'organe femelle. Quant aux caractères secondaires, ils résultent des différentes variations qu'ont pu offrir les trois premiers verticilles floraux, au premier rang la corolle, au second rang l'androcée, au troisième rang le calyce. Un fait important ressort des diverses ma- nières d'être que ces fleurs ont affectées : c'est que la seule portion de l'ensemble floral qui n'ait jamais ni manqué, ni varié, qui se soit montrée toujours abondamment génératrice, c'est la base du tube floral de laquelle parlaient visiblement et directement, pour la fleur mère, les sépales, les pétales, les étamines et la fleur. fille; pour celle-ci à son tour, les sépales, les pétales et les étamines. De quelle nature est donc ce tube qui joue ici un róle si important? La réponse à cette question ne pourrait sortir, je crois, que d'un examen approfondi de la nature des organes floraux, surtout de la maniére dont on doit considérer la formation des ovaires infères, avec cetle particularité que celte formation se présente entourée de difficultés d'interprétation plus grandes que de coutume dans le cas spécial du Grenadier. Je ne puis, dans une note telle que celle-ci, me livrer à cet examen approfondi; toutefois je crois ne devoir pas m'y soustraire entiérement, sous peine de laisser presque dépourvus de signi- fication les faits que je viens d'exposer. V. Et d'abord dans quelle classe de prolification florale peut-on faire rentrer ces fails? Dans son excellent traité de tératologie, M. Maxwell T. Masters divise les prolifications de la fleur en deux sortes,les médianes et les axillaires : les médianes dues au développement anormal de l'axe, au centre de la fleur, les axillaires produites par un bourgeonnement, à l'aisselle de l'un ou l'autre des organes floraux (1). La prolification de la fleur du Grenadier. que je n'ai trouvée décrite dans aucun des traités ou mémoires de térato- logie que j'ai pu consulter, ne rentre, ce me semble, ni dans l'une ni dans l’autre de ces deux catégories. Elle n'est pas médiane, puisque la fleur interne qui en est provenue est un tube plus ou moins large qui laisse le centre de cet ensemble flora! vide ou rarement occupé par le style de la fleur mére; elle n'est pas axillaire, puisque cette qualification s'applique à la formation soit d'un bourgeon foliacé, soit d'une fleur à l'aisselle de l'un des organes floraux, c'est-à-dire de l'une des feuilles de la fleur isolée. (1) Masters, Vegetable Teratology, 1869, livr. 1, part. 3, chap. 9. SÉANCE DU 13 JUIN 1879. 991 Je crois donc qu'on pourrait établir pour elle une troisième catégorie qu'on appellerait prolification circulaire. VI. La formation des ovaires inféres a été envisagée successivement de maniéres fort différentes qui ont donné naissance à tout autant de théories. La plus ancienne et la plus fréquemment adoptée encore de ces théories, surtout par les botanistes descripteurs, est celle qui consiste à considérer un ovaire infère comme entièrement analogue à un ovaire supére et libre, constitué de méme par des feuilles carpellaires, mais à l'extérieur duquel serait soudé le tube du calyce faisant entièrement corps avec lui. « Calyce adhérent àl'ovaire », calycis tubus inferne ovario adnatus, etc., sont des expressions employées dans presque toutes les caractéristiques des genres et des familles qui offrent ce caractére. Cette manière de voir a été appuyée, dans ces derniers temps, soit sur des faits naturels, par exemple sur cette particularité que, chez les Bikkia (Ru- biacées), de la surface du fruit mür se détachent quatre folioles qui y avaient adhéré jusqu'alors, soit sur des observations tératologiques, comme celles qu'ont fournies à M. Masters des Ombelliféres, une Campa- nule, une Composée (Rudbeckia ?), monstruosités dans lesquelles l'ovaire s’est entièrement séparé du calyce pour devenir libre et supère. En rai- son du principe fondamental qu'un organe appendiculaire ne peut produire d'autres organes appendiculaires, les prolifications ci-dessus décrites sont formellement contraires à cette manière de voir. Une importante modification à cette théorie a été introduite dans Ja science par M. Van Tieghem (1), lorsqu'il a dit (loc. cit., p. 63) que, « avant méme la naissance des loges (dans les ovaires qualifiés impro- » prement, selon lui, d'inféres), l'axe floral a complètement disparu » pour produire tous les faisceaux des organes appendiculaires qui con- » Stituent la fleur. Tous les appendices que nous voyons se séparer au » sommet de l'ovaire sont donc réellement distincts dés la base du pistil » et représentés par leurs systèmes circulaires indépendants. » Récem- ment ce savant botaniste a soutenu son opinion en l'appuyant de nouvelles considérations, desquelles il a conclu (2) comme précédemment, que « tous les ovaires inféres sont de nature appendiculaire, et non de nature » axile ». Déjà M. Eichler (3) et M. Celakovsky (4) ont combattu par de nombreux arguments celle manière de voir et en ont, ce me semble, démontré (1) Ph. Van Tieghem, Recherches sur la structure du pistil et sur l'anatomie com- parée de la fleur (Mém. des savants étrangers, XXI, 1865, pp. 1-251, 16 pl.). (2) Yan Tieghem, Anatomie de la Rose, et en général caractères anatomiques des axes invaginés (Bull. de la Soc. bot. de Fr., XXV, 1878, pp. 309-314). (3) Eichler, Blüthendiagramme, I, 1875, p. 49 et suiv. (4) Lad. Celakovsky, Ueber die Cupula und den Cupularfruchtknoten ((Esterr. botan. Zeitschrift, XXIV, 1874, pp. 358-370, 5 fig.). 999 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'insuffisance ; je crois que les faits rapportés dans cette note, n'étant pas plus conciliables avec elle qu'avec celle du seul calyce adhérent, ajoutent encore une nouvelle objection, non sans valeur, à celles qu'ont formulées ces deux savants. Par opposition aux théories précédentes qui font découler la formation des ovaires inféres exclusivement de l'union d'organes appendiculaires, M. Schleiden en a proposé une qui ne fait intervenir dans celte formation que l'axe creusé, et qui réduit autant que possible le rôle des feuilles car- pellaires. Aprés avoir énuméré et figuré les différentes configurations que peut prendrele torus ou réceptacle propre dans les fleurs à ovaire supére, ce savant dit (1): « Il est beaucoup plus commun de voir dans la fleur le » développement de l'axe en forme de disque ou de coupe creuse. Lorsque » tous les articles caulinaires de la fleur forment une coupe creuse qui » peut méme s'allonger en tube cylindrique, laquelle ne renferme que des » ovules et porte à son bord supérieur fous les organes floraux, cette for- » mation est ce qu'on nomme ovaire infère (ovarium inferum). » L'au- teur de cette théorie disait que les feuilles carpellaires, s'insérant sur l'axe, comme tous les autres organes floraux, venaient seulement fermer supérieurement les loges ovariennes creusées dans la substance de cet axe et constituer ensuite le style. Payer a complétement adopté cette théorie, en la rendant méme abso- lument générale, puisqu'il n'admettait pas les rares exceptions que recon- naissait M. Schleiden ; aussi formulait-il son opinion de la manière la plus précise en disant (2): « Il demeure constant que l'ovaire infère se com- » pose toujours d'une partie inférieure axile qui est creusée d'un plus » ou moins grand nombre de loges, et d'une partie appendiculaire qui » la recouvre. » Malheureusement cette théorie, séduisante à plusieurs égards, rencontre une difficulté absolument insurmontable. Depuis que Brongniart, et aprés lui M. Cramer, ainsi que divers autres observateurs, ont démontré que l'ovule, au lieu d'avoir la valeur morphologique d'un bourgeon entier, n'est analogue, dans l'immense majorité des cas, qu’à un simple lobe de feuille, il est devenu impossible de voir dans la paroi de chaque loge ovarienne autre chose qu'une feuille carpellaire dont les bords donnent naissance aux ovules. Une conséquence naturelle de cette notion, c'est que l'axe est étranger à la formation de ces loges. Mais, d'un autre cóté, puis- qu'il est également reconnu que, dans les fleurs à ovaire infére, le calyce, la corolle et l'androcée naissent bien réellement à peu prés au niveau du sommet de l'ovaire ou méme plus haut, et qu'il est de principe incontesté (4) Schleiden, Wissenschaftliche Botanik, 3° édit., JI, p. 950. (2) Payer, Organogénie comparée de la fleur, p. 735. SÉANCE DU 12 Juin 1879. 993 que ces organes appendiculaires ne peuvent devoir leur origine qu'à une formation denature axile, on setrouve forcé d'admettre que dans un ovaire infere il existe concentriquement une portion appendiculaire, les car- pelles, qui donnent les loges et plus haut se prolongent en style, puis extérieurement un prolongement de l'axe qui, sous la forme d'une coupe plus ou moins profonde, renferme, en adhérant intimement avec elles, les loges ovariennes, et produit à son bord supérieur les 3 verticilles floraux externes. Telle est en effet la théorie qui, dans l'état actuel de la science, me semble étre la seule admissible. Dés 1857, elle avait été formulée par M. J. Decaisne, dans sa Note sur l'organogénie florale du Poirier (1), qui a été reproduite par lui dans l'introduction de son grand et magnifique ouvrage intitulé: le Jardin fruitier du Muséum. On lit en effet dans cette note: « Les ovules prennent naissance sur les bords des feuilles carpel- » laires et non sur une prolongation de l'axe. » Et plus loin: « Primiti- » vement les carpelles sont libres dans l'enveloppe réceptaculaire ; cepen- » dant, lorsque les fruits sont parfaits, on les trouvera profondément » enchàssés dans le tissu parenchymaleux et succulent de ces fruits. » Si nous comparons cet énoncé avec ceux par lesquels cette méme théorie est formulée aujourd'hui, notamment dans les ouvrages et mémoires tout récents de M. Eichler et de M. Celakovsky, nous ne reléverons entre eux que quelques différences légères : ainsi la soudure de la cupule réceptacu- laire avec l'ovaire qu'elle renferme était regardée par M. J. Decaisne comme consécutive et comme due, dans le cas spécial du Poirier, à l'inter- position du disque, tandis que ces auteurs la disent, dans la généralité des cas, primitive, directe et congénitale. , J'ajouterai, pour terminer cet exposé, que M. J. Sachs a proposé une théorie en quelque sorte intermédiaire entre celles de M. Schleiden et de M. Decaisne. Comme M. Schleiden, il admet que c'est l'axe creusé qui forme l'ovaire infère ; mais, dit-il (2), dans les ovaires infères unilocu- laires à placentas pariétaux (Orchidées, Opuntia), « ceux-ci peuvent être » regardés comme des prolongements des bords des carpelles descendant » le long de la face interne des parois ovariennes », c'est-à-dire comme des décurrences carpellaires. « Il en est de méme pour les cloisons » longitudinales de l'ovaire infére pluriloculaire. » Pour ne pas sortir du cas dont je m’ occupe dans cette note, je ne concois pas comment, chez le Grenadier,les décurrences des 5 carpelles de l'étage ovarien supérieur, aprés avoir fourni les placentas de leurs loges, se comporteraient pour venir former les placentas axiles des 3 loges inférieures. Je crois (1) Bull. de la Soc. bot. de Fr. IV, 1857, p. 338-342. (2) Jul. Sachs, Lehrbuch der Botanik, 4° édit. 1874, p 549, 994 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d'ailleurs que la marche générale du développement des ovaires inféres serait peu facile à concilier avec cette théorie. Voyons maintenant quelle est, parmi les théories que je viens de résumer, celle qui peut rendre compte des curieux exemples de prolifi- cation que cette note a pour objet de faire connaitre. La vue de la coupe longitudinale de la fleur A suffit pour faire reconnaitre que ces prolifica- tions sont inexplicables par les théories qui font finir l'axe au-dessous des loges de l'ovaire, ou qui tout au plus, dans les cas de prolifications mé- dianes, admettent un prolongement de la tige dans l'axe géométrique de la fleur mère. Avec ces manières de voir, il faudrait dire que la fleur interne, avec son organisation compléte, au pistil prés, est née des appen- dices qui forment la fleur externe, ce qu'hésiteraient probablement à admettre les partisans les plus résolus de ces théories. Cette difficulté majeure n'existe pas avec la théorie de l'ovaire infére totalement axile ; mais cette théorie étant inconciliable avec la formation des ovules, et les loges supérieures de la fleur A ayant offert de nombreux ovules ébauchés, l'objection cápitale qui fait rejeter cette théorie trouve ici, son application, comme dans la généralité des cas. Quant à l'opinion qui consiste à admettre l'existence d'un ovaire car- pellaire à l'intérieur d'une cupule axile cohérente avec les parois des loges, elle me semble rendre facilement compte de tous les faits que j'ai rapportés. Dans les fleurs prolifères que j'ai décrites, la cupule axile, dont le bord a produit le calyce, la corolle et l'androcée de la fleur ex- terne, a pu, par l'effet d'une partition, donner un prolongement interne, c'est-à-dire une seconde cupule analogue qui, à son tour, a émis le calyce, la corolle et l'androcée de la fleur interne. Quant au pistil, il est complet dans la fleur A, à cela prés que les loges inférieures de l'ovaire sont dépourvues d'ovules, tandis que les supérieures en ont de nombreux, mais imparfaits. Il existe donc ici, comme dans la fleur normale du Grenadier, deux verticilles de carpelles enfermés dans la cupule axile, etqu'on saitavoir dü se produire successivement, le supérieur en pre- mier lieu, l'inférieur plus tard. C'est du reste, malgré l'apparence contraire, l'ordre acropéte, puisque le sommet vrai de cet axe se trouve au centre et au fond dela coupe réceptaculaire. Ici les carpelles supérieurs ont donné un style. Ailleurs dans le bouton D, le développement des carpelles s'était arrété aprés la formation de ceux qui occupent l'étage supérieur, et méme ceux-ci ne s'étaient pas prolongés en style. Enfin, dans les trois autres cas, les carpelles avaientavorté complétement, et de l'ovaire infére du Grenadier, si complexe dans son état naturel, il ne restait que la cupule axile, qui avait produit deux fleurs à trois verticilles chacune. Ainsi s'expliquent aisément, selon moi, ces exemples de prolification florale qui m'ont semblé offrir assez d'intérét et de nouveauté pour mériter d'étre décrits avec quelque détail. SÉANCE DU 13 JUIN 1879. 925 M. Malinvaud donne lecture de la communication suivante adres- sée à la Société par M. Battandier : NOTE SUR L'ALLIUM MULTIFLORUM Desf., par M. BATTANDIER. Cet Allium est considéré par MM. Grenier et Godron (Flore de France) comme différant des Allium de la méme section. Munby et Parlatore en font un simple synonyme de PA. Ampeloprasum L. Je partagerais volontiers cette manière de voir, à la condition toutefois de rendre la description de ce dernier beaucoup moins précise. Il est certain que l'Allium multiflorum est très variable aux environs d'Alger, comme du reste beaucoup de nos plantes à bulbes. J'en cultive dans mon jardin trois formes remarquables que je crois devoir décrire parce qu'elles ren- dent compte des divergences que l'on trouve dans certaines descriptions. L'une d'elles est bien la plante de Desfontaines (spatha bivalvis, bicor- nis Desf. Fl. atlant.). Une autre se rapporte mieux à la description de Parlatore (spatha univalvis, et plus loin, spatha di un sol pezzo, lar- gamente ovata alla basa e terminata in una punta longa ed ottusa). Allium Ampeloprasum L., multiflorum Desf., formes observées aux environs d'Alger. 1* à. Ampeloprasum. — Spathe irrégulièrement ovale, à pointe trés longue (égalant 2 à 3 fois la partie globuleuse), à nervures anasto- mosées en réseau, univalve, caduque. Périanthe urcéolé, à segments lan- céolés tous semblables, blanchátres avec une large raie violette sur la carénetrés peu papilleuse. Étamines exsertes, les tricuspides à pointe anthéi- fére courte (1 du reste du filet), à pointes stériles longues et enroulées ; anthères grisâtres. Style exsert. — Maison-Carrée, Frais-Vallon, etc. Cette forme est surtout remarquable par son ombelle ample, à pédoncules les uns trés longs, les autres courts. 2 8. multiflorum. — Spathe très régulièrement ellipsoïdale, à pointe trés courte (plus courte que la partie globuleuse), à nervures parallèles dessinant des méridiens dont un trés marqué dans le sens de l'aplatisse- ment de la pointe. La spathe s'ouvre en 2 valves suivant ce méridien, et la pointe se refend en 2 lanières restant souvent soudées par le sommet, jusqu'à rupture de l'une des valves au point d'attache. Ombelle globu- leuse très serrée. Périanthe comme dans le précédent, un peu plus papil- leux. Étamines exsertes, longues, coudées à angle droit sur le bord du périanthe, les tricuspides à pointe anthérifère égalant les trois quarts du reste du filet. Style exsert. Plante plus robuste. — Birkradem et ailleurs. T. XXVI. (SÉANCES) 15 996 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3° y. soboliferum. — Spathe du précédent à valves plus persistantes, ce qui rend l'ombelle hémisphérique. Périanthe droit, non urcéolé, plus grand, trés fortement papilleux, ce qui, méme de trés loin, donne à l'om- belle un aspect farineux. Les 3 piéces externes du périanthe un peu plus grandes, insensiblement atténuées en pointe. Étamines exsertes, à anthéres rouges ; les tricuspides ayant les trois pointes égales, dépassant en lon- gueurla moitié du reste du filet. Dulbilles nombreux, trés longuement pédiculés, sortant de terre à un décimétre et plus du pied de Ja plante (comme dans lA. Pater-familias Boiss.) et verdissant à l'air. J'ai pris les bulbes de cette curieuse forme à 1606 mètres d'altitude au sommet du Djebel Mouzaia. Ses feuilles sont si fortement carénées, que la tige en parait ailée. Dans une note qui accompagne celte communication, M. Battan- dier annonce en outre qu'il a trouvé à la Bouzareah un Linum corymbiferum Desf. de la forme dolichostylée, mais à styles rudi- mentaires et trés courts ; une fleur monstrueuse d'Anagallis col- lina Schousb., dont le centre était garni d'une véritable forét de styles. M. Battandier signale encore, comme monstruosités assez fréquentes à Alger, la tendance à la fasciation des Solenanthus lanatus, Cerinthe major et Echium, et la transformation des fruits d Opuntia en véritables raquettes. M. Flahault fait au nom de M. H. Hermite la communication . suivante : SUR LES PRÉTENDUES EMPREINTES DE FOUGÈRES DÉCRITES SOUS LE NOM D'EOPTERIS, par M. Ch. FLAHA ULT. Les empreintes décrites par M. de Saporta sous le nom d'Eopteris Morierei, E. Criei, sont trés abondantes dansles carriéres de Saint- Léonard, à 3 kilométres d'Angers. C'est dans les couches de schistes ar- doisiers à Calymene Tristani qu'on les rencontre. Elles se composent d'un axe central de largeur variable, d’où partent de chaque côté de minces couches de sulfure de fer de dimensions trés diverses, plus ou moins réguliérement lobées et présentant des radiations qui rappellent les nervures des Cyclopteris. Ces radiations sont dues à la disposition des cristaux de sulfure interposés aux feuillets de la roche. L'axe est droit en général; il est parfois flexueux. M. Hermite a recueilli quelques-unes de ces empreintes, dont la longueur atteint 1»,20 et qui sont tronquées à leurs deux extrémités. SÉANGE DU 183 jpiN 1879. 997 M. de Saporta considère cet axe comme un rachis portant des frondes sans nervure principale, mais à nervures plus ou moins dichotomisées. « Le genre Æopteris, dit-il, malgré le petit nombre de documents » recueillis sur lui jusqu’à ce jour, peut être considéré comme représen- » tant la souche ancestrale d’où tes Cardiopteris et les Cyclopteris devo- » niens et infracarbonifères seraient plus tard dérivés (1). » Les observations de M. de Saporta et les considérations auxquelles elles ont donné lieu paraissent n'étre pas fondées. L'abondance extréme de ces formations dans quelques ardoisiéres des environs d'Angers, où on les croyait jusque-là trés rares, ont permis à M. Hermite d'en comparer un grand nombre entre elles. L'axe est formé, selon lui, par un canal creusé dans la vase ; lesulfure de fer s’est introduit par cet axe plus ou moins comblé pour s'infiltrer entre les différents feuillets du schiste. C'est de cette facon qu'il faut expliquer la présence de prétendues folioles de dimensions extrémement variables, les unes très petites, entremélées à d'autres plus grandes. L'axe présente dans toute sa longueur des stries obliques, comme on en trouve partout où un canal étroit creusé dans une roche non durcie s'est injecté de vase. Un fait important en faveur de l'opinion de M. Hermite, c'est queles plaques de sulfure représentant des folioles sont situées dans des plans différents. On ne peut donc pas considérer ces formations comme apparte- nant à un végétal fossile. Cette obseryation a d'autant plus d'intérêt, que l'Eopteris serait le plus ancien végétal terrestre recueilli daus les terrains paléozoiques d'Europe. M, Lesquéreux a sigualé l'existence de quelques Gryptogames vasculaires (Psilophytum, Annularia) et de Gymnospermes (Sigillariées) dans les couches infrasiluriennes du Saint-Laurent (groupe de Cincinnati). Mais les végétaux terrestres les plus anciens qui aient été jusqu'à présent récoltés en Europe appartiennent au dévonien; ils sont abondants dans le dévonien supérieur, mais il faut encore conserver quelques doutes au sujet de leur existence dans le dévonien moyen et inférieur. On doit donc admettre qu'on n'a aucune donnée posilive sur l'existence de végétaux terrestres antérieurs à cette époque, en ce qui concerue les terrains paléozoïques en Europe. M. Bureau dit que dans l'échantillon d'Eopteris présenté par M. Flahault, la tige centrale, qui simule un rachis, lui parait étre le fossile auquel on a donné le nom de Tigillites. Il a trouvé des tiges semblables, sans apparences de folioles, dans les schistes ardoisiers (4) Comptes rendus, aéapce du 3 septembre 4877. 998 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de Sion (Loire-Inférieur), qui appartiennent au méme étage que ceux d'Angers. M. Roze, au nom de la Commission de comptabilité, donne lec- ture du procés-verbal de vérification des comptes du Trésorier. PROCÈS-VERBAL DE VÉRIFICATION DES COMPTES DU TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PAR LA. COMMISSION DE COMPTABILITÉ POUR L'AN- NÉE COMPTABLE 1878. . Paris, le 9 juin 1879. La Commission de comptabilité a vérifié dans tous leurs détails les comptes présentés par M. Ramond, trésorier de la Société. Lesdits comptes se soldent par un excédant de recettes, au 31 décembre 1878, de 17,146 fr. 51 cent., dûment représenté par les valeurs détaillées dans la Note sur la situation financiére, que M. le Trésorier a soumise à la Société dans la séance du 23 mai dernier. La Commission a reconnu la compléte régularité de ces comptes. Elle propose en conséquence, à la Société, de les déclarer approuvés, et de renouveler à M. Ramond l'expression de toute sa gratitude. ‘Pour les membres de la Commission : Le rapporteur, E. ROZE. H dépose ensuite sur le bureau le travail suivant, adressé par M. Quélet. DIAGNOSES NOUVELLES DE QUELQUES ESPÈCES CRITIQUES DE CHAMPIGNONS, par M. L. QUÉLE'T. DEUXIÈME PARTIE. Coprinus radians Desm. — Stipe fistuleux, luisant et' blanc, pruineux au sommet, renflé et couvert à la base de longs filaments byssoides et fauves. Chapeau ovoide, puis ouvert (0",02-3), cannelé, granuleux au centre, micacé, ochracé pâle, violacé au bord. Lamelles presque libres, blanches puis brun violacé et noir; aréte farineuse et blanche. Spore pruniforme (077,012), brun noir. Hiver-printemps. — Cespiteux contre les murs humides. Voisin de C. micaceus. Hygrophorus nitidus lr. — Stipe charnu, flexueux, villeux, blanc, ochracé en bas. Voile glutineux annuliforme, hyalin et trés fugace. SÉANCE DU 13 jurn 1879. 229 Chapeau convexe (0",05), puis mamelonné, ochracé fauve, plus obscur au centre. Lamelles décurrentes, blanchâtres puis jaunâtres. Spore ovoide (077,006), aculéolée et hyaline. Automne. — En troupe dans les sapiniéres du Jura. Ressemble à H. discoideus. Hygrophorus tephroleucus P. — Stipe fibro-charnu, mou, souvent fusiforme, flexueux, guétré d'un voile fibrillo-floconneux grisâtre et tacheté de bistre, glabre et blanc au sommet. Chapeau peu charnu, convexe-plan (07,02-3), peluché, visqueux, grisàtre avec un mamelon bistre ; marge à la fin sillonnée. Lamelles arquées-décurrentes, espacées, molles et blanches. Spore (077,008) ovoide-sphérique, finement ponctuée. Été-automne. — En troupe dans les sapinières et les tourbiéres du Jura (variété de lH. olivaceo- albus ?). Lactarius lignyotus Fr. — Stipe spongieux-cortiqué, grêle, élégam- ment cannelé au sommet, pruineux-tomenteux, bistre noir. Chapeau charnu, fragile, convexe, mamelonné, ridé-radié, pruineux-villeux, bistre noirâtre. Chair floconneuse, blanche et lait blanc, rougissant à la cassure. Lamelles adnées, blanc de meige, puis d'un incarnat jonquille très agréable. Spore (077,01) sphérique, fortement épineuse, ochracée. Été. — Dans les sapinières humides du Jura. Cantharellus canaliculatus P. Jc. et descr. t. xiv, fig. 1. — Stipe plein, puis creux, fibro-charnu, obconique, villeux et blanc, cotonneux à la base. Chapeau charnu, mince, tenace, convexe puis cyathiforme (0",02-3), fes- tonné, villeux, blanc puis faiblement ochracé. Plis espacés, décurrents, rameux, crème, puis ochre clair avec l'aréte épaissie ou canaliculée. Spore ovoide (077,006), hyaline. ' Automne. — En troupe dans les plantations de Conifères du Laonnais (A. Gérard). , Cantharellus glaucus Batsch. — Stipe court, mou, pruineux et blanc. Chapeau oblique, membraneux, tendre, fbrillo-soyeux et gris. Plis dichotomes, espacés, épais, concolores. Spore ellipsoide (0™™,01), blan- châtre. Automne. — Sur les brindilles dans les ornières des forèts. Marasmius fætidus Sow. — Stipe fistuleux, court, aminci de haut en bas, velouté-pruineux, bai-roux, noircissant vers le bas. Chapeau mem- braneux, campanulé convexe (0",02), ombiliqué-mamelonné, rugueux, plissé-sillonné, pellucide, pruineux, roux ou brun, pàlissant. Lamelles espacées, adnées subdécurrentes, incarnates, crème sur la marge. Spore pruniforme (0,009). Été. — Bouts de bois pourris dans les forêts humides.— Vosges, Ecouen (Boudier), la Rochelle (G. Bernard). Boletus flavidus F. — Stipe grêle, mou, farineux, jaunâtre, granulé 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. au sommet, villetx et bläné à la base. Chapeau mincé, convéxe-mame- lonné (07,02-3), fivulé-radié, visquetüx, citrin grisonnant. Chair ferme, tenace, douce, concolore, rosée à l'air. Tübes composés, crêpés, décur- rents, jonquille. Spore ellipsoide étroite (0"",01), jaune fauve. Été. — Sous les Pins des forêts marécageuses. — Tourbiére du Bélieu, avec imon dihi C. Gontejeah (4 sept. 1878). Polyporüs Sporgta Fr. — Stipité où dimidié (09,1), spongieux, rugueux, hérissé, brun, rouillé puis fauve. Chäir A peine fibréuse, molle puis fragilé, de la couletir de la rhubarbe. Póres courts, assez larges (177), polygones arrondis, citrins puis bruns. Spore éllipsoide (0"",008), hyaline. Été. == Cespiteux suf les souches dé Conifétes. = Jüra et Vosges. Polyporus vulpinus Fr. —. Sessile, dimidié (0",03-5), aminci et incurvé vers la marge, à peine Zoné, laineut-hispide, joñquille puis fauve. Chair fibreuse, concolore. Pores allongés, délicatement fimbriés, prüineux, blancs puis fauves. Spore ellipsoide (0"",006), othracée. Été. — Sur les troncs de Tremble ét de Bouleat (Vosges). Polypóras purpureus Fr. — Plaqüe mince, tendre, glabte, rouge purpurin ou lilaeiti, avet ttnë étroite botdure soyeuse et blanche. Pores très petits (077,25), arrondis polygones. Spore oÿoïde, finément aculéolée, hyaline. Hiver. — Bois mort, Saule, Chéne. Polypotus ehtomeus Fr: — Bläñe de neige. Dimidié (0",02-3), charnt, tendre, glabre, blanc liyalitt. bláüehissint. Chair mollé, acidüle. Pores ténus, petits, arrondis puis déntictlés. Bpore ellipsoide (0**,005), incurvée et allongée. Été. — Sur lés branches séches du Botileàu. — Vosges, la Rochelle (G. Bernard). | Polypórus rhodellas Fr. — Mémbraneux, mótu, avec contour bour- souflé, blanc. Pores souvetit disposés par taches, formant tine couche gélatineuse séparable, pétits, tircéolés, prüineüx, blàne incarnat. Spore (077,006) ovoide-sphérique, ocellée et rosée. Pollinaire sphérique (077,025), aréolé, pourpré. Atitomne. — Sur les souches (Hêtre), Jüra. Trametes odora Smrfl. — Coussinét dimidié (0",1:2), épais (0*,04-5), charnu subéreux, tomieftedx velouté, blanc grisonnant, ochräcé sur leš bords: Chair feritié, eñ mêmé temps élastique et fragile, lárárement zonée, blanc de neige, douce, odeur de Pl. ulmarius. Tubes (0",01) substratifiés, farcis d'un enduit byssoide blanc, petits, arrondis ou sinueux, blanés puis jaune eréme. Spore (0 007-8) ovoide, océllée, à reflet citrin. Aütomne. — Suf üh vieüx Marronnfet du Jardin des "U'ülleries, SÉANCE DU 13 JuIN 1879. . 24 31 octobre 1877, avec M. Bernard, pharmacien des Invalides, à qui j'en dois la nocturne et périlleuse récolte. Merulius rufus P. — Largement étalé, sans bordure, mou, céracé- gélatineux, glabre, incarnat pâle puis rougeàtre. Hyménium veiné-poreux ; pores (0"",5) arrondis, formés par des veines inégales, obliques et sinueuses, amincies et saillantes par le sec. Spore ellipsoïde (0"7,006) arquée et étroite. Été-automne. — Sur le bois mort (Chéne) dans les foréts du Jura. Hydnum squalinum Fr. — Étalé, coriace, pruineux, couleur de bois ou de paille (blanc en dedans), avec une bordure étroite, villeuse et blanche. Aiguillons subulés (2-3"7) connés en gouttière, translucides, jaune d'ambre, brunâtres à la base. Spore ovoide (0"",004), aculéolée et citrine. Automne. — Sur les vieux troncs des forêts, Hêtre. — Normandie (A. Le Breton). Hydnum mucidum P. — Étalé, incrusté, muco-gélatineux, séparable, villeux en dessous et au bord, blanc jaunissant. Aiguillons flasques, serrés, aigus, ténus, inclinés, subciliés, hyalins, citrins par la dessiccation. Spore sphérique (0"",005) hyaline. Hiver et printemps. — Sur le bois pourri (Tremble). — Jura. Odontia farinacea P. — Étalé, pulvérulent, floconneux sur la marge, blanc puis taché de jaune pâle. Aiguillons aigus, hérissés de deux ou trois soies, courts (1"7), blancs, puis jaunes. Spore ellipsoïde (077,006), pointillée, hyaline. Printemps. — Sur les branches séches de Sapin. — Jura. Thelephora pannosa Sow. t. 159. — Cornets souvent imbriqués ou connés, festonués avec la marge scarieuse, crispée ou laciniée et rousse, briévement stipités, zonés, hérissés de filaments rigides, blanc-paille puis roussátres. Hyménium ridé-plissé, glabre, blanchâtre ou paille. Saveur astringente, Spore sphérique (0"*,006), finement aculéolée, blanc paille. Eté, — Cespiteux dans les forêts ombragées du Jura et des Vosges. Auricularia Leveillei (Cyphella ampla Lév. Ann. sc. nat. 4848). — Cupule renversée, puis en capuchon (0",01-2), gélatineuse, tendre, trans- lucide, tomenteuse et blanche. Hyménium veiné-ridé, fauve ou brun clair. Spore arquée, cylindrique (0"",012), hyaline. Automne-hiver. — Branches sèches (Tremble). La forme de la spore éloigne cette espèce du genre Cyphella. Stereum ochroleucum Fr. — Étalé-réfléchi (0",03-5), membraneux, Coriace, flasque, fomenteuæ, gris chamois; marge mince, festonnée, Zonée, laineuse et jaunâtre. Hyménium ridé, velouté-pruineuo, café au lait ou gris, Spore ellipsoide-allongée (077,008). Automne, — Sur les branches tombées dans les foréts du Jura. 939 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Stereum corrugatum Fr. — Largement étalé, sans bordure, mince, plissé-ridé, puis crevassé, brun-cannelle, rouillé au toucher. Hyménium velouté par des aiguillons sétacés, serrés, courts et bai rouillé. Spore ellipsoïde (07,008), brun fauve. Mycélium sous-jacent blanc et citrin. Hiver-printemps. — Sur le bois mort (Coudrier, Hétre, Chéne, Putier). Cyphella Goldbachii Weinm. — Membraneux, mince, sessile, cam- panulé (2-3""), ondulé, festonné, villeux, blanc de lait. Hyménium jaune crème. Spore sphérique (077,008), hyaline, ponctuée. Été. — Graminées et herbes sèches des bois marécageux. Corticium uvidum Fr. — Pellicule mince, étalée, séparable, byssoide. Hyménium gélatineux, pruineux, lilacin pâlissant. Spore cylindrique arquée (077,01), hyaline. Hiver. — Branches mortes dénudées (Aune, Hétre) des bois humides. Corticium sulfureum Fr. — Membraneux-soyeux, séparable, jauue avec une bordure fibrilleuse brillante et citrine. Hyménium mou, céracé, velouté, à la loupe, de poils courts et hyalins. Spore ellipsoïde (077,01), hyaline. Automne-printemps.— Bois et feuilles enfouis dans l'humus des forêts. Corticium nudum Fr. — Incrustant, céracé, avec une bordure prui- neuse, fugace et blanche, incarnat ochracé pälissant. Hyménium lisse, pruineux. Spore ellipsoïde (077,015). Hiver et printemps. — Sur les branches mortes, Saule, Tremble, etc. Corticium confluens Fr. — Submembraneux, céracé, avec une bor- dure farineuse et blanche. Hyménium lisse, hyalin, blanc par le sec, puis jaunâtre ou rougeâtre. Spore ellipsoïde (077,012) oblongue, hyaline. Hiver. +— Sur les branches mortes. Corticium salicinum Fr. — Gélatineux-coriace, mince, fixé par le centre, cupuliforme puis étalé et confluent, rouge sanguin et orné de zones pruineuses blanches. Hyménium rouge orangé et diaphane. Spore sphérique (0°",008), hyaline, rosée à la surface. Automne. — Sur les branches sèches du Saule à oreillettes (Vosges). Très affine aux C. amorphum et sarcoides. Hypochnus byssoideus P. — Submembraneux-aranéeux, ténu, sépa- rable, tomenteux, pulvérulent, jaune-jonquille avec la marge fibrilleuse blanchissante. Spore ovoide (07»,005-6), citrine, ocellée. Mycélium formé de cordonnets jaune safrané. Hiver-printemps. — Bois de Pins, sur le bois enfoui dans l'humus. Hypochnus serus P. — Étalé, incrustant, mince, chagriné, pruineux, puis floconneux, blanc de craie. Spore ovoide (07*,006-7), hyaline, ocellée. Hiver-printemps. Sur les bois dans les foréts humides, Aune, Sapin, etc. Var. cretacea P. — Largement étalé, parsemé de petites papilles irré- guliérement groupées sur les planches de Sapin dans les caves... SÉANCE DU 13 Jurn 1879. 233 Var. Sambuci P. — Taches farineuses larges, d'un blanc pur, tomen- teuses à la loupe. Fréquent sur le Sureau noir, mais rarement fertile. Clavaria rubella P. (rosea Fr.) — Massue creuse, fusiforme (07,02-3), obtuse, comprimée, fragile, purpurine puis ochracée. Stipe fistuleux (07,03), radicant, onduleux satiné, rosé, pruineux et blanc à la base. Spore ovoide-pruniforme (07",01y, hyaline. Automne. — En troupe dans les prés moussus des collines du Jura. Clavaria byssiseda P. — Tronc pruineux et blanc naissant d'un mycélium fibrilleux et byssoide d'un blanc de neige; rameaux bi-trifur- qués, ténus, divergents, jonquille clair puis ochracés. Spore ovoide (07,008), aculéolée et jaune. | Automne. — Sur les troncs moussus, Chêne. — Ecouen (Boudier). Clavaria candida Weinm, — Simple, filiforme, acuminée, pruineuse et blanche. Stipe court, indistinct, blanc hyalin, laineux à la base. Spore pruniforme (077,01), aculéolée et blanche. Automne. — En troupe dans les foréts humides. Pistillaria culmigena Fr. — Massue microscopique, ellipsoïde (1-277), comprimée, tendre, pruineuse, diaphane et blanche. Stipe capillaire trés court (0"",5), lisse, hyalin. Spore subfusiforme (0"",006-7), hyaline. Automne. — Sur les Graminées séches des lieux ombragés. — Jura. Rhizopogon rubescens T. Hyp. t. 11, fig. 1.— Arrondi, bosselé(0",02-3), muni de rares cordonnets libres ou anastomosés avec une touffe de fila- ments réticulés à la base. Voile trés ténu, villeux, blanc, rosé à l'air puis olive ochracé. Péridium membraneux, mince, hyalin puis olivâtre, avec des taches incarnates ou purpurines sur la face interne. Glébe à cellules sinueuses, transparente et blanc créme, puis citrin olivàtre, à odeur de fruits faible. Spore ellipsoïde étroite (077,01), guttulée et hyaline. Printemps. — Dans les bois de Pins du terrain crétacé de la Marne (C. Richon). Trés voisin de R. luteolus, avec des logettes plus grandes et une spore régulière et moins colorée. Helvella pulla Holm.— Cartilagineuxet gris. Stipe fistuleux, ondulé, villeux pulvérulent. Mitre bilobée (07,02), festonnée, pruineuse. Hymé- nium glabre. Spore ellipsoide (077,02), ocellée. Été. — En troupe dans les bois ombragés du Jura. Très voisin de H. elastica. Humaria maurilabra Cook. — Cupule ovoide puis ouverte (2-477), bistre pâle avec la marge riolée de brun. Hyménium plus clair. Spore ellipsoïde (025,015) un peu allongée, biocellée. Printemps. — Groupé sur la terre brülée. Humaria eonvexula P. — Cupule charnue, convexe (2-377), glabre, jaune-serin. Spore ellipsoide (077,010) allongée. Printemps. — En troupe sur la terre cultivée. 254 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Huniaria violascens C. -— Cupule céracée (3-477), glabre, diaphane, lilacine, blanchissante. Hyménium plan. Spore sphérique (0"»,04), aculéolte. Automne, — Sor la terre dans les forêts du Jura. Melisia aspidiicola Berk, — Cupule (0"",5) céracée, molle, furfu- racée, blanche. Stipe très court, punctiforme, noirâtre. Hyménium concave et blane. Spore cunéiforme (07,006). Printemps.— En troupe sur les grandes Fougères. — Jura et Vosges. Mollisia Aspidii Liq. — Urcéole sphérique (077,2), hérissé de poils grenelés, blanc de neige. Spore cunéiforme (0*",005). Printemps. — En troupe innombrable sur l' Aspidium aculeatum. Lachnella fuseessens P, — Cyathiforme (177), glauque, rayé de brun par des poils claviformes. Stipe court (077,5), pulvérulent. Hyménium glaucescent. Spore ellipsoïde (0"",004-5), étroite. Printemps. — Sur les feuilles mortes (Hétre, Chêne). Pbialea pineti Batsch. — Cupule (1-2"") céracée, ferme, turbinée, brièvement stipitée, blonde avec une marginelle farineuse et blanche. Hyménium plan puis ondulé, lilacin puis glauque, Spore (077,01) ellipsoïde- naviculaire. Printemps. — Sur les cónes du Pin silvestre. — Jura et Vosges. Phialea eehinophila Bull. — Cupule ferme et stipe filiforme aranéeux- tomenteux et bistre fauve. Hyménium brun. Spore incurvée subeylindrique (077,02), ocellée puis triseptée. Été. — Sur les involucres de Châtaignier. Phinien assent Batsch, — Cyathoide (07",5-8), céracé, pruineux, grisâtre ; marge villeuse et blanche. Hyménium blanc crème ou ochracé. Stipe (07»,5) pulvérulent grisâtre. Spore (0"",01) ellipsoïde lancéolée. . Hiver-printemps. — En troupe sur les chatons femelles du Saule marceau. Phialea Calopus Fr. — Stipe gróle, pruineux, d'un rose améthyste tendre. Cupule (2"*) mince, pruineuse, blanc crème. Hyménium jaune clair, Spore fusiforme (077,012), guttulée. Été. — Sur les tiges des grandes plantes dans les foréts du Jura. Helottum rhizophilum Fuck. — Cupule concavo-plane (5"") et stipe (6-877) flexueux, atténué vers la base, villoso-pruineux et blane. Hymé- nium jonquille foncé. Spore fusiforme (177,012), hyaline. Printemps et été, — Sur les souches du gazon, dans les prés. — Jura. Helotium lutescens Hedw. — Cupule discoide (1""), orbiculaire, épaisse, jaunâtre. Stipe (0",8) subcylindrique et blanc, Hyménium plan, jaune clair et brillant, concave et jaune fauve par le sec. Spore fusiforme (0"",008-012), subcloisonnée. | Printemps. — En troupe sur le bois pourrissant, — Vosges. SÉANCE DU 13 jytiN 1879. 395 Aseophanus minutissimus Doud. — Granule arrondi (0**), diaphane, olive ou brun. Hyménium convexe, grenelé. Spore ellipsoide (0"",01), hyaline. Printemps. — Sur la bouse dans les pâturages du Jura. Aséóbolus atrofusens Phill. (carboticola Boud.). — Cupule (8-67), furfuracée, brune avec la marge grise. Hyménium brun purpurin obseur. Spore ellipsoïde (0"",016), grenelée, d'un beau violet passant au brun. Printemps. — Sur la terre où l'on a fait du feu. — Vosges. Aseoholas psittacines (Jur. et Vosg. IE, t. v, fig. 0), — Spore ellip- soide (077,018), cannelée améthysté, puis brune. Ascobolus fimiputets (l. C. t. V, fig, 30). — Spore ellipsoide oblongue (077,025), violotte. Asëobólas Boudieet Q. (P. cunicularia. Boud. Asc. p. 68). — Glo- buleux puis turbiné (07",2-5), finement cilié à la loupe, blanc de neige. Hyménium papillé. Théque polyspore (32), terminé par un cóne entouré d'un cordon à la basé et s'ouvrant en deux lobes triangulaires. Spore ellipsoide-fusiforme (0*»,015), hyaline. Hiver. — Sur les excréments du lapin à Montmorency (Boudier) et du renard, dans le Jura. Ciliaria fuseo-awa Reb. — Cupule ovoide-sphérique puis étalée (0",003-5), fauve, hérissée et ciliée de poils courts d'un bai luisant. Hyménium glauque, grisàtre puis bistré. Spore (0*",025) ellipsoïde lán- céolée. Été-automne, — En troupe dans les bois de Coniféres du Jura. Érinella palearum Desm. — Cupule (1-2"") céracée, blanchâtre, hérissée de poils courts sulfurins. Stipe (2*") pulvérulent, jaunâtre, brun à là base. Hyménium blanc à reflet lilacin, Spore (097,006) fusiforme (PL f.) Printemps, — En troupe sur la paille de Froment. — Jura, Normandie (A. Le Breton). Tapezia Prani avium P. — Cupule urcéolée (1**), ferme, fragile, ruguleuse, tomenteuse, noirâtre; marge nue verdâtre. Hyménium bleu, plombé, pàlissant. Spore fusiforme (077,015), guttulée. Hiver. — Nidulant dans un tapis ópais, laineux et brun noir. Sur les branches mortes du Cerisier. Tapezia domestica Sow. — Cupule cylindrique puis hémisphérique (077,5). tendre, glabre, diaphane, incarnate, fixée par une base atténuée et villeuse sur un tapis aranéeux et blanc. Hyménium plan. Spore ellipsoïde (0"*.042) hyaline. En troupe sur les papiers humides contre les murs. Ascobolus viridis Curr. — Cupule épaisse (477), à peine marginée, olive clair, verdoyante sous un voile pulvérulent et brun. Hyménium plan, 936 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. concolore, pointillé de noir. Spore ellipsoide-losangique (0"7,02-3), plissée, grenelée, d'un bleu violet agréable. Été. — Sur la terre des bois ombragés du Jura. Ascobolus Kervernit Cr. — Globuleux-hémisphérique (1-277), glabre, jaune ambré, puis pointillé de noir. Spore ellipsoïde (077,015), rétuse, d'un beau lilas passant au brun-olive. Printemps. —- Sur la bouse de vache. Ascobolus Pelletieri Cr. — Lenticulaire (1-27"»), gélatineux, pruineux, gris lilacin. Théque à 32 spores, s'ouvrant par un opercule mamelonné. Spore ellipsoïde sublosangique (077,022), hyaline puis olivàtre. Été. — Sur la vieille bouse, dans les foréts humides (Vosges). Phacidium Ranunculi Desm. — Disque (077,5) noir, luisant, puis bordé d'un limbe étroit et ondulé. Hyménium mou et glauque. Spore en forme de semelle (077,012), hyaline. Automme. — Cespiteux sous les feuilles de Renoncule. Phacidium simulatum Berk et Br. — Cupule discoide (177), membra- neuse, brune, dentelée et fermée par le sec. Hyménium glauque noircis- sant. Spore ovoide-piriforme (07",01),- biocellée. Printemps. — Sur les tiges mortes du Lycopus europæus. — Vosges. Acrospermum eompressum Tode. — Périthéce membraneux, fusi- forme (177), comprimé par le sec, tenace, glabre, gris puis bistre-olive, Stipe blanchâtre. Ostiole microscopique, fermé et blanchâtre. Nucléus blanc hyalin. Thèque linéaire. Spore capillaire (077,2-3). Printemps. — En troupe sur les tiges mortes des grandes plantes. Par la forme il se placerait à côté de Bombardia, et par la spore près de Ra- phidospora, Cryptella et Ostropa. Cordyceps Helopis Q. (larvicola Q. Bull. Soc. bot. t. XXV, p- 292). — Retrouvé en avril 1879 dans la forêt de Russy, près de Blois, par mon ami E. Boudier, qui a pu reconnaitre, dans l'insecte intact d’où sortait le Champignon, la larve d’un Hétéromére, l'Helops caraboides Panz., dont je n'avais vu dans le Jura que des restes indéterminables. M. Cornu signale à la Société un envoi de M. l'abbé Chevallier, professeur au séminaire de Précigné (Sarthe) et notre confrére : cet envoi contenant quelques échantillons du Morchella (Mitro- phora Lév.) rimosipes DC. (4), dont il a été déjà question, et un spécimen remarquable d'une Morille fort grosse à pied énorme, quoique mince et creux : c'est le M. crassipes DC., qui ne parait pas commun dans nos environs. M. le docteur Richon, notre confrére, (1) Voyez le Bulletin, t. XXVI, p. 179. SÉANCE DU 13 jum 1879. 937 récolte chaque année et a recueilli cette année méme des individus presque comparables à celui-ci, sur un sol calcaire dans les bois de Pins de Saint-Armand sur Fion (Marne). i LETTRE DE M. L'ABBÉ CHEVALLIER 4 M. CORNU. Petit séminaire de`Précigné (Sarthe), 11 mai 1879. Le jour même de la réception de votre lettre, j'appris d'une personne digne de foi (mais j'ai peine à ne pas douter) qu'il avait été trouvé à deux lieues d'ici une Morille pesant deux livres. Malgré mes doutes, ma curio- sité fut éveillée, et j'allais déjà me mettre en route et me rendre chez le possesseur, quand j'appris que la fameuse Morille avait été vendue trois francs à un amateur. Le lendemain, j'apercus à la devanture d'un épicier deux grosses Morilles sur lesquelles j'allai demander des renseignements. Elles étaient de Précigné, mais d'oü venaient-elles? On ne l'avait pas demandé. Pour me donner du courage dans mes recherches, la marchande me ditque, quinze jours plus tôt, elle avait une Morille provenant du parc du château de Bois-Dauphin, trois fois plus grosse que celle que j'exami- nais. C'était le portier qui la lui avait apportée. Immédiatement je vais prier le portier de me réserver de ‘semblables échantillons s'il en trouvait de nouveau. Je n'y comptais plus pour cette année, mais je fus servi à souhait: hier on vint me dire que le portier du château avait quelque chose à me remettre. Je me “rends immédiatement chez lui, et jugez de ma surprise en apercevant sur sa table les énormes Morilles que vous possédez maintenant. On m'en fit le don trés gracieusement, et sans plus attendre je les préparai pour vous les envoyer. J'ai cependant voulu me rendre compte approximativement, par la comparaison des poids, dela taille de celle qui, m'avait-on dit, pesait deux livres; et je fus trés surpris de voir que la plus grosse ne pesait qu'une demi-livre. Cependant, avant de croire à une exagération au sujet de cette Morille de deux livres, je pren- drai de plus amples renseignements. D'ailleurs je suis peut-étre Surpris à tort, et il est possible que déjà plusieurs fois vous ayez vu de pareils échantillons, mais dans le doute j'ai préféré vous le faire savoir. L'échantillon que je vous adresse est en mauvais état. Il est vieux, et a perdu de son volume par la dessiccation et aussi par la gelée, qui a com- plétement déformé la partie supérieure du chapeau. J'y ai joint un échan- tillon de Mitrophora cueilli en méme temps, toujours dans ce méme parc du cháteau de Bois-Dauphin. Si pareils Champignons peuvent intéresser nos confréres, j'essayerai l'an prochain de réunir les plus curieux que je pourrai rencontrer. 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE. M. Cornu fajt passer sous les yeux de la Société une aquarelle représentant le bel échantillon envoyé par l'abbé Chevallier. La Morille elle-même est conservée dans l'alcool et a été placée dans les collections mycologiques du Muséum d'histoire naturelle. SÉANCE DU 27 JUIN 1879. PRÉSIDENCE DE M, PRILLIEUX, M. Bonnet, vice- secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée, M. le Président proclame membre à vie M. Adrien Guédon, qui a rempli les conditions exigées par le règlement. M, le Président annonce en outre deux nouvelles présentations. Il fait part à la Société du décès de trois deses membres : MM. Faivre, professeur à la Faculté des sciences de Lyon; Questier, curé de Thury en Valois, et Casaretto de Chiavari. M. Donnet donne lecture d'une lettre de M. Emmanuel Drake del Castillo, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. . Dons faits à la Société : J.-B. Rames, Topographie raisonnée dw Cantal. Robert Hartig, Die Zerzeizungserscheinungen des Holzes. Théodore Hartig, Anatomie und Physiologie der Holzpflanzen. H. Hoffmann, Ueber Rundwerden von Cactus-Stämmen. M, Malinvaud, en présentant à la Société le 4° volume (Corolli- flores et Monochlamydées) du Flora orientalis, offert par M. Boissier, dit que l'envoi de cette nouvelle partie sera fort agréable aux nombreux lecteurs qui viennent consulter à la bibliothèque de a Société cet important ouvrage, fruit d'un consciencieux et persé- vérant travail. Sur la table des dons sont disposés, par les soins du bibliothé- caire, les principaux Ej e provenant de la libéralité faite à la Société par M"* Gubler (1). M. Malinvaud appelle l'attention. sur les suivants : | (1) Voyez page 212. SÉANCE pu 27 juin 1879, ` 239 De Candolle, Physiologie végétale, 3 vol.; Théorie élémentaire de la botanique, A vol.; Organographie végétale, 2 vol.; les 10 premiers volumes du Prodrome, etc, Walpers, Repertorium botan. system. 6 vol.; Annales, t. I-V. Endlicher, Genera plantarum (avec les Suppléments). Tournefort, Institutiones rei herbarie. Herbarium Blackwellianum, complet (tout ce qui est indiqué dans Pritzel). Kunth, Synopsis plantarum œquinoctialium (complet). Rob. Brown, Prodromus Flore Novæ-Hollandiæ, préface et pages 445- 992. (Pritzel dit de eet ouvrage : « Liber rarissimus; in exemplari quod vidi, desiderantur paginz 1-144, ») Michaux, Flora boreali-americana. Aug. de Saint-Hilaire, Plantes usuelles des Brésiliens. Martius, Flora brasiliensis, fasc. 1 à 9, et 11, Roxburgh, Flora indica, vol. I à III. Labillardière, Sertwm austro-caledonicum. Delile, Centurie de plantes d' Afrique. Du Petit-Thouars, Orchidées des (les australes, et Cours de phyto- logie. Guillemin, Plantes de Taiti. Webb, Otia hispanica, Delessert, Zcones selectæ, 5 vol. (complet). Grenier et Godron, Flore de France, un bel exemplaire. Tulasne, Fungi hypogei, exempl. n° 4, richement relié (on sait que ce rare et précieux ouvrage n'a été tiré qu'à 100 exemplaires). Fries, Epicrisis system. mycologiei. Malpighi, Axatome plantarum. Bonnet, Recherches sur d'usage des feuilles. Gaudichaud, Recherches sur l'organogr. et la physiologie végétale. Payen, Développement des végétaux. Jaume Saint-Hilaire, Familles naturelles e£ germination. Aug. de Saint-Hilaire, Morphologie végétale. Chaumeton, Flore médicale, 6 vol., fig. color.; exemplaire richement relié, non rogné. Enfin, indépendamment de beaucoup d’autres ouvrages moins importants, une quantité considérable de mémoires et brochures provenant en grande partie de la bibliothèque de feu Gaudichaud. M. Miquel fait une communication sur quelques Cryptogames nouvelles. 940 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Chatin présente à la Société de la part de M. Battandier : 4° des bulbilles de lA lium multiflorum sobolifère ; 2 des échan- tillons de Plantago lanceolata, dont les racines, longuement ram- pantes sous le sol, portent de curieux rejetons; 3° un Orobanche indéterminé qui offre deux formes de fleurs, les unes aériennes, les autres souterraines ; 4° un échantillon, d'un Raphanus que M. Battandier suppose être un hybride des R. sativus et Rapha- nistrum. Toutes ces plantes ont été récoltées par M. Battandier aux environs d'Alger. M. Prillieux céde alors le fauteuil de la présidence à M. Cornu, vice-président, et fait la communication suivante : SUR L'ALLONGEMENT AU JOUR ET A L'OBSCURITÉ DES RACINES NÉGATIVEMENT HÉLIOTROPES DE L'HARTWEGIA COMOSA, par M. Éd. PRILLIEUX. On sait que la lumière exerce une action sur la direction des organes de beaucoup de plantes. Le plus souvent les tiges éclairées latéralement s'infléchissent vers la source lumineuse, mais il n'en est pas toujours ainsi ; il y en a d'autres qui, au contraire, fuient la lumiére. Dutrochet a signalé cette propriété dans le Gui, dont lajradicule (tige hypocotylée), au moment de la germination, se dirige toujours vers le cóté le plus obscur. Beaucoup de tiges traçantes ne s'appliquent sur le sol qu'en fuyant la lumiére du jour et se redressent quand elles restent à l'obscurité. Diverses racines manifestent aussi d'une façon plus ou moins marquée une sem- blable apparence de répulsion pour la lumiére. De Candolle a le premier montré que l'influence des tiges vers la lumiére est la conséquence immédiate des lois de la végétation, que c'est un cas particulier des phénoménes d'étiolement (1). « Les tiges à l'obscurité s'allongent plus qu'à la lumiére; comme les » deux côtés d'une branche sont inséparables, la sommité de la branche » doit se courber du côté qui s'allonge le moins, c'est-à-dire du côté de » la lumiére. » (Physiol. végét. t. II, p. 832.) Si les raisons qu'il donne pour expliquer comment le côté le plus exposé là la lumière se solidifie plus vite prêtent fort à la critique (2), il wen a pas moins établi ce fait fonda- - (1) Mém. Soc. d'Arcueil, 1809, vol. II, p. 104; Physiologie végét. t. M, p. 832. (2) Selon lui, la branche du côté le plus exposé à la clarté décompose plus d'acide carbonique, fixe plus de carbone dans son tissu, et par conséquent doit se solidifier plus promptement. Cette explication suppose que les organes qui contiennent de la chloro- phylle sont seuls héliotropes ; or on sait aujourd'hui que cela n'est pas. Ainsi, pour ne citer qu'un seul exemple, M. Duchartre a constaté la propriété qu'ont les Claviceps pur- purea d'incliner à 45 degrés la partie supérieure de leur stipe pour porter leur tête vers le jour (Compt. rend. Acad. sc. t. LXX, p. 779). SÉANCE DU 27 Juin 1879. 944 mental, que c'est à une différence d'intensité de croissance qu'est due la courbure des tiges vers la lumiére. Maintes expériences ont positivement établi depuis, que la lumiére entrave la croissance, soit d'organes com- plexes comme les tiges, soit même de cellules isolées (1). L'explication de ce qu'on a appelé l’héliotropisme positif, admise par Hofmeister (Die Lehre der Pflanzenzelle, p. 290), que la lumière met ob- stacle à l’extensibilité des parois cellulaires passivement tendues en aug- mentant la cohésion et l'élasticité des membranes du cóté le plus éclairé, s’accorde bien avec le point essentiel de l'explication de De Candolle : plus grand est l'éclairement, plus faible est la croissance de l'organe. Comment concilier cette explication de la flexion des organes vers la lumiére avec la tendance opposée que l'on constate chez ceux que l'on a nommés négativement héliotropes, et qui, sous l'action de la lumière, se Courbent en présentant leur convexité au foyer lumineux? Y a-t-il donc des organes qui croissent plus activement à la lumiére qu'à l'obscurité ? L'un des eas les plus frappants et le plus nettement marqués de fuite de la lumiére par les organes végétaux est fourni par les racines aériennes de l'Hartwegia comosa Nees ab Esenb. (Chlorophytum Hofmeist.), qui, se développant activement dans l'eau, se courbent dans la direction opposée à celle d’où vient la lumière. M. de Wolkopf les a étudiées et a, pour expli- quer leur tendance à fuir la lumière, présenté une hypothèse que Hofmeister donne comme fort ingénieuse et d'accord avec la plupart des faits, sinon àvec tous (Die Lehre der Pflanzenzelle, p. 293), et qui parait à M. Sachs « plausible en apparence » (Traité de botanique, trad. Van Tieghem, p. 889). Selon lui, la flexion de ces organes à l'opposé de la lumière est due à ce que, par suile de la réfraction des rayons lumineux à l'intérieur du tissu diaphane de la partie incurvable de la racine, qui est cylindrique ou conique, il y a une bande de tissu prés de la surface de l'organe à l'opposé de la source lumineuse qui recoit une plus grande quantité de lumiére que n'importe quelle autre partie. La présence de bandes focales (Brennstreifen) de cete sorte peut être constatée expérimentalement sur des coupes transversales de racines de Chlorophytum (Hartwegia comosa) éclairées latéralement, à la vue simple, pourvu que la coupe soit faite près du point végétatif. Le côté ombragé de la racine est donc, grâce à la transparence et à la disposition des tissus, celui qui reçoit le plus de lumière, et s’il devient concave, en manifestant ce qu’on appelle un (1) Voyez en particulier le grand travail de M. Sachs sur l'influence de la température et de la lumière sur les variations d'accroissement des entrenœuds (dans Arbeiten des bot. Instituts in Wurzburg, p. 99-192), le mémoire de M. Rauwenhoff sur les formes anormales des plantes qui croissent à l'obscurité (Archives Néerlandaises des sc. exact. et nat. t. XII, p. 297-359), et Sydney H. Vines, The influence of Light upon the Growth of unicellular Organs dans Arb. d. bot. Inst. Wurab. II, 133-147). T. XXVI. (SÉANCES) 16 943 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. héliotropisme négatif, en réalité ce n'est qu'un cas particulier d'héliotro- pisme positif (Hofmeister, op. cit. p. 293). M. Herm. Müller, qui a publié en 1876 un travail sur l'héliotropisme (Flora, 4876, p. 64 et suiv.), s'est occupé particulièrement de l’héliotro- pisme négatif des racines de l’Hartwegia comosa.« Lesracinesnégativement » héliotropes de Chlorophytum (Hartwegia) et de Monstera Lennea, » dit-il (loc. cit. p. 95), sont entravées dans leur croissance en longueur » par l'action de la lumiére venant de tous cótés, tout comme cela a été » reconnu pour les tiges et les racines positivement héliotropes. » Et il ajoute : « Indépendamment de tout ce qui a été dit antérieurement, cela » est encore une preuve contre la théorie de De Candolle, car, d'aprés » celle-ci, ces organes, qui croissent plus vite à l'obscurité qu'à la lumiére, » devraient présenter une courbure héliotropique positive. » J'ai désiré m'assurer si ces assertions touchant la rapidité de croissance des racines d'Hartwegia comosa au jour et à l’obscurité sont exactes, et j'ai fait sur ce point particulier, l'an dernier, dans la serre de mon labo- ratoire, quelques expériences qui ne confirment pas les affirmations de M. Herm. Müller. L'Hartwegia comosa a en terre des racines tubéreuses. Il porte une touffe de feuilles linéaires, assez larges, canaliculées, du milieu desquelles s'éléve un long scape gréle, d'abord simple puis ramifié, portant non-seu- lement à l'aisselle des bractées, des fleurs, mais encore des fascicules de feuilles à la base desquelles se produisent des racines.qui, dans l'air, ne prennent pas un développement trés grand, mais qui, mises dans l'eau, s'allongent trés vite en mauifestant trés énergiquement une flexion néga- tivement héliotropique. J'ai pu avoir à ma disposition un assez grand nombre de ces sortes de boutures naturelles enracinées à l'air, pour en trouver de bien compa- rables, d'égale force et portant des racines de même âge et de méme taille. Je me proposais de comparer le développement de deux racines aussi semblables que possible, à la lumière et à l'obscurité. Mais pour que l'ex- périence püt avoir quelque valeur, il fallait que la plante, dans les deux cas, se trouvât dans des conditions de végétation également favorables et que les feuilles demeurassent également exposées à la lumière. Je disposai l'expérience de la fagon suivante : Je fixais deux plantes comparables dans le bouchon percé de tubes de verre sur la paroi des- quels était tracée une échelle divisée en millimètres. L'un des tubes était exposé directement à la lumière, l’autre placé dans une éprouvette à pied couverte de papier noirci et fermée d'un bouchon également noirci que tra- . versait le tube. Tout le tour de la plante était recouvert de ouate noire pour empécher l'accés de la lumiére à travers le trou du bouchon dans SÉANCE DU 27 juin 1879. 943 l'intérieur de l'éprouvette obscure. J'appréciais l'allongement en lisant sur la paroi du tube la division correspondant au niveau qu'atteignait l'extrémité de la pointe de la racine. Pour noter l'allongemement à l'obs- curité, il fallait retirer le tube de l'éprouvette noire ; puis la lecture faite, on ly replacait immédiatement. Bien que les racines dans les deux tubes fussent sensiblement de méme taille, elles n'atteignaient pas au commencement de l'expérience la méme division, parce qu'elles avaient dû être plus ou moins enfoncées dans le bouchon pour y étre fixées solidement. Les plantes avaient les feuilles exposées au jour le long du versant d'une serre hollandaise. Les données obtenues dans cette expérience sont réunies dans le tableau suivant : ^ Croissance des racines d'Zfartwegia comosa dans l'eau DATE A L'OBSCURITÉ. A LA LUMIÈRE. de ama. — — ulli | — — —— d l'observation Niveau Accroisse- | Accroisse- Niveau Accroisse- | Accroisse- 4878, |de l'extrémité mont Ne "S ment [de l'extrémité ment puis ment de la racine. | observation. | par jour. | de la racine. | observation. | par jour. 31 janvier, 207» 45mm 2 février. 22 gun que 17 9m 17 4 — 29 1 3,5 21 4 2 5 — 31 2 2 23 2 2 7 — 33 2 1 27 4 2 14 — 39 6 1,5 33 5 1,2 14 — 40 1 0,3 38 6 2 19 — 45,5 5,5 1,5 46 8 1,6 214 — 49 3,9 1,7 90 4 2 25 — 51,5 9,5 0,6 56 6,5 16 28 — 56 4,5 1,5 62 5,5 1,8 5 mars, 58,5 2,5 0,5 74 12,5 2,5 T — 59 0,5 0,2 77 2,5 1,3 Allongement total à l'obscurité, 39°" Accroissem. total à la lumière, 62?» Dans cette expérience, la croissance de la racine a été, comme on le voit, beaucoup plus considérable au jour qu'à l'obscurité. Mais la racine à l'obscurité présentait, huit jours aprés la fin de l'expérience, le 18 mars, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 244 NUDI suup 55009 0$ 623001).€D I.P. soubvs sop muCY ‘18109 3U9UIOSSIOJOO Y waG/c9 ‘1810 JUIWƏSSIOIIIV wuQ |y *U)0) 3UueuosstoJ00Y wu] y ‘10101 3U9UJOSSIOJ9O Y ey G'e9 eti i 8 6 £9 e 6 li 9L el 9 89 9 8 T9 ur q TS £ 9 c9 V 6 ea } e 9c S‘ 9 [14 L'6 W 08 8'0 c'e 08 e g T8 c'o cg ev r4 9 8r Gg ey G'9ry VI c'e 6r 8'r SL W c'e 0r er c'e 01 er e 8 c'ey Es L re c'e or Es F [4 ce c'e c‘0} S'e 91 q'9 Le e G. to L'e W 66 L'0 g L3 e cg '06 uuo h um SG Li ww LO wag} 8} uu S'O uu } y uug [ vuG y] uuG'9] mufS *mof red |:uoneadesqo|'ouroer er op| -unof aed |:uoneaJosqo|'ourowre[op| 'inof sed |‘uoreazesqo|"outoes v op "mof sed |: uoreA40sqo | ouea v[ op oJQruJOp ef gyru 9JoruJop v gu OJQIUI9P ej prtu OJ9IUI9P EI tu quw lsmdopiuou| -anxoiop| YU sdap quel -Mixojop| "9" en quour| -pxo q op | —"?" — |sindop uou: PRG op -98810J99 V -08S10J90V NUOAIN —9SSI0199Y -0$$10199V De9AIN -08810J90V -98810J99V neoATN —OSSI0199Y —2SS10199Y NBaAIN LL c. md m — -—Pn o—À —— —— — — BÀ 7 ‘4 9uroey 'V eut g Suey 'V eure L— BENE unor nv : 'a1IHf0Ss80,1 V Q9UUSSIO.J() [ae "8L8F "UOT]vAJOSQO,[ op Hiva SÉANCE DU 27 JUIN 1879. 245 une certaine altération; on pouvait craindre qu'une cause accidentelle eùt influé sur les résultats obtenus : peut-être l'eau du tube maintenu à l'obs- curité était-elle insuffisamment aérée, tandis qu'à la lumiére la racine qui contient un peu de chlorophylle pouvait suffire à maintenir une suffi- sante aération du liquide. Pour éviter cette cause soupconnée d'erreur, je renouvelai dans les expériences suivantes trés fréquemment l'eau du tube à l'obscurité, en la remplaçant par de l'eau aérée prise dans un vase où croissaient au soleil des Algues vertes. Je résume dans le tableau ci-contre deux des expériences faites dans ces conditions (voy. p. 244). Les résultats de toutes ces expériences sont, on le voit, concordants. On en peut, je crois, tirer cette conclusion, que contrairement aux asser- tions de MM. de Wolkopf et Herm. Müller, l'incurvation des racines néga- livement héliotropiques de l’Hartwegia comosa est due à l'augmentation de l’allongement du côté éclairé, dont la croissance est favorisée par l'action de la lumiére. M. Bainier fait la communication suivante : NOTE SUR LE MARTENSELLA (COEMANSIA) SPIRALIS, par M. BAINIER. Le Martensella pectinata a été découvert par Coemans en 1863. Le Coemansia reversa a été découvert en 1873 par M. Van Tieghem. La plante dont j'ai l'honneur de vous entretenir se rapproche également des deux précédentes. Je l'ai trouvée en juin 1878, pour la première fois; elle couvrait la face inférieure d'une planche de hêtre exposée à l'humidité. Je vous demande la permission de vous en présenter la photographie. Toute défectueuse qu'elle est, elle permettra, mieux qu'un dessin, de juger les proportions relatives des différentes parties. Un mycélium rampant et cloisonné émet des tiges toutes garnies de branches sporiféres. La disposition de ces branches ou baguettes est fort curieuse, Un filament se dresse pour former une vrille longue de 1 et méme de 2 millimètres. Il présente donc une face interne et une face externe, C'est sur cette face externe seule que se trouvent disposées régu- liérement et en grand nombre les baguettes dont je vais parler. Les plus âgées sont en bas et déjà flétries ; au milieu, l'extrémité pointue des spores forme de larges couronnes très élégantes ; au sommet, on ne trouve que des mamelons de plus en plus réduits. C'est cette disposition en escalier tournant qui m'a fait donner à la plante le nom de spiralis. — Chaque baguette longue de 0"*,0378 est portée sur un pied (de 0"7,0042 946 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur 0"",0055) qui émerge à angle droit de la tige, dont il est séparé par une cloison. Le maximum d'épaisseur se trouve à la partie qui surmonte ce pied ; la dépression se fait presque graduellement pour se terminer en une pointe relevée. On ne saurait mieux le comparer qu'à un sabot sans bride. Le talon représente le pied de la baguette. L'extrémité se recourbe et se termine de méme ; de méme la face inférieure rappelle une nacelle. Cette baguette porte sept cloisons en plus de celle qui la sépare de son pied, la dernière délimite l'éperon. La face supérieure et plate porte dans l'intervalle d'une cloison à l'autre deux rangées de cinq mamelons, hauts de 0"7,0042. Il n'y a rien sur l'éperon. Chaque mamelon porte une spore fusiforme trés-allongée mesurant 077,016 sur 0"7,0024, environ huit fois pluslongue que large, tandis que la spore du Coemansia reversa ne mesure au plus que 0"7,0080 sur les divers échantillons que j'ai ren- contrés. Les baguettes sporifères du Martensella sont retournées et dressent leurs spores en haut. Dans le Coemansia reversa, c'est l'inverse, elles se dirigent en bas. Pour la plante qui nous occupe, elle porte ses spores horizontalement. En effet, le pied inséré sur une tige verticale est hori- zontal. La branche sporifére s'implante à angle droit sur ce pied et se dresse parallélement à l'axe dela spirale, de sorte que les spores, qui viennent à angle droit, sont horizontales à leur tour. Ce n'est pas une remarque d'une grande importance, mais il se trouve justement que ce caractère constitue un lien intermédiaire entre les deux espèces déjà connues. Enfin j'ajouterai que cette plante est le plus souvent blanche ; mais, comme le Coemansia reversa, elle se colore parfois en jaune de soufre. M. Bonnet donne lecture de la communication suivante adressée par M. Mathieu. NOTE SUR LES VARIATIONS DE DENSITÉ DES BOIS DE MÉME ESPECE, par M. MATHIEU. Dans la séance du 22 mars 1878, M. Duchartre a signalé comme particularité trés remarquable les grandes variations de densité des bois du Brésil, notamment du Guaiacum officinale (4,123-4,649), du Mimu- sops elata (1,029-1,454), et d'une essence indéterminée dont le nom local est Murapuranga (0,909-1,454). On ne peut, a dit notre savant confrère, former que des conjectures trés vagues sur les causes d'aussi grandes et ` aussi étranges variations. En ce qui concerne Ja variation de densité des bois d'une méme espéce, SÉANCE DU 27 JUIN 1879. 247 les bois du Brésil n'offrent rien qui doive surprendre, les mêmes écarts s'observent en tous pays, et les bois de France en présentent les exemples suivants : Fraxinus excelsior.... 0,626-1,002 Populus Tremula.... 0,452-0,612 Fagus silvatica....... 0,686-0,907 Salix Caprea....... 0,428-0,725 Quercus pedunculata. 0,633-0,900 Abies pectinata...... 0,380-0,649 — sessiliflora... 0,572-1,020 Cedrus Libani....... 0,450-0,808 -— Dlx......... 0,903-1,182 Pinus Laricio.. . 0,514-0,891 Pinus silvestris.. ......... 0, 405-0, 828 Il y a donc des bois indigènes de même espèce dont la densité varie du simple au double et méme au delà. Je puis garantir l'exactitude de ces chiffres, que j'ai relevés moi-méme sur les échantillons de la riche collection de l'Ecole forestiére et repro- duits dans la 3e édition de ma Flore forestière, 1878. Ils s'appliquent à des bois complétement desséchés à l'air libre. Les bois du Brésil ne présentent donc rien d'exceptionnel sous ce point de vue. Quant aux causes qui déterminent ces différences, elles sont nom- breuses et généralement bien connues. On peut signaler parmi les plus actives : le climat, le sol et la végétation plus ou moins lente ou rapide qui en est la conséquence; les conditions de la croissance des arbres, suivant qu'ils se développent en liberté ou sous le couvert, à l'état d'iso- lement, de massif serré ou éclairci. La densité d'un bois résulte en effet bien moins de sa composition chimique immédiate que de la structure histologique de ses tissus, qui, sans varier de nature et de disposition dans une même espèce, peuvent offrir dans chacune d'elles une inégale proportion des éléments qui les composent, être serrés ou lâches, à parois épaisses ou minces. Le passage de l'aubier à l'état parfait n'exerce sous ce rapport qu'une médiocre influence; on peut en voir la preuve dans ce fait que des écarts considé- rables de densité s'observent entre des bois de méme espéce parvenus à l'état parfait, ou encore entre des bois qui, tels que le Hétre, le Charme, les Érables, le Sapin, l'Épicéa, etc., n'offrent pas de différence entre l'aubier et le bois parfait. Les forestiers savent trés bien que la largeur des accroissements annuels est un des indices essentiels de la densité; que par exemple, dans les végétaux feuillus (Angiospermes) dont le bois de prin- temps est constitué par une zone de gros vaisseaux, tels que les Chénes à feuilles caduques, les Châtaigniers, Ormes, Frénes, Müriers, Micocou- liers, etc., la densité est d'autant plus élevée que les couches annuelles sont plus épaisses, parce qu'ici c'est la zone d'automne aux tissus serrés qui en forme la plus grande partie. Ils savent en outre que les bois rési- neux Gymnospermes suivent une loi inverse, et que les Sapins, les Épicéas, 948 ^. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les Mélèzes et les Pins sont d'autant plus denses que la végétation en est plus ralentie. C'est par des causes semblables que la densité du bois d'un méme arbre offre souvent d'aussi grandes différences que celles des bois d'arbres différents de méme espéce ou d'espéces distinctes ; que le bois des branches du Chéne est plus léger, que le bois des branches du Sapin est infiniment plus dense que celui qui provient du füt de chacune de ces deux essences. Ces détails sont sans doute bien techniques, et je ne me fusse pas permis d'en entretenir la Société, si la lecture du compte rendu de la séance de mars 1878 ne m'éüt convaincu qu'elle les jugeait dignes de son atten- lion et de son étude. M. Cornu fait la communication suivante : NOTE SUR QUELQUES CRYPTOGAMES DES ENVIRONS DE PARIS, par M. Maxime CORNU. Notre confrère M. Alfred Monod a recueilli aux environs de Senlis, la semaine dernière, un certain nombre de plantes cryptogames qu'il a bien voulu me communiquer pour être déterminées, et dont quelques-unes paraissent mériter d’être signalées à la Société. La localité où il a fait un certain nombre de récoltes curieuses est située non loin de la forêt d'Ermenonville et de la forêt de Hallatte ; elle est riche, paraît-il, en espèces variées. Il en a rapporté entre autres choses : 4° De très remarquables spécimens du Clatophora endiviæfolia. Cette espèce, qui se montre chaque année au Muséum, à Paris, n’est point très rare d’ailleurs dans nos environs. 2° L'Hypomyces chrysospermus, parasite sur une espèce hypogée qui parait pouvoir étre rapportée au Melanogaster variegatus. Cet Hypo- myces est particulièrement curieux par son développement sur un sem- blable substratum. 3* L'OEcidium Ranunculacearum sur les feuilles et les tiges du Ranun- culus repens. Cette espéce était remarquablement abondante. Je prends lo liberté d'attirer l'attention de la Société sur cette plante; quelques expériences m'ont paru démontrer que cette Urédinée posséde une téleu- tospore différente de celle qui est indiquée, et je me réserve de revenir ultérieurement sur ce point important, fort difficile à élucider, à cause de l'alternance des générations : je saisis l'occasion de signaler ce fait ici. M. Flahault fait la communication suivante : a SÉANCE DU 27 JuIN 1879. 249 SUR LA PRÉSENCE DE LA MATIÈRE VERTE DANS LES ORGANES ACTUELLEMENT SOUSTRAITS A L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE, par M. Cb. FLAMAULT. {J On sait que d'une facon générale la lumiére est indispensable pour que la chlorophylle des végétaux se colore en vert ; que lorsque l'intensité de la lumiére reste au-dessous d'un certain minimum, les organes ordinaire- ment verts prennent une teinte jaune plus ou moins pâle. Les parties du corps protoplasmique destinées à remplir la fonction d'assimilation pos- sèdent, il est vrai, leur forme normale dans les organes jeunes soustraits à l'influence de la lumière ; mais leur dimension est un peu plus faible que lorsqu'elles ont été soumises à son action. Mais si cette privation de lumière se prolonge pendant un certain temps, variable avec l'activité plus ou moins grande de la vie dans une plante ou dans un organe, cette chlorophylle étiolée ne tarde pas à se détruire ; les grains protoplasmiques perdent la netteté de leur forme; ils deviennent irréguliers; leur sub- stance, limpide au début, devient granuleuse et opaque, et finalement il ne reste plus dans le protoplasma des cellules à chlorophylle que des gra- nules irréguliers d'apparence graisseuse, solubles dans l'éther. On cite cependant quelques exceptions à cette régle : 1° Des embryons de Pinus et d'autres (oniféres ont leurs cotylédons colorés en vert intense au moment de la germination, alors méme qu'ils Sont encore cachés sous 4 ou 2 centimètres de terre compacte, et que le vase dans lequel a lieu la germination soil soustrait à l'action de la lumiére. 2 Plusieurs auteurs ont signalé la présence de matière” verte dans l'embryon d'un certain nombre de plantes phanérogames, protégé cepen- dant par des téguments souvent fort épais. C'est ce qui arrive, par exemple, pour les embryons des Evonymus, Acer, Raphanus, Astra- galus, Geltis, Tropæolum, Pistacia, Viscum, Citrus, Geranium, Cepha- laria. 3 On sait que les frondes de quelques Fougères développées dans l'obscurité complète prennent une coloration verte tout à fait normale. Ces faits s’expliquent d'autant plus difficilement que dans toutes les expériences relatives à l’action de la lumière, on a reconnu que celte aclion est locale, qu’en dehors du point frappé par un rayon lumineux, la coloration verte ne se produit pas ordinairement. La coloration verte que présentent les organes végétaux dans ces dif- férents cas est-elle due à de la chlorophylle identique par ses caractères anatomiques et physiologiques avec la chlorophylle des feuilles dévelop- pées à la lumière? Si Ja réponse est affirmative, dans quelles conditions s’est formée cette chlorophylle ? 950 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRÁNCE. Il est facile de résoudre la question relative aux graines. M. J. Bóhm a déjà montré que si les graines de plusieurs plantes (Acer, Astragalus, Celtis, Raphanus) se développent à l'abri de la lumiére, l'embryon ne se colore pas en vert. J'ai moi-même répété cette expérience sur les graines du Viola tri- color, de l'Acer Pseudoplatanus, du Geranium lucidum ; elles m'ont conduit au méme résultat. On pouvait déjà conclure de là que la coloration verte est due fort pro- bablement à de la chlorophylle. Pour le démontrer, j'ai étudié anatomi- quement la matiére verte de ces embryons. Dans la plupart d'entre eux, un protoplasma dense remplit les jeunes cellules de l'embryon; ce proto- plasma est tout entier coloré en vert sans;qu'il y ait des grains de chloro- phylle constitués. C'est ainsi qu'on peut l'observer dans les Acer Pseudo- platanus, À. macrophyllum, Viola tricolor, Geranium. lucidum, etc.; mais dans l'embryon du Gui on trouve les cellules remplies de grains verts arrondis, de dimensions un peu plus faibles que ceux qui remplissent les cellules des feuilles et le parenchyme cortical des tiges de cette plante. Anatomiquement, cette matiére ressemble donc beaucoup à de la chlo- rophylle; mais dans la plupart des cas, elle n'a pas atteint le degré de différenciation qu'elle acquiertedans les conditions ordinaires. Il est bien facile d'appuyer ces données par l'étude du fonctionnement de cette matiére verte. Il suffit pour cela de prendre des coupes minces de l'embryon, comme je l'ai fait pour le Viola tricolor, 'Acer Pseudopla- tanus et le Viscum album ; on les place dans une goutte d'eau, et après les avoir recouvertes d'une lamelle, on les étudie au microscope en permet- tant aux rayons directs du soleil de venir frapper la préparation: aprés 3-5 minutes, on voit apparaitre des bulles de gaz au milieu des cellules. Ces bulles, très petites, s'étendent peu à peu ; le dégagement persiste pen- dant cinq ou six heures d'insolation. Au bout de ce temps, la chloro- phylle ne parait pas modifiée ; sa coloration, autant qu'il m'a été possible de la déterminer, n'était pas plus intense qu'au moment de la mise en expérience. Je n'ai pu y découvrir de grains d'amidon. Pour m'assurer que le gaz dégagé est bien du gaz oxygène, j'ai réuni dans de petites éprouvettes un trés grand nombre d'embryons de Gui d'une part, de Violette d'autre part; ayant rempli d'eau les éprouvettes, je les renversai sur une cuvette remplie d'eau que je plaçai au soleil comparativement avec une autre éprouvette renfermant autant de petites feuilles d'Helodea que la premiére renfermait d'embryons de Gui : les embryons de Gui ont en général une surface un peu inférieure à celle d'une feuille d'Helodea. Aprés quinze minutes d'insolation, les feuilles d'Helodea se chargérent d'un grand nombre de petites bulles qui s’élevèrent SÉANCE DU 27 Juin 1879. — 951 bientót dans l'éprouvette; les embryons de Gui et ceux de Violette se chargérent aussi presque aussitót de bulles, mais le dégagement fut beau- coup moins fort. Aprés six heures d'insolation, les feuilles d'Helodea avaient dégagé prés de 6 centimétres cubes; les embryons de Gui en avaient dégagé environ six fois moins. Les embryons de Violette avaient dégagé comparativement moins de gaz que les embryons de Gui, et comme ils étaient beaucoup moins nombreux; je n'ai pu déterminer positivement la nature du gaz dégagé. Quant au gaz produit par le Gui, il suffit d'éteindre une allumette enflammée, et de plonger son extrémité présentant encore un point en ignition dans l'éprouvette renversée et bouchée au moyen du doigt, pour reconnaitre que l'allumette y brûle de nouveau avec activité, aussi bien que dans l'éprouvelte à Helodea. Dans les deux eas, nous avons donc eu affaire à un dégagement d'oxy- gène, et la matière verte contenue dans la graine est bien de la chloro- phylle pouvant assimiler comme celle des feuilles, dés qu'elle subit l'influence de la lumiére. M. Chautard a étudié le spectre de la matiére extraite de quelques embryons plus ou moins verts ; il y a reconnu les bandes d'absorption caractéristiques de la chlorophylle, et notamment la bande trés nettement limitée qui commence au milieu du rouge. Mais cette chlorophylle s'est-elle formée à l'obscurité ? a-t-elle acquis sa coloration verte sous l'abri des téguments plus ou moins opaques de la graine? Il suffit d'étudier le développement de l'embryon pour reconnaitre que non. Je passe sous silence les détails relatifs au développement du fruit du Gui, de la Violette, de la Capucine, de plusieurs Geranium et Acer, dont jai suivi le développement. Dans tous les cas, les téguments de la graine ou du fruit présentent au début un degré de transparence remar- quable; l'albumen du Viola tricolor est, pour ainsi dire, liquide jusqu'à une époque trés voisine de la maturité ; dans tous les cas, Ja chlorophylle est formée dans l'embryon pendant cette période de formation de la graine, alors que la lumière pénétre facilement jusque dans les parties les plus profondes, Il est très remarquable pourtant que cetle chlorophylle se conserve ensuite pendant trés longtemps à l'obscurité sans s'altérer aucunement et toute prête à fonctionner aux premiers rayons du soleil. On peut admettre sans doute que l'embryon, entrant dans une période de vie latente, la chlorophylle emmagasinée dans son intérieur attend, sans subir aucune modification, le moment où elle aura à jouer un rôle actif. | Du reste, on peut citer d'autres exemples de ehlorophylle demeurée Inaltérée à la suite d’un long séjour à l'obscurité. Des spores de Blechnum brasiliense ont été semées au mois de février dans une serre, à une tem- ~ 252 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pérature à peu prés constante de 25 degrés. Au commencement de mars, les prothalles naissaient et présentaient leur plus grande surface normale- ment.au côté d’où leur venait la lumiére; le 15 mars, les plus grands avaient atteint { millimètre à 4 millimètre et demi de largeur; la petite spore qui leur avait donné naissance était complètement vide. Je les plaçai alors à l'obscurité, pour reconnaitre au bout de combien de temps ils auraient consommé tout leur amidon, et pour étudier la façon dont la chlorophylle se détruirait. Aprés trente-six heures de séjour à l'obscurité, le procédé ordinaire (décoloration de la chlorophylle par l'aleool, macération dans la potasse, puis coloration par l'iode des grains d'amidon qui sont gonflés, sil en existe) ne me révélait plus la présence de l'amidon; mais aujourd'hui 13 juin, les grains de chlorophylle sont encore verts, inaltérés, appliqués le long des parois cellulaires dans le corps protoplasmique qui tapisse cette paroi. Aprés quatre-vingt-dix jours, la chlorophylle n'a subi aucune altération ; les prothalles n'ont pas grandi, ils sont aujourd'hui tels qu'ils étaient le 15 mars; ils ont conservé l'orientation qu'ils avaient alors. Placés à la lumiére, ils dégagent des bulles d'oxygéne aprés quelques minutes d'insolation. Donc, la chlorophylle peut, dans quelques cas, se conserver pendant longtemps à l'abri de la lumière sans altération ; elle peut ensuite assi- miler de nouveau dés que les circonstances lui sont favorables. Les embryons de Pinus et de Thuia ne se colorent en vert qu'au moment de la germination. Au moment où le tégument trés épais qui entoure la graine du Pinus Cembra est rompu par le gonflement de l'al- bumen et de l'embryon, la radicule s'allonge et pénètre dans le sol qui entoure la graine. La tigelle est bientót chassée hors de l'albumen ; les cotylédons s'allongent et demeurent seulement en partie cachés dans cette masse de matière nutritive. Si l'on étudie la plante dés que ces phénoménes apparaissent, on voit que l'embryon est vert ; l'étude ana- tomique montre que cette coloration est due àla présence de nombreux grains de chlorophylle bien constitués, arrondis, de forme réguliére, un peu plus petits qu'ils ne le sont dans les feuilles ordinaires du Pinus Cembra. La chlorophylle se forme donc ici sans intervention de la lumiére. L'étude microscopique la plus attentive ne révèle pas d'amidon dans ces grains de chlorophylle ; des coupes placées sous une lame de verre au soleil dégagent aussitót de petites bulles d'oxygéne, comme le montre l'expérience faite en réunissant plusieurs de ces embryons dans une éprouvette au soleil. (On ne peut guère prolonger cette expérience au delà d'une journée d'insolation, car aprés quelques heures de séjour dans SÉANCE DU 27 Juin 1879. 953 l'eau, les parties aériennes des plantes s'infiltrent ; l'assimilation cesse peu à peu à mesure que le tissu s'altére.) Si la jeune plante de Pin développée à l'obscurité y est maintenue indé- finiment, il vient un moment où, toutl'albumen étant absorbé par les coty- lédons, la plante cesse de s'accroitre; à ce moment, les cotylédons sont colorés en vert clair ; les grains de chlorophylle qui remplissaient d'abord les cellules trés petites, se trouvent maintenant disséminés dans les mémes cellules devenues plus grandes ; mais il ne parait pas s'étre formé de nouveaux grains. Bientôt les cotylédons et la tigelle pàlissent ; l'étude anatomique montre que les grains de chlorophylle sont devenus granuleux, ratatinés; tout accroissement de la plante a cessé. Trente jours aprés l'absorption complète de l’albumen, à une température à peu prés con- slante de 15 degrés, il ne reste plus à leur place que des gouttelettes d'huile jaunâtre. Placées à la lumière, au moment où les grains de chloro- phylle commençaient à s’altérer, les plantes y sont mortes épuisées, aussi vile que dans l'obscurité la plus profonde. Au contraire quelques plantes mises à la lumiére six jours avant le complet épuisement de l'albumen, alors que les grains de chlorophylle étaient encore intacts, ont. continué à s’accroître ; elles ont acquis, après quatre jours d'action de la lumière, la teinte foncée que présentent ordinairement les feuilles de Pin. C'est dans les mêmes circonstances que la chlorophylle se forme dans les feuilles produites par des rhizomes de Nephrodium spinulosum et de N. Filix-mas placés à l'obscurité complète. Développées dés les premiers jours d'avril par une température sensiblement constante de 14 degrés, ces feuilles ont un limbe trés peu développé, mais vert comme dans les conditions normales ; ces feuilles assimilent abondamment aussitót qu'elles Sont placées à la lumière. Je n'ai pu reconnaitre encore ce qui se produit quand toute la matière nutritive emmagasinée dans le rhizome est épuisée. Il faut rapprocher, ce me semble, des faits précédents, ceux que j'ai observés sur les bulbes d'Allium Cepa et de Crocus vernus. Le 1* février, je plantai à l'obscurité 18 bulbes de Crocus, aprés en avoir disséqué deux pour déterminer exactement le degré de développement des différentes parties. En ce qui concerne les faits dont il est question, il suffit de dire que les cellules du parenchyme des feuilles renferme un protoplasma jaune trés dense, et sans différenciation vers les bords de la feuille, différencié dans les parties les plus voisines du sommet en masse proloplasmique fondamentale et en grains de chlorophylle jaunes. Les 18 bulbes ne tardérent pas à se développer; par une température Constante’ de 25°, ils commencèrent à montrer, le 25 février, l'extré- mité de leurs feuilles ; bien que l'obscurité fùt complète, l'extrémité de ces feuilles était verte; les grains de chlorophylle s'étaient colorés; soumis à l'action des rayons solaires, ils dégagérent aussitôt de l'oxygène. 954 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Plusieurs bulbes d'Allium Cepa furent enfermés le 10 novembre 1878 dans une boite de métal placée elle-méme au fond d'une armoire bien séche, à l'abri de la lumiére par conséquent. Ces bulbes, repris le 10 avril 1879, avaient commencé à développer des feuilles dont la longueur était alors de 3 à 5 centimètres. Ces feuilles étaient colorées en vert sombre; le parenchyme renfermait une quantité considérable de grains de chlorophylle tellement serrés les uns contre les autres, que leur forme était polyédrique. Quelques-unes de ces feuilles furent enlevées et placées dans des éprouvettes comparativement avec de jeunes feuilles de Maïs présentant sensiblement la méme surface. Aprés une demi-heure d'action d'un soleil bien pâle, les feuilles d' Allium, aussi bien que les feuilles de Mais, dégageaient des bulles d'oxygène. Les autres bulbes furent main- tenus à l'obscurité, mais dans une atmosphére assez humide ; les feuilles s'allongérent en pâlissant à mesure que les cellules devenaient plus grandes. A plusieurs reprises on coupa des feuilles pour étudier l'état de la chlorophylle; les grains conservérent leur forme normale et assimilérent avec intensité jusqu'au moment où toute la matière nutritive du bulbe étant épuisée, il ne s’y trouve plus d’amidon et presque plus de glycose. Alors, dans les feuilles de l’Allium aussi bien que dans celles du Crocus, les grains de chlorophylle s'altérérent rapidement; ils perdirent la netteté de leurs formes, jaunirent dans l'espace de deux jours, et se transformé- rent finalement en granules irréguliers d'aspect graisseux, solubles dans l'éther. Cette destruction se produit lorsque le bulbe a consommé toutes ses réserves, de la méme facon qu'elle se produit dans les feuilles de Pha- seolus, de Capucine ou d'autres plantes dépourvues de réserves, aprés quelques heures seulement de privation de lumiére. Dans les différents cas, la formation de la matiére chlorophyllienne verte dans les organes placés à l'obscurité accompagne la transformation des matiéres nutritives emmagasinées. Dans tous les cas, cette matiére reste inaltérée tant que le végétal n'a pas épuisé ses réserves ; quand celles-ci ont été consommées, la chlorophylle elle-méme est détruite et disparait trés rapidement. On ne connaît, que je sache, aucun cas où la chloro- phylle se forme à l'obscurité sans que la plante ait à sa disposition des réserves plus ou moins abondantes. Je crois donc pouvoir admettre que, dans tous les cas étudiés, de la chlorophylle, identique par ses propriétés physiques et physiologiques avec la chlorophylle des feuilles éclairées, peut se former parfois dans les plantes aux dépens de la matiére nutritive emmagasinée, bien que ces plantes soient soustraites à l'action de la lumière. Ces faits me paraissent intéressants en ce qu'ils montrent jusqu'à quel point, dans les expériences relatives à l'influence de la lumière, il faut SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 255 tenir compte des réserves nutritives; ces réserves peuvent, dans une certaine mesure, remplacer l'action de la lumiére, et préparer la plante à subir plus efficacement cette influence. Je montrerai plus tard que l'im- portance des matiéres emmagasinées est plus considérable encore pour la formation des matières colorantes. ` SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Bonnet, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la derniére séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président proclame membres de la Société : MM. Léonard (Jean-Baptiste), pharmacien de première classe, place du Pilori, à Nantes, présenté par MM. Genevier et Messine. Piper (Ferdinand-Joseph), pharmacien à Nort (Loire-Infé- rieure), présenté par MM. Genevier et Messine. M. de Valon, ayant rempli les conditions exigées par les Statuts est proclamé membre à vie. Dons faits à la Société : Edmond Bonnet, Notice sur la vie et les travaux d' Édouard Spach. Gillot, Souvenirs d'un voyage botanique en Corse. D.-A. Godron, Etudes morphologiques sur la famille des Graminées. J. G. Baker, A Synopsis of the genus /ECHMEA. Viaud-Grand-Marais, Note sur le Vichamaroundou. Asa Gray, Structural Botany. Hemsley, Diagnoses plantarum mexicanarum. Adolf Bæyer, Ueber die chemische Synthese. J. Klinge, Vergleichende histologische Untersuchung der Gramineen- und Cyperaceen-Wurzeln. M. le Président fait hommage à la Société des Cyperaceæ et Gramineæ chilenses, publiées par Emile Desvaux dans le Flora chilensis de Claude Gay. M. Malinvaud fait la communication suivante : 956 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. OBSERVATIONS SUR UNE « LISTE DE QUELQUES MENTHES NOUVELLES OU PEU CONNUES », par M. Ernest MALINVAUD. M. Pérard avait fait une part si considérable au genre Mentha dans son Catalogue des plantes de l'arrondissement de Montluçon (4), qu'il ne pouvait faire moins que de lui consacrer quelques pages dans le Supplément qu'il vient de publier pour faire suite à cet ouvrage (2). On y trouve, en effet, un chapitre intitulé : Liste de quelques Menthes nou- velles ou peu connues, titre qui semble bien modeste lorsqu'on voit ces quelques s'élever au nombre de soixante, dont environ les deux tiers avec des noms entièrement nouveaux. Aussi n’avons-nous pu nous défendre, en jetant les yeux pour la première fois sur cette longue énumération, d’un sentiment d'effroi. On a déjà tant de peine à se reconnaitre dans les 500 à 600 noms qui encombrent la synonymie des Menthes, qu'en les voyant s'augmenter d'une cinquantaine en une seule fois, il était permis d'en res- sentir un cerlain découragement. Ajoutons cependant qu'une seconde lecture, plus attentive, de cette Liste, a notablement diminué notre pre- miére inquiétude, en nous faisant entrevoir des simplifications considé- rables non soupconnées par l'auteur, et qu’il nous saura gré, nous n'en doutons pas, de venir lui signaler. Ainsi M. Pérard, adversaire déclaré des hybrides et deleur nomenclature binaire, a débaptisé le Mentha rubro-arvensis Wirtg. pour en faire son M.rivularis (3), et le M. Wirtgeniano-arvensis Wirtg. s’est transformé, avec avantage au point de vue de la concision, en M. uda (4). Mais était-il besoin de deux mots nouveaux? Wirtgen rapportait au M. rubra Huds., dans les premières éditions de ses Menthæ rhenane, une forme du groupe Gentilis, qui n'est exactement ni le M. rubra Smith, ni celui de Hudson. Schultz signala cette erreur, et décrivit la plante nouvelle, qu'il appela M. Wirtgeniana (9) en l'honneur de celui qui l'avait découverte. Ce der- (1) Voyez tome XVII de ce Bulletin, p. 198 à 207 et 331 à 347.. (2) Supplément du Catalogue raisonné des plantes de l'arrondissement de Montluçon, avec une liste de quelques Menthes nouvelles ou peu connues, par Alexandre Pérard. Montlugon, 1878. (3) Pérard, Supplém. p. 24. — Dans la 3° édition de ses Menthæ rhenanæ, au n° 3, Wirtgen a publié un Mentha gentilis var. v rivularis Wtg., qui est le M. gentilis y ellip- tica Lej. et Court. Comp. fl. belg. t. II, p. 233, M. elliptica Lej. Herb. et Rev. Cette plante appartient au groupe Gentilis, tandis que le M. rivularis Pér., ou du moins le M. rubro-arvensis Wirtg., est de la section des Sativæ. (4) Pér. loc. cit. p. 25. u (5) F. Schultz, in 12 Jahresber. der Pollichia (1854), p. 41-43. SÉANCE DU 14 JUILLET 1879. 951 nier n'eut garde de refuser la dédicace, et publia, dans ses exsiccata, son ancien M. rubrasous le nom de Wirtgeniana, etson ancien rubro-arvensis sous celui de Wirtgeniano-arvensis (1). S'il croit devoir adopter pour ce dernier un nom spécifique, M. Pérard peut choisir entre rivularis et uda, et méme réserver tous les deux pour des formes moins privilégiées que celle-ci : car Opiz l'avait distinguée, dés 1823, sous le nom de M. cœru- lea (2), qui a sur tous les autres un demi-siécle de priorité. Le Mentha Muteli n'est guére mieux motivé : M. Pérard donne ce nom (3) au M. diffusa de la Flore du Centre, qui serait différent, selon lui, du type créé sous ce nom par Lejeune. J'ai encore chez moi, en com- munication, les Menthes de l'herbier de Lejeune; et l'un des spécimens authentiques du M. diffusa de cet auteur est bien semblable à des échan- tillons de mon herbier, étiquetés diffusa par Boreau lui-méme. Ce luxe de noms différents appliqués à la méme plante, ou de nouvelles dénominations faisant double emploi avec les anciennes, se retrouve plu- sieurs fois dans la Liste dont nous nous occupons, et permet de l'alléger dans une large mesure. Les noms nouveaux dont la superfétation n'est pas douteuse ne sont pas les seuls, sur cette Liste, qu'on peut rayer sans dommage. L'auteur, qui se contente de peu pour faire une espéce nouvelle (4), n'a pas résisté à la tentation d'élever de simples particularités accidentelles à la dignité de caractéres spécifiques. On sait, par exemple, que les Menthes, comme toutes les plantes, dans certaines circonstances connues, notamment quand (1) M. Damiens, cité par M. Pérard : « Damiens in herb.!» comme lui ayant fourni les types de ses M. rivularis et uda, nous a adressé à ce sujet la note rectificative sui- vante : « Rubro-arvensis Wirtg. et Wirtgeniano-arvensis Wirtg. sont synonymes et dé- ? signent tous deux une seule et méme plante! M. Pérard a cru voir deux espèces » différentes, parce que dans mon herbier j'emploie indifféremment l'une ou l'autre » désignation. — Rivularis — uda, il y a là un nom qui devient disponible. » (Damiens in litteris.) Il ne sera guére permis à M. Pérard, aprés avoir commis une semblable méprise, de se retrancher derrière les « Dam. in herb. » ou « fide Damiens », dont il a fait un si fréquent usage dans ses derniers écrits, à l'insu (voyez, plus loin, la note au bas de la page 262) ct contre le gré de M. Damiens, qui est trés innocent des erreurs accumulées Sous cette rubrique. . . (2) L'herbier du jardin botanique de Bruxelles renferme un précieux spécimen authentique de M. cerulea Opiz, qui avait été donné à Lejeune par Weihe (voy. ma Révision des Menthes de l'herbier de Lejeune, p. 21-28). . (3) « M. Muteli, M. diffusa Mutel Atlas, f. 349; Bor. Fl. centr. édit. 3, p. 513, non » Lejeune » (Pérard, loc. cit. p. 23). — Ainsi la seule autorité invoquée à l'appui de ce Changement de nom est l'Atlas de Mutel, où l'on voit le croquis d’une fleur et d'une feuille, qui ne saurait donner une idée, même approximative, du véritable M. diffusa. D'ailleurs Lejeune réunissait sous ce nom, comme on peut le voir dans son herbier, des formes assez dissemblables, qu'il considérait avec raison comme de simples variétés du + arvensis (voy. Lei. et Court. Compend. fl. belg. t. YI, p. 234), et dont M. Pérard, s'il €n avait eu connaissance, aurait fait autant d'espèces. (4) Nous avons vu (plus haut, note 1) qu'il suffisait pour cela d'un léger changemen € rédaction dans les étiquettes accompagnant deux échantillons identiques. T. XXVI. (SÉANCES) 17 958 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ellescroissent dans uu milieu trés humide, peuvent offrir un développement excessif des organes végétatifs: leur tige s’allonge démesurément, les feuilles s'élargissent, les bractées elles-mêmes suivent cette progression générale; les organes floraux seuls, au lieu de participer à cette sorte d'état pléthorique, sont généralement peu ou mal développés, et leur plus ou moins d'atrophie donne un relief trés marqué à l’allongement des brac- tées. M. Pérard, sans s'arréter à ces considérations, ayant constaté dans certains cas un développement inusité des bractées, n'a eu garde de laisser échapper cette occasion d'enrichir le vocabulaire des Menthes : de là son M. pseudonummularia qui ne diffère du M. Nummularia tout court que par la grandeur de ses bractées ; puis les M. pseudhostii, pseudocuneifolia, pseudoparviflora, pseudoriganifolia (1), etc., etc., et cette étrange série est loin d'étre épuisée, car toutes les Menthes imaginables varient à brac- tées plus ou moins longues (2). Aussi peu solide est le Mentha subpetiolaris (M. nemorosa subpetio- lata) qu'on rencontre un peu plus loin (3). Toutes les Menthes à feuilles normalement sessiles ou subsessiles deviennent accidentellemeut sub- petiolatæ dans certaines conditions de terrain et d'humidité, favorables à l'élongation des organes végétatifs. II M. Pérard, souvent à court de noms pour ses nombreuses espèces, ena dédié quelques-unes à des botanistes défunts (M. Bastardiana, Schreberi, Muteli, Mœnchii, etc.), qui ne pouvaient y mettre empêchement. Mais les modernes qu'il a cru pouvoir introduire dans sa nomenclature, sans les avoir préalablement consultés, se montrent moins sensibles à l'honneur qu'ils en reçoivent qu'à l'apparente solidarité qui leur est ainsi imposée dans une œuvre sujette à de trop nombreuses critiques. Le M. Damiensi n'a été rien moins qu'agréable au loyal et consciencieux collègue qu'il met en cause (4), et le M. Deseglisei est formellement répudié par l'émi- (4) Pér. loc. cit. p. 24. (2) Nous avons eu occasion de voir (voy. ce Bulletin, t. XXV, p. 145) que M. Pérard ne connaissait pas le véritable Mentha origanifolia Host, qui est du groupe des Sativæ et non des Arvenses, parmi lesquels il l'a placé. La forme ainsi mal nommée pourrait s'appeler M. pseudoriganifolia Pérard; de même celles qu'il a rapportées par erreur (in Catal. Montl. p. 152-157) aux M. parviflora Nees, ovalifolia Opiz, etc. deviendraient M. pseudoparviflora Pér., pseudovalifolia Pér. etc., et la série des Pseudo-arvenses, ainsi reconstituée sur une nouvelle base, au lieu d’être une pépinière d'espéces dou- teuses, servirait à des distinctions ou à des rectifications utiles. (3) Pér. loc. cit. p. 25. (4) « Il n'est pas en mon pouvoir, nous écrit M. Damiens, d'empêcher M. Pérard de » donner, à mon insu, mon nom à une plante quelconque ;. mais il m'est au moins SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 259 nent botaniste auquel est adressé cet hommage compromettant. M. Pèrard a cru devoir adjuger ce dernier nom à une Menthe récoltée dans le Cher en 1855 par M. Déséglise, et rapportée par l'excellent Boreau au M. obtusata Opiz (Bor. Fl. Centre, éd. 3, t. II, p. 513). Ce rapproche- ment était-il exact? On ne sera réellement fixé sur sa valeur que par la comparaison, qui n'a pas été encore faite, de la plante du Cher avec un spécimen authentique du M. obtusata Opiz. Or, sur quels renseigne- ments ou documents nouveaux s'appuie M. Pérard pour se croire mieux informé que Boreau lui-méme au sujet de son M. obtusata (1)? Sur une erreur ou une confusion probable dans ses souvenirs. Voici en effet ce qu'il écrivait, le 8 avril dernier, à M. Déséglise, qui lui avait demandé la jus- tification de l'usage qu'il faisait de son nom : « M. DAMIENS, QUI CONNAÍT PARFAITEMENT LE M. oblusata Opiz AUTHEN- » TIQUE, Wa rien vu de semblable dans les Menthes recueillies depuis » dix ans par lui et par moi, non-seulement aux environs de Paris, mais » encore dans l'est et le centre de la France. Or vos échantillons du » Cher sont récoltés dans une région voisine dela mienne; il serait donc » bien étonnant de les voir représenter exactement le type bohémien, que » nous n'avons pas encore trouvé en France. » M. Déséglise, ainsi prévenu que M. Damiens se trouvait en possession de la vérité à l'égard du M. obtusata Opiz, s'empressa de nous faire part » permis de déclarer que, s'il m'avait fait juge de l'opportunité de cette dédicace, je » l'en aurais détourné, par la simple raison que le Mentha en question, par moi » découvert en 1864 aux environs de Provins, nómmé M. carinthiaca par Boreau, et » dont vous avez publié une forme assez dissemblable, recueillie par vous au même lieu dans une autre année (n° 69 de votre Exsiccata); ce Mentha, dis-je, ne peut être » distingué de la forme du M. Mulleriana envoyée par Schultz en 1874 et que vous » avez donnée sous le nom de M. Mulleriana F. Sch. forma bracteosa (Menth. exsicc. » pres. gall. n° 68). » (Damiens, in litteris). . . J'admets volontiers, avec M. Damiens, que le n° 69 de mon Exsiccata (M. rotundi- folio-arvensis Wirtg., M. carinthiaca Bor.) soit une variété minor et laxa du M. Mul- leriana F. Sch. Herb. norm. n° 118. Au surplus, cette hybride présente de telles varia- tions et singularités, d'une année à l'autre, que je ne serais pas surpris qu'il m'en restât à noter, bien que je suive avec intérêt et sans interruption depuis dix ans toutes les Vicissitudes qu'elle subit dans sa station provinoise. M. Pérard, qui ne l'a pas observée vivante et n'en a vu que des échantillons desséchés peu nombreux et incomplets, est excusable de ne la connaître que trés imparfaitement et de l'avoir classée à tort parmi ses Arvenses (Catal. Montl. p. 156), au lieu de lui assigner la place qui lui revenait dans sa section Menthastrum à cóté du M. Mulleriana, dont elle est tout au plus une Variété. En thèse générale, le soin de nommer ou débaptiser une plante devrait être laissé à ceux qui l’ont découverte ou suffisamment étudiée. ` (1) Boreau, qui avait eu des relations avec Reichenbach et d'autres botanistes alle- mands, avait été induit en erreur par ses correspondants sur quelques-unes des espèces de Host, mais il parait avoir eu de meilleures données sur celles d'Opiz. Il est certain qu'il connaissait bien le M. ovalifolia Opiz (voyez, sur ce point, ma Révision. des Menthes de l'herbier de Lejeune, p. 24), et rien ne prouve, du moins jusqu'à ce jour, qu'il ait pris le change sur le M. obtusata du méme auteur. » 960 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de celte bonne nouvelle en nous communiquant le passage de la lettre qui s’y rapportait, et nous d'écrire, pour le féliciter, à M. Damiens, qui nous répondit avec sa franchise habituelle : « SAUF LE NOM, J'IGNORE » TOUT DU Mentha obtusata Op.; au surplus, jai beau compulser » mes souvenirs, je ne vois pas comment on peut m'invoquer pour cette » plante. » M. Pérard, ne se tenant pas pour battu, malgré les protestations énergiques de M. Déséglise, finit par lui proposer la combinaison suivante : « J'attribuerai le M. Deseglisei de ma Liste à mes échantillons des » environs de Montlucon, qui portent en ce moment le nom de M. obtusi- » formis dans mon herbier, ce qui n’a pas été publié jusqu'ici, et je don- » nerai ce dernier nom (M. obtusiformis) au M. obtusata Bor. Fl. Cent. » (non Opiz)du département du Cher, tout en me réservant de démon- » trer dans la Revue que le type de la Flore du Centre est, comme » beaucoup d'autres, un nom complexe qui renferme des formes dis- » tinctes. L'espéce de Montluçon figurera, à la suite, sous le nom de » M. Deseglisei (1). » Inutile d'ajouter que M. Déséglise, soucieux avant tout de la vérité scientifique, a refusé de préter son nom à cet ingénieux compromis, et qu'il persiste à considérer comme non avenu le Mentha Deseglisei Pér., même allégé du nouveau M. obtusiformis ou permutant avec lui. Il m'a prié d'entrer dans ces détails pour dégager pleinement sa responsabilité. III Nous terminerons par de courtes remarques sur une Revue monogra- phique du genre MENTHA, dont M. Pérard a fait paraître un premier numéro, et dans laquelle on voit mentionnés un grand nombre de noms spécifiques, tels que M. scrofulariæfolia Lej., arguta Opiz, pulchella Host, etc., accompagnés de la référence « ex spec. auth. fide Damiens ». Une petite digression est ici nécessaire. Les échantillons authentiques, visés par cette annotation, font partie des précieuses collections de Menthes qui nous ont été si généreuse- ment communiquées, grâce à l'intervention bienveillante de M. le profes- seur Édouard Bureau, par les administrateurs du jardin botanique de Bruxelles (2). Ces collections, confiées à nos soins scrupuleux, ne sont point sorties de chez nous, comme pourraient le faire penser les citations faites sous la rubrique ci-dessus ; elles ontété consultées sous nos yeux par quelques amateurs, principalement par notre confrére et ami M. Charles (1) Pérard, in litteris ad Déséglise (2) Bull. t. XXV, p. 140. SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 261 Damiens, qui avait fait une étude particuliére des Menthes bien longtemps avant nous et nous a toujours aidé de ses bons avis et de sa grande expé- rience du sujet, ainsi qu'en nous faisant part sans réserve de ses belles et nombreuses récoltes. Les herbiers de Menthes dont nous parlonsrenfermaient des exemplaires typiques de plusieurs des espéces de Host, Opiz, etc., et nous ont permis de Jes reconstituer avec une précision qu'on peut bien rarement obtenir par la seule interprétation des lextes, lesquels d'ailleurs font souvent dé- faut. Toutefois ce travail de restauration est loin d'étre aussi aisé qu'on pourrait le eroire, méme en s'aidant de documents qui semblent, au pre- mier abord, aussi complets qu'on puisse les désirer. Host et Opiz, comme tous les auteurs qui poussent la division de l’espèce jusqu'à l'extréme li- mite, avaient fini par s'égarer eux-mémes dans le dédale de leurs subtiles créations. M. Bentham en a depuis longtemps fait la remarque : ayant eu communication des types de Host, il a constaté, pour une partie, un désac- cord manifeste entre les échantillons qui les représentaient dans l'herbier de cet auteur et les diagnoses qu'il en a données dans son Flora aus- triaca. Ainsi, pour les M. silvatica, suaveolens, varians, etc., M. Ben- tham dit: «ex exempl. Hostianis huc referenda, ex descript. vero ad » aliam... » (voy. Lab. in Prodr.). On estencore plus embarrassé avec les espéces d'Opiz, qui les a multipliées beaucoup plus que Host dans le genre Mentha, en se bornant trop souvent à introduire dans la science des noms nouveaux, sans descriptions à l'appui. Aussi nous est-il parfois arrivé, à M. Damiens et à nous-méme, de ne pouvoir discerner entre deux et méme trois des espéces d'Opiz, quoique représentées par des échantillons authen- tiques, aucune différence appréciable. La distinction, possible peut-être sur des pieds vivants, ne l'était plus sur des exemplaires desséchés. S'il est aussi malaisé de rétablir, avec des spécimens typiques sous les yeux, les diagnoses différentielles qui leur sont applicables, il ne l'est pas moins de pouvoir identifier avec eux les formes qu'on a récoltées soi- méme et dans lesquelles on cherche à reconnaître les créations spécifiques de ces auteurs. Ce travail délicat ne peut conduire à des résultats dignes de confiance, que s'il est fait avec maturité par quelqu'un en ayant une certaine expérience, ainsi que le discernement nécessaire pour ne pas s'abuser lui- méme. La méthode expéditive dont s'est contenté M. Pérard, et l'évidente insuffisance des documents sur lesquels il s'appuie, enlévent toute valeur à ses prétendues déterminations. Il n'a pas demandé à voir les échantillons typiques qui étaient chez nous: les spécimens qu'on a fait passer rapide- ment sous ses yeux avaient été simplement rapprochés des types sans étre identifiés avec eux, et ne pouvaient en donner qu'une idée trés imparfaite. Le travail de révision dont M. Damiens et moi nous nous occupions à ce mo- ment était encore peu avancé, et plusieurs des rapprochements que nous 262 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avions faits provisoirement dnt dû être abandonnés(1). N'est-ce pas d'ailleurs trop présumer de sa mémoire que de prétendre reconstituer fidèlement, avec le seul souvenir d'un examen rapide, destypes spécifiques fondés sur des caractéres aussi minutieux? La conelusion qui ressort de ces explications est qu'on doit considérer comme annulée la référence « fide Damiens », désavouée par celui dont elle invoque le nom ; et cela méme lorsqu'elle est appliquée à des plantes, telles que M. viretorum, M. fallax, etc., récoltées soit par M. Damiens, soit par nous-méme, aux environs de Provins et de Limoges où M. Pérard n'a jamais herborisé. En prenant la peine de publier lui-méme, sans yétre autorisé, des découvertes qui n'étaient pas les siennes, il n’eût pas été inutile, ce nous semble, de nommer ceux qui les avaient faites. - M. Cornu met sous les yeux de la Société un pied d'Érable trés feuillé, cultivé dans un étroit vase à fleurs et âgé de cinq années, et présentant les caractéres d'une affection spéciale. Cette?plante a reçu le 4 mai dernier un semis de spores de Rhy- isma acerinum, qui s'y est trés bien développé. On sait que ce parasite détermine sur les feuilles vivantes des Érables, à leur face supérieure, des taches noires, larges de 1 à 3 centimétres; que ces taches présentent des mamelons saillants, par l'orifice desquels s'échappent de nombreux bâtonnets très petits et engendrés dans (1) Dès qu'il eut connaissance de. l'emploi regrettable qui avait été fait de son nom, M. Damiens s'empressa de nous faire part du pénible étonnement qu'il en ressentait et nous remit spontanément la note rectificative suivante, en nous autorisant à la publier en temps opportun : « Recevant la visite de M. Pérard et m'entretenant avec lui du genre Mentha, j'a ouvert devant lui mes cartons..... Sans mentionner ici plusieurs raisons de conve- nance, connues de lui, qui auraient dû l'engager à ne point me mettre en évidence, je me serais opposé, si j'avais pu le prévoir, à l'emploi abusif du « fide Damiens » accolé à plusieurs noms de Menthes de Host, Opiz, etc., dans le premier numéro de sa Revue. Vous savez, en effet, qu'à la suite d'un contrôle rigoureux et définitif des rapprochements que j'avais fails d'abord, sous bénéfice de vérification ultérieure, de plusieurs de mes échantillons avec les types de Host et d'Opiz déposés chez vous à la suite, dis-je, de ce contrôle, opéré postérieurement à la visite qu'il me fit, mais antérieurement à la publication de son travail, un certain nombre des déterminations sur lesquelles il s'appuie ont dù être rectifiées; et il est fácheux que l'usage hâtif qu’il en a fait, en gardant même par-devers moi un silence absolu sur ses intentions de ppblication, ne mait laissé ni la faculté ni le temps de lui faire parvenir ces recti- » ficalions. » (Damiens, in litteris.) Nous ajouterons à cette note si loyale que M. Pérard, dont nous n'incriminons pas les intentions, s'est mépris sur l'étendue de ses droits en croyant pouvoir publier prématu- rément, sous son couvert, des indications qui n'étaient pas le fruit de ses propres recherches et qu’il savait avoir une place marquée dans des travaux en préparation. Il est juste que ceux qui ont consacré leur temps et leur peine à élucider une question difficile ne soient pas frustrés de leur droit si légitime de faire connaître eux-mêmes, quand ils jugent le moment opportun, les résultats complets de leurs études. SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 963 des cavités contenues sous la pellicule noire du Champignon : sous cette forme, l'espéce avait recu le nom de Xyloma acerinum. Les feuilles tombent à l'automne; à terre, la tache noire devient plus épaisse et dans le tissu se développent des cavités spéciales dont les parois sont garnies de théques, müres seulement au printemps. Ces cavités, closes par un temps sec, s'entr'ouvrent par un temps humide pour la dissémination des spores. M. Tulasne, dans le Selecta Fungorum Carpologia, tome III, a donné l'histoire de cette plante, l'a décrite et figurée avec soin. M. Cornu a publié (1) les expériences qu'il a faites sur cette maladie des Érables dés l'année 1874. Le parasite est local et annuel ; il doit être semé chaque année. Les taches se sont montréès apparentes déjà quarante jours aprés le semis du Rhytisma, sous forme de places blanches, le 15 juin : aujourd'hui quelques-unes d'entre elles sont encore complétement pâles; d'autres présentent déjà des points noirs spéciaux, premier état de développement qui a été décrit autrefois comme une espéce particulière sous le nom de Xyloma punctatum Pers. M. Cornu est. heureux de montrer à la Société le résultat de l'expérience de cette année, sur des plantes déjà inoculées plusieurs fois et redevenues saines, mais maintenues pour l'étude dans des limites de crois- sance trés restreintes : huit feuilles présentent chacune deux ou trois taches ; il pourrait montrer quatre autres vases contenant un plus grand nombre de pieds malades. Puis il fait la communication suivante : MALADIES NOUVELLES POUR L'EUROPE, A PROPOS D'UNE USTILAGINÉE (URO- CYSTIS CEPULÆ Farlow) PARASITE SUR L'OIGNON ORDINAIRE (ALLIUM CEPA), par M. Maxime CORNU, Les conditions météorologiques, si variables d'une année à l’autre, amé- nent souvent dans les cultures la recrudescence de certaines affections - déterminées par des parasites. Les insectes ou les Champignons, favorisés dans leur développement par la continuité des pluies, peuvent étendre leurs dégàts dans des conditions spéciales; mais les effets redoutables Une année s'atténuent l'année suivante, et disparaissent ensuite pour longtemps. Les praticiens voient dans cette augmentation la production (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 22 juillet 1877. 264 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. directe et spontanée de parasites par la terre ou par les plantes elles- mêmes. Quand un parasite nouveau se montre dans une région parfaitement étudiée et bien connue, cette opinion des praticiens pourrait trouver un semblant d'appui : on peut cependant, dans des cas semblables, remonter à l'origine du mal, c'est-à-dire au point de départ du parasite, et des do- cuments de cette nature ont toujours un réel intérét. J'ai rencontré chez des fruitiers de Paris quelques Oignons attaqués par une Ustilaginée sur laquelle j'ai publié une courte note (Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 7 juillet 1879). Les écailles du bulbe sont remplies d'une poussiére noire ; la base des feuilles l'est égale- ment. Cette poussiére noire s'échappe par des fentes de l'épiderme, tache et souille la blancheur des bulbes, que la terre n'altére qu'à peine. Quand elle n'est pas répandue au dehors, elle se montre sous forme de taches grises allongées, un peu gonflées et disposées dans la direction des ner- vures. Le bulbe est souvent attaqué d'un cóté seulement; il est, en géné- ral, demeuré petit, large de 2 ou 3 centimétres : le plus gros que j'aie vu n'avait que 4 centimétres. Celte poussiére noire se montre au microscope comme formée exclusi- vement de spores brunátres, ovoides. Ces spores présentent une membrane épaisse et sont entourées d'un grand nombre de cellules adjacentes plus petites, plus pâles, et qui ne sont pas des spores proprement dites: elles caractérisent le genre Urocystis Rabenh. (Polycystis Léveillé). Ces spores naissent aux dépens de filaments diversement repliés suivant un de leurs rameaux; ce rameau cloisonné et contourné représente peut-être le glomé- rule ordinaire des spores des Ustilago vrais, des Thecaphora et des Gemi- nella, et ne donne qu'une spore. En se reportant aux travaux des monographes, on voit que MM. Tulasne, dans leur mémoire classique sur ce sujet, n'en parlent pas : M. Fischer de Waldheim (1) donne cette espèce comme particulière aux Etats- Unis d'Amérique : ce botaniste a visité la plupart des herbiers d'Europe, et est parfaitement au courant de la distribution géographique des espéces. Le premier qui ait appelé l'attention sur cette espéce, est M. le docteur Farlow, assistant professeur de botanique à l'Harvard University de Boston (Mss.). Dans un mémoire orné d'une planche (2), il figure et il décrit cette espèce sous le nom d'Urocystis Cepulæ; et, probablement par erreur, (1) Les Ustilaginées et leurs plantes nourricières (Ann. sc. nat. 6° sér. t. IV |publ. en 1877), p. 237). (2) Onion Smut, an Essay presented to the Massachusetts’ Society for promoting Agri- culture; from the 24^ Ann. Report of the Secretary of the Massachusetts State Board of Agriculture (1877). SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 265 M. Fischer de Waldheim attribue cette espèce à H. Howe(?) dont il ne cite point la publication. M. le docteur Cooke (1), au comité scientifique de la Société royale d'horticulture de Londres, considère cette espèce comme une variété de l'Ur. Colchici, variété qui serait caractérisée par le développement sur une plante nourriciére différente. Il ne parait pas possible d'admettre cette opinion; car si le parasite du Colchique était le méme, comment pourrait-il se faire que jamais, avant cette année, aucun exemple d'Urocystis n'ait été signalé sur les bulbes de l'Alliwm Cepa dans nos environs, où s'ob- serve lU. Colchici. Peut-être pourrait-on rapporter cette espèce à d'autres Urocystis récemment observés sur des Allium ou sur des plantes voisines; mais le monographe habile des Ustilaginées parait fondé à en faire des espéces distinctes : tels sont les Urocystis magica Passerini (2), qui vit sur l'Allium magicum DC., dans l'épaisseur des feuilles, et PU. Gladioli W. G. Smith (3), dans les bulbes du Gladiolus communis, qui lui sem- blent différents de PU. Cepulæ Farlow. Il résulte donc de là que l'affection dont souffrent les Oignons est nou- velle, ou du moins qu'elle n'a pas été observée jusqu'à ce jour; les collec- tions publiques et privées de France n'en présentent pas trace. Il est important de consulter les praticiens. Si l'on interroge les marai- chers intelligents et observateurs, ceux qui ont l'habitude de se rendre compte des choses, comme le sont M. Duvillard, M. Curé et ses frères, M. Laurent, ete., qui ont fondé un Comité d'étude pour les maladies des plantes et se sont réunis pour lutter contre le Peronospora des Laitues, on peut espérer d'avoir des renseignements exacts: ils n'ont jamais vu de charbon sur les Oignons, et n'ont pas hésité à répondre quand je leur ai montré les bulbes attaqués. M. Duvillard cultive chaque année des planches nombreuses d'Oignons hâtifs ; cette année il en avait terminé la vente à la fin de juin: c'est l'Oi- gnon blanc, celui-là méme qui est attaqué par l'Urocystis. M. Duvillard et sa femme n'ont jamais remarqué d'altération semblable à celle que je leur ai mise sous les yeux. Les Oignons, pendant les années humides et dans certains sols, sont Sujets à une dégénérescence spéciale; ils se ramollissent, deviennent fétides, translucides et « se tournent en huile» ; c'est la maladie nommée la graisse. Cette année il y en a eu quelques exemples. Le Peronospora Schleideniana se montre assez souvent, mais toujours tardivement et à l'époque où les bulbes vont être vendus ; il détermine des taches comme (1) Gardeners' Chronicle, 1877, t. VII, p. 634. (2) V. Thuemen, Mycoth. univ. 1875, n° 223. (3) Gardeners’ Chronicle, 1876, p. 420, avec figures. 266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pulvérulentes, formées de filaments courts et grisâtres ; le tissu est locale- ment altéré, et pour ainsi dire froissé et un peu desséché: il faut être prévenu pour y reconnaitre un Peronospora. L'effet rappelle celui qui est produit par les Acariens sur les feuilles des arbres de nos boulevards. Mais cette action ne se produit que localement; elle est tardive, et les marai- chers ne s'en préoccupent pas: le dommage qui en résulte parait assez faible. Il y a enfin dans quelques cas, mais assez rarement et d'une maniére qui parait toujours superficielle, un Cladosporium formant des taches noires circinantes sur les écailles les plus extérieures; souvent ces écailles sont enlevées et le parasite ne se montre pas plus profondément. L'action pro- duite par ce Champignon est assez bénigne. Les marchands et les cultivateurs, qui n'ont guére l'habitude de se rendre compte des choses, pensent qu'ils ont déjà vu le charbon sur les bulbes, et que cela ne cause aucun dommage; mais leur opinion ne vaut pas celle des maraichers cités plus haut, habitués aux observations précises. Je tiens done cette opinion pour plus plausible. Nous sommes proba- blement en face d'une maladie qui commence à se montrer et qui va se répandre sur l'Europe, comme le Puccinia Malvacearum Mont., originaire du Chili, dont j'ai signalé le premier la présence sur notre continent (1). Daus le mémoire qu'il a publié sur ce sujet, M. le docteur Farlow insiste sur ce fait, que le charbon de l'Oignon est spécial à l'Amérique, et il démontre assez clairement, à l'aide de documents divers, que ce parasite y est de récente origine, au moins dans son extension. Il consulte les rapports divers sur l'état dela culture depuis de longues années dans la Nouvelle-Angleterre, et voit que de 1830 à 1845, on y voit réitérée l'assurance que la culture de l'Oignon s'est étendue sur une grande échelle et est fort rémunératrice. On ne trouve point mentionnée de maladie grave, et c'est seulement une moisissure, le Peronospora Schleideniana probablement, qui cause quelques dommages. Depuis une douzaine d'années, il constate quelque diminution dans la culture, et dans cette période on trouve quelques traces de l'action du charbon. Dans un rapport rédigé par M. Benjamin P. Wyse, de Newburyport (2), il est nettement question du charbon causant de grands dégáts (1869-70); cependant le méme agriculteur, dans un autre document (3) datant de 1866, ne mentionnait pas cette maladie, qui parait s'étre répandue vers cette époque. (1) Bull. Soc. bot. de Fr., séance du 13 juin 1874. (2) Report of the Massachusetts State Board of Agriculture for 1869-70, p. 10. (3) Report of the Massachusetts State Board, 1866-67, p. 176. ~e SÉANCE DU 14 juiL.LET 1879, 267 Dans des rapports du département de l'agriculture (Washington, 1869, p. 224), on remarque ce passage, que «l'Oignon n'a que peu de maladies, le Champignon ou charbon étant uniquement le seul qui ait, dans le pays, causé quelques difficultés à la culture ». Dans le rapport de 1872, il est de nouveau question du charbon. Dans l'État de Connecticut, des rapports annuels ne constatent aucune- ment la présence du charbon avant 1871, et M. T. B. Wakeman écrit de Westport (1) que « l'Oignon estla culture la plus avantageuse qu'on puisse entreprendre ». En 1870, M. S. B. Sherwood, de Green's Farms, prés de Wesport, écrit que « le charbon cause des dégâts de plusieurs milliers de dollars, chaque année, dans cette ville ». L'auteur conclut que le charbon, s'il existait avant ces dix années, n’avail pas encore causé des dommages assez sérieux pour appeler sur lui une attention suffisante. Il pense que l’ Urocystis vivait à l’origine sur quelque plante sauvage, d’où il se sera répandu sur les espèces cultivées. Il est impossible de ne pas voir dans ce fait une analogie extréme avec la maniére dont le Doryphora des Pommes de terre s'est répandu de proche en proche dans ces der- niéres années. Une enquéte sévére et minutieuse nous montrerait peut-étre par quelle voie s'est introduit l Ur. Cepulæ. J'ai appris aux Halles, où j'en ai retrouvé un certain nombre d'exemplaires,que les plantes malades venaient de Chatou et de Croissy. Se serait-on servi de graines venant d'Amérique? c'est ce qu'il faudrait tàcher d'élucider. Parmi les produits de l'Exposition univer- selle de la Section américaine, y avait-il des Oignons charbonnés? Il est trés hasardeux de tenter une explication quelconque ; des documents précis seraient nécessaires. L'Oidium de la Vigne est d'origine américaine;on a contesté ce fait que plusieurs raisons rendent bien probable. Quel que soit le résultat de lintro- duction sur notre sol de l'Urocystis Cepulæ Farlow, sa présence doit être pour nous d'un haut enseignement : il nous montre comment peuvent se répandre les parasites de toute nature; nous saisissons sur le fait, à son arrivée en Europe, un parasite d'origine végétale. Les spores sont si ténues et si nombreuses, les moyens de diffusion sont si faciles pour des êtres de cette nature, qu'on leur voit franchir rapidementles plus longues distances. Il était bon de le signaler dés les premiers instants. Nous devons reporter notre pensée et nos craintes vers un autre parasite bien plus redoutable, le Perono- spora de la Vigne, sur lequel j'ai attiré l'attention dés l'année 1873, et que l'introduction inconsidérée des plants américains nous aménera peut-étre. M. Flahault fait la communication suivante : (1) Report of Connecticut State Board of Agric. 1811, p. 275 268 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SUR LA FORMATION DES MATIÈRES COLORANTES DANS LES VÉGÉTAUX, par M. Ch. FLAHAULT. [l y a quelques semaines (13 juin 1879), j'ai eu l'honneur de communi- quer à la Société quelques observations et expériences relatives au déve- loppement de la chlorophylle dans des conditions spéciales. Je crois avoir montré que la chlorophylle peut quelquefois se former en dehors de l'action de la lumiére, pourvu que la plante ait à sa disposition des réserves nutritives. Je demande à la Société la permission de l'entretenir aujourd'hui de quelques recherches auxquelles je me suis livré sur la formation des matiéres colorantes des fleurs. Avant d'entrer dans les détails des observations qui me sont person- nelles, il me parait nécessaire de dire quelques mots des principales opinions relatives à la nature de ces matières colorantes, D'aprés M. Hildebrandt (1), les matiéres colorantes devraient étre divi- sées en deux séries : la série cyanique, ayant pour type la couleur bleue ; la série zanthique, ayant pour type la couleur jaune. Les couleurs de la série xanthique seraient dues à des pigments solides, celles de la série cyanique à des liquides. Mais à part quelques exceptions trés rares, il n'existe de pigments que dans les organes colorés en vert ou en jaune. La coloration rouge ou rose, qui appartient à la série xanthique, est due presque toujours à des liquides. Les teintes intermédiaires entre le jaune et le rouge, comme l'orangé, l'orangé rouge, sont dues le plus souvent au mélange de pigments jaunes et de liquide rouge; il en est de méme de la teinte brune plus ou moins jaune, comme celle des différentes variétés du Cheiranthus Cheiri, des Zinnia, des Tropæolum, des Echeveria. Cette classification des couleurs présente aussi de nombreuses excep- tions; il y a beaucoup de fleurs jaunes dont la coloration est due à un liquide, bien que généralement on y trouve des grains pigmentaires. C'est à l'état liquide, par exemple, que se trouve la matière colorante dans les Jacinthes jaunes, le Crocus luteus, le Stylophorum ohioense, les variétés jaunes du Dahlia variabilis. Cette classification des matiéres colorantes d'aprés leurs propriétés physiques n'est donc pas satisfaisante. MM. Fremy et Cloéz (2) admettent l'existence de trois sortes de matières colorantes : 4° la matière colorante bleue, ou cyanine, dont la matière (1) Pringsheim's Jahrbücher, 1863. (2) Comptes rendus, t. XXXIX. SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 969 colorante rouge ne serait qu'une légère modification ; ® la matière colo- rante jaune soluble, ou zanthéine; 3° une matière jaune insoluble, la xanthine, renfermant une quantité notable de matière grasse : la xan- thine est soluble dans l'alcool et l'éther. J'ai cherché par divers moyens à distinguer nettement entre elles par quelques propriétés fixes les matiéres colorantes bleue, rouge et jaune soluble; je n'ai pu y parvenir. Au contraire, j'ai toujours trouvé que toutes les matiéres colorantes solubles présentaient un grand nombre de carac- téres communs, dont le plus importaut est la facilité exceptionnelle avec laquelle ces matières s’altèrent et se détruisent sous l'action de la plu- part des réactifs. Quant à la matiére jaune insoluble, la xanthine, elle me parait pouvoir être seule distinguée de toutes les autres par ses propriétés physiques aussi bien que par son action physiologique. Dans tout ce qui va suivre, nous considérerons donc : d'une part, la xanthine ou pigment jaune insoluble; d'autre part, les liquides colorants jaunes, rouges, bleus, ou présentant toute autre teinte. Je crois que cette distinction sera suffisamment autorisée par les faits que je vais résumer. Quelques expériences ont été faites par M. J. Sachs sur la formation des matiéres colorantes. Le savant physiologiste conclut de ses expériences que le développement des couleurs dans les fleurs est indépendant de l'action locale de la lumière; que toutes ces matières se forment aux dépens des substances qui prennent naissance dans les feuilles sous Pin- fluence de la lumière, et qu'il suffit, pour que la fleur ait tout son éclat, que les feuilles continuent à subir l'influence de cet agent, ou qu'il y ait à la portée de la fleur des réserves emmagasinées. J'ai répété sur un grand nombre de plantes les expériences de M. J. Sachs, et j'ai obtenu les mémes résultats. Du reste, si l'on étudie le bulbe complétement constitué d'un Crocus quelques semaines avant l'épanouissement des feuilles et des fleurs, on reconnait que la fleur est déjà presque complétement développée ; les piéces du périanthe ne sont pas encore colorées, mais les élamines et les Sligmates le sont très vivement. Il en est de méme pour le Fritillaria imperialis, pour le Tulipa suaveolens. Les Jacinthes, le Narcissus odorus, le Fritillaria Meleagris, n'ont pas encore développé de matière colorante en quantité notable dans aucune des parties de la fleur, mais ces parties sont anatomiquement trés déve- loppées ; des stomates sont déjà répandus jusque sur la surface des éla- mines et du pistil. Le bulbe de ces plantes ayant acquis ce degré de déve- loppement en dehors de l'action directe dela lumière, on ne peut guère s'étonner de voir la matière colorante donner au périanthe son aspect ordinaire au moment où la fleur s'épanouit dans l'obscurité. En effet, s 910 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lon choisit des variétés de Jacinthes à fleurs colorées d'une façon très intense, comme la variété rouge « Charlemagne » et les variétés bleues « Fleur parfaite, Prince Alexandre », on ne trouve aucune différence dans l'éclat des fleurs épanouies à l'obscurité et à la lumiére; les unes comme les autrés ont une coloration intense, qui, pour les plantes développées à l'obscurité, tranche de la façon la plus remarquable sur la teinte blan- chátre des feuilles étiolées. Îl était naturel de penser que cette propriété de former la matière colo- rante à l'obscurité est en relation avec la quantité de matiére nutritive en réserve. J'ai fait sur ce point quelques expériences qui me paraissent instructives ; je ne citerai que les faits observés sur le Saxifraga ornata. Si l’on enlève au début de l'hiver toutes les feuilles vertes portées par un rhizome de Saxifrage, qu'on place ensuite à l'obscurité, ne laissant que le bourgeon de l'année suivante, les feuilles de ce bourgeon, en se dévelop- pant ensuite, sont complétement incolores et étiolées ; leur limbe est petit; la hampe florale se développe, reste plus courte que dans les conditions normales, mais les fleurs ne différent de celles qui se sont développées àla lumiére que par leur teinte beaucoup plus pàle. On pourrait croire que cette teinte pàle est le résultat de la privation de la lumiére directe; mais il suffit, pour démontrer qu'il n'en est pas ainsi, de séparer la hampe florale des feuilles végétatives par une cloison opaque, de carton par exemple, reliée aux parois de la boite obscure qui couvre la plante. On voit alors que la fleur développée à la lumière, sans que les feuilles aient pu assimiler, n'est pas plus colorée que celle qui est développée à l'obscu- rité dans les mêmes circonstances. Si la fleur est plus pâle, c'est donc bien parce que les matières nutritives en réserve sont moins abondantes que dans les Crocus, Fritillaires, Tulipes, etc. La méme expérience a donné les mémes résultats avec les Hyacinthus romanus, H. provincialis, Pæonia tenuifolia, Iris Chamæiris: dans ces plantes la réserve de nourriture parait insuffisante pour donner à la fleur tout son éclat, mais la fleur elle-même ne subit pas l'influence de la lu- mière; l'assimilation par la chlorophylle peut seule fournir à la fleur l'éclat qui lui manque. Quelques plantes présentent des grains de chlorophylle plus ou moins abondants dans leurs pétales : c'est ce qui arrive par exemple, pour l'Ane- mone fulgens et le Gentiana acaulis. Aprés avoir déterminé que le pig- ment vert de la Gentiane est bien de la chlorophylle, aprés avoir constaté que cette chlorophylle assimilé, j'ai pu constater qu'elle contribue à la coloration de la corolle. En effet, si l'on enferme le jeune bouton dans un récipient obscur de forme quelconque, en laissant les feuilles assimiler, on reconnaît, quand la fleur s'épanouit, qu'elle est un peu plus pâle que lorsqu'elle s'est développée à la lumiére; il en est de méme pour F Anemone SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 974 fulgens, dont le rhizome ne possède pas une quantité suffisante de matière nutritive. Mais si l'on découvre cette fleur pâle pour la replacer sous l'influence des rayons solaires, elle ne tarde pas à se colorer plus vive- ment et ne peut plus être distinguée que difficilement de celles qui se sont épanouies à la lumière ; on peut méme, dans ce cas, faire une expérience plus probante. Il suffit de prendre une fleur d'Anemone fulgens, une fleur de Gentiana acaulis, et des fleurs quelconques appartenant comme les premières à des espéces présentant peu de matiéres nutritives, les unes comme les autres ayant été placées à l’obscurité dés le début de leur développement, et pré- sentant par conséquent une teinte påle (Pelargonium inquinans, par ex.). On les prive de leur pétiole et on les soumet aux rayons solaires en les placant sur le sommet d'un vase rempli d'eau. Aprés trois jours de séjour à la lumiére, il y a une différence entre la teinte des fleurs d'Ané- mone et de Gentiane placées à la lumiére, et celles qui ont été maintenues à l'obscurité pour servir de termes de comparaison : celles qui ont séjourné àla lumiére sont plus vivement colorées que les autres; les fleurs de Pelargonium au contraire ne sont nullement modifiées. On peut conclure de tout ce qui précède, que le développement de la matière colorante soluble des fleurs dépend directement des matières nu- tritives emmagasinées, où de l'assimilation par la chlorophylle. Cette assimilation peut être produite en partie par l'action de la chlórophylle contenue dans les feuilles florales et notamment dans les pétales. Il résulte de ce que la matiére colorante soluble des fleurs ne dépend pas directement de la lumiére, que cette matiére peut étre formée dans le bouton dès le jeune âge, alors que les parties colorées sont encore cachées sous un abri épais et opaque: c'est ce qui arrive pour beaucoup de Gera- nium, Pelargonium, pour les Malvacées, les Papavéracées, chez lesquelles on trouve presque toujours les pétales très brillamment colorés bien avant l'épanouissement du calice, quelle que soit du reste la couleur de ces pétales. L'observation et l'expérience donnent des résultats bien différents si elles portent sur des plantes chez lesquelles la matiére colorante se trouve à l'état de pigment jaune. J'ai dit déjà que cette matiére, nommée xanthine par MM. Fremy et Cloéz, présente des caractères très nets. J'ai observé ce pigment jaune dans beaucoup d'espèces appartenant à différentes familles de Phanérogames : elle se présente toujours sous forme de grains plus ou moins arrondis, mais souvent irréguliers ; ils sont ordinairement trés réfringents ; leurs dimensions sont fort variables, parfois ils ne dépassent pas quelques mil- liémes de millimètre. Tandis que les autres matières colorantes résident ordinairement dans les cellules épidermiques, le pigment jaune se trouve 979 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. surtout dans les couches recouvertes par l’épiderme, bien qu’on en trouve aussi quelquefois dans cette assise. L'alcool contracte, la potasse dissout la matière protoplasmique dans laquelle sont répandus les grains jaunes; ces réactifs les dissolvent eux- mémes peu à peu. Le protoplasma de la cellule, s'il existe encore, se colore aux dépens de cette dissolution. L’éther dissout trés rapidement les grains et les transforme en petites gouttelettes arrondies d'une matiére huileuse jaunâtre. Les acides forts, tels que l'acide chlorhydrique et l'acide sulfu- rique, colorent le pigment jaune en vert ; mais cette coloration ne persiste pas indéfiniment : elle disparait peu à peu, plus rapidement, ce me semble à la lumiére qu'à l'obscurité. On sait que Marquart a signalé, il y a longtemps, ce fait, que la matiére colorante des feuilles, jaune à l'automne, reprend sa coloration verte par l'action de l'acide sulfurique concentré. D'autre part, M. Fremy, aprés avoir jauni la chlorophylle par les alcalis, a pu la dissoudre dans l'alcool, et la reverdir par l'action de l'acide chlorhydrique ; il a pu verdir de la méme facon la chlorophylle jaunie par étiolement. Ces faits me paraissent d'autant plus intéressants, que toutes les fleurs colorées en jaune par la xanthine sont vertes à une période trés jeune de leur développement, comme on le voit facilement dans les Renoncules, les Primevéres, les Cheiranthus, Galeobdolon luteum, Doronicum plantagi- neum, Alyssum saxatile, Cypripedium Calceolus, Azalea chinensis, Uvularia grandiflora etc., etc.; il m'a paru en être de méme pour les feuilles jaunes des inflorescences des Euphorbiacées de nos pays. Dans toutes ces plantes, les cellules des jeunes pétales sont remplies de proto- plasma trés dense coloré en vert, absolument comme cela se présente dans l'embryon de la Violette ; un peu plus tard, lorsque les pétales ont atteint la moitié de leur longueur normale, les parois de ces cellules sont tapissées d'une couche protoplasmique englobant de nombreux grains verts souvent serrés les uns contre les autres, trés régulièrement lenticulaires ; sous une lame de verre placée au soleil, on voit un dégagement de bulles d'oxygène, comme on le voit en plongeant dans l'éprouvette où se fait l'expérience une allumette à peu près éteinte : on peut ainsi recueillir une quantité notable de ce gaz en réunissant dans une éprouvette les pétales de cent fleurs jeunes de Ranunculus acris. Plus tard ces grains perdent la netteté de leurs contours, jaunissent, puis se corrodent, et finissent par se diviser en une quantité de granules irréguliers colorés en jaune d'or. Cette modification cormmence dans les cellules de la face supérieure, qui est trés colorée dans les Renoncules, et gagne peu à peu la face inférieure du pétale. Il arrive souvent, comme dans l'Eranthis hiemalis, le Forsythia viri- dissima, le Tussilago Farfara, que les grains verts ne se divisent pas, et SÉANCE DU 14 JUILLET 1879. 973 que le pigment jaune conserve la forme régulière des grains verts dont ils proviennent. Ces différents détails me paraissent démontrer suffisamment que le pigment jaune insoluble n’est autre chose que de la chlorophylle trans- formée, altérée pour ainsi dire; l'étude spectroscopique seule pourrait donner une certitude plus grande; je n'ai pu l'aecomplir jusqu'ici. Mais l'étude de l'influence qu'exercent la lumiére et l'obscurité sur cette matiére colorante est fort intéressante. Place-t-on en effet à l'obscurité compléte les fleurs à pigment jaune encore trés jeunes, en laissant tout le reste de la plante à la lumiére, ces fleurs épanouies sont beaucoup moins colorées que des fleurs quelconques à matières colorantes liquides. J'ai pu observer ce fait avec la plus grande netteté sur les Erysimum goniocau- lum, Ranunculus cassius, R. macrophyllus, Achillea tomentosa, Bras- sica oleifera: si l'on compare ce résultat avec celui que nous avons observé pour les plantes à matiére colorante liquide, nous voyons qu'ici il y a une dépendance réelle entre la lumiére directe du soleil et la colo- ration des fleurs. Dans le Stylophorum ohioense, trés remarquable par sa coloration orangée trés vive, la matiére colorante liquide n'est nullement modifiée par la privation des rayons solaires. M. Trécul avait déjà insisté d'une façon particulière (1) sur ce que la coloration des fruits d'une foule d'arbres et de plantes est due «à un » changement de teinte de la chlorophylle ». Ce savant insiste d'une façon particuliére sur quelques cas qui montrent trés bien cette métamorphose de la matiére colorante. M. Trécul considére tous ces corps aussi bien que les grains de chlorophylle, comme des vésicules pourvues de membranes distinctes ; de nombreux travaux ont montré qu'il n'en est pas ainsi, mais les observations que je viens de résumer me paraissent s'accorder avec l'opinion de ce savant sur la formation desgranules pigmentaires, et auto- rise suffisamment la division des matiéres colorantes en deux groupes. Cette division me parait basée sur des propriétés physiologiques bien déterminées. M. Eug. Fournier, à l'occasion de la communication faite par M. Flahault, eite plusieurs faits curieux observés sur les matiéres colorantes des fleurs par M. Hildebrandt et par M. Al. Braun, et résumés dans les Eléments de M. Duchartre. Il rappelle qu'on avait cru à une certaine époque fortifier la distinction, établie par A.-P. de Candolle entre les deux séries de matiéres colo- (1) Ann. sc. nat. BOTAN. 4° sér. 1858, t. X. T. XXVI. (SÉANCES) 18 274 SOCIÉTÉ BOTANIQUÉ DE FRANCE. rantes, des résultats de l'examen microscopique. Les matiéres colorantes de la série cyanique étaient dites toutes en solution dans la cellule, tandis que celles de la série xanthique formaient des granules insolubles. On a découvert depuis de nombreuses exceptions à ces régles. M. Fournier en a constaté pour sa part deux qu'il croit intéressantes : l’Eschscholtzia cali- fornica, ordinairement jaune avec les granules insolubles de la série xan- thique, a une variété rose où la matière colorante est dissoute dans le liquide cellulaire. Inversement, il a observé dans les sépales colorés en rose de l'Hortensia que la matière colorante constitue des globules forte- ment colorés, au lieu d’être dissoute. Ces globules sont arrondis; il n'en existe qu'un dans une cellule, et il n'en existe pas dans toutes (1). M. Prillieux fait observer que parmi les matiéres rouges solides, il faut citer la matiére colorante qui se trouve dans l'épicarpe du grain de raisin; elle est dissoute par l'alcool qui se produit dans la cuve au moment de la fermentation. M. Gornu demande à M. Flahault s'il a étudié ces matières colo- rantes au spectroscope ; il ajoute qu'il avait commencé un travail sur ce sujet, et qu'il l'a interrompu lorsqu'il a appris qu'un profes- seur d'une Faculté de province s'occupait de travaux analogues au laboratoire de physique de la Sorbonne : il lui semblait que la pré- sence de la fluorescence rouge si remarquable dans les couleurs rouges, jaunes ou violettes, parfois solubles, parfois insolubles, éta- blissait avec les bandes d'absorption une étroite parenté entre elles et la chlorophylle, indépendamment de leur état dans la cellule. Quant à l’état de fixation sur des globules plasmatiques, ne pour- rait-on pas y voir une propriété individuelle spéciale analogue à celle de quelques matières colorantes divisées de l’aniline qui pré- sentent des différences de cet ordre avec des couleurs trés sem- blables et de méme origine? Il soumet à la Société cette manière de voir sans y attacher une importance plus grande. M. Flahault répond que n'ayant pas à sa disposition les instru- ments nécessaires pour l'analyse spectroscopique, il n'a pu étudier à ce point de vue les solutions colorées qui font l'objet de sa com- munication. M. Prillieux céde alors le fauteuil de la présidence à M. Bornet, vice-président, et fait la communication suivante : (1) Voyez le Journal de la Société d'horticulture, 2° série, 1867, t. 1**, p. 154. SÉANCE DU 1] JUILLET 1879. 275 SUR UN DÉTAIL DE LA STRUCTURE DE L'ENVELOPPE DES RACINES AÉRIENNES DES ORCHIDÉES, par M. Ed. PRILLIEUX. Les racines aériennes des Orchidées épiphytes sont recouvertes d'un tissu tout particulier dunt la nature a été très controversée et que l'on a désigné sous le nom de velamen ou d'enveloppe de la racine. Cette enve- loppe est composée Je plus souvent de cellules à parois minces marquées d'épaississements en forme de bandelettes ou de fils spiraux séparés par des fentes qui laissent l'air pénétrer librement à leur intérieur. C'est à cette particularité de structure que ces racines doivent la couleur blanche qu'elles présentent. Quand on les trempe dans l'eau, le tissu de l'enve- loppe, qui est spongieux, s'emplit de liquide qui eatre librement par les fentes et à mesure que l’eau remplace l'air dans les cellules, la racine, de blanche qu'elle était, devient verte. Cela résulte de ce que l'enveloppe imbibée d'eau est transparente et qu'on voit au travers le parenehyme cortical situé en dessous et qui contient beaucoup de chlorophylle. Tel est le fait général, qui est bien connu, mais i] y a une parlicularité sur laquelle je désire attirer spécialement l'attention de la Société. Quand Ja racine, en s'imbibant d’eau, se colore en vert, on peut voir cà et là à sa suríace, se détachant sur le fond vert, de petites taches ovales, allongées dans le sens de la longueur de la racine et qui restent d'un blanc brillant; là les cellules resteni pleines d'air et ne s'imbibent pas, Aprés une longue immersion, ees taches duninuent un peu d'étendue, mais res- lent encore trés longtemps visibles, Sur les racines du Vanda suavis, pour prendre un exemple, les taches blauches ont de 5 à 7 millimètres de long sur uae largeur de 4 millimètre et demi à 2 millimètres: j'en compte 22 sur une longueur de 10 centimètres. Si l’on fait une coupe transversale d'une telle racine, on voit que la tache blanche pénètre dans l'épaisseur de l'enveloppe, et de plus, que dans le parenchyme veri qui est au-dessous Ja coloration verte est plus intense vis- à-vis des taches blanches que dans les autres points. L'étude que j'ai faite de la situation des tissus aux endroits où se mon- trent les taches blanches m'a permis d'y reconnaître uue modification spéciale de la structure ordinaire. Pour l'exposer clairement, il convieut de rappeler d'abord quelle est l'organisation générale des parties extérieures des racines aérienues des Orchidées, La signification des diverses parties en à été très controversée ; elle peut cependant, à mon avis, être trés simple- ment et sûrement interprétée, ll convient de distinguer tout d'abord daps l'enveloppe de ces racines 276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. deux couches qui sont bien tranchées et le plus souvent d’épaisseur très différente: 4° enveloppe spongieuse, qui peut à elle seule occuper plus de la moitié du diamètre de la racine et être composée de 10 à 15 assises de cellules et méme plus; 2° la couche protectrice, qui n'est jamais formée que d’une seule assise. La couche spongieuse présente assez souvent plusieurs assises différant les unes des autres par les épaississements des parois des cellules, qui, par exemple, sont couvertes de fils spiraux dans les parties extérieures et au contraire épaissies en larges bandelettes anastomosées en réseau, que séparent de grandes perforations dans les parties profondes et voisines de la couche protectrice. D'ordinaire on peut du moins distinguer du reste de l'enveloppe l'assise superficielle, qui seule a été considérée comme étant de nature épidermique par Schacht et M. Oudemans. Cette couche peut donner naissance à des poils radicaux. Quand, par exemple, on fait plonger dans l’eau une racine aérienne de Vanda, d'Oncidivm ou d' Aerides, la partie qui se forme dans le liquide se couvre d'un revétement velonté de ces sortes de poils qui, tout en s'allongeant librement et sans obstacle dans le liquide, peuvent présenter à leur extrémité des ramifications digitées (fig. 4). Au-dessous de la couche spongieuse, différenciée ou non en plusieurs assises, ordinairement épaisse, mais parfois aussi réduite à une assise unique de cellules, comme dans les Vanilles, se trouve une autre couche qui différe absolument et dés l'origine de la spongieuse, et qui présente une structure toute spéciale et trés nettement caractérisée : c'est la couche que Meyen et Schleiden ont considérée comme un épiderme et où l'on a cru méme reconnaître la présence de stomates : c'est la membrane épidermoi- dale de M. Chatin. Elle est formée de cellules alternativement longues et courtes, qui sont disposées en file dans le sens de la longueur dela racine. Très souvent les parois des cellules longues s'épaississent par le cóté extérieur sur lequel repose la couche spongieuse et par les parties latérales, tandis que celles des cellules courtes restent toujours minces. Si l'on fait une coupe tangentielle qui passe par le milieu des cellules de la couche protectrice, on voit que toutes ont les parois latérales plissées et sinueuses, et que les cellules contigués s'engrénent par les plis les unes aux autres. C'est une disposition analogue à celle qu'on a si souvent décrite dans la couche protectrice qui entoure le cylindre ligneux des jeunes racines. Cette couche, considérée d'abord comme un épiderme véritable, ou une membrane épidermoidale donnant naissance par sa surface aux cellules de l'enveloppe spongieuse (Chatin), a été nommée endoderme par M. Oude- mans. Cet excellent observateur a cru pouvoir adopter la manière de voir de Schacht, et considérer l'enveloppe spongieuse, moins sa couche super- ficielle, comme formée par la partie externe du parenchyme cortical, que SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 977 lassise qu’il nomme endoderme et qu'il a du reste très bien étudiée, sépare du parenchyme cortical vert, lequel est à ses yeux non le paren- chyme cortical tout entier, mais seulement sa portion interne. Dans une note que j'ai publiée en 1866 dans le Bulletin de la Société botanique, j'ai exprimé une autre opinion : j'ai regardé le velamen tout entier comme correspondant à un épiderme, et la couche située au-dessous (endoderme de M. Oudemans, membrane épidermoidale de M. Chatin, épiderme de Schleiden, etc.) comme une couche sous-épidermique (1). La raison de cette interprétation est que, à son origine, au point de végétation de la racine, la couche spongieuse apparait toujours comme une assise unique (dermatogéne ou épiderme naissant), puis plus loin, se cloisonne de façon à produire un nombre plus ou moins grand d'assises ; tandis qu'au-dessous, la couche qui prend les caractéres si nettemen wanchés de l'endoderme de M. Oudemans est, dés l'origine, indépen- dante du dermatogéne et se montre nettement comme une assise externe du péribléme. Ce fait, que j'ai maintes fois observé, et qu'il est assez facile de voir sur les grosses racines du Vanda suavis et du Renanthera coc- cinea, a été trés nettement figuré par M. de Bary, d’après une racine d'Oncidium, dans son Anatomie comparée des organes de végétation. Tl y montre bien clairement que l'enveloppe spongieuse émane du derma- togéne, et que la couche sous-jacente en est indépendante dés l'origine ; mais il désigne l'enveloppe spongieuse comme une couche de trachéides, et admet pour la couche sous-jacente la dénomination d'endoderme. Il me semble que le mode d'épaississement spécial souvent spiralé, etla communication directe des cellules de l'enveloppe spongieuse les unes avec les autres, ne sauraient suffire pour rendre acceptable une pareille assimilation et permettre de les identifier à des cellules vasculaires. Il est, à mon avis, beaucoup plus naturel de les comparer aux cellules du liège qui se produisent si souvent à l'intérieur des couches épidermiques. Il est vrai que les cellules de l'enveloppespongieuse ne présentent pas tous les caractéres ordinaires des cellules de liége : elles perdent bien de trés bonne heure leur contenu protoplasmique et se remplissent d'air, en outre elles ne laissent aussi entre elles aucun méat intercellulaire; mais, d'autre part, elles n'ont pas la forme parallélipipédique ordinaire, dans le liége, et elles ont des parois minces portant des fils spiraux et ouverts par des fentes et des perforations. Il n'y a pas là cependant, à mon avis, une raison suffisante pour refuser de reconnaitre une grande analogie entre les cellules spiralées émanant du dermatogéne et les cellules de liége, surtout si l'on se rappelle le fait curieux, déjà signalé par de Mohl, de l'existence (1) Bull. Soc. bot. t. XIII, p. 261. 278 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. d’épaississements filiformes dans certaines cellules du liège du Boswellia papyrifera (4). Les grands feuillets de consistance comparable à celle dà parchemin qui sé séparent de l'écorce de cet arbre sont formés d'assises de cellules alternativement épaisses et minces. Ce sont ces dernières qui portent des épaississements filiformes, distants les uns des autres, se bifarquant par- fois et continuant la même direction sur les cellules contigaës, et présen- tent dans leur ensemble un aspect qui rappelle assez bien celui des cel- lules spiralées de beaucoup d'Orchidées (fig. 6). La nature subéreuse de ces cellules est absolument incontestable ; on y peut voir, ce me semble, un trés intéressant exemple de transition entré le liège ordinaire et le liège spongieux et à cellules à la fois fibreuses et perforées des racines d'Orchidées épiphytes. En résumé, l'enveloppe des racines aériennes des Orchidées est formée d'une couche spongieuse ana- logue, je crois, au liége, mais d'origine certainement épidermique, et d'une couche protectrice hypodermique. Cette couche protectrice, composée de cellules qui, par leurs parois latérales, s’engrènent les unés avec les autres, est normalement continue et formejune membrane complète et sans ouverture qui sépare la couch spongieuse du parenchyme vert sous-jacent. C’est ce qu'on voit partout où la racine devient verte quand on la plonge dans l'eau ; mais dans les points où se montrent les taches blanches, il en est autrement : là, la couche proteetrice présente des interruptions, des défauts de continuité; il y a entre certaines cellules des intervalles par où l'air peut passer libre- ment de l'enveloppe[spongieuse dans les méats intercellulaires du paren- chyme vert. à On peut reconnaître ce fait, soit sur des coupes transversales, soit plus sûrement encore sur des coupes tangentielles convenablement dirigées (fig. 2 et fig. 8). Si l'on fait passer la coupe parle milieu de l'épaisseur de la couche pro- tectrice de l'enveloppe d'une racine d'Aerídes odoratum par exemple, on voit (fig. 8) les parois, qui sont assez minces méme dans les cellules longues, former de petites sinuosités par où elles s'engrénentles unes dans les autres : c’est là la disposition normale; mais, en certains points qui correspondent aux taches blanches, on reconnaît un intervalle vide que limilent les parois lisses et bombées, et non plus plissées des cellules con- tigués. La fig. 8, fournie par l’ Aerides odoratum, et la fig. 2, prise d’après une racine de Vanda suavis, montrent le fait avec une complète netteté. Si l'on compare plusieurs de ces coupes, on peut reconnaitre que les vides sont dus à l'atrophie de certaines cellules de la couche protectrice, (1) Bot. Zeit. 1861, p. 229. SÉANCE DU 14 JUILLET 1879. 979 et l’on distingue assez souvent les parois extrêmement minces des cellules atrophiées formant, à travers la lacune (fig. 2) ou sur ses bords (fig. 8), de délicates cloisons le plus souvent fort incomplètes. Les coupes transversales montrent le méme fait fondamental, mais per- mettent de reconnaitre en outre certaines modifications qui se produisent dans le tissu sous-jacent qui avoisine la grande lacune, interrompant la couche protectrice. J'ai dit plus haut qu'au-dessous de la tache blanche, le tissu du parenchyme cortical est plus vert que dans tout le reste de la coupe. On remarque en outre que les cellules y sont plus petites; la diffé- rence dans la taille des cellules et l'abondance de la matiére verte à leur intérieur, autour du point qui correspond à une tache blanche, sont le caractère le plus apparent et qui fait trouver le plus aisément la place qu'occupait la tache blanche, sur une préparation d’où l'air a été chassé. Les méats nombreux et relativement assez grands qui se trouvent entre les cellules rondes et peu pressées du parenchyme, vis-à-vis des taches blanches, contiennent de l'air. Mais les cellules vertes du parenchyme ne bordent pas directement la lacune, elles en sont séparées par quelques cellules qui prennent un carac- tére particulier, ne contiennent pas de chlorophylle et limitent en dessous la large fente que produit l'interruption de la couche protectrice. Dans certains cas, lorsque cette fente d'interruption est étroite et qu'il n'y a que deux de ces petites cellules marginales sur une coupe, cette disposition rappelle singuliérement celle de certains stomates (fig. 5 et fig. 7). Les coupes transversales montrent fréquemment plusieurs cellules alrophiées et à parois extrémement minces, alternant avec des lacunes au-dessous des taches blanches, ainsi qu'on le peut remarquer sur les figures 4 et 3. | L’existence de ces perforations de la couche protectrice est assez géné- rale dans les racines des Orchidées épiphytes, et leur production assez constante et régulière, pour qu'il soit naturel de leur attribuer un certain róle physiologique. L'existence de taches blanches pleines d'air dans la couche spongieuse des racines imbibées. d'eau des Orchidées épiphytes a été déjà signalée par M. Leitgeb (1), dans son beau mémoire sur les racines aériennes des Orchidées. Il a bien remarqué que la présence persistante d'air dans certaines places est liée à une modification particulière de l'endoderme (couche protectrice); mais, selon lui, elle consiste seulement en ce que les cellules de cette couche restent minces, de telle facon que l'interruption, que je crois complète, ne serait qu'apparente. (1) Die Luttwurxeln der Orchideen, Wien, 1864 (aus dem XXIV. Bande der Denk- schriften der math. Naturwiss. Cl. der K. Akad. der Wiss.). 280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On trouve fréquemment, dans le parenchyme cortical des racines des Orchidées épiphytes, de nombreuses gouttelettes d’huile dans les cellules qui contiennent de la chlorophylle. M. Leitgeb pense que les cellules dépourvues de chlorophylle qui sont immédiatement au-dessous de Pin- terruption (apparente seulement, selon lui) de la couche protectrice sont le véritable foyer de production de cette huile ; les taches correspon- draient à autant de petites glandes sécrétant de l’huile qui se répandrait dans les tissus voisins et, traversant les cellules minces de la couche pro- tectrice, pénétrerait jusque dans la couche spongieuse. Mes observations personnelles ne me permettent pas d'admettre cette manière de voir. Je crois avoir constaté avec certitude l'existence" de véritables interruptions dans la couche protectrice vis-à-vis des taches blanches, et je pense qu'il y a tout lieu d'admettre que ces fentes présen- tent, au point de vue physiologique une grande analogie avec les stomates de l'épiderme et qu'elles sont disposées de maniére à rendre possible directement, et autrement que par voie de diffusion, la communication des gaz de l'intérieur de la racine avec l'extérieur. Explication de la planche II. Fic. 1. Vanda suavis. — Coupe transversale de la couche protectrice hypoder- mique d'une racine au niveau d'unetache blanche. — Grossissement : 179, En haut de la figure, on voit deux ou trois assises des cellules fibreuses del'enveloppe spongieuse. Les grandes cellules appartiennent à la couche protectrice. Au-dessous d'elles on voit les cellules remplies de chlorophylle du parenchyme cortical. Au milieu de la figure, on distingue une interrup- tion dans la couche protectrice dont certaines cellules sont atrophiées. Les cellules disjointes laissent entre elles un vide, les parois des cellules qui bordent ce vide et qui sont atrophiées, sont extrémement minces. On peut trouver un nombre plus ou moins grand de ces cellules atrophiées au voi- sinage des vides (voy. fig. 3), ou n'en trouver aucune (voy. fig. 5). Au-dessous de l'interruption de la couche protectrice, on voit se diffé- rencier du reste du parenchyme des cellules qui bordent l'ouverture et ne contiennent pas de chlorophylle. | Fic. 2. Vanda suavis. — Coupe tangentielle passant par le milieu de l’épais- seur de la couche protectrice hypodermique. — Gross. 29, On voit bien iei la disposition ordinaire des cellules alternativement longues et courtes qui s'engrénent latéralement par des parois plissées. Au milieu de la figure est une lacune au milieu de laquelle on voit une fine pellicule représentant une membrane séparative de deux cellules longues atrophiées. L'espace laissé libre a permis aux cellules voisines qui limitent la lacune de se développer librement. Elles ont de ce cóté des parois arron- dies et saillantes, non plissées, tandis que là où elles touchent à des cellules contigués, elles y sont engrenées et offrent la disposition normale. y SÉANCE DU 14 JUILLET 1879. 281 Fic. 3. Vanda suavis. — Coupe transversale comparable à celle de la figure 1 (gross. 110), Ici on voit deux cellules atrophiées, séparées par des vides des cellules normales qui font fortement saillie. Fic. 4. Vanda suavis. — Extrémité d'un des poils radicaux dont se couvrent les racines aériennes quand elles se développent dans l'eau. Fic. 5. Vanda suavis. — Coupe transversale comparable à celle des figures 1 et 3. Ici deux cellules sont disjointes et laissent un vide daus lequel on ne voit pas de cellule atrophiée, au-dessous de la fente produite par la disjonc- tion, les cellules du parenchyme qui bordent l'orifice et sont dépourvues de chlorophylle rappelant assez bien la disposition de certains stomates (voyez aussi fig. 7. Fic. 6. Cellules à parois minces, marquées d'épaississements filiformes, du liége de Boswellia papyrifera. Fic. 7. Aerides odoratum. — Coupe transversale passant par une interruption de la couche protectrice hypodermique de la racine. — Gross. 170, Fic. 8. Aerides odoratum. — Coupe tangentielle passant par le milieu de l'épaisseur de la couche protectrice et montrant une lacune sur le bord de laquelle on voit des traces de cellules atrophiées. — Gross. 30, À la suite dela communication de M. Prillieux, M. Van Tieghem présente les observations suivantes : M. Van Tieghem fait remarquer que dans la racine l'épiderme lui-méme est déjà, comme on sait, d'origine subéreuse. Sous une regrettable identité d'appellation se cache, en effet, une profonde différence de nature et d'origine entre l'épiderme de la racine et celui de latige. Ce qu'on nomme l'épiderme dans la racine n'est autre chose que l'assise la plus interne de cette couche de liège trés précoce et trés caduque, qu'on appelle la coiffe. Plus tard, au-dessous de cette première couche de liège exfoliée, il s'en fait souvent une ou plusieurs autres, soit dans l'écorce primaire, quand elle persiste, comme chez les Monocotylédones et notamment chez les Orchidées étudiées par M. Prillieux, soit dans l'écorce secondaire, quand l'écorce primaire ne tarde pas à s’exfolier, comme dans la plupart des Dicotylédones et les Gymnospermes. On se propose d'ailleurs de revenir avec quelques détails sur ce sujet dans une prochaine communication. M. Van Tieghem saisit l'occasion pour sigualer à la Société quelques- unes des particularités offertes par l'épiderme de la racine de l'Azolla caroliniana, notamment : 1° le développement trés précoce des poils: riches en chlorophylle, ils naissent ici trés prés du sommet, sous la coiffe qu'ils écartent du corps de la racine ; 2 le peu de durée de l’accroisse- ment terminal de l'organe et, quand il a cessé, la chute totale de la coiffe subérifiée, suivie de l'allongement des cellules terminales dénudées en un pinceau de poils ; 3° la disposition régulière des poils sur la racine développée et la manière dont cette disposition est amenée par l’accroisse- 989 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment intercalaire de l'organe. Les poils sont ici rangés côte à côte en séries transversales moins larges que la demi-circonférence, séparées par de longs intervalles lisses et alternant régulièrement de côté et d'autre; avec la chlorophylle qu'elles renferment, ces lames de poils simulent autant de feuilles distiques et partagent la racine en autant de nœuds et d’entrenæuds. | M. Bonnet met sous les yeux de la Société des échantillons vivants de Marrubium Vaillantii Coss. et Germ., M. vulgare L. et Leonurus Cardiaca L,, et il fait la communication suivante : NOTE SUR LE MARRUBIUM VAILLANTII Coss, et Germ., par M. Ed. BONNET. L'année derniére, j'ai annoncé à la Société la découverte du Marru- bium Vaillantii Coss. et Germ. aux environs de Fontainebleau. Aujour- d'hui, j'ai l'honneur de lui présenter un échantillon vivant et fleuri de eette plante; j'y joindrai en outre le résultat des observations que j'ai faites sur cette curieuse espéce. Je rappellerai d'abord que le M. Vaillantii n'a jusqu'à présent été observé que cinq fois, et que chaque observateur n'en a trouvé qu'un trés petit nombre d'individus. Il en existe dans l'herbier du Muséum un échan- tillon récolté par Vaillant aux environs de Paris, trés probablement, mais sans Indication delocalité. MM. Cosson et Germain en ont trouvé trois pieds à Etréchy prés Étampes. D'aprés M. Bentham, Tweedie en a rap- porté un échantillon de Buenos-Ayres. Enfin j'en ai récolté moi-méme sept individus à Fontainebleau au mois de septembre dernier (1). Plu- sieurs pleds provenant de cette récolte ont été plantés sous chássis au Muséum, et deux se sont abondamment couverts de fleurs au commence- ment du mois de mai; un autre individu a été cultivé chez moi à l'air libre : c'est celui que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société. C'est la première fois que cette plante est soumise à des essais de culture, et c'est grâce à cette heureuse circonstance que j'ai pu faire de nombreuses analyses des fleurs, et éclaircir quelques points douteux de l'histoire de cette curieuse espéce. | (1) Pour être complet, je devrais mentionner la localité de Beaumont (Hainaut), où M. Hardy aurait, d'après B, C. Dumortier (Bull, $00. hot, de Fr. t. XX, Sess, extraord. p. Xxv, en note), trouvé le M. Vaillantii; mais, d’après les renseignements qui m'ont été fort obligeamment fournis par M. Cogniaux, l'indication consignée par Dumortier, dans sa Flore manuscrite de Belgique, d'après des spécimens reçus de M. Hardy, reposerait trés probablement sur une erreur d'observation car les échantillons du Marrubium récoltés à Beaumont, qui existent dans l'herbier de Dumortier, appartiennent au Jf. vul- gare L. SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. | 283 Mérat estle premier auteur qui ait émis, avec doute il est vrai, l'idée que le M. Vaillantii pourrait bien n'étre qu'un hybride des M. vulgare et Leonurus Cardiaca (Revue de la Flore parisienne, p. 489); mais cette hypothése n'était appuyée d'aucun argument sérieux. M. Bentham (Prodr. XII, p. 454) soupçonne que cette plante, malgré son port si distinct, n'est probablement qu'une variété remarquable du M. vulgare. Cette hypo- thèse a été reproduite sans aucun commentaire par MM. Cosson et Germain dans la 2* édition de leur Flore des environs de Paris (page 410). Enfin, dans la communication (loc. cit.) faite par M. Cogniaux à la Société botanique de France, je reléve, à propos du M. Vaillantii, la phrase suivante: « C'est une plante qui n'a apparu qu'accidentellement, à de » longs intervalles et dans des lieux trés éloignés. Ses anthéres presque » toutes dépourvues de pollen et ses nucules avorté démontrent d'ail- » leurs clairement, selon nous, que c'est un hybride, comme l'avait autre» » fois supposé Mérat; il aurait pour parents le M. vulgare et le Leo- » nurus Cardiaca. » Une affirmation formulée d'une manière aussi précise par un botaniste dela valeur de M. Cogniaux a toutes les apparences d'une vérité incon- testable; c'est donc cette idée qui tendrait à faire du M. Vaillantii un hybride, que je m'attacherai principalement à réfuter. Je constate d'abord que M. Cogniaux n'appuie sa théorie sur aucune observation directe; nulle part en effet cet auteur ne dit qu'il ait examiné et analysé, soit sur le vivant, soit méme sur le sec, une seule fleur de M. Vaillantii. En second lieu, je ferai remarquer que MM. Cosson et Germain, lorsqu'ils ont découvert cette plante à Étrechy, n'ont point signalé la présence du Leonurus Cardiaca dans le voisinage de la loca- lité où croissait le M. Vaillantii ; moi-même, lorsque j'eus retrouvé cette espéce à Fontainebleau, j'ai pu à deux reprises différentes, et dans un rayon assez étendu autour de sa station, constater l'absence du L. Car- diaca. Je ne veux pas tirer de ce fait des conséquences trop absolues, mais il me semble cependant que l'idée d'hybridité perd, en pareil cas, une partie de sa valeur. Voici maintenant le résumé des observations que j'ai faites à plusieurs reprises sur les pieds cultivés et sur les échantillons conservés, soit dans l'herier de M. Cosson, soit au Muséum, dans l'herbier de Vaillant. Le M. Vaillantii, par son mode de végétation, par son port et par son aspect extérieur, est intermédiaire entre les M. vulgare L. et Alysson L.; il est un peu plus rameux que le M. vulgare ; les feuilles inférieures se dessèchent et tombent à mesure que la plante s'allonge, en sorte que le bas des rameaux est toujours plus ou moins nu. Plus les feuilles sont an- ciennes, plus elles sont longuement pétiolées ; leur limbe est cunéiforme, irrégulièrement incisé-palmé, et n'a que de bien vagues ressemblances 284 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avec le limbe des feuilles du Leonurus Cardiaca. Elles sont opposées sur les échantillons de l'herbier Vaillant et sur ceux de l'herbier de M. Cosson, tandis que sur tousles individus cultivés, elles sont verticillées par quatre, et à l’aisselle de chacune naît un petit rameau qui ne s'allonge pas, mais dont les jeunes feuilles ont la méme disposition que sur la tige principale. J'ai trouvé cependant, au sommet de certains rameaux flori- féres, quelques feuilles simplement opposées, comme dans le M. vulgare ; d'un autre cóté, j'ai remarqué sur l'un des échantillons de l'herbier de M. Cosson un jeune rameau latéral dont les feuilles étaient verticillées par quatre. | Les fleurs rappellent tout à fait celles du M. vulgare, et il est impos- sible de leur trouver la moindre analogie avec les fleurs du Leonurus Cardiaca, qui ont une forme toute spéciale et bien différente. Ces fleurs sont disposées en glomérules plus ou moins denses à l'aisselle des feuilles supérieures ; mais j'ai observé quelques rares inflorescences réduites à une seule fleur. Le calice, semblable à celui du M. vulgare, porte de onze à treize dents inégales amincies à l'extrémité ; quelques-unes de ces dents sontdroites et munies sur leurs bords d'une membrane blanchátre sca- rieuse. Dans la grande quantité de fleurs que j'ai analysées, je n'ai jamais trouvé de calice dont le nombre de dents füt supérieur à celui que je viens d'indiquer, et, sous ce rapport, le M. Vaillantii ne différe pas du M. vulgare, dont le nombre de dents calicinales varie dans la méme pro- portion. Cependant, d'aprés MM. Cosson et Germain, cette variation dans le nombre des dents du calice serait sujette à de bien plus grands écarts ; jajouterai méme qu'il existe, à ce sujel, une certaine discordance entre les descriptions et surtout entre les figures publiées par les savants auteurs de la Flore des environs de Paris. On pourra s'en convaincre aisément en comparant la description du M. Vaillantii, dans les Annales des sciences naturelles (2* sér. t. XX, p. 293), à celle de la Flore des envi- rons de Paris (2* éd. p. 419), et la planche XIV des Annales avec la planche XXI de l'Atlas de MM. Cosson et Germain. La corolle rappelle tout à fait celle du M. vulgare, dont elle différe uniquement par la lévre supérieure bifide jusqu'à la base, tandis que dans cette dernière espèce la lèvre supérieure n'est divisée que jusqu'au milieu de sa longueur ; mais j'ai trouvé dansle M. Vaillantii quelques corolles à lévre supérieure incisée seulement jusqu'au miliéu, et alors à lobes paralléles, car la divergence de ces lobes est proportionnelle à leur longueur. J'ai constaté aussi que plusieurs corolles étaient asymétriques par rapport à un plan vertical ; c'est-à-dire que la moitié gauche de la fleur, par exemple, était bien plus développée que la moitié droite du méme organe : dans l'une des fleurs de l'échantillon de Vaillant ce développe- ment exagéré de l'une des moitiés de la corolle était porté si loin, que cet SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. ^ 985 organe était devenu tout à fait irrégulier et presque complétement mécon- naissable. Les étamines n'offrent rien de remarquable dans leur disposition : les anthères sont petites, le plus souvent indéhiscentes ; elles se flétrissent de trés bonne heure et ne contiennent que des grains de pollen blanchâtres, translucides, ne se gonflant pas à l'humidité et n'émettant pas de boyaux polliniques. Le style gynobasique se termine, comme dans le M. vulgare, par un stigmate à deux lévres. Les nucules avortent constamment ; ils restent le plus souvent à l'état de petits mamelons celluleux et ils se flétrissent bien avant la corolle; dans aucun je n'ai pu, malgré des dissections attentives, constater la présence d'ovules. Un assez grand nombre de fleurs prises sur les échantillons cultivés au Muséum aussi bien que sur celui planté chez moi, m'ont offert dans le gynécée la déformation suivante: le style se renfle à la base et devient piriforme; cette portion basilaire renflée se creuse en forme de cornet pour loger dans sa concavité un ou deux petits corps coniques, bilobés à leur sommet, et qui, quelquefois, contiennent eux- mémes dans leur intérieur un autre petit corps conique également bilobé à son sommet. Ces petits corps, examinés au microscope, m'ont paru for- més de grosses cellules contenant dans leur intérieur de nombreux grains de chlorophylle. S'il m'est permis de déduire quelques conséquences de tout ce qui pré- céde, j'arrive forcément à cette conclusion, que le M. Vaillantii n'est point un hybride, ni méme une variété ; c'est une monstruosité végétale du groupe des virescences. Rien en effet dans cette plante ne rappelle le Leonurus Cardiaca ; les feuilles elles-mémes, sur lesquelles les partisans de l'hybridité ont appuyé leur théorie, ont avec celles du Leonurus une analogie de forme tellement vague, qu'il faut, à mon avis, une idée précon- çue pour oser faire un rapprochement entre ces deux espèces. Les feuilles, il est vrai, sont incisées-palmées dans le M. Vaillantii ; mais il existe un assez grand nombre de plantes qui présentent des variétés à feuilles inci- Sées ou laciniées, sans qu'on ait, pour cette raison, pensé à mettre ces Variétés au nombre des hybrides. Si le M. vulgare a les feuilles entiéres, il existe d'autres espèces dans le genre qui ont les feuilles assez profon- dément dentées, et la forme de ces organes dans le M. Vaillantii n'est pour moi que l'exagération d'un caractère qui se retrouve à divers degrés dans les M. procerum Bge., leonuroides Desr. et Alysson L. Le genre Leonurus posséde un calice et une corolle bien différents de ceux du genre Marrubium, et cependant, dans le M. Vaillantii, ces organes ne présentent aucun caractére intermédiaire entre les deux parents sup- posés. Comment donc admettre que, dans la production d'un hybride, la plante qui a fourni le pollen puisse seulement modifier la forme des ARB SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. feuilles de l’hybtide sans influencer en quoi que ce soil les enveloppes florales. Une pareille opinion me parait insoutenable; i] suffit d'ailleurs d'exa- miner un certain nombre de plantes dont l'origine hybride n'est pas dou- teuse, pour se convaincre qu'après les organes reproducteurs, c'est surtout sur les enveloppes florales que se retrouvent les marques les plus évi- dentes de bátardise. Du reste, afin de raisonner le moins possible sur des hypothèses et pour sanctionner par l'expérience ma manière de voir, j'ai essayé de repro- duire artificiellement le M. Vaillantii, Sur ua individu de M. vulgare soigneusement isolé et sut lequel je n'ai laissé qu'un nombre de fleurs déterminé, j'ai fécondé chacune de ces fleurs par le pollen du Leonurus Cardiaca ; en outre, sur un pied de M, Vaillantii, les fleurs les mieux conformées ont élé fécondées artificiellement, les unes avec le pollen du M. vulgare, les autres avec celui du Leonurus Cardiaca. Si le croise- ment entre les genres Leonurus et Marrubium est possible, je devrai, dans le premier cas, obtenir un produit identique, ou peu s’en faut, au M. Vaillantii, et dans le second eas, des individus présentant une prédo- minance marquée soit du type Marrubium, soit dutype Leonurus, suivant que ia plante obtenue proviendra d'une fécondation par le pollen de l'une de ces deux espéces. Ces expériences sont encore trop récentes pour que je puisse en exposer dès aujourd'hui les résullats à la Société ; elles feront, s’il y a lieu, l'objet d'une communication ultérieure, M. Cornu demande à M. Bonnet s'il a fait l'anatomie des divers organes du Marrubium Vaillantü. Yl pense que dans la disposition de la forme des éléments divers dans la tige ou dans les pétioles, dans là nature des poils et du vesümentum, on rencontrerait des caractères très importants qui permettraient peut-être de retrouver les traces d’un second parent, si la plante est réellement une hybride : il y a de nombreux exemples de cet ordre dans la structure. des Plantes hybrides, notamment dans les Cistes, si bien étudiés par M. le docteur Bornet. — Wt ajoute que fta structure des plantes herbacées est bien plus caractérisée dans les différents cas que celle des plantes qui sont ligneuses et dépourvues de poils et de glandes. M: Bonnet répond qu'ayant eu plusieurs fois recours à l’histotaxie pour caractériser des espéces affines, les recherches auxquelles il s’est livré ne lui ont donné que des résultats négatifs. M, Duval- Jouve a du resike reconnu que la structure anatomique variait SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. . 287 souvent dans une même espèce sous l'influence du milieu. M. Bonnet ajoute que n'ayant pas complètement terminé ses obser- vations sur le Marrubium Vaillantit, il mettra à profit les observa- tions de M. Cornu (1). M. Poisson, au nom de M. Marchand, donne lecture de la commu- nication suivante : NOTE SUR LA PHYCOCOLLE OU GÉLATINE VÉGÉTALE PRODUITE PAR LES ALGUES, par le E) Léon MARCHAND. Cette substance, connue en Chine et au Japon sous le nom de Tyíntíote, est importée en Europe depuis assez longtemps déjà. Les Anglais, quoique connaissant sa nature végétale, l'ont désignée néanmoins sous lé nom de Japanese isinglass, c’est-à-dire « ichthyocolle ou colle de poisson japo- naise » ; cette dénomination rappelant surtout ses usages et ses caractères extérieurs. En France, il n’y a que quelques années qu'on en parle et peu de temps qu'on l'emploie ; encore est-ce souvent dans une intention de fraude, et pour ta substituer à la vraie colle de poisson, dont le prix est beaucoup plus élevé. Nous devons dire même que c’est sous des auspices défavorables que cette production s'est révélée au public savant. M. Ch. Ménier (2), professeur à l'École de médecine et de pharmacie de Nantes, a été, chez nous, le premier à appeler l'attention sur la cofle du Japon, en la découvrant dans une certaine gelée groseiliée qui, sous ee nom, avait la prétention de se substituer à la gelée de groseille. Mis sur la voie de la falsification par la présence de Diatomées marines, l'auteur est arrivé (1) La structure anatomique de la tige diffère notablement dans les Marrubium vul- gare et Leonurus Cardiaca : il n'y a rien dà qui doive étonner, puisqu'on a affaire à deux genres différents, Dans le pétiole, les différences anatomiques sont encore bien plus accusées, lé nombré et la disposition des faisceaux n'étant pas les mémes dans les deux espèces. Quant au M. Vañllantit, la structure de sa tige, la forme et ta disposition de son vestimentum sc rapportent parfaitement au type Marrubium; seule la structure des pétioles inférieurs, qui sont assez longs et légèrement canaliculés, s'éloigne de la Structure des mêmes organes du M. vulgare, sans avoir cependant aucum point de res- semblmce avec le type Leonurus. Ces différences sont beaucoup moins frappantes dans les pétioles supérieurs, dont la structure sc rapproche sensiblement de celle du type Marrubium. ol . En outre, pour compléter quelques points que je n'avais pu élucider au moment où j'ai fait 1a communication précédente, j'ajouterai qu'aucun des individus de M. Vail- lantii cultivés, soit au Muséum, soit chez moi, n'a donné une seule graine, et que les essais de fécondation artificielle tentés sur cette plante n'ont pas réussi; le seul moyen de la multiplier est le bouturage, qui a été employé avec succès au Muséum. Enfin le pied de M. vulgare sur lequel j'avais essayé de reproduire artificiellement le M. Vail- lantii n’a donné aucune fleur fertile. (Note ajoutée pendant l'impression.) (2) Ch. Ménier, Falsification de da gelée de groseille du commerce découvarie par les Diatomées. Nantes, 1879. 988 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. à trouver que c'était cette colle végétale qui en faisait le fond, ce qui, par suite, l'a amené à en indiquer la vraie nature. Tout ce que l'on savait, avant M. Ménier, du Japanese isinglass, c'est que c'était un produit d'origine végétale ; certaines Algues mucilagineuses, riches en ce principe particulier que M. Payen a appelé gélose, étaient désignées comme le fournissant probablement. . La colle du Japon est importée sous deux formes differentes. I] n'y a rien à retoucher aux descriptions qu'en a données Daniel Hanbury (1) en 1860. « Sous le nom incorrect de Japanese isinglass, on a importé du Japon à Londres une grande quantité d'une substance en forme de ba- gueltes comprimées irréguliérement, ayant l'apparence d'une membrane ridée, demi-transparente, d'un blanc jaunâtre. Ces baguettes ont onze pouces de long sur une largeur d'un pouce à un pouce et demi, pleines de cavités, trés légères (chacune pèse 115,472), assez flexibles, mais faciles à rompre, dépourvues de goût et d'odeur. Traitées par l'eau froide, une de ces ba- guettes augmente considérablement de volume, devient une barre spon- gieuse quadrangulaire avec des cótés concaves, large d'un pouce et demi. Quoique peu soluble dans l'eau froide, la substancese dissout presque entié- rement quand elle est bouillie pendant quelque temps, et la solution, méme lorsqu'elle est diluée, se prend en gelée par le refroidissement. —Un second échantillon également du Japon, ressemble au précédent par ses pro- priétés, mais la forme en est trés différente. Ce sont des bandes longues et ridées d'environ un huitiéme de pouce de diamétre ; ces bandes, lorsqu'on les plonge dans l’eau, augmentent rapidement de volume, et l'on voit alors qu'elles sont irréguliérement rectangulaires. Cette substance est générale- ment plus blanche que la précédente ; elle est plus facilement soluble, plus propre, plus claire : c’est un article plus soigneusement fabriqué. » Le méme auteur poursuit en ces termes: « Nous ne connaissons pas l'origine de la gélose brute, ou Japanese isinglass, ni la manière dont on la prépare au Japon. M. Payen trouve qu'on peut l'extraire de plusieurs espèces, plus particulièrement du Gelidium corneum Lamx et du Graci- laria lichenoides Grev. ; dans ses expériences, la premiére de ces plantes en a fourni 27 pour 100. Le Gelidium corneum est certainement employé par les Chinois, comme je m'en suis assuré par une collection d'Algues chinoises économiques envoyée à la Société des arts en 1857, et dont M. Harvey a bien voulu examiner et nommer les échantillons. Il semble cependant vraisemblable que plusieurs autres Algues sont de méme em- ployées parles Chinois, en raison de leur propriété gélatineuse : tels sont le Laurencia papillosa Grev., Laminaria saccharina Lamx, Porphyra 1 (1) Hanbury, Science Papers, chiefly pharmaceutical and botanical Edit. ed by J. nce, . SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 289 vulgaris Ag. et une espèce de Gracilaria, qui est peut-être le G. crassa Harv. » Ces données sur la provenance des produits sont donc fort peu positives; ce ne sont que des inductions. M. Ménier, dans les recherches auxquelles il s’est livré, comme nous l’avons dit plus haut, a le premier apporté des faits qui permettent de se prononcer plus affirmativement. Il s'exprime en ces termes : « C'est, en effet, cette Algue (Gelidium corneum) dont on rencontre le plus souvent des débris dansla colledu Japon ; mais d'aprés lesrenseigne- ments qui nous ont été fournis par un algologue distingué, un certain nom- bre d'Algues floridées seraient employées à la confection du Japanese Isinglass, et, lorsqu'on l'examine au microscope, on y trouvé une quantité de tétraspores à division cruciale, des débris de Gelidium ou de Gloio- - peltis, de Gracilaria, de Laurencia, de Ceramium, etc. Il est probable que les Japonais utilisent toutes les Algues de leur littoral susceptibles de se transformer en gélose. » Il y a deux ans, M. Renard, entrepositaire de produits importés de la Chine et du Japon, m'avait remis, pour être offert à la collection du Mu- séum, un échantillon de la seconde forme décrite par D. Hanbury ; en me la remettant, il me l'indiqua comme fournie par le Gloiopeltis tenax, je n'en avais pas alors demandé plus; le travail de M. Ménier me décida à revoir cette substance et à l'observer de plus prés. J'eus recours à l'obli- geance de M. Renard qui me remit à nouveau une certaine quantité de la substance, mais il ne possédait que la deuxième forme qu'il tire de !!iojo. Quant à la premiére, elle est plus rare, à ce qu'il parait, dans le commerce; toutefois M. Planchon voulut bien me détacher un petit fragment de la seule baguette qu'il posséde dans la collection de l'Ecole de pharmacie. Je fis mes recherches sur ces matériaux, en ni'aidant, pour compléter et véri- fier les résultats auxquels je suis arrivé, de l'herbier et de la bibliothéque de M. le docteur Éd. Bornet, dans le laboratoire duquel il m'a été donné de faire ce travail. La première remarque que je fis, c'est que, si d'une manière générale, comme le dit Hanbury, la colle en lanières (2* forme) est plus blanche, plus nette, plus transparente, plus pure que la colle en baguettes (1"* forme), ce caractère est loin d’être constant ; l'échantillon en baguette de la collec- tion de l'École de pharmacie est bien plus blanc et bien plus propre que certains échantillons en laniéres que j'ai eusà examiner. Au reste, on com- prendra que, si les consommateurs ont à rechercher la transparence et la Pureté des produits, ces qualités deviennent des défauts pour les cher- cheurs ; car, plus la préparation est nette et transparente, plus les Algues qui entrent dans sa fabrication ont subi la gélification, plus elles sont fon- dues, plus leurs caractères se sont évanouis, moins l’herborisation présente de chance de succès. Ce sont en effet, outre les poussières, les débris T. XXVI l (SÉANCES) 19 990 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. non transformés qui troublent la transparence, et ce sont eux qu'on recherche. On commence par examiner la colle à la loupe simple; ume partie obseure est-elle entrevue, on la détache avec la pointe d'un scalpel, on la mets ur ane lame de verre, on humecte ; en dégage à la loupe montée, en se servant d'aiguilles, le fragment entrevu, on le place ensuite dans une goutte d'eau sur une lame de verre, et on l'examine au microscope en s'aidant de réactifs, si besoin est. C’est en procédant ainsi que je suis arrivé à trouver les quelques Algues dont les noms suivent : de Séreblonema. — Je rapporte à ce genre des filaments arliculés, ra- meux, colorés en brun, qui formaient une rosette étalée sur un fragment de Gelidium. L'échantillon était trop incomplet pour que j'aie pule déter- miner plus exactement. 2 Scytosiphon lomentarius J. Ag. — Cette autre Phéosporée à fronde tubuleuse, étranglée de distance en distance, a été trouvée dans ła gélose en petits fragments courts, mais présentant un de ces étranglements qui donnent à la fronde l'aspect caractéristique qui lui a valu son nom. 3» Sporacanthus cristatus Kütz. — Cette plante était représentée par un petit amas de ramuscules composés d'une seule file de cellules, et se ter- minant en pointes; sur certains on trouvait des tétraspores à division cru- ciale : les échantillons rappellent trés bien la figure donnée par Kützing (Tab. phycol. V, p. 24, t. LXXXII). | 4° Ceramium. — Les débris d'Algues appartenant à ce genre ne sont pas rares, mais les fragments sont pour la plupart trop incomplets pour qu'il soit possible de les déterminer spécifiquement. Je mentionnerai cependant un filament qui portait à son extrémité 5 ou 6 branches arquées, formées, chacune, de 3 ou 4 cellules disposées bout ou bout et dont la dernière était amincie en pointe conique. Cet appareil ressemblait à un involucre femelle de Ceramium. Les filaments étaient zonésau niveau des articles, et certaines de ces zones, sur les branches de ce que j'indiquais plus haut comme un involucre, se présentaient em saillies assez semblables à des aiguillons. Cette plante est bien un Ceramium, et les caractères que je décris ici me portent à la regarder comme le C. ciliatum J. Ag. (Echt- eoceras ciliatum Kütz.) représenté par Kützing, Tab. phycol. XII, p. 26, 4. LXXXVI. 5° Centroceras clavulatum Ag. — Nous n'avons ici que deux articles Superposés, mais ils présentent des caractères si nets, que l'on peut avec cerüiiude affirmer qu'ils appartenaient à un Centroceras clavulatum Ag. (C. leptacanthum Kütz.). Les anneaux, en forme de cônes renversés, sont recouverts d'uneécorce régulière de cellules alignées en damier et donnant au niveau des articulations comme une couronne de nes (ost Kitiz. doc. it. XII, p. 1, t xvas). SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 291 6° Endocladia vernicata J, Ag. — Les débris de cette Algue sont très rares; elle n’est représentée que par des fragments assez petits. Ils mon- trent, à l'extérieur, une sorte de cuticule formée de cellules minces transpa- rentes, alignées sur deux plans, recourbée de telle sorte que la face inté- rieure de concave soit devenue convexe. Celte face porte une série de filaments moniliformes plusieurs fois dichotomes, qui ne sont autres que les filaments pariétaux que renferme le tube de l'Endocladia, A côté de ces débris, ou bien séparément, on trouve, au milieu de la gélose, des tubes articulés, rameux, qui semblent bien être le tube médian des Endocladia. Ces tubes se distinguent parfaitement des filaments moniliformes, d'abord par leurs dimensions, mais aussi parce qu'ils se colorent en bleu par le chloroiodure de zinc. J'ai trouvé notamment un filament tout à fait sem- blable à celui représenté par M. Suringar (Mus. bot. de Leyde, vol, I, Algues du Japon, pl. xxx). 7° Gloiopeltis tenax Turn, — Cà et là on voit, dans la gelée, des morceaux non complètement gélifiésd'une Algue quiressemblebeaucoup au Gloiopeltis tenax; ce qui me confirmerait dans cette opinion, c'est qu'on rencontre dans ces fragments des tétraspores oyoïdes à division cruciale, qui rappel- lent complètement ceux de cette plante. 8 Gelidium polycladum Kütz. — Celle-ci se montre en grande abon- dance sous forme de fragments souvent assez bien conservés, présentant, comme la précédente, une sorte d’écorce de cellules étroites, pressées les unes contre les autres, mais qui se distinguent de celles du Gloiopeltis en ce qu'elles se prolongent en longs filaments blancs qui s'enchevétrent, se contournent, se pelotonnent, s'étirent, et, en fin de compte, disparaissent en se fondant au milieu de la colle. On trouve ces filaments plus ou moins longs el plus ou moins visibles, suivant que leur gélification est plus ou moins complète, Ce Gelidium m'a bien paru être le G. polycladum (yoy. Kütz. loc. cit. 1. XIX, p- 9, t. xxiv). Dans l'herbier de M. Bornet, j'ai observé un échantillon de cette forme provenant du Japon, présentantles caractères indiqués plus haut; il était, de plus, constellé de ces Arachmodiscus ornatus Suring. que M. Ménier a signalés dans sa gelée groseillée et qui $e rencontrent en si grande quantité dans la phycocolle. 9' Nitophyllum? — Certains débris, en fort petit nombre et assez mal conservés, se présentent sous Ja forme de lames aréolées, à cellules hexa- gonales, qui rappellent celles des Nitophyllum, | 40° Polysiphonia tapinocarpa Suring- — Cetle Algue se montre sous la forme de petits troncons de filaments de 5 à 9 articles, rarement plus ; ces articles sont courts, beaucoup moins longs que larges. Les filaments sont aplatis; coupés en travers, ils montrent 10 siphons. À n'en pas douter, ce sont des débris du Polysiphonia tapinocarpa que M, Suringar décrit dans son ouvrage Alge japonicæ, 1910, p, 91, et représenté pl. xav, D, .. 999 SÓCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. - 41* Polysiphonia fragilis Suring. — Cette seconde espèce aussi décrite et représentéé par M. Suringar (loc. cit. p. 37, pl. xxv, A) se retrouve de méme dans la colle du Japon. Au premier abord on ne remarque pas grande différence d'aspect entre les fragments de ces deux espéces ; ce 'sont encóre des troncons analogues : méme diamètre, toujours variable, articles également longs, à anneaux plus longsque larges, comme dans l'espéce précédente, etc. Mais une observation plus attentive fait découvrir queles cellules qui composent ces articles sont moins nombreuses; la coupe transversale montre en effet que l'on n'a plus que cinq siphons. 19» Polysiphonia parasitica Grev. — J'ai encore rencontré un troisième Polysiphonia qui ne peut se confondre avec les espèces précédentes. Il ne possède en effet que huit ou neuf siphons. Le fragment que j'ai examiné était en assez bon état de conservation ; il montrait des rameaux alternes à extrémité pointue. Il m'a semblé appartenir au P. parasitica (Kütz. loc. cit. XIII, p. 9, t. xxvi), quoique cette espèce, qui habite l'océan Pacifique, n'ait point, à notre connaissance, été encore men- tionnée au Japon. 19* Melobesia ? — Petits fragments, indéterminables spécifiquement, appliqués sur le Polysiphonia tapinocarpa. 44° Diatomées. — J'ai trouvé un assez grand nombre d'espéces appar- tenant à ce groupe, mais surtout l'Arachnodiscus ornatus Ehr., décrit et représenté par M. Suringar (Algo jap. fasc. 3, P. 5, pl. 1) et par M. Ch. Ménier (loc. cit. fig. 1). Ces plantes sont loin d'étre les seules qui entrent dans la composition de la colle du Japon; j'en ai rencontré un grand nombre d'autres, mais leurs débris étaient trop endommagés pour étre reconnaissables. Je ne doute pas qu'en prolongeant encore ces recherches, je n'eusse pu doubler cette énumération, mais ce travail füt resté quand méme incomplet. Nous serons bien plus largement renseignés par le premier savant qui voudra sur les lieux mémes de fabrication relever la liste des Algues employées. Les deux formes de colle du Japon semblent faites avec les mémes matiéres premiéres ; car j'ai retrouvé dans l'une et dans l'autre à peu prés les mêmes éléments. Toutefois, en comparant l'une et l'autre, il m'a semblé que le Gelidium dominait dans la forme en lanières et le Gloiopeltis dans la forme en baguettes. Encore la prédominance de l'une ou de l'autre dans ces deux cas n'était peut-étre qu'un simple effet du hasard, de méme, au reste, que la prédominance de telle ou telle autre des Algues qui s'y trou- vent incorporées. Daniel Hanbury et M. Ménier me semblent être bien dans la vérité en indiquant le Gelidium comme entrant dans la préparation de la Japanese isinglass, et tous deux ont, suivant moi, raison de penser que les Japonais emploient diverses Algues pour cette fabrication, peut-être méme toutes « les SÉANCE DU 11 JUILLET 1879. 293 Algues de leur littoral susceptibles de se transformer en gélose ». Je ne ferai qu'une simple observation à cette derniére phrase. D'aprés ce que j'ai pu comprendre, les Chinois et les Japonais font rechercher sur leur littoral celles de leurs Algues qui, comme les Gelidium, Gloiopeltis, Endo- cladia, fournissent le plus de substance mucilagineuse : ils commencent ainsi par faire un choix pour leur cueillette ; mais, cette cueillette faite, ils ne s'inquiétent pas trés probablement des Algues moins gélatineuses qui ont été arrachées avec les premiéres, ou qui vivent en parasites sur elles, et c'est ce qui fait que les échantillons sont plus ou moins purs ou plus ou moins surchargés d'espéces qui se sont trouvées moins faciles a géli- fier. A-t-on du Gelidium, du Gloiopeltis, de l'Endocladia presque purs, alors la transparence, la blancheur, la pureté, sont trés grandes. A-t-on au contraire les Algues garnies de parasites, alors la qualité devient moindre. J'ai dit, en commencant, comment la dénomination de Japanese isin- glass est vicieuse et incorrecte; sa traduction francaise, ichthyocolle ou simplement colle du Japon, doit pour la méme raison étre rejetée. C'est peut-étre ce qui a poussé certains auteurs à lui substituer le nom d'Agar- agar. Cette dénomination ne parait pas devoir étre conservée. Une pre- miére fois déjà le mot Agar-agar a essayé d'entrer dans la matiére médieale comme synonyme de Mousse de Ceylan, Pereira (1) l'ayant cru fourni par le Plocaria candida Nees (Gracillaria lichenoides Grev.). Mais, à la suite d'observations diverses de MM. Archer (2)et Simmonds (3), il devint bien certain qu'il n'y a rien de commun entre la Mousse de Ceylan et l Agar-agar, qui est l'Encheuma spinosum J. Ag. Le nom d'Agar-agar peut-il être substitué à celui d'ichthyocolle japonaise ? Je ne le pense pas; ce nom, qui désigne surtout l'Eucheuna spinosum, semble être un nom vulgaire s'appliquant à plusieurs Algues ; mais, dans aucun cas, on ne le trouve mentionné comme dénommant le produit (4). Dorvault (5), dans son Officine, dit: « L'Agar-agar, Gelidium corneum, Fucus spinosus L. ou Algue de Java, est un Fucus blanc qui se récolte en abondance à Singapour. Les Chinois s'en servent comme comes- tible et pour l'apprét des étoffes de soie. Il est peut-être encore plus mucilagineux que le Carragaheen. On en fait une gelée ou glu compacte (1) Pereira's Materia medica, 4° édit. II, p. 13. (2) Pharmaceutical Journ. 1853-1854, XIII, p. 313 et 447. (3) Pharmaceutical Journ. 1853-1854, XIII, p. 355. (4) Dans les Indes orientales, l'Agar-agar est l'Eucheuma spinosum J. Ag. Trois autres espèces d'Eucheuma J. Ag. (Sphærococcus Serra Kütz, S. gelatinosus Ag., Gigartina horrida Harv.) sont employées sous le même nom et de la méme façon. A Timor, on emploie aussi comme Agar-agar l'Hypnea divaricata Grev. (G. V. Mertens, Preussische Exp. nach Ost-Asien. Die Tange (1866, p. 140). (5) Dorvault, Officine, VIII, éd. 1872, p. 504. $994 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DB FRANCE. importée em Europe sous les noms de colle de poisson du Bengale, gélu- ` tine au collé de Chine où du Japon. » Lé nôm d'Agar-dgür est done détourné de sa véritable aceeption, quand on s’en sert pour désigner le produit manufaeturé qui fait le sujet de cette note ; il doit done étre abandonné. Si l'on rejette aussi, pour les raisons expliquées plus haut, les noms d'ichthyocolle, de colle ou dé gelatine, il ne reste plus que celui de gélosé, qui aussi est incorrect, puisqu'il désigné plutôt un élément chimique ; é'est pour ces raisons qué je préfère le nom de phycocolle (colle d'Algues), qui eorrespond at mot iehthyocolle (colle de poisson), etl'on aurait, suivant les provenances, la phycocolle de Chine, la phycocolle du Japon, là phycocolle du Bengile, etc. A moins toutefois qu'on ne préfère conserver le nomi dé Tjintiow ! où encore, suivant d'autres, celui de Lo«thá-ho (4). SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. PRÉSIDENCE DE M, PRILLIEUX. M. le Président annonce à la Société que, conformément à l'ar- tide $4 des Statuts, le procès-verbal de la séance du 11 juillet dernier a été soumis à l'approbation du Conseil. Dons faits à la Société : Ed. André, Les Lichens néo-grenadins et écuadoriens. Edmond Bonnet, Histoire du Scleranthus uncinatus Schur. Gaston Bonnier, Les nectaires, étude critique, anatomique et phystolo- gique. Casimir de Candolle, Anatomie comparée des feuilles chez quelques familles de Dicotylédones. (1) Depuis que j'ai eu l'honneur de faire cette communication à la Socióté, j'ai recu des échantillons d'un autre produit qui fut encore soumis à mon observation par M. Renard, entrepositaire de productions chinoises et japonaises, Cè sont des plaques de gélatine japonaise, qui pourraient. parfaitement être utilisées de la même façon que nos plaques de gélatine indigène. J'ai pu reconnaitre dans ces plaques uné partie des Algues que j'ai signalées dans la communication précédente, mais surtout l'Araelmódisetis caractéristique. Je dois touté- fois ajouter que Ja recherche des Algues, dans le cas présent, est beaucoup plus difficile, la phycocolle ayant sans doute été débarrassée, par des procédés spéciaux, des débris qui eussent altéré la pureté des plaques, mais aussi rendu la détermination plus facile. (Note ajoutée pendant l'impression.) SÉANCE DU 1% NOVEMBRE 1879. 295 Louis Crié, Les anciens climats et les flores fossiles de lowest de la France. P. Fliche, Les Isoétes des Vosges. Mich. Gandoger, Rose nove Galliam austro-orient. colentes, fasc. 2. Em. Jeanbernat et Éd. Timbal-Lagrave, Le massif du Laurenti (deux exemplaires). A. Malbranche, Les sciences et l'agriculture. Félix Michel, Destruction du Phylloxera. W. P. Rauwenhoff, Sur les premiers phénomènes de la germination des spores des Cryptogames. C. Roumeguère, La mycologie des environs de Collioure. Sagot, Notice sur la vie et les travaux de M. Pancher, ancien jardi- nier-chef du Muséum. f . E. Verrier, Prophylaxie des Teignes. André de Vos, numération méthodique des plantes nouvelles ow inté- ressantes signalées en 1878. Société botanique Rochelaise, Comptes rendus d'excursions botaniques. C. Fr. Nyman, Conspectus Flore europea, fasc. 2. J.G. Baker, A Synopsis of Colchicaceæ and the aberrant tribes of Liliaceg. Max. T. Masters, Notes on root-hairs and root growth. Ch. Pickering, Chronological History of Piante. Sereno Watson, Contributions to American Botany, IX. P, Kaiser, Ueber die tägliche Periodicität der Dickendimensionem der Baustámme. 1* und 18* Bericht über die Thütigkeit des Offenbacher Vereins für Naturkunde, Vincenzo Cesati, Alla, memoria di sei illustri naturalisti nazionali della Società Italiana delle scienze. — Mycetum in itinere Borneensi lectorum a Beccari Enumeratio. Fr. Barcelo y Combis, Silene decipiens Barc. J, Barbosa Rodrigues, Enumeratio Palmarum novarum. ^ E. Hampe, Enumeratio Muscorum in prov. brasil. Rio-de-Janeiro et Sáo Paulo detectorum. M. le bibliothécaire présente à la Société une série d'ouvrages accordés par M. le Ministre de l'Instruction publique, sur la demande qui en avait été faite par M. le Président et obligeamment appuyée par notre confrère, M. le sénateur Pomel. En voici la liste (1) ; (1) L'existenee de ces ouvrages dans les dépôts du Ministère de l'instruction ptiblique nous avait été signalée par M. Albert Vendryés, qui a déjà rendu d'importants services à la bibliothèque de la Société (voyez plus haut, p. 36). — [Note du bibliothécaire.] 296 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . Flore de Montpellier, par H. Loret et A. Barrandon. Types des familles des plantes de France, par F. Plée. Algues marines, par F. Stenfort. : Dictionnaire topographique de la France (en voie de publication); 10 volumes, un par département : Aisne, Aube, Basses-Pyrénées, Dor- dogne, Eure, Eure-et-Loir, Hérault, Mayenne, Morbihan, Yonne. Mission scientifique au Mexique et dans l'Amérique centrale, ouvrage publié par ordre du Ministre de l'Instruction publique : 1* Recherches botaniques; 1" partie, Cryptogamie, par M. Eugéne Fournier, avec la collaboration de MM. Nylander et Ém. Bescherelle (complet). 2» Recherches zoologiques : '— Jlle partie: Reptiles et Batraciens, par MM. Aug. Duméril et Bocourt. Livraisons 1 à 5. — IVe partie : Poissons, par MM. Léon Vaillant et Bocourt. Livr. 1 à 2. — Ve partie : Xiphosures et Crustacés, par M. Alph. Milne-Edwards. Livr. 1 à 6. — Vle partie : Insectes Orthoptéres, par M. Henri de Saussure. 4 livr. (com- plet). — 2° section : Myriapodes, par MM. H. de Saussure et A. Humbert (complet). — VII* partie : Mollusques terrestres et fluviatiles, par MM. P. Fischer et H. Crosse. 7 livraisons formant le tome l°! (complet). M. Malinvaud donne quelques détails sur ces diverses publica- tions, et fait observer, à l'égard de celles qui ne sont pas encore terminées, que la concession des premières parties garantit celles des suivantes, au fur et à mesure qu'elles paraitront. M. le Président se fait l'interpréte des sentiments de gratitude de la Société envers M. le Ministre de l'Instruction publique, auteur . de cette importante Hbéralité, et envers M. le sénateur Pomel, dont l'intervention bienveillante a assuré le succés de sa démarche. M. le Président fait don à la Société de 29 livraisons (1877-1879) du Bulletin mensuel de statistique municipale, publié par les ordres de M. le Préfet de la Seine. Ce Recueil contient quelques renseignements d'un caractére scientifique, notamment les résul- tats de l'Analyse microscopique de l'air, du sol et des eaux, par - M. P. Miquel. M. Cornu fait à la Société la communication suivante : SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 297 NOTE SUR UNE FORME TÉRATOLOGIQUE DE L'ERICA CINEREA, par M. Maxime CORNU. J'ai recueilli le 2 novembre dernier, à Fontainebleau, dans la forêt, une curieuse forme d'un Erica indigène, forme remarquable qui m'a semblé mériter quelque examen. Elle croissait au milieu d'autres individus de la méme famille, diverse- ment mélés, et constitués par deux espèces : Calluna vulgaris et Erica cinerea. C'est à cette dernière espèce qu'il faut, sans aucune espèce de doute, rapporter la curieuse variété qui fait le sujet de cette note. L'Erica cinerea était, dans toutes les touffes, couvert de fleurs dont la couleur rose et la situation au sommet des rameaux sont tout à fait carac- téristiques. Une touffe spéciale et assez étendue présentait un tout autre aspect: la coloration des rameaux était d'un rouge foncé et comme sang de dra- gon ; le port était complètement modifié, de sorte qu'on aurait cru avoir affaire à une plante fort différente. Dans l'Erica cinerea type, les rameaux portent des feuilles verticillées par trois ; à la base d'un pétiole scarieux et étroitement appliqué sur la tige, naissent de courts rameaux qui grandissent ensuite et portent de méme des verticilles au nombre de deux, trois ou quatre. Ce sont ces petits rameaux qui deviennent floriféres, et les fleurs naissent à l'aisselle de petites feuilles ou de bractées; la régularité primitive, Souvent altérée sur l'axe primaire, est souvent bien plus profondément modifiée dans l'axe floral. Le pédoncule floral porte une ou plusieurs écailles, plus ou moins sou- levées. Aux quatre folioles du calyce sont superposées une, deux ou plusieurs écailles qui peuvent manquer tout à fait ou le doubler; mais en général le sépale superposé à la bractée est dépourvu de bractéole sup- plémentaire. Dans la variété qui nous occupe, l'axe destiné à devenir floral était terminé par un pinceau de petites feuilles, non pas étalées comme les autres, mais réunies et étroitement serrées, de couleur rouge foncé. Les verticilles étaient beaucoup plus nettement indiqués, la disposition plus évidente. Il en résultait une apparence fort différente de celle du type. L'examen anatomique montrait que ces productions étaient formées de feuilles semblables aux autres et ne différant que par leur mode de crois- sance non ordinaire. Il y avait à se demander si ce n'était pas une modification des inflo- rTeScences. ` 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUÉ DE FRANCÉ. Si l'on fait le compte des pièces foliaires qui contribuent à la formation de la fleur, on trouve que ce nombre est assez considérable : il y a quatre sépales, quátre pétales soudés, huit étamines, quatre earpelles; il faut ajouter quatre bractéoles; en supposant une feuille pour chaque organe, on arriverait à un total assez élevé (vingt-quatre feuilles). Serait-ce une pélorie? les organes floraux seraient-ils revenus à l'état d'organes foliaires? Quelque élevé que soit le nombre indiqué plus haut, il ne semble jias suffisant, à moins qu'on ne fasse intervenir un dédoublement, ce qui n'esl pas impossible d'ailleurs à admettre. En observant séparément un certain nombre de ces petites productions, plusieurs d’entre ellés se sont montrées comme présentant une véritable régularité ; les feuilles étaient exactement superposées, et leur superposi- tion avait formé de petites côtes saillantes. Ces côtes étaient au nombre de six ; elles représentaient des alignements de deux verticilles foliaires alternes. Des coupes longitudinales minces et passant par l'axe ont fait voir que l'extrémité présentait des feuilles à des états divers de développement ; les organes nouveaux apparaissaient à l'extrémité encore active, sous formé de mamelons de lailles diverses et orientés comme les verticilles. On a donc affaire à une sorte de bourgeon, dont le développement n'est pas encore entiérement terminé à cette époque tardive, tandis que, dans le reste des organes de l'Erica cinerea, l’actroissement, la végétation est arrêtée. Une particularité se présente chez ces feuilles jeunes du petit bour- geon; elles sont couvertes de poils spéciaux, différents des autres poils visibles sur les feuilles adultes. Sur ces derniéres, il y à des poils assez courts, plus ou moins flexueux, à parois épaisses et granulées; sur les feuilles du bourgeon spécial, il y en a d'autres renflés, claviformes, pluri- cellulaires, tandis que les autres sont toujours unicellulaires, formés de deux assises de cellules épaisses et basilaires : l'extrémité renflée, parfois soléaire, comprend deux séries alternes de cellules formées par segmenta- tion successive d'une cellule unique. D'abord trés nettes, ces cloisons deviennent ensuite moins distinctes; ces cellules perdent leur forme anguleuse, deviennent arrondies en méme temps que leur contour devient trés clair. Le contenu senible se changer en une substance mucilagineuse, dont on peut trouver l'analogue dans les couches si curieuses des cellules de l'épiderme. Ces poils paraissent être caducs; ils manquent sur les feuilles ordinaires ; peut-être existaient-ils dans le jeune âge et ont-ils disparu. Ces feuilles d'Erica cinerea sont trés curieuses par plusieurs carac- tères : leur face inférieure, qui seule porte des stomates, tapisse une sorte SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 999 de canaliculé couvert de longs poils et à bords trés resserrés ; les cellules de l'épiderme y sont fort petites ; l’autre face s'étend en réalité sur les trois faces du triangle qui forme la section transversale : elle posséde des cellules trés larges å cutieule épaisse, donit la paroi est formée par une membrane qui se dédouble et donne lieu à sa partie interne à tn mucilage particulier, colorable én bleu par le chloroiodttte de zine. La disposition des stomates se retrouve avec des partieularités assez analogués chez l'Erica ciliaris et le Calluna vulgaris, mais à un degré bien moins curieux. | Quoique la nature purement végétative soit bien établie au point de vüe morphologique, ne peut-on y voir autre chose? N'est-il pas naturel de rapporter cette production à une modification spéciale de l'inflores- cence complétement dénaturée et remplacée par un bouquet de feuilles. La situation générale, la disposition particulière de chacun de ces pseudo« bourgeons, leur coloration méme, leur régularité, leur production aux points oú naissent les fleurs d'ordinaire, autoriseraient, ce semble, cette maniére de voir. | Au point dé vae pratique et horticultural, il semble qu'une variété de celte nature aurait une certaine valeur ornementale. L'Eríea cinerea est uné plante extrémement rustique, et, datis beaucoup de cas, surtout dans certains terrains stériles, cette forme spéciale pourrait peut-être rendre quelques services. M. Prillieux demande s'il n'existait dans la plante dont il vient d'être question aucun organisme animal ou végétal. M. Cornu répond qu'il avait d'abord supposé que cette déforma- tion pouvait avoir pour cause des anguillules, mais qu'il a pu se convaincre par une étude attentive qu'elle était d'ordre purement végétatif. M. Bonnet donne lecture de là communication suivante : SUR UNE STATION REMARQUABLE DU RHODODENDRON, PRÈS DU BOURG DE SAINT-LAURENT DU PONT (Isère), par M. GUINIER. De Candolle, dans sa Géographie botanique, constate que l'extension du Rhododendron ferrugineum a pour limite supérieure dans les Alpes Une altitude de 2500 métres, mais que sa limite inférieure parait difficile à déterminer, pulsqu'on trouve cet arbuste près de Neufchâtel à 970 mètres ; àu nivéau du lac de Thun, à 564 mètres: sur les collines qui bordent le 300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lac de Côme, dont le niveau est à 199 mètres; enfin au bord du lac Majeur, vers 195 mètres, où il atteint la région des Oliviers. De Candolle conclut ainsi : « On nous saura peut-être gré d'avoir montré que le Rhododendron » est arrété sur le sommet de nos montagnes par le manque de chaleur » (non par le froid), et inversement au pied des Alpes, par le froid des » hivers et non la chaleur des étés. Du reste, le nombre des plantes al- » pines qui souffrent en hiver des froids de la plaine ou du bas des mon- » tagnes est considérable. » Mais il suffit de lire attentivemeut les pages que l'auteur dela Géogra- phie botanique consacre à la discussion des faits, pour s'assurer que les raisons de cette extension accidentelle du Rhododendron jusqu'à la région des Oliviers sont, en somme, mal déterminées et ne reposent point sur des données précises. Il est certain que le Rhododendron ne descend que trés exception- nellement au-dessous de la limite inférieure de sa station, limite qu'on peut arréter à 1350 métres. Or, jai à signaler un fait nouveau et remarquable de dispersion de ce végétal en dehors de cette limite. Ce n'est qu'en recueillant tous les exemples de ce genre qu'on peut espérer arriver à la solution des pro- blémes de géographie botanique. Dans la vallée du Guiers-Vif, que suit la route de Saint-Laurent du Ront au couvent de la Grande-Chartreuse, un peu en amont du pont Saint-Bruno, le lit du torrent est encombré de gros blocs épars ; l'un de ces blocs, à 200 mètres environ de distance horizontale du pont, est en partie couvert, sur 20 ou 30 mètres carrés, d'un buisson épais de Rhodo- dendron. L'altitude est de 580 mètres. Ce rocher appartient aux calcaires durs et indécomposables du néocomien supérieur ; il est recouvert d'une couche de terreau sur laquelle végétent des Mousses et divers arbrisseaux. On chercherait en vain des Rhododendron sur les rochers voisins, situés dans des conditions analogues. Mais, prés de Saint-Laurent du Pont, le Rhododendron se retrouve à une faible altitude, dans des conditions bien plus remarquables, au lieu dit le Bois-Noir. Le Bois-Noir est un canton de la forét domaniale de la Grande-Char- treuse assis sur un vaste còne d'éboulis de pierres et rochers, au pied des rochers à pic de la Pointiére. Sur une portion de cette suríace, le sol, fixé depuis longtemps, est couvert d'une belle futaie de Sapins; l'autre portion est restée exposée aux éboulements des rochers supérieurs, et se trouve sillonnée par des couloirs.ayant servi jusqu'à une époque assez récente à la traite des bois. Ce sol pierreux et encore mobile jusqu'à un certain point, n'a donné naissance qu'à une végétation chétive. On appelle cette localité d'un nom caractéristique, la Pérelle (pierraille). C'est. en un SÉANCE DU 14 NovEMBRE 1879. 301 point de la Pérelle, à 690 métres d'altitude, qu'on trouve un vrai champ de Rhododendron d'une vigoureuse végétation. Avant d'étudier de prés ce terrain, j'avais été porté à expliquer ce fait par les conditions topographiques (pente rapide, sol rocailleux, exposition N. O., abri parfait du midi, enfin climat humide) susceptibles de créer une Station plus montagneuse au point de vue de la végétation que ne le com- porte l'altitude. En effet, la végétation depuis la maison forestière du Désert, au pied de la pente, à 500 mètres d'altitude, affecte un caractère alpestre trés prononcé, ainsi que le montre l'existence des plantes suivantes : Gentiana lutea L., Hypericum nummularium L. , Lonicera alpigena L., etc. Mais l'examen attentif du sol fait voir d'abord que la place occupée par le Rhododendron, présentant une déclivité un peu moindre qu'elle ne l'est plus haut ou plus bas, forme une sorte de terrasse inclinée, ou de ressaut. Au-dessous de cette terrasse le terrain est parfaitement fixé et garni d'une trés belle futaie de Sapins ; sur la terrasse, au contraire, comme sur toute la pente qui la domine, le sol, formé de blocs et de pierrailles récemment soumis à des déplacements incessants, parait commencer seulement à se couvrir de végétation. Il y a bien déjà des résineux d'un certain âge, mais ils contrastent par leur chétive apparence avec la futaie inférieure : cette différence d'aspect ne parait pas avoir toujours existé : les grosses souches pourries qu'on trouve encore sous la Mousse indiquent qu'autrefois il y avait là, comme au-dessous, une futaie vigoureuse. Or, cet état de choses est dà au fait de la descente des bois sur la pente. En cet endroit, en effet, s'arrétaient les bois précipités dans les couloirs, et avec eux les pierres et les blocs qu'ils entrainaient; de là la formation plus accentuée encore d'une sorte de terrasse, de là encore la destruction de la futaie qui occupait le sol. Il est évident que de ce point, les büche- rons dirigeaient les bois dans des couloirs bien tracés, par lesquels ils arrivaient enfin au bas de la pente sans s'écarter à droite et à gauche, comme ]a chose avait lieu plus haut, et par conséquent sans dégrader le Sol et détruire la forét. Tout le champ de Rhododendron présente, outre cet arbuste, une végé- tation spéciale qu'on ne trouve nullement en dehors de celte place restreinte de 10 ou 12 ares, une végétation silicicole, la Callune bruyère, l'Airelle myrtille (végétation hygrophile psammique de Thurmann). De plus, le sol y est couvert de Sphagnum, et le Bouleau pubescent y croît avec abondance, associé au Bouleau blanc. Enfin, chose remarquable, 9n y rencontre quelques pieds de Pin sylvestre, essence entièrement absente dans les terrains voisins, où elle ne trouverait que des: con- ditions tout à fait contraires à sa croissance (voy. Bull. de la Soc. 309 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bot. de France, séance du 98 mars 1879 : Sur les stations du Pin sylvestre). Ainsi nous trouvons un flot de végétation silicicole au milieu d'une pente de pierrailles caleaires, dures et indécomposables; mieux encore, nous y avons presque une tourbiére, Une tourbière sur un versant pier- reux, aride et très incliné ! Ce que j'ai dit précédemment explique, du reste, la formation de ce sol tourbeux. Les bois qui descendaient de la montagne arrivaient mélés à des masses de terre et de pierres ; une portion de ces bois ne pouvait en étre retirée et pourrissait sur place; une autre portion, trop détériorée pour pouvoir étre ufilisée, était aussi abandonnée ; enfin, on faisait sans doute subir aux piéces qu'on venait chercher sur ce chantier de dépót, une sorte de façonnage qui avait pour effet de laisser sur place des copeaux ou des parties non susceptibles d’être utilisées; joignons à tous ces débris ligneux les souches des arbres venus sur place et dont les derniéres traces n’ont pas encore disparu, et nous verrons que, sous l'influence de l'humi- dité du elimal, il a dû se former un sol de terreau: propre à nourrir une végétation voisine de celle des tourbiéres. Du reste, j'ai pris auprés des anciens bücherons ou délinquants du pays des renseignements qui confirment pleinement les explications précédentes. Il est à remarquer que l'installation du Rhododendron sur ce terrain ne paraît pas ancienne; sur les limites de son occupation actuelle, cet arbusie semble gagner progressivement du terrain, si l'on en juge par les jeunes sujets épars qu’on y trouve dans un superbe état de végétation, Cependant les vieillards du pays se souviennent avoir toujours vu du Rhododendron à cette place, mais ils n'ont aucun souvenir d'y avoir vu des arbres de futaie; ceux-ci ont dû disparaître depuis plusieurs généra- lions déjà. Sij'esais hasarder une hypothèse sur la présence du Rhododendron à une aussi faible altitude, je l'attribuerais bien plutôt à la nature du sol éminemment favorable à eet arbuste qu'à l'action du climat; car il me semble difficile d'admeltre qu'il ne se soit pas fait sentir fréquemment en celte localité des froids de — 8° ou — 40°, en des temps méme où la terre n'était pas couverle de neige; condition qui serail incompatible, d’après De Candolle, avec la venue spontanée du Rhododendron. Il faut évidem- ment rapprocher ce fait de dispersion de la pratique bien connue des borticulteurs qui élèvent des plantes alpines : en effet, dans nos serres et nos jardins, ee n'est qu’en employant exclusivement le terreau comme terre végétale, qu'en parvient à cultiver la plupart de ees plantes, tandis que les mêmes végétaux ne trouvent presque jamais de sol de terreau, en montagne, dans leurs stations naturelles. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 303 M. Fournier donne lecture de la note suivante : OBSERVATIONS SUR LES ULEX GALLII Planch. ET ARMORICANUS Mab. par M. D.-A. GODELON, correspondant de l'Institut. C'est Le Gall, qui le premier trouva, dans les landes de la Bretagne, l'Ulex auquel M. Planchon a donné depuis le nom d'Ulez Galli, en l'honneur du savant explorateur de la flore de l’ancienne Armorique. Cette plante parait avoir beaucoup embarrassé l’auteur de sa découverte et lui causa bien des scrupules, qu'il exprime dans les termes suivants : * Lorsque, dit-il, j'étudiai,'en 1823 et 1824, l'Ajonc en question, tantôt » confondu avec l’Ajonc d'Europe, tantôt pris pour l'Ajonc nain à raison » de ses fleurs, je reconnus qu'il se distinguait de ces deux derniers par » des caractères constants, bien qu'il parüt un passage de l'un à l'autre. » Je lui dennai, dans mes notes d'herborisations, le nom d'Ajone inter- » médiaire, Ulex intermedius. Plus tard, en examinant les descriptions peu complètes de l'Ulez provincialis Lois. (1), j'eus des doutes sur la valeur dela spécification que j'avais faite, et je pensai que la plante bre- tonne pouvait bien étre une variété velue de l'espéce trouvée en Pro- vence, espèce qui, suivant le Prodrome, était, par ses caractères et par Sa grandeur, intermédiaire entre l'Ajonc d'Europe ell'Ajonc nain, characteribus et magnitudine inter duos priores medius (2). » Le Gall se détermina enfin à le publier sous cetle fausse dénomination (3). Dans un autre passage, Le Gall s'exprimeainsi: « On est d'abord dis- » posé à regarder cet arbrisseau comme une variété à moindres dimen- » sions et à fleurs précoces de l'Ajonc d'Europe, variété qui serait due au » voisinage de la mer; mais l’Ajonc d'Europe se développe bien sur le » littoral et sa floraison ne s'y trouve nullement hátée..... Il faut ajouter » que la probabilité d'un croisement est trés faible dans un genre où les » étamines restent renfermées dans la corolle. Enfin, pourquoi la pré- » tendue plante hybride serait-elle particulière au littoral , lorsque l'Ajonc » d'Europe et l'Ajonc nain couvrent ensemble de vastes espaces dans > l'intérieur du département (4)? » y J c ww y y (1) Dans la Flore de Trance, j'ai donné à cette plante de Loiseleur 1e nom q'Ulez iflorus Pourr. Aci. de Toulouse, t. I (1788), p. 333, et j'ai constaté eon identité dans l'herbier de Pourret, existant au Muséum d'histoire naturelle de Paris. M. Bubani à fait la méme constatation dans un autre herbier de Pourret, qui existe à Madrid. Le won d'Ulez australis Clemente (Ensayo de la Vid. p. 291) date de 1807, et l'Ulex pro- vinciulis Lois. est de 1898. (2) Le Gall, Flore du Morbihan, Vannes, 1852, in-12, p. 815. 8) Id. op, cit. p. 198. (4) Id. ibid, 304 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gay recut, en 1847, des échantillons de cette méme plante recueillis par le commandant Toussaint dans le voisinage de l'étang de Poulbon, prés d'Auray. La conviction de notre savant botaniste parisien n'était pas encore fixée sur sa valeur comme espèce, et sachant que je m'occupais alors de la rédaction des Légumineuses pour la Flore de France, il m'en remit une petite grappe, longue de 12 centimétres, sur laquelle trois fleurs étaient épanouies. J'ignorais l'époque de la floraison. Ces matériaux étaient insuffisants pour me déterminer à la publier comme espèce dis- tincte; je dus rester dans un doute prudent, et j'ai lieu aujourd'hui de m'en féliciter. En 1839, M. Planchon la décrivit sous le nom d’ Ulex Gallii (1). L'au- torité scientifique de ce savant botaniste ; celle de Webb, quil'adécouverte sur les cótes occidentales de l'Angleterre et la dit commune en Irlande (2) ; enfin celle de MM. Willkomm et Lange, qui l'indiquent sur les cótes des Asturies et dans l'intendance de Santander (3), méritaient une considéra- tion sérieuse, et j'avais fini par l'accepter comme espèce légitime. Je possède l Ulex Gallii Planch. d'Auray, de Vannes, de Belle-Isle, de Quévilly-le-Grand, prés de Rouen. J'ai pu l'étudier vivant, en août 1859, à Cherbourg; en 1814, aux environs de Port-Louis; en 1879, à Lorient, où il était, cette année-là, trés abondant : je l'ai recueilli dans ces trois localités. [l a aussi été, à ma connaissance, rencontré en France à Carnac, à Plouharnel, à l'ile de Gravinis, à Chàteaulin et à Valogne. C'est donc une forme végétale absolument occidentale. Une autre forme d’ Ulex, également à floraison estivale, a été décou- verte, en 1847, par M. Taslé aux environs de Vannes, et Le Gall s'est empressé de signaler cette plante et les observations judicieuses dont elle a été l'objet dela part de ce compagnon de ses herborisations (4). Elle fleurit aux mois de juillet et d’août, par conséquent alors que l Ulex europœus a déjà développé et müri ses fruits. On la distingue de cette derniére espéce par sa fleur un peu plus petite, mais un peu moins que celle de l’ Ulex Gallii; par la forme et la position de ses bractéoles, qui, au lieu d’être largement ovales et appliquées contre le calice, sont linéai- res-aigués, très étroites, carénées sur le dos et naissant sur le pédon- cule bien au-dessous du calice; enfin ses fleurs manquent de bractées, ou plutót ces organes trés réduits donnent naissance par leur aisselle au pédoncule. En 1862, M. Taslé en trouva de nouveaux pieds à Kavénoé prés de Séné, et à Séréac prés de Muzillac (Morbihan), dont quelques-uns (1) Planchon, Ann. des sciences natur. série 3 (1849), t. XI, p. 218, tab. 9, et Van Houtte, Fl. des serres et jardins, t. V, p. 441, cum icon. (2) Webb, Ann. des sciences natur. série 3, t. XVII (1852), p. 288. (3) Willkomm et Lange, Prodr. Flore hispanicæ, Stuttgart, in-8°, t. III (1877), p. 446. (4) Le Gall, op. cit. p. 816. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 305 présentaient au-dessous de la grappe fleurie les restes desséchés d'une floraison d'hiver, avec tous les caractéres de la fleur et des bractéoles des- séchées propres à l'Ulex europœus. Il l’a décrite, comme variété de cette espèce, sous le nom de biferus. Sa note a été insérée dans les Nou- velles additions à la Flore du Morbihan, par Arrondeau (1). M. Mabille a retrouvé cette forme assez abondante au cap Fréhel et à Dahouet (Cótes-du-Nord). N'ayant sans doute pas eu connaissance des belles observations de M. Taslé, qui tranchent la question d'origine et de. la nature de cette forme, M. Mabille l'a décrite, trois ans aprés, comme espèce distincte, sous le nom d’Ulex armoricanus (2). Àu mois d'aoüt 1879, j'ai été assez heureux pour rencontrer, dans les haies et dans un petit bois au nord de Merville prés de Lorient, en so- ciété avec Ulex europeus muni de ses fruits mürs et l’Ulex Gallii en pleine floraison, cette plante de MM. Taslé et Mabille, présentant à la fois des fleurs et des fruits. J'ai pu reconnaitre l'exactitude des obser- vations de M. Taslé, sur les caractéres des bractéoles dans la floraison es- tivale, mais aussi les caractéres des bractéoles et des enveloppes florales de Ulex europœus de la floraison hivernale. Sur un pied, j'ai observé les deux floraisons isolées sur deux rameaux distincts et naissant de la méme branche : l'un était en fleur, l'autre en fruits mürs et enveloppés parles organes floraux desséchés. J'ai aussi observé d'autres pieds qui portaient fleurs et n'avaient pas accompli de floraison d'hiver. L'Uler armoricanus n'est donc pas, à proprement parler, une variété; Cest le produit d'une floraison anormale, une monstruosité physiologique. Revenons à l Ulex Gallii. Le 45 juillet 1874, j'ai rencontré dans les landes des environs de Port-Louis un pied de cette forme végétale, dont l'inflorescence en fleur présentait à sa base un fruit bien développé et déjà noir; il était encore entouré de ses enveloppes florales et de ses bractéoles desséchées, de tous points semblables à celles de l’Ulex europœus. En août 1879, à Merville prés de Lorient, j'ai trouvé une douzaine de pieds d'Ulez Gallii dont les grappes fleuries portaient au-dessous d'elles des fruits assez nombreux, présentant le méme déve- loppement, le méme degré de matura tion, les mêmes caractères des enveloppes desséchées qui caractérisent l'Ulex europœus. Cette forme n'est donc aussi que le résultat d'une floraison estivale de l'Ulex euro- peus, bien que l’Ulex Gallii ne montre le plus souvent que cette dernière floraison. Les caractéres iudiqués par les auteurs pour distinguer ces différentes formes sont généralement exacts, en ce qui concerne la configuration, la (1) Arrondeau, Bull. de la Soc. polymathique du Morbihan pour l'année 1863, p. 59. (2) Mabille, Ann. de la Soc. Linnéenne de Bordeaux pour l'année 1866, p. 534. T. XXVI. (SÉANCES) 20 306 SOCIÁTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. largeur relative des bractéoles et Jeur point d'insertion sur le pédoncule ; mais ils sont loin d’être constants, et, en cherchant bien, les exceptions ne sont pas très rares : on en observe sur le méme pied, sur la même grappe des Ule» europeus, Gallii et armorieauus, Sur l'Ulex Gallii, les bractéoles ne sont pas toujours ovales-aigués, elles sont quelquefois ovales-obtuses ou méme arrondies au sommet, On en rencontre cà et là qui s'écarlent plus ou moins de la base de la fleur. J'ai observé les mêmes faits sur une ou plusieurs fleurs d’une méme grappe d'Ulez nanus. Sur l'Ulex armoricanus, les bractéoles, ordinairement très étroites relativement au pédoncule, peuvent être aussi larges que lui et parfois sont appliquées contre la base de quelques fleurs, L'Uleæ europ&us montre de semblables variations. Sur un échantillon de cette espèce recueilli par moi, en avril 1834, dans un bois longoant la route de Paris, aux environs de Château-Thierry (1), et que je retrouve dans mon herbier, la plupart des bractéoles sont ovales-lancéolées aiguës, plus larges ou plus étroites que le pédoncule, les autres restant normales. Quelques semaines aprés, au bois de Meudon, j'ai récolté un échantillon de la méme espéce, sur lequel je constate à la fois l'existence de brac- téoles largement ovales, obtuses ou aiguës, appliquées sous la fleur, et d'autres lancéolées aiguës écartées d'elle, Sur un échantillon recueilli à Lorient en mai 1863, je trouve un certain nombre de bractéoles plus larges que longues, arrondies au sommet, écartées de la base de la fleur. Les bractéoles ne peuvent donc fournir de caractéres sérieux pour dis- tinguer les espèces de ce genre. L'Ulex europœus est très répandu dans les terrains siliceux d'une grande partie de la France ; il est surtout abondant dans sa moilié occi- dentale. Il est bien moins répandu dans la région méditerranéenne. En Corse, on ne l'indique qu'à Bastia et à Castagniccia, et Salis le dit rare ; il est nul en Sardaigne et en Sicile. En Espagne et en Portugal, on le ren- contre seulement dans les montagnes des provinces septentrionales, non loin de l'Océan. Il existe en Belgique et en Hollande, dans le nord-ouest de J'Allemagne. On le trouve encore en Danemark; il est commun dans les iles Britanniques. D'où vient donc que les deux formes signalées pour la première fois par MM. Le Gall et Taslé ne se rencontrent que dans le voisinage des côtes de l'Océan, tandis que leur type originel, l'Ulez europaus, est très répandu dans l'intérieur de la France? L'influence du climat maritime (1) On voyageait alors en diligence ; on montait les côtes à pied et l'on herhorisait lé long de la route : double plaisir pour les jambes engourdies et pour l'esprit, qui ne l'était pas moins. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 307 me parait en étre la véritable cause. On sait que, sur nos cótes, les pluies momentanées, connues sous Je nom'de grains, sont fréquentes, sur- tout pendant les matinées; que la température plus douce et plus égale n'arrête pas la végétation ; que ces deux causes, agissant sur des végétaux croissant sur un sol perméable et souvent humecté, doivent au con- traire l'activer. Tandis que les rameaux de l'année précédente se dispo- sent à fleurir, il s'en développe de nouveaux qui, aux mois d'aoüt et de septembre, entrent prématurément en floraison, Ce qu'il y a de certain, c’est que dans les années humides, comme celle de 1879, ces formes anormales se sont. montrées à moi en bien plus grand nombre que dans les années relativement sèches, L'une d'elles n'a pas été signalée jus- qu'ici en Irlande, ni en Angleterre; c'est l'Ulex armoricanus, du reste plus rare que l'Ulex Gallii. Il est probable qu'on l'y découvrira. Jam. Edw. Smith n'a connu ni l’un ni l’autre. Mais, dans la dernière édition de sa Flore d' Angleterre, je trouve une indication qui aurait pu le mettre sur la voie de cette double découverte. Ce savant botaniste signale, comme époque de floraison de l’Ulex europœus, le mois de mai, qui, sur nos côtes de Bretagne, est celui où cet Ajonc est en pleine fleur; il ajoute à cette indication ces mots : « And occasionally at all seasons » (1). Il nous semble probable, dés lors, que cette prolongation accidentelle dans la durée de la floraison, attribuée par lui à l'espéce type, tient à ce que l'Ulez Gallii, dont l'existence en Angleterre a été signalée depuis, et peut-être aussi l’Ulex armoricanus, ont été méconnus par lui. J'ignore si la floraison estivale de l Ulex Gallii produit des fruits mûrs. Cette question reste pour moi fort douteuse. Toutefois, Webb s'est assuré que ses ovaires sont pourvus de six ovules (2). Delalande s'exprime à ce sujet ainsi qu'il suit: « Je compléte cetle note en disant que, le 30 » mai 1849, il ne restait plus que quelques fruits sur les tiges; les » autres étaient déjà tombés, et la plus grande partie de ceux que j'ai » recueillis alors se sont ouverts avec élasticité, Les légumes avaient la » villosité et les dimensions de ceux de l'Ulex europæus; leurs graines » étaient semblables » (3). Il ne dit rien des caractères des bractéoles et des enveloppes florales desséchées ; cette constatation aurait une grande importance au point où nous avons conduit la question. | L'époque de la fructification, comme celle de la floraison, est variable dans l'Ulex europœus. Elle doit être successive, puisque la floraison elle-même l'est d'une manière remarquable. D'une autre part, l'époque de la fructification doit varier aussi suivant la température moyenne du (1) J. Edw. Smith, The English Flora, édit. 2. London, 1829, t. III, p. 264. (2) Webb, Ann. des sciences natur. sério 3, t. XVII (1852), p. 288. . (8) Delalande, Hoedic et Houat, histoire, mœurs, productions naturelles de ces deux iles du Morbihan. Nantes, 1890, in-8°, p. 112. 308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. printemps. Au mois d'août 1879, j'ai trouvé les fruits des Ulex europeus et Gallii exactement dans les mémes conditions de maturité : les uns étaient éclatés, les autres éclataient sous mes doigts ; enfin, j'ai pu en recueillir qui étaient complètement intacts et non complètement desséchés, le tout sur la méme grappe. Cette observation s'applique aussià la forme armoricana. J'ai recueilli des graines müres des trois formes et je me propose de les semer. Delalande et Gall, les seuls qui aient parlé de visu, des fruits de l’'Ulex Gallii, auraient-ils pris ceux de la dernière floraison hivernale pour ceux de la floraison estivale de l'année précé- dente? Ils auraient donc vu avant moi les faits que j'ai signalés et qu'ils ont mal interprétés. Cela me parait certain, d'aprés les observations que j'ai faites pendant mon séjour à Lorient et que j'ai rapportées plus haut. Les modifications si curieuses que l Ulex europaus a éprouvées, rela- tivement à l'amoindrissement de la fleur, à ses enveloppes florales et à ses bractéoles, par l'effet d'une seconde floraison accidentelle, n'en consti- tuent pas moins des faits dignes d'étre notés, et d'autant mieux que celles qu'avait constatées M. Taslé sur l Ulex armoricanus de M. Mabille sont analogues à celles que j'ai vues sur l’Ulex Gallii et donnent lieu à une méme conclusion. Il faut donc rayer ces deux formes anormales du nombre des espéces légitimes. M. Bonnet annonce à la Société que M. Richter, receveur princi- pal des douanes à Saint-Jean-Pied-de-Port, a découvert récemment, dans les environs de cette ville, trois plantes nouvelles pour la flore francaise : Adenostyles pyrenaica Lange, Cirsium | filipendu- lum Lange, et Armeria cantabrica Boiss. et Reut. Ces espèces, qui n'avaient encore été signalées qu'en Espagne, sont voisines des A. albifrons Rchb., Cirsium bulbosum L., et Armeria alpina. M. Bonnet fait remarquer, à ce propos, que, d’après MM. Willkomm et Lange, l'A. albifrons Rchb. n'existerait pas dans les Pyrénées, où il serait remplacé par VA. pyrenaica Lange. M. Prillieux fait la communication suivante : L'ANTHRACNOSE DE LA VIGNE OBSERVÉE DANS LE CENTRE DE LA FRANCE, par M. PRILLIEUX. On signale de tous cótés, depuis quelques années, dans les diverses con- trées de la France, des ravages causés dans les Vignes par des maladies qui jusqu'alors n'avaient guère attiré l'attention. C'est ainsi que la maladie SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 309 du Charbon, bien connue dans le Midi à l'époque où elle a été désignée par Fabre et Dunal sous le nom R Anthracnose (1), a été observée depuis dans bien des localités où elle existait sans doute déjà depuis fort long- temps, mais où elle était à peine connue, les noms que lui donnaient les vignerons variant d'un lieu à l'autre et n'ayant aucune valeur hors d'un territoire trés restreint, et le même mal étant en outre attribué à peu près au hasard aux causes les plus diverses: ici à des influences météorolo- giques, là à des insectes, ailleurs au sol ou à la culture. J'ai reconnu, il y a quelques années, l'Anthracnose dans les Vignes des environs de Vendóme, en y cherchant le Phylloxera (2). Là cette maladie est connue sous le nom de Vignes à feuilles d'Ortie ; à quelques lieues de là, à Montoire et aussi en Sologne, on l'appellele Tacon. Il est à peu prés certain que l’Anthracnose est répandue sous les noms les plus divers, mais avec des caractéres identiques, non-seulement dans les vignobles du midi de l'Europe, depuis le Portugal (3) jusqu'à la Grèce (4), mais aussi dans ceux de la Suisse et de l'Allemagne. Là elle a été signalée il y a plus de quarante ans dans les environs de Berlin, sous le nom de petite Vérole de la Vigne (5). Aujourd'hui, c’est le plus souvent sous la dénomination de Brüleur noir (Brenner) que la maladie est désignée dans les ouvrages récents des auteurs allemands (6). Le Brüleur noir des Vignes d'Alsace a été l'objet d'une excellente étude de M. de Bary (7); c'est à lui que l'on doit la première connaissance pré- cise du Champignon qui produit la maladie, et la preuve expérimentale que c'est bien le parasite végétal qui est la cause du mal. M. R. Goethe a récemment publié sur le méme sujet (8) un mémoire dans lequel il confirme en général les observations de M. de Dary, mémoire qui a le (1) Observations sur les maladies régnantes de la Vigne, par M. Esprit Fabre, d'Agde, mises au jour par M. Félix Dunal (extrait des Bulletins de la Société d'agriculture de l'Hérault, 1853), p. 29. M. de Bary remplace le mot Anthracnose par celui d'Anthracose (Bot. Zeit. 1879, P. 487). La forme Anthracnose lui semble absolument irrégulière, et il suppose qu'elle peut provenir primitivement d'une simple faute d'impression, C'est une erreur; on lit en effet dans le mémoire écrit par Dunal (loc. cif.) : « J'ai substitué au mot Charbon celui d'Anthracnose (avipaë, charbon et vósoc, maladie), qui a la méme signification. » (2) Comptes rendus Acad. des sc. 1877, t. LXXXV, p. 533 (en note). (3) Voyez note de M. Planchon, dansla Vigne américaine, revue publiée par MM. Robin et Pulliat, sous la direction de M. J.-E. Planchon (1879, p. 27). (4) Des échantillons de Vignes anthracnosées provenant de Grèce ont été soumis celte année à l'examen de M. Cornu, qui en a fait l'objet d'une étude spéciale. (5) Schweinspockenkrankheit (voy. Meyen, Pflansen-Pathologie, Berlin, 1841, p. 204). (6) Voy. Sorauer, Die Obstbaumkrankheiten. Berlin, 1879, n° 155. — On verra en cutre, plus loin, dans quel sens M. de Thümen vient de reprendre le nom de Variole, « Pocken », à l'imitation du mot « Vajuolo », usité en Italie. (7) De Bary, Ueber den sogenannten Brenner (Pech.) der Reben (Bot. Zeit. 1874, P- 451; aus den Annalen der Œnologie, IV Bd. 2. Heft). (8) R. Gœthe, Mittheilungen über den schwarzen Brenner. Berlin-Leipzig, 1878. 310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mérite particulier d’être accompagné de planches qui donnerit à l'exposé des faits une netteté et une précision que la meilleure description ne saurait complétement remplacer. La maladie charbonneuse des Vignes a été examinée en Italie par divers savants et en particulier par M. Passerini (1) et par M. Saccardo (2), qui ont donné du petit parasite qui la produit des descriptions qu'il est assez difficile de concilier. En France, l'Anthracnose des environs de Narbonne a été l'objet, de la part de M. Max. Cornu, d'études suivies, mais dont il n'a été encore publié que d'assez courts extraits (3). Malgré l'autorité de tous ces travaux, il régne encore bien de l'obscurité touchant l'organisation et la nature du petit parasite qui a été tour à tour désigné sous les noms de Sphaceloma ampelinum par M. de Bary (4), de Ramularia ampelophaga par M. Passerini (5), de Phoma uvicola par M. Arcangeli (6), de Glæosporium ampelophügum pat M. Saccardo (7), et qui, selon M. Max. Cornu (8), « semblerait rentrer dans les genres Phyllosticta ou Depazea, ou bien pourrait être décrit sous le nom de Phoma ». J'ai eu occasion d'étudier à mon tour des Vignes attaquées de l'Anthrac- nose, l'an dernier, au voisinage de Paris, à Avon, prés Fontainebleau, où quelques pieds de Chasselas étaient assez fortement átteints, et celte année dans les champs des environs de Vendóme et sur plusieurs autres points du méme arrondissement. Je me propose de présefiter dés maintenant à la Société, sous une forme concisé, quelques résiltáts d'observations que jé me propose de publier plus tard avéc plus de développetnents. $ 1. — Les caractères généraux de l'Anthraenose sont très frappants, trés nettement marqués et bien connus maintenant. Ils consistent en taches d'un brun noirátre au pourtour,un peu déprimées au milieu et, là, colorées le plus souvent en gris tourterelle, quand elles ne sont pas encore trés vieilles. Ges taches se montrent en grand nombre, aussi bien sur les sarments, les vrilles et les feuilles que sur les grains; elles sont péné- trantes et rongent profondément les places où elles se développent ; elles (4) Passerini, La Nebbid del Moscatello. Parma, 1876. (2) Saccardo, Il vajuolo della Vite, in Revista di viticoltura ed enologia italiana, 1877, p. 494, traduit en allemand par M. de Thüien dans Wiener landwirthschaftl. Zeit. 1878, n° 1, et cité dans son mémoire : Die Pocken der Weinstockes. (3) complies rendus Acad. des sciences, t. LXXXV (1877), p. 208 (Hull. Soc. bol. 1877 et . (4) Loc. cit. (5) Loc. cit. (6) Nuovo Giornale botanico italiano, IX, 1877. (7) Loc. cit. (8) Comptes rendus Acad. des sciences, t. LXXXV, p. 209. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 314 s'agrandissent aussi par leur pourtour, de facon à se confondre souvent avec les taches voisines. Les feuilles sont percées à jour; les sarments, désorganisés parfois jusqu'à la moelle, présentent de larges plaies noires et béantes qu’entourent des bourrelets tuméfiés ; l'extrémité des rameaux meurt et devient noire comme si elle avait été carbonisée. Les grains crèvent souvent, ou bien tombent sans pouvoir se développer, quand ils ont été attaqués de bonne heure par la maladie. La couleur noire des jeunes sarments tués par l'Anthracnose explique bien les noms de Charbon, de Brüleur noir, etc., que l'on a commu- nément donnés à la maladie; mais rien ne parait tout d'abord justifier la dénomination singuliére de Vigne à feuilles d'Ortie, sous laquelle l'An- thraenose est désignée par les vignerons du Vendômois. Les feuilles jeunes, attaquées par les taches rongeantes de l'Anthracnose sont, il est vrai, trés altérées dans leur forme; leur croissance est entravée par pláées, et quatid elles ont grandi, elles se montrent contournées, gaufrées et déchirées de la façon la plus irrégulière, mais elles ne présentent pas pour cela plus de ressemblance avec les feuilles de l'Ürtie. En par- Couraht des Vignes fortement attaquées, j'ai trouvé çà et là quelques pieds d'un aspect fort singulier et qui tn'ont donné le mot de l'énigme. Aleihts sans doute depuis plusieurs années, les ceps avaient été am- putés trés énergiquement par le vigneron qui avait tenté d'enlever tout le bois malade ; ils ne portaient plus que quelques pousses chétives sur lesquellés on voyait encore des taches d'Anthracnose, et dont tout le feuillage était des plus étranges. Les feuilles, très réduites de taille, d’un vert pâle, n'avaient plus la moindre ressemblance avec les feuilles de Vigne normale : très profondément dentées ou incisées, à dents en scie très aiguës, acuminées, elles variaient beaucoup de forme entre elles; les plus petites étaient souvent cunéiformes ; le plus grand nombre à peu prés orbiculaires; telles qui étaient terminées en pointe présentaient cer- táineitient parfois une singulière ressemblance avec des feuilles d'Ortie, Du rèste, de tels cas de déformation du feuillage des Vignes attaquées Par l’Anthracnose ne se reneontrent que fort rarement dansles vignobles. Les vignerons arrachent d'ordinaire les ceps avant qu'ils soient réduits à cèt état extréme d'épuisement, car ils les regardent trés justement comme Perdus sans ressouree depuis longtemps, et ils n'attendent pas qu'ils Soient morts pour les enlever. Aussi la plupart des pieds qui m'avaient fourni de très remarquables échantillons, à la fin du mois de juin, avaient dispáru au mois d'août. $ 2. — On trouve en abondance, sur les plaies d’Anthracnose, des spores du Champignon qui les produit. On peut en recueillir aisément un grand nombre en faisant baigner les plaies dans des gouttes d'eau ; au bout de quelques minutes, on peut observer, en suspension dans le liquide, de 312 SOCIÉTÉ ROTANIQUE DE FRANCE. grandes quantités de petites spores qui sont incolores, transparentes, oblongues, et contiennent à leur intérieur de petits points réfringents, le plus souvent au nombre de deux. M. de Bary a montré que l'on peut infecter les Vignes saines avec une telle goulte d'eau remplie de spores ; M. R. Gothe a répété l'expérience avec succès. Les spores germent dans l’eau très facilement et très vite, sur une lame de verre; on remarque alors que l’accès de l'air est nécessaire à la ger- mination. La goutte d'eau étant couverte d'un verre mince, on voit au bout de deux jours, sur la méme préparation, des exemples des divers degrés de développement des germinations, à partir du bord de la lame mince, où les petites plantes forment une étoile de filaments ramifiés, jusqu'au centre où les spores n'ont pas commencé à germer ou ont à peine produit de faibles prolongements à leurs extrémités. L'examen du Champignon qui porte ces spores est beaucoup plus dif- ficile; l'excessive petitesse du parasite et sa situation au milieu de tissus nécrosés, noirs et opaques expliquent le désaccord qu'il y a entre les observateurs et le peu de précision de plus d'une observation. Je ne m'occuperai d'abord que de la forme du Champignon que l'on trouve à la surface des plaies anthracnosées, et qui est, je crois, celle pour laquelle M. de Bary a proposé le nom de Sphaceloma. Je regrette beau- coup que l'éminent professeur n'ait pas publié de dessin de son Sphace- loma ; si la figure qu'en donne M. Gœthe répondait exaclement à ce qu'a vu M. de Bary (il me reste beaucoup de doute sur ce point), notre Anthracnose de France ne serait pas identique au Brüleur noir des Alle- mands. M. de Bary s'exprime dans des termes que je crois traduire exactement ainsi : « Les filaments du Champignon s'étendent d'abord dans l'épaisse paroi externe des cellules épidermiques, parallélement à la surface. Plus tard leurs ramifications paraissentaussi à la surface, y forment des pelotes serrées (1), d’où s'élèvent, perpendiculairement à l'épiderme attaqué, des ramuscules courts et pointus, serrés les uns contre les autres et unis en petits bouquets ; de leur extrémité se détachent de petites spores oblongues cylindriques.... » M. R. Gothe parait penser qu'il ne s'éloigne pas de la maniére de voir de M. de Bary (dans le laboratoire duquel il a travaillé et à qui il dédie son livre), quand il dit : des filaments de Champignon du tissu de la plaie « s'élévent de petits cónes, formés aussi de filaments de Champiguon, du sommet desquels des spores se détachent en grand nombre »; et il ajoute wow o ;!Ào2 y (1) Dichte Knüuel, dans une traduction francaise de ce passage qui est cité dans le travail de M. Goethe (la Vigne américaine, 1879, p. 51). M. Reich écrit « pelotes per- forées », ce qui est certainement une erreur. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 313 que de nouvelles recherches seraient nécessaires pour décider si un fila- ment de Champignon produit une ou plusieurs spores. Un dessin (fig. 2, pl. 1) représente plusieurs de ces « cônes », dont la surface est couverte de filaments sinueux. Est-ce là ce que M. de Bary a désigné comme des « pelotes serrées » ? J'en doute. En tout cas, ce que j'ai vu n'est pas con- ciliable avec l'opinion trés nettement exprimée de M. Goethe. De nombreuses coupes faites à plusieurs reprises et à un an d'inter- valle sur des plaies de Vignes anthracnosées, à Avon, prés Fontainebleau, sur des Chasselas, et dans le Vendómois sur divers cépages, m'ont toujours fait voir les spores oblongues et telles que les a figurées M. Goethe, por- tées à l'extrémité terminée en pointe (stérigmate) de cellules larges à la base et qui sont à peu prés piriformes ou coniques (basides). Ces cellules sporiféres forment une lame de tissu qui se développe au-dessous de la cuticule, à travers les lambeaux de laquelle elles apparaissent dans les taches jeunes, ou bien sont l'assise superficielle d'un tissu (stroma) formé de cellules courtes qui peut, dans les plaies un peu âgées, présenter une épaisseur considérable. En comparant les figures publiées par M. Gæthe avec mes préparations, j'ai été amené à penser que cet observateur, qui a donné des dessins très sincères bien qu'imparfaits, a considéré comme des filaments sinueux des rides de la cuticule dont les lambeaux recou- vraient les petits cónes formés de quelques basides accolés. Quant à moi, je n'ai jamais vu de véritables filaments du Champignon parasite à la sur- face des plaies, mais seulement des cellules courtes ou parfois très faible- ` ment allongées. Ces cellules peuvent ne former qu'une mince lame ou seulement méme quelques petits groupes crevant la cuticule à la surface des taches; mais dans les plaies profondément corrodées on les voit Souvent constituer une masse profonde pénétrant au milieu des tissus nécrosés. On ne trouve de véritables filaments qu'à l'intérieur des cellules; au voisinage des plaies, au delà des tissus morts et bruns, on voit, dans le bois encore vivant, les parois des fibres et des cellules de parenchyme , ligneux couvertes d'un véritable feutrage de filaments d'une trés grande ténuité. Les cellules normalement courtes du Champignon, qui se développent hors des cellules de la plante nourricière et portent des spores à la sur- face des plaies, peuvent, sous l'influence d’une humidité persistante, s'al- longer en tubes. Je crois avoir constaté que, selon les conditions extérieures dans les- quelles il se développe, le Champignon de l’Anthracnose peut présenter des formes très différentes. Souvent on voit sur des taches portées par des sarments ou des grappes que l'on conserve, pour l'étude, dans une atmosphère humide, dans une boite à botanique par exemple, des filaments blanes dressés, simples ou parfois ramifiés, formés soit d'une seule cel- 314 sOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lule allongée, soit d'une série dé cellules en file, et qui souvent portent à leur sommet une spore qui se délache comme celles que portent les basides piriformes ét qui ressemble beaucoup à celles-ci. On doit hésiter à y voir une forme particulière du parasite qui cause l'Anthracnose, et craindre que des végétations aceidentelles ne se soient développées dans les conditions exéeptionnellement favorables à leur végétation ; cependant j'ai observé de telles transitions entre les courtes basides et les longs fila- tients simples ou rameux &poriféres à leur sommet, que je crois devoir les considérer seulement comm des formes différentes dues à l'influence du milieu. J'ai obténu les filaments sporiferes que j'ai dessinés dans les conditions suivantes : j'observais d'abord, sur üne des táéhes d'un rameau anthracnosé qué je venais dé eueillir dans les Vignes, des frueti- fications portées par des basides piriformes sans mélange appréciable de végétation étrangère, puis jé plaçais lé même rámeau dans un bocal de verré, fermé au fond duquel j'avais mis un peu d'eau: au bout de quelques jours, les taches étaient couvertes de filaments plus ou moins allongés, parfois un peu épaissis à là basé, et dans lesquels il me semblait difficile dé ne pas voir des basides trés allongées. La formé normale, à basides courtes, du Champignon de l'Anthraenose du centre dé là Fránce mé paratt se rapporter exactement à là description donnée par M. Saccardo du Champignon qui causé le « Vajuolo » des Vignes d'Italie et qu'il a désigné du nom de Gloosporium ampelophagum, et je ne doute pas que ¢è ne soit lé méme parasite qui produit l'Anthrac- nose de nos Vignes, bien qué M. Sacéardo ne lait observé que sur les raisins et qu'il ne lait jamais trouvé, ni sur lès rameaux, ni sur les feuilles. Il én èst tout autrement dans nos Vignes, bien certainement; cependant . la présence habituelle dü Champignon sur tous les organes de la Vigne dàns notré pays ne doit pas détourner d'admettre l'identité dé l'Anthrac- nose et du Vajuolo; car, méme en Italie, M. Passerini à vu le Champignon qu'il à désigné sôus le nom de Rémularia ámpelophaga, et qui, d'après l'avis dé M. Sáecardo lui-même, n'est pas autre qué son Glargsporium, sut les sarments et sur les feuilles aussi bien que sur les grappes. J'adiettrai sans discussion et sous toute réserve lé nom de Giæospo- rium ampelophagumSace. , pouf indiquer le parasite de l'Anthraenose des Vighes françaises et italiennes, Y a-t-il identité complète entre l'Anthrae- nose et le Brüleur noir des Allemands? Le Gloosporium atpelophagum doit-il ètre confondu avee le Sphaeelomd ampelinum de By.? Gela me paraît trés probable. Les différences que j'ai signalées entre mes observations et celles de M. de Báry, ou plutôt de M. Gtthe, sont bien légères et ne portent que sur un point trés délicat et difficile à observer; pour tout le reste, H y à similitude absolue, à cé qu'il semble : l'aspeet des plaies, la forme des spores; à en jüger par les descriptions et les figures publiées, paraissent les SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 815 mêmes: Cependant M. de Thümen soutient l'opinion contraire; il re- garde le Glæosporium ampelophagum Sacc. comme entièrement différent du Sphaceloma ampelinum de By. Dans un mémoire que je reçois à l’in- Stant et qui est daté de l'année prochaine (1), il désigne sous le nom de Variole des Vignes « Pocken des Weinstockes » la maladie causée dans le sud du territoire de l'empire d'Autriche par le Glæosporium : c'est la traduction du terme Vajwolo que porte le mal dans la haute Italie. La Variole] des Vignes (de Thümen) serait donc identique àl Anthracnose; elle se distinguerait, selon M. de Thümen, du Brüleur noir par les carac- tères suivants (2) : dans la Variole, les taches sont en forme de disque, tandis que dans le Brüleur noir elles sont déprimées dés l'origine; en outre, dans cette derniére maladie, les taches sont toujours brunes, et jamais d'un gris rosé clair. Dans l’Anthracnose dà au méme Glæosporium, j'ai vu les taches dés primées ; quant à la couleur des taches, elle me parait assez variable: elle peut être soit brune, soit grisâtre, selon l’état de développement du Champignon. Ces caractères différentiels ont donc bien peu de valeur; mais on posséderait, selon M. Thümen, dans la grosseur des spores, qui serait autre pour le Glæosporium que pour le Sphacelomdá, un moyen certain de distinguer les deux parasites : les spores du premier seraient deux fois plus grosses que celles du second; la longueur des spores du Glæosporium étant de 5 à 6 micromillimétres, tandis que celle des spores du Sphaceloma ne dépasserait pas 5 à 3 micromillimètres. La tàille in- diquée pour la longueur des spores du Glæosporiuth correspond bien à ce que j'ai observé, bien que je n'aie jamais vu des spores en forme de poire, comme les figure M. de Thümen; elles ressemblent au contraife bien plus exactement à celles de Sphaceloma qu'a figurées M. Goethe. Il est à regretter que cet observateur n'ait pas joint à ses planches d'expli- cation, et qu'il n'indique pas à quel grossissément ses figures ont été dessinées, Du reste, il convient de noter d'autre part que M. dé Thünten, eh attribuant, dans son livré sur les Ghuinpignons de la Vigne (3); une longueur de 2, 3 à 5 micromillimètres, aux spores du Sphaceloma dm- pelinum, reconnait qu'il n'a pas eu de matétíaux frais à sa disposition, ce qui diminue quelque peu la sûreté de l'observation; en eutre, les figures qu'il en donne paraissent tout à fait imparfaites (4), et l'inditatien du grossissement n'est pas non plus marquée. Les dessins publiés par M. de Thümen, dans son récent rénibire sur la (t): Die Pocken des Weinstoikes, Wiéń, 1880. al Loc. cit. p. 6. (8) Die Pilzė des Weinstóckes. Wiën, 1818, P. TS (4) Loc. cit. tab. 1, fig. 1. 316 SOCIÉTÉ: BOTANIQUE 'DE FRANCE. Variole des Vignes, ne peuvent pas donner une idée exacte de l'Anthrac- nose, et ils ne me paraissent pas de nature à fournir des éléments utiles à la solution de la question en litige. $ 3. — Toutes les fois que j'ai imbibé d'eau des plaies profondes d'An- thracnose pour recueillir des spores de Glæosporium, et aussitôt dans presque toutes les coupes que j'ai faites, soit des taches des grains, soit de celles des sarments, des vrilles, etc., j'ai toujours observé en suspension dans l'eau, à côté des spores de Glæosporium, ou bien à la surface ou dans la profondeur des tissus nécrosés, d'autres productions qui n'ont pas, à ma connaissance, été signalées jusqu'ici, bien que leur présence m'ait paru aussi constante sur les plaies anthracenosées que les spores mêmes du Glæosporium. Ce sont des myriades de corpuscules d'une excessive ténuité, globuleux, incolores, trés réfringents, paraissant mucilagineux à l'intérieur et qui ont absolument l'apparence de ces Bactéries sphériques que l’on désigne sous le nom de Micrococcus. Le plus souvent on en trouve à la surface des plaies, réunis en masses gélatineuses comme dans la forme. Zooglea. On voit trés fréquemment aussi de ces corpuscules sortant de dessous la euticule déchirée, ou formant des masses blanches et opaques dans les gros vaisseaux ou dans les espaces qui se sont formés au milieu du tissu nécrosé. L'extréme petitesse de ces corps qui, à un grossissement de 900 dia- mètres, n'apparaissent encore que comme de petits points réfringents, rend fort difficiles les recherches à faire pour déterminer leur origine et leur véritable nature. J'ai cherché à reconnaitre si l'on devait les considérer comme de trés fines spores, des spermaties produites par le Glæospo- rium. J'ai cru plus d'une fois en observer la germination, les corpus- cules globuleux s'étant changés, à ce qu'il semblait, en corpuscules fili- formes : cependant mes observations ne sont pas assez précises pour que jen puisse tirer des conclusions positives. Il semble plus probable que ces si petits corps globuleux sont bien en réalité des organismes étrangers au Glæosporium, que ce sont de véritables Micrococcus qui se développent en grande abondance au milieu des tissus que le Glæosporium fait mourir. On sait avec quelle énergie les Micrococcus corrodent les tissus organiques ; leur présence dans les plaies doit singulièrement hâter la désorganisation des tissus nécrosés. $ 4. — Un des plus intéressants problémes qui se rattachent à l'étude de l’Anthracnose, consiste à déterminer si cette maladie est identique ou non au Hot noir des Américains. Le Rot, qui parait présenter beaucoup d'analogie, au moins d'aspect, avec l'Anthracnose, a été attribué à un Phoma qui a été nommé par MM. Ber- keley et Curtis Phoma uvicola. M. de Bary, dans son excellente note, si SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1872, 317 riche en observations et en aperçus nouveaux (1), a signalé la présence, dans les tissus des plaies àgées du Brüleur noir, de conceptacles enfoncés au-dessous de l'épiderme et semblables à ceux qui caractérisent les formes désignées sous le nom de Cytispora et Nemaspora. Il se demande si ce ne serait pas un produit du développement du Champignon qu'il désigne sous le nom de Sphaceloma. Il pose la question, mais ne pense pas qu'elle doive étre résolue affirmativement. Cependant, un peu plus loin (2), il agite la question de savoir si l'on peut regarder le Brüleur noir comme identique au Black Rot de l'Amérique du Nord, et si l'on doit penser que la maladie des Vignes d'Europe vient de ce pays; et alors il rappelle que le Champignon que M. Engelmann considére comme la cause du Rot, et qu'il a désigné d'abord sous le nom de Nemaspora ampelina (3), pour- rait bien étre identique à la forme qu'il a reconnue dans les taches an- ciennes du Brüleur, comme Cytispora ou Nemaspora, et dont les rela- tions avec la cause de la maladie lui paraissent douteuses. Touten attirant l'attention sur la possibilité de rapport entre ces diverses formes, il se tient sur la plus grande réserve. M. Cornu, dans sa Note sur l'Anthracnose des vignobles du Narbonnais, n'hésite pas à considérer comme des pycnides du Champignon parasite qui produit des touffes de filaments sporiféres sur les taches noires, les petits conceptacles qu'il a observés, non plus dans les taches ágées des rameaux, comme M. de Bary, mais sur les grains, c'est-à-dire dans la situation où se produit le Phoma uvicola dans les Vignes américaines. Dans son opinion, il parait y avoir identité entre le Champignon de l'An- thracnose et celui du Hot (4). M. Planchon parait incliner aussi vers cette manière de voir, sans se prononcer cependant d'une manière positive (5). M. R. Goethe, dans son récent mémoire sur le Brüleur noir, a revu et figuré les conceptacles dont M. de Bary avait signalé la présence sur les bords des plaies anciennes du Brüleur noir, et il les donne sans la moindre hésitation comme des pycnides, fructifications hibernales du Sphaceloma ampelinum de By., mais il ne s'occupe pas spécialement des rapports qu'on leur attribue avec le Phoma du Rot des Américains. Je n'ai été à méme d'observer jusqu'ici qu'un trés petit nombre de ces (1) Bot. Zeit. 1874, p. 453. (2) lbid. p. 454. (3) C'est, de l'avis même de M. Engelmann, le Phoma uvicola Berk. et Curt. (voyez Planchon, Vignes américaines, p. 55). (4) M. Portes, qui a fait de l'Anthraenose le sujet d'une thèse soutenue à l'École de Pharmacie cette année (1879), propose de désigner la forme européenne comme variété 1879 la dénomination de Phoma uvicola var. Cornui (De l'Anthracnose, thèse, Paris, » p. 48). ` (5) La Vigne américaine, 1879, p. 25, en note. 348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. fructifications’ naissant dans les profondeurs des tissus nécrosés par l'Antliraenose. J'espère compléter bientôt cette étude: probablement, la saison s'avançant, j'en trouverai un plus grand nombre sur les rameaux à l'état hibernal, Mais, dés à présent, le peu que j'ai vu me fournit un objet trés intéressant de comparaison avec la Phoma uvicola Berk, et Curt; des Vignes américaines. . li ái pu observer le Champignon du Rot sur des échantillons secs prove- nantes collections de M, Thümen (Pilze des Weinstockes). Les grains atta- qués appartenaient, les uns à l'Herbemont Madeira ( Vitis estivalis Mchx.), et provenaient probablement de la Caroline du Sud, envoyés par M. Ra- venil (1); les autres au Clinton, et avaient été adressés à M. de Thümen, en 1877, de Newfield (New Jersey), par M. J, D. Ellis (2). Bien que les fruc- tifications nesoient pas à l'état da complète maturité, il y a une telle dif- férence de taille entre elles et les pyenides du Ghampignon de l’Anthrac- nose (3), qu'il me semble absolument impossible de les considérer comme identiques. Les fructifications du Champignon du Rot sont quatre fois . plus volumineuses que celles de l’Anthracnose. . Cette comparaison me paraît de nature à détruire le principal argu- ment en faveur de la provenance américaine de l’Anthracnose, et à prouver qu'il n'y a pas, comme on l'a supposé, identité entre le Glæo- sporium ampelophagum Sace., ou le Sphaceloma empelinum de By. et le Phoma uvicela Berk. et Curt. . 8$ 9. — Ce que l'on sait du passé de l'Anthracnose en France n'est pas non plus favorable à l'hypothése d'une importation américaine ; car l'introduction des Vignes américaines est récente, et des témoignages certains montrent que Texistence de l’Anthracnose en Europe, et en particulier en France, est déjà ancienne, En 1835, elle ravageait les Vignes des onvirons de Berlin, et en particulier les treilles des terrasses de Sans-Souci; en 1853, Dunal et Fabre d’Agde en parlaient comme d’une maladie répandue depuis longtemps dans le pays. J'ai moi-même recueilli à Vendôme un témoignage intéressant d’où il résulte que le mal était connu dans le pays et combattu déjà il y a un siècle. Un vieux vigneron (M. Bre- ton).m'a fait connaître un remède qu'il emploie non sans sans succès, à ce qu'il assure, pour combattre l'Anthracnose, et qu'il tient par tradition de famille d'un vigneron des moines de la Trinité de Vendôme. L'emploi du remède remonte donc à une époque antérieure à la Révolution française. Il n'y a donc pas de témérité à dire que la maladie était répandue aux environs de Vendôme il y a cent ans, et il me paraît bien certain qu'à (1) Die Pilae der Weinstockes, Wien, 1818, p. 16. (2) Ibid. nov. var. Labruscæ Thüm. (3) J'emploie ces termes sous toute réserve, n'ayant pu les étudier jusqu'ici d'une façon suffisante. SÉANGE DU 14 NOVEMBRE 1879, 319 cette époque il n'y avait pas un seul pied de Vigne américaine dans le pays. Quant au remède même, il n'est pas sans analogie avec celui qui vient d'être proposé par M. Schnorf (1), M. Schnorf dit avoir trés utilement combattu l'Anthracnose en frottant les sarments avec un chiffon trempé dans une solutiun de sulfate de fer, Le remède du vigneron des moines dela Trinité de Vendôme consiste à verser du. fort vinaigre sur de la terre rouge, ocreuse, jusqu'à ce que l'effervescence aitcessé et que la terre soit imbibée de vinaigre; puis on remplit toutes les plaies ulcérées des ceps et des sarments anthracnosés avec cette terre molle imprégnée d'acétate de fer, Ici l'acétate de fer remplacerait le sulfate de fer em- ployé par M. Schnorf. de wai pas de données suffisantes pour apprécier la valeur de ce remède, et je crois son efficacité assez limitée; en le citant, j'ai voulu seulement établir que l'Anthracnose, caractérisée par ses plaies péné- trantes, existait déjà aux environs de Vendôme bien avant qu'on y ait porté le premier pied de Vigne américaine. . À la suite de la communication de M, Prillieux, M, Cornu pré- sente les observations suivantes : + Je saisis l'occasion qui m'est offerte, dans les circonstances présentes, pour dire quelques mots de l'Anthracnose, sur laquelle j'ai rassemblé un certain nombre d'observations qui seront probablement un jour commu- niquées à la Société. Tout d'abord me sera-t-il permis de répondre à une observation de M. de Bary dans une note insérée dans le Botanische Zeitung de cette année, à propos de la citation bibliographique de mon travail sur l'An- thracnose (2)? Il fait remarquer que la formation régulière du mot est Anthracose; c'est sous ce nom, employé d'ailleurs en Grèce autrefois, que plusieurs travaux allemands et autres ont mentionné l'importante maladie des Vignes dont il vient d'étre question. Or, le nom dont nous nous servons en France n'est pas emprunté à une expression ancienne, mais il est dà à Fabre et Dunal (1853) ; nous le conserverons tel qu'il à été formé, à l'aide des mots 4#paë, charbon, et vécoc, maladie. Ce mot de « maladie » n'est pas à rejeter comme inutile, puisque les auteurs du nom l'ont adopté, que d'autres l'ont gardé depuis; nous ferons donc 4) Un remède radical contre l'Anthracnose (la Vigne américaine, 1879, n° 5, p. 100), traduction française, par M. Reich, d'un article publié dans le Schweiser Monatschrift für Obst- und Weinbau, 1878, IX, 155. (2) Bull. Soc. bot. 1878, t: XXV, p. 227. 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. comme MM. Planchon, Marès et tous les viticulteurs français en général depuis longtemps : le radical vózo;, du reste, n’est pas inconnu en France, et une partie spéciale de la botanique en tire son appellation (1). Quoique le nom soit adopté par tout le monde dans notre pays, ce n'est pas à dire pour cela que la maladie actuelle soit bien dûment et réel- lement celle qui a été décrite par Fabre et Dunal. M. Prillieux vient de nous dire qu'il y avait évidemment plusieurs choses confondues jadis par: eux, et cela semble trés probable ; quant à des observations remontant à la première Révolution, ce ne serait pas les plus anciennes : si l'on admet l'opinion soutenue par plusieurs personnes, notre anthracnose ne serait autre chose que le xoz«6o; de Théophraste. C'est sans doute remonter un peu haut. M. Prillieux lira avec intérêt la brochure publiée sur l’Anthracnose par un de nos éléves du Muséum, M. Portes, qui a rassemblé un grand nombre de documents relatifs à la question et des renseignements bibliographiques nombreux ; il s'est mis en relation avec plusieurs botanistes italiens appar- tenant au laboratoire de M. le docteur Santo-Garóvaglio, dont quelques- uns ont eu l'extréme obligeance de m'envoyer leurs brochures. On a beaucoup écrit sur cette question, notamment en Italie, où le mal sévit avec intensité. : Il sévit de méme en Gréce, et le mois dernier le gouvernement grec a remis à l'Académie des sciences un certain nombre de bocaux de pro- venances diverses de son territoire, avec priére de les faire examiner. M. Dumas a bien voulu nous les confier, à M. Portes et à moi, et nous avons remis les éléments d'un rapport qui a été transmis au gouvernement. L'envoi de Vignes était accompagné d'un mémoire fort bien fait par un savant du pays, M. Gennadios, et rempli d'utiles indications; la production du raisin de Corinthe, l'une des sources des revenus du pays, serait un peu atteinte par cette affection. J'ai cru devoir annexer à notre rapport un dessin du Champignon lui- méme, dont je ne connais pas jusqu'à présent de figures suffisamment nettes. M. Prillieux vient de nous dire qu'il n'avait pu voir que des spores naissantes, sessiles sur de trés courts stérigmales ; on peul y voir autre chose. En étudiant avec soin un trés grand nombre d'échantillons, j'ai pu, dans certains cas, reconnaître la disposition réelle des filaments sporifères, disposition masquée par le feutrage très dense et très serré qu'ils forment. Les spores naissent en réalité sur de courts arbuscules conidiophores, qui ont la constitution des filaments porteurs de spermaties ; de courts rameaux se détachent à droite et à gauche d’un autre filament qui forme (1) Nosologie vegetale, maladies des plantes (Duchartre, Eléments, ?* édit. p. 3). SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1879. 324 laxe : la situation des conidies du Xylaria Hypoxylon donnerait un exemple de tissu sporifére analogue. La grande ténuité des filaments et leur condensation extrême rendent cette disposition assez difficile à voir ; mais elle est fort semblable à celle de la majorité des spermaties ; M. Prillieux le reconnaîtra aisément. Je n'ai point apercu les Micrococcus dont il parle et qui seraient en- gendrés par les filaments de l'hypha, filaments fort difficiles à voir d'ail- leurs au milieu des cellules malades qui se subérisent, brunissent et se segmentent assez généralement à leur contact. Depuis la note publiée dans le Bulletin sur l'anatomie des lésions, j'ai recu assez souvent, soit directement, soit par des intermédiaires ou à titre de consultations, des échantillons d'Anthracnose dont quelques-uns se montraient dans un remarquable état de développement; ‘les plus luxu- riants ont été ceux qui avaient été envoyés par le gouvernement grec. Entre autres envois, j'en airecu de fort beaux de notre confrére M. Kra- lik, qui à plusieurs reprises m'a fourni des détails sur ses Vignes de Tresserve (par Aix-les-Bains). M. Pernet de Dóle, avec beaucoup de complai- sance, m'a adressé très souvent de beaux échantillons; j'en ai reçu aussi de Nevers et de Fontainebleau par l'entremise obligeante de M. Couanon ; de Verdun, de Metz, de Bourgogne, de Saóne-et-Loire, etc., par M. Car- riére, dont les relations sont fort étendues et qui les met toujours au ser- vice de la science. J'ai enfin recu communication par M. Portes d'une altérations péciale de la Vigne, qui pourrait étre le premier début de l'Anthracnose sur des sarments encore tendres et vigoureux : ces fragments ont été envoyés d'Algérie. On voit que la maladie est trés généralisée en France, et malgré cela la forme parfaite du Champignon n'a pas encore été observée. J'ai rencontré le premier la forme pycnidienne, qui fut décrite dans une note qui a paru aux Comptes rendus de l'Académie des sciences (1) : c’est le Phoma uvicola Berk. et Curtis, dont les spores ne ressemblent pas absolument aux conidies, comme le pense M. Prillieux. On ne sait encore à quel genre le Champignon appartient. Des cultures que j'ai pré- parées plusieurs fois dans le but de l'obtenir sous cette forme ne m'ont pas donné le résultat attendu. On dit que le mal est ancien sur notre sol; on l'a répété plus d'une fois, et j'ai partagé cette opinion. Mais il est certain que dans certaines con- trées, notamment à Dôle, où M. Pernet a, sur mon conseil; fait une en . Quête sérieuse, la maladie est très récente et n’a fait son apparition que depuis peu d'années. Lu | Ne serait-ce point une importation due aux Vignes américaines; im- (1) Juillet 1877. T. XXVI. (SÉANCES) 21 322 SOCIÉTÉ. BOTANIQUE DE FRANCE, portation réitérée et qui se serait plus solidement établie cette fois que jadis? C’est le Black Rot des Américains. Ce Champignon a reçu de M. de Bary unnom nouveau : Sphaceloma ampelinum, et n'avait pas, avant cette époque, attiré l’attention des savants. On a commis tant d'erreurs sur l'Oidium et le Phylloxera, ces deux fu- nestes émigrés de l'Amérique ; on a dit si souvent qu'ils avaient existé de tout temps en Europe, que la méme erreur pourrait bien étre commise cette fois encore, et je serais involontairement disposé à le croire. En terminant, remarquons que les Vignes américaines, qui nous avaient amené tant de parasites, nous en auront encore amené un autre, le Pero- nospora viticola Berk. et Curt. Je signalais le danger de cette introduclion dés 1873 et à plusieurs reprises, et notamment dans ce Bulletin méme, il y à cinq mois à peine (1). M. Planchon, de l'Institut (2), notre confrère, vient d'en découvrir et d'en signaler la présence sur plusieurs points de la France; M. Pirotta l'a rencontré en Italie (3). Ce nouveau parasite est fort redoutable, malgré le nom, bénin en apparence, de fauz Oidium qu'on a proposé. SÉANCE DU 98 NOVEMBRE 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Poisson, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 14 novembre, dont la rédaction est adoptée, M. le Président annonce une nouvelle présentation. M. Malinvaud demande la parole à l'occasion d'une Notice sur le Rupinia pyrenaica Ch. Speg. et Roumeg., qu'il a reçue pour la bibliothéque de la. Société, et s'exprime ainsi : M. Rupin, botaniste distingué de la Corréze, dont je me félicite d'avoir fait la connaissance à Brive le mois dernier, m'a adressé deux échan- - (4) Voy. plus haut page 267. (2) Comptes rendus de l'Académie des sciences, septembre 1879, (3) Ibid, SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1879. 323 ullons qui lui restaient d'un Champignon décrit sous le nom de Rupinia pyrenaica, et m'a autorisé à disposer de l'un d'eux dans l'intérét de la science. Je ne saurais mieux faire que de le remettre à l'un de nos con- frères s'occupant particulièrement de mycologie, qui assiste à la séance. Permettez-moi de vous lire le passage suivant de la lettre qui accompa- gnait cet envoi : « Présentez, si vous le jugez convenable, cette petite plante à la So- ciété botanique. Je vous prierai seulement de faire remarquer que je tiens d'une facon particuliére à ce que les faits relatifs à sa découverte soient connus sous leur véritable jour. Vers le 25 juillet dernier, me trouvant à Bagnéres-de-Bigorre, j'allai herboriser sur le pic du Midi. J'eus l'honneur d'y voir M. le général de Nansouty et, tout en cau- sant avec lui, j'apergus un petit Champignon récolté par M. Baylac, son observateur, sur un quartier de roche situé à 200 mètres environ de l'observatoire. Le général me manifesta le désir de connaitre le nom de celte curieuse végétation, sur laquelle personne n'avait pu le rensei- gner; quelques botanistes anglais, venus plusieurs fois au pic du Midi, avaient déclaré qu'ils ne la connaissaient pas. Je priai alors le général de vouloir bien me confier quelques échantillons qui étaient en sa pos- session; je lui promis de m'en occuper sérieusement et de lui faire connaitre le résultat de mes recherches. Je m'adressai dans ce but à M. Roumeguére, avec lequel j'étais en relation et dont la réponse ne me parvint qu'au bout de deux mois : il était heureux de m'annoncer que la plante en question était nouvelle, ne se raltachait méme à aucun genre connu et qu'il lui avait donné mon nom. J'étais alors absent de Brive; sa lettre vint me trouver, avec trois jours de retard, dans la gorge du Saillant, où j'étais occupé à peindre avec un de mes amis. Je m'empressai d'écrire à M. Roumeguére pour lui rappeler que l'hon- neur de cette découverte revenait entiérement à M. Baylac. Il était trop tard : l'article était imprimé et méme distribué. - » Voilà l'histoire du précieux Myxomycéte. Vous le voyez, je n'ai d'autre mérite que d'avoir contribué à le faire connaitre en le soumet- tant à l'examen d'un savant mycologue, mais jattache un grand prix à ne laisser subsister aucun doute sur le droit à la priorité de la décou- verte, qui appartient à M. Baylac. » Ce langage de la probité scientifique fait grand honneur à celui qui le tient (1). Xy y Y 0x V ow Ow ow €wW ww wow Oo Jo ow ow Vo YO o) w w y ww ww v (1) M. Roumeguére, faisant droit aux observations que lui avait adressées M. Rupin, à changé le nom spécifique de Rupinia pyrenaica en celui de Rupinia Baylacii, associant ainsi heureusement le nom de l'auteur de la découverte à celui du botaniste qui lui avait communiqué la plante. (Voy. Revue mycologique de M. Roumeguère, numéro de Janvier 1880, page 2.) [Note ajoutée pendant l'impression.] 324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Cornu dit que les explications fournies par M. Rupin lui concilieront l'estime et la sympathie de ses confréres; il ajoute qu'il possédait déjà un certain nombre d'échantillons de l'espéce dont il vient d'étre question, sans avoir pressenti l'importance qu'ils pourraient avoir. Ces échantillons lui furent adressés par notre confrére M. Torchon, avec une lettre trés bréve, vers le milieu de l'année 1878, à peu prés sans aucune explication. Ils étaient contenus dans une boîte avec la suscription :suivante : À M. le général de Nansouty, au pic du Midi de Bigorre. Le Champignon, présentant à sa base une sorte de feutrage byssoide, était fixé sur une roche dure et pesante, et était comme muni d'un mycélium. M. Cornu fit un examen rapide de ces échantillons qui ne lui avaient point d'ailleurs été spécialement recommandés; et s'en réservant une étude plus compléte pour une époque ultérieure, il crut pou- voir les rapprocher des espèces du genre Lamproderma Rosta- finski (Monogr. p. 202, édition polonaise). Cette détermination provisoire fut faite à l'aide du mémoire de M. le docteur Cooke (1). D'autres travaux ayant retardé l'examen d'un certain nombre de Myxomycètes recueillis en France ou en Angleterre, les spécimens de l'intéressante espéce signalée plus haut, rangés avec beaucoup de soin dans un groupe d'espéces à vérifier, n'ont pas été encore soumis à la révision dont ils seront l'objet. M. le Secrétaire général fait part du désir exprimé par M. Gene- vier, de connaitre le nom d'un Champignon soumis par lui à l'exa- men du comité de détermination. M. Cornu répond que cette espèce lui parait étrele Mycenastrum Corium. . M. Fournier, à propos d'un Polyporus qu'il a trouvé dans son jardin, donne les détails suivants : QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA SÉCRÉTION D'UN POLYPORUS, par M. Eug. FOURNIER. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société un échantillon d'un Polyporus qui s'est développé dans mon jardin, à Auteuil, sur une des maitresses branches d'un vieux Prunier. Tous les ans cet arbre offre l'état initial de l'appareil fructifere de ce Champignon sur plusieurs (1) The Myxomycetes of Great Britain. London, 1877, p. 49. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1879. 395 points de son tronc ou de ses branches. Jamais cet appareil n'avait pris une aussi belle et aussi complète expansion. Cela tient à ce quel'échan- tillon (desséché et un peu altéré) que je présente en ce moment adhé- rait à la face inférieure d'une branche; l'espéce ayant un chapeau résu- piné, ce chapeau avait pu prendre librement son développement normal. Ce développement a duré plusieurs semaines ; et quand il a été parfait, l'émission des spores a pu étre observée au mois de septembre pendant une quinzaine de jours. Lorsque l'air était agité, on voyait distinctement une poussiére s'échapper de la surface inférieure du chapeau et se répandre dans l'atmosphére comme une fumée. Cette poussière était brunâtre. Au microscope, elle offrait la même coloration, celle des Dermini. Mais les mémes spores, agglomérées sur les fils d'une araignée qui passaient au-dessous du chapeau, paraissaient d'un beau jaune d'or à la lumière réfléchie. L'émission des spores, tant qu'elle a duré, a été accompagnée de celle d'un liquide visqueux et acide. Ce liquide, recu sur une plaque de porce- laine, s'évaporait trés promptement en laissant un résidu de couleur brune constitué par des spores. La sécrétion de ce liquide était dans une relation trés nette avec les phénomènes météorologiques. Elle ne commençait que quand les rayons du soleil avaient frappé le chapeau, c'est-à-dire aprés neuf heures du matin. Elle était dans toute sa force pendant les heures chaudes de la journée, et continuait méme aprés le coucher du soleil, comme si les phénoménes chimiques pouvaient se continuer encore quelqué temps aprés la sous- traction du foyer, la chaleur s'étant en quelque manière emmagasinée dans le tissu. Ce n'est pas la première fois qu'on a observé une sécrétion semblable à la surface d'un Hyménomycéte. On n'a pu le faire jusqu'à présent dans d'assez bonnes conditions pour recueillir le liquide et le soumettre à un examen chimique. Celui que j'ai obtenu a été analysé par mon ami M. P. Yvon, pharmacien, ancien préparateur de chimie à l'École supérieure de pharmacie de Paris, qui a regretté de ne pas en av oir davantage pour me préciser son opinion sur certains points intéressants. Voici les principaux résultats extraits de là note qu'il m'a remise. Le liquide contenait, pour 100 parties bien entendu : Matières organiques ........ . TTD eee n 0,545 — minérales....... eee hh 0,665 Total des matières fixes...........: 1,210 Matières albuminoïdes coagulables par la chaleur................. 0,03 Glycose...................,.... ee eéx rose ERES ep eds e^ ott eme 0,32 Mémoire Matières gommeuses précipitables par le perchlorure de fer,....... 326 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le résidu dé la calcination est très alcalin et fait effervescence par les acides. Il renferme donc des sels à acides organiques. Ce résidu minéral contient de la chaux et surtout de la potasse, et comme acides, les acides sulfurique, chlorhydrique et surtout phosphorique. | - Espérons qu'une nouvelle occasion me permettra de recueillir assez de ce liquide pour que M. Yvon puisse déterminer quelle est la nature du principe sucré (qu'il suppose être de la mannite), et celle de l'acide libre qui rougit nettement la teinture de tournesol au moment de l'émission du liquide. M. Cornu croit reconnaitre dans ce Polyporus le P. cuticularis. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR UNE MALADIE DES POMMIERS CAUSÉE PAR LA FERMENTATION ALCOOLIQUE DE LEURS RACINES, par Mi. Ph. VAN TIEGIIEM, Tout le monde connaît les belles expériences de MM. Lechartier et Bellamy sur la fermentation alcoolique, sans intervention de levüre de bière, qu'éprouvent les fruits sucrés, quand on les soustrait à l’action de l'oxygène (1). Étendues un peu plus tard, par M. Pasteur, à d'autres organes de la plante, comme les racines et les feuilles (2), elles ont reçu leur achèvement le jour où M. Müntz a montré qu'une planté tout entière, prise dans ses conditions normales de végétation, si on la soustrait tout à coup au contact de l'oxygène, produit aussitôt de l'alcool dans toutes les régions de son corps (3). Ces expériences ont prouvé que toute cellule végétale qui contient du suere, si l’on vient à lui retirer l’oxygène, à l'asphysier; détruit ce sucre en formant de l'acide carbonique, de l'alcool et quelques autres produits accessoires ; en un mot, développe la fermentation alcoolique. Et de fait, les diverses levüres alcooliques, qu'elles proviennent de Saccharomyces ou de Mucor, ne provoquent la fermentation du sucre que dans ces mêmes conditions d'asphyxie. La fermentation alcoolique s'est trouvée ainsi ramenée à une seule et méme condition générale, nécessaire à la fois et suffisante : l'asphyxie d'une cellule vivante en présence du sucre. La maladie des Pommiers dont je voudrais dire quelques mots à la Société trouve précisément son explication, et aussi son reméde, dans l'ordre d'idées que je viens de rappeler. Elle n'est, à tout prendre, que (1) Comptes rendus, 1869, t. LXIX, p. 366 et p. 466. (2) Ibid., 1872, t. LXXV, p. 784 et p. 1054. (3) Ibid., 1878, t. LXXXVI, p. 49. SÉANCE DU 98 NovEMnnE 1879. 397 l'expérience de M. Müntz, réalisée spontänément dans la nature, mais sur la racine seulement, une asphyxie de la racine, suivie aussitót de la fer- mentation alcoolique du sucre que renferment ses cellules. Il y a quelques semaines, M. Des Cloizeaux m'a donné à examiner des racines de Pommiers malades provenant d'une propriété qu'il a en Nor- mandie, prés de Villers-sur-mer, Elles exhalaient une trés forte odeur d'al- cool; la fermentation alcoolique y était évidente. Quelle est la cause du phénoméne, et que faut-il faire pour en arréter le cours? Telle est la question qui m'était posée. Ces racines, fort âgées et presque entièrement dépouillées de leur écorce, n'offraient à l'étude anatomique que des matériaux fort incomplets. Voici pourtant ce qu'il est facile d'y observer. Le bois y est, par places et souvent sur de grandes étendues, aussi bien au centre qu'à la périphérie, coloré en noir brunâtre ou bleuâtre. En pratiquant dans ces régions des coupes transversales, tangentielles et radiales, on voit que ni les fibres, ni les vaisseaux, ne présentent le moindre indice d'altération ; le phéno- méne morbide s'y est concentré tout entier dans les cellules des rayons médullaires et du parenchyme ligneux. Chacune de ces cellules, où la membrane est restée intacte et parfaitement hyaline, a perdu tout son contenu ordinaire, qui est remplacé par un gros globule brun plus ou moins foncé, d'aspect cireux. Il y a quelquefois plusieurs de ces globules, plus petits, dans une méme cellule. Ce sont ces globules bruns, laissés comme résidu, pendant que l'alcool formé en méme temps par les cellules se répandait dans tous les tissus de l'organe, qui donnent aux rayons médullaires, au parenchyme ligneux, et par eux au bois tout entier, la coloration noirâtre caractéristique des régions attaquées. D'ailleurs pas la moindre trace dans ces régions ni de levüres, ni de Microphytes quelconques. Les éléments altérés sont précisément les seuls qui, dans les racines normales de cet âge, renferment du sucre et de l'amidon. C'est évidem- ment sur le contenu sucré, ou capable de se transformer en sucre, qu'a porté la fermentation alcoolique éprouvée spontanément par ces cellules, lorsque lés conditions de leur vie normale se sont trouvées brusquement changées. Or, en appliquant les résultats des expériences que j'ai rappelées au début, il paraît certain que cette fermentation alcoolique, apparue spon- tanément en l'absence de toute levüre, a dú être provoquée ici par le manque d'oxygène dans le sol, par l’asphyxie des racines. Les renseignements qu'en réponse à mes questions M. Des Cloizeaux m'à donnés sur la náture du sol, joints à cette circonstance que l’année a été extraordinairemient pluvieuse, n'ont fait que me confirmer dans cette conviction, Des lots le seul conseil à donner était d'aérer prompte- 398 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment la terre où plongent les racines, soit par drainage, soit par tran- chées. M. Des Cloizeaux m'a dit depuis avoir été informé que plusieurs de ses voisins, éprouvés par la même maladie, avaient drainé le sol ou creusé autour des arbres des tranchées profondes. Le mal avait diminué à la suite de ces opérations et les Pommiers pourraient être sauvés. On voit par là comment les données théoriques obtenues dans le labo- : ratoire peuvent tout à coup éclairer la pratique agricole. M. Duchartre donne lecture de la note suivante : QUELQUES MOTS DE RÉPONSE A UN ARTICLE PUBLIÉ DANS LE DICTIONNAIRE DE BOTANIQUE de M. H. Baillon, par M. P. DUCHARTRE. Quoiqu'il soit toujours délicat de parler de soi, la Société me permettra, je l'espére, de le faire une fois par exception devant elle, a(in de rétablir la vérité d'un fait scientifique altéré trop profondément pour que je croie pouvoir garder à cet égard le silence dont je m'étais fait une loi jus- qu'alors. Ouvrant, il y a quelques jours, le onzième fascicule du Dictionnaire de Botanique, publié par M. H. Baillon, je suis tombé par hasard sur un article intitulé : « FONCTION CHLOROPHYLLIENNE » .et signé de l'initiale L., dont le premier alinéa est concu dans les termes suivants (p. 16 du 11° fasc.). « Le róle accompli par les corps chlorophylliens dans la vie des végé- » taux a recu bien des noms différents. On admettait autrefois que, gràce » à ces corps, les végétaux verts respiraient différemment que les végétaux » incolores et les animaux, et l'on désignait sous le nom de respiration » végétale la fonction aecomplie par les corps chlorophylliens. Quoique » celte maniére de voir soit depuis longtemps abandonnée par tous les » physiologistes, on trouve encore dans la derniére édition des Éléments » de Botanique de M. Duchartre, à la date de 1877, le róle des corpus- » cules chlorophylliens étudié sous le titre de Respiration diurne des » végétaux... » On lit plus loin, à la page 17, première colonne du méme article, les lignes suivantes : « Ayant ensuite vérifié les observations » d'Ingenhousz, relativement à la différence de nature du gaz éliminé par » les parties vertes à l'obscurité et à la lumière, on admit chez les végé- » taux pourvus de corps chlorophylliens deux respirations : l'une diurne, » absorption d'acide carbonique et élimination d'oxygène; l'autre noc- » turne, absorption d'oxygéne et élimination d'acide carbonique. C'est » celle erreur que M. Duchartre enseigne encore de nos jours. » Je regrette d’être obligé de le dire, mais toutes les imputations, me SÉANCE DU 98 NOVEMBRE 1879. 329 concernant dans les lignes que je viens de rapporter, sont absolument le contraire de la vérité, tant sous le rapport des mots que sous celui des faits. 1° Quant aux mots, l'auteur à qui j'ai l'honneur de répondre affirme, en premier lieu, que le rôle des corpuscules chlorophylliens est étudié, dans la deuxiéme édition de mes Éléments, « sous le titre de Respiration diurne des végétaux »; en second lieu, que j'enseigne, dans le même ouvrage, la division des phénoménes dits respiratoires dans les plantes en respiration diurne et respiration nocturne. L'une de ces assertions n'est pas plus exacte que l'autre : nulle part dans mon livre ne se trouvent les mols Respiration diurne des végétaux donnés comme titre, ni à un cha- pitre, ni même à un simple alinéa. D'un autre côté, nulle part, dans le méme livre, on ne voit adoptée la division des phénoménes dont il s'agit en respiration diurne et en respiration nocturne ; au contraire, aprés avoir rappelé cette division, au point de vue historique qui, si je ne me trompe, a bien son intérêt, dans un ouvrage destiné à l'instruction, j'ajoute (p. 848): « expressions qu'il y a lieu d'abandonner ». Il me sera peut-étre permis de rappeler que déjà dans la premiére édition de mes Éléments, dont la publication remonte à 4867, je m'étais exprimé en termes analogues. 2 Au point de vue des faits, les imputations qui ont trouvé place dans le Dictionnaire de Botanique de M. H. Baillon ne sont pas plus basées sur la réalité que celles qui ont pour objet les simples expressions. Jugeant avantageux pour l'enseignement méthodique de réunir en un seul cha- pitre l'histoire entiére des relations qui existent entre les plantes et l'atmosphère, j'ai cru pouvoir, à l'exemple de beaucoup de physiologistes, conserver à ce chapitre la rubrique générale de Respiration, mais en avertissant du sens large que je laissais à ce mot, qui, ainsi compris, disais-je dés le début (p. 847), « indique plutót un ensemble de phénoménes qu'un phénoméne unique ». Exposant l'état actuel de la science à cet égard, J'ai indiqué avec soin, et en les opposant toujours l'un à l'autre, d'un côté le grand fait général, auquel j'ai donné la qualification assez signi- ficative, à mon sens, de Respiration générale, « parce qu'il appartient, » ai-je dit, à tous les organes de la plante sans exception, méme aux » feuilles, surtout en l'absence de la lumière solaire », eten vertu duquel la plante « non-seulement ne décompose pas le gaz acide, mais encore ? en opère une expiration en méme temps qu'une inspiration d'oxygène » ; d'un autre cóté, le fait particulier, désigné par moi sous le nom de respiration chlorophyllienne, parce qu'il est propre à la chlorophylle, fait Spécial qui concourt à la nutrition du végétal et par suite à son accroisse- ment. Ainsi j'ai dit (p. 848) : « Les organes dont les cellules ne contien- ? nent pas de chlorophylle ne peuvent décomposer l'acide carbonique, ni » par conséquent concourir à l'accroissement du végétal. » J'ai examiné, 330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avec les détails qu'autorisait l'étendue limitée de mon livre, et le fait général et le fait spécial, en mesurant la place à chacun d'eux en raison de son importance, et en m’étendant beaucoup plus sur le premier que sur le second ; enfin, dans tout ce chapitre, je me suis attaché à exposer l'état de la science, non pas tel qu'il pouvait étre autrefois, mais tel que l'ont fait des travaux modernes aussi nombreux qu'instruetifs. Je le demande : En quoi cette description des relations qui existent entre les plantes et l’atmosphère ressemble-t-elle à celle que l'article du Diction- naire de Botanique m'accuse formellement d'avoir donnée? Je me borne à ces rapprochements de textes pour faire apprécier le caractère d'une polémique au sujet de laquelle je ne puis que partager le sentiment exprimé par M. de Bary dans un article récent du Bota- nische Zeitung (1). M. Cornu montre, conservés frais depuis douze jours, des Cham- pignons recueillis gelés à Trianon : Agarícus terreus, pessumdatus, inversus, gummosus, Hygrophorus agathosmus, etc. M. Poisson fait la communication suivante : SUR UN CARACTÈRE D'ADAPTATION DES POILS DANS LES PLANTES, par M. J. POISSON. Ww appropriation des éléments ou des organes aux fonctions qu'ils ont pour but de remplir est un fait suffisamment prouvé en histoire natu- relle. Les savants et les philosophes qui se sont, les premiers, occupés des questions d'adaptation et de l'influence des milieux sur les êtres vivants, seraient heureux de voir leurs théories presque universellement acceptées aujourd'hui, aprés s’être si longtemps heurtés à des défiances et à une incré- dulité qui semblaient presque invincibles. Darwin, qui est le dernier et le plus illustre champion de la grande école transformiste, a pu, en cela plus heureux que ses devanciers, assister au triomphe des idées pour lesquelles il a si vaillamment combattu. Cet ingénieux observateur s'est distingué, comme on sait, par une quantité de recherches patientes et délicates, en dehors des travaux du premier ordre qui ont établi sa renommée, Dans ces dernières années nolamment, il a soigneusement étudié et souvent révélé plusieurs des phénomènes les plus intéressants dont les plantes sont le siège, Le succès (1) « Ich gestehe.... dass ich zu denjenigen gehöre, die an der Form, in welcher der Autor der Errores Decaisneani polemisirt, einen Ekel haben ; und ich glaube, ich befinde mich damit in guter Gesellschaft. » (Botan. Zeit., 12 septembre 1819, col. 597.) SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1879. 331 de ses publications et la vive impression qu'elles produisirent, firent naître bientôt de toutes parts le désir de contrôler les observations du savant natura- liste anglais, en répétant ses expériences, et peut-être aussi s’y joignait-il l'espoir de glaner après lui dans le champ de ses recherches. On pourrait admettre que cette note a été inspirée par un semblable motif, si son auteur n'avait été conduit à la produire à la suite de circonstances toutes fortuites. En observant des sections de tiges de plantes grimpantes, il y a quel- ques années, je remarquai que la surface épidermique de ces tiges était parsemée de poils dont la direction me parut présenter üne constance assez marquée pour m'engager à continuer ces recherches. Cependant, ne les jugeant pas dignes d'un intérét suffisant, je renoncai bientót à les pour- suivre, et ce ne fut qu'au printemps de cette année, alors que de nouveaux faits attirèrent mon attention, que je songeai à les puhlier. Les espéces qui me servirent de types de comparaison furent d'abord les Phaseolus que nous cultivons habituellement dans nos jardins. Le Phaseolus multiflorus (Haricot d'Espagne) a la tige sillonnée ; les dépressions qu'on y remarque, de méme que les parties saillantes corres- pondantes, sont en nombre habituellement déterminé, Ces derniéres sont en rapport avec des faisceaux proéminents. C'est principalement le long de ces arêtes que les poils qui occupent leur surface ont une forme et une orientation définies qu'on ne retrouve plus sur les portions épidermiques voisines. Ces poils sont formés d'une grande cellule, rarement de deux, reposant sur une cellule basilaire plus développée que les autres cellules épidermiques, et ces poils, à paroi quelque peu résistante, sont invariable- ment dirigés inférieurement. Leur nombre et leur taille diminuent sur les flanes de l'aréte, et là ils sont remplacés, ainsi que dans les sillons, par des poils d'un aspect tout différent. ; Ceux-ci sont gréles et mous, incomparablement moins grands que les premiers et dirigés horizontalement; mais, à partir de leur moitié supé- rieure, ils décrivent une courbe pour se terminer en un petit crochet. Dans la majorité des cas, ce crochet est tourné la pointe en bas; mais rarement, sinon jamais, vers le sommet de la tige. Enfin une troisiéme sorte d'exodermies se rencontrent cà est là, entre- mélée aux deux formes de poils précédents. Ce sont des poils composés de quatre à six cellules courtes, et la cellule terminale est souvent coupée en diagonale par une cloison, Ils rappellent un peu ce qu'on nomme des poils glanduleux ; ils sont oblongs ou piriformes et, probablement à cause de leur propre poids et le peu de résistance de leurs membranes cellulaires, ils sont pendants et plus ou moins étroitement appliqués le long de la tige. Si l'on soumet au méme examen une variété semi-gr impante de Haricot (Haricot suisse rouge), issue du Phaseolus vulgaris, cultivée indifférem- 332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment pour les graines ou les fruits qui sont mangés en vert, on constate que les poils rigides occupant les arêtes de la tige sont beaucoup moins nom- breux que sur le Haricot d'Espagne; mais que, par contre, les poils mous à crochet sont dominants. Quant aux poils composés, ils existent toujours dans l’une et l’autre variété. En un mot, on a conscience d’un appauvris- sement de l'élément préhenseur dans la plante qu'on a sous les yeux. Ce caractére devient bien plus évident lorsque l'examen porte sur une race naine cultivée spécialement comme Haricot vert, par exemple le Haricot noir de Belgique, un des plus estimés dans les cultures légu- miéres. Ici les poils rigides et recourbés manquent complètement; ils sont remplacés par des poils mous et à crochet qui occupent toute la sur- face de la tige. C'est aussi cette sorte de poils qui abonde sur les pétioles des feuilles des trois variétés dont il vient d'étre question, tout en étant cependant accompagnés de poils rigides dont la dimension est variable; mais alors ceux-ci affectent toujours la direction ascendante. Il en est de méme des poils du limbe des feuilles dont la pointe est toujours orientée vers leur sommet. La quatriéme plante qui fut soumise à l'observation était le Pharbitis purpurea. Toute la surface de la tige de cette Convolvulacée volubile est garnie de poils robustes et noirâtres, auxquels la brusque courbure vers le bas donne une apparence falciforme. Ces poils sont formés d'une grande cellule occupée par un abondant plasma dans la jeunesse, lequel dispa- rait alors que la paroi cellulaire s'épaissit; une, rarement deux cellules courtes, surbaissées, servent de soubassement à cette cellule principale, qui en somme forme le poil presque en totalité. Gomme pour donner plus de force à ce petit organe, le tissu cortical se reléve le plus souvent autour de son point d'attache et lui donne par cela méme plus de solidité. Cà et là on trouve aussi sur la tige du Volubilis quelques poils capités assez singuliers. Une cellule épidermique se prolonge un peu et fait saillie sur ses voisines, puis un tétraédre de quatre grosses cellules surbaissées la surmonte directement. Enfin une cinquième espèce fut étudiée en détail. Sur les six angles de la tige du Houblon on remarque une ligne de poils à crochet d'une forme spéciale, et sur les parties planes intervallaires des poils ténus, également unicellulaires comme les premiers, mais indifférents comme direction et comme rôle à remplir. Il n'en est pas de méme des poils occupant les arétes dela tige. Ceux-ci sont robustes, à paroi trés épaisse et dans le jeune âge contiennent un plasma abondant. Chacun de ces poils est formé d'une cellule épidermique démesurément agrandie, renforcée par une sorte d'encaissement que lui forment les cellules épidermiques et corti- cales au sein desquelles sa base est solidement enclavée. Deux fortes pointes épineuses, tournées l'une èn haut et l'autre en bas, constituent SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1879. 333 la partie principale de ces poils en navette. De ces deux pointes rigides, l'une, ordinairement la plus longue et dirigée vers le sommet, est mani- festement inclinée et méme appliquée contre la tige ; l'opposée, au con- traire, fait avec la tige un angle de 45 degrés environ et forme, ainsi orientée, un puissant crochet qui explique bien la difficulté qu'on ren- contre lorsqu'une traction est opérée sur une tige de Houblon enroulée sur un tuteur ou la branche d'un arbuste. Ailleurs, sur Humulus, les poils sont différents et leur direction est inverse. Sur les feuilles ces émergences n'existent qu'à leur face supérieure seulement, et leurs pointes sont dirigées vers le sommet de la feuille. Ces poils tout spéciaux des feuilles du Houblon sont connus : chacun d'eux renferme à sa base, en forme de dôme, un cystolithe ; mais la grande cellule unique qui habituellement contient le petit corps inerusté de cal- caire dans les autres plantes est ici accompagnée par toutes les cellules épidermiques qui l'environnent et qui contiennent également une petite masse calcaire en tout semblable à celle de la cellule qui forme le poil, en sorte que cet ensemble forme en réalité un cystolithe composé. L'examen de ces quelques plantes me suggéra la pensée que la ma- nière d’être de ces poils pouvait être en rapport avec le besoin qu'éprou- vait le végétal de s'élever, de se soutenir sur les corps environnants ; en un mot, que ce fait était un caractére d'adaptation comme on en remarque 8i fréquemment dans les organes d'un ordre plus élevé des végétaux et des animaux. Je consultai les différentes publications qui pouvaient me renseigner sur les faits dont je viens de parler, et je constatai, en effet, que ce caractère n'avait point échappé à Darwin. D'ailleurs ce savant, dans son ouvrage sur les Plantes grimpantes, ne dit qu'incidemment quelques mots sur ce sujet. « Le nombre des plantes grimpant à l'aide de crochets que j'ai observées, savoir, le Galium Aparine, le Rubus australis et plusieurs plantes grimpantes, ne présentent pas de mouvement révolutif spontané de leur tige......; plusieurs espèces sont pourvues d'épines ou de crochets qui facilitent leur ascension. Par exemple, le Houblon, quí est une plante volubile, a des crochets recourbés aussi grands que ceux des Galium ; d'autres plantes volubiles ont des poils rigides et recour- bés (1). » Il était intéressant de voir si ce caractère s'étendait à un grand nombre d'espéces, de facon à pouvoir lui accorder quelque confiance. J'examinai beaucoup de Phaséolées grimpantes dont les tiges sont très souvent garnies de poils : les genres Phaseolus, Vigna, l Apios tuberosa, confirmérent ces prévisions. La tige du Glycine elegans Hochst. notamment est fort curieuse en ce qu'elle est couverte de poils roux tous dirigés en bas. Les rachis de (1) Darwin, Les Plantes grimpantes (trad. de Gordon, p. 232). 334. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DÉ FRANCE. l'inflorescence, qui s'insérentsur celle tige, en ont la grosseur et l'apparence extérieure ; mais, dés qu'on passe de la tige aux rachis, les poils changent de direction ; là ils sont réfléchis, ici on les trouve horizontaux ou ascen- dants. . Les Cueurbitacées, dont les tiges et les feuilles sont habituellement hérissées de poils, montrent aussi, dans une certaine mesure, le caractére del'inflexion des poils. Lorsque les vrilles sont trés développées,la direc- tion des poils semble être indifférente; mais, au contraire, si ces organes de préhension par excellence sont médiocrement représentés, alors on est à peu prés certain de voir les poils dont la lige est pourvue prendre une direction oblique, qui semble bien correspondre avec l'insuffisance des vrilles devant servir à faciliter l'élévation de la plante pendant son accrois- sement. Tels sont les Cucumis africanus, Colocynthis, prophetarum ; tandis que le Bryonia dioica, le Sicyos angulata, à vrilles trés dévelop- pées, ont des poils sans direction délerminée. Parmi les Loasées, qui se font remarquer par leur systéme pileux aussi varié que curieux, les espéces grimpantes sont peu nombreuses. Le Cajophora lateritia et le Blumenbachia insignis sont de ce nombre : tous les deux possèdent des poils manifestement dirigés en bas. S'il n'en: est pas tout à fait de méme du Gronovia scandens, placé d'abord parmi les Cucurbitacées et considéré maintenant comme une Loasée, son appa- reil préhenseur n'en est pas moins fort singulier. Les poils glochidiés qu'on remarque sur presque toutes, sinon toutes les Loasées, se retrouvent dans cette plante; mais à ceux-ci viennent se joindre de longs poils ascendants ou horizontaux, ténus mais résistants et terminés par deux crochets acérés à pointes dirigées inférieurement ; c'est-à-dire dans les meilleures conditions pour que, au moindre contact, les objets soient arrétés par ces poils crochus, assez solides méme pour capturer de petits animaux (1). Toutes les autres Loasées non grimpantes sont privées de poils des- cendants. Cependant, dans quelques espéces qu'on pourrait nommer décombantes, à tiges ayant de la peine à se soutenir d'elles-mêmes, on remarque une nuance dans la direclion de leurs poils, qui preunent une légére inclinaison si la tige de la plante qu'on a en vue manque de rigidité. Au Pharbitis purpurea viendront se joindre beaucoup d'autres Con- volvulacées qui sont dans le méme cas, si elles offrent le méme caractère de végétation. Les Ipomaa Ni, hederacea et d'autres espèces pubescentes ou velues ont également leurs poils réfléchis, Par contre, le Convolrulus althæoides, rampant mais non volubile, les C. siculus, lineatus, tricolor, (1) Bull. Soc. bot. de France, 1, XXIV, p. 96. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1879. 335 Evolvulus, etc., qui sont des plantes basses et non grimpantes, sont pour- vus de poils divergents ou ascendants. Quelques Asclépiadées volubiles et pileuses pourraient étre encore citées, ainsi que plusieurs plantes ligneuses ou semi-ligneuses. Les jeunes branches des Aristolochia Pistolochia et Sipho sont accompagnées de poils dirigés en bas, mais qui bientót disparaissent et laissent la tige à nu, Le cóté pratique, bien restreint d'ailleurs, de ces observations, serait la possibilité de pouvoir décider, dans un cas litigieux, si un échantillon de plante d'herbier, insuffisamment représentée, appartient à une plante grim- pante ou à une plante qui ne l'est pas. (n ne peut pas s'attendre à trouver, dans des productions d'aussi peu d'importance que les poils des plantes, une constance de caractére infail- lible ; aussi ne devra-t-on accorder à ces observations qu'une attention rela- tive. De ce que des plantes seront privées de poils et que d'autres en seront pourvus, dans le méme genre, il n'en saurait résulter que les fonctions d'une tige grimpante soient modifiées. Ainsi beaucoup de Convolvulacées, d'Asclépiadées, d'Apocynées grimpantes sont, les unes glabres, les autres velues, D'autre part, les poils des plantes grimpantes ne prennent pas nécessairement tous ce caractére d'adaptation dont il vient d'étre parlé ; il y a probablement beaucoup d'exceptions, comme dans tous les phéno- ménes de méme ordre. Les Dioscorea à tiges velues et grimpantes ont des poils qui ne semblent pas être soumis à la même règle; ils ne prennent aucune direction déterminée. Cependant on ne peut pas se refuser à re- connaitre ce caractére dans la majorité des cas. Les Galium de la section des Aparine, les Rubia, en offrent un exemple frappant. Dès qu'un Galium n'est pas grimpant, les poils à crochets, dont les angles des tiges sont garnis dans beaucoup d'espéces.de ce genre, disparaissent si c'est un Galium à tiges dressées. Une statistique que je me propose d'étendre d'ailleurs à un trés grand nombre d'exemples montrera le degré de valeur de ces caractéres d'accommodation des poils dans les plantes. Si des productions épidermiques de l'ordre le plus simple, telles que les poils, semblent bien s'adapter aux besoins de la plante, à fortiori des émergences d'un ordre sinon plus élevé, mais au moins plus compliquées €n organisation, montreront-elles les mémes tendances. Les aiguillons des Rosiers, des Rubus, qui ont d'ailléurs une origine fort analogue, et d'autres plantes encore qui font cause commune avec celles-ci, m'ont bien semblé devoir rentrer dans le méme cadre que les précédentes. C'est ce que je me propose de vérifier plus en détail prochainement (1). (1) ludépendamment des plantes vivantes qui m'ont servi pour réunir les matériaux de celte note, l'Herbier du Muséum et celui de M; J: Hennecart m'ont été d'un grand secours. 336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lecture est donnée de la note suivante : SUR UNE NOSTOCHINÉE PARASITE, par M. L. MARCHAND. On sait que plusieurs Algues du groupe des Nostochinées s'introduisent et vivent dans le tissu de diverses plantes terrestres ou aquatiques. Il suffit ici de rappeler les observalions de M. Janczewski sur les Anthoceros et le Blasia, de M. Reinke sur les Gunnera, de M. Cohn sur les Lemna, etc. Je viens d'observer un cas analogue qui mérite d'étre signalé à cause de sa singularité. Dans une récente herborisation que je dirigeais à Montmorency, M. Bou- dier nous a fait récolter, sur le bord d'un fossé de la plaine des Champeaux, prés de la briqueterie, de petits corps ampulliformes, d'un vert noirâtre, ovoïdes, cylindriques ou en virgule, hauts de 1/10 de millim. à 4 millim. et demi, qui sont fixés au sol par des filaments radiculaires rameux. Ils végétent là, dans des terrains humides, mélés à de nombreux échantillons de Pottia (Gymnostomum truncatulum), Anthoceros levis, Riccia glauca, Jungermannia tenuis, Phascum subulatum, Gloocystis, Collema, etc. En certains endroits ils recouvrent le sol, et ressemblent assez à des graines de Psyllium par leur forme, leur couleur, leur brillant. D'aprés M. Boudier, ils se reproduisent là chaque année, disparaissant l'hiver pour apparaitre au printemps. A première vue, on croirait avoir sous les yeux de jeunes individus de Botrydium granulatum ; mais, lorsqu'on les examine au microscope, ces prétendus Botrydium présentent un caractére tout à fait insolite. Au lieu d'étre tapissés d'une couche de chlorophylle granuleuse, l'ampoule est doublée intérieurement d'un réseau de filaments moniliformes présentant tous les caractères des chapelets de Nostoc ou d'Anabena. Comme dans ces genres, les chapelets sont composés d'articles globuleux ou oblongs entremélés d'hétérocystes jaunátres ; j'ajouterai que les filaments ne rem- plissent pas toute la cavité, mais qu'ils sont simplement appliqués sur la paroi. À ce point de vue, donc, ces corps ne sont point de vrais Botry- dium; serait-ce alors des Botrydium à l’intérieur desquels la Nosto- chinée serait venue s'installer, s'introduisant par une radicelle rompue? Un examen plus attentif me fit encore reconnaitre que cette supposition n'était pas fondée. Les Botrydium sont des Algues strictement unicellu- laires ; la zoospore donne naissance à une cellule simple ou prolongée en un système radiculaire plus ou moins ramifié, clos, sans communication avec les systémes voisins et ne bourgeonnant pas. C'est ce que montrent clairement les figures publiées par MM. Rostafinski et Woronine. Or, dans la production recueillie à Montmorency, les filaments radiculaires sont SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1870. 337 cloisonnés, anastomosés et plusieurs ampoules naissent souvent d’un même réseau. Cela se voit d’une manière bien évidente quand on lave à grande eau les petites mottes de terre qui en sont chargées. On obtient ainsi comme résidu un lacis enchevétré de radicelles appartenant à toute la végétation microscopique de ces terrains : Anthoceros, Riccia, Pottia, etc. Les radicelles de ces petits corps rappellent beaucoup celles du Riccia : elles ont la méme apparence, sont anhistes, brillantes, remplies de gra- nulations. Lorsque par la pression on a fait sortirles chapelets de Nostoc (?) ou d’Anabæna (?), la membrane de l'ampoule se présente de méme et la continuité avec les radicelles devient de toute évidence. On voit bien les pelits sacs tantót pendus à l'extrémité d'une radicelle libre, comme un renflement, tantôt supportés sur le milieu d'une radicelle où elle semble faire hernie, et alors le corpuscule parait avoir deux petites racines; tantót, enfin, plusieurs racines s'insérent au pourtour ou à la face infé- rieure. S'agirait-il ici d'une production autonome, d'un nouveau genre d'Algues ayant.la structure cellulaire d'une Chlorophyllophycée, avec la matiére colorante d'une Nostochinée ? Il est permis d'en douter. Aucune plante de ce dernier groupe ne présente de disposition analogue. La ressemblance des filaments radiculaires de ces corps avec ceux des Muscinées, auxquelles ils sont entremélés, la position et la forme des plus petites vésicules que j'ai rencontrées dans cette saison, me portent à croire qu'il s’agit ici de productions comparables à des galles. Les hormogonies de quelques Nosto- chinées (Analena ou Nostoc) ayant pénétré dans les filaments radicu- laires d’une Mousse ou d’une Hépatique et s’y étant développées, y déter- minent un gonflement local et considérable de la paroi voisine. A cette époque de l'année, la vérification compléte de cette supposition ne m'a pas paru possible, les exemplaires examinés étant tous dans le méme état. Àu retour du printemps, il sera sans doute plus aisé de remonter jusqu'à la première apparition des ampoules et d'en reconnaître l’origine. Ce fait m'a semblé d'autant plus digne d'étre signalé à l'attention de nos con- frères, qu’il ne me paraît pas être un accident purement local. Je trouve en effet, dans le Grevillea (vol. I, p. 103, pl. VID), que M. E. Parfitt a découvert une production qui me parait absolument semblable à celle de Montmorency; ill'anommée Botrydium granulatum Desv., comme j'ai été tenté, au premier abord, de le faire moi-méme. Je ferai seulement remar- quer que la disposition de la matiére colorante dans les cellules n'est pas celle que l'on rencontre dans les échantillons frais qui n'ont subi aucune altération. T. XXVI. (SÉANCES) 22 338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. SÉANCE DU 49 DÉCEMBRE 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Poisson, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 28 novembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce deux nouvelles présentations et proclame membre de la Société : M. Dupin (Charles), rue Saint-Roch, à Montpellier (Hérault), pré- senté par MM. H. Loret et Barrandon. Dons faits à la Société : O. Debeaux, Contributions à la Flore de la Chine, fasc. IV. Fliche, Note sur la découverte du Goodyera repens aux environs de Nancy. | A. Friren, Flore adventive du Sablon. A. Le Breton, Compte rendu d'une notice de M. Ch. Richon. — Quelques mots sur le Faham (thé de l'ile Bourbon). — Compte rendu des notices du D* Pirotta. M. Bonnier fait la communication suivante : QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES RELATIONS ENTRE LA DISTRIBUTION DES PHANÉROGAMES ET LA NATURE CHIMIQUE DU SOL, par M. Gaston BON- NIER. Les opinions sont, on le sait, très partagées au sujet de l'influence absolue que peut exercer la nature chimique du sol sur la présence ou l'exclusion, dans une région, de certains Phanérogames. J'ai profité d'un voyage fait cette année dans les Alpes autrichiennes et dans les Carpathes pour recueillir un certain nombre d'observations sur cette question; j'y ai joint quelques autres observations faites antérieurement dans les Alpes frangaises. Pour faire cette recherche, il ne suffit pas de connaître d'une manière générale la nature ininérale du terrain sur lequel croissent les végétaux observés. On se Lromperait bien en croyant qu'on peut juger d'une fagon absolue de la répartition des plantes calcicoles et calcifuges d'une contrée par l'aspect de sa carte géologique. L'altération chimique par l'atmosphére, la pluie ou la nappe d'infiltration, de beaucoup de roches dites siliceuses, peut souvent transformer les silicates à base de chaux en carbonate de SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1879. 339 chaux. On sait, du reste, qu'il suffit souvent à une plante dite calcicole d'avoir à sa disposition des traces de calcaire, quelquefois méme à peine appréciables. Sauf peut-être dans les cas où l'on observe un sol absolument déterminé, du sable siliceux trés pur par exemple, il sera nécessaire de prendre un échantillon du sol où croit la plante, et de chercher par une analyse s'il ren- ferme du calcaire ; c'est ce quia été fait dans presque tous les cas qui suivent, où des plantes ont été observées sur les schistes, le gneiss ou le granit. Sans donner ici les listes de plantes observées sur divers terrains dans les régions que j'ai parcourues, je me contenterai de citer, pour un cer- tain nombre d'entre elles, les différences que j'ai remarquées dans leur distribution en rapport avec la nature chimique du sol dans les trois contrées suivantes : 1* Carpathes septentrionales (groupe du Tatra) : schistes, granit, sables siliceux et calcaires. 2 Alpes autrichiennes (groupes du Gross-Glockner, Tauern, environs de Salzbourg) : schistes, gneiss et calcaires. 9* Alpes du Dauphiné (Pelvoux, Grandes-Rousses, Belledonne, Villard de Lans, Grande-Chartreuse) : schistes, gneiss; sables et calcaires. Voici quelques résultats : ^ NOMS DES RÉGIONS. NOMS T m — Espèce , Espèce des Espèce croissant à la fois spéciale aux sur les calcaires espèces observées. calcifuge. ct les terrains calcaires. siliceux. Phaca australis......... - Carpathes. Alp. autrich. Dauphiné. et Dauph. (presque), Ranunculus alpestris.. .. . . . Carpathes Alpes autrich. et Dauphiné. Dryas octopetala........ T Carpathes. Dauphiné. Teucrium montanum. . .... Dauphiné Alpes autrich. et Carpathes. Biscutella levigata ........ Carpathes. Dauphiné. Alpes autrich. Trifolium badium..,...... Carpathes. Dauphiné. Calluna vulgaris. ......... Dauphiné Carpathes. et Alpes autrich. Leontopodium alpimum....| Carpathes. | Dauphiné (mem). | Alpes autrich. Ranunculus glacialis....... Carpathes Alpes autrich. et Dauphiné. 340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On voit par ces quelques espèces citées que les plantes absolument cal- cicoles dans une région peuvent devenir absolument calcifuges dans une autre; que des plantes exclusivement calcicoles ou calcifuges peu- vent devenir ailleurs indifférentes quant à la nature chimique du sol. J'ajouterai que, par la comparaison de toutes les listes de Phané- rogames que j'ai dressées dans ces trois régions alpines, je n'ai trouvé comme absolument calcifuges, à la fois dans les trois contrées, que les trois espèces suivantes : Geum reptans, Callianthemum rutæfolium, Androsace obtusifolia. On conviendra que c’est là un bien petit nombre de plantes caracté- ristiques, d'autant plus que ce sont des espèces relativement peu ahon- dantes. Je ne crois donc pas qu'on puisse invoquer d'une maniére rigoureuse l'influence absolue de la nature chimique du sol sur l'absence ou la présence d'un grand nombre de Phanérogames. On le voit, la distribution d'une espéce sur les différents sols varie considérablement d'une région à une autre. Telle espéce qui, existant seule dans une flore, y supportera tous les sols, sera limitée au calcaire dans une autre flore oü existera une espéce voisine qui préfére les sols siliceux. J'en citerai l'exemple suivant, qui est trés net, dans la chaine des Alpes : Le Rhododendron ferrugineum etle Rhododendron hirsutumse rencon- trent tous deux dans les Alpes orientales; la méme espéce n'existe pas dans les Alpes occidentales. Or, là oà le Rhododendron ferrugineum existe seul (Alpes du Dauphiné, Savoie, par exemple), on peut le rencontrer indifféremment sur les terrains calcaires et sur les terrains sans calcaire ; mais, si l'on s'avance vers l'est, à mesure qu'il se trouve en concurrence vitale avec le Rhododendron hirsutum qui préfère les sols calcaires, il est peu à peu limité aux sols siliceux : c'est ainsi que, dans certaines régions des Alpes autrichiennes, le cantonnement des deux espéces devient presque complet. On trouve le Rhododendron hirsutum sur les sols calcaires et le Rh. ferrugineum sur les sols sans calcaire. Mais, méme dans ces régions, la limitation de ces deux espéces n'est jamais absolument rigoureuse, quoi qu'on en ait dit. On concoit trés bien que sur les points où la lutie entre les deux Rhododendron n'a pas eu à s'éta- blir, l'un d'eux puisse croitre en ces endroits sur le sol préféré par l'autre. C'est ainsi que j'ai observé, dans les Alpes autrichiennes, le Rh. hir- sutum (considéré comme calcicole) sur des schistes dépourvus de tout carbonate de chaux, au Pfandelschacht, prés de Fehrleiten. Au con- traire le RÀ. ferrugineum (qui est considéré comme calcifuge dans cette région) se trouve sur certains points du groupe calcaire d'Untersberg (1) ; (1) Je dois l'indication de cette localité à M. le D' Sauter, de Salzbourg. SÉANCE DU 129 DÉCEMBRE 1879. 344 j'ai vérifié qu'il croit là dans un sol extrêmement riche en carbonate de chaux. En somme, ces quelques observations me semblent venir à l'appui de l'opinion soutenue par M. Alphonse de Candolle. Il me paraît difficile d'admettre, avec M. Contejean, qu'il existe un grand nombre de plantes calcicoles et de plantes calcifuges pouvant servir à caractériser deux flores distinctes dans toutes les régions. Ces listes, si on les établit dans une région déterminée, perdent toute leur valeur lorsqu'on veut s'en servir dans une autre contrée. La nature chimique du sol influe certainement sur la distribution de certaines espèces, mais d'une manière relative et non pas d'une maniére absolue. u M. Duchartre fait remarquer que, dans les jardins botaniques, toutes les plantes croissent à peu près indifféremment dans le même sol; il ne croit pas non plus qu'en présence des asserlions con- tradictoires des auteurs sur ce sujet, on puisse formuler des conclusions décisives. M. Prillieux rappelle l'opinion de Gasparin, qui était d'avis que l'influence d'un terrain sur la végétation était principalement subordonnée à ses conditions physiques. M. Malinvaud présente à la Société, de la part de M. Ayasse, un échantillon de l'espéce décrite dans la note suivante, dont il donne lecture. SUR UN SAULE NOUVEAU DÉCOUVERT AUX ENVIRONS DE GENEVE. par M. Ét. AYASSE. SALIX RAPINI (1), S. purpurea X daphnoides secundum Rapin. Monadelpha, amentis sessilibus cylindricis, basi nudis; antheris citrinis defloratis subfuscis + foliis obovato-lanceolatis, subserrulatis supra glabris nitentibus, dorso reticulato-venosis, junioribus griseo-pubescentibus, adultis glabratis, subpetiolatis, apice incurvatis ; stipulis lineari-lanceola- tis. Ramulis virgatis, junioribus omnino glabris griseo-viridibus vel fusco- rubris, gemmis glabris. Ce Saule, selon M. Rapin, pourrait être un hybride des Sali daph- noides et purpurea; il lui a paru différent de tous ceux qu'il a rencontrés prés de Genéve. Il ressemble plus au S. Pontederana qu'à aucun autre ; mais dans ce dernier les filets des étamines sont moins longuement (1) Je dédie cette plante à mon ami Daniel Rapin, botaniste génevois, auteur du Guide du botaniste dans le canton de Vaud, et mon initiateur dans le genre Salir. 349 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. soudés entre eux, les chatoñs sont sessiles et entourés à la base de petites feuilles bractéiformes, les stipules sont semi-ovales ou semi- cordiformes, les rameaux sont plus ou moins tomenteux et les bourgeons finement tomenteux. Les Salix Caprea et purpurea croissant au voisinage du S. Rapini, je m'étais demandé, dans le premier moment, si ce dernier n’était pas un produit hybride des deux premiers; mais je me suis peu arrété à cette supposition, car le S. Caprea a les rameaux tomenteux, les chatons ses- siles entourés à leur base de petites feuilles bractéiformes, les stipules réniformes ou en cœur. Le Salix Pontederana Vill. Dauph. YII, p. 116, est peut-être le méme que notre plante, mais n'en ayant pas vu d'exemplaire authentique, je ne puis me prononcer sur cette identité. M. Malinvaud fait remarquer que M. Ayasse n'a envoyé que des chatons máles, et qu'il serait nécessaire d'avoir les deux sexes sous les yeux pour se prononcer sur la valeur et les affinités de la nouvelle espéce. Il n'est pas douteux, dit-il, que beaucoup de formes restent à décrire dans les Saules, malgré les travaux nombreux dont ils ont été l'objet ; mais il est aujourd'hui bien démontré que la fréquence des hybridations, dans ce genre comme dans beaucoup d'autres, rend compte en grande partie des difficultés considérables que pré- sente son étude au point de vue descriptif, et lorsqu'on se trouve en présence d'une variété à laquelle ne s'adapte aucune description connue, toutes les probabilités sont en faveur d'un nouveau fait d'hy- bridité. Malheureusement, s'il est relativement aisé d'arriver à cette conclusion, il l'est beaucoup moins de connaitre avec certitude les parents du produit hybride, et lorsque les présomptions à cet égard paraissent bien établies, la détermination exacte du róle joué par chacun des parents est un probléme presque toujours insoluble. Aussi M. Malinvaud pense qu'au lieu d'appliquer dans ces cas dou- teux la nomenclature binaire de Schiede, dont l'emploi suppose qu'on est fixé sur les points en litige, il est préférable de se ser- vir, au moins provisoirement, d'un nom simple, comme l'a fait M. Ayasse, sauf, lorsqu'on l'introduit dans un catalogue métho- dique ou dans un ouvrage descriptif, à le distinguer des véritables noms spécifiques par l'absence de numéro d'ordre et par le signe d'hybridité précédant le nom de genre (1). (1) Voyez Lois de la nomenclature botanique, art. 97, in Actes du Congrès internat. de botanique tenu à Paris en août 1867, p. 218. | SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1879. 943 M. Malinvaud donne lecture de la note suivante, adressée à la Société par M. Emery, professeur à la Faculté des sciences de Dijon : DE L'INFLUENCE EXERCÉE PAR LE CLIMAT ET LE SOL SUR LES CARACTÈRES DU FEUILLAGE, par M. M. EMERY. À la séance du 13 décembre 1878, MM. Bonnier et Flahault ont lu une note « sur les variations qui se produisent avec la latitude dans une méme espéce végétale », dans laquelle, entre autres affirmations erronées ou fort contestables, ils s'efforcent d'établir les deux propositions suivantes : 1* Dans une méme espéce végétale, l'ampleur du feuillage et l'intensité de sa coloration augmentent avec la latitude. 2 Le phénomène résulte de la durée croissante du jour avec la latitude pendant la période estivale. C'est, je le crois du moins, ce qu'il est légitime de conclure de divers passages de leur note, en particulier de ceux-ci : « Quant aux caractères des feuilles, on est frappé de voir les arbres de la Norvége fournir une ombre beaucoup plus épaisse que les mémes arbres sous nos latitudes. On remarque que les feuilles y sont notablement plus grandes en méme temps que plus vertes, et que les branches les plus ombragées de l'arbre ne sont pas dégarnies par l'étiolement. » « Les arbrisseaux et les plantes (??) présentent les mêmes diffé- rences. » « Les dimensions sont, d'une fagon générale, d'autant plus considé- rables, que la latitude est plus septentrionale. » (Bull. Soc. bot. t. XXV, p. 302.) € Or, tous ces phénomènes peuvent s'expliquer par l'action de la lumière. » (Ibid., p. 305.) | Et tout d’abord j'écarte de la discussion la prétendue preuve fournie par le fait de l'ombre plus épaisse et de la couleur plus intense du feuillage des arbres norvégiens. Ces botanistes n'indiquant point comment ils ont mesuré l'épaisseur de cette ombre et l'intensité de ce vert, le fait avancé par eux devient une simple allégation, sans valeur par conséquent. Mais, MM. Bonnier et Flahault ont en outre mesuré des feuilles, et trouvé leurs limbes plus grands que ceux de leurs congénères des régions tempérées. J'admets volontiers le fait, que je regarde, avec M. Ramond, comme dù à des influences accidentelles et locales, et je conteste l’expli- cation générale que ces botanistes en donnent. Avant d'aborder la discussion, je leur signalerai incidemment une erreur manifeste. Ils disent qu'en Norvége « les branches les plus ombra- gées de l'arbre ne sont pas dégarnies par l'étiolement ». Pour ces bota- 944 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nistes, l'étiolement serait donc la cause de la chute des feuilles? Mais l'étiolement est une maladie, la chute des feuilles est au contraire le dernier terme de l'évolution normale chez les Dicotylédones. Que MM. Bonnier et Flahault étiolent des Dicotylédones, et ils constateront que leurs feuilles mourront prématurément, puis se dessécheront ou pourriront, selon les conditions de l'expérience, mais ne se détacheront pas spontanément des rameaux. Cette remarque faite en passant, examinons la valeur de la proposition formulée par ces botanistes. A la séance du 10 janvier dernier, — dont j'ai reçu le Compte rendu il y a seulement quelques jours, — M. Ramond a réfuté d'une facon péremptoire, selon moi, les vues erronées de MM. Bonnier et Flahault. Pourtant la question n'est peut-étre pas encore complétement élucidée pour tout le monde, si l'on en juge par les réflexions faites par divers membres à la suite de la communication de M. Ramond ; et je prie la Société de vouloir bien me permettre de revenir brièvement sur ce point capital de biologie végétale. Depuis longtemps je professe, et je crois avoir démontré dans mon der- nier livre : La Vie Végétale, publié au mois de décembre 1877, par la maison Hachette, que la superficie d'un feuillage est une fonction dans laquelle entrent de nombreuses variables indépendantes, parmi lesquelles l'eau d'abord, la radiation solaire ensuite, ont la prépondérance. De telle sorte qu'en négligeant des interventions secondaires ou encore mal défi- nies, on peut dire que l'ampleur du feuillage est fonction de l'eau et de la radiation solaire reçues par la plante. Voyons comment s'explique l'influence de ces deux agents sur le déve- loppement du feuillage. L'étre simple, — la cellule, — de tout organisme composé, animal ou végétal, vit dans un milieu spécial, le liquide nourricier, appelé plus par- ticulièrement sang chez l'animal, sève chez le végétal. Ce liquide très complexe est préparé et entretenu dans un état déterminé par une série d'opérations physico-chimiques, dont les unes s'accomplissent en dehors des organismes vivants (digestion extra-corporelle), et les autres au con- traire au sein de ces derniers (digestion intra-corporelle). La part de cha- cune de ces deux digestions dans l’œuvre commune est fort inégale selon les êtres, et les variations innombrables de la valeur relative de ces deux groupes d'actes se rattachent à deux modes de la vie représentés, l'un par l'animal, l'autre par le végétal. Dans le premier, la digestion intra-corporelle atteint son maximum, et la digestion extra-corporelle son minimum d'importance ; dans le second, c'est l'inverse. Chez le végétal, le véhicule et l'agent nécessaire de la digestion extra- corporelle est l’eau tellurique, d’où la convenance pour lui de se fixer SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1879. 345 dans l'endroit le plus favorable à l'apport et à la pénétration du fluide nutritif. Chez l'animal, au contraire, la digestion intra-corporelle étant la fonction dominante, la non-fixation, la motilité en d'autres termes, lui est avantageuse pour lui permettre de rassembler les matériaux de sa digestion interne. Les deux modes de digestion propres, l'un à l'animal, l'autre au végé- tal, expliquent les différences de conformation qui distinguent ces étres. La formule morphologique de l'animal est: un volume maximum sous une surface minimum ; celle du végétal, de l'organisme qui vit surtout par l'extérieur et de l'extérieur, est inverse : un volume minimum sous une surface maximum. Je ne connais pas de preuve plus frappante de l'étroite sujétion de la plante au milieu que l'absolue différence entre la conformation de la feuille, organisme destiné à la vie aérienne, et celle de la fibrille radicale, organisme destiné à la vie souterraine. Ces deux corps satisfont égale- ment à la formule morphologique de la vie végétale, un volume minimum Sous une surface maximum, mais n'y satisfont pas de la méme maniére : le premier s’aplatissant en lame, et le second s'étirant en fil, pour obéir aux exigences spéciales de deux milieux distincts, l'atmosphére et le sol. La réfutation de la loi formulée par MM. Bonnier et Flahault est impli- citement contenue dans ces principes qui régissent tous les organismes végétaux. Aux arguments sans réplique produits par M. Ramond, je n'en ajouterai qu'un seul, — de crainte de trop étendre cette note, — pris au hasard parmi tous ceux que nous offre la géographie botanique. La nutrition végétale peut, dans des circonstances assez variées, affecter certains des caractères de la nutrition animale. Au nombre des plantes les plus animalisées, si l'on peut ainsi parler, on compte les Cactées dites aphylles, Dicotylédones qui doivent leur aspect étrange, insolite, et par suite leur popularité prés des amateurs, à cette double particularité de vivre dans un sol extrémement aride et sous une radiation solaire exces- sivement puissante. Dans ces conditions, le véhicule du fluide nourricier, l'eau, est toujours en quantité insuffisante pour deux raisons : parce qu'elle est rare dans le sol, parce qu'une radiation solaire intense l'enléve rapidement aux tissus. Dés lors la plante doit vivre d'une vie animale en quelque sorte, presque exclusivement à l'aide d'une digestion intra-corporelle alimentée trés faiblement par le sol, pour la plus grande partie au contraire par l'atmos- phére. Par conséquent, il semblerait que, sous de telles exigences, la Cactée des terres chaudes devrait réduire au minimum son appareil sou- terrain, et développer au maximum son appareil aérien. Or, si l'observa- tion confirme la premiére déduction, elle infirme la seconde; et nous Voyons se produire dans ces plantes deux états de choses antagonistes : 346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une dégénérescence, celle du systéme foliaire, dont les éléments devien- nent à la fois rudimentaires et fugaces; et une hypertrophie, celle du systéme axile, dont les membres, adoptant les formes courtes, ramassées, épaisses, de l'animalité, revêtent extérieurement les caractères de la feuille, et fonctionnent comme elle. C'est que la réduction au minimum de la surface directement en contact avec une atmosphère sèche et em- brasée était une condition sine qua non d'existence. Mais alors comment concilier cet état de choses avec les exigences de l'alimentation aérienne chez ces plantes ? Cette conciliation est imparfaite, il est vrai : d’où la lente croissance de ces végétaux; pourtant elle existe dans une certaine me- sure, et ce puissant systéme vasculaire, caractérisé par ces grosses cel- lules spiralées ou annelées propres aux Cactées aphylles, en est l'agent, du moins selon moi. Toutefois je terminerai là ces considérations som- maires, car aborder ce point tout nouveau de physiologie végétale nous entrainerait trés loin, et la question est trop importante pour être traitée d'une fagon incidente. M. Ch. Flahault fait la communication suivante : NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LA VÉGÉTATION DES PLANTES ARCTIQUES, par M, Ch. FLAHAULT. Il y aun an (13 décembre 1878), je communiquai à la Société bota- nique les observations que mon ami M. G. Bonnier et moi avions faites en Scandinavie Sur les variations qui se produisent avec la latitude dans une méme espéce végétale; nos observations confirmaient celles de Grisebach, de M. Ch. Martins, de Baér, de MM. Th. Fries, Schübeler, etc. Jl résulte, d'une facon incontestable, de l'ensemble des travaux entre- pris sur ce sujet, que les feuilles de beaucoup de végétaux sont plus grandes et plus vertes en Scandinavie que dans des contrées plus méri- dionales. Il ne s'agissait donc pas de faire connaitre un fait nouveau, mais d'en chercher l'explication. Il s'agissait avant tout de reconnaitre si, comme l'affirmait dès 1817 À. P. de Candolle, comme paraissent l'établir les recherches de M. de Gasparin (1853) et celles de M. le professeur Schübeler, c'est à l'influence de la durée de l’éclairement qu'il faut attribuer les variations qui se pro- duisent entre les régions septentrionales et moyennes de l'Europe au point de vue qui nous occupe. Nos observations confirment absolument les vues de ces savants; nous basant sur les travaux les plus récents des météorologistes scandinaves, nous avons appuyé cette explication de quelques faits nouveaux, nous SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1879. 347 avons montré que l'augmentation des dimensions des feuilles est corréla- tive à l'accroissement de la durée de l'éclairement, toutes les autres con- ditions étant égales; il nous parut donc rationnel de considérer l'insola- tion trés longue dans les pays du Nord pendant toute la période végétative comme la cause des modifications en question. Cependant à une époque où les sciences naturelles ont à leur disposi- tion des moyens puissants d'expérimentation, on ne peut se contenter de simples observations. J'entrepris donc des expériences comparatives à Upsala et à Paris: je me procurai des graines et des plantes récoltées en Suéde; ces plantes et ces graines furent cultivées par moitié à Upsala, par moitié à Paris. D'autre part, je fis parvenir à M. le professeur Th. Fries des graines et des plantes des mémes espéces et des mémes variétés récol- tées à Paris; la moitié en fut cultivée à Upsala, l'autre à Paris. La quantité d'eau qui tombe annuellement à Upsala est à fort peu de chose prés la méme qu'à Paris; les alluvions de la Seine, qui forment le sol du Jardin des plantes de Paris, renferment, comme les alluvions glaciaires d’Upsala, des proportions notables de calcaire et de silice; les plantes ont été cultivées des deux côtés dans des endroits secs et découverts. En un mot, une seule des conditions variait notablement entre les deux localités : du 15 mai au 30 juillet, période la plus importante au point de vue du développement, les plantes cultivées à Upsala ont recu l'influence des rayons directs du soleil pendant deux heures onze minutes (moyenne journaliére) de plus que celles cultivées à Paris; cela fait une différence de 10,087 minutes en faveur de la localité suédoise. Toutes les autres conditions étant les mémes, si les feuilles étaient plus développées en Suède qu'en France, il devenait légitime d'en rapporter la cause à l'influence de la lumiére. Malheureusement la fin de l'été fut plus humide à Paris qu'elle ne l'est ordinairement: les différences qui ne devaient porter que sur la lumière portérent donc aussi sur l'humidité de l'air et du sul; aussi je ne puis tenir grand compte des expériences que j'ai faites sur ce point. Je dirai seulement que, malgré l'humidité du sol et de l'air plus grande à Paris qu'en Suède, les dimensions des végétaux que j'ai soumis aux cultures, notamment les dimensions des feuilles, ont été plus considérables en Suède qu'en France. Ce fait seul montre bien que, dans le cas présent, ce n'est pas à l'humidité qu'il faut attribuer l'accroissement des feuilles dans les pays du Nord. Mais les sciences naturelles doivent étre des sciences positives. En raison de l'humidité plus grande de cette année en France, bien que le résullat des expériences confirme l'interprétation généralement adoptée du phénoméne en question, je n'en tiens aujourd'hui aucun compte; pour suppléer au manque de précision dans les expériences, j'ai entrepris 348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des mesures comparatives, dans les différentes régions de la Scandinavie, sur les feuilles d'un certain nombre de végétaux. J'ai choisi pour cela la plupart des espéces qui sont répandues dans la péninsule scandinave sous presque toutes les latitudes; toutes les observations ont été faites dans des localités dont l'altitude ne dépasse pas 10 métres au-dessus du niveau de la mer. J'ai observé 60 espéces environ. Les chiffres suivants expriment pour chaque localité la moyenne dé- duite de la mesure d'au moins une série de cent feuilles prises sur les rameaux terminaux de vieilles branches à partir du sommet; toutes les observations ont été faites sur des arbres isolés dans des localités décou- vertes, pendant les mois d'aoüt et de septembre, c'est-à-dire à l'époque où les feuilles ont acquis leurs dimensions maxima ; j'ai choisi autant que possible des arbres situés sur des pentes sèches ; j'ai recueilli un très grand nombre d'observations sur différentes espèces. Comme il était diffi- cile de réunir à la fois toutes les garanties d'exactitude, je néglige la plupart des résultats que j'ai obtenus, qui concourent tous à établir que dans les mémes conditions de température, d'altitude et d'humidité moyennes, les dimensions des feuilles sont plus grandes à mesure qu'on s'avance vers les hautes latitudes. DIMENSIONS Différence cüreson (5742).| PrreA (6519). | él bles septentrionale. MOYENNES DES FEUILLES. longueur... 0,054 0,062 0,008 Betula odorata.. 1 largeur..... 0,045 0,050 0.005 UPSALA (59°54). | Saltdalen (67210). ( longueur... 0,17 0,20 0,03 Ulmus moniana.- | y, ror... 0,09 0,12 0,04 longueur 0,085 0,193 0,038 l . [2] , , , Populus tremula { largeur..... 0,075 0,094 0,019 GÖTEBORG. ^ SALTDALEN. Cerasus Padus. . 1 longueur... 0,12 0,145 0,025 largeur... 0,07 0,085 0,015 Ces quatre exemples suffisent, je crois, à démontrer ce que j'ai dit au sujet de la grandeur des feuilles : les différences sont toujours en faveur SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1879. 349 delalocalité la plus septentrionale. Si, au lieu de l'observer sur des espéces arborescentes, on compare les feuilles de plantes herbacées, on trouve des différences bien plus considérables qui peuvent dépasser 1/5, comme cela arrive pour l'Aconitum Lycoctonum, le Geranium silvaticum, l’Alchimilla vulgaris, le Cirsium heterophyllum, etc.; mais les plantes herbacées vivaces sont soumises trop directement à des influences tout à fait secondaires, telles que la nature superficielle du sol, sa richesse en humus, etc., pour que j'en puisse tenir un compte trés grand. Je m'en tiendrai donc aux exemples qui, pour étre moins frappants, sont fondés sur des observations plus süres. Les auteurs que j'ai cités comme s'étant occupés de cette question ont fait connaitre un grand nombre de faits qui témoignent des dimensions énormes qu'acquiérent parfois les feuilles sous les hautes latitudes; j'en pourrais ajouter plusieurs autres. Les mesures comparatives que j'ai faites sur des plantes cultivées dans le Saltenfjord en Norvége, par 67°15 de latitude (Betteraves, Pois, Pommes de terre), et sur les plantes spontanées dans la méme localité, m'ont démontré que l'accroissement des dimensions est plus grand chez les plantes cultivées que chez les plantes sauvages; c'est sans doute une manifestation de la variabilité plus grande des plantes soumises à la cul- ture depuis bien des générations. En méme temps que les dimensions des feuilles s'accroissent, leur colo- ration verte devient plus foncée ; cependant cette teinte plus foncée n'im- plique pas une richesse plus grande en chlorophylle. On sait aujourd'hui, par les expériences de J. Böhm, de J. Sachs, de Famintzin, que la colo- ration plus ou moins vive des organes verts est due le plus souvent à la répartition variable des grains de chlorophylle dans les cellules; mais les dimensions des feuilles toujours plus grandes sous les hautes latitudes, quand toutes les autres conditions sont égales, et surtout le fait que tou- jours dans ces conditions les feuilles sont en méme temps plus grandes et plus vivement colorées, me paraissent démontrer l'influence favorable qu'exerce la longue durée de l'éclairement sur le développement de la chlorophylle. On a fait diverses objections à cette manière de voir. 4° On a dit que, si l'accroissement était dû exclusivement à la lumière, il devrait se produire régulièrement jusqu'à 68°30’ de latit., y atteindre un maximum qui se maintiendrait ensuite jusqu'au pôle. Cette objection est trés fondée : c'est pour l'éviter que j'ai fait mes observations dans des localités situées au niveau de la mer, et qui ne présentent dans toute la péninsule scandinave que des variations trés légéres dans les tempéra- tures moyennes de l'été, les seules qui puissent nous intéresser ici. Mais, Si l'on considère des régions trés froides où l'été est fort court, dont les 350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. températures estivales sont trés faibles, on ne remarque plus d'accroisse- ment spécial des feuilles; toute la force vive de la lumiére doit étre employée pour léur permettre de se développer, et pour compenser le défaut de température. 9» Qu a objecté que c'est l'humidité qui favorise le développement exces- sif des feuilles. L'influence de l'humidité est complexe. Qu bien on considére l'humidité du sol et de l'air, c'est-à-dire la quan- tité d'éau que présente une localité; à ce point de vue, on dit que les feuilles et les organes végétatifs s’accroissent d'une façon spéciale dans les localités les plus humides : je partage absolument cet avis. Mais c'est à Florö ei dans la région au nord de Bergen, vers 617-62" de latit, que la péninsule scandinave est le plus humide ; or d aprés toutes les observa- tions faites jusqu'ici, les feuilles s’accroissent au nord de cette région jusqu'au delà du 67° parallèle ; elles s'aeeroissent aussi bien sur la côte suédoise de la Baltique, au climat sec, que sur la cóte norvégienne, qui regoit annuellement trois fois plus d'eau que la cóte de la Baltique. On a dit aussi que la grande quantité de vapeur d'eau contenue dans l'air diminue nécessairement beaucoup l'intensité lumineuse, que cette diminution doit étre assez grande pour compenser la longue durée du jour. J'admets que la vapeur d'eau diminue l'intensité lumineuse des rayons solaires, mais je ne saurais admettre qu'elle puisse compenser la longueur du jour. En effet, les expériences de plusieurs physiologistes ont montré qu'une lumiére trés forte nuit au développement de beaucoup de feuilles ; qu'une lumiére vive détruit la chlorophylle. M. Famintzin a montré que des plantes semées à l'obscurité. et transportées à la lumière verdissent moins vite si elles sont exposées à la lumiére directe du soleil, que si elles sont placées à l'ombre; de méme, si l'on place à la lumière du soleil de jeunes feuilles étiolées dont on a caché une faible partie, cette partie ombragée se colore en vert avant les parties qui reçoivent les rayons directs du soleil : cet effet ne doit pas être attribué à une élévation locale de température, car des écrans ont été disposés de façon à intercepter les rayons solaires, tout en laissant les différentes parties dans les mêmes conditions de température. Le verdissement des feuilles est donc favorisé par un éclairement de moyenne intensité, Nous pouvons, je crois, conclure de tout ce que j'ai dit, que l'aceroissement des feuilles sous les hautes latitudes a pour cause l'éclairement très long, mais d'intensité faible, dont elles subissent con- tinuellement l'influence. SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1879. 351 SÉANCE DU 26 DÉCEMBRE 1879. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX. M. Malinvaud, vice-secrétaire, donne lecture du prcés-verbal de la séance du 12 décembre, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la derniére séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. Orvier (Louis), licencié és sciences, rue de Rennes, 90, à Paris, présenté par MM. Van Tieghem et Flahault. Pierre, directeur du Jardin botanique de Saigon, présenté par MM. Bureau et Fournier. Conformément à l'article 10 des statuts, on procéde à l'élection du Président pour l'année 1880. M. Ernest Cosson, ayant obtenu 101 suffrages sur 122, est pro- clamé Président. La Société nomme ensuite successivement : Premier vice-président : M. Van Tieghem. Vice-présidents : MM. Cauvet, Gaudefroy et G. Planchon. Trésorier : M. Ramond (réélu). Archiviste : M. Duchartre. Secrélaire : M. Malinvaud. Vice-secrétaires : MM. Bonnier et Flahault. Membres du Conseil : MM. Decaisne, Chaboisseau, Prillieux, Bornet et Cornu. M. Duchartre dit qu'il croit être l'interpréte d'un sentiment géné- ral en proposant de remercier M. Prillieux de l'activité persévé- rante et dévouce avec laquelle il a dirigé les travaux de la Société, et a su leur imprimer une impulsion féconde pendant l'année qui est prés de finir. Cette proposition est accueillie par d'unanimes applaudissements. M. le Président répond que l'exercice de ses fonctions lui a été rendu facile par le bienveillant concours que tous ses confrères lui ont prêté, ainsi que par le dévouement de MM. les membres du Secrétariat, qui se sont acquittés de leur tâche avec un zèle digne d'éloge. PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, & Bull. de la 3oc.Bot.de France. 1 m 5 ^ Linaria Elatine Desf. Pull, del Bull dela Soc. bot.de France. Tome XXVI ( 2* S*Tome I) PI. III. M Boudier del. Znp Becquet Parts. 4 " E T . TT | 2 1 27 testeurs meme” nee REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (3ANVIER-JUIN 1879.) N. B. — On peut se procurer lés ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris. Enumeratio plantarum in Japonia sponte crescentium hucusque cognitarum, adjectis descriptionibus specierum. pro regione novarum, quibus accedit determinatio herbarum in libris japonicis S6 mokou Zoussetz xylographice delineatarum, auctoribus A. Franchet et Lud. Savatier; 2 volumes in-8°. Parisiis, apud F. Savy, 1874-1878. - Nous avons signalé il y a quelques années, dans cette Revue (t. xx, p. 187), le commencement de cet important ouvrage dont nous sommes heureux d'annoncer aujourd'hui l'entier- achèvement. Il a été publié en einq livraisons, dont la derniére a paru cette année méme. Le premier volume et la première partie du second sont consacrés à l'énumération des espéces et à l'indication des localités. Les auteurs avaient, comme nous l'avons dit, réservé pour la seconde moitié de leur livre la descrip- tion des nouveautés. Mais pendant que la première partie s'imprimait, les nouveautés augmentaient en nombre, en méme temps que s'étendait et se perfectionnait pour eux la connaissance des espèces déjà admises, et cela grâce à des explorations nouvelles de M. Savatier et aux commu- nications de plusieurs naturalistes. M. Vidal, médecin français, M. de Brandt, qui fut longtemps ministre de Prusse à Yédo (et ensuite à Pékin), le docteur J. Rein, maintenant professeur à l'université de Marbourg, le docteur Hilgendorf, professeur à l'école de médecine de Yédo, le docteur Robert, médecin de notre division navale dans les mers de Chine en 1812, M. W. Dickins, M. Hogg, M. C. Kramer et des botanistes japonais leur ont apporté un riche contingent de récoltes souvent trés précieuses, et M. Maximowiez a continué de leur communiquer des doubles de ses herborisations japonaises, particuliérement de celles qui font le sujet de ses Décades. L'énumération de ces nouveautés, jointe à la description de celles qu'avait sighalées la premiére partie, forme le premier supplément à l'ouvrage ; il s'y trouve intercalé de nombreuses notes, le synopsis d'un grand nombre de genres difficiles, etc. Nous pouvons donner comme T. XXVI. (REVUE) 1 9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. exemple du soin apporté par les auteurs à l'étude de leurs plantes, la discussion qui concerne les limites du genre Vincetoxicum et du genre Tylo- phora (4), définitivement exclu par eux de la flore japonaise; les descrip- tions minutieuses des beaux Lis du Japon ; l'étude, encore nouvelle aujour- d'hui, des caractéres spécifiques fournis par les spores des Fougéres, etc. Dans un Mantissa ultima, qui forme la derniére livraison, MM. Franchet et Savatier énumérent les plantes nouvelles pour la flore du Japon qui ont été signalées ou décrites dans le cours de l'année 1877, et établissent la concordance de leurs travaux avec les dernières notes de M. Maximowicz, qui avaient été imprimées en méme temps. Les espéces nouvelles reconnues par les auteurs sont nombreuses, notamment parmi les Cypéracées et les Fougéres, et dans les genres Gera- nium, Chrysosplenium, Vincetoxicum, etc. Quelques-unes de ces nou- veautés ont. donné lieu méme à la création d'entités génériques, savoir : Tanakæa (Saxifragées), qui par son port et ses anthéres uniloculaires parait avoir des affinités surtout avec le genre Leptarrhena ; Mallotopus (Composées-Eupatoriées), qui differe du genre Eupatorium par ses corolles jaunes à limbe largement campanulé, et par ses achaines à dix côtes fines égales; Periballanthus (Asparaginées), qui diffère du genre Polygonatum par la présence d'un involucre foliacé à la base des fleurs et par ses filets staminaux très-aplatis. On conçoit qu'un pareil travail a dà augmenter dans de larges propor- tions le nombre des végétaux jusqu'à présent connus pour appartenir à la flore du Japon. Nous.disions en 4873, d'aprés une phrase de la préface (p. 1x) du 1* volume, que dans les récoltes de M. Savatier, il se trouvait plus de 100 espèces non mentionnées encore au Japon, ce que M. de Tchihatchef à répété dans une note de La végétation du globe. Maintenant que l'ouvrage est terminé, il est nécessaire de faire ressortir une conclu- sion plus complète et plus large, c'estque la dernière publication de Miquel (Catalogus Musei botanici Lugduno-Batavi, pars 1° : Flora japonica) ne mentionne guére que 2080 espéces au Japon, et que le livre de MM. Franchet et Savatier en signale 2760. Comme nous le disions en 1873, l'une de leurs principales préoccupa- tions a été la détermination des plantes citées par leurs noms indigènes dans les Encyclopédies publiées au Japon, notamment dans le Phonzo zoufou el dans le.Só mokou Zoussetz (2). A la suite de leur Flore se (1) Voyez le Bulletin, t. xxiv (Revue), p. 91. (2) Une réimpression de ce recueil; à ce que nous apprend M. Franchet, a été faite en 1875-76, par les soins de deux botanistes japonais, MM. Tanaka Voshio et Ono Motoyoshi. Cette rédaction est identique à la première, sauf pour les numéros des folios. Il en résulte que les folios cités par MM. Franchet et Savatier d’après la 1'* édition (1856) ne concordent pas toujours avec ceux de la deuxiéme, et se trouvent parfois en retard ou en avance de deux ou trois numéros. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 3 trouve en effet un Index nominum japonicorum qui occupe une soixan- taine de pages. Cet index est précédé d'un catalogue bibliographique et suivi d'une table alphabétique de la flore japonaise. Cette table contient un certain nombre d'espèces arrivées trop tard pour figurer dans l'ou- vrage, et dont on trouvera la description dans notre Bulletin, séance du 28 février 1879. Die Baumtemperatur in ihrer Abhangigkeit von áusse- ren Einflüssen (Des influences extérieures qui s'exercent sur la température des arbres); par MM. J. Bœhm et Jakob Breitenlohner (Sitzungsberichte der K. Akad. der Wissenschaften, mai 1877) ; tirage à part en broch. in-8° de 31 pages. La température de l'intérieur des arbres est, pendant la durée de la transpiration, l'expression combinée de la température du sol et de celle de l'air. La température du sol est transmise par la séve asceudante, ap- pelée vers les parlies supérieures par la transpiration. L'influence calori- fique exercée par le courant séveux ascendant diminue de bas en haut et de l'intérieur à l'extérieur. Cette diminution est combattue par la quan- tité de la chaleur solaire qui pénètre transversalement dans le tronc de l'arbre, et pour un point donné elle est en raison directe du volume du tronc, pris au niveau de ce point. La transmission de l'influence calo- rifique du sol a une limite; elle se perd dans la ramifieation de l'arbre. Abstraction faite de la transpiration, et par conséquent de la séve ascen- dante, la température des arbres dépend uniquement de celle de l'air. Ueber die Verfürbung grüner Blätter im intensiven Sonnenlichte (Décoloration des feuilles vertes sous une lumiere solaire intense) ; par M. J. Bœbm (Die landwirthschaftlichen Versuchs- Stationen, t. xx1, pp. 463 et suiv.) M. Bœhm fait trés justement remarquer que si nous possédons des don- nées nombreuses sur les limites de température favorables à la végétation, nous n'avons en revanche presque pas de renseignements analogues sur l'influence de la lumière. Y a-t-il un maximum favorable au delà duquel les fonctions des cellules ne s'exécutent plus aussi bien? Deux expériences ont été faites par l'auteur de celte note, ettoutes deux semblent montrer, dit M. Micheli (1), qu'une lumiére trop intense est sou- vent nuisible. Dans l'une, des graines de Phaseolus multiflorus germé- rent sous une cloche dont une moitié était légèrement ombragée et l'autre en plein soleil. Des précautions étaient prises pour que la: température restàt modérée et à peu prés égale des deux cótés. Les feuilles primordiales (4) Rapport sur les principales publications de physiologie végétale en 487. 4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des plantes qui croissaient au soleil étaient d’un vert très-pâle et très im- parfaitement développées, tandis que les autres les dépassaient à tous égards. Dans l’autre expérience, des feuilles primordiales bien développées de Phaseolus furent placées sous l’eau et au soleil, dans différentes positions et avec des précautions inutiles à détailler. Une lumière trop intense fit d'abord pâlir les feuilles, puis les brunit en leur donnant un éclat métal- lique et en détruisant tout à fait la chlorophylle. La face inférieure s'est montrée plus délicate que la supérieure. Rien, dans le résumé que nous venons de transcrire faute d'avoir reçu le tirage à part de cette publication, ne nous indique si M. Bœhm a songé à rapprocher ces faits de ceux que plusieurs cryptogamistes, et notamment M. Roze, ont observés sur les cellules des Mousses. On se rappelle que, dans ces observations, on a constaté aussi que les organes verts pâlis- sent sur la face exposée à la lumière, et que le fait tient au déplace- ment spontané des granules de chlorophylle. Ueber die Entwickelung von Sauerstoff aus grünen Zweigen unter ausgekochtem Wasser im Sonnenlichte ; par M. J. Boehm (Liebig's Annalen, t. cLxxxv, pp. 248 et suiv.). M. Bœhm a fait les observations suivantes sur le dégagement d'oxygène qui se produit lorsqu'on soumet à l'expérience des rameaux verts, en pré- sence d'une eau préalablement portée à l'ébullition. 1. Lorsque les rameaux sont placés dans une atmosphére limitée, ren- fermant de l'oxygéne, à l'abri de la lumiére, i| se produit d'abord une diminution du volume gazeux, mais plus tard, avant cependant que tout l'oxygéne ait été employé, le volume augmente (1). | 2. Cette diminution de volume observée ne provient pas, comme lors de la germination des graines oléagineuses, d’une assimilation d’oxy- (1) M. Behm a exposé des faits analogues au Congrès des naturalistes et médecins allemands, à Hambourg, en septembre 1876 (Botanische Zeitung, 1877, p. 22). Il a répété l'expérience suivante de Saussure. Des rameaux verts végétant dans un espace clos au-dessus d'une couche d'eau, et dans de l'air qui est de l'air atmosphérique, le tout dans l'obscurité, le volume gazeux se contracte et l'eau monte dans l'appareil ; si ensuite on place celui-ci à la lumière solaire, le gaz reprend son volume primitif. On pourrait attribuer ces phénomenes à ce que dans l'obscurité la plante absorbe de l'oxy- gène et émet à sa place de l'acide carbonique que l'eau absorbe. M. Bæhm suggère une autre explication : c'est que l'acide carbonique formé serait condensé et emmaga- siné dans les parois cellulaires. Des rameaux desséchés à 100 degrés absorbent, dit-il, plus d'acide carbonique que les rameaux frais. Ce n'est donc pas le liquide aqueux des cellules qui condense le gaz dans ces cas, mais bien la paroi méme de la cellule, qui agit comme un filtre de charbon. Il résulte de cette expérience que quand la transpira- tion provoquée par la chaleur est forte, la paroi doit retenir avec plus de force encore le gaz carbonique formé, et cela doit étre trés-favorable au premier travail d'assimilation, quel que soit d'ailleurs le résultat immédiat de ce premier travail. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5 gène, mais de l'absorption de l'acide carbonique formé parla respiration normale. 3. Si les rameaux sont placés dans de l'acide carbonique pur, il se pro- duit d'abord une diminution de volume, contrairement aux assertions de Saussure, mais plus tard le volume augmente par suite de la respiration. 9. Lorsqu'on expose au soleil des pousses vertes de Ligustrum vulgare, elles développent beaucoup plus d'oxygéne que n'en comporte le volume de l'air dans lequel l'expérience se fait; cet oxygène provient de l'acide carbonique expiré. D'ailleurs le dégagement de gaz va en diminuant et s'arrête au bout de trois ou quatre jours, quoique les tiges soient encore fraiches. Ueber die Zusammensetzung der in den Zellen und Ge- fassen des Holzes enthaltenen Luft (Sur la composition du gaz contenu dans les cellules et les vaisseaux du bois); par M. J. Bœhm. (Die landwirthschaftlichen Versuchs-Stationen, t. xxt, pp. 313- 388). 1. Le gaz extrait de rameaux vivants par la cuisson dans une eau aupa- ravant bien purgée d'air, est un air pauvre en oxygène et renfermant tou- jours plus de 30 pour 100 d'acide carbonique. Si au contraire on tue des rameaux frais par la vapeur d’eau bouillante, et qu'ensuite on les échauffe pendant six à sept heures jusqu'au-dessus de 90° dans de l'oxygéne pur sur la cuve à mercure, on n'observera que peu d'acide carbonique. Cette différence de résultats est attribuée par l'auteur à ce que le bois condui- sant mal la chaleur, les cellules les plus internes du rameau employé dans la premiére expérience ne périssent que lentement, et ont le temps de produire de l'acide carbonique par respiration. De toutes les méthodes essayées par l'auteur pour retirer l'air contenu dans le bois, la meilleure est de le faire passer dans le vide baromé- trique.... 3. Mais la tension de l'air contenu dans les cellules et les vaisseaux des plantes vivantes est si faible, que de cette derniére maniére on n'arrive guère à retirer des rameaux coupés que la quantité d'air qui s'y était introduite pendant le sectionnement. L'auteur ne connait qu'un moyen de se mettre à l'abri de cette cause d'erreur, c'est de faire congeler les rameaux du Lilas avant de les couper; la séve congelée empéche alors la pénétration de l'air au moment dela section; dégelés ensuite, ils ne laissent retirer de leur tissu que les gaz qui s'y trouvaient à l'état de vie. 4-6. De nombreuses analyses montrent qu'au moment où a lieu le dégel des rameaux mis en expérience, l'air qu'ils renferment contient une somme d'oxygéne et d'acide carbonique plus faible que la proportion d'oxygéne contenue dans l'air atmosphérique.— Au contraire, quand l'as- 6 SOCIÉTÉ BOTANÍQUE DE FRANCE. piration des gaz du rameau a ed lieu quelque temps aprés leur dégel, la somme de l'oxygéne et de l'acide carbonique dépasse la proportion d'oxygène contenue dans l'air atmosphérique. On conçoit qu'il suffit de l'omission de quelque précaution dans l'opération pour er faire varier les résultats, et méme que cette opération nécessite des manœuvres extréme- ment délicates.... 9. L'expérience a été encore instituée autremerit par M. Bæhm, dans des conditions plus naturelles. Il a étudié le gaz excrété par les racines d'un jet de Saule qui plongeait dans l'eau. La somme de l'acide carbonique et celle de l'oxygène excrétés étaient dans ce cas plus petites que la quantité de ces gaz contenue dans l’atmosphère. L'auteur attribue ce fait à ce qu'une notable quantité de l'acide carbonique produit par la respiration dans les tissus était emportée par le courant d'eau ascendante. A travers des variations dont les conditions naturelles et les conditions expérimentales sont encore à débattre, et dont peut rendre en partie compte la solubilité différente de l'oxygéne et du gaz carbonique, deux points restent bien acquis, la faible tension du gaz renfermé dans le tissu des plantes, et sa grande richesse en acide carbonique. Ueber Stärkebildung in den Chlorophyllkornern bei Ab- schluss des Lichtes (De la production d'amidon dans les grains de chlorophylle enl absence de la lumière); par M. J. Boehm (Die landwirth- schaftlichen Versuchs-Stationen, t. xxu); tirage à part en broch. in-8, pp. 123-156. Ce mémoire doit être rapproché de celui du même auteur qüe nous avons analysé ici l’année dernière (t. xxiv, p. 418). M. Bæhm cherche à y corro- borer par de nouvelles preuves lä théorie qu'il a déjà formulée. On se rappelle que suivant lui l'amidoti produit dans les feuilles éclairées par le soleil, en présence de l'acide carbonique et de l'eau, ne serait pas le pro- duit d'une assimilation directe exercée aux dépens de ces deux corps. Son mémoire actuel est fondé sur l'examen de ce qui survierit, quand on traite des jeunes plantules de Haricot d'Espagne en coupant, soit la radi- cule, soit un cotylédon, soit le bourgeon terminal, soit la radicule et le bourgeon en métne temps, et en plaçant ces organes ou ces plantes dans l'obseurité complète où incomplète. Le Haricot est, dit-il, d'autant plus favo- rable peur de telles expérietices, que, quand on a coupé, au 3* jour, l'axe hypocolylé, et ensuite les racines accessoires qui se développent de la tige, celle-ci, étant obscurée (1), rie s'en dévéloppe pas moins que les tigés des plantules qui n'ont subi &ueune mutilatiôn. | (1) Nous prions nos lecteurs de nous pardonner ce néologisme, seuf moyen de tra- duire sans lotigue périphrase l'allemand verdunkelt. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 7 M. Behm a constaté incidemment des faits intéressants, notamment lenracinement spontané des cotylédons séparés de l'axe, et la cause prochaine de la mort des feuilles. Quand ces organes ont jauni et qu'ils se détachent, quand ils meurent, en un mot, c'est qu'ils ne contiennent plus d'amidón, si ce n'est quelquefois dans le mésophylle, qui chez les feuilles âgées parait moins se prêter à Ia transmigration de ce principe. La théorie dont M. Sachs est aujourd'hui le principal représentant, et que l'auteur combat, s'appuie principalement sur ce fait que des feuilles bien vivantes et désamylées par un séjour préalable dans l'obscurité, une fois exposées dans de bonnes conditions à la lumiére solaire, y régénérent promptement ce principe. Mais M. Bæhm a prouvé, par l'expérimentation directe, que des feuilles obscurées et désamylées reprennent au bout de 10 à 14 jours une quantité d'amidon égale à celle qu'elles contenaient d'abord, et cela sans avoir été exposées à la lumiére. Ce n'est done pas sous l'influence de célle-ci que l'amidon a reparu dans leur parenchyme. Il y a dans ce fait (qu'on observe seulement sur des feuilles encore jeunes) la preuve que l'amidon est produit sur place aux dépens de substances déjà assimilées. M. Bœhm s'appuie ici sur les travaux des physiologistes fran- cais, M. Boussingault, M. Dehérain, M. Mer, dont les études Sur la glyco- genèse ont paru dans notre Bulletin. Dans d'autres cas, où les cellules ne contiennent pas de chlorophylle, et où l'amidon apparaît cependant sous l'influence de la lumière (et sans doute de la circulation), M. Bæhm dé- clare que cet amidon arrive par les faisceaux conducteurs provenant de la tige, où la moelle et l'écorce en contiennent en réserve, comme l'ont montré il y a déjà bien des années les travaux de M. Gris. Dans d'autres expériences encore, faites à la lumière solaire, mais en vase clos et en présence d'üne dissolution absorbante de potasse, il montre que l'amidon se produit toujours dans les cellules de feuilles préalablement obscurées et désamylées. L'influence de l'acide carbonique est alors éliminée, et ce n'est pas lui qui peut fournir le carbone nécessaire à la production de l'amidon. On pourrait, il est vrai, prétendre que dans ce cas le gaz carbo- nique provient de l'intérieur de la plante, de la tige et de l'absorption radiculaire. Mais M. Bœhm s'en réfère, pour nier la possibilité d'une telle intervention, à son travail antérieur sur la faible tension des gaz con- tenus dans les cellules et les vaisseaux du bois. Il s’en réfère encore à l'expérience suivante. Lorsqu'on place dans un vase clos, suivant la méthode de M. Corenwinder, dans une atmosphère bien dépouillée de gaz carbonique par son passage préalable à travers un flacon laveur, des ra- meaux sains portant des bourgeons, on voit se développer quelques-uns de ces bourgeons dont les feuilles ne renferment pas d'amidon (si ce n'est daus leurs cellules stomatiques), et meurent lorsque la matière amylacée contenue dans les tiges est épuisée, ce qui n'arriverait pas si ces 3 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rameaux recevaient du sol en quantité suffisante, par l'absorplion radicu- laire, l'acide carbonique nécessaire ou une autre substance organique servant à la respiration. Veber die Aufnahme von Wasser und Kalksalzen durch die Blütter (Sur l'absorption de l'eau et des sels calcaires par les feuilles); par M. J. Behm (Botanische Zeitung, 1811, n° 1, p. 112; et Die landwirthschaftlichen Versuchs-Stationen, 1877, t. xx, p. 51). M. Bœhm a vu que l'on peut rendre à des feuilles fanées leur turges- cence à l'aide d'une simple immersion. En expérimentant sur des feuilles opposées, il a pu méme entretenir la fraicheur de l'une d'elles en plon- geant sa voisine dans l'eau, ou méme en remplacant l'eau pure par une solution calcaire. M. Behm a ainsi fait pénétrer dans la plante des sels de chaux et réveillé de cette facon la végétation languissante de jeunes plantes (Haricots) qui étaient cultivées dans l'eau distillée (1). Die Wasserbewegung in transspirirenden Pflanzen (Le mouvement de l’eau dans les plantes qui transpirent); par M. J. Behm (Die landwirthschafllichen Versuchs-Stationen, 1811, t. xx, pp. 357-389). Beaucoup de physiologistes admettent que l'ascension de l'eau se fait par l'action combinée de l'endosmose et. de l'imbibition dans les parois elles-mémes, ou par une couche liquide trés mince adhérente aux parois. L'une de ces maniéres d'interpréter les faits dérive des théories de M. Jamin. M. Bæhm pense au contraire que les cellules tout entières jouent un róle dans le phénoméne, et que la transpiration est une fongtion de l'élasticité des parois et des pressions gazeuses qui régnent dans l'intérieur de la plante. Il reconnait cependant qu'il n'a pas donné la preuve directe de la justesse de cette hypothése. Warum steigt der Saft in den Bäumen? (Pourquoi la séve monte-t-elle dans les arbres?); par M. J. Boehm (extrait des For- schungen auf dem Gebiet der Agrikulturphysik, t. 1); tirage à part en broch. in-8* de 16 pages. Heidelberg, 1878, chez Carl Winter. La théorie que nous venons de signaler est développée dans ce mémoire, ' que M. Vesque a traduit pour les Annales des sciences naturelles en septembre 1878. On ne saurait croire que l'eau se meuve par capillarité dans les vaisseaux, dit M. Bæhm, puisque quand on fait, sur les côtés (1) Des résultats analogues ont été publiés par MM. Caruel et Mori (Nuovo Giornale botanico italiano, t. IX, p. 147). Les expérimentateurs italiens disent avoir constaté par des pesées que les feuilles absorbent l'eau dans laquelle elles sont submergées. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 0 opposés d'une tige de Dicotylédone, des entailles qui rompent la conti- nuité des vaisseaux, on voit que les feuilles de cette tige ne se dessèchent pas. On ne saurait croire que l'accés de l'eau provoqué par la transpira- tion soit un phénoméne de nature purement osmotique, parce que le mou- vement de l'eau produit par l'osmose est extrémement lent ; parce que les cellules épidermiques qui transpirent directement sont privées de chloro- phylle, n'assimilent pas et ne peuvent créer aucune matiére qui provoque l'osmose ; parce que les méats intercellulaires devraient se remplir d'eau, ce qui n'a jamais été observé ; parce que, la plante étant mainlenue dans un espace obscur, oü les réactions chimiques et l'assimilation ne peuvent se produire, les différences de tension osmotique dans les cellules des feuilles devraient peu à peu s'effacer par l'usure des matiéres osmotiques ou par leur transport dans la tige; enfin parce que, si le mouvement de l'eau dans les feuilles était produit par des différences de concentration du contenu des cellules, il devrait se faire de la méme maniére dans les bois dits parenchymateux, ce que personne ne voudra soutenir. Si le mouvement de l'eau provoqué par la transpiration n'est pas dù à l'osmose, on ne saurait l'expliquer davantage en admettant que ce mou- vement n'ait lieu que dans la paroi, d'une molécule de la paroi à l'autre, en vertu de la faculté d'imbibition ; car dans ce cas il ne devrait jamais se trouver d'eau ni dans les cavités cellulaires, ni dans les vaisseaux. M. Bœhm s'attache à prouver que le mouvement de l'eau dans la tige doit étre considéré comme un phénoméne de filtration produit par des différences de pression dans les cellules. Il a construit un appareil arti- ficiel en verre et en caoutchouc, destiné à montrer ce phénoméne à tous les yeux. Dans cet appareil, la membrane externe d'un entonnoir remplace les parois externes épaissies de l'épiderme. L'auteur admet comme indu- bitable que dans les plantes à bois parenchymateux, comme dans les organes dont les cellules sont remplies d'eau, il se présente des phéno- ménes semblables à ceux qu'il a observés dans cet appareil. Dans les deux cas, dit-il, le mouvement de l'eau provoqué par la transpiration est une fonction de l'élasticité des parois cellulaires et de la pression atmosphé- rique. Ueber den Gang des Wassergehaltes und der Transpiration bei der Entwickelung des Blattes (Sur les phases de la transpiration pendant le développement de la feuille); par M. le D" Franz de Hóhnel , (Forschungen auf dem Gebiet der. Agrikulturphysik, publié par M. Wollny, tome 1, 4° livr.) ; tirage à part en brochure in-8° de 29 pages. Heidelberg, C. Winter, 1878. L'auteur est parvenu aprés une longue série d'expériences à ce résultat que presque toutes les feuilles herbacées, dans leur premier âge, possè- 10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dent un certaii tnaximuüm d’eau qui descend ensuite, par les progrès du développement, jusqu'à un minimum déterminé à partir duquel l'eau augmente de nouveau dans la feuille. Tantôt cette seconde période, qu'on peut nommer ascensionnelle, dure jusqu'à ce que la feuille jaunisse (par exemple chez l' Acer spectabilis) ; tantôt, aprés qu'elle à conduit la fonction de la feuille à un deuxième maximum, plus élevé que le précédent (par exemple chez le Ballota nigra), elle fait place à une période de descente graduelle. Le minimum tombe en général sur l'état de demi-développe- ment de la feuille. Tout cela a été constaté par l'auteur sans qu'il se -préoccupât de la température où de l'humidité. Les plantes de la famille des Urticées ne se comportent pas de méme. Chez les genres Morus, Celtis, Ulmus, Urtica, la quantité d'eau va toujours éh diminuant depuis la première période jusqu'à l’âge le plus avancé. Il en est de même chez les végétaux à feuillage persistant. Chez le Mahonia Huamacanea, cependant, la quantité d'eau contenue dans les feuilles parcourt le même cycle que dans les feuilles herbacées. En géné- ral, l'épaississement des parois cellulaires ou la cuticularisation de l'épi- dérmé diminue la quantité d'eau. Il s'entend de soi-même que la quantité de la transpiration est en rapport avec les phases de développement suc- cessives de la feuille. M. de Hühnel a en effet constaté que les très jeunes feuilles offrent un maximum de transpiration, que pendant le développe- ment de la feuille l'importance de l'évaporation diminue péu à peu, pour remonter ensuite et atteindre uti second maximum, mais plus faible. L'au- teur explique le minimum de transpiration par une cuticularisation com- mençanté et progressive, tandis que l'augmentation consécutive serait produite paf la transpiration stomatique, laquelle cependant n'atteint pas le premier maximum. Pour des raisons qui sont restées inconnues, il n'y a pas de concordance entre les minima de transpiration et ceux de la quantité d'eau contenue dans les feuilles. De l'influence de la température du sol sur l'absorp- tion de lean par les racines; par M. Julien Vesque (Aun. sc. nat., 6* sér., vi, pp. 169-201). Nous avons analysé plus haut (page 38) un mémoire de M. Vesque dont celui-ci est là continiation. L'auteur s’y est préoccupé beaucoup des tra- vaux de M. Behm et de M. de Hóhnel, dont il adopte en général les idées. - Les horticulteurs auraient intérêt à méditer les considérations émises par lui, el qui expliquent d'une maniére satisfaisante plusieurs des problémes journaliers dans la pratique de leur art. Il reconnait la nécessité de tenir un grand compte, pour expliquer les relations de la transpiration el de l'absorption, de la présénce de gaz dans l'intérieur du. tissu végétal, et de la faible tension de ces gaz, L'évaporation tend à diminuer encore cette REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A1 pression, et en conséquence dé l'évaporatiot l'eau emmagasinée dans le sol pénètre dans le végétal en luttant contre la résistance à la filtration, à la faveur de la pression atmosphérique et aussi de la poussée des racines. Tels sont en effet les facteurs divers dont le produit constitue ce qu'on est habitué à tommer düh seul mot : l'absorption. Celle-ci se règle sur la transpiration. Aussitôt qu'elle la dépasse, ellé diminue; quand la trans- piration est supprimée, l'absorption tombe, mais graduellement. Pour comprendre cette gradation, il faut faire intervenir la compressibilité des gaz intérieurs, peut-étre l'élasticité des parois cellulaires, invoquée par M. Behm. Enfin l'absorption s'arréte, et il s'établit un équilibre ; la plante ombragée qui t'évapore plus, n'absorbe plus. C'est l'étit que M. Vesque nomme l'état de réplétion aqueuse, état essentiellement contraire àla vie de la plante, puisqu'il empêche les réactions chimiques de se continuer à Son intérieur, et qui frappe assez souvent les plantes de serre mal cultivées. L'influence des variations de température sür l'absorption se comprend aisément à l'aide de ces considérations préliminaires. Quand on élève rapidement la température du sol, l'absorption diminue. Nous venons de citer les observations de M. Bæhin qui tiontre que là témpérature du sol se transtnet aux plantes par l'eau ascetidárite. Or cette transmission dé calorique à pour effet de dilater les gaz contenus dans le bois, par tongé- quent d'en augmenter la pression et de s'opposet à l'absorption. D'uii autre côté, dit M. Vesque, la température du sol à beaucotip moins d'in- fluence sur l'absorption que celle de l'air. Et les observations de M. Bœhm sur la transmission transversale de la température extérieure dans le bois viennent encore expliquer ce fait. L'absorption comparée direcieément à la transpiration; par M. Julien Vesque (ibid., pp. 201-222). M. Vesque accentue davantage ici certaines opinions déjà présentées par lui dans le précédent mémoire. Il faut, dit-il, que la force de succion pro- duite par la transpiration soit emmagasinée qüelqüe part dans la plante, qu'elle soit dépensée peu à peu, quelquefois trés longtemps aprés sa nais- sance ; que chaque rayon de soleil, quelque fugitif qu'il soit, en activant la transpiration, apporte son contingent à la force de succion; que tous ces petits áppoints s'accumulent et se transmettent sans perte d’un bout à l'autre de la plante, tout en régularisant la dépense et en proloiigeant l'effet. Le soir, lorsque le soleil baisse, la transpiration diminue, mais l'absorption baisse moitis vite et répare pendant une partie de la nuit là perte de la jourtiée. A l'aube, les plantes fanées par le soleil de là veille oft repris ütle fraicheur relative. C’est parce que l'évaporátion à été sup- primée petidiht lá hüit. Ce qu’il importé lé plüs de faire, pour boidtiër Teš plantes fottemetit flétries par üne vive insolation, ce n'est pas tant de lés 12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. arroser, c'est d'abord de les soustraireà toute évaporation ultérieure en les abritant ou même en les obscurant. On connaît l'effet foudroyaut de certains vents chauds. Il semble que l'ascension de l'eau ne puisse dépas- ser un maximum de vitesse ; si la transpiration est trop rapide pour que le vide produit par elle puisse étre comblé avec la méme rapidité par l'ab- sorption, les cellules parenchymateuses épuisées perdent leur turges- cence ; il peut méme se produire dans leur texture des modifications encore inconnues qui les rendent incapables de se gonfler de nouveau par l'admission de l'eau absorbée à travers leurs parois. Dans ces conditions, de quoi serviront les arrosements ? Il résulte de tout cela que l'absorption et la transpiration ne sont pas nécessairement proportionnelles. L'égalité entre ces deux fonctions, et une égalité approximative, n'existe guère que quand la plante végète dans des conditions peu variables et moyennes, par exemple à la lumiére diffuse et dans de l'air d'une saturation moyenne. Il existe d'ailleurs une période diurne trés-nette qui dépend du rayonnement, de l'éclairage et de la tem- pérature. Vers midi, quand le temps est clair, la transpiration est beau- coup plus forte que l'absorption ; vers quatre heures, en hiver, c'est l'in- verse. Enfin, l'absorption se montre beaucoup plus énergique que la trans- piration lorsque l'eau revient à une plante qui en manquait et sur laquelle la transpiration s'était exercée. La force de succion produite dans ce cas par la transpiration ne s'était pas perdue; loin de là, elle s'était accumulée pour agir aussitót que les racines viendraient en contact avec l'eau. Versuche über die Druckkraft der Síammorgane bei den Erscheinungen des Blutes und Thranens der Pflanzen (Recherches sur l'influence qu'exerce la force d'impulsion développée dans les organes caulinaires dans les cas de pleurs des plantes); par M. A. Pitra (Pringsheim's Jahrbücher, t. xi, 3 livr., pp. 437-530). M. Pitra a expérimenté sur des tronçons de végétaux munis de feuilles et de bourgeons ; ces tronçons étaient plongés dans l'eau et munis à leur extrémité supérieure d'un tube vertical appliqué hermétiquement sur le rameau. L'eau absorbée dans ces conditions, soit par les feuilles, soit par le reste dela surface du rameau, pénétrait dans l'intérieur et montait dans le tube vertical. Elle se trouvait donc soumise dans l'intérieur du rameau à une force spéciale, peu connue jusqu'ici des physiologistes, qui en dé- terminait l'ascension. C'est cette force que M. Pitra nomme Druckkraft, à proprement parler force de pression, terme que nous rendons, pour plus de clarté, par force d'impulsion. Cette force est dans certains cas trés énergique, puisque la colonne d'eau élevée dans le tube y montait à une hauteur quelquefois supérieure à la longueur du rameau ; et que, dans REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 13 d'autres expériences, le tube vertical étant remplacé par un manométre, la colonne d'eau soulevée faisait équilibre à des colonnes de mercure qui, traduites en valeur d'eau, auraient eu plusieurs fois la hauteur du rameau. Tout le monde sait que la racine posséde une force ascensionnelle de ce genre. On ne la connaissait pas aussi bien dans la tige. M. Pitra com- pare les deux forces (qui souvent ajoutent leurs effets), et montre que souvent celle de la tige est prépondérante. Dans les Conifères, les deux forces sont équivalentes ; dans la Vigne, c'est la racine qui a l'avantage. La force d'impulsion caulinaire, trés sensible dans le bois, est au con- traire très faible dans les organes végétatifs ; elle varie suivant les saisons, et elle est plus facile à provoquer vers le printemps. Il existe d'aprés l'auteur un antagonisme certain entre la force d'impul- sion et les pleurs de la séve qu'elle détermine, d'une part, et d'autre part la transpiration. Suivant l'intensité de celle-ci, ou l'eau renfermée dans les tíssus est soumise à une pression positive, ou au contraire les tissus, ayant perdu leur turgescence, absorbent les liquides extérieurs. Dans ce dernier cas, la pression devient négative. Resterait à indiquer la cause de ces phénoménes. Nous ne la trouvons pas trés clairement définie dans le mémoire de M. Pitra. Il donne comme probable le rôle de la tension des tissus. Il reconnait aussi comme cause de l'ascension l'imbibition des membranes, les phénoménes d'endosmose d'une cellule à l’autre, Somme toute, il nous semble qu'il faut encore, pour l'interprétation de ces faits intéressants, se référer aux travaux de M. Jamin sur la capillarité. Experimentelle Untersuchungen über Sitz und Verbrei- tung des Bildungssaftes, und seinen Einfluss auf das Dicken- wachsthum der Dicotylen (Recherches expérimentales sur lesiége et la diffusion de la séve descendante, ainsi que sur son influence dans la croissance en épaisseur des Dicotylédons) ; par M. M. Gilles. In-8" de 81 pages. Schweidnitz, A. Kaiser, 1878. Il s'agit encore dans ce mémoire de la décortication annulaire et de ses résullats. L'auteur a remarqué que ceríains végétaux, chez lesquels le bourrelet supérieur ne se forme pas aprés la décortication, possèdent dans leur moelle des cordons de tissu cambiforme et de cellules grillagées qui offrent un passage à la séve descendante. Les tubes cribreux eux- mêmes paraissent, dit-il, prendre part à la circulation de la sève chez les Végétaux à croissance rapide (Cucurbita, Hoya). M. Gilles croit aussi pou- voir admettre que la séve organisatrice descend dans le bois pour passer dans l'aubier par l'intermédiaire des rayons médullaires, et provoquer des formations nouvelles sur la surface décortiquée. 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'Agriculture au Pérou ; par M. J.-B. Martinet. In-8° de 116 pages. Paris, 1878. Ce mémoire est un résumé de celui que l'auteur avait présenté au Con- grès international de l'agriculture, et a été publié par la Société des agricul- teurs de France, au siége de laquelle on peut se le procurer, 1, rue Lepel- letier. La troisiéme partie, consacrée aux produits qui dominent dans l'économie rurale du pays, doit surtout être signalée ici. La Canne à sucre est la plante dont la culture est le mieux indiquée sur la cóte du Pérou; ses rendements y sont supérieurs à ceux qu'elle donne dans les autres pays sucriers, par l'absence d'ouragans destructeurs et de pluies dévastatrices. Parmi les autres cultures principales de la cóte, M. Martinet cite le Riz et le Mais, la Luzerne, le Maizillo (Paspalum purpureum), le Camote (Batatas edulis), le Yuca (Manihot palmata), la Pastèque, le Melon, la Caigua (Momordica pedata), la Pomme de terre et la Tomate, le Physalis pubescens, de nombreuses espèces et variétés de Capsicum (Aji des Péru- viens), etc. Les fruits en usage au Pérou sont en général ceux des régions tropi- cales. Il faut noter le Pasay (Inga reticulata), recherché pour la pulpe abondante et sucrée qui entoure ses graines; le Nispero, c'est-à-dire les fruits de l'Ertobotrya japonica. Ceux que l’on cultive au Pérou sous le nom de Cerezas sont les baies odorantes et agréables du Malpighia setosa. Ceux de l'Olivier ne sont utiles que comme comestibles. Les dattes sont de bonne qualité. Enfin les raisins sont excellents, mais la fabrication du vin est encore dans l'enfance. L'agriculture de la Sierra (1) offre l'Ullucus tuberosus, connu depuis longtemps en Europe, et aussi F Ullucus Kunthii, dont les. parties sou- terraines sont mangées sous le nom de Papas lisas jaspeadas ; t Oca (Oxa- lis crenata), V Arracacha, le Quinoa, ete. Tout change, comme on le sait, dans la Montaña, où les Bananes ser- vent de pain et de boisson alcoolique à la fois, et où se retrouvent un grand nombre des cultures de la région littorale, et de plusla Coca, le Tabac, le Café, la Vanille, le Cacao, spontané dans un grand nombre de vallées, où une sorte de Cotonnier, le Gossypium peruvianum, croît presque à l’état sauvage autour de toutes les maisons. Le Bombonage ou Jipijapa est le Carludovica palmata, la Cyclanthée qui fournit la paille dite de Guyaquil ou de Panama. Le Pischanyo (Guilielma speciosa) est un élégant Palmier à stipe épincux, dont les fruits sont des drupes charnues que l'on mange aprés les avoir fait cuire, etc. (2). | (1) Voyez le Bulletin, t. xxn (Revue), p. 442. (2) Les ressources que la nature a si abondamment départies au Pérou vont enfin entrer largement et à peu de frais dans le commerce international, Le chemin de fer REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 45 A new Key to the genera of Amaryllidaceæ; par M. J.-G. Daker (The Journal of Botany, juin 1878). Nous ne pouvons guére que signaler ce court mémoire, malgré Ja grande importance qu'il présente pour l'étude et la classification d'une famille considérable. M. Baker répartit les Amaryllidées en deux sous- ordres, les Amaryllidaceæ vere et les Alstraemeriec, d’après leur port, et le premier en cinq tribus. Les genres sont au nombre de 55. A la suite du tableau méthodique où il en a résumé les caractères, il donne des notes sur plusieurs d'entre eux. On the new Amnargyilidisceæ of the Welwitsch and Schweinfurth Expeditions ; par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, juillet 1878). Outre la description de plusieurs espéces nouvelles, ces notes renfer- ment celle du nouveau genre Cryptostephanus Welw., d' Angola. Ce genre se rapproche du Narcissus par sa couronne, dont les stami- nodes, au reste, représentent d'une maniére palpable un verticille exté- rieur d'étamines, et portent souvent un reste d'anthére à leur extrémité. On two new genera of Amargyllidaceæ from Cape Colony; par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, mars 1818). Le nouveau geure Apodolirion comprend trois espèces, dont deux nou- velles, la troisième, la seule anciennement connue, étant le Cyphonema Buchanani Baker antea. L'Apodolirion est voisin du Gethyllis, dont il diffère principalement par les étamines distinctement bisériées, naissant trois à la gorge de la corolle, et trois au-dessus de la base de trois des segments du périanthe. L'Anoiganthus se compose de deux espéces rapportées auparavant au genre Cyrtanthus par M. Harvey et par M. Baker lui-même. L'Anoigan- thus diffère cependant de ce dernier genre par le caractère de son pé- (Ferro-carril central transandino) qui part de Lima pour la Cordillère, et dont l'exécu- tion est due en grande partie à des ingénieurs et méme à des ouvriers francais, est déjà livré à l'exploitation sur un parcours de 126 kilomètres jusqu'à Chicla, dont l'aiti- tude est de 3725 mètres. Le point culminant de la ligne totale (dont le reste est e" construetion) sera à une hauteur de 4768 mètres, au tunnel qui traverse le mont Meiggs. Le point extróme désigné pour la limite de la voie est à Oroya, situé à 218 kilomètres de Lima et à 712 mètres seulement, de l'autre côté de la Cordillère, et dans la région de la Montaña, au milieu des forêts tropicales. Oroya est situé sur le rio Canchamayo, qui se déverse dans l'Ucayali, l'un des affluents de l'Amazone. Ce n'est pas seulement au commerce du Pérou, et par suite du monde entier, que ce petit chemin de fer de 50 et quelques lieues doit fournir un puissant aliment. Nous n'avons pas besoin d'insister pour faire comprendre de quelle utilité il sera aux botanistes désireux de comparer, d'une Stalion à l'autre du Ferro-carril, les différentes zones de la végétation péruvienne, en Supprimant d'un coup la plus grande partie des impedimenta du voyage. 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rianthe, formant au-dessus de l'ovaire un tube court et infundibuliforme, à segments trois fois aussi longs que le tube. Am Emumeration and Classification of the species of Hippeastrum ; par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, mars 1878). M. Baker a dans ce mémoire concu le genre Hippeastrum d'une façon trés large, puisqu'il joint à l'Hippeastrum Kunth les genres Habranthus, Phycella et Rhodophiala de l Enumeratio, etencore le Rhodolirion tel que l'a défini M. Philippi (Linn. xxix, 65). Ainsi constitué, ce genre touche de trés prés le genre Zephyranthes, et forme un ensemble assez considérable, qui représente dans l'Amérique méridionale le genre sud-africain Ama- ryllis, dont il ne diffère que par les graines. Celles-ci sont en effet, chez les Amaryllis, ou plutôt dans l'unique espèce de ce genre, peu nom- breuses, grosses et bulbiformes comme celles des Crinum ; chez les Hip- peastrum, nombreuses et aplaties avec un testa fortement coloré. M. Baker compte dans le genre Hippeastrum 45 espéces, qu'il répartit entre neuf sections. Il a réuni plusieurs des espéces connues de Herbert et désignées dans les recueils d’horticulture, où les types de ce genre ont, sous des dénominations assez diverses, tenu, comme on sait, une place importante. Report on the Liliaceæ, Iridaceæ, Hypoxidaceæ, and Hæmodoraceæ of Welwitsch's Angolan Herbarium ; par M. J.-G. Baker (Transactions of the Linnean Society, 2° série, vol. t, pp. 245-273, avec trois planches). Ce mémoire ajoute un nombre trés notable d'espéces nouvelles à la flore de l'Afrique centrale, pour les familles susmentionnées. Deux genres méme sont nouveaux, appartenant à la tribu des Asphodélées, savoir : Acrospira Welw. herb. et Dasystachys Baker, le premier avec : « stylus leviter exsertus filiformis leviter declinatus superne sensim robustior, stigmate parvo capitato penicillato » ; le second avec: « habitus Antherici, stylus filiformis declinatus exsertus, stigmate capitato ». D'ailleurs les nouvelles constatations de M. Baker ne font que confirmer les données déjà acquises à la science. En effet, M. Baker cite aux environs de Pungo Andongo, d'une part des plantes de l'Afrique orientale, telles que le Chloro- phyllum macrophyllum Aschers., le Curculigo callabatensis Schweinf., le Gladiolus Quartinianus A. Rich., d'autre part la présence d'espéces appartenant à des genres du Cap, tels que Aloë, Kniphofia, Eriosper- mum, Albuca, Morea, Lapeyrousia, etc., et notamment Sandersonia, Mulbaghia, Schizobasis et Haworthia, lesquels n'étaient pas encore connus dans la région tropicale. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 17 A Synopsis of Hypoæidaceæ; par M. J.-G. Baker (Journal of the Linnean Society, vol. xvi). Cette importante monographie vient se placer à cóté de celles des Li- liacées, des Amaryllidées et des Colchicacées, déjà menées à bien par l'auteur. Celle des Hypoxidées est d'autant plus utile que le dernier recen- sement de cette famille est celui de Roemer et Schultes, qui date de 1830. Sur beaucoup de points, le travail de ces auteurs n'était guère d'ailleurs qu'une compilation ; ils avaient souvent dû se passer de l'examen et de la confrontation des types originaux. Au contraire M. Baker, qui admet dans ce groupe 64 espéces, a pu les examiner toutes, à l'exception de deux seulement. Cette facilité d'examen l'a conduit à supprimer environ le quart de celles qu'avaient établies les deux monographes antérieurs. Les nouveautés sont moins nombreuses dans son travail qu'on ne s'y serait attendu. Les Hypoxidées different des Amaryllidées par leur feuillage charnu, velu, les trois divisions extérieures de leur périanthe verdâtres et velues, et leur graine à testa épais cruslacé, marqué de deux proéminences, l'une au niveau du funicule, l'autre au niveau du micropyle. Elles sont d'ailleurs loutes bulbeuses; cela les distingue des Velloziées, ainsi que les fleurs velues et jamais jaunes, et les caractéres de leurs graines; l'embryon y est disposé différemment par rapport à l'albumen. Les Hémodoracées, comprises par M. Bentham (Flora australiensis, t. vi) avec les groupes précédents parmi les Amaryllidées, établissent plutót une transition entre celles-ci et les Iridées par leurs étamines réduitesà trois, et par leurs feuilles équitantes. M. Baker examine successivement les caractères des Hypoxidées, in- dique ensuite leur distribution géographique, puis entre dans la monogra- phie compléte et détaillée de la famille, accompagnée des tableaux synop- liques conduisant à la détermination des genres et des espéces. Flora of tropical Africa; par M. D. Oliver. Vol. ii. Ce volume s'étend des Ombelliféres aux Ébénacées. M. Hiern, l'un des principaux collaborateurs de M. Oliver, y a rédigé non-seulement les Ebénacées, dont il avait publié antérieurementla monographie, mais aussi les Ombellifères, les Rubiacées et les Dipsacées, et a pris une certaine part à l'élaboration des Composées. Ce dernier groupe, dit-il, est représenté par 117 genres, dont 17 sont particuliers à la flore, ceux-ci d'ailleurs mono- lypes ou peu étendus. Le seul grand genre est le genre Vernonia, avec 18 espèces. Les Rubiacées ont 78 genres, dont 30 sont endémiques, et trois nouveaux. Le nom de Webera Schreb. est remplacé par celui de Tarenna Gærtn., plus ancien de trois ans. Le Café de Libéria, Coffea T. XXVI. (REVUE) 2 18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. liberica (1), dont l'aire s'étend au loin sur la côte occidentale d'Afrique (Sierra-Leone, Monrovia, Angola, etc.), est meilleur que le C. arabica, plus robuste, plus productif, avec des fruits plus gros et un arome plus fin (2). Dans le genre Psychotria, avec 64 espèces, l'auteur comprend les Chasalid, mais il en exclut le groupe des Grumilea. Il a encore repris le nom de Richardia L. à la place de Richardsonia Kunth, bien que Linné ait voulu abréger ainsi, d'aprés Houstoun, le nom de Richardson, auquel il dédiait le genre, et que le Richardia africana Kunth soit une Aroidée. On the. Origin of Floral Æstivations. With Notes on the structure of the Cruciferous Flowers, on that of Adoxa, and on the Corolla of Primula ; par le Rev. G. Henslow (Transactions of the Lin- nean Society, 2* série, vol, 1, livr, 4, pp. 177-190, avec une planche de diagrammes). L'idée dominante de ce mémoire est celle des variations de l’estivation. M. Henslow dit avoir constaté chez la Primevére non moius de huit variétés dans la superposition respective des éléments de la corolle. Certains types, cependant, présentent une constance remarquable ; on peut citer la préfloraison convolutive et sinistrorse de la corolle des Myosotis. L'auteur passe en revue les divers modes d'estivalion et apprécie la fréquence relative de chacun d'eux. Il applique la dénomination de demi- imbriqué à un mode trés commun, qui ne parait pas avoir encore été distingué, et qui dérive du mode quinconcial. Il en diffère parce que l'élément n^ 2 a un de ses bords passant sous le bord correspondant du n°4. Ceci explique l'estivation de plusieurs fleurs irrégulières, l'estivation papilionacée et l'estivation cochléaire. La base sur laquelle s'est appuyé (l) Le mème auteur a publié dans les Transactions de lu Societé Linnéenne de Londres, 2" série, Botanique, vol. 1, 4° livr., décembre 1870, un mémoire intitulé : On the African species of the Genus Coffea L., où il décrit 15 espèces de ce genre, parmi lesquelles sont nouvelles : le C. liberica hort. Bull. (C. arabica Beuth. in Hook. Niger Fl. part. non L.); le C. brevipes Hiern, des monts Cameroons (G. Mann n. 2158); le C. me- lanocarpa Welw. msc., et le C. hypoglauca Welw. msc. tous deux du pays d'Angola ; le C. Afselii Hiern n. sp., de Sierra-Leone (Afzelius) ; le C. subcordata Hiern, du Vieux- Calabar (W.-C. Thomson n. 35); le C. rupestris Hiern (Barter n. 3343), et le C. jas- minoides Welw., d'Angola (Welw. n. 2572) et du Vieux-Calabar (W.-C. Thomson n°37). (2) Dans une note insérée au Gardeners’ Chronicle (n° du 22 mars 1879), M. A. Lietze, de Rio-de-Janeiro, a fait valoir contre le Coffea liberica l'épaisseur de son péricarpe charnu. D'après lui, l'amande forme en poids environ la moitié du fruit chez le Coffea arabica, et seulement le quart chez le C. liberica. Malgré cela, de grands efforts sont tentés en ce moment pour la diffusion et l'acclimatation du Café de Libéria, notamment par M. Morris, qui en a établi de grandes plantations à Libéria méme. L'espéce est actuellement cultivée à Paris, dans les serres d’un de nos établissements d'instruction publique. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 l'auteur pour ses exemples est la traduction anglaise du Traité général de MM. Le Maout et Decaisne, M. Henslow cherche à expliquer la symétrie des Gruciféves en supposant l'avortement du einquiéme élément de chaque verticille de la fleur sup- posé pentamére. Jl a recueilli de nombreuses variations de nombre dan: les éléments des fleurs de l' Adoza, les fleurs inférieures ayant souvent les verlicilles plus nombreux d'un élément, Il termine: par deux notes, l'une sur la symétrie de plusieurs des Polycarpicæ d'Endlicher, l'autre sur celle des Primula. On some points in the History of certain Species of Corallinaceæ; par M. le major général R.-J. Nelson et M. le profes- seur Duncan (Transactions of the Linnean Society, 3* série, vol. 1, livr. 4, pp. 197-209, avec une planche), Ce mémoire est composé de cinq notes différentes. La première est relative aux études faites sur les Corallines par Quekett et par M. Decaisne ; — la seconde à l'essai de M. Rosanoff sur l'histologie des Mélobésiées ; — la troisiàme à une étude de l'épiderme filamenteux et des tissus internes des Corallines, faite aux Bermudes par M. Nelson, étude oü se trouvent de nombreuses observations sur le dépót de carbonate de chaux, et sur ses relations avec la nature du tissu cellulaire sous-jacent; — la quatriéme à une étude histologique du Corallina officinalis, observé en Angleterre, dans laquelle l'auteur s'est occupé non-seulement de l'épiderme, mais encore des cellules de l'intérieur de la fronde. La cinquième note, très courte, concerne les processus filamenteux des Mélobésiées des Ber- mudes, Traité de l'art de formuler, contenant un Abrégé de pharmacie chimique, de matiére médicale et de pharmacie galénique ; par M. P. Yvon. Un volume in-12 de 582 pages. Paris, Asselin et Ci, 1879. Si nous mentionnons ici ce nouveau Formulaire, c'est parce qu'il se distingue par une originalité réelle de la plupart des compilations qui se sont produites sous des titres analogues, et qu'à ce litre il est utile de le signaler à l'attention de ceux de nos confrères qui se livrent à l'exercice de la médecine ou de la pharmacie. M. Yvon a consacré la deuxième des quatre parties de son ouvrage à un abrégé de matière médicale, qui com- prend la description sommaire des principales plantes indigènes et exo- tiques employées dans la médecine française, en insistant, bien entendu, sur leur composition chimique et sur leurs propriétés médicinales. Cet exposé est distribué suivant l'ordre alphabétique. Les nouveautés récem- ment introduites dans la thérapeutique ent été de sa part l’objet d'une attention particulière. L'auteur s'est particulièrement occupé de la poso- 9() SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. logie des principes actifs que la chimie retire des plantes médicinales ; il a dressé des tableaux qui indiquent les rapports des divers sels alcaloi- diques à leur base, et ceux des diverses préparations du Codex à un certain poids de la substance active prise pour unité, rapports dont la connaissance précise, trop souvent incertaine, sera des plus utiles au médecin prati- cien. Ce n'est pas que M. Yvon soit partisan absolu de l'emploi unique des alcaloïdes ; et il est tout à fait dans les errements d'une médecine qu'on peut déjà qualifier d'ancienne, lorsqu'il fait valoir, par exemple, combien le quinquina l'emporte sur le sulfate de quinine. Manuel d'histoire naturelle médicale; par M. J.-L. de Lanessan. Premiére partie : in-12 de 612 pages, avec 430 figures dans le texte, dessinées par Hugon. Paris, Octave Doin, 1879. . Cet ouvrage, dédié à M. le professeur Baillon, comprend dans la partie publiée une longue introduction, puis les généralités, consacrées à la mor- phologie, à l'histogénie et aux propriétés générales des végétaux, et le commencement de la partie taxinomique. | L'introduction a pour but de tracer les grandes lignes de l'évolution des végétaux d’après des idées propres à l’auteur, en partant du règne minéral. M. de Lanessan essaye de démontrer qu'aucune propriété fondamentale ne distingue la matiére non vivante de la matiére vivante. Il voit dans l'écartement que subissent les molécules du soufre ou du verre sous l'in- fluence de la chaleur des mouvements moléculaires, plus étendus dans les tubes où l'alcool monte ou descend sous la méme excitation, plus remarquables dans le radiométre sous l'influence lumineuse. Il rappelle les spores artificielles construites par M. Cohn, qui dégagent de l'acide car- bonique à leur extrémité postérieure effilée (1) etse meuvent dans le sens opposé, la raison par laquelle le savant physiologiste de Breslau a expliqué les mouvements des spores véritables des Algues, et reconnait dans cette manière de voir « une preuve qu'en cherchant avec soin la cause des phénoménes les plus manifestement particuliers aux étres vivants, on peut arriver à trouver que ces mouvements sont dus, comme ceux de la matiére non vivante, à des agents extérieurs ». Quant à la sensibilité, selon l'auteur, « si les mouvements dits spontanés de la matière vivante ne sont, comme ceux de la matière non vivante, que des mouvements provoqués, ne doit-on pas donner un méme nom àla propriété qu'ont également, quoique à.des degrés inégaux, ces deux formes de la matière d'entrer en (1) On sait que ces spores artificielles sont constituées chacune par un petit fragment de carbonate de chaux vernissé dans toute son étendue, sauf au niveau de sa petite extrémité. Placé dans de l'acide chlorhydrique étendu, ce petit appareil se meut en dégageant de l'acide carbonique par l'extrémité effilée; c'est en vertu d'une véritable vis a tergo qu'il porte sa grosse extrémité en avant. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 mouvement sous l'influence des mêmes agents? Nous pensons, ajoute-t-il, qil est impossible de se soustraire à cette conséquence logique, et nous n'hésitons pas, pour notre compte, à considérer la sensibilité comme une propriété commune à tous les corps, qu'ils se présentent ou non sous l'état particulier que nous nommons la vie. » On devine facilement par ces extraits quelle est la doctrine philosophique de M. de Lanessan. Lui-même nous apprend qu'elle dérive de Lucréce, et nous le prouve en concluant à la négation de Dieu. M. de Lanessan se déclare d'ailleurs l'adepte fervent des théories Darwiniennes, de l'évolution progressive et de la sélection naturelle. Le livre I" comprend l'étude de la cellule végétale, celle des produits cellulaires et celle de la genèse des cellules : M. de Lanessan y met à contribution les travaux les plus récents publiés en Allemagne, notamment ceux de M. Kraus; il se montre au contraire, dans plusieurs endroits, opposé aux idées de M. Hartig. Le livre II contient un coup d'œil général sur la constitution du tissu et sur le squelette des végétaux. Le livre HI est un résumé de physiologie végétale où l’auteur étudie surtout les deux grandes fonctions : « la nutrition, par laquelle le végétal s’accroit ; la res- piration, par laquelle il décroit; l'influence qu'exereent sur ces deux fonctions les agents extérieurs, et le résultat final, c'est-à-dire l'acerois- sement ». Vient ensuite l'étude spéciale des végétaux phanérogames, qui précède l'étude taxinomique des plantes utiles de ce groupe. M. de Lanessan la commence par la famille des Renonculacées, en suivant la série établie par M. Baillon dans l'Histoire des plantes. C'est seulement après avoir étudié successivement les diverses familles des Métaspermes et des Archispermes (M. de Lanessan n'admet pas la gymnospermie), qu'il en résumera les caractères différentiels et offrira un tableau général de leur groupement en ordres et en classes. Distribution of South African Plants; par M. H. Bolus (The Cape Argus, numéro du 5 novembre 1878). Nous avons déjà signalé dans cette Revue (t. XXII, p. 158) une intéres- Sante notice sur la végétation du Cap, due à M. Harry Bolus, dont M. de Tehihatehef a loué les travaux dans une note de La végétation du globe, p.298. M. Dolus a précisé davantage ses idées sur la géographie bota- nique de l'extréme sud de l'Afrique dans une conférence faite à la Société philosophique, dont l'Argus du Cap nous apporte le résumé. M. Dolus caractérise nettement quatre régions botaniques distinctes dans la flore du Cap. La premiére, région du sud-ouest ou Région des Bruyéres, est bornée au sud et à l'ouest par la mer, au nord et à l'est par une série de lignes 92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de faite dont la principale est formée par les montagnes d'Hex River. C'est là la patrie de tous les types sous-arborescents spéciaux à la flore du Cap, renfermés dans les familles des Diosmées, Éricacées, Bruniacées, Pénéa- cées, Protéacées et Restiacées. Le pluviométre y donne des quantités d'eau réguliéres, surtout en hiver, et qui diminuent quand on s'approche du ford de la région. De larges bandes de sable s'y rencontrent à l'ouest le long de la mer, et présentent une grande variété de fleurs de juin à septembre ; des plaines herbeuses, prés de Caledon, y forment de jolies vallées pour les pâturages. C'est dans la partie sud-ouest de l'Australie qu'il faut chercher les affinités de la flore de cette région. La seconde est la Région subtropicale, qui côtoie la précédente et la pénétre par endroits, région seulement indiquée par M. Grisebach (p. 284 de la traduction francaise). C'est une série de vallées profondes coulant entre les montagnes jusqu'àla mer, vallées dont les flancs sont des coteaux couverts de fourrés impénétrables et où l'humidité est extrême. La pluie y est abondante, surtout en été. Les familles prédominantes sont celles des Capparidées, Malvacées, Bégoniacées, Rubiacées, Apocynées, Asclépia- dées, Bignoniacées, Acanthacées, Musacées, Cycadées et Palmiers ; on y trouve un grand nombre de genres de Légumineuses. Les Aloés et les Euphorbes, le genre Encephalartos et le Phænix reclinata donnent un aspect particulier à la végétation, que ses affinités rapprochent de celle de l'Afrique tropicale. La troisième est la région centrale, ou la Région des plantes grasses. C’est la région connue sous le nom de Karroo, qui s'étend du pays des Namaquas à l’ouest jusqu'à la rivière des Poissons à l'est, et que bordent au nord le Roggeveld, au sud la premiére région. C'est une plaine séche élevée de 2500 pieds au-dessus du niveau de la mer. On n'y compte an- nuellement que de 6 à 45 pouces d'eau, selon les localités, principalement en été à la faveur des orages. Les végétaux sont de petites plantes grasses ou buissonnantes; les ravins nourrissent des espéces plus grandes et des arbrisseaux épineux. C'est le pays des Mesembrianthemum, des Crassu- lacées, Stapéliées, Aloinées, Euphorhiacées; on y trouve aussi des Gom- posées, Asclépiadées, Apocynées ; un Jpomaa pourvu d'une immense tige souterraine subéreuse, et le Portulacaria afra ou Spek-boom, buisson étrange à feuilles charnues et acides. Le Prickly Pear (Poire épineuse), qui s'y développe avec une grande rapidité, est un Opuntia américain, qui croit en groupes et s'élève jusqu'à 20 pieds de hauteur. On reconnaitra facilenient que la présence des Euphorbes charnus et des Stapéliées indique une affinité, restreinte au point de vue géographique, Avec certains points de l'Afrique septentrionale, notamment de la côte maro- caine. La quatrième région, ou région supérieure, est la Région des Composées. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 23 Elle est constituée par un plateau dont l'altitude supramarine est de 4000 à 4500 pieds. Il est borné au sud par les limites de la deuxième et de la troisióme région, au nord par la rivière Orange sur une partie, et sur l'autre par la bordure méridionale d'un conglomérat où domine le sable rouge. Les petits buissons dont il est parsemé apparlien- nent surtout aux Gomposées, dans la proportion de 126 sur 496 Phané- rogames. Les plantes spéciales de la région du sud-ouest y font à peu prés complètement défaut, de méme que les plantes grasses de la deuxième région, et les hivers y sont trop froids pour l'Opuntia ; aussi bien les végé- taux de la région subtropicale ne s'y rencontrent-ils que fort rarement. On n'y trouve aucun arbre, si ce n'est, sur les bords de la rivière Orange, le Salim capensis et quelques espèces du genre Rhus. Les trois principales Composées sont le Chrysocoma tenuifolia, V Eriocephalus glaber et l'Eu- ryops asparagoides. La pluie est peu abondante, quoique plus régulière que dans la troisième région. L'Art des jardins. Traité général de la composition des pares et jardins; par M. Édouard André. Un vol. trés grand in-8^ de 886 pages, avec 11. planches en chromolithographie et 520 figures dans le texte, Paris, G. Masson. — Prix : 35 francs. On voit abonder dans notre pays les publications relatives à la science des végétaux d'une part, à l'horticulture proprement dite d'autre part, Mais les ouvrages frangais sur l'art des jardins se réduisent à un petit nombre ; ils n'en embrassent pas l'ensemble, et surtout n'en développent pas suffisamment la pratique et les détails. Aussi saura-t-on un gré trés réel à M. André d'avoir interrompu le classement et la détermination des récoltes rapportées par lui de la Nouvelle-Grenade et de l'Equateur — plaisir pourtant bien vif au cœur du naturaliste — pour terminer et faire paraître le beau volume que nous avons sous les yeux. Comme son titre l'indique, cet ouvrage est surtout une œuvre d’appli- cation, et d'application multiple. Parmi les nombreuses sciences dont une connaissance, méme approfondie, est aujourd'hui nécessaire à l'architecte paysagiste, la botanique est l'une des principales, et non-seulement la connaissance des plantes, mais surtout celle de leur distribution géogra- phique. M. André en a fait l'emploi le plus heureux. En laissant de cóté, dans ce compte rendu rapide, les documents historiques, les considéra- tions esthétiques, les questions de métier, les conseils adressés aux propriétaires et marqués au coin de l'expérience, pour nous limiter au Concours qu'apporte dans la décoration d'un parc ou simplement d'un jardin le choix judicieux des espèces, nous regardons comme un devoir de signaler la partie consacrée par M. André aux Plantations età l’Ornemen- tation florale. S'inspirant avant tout de la nature et du soin de limiter, 24 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. André conseille de rechercher dans les végétaux de la contrée que l'on habite le moyen de garnir les lointains, et de réserver pour les alen- tours de l'habitation les espéces exotiques. Pour faire connaitre aux amateurs l'étendue des richesses naturelles du sol européen, et les éléments d'introduction que peut leur fournir la flore exotique, ila dressé des listes nombreuses et étendues, portant, suivant l'usage botanique, l'inscription du nom latin de l'espéce et celui de l'auteur, et qui compren- nent les végétaux ligneux de la flore francaise répartis suivant leur région, suivant leur taille, suivant le terrain qu'ils exigent; les espéces ligneuses exotiques, distribuées suivant leur grandeur, selon que leurs feuilles sont persistantes ou non, suivant leurs qualités ornementales et leur adaptation à certains terrains ou à certaines stations naturelles ou artificielies, sui- vant les qualités de leur fruit, etc. L'expérience a permis à M. André de consigner dans ce chapitre des notions peu connues sur les sols où se plaisent de préférence les Conifères exotiques. Les plantes herbacées, du moins un choix d'entre elles, sont plus loin énumérées par lui avec le méme soin, divisées selon leurs régions naturelles, selon la durée de leur vie, selon les stations qu'elles affectent et selon leur emploi horticole. Leur patrie respective est indiquée avec soin par l'auteur. Il termine . en donnant de nombreux exemples de parcs et jardins. Cheilosoria, nuovo genere di Polipodiacee Platilomee; par M. le comte Victor Trevisan (Atti del Reale Istituto Veneto, t. ru, 5° livr., 1876-11, pp. 515-592). Ce nouveau genre est fondé sur le Cheilanthes allosuroides Mett., du Mexique, qui a les sores non pas punctiformes, comme ils le sont dans le Cheilanthes, mais insérés suivant la direction des nervures sur un récep- tacle allongé. L'organisation est la méme, dit l'auteur, chez d’autres espèces généralement rapportées au genre Cheilanthes, savoir : Ch. tenuifolia Sw., Ch. javensis Moore et Ch. Kunzei Mett. L'auteur trace en parallèle les caractères du nouveau genre Cheilosoria et ceux du genre Cheilanthes dans lequel il reconnaît quatre sections : Physapteris (Myriopteris Fée), Eucheilanthes, Aleuritopteris et Adian- topsis. Il reconnait que le Cheilosoria est extrêmement voisin du genre Pellæa, dont il se distingue par les pinnules non articulées. M. le comte Trevisan donne ensuite des détails sur le genre Pellæa ou Platyloma, dont il exclut avec raison les espèces qui y ont été comprises à tort, et qui appartiennent soit au genre Doryopteris, comme le Pellæa hastata Link, soit au genre Cheilanthes, comme le Pellea angustifolia Baker, soit au genre Notochlena, comme le P. ferruginea Nees. Le P. sntramarginalis J. Smith est devenu pour lui le type d'un nouveau genre, REVUE PIBLIOGRAPHIQUE. 25 Mildella (1). Puis il trace le conspectus des tribus de Polypodiacées gram- mocarpées (ou à sores allongés). L'auteur a intercalé dans ce conspectus, présenté suivant une méthode qui lui est propre, la description de quelques genres nouveaux, savoir: Eremopodium (Asplenium vittæforme Cav. et A. sundense Bl.), qui est un dédoublement du Micropodium de Mettenius; et Toxopteris, qui est un Gymnogramme à nervilles conniventes, et qui était compris par M. J. Smith dans son genre Syngramme. Catalogue des végétaux ligneux indigénes et exotiques existant sur le domaine forestier des Barres-Vil- morin (Loiret). In-8° de 08 pages, avec un plan. Paris, impr. nat., 1878. On sait que M. L. de Vilmorin, après avoir acheté en 1821 le domaine des Barres, où le sol était alors presque entièrement dépouillé de bois, vint à bout d'y créer, avec une patience et un dévouement admirables, une précieuse collection d'arbres et notamment de Conifères, qui, au moment de sa mort, en 1862, était sans rivale dans l'Europe entière. Cette année-là méme, M. de Vilmorin avait présenté à la Société d’agriculture un Exposé historique et descriptif de l’École forestière des Barres (publié seulement en 1864), qui est fort connu de tous les sylviculteurs. Aprés sa mort, l'École forestiére, délaissée pendant quelques années, fut enfin cédée à l'État par sa famille, qui demeurait propriétaire du château et des terres voisines, où l'on sait qu'elle poursuit à un autre point de vue des expé- riences non moins utiles àla science. L'administration des foréts a étendu la création de M. de Vilmorin en la faisant servir à la pratique et à l'ensei- gnement de la silviculture. De vastes pépiniéres y ont été ajoutées, dont plusieurs fourniront les plants nécessaires à la restauration de la forét d'Orléans. Un Arboretum a été dessiné et planté; les spécimens qu'il renferme sont éliquetés avec soin. Le présent Catalogue en contient le recensement scientifique, fait dans l'ordre systématique proposé par Adr. de Jussieu, avec des notes sur l'emploi industriel des espéces, sur la faculté d’acclimatation des espèces exotiques, sur les caractères des variétés, ete. Ce n’est pas seulement comme instrument d'application que cette grande et utile création rendra des services. Les botanistes y trouve- ront des secours précieux pour l'étude et la détermination des espèces litigieuses. On sera peut-être étonné en apprenant que le Pin silvestre a été classé dans cette catégorie par M. de Vilmorin lui-même (2). Il est (1) Rendiconti del R. Istituto Lombardo di scienze e lettere, sér. 2, vol. 1x, fasc. XX, pp. 807-808. (2) Voyez le Traité pratique de la culture des Pins à grandes dimensions, par Louis- Gervais Delamarre (3* édit., p. 241). 26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. démontré, lisons-nous dans le Catalogue, par la seule inspection de l'École, que les Pins silvestres de diverse provenance différent considéra- blement entre eux au point de vue du port et de la conformation du füt, et que ces caractères sont héréditaires au moins pendant deux générations, Il est à présumer que, par le seul examen de leurs plantations de Chênes, les autorités qui dirigent aujourd'hui l'École pourront facilement nous éclairer sur la valeur des espéces distinguées dans le genre Quercus par M. de Morogues (1). Elles ont du reste à perfectionner encore, dans les pépiniéres mémes, la détermination des espéces de ce genre, notamment des Quercus du Japon. M. Franchet, qui n'est pas trés éloigné du domaine des Barres, leur donnerait pour cela, nous n'en doutons pas, un concours aussi utile que dévoué. Études sur le Phylloxera vastatrix; par M. Maxime Cornu (extrait du tome xxvi des Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des sciences de l'Institut de France); un vol. in-8° de 351 pages, avec 24 planches. Paris, impr. nat., 1878. Les recherches de M. Cornu, délégué de l'Académie, ont été entre- prises sous les auspices de la commission du Phylloxéra; un certain nombre de résultats ont. déjà été publiés dans les Comptes rendus. Le présent mémoire reproduit ces résultats avec plus de détails et leš com- pléte par des planches explieatives. La premiére partie de ce travail est consacrée à l'étude des altérations causées sur là Vigne par l'insecte, la deuxiéme & l'étude de l'insecte et de ses diverses formés, Dans la première partie, M. Cornu s’est d'abord attaché à démontrer l'identité du Phylloxéra des feuilles et de celui des racines (2). Il a con- staté directement que le Phylloxéra issu des galles de feuilles se fixe sur les racines et sur les radicelles; que, sur ces dernières, il détermine les ren- flements caractéristiques de l'altération produite par l'insecte des racines. Il est vrai que les galles de feuilles sont rares, chez nous du moins, les Phylloxéras préférant les feuilles des Vignes américaines (3) A celles des Vignes européennes. La manière dont le Phylloxéra quitte les feuilles pour se rendre aux racines est très simple : au lieu de suivre la tige et de descendre, il se laisse tomber. Un certain nombre d'insectes NU Voy. le Bulletin, t. xtiv (Revue), p. 105. On trouvera dans l'Œsterreichische bot. Zeitschrift de juin 1879, une note de M, Yukotinovic où sont étudiées les formes du Quer- cus sessiliflora et du Q. pedunculata. (3) N ne faut pas oublier que beaucoup de notes reproduites dans ce grand mémoire remontent à l'année 1873. (3) M. L. Collot (Comptes rendus, séance du 13 janvier 1879) a constaté à Panama, stt un point privé de toute culture de la Vigne, l'existence du Phylloxéra sut le Vitis caribæa NC. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 27 gagnent alors les parties jeunes du végétal et se fixent sur les nou- velles feuilles, sur lesquelles ils deviennent le point de départ de nouvelles galles. M. Cornu a ensuite étudié dansles plus grands détails les altérations déterminées par le Phylloxéra tant sur les organes aériens que sur les organes souterrains de la Vigne. Les galles des feuilles sont dues à une hypertrophie de la face supérieure ainsi que de la face inférieure de ces organes. M. Cornu les a figurées dans un mémoire précédent inséré aux Mémoires des savants étrangers. Les galles des tiges et des vrilles sont beaucoup plus rares ; elles sont formées aux dépens d'une partie très peu importante de l'écorce. Le cylindre central n'est modiflé que lorsque deux insectes se sont fixés en deux points différents à la même hauteur, l'un prés de l'autre. Les galles des pétioles sont fort semblables aux précé- dentes et ne se montrent que sur la partie qui correspond à la face supé- rieure. Quant à l'action du Phyllotéra sur les organes souterrains, nous , renvoyons à une communication faite par M. Cornu à la Société (1). Il est bon de faire remarquer, avec l'auteur, que la présence des renflements ne suffit pas toujours pour qu'on puisse affirmer la présence du Phylloxéra. On rencontre sur les radicelles des Légumineuses des renflements en appa- rence analogues, bien qu'ils puissent se distinguer facilement des renfle- ments phylloxériques. Ces renflements sont dus à des Bactéries vivant dans l'intérieur des cellules, comme cela a été indiqué par M. Woro- nine (2). La deuxième partie du mémoire de M. Cornu a trail surtout aux maurs du Phylloséra et A la partie entomologique du sujet. Comme le dit fort bien M. Cornu, aprés avoir rapporté les résultats des observations de M. Boiteau et de M. Balbiani, tout cela montre l'importance des études d'histoire naturelle relatives aux causes des fléaux qui désolent l'agricul- lure; c'est en effet par un moyen détourné, l'étude du Phylloxera cocci- nea du Chêne, que M. Balbiani a constaté la ponte de l'œuf d'hiver, la production des individus ailés, et en a déduit le traitement préventif, celui qui consiste à détruire l’œuf d'hiver déposé sur les ceps pour arrêter la propagation du Phylloxéra. On a proposé en effet de détruire ces œufs par des badigeonnages opérés avec des substances diverses (3). M. Cornu (1) Voy. le Bulletin, t. xxit (Séances), p. 290. (2) Voyez le Bulletin, t. xxiv (Séances), p. 134. (8) M. Berton, qui a voyagé en Orient, a proposé à M. Dumas un moyen nouveau, l'huile de naphthe, en se fondant sur un fait curieux. Au moment où, se trouvant en Palestine, il allait entreprendre l'exploration de la mer Morte, il fut informé par un . évêque indigène que, parmi les produits minéralogiques de cette contrée, il trouverait en abondance l'asphalte, d’où, au moyen âge, on avait extrait l'huile précieuse qui avait alors sauvé les vignobles de la Judée, en les débarrassant d'un ver qui attaquait la racine des ceps et les faisait tous périr. 28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pense que l'ébouillantage si usité en Bourgogne contre la Pyrale donnerait probablement les meilleurs résultats (1). Des altérations produites par le Phylloxéra sur les racines de la Vigne ; par M. Millardet (Revue scientifique, nu- méro du 14 septembre 1878). Cette communication a été faite à la section de botanique (présidée par M. Baillon) de l'Association française pour l'uvancement des sciences, dans le Congrés que l'Association a tenu au Trocadéro, immédiatement aprés le dernier Congrès international d'hortieulture et de botanique. Nous empruntons à la Revue scientifique le résumé suivant (2): « La piqüre du Phylloxéra, dit M. Millardet, détermine surles extrémités des radicelles de la Vigne des renflements recourbés appelés nodosités ; sur les racines qui ont cessé de s'allonger, elle produit des protubérances arrondies, souvent allongées par la confluence, nommées tubérosités. » Les unes et les autres pourrissent à des âges très variables et après avoir acquis un développement trés différent. La pourriture s'étend insen- siblement de la surface du renflement vers le centre de la radicelle ou racine ; ces organes se trouvent tót ou tard frappés de mort. » La cause de la pourriture n'est pas, comme l'a dit derniérement M. Maxime Cornu, dans la perversion des phénomènes d'épaississement et de nutrition des éléments ligneux de la racine. Elle doit étre attribuée uniquement à la pénétration, dans l'intérieur des renflements, de Cham- pignons (3) ou d'autres organismes parasitaires trés communs dans le sol. Cette pénétration est facile à constater et à expliquer. L'hypertrophie (1) M. Th. Denis, chef de culture au parc de la Téte-d'Or, à Lyon, a proposé récem- ment lébouillantage au lait de chaux, lequel, d'après lui, devrait être pratiqué immé- diatement apres la taille, avant que la Vigne pleure et avant le premier mouvement de la séve au printemps : cette époque est antérieure à celle de l'éclosion de l'œuf d'hiver du Phylloxéra. La publication de M. Denis, où l'on trouve tous les renseignements nécessaires, est intitulée : Destruction certaine et pratique du Phylloxéra et du mycé- lium qui tuent la Vigne, par l'ébouillantage au lait de chaux en hiver. M. Denis admet en effet que : « en général, sur la racine de la Vigne, après la piqüre de l'insecte aptère » radicicole, se développe promptement une espèce de mycélium, un Champignon ento- » phyte parasite souterrain, qui se multiplie, s'étend et se propage avec une extrème » rapidité sur toute la surface des racines et de la souche »; et que « les propriétés » délétères de ses exhalaisons fétides et nauséabondes, agissant sur les racines, les épui- » sent et tuent infailliblement le cep en deux ou trois ans ». Or si nous comprenons fort bien comment l'ébouillantage au lait de chaux, opéré sur le cep, peut détruire l'œuf d hiver, nous avouons ne pas être aussi certain que l’infiltration alcaline (résultant du dépot de 500 à 600 grammes de chaux éteinte autour de la souche), doive détruire le mycélium auquel M. Denis accorde une influence aussi pernicieuse. Ajoutons cependant qu'il dit avoir obtenu par son procédé les résultats les meilleurs et les plus concluants. (2) Le volume que publiera l'Association n'a pas encore paru, et d’ailleurs aucune de ses publications n'a jamais été adressée à la Société botanique de France. . (3) Le Champignon signalé pourrait étre le Peronospora viticola Berk. et Curtis (voy. les Comptes rendus, 1877, 2° semestre, p. 210). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 20 des tissus cellulaires dans les nodosités et les tubérosités produit la dis- tension de l'épiderme et du périderme. Sous la pression des tissus sous- jaceuts, ils ne tardent pas l'un et l’autre à éclater et à s'exfolier. C'est par leurs fissures que pénètrent les germes de pourriture. On comprend l'im- portance de cette nouvelle manière d'envisager la maladie de la Vigne. Le peu d'action des insecticides, dans certains cas, pourrait s'expliquer par l'impossibilité ou l'on se trouve de détruire le mycélium dans l'intérieur des racines. Dans une Vigne sérieusement atteinte, détruire le Phylloxéra ne servirait à peu prés de rien. » En terminant, M. Millardet a montré des piéces conservées dans l'alcool et des préparations à l'appui de ses opinions. Cette communication, à cause de sa date, peut étre regardée comme le résumé de la polémique que M. Millardet a engagée contre M. Cornu, au sujet des altérations dues au Phylloxéra, devant l'Académie des sciences, dans les séances du 29 juillet et du 19 août précédent. M. Cornu a répondu devant l'Académie le 5 août. D’après lui, « les études du développement et de l'altération d'une seule et méme radicelle faites à l'aide de Vignes cultivées dans des vases à fleurs, permettent de démontrer l'absence de tout mycélium dans le flétrissement des renflements, flétrissement qu'il a montré étre, à tort, appelé du nom de pourriture ». Sur le mode de formation de quelques nodosités phyl- loxériques ; par M. J. d'Arbaumont (Comptes rendus, séance du 2 décembre 1878). M. d'Arbaumont pense que la formation, sur les radicelles de la Vigne, de nodosités phylloxériques avec prolongement radiciforme peut provenir d'une cause différente de celle qui a été indiquée par M. Cornu. On aurait affaire, dans certains cas, à des nodosités réellement intercalaires, pro- voquées par la piqüre d'un insecte qui se serait fixé, au point d'émergence d'une radicelle secondaire, sur son axe générateur, et conséquemment à une certaine distance du point végétatif de ce dernier. En affirmant que les nodosités à prolongement radiciforme, comme les autres, proviennent toujours de la piqûre d'un insecte au niveau du point végétatif, M. Cornu aurait, selon l'auteur, émis une affirmation trop absolue. Die Pilze des Weinstockes. Monographische Bearbeitung der simmtlichen bisher bekannten, auf den Arten der Gattung Vitis vorkom- menden Pilze (Les Champignons de la Vigne ; étude monographique de tous les Champignons connus jusqu'à ce jour pour se renconirer sur les espèces du genre Vitis); par M. Felix de Thümen. In-8° de xx et 255 pages, avec 5 planches lithographiées. Vienne, 1878, chez W. Braumüller. Le nombre des espèces de Champignons constatées sur diverses espèces 30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de Vitis s'élève dans cette monographie spéciale à 220, dont 150 ont été observées sur le Vitis vinifera, 54 sur le V. Labrusca, 13 sur le V. æsti- valis Mich., 3 sur le V. cordifolia Mich., 2 sur le V. rotundifolia Mich., comme sur le V. silvestris Gmel., enfin 4 sur le V. candicans Engelm. Dans ce nombre, M. de Thümen décrit plus de quarante espéces nouvelles. La plus intéressante de ces nouveautés est le Ræsleria hypogea Thüm. et Passer., Discomycéte qui vit sur les racines de la Vigne. L'intérét de celte publication n'échappera à personne, puisqu'elle a paru au moment où sont émises les opinions de M. Millardet. Sur les 90 Champignons qui s'attaquent à la grappe elle-méme de la Vigne, l'Oidium Tuckeri parait le plus important au point de vue prati- que. M. de Thümen paraît avoir suivi M. Fuckel en regardant ce Cryptogame comme la forme conidiophore du Spherotheca Castagnei Lév., et par con- séquent comme distinct de l'Erysiphe américain désigné par Schweinitz sous le nom Q'E. necator. Parmi le grand nombre de Champignons qui vivent sur les troncs ou les rameaux des ceps vivants ou morts, il se trouve une grande quantité de nouveautés. Les Sphéries sont désignées par les appellations génériques nouvelles, telles que Cryptovalsa, Botryo- spheria, Bertia, Teichospora, Anthostomella, Rebentiochia, Valsa- ria, etc. Parmi les Hyménomycètes, l'auteur ne mentionne pas moins de trente-deux espèces, principalement sur les tiges mortes, et notamment un petit Agaric du Cap, I A. Proteus Kalchbr, , voisin de l' A. variabilis Pers. Le plus intéressant des Champignons qui vivent sur les feuilles de la Vigne est une espèce d'Uredo, VU. Vitis Thm., qui, comme le Peronospora Vitis, est originaire de l'autre côté de l'Atlantique. Il est à remarquer que ces végétaux parasites, ou ce qu’on peut nommer la « Flore de la Vigne» est fort différent selon qu'on l'examine dans l'ancien ou dans le nouveau monde. Vorläufige Mittheilung über das Cladosporium Rüsleri Catt. und den schwarzen Brenner der Rebe (Communication préalable sur le Cladosporium Rôsleri Gatt. et sur le Charbon noir de la Vigne); par M. Emmerich Ráthay (OEsterreichische botanische Zeitschrift, juillet- août 1878), L'auteur avait déjà signalé deux ans auparavant (1) une maladie des grappes de la Vigne, accompagnée de la chute précoce des feuilles, qui étaient presque toutes tombées dés la mi-septembre, Il avait alors rapporté cette maladie au Spherella Vitis Fuckel, en se fondant pour cette déter- mination sur le n" 217 de l’exsiccata de M. de Thümen, et cela un an avant (4) Dans le recueil intitulé : Weinlaube (Le Berceau de Vigne), numéro du 1° dé- cembre 1875. ? REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 31 que M. Cattaneo eùl publié son Cladosporium Rôsleri, eu septembre 1870, dans le Bolletino del Comizio agrario vogherense (1). Ultérieurement, et de l'aveu de M. de Thümen, M. Räthay a reconnu qu'il s'était trompé, par suite d'une erreur de distribution dans l'exsiccata de ce dernier. C'est le Cladosporium qui est la cause du « Charbon noir ». Il attaque d'abord les feuilles, et plus tard les grappes, et se rencontre sur une grande quantité de plants très-différents les uns des autres. Il se développe surtout sur les rameaux horizontaux. Il apparait vers le mois de juillet, d'abord sur la face inférieure des feuilles les plus inférieures, entre les nervures, par de petites taches d'un vert olivâtre qui vont en s'agrandissant. Les feuilles brunissent et se desséchent au fur et à mesure de bas en haut. Plus tard, les mémes taches apparaissent sur les grappes, rares d'abord. L'auteur a suivi le mycélium dans le parenchyme des feuilles. Il l'a vu donner nais- sance, sans fécondation, à des conidies et à des pycnides. Ces dernières naissent sur le côté supérieur de la feuille, au-dessous de l'épiderme et entre les cellules du pareuchyme à palissades ; à la face inférieure, elles se développent entre les filaments porteurs des conidies, lesquels sortent par les stomates. L'auteur a encore observé dans l'intérieur des baies des organes de reproduction particuliers, d'une forme sphérique. Hypsilophora destructor, auct. M.-J. Berkeley (Gardeners’ Chronicle, 8 mars 1879). 1l s'agit ici d'un Champignon qui attaque les Poiriers aux Etats-Unis, et qui a été publié dans le Grevillea sous le nom de Dacrymyces. M. Berkeley établit que ce Champignon constitue un genre voisin, qu'il nomme Hypsilophora, parce que les spores sont portées sur deux fila- ments voisins divergents en forme d'U. L'espéce qui détruit les jeunes rameaux du Poirier est pour lui l'H. destructor. Il en existe en Europe une autre qui vit sur le Lilas, et que M. Berkeley nomme H. syringicola. Le Dacrymyces cinnabarina de Schweinitz doit encore rentrer dans ce genre. Des herborísations cryptogamiques; par M. le D" L. Marchand (extrait du Journal de micrographie, V. ut, 1879); tirage à part en broch. in-8° de 15 pages. Bruxelles, 1879. M. L. Marchand, agrégé à l'École supérieure de pharmacie de Paris, à été chargé dans cette École du cours de botanique cryptogamique. C'est comme annexe à ses leçons qu'il y a fait sur les herborisations cryptoga- miques, le 15 mars dernier, une conférence reproduite dans ces pages. (4) On trouvera dans cette Revue quelques renseignements sur les publications de M. Cattaneo, t. XXY, pp. 152 et 153. 39 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les herborisations consacrées à la recherche des Cryptogames, que l'on étudiera ensuite dans le laboratoire avec le secours du microscope, diffè- rent tant des herborisations phanérogamiques, que l'on saura gré à M. Marchand d'en avoir tracé un tableau spécial et, croyons-nous, assez neuf. On y retrouvera l'appareil spécial imaginé par lui pour la récolte des Hépatiques et déjà décrit dans le Guide du botaniste de M. Verlot (1). On y trouvera aussi la description du sac à compartiments dans lequel M. Petit installe ses flacons pour la récolte des Diatomées. Le bagage nécessaire pour une herborisation cryptogamique entendue dans sa généralité (ce qui est du reste assez rare) devient si considérable, que M. Marchand conseille de s'associer à deux ou à quatre pour se le parlager. La pré- paration et la conservation des objets sont ensuite, de la part de M. Marchand, l'objet d'indicatious circonstanciées. Il insiste partout sur la nécessité de l'étiquetage; on sait que ce conseil ne saurait être trop répété aux commençants. De l'utilité de l'étude des Cryptogames au point de vue médico-pharmaceutique ; par M. L. Marchand (extrait du Jour- nal de micrographie, t. uz, 1879, n° 5); tirage à part en broch. in-8" de 15 pages. M. Marchand divise les applications de la eryptogamie à la pharmacie en deux sections. ll place dans la première toutes celles qui intéressent le pharmacien dans l'exercice de sa profession ; dans la seconde, celles qui l'intéressent en tant que naturaliste et savant. Il a profité de ce cadre pour esquisser l'ensemble des études, aujourd'hui si étendues, nécessaires au pharmacien, rien que dans le groupe des Cryptogames, et pour en faire apprécier l'intérét dans une conférence qui était une lecon d'ouverture. Organisation et nature de Uygrocrocis arsenicus; végétal qui se développe dans la solution arsenicale nommée liqueur de Fowler ; par M. L. Marchand (Comptes rendus, séance du 11 novembre 1878). Signalé pour la première fois à l'Académie des sciences en 1836 (Comptes rendus, t. nt, p. 749), par Bory de Saint-Vincent, ce végétal fut plus tard (ibid., t. xx, p. 1055) recueilli à Évreux par M. Boutigny, et nommé Hygrocrocis arsenicus par M. de Brébisson. Cet Hygrocrocis ne manque jamais d'apparaitre dans les liqueurs arsenicales, que les flacons soient ou non bouchés à l'émeri, qu'ils aient été ou non agités, qu'on les ait tenus constamment fermés ou qu'on s'en soit servi de temps à autre pour le service de l'officine. Au début de l'envahissement, il apparait des (1) 2° édit., p. 163. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 taches lactescentes dans le liquide, taches constituées par des globules très ténus. Plus tard le nuage grossit du centre à la circonférence; et dans sa partie la plus ancienne on trouve les globules endigués dans des tubes qui plus tard encore se cloisonnent ; il en résulte enfin des cellules dont la longueur égale la largeur. Bientôt les filaments grossissent, passent du blanc au grisàtre, puis au gris brun, et alors ils se modifient de deux maniéres : les uns demeurent réguliers, à cellules plutót allongées, à con- tenu homogène ; les autres ont un contenu granuleux, des cellules égales dans tous les sens, et deviennent bossués. Les premiers, comme fructifi- cation, portent des conidies; les seconds, des conceptacles développés sur leurs bosses latérales, sous forme d'ampoules piriformes, qui s'entrouvent à leur sommet pour laisser sortir deux ou trois spores hyalines. ll résulte de ces observations, dit en terminant M. Marchand, que l’Hy- grocrocis arsenicus Bréb., autrefois placé parmi les Algues dans la tribu des Leptomitées, est décidément un Champignon de la tribu des Dématiés, ce qui confirme une opinion déjà émise par d'autres botanistes. Contributions to Mycologia Britannica. The Myxomy- cetes of Great Britain; par M. C. Cooke. In-8° de 96 pages, avec 24 planches. Londres, Williams et Norgate, 1877. M. Rostafinski avait publié en 1875, sous le titre de Monografia Slu- zowce, une monographie des Myxomycétes dont nous n'avons pas parlé ici, par cette excellente raison que nous nel'avons jamais vue. Écrit en langue polonaise, et, à ce que nous apprend M. Cooke, trés-difficile à obtenir par la voie ordinaire du commerce, cel ouvrage était resté peu abordable méme pour les savants spéciaux. M. Cooke a eu l'heureuse idée de traduire en anglais, suivant la méthode de M. Rostafinski, les Caractères des ordres, des familles et des genres (1) de Myxomycètes, ainsi que les clefs analytiques, et ensuite d'extraire de la monographie qu'il prenait pour guide la description des espèces connues de lui pour se trouver dans la Grande-Bretagne, de manière à offrir aux botanistes anglais un conspectus des Myxomycétes de leur pays. Il termine par un appendice écrit pour tenir compte de modifications que M. Rostafinski a apportées lui-même à son système dans un Supplément, mais sans accepter cependant certaines modifications synonymiques adoptées par le botaniste polonais, Les planches sont également reproduites de l'ouvrage de M. Rostafinski, (D Nous traduisons nous-méme, sans nous dissimuler ce qu'ont d'étrange les termes d'ordres et de familles employés pour diviser les Myxomycètes, à supposer même que Ceux-ci constituent un groupe de la même valeur taxinomique que celui des Cham- Pignons. T. XXVI. (REVUE) 3 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. saut la dernière, composée de dessins ajoutés par M. Cooke. Les 24 plan- ches ne contiennent pas moins de 147 figures. On Black Moulds ; par M. C. Cooke (Journal of the Quekett micro- scopical Club); tirage à part en broch. in-8° de 28 pages, avec 4 planches chromolithographiées. Ce mémoire est la reproduction, avec illustrations, d’une conférence faite par M. Cooke. Les Black Moulds, ou Moisissures noires, sont des Champignons hyphomycètes de la tribu des Dématiés. Nous croyons que la manière la plus utile de rendre compte du mémoire de M. Cooke est de reproduire sa classification. Les dix-neuf genres de Dématiés à tige simple sont distribués par lui de la manière suivante : I, Sporis non coacervatis in distinctum capitulum : A. globosis v. ovatis..,..,,,,,,4.4,seesusess...... Monotospora. B. elongatis, strictis : a. Filamentis rigidis, obscuris: 1. erectis, non capitatis. Sporis singulis,..........,........,........ Helninthosporium. — concatenatis.,.,..,,,. .,,........... Dendryphium. — triradiatis............,......,.,..... Triposporium. 2. erectis, apice dilatato (cupuliformi)............ Cladotrichium. 3. repentibus...........,..,.,,..,,,,..,,..1.... Clasterisporium. 8. Filamentis flaccidis, generaliter pallidis : 1. Sporis concatenatis — simplicibus.........,....,,,.,,...,.,., Pusicladum. — uniseptatis...,....,.,,...... Prerpeeepee Gladosporium. — variabilibus .......,......... nonesonses Heterosporium. 2. Sporis singulis (bacilliformibus)................ Cercospora. C. multicellularibus : a. Filamentis rigidis, obscuris (sporis basalibus)....... Seplosporium. B. — flaccidis : 1. Sporis terminalibus.....,.........., TPPPPPP Mystrosporium. 2. — sparsis.......,........,.....,.....,,.. Macrosporium. D. helicoideis : Filamentis rigidis, obscuris : 4. Sporis terminalibus...................,..,.... Helicosporium. 2. — lateralibus.................. esses Helicoma. M. Sporis coacervalis capitatis : A. Filamentis capitatis : 1. Apicibus simplicibus....... TTA MERTERT Sporocybé. 2. — lobatis....,,.,.,..,...,,.......,.... Stachybotrys: B. Filamentis non capitalis : 1. Sporis simplicibus............ TOPPED Camptoum. 2. .- septatis........,,,.,,.,..... TEE Acrothecium. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 35 Appunti di patologia vegetabile. Studii sulla moltiplicazione artificiale delle Crittogame parassite dei Cereali; par M. G. Gibelli (extrait des Atti della R. Accademia di scienze, lettere ed arti. in Modena, t. xvii); tirage à part en broch, in-8° de 9 pages. M. Gibelli a passé des grains de Seigle enduits d'une solütion gommeuse dans de la poussière formée en majeure partie par les spores du Tilletia caries ou du T. levis, et le Seigle né de ces grains a été atteint de la carie, ce qui paraît tout naturel. Les grains infectés ayant une autre fois séjourné dans un lait de chaux pendant cinq minutes, avant d’être ense- mencés, la récolte a donné seulement un peu plus de 7 pour 100 d'épis atteints de carie. Les grains ayant séjourné au contraire dans une solution de sulfate de cuivre, la proportion d'épis infectés n'a plus été que de 1 pour 100. En opérant de méme, au lieu d'une poussière formée par les spores du Tilletia, avec le résidu de la trituration des selérotes de l'Ergot, l'auteur n'a rien obtenu, et aucun grain n'a été infecté de l'Ergot. Ceci semble encore fort naturel, puisque les sclérotes ne renferment pas de corps reproducteurs. Voici qui au premier coup d'œil parait plus surpre- nant. M. Gibelli a placé ensemble dans la terre des grains de Seigle et des sclérotes : tous les sclérotes se sont couverts de Claviceps aussitôt après la fonte de la neige, en mars, mais les épis développés plus tard n’ont porté aucune Sphacélie. Cela tient à ce que l’être complexe dont le Cla- viceps purpurea parait la forme la plus parfaite ne se transporte pas à l'intérieur de la tige, par les tissus intérieurs, comme le font les Ustila- ginées. L'infection de l'ovaire attaqué a lieu par l'extérieur, à condition que les spores émises par le Claviceps puissent être portées directement sur lui par le vent ou par quelque insecte (1). Plasmodiophora Brassicæ, Urheber der Kohlpflauzen-Hernie (Le Plasmodiophora Brassicæ, parasite qui produit lu hernie des Choux); par M. Woronine (Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik, t. X1, pp. 548-574, avec 6 planches). La maladie des Choux, que les jardiniers russes appellent la hernie, s’est beaucoup étendue dans ces dernières années, et elle est arrivée à causer des pertes considérables dans un grand nombre de jardins potagers, notamment aux environs de Saint-Pétersbourg. M. Woronine a été conduit à reconnaitre, par des études poursuivies pendant trois années, que la cause unique de cette maladie est un parasite microscopique d une nature fort étrange, qui s'introduit, se développe et fructifie dans l'intérieur des tellules de la racine, de laquelle il détermine par cela méme la défor- (1) Voyez les expériences de M. Roze (Bull. Soc. bot. Fr. t. xvit, p. 283 et suiv.). 36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mation, un grossissement irrégulier, et enfin la destruction. Ce Crypto- game, nommé par l'auteur Plasmodiophora Brassicæ, est un Myxomycéte. Au moment de son premier développement, certaines cellules de la racine sont devenues un peu plus grandes que leurs voisines, et contiennent une substance comme gélatineuse, incolore, mais finement granuleuse. A mesure que le mal fait des progrès, les cellules de ce parenchyme cortical grandissent, se multiplient par des divisions successives, et de là surtout résultent les excroissances extérieures de la racine malade. Pendant ce temps le plasmodium se rassemble en petites agglomérations arrondies qui finissent par remplir toute la cavité de la cellule envahie, qui devient comme un vaste zoosporange. En effet, le Plasmodiophora diffère des autres Myxomycétes en ce qu'il n'offre point de péridium ; c'est la paroi de la cellule qui en fait les fonctions. Quand la destruction du tissu cellu- laire de la racine a rendu les spores libres au milieu du sol humide, leur germination s'opére de la méme manière que celle des Myxomycétes en général : elles donnent naissance chacune à un myxoamibe. Ce sont ces myxoamibes qui, en passant de la terre dans l'intérieur des racines, pour y subir ensuite le développement qui vient d'étre décrit, donnent aux plantes la maladie de Ja hernie. M. Woronine n'a pu observer directement leur pénétration, mais il admet comme positif qu'ils s'introduisent par les poils radicaux et par les cellules de l'épiderme des racines. Au point de vue taxinomique, le Plasmodiophora est un lien de plus qui rapproche les Myxomycétes des Chytridinées, affinité déjà indiquée par M. Cornu. Il ressort de ces données que toute tentative de curation du mal causé par la hernie doit se borner, dans l'état actuel de nos connaissances, à la crémation des plantes atteintes, dans le but de détruire le parasite, el surtout d'empécher que ses spores ne continuent à infecter le terrain. Il sera bon aussi de ne pas continuer à cultiver des Choux dans la méme terre où ils auraient été malades l'année précédente. Maladie des Laitues nommée le meunier ; par M. Maxime Cornu (Comptes rendus, t. xxxvi, pp. 801-803). Voici maintenant une maladie des Composées (Seneçons, Laiterons, Artichauts, Chicorées), qui cause des dégàts énormes aux environs de Paris dans les cultures maraichéres sur les deux variétés du Lactuca sativa, la Laitue et la Romaine. Ces dégâts sont assez considérables pour qu'un groupe de maraichers (1) ait assuré un prix de 10000 francs à celui qui fera cesser cet état de choses. La maladie est produite par le Peronospora gangliiformis Berk. Ce parasite détermine à la face inférieure des feuilles (1) Président du comité, M. Curé, ruc Lecourbe, 315, à Paris-Grenelle. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 37 des houppes blanchàtres et comme farineuses, d’où le nom populaire de meunier. Quand on arrache un lambeau de l'épiderme d'une Laitue attaquée par le P. gangliiformis, on observe les filaments conidiophores sortant par l'ouverture des stomates, comme ceux du Peronospora en général. Ces filaments sont solitaires ou groupés par deux ou trois; leur partie supérieure est diversement ramifiée, l'ensemble simule un petit arbre. Les ramuscules sont dilatés à leur extrémité et portent de trois à six stérigmates qui donnent naissance aux spores ou conidies. Celles-ci sont largement ovales, avec une papille incompléte; leur germination donne naissance à un filament parfois toruleux d'une façon trés remar- quable. Les oospores se développent dans le tissu occupé par les filaments du mycélium et desséché sous son action. Fréquentes sur le Senecon, elles paraissent fort rares sur les Laitues. Elles peuvent se conserver dans le sol ou à sa surface, et germer aprés un long temps de repos pour envahir les Laitues, — c'est un mode d'infection ; — ou bien la maladie peut être transmise par les conidies, et étre communiquée aux Laitues par les Senecons, Laiterons ou autres Composées portant déjà le parasite, et dont il importe par conséquent de bien purger le terrain (1). Maladie des taches noires de l'Érable (Rhytisma acerinum) ; par M. Max. Cornu (Comptes rendus, 22 juillet 1878). Les Érables présentent fréquemment sur leurs feuilles, pendant l'été, des taches noires déterminées par un Champignon parasite, le Xyloma acerinum. Ce Xyloma n’est qu'une forme imparfaite et æstivale ; lorsque les feuilles tombent à terre, à l'automne, un accroissement nouveau se produit dans les taches : la plante acquiert des théques et devient le Rhytisma acerinum. Ces phénoménes coincident avec la germination des jeunes Érables, daus les premiers jours du mois d'avril. M. Cornu s'est assuré que le Champignon (taches müres de Rhytisma coupées en d'étroites lanières et humectées d’eau) ne se développe bien que sur les organes jeunes. Il semble done qu'il suffise, pour faire disparaitre le Rhytisma, de détruire toutes les feuilles tachées qui tombent à l'automne : mais cela supposerait que les petits corpuscules (spermaties de M. Tulasne) produits en nombre énorme sur les feuilles vivantes (Xyloma) ue peuvent aussi reproduire le parasite. Descriptions de nouvelles Menthes ; par MM. Alfred Deséglise et Théophile Durand (extrait du Bulletin de la Société royale de bota- nique de Belgique, t. xvin); tirage à part en broch. in-8° de 33 pages. (1) MM. Bergeret et H. Moreau ont proposé, comme un bon agent à opposer, à la maladie du meunier, l'eau légèrement aiguisée d'acide azotique. Cette solution a, d'apres eux, l'avantage d’être un engrais pour 1e sol et d'arrêter la végétation du parasite. 38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ce travail monographique intéresse la flore francaise aussi bien que la flore belge. Les auteurs y distinguent dans les Menthe spicatæ trois groupes, savoir : Silvestres Wirtg., Piperitæ Mlvd et Transitoriæ Durand, et dans le groupe des Silvestres ceux des Rotundifolie Mlvd, Velutine Pérard, Venosæ Deségl. et Dur., Tomentosæ Deségl. et Dur., Mollis- sime Deségl. et Dur., Pubescentes Deségl. et Dur. et Virides Mlvd. Les formes nouvelles décrites par eux se rangent seulement dans cinq de ces sept groupes, le premier et le dernier étant exceptés. Elles sont au nombre de 24, et accompagnées d'un tableau dichotomique conduisant à leur détermination, Les auteurs disent formellement qu'ils ue les considérent pas comme des espéces, et qu'ils sont plutót portés à ne voir en elles que des races, qui doivent se ranger à la suite de quelques types généraux ou espèces. A Catalogue of the Collections in the Museum of the Pharmaceutical Society of Great Britain; compiled by E.-M. Holmes, curator of the Museum. Londres, 1878. Conçu pour servir de guide dans le riche musée pharmacologique que possède à Londres le Pharmaceutical Society, ce Catalogue renferme en méme temps une grande quantité d'informations utiles sur les drogues elles-mêmes, informations données en général sous úre forme concise. Plus de la moitié du volume est occupée par la matière médicale emprun- tée au Règne végétal, dont les substances sont disposées suivant l’ordre taxinomique du Prodromus. Ce Catalogue ne contient pas les collections importàntes léguées à la Société par M. Hanbury, collections qui feront, ainsi que son herbiet, l'objet d'un catalogue spécial. Cet herbier ést particulièrement riche en Zingibévacées officinales. Coniferes y Amentaceas españolas; par M. Maximo Laguna. In-8* de 40 pages. Madrid, typogr. Perojo, 1878. Cette brochure contient un extrait de la flore forestière préparée en ce moment en Espagne par une commission spéciale ressortissant au minis- tère du commerce, On y trouve des tableaux dichotomiques conduisant à la détermination des espèces de la flore espagnole appartenant aux familles des Coniféres et des Amentacées, puis des notes sur chacune d'elles, notes dans lesquelles on a soigneusement recueilli les noms vulgaires. Additions à la Monographie de» Plioselln et des Miera- cium du Dauphiné, suivies de l'analyse de quelques antres plantes; par M. Casimir Arvet-Touvet, In-8 de 20 pages. L'auteur donne, d’après dés matériaux plus éomplets, des documents REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, | 39 nouveaux sur plusieurs espèces nouvelles décrites antérieurement par lui, soit dans sa Monographie, soit dans le Supplément, et même sur des espèces de Villars et d'Allione. Il décrit en outre des nouveautés, telles que : Pilosella junciformis (P. florentino-major) ; Hieracium lividum, intermédiaire entre le neo-cerinthe, le vogesiacum et le murorum ; H. subluridum (H. fragile Bordère nou Jordan) ; H. succisoides, voisine de TH. virgulatum Arvet-Touvet. Vient ensuite la deseription des espèces nouvelles suivantes : Cirsium braeteosum (C. acauli-spinosissimum); Erigeron mixtus (E. dreba- chensi >< Villarsii) ; Crupina alpestris, qui n'est peut-être qu'une va- riété du C. vulgaris; Alnus microphylla, qui n'est peut-être qu'une variété de l'A, viridis; et Galium uliginosum L. var. rubriflorum. La Théorie des soudures en botanique ; par M. D. Clos (extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1819); tirage à part en broch. in-8° de LX pages. M. Clos a longtemps professé la théorie des soudures, que la Théorie élémentaire avait faite classique. Gédant aujourd'hui à une nouvelle inter- prétation des faits, surtout en présence des révélations dués à l’organo- génie, il tente de réduire l'extension de cette théorie; T1 montre d’abord que certains faits classés parmi céux de Soudure peuvent au contraire être expliqués par un phénomène de partition. T discute les exernples de soudure qu'on a prétendu trouver dans les feuilles des Bauhinia, dans les stipules interpétiolaires, danses eladodes des Ruscus, dans l'inflo- rescence du Tilleul, dans l'utrieule des Carew, ote. Il emprunte & Payer une opinion bien connue. « Lorsqu'on suit avee quelque attention, a dit cet observateur, la série des phases diverses par lesquelles passent les étamines et les pétales, on voit qu'à l'origine il y a indépendance côm- plète entre cés organes; mais que plus tard ils sont soulevés par une mem- brane commune, qui les réunit eorme elle réunit les pétales entre eux pour en former une corolle gàmopétale. Les étamines ét les pétales des plantes gamopétales fe Sont done pas des organes qui sónt nés distinets entre eux dans toute leur éteridue et qui se sont soudés ensuite dans toute leur étendue, Ce sont des organes dont les sommets ont été et demeure- ront toujours distincts, tandis que les bases sont nées réutiies, connées. » Robert Brown (1) préférait aussi l’épithète dé conné à celle de soudé pour exprimer la coalescence origitidiré des e&rpelles. M. Clos poursuit sa nouvelle manière de considérer les faits dans le pistil et le réceptacle, et n'admet méme pas que les bords des carpelles soient soudés avec l'axe de (1) In Bennett Plante javanice rariores, p. 112. 40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Povaire dans le cas de placentation axile. Il arrive ensuite aux questions délicates que soulève la nature de l'ovaire infère et celle des ovules des Conifères. Il examine enfin certains cas tératologiques et envisage la théorie des soudures au point de vue taxinomique. La conclusion, qu'il évite de formuler nettement, est favorable à l'idée de la connation ou plutót de la contiguité des organes, et de l'influence de la partition. Révision des Hédéracées américaines ; par M. Élie Marchal (Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2* série, t. xLvn, n° I, 1879); tirage à part en broch. in-8° de 29 pages. On sait combien la famille des Hédéracées est aujourd'hui difficile à étu- dier, MM. Decaisne, Planchon et B. Seemann n'ayant pas toujours décrit les espéces, examinées par eux dans les cultures ou dans les herbiers, auxquelles ils ont imposé des noms spécifiques nouveaux. Ce n'est guére que dans les herbiers qu'on pouvait les voir, et c'est ce qu'a fuit M. Marchal. Les Hédéracées américaines ont été révisées, il est vrai, par M. J.-E. Planchon pour les Plante Columbiang de M. Linden. Or il n'existe du premier volume des Plante Columbianæ que cinq exem- plaires (1), le reste étant encore en feuilles chez M. Linden, et ce premier volume s'arréte aprés les Ochnacées, sans comprendre la monographie des Hédéracées colombiennes. Il n'a été tiré de celle-ci que deux épreuves, pour M. Planchon, qui en a confié généreusement une à B. Seemann pour son Revision of the natural Order Hederaceæ (2), et a copié la seconde pour l'usage de M. Marchal. Elle sera des plus utiles au monographe de Bruxelles pour l'examen des Hédéracées colombiennes recueillies par notre confrére M. André, qu'il doit comprendre dans son travail d'en- semble sur les Hédéracées américaines. Le présent mémoire est détaché de ce travail, et renferme la descrip- tion d'un genre inédit et de dix-huit espéces nouvelles. Le genre nouveau, Coemansia, du Brésil (Lagoa Santa, Warming), se rapproche des Aralia, dont il a l'imbrication des pétales et l'articulation des pédicelles sous la fleur; mais il en diffère essentiellement par ses fleurs 8-mères, à anthères oblongues-linéaires, recourbées, à disque con- cave, à bord adné, tandis que les Aralia ont des fleurs 2-5-mères, à anthéres jamais oblongues-linéaires et toujours droites, et à disque conique ou presque plan. Les espéces nouvelles établies par M. Marchal sont les suivantes : Aralia Regeliana, du Mexique (Karw.); A. brevifolia, du Mexique I ‘a d ai ^. " * » " 1) Ces exemplaires ont été brochés à l’occasion de notre session de 1873 en Bel- gique. e i2) Voy. le Bulletin, t. xu (Revue), p. 124. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. M (Liebm. n. 33); A. soratensis, de Sorata (Mand. n. 570); Gilibertia populifolia, du Mexique (Liebm. n. 9), qui appartient à une nouvelle section du genre, Melopanax, intermédiaire entre les sections Eugili- bertia et Dendropanax, caractérisées par M. Marchal dans le Flora bra- siliensis : G. Langeana, du Mexique (Liebm. n.2); Oreopanax Seeman- nianum, de l’Équateur (0. avicenniæfolium Seem. non Dene et PI., Spr. n. 5999) ; O. ilicifolium, de la région subalpine de la Bolivie (Mand. n. 568), qui serait sans doute une acquisition précieuse pour l'horticul- ture; O. OErstedianum, du Costa-Rica ((Ersted); O. flaccidum, du Mexique (Liebm. n. 16); O. confusum, de l'Équateur (Spr. n. 5525); 0. Liebmanni, du Mexique (Liebm. n. 41 et 14, Hahn); O. platyphyllum, du Mexique (Liebm. n. 17 et 18); O. costaricense, du volcan Irasu ((Ersted n. 2); O. divulsum, du Pérou (Mathews); O. geminatum, de la province de Ségovie au Nicaragua ((Ersted n. 7); Sciadophyllum Belangeri, de la Martinique (Bél. n. 127) ; S. Karstenianum, du Vene- zuela (Karst.). Notes sur quelques plantes récoltées en 1877 dans le département de l'Hérault; par M. Duval-Jouve (extrait des Mémoires de l'Académie de Montpellier, section des sciences, t. IX, 1818) ; tirage à part en broch. in-8° de 15 pages, avec une planche. M. Duval-Jouve fait connaitre le dimorphisme du Lathyrus Nissolia et du Vicia gracilis Lois. (dont le nom le plus ancien est Ervum tenuissi- mum Bieb.); la présence du Callitriche truncata Guss. dans la mare de Grammont, prés Montpellier ; l'existence, entre les pierres des murs de soulénement aux environs de Ganges, d'un Linaria nouveau, rapporté jusqu'ici au L. origanifolia DC., et qu'il désigne sous le nom de L. Gan- gitis. I] décrit, plus exactement qu'on ne l'avait fait encore, le Galium murale, inexactement figuré par Allione et par M. Jordan, et signale un Rhamnus nouveau, découvert aux environs de Pézénas par MM. Biche et Triadon. Le Rh. picenensis (R. Clusii Loret et Barr. non Willd.) est voisin du Rh. Alaternus L. M. Duval-Jouve termine en comparant les caractères des Ægilops de France (1). De l'hybridation dans le genre Papaver; par M. D.-A. Godron (extrait de la Revue des sciences naturelles, septembre 1878) ; rage à part en brochure in-8 de 22 pages. M. Godron expose d'abord pourquoi les hybrides ne se forment pas spontanément dans le genre Papaver, dans lequel la fécondation com- mence à s'effectuer avant l'anthése. Il fait connaitre ensuiteles précautions (1) Voy. le Bulletin, t. xvt (Séances), p. 385. A9 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'il a dû prendre pour effectuer dans ce genre des fécondations artifi- cielles, décrit les hybrides qu'il a obtenus, et conclut des faits observés par lui : 1* Que chez les Pavots, tous les pieds hybrides d'une méme expérience et de première génération présentent des caractères identiques ; — 2" que généralement ils ressemblent plus au type paternel qu'au type maternel ; — % que dans les hybrides fertiles qu'ila obtenus, presque tous les pieds étaient revenus à l'un des deux types générateurs, mais le plus grand nombre au type paternel; — 4° que si l'un des facteurs est vivace et l'autre annuel, les produits hybrides sont vivaces; — 5° que l'hybridité parait favoriser les modifications tératologiques ; — 6° que les précautions prises pour opérer l'hybridation n'ont jamais donné naissance à un mélange d'hybrides avec des pieds du type maternel. Recherches chimiques sur la végétation forestiére ; pār MM. Fliche et L. Grandeau (extrait des Annales de la station agrono- mique de l'Est) ; tirage à part en broch. in-8° de 117 pages. Les auteurs ont réuni dans ce fascicule quatre mémoires déjà insérés par eux dans les Annales de chimie et de physique de 4813 à 1871. Leur nouvelle publication a eu pour but particulier de servir de docu- ment à l'appui des échantillons de sols et cendres de végétaux qui figu- raient à l'Exposition universelle de 1878, dans la première section de l'exposition forestière. Les mémoires qu'elle renferme traitent : 1° de l'inluence de la composition chimique du sol sur la végétation du Pin maritime; 2 de l'influence de la composition chimique du sol sur la végétation du Chàtaignier ; 3° de recherches chimiques sur la composition des feuilles d'áge et d'espèce différents ; 4° de la composition des feuilles du Pin noir d'Autriche (1). Symbole ad floram Brasiliæ centralis cognoscendam ; editore Eug. Warming. Particula xxv (extrait des Videnskabelige Med- delelser, 1819-80) ; tirage à part en broch. in-8° de 34 pages. Cette brochure contient : 1^ Des notes sur la famille des Oxalidées, écrites par M. Progel, qui avait monographié cette famille pour le Flora brasilietisis ; les Orális y sont au nombre de 18, dont une espèce not- velle, O. mitrophylla Prog. = 2 La description des Cypéracées nouvelles recueillies aux environs de Rio-de-Janeiro par M. Glaziou, description rédigée par M. Bæckeler, qui ne fait pas connaitre moins de dix éspéces nouvelles, chiffre considétable dans uné famille où les aires sont très larges. — 3° L'énumération des Champignons recueillis par M. Glaziou. (1) Voy. le Pulletin, t. xxv (Revue), p. 172. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A3 Cette énumération a été dressée par M. Berkeley, qui a trouvé locca- sion de décrire aussi un certain nombre de nouveautés, et méme un genre nouveau, Glaziella, caractérisé par : « Stroma subglobosum laticolor; perithecia pallida, gelatina hyalina repleta ». Hyphomycetes nonnulli novi americani ; auctore F. de Thü- men (Revue mycologique, avril 1879, n° 2). Ces Champignons nouveaux ont tous été recueillis dans la Caroline du Sud, prés d'Aiken, par M. Ravenel, qui les a soumis à M. de Thümen. lis appartiennent aux genres Macrosporium, Cladosporium, Tripospo- rium, Helminthosporium, Mystrosporium, Dactylium et Oidium. Geobotanisch -landwirthschaftliche Wanderungen in Böhmen (Excursions de géographie botanique et d'agriculture en Bohéme) ; par M. R. Braangart (extrait du Jahrbüch für œsterreichische Landwirthe, 1879) ; tirage à part en broch. in-8° de 46 pages. L'auteur de ce mémoire est partisan de l'influence chimique du sol, et donne son assentiment à là maniére de voir que M. Contejean a dévelop- pée dans ses derniers mémoires. Il a fait de nombreuses excursions sur différents points de la Bohême, notamment aux environs de Carlsbad, où se rencontrent des terrains de composition fort diverse. Il a vérifié d'uue manière générale l'influence de la chaux, méme dans les terrains où l'on n'est pas conduit d'emblée à en reconnaitre la présence, notamment dans les terrains volcaniques où abonde une variété de pyroxéne, l'augite de Werner, et dans les granites à base d'oligoclase. Il donne des listes des plantes qu'il a observées sur chaque terrain particulier. Il s'occupe spécia- lement des sols propres à la culture du Houblon, qui réclame la présence d'une certaine quantité de chaux dans le sol, et un climat tel que celui qui détermine la limite septentrionale de la Vigne. Enumeracion de las plantas Européas que se hallan como silvestres en la provincia de Buenos-Aires y en Patagonia ; par M. Carlos Berg (extrait des Anales de la Sociedad cientifica argentina); tirage à part en broch. in-8^ de 24 pages. Buenos-Aires, typogr. Pablo E. Coni, 1871. Ge mémoire contient l'énumération de 154 espèces d'Europe, tant pha- nérogames que cryptogames, dont l'auteur, professeur de zoologie à l'uni- versité de Buenos-Aires, a constaté la présence dans les environs de cette ville ou dans une excursion qu'il a faite en Patagonie, Il y aura là des documents intéressants de géographie botanique pour ceux qui étudient les faits de naturalisation. Ceux que l'auteur a signalés ne rentrent peut- étre cependant pas tous dans cette derniére catégorie, notamment ceux 44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui concernent des Monocotylédones aquatiques, telles que des Potamo- geton, et des espèces très répandues en Amérique, telles que le Setaria glauca, Eragrostis megastachya, etc. L'auteur fait observer que les plantes, évidemment introduites, se propagent bien et couvrent degrandes étendues de terrain. Les Fécules ; par M. M.-G. Bleicher. In-8° de 70 pages, avec une planche lithographiée, Paris, F. Savy, 1878. Cette thése, aprés une introduction historique, se divise en trois parties. La premiére est consacrée à la définition des fécules, que l'auteur tire de leur constitution chimique et de leur organisation; la deuxième à l'étude de la fécule dans la plante, étude qu'il divise en étude morphologique et étude physiologique, et dans laquelle il s'occupe principalement de l'em- placement que la fécule occupe dans la cellule, de son mode de dévelop- pement, de ses relations avec le protoplasma et la chlorophylle, de son ròle comme matière de réserve et de ses grains. La troisième partie est un résumé des applications générales et spéciales, médicales, phar- maceutiques, alimentaires et industrielles. On trouvera surtout dans le mémoire de M. Bleicher l'exposé des recherches de M. Payen et de M. Trécul, et la discussion des opinions de M. Nægeli. La planche qui y est jointe ne renferme que des figures empruntées à divers auteurs. Contributions à la flore des environs d'Alger; par MM. J.-A. Battandier et L. Trabut. Supplément au Catalogue de Munby. In-8° de 39 pages. Alger, typogr. Victor Alland et C^, 1878. En attendant la publication de la Flore d'Algérie de M. Cosson, les auteurs font connaitre quelques espèces oubliées par M. Munby, et qui se trouvent aux environs d'Alger; quelques observations critiques sur des espéces déjà mentionnées, et des stations nouvelles ou peu connues. Ils ont extrait de précieuses indications de l'herbier de Miergues, aujour- d'hui perdu pour l'Algérie (1). Leur mémoire contient une liste de 18 Mousses des environs d'Alger. De l'appareil spécial de nutrition des espéces parasites phanérogames ; par M. Chatin (Comptes rendus, séance du 20 jan- vier 1879). M. Chatin trace aujourd'hui la synthèse de faits qu'il a étudiés il y a déjà longtemps dans leurs détails. Dans la généralité des cas, dit-il, l'espéce parasite se fixe sur la plante nourriciére par un pivot conoide, sorte de (1) Cet herbier a été acquis par les R. P. Lazaristes de Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 45 cheville organisée, vivante, remplissant le rôle de racine. Comme celle-ci, le cône sucoir a surtout le double but : 4° de fixer l'espèce là où elle doit vivre; 2* de puiser des matériaux de nutrition dans le milieu oü il est plongé. La région axile du sucoir est occupée par une masse conoide, de consistance ligneuse, que composent de grandes cellules lignoides ponctuées d'autant plus courtes qu’elles sont plus voisines de l'extrémité, d'autant plus longues et plus vascularoides qu'elles s'éloignent davantage de celle-ci. Vers la pointe, ces cellules s'agencent entre elles par des terminaisons en biseau ; plus haut, là où les sucoirs se détachent (soit des racines, comme dans les Pédiculariées etles Thésiacées ; soit des tiges, ainsi qu'on l'observe chez les Cuscutes, les Cassythées et les Orobanchées), ces cellules se pla- cent bout à bout et passent plus ou moins à l'état vasculariforme appar- tenant aux axes qui les ont produites. M. Chatin donne à cette partie centrale des sucoirs, laquelle est ordinairement de consistance solide, le nom de cóne de renforcement. Le cóne de renforcement est ordinairement composé d'une masse simple. Parfois, comme dans les Cytinus, Cynomorium, Balanophora, Apodanthes, beaucoup de Loranthacées, il se compose de plusieurs fais- ceaux convergeant vers la ligne axile qui leur est commune. Son existence n'admet qu’une exception: les Rafflesia sont les seuls parasites chez lesquels M. Chatin ait vu le suçoir formé tout entier d'un tissu parenchy- mateux délicat. Ce cóne de renforcement est enveloppé d'un tissu à petites utricules minces, non ponctuées, sorte de parenchyme cortical consti- tuant un fourreau à l'axe central lignoide. Généralement de forme oblon- gue, au moins vers la terminaison de l'organe; ces cellules parenchymateuses constituent l'extrémité du sucoir, où elles forment un second cône qui, continuant le cône de renforcement, s'engage entre les tissus de la nour- rice et se fraye un passage au travers d'eux, quelle que soit leur résistance etleur dureté. M. Chatin propose de désigner sous le nom de cóne perfo- rant cette pointe parenchymateuse qui, malgré la grande délicatesse de son tissu, a le pouvoir merveilleux de progresser sans s'émousser au travers des bois les plus durs. Le cóne perforant parait ne jamais manquer : cependant M. Chatin en a constaté l'absence chez le Frostia. Dans quelques plantes, le suçoir conoide est remplacé par un enchevé- trement réciproque des tissus du parasite et de la nourrice. Cette forme de l'appareil de nutrition parasitaire n'est jamais primitive. C'est une formation secondaire qui se produit conséentivement à la destruction des cônes suçoirs dans certaines espèces (Orobanche) à végétation ordinaire- ment bisannuelle et même pérenne. Lorsque la racine nourricière, épuisée, se détruit au delà du point d'attache, ie cône disparaît, et il est remplacé par une disposition en patte d'oie des fibres ponctuées du còne de renfor- cement, auxquelles s'entreméle le tissu parenchymateux du cône perforant. 46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En même temps une disposition analogue se produit dans le moignon de la racine nourricière, doni les tissus ligneux et parenchymateux s'enche- vétrent avec ceux du végétal parasite. Placé alors à l'extrémité même de la racine nourriciere tronquée, celui-ci semble s'en élever comme le fait la tige produite et relevée à l'extrémité des rhizomes. La multiplicité des sucoirs a lieu fréquemment dans les mêmes plantes, notamment dans le Viscum et l Arceuthobium Oxycedri. Cette multipli- cité est due à un phénomène de végétation trés remarquable. Le suçoir, ne trouvant plus sans doute une nourriture suffisante sur le point oü il s'est primitivement fixé, ses tissus parenchymateux se développent latéra- lement, s'épanchent dans la zone cambiale, forment des coulées, ordinai- rement faciles à suivre à leur coloration verte, entre le bois et l'écorce. Ces coulées produisent de distance en distance, du côté intérieur, des sucoirs supplémentaires qui s'engagent dans le bois du végétal nourricier; vers l'extérieur, de nouvelles tiges qui se font jour au travers de l'écorce et sont en tout point semblables à la tige mère produite lors de la germi- nation des graines. Chacune des tiges de production secondaire répond alors à un sugoir secondaire, rappelant ce qui a lieu quand des racines de l'Orme ou des stolons du Fraisier s'élévent de nouvelles pousses aériennes. Importance de la paroi des cellules végétales dans les phénomènes de nutrition; par M. Max. Cornu (Comptes rendus, séance du 12 août 1878), On sait que les tissus végétaux, mis en présence de solutions colorées, se teintent inégalement, selon la nature de leurs éléments et selon la nature de la solution. M. Cornu a mis en lumière quelques-uns de ces phénomènes dans une des séances du Congrès international au mois d'aoüt dernier. Les matiéres colorantes que l'on peut réputer tinctoriales pour les végétaux se partagent, dit-il, en deux groupes: les unes se por- tent sur les éléments épaissis, les autres ne s'y fixent pas. Les éléments épaissis sont les fibres et cellules ligneuses des Dicotylédones; les fibres hypodermiques, certains vaisseaux, certaines fibres libériennes, la gaine des faisceaux monocotylédones, la partie la plus extérieure de la cuticule, en général; mais il faut que ces éléments soient adultes. Les éléments de l'autre groupe sont jeunes ou minces, et, en général, revêtus d'une couche peu épaisse de protoplasma : ce sont les cellules du cambium, les tubes grillagés, le eollenchyme, ete. Les cellules ordinaires, les vaisseaux et d'autres éléments peuvent, suivant les plantes et la partie de tissu consi- dérée, rentrer dans l'une on dans l'autre catégorie. Il résulte de ces faits que les forces physiques qui déterminent la fixation de certains éléments peuvent séparer les uns des autres des corps absorbés par les plantes. La fuchsine, d’après M. Cornu, colore vivement les gaines des faisceaux et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 47 les parois épaissies (1); dans le carmin amunoniaeal, qui est sensible- ment de la même teinte, les éléments qui se colorent sont au contraire ceux qu'entoure la gaine. Note sur des Safrans à fleur monstraeuse; par M. P, Duchartre (Journal de la Société centrale d'horticulture de France, mars 1879, pp. 171-180), Dans les fleurs de Crocus sativus soumises à M. Duchartre par M. Chap- pellier, qui s'occupe toujours avec zàle de l'étude de ce genre, il existait des monstruosités trés curieuses. Les trois segments externes du périanthe s'étaient transformés en autant d'organes stigmatiformes, et les trois segments internes en étamines, L'androcée et le gynécée normaux ne s'étaient pas déviés de leur état naturel. On conçoit combien la propaga- tion de cette monstruosité serait importante pour le commerce du Safran, dont elle doublerait tout simplement la récolte. M. Duchartre a rassemblé des exemples qui permettent d'espérer la possibilité d'une telle propaga- tion, exemples de monstruosités reproduites soit par les racines, soil méme par les semences. Une fleur sèche de Crocus græcus a offert à M. Duchartre une mons- truosité encore plus rare. Ici, sur deux étamines, le connectif se prolonge au delà des loges non modifiées en un processus long de 5 ou 6 millimétres que termine un entonnoir à bord évasé et chargé de papilles, c'est-à-dire en un véritable stigmate. Les exemples de transformation d'étamines en pistils, compléte ou partielle, sont sans doute assez fréquents, tandis que ceux d'étamines devenues stigmatifères sans que leur constitution propre ait été altérée paraissent être rares. Notions sur l'organisation des fleurs donbles, et Descrip- tion du Lilium tigrinum Gawl. flore pleno; par M. P. Duchartre (extrait du Journal de la Société centrale d'horticulture, 1871-18) ; tirage à part en broch. in-8° de 27 pages. M. Duchartre commence par retracer des notions classiques sur la diversité des phénomènes qui produisent les fleurs doubles, du moins celles (1) Elle colore vivement l'enveloppe gélatineuse hyaline, ordinairement invisible, des Diatomées, d'apres M. Hamilton b. Smith (Bulletin de la Société belge de microscople, novembre 1877). La fuchsine au contraire ne se fixe pas sur les tissus animaux. Elle passe aisément dans les urines, qu'elle colore en rose, Nous parlons de la fuchsine véritable, celle qui est employée contre l'albuminurie, et qui, à faible dose, n'a aucun pouvoir toxique. On sait qu'il en est tout autrement du colorant Blanchard, employé pour sophistiquer les vins, et qui est composé avec le résidu de la fabrication de la fuehsine. ny a là “ss matière éminemment nuisible, non pas pour soit action toxique essentielle, mais parce qu’elle obstrue les canaux capillaires, arrête ainsi la nutrition intestinale et la sécrétion rénale, et détermine la mort à la fois par l'inanition et par l'urémie. 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qu'appellent de ce nom la généralité des amateurs, notions qui, aprés avoir été posées par A.-P. De Candolle dans les Mémoires de la Société Œ Arcueil, ont presque disparu des traités de botanique. Il caractérise les changements dus à la métamorphose des fleurons chez les Composées, où la duplicature apparente n'est due qu'à une modification de forme de la corolle ; et les monstruosités qui amènent l'apparition de pétales addition- nels, soit par la transformation du calyce (Primula calycanthema, Mimulus tigrinus flore pleno, Campanula persicifolia coronata), des élamines (le cas le plus fréquent) ou des pistils (comme chez plusieurs Anémones); soit par une véritable multiplication d'organes (Pleiotaxie Masters). Après ces utiles notions, dont les horticulteurs doivent faire leur profit, M. Duchartre passe à l'étude des faits de duplicature encore rares, qui ont été observés dans le genre Lilium. Dans le petit nombre connu de lui de fleurs plus ou moins doubles de ce genre, on a retrouvé presque tous les modes connus de duplicature. C'est par la pétalisation des étamines que doublent les Lilium auratum, Martagon et elegans, ce dernier peut-étre aussi par la multiplication de ces organes. Le Lilium candidum double par une multi- plication du périanthe poussée à un si haut degré, qu'elle entraine la trans- formation de la fleur eu un véritable rameau long de plusieurs centimétres, qui porte sur toute sa longueur des folioles pétaloides. Quant à la fleur double du Lilium tigrinum flore pleno Hort., qui, à proprement parler, n'est pas pleine, elle réunit avec une grande netteté une multiplication du périanthe à une pétalisation d'étamines. Le périanthe est triplé, et la pétalisation atteint d’ordinaire le verticille externe et rarement une partie du verticille interne. Ueber den Ablósungsvorgang der Zweige einiger Holz- gewachse und seine anatomische Ursachen (Sur le déta- chement des rameaux de quelques végétaux ligneux et ses causes ana- tomiques) ; par M. Franz de Hóhnel (extrait des Mittheilungen des forstlichen Versuchswesens für OEsterreich, 3* livr.); tirage à part en broch. in-4° de 14 pages. Il y a des arbres dont les rameaux sont soumis à une chute périodique, de méme que tant d'autres organes herbacés. Ce détachement a lieu pen- dant la vie ou méme après la mort des rameaux. Il estsoumis à des causes anatomiques. L'auteur l'a étudié sur des Conifères, savoir, les Pinus Laricio, P. sil- vestris, P. Pumilio, P. Strobus, Thuja occidentalis et Taxodium disti- chum, et sur des arbres dicotylédonés. Il conclut de ses recherches sur les Coniféres, que chez eux les rameaux peuvent se détacher depuis l’âge d'un an jusqu'à celui de onze ans. Chez le T. axodium, c'est toujours au bout d'un an; chez le Pinus Strobus, au bout de trois ans, etc. Tous les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. A49 rameaux soumis à cette loi, chez les Coniféres, meurent avant de se déta- cher. Il ne se produit pas, pour ce phénoméne, de couche de séparation dans le sens où l'a entendu M. de Mohl. On voit l'écorce, au niveau du point de la désarticulation, subir un étranglement et une raréfaction, le corps ligneux diminuer jusqu'aux deux tiers ou à la moitié de son volume primitif, et le rameau, méme avant la chute, n'étre plus retenu que par une couche corticale amincie. Chez les Angiospermes, l'auteur a étudié un certain nombre de types très différents, et tout particulièrement le Quercus Cerris. Dans tous les cas observés dans cette subdivision du régne végétal, la base des rameaux qui doivent se détacher devient d'abord parenchymateuse sur une zone transversale sur laquelle aura lieu la disjonction. Est-ce là le premier indice de la couche de séparation ? L'auteur n'en est pas convaincu, et doit continuer ses observations pour décider ce point. Descriptions of new species of plants, with revisions of Lychnis, Eriogonum and Chorizanthe ; par M. Sereno Watson (Pro- ceedings of the American Academy of Arts and Sciences, vol. xi). Outre les trois genres que l'auteur mentionne spécialement dans son titre, et dont il a traité monographiquement les espèces américaines, nous citerons les suivants dans lesquels il a décrit des nouveautés : Thelypo- dium, Lavatera, Malvastrum, Lupinus, Psoralea, Lythrum, OEnothera, Mentzelia, Elaterium, Angelica, Mirabilis, Abronia, Rumex, Oxytheca, Amarantus, Atriplex, Goralliorrhiza, Habenaria, Sisyrinchium et Erythronium. Les monographies des Eriogonum et des Chorizanthe renfermées dans ce mémoire ont une grande imporlance. Le premier de ces genres atteint 95 espèces, le second 25. Les plantes nouvelles décrites par M. Watson sont en général de l'Utah, du Colorado, de l'Arizona, de la Californie méridionale ou du Nouveau-Mexique, quelques-unes du Mexique lui- méme. Développement du sae embryonnaire ; par M. J. Vesque (Aun. sc. nat. vi, pp. 231-285, avec 6 planches). L'auteur a eru pouvoir tirer de ses recherches, qu'il qualifie lui-même d’incomplètes, les conclusions suivantes : 1* Dans les Angiospermes, le sae embryonnaire de Brongniart ne se compose pas, comme dans les Gymnospermes, d'une seule cellule; il résulte au contraire de la fusion d'au moins deux cellules superposées et primitivement séparées par des cloisons. 2^ Les cellules qui doivent composer plus tard le sac embryonnaire procédent toutes d'une méme cellule-mére primordiale. M. Warming, qui T. XXVI. (REVUE) 4 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les a découvertes, leur donne avec raison le nom de cellules-méres spé- ciales, en les comparant aux cellules-méres du pollen ou des spores. Ce rapprochement est justifié par les caractéres physiques des cloisons. 3 Quand l'évolution des cellules-méres spéciales est complète, chacune d'elles donne naissance à quatre noyaux homologues aux quatre grains de pollen nés dans une méme cellule-mére. 4 Les variations que j'ai observées dans les différents types des Au- giospermes dépendent de l'arrét de développement plus ou moins précoce qui frappe les cellules-mères spéciales. 5° La cellule 4 produit toujours l'appareil sexuel. Elle se confond avec la cellule 2, pour constituer ainsi la majeure partie du sac embryonnaire. Lorsque la cellule 2 produit une tétrade, les huit noyaux libres du sac embryonnaire se comportent comme l’a décrit M, Strasburger dans } Orchis et dans le Monotropa. Ce fait s'observe dans certaines Monocotylées et Dicotylées dialypé- tales. 6° Les autres cellules-méres spéciales (3, 4, 5) peuvent engendrer des tétrades. Chacune des vésicules est homologue au grain de pollen, et il con- vient de lui conserver le nom d'antipode. Lorsque ces cellules-méres per- sistent dans leur état primitif, sans produire des tétrades, elles simulent elles-mémes des vésicules antipodes superposées, non juxtaposées. Elles en different au point de vue morphologique, et je leur ai donné le nom de cellules anticlines. Cet état a été observé dans plusieurs Monocolylées, certaines Dicotylées dialypélales, et dans presque toutes les Gamopétales. T La cellule 2 parait subir la première un arrêt de développement. Dans ce cas, son noyau devient directement le noyau propre du sac em- bryonnaire, et cette cellule ne produit pas de vésicule antipode. Ge fait, observé dans quelques Monocotylédones et Dialypétales, devient la régle dans les Gamopétales, qui sont à ce point de vue les plantes les plus éloi- gnées des Cryptogames. 8 Dans les Gamopétales, sauf de trés rares exceptions, la cellule 1 pro- duit seule une tétrade complète ou incomplète, qui n’est autre chose que l'appareil sexuel composé de deux, de trois ou de quatre vésicules. La cellule 2 semble se charger du róle négatif de sae embryonnaire. Son noyau indivis devient le noyau de ce sac. Les cellules 3, 4, 5 (ou 3, ou 3 et 4, selon le nombre des cellules-méres spéciales) sont des anticlines, ou produisent des antipodes en divisant leur noyau. 9 Dans la plupart des Gamopétales, la formation de l'endosperme est liée an développement ultérieur, par division, d'une ou de plusieurs des cellules-méeres spéciales. Ces dernières étant homologues aux cellules- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 mères des spores, il est permis de considérer l’endosperme de ces plantes comme un prothalle femelle stérile. Recherches chimiques tendant à démontrer la produc- tion de l'alcool dans les feuilles, les fleurs et ics fruits de certaines plantes ; par M. S. de Luca (Ann. sc. nat. 6, vi, pp. 286-302). Nous reproduisons les conclusions de l’auteur. 1° Les fruits en vases clos se conservent plus ou moins longtemps, soit dans l'acide carbonique ou l'hydrogéne, soit dans le vide ou dans une atmosphère limitée d’air. 2 Les fruits, dans de telles conditions, subissent une fermentation lente, avec dégagement d'acide carbonique, d'azote et dans quelques cas d'hydrogène, et avec formation d'alcool et d'acide acétique, sans l'inter- vention d'aucun ferment. En vases clos, ces phénoménes se réalisent incomplétement, à cause de la forte pression produite par les gaz déve- loppés et condensés sous un petit volume. 3° Lorsqu'on opère dans une atmosphère limitée d'air et dans des vases fermés, les phénomènes finaux sont identiques aux précédents; mais l'oxygène de l'air reste absorbé par la matière organique des fruits. 4 Les feuilles et les fleurs se comportent comme les fruits en présence d'une atmosphere limitée de gaz carbonique, d'hydrogéne ou d'air, ou encore dans le vide et daus des vases parfaitement clos. Les gaz qui se développent exercent une forte pression sur les matières soumises à l'expé- rimentation, dans lesquelles on constate la décomposition incompléte des matières sucrées et amylacées, avec formation d'alcool et d'acide acétique, sans qu'on y trouve facilement aucun ferment. 9° En faisant les mêmes expériences avec des fruits, des fleurs et des feuilles, sous la pression ordinaire, mais toujours dans une atmosphère limitée de gaz carbonique, d'hydrogène ou d'air, les résultats sont parfai- tement identiques aux précédents ; mais, dans ces conditions, le dédouble- ment des matières sucrées et des matières amylacées se complète telle- ment que, le développement du gaz cessant, on ne reirouve plus, dans les matières étudiées, ni sucre ni amidon; à leur place, on y constate de l'alcool et de l'acide acétique en abondance, 6° Les fruits, les fleurs et les feuilles que l'on place, sous la pression ordinaire, dans une atmosphère limitée d'air, de gaz carbonique ou d'hy- drogène, ne s'y conservent pas longtemps avec leurs propriétés primitives, mais se détériorent, et les fruits particulièrement se réduisent en une masse de consistance gélatineuse et brune. Il est évident que, dans des vases fermés et sous une forte pression, le dédoublement du sucre, en général, s'arréte; les fruits, les fleurs et les feuilles peuvent alors se con- 59 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. server incomplétement, pendant un certain temps, avec leur forme et leurs caractéres extérieurs, quoique la saveur et l'odeur se trouvent changées par les transformations des matières organiques qui y sont contenues. 7° Quand les feuilles, les fleurs et les fruits de quelques plantes déga- gent de l'hydrogéne pendant leur période de fermentation, et daus les conditions précédemment indiquées, ce gaz provient sans doute du dédou- blement de la mannite, qui est un sucre avec excès d’hydrogène. En effet les fruits, les fleurs et les feuilles qui contiennent de la mannite dégagent pendant leur fermentation, outre le gaz carbonique et l'azote, du gaz hydrogène. 8° Lorsque les récipients résistent à de fortes pressions et que la ma- tière à expérimenter y est introduite en petite proportion, le sucre se dédouble presque complètement. Ueber eigenthümliche Oefífnungen in der Oberhaut der Blumenblätter von Franciscea macrantha Pohl; par M. M. Waldner (Sitzungsberichte der Kais. Akademie der Wissenschaf- ten, math.-naturw. Classe, mars-avril 1878, pp. 318-324, avec une planche. On sait qu'outre les stomates ‚il existe normalement, mais rarement, des lacunes entre les cellules épidermiques. Les seuls exemples qu’en possède anjourd'hui la science ont été observés par Milde et par M. Kny sur la base ailée des frondes de quelques Osmondacées et sur la ligule de l'Isoétes lacustris (1). Les bractées florales du Franciscea, dont les cellules épidermiques sont généralement colorées, possédent des stomates sur leur face infé- rieure, et sur leurs deux faces (mais surtout en dessous) des lacunes, arrondies, lenticulaires ou rhomboidales, dont le plus grand diamètre médian atteint 7,15 y. Ce sont des ouvertures qui mettent librement en communication les méats interceilulaires avec l'air extérieur. L'auteur en a suivi le développement. Quand la bractée sort du bourgeon, elles n'exis- tent pas. Plus tard on voit certains points de la paroi qui sépare deux cellules épidermiques voisines devenir le siége d'un développement hyper- trophique ; il en résulte des plis de la paroi qui se dédouble en faisant saillie de chaque côté dans la cavité cellulaire et en laissant une lacune entre les deux lames. Il y a longtemps que l'on connait des lacunes ana- logues entre les cellules parenchymateuses des feuilles du Pinus Pinaster, et de nombreux faits de plissement, dépendants du phénomène de l'intus- suscepliou, ont été déjà signalés dans les parois des cellules végétales, mais ils n'ont pas toujours conduit au dédoublement de ces parois. (1) Voy. de Bary in Hofmeister //[andbuch der physiologischen Botanik, t. ut, p. 51. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 St. Croix's Flora; par M. le baron Eggers (Videnskabelige Meddel- elser fra den naturhistoriska Forening i Kjübenhavn, 1816, pp. 33- 158, avec une carte). Depuis la publication de West (Beskrivelse af St. Croix, Copenhague, 1793), il n'avait rien été publié de spécial à l'ile de Sainte-Croix, car le voyage de Le Dru (1), intitulé : Voyage aux isles de Ténériffe, la Trinité, Saint-Thomas, Sainte-Croix et Portorico, Paris, 1810, ne comprend guère que des documents de zoologie dans sa partie relative à l'histoire natu- relle (2). L’essai de M. le baron Eggers comble donc une lacune et four- nira une base nouvelle à ceux qui s'occuperont, je ne dirai pas précisé- ment de la flore, mais bien de la géographie botanique des Antilles. En effet le simple catalogue de M. Eggers ne renferme aucune description, presque aucune note sur la végétation des plantes, et celles-ci y sont rangées dans chaque famille suivant un ordre qui n'est pas toujours systématique, de sorte qu'il sera impossible, pour certaines espèces cri- liques, de savoir quelle est celle que l'auteur a eue sous les yeux en se bornant à consulter son texte. Quant aux indications générales sur la végé- lation, l’auteur s'en est au contraire montré prodigue. La climatologie a été étudiée par lui avec un soin particulier, et une carte spéciale jointe à son livre permet d'apprécier facilement la configuration et les reliefs (nous n'osons dire l'orographie) de cet îlot. M. Eggers y a distingué sept zones de végétation différentes : la flore littorale ou des sables, qui ne renferme que des espèces vulgaires en Amérique ou méme ubiquistes dans la région tropicale ; la zone des Palétuviers, qui se substitue à la précédente sur les points où le sable fait place à la vase, sans amener pour cela beaucoup plus d'intérét dans la végétation ; sur d'autres points du rivage les rochers se montrent à nu, portant des broussailles constituées par le Coccoloba punctata, le Capparis jamaicensis, le Baccharis dioica, le Jacquinia armillaris, le Talinum patens, etc. L'intérieur du pays, jadis couvert de foréts, dont le sommet le plus élevé, le mont Eagle, n'atteint que 1150 pieds, présente quelques petites vallées sur le flanc desquelles la végétation de l'intérieur se mélange à celle du littoral, et où l'auteur reconnait une formation de transition. Intérieurement tout à fait, M. Eggers à reconnu trois centres différents de végétaux : les savanes où s'épanouis- Sent les grandes Graminées des tropiques, où domine le Panicum maxi- mum qu'il regarde, à l'instar de presque tous les auteurs, comme introduit, (1) C'est ainsi que Le Dru lui-méme a signé l'exemplaire offert par lui à A.-L. de Jussieu et conservé aujourd’hui dans la bibliothèque du Muséum. i (2) Mais. les nombreuses plantes sèches rapportées par Le Dru et décrites dans l'Ency- Clopédie sont restées dans les herbiers de Poiret et de Lamarck, où on les trouve encore. Elles concernent plus spécialement la flore-de Portorico. 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et où se cultivent surtout le Mais et la Canne à sucre ; puis au nord-ouest de l'ile, sur les falaises qui la terminent de ce côté, la zone des Erioden- dron, à l'est celle des Croton : la première forestière, la seconde herba- cée. À la première appartiennent les Anona, le Calophyllum Calaba, le Ghrysophyllum glabrum, le Sapindus inaequalis, le Sideroxylon masti- chodendron, le Ternstræmia elliptica, les Légumineuses arborescerites, le Picrana excelsa dont le bois est employé sous le nom de Quassia amara, le Schmidelia occidentalis ou « Cèdre blanc », etc. Parmi les arbres naturalisés de cette région, l'auteur cite l'Adansonia, l'Artocarpus, le Cinnamomum zeylanicum, le Jambosa malaccensis. Les lianes sont le Cissus sicyoides, le Vitis caribæa, le Bignonia Unguis, le Passiflora rubra, ce dernier naturalisé; les épiphytes : l'Epi- dendrum cochleatum et autres, le Tillandsia récurvata etle T. usneoides, le Loranthus emarginatus. C'est là le reste de la végétation primitive de l'ile. La zone des Croton, que l'on pourrait nommer aussi bien zone des Cactus, comprend, outre de nombreuses espéces de ces deux types, des Asclépiadées comme le Metastelma albiflorum et l’Ibatit muricata, des Mimosées buissonnantes comme l’Acacia Farnesiana, de grandes Mono- cotylédones comme le Fourcroya gigantea, l Aloe vulgaris, Y Agave ame- ricana, le Bromelia Pinguin, etc. On lira avec intérêt le parallèle établi par l'auteur entre la végétation de Sainte-Croix et celle de Saint-Thomas, parallèle dont nous regrettons de ne pouvoir, faute de place, reproduire ici les détails. Les Lichens des murs d'argile dans l'arrondissement de Bernay ; par M. Malbranche (extrait du Bulletin de la Société des amis des sciences naturelles de Rouen, 1878, 2 semestre); tirage à part en broch. in-8° de 21 pages. Les murs faits avec l'argile ferrugineuse de la localité, sorte de construc- tion trés fréquente en Normandie dans l'arrondissement de Bernay, quand ils regardent l'ouest à une exposition découverte, sé couvrent de Lichens intéressants, bien plus spéciaux que ceux qu'on trouve sur les toitures de chaume. M. Malbránche en catalogue 46 (non compris les variélés), et donne des notes sur leurs caractères et leur synonymie. Le plus rare de ces Lichens parait étre le Verrucaria bernaicensis Malbr. Cat. 256. Remarques sur les Cucurbitacées brésiliennes, et par- ticulièrement sur leur distribution géographique; par M. Alfred Cogniaux (Bulletin de la Société royale de botanique de Bel- gique, t. xvii, pp. 213-308). M. Cogniaux commence par tracer l'énumération des Cucurbitacées décrites successivement par chacun des auteurs qui sé sont occupés de la REVUE DIBLIOGRAPHIQUE. 55 flore du Brésil : Maregraff et Pison, Nees et Martius, Velloso, Silva Manso, Selilechtendal, M. Bentham et M. Naudin, et par indiquer autant que pos- sible la synonymie moderne de chacun de ces types, dont quelques-uns restent encore et probablement resteront toujours dans la catégorie des inextricables. En second lieu, M. Cogniaux étudie la dispersion des Cucurbitacées au Brésil d'aprés la monographie spéciale qu'il vient de publier dans le Flora brasiliensis. Il y a décrit 29 genres et 137 espèces de cette famille. Quelques-uns de ces types croissent en dehors des limites géographiques du Brésil, où dix d'entre eux ne se trouvent évidemment que par suite de naturalisation volontaire ou accidentelle. Restent 113 espèces répandues dans 25 genres. M. Cogniaux résume leur état civil en passant briévetnent en revue chacun de ces genres et, chemin faisant, déctit quelques nouveautés qui lui sont parvenues depuis lä rédaction du 78° fascicule du Flora brasiliensis : Cayaponia palmata (J. Weir n. 447), C. petiolulata (Blanchet n. 194) et Perianthopodus Bonplandii. Sur 113 espèces brésilienties de Cucurbitacées, il y en a 94 qui sont spéciales au Brésil et 74 qui ne croissent chacune que dans une seule des cing régions botaniques entre lesquelles Martius a subdivisé l'empire brésilien. C’est donc avec raison que dans sa Géographie botanique M. Alph. de Candolle a rangé les Cucurbitacées parmi les familles où l'aire moyenne des espèces est la plus restreinte. Les causes qu'il assigne à leti non-extension sont leur hábitation Intertropicalé et leur organisation compliquée. On pourrait y ajouter : leur croissance fréquente dans des Stations sèches ; les graines de beaucoup d'espéces perdant rapidement leur faculté dé germination ; leur existence pet ancienne, puisqu'ofi ne totihäll encore aucune espèce à l'état fossile, enfin la dioïcité de beaucoup d'espéces et l'extréme rareté des pieds femelles (1). Parmi les 19 espèces qui s'étendent hors des limites du Brésil, aucune tie croît hors dé l'Amé- rique ; la plupart s'éloignent même très peu de la région brésilienne, En considérant les genres, M. Cogniaux subdivise toute la partie de l'Amérique méridionale sitnée à l'est de la chaîne des Gordillères en trois régions distinctes : La première, qui correspond aù Domaine sud-amé- r'icain en deçà de l'Équateur, de M. Grisebach, possède la plupart des genres du Brésil et du Mexique, et le genre Elaterium, relativement abon- dant. La deuxième comprend l’Hylæa et le Domaine brésilien de M. Gri- sebach : elle est remarquable par la grande prépondérance des Abobrées, €t notamment des genres Melancium, Anisospermu, Sicana, Wil- brändiä, Helmontia, Cucurbitella et Perianthopodus. La troisième, lë ; : i lles chez la (1) M. Sagot vient aussi de constater la rareté relative des fleurs femelles Vigne sánvage, dans üné note insérée par lüi aux Annales dés sciences nüturelles et développée par lui dans une de n68 séances, 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Domaine des Pampas de M. Grisebach, comprend la pointe sud du Brésil, le Paraguay, l Uruguay et la république Argentine; elle possède en propre la section Melothriopsis du genre Wilbrandia et les genres Cucurbitella et Abobra. Sur la structure etles modes de fécondation des fleurs, et en particulier sur l'hétérostylie du Primula ela- tior ; par MM. Léo Errera et Gustave Gevaert (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. xvir, pp. 38-248). Les auteurs ont eu pour but principal de donner en francais un résumé complet des travaux publiés depuis quelques années en diverses langues sur un sujet qui a vivement sollicité l'attention des savants : les diverses structures des fleurs en rapport avec la fécondation directe ou croisée. En ce faisant, ils ont ajouté quelques considérations spéciales. Ils ont voulu perfectionner la terminologie. On sait qu'il a été fait dans cette partie de la science quelques créations de mots, notamment par M. Axell, M. Delpino et M. Kerner. C'est à ce dernier auteur qu'il faut faire re- monter le terme geitonogamie (fécondation par les fleurs voisines ou du méme pied, par opposition à xénogamie), abrégé par MM. Errera et Gevaert en gitonogamie. Ces derniers ont fait un choix entre les différents termes proposés, et distinguent avec soin la pollination de la fécondation, l'auto- gamie de l'autocarpie. On trouve dans leur mémoire une liste alphabé- tique des termes spéciaux, avec renvoi à la page où ils sont définis. Ils sont extrémement catégoriques en soutenant les avantages du croise- ment (1), ce sur quoi tout le monde s'accorde; mais ils le sont aussi en acceptant comme démontrées les hypothéses de M. Darwin, ce sur quoi on s'accorde moins en France. Eux-mêmes cependant sont amenés à restreindre certaines assertions du célébre naturaliste anglais, par exemple celle-ci : aucun être organisé ne se fertilise perpétuellement par autogamie. Ils contestent aussi l'opinion émise par M. Darwin dans certains endroits de ses travaux, sur l'importance relative de l'autogamie, qu'il croit supé- rieure à la gitonogamie. C'est peut-étre dans l'étude des fleurs cleisto- games quese montre la plus grande originalité de leur travail. M. de Mohl avait opposé l'existence de ces fleurs, où l'autogamie est nécessaire, aux idées émises par M. Darwin dans son premier travail sur les variations florales et sur la fécondation croisée des Primula. Mais la structure flo- rale est, disent les auteurs, un compromis entre deux tendances : les fleurs ouvertes (chasmogames) procurent à la plante les grands avantages de l'allogamie et retrempent, en quelque sorte, constamment sa vigueur ; (1) Le mémoire de Kælreuter : Vorläufige Nachricht, étc., est bien de 1761 et non de 1809, comme l'aurait écrit selon les auteurs M. Darwin. REVUE DIBLIOGRAPHIQUE. 57 les fleurs cleistogames assurent au contraire sa reproduction, malgré les intempéries, malgré le défaut d'insectes, et au prix d'une dépense trés faible de matiére organisée. Si les fleurs cleistogames enterrent leurs fruits, et les mürissent sous le sol, ce qui réunit côte à côte des individus descendus sans.croisement du méme ancêtre, en revanche, les plantes à fleurs cleistogames ont pour la plupart des fruits chasmogames qui lancent avec élasticité leurs graines (Viola, Oxalis, Impatiens, Ruel- lia, ete.). Certaines fleurs cleistogames sous l'eau, comme celles du Subu- laria aquatica, peuvent devenir chasmogames quand on les cultive de facon qu'elles ne soient plus submergées. À la suite de ce long mémoire, M. P. Errera a consigné un appendice relatif au Pentstemon gentianoides et au P. Hartwegi Benth. (P. gentia- noides Lindl. et Hort. non G. Don). La sécrétion du nectar s'accomplit surtout quand le soleil luit, et aux dépens de l'épaississement que pré- sente à sa base le filet des deux étamines supérieures. Les deux espèces sont protérandriques. Les insectes préférent les corolles à teinte mauve du vrai P. gentianoides, chez lesquelles moindre est la distance entre le fond de la corolle et le point où.s’incurve le staminode. Aussi la forme mauve est-elle mieux fécondée et plus fructifére que les autres. Le sta- minode, qui ne sécréte point de nectar, a pour rôle, comme l'a reconnu M. Kerner, de protéger la fleur contre la visite des intrus. Les auteurs insistent sur les affinités connues des Scrofulariées et des Solanées, et supposent que les Pentstemon, qui présentent des caractères intermédiaires entre ceux de ces deux familles, pourraient étre analogues aux ancétres communs de tout le groupe des Personales. Excursion botanica al Puig de Torrella (Mallorca); par M. J.-J. Rodriguez (extrait des Anales de la Sociedad española de Historia natural, t. vi, 1879); tirage à part en broch. in-8° de 26 pages. Cette excursion au pic de Torrella dans l'ile de Majorque a été faite au milieu de juin 1877. Les plantes les plus intéressantes dont il est question dans la notice sont les suivantes : Silene inflata Sm. var ?, Arenaria incrassata Lge, Anthyllis rosea Willk., Rubia peregrina L. var. balea- rica Willk. (R. longifolia Poir. ex Coss. in Bourg. PI. bal. exsicc.), Galium Crespianum Rodr. (G. decolorans Bourg. PI. bal. exsicc.?), un Linaria nouveau qui n'a pas encore regu de nom d'auteur, le Scutellaria balearica Barc. (Anal. Soc. Hist. nat. vt, 399). L'auteur a retrouvé dans cette excursion plusieurs des espéces nouvelles que M. Cosson avait pu- bliées sur les étiquettes de la collection Bourgeau. Le voyage de Bourgeau était de 1869, et les événements des deux années suivantes ont empéché la publication des diagnoses. 58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Quaque Hottentorum NE. Brown (Gardeners Ghronicle, 9 juillet 1879). - La plante dont il est iei question, envoyée du Cap à Kew par Sir H. Barkly, appartient au groupe des Stapéliées. Elle ressemble d'une manière générale au Boucerosiaà incarnata, mais elle s'écarte du genre Botice- rosit par les caractères de la couronne. En outre le gente Quaqua différe de toutes les autres Stapéliées (1) par les caractères dé ses masses polli- niques en forme de bouteille avec une marge transparente à leur sommet. Epilobia nova ; auctore C. Haussknecht (Qlisterreichische botanische Zeitschrift, février-avril 1879). M. Haussknecht, qui prépare une monographie complète du genre Epi- lobiwm, a voulu publier par avance, pour prendre date, la diagnose d'ün certain nombre d'espèces nouvelles, Elles sont au nombre de 58. L'auteur sé borne aux diagnoses elles-mêmes (dans lesquelles on voit qu'il a fait grand usage des caractères offerts par les graines), satis donner pour la plupart aucun renseignement sur l’affinité. Ne pouvant, faute de place, reproduire les diagnoses elles-mêmes, nous croyons préférable de revenir ultérieurement sur ce sujet quand M. Haussknecht aura publié sa mono- graphie, Forstchemische and pflanzenphysiologische Untersu- chungen; par M. Julius Schröder. 1'* livr. in-8° de 118 pages. Dresde, 1878. | Cette livraison contient 7 opuscules, qui traitent : 1^ des matières miné- rales contenues dans les cénidres du Sapin ; — % dé celles que renfer- tient des cendres du Boüleau ; — 3° de la contenance en azote du bois et de la paille; — 4* des migrations que subissent l'azoté et d'autres substances minérales dans les premiers développements des nouveaux rameaux au printemps; — 5° dela mort par le froid des feuilles de Hêtre; = 6? de l’action qu'exercent l'eau et l'acide carbonique sur les substances minérales de la paille ; — 7° de l'analyse des cendres de certaines sortes de paille en particulier. Boripa Horbasii Menyhärth (OEsterreichische botanische Zeit- schrift, juin 1879), Cette espèce (Roripd auritulata Menyh, antea non DC.) présente les (1) M. Brown prend ce tefme dans un setis féstreiñt; comme on peut le voir dahs son mémoire sur les Stapéliées de l'herbier de Thunberg (Journ. of the Linn. Soc. XvII, 162). I n'y comprend avec le nouveau Quaqua que les genres Hoodia, Trichocäulon, Sar- cocodon, Echidnopsis, Caralluma, Boucerosia et Piarañthus Beuth. eb Hook. nott À. Bt. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 caractères suivants : « Radicibus longe lateque repentibus, validissimis ; caulibus fistulosis, apice virgato-ramosissimis ; foliis oblongo-lanceolatis, serrato-dentatis, basin versus paulo angustioribus, auriculis dilatatis, semiamplexicaulibus, supremis exauticulatis, infimis (usque ad meditim caulem) immersis, serratis vel pectinato-pinnatifidis ; pedunculis elongatis, pedicellis patentibus, densis ; siliculis subglobosis, stylo brevioribus. » Le R. Borbasii tient le milieu entre lë R. amphibia et le R. austriaca; il est trés voisin du R. htingarica Borbás, qui s'en distingue par le revê- tement pileux, et pat ? « Foliis inferioribus lyratis aut ovato-oblongis, in petiolum longum (lamina tamen 2-3-breviorem) contractis, mediis oblon- gis aut oblongo-lanceolatis, basin versus longiuscule angustatis integerri- mis, crebre dentatis, apice obtusiusculis ; siliculis minus globosis, stylo breviore, pedicellis divaricatis. » On trouvera encore quelques notes sur les Epilobium de l'Autriche- Hongrie dans le méme recueil, numéro de juin 1879; notes qu'a rédigées M. de Borbás. Il y donne quelques nouvelles dénominatiotis pour des hybrides déjà signalés dans ce genre. Einige Bemerkungen über die Cuticula (Quelques remarques sur la cuticule) ; par M. Franz de Hóhnel (GEsterreichische botanische Zeitschrift, mars-avril 1878). Le résultat de ce petit mémoire est de prouver qu'il n'éxiste pas de moyen chimique constant de séparer l'un de l'autre les tissus désignés sous les noms de cuticule et de couches cuticulaires ; que les faits con- statés jadis par M. Payen concernent également chacun d'eux, et que la distinction tentée entre eux ne s'appuie que sur des phénoménes acciden- tels, et né tenant en rien à l'essence de leur constitution. Report on a collection of Ferns made in the north of Borneo by Mr. F.-W. Burbidge; par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, février 1879). M. Burbidge est l'un des collecteurs attachés à l'établissement horticole de MM. Veitch. Lés Fougéres étudiées par M. Baker ont été recueillies à Dornéo sur l'extrémité nord-ouest de cette ile, dans le voisinage de Labuan et de Kina-balu. Les détails que donne sur ces plantes le savant ptéridographe de Kew viennent se joindre à la liste complète des F ougères de Bornéo, dressée il y a quelque temps par M. le baron dé Gesati, qui se trouve notablement augmentée par les récoltes de M. Burbidge: Les espèces nouvelles décrites par M. Baker sont les suivantes : Alsophila Burbidgei, voisin des Alsophila latebrosa, Oldhami et Wallacei ;, Da- vallia Veitchit, qui rappelleles frondes stériles de l'Onychium japonicum ; Lindsaya jamesonioides, dont le port: rappelle le. Jatnesonia imbricata ; 00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Lindsaya crispa, qui a le port des pelites formes de l'Adiantum cauda- tum; Asplenium porphyrorachis, qui appartient aux Diplazium et qui a été décritpar Sir W. Hooker d'aprés une fronde stérile sous le nom de Polypodium subserratum ; Asplenium æiphophyllum, voisin de l'A. pal- lidum ; Nephrodium nudum, qui est un Sagenia voisin du pachyphylla ; Polypodium minimum, voisin du P. Sprucei des Andes ; P. Burbidgei, qui a le port du Davallia Emersoni ; P. streptophyllum, voisin du Pol. cucullatum; P. taxodioides, trés voisin du P. tenuisectum BI. ; P. steno- pteris et P. holophyllum, qui sont tous deux des Phymatodes. Report on Burbidge Ferns of the Sulu Archipelago; par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, mars 1879). L'Archipel des Soulou forme un petit groupe d'iles entre Dornéo et les Philippines. M. Burbidge l'a visité aprés avoir quitté Bornéo. Il est géné- ralement cultivé, mais présente deux montagnes qui atteignent une hau- teur de 2000 à 3000 pieds. Rien n'était encore connu sur la flore de cet archipel. Dans les Fougéres qu'en a rapportées M. Burbidge, M. Daker a distingué quatre espèces nouvelles, savoir : Cyathea suluensis, voisin du C. integra J. Sm., des Philippines et d'Amboine; Pteris Treache- riana, voisin du Pf. cretica, dédié au gouverneur de l'ile Labouan, l'honorable W.-H. Treacher, qui a contribué au succès matériel du voyage de M. Burbidge; Polypodium oxyodon, voisin du: Phegopteris caudata de l'Amérique tropicale; Polypodium Leysii, voisin du P. apiculatum également américain, et dédié à M. Leys, chirurgien colo- nial à Labouan. Catalogue of the Davenport Herbarium of North Ame- rican Ferns, Massachusetts Horticultural Society; par M. George E. Davenport. In-8^ de v et 42 pages. Salem, 1879. Ce catalogue, présenté par M. Davenport à la Société d'horticulture du Massachusetts, renferme une liste trés complète des Fougères de P Amé- rique du Nord, avec l'indication de leurs localités. La liste est dressée suivant la classification de Mettenius, et comprend 32 genres et 142 espéces, avec des notes sur les espéces critiques. On y remarque le Pteris serrulata, le Polypodium pectinatum (1) et l'Adiantum tenerum, signalés pour la première fois pour appartenir à la flore de l'Amérique septentrionale ; l'Aspidium americanum Davenp. (A. spinulosum var. in- termedium Asa Gray),etc. ^ : (1) Cette espèce, bien que linnéenne, est elle-même critique ; il n’est pas certain que le type linnéen corresponde à la forme qui est étiquetée sous ce nom dans la plupar des herbiers, et qui représente une grande forme du P. Plumula. . REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 Characeæ americane illustrated and described by Timothy F. Alten. Cette publication, faite aux frais de l'auteur et par lui-méme, parait par fascicules, renfermant une série de planches à chacune desquelles corres- pond en face d'elles une page de texte. Sur la couverture on trouve des indications pour la récolte et la conservation des Characées. Il serait, croyons-nous, facile aux botanistes européens de se la procurer par lin- termédiaire de M. Asa Gray. On the genus Zalophile; par M. I.-Bayley Balfour (Transac- tions of the Botanical Society of Edinburgh for 1811-18); tirage à part en broch. in-4° avec 5 planches. Edimbourg, 1879. Les études exposées dans ce mémoire ont été faites pour la plus grande partie dans le laboratoire de M. de Bary à Strasbourg. La morphologie des organes de végétation y est traitée avec de grands détails. La structure des fleurs y est décrite, croyons-nous, pour la premiére fois ; elles sont unisexuées, mais l'auteur ne décide pas si elles sont monoiques ou dioiques. Les cellules polliniques sont unies de manière à former des Chaines, mais ne sont pas aussi longues que dans les genres Zostera et Cymodocea. La fleur femelle a l'ovaire infére avec des ovules nombreux sur trois placentas pariétaux. Cet ovaire se termine par uu prolongement qui porte à son sommet trois petits lobes alternant avec les carpelles. Le fruit est une capsule globuleuse, les graines sont exalbuminées ; l'embryon large, macropode. Dans ses remarques sur les affinités du genre, l’auteur admet bien sans doute qu'il offre les caractères principaux des Naïadées, parmi lesquelles on le place habituellement, mais fait observer que la Structure de son ovaire et quelques autres points de structure le rap- prochent des Hydrocharidées, de sorte qu'il constitue en réalité un type de transition entre ces deux familles. Les deux espèces étudiées par l'auteur, Halophila ovalis et H. stipulacea, ont été recueillies par lui à l'ile Ro- drigue. Il est disposé à séparer du genre lH. spinulosa et PH. Beccarü à cause de la différence de leur feuillage. On Spenceria, a new genus of Rosaceæ, from western China; par M. Henry Trimen (The Journal of Botany, avril 1879, avec une planche). Ce genre a été rapporté des montagnes élevées qui séparent la Chine du Thibet, à une hauteur de 14000 pieds, c’est-à-dire au-dessous de la ligne des neiges perpétuelles, qui s’élève dans cette région à 17 000 pieds. Les grandes fleurs du Spenceria, dédié à M. Spencer Moore de Kew, semblent le rapprocher des Potentilla ou des Geum, mais ses caractères 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le placent dans la tribu des Agrimoniées ; il possède un involucre de deux bractées (4) comme l'Aremonia agrimonoides. ll se distingue de ce genre par le grand développement du disque, qui forme un long tube enve- loppant les styles, par les stigmales simples et non capités, elc. Catalogue of the Diatomaceæ, with references to the various published Descriptions and Figures ; par M. Frederick Habirshaw. Un vol. New-York, 1878. Ce Catalogue (2) avait été dressé par M. Habirshaw pour son usage parti- culier. A la prière de M. le professeur Smith, il en a fait faire cinquante copies à la plume électrique d'Edison. La bibliothèque de l'Institut possède un de ces exemplaires. Il commence par un catalogue des publications relatives aux Diatomées. Vient ensuite une énumération, par ordre alphabé- tique, des noms spécifiques usités dans chaque genre, avec les indications bibliographiques correspondantes. Les genres eux-mémes sont distribués par ordre alphahétique. | Description of new species of Diatoms; par M. H.-L. Smith (American Quarterly Microscopical Journal, n° 4, octobre 1878). Les espéces nouvelles décrites dans ce mémoire sont les suivantes : Homæocladia capitata, de Californie ; Meridion intermedium, de Knox- ville (États-Unis); Navicula Kutzingiana, d'Avranches (France); N. parvula, de Villerville (France) ; Rhaphoneis australis, de Kerguelen ; Rhizosolenia eriensis, des lacs de l'Amérique septentrionale, la seule de ce genre qui soit connue jusqu'ici dans l'eau douce ; Cestodiscus Baileyi, de Klamath sur le lac Inférieur ; Amphora mucronata, du cap May sur l'Atlantique; et Actinocyclus Niagare, | M. Paul Petit nous apprend dans le Brebissonia que les espèces fran- caises nouvelles décrites dans ce mémoire avaient été récoltées par M. de Brébisson, dont la famille a cédé à M. H.-L. Smith les résidus des matériaux qui ont servi à constituer la magnifique collection de Diatomées apparte- nant aujourd’hui au Muséum de Paris. On the Spore-formation of the Mesocarpeæ and specially of the new genus Gonatonema ; par M. Wittrock. Stockholm, 1878. Les Mésocarpées, que M. de Bary a séparées des Lygnémées, ont deux espèces de spores : une hypnospore centrale au milieu de quelques cel- lules stériles, le tout résultant de la partition de la zygospore. Cette der- nière, qui donne naissance à plusieurs cellules dont une seule reste fertile, serail mieux nommée, suivant l'auteur, sporoearpe ehez les Mésocarpées. (1) Cet involucre est nommé par l'auteur hypôcalyæ, d'aecord avee M. Spencer Moore. (3) M. 4. Pelletan vient d'en publier une édition française, revue ei augmentée. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 M. Wittrock dit avoir rencontré des cas de parthénogenèse chez ces Algues. Dans ces cas, le plasma se divise d'abord pour se réunir ensuite et donner naissance à une spore qui peut s'appeler parthénospore. Le cas offert par le nouveau genre Gonatonema ressemble beaucoup au précé- dent, hien que l'auteur appelle ses spores agamospores. Ici la cellule qui doit former un sporange commence par se dilater et se couder au niveau de la dilatation (d’où le nom générique) ; puis son plasma se rompt par le milieu ; ensuite les deux parties séparées de ce protoplasma se réunissent dans la partie dilatée de la cellule (formation du sporange), et celui-ci se divise en trois par la formation de deux cloisons au-dessus et au-dessous de la partie dilatée. Le nouveau genre comprend le G. ventricosum, développé dans l'aqua- rium de la terre chaude du Jardin botanique d'Upsal, et le G. notabile (Mesocarpus notabilis Hassall). | Spirogyra lutetiana P. Petit (Brebissonia, n° 7, 31 janvier 1879, avec une planche). Spirogyra dense cæspitosa, minime lubrica, saturate viridis, articulis Sterilibus 30-36 2. latis, cylindricis, 3-7-plo longioribus diametro ; fas- ciis spiralibus simplicibus latis, anfractibus 3-7 ; articulis fructiferis maxime irregularibus, modo leviter inflatis, modo cylindricis, geniculis non con- strictis; zygosporis polymorphis globosis, ellipticis, oblongis, cylindro- ellipticis, piriformibus reniformibusve, diametro 30-42 p, æqualibus vel 2-4-plo longioribus. Cette espéce a été trouvée par M. Petit dans les fossés des marais voi- sins de la route nationale entre Épinay et Enghien, le 44 mars 1875. Elle se rapproche beaucoup pour la forme des zygospores du Sp. fusco- atra Rab, Ueber die Bewegungen der Oscillarien und Diatomeen ; par M. Th.-W. Engelmann (Botanische Zeitung, 1879, n° 4). De toutes les explications qui ont été proposées pour les mouvements des Oscillaires et des Diatomées, l'auteur pense que la plus probable est celle de M. Max Schultze, qui les atiribue au protaplasma contractile revè- tant Ja surface extérieure des parois cellulaires. Cette hypothèse est con- firmée par les considérations suivantes : Les Diatomées ne manifestent leur faculté motrice que quand elles sont en contact avec un substratum solide; elles ne nagent pas librement dans l’eau ambiante, ce qui ne permet pas d'admettre que leur mouvement soit dà à des cils vibratiles ou à des cou- rants osmotiques. Pour se mouvoir, il importe que les Diatomées reposent sur une de leurs sutures ; et le mouvement a toujours lieu dans la direc- tion de celte suture, soit en avant, soit en arrière. Les corps étrangers, 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tels que des grains d'indigo ou d'autres matiéres colorantes en suspen- sion dans l'eau, qui s'attachent facilement à la surface de la Diatomée, ne participent à ses mouvements que quand ils sont fixés sur une des sutures. Le plus singulier, c'est que le corpuscule étranger peut être vu glissant le long de la suture alors que la Diatomée est en repos dans son ensemble. A l'égard des Oscillatoriées, M. de Siebold avait déjà fait les remarques suivantes (1) : Si l'eau dans laquelle les Oscillaires vivent est colorée avec l'indigo, on voit les granules de substance colorante se rassembler sur une ligne spirale assez étroite qui régne autour du filament jusqu'à son sommet, qu'il soit en mouvement ou non. Quelquefois ces lignes spirales commencent à se former isolément à chacune des deux extrémités du méme filament et se rencontrent dans le milieu où les granules sont accu- mulés ; d'autres fois elles débutent parle milieu pour se prolonger de là jusqu'à chaque extrémité. Il semble que l'adhérence des granules entre eux et à la substance de l'Algue indique sur la ligne spirale l'existence et par conséquent l'excrétion d'un protoplasma mucilagineux. M. Cohn a émis les mémes opinions (2). Or M. Engelmann a constaté d'une maniére positive la présence de cette sécrétion sur une grande Oscillaire, l'Oscillaria dubia Kütz. Il est par- venu à la mettre en lumière au moyen d'agents chimiques qui en détermi- nent la coagulation. Il est probable, dit-il, que les cils capillaires immo- biles observés par M. Nägeli (3) sur l'Oscillaria viridis etle Phormidium vulgare n'étaient que des fragments de ce protoplasma extérieur. Ueber Discosporangium, ein neues Phæosporeengenus; par M. P. Falkenberg (Mittheilungen aus der zoologischen Station zu Neapel, 1818, t. 1, pp. 54 et suiv., avec une planche). Comme on ne rencontre la plupart des Phéosporées que durant une por- tion de l'année, il y avait lieu de penser, dit M. Falkenberg, que ces Algues se retirent pendant certaines périodes à de grandes profondeurs au fond de la mer. Cette conjecture a conduit l'auteur à découvrir à 15 mètres de profondeur au large du cap Misène le nouveau genre qu'il nomme Disco- sporangium. Le Discosporangium subtile consiste en filaments qui croisa sent par une cellule apicale, et sont munis de branches latérales partant de leur milieu. Les sporanges sont solitaires au centre des cellules et for- ment une lamelle carrée dont les compartiments s'ouvrent à maturité sur la face supérieure du sporange. Quoique la position systématique du Disco- sporangium soit encore douteuse, M. Falkenberg le considère comme allié de trés prés au Choristocarpus. (1) Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie, 1849, pp. 984 et sui (2) Archiv für mikroskopische Anatomie, vol. m, 1867, p.48. (3) Beiträge sur vissenschaftliche Botanik, t. 11, p. 91. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 05 Dans le cours de ses recherches, l'auteur a été amené à confirmer les observations de M. Sirodot sur la connexion des Chantransia et des Ba- trachospermum. Il donne aussi une liste étendue des espèces de Flori- dées marines qui portent des tétraspores et des fruits capsulaires, liste qui comprend plusieurs espèces des genres Callithamnion et Polysiphonia. Halosphæra, eine neue Gattung grüner Algen aus dem Mittelmeer ; par M. Fr. Schmitz (Mittheilungen aus der zoologischen Station zu Neapel, t. 1). Ce genre est constitué par une petite Algue flottante, commune de juillet à avril dans la baie de Naples, où les pêcheurs la désignent sous le uom de punti verdi. Elle consiste en effet en cellules vertes sphériques isolées et dépourvues de tout moyen de locomotion. Les cellules-méres de cette Algue se fragmentent en nombreuses cellules-filles qui produisent des zoospores par division secondaire. Ces derniéres sont coniques, avec deux longs cils attachés tous deux à leur base. Le méme auteur a inséré dans le méme recueil un autre mémoire sur les Algues vertes de la baie d'Athénes. Il y considère l'Acrocladus medi- terraneus Næg. comme un état particulier du Cladophora pellucida Kütz. ll décrit deux nouvelles espèces de Siphonocladus, genre intermédiaire entre le Cladophora et le Valonia, qui a la ramification du premier et qui tient du second en ce que ses cloisons intercellulaires ne sont pas complétes. A la fin de ce mémoire se trouvent quelques remarques sur les affinités de certains genres de Chlorophycées, qui constituent les Siphonocladiées. Œdogonieæ americane hucusque cognitæ quas enume- ravit V.-B. Wittrock (Botaniska Notiser, 1818, n° 5). La liste dressée par M. Wittrock comprend 23 Œdogonium et 8 Bulbo- chete. Les (Edogoniées d'Amérique, dit-il, different de celles d'Europe selon la latitude .Au Groenland, on rencontre les mêmes espèces que dans le nord de l'Europe, tandis que, si l'on examine des régions américaines plus méridionales, on trouve que leurs (Edogoniées différent presque com- plétement des nôtres. De toutes celles qui sont connues jusqu'ici des contrées chaudes de l'Amérique, POE. crispum seul se retrouve en Europe. Beobachtungen über entophyte und entozoische Pflan- zenparasiten; par M. P.-F. Reinsch (Botanische Zeitung, 1819, n^ 2 et 3). L'auteur de ces notes (datées de Boston, octobre 1878) rapporte des Observations faites par lui : 4° sur une Floridée (Callithamnion?) vivant T. XXVI. (REVUE) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans les entonnoirs des Sertularia ; 2? sur une Chytridinée vivant dans les cellules du thalle d'une Floridée, l'Euchuma isiformis, qui habite les côtes de la Floride; 3" sur des Astérosphéries développées dans les cellules du Mesocurpus scalaris ; 4 sur des Nostochacées et des Oscilla- riées trouvées dans des Gromia et dans les œufs d'une Limnée; 5° sur - le Chlorococcum infusionum trouvé dans les cellules des Sphagnum ; 6° sur un Anabaina observé dans la feuille de l'Azolla carolinensis; T° sur un parasite intracellulaire appartenant aux Floridées, habitant le thalle des Porphyra; 8° sur la présence de mycéliums de Champignon dans des œufs de poule normaux ; 9° sur les Dactylococcus De Baryanus et Hookeri. Die Nostoccolonien im Thallus der Anthoceroteen; par M. H. Leitgeb (Sitzungsberichte der K. K. Akademie der Wissen- schaften, math.-naturw. Classe, mai 1878, pp. 411-418, avec une pl.). C'est M. de Janezewski (1) qui a établi la véritable nature des corpus- cules sphériques d'un vert sombre qu'on rencontre dans les feuilles des Anthoceros; des Blasia et d'autres Hépatiques, et que l'on regardait dupa- ravant comtne des bourgeons à l’état rudimentaire. M. de Janezewski à notamment montré, pour les Anthoceros, que les filaments de Nostot pénétrent dans leur intérieur par les stomates qui se trouvent à la face inférieure de leur thalle. M. Leitgeb a étudié les cliangements que cette pénétration fait subir aux stomates. Leurs cellules marginales se rappro- client, et dans le stomate fermé il se développe une petite colonie de Nostoc qui pousse des prolongements dans le tissu intercellulaire voisin, et envahit ainsi une portion du thalle. Quand il n'existe pas de méats iittercellülaires dansle thallé, éótitrié c’est le cas chéz l'Anthoceros ttis, les chapelets du Nostoc en créent de totites pièces, leurs extrémités agis- sent comme des coins; et leut développement progressif sépare les cellules devant eux, bien que ce développement ait liett par l'effet d’un cloison- nement intérieur, intracellulaire, et nom par l'allongenient direct du sommet. Tels sont les phénomènes dont M. Leitgeb a suivi et décrit soigneusement le détail. Il a rencontré chemin faisant d'autres Crypto- games dans les chambres respiratoires des Hépatiques; un Grammato- phora; un Oscillaria, etc. Falsification de la gelée de groseille du commerce découverte par les Diatomées ; par M: Gli. Ménier; Droch: in-8° de 9 pages, avee une planclie, M. Ch. Ménier est professeur de matière médicale à Peole de méde- (4) Botanische Zeitung, 1872, n° b. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 07 cine et de pharmacie de Nantes. En examinant au microscope des confi- tures de groseille qui sont livrées pour telles par une grande fabrique de Paris, il y a reconnu que la consistance gélatineuse de ces soi-disant con- fitures était due à des Algues, comme en témoignait la présence d'une fort belle Diatomée, l'Arachnoidiscus japonicus. Or, il existe une sub- stance employée à divers usages dans l'industrie sous le nom de colle de Chine ou du Japon. M. Ménier fit venir ce produit pour la collection de son École, y découvrit le méme Arachnoidiscus, qui ne se trouve pas sur les côtes de France, et reconnut que la susdite gelée de groseille est fabri- quée avec la colle du Japon. La matière colorante était due à la coclie- nille comine l'auteur s'en est convaincu par une añälyse spéciálé, ét à la Rose Trémiére, comme l'a indiqué la découverte dans la même géléé des gros grains polliniques des Malvacées. Le sucre n'est autre que lé glücose introduit dans la proportion de 30 pour 100 environ; on y a joint de l'acide tartrique, lequel n'existe pas dais là groséille, dont l'aeidité est due à l'àcide malique et à l'acide citriqüe. Il faut ajouter que cette gelée ne se Conserve pas longtemps, et qu'elle est promptement énvahie par des productioiis cryptogamiqües. Ajoutons que la colle du Japon serait pour les diatoiristés une source aussi facile que précieuse à explofer, et dans làquelle ils feraient pfoba- blement des découvertes. Elle est, selon M: Ménier, fabriquée àve6 toutes lës Algues du littoral japonais susceptibles dé sé tränsfofmer en gélose. Du moins on y a trouvé des débris appártenátit à un cerlaiti riótnbré d'Algues très différentes, et que M. Borüet a jugées susceptibles de Tétevoir une détermination précise. Ueber den Einfluss des Lichtes auf die Bewegungserschei- mungen (De l'influence de la lumière sur les phénomènes de mou- vement des zoospores); par M. E. Stahl (Verhandlungen der phys.- medic. Gesellschaft in Würzburg; nouv: série; t: xit). Outre les courants d’eau, qui agisserit sur les mouvements des 20bspürés en les agglomérant contrée les parois des Earaux, tome l'a montré M. J. Sachs, il existe dans les zoosporës füénies ütie force spéciale qui le sitet en activité, force de progression et patfois aussi de rotation. L'auteur s'est coiivaiucu que le inouvementde progression est déterminé par la lumière (1), etest indépendant des courants dététininés dans l'eau où vivent les Zoüspo- res. Le mouvement des zoospores héliotropiques est, dit-il, périodiquement variable ; le méme individu tantôt se tourne vers la source lumineuse et ian- tòt s'en éloigne, Dans ces deux mouvements l'extrémité incolore et ciliée est toujours tournée en avant. La force de chacun d'eux dépend de l'intensité (1) Voyez le Flora, 1876, n** 16-18. 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de la lumière : si celle-ci est faible, c'est le mouvement de progression qui est le plus marqué; si elle est forte, c'est le mouvement de recul. Au bout d'un certain temps, par conséquent, la zoospore est tout à fait rapprochée ou tout à faitécartée de la lumiére, selon l'amplitude de mouvements que permet le vase qui la renferme. Enchangeant de place, la source lumineuse, ou provoque immédiatement un changement dans le mouvement des zoo- spores, dans quelque sens que ce mouvement soit alors dirigé, et le plus souvent il s'arréte subitement. Wirkung des Lichtes und der Wärme auf Schwarm- sporen ; par M. E. Strasburger (Jenaische Zeitschrift für Naturwis- senschaften, t. xit, p. 551); tirage à part en broch. in-8° de 75 pages. Iéna, 1818. . M. Strasburger a d'abord répété les expériences de M. Sachs, faites sur des zoospores et sur des gouttelettes huileuses (1), et il est. parvenu aux mêmes résultats. Il a ensuite reconnu, comme l'auteur précédent, lexis- tence de mouvements propres chez les zoospores. Il a employé pour les étudier la lumiére colorée, soit celle du prisine, soit celle qui avait traversé des substances colorées. Il nomme phototactiques les zoospores dont les mouvements sont déter- minés par la lumière.Ces mouvements sont, d’après lui, ou indépendants de l'intensité de cette lumière, et alors aphotométriques; ou bien leur énergie est proportionnelle à cette intensité, et alors ils sont photométri- ques. Selon lui, aucun mouvement n'est possible aux zoospores que dans la direction de la source lumineuse. Les rayons les plus réfrangibles du spectre sont ceux qui agissent dans le phénomène, et surtout les rayons indigo ; les rayons jaunes et leurs voisins produisent au contraire des oscillations dans le mouvement. Ces oscillations s’observenti aussi dans le cas subit d'un changement dansl'intensité lumineuse. Le plus singulier, c'est que les zoospores phototactiques continuent à se mouvoir dans l'obs- curité. En avançant en âge, elles paraissent plus sensibles à l'influence lumineuse. La chaleur augmente aussi leur sensibilité; leur séjour dans une solution peu nourrissante la diminue. Sur certaines anomalies observées dans le développe” ment des organismes inférieurs; par M. W. Schmanke- witch (Zoologischer Anzeiger, 1819, p. 91). Ce mémoire, qui intéresse autant les zoologistes que les botanistes, écrit par un naturaliste d'Odéssa, nous paraît marcher dans la méme voie où sont entrés jadis M. Gros, de Moscou, dans ses recherches sur l'Ew- glena, et plus récemment M. Cienkowski. L'auteur abaisse encore davan- (1) Voy. plus haut, page 20, en note. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 tage la barrière, aujourd'hui si faible, entre les deux règnes organisés. Il a vu un Infusoire cilié (Anisonema acinus Bütschli), aprés avoir perdu son mouvement, former dans l'intérieur de son corps des granules qui ver- dirent plus tard et lui donnèrent l'apparence d'une Algue unicellulaire du genre Chlorococcum. D'autre part, il a vu les gonidies du méme Chloro- coccum se transformer en monades incolores. M. Schmankewitch a été plus loin en supprimant, si les résultats de ses expériences sont exacts, toute limite entre les Algues et les Champignons. Il a imaginé un appareil particulier, sorte de chambre humide, pour con- server pendant plusieurs semaines des spores de Mucédinées tout en gar- dant la faculté de les observer au microscope. Dans cet état, les spores de Penicillium se sont gonflées, ont pris une apparence granulaire, un nucléus, une couleur verte, et se sont divisées par un cloisonnement in- térieur en deux cellules-filles. Les spores d’Aspergillus sont aussi deve- nues vertes et granulaires, en différenciant leur contenu de leur paroi et se sont divisées en quatre segments. L'auteur signale dans l'intérieur de ces spores des granules qu'il soupçonne être des grains d'amidon. Si ces faits étranges étaient vérifiés, ils fourniraient aux partisans de la théorie de l'évolution une base solide, telle qu'ils n'en ont jamais eu jusqu'ici. Les phénoménes de transformation seraient encore plus étendus, puisque les mémes spores d'Aspergillus, dans d'autres expériences du méme auteur, ont donné quatre corps allongés croisés en X, dontl'ensemble représentait un Scenedesmus, et dans d'autres expériences encore se son‘ changées par dissolution de leurs parois en véritables Amibes. Die niederen Pilze in ihren Beziehungen zu den Infec- ltionskrankheiten und der Gesundheïtspflege (Les Cham- pignons inférieurs dans leurs rapports avec les maladies infectieuses et l'entretien de la santé); par M. Carl Nægeli. In-8° de xxxn et 285 pages. Munich, typogr. R. Oldenburg, 1877. Cette publication du vénérable M. Nægeli, préparée par dix années d'ob- servation, et faite sur un sujet d'une grande actualité, a envisagé surtout le côté théorique de ce sujet. | M. Nægeli divise les Champignons qui produisent des décompositions en trois catégories, savoir: 4° les Schimmelpilze ou Mucorinées ; 2° les Sprosspilze ou Saccharomycétes; 3° les Spaltpilze ou Schizomycètes, C'est-à-dire les Bactériens, capables de se multiplier par scissiparité. L'auteur caractérise d'une maniére générale ces trois groupes, et in- dique leurs principaux modes d'action, en distinguant les diverses sortes de décomposition qu'ils déterminent. Les principales de ces actions sont Si connues, que nous n'avons pas besoin d'insister à leur sujet. D'autres le sont beaucoup moins. « Les Schizomycètes, dit M. Nægeli, détruisent 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. certaines matières colorantes, et d'autres fois déterminent la production de certaines colorations. Certains principes colorants rouges qui se produisent de cette manière ont donné naissance à la croyance populaire d’après laquelle les aliments riches en fécule pourraient être changés en sang par les sorciers. J'ai souvent observé moi-même du riz bouilli et du pain humide qui possédaient une coloration sanguine très vive (1), et j’ai pu y constater des traces d’une décomposition par les Schizomycètes.» Les Schizomycètes participent aussi avec les Saccharomyces à l'oxydation de l'aleool. Ils déterminent ainsi les fermentations lactique, butyrique et visqueuse. M. Nægeli examine successivement, d’après l’état de la science et d’après ses propres expériences, la manière dont se comportentles Champignons- ferments en présence de l’eau, de l'oxygène et des diverses substances qui sont pour eux des aliments. Il traite ensuite de l’action nuisible qu'ils exercent sur la santé des animaux. Nous rencontrons dans ce chapitre de longues considérations sur la résistance vitale ; l’auteur formule ainsi sa conclusion : l'organisme suecombe aux Champignons et devient malade, lorsqu'il est plus faible qu'eux. Theorie der Gürnng (Théorie de la fermentation); par M. C. von Nægeli (Abhandlungen der math.-phys. Classe der k. bayer. Aka- demie der Wissenschaften, t. xi, 2° série, Munich, 1879, pp. 17-305). Nos lecteurs nous pardonneront de ne leur donner qu'une analyse sue- cincte de ce long mémoire, qui sort du domaine de la botanique pour entrer dans celui de la chimie et de la physique générale. M. Nægeli rap- pelle d'abord les trois théories de la fermentation qui, dans ces quarante dernières années ont été tour à tour proposées, adoptées ou combattues : la théorie de la décomposition moléculaire, de M. Liebig; la théorie des chimistes proprement dits, qui attribuent les phénoménes à la force cata- iytique exercée par le ferment ; enfin celle de M. Pasteur, qui les ramène à une absorption d'oxygéne, nécessaire au ferment organisé pour vivre quand il n'en trouve plus dans l'air qui l'entoure (2). Après avoir examiné et discuté séparément chacune de ees trois théo- ries, M. Nægeli conclut que chacune d'elles est en contradiction avec les faits. Resterait à trouver une formule nouvelle. Voici celle de l'auteur. La fermentation (Gäruny) (3) est le transport de l'état de mouvement des (1) Il ne paraît guère douteux qu'il ne s'agisse ici de l'Oidium aurantiacum (voyez le Bulletin, t. 1x, p. 669). (2) Mio Schützenberger, Les Fermentations, page 38, ouvrage analysé ici, tome XXII, page 233. : t5 , (3) L'auteur distingue soigneusement la fermentation (Fermentwirkung) déterminée par Ja diastase, de la fermentation (Gärung) déterminée par la levûre ; il les regarde comme analogues, non comme identiques. La langue francaise ne nous permet pas cette distinction dans les termes. . REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 74 moléeules, groupes atomiques et atomes, des diverses combinaisons con- slituant le plasma vivant (qui demeurent inaltérées chimiquement), aux matériaux de fermentation, ce qui détruit l'équilibre moléculaire de ceux- cj et les amène à se décomposer. Die stärkeumbildenden Fermente in den Pflanzen (Les ferments qui transforment l'amidon chez les plantes); par M. J. Ba- ranetzky. In-8* de 64 pages, avec une planche. Leipzig, 1878, L'auteur a employé des extraits aqueux de végétaux, traités ensuite par l'aleool, et examiné le pouvoir qu'avaient ces extraits pour dissoudre l'amidon. Il a reconnu ainsi combien sont répandus daus les plantes les principes fermentescibles qui peuvent modifier la substance amylacée. L'action des solutions d'extrait étant inégale, l'auteur attribue cette inéga- lité à la quantité inégale de ferment qu'elles contiennent. Il cherche à identifier cette action avec la corrosion que subissent les granules amyla- cés dans les cellules pendant le développement des parties végétales. Untersuchungen der Spaltpilze, zunáchst der Gattung Bacillus (Recherches sur les Schizomycétes, et particulièrement sur le genre Bacillus) ; par M. Brefeld (Sitzungsberichte der Gesellschaft naturforschender Freunde zu Berlin, séance du 19 février 1878). M, Brefeld a dans cette communication refait gb ovo toute l’histoire des Bactéridies et particuliérement du genre Bacillus, en citant les travaux de MM. Cohn, Koch et Van Tieghem. Jl a fait des observations spéciales sur la germination, mais n'a pu lever tous les doutes, avec l'emploi d'un objectif n° 10 de Hartnack, C'est le Bacillus subtilis qu'il a étudié. Il in- Sjste sur ce point que le genre Bacillus est maintenant aussi bien établi que n'importe quel genre de Thallophytes, tout en reconnaissant qu'il reste encore des recherches à faire sur les limites de ce genre, et que la limite spécifique entre les types donnés comme tels est loin d'étre encore bien établie. JI s'occupe ensuite des relations naturelles des Schizomy- cètes ayec les Saecharomycétes, et en trace les différences. I] traite ensuite la question controversée de l'action des températures élevées sur les spores des Bacillus. D'aprés lui, ces spores meurent au bout d'un quart d'heure à 105°, de dix minutes à 107, et de cinq minutes à 110" (1). Quand les Solutions sont acides, les spores peuvent échapper à l'action de la tempé- rature, et alors, quand on sature les acides aprés l'ébullition, elles se retrouvent capables de germer, Elles résistent à l'action d'agents. chi- (1) M. Dallinger a conclu aussi qu'une température de 1105, agissant pendant cinq minutes, tue les spores des monades étudiées par lui, tandis que ces: manades: elles- mêmes, jeunes ou adultes, ne résistent pas à une température de 619, 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. miques qui détruisent les spores des autres Champignons, tels que le sublimé corrosif, le sulfate de cuivre, et germent après qu'on les a sépa- rées du corps vénéneux. Mais s'il est difficile de détruire chez elles la faculté germinative, il est facile au contraire d'empécher cette faculté de se manifester. Il suffit, par exemple, de $ pour 100 de sulfate de quinine dissous dans de l'eau de Rabel, pour arréter le développement des Ba- cillus dans les solutions qui leur conviennent le mieux, ou encore de 4 p. 100 de sulfate de protoxyde de fer, ou de 1 p. 100 de sulfate de cuivre et de sublimé. L'auteur s'étend beaucoup sur l'action que divers agents chimiques exercent ainsi sur les spores du Bacillus. On comprend les conclusions que les thérapeutisles doivent tirer de ces faits. M. Brefeld termine par quelques considérations sur l'influence que les mémes agents exercent sur la levüre. On the Life-History of Bacillus anthracis; par M. J. Cossar Ewart (Quarterly Journal of Microscopical Science, avril 1878, pp. 161-170). Ce mémoire doit étre considéré comme une addition aux importantes recherches de MM. Cohn et Koch, de Breslau (1). En examinant au mi- croscope une parcelle de la rate d'une Souris, laquelle avait succombé à l'inoculation de la maladie dite « sang de rate », M. Ewart y constata de nombreux bâtonnets immobiles au milieu des globules du sang. Ces bàton- nets variaient de longueur, les plus longs ayant environ deux ou trois fois celle des plus courts, et celle de ceux-ci égalant environ le double du diamétre des globules du sang humain. Aprés avoir été conservés à une température de 33° C. environ (2) pendant quelques heures, la plupart d'entre eux entrérent en mouvement (3). Ils présentèrent alors des modi- fications; quelques-uns laissèrent apparaître dans leur intérieur des espaces plus clairs, prélude de la division en segments. Dans cette seg- mentation, l'auteur a observé l'existence d'un cil unissant d'abord les deux segments voisins (connected by a very delicate thread), de méme que M. Dallinger. Il a constaté aussi la formation des spores, dues à la con- traction du protoplasma, leur issue hors des bâtonnets, leur division en quatre cellules-filles et leur allongement en bàtonnets nouveaux. Le phénoméne le plus curieux de tous ceux qu'il figure est peut-étre l'enche- (1) Voy. le Bulletin, t. xxiv (Revue), p. 52 et 53. (3) L'auteur se sert, pour entretenir autour de ses cultures microscopiques une tem- pérature égale, de l'appareil imaginé par M. Schüfer sous le nom de warm stage, et fi- guré dans le Practical Histology de ce savant. Cet appareil est en vente chez M. Casella, 147, Holborn Bars, à Londres. (3) Le temps nécessaire à la reprise des mouvements, à la reviviscence du parasite, doit correspondre à l'incubation de la maladie qu'il détermine. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 73 vétrement des bâtonnets, très allongés et devenus des filaments sporifères, en un réseau, cylindrique dans son ensemble et formé de mailles régu- liéres. L'auteur a constaté que les Souris n'éprouveut aucune lésion quand les spores et les bàtonnets du Bacillus anthracis sont mélangés à leur nour- riture au lieu d'étre introduits dans leur sang par inoculation, à moins qu'il n'ait été fait préalablement une blessure à leur museau, cas dans lequel l'inoculation s'opére d'elle-méme. Contrairement aux assertions de M. Pasteur, l'auteur déclare qùe les spores soumises à l'ébullition sont inaptes à produire l'inoculation, de méme que celles qui ont subi la pression de 12 atmosphéres d'oxygène (1). Experimental Contribution to the Etiology of infectious Diseases, with special reference to the Doctrine of Contagium vivum; par M. C. Klein (ibid., pp. 170-171). Nous ne pouvons que signaler ce mémoire, qui est plutót un mémoire de pathologie comparée. L'auteur s'est occupé de la pneumo-entérite du cochon. Tantôt il a réussi à la reproduire par l'inoeulation du sang frais, lantót il a échoué. Il a constaté que le contagium porté directement dans l'estomac des animaux par une sonde œsophagienne était sans influence sur leur santé. L'examen des liquides pathologiques lui a prouvé qu'ils élaient infectés par le Bacillus subtilis. Cependant il signale des diffé- rences entre le ferment observé par lui et le Bacillus subtilis tel qu'il a été décrit par M. Cohn. De méme que l'auteur précédent, M. Klein pense, au rebours des idées de M. Koch, que l'enveloppe gélatineuse de la spore n'a rien à faire dans la germination; il a vu une deuxième membrane plus intérieure se briser à l'un des póles de la spore pour laisser le con- lenu protoplasmique de cette spore faire hernie au dehors d'elle et se développer en bâtonnet. Life-History of Spéréllesm ; par MM. J. Cossar Ewart et Patrick Geddes (Proceedings of the Royal Society, vol. xxvii, p. 481). Les auteurs ont eu pour but de montrer que les phases biologiques des Spirillum sout les mémes que celles qui ont été étudiées dansle mémoire précédent par M. Ewart sur le Bacterium anthracis et dans un mémoire Subséquent sur le B. Termo (2). Cette ressemblance est surtout. considé- (1) C'est encore le Bacillus anthracis que les micrographes anglais ont reconnu dans des plaques de sang de Cheval desséché et provenant d'animaux morts dans l'Inde d'une affection épidémique désignée daus ce pays sous le nom de Loodiana fever. (2) Ce mémoire se trouve dans les Proceedings of the Royal Society, même volume, P. 474. L'auteur s'y est surtout proposé de rechercher si les Micrococcus sont l'origine des Bacterium. Il est arrivé sur ce point à une conclusion négative: : 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rable si l'on compare le développement des Spirillum à celui du Bacte- rium rubescens (1). Dans une note de ce mémoire, MM. Ewart et Geddes émettent, en parlant des Vibrions, une opinion qu'il importe de repro- duire ici. Ils sont enclins à penser que les formes comprises sous le nom de Vibrio sont, ou des Bacillus en zigzag, ou des Bacillus faiblement ondulés, ou des Spirillum incomplètement développés. On the Measurement of the Diameter of the flagella of Bacterium Termo : à Contribution to the question of the « ul- timate Limit of Vision » with our present Lenses; par M. le Rév. W.-H. Dallinger (Journal of the Royal Microscopical Society, septembre 1878, pp. 169-175, avec 2 planches). Ilya déjà plusieurs années, on le sait, que M. Dallinger s'applique, seul ou de concert avec M. le docteur Drysdale, à l'étude des Bactéries. C'est à ces observateurs que l'on doit la découverte des cils du Bacterium Termo (2), découverte que M. Warming a poursuivie en l’étendant à d'autres espèces de Bactéries. Dans le mémoire actuel, M. Dallinger a figuré les cils du Bacillus Ulna et du Bacterium Lineala, qui ne l'avaient pas encore été. Il expose en termes très concis une autre découverte. Le corps du Bacterium Termo, vu par lui à un grossissement de 4000 diamétres, s'est montré composé de deux masses ovalaires placées au bout l'une de l'autre, et terminées chacune par un cil, celle de gauche à son extrémité gauche, celle de droite à son extrémité droite. Le Bacterium Lineola est figuré par l'auteur soit avec la méme structure, soit sous forme d'une masse ovalaire unique munie de ses deux cils: divers dessins du Vibrio Rugula, du Bacillus Ulna, du Bacillus subtilis, donnés par M. Dallinger, permettent de com- prendre ces phénoménes. Lorsque la scissiparité, qui constitue l'un des modes de reproduction des Bactéridiens, est mise en jeu, les deux frag- ments voisins qui se séparent restent un certain temps unis par un fil qui se brise ensuite dans son milieu, et chacune des deux moitiés du fil rompu devient un eil appendu à la surface de cassure du fragment nouvellement séparé, Si un être unique se fragmente en deux tronçons, chacun des deux troncons constitue un étre nouveau muni de deux cils. Si l'on est resté longtemps sans voir les cils des Bactéridiens inaperçus méme de M, Koch, cela tenait surtout à l'opacité des liquides employés, (1) M. le professeur E. Ray Lankester, en appréciant ce mémoire dans le Quarterly Journal of Microscopical Science, octobre 1878, écrit même que l'organisme étudié par MM. Ewart et Geddes n'est pour lui que « la forme en Spirillum du Bacterium rubes- cens ». M. le professeur Giard, de Lille, a figuré cette méme forme dans la Revue des sciences naturelles, tome v, 1877. (2) Monthly Microscopical Journal, vol. xiv, p. 105. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 laquelle voilait l'extrême ténuité des cils, dont le diamètre est, en fraction décimale, et en moyenne, de 0,0000048 pour le Bacterium Termo. Nous regrettons de manquer de place pour expliquer à l'aide de quelles mani- pulations, de quels procédés spéciaux d'éclairage et de calcul M. Dallinger est pervenu à cette évaluation, en employant les lentilles à immersion d'J; de pouce, fabriquées exprès pour lui par MM. Powell et Lealand. Les Bactéries ; par M. A. Magnin. In-8° de 179 pages. Paris, F. Savy, 1878, On trouvera dans ce mémoire l'exposé historique et bibliographique des travaux publiés sur les Bactéries. L'auteur a pris ce terme dans le sens le plus général, et embrassé la classification, la description spéci- fique, l'étude organographique et physiologique des organismes compris aujourd'hui sous les dénominations de Bactériens, Vibrioniens, Schi- zomycétes, Schizophytes, etc. Le rôle joué par ces Micraphytes dans les fermentations, dans les affections virulentes et dans les lésions virulentes l'a oceupé spécialement. Il s'est toutefois borné à rappeler les opinions assez contradictoires émises sur ce sujet; et il s'est gardé de formuler une opinion personnelle. En ce qui concerne l'influence des Bactéries sur les plaies elles-mémes, nous ne savons, dit-il, rien encore de positif, puisqu'on trouve. ces parasites à la surface des solutions de continuité qui marchent le plus rapidement et le plus sürement à la guérison. MM. Toussaint, Maunoury, Salmon, Chavanis, ayant publié des cas de pustule maligne sans Bactéridie (1), M. Livon, comme M. Zuelzer, n'ayant observé aucun symptôme d'infection putride à la suite de l'injection de ces micro-organismes dans le sang, M. Magnin, en présence d'une telle divergence d'opinions, ne se croit pas le droit d'adopter une con- - elusion définitive, Bien qu'il ne faille pas chercher ordinairement d'observations originales dans une thése de concours, nous en trouvons dans celle-ci une, commu- niquée à l'auteur par M. Toussaint, professeur de physiologie à l'Ecole vétérinaire de Toulouse. En cultivant des spores de Bactéridies charbon- neuses dans le sérum du sang du Chien, sous le microscope, dans une chambre chaude de M. Rfhvier, M. Toussaint a vu les filaments prendre un diamètre transversal presque double du diamètre ordinaire, puis le protoplasma du filament s'amasser en certains points, ce qui se distinguait nettement parce que, dans les parties où le protoplasma manquait, la (1) M. Pasteur soutient que lorsque l'on n'a pas apercu le parasite, on n'avait pas employé des grossissements assez forts. On sait, d'un autre côté que la MN en i Séparant du plasma sanguin, prend quelquefois l'apparence de Bactéries liformes, e que les globules graisseux sont très-difficiles à différencier des Micrococcus. (Magnin, p. 37). ufu .M eb amigeoX oni 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bactéridie avait perdu toute réfringence. Enfin, dans une derniére période, les points occupés par le protoplasma condensé augmentaient consi- dérablement de volume et formaient des organes ovoides plus ou moins allongés, ou bien renflés en boule ou en forme de gourdeà une extrémité ; dans l'intérieur de ces sporanges se formaient ensuite de 3 à 6 spores, trés nettes et trés réfringentes; puis enfin, par dissocialion de la mem- brane d'enveloppe, les spores devenaient libres. Ueber den Einfluss der Ruhe und der Bewegung auf das Leben (Sur l'influence du repos et du mouvement sur la vie) ; par M. Alexis Horvath (Pflüger's Archiv für die gesammte Physio- logie, Bonn, 1878). L'auteur avait remarqué que les Bactéries ne se multiplient pas dans les artéres, tandis qu'elles parviennent à un grand développement dans les vaisseaux lymphatiques. Il a construit de petits appareils tels qu'il pouvait communiquer un mouvement artificiel à certains tubes remplis de Bactéries, tandis que d'autres tubes en tout pareils demeuraient en repos. Après une expérience de vingt-quatre heures, les Bactéries ne s'étaient guére multipliées dans les tubes agités; il en était tout autre- ment daus les tubes maintenus en repos. Les premiers ayant été mis au repos, les Bactéries commencérent à s'y multiplier, ce qui n'arriva plus quaud l'agitation eul duré plus de quarante-huit heures. Zur Entwickelungsgeschichte und Fermentwirkung eini- ger Bacterien-Arten (Développement de quelques Bactéries et leur action comme ferment) ; par M. Adam Prazmowski (Botanische Zeitung, 1879, n° 26). Les recherches de l'auteur ont porté principalement sur le Bacillus: Amylobacter, découvert par M. Trécul et déjà étudié par M. Van Tieghem, et accessoirement sur le Bacillus subtilis, le Vibrio Rugula etle Bacillus Ulna. ll a confirmé sur le Bacillus subtilis les observations organogé- niques de M. Drefeld, et pense que ce Bacillus est l'agent de la fermen- tation. butyrique, opinion qu'ont émise M. Cohn et M. Van Tieghein. Relativement au Bacillus Amylobacter, l'auteur insiste d'abord sur les caractères assez légers qui le distinguent du B. subtilis, puis sur la réu- nion de ses individus en colonies, colonies que les auteurs allemands nomment Zooglæen-Colonien. Certains auteurs paraissent croire que ces agglomérations arrondies résultent du concours et de la juxtaposition, en apparence volontaire, des Bacillus. M. Prazmowski dit positivement qu'il seforme plusieurs colonies primitives ou zooglea (1), et que chacune (1) L'ancien genre Zooglea de M. Cohn est en effet reconnu aujourd'hui pour être REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 d'elles résulte uniquement de la segmentation d'un seul Bacillus ; que plus tard les colonies primitives se fusionnent en une seule, pourvue de l'enveloppe mucilagineuse que l'on connait, et dont les irrégularités décélent précisément la fusion d'enveloppes primitivement distinctes. Les agglomérations du Bacillus subtilis prennent l'aspect réticulé indiqué par M. Ewart. Les différences des deux types paraissent à l'auteur assez considérables pour étre méme de nature générique. Au point de vue biologique, il n'admet pas l'exactitude des opinions de M. Van Tieghem, d'après lequel le Bacillus Amylobacter serait l'agent de la putréfaction de la cellulose. Il reproche à l'auteur français de n'avoir pas indiqué que! est l'acide formé par l'action de ce Bacillus, et il avoue n'avoir pu le déterminer lui-méme. Cependant il attribué les phénoméues de putré- faction produits dans les tissus où l’on observe ce Bacillus à une autre Dactérie qui en serait spécifiquement différente. Cette partie du mémoire nous parait fondée plutót sur des raisonnements que sur des expériences. On the microscopic Organisms found in the blood of Man and Animals (Sur les organismes microscopiques trouvés dans le sang de l'homme et des animaux); pav M. T.-R. Lewis (Four- teenth Annual Report of the Sanitary Commissioner with the Govern- ment of India, et Quarterly Journal of the Microscopical Science, nouv. sér. , t. xix, 1879, p. 109). On croit généralement qu'il n'existe aucun organisme microscopique dans le sang d'un animal en pleine santé. Les observations de M. Lewis paraissent contraires à cette opinion. En juillet 1877, il découvrit cer- tains organismes dans le sang d'un Rat, aprés avoir étendu le sang avec une solution saline : des filaments mobiles purent étre vus se précipitant à travers le sérum dans toutes les directions. Leurs mouvements présen- taient des ondulations plus marquées que ceux des Spirillum, et les fila- ments, plus épais que ces derniers, se rapprochaient davantage des Vibrions. Les corpuscules sanguins semblaient agités à une certaine dis- tance d'eux, ce qui indiquait des cils trés ténus que l'observateur a aper- çus en employant les moyens nécessaires d'amplification et d'éclairage. Ces filaments disparaissaient généralement au bout de vingt-quatre heures ; on les conservait à l'aide d'une faible solution d'acide osmique. Ces étres se sont montrés insensibles à de forts courants électriques. Ils n'ont pas été observés dans la Souris (1). constitué par certaines formes de Bactéridies. C'est M. Trécul qui a montré le pener l'état gélatineux sous lequel ces organismes se présentent quelquefois (Comptes rendus, t. LXV; p. 513). : ; i (1) On nous permettra de demander à quels signes M. Lewis avait reconnu la parfaite santé du Rat tué par lui dans cette expérience 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sur le venin des Serpents; par M. Lacerda (Comptes rendus, séance du 30 décembre 1878). L'auteur à découvert qu'il existe dátis le venin des Crotales des feritterits figurés, dés spores qui poussent en gérmant de petits tubes. Dans le sang des ániitiaux tués par ce même venin il à vu le globule sahguin se détruire coimplétement et étíe remplacé par de nothbreux corpuscules ovoïdes trés btillants, doués de mouvétuetits spontanés oscillatoires. L'alcool injecté ou ingéré est, selon M. Lacerda, le véritable antidote de ce ferment. Recherches expérimentales sur un ZLeptothrizr trouvé pendant la vie dans le sang d'une femme atteinte de fièvre puerpérale grave; par M. V. Feliz (Comptes rendus, 1819, p. 610). Dans lë sàng de li malade, deux jours avant la mort, et dans le sang du cadavre aprés, on trouva un nombre considérable de filaments immobiles, simples ou articulés, transparents, droits ou courbés, dont chaque article était long de 3 à 6 p. Ges bàtonnets appartenaient à la classe des aérobies de M. Pasteur, et ne pouvaient vivre qu'en présence de l'air renfermé dans le sang. La putréfaction les détruisait. L'inoculalion de ces corps, pratiquée sur des Cobayes, a. établi leur facilité de reproduction el leur caractère toxique. L'état pathologique déterminé chez ces animaux par cette inoculation a été précédé d'une incubatioh plus ou moins lohgue et cafactérisé par ühe légèré áugmentation de la température, bientôt suivie d’urie cliüté therinométriqüe progressive ; bietitót sont survenus des suin- tethents sanguinolénts dés mutdüeuses, ün& grave gêné de la respiration ; la mort a setnblé due à l’asphyxie, c’est-4-dife à l'altération dti sang : l'hématosé à été directement einpéchée parles Bactéries, qui détoüriaient à leur profit l'oxygéne nécessaire à la revivifieitiori des #lobules. On observait une légère perte de poids düe à l'insuffisance de la nutrition. L'autéür a remarqué qu'en eéxtrayatit le sang d'un atiimal malade, et en privant ce sang d'ait, oi en détfuit immédiatemefit. les parasites, et qu'alots ce sang n'est plus toxiqué. Il a remarqué que ces párasiles pit- viehnent de spores ovoides. M. Feltz à donné à ces parasites le nom dë Leptothriæ. Depuis sa comi- ittinicatior à l'Académie, il les a souitiis à l'examen de M. Pasteur, qui a déclaré reconnaitre en eux la Bacléridie du chatbüti (4). (1) L'étude des altérations causées dans les tualadies infectieuses par les entophytes du groupe des Bactériens vient de faire un progrés par la publication de l'ouvrage de M. le D" Murchison, traduit en francais par M. le D" Lutaud, sous ce titre: Traité de la fièvre (yphoiae (Paris, Germer-Bailliere, 1878). M. Murchisor établit (après un certain nombre de mémoires et d e Rapports officiels publiés en Angleterre et dans l'inde an* REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 79 Essai descriptif sur les plantes fossiles des arkoses de Brives, près le Puy-en-Velay ; par M. le comte G. de Saporta (extrait du xxii volume des Annales de la Société d'agricul- ture, sciences, arts et commerce du Puy); tirage à part en broch. in-8° de 72 pages, avec 6 planches. L'étude faite dans ce mémoire par M. dé Saporta a été provoquée par la session extraordinaire que la Société géologique de France a tenue en 1869 au Puy, et elle est due aux collections recueillies aux environs du Puy par M. Viiiay, alors maife dü Puy, plus tárd député à l’Assemblée nationale, et par M. Aymard, directeur du iniusée local. Cette étüde embrasse uh terraiti dont la positioti stFátigraphiqüe est restée lotigiemps incertaitie : ce sont les arkoses où psdintnités de Brives, qui ne contiennérit pas d'autres fossiles que des fossiles végétaux. M. de Saporta a ei/sotis les yeüx, pen- dant tout lé teinps nécessaire, les échantillons déletininäbles de la eollec- lion Vinay et de la collection Aymard; il y à reconnu 21 espèces, dont l'attribution est quelquefois incertaine. Les plus remarquables sont le Paltophænix Aymardi Sap. (Phæœnicites pumila Ad. Br.), caractérisé par une feuille et un spadité ; lé Sabalites microphyllüs, le Comptonia Vinayi Sap. ii. sp.; le Dryandrü Micheloti, l'espèce des marnes sableuses du Trocadéro, trés-importante ici au point de vue stratigraphique ; le Laurüs Forbest Heer, lé Magnolia ligerina Sap., le Léguminosites gastrolobianus Sap. La réunion de ces types et diverses comparaisons engagent lauleur à considérer les arkoses à ertpreintes végétales de Brives comme se rappottant à léocène moyen et coïntidänt à pet prés, par l'époque présumée de leür formation, avec l’âge de là partie supé- rieure du calcaire grossier párisiéti. M. de Saporta ia pas votilü quitter če sujet sans dire quelques mots de la flore des époques qui ont suivi celle-là surle même point, et des éspéces végétales qui y remplacérent celles des arkoses. Il a donné dans cet appendice à son mémoire la liste provisoire des espèces végétales tertiaires de Gergovie. Révision de la flore Héersienne de Gelinden, d'après une collection appartenant au comte G. de Looz; par MM. le comte de Saporta et Marion (extrait du tome xt des Mémoires couronnés el Mémoires des savants étrangers publiés par l'Académie royale des sciences; des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1878); tirage à part en broch. in:4 de 112 pages, avec 14 planches. Bruxelles, typogr. F. Hayez, 1878. glaise) que cette terrible maladie est due à des matières organi duites aceidentellement dans les eaux potables et dans le lait. Pythogénique qu'il donne à cette affection, de x6, putresco. ques putréfiées et iniro- De là le nom de fièvre 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Cet important mémoire est plus qu'une addition à celui que les mêmes auteurs ont publié il y a quelques années sur le même sujet (1), et cela à cause de la valeur des documents nouveaux mis entre leurs mains: la collection recueillie dans le gisement de Gelinden par le comte Georges de Looz, riche de plusieurs centaines d'empreintes ; les échantillons recueillis par M. le professeur Malaise, et les précieuses indications dues à M. le professeur Dewalque. Les travaux publiés par M. Léo Lesquereux en Amé- rique sur la flore fossile du Dakota-group (2) en 1874, suivis d'un com- plément en 1876, ont fourni aux auteurs des points de comparaison nouveaux, qu'ils n'ont établis cependant qu'en modifiant certaines détermi- nations de M. Lesquereux (3), d'aprés les échantillons communiqués par lui. Les auteurs ont pu étendre aussi leurs comparaisons aux plantes du Quadersandstein, gràce aux spécimens qu'ils ont obtenus des environs de Prague par l'entremise de M. Valdemar Kowalewski. Ils ont retrouvé en Bohême les mêmes types dominants qu'en Amérique : des Araliacées abondantes, les unes à feuilles palmatilobées, les autres à feuilles digitées ; le type des Credneria, correspondant à celui des Aspidiophyllum et Proto- phyllum de M. Lesquereux ; le type des Ménispermées, représenté par des feuilles triplinerves à bords entiers, arrondies ou obtusément atténuées à leur base; le type des Magnolia, déjà signalé à plusieurs reprises dans la craie d'Europe ; enfin celui des Hymenœa ou Légumineuses tropicales de la tribu des Césalpiniées. Le trait dominant de cette flore, comme de celle du Dakota-group et de la plupart de celles des derniers temps de la craie, caractére qui se retrouve dans celle de Gelinden, c'est l'importance relative de certains - groupes, en premier lieu des familles polycarpiennes (Magnoliacées, Méni- spermées, Nymphéacées, Helléborées), puis des Araliacées, et enfin des végétaux encore mal définis, dont les Credneria sont le type. (1) Voyez le Bulletin, t. xx (Revue), p. 228. (2) Le Dakota-group (ainsi nommé par Haiden) est une puissante formation d'ean douce, comprenant des grès mélés de lignites, qui atteint son plus grand développement aux États-Unis dans le comté de Dakota, au nord-est du Kansas ; il occupe la base d'une énorme série de couches crélacées divisées en quatre étages, dont le plus élevé corres- pond au sénonien et le plus has au cénomanien ou au turonien. Le Dakota-group est donc contemporain, où à peu prés, des couches cénomanienn:s du Quadersandstein inférieur des environs de Prague. Ajoutons que plusieurs espèces paraissent communes entre la flore du Dakota-group et celle de la craie supéricure d'Atané au Groënland, le, doit be mano ie M M. Nordenskjöld. (Voy. Saporta, L'ancienne végétation polaire, extrait des Comptes js d i i iographiques. Paris, Martinet, 1877.) ptes rendus du Congrès international des sciences géographiques (3) Certaines empreintes qui caractérisent pour M. Lesquereux le groupe des Sassa- fras crétacés d'Amérique paraissent à MM. de Saporta et Marion beaucoup mieux pla- cées parmi les Araliacées. Il n'est pas inutile de faire ressortir des divergences aussi frappantes, surtout quand elles se produisent entre observateurs qui sont, de part et d'autre, d'un mérite reconnu, , REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 81 Aprés avoir décrit les types nouveaus, ou décrit à nouveau des types anciens mieux connus par les documents récents, les auteurs ont tracé des tableaux qui montrent la filiation de certains des types les plus accu- sés de Gelinden ou de Sézanne jusqu'à nos jours. Ils inclinent en effet de plus en plus (1) à placer sur le méme niveau géologique les flores fossiles de Sézanne et de Gelinden, et ils placent ce niveau dans le terrain paléo- céne (2). Ils insistent aussi sur les connexions qui se révélententre la végé- tation de l'Europe centrale et la végétation arctique à cette époque éocène ancienne, connexions qui indiquent des voies de communication et d'é- change explicables par l'uniformité du climat de cette époque. Ces ana- logies ont disparu dans la suite de l'époque éocéne, lorsque la végétation européenne revétit une physionomie africaine (3), pour reparaitre dans le cours et surtout à la fin du miocène. Cependant quelques types, grâce sans doute à des circonstances locales de station, ont persisté dans tout l'espace qui s'étend de l'heersien au pliocéne, par exemple le Sterculia labrusca de Gelinden. | Beitrage zur fossilen Flora Schwedens : Ueber einige rhà- tische Pflanzen von Pålsjö in Schonen (Recherches sur la flore fossile de la Suède : Sur quelques plantes rhétiennes de Pôlsjæ en Scanie) ; par M. A.-G. Nathorst. In-4° de 34 pages, avec 16 planches lithographiées. Stuttgart, chez E. Schweizerbart, 1878. Il y a déjà quelque temps que M. le professeur Hébert (4) est parvenu, par des recherches faites sur les lieux, par la comparaison et l'examen des fossiles, à rapporter les couches de grés et de lignites de la Scanie à l'étage rhélien observé surtout en Franconie par M. Schenk, c'est-à-dire à l'infra- lias. Dans le mémoire de M. Hébert, où ont été rassemblés tous les docu- ments connus à l'époque où il le publiait, ceux de botanique fossile sont peu nombreux. Ils ont été considérablement augmentés par M. Nathorst, attaché au Bureau géologique du royaume de Suède, qui publie depuis plusieurs années sur la paléontologie végétale des travaux d'un haut inté- rêt. Le premier en date de ces travaux, Bidrag till Sveriges fossila Flora, a été présenté le 40. février 1875, à l'Académie royale des sciences de Stockholm, et a paru dans les Konglika Svenska Vet.-Akad. Handlingar, (1) Voy. le Bulletin, t. xxi (Revue), p. 123. u a (2) On sait que ce terrain a été ainsi nommé par M. Schimper (voyez son Traité de - paléontologie végétale). LL P (3) Pu Ondes africaine, il faut entendre ici celle des parties arides et déser- tiques de l'Afrique, portant des végétaux aux feuilles étroites, coriaces et épineuses ; non pas au contraire la flore des parties humides et à demi inondées comme celle qui s'étend autour des grands lacs intérieurs, et qui tient beaucoup plus de l'époque paléocène. guo , (å) Bulletin de la Société géologique de France, vol. xxvii. : T. XXVI. (REVUE) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. t. xiv, n° 3, Un résumé en a élé publié par l'auteur dans les Comptes rendus de la Société géologique de Stockholm, 1875, n° 24, sous le titre de: Fossila. Växter från den stenkolsfürande formationen vid Pålsjö (Végétaux fossiles des formations de pierre carbonifère de Pôlsjæ). C'est ce mémoire dont nous annonçons aujourd'hui la traduction en langue allemande, faite à l'instigation de M. Schimper. M. Nathorst expose d'abord l'historique du sujet, puis la situation des fossiles dans les couches; ildonne ensuite la liste de ces fossiles, au nombre de 26, puis il les décrit avec tous les détails nécessaires ; chaque espèce est figurée. Le principal intérêt de son mémoire parait résider dans l'étude des Fougères du genre Dictyophyllum, dont il figure de beaux exemplaires, et dont les frondes sont réunies à la base de maniere à rappeler la conformation du genre Dipteris. Ces Fougères pourraient bien avoir eu des frondes dimorphes comme en ont à l'époque actuelle les Drynaria de Bory de Saint-Vincent. Il figure sous le nom de Rhizomo- pleris Schenki des organes qui étaient probablement les rhizomes d'un Dictyophyllum. Yl a fait encore une étude spéciale du Nilssonia poly- morpha Schenk. Il décrit sous le nom de Baiera Geinitzi un fossile désigné par lui dans les travaux -précédents sous les noms de Baiera teniata et de Ginkgo teniata. C'est une feuille flabelliforme profondé- ment divisée. Deux genres nouveaux sont signalés par M. Nathorst : Swe- denborgia et Camptophyllum. Le premier appartient aux Coniféres et le second n'a pas encore de place précise. Om floran skånes kolfórande Bildninger : 1. Floran vid Bjuf (Flore des formations carbonifères de la Scanie : 1. Flore de Bjuf); par M. A.-G. Nathorst. In-4° de 52 pages, avec 10 planches. Stockholm, 1878. Les couches de Bjuf appartiennent à uu horizon géologique un peu in- férieur à celui des précédentes. Les végétaux fossiles de eette localité atteignent le chiffre de 95 .Ils se font remarquer encore par l’abondance des . genres Dictyophyllum, Anomozamites, Nilssonia et Baiera. Le genre nou- veau Anthrophyopsis rappelle par sa forme et les caractères de son réseau le genre Antrophyum de la flore tropicale actuelle, de mème que les Teniopteris font songer aux Acrostichum (Elaphoglossum Schott) (1). Bidrag till sveriges fossila Flora : Floran vid Höganäs och Helsingborg (Recherches sur la flore fossile de Suède: Flore d'Heganes et € Helsingborg); par M. A.-G, Nathorst (extrait des Konglika Svenska Vet.-Akad. Handlingar, t. xvi, n° T7); tirage à parten broeh. in-8° de 53 pages, avec 8 planches. (1) Le genre Acrostichites de M. Goppert rappelle plutôt les Polyboérya. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 Ce travail forme la seconde partie des recherches dont nous avons signalé à la page précédente la première partie, traduite en allemand. Cette seconde partie comprend deux mémoires. Le premier est relatif à la flore ancienne d'Hosganzs, le second à la flore récente d'Hæganæs et à celle d'Helsingborg. Le premier comprend, comme les mémoires précé- dents du méme auteur, les genres Schizoneura, Sagenopteris, Dictyo- phyllum, Antrophyopsis, Anomozamites, Ptilozamites et Podozamites, abondamment représentés. Le second montre que la flore récente d'He- ganæs et celle d'Helsingborg se correspondent parla présence commune de plusieurs espèces. Elles se rapprochent de la flore précédente par le Schizoneura hœrensis, le Dictyophyllum Münsteri, les genres Podoza- mites et Baiera ; elles se distinguent parle genre Marattiopsis, et surtout par une Pandanée que M. Nathorst rapporte au genre Kaidacarpum de M. Carruthers. Om Ginkgo? crenata Brauns sp., från sandstenen vid Seinstedt ` mra Braunsehweig (Dú Ginkgo? crenata du grès de Seinstedt prés de - Braunschieig) ; par M. A.-G. Nathorst (Üfversigt af Kongl. Vet.-Aka- demiens Fórhandlingar, 1878, n° 3); tirage à part en broch. in-8* de 9 pages, avec une planche. . Il s'agit d'un fossile appartenant aussi à l'étage rhétien, que M. D. Brauns, dans le Paleontographica, a nommé Cyclopteris crenata, que M. Brongniart était disposé à rapporter au genre Adiantum, qui a été ballotté entre divers genres, et que M. Nathorst pense, avec quelque doute . cependant, appartenir au Ginkgo (1). Polygalæ americans novæ vel parum cognite ; par M. Al- fred W. Bennett (The Journal of Botany, mai-jüillet 1879). L'auteur suit dans ces notes la division qu'il a adoptée dans le Flora brasiliensis en décrivant les espèces brésiliennes du genre Polygala. Il y signale quelques nouveautés. : Polygala Gayi (P. stricta CI. Gay non Saint-Hil.); P. persistens, du Chili (Bridges n. 1132); P. boliviensis (Mandon n. 838); P. conferta, du Mexique (F. Müller n. 302) ; P. leu- cantha, du Paraguay (Balansa n. 2190); P. memoralis, qui s étend du Mexique à la Bolivie (Linden n. 173, Salvin et Godman n. 1861, Mandon n. 839); P. peruviana (Lechler n. 2629) ; P. paraguayensis (Bal. n. 2493); P. areguensis (Bal. n. 2187); P. Pearcei, de Bolivie (Pearce) ; P. australis (Tweedie, Lorentz n. 1062, Gibert n. 381) ; P. Darwiniana, de Port Désiré (Darwin); P. Spruceana (Spr. n. 3134); P. Salviniana, (f) Voy. O. Heer, Beiträge zur fossilen Flore Spitabergens, in K: Vei.-Akad. Hand- lingar, t. xiv, n? 6, p. 40. . 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. du Guatemala (Salvin, Berñouilli n. 695); P. insularis, des Galapagos (P. obovata Hook. f. non Saint-Hil.). En outre, M. Bennett décrit à nou- veau un certain nombre d'espéces mal connues, et indique à laquelle des sept sections, antérieurement élablies par lui, il faut rapporter les espéces américaines signalées dans le Prodromus, excepté un certain nombre qu'il indique, et qui ne sont pas suffisamment connues. Il termine en donnant la liste des Polygalées comprises dans les collections rapportées du Paraguay par M. Balansa. Ueber Polyembryonie ; par M. Ed. Strasburger (Zeitschrift. für Naturwissenschaft, nouvelle série, t. v, n° 4). Iéna, 1878. On sait que M. Strasburger a déjà fait sur la fécondation des travaux importants. Il résulte de ces travaux que généralement, chez les Angio- spermes, le sac embryonnaire ne renferme pas plus d'une vésicule em- hryonnaire. On connait l'exception offerte par le Santalum. Chez quelques Orchidées, telles que le Cypripedilon Calceolus et le Gymnadenia conopea, la vésicule, unique à l’état normal, se dédouble parfois acciden- tellement avant la fécondation, mais c’est là un cas rare. On cite aussi depuis longtemps, comme offrant des exemples de polyembryonie, le Funkia ovata, le Nothoscordon fragrans, V Evonymus latifolius. M. Stras- burger établit que chez ces végétaux il n'existe réellement qu'une vésicule embryonnaire, et que les embryons surnuméraires, ou soi-disant tels, ne sont en réalité que des proliférations du nucelle, c'est-à-dire des exerois- sances formées en dehors du sac embryonnaire, indépendamment de l'acte de fécondation. Ces proliférations prennent naissance peu aprés la fécon- dation de la vésicule. Elles débutent sous forme de petites protubérances cellulaires, et s'allongent ensuite peuà peu dans la cavité du sac embryon- naire, dont elles refoulent ou percent méme la paroi. Lorsque la graine est müre, ces proliférations constituent de véritables embryons, qu'il n'est pas facile de distinguer de celui qui résulte de la fécondation de l'ceuf lui- méme. M. Strasburger compare ces proliférations du nucelle à celles du prothalle du Pteris cretica (4) et auxbulbilles adventices qui naissent sou- vent sur les feuilles de Begonia (2). Quant au Cælebogyne, en suivantavec soin le développement de son ovaire, un constate que le sac embryonnaire de cette plante ne renferme jamais, en réalité, qu'une seule vésicule, la- quelle est résorbée de bonne heure, faute d'étre fécondée. C'est alors que l'on voit certaines cellules de la région supérieure du nucelle se multiplier plus rapidement que leurs voisines, et produire ainsi des protubérances qui (1) Voyez le mémoire de M. de Bary, analysé t. xxv, p. 194. ui d) ment sur le Begonia phyllomaniaca (Alph. DC. Flora brasiliensis, fasc. XXVII, a REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5 font saillie dans le sac, y simulant, à s'y méprendre, de véritables vési- cules fécondées. Le plus souvent une seule de ces protubérances atteint l'effet d'embryon parfait. Quand plusieurs de ces excroissances se déve- loppent simultanément, la graine devient polyembryonnaire. Les embryons développés dansle cas si longtemps contesté de parthéno- genèse sont des embryons adventifs, des produits de bourgonnement. Il nous semble que la découverte de M. Strasburger relie davantage encore le régne végétal au régne animal, car l'essence du phénoméne parthéno- génétique, chez les Pucerons, parait due aussi à un véritable bourgeonne- ment de lovaire en l'absence de fécondation. Il importe d'ailleurs de remarquer que, d’après la description de l’auteur allemand, ces embryons adventifs ne doivent pas étre constitués comme ceux qui résul- lent du développement normal de la vésicule embryonnaire fécondée. C'est précisément ce qui explique la diversité de leur forme constatée par M. Hanstein (1). United-States Species of Lycoperdon (Les espèces de Lyco- perdon qui croissent aux États-Unis); par M. Ch.-H. Peck (Memoirs of the Albany Institute, février 1879) ; tirage à part en broch. in-8° de 34 pages. M. Roumeguére nous apprend dans la Revue mycologique que c'est là une monographie compléte et raisonnée, contenant l'histoire du genre, des détails organographiques tirés des observations les plus récentes, pré- cédée d'une table synoptique des espéces. L'ancien genre Lycoperdon de Tournefort est représenté aux Etats-Unis par 21 espéces et 7 variétés. Toutes les espéces européennes, au nombre de 9, moins une, le L. cru- ciatum Rostk., y figurent avec le méme degré d'abondance que chez nous. Le L. constellatum Fr. est cependant rare sur le nouveau continent. Les espèces particulières à l'Amérique septentrionale sont au nombre de 12. M. Peck a établi 4 espèces nouvelles, dont il trace les diagnoses en anglais (2). Sur la présence du tannin dans les cellules végétales; par M. J.-B. Schnetzler (Archives des sciences physiques et naturelles, avril 1879). Ce mémoire fait suite à celui que nous avons analysé précédemment, t. xxv, p. 164. M. Schnetzler a continué d'étudier le tannin, ou du moins la matiére qui dans les cellules végétales réagit sur les sels de fer. Il a (1) Voyez cette Revue, t. xxv, p. 85. : m (2) C'est un vœu général que nous formons, avec l'auteur de la Revue mycologique, en désirant que les diagnoses des espéces nouvelles soient toujours ‘rédigées 'en latin. La science ne peut qu'y gagner en netteté. 1x ADI 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. choisi des Algues d'eau douce appartenant aux genres Vaucheria, Spiro- gyra, Conferva. En plongeant ces Algues dans l'alcool, on obtient une belle solution de chlorophylle d'un vert clair. On ajoute à cette solution 2 volumes d'eau et un volume d'éther. Le mélange, doucement agité, se sépare en une fort belle solution éthérée de chlorophylle et un liquide jaunátre inférieur à la précédente. En versant dans le tube qui contient ces deux liquides une solution de sulfate ferrique et de sulfate ferreux, on obtient la coloration bleue violette du tannate de fer. Le tannin, dit l'au- teur, se trouve en si grande quantité dans le protoplasma des Algues d'eau douce, qu'on pourrait préparer une fort belle encre avec la solution alcoolique de leur chlorophylle. Les Algues examinées par l'auteur étaient en-pleine végétation printanière. M. Schnetzler expose encore quelques observations faites sur différents végétaux pour la recherche du tannin. Die Entwickelung des Keimes der Schachtelhalme (Le - développement de l'embryon des Équisétacées) ; par M. R. Sadebeck (Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik, t. x1, 4° livr., pp. 575-602, avec 3 planches). Le développement du prothalle et de l'archégone est, d’après l'auteur, soumis au géotropisme négatif, et l'axe de l'archégone s'écarte à peine de la direction du fil à plomb. La première cloison qui apparait aprés la fécon- dation forme avec l'axe de l'archégone un angle d'environ 70° et partage l'oosphére en deux moitiés, dont l'une est tournée vers le col. La moitié supérieure sera l'origine de l'axe, la moitié inférieure l'origine de la racine. La segmentation de chacune des deux améne la formation des deux premiéres cellules apicales, l'une de la tige, l'autre de la racine, sous forme de pyramides à trois pans dont la base commune est la pre- miére cloison qui a suivi la fécondation dans la racine; une deuxiéme cloison paralléle à cette base constitue la premiére coléorrhize. C'est aprés le troisième cloisonnement circulaire (1) de la jeune tigelle que l'embryon perce l'archégone en rejetant latéralement le col de cet organe. Ce processus de développement offre, dit M. Sadebeck, la plus remar- quable analogie avec les développements embryonnaires déjà connus dans les autres familles de Cryptogames vasculaires. Il n'y a plus guère que les Isoëtes qui s'écartent du type général. Les ressemblances sont surtout étroites entre les Équisétacées et les Fougéres. (1) Par cloisonnement circulairé (Ringwall), il faut entendre l'ensemble des trois cloisons obliques, distinctes et successives, qui donnent au cône terminal de végétation l'aspect d'une pyramide à trois pans. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 Beiträge zur Entwickelungsgeschichte der Schizæaceen (Recherches sur le développement des Schizéacées) ; par M. H. Bauke (Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik, t. xi, 4* livr., pp. 603- 650, avec 4 planches). Nos lecteurs savent que M. Bauke s'est déjà occupé de l'organogénie des Fougères (1), notamment des Cyathéacées. Celle des Schizéacées avait déjà été étudiée par M. Burck (2), dont l'auteur n'accepte pas sans con- trôle les résultats. M. Bauke a examiné les spores et la germination dans les genres Schizæa, Lygodium, Aneimia et Mohria. Chez tous, dit-il, les spores sont tétraédriques. Chez les deux derniers genres, l'exospore est muni de crêtes caractéristiques, crêtes dont la disposition peut servir à caractériser les espèces. La germination a lieu chez l’Aneimia et le Mohria comme chez les Polypodiacées et les Cyathéacées; mais dans lé développement du filament sorti de la spore il se dessine des différences, que l’auteur a pris soin de décrire minutieusement, ainsi que dans la formation des ‘organes sexuels. Il résulte de ces considérations que le prothalle du Ceratopteris, qui offre aussi un développement particu- lier, vient se placer entre celui de l'Aneim?a et du Mohria d’une part, et celui des Polypodiacées et des Cyathéacées d’autre part. Celui du Gymno- gramme leptophylla, qui est exceptionnel (3), n'est pas sans présenter quelque analogie avec ceux que l'auteur a étudiés. De méme que le pro- thalle des Polypodiacées et des Cyathéacées, celui des Aneimia et Mohria diffère de celui des Osmondacées par l'orientation qu'il prend relative- ment à la spore ; il naît de la spore diamétralement à l'opposé de son sommet, chez les Osmondacées, au contraire, de ce sommet lui-méme. Zur Kenntniss der sexuellen Generation bei den Gat- tungen JPloafycerium, Lygodium und Gymno- gramme; par M. H. Bauke (Botanische Zeitung, 1878, n° 48 et 49). Ce mémoire, communiqué à la Société botanique de la province de Brandebourg dans sa séance du 27 décembre 1878, est destiné à combler certaines lacunes du précédent. (1) Voyez le Bulletin, t. xxit (Revue), p. 96. (2) Voyez le Bulletin, t. xxii (Revue), p. 136. | | (3) Voyez les observations publiées par M. Gæœbel dans le Botanische Zeilung en 1877, et notamment la planche xi, dont certaines figures sont à premiére vue assez surprenantes. Ici le proembryon est lobé et les archégones se développent sur une excrois- sance spéciale (Fruchtspross Gobel) qui naît du proembryon vers l'origine de ses lis Àu contraire, d'aprés le méme auteur, les prothalles du Gymnogramme chrysophy produisent leurs archégones comme le font ordinairement les Polypodiacées, sur la ur inférieure d'un coussinet celluleux. Les genres Anogramme et Ceropteris, dont la valeur est contestée par plusieurs ptéridographes, reçoivent là de l'observation organogénique une confirmation bien inattendue. 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'auteur a examiné le Platycerium grande. Ses rhizoides ont une colo- ration jaune tirant sur le rouge, qu'on n'avait pas encore observée chez les Fougères. Il naît quelquefois plusieurs germes d'une seule de ses spores ; ils n'arrivent pas tous à leur développement. Tandis que chez tous les prothalles de Fougéres connus la cellüle terminale du filament issu de la spore est la seule d’où émane le prothalle, ou tout au moins la princi- pale quand les cellules voisines contribuent aussi à sa formation, au con- traire, chez le Platycerium, la cellule terminale s'isole et persiste sous forme d'une courte papille, et les. développements du prothalle ont lieu aux dépens de cellules situées plus près de la spore dans la série. Le déve- loppement des organes sexuels s'accomplit comme en général chez les Polypodiacées ; dans le petit nombre de cultures faites par lui, l'auteur a constaté la diœcie des prothalles. Il existe dans ces faits de développe- ment de grandes différences entre le développement des Platycerium et celui des Acrostichum, lequel a été suivi aussi par l'auteur, et ne s'écarte en aucune facon de celui des Polypodiacées (1). Le Lygodium japonicum germe comme les autres Schizéacées, comme aussi les Polypodiacées et les Cyathéacées. Son prothalle devient de trés- bonne heure cordiforme, et tend ensuite à perdre graduellement cette forme. Ses moitiés se développent d'abord rapidement et plus vite que le sommet, puis celui-ci active son développement et le poursuit méme aprés l'apparition des archégones, Le développement de ce prothalle se rapproche de celui des Osmon- dacées et des Marattiées en ce que la croissance en épaisseur de son tissu, qui constitue le coussinet, commence en màme temps que l'élargissement méme du prothalle et s'arréte avec sa croissance en longueur, tandis que chez les Aneimia et Mohria, ainsi que chez les Polypodiacées et Cyathéa- céés, la croissance en épaisseur ne commence qu'un peu avant l'apparition des premiers archégones. Les anthéridies du Lygodium japonicum se rapprochent de celles des Cyathéacées. Ici encore l'auteur a constaté une tendance très pronencée à la diccie. L'auteur part de ce fait et d'autres faits observés antérieurement par lui pour conclure que chez les Fougéres les anthéridies tiennent, au point de vue morphologique, la place d'arché- gones avortés. Ajoutons aux phénoménes spéciaux offerts par le Lygodium la ramification du coussinet, ramification déjà constatée sur le prothalle du Balantium antarcticum. (1) Cela tend à consacrer l'établissement d'une catégorie spéciale, les Platycériées, à laquelle viendraient se joindre, selon toute probabilité, les genres Dryostachyum J. Sm. et Dendroglossa Fée. ll est à remarquer que ces genres, compris dans les Acrosti- chées par quelques auteurs, en différent méme par les caractères de leur appareil spori- fere. Chez les Platycériées, les sporanges sont en effet portés sur des ncrvilles spéciales, au lieu d'être insérés sur le tissu méme de la fronde, comme chez les Acrostichées. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 Les genres Aneimia et Mohria, distincts des genres Schizæa et Lygo- dium par les crêtes de leurs spores (et aussi par la forme de leur appa- reil de fructification), le sont encore beaucoup par la spécialité du déve- loppement de ieur prothalle. L'auteur est conduit par ses observations à séparer en deux sous-tribus la tribu des Schizéacées. M. Baukea examiné les prothalles du Gymnogramme calomelanos, du G. tartarea et de quelques types voisins. Ils concordent avec celui du G. leptophylla, quant à la production d'une lame celluleuse en forme de spatule, complétement dépourvue de toute cellule apicale cunéiforme. Les anthéridies montrent dans les deux cas la méme structure. Le développe- ment ultérieur se rapproche davantage de celui des Polypodiacées. Il n'y a pas de ramification fructifére (Fruchtspross), comme chez le G. lepto- phylla ; cependant le coussinet est placé, de méme que le Fruchtspross, sur la limite de la lame celluleuse primordiale du prothalle et d'une rami- fication perpendiculaire au plan de celui-ci. Ce coussinet tend de plus à s'arrondir et à contracter quelque adhérence avec le sol, ce quile rapproche encore du Fruchtspross. NOUYELLES. (15 août 1879.) — Par décret en date du 12 mai, M. Ph. Van Tieghem, membre de l'Institut, maitre de conférences à l'École normale supérieure, a été nommé professeur de botanique (anatomie et physiologie) au Muséum d'histoire naturelle, en remplacement de M. Ad. Brongniart. — M. Gaston Bonnier, agrégé de l'Université, a été nommé maitre de conférences à l'École normale supérieure, en remplacement de M. Ph. Van Tieghem. — La Société a fait depuis la publication de notre dernier numéro trois pertes douloureuses : M. Édouard Spach, conservateur des galeries de botanique au Muséum, qui avait succédé à Gaudichaud dans ces fonctions, est décédé le 18 mai 1879, à l’âge de soixante-dix-huit ans. Nos lecteurs trouveront dans le compte rendu des séances le discours prononcé à ses obséques par M. le professeur Bureau, qui s'est fait en cette triste circonstance l'inter- préte des profonds regrets de la Société. La perte de M. Spach, vivement ressentie au laboratoire de botanique du Muséum, a inspiré à M. le D' Edm. Bonnet, attaché comme préparateur à la chaire de M. Bureau, et 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vice-secrétaire de la Société, une touchante étude biographique qui a paru dans le journal le Naturaliste; elle est suivie de la liste des travaux de M. Spach. M. Ernest Faivre, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Lyon et doyen de cette Faculté, a été enlevé à la science dans des circon- stances particuliérement douloureuses. Le dimanche précédent, M. Faivre se rendait à la gare pour rejoindre ses éléves qu'il devait diriger pendant une herborisation, lorsqu'au détour de la rue Terme, il fut renversé par une voiture. Il a succombé aux suites de ce déplorable accident. Notre dévoué président, M. Prillieux, a rendu à sa mémoire et à ses travaux, dans la séance du 11 juillet, l'hommage qui leur était dà. M. l'abbé Questier, curé de Thury en Valois, est décédé le 4 juin der- nier aprés une longue et cruelle maladie. On sait que M. Questier était un vétéran de la botanique parisienne, et que MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre lui avaient dû plus d'une découverte à inscrire dans leur Flore. Bien que depuis quelques années il ne fit plus d'excursions, il avait pu jusqu'à ses derniers jours donner tous ses soins à son herbier, dans lequel se rencontrent des plantes de toute l'étendue du territoire francais, et méme beaucoup de plantes étrangères acquises par voie d'échange. La famille de M. Questier consentirait à céder cet herbier s'il lui était fait . des offres avantageuses. Si quelqu'un de nos confrères désirait à cet égard des renseignements plus précis, il peut s'adresser à M. le vicomte Héricart de Thury, au château de Thury, par Betz (Oise), et, pour traiter du prix, à M* Paringaux, notaire à Noyon (Oise). — On annonce encore la mort : . 4° De M. Johan Angstróm, médecin provincial à Ornslióldsvik, en Danemark, né le 24 septembre 1813 et connu principalement par des tra- vaux de bryologie, comme en témoigne le genre Angstræmia Bruch et Schimp. % De M. le D' H.-W. Buek, décédé le 10 février à Hambourg, bien connu pour la rédaction des tables du Prodromus. 3° De M. le D' Ferdinand-Moritz Ascherson, né à Nuremberg, le 29 mars 1798, décédé à Berlin le 19 février dernier. Sa thése inaugurale, en 1828, avait pour sujet : De Fungis venenatis. Pritzel cite de lui des tableaux. de botanique pharmaceutique. Son fils, M. P. Ascherson, nous apprend dans le Botanische Zeitung que ce savant avait découvert presque en même temps que Léveillé la véritable nature de l'hyménium des Hyménomycétes (Archiv für Anatomie de Müller, 1840) (1). (1) Les recherches de Léveillé sur l'hyménium ont paru dans les Annales des sciences naturelles en décembre 1837. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 # De M. Wilhelm Schimper, né en 1805 à Manheim, et décédé à Adoa, en Abyssinie, au mois d'octobre 1878. On sait que M. W. Schim- per, le frére du savant bryologue de Strasbourg, a rendu à la botanique descriptive les plus grands services par les collections qu'il n'a cessé d'envoyer en Europe, depuis qu'il l'eut quittée en 1834 pour explorer l'isthme de Suez, monter ensuite dans la haute Égypte, et atteindre enfin l'Abyssinie, alors si peu connue. C'est à lui que la botanique devra la con- naissance de la flore de cette étrange contrée, quand on aura enfin dressé le catalogue des immenses matériaux rassemblés par lui au milieu des difficultés que lui créaient les guerres du roi Ubié (1), son protecteur, et de Théodoros. M. de Bary a retracé dans le Botanische Zeitung du M avril dernier les principales vicissitudes de son aventureuse carrière et rappelé ses titres à la reconnaissance de tous les naturalistes. 9* De M. le Dt Jacob Bigelow, auteur d'un Flora bostoniensis, et d'un American medical botany, décédé le 10 janvier dernier à Boston. 6° De M. le D" James Watson Robbins, qui avait traité le genre Pota- mogeton dans le Manual de M. Asa Gray. 7° De M. le D' Hermann Otto Blau, consul général d'Allemagne à Odessa, qui s'est suicidé le 26 février dernier, dans cette ville, sous l'influence d'un accès d'hypochondrie. M. Blau avait envoyé en Allemagne et à Puni- versité de Strasbourg des collections recueillies par lui en Bosnie et en Herzégovine, comme en témoignent l'Avena Blavii Asch. et Janka, le Mulgedium Blavii Asch., etc. 8° De M. Reichenbach père, l’auteur des Icones flore germanice, décédé en mars 1879. Heinrich-Gottlieb-Ludwig Reichenbach était fils de J.-F.-J. Reichenbach, recteur du Gymnasium à Thomana. Attaqué du typhus pendant qu'il soignait les blessés aprés la terrible bataille de Leipsick, il fut le seul de ses condisciples qui résista à la maladie. Docteur en médecine en 1817, il fut appelé en 1820 à Dresde comme professeur d’histoire naturelle, et y vécut jusqu’à la fin de ses jours, en Conservant la direction du jardin botanique. On lui a dû, outre ses leçons Sur l’histoire naturelle générale, faites pour le public aussi bien que pour l'enseignement scolaire, et des publications importantes telles que la grande collection de planches citée plus haut, le Flora germanica excursoria, les Plante criticæ Europe, etc., des services non moins utiles pour les amis des sciences, tels que la fondation de la Société Flora, et la direction des Éphémérides des curieux de la nature, laquelle a absorbé son activité Scientifique pendant les dix derniéres années de sa vie. Reichenbach (1) Voy. le Bulletin, t. m, p. 813. 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avait été honoré pendant sa vie de l'amitié de Frédéric-Auguste l°”, roi de Saxe, protecteur éclairé des sciences, et eut pour éléve le prince qui fut plus tard Frédéric-Auguste II, avec lequel il fit de nombreuses excur- sions. Pendant l'une de ces excursions, le maitre et son royal pupille, ayant négligé de se munir des passeports nécessaires, s'étaient vus appré- hendés au corps sur la frontière de Bohême. 9° De M. Karl Koch, qui fut pendant longtemps le représentant auto- risé de l'horticulture en Allemagne, soit comme directeur du Wochen- schrift für Gürtnerei und Pflanzenkunde, soit comme délégué officiel de son gouvernement à la plupart des congrés horlicoles qui se sont tenus en Europe dans ces trente dernières années (et notamment au congrès de botanique de Paris en 1867). M. Koch, né à Weimar en 1809, avait été pendant de longues années professeur de botanique à Berlin, et n'avait résigné que depuis peu ses fonctions. Il s'était acquis une réputation spéciale par ses travaux. dendrologiques. 10° De M. Thilo Irmisch, décédé à Sondershausen le 18 avril dernier, à l’âge de soixante-quatre ans. M. Irmisch n'occupait aucune fonction dans l'enseignement, bien qu'il eüt largement contribué à l'avancement de la science par un grand nombre de mémoires où il étudiait de préférence le développement des organes de végétation, et qui ont paru, soit isolément, soit dans le Botanische Zeitung, soit dans les Jahrbücher de M Prings- heim. Son herbier, qui renferme la flore d'Allemagne presque com- pléte, et qui comprend aussi des plantes du reste de l'Europe, ainsi que les récoltes faites en Afrique par MM. Schweinfurth et Ascherson, est ac- tuellement en vente. On peut s'adresser, à ce sujet, à M"* veuve Irmisch, à Sondershausen. 11* De M"* la comtesse Elisabetha Fiorini-Mazzanti, qui s'est, comme on sail, occupée avec succès de cryptogamie, et principalement de bryo- logie, pendant de longues années. Son Spicilegium Bryologiæ romane date de 1831, époque à laquelle il a ouvert la voie aux savants dans un ordre d'études alors presque neuf. Les Mousses, les Algues, les Lichens, les Champignons, ont fait tour à tour le sujet, dans une période de cinquante années, de plus de trente études diverses que cette savante dame a dissé- minées dans divers recueils italiens, et dont on trouvera le catalogue dans la Revue mycologique de M. Roumeguére (n° 3, p. 106). Sa Florule du Colisée a paru par fragments à Rome, de 1875 à 1878, dans les Atti dell’ Accademia Pontificia de’ nuovi Lincei. M"* Fiorini-Mazzanti a été liée avec un grand nombre des principaux botanistes de son temps, qu'elle se plaisait à accueillir avec là plus aimable cordialité dans son hótel de la place Saint-Claude à Rome. M. le professeur Pedicino a prononcé sur sà tombe un discours qu'a reproduit l'Opinione (n° 114). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 12° De M. Heinrich-Adolf-Auguste Grisebach, professeur de botanique à l'université de Gœttingue, décédé dans cette ville le 9 mai dernier. M. Grisebach était né à Hanovre le 17 avril 1814. M. Grisebach a large- ment contribué aux études de botanique qui se sont poursuivies dans ce siècle sous la direction de l'illustre auteur du Prodromus, dans lequel il monographia les Gentianées. Son exploration de la Turquie, faite en 1839 pour le gouvernement du Hanovre, fut suivie de la publication du Spicile- gium flore rumelice et bithynicæ. C'est vers la végétation américaine que furent dirigées le plus spécialement ses recherches, d'abord sur les collec- lions faites au Chili par Lechler et M. de Philippi, puis sur celles de Duchassaing aux Antilles. L'étude de la flore des Indes occidentales absorba ensuite l'attention de M. Grisebach, qui lui consacra plusieurs mémoires, notamment son Catalogus plantarum cubensium, jusqu'à l'ouvrage qu'il rédigea à l'aide de l'herbier. de Swartz et des collections de Kew, le Flora of the British West Indian Islands, dans lequel malheu- reusement jl manqua des lumières que lui aurait fournies l'examen des col- lections de notre Muséum. M. Grisebach ne s'arrachait à ces travaux que pour publier des notices de géographie bolanique. Ces notices furent nombreuses dans l'Archiv für Naturgeschichte de Wiegmann et dans le Geographischer Jahrbuch de Behm, Les travaux qu'il avait préparés en les écrivant trouvèrent leur expression dernière dans son ouvrage capital de géographie botanique que M. de Tchihatchef a traduit en français sous le titre de: La Végétation du globe. Ses derniers travaux ont été consacrés à la végétation de la confédération Argentine et aux récoltes faites dans ce pays par M. Lorentz. 13* De sir Walter Calverley Trevelyan, décédé le 23 mars à Wallington, comté de Northumberland, à l’âge de quatre-vingt-deux ans. On lui doit un catalogue de la végétation des iles Féroé, imprimé en 1835 dans l’Edin- burgh new Philosophical Journal. 14° De M. le D' Moore, directeur du jardin botanique de Glasnevin, prés de Dublin. M. Moore (auquel le titre de docteur en philosophie avait été conféré en 1865 par l'université de Zurich, honoris causa) était un des hortieulteurs les plus distingués de l'Europe. Il avait coopéré, avec M. A.-G. More, à la publication du Cybele hibernica. On lui doit l'intro- duction du Gynerium argenteum, de plusieurs espéces de Lilium, et le perfectionnement de la culture des Sarracenia et des plantes à ascidies, sur lesquelles il a publié un mémoire spécial dans les Actes du Congrés international de botanique eu 1867. 45° De M. William Mudd, curator du jardin botanique de Cambridge (Angleterre), lichénographe bien connu, auteur du Manual of British Lichens. , 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — M. F. Hérincq, qui remplissait depuis plusieurs années les fonctions de préparateur au laboratoire de botanique dirigé par M. le professeur Bureau, a été nommé conservateur de l'herbier en remplacement de M. Spach. — M. Bois, chef du laboratoire des graines au Muséum, a été nommé préparateur en remplacement de M. Hérincq. ' — M. le D° Alexander Dickson, professeur de botanique à Glascow, a été récemment promu à la chaire del'université d'Edimbourg, vacante par la démission de M. Balfour. — M. le D' Isaac Bayley Balfour fils a été nommé professeur à Glas- cow en remplacement de M. Dickson. — M. le D* W.-G. Farlow, qui était depuis cinq ans professeur adjoint de botanique au Bussy Institution, Harvard University, a été récemment promu aux fonctions de professeur de botanique eryptogamique dans cette université elle-même, où il a son laboratoire particulier, consacré à des recherches sur les Cryptogames inférieurs. — Notre honorable confrére M. le commandeur Augustin Todaro, baron de la Galla, directeur du jardin botanique de Palerme, et avocat prés la Cour de cassation de cette ville, vient d'étre nommé sénateur du royaume d'Italie. — M. le D" Édouard Bornet, vice-président de la Société, vient d’être élu membre étranger de la Société Linnéenne de Londres. — MM. Gaston Genevier, A. Le Grand, Leuduger-Fortmorel et Ad. Méhu, membres de la Société botanique de France, viennent d'étre nommés officiers d'académie. — Par décret, rendu aprés avis du Conseil d'Etat, le ministre de l'In- struction publique et des Beaux-Arts est autorisé à accepter, au nom de l'État, aux clauses et conditions énoncées dans l'acte notarié du 24 dé- cembre 1378, la donation consistant en un herbier et une collection de livres, faite par M. le D' Bornet à l'établissement scientifique créé par décret du 8 novembre 1877 et désigné sous le nom de Villa Thuret, à Antibes. — L'Académie de médecine a entendu dans sa séance du 15 avril der- nier M. G. Planchon lui donner lecture, en son nom et au nom de M. Pidoux, du rapport suivant sur un mémoire de Bonpland, intitulé : Du Melaleuca paraguayensis et de son action thérapeutique. « Aimé Bonpland, dit M. Planchon, ayant trouvé au Paraguay une plante analogue au Melaleuca des Moluques, eut l'idée de vérifier les propriétés REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 altribuées à cette espèce par les médecins allemands du siècle dernier. Il en relira l'essence, et fit avec les feuilles et les fleurs une teinture, dont il constata. l'action sudorifique. Les meinbres de la commission croient devoir signaler à leurs collégues le dépót dans les archives de l'Académie d'un mémoire que recommande particuliérement le nom de son auteur, et remercier en méme temps les enfants de Bonpland de s'étre souvenus, dans les régions lointaines qu'ils habitent, de la patrie d'origine du célèbre naturaliste, et d'avoir tenu à faire hommage aux médecins français de l’une des œuvres de notre illustre compatriote. » — L'Association rubologique, dirigée par M. l'abbé Boulay, professeur à l'université catholique de Lille, continue toujours ses travaux, consacrés à l'étude du genre Rubus. Le nombre des numéros de son exsiccata atteint maintenant prés de trois cents, représentant un nombre presque égal d'espéces ou de formes saillantes. M. Boulay a encore entre les mains plusieurs parts de ces récoltes ; elles seront délivrées aux nouveaux membres au fur et à mesure de leur contribution à l’œuvre commune. Il a publié un travail autographié renfermant, avec l'exposé de la classification de M. Ph.-J. Müller, les diagnoses des espèces ou formes de Rubus distri- buées par l'Association de 1873 à 1876, travail nécessaire à tous les bota- nistes qui s'occupent de ce genre difficile. — M. Carlo Spegazzini, de Conegliano, publie (en faible tirage) des Decades mycologicæ italice. Les trois premières décades ont paru, dans le format in-8*. Chacune d'elles est mise en vente au prix de 2 fr. 50 cent., et 3 francs par la poste. Les espéces, préparées avec soin et bien choisies, sont libres dans une capsule de papier, et les étiquettes mentionnent, outre une synonymie détaillée, des observations particulières. Quatre de ces espéces sont données par M. Spegazzini comme nouvelles, savoir : Nectria Urceolus, sur les rameaux morts du Rosa gallica ; Septoria Orni- thogali, sur les feuilles vivantes de l'Ornithogalum umbellatum ; Hender- sonia Triacanthi, sur les rameaux morts du Gleditschia triacanthos ;et Uromyces giganteus, sur les tiges mortes du Schoberia maritima. ; . . " ; — M. Casimir Roumeguére vient d'obtenir une grande médaille d'or, de la Société des arts et sciences de Carcassonne, pour son mémoire sur les Lichens du département de l'Aude. — M. Justin Paillot, qui avait accepté, à la mort de Constant Billot, de continuer l'exsiccata de ce botaniste, si utile pour l'étude de la flore fran- caise, vient d'en faire paraître la 41° centurie, accompagnée de quelques notes identiques, et dans laquelle se trouve le Bidens radiatus Thuill., de la localité classique de Saint-Hubert (1). M. Paillot avertit ses collabo- (1) Voyez le Bulletin, t. xix (Revue); p. 84. 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rateurs et les botanistes français en général que, ne pouvant plus donner ses soins à cette publication, illes prie d'adresser dorénavant leurs envois à notre honorable confrére M. X. Vendrely, pharmacien à Champagney (Haute-Saône), lequel se charge de continuer l’exsiccata. M. Paillot rappelle en outre aux collecteurs que : 1° tous les échantillons portant le méme numéro doivent appartenir rigoureusement à la méme espèce ; 2 que cette espèce doit être exactement et authentiquement déter- minée; 3" qu'elle doit être représentée par des échantillons bien complets et en nombre suffisant pour former 125 parts. Pour avoir droit à une centurie en échange de ses envois, il faudra fournir cinq espèces phanérogames non encore publiées, ou dix espèces cryptogames en dehors des Champignons et des Algues qui n'ont pas encore été admis dans l'exsiccata. — Le présent numéro de Revue bibliographique commence le tome xxvi° du Bulletin, et inaugure la seconde série des publications de la Société, aprés vingt-cinq années révolues d'existence à dater du jour de sa fondation, 23 avril 1854. Pour célébrer cet aniversaire au printemps dernier, le Bureau de la Société avait décidé d'en convier les membres à un banquet confraternel, qui a eu lieu à Paris, chez Champeaux, le 19 avril. Quelques-uns de nos confrères des départements, qui s'étaient rendus au Congrés des Sociétés savantes, en ont profité pour se joindre à cette réunion intime, qui s’est prolongée assez avant dans la soirée, et à l'issue de laquelle la plupart des convives se sont rendus à la réception officielle de S. Exc. M. le Ministre de l'Instruction publique. Les toasts n'ont pas manqué au dessert, et la matiére ne manquait pas aux toasts. En constatant ce que la Société avait fait, depuis la première séance pro- voquée par MM. A. Passy et L. Graves, pour les progrès de la botanique en général et en particulier pour ceux de la flore francaise, et en songeant àla base solide que lui assure sa reconnaissance comme établissement d'utilité publique, les membres présents se sont sentis animés d'un espoir légitime dans l'avenir de notre association, tout en adressant un souvenir de regret à ceux de nos confréres que la mort a trop tót séparés de la Société, et un souvenir de gratitude aux maîtres qui l'ont fondée et qui en ont dirigé les premiers travaux. Le Rédacteur de la Revue, Dr EUGÈNE FOURNIER. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, ED. BUREAU. ; PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET;, RUE MIGNON, 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (QUILLET-AOUT 1879.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris. —— Das Microgonidium; par M. Arthur Minks (Flora, 1818, n" 14, 15, 16, 17, 18, 19 et 20). Nous avons analysé il y a déjà quelque temps un mémoire de M. Minks (1) qui a soulevé des objections assez vives de la. part de plusieurs lichéno- graphes. Il est à prévoir qu'il en sera de méme de celui-ci, dans lequel le méme auteur a poussé plus avant encore ses découvertes nouvelles. Le point culminant de ces découvertes, c'est que les gonidies se rencontrent de fort bonne heure dans le tissu des Lithens, à un état préparatoire peu connu, que M. Kerber a désigné sous le nom de microgonidie, et que M. Minks a vu dans toutes les cellules hyphoidales des Lichens, dans les filaments radicellaires, dans les cellules de l'écorce, dans les filaments de la médulle, les paraphyses, les jeunes théques, les spores, les basides, et méme dans les organes généralement appelés spermaties. La première origine de la microgonidie, observée dans les hyphas, se présente sous forme d’une colonne axile extrêmement ténue qui se par- lage après une striation irrégulière en masses protoplasmiques arrondies ; ces dernières acquièrent finalement une paroi cellulaire, prennent la Structure complète des gonidies, se divisent par deux ou par quatre, et S'échappent de leur cellule-mére pour devenir libres. On n'observe entre la gonidie et la microgonidie d'autre différence que celle de la couleur et celle de la situation. Les observations de M. Minks ont été faites principalement sur un Lichen gélatineux, le Leptogium myochroum Ehrh., et avec un objectif de Hartnack donnant un grossissement de 1250. M. Minks avertit en effet le lecteur que ce serait folie de chercher à voir les faits constatés par lui en employant les grossissements ordinaires. Toutes ses préparations ont été faites dans de l'eau de rivière filtrée, à laquelle il ajoutait une certaine quantité, plus ou moins forte, de solution de potasse caustique: Après (1) Voy. t. xxiv (Revue), p. 199. XXVI. ( E) 7 98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. avoir chauffé la préparation avec de la potasse pendant dix minutes, pour faire disparaître la gélatine, il la lave à grande eau, et enfin la traite par l'acide sulfurique dijué. .... | Nous n'avons pas besoin d'ihsister $ür l'importánce des résultats que proclame M. Minks. Si ces résultats sont exacts, il a mis hors de doute que les gonidies proviennent des hyphas, et aussi que les hyphas des Li- chens différent essentiellement des filaments des Champignons, puisque le protoplasma de cés hyphas ést susceptible de. s'organiser d'un bout à l'autre du systéme en corps reproducteurs (1). Alors les Lichens ne doi- vent rien aux Algues, pas méme leurs gonidies, et la théorie de M. Schwen- dener s'écroule. Mais il est facile de prévoir que l'on objeclera à M. Minks précisément l'étendue elle-même de sa théorie; on lui répondra que les gônidies ne se trouvent point dans les filaments radicellaires non plus que dans les basides ou les spores, c'est-à-dire là où il affirme la présence dés microgonidies, que pour lui tout corpuscule formé dans le protoplasma serait l'origine d'une gonidie, etc, ; et surtout on le mettra en contradiction avec lui-même, avec son précédent mémoire de 1876, dans lequel il faisait naitre les gonidies de conceptacles parfaitemerit localisés (2). : Notice sur la nature des Lichens ; par M. le D' J. Müller (Archives des sciences physiques et naturelles, 15 janvier 1879). M. Müller, qui a toujours combattu la théorie de Schwendener, abonde dans le sens de M. Minks. ll a vu les microgonidies aussi bien que le naturaliste de Slettin, il les. a vues avec d’excellents objectifs à immer- sion, sans aucune préparation chimique préalable ; et dans les cas favo- rables il les a vues même avec le plus faible de ces objectifs de Hartnack à sec. Il a déjà constaté ce fait l'année dernière, dans le n° 31 du Flora. Ila depuis retrouvé les microgonidies sur un Parmelia provenant du voyage de M. Schweinfurth dans le pays des Nyamnyams, et elles étaient tellement colorées en vert, qu'il y avait à peine une différence de couleur appréciable entre elles et les gonidies. Les séries des microgonidies étaient si visibles, que le premier bon microscope ordinaire les aurait clairement montrées, dit M. Müller, méme sans systéme à immersion et sans aucune préparalion chimique préalable. (1) M. Minks emploie pour le système de végétation des Lichens un terme nouveau, celüi de gonidema. 1l nomme hyphema le tissu de petites cellules qui constitue l'hypo- thalle et d’où naît le gonidema. (2) il ya cependant un passage qui rappelle le gonocystium dans le mémoire actuel de M. Minks. Il décrit sous le nom d'hormospores des corps incolores contenant un cer- tain nombre de mierogonidies qui se produisent sur les filaments radiculaires ou sur d'autres parties du Lichen, ‘telles que les cellules terminales de certains lyplias. Au moment de la reproduction, les hormospores se divisent en un certain nombre de cel- lules, et leurs microgonidies s'augmentent rapidement, puis leur cellule-mère se trans- forme en gelée, etc. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 L'existence des microgonidies est donc absolument sûre pour M. Müller. Quant à leur transition en gonidies, il a vu qu’on peut assez facilement la constater en étudiant les hyphas qui se trouvent immédiatement sous l'écorce du Lichen et en suivant les cellules les plus profondes de l'écorce elle-mème. C'est là qu'on trouve fréquemment des microgonidies, encore enfermées dans les hyphas, qui présentent tous les degrés intermédiaires de grandeur entre les microgonidies ordinaires et lés gonidies. L'existence des microgonidies tranche, ajoute l'auteur, une question très grave, celle des Lichens incomplets ou sans thalle, et surtout de ceux qui vivent en parasites sur d'autres Lichens. Comme ils n'ont pas de thalle complet, ils n'ont pas de gonidies, ce qui, d’après les anciennes notions, aurait dû les faire classer parmi les Champignons. Cependant on a reconnu qu'ils ont généralement la méme organisation des fruits que d'autres vrais Lichens complets, et qu'il ne leur manque que le thalle pour se rapporter exactement à. tel ou tel genre de Lichens; mais on en peut dire autant de quelques-uns en les comparant à certains vrais genres de Champignons. Or pour porter la lumiére sur ces types douteux, il suffira dorénavant de constater, par exemple, que les paraphyses ou Jes spores contiennent des microgonidies, et l'on aura la certitude d'avoir un Lichen devant soi. Si les microgonidies manquent, c'est d’un Champignon qu'il s'agira. Un lichénographe américain fort connu, M. E. Tuckerman, en rendant dans le Journal de Silliman (mars 1879, p. 256) des observations de M. Minks et de M. Müller, dit que lui aussi, il est arrivé à discerner claire- ment là colonne d'un vert pàle et brisée se transformant en microgonidies arrondies, sur un Parmelia (Wright Lich. cub. n" 94). Il y est parvenu avec un grossissement de 600 diamètres seulement, et sans prépara- lion chimique préalable. Il a ultérieurement réussi beaucoup mieux en employant des grossissements supérieurs. 1l nous apprend que ces obser- vàtions ont été aussi répétées avec succès par M. Stodder. D'un autre cóté, M. Dutailly, aprés avoir rendu compte des observa- tions de M. Minks et de M. Müller dans la Revue internationale (1), élève les objections que nous avions prévues. Il est certain, dit M. Dutailly, que l'on n'observe jamais de gonidies adultes que dans certains points spé- ciaux ; qu'il n'y en a jamais, à aucune époque, au niveau des basides, des spores, des spermaties et des paraphyses, et qu'enfin, si toutes les cellules hyphoïdales renferment des microgonidies ou gonidies jeunes, les gonidies adultes devraient se montrer répandues dans toute la masse du Lichen, de même que les gonidies embryonnaires. Comme cela n'est pas, il faut en conclure, dit M. Dutailly, queles microgonidies de Minks sontdes gráhula- tions cellulaires sans rapport avec les gonidies mêmes. Pour apercevoir des (4) Revue internationale, avril 1879, n° 4. 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cellules rudimentaires, il faut à M. Minks des grossissements de 2000 à 5000 diamètres, l'immersion, etc. Or est-il une cellule végétale que l'on ne puisse apercevoir avec un grossissement de 500 à 600 diamètres ? — M. Müller parle d’ailleurs des Lichens incomplets qui n’ont pas de goni- dies. Or le même savant a constaté dans leurs paraphyses et leurs spores des microgonidies. Il en conclut que ces plantes sont des Lichens. M. Dutailly en conclut, à son tour, que les microgonidies ne sont pas le premier état des gonidies, puisque ces Lichens n'ont pas de gonidies et que leür parasitisme leur permet de s'en passer. Du développement des céphalodies sur le thallus du Peltigera aphthosa Hoffm.; par M. M. Babikoff (Bulletin de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, t. xxiv, pp. 548-559, avec une planche). L'étude des céphalodies se lie de trés prés à celle de la théorie de Schwendener, puisque ces excroissances ont été considérées par M. Th. Fries et par M. Schwendener lui-même comme déterminées par des Algues parasites enfermées dans l'intériéur de l'écorce du Lichen, et que M. Bornet a constaté la présence d'un Glæocapsa dans les céphalodies du Stereo- caulon alpinum. M. Babikoff a pu suivre le développement des cépha- lodies du Peltigera aphthosa depuis le premier envahissement de l'Algue par l'hypha jusqu'au développement complet des céphalodies. Il a semé sur le sol (préalablement bouilli) quelques tranches de céphalodies préala- blement examinées au microscope et libres de tout organisme étranger. Cinq semaines aprés cet ensemencement, il trouvait sur le sol (maintenu sous une cloche humide) des colonies de Nostoc avec de nombreux cha- pelets et des hétérocystes parfaitement développés. Les céphalodies étaient conc formées par les gonidies du Nostoc. M. Babikoff a suivi dans le tissu du Lichen un grand nombre de phases diverses dans l'entrelacement de l'Algue et des hyphas, dont l'expression complète est la formation de la céphalodie. Symbolæ ad floram argentinam. Zweile Bearbeitung argenti- nischer Pflanzen ; par M. A. Grisebach (extrait des Abhandlungen der keniglichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Gottingen, t. xxiv); NT à part en brochure in-4° de 345 pages. Goetlingen, chez Dieter ich, En se reportant au tome xxl, p. 3; de cette Revue, le lecteur consta- tera l'importance : du premier travail consacré par. M. Grisebach à la végétation de la république Argentine, d'aprés les récoltes de M. Lorentz. Le second et dernier mémoire de M. Grisebach, qui a paru posthume, a une importance plus grande encore, puisque l'auteur, en. décrivant les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 104 nouvelles récoltes de M. Lorentz, qui font connaitre un grand nombre de points non encore explorés du pays, et en y joignant les récoltes faites par M. Hieronymus dans la Sierra de Cordoba (4) et par M. Schickendantz à Catamarca, a eu soin de rappeler, au moyen d'un artifice habile de typo- graphie, les documents contenus dans son premier mémoire. Il a fait ainsi de ses Symbole une véritable flore de la république Argentine, embras- sant tous les végétaux vasculaires connus de lui dans cette vaste région. Le nombre s'en élève à 2265, et serait peut-être accru par l'étude des collections d'A. d'Orbigny, conservées comme on sait au Muséum de Paris. M. Grisebach s'est presque borné au rôle de descripteur, sachant que MM. Lorentz et Hieronymus se proposent de publier des travaux sur la géographie botanique de la contrée parcourue par eux (2). Cependant il a consigné dans sa préface quelques considérations importantes sur les faits principaux de distribution et sur la comparaison des végétations. Jl fait remarquer que les nouveaux documents diminuent de beaucoup la proportion des espéces endémiques en la réduisant de 43 pour 100 à 31 pour 100. Cela tient à ce que les explorations récentes des voyageurs se sont étendues vers le nord de la république, ont atteint et dépassé le tro- pique du Capricorne, et sont allées jusqu'à Tarija se relier aux observations de M. Weddell. Dans cette région septentrionale, la végétation tend à se confondre avec celle de la région tropicale du Brésil. En outre l'étude de la province d'Entre-Rios, largement poursuivie par M. Lorentz, a nota- blement étendu les affinités brésiliennes de la flore argentine, à cause du contact géographique presque immédiat, et aussi parce que l'humidité du climat d'une province aussi abondamment arrosée y attire davantage les plantes tropicales (3). M. Lorentz a constaté que la province d'Entre-Rios renferme uu grand nombre de végétaux qui ne se retrouvent pas dans la République argentine à l'ouest du Parana. Ces végétaux, trés variés, se trouvent principalement sur les berges des grands fleuves, garnies de forêts ou simplement de buissons, et renferment un “asset grand nombre de genres monotypes ou peu nombreux en espèces (4). D'autre part les excur- sions de M. Hieronymus dans la Sierra Achala, le point le plus élevé de la Sierra de Cordoba (31°-33 lat. S.), sans modifier beaucoup la propor- (1) Nous avons annoncé l'année dernière qu'une des collections de M. Hieronymus a été offerte à l'herbier du Muséum. v. |. D (2) M. Lorentz a déjà publié Vegetations-Verhältnisse der argentinischen Republik, Buenos-Ayres, avec une carte, 1876. Ce mémoire ne nous est malheureusement pas P9) Voyez ce que nous avons dit l'an dernier des!observations de M. Schnyder (t. xxv, Buenos Revue, p. 15). aa unis (4) Voyez LM La vegetacion del Nordeste dé la provincia de —' Ayres, 1878. 102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion numérique des éléments de la flore, ont montré que les plantes des montagnes des Andes.s'étendent jusqu'à des hauteurs environnées cepen- dant de tout cóté par les plaines. C'est surtout avec la végétation du Paraguay que se montre davantage l'affinité de la végétation argentine, d'aprés les nouvelles explorations de M. Lorentz. L'étude des collections envoyées du Paraguay par M. Dalansa a permis à M. Grisebach de préciser ces affinités, qui sont surtout consi- dérables au point de vue générique. Les identités spécifiques ne sont pas rares non plus ; M. Grisebach les estime au tiers de la collection faite aux environs de l'Assomption par M. Balansa, et qui se monte à 800 espéces. Il a indiqué dans son mémoire, espéce par espéce, cette correspondance avec les numéros de l’exsiccata de M. Balansa, qu'il se trouve ainsi avoir en partie déterminé. C'est surtout avec la végétation de l'Entre-Rios que se sont révélées les affinités de celle du Paraguay, ce qui se comprend du reste à la seule inspection d'une carte, Pour établir mieux la nature de ces relations, M. Grisebach a dressé la liste des genres du Paraguay qu'il n'a pas encore constatés dans les provinces argentines. Il résulte de ses études que la flore du Paraguay se relie intimement à celle du Brésil mé- ridional. M. Grisebach a établi dans les Symbole quelques genres nouveaux, savoir : Dematophyllum (Zygophyllées), intermédiaire par ses caractères entre les genres Larrea et Guiacum, plante buissonnante à fruit septi- cide. — Quebrachia (Loxopterygium Lorentzii Griseb. PI. Lor. p. 61), qui diffère du genre Loxopterygium par la graine suspendue au sommet de la loge, et non pendante au sommet d'un funicule basilaire. — Garu- gandra, qui appartient aussi aux Térébinthacées, à fleurs dioiques, les femelles inconnues. — Cascaronia (Légumineuses), voisin du genre Glycyrrhiza, et distrait « statura arborea, legumine stipitato dorso an- guste alato ». — Hyaloseris (Composées), que son style rapproche des Mutisiacées et que la lévre supérieure de la corolle, plane et invaginant le style, ramène aux Liguliflores, genre voisin du Proustia et comprenant sans doute la plante bolivienne de Pearce (Benth. et Hook. Gen. Pl. 11, 500). — Dinoseris, voisin du précédent par le port, et présentant le style et l'involuere des Centaurea. — Halochloa (Graminées-Bambu- sées), voisin, dit l’auteur, du Chusquea, mais avec des épillets mâles axil- laires solitaires (les femelles inconnus), et point de fleurs stériles à leur base. — Coleotænia (Graminées-Panicées), à fleurs dioiques, ou du moins dont les måles ont seules été vues par l'auteur, et qui comprendrait, d'après lui, le Panicum Prionitis Nees et le P. sparsiflorum Doll. Le mémoire de. M. Grisebach renferme en outre un grand nombre de reclifications et la description de plusieurs nouveautés. Nous y remar- quons la détermination de nombreuses plantes de M. Mandon. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103 Monographie des genres Ligustrum et Syringa; par M. J. Decaisne (Nouvelles Archives du Muséum, 2° série, t. 1") ; tirage à part en broch. in-4° de 45 pages, avec 3 planches. Paris, G. Masson, 1878. : Nous avons déjà signalé l'an dernier (1) un extrait de ce mémoire, publié par avance par M. Decaisne dans la Flore des serres. Le mémoire actuel de M. Decaisne embrasse l'étude du groupe tout entier des Oléinées, lune des associations les plus remarquables parmi les Gamopétales, puisqu'on y trouve alliée à une fixité singulière de caractères dans les graines une variation remarquable dans la strueture des fleurs, qui sont apélales dans les Frénes, subpolypétales dans le Fontqnesia, franchement polypétales dans les Hesperelæa, et enfin véritablement gamopétales chez les Lilas et les Troénes. M. Decaisne a méme examiné le classement tout entier du groupe des Jasminées, appliqué pour la première fois par Adan- son à un ensemble bien hétérogène. M. Decaisne, d'accord avec M, Eichler, reconnait comme hors de doute la nécessité de séparer les Jasminées des Oléinées. Les premiéres ont les étamines antéro-postérieures et les stig- mates latéraux; les secondes ont les étamines latérales et les stigmates antéro-postérieurs, Au point de yue purement. horticole, on peut faire ressortir les différences des deux groupes, en rappelant que les Lilas se greffent et vivent sur les Frénes et sur le Fontanesia, tandis qu'on ne réussit pas à faire vivre les Jasmins sur les Oléinées, Cependant M. Decaisne ne pense pas qu'on doive éloigner les deux groupes autant que le vou- laient MM. Brongniart, Lindley et quelques autres, C’est l'opinion qu'il avait adoptée dans le Traité général de botanique, M. Decaisne consacre un ehapitre spécial à l'organographie des genres Ligustrum et Syringa. L'ovaire renferme dans chacune des deux loges antéro-postérieures deux ovules anatropes, monochlamydés, fixés à l'angle interne d'une créte développée sur le milieu de la cloison, à micropyle supérieur légèrement rejeté de côté. Lorsque l'un des ovules occupe seul la loge par suite de l'avortement de l'autre, on Je voit se tordre légére- ment sur son funicule et ramener le raphé contre la paroi du fruit au lieu d'en suivre l'axe, Même, chez certains genres de la famille, tantôt le raphé est toujours interne (Hesperelipa), tantôt toujours externe (Fonta- nesia). M. Decaisne sait depuis longtemps que ce changement de place du raphé (auquel Payer attribuait une si grande importance) est un caractère à peu près de nulle valeur, puisqu'on le rencontre, dit-il, dans les espéces d'un méme genre. Toutes les Oléinées sont poürvues d'un gros (1) Voy. tome xxv (Revue), p. 25. 104 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. albumen charnu, constaté méme chez le Chionanthus par MM. Bentham et Hooker. Les cotylédons sont accombants dans les Fraxinus et incombants dans les Ligustrum. Leur épiderme est formé de trés petites cellules arrondies et lisses dans les Troénes, de cellules irréguliéres et ponctuées dans les Oliviers, ou de cellules allongées à parois spiralées dans le groupe des Ornus. Les études de M. Decaisne sur les Ligustrum et les Syringa ont été faites à l’aide des pépinières du Muséum, dont une partie a été convertie par lui en une école d’arbustes d'ornement. Les Ligustrum comprennent dans son mémoire 37 espèces, dont plusieurs nouvelles : L. Tschonoskii, du Japon ; L. thibeticum (A. David), L. mellosum (A. David) ; L. obova- tum, de Bombay; L. confusum, confondu avec le L. robustum dans la distribution faite au Musée de Kew; E. insulare ; L. Walkeri, de Cylan; L. Cumingianum, de Manille (Cum. n. 1213) ; L. kumaonense (L. brac- teolatum Strachey et Winterbottom, non Don); L. ceylanicum ; L. Myr- sinites (Griffith n. 3683 part.); L. Uva-Ursi (Griff. n. 3683 part.); L. brachystachyum (A. David n. 911, Shearer); L. Calleryanum, de Macao. — Le genre Syringa ne comprend qu'une seule nouveauté, S. ro- tundifolia, de la Mandchourie, appartenant au groupe Ligustrina. M. Decaisne a déjà cité dans notre Bulletin (1) des observations sur les différences qui séparent les principaux Lilas cultivés ; elles ont été repro- duites avec plus de détails dans le Journal de la Société centrale d'hor- ticulture, 1878, p. 271. | Diagnoses plantarum novarum vel minus cognitarum Mexicanarum et centrali-americanarum ; auctore W.-B. Hemsley. Pars altera. In-8°, pp. 16-37, Londres, 1879. Nous avons déjà signalé la première partie de cette publication e nous n'avons pas à revenir sur les conditions où elle s'est produite, non plus que sur son cadre. Dans ce nouveau fascicule, M. Hemsley a repris ses descriptions à partir du commencement de la série Candollienne, afin d'y comprendre les collections recueillies au Mexique, aux environs de San-Luis de Potosi, par MM. Parry et Palmer. Les polypétales décrites par l'auteur appartiennent aux genres Ranunculus, Delphinium, Draba, Sisymbrium, Capsella, Cleome, Helianthemum, Viola, Polygala, Cera- stium, Arenaria, Spergularia, Drymaria, Cerdia, Calandrinia, Tali- num, Abutilon, Sida et Mortonia. M. Hemsley commence l'étude des Gamopétales par la révision complète du genre Rondeletia (pour les espèces de la région embrassée par lui). Jl (1) Tome xx (Séances), p. 237. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 105 décrit ensuite des espèces dans les genres Placocarpa, Manettia, Alseis, Hoffmannia, Portlandia, Deppea, Exostemma, Diodia, Eleagia, Chio- nolæna, Pluchea, Decachæta, Lagascea, Zaluzania, Gutierrezia, Psi- lactis, Galinsoga, Vaccinium, Uroskinnera, lpomoa, Bourreria, Ruel- lia, Jacobinia, Paronychia, Acronychia, Anthurium et Philodendron. Il décrit un genre nouveau de Bignoniacées, Godmania, fondé sur le Cybistax macrocarpa Benth. Histoire du Scleranthus uncinatus Schur; par M. le D' Edm. Bonnet (extrait des Comptes rendus de la Société botanique rochelaise, t. 1%, p. 96, 1878-79); tirage à part en broch. in-8* de 13 pages. M. Bonnet trace l'historique, assez compliqué déjà, du Scleranthus un- cinatus Schur Verhandl. und Mittheil. d. Siebenbürgischen Vereins für Naturwissenschaften, 1850, n° 7, p. 107, et ajoute la synonymie sui- vante : S. annuus var. uncinatus Boutigny ; S. polycarpos Gouan part., Ch. Grenier non L. nec DC. nec GG. Fl. Fr.; S. Martini Gren. in Schultz Arch. Fl. Fr. et All. p. 206; S. hamosus Pouz. Fl. Gard, 1, 511, tab. 3. Il indique ensuite les localités françaises de cette plante, mainte- nant assez nombreuses sur le plateau central, dans les montagnes des Cévennes et des Pyrénées. Excursion botanique dans la partie supérieure de la vallée de Barcelonnette (Basses-Alpes); par M. Alph. Gacogne (extrait des Annales de la Société botanique de Lyon) ; tirage à part en broch. in-8 de 15 pages. Lyon, 1879. Les récits des herborisations alpines ont toujours un intérét particulier. Les vallées qui conduisent de Barcelonnette aux lacs de Longet, en remontant le cours de l'Ubaye (1), ou à celui du Lauzanier, en remontant l'Ubayette, sont du nombre des points les plus remarquables du Dauphiné par l'abondance de leurs plantes rares et aussi par les íacilités relatives de leur exploration, qui leur assure d'ici à peu d'années sans doute d'étre choisies pour siége d'une de nos réunions annuelles. C'est ce que les plus zélés herborisateurs de nos confrères se diront probablement en lisant dans le Compte rendu de nos séances la liste des plantes des environs de Barcelonnette, publiée par notre confrére M. Lannes, capitaine des douanes à la Condamine, en compagnie duquel M. Gacogne a fait l'excursion ra- contée par lui dans ces pages. Nous aurions craint de faire un double emploi en citant ici les plus intéressantes des trouvailles de M. Gacogne (1) Voyez le travail de M. Magnin sur les Lichens de cette région (t. xxiv, Revue, p. 142). 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et de M. Lannes, mais nous devons prévenir le lecteur qu'il y a dans la brochure citée ici des documents intéressants sur la maniére de diriger les excursions botaniques dans cette partie des Dasses-Alpes. Zur Embhryologie der Farne ; par M. H. Leitgeb (Sitzungsbe- richte der Kais. Akademie der Wissenschaften, math.-naturw. Classe, mars-avril 1878, pp. 222-242, avec une plauche). Ce sont surtout des questions de doctrine et d'interprétation qui sont agitées dans ce mémoire. Depuis les travaux d'Hofmeister, on s'accordait à regarder les quatre cellules (quadrants) formées par le premier cloisonne- ment de l'embryon comme marquant l’origine des éléments morpholo- giques différents de la plante. M. Leitgeb pense que c'est seulement aprés le deuxième cloisonnement et la formation des octants que se produit cette importante différenciation, et que l'embryon est converti en thallome. Jusqu'à ce moment, l'embryon des Fougères est de la méme valeur que celui des Hépatiques. Jusqu'à la formation des octants, l'embryon des Marsiliacées se comporte aussi comme celui des Polypodiacées. La tigelle des Salvinia, qui se développe aux dépens de la moitié supérieure de l'embryon, correspond par son origine et son développement au pédi- celle du sporange des Hépatiques. La différence apparait quand les octants formés au sommet de la tigelle du Salvinia constituent l'écusson et la tige, tandis que ceux des Hépatiques se transforment partiellement ou totale- ment pour constituer le tissu du sporange (1). ` Entwickelungsgeschichte des Prothalliums von Seolta- pendrium vulgare; par M. Günther Beck (Sitzungsberichte der Kais, Akademie der Wissenschaften, math.-naturw. Classe, 10 oc- tobre 1878). Les spores du Scolopendrium vulgare offrent un exospore divisé en plusieurs couches et un contenu huileux. Leur dilatation s'opére plus facilement dans l'obscurité, et le filament du germe peut apparaitre sur un point quelconque de l'exospore ramolli. La germination n'a lieu que sous l'influence d'une lumière d'une intensité suffisante (2). C'est seule- ment quand la première racine ainsi produite par la germination a acquis une certaine longueur que l'on voit se développer à l'extrémité opposée de la spore un prothalle contenant de la chlorophylle, et que la première cloison se forme dans la partie supérieure de ce prothalle. Ce dernier ne (1) On trouvera dans le Botanische Zeitung (1879, n* 27) des notes de M. Prantl sur le développement du prothalle du Salvinia. (2) Cela surprend quand on songe que la Scolopendre recherche l'obscurité, où elle trouve l'humidité qui lui est nécessaire. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 107 se ramifie qu'exceptionnellement. Les cellules qui en constituent la série linéaire peuvent se multiplier par des cloisons longitudinales ou méme transversales avaut que la cellule apicale ait commencé le développement spécial qui doit constituer la lame celluleuse du prothalle. Quand celui-ci a commencé, la cellule apicale peut perdre la faculté de se cloisonner avant qu'il soit achevé. Les anthéridies se montrent en grand nombre sur la face inférieure et obscure du prothalle ou sur ses bords. Les archégones ne différent pas de celles des Polypodiacées en général. On voit apparaitre sur le prothalle des Scolopendrium des formations trichomateuses qui ressemblent complétement à celles que l'on avait crues propres au pro- thalle des Cyathéacées. Ueber Anordnung der Zellin in Farnprothallien (De la ` disposition des cellules dans les prothalles des Fougères) ; par M. Prantl (Flora, 1878, pp. 497 et suiv.). M. Prantl établit dans ce mémoire que les premiéres divisions qui con- vertissent le filament issu de la spore en un prothalle aplati ne sont pas déterminées par l'influence de la lumière, non plus que par celle de la gravitation ; si plus tard le prothalle se place dans une situation perpen- diculaire à celle dela lumiére incidente, c'est par le résultat d'une torsion. Quand il existe un méristème dans le prothalle, les cellules de ce méri- Stéme se caractérisent par leur petitesse relative, leur protoplasma plus dense et leur division plus fréquente : le prothalle leur doit de se multi- plier plus rapidement. L'absence de méristème est due au défaut d'eau ou de lumière. Les archégones se forment tout spécialement dans le voisi- nage du méristéme, de cellules qui procèdent de celui-ci; l'absence des archégones est généralement due au défaut de méristéme. Les anthéridies des Fougères sont au contraire de la nature des trichomes, et peuvent naitre de n'importe quelle cellule âgée ; elles peuvent, par conséquent, se rencontrer sur un prothalle dépourvu de méristéme. La position et l'étendue du méristème varient selon les prothalles qu'on examine. Chez quelques-uns il occupe la plus grande partie ou méme la totalité du bord libre, et l'on peut le nommer méristéme marginal. Chez d'autres proembryons il n'occupe qu'une petite portion du bord près du sommet : c'est le méristéme apical. Einiges über die ersten Keimungserscheinungen der Kryptogamen-Sporen (Quelques mots sur les premiers phéno- mènes de la germination des spores des Cryptogames) ; par M. N.-W.-P. Rauwenhoff (Botanische Zeitung, 1819, n° 28 et 29). L'auteur expose ainsi ses conclusions. | soia Le róle habituellement attribué à l'endospore dans la. germination des 108 SOCIÉTÉ: BOTANIQUE DE FRANCE. spores des Fougéres n'est pas exact. Ce n'est pas l'endospore de la spore mûre qui forme la paroi de la première cellule du prothalle ou de la pre- miére radieule (rhizoide) ; loin de là, cette paroi est une cloison nouvelle de cellulose fournie par le protoplasma contenu dans la spore aussitôl aprés ou méme pendant la germination. L'erreur dans laquelle on est généralement tombé tient à l'analogie soupconnée à tort entre les spores des Fougéres et les grains polliniques. Sans doute cette analogie est dé- montrée relativement à leur mode commun d'origine (leur formation par division en quatre d'une cellule-mére), mais elle ne se confirme plus quand on compare l'issue del'intine hors du grain sous forme de hoyau pollinique avec les phénoménes plus complexes de la germination des spores. C'est l'opacité de la plupart des téguments qui recouvrent les spores qui a fai! croire, sur ce dernier point, à une analogie trompeuse. Mais les spores translucides des Gleichéniacées permettent d'élucider la difficulté. L'au- teur a pu observer chez elles les modifications du contenu et la formation d'une nouvelle membrane de cellulose au commencement de la germi- nation. M. Rauwenhoff a montré, par des citations empruntées aux travaux de M. Pringsheim et de M. de Bary, que cette nouvelle manière de consi- dérer la germination des l'ougéres n'est pas en opposition avec les fails constatés chez les Équisétacées, les Hépatiques et les Mousses ; qu'elle leur assure au contraire une meilleure interprétation ; enfin qu'elle trouve un soutien dans la germination des zygospores des Spirogyra, telle que l'a décrite M. Pringsheim, et dans celle des Genicularia et des Mesotæ- nium, telle que l'a décrite M. de Bary. Ueber Sprossbildung auf Isoëtesblattern (Du bourgéonne- ment des feuilles d'Isoétes); par M. K. Goebel (Botanische Zeitung, 1879, n° 1). Nos lecteurs se rappellent le mémoire de M. de Bary sur l'apogamie des Fougères, mémoire analysé ici l'an dernier (t. xxv, p. 123). M. Goebel a observé l'apogamie chez des Isoëtes. Il a vu chez lI. lacustris et PI. echi- nospora, sur de grandes quantités d'échantillons, provenant du lac de Longemer, les macrosporanges étre, comme les mierosporanges, rem- placés par de jeunes plantules occupant la méme position qu'eux, c'est-à- dire naissant de la cavité ventrale et basilaire de la feuille. Il s'est assuré qu'il n'y avait là aucun fait de germination. L'organogénie lui a montré que ces individus résultant d'un bourgeonnement étaient à leur origine de simples mamelons coniques, qui se développaient graduellement en plan- tules munies des feuilles que l'on connaît (1). (1) M. Hegelmaier a montré chez le Lycopodium Selago la présence de bulbilles entre- mélés aux feuilles (Botanische Zeitung, 1872, n° 45). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 A Synopsis of the genus Æchmeu R. et P.; par M. J.-G. Baker (extrait du Journal of Botany, mai-aoüt 4879); tirage à part en brochure in-8° de 24 pages. Ainsi qu'il l'a déjà fait à d'autres occasions, M. Baker se montre trés large dans la conception et dans la délimitation du type générique. Il fait rentrer dans le genre Æchmea, comme sections, les genres Cheval- liera, Pironneava et Pothuava de Gaudichaud, le Hohenbergia Schultes f., le Canistrum de M. Éd. Morren et l'Ortgiesia de M. Regel. Ainsi com- pris, le genre Æchmea offre 9 sections et 58 espèces, parmi lesquelles nous devons signaler comme nouvelles : Æchmea martinicensis Baker (Hahn n. 522, 581) ; Æ. dichlamyda, de Tabago (Grey); Æ. Glaziovii ` (Glaziou n. 8986) ; Æ. excavata, du Paraguay (Gibert n. 62); Æ. Vrie- sioides, du Nicaragua et de Demerara; Æ. pubescens, du Nicaragua (Ralph Tate n. 416, etde Panama (Fendl n. 449, Seemann n. 609) ; Æ. dac- lylina, de Panama (Fendler n. 450) ; Æ. polycephala, de la Jamaïque ; 4E. mexicana (Bourgeau n. 3106) ; Æ. cymoso-paniculata (Æ. panicu- ligera Griseb. part.), du Venezuela (Fendl. n. 2453); Æ. Cumingii, de la Colombie (Cuming n. 1178 part.) ; Æ. subinermis, du Brésil (Glaziou n. 9326) ; ZE. regularis, du Brésil méridional (Weir) ;. Æ. Burchellii, du Brésil (Burchell n. 3323 et 3487) et Æ. pectinata (Burchell n. 3594). Decas plantarum novarum in Hispania collectarum ; auctoribus Leresche et Levier (The Journal of Botany, juillet 1879). 1. Anemone Pavoniana Boiss. herb. — 2. Aquilegia discolor, voisin de PA. pyrenaica DC. — 3. Arabis cantabrica, intermédiaire entre l'A. alpina. et PA. serpyllifolia. — 4. Pimpinella süfolia, voisin du P. magna var. rubriflora. — 5. Campanula acutangula, qui appartient à la section du C. Portenschlagiana. — 6. C. adsurgens, de la section Eucodon, voisin de C. Elatines qui ne croit sans doute pas en Espagne, et a dû être confondu avec l'espèce nouvelle. — 7. C. Vayredæ, de la Section Medium, voisin du C. speciosa Pourret. — Linaria filicaulis, voisin du L. alpina DC. — 8. L. faucicola, de la section Supinæ, voisin du L. polygonifolia. — 9. Sternbergia ætnensis Guss. — 10. Isoëtes Boryana DR. var. Lereschii Rchb. f. La plupart de ces plantes proviennent de la chaine alpine de la province de Santander dite « Picos de Europa ». On the Origin of the Flora of the European Alps; par M. John Ball (extrait des Proceedings of the Royal Geographical So- ciety and Monthly Record of Geography, 1819); tirage à part en broch. in-8° de 25 pages. Il y a vingt-cinq ans environ que M. Alph. de Candolle a conclu de ses 110 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. recherches de géographie botanique (conclusion bien hardie pour l'épo- que) que la végétation actuelle est la continuation des végétations anté- rieures. M. J. Ball a poursuivi trés loin, comme on va le voir, cette con- ception féconde, juslifiée par les conquétes de la science contemporaine. Il l'applique, dans le mémoire que nous avons sous les yeux, et qui a paru par fragments dans le Gardeners’ Chronicle, à l'étude de la flore alpine et de ses relations, étude à laquelle il était admirablement préparé par ses excursions réitérées dans les diverses chaines des Alpes et les autres systémes de montaghes de l'Europe. ' M. Ball récapitule d'abord, comme ily était obligé devant ses assistants, .les notions qui ont vulgairement cours depuis longtemps relativement à la végétation des Alpes. Nous croyons qu'on peut coniprendre parmi elles ce que dit l'auteur de l'éclairage plus intense des plateaux élevés (1) et de la éhaleur plus grande du sol alpin (2), auquel parviennent des rayons que n'ont pas dépouillés d’une partie de leur vertu les couches inférieures et plus denses de l'atmosphére. M. J. Ball en vient premptement à la recherche des causes. Il trouve devant lui l'opinion généralement adoptée, et l'on peut dire classique aujourd'hui, de M. J. Hooker, suivant laquelle la flore alpine doit son origine à la flore descendue du pôle avec les glaces de l'époque quater- naire. Il est vrai que la théorie de M. Hooker a déjà été attaquée, sans qu'on l'ait beaucoup remarqué, par M. Christ, de Bâle (3) ; et que méme M. Parlatore a été conduit à admettre des centres de végétation situés pour certaines espèces alpines dans les plaines du nord de l'Allemagne ou sur certains points des Alpes et des Carpathes (4). M. J. Ball a fait valoir dans son mémoire, contre la théorie de M. Hooker, un certain nombre. d'arguments qu'on peut résumer de la maniére suivante : 1. M. Hooker a compris dans ses listes de la végétation glaciaire des espéces ubiquistes appartenant à la fois à la flore polaire et à la flore al- pine; dés lors il n'ya pas de raison pour que leur origine soit plutôt polaire. La liste des espéces arctiques et alpines ne se rencontrant pas dans la région tempérée se réduit à 348. Or les £ de ces 348 espèces ne montent pas sur la zone la plus élevée des Alpes, et trés peu d’entre elles atteignent dans ces montagnes la limite des neiges perpétuelles. 2. Il résulte de l'examen des faits que la flore des Alpes n'a de commun (4) Voy. La vie végétale, de M. Émery (Bulletin, t. 3xv, Revue, p. 25) et la séance de la Société du 13 décembre 1878 (t. xxv, séances, p. 307 et suiv.). (2) M. Ch. Martins a insisté sur ce point à plusieurs reprises (voy. les Comptes rendus, séance du 17 octobre 1864, et Lá végétation du Spilsberg comparée à celle des Mpes et des Pyrénées, in Mém. de l'Acad. ce Montpellier, t. v1, 1865, p. 159). (3) Voyez l'analyse du mémoire de M. Christ (Bulletin, t. xiv, Revue, p. 261). (4) Parlatore, Études sur la géographie botanique de l'Italie, p. 33. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 111 avec la flore arctique que 17 pour 100 de ses espéces. Et le reste, demande M. Ball, les 83 pour 400 qui font la différence, d’où viennent-ils? Parmi eux se trouvent quatre types génériques particuliers aux Alpes. Peut-on croire que depuis la période glaciaire il se soit développé spontanéinent dans les Alpes des centaines d'especes trés distinctes? 3. On a exagéré les effets de la période glaciaire. D’après la flore des vallées inférieures situées au pied des grands massifs alpins à l'époque quaternaire, telle qu'on peut la conjecturer des recherches de M. Stop- pani (1), les végétaux alpins auraient trouvé dans le climat relativement doux de ces vallées un obstacle à leur diffusion. Et d'ailleurs ils ne sauraient se répandre par les moyens de transport actuels ; et les temps antérieurs ont offert des difficultés plus considérables encore à leurs migrations. 4. La distribution actuelle de certains types végétaux plaide contre la provenance polaire de la flore alpine. Parmi ces types, assez nombreux aujourd'hui, l'auteur cite particulièrement les espèces communes aux Pyrénées et aux Alpes orientales; le Gentiana pyrenaica, qui se retrouve dans les Carpathes et en Asie Mineure; le Saxifraga retusa ; le genre Wulfenia, qui a une espèce en Carinthie, une autre dans le nord de la Syrie, une troisième dans l'Himalaya; le genre Ramondia, qui se trouve dans les Pyrénées, en Servie et en Thessalie, et le genre voisiu Haber- lea (2), etc. Il est probable que ces types doivent leur répartition actuelle à l'élévation simultanée ou successive de portions contigués de la grande chaine qui traverse l'hémisphére septentrional de l'ancien continent, des Asturies au Caucase, par les Alpes, les Carpathes et les Balkans. 9. Enfin où était la flore alpine avant de garnir les régions polaires, si lant est qu'elle soit partie du póle? Aucune des découvertes, si nombreuses aujourd'hui, faites dans la flore fossile des régions polaires, ne conduit à concevoir que la flore arctique actuelle ait pu dériver des végétaux qui l'ont précédée dans les mémes régions. Il y a méme là une des lacunes les plus remarquables à constater dans la théorie évolutionniste, à laquelle, sans le vouloir toujours, M. J. Ball a porté plus d'un coup dans son remar- quable mémoire. (1) Corso di Geologia, Milan, 1871-73, vol. 11, pp. 662, 669. Les localités citées par M. Stoppani, toutes deux à 1000 pieds au-dessus du niveau actuel de la mer, sont le val Borlezza, à Pianico, prés du lac d'Iseo,et le val Seriana, près de Leffe. M. Stoppani a trouvé dans l'une de ces localités, avec des restes d'animaux, des débris fossiles d'un Acer, du Buis, de l'Alnus montana, de l'If et d'un Magnolia. Mais l'&ge de ce dépôt est-il facile à caractériser d'une manière indubitable par rapport aux, autres faits de l'époque quaternaire ? . cy Voyez, au sujet de ce petit groupe de Cyrtandracées à distribution géographique si singulière, une note intéressante de M. Masters, dans le Gardeners Chronicle du 23 août 1879. 112 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'auteur anglais ne subira pas le reproche d'avoir cherché à détruire sans rien édifier. Il pense que la distribution relative des plantes qui revê- tent aujourd'hui les diverses chaines de l'Europe doit étre expliquée par celle des continents qui existaient dans nos pays aux temps de l'oolithe, de la craie et du tertiaire moyen. Il va plus haut et plus loin. Quant à l'origine méme de cette végétation alpine, il necraint pas de la reporter plus avant encore. Pendant que se déposaient dans les vallées des conti- nents de l'époque carbonifére les végétaux qui ont formé la houille, les montagnes de la méme époque, dont les végétaux ne pouvaient nous par- venir que trés difficilement, ont dü nourrir une flore toute différente avec des conditions d'insolation et d'aération toute différente. L'acide car- bonique, si abondant dans les couches inférieures de l'atmosphére, devait l'étre beaucoup moins dans les couches supérieures. A l'appui de cette hypothése, l'auteur fait valoir que les terrains les plus anciens sont ceux dont la flore est la plus riche (1). Il emprunte différents exemples de ce fait à la flore des Alpes, tout en reconnaissant l'exception présentée par les Canaries et les iles Sandwich. Le mémoire de M. Ball suscitera probablement quelque controverse. Dés à présent il ne serait pas inutile de faire observer que le principal fait dont il parle, c'est-à-dire l'existence d'espéces disjointes sur des sommets montagneux d'autant plus élevés que leur latitude est plus faible, n'est pas un fait particulier à l'Europe. On a retrouvé des plantes des envi- rons de Paris sur l'Atlas algérien, et méme plus loin et plus haut, sur le sommet d'un pic de l'ile de Fernando-Po et sur les montagnes de l'Abys- sinie, sans qu'on puisse invoquer les phénoménes de l'époque glaciaire pour expliquer ces faits, qui dépendent probablement d'uue loi beaucoup plus générale, dont la formule est encore à découvrir. (4) M. Ball n'ignore pas sans doute que la richesse singulière de certains points des Alpes est expliquée d'une tout autre maniére par d'autres savants. MM. Perrier et Songeon l'ont rattachée à la ligne suivie par la formation anthracifère, ce qui ne s'écarte pas essentiellement de son opinion (Bulletin, session de Chambéry, vol. x, p. 675); mais M. Alph. de Candolle (Sur les causes de l'inégale distribution des plantes rares dans la chaine des Alpes, in Actes du Congrés international de Florence) pense que « les vallées et les groupes de montagnes qui ont aujourd'hui le plus d'espèces rares et la flore la plus variée appartiennent aux districts dans lesquels la neige ct les glaciers ont duré le moins »; et qu'au contraire « les parties pauvres, quant à la flore, sont celles où l'influence des neiges et des glaciers s'est le plus prolongée ». Resterait à savoir si les deux manières de voir sont inconciliables. Dans le même mémoire (qui porte précisément pour épigraphe une phrase de M. Ball), M. de Candolle accorde que « certaines espèces de la zone alpine la plus élevée, comme plusieurs Pedicularis, 0xy- tropis, Primula, qui n'existent ni dans l'intérieur de la Suisse, ni dans le nord de l'Europe, paraissent plutót d'anciennes plantes de la chaine des Alpes descendues et couservées au midi pendant la grande invasion des neiges, et revenues ensuite sur les premiers points libérés de neiges ». REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 113 Souvenir d’un voyage botanique en Corse, de Corte à Ajaccio ; par M. X. Gillot (extrait de la Feuille des jeunes natura- listes) ; tirage à part en broch. in-8° de 7 pages. Ce travail se présente comme un appendice au Compte rendu de la Session extraordinaire tenue en Corse par la Société en 1877, session à laquelle M. Gillot avait pris une part importante. Ce Compte rendu ne contenant que peu de documents sur la dernière partie du voyage, dit M. Gillot, nous avons pensé qu'il ne serait pas sans intérét de signaler les localités les plus riches et les espèces de plantes les plus intéressantes que nous avons pu observer en allant de Corte à Ajaccio par Seroggio, Gatti di Vivario, la forét de Vizzavona et Bocognano. Les indications pré- cises fournies par M. Gillot, fondées sur la récolte de spécimens authen- tiques, rendront service aux botanistes qui feront cette course, esquissée seulement par M. Doümet dans son discours de clôture (p. xxxv du Compte rendu), et queles circonstances n'avaient pas permis aux membres de la Société de faire tous ensemble. Les principales plantes signalées par M. Gillot (entre lesquelles le choix est bien difficile pour une analyse forcément trop restreinte) sont l'Arum muscivorum L., trouvé à l'entrée d'un ravin le long du Tavignano, sur lequel M. Gillot a vérifié les obser- vations de M. l'abbé Boullu (1) ; le Polygala monspeliaca L., nouveau pour la flore de la Corse; l'Euphorbia semiperfoliata Vis., caractéris- tique de la région des Châtaigniers ; les Sedum corsicum DC., Erica stricta Don (E. corsica DC.), Pirus amygdaliformis Vill., et toutes les plantes de la forét de Vizzavona, dont la traversée dure 5 kilométres. Au col ou focce di Vizzavona (1145 métres), est une maison de cantonnier autour de laquelle le sol est couvert par les rameaux déprimés du Juni- perus alpina, Clus., et par l'Astragalus sirinicus Ten. En adressant une demande préalable à l'administration des ponts et chaussées, on pourrait obtenir dans cette maison une hospitalité qui serait propice aux natura- listes, dans cette région solitaire entourée de tant de localités intéres- santes, telles que les sommets du monte d'Oro et du monte Renoso. M. Gillot signale sur les pelouses voisines de la maisonnette une forme naine du Potentilla procumbens Sibth., qui lui semble être à ce type ce que le P. pygmeæa Jord. des mémes montagnes est au P. rupestris L. Un sentier qui part en face de la demeure du cantonnier conduit jusqu au torrent qui descend du monte d'Oro, sur les bords duquel on peut ré- colter : Berberis ætnensis R. et S., Viola biflora L., Fraxinus Ornus L., Cardamine Bocconi Viv., Aronicum corsicum DC., Carex frigida All., Cyclamen repandum Sibth. et Sm., ete. (1) Annales de la Société botanique de Lyon, 4° année, p. 187. T. XXVI. (RSVUr) 8 114 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FBANCE. Pour redescendre du col, la route court le long de talus arides et rocheux süpportant eucore une flore assez riche et curieuse, retraverse la région des Châtaigniers (avec Ledonia arrigens Jord. et Fourr.), que remplacent plus bas le Chêne vert etle Chène-Liège, et tombe enfin dans la région hasse de la Corse occidentale, où le récit de M. Gillot se relie au Compte rendu écrit dans notre Bulletin par M. l'abbé Boullu sur les herborisations des environs d'Ajaccio (1). Structure de Panthère des Fertiltea ; par M. Baillon (Bulletin mensuel de la Société Einnéenne de Paris, séance du 2 juin 1819). On admet parmi les Cucurbitacées une tribu des Févilléées ou Nhaudi- robées, caractérisée par cing élamines libres à anthères hiloculaires. M. Baillon a reconnu que les Fevillea ont les anthéres extrorses et par- faitement unilocnlaires, avec une seule fente de déhiscence, verlicale et exactement médiane. En face de cette fente, l'intérieur de la loge pré- sente une légère saillie verlicale. Ce n'est pas une séparation enire deny loges; c’est l'organe désigné sous le nom de placentoide par M. Chatin (2). Outre cetle loge de l'anthére, le connectif des Fevillea présente encore une plaque dorsale assez épaisse; ou plutòt c’est Jui qui déborde de chaque cóté la loge sous forme d'une plaque dont le plam est yertical. Aprés la déhiscence de l'anthére, les deux valves de la loge, quj éfaient d'abord légèrement incurvées pour enclore la cavité pollinifére, s'étalent, puis se récurvent, de maniére à venir reconyrir en dedans toute la plaque du connectif qu'elles débordent à leur tour. Jl en résulte de chaque côté, entre la mojlié de Ja lame du connectif ej la paroi récuryée de la demi- loge, une cayité qui a probablement été prise pour une loge d’anthère, ce qui a fait considérer celle-ci comme biloculaire (3). | Inflorescences avec ascidies dans le Pois cultivé (Bul- letin mensuel de la Société Linnéenne de Paris, séance du 5 février 1879). M. Dutailly a décrit autrefois la production d’ascidies, par monstruo- sité, chez Jes Fraisiers et chez les Pivoines. Sur les Pois, dont les infle- rescences unilatérales sont très fréquemment réduites à deux et méme à une seule fleur, le rachis principal ayorte au niveau méme de l'inser- (1) Bappelone ici que notre session en Corse a élé l'objet d'un compte rendu de M. Olivier, dans les Annales de la Société d'horticulture de l'Allier, et d'un autre de M. Sargnon dans les Annales de la Société botanique de Lyon. | (2) Voy. le Bulletin, t. xiu (Séances), p. 84. (3) Le genre Hypanthera Silva Manso ne différait des Fevillea que par les anthères uniloculaires, avant l'observation de M. Baillon. La synonymie est aujourd'hui complete, et il semble que le genre entier devrait prendre le nom de Nhandiroba Plum. au point de vue des droits de l’antériorité. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119 tion de la dernière fleur, et quelquefois méme l'avortement de cet organe est tel qu'il ne produit méme plus aucune fleur avant de s'arrêter. Il s'effile et se termine en pointe à la facon des vrilles foliaires des mémes plantes. Or, à la place de la fleur supérieure ou de cel axe principal effilé, M. Dutailly a fréquemment rencontré un cornet de consistance foliacée, fortement évasé, du fond duquel s'élevait un filament gréle et court, terminé en pointe (4), quelquefois surmonté d'une fleur, qui pa- raissait ainsi sortir du fond de l'ascidie. Quelquefois celle-ci devenait i irré- guliére et prenait l'aspect d'une fenille peltée, de forme ovalaire, dont le pétiole avait une insertion nettement excentrique, et dans certains cas ses bords offraient deux échancrures latérales qui le divisaient en trois lobes. M. Dutailly a reconnu dans le lobe médian une feuille et dans les deux latéraux les stipules de cette feuille. Enumeration of Polyporus; par M. €. Cooke (Transactions and. Proceedings of the Botanical Society, t. xui, 2° partie, pp. 131- 159) ; Édimbourg, 1878. Peu susceptible d'analyse, cette énumération présente cependant un incontestable intérét pour les spécialistes. Elle est dressée par ordre alphabétique ; M. Cooke a pris soin d'indiquer l'anteur et de renvoyer à la description originale de chaque espèce, ainsi que d'en faire connaitre la distribution géographique. Un certain nombre de synonymes sont i indi- qués, mais M. Cooke a évité, d'une manière générale, de se prononcer sur la valeur des espèces. Description of Hieracium Dercari, n. sp.; par M. J.-T. Boswell (Transactions and Proceedings of the Botanical Society, t. xur, 2° partie, pp. 211-216). | Cette plante croit sur les bords de plusieurs lacs ei) Écosse. Elle "i Spécifiquement voisine des Hieragium Juranum Fr. gethicum | Fr. strictum Fr. L'auteur expose les différences qui sont 'surtopt, à ce qu f nous semble, des différences dans la longueur ou la largeur des organes et dans le vestimeninm. Il wa pas donné de diagnose latine que nous puissions reproduire. Notice of a new Species of Agaricus; par M. John Sadler (ibid. pp. 216-217). (1) Cet ayortement d'un pédicelle Dor ifère, réduit à l'état aristiforme, fait penser aux arétes des Graminées, dans les: uelles y. Duyal-Jouve a recounu la structure axile, et aux prétendues « soies » des Setaria (Chetocladi des botanistes descripieurs, Mm üste des Allemands) récemment étudiées aussi par M. Dutailly, et dans uelles on à reconnu depuis longtemps des axes avortés. (Voy. Schlechtendal, "Uehe? Setaria, in Linnca, t. xxxi, p. 387.) 416 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Agaricus (Clitocybe)Sadleri Berkeley: « Cespitosus olidus ; pileo plano- depresso vel umbilicato, flavo, centro fulvo, primum sericello demum versus centrum glabrescente; stipite deorsum inerassato luteo fulvo- fibrilloso glabrescente, lamellis citrinis tenuibus confertissimis decurren- tibus, margine integerrimis. » Cette espéce a élé trouvée à l'intérieur d'un baquet de chéne, dans un des fourneaux qui servent à chauffer les serres du jardin botanique. Mellera, a new genus of tropical African Acanthaceæ; par M. S. Le M. Moore (The Journal of Botany, août 1879, pp. 225-226, avec une planche). Le nouveau genre, qui vient des bords du Zambéze, oü il a été recueilli en premier lieu par M. le D" Meller, appartient à la tribu des Hygrophi- lées. Il a été établi pour la plante indiquée par M. Benthan (Gen. pl. u, 1080) comme appartenant au Paulo-Wilhelmia. Undersogelser og Betragtninger over Cycadeerne (Re- cherches et remarques sur les Cycadées) ; par M. Eug. Warming (Over- sigt over det Kongelige Danske Videnskabernes Selskabs Forhandlin- ger, 1811, pp. 88-144, avec 4 planches). Les recherches de l'auteur ont principalement porté sur le Ceratozamia longifolia, le C. brevifrons, le Zamia furfuracea, le Z. Leyboldi et le Z. muricata, le Cycas circinalis, le C. robusta, le C. Cairnsiana et le Dioon imbricatum. C'est l'organogénie du Ceratozamia qu'il a été le mieux à méme de suivre. En novembre, dit-il, « les fleurs apparaissent entre les feuilles ; le nucelle et le tégument sont déjà formés dans la fleur femelle; les anthéres sont assez avancées. En décembre, le sac embryonnaire prend naissance en déplacant les autres cellules du méme groupe que celle d’où il provient. En janvier, la chambre pollinique est formée et l'endosperme se montre. En mars, le sac embryonnaire est rempli d'endosperme, et les archégones apparaissent (1). En avril, la cel- lule centrale des archégones ne renferme encore qu'une petite quantité de protoplasma; le noyau occupe l'extrémité supérieure de la cellule. (1) Il est à peine nécessaire de faire remarquer que, sous la dénomination d'arché- gones, M. Warming décrit les organes désignés sous le nom de corpuscules par R. Brown et depuis par un grand nombre d'auteurs. Le noyau est la cellule-fille du corpuscule, pour laquelle les mémes auteurs avaient réservé le nom de vésicule embryonnaire, tandis que M. Al. Braun, dans son mémoire sur la polyembryonie, a donné le nom de vésicule embryonnaire aux corpuscules. Dans cette dernière manière de voir, l'organe femelle, avant de constituer un embryon, développerait dans son intérieur une cellule de seconde formation, tout comme l'organe mâle ou le grain pollinique développe à l’in- térieur de l'endhyménine, chez les Conifères, une cellule-fille d’où naît le boyau polli- nique. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 417 En avril-mai, la floraison a lieu, les carpelles s’écartant pendant quelques jours les uns des autres pour se réunir ensuite. En juin-juillet, les arché- gones se remplissent de protoplasma ; le noyau descend vers le milieu de la cellule. En août, le noyau s'évanouit; la glycose disparait des cellules endospermiques, qui se chargent d'amidon; il se produit des grains d'aleurone fusiformes. De septembre à décembre, prend naissance le tube proembryonnaire, qui croit au sein de l'endosperme. Enfin, en décembre et janvier, les graines mürissent et tombent; si celles-ci sont semées, l'embryon se forme dans leur intérieur aprés l'ensemencement, et apparait au dehors de la graine au bout de 6-9 mois. M. Warming conclut de ses recherches que, parmi les Coniféres, c'est du Ginkgo que les Cycadées se rapprochent le plus. Il signale notamment la grande ressemblance des feuilles des Cycadées avec celles des repré- sentants fossiles du Ginkgo, tels que le Baiera,le Czekenowskia, etc. M. Warming cherche aussi à préciser les rapports des Cycadées avec les Cryptogames, en insistant sur le caractère cryptogamique de la formation tardive de l'embryon. Il compare l'enfoncement du nucelle dans le car- pelle à celui du sporange dans le tissu de la fronde chez l'Ophioglossum. Son mémoire abonde en comparaisons de ce genre, comparaisons entre la microspore et le grain de pollen, entre le microsporange et le sac polli- nique (celles-ci sont classiques en Allemagne), entre le macrosporange et le nucelle. Celle-ci est plus spéciale à l'auteur, et concorde avec les déve- loppements que MM. Cramer et Celakovsky ont donnés de la théorie ovu- laire de M. Brongniart. Le nucelle est à son origine formé sur un lobe de feuille comme le macrosporange. Ce lobe de feuille produit chez les An- giospermes le tégument de l'ovule, et la feuille est le carpelle lui-méme. Chez les Cycadées, M. Warming est trés disposé à assimiler le tégument ovulaire à l'indusium des Hyménophyllées ou des Dicksoniées. Si chez les Coniféres le tégument nait par un double croissant, cela ne prouve nulle- ment, dit-il, que ce tégument soit formé de deux feuilles indépendantes, comme l'ont prétendu MM. Baillon et Strasburger. Flora Kareliæ onegensis; par M. J.-P. Norrlin. II. Lichenes (Meddelanden af Societas pro Fauna et Flora fennica, 1816, pp. 1-46). Ce mémoire, renfermé dans un cahier qui ne nous a été adressé que récemment, renferme l'exposé de travaux communs à M. Nylander et à M. Norrlin, précédés d’un exsiceata important, l'Herbarium Lichenum Fenniæ, sur lequel il est fondé. | Les espèces énumérées par l’auteur sont au nombre de 464. Un petit nombre sont nouvelles, entre autres le Lecidea circonfluens Nyl., aff. `L. soredizæ Nyl. 418 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Syitibolæ and Mycologiain feñnieam ; auctore P.-A. Karsten (ibid., pp. 55-59). Les espèces nouvelles décrites dans ces notes sont les suivantes : Pe- ziza syrjensis, P. Thumenit, Rutstremia gracilipes, Agaricus (Ento- loma) quisquiliaris, À. (Galera) flexipes. Des raisons de synonymie amènent l'auteur à changer en Karstenia Fr. in litt. le genre Chailletia Karst. Myc. fenn. 1, 91 ; ct en Selinia le genre Hypocreopsis Winter non Karst. Memoria sobre à Ararótid j jar M. le D' J.-M. de Aguiar. Bahia, 1819. L'Araroba du Brésil, nommé par les Portugais Angelim amaroso, et dans le commerce sous le nom singulier de poudre de Goa, est une poudre anthelminthique dont l'origine est restée longtemps indéterminée. On savait qu'elle était fournie par un arbre de la province de Bahia. Üne bouture de cet arbre rapportée au Jardin botanique d'Édimbourg par M. J.-L. Paterson avait engagé M. Holmes à attribuer cette espèce à un Cesal- pinia voisin du C. Sáppan. M. de Aguiar donne dans son mémoire une description compléte de la plante, ainsi qu'une figure de sa fleur et de son feuillage (1). C'est ine Légumineuse à feuille imparipennée et à fruit monosperme, qu'il rapporie au genre Andira, lequel comprend déjà des végétaux anthelminthiques. Uebér drei heite Pilze; par M. P. Magius (Verhdndlungen des botanischen Vereins tler Probinz Brantdenburg, 1818, pp. 50-54). Les trois Champignons nouveaux décriís dans cette note de M. Magnus sont : 1^ l'Ustilago Urbani, découvert par M. Urban sur fes feuilles du Setaria viridis encore enroulées dans le bourgeon ; ® l'Urocystis primu- licola, observé dans l'ile de Gothland sur le Primula farinosa, et qui parait voisin du Sorisporium Trientalis ; 3° le Schinzia cypericola, étudié par M. Cárl Müller sur les racines du Cyperus flavescens, et voi- sin du Schinzia cellulicolu observé sur les racines d'un Iris par M. Niegeli (Linnea, 1842, p. 219). Uelie? einen nénen parasitisthen Phycoinyceien aus der Abthellüng der osporen (Sur ui nouveau Phycomycète para- site de la division des Oosporées); par M. W. Zop? (Verhandlungen des botanischen Vereins der Provinz Brandenburg, 1818, pp. 11-19). On sait que les Saprolegniées (sensu latiore) se divisent en deux (4) Le tout est reproduit dans le Pharmaceutical Journal, numéro du 19 juillet 1878. ' REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 419 groüpés: les üties (Saprolegnia, Pythium, Cystosiphon, ete.) offrent unie différence marquée entre leurs organes de végétation et léurs orgaties de reproduction ; les autres, les Ancylistées de M. Pfitzer, n'offrent pas la méme différence. Á ce second groupe appartiennent les genres Áncylistes Pfitzer, Myzocytium Cornu, Lagenidium Schenk et Achlyogeton Schenk. Le nouveau parasite a été observé en 1874, par M. Zopf, au milieu des filiments d'un Spirogyrd. Il eu à suivi lè développettént dans le labora- toire de M. Kny. Il lé rapporte aŭ genre Lagenidium, sous le nom de L. Rabenhorstii, tout en reconnaissant qu'il s'écárte ile ce genre pat les z00sporés rénifütines ét munies de deux tils. Verzeichniss der bisher in der Mark Bründetnbürg beobaehtéten Lichene (Énumération des Lichens observés jusqu'à ce jour dans la marché de Brandebourg); par M. Gustave Egeliit (Verhandlungen des botanischen Vereins der Provins Bran- denburg, 1878, 2* partie, pp. 17-50). Les Lichens dont la présence a été constatée par l'auteur dans la marche de Brandebourg sont au nombre de 256. Il a suivi la méthode de M. Kærber. Aucune nouveauté n’est signalée dans cette énumération, qui se borne à peu prés à un eatalogue d'espéces et de localités. Teucrium Halacsyanum, n. sp.; auctore Th. dë Heldreich (OE sterreichische botantsche Zeitschrift, août 1879). Cette espèce nouvelle, trouvée en Grèce, sur la déclivité du mont Tájliiassus, appartient adi groupe Isotríodon Boiss., où elle est notammenit voisine du T. Mulibretii Bentli., dont elle diffère par « indumento densiore et longiore villoso, foliis minoribus, iüfloresébitia racemosä laxiore, calyce longiore, corolla longiore violaéea aliisque notis, » Parmi les espèces européenries, elle ne présente quelque ressemblance qu'avec le Teucrium fragile Boiss. d'Espagne: Bericht über die Weltausstellung in Paris 1828; vi. Heft. Pflanzen-Bohstoffe (Comptes rendus de l'Exposition inter- nationale tenue à Paris en 4878 ; vine partie: Les matières végétales brutes); par M. Joseph Moeller. In-8° de 104 pages, avec Ji gravures sur bois; Vienne, 1879. Ce rapport est divisé en délix parties. La première concerne lés matières linnantes ét lès matiérés GoluFantes; la seconde, les maliérés téxtiles. L'autedr, qui s'est fait connattre déjà par des publications d anatóttiie végélalà, a inséré dans son travail dés documents originaux d’histologie. On les lira avec d'aitant plus d'intérêt que plusieurs des matières sur 120 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lesquelles ont porté ses investigations sont encore fort peu connues, et qu'elles intéressent vivement notre industrie. Sulla diffusione di liquidi colorati nei fiori; par M. P.-A. Saccardo. Mémoire communiqué à l'Académie royale de Padoue dans sa séance du 25 mai 1879. On sait que l'absorption artificielle de liquides colorés par les fleurs a déjà provoqué des travaux de la part de plusieurs botanistes. M. Saccardo, avec l'assistance de son aide-naturaliste, M. Luigi Vido, a fait. un grand nombre d'expériences sur ce sujet. Il a reconnu que l'absorption exige, pour s'opérer rapidement, les conditions suivantes : 1° que les rameaux ou les hampes vivantes soient séparés tout fraichement des plantes vivantes; 2" que la surface de section soit aussi nette que possible ; 3° que les fleurs placées dans les liquides colorés soient exposées à l'air et pendant quelque temps à la lumière solaire ; et 4° que l'expérience ait lieu par un temps serein, sec et chaud. M. Saccardo a constaté que l’action du picrate d'ammoniaque, du suc de Phytolacca, du rouge végétal (Carthamus tinctorius) est plus faible que celle de l'aniline, du carmin ammoniacal, de l'extrait de bois du Brésil, du sulfate de fer ou de cuivre, et que l'on obtient à peine des traces d'absorption en employant le safran, le Morus tinctoria, ou le bois de Campéche. Inutile d'ajouter avec l'auteur que l'arrosement avec des solutions colo- rées n'est pas un moyen certain d'obtenir la coloration des fleurs. Nota alla morfologia ebiologia delle Alghe ficocromaces: par M. A. Borzi (Nuovo Giornale botanico italiano, vol. x, n° 3, pp. 236-289, avec 4 planches). Parmi les notes nombreuses de physiologie et de taxinomie éparses dans ce grand mémoire, il faut constater d'abord le point le plus impor- tant. M. Borzi a établi que la reproduction par spores n'est pas particu- lière aux Nostocacées, mais appartient aussi aux représentants des Scyto- némées et des Rivulariées (Calotrichées, Thuret). Il a pu étudier sur le vivant, dans les environs de Vallombrosa, un grand nombre des types de ces Algues inférieures, et en suivre le développement. Il a examiné l'in- fluence que peuvent exercer la lumiére et la chaleur sur la direction et le mouvement des hormogonies. Il a reconnu que celle de la lumière est presque nulle, l'obscurité n'arrétant pas la multiplication des Nostoc, dont les articles détachés continuent à se mouvoir pendant la nuit comme en plein jour. Au contraire la température paraît avoir sur ces mouvements une influence indéniable. L'observateur a vu les filaments d'un Nostoc en voie de développement sefdiriger vers la paroi échauffée du vase où ils REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 194 vivaient. M. Thuret avait reconnu une action. analogue à la lumiére. Il nous semble que dans certains cas les effets des deux agents doivent se confondre. M. Borzi donne des détails intéressants sur la durée et les autres caractéres des mouvements des hor mogonies, ainsi que sur le déve- loppement de la spore et sa germination. Dans la partie systématique, nous devons citer le genre nouveau Ino- cystis, qui a pour caractères : « Thallus minimus, læte cæruleus ; tricho- mata tenerrima, heterocystis destituta, in thallum irregulariter diffusum paralleliter aggregata. » — L’Isocystis messanensis a été découvert par M. Borzi dans une source d'eau douce à Messine, au milieu de Diatomées et d'autres Algues. Florula algologica della Sardegna; par M. A. Piccone (Nuovo Giornale botanico italiano, t. x, n° 3, pp. 289-397). Le seul travail où l'on pût aujourd'hui puiser des documents sur les Algues de la Sardaigne était le catalogue publié par Moris dans le 3* fas- cicule du Stirpium sardoarum Elenchus, catalogue qui a` servi de base au travail de M. Piccône, grâce à la communication de l’herbier corres- pondant, qu'il a due à l’obligeance de M. Delponte (1). Il a rassemblé en outre des collections faites en Sardaigne, principalement aux environs de Cagliari, par divers naturalistes, et a pu porter à 330 le nombre des Algues de Sardaigne, qui ne s'élevait qu'à 68 dans le catalogue de Moris. Il avait dû pour ses déterminations des secours précieux à feu M. le professeur Zanardini, et, pour les Diatomées, à M. Grunow. Funghi del Napoletamo. Parte 1 et m. Basidiomiceti ; par M. O. Comes (extrait de l Annuario della R. Scuola superiore di agri- coltura in Portici, vol. 1, 1878); tirage à part en broch. in-8° de 143 pages, avec 3 planches. Naples, 1878. L'auteur énumére dans ce mémoire trois cents espéces de Champignons ; un grand nombre d'entre elles sont l'objet de notes importantes : nous citerons notamment celles qui concernent le Polyporus Tuberaster (Pie- tra fungaja) et la phosphorescence de l'Agaricus olearius, phosphores- cence qui se maintient aprés l'immersion dans l'eau à 15 degrés, mais qui cesse immédiatement aprés l'immersion dans l'alcool. | M. Comes a décrit une espèce nouvelle, Agaricus Severini : « Candi- dus e velutino-glabrescens, pileo membranaceo, margine integro inflexo , stipite brevi, incurvo, demum laterali, rarius evanescente, basi villo denso pradito; lamellis decurrentibus, simplicibus, inæqualibus, linearibus. » (1) Bertoloni a signalé dans son Flora italica cryptogama, comme recueillies ^ Sar- daigne par Moris, quelques espèces qui cependant manquent au catalogue de ċe derni auteur, 199 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Sulla strütitiráà florale e le iffinità di varie famiglie dícotílédóni inferiori; par M. T. Caruel (Nuovo Giornale bota- jiico italiano, t. xi, n° 1, pp. 10-24, avec 2 planches). M. Caruel examine successivement dans ce mémoire les Gallitriche, les Loranthacées, les Welwitschia, les Datisca, les Aristolochiacées, les Hip- puris et les Pistacia. Il pense que les Callitrichées sont voisines, comme famille distincte bien entendu, des Casuarinées. Les Loranthacées des auteurs comprennent pour lui deux familles distinctes, les Loranthacées etles Viscacées Miers, qui présentent cependant la méme constitution fondamentale du gynécée, quelque peu analogue à celui des Gnetum. Le genre Wélivitschia doit faire, d’après M. Garuel, lë type d'une famille pat- ticulière, comme l'avait écrit d'abord Welwitsch lui-méine(1); cette famille réunirait étroitement les Gymnospermes au reste des Phanéro- games, connexion établie aussi par des groupes intermédiaires tels que les Casuarinées, les Myricacées, les Viscacées, ce qui fait dire à l'auteur qu'il n'est plus possible de conserver aujourd'hui la division fondamentale des Phanérogames en Gymnospermes et Angiospermes, quel que soit dail- leurs le nom qu'on donne à ces deux derniéres divisions. Les Datiscées, qui se réduisent probablement au genre Datisca, paraissent à M. Caruel se rapproelier surtout des Bégoniacées, parmi lesquelles on trouve des ovaires uniloculaires à placentas pariétaux chez les genres Mezierea et Hillebrandia. Les Aristolochiacées doivent être distinguées comme famille des Asaracées, et méme assez éloignées de ces dernières. L'étude des Hippuris amène Päütedt à rétablir la famille des Hippuridacées de Link, qui est potir lui voisine des Ghlorantháeées; les Haulóragüeés sont alòrs restreintes aux genres Loudonid, Hulorrhagis, Meionectes, Serpi- cula, Proserpinaca et Myriophyllum, et constituent aitisi un groupé nàtu- rel dont est exclu le genre Gunnera. Les Pistacia, que tous les auteurs s'accordent à placer parmi les Anacardiacées, s'en éloignent par l'inéga- lité des sépales, le défaut absolu de disque, la superposition des étamines aux sépalés dans la fleur mâle, les stigmates étalés, le légument simple de l’ovule et là radicule dirigée à l'opposé du hile; M. Caruel pense que la tribu établie par M. Marchand sous le nom de Pistiacées devrait être éle- vée au rang de famille, famille peut-être plus voisine des Euphorbiacées que des Anacardiacées, Oh voit que M; Garuel n’est pas enclin à chercher parmi les Polypétales la place des groupes inférieurs; Il ne partage pas les errements de oer- tains botanistes descripteurs qui admettent facilement un genre anomal ou un type réduit dans une famille où ils fónt exception; Avec ces procé- (1) Archives de la Bibliotheque universelle, vol. x1, p. 197, 1861. REYUE BIBLIOGRAPHIQUE. |. 193 dés d'anomalie et de réduction, dit M. Caruel, on va loin ; et l'on arriverait vite ainsi à figutér uir Orchis comme lå réduétiot d'une Iridée, les Globu- lariées comme des Labiéés ànomales, etè. TI eonviétit, selon lui, de ne pas s'attacher à une ressemblante quelconque pour parquer dans un méme groupe, invitá natura, des types très dissemblables à tout autre égard. On remarquera aussi que M. Garuel ne se fait aucun scrupule d'établir des familles nouvelles. Il n'y voit en effet guére d'inconvénient; l'impor- tant est pour lui que les familles soient bien circonserites, et autant que possible de méme valeur; Le reméde à la multiplication des familles se trouvera d'ailleurs, dit-il, dans l'établissement des groupes supérieurs ou classes. Malheureusement les botanistes actuels s'entendent encore bien moins suf les élássés que sur les familles. Lichenes insulz Sardinis recensuil F. Baglieito (Nuovo Gior- nale botanico italiano, 1879, n* 1, pp. 50-123, avec 2 planches). Cette énumération, dressée suivant la méthode de M. Massalongo et les errements adoptés déjà antérieufétietit par l’auteur lui-même dans son Prospectus des Lichens de Tostätie (1), eóitipretid 317 Licliétis ‘un cer- tain nombre d'espéces y sont publiées pour la premiére fois, dans les genres Lecanora, Rinodina, Gyalectä, Lecidea, Melaspiléa, Arthothe- lium, Placidiopsis, Polyblastia, Sagedia et Polychidium. Quelques-unes de ces nouveautés ont paru dans l'Erbario crittogamico italiano. Les blariches représentent lës spores d'un grand nombre d'espèces. Ueber Rundwerden ói Cactes-Stämaen (De l'arrondisse- ment des tiges de Cactées); par M. H. Hoffmann (Wiener illustrirte Gartenzeitung, 1816, 6° livraison), M. Hoffmann à décrit dans cette note un certain nombre de faits curieux, observés par lui sur l'Opuntia brasiliensis el sur l'O. Ficüs indica. Va X. vu maintes fois les articles aplatis d'un de ces Opuntia donner naissance à un rameau cylindrique, qui a pu atteindre jusqu'à 10 pieds de longueur, et produire énsuite des articles de nouveau aplatis: On avait jadis pensé que les tiges cylindriques observées chez les Opuntia provenaient directement de graines. M. Hoffmann prouve faeilement qu'il n'en est rien; d'áilleurs on sait que ces plantes ne suht guère élevées de graines: M. Hoffmann ajoute à cet ensemble dé faits; fournis par dés Opuntia, un fait analogue constaté par lui sur l'Euphorbia canariensis; dont il a vu les liges à cinq angles faire plate à un rameau parfaitement arrondi (2). a) Voy. le totiié tit du Nuovo Giornale. (2) Lë Gartenflorá te M. Regel (1877, p. 299) a cité l'ezeinplé d'un Geretis gigati- leus qui aprés avoir été sphérique dans sa jeunesse pendant plusieurs années, était devenu plus tard prismatique. 194 ` SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Zur Gramineen-Flora Œsterreich-Ungarns ; par M. E. Hackel (GEsterreichische botanische Zeitschrift, juillet 1879). Ce mémoire est principalement consacré à l'étude du genre Bromus, et notamment des espéces du groupe du Bromus erectus. Voici le résumé des descriptions de l'auteur : . I. Vaginæ emarcidæ in fibras intertextas solutæ. A. Folia velutino-tomentella.................... B. Folia sparsim pilosa et ciliata vel omnino glabra. a. Racemo simplici conferto, pedicellis infimis spiculam vix æquantibus....... esse b. Panicula 15 c. et ultra longa, radiis infimis spicula longioribus................... M. Vaginæ emarcidæ integri vel in fibras solitarias non intertextas solutæ. A. Rhizoma dense cespitosum sine stolonibus. a. Foliorum lamina: et praecipue vagin: pa- tenti-villosæ, non ciliatæ. a. Lamina inferne glabra, panicula con- densata....,................... B. Folia omnino villosa, pan. laxiuscula. b. Foliorum vaginæ et lamine breviter pu- bescentes, ciliatæ..............,..... c. Folia in nervis et margine sparsim ciliata v. omnino glabra. æ. Panicula laxiflora, ramis arcuatis spi- cula multo longioribus, glumis inæqualibus .,.......,.,....,.., 8. Panicula stricta, ramis erectis spicula paulo longioribus, glumis sub- equalibus. .................... . B. Rhizoma stoloniferum. a. Folia molliter patenti-villosa............. b. Folia glabra, planta glauco-viridis....... B. tomentillus Boiss. B. variegatus M. B. B. fibrosus Hack. B. condensatus Hack. B. caprinus Kerner. B. pannonicus Kumm. et Sendt. B. transsylvanicus Steud. B. erectus Huds. B. vernalis Panc. B. albidus M. B. Synopsis analytique des plantes vasculaires du départe- ment des Bouches-du-Rhóne, et Éléments de botanique, avec de nombreuses figures dans le texte, à l'usage des étudiants en méde- cine et en pharmacie ; par M. le D° A.-G. Bouisson, In-16 de 453 pages. Marseille, chez Étienne Camoin, 1878. L'auteur, appelé récemment à la chaire d'histoire naturelle de l'École de médecine et de pharmacie de plein exercice de Marseille, a remarqué que l'absence d'une flore analytique locale constituait une lacune, et à REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 voulu, en la comblant, aplanir une difficulté qui génait l'instruction des étudiants groupés autour de sa chaire. Son ouvrage, divisé en deux parties, contient d'abord des généralités sur la botanique, dans lesquelles l'auteur a résumé trés briévement l'état de la science, non sans faire quelques emprunts à la terminologie alle- mande nouvelle; puis l'étude de la flore du département. L'observation directe lui a, dit-il, servi à contróler l'analyse de la plupart des familles et d'un grand nombre de genres. Quant à l'analyse des espéces, il ne fait aucune difficulté d'avouer qu'elle n'est dans sa flore qu'un travail rapide de pure compilation. Les espéces critiques n'y sont citées que pour mémoire, et aucune localité n'est indiquée par lui pour celles qu'il énumère. Recherches sur les Dépazéées ; par M. Louis Crié (Annales des sciences naturelles, 6* série, t. vir, pp. 1-60, avec 8 planches). On sait que les Dépazéées constituent une série inférieure de Champi- gnons Pyrénomycètes ou de Sphéries foliicoles, se distinguant par les taches thalloides qui servent de support à leurs appareils reproducteurs. A l'ori- gine, lors de la premiére invasion du parasite, on voit un simple point noir en attester la présence sur la feuille : c'estl'état naissant du Depazea, ce queles mycologues ont depuis longtemps désigné sous le nom d'Ecto- stroma Fries. La tache grandit en dénaturant la feuille. Sous l'influence du parasite qui constitue un ferment, la chlorophylle est profondément modifiée ; cette modification peut aller jusqu'à la résorption et à l'ulcéra- tion des organes qui portent la tache (1). On a cru pendant un certain temps que ces taches étaient ou des traces d'une lésion pathologique, ou des formes stériles de Champignons. M. Crié affirme qu'elles sont toujours le substratum sur lequel se déve- loppe ultérieurement le systéme reproducteur des Dépazéées. Ce systéme est multiple. Il en résulte un polymorphisme dont la démonstration fait le principal intérét de la thése (2) de M. Crié. De méme que, parmi les Urédinées, on est arrivé à rattacher à la méme entité spécifique des états différents pour lesqules on avait jadis établi les genres Uredo, Puccinia, Uromyces, Triphragmium, Phragmidium ; de même il apparaît à M. Crié que la même espèce de Dépazéée peut offrir les types des anciens genres Sphæropsis, Diplodia, etc. Il ne s’agit méme pas là de phases transi- toires et successives, mais bien d'état divers et cependant simultanés. (1) Voy. le Bulletin, t. xxu (Revue), pp. 55, 56. ` (2) Ce mémoire a servi de thèse pour le doctorat ès sciences à M. Crié, » professeur de botanique à la Faculté des sciences de Rennes. Bien que cette thèse ai été passée au mois de novembre 1878, et ait pu être ainsi l'objet d’une analyse critique dans la Revue scientifique du 30 novembre 1878, elle n'a cependant paru da Annales qu'en février 1879. aujourd'hui 126 SOCIÉTÉ RATANIQUE PE FRANCE. M. Crié a constaté dans le méme sore de Phragmidium des spores sphé- riques ou subsphériques jaunes et brynes, et des spores uniseplées ou pluriseptées, diversement mélangées. De même pour lyi la distinction des stylospores des Depazeg en Gleosporiwm, Sphæropsis, Diplodia, Hen- dersonia ou Pestalozzia, ne repose que sur la prépondérance relalive de l'un ou l'autre de res états dans un sore ou dans une pycnide. Aussi dans l'essai monographique qui termine son mémoire, M. Crié n’admet-il que le seul genre Depazea (Crié non Fries), dans lequelil reconnaît 17 espèces réparties suivant que leurs spores sontindivises, claisonnées ou loculées. M. Crié a décrit avec un soin particulier les spermaties renfermées dans les spermogonies. Il est disposé à les considérer, avec MM. Berkeley et Cooke, comme une sorte particulière de spores, plus imparfaites que les stylospores et les spores endothèques, et germant difficilement. Ce n'est pas comme les stylospores ; M. Crié a obtenu la germination de celles du Pestalozzia monochæta Desmaz., qu'il avait prises sur des échantillons récoltés en 1820. La germination a. été sensiblement la méme chez elles que chez des stylospores prises dans des pycnides de l'année. M. Crié s'est occupé des affinités de ses Dépazéées. On ne sera pas étonné d'apprendre qu'il reconnaît entre les Champignons et les Lichens une relation qui s'établit par des intermédiaires tels que les Strigules. Les Strigules représentent les Dépazéées des Lichens; elles forment le point de passage entre les Pyrénocarpés de M. Nylander et les Sphéries folii- coles du groupe des Depazea. M. Crié a émis en passant, dans sa thése, une assertion qui a fourni le sujet d'une polémique intéressante. En parlant du Sphæria Desmaziert, il s'exprime ainsi : « Les théques de cette Sphérie présentent à leur sommet. une sorte de masse sphérique de nature amyloide. Il suffit de les traiter par l'iode pour voir presque aussitôt le globule se colorer en bleu intense. J'ajoute que cette masse amyloide existe trés nettement formée au sommet de la thèque avant l'apparition des spores. » M. Crié a écrit sur cette « masse amyloide » une note insérée aux Comptes rendus, séance du 7 avril 1879. Elle s'accroit, dit-il, par intussusception, comme les grains d'amidon. Elle est formée dans une profonde obscurité par un protoplasina dépourvu de chlorophylle ; elle est insoluble dans le liquide cellulaire. Tl propose pour ceite matiére amyloide le nom d'amylomy- cine. Il est à remarquer que d’après M. Grié lui-même, ce globule amy- loide ne paratt pas servir au développement des spores. Sur l'apparence amyloide de la cellulose chez les £ham- pignons ; par M. J. de Seynes (Comptes rendus, séance du 21 avril 1819). | M. de Seynes pense que M. Crié a été victime d’une illusion d'optique» REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 127 en étudiant le « globule amyloide ». Il pense que ce globule est simple- ment l'appendice oblong de la membrane interne de la théque. Examiné à un fort grossissement sous l'eau pure, ce corps à tous les caractères d'un épaississement de la paroi de la thèque ; il n'en a pas même comblé toute la cavité, car il présente dans son intérieur un canal quelquefois linéaire, représentant le dernier vestige du sac interne. Les cellules fon- giques dont les couches d'épaississement réagissent en bleu par l'iode sont déjà connues, dit M. de Seynes, bien qu'en petit nombre (1). La liqueur de Schweizer ne dissout pas ces épaississements, Si on lave la prépara- tion après l'action de cette liqueur, et qu'on la mette en présence de l'eau iodée, la membrane du sac interne bleuit, soit tout enjière, si la thèque est très jeune, soit dans la partie supérieure seulement, si les spores ont commencé à s'organiser. | Sur la matiére amyloide particuliére anx asques de quelques Pyrénomycétes ; par M. L. Crié (Comptes rendus, séance du 12 mai 1879). M. Crié repousse dans cette note l'interprétation de M. de Seynes. Dès l'origine de la théque, dit-il, le globule gélatineux punctiforme, situé bien au-dessus du sommet de la théque, est fort appréciable, gráce aux réactifs iodés... Plus tard, l'existence de la membrane interne peut être constatée alors que le globule parait être en connexion avec elle. Le globule préexiste donc à la membrane interne (2). Etude sur les téguments séminaux des végétaux pha- nérogames gymmospermes ; par M. C.-E. Bertrand (Annales des sciences naturelles, 6* série, t. vit, pp. 10-92, avec 6 planches). M. Bertrand est partisan déclaré de la gymnospermie. Les deux épais- sissements opposés du bord de l'enveloppe qui s'élévent au pourtour du nucelle ne sont pas pour lui les indices de deux car pelles, pas plus qu'ils ne l'ont été jadis pour M. Caspary, ou plus récemment pour M. Caruel. Ce développement par anneau circulaire n'est point, dit-il, celui d'un ovaire, mais bien celui d'un tégument ovulaire, et cela, dit-il, d'aprè ès les dessins de M. Baillon lyi-mème, faits sur des Poødogarpus. La chambre pollinique, signalée pour la première fois par M. Brongniart à la fin de 1875, sur des graines fossiles, constatée plus tard par lui avec le concours de M. Renault chez les Cycadées actuelles et chez les Salisburia, a été trouvée depuis par M. Bertrand dans toutes les Gymneepermes vivantes aujourd'hui, aussi bien dans leurs ovules que dans leurs graines fertiles ou stériles, et (1) Voyez notre séance du 12 avril 1878. (2) Les lecteurs du Bulletin trouveront dans le Compte rendu de nos séances d'autres délails sur ce sujet, fournis par M. Van Tieghem et par M. de Seynes. 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. caractérise la fécondation des Gymnospermes en l'absence d'ovaire et de tissu conducteur. Rien dans le canal micropylaire ni dans la chambre pol- linique ne rappelle le style, ni le stigmate; et la présence d'un réservoir pollinique dans l'ovule gymnosperme rend impossible l'assimilation, méme physiologique, du tégument ovulaire unique des Gymnospermes à l'ovaire des Angiospermes. M. Bertrand s'est particulièrement occupé dans ce mémoire du système vasculaire de l'ovule des Gymnospermes. Les faisceaux vasculaires de cet ovule possèdent tous des trachées. Ils n'existent pas toujours. Chez les Welwitschia et les Ephedra, on observe à peine quelques éléments tra- chéens globuleux à la base de la colonne ovulaire. Les genres Cephalo- taxus et Torreya sont les seuls qui présentent des vaisseaux parmi les Coniféres actuels. Chez les Taxinées, le systéme vasculaire, quand il existe, se borne à deux gros faisceaux diamétralement opposés, ayant les tra- chées extérieures. Chez les Gnetum, il existe une zone vasculaire circu- laire et unique, dont les nombreux faisceaux ont au contraire les trachées internes. Chez les Cycadées, comme chez les Cycadées fossiles de Saint- Etienne, il existe deux zones vasculaires concentriques, l'une dans l'enve- loppe charnue qui recouvre le noyau ligneux, l'autre dans la région com- mune au tégument et au nucelle ; et toutes deux ont, comme la zone unique du Gnetum, les trachées internes. | M. Bertrand a examiné avec attention la maniére dont le tégument ovu- laire se transforme pour former le tégument seminal, transformation qui varie selon la nature de ce dernier; et il a donné sur cette nature variée de nombreux détails que nous regrettons de ne pouvoir reproduire. Cette étude facilitera évidemment la comparaison des graines des genres actuels de Gymnospermes avec celles des genres fossiles. Selon la nature membraneuse ou charnue de l'enveloppe de la graine (qui dans le dernier cas provient souvent d'un arille), la dissémination est directe ou indirecte, c’est-à-dire qu'elle est effectuée par le ventou par les oiseaux. M. Bertrand a consaeré un tableau spécial aux modes de dissémination des graines des Gymnospermes (1). Anatomie du tissu conducteur ; par M. G. Capus (Ann. scienc. nat. 6° série, t. vr, pp. 209-291, avec 7 planches). M. Capus s'est appliqué à examiner le tissu conducteur daus ses états successifs, sur un certain nombre de plantes choisies entre des familles respectivement trés éloignées. Aprés une introduction historique, il exa- mine la formation du tissu conducteur, les caractères que ce tissu pré- (1) On sait que ce mémoire de M. Bertrand a été couronné par l’Académie des sciences (voy. le Bulletin, t. xxiv, Revue, p. 235). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 129 sente dans l'ovaire, dans le style et sur le stigmate; il émet ensuite quel- ques considérations physiologiques sur son róle physiologique. Relativement à son origine, le tissu conducteur, dit M. Capus, peut se constituer, soit par l'épiderme seul, soit par l'épiderme et le tissu fonda- mental. Il peut aussi être un tissu de création complètement nouvelle, un métablastéme résultant soit de la division tangentielle de l'épiderme, soit de cellules du péribléme. Onsait que le tissu conducteur, plein dans certains cas, ne fait dans d'au- tres cas que tapisser la surface d'un canal stylaire simple ou divisé. Dans le premier cas, le tissu plein résulte de la soudure des bords opposés du canal primitif. Ce tissu offre un volume trés-variable, et ce volume est en rapport avec le nombre des boyaux polliniques qui descendent dans l'ovaire, c'est-à-dire avec le nombre des ovules à féconder. Supérieure- ment le tissu conducteur s'épanouit en stigmate. On a pendant assez longtemps discuté sur l'étendue qu'il fallait reconnaitre à ce dernier organe. Payer le rappelait très nettement en 1857, dans son Traité d'organo- génie, p. 131. M. Capus ne reconnaît pour stigmate que la partie formée exclusivement de tissu conducteur, soit d'adaptation, soit de formation nouvelle ; le reste des tissus adjacents, qui ne servent qu'à assurer l'im- prégnation, est l'appareil collecteur. Il va de soi que l'étendue de la sur- face stigmatique est déterminée par le volume du tissu conducteur. D'un autre cóté, selon M. Capus, elle détermine en dernier lieu le nombre des grains de pollen qui peuvent étre fécondés. L'auteur s'est particulièrement occupé du rôle physiologique que rem- plit le tissu conducteur pendant la fécondation. Ce rôle est essentielle- ment de nourrir le boyau pollinique, qui se comporte comme un parasite. Pour cela, quand le canal stylaire est vide, les cellules de ce canal sécré- lent un mucilage abondant qui remplit presque complétement le canal et dans lequel on rencontre à un moment donné un grand nombre de boyaux polliniques (Deherainia smaragdina Decne). Quand le canal est plein, au contraire, il se produit des modifications dans les parois de ses cel- lules au moment de la fécondation ; ces parois se convertissent en gelée (Gesneria elongata), et se dissocient pour livrer passage au boyau. Le massif du Laurenti, ancien Donezan, canton de Quérigut (Ardàche); par MM. Jeanbernat et E. Timbal-Lagrave (extrait du Bul- letin de la Société des sciences physiques et naturelles de Toulouse) ; tirage à part en un volume in-8° de 434 pages, avec 2 planches noires et une grande carte topographique. — Prix : 7 francs 75 cent., chez M. le D* Jeanbernat, 5, rue du Moulin-Bayard, à Toulouse. Ce mémoire se compose de trois parties. Dans la première, les auteurs donnent un aperçu géologique de la région. À ces dotinées générales suc- T. XXVI. (REVUE) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cède un itinéraire détaillé, disposé en courses journalières habilement combinées pour permettre aux botanistes et aux touristes de parcourir le massif dans les meilleures conditions, — Dans la seconde sont énumérées les espèces réçoltées dans le massif du Laurenti par les deux auteurs, avec l'indication des localités et du degré de fréquence. Cette ÉNUIUÉTA- tion renferme plus de 1700 espèces, y compris les Mousses, Elle est accompagnée d'un grand nombre de notes, souvent fort étendues, inter- calées dans le texte et deslinées surtout à la discussion des espèces liti- gieuses. Comme complément, les auteurs citent les espèces signalées dans la région et non retrouvées par eux, mais dont un certain nombre sont bien peu probables. — La troisième partie, qui a pour titre ; Nates et observations, renferme 23 articles dont les principaux concernent : trois espèces nouvelles d'Aquilegia, deux espèces nouvelles de Sem- pervivum et d’autres espèces de ce genre, des espèces nouvelles dans les genres Erysimum, Anacampseros, Ajuga, Succisa e. Campanula (C. Gautieri), des genres diffieiles, et particulièrement répandus dans les Pyrénées, comme les genres Potentilla, Saxifraga et Hieracium. L'une d'elles renferme un véritable essai monographique des espèces pyré- néennes de ce dernier genre. Quelques jours d'herborisation dans les Albères oricn- tales ; par MM. le D" E. Jeanbernat et E, Timbal-Lagraye (extrait des Mémoires de l' Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse) ; tirage à part en brochure in-8° de 52 pages. Le chainon des Albères, né sur Jes flancs orientaux du pie de Costahona, se dirige à peu près en ligne droite vers la Méditerranée, aù il se termine brusquement aprés un parcours de 70 kilomètres environ à vol d'oiseau. La profonde dépression du col du Pertus (290 mètres), par laquelle la route internationale pénètre sur le territoire espagnol, le divise en deux parties, l'une occidentale, qui limite au sud la vallée du Tech, l'autre orientale, plus particulièrement connue sous le nom d’Albères, ei dont S'accupent les auteurs. Ge trançon, qui borde au midi la vaste plaine conquise sur là mer par les alluyions du Tech, du Réar et la Tet, s'élève sans transition, et présente, malgré sa faible altitude moyenne de 600 métres, cet aspect sauvage et tourmenté qui est généralement l'apanage exclusif des montagnes de premier ordre, et qu'il doit à sa constitution géologique. Cependant il ne faut pas oublier que son point culminant, le pic de Nau- fons, atteint 1257 mètres. Les échancrures orientales du chainon donnent les excellents mouillages de Collioure, Port-Vendres et Banyuls, et d'excel- lentes localités peur les chercheurs. Ce sont seulement ces pentes orien- tales ou maritimes qu'ont explorées MM. Jeanbernat et Timbal-Lagrave. Le mémoire que nous annongons ici a pour objet de raconter leurs her- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 431 horisations et de donner la liste des espéces qu'ils ont recueillies dans cha- cune d'elles, en compagnie de notre confrère M. G. Gautier de Narbonne. Viennent ensuite vingt-trois notes sur les espéces critiques. Dans l'une d'elles est décrit l Hieracium Albereanum, n. sp. Sur les volumes d'oxygène absorbé et d'acide carboni- que émis dans la respiration végétale; par M. H. Moissan (Ann. sc. nat., 6° série, t. vir, pp. 292-339). On sait combien est complexe le sujet d'étude offert aux physiciens et aux botanistes par l'ensemble de phénomènes désigné colleetivement sous le nom de respiration végétale. M. Moissan n'a considéré qu'une partie de ces phénomènes. Il tire de ses recherches les conclusions suivantes : 1° Tout organe végétal vivant absorbe l’oxygène de l'air et émet de l'acide carbonique. 2 [L'émission de l’acide carbonique dans la respiration végétale n'est point directement liée à l’absorption de l'oxygène. 3° En général, à basse température, il y a plus d'oxygène absorbé que d'acide carbonique émis. Il existe pour les végétaux une température, variable avec l'espéce, pour laquelle le volume d'oxygène est à peu de chose prés remplacé par un égal volume d'acide carbonique. Si l'on dé- passe cette température, la production de l'acide carbonique surpasse l'absorption de l'oxygéne. Ainsi le Pinus Pinaster, à 0*, pour 100 d'oxy- gène, émet 50 d'acide carbonique; à 13°, pour la méme quantité d'oxy- gène, 77 de gaz carbonique ; et à 40°, il en dégage 114. D'ailleurs le rap- port entre les deux gaz varie suivant la saison, c’est-à-dire suivant l’état de la végétation, et suivant l'état de santé de la plante. Lorsque la plante est souffreteuse, elle émet à une température donnée, par rapport à un méme poids d'oxygène absorbé, plus d'aeide earhanique que lorsqu'elle est saine et vigoureuse. La température d'égalité est plus élevée pour les plantes des régions chaudes (Eucalyptus, Ficus elastica) que pour les Coniféres, plantes des pays froids. On trouvera dans les faits précis et souvent nouveaux, rassemblés par M. Moissan, l'explication de certaines des contradielions qu'on remarque entre les travaux relatifs à la respiration végétale. L'auteur à eu surtout pour but et pour mérite d'étudier les variations des deux phénomènes principaux, et de déterminer les eauses de ces variations. Note sur le genre Mariopleris; par M. R. Zeiller (extrait du Bulletin de lg Société géologique de France, séance du 1" janvier 1819); tirage à part en brochure in-8° de 8 pages, avec 2 planches. Le genre Mariopteris a été établi par M. Zeiller dans le tome Iy de 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Explication de la carte géologique de la France, où il a fait la deuxième partie, qu'accompagnent 18 planches consacrées aux végétaux fossiles les plus importants du terrain houiller. Il s'y est attaché à représenter surtout les espéces les plus propres à servir, à la distinction des niveaux, adoptant la division en trois grands étages proposée par M. Grand'Eury, avec lequel il est complètement d'accord pour l'établissement de ces subdivi- sions et pour la composition de la flore de chacune d'elles. C'est au second de ces étages qu'appartient le genre Mariopteris, et au terrain houiller du nord de la France. Il comprend des espéces rangées par M. Ad. Brongniart dans le genre Pecopteris (P. nervosa et P. muricata) et dans le genre Sphenopteris (S. latifolia et S. acuta). Ces Fougéres pré- sentent un pétiole commun d’où partent deux ramifications nues qui se divisent encore chacune en demi-limbes 3-pinnatifides. Pour le mode de ramification, c'est celui d'un Gleichenia et aussi des Lygodium. M. Zeiller pense que les pétioles communs des Mariopteris naissaient le long du rachis d'une fronde trés allongée, comme le sont les frondes de certains Lygodium. Il expose les raisons qui lui font considérer le genre Mariopteris comme distinct du genre Diplothmema Stur, que M. Stur a comparé à des Acrostichéés actuelles du genre Rhipidopteris. Adnotationes de Spiræaceis ; auctore C.-J. Maximowicz(Travaux du jardin botanique impérial de Saint-Pétersbourg, 1819, t. vi, pp. 105-261). La grande famille des Rosacées a été divisée depuis longtemps en un. certain nombre de tribus qui sont des familles pour ceux qui n’admettent les Rosacées que comme classe. On a eu surtout comme exemple de ce dernier démembrement trois familles, les Amygdalées, les Rosacées pro- prement dites (comprenant les Spiréacées, les Dryadées, les Sanguisor- bées et les Rosées) et les Pomacées. M. Maximowicz a eu en vue un groupement différent. Il réduit les Rosacées proprement dites aux tribus des Potentillées, Rubées (séparant en deux les Dryadées des auteurs, selon que leurs fruits sont secs ou charnus), Sanguisorbées et Rosées ; et son ordre des Pomacées (Pomaceæ L. emend.) comprend deux familles, celle des Pomacées à calice accrescent charnu, soudé avec les carpelles, et celle des Spiréacées à calice herbacé, indépendant des carpelles déhiscents. Ces deux groupes, si distinets, sont reliés par le genre Sportella Hance, que l'auteur laisse dans les Pomacées, et dans lequel les follicules sont plon- gés jusqu'au milieu seulement dans le tube du calice accrescent charnu. Aucun des caractères qui distinguent, soit les Pomacées, soit les Spiréa- cées, c'est-à-dire la soudure des carpelles pluriovulés en un fruit charnu et la déhiscence des follicules, n'existe ni dans les Amygdalées, ni dans les Rosacées restreintes. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 L'auteur a plus de peine à séparer nettement des Saxifragées son ordre des Pomacées, qui ne s'en distingue, dit-il, que par : « Staminibus inde- finitis in verticillos alternantes externos sensim longiores dispositis, neque definitis vel dum numerosa sunt e primordiis definitis per multi- plicationem ortis internis longioribus. » En effet l'albumen existant dans certaines Hosacées, et notamment dans les Gillenia et les Neillia. ne pouvait plus servir ici de moyen de démarcation. La famille des Spiréacées est divisée par M. Maximowicz en quatre tribus, les Spiréées, les Neilliées, les Gilléniées et les Quillajées. L'an- cien genre Spiræa est partagé par lui; il a repris le genre Aruncus L. hort. Cliff. 463, bien distinct sans doute des Spirées orientales par son port, ainsi que par : « calyce in fructu pelviformi et cum staminibus hypogyno, et floribus rite dioicis »; ainsi que plusieurs groupes proposés seulement par des auteurs antérieurs comme sections du genre Spiræa : Sorbaria Ser., Chamæbatiaria Porter, Spireanthus Fisch. et Mey. Il est à remarquer, d'un autre cóté, que le genre Filipendula L. Gen. pl. ed. 1, p. 145 (bien que la monographie de ses neuf espéces soit donnée dans le mémoire), est exclu des Spiréacées et transporté aux Sanguisor- bées, comme ayant : « carpella monosperma, indehiscentia ». M. Maxi- mowiez rejette le genre Pterostemon Schauer dans les Saxifragées, avec M. Baillon, et le genre Canotia aux Rutacées. Sa monographie des Spiréacées est une monographie compléte, avec clefs analytiques (lesquelles ont paru en anglais dans le Gardeners' Chro- nicle), diagnoses, et toutes les indications habituelles. Nous devons noter dans les préliminaires un chapitre sur les ovules, où l'on remarque l'in- constance du nombre de leurs tuniques réduites souvent à une seule, et un autre sur l'androcée. Anatomie und Physiologie der Holzpflanzen ; par M. Th. Hartig. Un volume in-8° de 412 pages avec 6 planches gravées et quel- ques figures dans le texte. Berlin, chez Julius Springer, 1878. — Prix : 20 marks. L'auteur a voulu écrire spécialement pour les silviculteurs. Il nous semble cependant, autant qu'on en peut juger aprés avoir feuilleté un livre aussi étendu, que les divisions de ce livre, sauf une seule, sont à peu prés calquées sur le plan de tous les traités analogues. Il a divisé son œuvre en considérations sur la cellule étudiée en elle-même, sur les agrégats de cellules (Zellensysteme), sur les parties végétales (Pflanzen- glieder) et sur la plante entière. Il en résulte quatre sections : avec la pre- miére, la cellule est étudiée dans sa constitution, dans ses parois, dans Son contenu, dans son développement, dans ses sécrétions ; avec la seconde, l'auteur examine les diverses sortes de tissus, et notamment le systéme 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. laticifère ; avec là troisième, le développement et les fonctions des feuilles, les bourgeons, la formation des feuilles et divers points de là physiologie des racines; avec la quatrième, les phénomènes de nutrition, de crois- sance, de reproduction sexuée, äsexuée ou anomale (c'est-à-dire par racines, bourgeons adventifs, ete.), la métamorphose, la formation des galles; l’itistinct, l’irritabilité, la vitalité des plantes, leurs maladies (1) et leur mort. Le chapitre consacré à la nutrition est peut-être celui qui se présente sous la forme la plus originale. L'auteur y examiné successive- ment quels sont les besoins de la végétation (en carbone, en oxygène, en hydrogéne, en azote, en phosphore), et comment ces besoins sont remplis. Les planches qui terminent le livre de M: Hartig ont toutes été dessi- nées par l'auteur sur des préparations faites par lui. Les grossissements employés sont en général considérables. Ulmoxylon. Ein Beitrag zur Kenntniss fossiles Laubhólzer , par M. P. Kaiser (Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften, t. Lit, 1879, pp. 86-100). Le bois fossile étudié par M. Kaiser provient d'un terrain miocène. Il a été rapporté aux Conifères par la plupart des auteurs qui s’en sont occupés depuis M. Gœppert. L'étude histologique des coupes de ce bois a prouvé à l'auteur que c'était là ute erreur, ét qu'il s'agissait au con- traire d'un bois dieotylédoné. IT en donne la diighosé anatomique, et prouve qüe cette diagnose concorde bien avec lä strücture de notre bois d'Orme, D'où le nom d'Ulmozylon qu'il lui a donné. Sur l'existence d'un appareil préhemnseur ou complé- mentaire d'adhérence dans les plantes parasites; par M. Ad. Chatin (Comptes rendus, séance du 10 février 1879). Nous avons analysé dàns le cahier précédent (p. 44) une note impor- tante de M. Chatin à laquelle celle-ci fait suite. M. Chatin fait ressortir ici l'importance des organes secondaires d'adhérence qui complètent celle que le parasite doit à ses sucoirs, et qui serait facilement compromise par le balancement que tout agent du dehors peut lui imprimer. Ces organes complémentaires sont nomtnés par M. Chatin appareil préhenseur. Le plus souvent cet appareil est constitué par le développement d'uit tissu qui; partant ü parasite vers la base du suçoir, s'étend autour de celui-ci en embrassant la planté noürriciére, comme là ventouse que constituerait lé rebord d'une cloche autoür de son battant. Au lieu d'ap- partenir en propre àu parasite, l'appareil préhériseur peut être fourni par (1) Ceci n'est qu'un résumé très bref. On sait que là science possede sur ce point, et depuis longtemps, uit ouvrage spécial du même aüteur. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 la plante hourriciére, dont les tissus se rélévént autout dü sücoir qu'ils embrassent. lci la cloche est renversée. L'adliérenee entre le parasite et . soi lote peut aussi être complétée par uh grand developpement hypertro: phique commu aux deux plantes et se produisant tout autour du point où s'engage le süvoir. Il est à remarquer que si l'adliérenee est suffisamitient établie etitre le parasite ét son support par des moyens d'ailleurs trés variäbles, l'appa- rèil préhenseur, rendu inutile, ne se formé pas. Íl èn est ainsi cliez le Cuscuta Epithyntum, qui en embrasse les tiges tiourricièrés de sés troncs étroitement serrés, eii méine temps qu'il envoie dans celles-ci des suçoirs nombreux que séparent souvent à peine des intervalles de quel- ques millimètres. Les Cuscuta monogyna et densiflórà ne s'élevant au cóntraire que pat de làcfies tours de spire süt les espèces noürricièrés, en métne temps que leurs sucoits sont rárés ét distaits, oh voit apparaliré autottr de ceux-ci dés adhérentés en féntouse. Quand il existe chez les parasites à appareil préhenseur des suçoirs perdus, c'est-à-dire non engagés dans les plantes nourriciéres, ces sucoirs - ne sont jamais accompagnés d’appäreils préhenseurs. Quand les racines nourriciéres sont engagées complétement dans l'espéce parasite, comme cela se voit chez les vieilles Orobanches, les appareils spéciaux d’adhé- rence n'ont pas non plus de raison d’être: La nature histologique de l'appareil préhenseur est le plus souvent très simple, celüi-c) étant formé en entier par du tissu fondamental, conti- nuation du parenchyme cortical de la plante parasite (Cuscuta densi- flora, Clandestina) ; parfois ce tissu fondamental est doublé d'une zone fibro-libérienne (Cassytha brasiliensis, Cuscuta monogyna), zone qui se dédouble quelquefois dans le Thesium humifusum et qui devient multiple chez le Cassytha Casuarinæ. . M: Chatin fait remarquer combien sont variés les moyens par lesquels la nature a assuré la conservation de ces espéces parasites qui causent trop souvent de graves dommages aux plus précieuses dé tios récoltes, et qui doivent avoit datis son plan général un rôle utile non encore aperçu. Sur Ia formation du latex et des laticifères pendant l'évolution germinative, chez l'embryon du Trago- Pogon porrifolius ; par M. E. Faivre (Comptes rendus, séances du 10 et du 24 février 1819). M. Faivre a fait des observations et des expériences qui tendent à assi- miler le latex aux matiéres de réserve. Ce latex se comporte d'abord Comme le protoplasma. I) naît du protoplasma, n'existant pas quand n germination commence, et se développant pendant la première période 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de cette végétation, en l'absence de chlorophylle et de lumière. Le mi- croscope montre dans les granules du latex, comme dans ceux du proto- ` plasma, la présence de matières grasses et de substances protéiques abon- dantes, d’hydrates de carbone comme de tannin. Quand les plantules sont soumises à l'isolement dans l'obscurité, le latex y diminue graduellement et finit par disparaître, comme disparait dans ces conditions la réserve amylacée. Soumises à l'action de la lumière jaune, les graines forment un latex plus abondant. Dans plusieurs expériences faites pendant l'évo- lution germinative, dans des conditions déterminées d'aération et de tem- pérature, le latex s'est comporté, soit en diminuant, soit en augmentant comme la réserve amylacée. Les mêmes expériences ont été reproduites avec le méme succés sur des Haricots. Le sol riche, comme le fumier, en activant la végétation de la plante, active la destruction du latex ; l'inverse a lieu chez les plantules lentement développées dans du sable calciné. La germination dàns l'oxygéne améne aussi la disparition graduelle du latex. Pourquoi l'on rencontre quelquefois les plantes du calcaire associées à celles de la silice; par M. Ch. Conte- jean (Comptes rendus, séance du 28 avril 1879). On sait combien les plantes qui vivent sur la silice ou sur la chaux répugnent à changer de sol. On a constaté fort peu d'exceptions, et il importe de les mettre en lumière et d'en rechercher la cause (1). Les plus habituelles de ces exceptions consistent dans un mélange des calcicoles et des calcifuges, qui croissent ensemble sur un méme sol et souvent côte à côte. M. Gontejean en cite plusieurs exemples. L'explication de ces anomalies apparentes est bien simple. Dans tous les cas analogues, le sol renferme assez de chaux pour suffire aux calcicoles et n'en contient pas assez pour repousser les calcifuges. La plupart de ces derniéres, en effet, ne sont excluesque par une proportion de 4 à 5 centiémes de chaux, et les plus délicates en tolèrent encore 2 à 3 centiémes, tandis que les calcicoles se contentent de quelques millièmes de cette base et méme à la rigueur de quelques dix-milliémes. On ne doit pas étre surpris qu'une proportion aussi minime de chaux suffise pour fixer certaines calcicoles, si l'on considère qu'en somme cette chaux existe dans les moindres par- (1) On trouvera dans le Nuovo Giornale botanico italiano, cahier de juillet 1878, des documents intéressants, dus à Mgr Haynald, et relatifs à l'une de ces exceptions. Il s'agit du Châtaignier, qui est essentiellement silicicole et qui a été quelquefois constaté sur le calcaire. De nombreuses observations de détail ont été faites sur ce point par les botanistes hongrois. Le savant archevêque de Coloeza, sur l'invitation que lui en avait adressée M. de Candolle, a coordonné ces faits, et conclut que le Chátaignier peut croître sur le calcaire, bien qu'il préfère un autre terrain et surtout les terrains d'éruption. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 137 celles de terrain, et si l'on songe qu'il faut encore bien moins de soude pour fixer les plantes maritimes. Sur nos plages du sud-ouest, beaucoup d'halophytes croissent dans des sables que ne trouble pas la dissolution de nitrate d'argent, et où l'analyse optique trouve avec peine de la soude. Cette méme analyse permet de reconnaitre le méme composé, la soude, dans les racines de plantes terrestres vivant dans un sol qui n'en indique pas le moindre vestige. Ce serait d'ailleurs une erreur, dit M. Contejean, de croire que la végé- tation du calcaire s'introduise dans les régions granitiques dés que la roche fournit quelques milliémes de chaux. Les plantes de la silice, qui se multiplient avec une profusion sans égale, opposent un obstacle invin- cible à la propagation des calcicoles, lesquelles aussi ne s'aventurent pas volontiers sur des sols où elles ne trouveraient qu'une maigre ali- mentation. Les remarques de M. Contejean nous paraissent offrir une application intéressante, et expliquer la formation de certaines variétés appauvries ou xérophiles. Il est possible que les plantes qui les présentent ne trouvent pas dans le sol où elles croissent tous les matériaux nécessaires à leur développement. Vergleichende Anatomie der Samen von Vicia und E s*vsesn (Anatomie comparée des graines de Vicia et d'Ervum) ; par M. Günther Beck (Sitzungsberichte der K. Akademie der Wissen- schaften, math.-naturw. Classe, mai 1878, avec une planche). Les graines de ces deux genres sont au nombre de celles qui contien- nent de l'albumen parmi les Légumineuses. Elles ont déjà été examinées, d'une maniére plus ou moins compléte, par M. Le Monnier dans ses Recherches sur la nervation de la graine, M. Sampolowski (1), M. J. Chalon et M. F. Nobbe (2). M. Beck a examiné lesgraines de dix espèces de Vicia et de sept espèces d'Ervum. Il résume son travail en considérant : 1° la forme extérieure; 2 les deux enveloppes, savoir, la couche résis- tante (carapace de M. Chalon) et la couche dilatable (laquelle comprend une couche de cellules cylindriques (Säulenschichte), allongées dans le sens du rayon et élargies à leurs deux extrémités, se trouvant autour du hile) ; 3° l'albumen, peu important à la maturité de la graine, et 4° l em- bryon. Il existe chez celui-ci des stomates sur l'épiderme de la partie axile, dont les cellules renferment aussi de l'amidon. L'épiderme des cotylédons différe selon la page du limbe qu'on observe. Sur la page supé- (1) Beiträge zur Kenntniss des Baues der Samenschale (Leipzig, 1874). Ce mémoire n'est pas parvenu à notre connaissance. | (2) Handbuch der Samenkunde, 1876. Ce travail n'a pas été adressé non plus à la Société, 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rieüre il existe généralement de petits grains amylacés ; stir la page infé- riétire; aü cofitfairé, dél’aleutone. Rien ne semble résulter de cette étude qui puisse fi&er üne liinite ánatomique entre les deux genres. Ad floram Asiæ orientalis cognitionem meliorem frag- mienta contulit C.-J. Maximowiez (Bulletin de la Société des natu- ralistes de Moscou, 1819); tirage à part en broch. in-8° de 73 pages. Lés principaux getires dôrit M. Matimówiez s'est occupé dans ce mémoire sont les genres : Clematis; Viola, Güldénstädtid, Prunus, Fragaria Pirus, Urategüs, Chrysosplenium, Viburim, Dipsacus, Lysimachid, Serofularia, Mohochasma, Garyópteris, Stachys, Betula, Populus, Chlo- rünthus, Potamogèton, Giyiinadenid, Scirpus et Cürex. IL a décrit dés espècés nouvélles tañs là plupart Ventre eux: Les tenres Chloranthus, Stachys et Scrofularia sont traités par lui monographiquement (pour les espéces de l'Asie orietitalé). On trouvera dans son mémoire des documents impoñtänts pouf l'étude des éspètes qué l’horticülture introduit aujour- d'hui journellement du Japon, notamment pour celle des Vibürnim et des arbres à früit Conéstible dé la famille dés Rosatées. Il s'est aidé pour l'identification de ceux-ci des travaux et des communications bienveil- lantes de M. Decaisne, auquel il avait envoyé ses plantes. Sur là niatiére colorñnte du Pabnetiä cuéntá; par M. T.-L. Phipson (Comptes rendus, séatite du 4 août 1879). Le Palmella cruenta (l'ancien Tremella sanguinea), qui habite le bas des türs humides blanchis à la chát, où il figure des taches de sang cóagulé, céde à l'eau après dessiccätion tie fnatière eoloránte rouge que les ácidés et lá chaleur coàgulent en partie. Abandonnée à elle-inéme, celle-ci étitté en déconiposition à 15 degrés avec une odeur fortement smmoniä- cale. Là matière colorante, qui contient du fer, produit des bändes d'ab- sorption dans lé jäuitie du spectre. L'auteur a pour but de la comparer à là matière colorante du sang, l'hénioglobine. Il n’est pas sans intérêt dé cofistater dü& lés céllülés de cette Algüe, aprés leur mort, laissent transsuder librement à travers leurs parois lé protopläsnia qu'ellés rén- fermaient petidant leur vie. Lá fleur et le diagramme des Orchidées ; par M. R Gérard. Thèse süutenue à l'École de pharmacie de Paris, In-4 de 77 pages. Paris, 4879. La thèse de M. Gérard est pour la plus grande partie un résumé des travaux de L.-C. Richard, Lindley, R. Brown, de M. Van Tieghem et de quelques autres auteurs. Mais il existe dans son travail un point original, fondé sur des recherches personnelles. Il s'agit de l'interprétatioti dü REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 verticille staminal des Orchidées. Ce verticille est généralement réduit; comme on sait, à l'étamine inférieure (qui se montre en haut dans fà fleur résupinée). Alors tantót les deux étamines latérales sont réduites à leur filet, uu petit mamelon indiquant seul l'anthére (Epidendrum, Den- drobium, Vanda, etc.) tantôt elles ne sónt représentées que par de petits mamelons, les auricüles de certains auteurs (Ophrydées, Néottiées, Cephalanthera, etc.). Ghez toutes ces plantes, on ne voit paraître que le cycle staminal opposé aux pièces du calice: c'ést le type des Iridées, notamment des Morea. Dans les cas suivants, les deux cercles staminaux apparaissent, mais l’étamine opposée au labellé manque constamment. Il se peut que les cinq étamines inférieures soient représentées, c'est le cas particulier des Phajus, des Brassia ; alors l’étamine infériéuré seule esl fertile, les deux latérales de chaque côté s'unissant pour former le stami- node. Enfin il se peut que les trois famines inférieures seules soient représentées; alors tantôt les latérales sont réduites à leurs filets(Aërides, Calanthe); tantôt au coniraire les latérales sont seules fertiles (Cypri- pedium). Note sur lé Vichaniaroundgü;, lés pilülés de Tánjore; les piétres à serpents el quelques végétaux employés dus les Indes Contre les morsüres énvenimées ; pdf M. Viaud-Grarid-Maráls (extrait dü Journal de médecine de l'Ouest; 1879, 1° semestre) ; tirdgé à part en brocli: in-8° de 11 pages. M. Viaud-Grand-Marais vient d'ajouter une page intéressante à ses recherches sur les serpents venimeux' et sut la manière de se préserver des decidents causés par leurs morsures (1). Il a regu du P. Desairit; auteur d’un Manuel de médecine à l'usage des missionnaires de l'Inde(2), des documents intéressants, concernant la composition des deux antidotes les plus renommés dans l'Inde contre les morsures de serpents; savoir le Vichamaroundou (3) et les pilules de Tanjote. Le premier de ces deux remèdes est une composition polypharmaque qui exhale l'odeur de l'excré- ment humain, parce qu'elle renferme du sel ammoniac et des sulfures, et dont le principal ingrédient est la graine du Croton Tiglium. On y insère ‘aussi l’orpiment, le réalgar, les racines de l'Aconitum ferox et de l'Ophioxylum serpentinum. Le second, les pilules de Tanjore (vantées par Orfila dans sa Toxicologie), qui ont toujours réussi au P. Desaint, (1) On se rappelle le flacon à bouchon de cristal aigu, plongeant dans le liquide iodé du flacon, inventé par l'auteur, et qui est depuis longtemps recomniandé aux botanistes pour prévenir les accidents immédiats de la morsure de la vipère. Le bouchon du flacon sert à fairé pénétrer lé liquide dans la plaie. (2) Compiègne, 1876, impr. Ferd. Valliez. (3) Viebam, poison, et maroundou, remède. 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans son hópital, méme contre la morsure du Naja, ont pour composi- tion : Racines d'Aconitum ferox Wall............ — d’Ophiozylon serpentinum Willd. ... — d'Aristolochia bracteata Retz....... Acide arséuieux..........+...e.....sse.e áà une partie. Orpiment.............,................... Réalgar RER EEE ETES EST TEE EEE EEE EEE On broie le tout pendant trois heures dans du jus de feuilles de bétel et l'on en fait ensuite des pilules de la grosseur dela graine de l'Abrus precatorius (qui sert de poids dans l'Inde pour les médicaments). On donne au malade une de ces pilules délayée dans du jus de feuilles de bétel, de trois à cinq minutes, jusqu'à trois seulement; dose maximum, car la plupart du temps deux suffisent. La préparation est éméto-cathartique au supréme degré; elle est méme tellement irritante, qu'il faut, ce nous semble, un estomac habitué à la nourriture largement épicée des Indiens pour pouvoir la supporter. M. Viaud-Grand-Marais rappelle avec raison que d'aprés ses travaux antérieurs et ceux de Fontana, c'est par la muqueuse de l'estomac qu'est évacué le venin des Ophidiens, et que ce traitement si énergique est d'accord avec le raisonnement. Il est à désirer que l'on arrive à se procurer en Europe les pilules de Tanjore, ou mieux encore les plantes qui en font la base (car les pilules elles-mémes sont d'une com- position et surtout d'un poids variable), afin d'en pourvoir la pharmacie de poche des naturalistes-voyageurs. Die heliotropischen Erscheinungen im Pflanzenreiche (Les phénoménes héliotropiques dans le régne végétal) ; par M. Julius Wiesner (extrait. des Denkschriften der math.-naturw. Classe der K. Akad. der Wissenschaften, t. xxxix); tirage à part en brochure in-4* de 69 pages. Vienne, 1878, en commission chez Carl Gerold. Cet important mémoire commence par une longue introduction histo- rique. Viént ensuile l'exposé des recherches expérimentales de l'auteur divisé en plusieurs chapitres. Le premier a trait à l'influence héliotro- pique de l'intensité lumineuse. M. Wiesner a pris pour source de lumière ` la flamme du gaz d'éclairage filtrant sous une pression constante, égale dans ses expériences à une colonne manométrique de 18,5. L'unité de mesure adoptée par lui pour valeur de l'intensité est la distance d'un mètre de la source éclairante, unité qui lui permit de calculer numérique- ment l'intensité agissant sur une plante quelconque soumise à l'expérience, en tenant compte de la loi d'aprés laquelle l'intensité est en raison inverse du carré des distances. De grandes précautions furent prises dans la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 144 chambre à expériences, pour absorber la lumiére sur les parois noircies et éviter l'impression des rayons réfléchis, pour supprimer tout accés à la lumiére extérieure, etc. En employant ces moyens, M. Wiesner est par- venu à un résultat surprenant. Il a constaté que l'effet héliotropique (c'est-à-dire surtout la rapidité de l'incurvation) augmente en même temps que décroit l'intensité de la lumière, mais seulement jusqu'à une certaine limite, au-dessous de laquelle l'héliotropisme décroit en méme temps que l'intensité. La limite supérieure de l'effet héliotropique s'est montrée à une distance de 7 centimètres de la flamme pour des plan- tules de Vicia. L'intensité est alors de 204. Cette limite varie suivant l'espéce mise en expérience. Quant à la limite inférieure, elle se con- fond avec celle où l'intensité cesse d'agir sur l'allongement pour le ra- lentir. Ce chapitre se termine par des considérations intéressantes oü l'auteur propose, aprés Payer, d'appliquer l'héliotropisme à la photo- métrie. Dans le second chapitre, M. Wiesner étudie les relations des rayons divers du spectre avec le phénomène de l'héliotropisme. Ses expériences ont été faites, soit dans le spectre lui-méme, soit au moyen de solutions colorées. Elles ont prouvé que les plantes douées d'une trés grande ou seulement d'une moyenne sensibilité héliotropique se tournent vers la source lumineuse méme dans la lumière la moins réfrangible qui n'exerce plus aucune action photographique, et qu'elles le font aussi à l'autre . extrémité du spectre, dans les rayons ultra-rouges. Le maximum d'action du spectre sur la courbure des tiges s'exerce sur ces plantes à la limite de l'ultra-violet et du violet; de là la force héliotropique du spectre va en diminuant jusqu'au vert; dans le jaune, elle est égale à zéro, puis elle remonte pour avoir un second maximum (mais plus petit) dans l'ultra- rouge. Quand on examine des plantes douées d'une trés faible sensibilité héliotropique, alors, au contraire, la série supérieure au jaune est sans action sur le phénomène. . u Le troisiéme chapitre renferme des expériences sur l'action combinée de l'héliotropisme et du géotropisme. Il ne nous parait pas conduire à des déductions aussi importantes ni aussi nettes que les précédentes. — Le quatrième est intitulé : « De la consommation d'oxygène pendant les courbures héliotropiques. » Il n'y a pas d'héliotropisme observable s'il n'y à pas de l’oxygène libre dans l'atmosphére qui entoure les rameaux sou- mis à ce phénoméne, et cela est vrai de tous les mouvements, qu ils aient pour résultat de se rapprocher de la lumière ou de la fuir. Comme on Sait que l'éclairage est contraire à l’allongement des parties, et qu'un éclairage intense va jusqu'à annihiler l'allongement, on concoit trés bien que les parties inégalement éclairées aient un allongement inégal, supé- rieur dans les parties plus obscures, et que le résultat total soit l'incurva- 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion de l'organe du côté où il s'allonge le moins, c'est-à-dire vers la source lumineuse, Le dernier chapitre traite de l'influence comparée de la lumière et de la pesanteur sur l'ineurvation des tiges. Ces influences sont différentes, et quoiqu'elles tendent à produire des résultats en apparence de méme nature, elles agissent par des moyens différents. Aussi arrive-t-il, ce à quoi on pouvait s'attendre, qu'elles ne sont pas à proprement parler comparables, qu'elles ne peuvent pas être mises sur le même rang physiologique ; leurs actions respeclives ne s'ajoutent pas l'une à l'autre, quand elles sont dis- posées pour agir dans le méme sens à cause de la situation donnée à la partie végétale mise en expérience, et jamais la pesanteur ne vient aug- menter une incurvation déterminée par la lumière, ni la lumière une incurvalion déterminée par la pesanteur (1). Studien über die Pollenkórner der Angiospermen (Études sur les grains polliniques des Angiospermes); par M. Fr. Elfving (lenaische Z eitschrift für Wissenschaft, t. xun, vr de la nouvelle série) ; tirage à part en broch. in-8^ de 29 pages, avec 3 planches. Pendant longtemps on a regardé les grains polliniques des Angio- spermes comme constitués par une seule cellule, tandis que ceux des Gym- nospermes se divisaient par une cloison intérieure avant la fécondation, et possédaient ainsi comme l'ébauche d'un prothalle màle, M. Strasburger, dans un mémoire important, a montré que cette opinion était erronée pour ce qui concerne les Angiospermes, et que les grains polliniques de ceux-ci se divisaient parfaitement avant la fécondation, ce qu'avaient du reste déjà constaté M. Reichenbach sur les Orchidées et M. Hartig sur diverses plantes. M. Elfving, éléve de M. Strasburger, a fait sous les yeux de ce professeur un certain nombre d'études qui mettent le fait hors de doute. C'est sur la paroi du grain pollinique qu'apparait d'abord la nou- velle cellule ; elle se sépare plus tard de cette parni, se trouve isolée dans son intérieur et prend une forme semi-lunaire. À certain moment de son développement, elle offre une analogie avec le nucléns propre de la cellule du grain. Mais eile parait avoir beaucoup moins d'impartance que celle-ci dans l'aete de la fécondation, car c'est tenjours de la cellule primitive que part le boyau pollinique, dans lequel le nucléus de cette cellule s'engage toujours le premier, Dans certains cas, on observe deux cellules latérales de nouvelle formation accolées sur la paroi du grain (Convalla- ria multiflora). L'auteur les désigne sous le nom de cellules végétatives du (1) On conçoit combien il est difficile de réaliser expérimentalement des conditions dans lesquelles on soit certain d'éliminer à volonté l'une de ces deux forces. M. Sachs a fait connaitre derniérement un appareil imaginé par lui précisément pour satisfaire à de telles conditions (Arbeiten des Bot amischen Instituts in Würahurg, t. H, 2* partie). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 143 grain, la cellule primitive de celui-ci étant la véritable cellule reproduc- trice. Quand il existe dans le grain une grande lacune centrale (Andro- pogon campanus) et que la cellule végétative a donné naissance à deux autres par partition intérieure, l’ensemble présente une complication assez grande. Dans le Juncus articulatus, le noyau de la cellule végétative, née de très bonne heure quand les grains polliniques sont encore agglomérés par quatre, se divise en deux, et il en résulte dans chaque g erain, à un moment donné, trois noyaux semblables, y compris celui de la cellule primitive du grain. Chez l'Heleocharis palustris (pris ici comme type des Cypéracées), les choses sont encore plus compliquées. Le noyau de la cellule primitive est trés gros; il se divise en deux avant la séparation des grains polliniques, et par une nouvelle division il existe bientót dans le grain quatre noyaux, trois égaux disposés vers le sommet plus étroit du grain, et un plus gros dans son centre; quelquefois il en existe quatre vers le sommet. A partir de ce moment, ceux qui sont placés dans le sommet disparaissent graduellement, tandis que le gros noyau central se divise de nouveau en deux, et l'un d'eux en deux autres, de sorte qu'en réalité il existe trois noyaux. Pendant ce temps le grain mürit, l'exine se caractérise, et l'intine envoie à la rencontre l'un de l'autre deux prolon- gemenls qui tendent à se rejoindre et y parviennent, de sorte que le grain parait divisé en deux cellules. C'est à l'inflorescence spiciforme de l'Heleocharis que l'auteur doit d'avoir pu constater aisément toutes ces phases, presque sur le méme épi observé au méme moment. Pour d'autres plantes il a eu recours à des cultures du grain analogues à celles qu'a pratiquées M. Van Tieghem. L’acide osmique lui a été trés utile comme réactif, pour rendre les phénomènes plus apparents. Il a figuré surtout des grains polliniques de Monocotylédones, chez lesquels l'obser- vation est plus facile parce que le noyau est plus gros et son contenu moins riche en granules opaques. D'ailleurs il s'est assuré par quelques comparaisons que les grains polliniques des Dicotylédones ne différent pas essentiellement de ceux des Monocotylédones par leurs transfor- mations intérieures. NOUVELLES. (25 octobre 1879.) — On nous prie d'annoncer des Cours spéciaux de botanique et d'herboristerie pour préparer aux examens de l’ École supérieure de phar- macie de Paris. Ces cours sont faits par M" L. Récipon, professeur de botanique, élève de l'École des hautes études, et M"* veuve Hagueron, professeur d'herboristerie. S'adresser rue de la Ferronnerie, n° 12. 444 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — Nous lisons dans le Botanische Zeitung la nouvelle de la mort de M. Carlo Bagnis, professeur de botanique médicale à l'université de Rome. M. Bagnis, lauréat de l'Académie des sciences de Paris (1), décédé le 6 août dernier, n'était âgé que de vingt-quatre ans. — La librairie F. Vieweg, 67, rue de Richelieu, est actuellement en mesure de procurer au prix de 80 francs les Annales Musei botanici lugduno-batavi de Miquel, 4 volumes in-fol. avec planches, 1863-69. — M. E. Reverchon, naturaliste à Bolléne (Vaucluse), informe les botanistes qu'il est de retour de ses explorations dans le sud de la Corse. La distribution des belles et nombreuses plantes provenant des récoltes faites pendant cette seconde campagne d'herborisation en Corse commen- cera au mois de novembre et sera sans doute terminée fin février 1880. — L'Zischynomene aspera, dont le nom vulgaire est Shola dans l'Inde anglaise et notamment à Ceylan, se préte dans ce pays à des usages in- dustriels trés étendus. Son bois léger et élastique remplace le liège dans une foule de cas, et, paraît-il, avec avantage, pour prévenir les frotte- ments dans les ateliers, pour assurer les joints, elc.; on en fait des flot- teurs ou des filets pour la péche à la ligne, des objets pour l'amusement des enfants, des fleurs artificielles, des modéles de temple, des paniers à bouteilles, des ceintures de flottaison, et méme des chapeaux. De grandes plantations de Shola sont en ce moment projetées à Ceylan. Une autre Légumineuse, africaine celle-ci, l'Herminiera Elaphroxylon, parait devoir se plier aux mémes usages. — M. C. Roumeguére a recu récemment de M. le docteur Antoine Mougeot le restant des récoltes en nombre fasciculaire destinées par son père à renouveler ou à continuer les Stirpes cryptogamæ vogeso-rhenana. M. Roumeguère a retrouvé avec joie dans ce petit trésor les communica- tions autographes, descriptives ou critiques de Desmaziéres, de Léveillé, de Montagne et d'autres eryptogamistes. Il en profitera pour mettre à la disposition des amateurs qui ont souserit aux Fungi gallici la plupart des belles espèces des montagnes de l'Alsace. 4) Voy. le Bulletin, t. xxiv (Revue), p. 235. Le Rédacteur de la Revue, Dr EUGÈNE FOURNIER Le Secrélaire général de la Société, gérant du Bulletin, Ep. BUREAU. ———M PARIS. — IMPRIMERIE ÉMILE MARTINET, RUE MIGNON, 2. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (SEPTEMBRE-OCTOBRE 1879.) N. B. — Ou peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint-Germain, 77, à Paris, Om Bromeliaceernes Rodder (Des racines des Broméliacées) ; par M. Alfred Jorgensen (Botanisk Tidsskrift, 3* série, t. 1", pp. 144- 110, avec 6 planches). On sait depuis longtemps que les racines adventives des Broméliacées présentent dans leur croissance des phénoménes particuliers, déjà signalés par Gaudichaud dans l Introduction au Voyage de la Bonite. M. Jorgensen a suivi ces phénomènes sur plusieurs espèces différentes cultivées, où ils ne se manifestent pas d’une manière aussi marquée, et sur des échantil- lons d'herbier. L'origine des racines adventives se révèle de trés bonne heure. On la constate sur la tige encore trés jeune, et on les voit naissant en cercle autour de la partie intérieure de cette tige. Sur un Puya, l'auteur a méme vu une racine naitre du centre de la tige. Cette origine se fait à des hau- teurs trés différentes, quelquefois seulement dans le rhizome : chez quel- ques Puya et Pitcairnia à différentes hauteurs de la tige aérienne ; chez quelques Tillandsiées on peut la poursuivre jusqu'à l'inflorescence. Peu de temps aprés sa naissance, la racine adventive des Broméliacées acquiert dans l'intérieur méme de la tige mère une structure trés complexe. Son épiderme se distingue tout de suite par la grandeur extraordinaire de ses cellules, surtout quand celles-ci avoisinent le tissu parenchymateux de la lige. Plates et à parois épaisses devant les faisceaux fibro-vasculaires, elles ont devant le parenchyme les parois minces et un peu convexes. Celte disposition à se voûter peut quelquefois se développer à un tel point qu'il se forme sur plusieurs points des dites parois de fortes papilles. Ce sont des poils radicaux qui apparaissent ainsi dans l'intérieur de la tige mére; ces poils se divisent dés lors par des parois transversales ou obliques et prennent une forme qui rappelle singuliérement les sucoirs des filaments parasites. La pilorrhize existe trés développée à l'extrémité de la jeune racine encore incluse. Au-dessous de l'épiderme l'écorce de la racine adventive est toujours T. XXVI (REVUE) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. divisée en deux couches distinctes, l'extérieure brune, sclérenchymateuse, trés solide, l'intérieure parenchymateuse. Les racines ainsi formées prennent souvent, dans leur passage à travers le tissu de la tige mére, des formes trés tortueuses. Quelques-unes mon- tent dans cette tige, beaucoup descendent obliquement, surtout chez les plantes cultivées en serre; mais chez les individus sauvages, la plupart des racines se montrent parallèles à l'axe de la tige et en sortent à un bout du rhizome en faisceau trés développé. A leur issue de la tige, leurs couches sclérenchymateuses corticales se rétrécissent en une zone étroite. Les cellules de la coiffe brunissent, leurs parois s'épaississent, elles meu- rent et se détachent; la coiffe est remplacée par une nouvelle formation cellulaire qui s'organise à l'extrémité de la racine et en direction acrofuge. Ces phénomènes sont dus à la manière de vivre des Broméliacées, qui sont pour la plupart des pseudoparasites. Par leurs puissantes couches de sclérenchyme, ces racines adventives forment un robuste squelette dans la tige molle, et leurs touffes constituent un excellent appareil adhésif. Leurs suçoirs peuvent être des organes d'absorption fonctionnant à l'in- térieur de la tige mére, dont le parenchyme a paru à l'auteur, autour des racines adventives, fort réduit, comme détaché, et ayant son amidon déjà dissous. Report upon U.-S. geographical Surveys West of the [ootli Meridian, in charge of First Lieut. Geo. M. Wheeler, etc. Vol. vi, Botany ; par M. J. T. Rothrock. In-4° de 414 pages, avec 30 planches, 1818. Bien que ce beau volume porte le millésime de 1878, la derniére partie n'a été imprimée qu'au mois de mai 1879. Les collections dont il contient l'étude ont été faites en 1871 et 1875, dans les États-Unis de l'Ouest, jusque dans la partie méridionale dela Californie. Il renferme, entre autres morceaux, une esquisse de l'État de Colorado, [comprenaut un réusmé de son caractére climatérique et de sa flore, de ses ressources en agriculture et en bois de charpente. Le catalogue des plantes n'a été effectué qu'à l'aide de plusieurs collaborateurs: M. S. Watson pour les Légumineuses, M. Engelmann pour les Cactées et plusieurs autres familles, M. Porter pour les Scrofulariées, Labiées, Polémoniacées, Polygonacées, etc., M. Vasey pour les Graminées, M. Eaton pour les Fougéres, M. James pour les Mousses, M. Austin pour les Hépatiques et M. Tuckerman pour les Lichens. Les planches, gravées pour la plupart par M. Isaac Sprague, représentent les types suivants : Canotia holacantha, Parryella filifolia, Pelatonyx nitidus, Leucampyx Newberryi, Chetadelpha Wheeleri, Nama Rothrockii, Palmarella debilis (Lobéliacées), Nothochlæna Hoo- keri Eaton, etc. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147 Die neuen Compositen des Herbariums Schlaginiweit und ihre Verbreitung; par M. Hermann von Schlagintweit- Sakülünski (Sitzungsberichte der math.-physikalischen Classe der K. b. Akademie der Wissenschaften zu München, 1878, pp. 13-28). Les Composées recueillies par les fréres Schlagintweit pendant leur long voyage en Orient, dans l'Inde septentrionale, dans le Tibet et dans le pays de Yarkand, ont été étudiées et déterminées par M. F.-W. Klatt. M. de Schlagintweit-Sakülünski a donné dans ce mémoire le résultat de ce travail ; à la description des 17 espèces nouvelles signées de M. Klatt, et appartenant aux genres Aster, Allardia, Saussurea, Prenanthes, Inula, Chrysanthemum, Jurinea, Pulicaria, Artemisia. et Ainsliæa (1), il a joint des considérations générales sur la distribution géographique des genres Artemisia et Saussurea. Zur Kenntniss der Bestaubungseinrichtungen der Orchideen (Sur les procédés d'imprégnation chez les Orchidées) ; par M. E. Pfitzer (Verhandlungen des naturhistorisch-medicinischen Vereins zu Heidelberg, 1819, pp. 220-222). Cette courte note, suite de celles que M. Pfitzer a déjà publiées daus le méme recueil sur la structure et le développement des Orchidées, con- cerne les mouvements des masses polliniques, mouvements qui ont pour but de rapprocher le pollen du tissu stigmatique. Chez nos espèces indi- gènes d'Orchis et chez plusieurs formes tropicales appartenant aux nom- breux genres du groupe des Vandées, ces mouvements tiennent au dessé- chement relatif d'un cóté du caudicule. L'humectation produit un mou- vement contraire. M. Ch. Darwin (2) a observé un exemple de l'élasticité , du caudicule, offert par ie Rodriguezia secunda. M. Phitzer a constaté un nouvel exemple du méme phénoméne chez le Mesospinidium sangui- neum Lindl.; il le décrit avec détail. C'est grâce à cette élasticité du cau- dicule que la masse pollinique peut étre mise en contact avec le stigmate quand un insecte pénètre dans celui-ci, au voisinage duquel se produit une abondante sécrétion de nectar. Monographia Pandanacearum ; auctore H. de Solms-Laubach (Linnæa, 1878, t. xui, pp. 1-110). Ce travail est purement descriptif et écrit tout entier en latin. L'auteur n'y admel que les genres Pandanus L. fil., Freycinetia Gaud. et Sou- (4) Le travail complet de M. Klatt paraîtra avec des planches dans le Journal de la Société des naturalistes de Halle. (2) On various Contrivances, etc., p. 159. 148 ' SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. leyetia Gaud. La plupart des genres établis par Gaudichaud dans l'Atlas de la Bonite, méme ceux qu'avait acceptés M. Ad. Brongniart dans ses travaux sur la Nouvelle-Calédonie, sont rejetés par l’auteur dans le genre Panda- nus. M. de Solms-Laubach a travaillé exclusivement sur les herbiers, sur les communications à lui faites jadis par M. Kurz, et sur les matériaux con- servés dans l'alcool au musée de Leyde. Malheureusement son mémoire parait aprés la Flore de Mauricede M. Baker, dans laquelle les Pandanées ont été traitées par M. I.-B. Balíour aprés un séjour dans les contrées où ila pu examiner sur leur lieu natal un grand nombre des types étranges de cette famille. M. Balfour a décrit un certain nombre d'espéces nouvelles, et il ne suffira pas sans doute des deux pages de remarques additionnelles faites par M. de Solms-Laubach pour établirla concordance désirable entre sa monographie et celle du savant écossais. Die Gnaphalien Amerika's ; par M. F.-W. Klatt (Linnæa, 1818, t. xui, pp. 114-144). L'auteur commence par retirer du genre Gnaphalium un certain nombre d’espèces qui appartiennent selon lui au genre Achyrocline. Il procède ensuite en donnant des notes sur divers Gnaphalium d'Amérique, connus ou nouveaux, suivant l'ordre du Prodromus, et en les classant par sections à l'aide de diagnoses parfaitement comparables. Son mé- moire, comme on le pense bien, intéresse la flore de l'Amérique du Nord et celle des Andes, depuis les montagnes Rocheuses jusqu'à l’extrémité australe. 1 Tulipani di Firenze € il Darwinismo (Les Tulipes de Flo- rence et le Darwinisme); par M. E. Levier (extrait du Rassegna setti- manale, vol. 11, n° 17); tirage à part en broch. in-16 de 22 pages. Flo- rence, 1878. M. Baker, dans un de ses derniers travaux monographiques, a admis l'existence, aux environs de Florence, de 3 espéces légitimes de Tulipa qui ont dans cette région leurs seules localités connues. M. Levier af- firme que sur les 13 espéces ou formes de Tulipes connues aujourd'hui dans l'agro fiorentino, il y en a 11 qui certainement n'y existaient pas au temps où Micheli y herborisait, et notamment les Tulipa maleolens, strangulata et serotina, admis par M. Daker. Pour d'autres espéces ou variélés, on pourrait bien admettre qu'elles aient été apportées d'Orient en Italie depuis l'époque de Micheli. Mais cela est impossible pour des espéces qui sont localisées en Italie. M. Levier cherche à expliquer ces faits en disant que ces dernières sont le produit de transformations rapides, sans avoir été précédées par les modifications graduelles qui, selon la plupart des darwinistes, devraient conduire d'un type ancien à un type dérivé. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 La «questione dei Tulipani di Firenze ; par M. Caruel (Nuoro ` Giornale botanico italiano, juillet 1879, pp. 290-303). M. Caruel a écrit ce mémoire pour réfuter les hypothèses de M. Levier. H commence par une étude historique puisée aux sources anciennes, et éta- blit d’une manière irréfragable que les cinq espèces de Tulipes connues aujourd’hui à la fois aux environs de Florence et sur d’autres points du globe, c'est-à-dire dans la région méditerranéenne et en Orient, ne sont point originaires de l'agro fiorentino, et s'y sont établies après avoir été - cultivées d'abord dans les jardins (1). Il présume qu'il doit en avoir été de méme pour les espéces du méme genre qui ne sont point connues aujourd'hui ailleurs qu'aux environs de Florence, et dont il porte le nom- bre à cinq. Ces espéces sont pour la plupart fort rares, et par conséquent dans les conditions de plantes introduites. L'une d'elles-mémes, le Tulipa serotina décrit par. Reboul en 1838, n'a plus été revue depuis cette époque par aucun observateur. Il est vrai que ces cinq espéces n'ont pas élé trouvées en Orient, dans le pays où ont été prises tant d'espéces du genre par les introducteurs qui en faisaient métier à l'époque où régnait la pas- sion de ces plantes, mais qui pourrait dire qu'on ne les y trouvera pas, alors que le Gardeners’ Chronicle du 29 mars 1879 enregistrait encore la description de trois Tulipes nouvelles, introduites récemment du Tur- keslan ? M. Caruel termine par des réflexions fort sensées sur le peu de preuves que les Darwinistes apportent à l'appui de leurs théories, qu'il leur fau- drait, dit-il, éclairer d'une autre lumière que celle d'affirmations toutes pures, ou de suppositions enchaînées les unes aux autres. Sans nier, quant à présent, le transformisme en lui-même, génériquement parlant pour ainsi dire, le savant directeur du jardin de Pise voudrait que les adeptes du systéme en vinssent, par des observations et des expériences, à rendre compte spécifiquement des modes de transformation dans tel ou tel cas, et à nous apprendre quelle part; de vérité il peut y avoir dans les conditions de vie invoquées par Lamarck, ainsi que dans l’analogie darwinienne entre la sélection intelligente de l’homme et le jeu des forces inconscientes de la nature. (1) De ce nombre est le Tulipa spathulata Bert., nom sous lequel il entend un des types compris dans le T. Gesneriana L. L'espèce linnéenne ainsi désignée, qui rappelle l'envoi fait à Gesner par l'ambassadeur Busbeck, est pour l'auteur italien un magasin oü Liané et depuis la plupart des horticulteurs et des floristes ont placé sans distinction la plupart des Tulipes qui arrivaient de l'Orient dans les jardins botaniques. Il roca en effet que parmi les Tulipes aujourd'hui cultivées, bien que ces fleurs ne fien plus avec la méme passion et la méme étendue- que jadis, il serait facile de distingue des espèces fondées sur la forme de la fleur, la couleur du pollen, l'époque de florai- Son, et peut-être méme les caractères du bulbe. 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Roses des Alpes maritimes. Études sur les Roses qui crois- sent spontanément dans la chaine des Alpes maritimes et le départe- ment francais de ce nom ; par MM. Emile Burnat et Aug. Gremli. — Un vol. petit in-8° de 136 pages. Genève, Dàle et Lyon, chez H. Georg, 1819. — Prix : 4 franes. La monographie de MM. Burnat et Gremli est fondée sur une base dont tous les phytographes apprécieront la valeur. M. Burnat, qui herborise depuis 1871 dans les Alpes maritimes, a recu en don de M. Bornet, aprés la mort de M. Thuret, le précieux herbier des Alpes maritimes qui avait été formé à Antibes (1), et qui a tant servi à M. Ardoino pour la rédac- tion de sa Flore (2). Il a dà en outre à M. Hanry, du Luc, et à M. Huet, de Toulon, l'ensemble presque complet de leurs récoltes de Roses du département du Var; enfinila été aidé dans le travail si difficile de la détermination des Rosa par M. Godet et par M. Christ, qui a publié en 1876, dans le Journal of Botany, et plus tard dans le Flora, des notes sur les Roses des Alpes maritimes. Dans leur cadre, MM. Burnet et Gremli ont étendu la limite qu'avait tracée Ardoino, et qui dépassait déjà celle du département. Ils com- mentent avec intérét leur tracé. Ils exposent ensuite aprés M. Christ les caractéres généraux de leur Flore. Ce sont les opinions de ce botaniste qu'ils ont adoptées dans la conception des types spécifiques. M. Crépin, disent-ils, les envisage aujourd'hui de la méme manière. Ils indiquent dans des tableaux spéciaux les espéces et les variations de premier et de deuxiéme ordre. Ils examinent ensuite l'importance taxinomique des divers organes. Viennent ensuite les clefs analytiques, et enfin la mono- graphie détaillée. Catalogue des Diatomées de l'ile Ceylan; par M. G. Leudu- ger-Fortmorel (extrait des Mémoires de la Société d'émulation des Cótes-du-Nord); tirage à part en broch. in-8° de 73 pages, avec 9 planches lithographiées. Saint-Brieuc, chez Francisque Guyon, 1879. Les limons où M. Leuduger-Fortmorel a étudié les Diatomées de Ceylan ont été recueillis par M. Craven, lieutenant de la marine anglaise, pendant un voyage de cireumnavigation. Le mémoire dont ils ont fourni les élé- ments apportera des ressources précieuses pour l'étude des Dialomées, non-seulement parle nombre d'espéces nouvelles décrites par l'auteur, mais par la perfection des dessins qu'il leur a consacrés, et par le soin i a Les Roses de cet herbier avaient été déterminées par M. Deséglise vers l'année (2) M. Ardoino a énuméré 18 espèces de Rosa. Sur ce nombre, il n'y en a que 6 dont les auteurs aient accepté la détermination telle que ce floriste l'avait donnée. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 avec lequel il a dressé Ja synonymie des espèces déjà connues, avec l'aide du Catalogue de M. Habirshaw, d'autant plus que l'on ne savait encore presque rien sur les Diatomées de Ceylan. L'auteur a suivi la classification de M. Paul Petit, qui l'a aidé dans la détermination de certaines espèces, ainsi que M. Julien Deby et M. Adolf Schmidt, le savant auteur de l'Atlas der Diatomaceen-Kunde (1). On lui saura gré d’avoir employé la mensuration p = 077,001, qui se généralise et qu'il est à désirer de voir adopter partout. La liste des ouvrages cités par lui sera fort utile à ceux qui débutent dans l'étude des Diatomées en leur donnant une bibliographie dont les éléments n'avaient pas encore été réunis, et qui est forcément presque compléte à cause de l'extréme diffusion géographique de ces plantes. Études morphologiques sur la famille des Graminées ; par M. D.-A. Godron (extrait dela Revue des sciences naturelles, t. vi, mai 1879) ; tirage à part en brochure in-8° de 37 pages. Il y a longtemps que Turpin, dans les Mémoires du Muséum, tome v, a fait voir que l'épillet des Graminées est une inflorescence, et que la glu- melle supérieure bicarénée n'appartient pas au méme verticille que la glumelle inférieure. M. Cosson et aprés lui M. Germain de Saint-Pierre, dans le 1° volume de notre Bulletin, ont étayé cette preuve par des argu- ments nouveaux. M. Godron reprend à son tour la méme thése et prouve par des exemples nombreux combien il est juste de comparer la glumelle supérieure à la premiére feuille du rameau, comprimée entre l'axe et le rameau qui en émane, et pourvue de deux nervures. Cette première feuille est nommée par lui l'expansion bicarénée. Jadis M. J. Gay avait refusé d’attribuer à la compression l'absence de la nervure moyenne et le développement unique des deux nervures latérales dans les organes bicarénés. M. Godron invoque au contraire de nombreuses preuves en faveur de cette compression. Turpin avait consi- déré la glumelle supérieure comme formée par la soudure de deux pièces. M. Godron est d'accord avec M. Cosson et la plupart des auteurs modernes pour la considérer comme constituée par une seule piéce. E M. Godron s'occupe assez longuement de la symétrie des Graminées. Il est d'aecord avec la plupart des auteurs actuels pour considérer leur périanthe comme constitué par les glumellules et non par les glumelles ou seulement par la glumelle supérieure. Il montre que cette symétrie ramenée à son type originel est ternaire (témoin les trois stigmates (1) Cet important ouvrage, dont la publication a commencé en 1874, comprend déjà 56 planches accompagnées chacune d'un texte assez restreint, indiquant le no l'espéce, le nom de son parrain et son habitat. 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. constatés parfois comme anomalie, l'ovaire triloculaire observé par Nees d'Esenbeck sur le Festuca elatior, la structure perfectionnée des Bambusées), mais sans oublier de signaler l'exception présentée par l Anthoxanthum et l'Hierochloa, qui tendent vers la structure binaire, structure trés nette dans le genre Anomochloa Ad. Br. Note sur un Cyclamen nouveau pour la flore du Gard; par M. G. Féminier (Bulletin de la Société d'étude des sciences natu- relles de Nimes, décembre 1878); tirage à part en broch. de 4 pages. Le Cyclamen repandum Sibth. et Sm. (C. vernum Lob., C. byzanti- num Clus., C. hederæfolium Duby), connu depuis deux cents ans aux Capouladoux et aux Cambrettes dans l'Hérault, a été signalé par MM. Lecoq et Lamotte à Anduze dans le Gard, où il était le seul représentant du genre dans la Flore de MM. de Pouzolz. M. Féminier a rencontré, dans un bois de Chênes verts prés de Noziéres (Gard), le Cyclamen neapolitanum Ten. (C. ficariifolium Des Moul., C. hederifolium Koch, C. europeum Thore), dont M. Timbal-Lagrave lui a cerlifié exacte la détermination. Sur le Ridens heterophylla Ort.; par M. Armand Clavaud (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, vol. xxxii, 1878, pp. 86- 88, avec une planche). Tl s'agit ici d'une plante adventice nouvelle à joindre à la liste où figu- rent déjà l'Heleocharis amphibia et quelques autres. C'est le Bidens heterophyllus décrit dans les Decades d'Ortega, que M. Clavaud a trouvé pour la première fois à la Souys, et qui forme sur plusieurs points des rives de la Garonne de larges et denses agglomérations. M. Clavaud en donne une description soignée et une bonne figure. Sur un hybride remarquable des Centaurea nigra ct Calcitrapa ; par M. Armand Clavaud (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, vol. xxxi, pp. 89-94, avec une planche). L'hybride observé par M. Clavaud, et qui en est incontestablement un, a été trouvé par lui en compagnie des Centaurea nigra (pratensis) et Calcitrapa ; il tient de ses deux parents et surtout du premier. Les ap- pendices des écailles, trés prépondérants, sont linéaires, trés allongés, trés longuement atténués jusqu'à leur sommet filiforme, carénés extérieu- rement, et atteignant souvent le sommet de la calathide; ils sont nette- ment contractés à leur point de jonction avec l'écaille. Sur le véritable mode de fécondation du Zostera ma- sine; par M. Armand Clavaud (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, vol. xxxi, 1878, pp. 109-115). Les études de M. Clavaud ont été faites sur les étangs à poissons de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 153 Gujan, en bateau, auprés de vastes touffes fleuries de Zostera marina var. angustifolia. Il reconnut bientôt que dans la méme spathe, anthères et pistils ne sont pas préts au méme moment pour la fécondation, que celle-ci est dichogame et protogynique. Les étamines s'ouvraient avec élas- ticité et projetaient sur l’eau des flocons blanchâtres que les flots portaient aux stigmates étalés en dehors des spathes voisines. Avec d'ingénieuses précautions, il parvint à transporter plusieurs inflo- rescences intacles dans l'eau de mer jusqu'à son cabinet de travail, situé dans le voisinage. Les stigmates offraient des parois lisses et uniformes sans le moindre vestige de l'orifice qu'a signalé M. Hofmeister, et par lequel, suivant cet observateur, l'extrémité du tube pollinique s'introdui- rait dans l'ovaire. Les grains de pollen nageant offraient tous à quelque distanee de l'une de leurs extrémités une petite ampoule cylindrique plus ou moins développée, arrondie à son bout, et dontla longueur doublait ou triplait la largeur. En arrivant sur le stigmate, les grains y appliquaient l'extrémité de cette ampoule. Sur la surface du stigmate il s'était accom- pli un travail de gélification des parois cellulaires, et la surface ainsi ramollie n'offrait plus aucun obstacle à la pénétration du tube pollinique. Quelque temps aprés la fécondation, le travail de gélification a com- plétement dissocié les cellules, et les branches stigmatiques sont tout entiéres séparées des styles. On remarquera qu'il existe quelques contradictions entre ces observa- tions, faites sur place, et celles qu'a publiées M. Hofmeister en 1872, dans le Botanische Zeitung. Elles sont encore plus considérables, d'aprés l'auteur, entre ses observations et celles de M. de Lanessan (1). Quant au mémoire de M. Duval-Jouve, M. Clavaud pense qu'il est fondé sur des faits tératologiques (2). Florule de Tché-foù; par M. O. Debeaux. In-8° de 192 pages, avec 3 planches. Paris, F. Savy, 1877-78. Cet important mémoire, qui forme le fascicule i des Contributions à la flore de la Chine, de M. Debeaux, a paru par fragments successifs dans les Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux. On ne saurait trop louer les services que rend cette Société aux sciences naturelles, surtout quand on sait que c'est la générosité personnelle de plusieurs de ses membres qui, en cas de besoin, couvre par des cotisations volontaires les frais causés par l'étendue exceptionnelle de ses publications. (1) Association française, 4° session, 1875. Les publications de l'Association ne sont pas adressées à la bibliothèque de la Société. - , m (2) M. Engler, qui a étudié les Zostera à Kiel sur le vivant, a reconnu l'inexacti B des observations d'Hofmeister, et confirmé celles de M. Clavaud, dans le Botanisch Zeitung du 10 octobre 1879. M. Engler a ajouté quelques documents sur la: nature de la ramification des Zostera et de leur inflorescence. 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le nombre des espèces recueillies par M. Debeaux dans le Tché-foü, point situé vers le milieu du promontoire du Chan-tong, est de 263, et l'étude monographique en est faite avec tout le soin nécessaire par M. Debeaux, qui a décrit complétement un grand nombre d'espéces, méme parmi celles qui sont déjà connues. Les nouveautés appartiennent aux genres Vicia, Sedum, Boltonia, Statice (dans lequel le Statice Fran- chetii rappelle les travaux de M. Franchet et l'assistance qu'il a bien voulu préter à l'auteur), Allium (1), Cyperus, Fimbristylis, Erianthus et Plagiothecium. Certaines de ces nouveautés ont été recueillies il y a longtemps déjà, par exemple le Fimbristylis Stauntoni, et se trouvent décrites aujourd'hui grâce à l'heureuse chance qu'a eue M. Debeaux de pouvoir acquérir, à la vente des collections de M. Maille, un fascicule de plantes du voyage de lord Macartney (2). Les relations géographiques les plus importantes de la flore du Tché- foà sont, comme on le pense bien, avec l'Asie boréale et le Japon, c'est- à-dire avec les plantes décrites par MM. Turczaninow, de Bunge, Maxi- mowicz, etc. Avec le Japon, malgré son voisinage, les relations sont res- treintes par la température. La pointe du Chan-tong, bien que placée sous 37°5' de latitude, est exposée au vent de nord-est, si bien que la terre y est couverte de neige dés le mois de novembre, que le thermo- métre y descend à — 16^ en hiver, et que la végétation n'y commence guére qu'en juin. Elle s'y développe rapidement sous l'influence d'une température qui atteint + 36° dans la canicule. Cette pointe est bordée d'ailleurs par un massif montagneux dont les crétes s'élévent à 1100 métres. Ces faits climatériques et orographiques assurent au Tché-foù une flore bien plus originale que celle de Shang-hai, précédemment étudiée par M. Debeaux. A Shang-hai, comme dans la plus grande partie de la Chine, se fait sentir l'uniformité du terrain, exhaussé par les dépôts de less qu'y ont apportés les inondations des grands fleuves. Cette influence est nulle sur le Tché-foü. D'autre part, sa position septentrionale en exclut certaines espéces de Shang-hai, el certaines plantes de grande culture, telles que le Riz, le Coton, le Nélumbo, le Corchorus capsularis. Cependant, en parcourant les listes de M. Debeaux, on est frappé de voir qu'un point du globe où la température descend à — 16° en hiver admet dans sa végétation un quart de plantes appartenant à des pays tels que l'Algérie, l'Égypte, le Sénégal et le Cap, des espéces des Antilles et du Brésil, de la Malaisie, de la Nouvelle-Calédonie, etc. Il importe, pour ne pas trop s'étonner de ces faits, d'avoir présente à l'esprit la division faite (1) Il est d'usage au Tché-foü de mêler plusieurs coupes remplies de l'Allium Boud- dhæ O. Deb. aux repas que l'on offre dans les pagodes aux idoles de Bouddha. La même espèce y est usitée comme condiment dans la cuisine indigène. (2) Voy. le Musée botanique de Lasègue, p. 159. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. , 155 par M. Debeaux en région littorale, région des basses collines et région montagneuse supérieure. Un nombre notable de ces affinités est établi par des plantes ubiquistes telles que le sont les Cypéracées, ou par des Graminées qui végétent sur les rivages de toute la zone intertropicale et méme de la zone tempérée, telles que l'Eleusine indica,le Cynodon Dac- tylon, le Sorghum halepense (introduit?), le Setaria glauca, YOplis- menus Crus-Galli, ete. D'autres végétaux, qui appartiennent à l'Afrique . boréale, dont le Tribulus terrestris est ici comme le type, forment une catégorie bien connue qui passe des déserts de l'Afrique dans ceux de la Perse, et s'élève au nord de l'Himalaya sans quitter les steppes pour gagner l'Asie orientale. Pour faire comprendre comment tant de plantes de Hong-kong remontent jusqu'au Tehé-foü, il faudrait peut-être admettre l'influence, le long des cótes de la Chine, de courants sous-marins se dirigeant du sud vers le nord. On rentrerait alors dans les faits de diffu- sion que présente la végétation américaine, où l'on peut citer une petite catégorie de plantes communes aux Guyanes et à la Virginie, notamment l'Andropogon virginicus L. D'ailleurs, les plantes du Midi qui croissent dans le Tché-foù, quand elles ont les racines vivaces, sont protégées par la neige, et quand elles sont annuelles, ont la ressource de changer l'époque de leur végétation. C’est un point qu'on n'a pas assez considéré quand on a comparé la végétation de pays éloignés l'un de l'autre et con- servant cependant certaines affinités singuliéres. M. Debeaux en cite des exemples fort intéressants, sur des plantes annuelles comme sur des plantes bulbeuses, notamment le Narcissus Tazzetta recueilli en fleur vers le milieu d'octobre. Malgré tout cela, il y a encore ici des faits diffi- ciles à concilier avec les habitudes où nous sommes de comprendre la dis- tribution des végétaux, par exemple la présence au Tché-foü d'un groupe de plantes originaires des Indes orientales et notamment de Ceylan. Florule de Tien-tsim ; par M. O. Debeaux (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. xxxii, 1879, pp. 26-105, àvec 2 planches). La flore de Tien-tsin, placé au milieu des salines et des alluvions, au confluent du Pei-hô et du canal Impérial, est beaucoup moins importante en nombre. M. Debeaux n'y a constaté que 90 espéces d'avril à novembre 1861. Mais il y a sur ce faible total un certain nombre de plantes, jusqu'à présent fort rares, du nord de la Chine, descendues sans doute avec le fleuve, et des nouveautés. Celles-ci appartiennent aux genres Bunias, Astragalus, Tragus. Les deux planches jointes au mémoire représentent le Bunias tcheliensis O. Deb. et le Bothriospermum chinense Bunge. Aprés avoir insisté avec raison surles rapports dela flore de Tien-tsin (—19° et 40° comme températures extrêmes !) avec la flore des environs de Pékin (90 p. 100) et celle de l'Asie en général (71 p. 100), M. Debeaux 156 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. trace, pour conclure ses travaux sur la flore de la Chine orientale, l'exa- men comparatif des affinités botaniques des territoires de Slang-hai, Tché-foù et Tien-tsin. Viennent ensuite, comme Addenda, la description de deux Algues, dont le Cystophora linearifolia O. Deb., ei des correc- tions à la flore du Tché-foù, avec l'addition de quelques espèces publiées dans le Journal of Botany, et qu'il n'avait. pas rencontrées, Un index bibliographique général termine l'ensemble. Note sur la flore des environs de Moutiers (Savoie) ; par M. l'abbé Cariot (Annales de la Société botanique de Lyon, 6* année, 1871-18, n° 2, pp. 11-21). Le catalogue, dressé par M. l'abbé Cariot, des plantes qu'il a recueillies aux environs de Bridel-les-Bains, du 27 juin au 24 juillet, sera évidem- ment utile aux botanistes qui auraient l'occasion d'herboriser dans cette partie de la Tarentaise, d'autant que les recherches de M. Cariot se sont étendues jusqu'à des altitudes élevées, telles que le mont Jovet (2557") et le Crêt du Ré (2639). Il décrit une espèce nouvelle, le Galium Centronie (ainsi nommé du nom des Centrones, qui habitaient la contrée à l'époque de César); ce Galium est voisin du G. myrianthum, avec lequel il est souvent mêlé. Il en diffère par ses feuilles verticillées ordinairement par 8, plus étalées ou même réfléchies ; par la corolle à lobes terminés par une pointe sétacée 4-5 fois plus courte qu'eux, et par les fleurs ordinaire- ment d’un rouge vineux, parfois roses ou blanches dans leur jeunesse, puis roses, et enfin rouges. Récit de quelques herborisations autour de Cannes et de Menton ; par M. Chanay (Annales de la Société botanique de Lyon, 6° année, pp. 180-186). Nous devons citer iei la description d'une Violette nouvelle, le Viola esterellensis, qui appartient au groupe du Viola odorata et qui présente : Style aigu, courbé ; éperon droit ou à peine relevé; sépales ovales-oblongs, obtus, égalant l'éperon ; pétales latéraux munis d'un faisceau de poils ; pédoneule muni de deux bractées alternes, étroites, acuminées. Souche rampante, n'émettant pas de stolons; feuilles ovales en cœur, créne- lées, pubescentes, hérissées sur les bords ainsi que le pétiole; stipules linéaires-lancéolées, ciliées; pédoncules dressés; fleurs odorantes, larges, à centre blanc veiné et bordé de lilas. Note sur le Shortia galacifolia et Révision des Diapensia- cées; par M. Asa Gray (Ann. sc. nat., 6° série, t. vit, pp. 173-179, | avec une planche). Nous renvoyons nos lecteurs à ce que nous avons dit ici (t. xix, 1872, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 157 Revue, p. 121), du mémoire antérieur de M. Asa Gray sur les Diapen- siacées. Ce savant divise actuellement cette famille en trois sous-tribus, les Eudiapensiées pour les genres Pyxidanthera et Diapensia (ce dernier est connu maintenant au Japon), les Schizocodonées et les Galacinées pour le genre Galax. L'intérét de la nouvelle note de M. Asa Gray porte sur la seconde de ces tribus, dont il trace une diagnose. En combinant les travaux de M. Asa Gray, de M. Maximowiez et de MM. Franchet et Savatier, on arrive à construire de la manière suivante la monographie de cette tribu. SCHIZOCODONEÆ Asa Gray. Staminodia libera petaloideo-squamiformia, villosa v. barbato-ciliata, in fundo corollæ cum staminibus alternatim inserta. Corolla decidua. A. Filamenta usque ad faucem coroll: 5-lobæ longe supra staminodia adnata. SHORTIA Torr. et Gray (1841). — Scapus uniflorus. Calyx insigniter imbricato-bracteatus. Corolla campanulata, 5-fida, lobis inæqualiter nunc duplicato-paucierenatis. Antheræ ovales, loculis parallelis longitudina- liter dehiscentibus, connectivo crasso. Staminodia dilatata, substipitata, ima basi coroll: inserta, super ovarium incumbentia. Stigma fere capi- fatum. Testa seminum nucleo conformis. Sh. galacifolia Torr. et Gray (1841). — Antheræ subcordato-cblongæ, incumbenti-horizontales, loculis lateraliter dehiscentibus. In montibus Carolin: septentrionalis (Michaux, et recentius M. et G. Hyams). Sh. antiquior. — S6 mokou Zoussetz, t. 1v, pl. 8. — Antheræ similes pracedentis ; cum ea fere jungenda. Sh. uniflora Max. Mél. biol. vol. viti, p. 20, in nota; 1x, 450; Bull. Acad. Pétersb. t. xx, 410, décembre 1874 (1). Fr. et Savat. Enum. i 297. — Schizocodon uniflorus Max. Mél. biol. vi, 214. — Antheræ in medio dorso insertæ, erectæ, didymæ, loculis parallelis introrsis. In Japonia (Tschonoski, Sav. n. 776 bis et 2010). ScHizocopoN Sieb. et Zucc. Abhandl. t. 11, p. 129. — Seapus race- nmoso-pauciflorus. Calyx minus imbricatus quam Shortie, anguste brac- teolatus. Corolla breviter infundibularis, 5-loba, lobis truncatis. fim- briato-laciniatis. Antheræ didymæ, loculis lateraliter dehiscentibus, ` . D ` " ` né HAS à (1) Nous ne comprenons pas bien d'où vient l'erreur qui à amené dr attribuer un Skortia galacifolia à M. Maximowicz. Dans le dernier passage cite, russe ne parle certainement que du Shortia uniflora. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. bivalves. Staminodia linearia, supra basim coroll: inserta. Testa seminum reticulata, ad chalazam ultra nucleum producta. Sch. soldanelloides Sieb. et Zucc. l.c. tab. 2, fig. 4. Fr. et Sav. Enum. 1, 908. Sch. ilicifolius Max. Mél. biol. vi, 2913. Fr. et Sav. Enum. 1, 208. B. Filamenta cum staminodiis interpositis basi coroll: 5-partitæ inserta. BERNEUXIA Decne. Scapus capitato-pluriflorus ; bracteolæ angustæ. Corollæ segmenta spa- thulato-obovata, integerrima. Staminodia spathulata, filamentis gracilibus dimidio breviora, cum iis in summo tubo brevissimo corollæ insertæ. Antheræ didymæ fere Schizocodonis. B. tibetica Decne. In Tibetia orientali (A. David). Sopra la posizione sistematica del genere Donatia ; par M. le baron F. de Müller (Nuovo Giornale botanico italiano, juillet 1879). Le genre dédié par les deux Forster à Vitaliano Donati, dont il existe une espèce dans l'Amérique méridionale et une autre (D. Novæ-Zeelandiw Hook. f.) dans la Nouvelle-Zélande et en Tasmanie, et dont la position systématique a toujours été quelque peu douteuse, a été généralement rapporté aux Saxifragées. M. de Müller pense que la corolle du Donatia pourrait étre regardée comme une corolle gamopétale à tube extrémement raccourci, analogue à celle des Galium. Il décrit (pour la première fois) le fruit du genre, et montre que la structure interne des graines, ainsi que la placentation, sont celles des Stylidiées plutôt que des Saxifragées ; et il place en conséquence le genre parmi les Stylidiées. Cette famille australienne se trouverait par conséquent avoir un représentant dans l'Amérique australe. Notons que M. de Müller voudrait donner aux Stylidiées le nom de Can- dolléacées, en adoptant pour le genre Stylidium Sw. in Willd. Sp. 11, 146 le nom de Candollea Labill. Ann. Mus. par. vi, 453, tab. 63 non PI. Nov.-Holl. Spec. n, 33, tab. 116 (1). Esperienze sulla emissione dell acido carbonico dalle radici; par M. L. Macchiati (Nuovo Giornale botanico italiano, juillet 1879). On se rappelle que les excrétions radiculaires, niées par certains savants (1) Outre cette deuxième acception, qui concerne un genre de Dilléniacées, on sait que le nom de Candollea a été aussi proposé par Mirbel pour un genre de Fougères. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159 et affirmées par d'autres, ont donné lieu il y a déjà plus de vingt aus à des controverses animées qui ne sont pas prés de finir. M. Grandeau, dans ses publications -de physiologie végétale et d’agriculture, ne s'est pas montré partisan des excrétions radiculaires ; il ne regarde pas l'acide car- bonique comme nécessaire pour dissoudre les sels insolubles du terrain, et l'on sait que l'un des arguments avancés par les partisans des excré- tions est l'utilité de cette dissolution, qui prépare et permet l'absorption. M. Cantoni, dans sa Fisologia applicata all agricoltura, s'est montré l'adversaire des opinions de M. Grandeau. Celles-ci ont été soutenues en Italie par MM. Mercadante et Colosi, dont le mémoire a paru à la fin de l’année 1875, dans la Gazzetta chimica italiana, sous le titre suivant : Sulla supposta emissione dell' acido carbonico per mezzo delle radici. Ces auteurs ont fait des expériences sur diverses plantes récemment arra- chées du terrain où elles végétaient, et placées immédiatement dans une solution de tournesol. Ils n'ont pas observé que la solution rougit (si ce n'est au bout de plusieurs jours). On pouvait alors supposer(et cet argu- ment se retrouve toujours dans la discussion de cette théorie) que l'acide émis parles extrémités radiculaires n'était versé dans le liquide qu'aprés l'altération de ces extrémités. M. L. Macchiati a refait les expériences de MM. Mercadante et Colosi, et il est parvenu à des résultats complètement différents. Toujours il a vu rougir la teinture de tournesol où plongeaient ses plantes, aprés un temps qui a varié de six heures à vingt-quatre heures. Il explique cette diffé- rence de résultats en étudiant le procédé de ses adversaires. Ceux-ci ob- servaient généralement de changer tous les quarts d'heure les plantes mises en expérience, de peur que ces plantes ne subissent quelque altération. Il en résultait, selon M. Macchiati, que la nutrition et par conséquent l'excré- tion n'avaient pas le temps de se rétablir dans des conditions à peu prés normales aprés l'ébranlement brusque imprimé par l'arrachage. Sulle cause determinanti la sessualità nelle Canape ; par M. P.-A. Saccardo (extrait du Bullettino della Società Veneto- Trentina di scienze naturali, 1879, du n°1); tirage à part en broch. in-8° de 3 pages. En étudiant le Chanvre, M. Saccardo a traité le méme sujet que M. Cazzuola et M. d'Arbaumont au sujet du Melon (1). D'après l'auteur, les graines moins développées, et partant plus petites, donnent plutôt des individus femelles; et d'un autre côté, quelle que soit la grosseur des graines, le nombre des pieds femelles est beaucoup plus considérable quand le terrain est sablonneux. (1) Voy. le Bulletin, t. xxv (Séances), p. 7, et Revue, p. 111. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Studii sul latte, fatti nel laboratorio di Botanica crittogamica ; par MM. R. Pirotta et G. Riboni (extrait du volume mm de l'Archivio del laboratorio di Botanica crittogamica di Pavia); tirage à part eu broch. in-8 de 56 pages, avec 4 planches. Milan, 1879. Ce mémoire est divisé en deux parties. La première renferme la des- cription détaillée, et éclairée par des planches, de toutes les formes végé- tales connues dans le lait ou dans le fromage, etqui sont des Micrococcus et des Ascococcus, le Bacterium Termo, le Bacillus subtilis, le Mucor Mucedo, le M. bifidus, le M. ramosus, le M. racemosus, l'Oidium ru- bens, YO. lactis, le Penicillium glaucum, Y Aspergillus dubius, le Botry- tis Bassiana, le Trichothecium domesticum, le T. roseum, VIsaria sul- furea, le Sporotrichium lactis, le Fusarium lactis, le Torula olivacea et le Dictyostelium mucoroides. Dans la seconde partie, l'auteur traite de l'influence que les organismes décrits dans la première exercent sur le lait. On y remarque un chapitre sur la fermentation lactique et un autre sur la coagulation spontanée. Saggio monografico sulla struttura istologica delle Crassualacee ; par M. À. Mori (Nuovo Giornale botanico italiano, avril 1879). Les espèces étudiées par M. Mori sont les suivantes : Crassula lactea, C. perfossa, C. spathulata, C. cordata, C. arborescens, C. portulacacea : Rochea perfoliata, R. coccinea, R. falcata; Kalanchoe Petitian«, Bryophyllum calycinum, Cotyledon orbiculatus, Umbilicus pendulinus : Echeveria gibbiflora, E. coccinea; Sedum spurium, S. stellatum, S. Ce- pea, S. gliucum, S. dasyphyllum, S. acre, S. rupestre, S. altissimum, S. Sieboldii, S. mite ; Sempervivum altissimum, S. tectorum ; Aichry- son Lindleyi et Æonium urbicum. L'auteur expose ensuite, d’après ses observations de détail, les trails généraux de la structure des Crassulacées. Elles ont une moelle trés déve- loppée, le cylindre ligneux riche en vaisseaux sur sa face interne, le bois primaire étant composé presque exclusivement de ces organes. Le bois secondaire est au contraire principalement formé de cellules allongées à parois fortement épaissies. Chez quelques espéces, le cylindre ligneux laisse apercevoir des couches concentriques. Le Rochea perfoliata et d'autres espèces du méme genre offrent des faits particuliers. Ici, outre le cylindreligneux, présentant toutes les particularités des tiges exogènes, on trouve épars dans l'écorce des faisceaux fermés ressemblant à ceux des tiges endogénes. Les feuilles sont parcourues par des nervures qui, à l'extrémité de leurs ramifications ultimes, ne sont plus formées que par des cellules, cellules REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 161 spéciales plus petites que celles qui constituent le parenchyme foliaire, et dépourvues, bien entendu, de chlorophylle (1). Flora orientalis, sive Enumeratio plantarum in Oriente a Græcia et Ægypto ad Indie fines hucusque observatarum, auctore Edmond Boissier. Volumen quartum. Fasciculus secundus. Corolliflorarum ordi- nes posteriores et Monochlamydeæ. Genève, Bàle et Lyon, chez H. Georg, 1819. Le volume que nous annonçons ici avance de beaucoup l'œuvre con- sidérable qu'a entreprise M. Boissier. Ce n'est pas sur la classification générale, on le pense, qu'il fournira des idées nouvelles. II faut cepen- dant, à ce point de vue, enregistrer la translation du genre Buddleia à la famille des Loganiacées, et un aveu précieux de l'auteur, qui, en commen- cant suivant la classification Candollienne l'énumération des Monochla- mydées, a écrit : « Subclassis nimis artificialis in posterum dilaceranda, ordinibus inter cohortes precedentes naturalius distribuendis. » Ce n'est pas non plus Ja description de plantes nouvelles qui forme l'intérét prin- cipal de ce gros volume ; bien qu'il s'en trouve cà et là quelques-unes ; on n'en peut attendre beaucoup d'un auteur qui fait de la flore d'Orient, depuis si longtemps, l'objet de ses études, et qui en a déjà fait connaître lant d'espèces. Mais c’est surtout la géographie botanique qui profitera de ce vaste recensement synonymique et descriptif. Bien que les affinités géographiques de la flore d'Orient aient été déjà parfaitement saisies d'une maniére générale, on peut maintenant pénétrer dans les détails d'une distribution qui offre un grand intérêt, dans la famille des Plombaginées par exemple. Cette famille, dans la région embrassée par M. Boissier, présente un trés grand nombre d'espéces spéciales, par exemple toutes celles du genre Acantholimon, au nombre de 74. Or ce genre n habite guère que la région subalpine ou alpine, de méme que les deux Armeria de la même flore. Les Statice, au nombre de 36, sont beaucoup moins spéciaux. Ceux qui habitent les côtes de la Méditerranće se retrouvent pour la plupart. dans l'Occident de la région, sur les côtes d Europe ou d'Afrique, tandis que ceux qui habitent les steppes salées avoisinant la mer Caspienne s'étendent au nord jusque dans la région de l'Oural. Enfin le Plumbago zeylanica et le Vogelia indica sont des échappés dela région tropicale. Si l'on change de famille, dans les Salsolacées par exemple, on retrouvera des affinités géographiques analogues pour les espèces des dé- serts intérieurs de la Perse, tandis que celles de Grèce et d'Asie Mineure ations de M. Mori de celles qua pu- i her les observ (1) Il sera intéressant de rapproc lt dans sa thèse sur les Cyclosper- bliées, il y a déjà plusieurs années, M. G. Renau mées, (REVUE) 11 XXVI. 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. s'étendront bien plus largement et bien plus haut en Europe (les deux Salicornia, le Sueda fruticosa, le S. maritima, le Salsola Soda, les Atriplex et les. Chenopodium, etc.), affectant une distribution beaucoup plus étendue, comme le font en général les plantes d'une organisation moins compliquée. On remarquera que M. Boissier n'est pas d'accord avec M. de Candolle (Géogr. bot., 856), en ce qui concerne la distribution géographique des deux Müriers. Il est certain que depuis l'introduction du Ver à soie, c'est-à- dire depuis l'époque de Justinien, ces deux espéces ont été naturalisées par la culture d'une façon qui rend fort difficile aujourd'hui de reconnaitre leur distribulion primitive. Mais il semble résulter de certains passages de Théophraste que le Mürier noir était fort connu des Grecs, et renommé pour son bois comme pour son fruit, bien avant l'introduction de l'in- secte (1). Della nuova Polygala a fiore giallo; par M. L. Caledesi (Nuovo Giornale botanico italiano, avril 1879). Le Polygala pisaurensis a été découvert dans les environs de Pesaro. Il se distingue du P. flavescens DC. par « racemo haud comoso, innupto haud comoso ; bracteis piloso-ciliatis, lateralibus ovatis pedicellum æquan- tibus, alis obovatis, obtusiusculis, arillodio profunde trilobo, lobis late- ralibus anguste linearibus, parallelis obtusis vel rotundatis, seminis longitudinem attingentibus vel subsuperantibus. » Beitrag zur Pilz-Flora Sibiriens ; par M. F. de Thümen (Bul- letin de la Société des naturalistes de Moscou, 1818, n° 2, pp. 206-252). Nous avons déjà annoncé l'an dernier (t. xxv [Revue], p. 73) la pre- miére partie de ce travail. Les espéces nouvelles décrites dans celte seconde partie sont les suivantes : Protomyces Martianoffianus, sur les feuilles vivantes du Potamogeton natans ; Ramularia Martianoffiana, sur celles du Potentilla strigosa Led.; Gleosporium Aquilegie, sur V Aquilegia glandulosa; OEcidium Astragali, sur l Astragalus melilo- toides Pall.; OE. Dracunculi, sur l Artemisia Dracunculus ; OE. minus- sense, sur un Mulgedium ; OE. Pulmonarie, sur le Pulmonaria mollis ; Puccinia Saussureæ, sur le Saussurea glomerata; P. minussensis, sur le Mulgedium sibiricum ; P. Pedicularis, sur un Pedicularis indéter- miné; P. Phlomidis, sur le Phlomis tuberosa; P. Claytoniæ, sur le Claytonia arctica Adans.; Uromyces Phacæ, sur un Phaca indéterminé ; (1) Le Mürier noir est nommé simplement par Théophraste ouxäutvos, tandis que M. n] - e , , , l'arbre qu'il appelle 7, atyumtíx ouxdquvos est le Sycomore, le schikmah des Hébreux, Sycomorus antiquorum Gasparr. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 163 U. Alismatis, sur l'Alisma Plantago; Ceoma Ulmarie, sur le Spiræa Ulmaria; C. Martianoffianum, sur le Delphinium intermedium DC.; Coleosporium cimicifugatum, sur le Cimicifuga fætida L.; Melampsora Alni, sur P’ Alnus viridis ; Asteroma Martianoffianum, sur le Mulgedium sibiricum ; Septoria Dracocephali, sur un Dracocephalum indéterminé ; S. Adenophoræ, sur Y Adenophora tricuspidata DC, Toutes ces espéces sont signées de M. de Tliümen. Les Champignons supérieurs n'ont donné lieu qu'à l'établissement des deux espèces sui- vantes, le Stereum modestum Kalchbr. et le Lycoperdon tabellatum Kalchbr. Mycologische Beitrüge, 11; par M. Stephan Schulzer von Müggen- burg (Verhandlungen der k.-k. zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien, 1818, t. xxviii, pp. 423-436). Outre des variétés nouvelles, on rencontre dans ce petit mémoire plusieurs espéces nouvelles, savoir : Agaricus (Naucoria) semiglobosus, voisin de l 4. segestris Fr.; A. (Inocybe) angulososporus ; A. (Inocybe) peracutus ; A. (Pholiota) adiposoides ; A. (Entoloma) fumoso-albus ; A.(Mycena) diaphanus; A. (Tricholoma) tumidoideus ; Coprinus Stross- mayeri, C. subceruleo-griseus ; Cortinarius (Phlegmacium) cibaliensis ; C. (Hydrocybe) interamniensis ; Lactarius badio-albus, L. candiculus ; Russula rugosa ; Hygrophorus (Camarophyllus) subcartilagineus; Len- tinus divisus ; Panus cibaliensis et P. stipticoides. Beiträge zur Kenntniss des Einflusses geänderter Vegetationsbedingungen auf die Formbildung der Pflanzenorgane (De l'influence que la modification des conditions de vie exerce sur la conformation des organes des plantes); par M. Otto Stapf (Verhandlungen der K.-K. zool.-botanischen Gesellschaft in Wien, 1878, t. xvii, pp. 231-246, avec une planche). L'auteur s'est occupé exclusivement de la Pomme de terre. Au commen- cement du mois de mars 1877, il a placé des tubercules de cette plante dans des localités diverses et dans des conditions fort différentes, telles que l'intérieur d'une chambre à la lumière diffuse, l'obscurité complète, la station sous l'eau, dans une atmosphère pleine de vapeur d'eau, dans une cave, etc. Ii a étudié les modifications extérieures et les modifications de tissu qu'ont offertes les Pommes de terre soumises à ces diverses influences. o. Il résulte des expériences de M. Stapf que l'allongement des jets issus des tubercules arrive à son summum dans l'obscurité et quand les condi- tions extérieures sont contraires à la transpiration ; qu'il reste au con- traire à son minimum quand la lumiére est abondante et que la trans piration est favorisée ; il existe naturellement des cas intermédiaires 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. correspondant à des conditions d'éclairage et d'humidité intermédiaires. Les entrenœuds se comportent sous ces influences comme le rameau tout entier, quant à leur allongement. Le nombre des entrenœuds atteint son maximum dans les conditions les meilleures d'éclairage et de transpira- tion ; il descend à son minimum dans les conditions opposées. Lorsque les conditions extérieures sont les plus favorables à la transpiration, la plupart des entrenœuds offrent des racines prêtes à se développer, mais qui ne le font que si la transpiration est empéchée. La production des feuilles est plus favorisée à l'obscurité qu'à la lumière. La diminution de longueur des jets marche de pair avec celle des cel- lules épidermiques; mais les stomates restent aussi gros, ou méme le deviennent davantage. C'est quand la transpiration est le plus génée que le nombre des stomates est le plus considérable ; et quand elle est le plus favorisée qu'il est le plus faible. Quand elle est suspendue, les stomates se développent en lenticelles, dont le développement a été de la part de l'auteur l'objet d'observations circonstanciées. Les cellules du tissu fon- damental sont bien plus remplies d'amidon quand l'allongement est retardé ; cet amidon disparaît quand l'allongement a repris. Le faisceau vasculaire subit une certaine dégénérescence quand l'allongement est empéché. Quant aux poils extérieurs, l'auteur n'a pas constaté que les circonstances extérieures d'éclairage ou d'humidité eussent une influence appréciable sur leur développement. Dans les mêmes expériences il trou- vait des plantes velues à cóté de plantes glabres. Bibliographical Index to North Americam Botany, or Citations of authorities for all the recorded indigenous and naturalized Species of the Flora of North America, with a chronological Arrange- ment of the synonymy ; par M. Sereno Watson. Part 1, POLYPETALÆ. — Un volume in-8° de 476 pages. Washington, mars 1878. Le titre que nous reproduisons en entier pourrait nous dispenser d'entrer ici dans un aucun détail sur cette importante publication, dont il fait suffisamment connaitre la nature et la valeur. C'est une sorte de dictionnaire de la flore nord-américaine, comprise depuis le Groenland jusqu'aux frontières septentrionales du Mexique. Le dictionnaire est classé suivant l'ordre du Genera plantarum de Kew pour les familles, et dans chaque famille par ordre alphabétique pour les genres et les espéces. Pour chaque espéce, indigéne ou naturalisée dans l'Amérique du Nord (et la distinction est établie par un artifice typographique), l'auteur fait connaitre tous les auteurs qui, à sa connaissance, s'en sont occupés, ettous les synonymes qu'elle porte. Il est évident que sur l'attribution synony- mique on pourra n'étre pas toujours du méme sentiment que M. Watson, mais on lui sera dans tous les cas reconnaissant d'avoir mis à la disposi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165 tion des botanistes un aussi bon instrument de recherche ; on le sera aussi à la Société Smithsonienne, qui s'est chargée de la publication de cet ouvrage. The Botanical Text-Book. Part 1. Structural Botany, or Organo- graphy on the basis of Morphology, to which is added the Principles of Taxonomy and Phytography, and a Glossary of botanical Terms ; par M. Asa Gray. — Un volume in-8° de 442 pages. New-York, chez Wison et C^, 1879. Ce traité est la 6* édition d'un Manue lde botanique dont la première a été publiée en 1842. Chaque édition a été marquée par un perfectionne- ment successif, et celle-ci est en particulier le résultat d'une extension nouvelle de l’œuvre. Le plan qu'y a suivi M. Asa Gray diffère un peu de celui qui est généralement adopté en Europe. Aprés une esquisse de la s[ructure générale des plantes, M. Asa Gray met en premiére ligne le développement de l'embryon. Ce n'est qu'alors qu'il suit le parcours ordi- naire de la morphologie, depuis la racine jusqu'à la graine. Vient ensuite une étude des principes de la taxinomie et de la phytographie qui est particulièrement originale, et où se révèle la nature des travaux de l'au- teur. On lira avec grand intérét les deux chapitres consacrés à la nomen- clature et à la description, dans lesquels M. Asa Gray a adopté les régles posées dans le congrès de 1867. Il condamne rigoureusement toutes les tentatives faites par l'emploi de la préparation sub et de la parenthèse. 1l a pris le soin d'éclaircir tout ce qui tient à la description d'une plante, à la constitution et méme à la ponctuation de sa diagnose, à l'abréviation des noms d'auteurs et méme à la prononciation des noms génériques et spécifiques, ce dont les botanistes étrangers à notre pays s'occupent géné- ralement plus que ceux de la langue francaise, habitués à faire tomber l'accent sur la dernière syllabe sonore. M. Asa Gray n'a pas oublié dans ce Traité les conseils aux néophytes, qui sont généralement réservés aux Guides. Ce qui est relatif à l'herborisation et à la récolte des plantes est traité dans son livre par M. Hyman H. Hoysrodt, et a déjà paru en grande partie l'année derniére, dans le Bulletin of the Torrey Botanical Glub. Le Traité de M. Asa Gray se termine par une longue liste des abrévia- tions en usage pour les noms d'auteurs et par un glossaire (1). i ai . Asa Gray ne suit pas tou- 1) Nous remarquons que pour les botanistes français, M. Asa is les mêmes habitudes que nous. Ainsi le nom de M. Brongniart est abrégé par nous Ad. Br. Il est probable qu'à la fin d'une colonne il est tombé quelques dap Ta nuscrit de M. Asa Gray, car sa liste ne comprend ni Durieu de Maisonneuve (DR.), ni Duval-Jouve (J. Duv.-J.). 166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Notizie botaniche relative alle provinzie meridionali d'Italia pel 1878; par M. G. A. Pasquale (Rendiconto della Reale Accademia delle scienze fisiche e matematiche di Napoli, fasc. 12, décembre 1878); tirage à part en broch. in-4° de 4 pages. Ces notes concernent diverses espéces du genre Crocus, que l'auteur rassemble à titre de variétés dans le Crocus multifidus Ram. ; — le Chamepeuce gnaphalioides DC.; — le Buphthalmum Gussonii, recueilli par Gussone prés du cap Miséne, qui differe du B. spinosum « ramis equaliter corymbosis nec caulem superantibus, hirsutie setosa, dense lanata molli, anthodii foliolis exterioribus multo brevioribus »; — l Anona Cherimolia, cultivé à Reggio en Calabre, où il donne d'excellents fruits ; — un arbuste désigné depuis longtemps par les jardiniers de Naples, sous le nom d'Ilex gigantea, et dont la floraison a permis à M. Pasquale de reconnaitre un Hedycarya. Catalogo delle piante raccolte dal prof. A. Costa in Egitto e Palestina nel 1874; par M. O. Comes (Rendiconto della Reale Accademia delle scienze fisiche e matematiche di Napoli, fascicolo 4^, avril 1879) ; tirage à part en broch. in-4° de 14 pages. Ce catalogue comprend 182 espéces, dont l'auteur indique soigneuse- ment la synonymie et la localité telle que le voyageur l'a transmise sur ses étiquettes. Sur ces 182 espèces, 78 sont étrangères à la flore européenne. Embryologische Studien ; par M. A. Famintzin (Mémoires de l' Aca- démie impériale des sciences de Saint- Pétersbourg, vn° série, t. XXVI, n° 10) ; tirage à part en broch. in-4° de 19 pages, avec 3 planches. Saint- Pétersbourg, 1879. Les plantes étudiées dans ce mémoire sont l'Alisma Plantago et le , Capsella Bursa-pastoris, comme types du développement embryonnaire de deux embranchements différents du règne végétal. M. Famintzin a faci- . lement constaté sur ces deux types l'indépendance des trois éléments initiaux du développement, le plérome, le péribléme et le dermatogéne, dont les dédoublements ont lieu dans leur sphére respective, sans que jamais il s’opère un mélange entre les cellules dérivées de deux d'entre eux. On pouvait s'attendre à ce résultat. Il n'en est pas de méme du sui- vant. On sait que les feuilles sont des expansions produites aux dépens du périblème et du dermatogène de la partie axile. On pouvait penser que les cotylédons se comportent de méme. M. Famintzin a prouvé qu'il n'en esl rien. Ceux de l'Alisma et du Capsella possèdent trois initiales ; et les deux initiales les plus intérieures procédent de la couche située dans l'embryon au-dessous du dermatogéne, avant sa division en plérome et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 167 périblème. Naturellement le fait est plus facile à constater sur le cotylé- don de l’Alisma, qui occupe le sommet de l'axe. Les premières cloisons qui apparaissent après la fécondation dans le jeune embryon de l’Alisma se développent l'une après l'autre du sommet à la base. Les premières circonscrivent le cotylédon, la partie médiane et la racine. Cette dernière restera dès lors nettement séparée pendant le développement ultérieur de l'embryon. La partie moyenne donnera nais- sance à la gemmule. Les cloisons subséquentes ont pour effet d'allonger l'embryon et de former le suspenseur (c'est-à-dire le proembryon pour les botanistes allemands et pour l'auteur). Die Zersetzungserscheinungen des Holzes der Nadel- holzhbaume und der Eiche (Les phénomènes de désorganisa- tion du bois chez les Conifères et le Chêne); par M. Robert Hartig. — In-4* de 151 pages, avec 21 planches lithographiées. Berlin, chez Julius Springer, 1878. M. Robert Hartig, fils de M. Théodore Hartig dont le nom est connu par de beaux travaux d'anatomie et de pathologie végétales, forestier comme son père et, croyons-nous, son grand-père, vient de publier une œuvre impor- tante. Cette œuvre intéresse vivement non-seulement les sylviculteurs, mais aussi.les eryptogamistes. L'auteur a eu en effet pour but principal de suivre et de décrire les altérations causées dans le tissu du bois par la pénétration du mycélium des Champignons, et cela sur les principaux de nos arbres forestiers. Aprés avoir, dans une courte introduction, exposé les différentes opinions qui ont cours aujourd'hui relativement à l'étiologie des altérations du bois vivant, il entre dans le cœur de son sujet, qu'il divise en deux parties. Il traite séparément des Conifères et du Chéne. La première partie débute par l'exposé sommaire de la constitution du bois des Coniféres. L'auteur étudie ensuite six Champignons différents, dans leur structure et dans les altérations qu'ils causent, savoir: fi rametes radiciperda, T. Pini Fr., Polyporus fulvus Scop., P. vaporaris Fr., P. mollis Fr., P. borealis Fr. et Agaricus melleus Fr. Le Trametes radici- perda R. Hartig n. sp. est probablement, de l'aveu de l'auteur, le Poly- porus annosus Fr. Il pense d'ailleurs qu'il n'y a pas de limite convenable- ment tracée, dans l'état actuel de la mycologie, entre les genres Polyporus et Trametes, au moins d’après l'Epicrisis. M. Hartig expose la structure hyméniale et méme la germination de cette espece, qui se développe sur les racines du Pin, et qui produit la désorganisation ascendante du bois en partant des racines. Le bois malade prend une couleur violette ; les rayons médullaires et les fibres ponctuées (trachéides) qui les entourent renfer- ment alors un liquide brun dans lequel végètent des filaments de nt lium. Une deuxième phase de l'altération, plus profonde, est marquée par 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une coloration d'un brun clair striée de taches noires. Sur ces taches, les parois des cellules offrent des laeunes qui témoignent de la disparition des filaments qui les ont produites, tandis que leur cavité est plus ou moins remplie par les filaments noirâtres d'un mycélium. A un degré d'altération encore plus avancé, les taches noires du bois sont entourées d'une zone blanchâtre. Cette dernière correspond à un état de dissociation des fibres et des rayons médullaires; et cette dernière altération va toujours en croissant. Parallèlement à ces modifications anatomiques marchent des modifications chimiques; la proportion de carbone diminue dans le tissu du bois. Les analyses chimiques, rapportées fréquemment par M. Hartig, ont été exécutées par MM. Schütze et Daube dans le laboratoire de chimie de l'Institut forestier d'Eberswalle, où M. Hartig est professeur. Ce court résumé du chapitre relatif au Trametes radiciperda suffit pour donner à nos lecteurs uneidée de la manière dont M. Hartig a compris son sujet. L'étroitesse de notre cadre nous empéche malheureusement de donner un résumé analogue des autres chapitres, si intéressants pour la pathologie végétale. Au point de vue pathologique, disons cependant que l'auteur distingue soigneusement deux cas. Dans le premier, que nous venons d'indiquer, les Champignons sont la cause premiére et unique des altérations. Dans le second, le tissu est mort avant d’être atteint par le parasite, qui n'est alors qu’un saprophyte. C'est là le cas d'une désorga- nisation consécutive à une lésion extérieure (Wundfäule) qui peut avoir atteint d'abord les racines. La mort du bois a été causée primitivement par la perte de l'afflux séveux. Les Champignons dont on observe alors le développement n'appartiennent pas seulement aux Hyménomycètes, mais aussi aux Ascomycétes et à des familles encore inférieures. M. Hartig examine plusieurs exemples différents d'une lésion de ce genre. Une autre maladie décrite par l'auteur sous le nom de Wurzelfäule amène la chute inattendue d'un tronc de Conifére, par l'effet du vent ou d'une accumula- tion de neige. On trouve alors la racine désorganisée. Cet état s'observe particulièrement quand il existe de l'eau stagnante dans les profondeurs du sol. Tl est clair que ce ne sont pas non plus les Champignons qui sont ici la cause première du mal. M. Hartig termine la première partie de son ouvrage par l'exposé des résultats obtenus ; il le divise en trois paragraphes, selon que ces résultats intéressent le silviculteur, le botaniste ou le chimiste. Sa seconde partie, relative au Chêne, est distribuée de la méme manière. Les Champignons que l'auteur y étudie sont les suivants : Hydnum diver- sidens Fr., Telephora Perdix R. Hart., n. sp., Polyporus sulfureus Fr., P. igniarius Fr., P. dryadeus Fr. et Stereum hirsutum Fr. L'auteur conclut de ses recherches que les altérations du Chéne, produites par la présence d'un mycélium, ne sont influencées que d'une facon assez faible REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 169 par Ja nature du parasite. Dans les cas où deux Champignons différents ont pénétré à la fois dans le tissu ligneux, l'altération produite est diffé- rente aussi, spéciale, sans avoir de rapports avec celle que détermine l'une ou l'autre des deux mémes espéces. Estudios sobre la Flora y Fauna de Venezuela ; par M. A. Ernst. — In-4° de 119 pages. Caracas, typogr. fédérale, 1871. Cette brochure de date ancienne, mais parvenue seulement depuis quelques mois à la Société, comprend: 4° une Esquisse générale de la flore du Vénézuéla; 2 une Énumération des Fougères de ce pays, qui est simplement un extrait de la deuxiéme édition du Synopsis Filicum de Kew; 3° un Catalogue alphabétique des genres et espèces d'Orchidées constatés jusqu'aujourd'hui dans le méme pays, et qui a été dressé d’après les ouvrages d’horticulture et les travaux de M. Reichenbach fils ; enfin une Revue sommaire des familles de la flore du Vénézuéla, avec la citation des principaux genres de ces familles. Le reste concerne la zoo- logie. Estudios sobre las deformaciones, enfermedades y enemigos del arbol de Cafe en Venezuela ; par M. A. Ernst. — In-4° de 24 pages. Caracas, typogr. nationale, février 1878. M. Ernst expose d'abord quelques anomalies observées par lui sur des rameaux de Café, dans la disposition des rameaux, des feuilles, l'avorte- ment d'un des ovules, la soudure des fruits différents. Il déerit ensuite les maladies qui affectent les plantations de Café, et qui sont dues soit au défaut, soit à l'excés de substances nutritives, d'eau ou de chaleur, soit à des lésions extérieures, soit à des parasites tels que les Loranthus ou quelques Cryptogames, ou encore des larves d'insectes. Deux pages sont consacrées aux ennemis de la plante, parmi lesquels l'auteur compte les mauvaises herbes, les Acarus qui infestent les racines, les oiseaux, etc. Une note additionnelle informe le lecteur que M. Ernst n'a pas été assez heureux pour retrouver dans les aisselles des feuilles du Café, et entre les fleurs anomales, les fleurs plus petites, irréguliéres et exclusivement femelles, qu'y a découvertes M. le D" Bernouilli. La planche représente un insecte qui attaque le Café, le Cemiostoma cof- feellum Staint., et un mycélium observé par l'auteur sur cet arbuste. Some Cotoneasters ; par M. Maxwell T. Masters (Gardeners' Chro- nicle, 13 septembre 1879). M. Masters a fait dans ces notes l'esquisse d'une monographie des espèces cultivées du genre Cotoneaster. Il décrit le C. microphylla Wall., le C. thymifolia Hort., le C. congesta Baker in Sand. Refug. 1, t. 51, le 170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. C. buxifolia Wal.,le C. rotundifolia Wall., le C. prostrata Baker ibid., et le C. Simonsi Hort. Passifitora | chelidonee Mast. (Gardeners Chronicle, 12 juin 1819). | Cette nouvelle espèce de Passiflora appartient à la section Decaloba. Elle est distinguée principalement par la forme des feuilles, qui rappelle la silhouette d’une hirondelle au repos, d’où le nom spécifique. Elle est originaire de l'Équateur, où l'ont récoltée d'abord le Père L. Sodiro, sur le mont Corazon, à une altitude de 6800 pieds, puis M. Éd. André à Niebli près Quito (n° 1110). A new genus of Discomycetes; par M. C. Cooke. Cette communication a été faite par M. Cooke à la dernière session annuelle du Woolhope Club, à Hereford, au mois d'octobre dernier, et publiée dans le Gardeners’ Chronicle du 25 octobre. Le nouveau Cham- pignon dont traite M. Cooke a été recueilli dans la Nouvelle-Zélande par M. Berggren, de l'université de Lund, qui fit un voyage à nos antipodes en 1874 et 1875. Le Berggrenia est une petite masse ovale-piriforme d'un pouce de hauteur, blanchátre à sa base, et d'un rouge orangé brillant à sa partie supérieure ; il est marqué de plis nombreux qui lui donnent un peu l'aspect d'un Tremella, mais à la surface extérieure desquels ne se montre aucune trace d'hyménium. Quand on a fait une section de ce sin- gulier Discomycéte, on trouve à son intérieur une cavité tapissée par l'hy- ménium cherché, c’est-à-dire par de nombreuses thèques 8-sporées, sans trace de paraphyses entre elles. L'affinité invoquée par M. Cooke, quoique d'une manière un peu dubitative, est celle du Sphærostoma, que M. Tu- lasne a considéré comme un Discomycéte. Les Lichens néo-grenadins et écuadoriens récoltés par M. Ed. André ; par M. J. Müller Arg. (extrait de la Rerue mycologique, numéro d'octobre 1879); tirage à part en brochure in-8° de 15 pages. La notice de M. Müller sur les Lichens rapportés par M. Éd. André de son exploration de la Nouvelle-Grenade et de l'Équateur est la premiere qui paraisse sur les résultats botaniques du voyage de M. André (1). Le travail de M. Müller comprend 55 espéces et 20 variétés de Lichens. Ces types appartiennent à trois tribus, celles des Cladoniés, des Ramalodés et des Parméliés. Les nouveaux atteignent le chiffre relativement considé- (1) Les Passiflorées de cette importante collection ont déjà été étudiées par M. Masters, les Broméliacées par M. André avec le concours de M. Morren. Les Fougères recueillies par M. André, et dont la détermination est achevée, s'élèvent au nombre considérable de 367, non compris un certain nombre d'échantillons stériles d'attribution douteuse. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 174 rable de 14, y compris deux belles espéces qui rappelleront à l'avenir leur heureux inventeur. Ces nouveautés sont dans les genres Stereocaulon, Ramalina, Stictina, Parmelia. M. Roumeguére a fait précéder le mémoire de M. Müller dans la Revue mycologique d'un exposé sympathique du voyage de M. André (1). Sur quelques particularités de structure des Brassica ; par M. Dutailly. Cette communication a été faite par l’auteur à l'Association francaise en 1878 ; nous en trouvons le résumé dans la Revue scientifique. M. Du- tailly a étudié spécialement le tissu médullaire du Chou cabus. Il s'y trouve des cellules polygonales, excrétant dans les méats intercellulaires situés à leurs angles une matiére oléo-résineuse, et qui représentent le canal sécréteur à son degré le plus rudimentaire. D'autres fois ce sont des cellules rayées, analogues aux courts vaisseaux rayés de l'extrémité des pétales, et qui se distribuent en faisceaux anastomosés ne contractant aucun rapport avec le cylindre libéro-ligneux de la tige. Trés souvent, au milieu de ces cellules vasculaires, on apercoit un vrai canal sécréteur rempli d'oléo-résine. De temps en temps ces formations se compliquent davantage, el il s'établit au pourtour du canal sécréteur, entre les cellules vasculaires et lui, une segmentation abondante. Il peut arriver que ces cloisonnements de nouvelle formation donnent naissance, contre le canal Sécréteur, à de véritables éléments libériens, et alors on trouve dans la moelle du Chou des faisceaux constitués par un canal sécréteur central enveloppé par du liber et, plus extérieurement, par une couche cambiale et un cylindre réellement vasculaire. M. Dutailly a méme vu ces singuliers faisceaux se relier aux faiscèaux normaux du cylindre libéro-ligneux de la lige, et leur accord se produire de telle sorte que le bois, le cambium et le liber des faisceaux normaux se rattachent directement à chacune des trois couches similaires des faisceaux intramédullaires. Ces derniers sont, bien entendu, formés sur place. On a une bonne idée de ces relations en se figurant les faisceaux extérieurs refoulés vers l'iutérieur, dans la moelle, par une pression extérieure qui leur ferait prendre la forme d'un doigt de gant. M. Dutailly compare ces faits à ceux qu'il a observés dans le Ricin, et dit « qu'ils ne sont nullement isolés dans la famille des Cruciféres, qui mérite à ce point de vue une étude spéciale, et dans laquelle, au reste, les canaux sécréteurs n'avaient point encore été décrits » (2). (1) En attendant la publication spéciale qu'il prépare, M. Audré a fait paraitre peu de temps aprés son retour le rapport qu'il avait adressé à M. le ministre de lInstrue- tion publique (Archives des missions scientifiques et littéraires, 3° série, t. V, 1878, 38 pages in-8° avec 3 planches). " . (2) Voyez Fournier, Recherches anatomiques et taxonomiques sur la familie des Cru- ciferes et sur le genre Sisymbrium, p. 18. 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. The Botany of three historical Records, etc. (La botanique de trois témoignages historiques : le « songe de Pharaon », la « para- bole du semeur » et la « mesure du roi ») ; par M. A. Stephen-Wilson. — In-8° de 120 pages. Édimbourg, chez David Douglas, 1878. L'auteur a recherché à quelle plante pouvaient s'appliquer les sept épis luxuriants et les sept épis gréles du songe de Pharaon. Il en donne plusieurs explications, et fait comprendre qu'il ne s'agit peut-être pas de sept épis nés sur la méme tige (ce qui ne se rencontre jamais, et n'est vraidu Tri- ticum compositum qu'en forcant le sens du mot épi), mais bien de sept tiges épiées partant du méme pied, ce qui est bien différent. Comme il ne s'agit là que d’un songe, il n'y a pas à l'exégése le méme substratum que s'il était question d'une plante donnée, et caractérisée par un nom hébreu. Dans un second article, M. Stephen-Wilson recherche quelle était la Céréale assez fertile dans l'ancienne Judée pour avoir justifié la parabole du semeur, dans laquelle on voit un grain rendre le centuple. Il dit que cela arrive encore aujourd’hui parfois en Angleterre pour le Blé, et cite le centigranium de Pline (1). En troisiéme lieu, M. Stephen-Wilson traite d'une question qui inté- resse fort les archéologues anglais. Le système de mesure repose en Angleterre sur un étalon que la tradition rapporte avoir été le poids de 32 grains de Blé pris dans le milieu de l'épi. M. Stephen-Wilson, qui pré- pare actuellement une Histoire des poids et mesures en Angleterre, s'est évertué à chercher quel pouvait bien étre ce poids, et naturellement il est arrivé à se prouver à lui-méme, par des mesures répétées sur des Dlés de provenance très différentes, qu'il n'y a pas deux grains de Blé qui soient absolument de méme poids. Les naturalistes enclins à étudier les varia- tions de l'espèce trouveront dans son mémoire des documents intéressants sur ces inégalités de poids, qui, toutes choses égales d'ailleurs, doivent correspondre, aprés la germination, à des développements inégaux. Les anciens climats et les flores fossiles de l'ouest de la France ; par M. Louis Crié. — In-8* de 74 pages. Rennes, impr. E. Baraise. Paris, chez Jacques Lechevalier. — Prix : 2 francs. M. Crié a rassemblé dans un court résumé les principaux documents que nous possédons sur les flores fossiles de l'ouest de la France. Pour l'époque paléozoique, il retrace la flore silurienne d'Angers, encore bien peu nombreuse et presque réduite au genre Eopteris (E. Criei Sap., (1) Si l'auteur avait connu les recherches de M. Clément Mullet Sur les noms des Céréales chez les anciens, il n'aurait pas manqué sans doute de citer aussi le Dourrah ou Sorgho, qui, d'aprés Pline, rendait pour un grain trois septiers romains, et dont Isaac (Gen. xxvt, 12) récoltait aussi le centuple. (Voy. Niebuhr, Descript. Arab. 1, 217.) REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 E. Morierei Sap.) (1); la flore anthracifére de Solesmes (Sarthe) et la flore supra-houillére de Saint-Pierre-Lacour (Mayenne), dont la flore actuelle de la Nouvelle-Zélande, dit-il, avec des Dicksonia, ses lianes forestières ou Preycinetia, ses Conifères pourvus de feuilles élargies (Dammara) et de rameaux aplatis (Phyllocladus), reproduit assez fidèlement le paysage pittoresque. Pour la série jurassique, M. Crié rappelle la flore oolithique de Mamers, qui fut la terre des Cycadées (Bolbopodium Mamertinum Crié) ; la flore crétacée du Mans (Paleospatha sarthacensis Crié, Cyca- dites sarthacensis Crié), qui nous offre les derniers représentants des Cycadées dans la Sarthe avec les restes du premierPalmier, et un groupe remarquable de Coniféres (parmi lesquels Pinus Guillieri Crié), ainsi que les premières Dicotylédones angiospermes (Magnolia? sarthacensis Crié).' L'époque tertiaire est représentée par la floreéocéne du Mans et d'Angers, dont un grand nombre d'espéces sont signées de M. Crié, qui a ajouté aux espéces décrites dans les grés de la Sarthe par M. Ad. Brongniart et O. Heer quarante types nouveaux, dont une Rubiacée, le Morinda Bron- gniartii Crié. La flore quaternaire de notre région de l'Ouest est peu connue ; cependant les dépôts travertineux de Mamers, formés sous l'iu- fluence des eaux incrustantes, renferment quelques vestiges remarquables par leur bel état de conservation. Un tableau qui termine le mémoire de M. Crié montre la concordance des formations géologiques de l'ouest de la France et des flores fossiles correspondantes. Catalogue des Champignons observés aux environs de Bruxelles ; par Mesdames E. Bommer et M. Rousseau (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, t. xvur, pp. 61-219). Dans l'espace de deux années seulement, les auteurs de ce Catalogue ont recueilli un total de prés de neuf cents espèces de Champignons, sans s'écarler beaucoup de la ville, el surtout. dans les parties boisées qui l'avoisinent au sud. La classification suivie par elles est celle du Systema mycologicum de Fries, telle que l'a modifiée M. Berkeley dans son Introduction to Cryptogamic Botany. Les tableaux analytiques sont ceux du Handbook of British Fungi de M. Cooke, qui les a gracieuse- ment autorisées à en faire usage. Les Nectaires, étude critique, anatomique et physiolo- gique ; par M. Gaston Bonnier. Thèse pour le doctorat ès sciences (extrait des Ann. sc. nat., 6° série, t. vii, pp. 1-212, avec 8 planches); tirage à part en un volume broché. Paris, G. Masson, 1879. i : ssi "lé Eopteris par M. de (1) On sait que la nature végétale des fossiles rapportés au genre Saporta a été contestée. Voyez, sur ce sujet, une lettre de M. de Saporta, dans la Revue scientifique, numéro du 23 août 1879. 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On sait que d'aprés la théorie préconisée par MM. Ch. Darwin, Delpino, Hermaun Müller, Lubbock et plusieurs autres auteurs, théorie formulée par M. Sachs dans son Traité de botanique, el aujourd'hui passée dans l'enseignement en Allemagne comme en Angleterre et en Italie, les sécré- tions sucrées versées dans la fleur par les nectaires le sont exclusivement pour favoriser la fécondation croisée. M. Bonnier s'est inscrit contre cette théorie. 11 montre facilement, par une expérience fondée sur l'étude d'environ 800 espéces de plantes, que cette théorie est contredite par une multitude de faits, et que nombre des arguments invoqués pour l'étayer sont fondés sur de pures hypothéses ou des observations inexactes (1). L'une des considérations les plus impor- tantes à faire valoir contre elle est tirée des nectaires extra-floraux, par exemple de ceux des Fougères, bien peu connus avant les observations de M. Bonnier. Il est clair que la théorie de la fécondation croisée, qui laisse en dehors d'elle les faits si nombreux où le sucre est produit en dehors de la fleur, ne s'adapte par conséquent pas à l'ensemble d'une grande loi naturelle. En concluant qu'elle « parait insuffisante », M. Bonnier s'est obligé à étudier de nouveau la physiologie des nectaires. Ce mot est appliqué par lui d'une facon spéciale. Il ne s'agit plus ici, comme du temps de Soyer-Willemet et de Desvaux, de définir la forme et le rôle des nectaires de la fleur, d'autant que la plupart des organes appelés de ce nom par les anciens auteurs sont simplement des réservoirs où s'accumule le nectar sécrété en dehors et généralement au-dessus d'eux. Pour M. Bonnier, comme pour M. Caspary et pour Bravais, le nectaire est simplement la glande qui produit une substance sucrée, soit dans la fleur, soit en dehors d'elle, par exemple sur les pétioles de certaines feuilles; ou mieux encore tout tissu dela plante, en contact avec l'extérieur, dans lequel s'aceumulent en proportion notable les sucres des genres sac- charose et glucose. | L'étude anatomique de ces tissus impliquant d'abord la constatation de leur caractère, M. Bonnier s’est livré à des recherches de microchimie dont il expose les résultats et auxquelles il a dû d'inventer une méthode spéciale d'examen. Il étudie ensuite les accumulations de saccharoses et de glucoses localisées : 1° dans les cotylédons ; 2 dans les feuilles ; 3° dans les stipules ; 4° dans les bractées ; 5° entre une feuille et la tige; 6° dans les sépales; 7° dans les pétales ; 8^ entre les sépales et les étamines ; 9^ dans les étamines ; 10° entre les sépales, pétales ou étamines, et les car- (1) Ainsi M. Darwin dit que chez les Orchidées le labelle se creuse en éperon pour recueillir et rassembler le nectar. Or, dans un trés grand nombre d'Orchidées, on ne trouve pas de nectar dans l'éperon du labelle. M. Darwin admet lui-méme qu'il n'en a pas rencontré dans la moitié des Orchidées qu'il a observées. Il est vrai qu'il suppose alors que les ancétres de ces plantes en avaient. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 175 pelles; 11° dansles carpelles ; 12° à la base commune de tous les organes floraux. Par tout cet examen, on voit que la structure générale du tissu nectarifére varie dans des limites assez étendues, et que l'accumulation de substances sucrées peut occuper dans les différentes parties de la plante les situations morphologiques les plus différentes. L'auteur a prouvé en outre que les nectaires floraux varient considérablement dans une méme famille naturelle, dans un méme genre et dans une méme espéce, surtout d'après les faits fournis par les Cruciféres. Il a reconnu que dans le plus grand nombre des cas les tissus saccharifères qui émettent un liquide sont pourvus de stomates, et que c'est surtout par ces derniers organes que s'effectue l'issue du liquide sucré. Les causes extérieures peuvent d'ailleurs influer sur la quantité de nectar produite chez une méme espéce de plantes, par un tissu de méme âge. L'humidité augmente la quantité absolue de nectar en empéchant ou modérant l'évaporation ; la sécheresse au contraire la diminue. L'élévation de la latitude (1) augmente aussi la proportion de nectar, ainsi que l'altitude. Cette proportion augmente avec la quantité d'eau absorbée parles racines. M. Bonnier est méme parvenu à faire produire du nectar à des espéces qui ordinairement n'en donnent pas, en les arrosant abondamment et en les plaçant dans un espace clos saturé d'humidité. Un autre point physiologique important est la réabsorption du nectar et des sucres aprés leur sécrétion préalable. Ce point nouveau est mis hors de doute par les observations anatomiques et chimiques de l'auteur. Il en résulte la partie la plus originale de son travail. Cette réabsorption prouve que le liquide sueré formé par la plante l'est pour elle, pour sa propre nutrition, et qu'il existe dans le régne végétal quelque chose d'analogue à la fonction glycogénique du foie. Le saccharose n'est pas assimilable, mais le glucose l'est au contraire. Le sucre se révéle comme jouant un róle parallèle à celui de l'amidon; il change de constitution chimique, sous l'influence d'un ferment, pour devenir soluble et servir à la nutrition. Toutes les matières sucrées, quel que soit leur siège, se conduisent de la méme façon, et celte théorie rend compte de leur évolution. Cette évolu- tion est tout intrinsèque pour l'auteur, qui exclut les causes finales exté- rieures à la plante. Quant au nectar des fleurs, il est employé a nourrir l'ovaire et les jeunes ovules, comme lavait déjà dit en 1720 Pontedera, qui malheureusement n'avait appuyé cette assertion que sur deux preuves expérimentales des plus contestables. (1) Ces observations sur l'influence de la latitude ont été exposées avec plus de détail par M. Bonnier dans un mémoire qui lui était commun avec M. Flahault, et qu'ils ont publié dans les Annales au commencement de cette année. Les deux mêmes auteurs eu ont donné un résumé dans une de nos séances. 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Die Nectariem der Blüthen. Anatomisch-physiologische Unter- suchungen ; par M. Wilhelm-Julius Behrens (Flora, 1818-1879). Le premier article de M. Behrens, contenant un aperçu général de ses idées sur les nectaires, a paru dans le Flora du 11 octobre 1878. L'auteur a divisé son travail en quatre parties : 1° l'historique ; 2° partie générale, renfermant l'étude morphologique extérieure des neclaires; 3^ partie spéciale, renfermant l'étude anatomique de ceux d'une série de plantes choisies; 4^ enfin exposition des résultats. L'auteur a donné une attention particulière à la fonction, il décrit d'une maniere détaillée les organes de la sécrétion, la constitution chimique du liquide sécrété et le chemin qu'il suit pour parvenir à la surface extérieure de l'organe. Il existe en effet des nectaires qui préparent le neciar, dit l'auteur, mais ne le sécrétent pas. Pour examiner le produit de la sécré- tion, M. Behrens a été jusqu'à employer, dans certaines circonslances, l'appareil de polarisation microscopique. Les principales plantes étudiées par M. Behreus sont les suivantes : Ranunculus Ficaria, R. polyanthemos, Alchimilla vulgaris, Polygo- num Fagopyrum, Rhinanthus minor, Agapanthus umbellatus, Dier- villa floribunda, Abutilon Hildebrandtii, A. insigne, A. striatum, Althæa rosea, A. silvestris, Tropeolum majus, Nigella arvensis, Ces- trum sp., Viola odorata, V. canina, Acer Pseudoplatanus, Symphy- tum officinale, Anthriscus silvestris, Pastinaca sativa, Heracleum Sphondylium, Daucus Carota et Aralia Sieboldii. Les nectaires floraux, dit Pauteur dans ses conclusions, sont des parties de la fleur constituant un tissu à petites cellules polyédriques ou arrondies, dont les parois sont minces, non épaissies. Tantôt le tissu nectarifère est couvert d'un épiderme cuticularisé (et alors il possède presque toujours des orgaues de sécrétion particuliers); tantót la cuticule fait complétement défaut au-dessus de la couchesupérieure. Ce tissu peut contenir des élé- ments différents : du metaplasma (1), qui a une couleur jaune éclatante et qui peut se transformer en d'autres éléments ; l'amidon transitoire, qui apparait à certains moments en présence des substances du méta- plasma, est trés finement granuleux, et tantôt remplit tout le tissu, tantôt ne se montre que dans certaines cellules ou certains groupes de cellules; des mucilages ou des gommes que la teinture d'aniline colore en rose de chair ou en pourpre; des liquides sucrés, souvent mélés avec des sub- stances albumineuses; enfin de petits amas de cristalloïdes, qui ne se (1) Ce mot a été créé par M. Hanstein, dans un travail que l'auteur a pris pour guide : Ueber die Organe der Harz- und Schleimabsonderungen in den Laubknospen (Sitsungsberichte de l'Académie de Vienne, 1856). Le métaplasma est un plasma gra- nuleux auquel sont mélés divers hydrates de carbone analogues à l'amidon. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 177 trouvent que dans un petit nombre de nectaires et ne constituent que des dépôts sans importance dans le voisinage de la surface. C'est de ces élé- ments qu'est formé le nectar, résultat ultime de diverses métamorphoses chi- miques, généralement transporté à la surface de l'organe. nectarifére (1). La naissances successive de chaque produit de transformation a lieu dans l'ordre suivant : 1° Dans l'état le plus jeune, les cellules du nectaire, encore susceptibles de se cloisonner, ne contiennent qu'un protoplasma vérttable d’où sont tirés les matériaux du cloisonnement cellulaire. — 2» On voit uu hydrate de carbone liquide (substance amyloïde, glucose, etc., provenir d’autres parties de la fleur et remplir aussi bien le nectaire que le parenchyme environnant. — 3^ Cette substance esl emmagasinée comme substance de réserve pour être plus tard employée à la production rapide et abondante du nectar. L'amidon apparait successivement dans le parenchyme fonda- mental qui entoure le nectaire, puis dans le tissu du nectaire lui-même. — 4° Au moment de l'épanouissement de la fleur, la plus grande partie de cet amidon est déjà repassée à l'état d'hydrate de carbone fluide. — 9° Cette substance amyloide se mêle avec le plasma des cellules du nec- laire et forme le métaplasma indiqué plus haut. — 6° Le metaplasma traverse en tout ou en partie, par le moyen de la diffusion, les parois des cellules du nectaire jusqu'à la surface de celui-ci, où il est sécrété par des appareils fort variés. ; Ces appareils sont parfois des appareils de diffusion, tels que l'épiderme, ou, s'il manque, la couche supérieure de l'organe, qui, au lieu d'étre supé- rieure, peut se trouver rangée autour des canaux intra-ovariens dans lesquels elle laisse se déverser le nectar. Dans d'autres cas, la paroi moyenne de la cuticule devient collenchymateuse, et le mucilage qui en résulte souléve par places la membrane ; cela se produit sur toute la couche épidermique ou seulementau sommet des papilles de l'épiderme. On peut aussi observer la résorption de la couche épidermique, qui alors n'est pas ou presque pas euticularisée. Dans un quatrième cas, la sécrétion s'effectue par des sto- mates, dont la chambre respiratoire se remplit d'un nectar provenant par diffusion du tissu avoisinant. Le nectar versé à la surface de la fleur par l'un de ces moyens se com- pose en grande partie d'hydrates de carbone : sucres, pommes et autres, et renferme peu de substances protéiques. D'ailleurs le nectar est très différemment composé selon les espèces auxquelles il appartient. ' scrétion, et qu'il exprime par les 1) C'est ce transport que l'auleur appelle une sécrétion, et. i pales es ausgeschieden, secernirt. Il est visible qu'il s'agit là d'une dm ai gems physiologique ordinaire, la sécrétion proprement dite s'accomplissant dans du tissu pedis (nevor) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On the genus Æalophila; par M. I. Bailey Balfour (Transactions of the Botanical Society, 1818, pp. 290-343, avec 5 planches). Les recherches de l'auteur ont été pour la plupart exécutées à Stras- bourg, dans le laboratoire de M. de Bary. La morphologie des organes de la végétation est traitée par lui avec de grands détails, notamment l’arran- gement des feuilles (1). Les fleurs du genre Halophila sont unisexuées; l'auteur n'a pu déterminer si elles sont monoiques ou dioiques. Les grains polliniques sont unis en forme de chaîne, sans être aussi longs que dans les genres voisins Cymodocea et Zostera. La fleur femelle a l'ovaire infère avec de nombreux ovules sur trois placentas pariétaux ; elle est terminée par un processus gréle (le tube du périanthe), qui porte à son sommet trois divisions étroites alternant avec les carpelles, et en dedans de ces divisions trois stigmates filiformes. Le fruit est une capsule globulaire, les gráines exalbuminées contiennent uu gros embryon macropode avec un cotylédon tordu en spirale à son sommet. Dans ses remarques sur la position du genre, l’auteur fait observer que si ce genre possède beaucoup de traits distinctifs des Naïadées, parmi lesquelles on le placé ordinairement, cependant il se rapproche des Hydro- charidées par la structure de son ovaire, el que par conséquent il occupe réellement une place intermédiaire, faisant disparaitre la distinction arti- ficielle qui sépare ces deux familles. Les espèces examinées par l’auteur, l'Halophila ovalis et PH. stipu- lacea, ont été toutes deux recueillies à l'ile Rodriguez. M. Balfour attache une grande importance aux caractères du feuillage, etil serait disposé à écarter du genre lH. stipulacea et PH. Beccarii, à cause des différences trés notables de leurs feuilles. Second Supplement to the Jamaica Ferns recorded in Gri- sebach’s Flora of the British West Indies ; par M. G.-S. Jenman (The Journal of Botany, septembre 1879). Nous avons déjà cité (2) le premier mémoire de M. Jenman sur les Fougères de la Jamaïque, où il semble vraiment qu'il y ait des moissons indéfinies pour les collecteurs de ces plantes, car M. Jenman en décrit encore de nouvelles, dont plusieurs sont signées de M. Baker, plusieurs de l'auteur, qui les regarde comme de valeur spécifique, contre l'avis de ce savant ptéridographe. Les nouveautés signalées dans ce second mémoire sont les suivantes : Cyatheg Nockii Jeum., dont le stipe n'a que deux ( » FA Un résumé de cette partie du mémoire a paru dans le Journal of Botany, 1878, " 8) Voy. le Bulletin, t. xxv (Revue), p. 99. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 pouces de hauteur; Alsophila parvula Jenm., que M. Baker regarde comme une forme de lå. aspera; Asplenium altissimum Jenm., qui est pour M. Baker une variété de l'A. hians; Aspidium caudatum Jenm., voisin de l'A. triangulum et surtout du Polystichum ilicifolium Fée ; Nephrodium firmum Baker, voisin du N. rigidulum Baker de Cuba: N. Sherringii, qui porterait le n° 75 dans le Synopsis Filicum ; N. usi- tatum Jenm., que M. Baker hésite à séparer du Polypodium tetragonum Sw. (1) ; Polypodium heterotrichum Baker, qui lient le milieu entre le P. subtile et le P. pendulum ; Acrostichum gramineum Jenm. (A. sim- plex Sw. var. sec. Baker); A. pallidum Baker, à frondes pendantes, glabres et cartilagineuses, arrondies-subcordées à la base. On a collection of Ferns gathered to the Fiji islands by Mr. John Horne ; par M. J.-G. Baker (The Journal of Botany, octobre 1879). M. Horne est le directeur du jardin botanique de Maurice. Il a passé prés d'une année aux iles Fidji ou Viti, où il avait été appelé pour rechercher de nouvelles variétés de Canne à sucre. Il est de là revenu en Angleterre, où il a apporté un exsiccata des Fidji comprenant 1146 numéros, parmi lesquels 300 désignent des Fougères ou des Filicinées. La facilité de par- cours étant aujourd'hui plus considérable, M. Horne a pu visiter certains districts de l'intérieur que n'avaient pu atteindre Seemann, ni MM. Milne, Mac Gillivray et Brackenridge. Aussi a-t-il pu ajouter aux Fougéres énu- mérées dans le Flora vitiensis par M. Carruthers 30 à 40 espéces, dont une quinzaine sont nouvelles. Ces nouveautés sont les suivantes : Alsophila Hornei, caractérisé par son rachis noir et la présence de segments accessoires à la base du pétiole; Trichomanes cultratum, voi- sin du T. Motleyi V. d. B.; Dicksonia incurvata, voisin du D. Cicutaria, qui est américain ; Adiantum Hornei, voisin des Adiantum affine et fla- bellulatum ; Pteris vitiensis, voisin du P. pellucida ; Nephrodium tri- partitum, voisin du N. Pica de. Maurice; N. heptaphyllum, voisin. du N. Barteri de l'Afrique occidentale ; N. juglandifolium, qui appartient comme les deux précédents à la section Sagenia ; Polypodium alsophi- loides Baker non Liebm., qui a la fronde divisée de méme que TA. late- brosa: P. Gordoni, un Phegopteris comme le précédent, qui rappelle certaines formes du Nephrodium Boryanum ; P. (Dictyopteris) depa- rioides : P. Hornei, voisin du P. (Cryptosorus) blechnoides ; P. (Phyma- todes) viliense, voisin du P. Powellii; Gymnogramme ( Syngramme) scolopendrioides. tantôt pourvues, tantôt dépourvues d'indusium, sai i Fougères, , (1) On sait que certainet s le genre Phegopteris (voy. le Bulletin, t. xix oscillent entre le genre Aspidium et [Séances], p. 25). 180 SOCIÉTÉ. BOTANIQUE DE FRANCE. Four new Ferns from South China ; par M. J. G. Baker (The Journal of Botany, octobre 1879). Cheilanthes Fordii, voisin du Ch. Lindigii, qui est une espéce amé- ricaine; Asplenium fuscipes, voisin de lA. rutaceum, également améri- cain; Polypodium calvatum, qui appartient à la section Niphobolus, et qui est voisin du P. stigmosum Sw.; P. cantoniense, qui est un Phyma- todes, voisin du P. lineare. Ces quatre nouveautés sont originaires des environs de Canton. New Adiantun; par M. Th. Moore (Gardeners Chronicle, 19 juin 1819). L'Adiantum mundulum est un semis de PA. cuneatum. L'A. rhom- boideum H.B.K. a été longtemps cultivé sous le nom d'A. varium, tandis que l'A. varium H.B.K est généralement regardé comme un synonyme de rA. villosum L. L'Adiantum Bausei, hybride supposé entre lA. trapeziforme el l'A. decorum, est décrit par M. Moore dans le Gardeners’ Chronicle du 14 octobre dernier. Bemerkungen über neue oder kritische Pflanzen der pyrenaischen Halbinsel und der Balearen; par M. Moritz Willkomm (OEsterreichische botanische Zeitschrift, septembre 1879). Cette note concerne le genre Chætonychia et le genre Brachytropis. Le premier est la section Chætonychia DC. du genre Paronychia, com- prenant le P. cymosa DC. Le second est la section Brachytropis DC. du genre Polygala, comprenant le P. Chamæbuxus et le P. microphylla. Neue csterreichische Pilze; par M. J. 5. Potsch (ibid.). Cette note comprend la description de deux espéces nouvelles du geure Dedalea, le D. Schulzeri Pœtsch, trouvé sur le tronc à moitié mort du Populus pyramidalis ; et le D. Potschii Schulzer, observé sur des pieux el des planches débités dans du bois provenant de Conifères. Sélaus virescens; par M. Victor de Janka (Œsterreichische bola- nische Zeitschrift, octobre 1879). Le Silaus virescens des auteurs se divise, d’après l’auteur, en deux espèces, savoir : 1° Le Feniculum virescens Benth. et Hook. (Bunium virescens DC.), stylopodiis acuto-conicis latitudine altioribus ; 2 le Feniculum Rochelii Janka (Silaus virescens Griseb. non aliorum, Peucedanum arenarium REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 184 Baumg. non W. K., Selinum Rochelii Heuff.), stylopodiis depressis, alti- tudine latioribus. Untersuchungen über die Lebermoose; par M. Hubert Leit- geb, avec la collaboration de M. Waldner. v* livraison, in-4° de 60 pages, 9 planches. Gräz, 1879, chez Leuscher et Lubensky. Cette livraison contient les Anthocérotées ; elle comprend une partie générale et des recherches spéciales. La première traite des genres des Anthocérotées, de leurs affinités réciproques, et enfin des relations que les Anthocérotées présentent avec les autres groupes d'Hépatiques. Les recherches spéciales concernent le genre Anthoceros, le genre Dendro- ceros et le genre Notothylas. La livraison se termine par quelques dé- tails sur la structure de l'archégone. Di alcune piante usate medicalmente alle Indie orien- tali; par M. Carlo Marchesetti (extrait du Bullettino delle scienze naturali della Società adriatica in Triest, 4° année, n° 4). L'auteur a passé plusieurs mois dans les Indes orientales; il y a vu de prés les Hakim ou médecins indigénes. Les principaux remédes qu'ils emploient sont des fébrifuges : l'écorce de Melia Azedarach, une Gen- tianée, l'Ophelia Chirata DC. ; le Gulancha, qui est un mélange de la racine et de la tige du Tinospora cordifolia Miers; les fruits du Guilan- dina Bonducella L. Contre les maladies des organes digestifs, le médecin indigéne emploie les écorces et les fruits, riches en tannin, de plusieurs Chénes qui se rencontrent dans le nord de la Péninsule, ainsi que l'écorce de plusieurs Acacia, et particulièrement de l'A. arabica Willd., celle du Terminalia Chebula Retz. et celle du Pterocarpus Marsupium DC., méme le Butea frondosa Roxb., qui produit la gomme Kino. On fait aussi grand usage du Cachou. On se sert encore des graines du Plantago ispagula Roxb., dont la décoction ressemble à celle du salep, du muci- lage fourni par le Feronia Elephantum, et enfin de l'écorce de Grena- dier. Contre les affections viscérales caractérisées par des symptômes cholériformes avec diminution des forces, le Hakim emploie les astriu- gents unis aux toniques ; il joint à l'eau-de-vie le Poivre, la Cannelle, le Gingembre, la Muscade ou le Capsicum fastigiatum. Comme purgatif, la médecine indigène a recours au Ricin, qui croit presque partout, à des Aloés, au Séné fourni par le Cassia lanceolata et d'autres espèces du méme genre. Comme émétique, pour remplacer le Cephelis Ipecacuanha, qui manque à l'Inde orientale, on a le Tylophora asthmatica Wight et Arn. et le Calotropis gigantea R. Br.; comme anthelminthiques, l'écorce de Grenadier, le Vernonia anthelminthica Willd., le- Carica Papaya, lequel cependant produit souvent des coliques;: contre le Ténia notam- 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment, on a le Kamala, ou la poudre des capsules du Mallotus phi- lippinensis Mill., ete. Les Smilax, qui croissent contre toutes les clôtures, donnent les diurétiques, ainsi que l'Hemidesmus indicus R. Br. et le Barteria longifolia Nees. Le baume de Copahu est remplacé par le Cubèbe, l'huile de Santalum album L. ou de Dipterocarpus levis Ham. Les narcotiques ne sont guére en usage, ce que l'on concoit en songeant aux énormes doses d'opium qu'absorbent quotidiennement les Hindous. Symbolæ ad floram mycologicam ausítriacam ; auctore F. de Thümen (OEsterreichische botanische Zeitschrift, novembre 1879). Sorosporium Vossianum, sur les ovaires du Molinia cerulea ; Enty- loma Fischeri, sur les feuilles du Stenactis bellidifolia ; OEcidium Li- thospermi (OE. Asperifolii Pers. forma Rhytispermi Opiz); Diplodia palmicola (peut-être semblable au Spheria palmicola Fries), trouvé sur les fruits du Cocos nucifera dans les serres de Vienne ; Cryptosporium perularum, trouvé sur le Pirus communis ; Phoma erythrellum, sur les feuilles mortes du Pinus austriaca : Ph. thujina, sur celles du Thuja orientalis; Septoria sojina, sur les feuilles du Soja hispida; Septoria esculina, qui diffère notablement du S. Hippocastani Berk. et Br. et du S. æsculicola Desmaz.; S. epicarpii, S. nigro-maculans, sur l'épicarpe du Juglans regia ; Fusisporium chenopodinum, sur les tiges mortes du Chenopodium album; Sporotrichum malayense, sur les grains de raisin conservés et gàtés; Ramularia Vossiana, sur les feuilles du Cirsium oleraceum ; Gleosporium epicarpii, sur l'épicarpe du Juglans regia ; Dematium fructigenum, sur les fruits mûrs du Cydonia vulgaris ; Hypha stratalis et Himantia dædaloides, observés dans les celliers. Beiträge zur näheren Kenntniss der chemischen und physikalischen Beschaffenheit der Intercellularsub- stamz; par M. Felix Solla (OEsterreichische botanische Zeitschrift, novembre 1879). Voici les conclusions de ce mémoire : 1. La substance intercellulaire, ou lamelle moyenne de la paroi, subit pendant le cours du développement des tissus divers changements phy- siques et chimiques. — 2. Elle est, par sa constitution moléculaire, dif- férente des couches de la paroi qui l'avoisinent. — 3. A sa première apparition, cette substance est ou de la cellulose pure (dans le cambium), ou (au sommet de la tige) une substance dans laquelle on discerne tót ou tard la cellulose. — 4. La substance intercellulaire des jeunes tissus qui doivent se maintenir sans transformation consiste ordinairement en cellulose. Quand le tissu est complètement développé, la cellulose n'es! REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 183 plus directement constatable dans la substance intercellulaire, par exemple chez certains libers ; elle subit diverses transformations chimiques et offre des propriétés spéciales en présence des réactifs. — 5. Ces transforma- tions, par exemple pendant la maturation des fruits, amènent la sépara- tion partielle ou compléte de cellules auparavant unies. Souvent cette séparation s'effectue mécaniquement, par une fissure dans la substance intercellulaire, comme entre les cellules amylacées des tubercules de Pomme de terre aprés la cuisson. Ueber einige Orchideen der niederósterreichischen Flora (Sur quelques Orchidées de la Basse-Autriche); par M. Gün- ther Beck (OEsterreichische botanische Zeitschrift, novembre 1879). Nous extrayons de ces notes les détails suivants sur l'Ophrys obscura, n. sp., recueilli « inter virgulta montis Bisamberg prope Viennam », qui est voisin de l'O. fuciflora Rchb. f. (O. arachnites Reichardt), mais qui s'en sépare par la grandeur plus considérable des fleurs et notamment de la lévre nectarifére; par les lobes extérieurs du périanthe verts et obtus, tandis que ceux de PO. fuciflora sont blancs ou d'un rose brillant ; enfin par la lévre nectarifére sans protubérance, uniformément convexe, non bordée, d'un brun rouge éclatant, présentant deux lignes glabres réunies par le milieu en forme d'H. Ueber Vorkommen von Chlorophyll in der Epidermis dei Phanerogamen-Blátter (De la présence de la chlorophylle dans l'épiderme des feuilles des Phanérogames); par M. Adolf Stóhr (extrait des Sitzungsberichte der k. Akad. der Wissenschaften, février 1819, t. LxxIx). On sait qu'il existe de la chlorophylle dans les cellules épidermiques des Fougéres et des Phanérogames submergées; le fait n'est pas connu pour ordinaire chez les Phanérogames terrestres, dont quelques-unes seu- lement sont réputées contenir de la chlorophylle dansleurs cellules épider- miques. M. Stóhr a examiné les feuilles de 102 espéces de Dicotylédones, appartenant aux familles les plus différentes, dont 94 lui ont montré de la chlorophylle dans leur épiderme. Parmi les Gymnospermes, cela ne S'est rencontré que sur les types à larges feuilles, et les Monocotylédones examinées n'ont offert aucune trace du phénomène. Dans les cas ordi- naires, la chlorophylle ne se trouve que dans l'épiderme de la page infé- rieure, quelquefois aussi sur la page supérieure, et jamais l'auteur na observé que cette dernière en contint seule. Tantôt cette chlorophyllé conserve la forme des grains amylacés d’où elle provient; tantôt elle ne présente aucune forme définie, par exemple dans l’épiderme qui revêt la tige et les nervures des feuilles chez le Solanum pseudocapsicum, comme 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur les bractées qui recouvrent les bourgeons hivernaux de l'Hepatica triloba. La chlorophylle épidermique semble dépourvue de fonctions, car on ne remarque dans ses grains aucune trace d'amidon inclus, mais au contraire des corpuscules spéciaux, réfractant fortement la lumiére, ne bleuissant pas par l'iode, que l'auteur regarde comme les produits de la transformation de l'amidon primitif. Le défaut de chlorophylle à la page supérieure est attribué par l'auteur à l'influence d'une lumière plus intense, qui a détruit la matière colorante. En effet, on observe sur cette page, à la place des grains de chlorophylle, les granules indiqués plus haut, qui étaient d'abord compris dans leur intérieur, et qui sont des résultats de leur dégénérescence. Ayant cultivé des pieds de Bellis perennis à une lumiére d'intensité moyenne, et ayant examiné de temps en temps les feuilles nouvellement produites, il a fini par trouver une certaine intensité de lumiére sous laquelle la page supérieure conservait des grains de chloro- phylle normaux. Nuovi cenni sul Amphore bullosa; par M" la comtesse Fiorini-Mazzanti (Atti della Società crittogamologica italiana in Mi- lano, 1879, 1"* livraison). M"" Fiorini-Mazzanti, dont cette Revue a annoncé la perte récente et douloureuse, avait donné le nom de Colletonema bullosum, dans les Actes de l'Académie de' nuovi Lincei, à une Diatomée trouvée « in aquis acidulo-salsis bromuratis Terracinæ », qu'elle a depuis communiquée à M. de Brébisson, lequel y a reconnu une espéce nouvelle du genre Amphora. Elle la décrit dans cette note sous le nom d'A. bullosa. Lichenes collecti in republica Argentina a doctoribus Lorenz et Hieronymo, determinati et descripti a doct. A. de Krempelhuber (Flora, 1878, n° 28-33). Cette collection comprend 110 espèces, dont 25 nouvelles, en général des types fort distincts, appartenant aux genres Usnea, Parmelia, Leca- nora, Urceolaria, Pertusaria, Lecidea, Graphis et Verrucaria. Les Lichens foliacés sont nombreux et particulièrement beaux dans cette collection. Cirea Lichenes corsicos adnotationes ; scripsit W. Nylander (Flora, 1818, n* 29). . Ces Lichens ont été recueillis en Corse par M. Norrlin, dans plusieurs localités, savoir: Ajaccio, Bonifacio, Corte, Aitone et Vizzavona. M. Ny- lander a distingué dans cette petite collection quelques nouveautés, savoir : Lecidea decerptoria, voisin du L. rubriformis Wahlenb.; L. sub- chlorotica, différent du L. chlorotica par ses spores plus courtes ; ——————— ^-—-ÉÁÉÓG E REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 L. glaucomela, voisin du L. vesicularis, dont il diffère par « thalli gra- nulis non bullatis, apotheciis minoribus et convexioribus, sporis minoribus (brevioribus) et paraphysibus tenuioribus » ; L. lithophilopsis, saxicole et littoral; L. ericina, parasite sur l'Erica arborea, du groupe du L. disciformis. Lichenologische Beiträge; par M. J. Müller (Flora, 1878-79, passim). Au milieu de nombreuses notes sur la synonymie de divers Lichens se trouve la description de quelques espèces nouvelles que nous devons relever. Ce sont les suivantes : Stictina Heppiana, de Java, voisin des St. Boschiana et St. orbicularis ; Ramalina greca, de lile de Mitylène (hb. Postian. n. 154) ; Arthopyrenia Guineti, parasite sur les apothécies de l'Amphiloma elegans au sommet du Reculet, que M. Müller regarde comme un Lichen (et non un Champignon), parce que ses paraphyses ren- ferment les microgonidies de M. Minks; Leptogium Puiggarii, du Brésil méridional, voisin du L. punctulatum Nyl.; Stereocaulon microcarpum, dela province de Saint-Paul au Brésil (Puiggari n. 51); Usnea stra- minea, de la Nouvelle-Zélande et de l'ile Maurice ; Ramalina tenella, très voisin du R. minuscula (4. pollinariella Nyl., de Saint-Paul (Puig- gari n. 52); Sticta coronata, intermédiaire entre le S. orygmea Ach. et le S. Colensoi Breb., de la Nouvelle-Zélande; Parmelia microsticta, parasite sur le Citrus Limonium au Brésil (Puiggari n. 125 c), et voisin du P. rudecta, dont il différe par « colore glauco thalli, apotheciis pal- lidis et sporis multo majoribus »; Lecanora rhodophthalma, qui doit étre placé prés du L. blanda Nyl., terricole dans la Nouvelle-Zélande; Rino- dina Romeana, voisin du R. arenaria Th. Fries, avec des spores prés du double plus petites, saxicole sur le Saléve; Patellaria gompho- loma, voisin du Lecidea taitensis, « sed apotheciis nigris, disco in- tense cæsio et thallo tenui multo breviore distincta »; P. Bruniana, trouvé au Maroc sur un Cactus par M. J. Brun, analogue au Lecidea luteola Nyl.; P. intercedens, de la méme origine, voisin du P. incompta Müll., dont il differe « lamina insigniter virente et epithecio distincto » ; Buellia olympica, voisin du B. leptocline Kerb., du mont Olympe ; Opegrapha maroccana, rapporté aussi par M. J. Brun, qui l'a trouvé sur l'écorce du Populus alba, voisin de l'O. albo-cincta Nyl., et différent « sporis latis et apotheciis aterrimis minus aut vix albo-marginatis »; Stigmatidium polymorphum, sur les pierres calcaires, au bord de la mer à Mogador, voisin par son thalle du St. affine Nyl. ; Rinodina Schwein- furthii, du territoire africain de Bendos; R. minutula, du pays des Nyamnyams, qui constitue comme une forme réduite du R. cæsiella Kærb.; Buellia africana, voisin du B. stellulata; Endocarpiscum Schweinfur- 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. thii, voisin de PE. Guepini ; Cryptothele africana, analogue au Pyre- nopsis fuliginosa. Ces trois derniéres nouveautés proviennent aussi de la région africaine parcourue par M. Schweinfurth, ainsi que nombre d'espéces déjà connues et signalées par M. Müller. Addenda nova ad Lichenographiam europæam ; exponit M. Nylander (Flora, 1879, n° 13). Pannaria triptophylliza, du Mont-Dore (Lamy) ; Placodium tenuatum, de Montpellier (Nyl.), comme une forme réduite du P. murorum ; Leca- nora gilvolutea, sur l'écorce de la Vigne à Florence; L. sulfurascens, de Marseille, voisin du L. pruinifera dont il est peut-être une sous-espèce ; L. Riparti Lamy, du Limousin; L. nivescens, de Nyslott en Finlande (Carlenius), voisin du L. Hageni; L. subintricans Nyl., sur l'écorce du Hétre au Mont-Dore (Larny), du groupe du L. sarcopeos; L. acceptanda, de Suisse et du Tirol, voisin du L. complanata Korb.; L. melaplaca, du Tirol, distinet du L. admissa par « thallo placodioideo, minutie spora- rum »; L. umbraticula, de Kylemore en Irlande (Larbalestier), trés voi- sin du L. accessistans, mais à spores plus petites; L. alborubella, L. byssoboliza et L. alabastrites, tous de Kylemore; E. submersula, L. tenebrescens, de Limoges (Lamy) ; L. pauperrima, qui n’est presque qu'une variété du L. segregula ; L. badio-pallescens, du groupe du L. fu- mosa, tous deux des récoltes de M. Lamy ; L. perustula, du méme groupe et de Kylemore ; L. petreiza, voisin du L. petrea, des Alpes du Tirol: Chiodecton subdiscordans, de Kylemore, espéce qui s'éloigne de tous les Chiodecton d'Europe pour se rapprocher du Ch. separatum, américain ; Arthonia subexcedens, voisin de l'A. complanata Fée, sur l'écorce du Houx à Kylemore ; Melaspidea deviella, sur l'écorce du Hétre à Millevaches (Corrèze) ; Verrucaria conturmatula, de Kylemore: et V. viridatula, de Limoges (Lamy), qui n’est peut-être qu’une sous-espèce du V. chloro- tella. Einiges über das Prothallium von Salvinia natans; par M. H. Bauke (Flora, 1879, n° 14, avec une planche). Dans ses recherches sur le développement du Salvinia, M. Pringsheim a laissé de côté ce qu'il advient du prothalle, quand aucun de ses arché- gones n'a été fécondé. M. Bauke a voulu remplir cette lacune. La faculté de divisibilité des cellules, dans l'angle apical du proembryon, est étroi- lement limitée. Quand les archégones, dans leur apparition successive, s'approchent du bord jusqu'à paraitre marginaux, la croissance du sommet du prothalle cesse alors complétement. Jamais l'auteur n'a vu d'archégones produits par la cellule méme du sommet. Mais les cellules postérieures de l'angle apical ont conservé leur faculté de croissance, et développent de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 chaque côté un prolongement aliforme, récurrent, sur lequel se produiront encore des archégones. La piu piccola delle Aracee; par M. O. Beccari (Bullettino della R. Società toscana di orticoltura, juillet 1879, 3 pages, une planche). Le Microcasia pygm« a été recueilli par M. Beccari, sur les rochers humides, le long d'un torrent, dans le pays de Sarawak, à Bornéo. En voici les caractères : € Spathæ tubus convolutus persistens ; lamina vix hians, circumscisse decidua. Spadix androgynus inferne fcemineus, spathæ brevissime adna- tus, ima basi pistillodiis minimis præditus, in medio et infra apicem slaminodiifer, in parte terminali sterilis, obovato-globosus. Antherx globoso-didymæ, loculis apice aristatis. varia pauca, globosa, unilocu- laria; stigma sessile, stylo nullo ; ovula circiter 13 in fundo ovarii affixa, funiculo brevi suffulta, erecta. Fructus spathæ tubo persistente, secus marginem patulo, involucratus... — Herba pusilla cæspitosa, rhizomate brevi repente, foliis spathulatis, brevissime vaginatis; pedunculi per- pauci vel solitarii folia subæquantes vel iis longiores. » Hepalicologia renela, ossia Monografia delle Epatiche cono- sciute nelle Provinzie venete ; par M. C. Massalougou (extrait du Bul- lettino della Società Veneto- Trentina di scienze naturali, vol. v1); fase. 1, Padova, 1879; in-8° de 68 pages, avec 3 planches. Ce premier fascicule contient la description des caractéres des Hépa- liques, la clef analytique des familles de la classe, et celle des genres de la famille des Jungermannes. Vient ensuite la description des genres et des espèces de cette dernière, accompagnée des indications ordinaires. On y remarque trois espèces nouvelles, savoir : Seapania geniculata, Jungermannia Raddiana et J. scapanioides. Illustrazione delle piante rappresentate nei dipinti Pompeiani ; par M. Orazio Comes (Pompei e la regione sotterrata del Vesuvio nell anno Lxxx; Memorie e Notizie pubblicate dall Officio tecnico degli scavi delle province meridionali ; pp. 177-250). Les moyens employés pour déterminer les plantes citées par les an- ciens dans leurs ouvrages n'ont guère été jusqu'ici qu'au nombre de trois : l'étymologie, quand la philologie pouvait fournir quelque lumière sur le sens du terme et quand celui-ci s'est trouvé conservé dans un idiome plus moderne ; la description et les autres détails dont les auteurs ont accom- pagné le nom d'une plante; et enfin la connaissance de la distribution des végétaux, faute de laquelle, par exemple, l'Opuntia Ficus indica, plante américaine, s'est trouvée porter le nom de la ville grecque d'Oponte, 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. prés de laquelle croissait, selon Théophraste, un végétal analogue au Fi- guier des Banyans. A côté de ces trois sources d'informations, notre confrère M. le profes- seur Comes vient de nous rappeler qu'il en existe une quatriéme, d'une importance peut-étre supérieure, quoique malheureusement d'une étendue restreinte. Déjà en 1851 le botaniste-géographe Schouw avait inséré dans son livre intitulé : Die Erde, die Pflanzen, der Mensch, quelques docu- ments relatifs aux plantes représentées sur les fresques de Pompéi. Dans la belle publication faite cette année méme par la Commission italienne des fouilles à l'occasion du dix-huitième centenaire de l'éruption qui détruisit les cités situées au pied du Vésuve, M. Comes a passé en revue non moins de 50 espéces authentiquement représentées sur les fresques, et il en indique 20 autres douteuses, dont plusieurs citées par Schouw et qu'il n'a pu retrouver. Dans ce nombre se trouvent plusieurs espéces qui n'ont jamais été invoquées par les commentateurs dans leurs tentatives de détermination. Parmi elles sont les suivantes : Althea rosea, Chrys- anthemum coronarium, Lagenaria vulgaris et Narcissus Pseudonar- cissus. L'Althea rosea, assez connu des anciens pour avoir pris place sur leurs fresques, pourrait bien être la Mauve arborescente (uaéyn #rodivdcovuévn) dont parle Théophraste, et qu'on a rapportée au Lavatera arborea, bien que son élongation s'effectue en quelques mois d’après Pauteur grec. Le Narcissus Pseudonarcissus correspond par ses propriétés émétiques au Narcissus genus alterum herbaceum de Pline. Le Lactarius deliciosus est. très reconnaissable sur les fresques, et c'est à lui sans doute, non à un.Bolet (Fraas), ni au Russula integra (Lenz), qu'il faut rapporter le passage de Pline : Fungorum letissimi qui rubent, etc. (Hist. nat. xxu, 23). Il apparait par les fresques qu'à l'époque de Pline le naturaliste, les Romains possédaient par acclimatation, ou connaissaient en tout cas d'une manière certaine, des plantes étrangères à l'Italie : de ce nombre sont le Lagenaria que nous avons nommé plus haut, le Pécher, l'Acacia nilo- tica, le Platanus orientalis, le Tamarindus indica, etc. Un des tableaux représente, à cóté de l'hippopotame, le Papyrus et le Nelumbium spe- ciosum. Le Morus nigra est au nombre des plantes vues par M. Comes, ce qui confirme l'opinion de Fraas (1). M. Comes a classé par ordre alphabétique les plantes dont il s'est occupé. Il consacre à chacune d'elles un article où il rappelle les princi- paux passages des auteurs et des commentateurs qui en ont parlé. Il attribue au Gladiolus segetum l'ozxw6o; d'Homère ; à l'Iris germanica, l Hyacinthus de Pline, le Vacinium du méme auteur et celui de Virgile. (4) Voy. plus haut, page 162. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 Bible Plants : their history, with a review of the opinions of various writers regarding their identification ; par M. John Smith. — In-12 de 256 pages, avec 10 planches lithographiées. Londres, Hardwicke et Dogue, 1878. L'auteur de ce livre est M. John Smith, l'ancien curateur du jardin de Kew. Fréquemment interrogé par ceux de ses compatriotes qui cher- chaient à retrouver dans les cultures de Kew les plantes de l'Écriture sainte, M. Smith avait. fréquemment dirigé son attention sur ce sujet, traité depuis longtemps, comme on sait, par les hébraisants les plus dis- lingués en méme temps que par des vulgarisateurs pleins de bonne volonté. M. Smith a donné dans sa préface une série d'indications biblio- graphiques, dans laquelle, aprés l’Hierobotanicon de Celsius, il n'a guère cité que les sources anglaises. Dans ce nombre est le Bible Educator, du révérend E. H. Plumtre, où la botanique est l'œuvre de M. W. Car- ruthers, qui a profité de sa situation au British Museum pour tirer du musée des antiques contenu dans cet établissement quelques données nouvelles applicables à la détermination des plantes de l'Écriture. M. Smith a fait suivre sa préface d'une introduction où il expose som- mairement les caractères de la flore de la Palestine. L'étude des plantes de la Bible est divisée par lui en Gramens, Herbes, Arbres et Arbrisseaux, et Miscellanées. Il examine ainsi plus de cent plantes ou produits végé- taux, faisant connaitre les principaux endroits de l'Écriture où il en est question, leurs noms en grec et en hébreu, leur histoire, leur détermina- tion en langage usuel, avec quelques détails sur la famille à laquelle ces plantes appartiennent. Il ne faudrait pas s'attendre à rencontrer dans ces pages des discussions critiques de philologie ni des comparaisons avec les documents laissés par les Grecs ou les Romains sur des sujets analogues. M. Smith n'a fait qu'un livre de vulgarisation pour un public supposé peu iustruit et désirant approfondir la connaissance de l'Écriture. Il s'est décidé à loisir entre différentes explications proposées par les commen- lateurs dans certains cas difficiles, et n'a pas cru devoir toujours donner les causes du choix qu'il a fait entre leurs opinions; quelquefois il est resté dans le doute. Il n’a pas cru devoir identifier le gopher de l'Écri- ture (1), et regarde le {hirzak comme notre Cyprès. Une table des noms anglais termine le livre de M. Smith. Die Keimpfianze der Dentaria pinnata Lam.; par M. A. Winkler (Flora, 1818, n° 33). La germination du Dentaria pinnata appartient à la classe des germi- (l) Voy. les Actes du Congrès international de botanique. Paris, 1867, p. 167. 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nations souterraines. ll existe, on sait, plusieurs catégories de ces sorles de germinations. Tantót l'axe épicotylé s'éléve au-dessus du sol, laissant en terre les deux cotylédons. C'est le cas le plus commun, celui des Chênes, des Vicia, etc. Tantót c'est l'axe épicotylé qui reste souterrain, et les cotylédons paraissent à la surface : alors tantót l'axe se borne à s'épaissir sans s'allonger (Eranthis hiemalis, Smyrnium perfoliatum) ; tantôt il s'allonge horizontalement sous le sol, comme chez le Dentaria bulbifera et le D. digitata. Enfin l'axe et les cotylédons peuvent rester tous souterrains : c'est le cas du Dentaria pinnata, ainsi que de l Ane- mone ranunculoides et de l'A. nemorosa. Chez le Dentaria qui fait l'objet de cette note, l'axe primaire reste souterrain, émettant des feuilles lobées à la surface du sol, et constitue bientôt le rhizome. NOUVELLES. 25 décembre 1879.) — M. le professeur Édouard Fenzl, qui avait depuis quelque temps pris sa retraite, est décédé le 29 septembre dernier, à l'àge de soixante et douze ans. — M. C. J. de Klinggräff est mort le 26 mars dernier à Paleschko. — M. Wilson Saunders, qui avait consacré une parlie de sa graude fortune à réunir des collections horticoles, est décédé le 13 septembre dernier, à l’âge de soixante et dix ans. C'est à la libéralité de M. Saunders que la botanique doit la publication d'un important recueil, le Refugium botanicum (où les descriptions de plantes ont été rédigées par M. Baker et M. Reichenbach fils et qu'on est en train de terminer à Londres), ainsi que les Mycological Illustrations, publiées par M. Worthington Smith avec la collaboration de M. Bennett, dont il a paru, en 1871-72, deux fascicules renfermant chacun 24 planches. Quelques-unes de ces planches ont été dessinées par M. Saunders lui-méme. — On annonce encore la mort de M. John Miers, un des vétérans de la botanique anglaise, décédé le 17 octobre dernier à Londres, à l'àge de quatre-vingt-dix ans. M. Miers, chargé comme ingénieur de divers tra- vaux dans l'Amérique du Sud, au Pérou et au Chili, avait résidé pen- dant plusieurs années dans ces divers pays, et y avait rassemblé des matériaux imporlants, qui lui ont servi à la publication de nombreuses monographies, et en dernier lieu des IHilustrations of the American Bo- lany. M. Miers était opposé aux doctrines darwiniennes et partisan de l'immutabilité des types, mais en méme temps de la fragmentation des entités génériques ou spécifiques, multipliant jusqu'aux familles. Il parait REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191 méme qu'il n'acceptait pas les notions aujourd'hui classiques sur la nature et les fonctions du pollen. — M. le comte de Solms-Laubach vient d'étre nommé professeur à l'université de Gættingue, en remplacement de M. Grisebach. — M. O. Drude a été nommé professeur et directeur du jardin bota- nique à Dresde. — M. G. Gibelli a été nommé professeur de botanique à l'université de Bologne et directeur du jardin botanique. — M. J.-G. Agardh, professeur de botanique à l'université de Lund, à pris dernièrement sa retraite ; il a été remplacé par M. W. C. Areschoug. — M. H. Trimen a été nommé récemment à la direction du Jardin botanique royal de Ceylan en remplacement de M. Thwaites, démis- sionnaire. — M. H.-F. Joukman, dont nous avons fait connaitre ici quelques travaux, vient de s'établir comme Privatdocent à l'université d'Utrecht. — M. E. Zacharias s'est établi comme Privatdocent à Strasbourg. — Le 17 juin 1879, on a inauguré au Jardin botanique de Berlin le monument destiné à rappeler aux générations futures le souvenir d'Alexandre Braun. C'est le buste de ce célébre botaniste, exécuté par Schoper et exhaussé sur un socle de marbre. A celte occasion, M. Eichler à prononcé un discours, où il a retracéles services rendus à la science par son prédécesseur. On sait que ce monument fut élevé gràce aux cotisations fournies par les amis et les éléves du défunt. Les souscripteurs, au nombre de 233, habitant les divers pays du monde, ont fourni la somme de 4782 marks, soit 5975 francs. — L'herbier de Gaudin, qui contient les échantillons types du Flora helvetica, et qui après la mort de ce botaniste était entré dansles collections de Kew, a été obtenu de l'administration de cet établissement par M. W. Barbey, au moyen d'un échange, et sera déposé au musée cantonal de Berne. — Nous lisons dans le Gardeners’ Chronicle que Sir J. Hooker a dernièrement présenté à la Société Linnéenne de Londres une branche de Cèdre portant des chatons måles et des cônes, et provenant de l'ile de Chypre, où elle avait été recueillie par Sir Samuel Baker. La constatation du Cédre dans l'intérieur de l'ile de Chypre, où il n'était pas connu, et où il se trouve dans les conditions d'une spontanéité parfaite, est un fait fort intéressant. Les moines de Trooditissa, parait-il, considèrent le Cédre de Chypre comme étant le bois de Chittim, dont parle l'Ecriture. 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — Notre confrère M. B. Martin a cité dans le Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Nimes, mars 1879, n° 3, la découverte, faite par lui et par M. Flandin, de Pont-Saint-Esprit, de deux espèces nouvelles pour la flore du Gard, le Vicia cassubica et l'Oxalis stricta, qui ne figurent pas dans l'ouvrage de M. de Pouzolz. — M. Godefroy-Lebœuf, horliculteur, route de Sannois, 26, à Argen- teuil (Seine-et-Oise), met à la disposition des botanistes des centuries de plantes séches du Portugal, déterminées et en échantillons complets, au prix de 30 francs la centurie, l'emballage en sus. Les trois premiéres centuries sont prétes, les autres se succéderont au fur et à mesure de la préparation. — M. le docteur Rostan, de Perrero di Pinerola (Italie), met en vente des collections de plantes rares ou litigieuses, récoltées dans les Alpes Cottiennes qu'il explore avec succés depuis un grand nombre d'années. Le prix est de 25 ou de 15 francs la centurie, selon que l'acheteur fait le choix des plantes ou le laisse au vendeur. — M. A. Schrader, 234, West State Street, à Columbus, État de l'Ohio, offre aux botanistes des collections de Mousses, faites au Vénézuela par M. Fendler. Ges plantes, qui renferment beaucoup d'espéces nouvelles, ont été étudiées par M. Carl Müller de Halle, et publiées par lui daus le Linnea. —- M. Ed. Morren vient de faire paraitre une 7° édition de sa Corres- pondance botanique, accompagnée d'un Index alphabétique des noms des botanistes cités. — La librairie H. Georg, à Lyon, Genève et Bàle, nous prie d'appeler l'attention de nos lecteurs sur l'Herbier de la flore francaise, publié par M. Cusin, directeur du Jardin botanique de Lyon. Cette publication, dont nous avons jadis annoncé les premiers fascicules, se compose de 35 vo- lumes in-4° cartonnés et d'un demi-volume final en feuilles. La librairie Georg peut le céder au prix de 500 francs. — M. Lojacono, de Palerme, publie en ce moment deux centuries de plantes siciliennes, sous le nom de Plante siculæ rariores. Le prix est de 20 francs la centurie à Palerme, ou de 25 francs à Paris, chez M. G. Rouy, 22, passage Saulnier, à Paris. Le Rédacteur de la Revue, Dr EUGÈNE FOURNIER Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, Ep. BUREAU. PARIS. — IMPRIMERIE ÉMILE MARTINET, RUE MIGNON, % hEVUE BIBLIOGRAPHIQUE (NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1879.) N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, boulevard Saint- -Germain, 77, à Paris. Enumeratio Wuscorum hactenus in provinciis brasiliensibus Rio de Janeiro et São Paulo detectorum ; scripsit Ernestus Hampe. In-8° de 92 pages. Copenhague, typogr. Bianco Luno, 1879. Les Mousses comprises dans ce mémoire proviennent en grande partie des récoltes faites aux environs de Rio par M. Glaziou, et aussi de celles qu'a rapportées M. Warming de Lagoa Santa, province de Minas Geraës, et qu'a envoyées M. Puiggari d'Apiahy et d'autres localités de la province de Saint-Paul, ainsi que de quelques autres sources. M. Hampe, qui étudie depuis quinze ans au moins la bryologie du Brésil, a fait de ce travail le résumé de ses observations antérieures (1), avec le concours de M. Geheeb, qui a signé avec lui plusieurs des nouveautés. On distingue parmi celles-ci des plantes déjà renfermées depuis longtemps dans les herbiers, provenant de Beyrich, de Schlechtendal, et méme de Chamisso. Elles sont au nombre de 67. Ce mémoire, imprimé aux frais de M. Glaziou, a paru, sous un titre un peu différent, dans les Videnskabelige Meddelelser de la Société d'histoire . naturelle de Copenhague, année 1879, pp. 13-164. Les Mousses y sont divisées en familles naturelles, comme cela commence à étre d'usage pour les classes de la Cryptogamie, et le nom de ces familles, généralement terminé en acec, n'est suivi d'aucun nom d'auteur, non que ces familles soient toutes élablies par M. Hampe, mais sans doute parce qu'elles ont, aux yeux de ce savant bryologue, une assez grande notoriété pour se passer de ce complément. Nous nous garderons bien de lui en faire un reproche, au sujet d'un mémoire particulier, qui se référe à des jalons plantés antérieurement dans la mémoire des savants spéciaux. Mais nous avouons ne plus comprendre le modus faciendi de M. Hampe, quand il partage le genre Hookeria en sections parmi lesquelles se trouve celle des Hypnaceæ (p. 64), bien que M. Hampe reconnaisse également plus (1) Voyez le Botanische Zeitung de 1862, le Linnga, t. xxi, et les Symbolæ do M. Warming, vur, 1870. T. XXVI. (REVUE) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. loin (p. 67) la famille des Aypnaceæ. Nous remarquons encore que les noms de sections nouvelles ne sont accompagnés d'aucune diagnose. Il est probable qu'un travail ultérieur de M. Hampe comblera ces lacunes. Contributions to American Botany, IX ; par M. Sereno Watson (extrait des Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, vol. xiv, juillet 1879, pp. 213-303, avec un Index). Ce volume contient la Revision of the North American Liliaceæ, des notes sur les affinités et la distribution géographique de cette famille, et la description d'une cinquantaine d'espéces nouvelles des États-Unis. La Revision tiendra une place importante parmi les publications de bota- nique descriptive qui ont paru cette année. L'auteur divise les Liliacées en trois séries et en soixante tribus. Il aaccordé le premier rang au carac- tère tiré de la nature des bractées, qui sont d'une part scarieuses, d'autre part foliacées ou nulles ; et le second à la persistance ou à la caducité du périanthe, à l'insertion des étamines, qui a lieu sur le périanthe méme ou à sa base, à la déhiscence de la capsule, etc. La première série répond à peu prés aux Asphodélées, avec addition du Yucca et de l'Hemerocallis ; la seconde aux Liliacées vraies avec addition des Uvulariées et des Tril- liées ; la troisième aux Mélanthacées, que l'auteur divise en Vératrées, Héloniées et Xérophyllées, au milieu desquelles il intercale les Tofiel- diées. Bien des points seraient à noter dans cette monographie : l'établisse- ment du nouveau genre Oakesia, dédié à la mémoire de William Oakes; la restitution du genre Nolina, auquel on doit rapporter tous les Beau- carnea, etc. Les Allium sont au nombre de 36. Le Schænolirion album d’Élias Durand, tout à fait distinct de l'espéce atlantique sur laquelle le genre avait été établi, est devenu le type du nouveau genre Hastingsia, . dédié au juge Hastings, dont la libéralité a rendu de grands services à la botanique californienne. Les nouveautés de la flore américaine décrites par M. Watson dans la seconde partie de son mémoire appartiennent aux genres Thalictrum, Ranunculus, Dentaria, Draba, Thelypodium, Silene, Psoralea, Vicia, Bolandra, Sullivantia, Cotyledon, Œnothera, Ligusticum, Peuceda- num, Asarum, Abronia, Polygonum, Eriogonum, Suæwda, Celtis, Cro- ton, Stillingia, Callitriche, Ephedra, Cupressus, Zephyranthes, Hyme- nocallis, Brodiea, Lilium, Luzula, Juncus et Phyllospadix. Cette seconde partie contient encore le synopsis des espèces nord-amé- ricaines du genre Ephedra, et la description d'un genre nouveau d'Ério- gonées, Hollisteria, dédié à M. Hollister, sur le rancho duquel ce genre a élé trouvé par M. Lemnon. Le genre Hollisteria présente les caractères suivants : « Involucro unilaterali, e tribus bracteis linearibus paulum REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 coalitis constante, solitario et sessili in axillis, 2-floro ; periantho turbi- nato, membranaceo, 6-fido ad medium , segmentis non rigidis nec aris- talis; staminibus in fauce inclusis; achænio glabro, supra triangulari ; embryone curvato, radicula gracili in cotyledonibus orbicularibus accum- bente. » Ueber das markständige Bundelsystem der Begonia- ceen ; par M, Westermaier (Flora, 1879, n° 12), Les faisceaux vaseulaires de la moelle sont connus depuis longtemps chez un groupe de Bégoniacées, gráce aux travaux anatomiques de M. Hil- debrand. M. Westermaier examine d'abord, dans son mémoire, le rôle physiologique de ces faisceaux. Les faisceaux médullaires des Begonia, qui tantôt forment un cercle plus ou moins apparent, tantôt sont disséminés irrégulièrement dans la moelle, appartiennent aux Begonia pourvus de tubercules ou de rhi- zomes, dont la tige atteint en diamètre de 4 centimètre et demi et au- dessus. L'existence de ces faisceaux est rattachée par l'auteur au besoin plus considérable d'organes conducteurs au moment de la montée de la séve, chez les espèces munies de tubercules ou de rhizomes; chez celles ‘qui ont une épaisseur notable, à la difficulté de s'adosser aux éléments périphériques et résistants du squelette de la tige, que lesorganes conducteurs éprouvent quand cette tige est épaisse el rigide. Le systéme des faisceaux médullaires se compose principalement de cordons secondaires; il offre quelques anastomoses irrégulières avec le système pétiolaire. Quelques observations ont permis à l'auteur de supposer que le développement de ces faisceaux médullaires a lieu de haut en bas. Les observations de l'auteur ont été faites sur le Begonia discolor, et sur des espèces appartenant à la section Lemoinea (1) ou à la section Platycentrum. Vorläufige Mittheilung; par M. Adolf Hansen (Flora, 1879, n° 16). Il s'agit encore dans cette note de la structure des Begonia, et parti- culiérement de leurs formations adventives. L'auteur décrit les phé- nomènes de multiplication que présente, dans certains procédés horti- coles bien connus, la feuille eoupée de certains Begonia, du B. Rex par exemple. On sait que dans ce cas il nait sur la surface de section, en haut, des rameaux aériens, en bas, des racines, toujours au voisinage des nervures de la feuille, et qu'avec le temps le développement des racines devient prépondérant. L'examen anatomique a prouvé à l'auteur que les hampes adventives (1) Voy. Journal de la Société centrale d'horticulture, 1818, p. 295. 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. partent d'une ou de plusieurs cellules de l'épiderme. Certaines cellules épidermiques, placées au-dessus des nervures de la feuille-mère, soit éloignées, soit rapprochées de la surface de section, commencent par se partager au moyen d'une cloison horizontale. Ensuite de nouvelles cloi- sons apparaissent dans leur intérieur et les constituent en saillies au-dessus de la surface générale de l'épiderme. Telle est l'origine du méristéme du jeune rameau, qui bientót s'éléve et finalement développe des feuilles. Voilà donc des rameaux qui naissent comme des trichomes, ce qui ne laisse pas d'obscurcir la définition généralement donnée de ces dernières formations, et la différence établie généralement aussi entre les trichomes et les caulomes. L'auteur a examiné encore ce qui se passe dans le bourgeonnement des feuilles du Cardamine pratensis. Le ramuscule aérien naît ici encore des cellules épidermiques qui sont fortement épaissies. Quelques-unes d'entre elles, situées à côté les unes des autres, amincissent leurs parois et se multiplient par partition. Quelques couches de cellules placées au-dessous de l'épiderme prennent part à ce développement, d’où résulte le cône de végétation du nouvel axe. Les racines qui naissent du méme point chez le Cardamine naissent de la surface latérale de ce cóne, et ne traversent méme pas l'épiderme du jeune rameau, lequel est en continuité immé- diate avec le dermatogéne de la racine. Voilà donc des racines dont le développement est, à proprement parler, exogéne. Ce sont d'ailleurs de véritables racines pourvues d'une pilorrhize, qui semblent constituer une formation intermédiaire entre les racines endogènes ordinaires et celles des Selaginella. Zur Gymnospermie der Coniferen ; par M. Lad. Celakovsky (Flora, 1879, n° 17). Lathéorieclassique de la gymnospermie est revenue en faveur depuis quel- ques années. Nous avons mentionné dernièrement la thèse de M. Bertrand. M. Celakovsky, qui avait publié en 1874, dans le Flora, un mémoire où il attaquait la théorie de la gymnospermie, revient aujourd'hui sur sa pre- mière opinion, aprés l'examen d'un de ces cônes prolifères et anomaux, dans lesquels les écailles sont transformées en feuilles, comme il s'en est déjà présenté à l'examen de Stenzel, d'Alexandre Braun et de M. Engelmann (1). L'origine des ovules des Abiétinées, nés sur la partie dorsale ou pos- térieure de l’écaille, prouve que ces ovules ne sout pas des productions axillaires, et fait tomber le principal argument de ceux qui regardent cet ovule comme une fleur femelle simplifiée. D'un autre cóté, jamais les (1) The American Journal, 1876. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 ovules des Coniféres, sur un cóne métamorphosé, ne se transforment en rameaux ; ils disparaissent simplement, ce qui prouve qu'ils ne sont pas des fleurs. Ce sont des excroissances dela face dorsale de la feuille, comparables aux sores des Fougères. Les enveloppes qui les protègent sont assimilées par l'auteur à l'indusium de celles-ci, particulièrement des Cyathea, où cet organe forme autour du sore une saillie circu- laire. M. Celakovsky dit avec raison que si la gymnospermie est prouvée pour les Abiétinées, elle l'est du méme coup pour le reste des Conifères. MM. Van Tieghem et Strasburger ont déjà établi que l'écaille en appa- rence simple des Cupressinées et des Taxodinées est en réalité composée d'une bractée et d'une écaille carpellaire soudées, ce qu'Alexandre Braun a confirmé par l'étude des cónes proliféres. L'écaille double des Abiéti- nées s'accroit aprés la naissance des ovules. Le fait est bien plus marqué chez les Cupressinées, où les ovules existent à l'automne, tandis que les écailles ne se développent qu'au printemps suivant. Ces phénoménes ne sont pas sans analogie chez les Angiospermes; ici, quand il se produit un ovule terminant un axeffloral, cet -ovule apparait de si bonne heure que la feuille carpellaire, unique ou multiple, ne parait qu'en méme temps ou méme après lui. Les quatre ovules des Cuscuta résultent, d’après Payer, de la partition cruciale du sommet de l'axe, tandis que les carpelles s'élèvent autour d'eux. | M. Celakovsky se montre plus incertain quand il s'agit d'expliquer la Structure du Taxus et du Torreya. Si leur ovule était réellement axil- laire sur une écaille tout à fait supérieure, il s'insérerait sur la face ventrale et non sur la face dorsale de cette écaille, et cela séparerait les Taxinées des vrais Coniféres, chez lesquels l'ovule est inséré sur la face dorsale, et comparable au macrosporange des Cryptogames supérieurs. Die Angiospermen und die Gymnospermen; par M. E. Strasburger. In-8° de 173 pages, avec 2 planches. Iéna, 1879. Voici maintenant M. Strasburger, l'adversaire le plus déterminé de la Gymnospermie, lequel avait introduit dans la science le terme d'Archi- spernies pour remplacer celui de Gymnospermes, qui déclare abandonner cette maniére de voir, et par conséquent les dénominations proposées naguère par lui. Les sujets multiples traités par lüi dans cette nouvelle et importante publication sont les suivants : le développementet la valeur morphologique de l'ovule chez les Angiospermes et les Gymnospermes (1); la première (1) Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer ici que les termes d'angiosperme et de gymnosperme existaient déjà dans Théophraste, mais avec une signification quelque 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. apparition du sac embryonnaire et les modifications qu'il subit avant la fécondation; la formation de l'endosperme; la structure, le développement et la valeur des fleurs et des inflorescences chez les Gymnospermes; enfin quelques points concernant la fécondation ella germination de ces derniers végétaux. Le mémoire est divisé en deux parties, consacrées, la première aux Angiospermes, et la seconde aux Gymnospermes. M. Strasburger affirme que les faits constatés auparavant par lui sur les Orchidées et sur les Monotropa ont effectivement, comme il l'avait supposé, la valeur de faits généraux, et que les interprétations de M. Vesque (1) sont fondées sur des observations erronées. La cellule-mére du sac embryonnaire (cellule-mére primordiale de M. Warming) donne naissance, dit-il, par partition transversale, à 2-4 cellules qui ne se fon- dent aucunement en une seule chambre creuse, comme Pont cru M. Warming et M. Vesque ; c'est seulement l'une d'entre elles, et habi- tuellement l'inférieure, qui devient le sac embryonnaire, s'élevant au milieu de ses sceurs, comme l'a vu l'auteur sur les Orchidées et le Mono- tropa. Les vésicules embryonnaires et les antipodes se forment de la même manière dansle sac embryonnaire ; jamais on n'observe de tétrades formées par cloisonnement dans les cellules-sceurs. M. Vesque s’est trompé en disant que chez beaucoup de Gamopétales il ne se produit pas d'antipodes (2). L'auteur n'accepte pas davan- tage l'opinion de MM. Warming et Vesque, suivant lesquels les cel- lules produites par la partition transversale de la cellule-mére du sac seraient à considérer comme les homologues des cellules-méres du pollen. L'auteur a abandonné son interprétation première de l'ovule qu'il com- parait à un bourgeon, et qu'il regarde maintenant comme un sporange. Le funicule est pour lui l'analogue du pédicule, le nucelle celui de la capsule du sporange. Il ne saurait par conséquent étre naturel, comme l'a fait M. Warming, de comparer les téguments de l'ovule avec les indusies des Fougéres, car ces téguments naissent sur l'ovule lui-méme et non sur l'organe qui le porte. M. Strasburger ne peut décidément voir des bourgeons dans des ovules qui naissent sur la nervure médiane peu différente de celle que nous leur donnons aujourd'hui. Il nomme èvayyeroonéppata les Papavéracées et avec doute les Conifères ! dont il serait disposé à regarder le cône comme un &yyetov, parce que les graines s'en séparent. Les végétaux qu'il qualifie de Yvpvognépuata sont tous des Ombelliféres, dont la graine lui paraissait nue, c'est-à- dire n'étre renfermée ni dans une thèque, comme chez les Évayyetoomépuata, ni dans une silique, comme chez les £))o66xapra (Légumineuses) ou les £AXo6oanépguava (Cru- cifères), ni dans un calice, comme chez les éuphosomépuata (Labiées et Chénopo- diacées), ni être surmontée d'une aigretie, comme chez les ranroontpuata (Composées). (1) Voyez plus haut, page 49. (2) Nous avons à peine besoin de faire remarquer que nous reproduisons seulemeut ici les opinions de M. Strasburger. ^ REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 des feuilles carpellaires ou directement sur l'axe méme de la fleur. On a comparé encore l'ovule au sac anthéral, mais dans les monstruosités on voit un grand nombre d'ovules tenir la place d'une loge d'anthére, laquelle est plutót comparable à un sore. La derniére partie, relative au développement de l'endosperme, a déjà été publiée dans le Botanische Zeitung, 1879, n° 17. Les principales observations qui y sont rapportées ont été faites sur l'épi du Myosurus, et elles ont servi à l'auteur à établir qu'aucun nucléus ne se forme de toute piéce dans le cloisonnement cellulaire qui constitue l'endosperme. Tous les noyaux y procèdent les uns des autres en vertu de la partition ordinaire. L'auteur a cherché dans le développement de divers organes d'autres preuves du méme procédé organogénique. La deuxiéme partie commence par une exposition trés détaillée de la Structure et du développement de la fleur femelle des Conifères et des Gnétacées. M. Strasburger reconnait aujourd'hui pour ovules les organes qu'il tenait auparavant pour des ovaires. Le développement du sac em- bryonnaire correspond dans ce qu'il a d'essentiel à celui qui a lieu dans l'ovule des Angiospermes ; ici, comme chez les Angiospermes, les cellules- méres du sac embryonnaire naissent de la couche cellulaire située immé- diatement au-dessous de l'épiderme, elles sont constituées par les cellules intérieures qui résultent de la partition de cette couche, tandis que les extérieures forment le tapis de M. Warming. Ces cellules, uniques chez les Abiétinées, multiples chez les Taxinées, se divisent chacune par des cloisons transversales en trois cellules dont l'inférieure devient le sac embryonnaire. Dans la suite de son mémoire, M. Strasburger établit que malgré des différences qui ne sont pas sans importance, l'ovule des Gymnospermes est indubitablement homologue à celui des Angiospermes, et que ces ovules se correspondent comme les endospermes le font; il signale des différences dans les partitions, qui s'arrétent chez les Angiospermes après que quatre noyaux ont apparu à chaque extrémité du sac, tandis qu'elles vont plus loin chez les Gymnospermes. L'auteur est disposé à voir des cellules endospermiques dans les vésicules embryonnaires et dans les antipodes. La vésicule embryonnaire lui semble un archégone trés réduit; et il voit dans la formation de l'endosperme qui suit la fécondation la reprise d'un développement qui s'était interrompu. Dans le dernier chapitre, l'auteur décrit le commencement de la for- mation de l'embryon dans l'ovule des Gymnospermes, notamment chez le Cephalotazus et l'Araucaria. L'extrémité supérieure de leur embryon est remplie par des cellules pauvres en contenu qui forment un appareil de protection et disparaissent plus tard ; c'est donc par des cellules inté- rieures de l'embryon que se trouve constitué le sommet de la tigelle. 200 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nouvelles Recherches sur le développement du sac embryonnaire des Phanérogames angiospermes ; par M. Julien Vesque (Ann. sc. nat., 6° sér., t. vri, pp. 261-392, avec 10 planches). Le second mémoire de M. Vesque était préparé par cet auteur en méme temps que s'élaborait la publication précédente de M. Strasburger. Ces . deux savants, comme on le verra plus loin, diffèrent fondamentalement sur le point principal du sujet qu'ils ont examiné tous les deux. - M. Vesque a divisé son mémoire en deux parties : dans la première, il présente l'histoire générale du développement du sac embryonnaire ; dans la seconde, il poursuit l'étude de ce développement chez différentes familles de végétaux angiospermes. M. Strasburger a étudié d'abord, dit-il, des plantes à ovules trés petits, transparents, qui présentent des conditions d'infériorité, quand on les com- pare à ceux de plantes plus élevées dansleurs séries. Ce sont des Orchidées et le Monotropa, chez lesquels M. Vesque pense qu'il y a des phénoménes de simplification et de réduction, comme chezle Butomus. Chez ces plantes, la cellule privilégiée (d'origine sous-épidermique) produit primitivement par eloisonnement deux cellules dont la supérieure est la cellule-sœur € ou cellule de la calotte (Warming), l'inférieure la cellule m, dont les dédoublements ultérieurs constitueront le sac embryonnaire. La cellule c se dédoublera verticalement ou horizontalement; sa descendance dans certains cas arrivera au niveau de l'épiderme ; les cellules qui résulteront de ce travail physiologique céderont au bout de quelque temps leur plasma au sac en train de se développer au-dessous d'elles; et ce seront proba- blement elles qui, aprés s'étre affaissées, formeront au-dessus de l'appareil sexuel ces lignes rayonnantes connues sous le nom d'appareil filamenteux. — Au-dessous de la calotte, la cellule mse partage, et à certains moments du développement on observe dans son intérieur plusieurs cloisons trans- versales et collenchymateuses séparant des cellules (1). Chez l'Orchis et le Monotropa, ces cloisons sont peu nombreuses, et ne délimitent guère que deux cellules (voy. plus haut, p. 50, n° 5). Ces deux cellules se fon- danten une seule par résorption de la cloison pour constituer le sac embryonnaire, et chacune d'elles produisant une tétrade (2), il en résulte huit noyaux libres. Deux d'entre eux se conjuguent pour former le noyau du sac; trois autres vont former en haut du sac la vésicule embryonnaire (1) M. Vesque numérote ces cellules (cellules-méres spéciales) en donnant le n° 1 à la cellule supérieure, le n* 2 à celle qui vient immédiatement au-dessous, et ainsi de suite. (2) C'est-à-dire quatre spores, comme cela se voit dans le sporange des Fougères et dans ]a génération des grains polliniques, suivant la théorie de M. Warming. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 201 et ses deux synergides (Strasburger), deux autres l'appareil antipode. Les deux observateurs sont d'accord sur ces faits. M. Strasburger attache plus d'importance à la cellule 2, et montre celle-ci comme s'élevant dans l'ovule de maniére à refouler en les comprimant toutes les supérieures, y compris les dérivés de la calotte. Pour lui, la cellule qui arrive à former le sac est l'article inférieur de la série formée dans l'axe du nucelle. Or cette série est parfois étendue, certaines Gamopétales possédant 5 cellules- méres spéciales. Chez l'Agraphis et l'Uvularia, on peut trouver trois cellules voisines produisant chacune leur tétrade. Pour M. Strasburger, c'est toujours la cellule inférieure de la série qui arrivera à former le sac. M. Vesque, au contraire, reconnait, selon les plantes et lesgroupes, un certain nombre de cas différents, et le côté le plus intéressant de ses nouvelles recherches est de montrer que, parmi les végétaux angiospermes, les caractéres his- tologiques de la formation du sac embryonnaire concordent avec les carac- téres admis pour les principaux sectionnements de ce groupe. D'abord les Gamopétales, qui sont considérées depuis Schleiden et Adrien de Jussieu comme occupant l'échelon le plus élevé dans le déve- loppement des végétaux, sont réunies, d'aprés les recherches de M. Vesque, par des faits organogéniques de première valeur. [ci la cellule privilégiée devient directement la cellule m, ou cellule-mère primordiale du sac embryonnaire. Les antipodes n'existent pas chez les Gamopétales, si ce n'est chez les Caprifoliacées et familles voisines; elles sont remplacées par des anticlines (voy. plus haut, p. 50, n* 6). Dans l'autre groupe de Dicotylédones, qui comprend à la fois les Dialy- pétales et les Apétales de Jussieu, les faits observés par M. Vesque, quoique encore incomplets et restreints à un petit nombre de familles, permettent cependant déjà de continuer, dans les caractères des grandes divisions, le parallélisme indiqué plus haut. Dans les Renonculacées, Ber- béridées, Lardizabalées et Cruciféres, que tous les phytographes rappro- chent, et qu'on a longtemps considérées à tort comme placées au haut de l'échelle, il n'existe pas d'anticlines. Ces cellules-méres avortées existent, au contraire, dans les Papavéracées, Fumariacées, Euphorbiacées, Dios- mées, Thymélées et Rosacées, mais elles y sont inertes, c'est-à-dire qu'elles ne produisent pas d'endosperme. Elles existent et elles sont actives chez les Santalacées et les Loranthacées, que réunissent déjà tant d'autres points de leur organisation, notamment la saillie du sac avant la fécon- dation. Parmi les Monocotylédones, il y a encore une division en deux groupes, fondée sur labsence d'anticlines; et ce sont les inférieures (Fluviales, Joncaginées, Butomées) qui en manquent). Il est curieux de constater qu'à ce point de vue les Alismacées sont rapprochées des Renonculacées : 202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. chez les unes comme chez les autres, la division du travail est moins parfaite. Mais il résulte de ces faits que, suivant M. Vesque, on ne saurait dire que ce soit la cellule inférieure de la série axile qui produise le sac. Ce n’est pas vrai quand une ou plusieurs des cellules actives se sont trans- formées en anticlines. Dans certains cas, quand il n'existe pas d'anti- clines, l'arrét de développement ne frappe pas seulement ces organes; il s'étend encore sur la cellule 2, laquelle reste indéfiniment pourvue d'un seul noyau sans se diviser en tétrades. Aramæische Pflanzennamen (Noms de plantes en araméen) ; par M. Emmanuel Löw. Thèse pour le doctorat en philosophie. In-8* de 23 pages. Leipzig, 1879. On sait que sous le nom d'araméen les philologues entendent le rameau septentrional dela famille sémitique, depuis le chaldéen biblique jusqu'au syriaque, la langue sacrée des Nestoriens un peu épars dans toute l'Asie et des communautés chrétiennes tle la Syrie. Les sources araméennes, qui sont nombreuses (1), ont pour les érudits curieux de rechercher le sens et la forme des noms de plantes employés par les anciens, l'avantage de contróler les noms hébreux et méme parfois les noms grecs. Ces sources sont : 1° le chaldéen biblique, qu'il faut considérer s’il est vrai que le nom de la manne soit d'origine chaldéenne (2); 2 les Targums ou traductions de la Bible en syro-chaldaïque, la langue vulgaire de la Palestine dans les deux siécles qui ont, l'un précédé, l'autre suivi le Christ; 3° la Mischna, où se trouvent des mots hébreux qui manquent à la Bible (3), et dont le chapitre De seminibus (Zeraim) pourrait offrir des renseignements trés utiles sur les pratiques agricoles en usage chez les Sémites au second siècle de notre ère ; et surtout la Gémare ou les deux Talmuds (4), qui appartiennent au 1v* et au v* siècle. 4° Le mouve- (1) « Syria in hortis operosissuma est, inde proverbium Grsecis : Multa Syrorum olera » (Pline, Hist. nat.,1. xx, cap. 5.) (2) Mán-hoü (quid hoc?), s'écriérent les Hébreux en voyant la surface du désert cou- verte d'une petite chose ronde, aussi petite que la gelée blanche sur le sol (Exode, XYI, 14-15). Ces mots appartiennent au dialecte chaldéen et n'ont pas été compris par tous les traducteurs, dont plusieurs ont pris mán pour un nom propre, et ont traduit comme s'il y avait manna hoc!, et cela malgré les mots qui suivent immédiatement dans la Vulgate, et qui contiennent la glose. La version anglaise donne : « it is manna, for they wist not what it was. » Le mot mán était devenu méme plus tard pour les Hébreux un nom substantif (Exod. xvi, 21), absolument comme l'est devenu notre mot vasistas, de l'allemand was ist das? (3) Voyez Renan, Hist. gén. des langues sémitiques, 3° édit., p. 160. — On sait qu'il existe sur la Mischna un précieux commentaire de Maimonides. (4) Nous avons fait connaître en son temps (t. xix, Revue, p. 192), le mémoire de M. Duschak sur la botanique du Talmud. M. Löw paraît faire trés peu de cas de ce ravail. REYUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 ment scientifique et industriel, malheureusement trop ignoré, qui a eu la Babylonie pour centre, a laissé des vestiges importants dans l'Agri- culture nabatéenne de Koutsämi, traduite en arabe en 904, dont il se trouve de nombreux extraits'dans Ibn el Awwàm, que M. Clément Mullet nous a fait connaître, ainsi que dans Ibn Beithàr, étudié par M. Leclerc (1). C'est en traduisant les auteurs grecs que les écrivains syriens se sont particuliérement distingués. On sait que ce sont eux qui ont servi d'inter- médiaires entre l'hellénisme et les Arabes, et que méme les traductions faites directement du grec en arabe n'ont guére été rédigées que par des Syriens. Au nombre de ces traductions figure notamment celle de Dioscoride, faite au 1x* siècle par Honein ben Ish&q, qui nous est arrivée compléte, et qui existe à Paris, à Leyde et à Londres. Mais ce sont ici les traductions faites en syriaque qui doivent principalement étre rappelées. Le lexicographe Bar Bahlul nous a conservé des fragments d'une autre traduction de Dioscoride due à Honein, etécrite en syriaque, dans laquelle Honein a tenu un compte trés sérieux des ceuvres antérieures de Sergius de Ras el Ain. M. Lów nous parle d'une traduction de Galien due à ce dernier auteur, et dont il existe au British Museum un fragment impor- tant (Wright, Catal. p. 1187), comprenant l'énumération alphabétique des drogues simples, et imprimé dans les Analecta syriaca de Sachau. Parmi ces traductions en syriaque, il faut encore citer celle des Géopo- niques grecques, éditée par M. P. de Lagarde en 1859, et qui porte en syriaque pour titre : Livre de l'agriculture de Junius (2). Les Géoponi- ques se rencontrent dans plusieurs passages avec l'Agriculture nabatéenne, qui n'a pas encore été publiée, et qui d'ailleurs ne pourrait l'être avec le manuscrit très incomplet qu’en possède la Bibliothèque nationale de Paris (3). À une époque plus rapprochée de nous, quand la langue araméenne eut perdu la prééminence qu'elle eut pendant plusieurs siècles sur les autres idiomes sémitiques, c'est dans la littérature arabe ou dans la litté- . H LH : Un D it 1) Un chapitre important du Geschichte der Botanik d'E. Meyer, que M. Lów aurai " avec avantage (t nt, pp. 43 et suiv.), renferme l'histoire de la botanique des Naba- téens. En lisant l'énumération des plantes donnée par Meyer (pp. 60 et suiv.), il ne faut pas oublier que la plupart des termes orientaux sont arabes, quelques-uns persans, et un petit nombre araméen. ; saurai i ^ Les Géoponiques, qui ont servi évidemment à Palladius, n'auraient été suivant l'auteur qu'une traduction grecque du Livre de l'Agriculture. M. Löw attribue ce livre à . S. i i ès la tra Vindan-ionios, auteur qu'Íbn el Awwâm a cité sous le nom de Junius aprés de ce Livre faite en arabe sur le syriaque. Mais il est bon de remarquer que, dans les Géoponiques, ce Vindan-ionios est lui-mème cité comme l'auteur original de quelques articles seulement de cette vaste compilation. 0. . " (3) Cette bibliothèque possède aussi un manuscrit où se trouvent des documents ym tants pour l'étude des noms de plantes araméens, C'est le n° 1071 o Dares arabe arabe, où se trouvent des commentaires écrits en syriaque en marge du tex d'Ibn Beïthàr. 204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rature rabbinique que l'on peut trouver des sources, souvent encore consi- dérables, pour l'étude des noms de plantes employés par les Araméens. La bibliothéque de Munich posséde un manuscrit du juif Assaf, qui est une œuvre médicale renfermant la liste de 123 remèdes, pour la plupart d'ori- gine végétale : Assaf a fait connaitre les noms hébreux, araméens, arabes, persans, grecs et latins de ces remèdes, dont la synonymie était alors de la plus haute importance à établir; il a dressé son index suivant l'ordre de Dioscoride (1). On place son existence vers le x° ou xi* siècle. C'est au xr° siècle aussi que l'on attribue l' Alphabet de Ben Sira, découvert par Schorr dans le Boundéhesch, et que M. Lów reproduit avec les variantes nécessitées par cinq manuscrits différents. L'Alphabet contient une liste, d'un caractére évidemment plus ancien que l'opuscule qui la ren- ferme, de 30 noms d'arbres fruitiers, divisés selon que leur fruit est comestible en entier, à l'extérieur seulement ou à l'intérieur. M. Lów a réussi à identifier la plus grande partie de ces noms, dont quelques-uns n'offraient d'ailleurs aucune difficulté. Les ouvrages du célèbre rabbin et médecin Maimonides, qui vécut surtout en Espagne, n'ont qu'une im- portance accessoire pour l'étude des noms araméens, mais il existe un commentaire fait de l'une des principales compilations de cet auteur par un Karaite du xv* siècle, Kaleb Afendopolo, établi à Constantinople, qui a ajouté à l'énumération de Maimonides la synonymie en arabe vulgaire, en grec moderne et en italien. Telles sontles principales sources où a puisé l'auteur, et dont quelques- unes, notamment la traduction des Géoponiques, sont étudiées par lui d'une maniére intéressante. Il termine sa thése par le recensement de 23 espèces végétales et des noms qui leur ont été attribués par les auteurs que nous venons de citer. Dans ce travail, M. Lów s'est montré à peu prés exclusivement philologue; les assimilations botaniques sont établies par lui d’après le Synopsis Flore classicæ de Fraas et les commentaires de Sprengel (lesquels ont aujourd'hui beaucoup perdu de leur autorité) ; le Flora orientalis de M. Boissier lui a servi à contróler l'existence en Orient des végétaux dont il parle. En employant des abréviations constantes et en négligeant à dessein de transcrire les termes orientaux, M. Lów se trouve n'avoir travaillé que pour un petit nombre d'initiés. Ajoutons que la lecture de sa thése n'est pas simplifiée pour un étranger par les modi- fications à l'orthographe allemande usuelle qu'il a adoptées, évidemment à dessein, dans l'impression de son texte. (f) Un détail montrera avec quelle défiance il fout se servir de la terminologie em- ployée par les écrivains sémitiques. Le terme hébreu employé par Assaf pour traduire le nom de Dioscoride renferme dans l'un de ses composés le nom du Dieu Bahal, à cause du génitif grec Aw. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205 Dahlias ; par M. W.-B. Hemsley (Gardeners Chronicle, numéros des 4 octobre et 4“ novembre 1879). L'article que nous annoncons ici est une monographie des espéces du genre Dahlia, savoir : Dahlia imperialis Ræzl et D. excelsa Benth. in Maund's Botanist 11, tab. 88, espèces qui atteignent 20 à 30 pieds de hauteur; D. variabilis Desf. Cat. hort. par., ed. 3 (D. superflua DC., D. crocata Lag., D. pinnata Cav., D. rosea Cav., D. sambucifolia Salis.), et D. coccinea Cav. (D. frustranea DC., D. bidentifolia Salis., D. Cervan- tesii Lag.), espèces qui sont la souche des Dahlias cultivés communément dans nos jardins ; D. scapigera Knowles et Westcott Floral Cab. ut, 113, tab. 148 (Coulter n. 385), D. Merckii Lehmann Del. sem. hort. Hamb. 1839 (D. glabrata Lindl. Bot. Reg. 1840, tab. 29, D. minor Vis., D. Decaisneana Verlot), cultivé aussi aujourd'hui (Coulter n° 387, Bourg. n° 802, Orizaba, Linden n° 1139, Liebmann). Il faut ajouter à ces types, d'aprés des notes additionnelles fournies plus tard par M. Hemsley lui-même, le Dahlia arborea (Gartenflora, 1870, pp. 213, 342; Gardeners’ Chronicle, 1870, pp. 459, 663, 1889); le D. Barkerie Knowles et Westcott Flor. Cab. ut, p. 147, tab. 127; le D. Maximiliana Hort. (Gardeners’ Chronicle, 1879, x1, 216) : tous appartenant à la méme catégorie que le D. imperialis. Musci Africæ orientali-tropicæ Hildebrandtiami; auctore C. Müller halensi (Flora, 1879, n° 24). On connaît le proverbe romain, que rappelle M. Müller : « Semper aliquid novi ex Africa. » Le Barbula Eubryum, « habitu proprio embryaceo ad Barbulam piliferam inclinans, sectionem propriam sistit gemmulis prolificis majusculis opacis evalibus bulbosis vel piriformibus pedunculo longiusculo pro more spiraliter flexo stipitatis, loco archegoniorum ». Le nouveau Calymperes, C. caudatum, de la section Hyaphilina, constitue une trés belle espèce, fort distincte : « foliis elimbatis mollissimis viri- dissimis et corpusculis caudatis ». Les autres espéces nouvelles sont les suivantes : Fissidens pseudorufescens, dont le F. rufescens, de l'Afrique australe, se distingue : « statura longiore, foliis circa 15-jugis approxi- malis, nervis multo crassioribus et magis flexuosis pedunculoque brevi » ; Weisia (Hymenostomum) brachypalma, qui se distingue par ses pédon- cules courts des autres Hymenostomum de l'Afrique centrale; Bryum (Senodictyum) bulbillicaule, « habitu proprio ad Orthodontium accedens »; B. (Argyrobryum) Taite, très voisin du D. argenteum ; B. arachnoi- deum, trés voisin du B. argyrotrichum C. Müll., du pays des Niamniam, et distinct : « pilis folii arachnoideo-intricalis, foliis rotundatis cellu- lisque inferioribus chlorophyllosis » ; Enthostodon Hildebrandti, carac- 906 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. térisé par: « foliis siccatis veluti circinatis barbuloideis, mucronato- pungentibus, capsulaque breviter pedicellata gymnostoma »; et Bartra- mia (Philonotula) curvula « Ph. comorensi C. Müll. habitu aliquantulum affinis, sed surculis varie curvulis distincta ». Ueber Verwandtschaft von Algen mit Phanerogamen (De l'affinité des Algues avec les Phanérogames) ; par M. Otto Kuntze (Flora, 1819, n° 27). On sait que plusieurs auteurs se sont essayés à dresser l'arbre généa- logique du Régne végétal, en profitant des analogies entrevues entre les microsporanges et les macrosporanges de certains Cryptogames vasculaires, des Lycopodiacées fossiles notamment, et les organes reproducteurs des Gymnospermes et méme des Phanérogames. De ce nombre est M. Häckel, dont les idées à ce sujet ont paru dans le journal Kosmos, t. 11, p. 360. M. Kuntze ne partage pas toutes les idées de M. Häckel et concoitla filiation de la manière suivante. Tl distingue parmi les Algues, qui dérivent des Protistes, cinq types différents : le premier, Parasiticæ decolores, con- duit aux Champignons et aux Lichens; le deuxième, Simplices virides, n'a aucune descendance; le troisième, Heteromorphæ, a donné les Crypto- games vasculaires hétéromorphes et les Mousses ; le quatrième, Oosporeæ monomorphæ, conduit aux Hépatiques, aux Cryplogames vasculaires mo- nomorphes ou Progymnospermes, et par leur intermédiaire aux Gymno- spermes ; le cinquième, Carposporeæ, aux Angiospermes, Methodik der Speciesbeschreibung der Gattung Rubus. Monographie der einfachblättrigen und kräutigen Brombeeren, ver- bunden mit Betrachtungen über die Fehler der jetzigen Speciesbeschrei- bungsmethode, ete. (Méthode pour décrire les espéces du genre Rubus ; Monographie des Ronces à feuilles simples et herbacées, accompagnée de considérations sur les défauts de la méthode usitée actuellement pour en décrire les espéces et de propositions sur leurs variations) ; par M. Otto Kuntze, In-4^ de 160 pages, avec une planche. Leipzig, Arthur Felix, 1879. — Prix : 20 francs. Nous regrettons de ne pouvoir donner à nos confréres qu'une idée sommaire de cette importante publication. L'auteur, frappé des divergences qui existent aujourd'hui dans la conception de l'espèce, et dont les plus accusées sont offertes par les travaux de M. Darwin et de M. Jordan, a voulu asseoir l'idée de l'espèce sur des bases différentes. Il la conçoit une et divisible å l'infini, à peu prés comme l'a dit M. Decaisne au début de ses études sur les Poiriers. Il donne comme exemple de sa méthode les Rubus de l'Orient à feuilles entières, qu'il réunit tous dans le seul Rubus moluccanus L., comprenant 74 formes désignées aujourd’hui eha- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 907 cune par un nom spécifique différent. Un tableau synoptique à double entrée permet au lecteur de se reconnaltre dans ce dédale. Les déductions et les applications aux Rubus européens se présentent d'elles-mémes et sont d'ailleurs indiquées par M. Kuntze. Note alla morfologia e biologia delle Alghe ficocroma- cee; par M. A. Borzi (Nuovo Giornale botanico italiano, octobre 1879). L'auteur traite dans ce second article de la famille des Seytonémacées. I! tire de ses recherches les conclusions suivantes : L'aecroissement végétatif des filaments des Scytonémées s'effectue par la partition transversale répétée des éléments qui les constituent (Coleo- desmium, Tolypothrix, Hilsea et Scytonema), ou par leur division à la fois longitudinale et transversale (Stigonema, Hapalosiphon et Capso- sira). L'accroissement des colonies a lieu par la formation de pseudo- ramules ou véritables ramifications, ou par fragmentation. Les pseudo- ramules sont des portions de filaments déviées de la direction ordinäire par l’interposition d'hétérocystes (Tolypothrix), ou sans l'intervention de ceux-ci (Hilsea, Scylonema). La formation de pseudoramules peut étre considérée comme un procédé de multiplication par le moyen de fragments immobiles, les susdits ramuscules étant alors susceptibles de S'isoler et de se constituer d'une maniére indépendante en colonies nou- velles (Hilsea, Scytonema sp., Tolypothriæ sp.). Dans le genre Coleodes- mium, l'accroissement des colonies s'effectue par le moyen d'une fragmen- lation spontanée des filaments; les diverses portions restent réunies en faisceaux à l'intérieur d'une gatue commune, où elles s'accroissent d'une maniére indépendante. Les ramifications véritables doivent leur origine à une partition réitérée d'un élément quelcongue de la série, ou en direction perpendiculaire à la direction suivie par cet élément (Stigo- nema, Capsosira, Hapalosiphon). Toutes les Scytonémées se multiplient par le moyen de fragments mobiles de la série, tels que des hormogonies ou des spores médiantes. Les hormogonies sont mises en liberté par la dissolution de la galne, qui a lieu à partir du sommet. Elles se meuvent lentement dans l'eau, en direction rectiligne, sans que la lumière exerce aucune influence sur leurs mouvements. Pendant la germination, les hor- mogonies se couvrent d'une tunique mucilagineuse, mince, transparente, et lantôt elles se séparent en portions de diverse longueur (Tolypothrix, ` Coleodesmium, Scytonema sp., Stigonema sp., Capsosira); tantòt cha- cune d'elles se transforme en entier en une colonie nouvelle (Soytonema Sp., Stigonema sp.) sans se fragmenter. Pendant Ja transira aan eo chaque fragment d'hormogonie, ou d'une hormogonie enti oh en a en colonie nouvelle, une des deux cellules apicales de la série se chang 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. hétérocystes, excepté chez le Coleodesmium. Les spores sont des cellules isolées, rarement didymes, capables de résister au froid commeà l'extréme sécheresse ; elles germent aprés une certaine période de repos. Pendant la germination, l'exospore se rompt transversalement pour livrer passage au germe intérieur. Au point de vue taxinomique, M. Borzi divise les Scytonémées de la maniére suivante : Tribus I : SCYTONEMEÆ. — Articulis transversaliter tantum divisis. A. Pseudoramulis nullis ; filamentis intra vaginam commu- . nem coalitis................. ehe eet sete Coleodesmium Borzi. B. Pseudoramulis presentibus ; filamentis liberis vel latera- liter adnatis sed non intra vaginam communem coa- litis. l a. Coloniis definitis; pseudoramulis basi 1-3 hetero- cystis suffultis............... OPEP PEDE Tolypothrix Kütz. b. Coloniis indefinitis ; pseudoramulis cum heterocystis non connexis. a. Pseudoramulis mollissimis vel delicatissimis, irregulariter generatis, tum lateraliter con- junetis....,..........................., Hilsea Kirch. B. Pseudoramulis geminis, paralleliter divergen- tibus ...............,,,....,..... Scytonema Kütz. Tribus II : STIGONEMEÆ. — Articulis longitudinaliter quoque divisis. A. Filamentis e duplici vel multiplici serie cellularum com- positis. ................,. TE .. Stigonema Ag. B. Filamentis e simplici cellularum serie compositis. a. Filamentis erectis vel conjunctis in colonias pulvi- niformes definitas............,......... TP Capsosira Kütz. b. Filamentis sparsis; heterocystis solitariis, ex qualibet una seriei cellula per transformationem ortis... Hapalosiphon Neg. Herbier du jeune botaniste; par M. le D' Bucquoy. Perpignan, P. Morer, 1880. Notre honorable confrère M. le D' Bucquoy a une idée heureuse et utile en consacrant son talent de dessinateur à vulgariser la connaissance des plantes. Destinée surtout à l'enfant, cette publication a pour but de l'initier aux premiers éléments de la botanique par la vue des objets et sans surcharger sa mémoire. L'Herbier du jeune botaniste parait par fascicules, au prix modeste de 1 franc par fascicule. Dans le premier fascicule, l'auteur essaye de donner une idée générale des plantes ; dans le deuxième, il revient sur la descrip- tion de la fleur, et figure, dans une nouvelle série de planches, un certain nombre de plantes. Dans le troisiéme, il parle des feuilles, tiges, racines et fruits, et commence l'étude des familles, que l'éléve peut alors aborder. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 209 Chaque famille sera étudiée à l'aide d'un texte qui en fera connaitre les caractéres, d'une planche consacrée à ces caractéres, et d'une série de dessins représentant les divers genres de la famille. M. Bucquoy nous apprend dans la préface d’où nous extrayons ces détails que l'Herbier du jeune botaniste se composera au plus de dix fascicules et comprendra presque toutes les plantes qu'on rencontre le plus communément dans les champs, prairies, bois et jardins. Les planches ne porteront aucun numéro et pourront étre classées au gré de chacun, soit suivant les familles, soit suivant les qualités des plantes alimentaires, fourragéres, médicinales et vénéneuses. Le papier de cette publication est choisi de facon à permettre le colo- riage à l'enfant qui aurait recueilli les plantes figurées et qui serait assez habile pour se livrer à un exercice qui est en méme temps un jeu. Sur accroissement des tiges des arbres dicotylédones et sur la séve descendante; par M. Guinier (Comptes rendus, séance du 3nov embre 1879). On admet généralement, depuis le mémoire de M. de Mohl, publié en 1859, dans le Botanische Zeitung, que les couches ligneuses des arbres dicotylédones sont plus épaisses dans le haut que dans le bas et s'amin- cissent progressivement de haut en bas. On attribue ce décroissement prétendu à ce que la séve descendante perd graduellement ses matériaux. Il résulte des mensurations de M. Guinier que l'épaisseur d'une couche annuelle du Sapin a au sommet de la tige une valeur maximum qui se maintient uniforme le long de la cime feuillée de l'arbre, puis décroit de haut en bas jusqu'à une certaine hauteur pour devenir invariable jus- qu'à l'empatement des racines, où elle augmente de nouveau. M. Guinier prend acte de ce fait pour émettre des doutes sur la théorie de la séve descendante ; et il rappelle qu'il se forme parfois, sur les arbres en pleine végétation, des bourrelets ou des renflements au-dessous de l'obstacle qui est censé s'opposer à la progression de la séve descendante. Sur le ferment digestif du Carica Papaya j par MM. Ad. Wurtz et E. Bouchut (Comptes rendus, séance du 25 août 1819). Nous renvoyons nos lecteurs à ce que nous avons dit dans un précédent numéro des propriétés dissolvantes que possède le latex du Carica Papaya (1). Ce latex renferme un principe qu il est facile d'en extraire, et qui se présente sous forme d'une poudre blanche amorphe, entiére- ment soluble dans l'eau, propriété qui indique l'absence d'albumine végétale, coagulable par l’alcoul. Ge ferment, dont les propriétés digestives (1) Voy. 1e Bulletin, t. xxv (Revue), p. 239. . E u 910 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ont été constatées dans maintes expériences par les auteurs, et qu'ils désignent sous le nom de papaine, se distingue de la pepsine par ce caractère qu'il dissout la fibrine, non-seulement en présence d'une petite quantité d'acide, mais méme dans un milieu neutre ou légérement alcalin. Il ya eu dans plusieurs expériences non-seulement dissolution de la fibrine, mais encore transformation de cette substance en peptone, c'est- à-dire digestion compléte. La Chlorofilla; par M. F. P .C. Siragusa. Palerme, 1818. Ce mémoire est une thése présentée à l'université de Palerme. M. Sira- gusa y a passé en revue les fonctions de la chlorophylle, en analysant les travaux publiés à ce sujet. Il y a inséré aussi la mention d'expériences originales. Ces expériences ont porté principalement sur deux points. Le premier est l'action de l'acide sulfureux ; les vapeurs de cet acide ont été funestes aux plantes, ce qui n'étonnera personne. Le second point est l'in- fluence des anesthésiques, surtout de l'éther. Cet agent a, dit-il, empêché le verdissement de plantules étiolées, tandis que les plantules témoins placées dans le voisinage étaient tout à fait colorées. Il semble que dans cette expérience la vapeur anesthésique ait agi en tuant le végétal qui était exposé à son influence. L'Anestesia nel Regno vegetale ; par M. F. P. C. Siragusa. Pa- lerme, 1879. Cet opuscule fait suite au précédent. M. Siragusa y établit d'abord que les organismes inférieurs ne sont pas soumis à l'anesthésie. Il essaye ensuite de prouver que les fonctions des végétaux supérieurs se divisent en deux catégories quant à l'influence des anesthésiques. Les unes leur échappent, dit-il : c'est l'absorption, la transpiration, la respiration. Les autres leur sont en partie soumises : parmi ces dernières il range la germination, l'assimilation, la production de chlorophylle, la fécondation, les mouvements spontanés ou provoqués. Dans ses expériences, M. Siragusa dit être arrivé à des résultats diffé- rents de ceux qu'avait obtenus M. P. Bert. M. Siragusa place des Soucis sous une cloche chargée de vapeur d'éther, et constate que l'éther arrête les mouvements de ces fleurs, contrairement aux résultats qu'avait donnés M. Bert dans ses premières expériences. Les observations de M. Siragusa ont été reprises par M. Proust et critiquées par M. P. Bert devant la Société de biologie (1). M. Proust a expérimenté sur le Leucanthemum vulgare. Il a vu que certaines de ses inflorescences ne se refermaient pas le soir, quand elles étaient placées (1) Séance du 7 juin 1879. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 211 dans une cloche pleine d'éther. Mais, en y regardant de plus près, il a pu constater que si ces inflorescences ne se refermaient pas, c'est parce que les plantes étaient mortes. Les faits observés par M. Siragusa étaient donc exacts, mais mal interprétés. Sur un nouveau mode d'administration de l'éther, du chloroforme et du chloral à la Sensitive; application à la détermina- tion de la vitesse des liquides dans les organes de cette plante ; par M. Arloing (Comptes rendus, séance du 25 août 1879). L'auteur arrosait les vases dans lesquels il faisait vivre des Sensitives avec les solutions ou mélanges suivants : 1? chloroforme, 3 à 5cent. cubes ; eau, 60%; — 2 éther, 20*; eau, 60°; — 3° chloral, 4 gramme; eau, 50 grammes. Il agitait fortement, avant de s'en servir, les mélanges d'eau et d'éther ou de chloroforme, puis, aprés l'arrosage, il recouvrait les vases exactement et délicatement pour arréter les vapeurs anesthésiques. Dans ces conditions, M. Arloing a observé, aprés l'absorption radicel- laire du chloroforme et de l'éther, des effets primitifs et secondaires. Les premiers sont comparables à ceux que l'on observe chez les animaux soumis à l'anesthésie. Ce sont d'abord des phénoménes d'excitation sem- blables à ceux qui succédent aux irritations mécaniques ; ils se produisent successivement de la base vers le sommet de la tige. Au bout d’une demi- heure à une heure, les pétioles communs se redressent, et les phéno- ménes marchent, cette fois, du sommet à la base. Mais à ce moment on constate que la plante a perdu sa sensibilité. Les effets secondaires con- sistent dans l'élimination de l'anesthésique. Il faut souvent deux heures pourvoir réapparaitre la sensibilité. Lorsque la plante a été chloroformisée ou éthérisée plusieurs fois de suite, l’irrita- bilité n'est encore qu'incomplétement revenue après trois, quatre ou cinq jours. Dans ce cas les feuilles conservent un bel aspect, mais les gros bourrelets sont inexcitables, et les folioles irritées ne se ferment qu'im- parfaitement et avec une graude lenteur. Le chloral ne modifie pas l'irritabilité de la Sensitive et ne met pas en action la motricité des feuilles. S'il est donné à dose faible, la plante parvient à l'éliminer et survit ; à 2 grammes, elle meurt souvent ; à 3 et 4 grammes, elle est toujours tuée à bref délai. M. Arloing a utilisé ces propriétés pour déterminer la vitesse du courant des liquides dans la tige et les rameaux. En effet, pendant l'absorption des anesthésiques, si les feuilles sont en bon état, les pétioles communs s'abais- sent brusquement et successivement de bas en haut, marquant chaque étape, au fur et à mesure que le chloroforme absorbé parvient à leur insertion. Cette vitesse du courant est variable. A l'intérieur de la tige, elle est modifiée par l'état des tissus et du feuillage, la température, etc., dans 919 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des limites assez étendues. D'ailleurs elle va croissant de la base au sommet de la tige dans le rapport de 1 à 1,25 ou 1,50, et elle est une fois et demie à deux fois plus grande dans les pétioles que dans la tige. Parfois les feuilles les plus élevées ne s'abaissent pas, etl'on croirait que la vitesse du courant diminue vers lesommet de la plante ; mais cefait est dû simple- ment à l'épuisement du chloroforme en circulation dans son tissu, épuise- ment dà à l'évaporation qui se produità la surface des feuilles inférieures. Sur la pluralité des noyaux dans certaines cellules végétales; par M. M. Treub (Comptes rendus, séance du 1° sep- tembre 1879). M. Treub pense que l'on n'a pas encore constaté la pluralité du nu- cléus chez les cellules végétatives dans les plantes supérieures, si ce n'est peut-être comme une anomalie plus ou moins fréquente. Il a trouvé constamment des noyaux multiples dans les fibres libériennes et les lati- cifères de plusieurs plantes appartenant aux familles des Euphorbiacées, Asclépiadées, Apocynées et Urticacées. Il a constaté que ces nucléus se multiplient par une véritable division. Il a suivi toutes les phases de cetle division : la plaque nucléaire et les granulations qui la précédent, le dédoublement de cette plaque, l'éloignement réciproque des deux demi- plaques et leur transformation en jeunes noyaux se présentent tout à fait dela méme maniére que dans les cellules à noyau unique. Les noyaux d'une méme cellule se divisent de préférence tout à la fois; l'auteur en a vu jusqu'à trente en train de se diviser dans une cellule. Sur un nouveau Curare; par MM. Couty et de Lacerda (Comptes rendus, séance du 29 septembre 1879). Avec le Strychnos triplinervia Mart., plante vulgaire aux environs de Rio-de-Janeiro, les auteurs ont obtenu des extraits qui présentent toutes les propriétés du curare complexe préparé par les Indiens. Les extraits des racines se sont trouvés les plus abondants, mais ils sont aussi les plus riches en matiére gommo-résineuse, faciles à émulsionner, et sans acti- vité. Les extraits des écorces, qu'il s'agisse de la racine ou de la tige, sont de beaucoup les plus actifs; et ils le sont d'autant plus, du moins pour des grosseurs moyennes, que le rameau correspondant est plus âgé. Tous ces extraits ont été cependant moins toxiques que le curare des calebasses ou des pots d'argile. Sur l'origine des propriétés toxiques du curare des Indiens ; par MM. Couty et de Lacerda (Comptes rendus, séance du 27 octobre 1879). Sur sept chiens, les auteurs ont recherché l'action du Cocculus toxico- ferus Wedd., liane qui est généralement ajoutée à un Strychnos dans la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 943 confection du curare. Ce Cocculus est un poison convulsivant, excitant d'abord les centres nerveux et les paralysant ensuite progressivement et trés complétement. Les mémes auteurs ont fait six expériences avec le latex du Hura cre- pitans L., qui, d'aprés Martius, servirait de base à certains curares. Cette substance, faiblement toxique, est d'emblée paralysante. Le Hura crepi- tans n'a aucune action sur l'excitabilité du nerf moteur ; il n'arréte pas la respiration, au moins primitivement, et il semble surtout agir par l'in- termédiaire de l'appareil circulatoire. Le suc du Caladium bicolor, injecté sous la peau, a constamment déterminé ure fièvre violente, avec frissons répétés, élévation de la température et altération du sang, devenu incoagulable. Le Strychnos Castelneæ Wedd. suffit, comme le S. triplinervia Mart., à former un curare actif et complet; il est plus actif que son congénére de Rio. Sur l'action physiologique des Strychnées de l'Amé- rique de Sud; par M. C. Jobert (Comptes rendus, séance du 13 octobre 1879). M. Jobert a déjà communiqué à l'Académie, en janvier 1877, une note dans laquelle il établissait que le Strychnos Castelneæ Wedd. était la base du poison constitué par le curare des Indiens Ticunas. Il a rapporté du Brésil, de la région du Tonantins, un curare employé par les Indiens de la riviére Yapura. Ce curare est fabriqué avec deux autres Strychnos, le S. hirsuta et un Strychnos voisin du S. nigricans, associés à deux Pipéracées. Dans un voyage à travers la province de Piauhy, son compa- gnon d'excursion, M. W. Schwacke, lui remit le Strychnos rubiginosa Gærtn., rencontré par lui en grande abondance prés de la ville d'Oeiras. Rentré à Rio, il put se procurer le S. triplinervia, employé comme fébrifuge par les gens du pays, sous le nom de Cipó cruzeiro. M. Joberta expérimenté avec des extraits de toutes ces Strychnées. Leur action physiologique est la même ; elles n'agissent pas comme téta- nisants, contrairement aux Strychnées de l'Asie. Leur action sur le sys- téme musculaire est évidente, mais faible. Le systéme nerveux moleur est atteint rapidement et présente sur un animal empoisonné les réactions physiologiques du curare. Le S. triplinervia est moins toxique que les Strychnos de l'Amazone. Certains curares, comme celui des Indiens Pébas du Pérou, ne con- tiennent, dit M. Jobert, que peu ou point de Strychnées. Dans ce du nier cas, c'est le suc d'un Chondrospermum qui agit comme poison du cœur. 914 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les travaux de M. Jobert sur le S. triplinervia ont été communiqués à la Société de biologie en décembre 1378. Sur la structure des écorces et des bois de Suychnes ; par M. G. Planchon (Comptes rendus, séance du 22 décembre 1879). Les diverses espéces de Strychnos présentent dans la structure de leurs écorces et de leur bois un certain nombre de caractéres communs, qu'on peut résumer ainsi : Dans ces écorces, au-dessous d'une premiére zone de tissu subéreux, une zone parenchymateuse dont les cellules contiennent de nombreux cristaux et sont remplies de matière rougeâtre; puis une troisième zone, trés caractéristique, formée de cellules pierreuses ; enfin lazone libérienne, dont les éléments principaux, étendus dans le sens de la longueur, sont bordés de nombreuses cellules à cristaux. L'épaisseur de ces diverses zones est assez variable d'une écorce à l'autre et peut donner des caractéres spécifiques ; mais l'ensemble de la structure est toujours le méme. Dans le bois, le caractére constant, c'est l'existence au milieu des couches ligneuses de nombreuses lacunes, qui ont une étendue considé- rable dans le sens longitudinal et qui proviennent de la destruction de tous les tissus : rayons médullaires, fibres et cellules ligneuses, vaisseaux. Ces lacunes ne sont limitées par aucune paroi spéciale, mais seulement parles débris des tissus au milieu desquels elles se sont produites. Le plus souvent elles restent à peu prés vides; mais dans certains bois, le Bois de couleuvre, par exemple, elles sont remplies d'une substance rési- noíde qui leur donne un aspect particulier et qui les a fait décrire comme de longues fibres entremélées au bois. Plusieurs des Strychnos qu'a étudiés M. Planchon ont été rapportés récemment des hautes régions de l'Amazone par M. Crévaux. De l'état cleistogamique du Pavonia hastata; par M. Éd. Heckel (Comptes rendus, séance du 6 octobre 1879), La plante est annuelle, et réussit bien dans le sud-est de la France, quoique originaire du Brésil. Les fleurs cleistogames se forment dés le début de la floraison et ne cessent de paraître qu'en fin août pour faire place, sous notre elimat, aux fleurs normales, qui sont abondantes pendant septembre et jusqu'à la mi-octobre. La corolle propre aux fleurs cleisto- games n'est que la réduction en miniature des pétales parfaits. ll est permis d'en dire autant des anthères, du style et du stigmate. Les grains polliniques et le calice, qui est accrescent, présentent dans les deux cas les mêmes dimensions. La fleur non épanouie se distingue surtout de sa congénére par l'absence absolue de nectaires autour de l'ovaire, et ses graines sont trés fertiles, contrairement à celles des fleurs ouvertes. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 215 M. Heckel part de là pour élever une grave objection contre la théorie de Pontedera, reprise par M. Bonnier, suivant laquelle les nectaires auraient pour but de fournir des matières nutritives à l'ovule, La soude dans le sol et dans les végétaux; par M. Ch. Contejean (extrait de la Revue des sciences naturelles, septembre 1879); tirage à part en broch. in-8° de 14 pages. Ce travail fait suite à un mémoire du même auteur déjà analysé dans cette Revue (1), et auquel avaient été adressées de nombreuses objections. On faisait observer à M. Contejean que la soude se trouve partout, dans les poussières atmosphériques et à la surface de nos vêtements, et que les constatations faites par lui au moyen de l'analyse optique seule n'étaient pas suffisantes pour convaincre. M. Contejean répond aujourd'hui à ces objections : Ja lueur jaune à éclats subits produite dans le bec Bunsen, par la soude superficielle, differe par plusieurs caractéres de la soude profonde existant dans la constitution des tissus; il expose d'ailleurs les moyens dont il s'est servi pour éviter toute erreur. Il est parvenu à des résultats fort curieux par l'analyse de divers terrains et d'un grand nombre de plantes. Le sol ne contient de la soude que dans le voisinage immédiat de la mer, et les eaux douces en contiennent toujours. Les plantes qui vivent dans les eaux donces sont à peu prés saturées de soude dans toutes leurs parties immergées, mais n'en renferment pas toujours dans leurs parties aériennes. Cela est assez naturel; ce qui étonne davantage, c'est que plus de trois des plantes terrestres, vivant dans un sol dénué de soude, ren- ferment cependant ce principe, et quelquefois en proportion notable. La proportion de soude est d'ailleurs trés variable chez une méme espéce (non maritime). Certaines espéces, halophiles ou non, contiennent beau- coup de soude dans le terrain maritime ; prises plus loin de la mer, elles n'en ont plus guère que dans leurs racines ; et dans l'intérieur des terres elles en contiennent à peine ou n'en contiennent pas du tout, D'autres se montrent à l'égard de cet alcali plus spéciales. Ainsi les espéces suivantes : Linum Radiola, L. gallicum, Lobelia urens, Cicendia filiformis, C. pusilla, Juncus pygmæus, à côté d'autres espèces, telles que : Tri- folium lævigatum, Spiranthes autumnalis, Juncus bufonius, J. capita- tus, Carex glauca, qui n'en ont point ou guère, quoique vivant dans le même milieu. Inversement, les plantes suivantes : Tribulus terrestris Linaria thymifolia, Euphorbia Peplis, E. polygonifolia (2), Tragus 1) Voy. plus haut, page 137. u a) Celle plante américaine existe dans les sables maritimes des deux côtes de la Gironde. 916 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. racemosus, se refusent absolument à la soude ou ne l'admettent que dans leurs parties souterraines par une sorte d'imbibition mécanique. L'affinité pour cette base varie suivant les familles,les genres et les espéces, comme on peut le voir dans le détail de l'énumération faite par M. Con- tejean. Les plantes aquatiques, à quelque famille qu'elles appartiennent, sont les plus riches en soude, et celles des lieux azotés les plus pauvres. Presque toujours la soude introduite dans le végétal s'accumule à sa base, principalement dans la portion souterraine, et diminue d'abondance au fur et à mesure qu'on s'éléve dans la portion aérienne. Méme les feuilles de plusieurs Chénes renferment de la soude dans le pétiole et à la base des grosses nervures, ainsi que dans le parenchyme. La soude fait généralement défaut dans les parties de la reproduction ainsi que dans les tissus en voie de développement rapide. Elle setient à l'intérieur plutôt qu'à la périphérie, et ce sont les faisceaux fibro-vasculaires qui en con- tiennent le plus. L'absorption de la soude n'est pas un phénoméne mécanique, puisque le papier qui a séjourné dans les eaux où vivent des: plantes sodées ne s'imprégne pas de soude. Cette absorption est sous l'influence de la vie, el des tissus placés en contact avec l'eau. Elle est inconsciente, elle s’opère sans discernement sur lous les principes solubles qu'elle rencontre; et plus haut il s'opére une sorte de triage, qui empêche la soude de pénétrer dans les organes de la reproduction ; ceux même des plantes halophytes ne renferment que dela potasse. Il n’est donc pas juste de croire que cette dernière puisse être remplacée par la soude. Les choses se passent comme si l’alcali sodique était délétère pour la végétation. Il est probable, dit en terminant M. Contejean, que plusieurs plantes maritimes l’admettent par tolérance plutôt que par nécessité, et que si elles occupent les lieux salés, c'est parce que la végétation continentale leur laisse le champ libre. Sur la coloration et le mode d'altération des grains de Blé roses; par M. Ed. Prillieux (Ann. sc. nat., 6* série, t. VII, pp. 248-260, avec une planche). Les grains de Blé présentent parfois une coloration en rose fort singu- liére, que M. Prillieux a examinée principalement sur des échantillons appartenant aux quatre variétés suivantes : Blé de Médéah, Blé de Xérés, Purple Shaw Wheat et Blé Rousselin. Quand cette coloration se mani- feste, ce n'est pas le tégument du grain qui est coloré, c'est la couche extérieure de l'albumen qui est d'un rose pourpré et qui apparait au travers par transparence. La couche superficielle de l'albumen, on le sait, est formée de cellules à l'intérieur desquelles on ne trouve pas de grains d'amidon, mais seulement une matiére azotée, que les auteurs allemands désignent encore à tort sous le nom de couche à gluten ou Kleberschicht. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 917 Dans les grains roses, cette couche est colorée en lilas pourpré. Cette coloration disparaît immédiatement dans l'eau; il faut, pour la voir nettement, examiner une coupe fine dans la glycérine. L'embryon, comme la couche superficielle de l'albumen, est souvent aussi coloré trés fortement en rose, surtout dans ses jeunes faisceaux. Les grains roses présentent au milieu de l'albumen une grande cavité circulaire dans leur milieu, et parfois, au lieu d'une seule lacune, on en voit plusieurs qui peuvent communiquer ensemble et former une cavité tout à fait irré- euliére; c'est toujours à la superficie du grain que ces lacunes commencent à se développer. Elles sont toutes entourées chacune d'une zone plus ou moins épaisse, dans laquelle le tissu de l'albumen est transparent et dépourvu d'amidon. Cette zone, que l'iode colore en jaune, est bordée intérieurement par une trainée nébuleuse tapissant la paroi de la lacune d'une sorte de revétement irrégulier. A l'aide de puissants grossissements, M. Prillieux a reconnu dans ces dépóts à contours nuageux des amas de Bactéries qui lui ont paru se rapporter au genre Micrococcus. Ces Bac- téries attaquent tous les éléments qui les entourent : amidon, gluten et parois cellulaires, et d'abord les grains d'amidon, qui diminuent progres- sivement de taille sans offrir la moindre trace d'altération intérieure. Ces modifications sont bien différentes de celles que détermine dans les mémes grains l'action de la germination ou de la diastase, et qui ont été étu- diées par A. Gris et par M. J. Sachs. La cellulose est gélifiée et dissoute par les Micrococcus, et de ces destructions résultent les lacunes. Les Micrococcus pénètrent de l'extérieur dans le grain par le sillon, au fond duquel se trouve presque toujours le principal foyer de corrosion. Ils se propagent en outre dans les parties superficielles du grain en sui- vant l'assise qui contient les granules de protéine (1). Ueber die Function der vegetabilischen Gefasse (Sur les fonctions des vaisseaux des plantes); par M. J. Bæhm (Botanische Zeitung, 1819, n° 15). 1. L'assertion émise un peu dogmatiquement par Schleiden, d’après laquelle les vaisseaux adultes, et spécialemont les vaisseaux spiraux, ne contiennent jamais d'eau, mais seulement de l'air, est inexacte d'aprés M. Bæhm. — 2. Les fluides primitivement contenus dans les vaisseaux du cambium sont absorbés par les cellules conductrices de la séve, partielle- ment chez la plupart des plantes, totalement chez quelques-unes d'entre elles, sans qu'il soit pour cela séparé de ces liquides un volume d'air correspondant. C'est la cause des phénomènes observés par M. de Hóhnel, inci 2 i iqués sommairement (1) Les principaux résultats de cette étude avaient été communiqu par M. Prillieux à la Société d'agriculture, dans sa séance du 11 décembre 1878. 918 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quand il coupe sous le mercure un rameau en train de se développer. — 3. Quand les vaisseaux sont devenus plus âgés, ils se remplissent plus ou moins complétement, soil de séve nouvelle, soit d'air à la tension ordi- naire, empruntés aux cellules voisines; c'est de l'air qui pénétre lorsque les jeunes vaisseaux avaient été complétement dépouillés de leur contenu liquide. — 4. Dans les vaisseaux dont le contenu gazeux ou liquide a une pression inférieure à la pression atmosphérique ordinaire, on voit suinter, venant des cellules voisines par les pores, des gouttelettes de gomme ou de protoplasma, ces dernieres s'entourant de cellulose et con- stituant des « thylles », — 9. Des branches de Saule coupées, pendant l'été, et placées immédiatement dans l'eau, augmentent beaucoup de poids, tandis que si avant de les immerger on les laisse pendant quelque temps exposées à l'air, l'augmentation de poids qu'elles prennent dans l'eau est beaucoup moins forte ; alors elles n'absorbent plus qu'une quan- tité d'eau égale à celle qu'elles avaient perdue par évaporation, et cela parce que les vaisseaux restés ouverts un certain temps en présence de l'air en ont accepté dans leur calibre et sont par conséquent moins per- méables à l'eau. — 12. Des rameaux dont les vaisseaux renferment de l'air sec et des thylles n'absorbent que trés peu d'eau, Tout le mémoire de M, Bæhm est en effet consacré à démontrer que la présence de l'air dans les vaisseaux est un obstacle à l'absorption, ce qui tient sans doute à la compression que subissent ces vaisseaux, dont l'air est à une pression plus faible que la pression atmosphérique, C’est seule- ment quand ces vaisseaux sont déjà pleins d'eau que l'ascension des liquides s'effectue facilement dans leur intérieur, en méme temps que l'évapora- tion à leur surface, Encore convient-il que le transport s'effectue en ligne directe, normale au pointde vue physiologique, Si l'absorption ne s'effec- tue pas par les racines, mais par d'autres feuilles, le pouvoir évaporatif des feuilles observées subit une diminution notable. Les expériences dont nous résumons ici les principaux résultats ont été faites sur des rameaux de Saule. Observations on Microgonidia; par M. J.-M. Crombie (Gre- villea, 1819, p. 311). M. Crombie, appréciant les mémoires de M. Minks et de M. Müller (1), affirme que les microgonidies ne sont que des granulations moléculaires, qui jamais ne sont le siége d'aucune métamorphose. Il n'accorde aucune créance à la découverte de zoospores annoncée par M. Müller dans cer- laines gonidies (ainsi que dans les spores de l'Agaricus rimosus). Il croit qu'il n'y a encore dans ces prétendues zoospores que des granulations moléculaires agitées par le mouvement brownien. (1) Voy. plus haut, pages 97 et 98. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 219 Eutwickelungsgeschichtliche Untersuchungen über die Cutleriaceen des Golfs von Neapel (Recherches organogé- niques sur les Cutlériacées du golfe de Naples); par M. J. Reinke (Nova Acta der K. Leop.-Carol. Akad. der Naturforscher, t. x1) ; tirage à part en broch. in-4° de 37 pages, avec une planche. Le développement des Cutlériaeées a été soigneusement suivi par M. Reinke sur les espèces suivantes : Cutleria multifida, Zanardinia collaris et Aglaozonia reptans. A l'égard du développement végétatif, auteur trouve le bord du thalle dissocié en nombreux filaments qu'il appelle des cils, bien qu’il n'y ait là aucune analogie avec les cils des zoospores. L’accroissement en largeur de la fronde est dà à la ramifica- tion de ces filaments. Les anthéridies, arrangées en groupe sur le thalle, sont des chambres cloisonnées placées sur un pédicelle multicellulaire, Les anthérozoides se forment par paires dans une cellule. Les oogonies, qui se rencontrent sur des plantes distinetes, sont beaucoup moins nom- breuses; elles ressemblent aux anthéridies par leur forme et leur arran- gement, mais sont plus volumineuses. Il se développe dans leur intérieur seize ou méme trente-deux oosphéres, qui parviennent à la forme de zoospores biciliées, et auxquelles viennent s’attacher les anthérozoides, pour s'évanouir ensuite sans doute aprés s'étre fondus dans la sub- stance des zoospores femelles, comme le Pandorina Morum étudié par M. Pringsheim. Le développement du thalle du Zanardinia concorde avec celui du Cutleria. Ici les anthérozoides pénètrent dans l'oosphére. M. Reinke a trouvé encore dans ce geare des sporanges qu'il qualifie de neutres. Dans l’Aglaozonia il n'a pas observé d'organes sexuels, ni méme de spo- ranges neutres. Ueber eine neue parasitische Alge, Phyllosiphon Ari- sari; par M. Julius Kühn (Sitzungsberichte der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, 1818). Cette Algue a été observée dans les environs de Nice et de Menton, parasite sur une plante terrestre, l'Arum Arisarum, où elle formait des taches arrondies de 6à 17 millim. de large, comparables à celles que déter- minerait un Champignon. Mais ici les filaments du parasite étaient remplis de granules de chlorophylle, et constituaient une Algue fort rapprochée des Vaucheria. Le contenu entier de la cellule se réduit en microgo- nidies, qui restent pendant longtemps à l'état de repos. | Cette nouvelle Algue établit une relation entre les Vauchériées d’une part, et d'autre part les Saprolegniées et les Péronosporées, notamment les Cystopus dont les membranes se colorent en. bleu sous la double 290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. influence de l'iode et de l'acide sulfurique, comme celles des Vauchériées et du Phyllosiphon. Ucher grüne Algen aus dem Golf von Athen ; par M. Fr. Schmitz (Sitzungsberichte der naturforschenden Gesellschaft zu Halle, séance du 30 novembre 1878). Le point le plus important de ce mémoire est l'établissement du nou- veau genre Siphonocladus et la considération de ses affinités. Ce genre se rapproche beaucoup d'un côté du genre Valonia, d'autre part du genre Cladophora et de ses voisins. Il èst résulté de la constatation de ces rapports la constitution d'un groupe nouveau, les Siphonocladiées, comprenant avec le nouveau genre, les genres Chætomorpha Kütz., Cladophora Kütz., Microdictyon Decne, Anadyomene Lamx, Valonia Ginn., etc. (1). Ce n'est pas des organes de reproduction que l'auteur peut tirer le type de son nouveau groupe. D'abord cesorganes sont mal connus chez quelques-uns des genres qui le constituent; chez ceux oü ils sont connus, ils n'offrent pas des caractères constants. M. Schmitz a dû recourir à une diagnose histologique, et mentionner la réticulation des parois de l'utricule primordiale, les nucléus pariétaux enfouis dans le protoplasma, et la forme anguleuse des grains de chlorophylle qui se multiplient par division. Ueber die Ruhezustande der Vaucheria geminata (Sur l'état de repos du V. geminata); par M. E. Stahl (Botanische Zeitung, 1879, n° 9). On sait que dans certaines circonstances le thalle des Vaucheria peut changer de caractère, ce qui s'accuse à l'oeil nu par une couleur d'un vert plus brillant. Les filaments alors se divisent en un certain nombre de cel- lules de dimensions à peu prés égales, séparées par des cloisons gélati- neuses et épaisses, quelquefois incomplétes. C'est alors le genre Gongro- sira de certains auteurs. M. Stahl a fait une étude spéciale de cette phase de développement, qu'il a observée sur le Vaucheria geminata. Il a vu la forme de Gongrosira émettre des filaments partant de ces diverses cellules. D'autres fois c'est le contenu protoplasmique tout entier d'une de ces cellules qui s'en échappe, enfermé dans une membrane mince, et divisé en corpuscules qui jouissent du mouvement des amibes. Plus tard ces corpuscules crèvent la membrane, perdent leur mouvement, s’entou- rent d'une membrane et entrent en germination. Tout cela peut avoir lieu (1) Il y aurait lieu d'examiner si ce groupe ne contient pas forcément le genre Pitho- phora, et quelles sont ses relations avec celui des Pithophoracées, établi antérieurement par M. Wittrock (voyez cette Revue, t. xxtv, p. 203). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 994 sans que l'hypnocyste (Ruhecyst) ait abandonné la cellule du Gongrosira. Il peut perdre entiérement sa couleur verte pendant l'état de repos, pour la reprendre ensuite avant la germination. Cette forme de Vaucheria a une ressemblance frappante avec le Botrydium décrit par MM. Rostafinski et Woronine. Les Zsoëtes des Vosges ; par M. P. Fliche (extrait des Mémoires de l’Académie de Stanislas pour 1818) ; ürage à part en broch. in-8° de 28 pages. M. Fliche s'est proposé de décrire les variétés des Isoëtes qui habitent les lacs des Vosges, c'est-à-dire de l’Jsoëtes lacustris et de l'I. echinospora, et de tracer ensuite l'historique des Isoétes dans les Vosges. L’Isoëtes lacustris se rencontre seulement dans trois lacs situés aux altitudes suivantes : Gérardmer, 640 mètres, Longemer, 746 mètres, Retournemer, 780 mètres. M. Fliche pense que la cause qui l'exclut des autres lacs des Vosges est la profondeur subitement considérable de l'eau. La profondeur qui parait la plus favorable à l’Isoëtes lacustris est de 1 mètre à 17,50; au delà de 27,50, les frondes s'allongent et la fertilité décroit. Enfin la plante disparaît entièrement, comme cela parait être le cas pour toutes les plantes vasculaires, sous une épaisseur d'eau de 4 mètres environ. L'I. echinospora au contraire se rencontre en des points que les basses eaux laissent découverts. Sa station préférée est sous une épaisseur d'eau de 30 centimètres; à 80 centimètres, il donne la variété 8. elatior. Les deux espèces réclament des eaux trés pures, et redoutent les eaux calcaires. M. Fliche a examiné la végétation qui sert de cortége aux Isoëtes. Cer- taines Algues forment avec eux des associations trés intimes, notamment une Diatomée, le Tetraptes lacustris. Aroideæ Maximilianæ. Die auf der Reise Sr Majestät des Kaisers Maximilian 1. nach Brasilien gesammelten Arongewächse, nach hand- schriftlichen Aufzeichnungen von H. Schott beschrieben von D" J. Peyritsch. In-folio avec 42 planches chromolithographiées. Vienne, chez Gerold. — Prix : 60 francs. La famille des Aroidées manquait à la belle publication où M. le doc- teur Wawra a condensé les résultats botaniques du voyage scientifique fait jadis au Brésil par l'archiduc Maximilien, et dans lequel M. Wawra l'avait accompagné avec le jardinier Maly. Ce dernier s'était déjà initié à la connaissance des Aroidées dans les jardins de Schenbrunn sous la direction de Schott, et pendant son voyage, rechercha soigneusement les plantes de cette famille. Elles furent réservées pour étre spécialement pu- bliées par Schott, qui avait depuis quarante ans fait de cette famille l'objet 2929 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de ses travaux. La mort le frappa avant qu'il en eüt terminé l'étude, assez avancée cependant pour qu'il eût décrit les nouveautés et fait dessiner les planches par Liepoldt. Plusieurs botanistes autrichiens avaient songé successivement à terminer cette publication. M. Peyritsch, aprés la retraite de M. Fenzl, mort derniérement, a terminé les diagnoses, et c'est à ses soins que l'on doit en définitive la publication de ce bel ouvrage. Algs from Lake Nyaësa; par M. G. Dickie(Journal of the Linnean Society, t. xvii. (1879), p. 281. Ces Algues ont été recueillies par M. le D" Laws, de la mission de Livingstonia, et ne comprennent en général que des genres et des formes européennes. Parmil es trente-deux Diatomées énumérées par M. Dickie, la seule forme nouvelle est l' Epithemia clavata, n. sp., ainsi caractérisée : « Mediocris, plus minusve clavata, apicibus rotundato-obtusis, costis validis subparallelis, 45 in .004 ; latere superiore (dorso) convexo, infe- riore subrecto. Long. — .001-.007 poll. Striæ 30 in .001. » Botanik von Ost-Africa; par MM. P. Ascherson, O. Beckeler, F. W. Klatt, M. Kuhn, P. G. Lorentz et W. Sonder. In-4° de 91 pages, avec 9 planches. Leipzig et Heidelberg, chez C. F. Winter, 1879. — Prix : 10 francs. Ce petit volume est un extrait d'une grande publication consacrée aux résultats de l'expédition organisée en 1863, sous la direction de M. de Decken, dont il forme la partie botanique et la troisième partie du tome ul. Il ne faudrait pas s'attendre cependant à y trouver l'étude complète des récoltes faites par MM. de Decken et Karsten. Parmi les Cryptogames, nous n'y voyons que celle des Algues, des Muscinées et des Cryptogames vasculaires; parmi les Phanérogames, eelle des Cypéracées, des Iridées, des Lobéliacées, des Plantaginées et des Composées. Les Algues, étudiées par M. Sonder, sur la collection d'Algues marines recueillies par M. Albert Roscher dans le voisinage de Zanzibar, présen- tent une espèce nouvelle, le Cladophora corallinicola, el un genre nou- veau, Roschera Sond., voisin des genres Dictyurus et Hanowia, dont voici la diagnose : « Frons spongiosa, teretiuscula, pinnatifida, ex axi centrali articulata, polysiphonia, frondem totam percurrente et ramis lateralibus oligosipho- niis, anastomosantibus reticulatim conjunctis, extrorsum fila libera ab- breviata, furcata vel ramulosa emittentibus constituta. Stichidia in ramulis liberis marginantibus terminalia, subglobosa, sphærosporas 3-5, triangu- latim quadridivisas includentia. » Les Muscinées ont été traitées par M. Lorentz, Elles sont peu nombreuses et n'offrent aucune nouveauté. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 993 La monographie des Fougères, due à M. M. Kuhn, est la plus impor- tante de ce fascicule. Ce ptéridographe distingué y a repris à nouveau l'étude des Fougères de l'Afrique orientale, déjà faite par lui en 1868, dans des Filices Africane, où il avait publié dans un chapitre spécial celles du voyage de Decken. Plus éloigné cette fois de l'influence de Mettenius, il a donné une libre carrière à ses propres opinions sur la répartition générique des Fougéres. Nous voyons adoptés par lui cette fois les genres Histiopteris J. Sm., Lonchitis L., Doryopteris J. Sm., Loxo- scaphe Moore, Arthropteris J. Sm., et méme Pteridium Gleditsch in Bæhm., Flor. Lips. p. 295, n° 723. Ce dernier, établi pour le Pteris Aquilina, est caractérisé par les « paleæ setosæ » du rhizome et par la gaine des faisceaux vasculaires du rhizome complétement fermée, ainsi que par « sporæ tetraedrico-globosæ (1). Nous remarquons en outre les genres Choristosporia Mett. (Cheilanthes pteroides Sw.) et Pteridella Mett. nov. gen. Ce dernier, qui comprend plusieurs des anciens Pellæa africains, est caractérisé par M. Kuhn de la manière suivante : « Sori Pteridis fasciculus vasorum 1-canaliculatus non hippocrepicus. Pinnule ultima distinct: reticulatim secedentes s. confluentes; pinu» primarum oppositæ s. suboppositæ ; nervi pinnularum catadrome dispositi. » — M. Kuhn, pour donner à son travail un nouvel intérét, y a compris toutes les Fou- géres de l'Afrique orientale, fussent-elles étrangéres au voyage de Decken, comme celles de M. Scliweinfurth et de M. Hildebrandt et méme quelques espéces de l'Afrique occidentale. Il en est résulté plusieurs nouveautés, savoir : Adiantum Schweinfurthii, Pteris commutata (Schweinfurth), Pt. similis (Schweinfurth), Asplenium Sammatit (Niamniam et Loango, voisin de TA. silvaticum), Aspidium Buchholzii, des monts Cameroons (Buchholz), voisin par son port du Phegopteris cyatheæfolia Mett. M. Kuhn a fait suivre cette étude de plusieurs. catalogues qui donnent la liste des Cryptogames vasculaires connus aujourd'hui à Maurice, à Bourbon, à Ma- dagascar, aux Seychelles, à Nossi-bé, à Sainte-Marie, sur la cóte de Madagascar et aux Comores. Dans le catalogue des Comores se trouvent signalés pour la premiére fois le Trichomanes Hildebrandtii, voisin du T. peltatum Baker ; le Pteris dubia, qui se distingue du Pteris biaurita « defectu spinularum in superficie laminæ, lacinulis ultimis apice pro- funde serrulatis » ; l'Aspienium decipiens, voisin de l'A. caudatum Forst., . dont il diffère : « lamina utrinque attenuata, segmentis basalibus auri- culalis. » Les Cypéracées, peu nombreuses, ont été traitées par M. Bæckeler ; les (1) Le genre Paësia Saint-Hilaire, qui comprend aussi cette espèce et que M. Baker a conservé comme section, est fondé sur le caractère de l'indusium double, caractère qui malheureusement n'est pas constant, au moins pour celte espèce. 994 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Iridées par M. Klatt, qui figure le Dierama cupuliflorum sp. nov., du Kilimandjaro. Le méme auteur, sur les quarante-quatre Composées de Kersten, a trouvé une seule espéce nouvelle, le Conyza callosa, du Kili- mandjaro. M. P. Ascherson a figuré le Plantago palmata Hook. f. var. Kerstenii, et le Tupa Deckenii Asch. (Lobelia Deckenii Hemsley in Oliv. FI. trop. Afr. m, 466). Chronological History of Plants. Man's Record of his own exis- tence illustrated through their names, uses and companionship ; par M. Charles Pickering. Un vol. in-4° de 1222 pages. Boston, Brown, Little and Company, 1879. M. Charles Pickering, décédé le 17 mars 1878, pendant que s'achevait l'impression de ce volumineux ouvrage, a été fort connu comme natu- raliste, principalement par la part importante qu'il prit à la célébre expé- dition scientifique dirigée au nom du gouvernement des États-Unis par le lieutenant Ch. Wilkes. Le tome xv de la grande publication qui com- prend les résultats de cette expédition, contient un mémoire considérable sur la distribution géographique des animaux el des plantes, signé de M. Pickering, et dont la publication, commencée en 1854, a été inter- rompue en 1876, bien avant d'étre achevée. En octobre 1849, M. Pickering avait quitté Boston pour visiter l'Égypte, l'Arabie, l'Inde et la côte orien- tale d'Afrique. Il recueillit pendant ce voyage des documents botani- ques et philologiques qui ont été la base de la volumineuse compilation que nous annonçons aujourd'hui : 1200 pages in-4°, d'un texte fin et serré. Le docteur Pickering, qui s'était beaucoup occupé de géographie bota- nique, avait été vivement frappé des changements que l'homme a fait subir, par ses dévastations et ses cultures, à la végétation des contrées qu'il a traversées. Les plantes ont été de bonne heure les compagnes de son existence, et l'époque oü il a successivement connu les principales d'entre elles a marqué d'autant de jalons les phases de son histoire. En recueillant d'aprés les plus anciens témoignages les noms des plantes, les vestiges de leur première liaison à la vie de l'homme, M. Pickering + a formé, dans l'ordre chronologique, depuis les premiers versets de la Genése jusqu'à nos jours, une liste immense de faits et de dates, dans laquelle il a intercalé bien des faits et des dates qui ne concernent en aucune facon l'histoire de la botanique, et dont les plus récents ne consis- tent guére que dans la mention des principaux ouvrages ou mémoires de botanique, au fur et à mesure de leur publication. Ces faits ou ces dates donnent lieu à autant d'articles spéciaux. Ceux qui concernent un végétal contiennent la mention des noms qu'il a portés REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 225 dans les différentes langues de l'Orient, l'indication bibliographique des auteurs qui en ont parlé et celle de sa distribution géographique. À ne considérer l'ouvrage de M. Pickering qu'au point de vue qui peut intéresser nos lecteurs, et abstraction faite, par exemple, des documents qui concernent la langue égyptienne et l'explication de cerlains hiéro- glyphes, il semble que ses travaux seront surtout utiles pour l'assimilation de certaines plantes de l'Écriture sainte. La connaissance qu'il avait de la langue copte (1), et qui lui permet de retrouver aujourd'hui, presque sans altération, dans un idiome actuellement vivant, le shyh de la Genèse (Artemisia judaica) (2), par exemple, donne à son livre un caractère philo- logique sérieux et personnel qu'on voudrait retrouver également dans tous ses articles. Le règlement imposé à cette Revue nous empêche de faire la critique de son ouvrage ; nous ne pourrions rien dire d'ailleurs de plus fort que ce qu'a imprimé à son sujet le Botanische Zeitung. Il nous sera bien permis de lui reprocher cependant le caractère affecté pour la trans- cription des mots grecs, et la manière confuse, presque inintelligible, adoptée pour rendre les termes de la langue hébraïque. Les hellénistes eux-mêmes reconnaitront difficilement le grec xéyypos sous la forme Keghros, et les hébraisants seront déroutés en lisant thwthym pour le Dudaim de l'Écriture. De l'endochrome des Diatomée$; par M. P. Petit (Brebissc- nia, 9* année, n? 7, janvier 1880, avec une planche). M. Petit a eu l'heureuse idée de réunir les données que nous possédons sur l'endochrome des Diatomées, travail qui n'avait pas encore été fait, en y ajoutant quelques observations qui lui sont personnelles. il examine successivement la nature de l'endochrome, l'historique du sujet, et le principe colorant des Diatomées. Ce principe colorant, ou diatomine, a été principalement étudié par MM. Kraus et Millardet, qui sont parvenus au moyen de la benzine à y distinguer deux principes colorants et ont pu séparer ces principes. Leur procédé demande beaucoup de temps; M. Petit en décrit un qui est plus expéditif. On sait. que la teinte de la diatomine est plus ou moins foncée. Les plasmas des Diatomées, dit M. Petit, n ont pas tous une capacité égale pour la chlorophylle, tandis que ceite capacité est à peu près la méme pour la phycoxanthine, Les rapports entre les deux principes colorants peuvent varier considérablement. d une espèce à l'autre. Ce fait vient confirmer une opinion de M. Borséow, d'aprés itre 9 'ouvrage antérieur de M. Pickering, The Races of Man, reu- fe. dé mar [eo plantes conhues des anciens Égyptiens des détails intéressants que l’auteur n’a pas tous repris dans ce second livre. (2) Voy. les commentaires de Sprengel sur D grecs de Kuhn, t. 1t, p. 506. T. XXVI. ioscoride dans l'édition des Médecins (REVUE) 15 926 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. laquelle la variation de teinte des diverses espéces de Diatomées est due à l'excès de l'un des deux pigments sur l'autre. Quand la phycoxanthine, trés altérable à la lumière, a disparu pendant la dessiccalion, la chloro- phylle persistant plus longtemps, la Diatomée semble verdir. La teinte verte que prennent encore les Diatomées sous l'action des acides tient à ce que la phycoxanthine verdit elle-méme sous l'influence de ceux-ci. Le róle de l'alcool, qui fait aussi verdir les Diatomées, doit probablement s'expliquer par l'action dissolvante que l'aleool exerce plus rapidement sur la phycoxhnthine que sur la chlorophylle. Enfin le spectre de la diato- mine, étudié par M. Petit, montre une grande analogie avec celui de la chlorophylle normale. La planche jointe à ce mémoire en représente plu- sieurs exemplaires. New Species and Varieties of Diafomaceæ from the Caspian Sea; par M. A. Grunow (Journal of the Royal Microsco- pical Society, octobre 1879, pp. 671-691, avec une planche). Ces Diatomées viennent du havre de Daku. Elles comprennent comme nouveautés : Amphora oblongella Grun., qui n'est peut-être qu'une variété de PA. angusta Greg. ; Gomphonema stauroneiforme, qui n'est peut-être qu'une variété dn G. olivaceum; Mastogloia pusilla, qu n'est peut-être qu'une variété du M. Smithii ; Navicula Schneideri, dont les lignes obliques de stries ressemblent à celles du N. oblique-striata A. Schmidt et du N. Iridis; Schizonema caspium, qui n'est peut-être qu'une variété du Sch. minutum Kg.; Cyclotella caspia, voisin du C. operculata Kg. comme plusieurs autres espéces du méme genre, dont l'auteur discute les caracteres et les affinités. Ce mémoire a été traduit. par M. F. Kitton, qui l'a enrichi de notes savantes; il se termine par quelques notes de M. Grunow sur différents types appartenant aux genres Coscinodiscus, Hyalodiscus et Podosira. * Diatomées des Alpes et du Jura, dé la région suisse et fran- çaise, et des environs de Genève; par M. J. Brun. In-8° de 146 pages, avec 9 planches lithographiées. Paris, chez G. Masson, Lyon, Genéve et Bàle, chez Georg, 1879. M. Brun ouvreson étude des Diatomées des Alpes et du Jura par des généralités précieuses pour les naturalistes qui ne sont pas initiés à l'étude des Diatomées. Il y donne d'excellents conseils pour les chercheurs, ton- cernant la récolte et la préparation; il ajoute des notes sur la défini- tion, la place systématique, l'abondance, la dissémination, etc.; détails qui sont reproduits dans le Brebissonia. Il passe ensuite à la description des espèces, rédigée en français. L'auteur n'y'a compris que les espèces d'eau douce actuellement vivantes, et surtout celles des Alpes et du Jura, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 297 ainsi que celles de la plaine suisse et des départements français limitrophes. Ses diagnoses sont simples, suffisantes, et mettent bien en relief les carac- téres distinctifs. M. Brun est le premier diatomiste qui ait tenu compte, dans la caractéristique des genres, de la nature de l'endochrome. La somme des formes relevées par lui s’élève à 680, dont six nouveaux, parmi lesquels le Nitzschia Pecten, trés voisin du Synedra crotonensis Edw. (Cléve n. 128), du Jac Michigan. Il est curieux, nous dit M. Petit, que deux espèces si voisines, peut-être réductibles à une seule, vivent dans le lac Michigan d'une part, et d'autre part dans les lacs de Genève et du Bourget. Les planches sont faites sur le modèle de celles de M. Grunow. Toutes les Diatomées décrites y sont représentées. Ce livre d'un botaniste génevois intéresse grandement la flore de France, puisqu'il comprend les espéces de la Savoie, dela Haute-Savoie, et s'étend sur les départements de l'Ain, du Jura et du Doubs. Biscutella neuslriaca, auctore Ed. Bonnet (extrait du Bulletin de la Société dauphinoise pour les échanges de plantes, 1819, 6* Bul- letin, p. 222). Cette espéce, qui apparlient à la flore parisienne, a été récoltée par M. Bonnet -aurocher Saint-Jacques, prés les Andelys. Elle appartient au groupe du Biscutella levigata genuina auct. (Jord. Diagn. 292), et se rap- proche en outre du B. alpicola Jord. loc. cit. Mais dans le B. neustriaca, l'inflorescence s'allonge beaucoup aprés la floraison, qui se continue pen- dant deux mois et quelquefois plus, en sorte que le corymbe, trés làche, porte des silicules mûres à la base et des fleurs à peine épanouies au sommet, tandis que le corymbe du B. alpicola est assez dense et s'allonge trés peu aprés la floraison et que ses fruits mürissent presque tous en méme temps. De plus, chez le B. neustriaca, aprés une premiére floraison, il se développe des rejets qui fleurissent la méme année en présentant les mêmes caractères d'allongement de l'inflorescence. Cette forme d'inflorescence a été figurée au n° 288 des Icones de Waldstein et Kitaibel, mais le B. al- pestrisde ces auteurs n’a de commun avec le B. neustriaca que ce caractére. La figure 38 des Jcones plantarum rariorum que M. Jordan cite comme représentant assez exactement son B. alpicola, convient également bien au D. neustriaca, au moins en ce qui concerne les détails, mais elle en différe totalement par son inflorescence. Structure comparée de quelques tiges de la flore carpo- nifére ; par M. B. Renault (extrait des Nouvelles Archives du Muséum) ; tirage à part en un volume in-4° accompagné de huit planches gravées. M. B. Renault a réuni dans cet important mémoire, qui lui a servi de thèse pour le doctorat és sciences naturelles, des observations nombreuses 998 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ^ dont nous avons déjà fait connaitre ici la substance, et qu'il a présentées à un point de vue particulier, que nous pouvons qualifier d'antidarwiniste. On sait que sous le nom de prototypes, divers paléontologistes ont désigné des formes primitives de végétaux, regardées par eux comme les souches des groupes de plantes qui ont végété sur le globe depuis l'époque houillére. Ces prototypes auraient réuni sur un seul individu les caractères essentiels de deux familles ou méme de deux embranchements différents : les Calamites, ceux des Équisétacées et des Lycopodiacées, les Myelopteris ceux des Fougères, des Conifères et des Palmiers ; les Sigillaires, ceux des Lycopodiacées et des Gymnospermes ; enfin les Calamodendron (Arthro- pitys Gœpp.) ceux des Équisétacées et des Gymnospermes. Les Calamites sont d’abord étudiés par M. Renault. Il répond à M. Stur, qui assure avoir rencontré sur des plaques d'ardoise, et en dépendance indiscutable, des tiges de Calamites, d Asterophyllites et de Sphenophyl- lum (1). M. Renault se fonde sur la structure des Sphenophyllum étudiés par lui pour repousser une assimilation aussi étrange (2). Le Myelopteris ou Medullosa elegans de Cotta (3), dans lequel M. Gœppert a reconnu un prototype, est simplement, comme le Sten- zelia elegans, le pétiole d'une Fougére de la tribu des Marattiées, ce qui fait tomber l’hypothèse de M. Goppert. M. Renault a examiné plus longuement la difficulté fondée sur la struc- ture des Sigillaires. Il a principalement consacré sa thèse à la distinction des Sigillaires et des Lépidodendrons, ainsi qu'à la réfutation des opinions de M. Williamson, et cela non-seulement d'aprés ses propres observations, mais encore d'aprés lestravaux de M. Grand'Eury. Nous avons déjà retracé ici (4) les faits sur lesquels se fonde M. Renault dans cette discussion. Le bois des Lepidodendron, dit-il, est toujours peu considérable, com- parativement à l'écorce; cette derniére seule pouvait par son accroisse- ment augmenter le diamétre de leur tige. Le bois des Sigillaires, comme aussi des Poroxylées, est au contraire formé de deux zones distinctes, l'une à accroissement centripéte, prenant plus ou moins de développe- ment suivant les familles, et disposée sans ordre; l'autre, offrant un accroissement centrifuge, dont les éléments sont ordonnés en séries rayon- nantes, séparées par des lames cellulaires. Le cylindre ligneux exogéne, ainsi que l'écorce, concourent par leur accroissement continu à l'augmen- tation du diamétre de la tige. Les cordons foliaires observés dans le Sigil- laria elegans et le S. spinulosa sont formés de parties différentes : l'une dont l'accroissement est centripète, l'autre chez lequel le développement (1) K. k. geolog. Reichsanstalt, 1878, Verhandlungen, n* 15. (2) Voy. le Bulletin, t. xx1 (Revue), p. 68, ct t. xxv (Revue), p. 56. (3) Voy. ibid., t. xxu (Revue), p. 214. (4) Voy. ibid., t. xxv (Revue), p. 159. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 999 est centrifuge, réunies, par leurs éléments spiralés, dans un plan vertical passant par l'axe de la tige. Leur origine est toute différente de celle que l'auteur a constatée pour les cordons foliaires des Lepidodendron. En dépouillant une Sigillaire de toute sa partie ligneuse exogéne, on ne retrouverait pas une tige de Lepi- dodendron, comme cela devrait être si, d’après la manière de voir de M. Williamson, les Sigillaires représentaient l'état adulte de ces derniers. M. Renault a poursuivi autour des Sigillaria et des Lepidodendron des recherehes accessoires sur quelques groupes voisins de ceux-là. Il a démontré : 4° que le genre Sigillariopsis constitue un groupe intermé- diaire entre les Sigillaires, représentées par les genres Favularia ct Leiodermaria, et les Cordaites; 2 que les Poroxylées semblent former, par la disposition de leur bois endogène, une série parallèle à celle qui est représentée par les Diploxylon et le Sigillaria vascularis, mais qu'elles s'en distinguent par leur bois exogéne, formé uniquement de fibres ponctuées, et par la rareté de leurs feuilles. Les Cordaites, dit M. Renault, par le développement de leur moelle, la constitution de leur bois et de leur écorce, se rapprochent davantage des Cycadées actuelles que des Conifères. Il les regarde comme formant une famille indépendante dans la classe des Cycadinées, bien que leur inflorescence présente déjà quelques caractères de celle des Conifères. Sur les Calamodendron, M. Renault se réserve de développer ultérieu- rement, dans un mémoire spécial, l'étude qu'il a déjà insérée, en 1876, dans les Mémoires du Congrés scientifique de France. Le Corrigiola imbricata Lap.; par MM. G. Gautier et E. Timbal- Lagrave (extrait de la Revue des sciences physiques et naturelles) ; tirage à part en broch. in-8? de 4 pages, avec une planche. En herborisant aux environs du Vernet, les auteurs ont été assez heu- reux pour mettre la main sur quelques échantillons de cette espéce; et plus tard, dans les iles de l'étang de Leucate, ils ont pu en récolter une grande quantité. De l'étude à laquelle ils se sont livrés, il résulte claire- ment pour eux que le C. imbricata Lap. est un bon type spécifique. [l se rapproche du C. littoralis par ses rameaux feuillés et du C. telephiifolia par ses fleurs et sa pérennance. Les auteurs ont donné une belle figure de cette rare espèce. Note sur un nouveau Statice (S. Legrandi); par MM. Gautier et E. Timbal-Lagrave (extrait de la Revue des sciences naturelles) ; tirage à part en broch. in-8° de 3 pages, avec une planche. Cette plante a été trouvée et distinguée pour la première fois par notre confrère M. A. Le Grand, auteur de la Statistique botanique du Forez, 930 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. qui l’a communiquée sous le nom de Sf. narbonensis. Le St. Legrandi Gaut. et Timb. est très voisin des Statice duriuscula Gir. et St. Compa- nyonis Grehier et Billot Arch. de la Fl. de Fr. et d'AU. p. 338, Billot exs. n. 1544. Voici les caractères de l'espéce. Fleurs en panicule plus longue que le reste de la tige ; rameaux gros, fermes, étalés, non arqués ; épillets bi-triflores, trés rapprochés les uns des autres de maniére à former un épi plus compacte que dans les S. duriuscula et S. Companyonis, étalés-distiques avant l'anthése, uni- latéraux aprés l'anthése ; bractées externes elliptiques-aiguës, les internes vertes avec une bande rousse et scarieuse au sommet ; calice en 'enton- noir, à tube gréle glabre, à limbe égalant le tube. Feuilles coriaces, planes, sans nervures, elliptiques, mucronées, à mucron noir, atténuées en pétiole large caréné en dessous; scapes nombreux, d'un décimètre environ, ovoides-dressés, rameux presque dés la base. Souche forte, vivace, à racine pivotante. Habite la plage de Vendres et de Leucate. Histoire des plantes. Monographie des Mélastomacées, Cornacées et Ombellifères ; par M. H. Baillon. In-8° de 256 pages. Paris, Hachette, 1879. M. Baillon a adopté la division des Mélastomacées en Mélastomées, As- troniées et Blakéées. Ainsi constituée, cette famille, dit-il, se rapproche des Myrtacéees par les Blakéées et les Astroniées, des Lythrariacées par les genres à ovaire libre, ou par ceux qui, comme les Fotidia et les Sonne- ratia, ont l'ovaire en partie ou en totalité adhérent. Les Mélastomacées ne sont pas odorantes et ponctuées comme les Myrtacées, dont elles se dis- tinguent, ainsi que des Lythrariacées, par le mode de nervation de leurs feuilles et par l'organisation toute particulière de leurs étamines. Les Onagrariacées sont voisines des Mélastomacées par le fait méme de leurs étroites analogies avec les Lythrariacées et les Myrtacées. M. Baillon ne maintient dans les Cornacées que les huit genres sui- vants : Cornus, Gorokia, Aucuba, Kaliphora, Griselinia, Torricellia, Garrya et Helwingia. Ces genres forment un groupe que la polypétalie distingue des Caprifoliacées, la direction du micropyle, des Araliées, dans lesquelles il est au contraire tourné en haut et en dehors. Dans les Halo- ragées, dont la fleur a beaucoup d'analogie avec celle des Cornées, le raphé est dorsal comme dans ces dernières, mais le port est différent, le fruit finalement sec et indéhiscent, 2-4-mére comme l'ovaire, et les fleurs, presque toujours diplostémonées, trés souvent polÿgames ou mo- noiques. | M. Baillon distingue dans les Ombellifères six séries, savoir : Daucées, Échinophorées, Peucédanées, Carées, Hydrocotylées et Araliées. Les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 2314 Ombelliféres, dit-il, ont des rapports, principalement par les Araliées, avec les Cornacées, les Rubiacées et les Rhamnacées. Il n'y a entre les Araliées et les Cornacées qu'une seule différence absolue : la situation du raphé, dorsal dans les Cornacées, ventral dans les Ombellifères, Parmi les Rubiacées, il y a des analogues aux Cornacées, qui n'en différent que par la corolle gamopétale ; mais ce sont surtout les Sambucinées qui, avec leurs feuilles simples ou composées, leur fruit drupacé et leurs ovules descendants, rappellent le plus, soit les Cornées, soit les Araliées. D'un autre cóté, il y a plusieursgenres du groupe des Hydrocotylées, dont le port, le feuillage et le duvet deviennent ceux des Pomaderris et des genres voisins (Rhamnacées), lesquels s'en éloignent par les ovules ascen- dants et les étamines oppositipétales. " M. Baillon a changé notablement la circonscription généralement admise pour les genres dans la famille des Ombelliféres. Ainsi le genre Carum, type de la tribu des Carées, absorbe un grand nombre de genres; l'auteur range en effet sous ce nom le Pimpinella Anisum L., le P. saxifraga L., le Sium Sisarum L., le Falcaria Rivini Host, l’'Ægopodium Podagra- ria L. Le Sium nodiflorum L. et le Pimpinella leptophylla passent au contraire dans le genre Apium. Le genre Anthriscus est fondu dans le genre Chærophyllum, le genre Torilis dans le genre Daucus, etc. Lan Histoire du Gui; par M. Edmond Bonnet (extrait du journal le Na- turaliste, 1819-80); tirage à part en broch. in-8° de 14 pages. E M. Bonnet rappelle d'abord les caractéres du Gui et les causes de la dissémination de cette plante. Il donne ensuite une liste, comprenant 67 espèces, des arbres sur lesquels le Gui a été rencontré parasite; on sait que le parasitisme du Gui sur le Chéne est le plus rare. Il retrace ensuite les caractères du Viscum laxum Boiss. et Reut., constaté non- seulement en Espagne, mais encore en Italie, vallée de Non dans le Tren- tino (Saecardo), et en France : vallées de Cerviéres et de Queyras (Grenier), environs de Bourg-d'Oisans (Chaboisseau), vallée de l'Ubaye et environs de Briançon (Lannes), disséminé çà et là dans la chaine des Pyrénées (Cazes, in Bulletin de la Société Ramond, 1814, p. 162). M. Bonnet a étudié vivant le Viscum laxum, grâce à l'obligeance de notre confrère M. Lannes. Il est disposé à ne voir dans ce type qu’une forme du Gui commun due à l'influence de l'altitude et à la nature du support. Il se demande si la couleur jaune des baies du Viscum laxum ne tiendrait pas uniquement à ce que cette plante ne peut, en raison de l'altitude à laquelle croit le Pin silvestre, mürir complètement ses fruits, qui dans le Viscum album sont, comme on le sait, d'un vert jaunátre à la maturité, 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Atlas des caractères spécifiques des piantes de la flore parisienne et de la flore rémoise, accompagné de la syno- nymie et des indications relatives à l'époque de la floraison, à l'habitat et aux propriétés alimentaires, médicinales et industrielles de la plante ; par M. Victor Lemoine. Livr. 4, Reims, E. Deligne; Paris, F. Savy, 1880. Le travail dont nous annonçons ici la première livraison a pour but de donner la figure des parties les plus essentielles des plantes phanérogames qui croissent spontanément dans les environs de Paris et de Reims. Une courte légende est placée à côté du caractère spécifique (ou du caractère générique quand l'espéce est unique), de façon à bien mettre ces carac- téres en évidence, et sur le feuillet en regard de la planche, se trouvent indiqués aussi le nom latin adopté, le nom francais correspondant, la synonymie latine et les noms vulgaires. La première livraison est consacrée à la famille des Composées. L'au- teur y a analysé et figuré 54 espèces ou variétés de Liguliflores, 31 de Cinarocéphales,et 13 de Corymbiféres. The Fungi of Texas; par M. C. Cooke (The Journal of the Lin- nean Society, t. xvii, 1878, pp. 144-144). En combinant les récoltes faites il y a quelques années par M. H.-W. Ravenal, au Texas, avec des exsiccata épars dans quelques herbiers, M. Cooke a réuni une liste de 149 Champignons connus jusqu'ici au Texas, et il donne dans ce mémoire l'énumération des nouveautés, qui appar- tiennent aux genres Corticium, Cyphella, Phoma, Phlyctena, Hender- sonia, Discella, Phyllosticta, Septoria, Sporidesmium, Macrosporium, Cercospora, Patellaria, Hysterium, Diatrype, Sphæria, Spherella, Dothidea et Stigmatea. Matériaux pour l'histoire des Menthes : Révision des Menthes de l'herbier de Lejeune; par M. Ernest Malinvaud (extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie); tirage à part en broch. in-8° de 50 pages. Paris, chez Jacques Lechevalier, 23, rue Racine. — Prix : 2 francs. La confusion, souvent inextricable, que présente la synonymie des espéces dans les genres litigieux, est une des principales difficultés de leur étude. En voici un exemple assez démonstratif que nous trouvons dans le travail de M. Malinvaud : « Lejeune avait d'abord distribué cette forme (M. scrofulariæfolia) » dans son Choix de plantes, sous le nom de M. plicata, qu'il abandonna » plus tard avec raison quand il s’aperçut de l'abus qu'on en faisait. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 933 » Tausch avait défini avant lui (in Sylloge plant. Ratisb., t. 11, p. 240) » un Mentha plicata avec si peu de précision, qu'ils'en excusait en quel- » que sorte par cette remarque : « Quo magis plantæ lusui favent, eo gene- » raliores ponendæ sunt diagnoses. » À peu prés en méme temps, ou un peu aprés, Opiz, toujours en quéte de noms nouveaux pour ses nom- breuses espéces, créait à son tour un M. plicata. Celui de Lejeune était donc le troisiéme du nom et ne devait pas étre le dernier. Trente ans plus tard, Boreau, dans la troisième édition de sa Flore du Centre, rééditait le M. plicata Opiz, en se référant à l'atlas de Mutel, qui est une médiocre autorité, et aux exsiccata de Wirtgen, qui présentent sous ce nom, selon l'édition, trois formes de M. sativa assez dissemblables. La plante de Boreau diffère elle-même de ses modèles. En résumé, il en est du M. plicata comme du M. candicans, du M. austriaca et de quelques autres. Chaque floriste, chaque herbier a le sien; et lorsqu'on veut attacher à ces noms une signification précise, indiscutable, il faut citer non-seulement l'auteur, mais la collection ou l'herbier qu'on a consulté. » (P. 20-24.) Cette incertitude qui régne sur les types créés par les auteurs provient, en partie du moins, dece que les documents sur lesquels on s'appuie pour les reconnaître sont fréquemment inexacts ou insuffisants, tels que des échantillons mal déterminés ou des textes peu précis, donnant lieu à des interprétations diverses. ` M. Malinvaud, dans le but de faire disparaître autant que possible cette cause d'erreurs dans le genre critique qu'il a entrepris d'élucider, s'est proposé d'examiner à ce point de vue les divers herbiers originaux qu'il a . Occasion de consulter, et d'en profiter pour établir la synonymie des Menthes sur des bases certaines, tout en relevant les nombreuses méprises que cette vérification lui permet de constater. La Révision des Menthes de l'herbier de Lejeune est le premier chapitre de cette série d'études. Indépendamment de détails descriptifs trés complets et d'une discus- sion approfondie concernant les espéces créées par Lejeune et restituées à l'aide des échantillons types de son herbier, on trouve dans ce travail la reproduction de nombreuses notes inédites, dues à Reichenbach, Opiz, Weihe, et autres botanistes contemporains de Lejeune, consultés par lui sur les formes qui l'embarrassaient. On remarque, dans ces précieuses annotations, des diagnoses originales et inédites de plusieurs des espéces créées par ces auteurs, surtout par Opiz : Mentha capitata, ballotæfolia, cerulea, arguta, etc. — : La comparaison des échantillons de cet herbier avec ceux d'autres collections typiques a permis à M. Malinvaud de relever une vingtaine de noms spécifiques ou de variétés qui, ne figurant pas dans les catalogues belges les plus récents, viennent s'ajouter aux richesses florales de ce pays, x ov y xy wow wo y Vo ww v ow y x 934 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et quelques-unes de ces acquisitions ont une importance particulière : tel est le rarissime M. Maximilianea F. Sch., qu'on ne connaissait jusqu'à ce jour que dans deux ou trois localités. Ce résultat des observations compa- ratives de notre confrére est d'autant plus inattendu que, d'aprés son appré- ciation, « grâce aux travaux de MM. Ch. Strail et Th. Durand, s'appuyant sur » les bases solides posées par Lejeune, on peut dire que la connaissance » du genre Mentha, au point de vue analytique, est aujourd'hui plus » avancée en Belgique que dans n'importe quel autre pays de l'Europe. » On the seed Siructure and Germination of Pachira aquatica; par M. R. Irwin Lynch (The Journal of the Linnean Society, t. xvn, 1878, pp. 147-148, avéc une planche). Les cotylédons du Pachira sont alternes et inégaux. L'intérieur, qui est l’inférieur, forme presque toute la masse de la graine, laquelle est dépour- vue d'albumen. Ce cotylédon, lobé et charnu, persiste longtemps pendant la germination à la base de la plantule, à laquelle il fournit évidemment les matériaux nécessaires à sa nutrition. L'autre cotylédon est petit, et » touche peu de temps aprés l'ouverture de la graine. Il est placé -sur un plan évidemment supérieur; il n'est pas non plus situé exactement vis- à-vis du cotylédon inférieur. ' La germination d'une autre espèce de Pachira, observée au jardin de Kew, a présenté des faits analogues. Observations on Hemileia vastatrix, the socalled Coffee- leaf disease ; par le Révérend R. Abbay (The Journal of the Linnean Society, t. xvir, 1878, pp. 173-184, avec 2 planches). Cette maladie du Café a été sommairement décrite par MM. Berkeley et Broome dés 1869. L'Hemileia vastatriz, qui la cause, forme à la surface des feuilles des taches arrondies orangées à la périphérie, plus blanches vers l'intérieur, et au centre tout à fait noires, à cause du développement d'un Aspergillus qui se fixe sur les sporauges les plus mürs. Leur mycélium court sous l'épiderme, et au niveau de certains stomates se renfle en un corps brunâtre qui traverse le stomate et donne naissance, au dehors, à des groupes de sporanges. Chaque sporange est muni d'un pédicule qui part de ce corps brunâtre. Les sporanges sont ovoides-allongés, muriqués. Ils contiennent des spores qui germent dans l'intérieur et qui produisent un mycélium à articles alternativement renflés et rétrécis. Ce mycélium développe des conidies à l'extrémité de ces rameaux, qui se divisent en deux ou en quatre, et ces rameaux portent des chapelets de conidies mu- riquées. L'auteur a suivi aussi le développement de ces conidies, qui différe de celui des spores. Parfois le mycélium issu d'une conidie donne naissance à une seconde génération de conidies. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 935 L'Hemileia n'a encore été constaté que sur le Café, et l'on ne sait rien relativement à son origine. E Enumeratio Palmarum novarum, seguido de un protesto e di novas Palmeiras descriptas; par J. Barbosa Rodrigues. Rio-de-Janeiro, typogr. nationale, 1879. Ce petit volume renferme : 4* l'Enumeratio Palmarum novarum de M. Rodrigues, qui date de 1875, et qui a déjà été analysée dans cette Revue (1); 2° une protestation contre la publication faite par M. Trail (2); 3° la description d'espéces nouvelles qui appartiennent aux genres Geo- noma, Bactris, Cocos et Syagrus, description que viennent compléter les , planches. i Nature of the Fur of the tongue (Nature du tartre de la langue); par M. H.-T. Butlin (Proceedings óf the Royal Society, t. xxvii, p. 484). On sait qu'il existe à peu prés toujours des Cryptogames dans le mucus buccal, notamment dans les interstices des dents. 1l y a longtemps que M. Ch. Robin a décrit le Leptothrix buccalis. Pour mieux examiner la nature des globules contenus dans le mueus qui revét la surface de la langue, M. Butlin a eu l'idée de le cultiver dans les conditions où l'on place les cultures de Champignons microscopiques. Il a constaté la pré- sence dans ce mucus non-seuléinént du Leptothrix, mais aussi du Bacte- rium Termo, du Sarcina ventriculi, du Spirochæte pluviatilis, et d'une forme assez large de Spirillum. On the black Mildew of walls ; par M. Leidy (Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, septembre-décembre 1878, p. 331). E M. le professeur Paley avait déjà fait remarquer dans un numéro de l'Hardwicke's Science Gossip, en aoüt 1878, que la coloration noire des murs de l'église Saint-Paul, à Londres, était due non à la fumée, mais à un Lichen non encore décrit, En Amérique, M. le professeur Leidy a fréquemment constaté dans des rues obscures, sur des revêtements de brique ou de granite, une coloration analogue. Derniérement, sur les briques qui garnissaient la partie supérieure de la fenétre d'une brasserie, fenétre par laquelle s'échappait toujours un courant de vapeur d eau, il à constaté la présence d'une Algue qu'il nomme Protococcus lugubris, et qui consiste en cellules petites, rondes ou. ovales, égales à 6 ou 9 p; (1) Voy. cette Revue, t. xxiv, p. 206. si o (2) Voy. cette Revue, ibid. i 936 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. isolées ou réunies par groupes de 2 à 4, quelquefois formant de courtes chaines irrégulières. A la lumière transmise, ces cellules ont une colora- tion brune ou olive-brunàtre. En masse l'Algue parait d'un noir intense à la lumière réfléchie. On the source of the winged Cardamom of Nepal; par M. George King (The Journal of the Linnean Society, t. xvii, 1878, pp. 3-5). | L'Amomum maximum Roxb., auquel M. Pereira a rapporté le Carda- mome à grandes ailes brunes vendu dans les bazars de l'Inde septen- trionale, est une espéce de Java et se trouve hors de cause. Les Amomes dont le fruit est colporté dans le commerce de l'Inde appartiennent à deux espèces, savoir : l'Amomum aromaticum Roxb., originaire des vallées de la frontière orientale du Bengale, et l'A. subulatum Roxb., qui est récolté dans les montagnes du Népaul. M. King, surintendant du jardin de Cal- culta, a vu croître el fructifier les deux espèces sous ses yeux dans ce jardin, et M. Hanbury, qui n'avait pu profiter de cette détermination dans la dernière édition de son ouvrage, la regardait comme exacte (1). The law governing Sex; par M. Meehan (Proceedings of the Aca- demy of Natural Sciences of Philadelphia, avril-septembre 1878, pp. 367-268). M. Meehan pense que chez les végétaux le sexe femelle, ou du moins celui que nous appelons tel, exige une nutrition plus considérable. Il af- firme que chez les Coniféres les branches qui doivent porter des cónes n'offrent que des fleurs mâles quand elles se trouvent accidentellement (1) Tl est assez intéressant de rappeler ici, à propos des Amomum ainsi nommés par Linné, combien le fondateur de la nomenclature moderne s'est souvent mépris en attri- buant les termes grecs ou latins aux genres qu'il établissait. D’après les recherches les plus aceréditées aujourd'hui, l’&ywpov de Théophraste, de Dioscoride, d'Hippocrate, etc., en arabe Chamámá déjà dans Avicenne, et en Égypte aujourd'hui encore amamá, d'après M. Pickering (Chron. Hist. 393], est un terme dérivé de la même racine sémitique d'où proviennent, selon certains auteurs, le nom du dieu Hammon (fervidus, solaris), et en tout cas celui des Hammonim des Hébreux (idoles de pierre ct en forme de flamme qu'ils placaient sur leurs autels), le grec éppwv, sable brûlant, l'arabe Hammam, bain chaud, etc.; c'est-à-dire qu'Amomum signifie drogue échauffante. On a rapporté à tort que le lexicographe Hésychius avait écrit äuwuov A6avrov, encens pur. Hésychius s'exprime ainsi : ġpwpov * év Taç ovouxotate, ó Méavwtos, c'est-à-dire : amome, dans les nomen- clatures, l'encens. — Quant à l'identification méme de l'amomum, si l'on a rejeté le genre Amomum de Linné, l'accord n'est pas encore établi entre les commentateurs. Le Cissus vitiginea Roxb., invoqué par Sprengel, n'appartient pas à une famille de plantes odori- férantes ; et la provenance assignée par Virgile et Dioscoride à l'amomum ne cadre pas avec l'opinion de M. Pickering, qui y voit les inflorescences et les fruits d'une Anona- cée, l'Habzelia ethiopica (Piper æthiopicum de Matthiole et de ses continuateurs, Amo- mum officinarum nonnullarum Lobel). Il est bon de rappeler ici qu'Ibn Beïthàr indique comme ayant été nommé Chamámá un Peucedanum du Diarbekir (n° 249). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 937 ombragées ou soumises à quelque accident qui en altère la nutrition. Il rappelle qu'il existe chez l'Acer rubrum et PA. dasycarpum (1), malgré l'hermaphroditisme apparent, une dicecie véritable. Il invoque à l'appui de ses opinions la nourriture nécessaire à l'ovule. Il assure que dans un groupe d'arbres de méme essence, où les mâles sur la circonférence entourent un pied femelle au centre, ce dernier prend un diamétre plus considérable, bien que les autres jouissent davantage de l'air et de la umiére. Nouveaux Agarics observés dans le département de Tarn-ct-Garonne ; par M. C. Roumeguère (Revue mycologique, 1819, pp. 152-154). Les espèces nouvelles décrites dans celte note sont les suivantes : 1* Agaricus (Tricholoma) Isarnii (A. prasinus Lasch part.), observé au pied des Chênes, qui s'éloigne de PA. prasinus Lasch (A. coryphœus Fries) par le chapeau jamais vergelé ni ponctué d'écailles, les feuillets non bordés de jaune, la viscosité moindre, etc.; — 2° A. (Tricholoma) Gateraudi, croissant en société au pied des Chênes, qui conserve bien quelques rapports avec l'A. inamænus Fr., mais qui n'a pas les feuillets décurrents ef n'est pas radicant; — 3° A. (Lepiota) Prevostii, observé pendant trois ans de suite à l'automne dans la terre de bruyére d'une bâche, qui rappelle l'A. rachodes fréquent dans le nord, mais qui s'en éloigne par les feuillets unicolores, les écailles du chapeau et le stipe concolores, ainsi que par la chair blanche, non colorée par l'action de l'air (2). NOUVELLES. (25 février 1880.) — Par décret en date du 40 janvier, il a été créé au Muséum d'his- toire naturelle une chaire de physiologie végétale. — Par décret en date du méme jour, M. P.-P. Déhérain, aide-natura- liste, a été nommé professeur titulaire de cette chaire. — M. J. Vesque, docteur és-sciences, a élé attaché comme aide (4) Voyez le méme recueil, janvier-avril 1878, p. 122. (2) Dans le méme numéro de la Revue mycologique se trouve la description du genre nouveau Rupinia, sur lequel une discussion s'est engagée devant la Société dans la séance du 28 novembre dernier. 938 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. naturaliste à la chaire de culture au Muséum d'histoire naturelle en remplacement de M. Déhérain. : — Le Journal officiel a publié le décret suivant, en date du 10 j janvier, sur le rapport du Ministre de l'Instruction publique : « Considérant que le Jardin des plantes posséde pour les études de botanique des richesses exceptionnelles; » Que les chaires de botanique placées en dehors du Muséum ne peu- vent avoir que des collections insuffisantes ; » Qu'il y a lieu de revenir aux usages et règlements anciens qui fai- saient du-Muséum le centre de l'enseignement de la botanique à Paris, à la lettre et à l'ésprit des décrets et ordonnances qui ont assuré la prospérité de cet établissement, et en particulier du décret du 10 juin 1793. » Décréte : ..» ARTICLE 1**. — Le professeur d'histoire naturelle médicale de la . Faculté de médecine, les professeurs de botanique de la Faculté des sciences et de l'École supérieure de pharmacie de Paris, ont le droit de faire en tolalité ou en partie leur cours au Muséum d'histoire naturelle. Il est mis, à cet elfet, à leur disposition des amphithéâtres et des salles de confé- rences. | ` » Ils se servent pour leur enseignement etleurs recherches personnelles, au même titre que les professeurs titulaires du Muséum, et sous les con- ditions qui sont imposées à ces professeurs, des herbiers et des plantes vivantes. » ART. 2. — Les professeurs désignés à l'article 4°, et les professeurs titulaires du Muséum qui enseignent la botanique, formant une commission* spéciale, se réunissent une fois par mois sous la présidence du directeur du Muséum, pour étudier les questions qui se rapportent à leur ensei- gnement. » Les délibérations de cette commission sont soumises à la premiere réunion trimestrielle de l'assemblée du Muséum; les professeurs désignés à l'article 1** ont droit de séance et voix délibérative à cette réunion. » — Les concours qui ont eu lieu récemment en Italie, pour pourvoir à diverses vacances dans le professorat, ont amené la nomination, à Turin, de M. le professeur Arcangeli; à Bologne, de M. le professeur Gibelli ; à Padoue, de M. le „professeur Saccardo. — M. le profeáseur Agardh, ayant résigné ses fonctions, a eu pour ` successeur M. Areschong à l'Université de Lund. = M. le professeur I. Bayley Balfour.. a quitté Londres au mois de janvier pour entreprendre une exploration botanique de l'ile de Socotora. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. | 939 M. Hildebrandt était. déjà parti à l'automne dernier pour Madagascar, et M. Ascherson vient de se rendre de nouveau en Égypte. — Le prix quinquennal de la Société de physique et d'histoire natu- relle de Genéve, fondé par A.-P. De Candolle, a été décerné à M. Co- gniaux, de Bruxelles, pour sa Monographie des Cucurbitacées. — M. Johann Friedrich von Brandt, l'auteur d'un Flora berolinensis publié en 1824, est décédé le 16 juillet 1879. — M. Carl Julius Meyer von Klinggräff, de Paleschken, dans la Prusse orientale, est décédé le 26 août dernier à l'à àge de soxante-dix ans. ` On lui doit une Flore de Prusse, publiée en 1844, et un yr" à sur la géographie botanique de l'Europe septentrione. . _— On annonce encore une perte ben prématurée, celle de M. Her- mann Bauke, auteur de plusieurs travaux sur l'embryogénie des Fougères, décédé le 15 décembre dernier, dans sa vingt-neuviéme année. ' — M. G. Dutailly est chargé du cours de botanique à la Faculté des sciences de Lyon, en remplacement de M. Faivre. — M. Heckel, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Marseille, est nommé, en outre, professeur de matière médicale à l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie de cette ville, en remplacement de M. Caillol, appelé à d'autres fonctions. — Un chirurgien anglais, M. le D" Aitcheson, qui était attaché à la derniére campagne ouverte par l'armée anglaise contre l'Afghanistan, est maintenant de retour en Angleterre avec une collection importante de plantes recueillies par lui sur des points où jamais un botaniste n'avait pénétré, et qu'il est en train d'étudier au musée de Kew. — L'Académie des sciences, préoccupée de la reconstitution de ses Archives, vient de les installer dans un local spécial. Elle a reçu récem- ment de M. E. Bornet quelques piéces fort intéressantes qui lui avaient appartenu autrefois, et ses secrélaires perpétuels se sont empressés de lui offrir à ce sujet l'expression de leurs remerciements. De son côté, M. Étienne Charavay, l'habile expert en autographes, dont le nom a été souvent cilé dans de pareilles occasions, avait déjà fait rentrer dans ce dépót officiel nombre de lettres ou de mémoires originaux que des cir- constances diverses en avaient éloignés. Ces exemples seront suivis sans doute et permettront de remplir les lacunes que présente encore une collection de documents relatifs à l’his- toire de la science qui embrasse plus de deux siècles, et dont l'Académie des sciences a confié la reconstitution à M. E. Maindron, sous l'autorité de ses secrétaires perpétuels. 240 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — M. Ch. Magnier, bibliothécaire de la ville de Saint-Quentin, a entrepris la publication d'un exsiccata qui réunira les plantes rares et intéressantes du nord de la France ou de la Belgique. Les Plante Gallie septentrionalis et Belgii sont édités par lui à un nombre restreint d'exem- plaires ; le prix de chaque centurie est fixé à 10 francs. Le premier fas- cicule, composé de 50 espéces, esten vente dés à présent au prix de 5 francs; les envois seront faits par ordre d'inscription. — M. Sintenis, qui a déjà herborisé en Orient, se propose de se rendre dans l'ile de Chypre pour en recueillir la flore. Il évalue le nombre des espéces qu'il pourra récolter à 600. Elles seront livrées à 35 francs la centurie igy , Les souscripteurs sont priés de verser d'avance la moitié du montant et d'envoyer cette somme à M. le D' K. Keck, à Aistersheim (Haute- Autriche). — Nous lisons dans le dernier cahier du Nuovo Giornale botanico italiano que M. Odoardo Beccari vient de se démettre des fonctions qu'il occupait au Muséum d'histoire naturelle de Florence, comme directeur du Jardin botanique et des collections botaniques. — La deuxième édition du Conspectus Flore europee de M. Nyman, dont nous avons fait connaitre déjà le plan, vient de s'augmenter d'un second fascicule qui conduit l'ouvrage à la famille des Éricacées. — M. Engler vient de terminer l'étude des Aracées rapportées par M. Beccari de son voyage à la Nouvelle-Guinée et aux iles de la Sonde. Il y a trouvé plus de quarante espéces nouvelles, mais aucun genre nou- veau. — M. Gandoger, à Arnas, par Villefranche-sur-Saóne (Rhónc), désire vendre ou échanger des collections de plantes provenant d'Algérie, de Naples et de la Sicile, de la Russie méridionale. Il offre aussi des collec- tions des formes d'Hieracium et de Rosa. — M. Genevier vient de terminer une Monographie des Rubus croissant dans le bassin de la Loire, contenant la description de 300 espèces; cette monographie paraitra prochainement chez M. Savy, libraire-éditeur, 77, boulevard Saint-Germain, à Paris. Le Rédacteur de la Revue, D? EUGÈNE FOURNIER Lo Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, ÉD. BUREAU. ———— PARIS. — IMPRIMERIE ÉMILE MARTINET, RUE MIGNON, % TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME VINGT-SIXIÉME. (Deuxième série. — TOME 1*). N. B. — Tous les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins des plantes. Ainsi, pour trouver Vigne, cherchez Vitis, cic. Les chiffres arabes se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société. — Les chiffres arabes entre crochets [ ] désignent la pagination de la Revue bibliographique, et les chiffres romains celle de la Session extraordinaire. A Assay (le Rév. R.). Observations sur l'He- mileia vastatriz, maladie du Café [234]. ABzAC DE LADOUZE (le marquis d’). Addi- tions au Catalogue des. plantes de la Dordogne de M. Des Moulins, 61. Acer tataricum L. var. aidzuense, 84. Acrospermum compressum Tode, 236. Acrospira (Asphodélées) Welw. nov. gen. 16]. - Acrostichum gramineum Jenm. et pal- lidum Bak. sp. nov. [179]. Actinocyclus Niagaræ Smith sp. nov. 162]. Adenostyles pyrenaica Lge découvert à Saint-Jean Pied-de-Port (Basses-Pyré- nées), 308. Adiantum Bausei et mundulum Th. Moore Sp. nov. [180].— Hornei Bak. sp. nov. [179]. — Schweinfurthii Kuhn sp. nov. [223]. Adoxa |48]. 4Echmea R. et P. [109]. — Burchelli, Cumingii, cymoso-paniculata, dacty- lina, dichlamyda, excavata, Glaziovüi. maärlinicensis, | mexicana, pectinata, polycephala, pubescens, regularis, sub- inermis et Vriesioides Bak. sp. nov. [109]. -Egilops ovata L., 80. Agaricus (Galera) flexipes et (Entoloma) quisquiliaris Karst. sp. nov. [118]. — (Tricholoma) Isarnii, (Tricholoma) Ga- teraudi et (Lepiota) Prevostii Roumeg. sp. nov. [237]. — (Clitocybe) Sadleri Berk. [116]. — Severini Comes sp. nov. 124]. mo de). L'Araroba du Brésil [118]. Aira media Gouan, 80. T. XXVI. Algérie (Flore d. Sur quelques herbo- risations de fin de saison autour d'Alger, 94. — Note sur l'Alfium multiflorum Desf., 225. — Allium multiflorum Desf., 240. — Anagallis collina Schousb., 226. — Buffonia Duvaljouvii Batt. et Trab. sp. nov., 56. — Caulinia fragilis, 56. — Linum corymbiferum Desf., 226. — Naias muricata Del., 56. — Orobanche, 240. — Phalaris arundi- nacea, 56. — Plantago lanceolata, 240. — Raphanus, 240. — Voy. Battandier et Trabut. Aigues, 287, 336 [65] [120] [121] [206] [207] [219] [220] [222] [235]. Alisma natans L. et repens DC., 79. Ailium Deseglisei Bor. et ericetorum Thore, ,80. — multiflorum Desf., 240. — (Sur r), 225. Alnus microphyllaArv.-Touv, sp. nov. [39]. Alsophila Burbidgei Bak. sp. nov. [59]. — Hornei Bak. et parvula Jenm. sp. nov. [179]. ALTEN (T.-F.). Characeæ americane [61]. Amanita leiocephala DC., 45. Amaryllidacées [15]. Amentacées [38]. Amphora bullosa [184]. — mucronata Smith sp. nov. [62]. — oblongella Grun. sp. nov. [226]. Anatomie végétale, voy. Beck. AxpRÉ (Ed.). L'Art des jardins [23]. Anemone Pavoniana Boiss. [109]. Angelica polyclada Frauch. et Sav. sp. nov., 86. Angstrüm (J.). Sa mort [90]. Annonces, voy. Nouvelles. Annularia levis Kr., 48. Anoiganthus (Amaryllidacées) Bak. nov. gen. [15]. ` 46 242 Anomalies, voy. Monstruosités. Anthoceros [66]. Apodolirion (Amaryllidacées) Bak. nov. gen. [15]. Aquilegia discolor [109]. Arabis cantabrica [109]. Aracées [187]. Aralia brevifolia, Regeliata et soratensis . É. Marchal sp. nov. [40-41]. ARBAUMONT (J. d’). Sur le mode de forma- tion dequelques nodosités phylloxériques 29]. ar oto lochia rotunda L., 79. ARLOING. Sur un nouveau mode d'admi- nistration de l'éther, du chloroforme et du chloral à la Sensitive [211]. Armeria cantabrica Boiss. et Reut. décou- vert à Saint-Jean Pied-dé-Port (Basses- Pyrénées), 308. Aroidées [221]. | Artemisia annua L., 77. Arthonia subercedens Nyl. [186]. Arthopyrenia Guineti J. Müll. sp. nov. [185]. Arum vulgare Lam. (A. maculatum L.), 61. ARVET-Touver (C.). Additions à la mono- graphie des Pilosella et des Hieracium du Dauphiné [38]. Asa Gray. Note sur le Shortia galacifolia el révision des Diapensiacées [156]. — Éléments de botanique [165]. Ascherson (F.-M.). Sa mort Qo AsCHERSON (P.), Borckier (O.) KLATT (F.-W.), Kuux (M.), Lorentz (P.-G.) et SowpER (W.). Botanique de l'Afrique - orientale [222]. Ascobolus atrofuscus Phill., Boudieri Q., fimiputris Q., Kervernii Cr., Pelletieri Cr., psitlacinus Q. èt viridis Curr., 235, 236. Ascophanus minutissimus Boud., 235. Aspidium Buchholzii Kuhn sp. nov. [223]. — caudatum Jenm. sp. nov. [179]. Asplenium altissimum Jenm. sp. nov. [179]. — decipiens et Sammatii Kuhn sp. nov..[223]. — fuscipes Bak. sp. nov. [180]. — porphyrorachis et ziphophyl- (um Bak. sp. nov. [60]. Astragalus glycyphyllos L., 76. Astrocarpus Clusii Gay, 75. Auxicularia Leveillei, 234. Aurillac (Cantal) (Session extraôrditiaire à), I-LXXXIV. — (Séances de la session à), Hl, XIV. Ayasse (Ét.). Sur un Saule nouveau dé- couvert aux environs de Genéve, 341. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. B Basikorr (M.). Du développement des cé- phalodies sur le thallus du Pe/tigera aphthosa Hoffm. [100]. Bacillus |74]. — Anthracis [72]. Bactéries [75] [76]. — (Corrosion de grains de Blé colorés en rose par des), 31. — (Sur les prétendus cils des), 37. — (Sur les spores de quelques), 141. Bacterium Termo [74]. Bacrigrro (F.). Lichenes insule Sardinie [123]. Bagnis (Ch.). Sa mort [144]. BaiLLox (H.). Structure de l’anthère des Fevillea [114]. — Histoire des plantes [230]. BaixirER (G.). Note sur le Martensella (Coe- mansia) spiralis, 245. Barer (J.-G.). Une nouvelle clef des gen- res des Amaryllidacee [15]. — Sur les Amaryllidées nouvelles des expédi- tions de MM.Welwitsch etSchweinfurth [15]. — Sur deux nouveaux genres d'A- maryllidacées dela colonie du Cap [15]. — Sur l'énumération et la classification des espéces du genre Hippeastrum [16]. — Mémoire sur les Liliacées, Iridacées, Hypoxidacées et Hémodoracées de l'her- bier de Weélwitsch [16]. — Synopsis des HyÿpôXidacées [17]. — Rapport sur üne collection de Fougères du nord de lile Bornéo faite par M. F.-W. Bur- bidge [59]..— Rapport sur les Fougères de l'archipel dès Soulou récoltées pár M. Burbidge [60]. — Synopsis du genre ZEc/imea R. et P. [109]. — Sur une collection de Fougères rapportées desiles Fiji par M. J. Horne [179]. — Quatre nouvelles Fougères du sud de la Chine [180]. Barrorm (J.-B.). Sur le genre Halophila [61] [178]. Bav. (J.) Sur l'origine de la flore des Alpes europécanes [109]. BamasETZKY (J.). Les ferments qui trans- forment l'amidon chez les plantes [74]. Barbarea precor R. Br., 74. Barbula Eubrium C. Müll. sp. nov. [205]. Barkhausia setosa DC. (Crepis setosa Hall.), 62. Bartramia ogg) curvula C. Müll. sp. nov. [206]. BarrawpigR. (J.-A.). Note sur lAlljum multiflorum Dest., 225. — Obs., 226. — et TnARUT (L.). Notes sur quelques herborisations defin de saison autour TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 243 d'Alger, 54. — Contributions à la flore des environs d'Alger, 240 [44]. Bavkr (H.). Recherches sur le développe- ment des Schizéacées [87]. — Sur la génération sexuelle dans les genres P/a- tycerium, Lygodium et Gymnogramme [87]. — Quelques recherches sur lé prothalle du Salvinia natans [186]. Pauke (H.). Sa mort [239]. B Eccant (O.). La plus petite des Aracées [187]. Beck (G.). Histoire du développement du prothalle chez le Scolopendrium vulgare [106]. — Anatomie comparée des graines de Vicia et d'Ervum [137]. — Sur quelques Orchidées de la Basse-Au- triche [183]. Beggrenia (Discomycètes) Cooke nov. gen. [170]. Begonia discolor R. Br. (Sur la situation des bulbilles chez le), 202. Bégoniacées [195]. BEurENs (W.-J.). Les nectaires des fleurs [176]. Becr (A.-W.). Polygalæ americane nove vel parum cognite [83]. Bere (Ch.). Enumération des plantes eu- ropéennes naturalisées dans la province de Buénos-Ayres et en Patagonie [43]. BrnkrLEY (M.-J.). Hypsilophora destructor 31]. Bebe oia Dene [158]. — tibetica Dene 158]. BrnrnAND (C.-E.). Étude sur les tégaments séminaux des végétaux phanérogames gymnospermes [127]. Bidens heterophylia Ort. [152]. Bigelow (J.). Sa mort [94]. Biographies. Notice sur le Dr Ripart, 62. — Notice sur Ed. Spach, 194. Biscutella lævigata L., 74. — neustriaca Edm. Bonn. sp. nov. [227]. Blau (H.-O). Sa mort [91]. Brricugn (M.-G.). Les fécules [44]. BorckLER (0.). Voy. P. Ascherson. Bozuw (J.). Décoloration des feuilles vertes sous une lumiere solaireintense [3]. — L'oxygéne dégagé des rameaux verts [4]. — Sur 1a composition du gaz con- tenu dans les cellules etles vaisseaux du bois [5]. — De la production d'amidon dans les grains de chlorophylle en l'ab- sence de la lumiere [6]. — Sur l'absorp- tion de l'eau et des sels calcaires par les feuilles (8]. — Le mouvement de l'eau dans les plantes qui transpirent [8]. — Pourquoi la- seve monte-t-elle dans les arbres? [8]. — Sur les fonctions des vaisseaux des plantes [217]. — et Brei- TENLOHNER (J.). Des influences extérieu- res qui s'exercent sur la température des arbres [3]. Bois (Sur les variations de densité des) de méme espéce, 246. Boissier (Edm.). Flora orientalis [161]. Boletus flavidus F., 229. Borus (H.). Distribution des plantes du sud de l'Afrique [21]. Bommer (Me E.) et Rousseau (Mme M.). Catalogue des Champignons observés aux environs de Bruxelles [173]. Bonnert (Edm.). Note sur le Marrubium Vaillantii Coss. et Germ., 282. — Obs., 282, 286. — Histoire du Sc/eranthus uncinatus Schur [105]. — Biscutella neustriaca sp. nov. [227]. — Histoire du Gui [231]. Bonnier (G.). Sur le rôle attribué à la disposition des organes floraux par rap- port àla visite des insectes, 68. — Ob- servations sur la situation morphologique des sacs polliniques chez l’Helleborus fæ- tidus, 139.—Surla structure de quelques appendices des organes floraux, 177. — Recherches sur les sucres des végétaux, 208. — Quelques observations sur les relations entre la distribution des Pha- nérogames et la nature chimique du sol, 338. — Obs., 69, 207. — Les nectaires ; étude critique, anatomique et physiologi- que [173]. — et FLauavrr (Ch.). Sur la distribution des végétaux dans la région moyenne de la presqu'ile scandinave, 20. — Observations sur la flore cryp- togamique de la Scandinavie, 132. Borzi (A.). Note sur la morphologie et la biologie des Phycochromacées (Algues) [120] [207]. BoswELL (J.-T.). Description de l Hieracium Dewari sp. nov. [115]. Botanique (Apercu sur l'histoire de la) dans le Cantal, xxur. Boucuur (E.). Voy. Wurtz. Boupter. Voy. Roze. BovissoN (A.-G.). Synopsis analytique des plantes vasculaires du département des Bouches-du-Rhóne [124]. BoviLu (l'abbé). Liste de quelques plantes récoltées aux iles Sanguinaires, 81. — Obs., xL. Bourgeons à écailles stipulaires, 189. BRAANGART (R.). Excursions de géographie botanique et d'agriculture en Bohéme [43]. 244 Drandt (J.-F. von). Sa mort [239]. Brassica [174]. — oleronensis A. Sav.,74. BngrFELD. Recherches sur les Schizomycètes et particulièrement sur le genre Bacillus 71]. ne onves. Voy. Broméliacées [145]. Brows (N.-E.). Quaqua Hottentorum [58]. Brus (J.) Diatomées des Alpes et du Jura, de la région suisse et francaise, et des en- virons de Genève [226]. Brunella hyssopifolia L., 79. Brutelette (B. de). Sa mort, 6. Bryum arachnoideum, (Senodictyum) bul- billicaule et (Argyrobryum) Taite C. Müll. sp. nov. [205]. BucQvov (Eug.). Herbier du jeune botaniste [208]. Buck (H.-W.). Sa mort [90]. Buellia africana et olympica J. Müll. s nov. [185]. Buffonia Duvaljouvii Batt.et Trab. sp. n.,56 Bupleurum affine Sadler et Jacquinianum Jord., 76. Bureau de la Société pour 1880, 354. Bureau (Ed.). Obs., 32, 215, 227, 324. Buryat (Em.) et GREmL! (Aug.). Les Roses des Alpes maritimes [150]. Burn (H.-T.). Nature du tartre de la langue [235]. Boehm. C Cactées [123]. CaLEDEsi (L.). Sur un nouveau Polygala [162]. Calymperes caudalum C. Müll. sp. nov. [205]. Campanula acutangula, adsurgens et Vay- rede [109]. — rotundifolia L., 78. Cantal (Le Saxifraga hieraciifolia Waldst. et Kit. découvert dans le), 91. Cantharellus canaliculatus P. et glaucus Ratsch, 229. Carus (G.). Anatomie du tissu conducteur [128]. CARBONNAT (P. de). Liste des plantes ré- coltées dans l'herborisation faite par la Société au bois de la Condamine (Can- tal), xiv. Cardamine brachycarpa Franch. et Sav. sp. nov., 83. Carduus pycnocephalus Jacq., 78. Carex Fauriæ et nipponica Franch. et Sav. sp. nov., 89. — longerostrata C.- A. Meyer, Morrowii Boot et podogyna Franch., et Sav., 90. — paniculata L. et punctata Gaud., 80. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Carica Papaya [209]. CanioT (l'abbé). Note sur la flore des en- virons de Moutiers (Savoie) [156]. CanvEL (T.). Sur la structure florale et les affinités de plusieurs familles inférieures de Dicotylédones[122]. — La question des Tulipes de Florence [149]. Carum verticillatum Koch, 77. Casaretto (J.). Sa mort, 238. Cascaronia (Légumineuses) Griseb. nov. gen. [102]. Catalogue (Additions au) des plantes de la Dordogne de M. Des Moulins, 61. — des plantes les plus remarquables crois- sant dans le bassin supérieur de l'Ubaye (Basses-Alpes), 155. Caucalis pretermissa Hance, 87. Caulinia fragilis, 56. CELAKOvskKY (L.). Sur la gymnospermie des Coniferes |196]. Cellulose (Sur la fermentation de la), 25. Centaurea Calcitrapa et nigra (hybride des) [152]. Centunculus minimus L., 79. Céréales [35]. Cestodiscus Baileyi Smith sp. nov. [62]. Champignons, 65, 69,479, 480,187,236, 263, 322, 324, Lxxiv [29-37] [42] [a3] [69- 18] [145] Ms] 24] [126] Hào] [162] [163] 1 Me] [170] 1173] [180] [218] [232] [235] [237]. (Diagnoses nouvelles de quelques espè- ces critiques de), 45, 228. Cuanay. Récit de quelques herborisalions autour de Cannes et de Menton (Alpes maritimes) [156]. Characées [61]. CuariN (Ad.). Obs., 16, 107, 240. — De l'appareil spécial de nutrition des espèces parasites phanérogames [44]. — Sur l'existence d'un appareil préhenseur ou complémentaire d'adhérence dans les plantes parasites [134]. Cheilanthes Fordii Bak. sp. nov. [180]. Cheilosoria — (Polypodiacées - Platylomées) Trev. nov. gen. [24]. Chenopodium opulifolium Schrad. et ru- brum L., 79. CHEVALLIER (l'abbé L.). Lettres sur des Morilles, 179, 237. Chiodecton subdiscordans Nyl. [186]. Choristosporia Mett. nov. gen. [223]. Chorizanthe [49]. Chrysanthemum corymbosum L., 78. Chrysosplenium Fauriæ, 85. Cicuta nipponica Franch. 'et Sav. sp. n., 85 Ciliaria fusco-atra Reb., 235. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 245 Cirsium bracteosum Arv.-Touv. Sp. nov. [39]. — filipendulum Lge découvert à Saint-Jean Pied-de-Port (Basses-P yré- nées), 308. Citrus (Sur deux cas de monstruosité ob- servés dans les fruits du), 210. C.adophora corallinicola Sond. Sp. nov. [222]. Cladosporium Rüsleri Catt. [30]. Clatophora endiviefolia, 248. Clavaria byssiseda P., candida Weinm. et rubella P., 933. CLavauD (A.). Sur le Bidens heterophylla Ort. [152]. — Sur une hybride remar- quable des Centaurea nigra et Calci- trapa [152]. — Sur le véritable mode de fécondation du Zostera marina [152]. Cüitocy^e gallinacea Scop. et tuba Fr., 46. Clitopilus mundulus Lasch, 49.. CLos (D.). Des stipules considérées au point de vue morphologique, 151. — Indé- pendance, développement, anomalies des 'Stipules; bourgeons à écailles stipulaires, 189. — La théorie des soudures en bo- tanique [39]. Coemansia (Hédéracées) É. Marchal nov. gen. [40]. Cocniaux (A.). Remarques sur les Cucur- bitacées brésiliennes, et particulièrement sur leur distribution géographique [54]. Coleotænia (Graminées-Panicées) Griseb. nov. gen. [102]. Colletonema bullosum Fiorini-Mazzanti sp. nov, [184]. Collybia acervata Fr., clusilis Fr. et Num- nularia Lam. ?, 46, 47. Comers (0.). Champignons du territoire na- politain [421]. — Catalogue des plantes récoltées par M. le professeur Costa en Egypte et en Palestine en 1874 [166]. — Plantes représentées sur les fresques de Pompéi [187 ]. Composées [147]. Coniféres [38] [167] [196]. Conopodium denudatum Koch, 77. CONTEIEAN (Ch.). Pourquoi l'on rencontre quelquefois les plantes du calcaire asso- ciées à celles de la silice [136]. — La soude dans le sol et dans les végétaux [215]. . Contribution à l'étude mycologique de l'Auvergne, Lxxiv. Conyza cullosa Beck sp. nov. [224]. — CookE (C.). Contributions à la mycologie britannique; les Myxomycétes de la Grande-Bretagne [33].— Les Moisissures noires [34]. — Énumération des Po/ypo- rus [445]. — Un nouveau genre de Discomycètes [170]. — Les Champi- gnons du Texas [232]. Coprinus radians Desm., 298. Corallinacées [19]. Cordyceps Helopis Q., 236. Cornacées [230]. Cornu (M.). Note sur l’Hypocrea alutacea Pers., 33. — Note sur l'herbier général du Muséum (partie mycologique), 69. — Maladie causée dans les serres chau- des par une anguillule qui attaque les Rubiacées, 142. — Valeur des carac- téres anatomiques au point de vue de la classification des espèces de la famille des Crassulacées, 146. — Note sur quel- ques Cryptogames des environs de Paris, 248. — Maladies nouvelles pour l'Eu- rope, à propos d'une Ustilaginée (Uro- cystis Cepulæ Farlow), parasite sur l'Oi- gnon ordinaire (A//ium Cepa), 263. — Sur une forme tératologique de l’Erica cinerea, 297. — Obs., 9, 18, 32, 41, 44, 106, 107, 236, 238, 262, 274, 286, 299, 319, 324, 326, 330. — Etu- des sur le Phylloxera vastatrix [26].— Maladie des Laitues nommée le meunier [36]. — Maladie des taches noires de l'Érable [37]. — Importance de la paroi des cellules végétales dans les phéno- mènes de nutrition [46]. Corrigiola imbricata Lap. [229]. Corticium confluens, nudum, salicinum, sulfureum et uvidum Fr., 232. Cortinarius decumbens P., gentilis Fr., ianthipes Sec., imbutus Fr., latus P., pholideus A. S., scandens Fr., (ofaceus Fr. et turgidus Fr., 52-54. Cosson (E.). Discours, u. — Obs., 148. Cotoneaster [469]. Covrv et Lacerpa (de). Sur un nouveau curare [212]. — Sur l'origine des pro- priétés toxiques du curare des fndiens 212]. Crassulacées [160]. — (Valeur des carac- teres anatomiques au point de vue de la classification des espèces de la famille des), 146. Crepis nicæensis Balb., 78. 24 Crié (L.). Recherches sur les Dépazéées [125]. — Sur la matière amyloide par- ticulière aux asques de quelques Pyré- nomycètes [127]. — Les anciens cli- mats et les flores fossiles de l’ouest de la France [172]. Crocus [166]. 246 CromBie (J.-M.). Observations sur les mi- crogonidies [218]. Crucifères [18]. Crupina alpestris Arv, -Touv. sp. nov. [39]. Cryptogames [407]. — (Sur quelques) des environs de Paris, 248. Cryptostephanus (Amaryllidacées) Bak, nov. gen. [15]. Cryptothele africana J. Müll, sp. nov.[185]. Cucubalus baccifer L., 76. Cucurbitacées [54]. Cutlériacées [219]. Cyathea Nockii Jenm. sp. nov. [478]. — suluensis Bak. sp. nov. [60]. Cycadées [116]. Cyclamen neapolitanum Ten. [152]. Cyclotella caspia Grun. sp. nov. [226]. Cynosurus echinatus L., 80. Cyphella Goldbachii Weinm., 232. D Dedalea Schulzeri Petseh et Pœtschi Schulzer sp. nov. [180]. Dahlia [205]. DALLINGER (le Rév. W.-H.) Sur la me- sure et le diametre des cils du Bacte- rium Termo [74]. Daphne Cneorum L., 79. Dasystachys (ksphodélées) Bak. nov. gen. [16]. Davallia Veitchii Bak. sp. nov. [59]. DAVENPORT (G.-E.); Catalogue de mon her- bier des Fougères de l'Amérique du Nord [60]. Deseaux (0.). Florule de Tché-foà [453]. — Florule de Tien-tsin [455]. D&£catswE (J.). Monographie des genres Ligustrum et Syringa [103]. Delphinium peregrinum L., 62. Dematophyllum (Zygophyllées) Griseb, nov. gen. [102]. Dentaria pinnata Lam. [189]. Dépazéées [125]. DESÉGLISE (A.) et Dunaxp (Th.). Descrip- tions de nouvelles Menthes [37], Dianthus Caryophyllus L., 76. Diapensiacées [156]. Diatomées [62] [63] [66] [150] [225] [226]. ur Algues du lac Nyassa (Afrique) Dicksonia incurvata Bak. sp. nov. [179]. Dierama cupuliflorum Klatt sp. nov.1224]. Digitalis purpurea. L., 78. Drm. (Composées) Griseb. nov. gen. 102]. Diotis candidissima Desf., 77. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Discosporangium (Phéosporées) Falk. nov. gen. [64]. Discours de M. Bureau, 194. — de M. Cos- son, 111. — de M. Lamotte, v. Donatia |158]. Dons, 7, 19, 36, 65, 91, 116, 145, 176, 496, 202, 212, 213, 238, 255, 291, 296, 338. DouwEr-Ananson (N.). Sur un cas de téra- tologie observé sur des rameaux de Rosa Fortunei, vur. DRAKE DEL CastiLLo (Em.). Lettre, 238. DUCHARTRE (P.). Note sur la situation des bulbilles chez le Begonia discolor R, Br., 202. — Note sur des fleurs mons- trueuses de Grenadier (Punica Grana- tum L.), 245. — Quelques mots de ré- ponse à un article publié daus le Dic- tionnaire de botanique de M. Baillon, 328. — Obs., 8, 69, 448, 176, 186, 341, 351. — Note sur des Safrans à fleur monstrueuse [47]. — Notions sur l'organisation des fleurs doubles, et des- cription du Lilium tigrinum Gawl. flore pleno [A7]. Duncan. Voy. Nelson. DunAND (Th.). Voy. Déséglise. DvrAiLLY (G.). Inflorescences avec ascidies dans le Pois cultivé [1£4]. — Sur quel- ques particularités de structure des Brassica: [474]. Duvar-Jouve (J.). Notes sur quelques plantes récoltées en £877 dans le de- partement de l'Hérault [41]: E Eccilia carneo-alba With. , #9. Echium pyramidale Lap., 78. EcELIN (G.). Enumération des Lichens observés jusqu'à ce jour dans la marche de Brandebourg [419]. EccERs (le baron), La flore de l'ile de Sainte-Croix [53]. Elatine Hydropiper L. et triandra Schkr., 149. — (Constatation de deux espèces d") nouvelles pour le plateau central de la France, 149. Elections pour 4880, 354. ELFviNG (Fr.). Études sur les grains polli- niques des Angiospermes [142]. Endocarpiscum Schweinfurthii J. Müll, sp. nov, [185]. ENGELMANN (Th.-W.). Sur le mouvement des Oscillaires et des Diatomées [63]. Enthostodon Hildebrandti C, Müü. sp. nov. [205]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Entoloma ameides Berk., costatum Fr. et turbidum Fr., 49. Eopteris (Sur les prétendue sempreintes de Fougères décrites sous le nom d'), 226. Epilobium [58]. Epipactis atrorubens Reich., 79. — pa- lustris Crantz, 80. Epithemia clavata Dickie sp. nov. [222]. Equisétacées [86]. Equisetum hiemale L., 81. — Telmateia Ehrh., 80. Pa] dium (Fougéres) Trev. nov. gen. [25]. Erica cinerea (Sur une forme tératologique de l’), 297. Erigeron mixtus Arv.-Touv. sp. nov. [39]. Erinella palearum Desm., 235. Eriogonum [49]. Eriophorum latifolium Hop., 80. Ernst (A.). Etude sur la faune et la flore du Vénézuéla [169]. — Etude sur les monstruosités et les maladies du Café au Vénézuéla [469]. EnnunA (L.) et GevAxnT (G.). Sur la struc- iure et les modes de fécondation des fleurs, et en particulier sur l'hétérostylie du Primula elatior [56]. Ervum [137]. Erythraa. chloodes G. et G., 78. Euphorbia Esula L, et verrucosa L., 79. Ewart (J.-C.). Histoire de la vie du Ba- citus Anthracis [72]. — et Gennes (P.). Histoire de la vie des Spérülum [73]. F Faivre (E.). Sur la formation du latex et des laticiferes pendant l'évolution ger- minative chez l'embryon du Fragopo- gon porrifolius [135]. Faivre (E.). Sa mort, 238 [90]. FatLkENBEn6 (P.). Sur le Discosporangium, nouveau genre de Phéosporées [64]. Famnrzx (A.). Études embryologiques [166]. FzLrz (V.). Recherches expérimentales sur un Leptothrix trouvé pendant la vie dans le sang d'une femme atteinte de fièvre puerpérale grave [78]. FÉuixigR (G.). Note sur un Cyclamen nou- veau pour la flore du Gard [152]. Fenzl (Ed.). Sa mort [190]. Feuilles (Sur les formations libéro-ligneuses secondaires des), 46. — (De l'absorp- tion de l'eau par les) des plantes bul- beuses, xit. Fevillea [114]. 247 Ficus Carica L., 79. Fimbristylis velutina Franch. ct Sav. sp. nov., 88. Fioni Mazzanti (M®° la comtesse). Sur l'Amphora bullosa [184]. Fiorini-Mazzanti (M"° la comtesse E.). Sz mort [92]. . ' Fissidens pseudorufescens C. Müll. sp. nov. [205]. FLABAULT (Cb.). Sur les prétendues em- preintes de Fougères déerites sous le nom d'Eopíeris, 226. — Sur la pré- sence de la matière verte dans les or- ganes actuellement , soustraits à l'in- fluence de la lumière, 249. — Sur la formation des matières colorantes ‘dans les végétaux, 268. — Nouvelles obser- vations sur la végétation des plantes arctiques, 346. — Obs., 44, 274. — Voy. Bonnier. Fzicue (P.). Les Jsoëtes des Vosges [221]. — ei GnmaNDEAU (L.) Recherches chi- miques sur la végétation forestière [42]. Flore de l'Afrique tropicale, voy. Oliver. — d'Algérie, voy. Algérie. — des Alpes européennes, voy. Ball. — de l'Asie orientale, voy. Maximowicz, — Argen- tine, voy. Grisebach. —. mycologique d'Australie, voy. de Thümen. — du Brésil, voy. Warmiug. — du Cantal (Généralités sur certaines relations de la), ux, — de France, voy. France. — fossile de l'ouest de la Frauce, voy. Crié. — du Gard, voy. Féminier. — Heer- sienne, voy. de Saportaet Marion. — du Japon (Stirpes novæ vel rariores flore Japonice), 82. — de Karélie, voy. Norr- lin. — de Moutiers (Savoie), voy. Ca- riot. — orientale, voy. Boissier. — de Paris, voy. Paris. — rémoise, voy. Le- moine. — algologique de Sardaigne, voy. Piccone. — de l'ile de Sainte- Croix, voy. Eggers. — cryptogamigue de Sibérie, voy, de Thümen. — fossile de la Suède, voy. Nathorst, — de Tché- foù et de Tien-tsin, voy. Debeaux. — de Vénézuéla, voy. Ernst. , Fossiles, 226, xvu. — Voy. Crié, Fla- hault, Gautier, Nathorst, Renault, de Saporta, Zeiller. Foucaup (J.). Herborisations faites dans la Charente-Iuférieure en 1878, 73. Fougères, 226 |24] [59] [60] [406] [407] [178] [179] M Ae ons Fournier (Eug.). Quelques RW sur la sécrétion d'un Polyporus, 324. — Obs., 477, 273, 248 France (Flore de). Note sur l'Hypo- crea alutacea Pers., 33. — Diagnoses nouvelles de quelques espèces critiques de Champignons, 45, 228. — Additions au Catalogue des plantes de la Dordogne de M. Des Moulins, 64. — Herborisa- tions faites dans la Charente-Inférieure en 1878, 73. — Liste de quelques plantes récoltées aux iles Sanguinaires, 81. — Note sur les stations du Pin sil- vestre, 137. — Constatation de deux espèces d’Elatine nouvelles pour le pla- teau central de la France, 149. — Cu- talogue des plantes les plus remarqua- bles croissant dans le bassin supérieur de l'Ubaye (Basses-Alpes), 455. — Lettres sur des Morilles, 179, 237. — Apparition de l'Helodea canadensis dans le centre de la France, 482. — Note sur l'Allium multiflorum Desi., 295. — Note sur quelques Cryptogames des environs de Paris, 248. — Note sur le Marrubium Vaillantit Coss. et Germ., 282. — Sur une station remarquable du Rhododendron, prés du bourg de Saint- Laurent du Pont (Isère), 299. — Obser- vations sur les Ulex Galliï Planch. et armoricanus Mab., 303. — Session ex- traordinaire à Aurillac, r-Lxxxiv. — Généralités sur certaines relations de la flore du Cantal avec la topographie et la géologie de ce département, ix. — Liste des plantes récoltées au bois de la Condamine (Cantal), xiv. — Liste de quelques plantes rares ou intéressantes observées dans le département du Can- tal, xv. — Liste des plantes récoltées au Lioran en 1865, 1869 et 4877, xvni. — Apercu bryologique sur les environs de Mamers (Sarthe), xx, .— Contribu- tion à l'étude mycologique de l'Au- vergne, LXXIV. — Herborisations faites par la Société pendant la session d'Au- rillac, Lv-LXxXiI. Espèces décrites ou signalées : Acrospermum compressum Tode, 236. — Adenostyles pyrenaica Lge, 308, — 4Egilops ovata L., 80. — Agaricus (Tri- choloma) Gateraudi Roumeg. sp. nov. [237]. — A. (Tricholoma) Isarnii Rou- meg. sp. nov. [237]. — A.. (Lepiota) Prevostii Roumeg. sp. nov. [237]. — Aira media Gouan, 80. — Alisma na- tans L., 79. — A. repens DC., 79. — Allium Deseglisei Bor., 80. — A. eri- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cetorum Thore, 80. — Alnus microphy!la Arv.-Touv. sp. nov. [39]. — Arma- nita leiocephala DG., 45. — Annula- ria levis Kr., 48. — Aristolochia ro- tunda L., 79. — Armeria cantabrica Boiss. et Reut., 308. — Artemisia an- nua L., 77. — Arum vulgare Lam. (A. maculatum L.), 61. — Ascobolus atrofuscus Phill., 235. — À. Boudieri Q., 235. — 4A. fimiputris Q., 235. — A. Kervernii Cr., 236. — A. Pelletieri Cr., 236. — A. psittacinus Q., 235.— A. viridis Curr., 235. — Ascophanus minutissimus Boud., 235. — Astragalus glycyphyllos L., 76. —- Astrocarpus Clusii Gay, 75. — Auricularia Leveil- lei, 231. Barbarea præcox R. Br., 74. — Barkhau- sia setosa DU. (Crepis setosa Hall.), 62. — Bidens heterophylla Ort. [152]. — Biscutella levigata L., 74. — B. neus- triaca Bonnet sp. nov. [227]. — Boletus flavidus F., 229. — Brassica oleronen- sis A. Sav., 74. — Brunella hyssopifo- lia L., 79. — Bupleurum affine Sadler, 76.— B. Jacquinianum Jord., 76. — Campanula rotundifolia L., 78. — Can- tharellus canaliculatus P., 229. — C. glaucus Batsch, 229. — Carduus pycno- cephalus Jacq., 78. — Carex pani- culata L., 80. — C. punctata Gaud., 80. — Carum verticillatum Koch, 77. — Centunculus minimus L., 79. —- Chenopodium opulifolium Schrad., 79. — Ch. rubrum L., 79. — Chrysanthe- mum corymbosum L., 78. — Ciliaria fusco-atra Reb., 235. — Cirsium brac- teosum Arv.-Touv. sp. nov., 39. — C. filipendulum Lge, 308. — Clatophora endiviæfolia, 248. — Clavaria byssi- seda P., 233. — Cl. candida Weinm., 233. — Cl. rubella P., 233. — Clito- cybe gallinacea Scop., 46. — Cl. tuba Fr., 46. — Clitopilus mundulus Lasch, 49. — Collybia acervata Fr., 47. — C. clusilis Fr., 46. — C. Nummularia Lam.?, 46. — Conopodium denudatum Koch, 77. — Coprinus radians Desm., 228. — Cordyceps Helopis Q., 236. — Corrigiola imbricata Lap. |229]. — Corticium confluens Fr., 232. — C. nu- dum Fr., 232. — C. salicinum Fr., 232. — C. sulfureum Fr., 232. — C. uvidum Fr., 232. — Cortinarius de- -cumbens P., 52. — C. gentilis Fr., 53. — C. ianthipes Sec., 53, — C. imbutus Fr., 52. — C. latus P.,54. — C. pha- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. lideus A. S., 53. — C. scandens Fr., 93. — C. tofaceus Fr., 53. — C. tur- gidus Fr.,53.— Crepis nicæensis Balb., 78. — Crupina alpestris Arv.-Touv. sp. nov. [39]. — Cucubalus baccifer L., 76. — Cyclamen neapolitanum Ten. [152]. — Cynosurus echinatus L., 80. — Cyphella Goldbachii Weinm., 232. Daphne Cneorum L., 79. — Delphintum peregrinum L., 62. — Dianthus caryo- phyllus L., 76. — Digitalis purpurea L., 78. — Diotis candidissima Dest., 77. Eccilia carneo-alba With., 49. — Echium pyramidale Lap., 78. — Elatine Hy- dropiper L., 149. — E. triandra Schkr., 149. — Entoloma ameides Berk., 49. — E. costatum Fr., 49. — E. turbi- dum Fr., 49. — Epipactis atrorubens Reich., 79. — E. palustris Crantz, 80. — Equisetum hiemale L., 81.— E. Telmateia Ehrh., 80. — Erigeron miz- tus Arv.-Touv, sp. nov. [39]. — Eri- nella palearum Desm., 235. — Ério- phorum latifolium Hop., 80. — Ery- threa chloodes G. et G., 78.— Euphorbia Esula L., 79. — E. verrucosa L., 79. Ficus Carica L., 79. — Fumaria confusa Jord., 74. — F. micrantha Lag., 74. Galera autochthona Berk. (Pumila P.?), 51. — Galium Centroniæ Cariot sp. nov. [156]. —G. uliginosum L. var. ru- briftorum [39]. — Gentiana Pneumo- nanthe L., 78. — Geranium pusillum L., 76. — G. sanguineum L., 76. — Gnaphalium dioicum L., 77. Hebeloma diffractum Fr., 50. — H. ela- tum Bastch, 50. — Helianthemum pulverulentum DC., 74. — Helodea canadensis Rich., 182. — Helotium lutescens Hedw., 234. — H. rhizophi- lum Fuck, 234. — Helvella pulla Holm., 233. — Hieracium albereanum T.-L. Sp. nov. [134]. — H. Auricula L., 78. — H. lividum Arv.-Touv. sp. nov. [39]. — H, subluridum Arv.-Touv. sp. nov. [39]. — H. succisoides Arv.-Touv. sp. nov. [39]. — Humarta converula P., 333. — H. maurilabra Cook, 233. — H. violascens C., 234. — Hutchinsia petræa R. Br., 75. —Hydnum mucidum P., 231. — H. squalinum Fr., 231. — Hygrophorus nitidus Fr., 228. — H. tephroleucus P., 229. — Hypericum montanum L., 76. — Hypochnus bys- soideus P., 232. — H. serus P., 232. — Hypochæris maculata L., 78. — Hy- pomyces chrysospermus, 248. Inocybe* asterospora, 50. 249 I. Bongardii Fr., 54. — 1. capucina Fr., 51, — 1, grata Weinm., 51, — Inula Helenium L., 77. — Isatis tinctoria L., 74. — Isoetes Hystrix DR., 81. Juncus anceps La Harpe, 80. — J. hete- rophyllus L. Duf., 80. — J. striatus Schousb, , 80. Lachnella fuscescens P., 234. — Lacta- rius lignyotus Fr., 229. — Lecanora badio-pallescens [186]. — L. perustula [186]. — L. pauperrima [186]. — L. subintrincans [186]. — L. submersula [186]. — L. sulfurascens [186]. — L. tenebrescens [186]. — Lecidea decerp- toria Nyl. sp. nov. [184]. — L. ericina Nyl. sp. nov. [185]. — L. glaucomela Nyl. sp. nov. [185]. — L. lithophilopsis Nyl. sp. nov. [185]. — L. sudchloro- tica Nyl. sp. nov. [184]. — Leersia oryzoides L., 80. — Lemna arrhiza L., 79. — Leonurus Cardiaca L., 79. — Lepiota echinata Roth, 45. — L. serena Fr., 45.— Linaria Gangitis Duv.-J. sp. nov. [41]. — L. origanifolia DC., 62. — Linosyris vulgaris Cass., 77. — Linum corymbulosum Reich., 76. — L. suffruticosum L., 76. — Lychnis diurna Sibth., 76. Marasmius fœtidus Sow., 229. — Mar- rubium Vaillantii Coss. et Germ., 282, — Medicago tribuloides Lam., 76. — Melaspidea deviella Nyl. [486]. — Melilotus alba Desr., 76. — Melissa officinalis L., 78. — Merelius rufus P., 231. — Mollisia Aspidii Liq., 234. — M. aspidiicola Berk., 234. — Mycena sudora Fr., 47. Narcissus poeticus L., 80. — Nasturtium asperum Coss., 74. — N. pyrenaicum R. Br., 74. — Naucoria pusiola Fr., 541. — N. reducta Fr., 54. — N. siparia Fr., 54. — N. subglobosa A. S., 54. — Navicula Kutzingiana Smith sp. nov. [62]. — N. parvula Smith sp. nov. [62]. — Neottia Nidus-avis Rich., 80. — Nepeta Cataria L., 79. — Nitella intricata Roth, 81. — N. opaca Ag. Wall., 81. — N. tenuissima Kütz., 81. — Nolanea óryophila Roze et Boud. sp. nov., Lxxv. — N. proletaria Fr., 49. Odontia farinacea P., 231. — Odontites lutea L., 78. — Œcidium Ranuncula- cearum, 248. — ŒEnothera biennis L., 76. — Omphalia detrusa Fr., 47. — 0O. sphagnicola Berk., 47: — O. umbratilis Fr., 47. — O. ventosa Fr., 250 47. — Ophrys muscifera Huds., 79. — Orchis alata Fleury, 79. — O. odoratis- sima L., 79. — O. pyramidalis L., 79. — O. purpurea Huds., 79. — Ornithopus compressus L., 76. — Osmunda rega. lis L., 81. — Oxalis corniculata L., 76. Pannaria triptophylliza Nyl. [486]. — Papaver Lecoqii Lam., 74. — P. mi- cranthum Bor., 74. — Parnassia pa- lustris L., 75. — Peucedanum Cervaria Lap., 77. — Peziza arvernensis Roze et Boud. sp. nov., LXXVI. — P. Howsei Roze et Boud. sp. nov., LXXV. — Phaci- dium Ranunculi Desm., 236. — Ph. simulatum Berk. et Br., 236.— Phalan- gium Liliago Schreb., 80. — Phialea amenti Batsch, 234. — Ph. Calopus Fr., 234. — Ph. echinophila Bull., 234. — Ph. pineti Batsch, 234. — Pholiota caperata P., 49. — Ph. tu- berculosa Schæff., 50. — Ph. unicolor Fl. dan., 50. — Phytolacca decandra L., 79. — Pilosella junciformis Arv.- Touv. sp. nov. [39] — Pimpinella magna L., 77. — Pinguicula lusita- nica L., 79. — Pistilluria culmigena Fr., 233. — Placodium tenuatum Nyl. [186]. — Pleurotus chioneus P., 48. — PI, geogenius DC, ?, 47. — PI. porri- gens P., 47. — Pluteus ephebeus Fr., 48. — Polygala calcarea Schultz, 75. — P. depressa Wend., 25. — Polypo- gon maritimus Willd., 80. — Polypo- rus chioneus Fr., 280. — P. purpureus Fr., 230. — P.rhodellus Fr., 230. — P. Spongia Fr., 230. — P. vulpinus Fr., 230. —. Polystichum Thelypteris Roth, 81. — Potamogeton heterophyl- lus Schreb., 79. — P. trichoides Cham., 79. — Psulliota campestris var. villatica Brond., 52. — Psathyra am- mophila Mont. , 52.— Ps. bifrons Berk., 52. — Psathyrella prona Fr., 52. — Pterotheca nemausensis Cass., 78. — Piychella ochracea Roze et Boud. sp. nov. , LXXIV. Ranunculus divaricatus Schranck, 73. — R. gramineus L., 78. — R. hederaceus L.,73. — R. tripartitus DC., 73. — Rhamnus Alaternus L., 76. — Rh. pice- nensis Duv.-J. sp. nov. [44]. — Rhizo- pogon rubescens T., 933. — Rubia tinctorum L., 77. — Rubus discolor W. et N., 421. — R. rusticanus Merc., 121.— Rupinia pyrenaica Ch. Speg. et Roumeg., 322. =- Ruta bracteosa DC., 61. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Saponaria officialis L., 76. — Sari- fraga hieracı folia Waldst. et Kit., 91. — Scirpus pungens Roth, 80. — Sc. st.- vaticus L., 80. — Scleranthus unci- natus Schur [105]. — Scorzonera hir- suta L., 78. — Sc. hispanica L., 78. — Sedum reflexum L., 76. — Serapias cordigera L., 79. — S. Lingua E., 79.— Seseli coloratum Ehrh., 77. — Setaria glauca P. de Beauv., 80. — Smyrnium Olusatrum L., 77. — Solanum ochro- leucum Bast., 78. — Sparganium minimum. Bauh., 79. — Spiranthes estivalis Rich. ,80. — Statice Legrand Gaut. et T.-L. sp. nov. [229]. — Ste reum corrugatum Fr., 232. — St. ochro leucum Fr., 231. Tapezia domestica Sow., 235. — T. Prun: avium P., 235. — Telephora pannosa Sow., 231.— Thalictrum nigricans DC., 73. — Th. Savatieri Foucaud, 73. — Tolpis umbellata Pers., 78. — Trametes odora Smrft, 230. — Tricholoma arcua- tum Bull. (cognatum) Fr.,46.— Tr. ina- manum Fr., 45.— Tr. oreinum Fr., 46. — Trifolium Michelianum Savi, 76. — Tr. suffocatum L., 76. — Trigonella gladiata Stev., 76. — Tulipa Oculus- solis St-Am., 62. Utricularia minor L., 79. Verbascum nigrum L., 78. — Verrucaria viridatula [186]. — Viola esterellensis Chanay sp. nov. [156), — V. Foucaudi A. Sav., 75. — V. scotophylla Jord., 7h. — V, subçarnea Jord., 74. — Kol- varia media Schum., 48. —V. speciosa Fr., 48. Xanthium macrocarpum DC., 78. — X. spinosum L., 78. — X. strumarium L., 78. Voy. Arvet-Touvet, Ed. Bonnet, Bouisson, Brun, Burnat, abbé Cariot, Chanay, Déséglise, Durand, Duval-Jouve, Fé- minier, Gacogne, Gillot, Gremli, Jean- bernat, Kaiser, Nylander, Roumeguère, Timbal-Lagrave, Vilmorin . FnaNcuET (A.). Stirpes nove vel rariores flore japonicæ,82. — et SAVATIER (L.). Enumeratio plantarum in Japonia sponte crescentium hucusque cognitarum [1]. Franciscea macrantha Pohl [52]. Fumaria confusa Jord. et micrantha Lag., 74. G G4cocNE (A.). Excursion botanique dans TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. la partie supérieure de la vallée de Barcelonnette (Basses-Alpes) [405]. Galera autochthona Berk .(Pumila P.2),54. Galium Centroniæ Cariot sp. nov. [156]. — uliginosum Livar. rubriftorum: [39]. Garugandra (Térébinthacées) Griseb, nov. gen. [102]. GATIEN (frére). Voy. Héribaud. GAUTIER (G.) et TiwpAL-Lacnavg (Ed.). Le Corrigiola imbricata Lap. [229]. — Note sur un nouveau Sfatice (S. Le- grandi) [229]. Geppes (P.). Voy, Ewart. GENEVIER (G.). Notice biographique sur le Dr Ripart, 62. Gentiana Pneumonañithe L., 78. Geranium pusillum L. et sanguineum L., GérxD (R.). La fleur et le diagramme des | Orchidées [138]. GzvarnT (G.). Voy. Errera. GiBsiit (G.). Recherches de- pathologie | végétale [35]. Gilibertia Langeana et populifolia É. Mar- d chal sp. nov. [41]. Gittes (M.). Recherches expérimentales | sur le siège et le diffusion de la sève descendante, aiñsi que sur son influence dans la croissance en épaisseur des Di- cotylédons [13]. GiLLoT (X.). Souvenir d'un voyage bota- nique en Corse [413]. Ginkgo? crenata Brauns [83]. Glaziella (Champignons) nov. gen. (43]. . Gnaphalium [148]. — dioicum E.y 77. Godmania (Bignoniacées) Hemsley nov. gen. [105]. Goprox (D.).De l'hybridation dans le genre Papaver |41]. — Études morphologi- ques sur la famille des Graminées [151]. GorsEL (K.). Du bourgeonnement des feuilles d’{soétes [108]. Gomphonema stauroneiforme Grun. sp. nov. [226]. Gonatonema (Mésocarpées) Wittrock nov. gen. [62]. Graminées fian [151]. GRANDEAU (L.). Voy. Fliche. GnEMLI (Aug.). Voy. Burnat. GüisEBACH (A.). Symbolæ ad floram dr- gentinam [100]. Grisebach (A.). Sa mort, 196 [93]. GnuSOw (A.). Nouvelles espèces et variétés de Diatomées de la mer Caspienne [226]. | Gubler (A.). Sa mort, 176. Guévox (A.), Membre à vie, 238. 251 GumiER (E.). Note sur les stations du Pin silvestre, 137. — Sur une station re- marquable du Rhododendron, près du bourg de Saint-Laurent du Pont (Isère), 299.— Sur l'accroissement des tiges des arbres dicotylédones et sur la séve des- | cendante [209]. i(Gymnogramme [87]. — (Syngramme) sco- lopendrioidès Bak. sp. nov. [179]. . H Hapmsnaw (Fr.); Catalogue- de Diatoma- cées. [62]. HackEL (E.). Les Bromus: de l Autriche- Hongrie [124]. ;Hemodoracee |46}: i Halochioa (Graminées-Bumbusées): Griseb. nov. gen. [102]. Halophila’ [61] [478]. | Balosphæra (Algues) Schmitz nov. gen. 65]. ne (E.). Enumeratio Muscorum bra- silienstum [193]. | Hansén (A.). Formations adventives des Begonia [495]. 'Hanric (R.). Les phénomènes de désor- ganisation du bois éhez les Conifères et le Chéne [167]. Hartie (Th.). Anatomie et physiologie des plantes ligneuses [433]. Hartwégia comosa (Sur l'alongement au jour et à Yobseurité des racines néga- tivement héliotropes de F), 240. Ha$s&ARE (C.). Lettre sur un Carica, 207. HausskxkcuT (C.). Epilobia nova [58]. Hebeloma diffractum Fr. et elatum Batsch, 50. HscxeL (Ed.). Sur deux eas de monstruo- sité observés dans des fruits de Citrus, 210. — De l'état ciéistogamique du Pavonia hastata [214]. Hédétacées [40]. | Heiorgica (Th. de). Teucrium Halacsya- num sp. nov. [119]. Helianthemum pulverulentum DC., 74. Helleborus fæœtidus (Observations sur la situation morphologique des sacs polli- niques chez l’), 139. Helodea canadénsis (Apparition de |’) dans le centre de la France, 182. Helotium lutescens Hedw. et rAizophiium Fuck., 234. Helvella pulla Holm., 233. Hemileia vastatri [234]. HawsteY (W.-B.). Diagnoses plantarum novarum vel minus cogWitürutfh Mezi- 252 canarum et centraii - americanurum [104]. — Dahiias [205]. Hxwstow (le Rév. G.). Sur l'origine des estivations florales [18]. Hepatiques [187]. Herbier général (Sur l) du Muséum; partie mycologique, 69. Herborisations (Sur quelques) de fin de saison autour d'Alger, 54. — faites dans la Charente-Inférieure en 1878, 73. — (Rapport sur l’) faite par la Société au Lioran et au Plomb du Cantal, Lv. — au col de Cabre, à Peyre-Arse, à la brèche de Roland et au puy Mary, Lx. — aux buttes calcaires de Saint-Santin et de Montmurat, LXIX., — bryolo- gique au Lioran, LXXIX. Hérisaun-Joseru (frère). Liste de quelques plantes rares ou intéressantes observées dans le département du Cantal, xv. — et GATIEN. (frère) ont découvert dans le Cantal le Saxifraga hieractifolia Waldst. et Kit., 94. Hieracium [38]. — albereanum T.-L. sp. nov. [131]. — Auricula L., 78. — Dewari Boswell sp. nov. [115]. — /vi- dum, subluridum et succisoides Àrv.- Touv. sp. nov. [39]. Hippeastrum [16]. HoruwEL (Fr. de). Sur les phases de la transpiration pendant le développement de la feuille[9]. — Sur le détachement des rameaux de quelques végétaux li- gneux et ses causes anatomiques [48]. — Quelques remarques sur la cuticule [59]. Horrwaww (H.). De l'arrondissement des tiges de Cactées [123]. Hottisteria (Eriogonées) Watson nov. gen. [194]. Horus (E.-M.). Catalogue des collections du musée de la Société pharmaceu- tique de la Grande-Bretagne [38]. Homæocladia capitata Smith sp. nov. [62]. Horvata (A.). De l'influence du repos et du mouvement sur la vie [76]. Humaria convexula P., maurilabra Cooke et violascens C., 933, 234. Hutchinsia petrea R. Br., 74. Migs (Composées) Griseb. nov. gen. 102]. Hybrides, 240. Voy. Clavaud, Godron. Hydnum mucidum P. et squalinum Fr., 231. Hygrocrocis arsenicus Bréb. [32]. Hygrophorus nitidus Fr., et tephroleucus P., 228, 229. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hypericum montanum L., 76. Hypochnus byssoideus et serus P., 232. Hypochæris maculata L., 73. Hypocrea alutacea Pers. (Note sur l), 53. Hypomyces chrysospermus, 248. Hypoxidacées [16] [17]. Hypsilophora destructor Berk. sp. nov. [31]. I Inocybe * asterospora, Bongardii Fr. , capu- cina Fr. et grata Weinm., 50, 51. Inula Helenium L., 77. lridacées [16]. Irmisch (Yh.). Sa mort [92]. Isatis tinctoria L., 74. Isoëtes [108] [221]. — Boryana DR. var. Lereschii Rchb. f. [109]. — Hystrix DR., 81. [sopyrum nipponicum Franch. et Sav. sp. nov., 83. J „Janka (V. de). Si/aus virescens [180]. JEANBERNAT (E.) et TiuBAL-LAGRAVE (Ed.). Le massif du Laurenti (Ardèche) [129]. — Quelques jours d'herborisation dans les Alberes orientales [130]. JzNMAN (G.-S.). Deuxième supplément aux Fougères de la Jamaïque [178]. Josert (C.). Sur l'action physiologique des Strychnées de l’Amérique du Sud . [213]. JongENsEN (A.). Des racines des Bromé- liacées [145]. Jubelina riparia (Sur le dimorphisme du fruit du), 413. Juncus anceps La Harpe, heterophyllus L. Duf. et striatus Schousb., 80. Jungermannia Raddiana et scapaniotdes Massal. sp. nov. [487]. K Kaiser (P.). Ubmorylon : recherches sur le bois fossile de l'Orme [13^]. KARSTEN (P.-A.). Symbole ud Mycologiam fennicam [118]. Kixc (G.). Origine du Cardamome ailé du Népaul [236]. Kratt (F.-W.). Les Gnaphalium d'Amé- rique [148]. — Voy. P. Ascherson. Krein (C.). Le contagium vivum [73]. Koch (Ch.). Sa mort [92]. KREMPELBUBER (A. de). Lichenes collecti in republica Argentina [184]. TABLE ALPHAUÉTIQUE DES MATIÈRES. Kugas (J.). Phyllosiphon Arisart, nou- velle Algue parasite [219]. Kuan (M.). Voy. P. Ascherson. KuxrzE (0.). Sur l'affinité des Algues avec les Phanérogames [206]. — Mé- thode pour décrire les espèces du genre Rubus ; monographie des Ronces [206]. L Lacerpa (de.). Sur le venin des serpents [78]. — Voy. Couty. Lachnella fuscescens P., 234, Lactarius lignyotus Fr., 229. Lagenidium Rabenhorstit Zopf sp. nov. [t19]. Lacuna (M.). Conifères et Amentacées espagnoles [38]. LAMOTTE (M.). Lettre, 94. — Obs., xu. LawEssAN (J.-L. de) Manuel d'histoire naturelle. médicale [20]. Lannes. Catalogue des plantes les plus re- marquables croissant dans le bassin supé- rieur de l'Ubaye (Basses-Alpes), 155. Lecanora acceptanda, alabastrites, alboru- bella, badio-pallescens, byssoboliza, gil- volulea, melaplaca, nivescens, pauperri- ma, perustula, petræiza, Riparti Lamy, submersula, subintrincans, sulfurascens, tenebrescens et umbraticula Nyl. [186]. — rhodophthalma J. Müll. sp. nov. [185]. Lecidea circonftuens Nyl. sp. nov. [117]. — decerpíoria, ericina, glaucomela, lithophilopsis. et subchlorotica Nyi. sp. nov. [184-185]. Leersia oryzoides L., 80. LecranD (A.). Constatation de deux espèces d'Elatine nouvelles pour le plateau central de la France, 149. — Ap- parition de l'Helodea canadensis dans le centre de la France, 182. Légumineuses (Sur la nature et sur la cause de la formation des tubercules qui naissent surles racines des), 93. Lripv. La coloration noire des murailles [235]. Lerrces (H.). Céphalodies des Anthoceros [66]. — Sur l’embryologie des Fou- gères [106]. — Recherches sur les Anthocérotées [181]. Lemna arrhiza L., 79. .. Lemoixe (V.). Atlas des caractères spéci- fiques des plantes de la flore parisienne et de la flore rémoise [232]. Leonurus Cardiaca L., 79. . Lepiota echinata Roth et serena Fr., 49. 253 Leptogium Puiggarii J. Müll. sp. nov. 185 Leptothrix [78]. Lerescue et Levier (E.). Decas plantarum novarum in Hispania collectarum [109]. Lettres de MM. l'abbé L. Chevallier, Drake del Castillo, Hasskarl, Lamoite, Malinvaud, le Ministre de l'Agriculture, le Ministre de l'Instruction publique, Poisson, Ramond, voy. ces noms. LEUDUGER-FORTMOREL (G.). Catalogue des Diatomées de l'ile Ceylan [150]. Levier (E.). Les Tulipes de Floreuce et le Darwinisme [148]. — Voy. Leresche. Lewis (T.-R.). Sur les organismes micros- copiques trouvés dans le sang de l'homme et des animaux [77]. Lichens [54] [97-98] [117] [119] (123] [170] [184-186]. : Ligustrum [103]. — brachystachyum, Calleryanum, ceylanicum, | confusum, Cumingianum, insulare, kumaonense, mellosum, Myrsinites, obovatum, thibe- ticum, Tschonoskii, Uva-ursi ei Wal- kerí Dcne sp. nov. [104]. Liliacées [16]. Lilium tigrinum Gawl. flore pleno [47]. Linaria Elatine (Monstruosité du), 107. — faucicola et filicaulis [109]. — Gan- gitis Duv.-J. sp. nov. [41]. — origani- folia DC., 62. Lindsaya crispa et jamesonioides Bak. sp. nov. [59-60]. Linosyris vulgaris Cass., 77. Linum corymbulosum Reich. et suffrutzco- sum L., 76. Liste des plantes récoltées dans l'herbori- sation faite par la Société au bois de la Condamine (Cantal) xiv. — de quel- ques plantes rares ou intéressantes ob- servées dans le Cantal, xv. — des ` plantes recueillies au Lioran en 1865, 1869 et 1877, pendant quatre journées d'herborisation, xvii. — des plantes récoltées dans F'herborisation faite par la Société au ravin de la Croix, au Puy de Griou et au bois de Vacivières, Lxi. Loew (Em.). Noms de plantes en araméen [202]. Lorentz (P.-G.). Voy. P. Ascherson, Luca (S. de). Recherches chimiques ten- dant à démontrer la production de l'al- cool dans les feuilles, les fleurs et les fruits de certaines plantes [51]. Lychnis [49]. — diurna Sibth., 76, Lycoperdon |85]. Lygodium [87]. 254 Lvxcu (R.-1.). Sur la structure et la ger- mination du Pachira aquatica [234]. M Maccnran (L.). Expériences sur l'émission de l'acide carbonique par les racines [158]. MaëxiN (A.). Les Bactéries [75]. Macxus (P.). Sur trois nouveaux Cham- pignons [118]. MALBRANCHE. De l'espèce dans le genre Rubus, et en particulier dans le type R. rusticanus Merc., 117. — Les Lichens des murs d’argile dans l’arron- dissement de Bernay (Eure) [54]. MaLinvAUD (E.). Observations sur une liste de quelques Menthes nouvelles ou peu connues, 256. — Sur le Rupinia pyre- naica Ch. Speg. et Roumeg., 322. — Lettre, 36. — Obs., 8, 91, 416, 196, 238, 295, 341. — Matériaux pour Phistoire des Menthes; révision des Menthes de l’herbier de Lejeune [232]. MaLvzziN (J.-E.). Aperçu sur l'histoire de la botanique dans le Cantal, xxii. — Liste des plantes récoltées dans Ther- borisation faite par la Société au ravin de la Croix, au puy de Griou et au bois de Vacivières (Cantal), LXI. Mamers (Sarthe) (Aperçu bryologique sur les environs de), xx. Marasmius fœtidus Sow,, 929. MarCHAL (E.). Révision des Hédéracées américaines [40]. MarCHAND (L.). Monstruosité du Linaria Elatine, 107. — Note sur la phyco- colle ou gélatine végétale produite par les Algues, 287. — Sur une Nos- tochinée parasite, 336. — Des herbo- risations cryptogamiques [31]. — De l'utilité de l'étude des Cryptogames au point de vue médico-pharmaceutique 132]. — Organisation et nature de Y Hygrocrocis arsenicus [32]. MarCHESETTI (C.). Sur quelques plantes médicinales des Indes orientales [181]. Marës (P.). Sur la flore des iles Baléares, 197. — Obs., 215. Mario (A.). Voy. de Saporta, Mariopteris Zeiller (foss.) [131]. Marrubium Vaillantii Coss. et Germ. (Sur le), 282. Martensella (Coemansia) spiralis (Sur le), 245. ManrixET (J.-B.). L'agriculture au Pérou [14]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. MassaLowco (C.). [187]. Masters (M.-T.). Quelques Cotoneaster [169]. — Passiflora chelidonea [170]. Mastogloia pusillu Grun. sp. nov. [226]. MATHIEU (A.). Note sur les variations de densité des bois de méme espéce, 246. Maximowicz (C.-J.). Adnotationes de Spi- reaceis |132]. — Ad floram Asiæ orientalis cognitionem meliorem frag- menta [138]. Medicago tribuloides. Lam., 76. Mersan. Le développement suivant les sexes [236]. Mélanges, voy. Nouvelles. Melaspidea deviella Nyl. [186]. Mélastomacées [230]. Melilotus alba Desr., 76. Melissa officinalis L., 78. Mellera (Hygrophilées) Le M. Movre nov. gen. [116]. MExIER (Ch.), Falsification de la gelée de groseille du commerce découverte par les Diatomées [66]. Mentha [232]. — (Observations sur une liste de quelques Menthes nouvelles ou peu connues), 256. MENYHARTH. Horipa Borbasit sp. nov. [58]. Menziesia ferruginea Smith, 87. MER (E.). De l'absorption de l'eau par les feuilles des plantes bulbeuses, XLi. — De la répartition de l'amidon dans les rameaux des plantes ligneuses, xLIv. — Obs., 15, 16, 18, 132, 148. Merelius rufus P., 231. Meridion intermedium Smith sp. nov. [62]. Mésocarpées [62]. os vox KLINGGRAFF (C.-J.) Sa mort 239]. bocca pygmæa Becc. sp. nov. [187]. Micrococcus (Observations sur la corrosion des grains d'amidon par un) dans les grains de Blé roses, 187. Miers (J.). Sa mort [190]. MiLLARDET. Des altérations produites par le Phylloxera sur les racines de la Vigne [28]. Ministre (M. le) de l'Agriculture. Lettre, 145.— de l'Instruction publique. Lettre, 37. Mixxs (A.). La microgonidie [97]. MiQvEL. Sur quelques Cryptogames nou- velles, 239. MotLLER (J.). Comptes rendus de l'Ex- position internationale tenue à Paris en 1878, 8° part. [119]. Moisson (H.). Sur les volumes d'oxygène Hepaticologia veneta TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. 955 absorbé etd'acide carbonique émis dans la respiration végétale [431]. Mollisia Aspidii Liq. et aspidiicola Berk., 234. Monstruosités et Anomalies, 18, 407, 413, 189, 210, 215, 226 [47]. — Voy. Du- chartre, Dutailly, Ernst, Hoffmann, Schmankewitsch . Moore (le D"). Sa mort [93]. Moore (S. Le Mancnawp). Mellera, nou- veau genre d'Acauthacées de l'Afrique tropicale [116]. Moore (Th.). Adiantum nouveaux [180]. Moni (A.). Monographie sur la structure histologique des Crassulacées [160]. Morphologie végétale. Voy. Borzi. Mousses, xx, xxx [193] [205]. Mudd (W.). Sa mort [93]. Mukvuxn (C.). Musci Africe orientah-tro- pice Hildebrandtiani [205]. MuzLrzn (le baron F. de). Sur la position systématique dans le genre Donatia [158]. MvukLLER (J.). Notice sur la mature des Lichens [98].— Les Lichens néo-grena- dins et écuadoriens récoltós par M. Ed. André[170]. — Recherches lichénolo- giques [185]. Mi cena sudora Fr., 47. Mycologie, voy. Champignons. ) N NAEGELI (C.). Les Champignons inférieurs dans leurs rapports avec les maladies infectieuses et l'entretien de la santé [ool — Théorie de la fermentation 70]. Naias muricata Del., 56. Narcissus poeticus L., 80. Nasturtium asperum Coss, et pyrenaicum R. Br., 74. NATHORST (A.-G.). Recherches sur la flore fossile de la Suède [81] [82]. — Flore des formations carbonifères de la Scanie [82]. — Du Ginkgo? crenata du grès de Seinstedt prés de Braunschweig [83]. Naucoria pusiola Fr., reducta Fr., siparia Fr., et subglobosa A. S., 51. | Navicula Kutzingiana et parvula Smith sp. nov. [62]. — Schneideri Grun sp. nov. [226]. Nécrologie, 6, 176, 194, 196, 238 [89-93] [144] [190] [239]. ELSON (le major général R.-J.) et DUNCAN. Quelques points sur l’histoire de certaines espèces de Corallinacées [19]. Neottia Nidus-avis Rich., 80. Nepeta Cataria L., 79. Nephrodium firmum, heptaphyllum, ju- glandifolium, Sherringii, tripartitum Bak. et usitatum Jenm. sp. nov. [179]. — nudum Bak. sp. nov. [60]. Nitella intricata Roth, opaca Ag. et tenuissima Kütz,, 84. Nolanea bryophila Roze et Boud, sp. nov., LXXV. — proletaria Fr., 49. Norrin (J.-P.). Flora Karelie onegensis [117]. Nostochinée (Sur une) parasite, 336. Nouvelles [89] [443] [190] [237]. NyrAwpER (W.). Circa Lichenes corsicos adnotationes [184]. — Recherches li- chénologiques [185]. — Addenda nova ad Lichenographiam europæam [186]. 0 Odontia farinacea.P., 234. Odontites lutea L., 78. OEcidium :Ranunculacearum, 248. Œdogoniées [65]. —— Œnothera biennis L., 76. . Ouiver (D.). Flore de l'Afrique tropicale 17]. PR [230]. Omphalia detrusa Fr., sphagnicolt Berk. , umbratilis Fr. -et ventosa Fr., 47. Opegrapha maroccana .J. Müll. sp. nov. [185]. Ophrys muscifera Huds., 79. Orchidées [4138] [447] [483]. — (Sur un détail de la structure de l'enveloppe des racines aériennes des), 275. Orchis alata Fleury, odoratissima Ls, pyramidalis L. et purpurea Huds., 79. Oreopanax confusum, costaricense, divul- sum, flaccidum, geminatum, ilicifolium, Liebmanni, QErstedianum, :platyphyl- lum et Seemanntanum E. Marchal sp. nov. [41]. Organes floraux (Sur le rôle attribué à la disposition des) par rapport à la visite des insectes, 68. — (Sur la structure de quelques appendices des), 177. — (Sur la présence de la matière verte dans les) actuellement soustraits à l'in- fluence de la lumière, 249. Ornithopus compressus L., 76. Orobanche [240]. Oscillaires [63]. Osmunda regalis L., 81. Oxalis corniculata L,, 46. — microphylla Prog. sp. nov. [42]. 256 P Pachira aquatica. [234]. Palmella cruenta [438]. Palmiers [235]. Pandanacées [147]. Pannaria triptophylliza Nyl. [186]. Papaver (hybrides) [41]. — Lecoqii Lamot. et micranthum Bor., 74. Paris (Sur quelques Cryptogames des en- virons de), 248. — (Flore de), voy. Lemoine. Parmelia microsticta J. Müll. sp. nov. [185]. ' Parnassia palustris L., 75. PASQUALE (G.-A.). Notices botaniques sur les provinces méridionales d’Italie[166]. Passiflora chelidonea Mast. sp. nov. [170]. Patellaria Bruniana, gompholoma et inter- cedens J. Müll. sp. nov. [185]. Pavonia hastata [244]. Peck (Ch.-H.). Les espèces de Lycoperdon qui croissent aux Etats-Unis [85]. Peltigera aphthosa Hoffm. [100]. Petit (P.). Spirogyra lutetiana sp. nov. [63]. — De l'endochrome des Diatomées [225]. Peucedanum Cervaria Lap., 77. PEYRITSCH (J.). Aroidee Maximilianæ [221]. Peziza arvernensis et Howsei Roze et Boud. Sp. nov., LXXV, LXXVI. — syrjensts Karst. sp. nov. [118]. Prirzer (E.). Sur les procédés d'imprégna- tion chez les Orchidées [147]. Phacidium Ranunculi besm. et simulatum Berk. et Br.; 236. Phalangium Liliago Schreb., 80. Phalaris arundinacea, 56. . Phanérogames [183] [200][206].— (Quel- ques observations sur les relations entre la distribution des) etla nature chimique du sol, 338. Phialea amenti Batsch, Calopus Fr., echi- nophila Bull. et pineti Batsch, 234. PuiPsox (T.-L.). Sur la matière colorante du Pairnella cruenta [138]. Pholiota caperata P., tuberculosa Schaf. et unicolor Fl. dan., 49, 50. Phycocolle (Sur la) ou gélatine végétale produite par les Algues, 287. Phycomycètes-Oosporées [118]. Phyllusiphon Arisari Kühn sp. nov, [219]. Phymatosphæra Passer. (Sur le genre), 180. Phytolacca decandra L., 79. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. PiccoNE (A.). Florule algologique de la Sardaigne [121]. PiCKERIKG (Ch.). Histoire chronologique des plantes [224]. Pilosella [38]. — junciformis Arv.-Touv. sp. nov. [39]. Pimpinella magna L., [109]. Pinguicula lusitanica L., 79. Pinus (Sur les stations du Pin silvestre), 137. PinorTA (R.) et Riposi (G.). Etudes sur le lait [460]. Pistillaria culmigena Fr., 233. Piraa (A.). Recherches sur l'influence qu'exercela force d'impulsion développée dans les organes caulinaires dans les cas de pleurs des plantes [12]. Placodium tenuatum Nyl. [186]. PLANCHON (G.). Sur la structure des écorces et des bois de Strychnos [214]. Plantago lanceolata L., 240. — villifera, Franch. et Sav. sp. nov., 87. Plasmodiophora Brassicæ Woron. sp. nov. [35]. Platycerium [87]. Pleurotus chioneus P., geogenius DC. ? et porrigens P., 47, 48. Pluteus ephebeus Fr., 48. PoEgTscH (J.-S.). Nouveaux Champignons d'Autriche [180]. Poils (Sur un caractère d'adaptation des) dans les plantes, 330. Poissox (J.). Sur un caractère d’adaptation des poils dans les plantes, 330. — Lettre sur M. B. de Brutelette, 6. Polygala areguensis, australis, holiviensis conferta, Darwiniana, Gayi, insularis, leucantha, nemoralis, paraguayensis, Pearcei, persistens, peruviana, Salvi- niana et Spruceana Bennett sp. nov. [83-84]. — calcarea Schultz et de- pressa Wend., 75. — pisaurensis Cale- desi sp. nov. [162]. . Polypodium | alsophiloides, (Dictyopteris) deparioides, Gordoni, heterotrichum, Hornei et (Phymatodes) vitiense Bak. sp. nov. (179].— Burbidgei, holophy. lum, Leysii, minimum, oxyodon, steno pteris, streptophyllum et taxodioides Bak. sp. nov. [60]. — calvatum et can toniense Bak. sp. nov. [180]. Polypogon maritimus Willd., 80. Polyporus |115]. — (Quelques observa- tions sur la sécrétion d'un), 324. — chioneus, purpureus, rhodellus, Spongia et vulpinus Fr., 230. 77. — süfolia TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Polystichum Thelypteris Roth, 84. Potamogeton heterophyllus Schreb. et tri- choides Cham., 79. Potentilla ancistrifolia Bunge, 84. PrantL. De la disposition des cellules dans les prothalles des Fougéres [107]. PRAzMOWSKI (A.). Développement de quel- ques Bactéries et leur action comme ferment |76]. PmiLLEUX (Ed.). Discours, 5, — Corro- sion de grains de Blé colorés en rose par des Bactéries, 31. — Sur- la nature et sur la cause de la fermentation des tubercules qui naissent sur les racines des Légumineuses, 98. — Observations sur la corrosion des grains d'amidon par un Micrococcus dans les grains de Blé roses, 187. — Sur l'allongement au jour et à l'ebscurité des racinesnégativement héliotropes de l'Hartwegia comosa, 240. — Sur un détail de la structure de l'enveloppe des racines aériennes des Orchidées, 275. — L'anthracnose de la Vigne observée daus le centre de la France, 308. — Obs., 96, 117, 242, 215, 255, 274, 299, 341. — Sur la coloration et le -mode d'altération des grains de Blé roses [216]. Primula [A8]. — elatior [56]. Psalliota campestris var. villatica Brond., 52. Psathyra ammophila Mont. et bifrons Berk., 52. Psathyrella prona Fr., 52. Pteridella (Fougères) Mett. [223]. Pteris commutata et similis Kuhn sp. nov. [223]. — Treacheriana Bak. sp. nov. [60]. — vitiensis Bak. sp. nov. [179]. Pterotheca nemausensis Cass., 78. Plychella ochracea Roze et Boud. sp. nov., LXXIV. Punica Granatum L. (Note sur des fleurs monstrueuses de Grenadier), 215. nov. gen. Q Quaqua Hottentorum N.-E. Brown sp. nov, [58]. | Quebrachia (Térébinthacées) Griseb. nov. gen. [102]. Qué&rEr (L.). Diagnoses nouvelles de quel- ques especes critiques de Champignons, 45, 228. Questier (l'abbé). Sa mort, 238 [90]. T. XXVI. 257 R Racines (Sur une maladie des Pommiers causée par la fermentation de leurs), 326. ' Ramalina græea-et tenella J. Müll. -sp. nov. [185]. Rameaux (De la répartition de l'amidon dans les) des plantes ligneuses, xu. RAMES (J.-B.). Généralités sur certaines relations de la flere du Cantal avec la topographie et.la géologie /de ce dépar- tement, 1x. — Rapport sur l'excur- sion faite parla Société au Lioran et au Plomb du Cantal, Lv. — Rapport sur l’excursion paléontologique faite par la Société au gisement de feuilles fossiles des cinérites du Pas de la Mougudo, au- dessus de Vic-sur-Cére, LXVII. RAwowp (A.). Sur la végétation de la Norvége, 9. — Rapport sur la sitnation financière de la Société à la fin de 4878, 199. — Lettre, 117. Ranunculus divaricatus Schranck, grami- neus L., hederaceus L. et tripartitus DC., 73. Raphanus, 240. Rapport sur la situation financière de la Société à la fin de 1878, 199. — sur l'excursion paléontologique faite par la Société au gisement des ‘feuilles fossiles des cinérites du Pas de la Mougudo, au- dessus de Vic-sur-Cére (Cantal), LXVII. — sur une visite faite à l'herbier de M. Jordan de Puyfol, .à Courbelimagne, Lxxxu. — sur une visite faite au parc de M. Bonnefons, à Aurillac, LXXXIII. RaruAY (E.). Communication préalable sur le Cladosporium Rósleri Catt. et sur le Charbon noir de la Vigne [30]. RAUWENHOFF (N.-W.-P.\. Quelques mots sur les premiers phénomènes de la germi- nation des spores des Cryptogames [107]. Récuin (l'abbé). Aperçu bryologique sur les environs de Mamers (Sarthe), xx. — Rapport sur une excursion bryologique au Lioran (Cantal), LXXIX, Reichenbach père. Sa mort [91]. Rensen (P.-F.). Observations sur les en- tophytes et les plantes parasites [65]. Remerciments à M. Vendryés, 37. — à ` M. le Ministre de l'Agriculture, 146. — à M. Ramond, 202. — à M. le Ministre de l'Instruction publique et à M. Pomel, 296. — à M. Prillieux, 354. — à la municipalité d'Aurillac et à MM. Rames et Malvezin, XL. 11 258 RENAULT (B.). Structure comparée de quel- ques tiges de la flore carbonifère [227]. Rhamnus Alaternus L., 76. — picenensis Duv.-J. sp. nov. [41]. Rhaphoneis australis Smith sp. nov. [62]. Rhizopogon rubescens T., 233. Rhizosolenia eriensis Smith sp. nov. [62]. Rhododendron (Sur une station remar- quable du) prés du bourg de Saint- Laurent du Pont (Isère), 299. Rhytisma acerinum [37]. RiBoni (G.). Voy. Pirotta. RicuTER a découvert les Adenostyles pyre- naica Lge, Cirsium filipendulum Lge et Armeria canlabrica Boiss. et Reut., à Saint-Jean Pied-de-Port (Basses-Pyré- nées), 308. Rinodina minutula, Romanea et Schwein- furthii J. Müll. sp. nov. [185]. Ripart (Notice biographique sur le D") 62. Rivière (G.). Essai sur la nature des vrilles en particulier et sur la disposition des organes appendiculaires de la Vigne en général, 92. Robbins (J.-W.). Sa mort [91]. RoDRIGUES (J.-B.). Enumeratio Palmarum novarum [235]. RopnicuEz (J.-J.). Excursion botanique au pic de Torrella (ile de Majorque) [57]. Roripa Borbasii Menyh. sp. nov. [58]. Rosa Fortunei (Sur un cas de tératologie observé sur. des rameaux de), viu. Roschera (Algues) Sond. nov. gen. [222]. Rorarock (J.-T.). Rapport sur une excur- sion botanique au 100* parallèle [146]. RouwEGUERE (C.). Nouveaux Agarics ob- servés dans le département de Tarn-et- Garonne [237]. Rousseau (M^* M.). Voy. Bommer. Roze (E.). Rapport sur la visite faite par la Société à l'herbier de M. Jordan de Puyfol, à Courbelimagne (Cantal), LXXXII. — Obs., 44. — et Boupixn (E.). Contribution à l'étude mycologique de l'Auvergne, LXXIV. Rubia tinctorum L., 77. Rubiacées (Maladie causée dans les serres chaudes par une anguillule qui attaque les), 142. Rubus [206].— (De l'espéce dans le genre) et en particulier dans le type R. rusti- canus Merc., 117, — discolor W. et N. et rusticanus Merc., 124. Rupinia pyrenaica Ch. Speg. et Roumeg., 322. Ruta bracteosa DC., 61. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rutstramia gracilipes Karsten sp. nov. [1418]. S Saccardo (P.-A.). Sur la diffusion des li- quides colorés dans les fleurs [120]. — Sur les causes déterminant la sexualité du Chanvre [459]. SADEBECK (R.). Le développement de l'em- bryon des Equisétacées [86]. SADLER (J.). Notice sur une nouvelle espèce d'Agaric [115]. Sacor (P.). Observations relatives à l'in- fluence de l'état hygrométrique de l'air sur la végétation, 57. — Note sur le dimorphisme du fruit du Jubelina ri- paria, 113. — Obs., 213. Saint-Jean Pied-de-Port (Basses-Pyrénées) (Les Adenostyles pyrenaica Lge, Cirsium filipendulum Lge et Armeria cantabrica Boiss. et Reut. découverts à), 308. SaINT-LAGEr. Rapport sur l'herborisation faite par la Société au col de Cabre, à Peyre-Arse, à la brèche de Roland et au puy Mary (Cantal), Lxi. SAiNT-MaRTIN (Ch. de). Membre à vie, 176. Salir (Sur un Saule nouveau découvert aux environs de Genève), 341. — Ra- pini Ayasse sp. nov., 341. Salvinia natans |186]. Sanguinaires (Liste de quelques plantes récoltées aux iles), 84. Saponaria officinalis L., 76. SaPonTA (le comte G. de). Essai descriptif sur les plantes fossiles des arkoses de Brives, prés le Puy en Velay [79]. — et Marion. Révision de la flore Heer- sienne de Gelinden [79]. Saunders (W.). Sa mort [190]. SAVATIER (L.). Voy. Franchet. Saxifraga hieracifolia Waldst. et Kil. dé- couvert dans le Cantal, 94. Scapania geniculata Massal. sp.nov. [187]. Schimper (W.). Sa mort [91]. Schinzia cypericola Magnus sp. nov. [118]. Schizéacées [87 ]. Schizocodon [157]. — ilicifolius Max. ct soldanelloides Sieb. et Zucc. [158]. Schizomycètes [71]. Schizonema caspium Grun. sp. nov. [226]. SCHLAGINTWEIT-SAKULUNSKI (H. de). Les nouvelles Composées de l'herbier Schla- gintweit [147]. SCHMANKEWITCH(W.). Sur certaines anoma- lies observées dans le développement des organismes inférieurs [68]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Scamirz (Fr.). Halosphera, nouveau genre d'Algues vertes [65]. — Sur une Algue verte du golfe d'Athenes [220]. ScuwETZLER (J.-B.). Sur la présence du tannin dans les cellules végétales [85]. SCHROEDER (J.). Recherches de chimie fo- restière et de physiologie végétale [58]. SCHULZER VON MUEGGENBURG (S.). Recher- ches mycologiques ; 3° part. [163]. Sciadophyllum Belangeri et Karstenianum E. Marchal sp. nov. [41]. Scirpus pungens Roth et silvaticus L., 80. Scleranthus uncinatus Schur [105]. Scolopendrium vulgare [106]. Scorzonera hirsuta et hispanica L., 78. Scrofularia kakudensis Franch. et Sav. sp. nov., 87. Sedum reflexum L., 76. Serapias cordigera et Lingua L., 79. Seseli coloratum Ehrh., 77. Session extraordinaire (Fixation de la), 92. — à Aurillac en 1879, rixxxiv. — (Membres qui ont assisté à la), 1. — (Autres personnes qui ont pris part à la), 1. — (Séances de la), 1, xiv. — (Bureau de la), v. — (Programme de la), vu. — (Herborisations de la), voy. Herborisations, Setaria glauca P. de Beauv., 80. SEvwEs (J. de). Sur le genre Phymato- sphæra Passer., 180. — Obs.,8, 33, 68, 181. — Sur l'apparence amyloide de la cellulose chez les Champignons [126]. Shortia [157]. — antiquior, galacifolia Torr. et Gray et uniflora Max. [157]. Silaus virescens (Fæniculum virescens Benth. et Rochelii de Jka) [180]. Siracusa (F.-P.-C.). La chlorophylle[210]. — L'anesthésie dans le Règne végétal [210]. Sura (H.-L.). Description de nouvelles espéces de Diatomées [62]. Smita (J.). Les plantes de la Bible [189]. Smyrnium Olusatrum L., 77. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Composition du Bureau pour 1880, 351. — Statuts et règlement administratif, i- xj.— Situa- tion financière à la fin de 1878, 199. — Procès-verbal de vérification des comptes du trésorier, 228. Solanum ochroleucum Bast., 78. SoLLA (F.). Recherches sur la constitution physique et chimique de la substance intercellulaire [182]. . SoLms-LauBÂcu (H. de). Monographia Pan- danacearum |147]. SowpER (W.). Voy. P. Ascherson. 259 Spach (Ed.). Sa mort, 194 [89]. — No- tice biographique, 194. Sparganium minimum Bauh., 79, — sim- plex Huds., 88. Spenceria (Rosacées) Trim. nov. gen. [61]. Spiranthes æstivalis Rich., 80. Spiréacées (Rosacées) [132]. Spirillum [73]. — amyliferum Van Tic- ghem sp. nov. (Développement du), 65. Spirogyra lutetiana P. Petit sp. nov. [63]. Stank (E.). De l'influence de la lumière sur les phénoménes de mouvement des zoospores [67]. — Sur l'état de repos du Vaucheria geminata [220]. — Srapr (0.). De l'influence que la modifi- cation des conditions de vie exerce sur la conformation des organes des plantes [163]. Statice Legrandi Gaut. et T.-L. sp. nov. [229]. SrEPHEN-WiLsoN (A.). La botanique de trois témoignages historiques : le « songe de Pharaon », la « parabole du semeur » et la « mesure du roi » [172]. Stereocaulon microcarpum J. Müll, sp. nov. [185]. Stereum corrugatum et ochroleucum Fr., 231, 232. Sternbergia ætnensis Guss. [109]. Sticla coronata J. Müll. sp. nov. [185]. Stictina Heppiana J. Müll. sp. nov. [185]. Stigmatidium polymorphum J. Müll. sp. nov. [185]. Stipules (Des) considérées au point de vue morphologique, 151. — (Indépendance, développement, anomalies des), 189. Srorur (A.). De la présence de la chlo- rophylle dans l’épiderme des feuilles des Phanérogames [183 J.. SrRAsBURGER (E.). Effets de la lumière et de la chaleur sur les zoospores [68]. — Sur la polyembryonie [84]. — Les An- giospermes et les Gymnospermes [197]. Strychnées [213]. Strychnos [214]. , Sucres (Recherches sur les) des végétaux, 208. Syringa [103]. — rotundifolia Dcne sp. nov. [404]. T Taillefer. Sa mort, 6. 0. Tapezia domestica Sow. et Prunt avium P., 235. adi Telephora pannosa Sow., . Tératologie végétale. Voy. Doümet-Adar- son, Godron. 260 Teucrium Haluesyanum Held. sp. nov. [119]. Thalictrum nigricans DC. et Savatieri Foucaud, 73. TucEMEN (F. de). Les Champignons de la Vigne, 29. — Hyphomytetes nonnulli novi americani [43]. — Recherches sur la flore mycologique de Sibérie [162]. — Symbole ad floram mycologicam austriacam |182]. TiMBAL-LaGrAve (Ed.). Voy. Gautier, Jean- bérnat. Tolpis urnbelluta Pers., 78. Toxopteris (Fougères) Trev. nov. gen. [25]. TnaB9T (L.). Voy. Battandier. Tragopogon porrifolius [435]. Trametes odora Smrft, 230. Trapa quadrispinosa Roxb., 85. Treus(M). Sur la pluralité des noyaux dans certaines cellules végétales [212]. Trevelyan (W.-C.). Sa mort los Trevisan (le comte V. de), Cheilosoria, nouveau genre de Polypodiacées-Pla- tylomées [24]. Tricholoma arcuatum Bull.(cognatum Fr.), inamenum Fr. et oreineum Fr., 45, 46. Trichomanes cultratum Bak. sp. nov.[179]. — Hildebrandtii Kuhn sp. nov. (223]. Trifolium Micheliunum Savi et suffoca- tum L., 76. Trigonella gladiata Stev., 76. TRIMEN (H.). Sur le Spenceria, nouveau genre de Rosacées de la Chine occiden- tale [61]. Tulipa Oculus-solis St-Am., 62. U Uler Gallii Planch. et armoricanus Mab. (Observations sur les), 303. Ulmozylon (foss.) |134]. Urocystis primulicolu Magnus sp. nov. [118]. Usnea straminea J. Müll. sp. nov. [185]. t stilaginée (Urocystis Cepulæ Farlow ) (Maladies nouvelles pour l'Europe, à propos d'une) parasite sur l'Oignon or- dinaire (Allium Cepa), 263. Ustilago Urbani Magnus sp. nov. [118]. Utricularia minor L., 79. | V Varos (E. de). Membre à vie, 255. — Liste des plantes récüelfties au Liorin pendant quatre journéés d'herborisa- tion, xvii. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. VAN TiEGHEM (Ph.). Sur les formations li- béro-ligneuses secondaires des fevilles, 16. — Sur la fermentation de la cellu- lose, 25. — Sur les prétendus cils des Bactéries, 37. — Développement du Spirillum amyliferum sp. nov., 65. — Sur les spores de quelques Bactéries, 141. — Sur une maladie des Pommiers causée par la fermentation alcoolique de leurs racines, 326. — Obs., 33, 43, A^, 68, 140, 181, 189, 284. Vaucheria geminata |220]. Végétation (Sur la) de la Norvége, 9. — (Observations relatives à l'influence de l'état hygrométrique de l'air sur la), 57. — (Nouvelles observations sur la) des plantes arctiques, 346. Végétaux (Sur la distribution des) dans la région moyenne de la presqu'ile scan- dinave, 20..— (Sur la formation des matières colorantes dans les), 268. Ver^ascum nigrum L., 78. Verrucuria conturmatula et viridatula Nyl. [186]. VrsouE (J.). De l'influence de la tempéra- ture du sol sur l'absorption de l'eau par les racines |10]. — L'absorption com- parée directement à la transpiration [11]. — Développement du sac em- bryonnaire [49]. — Nouvelles recher- ches sur le développement du sac em- bryonnaire des Phanérogames angio- spermes [200]. Viavp-Gaawp-Manars (A.). Note sur le Vi- chamaroundou, etc. [139]. Vicia [137]. VizuoriN (H.). Obs., 106, 107, — Cata- logue des végétaux ligneux indigènes et exotiques existant sur le domaine fores- tier des Barres- Vilmorin (Loiret) [25]. Vimonr (préfet du Cantal). Obs., v. Viola esterellensis Chanay sp. nov. [156]. — Foucaudi A. Sav., 76. — scotophylla et subcarnea Jord., 74. — pachyrrhiza, 84. Vitis (L'anthracnose de la Vigne observée dans le centre de la Frauce), 308. — ( Essai sur la nature des vrilles en par- ticulier et sur la disposition des organes appendiculaires de la Vigne en géné- ral), 92. Volvaria media Schum. et speciosa Fr., 48, W WaLpner (M.). Lacunes épidermiques des TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. bractées du Franciscea macrantha Pohl 92]. war vc (Eug.). Symbolæ ad ftoram Bra- siliæ centralis cognoscendam [42]. — Recherches et remarques sur les Cyca- dées [116]. WarsoN (S.) Descriptions de nouvelles espèces de plantes et révision des genres Lychnis, Eriogonum et Chorizanthe [49]. — Index bibliographique de la botani- que nord-américaine [164]. — Contri- butions à la botanique américaine [194]. Weisia (Hymenostomum) órachypaima C. Müll. sp. nov. (205]. WesTERMAIER. Sur le système des faisceaux médullaires des Bégoniacées [195]. WizsNER (J.). Les phénomènes héliotropi- ques dans le Règne végétal [140]. Wiczxomm (M.). Remarques sur quelques plantes critiques d'Espague et des iles Baléares [180]. WiwkLER (A.). L'embryon du Dentaria pinnata Lam. [189]. Wairrrock (V.-B.). Sur la formation de la spore des Mésocarpées [62]. — GEdogo- 261 nieæ americane hucusque cognite quas enumeravit [65]. WoRoxiwE. Le Plasmodiophora Brassice, parasite qui produit la hernie des Choux [35]. Wunrz (Ad.) et Bovcnur (E.). Sur le fer- ment digestif du Carica Papaya |209]. X Xanthium macrocarpum DC., spinosum L. et strumarium. L., 78. Y Yvon (P.). Traité de l'art de formuler [19]. Z ZEILLER (R.). Note sur le genre Mariopteris [131]. Zorr (W.). Sur un nouveau Phycomycète parasite de la division des Oosporées [118]. Zostera marina [152]. N. B. — La Commission du Bulletin a décidé que l'index des noms d'auteurs, qui, dans les tomes précédents, était distinct de la table générale, serait désormais réuni à celle-ci, de mauière à former une série alphabétique unique. FIN DU TOME VINGT-SIXIEME. ERRATA. CowprrEs RENDUS, page 336, ligne 20 : au lieu de au printemps, lisez à l'automne. — page 337, ligne 46 (en remontant) : au lieu de Analena, lisez Ana- bæna. — page 341, ligne 42 (en remontant): au lieu de citrinis, lisez pur- pureis. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, page 187, ligne 19 : au lieu de Masalougou, lisez Massalongo. MM. les auteurs des articles publiés dans le Bulletin sont priés de vouloir bien signaler au Secrétariat de la Société les fautes d'impression qui auraient échappé à la correction des épreuves. AVIS AU RELIEUR. Planches. — La planche I doit prendre place en regard de la page 108 des comptes rendus des séances. — La planche lI, en regard de la page 280. — La planche III, en regard de la page Lxxiv de la session extraordinaire. | Classement du texte. — Comptes rendus des séances 351 pages. — Session extraor- dinaire à Aurillac, 84 pages. — Revue bibliographique, table et errata, 262 pages, PARIS. — IMPRIMERIE ÉMILE MARTINET, RUE MIGNON,2. i H | SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC EN JUILLET 1879. La Société, conformément à la décision qu'elle avait prise dans sa séance du 14 mars dernier, s'est réunie pour sa session annuelle à Aurillac le 21 juillet 1879. Ce méme jour, elle a tenu sa premiére séancepublique. La séance publique de clôture a eu lieu le 29. D'autres séances intimes, con- sacrées exclusivement à des communications ou à des conférences botaniques, ont eu lieu à la suite des herborisations entre les per- sonnes ayant pris part à la session. — Les excursions et les herbo- risations ont eu pour point de départ, soit Aurillac, soit le Lioran, et ont été exécutées conformément au programme. Les membres de la Société qui ont pris part aux travaux de la Session sont : MM. Alanore. MM. Doûmet-Adanson. MM. Meyran. d'Abzac de Ladouze. Drake del Castillo. Perroud. Boudier. Howse. Rames. l'abbé Boullu. Hullé. Roze. Bras. Kralik. Saint-Lager. P. de Carbonnat. M. Lamotte. Sargnon. E. Cosson. Malvezin. Parmi les personnes étrangéres à la Société qui ont assisté aux séances ou pris part aux excursions de la session, nous citerons : MM. VIMONT, préfet du Cantal. —— E BONNEFONS, président du Tribunal civil. ABEL (E.), étudiant en pharmacie. ANDRAUD, juge. T. XXVI. 4 II SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. APcHiN (Jules), directeur de la Caisse d'épargne. BÉAL (l'abbé), professeur. BovvcuEs (F.), libraire-éditeur. Bouyques, (L.), libraire-éditeur. CABANES (Clément), avoué. Fn. CAMILLE. CHAPTAL, conseiller de préfecture. CASSE (Pierre). Comses (Henri), principal du Collège. DgrrFoun (Charles). FALvELLY (Maximin de), juge. FaLvELLY (Philippe de), avocat. FERARY (Achille), publiciste. FEnAnY (Alphonse), artiste. FEsQ, docteur en médecine. FLEYs, docteur en médecine. FossE, conseiller de préfecture. FORTET, avocat. FounNiER (Emile), négociant. GAFFARD, chimiste-manufacturier. GENTET, imprimeur, licencié ès sciences. GiBiAnD (l'abbé), professeur. Lamouroux (Calixte), ingénieur civil. LocnÉ (Stéphane). LoussERT (Ernest), avocat. MALRIEU, étudiant en pharmacie. MATRE, adjoint au maire de Vic-sur-Cére. MATRE (Henry), avoué. MASFRAND, pharmacien. MIRANDE, docteur en droit. MONRAISSE, docteur en médecine. PRUNS (marquis de). SAURY, pharmacien. THIBAL, pharmacien. Séance publique du ?1 juillet 1879. La Société se réunit à Aurillac, dans la grande salle de l'Hôtel de ville, que M. le Maire a bien voulu mettre à sa disposition. M. E. Cosson, vice-président de la Société, occupe le fauteuil; il est assisté de M. Roze, membre du Conseil, et de M. Doùmet- Adanson. M. le Préfet, qui a bien voulu accepter l'invitation qui lui avait SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. II été faite d'assister à la'séance, prend place au Bureau, ainsi que M. Donnefons, président du Tribunal civil. M. le Maire, empéché par son état de santé, fait exprimer le regret qu'il éprouve de ne pouvoir se rendre à l'invitation de la Société et témoigner de l'intérét qu'il prend aux travaux de la session. M. le Président ouvre la séance à une heure de l'après-midi par l'allocution suivante : Mesdames, Messieurs, Je me félicite de célébrer aujourd'hui en Auvergne les noces d'argent de la Société botanique de France, fondée il y a vingt-cinq ans. Par une circonstance toute fortuite, l'inauguration de cette session coincide encore, jour pour jour, avec celle de la premiére session départementale tenue en 1856 à Clermont-Ferrand, sous la présidence du savant et regretté H. Lecoq. Cette double coincidence sera, je l'espére, d'un heureux augure pour notre réunion de cette année. Pour moi, elle me rappelle un autre souvenir moins agréable, l'anniversaire de ma naissance et la soixantaine que j'atteins, et je crains bien de ne pouvoir sans peine gravir jusqu'aux sommets dont l'ascension, en 1856, n’était pour moi qu'un plaisir. Je laisserai aux habiles et savants explorateurs du pays qui vont étre appelés au Bureau le soin de vous exposer les richesses botaniques de la région et de mettre en relief les caractères généraux de sa végétation. Ils vous feront d'importantes communications sur la botanique, sur l'oro- graphie et la géologie de la contrée. Je me bornerai à rappeler que la partie de l'Auvergne que nous allons visiter a d'autant plus d'intérét pour nous, qu'elle forme le nœud de la flore centrale de la France, de méme qu'elle fut jadis celui des derniéres résistances opposées par la Gaule à la conquéte romaine. Le succès de notre session est assuré. Nous aurons pour guides : M. Lamotte, le consciencieux auteur d'un ouvrage justement estimé dans le monde savant sur la Flore du plateau central ; M. Rames, géologue et botaniste distingué, dont la carte et les importants travaux géologiques font autorité dans la science, et qui a pris la plus large part à l'établisse- ment d'un programme joignant à l'intérét scientifique l'attrait d'excursions dans les sites les plus pittoresques de ce beau pays; M. de Carbonnat, dont le dévouement désintéressé vous est si connu et à l'initiative duquel on doit la fondation d'un Jardin botanique municipal affecté à Ia flore de la région ; M. Malvezin, qui consacre les trop rares loisirs que lui laissent des fonctions bien au-dessous de son mérite à d'innombrables excursions sur tous les points de la contrée ; etc. IV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE. Parmi les membres de la Sociélé et les personnes qui veulent bien s'intéresser à nos travaux, je vois avec une vive satisfaction nombre d'hommes distingués et de fidèles collaborateurs de nos sessions, dont le concours viendra en aide au dévouement des botanistes résidents. Les sessions départementales annuelles de la Société botanique ont déjà compris le centre, l'est, l'ouest, le nord et le midi de la France, et la plu- part des massifs montagneux du sol français. Une session a méme été tenue en Belgique et une autre en Corse. Comme auteur de la Flore Atlantique, j'appellerai votre attention, si vous voulez bien le permettre, sur l'intérét scientifique qu'offrirait une session en Algérie. Le succés de la session de Corse a surabondamment prouvé que les botanistes savent faire passer l'amour des plantes avant la crainte du mal de mer; aussi une traversée de quelques heures en bateau à vapeur ne saurait-elle étre une objection. Les lignes de chemins de fer récemment ouverles nous permettraient d'aborder ou de parcourir sans fatigue les régions beta- niques, si nettement caractérisées, que présente l'Algérie et dont, dans une autre enceinte, j'ai récemment résumé les caractéres généraux. Des herborisations à Biskra nous mettraient à méme en quelques jours de faire des récoltes qui comprendraient presque toutes les espèces de la flore du Sahara algérien; Batna, Sétif, etc., nous offriraient aussi l'en- semble presque complet dela flore des Hauts-Plateaux. Le djebel Tougour près Batna, la montagne des Beni Salah prés Blidah, donneraient une idée trés suffisante de la flore de la région montagneuse. Les environs de Philippeville, de Constantine, d'Alger, et ceux d'Oran, présenteraient la plupart des plantes de la région méditerranéenne. Il n'est pas dou- teux qu'uue session en Algérie aménerait des découvertes intéressantes et enrichirait la Flore de documents importants au point de vue de la géographie botanique. Je termine et je m'acquitte du dernier devoir de ma présidence provi- soire en invitant MM. les membres du Bureau définitif à vouloir bien nous remplacer au bureau. Et, à cette occasion, j'ai la salisfaction de pouvoir vous annoncer que les nouveaux élus ont été, dans la séance préparatoire de ce matin, nommés à l'unanimité et comme par acclamation. Ce sont: M. Lamotte, président; MM. Rames, Bras, Saint-Lager, l'abbé Boullu, de Carbonnat, vice-présidents; MM. Doümet-Adanson, Howse, Malvezin et Meyran, secrétaires, Les services rendus à la science ou à la Société botanique par ces hommes distingués sont, je me plais à le répéter, un sûr garant de la bonne direction qu'ils sauront imprimer à nos explorations botaniques et aux autres travaux de la session. SESSION EXTRAORDINAIRE À AURILLAC, JUILLET 1879. Y M. le Préfet du Cantal prend alors la parole pour souhaiter la bienvenue à la Société dans le département. Lecture est ensuite donnée du chapitre du Réglement relatif aux Sessions extraordinaires, et le Bureau spécial de la session, confor- mément à l'art. 11 des Statuts, est constitué ainsi qu'il suit : Président : M. Martial LAwoTTE, professeur à l'École de médecine de Clermont- l'errand. Vice-présidents : MM. Bovrrv (l'abbé), de Lyon. Dnas, docteur en médecine, de Villefranche-de-Rouergue. CARBONNAT (P. de), licencié ès sciences, d'Aurillac. RAMES, pharmacien à Aurillac. SAINT-LAGER, docteur en médecine à Lyon. Secrétaires : MM. DovwET-ApANsoN, président de la Société d'histoire naturelle de l'Hérault, à Cette. Howse, de Londres. MALvEZzIN, attaché à la Compagnie du chemin de fer d'Orléans, à Aurillac. Meyran (Octave), de Lyon. M. Cosson ayant procédé immédiatement à l'installation. du Bureau spécial, M. Lamotte, président dela session, prend la parole en ces termes : Messieurs, Je suis profondément touché et je vous remercie bien vivement de l'honneur que vous me faites en m'appelant à la présidence de cette Session. Ce n'est pas sans une vive émotion que je prends place à ce fau- teuil, que d'autres plus dignes que moi auraient occupé avec plus de dis- tinction; mais je compte sur votre bienveillance pour excuser mon inexpérience et rendre ma tâche facile. u u C'est la seconde fois, Messieurs, que, depuis sa création, la Société bota- nique de France tient ses assises en Auvergne. Un an aprés sa fondation, le 10 août 1855, elle faisait à Paris l'essai de ces réunions extraordinaires ; mais c'est à Clermont et dans le groupe du mont Dore qu eut lieu, le 21 juillet 1856 (singulière coincidence de date), la véritable inaugura- lion de ses sessions départementales, sessions qui contribuent si puissam- ment à la prospérité de notre Société. VI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Eu vous parlant, Messieurs, de cette premiére réunion en Auvergne, je ne puis omettre de vous rappeler qu'elle était présidée par un savant des plus distingués, que ‘regrettent tous ceux qui l'ont connu, par mon maitre et ami H. Lecoq, dont l'amabilité, l'entrain, la verve intarissable, contribuérent puissamment à rendre cette session si intéressante. Je dois également un souvenir à notre ancien secrétaire général, qui était alors aussi parmi nous, au bon et sympathique de Schœnefeld, si dévoué à la Société, qu'ont aimé et que n'oublieront jamais tous ceux qui ont été en relations avec lui, c'est-à-dire tous les botanistes de France et la plupart de ceux des autres régions de l'Europe. Si vous n'avez plus aujourd'hui le maitre et son immense savoir pour vous guider, l'éléve du moins met à votre disposition sa bonne volonté et les connaissances qu'il posséde sur la flore de la belle et riche contrée que vous allez parcourir. Vous aurez pour guides dans vos excursions, notre savant collégue, M. Rames, qui a étudié pas à pas tout le massif du Cantal et dont les consciencieux travaux ne laissent plus un seul point obscur sur la géologie de ce beau pays, et M. Malvezin qui, malgré des occupations incessantes et ne lui accordant que trop peu de loisirs, a pu explorer bien des ocalités ignorées et enrichir la flore du Cantal de nombreuses décou- vertes. Je voudrais vous signaler ici toutes les plantes intéressantes ou criti- ques que vous pourrez récolter dans vos excursions ; mais, d'une part, la liste en serait longue, et, d'autre part, il vaut mieux laisser au hasard et à l'imprévu tout leur charme: ‘Je crois cependant devoir vous donner les noms des plantes nouvelle- ment découvertes dans le Cantal par deux zélés botanistes, les fréres Héribaud et Gatien, que je regrette vivement de ne pas voir ici; ce sont : Asplenium viride Huds., Tozzia alpina L., Veronica urticefolia L. f., Saxifraga androsacea L., S. oppositifolia L., et une rarissime espèce, non seulement nouvelle pour l'Auvergne, mais aussi pour la France, le Saxifraga hieracifolia W. et K. des Carpathes. Je signalerai en outre le Crepis lampsenoides Fro. et le Senecio brachychætes DC., encore deux espèces, qu'il faut ajouter à bien d'autres, qui, des cimes élevées des Pyrénées, sont venues fonder des colonies dans les montagnes du Cantal. M. le Président soumet alors à l'approbation dela Société le projet de programme de la session préparé par la Commission qui en avait été régulièrement chargée, Ce pr ojet est arrété ainsi qu'il suit : SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. vi Luwp: 21 j6rLLET. — Séance publique d'ouverture dans la grande salle de la Mairie, à une heure de l'aprés-midi. Herborisation au Bois de lä Condamine. Rendez-vous au square à trois heures trés précises de l'aprés-midi. Manpr 22 JuiLLET. — Herborisation au Lioran : col de Sagne ; pentes du Plomb du Cantal; ascension du Plomb du Cantal (altit. 1858 métr.); erétes et sommets voisins du Plomb; marais de Pra-de-Bouc (alti- tude, 1401 mètres). | Rendez-vous à la gare, à quatre heures et demie dü matin pour le départ du train de quatre heures cinquante-cinq minutes, à destination de la station du Lioran. MercREDI 93 JUILLET. — Préparation des plantes, — Herbôrisation dans l'aprés-midi à la Table basaltique de Carlat. Rendez-vous à midi précis au square. JEUDI 24 JUILLET. — Hérborisation au Ravin de la Grois (localité classique); ascension du Puy de Bataillouze (altitude 1686 mètres) et du Puy de Griou (1694 mètres); Girque de Font-Allagnon ; Font-de- Cère. Rendez-vous à là gare à quatre heures et demie du matin pour le départ du train de quatre heures cinquante-cinq, à destination de la station du Lioran. VENDREDI 95 JurL.LET. = Préparation des plantes. =: Herborisation aux environs d' Aurillac. ' Rendez-vous à une heure précise au square. | SAMEDI 26 JUILLET. —— Herborisation au Col de Cabre (1539 mètres) et à la Bréche de Roland ; ascensión du Puy Mary (1789 mètres). Rendéz-vous à la gare à quatre heures et demie du matin pour le départ du train de quatre heures cinquante-cinq, à destination de la station du Lioran. DIMANCHE 27 JUILLET, — Séance publique dans la grande salle de la Mairie, à neuf heures précises du matin. | l Dans après-midi, excursion paléontologique au gisement de fenilles fossiles des Cinérites du Pas de la Mougudo, au-dessus de Vic-sur-Cére. Rendez-vous à la gare à une heure pour le départ du train de une heure vingt-cinq minutes, à destination de la station de Vic-sur-Cère. -~ Diner à Vic-sur-Cére et retour à Aurillac par le train qui part de Vic à neuf heures quarante-deux minutes dù soir. Lunvr 28 jumLET. — Herborisation au pied du plateau central (250 mètres) et aux Buttes calcaires de Saint-Santin (400 mètres) et de Mont- murat. | | Rendez-vous à la gare à cinq heures du matin pour le départ du train de cinq heures vingt minutes, à destination de Bagnac. — Diner à Maurs, VIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et retour à Aurillac par le train partant de Maurs à huit heures quarante- six minutes du soir. Manor 29 JUILLET. — Visite à l'Herbier de M. Jordan de Puyfol, à Courbelimagne, commune de Raulhac. M. Doümet-Adanson met sous les yeux des assistants des échan- tillons de Rosa Fortunei qui présentent un cas fort curieux de tératologie végétale, et fait à la Société la communication suivante : SUR UN CAS DE TÉRATOLOGIE OBSERVÉ SUR DES RAMEAUX DE ROSA FORTUNEI, par M. DOUMET-A DANSON. Au mois de juin 1879, j'observai à Cette, dans le jardin d'un de mes amis, sur un pied de Rosier grimpant appartenant à l'espéce connue des horticulteurs sous le nom de Banks de Chine (Rosa Fortunei), une ano- malie de végétation qu'il me parait intéressant de signaler aux botanistes. On sait que normalement cette espéce de Rosier produit des fleurs qui naissent au nombre de une à quatre ou cinq à l'extrémité des rameaux secondaires qui croissent sur les longues pousses de l'année précédente. Ceux de ces bourgeons qui ne sont pas floriféres se développent eux- mêmes en longs rameaux portant à l'aisselle de chaque feuille un œil d’où naîtra également au printemps suivant un bourgeon florifére. Les rameaux que j'ai l'honneur de présenter ont cela de particulier, que, développés à la façon des longues pousses non floriféres, ils portent à certains de leurs nœuds, non seulement des feuilles, mais encore de vrais pétales ayant l'apparence et la couleur de ceux de la corolle des fleurs doubles blanches, qui font de cette espéce un des arbustes les plus élégants de nos jardins; en un mot, le prolongement de chacun de ces rameaux semble avoir passé à travers une fleur. Le pied de Rosier sur lequel j'ai cueilli les échantillons que je présente en portait plusieurs autres différant entre eux seulement par un nombre de pétales plus ou moins grand et par le plus ou moins de développe- ment de ceux-ci. En examinant chacune deces pseudo-fleurs, on distingue les parties suivantes : des pétales blanes toutà fait normaux, des pétales mal dévelop- pés ou mal conformés, portant des traces de chlorophylle dans certaines parties; des sépales beaucoup plus développés dans le calice des fleurs normales; enfin de véritables feuilles. Les organes sexuels manquent, ainsi que l'ovaire ; de plus, le long du prolongement de ]a tige, certaines des feuilles les plus rapprochées de SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. IX cette pseudo-fleur sont mal développées, sont munies d'un pétiole élargi et présentent un aspect pétaloide ou sépaloide. Doit-on voir dans cette anomalie une transformation incompléte des feuilles en fleurs, ou au contraire un retour de la fleur à la forme foliaire avec prolongement du rameau? Cette derniére hypothése s'appuierait sur la présence de sépales rede- venus presque des feuilles par leur développement, par celle de pétales normalement constitués, et par la transformation des étamines en organes pétaloides comme dans le cas de duplicature ; en outre, les feuilles à aspect sépaloide, placées un peu plus haut sur le prolongement du rameau, seraient l'effet d'un entrainement de quelques-unes des parties de la fleur transformée. La caducité de ces organes, plus grande et plus précoce que celle des vraies feuilles, viendrait encore appuyer cette hypothése, qui ferait de ce cas tératologique une sorte de chloranthie imparfaite, compliquée du prolongement de l'axe du rameau. Quant à la cause qui a pu déterminer la production de cette anomalie, je crois qu'on peut la trouver dans une trop grande vigueur de l'arbuste et un refoulement de la sève occasionné par l'amputation d'une partie des rameaux, car, malgré un examen minutieux, il m'a été impossible de découvrir aucune trace de piqüre d'insecte, ni aucun vestige de parasite cryptogame. M. Rames fait ensuite à la Société la communication suivante : GÉNÉRALITÉS SUR CERTAINES RELATIONS DE LA FLORE DU CANTAL AVEC LA TOPOGRAPHIE ET LA GÉOLOGIE DE CE DÉPARTEMENT, par M. J.-B. RAMES. Je demande la permission à la Société de lui dire quelques mols sur certaines particularités remarquables que présente le pays qui va nous servir de champ d’étude. Le département du Cantal est constitué par un ancien volcan démantelé et isolé qui s'élève du fond d'un hémicycle de terrain primitif, dont le bord S. O. forme une des hautes falaises du plateau central. Au pied de la falaise, vers Maurs, à Vieille-Vie, sur le Lot, l'altitude oscille entre 250 et 210 mètres, tandis que le sommet le plus élevé du volcan, le Plomb du Cantal, atteint 1858 mètres. Il y a donc sur un demi- diamétre du département une différence de niveau de 1646 métres. ; Une distance de treize lieues seulement sépare ces deux points extrêmes qui nous offrent deux flores très différentes. Immédiatement au pied du plateau central, nous trouvons la flore de X SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la plaine ainsi que quelques espèces tout à fait méridionales et même méditerranéennes, telles que : Pterotheca sancta, Santolina Chamecy- parissus, Rosmarinus officinalis, Punica Granatum, Pistacia Terebin- thus, Brachypodium distachyon, Festuca tenuiflora, etc. Les sommets du volcan sont au contraire occupés par une association de plantes subalpines, alpines et arctiques; dece nombre sont : Anemone vernalis, Arabis alpina, Cerastium alpinum, Empetrum nigrum, Gna- phalium norvegicum et supinum, Erigeron alpinus, Mulgedium alpi- num et Plumieri, Bartsia alpina, Tozzia alpina, Gentiana verna, Veronica alpina, Saxifraga hieraciflora, Saxifraga androsacea, Buule- rum ranunculoides, Alchemilla alpina, Soldanella alpina, Salix Lapponum, herbacea et repens, Juncus alpinus, Phleumalpinum, Avena versicolor, Avena montant, et beaucoup d'autres. Entre ces deux stations si opposées et pourtant si rapproéhées, nous verrons se succéder plusieurs zones de végétation superposées qui relient rapidement la flore de là plaine à la flore alpestre et subalpine. Parmi les plantes qui éroissent au pied du plateau central, il en. est quelques-unes qui indiquent un climat plus chaud que ne le comporte la latitude qu'elles occupent. Cet état de choses vient de ce que la falaise, non-seulement protège une certaine étendue de terrain contrée le vent du nord, mais que de plus elle arréte et retient, comme le ferait une digue, le vent chaud du midi. Un Coléoptére, le Carabus hispanicus, vit aussi dans-ce réservoir d'air chaud, et ne se retrouve, comme quelques-unes des plantes qu'il accom- pagne, que beaucoup plus loin dans le Midi. Les plantes subalpines et arctiques que je viens de citer tout à l'heure, et qui oceupent les sommets isolés, sont les moins anciennes du Cantal. Elles sont arrivées du Nord pendant la période glaciaire, en cótoyant de proche en proche le réseau et les labyrinthes que formaient alors les glaciers. Toutefois, loin de nous indiquer une période de froid, elles nous signalent au contraire l'existence. d'un. climat beaucoup plus humide et beaucoup plus chaud que le climat actuel. En effet, si les plantes alpinės et arctiques végélaient sous l'influence de l'haleine des glaciers, däns le voisinage desquels vivaient aussi le Mammouth, le Rhinocéros à narines cloisonnées, le Renne, le Bœuf musqué, la Marmotte, Ours des cavernes, d'un autre eôté en méme temps, et au moment de la plüs grande extension des glaciers, les plaines étaient recouvertes de forêts d'arbres feuillus parmi lesquels croissaient en abondance la Vigne, le Figuier, le Laurier des Canaries et le Gainier, qui ont laissé de nombreuses émpreintes dans les tufs et les argiles de cet âge herculéen. Je dis herculéen, parce que cet âge a été celui de la première grande expansion de la race humaine. Mais de plus, ces forêts basses d’arbrés feuillas servaient d'asile à l'Hyéne SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XI du Cap et à l’Éléphant antique, qui ressemble à l'Éléphant d'Asie; enfin, l'Hippopotame d'Afrique fréquentait nos fleuves qui nourrissaient un Mol- lusque, la Cyréne fluviatile, relégué aujourd'hui sur les bords du Nil. Ces plantes et ces animaux de la plaine nous prouvent que la température moyenne annuelle de la période glaciaire, loin d'étre plus basse que celle de l'époque actuelle, était au contraire beaucoup plus élevée et au moins de -|- 14* à + 15° C. De nombreux Mollusques et de nombreux Insectes ont accompagné les plantes du Nord jusque sur les sommets cantaliens. Parmi les Insectes, un des plus intéressants est le magnifique Capricorne des Alpes, Rosalia alpina. Si j'insiste sur les preuves de l'existence d'un climat chaud et humide pendant la période glaciaire, c'est qu'un des titres de gloire d'un grand botaniste du plateau central, du regretté Henri Lecoq, a été d'avoir le premier, depuis plus de vingt-cinq ans, écrit et enseigné cette théorie aujourd'hui vérifiée par les faits. Or, j'ai eu beau compulser les œuvres des auteurs qui se sont occupés des anciens climats, je n'ai pu y trouver le nom de mon illustre ami, et je tiens essentiellement à vous rappeler ici que la priorité, dans cette importante question, lui appartient d'une maniére incontestable et absolue. Si l'arrivée dans le Cantal des plantes du Nord est, géologiquement par- lant, de date très récente, il n'en est pas de même de l'origine de la flore actuelle de la plaine; l'origine de cette flore est paléontologique, car on trouve à l'état fossile une foule de types qui occupent notre sol depuis le commencement des âges pliocénes, c’est-à-dire depuis un nombre considé- rable de siécles, et, malgré l'action continue de l'évolution, de l'adaptation et de la sélection, qui pendant ce laps de temps ont travaillé sans cesse à transformer et à multiplier les espéces, il est néanmoins bien prouvé que, sous nos climats, le nombre total des types trés anciens, loin de s'étre accru, s'estau contraire beaucoup appauvri, soit par extinction de la force vitale, soit par émigration. C'est ce que nous apprend la flore fossile des cinérites pliocénes inférieures de Vic-sur-Cére, devenue classique depuis les travaux philosophiques de notre savant confrère M. de Saporta. Pendant une période de calme, les foréts avaient envahi les pentes du grand volcan du Cantal, et elles étaient plusieurs fois séculaires quand survint une éruption accompagnée de violentes explosions qui engen- drérent une pluie de cendres mêlées de ponces, el cette pluie fut si abon- dante qu'elle recouvrit d'une puissante assise tout le volcan et la plaine environnante. Les forêts furent renversées par l'orage volcanique et cou- chées en désordre sur les feuilles mortes et les débris qui jonchaïent le sol. En raison de leur extrême finesse, ces cendres entourèrent et moulèrent fidèlement les végétaux qu’elles avaient ensevelis, et, se durcissant à la . XII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. longue, elles nous les ont conservés el transmis intacts jusque dans leurs détails les plus délicats el les plus infimes. C'est de ces couches de cendres pliocènes inférieures que j'ai pu exhumer un grand nombre d'espéces dans un parfait état de conservation, entre autres : Fagus silvatica, Quercus Robur, Populus Tremula, Alnus glu- tinosa, Acer opulifolium, des Tilleuls, des Ormes et d'autres espèces sociales semblables à celles qui vivent autour de nous et constituent nos forêts. Mais avec ces essences robustes qui devaient se propager jusqu'à notre époque, vivaient mélangées d'autres essences sensibles au froid, telles que Sassafras Ferretianum, Benzoin latifolium, des Planera, des Carya, l'Acer polymorphum, le Bambusa lugdunensis, et beaucoup d'autres espéces qui ont été peu à peu éliminées par l'abaissement graduel de la température, et qui se trouvent aujourd'hui reléguées, soit dans l'Amérique du Nord, soit en Asie Mineure, soit dans l'Asie orientale. Ainsi donc, depuis les âges pliocènes, il s'est opéré, notamment par émi- gration, un appauvrissement considérable dans la flore forestière du Cantal, et il est trés probable que la flore herbacée actuelle a aussi subi, par les mémes causes, un pareil appauvrissement. Sans sortir de la flore pliocéne, voici un fait qui vient prouver une fois de plus combien les diverses branches des sciences naturelles se prétent un mutuel et puissant appui, quand il s'agit d'arriver à la vérité. En étudiant avec attention pendant plus de vingt ans toutes les grandes coulées de roches volcaniques qui constituent le Cantal, je suis parvenu à restaurer deux énormes cônes d'éruption de plus de 1000 mètres de haut, aujourd'hui effondrés et disparus, mais qui, méme à l'époque pliocène, étaient déjà des colosses, ct commandaient et dominaient tout le volcan. Eh bien!si mes études de stratigraphie ne m'avaient conduit d'une maniére sùre à la preuve del'ancienne existence des deux hauts pitons dont les ruines basales subsistent du reste encore, les savantes études de M. de Saporta sur la flore fossile des cinérites auraient conduit fatalement tous les savants à admettre la restauration des deux grands cónes d'éruption. Et en effet, parmi les innombrables feuilles de Bambusa, de Sassafras, de Benzoin, de Lindera, de Grewia, de Zygophyllum et debeaucoup d'autres genres tous aujourd'hui exotiques, j'ai rencontré quelques houppes d'étamines, des écailles femelles et des feuilles meurtries et brisées d'Abies Pinsapo. Cet Abies, ainsi que vous le savez, habite de nos jours les hautes régions des sierras du sud de l'Espagne, et il forme aussi dans l'Afrique du Nord, sous le nom d'Abies numidica, des foréts qui couvrent les hauteurs de l'Atlas. La présence des feuilles, des étamines et des écailles de cet Abies Pinsapo au milieu des feuilles de Ja forêt subcanarienne qui habitait une zone dont le climat de + 17° à +-18° C. eût été mortel pour lui, nous four- nit celte seconde preuve de l'antique existence des deux hauts pitons que SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XIII j'ai nommés le mont Saporta et l'Albert-Gaudry. C'était le vent, la rafale, l'ouragan, les torrents, qui emportaient et charriaient, depuis les cimes élevées jusque dans la forét basse d'arbres feuillus plongés dans l'air chaud, les débris de la forêt de Sapins qui, elle, bruissait dans l'air frais et pur des hautes régions. La végétation de la ceinture de terrain primitif qui entoure le volcan est pauvre et chétive, mais la flore et le tapis végétal du volcan sont admi- rables. M. Lamotte, notre savant confrére, et H. Lecoq, en ont plusieurs fois tracé de main de maitres le vigoureux tableau. Aucune montagne au monde ne se trouve réunir de meilleures condi- tions que le Cantal pour l'étude de la topographie botanique. Il suffit de changer quelques noms de plantes, et tout ce qui a été dit de Ja topographie botanique du mont Ventoux, si classique et si bien étudiée, peut s’appli- quer au Cantal. Ici, comme sur le mont Ventoux, le naturaliste peut voir se succéder en quelques heures de marche, mais en abrégé, les plantes répandues entre le 45° et le 60° de latitude, c’est-à-dire répandues depuis le Lot jusqu'en Norvége. Le volcan du Cantal est tout aussi isolé que le mont Ventoux, et, comme ce dernier, il est situé à égale distance du póle et de l’équateur, position géographique qui favorise singuliérement les contrastes qu'offre la végétation des pentes suivant leur exposition. Aussi bien, sur notre volcan, les plantes subalpines descendent sur les pentes nord à 150 métres plus bas que sur les pentes sud. Mais cette influence de l'exposition se faisait sentir méme aux anciennes époques géologiques, car les gisements de feuilles des cinérites situés sur les pentes du nord m'ont fourni des Bambous rabougris, beaucoup de Hétres, le Tremble et le Quercus Robur ; ce dernier toutefois est encore inconnu dans les gise- ments tournés au midi. Vous serez étonnés de l'exubérance de la végétation qui recouvre les sommets et les pentes du volcan. La cause de cette fertilité extraordi- naire nous a. été révélée par les admirables travaux de M. Fouqué. Cet éminent géologue, qui a étudié au microscope polarisant toutesles roches de la région volcanique, a prouvé, contrairement aux idées recues, que la trame des roches qui constituent la masse du volcan est presque entiére- ment formée par des cristaux microscopiques de certains feldspaths ayant de la chaux au nombre de leurs bases, et que, de plus, dans cette trame, avec l'amphibole, le pyroxéne, le péridot, le calcaire, le fer oxy- dulé, etc., se montrent aussi de trés nombreux et très petits cristaux de chaux phosphatée (apatite), aliment par excellence du Règne végétal. M. le Président, avant de lever la séance, rappelle à la Société que le rendez-vous pour l'herborisation au bois de la Condamine XIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. est fixé à trois heures trés précises, et invite les personnes présentes à y prendre part. La Société se sépare alors à deux heures et demie. SÉANCE DU 27 JUILLET 1879. PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ BOULLU, VICE-PRÉSIDENT. M. Meyran, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 21 juillet dont la rédaction est adoptée. M. P. de Carbonnat fait un compte rendu sommaire de l'herbo- risation du 21 juillet au bois de la Condamine et donne lecture de la liste suivante des plantes que la Société y a récoltées : LISTE DES PLANTES RÉCOLTÉES DANS L'HERBORISATION AU BOIS DE LA CONDA- MINE, LE 21 JUILLET 1879, par MI. P. de CARBONNAT. Heracleum Lecoqii. Geranium Robertianum. Trifolium medium. Sedum dasyphyllum. Anchusa italica. Coronilla varia. Gymnadenia conopea. Juncus conglomeratus. Lilium Martagon. — effusus. Ornithogalum pyrenaicum. — glaucus. Cirsium Eriophorum. — compressus. Lathræa clandestina. — bufonius. . Circæa lutetiana. Veronica montana. Galium dumetorum. Stachys sylvatica. Allium ursinum. Dianthus Armeria. Symphytum tuberosum. Carex muricata. Centaurea nigra. — sylvatica. — Scabiosa. Impatiens Noli-tangere. — Jacea. Listera ovata. Epilobium montanum. Scleranthus perennis, — roseum. Brunella grandiflora. — virgatum. — alba. Milium effusum. Epilobium hirsutum. — molle. Erodium cicutarium. Geranium rotundifolium. Melica uniflora. — columbinum. $ Orobus tuberosus. — dissectum. Genista sagittalis. Epipactis latifolia. Hypericum hirsutum. Bromus asper. Glyceria plicata. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. Xv Lecture est donnée de la communication suivante : LISTE DE QUELQUES PLANTES RARES OU INTÉRESSANTES OBSERVÉES DANS LE DÉPARTEMENT DU CANTAL, par le frère JOSEPH HÉRIBAUD. 1^ Plantes rares à récolter dans une excursion du Lioran au Puy Mary. Scleranthus uncinatus Schur. sur la voie, prés de la gare, et sur l'ancien chemin, entre la percée et l'hótel Tixier. — C. Thlaspi vuleanorum Lamotte. — C. Pulmonaria alpestris Lamotte. — AR. Epipactis viridiflora Hoffm. (forme à étudier). — R. dans le bois entre le ravin de la Croix et l'hótel Tixier, à 500 mètres environ au-dessus de la route. Arabis cebennensis DC. — AR. Hieracium spicatum Fries. — C. Heracleum Lecoqii G. G. — C. Campanula latifolia L. — AR. Crepis lampsanoides Fræl. — AR. — linifolia L, — C. — succisæfolia Tausch. — AR. Pirola secunda L. — C. — grandiflora Tausch. — C. Streptopus amplexifolius DC. — R. Picris crepoides Saut. — AR. Festuca sylvatica Vill. — R. Ravin de la Croix et sur les pentes voisines du ravin. et à épillets couverts d’un tomen- tum très abondant). Festuca rhetica Sut. — oyina L. var. montis aurei Delarb. Orchis globosa L. — R. Orchis albida Scop. — AR. Senecio brachychætus DC. — R. Carlina nebrodensis Guss: — R. Empetrum nigrum L. Silene saxifraga L. Bupleurum ranunculoides L. Arctostaphylos officinalis Wimm. Kæleria cristata Pers. (forme à chaume sur les rochers qui couronnent le ravin de la Croix, ou rochers de Vaci- vières, et sur les pentes voisines des mêmes rochers. * Lycopodium alpinum L. — R. sur le versant qui regarde la vallée de la Vigerie, entre les rochers de Vacivières et le Puy de Bataillouze, où cette intéressante espèce n'occupe qu'une surface de quelques mètres carrés. Hicracium flexuosum W. K. — piliferum Hopp. Pedicularis verticillata L. Avena montana Vill. — Scheuchzeri All. Brassica montana DC. Alchemilla hybrida Hopp. var. um- brosa. Sorbus Chamæmespilus Crantz. Hieracium longifolium Schl. XVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Puy-de-Dataillouze. — L'Hieracium piliferum se retrouve sur toutes les crétes, jusqu'à la base du Puy Mary, mais peu abondant. Cochlearia pyrenaica DC. — AC. Erigeron alpinus L. — R. Saxifraga hieracifolia W. K. (rare et le | Veronica urticæfolia L. — C. plus souvent inaccessible). Tozzia alpina L. — R. — androsacea L. — AR. Salix arbuscula L. — R. — oppositifolia L. —- R. — phylicifolia L. — AR. Heracleum Panaces L. — AR. — Lapponum L. — C. Meum Mutellina Gaertn. — C. Carex atrata L. — R. Alchemilla hybrida Hopp. var. um- | Asplenium viride Huds. — C. brosa. -- C. Aspidium Lonchitis Sin. — AC. Dianthus cæsius Sm. — C. Polypodium rhæticum L. Rochers du Pas-de-Roland, où toutes ces plantes habitent péle-méle sur un espace de 150 à 200 mètres à peine. Les trois quarts de cette riche stalion sont encore à explorer. — Bien d'autres espèces nouvelles pour le plateau central se trouveront probable- ment sur les mémes rochers. Veronica alpina L. — R. Ajuga pyramidalis L. — R. à la base nord du Puy-Mary. Plusieurs formes intéressantes de Sempervivum se trouvent cà et là entre le Puy de Bataillouze et le Puy Mary. 9» Plantes intér tes à récolter dans une excursion d'Aurillac à Montmurat, par Bagnac, avec retour par Saint-Santin, Saint- Constant, l'étang du TYrioulou et Maurs. Osmunda regalis L. — R. rive gauche du Célé, au pied du talus de la route de Bagnac à Montmurat, à peu de distance de Bagnac. Chenopodium Botrys L. — R. le long dela route, à 600 mètres environ de Bagnac. Lobelia urens L. — AC. à moitié chemin de Bagnac à Montmurat, dans un pâturage longeant la route (terrain argilo-calcaire) et parmi les Ulex nanus Sm. Chlora perfoliata L. — AR. Orlaya grandiflora Hoffm. — C. Plantago graminea Lam. (forme à étudier). SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XVII en arrivant au pied de la butte de Montmurat. Bupleurum junceum L. — R. Festuca rigida Kunth. — C. Centranthus Calcitrapa Dufr. — AR. | Adiantum Capillus-Veneris L. — RR. Lactuca perennis L. — C. Phalangium ramosum Lam. — C. Globularia Willkommii Nym. — C. sur la butté et tout autour du village. Andropogon distachyus L. — R. Globularia Willkommii Nym. — GC. ` Sedum anopetalum DC. — R. Odontites lutea Rehb. — C. Carduus vivariensis Jord. ? — C. Festuca tenuiflora Schr. — R. Gentiana ciliata L. — R. - versant sud du Puy de Saint Santin de Maurs. Coronilla scorpioides L. Iberis amara L. Arum italicum Mill. entre le Puy de Saint-Santin et le Puy de Gratacap, dans les champs et les haies. | Pterotheca sancta Loret. Taraxacum rubrinerve Jord. Polygala calcarea Schultz. Limodorum abortivum Sw. Ononis Natrix L. Ægilops triuncialis L. Carduncellus mitissimus DC. Ophrys pseudo-speculum DC. garenne de Saint-Santin de Maurs, sur le versant qui regarde le village. Nymphæa alba L. var. minor. — AC. |Scirpus fluitans L. — C. | Hydrocotyle vulgaris L. — C. Sparganium simplex var. intermedium Lobelia urens L. — AR. Lecoq et Lam. étang du Trioulou, à peu de distance de la route de Saint-Constant à Maurs. Adenocarpus complicatus Gay. — C. coteaux granitiques des environs de Maurs; abonde surtout un peu au-dessus de Maurs, en allant à N.-D. de Quézac. Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la Société par M. de Valon, empéché de se rendre à la session : B T. XXVI. XVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. LISTE DES PLANTES RECUEILLIES AU LIORAN EN 1865, 1869 ET 1877 (PENDANT QUATRE JOURNÉES D'HERBORISATION), par M. DE VALON. Anemone vernalis L. — alpina L. — sulfurea L. Ranunculus platanifolius L. — auricomus L. — montanus Willd. ? — Questieri Billot. Trollius europæus L. Aconitum Napellus L. — Lycoctonum L. Actæa spicata L. Sinapis Cheiranthus Koch. — var. montana DC. Arabis cebennensis DC. — alpina L. Cardamine amara L. — sylvatiċa Link (1). Dentaria pinnata Lam. Biscutella lævigata L. Thlaspi alpestre L. — var. virens Jord. Viola palustris L. — sylvatica Fr. -- canina L. — lutea Sm. — sudetica Willd. Silene ciliata DC. — rupestris L. Lychnis diurna G. et G. Dianthus sylvaticus Hoppe. — sylvatico-monspessulanus G. et G. — cæsius Sm. — monspessulanus L. Stellaria nemorum L. — uliginosa Mur. Cerastium alpinum L. — ar. squalidum R. — arvense |. Malva moschata L. Geranium phæum L. — sylvaticum L. (2). Hypericum quadrangulum L. Impatiens Noli-tangere L. Oxalis Acetosella L. Sarothamnus purgans G. et G. (3). Genista sagittalis L. — tinctoria L. — Delarbrei Lec. et Lam. Trifolium alpinum L. — spádiceum L. — pallescens Schreb. Cracca major Franken. Geum rivale L. — montanum L. Potentilla verna L. — aurea L. | Comarum palustre L. Rosa alpina L. — pyrenaica Gouan. — rubrifolia Vill. — pomifera Herm.? Alchemilla alpina L. — vulgaris L. — hybrida Hoffm. Sanguisorba officinalis L. Sorbus aucuparia L. Aria L. Epilobium alsinefolium Will. — palustre L. — obscurum Rchh. — trigonum Schrenk. collinum Koch. — spicatum Lam. Circæa intermedia Ehrh. Scleranthus perennis L. Sedum atratum L. — villosum L. — dasyphyllum L. l (1) Je n'ai pas vu le C. resedifolia, qui est indiqué. (2) Je n'ai pas vu le G. nodosum, qui cependant est abondant sur les contreforts d'Au- vergne, à l'ouest jusqu'au milieu du département du Lot, à Gramat, Lamothe-Cassel, etc. (3) L'Adenocarpus parvifolius est abondant près d'Aurillac, au Rouget, Labastide du Haut-Mont, et Souceyrac (Lot). SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. Sedum maximum Sut. (1). Sempervivum arachnoideum L. — tectorum L.? Ribes petreum Wulf. Saxifraga stellaris L. — rotundifolia L. — granulata L. — hypnoides L. (2). — Aizoon Jacq. Chrysosplenium alternifolium L. Angelica pyrenæa Spreng. Heracleum Lecoqii G. et G. Meum athamanticum Jacq. Pimpinella Saxifraga L. Bunium Carvi Bieb. Conopodium denudatum Koch. Chærophyllum hirsutum L. Astrantia major L. Lonicera nigra L. Sambucus racemosa. L. Galium saxatile L. Valeriana tripteris L. Knautia dipsacifolia Host. Scabiosa lucida Vill. — succisa (var.). Adenostyles albifrons Rchb. Petasites albus Gærtn. Doronicum austriacum Jacq. Arnica montana L. Senecio viscosus L. — adonidifolius Lois. — Cacaliaster Lam. — Doronicum L. Leucanthemum maximum DC. Chamomilla nobilis Godr. Antennaria dioica Gærtn. Cirsium Erisithales Scop. — palustri-Erisithales Næg. — eriophorum Scop. Centaurea nigra L. — montana L. (3). Serratula monticola B. Leontodon pyrenaicus Gouan. Lactuca Plumieri G. et G. Mulgedium alpinum Les. Crepis grandiflora Tausch. (1) Descend, par le (2) Descend sur les rochers (3) Cette plante descend jusq (4) Descend trés bas vers les Lamothe-Cassel, etc. Soyeria paludosa Godr. Hieracium vogesiacum Moug. — incisum Hop. — onosmoides Fries. — prenanthoides Vill. Jasione perennis Lam. Phyteuma hemisphæricum L. — nigrum Sm. Campanula latifolia L. — linifolia Lam. Arctostaphylos officinalis Wim. Pirola minor L. — secunda L. Pinguicula vulgaris L. ? — grandiflora Lam. Androsace carnea L. Lysimachia nemorum L. Gentiana lutea L, — verna L. — campestris L. Digitalis purpurea L. Bartsia alpina L. Pedicularis foliosa L. — comosa L. 5 Calamintha grandiflora Mœnch. Galeopsis dubia Leers. Chenopodium Bonus-henricus L. Rumex arifolius All. Polygonum viviparum L. — Bistorta L. Daphne Mezereum L. Thesium alpinum L. Salix pentandra L. — aurita L. — phylicifolia L. Juniperus alpina Cl. Lilium Martagon L. (4). Allium Victorialis L. Scilla Lilio-hyacinthus L. Streptopus amplexifolius DC. Polygonatum verticillatum All. Maianthemum bifolium DC. Crocus vernus All. Juncus filiformis L. Luzula pilosa Willd. — flavescens Gaud. s rochers jurassiques, jusqu'aux environs de Cahors. calcaires jusqu'à Saint-Géry, prés Cahors. u'à Cahors, oü elle abonde au Pech d'Angely. vallées jurassiques du Lot, à Saint-Géry, Rocamadour, XIX XX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Luzula sylvatica Gaud. — Desvauxii Kunth. — nivea DC. — spicata DC. Eriophorum angustifolium Roth. Carex Goodenowii Gay. — panicea L. — præcox Jacq. — ampullacea Good. Calamagrostis arundinacea Roth. Agrostis vulgaris With. — rupestris All. Deschampsia cæspitosa P. B. — flexuosa Gris. Avena montana Vill. — Scheuchzeri All. — pubescens L. Arrhenatherum elatius Mert. Holcus lanatus L. — mollis L. Poa alpina L. Festuea ovina L. var. alpina. — rubra L. — spadicea L. Nardus stricta L. Polypodium Dryopteris L. Cystopteris fragilis Bern. Equisetum sylvaticum L. — var. montana. Lycopodium clavatum L. M. l'abbé Réchin, également empéché de se rendre à la session, envoie un paquet de Mousses récoltées aux environs de Mamers (Sarthe), avec prière de les placer dans l'herbier de la Société. Ces Mousses sont accompagnées de la communication suivante dont il est donné lecture : APERÇU BRYOLOGIQUE SUR LES ENVIRONS DE MAMERS (Sarthe). par M. l'abbé J. RÉCHIN. ` Mamers est une localité intéressante pour le bryologue. La richesse du pays, sous ce rapport, vient de la présence des terrains calcaire et siliceux, et quelquefois même du mélange de ces deux terrains. Les richesses bryologiques des environs de Mamers sont loin d’être connues. Desportes, dans sa Flore de la Sarthe (1838), cite quelquefois Mamers ; mais le plus grand nombre de nos espéces intéressantes ont échappé aux botanistes de cette époque... Les voyages lointains de M. Husnot ont empéché ce savant bryologue de parcourir, comme il l'aurait désiré sans doute, notre arrondissement, qui rentre cependant dans le cadre de sa flore, destinée à rendre de véri- tables services aux botanistes de nos contrées. C'est pour combler cette lacune, et pour faire connaitre le résumé de mes herborisations, faites en compagnie de notre confrére M. E. de Valon, herborisations qu'il avait commencées avec M. l'abbé Chevallier, mon prédécesseur au collége de Mamers (1); c'est, dis-je, pour ces raisons, (1) On doit à M. Chevallier la découverte de plusieurs espèces rares dans notre région. Il avait commencé à étudier nos Cryptogames avec cette ardeur qu'il met à l'étude des Phanérogames. : SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XXI que j'ai cru devoir céder aux instances de mes amis et collègues, et donner celte liste, quoique bien incomplète, des Mousses de notre région. En me basant sur les travaux de M. l'abbé Boulay, je crois pouvoir classer cette région dans la région moyenne des forêts. On retrouve, il est vrai, à Mamers, un certain nombre d’espèces qui appartiennent à la zone inférieure, màis les représentants de la zone moyenne y dominent. D'ailleurs la liste qui va suivre appuiera cette assertion. L'une des stations, curieuse à divers titres, que je ne veux pas oublier de signaler ici, est Saint-Léonard des Bois, nom qu'elle porte dans le pays, mais que le botaniste désignerait plus volontiers sous celui d'Au- vergne mancelle. J'ai fait une excursion dans ces petites montagnes, au milieu desquelles la Sarthe coule en torrent, et les nombreuses espéces que j'y ai trouvées recommandent cette localité à l'attention des botanistes qui désireraient la visiter. Je joindrai aussi à cette liste quelques Mousses intéressantes des envi- rons de Sablé, où j'ai encore récolté quelques Mousses de la région médi- lerranéenne, espèces disséminées çà et là dans l'Anjou. La liste suivante comprend toutes les Mousses que j'ai pu étudier depuis le commencement de l'hiver dernier (1) : Hypnum triquetrum [Fr.]. Hypnum cuspidatum. — loreum [Fr.]. — cordifolium. — squarrosum [Fr.]. — purum. " — brevirostrum [Fr.]. — Schreberi. . — salebrosum [Fr.]. — rugosum [Stér.]. — albicans. — commutatum [Fr.]. — alopecurum [Fr.]. — falcatum [Stér.] (2). — rusciforme. — filicinum [Fr.]. — striatum. — fluitans. — confertum [AC.] [Fr.]. — molluscum. — murale. — — squarrosulum [Fr.]. — tenellum. — cupressiforme. — splendens. — imponens? — populeum. — arcuatum. — velutinum. — scorpioides. — lutescens. — silesiacum. — rutabulum. — undulatum [Fr.]. — rivulare? — sylvaticum. —- illecebrum [Fr.]. — denticulatum. — plumosum. — serpens. — piliferum [AC.]. — mparium. — prælongum [Fr.]. — stellatum [Fr.]. | — polymorphum [Fr.]. — Stokesii. (1) Pour la classification de ces espèces, j'ai suivi la Flore de l'Est de M. l'abbé Boulay. Dl (3) Espéce nouvelle pour notre région. XXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hypnum tamariscinum. — delicatulum [Fr.] (1). — abietinum. Leskea attenuata ? — sericea. — myura. Homalia trichomanoides. Climacium dendroides [Stér.]. Cylindrothecium concinnum [Stér. |. Neckera crispa [Fr.]. — pumila. — complanata. Pterogonium gracile [Fr.]. Anomodon viticulosus. Antitrichia curtipendula [Fr.]. Leucodon sciuroides [Fr.]. Pterygophyllum lucens [R.]. Fontinalis antipyretica [Fr. ]. Cryphæa heteromalla. Mnium undulatum. — hornum. — punctatum. Bryum roseum. — argenteum. — atropurpureum. — pseudotriquetrum. — capillare. Aulacomnium palustre [Fr.]. — androgynum [Stér.]. Bartramia fontana. — pomiformis. — stricta (1). Zygodon viridissimus [Fr.]. Polytrichum commune. — formosum. — juniperinum. — piliferum. Pogonatum nanum. — aloides. Atrichum undulatum. Barbula ruralis. — ruraliformis. — levipila. — subulata. — muralis. — cuneifolia ? — revoluta. — Brebissont ? (Stér. ]. — unguiculata. (1) Par M. l'abbé Chevallier. Barbula membranifolia. — ambigua. — aloides. Trichostomum pallidum. — flexicaule [Stér.]. Ceratodon purpureus. Pottia lanceolata. — Starkeana. — cavifolia. — truncata. — minutula. Dicranum Bonjeanii [Stér.]. — scoparium. — heteromallum. — varium. Campylopus flexuosus [Fr.]. — fragilis [Fr.]. — polytrichoides [Stér.]. Leucobryum glaucum [Fr.]. Fissidens adiantoides. — taxifolius, — incurvus, — bryoides. — exilis [R. R.]. Weisia cirrata. — viridula. Gymnostomum microstomum. Systegium crispum. Encalypta vulgaris. Orthotrichum crispum, — leiocarpum. — Lyellii. — diaphanum. — rupestre. — anomalum. — saxatile. Diphyscium foliosum (1). Tetraphis pellucida. Ptychomitrium polyphyllum [RR.] (1). Cinclidotus riparius [Fr.]. — fontinaloides. Rhacomitrium lanuginosum. — heterostichum. — canescens. — fasciculare. — aciculare. Grimmia Schultzii. — pulvinata. — Orbicularis (1). SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XXIH Grimmia crinita. Phascum alternifolium? — leucophæa. — subulatum. —- apocarpa. — bryoides. Hedwigia ciliata. — curvicollum |C.]. Funaria hygrometrica. — cuspidatum. — calcarea. — muticum. Physcomitrium fasciculare. Ephemerum recurvifolium [AC.]. — ericetorum. — serratum [AC.]. — piriforme. Phascum rectum [C.]. M. Malvezin fai; ensuite à la Société la communication suivante : APERCU SUR L'HISTOIRE DE LA BOTANIQUE DANS LE CANTAL, par M. MALWVEZIN. Suum cuique. Lorsque, il y a dix ans, j'eus la pensée de consacrer mes rares loisirs à l'étude de la botanique dans le Cantal, il me parut utile, dès le début, de rechercher avec le plus grand soin tous les documents publiés sur notre département, et qui avaient, de loin ou de prés, quelque rapport avec cette partie de l'histoire naturelle. . Ces investigations préliminaires ne furent ni longues, ni difficiles : rien, ou presque rien n'avait été écrit sur la flore de la haute Auvergne. Seuls, les auteurs et les éditeurs de la deuxième édition du Dichonnaire statistique du Cantal (Déribier du Chàtelet) avaient eu la louable idée de consacrer quelques pages de leur ceuvre à l'énumération des richesses végétales de notre pays. Cette liste, suffisante alors, est aujourd'hui incom- pléte et renferme des inexactitudes regrettables; elle ne donne, du reste, qu'un petit nombre des indications absolument nécessaires au botaniste cantalien. En attendant qu'un historien plus autorisé fasse connaitre également les travaux de nos botanistes, permettez-moi de rappeler ici la mémoire de quelques hommes distingués qui se sont signalés dans l'étude des végétaux de notre région, et de dire quelques mots de plusieurs adeptes de notre chére science, peu connus de vous, et qui cependant ont contribué, pour une bonne part, au progrés de la botanique systématique du Cantal. I Le premier explorateur de nos montagnes est venu du Puy-de-Dôme. En 1777, Delarbre, prêtre et médecin, fit, dans le Cantal, un long et mémorable voyage. Il se fixa quelque temps à Salers el fouilla avec un XXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. soin tout particulier les localités avoisinantes. Les endroits désignés dans ses ouvrages nous permettent de reconstituer son itinéraire. Venu dans la haute Auvergne par la route de Dort, il visita successive- ment Jaleyrac, Mauriac, Salers, Saint-Paul de Salers, le Falgoux, Dienne, le Col de Cabre, Mandailles, Aurillae, Vic-sur-Cére, Cure-Bourse, la Teu- liére, le Plomb du Cantal, Prat-de-Bouc, Notre-Dame de Lescure, Saint- Flour, Massiac, et Condat. Il rentra dans le Puy-de-Dôme par Église- Neuve-d'Entraigues. Ce savant modeste fut très satisfait des résultats de son voyage, qui, d'aprés sa propre déclaration, « augmenta considérablement son Recueil ». Il a inscrit dans sa Flore d'Auvergne, dont les deux éditions ont été pu- bliées à Clermont, -— la premiere en 1797, et laseconde en 1800, — une trentaine d'espéces cantaljennes qui n'avaient pas encore été signalées dans notre département. La plupart de ces espèces n'ont pas encore été retrouvées, mais les suivantes, qui ont été récoltées dans ces derniers temps et dont j'indique les localités, nous font espérer que des décou- vertes ultérieures viendront vérifier successivement l'exactitude des ren- seignements du botaniste de Clermont. Les espèces retrouvées sont : Draba aizoides L. — Roc du Merle, Drosera longifolia L. — Lieutadez. Selinum Carvifolia L. — Raulhac. Hydrocharis Morsus-ranæ L. — Etang de Fleurac. Orchis pyramidalis L. — Raulhac. ° Aspleniu lanceolatum Huds. — Gorge du Don. Aspidium Lonchitis Sw. — Pentes du Plomb. Carex atrata L. — Puy de Griou. Elymus europæus L. — Forêt d'Algére. H Delarbre, et aprés lui MM. Lecoq et Lamotte, parlent vaguement, dans leurs ouvrages, d'un voyage scientifique fait en Auvergne par le célèbre chevalier de Lamarck. Cette particularité de la vie de l'auteur de la Flore française parait avoir été ignorée de bien des savants. Dans son Éloge de Lamarck, Cuvier n'en dit pas un seul mot; Guillemin est également muet sur ce point. Certains botanistes modernes ont méme paru douter du fait. Pour ma satisfaction personnelle, et dans l'intérét de notre histoire locale, j'ai cherché à dissiper cette incertitude. C'est grâce au concours bienveillant de M. Edm. Bonnet que j'y suis arrivé. Notre savant confrére a en effet découvert, parmi les nombreuses collections botaniques données autrefois au Muséum par la famille de Jussieu, un vieil herbier composé de huit fascicules, et duquel il a pu SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XXV extraire quatorze échantillons portant chacun la mention : « Rapporté du mont Dore par M. le chevalier de Lamarck, en 1779. » Je crois qu'il n'est pas sans intérêt d'en faire connaitre ici les noms spécifiques : Brassica Erucastrum L. Lamium flore dilute carneo Vaill. Arenaria saxatilis L. Galeopsis Ladanum L. Stellaria nemorum L. Melissa grandiflora L. Micropus erectus L. Brunella grandiflora L. Alsine hypericifolia Vaill. Erica Tetralix L. Filago arvensis L. Pirola minor L. Asplenium Ceterach L. Lysimachia nemorum L. , Dans le méme herbier se trouvait une quinzième plante (Illecebrum verticillatum L.) avec la notation : « Rapporté du mont Dore par M. de Boisaujeu en 1779. » Quel est ce botaniste dont le nom est complètement tombé dans l'oubli? Tout porte à croire qu'il fut en Auvergne le com- pagnon de Lamarck. Ce qui semble le prouver, c'est la facon d'écrire du grand naturaliste, employant le pluriel dans son récit, et faisant de la sorte supposer qu'il n'herborisait pas seul dans nos montagnes. Cette premiére découverte devait en amener de nouvelles. Il fallait en effet reconstituer l'état civil de ce vieil herbier, et c'était là le point essen- tiel, la partie ardue de l’entreprise ; car M. Edm. Bonnet avait constaté que les étiquettes n'étaient pas de la main de Lamarck. Il poursuivit donc ses recherches, et acquit enfin la certitude que cette modeste collection avait appartenu au célébre Haüy, l'ami et plus tard le collégue de Lamarck au Muséum et à l'Institut. Parmi les 14 espéces énumérées plus haut, je fus surpris de voir figurer le Melissa grandiflora L. (Calamintha grandiflora Mench), qui n'a été ` trouvé que depuis fort peu de temps dans le Puy-de-Dôme, et qui n'y avait été signalé ni par Delarbre, ni par Lecoq et Lamotte. Je me demandais si elle n'aurait pas été récoltée sur les montagnes du Cantal, où elle est, par contre, trés commune. - M. Lamotte, mis au courant de la question, vint bientôt confirmer mes pressentiments et compléter mes recherches. Il m'éerivait il y a peu de jours : « Parmi les espéces de Lamarck, une d'elles, le Festuca glauca, a été créée sur des échantillons récoltés dans le Cantal. Elle est décrite dans son Dictionnaire de Botanique, page 459 ; mais il n'y est fait au- cune mention de la date de cette récolte. » A la fin de la description, l'au- teur ajoute : « Nous l'avons récoltée aux environs de Murat, en montant au Plomb, et prés de Thiézac. » A ce sujet, vous voudrez bien vous rappeler que, durant notre premiére excursion, M. Lamotte a eu le sensible plaisir de retrouver et de vous soumettre cette intéressante Graminée, véritable trait d'union entre le passé et le présent.. XXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Pardonnez-moi de m'étre étendu un peu longuement et avec une cer- taine complaisance sur ces investigations multiples, mais les botanistes cantaliens, à mon avis, s'estimeront toujours heureux d'avoir été devancés par l'illustre Lamarck ! III En 18214, le comte Jaubert, qui n'avait alors que vingt-trois ans, fit un long voyage en Auvergne, et séjourna quelque temps dans le Cantal. Certaines familles qu'il visita à cette époque conservent encore le souvenir de ses sympathiques et affectueuses relations. Ce naturaliste n'était pas, du reste, complétement étranger à notre département. Un de ses oncles paternels, l'abbé Jaubert, avait été évêque de Saint-Flour et député du Cantal en 1814. Les documents recueillis par notre illustre et respectable confrére dans le Cantal furent généreusement offerts à M. Boreau, qui les a mis à profit pour ses trois éditions de la Flore du centre de la France. IV Trois ans aprés le voyage du comte Jaubert, en 1824, arrivant à Cler- mont, comme professeur d'histoire. naturelle, un jeune homme qui devait illustrer le Puy-de-Dóme par ses grands travaux et ses belles décou- vertes scientifiques. Je ne dirai ici que peu de mots de Henri Lecoq, le plus grand naturaliste qu'ait possédé l'Auvergne. Je rappellerai d'abord qu'il a fait sur nos sommets cantaliens, à diverses époques, de très longues et trés fructueuses excursions, I! s'était adjoint, pour la plupart de ses travaux, un naturaliste infati- gable qui lui a succédé comme directeur du Jardin des plantes de Clermont. M. Lamotte, nommé à l'unanimité président de cette session extraordi- naire, et auquel une indisposition légére ne permet pas de siéger en ce moment, a été pendant vingt-cinq ans le secrétaire intime et le collabo- rateur infatigable de H. Lecoq. En 1847, ces deux botanistes ont publié collectivement le Gatalogue des plantes vasculaires du plateau central de la France, catalogue qui, on peut hautement l’affirmer, a été, jusque dans ces derniers jours, le guide le plus exact et le plus parfait pour le floriste herborisant en Auvergne. Voulant perfectionner l’œuvre primitive, M. Lamotte vient de publier la première partie du Prodromie de la Flore du centre de la France. C'est dans ce travail récent qu'il a, avec un soin minutieux, enregistré toutes les découvertes modernes, en tenant compte en méme temps des progrès nouveaux de la science. Je suis heureux de saisir aujourd'hui une occa- SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XXVII sion favorable pour exprimer publiquement ma profonde gratitude à ce maitre vénéré. Dans la Préface de son Prodrome, l’auteur a inscrit les noms des bota- nistes qui ont bien voulu lui faire certaines communications. Je vais essayer, avec son assentiment, d'ajouter de nouveaux noms à cette liste et d'entrer dans quelques détails historiques complémentaires. Mon intention serait de faire valoir ici les droits que d'humbles pionniers de la Science, ignorés jusqu'à ce jour, ont acquis à notre reconnaissance. V M. de Rudelle (F. Jean), qui avait précédemment herborisé dans les Pyrénées, la montagne Noire, le Lot, l'Aveyron et l'Aude, entrait, en 1842, comme professeur à l'École supérieure d'Aurillac. Dés le printemps de 1843, il écrivait à notre honorable confrére, M. le docteur Bras, qu'il avait déjà commencé ses herborisations aux environs d'Aurillac. Au mois d'avril 1844, M. de Rudelle communiquait à ce méme correspondant son intention d'explorer les montagnes du Cantal ; et, quelques mois aprés, il lui adressait un fascicule presque entiérement composé des plantes rares de notre département. Un séjour de douze ans dans notre chef-lieu permit à M. de Rudelle d'étudier notre région d'une maniére suivie. Voici la liste de quelques espéces qu'il à, le premier, signalées dans le Cantal, Ranunculus spretus Jord. — Montagnes du Cantal. Helleborus viridis L. — Roquenatou, commune de Marmanhac. Cochlearia pyrenaica DC. — Base du Puy Mary. Iberis amara L. — Quatre-Chemins, commune d’Ytrac. Thlaspi virens Jord. — Montagnes du Cantal. Camelina microcarpa Andrz. — Environs d'Aurillac. Dentaria pinnata Lam. — Bois de la Condamine. Cucubalus baccifer L, — La Condamine. Sagina erecta L. — Arbre de Lafage. Helodes palustris Spach. — Quatre-Chemins, prés d'Aurillac. Acer platanoides L. — Mandailles. Geranium phæum L. — Mazic, prés Aurillac. Trifolium subterraneum L. — Laroquebrou. Adenocarpus complicatus Gay. — Laroquebrou. Ervum monanthos L. — Environs d'Aurillac. Lathyrus Nissolia L. — Environs d'Aurillac. — sphericus Retz. — Environs d'Aurillac. Potentilla rupestris L. — Créte au sud du Plomb. Sedum saxatile L. — Thiézac. Anthemis nobilis L. — Giou-de-Mamou. Cineraria spathulæfolia Gmel. — Environs de Bex. Erica Tetralix L. — Forêt d'Ytrac. . XXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Vinca major L. — Environs de Limagne, prés Aurillac. Symphytum tuberosum L. — Bois dela Condamine. Veronica urticæfolia L. — Mandailles. Mentha gentilis L. — Saint-Paul des Landes. Lamium incisum Willd. — Environs d'Aurillac. — maculatum L. — Conros. Stachys-arvensis L. — Environs d'Aurillac. Orchis militaris L. — Bois de la Condamine. Epipactis pallens Wurtz. — Bois de la Condamine. Galanthus nivalis L. — Veyrac. Anthericum bicolor Desf. — Forét d'Ytrac. Asphodelus albus Wild. — Forét d'Ytrac. Allium fallax Don. — Rocher de Carlat. Erythronium Dens-canis L. — Le Pontet. Luzula Forsteri DC. — Bois de la Condamine. Carex pseudo-Cyperus L. — Bords de la Cére, prés Conros. Hordeum secalinum Schreb. — Bords du ruisseau de la Condamine. À son départ d'Aurillac, M. de Rudelle dut, malgré lui, abandonner à l'École supérieure son herbier considérablement enrichi durant son long séjour parmi nous. On doit vivement regretter que cette précieuse collection n'ait pas été entourée des soins et du respect qu'elle méritait. Ce magnifique édifice élevé à la gloire de la botanique dans le Cantal n'existe plus qu'à l'état de ruines. Il est à présumer qu'il renfermait d'autres espèces indigènes, nouvelles à cette époque; mais elles en ont été enlevées depuis, ou sont malheureusement devenues la proie des insectes destructeurs. VI En 1849, M. Jordan de Puyfol, cousin de notre savant confrère M. Jordan, de Lyon, étant venu se fixer dans notre pays, commença à étudier la végétation du Cantal. C'est assurément le botaniste qui a le plus longtemps et le plus savam- ment exploré notre région. Il est à la fois le maitre et le doyen de tous les botanistescantaliens : tous lui doivent les témoignages sincéres de la plus profonde reconnaissance pour son concours empressé et son inépuisable obligeance. Quant à moi, qui ai toujours trouvé en lui l'accueil le plus sympathique, il m'est impossible de lui en exprimer dignement toute ma gratitude. Ses nombreuses relations avec les savants étrangers ont puissamment contribué à faire connaitre et apprécier les richesses de notre Flore. Son vaste herbier, qui n'a été exposé qu'une seule fois, au concours régional de Rodez, lui valut la premiére médaille d'or. Ce botaniste infa-, tigable possède sur le Cantal les ducuments.les plus étendus et les plus SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XXIX précieux. Espérons qu'il ne laissera pas perdre, pour sa patrie d'adop- tion, le fruit des travaux incessants qu'il a poursuivis àvec tant d'ardeur pendant un tiers de siécle. Voici l'énumération bien incomplète des plantes nouvelles dont il a enri- chi la flore de notre département : Anemone ranunculoides L. — Messillac, prés Raulhac. Adonis flammea Jacq. — Courbelimagne, prés Raulhac. Camelina fœtida Fries. — Courbelimagne. Thlaspi arvernense Jord. — Malbo. Cistus salvifolius L. — Viellevie. Viola propera Jord. — Courbelimagne. — Foudrasi Jord. — Courbelimagne. — floribunda Jord. — Messillac. — subcarnea Jord. -~ Messillac. — contempta Jord. — Pailherols. Polygala calcarea Sch. — Courbelimagne. — cantaliea Jord. de Puyfol. — Versant du Plomb. — Liorani Jord. de Puyfol. — Versant du Plomb. Dianthus collinus Jord. — Bords de la Truyére, prés Sainte-Marie. Stellaria cantalica Jord. de Puyfol. — Messillac. Linum angustifolium Huds. — Saint-Santin de Maurs. — strictum L. — Saint-Santin de Maurs. Erodium pilosum Jord. — Courbelimagne. — Boræanum Jord. — Lesclausade, près Raulhac. — pretermissum Jord. — Raulhac. Hypericum Desetangsii Lamotte. — Courbelimagne. Ononis Natrix L. — Montmurat. Coronilla Emerus L. — Saint-Santin de Maurs. Sanguisorba montana Jord. — Pailherols. Sedum anopetalum DC. — Saint-Santin de Maurs. (Enanthe pimpinelloides L. — Saint-Santin de Maurs. Selinum Carvifolia L. — Lesclausade. Bupleurum junceum L. — Saint-Santin de Maurs. — longifolium L. — Rochebrune, prés Oradour. -— tenuissimum L, — Montmurat. Peucedanum carvifolium Vill. — Lesclausade. Cornus mas L. — Saint-Santin de Maurs. Rubia peregrina L. — Saint-Santin de Maurs. Crucianella angustifolia L. — Saint-Santin de Maurs. Centranthus Calcitrapa Dufr. — Saint-Santin de Maurs. Dipsacus laciniatus L. — Courbelimagne. Scabiosa permixta Jord. — Environs d'Aurillac. Carduncellus mitissimus V. C. — Saint-Santin de Maurs. Taraxacum udum Jord. — Courbelimagne. Hieracium cinerascens Jord. — Pas-de-Cére. — piliferum Hoppe. — Puy Mary. Gentiana ciliata L. — Courbelimagne. Verbascum virgatum With. — Bruyères au nord d'Aurillac. Linaria Pelliceriana Mill. — Saint-Santin de Maurs. XXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Tozzia alpina L. — Puy Mary. Orobanche Teucrii Holl. -— Courbelimagne. — cruenta Bert. — Saint-Constant. — Pieridis Vauch. — Courbelimagne. Lathræa Squamaria L. — Lacapelle-Barez. Veronica prostrata L. — Saint-Santin de Maurs. Mentha nemorosa Willd. — Aurillac. Melissa officinalis L. — Carlat. Chenopodium ambrosioides L. — Messillac. Ornithogalum umbellatum var. angustifolium Q.et J. — Saint-Santin de Maurs. Gladiolus segetum Gawl. — Saint-Santin de Maurs. Epipactis palustris Crantz. — Courbelimagne. — microphylla Sw. — Courbelimagne. — atro-rubens Hoffm. — Courbelimagne. Limodorum abortivum Sw. — Courbelimagne. Serapias lingua L. — Courbelimagne. Aceras pyramidalis Rchb. — Raulhac. Orchis simia Lam. — Lavaissiére, prés Raulhac. Arum italicum Mill. — Saint-Santin de Maurs. Sparganium minimum Fries, — Étang du Trioulou. Luzula pallescens Bess. — Courbelimagne. Stipa pennata L. — Montmurat. Bromus patulus M. K. — Maurs. Lolium italicum Braun. — Raulhac. — rigidum Gaud. — Pierrefort. Ophioglossum vulgatum L. — Courbelimagne. Polystichum Oreopteris DC. — Messillac. Asplenium Halleri R. Brown. — Bords du Goul-sous-Messillac. Lycopodium inundatum L.— Prat-de-Bouc. Je rappellerai en passant que M. Jordan de Puyfola publié dans le Moniteur du Cantal, en 1872, la description du Stellaria cantalica, du Polygala cantalica et du Polygala Liorani, et, en 1873, celle de l' Ana- campseros arvernensis. Il possède encore dans son herbier quelques espéces non décrites qu'il ne tardera pas à étudier. J'ajouterai enfin qu'il est l'auteur de plusieurs notices sur des plantes étrangéres à notre région. VII Aprés ces savants explorateurs, je parlerai de plusieurs botanistes non moins ardents, mais plus humbles, dont les découvertes ne peuvent étre passées sous silence. L'un d'eux, le frére Louis Lambert (Brunel Pierre), appelé en 1856 à diriger l'école communale de Pierrefort, arrondissement de Saint-Flour, entreprit sans maîtres, presque. sans ouvrages élémentaires, et unique- ment entrainé par une vocation irrésistible, l'étude de la botanique, qui, aprés avoir fait les délices de sa vie active, devint une des suprémes con- solations de ses derniers jours. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XXXI Les rares loisirs que lui laissait sa charge d'instituteur furent employés à étudier les bords de la Truyère, les environs de Chaudesaigues et de Pierrefort, et particulièrement le groupe des montagnes du Cantal. En 1864, transféré à Pleaux, il explora l'ouest de notre département, qui, trés probablement, n'avait été visité avant lui par aucun botaniste. Voici la nomenclature de la plupart des espéces dont lui est redevable la Flore de notre département : Thalictrum majus Jacq. — Sainte-Anasthasie. Ranunculus Lenormandi Schultz. — Pleaux. — ololeucos Lloyd. — Pleaux. Arabis Turrita L. — Oradour. Polygala vulgaris var. alpestris Koch. — Montagnes du Cantal. Dianthus graniticus Jord. — Bords de la Truyére sous Sainte-Marie. Saponaria Vaccaria L. — Saint-Flour. Sagina apetala L. — Pleaux. — subulata Wimm. — Pleaux. Rhamnus alpina L. — Sainte-Anasthasie. Ononis mitis Gmel. — Pleaux. Vicia Forsteri Jord. — Pleaux. Orobus tenuifolius Roth. — Pleaux. Rubus fastigiatus Weih. — Pleaux. Rosa villosa L. — Saint-Jacques des Blats. Callitriche autumnalis L. — Malbo. Bupleurum ranunculoides L. — Sommet du ravin de la Croix. Silaus virescens Boiss. — Rocher de la Douhat, prés Drezons. Peucedanum officinale L. — Talizat. Heracleum angustatum Bor. — Pierrefort. Galium boreale L. — Bords de la Truyére sous Champagnac. Carlina nebrodensis Guss. — Rocs de Vaciviéres. Erigeron serotinus Weihe. — Pierrefort. Crepis lampsanoides Frœl. — Lioran. Vactinium Oxycoccos L. — Rocs de Vacivières. Phelipæa cærulea C. A. Meyer. — Pierrefort. Hieracium tridentatum Fries. — Pleaux. — Halleri Vill. — Brezons. Tragopogon orientalis L. — Pleaux. Cuscuta Trifolii Babingt. — Pleaux. Gratiola officinalis L. — Bords de la Truyére. Verbascum pulvinatum Thuil. — Estouroc. Orchis nigra Scop. — Montagnes du Bourguet. Juncus capitatus L. — Pleaux. Heleocharis multiċaulis Dietr. — Cros-de-Montvert. Carex paradoxa Willd. — Pierrefort. Festuca elatior L. — Bords de la Truyère sous Champagnac. Polystichum cristatum Roth. — Bois des Estourocs. Aspidium Lonchitis Sw. -- Pentes du Plomb. Lycopodium Chamæcyparissus Br. — Lieutadės. — alpinum L. — Puy de Bataillouze. Isoetes lacustris L, — Lac de Menet: XXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. VIM En méme temps que le frère L. Lambert arrivait à Pierrefort, le frère Édouard (Rigollien) était nommé instituteur communal à Vic-sur-Cère. Entrainés l'un vers l'autre par le doux appåt de l'amitié et la similitude des goüts, ces deux bolanistes se donnaient parfois rendez-vous au sommet du Plomb. Là, ayantsous leurs yeux un splendide panorama, assis sur celte pelouse que foulent rarement les pieds des visiteurs, et uniquement préoccupés de ces questions scientifiques qui passionnent à un si haut degré les âmes d'élite, ils partageaient en deux parties égales les plantes recueillies sur les pentes opposées et échangeaient leurs observations. Le frère Édouard quitta notre pays en 1865 et ne survécut pas longtemps à son éloignement. Son herbier ayant été probablement dispersé depuis cette époque, le souvenir des espèces rares dont il avait enrichi la Flore cantalienne sera perdu pour toujours. Son ami de cœur, le frère Lambert, lui attribuait, si ma mémoire est fidèle, les découvertes suivantes : Paradisia Liliastrum (1) Bert. — Plomb du Cantal, versants de la Cère. Endymion nutans Dumont. — Rochers derrière la petite ville de Vic. Carex atrata L. — Puy de Griou. Amelanchier vulgaris Mœnch. — Trou-del-Gourniou. IX Parmi les professeurs de notre École normale primaire, on remar- quait, en 1857, le frère Horrès (Guillemin-Jules), qui commençait à étudier les végétaux de notre département. Il parvint, après dix ans d'études et de recherches multiples, et à l'aide d'échanges nombreux avec des correspondants étrangers à notre région, à collectionner 4500 espéces préparées et parfaitement étiquetées. Cet herbier, un des plus beaux de la haute Auvergne, était accom- pagné d'un eatalogue manuscrit riche en précieux détails. Il figura au con- cours régional du Cantal, en 1867, et valut à sonauteur une médaille d'or. Cette récompense honorifique, juste rétribution d'un travail intel- ligent et persévérant, ne saurait pourtant compenser la perte à jamais regrettable de ce beau monument élevé à la Flore de notre région. L'her- bier du frére Horrés devint la proie des flammes dans l'incendie mémo- rable qui, en 1868, détruisit le château de Saint-Étienne à Aurillac. (1) I est toutefois permis de douter de la présence de cette Liliacée dans le Cantal. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. — xxxii Citons, parmi les nouveautés que le frére Horrés a signalées dans le Cantal : Linum gallicum L. --- Bois du Vert, prés Maurs. Geranium nodosum L. -- Maurs. Dianthus superbus L. — Route de Murat à Saint-Flour. Lythrum hyssopifolium L. -— Château du Vert, près Maurs. Echalium Elaterium Rich. — Château du Vert, près Maurs. Gentiana Cruciata L. — Bredon, près Murat. Veronica Duxbaumii Ten. — Espinassoles, prés Aurillac. Salvia Sclarea L. -— Tronquières, prés Aurillac. Globularia vulgaris L. — Tronquières, prés Aurillac. Leersia oryzoides Swartz. — Arpajon. Osmunda regalis L. — Cháteau du Vert, prés Maurs. - X Pendant la courte période de 1865 à 1867, toujours à l'École normale primaire d'Aurillac, un autre professeur, le frère Gustave (Serendat, Barthélemy), réunissait et coordonnait les matériaux qu'il devait si bien utiliser plus tard. Je n'ai pas besoin de m'étendre longuement sur le mérite bien connu de ce botaniste expérimenté ; il me suffira de dire qu'il a publié, en 1870 une Clef analytique des genres d'Auvergne, et en 1873 la Clef analytique de la flore d'Auvergne. Parmi les plantes rares qu'il a signalées le premier dans notre dépar- tement, je citerai : Nymphæa alba L. var. minor. — Étang du Trioulou. Nuphar luteum Smith. — Lac de Madic. Capsella rubella Reuter. — Aurillac. Radiola linoides Gmel. — Naucelles. Oxalis corniculata L. — Trioulou., Medicago orbicularis All. — Aurillac Vicia lathyroides L. — Saint-Flour. Inula graveolens Desf. — Maurs. Filago gallica L. — Maurs. Gnaphalium luteo-album L. — Maurs. Specularia hybrida DC. — Aurillac. Asperugo procumbens L. — Saint-Flour. Pulmonaria vulgaris Mérat. — Saint-Constant. Verbascum Lychnitidi-Blattaria Koch. — Arpajon. Stachys palustris L. — Arpajon. Orchis laxiflora Lam. — Maurs. — coriophora L. — Saint-Simon. Cephalanthera rubra Rich. — Montmurat. T. XXVI. XXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Spiranthes autumnalis Rich. — Naucelles. Gagea lutea Schultz. — Aurillac. — bohemica Schultz. — Saint-Flour. Scirpus fluitans L. — Etang du Trioulou. Carex pulicaris L. — Mazerolles, près Aurillac. Gastridium lendigerum Gaud. — Maurs. Festuca ‘tenuiflora Schrad. — Montmurat. Bromus squarrosus L. — Saint-Santin de Maurs. XI Le frère Héribaud-Joseph (Caumel, Jean-Baptiste), élève du précédent, travaille depuis une quinzaine d'années à perfectionner et à compléter l'œuvre de ses devanciers. Quoique jeune encore, il est déjà l'auteur justement apprécié de plu- sieurs mémoires dont je suis heureux de citer les titres : 1* Le Puy-de-Dôme et le Cantal, ou Tableau comparatif des plantes vasculaires qui croissent dans les deux départements (1876). 2» Florule des terrains arrosés par les eaux minérales de l'Au- vergne (1878). 3 Note sur les plantes médicinales de l'Auvergne (1818). 4 Traité élémentaire des plantes fourragères de l Auvergne (1818). Ce travail, assez volumineux, a figuré à l'Exposition universelle de 1878, à l’état de manuscrit. 5 Note sur une nouvelle espèce de Fougère du genre Asplenium (1879). 6^ Traité élémentaire des plantes nuisibles aux diverses productions, culturales de l'Auvergne (1879). l L'herbier d'Auvergne du frère Héribaud a été couronné dans les concours régionaux du Cantal et de l'Aveyron. Son herbier agricole a recu une médaille à l'Exposition universelle de 1878. Ses travaux sur la végétation de l'Auvergne lui ont valu, de la Société universelle des sciences, une médaille d'honneur dé premiére classe avec diplóme. Voici quelques-unes des espéces nouvelles qu'il a rencontrées : Sinapis incana L. — Saint-Santin de Maurs. : Brassica nigra L. —- Saint-Santin de Maurs. Viola dumetorum Jord. — Pradayrols, commune de Boisset. Geranium sanguineum L. — Saint-Santin de Maurs. Silene gallica L. — Boisset. Gypsophila muralis L. — Boisset. | Androsæmum officinale All. — Rochers de Cabran, près Boisset . Ulex nanus Smith. — Pradayrols. Ononis Columnæ All. — Gratacap. Trigonella monspeliaca L. — Gratacap. Medicago apiculata Willd. — Maurs, Lotus angustissimus L. — Boisset. Trifolium arvernense Lamotte. —;Versant nord du Plomb . Coronilla scorpioides Koch. — Saint-Santin de Maurs, SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XXAV Onobrychis supina DC. — Gratacap. Cydonia vulgaris Pers. — Pradayrols. Sorbus torminalis Crantz. — Rochers de Cabran. Isnardia palustris L. — Pradayrols. Scleranthus uncinatus Schur. —- Le Lioran. Saxifraga androsacea L. — Bréche de Roland (Héribaud et Gatien). — oppositifolia L. — Brèche de Roland (Héribaud et Gatien). Turgenia latifolia Hoffm. — Trioulou. Seseli montanum L. — Gratacap. Orlaya grandiflora Hoffm. — Montmurat (Héribaud et Gatien). Bupleurum aristatum Bartl. — Saint-Santin de Maurs. Aster Amellus L. — Gratacap. Artemisia Verlotorum Lamotte. — Ytrac. Carduus vivariensis Jord. — Montmurat. Centaurea pectinata L. — Cabran. Leucanthemum palmatum Lam. — Viellevie (Héribaud et Gatien). Lactuca perennis L. — Montmurat. Pterotheca sancta Loret. — Saint-Santin de Maurs. Xeranthemum inapertum Willd. — Gratacap. — cylindraceum Sibth. — Gratacap. Hieracium longifolium Schleich. — Puy de Bataillouze. — approximatum Jord. — Le Lioran. Lobelia urens L. — Trioulou. Euphrasia lutea L. — Saint-Santin de Maurs. Mentha cantalica f. Héribaud. — £a Graviéré. - — viridis var. angustifolia Lej. — La Vigerie. Polyenemum arvense L. — Plaine de l'Estrade. Chenopodium Botrys L. — Montmurat. Passerina annua L. — Trioulou. Salix incana Schrank. — Gorge de Troussac. — arbuscula L. — Base du Puy Mary (Héribaud et Gatien). Anthericum ramosum L. — Saint-Santin de Maurs. Ophrys pseudo-Speculum DC. — Saiut-Santin de Maurs. Carex gynobasis Vill. — Saint-Santin de Maurs. Festuca rigida Kunth. — Saint-Santin de Maurs. Brachypodium distachyon P. B. — Saint-Santin de Maurs. Ægilops triuncialis Guss. — Saint'Santin de Maurs. Asplenium lanceolatum Huds. — Gorge du Don (Héribaud et Gatien). — viride Huds. — Brèche de Roland (Héribaud et Gatien). XII Le frère Gatien-Ernest (Estival, Martin), dont le nom est cité dans la liste précédente, à côté de celui du F. Héribaud, son maitre et son ami, l'accompagne souvent dans ses herborisations. Il a eu personnellement la bonne fortune de récolter, il y a trois ans, sur les corniches basaltiques qui séparent la vallée de Dienne de la vallée de la Jordane, le Saxifraga hieracifolia W. K., du Spitzberg et du Groenland. Cette découverte a un trés grand mérite aux yeux des botanistes XXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. el des géologues. Les uns et les autres reconnaissent, dans celte plante minuscule, le dernier représentant de la végétation qui recouvrait, à l'époque glaciaire, les flancs de nos montagnes. Nous devons avouer que cette espéce ne parait pas étre entiérement nouvelle pour notre département; quoi qu'il en soit, sa découverte a une grande valeur. Notre savant confrére, M. Malinvaud, pense, ainsi qu'il en a fait l'observation dans la séance du 14 mars 1879, que c'est le Saxifraga nivalis L., signalé par Delarbre dans sa Flore, mais déterminé incorrec- tement par lui. Nous avons visité hier les escarpements presque inaccessibles qu'habite cette intéressante espèce : elle a échappé à nos regards avides. Notre insuccés doit tenir au peu de développement qu'elle avait encore acquis à cette époque de l'année. Un mois plus lard, nous aurions probablement pu satisfaire à l'aise notre légitime curiosité. Je suis désolé de n'avoir pu soumettre à votre examen le moindre spécimen de cette perle de nos montagnes. XIII Il y avait en 1860, à Paulhenc (Cantal), un humble instituteur, M. Roche, qui avait, lui aussi, répondu à l'appel pressant et réitéré de la science. Il employait ses vacances à herboriser, et, quoique atteint. d'une infirmité grave qui lui rendait la marche difficile et douloureuse, il fit, pendant quinze ans, dans l'arrondissement de Saint-Flour, de fructueuses excursions. Il était le correspondant de M. Lamotte; et l'illustre savant, dans son Prodrome, a rendu un juste hommage à sa mémoire. Voici quelques-unes des plantes nouvelles que lui doit la Flore can- talienne : Corydalis claviculata DC. — Forét de Grouval, prés du Plomb. Lepidium latifolium L. — Bourg de Chaliers.. Polygala basaltica Lamotte. — Paulhenc. Silene saxifraga L. — Rochers de Brezons. Viscaria purpurea Wimm. — Bords de la Truyére. Dianthus Girardini Lamotte. — Bois de la Borie. Spergularia segetalis Fenzl. — Pierrefort. Sagina patula Jord. — Colline d'Anglards. Hypericum linearifolium Vahl. — Paulhenc. Ervum tetraspermum L. — Paulhenc. Rosa tomentosa Smith. — Paulhenc. Agrimonia odorata Mill. -— Paulhenc. XIV En 1865, M. l'abbé Revel de Villefranche, membre de la Société Liu- SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1870, — xxxvi néenne de Bordeaux, publiait ses recherches botaniques dans le sud-ouest de la France. Nous y trouvons signalés (page 39), aux environs de Saint- Flour, le Lepidium ruderale L. et l'Atriplex rosea L., qui n'avaient pas encore été récoltés dans notre département. XV Pendant son séjour à Pleaux (1864-1874), le F. Louis Lambert inspira le goüt de la botanique à trois jeunes prétres, professeurs au petit sémi- naire. L'un d'eux, M. l'abbé Gibiard, a pris part à une de nos excursions. Le second, M. l'abbé Béal, nous a laissé, comme souvenir de son passage à Riom (Cantal), le Draba muralis, qui n'était pas encore connu dans notre département. . Le troisiéme éléve du frére L. Lambert fut M. l'abbé Brun, qui a depuis trois ans quilté le Cantal, emportant avec lui un riche herbier préparé de ses propres mains, avec un soin minutieux et peu ordinaire. Voici quelques-unes des plantes rares dont la Flore de notre départe- ment est redevable à M. l'abbé Brun : Thalictrum aquilegifolium L. — Triniac, prés Pleaux. Ranunculus divaricatus Schk. — Ydes. Acer monspessulanum L. — La Bourgade, prés Pleaux. Androsæmum officinale All. — Champagnac. Myriophyllum alterniflorum L. — Ydes. Peucedanum palustre Mœnch. — Lac de Madic. Hypochæris glabra L. — Ydes. Barkhausia setosa DC. — Pleaux. ' Hieracium ovalifolium Jord. — Laval, près Pleaux. Myosotis Balbisiana Jord. — Pleausoubeyre, prés Pleaux. — fallacina Jord. — Pleausoubeyre, prés Pleaux. Datura Stramonium L. — Lavandès. Utricularia minor L. — Mare d'Enchanet. Centunculus minimus L. — Ydes. Euphorbia angulata Jacq. — Pont Blanchard, prés Pleaux. Betula pubescens Ehrh. — Lac de Madic. Hydrocharis Morsus-ranæ L. — Etang de Fleurac. Potamogeton polygonifolius Pourr. — Marais à Pleaux. —” obtusifolius M. Koch. — Etang de Fleurac. Rhynchospora fusca Ræm. et Schult. — Rieu-tort, prés Pleaux. Carex brizoides L. — Pont des Estourocs. — levigata S. M. — Pleaux. Elymus europæus L. — Forét d'Algére. Polystichum Thelypteris Roth. — Ydes. M. l'abbé Brun a laissé un élève, M. l'abbé Rouchy, vicaire à Ségur, qui a particuliérement éxploré.les cantons de Saignes, de Marcenat et XXXV .. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE. d’Allañche. Ti nóus a révélé, dans ces parages, l'existence de quelques espèces bien précieuses pour le Cantal : Sedum maximum Sut.— Rocher du Faux-monnayeur. Libanotis montana All. — Condat. Digitalis purpurascens Roth. — Chavagnac. Littorella [acustris L. — Lac de la Cregut. Hyssopus officinalis L. — Apchon. Euphorbia pilosa L. — Trémouille. Alisma natans L. — Trémouille. Allium flavum L. — Bord de la Rhue. Carex maxima Scop. — Forét d'Algére. La découverte des trois plantes suivantes est attribuée à l'un ou à l'autre de ces deux botanistes : Oxycoccos vulgaris Pers. — Lac de Madic. Schéuchzeria palustris L. — Lac de Madic. Elatiné hexandra. — Étang de Broussolles. XVI Je devrais ici parler de notre savant confrère M. J.-B. Rames. Mais son extréme modestie m'empéche de faire devant vous l'éloge de son profond amour pour la science et des heureuses qualités de son esprit. Je m'en tiendrai donc aux quelques mots qui vont suivre. M. Rames, d'accord avec son ami M. Maupas, alors archiviste de la pré- fecture, étudia, de 1867 à 1869, la flore de notre région au point de vue physiologique. Les deux amis abordérent ensuite l'étude de la cryptogamie, à peine effleurée jusqu'alors dans la hauté Auvergne, et qui réserve cependant d'agréables surprises et de belles découvertes à tous ceux qui l'approfondiront. Aprés le départ de son fidèle collaborateur, M. Rames, entrainé par ses recherches géologiques, s’est occupé, d’une manière toute spéciale et presque exclusive, de la botanique fossile de notre département. Il connaît à fond la végétation qui tapissait le Cantal aux diverses époques de sa formation. Mais puisque je retrace, à cette heure, l'histoire de la botanique dans le Cantal, permettez-moi seulement de vous rappeler que nous sommes redevables à M. Rames de la découverte de l'Anacampseros arvernensis, que M. Jordan de Puyfol, en 1873, a décrit dans le Moniteur du Cantal. XVIL M: Ghoulette, pharmacien militaire de premiére.classe, qui a publié, durant son long séjour ett Algérie, des exsiccata précieux pour la végéta- SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XXXIX tion de à Franee africaine, vint en 1872 se fixer à Aurillac. Frappé dans ses plus.éhères affections par la. perte dé són fils, officier d'état-major, tué sur les murs de Belfort, il érut trouver, un remède à sa douleur, en poursuivant dans notre région l'étude dé la botanique. Quoique déjà parvenu à uni âge avancé, il explora avec une ardent jüvé- nile les environs H'Aurillae, de Vic-sur-Géré et du Lioran. Nous lui devons le Pisum elatius; qui n'avàit pas encore été signalé dans nôtre département... : «1. M. Choulette est mort à Nice, dáns le courant de l'année 1871. XVIII Quelques observateurs zélés et intelligents, dont je vais rapidement donner les noms, nous ont encore permis d'inscrire, durant ces dernières années, des plantes fort intéressantes dans notre Flore. Mon vieil ami le frére Saltel;'instituteur communal à Livinhac-le-Haut, dans un voyage qu'il fit dans le Cantal, observa prés de Lieutadés le Dentaria digitata Lamk, et le Drosera longifolia L., deux plantes nou- velles pour notre pays. . M. Seguy, expert-géomètre à Murat, nous a révélé l'existence, aux alen- touts de Sainte-Anasthasie, du Polemonium ceruleum L. . M. Dumas; conducteur des ponts et chaussées el attaché, commé mol, à l'administration du chemin de fer d' Orléans, a découvert, sur les ver- sants du Plomb, le Senecio brachychætus DC. Un jeune prétre, M. Destruel, a recueilli à Montmurat l'Adiantum Capillus-Veneris L. i Duchalais, sous-inspecteur des foréts, a signalé prés de Veyraguet le Lithospermum purpureo-cæruleum L. En 1875, à la suite du Congrès scientifique de Clermont, un groupe de savants, dirigé par M. de Saporta, vint étudier les plantes fossiles ren- fermées dans les cinérites de la Mougudo. L'éminent géologue d'Aix, dönt lé fiori- est aujourd'hui européén, à éonsigné dans ses ouvrages les résultats dé seg proprës öbsrvatións, en mêmë temps que les nombreuses communications qui lui avaient été faites antérieurement par M. Rames, son cotréSpondant;tantallens..: 1: En 1878, M. Gaudeftoy; notre savant confrère, passa quelques jours au Lioran, et, put remarquer deux ou trois échantillons du Saxifraga hiera- cifolia qui. venaient d'étre récoltés par les fréres Héribaud et Gatien. XIX P En 1874, un, officier distingué de cavalerie, commandant de notre dépôt de remonte «M? Chaverondier, eut la pensée de créer un petit jardin bota- SA i Le a XL SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. nique dans les dépendances de l'établissement militaire qu'il dirigeait. Il confia l'exécution de ce projet à M. de Carbonnat, notre confrère, et le seconda par tous les moyens dont il put disposer. Quelques mois leur suf- firent pour réunir quatre cents plantes. M. Chaverondier, aujourd'hui lieutenant-colonel à Dinan, appelé, l'année suivante, à une autre résidence, dut charger son collaborateur du soin de poursuivre et de mener à bonne fin cette entreprise naissante. M. de Carbonnat accepta cette mission ; mais, en 1876, des circonstances indé- pendantes de sa volonté l’obligèrent à transporter ses plantes dans une partie réservée des jardins de notre École normale. Ce jardin botanique renferme aujourd'hui 600 espéces. Le Conseil général a eu, dès le début, l'excellente pensée d’accorder annuellement une subvention à cette création nouvelle; mais le chiffre en est si minime, qu'on n'a pu parvenir encore à se procurer le nombre voulu d'étiquettes. Faisons des vœux pour que cette allocation soit augmentée et mise en rapport avec le but instructif qu'on se propose d'atteindre. XX Telle est, tracée à grands traits, l'histoire des découvertes botaniques qu'il y avait lieu de signaler dans le Cantal. Ces découvertes deviendraient plus nombreuses, en raison méme du nombre croissant des adeptes de la science, si notre département possédait à la fois un herbier et une biblio- thèque. Permettez-moi, en terminant, d'émettre ici le vœu, que je ne suis pas seul à formuler d'ailleurs, de nous voir enfin dotés, dans un avenir prochain, des livres et des collections qui nous font encore défaut. Ce qui, dans tous les cas, ne pourra manquer de hâter la réalisation de ce vœu sera certainement le souvenir de l'heureuse impression qu'aura laissée dans le Cantal la Société botanique de France. M. le Président remercie, au nom de la Société, la municipalité et la ville d'Aurillac du concours bienveillant et empressé qu'elles ont bien voulu apporter à l'organisation de la session ; il croit devoir ajouter des remerciments tout particuliers à MM. Rames et Malvezin, pour le zéle et le dévouement avec lesquels ils n'ont cessé de con- tribuer à l'exécution d'un programme dont la réalisation a suffi pour faire connaître à la Société la végétation si bien caractérisée du département du Cantal. Et la séance est levée à dix heures et demie. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XLI La Commission du Bulletin a cru devoir rattacher à cette séance les deux communications suivantes : DE L'ABSORPTION DE L'EAU PAR LES FEUILLES DES PLANTES BULBEUSES, par M. E. MER. Dans le cours de mes recherches antérieures (1), je n'avais pu mettre en évidence l'absorption d'eau par les feuilles des plantes bulbeuses. Lorsque je les immergeais aprés un commencement de fanaison, le bulbe restant à l'air, elles reprenaient leur turgescence, sans que le poids de la plante eüt augmenté, si l'expérience était faite sous cloche. Quand elle avait lieu à l'air libre, il en résultait méme une perte de poids. Dans le premier cas, c'était au bulbe que les feuilles avaient évidemment em- prunté l'eau nécessaire pour redevenir turgescentes. Dans le second, je ne pouvais savoir s'il y avait eu absorption du liquide ambiant, puis- qu'en admettant qu'elle se füt produite, la transpiration par le bulbe et la partie des feuilles émergée lui avait été supérieure. Depuis lors j'ai pensé pouvoir arriver à cette démonstration en com- parant les pertes de poids subies par la plante, quand les feuilles sont alternativement plongées dans l'eau ou dans l'air saturé, le bulbe restant à l'air libre. Les pertes devaient être moindres dans le premier milieu que dans le second. En effet, l'eau que perdrait le bulbe par transpiration élant partiellement remplacée par celle des feuilles, ces derniéres ne pourraient en recevoir que du liquide ambiant. Il devait méme arriver un moment où l'évaporalion serait assez ralentie, pour que la quantité ah- sorbée füt égale à la quantité perdue et lui devint ensuite supérieure. L'expérience fut disposée de la maniére suivante : Je choisis une Jacinthe dont les feuilles encore jeunes ne présentaient aucune trace de lésion ni d'altération, et dont le bulbe, dépouillé de ses tuniques desséchées, pouvait s'adapter aussi exactement que possible au goulot d'un flacon. Ce bulbe restait à l'air, tandis que les feuilles plon- geaient dans le flacon, au fond duquel se trouvait un peu d'eau destinée à maintenir l'air intérieur aussi saturé de vapeur que possible. J'obtins une occlusion presque hermétique en bouchant, à l'aide de cire à modeler, le faible intervalle compris entre le bord du goulot et la partie de la sur- face du bulbe qui s'y trouvait appliquée. Afin de m'assurer que l'appareil gardait bien, je suspendis à l'intérieur du flacon, après les avoir pesées, des feuilles de Jacinthe dont les sections avaient été enduites de la méme cire, et je constatai que le poids en restait absolument le méme pendant (4) Voy. Bull. Soc. bot. Fr., t. XXV, p. 105. XLII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. plus de huit jours (1). Dans chaque expérience, aprés avoir pesé la plante, je maintenais les feuilles pendant quelques jours alternativement dans l'air saturé du flacon et dans l’eau dont je remplissais ce dernier (2). Puis je procédais à une nouvelle pesée. Voici, du reste, le détail des expé- riences : I. Les feuilles furent mises dans l'air saturé. Poids de la plante le 24 février, ...,...,..... eee 197,45 — 25 id. ......... "TP 137,90 Perte..,.,,..,:.:., P 07,45 Poids le 95 février. ................... 135,30 Perte, 07,05 — 26 id. ..... UE à su 5h eV à 485,25 — 98 id. ..... VITE "- 13548 ] Perte, 07,07 Il y eut donc encore perte, mais beaucoup plüs faible que dans I, ce qui prouve, puisque toutes choses sont égales d’ailleuts, qu'il y avait eu absorption. Toutefois la quantité d'eau absorbée ‘était inférieuré à celle que perdait la plante, par suite de la transpiration du bulbe. Puisque l'eau avait pénétré dans les feuilles, il faut adméttre que celles-ci avaient perdu de leur turgescence dans cette expériencé, et surtout dans là pré- cédente, ce qui ne pouvait arriver que parce qu'elles fournissaient de l'eau au bulbe, à mesure qu'il en perdait. Seulement, ces quantités ne se compensaient pás, soit parce que l'eau perdue par le bulbe n’était pas remplacée assez vite par celle des feuilles, soit parce que l'eau éxtérieuré ne pouvait pénétrer assez rapidement daris ces derniérés pour se substi- tuer à celle qui en sortait. HI. Je placai de nouveau les feuilles dans l'air saturé. Poids le 28 février. ...............,... 137,18 | perte, 09,08 — {° mars................... .. 18940 ugs —.9 id... 12,95 j Perte, 07,15 La perte fut moindre que dans I, ce qui se conçoit, puisque les tuniques du bulbe, étant moins turgescentes, devaient aussi moins transpirer. ( 1) Pour obtenir un milieu constamment saturé, il faudrait opérer à une tempéra uniforme ; d'autre part, les tissus végétaux transpirent, méme dans ces conditions. La perte que je constatai étant insignifiante, relativement à celles qui se produisirent ensuite dans le cours des expériences, le. dispositif peut être regardé comme satis- aisant. | (2) Il convient de ne le remplir qu'incomplétement, afin que le liquide ne puisse s'élever en vertu de la capillarité par l'étroit intervalle existant entre deux feuilles rap- prochées, dans le voisinage du bulbe, et pénétrer jusqu'à ce. dernier. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XLIII IV. Jimmėrgeəi les feuilles. Poids le 3 mars....................... 197,95 ] Différ. O (a) — 6 id..... ............ .... 197,95 < — 8 id 13,09 | Gain, 0,05 Les feuilles fournissaient toujours de l'eau au bulbe pour réparer les pertes qu'il continuait à éprouver; mais comme celles-ci étaient faibles, l'eau extérieure put pénétrer assez rapidement pour compenser d'abord la transpiration, auquel cas il y eut équilibre, puis pour ramener dans les feuilles la turgescence, qui, dans les expériences précédentes, devait avoir diminué, ét produire finalement une augmentation de poids. V. Je remis les feuilles dans l'air saturé. Poids le. 8 mars................. nn" 187,00 } Perte, 07,13 — 10 id....................... 127,87 — 142 id.......... TERM 127,70 j Perte, 07,17 VI. J'immergeai les feuilles. Poids le 19 mars.............. sos 1277,70 } Gain, 07,10 — 15 id................ eee 127,80 . — 18 id e$ cst oi n veto 12,85 } Gain, 07,05 Dans l'expérience V, la perte fut la méme que daris HI (0,07 par jour) ; or, dans VI, il y eut gain, tandis qu'il y avait seulement équilibre dans IV (a). Gela prouve que l'absorption par les feuilles avait été cette fois plus rapide, soit parce que le bulbe, se fanant de plus en plus, avait attiré avec plus d'énergie l'eau des feuilles, soit parce que celles-ci, épuisées, avaient appelé plus vivement l'eau extérieure ; mais cet état fut momen- tané, et en méme temps que la turgescence renaissait, l'augmentation de poids diminuait. Pour rendre l'absorption encore plus sensible, je laissai les feuilles se flétrir légèrement, en exposant Ja plante à l'air pen- dànt quelques heures. Le poids n'étant plus que de 127,60, j'immergeai les feuilles. VII. Poids le 18 (après légère fanaison)........ 127,60 } Gain, 07,05 — 49(aprés immersion des feuilles). 129,65 -— "iu TOORE Paena 1%" 68 ] Gain, 07,03 L'absorption, d'abord assez forte, diminua ensuite. Une fois arrivé à 12,08, le poids ne parut plus pouvoir s'élever sensiblement; dans l'expériénce VI, alors que le poids était supérieur (12,70), il avait pu arriver en trois jours à 127,85. On doit en conclure que dans l'expérience VII, les feuilles avaient. repris presque toute leur turgescence, et cela, grâce en partie à l'eau que le bulbe avait dû leuf fournir. À partir de ce moment, celles-ci étant turgescentes et le bulbe transpirant de moins en XLIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moins, parce que ses tuniques extérieures finissaient par se dessécher (1), un certain état d'équilibre tendit à s'établir. En résumé, les feuilles des plantes bulbeuses absorbent l'eau dans la- quelle elles sont immergées, à la condition que le bulbe soit maintenu à l'air libre (2). L'absorption se produit sans qu'il soit besoin de diminuer auparavant leur turgescence, uniquement par suite de l'appel d'eau pro- voqué par la transpiration du bulbe. Ce courant de bas en haut (la plante étant supposée renversée, comme dans les expériences précédentes) n'est cependant pas si énergique qu'il ne puisse.se produire en sens inverse, quand les feuilles sont légèrement fanées. La reprise de la tur- gescence est alors due en partie à l'eau provenant du bulbe ; c'est méme uniquement à celte source que puisent les feuilles quand l'expérience est faite sous cloche et que le bulbe est encore frais. Elles n'absorbent donc l'eau extérieure que si ce dernier ne peut leur en fournir suffisamment. On a là. un exemple remarquable de l'appui mutuel que se prêtent les divers organes d'une plante, pour maintenir autant que possible dans leurs tissus une turgescence normale. DE LA RÉPARTITION DE L'AMIDON DANS LES RAMEAUX DES PLANTES LIGNEUSES. — DES CAUSES QUI Y PRÉSIDENT, — DE SON INFLUENCE SUR LA RAMIFICA- TION, par M, IE. MER. En étudiant la répartition de l'amidon dans le tissu médullaire des plantes ligneuses, A. Gris a été amené à distinguer des moelles homo- gènes et hétérogènes. Dans les premières, tous les éléments sont amy: liféres (Chéne, Hétre), ou bien aucun ne l'est (Sureau). Les secondes, tantôt ne contiennent d'amidon que dans les cellules de la périphérie, dont l'ensemble a recu de Guillard le nom de moelle annulaire (Fréne); tantót elles en. renferment non seulement dans ce tissu, mais encore dans un certain nombre de cellules qui en émanent et forment un ré- seau intercalé entre les éléments inertes de la moelle (Sorbier, Érable), ou qui sont répandues sans ordre parmi ces derniers. De là diverses variétés de moelles hétérogènes (mélée, réticulée, diaphragmatique). Guillard avait déjà constaté que les cellules amylifères sont souvent plus nombreuses dans le voisinage des bourgeons, et leur attribuait, dans l'évolution de ces organes, un róle analogue à celui de l'albumen dans le développement de la graine. Gris ayant reconnu que ce fait est plus gé- í (1) Le poids de la plante, de 13,45 qu'il était au début, était tombé à 127,68, et c'est le bulbe qui, presque uniquement, avait subi cette perte. (2) Elles le feraient probablement aussi sous cloche, si le bulbe avait été suffisam- mont desséché pour ne pas pouvoir rétablir la turgescence dans les feuilles légèrement ries. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XLV néral encore que ne le pensait Guillard, appela moelle nodale celle qui se trouve à ces niveaux, la dislinguant par là de la moelle internodale. Mais, se bornant à la topographie du tissu médullaire, il ne rechercha pas les causes des différences considérables que ce dernier présente dans la répartition des éléments amylifères. [l montra ensuite que l'amidon accumulé dans la moelle et le bois, les abandonne au printemps pour y reparaitre dés le commencement de l'été. Je me suis proposé de compléter ces nolions en recherchant : 1° s'il existe des voies particulières par lesquelles s'opérent les migrations pério- diques de l'amidon; 2° sous l'empire de quelles influences elles s'effec- tuent ; 3° quelles sont les causes qui président à la répartition de cette substance dans la moelle suivant les niveaux ; 4? à quelle époque de leur existence et à la suite de quelles circonstances, certaines cellules médul- laires cessent d’être amylifères. Pour remplir ce programme, je devais non seulement étudier pour une méme espéce la répartition de l'amidon dans des rameaux d'àges différents, pendant les diverses saisons de l'année, et à plusieurs reprises dans une méme saison; mais encore, afin d’acquérir une vue d'ensemble, il était nécessaire d'étendre mes observations à un. assez grand nombre d'espéces. Je ne puis consigner ici que les résultats les plus généraux auxquels je suis arrivé. Au printemps, l'amidon opère sa migration en suivant un certain ordre. Il convient de l'étudier d'abord dans les tissus qu'il quitte, puis dans ceux où il se rend. Abandonnant la moelle, le bois et l'écorce (1), il parait se diriger vers les bourgeons par deux voies principales : la moelle annulaire et la éouche la plus interne du parenchyme cortical, désignée sous le nom de gaîne amylacée. Du moins c'est dans ces deux zones seulement qu'on le rencontre en dernier lieu. Ce transport s'effectue de bas en haut, car ce sont les bourgeons supérieurs, et surtout le bourgeon terminal, dont l'attraction est le plus énergique. Mais les entrenœuds les plus rapprochés de ces bourgeons se vident les premiers, circonstance souvent dissimulée, parce que l'amidon disparu ne tarde pasà étre rem- placé par celui qui arrive des entrenœuds inférieurs. Dans les espèces où le dépôt hivernal est abondant, cette substance ne disparait jamais complètement, les nouvelles feuilles pouvant en former avant que l'an- cienne provision soit épuisée. Au début de leur développement, les jeunes rameaux consacrent à la (1) L'écorce n'est généralement pas amylifère en hiver, mais le devient dés le début du printemps. XLVI 'SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. formation de leurs tissus tout l'amidon qui leur arrive; cependant on en trouve toujours ‘plus ou moins dans la gaine amylacée, ce qui semble in- diquer que c'est surtout par cette voie qu'il chemine dans ces organes. Quand ceux-ci sont assez âgés pour que les feuilles puissent produire à leur tour'éette substance, ils en emploient encore une partie à com- pléter leur développement, mais l'excédant se répand dans les tissus plus âgés en suivant les mêmes voies (moelle annulaire et surtout gaine amy- lacée). L'évolution de ces rameaux se trouvant alors dans une phase moins active, il n’est pas rare de voir leur sommet rempli d’amidon, à l'exception: de l'épiderme et des ares procambiaux ; tandis qu'au milieu, la gaîne amylacée séule eñ contient, et qu'à la base on en rencontre en outre dans les assises corticale et ligneusé les plus rapprochées de cette gaîne (1). Ces différences sont dues aux variations de rapport entre l'arrivée et la consommation de lamidon, suivant l'àge. des tissus. On peut ainsi s'assurér que les cellules médullaires, méme dans les espèces où elles cessent bientôt. d’être amyliféres, le sont passagère- ment dans leur extrême jeunesse (Frêne, Coudrier, Tilleul). | Si le bourgeon terminal se ferme de bonne heure, l'amidon, ne servant que dans une mesure plus restreinte au développement des tissus, s'ac- cumule dans les rameaux de l'année et dans ceux des années antérieures. C'est alors que se produit dans les cellules médullaires de quelques espéces une différenciation, qui parfois méme apparait plus tôt (Frêne). Tandis que les unes, s’accroissant faiblement, mais épaississant leurs parois, restent amyliféres, les autres perdent cette propriété, grandissent räpi- dement tout'en conservant de mirices parois, ét se remplissent de gaz (2): de là des moelles hétérogènés. Mais l'inerüe des cellules médullaires, méme quand elles se différencient par leur forme, ne. se produit. pas toujours aussi rapidement. C'est ainsi qu'à la fin d’août j'ai trouvé, dans le bas et le milieu des rameaux de Coudriex de l'année, surtout au voisinage de la moelle annulaire, un assez grand nombre de ces éléments renfermant encore de l’amidon. Ils étaient méme plus nombreux à la base, parce que les tissus plus âgés à ce niveau employaient moins d'amidon à leur développement. C'est pour le motif opposé qu'aucune cellule du sommet n'en contenait encore, Quant à la moelle des anciens rameaux, elle n'en-renfermait pas plus que l'hiver, parce qu’elle avait perdu la faculté d'en former. Parfois, cependant, l'inertie dont. sont frappées. les (1) Pour déceler l'amidon dans les jeunes tissus éorgés de protoplasma, il est indis- pensable de se servir de polassé caustique. (2; C'est ce qui arrive aussi aux assises corticales les plus extérieures formant les cannelures caractéristiques des rameaux d'Abies excelsa. Amylifères dans leur extrême jeunesse, elles ne tardent pas à acquérir des dimensions excessives et à perdre leur contenu. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XLVII cellules médullaires, dés la premiére année n'est pas définitive. Ainsi, pendant l'été, j'ai trouvé de l'amidon dans un certain nombre de ces élé- ments, appartenant non seulement à là pousse de l'année, mais encore à des rameaux de un et de deux ans (Tilleul). C'est en effet pendant cette pé- riode, comprise entre le moment où le bourgeon terminal s'est fermé et le commencement de l'automne, que les tissus sont le plus riches en amidon, parce que la formation en estencore très active, tandis que la consommation en a déjà considérablement diminué (1). Dans le cas où le bourgeon terminal ne se ferme que tardivement (2), les rameaux, quel que soit leur âge, contiennent beaucoup moins d'a- midon, même à ‘la fin de l'été, car cette substance est employée inces- samment au développement des nouveaux entrenœuds. On ne la rencontre alors qué dans les tissus conducteurs (gaine amylacée, moelle annulaire), et dans quelques éléments voisins ; mais à mesure que l'allongement des rameaux se ralentit, par suite de l'abaissement de la température, elle envahit successivement les tissus de réserve (3). Toutes les cellules de là moëlle sont donc amyliféres au début, mais l'inertie de certaines d'entre elles peut se produire, soit dès les premiers temps de leur éroissance, soit au bout de quelques mois, soit après une ou plusieurs années. C'est par là partie centrale qu'elle commence, la région périphérique restant plus longtemps active, mais S'amincissant de plus en plus. On comprend que l’âge, diminuant l'énergie fonctionnelle d'une cellule ; Jui fasse perdre la propriété de former de l'amidon; il est plus difficilé/ de concevoir qu'il en soit ainsi lorsqu'elle n'est pas encore adulte, et l'exemple de ee qui Se passe à cet égard dans le Frêne a lieu de surprendre. En remarquant que dans cette essence la partie inerte de la (4) Pendant toute la période où se forment les couches annuelles de bois et d'écorce, on ne trouve pas d'amidon dans les parties de ces assises le plus récemment dévelop- pées ; à fortiori; dans;la zone génératrice. Ces tissus en pleine évolution consomment tout l'amidon qui leur arrive. C’est, seulement quand leur activité s’est un peu ralentie que cette ‘substance s'y dépose. | ED mE (2) Cette occlusion. se produit, d'autant plus vite, que la végétation est moins vigou- reuse. Certains rameaux de Marronniers provenant de bourgeons dormants forment leur bourgeon terminal, aprés avoir développé deux ou trois feuilles seulement, lesquelles jaunissent et tombent parfois six semaines aprés leur apparition à la lumière, A l'âge de quinze ans, ils n'ont souvent que 45 centimètres. de long. | | (3) L'examén comparatif en juillet et août de rameaux florifères et stériles de Cissus quinquefolia est: très instrubtif à cet égard. Les premiers, étant terminés par des inflo- resceríces, ónt un allongement: forcément limité. et ne possèdent que quatre à six courts entrenœuds, ‘tandis que.'le bourgeon. terminal des seconds, ne se fermant que dans le coürarit de l'aütomme, le nombre ‘des entrenœuds peut s élever jusqu'à douze. ou quinze. Or, dáns 1e premiar cas, la moelle, le. bois et l'écorce renferment de :i amidón, - méme que Jes inftorascences et le. bois: de. l'année précédente, tandis que dans le secon cas la gaine smylacée seule; ón coütiént. On nen trouve pas davantage dans les vrilles qui occupent sur ces Faineaux une: position! analogue. à; celle des inflorescences sur les autres. Le bois et la moelle des branches, d'un am en.repfermant. cepehdant un peu. XLVIH SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. moelle est bien moins développée au niveau des nœuds que dans les entre- nœuds, qu'au contraire la partie active l'est davantage, et que cette dif- férence est d'autant plus sensible que les bourgeons sont plus vigoureux, il semble que la persistance plus grande dans la vitalité des cellules mé- dullaires à certains niveaux doive étre attribuée àla présence de l'amidon accumulé sur ces points, par suite du voisinage des bourgeons, et que l'inertie de ces mêmes éléments dans les entrenœuds provienne d'une insuffisance de nutrition. Cette opinion parait d'autant plus vraisemblable que, méme dans les moelles homogènes, les éléments de la région cen- trale sont en général moins riches en amidon que ceux de la périphérie, et les nœuds plus riches que les entrenœuds. Mais, d'autre part, quand on voit que l'inertie de ces éléments se montre constante pour une méme espéce, quelles que soient les conditions daus lesquelles elle végéte, on est amené àse demander s'ils ne sont pas d'une nature différente de celle des éléments actifs. | ' A l'entrée de l'hiver, l'amidon quitte l'écorce pour s'accumuler dans les tissus plus internes. Mais, dans un rameau de l'année, il se fixe inéga- lement suivant les niveaux. Il s'accumule de préférence dans les nœuds, surtout quand les bourgeons qui s'y trouvent sont volumineux. Les di- mensions de ceux-ci sont en effet fort variables. Petits et rapprochés à la base (1), ils deviennerit ensuite plus gros, en. méme temps qu'aug- mente l'intervalle qui les sépare; généralement c'est le bourgeon ter- minal qui acquiert les plus fortes dimensions (2). Mais quand de nouvelle feuilles continuent à apparaitre jusqu'à l'arriére-saison, les bourgeon formés en dernier lieu sont plus exigus que ceux qui les ont précédés. On comprend donc, d'aprés ce qui vient d'étre dit, que la différence entre la quantité d'amidon des nœuds et celle des entrenœuds voisins varie selon les points considérés, et que ce soit surtout dans la région déve- loppée en été qu'elle est le plus considérable. Aussi, chez les espéces où la provision hivernale n'est pas trés forte, pourra-t-on ne rencontrer cette substance que dans la moelle annulaire des entrenœuds, méme lorsque le cylindre médullaire est homogène, tandis qu’aux nœuds on la trouvera en outre dans le centre de ce tissu. (1) Les trois ou quatre premiers sont généralement des bourgeons dormants, lesquels se trouvaient à l'aisselle, soit des écailles du bourgeon qui a donné naissance au rameau, soit de feuilles rudimentaires qui n'ont pas tardé à tomber. Dans quelques espéces (Q. pedunculata), ces feuilles sont remarquables, non seulement par l'exiguité de leurs dimensions, mais encore par une forme différente de la normale. La trace des écailles subsiste très longtemps sur les rameaux, sous forme de rainures circulaires, ce qui, joint à la présence des petits bourgeons dormauts à l'origine de chaque pousse annuelle, constitue le caractère le plus sûr pour déterminer extérieurement l’âge d'une branche. Les différences de dimensions des bourgeons axillaires d'un máme rameau ne peuvent guère être appréciées que lorsque les feuilles sont devenues adultes. (2) Le Marronnier en offre un exemple frappant. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. XLIX Ce qui précède permet déjà de voir que la cause principale de cette inégalité doit étre recherchée dans le degré plus ou moins grand d'at- traction exercée sur la matière amylacée par les jeunes tissus. C'est ce qui explique pourquoi, méme en hiver, les bourgeons en renferment beaucoup; pourquoi, dans les arbres à feuilles persistantes, cette sub- stance, attirée à la.fois par les feuilles et les bourgeons, est rare dans les rameaux (1). Les fonctions nutritives continuent en effet à s'exercer pendant cette saison, dans une mesure plus ou moins grande, surtout quand la température est douce. L'amidon émigre alors peu à peu des rameaux de l'année, où il ne tarde pas à être remplacé par celui qui se trouvait dans les rameaux plus anciens. II Mais c'est surtout par des recherches directes que l'on peut se rendre compte de l'influence qu'exercent les organes doués d'une active vitalité (bourgeons, feuilles, jeunes rameaux, etc.), sur la répartition de l'amidon. J'ai entrepris dans ce but une série d'expériences, en me servant tantót de rameaux fixés à la tige, tantót de rameaux détachés, immergés par la base et placés à l'obscurité, pour que l'amidon formé par les feuilles ne vint pas compliquer les résultats. Quand je voulais, par exemple, étudier les bourgeons, je les supprimais tous sur un rameau, n'en réservant qu'un seul situé, soit à l'une des extrémités, soit au milieu, et au bout d'un certain temps j'examinais quel était le changement intervenu dans la distribution de l'amidon. Ces expériences ont été faites, le plus souvent, sur le Ligustrum ovalifolium, dont la moelle est amylifére et homogène. Je me bornerai à en exposer les principaux résultats. À. Influence des bourgeons, a. Expériences faites au mois de mars sur des rameaux de l'année précé- dente non détachés. 4° J'enlevai tous les bourgeons, saufun seul vers le bas. Quinze jours aprés, je ne trouvais plus d'amidon que dans les entrenœuds inférieurs ; encore n'y en avait-il qu'un peu, et seulement dans la moelle annulaire. Mais j'en ren- contrai beaucoup au niveau du bourgeon subsistant, ainsi que dans les entre- noeuds situés au-dessous. MN . 2» Je supprimai tous les bourgeons, sauf le terminal. Quinze jours aprés, je ne trouvai plus d'amidon qu'immédiatement au-dessous de ce dernier, et dans ses tissus. (1) Les rameaux de un à trois ans d'Epicea, d'If, etc., ne renferment presque plus d'amidon dés le milieu de l'hiver. Dés lors il est probable que les bourgeons, dàns ces espéces, se développent surtout à l'aide de celui que forment les anciennes feuilles au début du printemps. . T. XXVI. D L SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 3» Il était intéressant de rechercher l'influence que peuvent exercer les bourgeons dormants situé sau bas des rameaux. Pour m'en assurer, je supprimai tous les autres. Un mois plus tard, je ne trouvai plus d'amidon au sommet el au milieu du rameau; il n'y en avait plus qu'un peu dans les entrenceuds infé- rieurs (moelle annulaire et rayons), mais, au niveau des bourgeons subsistants, j'en rencontrai en outre dans la moelle. 4 Restait à savoir si cette attraction, suffisante pour attirer l'amidon quand les bourgeons dormants sont seuls, l'est encore assez quand sur le rameau se trouvent en outre des bourgeons plus vigoureux. Dans une expérience com- mencée le 4° mars, je ne réservai que les bourgeons dormants et trois autres à l'extrémité du rameau. Un mois aprés, je ne trouvai plus trace d'amidon au niveau des bourgeons dormants, je ne commençai à en rencontrer que dans l’entrenœud précédant le premier des gros bourgeons du sommet, d'abord dans la gaine amylacée, puis dans la moelle annulaire. Au niveau de ces bourgeons, j'en trouvai en outre dans la moelle, le bois et l'écorce. Dans une autre expé- rience il en restait un peu au niveau des bourgeons dormants, mais beaucoup moins qu'au niveau des autres. b. Expériences faites en mars, avril et mai sur des rameaux détaches. Tous les bourgeons ayant été enlevés, à l'exception d'un seul, placé dans le haut, le bas ou le milieu du rameau, les résultats furent analogues aux précé- dents, c'est-à-dire que l'amidon s'accumula toujours à proximité du bourgeon subsistant, et que, dans les entrenœuds supérieurs ou inférieurs, les derniers lissus abandonnés furent : la moelle annulaire en hiver, la moelle annulaire et la gaine amylacée en été, ou ce dernier tissu seulement. Dans une autre expérience, je supprimai tous les bourgeons d'un rameau de Hétre; l'amidon, n'étant plus attiré par aucun organe, persista longtemps dans les tissus, tout en se dirigeant lentement vers l'extrémité la plus âgée, dans laquelle il s'accumula (1). B. influence des feuilles et des rameaux. Les feuilles et les jeunes rameaux peuvent exercer une influence analogue à celle des bourgeons. C'est ce que démontrent les expériences suivantes, faites sur des rameaux détachés. 1* Je supprimai toutes les feuilles et leurs bourgeons axillaires, à l'exception d'une seule feuille, située au milieu du rameau, et d'un bourgeon placé un peu plus haut. Quinze jours aprés, je ne trouvai presque plus d'amidon dans les entrenœuds ; il y en avait davantage au niveau de la feuille, principalement dans la gaine amylacée et la moelle annulaire; j'en trouvai encore plus au niveau du bourgeon, dont l'influence se lit ainsi sentir plus énergiquement que celle de la feuille. > 2 Je ne laissai que deux feuilles opposées au milieu d'un rameau de Troéne, aprés avoir enlevé tous les bourgeons. Au bout de quinze jours, les entrenœuds placés au-dessus et au-dessous des feuilles réservées ne renfermaient d'amidon que dans l'écorce et surtout la gaine amylacée. Les régions voisines des feuilles en contenaient en outre dans la moelle annulaire. Enfin, au niveau de ces dernieres, la moelle en était remplie. (4) J'ai signalé jadis un fait analogue dans des pétioles de feuilles de Capucine privées de leur limbe (voy. Bull. Soc. bot. t. XXII, p. 149-150). Je ne puis pour le moment en donner une explication satisfaisante. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LI 3° Dans une autre série d'expériences, disposées comme précédemment, tous les jeunes rameaux en évolution furent coupés. Je n'en conservai qu'un, placé à différents niveaux. Toujours l'amidon abandonnait les régions les plus éloignées de ce rameau pour s'accumuler dans le voisinage et au niveau de ce dernier. III A l'aide des données précédentes, il est possible d'expliquer plusieurs faits relatifs à la ramification. Puisque ce sont les bourgeons les plus volumineux, et particuliérement le terminal, quiattirent surtout l'amidon, on concoit que leur développement soit plus précoce et que les rameaux auxquels ils donnent naissance acquiérent de plus grandes dimensions que ceux qui sont formés par les bourgeons inférieurs. La plupart du temps méme, ces derniers ne se développent pas ou ne le font que plus tard, quand, par suite de circonstances favorables, ils recoivent un apport anormal d'amidon (1). Il s'agit maintenant de rechercher pourquoi les bourgeons inférieurs sont plus petits. Un rapide examen suffit pour faire voir que les dimen- sions de ces organes sont en rapport avec celles des feuilles à l'aisselle desquelles ils se trouvent; ce qui se comprend, car ils accaparent une partie, non seulement de l'amidon qui se rend à ces feuilles, mais encore de celui que forment ces derniéres. Or ce sont les plus vigoureuses qui sont le mieux nourries et qui assimilent le plus énergiquement. La ques- tion revient donc à savoir pourquoi les feuilles inférieures sont plus exigués. Cela tient, je crois, à plusieurs causes, L'évolution d'un rameau peut se diviser en deux périodes : l'une pendant laquelle grandissent les feuilles existant déjà dans le bourgeon, l'autre pendant laquelle il s'en forme successivement de nouvelles jusqu'au moment de l'occlusion du bourgeon terminal. Ce sont les premières qui généralement restent petites, soit parce que leurs éléments, ayant déjà un certain âge quand le bourgeon S'ouvre, ne sont plus susceptibles de grandir beaucoup, soit parce que l'amidon, étant surtout appelé à l'extrémité du rameau par les tissus plus jeunes et plus actifs de celle région, chemine devant les premiéres feuilles sans s'y arréter (2). Si les feuilles naissant au commencement de (4) Le bourgeon terminal étant le mieux nourri, produit souvent des fleurs et des feuilles, celles-ci occupant les nœuds inférieurs et l'extrémité étant constituée par une inflorescence vigoureuse (Marronnier, Érable). D'autres fois ce sont au contraire les bourgeons inférieurs qui forment des rameaux à fleurs, mais dépourvus de feuilles ; ils ne reçoivent pas, semble-t-il, assez de nourriture pour produire à la fois les unes et les autres (Fréne, Cerisier). . oz uro . (2) Il semblerait, d’après cela, qu'en supprimant l'extrémité d'un bourgeon qui com- mence à s'ouvrir, de maniére à ne laisser subsister que les deux ou trois premieres feuilles, on pourrait arriver à augmenter les dimensions de celles-ci, parce que l ami- don s'y arréterait. J'ai fait cette expérience sur le Charme et le Chéne; mais les feuilles, LII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'été sont plus grandes que celles du printemps et de l'automne, cela tient encore à ce que, par suite de l'élévation de température, la végé- tation est alors dans sa période la plus active. Ce qui semble le prouver, c'est que la différence entre les dimensions des feuilles est surtout sen- sible dans les espèces où, dés le début, les entrenceuds s'allongent rapi- dement. Elle l'est bien moins, ou méme elle est nulle dans ceux où les premiéres feuilles sont à l'origine insérées presque à un méme niveau (Marronnier). IV Résumé. — Dans les,bourgeons, tous les tissus sont susceptibles d'étre amyliféres. Au début du développement des rameaux, les arcs procam- biaux perdent pour un certain temps cette propriété, qui ne tarde pas à réapparaitre dans certains éléments du bois (cellules ligneuses et rayons médullaires). La moelle, dans quelques espéces, devieni inerte de bonne heure, en totalité ou en partie ; ce qui semble dû, soit à une insuffisance de nutrition, soit à une différencialion originelle dans la nature des élé- ments qui périssent et de ceux qui conservent leur activité. Les premiers acquiérent rapidement un développement démesuré, leurs parois restent minces, et ils se remplissent de gaz (1). Les autres ne s’accroissent que fort peu, mais épaississent leurs parois. Dans certaines espéces, les cellules médullaires conservent leur amidon plus longtemps, mais finissent, même dès le premier hiver, par perdre cette propriété, soit définitivement (Cou- drier), soit passagèrement (Tilleul). Dans quelques-unes (Pin, Mélèze, Epicéa), cette perte n'arrive que plus lentement encore. Enfin ce n'est souvent qu'aprés un nombre considérable d'années que les cellules mé- dullaires deviennent inertes (2). Les dénominations de Gris, tout en méritant d'étre conservées, n'expriment donc rien d'absolu. loin de se développer davantage, sont restées plus petites, probablement parce que la présence du sommet végétatif d'un rameau est indispensable pour attirer suffisamment l'amidon. (1) Dans le Cissus quinquefolia, les cellules médullaires, malgré leurs grandes dimen- sions et la faible épaisseur de leurs parois, contiennent beaucoup d'amidon. (2) C'est ce que prouvent les observations suivantes, faites en hiver sur des rameaux d'àges divers. — Larix europea. 1° de2 ans : amidon dans quelques cellules médullaires et dans la moelle annulaire ; 2 de 4 ans : il n'y en a plus que dans cette dernière ; J* de 8 ans: plus d'amidon dans le cylindre médullaire, ni méme dans les rayons des quatre couches les plus anciennes. — Betula pubescens. 1° de 10 ans : plus d'amidon dans la moelle; il y en a encore dans les rayons médullaires même les plus internes ; 2 de 12 ans : l'amidon est remplacé dans ces éléments par des globules d'aspect oléagi- neux. — Salix Caprea. 1* de 1à 5 ans : amidon dans la moelle annulaire et les rayons; 2* de 10 ans : plus d'amidon dans la moelle annulaire, dont quelques cellules renfer- ment un liquide ambré. — On remarque du reste, en général, des globules d'apparence oléagineuse, associés méme parfois aux grains amylacés, dans les cellules âgées de la moelle annulaire et des rayons médullaires, chez beaucoup d'arbres à canaux gommeux ou'résineux (Marronnier, Aune, Pin, Épicea). SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LIII Àu printemps, l'amidon se rend dans les bourgeons par deux assises principales (1). C'est seulement par la gaine amylacée qu'il chemine dans les rameaux en évolution. Quand les feuilles ont commencé à assimiler, c'est par ces mêmes voies que descend l'amidon qui n'est plus employé au développement des tissus. Suivant un ordre inverse du précédent, se mêlant même à l'amidon ascendant quand ce dernier n'a pas été épuisé, il se répand dans tous les éléments susceptibles de le sécréter, mais se rend de préférence aux tissus dont la végétation est la plus active et qui deviennent ainsi les principaux ordonnateurs de sa répartition. (1) Le nom de gaine amylacée, exprimant une propriété qui est partagée presque au méme degré par la moelle annulaire, serait remplacé, je crois, avantageusement, par celui de gaine libérienne, de méme qu'il serait plus juste d'appeler gaine médullaire la ` moelle annulaire. Mais pour ne pas augmenter la liste déjà assez compliquée des termes, j'ai préféré garder à ces deux assises leurs anciens noms. RAPPORTS SUR LES EXCURSIONS DE LA SOCIÉTÉ ET SUR SES VISITES A QUELQUES COLLECTIONS BOTANIQUES PARTICULIÈRES RAPPORT SUR L'EXCURSION FAITE PAR LA SOCIÉTÉ AU LIORAN ET AU PLOMB DU CANTAL, LE 22 JUILLET, par M. J.-B. RAMES, Le 22 juillet, à quatre heures cinquante-cinq minutes du matin, les botanistes réunis à la gare d'Aurillac s'élancaient avec entrain dans les wagons. Cependant quelle rude journée en perspective! le froid est vif, le brouillard commence à se résoudre en bruine, et il s'agit d'aborder la Montagne. C'est en vain, pendant les deux heures que dure le rapide voyage, que nous cherchons à saisir quelques traits du paysage, Ja vue s'éteint dans la brume épaisse, implacable. Les viaducs et les tunnels qui se succèdent à de trés courts intervalles nous annoncent que nous sommes dans les gorges des hautes vallées. Nous voici arrivés à la station du Lioran, à l'al- titude de 1111 mètres, en pleine zone de l'Abies pectinata DC. Il est sept heures du matin ; le thermomètre marque + 7* C., le vent est froid et entraine dans ses tourbillons une pluie fine et glacée. Toutes les hautes cimes sont cachées dans les nuages ; c'est à peine si, çà et là, quelques trouées dans le brouillard permettent d'apercevoir, pour un inslant, les parois rocheuses escarpées, assombries par la forét de Sapins. Ce temps affreux imprime une indicible tristesse à ce lieu sauvage, chacun cherche à s'orienter; mais combien nous sommes loin de nous douter que nous sommes plongés au fond d'un vaste cratére démantelé ! LVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. L'esprit d'indécision semble planer un moment sur le bataillon sacré. Mais les botanistes arvernes, familiers de ces hauts lieux, rappellent leurs confrères à laréalité : il s’agit, leur disent-ils, d'aller déjeuner ! Aussitôt la troupe électrisée se met en marche, non sans une vague appréhension, car, instinctivement, chacun se demande: Y aura-t-il de quoi manger dans cetabime silencieux et désert? Ces terreurs secrétes ne devaient durer qu'un moment. Nous entendons mugir un torrent, c'est l'Allagnon que nous fran- chissons, et aussitót, au détour incertain dela forét, apparait, protégée par les longs bras des Sapins, une maisonnette avec cette enseigne : Hôtel Tixier. L'hótel est envahi et transformé en quartier général ; une chambre devient la salle des bagages, l'autre devient salle à manger, salle des déli- bérations et des séances. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous sommes tous installés à table, et plus d'un regard de reconnaissance se tourne vers notre hôtesse, qui s'est mullipliée pour faire honneur aux savants. Le festin étant terminé, nous nous apercevons que les conditions météo- rologiques n'ont point changé, et, aprés müres réflexions sur les dangers que nous aurions à courir, étant donnée l'éventualité des accidents dont nous pourrions étre victimes, nous nous décidons, avec regret, à renoncer à l'ascension du Plonib du Cantal (1858 métres). Malgré cette résolution, la Société va, pendant douze heures, faire preuve d'une énergie incroyable. La troupe descend des ravins aux prairies qui forment un étroit ruban le long des méandres de l'Allagnon (alt: 1100 mètres). Dès les premiers pas au milieu de la luxuriante végétation cantalienne, l'étonnement et l'admiration éclatent, tout le monde s'écrie : Ce ne sont point des prairies, ce sont des jungles sans monotonie, ravissantes de beauté, un parterre créé pour des géants! C'est en effet à la hauteur de nos tétes ou de nos épaules que les Graminées balancent leurs épis, et que les Dicotylédonées les plus diverses étalent et entrecroisent leurs fleurs variées. Entrons-nous dans une fossb pierreuse, suant l'eau, les plantes se rejoignent en on- doyant au-dessus de nous. L'enthousiasme et l'extase s 'emparent de nous tous; le monde ambiant est oublié; pour le moment, notre monde, c'est le petit espace resserré que la brume nous laisse apercevoir et que nous interrogeons en échangeant nos impressions et nos émotions. Cependant nous commencons à récolter et chaque échantillon abandonne une pluie de perles. Mais qui pourrait décrire cette récolte! Au bout de quelques minutes, nos boites deviennent des instruments inutiles, insuffisants; nous réunissons et nous lions en gerbes diaprées : SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LVII Ranunculus aconitifolius L. Doronicum Pardalianches L. .— platanifolius L. — austriacum Jacq. Trollius europæus L. Senecio Cacaliaster Lam. Aconitum Lycoctonum L. — Fuchsii Gmel. — Napellus L. Carduus Personata Jacq. Arabis cebennensis DC. Cirsium Erisithales Scop. Helianthemum vulgare L. var. lati- | — palustri-Erisithales. folium. Centaurea montana L. Hypericum quadrangulum L. Picris crepoides Saut. Genista purgans DC. Prenanthes purpurea L. Vicia Orobus DC. Crepis grandiflora Tausch. Rubus glandulosus Bell. Campanula latifolia L. — saxatilis L. — linifolia Lam. Rosa alpina L. Pirola minor L. — rubrifolia Vill. — rotundifolia L. — pimpinellifolia DC. Pulmonaria azurea Bess. — collina Jacq. Gentiana lutea L. Epilobium angustifolium Lam. Menyanthes trifoliata L. — obscurum Rchb. Melampyrum sylvaticum L. —- roseum Schreb. Calamintha grandiflora Mœnch. — trigonum Schrank. Brunella grandiflora Moench. — Duriæi Gay. Polygonum Bistorta L. — spicatum Lam. Eupliorbia hyberna L. — montanum L. Salix phylicifolia L. Sedum Fabaria Koch. — repens L. — villosum L. Veratrum album L. — annuum L. | Lilium Martagon L. Ribes petreum Wulf. Scilla Lilio-hyacinthus L. — alpinum L. DEI Allium Victorialis L. Astrantia major L. í n Maianthemum bifolium DC. Bupleurum ranuneuloides L. Paris quadrifolia L. Libanotis montana All. Narcissus pseudo-Narcissus L. Sambucus racemosa L. Neottia Nidus-avis Rich. Lonicera alpigena L. Juncus alpinus Vill. Petasites albus Geertn. Luzula maxima DC. Arnica montana L. Equisetum sylvaticum L. — : "n La plupart d'entre nous quittent les bords de l'Allagnon pour s'engager entre les hautes murailles à pic du grand ravin de la Croix. L'écume du torrent bondissant jusqu'à nous, la voùte sombre des Sapins nous inon- dant d'une demi-obscurité, les touffes de Fougéres humides, les arbustes frissonnants et mille franges fleuries et ruisselantes se superposant cent fois, tout cet ensemble estompé par les vapeurs qui rampent mélancolique- ment sur les roches noires forme un tableau qui nous remplit d'une àpre volupté. Les uns se réjouissent dans leur cœur ; les autres évoquent, dans ce lieu solennel, l'ombre de leur ancien maitre et ami H. Lecoq, qui, pen- dant sa longue carrière, fut toujours épris d'une vive admiration pour ce ravin sauvage dont la flore est d'une richesse sans rivale sur tout le pla- teau central. Nous pouvons recueillir : LVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Arabis alpina L. Gnaphalium norvegicum Gun. Sisymbrium pinnatifidum DC. Carlina nebrodensis Gun. Silene Saxifraga L. Mulgedium Plumieri DC. Geum montanum L. — alpinum Less. Potentilla fagineicola Lamotte. Pirola secunda L. Rubus Saxatilis L. Pinguicula vulgaris L. — glandulosus Bell. — grandiflora Lam. Circæa alpina L. Androsace carnea L. Sedum alpestre Vill. Gentiana verna L. — villosum L. Streptopus amplexifolius DC. Sempervivum arvernense Lec. et La- | Crocus vernus All. motte. Orchis globosa L. — arachnoideum L. — chlorantha Curt. Saxifraga Aizoon Jacq. Juncus alpinus Vill. — rotundifolia L. Aira montana L. Lonicera alpigena L. Festuca sylvatica Vill. Les heures se sont écoulées avec une rapidité étonnante, nos habits d'hiver sont alourdis par la pluie, nos membres sont à demi engourdis, nous jugeons à propos d'aller nous réconforter au Lioran, et nous rega- gnons l'hôtel. Nous ne sommes pas seulement chargés de gerbes précieuses, mais nous avons aussi arraché aux flancs des rochers de grandes mottes offrant les plus gracieuses et les plus fraiches associations montagnardes qu'il soit possible d'imaginer : Viola sudetica Willd. Saxifraga Aizoon Jacq. Potentilla aurea L. — stellaris L. Sempervivum arachnoideum L. Androsace carnea L. Sedum villosum L. Pinguicula vulgaris L. Notre salle des bagages est encombrée par nos récoltes; néanmoins, à table et devant un grand feu de branches de sapin, nous discutons les moyens que nous pourrons employer l'aprés-midi pour rapporter une plus grande quantité d'échantillons : plusieurs d'entre nous veulent en effet expédier chez cux, le soir méme, des ballots de plantes vivantes. Nous voici équipés et en marche pour la deuxième herborisation. A voir avec quelle fière allure nous nous remettons en route, on pourrait croire que nous allons sous un ciel d'azur et par un beau soleil contempler les riantes campagnes et jouir de la beauté des panoramas ; tant s'en faut! la pluie nous fouette le visage, le vent du nord souffle sans répit, le thermo- mètre marque + 8 C., et l'horizon étroit qui marche et se déplace avec nous offre à peine 200 métres de diamétre. La troupe se divise en deux groupes. MM. Cosson, Hullé, Kralik, etc., ont été tellement émerveillés par l'aspect insolite et robuste de la flore des prairies, qu'ils veulent retourner sur les bords de l'Allagznon (1100 métres). Le plus grand nombre des membres vont tenter, en s'engageant dans le SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LIX ravin de la Gouliére, d'arriver jusqu'à la crête (1800 mètres), près du Pic du Rocher. Tandis que nos confrères disparaissent dans Ja prairie, nous nous engageons, sous la haute futaie, dans un sentier creux, ruisse- lant, sillonné de grosses racines, et bientót nous pénétrons à angle droit dans notre grand ravin. Nous entrons dans un eldorado. Tout ici nous retrace l'image de la forêt vierge : d'énormes dykes d'andésite traversent obliquement le conglomérat et engendrent une série interminable d'escar- pements et de cascades alternant avec des chaos de rochers éboulés et des amas d'humus recouverts par de splendides écharpes de végétation; de tous côtés, les vieux Sapins se penchent sur l'abime, et les souches tombées en vétusté encombrent le lit du torrent et en rendent l'escalade trés difficile ; des légions infinies de Champignons, de Lichens, de Mousses, de Jongermannes, se disputent les débris de la forét : les cryptogamistes se chargent d'un précieux butin. Tantót nous grimpons aprés les glacis de la roche nue; tantót nous traversons les fourrés et les touffes humides de Mulgedium, de Senecio Cacaliaster Lam., de Saules, de Fougères; tantót nous sommes obligés d'abandonner le ravin, parfois impraticable, pour nous rejeter dans la forêt. A un moment donné, nous voyons l'air prendre des reflets lumineux; va-t-il y avoir une éclaircie? Hélas ! aussitót le brouillard se referme et, comme ci-devant, nous cache le. paysage aussi bien sous nos pieds que sur nos tétes. Cependant l'ascension devient beaucoup moins pénible; le torrent n'est plus qu'un petit ruis- seau, les surfaces rocheuses glissantes et l'humus rendu vaseux ne con- trarient plus notre marche. Arrivés à 1550 mètres d'altitude, nous nous reposons sous un bouquet de Sapins, et, à notre grand étonnement, M. La- motte nous fait observer que nous avons affaire ici à l'Abies excelsa DC.! Cette espèce est-elle spontanée? Dans quel but l’aurait-on plantée en cet endroit escarpé, domaine de l'Abies pectinata DC.? Les botanistes du Cantal se promettent de revenir par un beau jour au haut du ravin; ils étudieront attentivement l'état des lieux, ils prendront des informations, et ils éiucideront cette question trés importante pour la flore du Cantal. | Nous nous acheminons vers les hautes pelouses, et nous voyons se presser en gazon serré : Nardus stricta L. Avena versicolor Vill. Agrostis rupestris All. Festuca spadicea L. Phleum alpinum L. Poa alpina L. Aira montana L. — compressa L. Plus rares sont : Avena montana Vill. Poa sudetica DC. — amethystina DC. Festuca rhætica Sutt. LX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Du milieu de l'herbe s'élévent par myriades : Cardamine resedifolia L. Thlaspi virens Jord. Thlaspi alpestre L. Trifolium alpinum L. Geum rivale L. — montanum L. Sanguisorba montana Jord. Alchemilla alpina L. Sedum alpestre Vill. Senecio Doronicum L. Pedicularis comosa L. — foliosa L. Bartsia alpina L. Plantago alpina L. Thesium alpinum L. Orchis albida All. Epilobium alpinum L. Narcissus pseudo-Narcissus L. — origanifolium Lam. Nous voici parvenus à la hauteur de 1700 mètres, et malgré toute notre envie de parvenir jusqu'au séjour de l'Anemone alpina L., du Silene ciliata Pourr., du Genista prostrata Lam., etc., nous hésitons. La posi- tion n'est plus tenable, le brouillard court avec la rafale, le froid et la pluie redoublent d'intensité ; aussi bien nous pensons à la retraite et nous redescendons au Lioran à travers la forêt. À chaque pas nous traversons des associations el des massifs où dominent : Mulgedium Plumieri DC. Cacalia Petasites Lam. Circæa alpina L. Rumex arifolius All. — alpinus L. Aquilegia vulgaris L. Imperatoria Ostruthium L. Stellaria nemorum L. Asperula odorata L. Mulgedium alpismm Loss. Au moment où nous touchons le seuil de l'hótel du Lioran, nous voyons se dégager du brouillard notre confrére M. Malvezin, l'un de nos secré- taires, accompaghé de l'infatigable M. Abel ; nous les saluons de nos accla- mations. Le matin, ils avaient fait serment de remplir le programme et d'herboriser jusque sur le sommet du Plomb du Cantal (1858 mètres). Ni les difficultés, ni la mélée du combat des météores, ni le danger, n'ont pu les-détourner du désir d’être utiles à leurs confrères et à la science. Ils délient et mettent à notre disposition deux trés grands paquets de plantes rares, les unes du ravin des Gardes, les autres des crétes et du sommet du Plomb du Cantal. Au milieu de ce foisonnement d’espèces, je ne peux citer que les principales : 1° Du ravin des Gardes : Acer platanoides L. Geranium phæum L. Impatiens Noli-tangere L. Sanguisorba montana Jord. . | Amelanchier vulgaris Mœnch. ' | Circæa intermedia Ehrh. Lonicera nigra L. Actæa spicata L. Meconopsis cambrica Vig. Dentaria pinnata Lam. Lunaria rediviva L. Thlaspi vulcanorum Lamotte. Stellaria nemorum L. Acer pseudo-Platanus L. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXI Valeriana tripteris L. Rumex arifolius All. Lactuca muralis Fres. Ulmus montana Sm. Pirola secunda L. Convallaria verticillata L. Rumex alpinus L. Neottia ovata BI. et Fing. 2» Du Plomb du Cantal : Epilobiun alpinum L. Saxifraga bryoides L. — exarata Vill. Chærophyllum aureum L. — hirsutum L. Erigeron alpinus L. Gentiana verna L. Rumex scutatus L. Salix Lapponum L. Alium fallax Don. Orchis nigra Scop. Juncus filiformis L. Eriophorum vaginatum L. — alpinum L. Festuca nigrescens Lam. — alpina Gaud. Botrychium Lunaria Sw. Anemone vernalis L. — apiifolia Rchb. Ranunculus auricomus L. — spretus Jord. — Lecoqii Bor. Caltha palustris L. var. minor. Biscutella arvernensis Jord. Polygala vulgaris L. var. alpestris Koch. Silene ciliata Pourr. Dianthus sylvaticus Hopp. Sagina muscosa Jord. Cerastium alpinum L. — lanatum Lam. Genista prostrata Lam. — Delarbrei Lec. et Lamotte. Trifolium arvernense Lamotte. Alchemilla hybrida L. Sur ces entrefaites, nos confrères, amis et déprédatears des prairies, arrivent ; nous saluons leur retour. Ils sont aussi mouillés que s'ils venaient d'échapper à un naufrage; mais, en revanche, ils sont chargés d'une abondante récolte. Leur premier soin est de faire une distribution générale d'une.partie de leur magnifique moisson. Une activité dévorante règne dans l'hótel : les uns confectionnent des ballots de plantes qu’ils veulent expédier tout de suite ; d'autres mettent en presse des échantillons fragiles; d'autres font sécher, tant bien que mal, devant un grand feu telle ou telle partie de leur vêtement. Enfin, tous réunis en un joyeux souper, nous devisons, dans l'expan- sion de la plus sympathique confraternité, sur les péripéties, lés male- chances et les bonnes fortunes de la journée, et.nous ne désirons nulle- ment l'arrivée du train qui doit nous réintégrer dans les murs d'Aurillac à onze heures du soir. LISTE DES PLANTES RÉCOLTÉES DANS L'HERBORISATION FAITE PAR LA SOCIÉTÉ AU RAVIN DE LA CROIX, AU PUY DE GRIOU ET AUX BOIS DE VACIVIÈRES, LE 24 JUILLET, par M. MALVEZIN. Aconitum Napellus F. Arabis alpina L. -— cebennensis DC. Sisymbrium pinnatifidum DC. Ranunculus aconitifolius L. — platanifolius L. Trollius europæus L. Aconitum Lycoctonum L. LXII Helianthemum vulgare var. latifolium. Viola sudetica Willd. Silene Saxifraga L. Hypericum quadrangulum L. Genista purgans DC. Vicia Orobus DC. Geum montanum L. Potentilla fagineicola Lamotte. Rubus saxatilis L. — glandulosus Bell. Rosa spreta Deseg. — pyrenaica Gouan. — lagenaria Vill. — reversa W. et K. — rubrifolia Vill. — pimpinellifolia DC. — coriifolia Fries. — collina Jacq. — resinosa Sternb. Epilobium origanifolium Lam. — obscurum Rchb. — roseum Schreb. — trigonum Schrank. — Duriæi Gay. — spicatum Lam. Circæa alpina L. Sedum Fabaria Koch. — annuum L. — alpestre Vill. Sempervivum arvernense Lec. et Lam. (non fleuri). — arachnoideum L. Ribes petræum Wulf. Saxifraga Aizoon Jacq. — rotundifolia L. Astrantia major L. (non fleuri). Bupleurum ranunculoides L. (non fleuri). Libanotis montana All. var. pubes- cens DC. Sambucus racemosus L. Lonicera alpigena L. Petasites albus Gærtn. (en fruit). Gnaphalium norvegicum Gay. Arnica montana L. Doronicum Pardalianches L, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Doronicum austriacum Jacq. Senecio Cacaliaster Lam. — Fuchsii Gmel. Carlina nebrodensis Lam. « Carduus personata Jacq. Centaurea montana L. Picris crepoides Saut. Prenanthes purpurea L. (non fleuri). Mulgedium Plumieri DC. — alpinum Less. Crepis grandiflora Tausch. Campanula latifolia (non fleuri). — linifolia L. Pirola minor L. Pinguicula vulgaris L. — grandiflora Lamk. Soldanella alpina L. Androsace carnea L. Gentiana lutea L. — verna L. Menyanthes trifoliata L. Melampyrum sylvaticum L. Calamintha grandiflora Mœnch. Brunella grandiflora Mænch. Polygonum Bistorta L. Asarum europæum L. Euphorbia hyberna L. Salix phylicifolia L. — repens L. Veratrum album L. Lilium Martagon L. Scilla Lilio-hyacinthus L. Allium Victorialis L. Maianthemum bifolium DC. Streptopus amplexifolius DC. Paris quadrifolia L. Crocus vernus All. (en fruit). Narcissus pseudo-Narcissus L. Neottia Nidus-avis Rich. — cordata Rich. Orchis globosa L. — chlorantha Cust. Juncus alpinus Vill. Luzula maxima DC. Aira montana L. Festuca sylvatica Vill. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXIII RAPPORT SUR L'HERBORISATION FAITE PAR LA SOCIÉTÉ, LE 26 JUILLET, AU COL DE CABRE, A PEYRE-ARSE, A LA BRÈCHE DE ROLAND ET AU PUY MARY, par M. SAINT-LAGER. Les jours précédents, la Société avait exploré le Plomb du Cantal, les cimes de Bataillouze et du Puy Griou. Il ne restait plus, pour achever l'examen des sommités du massif du Cantal, qu'à visiter la chaine com- prise entre le Puy de Peyre-Arse et le Puy Mary. Tel devait étre l'objet de l'excursion du samedi 26 juillet. Partis de la gare d'Aurillac à cinq heures du matin, nous arrivons à six heures et demie au Lioran, et, aprés un léger déjeuner, nous nous mettons en route pour l'herborisation projetée. Nous remontons d'abord la grande route de Murat à Aurillac, jusque vers le tunnel qui traverse le col du Lioran; puis nous prenons à droite un chemin qui longe la rive droite de l'Allagnon et s'éléve ensuite à tra- vers la forét située sur les pentes de Dataillouze. Pendant le trajet, nous revoyons la plupart des plantes que nous avions observées les jours précédents dans les forêts d’Abies pectinata qui entou- rent l'admirable cirque du Lioran. Ce n'est pas ici le lieu d'en donner l'énumération compléte, il nous suffira de citer : Arabis cebennensis DC. Scirpus sylvaticus L. Saxifraga stellaris L. Sedum villosum L. Lychnis sylvestris Hoppe. Luzula nivea DC. — maxima DC. Silene rupestris L. Galium saxatile L. Geranium sylvaticum L. Impatiens Noli-tangere L. Orchis viridis Crantz. — chlorantha Cust. Conopodium denudatum Koch. Blechnum Spicant L. Meum athamanticum Jacq. Senecio saracenicus L. Adenostyles albifrons Rehb. Petasites albus Gærtn. Prenanthes purpurea L. Lonicera nigra L. Poa sudetica Hænke. Maianthemum bifolium DC. Calamintha grandiflora Mœnch. Valeriana tripteris L. Ranunculus platanifolius L. Aconitum Napellus L. — Lycoctonum L. Veronica montana L. Campanula latifolia L. Geum rivale L. Dentaria pinnata L. Ribes petreum Wulf. Saxifraga rotundifolia L. Pirola minor L. — secunda L. Trifolium badium Schreb. Knautia sylvatica Duby. Salix arbuscula L. Mulgedium alpinum Less. Lilium Martagon L. Circæa alpina L. Epilobium Duriæi Gay. —- spicatum Lam. Stellaria nemorum L. Imperatoria Ostruthiuin L. Genista Delarbrei Lamotte. Lysimachia nemorum L. Trollius europæus L. Scilla Lilio-hyacinthus L. Lycopodium clavatum L. — Selago L, LXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parvenus au sommet de la forêt, nous franchissons une pente encore couverte de neige, et, quittant le versant de l'Allagnon, nous entrons dans le bassin de la Jordanne, à travers une dépression, appelée le col de Rombiéres, qui sépare le Puy de Bataillouze du Puy de Griou. La partie supérieure de la vallée de la Jordanne est occupée par de vastes prairies qui doivent étre trés plantureuses ; malheureusement, les troupeaux y avaient déjà séjourné et ne nous avaient rien laissé à glaner. Du reste, nous avions déjà éprouvé la méme déception, lorsque, deux jours auparavant, nous parcourions les prairies situées à la base du Plomb du Cantal. | Nous nous dirigeons rapidement vers le col de Cabre (1539 mètres) qui forme le point de partage des eaux de la Jordanne et de la Santoire, et nous remontons à la base des escarpements qui s'étendent depuis le Puy de Peyre-Arse jusqu'au Puy Mary; là, à travers les rocailles et le maigre gazon qui les recouvre, nous commençons à trouver quelques espèces inléressantes, entre autres Sorbus Chamæmespilus Crantz, Bupleurum longifolium L., Biscutella arvernensis Jord., et une cohorte de plantes communes à cette hauteur dans tout le massif du Cantal : Potentilla aurea L. Sisymbrium pinnatifidum DC. Viola sudetica Willd. Thlaspi virens Jord. Gentiana verna L. Cerastium alpinum L. var. lanatum. Autour d'une source, prés de Jaquelle nous faisons une petite halte, nous voyons quelques pieds de Cardamine resedifolia L. et de Viola palusiris L. Nous nous élevons ensuite sur l'aréte des rochers qui succèdent aux précédents, et à travers d'épais buissons de Vaccinium Myrtillus L. et V. uliginosum L., nous remarquons : Allium Victorialis L. Phleum alpinum L. Melampyrum sylvaticum L. Orchis albida Scop. Leontodon pyrenaicus Gouan. Luzula nigricans DC. Festuca nigrescens Lam. — spicata DC. Androsace carnea L. Bartsia alpina L. Plantago alpina L. Aira montana L. Sempervivum arvernense Lamotte. Serratula monticola Bor. Narcissus pseudo-Narcissus L. Pedicularis foliosa L. Polygonum Bistorta L. — comosa L. Arnica montana L. Myosotis alpestris Schm. Avena versicolor Vill, Anemone myrrhidifolia Vill. Poa alpina L. Sans compter quelques espèces vulgaires que nous n'avons presque pas cessé de voir dans la région des Sapins jusque sur les sommités de la SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXV chaine, entre autres Anemone nemorosa L., Anthoxanthum odoratum L., Genista pilosa L., etc. Parmi les plantes ci-dessus énumérées, il en est une qui, à cause de la beauté de ses fleurs, attire particuliérement l'attention, c'est l'Anemone myrrhidifolia Vill., appelée encore Pulsatilla apiifolia Rchb. Suivant quelques auteurs, cette belle Renonculacée serait la variété sulfurea de l'alpina. Suivant d'autres, ce serait une espèce complètement distincte de l'Anemone alpina. Íl est certain que la Pulsalille, si commune sur les sommités du Cantal, a une taille deux fois plus élevée que l'A. alpina ; en outre, elle est couverte, surtout pendant sa jeunesse, de poils blancs, soyeux ; ses feuilles sont larges et peu profondément découpées; ses sépales sont largement ovales et ont des dimensions plus grandes que ceux de l’A. alpina. Il est incontestable que lorsqu'on place les uns à côté des autres des échan- ullons d'A. myrrhidifolia et d'A. alpina, on est frappé, à première vue, des différences qui existent 'entre les uns et les autres, et l'on s'explique très bien que Villars et d'autres botanistes aient été tentés de regarder les deux plantes comme deux espéces distinctes. Toutefois, si l'on consi- dére que les différences portent sur des caractères de peu d'importance, la taille, la villosité, les dimensions des fleurs et des feuilles, on arrivera à reconnaitre qu'il n'y a pas lieu d'établir une séparation spécifique entre les deux formes; car en usant d'une pareille licence, on arriverait à créer autant d'espéces qu'il y a de races, et souvent méme autant d'es- péces qu'il y a d'individus. Notons que, dans le Cantal, la fleur de PA. myrrhidifolia est toujours jaune, tandis que, dans les Alpes, elle est quelquefois blanche, ainsi que l'avait trés bien observé Villars. L'A. alpina a le plus souvent des fleurs blanches, mais quelquefois il a des fleurs de couleur jaune, comme on peut le voir en diverses loca- lités du Valais et de la Savoie, notamment dans les vallées de Saas, de Zermatt, de la Gitaz, entre Beaufort et le Bonhomme. | Il est surprenant que Villars n’ait pas eu occasion d'observer la variété à fleurs jaunes dont nous parlons actuellement et à laquelle il faut réserver l'épithéte d'A. alpina var. sulfurea. Ainsi, en résumé, l'A. alpina comprend deux formes ou races, ayant chacune une variété à fleurs blanches et une autre à fleurs jaunes. Ces deux races sont l'A. alpina et l'A. myrrhidifolia. On sait d'ailleurs que toutes les deux, de méme que les A. Halleri, vernalis et montana, appartiennent au sous-genre Pulsatilla caractérisé par les carpelles à appendices plumeux. m . Aprés cette digression sur notre intéressante Pulsatille, reprenons le récit de l'herborisation. Nous étions arrivés au point où l'aréte des rochers est brus uement T. XXIV. E LXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. interrompue par une profonde cassure que les géologues du Cantal ont appelée Bréche de Roland. Aprés étre descendu au fond de la cassure, nous remontons sur la paroi opposée en nous accrochant aux rochers, à l'aide des mains et des pieds. Nous aurions bien voulu aller cueillir, au pied nord des escarpements, plusieurs plantes intéressantes dont M. Malvezin nous signalait l'existence, entre autres, Tozzia alpina L., Saxifraga androsacea L., Asplenium viride Huds., et Aspidium Lonchitis Sw., deux Fougères rares dans le Cantal, et enfin une plante nouvelle pour la flore de France, le Saxifraga hieracifolia W. et Kit. (1). Mais il est impossible, à cause de l'abondance de la neige, de descendre au pied de la muraille rocheuse sur laquelle nous étions en ce moment. | Pourtant, en faisant un long circuit, M. Malvezin parvint à la base des rochers et en rapporta le Saxifraga androsacea et une provision de Tozzia alpina. Le S. hieracifolia n'était pas encore fleuri. Enfin, aprés avoir escaladé une derniére pente, nous atteignons le sommet du Puy Mary (1787 métres), dernier terme de notre excursion. Rien ne saurait donner une idée de la beauté du spectacle qui s'offre alors à nos regards. Au sud, la vue plonge dans la vallée dela Jordanne et s'étend au loin dans les plaines au delà d'Aurillac; au nord se dévelop- pent, à la manière des branches d'un éventail, les gracieuses vallées de la Marse, de la Rhue et de la Santoire, dont les riviéres vont se jeter dans la Dordogne, tandis que l'Allagnon au N. E. va mêler ses eaux à celles de l'Allier. A l'extrémité de l'horizon se dressent les cimes du mont Bore, encore couvertes de nombreuses plaques de neige. Nous nous plaisons surtout à considérer les pitons volcaniques qui nous entourent et à examiner la structure de cetadmirable cirque trachytique du Cantal dont le Puy Mary, sur lequel nous sommes actuellement, forme l'une des sommités périphériques. Du méme côté que le Puy Mary (1787 mètres), s'élévent le Puy Chavaroche (1744 mètres) et le Puy de Peyre-Arse (1567 mètres). En face de nous, sur l'autre moitié de la circonférence, . Se dressent, en commençant par le sud, le Puy Gros (1599 mètres), le Pic de la Croix (1766 mètres), le Puy Brunet (1706 mètres), le Cantalon (1805 mètres), la butte basaltique du Plomb, point culminant du massif (1858 métres), et enfin les Puys du Rocher (1800 métres), de Peyroux (1620 mètres) et de Bataillouze (1686 mètres). Au centre du cirque dont nous venons de jalonner le circuit, surgis- sent les pitons phonolithiques du Puy de Griou (1694 mètres), du Griounot (1) Cette Saxifrage des régions arctiques de la Norvège et de la Sibérie, du Spitzberg, se trouve aussi dans les Alpes de la Styrie, de la Croatie, Hongrie et Transylvanie. Elle fut découverte, il y a peu de temps, dans le Cantal par le frère Galien. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXVII (1452 mètres) et du Puy de l'Usclade (1439 mètres), Ainsi que le fait très bien remarquer M. Rames, le Puy Griou semble placé là au centre du cratère, comme pour servir d'observatoire au naturaliste. Nous ne nous lassions pas de contempler l'admirable panorama qui se déroulait aulour de nous. Cependant il fallut bien nous arracher à ce spectacle, et aller chercher les vivres que les porteurs avaient laissés au col de Cabre, Donc, après avoir cueilli quelques touffes de deux Graminées qui-tapis- sent les escarpements du côté sud, les Festuca spadicea L. et F. rheætica Sut., nous descendons rapidement jusque vers une source près de laquelle nous prenons un frugal repas. Cependant nous apercevons au-dessus d'Aurillac des nuages qui peu à peu se réunissent en masses épaisses, se dirigeant de notre cóté. Nous nous hâtons de détaler ; mais, malgré notre précipitation, nous fümes assaillis, vers le col de Cabre, par un vent violent accompagné de pluie et de grêle. De retour au Lioran, nous fimes allumer un grand feu de bois autour duquel nous nous séchámes tant bien que mal. Enfin, aprés avoir diné, nous reprimes, au moment même où éclatait un violent orage, le train qui nous ramena à Aurillac à dix heures et demie. RAPPORT SUR L'EXCURSION PALÉONTOLOGIQUE AU GISEMENT DE FEUILLES FOS- SILES DES CINÉRITES DU PAS DE LA MOUGUDO, AU-DESSUS DE VIC-SUR-CERE, FAITE PAR LA SOCIÉTÉ LE 27 JUILLET 1879, par M. J.-B. RAMES. Nous partons pour Vic-sur-Cére à une heure vingt-cinq de l'aprés-midi, par un beau temps. — Pendant le trajet en chemin de fer nous pouvons voir les moraines de Maussac et de Carnéjac. Nous observons que les coulées volcaniques qui constituent les flancs de la vallée de la Gére sont uniformes sur de grandes élendues; cà et là, nous les voyons couronnées par le basalte des plateaux. Ces quelques mots indiquent que dans notre excur- sion d'aujourd'hui, la géologie et la paléontologie végétale auront le pas sur la botanique. | Le paysage devient plus grandiose, quelques cimes apparaissent, nous arrivons à Vic-sur-Cère ; nous retrouvons les visages amis des confrères qui ont établi leur quartier général dans ce site ravissant. Avant d’aller faire visite à la fontaine minérale, nous notons l'altitude de la gare du chemin de fer, 678 mètres. M. Matre, premier adjoint à Vic-sur-Cére, se joint à nous; il doit nous enseigner un nouveau gisement de feuilles fossiles. Nous prenons ensuite le chemin du Pas de la Mougudo, qui est à 980 mètres, le plateau supérieur étant à 1127 mètres d'altitude. Nous décidons de monter d'abord sur le plateau. Nous y montons par la nou- LXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. velle route dont les tranchées, encore fraiches, nous permettent de dis- tinguer nettement la structure et la stratigraphie du volcan. A la sortie de Vic, la route est taillée dans la domite ; plus haut, elle est ouverte dans les grandes et épaisses coulées de bréche d'andésite. La chaleur devient aecablante, à mesure que nous nous élevons; mais nous sommes de plus en plus ravis et étonnés par l'aspect de la vallée de la Cére, qui déploie toute sa magnificence. Nous nous arrétons bientôt enun point où la route traverse un bois. Nous voici au niveau de la cinérite. M. Matre nous montre le gisement qu'il a découvert. C'est une bréche à feuilles trés intéressante ; elle est constituée par une crevasse dans la bréche andé- sitique, remplie de cinérite et pétrie de feuilles. Le Fagus sylvatica Lin., var. pliocenica Sap., domine. Gràce à M. le docteur Fesq, nous pouvons nous procurer un certain nombre d'échantillons de ce curieux gisement. Au moment du départ, nous donnons à cette bréche le nom de Bréche de Cosson. Nous reprenons la route qui est toujours taillée dans la bréche d'an- désite, et nous arrivons en peu de temps sur le plateau (1127 métres), que la pelouse recouvre d'une manière uniforme ; néanmoins le basalte apparait en nappes en amont et en aval du point où nous sommes. La vue er.brasse, vers le S. et vers PE., un horizon prodigieux ; au N. et au N.-E., toutes les hautes cimes se profilent nettement. Les plus impor- tantes attirent notre attention et nous nous les indiquons réciproquement: Puy Chavaroche (1744 métres), Puy-Mary (1787 métres), Puy de Peyre- Arse (1567 mètres), Plomb du Cantal (1858 mètres), Puy de Griou (4694 mètres), Pic de l'Élancéze (1503 mètres). Nous prenons un petit lacet et nous descendons au Pas de la Mougudo. L’épaisseur, la régularité et la continuité des couches de cinérite étonnent tout le monde. En quel- ques coups de pioche, le nommé Bounhoure, prévenu de notre arrivée, arrache une grande quantité d'échantillons; nous pouvons recueillir alors en parfait état de conservation : Bambusa lugdunensis Sap. Acer integrilobum O. Web. Tilia expansa Sap. . |Dietamnus major Sap. Alnus glutinosa Gærtn. var. orbicularis | Zygophyllum Bronnii Sap. (feuilles et Sap. fruits). Fagus sylvatica L. var. pliocenica Sap. | Pterocarya fraxinifolia Spach var. plio- Sassafras Ferretianum Mass. cenica Sap. Nous faisons un partage amical de nos récoltes et, aprés une intéres- sante dissertation sur la géologie de la vallée de la Cére que nous aper- cevons tout entiére, l'un de nous rappelle les savants travaux que notre confrére M. de Saporta a publiés sur la flore fossile pliocéne inférieure du fameux gisement que nous venons de fouiller. Nous opérons notre SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXIX descente à Vic-sur-Cére par le village de Salvagnac, en admirant le pitto- resque et la vigueur du paysage. A notre arrivée à Vic, nous apercevons, assis au bord du chemin, deux vieillards aux larges épaules, aux longs cheveux blanes, à la figure honnéte et réjouie, ils sont en habits de féte. Anciens serviteurs de M. Cosson, ils ne l'ont point revu depuis son enfance, depuis prés d'un demi-siécle! Ils le reconnaissent au milieu de nous et viennent lui offrir leurs hommages. Ce n'est pas sans une profonde émolion que nous sommes témoins de cette entrevue. Le souper nous attendait à l'hótel Vialette : ce devait étre le repas d'adieu de beaucoup d'entre nous. L'hótelier, qui parait l'avoir compris, el qui se trouve trés honoré de notre présence, a voulu féter dignement les membres de la Société. De nombreux toasts sont échangés, des remer- ciements sont adressés à tous les organisateurs de la session; puis, toutes les mains se serrent, et le train de neuf heures quarante-deux nous raméne à toute vapeur à Aurillac. RAPPORT SUR L'HERBORISATION FAITE LE 28 JUILLET, PAR LA SOCIÉTÉ, AUX BUTTES CALCAIRES DE SAINT-SANTIN ET DE MONTMURAT par M. l'abbé BOULLU. La session d'Aurillac avait été close le dimanche 27 juillet pour le plus grand nombre des membres de la Société, mais il restait à exécuter une des dernières parties du programme : l'herborisation sur les calcaires lacustres de Montmurat. Le lundi 28, nous nous dirigeons à cinq heures du matin vers la gare, M. le D' Perroud et moi, comptant y trouver assez nombreuse compagnie. A notre grande surprise, la gare est déserte. De tous les membres de la session nous n'apercevons qu'un bryologue qui, aprés avoir constaté à travers les vitres que nous ne sommes que deux, rejette sa boite sur son dos et retourne à Aurillac. Ce fut pour lui une heureuse idée, car lesterrains que nous allions parcourir lui auraient donné une bien maigre récolte de Mousses. Bientót cependant arrivent M. Malvezin, qui doit diriger l'expédition, un jardinier chargé de rapporter des plantes vivantes pour le jardin botanique de l'Ecole nor- male, enfin M. Ferary, propriétaire de Echo du Cantal. Il avait suivi nos séances avec assiduité et en avait rendu compte dans son journal. Nous le félicitons de son empressement à nous accompagner. Nous espé- rons encore que d'autres excursionnistes viendront grossir notre petite troupe, quand le sifflet de la locomotive donne le signal du départ. Dans les prairies nous voyons émergeant au milieu des Glumacées les grandes ombelles jaunâtres de l’Heracleum Lecogii GG. Cette plante si commune autour d'Aurillac ne tarde pas à disparaitre. Nous dépassons à droite la forêt d'Ytrac et nous atteignons le terrain primitif. C'est une LXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, végétation nouvelle : les Digitalis purpurea L., D. lutea L., Senecio ado- nidifolius Lois., se dressent sur les berges du chemin de fer. Aprés Boisset, se montre cà et là l'Erica cinerea L. Plusieurs fois nous traver- sons une petite riviére qui va se jeter dans le Lot. A Maurs descendent une foule de voyageurs qu'attire la foire de ce bourg. M. Malvezin a le temps de commander notre diner pour le retour. Nous voilà bientót dans le département du Lot; enfin le train nous dépose à Dagnac. Il est sept heures. Un frugal déjeuner nous retient à peine quelques instants; nous avons hâte de commencer nos recherches. M. Malvezin nous signale aux environs de Bagnac : Digitalis purpurascens Roth. (Enanthe pimpinelloides Sm. Sedum Çepæa L. Bromus patulus M. K. Gnaphalium luteo-album L. Filago gallica L. Tolpis barbata Willd. Orchis laxiflora Lam. Linum angustifolium L. Androsæmum officinale All. Oxalis corniculata L. Festuca ovina L. Les plus rares de ces espèces devaient nous échapper. Au moment où nous franchissons la petite rivière qui nous sépare des prairies, le jardi- nier qui était parti en avant nous rejoint avec une abondante provision d'Osmunda regalis L. et de Walhenbergia hederacea Rchb. Bientôt dans les prés et sur les bords de la route nous récoltons : Centaurea pratensis Thuill, à fortes calathides noiràtres ou d'un fauve clair, à feuilles entières ou laciniées, et successivement : Lotus angustissimus L. Solidago glabra Desf. — major Sm. Inula graveolens Desf. Genista tinctoria L. Juncus conglomeratus L. — pilosa L. — sylvaticus Rchb. Stellaria graminea L. — glaucus Ehrh. Eupatorium eannabinum L. — effusus L. Lythrum Salicaria L. Iris pseudo-Acorus L. Chenopodium Botrys L. Ulex nanus Sm. Hypericum perforatum L. Lysimachia vulgaris L. Malva Alcæa L. Lathyrus hirsutus L. Betonica stricta Ait. Euphorbia stricta L. Euphrasia officinalis L. Agrostis canina L. Linaria striata DG. Cirsium Eriophorum Scop. Teucrium Scorodonia L. Sedum Telephium L. Pteris aquilina L, Sarothamnus scoparius Koch. Carlina vulgaris L. Calluna vulgaris Salisb. Inuja dysenterica L. Cicer arietinum L. Nous savons que dans ce lieu existe une plante qui abonde dans l'O. de la France, mais fait complètement défaut dans l'E., Lobelia urens L. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXXI Nous finissons par en découvrir une vingtaine de pieds dans les haies et dans les broussailles. La route est creusée dans des gneiss ou tracée sur un sol argileux dont plusieurs fabriques de tuiles attestent la nature siliceuse. Bientôt un champ en friche nous offre une véritable moisson de Carduus viva- riensis Jord. et de Stachys germanica L.; puis sur les bords du chemin : Vincetoxicum officinale Mœnch, Plantago maritima L. Teucrium Chamædrys L. Scleropoa rigida Gris. Orlaya grandiflora Hoffm. Festuca tenuifolia Sibth. Ononis natrix L. Bupleurum tenuissimum L. Gastridium lendigerum Gaud. Lotus tenuifolius Rchb. Brunella alba Pall. Asperula cynanchica L. Nous sommes arrivés sur le calcaire lacustre: Erica cinerea L. appa- rait dans les taillis, et cà et là l'Erythrea Centaurium Pers. à fleurs blanches ou purpurines, et l'E. pulchella Horn. Sur une petite élévation une vieille tour, reste probable d'un moulin à vent, nous retient longtemps : or, au milieu des touffes d'Eryngium campestre L., qui poussent à ses pieds, on a aperçu les épis serrés de l'Orobanche Eryngii Vauch. On se précipite, mais c’est une rude besogne d'arracher ce parasite sans le séparer de son support, dont les racines s'enfoncent dans les fentes des rochers. A grand renfort de pioches et de déplantoirs, on parvient cependant à en obtenir un certain nombre d'exemplaires intacts. Quoique cette espéce, aussi bien que l'Eryngium campestre, n'ait pas de prédilection marquée pour un terrain plutót que pour un autre, je ne l'avais jamais trouvé si abondante que sur ces calcaires. Non loin de là se montre sous les rochers humides : Adiantum Capillus- Veneris L. Abandonnant la route, nous nous enfoncons dans des bois et des brous- sailles. Là croissent : Rosa sepium Thuill. Rosa urbica Lem. — agrestis Savi. Quercus pubescens Willd. — virgultorum Rip. Onobrychis supina DC. — micrantha Sm. Cephalanthera rubra hich. — canina L. Geranium sanguineum L. Ononis Columne All. — sphærica Gr. Nous nous dégageons non sans peine de ces fourrés parfois inextri- cables, et bientót aux bords des champs et des vignes nous rencontrons : Bromus squarrosus L. Sinapis incana L. 1 AS Brassica nigra L. Crucianella angustifolia L. Buxus sempervirens L. Dianthus prolifer L. Reseda lutea L. Senecio viscosus L. ' Thalictrum minus L. — Luteola L. LXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le soleil est déjà bien haut, la chaleur devient accablante, la faim et surtout la soif se font sentir : mauvaise condition pour herboriser. On nous avait annoncé à Maurs que notre excursion, aller et retour, mesurée sur la carte, ne comportait pas plus de 20 kilométres. Il nous semble que ces kilomètres s'allongent démesurément ; nous marchons depuis prés de cinq heures et Montmurat, situé au milieu de la course, ne parait pas encore. Enfin au détour d'un bois nous voyons poindre un clocher sur un petit coteau à 400 métres d'altitude, c'est là. Nous hàtons le pas, et récol- tant sans nous arrêter Rosa dumetorum Thuill., R. agrestina Ripart, R. Rousselii Rip.?, nous atteignons ce village dans les meilleures disposi- tions pour faire honneur à un plantureux déjeuner. Amére ironie du sort! La maison où l'on devait nous attendre était fermée ; le propriétaire, prévenu trop lard, était parli la veille. Impossible de trouver là la moindre auberge, le plus pauvre cabaret. Quelqu'un pre- nant en pilié notre détresse, nous indique une maison oü sans doute on nous donnera du vin. Mais le maitre est aux champs. Pendant qu'un enfant plein de bonne volonté va à sa recherche, nous nous mettons en quéte de M. Ferary qui nous avait précédés depuis la tour de l'Orobanche Eryngii. Nous le trouvons prenant le frais à l'ombre d'un mur, dans les assises duquel poussait le Centranthus Calcitrapa Dufr. De ce point nous voyons se dérouler devant nous un immense paysage. Montmurat, situé à l'extrémité du Cantal, domine de sa position élevée une partie des deux départements voisins : à l'ouest le Lot, au midi l'Aveyron. A l'horizon s'étend au pied des coteaux un épais nuage de fumée; il in- dique l'emplacement de Decazeville. - L'homme que nous attendions arrive; il consent à nous servir sur le coin de sa table deux bouteilles d'un petit vin du cru assez piquant et un morceau de pain noir. Ce n'est pas comme cabaretier, nous dit-il, car il ne veut pas avoir maille à partir avec la régie, mais uniquement pour nous obliger. Nous le remercions etle désintéressons néanmoins de sa complai- sance, puis, légérement restaurés, nous partons pour Saint-Santin de Maurs. Au sorlir de Montmurat, nous récoltons en traversant un champ : Lotus tenuifolius Rchb. Lathyrus Aphaca L. Coronilla scorpioides Koch. Veronica persica Poir. Crucianella angustifolia L. Gladiolus segetum Gawl. Linaria Pelliceriana DC. Galium tricorne With. et sous une haie humide Arum italicum Mill. Plus loin nous reconnais- sons une espèce qui ne s’est montrée à nous ni sur les terrains volca- niques, ni sur les terrains primitifs : Rosa Pouzini Tratt., plante qui parait exclusivement calcicole. Elle est en compagnie des Rosa dumalis Bechst., R. canina L. et de quelques autres hispides et rubigineuses. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXXIU Nous voilà dans un lieu dépourvu d'ombre et de verdure ; à peine quel- ques pieds de Lactuca perennis L. à moitié secs se montrent. dans les fentes des rochers. Ce calcaire blanc comme neige qui domine la route, réfléchissant les rayons du soleil, transforme ce passage en une ardente fournaise. Il est trois heures quand nous atteignons Saint-Santin. Ici nous trouvons des auberges, nous pourrons enfin déjeuner. Pendant qu'on appréte notre modeste repas nous prenons connaissance de la loca- lité. Ce petit bourg, situé sur la limite de deux départements, forme deux communes appartenant, l'une au Cantal, l’autre à l'Aveyron. L'église de l'une d'elles, construite presque entièrement en calcaire lacustre, nous offre dans ses murs de curieux spécimens de Mollusques fossiles. Il s'était écoulé une heure tant pour la préparation que pour la durée du repas, et nous avions à visiter encore la garenne de Saint-Santin qui devait nous donner plusieurs bonnes espèces. Nous nous hâtons d'y arriver, et à travers bois et clairières nous récoltons : Digitalis lutea L. Origanum vulgare L. Sorbus torminalis Crantz. Carex gynobasis Vill. Seseli montanum L. Brachypodium distachyon P. B. Bupleurum aristatum Baril. Ægilops triuncialis L. — junceum L. Linum strictum L. Aster Amellus L. Sedum anopetalum DC. Xeranthemum inapertum Willd. Cornus mas L. — cylindraceum Sibth. Rubia peregrina L. Euphrasia lutea L. Carduus nutans L. Phalangium ramosum Lam. Carduncellus mitissimus DC. Helleborus fœtidus L. Cette dernière espèce est certainement celle qui donne le plus de prix à notre herborisation. Le manque de temps nous empêche de nous écarter de la route pour visiter ce qui reste du lac de Trioulou, où se trouvent : Nymphæa alba L. var. minor Besl., Sparganium minimum Fries, Scirpus fluitans L. C'est avec regret que nous renonçons à cette partie de notre programme. Nous retrouvons bientôt en rejoignant la route le terrain siliceux, ainsi que l'attestent les espèces qui la bordent. Revenus dans la vallée du Célé, nous ne faisons que traverser Saint-Constant, bourg d'un aspect plus civi- lisé que les villages que nous avons vus depuis le matin. Nous récoltons encore, le long de la route, Medicago apiculata Willd. et, dans les fossés, Ranunculus Flammula L. A chaque instant, nous rencontrons des paysans en voiture ou conduisant des bestiaux. Ils reviennent de la foire de Maurs. Notre attirail les étonne ; plusieurs fois ils se retournent quand ils nous ont dépassés. Ils ont lair de se dire : Quel métier peuvent faire ces gens-là? LXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous arrivons enfin à Maurs à sept heures du soir; un diner succulent nous y attend. Par malheur la fatigue et un déjeuner trop tardif ne nous permettent pas de lui faire l'honneur qu'il mérite. Nous avions mis douze heures à parcourir les 20 kilomètres mesurés sur la carte. A dix heures nous étions en gare à Aurillac. [CONTRIBUTION A L'ÉTUDE MYCOLOGIQUE DE L'AUVERGNE, pr MM. ROZE et BOUDIER. Nous avons cru devoir mettre à profit notre présence à la session d’Au- rillac pour faire quelques observations sur la mycologie de ces montagnes d'Auvergne, qui nous semblent avoir été bien peu explorées sous ce rapport, si nous devons en juger du moins par l'absence de publications spéciales, en dehors de toutes les collections inédites. Les résultats intéressants que nous avons recueillis dans nos diverses excursious nous invitent à en faire le sujet de la présente note. Nous nous plaisons à constater ici que nos recherches orit trouvé d'actifs et consciencieux collaborateurs en MM. Howse et Locré, et nous croyons devoir leur en adresser ici tous nos remerciements. Pour faire suite à cette étude mycologique du Cantal, nous avons pensé qu'il pourrait étre utile de consigner en méme temps les résultats des observations mycologiques faites par l'un de nous, dans la deuxième quinzaine d'août 1878, aux environs immédiats du mont Dore. Dans tous les cas, cet ensemble de constatations n'aurait-il d'autre effet que de solliciter dans l'avenir, au sein de cette eurieuse contrée, l'attention de mycologues plus favorisés sous le rapport du choix de l'époque, que nous nous en montrerions extrémement satisfaits. Nous donnerons tout d'abord la description de quatre espéces nouvelles, dont deux Hyménomycètes et deux Discomycètes, savoir : deux Agaricinées et deux Pezizées. Les listes des espéces recueillies en diverses stations suivront ces descriptions. | AGARICINÉES. Ptychella ochracea Sp. noy. (pl. III, fig. 1). — Assez grêle et entière- ment de couleur ochracée, avec l'hyménium fauve ferrugineux, d'apparence cireuse. Chapeau peu charnu, sec, lisse, arrondi-campanulé, puis plan et légèrement déprimé au centre, à bord repliéen dessous. Stipe plein, long, cylindrique, renflé à la base, souvent tortueux, lisse et glabre comme le chapeau. Lamelles assez épaisses, très étroites, décurrentes, pliciformes, assez rapprochées, de longueur inégale et presque toutes libres, non anas- tomosées entre elles. Spores d'un fauve ochracé-ferrugineux, ovoïdes, mesurant 077,007-8 sur 077,010-12. SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXXV Récolté le 19 juillet 1879, au nombre de six échantillons, en compagnie de M. Locré, sur un talus un peu herbeux bordant la route de Thiézac à Vic-sur-Cére, à peu de distance du pont de Fournols, prés de Muret. Ce Champignon a le port extérieur, l'aspect et la couleur des Naucoria pediades, surtout quand il est jeune. Mais son hyménium pliciforme, régulier, le rapproche des Cantharellus, des Xerotus et des Nyctalis, sans cependant qu’il puisse trouver place dans ces trois genres: nous avons cru devoir, pour ce motif, créer un genre nouveau que nous avons nommé Ptychella (de «cvy», pli), afin de caractériser cette forme particu- lière de l'hyménium indépendant du chapeau, formant des plis étroits, réguliers, minces et non veiniformes-anastomosés, tout en étant néanmoins assez épais pour présenter des basides sur le tranchant des plis, et dont la régularité, l'absence d'anastomoses constituent sans nul doute un degré d'organisation supérieur à celui des Cantharellus, des Nyctalis et des Xerotus. Nolanea bryophila Sp. nov. (pl. IIT, fig. 2). — Très grêle et de couleur brun rougeâtre pâle. Chapeau à peine charnu, conique-campanulé, strié (par l'effet de la transparence) aux lignes d'insertion des lamelles, api- culé, avec l'apicule plus foncé en couleur, presque noirátre. Stipe cartila- gineux, presque translucide, égal, cylindrique, fistuleux, lisse, courbe. Lamelles presque libres, un peu plus courtes que le chapeau, arrondies, d'abord blanchâtres, puis d'un rose påle. Spores roses, polyédriques, à six arêtes, mesurant 0"",005-6 sur 0"",009-10. ' Parasite sur les touffes compactes de l'Amphoridium Mougeotii. Récolté, le 20 août 1878, dans la grotte voisine de la grande Cascade du mont Dore, où il croît sur les touffes de cet Amphoridium avec le Galera hypnorum. PEZIZÉES. Peziza Howsel sp. nov. (pl. III, fig. 3). — Moyenne, d'un blanc gris, avec l'Ayménium violacé. Cupule irrégulière, subsessile, à base tomen- teuse blanchâtre, lisse ou finement furfuracée près des bords, qui sont jaunátres. Hyménium violacé, mais légèrement teinté de jaune. Para- physes septées, hyalines ou violacées, épaissies à l'extrémité et granu- leuses intérieurement. Théques operculées, cylindriques, octospores, à extrémité bleuissant par l'iode. Spores elliptiques à deux sporidioles bien visibles, à épispore granuleux mesurant 0"",017-19 sur 0"^,007-8. U Aurillac, bois de la Condamine, en juillet 1879, sur la terre nue, d'où elle nous a été rapportée par M. Howse, à qui nous avons cru devoir dédier cette espèce. u Cette Pezize ressemble beaucoup au P. violacea; mais elle s'en distin- LXXVI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gue bien par ses spores visiblement plus alloñgées et à épispore couvert de points élevés. Peziza arvernensis sp. nov. (pl. III, fig. 4). — Grande, ochracée-fer- rugineuse, un peu olivàtre intérieurement. Cupule régulière, puis diver- sement ondulée, fragile, assez épaisse, lisse ou à peine furfuracée exté- rieurement, subsessile avec la base couverte d'une villosité blanchâtre. Hyménium presque de méme couleur que l'extérieur, mais légèrement teinté d'olivàtre. Paraphyses à peine colorées, septées, en massue au sommet, avec denombreuses vacuoles. Théques cylindriques, operculées, octospores. Spores ovales-oblongues, sans sporidioles, mais à épispore très finement et peu sensiblement ruguleux, mesurant 0"^,016-18 sur 07",008-9. Aurillac, bois dela Condamine, en juillet 1879, sur la terre nue, d’où elle nous a été rapportée par M. Howse. Nous l'avons retrouvée quel- ques jours aprés à Vic-sur-Cère, sur les Mousses d'un vieux toit de chaume. Cette espèce est trés voisine du P. vesiculosa, mais elle s'en distingue nettement par sa couleur plus ferrugineuse et ses spores plus petites et finement ruguleuses. Les espéces suivantes ont été recueillies par nous, en juillet 1879, soit dans la forêt du Lioran, soit aux environs de Vic-sur-Cère ou d'Aurillac. Les chiffres 1, 2 et 3 placés aprés les noms spécifiques servent à désigner respectivement et dans leur ordre chacune de ces trois localités. (La liste des Hyménomycétes a été disposée d’après les Hymenomycetes europæi d'Elias Fries.) ` Amanita junquillea. — 4. Inocybe rimosa. — 1-9. — rubescens. — 1. Hebeloma petiginosum. — 1. — strangulata. — 1. — — var. major. — 1. — excelsa. — 2. Galera tenera. — 1. Lepiota carcharias. — 2. Crepidotus mollis. — 2. Tricholoma cartilagineum. — 1. Stropharia semi-globata. — 1. Clitocybe hirneola. — 2. — stercoraria. — 2. — laccata. — 1. Hypholoma sublateritium. — 1. Collybia platyphylla. — 1. | — appendiculatum. — 2. Mycena rubro-marginata. — 1. Panæolus fimicola. — 1-2. — alcalina. — 1, —- acuminatus. — 2. Omphalia umbellifera CC. — 1. Psathyrella disseminata. — 2. Pluteus cervinus. — 9, Coprinus fuscescens. — 2. — plautus. — 2. — radiatus. — 2. — phlebophorus. — 2. Cortinarius bivelus. — 1. Entoloma sericeum. — 1. Hygrophorus conicus. — 2. Eccilia atrides? — 1, Russula alutacea. — 1. Pholiota togularis. — 1. Cantharellus cibarius. — 1, — praecox. — 1. Marasmius Oreades. — 1-2. — mutabilis. — 1. — Rotula. — 2. — marginata. — 1. — perforans. — 1. SESSION EXTRAORDINAIRE A Panus torulosus. — 2. — rudis. — 2. Ptychella ochracea sp. nov. — 2. Boletus luridus. — 1. Polyporus suaveolens. — 2. — adustus. — 2. Trametes gibbosa. — 2. Calocera cornea. — 2. Bovista plumbea. — 2. — nigrescens. — 1-2. Crucibulum vulgare. — 2. Lycogala miniata. — 1. Æthalium septicum. — 1. AURILLAC, JUILLET 1879. LXXVII Ceratium hydnoides. — 1. Spathularia flavida. — 1. Peziza vesiculosa. — 2. arvernensis sp. nov. — 2-3. ochracea. — 1. Howsei sp. nov. — 2-3. scutellata. — 1. trechispora. — 1. -- pygmæa. — 1. Ascobolus furfuraceus. — 2. — glaber. — 2. Ascophanus pilosus. — 2. — La présence des espèces dont les noms suivent a été constatée, par l'un de nous, dans la seconde quinzaine du mois d'aoüt 1878, aux environs im- médiats de Mont-Dore-les-Bains. Nous avons cru devoir les laisser groupées par localité, en raison du plus grand nombre et de la diversité méme des stations. 1» Sur le bord du chemin qui conduit au pic du Sancy: Panæolus separatus var. major. 2» Dans la grotte de la Cascade du Galera hypnorum. mont Dore : * Nolanea bryophila sp. nov. 3» Dans les chemins herbeux, humides, qui conduisent de Mont-Dore- les-Bains, à la cascade de Queureilh : Clitocybe laccata. Panæolus fimicola. Psathyrella gracilis. Coprinus ephemerus. Hygrophorus vitellinus. Marasmius Oreades. Schizophyllum commune 4» A la cascade de Queureilh, sous les Sapins : Clitocybe decastes. Omphalia umbellifera. Pholiota pudica. Inocybe rimosa. Flammula astragalina. — apicrea. 5 Sur la montagne boisée où se trouve l’ancien Salon de Mirabeau Clitocybe infundibuliformis. . Collybia platyphylla. — acervata. Mycena pelianthina. — pura. — lactea. Mycena amicta. — galopus. Omphalia Fibula. — pseudo-androsacea. Pluteus nanus. Nolanea pascua. LXXVIII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Inocybe pyriodora. — geophylla. Flammula astragalina. Tubaria furfuracea. Stropharia semi-globata. Panæolus campanulatus. Cortinarius albo-violaceus. Hygrophorus psittacinus. Lactarius deliciosus. — obnubilus. — subdulcis. — uvidus. Russula emetica. Marasmius Oreades — alliaceus. Hydnum repandum. — CC. Tremellodon gelatinosum. Clavaria pistillaris. — botrytes. — cinerea. — cristata. Lycoperdon hirsutum. Helvella lacunosa. .. 6° Sur les pentes boisées (Hétres et Sapins) qui conduisent au Salon du Capucin, et dans la clairière qui porte ce nom : Amanita vaginata. — rubescens. Tricholoma rutilans. Clitocybe infundibuliformis. Collybia radicata. — fusipes. — murina. Mycena pelianthina. — Juteo-alba. — lactea. — atro-marginata. — epipterygia. Omphalia chrysophylla. — AC. Pluteus cervinus. Entoloma repandum. Clitopilus Prunulus. — Orcella. Nolanea pascua. Pholiota mutabilis. Inocybe lanuginosa. — rimosa. — geophylla. Flammula sapinea. -— astragalina. Naucoria melinoides. Stropharia semi-globata. Hypholoma epixanthum. Panæolus papilionaceus. Bolbitius titubans. Cortinarius collinitus. — cinnamomeus. — Bulliardi. — castaneus. Lactarius mitissimus. — subdulcis. — lignyotus. — R. Russula integra. — chamæleontina. — nigricans. — ochroleuca. , Cantharellus cibarius. — tubæformis. Marasmius perforans. Craterellus cornucopioides. Boletus pachypus. — luridus. — chrysenteron. — badius. — strobilaceus. — R. Polyporus lucidus. Hydnum repandum. Tremellodon gelatinosum. Calocera viscosa. — furcata. Cudonia circinans. Explication de la planche III de ce volume. Fic. 1. — Ptychella ochracea : a, vu de côté; b, vu en dessous; c, en coupe longitudinale ; d, f, g, basides et spores (349) ; e, spores ($29). SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXXIX Fic 2. — Nolanea bryophila : a, vu de côté et sur la plante mère ; b, vu en dessous et en coupe longitudinale; c, spore vue en dessus, et d, en coupe transversale pi Fic. 3. — Peziza Howsei : a, vu de profil; b, thèque et paraphyse (249); S00 1 ? C, spores (829). Fic. 4. — Peziza arvernensis : a, vu de profil ; b, théque et paraphyse (349); c, spores ($29). Nota. — Les figures désignées ci-dessus, qui ne sont pas suivies de l'indica- tion d'un grossissement microscopique, sont reproduites d'aprés la grandeur naturelle. RAPPORT SUR UNE EXCURSION BRYOLOGIQUE AU LIORAN, par M. l'abbé RÉCHIN. Je n'ai pasla prétention de donner ici une liste compléte des nombreuses espèces que le bryologue peut trouver au Lioran et aux environs; je désire simplement présenter un aperçu de la végélation bryologique de cette station et ajouter un certain nombre d'espéces à la liste des Phaué- rogames que M. de Valon y avait antérieurement récoltées. : Empéché, au mois de juillet, de prendre part aux travaux de la Société dans le Cantal, je pris la résolution, aussitót que mes occupations me le permettraient, de me rendre au Lioran pour visiter le champ d'excur- sions parcouru quelques jours auparavant par nos heureux confrères. Au commencement du mois d'aoüt, le 12, je me rendis donc à cette belle loca- lité, accompagné de M. E. de Valon, botaniste aussi distingué qu'infati- gable. Ce n'était pas la première fois que mon compagnon visitait ces montagnes d'Auvergne, dont il connait la plus grande partie des Phanéro- games. Au printemps encore, il y avait fait une excursion de quelques heures seulement, et dans ce court intervalle, il avait cueilli une tren- taine de Mousses intéressantes, que nous avons retrouvées ensemble, au mois d'aoüt, à part quelques-unes. Pour moi, le pays était complétement nouveau, et je regrettais beaucoup d'avoir si peu de temps à rester dans ces montagnes. Aussitôt arrivés, aussitôt en excursion, et malgré l'heure avancée (trois heures et demie) et deux jours de fatigues, nous ne craignimes pas de tenter l'exploration du Lioran, que nous abordàmes au delà du tunnel à l'exposition du midi. Les petits marécages el les rochers attirèrent notre attention. Malheureusement l’heure nous força bientôt de battre en retraite. Le lendemain, 13, à huit heures, nous nous mettons en roule pour toute la journée. Notre but était d'explorer attentivement (car nous ne cher- chions pas à parcourir un trés grand espace), le petit ruisseau qui prend LXXX SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sa source dans un marais sur le versant nord du Lioran, localité que nous avions remarquée la veille. En remontant ce petit ruisseau, nous récoltons, entre autres plantes, le Scleranthus polycarpos L., espèce qui, je crois, est nouvelle pour l'Auvergne. De ce marais, nous nous sommes dirigés vers le col de Cabre, traversant la forêt d'Abies pectinata, où plusieurs cas- cades devaient nous fournir un bon nombre de Phanérogames et de Mousses. Au col de Cabre nous suivimes d'abord les marais, les pelouses et les rochers exposés au midi, puis la partie nord, qui est beaucoup plus escarpée. Dans cette parlie nous avons trouvé, avec plusieurs autres plantes intéressantes, l'Hypnum crista-castrensis L., qui, à ma connais- sance, n'a pas encore été indiqué dans le Centre. En descendant, nous récoltàmes encore quelques Phanérogames peu communes, telles que Vicia Orobus, Anemone alpina var. sulfurea, Trollius europæus, en pleine fleur, etc., etc., mais l'heure avancée ne nous permit pas de nous livrer à la recherche des Mousses. Le jeudi, 14, nous n'avions plus que quelques heures avant nctre départ ; nous en profitàmes pour faire une visite d'adieu. Aprés avoir traversé le chemin de fer, sous le pont qui se trouve un peu au delà de la gare, en se dirigeant sur Murat, nous avons suivi, sans but bien arrété, le petit chemin qui s'ouvrait devant nous. Nous revimes avec plaisir plusieurs de nos plantes de la veille; mais bientót nous nous trouvons dans une gorge trés escarpée, exposée au nord, dont l'aspect nous émut d'une facon toute singulière. Notre attention redoubla et fut bientôt récompensée par la découverte de l’ Arabis cebennensis, espèce que je n'avais jamais récol- tée; du Meconopsis cambrica et du Lunaria rediviva, plantes nouvelles pour nous deux ; puis aussi par une abondante moisson de Mousses, remar- quables non seulement comme espéces, mais aussi à cause de leur bon état de fructification... Déjà l'heure du départ allait sonner: il fallut abandonner une excursion qui promettait d'agréables surprises. Voici la liste des Mousses que j'ai récoltées dans ces excursions trop courtes, car nous n'avons herborisé que dix-huit heures environ. Hypnum triquetrum L. Hypnum uncinatum Hedw. — lorewm L. — Crista-castrensis L. — squarrosum L. — molluscum Hedw. — alopecurum L. ` — cupressiforme L. — splendens Hedw. — arcuatum Link. -— reflexum? Stork. : -- dilatatum Wils. — populeum Hedw. — silesiacum Scl. — velutinum L. — undulatum L. — cuspidatum L. . | sylvaticum L. — rugosum Ehr. = |— denticulatum L. — filicinum L. — abietinum L. — fluitans L. var. purpurascens Sch. |Leskea attenuata Hedw. SESSION EXTRAORDINAIRE A Leskea sericea Hedw. — mutabilis N. B. — myura N. B. Climacium dendroides Web. Neckera crispa Hedw. Pterogonium filiforme Schw. — gracile Sw. Antitrichia curtipendula Brid. Leucodon sciuroides Schw. Muium rostratum Schw. — hornum L. — punctatum L. Bryum roseum Schr. — pseudotriquetrum Schw. pallens Sw. capillare L. nutans Schr. — — subdenticulatum B. S. crudum Schr. polymorphum B. S. Aulacomnium palustre Schw. Bartramia fontana Br. — Halleriana Hedw. — pomiformis Hedw. — ithyphylla Brid. Zygodon Mougeotii B. S. Polytrichum commuñe L. — igracile. Menz. ? — juniperinum Hedw. Pogonatum alpinum Ræhl. — urnigerum B. S. — aloides P. B. — panum P. B. — AURILLAC, JUILLET 1879. LXXXK Atrichum undulatum P. B. Barbula subulata Br. Ceratodon purpureus Br. | Didymodon rubellus Br. Dicranum scoparium Hedw. — squarrosum Schr. — pellucidum Hedw. — polycarpum Ehr. — montanum Hedw.? Fissidens adiantoides Hedw. — bryoides Hedw. Weisia crispula Hedw. — cirrata Hedw. Encalypta ciliata Hedw. Orthotrichum crispum Hedw. Dipliyscium foliosum Mohr. Ptychomitrium polyphyllum B. S. Rhacomitrium heterostichum Brid. — var. gracilescens Pr. microcarpum Br. canescens Br. — ericoides Br. — aciculare Br. protensum Al. Bra. — patens Sch. Grimmia pulvinata Sm. — commutata Hübn. — ovata W. — Donniana Sm. — apocarpa Hedw. Hedwigia ciliata Hedw. Andrea petrophila Ehrh. Sphagnum squarrosum Pers. — Je terminerai en signalant ici les plantes phanérogames qui ne figurent pas dans la premiére liste communiquée par M. E. de Valon et qui serviront à compléter l'aperçu qu'elles donnent de la riche végétation du Lioran : Anemone nemorosa L. Meconopsis cambrica Vig. Sisymbrium pinnatifidum DC. Lunaria rediviva L. Parnassia palustris L. Silene diurna G. et G.: Vicia Orobus DC. : Lathyrus macrorhizus Wim. — pratensis L. Rubus idæus L. Sorbus Chamæmespilus Cr. ' Gircæa alpina L. T. XXVI. Scleranthus uncinatus Sch. — polycarpos L. Sedum annuum L. Laserpitium latifolium [.. Peucedanum Ostrathium Koch. Gnaphalium norvegicum Gun. Vaccinium Myrtillus L. — uliginosum L. Calluna vulgaris Sch. Euphrasia minima Sch. Melampyrum sylvaticum L. Lamium Galeobdolon Cr. F LXXXII SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Stachys alpina L. Orchis albida Scop. Brunella grandiflora Mœnch. Eriophorum gracile Koch. Polygonum Bistorta L. Juncus alpinus Vill. Thesium pratense Ehrh. ~ : Polypodium Phægopteris L. Pinus Picea L. Asplenium septentrionale L. Veratrum album L. Lycopodium Selago L. RAPPORT SUR LA VISITE FAITE LE 29 JUILLET, PAR LA SOCHÉTÉ, A L'HERBIER DE M. JORDAN DE PUYXFOL, A COURBELIMAGNE, commune ' de Raulhac (Cantal), par M. Ei. ROZE. M. Jordan de Puyfol s'est occupé de botanique dés le plus jeune âge. À partir de l'année 1838, il se livre à la recherche des plantes pour les déterminer spécifiquement et analyser leurs caractéres; il s'attache à en réunir les différentes formes, les diverses variétés, à prendre note de leur habitat, de l'altitude où elles croissent, de l'influence que peu- vent avoir sur elles le climat, l'humidité, la nature du sol, etc. Secondé et encouragé par M. A. Jordan (de Lyon), son parent, et mis en rapport d'échanges avec de nombreux correspondants, il commence à préparer et à classer les premiers spécimens de sa riche collection. Des herborisations successives dans le Jura, dans le Lyonnais, dans presque tous les départe- ments du midi de la France, et notamment en Auvergne, dans le Cantal, lui permettent de rassembler des matériaux considérables. Il ajoute peu à peu à cet herbier des plantes d'Algérie, d'Espagne, d'Italie; d'Allemagne et d'une partie de l'Europe centrale; et tout en intercalant une infinité d'espéces qu'il a passées en revue, il en distingue un grand nombre de rares ou critiques qu'il se réserve de faire connaître ultérieurement, et qui pourront devenir le sujet d'études intéressantes pour la monographie des genres Erophila, Polygala, Hieracium, Euphrasia , Mentha, Thymus, etc. Son herbiér renferme présentement 20 000 espècés environ de plantes bien déterminées, parmi lesquelles une centaine lui paraissent nou- velles ou inédites. Cet herbier se compose de quatre cents fascicules renfermés dans de forts cartons soigneusement étiquetés ; chacun de ces fascicules contient de cinquante à cinquante-cinq espéces, avec leurs di- verses formes ou variétés. Les échantillons y sont placés sur papier blanc et maintenus au moyen de petites bandelettes collées; quant aux éli- quettes, elles s’y trouvent fixées au moyen d'épingles. On peut lire sur ces étiquettes les dénominations génériques et spécifiques de la plante, la synonymie, l'habitat, la nature du sol où elle croit, son altitude, la date de la récolte et le nom de la personne qui l'a recueillie. Chaque feuille est intercalée, dans. une double: feuille de papier paille, laquelle porte SESSION EXTRAORDINAIRE A AURILLAC, JUILLET 1879. LXXXI une autre étiquette énonçant simplement le nom spécifique et générique de la plante qu'elle renferme. Cette belle et riche collection n'est composée que de Phanérogames ; mais M. Jordan de Puyfol posséde, en outre, une grande quantité de Cryp- togames qu'il n'a pas encore eu le temps d'étudier complètement et de dis- poser avec le méme soin. Quoi qu'il en soit, une premiére distinction est venue, en 1868, récompenser le savant botaniste de ses travaux: son her- bier obtint la première médaille d'or dans le concours régional ouvert aux botanistes par la Société des arts et des sciences de Rodez. Puissent les éloges et les encouragements que lui ont adressés, lors de leur visite, les membres de la Société botanique de France, lui témoigner toute la sollicitude qu'elle prend à la continuation de cette ceuvre, toute de patience et de dévouement scientifique! RAPPORT SUR LA VISITE FAITE PAR LA SOCIÉTÉ, LE 28 JUILLET, AU PARC DE M. BONNEFONS A AURILLAC, par M. DOUMET-ADANSON. Le lundi 28 juillet, plusieurs membres de la Société, renonçant à faire l'herborisation de Saint-Santin et de Montmurat, avaient accepté la mis- sion de visiter les plantations de Coniféres faites par M. le président Bonnefons dans la jolie propriété qu'il possède tout prés d'Aurillac. En nous faisant les honneurs des riches collections archéologiques et artistiques réunies par lui dans son habitation de ville, M. Bounefons s'était déjà révélé comme érudit et homme de goût ; la visite de son parc devait nous le montrer encore arboriculteur zélé, observateur sagace el surtout animé du désir de se rendre utile au pays qu'il habite, en essayant la culture des Coniféres tant indigènes qu'étrangers. A ce point de vue, le parc de M. Bonnefons offre un réel intérét, car ses essais qui s'étendent à un grand nombre d'espéces depuis plusieurs années, permettent déjà et permettront surtout dans l'avenir, d'apprécier la valeur et le degré de rusticité de chacune d'elles dans ce pays, ott elles étaient pour la plupart inconnues auparavant. L'arrivée de la propriété se signale par un magnifique Orme pleureur d'une circonférence peu ordinaire et dont la forme est d'une grande élé- gance. Un trés beau Tilleul, un Cèdre du Liban de 3“,60 de tour planté en 1830, des Pinus Strobus et des Mélèzes qui croissent vigoureusement, ornent l'entrée, contrastant par leur belle apparence avec les Pinus La- ricio qui paraissent moins bien s'accommoder de ces terrains de nature volcanique et argileuse en méme temps, mais où cependant la plupart des résineux semblent se plaire. Le mode de plantation adopté est, bien entendu, en vue non seulement du coup d'ail, mais surtout de l'expérimentation. La plupart des espèces LXXXIV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont représentées par un assez grand nombre de sujets généralement groupés en massifs, ce qui permet de se rendre réellement compte de la rusticité de chacune. - Nous ne pouvons énumérer dans ce rapport toutes les espèces ou variétés que nous avons rencontrées sur nos pas; ce serait long et aride à la fois, mais nous citerons quelques-unes de celles que nous avons plus spécialement remarquées. Parmi les Abiétinées, notons : Abies Douglasii, l’une des plus belles essences; A. Nordmanniana, venant très bien en massif; A. polita, qui nous a paru végéter plus rapidement que dans les autres contrées; A. Mo- rinda en beaux exemplaires; Abies ou Tsuga Hookeriana, belle variété de l'A. canadensis; A. cærulea, aussi beau que les A. excelsa qui sont plantés à côté; A. bracteata, espèce encore rare; A. amabilis et nobilis, de Grèce; A. excelsa nigra pumila, variété peu répandue, et A. Pinsapo, qui parait trouver le climat un peu froid. Parmiles Pins, les Pinus excelsa forment un beau massif ; mais, quoique vigoureux, ils tendent comme partout à se déformer en grandissant. Le P. Jeffreyana vient bien, et les P.. cembra ne sont pas moins beaux. Comme partout, le Cedrus Deodara se montre peu résistant au froid ; mais le Larix Kæmpferi parait bien venir, ainsi que le. Sciadopitys verti- cillata, si l'on peut en juger par des sujets encore jeunes. Les Juniperus canadensis aurea, Chamæcyparis obtusa, Retinospora plumosa argentea et aurea, Cephalotaxus Fortunei, Cryptomeria ele-. gans, Araucaria imbricata, paraissent se plaire dans ce terrain el sous ce climat, cependant assez froids ; il en est de méme du Sequoia gigantea, dont nous avons pu voir de beaux spécimens. Enfiu les Cupressinées y sont, nombreuses et représentées surtout par de beaux Cupressus Lawso- niana, Thuia Wareana, Thuiopsis ericoides el autres, qu'il serait trop long d'énumérer. En somme, nous le répétons, les essais de. M. Bonnefons offrent un grand intérêt, donnent des résultats fort remarquables et surtout fort instructifs, et son parc méritait bien la visite des membres de la Société de botanique, qui ne sauraient trop le remercier de la courtoisie parfaite avec laquelle ils ont été accueillis. PARIS. — IMPRJMSRIE ÉMILE MARTINET, RUE MIGNON, 3.