SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE BULLETIN SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME TRENTE-TROISIEME (Deuxième série. — Tome VIIIe) PARIS AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 1886 ADDITIONS ET CHANGEMENTS A LA LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE PENDANT L'ANNÉE 1885 MEMBRES NOUVEAUX. ARECHAVELETA, professeur de botanique à l'Université, calle So- riano, 53, à Montevideo (Uruguay). BeLzunG, professeur agrégé des sciences naturelles au lycée Charle- magne (Paris). Brssow (A.), pharmacien de première classe, rue de la Villette, 27, à Paris. BLANG (Édouard), inspecteur des Forêts en mission en Tunisie. (Domi- cile à Paris : avenue Duquesne, 45.) BounpzrrE (Jean), ancien professeur, place des Carmes, 23, à Toulouse. CALLAMAND, bibliothécaire des Facultés, à Grenoble. CorNcy (de), au château de Courtoiseau, par Triguéres (Loiret). Coste (l'abbé Hippolyte), professeur à l'institution. Saint-Joseph, à Villefranche de Rouergue (Aveyron). DaGuILLON, professeur de sciences naturelles au lycée de Bordeaux. DgrAMAnnE (D' Ernest), médecin colonial à l'ile Miquelon, Saint-Pierre- Miquelon (Amérique septentrionale). Dumonr, professeur au lycée Corneille, rue Martainville, 58, à Rouen. Fourrau (René), étudiant, rue Lacépède, 20, à Paris. François, instituteur communal, à Porcheux, par Auneuil (Oise). Garré (Émile), industriel, avenue de la Garenne, 2, à Nancy. GronpANo (Joseph-Camille), - professeur à l'Institut royal teclinique, via Purità Mater Dei, 34, à Naples (Italie). GnANEL (D* Maurice), professeur agrégé à la Faculté de médecine, rue du Collège, 14, à Montpellier. Gnis (Louis), préparateur à l'École de pharmacie, avenue de l'Obser- vatoire, 6, à Paris. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Hénaiz, maitre de conférences à l'École supérieure de pharmacie, rue Notre-Dame des Champs, 46, à Paris. JoHANNSEN (W.), assistant au laboratoire de Carlsberg, prés de Copen- hague (Danemark). Layens (G. de), rue de Sèvres, 23, à Paris. LEMOINE (Émile), rue de l'Étang, 32, à Nancy. ManriN (Henri), rue de Saint-Quentin, 23, à Paris. Masccer (l'abbé), professeur au petit séminaire d'Arras. MORDAGNE (Jehan), pharmacien, à Castelnaudary (Aude). Movais, docteur-médecin, rue de la Groix-d'Or, 15, à Vitry-le-François (Marne). Paozucer (Luigi), professeur à l’Institut royal technique, à Ancône (Italie). Pénicaup (Georges), rue Taitbout, 37, à Paris. RusEmo DE MENDONGÇA (F.), médecin à l’hôpital de Santa Casa da Misericordia, à Rio de Janeiro (Brésil). Rocour (Charles), docteur és sciences, rue Féroustrée, 42, à Liége (Belgique). TasseL (Raoul), industriel, rue de la Barrière, 58, à Elbeuf (Seine- Inférieure). TuiEnnY (A.-J.), directeur du jardin botanique, à à Saint-Pierre (Mar- tinique). ViALA (Pierre), répétiteur de viticulture à l'École nationale d'agricul- ture, à Montpellier. : Wasserzuc (Étienne Bronislaw), préparateur au laboratoire de M. Pas- teur, rue d'Ulm, 45, à Paris. ADMIS COMME MEMBRES A VIE. FLAHAULT. GANDOGER. GUERMONPREZ. LABOURDETTE. LECLERC Du SABLON. MÉNIER. TARRADE. —— to nd dé die rm . LISTE DES MEMBRES. 7 MEMBRES DÉCÉDÉS. BOISSIER. COURCIÈRE. Dusy. Changements d'adresses. BALANSA, en mission au Tonkin (Indo-Chine). Bogarp (M'*), rue Ronsin, 79, Vaugirard, Paris. Bors (D.), rue Censier, 53. Brırren (James), 18, West Square, Southwark S. E. (Angleterre). Bucquoy, médecin-major au 79* de ligne, Neufchâteau (Vosges). Coroun, rue Claude Bernard, 33, à Paris. Cowan, rue de Rennes, 82, Paris. DAGuILLON, professeur de sciences naturelles au lycée de Bordeaux. DerLers, maison Sutherland, au Caire (Égypte). DRAKE DEL CasriLLo, rue Balzac, 2, Paris. Dupuis, rue Linné, 13, Paris. Duroux, major en retraite, hôtel Cramet, rue de Guelma, à Bone (Algérie). ENcLEn, directeur du Jardin botanique, à Breslau (Allemagne). Gizcor (D^), rue du faubourg Saint-Andoche, 5, Autun (Saône-et-Loire). Héra, rue Notre-Dame des Champs, 46, Paris. Le BRETON, boulevard Cauchoise, 43, Rouen. LEGRELLE, rue Neuve, 11, Versailles. Marès (D' Paul), Fontaine-Bleue, Mustapha, prés d'Alger. ManriN (Gabriel), rue de Mailly, 9, à Paris. Paris (général), commandant la 38° brigade d'infanterie, à Rennes. Port (de), avenue Carnot, 21, Paris. R (abbé), prof. au séminaire du Marnay (Haute-Saóne). Sarvr-Manrix (Ch. de), boulevard Montparnasse, 89, Paris. - Venpryès, rue de Vaugirard, 90, Paris. VIDAL, au Tignet, prés de Grasse, Alpes-Maritimes. VuiLLemIN (D^), rue des Ponts, 9, à Nancy. D & SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Rayés par décision du Conseil d'administration (1), pour défaut de payement de cotisations arriérées. Durac (abbé), à Sauveterre (Hautes-Pyrénées). HacQurN, rue des Cornes, à Paris. Prupon (Michel), pharmacien, à Lyon. (4) Séance du 15 janvier 1886. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. PRÉSIDENCE DE M. DE SEYNES, PREMIER VICE-PRÉSIDENT. En l'absence de M. Chatin, qui se fait excuser de ne pouvoir assister à la séance, M. de Seynes occupe le fauteuil et remercie la Société de l'avoir élevé aux fonctions de premier vice-président. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 18 décembre dernier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président proclame membres de la Société : MM. Sanur (Paul), avenue du Pont-Juvénal, 10, à Montpellier, présenté par MM. Durand et Flahault. Rogerr, médecin-major de l'hópital militaire de Sfax (Tu- nisie), présenté par MM. E. Cosson et Malinvaud. MM. Blanc et Granel sont proclamés membres à vie, sur la décla- ration de M. le Trésorier qu'ils ont rempli les conditions exigées pour l'obtention de ce titre. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. M. le Secrétaire général donne lecture de lettres de MM. Blanc, Granel et Viala, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : Leclerc du Sablon, Recherches sur le développement du sporogone des Hépatiques. Timbal-Lagrave, Sur de nouvelles planches inédites de la Flore des Pyrénées de Lapeyrouse. 10 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. J. Vallot, Guide du botaniste et du géologue dans la région de Cau- terets. H. Hoffmann, Phænologische Studien über den Winterroggen. G. Licopoli, Sul polline dell Iris tuberosa. De la part de M. Viala : Annales de l'École nationale d'agriculture de Montpellier (conte- nant des mémoires de M. Viala sur l’Anthracnose et le Peronospora de la Vigne). De la part de la Société des naturalistes de la Nouvelle-Russie, à Odessa : Deux fascicules de son Bulletin (en russe). M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES, par P. DUCHARTRE. On s'est beaucoup occupé des vrilles des Cucurbitacées, mais la plu- part des botanistes qui ont traité ce sujet se sont uniquement proposé de déterminer la véritable nature de ces filets, point délicat et difficile de leur histoire, et sur lequel l'accord ne s'est pas fait encore dans la science. Il suffit, en effet, de compulser, entre autres, les volumes II, IIT, IV, XI du Bulletin de la Société botanique de France, pour reconnaitre combien sont nombreuses et divergentes les manières de voir qui ont été professées à cet égard. L'histoire physiologique et anatomique de ces organes a moins fréquemment fixé l'attention; néanmoins, comme plu- sieurs des auteurs qui ont fait une étude générale de la volubilité dans les végétaux, en vue, soit d'en préciser les circonstances, soit d'en recher- cher les causes, s'en sont plus ou moins préoccupés, on pourrait croire que, grâce à eux, c’est là aujourd'hui un sujet épuisé. Je suis convaincu qu'il n'en est rien, et j'espere qu'en exposant à la Société les résultats de mes observations, je prouverai qu'il reste encore dans cette histoire des points relativement auxquels nos connaissances ne sont certainement pas complétes. Tel est, en particulier, et plus que tous les autres peut-étre, celui sur lequel va porter la présente communication. T. — Ce point, l'un des plus intéressants dans l'histoire générale des vrilles, non seulement en lui-méme, mais encore par les conséquences générales qui en découlent relativement aux théories du volubilisme, a cependant trés peu attiré jusqu'à ce jour l'attention des botanistes. La P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 44 première mention que j'en connaisse est consignée dans un mémoire qui a été imprimé, en 1855, à Bologne. Bianconi, qui en est l'auteur (1), a pris pour sujet de ses observations la vrille du Cucurbita Pepo, dont l'existence est divisée par lui en cinq périodes. Dans la première de ces périodes, la vrille est qualifiée par lui de rudimentaire (cirro rudimen- tale). Il en figure une (pl. 3, fig. 1) déjà parvenue à la fin de cette période et il en donne la description suivante : « Elles (les vrilles) se montrent comme de petites spirales enroulées » dans un plan et réunies par qualre ou cinq, à leur base, en un pédon- » eule commun. Celui-ci est le tronc, les autres sont les bras. Leur enrou- » lement est bien loin d'étre accidentel; au contraire chaque bras s'en- » roule constamment de dehors en dedans, de telle sorte que la face » externe occupe la convexité de la volute... — 2° période. Ensuite les » volutes se déroulent en commençant par le plus grand bras (pl. 3, » fig. 2), qui est déjà tout allongé quand le second commence à se dé- » rouler, le déroulement des autres étant encore plus tardif. » (Loc. cit., p. 8.) Ce passage paraît être resté inaperçu; du moins je ne l'ai vu cité par aucun des auteurs qui, à ma connaissance, ont écrit sur les vrilles, soit spécialement, soit à titre secondaire dans une étude générale des organes volubles. Màme le fait qu'il signale semble avoir échappé à ces auteurs, notamment, pour ne citer que les principaux, à M. Léon (2), à Ch. Dar- win (3), à M. Casimir de Candolle (4). Enfin M. Julius Sachs qui, dans la quatrième édition de son Lehrbuch, a consacré aux vrilles un article détaillé, avait également passé ce fait sous silence, et c'est seulement en 1882, dans ses Vorlesungen (5), qu'il en a fait mention, en lui don- nant un caractére de généralité qui, comme je le montrerai, est bien loin de lui appartenir. Voici en effet en quels termes il s'exprime à cet égard : « Elles (les vrilles des Cucurbitacées) se distinguent des vrilles des » autres plantes, particuliérement en ce que, dans leur jeunesse et lors- » qu'elles sortent du bourgeon foliaire de la pousse, elles sont étroite- » ment enroulées en limacon, de telle sorte que leur cóté extérieur est » convexe; c'est seulement pendant le développement ultérieur que ce (4) Bianconi (Giovanni Giuseppe), Alcune ricerche sui capreoli delle Cucurbitacee. In-4* de 21 pages et 3 planches. Bologne, 1 (2) Léon (Isid.), Recherches nouvelles sur la cause du mouvement spiral des tiges volubles (Bull. Soc. bot. de Fr., t. V [1858], pp. 351-356, 610-614, 624-629, 679-685). um Darwin (Ch.), On the Movements and Habits of climbing Plants (Journ. of the Linn. Soc., Bot. IX, 1867, pp. 1-118; 2° édit., gr. in-18 de vit et 908 pages, fig. Londres, 1875). (4) De Candolle (Casimir), Observations sur l'enroulement des vrilles (Bibl. univ. ag , janv. 1877, LVIII); tirage à part en in-8° de 13 pages, une planche (5) Sachs (Julius), Vorlesungen über Pflanzen-Physiologie. Un gr. in-8* de vint et 991 pages, avec 455 figures. Leipzig, 1882. 12 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. » limacon se déroule, son déploiement progressant de bas en haut dans » la vrille jusqu'à ce que celle-ci soit à peu prés droite dans toute sa lon- » gueur. Les vrilles des autres plantes sont, dés l'origine, plus ou moins » droites, c'est-à-dire non enroulées. » Le savant allemand ne nomme pas les Cucurbitacées qui lui ont pré- senté cette remarquable particularité; mais comme, dans ce qui précède le passage que je viens de rapporter, il cite une Courge, un Lagenaria, un Sicyos et le Bryonia dioica, il semble permis de penser que ce sont là les plantes sur lesquelles ont porté ses observations. Il n'est pas inutile de faire observer que, depuis la publication des Vor- lesungen de M. Sachs, la phase singuliére du premier développement des vrilles des Cucurbitacées n'a guére occupé non plus les botanistes qui ont écrit sur la volubilité chez les végétaux, comme M. Kohl (1) et M. H. Am- bron (2). Méme M. Pfeffer, dont le mémoire tout récent (3) débute par un chapitre spécial sur les vrilles, se borne à dire, d'aprés ses observations sur le Sicyos angulatus : « Dans l'état jeune, ces vrilles sont enroulées » en spirale, et de telle sorte que la convexité est formée par le cóté plus » tard sensible » (loc. cit., p. 485). Il existait donc là une lacune, et j'espère que ce qui va suivre.montrera qu'il y avait quelque intérêt à essayer de la remplir. En premier lieu, il importe d'examiner le fait en lui-même, tel qu'il se présente dans le cas qui a été signalé par Bianconi et par M. J. Sachs. Dans ce cas, la vrille d'une Cucurbitacée est douée de la faculté de s'enrouler en spirale à deux périodes largement distantes l'une de l’autre, La premiére de ces périodes commence dés la naissance de l'organe et dure tout le temps pendant lequel celui-ci est caché dans le bourgeon terminal de la pousse, ou s'étend quelque peu au delà ; la seconde part du moment où ce même organe s’est entièrement déroulé en se redres- sant graduellement à partir de sa base et a pris, pendant cet espace de temps intermédiaire, presque toute sa croi en long . C'est seu- lement durant cette seconde période que la vrille, s'enroulant autour des corps voisins, remplit le rôle auquel elle est destinée, el permet ainsi à la plante qui en est munie de s'élever, grâce à ces appuis, malgré sa fai- ` blesse. L'enroulement se fait, à ces deux moments, de deux manières essen- tiellement différentes : 1° Celui de la période que j'appellerai gemmaire (1) Kohl (F.-G.), Beitrag zur Kenntniss des Windens der Pflanzen, dans Jahrb. für wiss. Bot. XV, 2* cah., 1884, p. 327-360, pl. 16. (2) Ambronn (H.), Zur Mechanik des Windens, dans Berichte der math.-phys. Classe der K. Süchs. Gesellsch. der Wiss., 1884; tirage à part en in-8° de 98 pages. (3) Pfeffer (W.), Zur Kenniniss der Kontaktreize, dans Unters. aus der bot. Instit. zu Tübingen, I, 4° cah., 1885, p. 483-535. P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 13 pour abréger, a lieu dans un seul plan, en l'absence de tout contact étranger, et de telle sorte que la jeune vrille qui l'a subi s'offre finale- ment sous un état semblable à celui du ressort spiral d'une montre; par contre, celui de la période adulte s'opére généralement comme autour d'un cylindre, bien qu'il puisse aussi, dans certaines circonstances, s'ef- fectuer selon un plan (Cardiospermum, Mutisia). 2 Une autre diffé- rence bien plus importante encore consiste en ce que, dans l'enroulement , de la période gemmaire, le cóté inférieur de la vrille reste toujours externe, tandis que le méme filet devenu adulte ne s'enroule en spirale qu'aprés avoir subi une torsion sur lui-méme, telle que son cóté naturel- lement supérieur, qui, sans ce changement, se serait trouvé à l'intérieur de la spire, soit reporté à la face externe de celle-ci. En d'autres termes, comme l'enroulement résulte dece que l'un des deux côtés opposés de la vrille se développe en longueur beaucoup plus que l'autre, l'excés de croissance a lieu au cóté inférieur de cet organe pendant la période gem- maire et à son côté supérieur reporté en bas pendant la période adulte. Pour employer les expressions introduites dans la science par M. Hugo de Vries, on peut dire que la vrille est hyponastique pendant sa période gemmaire et épinastique pendant sa période adulte. J'ai dit que l'enroulement gemmaire des vrilles de Cucurbitacées com- mence dés leur naissance; voici en effet à partir de quel moment et comment il se produit. Je prendrai pour exemple la vrille de la variété du Cucurbita Pepo DC. (Naud.), qui est connue dans les jardins sous le nom de Courge à la moelle, le Vegetable Marrow des Anglais (voy. Nau- din, Ann. des sc. natur., 4 série, VI, p. 38), parce qu'une plantation assez étendue de pieds vigoureux appartenant à cette variété m'a permis d'en faire le sujet d'observations suivies. La vrille du Cucurbita Pepo DC. (Naud.) est rameuse. Lorsqu'elle est entiérement développée, elle offre une portion basilaire rectiligne, épaisse et raide, non susceptible de s'enrouler, mais pouvant se tordre plus ou moins sur elle-méme, qui atteint, en moyenne, 7 ou 8 centimétres de longueur, et que pour abréger j'appellerai, comme Bianconi, le tronc. Du sommet de ce tronc partent des branches au nombre en général de trois, plus rarement de quatre, quelquefois de cinq, toujours inégales entre elles, dont la plus longue et la plus forte, que je qualifierai de mé- diane, semble étre un prolongement direct du tronc, tandis que les deux (ou les trois, quatre) autres sont situées symétriquement à sa droite et à sa gauche, assez en avant par rapport à elle pour justifier l'expression de . verticille par laquelle Hugo Mohl (1) a désigné leur disposition relative. (1) Mohl (Hugo), Ueber den Bau und das Winden der Ranken und Seinpfanen in-4* de vi et 152 pages, 12 pl. Tübingen, 1827. Explication des figures. —. 1,9, 3, 4, Cucurbita Pepo, var. dite Courge à à la tiède: — 1,9, 3, vrilles très j jeunes, à trois âges successifs, à partir d’un état très peu postérieur à la première apparition (fig. 1). Pour les trois figures 25/1, a désigne la branche médiane; bet c, les deux branches latérales de grandeurs décroissantes; — 4, une vrille entière qui a terminé son enroulement gemmaire (3/1). 5. Vrille entière à cinq branches du Sicyos angulatus L., ayant à fort peu prés lété son t gemmaire (15/1). On voit que ses branches s'en- roulent selon des plans différents. : 6, 7, 8. Cucumis Melo var. agrestis Naud. — Vrilles à trois áges différents " (15/1 pour les figures 6, 7; 10/1 pour la figure 8). 4 9. Rhynchocarpa dissecta Naud. — Vrille très jeune à cinq branches ne s'en- roulant pas sur elles-mémes pendant la période gemmaire (10/1). - P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 45 Ces deux, trois ou quatre branches latérales diminuent alternativement de longueur et d'épai à partir de la médiane, et elles observent le méme ordre, soit dans la période gemmaire pour la hàtiveté de la crois- sance et de l'enroulement, soi ensuite pour le déroulement. Si nous considérons, par exemple, une vrille très jeune qui, redressée, n'aurait que 4 millimètre de longueur totale (fig. 1), nous voyons que sa branche médiane a est dés ce moment incurvée au point de décrire, dans son ensemble, au moins une demi-circonférenee. En méme temps sa branche latérale la plus avancée b n'a guére que le tiers de la longueur de son ainée, et cependant elle est sensiblement arquée. Quant à la branche latérale du cóté opposé, elle ne fait encore qu'une légére saillie à l'extrémité du tronc, qui est lui-méme fort court. On voit donc que l'in- volution de cette vrille s’accuse absolument dès les premiers temps, c'est- à-dire à une époque et, en outre, dans des conditions qui semblent ne permettre d'attribuer à aucune action extérieure l'excés de croissance en longueur de l'un de ses cótés. Les figures 2 et 3 montrent à la fois les progrés de cette involution et les différents degrés auxquels elle est parvenue pour les trois branches d'une méme vrille, à deux àges différents, mais encore fort peu avancés. En somme, comme on le voit par la figure 3 en q, la branche médiane décrit déjà un tour et demi à l’âge où, redressée artificiellement, elle n'aurait qu'environ 3 millimétres et demi de long . Enfin l'involuti progressant à mesure que les trois branches de la vrille croissent en lon- gueur, l'ensemble se présente finalement dans l'état que reproduit la figure 4, quand le phénoméne est arrivé à son terme. À partir de ce moment, la vrille se dégage du bourgeon terminal. C'est alors seulement qu'elle a attiré les regards de Bianconi et de M. J. Sachs. Elle gagne dés lors rapidement en longueur en méme temps qu'elle se déroule, son redressement progressant de sa base vers son sommet. L'ordre de ce déroulement est le méme que celui qui avait présidé à l'enroulement : c'est donc la branche médiane qui efface la première ses tours de spire; puis les branches latérales en font successivement autant, selon l'ordre de leur grandeur et des époques auxquelles elles s'étaient d'abord enroulées, celle dont le développement et l'involution ont été les plus tardifs se redressant la derniére et seulement quand la branche médiane est trés avancée déjà dans sa croissance en longueur. „Les choses se passent de méme pour le filet unique des vrilles qui sont ou habituellement ou fréquemment simples, comme celles de la Bryone et de certains Cucumis. Il n'y a donc pas lieu de présenter ici pour celles-ci une description qui serait analogue à celle qu'on. vient de lire. Comme le montre la figure 4, le plan dans lequel se fait l'enroulement 16 t SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. de la branche. médiane de la vrille, chez le Cucurbita Pepo, passe par l'axe dela tige qui porte cette vrille. En outre, il y ale plus souvent parallélisme entre ce plan et ceux dans lesquels s'enroulent les branches latérales, ainsi qu'on le voit sur la méme figure ; néanmoins ce parallé- lisme n'existe pas toujours, et parfois on constate sous ce rapport une notable irrégularité. Tel était, par exemple,le cas d'une vrille à cinq branches fort inégales du Sicyos angulatus L., que représentela figure 5. Enfin une particularité qui mérite d'étre signalée est celle qu'offre le Bryonia dioica, chez lequel la vrille simple s'enroule dans un plan transversal, c'est-à-dire parallèle à celui de la feuille adjacente au-devant de laquelle sa volute vient se placer. Il y a une remarque à faire à ce propos touchant le mode de ramifi- cation des vrilles. Presque toujours leurs branches partent toutes égale- ment de l'extrémité du tronc, et, comme elles restent indivises, leurs points d'origine se trouvent tous au méme niveau. La seule exception à cette règle que j'aie eu l'occasion d'observer m'a été offerte par le Cyclan- thera pedata Schrad. Dans cette espéce, aprés que le tronc de la vrille s'est bifurqué à son extrémité, la principale des deux branches ainsi produites reste indivise, mais l'autre se partage notablement plus haut en deux rameaux inégaux. Cette vrille présente donc un commeucement de dichotomie. k L'enroulement par involution se continue pendant toute la période gemmaire; c'est dire qu'il y a, pendant tout ce temps, dans la vrille un plus fort allongement du cóté inférieur, devenu par là externe, que du cóté supérieur, qui est ainsi rendu interne ; en d'autres termes, l'hyponastie s'exerce seule pendant cette période. Toutefois il existe une exception curieuse à cette marche générale des choses chez une variété de Cucu- mis Melo L. à laquelle M. Naudin a donné la dénomination d'agrestis. Dans cette plante, l'hyponastie et l'épinastie agissent simultanément sur deux régions différentes de la méme vrille qui, sous leur influence, ne tarde pas à prendre une conformation spéciale. La portion supérieure de cette vrille est et reste hyponastique pendant toute la période gemmaire ; par suite, cette portion supérieure s'enroule sur elle-même et finit par former une volute plane et serrée à deux ou trois tours; mais, avant méme qu'il se soit ainsi produit un tour entier, la partie de cette vrille qui se trouve immédiatement au-dessous commence à croitre plus forte- ment en longueur à son côté supérieur qu'à l'inférieur, et il devient dès lors épinastique. Cette inégalité de croissance s'accentuant de plus en plus, la région épinastique forme bientót une anse prononcée, à convexité dirigée en haut, qui a pour effet de reporter en bas et en dehors la région terminale enroulée. Les deux figures 6 et 7 représentent deux états successifs de cette vrille à la fois hypo- et épinastique, tandis que P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 17 la figure 8 en montre l'état final, vers la fin de la période gemmaire, au moment où la spirale terminale se desserre déjà pour se dérouler. On sent que, dans cette plante, la fin de la période gemmaire n'améne pas comme toujours, dans la vrille, un déroulement pur et simple, mais qu'alors il se produit aussi en elle un redressement de sa portion que l'épinastie avait courbée en anse. L'enroulement en spirale plane des vrilles des Cucurbitacées, pendant leur période gemmaire, ayant été donné par M. J. Sachs comme général chez les plantes de cette famille, j'ai voulu voir si ce fait remarquable a réellement la généralité qui lui est attribuée par ce savant. Dans ce but, j'ai examiné les diverses espéces de ce groupe naturel qui étaient encore en bon état de végétation dans les plates-bandes du Muséum d'histoire naturelle à l'époque déjà un peu avancée où je m'occupais de ce sujet. J'ai bientót reconnu, gràce à cet examen, qu'il existe dans la famille des Cucurbitacées deux catégories de plantes entièrement dissemblables sous ce rapport. En effet, tandis que dans les unes les choses se passent ainsi que je viens de le montrer, dans les autres les vrilles se comportent absolument comme la généralité des organes du méme ordre dont sont pourvus de nombreux végétaux appartenant à des familles diverses. Elles sont droites ou faiblement arquées dans le bourgeon, et restent telles pendant leur développement presque complet en longueur, aprés quoi la faculté de s'enrouler en spirale se manifeste en elles, comme de cou- tume. On peut méme reconnaitre une sorte de passage de l’une à l'autre de ces deux catégories chez un petit nombre d'espèces dont les vrilles, pendant la période gemmaire, arquent leurs branches, surtout la médiane, de maniére à en former un crochet ou une anse plus ou moins fermée, mais qui n'arrive jamais à décrire méme un tour entier. J'ai trouvé un bon exemple de cette manière d’être chez le Cyclanthera pedata, et un autre un peu moins accusé chez le Lagenaria vulgaris. Il serait peu utile de suivre pas à pas le développement des vrilles qui croissent en restant, pendant la période gemmaire, soit entièrement droites, soit légèrement arquées ou flexueuses. Je me bornerai donc à en montrer, sur la figure 9, un exemple fourni par une vrille à cinq branches encore très jeunes du Rhynchocarpa dissecta Naud., espèce dans laquelle le nombre des branches de ces organes est généralement de irois à cinq. Je ferai observer, à ce propos, qu'on a là une nouvelle preuve du danger qu'il y a toujours à se presser de généraliser les consé-" quences d'observations trop peu nombreuses, quelque fréquente que soit cette tendance de l'esprit en matiére scientifique. -Le résultat définitif de mes observations dirigées dans ce sens esl que, sur vingt-deux espèces ou variétés de Cucurbitacées que j'ai examinées, huit sont pourvues de vrilles involutées pendant la période gemmaire, T. XXXIII. (SÉANCES) 2 ` 18 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. tandis que dans les quatorze autres ces mêmes organes sont droits dès leur origine, et restent tels ou, dans tous les cas, non involutés pendant la suite de leur accroi t longitudinal. Voici la liste par ordre sim- plement alphabétique des plantes examinées par moi, qui appartiennent à ces deux catégories. 4° Cucurbitacées dont les vrilles sont involutées ou enroulées en spirale pendant leur période gemmaire : Bryonia dioica Jacq. Cucurbita Pepo DC. var. dite Courge Cucumis Melo var. agrestis Naud. à la moelle. Cucurbita maxima Duchn. var. cly-| — perennis A. Gr. peiformis, vulgairement Potiron | Sicyos angulatus L. turban. Sicyosperma gracile A. Gr. — melanosperma Al. Braun. 2° Cueurbitacées à vrilles non enroulées en spirale pendant leur période gemmaire : Citrullus vulgaris L. Luffa acutangula Ser. Cucumis Figarei Del. Momordica Balsamina L. — Melo L. var. erythreus Naud. Peponopsis adhærens Naud. Cyclanthera explodens Naud. Rynchocarpa dissecta Naud. — pedata Schrad. Scotanthus tubiflorus Naud. Echinocystis lobata Torr. et A. Gr. | Thladiantha dubia Bunge. Lagenaria vulgaris Ser. : Trichosanthes anguina L. L'examen de cette liste conduit aux conclusions suivantes : 4° Le fait curieux d'un enroulement en spirale qui commence dés les premiers instants de la formation et se compléte pendant la suite de la période gemmaire, sans intervention possible d'aucune des actions externes auxquelles on a recouru pour expliquer le contournement spiral des vrilles adultes, est loin d'appartenir à la généralité des Cucurbita- cées ; il est même assez limité dans cette famille, puisque, parmi celles de ces plantes que j'ai pu observer, sans les choisir, il ne s'est présenté que dans cinq genres sur seize. 2 Il n'y a pas de rapport appréciable entre l'existence ou l'absence de la faculté d'enroulement gemmaire des vrilles et la division de la famille des Cucurbitacées, soit en tribus, soit en genres ou méme en espèces. En effet, si l'on s'en rapporte à la division de ce groupe naturel en quatre tribus par M. Naudin (1), on voit que la plus considérable de celles-ci, celle des Cucumérinées, qui à elle seule comprend vingt-neuf genres sur quarante et un indiqués par ce botaniste pour la famille (1) Naudin (Ch.), Cucurbitacées cultivées au Muséum d'histoire naturelle, en 1866 (Ann. des sc. natur., 5° série, VI, 1866, pp. 5-32). P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 19 entière, renferme deux genres à vrilles primitivement involutées (Cucur- bita, Cucumis), contre douze à vrilles primitivement droites; que, pour les petites tribus des Cyclanthérées et des Abobrées, les genres Cyclan- thera dans la première, et Echinocystis dans la seconde, ont des villes droites dans leur jeunesse; enfin que, pour la tribu des Sicyoidées, les deux genres Sicyos et Sicyosperma m'ont présenté des vrilles involutées. Il est bien entendu que je ne préjuge rien relativement aux genres dont je n'ai pas eu de représentant à ma disposition. Quant à la répartition de ces deux maniéres d'étre par genres, la liste ci-dessus montre que le genre Cucumis renferme à la fois des espéces à vrilles primitivement involutées, comme le Cucumis Melo en général, et d'autres à vrilles droites à l'origine, comme Je C. Figarei Del. Enfin la répartition des deux états primaires est si peu en rapport avec le classement méthodique des Cucurbitacées que, la plupart des variétés du C. Melo enroulant leurs vrilles jeunes, la variété erythrœus Naud., de cette espèce, laisse les siennes droites pendant la méme période du développement. M. Leclerc du Sablon dit qu'il s'est occupé de la question de l'enroulement des vrilles. Il a surtout examiné l'état adulte, en laissant de côté l'étude du. phénomène dans le bourgeon, où il parait dà à une cause différente, l'excitation dans ce cas faisant évi- demment défaut. Il a pu s'assurer, par un examen comparé de la structure aux deux âges, que les causes qui, selon lui, produisent l'enroulement des vrilles adultes, ne sauraient étre invoquées pour les vrilles du bourgeon. L'enroulement de ces organes à l'origine lui parait analogue à celui des crosses de Fougères, ou à celui des feuilles de Fèves encore enfermées dans la graine : c'est un cas par- ticulier de l'épinastie et de l'hyponastie des feuilles ou des tiges. M. Duchartre a également étudié les vrilles au point de vue ana- tomique. Il rappelle que Mohl avait déjà remarqué, en 1828, que la structure d'une vrille adulte n'est pas la même dans toutes les espéces. M. Duchartre expose briévement les variations qu'il a observées dans ces organes chez les Cucurbitacées. Il a vu notam- ment que le cóté qui s'allonge rapidement dans une vrille est formé de cellules de parenchyme à grosses cellules, tandis que de l'autre côté on trouve des cellules plus fermes et étroites. Il se propose de revenir prochainement et en détail sur ce sujet. M. Duval, vice-secrétaire, donne lecture de la communication. E suivante : ga 20 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. UN CISTE, HYBRIDE NOUVEAU . POUR LA SCIENCE ET ENVIRON QUARANTE PLANTES NOUVELLES POUR LA FLORE DE L'AVEYRON, par M. l'abbé M. COSTE. On l'a dit, et nous nous plaisons à le répéter, il est peu de départe- ments qui possèdent une flore riche et variée comme l'Aveyron. Le docteur Bras, notre regretté compatriote, avait énuméré dans son Catalogue 2043 espèces. Ce nombre s'est encore accru par d'importantes décou- vertes consignées par M. l'abbé Revel dans l'Essai de la Flore du Sud- Ouest, et par M. Ivolas dans sa Note sur la Flore de l'Aveyron. Nous venons, à notre tour, combler quelques lacunes el ajouter encore à nos richesses végétales. Les régions les moins explorées du département ont été le champ préféré de nos recherches, et nous y avons rencontré environ 1600 espèces, toutes de bon aloi et universellement admises. Nous nous contenterons aujourd'hui de signaler la découverte d'un Ciste hybride nouveau pour la science et quelques espéces nouvelles pour notre flore départementale. I. Cistus laurifolio-salvifolius Nob. — Tel est le nom que nous proposons de donner à un hybride remarquable qui croit aux environs de Belmont, dans l'arrondissement de Saint-Affrique. La petite ville de Belmont (altit. 450 mètres) fait partie de celte vaste dépression connue sous le nom de bassin de Camarés et profondément encaissée entre les montagnes de Lacaune, le Lévezou et le plateau du Larzac. Favorisée par la douceut du climat et sa position topographique, cette région est une des plus riches et des plus intéressantes du département. Les plantes de la région méditerranéenne, surtout les Graminées, les Composées, les Papilionacées, les Cistinées, s’y trouvent répandues avec une véritable profusion. Les environs de Belmont, où nous avons récolté, cette année, 25 espèces dé Trifolium et 13 éspéces de Bromus, ne possèdent que deux espèces de Cistus, C. laurifolius L. et salvifolius L.; mais ces deux arbrisseaux, le premier surtout, y sont extrêmement communs et eroissent souvent ensemble sur les coteaux et dans les bois. Les nombreux Cistus hybrides signalés dans l'Hérault par les auteurs de la Flore de Montpellier nous firent naître la pensée qu'il se rencontrerait peut-être parmi nos deux espéces de pareilles productions, et nous nous mimes à faire des recher- ches. Elles furent couronnées du plus heureux succés. Le 25 juin dernier, nous découvrions quatre magnifiques | pieds hybrides, et les jours suivants il s’en présentait d'autres dans diverses localités distantes les unes des autres de plusieurs kilomètres. La saison COSTE. —. PLANTES NOUVELLES POUR L'AVEYRON. 21 étant déjà avancée, les fleurs se faisaient rares, mais tout autour de la plante le sol était jonché de capsules stériles. Cette stérilité constante des capsules, jointe aux autres caractères, ne laissait subsister aucun doute : c'était bien un hybride que nous avions sous les yeux. Mais com- ment reconnaitre les rôles paternel et maternel des deux espèces géné- ratrices ? Ce n'était pas chose facile, les deux parents croissant presque partout péle-méle. Enfin, aprés de longues recherches, nous renconträmes deux pieds hybrides croissant au milieu du C. salvifolius, à une cer- taine distance du C. laurifolius ; et, de cette position respective des pa- rents par rapport à l'hybride, nous avons conclu que la graine hybridée avait dû germer auprès de la plante mère, qu'en conséquence le C. lau- rifolius devait être le porte-pollen et le C. salvifolius le porte-graine. Ainsi en placant, selon l'usage, le nom du pére le premier, notre hybride devient le Cistus laurifolio-salvifolius. Notre opinion sur ce point a été partagée par M. Loret, le savant auteur de la Flore de Montpellier, dont la haute compétence en cette matière est reconnue par tout le monde. Le Cistus laurifolio-salvifolius Nob. croit à Belmont, dans les bois et sur les coteaux arides, prés de Sériguet, Saint-Étienne, les Conques, les Boulouyssés et Saint-Julien. C'est un petit arbrisseau généralement très rameux et exactement intermédiaire entre les parents. Le C. lauri- folius a, commé on sait, les fleurs disposées, au nombre de 4-10, en corymbe ombelliforme assez régulier; il porte 3 sépales ovales, peu allongés, et ses rameaux, toujours dressés, se fendillent à la surface en vieillissant. Les fleurs du C. salvifolius sont au contraire solitaires au sommet de longs pédoncules; son calice est à 5 sépales largement ovales ét dressés-étalés sur la capsule, qu'ils laissent toujours voir après la floraison; enfin, ses rameaux tortueux et diffus présentent une surface unie et ne se fendillent jamais avec l’âge. Dans l'hybride qui nous occupe, les fleurs, portées sur des pédoncules trás longs et réunies au nombre de 2-6, forment un corymbe irrégulier et trés lâche. Le calice est presque constamment à 5 sépales peu élargis, allongés et toujours appliqués sur la capsule, qu'ils cachent entièrement après la floraison. Ses rameaux, nombreux, étalés-dressés, ressemblent assez à ceux de la plante mère et ne se fendillent jamais avec l’âge; mais ses feuilles le rapprochent davantage du C. laurifolius, et possèdent, comme lui, à un degré pro- noncé, cette forte odeur balsamique dont le C. salvifolius est complète- ment dépourvu. Enfin cet ensemble de caractères lui donne un facies particulier qui le fait aisément reconnaître au milieu des parents. : Quoique nous n'attachions point aux hybrides, productions acciden- . telles et passagères, plus d'importance qu'ils n'en ont, on nous permettra d'en signaler ici cinq ou six qui nous ont paru intéressants. Nous avons encore recueilli à Belmont l'Zgilops vulgari-ovata Loret et l'Ægilops 22 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. vulgari-triuncialis Loret. Le premier n'y est pas rare et on le trouve çà et là, au bord des champs et le long des chemins, dans presque tout le Camarés; mais le second ne s'est présenté à nous qu'une seule fois sur un vieux mur, au milieu d'une belle végétation d'ZEgilops triuncialis L. Nous avons aussi rencontré deux hybrides à Balaguier de Saint-Sernin : le Narcissus Pseudonarcisso-poeticus Boutigny et Bernard, dans la prai- rie de Canteloup, et l'Asplenium. septentrionale-Trichomanes Loret, sur les rochers d'Estioussés. Enfin notre ami M. l'abbé Bec nous a communiqué le Primula vulgari-elatior Loret et le Primula officinali- vulgaris Loret, qu'il a récoltés sur les bords du Lot, à Saint-Geniez. Mais il est temps de donner la liste des Pedes nouvelles pour notre flore départementale. II. Plantes nouvelles pour la flore de l'Aveyron. 1. Thalictrum Grenieri Loret. — Lapanouse de Cernon, canton de Cornus, pentes rocailleuses! Pour prévenir toute erreur dans un genre aussi obscur, nous nous sommes empressé de communiquer notre dé- couverte à M. Loret lui-même, qui n'a pas hésité à reconnaître sa plante. 2. Ranunculus nodiflorus L. — Murasson, canton de Belmont, dans une mare desséchée (14 juin 1885) ! 3. Corydalis claviculata DC. — Laval-Roquecezière, canton: de Saint-Sernin, buissons et fentes des rochers! Espéce indiquée prés de nos limites, au pont de Tanus, par de Martrin-Donos. 4. Sisymbrium Sophia L. — Murasson, vieux murs du village! 5. Lunaria rediviva L. — Aubrac, rive gauche du Boralde, au-dessous de la cascade ! Signalé dans cette région par Prost. 6. Teesdalia Lepidium DC. — Belmont, la Verdolle et Saint-Crépin! Très commun aux environs de Belmont, où il fleurit souvent dés la fin de février et où il s'élève à 700 mètr. d'altit., sur les collines, jusqu'à la rencontre du T. nudicaulis R. Br. 1. Lychnis Viscaria L. — Bords du Lot, à Agrés (Fr. Saltel). 8. Sedum cespitosum DC. — Belmont et Buffiéres, lieux sablonneux et bord des chemins! Cette petite plante, qui sort rarement de la région de l'Olivier, est trés abondante aux environs de Belmont et fleurit tout le mois de mai. 9. Saxifraga Clusii Gouan. — Laval-Roqueceziére, grottes et fentes des grands rochers, à 930 mètres d'altitude! 10. Lonicera nigra L. — Aubrac, cascade du Sal del Grel, "inis de Gandillot, de Rigambal et de Laguiole! Cette espèce n'est pas trés rare sur les montagnes d'Aubrac. COSTE. — PLANTES NOUVELLES POUR L'AVEYRON. 23 11. Ligularia sibirica Cass. — Aubrac, sommet du bois de Laguiole, au bord des rivulets! Bras l'indique au lac des Saliens, qui appartient à Ja Lozère. 12. Buphthalmum spinosum L. — Saint-Affrique, vignes de la mon- tagne des Cases! 13. Picnomon Acarna Cass. — Montlaur, champs pierreux à l'est du village, où il est abondant! 14. Centaurea paniculata L. — Fayet, Verriéres de Belmont et Buf- fières, dans le bassin de Camarés ! 15. Scolymus hispanicus L. — Belmont, bord d'un chemin, près de Saint-Etienne ! 16. Thrincia hispida Roth. — Brusque, coteaux au sud de Saint-Jean (Fr..Crémoux). 17. Leontodon pyrenaicus Gouan. — Aubrac, dans les pâturages (abbé Vayssier). 18. Lactuca Grenieri Loret; L. ramosissima Gren. et Godr. — Belmont, Saint-Sernin, Saint-Izaire, Vabres, Montlaur, Camarès, Brusque et tout le bassin de Camarés ! 19. Hieracium pyrenaicum Jord. — Brusque, où il est abondant (Loret). Un pareil habitat, pour une plante pyrénéenne, constitue un fait de géographie botanique trés important. 20. Xanthium macrocarpum DG. — Bords du Tarn, sous les Alvernhes, prés de Broquiès! 21. Andromeda polifolia L. — Buh. prairies tourbeuses vers Bel- vezet! Même observation que pour le Ligularia sibirica. 22. Linaria rubrifolia DC. — Sables du Tarn, entre Brousse et Lincou, où il est rare! 93. Veronica verna L. — Rodez, au moulin de Bourran ; Condom d'Aubrac; Balaguier de Saint-Sernin! _ 24. Euphrasia rigidula Jord. — Aubrac, pâturages vers Belvezet; montagnes de Lacaune, à Murasson, Badassou, Saint-Sever, Roquecezière ét Montfranc ! 25. Euphrasia ericetorum Jord. — Rodez, Belmont, Saint-Sernin ! - 96. Salvia Verbenaca L. var. major Loret; S. horminoides Pourr., non G. G. — Rodez, bord d'un chemin Mm deu du roc de Provin (26 mai 1884) ! 21. Galeopsis intermedia Vill. — Montagnes de Lacaune, à Murassony: Saint-Martin et la Borie-Blanque prés Belmont! i j 24 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. 98. Amarantus deflexus L. — Rodez, au palais de justice; Saint- Affrique, Vabres et Rayssac, lé long des murs! 99. Betula glutinosa Wallr; B. pubescens Willd. — Aubrac, mon- lagnes au-dessus de Viourals, lieux tourbeux! ` 30. Gagea bohemica Schult. — Environs de Brusque (Fr. Crémoux). 31. Orchis provincialis Balb. — Belmont, clairières des bois, au milieu des Cistes, où il est abondant! 32. Potamogeton pectinatus L. — Dans le Tarn, à Combradet, canton de Réquista! 33. Sclerochloa dura P. B. — Saint-Rome de Cernon, bords de la route du Larzac, à Blayac (abbé Leygues). 34. Avena bromoides Gouan. — Montlaur, Verrières de Belmont, Buffières, Rayssac, Vabres, Ségonzac, et tout le bassin inférieur du Dourdou ! 35. Bromus rubens L. — Belmont, coteaux arides à Saint-Sympho- rien, à Saint-Étienne et au Payssel! 36. Bromus maximus Desf. — Belmont, champs sablonneux, où il est abondant! 37. Brachypodium ramosum R. et Sch. — Vallée du Tarn, à Com- prégnac (abbé Leygues). : 38. Elymus Caput-medusæ L. — Belmont, Combret, Bétirac, Buf- fières, Briols, Montlaur, et presque tout le bassin de Camarés! Nous avions eu d'abord la pensée d'ajouter à cette liste d'autres espéces intéressantes, non ou à peine mentionnées par Bras dans l'Aveyron: Mais comme elles ont déjà été publiées la plupart dans les écrits de MM. Revel et [volas, nous ne pouvions plus les signaler comme nouvelles pour notre flore. Citons seulement : Cistus albidus L., Meconopsis cambrica Vig., Paronychia polygonifolia DC., Sedum angli L., Lepidium rude- rale L., Plantago carinata Schrad., recueillis sur les montagnes de Lacaune; Viola virescens Jord., aux environs de Rodez; Viola scoto- phylla J., Asterolinum stellatum Link, Carew Linkii Sch., dans la vallée du Cernon; Silene inaperta L., Trifolium Cherleri L., T. hirtum — — AH., T. Lagopus Pourret, T. lappaceum L., T. lævigatum Desf., Vicia lathyroides L., Potentilla hirta L., Rosa Pouzzini Tratt., Scabiosa maritima L., Crepis setosa Hall., Erica vagans L., Bromus interme- dius Guss., Ægilops triaristata Willd., Psilurus aristatus Loret, recueillis dans le bassin de Camarès. Nous terminons en exprimant l'espoir que ce court compté rendu de. L. DU SABLON. — OBSERV. ANAT. SUR LA CHUTE DES BRANCHES. 25 nos herborisations sera bien accueilli par les botanistes aveyronnais. Nous avons exposé nos découvertes sans aucune prétention, avec le seul désir d'étre utile à un pays que nous aimons, et de contribuer pour notre faible part au perfectionnement d'une flore encore trop peu connue et à laquelle tous les botanistes, ici, doivent travailler sans rivalité, avec le désintéressement et les vues élevées qui sont toujours l'apanage des vrais amis de la science. : A propos de l’Asplenium seplentrionale-Trichomanes men- tionné par M. Coste, et sans prétendre apprécier ce cas particulier, M. Malinvaud dit que les faits d'hybridation véritablement authen- tiques dans les Fougères sont extrémement rares. Il rappelle qu'on a parfois attribué cette origine à des formes accidentelles ou locali- sées, résultant de l'altération d'un type le plus souvent en rapport avec la nature du substratum, par exemple les modifications de VA. Adiantum-nigrum observées sur les rochers de serpenline et simulant des variétés des A. lanceolatum et Ruta-muraria (1). Quant à l’Asplenium septentrionale-Trichomanes Loret, cette plante n'est autre que l'A. germanicum Weiss, A. Breynii Retz; elle a été encore considérée comme un A. Ruta-muraria X seplen- trionale. : M. Leclerc du Sablon fait à la Société la communication sui- vante : OBSERVATIONS ANATOMIQUES SUR LA CHUTE DE CERTAINES BRANCHES DU PEUPLIER BLANC, par M. LECLERC DU SABLON. Lorsqu'un certain nombre d'arbres croissent pressés les uns contre les autres, les branches supérieures qui reçoiveut de la lumière se déve- loppent seules, tandis que celles de la partie inférieure s’étiolent et finis- - sent par mourir. Généralement alors la branche morte persiste encore un certain temps, puis se pourrit, se casse, et tombe en laissant encore adhérent äu tronc un petit tronçon mort qui ne disparaît qu'à la longue. Chez le Peuplier blane, les choses peuvent se passer d'une autré facon. Les branches auxquelles leur position à l'ombre ne permet pas de se: développer présentent généralement à leur base et aussi en plusieurs: autres points, surtout au-dessus des ramifications, des renflements qui sont le premier indice d'une chute prochaine. Dans chacun de ces renfle- ments, il se passera à peu prés la méme chose qu'à s base d'une feuille: (1) Voyez le Bulletin, t. XXX, p. 76. m ius sutgq55 dex wat es iw 96 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. tombante : la résistance dévient très faible suivant un plan perpendi- culaire à la direction de l'organe, et la séparation peut s’effectuer très réguliérement suivant ce plan. Il est évident que la chute de ces branches s’effectuant d'une façon aussi réguliére doit étre préparée par des modifications anatomiques comparables probablement à celles qui ont été observées à propos de la chute des feuilles. On peut s'en assurer en étudiant les renfl ts, sur- tout dans le voisinage du plan suivant lequel doit se faire la séparation. En faisant une coupe longitudinale, on voit que le renflement est formé par un épaississement du bois; la chute dela branche se prépare donc de longue main à un moment où l'on ne voit pas encore trace d'étiolement. Pendant toute la période de formation du renflement, on n'y observe aucune modification spéciale des tissus. Mais plus tard, vers l'automne, on peut observer quelq hang ts. Suivant l'équateur du renfle- ment, un bande de tissus épaisse de six à huit cellules durcit en se ligni- fiant, aussi bien dans le bois et dans le liber. Dans le bois, les cellules et les fibres ne sont généralement pas toutes lignifiées, en sorte que la modification que je viens d'indiquer porte presque autant sur le bois que sur le liber. Les vaisseaux se lignifient complétement, et l'on voit méme par endroits se former dans leur intérieur de minces cloisons compa- rábles à des tyles. L'effet de ces modifications est de rendre plus diffi- ciles les communications entre la branche et le tronc, et d'isoler en quelque sorte la partie qui doit tomber. C'est seulement dans le voisinage immédiat de la couche génératrice que les tissus sont restés intacts et que les échanges de liquides peuvent encore avoir lieu. ` A la partie inférieure de cette couche lignifiée, c'est-à-dire du côté le plus rapproché du tronc, il s'est formé une couche subéreuse plus ou moins lignifiée. La zone génératrice qui a formé cette couche a pris nais- sance aprés la lignification de la couche supérieure déjà décrite. Son fonctionnement présente une particularité remarquable ; le liége qu'elle: a formé s'étend en effet sans discontinuité sur toute la section du bois, sauf dans le voisinage de la couche génératrice. Que les cellules ordinaires soient devenues génératrices, cela n'a rien que de trés normal, mais on. n'en peut dire autant des vaisseaux; or il est facile de voir que les vais- seaux du bois ont été divisés, et que les deux troncons d'un méme vais- seau sont séparés par des cellules de suber. Il est facile de s'expliquer ce résultat. Le liège a d’abord été produit seulement par les cellules; puis, lorsque plusieurs assises ont été ainsi formées, les tissus ainsi surajoutés ont produit une tension dont le résultat a été de briser les vaisseaux ; le vide ainsi produit par la solution de continuité des vaisseaux a aussitôt été comblé par la couche de FAT qui s'est étendue latérale- ment, et ainsi est devenue continue. L. DU SABLON. — OBSERV. ANAT. SUR LA CHUTE DES BRANCHES. 21 Les modifications qui viennent d'étre décrites ont pour but de rendre difficiles les communications entre les deux parties de la tige et de pré- parer la cicatrisation de la plaie, mais nous n'avons pas encore vu quel était le mécanisme de la chute. En dessus de la couche lignifiée, du cóté opposé à la couche subéreuse, on voit les tissus se désorganiser; les pa- rois des cellules se liquéfient, et le contenu protoplasmique reste seul flottant dans une masse gélatineuse. Cette liquéfaction s'opére sur les parois cellulosiques des cellules et des fibres et sur les parties non ligni- fiées des parois des vaisseaux. On voit alors ces derniers se désagréger et des fragments lignifiés flottent dans la masse semi-fluide formée par la désorganisation des cellules voisines. Cette modification des tissus s’opère sur toute la surface de la section, excepté dans le voisinage de la couche génératrice; on conçoit donc qu'à cet instant l'adhérence sera très faible entre la branche qui surmonte le renflement et le reste de l'arbre. Il suf- fira d'un léger choc, d'un coup de vent, pour provoquer la chute de la branche. Si l'on compare le phénoméne qui vient d'étre décrit à celui de la chute des feuilles, on trouvera quelques analogies, mais aussi des diffé- rences. Dans les deux cas, on voit d'abord une couche de tissus se ligni- fier, puis une assise génératrice apparaitre et former du liége. Mais lorsqu'il s'agit de la chute des feuilles, les vaisseaux du bois et du liber ne sont pas atteints par ces modifications, tandis qu'il en est autrement, on vient de le voir, dans le cas qui nous occupe. Enfin le mécanisme de la chute des branches de Peuplier est tout à fait différent de celui qui a été décrit par MM. Van Tieghem et Guignard (1) pour la chute des feuilles. Dans le eas des feuilles en effet, une assise devient génératrice.en dessus de la couche subéreuse, produit 2-3 assises de cellules; les parois mi- toyennes de deux de ces assises se dédoublent, et la feuille ne se trouve plus alors réunie à l'arbre que par les vaisseaux restés intacts, qui sont facilement brisés. Chez les branches de Peuplier au contraire, il y a sim- plement liquéfaction des parois dans les assises de cellules-qui surmon- tent la couche subéreuse. En somme, le mécanisme de la cicatrisation est à peu près le même dans les deux cas, mais celui de la chute est tout différent. M. Duchartre demande à M. Leclerc du Sablon s'il a observé un ordre parmi les branches qui tombent. M. Leclerc du Sablon répond que cet ordre est déterminé par les conditions dans lesquelles elles se développent. On ne voit pas tom- ber celles qui sont exposées au soleil, mais bien celles qui se sont (1) Séance du 28 juillet 1882. 28 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886: développées dans les fourrés, par conséquent à l'ombre. Sur des branches de 30 et 40 centimètres, il existe souvent plusieurs renfle- ments. M. Prillieux demande à quelle distance du tronc sont situés ces renflements. M. Leclerc du Sablon répond qu'ils sont presque àu contact du tronc. M. G. Camus fait la communication suivante : FLORULE DU CANTON DE L'ILE-ADAM (SEINE-ET-OISE), par M. 6. CAMUS (1). Thalictrum minus L. — C. mais localisé au Montrognon, commune de Champagne (S.-A.). T. aquilegifolium L. — (Bonnet). Cette plante est subspontanée dans le pare de Stors!. : Anemone Pulsatilla L. — Coteaux du Vivray à l'He-Adam! ; coteaux du Catillon ! et du Grand-Val!, commune de Champagne. A. ranunculoides L. — Bois de Balaincourt (S.-A.). Myosurus minimus L. — Route de Parmain à Valmondois (S.-A.); ` bords de l'Oise à Champagne !. Helleborus niger L. — Montrognon (D" Camus). Cette belle plante est cultivée dans le cimetière de Champagne ! d’où elle a dù s'échapper, H. fætidus L. — Coteaux du Vivray !, le Catillon !. H. viridis L. — Subspont.? à Saint-Lubin dans le bois de la Tour du Laye (S.-A.). Aquilegia vulgaris L. — Grand-Val prés de Jouy !. Nigella arvensis L. — Près de la gare de l'IHe-Adam !. Gypsophila muralis L. — Champs inondés l'hiver au-dessus de Ver- ville (S.-A.). Dianthus deltoides L. — Clairiéres du bois de Cassan (S.-A.). (1) L'abréviation C. et G. désigne MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre. — S.-A. — M. le D'de Saint-Avid. Le signe ! indique les localités signalées par l'auteur. Le Montrognon, les coteaux de Vaux, les Vallées, le Bouillon-Val, le Catillon, le Grand-Val, sont des coteaux calcaires situés à l’ouest de Champagne. Le Val est situé au nord de la méme commune. G. CAMUS. — FLORULE DE L'ILE-ADAM. 29 Silene gallica L. — Champs près de la Nase (S.-A.). S. noctiflora L. — L’Ile-Adam (Guillon). Melandrium silvestre Rohl. — Prés du moulin de Presles (S.-A.). Lychnis Viscaria L. — Prés dela maison du garde, au rond-point de Paris (S.-A.). Alsine setacea Mert. et Koch. —- Coteaux de Vaux! ; Montrognon (S.-A.). Linum tenuifolium L. — Catillon (D' Camus); Montrognon! Radiola linoides Gmel. — Allées de la forét au-dessus de Beaumont (S.-A.). Althea hirsuta L. — Montrognon ! Oxalis Acetosella L. — Forêt prés de Nerville (S.-A.). "Geranium pyrenaicum L. — Mériel ! ; bords de l'Oise à Stors (S.-A.); moulin de Jouy; chemin qui passe sous le chemin de fer à Cham- pagne (D' Camus). Polygala austriaca Crantz. — RR.; prairie tourbeuse du marais de Vaux (S.-A.). ; P. depressa Wender. — (à et là. P. calcarea Schultz. — Sous-var. bleue et s.-var. Made coteaux du Vivray (Chatin). — — sous-var. bleue, s.-var. blanche, s.-var. rouge, coteaux de Vaux! et du Montrognon !. — — var. prostrata G. Camus. — Rouge, à feuilles radicales détruites au moment de la floraison : Montrognon !. Monotropa Hypopitys L. — Rare dans la forét, assez abondant prés de Nerville (S.-A.). Drosera longifolia L. — Marais de Nesles et d'Arronville (S.-A.). Parnassia palustris L. — Marais de Nesles et d'Arronville (S.-A.). Reseda Phyteuma L. — Clairières de la forêt prés de Stors (S.-A.) ; au Montrognon!. Pirola rotundifolia L. — Bois de la Tour du Laye, prés de la porte de Pontoise !. Corydalis solida Sm. — Prés de Verville (S.-A.). i C. lutea DC. — Subspont., murs des jardins à Stors et à Valmondois (S.-A.). : À 30 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. Fumaria capreolata L. — Haies et murs à Nesles. Diplotaxis muralis DC. — (Maire). L'Ile-Adam. Cardamine amara L.— Pare de Balaincourt (S.-A.); bois marécageux près l'Oise, entre Auvers et Saint-Ouen'. Turritis glabra L. — Coteaux de Vaux et du Montrognon !. Helianthemum guttatum Mill. — Près de Verville!. H. pulverulentum DC. — Coteaux nord du Vivray (Chatin); au Catil- lon !. H. œlandicum var. canum C. et G. — Au Catillon !. Fumana vulgaris Spach. — Au Catillon (S.-A.). Cytisus Laburnum L. — Subspont. prés du parc de Stors !. Genista anglica L. — Bois de Verville (S.-A.); bois au-dessus de Par- main !. G. sagittalis L. — Bois de Verville (S.-A.); bois au-dessus de Par- main !. Ononis Natrix L. — Montrognon; coteaux de Nesles (S.-A.). 0. Columnæ All. — Montrognon (S.-A.). Tetragonolobus siliquosus Roth. — Prairie du marais de Vaux!. Coronilla minima DC. — Coteaux de Vivray (Chatin); Montrognon(S.-A.). Trigonell peliaca L. — (Bonnet.) Lathyrus Nissolia L. — Près des Vanneaux (Dehaut). Melilotus parviflora Desf. — Prairie prés de la route de Parmain à Nesles (S.-A.). Lythrum Hyssopifolia L. — Champs inondés l'hiver au-dessus de Ver- ville (S.-A.). Spiræa Filipendula L. — Coteaux de Mériel ; bois de la Muette (S.-A.). Geum rivale L. — Trouvé pour la première fois à l'herborisation de M. Chatin en 1882, assez abondant dans une prairie entre le parc de Stors et l'Abbaye du Val. Cité à Beaumont par Mérat. Fragaria elatior Ehrh. — Forét prés du Vivray (herbor. de M. Chatin). Sorbus aucuparia L. — (Guillon.) Cerasus Padus DC. — Abbaye du Val (S.-A.). ; Epilobium spicatum Lamk. — Fissures des carrières de Verville et de Nesles (S.-A.). G. CAMUS: —- FLORULE. DE L'ILE-ADAM. 31 Œnothera biennis L. — Près de la route des Bons-Hommes!. Hydrocotyle vulgaris L. — Marais d'Arronville et de Nesles (S.-A.). Bupleurum aristatum Bert. — Coteaux de Vaux (S.-A.)!. Ammi majus L. — L'Ile-Adam (Maire); prés de Jouy (S.-A.); prés des Vanneaux (S.-A.). Pimpinella magna L. — Forêt prés de Nerville (S.-A.). OEnanthe Lachenálii Gmel. — (Guillon.) Seseli coloratum Ehrh. — L’Ile-Adam (Guillon); Montrognon!; Beau- mont (de Schenefeld). Libanotis montana All. — Coteau entre Parmain et Jouy!; le Vivray (Maire et Guillon); Montrognon (F. Camus); Catillon; les Vallées ! ; le Val prés de Chambly !. Faniculum officinale AM. — Montrognon !. Anthriscus silvestris Hoffm. — Coteaux de Vaux!. Peucedanum Chabrei Gaud. — L'Ile-Adam (Richard); rives de l'Oise en face de Stors (herboris. de M. Chatin). P. Oreoselinum Mœnch. — Lisières de la forêt (S.-A.). Cornus mas L. —- Bois de la Tour du Laye !. Centunculus minimus L. — Garenne de Jouy (S.-A.). Anagallis tenella L. — Marais d'Arronville (S.-A.), de Stors!, du Grand-Val (F. Camus). Asclepias Cornuti DC. — Subspont. prés de la forét et de la route des Bons-Hommes (Chatin). Gentiana Pneumonanthe L. — L'He-Adam (Guillon) ; marais de Nesles (S.-A.), du Grand-Val !. G. Cruciata L. — Coteaux de Vivray (Chatin). — RR. G. germanica Willd. — Montrognon (S.-A.), abondant; coteau entre .. Parmain et Jouy !. Menyanthes trifoliata L. — Marais de Verville!. Chlora perfoliata L. — Montrognon ! ; coteaux de Vaux !; les Vallées!; le Catillon !. (La forme naine, mêlée au type, est rare.) Anchusa italica Retz. — Subspont.? à la sablière de Parmain (S.-A.). Myosotis stricta Link. — (Bonnet). Veronica persica Poir. — Champs à Nesles (S.-A.). — V. precoz: All. — (Chatin.) 32 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. Veronica Teucrium L. var. f. intermedia C. G. — Coteau entre Par- . main et Jouy !. — var. y. prostrata. C. et G. — Coteaux du Vivray (Chatin). Limosella aquatica L. — Prés de Beaumont (S.-A.). Pinguicula vulgaris L. — Marais d'Arronville (S.-A.); marais du Vivray (Chatin). í Utricularia minor L. — Marais d'Arronville (S.-A.). Phelipæa cerulea C. A. May. — Signalé à Stors par M. Boudier ; Mont- rognon Orobanche cruenta Bert. et var. citrina. — Montrognon (herboris. de M. Chatin). Salvia Sclarea L. — Vorét prés du pare de Cassan (S.-A.). Origanum vulgaris L. var. pallescens. — Coteau de Parmain prés de la route de Nesles! Teucrium montanum L. — Coteaux du Vivray(Chatin) ; rare au Catillon et au Montrognon !. Brunella grandiflora Jacq. — Montrognon!. Stachys alpina L. — Forét prés de Nerville (S.-A.). Globularia vulgaris fi Coteaux du Vivray (Chatin); coteaux de Vaux "^ et du Cátillon !. Phyteuma orbiculare L. — Rare au Vivray, à Nesles (S.-A.). Asperula odorata L. — Forêt à Nerville (S.-A.). A. arvensis L. — Assez rare dans les moissons (S.-A.). Valeriana eriocarpa Desv. — Entre Parmain et Valmondois (Chatin). Dipsacus pilosus L. — Haies à Nesles, au-dessus du cimetiére (S.-A.). Cirsium rigens Wallr. et €. hybridum Koch. — Tous deux dans le P marais de Stors! (S.-A.). : j Silybum Marianum Gærtn. — Chemin pierreux du Grand- Marais de . Champagne. — 5 i Linosyris vulgaris DC. — Coteaux de Parmain et de Jouy (Poisson); . Montrognon ! ; coteaux de Vaux !. 4 "Tragopogon major Jacq. — Près de la route des Bons-Hommes à re Adam !; coteaux de Vaux!. Doronicum plantagineum L. — Forêt près de Cassan G. A). G. CAMUS. — FLORULE DE L'ILE-ADAM. 33 Doronicum Pardalianches L. — Prés de l'Abbaye (de Lanessan) (1). Centaurea solstitialis L. — -Champs entre Mériel et l'Abbaye du Val !. Lactuca perennis L. — Moissons à Nesles (S.-A.) ; les Vallées!. Sonchus palustris L. — (Guillon). Crepis tectorum L. — Presles (C. et G.); l’Ile-Adam (Chatin). Barkhausia setosa DC. — Plusieurs stations instablés. Subspont. !. Rumes palustris Sm. — Près de la sablière de Parmain (S.-A.). Thymelea Passerina C. et G. — Montrognon (S.-A.); Catillon !. Thesium humifusum DC. — Montrognon (S.-A.); Catillon!. Euphorbia Gerardiana Jacq. — (C. et G.). Près du pare de Stors; talus de la route de Mériel (herboris. de M. Chatin). E. palustris L. — Marais de Stors (Chatin). E. platyphylla L. — (Guillon). Scilla bifolia L. — Forêt (Chatin). Phalangium ramosum Lamk., — L’Ile-Adam (Guillon) ; Montrognon (S.-A.); coteau entre Jouy et Parmain !. Paris quadrifolia L. — Marais du Vivray !. Aceras anthropophora R. Br. — RR. au Bouillon-Val!. Loroglossum hircinum Rich. — Coteaux du Vivray (Chatin); coteaux ^ de Vaux ! ; Bouillon-Val!; Catillon !; Montrognon ! ; coteaux de Par- main!, de Jouy ! ; garenne de Jouy !; route de Mériel à l'Abbaye du Val !. Ana lis pyramidalis Rich. — R.; cotéau du Catillon !. Orchis ushileta L. — Au Catillon et colline du marais de Vaux !. 0. purpurea Huds. — Les 10 formes existent à Champagne; Montro- gnon!; coteaux de Vaux!; les Vallées!; Bouillon-Val!; Catillon!; Grand-Val!; le Val!; coteaux de Parmain!; coteaux du Vivray !; à l’Ile-Adam. 0. dubia G. Camus. — Les 2 formes existent à Champagne : coteaux de . Vaux ! ; Montrognon ! ; Catillon!. 0. militarisC. et G. — L’ RASA coteaux du Vivray (Chatin); coteaux de Parmain !; garenne de Jouy ! ; Montrognon!; coteaux de Vaux !; les Vallées! ; Bouillon-Val ! ; Catillon!; le Val ! ; Grand-Val !. (1) Est-ce bien le D. Pardalianches L. ? T. XXXIII. (SÉANCES) 2 34 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. Orchis Simia Lamk. — Coteaux du Vivray (Chatin); butte prés du ma- rais de Vaux !; Montrognon !; les Vallées ! ; Catillon !; Grand-Val !: 0. Simio-militaris Gren. et God. — Coteaux du Vivray R.!; coteaux . de Vaux !; Montrognon !. : 0. Chatini G. Camus. — Montrognon !. O. Morio L. — Au Montrognon!; l'He-Adam (E. Fournier). Ophrys muscifera Huds. — Endroits ombragés entre le parc de Stors et l'Abbaye du Val; coteaux du Vivray (Chatin); coteaux de Par- main au-dessus de la Nase!; près de la garenne de Jouy !; Montro- gnon!; coteaux de Vaux!; les Vallées! ; Bouillon-Val!; Catillon ! ; le Val!. 0O. aranifera Huds. — Coteaux du Vivray; prés des carrières de lave- nue des Marronniers à l’Ile-Adam (Chatin). — var. viridiflora Barla. — Montrognon !. — — subfucifera Reich. — Montrognon !. — — atrata Huds. — Montrognon!; coteaux de Vaux !. — — Pseudospeculum (C. et G.).— Montrognon!; coteaux de Vaux!. O. arachnites Hoffm. — L'Ile-Adam!; coteaux du Vivray R. (Chatin); coteau entre Parmain et Jouy!; Montrognon!; coteaux de Vaux!; les Vallées! ; Bouillon-Val!; Catillon!; le Val!. O. apifera Huds. — Champagne!; le Val!; Bouillon-Val!; les Vallées! P coteaux de Vaux!; Montrognon !. Gymnadenia conopea R. Br. — Bouillon-Val!; Grand-Val !. G. odoratissima Rich. — Petite prairie tourbeuse du marais de Vaux!. Cologlossum viride Hart. — Marais de. Courcelles prés Beaumont (S.-A.). : Limodorum abortivum Swartz. — Près du cimetière de Frouville (S.-A.); forêt de Carnelle !. Cephalanthera grandiflora Bab. iE Montrognon!; Catillon!; Grand- Val!; le Val !. ; Epipactis atrorubens Hoffm. — Catillon ! ; les Vallées! 4 Neottia Nidus-avis Rich. — Forèt prés de la route du Vivray à PAb- baye du Val!. ; Spiranthes æstivalis Rich. — Marais d'Arronville (S.-A.). : . S. autumnalis Rich. — Colline aride connue sous le nom de Moutons de Grainval, prés d'Hédouville (S.-A.) !. G. CAMUS, — FLORULE DE L'ILE-ADAM. 35 Liparis Loselii Rich. — Marais d’Arronville (S.-A.). Triglochin palustre L. — Marais d'Arronville (S.-A.); marais de Vaux (F. Camus). Juncus Gerardi Lois. — Bords de l'Oise entre Stors et Beaumont (de Bullemont). Carex maxima Scop. — Forêt près de Cassan (Chatin). C. depauperata Good. — L'Ile-Adam; bois de la Fainderie (herboris, de M. Chatin). C. Mairii C. et G. — Près du château de Cassan; marais du Vivray (Chatin). C. tomentosa L. — (Chatin.) C. fulva Good. — Marais du Vivray (Chatin). C. ampullacea Good. — Marais d'Arronville (S.-A.). C. riparia var. gracilis C. et G. — Marais de Vaux!. Cladium Mariscus R. Rr. — Marais du Vivray (Chatin). Schenus nigricans L. — Marais du Vivray (Chatin). Luzula campestris var. multiflora C. et G. — Le Vivray !. Potamogeton plantagineus Ducros. — Marais d'Arronville (S.-A.). P. pusillus L. — Marais d'Arronville (S.-A.). Sparganium minimum Fr. — Marais d'Arronville (S.-A.). Apera interrupta P. B. — L'Ie-Adam (de Schenefeld). Setaria glauca P. B. — L'Ile-Adam (Guillon); prés du marais de Vaux (D* Camus). Gaudinia fragilis P. B. — Parc de Stors (A.-S.). Avena pratensis L. — Entre le Vivray et l'Abbaye du Val!. A. pubescens L. — Entre le Vivray et l'Abbaye du Val!. -Digitaria filiformis Kol. — Champs arides de Méry (S.-A.) ; Vaux. Lolium multiflorum Lamk. — Coteau de Parmain prés de la route de Nesles (S.-A.). Blechnum Spicant Roth. — Forét prés de Nerville (S.-A.). Scolopendrium officinale Sm. — Valmondois et Jouy (S.-A.). Ophioglossum. vulgatum L. — Marais de Stors (S.-A.). Aux deux cents plantes citées plus haut on pourrait en ajouter six cents autres qui se trouvent dans presque toute l'étendue de la flore des 36 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. environs de Paris, et dont j'ai cru devoir omettre la liste. Le canton de l'Ile-Adam est donc un des plus riches de notre flore, dont il contient les deux tiers des espèces signalées. La famille des Orchidées est représentée par presque toutes les espèces; les suivantes seules paraissent faire défaut : Orchis corio- phora L., O. mascula L.?, O. laxiflora Lamk, Herminium monor- chis R. Br., Cephalanthera Xiphophyllum Rich., C. rubra Rich., Epipactis palustris Crantz, Goodyera repens R. Br. M. Prillieux fait à la Société la communication suivante : LES CHAMPIGNONS DES RACINES DE VIGNE ATTEINTES DE POURRIDIÉ, par M. Éd. PRILLIEUX. J'ai l'honneur de présenter à la Société des Champignons qui végé- tent depuis plusieurs mois dans mon laboratoire sur les racines mou- rantes de Vignes atteintes par le Pourridié. L'un est le Ræsleria hypogæa en pleine früetibeation sur des souches de Vignes qui m'ont été envoyées de Beaune ; l'autre, le Dematophora necatrix, reconnaissable à la forme des afiieles de ses filaments mycé- liens, mais encore dépourvu d'organes reproducteurs. Il provient d'un jardin appartenant à M. Vitry à Montreuil, où tous les arbres fruitiers, les Vignes et les plantes les plus diverses, depuis les Pivoines jusqu'aux Narcisses, sont attaqués et tués par ce trés redoutable Champignon. Le Rosleria se trouve en abondance sur les racines altérées des Vignes, qui meurent sans autre cause connue en Bourgogne et dans l'est de la France. Je l'ai récolté dans la Haute-Marne et lui ai attribué la cause du Pourridié, qui faitlà de grands ravages. Depuis la publication de mon étude, M. Rob. Hartig a examiné et décrit sous le nom de Dematophora le Champignon, certai t trés redoutable, qui, en bien des pays, dé- vaste les vignobles aussi bien que les jardins fruitiers de Montreuil. Il. À en a observé les fructifications et a donné des détails trés précis et très complets sur les dégàts qu'il cause. Il a exprimé l'opinion que c'est à lui seul qu'est toujours dü le Pourridié, et que les autres Champignons que l'on trouve sur les racines, et en particulier le Resleria, ne sont que des Saprophytes qui se nourrissent des tissus morts et auxquels on a à tort attribué l'origine de la maladie. En ce qui touche la destruction de la souche des Vignes par l'Aga- ricus melleus, divers observateurs, et particulièrement M. Millardet, M dd bo ue o ——————————————--—-——--"-*"-—V—-—————-—-—-—»——-———'""-—-—-—-"-"-—-—"—-—-—-—«—-—----————— ee» PRILLIEUX. — LE POURRIDIÉ. 31 maintiennent qu'elle est certaine et démontrée, contrairement à l'opinion de M. R. Hartig. Les cultures de Rosleria et de Dematophora que je présente à la Société montrent que les souches couvertes de fructifications de Ræsleria ne sont en aucune facon envahies parle Dematophora, dont la végétation couvre de flocons blancs non seulement les tiges et les racines des Vignes qu'il a attaquées, mais méme les parois du bocal qui les contient. La végétation du Dematophora est si exubérante, qu'il me parait impossible d'admettre qu'il reste caché et invisible dans l'autre flacon, où les tiges couvertes de Rosleria sont placées dans des conditions identiques. Jusqu'ici les fragments de souches de Vignes atteintes de Pourridié qui m'ont été envoyées de Beaune ne donnent que des fructifications de Roslería. Je vais demander de nouveaux envois de racines et de souches malades, car le petit nombre des échantillons que j'ai cultivés n'est pas suffisant pour me permettre d'affirmer encore que le Dematophora n'est pour rien dans la maladie qui fait en see jo des ravages consi- dérables. M. Prillieux montre à la Société des échantillons des deux Cryptogames qui ont fait l’objet de sa communication, M. de Seynes dit qu'il n'y a malheureusement plus de Vignes dans le Sud-Est en état de permettre des observations, celles qui existent sont trop jeunes; mais il se rappelle avoir vu autrefois l'Agaricus melleus sur la Vigne : le nom de Souquarel que porte ce Champignon dans le pays indique cet habitat. Il tue les plantes en formant un rhizomorphe subcortical, ainsi qu'on l'a observé sur le Mûrier et sur d'autres essences ligneuses. M. Prillieux dit que le Dematophora forme aussi des lames sous l'écorce. M. le Secrétaire général dépose sur le bureau les communica- lions suivantes présentées en 1885 et dont l'impression avait été ajournée : 38 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. SUR LES ESPÈCES DU GENRE EPIMEDIUM, par M. A. FRANCHET (1). Depuis la publication de la monographie des Epimedium (2) donnée en 1834 par l'éminent botaniste belge Ch. Morren, et par Jos. Decaisne alors attaché au Muséum de Paris, aucun travail d'ensemble n'a été fait sur les espéces qui constituent ce petit genre. La précocité de leur florai- son, la forme assez bizarre de leur périanthe, l'élézance de leur feuil- lage, ont pourtant attiré depuis longtemps sur elles l'attention des horti- culteurs et leur ont valu l'avantage d'une iconographie presque compléte. Des figures assez nombreuses ont ainsi été consacrées, soit aux espèces purement botaniques, soit à des formes ou variétés remarquables par leur coloris ou par la grandeur de leurs fleurs. Ces formes ou variétés obtenues à la suite de semis par sélection, ou peut-étre d'hybridations, ont malheu- reusement recu des noms, au méme titre que les espéces dont elles déri- vaient. De là un chaos inextricable dont on peut se faire une idée dans les jardins où elles sont spécialement cultivées, ou dans les ouvrages d'horti- culture. J'ai voulu tenter ici d’éclaircir un peu ces obscurités, sans trop me flaiter d’avoir complétement réussi. C'est toujours une difficulté, par- fois insurmontable, de dégager des plantes longuement modifiées par la culture et de les ramener d’une façon satisfaisante aux types d’où elles sont issues. Je me suis vu ainsi forcé d'établir un chapitre spécial pour la majeure partie des Epimedium répandus dans les jardins et tou- jours dépourvus d'indications concernant leur origine; aussi le genre, tel que je le présente ici, n'est-il constitué que d'espéces observées à l'état spontané. En laissant. de côté les deux genres séparés par Morren et Decaisne, l'un sous le nom de Vancouveria, dont les fleurs sont construites sur le type 3, l'autre sous le nom d'Aceranthus, parce que ses pétales sont dépourvus d'éperon, le nombre des espéces d'Epimedium est de six dans la monographie de cés auteurs; ils les partagent en deux sections : l'une, Macroceras, dont les pétales ont l'éperon trés développé ; l'autre, Microceras, à éperon trés court. M. Baillon a démontré depuis long- temps (3), et après lui M. Marchand, que le développement de l'éperon ne présentait aucun caractère de fixité: M. Baillon ayant constaté que dans une fleur d'Aceranthus un ou plusieurs pétales pouvaient se pro- (1) Voyez séance du 17 juin 1885, session de Charleville, page XLVII (2) Observations sur la flore du Japon, suivie de la Monographie du genre E; di par Ch. Morren et J. Decaisne (Ann. des sc. nat. sér, 2, vol. I, p. 347, cum tabulis tribus). (3) Adansonia, II, 270. (4) Ibid. IV, 128. | I | FRANCHET. — LE GENRE EPIMEDIUM. 39 longer postérieurement en éperon; M. Marchand étudiant, d'autre part, la plante cultivée sous le nom d'E. Musschianum (E. Youngianum Fisch.), dont les pétales se montrent tantôt éperonnés, tantôt dépourvus de cet appendice. Le résultat de ces observations amenait à conclure, d'une part à la suppression du genre Aceranthus, suppression que M. Baillon regardait comme nécessaire et qu’il effectua dans l'Histoire des plantes, III, p. 54 et 74, d'autre part à ne plus donner au développe- ment de l'éperon méme la valeur d'un caractére de groupe. M. Baillon, qui n'avait à s'occuper des espèces que d'une façon accessoire, maintint cependant leur sectionnement tel que l'avaient établi Morren et Decaisne, en y ajoutant toutefois une troisième section Dimorphophylluim, qu'il créa pour VE. pinnatum Fisch., en le caractérisant par la présence : de 5 ou 6 folioles verdâtres formant les divisions les plus extérieures de la fleur, de 4 sépales beaucoup plus grands, jaunés et pétaloïdes, ‘et de 4 pétales très petits, rouges, brièvement éperonnés, entre salt = étamines font longuement saillie. Les documents concernant le genre Epimedium, acquis depuis le travail de M. Baillon, né permettent. guère d'accepter le sectionnement ` qu'il propose. J'ai eru trouver l'idée d'un groupement vraiment naturel dans une note de Fischer, insérée dans un livre peu connu, le Sertum petropolitanum. Tout en acceptant les deux divisions proposées par Morren et Decaisne, il en créa une nouvelle, correspondant exactement au Dimorphophyllum de M. Baillon, mais fondée sur des caractères de végétation, c'est-à-dire sur l'absence de feuilles sur la tige florifére, les feuilles naissant ainsi toutes sur le rhizome, M. Baillon, tout en admettant jusqu'à un certain point l'importance du nombre des piéces du verticille, a établi (1) que le genre Vancouveria ne pouvait étre maintenu sur la seule considération de ses fleurs formées de verticilles trimères, alors surtout qu'il y avait des exemples d'Epime- dium à fleurs normalement diméres, présentant 5 sépales et 5.pé- tales (2); c’est aussi dans les fleurs que j'ai cru trouver le caractère le plus sérieux pour l'établissement des sections de ce genre, selon qu'elles sont formées de verticilles dimères ou trimères. La disposition des feuilles qui peuvent manquer ou exister sur la tige florale m'a fourni un carac- tére de deuxiéme ordre, et dans le dernier cas leur nombre m'a semblé constituer une lle base de groupement que je n'ai jamais vu varier, aussi bien dans les plantes cultivées que dans les plantes spontanées ; le caractère emprunté à la longueur relative de l'éperon se trouve ainsi relégué au dernier rang et ramené à la valeur que; lui mérite son Aen de constance. (1) Histoire des plantes, III, 56; Bull. Soc. Linn. ipd P. 407. (2) Ibid. UI, 56. ioa. 40 . . SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. Les auteurs se montrent assez partagés sur la terminologie à employer pour désigner les nombreux verticilles qui constituent le périanthe: les uns ont appelé calice les trois ou quatre séries de folioles les plus exté- rieures, donnant le nom de pétales aux quatre piéces internes toujours plus grandes et pétaloides, et considérant alors comme des nectaires les quatre piéces de forme irréguliéres qui sont le plus rapprochées du ver- ticille staminal; d’autres, comme M. Baillon; ont nommé sépales toutes les piéces extérieures planes, et pétales les quatre ou six piéces irrégu- liéres, presque toujours tubul , qui confinent aux étamines. J'ai eru pouvoir ici donner le nom de bractées aux pièces qui consti- tuent les verticilles extérieurs, les deux piéces du premier verticille étant ordinairement de nature un peu herbacée et passant d'ailleurs insensi- blement aux quatre pièces plus intérieures, larges et pétaloïdes, qui me semblent représenter plus spécialement le calice; quant aux quatre pièces intérieures, je les ai considérées comme pétales, à l'exemple de M. Baillon. D'aprés ce que je viens d'exposer, je crois pouvoir grouper les espéces du genre Epimedium dans l'ordre suivant : : I. EUEPIMEDIUM. Flores dimeri. A. GYMNOCAULON. — Folia omnia radicalia ; pedunculus communis e rhizomate ortus, aphyllus. 1. E. pinnatum Fisch. — Perse et Caucase. 2. E. Perralderianum Coss. — Algérie. B. PuyLLocAULON. — Caulis floriferus foliatus, foliis 4 vel 2, vel plu- ribus ; pedunculus oppositifolius vel inter folia duo ortus. a. Caulis floriferus monophyllus. i j t Calcar subul sepalis interioribus longius, vel illa subæquans. 3. E. macranthum Morr. et Dene. — Japon. tt Calear cylindricum obtusum, vel tantum saccatum, vel nunc ad foveolam oblongam adductum. 4. E. alpinum. L. — Europe centrale et australe. 5. E. diphyllum Lodd. — Japon. | | [ [ 1 HECKEL. — OBSERVATIONS TÉRATOLOGIQUES. 44 P. Caulis floriferus diphyllus, foliis suboppositis. Calcar subulatum sepalis interioribus longius, vel illa subæquans. 6. E. Davidi Franch. — Thibet. 7. E. acuminatum, sp. nov. — Chine orientale. tt Calcar cylindricum obtusum, vel saccatum. 8. E. sinense Sieb. — Chine ; Japon? 9. E. pubescens Maxim. — Chine centrale. y. Caulis floriferus polyphyllus, foliis alternis. 10. E. elatum Morr. et Dene. — Himalaya. II. VANCOUVERIA. Flores trimeri, 11. E. hexandrum Hook. — Amérique septentr. occid, (A suivre.) + NOUVELLES OBSERVATIONS DE TÉRATOLOGIE PHANÉROGAMIQUE, par M. Édouard HECKEL. I. Dans ces dernières années, le marché de Marseille a été particu- lièrement riche en Cédrats monstrueux provenant d'Espagne et des iles . Baléares, à ce point que pendant longtemps la monstruosité par dialyse carpellaire devint dominante à l'exclusion de la forme normale. Cette anomalie est du reste fréquente dans les Aurantiacées. Dans le cas par- liculier au Cédrat, elle présentait la variation morphologique particuliére qui eonsiste en une dialyse imparfaite des carpelles, laissant subsister une jonction manifeste entre les carpelles à leur partie inférieure. D'autre part, les carpelles ainsi disjoints s'étant développés inégalement en forme de cornes allongées et pointues, il en résulte une apparence bizarre de digitation fantastique. Cette monstruosité est, paraît-il, trés commune au Tonkin, ainsi que me l'écrit M. Cabasse, pharmacien de la marine à Hanoi, où ils seraient, de la part des indigènes, l'objet d'une vénération spéciale sous le nom de main de Bouddah, de méme que les Orientaux ont appelé Palma Christi les feuilles digitiformes du Ricin. Le plus souvent on les trouve en effet divisées en cinq doigts comme la main, d’où leur est venue la dénomination superstitieuse que les Anna- mites leur donnent. On retrouve ces formes bizarres dans l'architecture. annamite, comme on trouvait les feuilles d'Acanthe dans l'architecture 42 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. grecque. « On en voit, ajoute M. Cabasse, en cette saison (janvier 1885), » dans les pagodes, de grandes quantités que les Bouddhistes viennent » offrir à leurs divinités comme présent agréable. J’en ai vu là de toutes » les formes et de toutes les dimensions. » La méme famille des Aurantiacées est connue par la facilité avec laquelle les fruits du Citrus Aurantium Risso sont atteints de pléiotaxie du gynécée (augmentation du nombre des cycles carpellaires), phéno- méne tératologique rare dans le reste du régne végétal. J'ai constaté ce phénoméne et je n'en parlerais pas, tant il est commun, si je n'avais à faire connaitre que les carpelles supplémentaires, réduits et sphériques, placés au sommet du fruit et formant une légére hernie sur l'épicarpe, au nombre de 5, ne renfermaient, pas plus que les carpelles normaux, aucune graine, phé probabl t attribuable au balancement organique. Les auteurs ont souvent rattaché, trésà tort, aux pronierauons carpiques un phénomène, remarquable pàr sa constance, que j'ai constaté et que je crois absolument nouveau,sur un Figuier qui avait emprunté à cette monstruosité fixée dans ses fruits un vrai caractére de race. Jusqu'ici le fait, observé et relaté seulement par Moquin-Tandon (Eléments de téra- tologie végétale, p. 385), n'avait été indiqué que comme accident et rap- porté vaguement à un mode de prolifération indéterminée. J'ai vu en 1884 (le 20 septembre), aux Crottes de Lamotte près Trans (Var), un Figuier couvert de fruits dont toutes les figues à maturité étaient prolifères, mais à un degré différent. L’apparence générale de la prolifération était variable dans les diffé- rents fruits suivant leur situation à l'extrémité ou à la base des rameaux, les premiers étant moins altérés dans leur forme normale que les der- niers. Nos dessins indiquent les gradations que présente le maximum de prolifération ; on dirait qu'une figue nouvelle a émergé progressivement de lœil de la première inflorescence. Il est certain qu'ici, contraire- ment à la maniére de voir de Moquin-Tandon, nous.ne sommes pas en face d'une prolifération de fruits, mais bien d'une répétition de l'axe florifére qui s'est prolongé sous une influence spéciale et fixe dans le cas qui m'occupe. Précieuse, au point de vue horticole, cette déformation a pour résultat de donner un fruit de dimension double de celui qu'il aurait en dehors de tout phénoméne de prolifération. Le Figuier objet de cette déformation constante qui se reproduit chaque année est placé dans des conditions ordinaires et qui ne favorisent en rien la modification iératologique; je croirais volontiers que nous sommes là en présence d'une race (tératologique) fixée, comme l'est le Chou-fleur ou le e Gelosig cristata à fleurs crépues et fasciées. Je rapprocherai volontiers le phénomène ci-dessus d'a. autre très HECKEL. — OBSERVATIONS TÉRATOLOGIQUES. 4 communément connu, et dont j'ai quelque chose à dire de nouveau. Je veux parler de la prolifération florale du Calendula officinalis L. Entre toutes les Synanthérées si communément affectées de cette mons- truosité remarquable, celle-ci est certai t la plus répandue, si j'en juge par la place qu'on a dû lui faire, à titre de véritable variété, dans les classiques les plus sérieux, et par la dénomination spécifique qu'elle a reçue, méme de Tabernæmontanus : Calendula prolifera. De Candolle, Desvaux, Jæger, Klinsmann, la désignent sous le nom de Calendula officinalis prolifera, et dans le Prodrome (t. VI, p. 451) nous trouvons la diagnose suivante comme pour une variété fixée : « Pedicellis nempe » plurimis ad squamarum axillas ortis et capitulum vulgari simile sed » minus gerentibus. » Nos observations protestent contre le second point que cette diagnose met en lumiére, c'est-à-dire l'inégalité des capitules secondaires comparés au capitule générateur. Les deux fleurs mère et fille sont exactement égales. Tout le reste de la diagnose, que nous ne rapportons pas ici en entier, est absolument exact. Le spécimen qui a servi à nos dessins provient d'un jardin trés riche des environs de Marseille (Saint-Geniez). Il a été récolté le 26 mai 1875, et les graines muüres provenant des divers capitules furent semées les années suivantes dans le méme jardin. La monstruosité ne s'est jamais reproduite (1). La variété n’est donc pas fixée, et nous sommes là bien en présence d'un simple fait tératologique accidentel qui ne mérite point d'occuper une place dans les descriptions de morphologie normale. Le Calendula offi- cinalis prolifera doit donc étre rayé des Flores et catalogues, aussi bien que le Calendula prolifera Tabern. x II. Naturelles dans certaines familles végétales, les formations ascidi- formes aux dépens de la feuille sont réputées rares en tant qu'accident monstrueux, et je serais porté à l'admettre en tenant compte de ce fait, que, depuis sept années, mes recherches tératologiques, non disconti- nuées, ne m'ont fourni qu'un seul cas de ce genre dans une plante et dans une famille non citée encore dans les catalogues et traités où il a été question de cette déformation singulière. La monstruosité a été, le 28 août 1882, observée par mon fils Ernest Heckel, sur un pied d'Althea rosea L. dont une seule feuille avait recu cette modification et qui croissait àSaint-Menet (banlieue de Marseille). Cette formation en ascidie appartient à la variété monophylle, c'est- à-dire réalisée par l'intervention d'une seule feuille se repliant et se sou- dant en entier par ses bords, de maniére à former une cupule conique (1) Cette expérience a été faite avec le plus grand soin par M. Honoré Roux (le botaniste bien connu par sa Flore de Provence en cours de publication), mon et éminent collaborateur dans la direction du Jardin botanique de Marseille, 44 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. compléte. Un fait surprenant el qui reste sans explication, c'est de voir que, dans les deux formations, le nombre des nervures: est inégal; de 7 dans la feuille normale, il descend à 3 dans l'ascidie monstrueuse. — Par ailleurs, méme structure anatomique. Rien n'explique cette déforma- tion de la feuille en ascidie, si ce n'est peut-être la situation de la plante dans une prairie sur le. bord-d’un ruisseau sans cesse alimenté d'eau, dans lequel.les racines étaient immergées partiellement. On sait en effet que beaucoup d'entre les plantes à ascidies naturelles sont aquatiques ou semi-aquatiques. THI. Les botanistes savent que les cas de dimorphisme foliaire, assez fréquents dans un grand nombre de nos végétaux des zones tempérées, le deviennent davantage dans les conditions parfaitement normales, parmi les plantes des régions tropicales (1). C'est un fait, je ne saurais le ré- péter trop, dont n'ont pas assez tenu compte les paléontologistes, qui le plus. souvent n'ont eu d'autre critérium qu'une simple différence dans la forme foliaire pour l'établissement d'espéces dont la réalité devient par cela méme fort douteuse ; mais; ce qui vient compliquer encore la question et mettre en plus haute suspicion les espèces fossiles basées sur une feuille, c’est cet autre fait que, dans quelques cas mal connus; certains végétaux, - constants d'habitude dans leurs formes foliaires, se mettent tout à coup à être dimorphes. C'est ce que j'ai observé dans un: Lonicera japonica Thunb., venu au bord de la mer, à la Ciotat (Bouches-du-Rhóne), dans un terrain siliceux (quartier de Figuerolles), qui, le 31 mars 1883, donna - un rameau gourmand dans lequel les feuilles, qui, normalement sont entiéres, ovales et de dimensions moyennes, prirent tout à coup et isolé- ment des dimensions plus considérables, et, sur les bords, des dentelures lobées qui leur donnèrent l'apparence des feuilles du Chêne blanc. Rien ne pourrait expliquer cette anomalie, si ce n'est la condition particuliére | du rameau (gourmand) qui, du reste, ne fleurissant pas, donne probable- ment de l'ampleur à ses feuilles par économie florale; mais la formation des lobes éch à toute explicati Pr IV. Moquin-Tandon (Éléments de tératologie, p. 219) attribue, sans autre explication, au Maïs la propriété tératologique de transformer ses organes mâles en organes « anthéraux ». O. Penzig, dans un récent tra- vail(Studi morphologici su à Cereali, anomalie osservate nella Zea Mays (Frumentone), p. 12, in Bulletin de la Soc. agronomique de Modène), ( 1) Il est à remarquer que, dans notre flore actuelle, les plantes tropicales sont celles qui, à notre époque, ont le plus de rapports avec les espèces éteintes; il y a donc lieu de supposer que le dimorphisme a été dominant dans ces formes qui ne nous sont par- venues qu'à l'état de fossiles. HECKEL. — OBSERVATIONS TÉRATOLOGIQUES. 45 fait remarquer fort judicieusement combien il est regrettable que cette observation, unique dans la riche littérature tératologique, n'ait pas été mieux développée, parce que, dit-il, si elle était exacle, elle aurait. pu permettre de déduire de cette déformation la constitution normale du pistildes Graminées. Cet auteur termine en émettant des doutes sur la réalité de cette monstruosité, et il incline à croire que Moquin-Tandon, par inadvertance, a nommé ainsi un simple fait de formation des fleurs måles dans un épi femelle. Tout me porte à considérer l'opinion de O. Penzig comme absolument exacte. J'ai vu fréq t des inflor de fleurs màles de Mais interrompues par des fleurs femelles, et inversement. Ces déformations, singulières dans les deux cas, sont très compréhensibles, si l'on veut bien se souvenir que cette Graminée est normalement monoique. Il n'y à pas un grand effort à réaliser par la nature pour rapprocher quelques éléments floraux qui naissent à si peu de distance les uns des autres sur le méme pied. Je n'ai jamais rencontré de transformation d'organe màle en femelle, et vice versa. Mais deux faits m'ont frappé dans la présence identelle des éléments des deux sexes sur la méme inflorescence» Cest : 1° qu'elle s'est produite constamment dans des pieds placés sur le bord des plantations, et par conséquent mieux ensoleillés et mieux nourris; 2° que l'interruption d'un rameau mâle ou d'un épi femelle par des fleurs d'un sexe différent se fait toujours, non à l'extrémité des inflorescences, mais au milieu, de facon qu'il y ait des fleurs du sexe dominant au-dessous et au-dessus de l'accident tératologique. Les épis femelles sont fréquemment atteints de fasciation ou d'avortement des ovaires, et dans ce dernier cas on remarque que les styles filamenteux persistent en se développant outre mesure, sans doute par balancement organique. V. Les botanistes discutent encore sur la condition de l'ovaire infère. Les uns admettent indistinctement que tous les gynécées non libres sont enclavés dans une formation calicinale; les autres distinguent deux classes de faits : les ovaires infères par enserrement de l'axe évasé en cupule (Cupuliflores), et les ovaires infères par englobement dans le calice (Epicorolliflores). Un fait tératologique observé dans un membre de la famille des Cactées me semble donner raison à cette dernière interprétation, étayée du reste solidement déjà par des faits de l'ordre morphologique et par des observations organogéniques en ce qui con- cerne l'état des Cupuliflores. J'ai recueilli, en 1882 (4 octobre), dans le célèbre jardin Dognin, à Cannes, une raquette de Cactus Opuntia L., portant dans sa masse foliaire, qui est ici axile, un ovaire bien développé et parvenu à ma- 46 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. turité. D'habitude ces fruits nés dans une fleur insérée latéralement sur la raquette sont indépendants de la substance de cetle raquette. La signification de cette déformation tératologique ne saurait laisser subsister aucun doute sur la nature de l’ovaire, S'il en pouvait rester encore, je signalerais le phénoméne suivant qui, bien que de l'ordre nor- mal par son cóté physiologique, ne se rattache pas méme à la térato- logie par sa manière d’être morphologique. Un fruit normal d'Opuntia vulgaris Haw. (Cactus Opuntia L. — Figue de Barbarie), détaché spon- tanément de la raquette, s'étant fiché en terre, y prit racine et donna - naissance à un bourgeon floral, lequel produisit un fruit normal et bien venu. Aprés cette épreuve, le doute n'est plus possible, car il ne serait pas permis d'admettre qu'une feuille pùt donner directement un bour- geon floral. A la vérité, des feuilles peuvent s'enraciner et germer, mais elles ne développent d'abord qu'une tige et point de fleur. Un axe ou une partie axile se forme avant de donner naissance à l'ensemble appendi- culaire complexe qui a le nom de fleur. L'ovaire des Cactées est donc un axe, ou mieux une partie de cet axe. EXAMEN CRITIQUE DE LA DURÉE ASSIGNÉE A QUELQUES ESPÈCES DE PLANTES, par M. D. CLOS (1). En comparant les signes et les indications de durée attribués à des espèces des plus communes dans des ouvrages descriptifs, on est souvent frappé du désaccord ou de l'arbitraire qui régne à cet égard. Les carac- téres distinctifs des plantes annuelles et bisannuelles y sont encore peu précis. Les signes indiquant à la fois cette double durée sont appliqués aux espéces suivantes : 1° Par Grenier et Godron (Flore de France) : Alchemilla arvensis, Echinospermum Lappula, Lithospermum arvense, les Veronica per- sica, arvensis, hederæfolia. 2» Par Ch. Royer (Flore de la Cóte-d'Or) : Hutchinsia petrea, Cap- sella Bursa-pastoris, les Thlaspi arvense et perfoliatum, Diplotaxis viminea, les Trifolium arvense et filiforme, Scandix Pecten-Veneris, les Anthriscus Cerefolium et vulgaris, Asperula arvensis, Chlora per- foliata. 3" Par MM. Loret et Barrandon (Flore de Montpellier) : Sinapis alba. 4 Par M. Pérard (voy. ce Recueil, t. XVI, p. 472) : Jasione montana, Barkhausia setosa. Ce dernier botaniste donne comme bisannuels : Tordylium maximum, — 4 .. (1) Voyez le Bulletin, t. XXXII, séance du 11 décembre 1885, page 393, CLOS. — DE LA DURÉE ASSIGNÉE A QUELQUES ESPÈCES. 41 Erythræa Centaurium, E. pulchella, Myosotis intermedia, Campa- nula patula, Centaurea Cyanus ;— et Royer : Jasione montana, les Spe- cularia Speculum et hybrida. Or, comme je le faisais remarquer dés 1863 (1), toutes ces espèces sont également annuelles, mais avec cette particularité que lorsqu'elles naissent à l'automne et peuvent résister à l'hiver, elles ont pour la plu- part leur végétation suspendue jusqu'au printemps, sans offrir toutefois la période d'accumulation des vraies bisannuelles (Lappa, Cirsium lan- ceolatum, C. eriophorum, Digitalis purpurea, ‘plusieurs espèces de Verbascum, Arabis Turrita,etc.); elles se bornent à hiberner, qualifiées à bon droit par M. Ascherson d'Aiemantes (2). Il faut tenir aussi pour annuelles les trois espèces de Crucifères suivantes : Sisymbrium Irio, S. Columnae, Cochlearia danica. Les Sisymbrium Trio et Columnæ figurent dans la Flore de France de Grenier et Godron, le premier avec les signes © ou ©, le deuxième avec @, tous deux avec © dans le Flora Orientalis, 1, 218, de Boissier. Or l'un, trés commun autour de Toulouse, s'y montre toujours annuel à l'état spontané, résultat confirmé par la culture; l'autre a eu la méme durée dans notre École de botanique. Les échantillons d'herbier des deux espèces, notamment ceux du S. rio (coll. Billot, n^ 916 et 917) et du S. Columne (n° 1013 in Herb. norm. de Schultz), ont des racinesgréles, indices d'une courte durée. D'autre part, Jacquin commence, daus son Flora austriaca (IV, p. 12), la description du S. Column par les mots planta annua. Cochlearia danica. — Dit annuel et bisannuel par Linné (Spec. 2* éd., p. 904), bisannuel par Grenier et Godron (Loc. cit. t. I, p. 129), (1) Revue critique de la durée des plantes dans ses rapports avec la phytographie, in Mém. de l'Acad. des sciences de Toulouse, 6* sér. t. I, pp. 121-156. (2) On a droit de s'étonner de voir figurer dans la Flore de la Côte-d'Or de Ch. Royer, comme essentiellement bisannuels — l'auteur ne leur appliquant que le signe © : Cerastium glutinosum, p. 34; les Geranium lucidum, dissectum, columbinum, p. 46; Draba verna, p. 93; Tilea muscosa, p. 146; Sedum rubens, p. 147; Saxifraga tridactylites, p. 219, par ce motif que leur « végétation appartient à deux années et se trouve partagée en deux périodes par les froids de l'hiver ». Mais ces espèces me pa- raissent au contraire essentiellement annuelles, car : 1* semées au printemps, elles fleu- rissent et fructifient peu de semaines après et ne tardent pas à disparaître. La période d'arrêt qui suit le semis naturel d'automne n'est pas une période d'accumulation, n'a rien de fixe ni de 2 Au du mois de décembre dernier, à la suite de quelques journées d’une élevée, fleuri dans notre école un individu de Draba verna, né au pied de l'étiquette í de l'espéce, de la graine d'un pied ayant trés probabl fructifié au p 3 Le Sazi- fraga tridactylites (S. verna ANNUA Tft) et le Tillæa muscosa comptent parmi les plus fluettes des plantes, et le second naît tous les ans, à l'été, spontanément de graines dans les allées de l'école, bien qu'elles soient. bir ero et ed —— comme la précéd n'a qu'une exi ^ 48 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. il est certainement annuel d’après les échantillons, soit de l Herbier des flores locales, n° 168, soit de la Société dauphinoise, n° 19 bis, dont quelques-uns très grêles, unicaules et à racine presque capillaire. C’est du reste la durée que lui assignent de Candolle (Prodr. t. I, p. 153) et M. Lloyd (Flore de l'Ouest, 3° éd. p. 32). : Kernera saxatilis R. Br. — Voici encore une espèce qui, aprés avoir été appelée par Magnol Cochlearia perennis saxatilis minima (Hort. 59), a été donnée pour vivace par la plupart des phytographes — je ne connais pas d'exception — y compris Linné. Et cependant les pieds vivants que l'École de botanique de Toulouse a maintes fois reçus des Pyrénées n'y ont eu qu'une courte durée, et les échantillons des collections Billot (n° 1420), F. Schultz (n° 426) et de la Société dauphinoise (n° 3185) ont presque lous une racine pivotante et gréle, une rosette de feuilles radicales du centre desquelles partent 1-2 tiges, sans la moindre trace de celles qui auraient dû fleurir les années précédentes, si la plante était vivace. Mais parmi les spécimens de la der- nière provenance se trouvaient quelques rejets qui, probablement, éma- naient d'une souche dont les individus élaient bisannuels ou pérennants. Les espèces qui suivent, appartenant à des familles diverses, m'ont | paru réclamer aussi à ce point de vue un examen tout spécial. à Malva rotundiiolia. — La durée de cetle espéce a donné lieu aux opinions les plus divergentes: dite annuelle par Koch, Grenier et Godron, Boreau, Lagréze-Fossat, Plée, MM. Edm. Bonnet et l'abbé Revel, vivace par de Candolle (Prodr. Regn. veget.), bisannuelle par MM. Cosson et Germain, annuelle, bisannuelle et vivace par M. Pérard. Ch. Royer la qualifie de vivace, tout en déclarant qu'elle ne vit pas plus de trois à cinq ans. Un sémis de cette Malvacée fait au printemps dernier fleurissait au mois d'aoüt, aprés quoi la plupart des pieds mouraient, deux ou trois persistant seuls. La plante est à la fois annuelle et pérennante. Stellaria uliginosa — Annuel pour MM. Cosson et Germain, Bois- sier, Ed. Bonnet et l'abbé Revel, il est dit vivace par M. Lloyd. Mais on lit, à propos de cette espèce, dans la Flore d'Alsace de Kirschleger, t. II, p- 498 : «Se multiplie par des pousses ou rameaux feuillés radicants et gazonnants ; les rameaux d'inflorescence périssent aprés la maturité des graines, ainsi que la racine mére. » Le Stellaria uliginosa doit donc rentrer dans le groupe que j'ai qualifié dans ma Revue critique de plantes semi-vivaces (pp. 17 et 48). R 1 itis. — Je vois figurer encore dans nos Flores les plus récentes — Petite Flore parisienne (1883), FI. d' Auvergne (1883), Ess. sur la flore du Sud-Ouest (1885), etc. — cette espèce comme vivace. N'y a-t-il pas dés lors opportunité à rappeler ici les observalions que CLOS. — DE LA DURÉE ASSIGNÉE A QUELQUES ESPÉCES. 49 publiait à cet égard, en 1878, M. Askenasy? « Aprés la floraison du Ranunculus aquatilis sur l'eau, les plantes fleuries disparaissent, et l'on ne trouve le mois suivant que la forme terrestre qui s'est développée des bourgeons axillaires des plantes précédentes. Plus tard, en juillet et en août, celles-ci disparaissent aussi, et kon ne trouve plus la moindre trace d'une plante aussi rich t développée. Cependant les graines sont restées au fond et commencent à germer dans le cours de l'hiver. » Et l'auteur conclut que, auprès de Francfort-sur-Mein, cette plante, indiquée généralement dans les Flores comme vivace, est annuelle (1). Viennent encore deux espéces données par la plupart des phyto- graphes comme vivaces, mais dont la durée est variable: je veux parler de l'Hypericum humifusum et de l'Arenaria hispida. — Déclaré vivace par Koch, Boreau, Grenier et Godron, Plée, Royer, Martrin-Donos, MM. Pérard et Revel; croît à profu- sion dans les guérets du département du Tarn, où il est très certainement annuel, tout en offrant le type floral AS (2). Mais les échantillons d’herbiers.se sont montrés à moi, les uns conformes à ceux de nos champs, très gréles et à racine filiforme, conformes aussi à la figure de l'espèce donnée, soit par Plée (Type des fam. nat. pl. 64), soit par Reichenbach (Icon. Flore germ. V, f. 5176), les autres trés rameux et plus forts. Arenaria hispida. — Sans indication de durée dans le Species de Linné (p. 608); figuré par de Candolle (Tcon. plant. Gall. rar. t. XV), qui applique à l'espéce le signe 27, suivi par Grenier et Godron, par MM. Loret et Barrandon et par Bras. Ce dernier lui donne méme une souche tortueuse, dure, sous-frutescente (Cat. pl. de l'Aveyron, p. 14). Mais, d'une part, la figure citée dénote plutót une plante annuelle; d'autre part, la comparaison de nombreux échantillons desséchés permet de les séparer en deux groupes, offrant, les uns (provenant des herbiers Rouy, n* 9296, et Anthouard) tous les caractéres d'une espéce pérennante, d'autres (ceux de la collection Billot, récoltés par B. Martin) tous les attributs de la plante annuelle, notamment une racine filiforme, et enfin ceux pris par M. Timbal-Lagrave à Saint-Guillem du Désert un mélange de ces deux types. Il faut donc appliquer à cette espèce et à la précé- dente les deux signes ©, sub-% (3). (1) « So ist an dieser Stelle {Mainkur bei Frankfurt-am-M.) die Pflanze, die allgemein in den Floren als perennirend angegeben wird, einjáhrig. » (In Botanische Zeitung, t. XXVIII, p. 226.) (2) On sait que Villars a distingué de VH. humifusum, tenu par lui pour vivace, une variété Liottardi à type floral quaternaire, et. qu'il déclare bisannuelle. (FI. du Dauph. t. I, p. 505.) (3) Fries a désigné sous le nom de pérennantes les plantes fleurissant au moins deux années de suite, sans avoir une durée illimitée (Novit. 2° éd. p. 123). J'ai proposé jadis (l. c. p. 8) de figurer la durée de ces plantes par sub-%. T. XXXIII. MIA (SÉANCES) 4 50 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. e hali ilvati — Figure comme vivace dans tous les - ouvrages modernes de phytographie consultés par moi, et notamment dans ceux de de Candolle (Prodr.), Koch, Grenier et Godron, Kirschleger, Lloyd, Loret et Barrandon, Bras, Bonnet. Kirschleger le dit multicaule (Fl. d'Als. I, 485), tandis que M. Lloyd lui donune une tige simple ascendante (Fl. de l'Ouest, 167); l'espèce offre indifféremment ces deux formes. Je l'ai bien souvent cueillie dans la montagne Noire, et une assez faible M traction exercée sur la tige entrainait l'arrachage de tout le pied, comme c'est le cas pour la plupart des plantes annuelles. Jamais ces pieds, pas « plus que les échantillons d'herbiers, ne m'ont offert les restes des tiges M florales desséchées des années précédentes. Les représentants de l'espèce. dans notre École n'y ont eu qu'une courte durée. Enfin, si la racine- pivot est souvent peu visible, entourée de nombreuses et longues radi- — celles, le fait se retrouve chez d’autres espèces de Gnaphalium à courte durée, en particulier chez le G. uliginosum, qui ne vit que peu de mois. ' Pour tous ces motifs, je idére le G. silvati (et le G. norve- à gicum est dans le méme cas) comme une espèce annuelle à deux temps . de végétation, traversant l'hiver à l'état de repos. Ç'a été du reste lopi- à nion de Lamarck, qui, aprés avoir, dans la premiére édition de sa Flore 3 francaise, comme Linné dans son Species (p. 1200), m mis à l'espéce le signe %, lui applique le signe © dans le Dicti e ique de l'En- cyclopédie, t. Il, p. 157. Villars n'a pas osé lui binc: de durée. Carli lgaris, €. D — Qualifiés l'un et l'autre de bis- E annuels par Koch, Grenier et Godron, M. Boissier. Cependant, dés la fin. du siècle dernier, Lamarck appliquait au C. corymbosa le signe 24, après | l'avoir vu cultivé au Jardin du Roi, et au C. vulgaris le signe g (Dict. — del'Encycl. Bor. I, 624). J'ai plusieurs fois rapporté de la campagne, | dans l'École de botanique de Toulouse, des individus vivants des deux - espèces. La dernière y pousse une racine très grêle, n'émet souvent qu'une seule tige dressée, fleurit et meurt à la facon des plantes annuelles; là seconde s'y implante profondément dans le sol, formant à la surface de fortes touffes qui se renouvellent en fleurissant durant plusieurs années - avec tous les caractères d'une plante vivace, et ces caractères de l'un etde — l'autre sont exactement ceux de la plupart des pieds de nos campagnes. 3 Pourtant j'y en ai vu parfois de plus gréles du C. corymbosa, à tige LE ramifiée à une certaine distance au-dessus du sol (et non multicaule), et dont la durée devrait être plus courte; mais ce sont des cas en qe sorte exceptionnels. Samolus Valerandi, — BISANNUEL : DC., Mutel; vivace : Koch, E CLOS. — DE LA DURÉE ASSIGNÉE A QUELQUES ESPÉCES. 5 ‘Gren: et Godr., Boiss., Bras, Rchb., Boreau, Lloyd, Loret et Barr.; BISANNUEL Ou VIVACE : Kirschleger. « Plusieurs essais de culture, écrit à ce propos Kirschleger, ne m'ont pas réussi, la plante a toujours péri en hiver; il est probable que les plants se multiplient par éclats naturels... » (Fl. d'Als. 511.) Elle est tantôt annuelle, disparaissant chaque année, aprés avoir fruc- tifié et sans laisser de trace de tige, du vase qui la renfermait dans notre École de botanique, où elle se ressème d'elle-même, reparaissant en juin, tantôt demi-vivace. Et en effet, maintenant (commencement de novembre) j'y vois, parmi des pieds en fruit complètement morts, d'autres pieds émet- tant de leur base un rejet sous forme d'une petite touffe de feuilles (1). Ch. Royer, qui n'assigne pas de durée au Samolus, dit : « La racine se détruit de bonne heure et se trouve remplacée par un court rhizome » (Fl. de la Cóte-d'Or, I, 226). Je n'ai pas vu trace de ce dernier. Gentiana ciliata. — Vivace : Koch (Deutschl. F1.), Spenner, Kittel, de. Candelle, Duby, Gaudin, Griseb. ; ANNUEL : Koch (Synops.), Gren. et Godr., Boreau, Philippe (FI. des Pyr.), Kirschl. (Fl. d Als. 517), Dulac (Fl. Hautes-Pyr.). La vue de pieds vivants et desséchés de cette espéce m'avait donné des doutes sur sa durée annuelle; un nouvel examen d'échantillons d'herbier, notamment de ceux distribués par Billot (Flor. Gall. et Germ. ezsicc. n° 273) a confirmé mes prévisions: le bas des rameaux, simple et très grêle, parait s'allonger en racine; mais, en réalité, il est tronqué, sans radicelles, et j'ai pu. constater sur l'un d'eux, tout prés de la section, deux petites écailles opposées, non cotylédonaires, mais rudiments de deux feuilles. J'ai hàte d'ajouter que ce fait était déjà consigné par Jac- quin dés 1774, dans son Flora austriaca, t. IL, p. 9, où on lit, à la description du Gentiana ciliata : « Radix... recta deorsum tendit, tu- »rionum novorum rudimenta sepe protrudens, ut perennis videatur, » caulemque fundit plerumque unicum, interdum etiam plures. » De son côté, Kirschleger qui, en 1852, avait donné l'espéce comme annuelle, écrivait, en 1864, à la suite d'une herborisation faite par lui aux environs de Pontarlier en compagnie. de Grenier : « Nous avons acquis la persuasion que la plante devait nécessairement avoir une durée pérenne »; et, aprés avoir décrit son mode de végétation, il ajoute qu'elle se renouvelle chaque automne par un, deux, trois bourgeons hivernants devant reproduire la plante fleurie l'automne prochain (Ann. de l'Assoc. philomat. vogéso-rhénane, p. 130). Plus récemment, Bras n'hésitait pas à déclarer que « cette plante... est réellement vivace » (Cat. plant. de l Aveyron, p. 317). Ces derniers jugements sont définitifs et sans appel. # nae {a)i wen reste plus trace aujourd'hui (27 février): x 52 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. Ecballi E i — ANNUEL pour Saint-Amans, Koch, Steudel, Kirschleger, M. H. Emery (Cours de Bot. p. 222); vivace pour Grenier ; et Godron, Boreau, Bras et M. Lloyd. i Trés certainement vivace à Toulouse, où le méme pied figure, fleurit \ et fructifie depuis plusieurs années dans l'Ecole de botanique, et où les M individus, communs le long des chemins, se comportent de méme. Al icul — vivace : Desfont., Saint-Amans, Kuntz, | Hendel, Kirschl., Coss. et Germ., Lloyd, Parlat, Ch. Royer; ANNUEL: | Koch, Boreau, Dur èze-Foss., Gr. re Boreau, Duchartre, Rchb., Bras, | Bonnet. À Il est annuel: 1» d’après l'échantillon distribué par Billot (Flora - Galliœ... exsicc. n° 2164), à tige trés ramifiée dés la base, mais à ra- cines gréles fasciculées, sans la moindre trace de rhizome; 2° d’après les figures de l'espéce données, l'une dans le Dictionnaire des sciences - naturelles, tab. 18, l'autre dans le Flora danica, t. 861 (sub Alop. ' paniceo), toutes deux dénotant par la racine grêle une durée annuelle. Cerinthe minor. — VIVACE : Villars, Gren. Godr. ; BISANNUEL : Koch; | BISANNUEL OU VIVACE : Boissier. à Toujours annuel d'aprés une longue culture à Toulouse; la racine 3 grêle des échantillons distribués par Schultz (Herb. norme. n° 918) accuse incontestablement cette durée, comme l'avait reconnu Jaequin (1). Lythrum WMyssopiiolia. — Déclaré annuel et à bon droit par Linné et par de nombreux floristes : Duby, Koch, Cosson et Germain, Boreau, - Grenier et Godron, MM. Lloyd, Bonnet, il est dit bisannwel et vivace par - Ch. Royer (Fl. Côte-d'Or, 142), vivace par Bras (Cat. de l'Aveyr. 168), bisannuel et vivace par MM. Loret et Barrandon (Flor. de Montp. 234). Tous les échantillons de l'herbier. de notre Faculté omnt le caractère d’une plante annuelle ; tous les pieds nés en 4885 dans notre École:de | botanique sont morts à la fin de la belle saison, après avoir fructifié, etle vase qui les contient encore offre quelques jeunes individus qui, nés - cet automne de semis naturel, traverseront l'hiver s'il n'est pas trop rude, représentant le type des espèces annuelles hibernantes. Falcaria Rivini.— O Linné; © Koch, Gren. God., Boreau, Bras, Lodi el Barrandon; % Villars, DC. forem Kei Lamotte (Prodr. 325, où il est dit trés vivace); © et 2: Bonnet; © (x ex — Lloyd (loc. cit. 131); sans indication de durée, l'abbé Revel (l. c. 384). (1) « Dum incultæ plante ætalem indagavi, frequentius annua fuit. Alia erant eliam - individua que autumno ex delapsis seminibus: enata, hyemen superarunt, proxima | :etate flores tulerunt fructusque, et postea interierunt. Vere perennem non vidi. » ee austr. t. IL, p. 15.) CLOS. — DE LA DURÉE ASSIGNÉE A QUELQUES ESPÉCES. 53 Dès 1862 j'écrivais de celte espèce : « Cultivée. au Jardin botanique de Toulouse, elle y vit de longues années » (l. c. p. 134). J'ajoute : 1° que depuis lors le même pied s'y maintient et fleurit régulièrement ; 2» que la vraie durée du Falcaria, donnée par de Candolle, était con- firmée en 1848 par Thilo Irmisch en ces termes : « Bei Falcaria Riv. » steht dicht neben dem abgestorbenen Stengel eine (rische Knospe für » das nächste Jahr » (in Bot. Zeit. VI, 898). Polygala. — Les Polygala européens, déclarés rebelles à la cul- ture par Ch. Royer (Flore de la Côte-d'Or, p. 56), et trés difficiles à cultiver, tant par graines que par replants, par Kirschleger, qui ajoute : « Nous n’y avons jamais réussi » (Flor. d' Als. 91) (1), sont pour- tantqualifiés pour la plupart, sans hésitation, de vivaces, et Reichenbach établit méme la division des espéces germaniques en annue et perennes, inscrivant dans celle-ci les P. amara, austriaca, depressa, alpestris, calcarea xu Flor. germ. XVIII, p. 89). Un mot sur les trois pre- miers. 1. L'examen de piedsde P. amara distribués, soit par Schultz (Herbar. norm. n* 17, 11 bis, 17 ter), soit par la Société dauphinoise (n° 3211 bis), montre des racines gréles que surmontent des tiges fleurissant dés la pre- miére année, en tout conformes à la figure qu'en donne Reichenbach (Ic. crit., t. T, tab. xxir, f. 42), et l'on concoit trés bien le doute exprimé par Grenier et Godron appliquant à l’espèce les signes ©, 27? 2. Les mémes idérations convi tau P. austriaca, soit d'aprés les échantillons des collections Billot (n° 331 et 331 bis), Schultz (n°18, sub P. amara var. austriaca), et de la Société dauphinoise (n° 8212, sub P. amara var. uliginosa), qui tous, d'aprés l'apparence générale et la racine trés gréle, semblent appartenir à une espéce annuelle (2), soit d'aprés la figure donnée de cette espéce par Reichenbach (I. c. fig. 39). 3. J'en dirai-tout autant du P. depressa, déclaré Z par Cosson et Ger- main (Flor. env. de Paris), par Grenier.et Godron (loc. cit.), ce qui est en contradiction avec les échantillons de Schultz (/. c. n° 45 et 15 ter) et avec la figure donnée par Reichenbach (Jc. Flor. germ. XVIII, t. 146, fig. 1), offrant également les. caractéres d'une espéce à courte durée. Je (1) Quelques années plus tard, en 1863, ce botaniste ajoutait : « Mais M. F. Schultz a eu la chance heureuse de les voir prospérer en pot dans leur motte de terte natu- relle ou dans de la terre de bruyère (P. depressa et calcarea, plantés en novembre). » (Ann. de l Assoc. philom. vogéso-rhénane, 1, 45.) - (2) Une à cette espèce et à la précédente, était — émise en 1857 par Kirschleger, qui écrit à la suite d'une note sur le P. calcarea : « Cette espèce a l'air d'un sous-arbrisseau, tandis que l'amara et l'austriaca simulent une plante annuelle par leur racine pivotante » (l. c. M, n amor ape pas de durée aux espèces de Polygala qu'il déerit. 54 .SÉANCE DU $8 JANVIER 1886. reléve eufin sur le Polygala depressa cette indication dans un ouvrage en voie de publication : « Cette espèce se distingue de ses congénères par sa racine bien grêle » (Revel, Ess. sur la Fl. du Sud-Ouest, 204). Toutes les présomptions sont donc en faveur d'une courte durée des trois espéces citées. Epilobium. — À cóté des espéces de ce genre bien évidemment vivaces (les E. tetragonum, hirsutum, rosmarinifolium, spicatum), il en est auxquelles les floristes, méme les plus modernes, assignent, mais à tort, cette durée : tels. les E. lanceolatum, collinum, carpetanum, roseum (1). 1. E. lanceolatum Seb. et Maur. — Les pieds cueillis par moi dans la montagne Noire, au-dessus du village de Durfort (Tarn), ceux de l'Her- barium normale de F. Schultz (n° 266 et 266 bis), et enfin ceux de Brian- con, distribués par M. Reverchon, témoignent (aussi bien que la figure donnée par les créateurs de l'espèce, Flor. rom. tab. 1), par leur racine - grêle, à laquelle fait suite une tige grêle aussi et souvent indivise, d'une durée annuelle. Le mot Perenn. qui termine la description de cet Epilobe par Sebastiani et Mauri (p. 138) aura induit les autres phytographes en - erreur. 2. E. collinum Gmel. — Même observation applicable aux échantillons de la collection F. Schultz (n° 264 bis et fer). Hs appartiennent sans doute à la variété distinguée par M. l'abbé Revel sous le nom de gracile, - tandis que d'autres pieds trouvés par lui sur le Lioran et à Cauterets lui ont offert, avec un plus grand développement, des stolons souterrains (Essai sur la Flore du Sud-Ouest, p. 354). 3. E. carpetanum Wlk. — Les spécimens publiés par F. Schultz sous le nom d'E. Larambergianum (Herb. norm. n° 265) ont des racines gréles, indice d'une trés courte durée ; l'espéce est d'apparence annuelle, cependant l'étiquette accompagnant les échantillons de. Sehultz porte : stolons, 20 octobre 1857. 4. E. roseum Schreb. — A en juger par les pieds provenant de la collection Billot (Flora Gallia... exsicc. n° 1670), il semble devoir être - considéré comme aunuel. Certains échantillons des E. montanum, palustre, alpinum, dans Pherbjer de la Faculté de Toulouse, m'ont aussi paru ne pas justifier le signe %, dont font suivre ces espèces tous les phytographes consultés par moi, à l'exception de Ch. Royer, donnant aux E. roseum, montanum, (1) Cependant Ch. Royer a écrit : « Dans les sols qui s’assèchent fortement en été, plusieurs Epilobium ne sont que bisannuels (E. montanum, parviflorum, tetragonum, roseum et surtout lanceolatum. » (Flore de la Côte-d'Or, p. 183.) MESES CLOS. — DE LA DURÉE ASSIGNÉE A QUELQUES ESPÈCES. 55 lanceolatum, parviflorum et tetragonum les signes % ou © (FI. de la Côte-d'Or, 1, 180-181). Quant à VE. Lamyi F. Sch., que l'on a voulu parfois confondre avec l'E. obscurum, il est tenu aujourd'hui par Bras, par M. l'abbé Revel et par M. G. Bel (Nouv. Flore du Tarn, 102) pour annuel ou bisannuel, F. Schultz l'ayant vu sécher et périr en entier par le froid, cultivé à côté de PE. obscurum, qui se propageait par stolons (Arch. de Flore, pp. 97 et 58). Il diffère en outre de ce dernier par sa racine pivotante. Plantago. — La durée de certaines espéces de Plantains, notamment des Plantago major, intermedia et lanceolata, a donné lieu à des diver- gences assez grandes parmi les phytographes. 1. P. major. — Annuel pour Lamarck (Flor. franc. 395), pour Poiret (Dict. bot. de l'Encycl. V, 368), pour Decaisne (in de Candolle, Pro- drom., XII, 694), il est dit vivace par la plupart des auteurs : Linné, Villars, de Candolle et Duby, Reichenbach, Cosson et Germain, Koch, Grenier et Godron, Gussone, Boreau, Boissier, Bras, MM. Lloyd, Loret et Barrandon. Ch. Royer le déclare pérennant et ajoute : « La racine du P. major est gréle; dés la premiére année, elle est égalée puis remplacée par les pseudorrhizes de la souche. Cette souche-rhizome est verticale, et elle subit en sa partie inférieure de profondes destruclions, tandis que la partie supérieure s'éléve assez rapidement au-dessus du sol. Il s'ensuit une sorte d'arrachage spontané; aussi cette espèce ne survit-elle guère à la seconde floraison » (Fl. Cóte-d'Or, 231). J'ai pu confirmer ces obser- vations, tout en reconnaissant que dans certaines conditions la durée de cette espèce est annuelle. Chaque année j'en fais transplanter des pieds en mottes pour la faire figurer à la place qui lui est assignée dans notre École de botanique, et là, comme dans d'autres parties du jardin, où elle vient spontanément, elle périt aprés la fructification. 2. P. intermedia Gil. — Tenu tour à tour pour espéce ou pour variété du précédent, il est presque toujours plus gréle dans toutes ses parties et notamment dans sa racine; il est inscrit comme vivace par de Can- dolle (Fl. franc.), par de Candolle et Duby (Bot. gall.), par Grenier et Godron, Boreau, Bras. La plupart des pieds sont annuels, mais quel- ques-uns peut-étre devi t pér ts, ce dont témoigne une racine plus forte. Reichenbach ne lui assigne pas de durée (Icon. Fl. germ. XVII, p. 88). : 3. P. lanceolata. — Ordinairement vivace et donné pour tel parla plu- part des phytographes, à l'exception de Decaisne, écrivant dans le Pro- dromus de de Candolle (t. XIII, p. 715) à la suite de sa diagnose: C®, - vel in sabulosis, © ». J'ai vu en effet, dans des guérets à sol caillouteux, 56 m SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. des pieds de cette espèce à racine grêle, fleurissant alors qu'ils n'avaient que quelques feuilles, et dont la durée paraissait devoir être annuelle. Ils se comportaient à cet égard comme certains autres types, rapportés à titre de variétés au Plantago lanceolata : tels pumila (capitellata Koch), gossypina Clementi, turfosa nigricans Schur. et hungarica. Tous les échantillons d'herbier que j'ai vus de ces plantes témoignent d'une durée annuelle, et c'est notamment le cas pour ceux du P. hungarica distri- bués en 1882 par la Société dauphinoise sous le n° 3437, et qui, très gréles dans toutes leurs parties, surtout dans leur racine, répondent à la figure donnée par Waldstein et Kitaibel (Descr. et icon. plant. Hung. t. 203). Annuel aussi est le P. lanata Portenschl. ap. Host (var. lanu- ginosa du P. lanceolata pour Koch, Synops.), d'aprés les pieds récoltés par Pontarlier dans les sables de la Roche-sur-Yon (collect. Rever chon). Pedicularis. — Le genre Pedicularis est un de ceux dont les espèces, en tant que rebelles à la culture, réclament le plus une révision au point de vue de la durée. A cóté de celles dont le rhizome bien développé dénote la pérennité, il en est au sujet desquelles les phytographes sont en désaccord : tels les P. incarnata, verticillata, foliosa, palustris et silvatica. : 1. P. incarnata. — Bien que Jacquin ait commencé la description de cette espèce par les mots: « Radix lignosa... perennis » (Flora austr. II, 25), elle figure comme lle dans le Botanicon galli de Duby et de Candolle (p. 363). Mais son rhizome oblique témoigne de sa longue durée, et elle est justement qualifiée de vivace pr Koch, Grenier et Godron, Bentham, Reichenbach. 2. P. verticillata. — Que penser de cette espéce, à laquelle les cinq derniers auteurs et Boreau appliquent aussi le signe %, et dont Jacquin écrit : « Caules ex eadem radice per te brevi, fl te et con- stante ex fibris fusiformibus plerumque multi... exsurgunt » (l. c. II, 4)? La figure qu'en donne ce botaniste (tab. 206) ne permet pas de conclure, et bien moins encore celle que l'on doit à Reichenbach (Icon. Flor. germ. XX, tab. 141), où une tige grêle et unique surmonte un fragment — de racine, ne justifiant en rien les mots « rhizomate (semper) obli- quo » appliqués par l'auteur à cette espèce: Les échantillons d'herbier, notamment ceux de l'Herbarium normale de Schultz (n° 333, 333 bis) et du. Flora Gallic... exsiccata de Billot (n° 433) semblent appartenir à une espèce annuelle, bien que j'observe, sur un de ceux de cette der- nière collection (n° 433 bis) des restes desséchés de tiges aériennes mêlées ' aux florifères. Je me rangerai assez volontiers à l'opinion de Villars, qui, l'ayant observée sur place dans le Dauphiné, reconnut qu'elle a la CLOS. — DE LA DURÉE ASSIGNÉE A QUELQUES ESPÈCES. 51 racine plus simple et moins ramifiée que celles des autres, et conclut : «Je la crois bisannuélle. » (Hist. des pl. du Dauph. 11, 423.) 3. P. foliosa. — Est déclaré vivace par Villars, Jaequin, Koch, Grenier et Godron, Boreau, Bentham, Reichenbach, bisannuel par Duby et de Can- dolle et trés expressément aussi par Kirschleger (Flor. d' Als. 600). Mes échantillons d'herbier manquent de racines. Jacquin décrit ainsi cet organe (l. c. IT, 24) : « Radix teres... vix digiti minimi crassitie, semi- pedalis... perennat. » La description de l'espéce par Reichenbach com- prend à tort rhizoma validum (l. c. p. 74), car la: figure: donnée par lui (t. 135) montre une forte racine se partageant dés l'origine en deux branches. Le P. foliosa est done habituellement vivace, par exception peut-être bisannuel. Les deux espèces de Pedicularis les plus communes en France (les P. palustris et silvatica) sont dites annuelles par Villars et par Duby, bisannuelles par Ch. Royer (Fl. de la Côte-d'Or, 216) et par Reichen- bach, qui pourlant, à propos du P. silvatica, fait suivre d'un point de doute le signe de la durée; vivaces par Boreau (Flore du Centre, 496), vivaces ou bisannuelles par Koch, Cosson et Germain, Grenier et Godron, Lagrèze-Fossat, Bras, M. Bonnet. De Candolle tient le. premier pour annuel, sans se prononcer sur la durée du second (Flore franc. III, 419). Bentham et M. Lloyd appliquent au P. palustris le signe zz, et font suivre la description du P. silvatica, l'un de ©? vel % ? (signes que lui attribuent sans hésitation MM. Loret et Barrandon (Fl. de Montp. 490), l'autre de & (Fl. de l'Ouest, 3* éd., 229). Kirschleger met aux deux le signe ©, et en plus, au P. palustris, Q. 4. P. palustris. — Des pieds de cette espèce transportés vivants et en . mottes de la montagne Noire ou des Pyrénées au Jardin des plantes de Toulouse n'y ont eu qu'une courte durée. Les échantillons d'herbier, notamment ceux de la collection Billot (n° 431), et aussi ceux de la variété tenuisecta, récoltée en Vénétie par Briga, témoignent, par leur tige unique, par leur racine gréle pivotante, conforme à celles des figures de l'espèce données par Schkuhr (Bot. Abbidl., tab. 171) et par Reichen- bach (l. c. XX, tab. 128), de la brièveté de vie de la Pédiculaire des marais, qui doit êlre ordinairement annuelle. - 5. P. silvatica. — Des tiges nombreuses, plus ou moins nie toutes florifères, sans trace de celles des années précédentes; une racine pivotante aussi, mais à ramificalions plus fortes et mieux établie dans le sol, enfin l'absence de rhizome, semblent devoir faire qualifier cette — espéce de bisannuelle, avec cette restriction que certains pieds trés gréles pourraient bien étre annuels. P Chondrilla juncea. — Figure dans le. Prodromus de de Candolle 58 SÉANCE DU 8 JANVIER 1886. (t. VII, p. 442); et dans des flores modernes, comme bisannuel(1), méme avec signe affirmatif dans celle de Kirschleger (l. c. I, 397). Cependant, dès la fin du siècle dernier, Jacquin, décrivant l'espéce dans son Flora austriaca (t. V, p. 13), lui donne une racine vivace (radix perennis), et Villars et Duby la disent aussi vivace. En 1848, Thilo Irmisch lui re- connaît cette durée, car. on trouve, dit-il, sur le rhizome descendant des vieilles plantes, les cicatrices des tiges précédentes, et en hiver des bourgeons qui se développent l'année suivante en nouvelles tiges (in Bot. Zeit. t. VI, p. 898). Ch. Royer, qui a suivi le développement du C. juncea, le dit éminemment vivace (l. c. 285); témoignages que con- firme pleinement la végétation de cette espéce à l'Ecole de botanique de Toulouse, où le méme pied se maintient depuis longtemps, donnant chaque année de nouvelles tiges florales. Mais ne serait-elle pas acciden- tellement bisannuelle? LETTRE DE M. CARUEL À M. MALINVAUD. Monsieur et honoré confrére, Permettez-moi d'avoir recours à votre obligeance pour communiquer à la Société un fait de tératologie végétale excessivement curieux et dont je ne crois pas qu'il y ait d'autre exemple connu. Je suis arrivé aux Borraginacées, qui doivent clore le sixiéme volume et l'ordre des Corolliflores du Flora Italiana. M'occupant du genre Lithospermum, je me suis trouvé dans le plus grand embarras par rap- port au L. incrassatum de G e, voisin du L. arvense, dont il devrait différer essentiellement par ses fleurs bleues et ses pédicelles fructifères - notablement épaissis. Une étude comparative des nombreux échantil- lons dont je dispose m'avait montré une compléte similitude entre les deux formes pour ce qui est du reste de la plante, ses feuilles, ses fleurs et ses fruits, quoi qu'en aient dit nos floristes, qui ont cherché à étayer les deux caractéres différentiels que je. viens de rappeler par d'autres différences moindres, cédant en cela au penchant trés général qui porte les descripteurs à exagérer, soit les ressemblances, soit les dissemblances, dès qu'ils ont résolu de réunir ou bien de tenir séparées des, formes voisines. Je ne pouvais guère m'arréter au caractère de la corolle ; on sait que dans le L. arvense elle varie du blanc au jaunâtre ou au bleuâtre, et qu'elle peut méme passer tout à fait au bleu, surtout dans les plantes des (1) Notamment dans les Flores ou Catalogues de Cosson et Germain, Grenier et Godron, Lloyd, Loret et Barrandon, Bras, Martrin-Donos, Bonnet. CARUEL. — SUR LE LITHOSPERMUM INCRASSATUM. 59 lieux élevés: c'est la variation dont Chevallier fit jadis son L. medium et Jordan plus tard son L. permixtum. Mais je devais prendre en sérieuse considération le caractère du pédicelle, dont l'épaississement à l'état fructifére est tel que, prenant la forme d'un cône renversé, il peut égaler à sa partie supérieure la largeur du thalame floral qu'il continue. Cependant l'existence isolée d'un caractère différentiel aussi saillant était par trop insolite pour que je ne fusse pas conduit à y soupconner autre chose qu'un fait normal. L'idée me vint que j'avais peut-être affaire à une hypertrophie des tissus causée par quelque parasitisme d’insecte, analogue à ce qui amena autrefois la création du Juncus lagenarius Gay aux dépens du J. Fontanesii, et du Carex. sicyocarpa aux dépens du C. verna. L'examen attentif auquel cette idée m'amena me montra que que je m'étais trompé quant à la cause, mais qu’il s'agissait bien d'un fait tératologique. Une premiére cireonstance que je relevai dans l'étude du soi-disant L. incrassatum, c'est que la monstruosité se présente à des degrés trés différents, les extrêmes se trouvant sur des individus séparés, mais plu- sieurs gradations pouvant se trouver sur un méme individu. A un degré minime, le pédicelle ne se montre nullement plus épaissi que dans le vulgaire L. arvense, et se sépare nettement du thalame ; seulement celui- ci, au lieu d’être horizontal, est légèrement incliné en dedans, du côté du rachis. A un degré plus avancé, l'inclinaison du thalame est plus marquée, et l'une des quatre coques du fruit, étant portée plus bas que les trois autres, produit de ce cóté un renflement extérieur dans la base du calice pour s'y loger, renflement qu'on a attribué au pédicelle supposé grossi. C'est l'état figuré par Reichenbach fils dans les Icones Flore ger- manica, vol. XVIII, t. 443; f. 3. Dans le texte explicatif des planches, - Reichenbach dit fort pertinemment du L. incrassatum : « Toro fructi- » fero obliquo. Male pedicellos dicunt incrassatos. » (Voy. aussi Willkomm et Lange, Prodr. flor. hisp. vol. I1, p. 501.) Une inclinaison encore plus forte du thalame le rend presque perpendiculaire, si l'on considére son plan inférieur; mais son plan supérieur apparait presque horizontal : c’est que dans son épaisseur il s’est creusé, au-dessous de la coque infé- rieure du fruit, une cavité plus ou moins profonde, dans laquelle se. trouve logée la graine en grande partie, et que la coque surmonte à l'in- star d'un couvercle; en un mot, c'est que la structure du fruit s'est modi- fiée à tel point que, de supere qu'il était, il est passé à l'état semi-infére à l'égard d'une de ses quatre parties constituantes. 2 Ce dernier état extrême de la monstruosité se trahit au dehors par un renflement notable dû au pédicelle et au thalame épaissi placés côte à cóte. D'aprés la description et la figure données par de Visiani dans son Flora dalmatica, il serait accompagné d'irrégularités dans le calice et / TT, 3 74 60 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. dans la corolle. A l'intérieur du thalame, la paroi de l'excavation pré- sente une modification. sclérenchymateuse du tissu, qui continue, sous une moindre épaisseur, le sclérenchyme de la coque. Cette circonslance pourrait faire croire à une simple descente de la coque dans un creux du thalame suivie de soudure latérale avec ses parois, mais je me suis assuré par l'examen microscopique qu'il y a continuité de tissu entre le sclé- renchyme et le parenchyme extérieur, et, sauf une rectification qui ne pourrait étre donnée que par l'étude génétique sur le vivant, je m'en tiens à l'interprétation indiquée plus haut. Naturellement, pour la graine enchàssée dans le thalame et pour son enveloppe, il n'y a plus possibilité de se délacher, ainsi que cela continue à avoir lieu pour les coques restées à l'état normal. La science a enregistré des exemples assez nombreux de gynécées ou de fruits inféres devenus supéres ou semi-supéres. Il n'est pas à ma con- naissance que le cas inverse ait jamais été observé, c'est pourquoi je m'empresse d'en faire part à la Société botanique de France. Veuillez agréer, etc. SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. PRÉSIDENCE DE M. A. CHATIN. . M. Chatin, en prenant place au fauteuil, remercie la Société de l'avoir appelé encore une fois aux fonctions de Président. Il rap- pelle, dans une alloculion familiére, d'anciens souvenirs qui re- montent à l'histoire des premières années de la Société, dont il a élé un des membres fondateurs. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 8 janvier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite de la présentation faite dans la der- niére séance, proclame membre de la Société : M. Jammer (Edm.-Adrien), pharmacien, rue du Pressoir, 21, Paris, présenté par MM. A. Chatin et Malinvaud, M. le Président fait ensuite connaitre deux nouvelles présenta- tions, et annonce que M. Lombard-Dumas, d'aprés un avis transmis par M. le Trésorier, a satisfait aux conditions énoncées dans les Statuts pour être admis comme membre à vie. A. FRANCHET. — PRIMULA DE LA CHINE ET DU THIBET. 61 Le Conseil, dans sa séance du 15 janvier, a décidé que les com- missions annuelles mentionnées par le Réglement (1) seraient composées, pour l'année 1886, de la maniére suivante : 1* Commission de comptabilité : MM. Bornet, E. Cosson, et Roze. 2 Commission des archives : MM. Mangin, Marès et A. Ramond. 9 du Bulletin: MM. Bonnier, Bornet, Buffet, Duchartre, Franchet, Leclerc du Sablon, Maugeret, Prillieux, de Seynes et Van Tieghem. 4 Comité consultatif, chargé de la détermination des plantes de France et d'Algérie soumises à l'examen de la Société : MM. Bainier, Cornu, E. Cosson, Franchet, Malinvaud, Petit, Poisson et Rouy. s 5» Commission chargée de formuler une proposition relative au siège et à l'époque de la Session extraordinaire : MM. Bonnier, Bureau, Cintraet, Cosson, Costantin, Duchartre, Mouillefarine, Rouy, de Seynes et J. Vallot. M. Franchet fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR DEUX PRIMULA MONOCARPIQUES DE LA CHINE ET DESCRIPTIONS D'ESPECES NOUVELLES DE LA CHINE ET DU THIBET ORIENTAL, par M. A. FRANCHET. Au mois de juillet dernier, j'ai eu l'occasion de faire une communi- calion concernant les Primula de la Chine. Je ne comptais pas revenir sur ce sujet; mais les nouveaux et intéressants matériaux qui sont tout récemment parvenus au Muséum m'aménent aujourd'hui à faire connaitre un certain nombre de types nouveaux appartenant à ce genre, et à signa- ler plus particulièrement à l'attention de la Société quelques espèces sin- gulières qui, par leurs caractères, sont absorument intermédiaires entre les Primula et les Androsace. Les espèces en question appartiennent à des groupes différents: l'une, que je décris plus loin sous le nom de P. malvacea, rentre plus ou moins dans la section Primulastrum Duby; les deux autres, P. malacoides et P. Forbesii, également décrites dans ce travail, ont un mode de végétation qui n'a pas encore été signalé chez les Primula. Elles sont monocar- piques comme certains Androsace asiatiques à feuilles élargies, prés desquels leur place semble tout d'abord indiquée, mais dont elles vet (1) Voy. art. 19 et suiv. du Règlement. D'aprés l'article 25, le président et Le taire général font partie de droit es toutes les commissions. ` : DAI. 62 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. lorgnent par leur “corolle nue, ouverte: à. la gorge et pourvue d'un tube cylindrique saillant hors du calice. Je résume en quelques lignes l'histoire et les caractères distinctifs " - genres Primula et Androsace. Ils ont été l'un et l'autre proposés par Tournefort et acceptés par Linné. Pour ces deux pères de la botanique, l'Androsace était caractérisé par ses petites fleurs; sa corolle à lobes entiers, à tube très court, renflé et fermé à la gorge par des gibbosités ; par sa capsule arrondie, renfermée dans le tube du calice, trés accrescent dans l'Androsace maxima. Les Primula se reconnaissaient à leurs fleurs plus grandes, à leur corolle: à lobes échancrés, ouverte à la gorge et pourvue d'un tube allongé et cylindrique ; à leur capsule ovale ou oblongue: Plus d'un siècle aprés Linné, Duby, qui fit la monographie des Primula pour le Prodromus, n'apporta que de très légères modifications à la des- cription de. Tournefort et de Linné; il se contenta d'enlever toute valeur àla forme des lobes de la corolle, en attribuant aux fleurs des Primula des lobes le plus souvent émarginés et à celles des Androsace des lobes le plus souvent entiers, ce qui du reste est exact. Pour Duby, les carac- tères qui séparent les Primula des Androsace se réduisent à trois : la brièveté du tube, la constriction de la gorge, la forme arrondie de la capsule chez les Androsace. Avec le Genera plantarum de MM. Bentham et Bouker; le nombre et la valeur des caractères distinctifs des deux genres diminuent encore, par suite de la découverte d'espéces où ces caractères se trouvent singulière- ment affaiblis, ou méme ne se rencontrent pas. C'est ainsi que dans le P. thibetica le tube de la corolle devient aussi court que dans un Andro- sace; que dans un certain nombre d’espèces du même genre, la capsule est absolument globuleuse (1); que dans d'autres (P. concinna Watt, P. Kingii Watt, P. prolifera Wall., P. japonica A. Gr.), la corolle pré- sente à la gorge une saillie annulaire ou méme 5 protubérances qui en rétrécissent l'entrée, absol t comme chez les Androsace. On peut voir, du reste, divers Primula offrant ces particularités dans le. travail de M. Watt sur les espèces de ce genre qui croissent dans l'Inde (Journ. of Linn. Soc. vol. XX). On comprend qu'en présence de ces faits nou- veaux, les auteurs du Genera plantarum aient été singulièrement embar- rassés pour assigner aux deux genres des signes distinctifs appréciables et tconstants, et ceci explique qu'ils aient été réduits à invoquer des carac- téres de port, ou méme la coloration des fleurs, les Primula ayant presque oujours leur corolle ornée de couleurs brillantes, jaunes, purpurines ou lacées, et tituant d'autre pare des plantes rhizomateuses, éminem- (1) Primula japonica Asa Gray, P. prolifera Wall, ete. A. FRANCHET. — PRIMULA DE LA CHINE ET DU THIBET. 63 ment vivaces, tandis que les Androsace n'auraient que de petites fleurs blanches ou rosées, et seraient cespiteux ou quelquefois annuels. Quant aux caractères assignés par les anciens auteurs, il n'en est plus question que pour indiquer leur instabilité. Les nombreuses espèces de Primula etd’ Androsace. reçues de M. De- lavay ont apporté des éléments nouveaux d'étude, qui tendent tous, il faut bien le reconnaitre, à diminuer encore l'importance des caractères qui pourraient séparer les deux genres. Les Androsace ne sont plus toujours des plantes à fleurs blanches ou rosées; leurs fleurs peuvent étre aussi d'un rouge ponceau (A. coccinea sp. nov.); l'aceroissement du calice si remarquable dans l'A. maxima, type du genre figuré par Tournefort, se retrouve dans le P. malvacea, où il semble atteindre son maximum d'intensité, ainsi que dans plusieurs autres espéces figurées dans le travail de M. Watt, ou rapportées du Thibet par M. l'abbé David. Enfin il restait encore à invoquer la durée, les types monocarpiques n'ayant été signalés que dans le genre Androsace, et voilà que parmi les espéces des mon- tagnes du Yun-nan il s'en trouve deux offrant ce caractère, et en même temps une corolle à tube trés développé, cylindrique, absolument lisse et ouverte à la gorge; j'ajouterai que ces deux espéces se rapprochent d'autre part des Androsace par leur capsule globuleuse renfermée dans le tube du calice, réunissant ainsi à un haut degré les caractères des deux genres. En présence de cette instabilité de formes, de cette sorte d'échange mutuel de notes distinctives, qui fait qu'il n’est pas possible d'en indi- quer une seule qui soit commune à toutes les espéces de l'un ou de l'autre genre, je demande s'il ne sera pas un jour nécessaire de les fondre sous une méme dénomination. Dans le cas présent, je dois pourtant reconnaitre que la réunion des Primula et des Androsace présenterait des inconvénients, ne füt-ce que celui, toujours grave, de modifier une donnée consacrée par un long usage et admise jusqu'ici sans conteste dans les Flores locales. Et puis, si l'on voulait s'en tenir à l'observation stricte de la loi de priorité, c'est le nom de Primula qui devrait disparaitre de la nomenclature, Tourne- fort, et Linné aprés lui, ayant inséré la description du genre Anidrosdče avant celle du ene Primula. Il ne me reste qu'à souhaiter qu'un botaniste sagace découvre dans ces plantes quelque particularité inconnue qui permette, en laissant debout les deux genres, de ne point rompre avec des coupes génériques qui font partie de l'éducation de tous. les botanistes. 64 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. Primula malacoides, sp. nov. (Monocarpicæ) (1). Monocarpica ; inferne pilis albis articulatis hirtella, superne glabra. Folia longe petio- lata, limbo tenuiter papyraceo, glabrescente, ambitu late ovato, subtus nunc parce albo- farinoso, supra pallide viridi, late sed non profunde cordato, late crenato, crenis utrin- que 6-8, acute inciso-dentatis. Pedunculus folia plus minus superans, usque pedalis et ultra. Inflorescentia elongata, verticillis multifloris, distantibus, nunc usque ad 6, nunc tantum 2; bracteæ breves, lineari-lanceolatæ, acutæ, subtus albo-farinosæ. Pedicelli inæquales, elongati, fere filiformes. Calyx dense albo-farinosus, parvus, e basi sphærica campanulatus, dentibus brevibus, deltoideis, acutis, post anthesin supra fructum sensim accrescentibus, patentibus. Corolla rosea, tubo fauce nudo cylindrico gracili, calycem paulo: excedente; limbus parum concavus, lobis obcordatis. Capsula globosa, in calycis tubo ore contracto fere inclusa. Petioli 12-18 cent. longi, limbo 6-8 mill. longo, 5-6 mill. lato; calyx sub anthesi vix 4 mill., limbo sub maturitate accreto et expanso circiter 8 mill. diam.; corollae limbus 10-12 mill. diam. Yun-nan, dans les champs cultivés à Tali. — 29 mars 1884. (Delavay, n^*119 et 312.) La forme des feuilles rappelle assez bien celles de l'Erodium mala- coides ; la plante est d'ailleurs trés intéressante par les caractères de ses fleurs et des calices fructiféres qui la rendent exactement intermédiaire entre les Primula et les Androsace annuels, de sorte qu'on peut avec une égale raison la rapporter à l'un ou à l'autre genre. Primula Forbesii, sp. nov. (Monocarpice). Inferne pilis albis hispida. Folia sæpius breviter petiolata, limbo ovato basi cordato, apice rotundato, grosse et haud profunde crenato, crenis minute denticulatis. Pedunculi longissimi, pedicellis gracili calyce tantum 3-6-plo longioribus. Ceterum ut in specie - præcedente. Petiolus fere constanter limbo brevior, rarius illum æquans vel superans, semi-usque bipollicaris; limbus pollicaris, vel paulo ultra, 15-20 cent. latus; pedicelli 1-2 cent. longi. — Pedunculus nune usque 60 cent. altus, nunc tantum semipedalis. Yun-nan, Tapintze près de Tali, dans les marais et au bord des canaux —- Avril 1884. (Delavay, n** 311 et 858.) i $ Voisin du P. malacoides, mais bien distinct par la forme de ses feuilles dont les grosses crénelures superficielles sont finement dentées et non incisées, par ses pélioles raccourcis, la brièveté des pédicelles, la longueur des pédoncules. Le P. malacoides et le P. Forbesii, ce dernier surtout, ressemblent beaucoup à l'Androsace cordifolia Wall.; mais leur calice et leur corolle sont trés différents. Cet A. cordifolia est une plante peu connue, que M. J. D. Hooker semble n'avoir pas vue, puisqu'il la considére comme indéterminable (Fl. of Brit. Ind. IIl, 500). Il en existe dans l'herbier- du Muséum de Paris un bon exemplaire fructifére, étiqueté de la main (1) L^ t idérable du genre Primula, dont le nombre des espèces a presque doublé depuis quelques années, ne permet guère de conserver la classification proposée par Duby; mais il est nécessaire d'attendre de nouveaux matériaux pour la l par un- group t moins artificiel. p A. FRANCHET. — PRIMULA DE LA CHINE ET DU TIIBET. 65 méme de Wallich. Duby en a donné une description trés exacte dans le Prodrome; ce qu'il dit de la corolle et ce que je puis juger d'aprés les fruits ne permet pas de douter que la plante n'apparlienne réellement au genre Androsace, tel qu'on peut le comprendre. J'ajouterai seulement que la plante parait étre monocarpique, comme les deux espéces que je viens de déerire. . Primula sinensis Lindl., Coll. Bot. tab. 7. Rochers calcaires au bord du fleuve Bleu, dans les gorges de Y-tchang, province de Ho-pé, 11 mars (Delavay). Cette jolie Primevére, dont l'horticulture a su tirer tant d'avantage, ne parait pas avoir encore été signalée à l'état spontané. La plante envoyée par M. Delavay ne diffère du type cultivé que par ses proportions plus ` gréles. Primula heucheræfolia, sp. nov. (Primulastrum). Rhizoma breve. Folia longe petiolata, petiolo pilis rufis villoso, limbo ambitu orbicu- lato, profunde cordato (sinu clauso), in utraque facie sparse piloso, vix ad quartam partem 7-9-lobato, lobis to-deltoideis, inæquali dentatis. Pedunculus foliis sub- duplo longior, pube brevi pulverulentus et præsertim breviter pilosus. Flores 3-4 umbel- lati, bracteis brevibus lineari-l latis, pedicellis inæquali pul lentis. Calyx anguste campanulato-tubulosus, ad medium vel paulo ultra partitus, lobis lanceolatis, demum ovato-lanceolatis, acutis. Corolla purpurascens, glaberrima, tubo cylindrico, crasso, calyce triplo longiore, in limbum abrupte dilatato, limbo concavo, ad faucem exannulato sed magis intense colorato, diametro tubum vix æquante (12-14 mill.), lobis breviter bilobatis. Stamina fere ima basi inserta; stigma late discoideum. Thibet oriental, dans les lieux inondés des montagnes élevées, juin 1869 (A. David). Espéce remarquable par la longueur du tube de la corolle; elle est surtout voisine du P. septemloba Franch., dont la corolle est beaucoup plus gréle, presque une fois plus petite, et dont les étamines sont insérées àla gorge; le P. Listeri Watt s'éloigne davantage par la briéveté de ses pédoncules. E Primula malvaeea, Sp. nov. (Primulastrum). Pube breviuscula rufa satis densa ex toto vestita. Folia longiter petiolata, limbo glabrescente, intense viridi, aperte cordato, ambitu rotundato vel latissime ovato, grosse crenato, crenis denticulatis. Pedunculus crassus, folia superans. Inflorescentia. elongata, verticillis 2-4 superpositis, parum remotis; bracteæ foliaceæ, sub verticillo infimo magne, ovato-lanceolatæ, sub verticillo superiore angusti ; pedicelli calyce mox longiores, fructiferi deflexi vel patentes. Calyx pubescens, glandulis melleis pubi inter- mixtis, basi glob icus; limbus cupulatus ultra medium lobatus, lobis sub an- thesi oblongis obtusis, demum valde accrescens, sub maturitate explanatus cum lobis late ovatis sæpius denticulatis. Corolla glabra, rubicunda, hyp ha, tubo caly- cem subæquante sub limbo constricto; limbus ad faucem distincte annulatus, lobis. ades obovatis bilobulatis. Capsula parva, globosa, tubum calycis implens nec illum excedens. - o Petiolus 8-12 cent. longus, limbo 6-8 cent. longo et lato; calyx sub anthesi circiter 1 cent. longo, limbo ad maturitatem explanato usque ad 25 mill. diam.; corollæ limbus. 'explanatus circiter 20 cent. diam. Decree T. XXXIII. (séances) 5 T 66 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. Yun-nan, rochers calcaires des hautes montagnes à Hee-gni-chao, au-dessus de Ho- kin, 24 juillet 1883 (Delavay, n° 82). Espèce trés remarquable par le caractère de son calice, qui s’accroit singulièrement à la maturité ; son limbe est alors étalé en roue, comme celui de l'Androsace maxima. Par son port, le P. malvacea rappelle beaucoup celui du P. mollis Hook.; mais son calice est tout différent, et la corolle est glabre. Primula obconica Hance, Journ. of Bot. vol. XVIII (1880), p. 234; P. poculiformis Hook. fil., Bot. Mag. (1881), tab. 6582. Le Muséum possède les formes ou variétés suivantes de cette curieuse espèce : a. hispida. — Pubes dimorpha, ex parte pilis brevissimis, ex parte pilis arliculatis elongatis, præsertim in parte inferiore pedunculi et in petiolis, constans; folia ambitu ovata, nunc grosse serrata, nune angulata, nunc obscure repando-dentata. Thibet oriental, à Moupine, au bas des rochers, fin février 1869 (David); Su-tehuen, au bord du fleuve Bleu, à Che-pa-to, 18 avril 1882 (Delavay, n? 317 bis); Koui-tcheou (Simon); prov. Ho-pé, circa Y-tchang (Watters, ex Hance, loc. cit.; Delavay, n° 317). tundifoli Puh T emi P ut in var. a; sed folia ambitu rotundata, limbo sæ- pius Wade flores fere duplo minores quam in varietate præcedente, tubo gracili. Yun-nan, gorge de Pee-cha-ho, à Mo-so-yun, près de Lan-kong, 3 mars 1883 (Dela- vay, n° 307); gorges de Lankien-ho, alt. 2800 mètres (Delavay, n° 845). y- glabrescens. — Pubescentia pilis brevissimis constans, exclusis pilis articulalis elotiatis: folia ovata vel ovato-rotundata, pallide virentia, grosse crenata vel acute angulata; corollæ sat parvæ ; tubus gracilis ut in varietate B. Yun-nan, rochers du Tsang-chan, au-dessus de Tali, 31 mars 1883 Miga n? 307) Espéce trés variable, à fleurs rosées ou d'un lilas pàle, plus rarement d'un blanc jaunâtre (A. David). Ses diverses formes pourraient être fa- cilement prises pour des espèces distinctes. Primula oreodoxa, sp. nov. (Primulastrum). Ex toto pilis hispida. Folia P. cortusoides. Flores 4-7-umbellati, purpureo-violacei ; brâcteæ lineares; pedicelli valde inzequales, calyce longiores. Calyx late et aperte. | cann panulatus, post anthesin sensim auctus, lobis Corolla haud magna, tubo calyce duplo longiore; limbus concavus, lobis obcordatis. Capsula globosa intra calycis tuburn inclusa. Foliorum limbus 2-4 cent. longus, petiolum nunc æquans, nunc illo paulo longior; calyx sub anthesi 4-7 mill. longus, fructifero paulo majore; corolle tubus 45 mill. longus, limbo explanato 12-14 mill. diam. Thibet oriental, Moupine, dans les parties fraiches des hautes montagnes, avril 1869 (Arm. David). Charmante espèce, à feuilles du P. cortusoides, mais bien différente par la forme de son calice, assez semblable à celui du P. obconica Hance et dont les lobes sont denticulés ; les fleurs sont aussi moitié plus petites. Primula Davidi, sp. nov. (Primulastrum). Folia subcoriacea, oblongo-ovata, apice rotundata, e medio attenuata; petiolo haud distincto, argute duplicato-serrata, inferne subtiliter repanda, dentibus an A. FRANCHET. — PRIMULA DE LA CHINE ET DU THIBET. 61 acutissimis, nunc recurvis, supra glabra, atroviridia, subtus elegantissime elevato-reti- culata, pulverulento-cinerascentia et præsertim ad costam mediam pilis rufis patentibus hispida. Pedunculi foliis longiores simul ac pedicelli pube rufa hirtelli ; bracteæ lanceo- late, acuminatæ. Pedicelli sub anthesi calycem æquantes vel illo sublongiores. Calyx aperte campanulatus, nunc glaber, nunc pube pulverulenta conspersus, lobis brevibus, ovatis, acuminatis. Corolla purpureo-violascens, tubo calycem paulo excedente, in lim- bum concavum sensim ampliato, limbi lobis obovatis breviter bilobatis, nunc fere integris. Folia 8-12 cent. longa, 15-40 mill. sub apice lata; calyx circiter 1 cent. longus, corolle limbo explanato fere 25 mill. lato. — Planta speciosissima. Thibet oriental, Moupine, dans les parties fraiches des hautes montagnes, fin d'avril 1869 (Arm. David). Wahl 1 Les feuilles sont assez , mais t par leur forme et par leur dentelure, à celles du P. petiolaris, mais elles n'ont point de pétiole distinct; elles en différent d'ailleurs beaucoup. par leur face infé- rieure grisâtre et réticulée; le calice est aussi d'un type tout différent et rappelle beaucoup celui du P. obconica Hance. Primula ovalifolia, sp. nov. (Primulastrum). Folia longe petiolata, limbo ovato basi breviter producto vel fere rotundato, margine crenulato. Pro cæteris P. Davidi similis. 1 Thibet oriental, Moupine, dans les lieux frais des montagnes, mars 1869 (Arm- David). Espèce voisine de la précédente, mais qui parait bien distincte par la forme ovale de ses feuilles, qui sont crénelées et non serrulées, à pétiole étroit et presque aussi long que le limbe. Les lobes du calice sont aussi plus étroits et plus allongés, mais ce caractére n'est peut-étre pas bien constant. Pri Glaberrima. Folia tenuiter membranacea, e basi cuneata obovata vel oblongo-obovata, petiolo haud distincto, marginibus argute serrata, nervis tenuissimis, immersis. Pedun- culi folia paulo d vel illa subæq nunc parce aureo farinacei. Flores umbellati, bracteis lanceolato-acuminalis. Pedunculi calyce longiores. Calyx nudus vel rarius (simul ac corolla extus) farina aurea conspersus, illo P. Davidi similis. Corolla pallide rosea, speciosa, tubo calyce longiore, limbi explanati lobis obcordatis. Thibet oriental, Moupine, au bord des ruisseaux dans les montagnes, mars 1869 (Arm. David). pi is, sp. nov. (Primulastrum). Ressemble beaucoup au P. Davidi, tout en restant bien distinct par ses feuilles trés minces, dépourvues de réseau saillant; la forme du calice ne permet pas de le confondre avec le P. petiolaris. i Primula Poisseni, sp. nov. (Sphondylia). Glaberrima. Folia valde glaucescentia, sub anthesi jam firmiter chartacea, demum coriacea, e basi latissime dilatata anguste oblonga, argute et subzequaliter serrata. Pedun- culi lævissimi. Flores verticillati icillis multifloris mox intet se remotis; bracteæ lineares; pedicelli in verticillis 7-8, fructiferi secus peduncülum erecti. Calyx glaber- 68 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. rimus, coriaceus e basi paulo ättenuata tubulosus; circiter ad tertiam partem lobatus,. lobis oblongis obtusis vel ovatis margine membranaceo mox destructo auctis. Corolla purpurascens, tubo cylindrico, extus nunc tenuissime pulverulento, calyce duplo lon-. giore, in limbum sensim ampliato; limbus parum concavus, fauce nudus, lobis anguste obcordatis, fere ad medium bilobatis. Capsula obverse obovata, apice rotundata, calycem. æquans vel paulisper superans, illoque stricte involuta. Yun-nan, près de Tali, échant. fructifère, juin iss2 (Delavay); prâiries marécageuses! des montagnes, sur le.mont Hee-chan-men, au-dessus de Lan-kong, 11 juillet 1883- (Delavay, ne 120). Les feuilles présentent les dentelures égales, fines et trés aiguës du P. Maximowiczii Reg. et du P. prolifera Wall.; mais le P. Poisson? diffère beaucoup du premier par son calibre et par sa capsule courte, du second par sa capsule obovale et non globuleuse et par ses fleurs purpu- rines, de tous les deux par la forme de son calibre et par ses feuilles glau- ques et coriaces. Le P. japonica a les capsules globuleuses et les larges calices du P. prolifera, et ne peut étre confondu avec le P. Poissoni. Les P. prolifera, P. japonica, P. serratifolia (4), P. Poissoni et P. Maximowiczii forment un groupe d'espéces trés semblables d'aspect, mais ne paraissent cependant pas pouvoir être confondus. Le P. Masi- mowiczii se distingue entre tous les autres par ses longues capsules’ presque cylindriques; le P. Poissoni, par ses feuilles glauques et coriaces, et par la forme étroite et la consistance de son calice, qui semble mouler la capsule un peu en massué. Le P. prolifera est bien caractérisé par ses fleurs jaunes, à long tube et à linibe relativement petit, ainsi que par ses grosses capsules globuleuses et son calice court et large. Les P. japonica et serratifolia ont les fleurs purpurines ou violacées, les feuilles d'une texture mince ; mais elles se distinguent facilement l'une de l'autre par. la forme de leur capsule (globuleuse dans le P. japonica) et par celle du tube de leur corolle. : Primula japonica Asa Gray, Bot. Jap. p. 400 ; var. angustidens. Folia magis tenuiter et magis æqualiter serrata quam in planta japonica. Calyx ad medium usque fissus, lobis e basi 1 lata longe acuminati ores i et paulo minores quam in forma typica. > Yun-nan, Ou-tchai, près de Tali, 18 mai 1882 (Delavay, n° 214 bis). Sud branifolia, Sp. nov. (Aleuritia). Rhizoma breve. Folía tenuissime membranacea, e basi integra cuneato-ovata, paulo inæqualiter dentato-crenata, glaberrima, subtus parce luteo-farinosa. Pedunculus folia. vix æquans. Flores 4-9 umbellati, bracteolis brevibus linearibus, simul ac pedicelli et calyces luteo-farinosis. Pedicelli valde inæqualés. Calyx tubul " ad medium usque lobatus, lobis lanceolatis, acutis. Corolla violacea, tubo calyce triplo (1) D’après les spécimens trés complets récemment reçus du Yun-nän, cette espèce doit être rapprochée du P. japonica, dontelle diffère surtout par ses capsules obovales et sa corolle, dont le tube se dilate insensiblement en limbe, au lieu d'être cylindrique» L'inflorescence est souvent formée de verticilles superposés. +: -` ijo si: cobi 3 A. FRANCHET. — PRIMULA.DE.LA CHINE ET DU THIBET. 69 longiore, cylindrico, gracili, sensim ampliato in limbum concavum, lobis obovatis, bilo- bulatis. Capsula ovata calyce paulo longior. Folia 1-2-pollicaria, basi integra cuneata, partem ovatam crenatam æquante; calyx 4 mill. longus ; corollæ tubus 42-15 mill. longus, limbo explanato 20-25 mill. diam,; capsula circiter 5 mill. longa. , Yan-nan, sur le mont Tsang-chan, au-dessus de Tali, 4 juin 1883 (Delavay, n° 263). Espèce bien distincte, parmi toutes celles de la région himalayenne, par la consistance molle et diaphane de ses feuilles et par leur forme, qui se rapproche de celle de certains types des Pyrénées et des Alpes, tels que P. marginata €urt. Primula nutans Delavay i in sched. (capitata). h "m j " vel ' Rhizoma breve, haud crassum. Folia tenuiter oblonga-ovata in petiolum alatum attenuata, duplicato serrato-dentata, Aib Hi velacuta, | supra pube brevi scabrida, subtus ad nervos pilis p ibus vestita, Ped lus foliis duplo longior, glaber. Flores 6-10 subsessiles, dense capitati, nutantes, bracteis parvis lanceolato-linearibus, sæpius simul ac calyces albo-farinosis. Calyx late campanulatus, ad medium usque lobatus, lobis deltoideis, acutis. Corolla violacea, tubo quam calyx multo angustiore et duplo longiore, extus pulverulento, in limbum concavum abrupte ampliato, lobis ovatis integris, vel brevissime bilobulatis. Capsula ovata calycem haud excedens nec. replens. . Folia 1-5 poll. longa, inclusa parte petiolari; calyx 5 mill. longus et fere latus; corollæ tubus 12-15 mill.; limbus explanatus 2 cent. diam. Yun-nan, bois et rochers sur le mont Mao-kou-tchong, au-dessus di: Tapintze, 99 avril 1884 (Delavay, n» 53). - Les feuilles du P. nutans ressemblent beaucoup à celles du P. erosa, mais elles sont plus minces; son calice rappelle celui du P. uniflora Klatt, avec les lobes aigus. Toutes les relations de la plante sont du reste avec les espéces du groupe du P. capitata; ses grandes fleurs permettant d'ailleurs de la distinguer trés facil t au milieu des types voisins, Primula incisa, sp. nov. (Aleuritia). Folia. pilis brevissimis plus minus asperulata, longe et graciliter petiolata, petiolo quam limbus demum 2-3-plo longiora; limbus ovatus, inciso-dentatus, dentibus conti- guis, oblongis, integris vel lobulo uno alterove auctis. Pedunculus gracilis, glaber, foliis longior. Flores 2-6-umbellati, bracteis lineari-l latis acutis, pedicellos sub anthesi saltem æquantibus. Calyx glaber anguste tubulosus, ad medium usque 5-fidus, lobis lanceolatis acutissimis. Corolla rosea vel violacea, tubo gracili cylindrico quam calyx fere duplo longiore, in limbum concavum sensim xol limbi Jus obcordatis a profunde bilobatis. Foliorum limbus (excluso petiolo) 15-20 mill. longus; calyx 5 mill.; me limbus gno 15 mill. diam. Hg oriental, Moupine, in silvis regionis excelsæ, avril 1869 (Arm. David). Assez voisin du P. involucrata Wall., mais bien distinel par ses feuilles scabres, à limbei incisé. ` M. Van Tieghem dit que les Primula anciennement connus ve sentent parfois, dans la tige, d’une espèce à l'autre, des. détails. | 10 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. structure très différents, et il pense que l'étude anatomique des espèces nouvelles de ce genre offrirait à ce point de vue un grand intérét. M. Bureau fait à la Société la communication suivante : DESCRIPTION D'UN DORSTENIA NOUVEAU DE L'AFRIQUE ÉQUATORIALE, par M. Éd. BUREAU. Parmi les nombreux végétaux vivants envoyés du Gabon au Muséum par M. le commandaut Masson, gouverneur de cette colonie, se trouve un Dorstenia remarquable par sa taille gigantesque et la forme de ses ` réceptacles. Il m'a paru ne se rapporter à aucune des espèces connues, et je suis heureux de pouvoir le dédier au savant officier qui nous a donné tant de preuves de l'intérét qu'il porte aux sciences naturelles. Voici la diagnose et la description de cette plante : Dorstenia Massoni, caulibus e rhizomate brevi pluribus erectis elatis ; foliis ellipticis subintegris ; receptaculis bieruribus, erure superiore multo longiore, sub apice appen- diculato, appendice quam p lum breviore, superne incrassata ; floribus masculis diandris Tiges naissant plusieurs d'une souche souterraine (encore mal connue) et atteignant jusqu'à 2 mètres de haut, cylindriques, cependant légèrement ren- flées aux nœuds, un peu amincies sur le renflement en face de l'insertion de la feuille; dures et ligneuses sous une écorce herbacée assez épaisse, creuses au centre par destruction rapide de la moelle; couvertes dans les parties jeunes de poils trés courts, trés serrés, étalés, qui les rendent un peu rudes au toucher de haut en bas; devenant glabres en vieillissant. Feuilles étalées, distantes, plus rapprochées vers le haut de la tige. Pétiole assez fort, de 2-3 centim. de long, cylindrique, étroitement canaliculé en dessus, pubérulent. Limbe ellip- tique, long de 15-20 centim., large de 5-7 centim., presque entier, à peine sinué sur les bords, en coin à la base, acuminé au sommet, légèrement scabre sur les deux faces, penninervié, à 5-7 nervures secondaires de chaque côté de la médiane, arquées, ascendantes, réunies par des nervures de troisième ordre lâchement réticulées ; d’un vert foncé à la face supérieure avec les nervures déprimées et le parenchyme saillant, comme bullé dans les grandes mailles du réseau, d'un vert gai en dessous avec les nervures proéminentes et le paren- chyme déprimé. Stipules très petites, charnues, pubescentes, coniques, légé- rement courbes, un peu concaves à leur face supérieure. Inflorescences soli- taires, extra-axillaires, naissant un peu en dehors du bourgeon qui se trouve à l'aisselle de la feuille. Pédoncule de 5-15 millim. de long, couvert comme le réceptacle de poils trés courts, visibles seulement à la loupe, qui le rendent légèrement scabre, Réceptacle, vu de profil, ayant à peu prés la forme d'une moitié longitudinale d'un fer de flèche, à 2 cornes ou pointes, l'une inférieure, courte (5-7 millim. de long) et recourbée, l'autre, supérieure, beaucoup plus longue (30-35 mill. de long), continuant la direction du pédoncule, formant une gouttière concave en dessus, appendiculée sous son sommet. Cet appendice, BUREAU, — UN DORSTENIA NOUVEAU. 71 qui a la même direction que la grande corne du réceptacle, et qu'on dirait continuer le pédoncule, est presque moitié plus court que le réceptacle, à peu près cylindrique, mais assez mince dans ses deux cinquièmes inférieurs, épaissi dans ses trois cinquièmes supérieurs, incurvé vers le haut et brièvement apiculé au sommet. Fleurs mâles très nombreuses, couvrant presque toute la face supérieure du réceptacle, dansde petites dépressions duquel elles se trouvent enfoncées. Sépales 2, dressés et lisses dans leur moitié inférieure, rabattus à angle droit ou même à angle aigu dans leur moitié supérieure, de manière à former un plafond droit au-dessus des é , trés briè t poilus ou pa- pilleux à l'extérieur dans cette partie couchée ‘et transversale. Étamines 2, à filet très court, à anthère subglobuleuse formée d’un assez gros connectif et de 2 loges s'ouvrant par une fente latérale. Rudiment de pistil réduit à un style court, papilleux au sommet. Fleurs femelles 9 à 11, disposées presque sur un seul rang au fond de la gouttiére formée par la face supérieure du réceptacle, mais écartées les unes des autres et séparées par des fleurs mâles. Périanthe indistinct. Ovaire à peine ovoide, profondément plongé dans une loge creusée dans le tissu du réceptacle. Style un peu plus court que l'ovaire et inclus comme lui dans la loge. Stigmate égalant la longueur du style, 2-lamellé , faisant saillie tout entier par l'ouverture rétrécie de la cavité du réceptacle. Lamelles divergentes, lancéolées, obtuses. Cette espèce vient se placer, parmi les Dorstenia caulescents de l'Afrique tropicale, auprès des D. Psilurus Welw. et bicuspis Schweinf., qui ont comme elle un réceptacle à deux cornes avec la corne supérieure appendiculée. Le D. bicuspis s'en distingue facilement par ses feuilles grossiérement lobées vers le haut et surtout par l'appendice terminal du réceptacle, trés fin et légèrement courbé en arc, presque en cercle. C'est une espèce du pays des Niam-niams. Le D. Psilurus, trouvé par Wel- witsch à Angola, et surtout la variété scabra trouvée par Bailie à Nun- river, région du Niger, sont trés voisins de l'espéce que je viens de décrire. Mais dans le D. Psilurus la taille est beaucoup plus petite (2 pieds 1/2 anglais d’après Welwitscli); les feuilles sont souvent lobées ou trés grossièrement dentées; l'appendice terminal du réceptacle est subulé ou méme filiforme, 2 ou trois fois plus long que le réceptacle lui- . méme, et les fleurs mâles sont monandres. Dans le D. Massoni, les feuilles sont presque entières, à peine sinuées, jamais dentées ni lobées; l'appen- dice terminal est épaissi dans sa partie supérieure et moitié plus court que le réceptacle; les fleurs mâles sont diandres; en outre la taille est gigantesque pour le genre Dorstenia : aucune espéce connue n'est aussi grande à beaucoup prés. Le D. M i a été multiplié dans les serres du Muséum. Jen ai vu des individus provenant du pied principal qui ont déjà 4 mètre de haut Cette espèce pourra, je n'en doute pas, être répandue dans les jardins | botaniques. 72 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. Explication des figures de la planche I de ce volume. Fic. 4. — Portion de tige portant une feuille et une inflorescence. Fic. 2. — Coupe transversale d'un réceptacle, montrant trois fleurs mâles et “une fleur femelle. Fic. 3. — Fleur mâle. Les sépales sont coupés longitudinalement pour laisser voir les deux étamines et le rudiment de pistil. Fic. 4. — Étamine vue de face. Fic. 5. — Étamine vue de dos. Fic. 6. — Pistil entier. Fic. 7. — Ovaire ouvert et montrant l'ovule pendant, campylotrope. M. Chatin demande comment sont disposées les fleurs mâles par rapport aux fleurs femelles. M. Bureau répond que les fleurs máles, trés nombreuses, occu- pent la superficie du réceptacle, tandis que les femelles, au nombre de 9 à 11, sont groupées au fond de la gouttière. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR L'APPAREIL SÉCRÉTEUR ET LES AFFINITÉS DE STRUCTURE DES NYMPHÉACÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Dans une précédente. communication, j'ai décrit la disposition des faisceaux libéro-ligneux dans la tige, la feuille etle pédicelle des Cabom- bées, et comparé la structure de ces plantes à celle des Nymphéacées pro- prement dites et des Nélumbées (1). Cette comparaison m'a conduit à séparer, comme M. Caspary l'a fait en 1878 d’après les caractères flo- raux (2), les Nupharées ou Nymphéacées pentasépales (Nuphar et Bar- claya) d'avec les Nymphéées ou Nymphéacées tétrasépales (Nympheæa; Euryale, Victoria). De sorte que, sous ce rapport, les genres qui com- posent la famille des Nymphéacées, avec l'extension que lui ont donnée MM. Bentham et Hooker dans leur Genera plantarum, peuvent se grou- - per en quatre divisions ainsi caractérisées : : 1: Cabombées. — Faisceaux de la tige et du pétiole tous directs et concres- cents deux à deux par leur bois; faisceaux du pédicelle tous directs et libres (Brasenia, Cabomba). i 2. Nupharées. — Faisceaux de la tige, du pédicelle et du pétiole tous directs et libres (Nuphar, Barclaya). 3. Nymphéées. — Faisceaux de la tige tous directs et libres; faisceaux du (1) Ph. Van Tieghem, Observations sur la structure des Cabombées oc. bot. séance du 10 décembre 1885). e ot lante (2) Caspary, Flora brasiliensis, fasc. LXXVII, 1878. VAN TIEGHEM. — SUR LES NYMPHÉACÉES. 18 pédicelle et du pétiole de deux sortes : les uns directs et libres, les autres doubles, formés d'un direct et d'un inverse unis par leur bois (Nymphaa, Euryale, Victoria). 4. Nélumbées. — Faisceaux de la tige, du pédicelle et du pétiole de deux sortes: les uns directs, les autres inverses, tous libres (Nelumbo). Je me propose aujourd'hui, d'abord d'étudier la disposition de l'appareil sécréteur, et notamment du tissu laticifére, dans ces quatre divisions ; ensuite de chercher à préciser l'ensemble de leurs affinités de structure. 1. Appareil séerét des Nymphéacées (1). La présence de cellules laticifères a été signalée par M. Trécul dans les faisceaux libéro-ligneux de la tige et dans le parenchyme du pétiole du Nuphar luteum (2), puis par M. Wigand dans les faisceaux libéro-ligneux de la tige du Nelumbo nucifera (3). Mais on ne connait pas la forme et la disposition de ces cellules dans ces deux plantes, et l'on ignore aussi s’il en existe de d ou de différentes dans les autres genres de la famille. Toutes les Nyiñptieatesk sont pourvues de cellules laticifères à mem- brane mince et subérifiée, qui se colorent par conséquent par la fuchsine; ce qui permet de les mettre facilement en évidence. Partout on les ren- contre, aussi bien dans le parenchyme que dans les faisceaux libéro-li- gneux, et à l'intérieur de ceux-ci aussi bien dans le bois que dans le liber: Mais elles affectent, suivant les genres, une forme et une- disposition différentes. Le rhizome du Nuphar luteum contient cà et là, au milieu du paren- chyme amylacé, des cellules laticifères de méme forme et de méme di- mension que celles qui renferment de l'amidon; elles sont isolées, quel- quefois superposées par deux ou trois. Le liber et le bois des faisceaux libéro-ligneux renferment aussi des cellules laticiféres, plus étroites et plus longues que celles du parenchyme, parfois aussi superposées par deux ou trois. Ces cellules laticifères se retrouvent avec le méme carac- tère dans le parenchyme et les faisceaux du pétiole et du pédicelle floral, ainsi que dans l'écorce et dans le conjonctif du cylindre central de la racine. Dans le rhizome, le pédicelle et la racine du Nelumbo nucifera, les cellules laticifères affectent Ja méme disposition que dans le Nuphar, isolées ou superposées en petit nombre, plus larges et plus courtes dans © (4) La plupart des observations relatives à ce sujet remontent au mois d'octobre 168. Je les ai vérifiées et complétées dans le cours de l'année 1885. (3) Trécul, Recherches sur la structure et le développement du wi) luteum (A des sc. nat. 3* série, 1845, IV, pp. 290 et 313). A (3) Wigand, Botanische Zeitung, 1871, p. 819. ; ^ 74 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. le parenchyme général, plus étroites et plus longues dans le parenchyme libérien et dans le parenchyme ligneux des faisceaux. Mais à ce tissu lati- cifère s'ajoutent ici des cellules oxalifères, situées notamment au pourtour des lacunes, dans lesquelles elles font proéminer plus ou moins la macle sphéroïdale qu’elles renferment. Dans la tige, le pédicelle et la feuille du Brasenia peltata et du Cabomba aquatica, les cellules laticifères ne sont plus, ou ne se rencontrent que rarement isolées; elles sont superposées en grand nombre et forment de trés longues files paralléles dans le parenchyme. général, ainsi que dans le liber et le bois des faisceaux. C'est déjà une disposition un peu diffé- rente de celle qui vient d'étre signalée. Mais la forme la plus inté- ressante de toutes est offerte par les divers genres de la tribu des Nym- phéées. La racine, la tige, le pédicelle et le pétiole des Nympha alba, cœærulea, rubra, dentata, Ortgiesiana, etc., du Victoria regia, de l Eu- ryale ferox, renferment en effet des cellules laticiféres isolées, mais d'une trés grande longueur, mesurant jusqu'à 2 centimétres de long et davantage. Elles sont fusiformes, renflées au milieu, terminées en pointe obtuse aux deux bouts; leur membrane est mince, mais rigide et forte- ment subérifiée. On en rencontre quelquefois deux superposées, dont les extrémités amincies ont glissé côte à côte. Elles sont parfois aplaties par la compression des cellules voisines et écrasées jusqu'à devenir presque méconnaissables. Leur différenciation est trés précoce. Dans un pétiole encore très jeune et trés court, oi.les cellules du parenchyme sont encore tabulaires, où les vaisseaux ne sont pas encore différenciés, elles possé- dent déjà leur énorme dimension, leur membrane subérifiée et leur latex opaque. Plus tard, elles s'allongent encore, en méme temps que les cel- lules voisines, ce qui prouve que la subérification de la membrane ne met pas obstacle à sa croissance. Dans le parenchyme général, ces cel- lules sont larges, surtout vers le milieu; elles sont déjà plus étroites dans l'endoderme propre et, en dedans de l'endoderme, dans le péricycle propre des faisceaux libéro-ligneux ; elles sont plus étroites encore et plus longues dans le liber, où elles séparent cà et là les larges tubes criblés, et dans le bois, où elles bordent quelquefois la lacune qui provient de la dissociation et de la résorption des vaisseaux les plus internes. En somme, c'est dans la tribu des Nymphéées que les cellules laticifères sont le plus profondément différenciées. Sous ce rapport, ces plantes dif- fèrent nettement des Nupharées, ce qui vient corroborer la séparation - déjà réalisée par la disposition du système libéro-ligneux et ve, eed au début de ce travail. Au point de vue de l'appareil sécréteur, on peut résumer les caractères des quatre divisions de la manière suivante : VAN TIEGHEM. — SUR LES NYMPHÉACÉES. i) 1. Cabombées. — Cellules latieiféres de forme ordinaire, superposées en longues files. Pas de cellules oxaliféres. 2. Nupharées. — Cellules laticiféres de forme ordinaire, isolées. Pas de cel- lules oxaliféres. 3. Nymphéées. — Cellules laticiféres fusiformes et trés longues, isolées. Pas de cellules oxaliféres. ; 4. Nélumbées. — Cellules laticifères de forme ordinaire, isolées, Cellules oxalifères à macles sphéroïdales. 2. Affinités de e des Nymphéacé Si maintenant, joignant les notions que nous venons d’acquérir sur l'appareil sécréteur aux résultats obtenus dans la communication précé- dente, nous cherchons à préciser l'ensemble des affinités de structure de ces quatre séries de genres, nous remarquerons tout de suite que les Nélumbées différent beaucoup plus des trois autres que celles-ci ne dif- férent entre elles. En effet, les Cabombées se distinguent surtout des Nupharées et des Nymphéées parla fusion deux par deux des faisceaux libéro-ligneux di- rects de la tige et du pétiole, et aussi par l'absence dans leurs lacunes de ces poils scléreux dichotomes que l'on rencontre dans ces deux tribus, toujours dans le pédicelle et la feuille, quelquefois aussi dans la tige et la racine (Nymphæa rubra, etc.). Encore faut-il remarquer que le premier de ces deux caractères y fait défaut dans le pédicelle floral. Les Nymphéées se distinguent des Nupharées surtout par la présence de faisceaux doubles dans le pédicelle et le pétiole, par leurs cellules laticifères si remarquables, et aussi par la conformation de leurs lacunes, larges, disposées en cercle, séparées par des murs pluricellulaires et entrecoupées de vrais diaphragmes; tandis que celles des Nupharées sont étroites, disposées en réseau, séparées par des murs unicellulaires et munies de faux diaphragmes issus, comme on sait, de la ramification dichotomique condensée de certaines cellules pariétales. Bien plus nombreuses et plus profondes sont les différences qui sépa- rent les Nelumbo des trois tribus précédentes. D'abord, dans ces trois tribus, les faisceaux libéro-ligneux du rhizome, tous directs, sont enveloppés chacun par un péricycle propre et par un endoderme spécial; en d'autres termes, il n'y a pas de cylindre central distinct de l'écorce: c’est une structure assez rare, comme on sait. De plus, il n'y a pas de faisceaux foliaires cheminant dans la tige en dehors de ceux qui donnent insertion aux racines adventives. Dans le rhizome des Nelumbo au contraire, les faisceaux du cercle interne, qui donnent insertion aux racines adventives à chaque nœud, forment un cylindre central recouvert d'un endoderme général assez difficile à mettre 16 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. en évidence. De plus, l'écorce ainsi séparée est occupée par de nom- breux faisceaux foliaires disposés sur plusieurs cercles, les uns ym les autres inverses. Dans les trois premières tribus, les faisceaux n'ont pas de gaine solé! reuse et leur bois est creusé d'une lacune résultant d'abord de la disso- ciation, puis de la destruction d'un paquet de vaisseaux très étroits. Dans les Nelumbo, les faisceaux ont une gaine scléreuse et leur bois est creusé d'une lacune provenant de la résorption pure et simple d'un seul trés gros vaisseau spiralé. Les plantes des trois premières séries ont leur épiderme muni de poils mucipares, laissant aprés leur destruction une cellule basi- laire en forme de godet. Ces poils manquent aux Nelumbo. Enfin, si les Nelumbo ont, comme les autres Nymphéacées, un tissu laticifére, elles possèdent en outre un tissu oxalifère qui manque aux premières. En résumé, tout un ensemble de caractères anatomiques vient s'ajouter à l'ensemble des différences morphologiques externes déjà bien connues : absence d'albumen et de périsperme, absence de développ t de la radicule à la germination, etc., pour corroborér l'opinion énoncée par M. Trécul dés l'année 1854. « Les Nélumbées, dit M. Trécul, différent au dernier degré des Nymphéacées, non seulement par les caractéres de leurs fleurs, de leurs fruits et de leurs graines, mais encore par les phé- noménes de la germination, la structure anatomique de leur embryon, de leurs rhizomes, de leurs pétioles et de leurs pédoncules, etc. Ces deux familles n'ont de commun que le nombre des cotylédons, les fleurs poly- pétales, les étamines nombreuses et le milieu dans lequel elles vivent; mais elles ressemblent en cela à beaucoup d'autres familles (1). » On doit donc regrettér que l'opinion déjà si fortement motivée de M. Trécul n'ait pas trouvé plus de crédit auprés des botanistes descripteurs, et que, depuis son mémoire, les Nelumbo aient été plus étroitement que jamais réunis aux Nymphéacées, MM. Bentham et Hooker n'en font en effet, comme il a été rapporté plus haut, qu'une simple subdivision de la famille des Nymphéacées, équivalente aux Cabombées et aux Nymphéacé pro- prement dites. M. G. Camus fait à la Société la communication suivante : HERBORISATION A MARINES (SEINE-ET-OISE), par M. €. CAMUS. Itinéraire. — Départ de Paris, parla gare du Nord ou de l'Ouest, pour la station de Chars. Herborisation dans la partie nord du bois qui se trouve entre Chars et Marines; bois du Heaume; déjeuner à Marines, Re- (1) Tréeul, loc. cit. p. 169. CAMUS. — HERBORISATION A MARINES (SÉINE-ET-OISE), 11 tour à la vallée de la Viosne par le bois de:Chars (partie sud) jusqu'à Bri- gnancourt, où se trouvent la tourbière de méme nom, l'étang de Vallière et la tourbiére de Santeuil. Retour par la station de Ws-Marines. Dans la liste des plantes que l'on peut récolter, celles qui sont précé- dées d'un astérisque n'avaient pas encore été signalées, et je les ai trou- vées à l'herborisation de l'École de pharniacie dirigée par M. Chatin en juillet 1885. Aconitum. Napellus.L. — Abondant, tourbière de Brignancourt. Drosera rotundifolia.L., D. longifolia L., * D. obovata Mert. et Koch. — Tous les trois dans la tourhiére de BHigtisheouH; partie sud. - * Parnassia palustris L. — En compagnie des Drosera. à Pirola rotundifolia L. — Bois du Heaume ; n'a pas été retrouvé dans les îlots’ de l'étang de Vallière. P. minor L. — Bois du Heaume. * Linum tenuifolium L..— Coteaux prés de Santeuil, avec les quatre gapécesi . suivantes : Coronilla minima L. * Libanotis montana Al. * Fœniculum officinale AMI. Y Chlora perfoliata L. — Forme naine. * Anchusa italica Retz. — Abondant mais localisé, coteau de Drignaneourt, * Anagallis tenella l.. et * Pinguicula-vulgaris L. = Tourbiére de Brignan- court. Vaccinium Myrlillus L. — Bois du Heaume. Phyteuma orbiculare L..— Coteaux de Santeuil.. Dipsacus pilosus L. — Noisement. s Cirsium hybridum. Koclr. — Tourbière de Brig t; Noi Antennaria dioica Gærtn. — Bois du. Heaume. * Rumex pulcher. L. — Près de la gare de Ws... — scutatus L. — Murs de Bellay (Bouteille). * Thesium humifusum DC. — Coteaux de Santeuil. ‘ * Loroglossum hircinum Rich., * Ophrys muscifera Huds. et * Ó. E: y Huds. — Bois entre Marines et Chars. ` * Ophrys aranifera Huds. var. atrata et subfucifera; * Ô. arbres Hoffm.: '— Coteaux de Santeuil. T * Limodorum abortivum Sw. — Coteaux prés de Brignancourt.. 7.0505 * Epipactis atrorubens Schult. — Coteaux prés de Santeuil. f * E. palustris Crantz, — Tourbiére de. Drignancourt. Lipari is Læselii Rich. et * Carex Mairii C. etG. — Tourbière de Driguancourt. Potamogeton plantagineus Ducros, — Noi t et Brig t. Carex paradoxa Willd. — Étang de Vallière. t ri - pilulifera var. Bastardiana. — Le Heaume. * Schænus nigricans L. — Marais de Brignancourt. Scolopendrium officinale Sm. — Étang de Valliére. 18 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. M. de Seynes fait à la Société la communication suivante : UNE NOUVELLE ESPÈCE DE MYCENASTRUM, par M. J. de SEYNES. Le genre de Gastéromycètes nommé par Desvaux Mycenastrum est peu connu ; il compte un petit nombre d’espèces presque toutes exotiques. J'en ai présenté une révision sommaire (1) à la Société, à propos d’un échantillon qui lui avait été adressé des environs de Rouen ; c’est d’une nouvelle espèce de ce genre que je désire l'entretenir aujourd'hui, On a considéré jusqu'ici comme un des traits les plus caractéristiques des Mycenastrum la présence dans la gleba d'un capillitium uniloculaire, dont les filaments ramifiés présentent à leur surface de courts appen- dices spinescents qui lui donnent une vague ressemblance avec le capil- litium de certains Myxomycétes. Cependant, en 1846, Léveillé avait signalé, sous le nom de M. fragile, une espéce originaire dé Montevideo, dont le capillitium est lisse ainsi que les spores. Dans ce cas, les filaments prennent une grande analogie avec ceux du capillitium des Geaster ; aussi, dans sa description, il insiste beaucoup sur les caractères du péri- dium qui séparent trés nettement les Mycenastrum des Geaster (Descr. des Champ. Voy. de la Bonite, p. 32). L'espéce que j'ai à décrire appartient aussi au groupe des Mycenastrum à capillitium dépourvu de pointes; elle m'a été envoyée de Guanajuato (Mexique) par M. le pro- fesseur Dugés, en souvenir duquel je l'appelle M. Dugesii. Le péridium, de consistance subéreuse, est mince et n'a, en moyenne, qu'un millimètre d'épaisseur à l'état de maturité complète et aprés la déhiscence. Le diamètre moyen peut être évalué à 7 ou 8 centimètres. La base atténuée indique qu'avant la déhiscence il était piriforme; il s’est largement ouvert en six lobes inégaux, qui sont eux-mêmes fendus et . recourbés en dehors, de manière à montrer à l'extérieur leur face interne. La couleur à l'extérieur est d’un brun foncé; on y distingue de minces squames éloilées, foncées, circonscrites par des aréoles plus claires, d'une couleur fauve jaunâtre analogue à celle de la face interne: c'est une disposition inverse de celle qu’on observe chez le M. Corium Desv.5 dans cette espéce, la face interne du péridium est plus foncée que l'ex- terne, et les écailles de cette derniére sont plus claires que le fond sur lequel elles se détachent. Le capillitium du M. Dugesii, issu de la face interne du péridium, est d'un brun jaunâtre vu en masse; les filaments qui le composent sont longs, ramifiés, lisses et d'un diamètre égal dans toute leur longueur. Les spores sont plus petites que dans toutes les espèces (1) Voy. Bull. Soc: bot. t. XVI, p: 29. DE SEYNES. — UN NOUVEAU MYCENASTRUM. 19 connues et d'un brun jaune pâle par transparence; elles ne présentent pas d'aspérité, mais le hile est muni d'un appendice transparent et court qui leur forme pédicelle; c'est une portion du stérigmate qui les ratta- chait au baside. Le M. leiospermum Mont. a aussi des spores lisses et légèrement pédicellées, mais le capillitium est spinescent; il ne peut donc y avoir de confusion avec notre espèce. On sait que chez les Bovista la spore est aussi pédicellée; c’est un des caractéres qui ont permis de séparer ce genre des Lycoperdon. On ne sau- rait du reste lui accorder toujours la méme importance. Chez les Cham- pignons dont les spores ou conidies naissent sur des sporophores plus ou moins spécialisés, mais à production successive, ces spores peuvent étre, dans une méme espéce, appendiculées ou non appendiculées. Les conidi produites par la culture d'un Aspergillus présentent parfois un petit ap- pendice hyalin à leur extrémité, tandis que d'ordinaire elles n'en ont pas; on pourrait citer beaucoup d'exemples semblables. Chez les Champignons munis de basides, le point où s'opére la désagrégation cellulosique qui amènera la rupture du stérigmate est fixe, soit qu'il se produise immé- diatement au point d'émergence de la spore, soit qu'ilse produise sur la longueur du stérigmate, dont la spore entraîne dans sa chute un à Bagrièns plus ou moins long. On voit, d’après ce qui précède, que les espèces connues du genre Mycenastrum présentent une sorte de dégradation des caractéres de la gleba à partir du type de M. Corium Desv., à capillitium spinescent et à spores échinulées, passant par le M. leiospermum Mont., à capillitium spinescent et à spores lisses mais pédicellées, pour arriver au M. Dugesii, à capillitium lisse et à spores lisses aussi et pédicellées, et enfin au M. fragile Lév., à eapillitium et à spores complètement glabres et dé- pourvues de tout appendice. Dans sa description du M. fragile, Léveillé se basait sur l'absence de pédicelle des spores pour en faire un caractère distinctif entre les Mycenastrum et les Bovista. Ce caractère différen- tiel n'existe pas, on le voit, pour deux espèces de Mycenastrum, mais . ceux que l'on peut tirer de la structure du péridium sont assez sensibles pour que la confusion entre ces deux espèces et des espèces de Bovista . ne soit pas possible. ; La localité mexicaine de notre nouvelle espéce augmente le nombre des représentants américains du genre Mycenastrum, répartis dans les régions chaudes : l'Uruguay, la province de Corrientes, le Chili. L'espèce européenne est cantonnée dans un espace trés limité. Léveillé a rattaché . aux Mycenastrum le Lycoperdon uteriforme Bull., qu'il a rencontré au bois de Boulogne, mais ce rapprochement est contestable ; il était méme trés douteux aux yeux de son auteur, Le volume, la consistance du péri- - dium des Mycenastrum lui assurent une longue durée; ce Champignon 80 . SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. devrait donc, moins qu'un autre, échapper aux recherches des botanistes. Jusqu'ici il n'y a de bien établi, depuis 1842, que la station du Mycenas- trum Corium Desv. aux environs de Rouen, station confirmée de nouveau en 1868. Il semble en être de méme de ce Mycenastrum, qui se retrouve à la fois dans la région occidentale de la France et dans des localités orientales de l'Amérique, comme des genres africains, Gyrophragmium et Montagnites, dont l'aire est limitée, pour l'Europe, aux côtes médi- terranéennes de la France. M. Mangin, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : L'EXODERME, par M. P. VUILLEMIN. La notion de l'exoderme, telle que nous l'avons énoncée dans un mémoire antérieur (1), se rapporte à une région anatomique secondaire, que l'on peut opposer, au méme litre que l’endoderme de M. Van Tieghem, à la masse principale de l'écorce. Le mot exoderme n'a pas une acception physiologique; il n'implique ni une structure constante, ni méme le róle protecteur dont le mot hypoderme éveille l'idée. Cette dis- tinction n'a pas toujours été saisie. Ainsi, dans une analyse, fort exacte d’ailleurs et fort soignée, de notre travail sur la tige des Composées, M. Carl Müller s'exprime en ces termes : « ... Zerfállt die Rinde in drei » Zonen, welche als Exoderm (identisch mit Hypoderm der Autoren) » ... unterschieden werden (2). » C'est ce qui nous engage à revenir.sur. celte question et à définir l'exoderme d'une facon plus précise. L'exoderme a pour nous une signification tout à fait analogue à celle de l'endoderme envisagé comme région anatomique : « L'exoderme n’a. qu'un seul caractère absolu, c'est d’être l'assise la plus externe de l'écorce. A cette propriété anatomique ne correspond, pas plus que pour l'endo- derme, une structure ni un rôle constants » (l. c. p. 54). ; L'endoderme.est une assise protectrice lorsqu'il interpose une lame subérisée entre l'écorce et le cylindre central, un organe de soutien. quand de nombreuses strates lignifiées épaississent ses membranes; tout autre est sa fonction, lorsque la subérisation se localise à ses faces radiales et transverses sous forme de cadres plissés dont l'ensemble enveloppe le. cylindre central comme dans un réseau. Dans ce dernier cas, il isole seulement les méats intercellulames des deux régions sans abolir les. 11) P. Vuillemin, De la valeur des caractères anatomiques au point de vue de la clas- sification des végétaux. — Tige des Composées. Paris, 1884. pe Botanische Zeitung, 1885, col. 394. ) VUILLEMIN. — L'EXODERME. 81 échanges osmotiques de leurs cellules. Si cette dernière structure est spé- ciale à l'endoderme, elle n'y est pas constante, et la notion anatomique de cette région n'est point obscurcie quand l'endoderme est caractérisé uni- quement, soit-par son contenu amylacé, soit par un protoplasma particu- liérement dense, soit simplement par une di ion ou des contours différents de ceux des couches voisines et par la discordance primitive de ses cloisons avec celles du cylindre central. De méme l'exoderme, zone corticale externe, sans avoir une fonction ni un aspect invariables, se distingue, par suite méme de son origine, des assises plus profondes et se trouve prédestiné à devenir le siège exclusif de cerlaines formations qui l'adaptent à divers buts. Comme pour l'endo- derme, on trouvera toutes les transitions entre le cas où celte couche est nettement différenciée et celui où elle n'est plus en quelque sorte que virtuelle. L'exoderme se retrouve dans les trois membres des plantes vasculaires, et sa structure est toujours en rapport avec sa situation au-dessous de l'épiderme ou de l'assise qui en tient lieu. On objectera que l'assise ou la couche externe des racines n'est pas l'homologue de l'épiderme de la tige feuillée. A cela nous répondrons que la différenciation si précoce de V'assise pilifére, en vue des relations de la racine avec le milieu extérieur, son mode d'évolution, son importance au point de vue de l'anatomie géné- rale du membre, et ses rapports avec les tissus profonds, permettent de la mettre en paralléle avec le dermatogéne de la tige et de la feuille. L'ana- logie est même assez frappante pour que, dans le langage courant, on donne souvent à cette couche le nom d'épiderme. L'assise suivante devient alors exoderme, tout comme c'est la deuxiéme assise corticale à partir du cylindre central qui devient endoderme (muni de plissements caracté- ristiques) quand, chez les Équisétacées, la plus interne supplée le péri- cycle absent dans ses fonctions rhizogènes, ou quand, chez le Senecio cordatus, elle se transforme dé bonne heure, à certains niveaux, en tissu sécréteur. A l'exoderme ainsi compris se rattachent divers types d'organisation + trop saisissanls pour n'avoir pas attiré l'attention des anatomistes, mais décrits isolément et sous des noms variés. L'exoderme, comme les autres régions anatomiques et surtout l'endo- derme, présente une plus grande constance dans la racine que dans la lige, en raison des connexions plus simples et plus fixes du membre à l'égard du reste de la plante et du milieu extérieur. Il a été étudié par M. Chatin dans l'assise sous-jacente au voile des Orchidées, sous le nom 7 d'assise épidermoidale, et cette dénomination a été généralisée par - MM. Gérard, Olivier, etċ., pour désigner l'assise protectrice située habi- tuellement dans la racine, sous l'assise pilifère ou le voile qui en dérive. T. XXXIIL (SÉANCES) 6 82 SÉANCE DU 22 JANVIER 1886. La désinence « vide » indique toujours une appellation provisoire, tirée d'une analogie plus ou moins plausible, pouvant d'ailleurs se retrouver dans des tissus d'origines bien différentes. L'endoderme externe des auteurs allemands est synonyme d'assise épidermoidale,et ce terme donne lieu aux mémes observations. L’assise sous-épidermique ou couche fibreuse de la tige ou de la feuille, décrite avec tant de soin par M. Leclerc du Sablon comme agent de la déhiscence longitudinale des anthères ou des sporogones d'Hépa- tiques, est une formation exodermique aussi nettement localisée et aussi spéciale que les ponctualions caspariennes de l'endoderme (1). Chez les Riccia, l'absence d'exoderme caractérise un sporogone indéhiscent. Lorsque les cellules épidermiques déterminent la déhiscence, à défaut d'exoderme, elles ont une autre structure (fer à cheval des anneaux de Fougères, spirales des Equisetum) et un mode d'action différent. Dans les organes oü l'exoderme est l'agent de la déhi , Ses OT t s'étendent par continuité et d'une façon incomplète à l'é épiderme. Dans les: anthéres à déhiscence poricide, les or ts peuvent quer totale- ment à l'exoderme, comme M. Chatin (2) l'a montré depuis longtemps pour les Éricacées et les Mélastomacées. Quand ils apparaissent dans ce cas, ils revétent un aspect spécial : ainsi les épaississements forment des spirales perpendiculaires à l'orifice chez diverses Aroidées et s'étendent de l'exoderme à tout le pourtour des loges. Cette structure particulière de l'exoderme est due à sa situation et à ses rapports avec l'épiderme, comme celle de l'endoderme est déterminée par ses connexions avec le cylindre central. Nous en trouvons une preuve dans la constitution de cette sorte de trappe qui s'étend à l'entrée de l'aseidie des Utriculaires. Cette trappe se compose de deux épidérmes accolés, comme le prouve l'étude du développement: l'épiderme dorsal, qui tapisse extérieurement l'ascidie, est couvert de poiis glanduleux et conserve ses caractères sur la trappe elle-même; ses cellules prennent seulement des contours en zigzag et ses glandes changent de forme. L'épiderme ventral est hérissé de poils mécaniques en tenailles sur les parois de la cavité, mais la doublure qu'il constitue à la trappe a ses parois ornées de bandes ligneuses recourbées et faisant l'office de ressorts élastiques. C'est un curieux exemple d'une assise d’origine épidermique qui revêt les caractères histologiques et physiologiques de l'exoderme, (1) On sait que les sporog des Muscinées sont homol du corps des plantes supérieures. M. Kienitz-Gerloff a établi cette donnée sur poene l'anatomie comparée m'a conduit à des résultats concordants, tout en précisant certains points que la méthode embryologique n'avait pu élucider. Mes recherches ont été com= muniquées à la Société des sciences de Nancy et paraitront dans le Bulletin de cette Société. (2) Comptes rendus, 22 janvier 1866. VUILLEMIN. — L'EXODERME. 83 parce que son évolution lui assure les connexions habituelles de cette membrane. Le rôle protecteur, si général dans l'exoderme de la racine, n'est pas étranger à celui de la tige; mais, au lieu de se manifester habituellement par l'épaississement des membranes, il entraine plutót, dans la tige, la production du liège. Néanmoins M. Olivier observe que, dans la racine aussi, « c'est fréquemment la membrane épidermoidale qui se divise pour engendrer le suber » (1). Cette propriété est assez générale chez les tiges pour que notre zone ait été appelée couche subéreuse. Nous ne parlons pas du collenchyme hypodermique, qui est rarement limité à l'exoderme. En dehors de ces rôles spéciaux qui ont provoqué des descriptions isolées de l'exoderme et la création de divers noms en rapport avec cha- cun d'eux, cette zone se distingue parfois par la localisation du système sécréteur. Sans parler des glandes isolées comme celles de la Fraxinelle, l'exoderme de la racine de la Valériane est composé de cellules oléiféres alternant avec quelques cellules plus petites et gorgées de protoplasma, analogues à celles qui persistent entre les cellules épaissies de l'assise sous-jacente au voile des Orchidées (2). L'exoderme est aussi oléifère dans les racines d'Acorus Calamus et gramineus (3) ; il se distingue par ses beaux prismes d'oxalate de chaux dans la tige du Cacalia repens, eic. Parfois il est le siège exclusif de l'amidon, ou bien les grains qu'il ren- ferme sont plus volumineux que ceux du parenchyme profond, comme je l'ai observé jusque sur le sporogone de certaines Mousses (Phascum cus- pidatum). D'une facon plus générale, l'exoderme se distingue de la masse corticale par ses cellules dissemblables et fréquemment par son adhé- rence à l'épiderme, telle qu'il ne présente pas de méats du cóté externe, tandis qu'il en possède sur sa face corticale ; souvent ce dernier caractère est aussi le seul qui permette de distinguer à premiére vue l'endoderme. La notion anatomique de l'exoderme s'applique donc à la zone décrite, d’après ses caractères physiologiques, sous les noms d'assise épidermoï- dale, endoderme externe, couche sous-épidermique, couche fibreuse, couche subéreuse, etc. Aucun de ces termes n’a une acception assez générale pour répondre à ce sens anatomique, à part peut-être le terme sous-épidermique ; toutefois, bien que le trait d'union atténue le choc de ces deux particules contradictoires et empruntées à deux langues diffé- - : (4) b. Olivier, Recherches sur l'appareil tégumentaire des racines (Ann. sc. mat. Bor. 6° série, 1881, t. XI, p. 71). Zeit. D E. Zacharias, Ueber Secrel-Behülter mit verkorkten Membranen {Balg 879 d) "Ph. Van oheen Recherches sur la ua des Aroidċes (Ann: se. Mis Bor. 5° série, 1865, t. 84 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. rentes, nous croyons que l'expression sous-épidermique échapperait diffi- cilement à cette appréciation de M. Gübel : « Das Ausdruck subepider- » moidal dürfte, da er ebenso unschón und unrichtig ist, wohl besser » vermieden werden » (1). Hypoderme a un sens trop nettement défini au point de vue physiologique et trop différent de celui que nous attribuons à exoderme pour lui étre substitué. L'introduction dans l'anatomie végé- tale de ce terme emprunté à une autre science nous a donc paru légi- time. Nous sommes heureux d'enregistrer la précieuse approbation de M. de Janczewski, qui vient de publier une étude des plus approfondies sur « l'endoderine externe » (2) des Orchidées, et dont la compétence ne saurait être contestée en pareille matière. « Si je l'avais connu avant de » rédiger mon mémoire sur la racine des Orchidées », a bien voulu nous dire l'éminent professeur, « j'aurais certainement employé le mot exo- » derme pour désigner la couche protectrice extérieure (3). » En résumé, l'exoderme a pour nous une signification anatomique de méme ordre que l'endoderme, et nous ne le considérons comme identique à lhypoderme ni par ses limites, ni par sa structure. S'il n'a pas une organisation ni un ròle fixes, il est, aussi bien que l'endoderme, le siège de formations spéciales. On peut dire de sa présence, comme des carac- léres anatomiques en général, qu'elle est moins apparente et plus con- stante que les caractères physiologiques et histologiques. SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. PRÉSIDENCE DE M. CHATIN. M. Mangin, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 26 janvier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite des présentations faites dans là der- niére séance, proclame membres de la Société : ( 1) Gübel, Beiträge zur vergleich. Entiickélengujéiehinhds der Sporangien (Bot. Zeit 188 0). (3) Ed. de Janczewski, Organisation dorsiventrale dans les racines des Orchidées (Comptes rendus de l'Acad. des sciences de Cr acovie, vol. XII, 1884, et Ann. sc. nat. Bor. 7° série, 1885, t. ID). (e ion personen SÉANCE DU 19 FÉVRIER 1886. 85 MM. Renar (Henri), pharmacien de première classe, rue du Craquelin, à Arnay-le-Duc (Côte-d'Or), présenté par MM. Genty et Malinvaud. GnicNoN (Eugène), pharmacien, rue Duphot, à Paris, pré- senté par MM. R. Gérard et Portes. M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations, ainsi que l'admission comme membre à vie de M. Sahut, de Mont- pellier. M. le Secrétaire général donne lecture de lettres de MM. Sahut et Robert, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : Barla, Champignons nouvellement observés dans le département des Alpes-Maritimes. Gandoger, Flora Europe, t. VII. Guinier, Observations sur l'accroissement des corps ligneux et la théorie de la sève descendante. Hérail, Recherches sur l'anatomie comparée des tiges des Dicoty- lédones. Lachmann, Stolons des Nephrolepis. V. Payot, Florule bryologique du Mont-Blanc. De Saporta, Paléontologie francaise : Végétaux du terrain juras- sique, livr. 34. F. Sarrazin, Deux anomalies chez les Agaricinées. Ed. Morren, La sensibilité et la motilité des végétaux. J. Ball, Contribution to the Flora of the Peruvian Andes. H. Hoffmann, Phenoligisches Studien. Fr. Ardissone, Phycologia mediterranea. Floridee. — La Vegetazione terrestre considerata nei suoi rapporti col clima. P. Baccarini, Contribuzione allo studio dei colori nei vegetali. — — et C. Avetta, Contribuzione allo studio della micologia romana. Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, 1883-85. Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, 1884. Botanisk Tidsskrift, t. XV, livr. 1-3. M. Éd. Bornet, archiviste de la Société, a demandé à M. John | Murray, attaché comme botaniste à l'expédition du Challenger, e&.— — — en a gracieusement obtenu pour la bibliothèque de la Société le 86 . SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. premier volume, récemment paru, de l'importante publication qui a pour titre : Report of the scientific Results of the Voyage of H. M. S. CHALLENGER during the years 1873-76... BOTANY. M. Cosson, en déposant sur le bureau les feuilles 1 à 4 du Cata- logue raisonné de la flore de la Tunisie, et les feuilles 9 à 14 du Compendium Flore Atlanticæ, donne un aperçu des matières con- tenues dans ces deux parties. M. Roze fait hommage à la Société du 2" fascicule de l'Atlas des Champignons comestibles el vénéneuz, qu'il publie en collabora- tion avec M. le D* Richon. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR UN BÉGONIA QUI PRODUIT DES INFLORESCENCES ÉPIPHYLLES, par M. P. DUCHARTRE. La culture nous ménage parfois de singuliéres surprises; soumises à ses procédés variés, les plantes altérent parfois profondément leur ma- nière d’être naturelle et deviennent, dans certains cas, le siège de déve- loppements plus ou moins étranges. L'un des plus curieux entre ceux qui ont été observés me parait être celui que présente un Bégonia obtenu récemment par M. Bruant, horticulteur à Poitiers, dans un semis de graines qu'il avait eues à la suite d'une fécondation croisée entre une variété horticole, son Begonia Bruanti (mère) et le B. Roezli (père). Cette plante, qui a recu de M. Bruantle nom commercial de B. Ame- lie, offre cette particularité curieuse que, outre ses inflorescences’ axillaires, elle en développe un certain nombre qui surgissent à la base du limbe de certaines feuilles, au point même d'où partent en rayon- nant toutes les nervures, au nombre de 9 à 43, qui parcourent ce limbe. Sur le pied qui lui est venu de semis, M. Bruant a compté onze de ces feuilles floriféres. Généralement les feuilles qui portent une inflores- cence n'en ont pas à leur aisselle, et réciproquement ; mais cette règle n'est pas sans exceptions, car, bien que je n'aie eu sous les yeux qu'un nombre peu considérable de fragments de tiges fleuries, j'ai vu sur l'une de celles-ci une feuille qui avait à la fois une inflorescence à son aisselle et une autre sur son linibe. Une autre particularité digne de remarque, c'est que l'aptitude du B. Amelie à développer des inflorescences épiphylles outre ses inflores- cences axillaires, s'est conservée sur les pieds venus du bouturage de la plante de semis; or le mérite ornemental de cette plante devant sans le moindre doute déterminer l'habile horticulteur qui l'a obtenue à la mul- P. DUCHARTRE. -— SUR UN BÉGONIA A INFLORESC. ÉPIPHYLLES. $87 tiplier ainsi de boutures le plus possible, il ne sera pas sans intérét de voir si cette aptitude caractéristique se maintiendra sans altération ou se modifiera par la suite en plus ou en moins. Quoi qu'il en soit à cet égard, et dans l'état actuel des choses, il m'a semblé intéressant d'examiner comment se produit cette épiphyllie florale, et de voir si elle est analogue à celles qui ont été signalées jusqu'à ce jour dans un certain nombre d'autres plantes. Sans vouloir entrer ici à cet égard dans des détails cir- constanciés qui trouveront leur place ailleurs, j'espére que la Société voudra bien me permettre de résumer devant elle les résultats de l'exa- men auquel je me suis livré. Et d'abord les inflorescences qui ont été jusqu'à ce jour signalées comme épiphylles le sont-elles toutes réellement, et par conséquent ont- elles pris naissance soit au point du limbe foliaire, soit à l'extrémité du pétiole d’où on les voit s'élever? La réponse à cette question ne peut étre que négative, au moins pour la grande majorité de celles qu'on a décrites. L'une de celles dont il a été le plus souvent question est celle de l'Hel- wingia rusciftora Willd. (Osyris japonica Thunb.), qui s'élève de la côte médiane, à la face supérieure des feuilles, au tiers environ de la longueur du limbe ; mais déjà Decaisne avait reconnu (1) et, plus récemment, Payer a pleinement confirmé (2) par ses études organogéniques, que, dans cette espèce, le pédoncule naît à l'aisselle de la feuille, puis se confond avec le pétiole et la partie inférieure de la côte jusqu'au point où, devenant libre, il semble prendre naissance. Les choses se passent de même pour le Dulongia acuminata H.B.K. (Phyllonoma Benth. et Hook., Gen. pl. L, p. 648), pour les Tilleuls et les Bougainvillea, où la confluence du pédoncule se fait avec une bractée, pour le Chailletia pedunculata DC. et les Stephanopodium Poepp., chez lesquels la fusion n'a lieu que usqu'à l'extrémité du pétiole. ll en est encore de méme, avec la seule différence que le pédoncule se soude avec la face inférieure d'une feuille, chez l'Erythrochiton Hypo- phyllanthus J. E. Planch. et chez les Ruscus; seulement, chez ces der- niers, M. Van Tieghem a parfaitement établi (3) que, si le pédoncule se dégage presque toujours à la face morphologiquement inférieure de la feuille chez le Ruscus aculeatus L., il peut aussi traverser le limbe pour sortir à la face supérieure, surtout chez le R. Hypoglossum, assez ordinai- rement chez le R. Hypophyllum, ou même qu'il peut se comporter à la fois de ces deux manières, de telle sorte que la même feuille porte une inflorescence à chacune de ses faces. à : (1) des. i2. sc. natur. BOT. 2 e ed. ES 67. eme comp. » pP- 3 (8) Bul. Soc hot. de Fr. t XXXI (IB pp. BIEN 000 88 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. Dans ces divers cas, il est clair qu'il existe seulement l'apparence et non la réalité de l'épiphyliie florale. Mais les choses sont tout autres pour le Bégonia dont il s'agit ici, car chez lui l’épiphyllie est bien réelle, le pédoneule naissant du point basilaire du limbe, sur lequel on le voit s'élever, sans que rien le représente au-dessous de ce point, dans toute la longueur du pétiole de la fleur florifère. C'est ce qu'on reconnait en exa- minant cette feuille tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. A l'extérieur, le pétiole d'une feuille florifère ressemble absolument à celui d'une feuille non florifère : il a les mêmes dimensions que ce der- nier; il est comme lui arrondi en dessous et aplati en dessus, où il est creusé d'un sillon longitudinal. D'un autre cóté, le pédoncule de l'inflo- Tescence épiphylle fait avec le pétiole, de méme qu'avec le limbe, un angle trés ouvert qui semble indiquer aussi que ce pédoncule a pris nais- sance au point méme d'oi il s'éléve. A l'intérieur, celte premiére indication se trouve nettement confirmée. Le pétiole d'une feuille normale ou non florifére renferme un assez grand nombre de faisceaux plus ou moins inégaux en grosseur et rangés sur un cercle déprimé d'un cóté. Ce cercle entoure une moelle volumi- neuse; il est à son tour entouré par une zone continue de parenchyme cortical, et de larges communications parenchymateuses interfasciculaires relient ce parenehyme à la moelle. Cette structure se retrouve sans la moindre modification dans le pétiole d'une feuille florifère ; les faisceaux n'y sont ni plus nombreux, ni plus volumineux, et ceux qui en suivent le - côté supérieur ne l'emportent ni en nombre ni en développement sur ceux qui en occupent le côté inférieur. Il n'y a done dans le pétiole d'une feuille florifere rien de plus que dans celui d'une feuille normale, et par consé- quent pas de pédoncule confluent avec lui. Dés lors les choses sont tout autres pour lui que dans les feuilles floriféres de l'Helwingia et de ses analogues en organisation; par conséquent aussi l'inflorescence que por- tent ces feuilles n'est pas une production axillaire confluente avec la feuille jusqu'au point où elle se dégage et devient libre, mais elle consti- tue une formation rigoureusement épiphylle, qui a pris naissance sur la base du limbe, à la place d’où on la voit s'élever. Ce point établi, il importait de reconnaitre comment l'inflorescence épiphylle du Begonia Ameliæ se relie à la charpente fibro-vasculaire de la feuille qui la porte. Voici ce que m'ont montré à cet égard les échan- tillons peu nombreux que j'ai eus à ma disposition. Dans une feuille normale de cette plante, les nervures du limbe par- tent en rayonnant de l'extrémité du pétiole et s'étalent plus ou moins perpendiculairement à la direction de celui-ci; par suite, le limbe s'at- tache tout autour de cette extrémité, sauf sur la faible largeur où aboulit le sillon pétiolaire. Dans le passage du pétiole au limbe, ce sillon se P. DUCHARTRE. — SUR UN BÉGONIA A INFLORESC. ÉPIPHYLLES. 89 creuse fortement et s'élargit; il en résulte que le cercle des faisceaux s'interrompt et s'ouvre à ce niveau, ne formant plus dés lors qu'un are ouvert en dessus, Là aussi ces faisceaux se coudent en formant quelques anastomoses et passent dans les nervures. Les différences que présentent les feuilles floriféres s'observent tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. A l'extérieur, le sillon du pétiole ne se pro- longe pas jusqu'à l'extrémité de celui-ci, qui prend là un contour d'abord circulaire, puis aplati à son côté supérieur, dans le milieu duquel se forme bientót une saillie arrondie; cette saillie est produite par le pédoncule; qui, à ce niveau, commence à étre distinct. A l'intérieur, les faisceaux se comportent de deux manières différentes, selon qu'ils se trouvent dans la moitié inférieure ou dans la moilié supérieure de la section. Ceux de la moitié inférieure s'inclinent ét se coudent pour se rendre dans les ner- vures qui occupent la portion moyenne du limbe, et en même temps ils se réunissent généralement deux par deux. Quant à ceux de la moitié supé- rieure, certains d'entre eux suivent une marche analogue à celle des pré- cédents et se portent dans les nervures soit latérales, soit basilaires du limbe; les autres, qui alternent plus ou moins réguliérement avec les prê- miers, se redressent en se portant de plus én plus sensiblement vers l'intérieur de la section. Ils ne tardent pas à se ranger ainsi sur deux ares latéraux. Puis ces deux arcs, multipliant leurs faisceaux par division, s'étendent et allongent leurs extrémités qui, un peu plus haut, se rejoi- gnent, d'abord d'un cóté, ensuite de l'autre. Ainsi se trouve constitué, dans le pédoncule, bien distinct à ce niveau, le cercle fibro-vasculaire de faisceaux longitudinaux qu'on y observe dés lors sur toutes les sections transversales. Une particularité par laquelle l'axe florifére ainsi formé se distingue du pétiole, c'est que les faisceaux qui le parcourent, et que les coupes transversales montrent largement distants les uns des autres, sont comme reliés circulairement par une zone mince, composée de deux ou trois assises de fibres élroites et à parois épaisses, qui s'étend méme en travers de ces faisceaux et en sépare la moitié interne ou ligneuse de l'externe ou libérienne, que coiffe extérieurement un arc épais de fibres. Au total, il me semble évident que chaque inflorescence épiphylle du Begonia Amelie a pris naissance au point méme d’où on la voit s’élever, c’est-à-dire à la base du limbe et au centre du rayonnement des nervures. Il a dà se former là un foyer d'activité qui, alimenté par certains fais- ceaux pétiolaires dérivés de leur direction normale, a produit le pédon- cule et l'inflorescence proprement dite. Il est fort probable que les chi se passent dans ce cas comme les observations de M. Hielscher nous appris qu'elles ont lieu chez le Streptocarpus polyanthus, dans lequel au point où va se produire un rameau florifère, sur la côte de la jrande, feuille séminale qui a persisté, il se forme d'abord un man lon cellulaire 90 7 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. superficiel qui bientôt s'organise intérieurement, se relie au système fibro-vaseulaire de la côte, et dès lors ne tarde pas à se développer en un rameau à fleurs. Pour savoir s’il en est réellement ainsj chez le Begonia dont il s’agit dans cette note, il faudrait suivre la formation de ses inflo- rescences épiphylles dès leur origine, et c’est ce qui ne pourra probable- ment être réalisé que lorsque l'obtenteur de cette curieuse plante laura multipliée beaucoup plus qu'il n'a pu le faire jusqu'à ce jour. En résumé, le Begonia obtenu par M. Bruant est remarquable par les trois particularités suivantes : 1* il développe des inflorescences épiphylles en assez grand nombre en méme temps que des inflorescences axillaires; 9» les inflorescences qui partent de la base du limbe de certaines de ses feuilles ont pris naissance en ce point et n'ont aucun rapport avec l'ais- selle de ces feuilles; 3° son anomalie, bien que n'étant pas générale, et n'affectant dès lors que certaines feuilles, se reproduit néanmoins dans ` les mémes conditions sur les pieds qu'on obtient au moyen de boutures. M. Chatin fait remarquer que les inflorescences dont M. Du- chartre vient d'entretenir la Société sortent précisément du méme point (sommet du pétiole à la naissance du limbe) que les bour- geons reproducteurs de la plante dans les boutures, d'une pratique générale, des Dégonias par leurs feuilles. Le développement de ces bourgeons a beaucoup de rapport avec le fait rapporté par M. Duchartre. M. Cornu dit qu'il connait un Chou cultivé, sur les feuilles duquel on voit se produire des émergences qui se développent par- fois en feuilles, ou méme en une sorte d'inflorescence, mais ces formations sont assez irrégulières. M. Duchartre fait observer qu'il est difficile d'attacher à un point précis, surtout unique, la faculté qu'ont les feuilles de divers Bégo- nias de s'enraciner et de donner ensuite naissance à une tige. On sait en effet que, chez le Begonia Rex entre autres, cette faculté semble résider dans toutes les parties des feuilles. Des horticulteurs ont, en vue de reconnaitre si cette tendance à reprendre par bou- tures de feuilles avait des limites, haché presque une feuille de cette plante, de maniére à en obtenir jusqu'à 500 fragments. Ceux-ci, traités convenablement, ont donné chacun un nouveau pied de Bégonia. : ; Quant aux faits cités par M. Max. Cornu, et qui sont relatifs à la production soit de simples émergences, soit de vraies pousses por- tant des feuilles el pouvant arriver å fleurir, ils se produisent SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. 91 chez diverses plantes et méme chez des Bégonias. Ainsi on connait, parmi ces derniers, comme émettant sur leurs feuilles des expan- sions foliacées, parfois assez nombreuses pour modifier l'aspect général des plantes, les Begonia strigillosa Dietr., nummulariæ- folia Putz., manicata Brong., surtout phyttomaniaca Mart., sur lequel on voit ces émergences passer parfois graduellement à l'état de vraies feuilles. D'un autre cóté, le B. gemmipara D. Hook. doit sa dénomination spécifique à ce que ses feuilles émettent des bour- geons qui, à la vérité, se rattachent aux stipules et non au pétiole, ni au limbe de la feuille proprement dite. En dehors du genre Begonia, diverses plantes peuvent produire des bourgeons adven- tifs épiphylles, soit à peu près habituellement, comme le Bryo- phyllum calycinum et diverses Fougères, soit dans des cas plus ou moins rares, comme on l'a observé sur le Cardamine pratensis, le Drosera intermedia, le Chelidonium majus, Y Episcia bicolor, etc. M. Duchartre a lui-méme décrit et figuré, en 1883, des feuilles des Tomates Cerise et Poire qui avaient produit de vrais rameaux, maisil ne pense pas qu'il y ait lieu d'assimiler ces diverses pro- ductions aux inflorescences qui se montrent dans des conditions identiques et en un point invariablement déterminé, parait-il, chez le Begonia Ameliæ de M. Bruant. M. Douliot présente les observations suivantes : J'ajouterai seulement quelques mots à ce que vient de dire M. P. Duchartre, ayant eu en méme temps que lui l'occasion d'étudier la struc- ture du Begonia Amelie dans la région anomale. On sait que le limbe d'une feuille de Bégonia ordinaire présente dans chaque nervure deux faisceaux libéro-ligneux, de telle sorte qu'une série de faisceaux occupe la région supérieure du limbe, et une deuxième série la région inférieure; de plus, le pétiole est pourvu d'un cercle complet de faisceaux libéro- ligneux, plus petits du côté de la tige que du côté externe. Il y a conti- nuité entre les faisceaux du pétiole et ceux du limbe, les faisceaux supé- rieurs du limbe étant le prolong t des fai x internes du pétiole, et les faisceaux inférieurs étant sur le prolongement des faisceaux ex- ternes du pétiole. — De plus, les faisceaux du pétiole s'anastomosent entre eux à la partie supérieure, ce qui assure la solidité de l'insertion : limbe, — C'est ainsi que les choses se passent dans une feuille ordinaire. - — Mais elles se compliquent dans une feuille anomale qui porte un pé- doncule floral. i r eUre Pa TT 92 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. Ce dernier présente un cercle complet de faisceaux libéro-ligneux. Avec quels faisceaux s'anastomosent ceux du pédoncule floral, c'est ce que je me suis proposé de rechercher. Le premier fait que j'aie pu con- stater avec certitude, c'est qu'aucune anastomose ne s'établit entre le pédoncule floral et les faisceaux supérieurs du limbe. Ceux-ci forment dans leur anastomose une arcade ogivale d’où partent les faisceaux des nervures. — Une coupe tangentielle du limbe à la base du pédoncule floral montre cette ogive qui rappelle tantôt un as de pique, tantôt un as de tréfle (car elle varie avec les échantillons), entourant un cercle de faisceaux libéro-ligneux d'un petit diamètre. Ceux-ci sont les faisceaux du pédoncule floral. Il n'y a donc pas d'anastomoses des faisceaux du pédoncule floral avec les faisceaux supérieurs du limbe. Plus bas on peut voir les fai x du péd le floral s’enf dans le pétiole et venir s'anastomoser avec ceux de la région externe du pétiole, comme ceux de la région postérieure du limbe. M. Dufour fait à Ja Société la communication suivante : INFLUENCE DE LA LUMIERE SUR LA STRUCTURE DES FEUILLES, par M. Léon DUFOUR. J'ai montré dans une précédente communication que, chez un grand nombre de plantes, il y avait par unité de surface plus de stomates sur les feuilles des individus qui avaient poussé à l'ombre que sur celles des exemplaires qui s'étaient développés au soleil. Ce fait peut tenir simplement à ce que les cellules des feuilles à l'ombre acquérant une taille plus grande que celles des feuilles au soleil, les stomates, primitivement situés à des distances les uns des autres sen- siblement égales dans les deux cas, se trouvent ensuite, par le fait de la croissance, plus écartés dans le premier cas que dans le second. Si telle est la que unique du fait signalé, on comprend difficilement que le rapports S du nombre des stomates par unité de surface comptés respectivement au soleil et à l’ombre soit, quand les deux faces présen- tent des stomates, plus grand pour l'épiderme supérieur que pour l'épi- derme inférieur, et c’est cependant une circonstance sur laquelle j'ai insisté, Au contraire la chose est facile à ceniptwddre si l'effet de la lumière directe est de provoquer la naissance d'un plus grand nombre de sto- mates; il est naturel que cet effet soit plus marqué pour la face supérieure, qui est la plus éclairée. Il est cependant utile, pour mettre le fait plus nettement en évidence, DUFOUR. — INFL., DE LA LUMIÈRE SUR LA STRUCT. DES FEUILLES. 93 d'étudier les feuilles successives de deux individus qui se sont. dévelop- pés dans des conditions d'éclairement différentes, et de voir si le nombre absolu de stomates est plus grand chez une feuille adulte que chez une feuille encore assez jeune, et si ce nombre absolu présente des différences suivant que la feuille aura grandi à la lumiére directe ou à la lumiére diffuse. C'est ce que j'ai fait pour le Faba vulgaris. Et d'abord les feuilles successives ont présenté des différences de surface assez grandes. Voici en millimètres carrés les surfaces trouvées, la première feuille étant la plus àgée : Soleil. Ombre. 287 millim. 262 millim. 281 412 294 325 212 187 37 -56 12 Les trois premières ont des surfaces qui vont en croissant. Les autres n'ont pas encore acquis leur complet développement. A partir de la quatrième, les feuilles n'étaient pas encore étalées, les deux moitiés d'une méme foliole étaient repliées l'une contre l'autre. On peut donc dire que, dans les conditions de l'expérience, les feuilles ont été plus grandes au soleil qu'à l'ombre. J'ai retrouvé des différences dans le méme sens chez l'Helianthus letiflorus, VHarpalium rigidum, le Circea lutetiana. Dans un travail publié récemment (1), M. Pick énonce des conclusions identiques : « Les feuilles à l'ombre, dit-il, restent suivant toutes leurs dimensions plus petites que les feuilles au soleil. ». D'aprés M. Stahl (2), au contraire, au soleil les feuilles posséderaient une surface plus petite, et une épaisseur plus grande qu'à l'ombre. Ila comparé des feuilles qui croissaient en des endroits diversement éclairés. Dans ce cas on peut objecter qu'il existait entre les plantes comparées d'autres différences que des différences d'intensité lumineuse, par exemple des différences dans l'humidité du sol et de l'air, etc. Dans l'exemple que j'ai cité plus haut du Faba vulgaris, il est un fait utile à remarquer. Gelles des feuilles qui sont complètement étalées sont d'autant plus grandes qu'elles sont plus élevées sur la m" de , (1) Ueber den Einfluss der Lichtes auf die Gestalt und Orientirmg der Zaten, da gewebes (B. h s Centralblatt, t. XI, 1882 je S sa (2) Ueber den Einfluss des sonnigen und f. die. g der Laubblätter (Ienaische Zeitschrift für. Darren Ed EA 1882). 94 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. plus la différence de surface qui existe entre deux feuilles de même rang va en augmentant avec leur numéro d’ordre. Cette différence est : 25 millim. L'action de la lumière directe a donc été d'augmenter les différences à mesure que son action s'est fait sentir plus longtemps. Ex taille des cellules épidermiques ordinaires présentait aussi ds dif- férences notables. J'ai évalué le nombre de ces cellules par millimètre carré. Pour l'épiderme supérieur j'ai trouvé les nombres suivants : Soleil. Ombre. TNR SUME T s 708 1051 Lo RS EN DEEE 829 1280 ge PARI du 1150 1383 Auro E ers iaa ed 1202 1617 LR PE 1517 3906 Dans un millimétre carré, la feuille qui est au soleil présente moins de cellules que la feuille qui est à l'ombre; c'est-à-dire, les cellules sont au soleil plus grandes qu’à l'ombre. Ce résultat montre bien que le résultat signalé dans ma précédente communication n'est pas dû à ce qu'à l'ombre les cellules épidermiques acquièrent une surface plus grande qu'au soleil. L'épiderme inférieur m'a fourni un résultat analogue. Enfin, pour résoudre la question que je me suis posée au début de celte étude, j'ai évalué approximativement le nombre de stomates que présentaient les feuilles successives. L'épiderme supérieur m'a fourni les chiffres suivants : Soleil. Ombre, 42300 38300 50400 45800 84100 66100 74100 64000 51400 17600 ` Il nous apprennent que pour les feuilles en voie de développement, les plus jeunes, plus petites, possédent un nombre moindre de stomates. Par conséquent, quand elles grandissent, elles en acquiérent de nouveaux, et les choses se passent de telle facon que finalement les feuilles au soleil en possèdent un plus grand nombre que les feuilles à l'ombre. Si au lieu d'examiner les feuilles qui sont en voie de développement, VAN TIEGHEM. — TIGE DES PRIMEVÈRES NOUVELLES DU YUN-NAN. 95 nous étudions les feuilles adultes successives, nous voyons que, comme pour la surface, le nombre des stomates augmente à mesure que les feuilles sont d'un numéro d'ordre plus élevé, et que c'estla troisième qui présente, pour le nombre des stomates, comme pour la surface, les plus grandes différences entre la feuille au soleil et la feuille à l'ombre. Ce n'est donc pas chez la feuille Ia plus âgée que l'on constate les dif- férences les plus grandes. C'est chez la dernière arrivée à l'état adulte, C'est pour elle que les différences de milieu ont pendant plus longtemps fait sentir leur action, En résumé : Les feuilles ont au soleil une surface plus grande qu'à l'ombre. Les cellules épidermiques sont aussi plus grandes au soleil. Les feuilles, à mesure qu'elles se développent, acquiérent de nouveaux stomates jusqu'à une époque assez avancée de leur évolution. „Il se forme au soleil plus de stomates qu'à l'ombre. La feuille adulte la dernière formée est celle qui possède la plus grande surface, le plus de cellules, le plus de stomates. C'est elle aussi qui, de toutes les feuilles adultes, présente le plus de différences entre la feuille au soleil et la feuille à l'ombre. Les feuilles plus jeunes ne manifestent pas encore entre elles des différences aussi prononcées qu'elles le seront plus tard, parce que leur développement n'est pas achevé. Les autres feuilles adultes, plus àgées, présentent aussi des différences moins considérables que celles offertes parla plus jeune feuille adulte des deux plantes. Cela tient, sans doute, à ce qu'elles sont nées plus tót, et qu'alors les différences de milieu ont agi pendant un temps moins long. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : STRUCTURE DE LA TIGE DES PRIMEVÈRES NOUVELLES: DU YUN-NAN, par M, Ph. VAN TIEGHEM. Dans la dernière séance, M. Franchet.a fait connaitre à la Société plusieurs Primevéres nouvelles et fort intéressantes, récoltées au Yun- nan par M. l'abbé Delavay et envoyées par lui au Muséum dans le ser- vice de mon collégue, M. le professeur Bureau. A ce propos, j'ai rap- pelé que la tige des Primevères antérieurement connues présente, sui- vant les espéces, d'assez grandes différences de structure, et signalé l'intérêt qu'offrirait l'étude anatomique des Primevères nouvelles. l'is- sue de cette séance, MM. Bureau et Franchet ont mis obligeamment à ma disposition des échantillons de ces plantes; j'en ai étudié la structure, 96 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. et c'est le résultat de cet examen qui fait l'objet de cette communi- cation. Dans ces Primevères nouvelles, comme d’ailleurs dans toutes les éspèces du genre anciennement connues, le pédoncule floral, la tige et la racine ont la structure normale. Partout le pédoncule floral a dans son cylindre central, sous l’endoderme, un péricycle scléreux entourant un cercle de faisceaux libéro-ligneux dépourvus de formations secondaires. Partout la feuille a ses faisceaux libéro-ligneux entourés individuellement par un péricycle propre non scléreux et par un endoderme particulier, que l’on peut suivre jusque dans les dernières ramifications des nervures dans le limbe. Partout aussi la racine, où l’assise subéreuse est très fortement différenciée, offre la structure ordinaire, avec deux faisceaux ligneux confluant en une lame diamétrale dans le pivot et ses ramifi- cations, avec trois, quatre, cinq et jusqu'à dix ou douze faisceaux ligneux disposés autour d’une moelle plus ou moins large, parfois scléreuse, dans les racines adventives. C'est seulement dans la durée de la ra- cine, et par suite dans la quantité de ses formations secondaires, que les espèces different entre elles; sous ce rapport, elles se rattachent à trois types. Dans le premier, qui est le plus fréquemment réalisé, le pivot disparait de bonne heure, et la tige se couvre de racines adventives, qui, à leur tour, se détruisent promptement et se remplacent de bas en haut; la racine ne produit alors que très peu de liber et de bois secondaires, son cylindre central se dilate à peine et son écorce persiste tout entière (Primula Delavayi Fr., P. spicata Fr., P. Poissoni Fr., P. malva- cea Fr., etc.). Dans le second, qui est le plus rare, le pivot persiste indé- finiment, et la tige ne produit pas de racines adventives ou nen forme qu'accidentellement; le pivot prend alors beaucoup de liber et de bois secondaires, qui dilatent fortement son cylindre central; l'écorce est exfoliée jusqu'à l'endoderme, qui persiste en cloi nt radial t ses cellules et en les subérifiant (P. malacoides Fr., P. bullata Fr. , P. brac- teata Fr., etc.). Chaque année, le pivot acquiert une couche nouvelle de bois secondaire, bien distincte des précédentes, et l'on peut, aussi süre- ment que sur un arbre dicotylédoné, estimer l'àge de la plante par le nombre des couches ligneuses de sa racine terminale. Ainsi j'ai compté 12 couches ligneuses dans le pivot d'un Primula bullata dont la tige se it de 12 lles, 25 hes ligneuses dans un P. bracteata dont la tige avait 25 poussées annuelles. Le P. sinensis, que M. l'abbé Delavay a d'ailleurs récolté aussi à l'état sauvage au Yun-nan, était jusqu'ici le seul représentant connu de ce type. Dans le troisiéme type enfin, intermédiaire aux deux autres, le pivot disparait et des racines adventives le remplacent; comme dans jë premier; mais ces racines durent plus longtemps et acquièrent des formations secondaires VAN TIEGHEM. — TIGE DES PRIMEVÈRES NOUVELLES DU YUN-NAN. 91 assez abondantes pour exfolier leur écorce, comme dans le second (Pri- mula Forbesii Fr., P. dryadifolia Fr., etc.). Mais si le pédoncule floral, la feuille et la racine offrent dans toutes les Primevéres la méme structure, on sait qu'il en est tout autrement de la tige feuillée. M. Vaupell a montré en effet, dès 1855, que, suivant les espèces, la tige des Primevéres possède deux structures trés différentes : l'une, normale, avec faisceaux libéro-ligneux disposés en cercle autour d'une moelle (Primula sinensis, P. elatior); l'autre, anomale, avec faisceaux disséminés dans le parenchyme, comme chez la plupart des Monocotylédones (1). Cette différenee anatomique a été étudiée avec plus de soin et sur un plus grand nombre d'espéces, en 1875, par M. de Ka- mienski. Dans la structure normale, ce botaniste distingue deux types, suivant que la tige produit du liber et du bois secondaires, sans pos- séder de réseau radicifère (Primula sinensis, P. Boveana; P. cortu- soides), ou qu'elle manque de liber et de bois secondaires, en produisant un réseau radicifère (Primula elatior, P. officinalis). Dans la struc- ' ture anomale, il distingue aussi deux types, suivant que l'anomalie régne dans toute la longueur de la tige (Primula Auricula, P. Palinuri, P. calycina, P. spectabilis, P. marginata, P. latifolia, P. villosa; P. minima, P. mislassinica), ou ne se manifeste que dans sa région supérieure (Primula farinosa. P. stricta, P. sibirica, P. longiflora, P. denticulata). De sorte que, pour lui, la tige des Primevéres se rat- tache, suivant les espéces, à quatre types différents (2). Les Primevéres nouvelles du Yun-nan n'offrent pas moins de diversité, Les unes, en effet, possèdent la structure normale avec plusieurs modi- fications; les autres, la structure anomale avec diverses variations secon- daires. De là deux types, que nous allons examiner séparément. 1. Primevéres à tige normale. — Les Primevéres nouvelles dont la tige est normale offrent dans leur structure trois manières d’être diffé- rentes, suivant les espéces. Dans un premier groupe, le pivot est persistant, comme il a été dit plus haut, et la tige se conserve, par conséquent, dans sa totalité, sans produire de racines adventives; par le nombre des poussées annuelles dont elle se compose, on peut déjà déterminer l’âge de la plante. Comme le pivot, cette tige produit en abondance du liber et du bois secondaires, - qui dilatent son cylindre central et exfolient son écorce jusqu'à l'endo- derme; ce dernier seul protège la lige, car il ne se fait pas de liège dans le péricycle sous-jacent, legal demeure tout entier parenchymaleux; comme ; (1) Vaupell, Untersuchungen. über das peripherische Wachstum der Gefüssbündel (2) Fr. von Kamienski, Zur Vergleichenden Anatomie der Primeln, inaug. Strasbourg, 1875; et Mémoires de l'Académie des sciences de Cracovie, t. T. XXXIII. (SÉANCES) 7 98 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. le liber secondaire qu’il recouvre. Le bois secondaire forme des couches annuelles bien distinctes, au nombre desquelles on peut estimer l’âge de la poussée annuelle correspondante. Il en est ainsi dans les Primula malacoides Fr., P. bullata Fr., P. bracteata Fr., et dans une qua- trième espèce encore inédite, intermédiaire entre les deux précédentes. Le Primula sinensis était jusqu'à présent le seul exemple connu de cette disposition. Dans une seconde série d'espéces, le pivot disparait, et la tige, qui pro- duit des racines adventives, se détruit progressivement à la base à mesure qu'elle croît au sommet. Mais cette destruction est assez lente pour que la tige et ses racines adventives prennent du liber et du bois secondaires, qui dilatent leur cylindre central et exfolient leur écorce jusqu'à l'endo- derme. La tige ne possède pas de réseau radicifère, sans doute parce que l'assise génératrice libéro-ligneuse suffit à la production des racines adventives. Il en est ainsi dans les Primula Forbesii Fr., P. septem- loba Fr., P. dryadifolia Fr., qui réalisent ainsi la disposition observée par M. de Kamienski dans les P. Boveana et P. cortusoides. : Dans un troisième groupe d'espéces, le pivot est encore fugace et la - tige couverte de racines adventives. Mais la tige et les racines ne pro- duisent pas ou ne forment que trés peu de liber et de bois secondaires; l'écorce y est done persistante. Sans doute, pour remédier au défaut ou à l'insuffisance de l'assise génératrice libéro-ligneuse, la tige engendre dans son péricycle un systéme plus ou moins développé de faisceaux libéro-ligneux surnuméraires, anastomosés entre eux et avec les faisceaux primaires, et sur lesquels, à leur tour, viennent s'insérer les racines ad- ventives, nées en dehors d'eux dans le péricycle : c’est le réseau radicifère. Ainsi se comporte le Primula malvacea Fr.; les choses s'y passent comme M. de Kamienski l'a indiqué pour les P. elatior et P. officinalis. Quand les faisceaux qui composent le réseau radicifére sont aussi volu- mineux que les faisceaux primaires et que la section transversale les ren- contre dans leur course longitudinale, il semble qu'on ait affaire à l'ano- malie de la tige des Chénopodiacées; la ressemblance est d'autant plus grande, que ces faisceaux surnuméraires péricycliques forment quelque- fois deux arcs concentriques séparés par du parenchyme. 9. Primevéres à tige anomale. — Dans toutes les Primevéres nou- velles dont la tige est anomale, comme aussi d'ailleurs dans toutes les espèces antérieurement connues comme ayant une pareille tige, le pivot est fugace, et la tige, pourvue de racines adventives, se détruit progressi- vement de bas en haut. Les racines n'y prennent que trés peu de liber et de bois secondaires et la tige n'en acquiert pas du tout; aussi les racines s'y insérent-elles toujours sur un réseau vasculaire péricyclique plus ou moins développé. Ces espèces se relient donc à la troisième des modifica- VAN TIEGHEM. — TIGE DES PRIMEVÈRES NOUVELLES DU YUN-NAN. 99 lions du type normal plus intimement qu'aux deux autres. Ce sont les Primula yunnanensis Fr., P. bella Fr., P. Delavayi Fr., P. membra- nifolia Fr., P. Poissoni Fr., P. glacialis Fr., P. serratifolia Fr., P. se- cundiflora Fr., P. sonchifolia Fr., P. calliantha Fr., P. spicata Fr., P. nutans Fr., P. cernua Fr., P. pinnatifida Fr., P. amethystina Fr., auxquels il faut joindre le P. japonica et le P. Stuartii, récoltés aussi par M. l'abbé Delavay au Yun-nan. En somme, sur les vingt-trois Primevères nouvelles du Yun-nan, dont j'ai pu étudier la tige, il y en a quinze anomales pour huit seulement normales. 3. Nature de Fanomalie. — Le groupement des Primevéres nou- velles, d’après la structure de leur tige, une fois opéré, j'ai profité des espèces anomales mises à ma disposition pour comparer leur structure à celle de l'Auricule, et pour essayer de me rendre un compte exact de la nature méme de l'anomalie en question. Le résultat auquel je suis arrivé, sous ce rapport, differe essentiellement de l'opinion à laquelle se sont arrétés MM. Vaupell, de Kamienski et de Bary. Pour M. Vaupell, les petits cordons libéro-ligneux disséminés dans le parenchyme de la tige de l’Auricule sont de simples faisceaux épars, comparables à ceux de la plupart des Monocotylédones. Tout en montrant que chacun d'eux est entouré d'un endoderme spécial, M. de Kamienski admet aussi que ce sont des faisceaux bilatéraux à bois interne enveloppé en dehors et sur les cótés par du liber (1). M. de Dary a vu plus exactement les choses : pour lui, les minces cordons périphériques seuls sont des faisceaux bila- léraux, en train de passer dans les feuilles; les autres ont un bois cen- tral loppé plèt t par le liber, et sont, d'aprés sa termino- logie, des faisceaux concentriques (2). Toujours est-il que, d’après ces trois auteurs, l'anomalie de la tige des Primevéres appartiendrait à la méme catégorie que celle des Nymphéacées, de l' Hydrocleis, etc.; en un mot, les Primevéres anomales auraient une tige dépourvue de cylindre central. C'est à une tout autre conclusion que j'ai été amené en faisant l'étude anatomique de ces tiges à l'aide de réactifs appropriés, notamment en les traitant d'abord par la fuchsine, qui colore le bois en rouge, puis par le bleu d'aniline, qui colore fortement le liber en bleu. D'abord, tout autour de chaque cordon libéro-ligneux, le parenchyme dispose ses cellules régu- liérement à la fois en séries radiales et en assises concentriques, avec méats quadrangulaires interposés, absolument comme il le fait autour du cylindre central de la plupart des racines et de certaines tiges. La j (1) Loc. v. p. (2) A. de Bary, Ve liben Anatomie, 1877, p. 353. 100 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. dernière de ces assises prend les plissements caractéristiques de l'endo- derme et enveloppe immédiatement le cordon. Celui-ci commence, sous l'endoderme, par une ou deux assises de parenchyme, formant un péri- cycle dans lequel prennent naissance les racines adventives, comme on le verra plus loin. Puis viennent un certain nombre de groupes libériens, deux, trois, quatre, cinq, rarement davantage dans l'Auricule, équi- distants sur toute la périphérie du cordon, séparés l'un de l’autre par des cellules ordinaires, continues avec celles du péricycle. A chacun de ces groupes libériens correspond, vers l'intérieur, un groupe vasculaire triangulaire, centrifuge, constituant avec lui un faisceau libéro-ligneux ; seulement ces groupes sont directement en contact latéralement et au centre, et tous ensemble forment un cylindre vasculaire dans l'axe du cordon. De temps en temps l'un de ces groupes libériens, avec le groupe vasculaire correspondant, quitte le cordon et traverse le parenchyme externe à l'état de faisceau libéro-ligneux bilatéral pour se rendre plus haut dans une feuille; aprés son départ, le cordon se referme amoindri. On voit donc que chaque cordon est un véritable cylindre central, ordi- nairement sans moelle, dans lequel les faisceaux libéro-ligneux, con- fluents par leurs parties ligneuses, ne sont distincts que par leurs libers, pareil, en un mot, au cylindre central unique qu'on observe dans l'axe de certaines tiges aquatiques (Myriophylle, etc.), ou dans certains rhizomes (Moschatelline, etc.). La différence est qu'il y a ici plusieurs de ces cylindres centraux sans moelle, se dédoublant en certains points, s'ana- stomosant en d'autres, diversement disposés dans un parenchyme qu'on doit regarder tout entier, du centre à la périphérie, comme étant l'écorce. La tige des Primevéres anomales n'est donc pas une tige sans cylindre central, comme on l'admettait jusqu'à présent, mais au contraire une tige à plusieurs cylindres centraux, anomalie jusqu'ici sans exemple. Ces cylindres centraux fournissent les faisceaux foliaires, et, si la feuille recoit plusieurs faisceaux, elle les prend à tout autant de cylindres différents : par là reparait l'unité de la tige. Ils produisent aussi les racines adventives, soit sur-leur parcours libre (P. Auricula, etc.), soit dans leurs points d'anastomose (P. Delavayi, etc.). A cet effel, les cellules du péricyele se segmentent activement sur un arc d'une certaine étendue, le maximum du cloisonnement ayant toujours lieu en dehors d'un des groupes libériens. De la protubérance conique de méristéme ainsi . formée, la partie interne, la base du cóne, se différencie d'abord en un réseau radicifére étroit, si c'est sur le parcours d'un cylindre, plus large, si c'est au point de fusion de deux ou trois. cylindres voisins; après quoi, la partie externe, la pointe du cône, produit tantôt le corps tout entier de la racine, si elle est grêle, tantôt et le plus souvent son cylindre central seulement, si.elle est large: dans le second cas, ce VAN TIEGHEM. — TIGE DES PRIMEVÈRES NOUVELLES DU YUN-NAN. 104 sont les cellules de l'écorce, disposées en séries radiales en dehors de l'endoderme, qui produisent l'écorce et la coiffe de la racine. Ces deux modes d'origine de la racine, suivant son diamétre, s'observent non- seulement dans la méme espèce, mais dans la méme tige au même ni- veau : nouvelle preuve, ajoutée à tant d'autres, du peu d'importance réelle del'origine des tissus. Quand la tige produit une branche ordi- naire, elle y envoie plusieurs de ses cylindres centraux, de sorte que, dés sa base, cette branche participe à l'anomalie. Si la branche est un pédoncule floral, il en est de méme, et celui-ci est anomal à sa base, où il renferme un plus ou moins grand nombre de cylindres centraux disposés cóte à cóte en un cercle unique (P. Delavayi, etc.). Mais bien- tót tous ces cylindres fusionnent leurs endodermes externes el leurs péricycles externes en un endoderme général et en un péricycle général, qui devient scléreux; puis l'endoderme interne disparait, ainsi que les faisceaux libéro-ligneux inverses, et l'anomalie s'efface. C'est donc par une transformation du type anomal que s'opére le retour au type normal, lequel se maintient ensuite, comme il a été dit plus haut, dans toute la l du péd le et des pédicelles qu'il porte. o Suivant le numéro d'ordre de l’entrenœud dans une méme espèce, et suivant l'espéce dans des entrenœuds de méme numéro d'ordre, le nombre des cylindres centraux, leur diamétre et leur disposition varient d'ailleurs beaucoup. Au-dessus des cotylédons et pendant plusieurs entrenceuds (trois ou quatre dans l’Auricule), la tige des Primevères anomales ne possède jamais qu'un seul cylindre central axile, trés étroit et sans moelle. Elle n'est pas encore le, mais cependant elle différe déjà profondément de la tige des Primevères normales, considérée dans la méme région; en effet, chez celles-ci, le cylindre central, étroit et sans moelle dans la ti- gelle, se dilate brusquement au-dessus des cotylédons en prenant une moelle et en multipliant ses faisceaux tout autour. Plus haut, sans doute pour suffire aux besoins d'une tige de plus en plus large et de feuilles de plus en plus grandes, ce cylindre axile s'étale, s'étrangle au milieu et se divise en deux cylindres sensiblement égaux, séparés par du paren- chyme. Plus haut encore, l'un de ces deux cylindres se divise à son tour, puis l'autre, puis de nouveau l'un des quatre ainsi formés ; ce qui produit cinq cylindres, disposés en pentagone autour de la région centrale de l'écorce. Plusieurs espèces en restent là et parviennent à l'état adulte avec cinq cylindres centraux seulement dans leur tige. Ceux-ci sont. quelquefois assez gros et prennent alors au centre une petite moelle, qui devient souvent scléreuse, comme on l'a vu plus haut pour la moelle de certaines racines (P. yunnanensis Fr., etc.). Comme ils se fusionnent fréquemment par leurs bords, les sections transversales ne renferment 102 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. souvent que quatre, trois ou méme deux cylindres centraux, plus ou moins dilatés tangentiellement en forme d'arc (Primula spicata et yun- nanensis Fr., P. bella Fr., P. glacialis Fr., P. Poissoni Fr., ete.). Dans d'autres espéces, la fusion latérale des cylindres est tellement fréquente, que les sections transversales montrent ordinairement un anneau libéro- ligneux, interrompu seulement en un ou deux points, parfois méme com- plétement fermé, disposition qui simule une structure normale, d'autant plus que le réseau radicifére étant alors développé sur presque toute la périphérie, on croirait avoir affaire à la troisième modification du type normal, celle qui est réalisée notamment par le Primula elatior. Mais il suffit de constater que le bord interne de cet anneau est recouvert par l'endoderme et occupé sous le péricycle par des faisceaux libéro-ligneux inverses, pour étre convaincu qu'il s'agit en réalité d'une simple modifi- cation de l'anomalie ordinaire, et que le parenchyme central, bien que simulant une moelle, n'est en réalité que la région interne de l'écorce momentanément séparée de sa région externe (P. nutans Fr., P. cer- nua Fr., etc.). Ailleurs la bipartition des cylindres centraux continue à mesure que la tige forme des entrenœuds plus larges, et leur nombre se fixe autour d'une dizaine, rangés en cercle; ici encore ces faisceaux s'unissent çà et là bord à bord, deux par deux ou trois par trois, de manière à offrir, sur certaines sections transversales, un nombre moindre de lames libéro- ligneuses étalées tangentiellement en forme d'arc ou méme un seul anneau incomplet (P. pinnatifida Fr., P. membranifolia Fr., P. se- cundiflora Fr., P. sonchifolia Fr., P. serratifolia Fr., P. amethys- tina Fr., etc.). Dans d'autres espèces, la division des cylindres se pour- suit plus longtemps encore, et, dans la tige adulte, on en compte jusqu'à cinquante, rangés en cercle autour d'une large plage de parenchyme. Ils sont alors plus gréles et s'unissent fréquemment bord à bord par deux, trois ou quatre, en forme de lames étalées en arc (P. Delavayi Fr., etc.). Enfin, dans l’Auricule, cette ramification est, comme on sait, plus abon- dante encore, et les cylindres centraux ne peuvent plus se répartir tous sur une méme circonférence. Un certain nombre d'entre eux forment, encore un cercle assez régulier, mais il y en a d'autres disséminés en dehors comme en dedans de ce cercle. En résumé, si l'on compare, à l'état adulte, toutes ces nouvelles Prime- véres anomales, on y observe une série de transitions, depuis la tige gréle à deux, trois ou cinq cylindres centraux du P. yunnanensis et du P. bella, par exemple, jusqu'à la tige épaisse à trés nombreux cylindres, centraux du P. Delavayi. Mais, à travers toutes ces transitions, l'ano-. malie conserve partout son caractère essentiel. On pourrait cependant disposer les espéces anomales en trois groupes caraetérisés, le premier. FRANCHET. — LE GENRE EPIMEDIUM. 103 par des cylindres circulaires indépendants, unis seul t cà et là dans de courts intervalles (P. Delavayi Fr. yi le second par des cylindres aplatis en ares et trés fréq t fi en arcs plus étendus (P. sonchifolia Fr., P. Poissoni Fr., P. secundiflora Fr., etc.), letroisième par des cylindres aplatis fusionnés en un anneau plus ou moins complet (P. cernua Fr., P. nutans Fr., P. spicata Fr., etc.). Dans la première section, les racines adventives sd éparses; dans la seconde et dans la troisiéme, elles sont rapprochées en faux verticilles. Aux Primevères nouvelles qui font l'objet de ce travail, il faudrait maintenant comparer le plus grand nombre possible des Primevéres anté- rieurement décrites, pour savoir comment l'ensemble des espèces du genre se répartit d'abord entre les deux types de structure que l'on vient de distinguer, puis entre leurs diverses modifications secondaires. C’ est ce qui fera l'objet d’une prochaine communication. SUR LES ESPÈCES DU GENRE EPIMEDIUM, par M. A. FRANCHET. (suite et fin) (1). EPIMEDIUM Tourn. Inst. 232, tab. 117; L. Gen. n° 148; Juss. Gen. 287; Lamk, Illustr. tab. 83 ; DC. Syst. p. 28; H. Baillon, Hist. des pl. III, 55 et 74. — Epimedium, Aceranthus et Vancouveria Morr. et Decaisne Ann. des sc. nat. ser. 2, vol. II (1834), p. 352; Benth. et Hook. Gen. I, 44. Flores dimeri vel trimeri; bracteæ petaloideæ, 4-5-6 decussatim oppo- site, gradatim ab extus ad intus majores. Sepala 4, biseriatim opposita, petaloidea, plus minus concava. Petala 4 vel 6 (Vancouveria), nunc ovata, plano-concava intus tantum foveola oblonga instructa (Aceranthus), nune cucullata basi antice in laminam erectam rarius fere nullam expansa, postice in calcar vel sacculum producta. Stamina 4 vel 6 (Van- couveria), filamentis inter se liberis, antheris valvulis duabus oblongis sursum dehiscentibus. Carpellum unicum. Ovula plurima, biseriata, pa- rielalia, ascendentia, anatropa. Stylus gracilis, elongatus, stigmate um- - bonato. Capsula siliquiformis bivalvis. Sene 3-8, ascendentia, sp hilum arillo vesiculoso aucta. (1) Voyez plus haut, page 38. 104 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. Herbæ perennes, rhizomate repente donatæ. Folia nunc omnia simul ac caulis floriferus inter perulas e rhizomate orta, nunc in caule florifero unicum racemo oppositum, nunc duo inter se subopposita, nunc plura secus caulem alterna, composita, nunc pinnatim 1-3 secta, nunc ternatim bisquater-trisecta, rarius tantum bi-trifoliolata vel abortu unifoliolata. Foliola, preter terminale subregulare, sæpius valde inæquilateralia, post anthesim. aecreta et magis coriacea, argutiusque dentata, sub hieme delabentia vel rarius persistentia. — Species dimeræ omnes geronlogeæ; NN unica triméra americana. di tum Fisch. in DC. Syst. II, 29, et Sertum petropol. fol. 1, cum tabula ; Morr. Belg. hort. IV, 33, cum tabula; Ann. de la Soc. agr. et de bot. de Gand, vol. 1L, 139, pl. 64; Boiss. Fl. Or. 1, 102. Icon. — Fisch. loc. cit.: Morr. loc. cit. ; Ann. Soc. agr. de Gand, loc. cit. ; Hook. Bot. Mag. A456. Folia omnia radicalia, longe petiolata, bis ternatim secta, vel pinnatim trisecta, nunc rarius in eodem rhizomate tantum trifoliolata; peliolus communis et petioli partiales plus minus pilis fulvis conspersi; foliola mox glabra, margine denticulato-spinulosa, ovato-cordata. Caulis floriferus aphyllus, ex toto hirtellus, vel basi tantum lanuginosus, foliis subæqui- longus ; racemus simplex ; pedicelli filiformes, glabri vel pilosi, vel apice tantum glanduligeri, bractea parva apice truncata nunc fimbriata suffulti. Flores bracteolati ; bracteolæ 4 vel rarius 6, 2 exteriores rubro-fuscæ; sepala ovato-subrhombea, sulphurea, bracteis multo majora; petala mi- nima, sepalis facile triplo minora, flavescentia, lamina erecta cucullata, apice erosa, caleare brevissimo, sacciformi, sæpius rubescente. Capsula dimidio-ovata, stylo æquilonga. Planta subpedalis vel minor ; foliola 5-8 cent. longa, 4-5 cent. lata; pedicelli 1-2 cent.; flores expansi diam. 12-15 mill.; petala vix 3 mill.; calcar 1 1/2 mill. — var. colchicum Boiss. Fl. Or. I, 102; E. colchicum Hort. — Paulo major; sepala obovata, quam in forma typica minus lata; calcar 2-3 mill. longum, leviter ascendens. Hab.— In silvis montanis umbrosis : Persia in prov. Ghilan (Habliz) et prope Massula (Buhse, ex. Boissier); Caucasus, in monte Talysch (C. A. Meyer). — Var. colchicum, in Caucaso occidentali (Nordmann, ex Boissier). Vid. sp. sicc. in herb. Mus. Paris: et spec. cult. in horto Paris. Les feuilles de PE. pinnatum varient beaucoup sur un même rhizome; elles sont d'ailleurs assez rarement pinnées, formées de deux folioles laté- rales et de trois folioles terminales. La plante est du reste bien caracté- . risée par sa tige florifére dépourvue de feuilles et par la petitesse de ses pétales. siii icri FRANCHET. — LE GENRE EPIMEDIUM. 105 E. Perralderianum Coss. ap. Kralik, PI. alg. exsicc. n° 100, in Bull. Soc. bot. de Fr. vol. IX (1862), p. 167, et in Illustr. Fl. Atl. (1882), p. 9, tab. 5. Icon. — Illustr. Fl. Atl. (loc. cit.); Hook. Bot. Mag. tab. 6509. Exsice. — Kralik, Pl. Alger., n° 100; Soc. Dauph., n° 2742 (folia). Species E. pinnato valde affinis ; differt tamen : foliis constanter tan- tum trifoliolatis, et calcare paulo majore fere 4 mill. longo. Hab. — Yn silvaticis quercinis umbrosis usque nunc tantum in regione montana provinciæ Cirtensis ad 1200-1800 m. altit., v. c.: in ditione Beni Foughat, ad El ma Berd, ubi primum repertum fuit (H. de la Perrau- dière, 1861); djebel Talabor et djebel Babor, ubi copiosum (Cosson); Sidi Tallout (Paris). — Vid. sp. sicc. in herb. Mus. Par. et v. viv. cult, in hort. Par. L'E. Perralderianum n'est peut-être qu'une variété de PE. pinnatum. La distinction tirée des feuilles parait néanmoins étre constante ; mais on voit d'autre part que celles de l'E. pinnatum varient beaucoup dans leur mode de dissection et qu'il n'est pas rare d'en trouver dans la plante de Fischer qui sont également seulement trifoliolées. L'éperon est aussi plus développé que dans l'Epimedium pinnatum; mais on sait combien la di ion de cet appendice présente peu de fixité; celui des pétales de PE. colchicum peut d'ailleurs servir de transition : il est plus long que celui de l'E. pinnatum et plus court que dans lE. Perralderia- num. E. maeranthum Morr. et Dcne, Ann. des sc. nat. ser. 2, vol. II (1834), p. 352, tab. XIII ; Miq. Prol. p. 2; Fr. etSav. Enum. PI. Jap. vol. I, 23; Baker et Moore, Contr. Fl. of North China, in Journ. Linn. Soc. vol. XVII, p. 371. Icon. — Botan. regist., XXII, tab. 1905; Maund, Bot. Il, p. 90; Paxt. Mag. V, 151.— Icon. Jap. : Phonzo-zoufou, vol. VI, tab. 11, recto, sub: Ikarisó; Só mokou zousselz, vol. II, fol. 46; Kwa-wi, herb., vol. IV, fol. 5. Folia radicalia bis trisecta, vel, rarissime, abortu pinnatim trisecta vel fantum semel trisecta, petiolo glabrescente, ad articulationes magis dense piloso; foliola ovata-cordata, juvenilia subtus adpresse puberula, - margine ciliata, mox glabra, denticulata et spinulosa ; folium in caule flo- rifero unicum, radicalibus simillimum. Inflorescentia oppositifolia, rachide glabra vel plus minus pilosa, simpliciter racemosa, vel nunc racemo inferne composito; pedicelli glabri vel glandulosi, bractea ovata suffulti. Flores magni; bracteæ decolores; sepala ovato-lanceolata, acuta, albida vel pallide rosea ; petala alba vel violascentia, lamina expansa orbiculata, 106 .SÉANCE DU 12 FÉVRIER 18806, apice sæpius leviter emarginata, caleare sepalis multo longiore, subulato apice abrupte globuloso, flavidulo. Carpella ovato-oblonga, 6-8-sperma. Foliola 4-6 cent. longa, 3-4 cent. lata; flores expansi ope calcaris fere 3 cent. diam. Hab. — Insula Nippon, in provincia Senano (Tschonoski,ex Maxim.) ; in umbrosis tractus Hakone (Savatier); in prov. Niigata insulæ Nipponicæ occidentalis, frequens in monte Kakuda et in collibus « Niti » dictis (R. P. Faurie). — Vid. sp. sicc. in herb. Mus. Par., et viv. cult. in hort. Par. — var. violaceum. — Epimedium violaceum Morr. et Dene, loc. cit. p. 354, tab. 12; Baker et Moore, loc. cit. ; Mig. Prol. p. 2. Icon. — Morr. et Dene, l. c.; Sieb., Fl. des jard. tab. 8; Bot. Reg. XXVI, tab. 43; Bot. Mag. LXVI, t. 3151; Paxt. Mag. V, pl. 123. — Icon. Jap. : Phonzo-zoufou, vol. VI, tab. 10, verso, sub : Ikari só. Flores intense violacei, nune ex iconibus japonicis laudatis sulphurei, vel albidi, vel sepala virescentia cum petalis flavis. Folia juvenilia vix conspicue denticulata; sed caracter istud valde fallax. Hab. — In Japonia sæpissime cultum, sed spontaneum nullibi inven- tum, ut videtur. In provincia chinensi Schinking fuisse repertum dici- tur; sed locus desideratur (J. Ross, ex Bak. et Moore, loc. cit.). Il n'est pas possible de séparer comme espèce distincte PE. viola- ceum de PE. macranthum; Morren et Decaisne eux-mêmes n'ont pu assi- gner, en dehors des éperons et des sépales, un seul caractère de valeur appréciable. La coloration des fleurs est extrêmement variable, ainsi que le montrent les figures japonaises; il en existe aussi des formes dont l'éperon n'égale guère que la moitié des sépales. Mais, dans toutes ces variations, l'éperon, quelle que soit sa longueur, est toujours atténué, subulé, caractére qui permet de reconnaitre les formes dérivées de VE. macranthum de celles qui sont issues de PE. alpinum, dont l'épe- ron est toujours cylindrique. Epimedi lpi L. Sp. 111; DC. Sit: II, 28; Morr. et Dcne, loc. cit. p. 355; Koch, Synops. (2° éd. )s. P: 29; Icon.— Engl. Bot., VII, 438; Lamk, Encycl. 83; Rœm. Fl. Eur. II, 1; Sturm, Flora, II, 44; Rchb. Fl. germ. III, 48; Mill. Dict. dec. 9, pl. 6. Ewsicc. — Rehb., Exsicc., 1283; F. Schultz, Herb. Norm. nov. ser. cent. IT, n° 1014. Folia radicalia bis trisecta, petiolo elongato ad articulationes petiolu- lorum piloso; foliola ovato-cordata demum rigide denticulato-spinulosa, juvenilia subtus parce pilosula, adulta glabra. Caulis floriferus unifoliatus, FRANCHET. — LE GENRE EPIMEDIUM. 107 folio foliis radicalibus simillimo, rarissime tantum trisecto ; pedicelli plus minus dense glandulosi, inferne bractea ovato-truncata suffulti. Bracteæ magis exteriores fuscescentes; sepala ovata, obtusa, concava, rubescen- tia; petala flavida, ealceolum effingentia, limbo obsoleto, calcare breviter cylindrico, apice obtuso, vel etiam paulo inflato, sepalis opposito et haud longiori; stylus ovario brevior. Carpellum dimidiato-oblongum. Planta semi-pedalis vel ultra; folia 4-6 cent. longa, 3-4 cent. lata; flores expansi 10 mill. diam. Hab.— In montibus umbrosis calcareis Italiæ superioris: Etruria, Lombardia; in Alpibus austriacis : Carniola, Croatia, regione tyrolensi et in Agro Tridentino. In Belgia, Anglia, Vogesia, et hinc inde in Gallia centrali introducta, nec spontanea. — Vid, sicc. sp. et viv. cult. in hort. Par. — var. 6. pubigerum DC. Syst. II, p. 28. — E. pubigerum Morr.: el Dene, loc. cit. p. 354; Boiss. Fl. Or. I, p. 101.— E. alpinum Sibth. et Sm. FI. Greca, tab. 150. Icon. — Flora Greca, loc. cit. Exsice. — Aucher-Eloy, n° 392; E. Bourg. PI. Arm. 1862, n° 9. (herb. Mus. Par.). A forma typica vix ac ne vix differt foliis subtus diutius pubescentibus, nervisque primariis ad basin pilis spissis obtectis. Hab. — Yn silvis circa Constantinopolim (Olivier, Aucher-Eloy); ad pagum Belgrad (Sibth.) et ad pagum Therapia (Dumont-d'Urville); in monte pond, Bithyniæ (Noe) et ad Sabandja (Wied., ex Boissier); in pascuis d is prope Tr tem (Bourgeau) ; iu Caucaso occiden- tali (Wittm. ex Ledeb.). — Herb. Mus. Par. — var. y. rubrum, Bot. Mag. (1861), p. 5011; Morr. Belgique hort. vol. XVIII (1868), p. 199, cum icone. — E. rubrum, Morren, Belgique hort. (1854), p. 33, cum icone ; Regel, Gartenfl. (1857), p. 21 et (1862), p- 373, fig. 4-7 ; Regel, Ind. sem. hort. Petrop. (1856), p. 33. Flores diam. fere 2 cent. ; pro cæteris form: typicæ E. alpini planta simillima. Hab. — E Japonia dicitur ortum et in hortis Petropolitanis anno 1844 introductum; sed hucusque nullibi spont Probabiliter planta tantum hortensis. M. Boissier a pensé que lE. pubigerum pouvait être conservé comme espéce distincte à cause de ses rhizomes plus gréles, plus longuement rampants, de ses folioles plus larges et de ses pétales à éperon plus petit. Les nonibreux spécimens que j'ai pu voir montrent que sous ces divers rapports les deux plantes ne différent nullement ; on ne peut reconnaitre 108 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. l'Epimedium pubigerum qu'à la houppe de poils serrés qui recouvrent le point où les nervures se séparent en dessous de la foliole. Quant à PE. rubrum, il me paraît impossible d'y voir autre chose qu'un E. alpinum à fleurs une fois plus grandes; la forme si caractéris- tique des éperons cylindriques et obtus se retrouve dans l'une et l'autre plante. Je pense que c'est aussi tout à fait gratuitement qu'on a prétendu PE. rubrum originaire du Japon; jamais rien de semblable n'a été trouvé dans ce pays. Epimedium diphyllum Lodd. Bot. Cab. (1832), n* 1858. — E. japo- nicum Seb., herb., ex Miq. Prol. 2; Franch. et Sav. Enum. pl. Jap. I, 94, — Aceranthus diphyllus Morr. et Dene, Ann. des sc. nal. 2° sér. (1834), p. 348, tab. 14 (mala). Icon. — Lodd. loc. cit.; Morr.et Dene, loc. cit.; Bot. Mag. vol. LXII, tab. 3448. Rhizoma ramosum, breviter repens, demum cæspitans. Folia radicalia bifoliolata, vel rarissime, petiolis bi-trisectis, 3-6 foliolata ; petiolo tenui, ad insertionem petiolulorum hirtello, czeterum glabro ; foliola papyracea, supra glabra, subtus brevissime et sparse pilosulà, anguste ovato-cordata vel fere lanceolato-cordata, apice obtusa, nervulo continuo albido mar- ginata, nec dentata, nec ciliata, vel tantum una alterave setula donata, eximie inæquilateralia, lobo basali uno vel utroque seta rigidula albida mucronato. Caulis gracilis unifoliatus, folio foliis radicalibus simillimo, breviter peliolato. Inflorescentia parce glandulifera, simpliciter et laxe racemosa, pedicellis fere filiformibus, bractea tenui suffultis. Flores cer- nui, albi, nunc rosei vel pallide violascentes; bracteæ 4-5 vel6, exteriores 2 angustæ, acutæ, interiores magis ovatæ obtuse, membranaceæ; petala 4, obovata, apice rotundata, sepalis paulo longiora, concava, calcare destituta, sed interne foveola longitudinali oblonga instructa; rarissime in floribus quibusdam petala 1 vel 2 calcare longiuscula aucta apparent; stylus ovario æquilongus, stigmate umbonato. Carpellum ovato-oblon- gum. : Í Caulis floriferus 10-20 cent. altus; foliola 5-8 cent. longa, 15-20 mill. lata; flores (in planta spontanea) diam. vix 10 mill. (in planta culta paulo majores). ; Hab. — In insula Kiu-siu Japoniæ, v. c. in montibus Kumanato et Kipoa-san (Maxim.). Sæpissime cultum in hortis Japonensium et hic flores haud raro trimeri. — Vid. sp. spont. et v. v. in horto Mus. Par. cult. : Plante bien caractérisée par ses feuilles, qui sont formées presque tou- jours seulement de deux folioles, et par ses fleurs, dont les pétales, tout à fait dépourvus d'éperon, sauf de trés rares exceptions, présen- FRANCHET. — LE GENRE EPIMEDIUM. 109 tent seulement une pelite fosselle longitudinale qui fait peu saillie à l'extérieur sur le dos. C'est la seule espèce du genre dont les feuilles soient normalement formées de deux folioles seulement, et dont les folioles soient dépourvues sur les bords de dents et de cils, à l'exception du cil basilaire de l'un ou des deux lobes. J'ai souvent vu 5 ou 6 bractées dans la plante cultivée; dans les individus spontanés, elles m'ont paru étre constamment au nombre de 4. E. Davidi Franch. Nouv. Archiv. du Muséum, vol. VIII (2° sér.), p. 191), tab. 6. Folia radicalia nunc semel, nunc bis ternatisecta, rarius pinnato-terna- tisecta, foliolis 5, scilicet 2 lateralia, 3 terminalia; foliola ovato-cordata, plus minus inæquilateralia, obtusa vel apice brevissime producta, subtus sparse pilosula, mox glaberrima, coriacea, marginibus argute dentato- spinulosa; petiolus parce lanuginosus, petiolis partialibus ad articula- lionem fulvo-lanuginosis, junioribus lana rufescente ex toto obductis; folia caulina bina, subopposita, semel ternatisecta, vel rarius pinnatim ternatisecta, radicalibus cæterum simillima. Inflorescentia plus minus glandul Flores r i, racemo inferne composito ; pedicelli bractea fulva ovata suffulti, floribus æquilongi; bracteæ 4, parv», late ovatæ, fuscescentes ; sepala 4, paulo longiora, ovato-lanceolata, acuta, tenuis- sime hyalina, mox decidua; petala flava, limbo alte cucullato, apice late rotundato, calcare elongato subulato sursum curvato; stylus ovario æquilongus, stigmate umbonato. Ovarium 3-5 ovulatum. = Caules floriferi 20-35 cent. alt.; petiolus 15-18 cent., petiolis pär- lialibus 3-4 cent.; fóliola 3-4 cent. longa; flores diam. 15-18 mill. (in sicco), calcaribus 6-8 mill. longis. Hab. — In Thibeto orientali, ad montes lapi David in herb. Mus. Parisiensis). — Fl. Maj. Espèce bien distincte de l'E. sinense Sieb. et de l'E. pubescens Maxim. par la longueur des éperons; la fleur rentre tout à fait dans le type de celle de l'E. macranthum. ! E. acuminatum, Sp. n00. FRET Folia bis ternatisecta, vel semel ternatisecta, vel haud raro tantum 6-foliolata, petiolis secundariis lateralibus tantum trifoliolatis evolutis; petiolus communis longissimus, glaber; foliola anguste ovato-lanceolata, longé attenuato-acuminata, acutissima, profunde cordata, lobis (nisi in foliolo terminali) valde inæqualiter productis, margine argute serrato- - spinulosa, subtus glaucescentia; folia caulis floriferi bina, simpliciter ternatisecta, radicalibus similia. Inflorescentia paniculato-racemosa gla- berrima; pedicelli elongati bractea lanceolato-subulala suffulti, gracil- limi, sub angulo recto patentes. Bracteæ 4, ovatæ; sepala 4, bracteis. dosos prope Moupine (Arm. 10 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. subduplo longiores, ovato-oblonga; petala 4, antice truncata limbo ob- soleto, calcare gracili longe subulato, sursum leviter arcuato, sepalis subtriplo longiore. Caulis floriferus pedalis et ultra; foliolorum radicalium petiolus 2-3 decim. longus; foliola 7-9 cent. longa, 3-4 cent. lata; flores diam. 3 cent., calcaribus facile 15 mill. longis. Hab. — China orientalis, in provincia Koui-tcheou, unde habuit Doi. Perny. (herb. Mus. Par.). Belle espéce du groupe des Diphylla. Ses feuilles ressemblent beau- coup à celles de VE. sinense; ses fleurs ont les dimensions et l'éperon de celles de PE. macranthum, mais le limbe des pétales est à peu prés nul, de sorte que ces organes ressemblent assez à l'étui de la corne d'un bœuf. L'E. acuminatum se distingue de PE. Davidi par ses folioles plus étroites et trés longuement acuminées, par ses grandes fleurs et son état tout à fait glabre. Epimedium sinense Sieb., herb. ex Miq. Prol. 3; Franch. et Sav. Enum. pl. Jap. 1, 24; Hance, Spicil. fl. sin. VI (Journ. of Bot. févr. 1882). — E. Ikariso Sieb. in Regel, Ind. sem. hort. Petrop. 1868, p. 89. — E. sagittatum Max. Diagn. pl. nov. I, p. 713. — Aceranthus sagittatus Sieb. et Zucc. Fl. Jap. fam. nat. I, 115, n* 296; Miq. Prol.2; Fr. et Sav. l. c. p. 24. — E. Musschianum Morr. et Dene, ex schedula Decaisneana, in herb. Mus. parisiensis, nec ex descriptione. Icon. Jap. : Phonzo zoufou, vol. VI, fol. 10 recto; Só mokou zous- setz, vol. II, fol. 45. Rhizoma crassum, ramosum, breviter repens. Folia radicalia longe petiolata, petiolo glabro, semel ternatisecta vel bis ternatisecta; foliola glabra, ovato-lanceolata, acuta vel acuminata, preter terminale valde inæquilateralia, margine argute denticulato-spinulosa; folia caulis flori- feri bina, subopposita, constanter ut videtur semel ternatisecta. Inflo- rescentia glabra, paniculato-racemosa; pedicelli filiformes bracteis subu- latis suffulti. Flores parvi; bracteæ 4, ovatæ, obtusæ, exteriores fusco- punctatz ; sepala 4, pallida, bracteas vix æquantia, tenuissime hyalina, ovato-deltoidea, acuta ; petala 4, lutescentia, minima, limbo expanso rotundato, calcare brevi calyci æquilongo, obtuso, parum sursum arcuato; stamina perianthio duplo longiora. ‘Caulis floriferus 2-4 decim.; foliola 5-1 cent. longa, 3 A cent, lata flores diam. 6-7 mill. Hab. — China centralis, juxta urbem Y-chang, prov. Hu-peh (Waters, teste Hance); in hortis Japonensium sæpissime cultum, sed hucusque nullibi in Japonia spontaneum inventum Da videtur. — Vid. sicc. et cult. in hort. Par. ] n əd FRANCHET. — LE GENRE EPIMEDIUM. 111 C'est l'E. sinense qui porte dans l'herbier du Muséum de Paris le nom d'E. Musschianum ; l'étiquette est de la main de Decaisne, et ce nom devrait prévaloir sur celui de sinense, si la description de l'E. Musschia- num ne semblait viser une tout autre plante, puisque les auteurs de la Monographie du genre Epimedium placent cette espèce dans leur section Macroceras, entre PE. macranthum et PE. violaceum. Une seule phrase de la description peut convenir à PE. sinense, c’est celle qui concerne les feuilles : «folia caulina ternata »; d'ou l'on pourrait, ce semble, conclure qu'il y a plusieurs feuilles sur la tige, ce qui est bien le caractère de l'E. sinensis, et qu'en outre les feuilles de la plante sont ternées, ce qui s'applique encore à l’espèce de Siebold. Mais quelques lignes plus loin on lit: « panicula oppositifolia folio brevior», ce qui parait indiquer que la tige florifére de PE. Musschianum n'avait bien qu'une feuille. En présence de ces contradictions, j'ai pensé qu'il valait mieux négliger la synonymie de Morren et Decaisne. E. pubescens Maxim. Mél. biol. in Bull. de l'Acad. impér. des sciences de Saint-Pétersbourg, vol. IX, p. 712, cum icone; vol. XI, p. 868; Diagn. pl. nov. V, tab. 1. Icon. — Maxim. loc. cit. Foliis setoso-ciliatis, subtus adpresse crebre pilosis, radicalibus sim- plicibus vel ternatis; caule simplici, foliis 2 oppositis, ternatis; foliolis cordato-ovatis longe acuminatis, racemo composito, glanduloso-piloso ; sepalis ovato-lanceolatis minutis patulis; filamentis ovario oblongo 5-9 ovulato æqualibus (descriptio ex Maxim. loc. cit.). A proximo affini E. (Acerantho) sagittato Sieb. et Zuce..... differt prima fronte foliis non hastatis et flore duplo majore, nec sordido, sepalis acuminatis neque obtusis, preter alia signa (Maxim.). Aux différences signalées par M. Maximowicz on peut ajouter, d’après la figure de la plante, la dimension des sépales (qu'il nomme pétales), qui sont trois ou quatre fois plus grands que les bractées et dépassent ainsi les étamines, tandis que dans l'E. sinense les pétales sont extrême- ment petits, à peine égaux aux bractées, ce qui fait que l'androcée est trés - saillant au milieu de la fleur. E. elatum Morr. et Dene, Ann. des sc. nat. sér, 2, vol. II, p. 356; Decaisne in Jaeq. Voy. bot. p. 9, tab. 8; Hook. et Thomps. Fl. ind. p. 231; Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. I, p. 112. : : Icon. — Decne, loc. cit. " - Caulis elatus, stramineus, glaberrimus, plurifoliatus. Folia inferiora ter trisecta, superiora bis vel tantum trisecla, suprema ad foliolum uni- cum abortu adducta ; foliola papyracea, pallide viridia, juvenilia subtus 112 SÉANCE DU 12. FÉVRIER 1886. tenuissime et parce puberula; ovato-cordata, vix inæquilateralia, argute dentato-spinulosa. Inflorescentia paniculata, ramis inferioribus basi folio trisecto vel foliolo suffultis, parce glandulosis ; pedicelli filiformes glabri, vel glandulosi, bracteati, bractea lanceolato-subulata. Flores parvi lute- scentes; bracteæ 4, ovatæ; sepala 4, ovalo-lanceolata, acuta, bracteis lon- giora, mox reflexa; petala patentia, limbo subnullo, calcare cylindrico obtuso sepalis sensim breviore; stamina inter petala erecta et illis longiora ; stylus ovario æquilongus. Capsula oblonga. Planta 2-3-pedalis; foliola 4-6 cent. longa, 3-4 cent. lata; flores expansi vix 10 mill. diam. Hab. — Kaschmyr (Jaequemont, n° 459); circa Myrpour, altit. 2500' (id. n° 575); Kishtawar, altit. 6-8000' (Hooker et Thomps.). — Herb. Mus. Par. Espéce bien caractérisée par ses tiges florales, qui portent jusqu'à 4-8 feuilles; par son inflorescence plus composée que dans toutes les autres espécés et dont les rameaux inférieurs sont accompagnés de feuilles à la base. Les pétales ressemblent tout à fait à ceux de PE. alpinum; les divisions du périanthe sont prompt t et € lèt t réfractées comme dans l'espèce suivante, dont elle a aussi l'inflorescence paniculée et vers laquelle elle établit ainsi une transition. Epimedium h drum Hook. Fl. bor. Amer. I, p. 30, tab. 13. — Yi ia h dra Morr. et Dene, Ann. sc. nat. sér. 2, IT, p. 5. Icon. — Hooker, loc. cit. Rhizoma gracile. Folia radicalia bis trisecta, petiolo communi præser- tim inferne parce rufo-lanuginoso; foliola basi cordata, ambitu late ovata, obtusa, vel orbiculato-angulata, nunc sinuata, subtilissime crenu- lata, nervo albido (ut in E. diphyllo) marginata, pallide virentia, coriacea, subtus tenuiter pilosula. Caulis floriferus aphyllus, pilis rufis articulatis adspersus, superne glandulosus. Inflorescentia late racemoso-paniculala, ramis inferioribus bractea parva ovata longe rufo-ciliata suffultis; pedun- culi dense glandulosi, arcuato-cernui. Flores parvi; bracteæ 6-8, lanceo- late, mox deciduæ; sepala 6-8, ovata, obtusa, concava, tenuiter mem- branacea, sub antheri delabentia; petala 6 vel etiam 7-9, late oblonga, apice subcucullata, intus foveola marginata ovato-oblonga flavida in- structa, mox reflexa ; stamina 6, inter petala exserta, antheris tenuissime glandulosis. Ovarium nunc glabrum, nunc glanduliferum. Carpellum dimidio-ovatum, stylo acuminatum, 2-3-5-spermum. Hab. — In regione N. O. Californiæ, in silvis umbrosis secus littora, a S'a-Cruz usque ad insulam Vancouver; in pinetis ad Fort Vancouver, ad fretum Puget, Oregon. — Vid. sp. sicc. in herb. CM Par. et sp. "cult. in horto bot. Par. A FRANCHET. — LE GENRE EPIMEDIUM. 113 Ainsi que je l'ai dit précédemment, le genre Vancouveria a été depuis longtemps réuni aux Epimedium par M. H. Baillon (1). Il présente en effet une série de caractères dont, à l'exception d'un seul, le nombre de ses étamines, qui est de 6, on peut constater l'existence dans plusieurs espèces d’ Epimedium: les divisions réfléchies du périanthe se montrent dans I E. elatum, ainsi que la saillie des étamines, qu'on observe aussi dans les espéces du groupe Gymnocaulon; l'absence d'éperon se retrouve chez E. diphyllum, dont les nectaires sont aussi sous forme de fossette; la tige florifére dépourvue de feuilles caractérise également l'E. pinna- tum et l'E. Perralderianum, et sa panicule composée, qui lui donne un aspect particulier, est constituée de la méme facon que celle de PE. ela- tum. Les onze espèces d'Epimedium que je viens d'énumérer, et qui toutes ont été observées à l'état spontané, sont les seules, je crois, dont on puisse parler avec quelque certitude; il en est d'autres, généralement répandues dans les jardins botaniques, dont l'origine est tout à fait obscure et que je n'ai pas cru devoir faire figurer dans cette étude. Je me contenterai de les énumérer par ordre alphabétique, en donnant brièvement leurs carac- téres et en indiquant, sous toutes réserves, leurs affinités. E. concinnum Vatke in Regel, Gartenfl. (1812), p. 165, tab. 726. M. Maximowiez, Diagn. pl. nov. V, p. 713, fait observer avec raison que la description et la figure de cette plante sont trés mauvaises ; la forme des feuilles est la méme que dans lE. alpinum. Il pense que cet E. concinnum pourrait bien être l'E. rubrum Morr., qui n’est lui-même qu'une variété horticole de l'E. alpinum. Il n'y a rien à ajouter à cette appréciation. i - E. lilacinum Donckelaer, ex Morren, Ann. de la Soc. d'agr. et de bot. de Gand: Journ. d'hort. vol. V (1849), p. 91; E. violaceo- "Nghi ur Morr. loc. cit. cum icone. D'aprés Spae, cité par Morren, cette plante serait un hybride de VE. violaceum Dene et de PE. diphyllum Lodd.; le fait est qu'elle a les fleurs du premier et les feuilles du second. Ses feuilles ne sont pas constamment formées de deux folioles seulement, bien que ce soit le cas le plus fréquent; il arrive quelquefois que l'un des pétiolules porte deux ou trois folioles, l'autre n'en portant qu'une seule; plus rarement les deux pétiolules sont biséqués ou triséqués; la feuille peut donc être com- posée de 2 à 6 folioles, selon le degré de division du pétiolule. Les fleurs sont assez grandes (diam. 2 cent.), blanches, rosées ou d'un violet pâle, penchées comme celles de PE. diphyllum; mais leurs pétales sont x (1) Hist. des pl. UT, 56, ; gga T. XXXIII. (SÉANCES) 8 114 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. toujours terminés en long éperon subulé presque aussilong que les sépales. Quant aux folioles, elles ont beaucoup d'analogie avec celles de l'Epi- medium diphyllum, et sont, le plus souvent, dépourvues sur les bords de dents et de soies; quelques folioles en présentent pourtant, mais tou- jours en trés petit nombre. L'origine hybride de lE. lilacinum. n'est pas démontrée; mais si l'on considère la singulière réunion de caractères qu'offre la plante, elle n'est pas improbable, surtout en présence de l'affirmation formelle de Spae, qui a écrit à Morren que l'Aceranthus diphyllus, fécondé par VE. vio- laceum, avait produit la plante en question. On cultive au jardin du Muséum de Paris des formes à fleurs blanches, roses ou lilas de cette plante. E. Musschianum Morr. et Dene, Ann. sc. nat. sér. 2, vol. II, p. 393. J'ai déjà parlé de cette plante à propos de PE. sinense. Ses auteurs la caractérisent, entre PE. macranthum et l'E. viol , par ses feuilles ternées et ses fleurs d'un blanc sale ; ils ne paraissent pas avoir connu les feuilles radicales de leur plante, ou du moins ils n'en parlent pas; la longue description qu'ils en d t ne dit absol t rien qui puisse mettre sur la trace de son identité. D'autre part, j'ai dit que PE. Mus- schianum étiqueté de la main de Decaisne, dans l'herbier du Muséum, était l'E. sinense Sieb., ce que la description ne permet pas d'admettre. Ce qui parait ressortir de plus clair au sujet de cette espéce, c'est qu'on . peut la considérer comme un Épimède à fleurs longuement éperonnées et d'un blanc sale, présentant en méme temps des feuilles simplement ternées, dans le sens que Morren et Decaisne ont donné à ce mot, c'est- à-dire à trois folioles: Faut-il admettre que cet E. Musschianum, qui n'a plus été revu, est une forme à feuilles trifoliolées de la plante que Fischer a nommée depuis E. Youngianum, et qui peut présenter, sur un méme individu, des fleurs longuement éperonnées et des fleurs tout à fait dépourvues d'éperon comme cellesdel' E. diphyllum? L'extréme variabilité de l'E. Youngianum, dont les fleurs sont verdàtres ou d'un blanc sale, telles que Decaisne et Morren en attribuent à leur E. Musschianum, mon jusqu'à un certain point cette supposition. On sait d'ailleurs que s Epimedium, tels que E. pinnatum, E. macranthum, etc., ont quelquefois sur un même rhizome des feuilles simplement triséquées et des feuilles deux fois triséquées. E. pleroceras Morren, Ann. de la Soc. d'aphaieuee de Gand, 1 (1845), tab. 44, p. 145. Plante provenant des cultures de M. Donkelaer, jardinier en chef de FRANCHET. — LE GENRE EPIMEDIUM. 115 l'université de Gand; les renseignements obtenus par M. Jacob-Makoy font croire qu'elle est originaire du Caucase. Malheureusement la description et la figure données par Morren ne permettent pas de juger . Si la tige florifère est pourvue ou dépourvue de feuilles ; la dernière sup- position est plus probable parce que les fleurs rentrent tout à fait dans le type de celles des espèces du groupe de PE. pinnatum: les sépales sont d'un jaune d’or, très étalés, et les étamines longuement saillantes; les pétales sont également rougeâtres, mais sensiblement plus grands, ainsi que leur éperon, qui atteint le tiers de la longueur du sépale. C'est donc de celles de l'E. Perralderianum que les fleurs de l'E. pteroceras se rapprocheraient le plus; mais les deux lobes du limbe des pétales sont dans ce dernier plus larges, plus entiers et plus étalés (en ailes de papil- lon) que dans la plante d'Algérie, et de plus la feuille isolée figurée par Morren est deux fois triséquée. E. versicolor Morr. Ann. de la Soc. d'agr. et de bot. de Gand, V, p. 92, cum icone; E. versicolor cupreum Morr. Belg. hort. vol. IV (1854), p. 34, cum icone; E. sulphureum Morr. Ann. Soc. agr. de Gand, loc. cit. cum icone. Ces trois plantes ne différent que par la coloration de leurs fleurs: l'E. versicolor, cultivé aussi dans les jardins sous le nom d'£. discolor, a les sépales rosés, le limbe des pétales jaune et l'éperon rougeätre, terminé par un petit renflement jaune; PE. versicolor cupreum a les sépales d'un rouge cuivreux et les pétales jaunes; PE. sulphureum a les sépales d'un jaune pàle et les pétales, surtout dans la partie prolongée en éperon, d'un jaune un peu olivàtre. Elles ont toutes les trois, comme caractére commun : des feuilles deux fois ternées, semblables à celles de PE. macranthum ; des fleurs larges de 18 à 25 millim., à braĉtées petites, à sépales ovales, obtus, à pétales ayant la plus grande analogie avec ceux de l'E. macranthum, mais dont l'éperon, également subulé, est plus court et dépasse peu la moitié de la longueur des sépales. : Il n'est guère douteux que PE. versicolor et ses variations doivent être rapprochés de PE. macranthum, au méme titre que PE. violaceum, avec la brièveté des éperons encore plus accentuée toutefois. Il est égale- ment probable que plusieurs de ces plantes ont été importées du Japon, - car on les trouve assez nettement figurées dans le Phonzo zoufou, vol. VI, fol. 11, verso, mais cependant avec des sépales plus étroits et plus aigus. ; E. Youngianum Fisch. Sert. Petrop. fol. 1, verso; E. Musschianum Bot. Mag. tab. 3745 (an Morr. et Dene ?). "a Cette plante, si remarquable par son polymorphisme, est cultivée dans les jardins botaniques sous le nom d'E. Musschianum, bien que ses 116 SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1886. feuilles s'y montrent constamment deux fois triséquées, et non pas seule ment une seule fois, comme le dit expressément la description de Morren et Decaisne ; c'est pour cette raison, du reste, que Fischer avait eru devoir donner à la plante figurée dans le Botanical Magazine comme Epime- dium Musschianum un nom nouveau, celui d'E. Youngianum, dont personne ne parait avoir tenu compte. L'E. Youngianum est sorti du jardin de M. Young, d'Epsom, d'où il a été répandu dans les jardins botaniques. Ses feuilles sont semblables à celles de VE. macranthum et constamment deux fois triséquées dans tous les spécimens que j'ai pu voir, secs ou cultivés; sa lige florifére ne porte qu'une seule feuille; ses fleurs sont en grappe simple, penchée au sommet du pédicelle, d'un blanc verdâtre; ses fleurs sont parfois dimorphes dans une méme inflorescence: un exemplaire conservé dans lherbier du Muséum porte deux rameaux floriféres. Les fleurs de l'un ressemblent absolument à celles de l'E. diphyllum, c'est-à-dire qu'elles sont dépourvues d'éperon ; les fleurs de l'autre ont au contraire un éperon assez développé, subulé, égalant presque les sépales: c'est ce singulier cas de dimorphisme dans les fleurs que M. le D" Marchand a étudié dans sa Note sur des fleurs monstrueuses d'Epimedium (Adansonia, vol. IV, p. 127), en l’atiribuant à PE. Musschianum. En voyant cette plante singuliére, on peut difficilement écarter l'idée d'hybridation. S'il ne s'agissait que de la modification dela fleur, pourvue ou non d'un éperon, on pourrait n'y voir qu'une forme à coloration diffé- rente de PE. diphyllum, qui présente aussi parfois des fleurs éperonnées. Mais les feuilles ne sont nullement de cette espèce; elles sont non seu- lement deux fois triséquées, mais encore leurs folioles sont dentées et ciliées, ce qui n'est nullement d'un E. diphyllum. Il serait certainement trés intéressant de provoquer la production de cet E. Youngianum par un croisement de PE. macranthum et de PE. diphyllum, croisement qui semble avoir déjà donné un résultat dans VE. lilacinum, chez lequel les caractères de parenté se sont manifestés d'une facon opposée, puisqu'il joint les feuilles à peine sensiblement modifiées de l'E. diphyllum aux fleurs de PE, macranthum. T. CARUEL. — CLASSIFICATION DES FRUITS. 417 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1886. PRÉSIDENCE DE M. PRILLIEUX, VICE-PRÉSIDENT. M. Mangin, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 12 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite des présentations faites dans la der- nière séance, proclame membres de la Société : MM. AnposT (Joseph), pharmacien de première classe, rue de Lyon, 1, à Thiers (Puy-de-Dôme), présenté par MM. Chatin et Malinvaud. BRIARD, major en retraite, à Troyes (Aube), présenté par MM. Hariot et Duval. M. le Président annonce ensuite trois nouvelles présentations. M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. Renard, qui remercie la Société de l'avoir admis parmi ses membres. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture de la communica- lion suivante : CLASSIFICATION DES FRUITS, par M. T. CARUEL. La désignation et la nomenclature des diverses sortes de fruits est depuis longtemps une pierre d'achoppement pour les botanistes. Plus de cent noms ont été inventés dans ce but; trés peu d'entre eux ont été adoptés, et plusieurs de ceux qui ont cours sont assez souvent employés dans un sens contraire à leur vraie signification: par ple, quand. aprés avoir défini le légume un fruit déhiscent et la baie un fruit eharnu, on décrit des légumes indéhiscents et des baies sèches. Le mal est venu, en partie de ce qu'on a voulu indiquer par un nom spécial chaque, modi- fication de structure, en partie de ce que l'on a compliqué la définition du fruit avec sa provenance d'un gemmulaire infère ou supére, d'un seul pistil ou de plusieurs, et en. partie de ce que l'on y a fait entrer des ` choses entièrement étrangères au fruit lui-même, appartenant par exemple à l'inflorescence. Il semblerait que le remède au mal dût être la dési- gnation des fruits d’après leurs caractères propres les plus marqués, tels qu'on peut les vérifier au moment de la maturité, et l'emploi de quelque 118 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1886. périphrase ou d’une courte description pour les cas peu fréquents ou plus compliqués. C'est d’après ces principes, qu'en attendant. qu'on fasse sur ce sujet un travail plus complet, j'ai esquissé une classification des - fruits, que je demande å la Société la permission de lui présenter. Mais avant tout il sera bon de s'entendre sur la signification des carac- tères offerts par les fruits à leur maturité. Il est d'usage de les diviser en déhiscents et indéhiscents, c'est-à-dire ceux dont le péricarpe s'ouvre, et ceux où il reste fermé; mais, sous plus d’un rapport, ces deux termes ne donnent pas une idée compléte de ce qui arrive aux fruits mürs. Rap- pelons d'abord que certains fruits, en trés petit nombre il est vrai, ne sont jamais fermés, ceux de plusieurs Reseda par exemple, et que d'autres s'ouvrent de trés bonne heure, ainsi celui du Sterculia platani- folia; ou bien ils sont rompus par les graines en voie de maturation, c’est ce qui a lieu dans certains Leontice et dans le Peliosanthes Teta observés par R. Brown, ou dans les Cuphea et autres Lythracées, selon Eichler. Mais la presque totalité des fruits, en arrivant à la maturité, font de quatre choses l'une : ou ils ouvrent leurs loges et découvrent les graines, c'est à ceux-là qu'on peut réserver l'appellation de déhiscents ; ou ils se disjoignent, on pourrait dire qu'ils se rompent, en parlies sépa- rées, dont chacune correspond presque toujours à une loge et reste "fermée, on peut appeler ces fruits ruptiles ; ou aprés s'étre disjoints en plusieurs parties, celles-ei s'ouvrent, ce sont les fruits ruptiles déhis- cents; ou enfin ils restent fermés en entier et pour longtemps, ce sont ceux qu'on peut considérer comme relativement indéhiscents. La disjonction d'un fruit en parties Marcos (déhiscence septicide des auteurs) se fait quelquefois simpl t par une séparation des loges les unes des autres, à la suite d'un dédoublement de chaque cloison en deux lames; de sorte que tout le fruit est partagé (Digitale, Érables, Hedysa- rum); d'autres fois elle'se fait par une séparation des loges d'une. por- tion centrale du fruit; laquelle reste en place en guise de pilier ou de colonne axile (Géraniums), ou de plan basilaire (Sauge, Bourrache) ; ou bien elle se fait des deux maniéres en méme temps (Mauve, Ricin, Apia- cées). Si les cloisons sont transversales comme dans les Hedysarum, on appelle articles les parties séparées du fruit; si elles sont verticales, on peut, en étendant à tous les cas analogues un terme déjà employé pour quelques-uns, désigner les parties séparées sous le nom de coques, qu'elles soient uniloculaires (Malvacées, Géraniums) ou pluriloculaires (Tribulus, Cerinthe). On pourrait aussi appeler carpidies les coques, mais seulement au cas où leur correspondance avec les éléments du gynécée, c'est-à-dire avec les pistils, serait bien établie: car c'est la . signification originelle du mot, tel qu'il fut proposé par Dunal pour signi- fier les pistils müris, tandis qu'aprés lui il a été généralement employé T. CARUEL. — CLASSIFICATION DES FRUITS. 119 (sous la forme fautive de carpelle) au sens où je viens de faire usage du terme de pistil (1). La déhiscence proprement dite (loculicide et septifrage des auteurs) est une rupture des parois des loges, soit d'une facon irrégulière et de telle sorte qu'elles tombent en piéces (Linaria), soit par une perfora- tion (Antirrhinum, Campanula), soit par une fente transversale (Ana- gallis), mais beaucoup plus souvent à la suite d'une ou de plusieurs fentes longitudinales, qui procédent du haut en bas ou du bas en haut sur le fruit, et qui en parcourent toute la longueur ou une partie seulement, Le résultat des fentes est la séparation du fruit en parties auxquelles on a donné le nom de valves, qu'on a étendu aussi au cas d'une seule fente longitudinale, ce qui, à vrai dire, ouvre le fruit, mais ne le divise plus (Hellébores). Les valves différent sous plus d'un rapport: d'abord par leur extension, étant quelquefois de simples dents (Dianthus, Ceras- tium), ou des lobes, et d'autres foiségales en longueur au fruit lui-méme (Liserons), leur séparation réciproque pouvant aussi étre incompléte à cause de la persistance de certaines brides filamenteuses (Argemone, Hibiscus roseus) ; ensuite par leur direction et leur forme; puis par la manière dont quelques valves restent attachées par une extrémité (Ha- ricot), ou par toutes les deux (Orchidacées), tandis que d’autres se dé- tachent en entier par suite de la confluence de deux fentes (Brassicacées) ; enfin par les rapports que les valves peuvent avoir avec les spermo- phores : quelquefois elles n’ont aucune connexion avec ceux-ci, qui restent en place avec les cloi (Brassicacées, Liserons), ou qui se trouvent sur des valves spéciales (Orchidacées), et d’autres fois au contraire les valves emportent avec elles les spermophores, avec les cloisons (Tulipes), ou sans celles-ci (Violettes). Pai déjà rappelé que dans les fruits ruptiles les coques tantôt demeu- rent fermées, et que tantôt elles s'ouvrent du côté intérieur ; l'ouverture est souvent la conséquence non d'une vraie fente, mais d'un trou qui provient de ce que les coques se détachent d'une autre partie centrale du fruit, ou les unes des autres, d'une facon analogue à ce qui a lieu dans Y'Ecballium, quand, le pédicelle se détachant, il se forme un trou au fond du fruit. : Tout cela posé, voici comment il me semble que l'on pourrait classer les fruits, et quels seraient les termes, pour en désigner les différentes - sortes, propres à satisfaire aux principales exigences de la description. (1) Voyez ma Morfologia vegetale, p. 202, pour les raisons qui m'ont fait adopter - le terme de pistil à la place du carpelle des auteurs. 120 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1886. A. FRUITS INDÉHISCENTS. 1. Drupe, à épicarpe membraneux, à mésocarpe charnu, à endocarpe osseux (Pécher, Olivier). Le mésocarpe est quelquefois plutót herbacé que ‚charnu (Amandier, Noyer); l'endocarpe, ou noyau, peut être plus crustacé qu'osseux, dansles Fumaria par exemple. 2. Baie, à épicarpe et endocarpe membraneux, à mésocarpe charnu (Vigne, Groseillier). 3. Péponide, à péricarpe dur à l'extérieur, mou à l'intérieur, sans séparation brusque entre les deux parties. Avec diverses modifications secondaires, c'est le fruit du Melon, de la Citrouille, la balauste du Grenadier, l'hespéridie des Citrus, qu'on peut lui réunir avec tout avantage de là nomenclature. 4. Achaine, à péricarpe uniforme, sec (Chénes, Pins, Ormes). On a appelé samares les achaines ailés; mais ce nom a aussi été donné à toutes sortes de fruits ailés, et peut être supprimé sans inconvénient. Généralement on distingue aussi le caryopse, dont le péricarpe est adhé- rent à la peau de la graine (Blé, Mais, Salicornia), tandis qu'il en est indépendant dans l'achaine ; mais comme cette marque de distinction n'a pas été jugée suffisante pour d'autres fruits, ceux des Apiacées par exemple, on peut également la négliger ici. . B. FRUITS RUPTILES. 5. Loment, qui se rompt en articles superposés (Coronilla, mn rum, Cakile). 6. Polycoccum, qui se rompt en coques indéhiscentes are Mauve, Lamiacées). 1. Septicide, capsule ‘septicide des auteurs, qui se rompt cn coques déhiscentes (Euphorbiacées, Laurier-Rose). Le fruit de la Rue et autres semblables en est üne modification, leurs coques s’ouvrent sans se déta- cher complètement. C. FRUITS DÉHISCENTS. 8. Tretum, déhiscent par un ou plusieurs trous, ou par une rupture irrégulière des parois des loges (Pavot, Campanules, Muflier, Linaire). 9. Pyxide, déhiscente par une fente transversale, qui fait que la partie supérieure se détache en guise de couvercle (Jusquiame, Pourpier, Anagallis). 10. Silique, déhiscente par des fentes longitudinales confluentes, de sorte que certaines valves se détachent en enlier, et d'autres (sémini- T. CARUEL. — CLASSIFICATION DES FRUITS. 121 fères) restent en place (Brassicacées, Orchidacées). La silieule n’est qu'une silique raccourcie, et doit être supprimée comme fruit distinct. 11. Septifrage, capsule septifrage des auteurs, déhiscent par des fentes longitudinales de façon à se partager en valves stériles, les sper- mophores restant en place (Stramoine, Liseron, Dianthacées). 12. Capsule, capsule loculicide des auteurs, déhiscente par deux ou un plus grand nombre de fentes longitudinalés, qui la partagent en valves séminifères sur les faces (Violette, Tulipe). Parfois les valves, en se détachant avec les cloisons, laissent en place les’ spermophores (Pardanthus et autres Iridacées) : la capsule se rapproche alors beau- coup du septifrage. Le fruit des Oxalis est une capsule à déhiscence incompléte, les valves ne se détachant pas les unes des autres. Tel qu'on en fait usage communément, le terme de capsule est tellement vague, qu'il ne donne qu'une idée lointaine du fruit ainsi désigné. 13. Légume ou gousse, déhiscent par deux fentes longitudinales, qui le partagent en deux valves séminiféres au bord (Pois, Haricot). 14. Follicule, déhiscente par une fente longitudinale, qui fait qu'elle S'ouvre en une seule valve séminifère (Pied-d'alouette, Gomphocarpus). D. FRUITS MULTIPLES. Ce sont ceux qui consistent en carpidies disjointes, comme l’étaient les pistils dont elles proviennent. Sansavoir recours à des noms spéciaux, on peut aisément décrire les fruits multiples comme composés d'achaines (Renoncules, Rosiers), ou de drupes (Ronces, Framboise), ou de folli- cules (Hellébores), et ainsi de suite selon la nature des carpidies. Il y a pourtant un de ces fruits multiples, celui de certaines Rosacées, comme le Pommier, le Néflier, etc., qu'on a longtemps confondu avec les fruits simples, et qui a reçu le nom de pomme ; il est constitué par des car- pidies verticillées de diverse nature, attachées par une large base d'in- sertion aux parois d'un thalame concave charnu, et en outre soudées entre elles le plus souvent (1). E. SYNCARPES. Ce sont des réunions de fruits, seuls ou accompagnés de parties de la fleur ou de l'inflorescence, et présentant le faux aspect d'un fruit unique, comme dans l'Ananas, les Müriers, les Figuiers, certains Lonicera. Il ne faut pas confondre avec les syncarpes les cónes, qui ne sont autre 'chose que des chatons fructiféres. Comme on le voit, la distinction des différentes sortes de fruits telle (1) Nuovo Giornale bot. ital. vol. XI, p. 8. 122 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1886. que je la propose, en suivant les traditions établies, est fondée essentielle- ment sur la nature du péricarpe. S'il fallait y comprendre encore d'autres particularités, il est clair que pour chaque sorte il faudrait doubler ou tripler les noms, avec plus de dommage que de profit pour le langage technique ; il vaut mieux les indiquer au moyen de quelque parole qu'on ajoute : ainsi on pourra dire de la silique qu'elle est bivalve dans les Brassicacées, trivalve dans les Orchidacées ; de l'achaine, qu'étant géné- ralement monosperme, il est pluriloculaire polysperme dans le Bunias Erucago ; que la baie est pulpeuse dans la Raquette, et ainsi de suite. On peut se régler de méme dans les cas où un fruit présente des caractères ambigus, en disant, par exemple, qu'il est lomentacé dans le Cassia Fis- tula, capsulaire dans les Oxalis, etc. Quand l'ambiguité vient de Pin- certitude où l'on peut se trouver pour fixer le point de maturité du fruit, on peut s'aider en faisant coincider celle-ci avec la maturité des graines: C'est ainsi que le fruit de l'Hypericum Androsæmum présente d'abord les caractères d'une baie, plus tard il se dessèche ; et que celui des Fu- maria a été décrit tantôt comme une drupe et tantôt comme un achaine, selon le point de maturité auquel on l'a considéré, M. Mer fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LA RÉPARTITION DES STOMATES, A PROPOS "DE LA COMMUNICATION DE M. DUFOUR ; par M. Émile MER. Au sujet de la récente communication de M. Dufour (1), je présenterai - les observations suivantes : Dans le cours des études auxquelles je me suis livré pour déterminer les causes diverses qui favorisent le développ t des stomates, j'ai dû naturellement rechercher si la lumiére exerce quelque influence sur leur apparition. Les résultats obtenus ont été résumés incidemment dans une note insérée aux Comptes rendus de l'Académie des sciences en 1883 (2). Comme M. Dufour vient de reprendre cette question, je désire l'exposer avec plus de détails que je ne l'ai fait jusqu'à présent. J'avais remarqué que les stomates sont plus abondauts au soleil qu'à l'ombre sur la face inférieure des feuilles de Seringat et de Charme, ainsi que sur la face supérieure des feuilles de Lilas ordinaire. J'avais constaté, en outre, que les cellules épidermiques sont différentes dans ces deux milieux. Au soleil, elles sont moins sinueuses, plus polyédriques, de di- mensions moins uniformes et munies de parois plus épaisses. (4) Voyez le Bulletin, séance du 11 décembre 1885, t. XXXII, p. 385. (2) Tome XCV, p. 395. ' E. MER. — OBSERVATIONS SUR LA RÉPARTITION DES STOMATES. 123 Il était intéressant de rechercher si la radiation peut exercer une influence assez grande pour faire apparaitre des stomates sur la face d'une feuille qui en serait complètement dépourvue à l'ombre. Après quelques tàtonnements, j'ai fini par trouver un exemple de ce fait dans le Lilas Varin. J'ai examiné des feuilles de cet arbuste, d'abord à l'inté- rieur d'un massif, puis sur les bords de ce méme massif, les unes du côté du nord, ne recevant que de la lumière diffuse, les autres du côté du midi, exposées à un éclairage direct. Dans la première de ces situa- lions, je n'ai remarqué aucun stomate à la face supérieure : les cellules épidermiques étaient sinueuses et à parois minces. Dans la deuxiéme, les cellules épidermiques étaient polyédriques, plus petites, plus variées dans leurs formes et leurs dimensions et à parois plus épaisses. Cepen- dant il ne s'y trouvait pas de stomates, mais quelques cellules éparses ayant l'aspect de cellules basilaires de poils. Dans la troisième situation, les cellules épidermiques étaient plus polyédriques encore, plus volumi- neuses et à parois plus épaisses. Enfin on y remarquait un certain nombre de stomates. Ces observations viennent d’être étendues par M. Dufour à un grand nombre de plantes. Les résultats qu'il a obtenus confirment les miens, et l'on peut dire maintenant qu'en général les feuilles possédent plus de stomates au soleil qu'à l'ombre. Un autre cóté de la question restait à examiner. On sait que, dans les feuilles qui croissent verticalement, le nombre de stomates est sensible- ment le méme sur chaque face. Il était intéressant de rechercher si, dans une espéce déterminée, le rapport entre la distribution de stomates sur chaque face varie quand l'orientation de chacune d'elles se trouve modi- fiée par rapport à la lumière incidente. Pour le vérifier, deux moyens se présentaient : l'un (+) d'observation simple, consistant à comparer la distribution des stomates sur les deux faces d'une feuille dans une espéce où cet organe est tantôt placé horizontalement, tantôt plus ou moins dressé; l'autre (B), expérimental, consistant à modifier pendant le cours du développement l'orientation habituelle des faces d'une feuille. a.) J'ai comparé entre elles les épidermes des deux faces dans des feuilles de Plantago major, dont les unes étaient horizontales, les autres dirigées obliquement. Dans les premières, la différence entre les épi- dermes des deux faces est considérable : à la face supérieure, l'épiderme est formé de cellules polyédriques, renferme peu de stomates, tandis qu'à la face inférieure les cellules sont sineuses et l'on y remarque beaucoup de stomates. Dans les autres, il existe entre les épidermes de chaque face une différence moins considérable. Les stomates sont plus rares à la face inférieure, plus abondants à la face supérieure. Cette analogie de struc- ture entre les deux faces est encore bien plus accentuée dans les feuilles 124 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1886. qui sont toujours dressées ou obliques, telles que celles de Plantago lan- ceolata. ' 8.) J'ai maintenu appliquée contre une lame verticale de verre de trés jeunes feuilles de Lilas Varin, la face inférieure exposée au soleil, la face supérieure tournée du côté de la lame. La structure de l'épiderme se modifia un peu sur chaque face, de maniére que les différences qui les distinguent à l'état normal étaient sensiblemerit atténuées. Ainsi les cel- lules épidermiques de la face inférieure étaient moins sinueuses, mais le nombre de stomates ne parut pas varier. Dans une autre expérience, j'ai maintenu horizontal t, après les avoir retournées, des feuilles de Charme en voie de développement : la face inférieure se trouvait ainsi éclairée par le soleil. Ici encore les cellules épidermiques de la face inférieure devinrent moins sinueuses. Quant au nombre de. stomates, il ne fut pas modifié. Ces résultats ne coneordent pas avec ceux que fournit la comparaison des feuilles végétant à l'ombre et au soleil. Ce côté de la question réclame done de nouvelles recherches. Contre l'influence de la radiation sur le développ t des st une objection se présente naturellement à l'esprit. Dans les feuilles de beaucoup de plantes terrestres, le nombre des stomates est plus consi- dérable à la face inférieure qu'à la face supérieure, bien que celle-ci soit plus éclairée. Mais il ne faut pas perdre de vue que les stomates se for- ment non seulement dans le bourgeon, ou quand la feuille est encore en préfoliaison, mais aussi pendant la suite du développement. Ce fait, mis en évidence par bien des observations, qu'il serait trop long de rappeler ici, vient d’être établi directement par les mensurations dont M. Dufour nous a parlé dans la derniére séance. Il se peut donc que les stomates de la face inférieure se forment surtout pendant la première période du développement et ceux de la face supérieure pendant la - deuxième, ces derniers étant dus principalement à l’action de la lumière. En tout cas il serait intéressant de comparer, pendant les diverses phases du développement, et cela à l'ombre et méme à l'obscurité, aussi bien qu'au soleil, les rapports entre le nombre des stomates des deux faces. J'ai dit plus haut que, à l'ombre, les feuilles de Lilas Varin n'ont pas de stomates à la face supérieure. Il y a cependant quelques réserves à faire à cet égard. Les petites feuilles qui sont insérées à la base des ra- meaux et se sont développées au commencement du printemps, à l'époque oü la végélation de ces rameaux est encore peu vigoureuse, portent sur cette face des stomates en quantité màme plus considérable qu'à la face correspondante au soleil. C'est ce que j'ai constaté sur une feuille qui avait 25 millim. de long sur 12 millim. delarge. Les cellules épidermiques étaientsinueuses, comme sur toutes les feuilles de cette plante à l'ombre. E. MER. — OBSERVATIONS SUR LA RÉPARTITION DES STOMATES. 425 Leurs parois étaient seulement un peu plus épaisses. Malgré les dimen- sions beaucoup plus petites de cette feuille, les dimensions des cellules épidermiques étaient sensiblement les mémes. Sur une autre feuille également à l'ombre, mais arrétée dans sa croissance, les dimensions étaient réduites à 11 millim. de long sur 6 millim. de large, les stomates étaient trés abondants à la face supérieure, beaucoup plus que dans la feuille précédente, sans' qu'on pùt attribuer cette différence à une diffé- rence correspondante dans les dimensions des cellules épidermiques, car celles-ci étaient seulement un peu plus petites. On remarquait en outre un certain nombre dé poils réduits à leur cellule basilaire, organes qui n'existaient pas dans les autres feuilles de Lilas. Les cellules épider- miques étaient restées polyédriques, ainsi qu'elles le sont du. reste toujours avant de devenir sinueuses. Cette feuille renfermait beaucoup d'amidon, substance généralement assez rare dans les feuilles de Lilas ombragées. Les deux observations précédentes présentent, il me semble, un certain intérêt, en ce qu'elles montrent combien la formation des stomates est liée au mode de développement de la feuille et par suite à la nutrition. M. Du- four mentionne un fait curieux que je n'ai pas eu l'occasion d'observer et qui est peut-étre susceptible d'une interprétation semblable. Il a constaté sur quelques feuilles ombragées de Ruta graveolens la présence de sto- mates sur la face supérieure uniquement à la pointe. On sait qu'il en est de même sur un assez grand nombre de feuilles submergées appartenant aux plantes amphibies (R lus aquatilis, Myriophyllum, Calli- triche, etc.). En ce qui concerne celles-ci, j'avais cru pouvoir expliquer le fait par une influence héréditaire. L'extrémité de ces feuilles, se trou- vant plus rapprochée de la surface de l'eau et pouvant méme fréquem- ment en sortir, possédait un caractère plus aérien que le reste de l'or- gane. Mais si cette particularité se rencontre dans un assez grand nombre de plantes terrestres, ainsi qu'on peut le présumer d'aprés le fait signalé par M. Dufour, on devra plutót l'expliquer par un effet du développement. La pointe des feuilles est en effet le siége d'une croissance plus ralentie que le reste de Feat ce qu’attestent les dimensions plus faibles des éléments qui le J'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de dire que la formation is sto- mates me parait devoir être considérée dans bien des cas comme due à une multiplication locale des cellules épidermiques suivie d'un arrét.de développement. C'est ce qui expliquerait la présence continuelle d'ami- don dans ces organes, méme à l'obscurité. J'ai déjà cité bien des faits qui militent en faveur de cette manière de voir. En voici un que je n'ai pas encore signalé. On remarque à la face inférieure des feuilles de certaines Saxitrages is 126 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1886. _des cellules épidermiques de déux sortes, formant des plages séparées : les unes volumineuses, à contours rectilignes, dépourvues complètement de stomates, les autres composées de cellules bien plus petites, sinueuses et entremélées de stomates. On a là, ce me semble, un exemple frappant, qui vient à l’appui des idées que j’ai souvent formulées. M. Dufour demande à M. Mer si les feuilles qu’il a comparées étaient de même âge, car on sait que la croissance des feuilles est loin d’être terminée après leur épanouissement. M. Mer répond qu’il a fait ses observations sur l’avant-dernière feuille de chaque rameau au mois de juillet, et par suite dans des conditions où la croissance est terminée. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : GROUPEMENT DES PRIMEVÈRES D'APRÈS LA STRUCTURE DE LEUR TIGE, par MM. Ph, VAN TIEGHEM et H. DOULIOT. Dans la séance précédente, j’ai montré comment les Primevères nou- velles envoyées du Yun-nan par M. l'abbé Delavay et décrites par M. Fran- chet peuvent étre groupées d'aprés la structure de leur tige feuillée. Il y faut, comme on sait, distinguer deux types : le type normal ou à moelle, et le type anomal ou sans moelle. Dans le premier, le cylindre central de la tige se dilate en prenant une moelle au-dessus des cotylédons, et se prolonge ensuite indéfiniment avec sa structure normale. Dans le second, le cylindre central demeure trés étroit et sans moelle pendant un plus ou moins grand nombre d’entrenœuds au-dessus des cotylédons; puis, sans se dilater, il subit une série de bifurcations progressives à mesure que la tige s'élargit et produit en définitive un nombre plus ou moins grand de cylindres centraux sans moelle ou à trés faible moelle, dont la forme, la dimension, le nombre et la disposition dans l'écorce de la tige adulte varient suivant les espèces. C'est cette pluralité de cylindres centraux qui constitue l'anomalie ; mais elle ne se manifeste qu'à partir d'une certaine hauteur, et jusque-là la structure dela tige, quoique déjà trés différente de celle de la méme région dans le premier type, est en réalité normale, au méme titre que celle du rhizome de la Moschatelline, par exemple, ou de la tige submergée de l'Hottonie, du Myriophylle, etc. Ce qui distingue le second type du premier, c'est donc bien moins l'anomalie que l'étroitesse du cylindre central et son incapacité de se dilater quand l'élargissement progressif des entrenœuds et l'agrandissement progressif des feuilles exigent un accroissement correspondant dans le système libéro-tigneus circonstance qui précède et qui es ia l'anomalie. VAN TIEGHEM ET DOULIOT, — CLASSIFICATION DES PRIMEVÈRES. 127 A son tour, chacun de ces deux types affecte, comme on l'a vu, trois modifications secondaires, de sorte que les vingt-trois espèces nouvelles du Yun-nan se sont trouvées, en définitive, réparties en six sections. Ce groupement partiel peut-il s’appliquer à la totalité des espèces du genre, ou bien est-il nécessaire d’en élargir le cadre pour les y faire entrer? Pour répondre à cette question, il fallait étudier la structure de la tige dans un nombre aussi grand que possible de Primevères, en utili- sant à cet effet les ressources de l’herbier du Muséum et les procédés techniques qui permettent de scruter jusque dans ses détails les plus délicats l'organisation intime des plantes desséchées. À ce nouveau travail j'ai associé M. Douliot, préparateur au Muséum, et c'est. en son nom et au mien que j'en communique aujourd'hui les résultats à la Société. Sans entrer ici dans l'exposé des faits anatomiques, qui fera l'objet d'un mémoire plus étendu, accompagné de figures, nous nous bornerons à résumer ces résultats dans un tableau, à comparer ce tableau au grou- pement établi d'aprés les caractéres extérieurs, et à formuler la conclusion qui nous parait découler de cette comparaison. A la suite des Prime- vères antérieurement décrites, au nombre de quatre-vingt-cinq (1), nous inscrivons dans le tableau les espéces récemment publiées par M. Fran- chet, tant celles, au nombre de six, récoltées au Thibet par M. l'abbé David, que celles, au nombre de vingt-trois, envoyées du Yun-nan par M. l'abbé Delavay, et qui ont fait l'objet de la ication précédent En tout cent quatorze espéces. I. Tige normale ou à moelle, — Le cylindre central de la tige se dilate et prend une moelle au-dessus des cotylédons, puis demeure indéfiniment normal. Section 1. SINENsES. — Pivot persistant; pas de racines adventives, Liber et bois secondaires exfoliant l'écorce. Primula sinensis, malacoides Fr., bullata Fr., bracteata Fr.; plus une cinquième espèce, encore inédite, intermédiaire entre les P. bullata et bracteata. Section 2. CORTUSOIDES. — Pivot fugace; racines adventives. Liber et bois secondaires exfoliant ordinairement l'écorce; pas de réseau radicifére. Primula cortusoides, verticillata, Aucherii, Boveana, flori- bunda, rosea, folia, reticu- lata, Forbesii Fr., dryadifolia Fr., : septemloba Fr., hou ræfolia Fr., oreodoxa Fr. (1) Comme ila été rappelé dans la précédent ication, les ches « M. de Kamienski ont Lei déjà sur 19 de ces quii mais nous avons dà les étudier toutes à nouveau. i 128 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1886. Section 3. OFFICINALES. — Pivot fugace; racines adventives. Pas ou très peu de liber et de bois secondaires sous l'écorce persistante; réseau radicifère. _ Primula officinalis, macrocalyx, inflata, suaveolens, varia- bilis, elatior, Pallasii, amena, grandiflora, acaulis, intri- cata, Perreiniana, petiolaris, Thomasinii, unicolor, elli- Ptica, carpathica, sikkimensis, auriculata, malvacea Fr. Il. Tige anomale ou sans moelle. — Le cylindre central de la tige demeure étroit et sans moelle pendant un nombre plus ou moins grand d'entre- nœuds au-dessus des cotylédons; puis, presque toujours, il se ramile progressivement en cylindres centraux dont la forme, la dimension, le nombre et la disposition dans l'écorce varient suivant les espèces. Pivot fugace; racines adventives. Pas ou trés peu de liber et de bois secon- daires sous l'écorce persistante; réseau radicifére. Section 4. REPTANTES. — Cylindre central axile unique, se prolon- geant sans se ramifier jusqu'au sommet de la tige, qui demeure trés gréle. Primula reptans. Section 5. URSINÆ. — Cylindres centraux circulaires, plus ou moins nombreux et diversement disposés, cà et là fusionnés en petits arcs. Primula Auricula-ursi, venusta, Palinuri, carniolica, mar- ginata, villosa, hirsuta, viscosa, pubescens, lalifolia, pe- demontana, Allionii, integrifolia, spectabilis, Clusiana, commutata, Muretiana, di algida, ica, Fler- keana, minima, Parryi, glutinosa, Balbisii, Kitaibeliana, angustifolia, minutissima, uniflora, tyrolensis, nivalis, folia, erosa, D yi Fr., Yı Fr. Section 6. FARINOSÆ. — Cylindres centraux étalés en arcs disposés en cercle et, çà et là, fusionnés en arcs plus larges. Primula farinosa, Stuartii, involucrata, sibirica, borealis, stricta, long tassinica, denticulata, longiflora, ca- pitellata, macrocarpa, Mazimowiczii, Dickieana, Moorcrof- tiana, glabra, Heydei, glacialis Fr., Poissoni Fr., bella Fr., secundiflora Fr., sonchifolia Fr., calliantha Fr.,spicata Fr., pinnatifida Fr., amethystina Fr., membranifolia Fr., in- cisa Fr., Davidi Fr., ovalifolia Fr., moupinensis Fr. Section 7. JAPONICÆ. — Cylindres centraux fusionnés en un anneau plus ou moins complet ; réseau radicifère étalé sur toute la péri- phérie de l'anneau. Primula japonica, prolifera,purpurea, obtusifolia, nutansFr., cernua Fr., serratifolia Fr. Aux six sections établies dans la communication précédente, pour classer les vingt-trois Primevéres du Yun-nan, il nous a donc suffi d'en ajouter une septième pour les espèces du type anomal dont la tige, parce qu'elle demeure trés gréle d'un bout à l'autre et ne produit que de VAN TIEGHEM ET DOULIOT. — GROUPEMENT DES PRIMEVÈRES. 41929 trés petites feuilles, ne ramifie pas son cylindre central étroit, et conserve dans toute son étendue la structure que les autres espèces du méme type ne possèdent que dans un nombre plus ou moins grand d’entrenœuds au-dessus des cotylédons; dans cette septième section, l'anomalie reste, pour ainsi dire, à l'état de germe, à l'état virtuel. Ainsi légérement élargi, notre cadre ancien suffit à renfermer les cent quatorze espéces étudiées, et trés probablement aussi la totalité des espéces du genre. On peut remar- quer tout de suite que l'anomalie est beaucoup plus répandue que la struc- ture normale; soixante-quatorze espéces, en effet, la présentent, tandis que quarante seulement sont normales. Comparons maint t le group t fondé sur la structure de la tige au sectionnement établi sur les caractères extérieurs par Duby, dans sa monographie du Prodrome, publiée en 1844. Les soixante et une espèces alors connues y sont, comme on sait, réparties en cinq sections : Sphon- dylia, Primulastrum, Auricula, Arthritica, Aleuritia. Toutes les espéces. des seclions Sphondylia et Primulastrum ont la lige normale, à l'exception du P. prolifera. Toutes les espéces des sec- tions Auricula, Arthritica et Aleuritia ont la tige anomale, à l'excep- tion des P. auriculata, reticulata, rosea et elliptica. Le P. prolifera, placé par Duby en téte de sa premiére division, prend place dans notre dernière section, à côté du P. japonica, dont il partage le genre d'ano- malie et dont il est d'ailleurs à tous égards trés voisin. Les P. reticulata et rosea, classés par Duby en téte de sa section Aleuritia, prennent rang dans notre seconde section Cortusoides. Enfin le P. auriculata, qui occupe la tête de la section Arthritica, etle P. elliptica, qui fait partie de la section Aleuritia, viennent se ranger dans notre troisiéme section Officinales. À part ces quelques dépl ts, dont la nécessité sera sans doute corroborée bientót par l'étude des caractéres extérieurs, on voit que notre coupe principale passe t t entre la de et-la troi- sième des sections de Duby. L’accord est tout aussi satisfaisant pour nos divisions secondaires. Parmi les Primevères normales, le P. sinensis fait exception dans la section Primulastrum de Duby; il se distingue d'ailleurs tellement de tous les autres Primula antérieurement décrits, qu'on a proposé à deux reprises d'en faire un genre à part (Primulidium Spach, Oscaria Lilja). Aujourd'hui il n'est plus isolé; avec les P. bullata, bracteata, ` malacoides, etc., il constitue un groupe bien défini, notamment par la persistance du pivot, et personne né contestera que ce groupe ne doive former dans le genre une section distincte. Cela posé, notre seconde section Cortusoides correspond à la section Sphondylia de Duby, moins le P. prolifera et plus les P. reticulata et rosea, comme il a été dit plus haut, plus aussi le P. cortusoides, rangé par Duby dans sa section Pri- T. XXXIII. (SÉANCES) 9 130 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1886. mulastrum. De méme, notre troisième section Officinales correspond à la section Primulastrum de Duby, moins les P. sinensis et cortusoides, plus les P. auriculata et elliptica, comme il a été dit plus haut. Pour ce qui est des Primevéres anomales, nos sections 4 et 5, renfer- mant toutes les espéces à cylindres centraux circulaires, correspondent à l'ensemble des deux seclions Auricula et Arthritica de Duby, tan- dis que nos sections 6 et 7 correspondent ensemble, moins les P. reti- culata, rosea, elliptica et plus le P. prolifera, à la section Aleuritia de Duby. En somme, pour les divisions secondaires, comme pour la coupe prin- cipale, la concordance entre les deux groupements est aussi satisfaisante que possible. Malgré la conclusion inverse de M. de Kamienski, l'étude de la structure vient donc, ici aussi, corroborer et au besoin rectifier celle des caractéres extérieurs. Cet accord une fois constaté, il nous paraît nécessaire de le sanclion- ner en séparant, comme le faisait Tournefort, les Primevéres en deux genres distincts : le genre Primula, caractérisé par sa tige à moelle ou normale, et le genre Auricula, caractérisé par sa tige sans moelle ou anomale. L'anomalie qu'il présente n'ayant pas sa pareille, il faut recon- naitre qu'il n'y a peut-étre pas, dans tout le régne végétal, un seul genre aussi nettement défini par sa structure que le genre Auricula. Le genre Primula, ainsi limité, comprendra les trois premiéres sec- tions définies plus haut, tandis que le genre Auricula, restauré, com- prendra les quatre autres, comme il suit : Section 1. SINENSES. — P. sinensis, etc. Primula L. / Section 2. CORTUSOIDES. —- P. cortusoides, etc. Section 3. OFFICINALES. — P. officinalis, etc. Section 1. REPTANTES. — A. reptans, etc. Section 2. URSINÆ. — A. ursi, etc. Section 3. FARINOSÆ. — À. farinosa, etc. Section 4. JAPONICÆ. — A. japonica, etc. Auricula T. Le second de ces genres est beaucoup plus vaste que le premier ; sur les cent quatorze espèces étudiées par nous, il y a, en effet, quarante Pri- mevéres seulement, contre soixante-quatorze Auricules. Ajoutons, pour terminer, que les Androsace, dont la tige a la struc- ture normale, avec liber et bois secondaires exfoliant l'écorce et sans réseau radicifère, se rattachent aux Primula par deux côtés différents : par les espèces à pivot persistant (A. septentrionalis, masima, etc.), à la section du P. sinensis, par les espéces à pivot fugace et à racines adven- tives (A. geraniifolia ; etc.), à la section du P. cortusoides. C'est égale- ment par la section du P. sinensis que les genres Gregoria (G. Vita- liana, etc.) et Dionysia (D. revoluta, etc.) se raltachent au genre VAN TIEGHEM ET DOULIOT. — GROUPEMENT DES PRIMEVÈRES. 131 Primula. Les Hottonia, au contraire, se relient aux Auricules : avec son cylindre central étroit, à moelle trés réduite, la tige de ces plantes par- tage en effet la structure de celle de l'A. reptans. Par PA. reptans, les Hottonia se rattachent ensuite aux autres Auricules. Il faut remarquer cependant qu'il y a ici adaptation à la vie aquatique, et que, par consé- quent, les Hottonia ne sont pas, en toute rigueur, comparables aux Auricules. M. Cornu est heureux d'annoncer qu'il a recu les graines d'un certain nombre des espéces décrites par M. Franchet, et de plus, par l'entremise de M. Leichtlin, des graines de Primevéres de Himalaya, récoltées sur le versant opposé à celui du Thibet. Il ne négligera rien pour obtenir leur germination, et ne laisse d'éprou- ver à cet égard quelques appréhensions. Des graines de Primula prolifera, que M. Treub lui avait obligeamment procurées ont été semées en 1884 et n'ont pas encore germé. : M. Van Tieghem croit que, dans ces espéces, l'examen de la jeune plante offrirait un véritable intérét. On peut reconnaitre de trés bonne heure si la structure sera normale ou anomale : dans le premier cas, le cylindre central s'élargit beaucoup, au-dessus des cotylédons; dans le second, il reste grêle, et c'est au-dessus de la troisième ou de la quatrième feuille, par exemple, qu'il se divise pour produire les cylindres centraux multiples. La section du pre- mier entrenceud au-dessus des cotylédons permet donc de décider déjà si l'on a affaire à une Primevére ou bien à une Auricule. M. Leclerc du Sablon présente les observations suivantes sur un point de priorité : Dans une communication faite à la Société botanique allemande, en décembre 1885, M. Schrodt critique l'explication que j'ai donnée de l'ouverture du sporange des Fougères. Cet auteur prétend que le travail qu'il a publié sur ce sujet est anté- rieur au mien. Or le mémoire de M. Schrodt a paru dans le Flora, en juillet 1885, et mon mémoire des Annales des sciences naturelles, qu'il cite sans en donner la date, a paru dans le courant du méme mois. De plus, M. Schrodt passe sous silence la communication que j'ai faite à la Société botanique de France en juin 1884, un an avant la publication de son travail et où sont résumés les points principaux développés dans le mémoire des Annales. La question de priorité ne fait donc pas de doute. En second lieu, dans sa récente communication, M. Schrodt formule, 132 SÉANCE DU 26 FÉVRIER 1886. en paraissant se les approprier, des conclusi blables, sauf un point de détail sans importance, à celles que j'avais déjà énoncées. Il était donc naturel de supposer que, dansle Flora, le méme auteur avait développé six mois auparavant des idées analogues. Il n'en est rien. En lisant le mémoire publié dans le Flora, on voit que la manière de voir de M. Schrodt n'a aucun rapport avec celle qu'a paru lui inspirer la lecture de mon mémoire. Je n'ai donc qu'à me féliciter d'avoir convaincu M. Schrodt, tout en regrettant que sa communication à la Société alle- mande laisse planer quelque obscurité sur l'évolution de ses idées. M. Vallot, secrétaire, donne lecture de la communication sui- vante : DESSICCATION DES PLANTES EN VOYAGE, par M. COPINEAU. Pour préparer avec succés les échantillons de plantes destinés à étre conservés en herbier, il est de la plus grande importance de les dessé- cher rapidement et de ne pas les laisser dans des papiers humides. Cela est parfois difficile, surtout lorsqu'on est hors de chez soi et que l'on fait eu voyage des récoltes abondantes, avec une provision relativement faible de papier pour la dessiecation. M. Préaubert, dans la séance du 28 avril 1882, a indiqué à la Société un appareil permettant d'obtenir une dessiccation rapide, mais difficile à emporter et à utiliser en expédition. M. Vallot nous a entretenus, le 8 juin 1883, d'une sorte d'étagére de voyage imaginée par lui; mais ce procédé, tout ingénieux qu'il est, vous charge encore d'un certain poids; le bâti en est peut-être un peu com- pliqué, et il est à craindre que les ficelles ne s’en emmélent et ne nuisent à son bon fonctionnement. Enfin il ne permet de sécher qu'une quantité de papier relativement limitée. J'ai cru qu'il pouvait être opportun, quelque temps avant la prochaine session extraordinaire, où l'on aurait occasion de l'employer, d'indiquer à mes confréres le moyen dont je me sers et qui me procure toute satis- faction. ; J'ai fait coudre, à grands points et avec de gros fil, tous mes coussins à dessiccation, assez prés des bords; au milieu du coussin, en haut et en bas, j'ai fait passer le fil dans une porte de métal identique à celles que l'on place aux jupons de femme pour retenir les agrafes. D'un autre côté, j'ai, sur un lacet solide, fait assujettir, en les espaçant de 3 ou 4 centimétres, des agrafes de forme allongée et dont le crochet se trouvàt dans le méme plan que les œillets qui servent à les coudre. COPINEAU. — DESSICCATION DES PLANTES EN VOYAGE. 133 Pour faire sécher mes coussins, je tends sur deux clous mon lacet, soit au-dessus du feu, soit dans le courant d'air d'une porte ou d'une fenétre, soit simplement dans une chambre. A chaque agrafe j'aceroche un matelas de papier par l'une de ses portes métalliques, qui ne doivent pas être cousues serrées. Les coussins, isolés les uns des autres et complè- tement suspendus, séchent avec une merveilleuse rapidité; je puis, dans un espace trés limité, en superposant mes lacets à une cinquantaine de centimétres, disposer une quantité considérable de matelas, et si, d'un côté, les lacets et agrafes sont un poids insignifiant, d'autre part les portes, à plat sur les coussins, ne génent en rien pour la dessiccation. Quant à la presse de voyage, j'en dois les indications à l'un de nos collégues, qui les tenait lui-méme de notre confrére, M. Rouy. Elle est à la fois simple, aussi légére que possible et fort pratique. : Mon paquet de plantes à dessécher étant disposé entre deux planches résistantes, je le place entre deux plaques étroites d'acier percées à chaque extrémité d'un trou dans lequel passe une tige filetée, munie d'une tête plate dans le bas et d'un écrou dans le haut. Ces écrous, ma- nœuvrés avec une clef, assurent une pression aussi forte qu'on peut le désirer. Pour éviter que les tétes des vis tournent dans la plaque du dessous, il faut que la tige filetée ait une embase carrée qui s'ajuste aux trous de la plaque du dessous, ou qu'elle porte une goupille qui se loge dans une petite encoche de la plaque. Enfin, pour assurer la solidité de l'appareil et son rapide fonctionnement, il est bon que le filet du pas de vis soit carré. Le paquet une fois serré, il suffit de le corder solidement, et la presse, démontée, peut en préparer un autre ; de sorte qu'une seule peut suffire par compagnie. Enfin, gràce à elle, les paquets, à l'aller comme au retour, sont suffisamment bridés pour que les cahots de la route ne les démo- 134 SÉANCE DU 12 mars 1886. lissent pas, au plus grand détriment de vos papiers, à Paller, et surtout de vos récoltes, au retour. M. J. Vallot dit que le système de M. Copineau est très ingénieux pour le séchage des matelas, mais qu’il ne donne pas le moyen de sécher les chemises contenant les plantes. Ces chemises devant être établies à terre, la nuit, comme par le passé, on ne supprime que la moitié de l'encombrement. L'appareil de M. J. Vallot est plus compliqué, il est vrai, mais il permet de sécher dans un très petit espace trois cents chemises el trois cents matelas. Cet appareil per- met aussi les étendages de jour, beaucoup plus sains que les éten- dages de nuit, dans une chambre où l’on couche. Quant aux presses, illes a supprimées depuis longtemps, les trouvant inutiles ; un paquet solidement ficelé et mis sous une malle ou un tiroir chargé de pierres remplit le méme but. M. Malinvaud pense qu'on peut arriver à bien dessécher les plantes avec des moyens différents; tout botaniste qui s'occupe depuis longtemps de former un herbier a fait son choix dans la variété des procédés, et le soin qu'il apporte dans ceux dont il a l'habitude en corrige souvent les inconvénients théoriques. Les inventions ou perfectionnements imaginés par MM. Vallot et Copi- . neau fournissent, à divers points de vue, d'utiles indications que plusieurs de nos confréres sauront mettre à profit. SÉANCE DU 1* MARS 1886. PRÉSIDENCE DE M. CHATIN. M. Mangin, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la précédente séance, dont la rédaction est adoptée. J'ai la profonde douleur, dit M. le Président, d'annoncer à la Société la mort de M. Edouard Morren, l'un de nos confréres de Belgique les plus distingués et les plus sympathiques. SÉANCE DU 12 Mans 1886. 135 M. Éd. Morren, qui portait dignement un nom déjà honoré par son pére, a publié d'intéressantes études de physiologie végétale et de taxi- nomie. Il avait été délégué par le gouvernement belge à l'Exposition universelle de 1867, puis à celle de 1878. C'est là que, me trouvant commissaire avec lui dans les mémes groupes, j'eus occasion de le voir souvent et de nouer avec lui d'amicales et agréables relations. D'une grande érudition, d'une élocution faeile et charmeuse, M. Éd. Morren eut toujours dans son enseignement les plus légitimes suecés. Nous ne saurions omettre de rappeler la Correspondance botanique, liste des jardins, des chaires et des musées botaniques du monde, utile publication par laquelle tant de liens ont été établis entre les botanistes de tous les pays, vivant jusque-là pour la plupart presque ignorés les uns des autres. M. Duchartre s'associe aux regrets dont M. le Président s'est fait l'interpréte, et il ajoute que la perte de l'éminent botaniste belge qui avait fait une étude approfondie des Broméliacées privera peut- être la science de l'importante Monographie de cette famille dont il avait réuni les éléments. M. le Président fait part à la Société de la mort d'un de ses membres, M. de Sotomayor, chirurgien-major en retraite, décédé à Calais, le 26 février dernier, à l’âge de soixante et un ans. Ce regretté confrére appartenait à la Société depuis 1875. M. le Président fait ensuite connaitre une nouvelle présentation, et, par suite de celles qui avaient eu lieu dans la précédente séance, il proclame membres de la Société : MM. Conn (D' Ferdinand), professeur de botanique et directeur du laboratoire de physiologie végétale, Schweidnitzer Stadtgraben, 26, à Breslau (Allemagne), présenté par MM. Bornet et Malinvaud. Coureuer, professeur agrégé à l'École supérieure de phar- macie de Montpellier, présenté par MM. Van Tieghem et Flahault. Vesque (Julien), maitre de conférences de botanique à la Sorbonne, présenté par MM. Duchartre et Mer. M. le Secrétaire général donne lecture d'unelettre de M. Briard, qui remercie la Société de l'avoir admis parmi ses membres. 136 .SÉANCE DU 12 mars 1886. Dons faits à la Société : De Bosredon, Les Ormeaua de Pelvézy. D. Clos, Singulière àpparence offerte par le bois d'une tige de Chéne. — De l'origine des prairies artificielles. — De la partition des axes. — Éloge de M. A. Barthélemy. Heckel et Schlagdenhauffen, Du Doundaké et de som écorce dite Quinquina africain. B. Renault et Zeiller, Sur les troncs de Fougères du terrain houiller . supérieur. — Sur quelques Cycadées houillères. R. Zeiller, Le Sondage de Ricard à la Grand' Combe. Verlot, Guide du botaniste herborisant, 3* édition. Pierre Viala et L. Ravaz, Mémoire sur une nouvelle maladie de la Vigne : le Black rot. H. Viallanes, La Photographie appliquée aux études d'anatomie microscopique. Errera, Une expérience sur l'ascension de la sève chez les plantes. Strasburger, Manuel technique d'anatomie végétale (trad. de Valle- mand par M. Godfrin). John Macoun, Catalogue of Canadian Plants. — Part. II: Gamope- talæ. Alfr. R. C. Selwyn, Rapport des opérations (1882 à 1884) de la Com- mission géologique et d'histoire naturelle du Canada. G. Licopoli, Su d'una nuova pianta saponaria. Société des sciences naturelles de la Gharente-Inférieure : Annales de 1884. Notarisia : C tarium phycologi Rivista trimestrale con- sacrata allo studio delle Alghe, n° 4, janvier 1886. Annalen des KK. naturhistorischen Hofmuseums. Band I, n° 1. M. Mer fait à la Société la communication suivante : PS MODIFICATIONS DE STRUCTURE SUBIES PAR UNE FEUILLE DE LIERRE AGÉE DE SEPT ANS, DÉTACHÉE DU RAMEAU ET ENRACINÉE; par M. Émile MER. i Je suis parvenu à conserver vivante jusqu'au mois d'octobre 1882 une feuille de Lierre (var. islandica), que j'avais cueillie au mois d'oc- MER. — SUR UNE FEUILLE DE LIERRE ENRACINÉE. 131 tobre 1876. Comme elle avait six mois au début de l'expérience, elle a donc vécu prés de sept ans. Jusqu'au mois de mai 1877, elle plongeait dans l'eau par l'extrémité libre du pétiole. A cette époque, il se forma dans cette région un hourrelet qui ne tarda pas à se garnir de radicelles. Deux mois plus tard, je transportai la feuille dans un pot rempli de terre et l'y enfoncai jusqu'à une faible distance au-dessus du bourrelet. Les radicelles ne tardérent pas à se multiplier et à fixer la feuille dans le sol. A partir de ce moment elle resta dans le méme pot, dont je renouvelai la terre à deux ou trois reprises. Je l'emportai dans tous les voyages que je fis pendant cette période de six ans. Elle vécut presque toujours devant une fenêtre, dans une chambre chauffée l'hiver (1). Les cellules du parenchyme limbaire se trouvaient constamment rem- plies de gros grains amylacés dont plusieurs n'étaient recouverts que d'une enveloppe verte trés mince, qui parfois faisait défaut (2), et cela méme en hiver, où, dans l'état de végétation normale, on n'en rencontre pas. C’est l'accumulation de cet amidon au bas du pétiole qui avait donné naissance au bourrelet, puis aux radicelles. Aucun bourgeon n'apparut sur une partie quelconque de l'organe, ainsi que cela a. généralement lieu sur les feuilles de Begonia bouturées. C'est précisément l'absence de tout bourgeon qui permit à la feuille de Lierre de vivre aussi longtemps ; s'il s'en était développé, le bourgeon aurait produit une plantule qui aurait épuisé à son profit les matières de réserve de la feuille-mére. Celle-ci, ayant au contraire à sa disposition une nourriture surabondante, put prolonger son existence au delà des limites normales, fait bien propre à mettre en évidence l'influence de la nutrition sur la vitalité du proto- plasma. Une persistance de vie aussi prolongée devait entraîner des modifica- (1) En 1877, je mis en expérience dans des conditions analogues une autre feuille de Lierre qui vécut six ans. Les détails renfermés dans cette note s'appliquent égale- ment à cette feuille. En 1878, j'en préparai plusieurs autres ; mais, comme je n'avais pu les emporter avec moi, pendant une absence assez longue que je fus obligé de faire, elles furent gelées pendant le rigoureux hiver 1879-80. (2) M. Belzung, dans une communication récente (Bull. de la Soc. bot. de France, t. XXXII, p. 378), a fait remarquer que les grains d'amidon qui se développent dans les chloroleucites des feuilles par voie endogène sont toujours de faibles dimensions. Ce fait, vrai en général, présente cependant quelques pti Ainsi on voit parfois, dans le parenchyme de la face inférieure, qui à son rôle assimilateur joint celui de tissu de réserve, des grains d'amidon volumineux recouverts d'une mince couche verte, la- quelle fait défaut en certains points. Il est assez difficile de décider, dans ce cas, s'il y a eu accroissement de ces grains aux dépens des leucites ou seulement distension de ces derniers, provoquée par le développement endogène des grains. Ces faits s'obser- vent dans les feuilles d'Hydrocharis, dans celles de Sapin et d'Epicéa au premier printemps, de méme que dans les feuilles de Begonia, surtout dans celles qui "pH bouturées. Dans ces dernières, j'ai même eu des grains d'amidon qui, par suite de l'aceroi: , avaient transpercé l'enveloppe des leucites eL s'en trouvaient tantôt à moitié, tantót presque entiérement dégagés. £ 138 SÉANCE DU 12 mars 1886. tions dans l'aspect extérieur el dans la structure de l'organe. C'est en effet ce qui eut lieu. Le pétiole acquit un diamètre plus considérable. Le limbe devint plus épais, sans que ses dimensions en surface fussent mo- difiées. Sur certains points des deux organes il se produisit des crevasses par lesquelles apparurent des tissus de formation nouvelle. Sur d'autres il se forma des plaques de liàge. Ces modifications dans l'aspect extérieur devaient correspondre à des modifications dans la structure interne. Celles-ci furent en effet trés considérables, ainsi qu'on va en juger. Je décrirai successivement celles qui se produisirent dans le pétiole et dans le limbe. PÉTIOLE. — Voici ce qu'on observe sur une section transversale de cet organe, pratiquée ailleurs qu'au niveau d'une crevasse ou du bour- relet. Les faisceaux libéro-ligneux ont acquis un volume triple et qua- druple de celui qu'ils avaient au début, par suite de l'activité de leur zone génératrice. Non seulement ils se sont développés dans le sens radial, mais encore ils ont envahi presque complètement par leurs pro- longements latéraux l'espace assez considérable qui les séparait, arrivant méme sur quelques points à se fusionner. A l'extérieur, ils ont formé du liber mou sans aucune fibre libérienne. Le bois secondaire est presque uniquement formé de fibres, réguliérement alignées les unes à la suite des autres, sur deux ou trois rangs, dans les intervalles compris entre les files des rayons; ceux-ci sont généralement composés de deux rangées de cellules. Cette régularité de structure rappelle celle du bois des Coniféres. Pas plus que dans le liber, il ne s'est développé dans le péricycle d'élé- ment scléreux. A l'extérieur des faisceaux, on remarque encore des vestiges de canaux gommeux. Les cellules corticales se sont agrandies et plusieurs se sont divisées par des cloisons le plus souvent radiales. Les cellules médullaires sont presque toutes détruites ou dilacérées, sauf dans le voisinage des faisceaux. Enfin, sur quelques points, l'épiderme et l'assise du collenchyme, distendus outre mesure par l'accroissement des lissus internes, se sont rompus, et il s'est formé un tissu cicatriciel. Au niveau d'une forte crevasse, la section transversale du pétiole pré- sente un aspect quelque peu différent. D'abord tous les faisceaux se trou- vent, par suite de cette rupture, disposés en arc, et sur les bords de la plaie les cellules de la moelle, toutes disloquées qu'elles étaient, sont parvenues néanmoins à produire une couche de liège. Le bois des fais- ceaux n'est plus réduit à des fibres, comme dans le cas précédent. On y remarque un certain nombre de vaisseaux, disposés suivant des lignes concentriques. Les fibres des zones comprises entre deux rangées suc- cessives de vaisseaux n'ont pas toutes la même structure. Celles qui avoi- sinent la rangée extérieure ont des parois plus épaisses, une lumière MER. — SUR UNE FEUILLE DE LIERRE ENRACINÉE. 139 plus étroite, et sont souvent plus aplaties tangentiellement que celles qui s'appuient sur la rangée interne. On distingue donc un bois d'automne et un bois de printemps, chaque rangée de vaisseaux étant la premiére production du bois de printemps. Les couches annuelles sont bien appa- rentes dans ces faisceaux et leur nombre concorde avec l'àge du pétiole. Dans les assises les plus externes du liber, on remarque quelques canaux gommeux de formation secondaire, disposés en arc, plus nom- breux et situés plus intérieurement que les canaux gommeux primitifs, qu'on apercoit du reste également. Enfin une section faite dans le bourrelet basilaire d’où partent les radi- celles présente l'aspect suivant. Les faisceaux sont disposés comme dans le premier cas, mais ils sont incomplets, en ce sens que les files de fibres entremélées de vaisseaux s'arrétent à des distances différentes. Des lames du liber mou pénètrent plus ou moins loin entre elles. Ici encore on remarque l'absence de tout tissu scléreux, fait assez surprenant, si l'on tient compte de l’âge atteint par l'organe et de sa richesse en substances de réserve. LimBe. — Les nervures des feuilles de Lierre appartiennent à deux types. Tantót le liber se présente, sur une coupe transversale, sous la forme d'un anneau d'épaisseur variable (nervures secondaires) ; attei- gnant son épaisseur maximum contre la région du bois primaire tournée vers la face supérieure du limbe, il disparait complétement dans la région opposée. Tantót il enveloppe complétement le bois (nervures primaires). A sa périphérie, on remarque une ou deux rangées de cellules scléreuses, issues peut-être du péricycle. Ces deux types se remarquent encore dans les nervures de la feuille que je décris. Seulement le bois et le liber secondaires se sont considérablement développés. Ces faisceaux sont du reste constitués comme ceux du pétiole. On y remarque des arcs concen- triques de vaisseaux limitant les couches annuelles du bois. Enfin, dans chacune de celles-ci, on peut distinguer un bois d'automne et un bois de printemps. La zone de cellules scléreuses situées à la périphérie du fais- ceau non seulement ne s'est pas acerue, mais encore les éléments en sont disloqués et les débris s'en apergoivent méme assez difficilement. Cest assurément dans le parenchyme du limbe que se sont produites les modifications les plus curieuses. J'ai dit précédemment que ce limbe était devenu plus épais. Cette épaisseur dépasse bien d'un tiers l'épais- seur normale d'une feuille de deux ans développée au soleil (1). Aussi les (1) Le limbe d'une feuille de Lierre est plus épais au soleil qu'à la lumière diffuse, et surtout qu'à l'ombre. La structure aussi est différente dans ces trois milieux. A l'ombre, les deux rangées de cellules qui se trouvent immédiatement sous l'épiderme supérieur sont à peine palissadiques et ne forment peut-être pas le cinquième de l'épaisseur totale. Les cellules du parenchyme inférieur sont allo transversalement; on y Te- 140 SÉANCE DU 12 Mans 1886. nervures qui ne se sont pas accrues en proportion sont-elles moins saillantes. Le tissu palissadique dépasse la moitié de l'épaisseur totale. Il est formé de trois rangs de cellules : celles du rang supérieur plus hautes que celles de l'intermédiaire et celles-ci plus hautes que celles de l'inférieur. Le caractère palissadique de ce dernier rang, qui commence à apparaitre dans les feuilles normales développées au soleil, s’est donc considérablement accentué. Les cellules d'une méme assise n'ont pas des hauteurs uniformes ; aussi les plans de séparation des diverses assises sont-ils ondulés. Les cellules du parenchyme inférieur ont. augmenté considérablement de dimensions, surtout dans le sens vertical, de sorte qu'au lieu d'étre all transversalement, elles le sont verticalement. Jusqu'à l’âge de quatre ans, les modifications précédentes sont les senles qui se soient produites. Mais, au delà de cet âge, il s'en est présenté d'autres. Les cellules palissadiques de la rangée supérieure se sont divi- sées par des cloisons parallélement à la surface, d'autant plus rappro- chées les unes des autres qu'elles se formaient plus prés de cette surface. Les cloisons sont, ai-je dit, plus rapprochées à la partie supérieure des cellules palissadiques du premier rang qu'à la partie profonde. Sur certains points, elles ont été si multipliées et si voisines les unes des autres, qu'il s'estformé en réalité un méristéme localisé. La division était centripéte; les cellules isolées par les cloisons étaient sans cesse pous- Sées vers l'extérieur parcelles qui se constituaient sous elles, et finissaient par se dessécher. Tl se formait ainsi cà et là de petites protubérances qui soulevaient l'épiderme sans le percer toujours. De semblables dévelop- pements cellulaires apparaissaient aussi à la face inférieure. Parfois ils déchiraient l'épiderme et faisaient hernie au dehors. Mais c'est surtout le parenchyme supérieur qui était le siége d'un développement actif. En résumé, sous l'influence de l'accumulation d'amidon dans tous les tissus de cette feuille, la zone génératrice des faisceaux du pétiole et des nervures est entrée en activité et a produit du liber et du bois secondaires. Le liber s'est distingué par l'ab totale d'éléments sclé- reux, le bois par la rareté des vaisseaux. Dans les régions où ceux-ci se sont formés, ils se sont groupés à la limite des accroissements annuels, de sorte qu'il est devenu possible d'apprécier l’âge de l'organe, méme marque quelques lacunes. — A la lumière diffuse, les cellules palissadiques occupent un tiers de l'épaisseur totale et sont disposées sur deux rangées, celles de la rangée supérieure étant les plus développées. Les cellules du parenchyme inférieur sont allon- gées, moins transversalement que dans le premier cas, et les lacunes y sont plus rares. — Enfin, au soleil, le tissu palissadique, composé de deux rangées seulement, occupe à peu près la moitié de l'épaisseur totale. Les cellules du parenchyme inférieur sont arrondies et sans lacunes. Celles qui forment l'assise supérieure de ce tissu se distin- guent des autres par leur disposition régulière, et ws elles sont un peu plus allongées dans le sens vertical que dans le sens transve J. D'ARBAUMONT. — NOTE SUR LE PÉRICYCLE. 144 d'après une nervure. Dans le limbe, c'est surtout le tissu palissadique qui a élé le siège d'un accroissement considérable, mais dans le sens vertical l t. Les éléments de ce tissu ont pris des dimensions tout à fait anormales ; en méme temps les cellules du parenchyme inférieur se sont accrues dans le méme sens, et leur forme s’est un peu rapprochée de celles des cellules palissadiques (1). Quand au bout de quelques années ces éléments eurent atteint les dimensions qu'ils ne pouvaient dépasser, ils se divisérent, et sur certains points, là où cette division était la plus active, il se forma un tissu générateur. , La feuille de Lierre dont je viens de parler offre un exemple remar- quable de l'influence de la nutrition sur la structure des tissus. Dans la séance du 10 janvier 1879, M. Van Tieghem a fait remarquer que l'on rencontre, dans les pétioles et les nervures des feuilles des Gymnospermes et des Dicotylédones ligneuses, des formations libéro- ligneuses secondaires, questions qui ne paraissait pas avoir jusqu'alors attiré l'attention des anatomistes (2). Il reconnaissait toutefois que « le » jeu de l'assise génératrice est, dans tous les cas normaux, de courte » durée, et une fois que la feuille a acquis sa grandeur définitive, les » faisceaux ne s'y épanouissent plus. Le bois secondaire y est donc d'au- » tant plus développé que la feuille a une croissance plus lente, mais il » ne l'est pas plus dans les feuilles persistantes que dans les caduques. » Par les détails qui précédent, on voit quelle longévité peut atteindre la zone génératrice des faisceaux foliaires, et quels développements sont capables d'acquérir, par suite d'une abondante nutrition, les assises libéro-ligneuses de ces organes. M. Mangin, secrétaire, résume et lit en partie la communication suivante : : NOTE SUR LE PÉRICYCLE, per M. J. d'ARBAUMONT. La théorie du péricycle, telle qu'elle a été exposée récemment par M. L. Morot (3), souléve daus mon esprit certaines objections sur le sens et la portée desquelles je désirerais être fixé. Je ne puis mieux faire, (1) L'intensité de l'éclairage produisant, dans le tissu des feuilles de Lierre, dés modifications analogues, quoique moins accentuées, à celles qui résultent de leur iso- lement, on est autorisé à en conclure, ainsi que je l'ai déjà fait (Bull. de la Soc. bot. de Fr.t. XXX, p. 112), que la lumière agit surtout dans ce cas en augmentant la nu- trition, : (2) A la suite de la communication de M. Van Tieghem, j'ai signalé sommairement les résultats que m'avaient déjà fournis mes expériences sur les feuilles de Lierre dé- tachées et enracinées, en ajoutant que je me réservais de revenir ultérieurement snr cette question. — . 3 nA A A y (3) L. Morot, Recherches sur le péricycle (Ann. scienc. nat. Bor, 6° série, t. XX). 142 SÉANCE DU 12 mars 1886. pour atteindre ce but, que de les soumettre à mes collègues de la Société botanique. M. L. Morot, dans les conclusions de son travail, affirme que « chez toutes les Phauérogames, il existe, à la périphérie du cylindre central de la racine, entre l'endoderme et le bord externe des faisceaux, une couche de tissu de méme origine que la moelle et les rayons médul- laires : le péricyele (1) ». Et plus loin, assimilant le péricycle de la tige à celui de la racine, il laisse entendre de la façon la plus claire, sans toutefois le dire formell t, que, dans ces deux organes, l'origine du péricycle est la méme. Puis, confirmant cette opinion par l'étude du développement des tissus, il fait remarquer qu’ « au moment où les cor- dons de procambium qui doivent donner naissance aux faisceaux libéro- ligneux s'organisent dans le tissu primitivement homogène du cylindre central, il subsiste toujours, entre leur bord externe et l'endoderme, une ou plusieurs assises de cellules », et que « c'est dans cette couche péri- phérique plus ou moins épaisse que certains éléments se différencient ultérieurement en fibres ». Ces fibres, ajoute-t-il, « n'appartiennent donc pas aux faisceaux ; elles ne sont pas libériennes » (2). Dans ces diverses propositions, qui forment le résumé dogmatique de son travail, M. L. Morot n'a fait d'ailleurs que s'inspirer des vues som- mairement exposées par M. Van Tieghem, en 1882, à propos du péri- cycle des Cueurbitacées. Parlant de la gaîne fibreuse des plantes de cette famille qui correspond, suivant lui, aux ares fibreux superposés aux faisceaux dans le Chéne, le Tilleul, ete., etc., le savant professeur avait affirmé, dés cette époque, que cette zone, de méme que les arcs fibreux auxquels il la compare, « appartient au cylindre central dont elle occupe la périphérie », mais que « ni plus ni moins qu'eux elle ne fait partie du liber du faisceau, elle n'est libérienne ». C'est là, suivant lui, une qualification à laquelle il est temps de renoncer tout à fait (3). Déjà M. Costantin, dans son mémoire sur les Tiges aériennes et sou- terraines, avait avancé que l'anneau fibreux des Caryophyllées « est formé par une différenciation du tissu fondamental » (4), et depuis je trouve cette méme opinion formulée par M. Vuillemin dans une note insérée dans un des derniers numéros du Bulletin de la Société bota- nique (5). : (1) L. Morot, Op. cit. p. 298. (2) L. Morot, Op. cit. p. 303 et 304. j (3) Van Tieghem, Sur quelques points de l'anatomie des Cucurbitacées (Bull. Soc. bot. de France, 1882, t. XXIX, p. 281). (4) Costantin, Tiges aériennes et souterraines (Annales des sciences naturelles, BOT. 6 série, t. XVI, p.82). (5) Vuillemin, Sur le péricycle des Caryophyllées (Bull. Soc. bot. de France, 1885, t. XXXII, p. 276). J. D'ARBAUMONT. — NOTE SUR LE PÉRICYCLE. 143 La théorie nouvelle se borne à généraliser cette facon de voir en s’ef- forçant de faire considérer, dans tous les cas et chez toutes les Phané- rogames qui en sont pourvues, la zone péricyclique comme un simple produit de différenciation du méristéme primitif. En est-il réellement ainsi? C'est ce que je me propose d'examiner. Mon principal motif de doute s'appuie sur des considérations tirées de l'étude attentive du processus de formation et de développement des tissus caulinaires. Prenons d'abord le cas de beaucoup le plus fréquent, celui oü les fibres libériennes des anciens auteurs, les fibres péricycliques de M. Van Tieghem, forment un certain nombre de groupes plus ou moins volumi- neux superposés au liber mou des faisceaux. Je laisse de côté la couche parenchymateuse qui sépare le plus souvent ces fibres du liber mou et constitue la zone interne du péricycle, quand celui-ci est hétérogène, parce qu’elle a même origine que ces fibres, ce qui n’est contesté par personne, et que son mode d’évolution est identique. Or, bien loin de reconnaître, avec M. Morot, que, dans le cas spécial qui nous oceupe, le cercle des cordons de procambium, au moment de son apparition, laisse subsister entre son bord externe et l’endoderme une ou plusieurs assises de tissu fondamental qui doivent donner nais- sance au péricycle, il m'a paru que ces assises font au contraire partie, le plus souvent, de la zone continue de tissu formalif secondaire qui isole, à ce stade d'évolution de la tige, la moelle de l'écorce primaire, et dans laquelle ne tardent pas à se différencier les premiers éléments du bois, du liber mou, et, suivant moi, du péricycle lui-même. C'est en effet dans la partie externe de cette zone qu'on voit bientót s'organiser une série de petits arcs alternati formés d'éléments parenchymateux et fibreux, et superposés, ceux-ci aux groupes libéro-ligneux, les autres aux rayons médullaires primaires. L'ensemble de ces arcs constitue le péri- cycle. Quant au cambium permanent des espéces ligneuses, son appari- tion est beaucoup plus tardive. Que l'origine des segments parenchymateux du cercle péricyelique — souvent d'ailleurs trés difficiles à distinguer, méme à l'état adulte — puisse, dans bien des cas, paraitre d is volonti , je le r S Il y a méme grande apparence que, dans nombre d’espèces, ces segments empruntent leurs éléments aux rayons médullaires primaires, c’est-à- dire au tissu conjonetif primordial, qui ne se distribue pas alors en deux cylindres concentriques complètement isolés l'un de l'autre par l'interpo- sition d'une zone continue de tissu procambial. Il n'en est pas de méme des segments fibreux, lesquels m'ont toujours paru prendre naissance dans les groupes tissulaires, parfaitement homo- gènes dans le principe et bien délimités par rapport au méristéme pri- 144 SÉANCE DU 12 Mans 1886, mordial, qui constituent les cordons de procambium fasciculaire. Ainsi considérées, les fibres péricycliques ne seraient qu'une portion spécia- lisée de la partie externe ou libérienne du faisceau. Voilà ce que j'ai constamment observé en prenant mes sujets d'étude dans différents groupes végétaux : Syringa vulgaris, Sambucus nigra, Hedera Helix, Lonicera Caprifolium, Fraxinus excelsior, Acer pseudo- Platanus, Vitis vinifera, Ampelopsis quinquefolia, etc., etc. Que si mes observations sont inexactes et que certains caractères maient échappé, qui permettent, dans ces premières phases du dévelop- pement de la tige, de rattacher sürement et t t les élément du péricycle au méristème primitif, je demande à quels traits distinctifs il me sera possible de les reconnaitre. J'ai suivi le développement des màmes régions tissulaires dans quelques espèces herbacées, telles que Centranthus ruber et Phlox decussata. Dans la tige adulte du Centranthus ruber, l'écorce primaire est limi- tée à l’intérieur par un endoderme très reconnaissable à ses grandes cellules quadrangulaires. En dedans de l'endoderme régne une couche continue de cellules parenchymateuses trés allongées (pseudo-fibres), fortement sclérifiées et en ication immédiate avec le liber mou des faisceaux. Ceux-ci sont séparés les uns des autres par de larges rayons médullaires à éléments également sclérifiés. Or, ces faisceaux m'ont toujours paru prendre naissance, de méme que les rayons médul- laires qui les isolent dans la tige adulte et que la zone de cellules sclérifiées quiles sépare de l'endoderme, dans une couche continue de tissu formatif, séparative de l'écorce et de la moelle sur tout le pourtour de la jeune tige. $ L'endoderme du Phlox decussata est constitué par une assise de cellules tabulaires trés allongées, en dedans de laquelle apparaissent trois zones concentriques, issues, par différenciation, comme chez le Centranthus ruber, d'une couche continue de tissu formatif, avec cette différence qu'il ne s'y forme point de rayons médullaires. La plus externe de ces zones, exclusivement formée de cellules parenchymateuses, con- slitue le péricycle; les deux autres comprennent les éléments du liber proprement dit et du bois. La tige des Caryophyllées, que j'ai spécialement étudiée, au point. de vue du développement, chez le Sap ia officinalis, est construite sur un type analogue. Ici encore je constate l'apparition, à une courte distance du cóne de végétation, d'une couche continue de tissu clair dans laquelle se différen- cient d'abord les éléments de deux paires de faisceaux disposés en croix; les autres faisceaux se forment ensuite, si rapprochés les uns des autres, qu'ils deviennent confluents, sans interposition de rayons médullaires. J. D'ARBAUMONT. — NOTE SUR LE PÉRICYCLE. 145 La zone continue de tissu formatif ne laisse guère en dehors que quatre ou cinq assises de cellules qui constituent l'écorce primaire, avec un endoderme peu distinct. Ces cellules sont dès lors. complètement évoluées; elles n'ont plus qu'à grandir dans toutes les directions, tandis que celles du péricycle continuent de se diviser en direction centri- pète. Les premiers tubes cribreux apparaissent sur le milieu de la couche continue, et les trachées à sa partie interne, faisant de fortes saillies sur la moelle. Notons cette différence avec le Phloæ decussata, qu'ici la couche péricyelique est beaucoup plus volumineuse, et qu'il s'y produit en outre une différenciation secondaire par suite de la formation, à sa partie externe, de plusieurs assises continues de fibres trés allongées, qui ne tardent pas à se charger d'épaississements collenchymateux, comme Pa trés bien observé M. Costantin, et qui apparaissent complètement sclérifiées dans la tige adulte. Quant à la partie interne de cette méme couche, on sait qu'elle reste parenchymateuse, sans épaississement notable des parois cellulaires, ce qui finit par lui donner l'aspect d'un tissu conjonctif d'ordre secondaire, suivant moi, el qu'il lui arrive sou- vent de s'isoler du liber mou par la. formation tardive d’une: couche subéreuse. Chez le Dianthus barbatus, la structure. de la zone fibreuse est la méme que dans la Saponaire, et elle se forme de la. méme fagon en dedans de l'écorce primaire, dont elle est séparée par un endoderme formé de cellules allongées tangentiellement. Dans le Melandrium dioicum, le cercle du liber mou et du bois n'est pas continu, mais interrompu à des intervalles inégaux par d'étroits rayons médullaires qui communiquent directement avec la partie interne ou parenchymateuse du péricycle. Quant à celui-ci, considéré dans son ensemble, il provient, comme ceux de la Saponaire et du Dianthus, de la différenciation d'une couche continue de tissu formatif spécialisé, limitée au dehors par l'écorce primaire. Je dis d'une couche continue, sous réserve des observations de M. Vuillemin, quia montré que, chez les Caryophyllées en général, le péricycle ne présente pas toujours la méme constitution dans toutes les parties de la méme plante. En résumé, chez les cinq espéces herbacées qui viennent d'étre élu- diées, Centranthus ruber, Phlox d ta, Sap ia officinalis, Dianthus barbatus et Melandrium dioicum, j'ai cru reconnaître : 1^ que le péricycle est un produit de différenciation d'une zone continue de tissu formatif indépendant du méristème primordial, et dans laquelle prennent également naissance le liber mou et le bois; 2° que, si l'on ne veut pas admettre que, dans ces mêmes espèces, cette zone fasse partie intégrante des faisceaux, comme il en est, suivant moi, des fibres péri- T. XXXI. ——— (000 007 A (SÉANCES) 10 146 SÉANCE DU 12 Mans 1886. cycliques superposées à ces derniers dans les espéces ligneuses plus haut considérées, je ne puis m'empécher de € ter qu'elle y est du moins dés l'origine, et qu'elle y reste constamment en rapport direct et intime avec le liber mou, soit seulement à la hauteur des faisceaux (Centran- thus ruber, Melandrium dioicum), soit sur tout le pourtour de la tige (Phlox decussata, Saponaria officinalis, Dianthus barbatus). L'objection que l'on pourrait tirer de la formation tardive, chez la Saponaire, d'une couche de suber à la limite interne du péricycle, tombe d'elle-méme, puisque les formations de ce genre sont fréquentes, comme on sait, dans l'écorce secondaire des plantes ligneuses, sans qu'on puisse les considérer comme indicatives des lignes de séparation de tissus d'origines différentes. Je passe à la tige des Cucurbitacées, qui a été la cause occasionnelle de ce débat. On sait que les faisceaux des plantes de cette famille sont plongés dans un parenchyme fondamental abondant qui les isole les uns des autres par de larges rayons médullaires, et les sépare complétement le plus souvent, sauf à la hauteur des insertions foliaires, de la zone de tissu fibreux à éléments sclérifiés (péricycle externe de M. Morot) dont le cylindre central est entouré. Cette zone est continue ou à peu prés chez Cucumis sativus, Cucurbita Pepo et Bryonia dioica, tandis qu'elle se montre irréguliérement interrompue dans d'autres espéces, telles que Cucumis Melo, etc. Partout l'endoderme est peu distinct. Le liber des faisceaux est double (faisceaux bicollatéraux), comprenant un liber interne tourné vers la moelle, et un liber externe (stricto sensu, groupe de tubes cribreux), auquel est superposée une couche de parenchyme spécialisé dans lequel je crois reconnaitre le péricycle in- terne ou mou de M. Morot. En étudiant le développement de ces diverses régions tissulaires, j'ai constaté : 1° que les faisceaux naissent isolément dans le parenchyme fondamental sans être ou paraître réunis au début, comme dans les cas précédemment observés, par une zone continue de tissu formatif secon- daire ; 2° que les couches parenchymateuses disposées en demi-cercle à la partie interne du faisceau prennent naissance, de même que le liber mou et le bois, dans le cordon procambial; 3° enfin, que la zone de tissu fibreux qui sépare le cylindre central de l'écorce primaire tire son ori- gine, non pas d’une simple différenciation du tissu fondamental, mais bien de l’évolution d’un tissu formatif spécialisé, contemporain du tissu procambial et présentant au début les mêmes caractères. L'identité des deux tissus est facile à reconnaître au niveau des insertions foliaires, où ils se confondent dans les trés jeunes liges. Il semble donc qu'iei la couche péricyclique se soit en quelque sorte scindée en deux parlies, une partie interne, parenchymateuse et frac- J. D'ARBAUMONT. — NOTE SUR LE PÉRICYCLE. 147 tionnée, qui reste adhérente au liber des faisceaux, et une partie externe, fibreuse et continue, qui se localise au pourtour du cylindre central et reste séparée des faisceaux par plusieurs assises de tissu fondamental. Mais, si cette disposition anormale du péricycle est constante dans la tige des Cucurbitacées, elle ne se retrouve pas dans le pétiole. En péné- trant dans cet organe, la zone du péricycle fibreux se fractionne en effet en autant d'arcs isolés qu'il s'y trouve de faisceaux, et chacun de ces arcs, plus ou moins sclérifiés, vient s'appliquer étroitement contre la couche de parenchyme spécialisé (péricycle interne) qui est superposée, dans chaque faisceau, au groupe des tubes cribreux. Et ainsi se trouvent ré- tablis les rapports ordinaires des deux couches péricycliques entre elles et avec le groupe des tubes cribreux. Cette disposition du péricyele pétiolaire des Cueurbitacées ne doit pas d'ailleurs étre considérée comme une exception. Dans un récent compte rendu du mémoire de M. Morot, M. Leclerc du Sablon fait cette remarque importante, qu'en passant dans la feuille le péricycle « forme rarement un anneau complet autour de l'ensemble des faisceaux; le plus souvent, ou bien il entoure séparément chacun d'eux, ou bien il constitue un arc plus ou moins développé sur les faces infé- rieures et latérales du pétiole » (1). Dans la plupart des espéces que j'ai étudiées (toutes les Cucurbitacées, Fréne, Sureau, Lilas, Erable, etc., ete.), le péricycle entoure séparé- ment, en effet, chaque faisceau du pétiole; il correspond donc exacte- ment au second type signalé par M. Leclerc du Sablon. Sur ce point, mes observations coneordent parfaitement avec celles de cet auteur. Mais, de plus, j'ai eru reconnaitre que toujours, en pareil cas, les éléments de ce méme péricycle, — et cela aussi bien pour les fibres superposées au liber mou que pour les cellules parenchymateuses de petit calibre ré- pandues sur les cótés et le bord interne du faisceau ; — que ces élé- ments, dis-je, bien loin de provenir d'une différenciation du méristéme primitif, prennent directement naissance dans le procambium fascieu- laire, qu’ils sont conséquemment une dépendance du faisceau. Et je me demande s’il wy a pas là une indication précieuse pour la détermination de l'origine du péricycle caulinaire lui-même, étant donné que l’individua- lisation et la nature propre du faisceau et de ses annexes sont bien plus accusées dans le pétiole que dans la tige, où elles se trouvent souvent dissimulées ou même détruites par la juxtap iti des fai ; Ajoutons que la couche fibreuse plus ou moins continue du péricycle caulinaire se fractionne de méme à la naissance des nervures foliaires du Dianthus barbatus et du Melandrium dioicum, et que les fibres y bg 53 (4) Bull, Soc. bot. de France, 1885, Revue bibliogr. p. 146, 148 SÉANCE DU 12 mars 1886. prennent aussi, à un certain stade de développement, l'aspect collenchy- mateux que nous avons reconnu, avec M. Costantin, dans celles de la Saponaire. Dans la tige adulte de certaines Géraniacées (Geranium pyrenaicum, diverses espèces ou variétés de Pelargonium), le cylindre central est entouré, de méme que celui des Cucurbitacées, d'une zone continue ou parfois irréguliérement interrompue de tissu sclérifié formé de fibres proprement dites et de cellules parenchymaleuses trés allongées. Il peut se faire que quelques trainées de cellules également selérifiées, et plus ou moins entremélées de cellules à parois minces, mettent cette zone en communication avec le liber mou des faisceaux; mais ce n'est là qu'une exceplion. Le plus souvent le passage du liber mou à la zone fibreuse continue est ménagé par la présence d'une simple couche de parenchyme spécialisé (péricycle interne mou de M. Morot). Or, si l'on cherche à se rendre compte de l'origine de ces différentes régions tissulaires, on voit qu'elles proviennent toutes d'un tissu formatif homogène dans toutes ses parties au début el tout à fait identique à celui dont nous avons constaté la présence, au même stade d'évolution, dans toutes les espéces précédemment examinées. Les faisceaux caulinaires des Pelargonium sont trés espacés au début; et ils restent longtemps en cet état. Ce n'est que tardivement qu'on voit apparaitre entre eux de nouveaux faisceaux qui prennent naissance dans les ares intercalaires de tissu formatif secondaire dont la partie interne est demeurée à l'état méristématique, tandis que l'externe est déjà complètement sclérifiée. Les faisceaux nouveaux se soudent entre eux et avec les anciens, de telle sorte qu'ils finissent par former un cercle libéro-ligneux continu sans interposition de rayons médullaires. Le péricycle pétiolaire du Geranium pyrenaicum, comme celui des Cucurbitacées, se scinde en autant de péricycles particuliers que de fais- ceaux ; ceux-ci, peu nombreux, souvent réduits à trois, se montrent trés rapprochés les uns des autres au centre du parenchyme fondamental. Tl n'en est pas de méme dans le pétiole des Pelargonium, dont les faisceaux, largement espacés, comme ceux de la jeune tige, sont dispo- sés en symétrie rayonnante à l'intérieur d'une zone fibreuse "B forme elle-même un cercle complet autour du cylindre central. Outre ces faisceaux que j'appellerai périphériques, il y en a deux autres qui sont situés au centre du pétiole, accolés latéralement l'un à l'autre et entourés d'une gaine étroite de tissu. sclérenchymateux peu accusé. Le bois de ces faisceaux est tourné vers la partie inférieure de l'organe, et leur liber mou, assez vol X, 8° pagne d'un petit groupe de fibres épaissies dont la position est trés remarquable. Elles ne sont pas, en effet, disposées comme à l'ordinaire en arc de cercle à l'exté- J. D'ARBAUMONT. — NOTE SUR LE PÉRICYCLE. 149 rieur du faisceau, mais bien plongées dans le liber qui les englobe de toutes parts, nouvelle preuve, suivant moi, des rapports intimes existant, dans la plupart des cas, entre les fibres libériennes ou péricy- cliques et le faisceau. Si je n'ai pas été le jouet d'une constante illusion, c'est dans la com- munauté d'origine du péricycle et des faisceaux qu'il faut chercher, pour toutes les espèces observées jusqu'ici, la raison d’être de ces rapports. Tout autre est l’origine de la zone continue de tissu sclérifié qui entoure le cylindre central dans la tige des Pavots (Papaver somniferum, P. Rhoas), et qui est formée, dans des proportions variables, de cellules parenchymat llongées et d'éléments fibreux moins abondants. Ici nous sommes certainement en présence d'un produit de différenciation du tissu conjonctif primordial. Aussi prés qu'on se puisse rapprocher du cóne végétatif, on n'observe jamais en effet, dansla tige de ces plantes, aucune formation analogue au tissu clair et à trés petits éléments qui caractérise le premier stade de l'évolution du péricycle dans les espèces précédentes. Ce qu'on y trouve constamment, c'est une masse homogène de tissu conjonctif à cellules toutes semblables avant la phase d’épais- sissement qui doit aboutir à la formation de la zone scléreuse continue. Au surplus, cet épaississement se continue dans les couches plus internes du tissu conjonctif, atteint assez ordinairement les faisceaux dans la tige du P. Rheas, et envahit méme les rayons médullaires dans celle du P. somniferum. Dans l'une et l’autre espèce, on distingue d'ailleurs trés hien cette zone sclérifiée des vraies fibres péricycliques, qui forment des groupes généralement peu volumineux superposés au liber mou des faisceaux et prenant naissance, comme lui, dans les cordons du procam- bium. : Trés évidemment le problàme se plique, et nous forcés de reconnaître, ou que la tige des Pavots est munie de deux péricycles sclé- rifiés, un péricycle externe continu, situéà la limite de l'écorce primaire et du cylindre central, et un péricycle interne discontinu, faisant corps avec les faisceaux, ou de proclamer que la couche externe continue, en raison méme de son origine, ne constitue pas un véritable péricycle (1). Le mode d'épaississement des éléments sclérifiés de la zone continue est à peu de chose prés le méme que celui des fibres de la Saponaire. Les cellules se chargent d'abord sur leurs arêtes d'empatements collen- chymateux ; puis les méats se creusent peu à peu dans la substance opaline interstitielle qui constitue ces empatements, et enfin l'épaississe- ment se répand uniformément sur toute la surface des parois cellulaires. Ilen est de méme pour les fibres superposées au liber mou des faisceaux. (t) La strücturé de l'Ancolie (Aguilégia vulgaris) està peu près là même. ` 150 SÉANCE DU 12 mars 1886. Je ne crois pas du reste que l’on puisse rien induire de ce phénomène relativement à la nature propre et à l’origine des éléments cellulaires où on l'observe, puisque, s’il est de beaucoup plus fréquent dans les cellules du tissu conjonctif primordial, surtout dans celles de l'écorce, on le retrouve aussi quelquefois dans des éléments franchement fasciculaires, notamment dans les tubes cribreux de la Saponaire. Dans le Chelidonium majus, il n'y a pas de zone fibreuse continue, mais de simples paquets de pseudo-fibres àla partie externe des faisceaux. Il ne me reste plus qu'à dire quelques mots du péricycle des Berbéridées, caractérisé, comme. on sait, par la présence de deux larges zones concentriques trés différenciées. La zone externe est formée de fibres de large calibre, à parois médiocrement épaissies ; l'interne est au contraire constituée par un parenchyme lacuneux dont les cellules n'épais- sissent jamais leurs parois etse montrent toujours pleines de chlorophylle ou d'amidon. Cette dernière zone subsiste assez longtemps, tandis que l'autre s'isole des tissus sous-jacents par l'interposition d'une couche subéreuse et ne tarde pas à se mortifier. Le cercle des faisceaux procambiaux, au moment de leur apparition, laisse en dehors, dans le Berberis vulgaris, de sept à dix assises de cellules, y compris l'écorce primaire jusqu'à l'épiderme. Bientôt les plus internes de ces assises deviennent le siége d'un travail de prolifération abondante, qui progresse en direction centrifuge, et finit par se concentrer dans la partie externe de la zone de formation correspondant au péricycle prosenchymateux. Il y devient méme trés actif, de telle sorte quela rapide extension de ce tissu et le prompt épaississement des éléments qui le composent, alors que la zone interne parenchymateuse ne s'aecroit plus, paraissent être la cause de la dislocation de cette dernière et de la for- mation des nombreuses lacunes qui la caractérisent. A l'état adulte, j'ai souvent compté, dans certaines tiges de Berberis vulgaris, de dix-huit à vingt assises, et plus, dans les deux zones du péricycle. Faut-il les considérer comme un produit de différenciation du tissu conjonctif primaire, ou bien le travail de prolifération, très localisé au début, qui leur donne naissance, n’indiquerait-il pas qu'il y a là aussi formation d'un tissu secondaire contemporain du procambium propre- ment dit? J'hésite à me prononcer. Ajoutons que, dans la méme espéce, l'endoderme est absolument indis- tinct. Les cellules de l’assise parenchymateuse immédiatement superposée aux fibres ne différent ni par la forme ni par les dimensions des cellules plus extérieures; je n'y ai jamais observé les plissements caractéristiques de l'endoderme; elles ne contiennent de l'amidon à aucune époque de leur existence ; enfin il leur arrive souvent de sclérifier leurs parois, ce qui est assez anormal pour les cellules endodermiques. Cette sclérification J. D'ARBAUMONT. — NOTE SUR LE PÉRICYCLE. 151 peut même gagner les couches plus externes, de telle sorte que, dans certains sujets, je n'ai plus trouvé entre l'épiderme et le tissu scléreux qu'une seule assise de cellules à parois légèrement épaissies. La couche fibreuse passe presque tout entiére dans le pétiole, à la base duquel elle forme, au devant des faisceaux, un demi-cercle ininterrompu, accompagné à l'intérieur de quelques assises de parenchyme allongé ou de tissu lacuneux à amidon. Un peu plus haut ce demi-cercle se frac- tionne en autant d'ares isolés qu'il y a de faisceaux dans le pétiole, et chacun de ces arcs vient s'appliquer étroitement à la partie externe du faisceau correspondant. Le tissu lacuneux se localise en même temps en deux massifs plus ou moins volumineux, situés prés des bords supérieurs du pétiole, tandis qu'à la partie la plus saillante de chacun de ces derniers s'organise un puissant cordon de cellules sclérifiées. On aura sans doute remarqué que je me suis souvent servi, au cours de cette trop longue dissertation, des mots péricycle, couche, zone, fibres péricycliques, me conformant ainsi à la nomenclature proposée par M. Van Tieghem. C'est qu'en effet, tout en faisant d'expresses réserves relativement à la théorie qui a donné naissance à ces expressions, je les trouve merveilleusement imaginées pour désigner une région caulinaire bien caractérisée, et dont l'importance est depuis longtemps reconnue au double point de vue de la morphologie des tissus et du róle considérable qu'elle remplit le plus souvent comme appareil de protection et de soutien pour le cylindre central. Je ne différe d'opinion avec M. Van Tieghem et ses éléves que sur la question, à la vérité assez importante, de savoir quelle est l'origine de cette région. J'ai cherché à exposer, dans les lignes qui précèdent, mes motifs de divergence, et je me résume en disant que, suivant moi, le pringe central se divise en deux parties ou régions pri ipales corr t lune au tissu conjonctif primordial, ce qui comprend la moelle, et, suivant les cas, tout ou partie seulement des rayons médullaires pri- maires ; l'autre au tissu formatif secondaire qui donne naissance par évo- lution divergente, d'une part au bois, de l'autre au liber mou et au péri- cycle, son annnexe. Si j'ai mal vu, qu'on veuille bien me montrer mon erreur, Je ne serai pas le dernier à la reconnaitre. M. Van Tieghem présente les remarques suivantes : « M. Morot s'empressera certainement de répondre à la communication fort intéressante de M. d'Arbaumont, dés qu'il en aura pu faire une étude attentive. Aussi me bornerai-je à présenter à ce sujet deux observations. 152 SÉANCE DU 12 mars 1886. La première, c’est que le péricycle n’est pas une théorie, comme le dit M. d'Arbaumont, mais simplement un fait, au même titre que la moelle et les rayons médullaires. La seconde, c’est qu’en exposant la définition du péricycle, j'ai pris grand soin de ne considérer que l'état adulte, de maniére à la placer en dehors et au-dessus de la question d'origine qui fait l'objet de la discussion présente. » M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : TRANSPIRATION ET CHLOROVAPORISATION, par M. Ph. VAN TIEGHEM (1). Je demande à la Société la permission d'appeler un instant son atten- tion sur la nécessité qu'il y a de séparer, en physiologie végétale, deux fonctions jusqu'ici confondues. Ces fonctions ont, il est vrai, l'une et l'autre pour effet extérieur l'émission d'une certaine quantité de vapeur d'eau par toutes les parties aériennes du corps de la plante, mais c'est là tout ce qu'elles ont de commun. Les plantes dépourvues de chlorophylle et les organes sans chlorophylle des plantes verles émettent incessamment, à l'obscurité comme à la lu- mière, de la vapeur d'eau par leurs parties aériennes; il en est de méme des organes pourvus de chlorophylle, quand ils sont à l'obscurité ou à une faible lumière diffuse. A une forte lumière diffuse ou au soleil, le méme phénoméne continue à se produire dans ces organes verts, mais en méme temps intervient la seconde fonction vaporisante dont il sera ques- tion tout à l'heure; celle-ci ajoute son action à celle de la premiére, et l'on n'observe au dehors que la somme des deux effets. C'est à cette émis- sion constante de vapeur d'eau par toutes les parties aériennes du corps, phénoméne commun à toutes les plantes et continu à la fois dans l'espace et dans le temps, parce qu'il a son siège dans le protoplasme général et qu'il n'exige pas le concours de la lumiére, qu'il convient de réserver désormais le nom de transpiration. Ainsi définie, les animaux la pré- sentent comme les plantes; la transpiration est une fonction commune à tous les étres vivants. Elle croit, comme on sait, avec la température, avec la sécheresse et l'agitation de l'air. La lumière aussi l'aecélére; au soleil, un organe sans chlorophylle, un pétale de Mauve ou de Lis, par exemple, transpire jusqu'à deux et trois fois plus fortement qu'à l'obs- curité. (1) Les considérations résumées dans cette note ont été développées récemment dans une des lecons de mon cours du Muséum (lecon du 13 février 1886). VAN TIEGHEM. — TRANSPIRATION ET CHLOROVAPORISATION. 4153 Lorsqu'ils sont exposés à une lumière suffisamment intense, à la lu- miére solaire, par exemple, les organes verts ajoutent à leur transpiration propre, accélérée déjà par cette lumière, comme il vient d’être dit, une nouvelle vaporisation d'eau qui a son siège dans les chloroleucites et sa cause dans les radiations absorbées par la chlorophylle. Ce second phé- noméne est beaucoup plus intense que le premier, qu'il noie pour ainsi dire dans sa masse. Aussi est-ce à lui qu'il faut rapporter la presque tota- lité des résultats observés par les nombreux auteurs qui ont étudié l'émis- sion de vapeur d'eau par les plantes vertes au soleil, émission impropre- ment désignée par eux sous le nom de transpiration. Pour fixer les idées, prenons un exemple. Une feuille de Blé, qui émet 4 milligramme de vapeur d'eau à l'obscurité, c'est-à-dire quand sa transpiration agit seule, en émet 168 milligrammes au soleil, quand sa transpiration est doublée du second phénomène (1). Il est vrai que le soleil, en même temps qu'il provoque le second phénoméne, accélére aussi le premier; admettons qu'il le triple, ce qui est une limite extréme, comme il a été dit plus haut. Dans la somme des deux effets, 168, la transpiration entrera donc seulement pour 3, le second phénomène pour 165. D'après les expériences bien con- nues de M. Wiesner, cette seconde fonction offre dans le spectre deux maxima, l'un dans le rouge, entre les raies B et C, l’autre plus élevé, dans le violet; les radiations jaunes agissent trés peu, les vertes pas du tout ; c'est-à-dire que la marche du phénomène coïncide exact t avec la marche de l'absorption des radiations, et que les radiations absorbées doivent étre regardées éomme la cause méme de la vaporisation. A celte vaporisation de l'eau par les parties verles aériennes dos plantes sous l'influence de radiations lumineuses d'une certaine réfran- gibilité, phénomène discontinu à la fois dans l'espace, puisqu'il a son siège exclusif dans les chloroleucites, et dans le temps, puisqu'il exige l'intervention de la lumière, et d'une lumière suffisamment intense, qui est, en un mot, une fonction protochlorophyllienne, il est nécessaire de donner un nom spécial. La désignation transpiration chlorophyllienne pourrait lui étre appliquée, mais ne suffirait pas à prévenir toute confu- sion avec la transpiration. Je propose de la nommer chlorotranspiration, ou mieux encore chlorovaporisation ; le mot est barbare, j'en conviens, mais commode et clair. i On confondait de méme autrefois, sous le nom de respiration, la res- piration véritable, phénomène commun non seulement à toutes les plantes, mais à tous les étres vivants, continu à la fois dans l'espace et dans le temps parce qu'il est une fonction du protoplasme et n'exige pas Pinter- vention de la lumière, avec l'assimilation du carbone, phénomène localisé (1) D’après une expérience de M. Dehérain. 154 SÉANCE DU 12 Mars 1886. dans les organes verts, discontinu à la fois dans l'espace et dans le temps, puisqu'il exige le concours des chloroleucites et d'une lumiére suffisam- ment intense, qui est, en un mot, une fonction protochlorophyllienne, Aujourd'hui on distingue avec le plus grand soin ces deux fonctions. La séparation réalisée plus haut est du même ordre et tout aussi nécessaire, Les deux premiéres fonctions agissent, il est vrai, en sens inverse et, ensemble, retranchent leurs effets, tandis que les deux autres agissent dans le méme sens et, ensemble, ajoutent leurs effets; mais, que ce soit d'une différence ou d'une somme qu'il faille dégager les effets de deux causes différentes, l'opération est également nécessaire. Par ce qui précéde, on voit qu'il n'est pas tout à fait exact de désigner, comme on le fait souvent, l'assimilation du carbone comme étant la fonc- tion chlorophyllienne; elle est seulement une des fonctions chlorophyl- liennes. En réalité, les rapports de la chlorophylle avec les radiations lumineuses comprennent au moins trois ordres de phénoménes; il y a done au moins trois fonctions photochlorophylliennes : 1? La chlorophylle absorbe dans la lumiére incidente certaines radiations, en laissant passer les autres : c'est l'absorption élective des radiations, phénoméne d'ordre physique. 2° A l'aide d'une partie de ces radiations absorbées par la chlo- rophylle, les chloroleucites vaporisent de l'eau : c'est la chlorovaporisa- tion, second phénomène d'ordre physique. 3° A l'aide d'une autre partie de ces mémes radiations absorbées par la chlorophylle, les chloroleucites décomposent de l'acide carbonique, en fixent le carbone aux éléments de l'eau et font la synthése des hydrates de carbone : c'est l'assimilation du carbone, phénomène d'ordre chimique. La première de ces trois fonc- tions est nécessaire à chacune des deux autres, qui y puisent la chaleur nécessaire à leur accomplissement; mais celles-ci peuvent manquer, ensemble ou séparément. Si l'organe vert est plongé dans de l'eau dé- pourvue d'acide carbonique, il n'y a ni assimilation du carbone, ni chloro- vaporisation ; si l'eau renferme de l'acide carbonique, il y a assimilation du carbone, sans chlorovaporisation. Si l'organe vert est placé dans de l'air dépourvu d'acide carbonique, il y a chlorovaporisation sans assimi- lation du carbone; si l'air contient de l'acide carbonique, il y a à la fois chlorovaporisation et assimilation du carbone. La transpiration, phénoméne physique, et la respiration, phénoméne chimique, sont donc des fonctions protoplasmiques, communes à tous les étres vivants et qui ne dépendent de la lumiére que pour leur intensité. La chlorovaporisation, phénoméne physique, et l'assimilation du carbone, phénomène chimique, sont au contraire des fonctions photochlorophyl- liennes, n'appartenant qu'aux êtres vivants pourvus de chlorophylle, loca- lisées exclusivement dans les chloroleucites et dépendant de la lumière pour leur existence même. En somme, il y a plus de ressemblance entre cens N. PATOUILLARD. — DEUX GENRES NOUVEAUX DE PYRÉNOMYCÈTES. 455 la respiration et la transpiration d'une part, entre l'assimilation du carbone et la chlorovaporisation d'autre part, qu'entre la respiration et l'assimila- tion du carbone, ou entre la transpiration et la chlorovaporisation. Dans les conditions où la respiration et l'assimilation du carbone agis- sent ensemble, c’est-à-dire dans un organe vert exposé au soleil, on sait qu'il est possible, à l'aide des anesthésiques, d'annuler la seconde fonc- tion en laissant subsister la première. Il est probable que dans ces mêmes conditions, où elles superposent leurs effets, la même méthode permettra d'annuler la chlorovaporisation en laissant subsister la transpiration. C'est ce que je me suis proposé de rechercher en instituant des expé- riences comparatives, dont j'aurai plus tard l'honneur de communiquer les résultats à la Société. M. Patouillard fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR DEUX GENRES NOUVEAUX DE PYRÉNOMYCÈTES, par M. N. PATOUILLARD. Les deux Champignons qui font l'objet de cette note ont été recueillis sur les plantes desséchées envoyées à l'herbier du Muséum de Paris par M. l'abbé Delavay et provenant de la Chine (province du Yun-nan). Je saisis l’occasion de remercier ici MM. Bureau et Franchet de l'extréme obligeance avec laquelle ils ont bien voulu me communiquer ces végétaux rares et curieux. : 1. CYLINDRINA Pat. — Périthéces simples, subcornés, dressés, cylin- driques, tronqués et creusés au sommel en une cupule au centre de laquelle se trouve un pore. Théques cylindracées, trés allongées. Spores filiformes, continues. Paraphyses ténues, simples, trés nombreuses. Ce genre se rapproche des Acrospermum par ses thèques, ses spores et sa texture cornée ; il en diffère surtout par la forme du périthèce. i Cylindrina Delavayi Pat. — Périthèces épars, hauts de 1-2 milli- mètres, noirs, cylindriques, lisses, tronqués et cupulaires au sommet; ostiole circulaire, quelquefois largement ouvert. Thèques très allongées (300-350 x 6-75), gréles; paraphyses linéaires. Spores filiformes, con- tinues, de la longueur des théques. i Parasite sur les feuilles mortes du Liparis liliiflora Reich. — Chine (Yun-nan). : 2. PynrNoTHECA Pat. — Stroma portant un grand nombre de récep- : tacles arrondis, serrés, noirs, carbonacés, formés d'un tissu celluleux homogène, creusé dans sa partie moyenne d'un grand nombre de logettes irrégulièrement disposées sur plusieurs rangées, et renfermant chacune 156 SÉANCE DU 26 Mars 1880. une thèque unique, globuleuse ou ovoide, sessile, contenant 8 spores incolores, ovoides, cloisonnées müriformes. Paraphyses nulles. Ce genre, dépourvu d'hyménium véritable, est voisin du genre Eury- theca observé par M. de Seynes sur un Fusain des environs de Mont- pellier ; il s’en distingue par ses spores cloisonnées dans deux directions, comme dans les genres Pleospora, Cucurbitaria, etc., et non simple- ment septées; de plus, les théques, au lieu de former une seule rangée dans un stroma analogue à celui des Dothidea, remplissent tout le tissu intérieur des périthèces. Pyrenotheca yunnanensis Pat. — Groupes arrondis ou allongés, atteignant jusqu'à À centimètre de long sur 1/2 centimètre de large, brun noir, tubereuleux. Chaque tubercule est formé d'un tissu brunâtre, plus serré et cassant à la périphérie, plus làche à la partie moyenne, qui est creusée de logeltes indéhiscentes contenant chacune une théque ovoide ou globuleuse, mesurant 30 à 50 sur 30 y, à paroi épaisse, incolore. Spores au nombre de 8, ovoides, cloisonnées müriformes, 23 x 10 u, hyalines. Sur l'écorce vivante d'un Buzus voisin du B. sempervirens. — Chine (province du Yun-nan). M. de Seynes croit avoir décrit naguère, sous le nom d'Eury- theca, un Champignon qui se rapproche beaucoup du Pyrénomycèle dont il vient d'étre question. Il ajoute qu'on a parfois considéré la cupule comme un rudiment d'apothécie. On classait alors l'Eury- lecha parmi les Lichens; mais la situation de cette fausse apo- thécie au milieu du stroma ne permet pas d'admettre cette manière de voir. M. Cornu demande à M. Patouillard si le Pyrénomycète qu'il à décrit était un véritable parasite. M. Patouillard répond affirmativement ; lestroma du Champignon avait traversé l'écorce. SÉANCE DU 26 MARS 1886. PRÉSIDENCE DE M. MER, VICE-PRÉSIDENT. M. Mangin, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 12 mars, dont la rédaction est adoptée. M. Cornu, à propos du passage du procès-verbal où sont men- | | | ; | | P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 157 tionnés les travaux laissés inachevés par Édouard Morren, dit qu'il apu constater, dans la dernière visite qu’il a faite à cet éminent botaniste, que son Iconographie des Broméliacées était presque terminée, et il espère qu'une œuvre aussi considérable ne sera pas perdue pour la science. M. le Président proclame membre de la Société, par suite de la présentation faite dans la dernière séance : M. Desvaux, agrégé des sciences naturelles, rue Berthollet, 16, à Paris, présenté par MM. Van Tieghem et Costantin. M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES (2* note), par M. P. DUCHARTRE. II. — Les vrilles qui s'enroulent en spirale, aprés avoir saisi avec leur portion terminale un corps étranger, présentent généralement un fait dont on s'est beaucoup préoccupé et dont on s'accorde méme à donner une explication mécanique. Voici comment ce fait est décrit par Ch. Dar- win (loc. cit. p. 164) : « Lorsqu'une vrille qui ne s'est pas attachée se resserre en spirale, la spirale qu'elle forme marche toujours dans le méme sens, du sommet à la base. D'un autre côté, une vrille qui a saisi un support avec son extré- mité, quoique son méme cóté soit convexe d'un bout à l'autre, s'enroule invariablement en partie dans un sens et, dans son autre partie, en sens opposé, ses deux spires de sens contraires étant séparées par une courte portion droite. Cette particularité curieuse et symétrique... se présente, sans exception, dans toutes les vrilles qui s'enroulent en spirale après avoir saisi un objet, mais elle est remarquable surtout sur les vrilles longues. On ne l'observe jamais sur les vrilles qui n'ont rien saisi, et, s'il semble parfois qu'elle existe chez certaines de celles-ci, c’est qu'elles ont d'abord saisi un objet qu'elles ont ensuite abandonné. Ordinairement tous les tours de spire qui se sont formés à une extrémité d'une vrille fixée marchent dans un sens, et tous ceux de l'autre extrémité marchent en sens contraire, avec une courte portion droite entre les deux; mais jai vu une vrille dont les spires tournaient alternativement en cinq sens opposés, avec des portions intermédiaires droites, et M. Léon a vu jus- . qu'à sept ou huit de ces changements de direction. Quand les spirales changent une ou plusieurs fois de sens, il y a tout autant de tours de 158 SÉANCE DU 26 mars 1886. spire dans un sens que dans l’autre. Par exemple, j'ai observé dix vrilles de Bryone attachées, qui présentaient, la plus longue trente-trois, la plus courte seulement huit tours; le nombre de ces tours était, dans tous les cas, le méme dans un sens que dans le sens contraire. » Les données exposées dans ce passage et les assertions auxquelles elles ont conduit Ch. Darwin sont universellement admises comme fondées et font foi dans la science. Or ces assertions sont, en résumé, les suivantes : 1* Toute vrille qui s'enroule sans s'étre attachée forme une seule et unique spire ; tandis que toute vrille qui s'enroule aprés s'étre accrochée par son extrémité forme deux ou plusieurs spires distinctes et tournant en sens alternativement opposés. 2» Les spires successives et de sens différents qui sont formées dans ce dernier cas ont, dans la méme vrille, le méme nombre de tours. 3 Une troisième proposition qui n'est pas formulée dans le passage précédent, mais qui est, pourrait-on dire, représentée par la figure 13 (page 165) jointe au texte de Ch. Darwin, et qui est d'ailleurs exprimée en termes formels par M. Pfeffer (1), c'est ce que les changements de sens ou, comme je les appellerai pour abréger, les inversions, dans les vrilles attachées, ne se produisent qu'en deçà de l'attache, dans la portion libre de ces filets. Ces idées sont-elles aussi solidement fondées ou du moins d'une appli- cation aussi générale qu'on l'admet habituellement? C'est ce que je crois devoir examiner en me basant sur l'observation et sur l'expérience. Je crois devoir contester de la maniére la plus formelle cette double assertion que toute vrillelibre ne s’enroule qu'en une seule spire, et que les vrilles attachées par leur extrémité sont les seules qui s'enroulent succes- sivement en plusieurs spires de sens alternativement opposés. J'ai observé, en effet, sur des pieds vigoureux de Cucurbita Pepo, variété dite Courge à la moelle, plusieurs vrilles entiérement libres et vigoureuses qui, en raison de leur situation et de l'absence de tout objet voisin qu'elles eussent pu saisir momentanément, sauf à l'abandonner ensuite, comme le suppose Ch. Darwin, n'avaient jamais pu être attachées par leur extré- mité; néanmoins elles avaient formé dans leur longueur deux, trois ou méme quatre spires successives et de sens différents, Toutefois, bien que j'eusse pu suivre de près le développement de ces vrilles et acquérir ainsi la certitude qu'elles n'avaient jamais été fixées, j'ai voulu rendre absolument impossible tout doute à. cet égard. Dans ce but, à deux reprises différentes, j'ai introduit la branche médiane de deux vrilles de (1) « Pour des raisons purement mécaniques, une vrille qui a saisi un support forme des tours de sens üpposés dans sa partie restée libre, et de là résultent le plus souvent des inversions dans les vrilles longues: » (W. Pfeffer, Pflansenphysiologie, IL [1881], p. 217.) P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 159 Courge à la moelle tenant à la plante, chacune dans un large tube de verre propre et lisse intérieurement, qui en dépassait de quelques cen- timètres l'extrémité libre (1). Il est de toute évidence que, ainsi placées, ces vrilles ne pouvaient saisir aucun corps étranger ; cependant chacune d'elles s'est comportée comme celles dont il vient d'étre question, et a offert finalement des spires successives, de sens différents, séparées l'une de l'autre par des inversions en arc plus ou moins fermé. Comme exemple, j'indiquerai les résultats de l'une, entre autres, de ces expériences. Le 21 aoüt 1885, avait été introduite dans un tube de verre fixé hori- zontalement et dont le diamétre intérieur était de 0m,017, la branche médiane d'une vrille vigoureuse de Courge àla moelle, qui n'avait pas encore atteint tout son développement longitudinal. L'une des deux branches latérales de cette vrille ne s'était pas encore complètement déroulée. A ce moment, cette branche médiane mesurait 0",225 de lon- gueur. Du 21 au 25 août elle s'allongea de 0",109, tout en restant droite et ne faisant encore que de très légères sinuosités. A partir du 25 août, elle commença de s'enrouler, et le 30 du méme mois elle se trouvait dans l’état suivant: Sa portion inférieure, sur une longueur de 07,035, faisait un large tour de spire allongé et à peu prés complet, au delà duquel son enroulement changeait de sens par une inversion en demi- cercle. Après cette inversion venait une spire d'un tour et demi, mesu- rant 07,01 de diamètre, suivie d'une inversion en cercle presque complet. Une troisiéme spire comprenait deux tours et demi rapprochés et dont le diamètre ne dépassait pas 0",007. Une troisième inversion était suivie d'une quatrième spire à quatre tours rapprochés et de méme diamètre que dans la précédente. Enfin, aprés une quatrième inversion semblable aux deux immédiatement antérieures, la vrille se terminait par une der- nière spire à quatre tours serrés, dont les deux derniers n’avaient que 07,004 de diamètre et finissaient par l'extrémité même de la branche. Ainsi cette vrille, enfermée dans un large tube de verre et par consé- quent mise dans l'impossibilité de saisir même momentanément un corps quelconque, s’était enroulée, sur toute son étendue, en cinq spires successives et de sens alternativement contraires, tout aussi bien que celles qui se sont attachées par leur extrémité, et elle était arrivée à offrir en définitive une complexité d’enroulement plus grande que celle qu’on observe dans la plupart de ces dernières. Les branches médianes des trois autres vrilles qui ont été enfermées également dans de larges tubes de verre, avant d'avoir atteint leur (1) M. Cas. de Candolle a fait aussi quelques expériences sur des vrilles qu'il intro- duisait dans des tubes de verre ; mais il se plaçait à un autre point de vue. Il n'opérait d'ailleurs que sur des vrilles qu'il avait isolées en les coupant à leur base, et qui se trouvaient ainsi dans des conditions particulières. 160 , SÉANCE DU 26 mars 1886. complet développement en ligne droite, se sont comportées de la même manière: toutes se sont enroulées en spires successives et de sens contraires, rallachées entre elles par des portions arquées constituant lout autant d'inversions. On voit donc que la fixation d’une vrille par son extrémité n'est pas une condition nécessaire pour que sa spirale change de sens une ou plusieurs fois ; dès lors l'explication purement mécanique de ces chan- gements de sens qui a été donnée d'abord par Hugo Mohl (loc. cit. p. 79), puis par Ch. Darwin, à qui on l'attribue généralement, ainsi que les expériences ingénieuses avec des rubans ou avec des laniéres de caoutchouc qui ont été décrites par Ch. Darwin, par M. J. Sachs et par M. Cas. de Candolle, comme démontrant la nécessité des inversions dans une vrille fixée par ses deux bouts, me semblent perdre de leur intérét dés l'instant que les mémes inversions se produisent également en l'ab- sence de toute fixation. Une autre conséquence qui se déduit naturellement des observations précédentes, c’est qu'on ne peut plus poser en principe que toute vrille non fixée par son extrémité forme une seule et unique spirale, les mêmes observations fournissant des exemples du contraire. Quant à la seconde loi posée par Ch. Darwin, selon laquelle les spirales de sens différents que forme une vrille fixée auraient le méme nombre de tours, on ne peut, je crois, la regarder comme générale. On vient de voir d'abord qu'elle ne s'applique pas aux vrilles qui, sans s'étre attachées, décrivent des spirales se succédant en sens contraires, et je pourrais citer d'autres exemples entièrement analogues. En outre, elle n'a pas non plus une application générale aux vrilles qui se sont fixées. Je pourrais rapporter diverses observations qui sont en contradiction avec celle prétendue loi. Je me bornerai à en signaler une prise au hasard parmi celles que j'ai recueillies: c'est celle d'une vrille de Bryone qui, à partir de sa base, avait: 1° une portion droite, longue de 07,03 ; 2" une spire à 39 tours; 3^ une inversion en demi-cercle que suivait une seconde spire à 33 tours; 4° une seconde inversion aprés laquelle se trouvait une troisième spire à 5 tours ; 5^ une troisième inversion après laquelle venait une dernière spire à 4 tours. Au delà de celle-ci, une rupture montrait que l'extrémité fixée avait été enlevée par accident. Au reste, on peut dire que Ch. Darwin lui-même s’est contredit sur ce- point, puisque la seule figure qu'il ait donnée pour montrer la manière d’être des vrilles fixées, à spires successives de sens contraires (loc. cit. fig. 12, p. 165), fournie par le Bryonia dioica, en représente une dont la spire inférieure à 3 tours est suivie d’une autre de sens contraire, qui décrit six tours ou un nombre double du premier. Enfin, je ne pense pas qu'on puisse, conformément à la troisième P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 161 proposition, limiter la faculté de changer le sens des spires à la portion libre des vrilles attachées par leur extrémilé. J'ai vu en effet de ces organes qui, dans leur étendue enroulée autour d'un tuteur, avaient formé des spires successives de sens contraires. En voici un exemple: A côté d'une vrille vigoureuse de Courge à la moelle, qui présentait 9 branches, j'ai placé une baguette verticale dont le diamètre était de 07,005 environ. La branche médiane de cette vrille s'est enroulée autour de ce tuteur en direction descendante. Entre sa base et le tuteur, éloignés l'un de l'autre de 07,08, s'étendait une portion libre, spiralée, mais à tours assez làches et assez allongés pour qu'on n'y en comptàt que trois et demi. Au bout de cette portion libre, la vrille saisissait la baguette et faisait autour d'elle deux tours exactement appliqués. Après ces deuxtours elle décrivait uneinversion en forme d'arc régulier et trèsouvert, dont la corde était longue de 07,02 et décrivait ensuite autour du tuteur une spire de trois tours et demi, en sens contraire de la précédente. Elle changeait alors de sens par un arc appliqué, comme le premier, contre la baguette, autour de laquelle elle décrivait ensuite un tour et demi. Là se trouvait une troisième inversion en demi- -cercle, suivie d'une Ld à deux tours serrés, au delà desquels la vrille avait sans doute été et s'était desséchée ; malgré cet accident, et sans cesser de s'appliquer contre le tuteur, elle avait décrit quatre spires successives dirigées en sens alternativement contraires. Il est done inexact de n'at- tribuer qu'à la portion libre des vrilles attachées par leur extrémité la faculté de changer une ou plusieurs fois la direction de leur enroulement. III. — L'enroulement en spirale d'une vrille adulte étant l'effet de l'inégalité avec laquelle s'allongent ses cótés interne et externe, inégalité dout M. Hugo de Vries a donné la mesure (1), on a été conduit à penser que cette différence d'allongement tient à ce que les cellules du cóté le plus allongé, c'est-à-dire convexe ou externe, dans la spirale, ont gagné . chacune en longueur plus que celles du cóté opposé, qui est concave ou interne. L'observation directe a justifié cette idée. « Les cellules du cóté » convexe, dit M. J. Sachs (Vorlesungen, p. 811), sont plus longues que » celles du cóté concave. Dans les vrilles épaisses, enroulées sur des » supports minces, la différence de longueur est si grande, qu'elle frappe » au premier coup d'œil, sans qu'il soit besoin de mesurer, comme je » m'en suis assuré plusieurs fois. » Ce point important est donc acquis ; mais il n’est pas le seul qui se rattache à la question de l’enroulement: On se demande en effet tout aussi naturellement si l'excés de croissance 2 tec Ke (4) Hugo de Vries, Langenwachsthum der Ober- und sici Ranken (Arbeit. d. bot. Instit. zu Würzburg, 1, 3° cah. 1873, p. 302-316). T. XXXIII. (SÉANCES) 11 162 SÉANCE DU 26 Mars 1886. en longueur qu’on observe dans les cellules du côté convexe de la spire ne concorde pas avec quelque autre modification de la structure anato- mique, par le avec un ch t dans les proportions relatives des parties parenchymat qui pent l’un et l’autre côté, dans le nombre et la situation des faisceaux fibro-vasculaires, etc. Pour acquérir des notions précises à cet égard, il faut étudier, sur des coupes transver- sales, la section d’une même vrille, à différentes hauteurs ; or je ne sache pas que cette étude ait été faite avec assez d'attention. Je n'ai trouvé en effet que des données anatomiques peu nombreuses, et prises en général à un seul niveau, dans les écrits qui, à ma connaissance, ont eu pour objet les vrilles. Ainsi, dans le grand mémoire cité plus haut de Hugo Mohl, le para- graphe 25, consacré à la structure des vrilles, renferme (p. 25) le passage suivant : « La répartition des vaisseaux des vrilles ressemble, dans la plu- » part des cas, plus à celle du pétiole qu'à celle de la tige, les faisceaux » vasculaires y étant rangés en demi-lune, situation fréquente dans les » pétioles, mais qui n'existe jamais dans la tige... Au degré le plus bas » de cette structure se trouvent les vrilles d'Ophioglossum japonicum, » de Lycopodium, où les vai x forment un faisceau tentral...; chez » le Cobæa scandens, ils sont disposés en une demi-lune ouverte par le » haut. Si les deux cornes de ce croissant se rapprochent, les faisceaux » vasculaires se montrent rangés en un cercle i plet, par pl » dans les vrilles de la Courge, du Pois, des Clematis. Enfin on peut voir » un anneau vasculaire parfaitement fermé, méme dans des vrilles prove- » nant de feuilles, par exemple dans le Smilax aspera... Cet anneau » ligneux fermé existe dans presque toutes les vrilles venant de branches, » comme celles des Cissus, Vitis, Passiftora. » Plus loin, dans le para- graphe 26, relatif au Bryonia dioica, Hugo Mohl dit (p. 29) que la vrille de cette Cucurbitacée présente « autour de la moelle, un cercle de fais- » ceaux vasculaires, dont le nombre n'est pas toujours le méme... Dans » la Courge, dont les vrilles ont la méme structure, j'ai trouvé le plus » souvent cinq faisceaux ; j'en ai vu, dans la Bryone, généralement quatre, » quelquefois trois. » On voit que Hugo Mohl s'est borné à examiner la structure des vrilles dont il parle à un niveau qu'il n'indique pas. Son travail ne fournit donc aucune donnée pour la solution de la question que je viens de poser. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler, à ce propos, que, d’après Ch. Darvin (loc. cit. p. 115), les vrilles en général, peu aprés avoir saisi un support, deviennent beaucoup plus fortes et plus épaisses, « ce qui montre, dit-il, combien leurs tissus intérieurs doivent avoir été modifiés ». Bianconi, dans son mémoire déjà cité, qui porte la date de 4855, a P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 163 cherché dans la structure de la vrille du Cucurbita Pepo l'explication de l'enroulement; mais ses observations me semblent laisser bien des lacunes. Voici du reste à ce sujet ses énoncés les plus précis. « Le tronc de la vrille, dit-il (loc. cit. p. 45 et suiv.), d'abord très court, s'allonge ensuite notablement. Il est arrondi, atténué vers le sommet, où il s'épaissit un peu pour la séparation des bras. Il est tout entouré de téguments uniformes, denses, lisses et presque entièrement nus. Son intérieur est formé d’un abondant tissu cellulaire ordinaire- ment gorgé de liquide. Au contraire, les bras ont des téguments dis- semblables aux deux faces interne et externe. La face externe, qui est la continuation ascendante du tronc, est, comme celui-ci, lisse et presque nue, toute convexe; l'interne est pourvue de petites papilles ou verrues, ainsi que d’un duvet glutineux, et des téguments très minces protégent » le parenchyme abondant situé au-dessous, qui est la continuation directe » du tissu cellulaire de l'intérieur du tronc. La partie tégumentaire est » une membrane fibreuse, soyeuse, mince, diaphane, continue depuis le » sommet de la vrille jusqu'à tout le tronc et s'étendant à la tige de la » plante... Dans la vrille enroulée, la lame fibreuse se trouve toujours à » une place déterminée, de méme que le tissu cellulaire ou parenchyme. » La première est placée trés constamment dans la concavité de la spire; » le dernier en occupe toujours la convexité. » Par la macéralion, « au » bout de peu de jours, il est resté à nu et bien entiére la membrane » fibreuse, formant dans le tronc un tube ou canal vide, dans chaque bras » une bande ployée en gouttiére jusqu'au sommet. Donc le tissu cellu- » laire... est enfermé de tous côtés sous les parois fibreuses du tronc, » tandis qu'il occupe en majeure partie la gouttière de chaque bras, à » découvert et libre... protégé seulement par un épiderme trés mince... » Dans une vrille dont les bras sont encore droits et en état érectile, ces » deux substances sont planes et droites, mais douées de tendances oppo- » sées. En effet, la membrane fibreuse a déjà sa longueur arrétée..., mais » la substance cellulaire tend à se dilater et spécialement à s'allonger. » Pendant l'état d'érectilité et d'inertie, ces deux forces se contrebalan- » cent; mais, dés que l'équilibre est rompu, la substance cellulaire presse » sur l'autre et, en s'allongeant, elle l'oblige à s’incurver pour prendre » la concavité des tours de spire. Elle acquiert ainsi un allongement trés » notable », que le savant italien évalue à 2/5* environ de la longueur quelle avait dans la vrille non enroulée. Cés observations de Bianconi sont intéressantes, et elles ont le mérite d’être les seules, du moins à ma connaissance, qui aient été faites dans cette direction; mais elles ne nous apprennent rien quant à la détermina- tion des zones constitutives de la vrille auxquelles appartiennent les tissus que cet auteur se borne à nommer lame ou membrane fibreuse et paren* auo Y Y uv Y ow y bd 164 SÉANCE DU 26 wans 1886. chyme. Dans les passages qui en exposent les résultats, il n'est pas même fait mention des faisceaux fibro-vasculaires ; il n'est pas dit non plus si la Situation et les proportions relatives des différents tissus restent les mémes ou se modifient dans l'étendue d'une méme branche ou bras de vrille, etc. En somme, Bianconi nous apprend seulement qu'il existe dans une vrille deux tissus antagonistes, de nature non déterminée par lui, qui restent en équilibre tant que dure l'état de rectitude, et dont l'un s'allonge ensuite seul pour déterminer l'enroulement. Daus cet état de la question, j'ai pensé qu'il y avait encore lieu de procéder à de nouvelles observations, et ce sont les résultats de celles que j'ai failes principalement sur la Courge à la moelle que je vais maintenant exposer. Si l'on fait une coupe en travers de la portion basilaire et indivise, c'est- à-dire du tronc d'une vrille de cette plante, on voit que le contour en est circulaire avec quelques sinuosités assez peu prononcées. Ce tronc est done cylindrique, relevé dans sa longueur de légéres cótes obtuses, situées chacune vis-à-vis d'un faisceau fibro-vasculaire interne. Quant à sa consti- tution intérieure, il offre un cylindre central volumineux, entouré d'une zone continue de parenchyme cortical. Ge cylindre central consiste en une masse médullaire parenchymateuse à grandes cellules réguliérement décroissantes vers l'extérieur, dont celles du centre ont disparu, laissant là une grande lacune, et vers la périphérie de laquelle se trouve un cercle fermé de faisceaux fibro-vasculaires bicollatéraux. De son cóté, la zone corticale est formée d'un parenchyme à chlorophylle avec lequel tran- chent, sur le fond général vert, de nombreux faisceaux de collenchyme incolores, inégaux de dimensions, dont la section est elliptique avec le grand axe de l'ellipse dirigé tangentiellement. Les faisceaux fibro-vascu- laires, dont la section transversale est oblongue dans le sens radial, sont disposés sur un cercle fermé, dans lequel ils sont à peu prés également espacés ; ceux qui regardent le côté inférieur ou externe de la vrille sont ib t plus développés que ceux qui se trouvent vers le côté supé- rieur ou interne. Cette structure est semblable, sauf quelques légères modifications de détail, à celle du pétiole cylindrique des feuilles de la méme plante; mais ayant un plus fort diamètre que le tronc de la vrille, le pétiole renferme un nombre un peu plus grand de faisceaux que ce tronc. On en compte 10 à 12 dans le premier; j'en ai vu généralement 7 ou 8 dans le dernier. Cette maniére d'étre des éléments constitutifs daus le tronc d'une vrille subit des modifications notables dans les branches de celle-ci et, en outre, de la base au sommet d'une méme branche. Ces modifications portent à Ja fois sur le contour de l'organe et sur l'état de ses parties intérieures. Je prendrai pour exemple la branche médiane d'une vrille vigoureuse qui n'avait pas complété son principal accroissement longitudinal et qui, P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 165 par suite, était encore droite. A ce moment elle mesurait 0,25 de lon- gueur. À sa base, elle s'était déjà un peu aplatie de dehors en dedans. Sa section transversale avait prés de 2 millimétres de droite à gauche et seu- lement 1"",4 dans le sens antéro-postérieur. En outre, son côté supérieur ou interne offrait là une trés légére dépression médiane qui, un peu plus haut, se creusait en un large sillon. A ce niveau, cette branche médiane ne renfermait plus que cinq faisceaux situés, à des intervalles à peu prés égaux, vers la périphérie d'une masse parenchymateuse médullaire, à cellules décroissantes du centre, qui était resté plein jusqu'à la circonfé- rence où, à ses éléments d étroits, succédaient sans transition les cellules internes, plus larges qu'eux, de la zone corticale. Cette disposition des faisceaux avait l'apparence d'un cercle; mais il était facile de recon- naître qu'il n'y avait là réellement qu'un arc fermé, car on distinguait au premier coup d'œil, vers le côté extérieur, un faisceau médian impair, beaucoup plus gros que les quatre autres, surtout que les deux qui avoi- sinaient la face supérieure ou interne de la vrille. A ce méme niveau, la zone corlicale, non seulement existait sur toute la circonférence, mais encore avait à peu prés la méme épaisseur dans toute son étendue. Au-dessus de sa base, toute branche de vrille subit sur elle-même une torsion d'un demi-tour qui en reporte à l'extérieur la face organiquement interne ou supérieure. D'un autre cóté, dans la Courge à la moelle, la dépression médiane de celte face organiquement interne ou supérieure se creuse bientôt en un large sillon médian qui devient au delà de plus en plus profond. La vrille elle-même s'aplatit en méme temps de dehors en dedans, reste au contraire plus large de gauche à droite. Elle devient ainsi plus ou moins convexe à son cóté qui est désormais supérieur ou interne, tandis qu'elle est fortement canaliculée au cóté opposé, que la torsion a rendu extérieur. Voici maintenant ce qu'on observait dans la branche de vrille dont il s'agit ici; au moyen de coupes transversales menées, l'une au milieu de sa longueur, l'autre à 4 ou 2 millimètres seu- lement de son sommet. Ces deux coupes avaient un contour nettement réniforme. La première mesurait 477,5 dans son diamètre transversal et seulement 0"",8 dans son diamétre antéro-postérieur. Ses cinq faisceaux étaient rangés sur un arc largement ouvert en dehors ou prés d'une demi-circonférence dont le diamètre était parallèle à la face maintenant externe. Le grand faisceau impair s'était reporté notablement vers le centre de l'organe, et la zone corticale avait perdu de son épaisseur sous le grand sillon médian, tandis qu'elle avait gagné corrélativement sous ce rapport vers la face opposée. Ces modifications étaient arrivées au maximum dans la coupe menée immédiatement sous le sommet de la vrille. La surface de cette coupe me- surait 4?",3 dans le sens transversal, seulement 07,4 danse sens antéro- 166 SÉANCE DU 26 mars 1886. postérieur. Les faisceaux, encore au nombre de cinq, y étaient rangés en un arc tellement ouvert, qu'il approchait d'une ligne droite, et cet arc faiblement accusé se trouvait à distance à peu prés égale des deux grands côtés de la section. Cette situation presque médiane des faisceaux tenait essentiellement à ce que, le long du cóté marqué par le grand sillon, le parenchyme cortical avait presque disparu et se trouvait réduit à deux ou trois assises sous-épidermiques de cellules étroites, tandis que, du cóté opposé, ce méme parenchyme cortical avait notablement augmenté d'épais- seur. La conséquence de cette différence en épaisseur de la zone corticale vers les deux faces opposées était que, le long de celle de ces faces qui devait rester externe dans la vrille aprés son enroulement en spirale, les grandes cellules de la moelle se trouvaient reportées vers ce côté où leur tend à l’allong tne pouvait rencontrer qu’une faible résistance, tandis que, vers la face destinée à rester interne, dans la méme spirale, se trouvait la couche épaisse de cellules corticales étroites et serrées qui, en raison de cette constitution, était peu susceptible de se prêter à un rapide allongement. En outre, les faisceaux que la multiplicité et la nature de leurs éléments constitutifs rendent peu capables aussi d'une prompte croissance en longueur avoisinaient la limite interne de la zone corticale. En somme, on voit qu'une vrille ainsi organisée peut étre considérée comme ayant ses deux moitiés formées, l'une presque exclusivement d'un parenchyme à grandes cellules, l'autre d'éléments divers, mais tous ayant un diamétre beaucoup moindre, allongés et réunis en tissus plus ou moins serrés. Ainsi s'explique le fait entrevu par Bianconi et démontré par les mesures de M. de Vries, que, pendant l'enroulement, la première de ces moitiés s'allonge rapidement, tandis que l'autre gagne peu ou méme pas en longueur. Il importe de faire ressortir ce fait capital que la torsion basilaire de la vrille sur elle-méme et la modification de structure interne qui en chan- gent complétement les propriétés mécaniques se sont déjà effectuées dans l'organe encore droit, et lui ont donné l'aptitude à s'enrouler en spirale sans intervention d'aucun autre fait anatomique essentiel qu'une prédominance d'allongement dans son côté, qui d'interne est devenu externe et qui a pris le caractére d'une masse de parenchyme à grandes cellules. En effet, l'examen des vrilles de la méme plante déjà earoulées en spirale y a montré la structure qui vient d'étre décrite, avec cette seule particularité que le sillon médian creusé sur la face externe de la spire s'était prononcé en général encore plus fortement; de là une section transversale menée à un niveau quelconque de la portion enroulée pré- sentait, à ce méme cóté externe, deux grands lobes arrondis. Il y avait donc eu, aux deux cótés du sillon, augmentation appréciable de l'épais- seur du parenchyme. ininido: P. DUCHARTRE. — OBSERV. SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES. 167 Je dois faire observer que la vrille de la Courge à la moelle, dans sa période gemmaire pendant laquelle elle est enroulée en volute plane, offre un contour tout différent : au lieu d'étre aplatie dans le sens antéro- postérieur, comme celle qui vient d'étre décrite, elle est autant ou méme un peu plus épaisse dans cette direction que de gauche à droite; sa face interne, qui est et reste telle malgré l'enroulement, n'offre qu'un sillon médian à peine accusé, tandis que sa face externe est fortement convexe. C’est vers celle-ci que s'opère la prédominance d'allongement qui déter- mine l'involution. Il y a done dans cette vrille, et sans doute dans toutes celles qui lui sont analogues, contraste complet entre ses deux maniéres d’être et de se comporter pendant la première jeunesse et à l'état adulte, périodes extrémes de son existence, que sépare l'intervalle durant lequel elle prend presque toute sa croissance en longueur en devenant rectiligne et en acquérant la strueture interne qui rend possible son second enrou- lement dans des conditions opposées à celles du premier. On à vu que, loin de devenir « beaucoup plus forte et plus épaisse peu » après avoir saisi un support», selon l'assertion générale de Ch. Darwin, la vrille de la Courge à la moelle s'est au contraire aplatie fortement de dehors en dedans, sans augmenter et même en diminuant de diamètre dans le sens transversal. Voici à cet égard des chiffres précis. La branche médiane, dont la structure a été décrite plus haut, mesurait: 4° à sa base, 2 millimètres dans le sens transversal, 1?",5 dans son diamètre antéro- postérieur; 2° au milieu de sa longueur, 1°",5 et 0™,8; près de son extrémité libre, 177,4 et0"*,6 dans les deux mêmes sens. Elle s'élait donc amincie de la base au sommet. Une autre, plus forte et plus avancée, qui avait formé 25 tours de spire, mesurait 2 millimètres de gauche à droite, 177,1 d'avant en arrière, sur la section menée au milieu méme de sa por- tion spirale, tandis que les dimensions de sa base étaient sensiblement plus fortes que celles dela précédente. La vrille dont il s'agit ne devient donc pas « beaucoup plus forte et plus épaisse » par le fait de l'enroulement autour d'un support, puisque sa portion spiralée est plus grêle que sa por-. tion basilaire droite, et devient de plus en plus gréle vers le sommet. Comme, parmi les auteurs qui ont cherché à reconnaitre quel organe représente une vrille de Cucurbitacée, il en est qui n'y ont vu qu'une feuille soit dégénérée (Seringe), soit réduite à ses nervures (M. Asa Gray (1), M. Cauvet), il y avait quelque intérêt à rechercher si la struc- ture des nervures d'une feuille normale de Cucurbita Pepo est semblable à celle d'une vrille de la méme plante. Or l'observation montre que, à divers points de vue, il existe une différence notable entre les branches (1) « This makes of the tendril a single leaf, of which the branches are the ribs. » A. Gray, The bot. Text Book, 6° édit. (1880, 1** partie, p. 118, en note). 108 . SÉANCE DU 26 mars 1886. d'une vrille rameuse et les nervures d'une feuille : 1* celles-ci, qui font toujours une forte saillie sous le plan du limbe, ne sont jamais aplaties, comme l'est la vrille, de la face supérieure à l'inférieure; leur section est méme sensiblement plus allongée dans ce sens que transversalement ; 2 les faisceaux fibro-vasculaires, au lieu d'y être rangés sur un arc trés ouvert, sont disposés au contraire en arc fermé et figurant un cercle ou une ellipse dont le grand axe est perpendiculaire au plan de la feuille; 3° le parenchyme cortical forme autour du cylindre central une zone d'épaisseur à peu prés uniforme dans tout le pourtour. Puis, à mesure que la nervure diminue, cette zone périphérique gagne en épaisseur, tandis que le parenchyme médullaire diminue corrélativement ; enfin, vers l'ex- trémité de la nervure, il n'existe plus qu'un seul faisceau central, entouré d'une large zone corticale. Donc, si ce sont les nervures d'une feuille qui sont devenues les branches d'une vrille, leur structure anatomique s'est notablement modifiée dans le passage d'un état à l'autre. Par comparaison avec la vrille rameuse de la Courge à la moelle, j'ai examiné l'organisation de celle de la Bryone dioique que j'ai toujours vue simple. Celle-ci ne s'aplatit point et conserve un contour circulaire, marqué seulement, sur la face externe de sa spirale, d'un sillon médian peu profond. Intérieurement, sa zone de parenchyme cortical vert, daus laquelle se-trouvent des faisceaux sous-épidermiques de collenchyme, offre à peu prés la méme épaisseur tout autour de l'organe, et à sa jonc- lion interne avec le cylindre central, se montre une zone formée de deux ou trois assises de cellules allongées ou fibres à parois très épaisses. C'est uniquement dans le cylindre central que s'opérent des modifications de structure en rapport avec l'enroulement. En effet, les coupes menées à travers la portion inférieure et non enroulée de la vrille montrent qu'il existe là 4 faisceaux fibro-vasculaires (plus rarement 5), comme l'avait déjà vu Hugo Mohl. Ces faisceaux sont inégaux entre eux : le plus gros est situé le long du côté primitivement inférieur ou extérieur que la tor- sion d'un demi-tour de la vrille sur elle-méme rendra intérieur dans la spirale; le plus petit se trouve du cóté opposé; les deux autres sont placés l'un à droite, l'autre à gauche entre les deux premiers. Plus haut, dans la portion enroulée, le petit faisceau ne tarde pas à disparaitre, et dés lors le cylindre central se trouve formé de deux moitiés dissemblables pour leur constitution : celle qui reste interne dans la vrille enroulée, et qui, par conséquent, s'allonge le moins, est seule parcourue par les trois faisceaux fibro-vasculaires; l'autre, qui est devenue externe, qui dés lors gagne le plus en longueur pour déterminer l'enroulement, est composée de parenchyme à grandes cellulés. Nous retrouvons done chez la Bryone, mais sous une forme un peu différente, la prédominance dans une moi- tié de l'épaisseur de la vrille du pareachyme à grandes cellules, qui, par. ET MER. — INFLUENCE DU MILIEU SUR LA STRUCT. DES PLANTES. 169 tind son à une croi rapide, explique la supériorité d'allonge- ment du côté devenu externe, et par suite l'enroulement en spirale. En résumé, dans les deux exemples de vrilles qui viennent d'être décrits, la formation d'une spire se relie directement à une modification importante de structure qui fait disparaitre, dans la moitié longitudinale de ces organes devenue externe pour l'enroulement, les faisceaux fibro- vasculaires, c'est-à-dire les éléments tissulaires les plus résistants et le moins susceptibles d’une croissance rapide, en méme temps qu'elle amène dans cette même moitié une prédominance marquée du parenchyme mé- dullaire à grandes cellules. Cette modification remarquable de la structure interne, dont le caractére le plus saillant est le changement de disposition des fai fibro laires, me semble devoir étre un fait général dans les vrilles des Cucurbitacées; je l'ai retrouvée, en effet, dans les autres plantes de cette famille que j'ai pu examiner à ce point de vue, notamment dans Echinocystis lobata Torr. et A. Gr., et dans le Cyclan- thera pedata Schrad. La dernière de ces plantes est méme remarquable par la forte saillie des deux cornes cellulaires de la demi-lune que forme la section de sa vrille menée à travers la portion voluble de celle-ci. M. Mer dit avoir constaté qu'il n'y avait pas de différence de grosseur entre les vrilles enroulées et non.enroulées de Vigne vierge, et que le tissu ligneux est plus développé dans les premières que dans les secondes. M. Leclerc du Sablon pense que les observations de M. Mer peu- vent se concilier avec celles de M. Duchartre, car les vrilles enrou- lées ne se distinguent anatomiquement de celles qui ne le sont pas que par la lignification de l'arc fibreux péricyclique, laquelle se produit dans les premiéres et n'a pas lieu dans les secondes. M. Duchartre répond qu'il a voulu surtout indiquer que, pendant l'enroulement, le diamètre des vrilles n'augmente pes sensible- ment, comme on l'avait annoncé. M. Mer fait à la Société la communication suivante : DE LA MANIÈRE DONT DOIT ÊTRE INTERPRÉTÉE L'INFLUENCE DU MILIEU SUR LA STRUCTURE DES PLANTES AMPHIBIES, par M. Emile MER. Dans plusieurs communications (1), M. Costantin a critiqué l'interpré- tation que j'ai donnée de l'influence du milieu sur la structure des plantes amphibies. Je vais essayer de démontrer, en groupant certains faits dis- (1) Voyez le Bulletin, t. XXXII, p. 83 et suiv., 218 et suiv., 259 et suiv., Xv et suiv. 170 SÉANCE DU 26 Mars 1886. séminés dans les diverses notes que j'ai publiées sur la matière, qu'il est impossible d'expliquer l'action du milieu sans faire intervenir l'hérédité. M. Costantin, tout en reconnaissant que j'ai enregistré des exemples plaidant en faveur de l'influence du milieu, me reproche de ne pas en avoir suffisamment fait ressortir l'importance, S'appuyant alors sur des expériences qui ont eu pour objet les plantes suivantes : Hippuris vul- garis, Polygonum amphibium, Stratiotes aloides, il montre que leur structure varie toujours quand elles passent du milieu aquatique au milieu aérien, ou réciproquement. La différence, ajoute-t-il, peut quelquefois S'observer sur une méme feuille. Le Stratiotes en offre un exemple re- marquable. On voit dans cette plante certaines feuilles qui sont nageantes à l'extrémité, tandis que la base reste immergée. Or la structure n'est pas la même dans ces deux parties : elle acquiert des caractères aériens dans la premiére, tandis qu'elle reste aquatique dans la seconde. A diverses reprises, j'ai signalé les modifications de structure qui se produisent dans les plantes amphibies lorsqu'elles changent de milieu (Ranunculus aquatilis, Callitriche, etc.). J'ai insisté sur les formes de passage qui apparaissent le plus souvent. Méme dans une communication faite à la Société le 24 février 1882, et dont M. Costantin ne parait pas avoir eu connaissance, je cite un fait identique à celui qu "^| mentionne à propos du Stratiotes. « ... Dans quelques-unes des feuilles nageantes de Potamogeton » rufescens, la base se trouvait enfoncée sous l'eau. Or la constitution » de cette région était celle des feuilles submergées... C'est donc bien au » contact de l'air qu'est due la structure des feuilles nageantes de cette » plante. » Je ne vois donc pas quels éléments nouveaux les exemples cités par M. Costantin ont apportés à la question. Mais:si nous sommes d'accord sur les faits eux-mêmes, il existe dans la manière dont nous les interprétons une divergence notable. Où M. Cos- tantin voit une influence directe, immédiate du milieu, je ne vois qu'une influence indirecte, transmise par l'hérédité. Ainsi je crois que, si le Polyg phibium, quand il est immergé, produit des feuilles ayant des caractères aquatiqiós, c’est parce que, en sa qualité de plante amphi- bie, il est disposé à varier de caractères suivant le milieu. Cette opinion, je ne suis pas, du reste, le premier à l'émettre. Elle a été formulée en termes bien précis par Hildebrandt, l'auteur de cette expérience (1). C'est ce que prouvent les passages suivants que j'extrais de son mémoire : « ... Les expériences sur le Marsilia, la Sagittaire et le Polygonum » amphibium prouvent clairement qu'il existe des plantes qui subissent (1) Bot, Zeite, 1870. MER. — INFLUENCE DU MILIEU SUR LA STRUCT. DES PLANTES. 171 » l'influenee du milieu, et pour lesquelles la culture dans un milieu ou » dans un autre exerce une influence sur la réparlition et la forme des » stomates, aussi bien que sur la structure de la feuille, quoique cette » influence ne puisse pas étre regardée comme directe. » Et plus loin : « ... Le changement de milieu chez certaines plantes peut » faire reparaitre des particularités latentes qu'elle possède par héri- » tage. » La distinction établie par Hildebrandt me parait fort juste. « Il importe » peu de savoir, dit M. Costantin, si c'est une force héréditaire qui renaît; »le point en question est qu'elle renait quand la plante change de » milieu. » S'il est évident que c'est sous l'influence des milieux que les formes se modifient, il doit être entendu que cette aptitude à se modifier ne s'est acquise qu'à la suite d'une action lente et prolongée de ces milieux. A l'appui de cette manière de voir, les preuves abondent, Je vais en passer quelques-unes en revue : 1* Les feuilles insérées à la partie supérieure des tiges de Potamo- geton rufescens possèdent, méme dans les stations profondes où jamais elles ne parviennent jusqu’à la surface de l’eau, quelques stomates qui font défaut dans les feuilles situées plus bas ; mais le nombre des feuilles stomatifères, ainsi que la quantité de stomates répartis sur une même feuille, est moins considérable que dans les stations peu profondes. Ges organites sont uniquement distribués sur la face supérieure (1). Il est impossible d'expliquer ces faits par l'influence directe du milieu. Les feuilles dont il vient d'étre question se sont développées les unes comme les autres au sein de l'eau; chacune de leurs faces s'est toujours trouvée plongée dans le méme milieu. Les conditions ayant été les mémes pour toutes ces feuilles, la structure devrait aussi étre la méme, quelle que fût leur situation. On peut au contraire se rendre compte de ces différences en faisant intervenir l'hérédité. Si dans les stations peu profondes les feuilles sub- mergées près de la surface possèdent quelques stomates et n’en possè- dent qu'à la page supérieure, c'est parce qu'elles ont, avec les feuilles nageantes situées immédiatement au-dessus d'elles, des liens d'affinités plus étroits que n'en ont les feuilles plus éloignées, insérées au bas de la tige. Si ce même caractère se retrouve, quoique atténué, dans les stations profondes, c'est parce que les feuilles supérieures occupent la place des feuilles nageantes qui font défaut dans ces stations. Si les feuilles na- geantes du Potamogeton rufescens possèdent, contrairement à ce qui a lieu d'ordinaire dans ces sortes de feuilles, quelques stomates à la face (1) Ils sont groupés généralement de chaque côté de la nervure médiane, en files paralléles à cette nervure. 172 SÉANCE DU 26 mars 1886. inférieure, c'est peut-être parce qu'elles ont été accompagnées jadis de feuilles aériennes stomatifères sur chaque face. Il est possible d'ailleurs que ces feuilles aériennes existent encore actuellement dans les stations où la couche d'eau est trés peu épaisse, ainsi qu’on le remarque quelque- fois pour d'autres plantes amphibies : Nuphar, etc. En tout cas, on pour- rait les faire apparaitre à l'aide d'un dispositif expérimental approprié. 2» Le milieu aérien agit avec d'autant plus de facilité sur une plante, qu'elle provient d'une station moins profonde. J'ai déjà fait remarquer qu'ayant transporté à l'air des Littorelles et des Callitriches provenant de localités où l'épaisseur d'eau était considérable, et d'autres provenant de localités où cette épaisseur d'eau était faible, les feuilles qui appa- rurent tout d'abord avaient moins de stomates dans le premier cas que dans le second. Les caractéres aquatiques élaient done imprimés dans ces plantes à des degrés divers et résistaient plus ou moins à l'influence de la végétation aérienne. La structure d'une plante se modifie d'autant plus rapidement avec les milieux, qu'elle est plus habituée à passer de l'un à l'autre, qu'elle posséde davantage le caractère amphibien. C'est ce que montre à chaque instant l'observation, c'est ce qui ne saurait s'expliquer par une action immédiate de ces milieux. Beaucoup de feuilles submergées (Ranunculus aquatilis, Myriophyl- lum, Callitriche, ete.) portent des stomates uniquement à l'extrémité (1). Comme ce fait n'est pas subordonné à la profondeur, on ne saurait l'attri- buer à une influence de milieu, par exemple à la proximité de la surface de l'eau et au plus grand éclairage qui en est la conséquence. On ne peut l'expliquer que par l'hérédité. L'extrémité de ces feuilles étant, plus que les autres parties, sujette à émerger dans les stations peu profondes, le caractère aérien s'y trouve aussi plus imprimé. C’est pour un motif semblable que les diverses parties d'une même feuille sont, dans certains cas, infl ées plus rapid t les unes que les autres par le milieu. Ainsi, quand un pied de R. aquatilis à forme terrestre est immergé, les premiéres feuilles à forme aquatique qui se montrent ressemblent assez à celles de la forme antérieure. Les stomates y sont encore assez abondants. Les caractères aériens disparaissent de plus en plus dans les feuilles suivantes, les stomates deviennent de moins en moins nombreux. Ils se rapprochent de l'extrémité des laciniures, dans laquelle ils finissent par se cantonner. Réciproquement, si l'on fait développer dans l'air humide un rameau (1) M. Dufour a signalé tout récemment (séance du 12 février 1886) cette particu dans une plante terrestre (Ruta graveolens). Si le fait n'est pas accidentel, s'il vient à étre observé encore dans d'autres plantes terrestres, l'interprétation que j'en donne QUE les végétaux amphibies devra probabl être modifiée. MER. — INFLUENCE DU MILIEU SUR LA STRUCT. DES PLANTES. 173 de Potamogeton natans, les premières feuilles filiformes qui apparais- sent n'ont de stomates qu'à l'extrémité ; puis, à mesure qu'elles s'élargis- sent à cette extrémité et tendent à se rapprocher de la forme des feuilles nageantes, devenant d'abord spatulées, puis acquérant un limbe et un pétiole distincts, les stomates se rapprochent du pétiole et finissent par l'envahir. 3° Pour expliquer les différences qui existent entre la structure des feuilles submergées et celle des feuilles nageantes, méme quand ces der- nières sont encore enroulées sous l'eau, M. Costantin admet que dans le bourgeon et pendant le développement, leur face supérieure est protégée du contact de l'eau ambiante, soit par une couche d'air (Sagittaire), soit par un enduit mucilagineux provenant de la destruction des poils de la face inférieure (Nymphæa, Nuphar). Quand même il serait démontré qu'il existe dans les premiers temps du développement une couche d'air sur la face supérieure des feuilles nageantes (1), il faudrait établir qu'il n'en existe pas à la surface de feuilles toujours submergées, car celles-ci sont aussi enroulées pendant leur croissance. De plus, on ne comprend pas pourquoi cette lame d'air ne préserve pas de l'eau la face inférieure des feuilles nageantes, puisque cette face se trouve, à cause de l'enroulement, en contact avec l'autre face. Elle devrait done étre aussi munie de sto- mates. Quant à l'enduit mucilagineux provenant de la désagrégation des poils, en admettant méme qu'il soit imperméable à l'eau, ce qui n'est pas démontré, il ne protégerait que d'une maniére indirecte la page supé- rieure, et seulement pendant la période de l'enroulement, puisque c'est à la page inférieure qu'il se trouve. Celle-ci devrait à fortiori étre garan- tie, et c'est sur elle que les stomates devraient principalement se ren- contrer. Ce n'est pas tout. En àdmettant qu'un enduit préservateur (air ou couche mucilagineuse) existàt, il faudrait prouver sa présence pendant toute la durée de la croissance de la feuille, car les stomates ne se for- ment pas seulement au début du développement, il en apparait encore par la suite. C'est ce qui ressort d'un exemple cité par M. Costantin lui- méme : celui qui est relatif au Stratiotes, dont certaines feuilles sont en partie nageantes, en partie submergées. Les stomates de la portion na- geante ne peuvent évidemment prendre naissance que quand la feuille a déjà commencé à s'étaler à la surface de l'eau. Une feuille posséde donc (1) J'ai signalé la présence d'une couche gazeuse à la surface des feuilles nageantes de R. aqualilis développées sous l'eau, avant d’être étalées. Ce gaz se dégage de temps à autre par bulles. Mais je n'ai pas remarqué que cette lame gazeuse existàt au début du développement. Du reste, je n'en ai pas constaté l'existence dans les feuilles na- - geantes appartenant à d'autres espéces. 174 SÉANCE DU 26 Mars 1886. plus de stomates quand elle est adulte que lorsqu'elle était encore ren- fermée dans le bourgeon. Ce fait vient du reste d’ bte: vérifié directement par M. Dufour (1). 4° La Sagittaire possède, comme on sait, trois sortes de feuilles étagées les unes au-dessus des autres : les inférieures, rubanées, toujours im- mergées, sont dépourvues des tomates ; celles qui apparaissent ensuite sont cordées, et, après s'étre constituées sous l'eau, s'élèvent jusqu'à la surface, où elles s'étalent et achèvent leur croissance, quand elles n'ont pas eu le temps, en raison de la faible profondeur, de la terminer au sein du liquide. Elles possédent des stomates sur la page supérieure. Les feuilles qui viennent ensuite sont sagittées, aériennes et stomatifères sur les deux faces. Tantót elles se forment sous l'eau et ne parviennent qu'en- suite à l'air, tantót elles passent toute leur existence dans ce dernier milieu. Mais, entre ces trois types bien caractérisés, on rencontre des types de passage, présentant des caraetéres intermédiaires non seulement en ce qui concerne la forme, mais encore la structure. Ainsi les premiéres feuilles nageantes n'ont de stomates qu'à la face supérieure, mais celles qui apparaissent ensuite en possèdent sur l'autre face un certain nombre, qui augmente dans les feuilles suivantes. Cette progression se pour- suit dans les feuilles aériennes, et il arrive un moment où les stomates, aprés avoir été régulièrement répartis entre les deux faces, finissent par étre plus nombreux sur la face inférieure. Ces types de transition fournissent un exemple remarquable de l'influence héréditaire. On voit que les caractères aériens s'affirment de plus en plus dans ces feuilles à mesure qu'elles s’élèvent sur la tige, sans qu'on puisse l'attribuer à l'action du milieu où elles se développent. Les dernières feuilles nageantes crois- sent dans les mêmes conditions que les premières, et cependant leur struc- ture diffère à certains égards et se rapproche de plus en plus de la struc- ture des feuilles aériennes. Les premiéres d'entre celles-ci se développent dans les mêmes conditions que les suivantes, et néanmoins leur structure rappelle davantage celle des feuilles nageantes qui les ont précédées. On se souvient que, au début de iig mun] j'ai signalé des faits analogues en ce qui concerne le Potamog Dans tous les exemples précédents, l'influence de la végétation aérienne se fait sentir sur les organes vivant dans l'eau. Réciproquement, il peut arriver que l'influence de la végétation aquatique empéche les organes vivant à l'air d'acquérir les caractères propres au milieu aérien. C’est ce qui se produit pour les feuilles de certains Nuphar (luteum et advenum). Lorsque ces plantes végètent dans des stations où elles rencontrent peu d'eau, les feuilles centrales, au lieu de s'étaler à la surface comme dans ruf. (1) Voyez plus haut, page 92 et suiv. MER. — INFLUENCE DU MILIEU SUR LA STRUCT. DES PLANTES. 4175 les stations peu profondes, se dressent dans l'air, mais sans que leur face inférieure se couvre plus de stomates que si elles étaient nageantes. Ces différences sont dues sans doute à ce que la Sagittaire élève plus souvent ses feuilles supérieures horsde l'eau que le Nuphar. Ce qui est une excep- lion pour l'une est une régle pour l'autre. 5° Mais c’est surtout dans les feuilles qui se trouvent en partie submer- gées, en partie hors de l'eau, que se ifeste l'indépend de la struc- ture par rapport au milieu. Sur les pieds de Typha, de Carex ampulla- cea, par exemple, qui végétent dans des stations assez profondes, la partie émergée des feuilles est seule garnie de stomates. Au-dessous du niveau de l'eau, ces organites existent encore sur une certaine longueur parce que ce niveau n'est pas constant, mais ils sont de plus en plus rares, puis ils disparaissent. Si l'on examine de jeunes feuilles encore immer- gées, on voit que la partie supérieure est munie de stomates, tandis que la base en est dépourvue. Il est impossible ici d'invoquer une différence quelconque dans l'action du milieu sur chacune de ces régions. Pendant leur croissance, elles se trouvent absolument dans les mémes conditions. Quand la partie aérienne sort de l'eau, elle est munie de tous ses sto- mates. Elle n'a plus qu'à agrandir ses éléments pour acquérir ses dimen- sions habituelles. Ce qu'il y a de remarquable, c'est la régularité avec laquelle s'établit le rapport entre la région portant des stomates et celle qui en est dépourvue. Ces plantes croissent dans des stations de profon- deurs diverses. Dans les unes, presque toute la longueur de la feuille est hors de l'eau, dans les autres une faible partie seul t. Et cependant de part et d'autre, la portion émergée est la seule stomatifère. Il faut donc que dans les deux cas la plante acquière l'habitude de ne développer de stomates que sur une longueur déterminée. Le fait s'explique jusqu'à un certain point par les liens de parenté qui unissent les représentants d'une espéce habitant une méme station, ceux-ci se reproduisant surtout par rejets. 6° Dans les plantes amphfbies habituées à végéter indifféremment dans l'air ou sous l'eau, la structure varie avec le milieu. On a vu cependant que, méme chez elles, cette faculté de variation présente des degrés. Ainsi les individus vivant depuis longtemps dans des stations profondes acquièrent plus difficilement les caractères aériens. Mais c'est surtout dans les plantes aquatiques ou terrestres pour lesquelles la végétation dans un méme milieu est la régle que la difficulté de modifier leur structure est accusée. Parmi les premières, je citerai l'Isoetes lacustris, que l'on rencontre trés rarement hors de l'eau. Par suite des sécheresses excep- tionnelles de l'été dernier, certains individus de cette espèce se sont trouvés émergés pendant plus de deux mois. De nouvelles feuilles se sont développées, mais leur. structure ne se distinguait en rien, sauf par la , 116 SÉANCE DU 26 MARS 1886. réduction des dimensions, de celles des feuilles aquatiques. On n’y obser- vait pas trace de stomates. Quant aux plantes terrestres, je ne connais guère que celles dites bul- beuses qui puissent se développer d’une manière complète sous l'eau, et encore à la condition qu'une partie du bulbe se trouve à l'air. Or les feuilles qui végètent dans ces conditions n'ont aucun des caractères aqua- tiques. Elles portent des stomates comme si elles s'étaient développées à l'air, et leur épiderme ne s'est pas modifié. M. Costantin prétend, il est vrai, que ces stomates, existant déjà quand la feuille est encore renfermée dans le bulbe, doivent étre considérés comme s'étant formés à l'abri de l'eau. Cette conclusion est exacte pour ceux qui existaient au début, mais de nouveaux stomates se forment sans cesse à la base des feuilles pen- dant la suite de leur végétation. On sait, en effet, qu'il est possible de pro- longer sensiblement la croissance des feuilles de la Jacinthe et des autres plantes bulbeuses en sectionnant l'inflorescence dés qu'elle apparait et en empéchant les bulbilles de se développer. Les feuilles deviennent ainsi plus longues, non seulement parce que les cellules sont plus grandes, mais encore parce que leur accroissement basipète se poursuit plus long- temps. Le séjour dans l'eau n'a pas exercé plus d'influence sur les autres plantes terrestres qu'on est parvenu à faire développer dans ce liquide. M. Costantin a constaté que ce milieu n'avait modifié ni la structure de l'épiderme, ni celle de l'écorce d'un Vicia sativa dont la longueur avait cependant triplé pendant la durée de l'expérience (1). Les cellules épi- dermiques ne s'étaient pas remplies de chlorophylle et les stomates n'avaient pas disparu. MM. Lewakotfski et Schenck, opérant, le premier surun Rubus fruticosus, le second sur un Cardamine pratensis, se sont assurés que les stomates persistent sur les feuilles de ces deux plantes, malgré la végétation sous l'eau. Toutefois la répartition de ces stomates élait modifiée. On en remarquait plus abondamment à la face supé- rieure qu'à la face inférieure, tandis que le contraire a lieu dans les feuilles aériennes. Lors méme que cette modification serait bien établie, je ne vois pas quelles conséquences on pourrait en tirer en faveur de l'influence directe du milieu, puisque les deux faces se trouvaient en contact avec l'eau. On ne s'explique pas pourquoi le liquide aurait exercé une action différente sur chacune d'elles, et encore moins pourquoi la structure de ces organes se serait rapprochée de celle des feuilles na- geantes. Mais on ne saurait déduire des conclusions sérieuses de la végétation des plantes terrestres sous l’eau, parce que cette végétation s'y opère tou- (1) Annales des sc. natur.:BoT. 6* série, t, XIX, p. 301. I MER. — INFLUENCE DU MILIEU SUR LA STRUCT. DES PLANTES. 177 jours difficilement et n'a qu'une durée trés limitée, J'ai essayé à plusieurs reprises de faire développer dans l'eau des bourgeons de Haricot, de Pois, de Féve; la croissance s'effectuait pendant les premiers jours, mais elle ne tardait pas à se ralentir, puis à s’arrêter; les jeunes pousses pourris- saient bientôt. Je ne parvins pas à prolonger leur existence au delà d'une limite fort restreinte, mémé en ayant soin de renouveler l'eau fréquem- ment, de l'oxygéner à l'aide de Conferves végétant au soleil, óu de me servir d'eau courante. Toutefois je remarquai, suivant les espéces, quel- ques différences, tant sous le rapport de la rapidité du développement que sous celui du temps pendant lequel elles pouvaient vivre dans ce milieu. Ainsi les jeunes pousses de Fève végètent plus longtemps sous l'eau et deviennent plus longues que celles de Haricot ou de Pois (1). Mais, au bout d'une dizaine de jours, les tissus noircissent et la crois- sance s'arréte (2). CowcLusioN. — Les modifications qui, par suite du changement de milieu, surviennent dans la forme et la structure des plantes amphibies, les seules sur lesquelles il convienne d'expérimenter, parce que ce sont les seules qui peuvent vivre dans l'air ou sous l'eau, doivent étre consi- dérées comme le résultat non d'une influence directe, mais d'une action lente et prolongée du milieu, transmise par l'hérédité. (1) Les faisceaux libéro-ligneux acquiérent des dimensions plus réduites qu'à l'air : les vaisseaux sont moins nombreux, leurs parois sont plus minces et leur calibre est plus étroit. (2) J'ai comparé la végétation sous l'eau à celle qui se développe à preme ge (Buil. t XXVII, p. 54), mais j'ai eu bien soin d'établir que cette p qu'aux plantes amphibies. M. Costantin repousse cette manière de voir, bane que dans une expérience sur le Haricot, il a constaté que les tiges aérienne et aquatique avaient à peu près la même longueur (Ann. sc. nat. 6° série, t. XIX, p. 303). Cette objection tombe devant le fait que la végétation du Haricot, pas plus que celle des autres plantes terrestres, ne s'effectue réguliérement sous l'eau. C'est ce que prouve du reste une autre expérience citée par lui. Ayant séparé en deux lots des plantes de Fève étiolées et les ayant transportés à la lumiere, l'un à l'air, l'autre dans l'eau, le premier seul put verdir. M. Costantin en conclut que « le séjour initial de ces plantes à l'obscurité les avait modifiées de telle facon qu'elles s'arrêtèrent dans leur développement ». Le véri- table motif est que sous l'eau les plantes terrestres ne peuvent accomplir convenable- ment leurs fonctions. A l'àppui de cette idée, je rappellerai le fait suivant sur lequel] j'ai ' déjà appelé l'attention, à savoir que les feuilles de Vigne vierge à l'automne ne peu- vent acquérir, quand elles sont immergées, la teinte rouge qui les caractérise à cette époque de l'année. La principale cause du dépérissement des plantes terrestres sous l'eau est l'inanition. Dans ce milieu, leurs feuilles ne peuvent fabriquer d'amidon, méme quand le liquide est chargé d'acide carbonique ou d'oxygène. Les feuilles nageantes des plantes aquatiques sont dans le méme cas, aussi doivent-elles à ce titre étre considérées comme aériennes. Mais alors même que la plante renferme des matières de réserve, ainsi que cela arrive quand on immerge l'extrémité d'une germination de Haricot dont les cotylé- dous ne sont pas épuisés, le dépérissement de la partie immergée me tarde pas à se produire. Il y a donc impossibilité pour les jeunes tissus des plantes terrestres, quand ils se trouvent plongés dans l'eau, d'utiliser les substances de réserve accumulées dans les autres organes. Ces tíssus ne tardent pas du reste à s'infiltrer. T. XXXIII. (SÉANCES) 12 178 SÉANCE DU 26 mars 1886. M. Costantin se réserve de discuter plus tard quelques-uns des points de la communication de M. Mer. En ce moment, il corrige les dernières épreuves d'un mémoire relatif à la méme question et qui renferme l'exposé de nouveaux faits montrant l'influence exer- cée par le milieu sur la structure des plantes. M. Malinvaud donne lecture de la communication suivante : SUR LES CHROMOLEUCITES DES FRUITS ET DES FLEURS, pr M. L. COURCHET. Avant les derniers travaux de M. Schimper, deux opinions contraires se trouvaient en présence au sujet des causes qui déterminent la forme de certains leucites colorés des fleurs et des fruits. D’après M. Meyer et M. Millardet, le pigment seul aurait, par sa tendance à revétir une forme eristalline, donné naissance à ces corps colorés en fuseaux, en corps aplatis prolongés en pointes, ete. D'aprés M. Schimper, le substratum protéique, seul capable de cristalliser dans le leucite, aurait passivement entrainé le pigment, et communiqué au corps tout entier un contour dé- terminé. Il est des cas pourtant, pensait-il (1), où le pigment revêt une forme cristalline; mais les cristaux seraient alors formés de matière colorante pure, comme dans la racine de Carotte et dans le fruit de la Tomate. Dans son dernier mémoire (2), M. Schimper conclut de nom- breuses observations, que le pigment et le substratum protéique peuvent, dans certains cas, cristalliser isolément dans le chromoleucite, tandis que dans quelques autres les deux substances peuvent offrir concurremment une forme cristalline. L'auteur a pu se convainere en outre que les chro- moleucites en fuseaux et en tables à plusieurs pointes renferment des aiguilles de pigment dont l'orientation dans deux ou plusieurs directions aurait communiqué au corps tout entier une forme déterminée. Dans bien des cas, pourtant, ni le pigment, ni le corps protéique ne revétent une forme cristalline. Le chromoleucite est alors formé : 4° D'un stroma généralement incolore, de nature protéique. 2» De granules pigmentaires possédant un certain degré de fluidité, de grosseur variable, plus ou moins réguliérement répartis dans le stroma. Cette structure, trés visible dans les chromoleucites des fleurs de l'Aloe verrucosa, de Oncidium amictum, etc., où les grains de pigment sont gros et peu nombreux, devient beaucoup plus difficile à constater lorsque ces derniers sont petits et étroitement serrés les uns contre les autres. (1) Ueber die Entwickelung der Chlorophyllkórper und Farbkórper (Bot. Zeit. 1883). (2) Untersuchungen über die Chlorophyllkórper und ihnen homologen Gebilde (Pringsh. Jahrb. Bd XVI, Heft. 1 et 2). COURCHET. — CHROMOLEUCITES DES FRUITS ET DES FLEURS. 4179 Cependant, dans bien des cas où la structure du chromoleucite paraissait gène à des grossi ts moyens, M. Schimper a pu constaler, à l'aide d'objectifs plus puissants, la présence de grains trés nombreuz; fortement serrés, surtout vers la périphérie. Des observations si délicates qu'elles ne peuvent étre poursuivies que grâce aux perfectionnements les plus récents de nos instruments, ne doi- vent pas étre acceptées sans vérification; il nous a paru intéressant de rapporter ici le résultat de recherches personnelles, commencées à l'é- poque où M. Schimper poursuivait ses investigations, et qui confirment en général les conclusions auxquelles est arrivé ce savant. Il est facile de se convaincre, en premier lieu, comme le fait remarquer M. Schimper, qu'il n'existe aucune relation directe entre la forme, la Structure et la couleur des chromoleucites, et les affinités naturelles des plantes qui les renferment. Des espéces appartenant à un méme genre peuvent offrir des corps colorés de formes trés différentes. C'est ainsi que les fruits des Lycopersicum esculentum et L. piriforme renferment des cristaux uniquement pigmentaires, tandis que les fruits du L. cerasiforme montrent de petits chromoleucites jaunes, arrondis, groupés autour du noyau des cellules. Par contre, des végétaux trés éloignés les uns des autres, des organes méme entièrement différents, peuvent offrir une ana- logieà peu prés compléte au point de vue des éléments colorés. Ainsi j'ai constaté dans la pulpe des Cucumis Melo et des Cucurbita Pepo des cristaux de pigment identiques à ceux qu'on remarque dans la Carotte et dans la Tomate, tandis que la pulpe du fruit, chez le Momordica Bal- samita, renferme des fuseaux de couleur orangée, qui rappellent ceux de la baie des Physalis fulvomaculata. Il est vrai pourtant que, lorsque la couleur est identique, les organes homologues de plantes voisines offrent en général des pigments de méme forme. Je crois pouvoir ramener à cinq types les diverses formes de pigments ' que j'ai observés. 4° Il existe de vrais cristaux formés par du pigment seul, sans aucun élange de protopl Tels sont les tables rhomboidales, les losanges, les rubans souvent enroulés que M. Schimper décrit et figure chez le `- Daucus Carota et le fruit du Lycopersicum esculentum; tels sont les cristaux à peu prés identiques que montre la pulpe du fruit des Cucumis Melo et Cucurbita Pepo. M. Schimper décrit encore de fines aiguilles pigmentaires dans le fruit du Solanum Dulcamara; je crois pouvoir assimiler à ces cristaux les fines aiguilles rouges que j'ai trouvées dans Parille du Passiflora cerulea. Le fruit mûr de Erythroxylon Coca m'a également montré des cristaux analogues d'une petitesse extréme. Je me propose d'insister ultérieurement sur le développement de ces divers pigments. 180 SÉANCE DU 26 Mars 1886. Le plus souvent les matiéres colorantes jaunes, orangées, quelquefois méme les pigments rouges, sont unis à une substance de nature pro- téique pour former des chromoleucites. 2» Ces chromoleucites sont arrondis, ou limités par un contour irré- gulier, et leur structure ne se montre souvent homogène, d’après M. Schimper, que parce que les grains de pigment sont trop petits et trop fortement serrés dans le stroma pour pouvoir étre distingués les uns des autres. Les cas où les grains colorés sont nettement visibles au sein de la substance protéique sont pourlant assez fréquents. A ceux signalés par M. Schimper, j'ajouterai ceux que présentent les fruits rouges du Capsicum annuum, où l'on trouve également des fuseaux et des corps à trois pointes; la baie de l'Asparagus officinalis, qui d'ailleurs renferme aussi d'autres chromoleucites de forme différente; la zone externe du péricarpe du Cucurbita Pepo; certains fruits de Solanum, ceux du S. mi- niatum en particulier, la baie du Ruscus aculeatus, etc. Assez souvent le stroma est coloré lui-même par un pigment différent, comme on l'ob- serve bien nettement dans les fruits des Asparagus, des Capsicum, du Cucurbita Pepo, etc. 3° Quant aux chromoleucites en forme de fuseaux, de corps à trois pointes, etc., je n'oserai rien ajouter encore à ce qui a été dit du processus en vertu duquel ils dérivent de chloroleucites ou de leucoleucites. Dans les fruits de certains Solanum et dans ceux du Lonicera Caprifolium, on remarque une tend à se segmenter en deux ou trois corps fusi- formes, dans des directions parallèles à leurs côtés. Ce phénomène me parait pouvoir s'expliquer par la structure que M. Schimper nous a fait connaitre ; les faisceaux d'aiguilles pigmentaires, affectant dans le chro- moleucite des directions différentes, tendent, dans ce cas, à se séparer les uns des autres. Parmi les exemples qui montrent le plus nettement cette disposition, je signalerai les baies du Lonicera Caprifolium, où les pointes des chromoleucites se prolongent en boucles plus ou moins longues; celles des Lycium europeum et L. mastigocarpum, du Sar- raccha viscosa, du Physalis fulvomaculata, du Solanum corymbo- sum, de P Asparagus officinalis, etc. Je ferai remarquer ici que la matière colorante des baies de Lonicera, extraite par l'alcool, a formé des cristaux en longues aiguilles recourbées dont la forme rappelle les boucles des chromoleucites qu'on trouve dans ces mêmes fruits. : Les fuseaux colorés sont, dans certains cas, extrémement déliés, presque aciculaires : tels sont ceux que j'ai trouvés dans le péricarpe du Momordica Balsamita, dans la pulpe de la baie du Physalis Alkekengi, dans celle du Tamus communis. 4° La coloration est due ailleurs à un suc coloré. J'ai peu de chose à VAN TIEGHEM ET LECOMTE.— STRUCT. ET AFFINITÉS DU LEITNERIA. 181 ajouter à ce que nous savons sur ce sujet. Je signalerai simplement l'ovaire des Salpiglossis, qui doit sa coloration rouge orangé à la présence d'un liquide de méme teinte. C'est jusqu'à présent le seul cas où j'ai pu constater, chez les Solanées, un organe de teinte rouge ne contenant pas de chromoleucites. 5° J’ajouterai ici que certains fruits de Solanum doivent leur teinte rouge ou jaune, non à des chromoleucites (qui ne font pas d'ailleurs absolument défaut dans la pulpe), ni à un suc coloré, mais bien à la colo- ration jaune orangé des parois de leurs cellules externes. Ces derniéres forment alors le plus souvent deux ou plusieurs assises; leurs parois sont trés épaissies. Incolores d'abord, elles prennent bientót une teinte jaune verdàtre, puis jaune orangé vif. Tels sont les fruits des Solanum tomentosum, texanum, racemiflorum, et quelques autres. Les fruits jaunes des S. elæagnifolium doivent également leur teinte à une colora- tion des parois cellulaires. Chez tous pourtant on rencontre de petits grains colorés dans les parties externes de la pulpe, mais en quantité trés faible. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : STRUCTURE ET AFFINITÉS DU LEITNERIA, par MM. IPh. VAN TIEGHEM et H. LECOMTE. Le Leitneria floridana est un arbuste des marais de la Floride dont les affinités sont encore inconnues. Comme ses fleurs sont dioiques, apé- tales et groupées en chatons, Chapman, qui l'a découvert, l'a placé avec doute dans les Myricacées. Pour les mêmes raisons, M. Baillon l’a annexé, avec doute aussi, à ses Castanéacées, tandis que MM. Bentham et Hooker le regardent comme plus voisin des Urticées et en font, sous le nom de Leitnériées, une famille spéciale qu'ils classent à la suite des Urticacées, entre les Platanées et les Juglandées. Nous avons pensé qu'en étudiant la structure de la tige et de la feuille de cette plante, on pourrait peut-étre en découvrir les véritables affinités: l'objet de cette petite Note est de montrer que cet espoir n'a pas été tout à fait déçu. La tige de deux ans offre, dans chacun des faisceaux libéro-ligneux de son cylindre central, en dedans de l'arc fibreux péricyclique et du liber primaire, un liber secondaire formé de huit couches épaisses de fibres, alternant avec autant de couches minces de tubes criblés ; ces fibres libé- riennes sont beaucoup plus larges que les fibres péricycliques, et leur membrane est beaucoup plus mince, circonstance qui trouve peut-étre son explication dans la végétation marécageuse de la plante: par endroits, le 182 SÉANCE DU 26 mars 1886. nombre des couches fibreuses se réduit à sept ou à six. D’un faisceau à l’autre, les libers secondaires sont séparés par un rayon de parenchyme à macles cristallines, dilaté vers l'extérieur en forme d'éventail. En un mot, le liber secondaire a la même structure que celui des Malvacées, et ce caractère éloigne déjà suffisamment le Leitneria des Urticacées, . Pla- tanées, Juglandées, Myricacées et Cupulifères, dans le voisinage desquelles ou parmi lesquelles tous les auteurs l'ont placé. Mais cet éloignement Ss'accuse encore bien davantage par le caractère suivant. A son bord interne, contre la moelle, le bois primaire renferme des canaux sécréteurs résiniféres, disposés en un cercle unique, au nombre d'une vingtaine sur la section transversale. Les faisceaux foliaires, qui avancentleur pointe dans la moelle plus fortement que les autres, sont dépourvus de ces canaux, qui n'existent qu'au bord interne des faisceaux intercalés aux foliaires. Le bois secondaire, tant de seconde que de pre- miére année, ne renferme pas de canaux sécréteurs. La moelle, les rayons médullaires, le péricycle, le liber, l'écorce, en sont également dé- pourvus. Ils sont donc exclusivement localisés au bord interne du bois primaire. : La feuille reçoit de la tige trois faisceaux libéro-ligneux; ceux-ci, dépourvus de canal dans la tige, comme il vient d'étre dit, en prennent un au bord interne de leur pointe ligneuse en passant dans la feuille. A la base du pétiole, ils se ramifient et se juxtaposent de manière à former une courbe libéro-ligneuse fermée, convexe en bas, plane ou méme con- cave en haut. Dans le bois de chacun de ses faisceaux, cette courbe pos- séde un large canal résineux ; on en compte ordinairement dix-neuf sur la section du pétiole. Ils accompagnent les nervures dans le limbe jusque dans leurs dernières ramifications. La paroi de l’ovaire, et plus tard le péricarpe, a de méme un large canal résineux dans le bois de chacune de ses nervures. Dans l'embryon, les filets homogènes qui traversent le pa- renchyme oléagineux des cotylédons, et qui sont les futures nervures, sont encore dépourvus de canaux résineux. On voit donc que l'expression « frutices non resinosi », appliquée à cette plante par MM. Bentham et Hooker, manque d’exactitude. Si l'on se reporte au mémoire sur les canaux sécréteurs publié l'année derniére par l'un de nous (1), on voit que, sous le rapport de la disposi- tion des canaux résinifères, le Leifneria se comporte comme une Dipté- rocarpée, une Simarubée ou une Liquidambarée. Or de ces trois familles une seule, celle des Diptérocarpées, se trouve posséder, comme le Leit- neria, un liber secondaire stratifié à la façon des Malvacées. C'est donc aux Diptérocarpées, et aux Diptérocarpées seules, que le Leitneria se (1) Ph. Van Tieghem, Second mémoire sur les canaux sécréteurs des plantes (Ann. des sc. nat. 7* série, Bor. I, p. 5, 1885). . VAN TIEGHEM ET LECOMTE. — STRUCT. ET AFFINITÉS DU LEITNERIA. 183 rattache par les deux caracteres les plus importants de sa structure, savoir : la présence de canaux sécréteurs dans son bois primaire et la stratification de son liber secondaire. L'étude anatomique de la racine apporterait à cette conclusion un con- trôle précieux ; malheureusement, nous n'avons pas eu de racine de Leit- neria à notre disposition. Ges r blances anatomiques une fois tatées, il est né ire de rechercher les différences de structure qui peuvent exister entre le Leitneria et les Diptérocarpées, a(in de s'assurer qu'elles ne sont pas de nature à contrebalancer les premières. Les couches fibreuses du liber secondaire du Leitneria ont leurs élé- ments plus larges et à parois moins épaisses que dans les Diptérocarpées, différence qui est sans doute en rapport, comme il a été dit plus haut, avec la végétation palustre de la plante. De plus, ces couches ne sont pas, comme chez les Diptérocarpées, découpées en petits massifs quadrangu- laires par de larges et nombreux rayons secondaires; les rayons qui les traversent sont plus étroits et moins nombreux : mais cette différence a peu d'importance. Les faisceaux foliaires de la tige du Leitneria sont dépourvus de canal sécréteur, tandis que chez les Diptérocarpées ils en ont toujours et quelquefois méme en sont seuls pourvus (Doona, Hopea, Dryobalanops) ; mais cette différence n'a pas grande valeur, car on la rencontre d'un genre à l'autre chez les Simarubées, quand on passe, par exemple, du Picræna, où les faisceaux foliaires ont un canal, à l'Ailante, où ils n'en ont pas. Le bois secondaire du Leitneria n'a pas de canaux résineux; il en a dans la plupart des Diptérocarpées, mais il en est dé- pourvu chez d'autres, notamment chez le Dryobalanops. Les faisceaux foliaires ne séjournent pas dans l'écorce de la tige du Leitneria avant de passer dans les feuilles, comme chez la plupart des Diptérocarpées ; mais c’est là encore un caractère sujet à exception dans cette famille. Dans le pétiole du Leitneria, les faisceaux libéro-ligneux forment une simple courbe fermée; dans la plupart des Diptérocarpées, cette courbe fermée renferme d'autres faisceaux diversement disposés; pourtant ces faisceaux internes manquent chez le Dryobalanops. L'embryon du Leitneria, qui est oléagineux comme celui du Dryobalanops, n'a pas, comme dans cette plante et comme dans les Dipterocarpus, de canaux résineux déjà formés dans ses nervures; mais on ignore si cette différenciation précoce est "un caractère général chez les Diptérocarpées. : En somme, les différences anatomiques qui existent entre le Leitneria et les Diptérocarpées sont sensiblement du méme ordre que celles qu'on observe entre les divers genres de cette famille. Aucune d'elles n'est de nature à empécher le rattach t ou méme l'annexion du Leitneria aux Diptérocarpées. 184 SÉANCE DU 26 mars 1886. Les caractères extérieurs s'y opposent-ils ? Nous ne le pensons pas. La tige du Leitneria est ligneuse, el ses feuilles sont pétiolées, à limbe pen- ninerve et entier, munies de petites stipules caduques, isolées ordinai- rement suivant 2, comme dans les Diptérocarpées. Restent les caractéres floraux. L'androcée avec ses 10 à 15 étamines; le carpelle fermé, avec ovule semi-anatrope pendant, à raphé interne ; le fruit drupacé, mono- sperme; la graine sans albumen ; l'embryon droit, à cotylédons charnus plan-convexes: tous ces caractères du Leitneria concordent parfaitement avec ceux des Diptérocarpées, la non-accrescence du calice autour du fruit se retrouvant, comme on sait, chez quelques Diptérocarpées (Vate- ria, etc.). La diœcie, l'absence de périanthe à la fleur mâle et de corolle à la fleur femelle, l'avortement de deux carpelles sur trois dans la fleur femelle et d'un ovule sur deux dans le carpelle unique, sont les princi- pales différences. Elles peuvent toutes s'expliquer par une dégradation de la fleur. Nous concluons done que le Leitneria doit être annexé, ou tout au moins rattaché aux Diptérocarpées, dont il constitue une forme dégénérée au point de vue de l'organisation florale, une forme dioique, apétale, monocarpellée et uniovulée. Quant au Didymeles excelsa, que M. Baillon a rapproché du Leitneria et placé avec lui dans ses Castanéacées, il ne possède pas de canaux Sécréteurs; ses affinités sont donc tout autres et restent à déterminer. Tout au plus peut-on dire que, par l'abondance et l'épaisseur des fibres disséminées dans le parenchyme du pétiole et du limbe de la feuille, il fait penser aux Ternstræmiacées. M. Cornu croit se rappeler que M. Brongniart était d'avis de rapprocher les Cupuliféres des Rosacées, dont elles offraient le type dégénéré. M. Van Tieghem dit que M. Lecomte a entrepris l'étude anato- mique des Cupulifères, et que son travail contiendra des observa- tions relatives à la remarque de M. Cornu. M. Morot offre à la Société une collection de photographies de Champignons recueillis par lui et par M. Costantin. Il montre qu'à l'aide de ce procédé, l'aspect de la plante est rendu avec une fidélité que le meilleur dessin ne pourrait égaler. On ne saurait trop recom- mander l'emploi de ce mode de représentation aux botanistes qui rencontrent des espèces nouvelles et aux voyageurs qui récoltent ou étudient les espéces exotiques. M. Mangin fait à la Société la communication suivante : MANGIN. — RECHERCHES SUR LES BOURGEONS. 185 RECHERCHES SUR LES BOURGEONS, par M. Louis MANGIN. Les recherches que j'ai l'honneur de Vans pud à la Société sont relatives aux modifications qui s’ plissent pendant la période hiver- nale dans les bourgeons des arbres. Elles comprennent deux parties : d'une part, l'étude des échanges gazeux qui s'accomplissent entre les bourgeons et l'atmosphére ambiante ; d'autre part, les modifications ana- tomiques qui s'observent depuis l'individualisation des bourgeons jus- qu'à l'éclosion. Cette communication est relative à la première partie du travail, c'est- à-dire aux échanges gazeux. Pour étudier ces échanges, on peut employer deux procédés. Le pre- mier consiste à adapter, sur les branches d'arbre que l'on veut examiner, des récipients lutés avec soin, puis à analyser les changements qui sur- viennent dans la composition de l'atmosphére confinée ; cette méthode, qui paraît simple et naturelle, n'a pas été employée à cause de l'incertitude des résultats qu'elle fournit. Il est d'abord très difficile de luter hermé- tiquement et pendant plusieurs mois un récipient sur une branche d'arbre; en outre, füt-on sür d'avoir obtenu un joint hermétique, les cou- rants de diffusion qui s'établissent entre la branche emprisonnée et le reste de l'arbre tendent à modifier, dans des proportions que l’on ne peut évaluer, la ition de l'atnosphére ambiante : ces diverses causes m'ont engagé à renoncer à ce procédé. Le second procédé consiste à couper les bourgeons que l'on veut étu- dier et à les placer dans un récipient de faible volume; l'analyse de l'atmosphére confinée fait connaitre ensuite la nature et l'importance des échanges produits par les bourgeons. Ce procédé a un inconvénient: les plantes étudiées sont des fragments trés petits détachés de l'arbre, ils ne tardent pas à mourir ; de sorte que l'on n'étudie en réalité que des frag- ments de plantes en voie de dépérissement. Il ne parait pas légitime de conclure des résultats obtenus dans ces conditions à ce qui se passe dans la nature. Cet inconvénient peut être évité si l'on opère aussitôt aprés avoir séparé les bourgeons de la plante, et pendant un temps trés court. D'ailleurs je me suis assuré, directement par l'expérience, que pendant plusieurs heures et parfois pendant un ou deux jours,la pro- portion des gaz échangés reste constante pour le méme temps, elle est par suite proportionnelle à la durée de l'expérience. On peut donc alfir- mer, d'aprés cela, que les résultats obtenus en opérant sur des fragments détachés sont applicables å à ce qui se passe dans la nature. La méthode qui consiste à laisser séjourner les plantes dans une 186 SÉANCE DU 26 mars 1886. atmosphère confinée peut offrir quelques inconvénients lorsqu'on l'ap- plique aux bourgeons. En effet, les cavités qui existent entre les diverses écailles forment de petites chambres séparées de l'extérieur par des ré- sines, des gommes ; la diffusion des gaz devient difficile, et, comme les cavités ainsi conslituées ne sont plus comme dans les feuilles des quan- tités négligeables, on pouvait craindre que les résultats fussent de ce fait entachés d'erreur. Pour éviter ces erreurs et contróler la méthode de l'air confiné, j'ai employé une méthode un peu différente qui exclut les analyses ; la pro- portion des gaz échangés est alors donnée par les variations de pression d'un manométre annexé à l'appareil. Voici la disposition adoptée. Un flacon de verre mince, dont le col est rodé à l'émeri, reçoit un bouchon aussi rodé, dans lequel on a fixé, au moyen d'un lut solide, un thermomètre, l'extrémité de l’une des branches d'un manométre à air libre, et une pipette de verre. La pipette recoit un piston de caoutchouc qui permet d'y introduire quelques centimètres cubes d'une dissolution étendue d'acide sulfurique ; elle constitue ainsi une petite seringue de verre; on verse au-dessus du piston quelques gouttes de mercure pour assurer la fermeture hermétique. On place dans le flacon les bourgeons récemment coupés, aprés avoir introduit quelques centimètres cubes d'une dissolution de potasse caustique (préalablement débarrassée des carbonates par un séjour prolongé sur de la chaux vive); puis on adapte le bouchon à l'émeri aprés l'avoir légérement suifé. Le flacon est alors placé dans un récipient rempli d'eau, et, quand le thermométre intérieur et le thermométre extérieur marquent la méme température, on évalue au cathétométre la pression de l'atmosphére con- finée, et l'on détermine en même temps la hauteur barométrique. L'expérience est commencée. Les bourgeons absorbent de l'oxygène et halent de l'acide carbonique ; mais ce gaz est aussitôt absorbé par la solution alcaline, de sorte que sa proportion dans l’air confiné reste tou- jours nulle ou presque nulle. Par suite de l'absorption graduelle de l'oxy- gène, la pression diminue graduellement, et la diminution de pression lue, toutes conditions constantes d’ailleurs, représente exactement la pression de l'oxygène disparu, puisque l'acide carbonique est fixé au fur et à mesure de la formation. Quand l'expérience a duré un certain temps, on rétablit dans le réci- pient d’eau la même température qu’au début; on détermine la hauteur barométrique, et l’on mesure la différence des niveaux donnée par le cathétomètre : on obtient ainsi un nombre k que donne la tension de l'oxygène absorbé. A ce moment, au moyen de la pipette de verre, on introduit goutte à goutte le liquide acide destiné à saturer la potasse (le point de saturation MANGIN. — RECHERCHES SUR LES BOURGEONS. 187 est indiqué par le tournesol qu'on a mélangé à l'acide), puis on ramène le piston de la pipette à sa situation primitive. L’acide sulfurique introduit a décomposé le carbonate de potasse formé dans le flacon et a restitué à l'atmosphére confinée la totalité de l'acide exhalé par les bourgeons dans la durée de l'expérience. En lisant alors le manomètre, toute correction de pression effectuée, on ne trouve plus entre les niveaux du mercure qu'une différence h' qui peut être positive ou négative; elle exprime la différence entre la pression de l'oxygéne absorbé et la pression de l'acide carbonique exhalé; par suite la pression de ce dernier gaz sera h + h’. Au moyen de ces données, on pourra calculer le rapport des gaz échangés, ainsi que la teneur en centiémes de ces gaz. On aura: C3 hEN TEPEL TA co? p. 100 — E0109, 100 k O p. 100 = —— Prenons comme exemple l'expérience suivante, faite avec des bour- geons de Charme en voie d'éclosion, le 8 avril 1886. 987,5 de bourgeons sont placés dans un récipient renfermant 78** d'air, à 11 h. 30 m. du matin, à la température de 15° et à la pression de 1467715; à 6 h. 40 du soir, on évalue la pression intérieure. Le mano- mètre marque une diminution de pression égale à 23"",90 et la pression barométrique a baissé de 177,50 ; la tension de l'oxygène absorbé est donc : 23,90 + 1,50— 25"",40. Aprés l'introduction de l'acide, le manométre ne marque plus qu'une diminution de pression égale à 272,66 ; par suite, la tension de l'acide carbonique égale : 237,90 — 2,66 — 21,24. Co? 21,24 _ Le rapport IE EE 95,10 = 0,83. En outre, on a : CO? dégagé en centièmes = 2,85 O absorbé en centièmes = 3,40 Après les lectures qui donnent le résultat précédent, on peut abandon- ner l'appareil à lui-même, et faire au bout de quelques heures une nou- velle lecture qui sert de contrôle aux résultats. 188 SÉANCE DU 26 Mars 1886. En effet, aprés l'introduction de l'acide qui a neutralisé tout l'alcali, les plantes continuent à exhaler de l'acide carbonique en absorbant l'oxy- gène, mais l'acide carbonique s'accumule dans le récipient et sa pression augmente graduellement. Dans ce cas, les variations de niveau du mercure indiquées par le étre représentent la différence entre les tensions de l'oxygéne disparu et de l'acide carbonique formé. Ainsi, avec les bourgeons de Charme que nous avons pris pour exemple dans l'expérience précédente, la différence des tensions entre les gaz déga- gés et absorbés, qui était 2"",66 aprés 7 heures dans un milieu où la tension de l'acide carbonique était constamment nulle, devient, 14 heures après l'introduction de l'acide, 577,88, c'est-à-dire à peu prés le double de la valeur précédente, et cependant la pression de l'acide carbonique augmentait graduellement autour des bourgeons. Cette observation montre que le phénomène respiratoire n'est pas modifié, ni dans son essence, ni dans son intensité, par la présence d'une proportion assez considérable d'acide carbonique, et que la condensation de l'acide carbonique dans les lacunes ou dans le liquide cellulaire n'a pas lieu. Résultats. — Citons maintenant quelques résultats obtenus par l'em- ploi simultané des deux méthodes. Charme (Carpinus Betulus). co: Oy 2H WO IND a S . o ree e e 0,84 21 septembre. Bourgeons 0,89 2 novembre. Bourgeons 0,83 8 avril 1886. Bourgeons en voie d'épanouissement. 0,83 Orme (Ulmus campestris). 6 novembre. 27 novembre. 7 janvier 1886. 6 février. 21 mars. 31 mars. Hétre (Fagus silvatica). È 0,93 28 aoüt 1885: "FOURS PTE. aN 0.88 28 août. Bourgebrs. ie ne HAINE ES 0,96 17 septembre. Feuilles ‘60.582052 Ja 0e 0,75 — Bourgeons..… «^ eiie nés bars à 0,95 MANGIN. — RECHERCHES SUR LES BOURGEONS. 189 22 Septembre: Feuilles:i45 «26. «nf. neces. des Bourgeons ... 16 novembre. PE EE ANN NM 15 décembre. SEE EE Ve SP Cerisier (Cerasus avium). 10 sept. 1885. — Feuilles..... Bourgeons... 27 novembre. — 5 5 février 1886. — 17 février. — mars. — 20 mars. — Noyer (Juglans regia). 6 septembre 1885. Folioles....,...,...,.,..... — Bourgeons Chéne (Quercus pedunculata). 18 septembre 1885. Feuilles. .....::.,:...,.,:.,. 0,82 — Bourgeons svt. es és. 0,81 Lilas (Syringa vulgaris). 13 novembre 1885. Bourgeons .......... 27 — — VS et 6 janvier 1886. st alie shuain 16 janvier. umi DAD HU CAE 6 février. hi E ga nc 16 mars. od ire. 24 mars. Mou M LY Marronnier (ZEsculus Hippocastanum). 4 décembre 1885. Bourgeons . 7 janvier 1886. — 16 janvier. Hg RARES A à 16 février. mm ed He RS 17 mars. use E COL k 25 mars. ael d geris en cie eh L'examen de quelques-uns de ces résultats, choisis parmi beaucoup d'autres, montre d'abord qu'à l'automne, le rapport des gaz échangés est plus faible dans les feuilles que dans les bourgeons, et s'abaisse rapi- dement dans les premières un peu avant la chute. Il y a donc une oxyda- tion trés énergique des tissus dans les feuilles pendant les queii se- maines ou les quelques jours qui précèdent la chute. ; 190 SÉANCE DU 26 wans 1886. D'autre part, le rapport des gaz échangés, inférieur à l'unité, de- meure constant, pour certaines espèces (Orme, Lilas, etc.), pendant la période hivernale, tandis que pour d'autres il se relève au moment du printemps, pour devenir presque égal à l'unité. Pour quelques-uns méme (Cerisier, etc.), on constate, au moment de l'éclosion des bourgeons, une ë EI > jJ xs * E rapide diminution du rapport T correspondant au minimum qui a été observé dans les graines en germination. L'oxydation dont les bourgeons sont le siège est done assez grande dans la période hivernale, mais elle parait augmenter surtout d'intensité au moment de l'éclosion des feuilles. Il resterait maintenant à comparer les différences que nous venons de signaler dans les échanges gazeux avec les modifications anatomiques qu'éprouvent les bourgeons pendant la période hivernale et au printemps. C'est ce qui fera l'objet d'une prochaine communication. M. le Secrétaire général annonce à la Société que le Conseil, sur le rapport de la commission chargée d'examiner les avis reçus des départements relativement au lieu et à la date de la prochaine session extraordinaire, a décidé de soumettre la proposition sui- vante à l'approbation de la Société : La session extraordinaire de 1886 sera, conformément au vou manifesté par un grand nombre de nos collègues, consacrée à l'exploration des Cévennes, et s'ouvrira à Millau (Aveyron), le 12 juin, qui est la veille de la Pentecôte. M. Malinvaud donne quelques détails sur la région proposée : Les causses (1) des Cévennes it dans leur ble un plateau irré- gulier, limité au nord par la vallée du Lot et adossé aux monts d'Aubrae; ils s'appuient vers l'est sur le mont Lozére et l'Aigoual, dominent au sud la plaine de la Méditerranée, et s'abaissent peu à peu du cóté de l'ouest. Leur altitude moyenne est de 900 métres. Le Tarn et ses affluents, le Tarnon, la Jonte et la Dourbie, profitant des failles qui ont rompu la concordance de stratification des couches, ont creusé leur lit au fond de gorges profondes; le plateau, unique et continu à l'origine, s'est aiusi divisé en massifs secondaires, dont chacun, entouré de cours d'eau, a recu un nom particulier : le Larzac, les causses Noir, Mejean, de Sauveterre, etc. Les accidents géologiques qui ont donné lieu à la formation des vallées ont ébranlé la masse entiére du systéme, comme le prouvent les crevasses et les profonds abimes qu'on rencontre cà et là au milieu des plateaux ; aussi n'existe- t-il, méme dans leurs dépressions, aucun réservoir qui puisse garder l'eau, et les lieux élevés sont d'une grande sécheresse. Au contraire, dans le fond des (1) Les causses sont essentiellement caleaires, comme l'indique leur nom, tiré de calx, chaux. SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. 191 vallées, dont le sol est. formé le plus souvent par les marnes du lias, apparais- sent partout des sources puissantes. , Géologiquement, les terrains des causses appartiennent aux calcaires ou aux jurassiq ’échel entre le lias et l'oxfordien. Le causse Noir et le Larzac sont entiérement recouverts de dolomies. On voit, sur les escarpe- ments des vallées, les couches calcaires alterner parfois avec des marnes et avec de p tes assises dolomi Par ption, la haute vallée de la Donrbie est creusée dans les micaschi qui i les granites de l'Aigoual. Ce sol accidenté nourrit une végétation remarquable. On s'explique par la situation géographique de la contrée la présence de nombreuses plantes médi- lerr , parmi 1 lles nous citerons : Alyssum spinosum, Iberis li- nifolia, plusieurs Cistes, Dianthus hirtus, Silene italica, Linum campanu- latum, Pistacia Terebinthus, Cytisus sessilifolius, C. argenteus, Pterotheca , Linaria origanifolia, Teucrium aureum, Euphorbia serrata, E. Characias, E. flavicoma, Tulipa Celsiana, Aphyllanthes monspeliensis, Stipa juncea, S. pennata, Piptatherum paradoxum, etc. A côté de ces associations méridionales, qui prospèrent surtout dans les chaudes vallées abritées par les hauts escarpements jurassiques, on peut ré- colter sur les hauteurs, entre autres espèces subalpines : Kernera saxatilis, Aethionema saxatile, Silene fan aga, Alsine mucronata, Anthyllis mon- lana, Potenti ta cretensis, Saxifraga pubescens, Valeriana tripteris, Aster he Crepis albida, Hieracium saxatile, Cam- panula speciosa, Onosma echioides, Erinus alpinus, Daphne alpina, Allium fallax, Luzula nivea, Polypodium Dryopteris, etc. A ces éléments si variés s'ajoute un précieux contingent d'espéces particu- liéres à la région des Cévennes ou qui sont des plus rares ailleurs dans la flore française et même en Europe ; par exemple : Alyssum macrocarpum, Iberis Prostii, Reseda Jacquini, Saponaria bellidifolia, Arenaria lesurina, Leu- canthemum montanum, Jurinea ER Asarina, ROME papillosa, Ephedra Villarsii, etc., ete. . . . + . iUm E La Société adopte à l'unanimité le projet qui lui est soumis pour la prochaine session. SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. PRÉSIDENCE DE M. CHATIN. M. Costantin, vice-secrétaire, aprés avoir donné lecture du pro- cès-verbal de la séance du 26 mars, demande la parole et s'exprime en ces termes : 192 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. OBSERVATIONS SUR LA NOTE DE M. MER, par M. J. COSTANTIN. La nouvelle note de M. Mer (1) ne contient en réalité qu'un fait nou- veau, celui qui est relatif au Sparganium. Quant aux deux faits négatifs relatés par l'auteur à propos des Nuphar et des Isoetes, ils prouvent que probablement l'expérience n'avait pas été continuée assez longtemps pour que l'action du milieu se manifestàt. Ce qui tend bien à justifier cette opinion, c'est que, d'une part les feuilles submergées des Nymphéa- cées subissent l'action du milieu aquatique, et que d'autre part les Jsoetes aériens n'ont pas la méme structure que l'Isoetes lacustris. Ce dernier n'a pas de stomates, tandis que l’Isoetes hystriæ, que j'ai recueilli dans la Gironde dans un terrain sec, en possède. Il est bon, dans une discussion un peu sérieuse, de reprendre les faits signalés par son contradicteur, même quand ils sont peu décisifs et peu- vent étre expliqués par la théorie que l'on soutient. Il n'est pas d'ailleurs teujours nécessaire de reprendre les faits signalés par M. Mer pour les interpréter, il suffit de les exposer complètement, Ceux qui sont relatifs au Potamogeton rufescens rentrent dans cette catégorie. M. Mer a paru me reprocher d'ignorer sa communication ; il se trompe, et, si je n'en ai pas parlé, c’est parce qu’elle prouve nettement l’action du milieu, et je n'avais à insister que sur les faits pouvant prouver le contraire. En effet, si la plante est profondément submergée, les feuilles inférieures n'ont pas de stomates, les feuilles supérieures en ont un trés petit nombre à la face supérieure; or, en 1882, le niveau des eaux du lac s'étant abaissé, il se forma des feuilles nageantes qui avaient, non plus quelques stomates, mais des centaines de mille à la face supérieure. J'arrive maintenant à une autre interprétation de M. Mer. On met un pied aérien de Polygonum amphibium dans l'eau et l'autre à l'air; le premier a des feuilles à structure aquatique, le second des feuilles de structure aérienne. M. Mer attribue cette organisation à l'hérédité. Je désirerais savoir si ce sont les caractéres aériens ou les caractéres aqua- tiques qui sont héréditaires. Un caractére héréditaire peut donc varier? Y a-t-il une hérédité aérienne et une hérédité aquatique? Peut-on expli- quer des phénomènes à l'aide d'un mot, hérédité, dont la définition est aussi indécise. D'ailleurs cette expérience, que M. Mer n'a pas faite et que j'ai répétée, ne s'explique pas facilement, méme avec le mot hérédité. Ayant immergé un Marsilia qui avait déjà commeucé à pousser à l'air, j'ai constaté que (1) Voyez plus haut, page 169 et suiv. COSTANTIN. — OBSERVATIONS SUR LA NOTE DE M. MER. 193 les feuilles s'arrétaient d'abord dans leur développement, puis, le pétiole s'aceroissant, elles devenaient nageantes. Quelle doit être la structure de ces feuilles dans ce cas? Esl-ce l'hérédité aérienne ou l'hérédité aqua- tique qui doit prédominer? Les deux hérédités se mélangent, ou plutôt l'action du milieu se manifeste par la diminution relative des stomates à la face inférieure et leur accroissement à la face supérieure. Quand je dis quele milieu aquatique a une influence, je ne fais que traduire un fait, je n'invoque pas d'hypothése vague comme le croit M. Mer; j'entends par là que poussant dans l'eau, elle a une certaine structure, et poussant à l'air une autre. M. Mer dit que l'action du milieu n'est applicable qu'aux plantes am- phibies. J'ai pu observer des faits qui, s'ajoutant à ceux signalés par MM. Lewakoffski et Schenck, établissent qu'il n'en est pas ainsi. Afin de montrer la fréquence et la netteté de l'action du milieu, je vais résumer briévement les faits trés nombreux que j'ai pu observer ayant rapport à cette question. 1» Feuilles ordinairement submergées. — Les feuilles submergées n'ont pas de stomates, en général. J'ai fait pousser des feuilles divisées de Ranunculus aquatilis à Vair, elles avaient un grand nombre de stomates ; les feuilles d'un pied provenant d'une méme pousse développées dans l'eau n'en avaient pas. Les feuilles rubanées de la Sagittaire n'ont pas de stomates dans l'eau, elles en ont à l'air. De méme pour les feuilles de I'Hottonia palustris, des Myriophyllum spicatum et verticillatum, du Scirpus lacustris, de GEnanthe Phellandrium, de l Hippuris vulgaris. Les feuilles en aléne du Potamogeton natans n'ont pas de stomates dans l'eau, elles en ont à l'air. On a signalé parfois quelques rares sur ees feuilles; ce qu'il faut retenir pour le moment, c'est que, si ces feuilles poussent à l'air, elles en ont un bien plus grand nombre. C'est le seul. point qui prouve l'action du milieu. M. Mer a parlé dans sa note du Sparganium ramosum qui présente des faits complexes non en rapport avec le milieu, selon lui. Je demande- rai à M. Mer pourquoi encore dans ce cas il n'a pas opéré d'une maniere comparative. En procédant d'aprés cette méthode, seule rigoureuse el probante, je suis arrivé à un résultat net, non pour le Sparganium ra- mosum, que je n'ai pas étudié, mais pour le Sparganium minimum (1). Dans l'eau les feuilles n'ont pas de stomates, à l'air elles en sont cou- vertes. (1) J'apprends que M. Mer n'a pas étudié le S. ramosum (j'avais cru entendre ce nom), mais le S. natans. Je ne sais s'il est question du S. natans L. ou du S. natans Rchb.; on sait que ce dernier nom a été donné au S. minimum Fr. [Note ajoutée pendant l'impression.] i T. XXXIII. (SÉANCES) 13 194 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. Enfin, aux faits précédents s'ajoute l'exemple du Stratiotes, qui se couvre de stomates lorsque les premiéres feuilles submergées sortent de l'eau. J'ai eu l'occasion de faire la méme remarque, il y a quelque temps, sur les feuilles en aléne du Potamogeton natans. À ces exemples trés décisifs, si l'on ajoute ceux desfeuilles submergées d'Aldrovandia, d'Utricularia, de Ceratophyllum, de Trapa natans, qui n'ont pas de stomates, on voit que les faits démontrant l'action du milieu sont aussi nombreux que nets quand on opére comparativement. 2% Feuilles nageantes. — La comparaison des feuilles nageantes aux feuilles submergées est aussi probante. Les feuilles nageantes de Potamogeton rufescens ont toujours plus de stomates que les feuilles submergées, et, si l'on examine les feuilles profondément submergées, la comparaison est plus frappante, car elles n'en ont plus du tout, De méme pour les Nuphar, les Nymphæa, les Trapa natans ; il n'y a pas de sto- mates du tout sur les feuilles submergées, et il y en a à la face supérieure des feuilles nageantes. La comparaison des feuilles nageantes aux feuilles aériennes n'est pas moins décisive. J'ai examiné des feuilles nageantes de Potamogeton na- tans et des feuilles, accidentellement aériennes de cette espèce ; or il y a beaucoup plus de stomates à la face inférieure de ces dérnières feuilles. Les exemples du Polyg phibium et du Marsilia quadrifolia sont également probants. L'étude de la Sagittaire, de l'Alisma Plan- tago, conduit aux mémes conclusions. 9? Feuilles aériennes. — J'ai réussi à maintenir dans l'eau ou à faire développer dans ce liquide des feuilles d'Epilobium hirsutum, de Nastur- tium officinale, de Medicago minima, de Lysimachia Nummularia ; si l'on ajoute à ces exemples ceux signalés par MM. Schenck et Lewakoffski on voit que les modifications des plantes aériennes dans l'eau ne sont pas moins nettes que celles des plantes aquatiques à l'air. En effet, le pre- mier résultat de l'action du milieu aquatique est d'empécher la feuille de s’accroître; pendant ce temps, les feuilles de pieds aériens venant de la méme touffe que ceux qui sont plongés dans l'eau s'aceroissent et les stomates s'y multiplient. Si l'action de l'eau est plus profonde, on constate quelque chose de plus : les nouvelles feuilles qui se différencient dans le bourgeon ont plus de stomates à la face supérieure qu'à la face inférieure. Dans tous les cas, le milieu a une action surla répartition des stoinates. Cette première partie de l'étude que j'ai faite me conduisait à cette conclusion importante, que le milieu aquatique modifie la répartition des tomates; elle nécessilait un plément: il était indispensable de grouper les faits nombreux qui semblent, par l'observation seule, étre en contradiction avec les résultats précédents établis par l'expérience. J'ai COSTANTIN. — OBSERVATIONS SUR LA NOTE DE M. MER. 195 recherché, à ce point de vue, quand apparaissent les stomates sur les feuilles qui en possèdent lorsqu'elles sont encore dans l'eau; cet examen m'a conduit à aborder une question nouvelle. Dans quelles conditions les feuilles du bourgeon d'une feuille aquatique se différencient-elles? Différenciation des feuilles. — Les résultats de cette recherche, qui permettent de grouper les anomalies de structure des plantes aquatiques autour d'un méme fait général, sont les suivants. Si une plante se développe à l'air, la différenciation des feuilles dans le bourgeon se produit avec une trés grande rapidité, c'est-à-dire que, trés jeune, elle-prend sa forme définitive et se couvre de stomates. Si la plante, développée primitivement à l'air, est. transportée dans les eaux profondes, la différenciation, au lieu d'aller en croissant dans les feuilles successives comme dans le cas précédent, va en décroissant. Les stomates sur les feuilles qui s'ébauchent dans le bourgeon devien- nent de moins en moins nombreux, et, si la profondeur est suffisamment grande et la durée de l'expérience assez longue, ils finissent par dispa- raitre. La vie aérienne accélére la différenciation des feuilles; la vie aqua- tique profonde la ralentit. Enfin, si la plante croît dans les eaux peu profondes, le milieu aqua- tique ralentit bien encore la différenciation des feuilles, mais il ne la supprime pas complétement. Quand la plante a produit un certain nombre de feuilles non différenciées, elle est capable de produire des feuilles différenciées avec des stomates. C'est ce cas qui a troublé les observateurs et leur a fait nier l'action du milieu. M. Mer demande à M. Costantin comment il explique le cas du Potamogeton rufescens ? M. Costantin répond en ces termes : J'ai eu Poccasion d'examiner ces jours-ci un Potamogeton natans, et les résultats qu'il m'a fournis éclairent la question. Si l'on ouvre une gaine de cette plante enfermant les feuilles successives, on voit qu'elles y sont déjà parfaitement différenciées. Ainsi, dans un bourgeon que j'ai examiné, une première était sortie et nageait sur l'eau ; la suivante, quoique enfermée dans le bourgeon, protégée contre l'eau et enroulée, avait un limbe plus grand que la précédente, elle était plus différenciée et avait plus de stomates. A Vaisselle de celle-là se trouvait une autre gaine transparente complètement fermée et à l'intérieur de laquelle on distin- guait une feuille également différenciée, et ainsi de suite pour les feuilles suivantes. Or il est bien évident que, quoique le bourgeon soit plongé dans l'eau, les différentes feuilles successives du bourgeon ne sont pas 196 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. au contact de ce liquide. Ces observations sont applicables au cas du Potamogeton rufescens étudié par M. Mer. Les premières phases du dé- veloppement des feuilles varient avec l'àge de la plante. Quand la plante e à se développer au printemps, les feuilles qui s'ébauchent dans le bourgeon ne sont pas différenciées et n'ont pas de stomates, c'est pourquoi on ne trouve pas de stomates sur les feuilles du bas de la pousse. A mesure que la tige croit, le bourgeon se rapproche du niveau de l'eau. A un certain t, vraisemblabl t quand certaines conditions physiologiques sont remplies, une ébauche de différenciation peut se produire dans le bourgeon, quelques stomates apparaissent alors sur les feuilles qui se forment. Le bourgeon s’ouvre et ces feuilles viennent au contact de l’eau; comme elles achèvent leur développement dans ce liquide, la formation des stomates cesse, c’est pourquoi il yen a un si petit nombre. Si le niveau de l’eau s’abaisse, la différenciation s’accélère très rapidement, et ce ne sont plus seulement quelques stomates qui s’ébauchent dans le bourgeon, mais des milliers qui se forment. A la suite de ces explications, le procès-verbal est mis aux voix et adopté. M. le Président, par suite des présentations faites dans la der- nière séance, proclame membres de la Société : M . Cnauvain (Eugène), étudiant en pharmacie, place de la Mairie, 7, à Choisy-le-Roi (Seine), présenté par MM. A. Chatin et Malinvaud. RarrEL, médecin-adjoint à l'Institut des sourds-et-muets, rue Montmartre, 149, à Paris, présenté par MM. Flahault et Hérail. La Société est consultée sur un projet de modification de l'article 13 des Statuts. M. le Secrétaire général en expose les motifs dans les termes suivants : Le Conseil administratif de la Société, à la suite d'une délibération ap- profondie, a décidé qu'il y avait lieu de modifier l'article 13. des Statuts relatif à l'admission des membres à vie. Voici en peu de mots l'objet et les raisons de ce changement. La somme à donner pour acquérir la qualité de membre à vie devant être capitalisée, sa valeur dépend du revenu annuel qu'elle peut rappor- ter. Or on sait que l'intérét de l'argent s'est notablement abaissé depuis l'époque de la fondation de la Société, tandis que, par suite du renché- | | | | | | | | SÉANCE DU 9 AvRIL 1886. 191 rissement général, les mêmes dépenses atteignent aujourd'hui un chiffre beaucoup plus élevé. Il en résulte, en se fondant sur les calculs de probabilités qui régis- sent la matière, que la Société est en perte lorsqu'elle reçoit aujourd'hui un nouveau membre à vie à des conditions qui pouvaient être équitables il y a plus de trente ans. Dans l'intérét de la bonne gestion de l’œuvre sociale, si la catégorie des membres à vie est conservée, la somme à verser pour obtenir ce titre devrait être portée de 300 à 400 francs, comme on l’a fait dans d’autres Sociétés dont la cotisation annuelle est de 30 francs comme la nôtre (la Société géologique, par exemple). Après de longues hésitations, nous sommes obligés à notre tour de nous rendre à l'évidence de cette né- cessité. Le Conseil propose toutefois une atténuation en faveur des membres dont l'admission remonterait à dix ans au moins. En tenant compte des cotisations payées par eux pendant ce laps de temps, ils n'auraient à effec- tuer pour se libérer que l'ancien versement de 300 francs. En somme, nul n'est obligé de se faire admettre membre à vie ; ce titre étant une concession faite à des convenances particulières, il est juste que les conditions auxquelles on l'obtient ne soient pas onéreuses à l’œuvre sociale. L'article 13 des Statuts modifié dans le sens de nos observations pour- rait étre ainsi rédigé : Chaque membre paye une cotisation annuelle de 30 francs. La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, étre remplacée par une somme de 400 francs une fois payée. Tout membre qui a payé régulièrement la cotisation sociale pendant au moins dix années peut se libérer en versant seulement 300 franes. Un article des Statuts ne pouvant étre modifié qu'avec l'approbation du Conseil d'État, nous vous demandons de vouloir bien autoriser le Bureau de la Société, représenté dans cette affaire par M. le Trésorier, à faire auprés de qui de droit les démarches nécessaires. A la suite d'un échange d'observations entre M. Cornu et le Secrétaire général, et de quelques éclaircissements ajoutés par M. le Président, la proposition faite au nom du Conseil est mise aux voix et adoptée. M. P. Duchartre met sous les yeux de la Société une monstruo- sité de la Primevère des jardins, et s'exprime à ce sujet de la ma- niére suivante : 198 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. La monstruosité de Primevère que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société n'est ni nouvelle, ni méme trés rare; mais elle me semble n'étre pas dépourvue d'intérét relativement à la théorie de la métamorphose. Elle consiste en une inflorescence dont toutes les fleurs ont considérablement développé leur calyce, qui, en méme temps qu'il exagérait ses dimensions, est devenu complétement foliacé, tandis que les autres verticilles floraux n'ont subi aucune altération dans leur état normal. Dans ces fleurs, un tube calycinal indivis et obconique, long d'environ 2 centimètres, supporte cinq lames foliaires obovales, obtuses, fortement nervées et pubescentes, entiérement semblables d'aspect, de texture et de nervation à celles d'une feuille normale de la méme plante. Ces feuilles calycinales mesurent de 2 centimètres et demi à 3 centimètres en longueur et 2 centimétres ou un peu plus en largeur. Dans ses Éléments de Tératologie végétale, Moquin-Tandon se borne à citer (p. 202) les Primula elatior, grandiflora et acaulis comme étant au nombre des plantes sur lesquelles on voit le plus fréquemment le calyce subir « la transformation... en organes foliaires ». M. Maxwell T. Masters est moins laconique à cet égard. Dans sa Vegetable Terato- logy, il cite spécialement (p. 247) la Primevére des jardins comme déve- loppant parfois ses sépales en feuilles. Il donne méme une bonne figure (p. 248, fig. 131) d'une fleur qui présentait un exemple de ce développe- ment anormal ; puis, ayant fait observer que cette monstruosité, nommée par lui « Phyllody of the calyæ » (phyllodie du calyce), peut aider à ré- soudre la question de savoir si ce sont les gaines ou les limbes, ou lames foliaires qui entrent dans la formation du calyce, il dit: « ... ainsi, dans » la Primevére, les sépales phyllodiques semblent montrer clairement » que les sépales sont, dans cette plante, de nature laminaire. » L'examen du calyce foliacé de Primevére que je mets sous les yeux de mes collégues me semble autoriser une conclusion moins restreinte. En effet, qu'on se figure cinq petiles feuilles normales de cette plante dis- posées en verticille et connées par les bords de leur pétiole marginé, et l'on aura une idée exacte de ce calyce. Dans les feuilles normales, la ner- vure médiane, fortement proéminente à la face inférieure, devient plus saillante et plus forte encore sous leur portion pétiolaire; il en est tout à fait de méme à la face externe du calyce phyllodé, pour employer l'expression créée par M. Masters. Il n'est pas hors de propos de dire que de cette dernière particularité résulte une différence marquée entre les fleurs que la Sociétéa sous les yeux et le sujet figuré par le savant anglais, qui, d’après Ja figure, ne présentait pas de nervure médiane apparente sur le tube de son calyce. En résumé, je crois pouvoir admettre que cinq feuilles entiéres, et non pas seulement l'une des parties de chacune d'elles, sont entrées dans la BELZUNG. — FORMATION D'AMIDON DANS LES SCLÉROTES. 199 formation du calyce phyllodé des fleurs dont il s'agit ici, et la disposition des nervures dans le calyce des fleurs de la Primevére des jardins, tel qu'il se présente habituellement, me semble montrer que la formation de ce dernier peut s'expliquer dela même manière. Sans doute cette inter- prétation ne concorde pas avec les théories émises dans ces dernières années, et selon lesquelles ce qu'ona toujours appelé tube calycinal serait dû en totalité ou au moins en grande partie à une « expansion périphé- » rique et tubuleuse de l'axe floral ou réceptacle » (1) ; mais ces théories ne sont nullement en harmonie avec l'état des choses dans le calyce phyllodé de la Primevére dont il s’agit ici, et me semblent même contre- dites de la manière la plus nette par toute l’organisation de ce calyce. M. Belzung fait à la Société la communication suivante : SUR LA FORMATION D'AMIDON PENDANT LA GERMINATION DES SCLÉROTES DES CHAMPIGNONS, par Mí. Ernest BELZUNG. On sait, par les recherches de M. Van Tieghem (2), que l'albumen du Ricin ala propriété de germer lorsqu'il est séparé de l'embryon de la graine, et qu'il ne tarde pas à produire de l'amidon en quantilé assez considérable. En étudiant le mode de développement de l'amidon ainsi formé, j'ai été amené à penser que la méme substance pouvait prendre naissance lors de la germination des sclérotes, à cause de la ressemblance que l'on observe, à divers égards, entre la structure d'un albumen et celle d'un sclérote. L'un et l'autre, par exemple, représentent un tissu de réserve, parenchymateux, sans chlorophylle; le contenu cellulaire, dans les deux cas, peut être le même, abstraction faite du noyau qui, je crois, n'a pas encore été signalé dans les sclérotes. Au point de vue du contenu figuré des cellules, on peut comparer l'albumen du Ricin (Ricinus communis) ou du Pin Pignon (Pinus Pi- nea) au sclérote du Claviceps purpurea, c'est-à-dire à l'Ergot de Seigle. Dans les deux tissus, la réserve se compose essentiellement de matières albuminoides et de matiéres grasses. Le sclérote du Coprin (Coprinus stercorarius), qui se prête aussi facilement que le précédent à l'étude de la germination, renferme daus les cellules de son pseudo-parenchyme une réserve figurée albuminoide ; il ne trouve pas complétement son analogue, comme l'Ergot de Seigle, (1) D. Clos, Contributions à la morphologie du calyce, 1884. (2) Van Tieghem, Germination de l'albumen (Annales des sciences naturelles, 1816). 200 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. dans un albumen, ear on n'en connait point jusqu'ici dont la réserve soit purement albuminoide. Je n'ai étudié jusqu'à présent que les deux sclérotes dont il vient d'étre question. Cela posé, voyons comment se développe l'amidon dans un albumen isolé de Pin pignon mis en germination. Chaque cellule renferme, comme on sait, un gros noyau et une réserve composée d'aleurone et d'huile. Les premières traces d'amidon apparaissent déjà aprés trois ou quatre jours de germination, soit à la lumière, soit à l'obscurité. A ce moment on observe trés nett. tle t dela digestion de l'aleurone, décrite par plusieurs auteurs à propos de la germination de la graine : chaque grain protéique, souvent assez gros, se fragmente, par suite d'une digestion interne partielle, en un nombre variable de granules qui restent pendant quelque temps entourés d'une sorte de membrane albuminoide, partie périphérique du grain d'aleurone primitif. Cette membrane venant elle-méme à étre corrodée en plusieurs points, les granules se dissocient et se répandent dans la cellule. Chaque cellule présente bientót de la sorte un contenu finement granuleux trés abondant. Si alors on étudie le mode de développement des plus petits granules amylacés que l'iode puisse mettre en évidence par la coloration bleu foncé qu'il leur communique, on n'observe pas de formation préalable de nouveaux leueites, spécialement destinés à être le siége de la forma- tion de l'amidon; c'est dans les nombreux granules albuminoides de la cellule, c’est-à-dire dans les granules élémentaires des grains d'aleurone dissociés, que se forme cette substance. Après l'action de la solution iodée, on peut voir que l'amidon apparait en une foule de points à la fois, d'une manière irrégulière, et côte à côte peuvent se trouver des gra- nules nettement bleuis ; d'autres commençant à bleuir, qui ne sont par conséquent pas encore complétement transformés en amidon; d'autres enfin qui ne bleuissent pas du tout, mais qui prennent dans l'eau iodée une coloration jaune indiquant qu'ils sont encore complétement albumi- noides. Ces granules sont souvent d'une extréme petitesse. L'amidon grandit rapidement, sans doute aux dépens des substances digérées, et se présente, soit sous la forme de grains simples arrondis ou ovales, soit sous la forme de petits grains composés, cela suivant la taille du granule albuminoide primitif, et suivant que l'amidon y ap- parait en un ou plusieurs points à la fois. La cellule peut ainsi, en peu de temps, se remplir complétement d'amidon, toujours en petits grains. Il résulte donc de l'étude de ce développ que de leu- cites amylogènes ne se produisent pas dans les cellules pendant la ger- mination de l'albumen ; ce sont les leucites préexistants, les leucites BELZUNG. — FORMATION D'AMIDON DANS LES SCLÉROTES. 201 de réserve, qui sont le siége de la formation de l'amidon. Quelques faits semblables ont déjà été signalés par plusieurs auteurs. Considérons maintenant un selérote, l'Ergot de Seigle par exemple. Chaque cellule de ce pseudo-parenchyme renferme des gouttelettes grasses et des grains de nature albuminoide, trés petits, c'est-à-dire des leucites; ces leucites se montrent méme quelquefois composés eux-mémes de plu- sieurs granulations soudées; ils jaunissent par l'iode. Or, pendant la germination de ce tissu de réserve, on voit aussi se former de fins gra- nules d'amidon, simples ou composés, se colorant par Piode en bleu foncé. Ges granules prennent naissance dans les leucites composant la réserve azotée, et iei, comme dans l’albumen, on yu voir toutes les transitions entre les leucites plé tou lét t transfor- més en amidon; iei encore il ne semble pas qu'il se forme de nouveaux leucites pendant la germination. Cette formation d'amidon commence à se produire environ une dizaine de jours aprés la mise en germination du sclérote, alors qu'aucune trace du périthèce n'est encore visible à la surface ; c'est méme dans ces con- ditions que l'amidon se forme le mieux : car, aussitôt que le périthéce commence à se développer, la petite quantité d'amidon qui existe à ce moment est digérée pour servir à sa croissance. On remarque que l'amidon est surtout al un peu au-d de la zone foncée, brune, superficielle; les cellules, trés petites, comme on sait, en sont quelquefois remplies. Dans le sclérote du Coprin, le contenu cellulaire figuré se compose uniquement de leucites, trés abondants, plus facilement observables que dans le cas précédent, les cellules étant trois ou quatre fois plus grandes. Ces leucites se présentent sous la forme de fines granulations, remplis- sant quelquef lét tla cellule. Lorsqu'on examine ces granu- lations avec soin, on voit qu'elles ne sont pas placées indifféremment ; elles sont généralement groupées de manière à former des grains pro- téiques composés, semblant entourés d'une trés mince membrane de méme nature. Parfois cependant les granulations sont indépendantes. C'est dans tous ces éléments albuminoides de la cellule, véritables leu- cites, que se produit l'amidon : il se présente quelquefois nettement sous forme d'un petit grain composé, par suite de la structure méme du leu- cite générateur, ou bien sous forme d'un granule simple, mélangé avec les granules albuminoides de la cellule. Il est bon de couper l'appareil sporifère, dès qu'il commence à se former, pour faciliter le développement de l'amidon, qui, méme dans ces conditions, reste toujours à l'état de fins granules. Tl résulte done de ces premières recherches sur les sclérotes, que les Champignons sont susceptibles de former de véritables grains d'ami- 202 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. don. Comme ces plantes n'ont pas le pouvoir de réduire l'acide carbo- nique de l'air pour former cet hydrate de carbone, le développement de l'amidon doit étre rapporté ici (comme dans aliama surtout dans le Coprin, où le contenu figuré est uniq t alb ,à un dédoubl ment de la matière albuminoide des leucites, ainsi que le montre d'ail- leurs le mode de développement. Cette idée sur l'origine physiologique de l'amidon de germination, dont j'ai parlé aussi dans une précédente communication, a déjà été exprimée, il y a quelques années, not t par M. Godfrin, dans une note publiée dans le Bulletin des sciences de Nancy. M. Van Tieghem croit devoir attirer l'attention de la Société sur l'intérét que présente la communication de M. Belzung, car c'est la premiére fois qu'une formation réguliére d'amidon est signalée chez les Champignons. M. Van Tieghem avait entrevu autrefois quelque chose d'analogue dans les jeunes périthàces d'Ascobolus encore sphériques ; il avait distingué dans les cellules basilaires du périthéce de trés petits granules bleuissant par l'iode, Quant au doute exprimé par M. Belzung relativement aux noyaux des sclé- rotes, il ne doit plus subsister; M. Rosenvinge vient de publier, dans le troisième volume des Annales des sciences naturelles, un mémoire intéressant sur les noyaux des Champignons. ll a con- statéla présence de un à trois noyaux dans les cellules des sclé- rotes de Coprins. L'hypothèse du dédoublement des matières albuminoides a déjà été formulée. M. Gérard se rappelle avoir rencontré cette opinion dans un mémoire all d. Non seul t on expliquerait ainsi la formation de l'amidon, mais aussi de la paroi; le phénomène inverse expliquerait la formation du protoplasma par la com- binaison d'hydrocarbures avec des matières azotées, comme la tyrosine, etc. M. Cornu rappelle que, dans les Hypoxylées, les Pezizées, etc., on observe fréquemment au-dessus de la thèque un point qui bleuit par l’iode. C'est ce qu'on appelle le point amyloide. M. Van Tieghem rappelle que M. de Seynes a montré nettement que ce point se rattachait à la membrane. M. Crié s’est mépris sur cette question, quand il a cru découvrir ainsi l'existence d'amidon dans les Champignons. Les phénoménes signalés par M. Belzung sont donc absolument nouveaux. ans MOROT. — RÉPONSE A LA NOTE DE M. D'ARBAUMONT. 203 M. de Seynes fait observer que souvent ce n'est pas seulement un point de la membrane qui bleuit, mais une région entière. M. Van Tieghem dit que le point amylacé est souvent rejeté en dehors de l'asque, comme un bouchon ; à cet état, un examen super- ficiel peut le faire confondre avec un grain d'amidon. M. Morot fait la communication suivante : RÉPONSE A LA NOTE DE M. D'ARBAUMONT SUR LE PÉRICYCLE, par M. L. MOROT. A la suite de la communication de M. d'Arbaumont sur le péricycle dont il a été donné lecture à la Société dans l'avant-derniére séance, M. Van Tieghem a fait remarquer qu'en donnant ce nom de péricycle à l'ensemble des tissus, quels qu'ils soient, qui, dans la tige comme dans la racine, s'observent entre les faisceaux et l'endoderme, il nes'était nul- lement préoccupé de l'origine de ces tissus. Moins réservé que lui, je n'ai pas hésité, dans le mémoire que j'ai publié l'an passé sur ce sujet (1), à attribuer au péricycle la méme origine qu'à la moelle et aux rayons médullaires : comme ces deux autres régions du cylindre central, avec lesquelles il constitue le tissu conjonctif interne, il provient directement, suivant moi, au moins dans la plupart des cas, du méristéme primitif plus ou moins différencié. M. d'Arbaumont, au contraire, veut voir dans le péricycle une partie intégrante des faisceaux. A l'appui de son opinion, notre confrére cite un grand nombre d'observations faites sur des plantes appartenant à des familles trés diverses, et chez lesquelles le péricycle s’est montré à lui comme « le produit de différenciation d'une zone continue de tissu for- » matif, indépendante du méristéme primordial, dans laquelle prennent » également naissance le liber mou et le bois. » Acceptous tout d'abord l'interprétation formulée par M. d'Arbaumont ; admettons avec lui que le péricycle et les faisceaux aient une origine commune, autre que celle de la moelle. Devrons-nous en conclure forcé- ment que le péricycle et les faisceaux sont une seule et méme chose, que le péricycle et la moelle sont au contraire deux choses bien distinctes l'une de l'autre? Je ne crains pas de répondre négativement, Comme l'a indiqué M. Van Tieghem, et je suis heureux qu'il ait présenté lui-méme cette observation, à laquelle son autorité scientifique donne une valeur qu'elle n'aurait pu avoir dans ma bouche, il faut se défier des conclusions tirées exclusivement de l'embryogénie. Un méme organe, une méme (1) L. Morot, Recherches sur le péricycle (Ann. sc. nat. Bor. 0* série, 1885, t. XX). 204 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. région anatomique peuvent, suivant les cas, avoir une origine variable; deux organes différents, deux régions anatomiques bien distinctes, peu- vent avoir au contraire une origine commune. Sans vouloir insister lon- guement sur ce point, je me bornerai à rappeler ce qui se passe, par exemple, au sommet de la racine des Phanérogames, où la coiffe, l’écorce, le cylindre central, proviennent, chez des plantes d'ailleurs très voisines, d'un nombre variable de groupes de cellules initiales; et aussi ce fait bien significatif, que, chez les Cryptogames vasculaires, les faisceaux con- ducteurs des Préles ont une origine tout autre que ceux des Fougères. Or je ne pense point qu'il vienne pour cela à l'idée de personne de leur attribuer dansles deux cas une valeur différente. Une remarque analogue peut étre faite au sujet des rayons médullaires qui, d'aprés M. d'Arbau- mont, auraient tantót méme origine que la moelle, tantót méme origine que les faisceaux, tantót enfin auraient une origine mixte : quand bien méme il en serait rigoureusement ainsi, les rayons médullaires n'en devront pas moins étre toujours considérés comme faisant partie constitutive de l'appareil conjonctif et comme distincts de l'appareil conducteur. Mais il y a plus, et c'est l'interprétation méme donnée par notre con- frère des faits si nombreux observés et décrits par lui qui doit être modi- fiée. « Le cylindre central, dit-il, se divise en deux parties ou régions » principales correspondant: l'une au tissu conjonctif primordial, ce qui » comprend la moelle et, suivant les cas, tout ou partie seulement des » rayons médullaires ; l'autre au tissu formatif secondaire qui donne nais- » sance par évolution divergente, d'une part au bois, de l'autre au liber » mou et au péricycle son annexe. » C'est la reproduction des idées sou- tenues jadis par un certain nombre de botanistes, notamment par Karsten, par Schacht, par Sanio. Mais cette maniére de voir a été combattue, et suivant moi avec raison, par d'autres botanistes tels que MM. Nægeli, Falkenberg, de Bary, et notre confrère M. Mangin. Là où M. d'Arbaumont voit l'activité d'une zone de tissu formatif secondaire, il faut voir simple- ment la fin de l'évolution du méristéme primitif passant à l'état de tissu durable. En effet, si l'on pratique une section transversale ou longitudinale dans le voisinage du point végétatif d'une tige, on peut avec Hanstein y isti sous le dermatogène, c'est-à-dire l'épiderme, le péribléme qui doit constituer l'écorce, et le plérome destiné à former le cylindre cen- tral. C’est de ce dernier seul que nous avons à nous occuper ici. Le tissu qui le compose commence par multiplier un certain temps ses éléments, qui n'arrivent que peu à peu à leur état définitif, et cela en direction cen- trifuge : la portion centrale a donc achevé de se différencier quand la portion périphérique est encore en voie d'évolution. A un moment donné, Md ssim MOROT. — RÉPONSE A LA NOTE DE M. D'ARBAUMONT. 205 apparaissent dans ce tissu les cordons de procambium qui doivent don- ner naissance aux faisceaux. Le plus souvent cette apparition est assez précoce pour que la différenciation des faisceaux aux dépens du procam- bium se produise pendant que la région périphérique du plérome, celle qui deviendra le péricycle, continue son évolution. Suivant que le pro- cambium aura paru plus ou moins tót, suivant que l'activité de la région périphérique se poursuivra plus ou moins longtemps, les faisceaux se trouveront finalement séparés de l'écorce par une couche plus ou moins épaisse de tissu conjonctif d'ordre primaire au même titre que la région centrale. Dans une tige de Monocotylédone, où cette différenciation de la zone périphérique est lente, oà en méme temps il se produit d'ordinaire plu- sieurs cercles de faisceaux, ces divers faisceaux, bien que produits suc- cessivement, sont tous de méme ordre, de méme que le tissu qui les relie les uns aux autres. Entre les plus externes de ces faisceaux et l'endo- derme se trouvent une ou plusieurs assises du tissu conjonctif général ; C'est ce que nous appelons le péricycle. Je m'empresse d'ajouter que cette maniére d'interpréter les faits n'est pas, comme on serait peut-étre tenté de le croire, une simple vue de l'esprit. Il y a des cas où l'embryogénie elle-même lui donne une écla- tante confirmation. C'est évidemment lorsque la sclérification du péri- cycle se localise au dos du liber qu'on pourrait avec le plus de raison rattacher aux faisceaux les cordons scléreux ainsi formés. Or chez un certain nombre de plantes qui présentent cette disposition, chez plusieurs Composées notamment, j'ai eu l'occasion de voir la sclérification du péri- cycle commencer sur son bord interne et se continuer ensuite de dedans en dehors, tandis qu'elle aurait dü se produire exactement en sens inverse si les cordons fibreux du péricycle avaient fait partie intégrante des faisceaux libéro-ligneux. Dans ceux-ci, en effet, on sait que la différen- ciation est centrifuge pour le bois, centripéte pour le liber, de sorte que les éléments libériens les premiers différenciés sont les plus externes. On a objecté que le péricycle n'était pas limité d'une facon précise à son bord interne dans l'intervalle des faisceaux. C'est vrai ; mais il nya pas lieu, suivant moi, de songer à établir une semblable limite: le péri- cycle se continue intérieurement avec les rayons médullaires, comme ceux-ci à leur tour se continuent avec la moelle. On ne prétend point limiter la moelle par rapportaux rayons médullaires ; il n'y a pas plus de motifs de vouloir limiter ceux-ci par rapport au péricycle. Moelle, rayons médullaires, péricycle, ne sont que trois régions plus ou moins circon- scrites d'un méme tout, le tissu conjonctif du cylindre central ; ce n'est que pour rendre les descriptions plus coneises qu'il ya avantage à donner à chacune d’elles un nom particulier. 3 206 SÉANCE DU 9 AvniL 1886. En terminant, je rappellerai en quelques mots que le péricycle et la moelle peuvent d'ailleurs présenter la méme diversité dans leur manière d’être. L'une comme l'autre de ces régions peut être tout entière paren- chymateuse, tout entière scléreuse, ou en partie scléreuse et en partie parenchymateuse ; dans ce dernier cas, la sclérification peut étre limitée au bord externe ou interne des faisceaux, ou former une zone continue, ou présenter un aspect plus ou moins irrégulier. La propriété méme de produire un méristéme générateur de faisceaux libéro-ligneux, si fréquente dans le péricycle, appartient aussi, bien que beaucoup plus rarement, à la moelle, comme b p de Campanulacées nous en donnent des exemples, M. Gérard pense que M. Morot devrait, dans l'intérêt de sa thèse, séparer le péricycle du tissu conjonctif du cylindre central. Le péricycle de la tige n’est-il pas la continuation dans ce membre de la membrane rhizogène de la racine ? Beaucoup de botanistes dis- tinguent nettement la membrane rhizogène de la moelle. Les faits se réduisent à ceci : la membrane rhizogène, en passant dans la tige aérienne, se trouve dans des conditions nouvelles; elle perd alors, par suite d'adaptation, son faciès radical, et le fait est plus ou moins accentué selon qu’elle emploie ses facultés génératrices au développ t d'éléments plus ou moins différents de ceux qu'elle produit dans la racine. M. Morot répond qu'on ne peut pas plus établir de délimitation précise entre le péricycle et les rayons médullaires qu'entre ceux-ci et la moelle. M. Franchet fait à la Société la communication suivante : SUR LA PRÉSENCE DU CYPRIPEDIUM ARIETINUM R. Br. DANS LE YUN-NAN, par M. A. FRANCHET. Le Cypripedium que j'ai signalé sous le nom de C. plectrochilum, dans la séance du 23 janvier 1885, est en réalité le C. arietinum R. Bn. La présence dans les hautes montagues du Yun-nan de cette curieuse espèce, qui n'est connue jusqu'ici que du Canada et de la région des États- Unis qui l'avoisine, est un fait de distribution géographique qui semble fort curieux ; on n'a pas, je crois, d'autre exemple d’une espèce ainsi localisée dans les régions presque froides de l'Amérique du Nord, se retrouvant en même temps dans une dépendance de l'Himalaya, sans stations inter- médiaires. f FRANCHET. — PRÉSENCE DU CYPRIPEDIUM ARIETINUM AU YUN-NAN. 207 Cette grande extension d'habitat emprunte un intérêt tout particulier à ce fait que le C. arietinum constitue une réelle anomalie dans le genre auquel il appartient. On sait que les fleurs de tous les Cypripedium sont formées de cinq divisions seulement, par suite de la cohérence complète des deux sépales superposés au sabot; or dans le C. arietinum ces deux sépales sont complétement libres, comme dans la majorité des Orchidées. En outre, dans toutes les espèces de Cypripedium, le gynostème est court et constitué de façon à présenter, à la base même du sabot, une large surface déprimée qui n'est autre chose que la troisième étamine trans- formée. Le gynostéme du C. arietinum est d'une forme sensiblement différente, dressé-arqué au-dessus du sabot, avec les bords membraneux rabattus et formant une sorte de niche au fond de laquelle est placée l'étamine stérile. Le C. arietinum représente donc un type tout particulier, abstraction faite de la forme singuliére du sabot, terminé en pointe largement conique et souvent dirigée sensiblement en arriére, et il n'est pas surprenant que plusieurs botanistes l'aient considéré, sous le nom d'Arietinum, comme un genre distinct. La présence simultanée, dans les hautes régions de l'Asie centrale et dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord, d'un type aussi aberrant, s'il est permis de qualifier ainsi celui qui rappelle le mieux le type normal de “presque toute la famille, est difficilement explicable en invoquant Lune tion de latitude par une altitude véritablement considérable. Ne doit- -on pas plutôt voir dans ce remarquable fait de géographie botanique l'un des derniers vestiges, témoignant d'une com- munauté d'origine entre la flore du grand massif himalayen et celle des régions froides de l'Amérique septentrionale, flores dont les relations, jadis très sensibles, sont aujourd'hui presque complétement évanouies ? Mais, d'autre part et dans un ordre d'idées différent, si cette commu- nauté d'origine entre les deux flores est réelle, la compléte ressemblance existant entre la plante du Canada et celle du Yun-nan, séparées l'une de l'autre d'un centre de dissé tion à une période géologique éloignée, ne fournit-elle pas un argument sérieux en faveur de la fixité indéfinie de certaines formes spécifiques, fixité qui, pour le C. arietinum, a dù résister à la double influence du temps et des milieux ? Je dois ajouter que M. Oliver, à qui j'ai envoyé la plante du Yun-nan, m'a écrit, il y a peu de jours, que le C. arietinum n'existe pas, de l'Himalaya, dans l'herbier de Kew; sa présence dans les hautes régions du Yun-nan, où il parait assez ET est donc un fait isolé jusqu'ici du moins. C'est à M. Godefroy-Lebœuf, d'Argenteuil, qui cultive avec beaucoup de succès les Orchidées, que je dois d’avoir pu rectifier la détermination 208 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. de ce curieux Cypripedium. La fleur du C. arietinum qu'il m'a envoyée, sans nom d'ailleurs, présentait six divisions, contrairement à la descrip- tion originale de l'Hortus Kewensis, qui ne lui en accorde que cinq, de méme que la planche 1569 du Botanical Magazine et la description qui LE pagne. Il y a longt du reste, que M. Asa Gray a rectifié cette erreur dans les diverses éditions de sa Flore des Etats-Unis du Nord. M. Cornu entretient la Société des particularités remarquables présentées par une Rose du Yun-nan, qui porte sur sa tige deux larges ailes formées par les épines confluentes et bisériées. M. Leclerc du Sablon fait la communication suivante : DE L'INFLUENCE DES GELÉES SUR LES MOUVEMENTS DE LA SÈVE, par M. LECLERC DU SABLON. Les expériences de Hales sur la Vigne et quelques autres végétaux ont montré que, bien avant l'éclosion des bourgeons, à un moment où la vie parait ralentie, la sève se trouve à l’intérieur des vaisseaux à une pression très élevée et peut effectuer des mouvements très étendus, Le phénomène si connu des pleurs de la Vigne montre d’ailleurs bien clairement que la sève peut s'élever à une grande hauteur sans que les branches aériennes S'accroissent ou soient le siège d'une évaporation rapide. Les expériences que j'ai faites pendant les mois de février et mars 4886 montrent une relation assez curieuse de cette poussée hibernale de la séve avec la tem- pérature et surtout avec les changements brusques de température. Tous les arbres sont d'ailleurs loin de se conduire de la méme façon; c'est le Sycomore qui m'a paru présenter les phénomènes les plus intéressants, et c'est des expériences faites sur cette espéce que je rendrai compte. Pour mesurer la pression de la sève, le moyen le plus simple, et qui à été déjà employé par divers physiologistes, consiste à adapter à l'arbre un manométre à air libre. Pour cela, on pratique, au moyen d'une vrille, un trou dans la région qu'on veut étudier. Dans ce trou on fait entrer à frot- tement exact un tube de fer auquel on adapte le manomètre à mercure formé par un tube recourbé en forme d'U. Il faut avoir soin de ne pas enfoncer le tube de fer jusqu'au fond de la cavité, pour permettre à la sève d’arriver dans le manomètre. Un robinet à trois voies, placé au sommet de la branche du manométre qui est en rapport avec l'arbre, permet d'éta- blir la communication avec l'extérieur et par conséquent de ramener le mercure au méme niveau dans les deux branches du manomètre. On conçoit qu'un manométre ainsi disposé indique la pression des liquides renfermés dans les vaisseaux. Supposons en effet que la sève LECLERC DU SABLON. — INFLUENCE DES GELÉES SUR LA sEvE. 209 monte des racines avec une certaine force et arrive au niveau du mano- mètre ; elle passe dans le tube et exerce sur le mercure la pression qui lui a été transmise par la force endosmotique des racines ou par tout autre cause. Il est bon, pour que cette transmission s'effectue d'une facon plus directe, de remplir d'eau la partie du tube manométrique comprise entre le mercure et l'arbre. Dans le eas où la pression de la sève est inférieure à la pression atmosphérique, les liquides du manométre sont aspirés au lieu d'étre refoulés, et l'on peut encore mesurer les différences entre la pression atmosphérique et celle des liquides renfermés dans le bois. Un méme manométre ne peut donner indéfiniment des indicati précises, à cause de l'obturation qui se produit à la longue à la surface de la plaie. Dans les deux premiers mois, les variations rapides des pres- sions indiquées montrent que la communication est encore bien établie. Trois Sycomores dont le tronc avait environ 20 centimètres de diamètre ont servi de sujet à mes expériences. Chacun d’eux portait deux mano- mètres implantés à environ 17,80 au-dessus du sol et distants l'un de l'autre de 8 à 10 centimètres. Le tube des manomètres était enfoncé dans le trou à une profondeur de 2 cent. pour les deux premiers arbres, et de 5 cent. pour le troisiéme. Pendant la premiére semaine de février, le temps était relativement doux, et les manométres indiquaient pour l'arbre une pression peu différente de la pression atmosphérique. Mais du 8 au 12, et surtout du 20 au 28 février, où le thermomètre descen- dait pendant la nuit à plusieurs degrés au-dessous de zéro, les variations ont été considérables; surtout le jour où une forte gelée nocturne était suivie par un dégel rapide vers dix ou onze heures du matin. Voici ce qui se passait d'une façon générale pour les quatre mano- métres les moins profondément enfoncés. Pendant la gelée, le manométre ne pouvait donner d'indication, car la séve était congelée dés qu'elle sortait des vaisseaux. Puis vers onze heures du matin, dein le dégel s' effi t it, le ètre r ità f " el ind it une augmentation de pression très rapide. Le maximum était atteint vers une heure du soir; la pression diminuait ensuite jusqu’au soir, et dans certains cas devenait de beaucoup inférieure à la pression atmosphérique. Ces variations brusques et, comme on le verra, d’une prune étendue, ne se sont pas manifestées dans les deux ètres és de quel timèt lus profondément. Quelq exemples montreront bien l'intérêt qui peut s'attacher à cette question. Les pressions sont mesurées en millimètres de mercure, et le signe— indique qu'on a affaire à une pression inférieure à la pression atmosphérique. Les nombres ci-joints indiqueront donc la hauteur, évaluée en millimètres, de la colonne de mercure représentant la différence entre la pression atmosphérique et la pression de l'arbre. Pour la € dité de l'exposition, nous désigne- T. XXXIII. (SÉANCES) 14 910 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886, rons par A et B les deux premiers Sycomores, et par C le troisième, celui dans lequel les manométres s'enfonceront le plus profondément. Les jours auxquels se rapportent les résultats ci-joints sont de ceux où un dégel rapide succède à une forte gelée de la nuit. 99 FÉVRIER. B. C. ——— M À—— M 4e manometre. 2 manomètre. 1* manomètre. 2* manomètre. — 2 + 16 — 46 — 48 zig + 80 — 42 SU] + 148 + 330 40 emis + 4 + 140 — 30 == 48 He MS 4 50 — 42 edil — 16 dqoo3Ras oes? — 48 En jetant les yeux sur ce tableau, on est d'abord frappé de la différence des indications données par les deux manométres implantés sur le méme arbre, à quelques centimètres l'un de l'autre. On doit conclure de ce fait que la répartition des pressions à l'intérieur du bois est très irrégu- lière. Il faut donc se garder de trop généraliser les indications données par un manométre placé dans des conditions déterminées, ni attacher une grande importance à la valeur absolue d'une certaine pression mesurée. Il est seulement permis de tirer quelques conclusions lorsque plusieurs manométres placés dans les mémes conditions indiquent des changements de pression considérables et variant dans le méme sens. C'est précisément le cas des manométres implantés dans les arbres A et B. Constatons une dernière fois, à propos du tableau ci-dessus, que les ma- nométres de l'arbre C ne r pas l'infl des gelées suivies de dégel rapide. Les variations indiquées par ces manométres sont en effet tout à fait comparables à celles qu'on observe les jours ordinaires. 25 FÉVRIER. A. B. ——MMÓM— 1*' manométre, 2 manomètre. 4% manometre. 2° manomètre, PE EET + 122 — 432 — 60 41h, 2 + 7 + 178 + 370 4 h. 30 + 142 + 352 +178 + 240 3 h. 30 + 124 + 292 + 104 + 196 5h. 30 + 98 + 222 + 48 + 448 10 h. + 84 + 152 — 42 + 68 ———mÓÓM— LECLERC DU SABLON. — INFLUENCE DES GELÉES SUR LA SÈVE. 211 Ce second tableau peut encore nous donner une idée des variations locales qui peuvent se produire. Les pressions les plus grandes indiquées par chaque manométre seront d'ailleurs plus faibles que celles qui auraient dû être mesurées. Je n'avais en effet pas prévu des variations aussi étendues, et les tubes des manométres que j'avais placés étaient trop courts; à un moment donné, tout le mercure s'est trouvé refoulé dans la branche ouverte à l'air libre; une augmentation ultérieure de pression ne pouvait donc plus étre indiquée. Chacune des journées pendant les- quelles la température a été la méme que le 22 ou le 25 février pourrait fournir un tableau comparable au précédent. L'augmentation rapide de pression indiquée par les manomètres était évidemment due à une poussée comparable à celle qui occasionne les pleurs de la Vigne. Quelques Sycomores situés à cóté de ceux qui élaient en expérience avaient en effet été taillés pendant le mois de janvier, et par chacune des plaies la séve s'échappait en abond pendant que la pression indi par les ètres était supérieure à la pression atmos- phérique. On explique généralement le phénoméne des pleurs au moyen de la poussée produite par la force endosmotique des racines. Dans le cas qui nous occupe, cette explication est certainement insuffisante, car ellene peut nous rendre compte des changementssi grands de pression que nous avons observés. On ne concoit pas, en effet, qu'entre onze heures du matin et deux heures du soir, les conditions del'osmose soient modifiées de facon à produire les résultats consignés dans le tableau ci-dessus. J'ai tenu seulement, dans cette ication, à tater les faits et leur relation avec les conditions atmosphériques, sans en rechercher les causes premiéres. On peut dire, indépendamment de toute idée préconcue relalivement aux causes des mouvements de la sève, que les jours de dégel la pression de la séve devient trés forte, vers le milieu de la journée, dans les couches les plus jeunes du bois de Sycomore, et que cette pression diminue ensuite rapidement dans la soirée. Le jour oà la tem- pérature est uniforme, trés froide ou chaude, les variations observées sont beaucoup plus faibles. M. Cornu a fait des recherches analogues à celles de M. Leclerc du Sablon, à l'aide d'un appareil à observations continues; il a trouvé un maximum d'émission pendant la nuit. M. Leclerc du Sablon a observé également la périodicité diurne, mais la période n'est pas constante ; le maximum a lieu en général pendant la journée vers deux heures de l'aprés-midi, le minimum s'observe à trois heures du matin. Ces résultats s'appliquent au Marronnier, au Sycomore et au Peuplier. 242 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. M. Cornu pense que la question de la pression de la sève est très complexe, et qu'il existe une grande différence entre lasève de la périphérie et celle du centre; la pression doit étre fonction du diamétre des vaisseaux. M. Van Tieghem fait remarquer que, la pression pouvant varier de 40 centim. de mercure à zéro en deux points situés à des pro- fondeurs peu différentes (3 centimétres), un changement de signe se produit peut-étre dans la pression pour des variations plus grandes dans la profondeur; la discordance des résultats de MM. Cornu et Leclerc du Sablon pourrait donc n'étre qu'apparente. Les variations dans la température, selon M. Duchartre, pro- duisent souvent des faits trés curieux. Un cep de Vigne, au jardin du Luxembourg, par exemple, avait sa base et son extrémité à l'ex- térieur d'une serre, tandis que sa portion médiane était recourbée et maintenue à l'intérieur de la partie vitrée. Or, malgré le froid extérieur, malgré la gelée, la séve fut appelée des racines vers la portion de la tige qui se trouvait dans la serre, et cette région se couvrit de pousses de 30 et 40 centimétres de longueur; au-dessus et au-dessous de cette portion médiane aucun bourgeon ne s'était développé. On s'explique difficilement comment les racines qui sont dans un sol gelé peuvent étre encore en activité. M. Leclerc du Sablon dit que les bourgeons peuvent se dévelop- per sans augmentation de la pression de la séve. Ainsi l'éclosion des bourgeons des trois plantes sur lesquelles il expérimente en ce moment (Sycomore, Peuplier, Marronnier) n'est pas liée à une pression plus grande de la sève; en effet, la pression sur ces trois espèces est, à cette époque, plus petite que la pression atmosphé- rique. M. Duchartre pense que, dans le cep de Vigne qu’il a observé, les pousses n'ont pu se développer qu'avec les aliments apportés par la sève; on sait, d’après les observations de Vauquelin, quelle quantité énorme de sève est nécessaire pour donner le bois et les autres tissus. M. Leclerc du Sablon dit qu'il est possible que la sève monte. Il ne s'est occupé que des rapports de la pression interne avec la pression atmosphérique. M. Gérard fait observer que dans le Midi on cultive la Vigne de facon que les branches fructifères soient à l'extérieur. VAN TIEGHEM ET DOULIOT. — TIGES A CYLINDRES CENTRAUX. 213 M. Duchartre rappelle qu'on regarde comme avantageux, en Angleterre, de laisser les pieds de Vigne à l'extérieur des serres ; la partie supérieure est seule introduite dans la chambre vitrée. M. Mer a souvent constaté que les arbres abattus pendant l'hiver développent des p jusqu'au mois d'aoüt; leur évolution ne provient pas des racines dans ce cas. Il se demande si les pousses ne se produiraient pas sur le sarment de Vigne, même quand il aurait la base coupée. M. Duchartre répond qu'on ne peut comparer la faible quantité d'eau contenue dans un sarment de Vigne à celle qui se trouve dans un arbre. M. Douliot fait la communication suivante : SUR LES TIGES A PLUSIEURS CYLINDRES CENTRAUX, par MW, Ph. VAN 'TIEGCHEM et H. DOULIOT. M. de Bary a désigné sous le nom de faisceaux concentriques les fais- ceaux libéro-ligneux où le liber et le bois sont disposés circulairement autour d'un centre. Il y en a de deux sortes, suivant que le bois est au centre et le liber à la périphérie, ou bien que le bois est à la périphérie et le liber au centre (1). 1l ne sera ici question que des premiers. Comme exemples de ces faisceaux libéro-ligneux concentriques à bois interne, M. de Bary cite en premier lieu les cordons libéro-ligneux surnuméraires, médullaires et corticaux, de la tige des Mélastomacées (2); en second lieu, tous les cordons libéro-ligneux de la tige du Primula Auricula (3), des Gunnera (4), de la plupart des Fougères et des Sélaginelles; enfin l'unique cordon libéro-ligneux axile de la tige de certaines Dicotylédones aquatiques (Hippuris, Callitriche, Hottonia, Myriophyllum, etc.). Dans ce dernier cas, l'unique cordon axile est évidemment un cylindre central sans moelle ou à moelle trés réduite, et il n'y a pas lieu d'y insister. En ce qui concerne la tige du Primula Auricula et d'un grand nombre d'autres Primevéres, nous avons montré, dans deux communica- tions antérieures (5), que ces prétendus faisceaux concentriques sont en réalité des cylindres centraux, résultant de la ramification de l'unique (t) Vergleichende Anatomie, 1877, p. 362. (2) D'après M.,Vüchting, Bau der Mel (Hanstein's Botanische Abhand- lungen, II). (3) D’après les observations de M, Kamienski et les siennes propres, car M. Ka- mienski les considère comme des faisceaux bilatéraux. (á) D’après M. Reinke, Morphologische Abhandlungen, 1873. (5) Bulletin de la Société botanique de France, séances des 12 et 26 février 1886. 214 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. cylindre central étroit que possède la partie inférieure de la tige. Nous avons, par suite, été amenés à chercher si, dans les autres plantes citées par M. de Bary, les cordons libéro-ligneux sont des faisceaux concentriques ou € cylindres centraux. p de M , comme on sait, des cordons libéro-ligneux médullaires ; un moins grand nombre en ont aussi de cor- ticaux. Ces cordons sont bien, en effet, des faisceaux concentriques à bois central, comme l'admet M. de Bary. Il en est de même des cordons libéro-ligneux corticaux de certaines Joubarbes signalés par M. Cornu. Au contraire, dans les Gunnera, dans les Fougéres, les Marsiliacées et les Sélaginelles, les cordons libéro-ligneux sont de véritables cylindres centraux sans moelle, et l'on retrouve dans leur structure et leur dis- position les diverses maniéres d'étre que nous avons observées dans les Auricules. Une section transversale du gros rhizome du Gunnera scabra, par exemple, nous montre un certain nombre de cordons libéro-ligneux dispersés au milieu d'un parenchyme homogéne, continu de la périphérie au centre, et dont les cellules sont riches en amidon et en oxalate de chaux. Ces cordons traversent en tous sens le parenchyme, s'y ramifient et s'y anastomosent en réseau. Il y en a de deux sortes : les uns externes, en rapport avec les racines, les autres internes, en rapport avec les feuilles. Chaque cordon périphérique est un cylindre central circulaire, enveloppé d'un endoderme et d'un péricycle à une ou deux assises. En contact avec ce péricycle se voient quatre ou cinq faisceaux libériens avec tubes criblés volumineux; les bois correspondant à ces faisceaux sont fusionnés en un massif central formé de vaisseaux spiralés, dont le dia- mètre augmente du centre à la périphérie, entremélés de parenchyme ligneux. Ces cylindres centraux se ramifient et s'anastomosent en un réseau périphérique. Chaque racine adventive prend naissance en face d'une maille de ce réseau, sur le pourtour de laquelle elle attache ses faisceaux libériens et ligneux, mode d'insertion qui parait jusqu'ici sans exemple. Les cordons internes sont des cylindres centraux tout aussi bien que ceux de la périphérie. = noii e M ai seulement formé de cellules plus grandes, allong tetà ts rapprochés du péricycle. Ce sont ces cylindres centraux internes qui se courbent vers l'extérieur pour entrer dans les feuilles. On sait d'ailleurs, par les recherches de M. Heinke, que certains Gunnera à tige gréle n'ont que trois ou quatre cylindres centraux (G. magellanica), ou deux seulement (G. prorepens, G. monoica), ou méme un seul cylindre central axile sans moelle (stolons du G. magella- nica) ; ils se comportent, dans ce dernier cas, vis-à-vis des autres espèces n 33-4 VAN TIEGHEM ET DOULIOT. — TIGES A CYLINDRES CENTRAUX. 215 du genre, comme l'Auricula reptans par rapport aux autres Auricules. Dans la tige des Fougères et des Marsiliacées, les prétendus faisceaux concentriques sont également des cylindres centraux sans moelle, entourés d'un endoderme et d'un péricycle, diversement conformés et distribués dans le parenehyme cortical, qui est continu de la périphérie au centre dela tige; en un mot, la structure de la tige de ces plantes est celle des Auricules et des Gunnera. Il n'y a quelquefois qu'un cylindre central axile sans moelle (Hymenophyllum, Gleichenia, Pilularia minuta, stolons aphylles des Nephrolepis, ete.) ; mais, le plus souvent, ce cylindre central, qui existe toujours dans les premiers entrencuds de la tige, se ramifie progressivement en un nombre plus ou moins grand de cylindres centraux circulaires ou plus ou moins aplatis en lames, disposés en un seul cercle (la plupart des Polypodiacées, des Cyathéacées, etc.), en plusieurs cercles concentriques (divers Pteris, Saccoloma, etc.), ou disséminés (divers Cyathea, etc.), toujours anastomosés en un réseau à mailles plus ou moins larges. Si les cylindres sont groupés en cercle et si les mailles du réseau sont trés petites et fort espacées, la section trans- versale de la tige présente un anneau libéro-ligneux entourant une fausse moelle. Cet anneau offrant endoderme externe et interne, péricycle externe et interne, liber externe et interne, et bois médian, provient de la fusion latérale de cylindres centraux. Telle est la structure, demeurée jus- qu'ici inexpliquée, de la tige des Marsilia, des Pilularia globulifera et de quelques Fougères (Dennstædtia, Microlepia, Hypolepis, Pteris aurita, Polypodium Wallichii, etc.). De même la tige des Sélaginelles possède dans ses premiers entre- nœuds un cylindre central sans moelle. Ce cylindre central peut rester unique dans toute la longueur de la tige (S. Martensii, pubescens, ete.) ; il peut aussi se ramifier pour former deux cylindres centraux paralléles (S. Kraussiana, etc.), ou trois (S. inequalifolia, etc.), et jusqu'à dix ou douze cylindres centraux (S. Lyallii, etc.). Il faut bien remarquer d'ailleurs que, dans toutes les Lycopodiacées, à l'exception des Jsoetes, le cylindre central unique de la base se bifurque progressivement; lorsque cette bifurcation est aussitôt suivie de celle du parenchyme environnant, la tige se bifurquant dans sa totalité ne posséde dans chaque branche qu'un seul cylindre ; mais chaque branche ne doit étre considérée que comme une fraction de la tige. Celle-ci est donc, en réalité, à partir de la pre- miére bifurcation, pourvue de plusieurs cylindres centraux, autant qu'il y a de branches au niveau considéré. En somme, on voit que la disposition des fai libéro-ligneux dans la tige peut se rattacher à trois types, suivant qu'ils sont groupés en un cylindre central, en plusieurs cylindres centraux ou isolés sans cylindre central. 216 SÉANCE DU 9 AvRIL 1886. Pour abréger, on peut appeler stèle (1) un cylindre central, et quali- fier de monostélique la première de ces dispositions, de polystélique Ja seconde et d'astélique la troisième. A son tour, la structure polysté- lique peut être dite dialystèle, lorsque les cylindres centraux sont isolés (Auricula ursi, etc.) ; gamostèle, lorsqu'ils sont fusionnés en anneau (A. japonica, etc.), Les mêmes termes s'appliquent également bien aux feuilles, dont le limbe est toujours astélique, mais dont le pé- tiole est, suivant les cas, monostélique (Solanées, Cucurbitacées, etc.), polystélique (beaucoup de Fougères, Gunnera, etc.) ou astélique (Com- posées, ete.). Quant à la racine, elle est monostélique dans la presque totalité des cas. Chez les Lycopodiacées seules, son cylindre central se bifurque comme celui de la tige, et l’on peut dire qu’elle est polystélique quand on la considère dans sa totalité. En résumé, on peut ranger les différents modes de groupement des faisceaux libériens, ligneux ou libéro-ligneux, de la manière suivante : 1° Structure monostélique. — Toutes les racines, à l'exception de celles des Lycopodiacées, la plupart des tiges de Phanérogames, le pétiole des Solanées, des Cucurbitacées, etc. 9» Structure polystélique. — La tige des Auricules, des Gunnera, de la plupart des Fougères, des Marsiliacées, des Sélaginelles, des Ly des, etc.; le pétiole de beaucoup de Fougéres; la racine c des Lycopodiacées. 3° Structure astélique. — La tige des Nymp de diverses R l de l'Hydrocleis ; le limbe des feuilles. P M. Duchartre propose de supprimer, pour être logique, le mot cylindre central. M. Douliot répond qu'il ne voit aucun inconvénient à nommer stèle le cylindre central unique d'une tige normale. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : INVERSION DU SUCRE DE CANNE PAR LE POLLEN, par M. Ph. VAN TIEGHEM. J'ai montré, il y a déjà quinze ans, que le grain de pollen germe et développe son tube pollinique dans un milieu de culture approprié, ren- fermant un aliment ternaire qui peut étre du sucre de Canne (2). Pen- dant cette germination et ce développement, le suere de Canne est-il (1) De omAn, colonne (2) Ph. Van Tieghem, Recherches ph r la végétation libre du pollen et e l'ovule (Ann. des sc. nat. Bor. 5° série, XII, 1879). | f : $ i f I " 4 VAN TIEGHEM. — INVERSION DU SUCRE DE CANNE PAR LE POLLEN. 217 absorbé comme tel, ou subit-il de la part du grain ou du tube une inver- sion préalable, pour ne s'introduire dans la plantule qu'à l'étatde glucose et de lévulose? Si cette inversion a lieu, l'invertine qui la produit se forme-t-elle seulement au cours de la germination et du développement du tube pollinique, ou préexiste-t-elle dans le grain de pollen mür? Ce sont les deux questions que je me suis proposé de résoudre. Dans les premiers essais dont je rends compte aujourd'hui à la Société, je me suis servi du pollen de Safran (Crocus vernus), de Jacinthe (Hya- cinthus orientalis), de Narcisse (Narcissus odorus et N. Pseudonar- cissus), de Giroflée (Cheiranthus Cheiri) et de Violette (Viola odorata). Ces pollens sont dépourvus d'amidon; ils jaunissent tout entiers par l'iode. Ils ne réduisent pas la liqueur cupropotassique, et par ég ne contiennent pas de glucose; ils ne la réduisent pas davantage après l’ébullition avec l'acide sulfurique étendu, et par suite ne renferment ni dextrine, ni sucre de Canne. Par l'absence de glucose, ils ressem- blent à ceux du Noisetier et du Pin, analysés avec tant de soin par M. de Planta (1); mais ils en différent par l'absence d'amidon et du sucre de Canne. Ce chimiste, en effet, a trouvé, dans le pollen du Noisetier 5 pour 100 d'amidon et 14 pour 100 de sucre de Canne, dans le pollen du Pin 7 pour 100 d'amidon et 11 pour 100 de sucre de Canne. Dans un verre de montre contenant 5e d'une dissolution de sucre de Canne à 10 pour 100, on séme une petite quantité de l'un quelconque de ces pollens, notamment de ceux de Safran et de Narcisse, sur lesquels les essais ont été le plus fréquemment répétés. Les précautions sont prises pour éviter le développement des Champignons et des Bactéries dans la liqueur. Aprés vingt-quatre heures, le liquide filtré réduit fortement le liquide cupropotassique, ce qui prouve qu'une notable proportion du sucre de Canne a été transformée en sucreinverti. On s’assure en même temps, par l'examen microscopique, que bon nombre de grains ont commencé à germer et à pousser leur tube. Pour savoir si l'invertine qui a agi dans cette premiére série d'expé- riences préexiste dans le pollen mür, ou si elle ne s'y forme que pendant sa germination, on a fait une seconde série d'essais. Le liquide de culture est additionné de quelques gouttes de chloroforme et enfermé dans de petits flacons à demi remplis qu'on bouche après l'introduction du pollen. Le chloroforme interdit toute germination des grains de pollen, comme aussi tout développ t d'organi étrangers ; mais il n'empéche pas l'invertine d'agir sur le suere de Canne. Aprés vingt-quatre heures, le liquide est filtré, débarrassé du chloroforme, et traité par la liqueur cupro- potassique, qu'il réduit fortement. La réduction est plus forte aprés (1) Landwirthschaftl. Versuchsstationen, 6° série, 1884, p. 97, et 1885, p. 216. 918 SÉANCE DU 9 AVRIL 1886. quarante-huit heures et progresse encore, mais plus faiblement, les jours suivants. Citons quelques chiffres. Le 1* avril, des tubes contenant chacun 66° de solution sucrée renfermant 07,6 de sucre de Canne et quelques gouttes de chloroforme sont additionnés d'une quantité sensiblement égale de - pollen de Safran et mis bouchés à l'étuve à 35 degrés. Le 2 avril, aprés vingt-quatre heures de séjour à l'étuve, le liquide d'un des tubes con- tient 025,2 de sucre inverti; un tiers de sucre de Canne a donc été transformé. Le 7 avril, aprés cinq jours, le liquide d'un second tube ren- ferme 027,4 de sucre inverti ; les deux tiers du sucre de Canne ont subi la transformation. Avec le pollen du Narcisse faux-Narcisse, on a obtenu dans les mémes conditions un résultat analogue, savoir, inversion d'envi- ron un tiers du suere de Canne après vingt-quatre heures, d'environ deux tiers aprés cinq jours. L'invertine existe donc toute formée dans les grains de pollen mürs. Elle s'y trouve en proportion relativement considérable, si l'on en juge par la petite quantité de pollen introduit et par la forte proportion de glucose formé. Pour ne pas s'étonner de voir des grains de pollen dépourvus de sucre de Canne produire ainsi de l'invertine, qui parait devoir leur étre inutile, il suffit de se rappeler que les exemples de ce genre sont trés fréquents. Ainsi, dans la cuve du brasseur, la levüre de bière fait de l'invertine, qui est pour elle sans emploi, puisque le moüt de bière ne renferme pas de sucre de Canne; de méme, le Penicillium glauque et d'autres moisis- sures font de l'invertine quand on les cultive dans un liquide sucré avec du glucose. Les pollens étudiés dans ce travail ne font donc qu'apporter une preuve de plus à l'appui de ce fait, que la cellule vivante capable de faire de l'invertine la produit par l'effet même de sa nutrition passée, et indépendamment de l'emploi de cette substance pour sa nutrition à venir. Quelques essais comparatifs avec des spores de Lycopode et de quel- ques Fougéres ont donné des résultats analogues à ceux qui viennent d'étre signalés pour le pollen. Seulement, l'action inversive de ces spores a paru, toutes choses égales d'ailleurs, beaucoup plus faible que celle du pollen. / rt CT UC D UE ON SÉANCE DU 30 AVRIL 1886. 249 SÉANCE DU 30 AVRIL 1886. PRÉSIDENCE DE M. A. CHATIN. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 9 avril. M. Cornu demande la parole pour une observation sur le procés- verbal. Il dit qu'il y a deux méthodes pour étudier la question traitée par M. Leclerc du Sablon (1) : dans la première, on déter- mine les variations de pression; dans la seconde, on enregistre la quantité d'eau émise. Cette derniére méthode parait sujette à moins de causes d'erreur; en particulier, on n'a pas à craindre les fuites de l'appareil. Le procédé de M. Leclerc du Sablon parait très intéressant à M. Cornu, le phénomène se trouve enregistré immédiatement ; mais les fuites sont possibles, et l'eau s'accumu- lant peut-étre trouve une issue entre le bois et l'écorce. Le procés-verbal est ensuite mis aux voix et adopté. M. le Président fait part à la Société de la perte trés regrettable qu'elle vient de faire dans la personne d'un de ses plus ancieas membres, M. Éloy de Vicq, décédé à Abbeville, le 16 avril dernier, à l’âge de soixante-seize ans, et bien connu par ses travaux sur la flore de la Somme. M. Chatin a gardé le meilleur souvenir de plu- sieurs herborisations faites jadis sur le littoral de la Somme, en compagnie de Tillette de Clermont-Tonnerre, Éloy de Vicq et Blondin de Brutelette, qui conduisaient leurs collégues avec beau- coup de complaisance aux localités des plantes rares de leur con- trée, telles que le Lathyrus maritimus et l'Obione pedunculata. M. le Président exprime à ce propos le vceu qu'il se trouve aujour- d'hui, dans le méme département, de jeunes botanistes pour continuer les traditions de recherches et d'urbanité de leurs de- vanciers. M. Flahault dit que M. de Vicq a formé un élève, M. Copineau, juge à Doullens et membre de notre Société. M. Copineau connait bien les plantes de la Somme, et il est tout. disposé à guider ceux de ses confréres qui voudraient herboriser dans ce département. (1) Voyez plus haut, page 208. 220 SÉANCE DU 30 AVRIL 1886. M. le Président annonce une nouvelle présentation, et il pro- clame membres à vie MM. R. Gérard et Grignon, qui, d’après un avis transmis par M. le Trésorier, ont rempli les conditions exigées par le Règlement pour l'obtention de ce titre. M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. le D* Rattel, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société. P. Brunaud, Discomycètes des environs de Saintes. D. Clos, Draparnaud, botaniste. F. Debray, Catalogue des Algues marines du nord de la France. A. Franchet, Flore de Loir-et-Cher. Gandoger, Flora Europe, tome VIII. Ch. Joly, Sur l'enseignement agricole en France et à l'étranger, Maury, Herborisation à Prémol et à Chanrousse. Pons, Herborisations aux environs de Grasse. Pierre Viala, Les hybrides Bouschet, essai d'une monographie des Vignes à jus rouge. R. Zeiller, Sur les genres Ulodendron et Bothrodendron. Bresadola, Schulzeria, nuovo genere d'Imenomiceti. Fr. Elfving, Ueber Saccharomyces glutinis Cohn. — Ueber die Einwirkung von Æther und Chlorophorm auf die Pflanzen. Annuaire des bibliothèques et des archives pour 1886. Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, n% 62-70. Mémoire de la Société nationale d'agriculture, sciences et arts d' An- gers, tome XXVII (1885). Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian Institu- tion for the year 1883. Notarisia, Commentarium phycologicum, n* 2. Boletim da Sociedade de geographia de Lisboa, n° 1-8. Notice sur les travaux scientifiques de M. Édouard Bornet. M. Costantin, vice-secrétaire, lit à la Société la note suivante . A PROPOS D'UNE RÉCENTE COMMUNICATION DE M. BELZUNG, par M. GODFRIN. Dans la séance du 11 décembre dernier (t. XXXII du Bulletin, p. 314), M. Belzung communique à la Société une série d'observations sur le mode de formation de l'amidon dans des embryons germant à l'obscurité, Il Y T" GODFRIN. — A PROPOS D'UNE RÉCENTE COMMUN. DE M. BELZUNG. 294 a quelque temps déjà, m'étant proposé d'étudier l'anatomie comparée des cotylédons et de l'albumen, j'ai dà iner aussi le développ et la régression des organites de réserve dans les cotylédons en germina- lion (1). Je me félicite de ce que M. Belzung ait confirmé pour les plan- tules les résultats que m'avaient fournis les cotylédons, quant au rôle que jouent les leucites dans la formation des grains d’amidon, aux dimensions de ces grains relativement à ceux qui composent la réserve, à la nature des leucites verdissants où se produit cet amidon, et enfin à l'abondance de cette substance dans les graines qui ne contiennent que de l'aleurone. J'avais pensé, comme M. Belzung, que l'amidon formé dans ces conditions ne peut provenir que du dédoublement de l'aleurone en matière amylacée d'une part, et de l'autre en un composé albuminoide plus riche en azote. En 1883, j'ai entrepris, pour vérifier cette hypothése, quelques germina- tions expérimentales qui ont paru lui étre favorables. J'aurai occasion de les présenter à la Société botanique, lorsque je lui communiquerai dans quelque temps le résultat des recherches que je poursuis actuellement dans le méme but. M. l'abbé Hy fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES VÉGÉTAUX RARES CULTIVÉS DANS L'ARBORETUM DE M. G. ALLARD A ANGERS, par M. l'abbé HY. Les faits que je viens vous exposer ici sont le fruit des observations d'un de nos confrères, dont je ne suis que l'interpréte, et à qui doit se reporter tout le mérite de la présente communication. Mon compatriote et ami M. G. Allard s'occupe depuis quinze ans, avecune persévérance et une habileté à toute épreuve, de réunir les éléments d'un Arboretum oü la science et l'art auront également leur part. Les résultats acquis aujour- d'hui sont déjà assez remarquables pour que le parc de la Maulévrie, prés d'Angers, puisse étre cité comme un modéle. Les heureux effets produits pour le coup d'oeil sont dus principalement à l'habile disposition des espèces, qui tient compte du sol et des expositions convenables, respecte leurs associations naturelles, et accorde à chacune tout l'espace oü ses dimensions peuvent prétendre. : à Il suffit d'ajouter sous ce rapport que l'an dernier le jury du Concours régional était unanime à décerner la médaille d'or pour la belle tenue de cet établissement. anatomie comparée des cotylédons et de l'albumen (Bull. de la r Meet del I, p. 44, 25 janvier 1884, et Annales des sc. nat, BOT. 6° sér. Soc. bot. de Fr. t. XXX 1884, t. XIX, p. 5). 292 SÉANCE DU 30 aAvniL 1886. Ilestclair que ce premier succès tout artistique suppose déjà une profonde érudition, une exacte connaissance de la répartition et du régime de chaque plante; en un mot, de tous les faits de géographie naturelle qui s'y rattachent. Mais, pour ne parler que du point de vue purement botanique» je me bornerai à signaler présentement quelques premiers résultats qui font prévoir ce que l'on peut attendre pour l'avenir d'une culture si largement comprise. M. Allard, au lieu de cultiver indifféremment toute espéce de végétaux d'ornement, s'applique à réunir des séries aussi complétes que possible. La plus intéressante peut-être est celle des Chénes de pleine terre. Grâce à la culture intensive dont ils sont l'objet, quelques-uns de ces arbres, jeunes encore, ont pu fleurir et mürir leurs fruits. Si petit que soit encore ce nombre, il permet d'étendre à plusieurs espéces peu con- nues des détails antérieurement énoncés pour d'autres. Ainsi les Michaux avaient signalé dans leur Iconographie des Chênes de l'Amérique du Nord le mode de maturation bisannuelle de certains glands. Cette par- ticularité, méconnue aprés eux, fut tirée de l'oubli par J. Gay, qui trouva dans ce caractère la principale distinction de son Quercus occidentalis différent du Q. Suber, surtout par ses fruits, qui metlent deux ans à se former. M. Alph. de Candolle a résumé depuis les faits connus de cet ordre dans un mémoire spécial (1). Aux espéces qu'il cite il convient d'ajouter les suivantes, qui ont fruc- tifié dans le parc de la Maulévrie , et dont je puis vous présenter quelques échantillons: Quercus fulhamensis Hort., intéressante variété de notre Q. Gerris ; Q. castaneifolia Mey., du Caucase ; deux espéces du Japon, Q. serrata Thunb., connu souvent des horticulteurs sous le nom de Q. Bombyx glabra, et le Q. Daimyo Sieb. ; enfin plusieurs espèces de l'Amérique du Nord, telles que Q. nigra L., Q. imbricaria Michx., Q. re- panda H.B.K. Une autre série d'espèces nombreuses appartenant au genre Iles se couvre annuellement de fleurs et de fruits, et suffit dès maintenant pour attribuer au groupe entier la généralisation d’un important caractère. On savait déjà que notre lex Aquifolium est une de ces plantes herma- phrodites en apparence, mais physiologiquement dioiques. Or la même conformation se retrouve dans les espèces suivantes : lex latifolia Thunb., I. cornuta Lindl., I. dipyrena Wallr., I. sinensis Sims., 1. cre- nata Thunb., I. microcarpa Lindl., I. Bessoni Hort., I. Doniana DC., I. Dahoon Walt., I. Cassine Arit., T. castaneifolia Hort., I. myrti- folia Walt., T. opaca Ait., I. maderensis Lamk. ; seul P Ilex magella- nica des horticulteurs s'en écarte : aussi n'est-ce pas un véritable Ilex, (1) Ann. sc. nat. XVII (1862). HY. — L'ARBORETUM DE M. ALLARD. 223 ni méme une Ilicinée; c'est une Célastrinée à coques bivalves, Mayte- nus ilicifolia. Au contraire, la méme dioicité fonctionnelle s'observe dans les Nemo- panthes, bien voisins des Flew, si méme ils s'en distinguent. Une observation minutieuse et prolongée pendant de longues années a fait voir que maintes fois les pieds femelles présentent accidentellement des étamines fertiles, tandis que sur un nombre considérable d'individus måles une fois seulement s'est développé un seul fruit. Ces faits s'ajou- tent, pour les confirmer, à ceux qui établissaient déjà la tend pré- dominante des plantes femelles à la polygamie, au point qu'il n'est peut-étre pas actuellement une seule plante dioique connue qui échappe à cette loi. Il serait trop long, et ce n'est pas le lieu, d'énumérer ici tous les faits que l'observation journalière de ses arbres a fait connaitre à M. Allard. Une remarquable série de Conifères lui a permis de rectifier plus d'un détail inexact donné dans les ouvrages descriptifs. Ainsi, l'attitude dressée ou pendante des cónes du genre Abies n'est pas toujours celle qu'on leur attribue, et peut changer avec l’âge ; leur floraison de même est soumise à des varialions souvent méconnues. On peut voir, par exemple, à cette saison, deux magnifiques sujets du Sciadopitys verticil- lata portant chacun des inflorescences de sexe différent. La plante n'est done pas monoique, comme le pensait M. Carrière, mais dioique, suivant la figure donnée par Siebold et Zuccarini. Je me suis permis d'attirer sur ces détails l'attention de la Société, en sorte que, si l'occasion amenait à Angers quelques-uns de ses membres, ils fussent avertis de l'existence d'une des principales curiosités bota- niques de notre pays. Il est inutile d'ajouter, et tous ceux qui en ont fait l'expérience le savent bien, avec quelle courtoisie les botanistes étrangers y sont accueillis et reçoivent toutes les indications de nature à rendre leur visite aussi instructive qu'agréable. M. Franchet fait à la Société la communication suivante : RHODODENDRON DU THIBET ORIENTAL ET DU YUN-NAN, par M. FRANCHET. La belle collection de plantes faite dans les montagnes du Thibet oriental par M. l'abbé David, et celle que M. l'abbé Delavay forme en ce moment dans le Yun-nan, ont singulièrement accru le nombre des Rhodo- dendron. Depuis la publication de M. Joseph Dalton Hooker, the Rhodo- dendrons of Sikkim Himalaya, aucun collecteur n'avait apporté autant I 224 SÉANCE DU 30 avriL 1886. d'éléments nouveaux à ce beau genre que les deux missionnaires dont les plantes font le sujet de ce travail; les espèces qu'ils ont su découvrir jusqu'à ce jour s'élévent en effet à 36, et ce chiffre sera certainement dépassé quand M. Delavay se trouvera en position d'étendre le champ trés restreint de ses explorations. Cette accumulation d'espèces dans la région montagneuse des provinces occidentales de la Chine ne modifie pas sensiblement, il faut le recon- naître, la distribution géographique des Rhododendron; c'est toujours le puissant massif occupant le centre de l'Asie qui présente, dans sa plus grande intensité, l'expansion spécifique de ce genre. Il (aut bien admettre néanmoins que les éléments nouveaux apportés par MM. A. David et Delavay déplacent ce centre d'expansion. Ce n'est plus dans la succession des chaînes de montagnes courant de PO. à l'E., et limitant au N. l'Inde, le Nepaul et le Bootan, qu'il (aut chercher la somme la plus considérable des représentants du genre, mais bien dans les séries plus ou moins dis- jointes de chaines qui leur sont perpendiculaires, ou à peu prés, chaines servant de limite à la Chine d'une part, de l'autre au Thibet et à l'empire Birman. Les monts Himalaya, dans toute leur étendue, depuis le Kas- chmyr jusqu'à la pointe E. du Bootan, c'est-à-dire sur une ligne s'allon- geant sur plus de 2000 kilomètres, ne possèdent en effet (jusqu'ici du moins) que 38 Rhododendron, alors que les environs immédiats de Moupine et les seules montagnes avoisinant Tali en ont déjà procuré 36, dont une seule, R. decorum, se trouve à la fois dans les deux régions. En dehors de leur importance numérique, les Rhododendron dont il est ici question méritent d’être étudiés à plusieurs points de vue. Je crois devoir signaler les particularités suivantes. C'est d'abord leur singuliére autonomie. En effet, sur 36 espéces qui sont énumérées ici, 3 seulement appartiennent à des types déjà connus : R. indicum L. var. Simsii Maxim., de la Chine septentrionale et occi- dentale ; R. lepidotum Wall., qui occupe toute la chaine des Himalaya, depuis le Kaschmyr jusqu'au Bootan. L'identification de la troisième espèce peut laisser des doutes ; je la rapporte comme variété au R. capi- tatum Maxim., petite espèce du groupe du R. parvifolium Adams, trouvée dans le Kan-su, et dont je n'ai point vu le type. Les Rhododendron récoltés par MM. A. David et Delavay sont en méme temps trés remarquables par l'extréme diversité de leurs formes ; ils doivent en effet êlre répartis dans six des neuf séries mentionnées au Genera plantarum de MM. Bentham et Hooker, de sorte qu'ils repré- sentent le genre dans presque toutes ses grandes lignes. J'ai méme dü eréer une nouvelle série pour le R. stamineum, qui ne peut rentrer dans aucune de celles antérieurement établies et qui joint à une corolle con- struite sur le type du R. nudiflorum de l'Amérique du Nord, des étamines means ` FRANCHET. — RHODODENDRON DU THIBET ET DU YUN-NAN, 225 nombreuses (14), des fesses persistante et l'inflorescence des Rhodo- rastrum. Cette série des Rhodorastrum, qui n'était représentée jusqu'ici que par deux espèces, l'une de la Sibérie et du Japon, lautre du Sikkim et du Bootan, prend un accroi ttendu, gràce à quatre Rhododen- dron du Thibet et du Yun-nan, qu'on ne saurait placer en dehors. Il faut remarquer cependant que ces quatre espéces sont un peu anormales dans le groupe, leurs bourgeons floraux produisant souvent deux ou trois fleurs, et non pas seulement une seule; en outre ils se développent tou- jours à l'aisselle de feuilles persistantes, comme on le voit du reste dans l'espéce qui seule représentait la série dans l'Himalaya, le R. vir- gatum. Hook. Aussi faudra-t-il peut-être un jour restreindre les Rhodo- rastrum à la seule espèce sibérienne et japonaise, R. dahuricum, et former un nouveau groupe avec le R. virgatum et les quatre espèces décrites plus loin. Les espèces à étamines nombreuses, c'est-à-dire dont le chiffre s’élève de 12 à 22, se rencontrent dans une proportion relativement considérable au Yun-nan, et dans le Thibet oriental. Tandis que dans toute l'étendue de l'Himalaya 7 espéces seulement de cette catégorie ont été décrites, je puis en citer 11, dés maintenant, envoyées des montagnes de la Chine occidentale. D'autre part les espèces de la série Eurhododendron pour- vues d'un calice trés développé, et qui sont signalées dans l'Himalaya au nombre de 13 ou 14, font à peu prés défaut jusqu'ici dans le Yun-nan et le Thibet, puisque je n'en puis mentionner qu'une seule, R. neriifolium, présentant ce caractére. Dans toutes les autres le calice est extrémement réduit, disciforme, à lobes peu ou pas distincts. On sait que certains Rhododendron offrent, surtout à la surface infé- rieure de leurs feuilles, mais quelquefois aussi sur d'autres organes, des poils pluricellulés d'une forme toute particuliére. Ces poils fixés par le centre, sessiles ou plus rarement long t stipités, r blent assez bien dans le premier cas à un petit bouclier, dans le second à un cham- pignon, un Agaric, par exemple, dont le chapeau serait un peu concave. J'ai cherché dans quel rapport numérique les espéces de la Chine occi- dentale, pourvues de ceite sorte de poils, se trouvaient avec celles de l'Himalaya qui en présentaient également; j'ai constaté que dans les deux régions la moitié environ du chiffre total des espéces possédait ces poils en bouclier ou en écusson, et que l'autre moitié en était totalement dépourvue. Les espéces à pubescence formées de poils paléacés et appartenant à la série Tsusia, dontle R. indicum avec ses nombreuses formes peut être considéré comme le type, n'avaient point encore été signalées dans la région himalayenne, et on les considérait comme propres au Japon et à T. XXXIII. (SÉANCES) 15 226 SÉANCE DU 30 AVRIL 1880. la Chine orientale et australe. J'en ai rencontré trois représentants parmi les Rhododendron de MM. A: David et Delavay; ce sont: R. indicum, var. Calleryi Planch., R. atrovirens et R. microphyton ; analogue de ce dernier, R. Tschonoskii, n'est connu que des provinces septentrio- nales du Japon. Tous ceux qui s'occupent de botaniq tématique savent depuis longtemps quel parti on peut tirer des différentes formes de poils chez les Rhododendron, soit pour distinguer les espèces, soit pour les grouper entre elles. Dans un travail assez récent paru dans les Annales des sciences naturelles, sér. VII (1885), I, p. 232, M. Vesque les a décrits etil en a fait connaitre avec exactitude les modifications suivant leur degré de développement. Laissant de côté la question du développement de ces poils et limitant leur étude, pour la rendre bien comparative, à la constatation de leur aspect extérieur à une période déterminée de la végétation de la plante, celle de la floraison, par exemple, je crois pouvoir dire qu'il est possible . de reconnaitre presque toutes les espèces de Rhododendron à la seule inspection de leurs feuilles, sous la condition, dans certains cas, de com- biner les caractères fournis par la constitution des poils avec ceux qu'on peut tirer de la disposition des nervures. Mais j'ai hàte de le dire: on ne doit user de ce procédé qu'avec une grande cireonspection et ne point oublier qu'une pareille méthode, ou toule autre de méme genre, peut étre considérée seulement comme un appoint, et toujours subordonnée aux caractères bien plus importants qu'il faut avant tout demander, soit à la fleur, soit aux organes de végétation. Si l'on procédait autrement, on serait fatalement amené à donner une égale importance à des formes issues d'un même type, par sélection ou autrement, et à des espèces prises dans P: tion la plus plète du mot. C'est ainsi que M. Vesque, en accordant la primauté aux caractères tirés des poils et en renforçant méme ces caractères par ceux qu'il emprunte à l'histologie de la feuille, est pour ainsi dire foreé de décrire au méme titre spécifique que les R. arboreum, retusum, À Edg thii, Dalhousie, etc., toutes espèces dont l'aut ie est indiscutée, les R. (Azalea) amænum, liliiflorum, phæniceum, ete., variétés horticoles que tous les phytogra- phes s'accordent aujourd'hui à considérer comme des formes nées d'un méme type, le R. indicum Sweet. Mais ce n'est pas le lieu d'insister sur ce sujet ; plus tard j'essaierai de montrer comment, ainsi que je viens de le dire, il est possible de distin- guer spécifiquement presque tous les Rhododendron d'après leurs feuilles - adultes. J'ai voulu aujourd'hui poser seulement les bases de ce travail, en faisant d'abord connaitre ce qu'il faut considérer comme les caractéres fondamentaux de l'espéce, c'est-à-dire ceux qui sont empruntés à des | | FRANCHET. — RHODODENDRON DU THIBET ET DU YUN-NAN. 227 organes d'un ordre élevé, tels que la fleur et le fruit, le mode d'inflores- cence, etc. Ce n’est qu'aprés l'exposition de cet ensemble de caractères qu'il sera permis, je crois, de montrer l'usage qu'il est parfois possible de tirer de l'examen comparatif d'organes plus délicats, internes ou externes, et dont, pour plusieurs d'entre eux du moins, véritables pro- duits d'adaptation, les limites de variation sont loin d'étre connues. Je ne crois pas inutile d'ajouter en terminant que si la majorité des espéces énumérées plus loin sont surtout de nature à intéresser les botanistes, il en est plusieurs qui méritent d'attirer l'attention des horti- culteurs. Je signalerai parmi elles : R. calophytum, à trós longues feuilles coriaces et dont les grandes fleurs blanches immaculées forment un gros bouquet; R. rotundifolium, trés remarquable par ses feuilles rappelant par leur forme celles d'un Limnanthemum ; R. Davidi, du type du R. caucasicum, trés florifére et à feuilles d'un jaune doré en dessous ; R. Delavayi, à nombreuses fleurs d'un rouge cerise, réunies en bouquet compact et entourées de feuilles glaucescentes en dessus, ferrugineuses en dessous; R. ciliicalyæ; R. dendrocharis, petite espèce eroissant sur les troncs pourris, qu'elle fait presque disparaître sous ses nombreuses fleurs purpurines; R. moupinense, curieuse espéce à port de Camellia, à rameaux uniflores, mais extrêmement florifères ; R. campylogynum , trés petite espèce à fleurs d'un pourpre noir, penchées, rappelant celle d'une Campanule, et trés voisine d’ailleurs du R. pumilum Hook. RHODODENDRA APICIFLORA GEMMÆ PROPRLE FLORIFERÆ TERMINALES ; GEMMJE FOLIIFERÆ INFRA FLORES ENAT.E. Sect. I. Eurhododendron (sensu Maximowicz). A. Folia pilis scutelliformibus vel agariciformibus omnino destituta. 1. Folia adulta etiam subtus perfecte nudata. a. Calyx evolutus ; slamina 10. R. neriiflorum, sp. nov. — Yun-nan. B. Calyx subinconspicuus; stamina 14-22. R. calophytum, sp. nov. — Thibet or. R. decorum, sp. nov. — Thibet or. ; Yun-nan. R. oreodoxa, sp. nov. — Thibet or. R. rotundifolium Arm. David. — Thibét or. 998 . SÉANCE DU 80 AVRIL 1836, Rhododendron Davidi, sp. nov. — Thibet or. R. glanduliferum, sp. nov. — Yun-nan. 2. Folia subtus strato tenui crustaceo vestita e pilis radiatim divisis efformato. a. Stamina 10. R. Delavayi, sp. nov. — Yun-nan. B. Stamina 12-14. R. lacteum, sp. nov. — Yun-nan. R. argyrophyllum, sp. nov. — Thibet or. 3. Folia subtus setis rigidis hirtella, vel tantum ad nervum medium pilis crassis inordinate ramulosis sublanuginosa; stamina 10. R. pachytrichum, sp. nov. — Thibet or. R. strigillosum, sp. nov. — Thibet or. 4. Folia tota superficie subtus æqualiter lanuginosa, pilis radiatim ramosis, dense intricatis ; stamina 10. R. taliense, sp. nov. — Yun-nan. R. floribundum, sp. nov. — Thibet or. R. hematodes, sp. nov. — Yun-nan. B. Folia saltem subtus pilis lli i vel agarici plus minus vestita, nunc tantum conspersa ; stamina 10 vel rarius 12. 1. Flores plures fasciculati vel congesti; tegmenta propria floralia am sub anthesi decidua. R. polylepis, sp. nov. — Thibet or. R. yunnanense, sp. nov. — Yun-nan. R. rigidum, sp. nov. — Yun-nan. R. ciliicalyz, sp. nov. — Yun-nan. 2. Flores intra gemmam solitarii; tegmenta propria floralia per anthe- sin persistentia. R. dendrocharis, sp. nov. — Thibet or. R. moupinense, sp. nov. — Thibet or. Sect. II. &raveolentes (sensu Benth. et Hook.). A. Corolla campaniformis, tubo lato cylindrico, limbo brevi. R. campylogynum Franch. — Yun-nan. R. brachyanthum, sp. nov. — Yun-nan. FRANCHET. — RHODODENDRON DU THIBET ET DU YUN-NAN. 229 B. Corolla hypocrateriformis, tubo brevi. R. polycladum, sp. nov. — Yun-nan. R. fastigiatum, sp. nov. — Yun-nan. C. Corolla rotata, tubo brevissimo. R. lepidotum Wallich var. elæagnoides. — Yun-nan. R. trichocladum, sp. nov. — Yun-nan. Sect. III. Osmothamnus (sensu Benth, et Hook.). R. cephalanthum Franch. — Yun-nau. Sect. IV. Ysusia (Planchon). R. indicum var. Calleryi Planch. — Yun-nan. R. microphyton, sp. nov. — Yun-nan. R. atrovirens, sp. nov. — Yun-nan. RHODODENDRA LATERIFLORA GEMM;E PROPRLE FLORIFERÆ IN RAMO ANNI PRÆTERITI E FOLIORUM SUPERIORUM AXILLA ORTJE, FLOREM UNICUM VEL PLURES FOVENTES. Sect. V. Rhodorastrum (Maxim.). Gemmæ 1-3 flores ; corolla campanulata. Folia persistentia. R. lutescens, sp. nov. — Thibet or. R. racemosum, sp. nov. — Yun-nan. R. oleifolium, sp. nov. — Yun-nan. R. scabrifolium, sp. nov. — Yun-nan. Sect. VI. Choniastrum (1). Corolla infundibuliformis, tubo anguste cylindrico limbum patentem cireiter æquante. Folia persistentia ; stamina 13-14, longe exserta. R. stamineum , sp. nov. Je ne donnerai ici que de courtes diagnoses des Rhododendron nou- veaux signalés dans le tableau précédent. Les espéces du Thibet seront étudiées dans la deuxième partie des Plante Davidianæ et celles du Yun-nan plus longuement décrites dans un travail spécial consacré aux plantes de M. Delavay. (1) De xwviov, petit entonnoir. $890. s .SÉANCE DU 30 AvniL 1886, 1. Rhod dror un ; Sp. nov. Frutex. Folia oblongo-lanceolata abrupte et breviter acuminata, utrinque glaber- rima, subtus glauco-albescentia, nervis secundariis 12-15, rectis, reticulo nervulorum elevato, retis inæqualibus. Flores 10:15, rosei, haud conferti, mox patentes subcernui; pedunculi tomentosi; calyx b ate p lobis late ovatis vel ovato oblongis; corolla polati; glabra, aperte p lobis 5 fere æqualibus ; stamina inclusa, filamentis glabris; ovarium dense villosum. Yun-nan, in monte Tsang-chan (Delavay, n° 294). 2. R. ealophytum, Sp. nov. Arbor. Folia ampla, erasse coriacea, sub anthesi subtus perfecte glabra, e basi longe attenuata oblongo-ovata, nervis secundariis utrinsecus usque 20-23, reticulo nervulorum parum elevato, æquali, demum, quasi granulato. Flores 15-20 fasciculati, purpurei vel rosei, vel albi; pedunculi glabri; calyx disciformis, lobis ovatis fere inconspicuis; corolla fere bipollicaris, late aperteque campanulata, lobis 7-8; stamina 20-22, inclusa, filamentis basi tantum scabris; ovarium glabrum. Thibet or., ad Moupine, alt. 4000 m. (A. David). J OM decorum, Sp. nov. Frutex. Folia crasse coriacea, e basi obtusa vel rotundata oblongo-ovata, utrinque glaberrima, subtus glauca, nervis secundariis utrinsecus 17-18, immersis, reticulo vix retis lib Flores magni, albi vel rosei, immaculati inter se distan- tes; arceri glandulis ochraceis conspersi ; calyx disciformis, glandulosus, lobis haud distinctis ; corolla fere bipollicaris, late aperte campanulata, lobis 7 undulatis ; stamina 16, filamentis basi pubescentibus; ovarium glandulis ochraceis dense obsitum, Thibet or., ad Moupine, alt. 3000 m. (Ad. David); Yun-nan ad montem Tsong-chan, alt. 2200 m. (Delavay, n° 1123) et supra Ta-pin-tze (forma floribus roseis). 4. R. oreodoxa, Sp. nov. Frutex. Folia RESET utrinque SPAM subtus (in sicco) lutescentia, e basi bre- viter attenuata 1 l lliptica, nerv utrinsecus 13-15 parum promi- nulis, reticulo nervulorum elevato, tu tenuissimis æqüalibus. Flores 10-19 dense congesti, rosei, purpureo-punctati ; pedunculi glabri, breves ; calyx vix conspicuus, obsolete 5-dentatus; corolla ul lobis 8 ; sta- mina 14, filamentis basi brevissime pilosulis ; ovarium et stylus glaberrimi. Thibet or., ad Moupine (A. David). :5. R. rotundifoljum Arm. David, Asiatic Soc. North China Branch (1871-1872), p. 216; R. orbiculare Decaisne, Fl. des serres, XXII, p. 169, in nota. Thibet or.; in monte Houang-chan-Thin, prope Moupine, alt. 4000 m. (A: David). 6. R. Davidi, sp. nov. ` Frutex elatus. Folia coriacea utrinque glaberrima; subtus (in sicco) lutescentia, (Ede oblongo-lanceolata, nervis secundariis utrinsecus 19-16, parum conspicuis, reticulo nervulorum elevato, regulari, retis minutis. Flores 8-10, inter se distantes, magni, lilacini, superne purpureo punctati; pedunculi simul ac calyx glandulis rufis dense obsiti; calyx fere inconspicuus, lobis obsoletis, rotundatis; corolla extus basi glan- p m RHODDDENDHOÓN DU THIBET ET DU YUN-NAN. 231 dulosa, aperte 1 i is, lobis 7-8 ovatis; stamina 14, filamentis glabris; ovarium totà superficie et Pons ad basin dense glanduliferi. Thibet or., ad Moupine, alt. 3000-4000 m. (A. David). 7. R. glanduliferum, Sp. nov. lb ja obl lat Frutex. Folia coriacea, utrinque glabra, subtus g nervis secundariis utrinsecus 18-20, reticulo — subtus impresso, retibus irre- gularibus. Flores 5-6, laxe inserti, albi; pedunculi elongati glandulis longe stipitatis fulvis, simul ac calyx et corolla fere. tota, extus dense vestiti; calyx parvus, lobis haud distinctis; corolla bipollicaris, e basi sensim ampliata subtubuloso-campanulata, lobis 7-8 ovatis; stamina 14-16 inclusa, filamentis glabris; ovarium totum et stylus secus totam superficiem glandulis obsiti. Yun-nan, ad Ta-kouan (Delavay, n° 295). 8. R. Delavayi, Sp. nov. Arbor. Folia coriacea, oblongo-lanceolata, superne glabra, viridi-glaucescentia, subtus tomento rufidulo brevissimo obsita, nervis subinconspicuis. Flores 15-30 dense congesti, intense rubri; calyx pubescens, parvus, dentibus deltoideis ; corolla vix ultra pollicaris, € basi aperte campanulata, lobis 5, rotundatis; stamina 10, filamentis glabris; ovarium dense sericeo-villosum, stylo etiam basi glaberrimo, Yun-nan, in monte calcareo Houang-Li-pin, alt. 2500 m. (Delavay, n 292 et 887). 9. R. laeteum, Sp. nov. Arbor. Folia crasse coriacea, ovato-elliptica, basi distinete cordata, supra intense viridia glabra, subtus pube pallide rufescente obducta, quasi tomentella, nervis utrin- secus 10-12. Flores 12-20 dense congesti, lactei, pedunculo elongato breviter rufo- lanuginoso; calyx minimus, dentibus obsoletis, late triangulis; corolla pollicaris, e basi late campanulata, extus glaberrima, lobis 6; stamina 12, filamentis basi scabridis ; ovarium breviter et dense rufo-tomentellum, stylo ex toto glaberrimo. Yun-nan, in monte Koua-la-po silvas efficiens (Delavay, n° 164). 10. R. argyrophyllum, Sp. nov. Arbor. Folia coriacea, anguste oblongo-lanceolata, supra glabra, pallide virentia, subtus albescentia, pube tenui erustacea obtecta. Flores haud magni, pallide rosei cum punctis purpureis, 7-10 laxe racemosi, pedunculis elongatis pube albida conspersis ; calyx brevissimus, dentibus obsoletis late triangularibus; corolla vix pollicaris, e basi angusta aperte campanulata, lobis 6; stamina 14, filamentis basi scabridis; ovarium pube brevi alba conspersum, stylo ex toto glaberrimo. Thibet or., circa Moupine, alt. 3000 m. (A. David). 11. R. pachytrichum, Sp. nov. Frutex excelsus, ad ramos novellos, petiolum et pedunculos secusque nervum medium foliorum subtus pilis rufis erassis, irregulariter ramosis, elongatis hirtus. Folia coriacea, . anguste oblongo-lanceolata, supra glabra, atro-viridia, subtus præter nervum medium glabra, nervis secundariis immersis, reticulo nervorum tenuissimo, quasi foveolato. Flores 10-15 haud densi, breviter pedunculati, rosei ; ealyx parvus, dentibus late trian- gularibus ; corolla ultra pollicaris, campanulata, lobis 5; stamina 10, filamentis basi m bescentibus; ovarium pilis fulvis conspersum. Thibet or., eirca Moupine, alt. 4000 m. (A. David). 232 SÉANCE DU 30 AvriL 1886. 12. Rhododend: ig , Sp. nov. Frutex excelsus, ramis junioribus apice, simul ac petiolis, pilis rigidis; elongatis, nigri- cantibus apice glandulosis hirtellis. Folia coriacea, anguste oblongo-lanceolata, basi leviter emarginata, supra glabra, obscure viridia, subtus per totam superficiem pube duplici altera brevi crustacea alba, altera pilis longis strigosis constante vestita, nervo medio glandulifero, nervis secundariis, immersis, reticulo nervulorum tenuissimo, quasi foveolato. Flores paulo ultrapollicares dense capitati, purpurei; corolla ultra polli- en, t ARIA lobis 5 55 stamina 10, filamentis ex toto glabris; ovarium dense rufo- ylo gl Thibet or., ad MURUS; alt. 3000 m. (A. David). 13. R. taliense, Sp. nov. Frutex. Folia crasse coriacea, ovato-lanceolata, supra atro-viridia, glabra, subtus tomento brevi rufo vestita. Flores 7-12 congesti, vix pollicares, lactei, pedunculis lanuginosis; calyx parvus, lobis obsoletis ovato-rotundatis; corolla haud pollicaris, campanulata, lobis 5; stamina 10, filamentis basi dense albo-lanatis; ovarium glaber- rimum. Yun-nan, in monte Tsang-chan, supra Tali, alt. 4000 m. (Delavay, n° 160). 14. R. floribundum, Sp. nov. Frutex vel arbor parva. Folia coriacea, lanceolata basi et apice attenuata, supra glabra, quasi pruinosa, subbullata, subtus dense tomentosa, tomento pilis stellatim ramosis constante. Flores 8-12 congesti, rosei, ped lis elongatis ; calyx tomentellus, minutus, dentibus acutis ; corolla ultra pollicaris, late campanulata, lobis 5; stamina 10, filamentis ex toto glabris; ovarium dense albo-sericeum. Thibet or., cirea Moupine (A. David). z 15. R. hæmatodes, Sp. nov. Frutex. Folia coriacea, ovato-oblonga, supra pallide virentia; glabra, subtus lana rufa densa crasse obducta. Flores 4-6, laxi, coccinei, pedi ngatis, rufo-lanu. ginosis; calyx 5-8 mill. longus, membranaceus, rubescens, glaber, lobis ovato rotun- datis; corolla ultra pollicaria late p lobis 6 ; stamina 12, fila- mentis perfecte glabris; ovarium dense rufo-lanatum, stylo ex toto glabro. Yun-nan, ad montem Tsang-chan (Delavay, n° 298). 16. R. polylepis, sp. nov. Frutieulus gracilis, virgatus, preter foliorum paginam superiorem undique lepidotus ; folia coriacea, oblongo-lanceolata, vel lanceolata, supra opaca glabra, subtus rubiginosa dense lepidota, squamulis rufis i nervi 16, recti. Flores 3-5 congesti, purpureo-violacei ; calyx parvus, lobis obsoletis; corolla vix pollicaris, aperte campanulata, extus lepidota, lobis 5 ovatis; stamina 10, exserta, filamentis supra basin villosulis; ovarium dense lepidotum, stylo ex toto glabro. Thibet or., eirca Moupine, alt. 2000 m. (A. David). 17. R. yunnanense, Sp. nov. Frutex, ramis junioribus apice glandulosis. Folia coriacea, ovata vel ovato-lanceolata, supra setis rigidulis adpressis sparsis scaberula, squamisque fulvis obsita, subtus glaucescentia, dense lepidota, secus marginem ciliata, nervis utrinsecus 4-6, Flores 3-4 fasciculati, haud pollicares, rubescentes, pedicellis parce lepidotis; calyx parvus disci- formis, lepidotus, lobis obsoletis, ciliolatis; corolla subringens, inferne constricta, TW FRANCHET. — RHODODENDRON DU THIBET ET DU YUN-NAN. 233 tubulosa; stamina 10, exserta, filamentis basi pubescentibus; ovarium lepidotum, stylo ex toto glabro. Yun-nan, ad Houang-Li-pin (Delavay, n° 293). 18. R. rigidum, sp. nov. Arbuscula. Folia rigide coriacea, ovato elliptica, supra glabra, lucida, pallide virentia, subtus glauca, haud dense lepidota, nervis secundariis 4-5 immersis. Flores 4-5 fasciculati, purpurei vel pallide rubescentes, peduneulis elongatis simul ac calice glabris; calyx lobis ; corolla vix ultra semipollicaris, basi angustata, subtubulosa ; stamina 10, ad basin oem ovarium dense lepidotum, stylo ex toto glabro. Yun-nan, ad Lan-kien-ho, alt. 2500 m. (Delavay, n° 897). 19. R. ciliicalyx, sp. nov. Arbuscula. Folia coriacea obovato-lanceolata, glabra, supra pallide virentia, subtus glaucescentia sat dense lepidota, petiolo brevi lepidoto presertim apice hispido; nervi secundarii utrinsecus 7-8, subtus parum prominuli. Flores 7-10 congesti, mox cernui, rubescentes vel pallide rosei, pedicellis brevibus dense lepidotis; calyx 3-4 mill., lobis rotundatis longe ciliatis ; corolla fere bipollicaris extus inferne parce lanuginosa, e basi breviter tubulosa aperte campanulata, lobis 5-6 margine crispatis; stamina 10-12 filamentis basi pilosis; ovarium parce lepidotum. Yun-nan, prope Mo-so-yn, alt. 2400 m. (Delavay, n° 736). 20. R. dendrocharis, sp. nov. Fruticulus vix pedalis, ramis hornotinis hir&ellus. Folia parva, coriacea, ovata supra glabra, subtus impresso-lepidota, margine revoluto ciliata, petiolo longiusculo, pilis fuscis quasi crinito; flores inter folia solitarii, vel rarius duo, rubescentes, pedunculo brevi puberulo, pilis longioribus intermixtis; calyx 4 mill. longo, membranaceus, 5-partitus, segmentis ovato-lanceolatis aeutis longe ciliatis; corolla vix ultro semi- pollicaris, e basi breviter tubulosa aperte campanulata, intus pubescens, lobis 5 rotun- datis; stamine 10, inelusa, filámentis basi dense hirtellis, ovarium breviter albopilo- sum, stylo ima basi tantum puberulo. Thibet or., cirea Moupine in truncis vetustis (A. David). 21. R. moupinense, Sp. nov. Frutex humilis, ramis hornotinis glanduloso-pilosis. Folia coriacea, ovata vel ovato- oblonga, glabra, supra pallide virentia, subtus fi tata, margine reflexo sepius ad basin pee ciliato, petiolo pilis nigricantibus hirtello. Flores soli- tarii, albi, p p lo brevi, lepidoto; calyx membranaceus, 4 mill. longus, lobis rotundatis longe ciliatis; corolla subpollicaris, e basi breviter tubulosa aperte campanulata, intus puberula, lobis 5 rotundatis; stamina 10 inclusa, basi dense hirtella ; ovarium lepidotum stylo basi piloso. Thibet or., circa Móiipiné; alt. 4000 m. in rupibus vel ad truncos putridos crescens (A. David). 22. R. campylogynum Franch. Bull. Soc. bot. de Fr., xxxu, p.10. Yun-nan, in monte Tsang-than, alt. 3500 m. (Delavay, n° 122, 271). Corolla intus testacea, extus atropurpurea; fruticulus 10-20 cent. altus. 234 SÉANCE DU 30 AVRIL 1880. 23. Rhododend brack h Sp. nov. Fruticulus nanus. Folia firmiter chartacea oblongo-lanceolata, obtusa, supra squa- mulis albis facile evanidis conspersa, subtus glaucescentia squamis nigris sparsis presertim in nervo medio vestita, petiolo brevi. Flores 3-8 ad apicem ramulorum fas- cieulati, sulphurei, pedunculis elongatis plus minus lepidotis; calyx 6 mill. longus, membranaceus, pallide virens, extus lepidotus, fere ad basin usque partitus, lobis ovato-rotundatis; corolla ealyce vix duplo longior, late campaniformis, vix ad medium usque lobata, lobis rotundatis; stamina 10, filamentis basi dense pilosis; ovarium lepi- dotum, Yun-nan, in monte Tsang-chan, prope Tali (Delavay, n° 159). 24. R. polyeladum, sp. nov. Fruticulus ramulis repetito-divisis. Folia inter minima, 16-12 mill. longa, 2-3 mill. lata, acuta, in petiolum brevem attenuata, utraque faeie lepidota, squamulis in paginà inferiore rufescentibus densis sed non contiguis. Flores 3-5 con- ferti, brevissime pedunculati, parvi; calyx subcoriaceus, brevis, subæqualiter lobatus, lobis ciliolatis, duobus rotundatis, tribus paulo minoribus triangularibus ; corolla violacea, aperte campanulata, ultra medium quinqueloba, lobis ovatis, intus ad faucem breviter lanuginosa; stamina 10, paulo exserta, filamentis supra basin dense lanugi- nosis; ovarium lepidotum, stylo stamina paulo superante. Yun-nan, pàturages et rochers au col de Koua-la-po (Hokin), alt. 3000 m., 26 mai 1884 (Delavay). 25. R. fastigiatum, Sp. nov. Fruticulus ex toto lepidotus, repetito ramosus, ramis perfecte fastigiatis. A R. capi- tato Maxim., ex descriptione valde affini, differt præcipue calyce membranaceo fere ad basin usque partito, segmentis oblongo-ovatis, obtusis vel acutis, dorso lepidolis, secus totum marginem ciliatis, tubum corollæ fere æquantibus. Stamina paulo exserta, stylo breviora; flores intense violacei. Yun-nan, in monte Tsang-chan (Delavay, n° 360) et ad fauces Koua-la-po dictas cum precedente mixtum. . 20. R. lepidotum Wallich, Cat. 158 ; Royle, Illustr., p. 260, tab. 64, fig. 1. Var. elæagnoides Hook. fil. Rhod. Sikk. himal., tab. 23, figura sup. Yun-nan, in cacumine montis Li-Kiang (Delavay, n'* 18 et 161). 21. R. trichocladum, sp. nov. Fruticulus, ramis hornotinis setis rigidis lutescentibus hirtis. Folia firmiter chartacea, obovata, supra atrovirentia, pilis strigosis adpressis, squamulisque lutescentibus cons- persa, subtus pallida magis dense lepidota et præterea ad nervum medium, simul ac ad marginem et petiolum setis rigidis hirtella. Flores 3-4, ad apicem ramulorum fasci- culati, sulphurei, pedunculis elongatis simul et calycibus patentim villosis; calyx membranaceus ex viridi lutescens, lobis ovatis longe fimbriato-ciliatis; eorolla glabra, tubo brevissimo, rotata fere 2 cent. diam.; stamina 10, filamentis brevibus ad medium hirtellis; ovarium dense lepidotum. 4 Yun-nan, in monte Tsang-chan (Delavay). 28. R. cephalantham Franch, Bull. Soc. bot. de Fr., vol. xxxi, pe Folia subtus pilis agariciformibus dense vestita. ———"—1—————————-—-"-———wm FRANCHET. — RHODODENDRON DU THIBET ET DU YUN-NAN: 235 29. R. indicum Sweet, Brit. Fl. gard., sér. 2, tab. 198. B. Simsii Maxim. Rhod. As. orient., p. 38; R. Simsii et R. Calleryi Planch. Yun-nan, ad pedem montis Tsang-chan, supra Tali. (Delavay, n** 1122 et 300.) 30. R. microphyton, Sp. nov. Frutieulus vix ultra palmaris, ex toto paleis fulvis vestitus, ramulis floriferis pani- culam angustam efficientibus. Folia e minimis, ovata vel ovato-lanceolato, supra atro- virentia, basi palearum persistente scabrata, subtus albieantia. Flores 3-4 inter folia fasciculata ; ealyeis lobi breves lanceolati, acuti; corolla parva, vix ultra 40 mil. diam. ; tubo fere. cylindrico, intus pilosulo, limbum parum apertum subæquante; stamina 5 subinclusa, filamentis basi villosis; ovarium paleaceum. Yun-nan, in montibus circa Tali (Delavay). 31. R. atrovirens, sp. nov. Arbuseula in omnibus partibus setis paleaceis fulvis plus minus dense obtecta. Folia firmiter chartacea, e basi breviter attenuata lanceolata, longe acuminata, supra atro- virentia, juvenilia tota superficie, adulta tantum ad nervos adpresse setulosa, subtus glaucescentia, praesertim ad nervum primarium et ad nervos secundarios deuse rufo- paleacea. Flores 3-4 fasciculati, rubri, dense rubropunctati; calyx parvus, lobis brevibus deltoideis ; corolla vix pollicaris vel minor; stamina 10, filamentis pilosis; ovarium paleis dense obsitum. Yun-nan, prope Tchen-fong-chan, haud proeul a Takouan (Delavay). 32. R. lutescens, Sp. nov. Frutex. Folia firmiter coriacea, e basi breviter attenuata lanceolata, vel ovato- lanceolata, longe aeuminata, glabra, supra opaca, subtus vix pallidiora, in utraque facie, sparsim impresse lepidota. Gemmæ unifloræ, ex axilla foliorum superiorum orti. Pedunculus, calyx et corolla extus ad lobos lepidoti; calyx brevissimus, lobis incons- picuis, corolla lutea, vix ultra semipollicaris, e basi sensim constricta campanulata, lobis 5, ovatis; stamina 10, filamentis longe exsertis, basi lanatis ; ovarium lepidotum. Thibet or., cirea Moupine in regione silvatica montium (A. David). 33. R. racemosum, Sp. nov. Frutex humilis, ramulis hornotinis | glandulis scabratis. Folia coriacea, obovata vel elliptica, supra pallide virentia, g subtus gl tia, lepidota. Gemma unifloræ, vel nunc 2-3 qns omnes axillares, nunc fere e medio ramorum ortæ. Flores parvi, rub on; di lati; calyx e minimis, lobis fere inconspicuis; eorolla tubuloso campanulata s — 1/2 pollicares, stamina 10, exserta, filamentis inferne Wujdieentibus ovarium dense lepidotum. n-nan, in monte He-chan, supra Lan-Kong, alt. 3000 m. née n° 838) et in monte Tsang-chan (n° 299). 34. R. oleifolium, sp. nov. Frutex vix ultra palmaris. Folia coriacea, aeui: lanceolata, glabra, supra pallide virentia, subtus glauca, in utraque facie sparse lepidota, rarius supra squamulis tuta. Gemmæ floriferæ ex axillis foliorum superiorum ortæ, unifloræ vel etiam ? bifloræ. Flores parvi rosei; calyx brevis, lobis distinctis, datis; corolla P t 236 SÉANCE DU 30 AVRIL 1886. campanulata, extus pilosula et squamulis obsita; stamina 10 inclusa, filamentis inferne pilosis; ovarium dense lepidotum, stylo ex toto glabro. Yun-nan, in montibus circa Tali-fou (Delavay). 35. Rbododendron scabrifolium, Sp. nov. Fruticulus humilis, ramulis hornotinis pilis brevibus albidis, glandulis setulisque hirtellis. Folia coriacea, utrinque attenuata, 1 1 lata, supra pallide virentia, pilis brevibus setulisque rigidis scabrata, subtus pilis albidis presertim ad nervos hirtella, squamulisque peltatis ambraceis conspersa. Gemm& floriferæ ad apicem ramorum congestæ, plurifloræ. Flores parvi, rosei, pedunculis pubescentibus ; calyx longe albo-pilosus, fere ad basin usque partitus, lobis anguste lanceolatis, acutis ; corolla vix semi pollicaris, intus et extus glabra; stamina 10, filamentis basi scabris; ovarium setulis albis vestitum. Yun-nan, in monte Hee-chan-men, supra Lan-Kong (Delavay, n° 297). 96. R. stamineum, Sp. nov. . Frutex ramulis novellis glabris. Folia firmiter chartacea, e basi attenuata ovato-lan- ceolata, longe et oblique acuminata, glaberrima, supra intense viridia, subtus vix pallidiora. Gemm:e foriferæ plures ad axillam foliorum superiorum quasi verlicillatæ, multifloræ. Flores 15-25, rosei, longe et graciliter pedunculati, pedunculo gla- berrimo; calyx glaber, minimus, dentibus late triangularibus parum conspicuis; corolla pollicaris, vel paulo major, infundibuliformis, tubo angusto 12-18 mill. longo, ad me- dium usque 5-loba, lobis 15-20 mill. longis, 4-5 mill. latis; stamina 13, longissime ex- serta, fi inferne pub ibus; ovarium et stylus stamina superans glaberrimi, Yun-nan, in monte Tchen-Fong-chan (Delavay, n° 296). M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture de la communica- tion suivante : SUR UN CAS PARTICULIER DE LÀ CONJUGAISON DES MUCORINÉES, par M. P. VUILLEMIN. Ayant eu l'occasion d'observer sur les Mucorinées diverses — rités, dont je compte faire l'objet d’un mémoire pagné de q figures, j'ai rencontré un mode de conjugaison assez spécial, pour que j'aie eru devoir en faire part à la Société botanique. L'espèce qui m'a offert ce phénomène appartient au genre Mucor ; mais je n'ai pu la rapporter à aucune forme antérieurement décrite. D'un mycélium gréle et abondamment ramifié sans anastomoses se dres- sent des fil ts fertiles dép t rarement 2 millimètres de longueur sur 12-154 de diamètre. Outre le sporange terminal, on peut voir naître, sur la partie supérieure du filament, un autre fi lament sporangifére recti- ligne, ou deux qui sont opposés, et rarement 3-4 formés sensiblement au méme niveau. Parfois les ramifications sont un peu plus complexes. Le sporange est sphérique, mesurant en moyenne 50-60 p. La colu- | i ! | Müssnenso aai D TANE B orem TETTE ERE MUN tmm VUILLEMIN. — CONJUGAISON DES MUCORINÉES. 237 melle est lisse, sensiblement sphérique: Les spores sont aussi sphériques. Leur diamètre est de 2#,3 à 2 «,7. Grâce à l'obligeance de M. Le Monnier, qui a mis à ma disposition les cellules dont il se servait pour le travail classique qu'il a publié sur les Mucorinées en collaboration avec M. Van Tieghem, j'ai pu obtenir des chlamydospores. Elles se forment sur le trajet des rameaux ou à leur extrémité ; dans le premier cas, elles sont ovoides; dans le deuxiéme, elles sont généralement sphériques. Leur membrane est lisse, résistante ; les plus grandes mesurent 25 p. sur 20. Un des caractères les plus saillants de cette espèce est la facilité avec laquelle elle donne des zygospores. Lorsque je l'ai rencontrée pour la première fois sur de la mie de pain humide abandonnée depuis dix jours dans un cristallisoir médiocrement clos, les sporanges étaient exteption- nels. Je les ai trouvés plus abondants sur une nouvelle culture de mie de pain, bien que les zygospores restent prédominantes. Mais, en employant du jus d'orange comme substratum nutritif, j'ai obtenu en cellule surtout des chlamydospores et des zygospores déjà noires le troisième jour après le semis. Ces faits peuvent donner lieu à d’intéressantes remarques que je me propose de développer ailleurs. Mais je me hâte d'en venir au fait qui est l'objet spécial de cette note. Longtemps on a considéré la formation des zygospores chez les Muco- rinées comme un type de conjugaison égale. Pourtant les azygospores ont été découvertes, et quelques faits isolés ont été observés comme autant d'anomalies dans lesquels un gaméte était par hasard plus pelit que l'autre. Dans l'espéce que je viens d'étudier, la conjugaison, ou plus exactement peut-étre l'anastomose, qui prélude à la formation de la zygospore, s'opére entre éléments trés inégaux d'abord, et de plus pro- duits par des rameaux aussi dissemblables que possible. Ce n'est pas un phénomène accidentel, mais une règle dont j'ai pu établir la constance absolue par l'examen de centaines d'exemplaires de tout âge développés dans des milieux trés différents. Le- premier stade est marqué par l'apparition d une cloison transver- sale au voisinage du sommet du filament principal ou d'une de ses branches. La calotte ainsi séparée s'allonge rapidement saus recevoir un apport nutritif proportionnel à cet accroissement. De cette façon nous avons dés lors un rameau terminal gréle, facile à reconnaitre par son protoplasme pàle contrastant avec les fortes granulalions du reste du filament fertile, et se rapprochant de plus du mycélium végétatif par la propriété d'émettre des rhizoides ramifiés, le plus souvent avortés, il est vrai, et anl. à un mince appendice. En méme temps le protoplasma sous de la b et forme un bourgeon latéral en s 238 SÉANCE DU 30 AvmiL 1886. continuité avec le tube fertile. L'extrémité de cette protubérance se renfle etserecourbe comme une des branches copulatrices des Phycomyces. Le rameau grêle émet une émergence latérale en face de ce renflement. Les deux gamètes, très inégaux, ainsi constitués par des rameaux hétérogènes, s'appliquent l'un contre l'autre, s'isolent de leurs géné- rateurs par une cloison transversale. La membrane mitoyenne se résorbe rapidement et la zygospore grandit. Le bec correspondant au petit gaméte disparaît dans le renflement général. La zygospore müre possède une membrane interne mince, hérissée de pointes simples et d'une coque extérieure brune, parsemée de plaques noires presque confluentes. Le bord sinueux de ces plaques leur donne, de champ, l'aspect d'une rosace, landis que, de profil, elles se montrent hérissées de pointes inégales. Au début, les ornements sont plus nombreux et circulaires; ils deviennent ensuite conerescents par groupes, de manière à donner la structure définitive. Le filament gréle présente assez souvent une ou plusieurs cloisons transversales ; mais son accroissement est toujours trés borné. La zygospore est tantót terminale, tantót rejetée latéralement par une branche sympodique née du gros filament plus ou moins loin de la cloison qui isole le gamète principal, et capable de donner par le méme procédé une série de zygospores. Nous avons rencontré des sporanges et des zygospores sur les rameaux d'un méme filament fertile. Au-dessous de la cloison qui isole le filament grêle, apparaissent assez souvent deux renfl ts qui s'allongent et se recourbent comme le gros filament unique du eas précédent. Les deux gros gamétes se conjuguent avec les petites excroissances fournies par l'unique filament grêle, et l'aspect de ces productions rappelle assez bien deux azygospores op- posées. Ces doubles zygospores sont terminales, ou bien un filament sympodique naît de chacune des grosses branches copulatrices, ou bien enfin un tronc unique se détache au-dessous de la cloison qui isole le filament gréle. Telle est, dans ses traits essentiels, l'origine trés spéciale de la zygo- spore de ce champignon. Ce caractère se joint à ceux que j'ai énóncés plus haut pour me faire considérer l'espéce comme nouvelle; car la facilité avee laquelle s'opére le phénomène ne permet guère d'admettre que la plante ait été étudiée sans qu'il ait frappé tout d'abord l'observateur. On pourra rappeler cette propriété remarquable par la dénomination de Mucor heterogamus. M. Duval, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante adressée à la Société : BOURDETTE. — L'ODEUR DE L'ORCHIS CORIOPHORA. 239 SUR L'ODEUR DE L'ORCHIS CORIOPHORA L. ET LE SUC DU MECONOPSIS CAMBRICA Vig., par M. BOURDETTE. A ceux de nos confrères qui vont bientôt herboriser, je demande la permission d'appeler leur examen sur les deux points qui suivent : 1* L'Orchis coriophora, L. exhale-t-il une forte odeur de punaise? Oui, si la question doit se résoudre d’après les autorités. On peut citer Mérat, Flore des environs de Paris, 4° édit. ; Grenier et Godron, Flore de France, t. III; Lemaout et Decaisne, Flore des jardins et des champs; Lloyd, Flore de l'Ouest ; Brebisson, Flore de Normandie, etc. Mais, si respectables que soient ces noms, je m'en rapporte plutôt à la plante vivante, car je me défie des exemplaires desséchés. Or, depuis trois étés que je parcours les Pyrénées, j'y ai cueilli cet Orchis, bien vivant et bien fleuri, et toujours je l'ai trouvé inodore. Ne serait-ce pas à cause de son nom qu'on lui attribue une odeur de punaise ? Linné l'a baptisé coriophora, ou porteur de punaise ; aurait-on conclu que s'il porte la punaise, il doit aussi la sentir? Ou bien serait-ce que la fleur est tantôt inodore et tantôt puante ? 2 Le suc du Meconopsis cambrica Vig. est-il jaune ? Les auteurs que je viens de citer, et d’autres encore, répondent oui. Mais, dans mes herborisations, j'ai souvent rencontré cette plante, à Lourdes, à Argelés, à Baréges, en Azun (Hautes-Pyrénées) ; cent fois j'ai cherché ce suc jaune, et toujours je l'ai vu laiteux. Ces deux points sont de peu d'importance; mais, si je ne me trompe, ils appellent une rectification, et je serais heureux, par amour de l’exac- titude, de l'avoir provoquée. M. Malinvaud dit que l'odeur puante attribuée à l'Orchis corio- phora n'est pas un mythe; mais son intensité est variable, et même elle peut manquer entiérement, ainsi que l'a constaté M. Bourdette. Il existe aussi une variété de cet Orchis, à odeur agréable (0. fragrans Poll). En résumé, l'odeur, comme la couleur, est géné- ralement plutót un caractére de variété que spécifique. M. Malinvaud rappelle à ce propos les modifications trés singu- lières que peuvent présenter certains Mentha (1). Ainsi, l'odeur, ordinairement peu agréable, lorsqu'elle est prononcée, du M, ar- vensis de nos contrées est très distincte de celle du M. piperita Huds. Or il existe en Chine une variété de M. arvensis qu'on a (1) Voy. Bull. Soc. bot de Fr., t. XXVIII (1881), p. 370 (note 1). 240 SÉANCE DU 30 AVRIL 1886. nommée piperascens, parce qu 'elle offre à un degré remarquable. la saveur et l'odeur si particulières qui sont chez nous l'apanage de la Menthe poivrée. M. Chatin dit que l’ Orchis coriophora est trés abondant dans des prairies de la vallée de la Nonette, sous le viaduc du chemin de Chantilly, à proximité de l'étang de la Reine Blanche ou de Comelle. L'Orchis Punaise, en cet endroit, méritait si bien son nom que l'odeur qui s'en exhalait, lorsqu'on marchait dessus, trahissait sa présence de la facon la moins équivoque. Un peu en aval, on trou- vait aussi naguére le Carez Davalliana, depuis disparu. M. Duval a souvent aussi constaté, dans ses herborisations aux environs de Paris, la réalité de l'odeur désagréable de l'O. corio- phora. M. Dangeard fait à la Société la communication suivante : SUR UN NOUVÈAU GENRE DE CHYTRIDINÉES PARASITES DES RHIZOPODES ET DES FLAGELLATES, par M. P-A. DANGEARD. Nous avons observé sur deux Rhizopodes, le Nuclearia simplex et un Heterophrys; sp. nov., le développement d'un parasite appartenant à la famille des Chytridinées ; son développement est le suivant. A maturité, le parasite en question offre, à l'intérieur de ces Rhizopodes, l'aspect d'une mûre : c'est le sporange qui est constitué par une centaine et plus de corpuscules réfringents ou zoospores. Ces zoospores sont projetées au dehors par rupture du protopl du Rhizopode. Le mucus dans lequel elles sont plongées se dissout dans l'eau, et elles se trouvent ainsi mises en liberté, leur grosseur est de 1,5 Mikr., leur mouvement est saccadé et trés vif, quelquefois il consiste en une simple rotation sur place, ce qui est dû à la position de leur cil fortement recourbé. Il est extrémement difficile d'observer ces zoospores normales : sou- vent, en effet, les Rhizopodes éclatent dans la préparation avant la maturité complète des sporanges et les corpuscules reproducteurs se dis- persent sans montrer aucun mouvement. Nous avons vu plusieurs fois lion de ces corpuscules par d'autres Nuclearia. Il peut y avoir jus- qu'à 6 de ces parasites et méme davantage à l'intérieur d'un Rhizopode, mais ordinairement on n'en trouve qu'un ou deux. Au début, ils sont constitués par de simples vésicules à protoplasma clair présentant, localisés sur une partie de la surface, quelques granules trés fins. Peu à peu — et tous les passages ont été observés — le proto- plasma, s'épaissit, il devient trés dense et présente alors de fines ponc- 2 KFG MADA DANGEARD. — UN NOUVEAU GENRE DE CHYTRIDINÉES. 941 tuations; finalement, il se divise en ces nombreuses zoospores qui lui donnent l'aspect d'une müre. Nous tenons à faire remarquer ici combien les observations de M. le professeur Max. Cornu (1) sur les parasites des Saprolégniées nous ont été utiles. Les faits qui prouventle parasitisme de ces formations sont les suivants : 1* Il y a d’abord ce développement si caractéristique d'une Chytridinée ; — 2° La complète indépendance qui existe entre ces germes endogènes et le noyau ; — 3° L'état de développement inégal de ces germes, ce qui s'explique bien par une pénétration des zoospores à des moments diffé- rents; — 4° L’ingestion observée des corpuscules reproducteurs par d'au- tres Nuclearia; — 5° La présence constante du parasite dans des cultures précédemment très pures ; — 6° Le fait de l'avoir observé dans des con- ditions absolument identiques chez deux Rhizopodes de genres diffé- rents ; — 7° La coloration jaunâtre que prennent lentement les sporanges sous l’action des réactifs, lorsque les noyaux, dans les Protozoaires, en général se colorent si facilement; — 8° Le fait que le développement des deux Rhizopodes a été pour nous l'objet de longues recherches : pour le Nuclearia simplex nous avons observé la division, la conjugaison, Pen- kystement; pour l'Heterophrys, la division et l'enkystement. La pré- sence d'un autre mode de reproduction dans les conditions qui viennent d'étre exposées n'a aucune raison d'étre. Le parasitisme nous paraissant bien établi, nous proposons de désigner le parasite sous le nom de Spherita endogena. Il nous faut achever son histoire. Stein (2) a signalé chez un assez grand nombre de Flagellates des germes endogènes qu'il attribue à un dévelop- pement anormal du noyau; ce serait, d’après lui, un mode de repro- duction particulier à ces étres. Saville-Kent (3) a admis ces résultats. Cependant, dans le cas de l'Eugléne, Klebs (4) remarque qu'il y a là une Chytridinée endogène; il ne sait trop s'il doit la rapporter à un Chytri- dium ou à un Synchytrium. Sans connaitre aucunement cette note (je l'ai vue hier seulement gràce à la bienveillance de M. Max. Cornu), je suis arrivé à prouver que les germes endogènes de l'Eugléne doivent être attribués à un parasite iden- tique probablement à celui des Rhizopodes. > Quelques raisons ajoutées à celles qui viennent d'étre exposées dans le cas des Rhizopodes mettent le parasitisme hors de doute : 1° L'état. (1) Monographie des Saprolégniées (Annales des sciences naturelles, 1872). (2) Infusionsthiere, Abtheilung II, Hälfte 1 (1878), et Hälfte 2 (1883). (3) A Manual of the Infusoria. London, 1882. (&) Ueber die Organisation einiger Flagellaten-Gruppen (Untersuch. aus dam Bota- nischen Institut zu Tübingen, 1883). s T. XXXIII. (SÉANCES) 16 242 SÉANCE DU 30 aAvniL 1886. d'épuisement des Euglénes qui renferment ces germes, là présence de résidus rougeâtres provenant de la digestion de la substance de l'Eu- gléne par le parasite; — 2° La tendance des zoospores à la fixation, leur protoplasma réfringent peu sensible aux réactifs, le mouvement saccad é de ces petils corps dà à la courbure du cil ; — 3° Le nombre immense de ces zoospores, et cependant l'impossibilité de pouvoir observer leur tran- sition en nouvelles Euglénes ; — 4° Enfin, la présence d’un stade de repos caractérisé par la présence de kystes à membrane trés épaisse et à contenu grossièrement granuleux. Tous ces faits nous paraissent de la plus haute importance ; ils doivent faire disparaître la Théorie de la reproduction par division du noyau dans les Flagellates, théorie avancée par Stein et adoptée par Carter et Saville- Kent. Quant à la création d'un genre nouveau, il est suffisamment justifié par tout ce qui précède. La seule difficulté est celle-ci : faut-il regarder comme des espèces différentes tous les germes endogènes qui ont été décrits sur les Euglénes (1) : Trachelomonas hispida, Th. Volvocina, Phacus pleuronectes, Anisonema grande, Dinopyais levis, Glenodi- ` nium. Pulvisculus, Heterocapsa triquetra, etc.? Nous ne croyons pas qu'il soit possible de les séparer spécifiquement, et nous les comprendrons tous sous le nom de Spherita endogena. Au point de vue des hypothèses, lés analogies qui existent entre ce parasite et les Flagellates inférieurs (2), tels que le Pseudospora Nitel- larum dont nous avons suivi le développement complet, sont fort remar- quables. Le Chytridium destruens (3) Norr., par son mode de nutrition et la présence de zoospores munies d'un flagellum, est un organisme devant étre placé dans les Monadina. Mais les erreurs de classification que l'on peut faire dans cette partie de la science ne sont-elles pas une preuve à l'appui des affinités étroites qui existeraient entre le groupe des Monadina zoosporés (4) et la famille des Chytridinées ? M. le Secrétaire général donne lecture des communications sui- vantes : (1) Stein, loc. cit. (2) Cienkowski, Beitrag zur Kenntniss der Monaden (Archiv. f. mikr. Anat., 1). (3) Nowakowski, Beitrag zur Kenntniss der Chytridiaceen, 1816. (4) Cienkowski, loc. cit. Nb. —-—— GANDOGER. — PLANTES DE LA JUDÉE. 243 PLANTES DE LA JUDÉE, par M. Michel GANDOGER. Un de mes amis, déjà botaniste, ayant été appelé par ses occupations à résider en Palestine, m'a envoyé une première série de plantes qu'il a récoltées là-bas au commencement de 1885. Les herborisations, faites un peu à la hàte et au milieu d'affaires absorbantes, n'ont pas laissé que d’être fructueuses. A l'exception d'un petit nombre d'espéces répandues dans la région méditerranéenne, les autres sont en majeure partie endé- miques à la flore orientale. Plusieurs même sont nouvelles pour cette région. D’autres envois suivront ces premières plantes et donneront sans aucun doute de nouvelles localités. J'ai déterminé moi-même les plantes envoyées par M. J. Planche, soit avec le Flora Orientalis de Boissier, soit au moyen de mon herbier assez riche en plantes orientales,provenant des récoltes de Kotschy, Gaillardot, de MM. Blanche, Peyron, Post, Haussknecht, Sintenis, ete. Les plantes de ces divers collecteurs ayant été soumises au visa de Boissier, j'espere que peu ou pas d'erreurs se seront glissées dans mes déterminations. Voici les listes de ces plantes. Plantes récoltées aux environs de Bethléem. Linum pubescens Russ. Ranunculus asiaticus L. Ajuga chia Schreb. Lathyrus stenophyllus Boiss. Geranium tuberosum L. Papaver syriacum Boiss. Silene grisea Boiss. Plantago Psyllium L. Vicia hybrida L. Calendula arvensis var. pium. Raf. Micromeria cristata Griseb. Rhagadiolus stellatus Ger Astragalus Haarbachii Sprun. var. Matthiola oxyceras R. rh Lagoseris bifida C. A. Mey. Hyoscyamus aureus Mill. Lathyrus Aphaca L. À Geranium pusillum Z. Erodium malacoides Willd. Trifolium clypeatum Boiss. Orchis papilionacea L. Ephedra campylopoda Boiss. Adonis miniata Jacq. Salvia judaica Boiss. Erodium gruinum Willd. Scrofularia bicolor Sibth. et Sm. Arum palæstinum Boiss. Anchusa macrocarpa Boiss. Ophrys fusca Link. Ononis natrix L. — bombyliflora Link. Reseda lutea L. var. gracilis Ten. Ornithogalum tenuifolium Guss. Althæa acaulis Cav. Orchis sancta L. Salvia clandestina L. Vicia elegans Guss. Fumaria officinalis L. Reseda alba L. Lepidium Draba L. Allium ciliatum Ten. Farsetia eriocarpa DC. Trigonella spicata Sibth. et Sm. Bellevalia trifoliata Kth. Hypecoum grandiflorum Benth. Malcolmia crenulata Boiss. Pallenis spinosa Cass. Lotus judaicus Boiss. Achillea leptophylla M. B.? Anemone fulgens Gay. Glaucium grandiflorum Boiss. Silene Atocion Jacq. $ Iris Sisyrinchium L. Capsella Bursa-pastoris Mænch. Alkanna primuliflora Griseb. ! Cyclamen persicum Mill. 944 i SÉANCE pu 30 avril 1880. Biscutella apula Ten, Anagallis latifolia L. Valerianella vesicaria Mænch, Erodium cicutarium L'Herit. Silene Schafta Gmel. Paronychia chionea Boiss. Isatis raphanifolia Boiss. Thlaspi natolicum Boiss. Senecio humilis Desf. 2 Bryonia syriaca Boiss. Gagea transversalis C. Koch. Anthemis tripolitana Boiss. (Blanche). Helianthemum vesicarium Boiss. . | Symphytum officinale L. Les plantes suivantes ont été récoltées à Bethgemal, ferme agricole située à cinq heures de marche de Bethléem, et dans la vallée appelée ouad Boulos : Orobanche ægyptiaca Del. Geropogon glaber Cass. Teucrium Achæmenis Schreb. Stachys neurocalycina Boiss. Anthyllis tetraphylla L. Campanula stellaris Boiss. Helichrysum sanguineum Zabill. Linaria Velava Chav. Torilis Anthriscus Hoffm. Lathyrus blepharicarpos Boiss. Scabiosa prolifera L. Cichorium pumilum Jacq. Centaurea cyanoides Bergr. Pinardia coronaria Cass. Tetragonolobus palæstinus Boiss Lamium tomentosum Sibth. el Sm. Bupleurum protractum Link. Convolvulus althæoides L. Melilotus indica All. Prasium minus L. Cephalaria syriaca Coult. A Beth Saour (village des Pasteurs), trois espèces : Reseda alba L. Althæa acaulis L. Pallenis spinosa Cass. | A l'Hortus conclusus, chanté par Salomon, poussent, dès le mois de janvier : Anemone fulgens Gay. Cyclamen persicum Mill. Salvia clandestina L. Scilla Hanburyi Baker ! Adiantum Capillus-Veneris L. Enfin, dans les Vasques de Salomon : Amaranthus græcizans L. et Verbena supina L. — Chacun sait que les Vasques de Salomon sont de vastes bassins bàtis par le grand roi pour arroser le jardin fermé. Outre les plantes mentionnées ci-dessus, M. Joseph Planche a encore récolté les suivantes à Jéricho. 4° Autour de la ville elle-même : Sinapis orientalis L. Lamium amplexicaule ? Chenopodium murale L. Polygonum serrulatum Lag. Senecio vernalis Waldst. et Kit. Eruca sativa L. à Sisymbrium [rio L. 2 Sur le mont de la Quarantaine : Reseda orientalis Boiss., Garrich- tera. Velle, DC., Sisymbrium Frio L. et une variété remarquable de Crupina Grupinastrum bien distincte du type par son involucre plus petit, ses écailles velues en dehors, fortement tachées de noir, à cils beau- ÉD. BLANC. — LETTRE A M. MALINVAUD (FLORE DE TUNISIE). 245 coup plus longs. Je propose de la nommer Crupina Planchei Gdgr. M. G. Post me l'a également envoyée de Deyrouth et de l'Amanus (Syrie boréale). 3 Sur les bords du Jourdain : Oldenlandia hedyotoides F. et M. Myricaria germanica Desv. Alhagi Persarum Boiss. Plantago ovata Forsk. Solanum coagulans Del. Zizyphus sativa Lamk. Phragmites isiaca De Not. Toutes ces plantes ont été récoltées de février à avril, époque où, dans cette région, la végétation commence à entrer dans son entier développe- ment. De nouvelles herborisations seront faites par M. J. Planche et me permettront, en les déterminant, d'apporter un nouveau contingent à la flore de cette contrée si intéressante. LETTRE DE M. Édouard BLANC A M. MALINVAUD. Gabés, 1* avril 1886. Monsieur et cher collégue, Conformément au désir que vous m'en avez témoigné, je me suis occupé de réunir quelques notes sur la flore de Tunisie. Mes occupations et la rapidité de mes voyages ne m'ont pas encore laissé le temps de les rédi- ger ni de les mettre en ordre; je ne pourrai le faire que pendant mes séjours en France. Ce que je vous écris aujourd'hui n'est donc qu'un trés petit acompte, en attendant que je puisse vous transmettre des rensei- gnements plus détaillés et plus nombreux. : Les excursions que j'ai faites cet hiver dans le voisinage de la frontière tripolitaine, c'est à-dire dans le sud et le sud-est de la Tunisie, n'ont pu donner lieu qu'à un trés petit nombre d'observations botaniques, vu la saison. Mais, dans une expédition que je viens de faire dans la direction du sud-ouest en compagnie de notre collégue M. Letourneux, nous avons fait une récolte fructueuse et constaté quelques faits intéressants. Lorsque, partant du bord méridional du chott Fedjedj, on se dirige vers le sud, on traverse d'abord une plaine qui n'est autre chose qu'une partie de l’ancien bassin du chott. La flore y est é ipal t de Salsolacées. Dans cette famille et dans quelques autres, nous avons trouvé plusieurs bonnes espèces, dont trois ou quatre nouvelles pour la Tunisie; M. Letourneux, qui les a recueillies, se charge d'en rendre compte à la Société. On traverse ensuite la chaine de montagnes du Teb- baga et l’on pénètre dans le Nefzaoua, dont la partie septentrionale, pri 246 SÉANCE DU 30 AvmiL 1886. assez riche en eau, renferme des oasis d'une grande étendue et trés voi- sines les unes des autres. Puis, au fur et à mesure que l'on continue à marcher vers le sud, en suivant la route de Kebelli à Douz, l'eau devient de plus en plus rare, les oasis de plus en plus petites et plus espacées, les dunes de sables mobiles orment des massifs de plus en plus étendus. La végétation saharienne, qui garnit plus ou moins incomplétement le sol dans les espaces compris entre les oasis semble d'abord devenir de plus en plus rare et plus ché- tive à mesure que l'on descend vers le sud. Mais bientôt, à partir d'une certaine limite, un peu au nord de Douz, elle reprend une vigueur inat- tendue. Certaines espéces disparaissent, mais celles que l'on continue à rencontrer atteignent des dimensions tout à fait différentes de celles qu'on a l'habitude de leur voir. Le Limoniastrum Guyonianum par exemple (en arabe Zeita) devient un véritable petit arbre. J'en ai mesuré un, dans une chebka (chaine de dunes) voisine de Douz, dont le tronc verti- cal avait un diamètre de 0",11. et une hauteur de 3 mètres. Dans la méme localité, un Calligonum comosum mesure 0",10 de diamétre et 3,50 de hauteur. Au delà du Nefzaoua, on entre dans une région botanique toute diffé- rente. Une ligne dirigée de l'ouest-nord-ouest à l'est-sud-est et qui passerait à environ 3 kilomètres au nord et 4 kilom. à l'est de Sobria (voir Sobria, prés de la pointe sud du chott Djerid), forme la limite sep- tentrionale d'une flore trés analogue à celle qu'on rencontre, au sud de l'Algérie, lorsqu'on a dépassé les plateaux du Mzab, et que certains voyageurs ont appelée « Flore du grand Sud ». Seulement la limite de cette flore parait, sous la longitude du chott Djerid, remonter vers le nord jusqu'à une latitude plus élevée que dans aucune autre partie du.nord de l'Afrique. Cette région, caractérisée par une flore et une faune différentes de celles que l'on rencontre dans tout le reste de la Tunisie méridio- nale, s appelle le Gherib. Elle est bornée au nord-est par le Nefzaoua, à l'ouest par le Souf, au sud par l'Areg, au nord par le bassin du chott Djerid. La flore, assez ; peu variée, y est caractérisée essentiellement par le Tamarix articulata Webb (en arabe Artel, Ittel ou Etel), par un grand Genét à fleurs jaunes qui paraît être le Genista Sahara et que les Arabes appellent Mer'h, enfin et surtout par l'Ephedra alata Desf. (en arabe Alenda), qui atteint de fortes dimensions, car nous en avons mesuré des tiges dont le diamètre à la base était de 07,12, et qui, réunies par touffes, formaient des buissons de plus de 3 métres de hauteur, bien que la direc- tion des tiges füt plutôt étalée que dressée. Aucune de ces trois plantes ne dépasse la limite septentrionale indiquée ci-dessus ; la seule exception f | RS REOR NT HN ÉD. BLANC. — LETTRE A M. MALINVAUD (FLORE DE TUNISIE). 247 constatée par nous consiste en un pied de Tamariz articulata que nous avons trouvé isolé dans l'oasis de Rhedema, à quelques kilométres plus au nord, c'est-à-dire en plein Nefzaoua ; mais l'identité de cet arbre est douteuse, car il ne porte aucune fleur cette année. La faune est caractérisée par de nombreux insectes dont j'ai recueilli une grande quantité, ainsi que par divers mammifères tels que la grande antilope appelée par les Arabes begueur-el-ouah'che; nous en avons ren- contré plusieurs individus. Nous avons trouvé dans le Gherib diverses plantes nouvelles pour la Tunisie et d'autres qui sont méme, je crois, entiérement nouvelles. Je n'entreprendrai pas de donner la description de ces dernières; je laisse à mon respectable ami M. Letourneux, plus compétent et plus autorisé que moi dans la matiére, le soin de le faire. Je vous signalerai seulement : 1* Un Henophyton. qui parait différent du deserti. Les Arabes l'appel- lent Haalga, sa fleur est violette; il atteint environ 4 mètre de hauteur, et sa tige droite, ligneuse, garnie de branches trés minces par rapport au diamètre du tronc principal, est fortement tordue en spirale et très co- nique. Dans les échantillons que nous avons observés, cette tige atteignait usqu'à 0",06 à 0",07 de diamètre à la base. 2* Un Savignya à styles assez longs qui offre justement tous les carac- tères intermédiaires entre le Savignya longistyla d'Algérie et l’espèce d'Ézypte à styles courts. 3* Un Calligonum qui parait être le même que la forme arborescente déjà signalée du Souf; s'il en est ainsi, cette forme, malgré les opinions contraires de plusieurs savants qui n'ont vu sans doute que des fragments desséchés, me parait étre une espéce bien distincte du Callig comosum L'Hérit. Il en diffère à première vue par de nombreux carac- tères : leur port est tout différent, le C. comosum est buissonnant ; il ne dépasse presque jamais 1",50 de hauteur, 2 mètres au plus, ses rameaux sont tortueux, son écorce noiràtre, rugueuse et fendillée. Le Calligonum dont nous avons constaté la présence au Gherib est un petit arbre, ou du moins un grand arbuste de plusieurs métres de hauteur; ses rameaux sont droits et élaneés; son écorce est gris clair et lisse; ses fleurs plus grandes et plus abondantes que celles de l'autre espéce. L'époque de la floraison n'est pas la méme : à une journée de marche au sud de Sobria, l'espéce en question était en pleine floraison le 20 mars, et dans la méme localité ou dans des localités trés voisines, le C. comosum ne présentait encore aucun signe précurseur de la florai- son, non plus que dans aucun autre point du sud de la Tunisie, où nous en avons vu pourtant un trés grand nombre de pieds au cours de notre voyage. Il doit y avoir, dans la même station, une différence de six se- 248 SÉANCE DU 30 AvRiL 1886. maines au moins dans l'époque de la floraison des deux espéces, le Calligonum comosum, qui pourtant est le plus septentrional, étant le plus tardif. D'ailleurs les Arabes considérent ces deux espéces comme absolument distinctes. Ils donnent à la derniére (C. comosum) le nom d'Artha, età la grande espéce le nom d'Azel. M. Letourneux a recueilli des branches fleuries de l'Azel ; quant à moi, n'ayant pas, comme lui, un préparateur, et n'ayant pas le temps d'en faire moi-méme l'office, je me suis borné à prendre un assez long fragment de tige qui permet de constater la rapidité de la croissance et la nature du bois, et je me propose de vous l'envoyer. 4 Dans le Gherib, comme dans le Nefzaoua méridional, on trouve un Helianthemum de grande taille, qui a l'aspect d'un arbuste, des fleurs petites, des tiges ligneuses et dressées, atteignant 4 mètre de hauteur, et qui parait voisin du sessiliflorum Pers. Cependant son port et son aspect sont bien différents. Les Arabes le nomment SemAari; ils donnent au contrairele nom de Reguig à la forme type du sessiliflorum, qu'on trouve dans le Nefzaoua septentrional et au nord du Tebbaga, dans le bassin du chott. Contrairement à ce qui a lieu pour les Calligonum, c'est iei la forme du sud qui est moins précoce que celle du nord. Du 20 au 25 mars, lHelianthemum sessiliflorum, dans le nord du Nefzaoua et dans le chott, commencait à fleurir et avait déjà quelques fleurs ép tandis qu'à la méme époque, le Semhari, dans le Nefzaoua méiidional; avait à peine quelques feuilles vertes et ne montrait aucune fleur en voie de formation; ce qui a méme rendu sa détermination trés difficile pour nous. M. Letourneux a recueilli des échantillons de ces deux formes. Il tend à les considérer comme ne formant qu'une espèce. Elles me paraissent bien distinctes, c'est-à-dire suffisamment différenciées pour qu'on en fasse deux espéces. Plus au nord, dans le bassin du chott, nous avons rencontré, comme espèces particulièrement remarquables : quatre sortes de Tamariz, dont l'une, assez rare, parait étrele T. pauciovulata J. Gay, un Gagea pro- bablement nouveau, l'Uropetalum serotinum très abondant, plusieurs Allium dont l'un, sur les pentes méridionales du djebel Cherb, pourrait bien être la forme primordiale de l'Allium Porrum, un Ferula nain, dont nous avons d'abord vu, le 12 mars, quelques pieds sortant à peine de terre, au sud du chott Fedjedj, mais que plus tard, le 25 mars, nous avons retrouvé en plein épanouissement surle bord septentrional du méme chott, où il était assez abondamment représenté sur une petite presqu'ile voisine de Bir Cheggeigà. Il. mesure 0",40 à 0,50 de hau- teur quand il a atteint son complet développement. Son inflorescence, jaune. verdàtre, est trés volumineuse. Il est probablement identique. à | i | À i — PATRI —————— ÉD. BLANC. — LETTRE A M. MALINVAUD (FLORE DE TUNISIE). 249 l'espéce naine découverte par M. Pomel et dont il a écrit la description dans un ouvrage encore inédit. Au point où nous étions parvenus, au sud du chott Djerid, il nous aurait été facile de pousser jusqu'à Berresof, l'une des localités les plus méridionales du Souf, et de revenir par l'Algérie. Nous aurions pu ainsi achever l'exploration du sud-ouest de la Tunisie. Le temps nous a man- qué, el aussi les moyens de transport: il nous aurait fallu avoir quatre chameaux et 500 kilogrammes d'orge en plus des chameaux que nous avions et de l'orge dont nous étions approvisionnés. Je compte bien refaire plus tard ce voyage, soit seul, soit avec M. Letourneux, s'il peut revenir en 1887. Nous avions heureusement accompli la partie périlleuse de la route avec les vingt-cinq hommes qui nous accompagnaient, en échappant à une bande de trois cents cavaliers Touazine animés à notre égard des plus mauvaises intentions, et ce qu'il nous restait à faire pour arriver au Souf ne présentait plus aucun danger, car nous avions mis deux journées de marche entre nous et les pillards, qui d'ailleurs s'aventurent trés rarement à l'ouest de Sobria. En méme temps que le rameau du grand Calligonum, j'ai ici pour vous quelques fruits du Lagonychium Stephani (Prosopis Stepha- niana), qui est, comme vous le savez, commun en Palestine, et dont il n'existe en Afrique que deux ou trois pieds, localisés, on ne sait com- ment, dans un ravin situé entre Gabès et Raz-el-Oued. Mon opinion est que les premières graines ont dù être importées, soit identell t par les Phénici soit intentionnellement par les , Romains de Tacape, qui ont pu en planter dans leurs jardins. ` Veuillez agréer, etc. M. Chatin engage M. Franchet à donner à la Société quelques détails sur l'ouvrage intitulé : Flore de Loir-et-Cher, qui a été mentionné parmi les dons (1). M. Franchet dit qu'il s'est proposé un double but en publiant une Flore de Loir-et-Cher; sans doute, il a voulu d'abord faire connaitre la végétation de ce département, mais de plus mettre ceux qui se serviraient de sa Flore à même d'acquérir facilement des notions de géographie botanique, et c'est pour cela qu'il a indiqué la distribution, sur toute la surface du globe, des espéces dont il a eu à parler. La flore de Loir-et-Cher présente d'ailleurs plus d'intérét que (1) Voyez plus loin dans la Revue bibliographique, page 87, l'analyse de cet ouvrage. 250 SÉANCE DU 30 AVRIL 1886. ne pourraient le faire supposer sa position au centre de la France, son climat peu déterminé, et le relief de son sol. La Loire qui le coupe par la moitié, de l'Est à l'Ouest, sert de limite à un certain nombre d'espèces méridionales, telles que : Helianthemum sali- cifolium, Bromus maximus et B. madritensis, Lotus hispidus, Ornithopus ebracteatus, etc., qui ne se retrouvent plus au nord du fleuve. D'autre part, la Sologne participe, pour une large part, à la végétation du sud-ouest de la France, bien caractérisée par la présence et l'abondance de divers Erica, de l'Asphodelus ramosus, du Pinguicula lusitanica, de V Helianlhemum alyssoides, de lA re- naria montana, des Trifolium maritimum, Michelianum, stric- tum, etc., qui ont là leur extrême limite à l'Est et au Nord. Il faut remarquer aussi que la Sologne participe à la flore de l'Est par des types trés spéciaux, tels que Carex Buxbaumii et Utricu- laria intermedia, en même temps qu'on y rencontre deux espèces qu'on n'a guére l'habitude de voir en dehors de la région des montagnes : Arnica montana et surtout Ajuga pyramidalis. La vallée de la Loire emprunte sa végétation, pour une part notable, aux régions que traverse le fleuve, soit même à des pays lointains, tels que l'Asie et l'Amérique; c'est ainsi qu'on y trouve en abondance, au milieu de bien d'autres espèces, le Xanthium macrocarpum et plus rarement l’Ilysanthes gratioloides, observé jusqu'aux limites du Loiret, et méme, d'aprés un spécimen dont l'authenticité n'est pas douteuse, récolté autrefois au bord du canal de Briare, ce qui peut faire croire que la plante est venue par la Seine. A propos de l'Ilysanthes, M. l'abbé Hy demande comment il se fait que cette plante n'a pas encore été signalée à l'embouchure de la Seine, si c'est vraiment par ce fleuve qu'elle a été introduite. M. Franchet répond qu'il comprend moins encore comment les graines de l’lysanthes auraient pu remonter le cours de la Loire pour en peupler les limons. M. Cornu insiste sur les changements profonds que le cours de la Loire amène dans la végétation; on pourrait presque dire que ce fleuve coupe en deux la flore de la France, servant de limite stricte à un bon nombre de plantes méridionales, parmi lesquelles il ne faut pas oublier le Scolymus hispanicus, qui trouve à Romo- ranlin son extrême limite au Nord. Un Champignon bien connu, le iiaa aa SÉANCE DU 14 war 1886. 251 Pleurotus Eryngii, très répandu dans la vallée même de la Loire jusqu'à Orléans, manque absolument à Paris, bien que l'Eryngium y soit commun. M. l'abbé Hy fait observer, à propos de la limite établie par la Loire, que l’Ilysanthes remonte dans la vallée du Maine et que l'in- fluence du fleuve se fait sentir nettement en Bretagne, dont la végétation participe pour une large part à celle du Sud-Ouest. Il ajoute qu'il connait une localité, située à 12 lieues au nord de la Loire, où l'on trouve le Pleurotus Eryngii. M. Franchet dit que la Loire sert de limite à la végétation du sud- Ouest, seulement dans le département de Loir-et-Cher. Dans la basse Loire, et jusqu'à Tours, elle franchit cette barrière et s'étend jusqu'au Mans et au delà. Dans le Loiret, M. Cornu a depuis long- temps fait remarquer que la flore de la Sologne passait aussi la Loire aux environs de Gien. SÉANCE DU 14 MAI 1886. PRÉSIDENCE DE M. MER, VICE-PRÉSIDENT. M. le Secrétaire général présente les excuses de M. Chatin, pré- sident de la Société, empéché de se rendre à la séance. M. Mangin, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 30 avril, dont la rédaction est adoptée. M. Cornu propose à la Société de voter une adresse de respec- tueuse sympathie à M. Chatin, que de pénibles circonstances em- pêchent aujourd'hui de remplir ses fonctions de Président. « Notre » Société, dit-il, gardera toujours le souvenir, entre autres titres » à sa reconnaissance, des services que M. Chatin a rendus, par » ses herborisations publiques, à la botanique rurale, dont il a » conservé les traditions après la mort d'Adrien de Jussieu. » L'assemblée vote à l'unanimité l'adresse proposée et charge le Secrétaire général d'étre son interpréte auprés de M. Chatin. M. le Président, par suite de la présentation faite le 30 avril, proclame membre de la Société : 252 SÉANCE DU 14 war 1886. M. Danceanp (P.-A.), préparateur de botanique à la Faculté des sciences de Caen, présenté par MM. Duchartre et Cornu. M. le Président dit qu'il est heureux d'adresser, au nom de la Société, les plus vives félicitations à M. le D' Édouard Bornet, nommé lundi dernier membre de l'Académie des sciences, dans la section de botanique, en remplacement de M. Tulasne. Ces paroles sont accueillies par les applaudissements de l'as- semblée. M. G. Bonnier présente, de la part de notre confrère M. Was- serzug, la traduction des Lecons sur les Bactéries de M. de Bary. M. Wasserzug a non seulement traduit cet important ouvrage, mais il y a ajouté diverses notes intéressantes. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LA SORTIE DES RACINES LATÉRALES .ET EN GÉNÉRAL DES ORGANES ENDOGÈNES, par MM. Ph. VAN TIEGHEM et H. DOULIOT. Au cours de nos recherches sur la structure des Primevères et des Au- ricules, nous avons eu l'occasion d'étudier l'origine et la sortie des ra- cines latérales de ces plantes. Ayant étendu ensuite nos observations sur ces deux points à un assez grand nombre de genres différents, nous avons été amenés à constater plusieurs faits nouveaux sur le mode de formation des racines latérales, et, en méme temps, nous avons été con- duits à donner du mécanisme de sortie de ces racines, et, en général, de tous les organes endogènes, une explication bien différente de celle qui est universellement admise. | C'est cette explication que nous nous propo- sons de résumer dans cette Note domos (4). La racine terminale est quelquef (Graminées, Canna, Ca- pucine, ete.) ; les racines latérales le sont presque toujours : on ne con- naît d'exception que pour les Cruciféres. Les radicelles de tout ordre sont loujours endogé Les bourg sont ordinairement exogénes; pour- tant on sait que dans quelques cas ils naissent dans la profondeur du membre qui les produit. Il en est ainsi, par exemple, des bourgeons qui se développent sur les racines de l'Ophiogl ulgatum et de ceux que (1) Avant d'entrer dans l'étude de cette question, les auteurs ont communiqué à la Société diverses observations sur la formation des racines latérales des Cucurbitacées, des Épilobes et d'un bon nombre de Monocotylédones. Ces observations feront ulté- rieurement l'objet d'un travail spécial. (Note ajoutée pendant l'impression.) ` 7 VAN TIEGHEM ET DOULIOT. — SUR LA SORTIE DES RAC. LATÉRALES, 253 produisent le pivot et ses radicelles de premier ordre dans l'Anemone pensylvanica. Par quel mécanisme tous ces organes endogènes, racines ou bourgeons, traversent-ils la couche plus ou moins épaisse de tissus qui les sépare du milieu extérieur? A cette question, tous les auteurs, et notamment ceux qui se sont le plus occupés du mode de formation des radicelles et des racines latérales, répondent que c'est par compression et déchirure, c'est-à-dire par un procédé purement mécanique. Nos recher- ches nous ont conduits à un résultat tout différent. Il n'y a pas com- pression; c'est en dissolvant de proche en proche les cellules qu'elle vient à toucher dans son développement, en en absorbant au fur et à mesure toute la substance, membrane et contenu, pour s'en nourrir, en un mot en digérant toute la portion du tissu située en dehors de lui, que le membre endogéne arrive au dehors. La sortie a donc lieu essen- tiellement par un procédé chimique et physiologiq Il y a d'ailleurs, à voir les choses de plus prés, trois phases à distin- guer : 4° la phase d'établissement de la première ébauche du membre, pendant laquelle on observe une légére dilatation tangentielle et com- pression radiale des cellules externes; 2 la phase de digestion, de beau- coup la plus longue et la plus imporlante, par laquelle le membre en voie de croissance perce la presque totalité de l'épaisseur de la couche externe, ne laissant entre son sommet et le milieu extérieur que la rangée cellulaire ou quelques rangées cellulaires périphériques ; 3^ enfin la phase de compression et de déchirure de celte mince couche externe, qui forme autour de la base du membre une sorte de collerette ou de boutonnière, circonstance qui a fait croire que le phénomène tout entier était, comme cette dernière et courte phase, d'ordre mécanique. L'existence de cette troisième phase s'explique d'ailleurs facilement. Les assises externes du membre générateur sont cutinisées, ce qui les rend difficiles à digérer ; de leur cóté, les assises externes du sommet du membre produit se cutinisent aussi, un peu avant sa sortie, pour le protéger dés qu'il sera dehors, ce qui en annule forcément l'action digestive. Donc, au début, courte phase de compression sans déchirure; à la fin, courte phase de compression avec déchirure ; au milieu, longue phase de digestion. ; Nous avons suivi la marche de ce phénomène de digestion dans un grand nombre d'exemples les plus divers : racines terminales. endo- gènes (Mais, etc.), radicelles de divers ordres, racines latérales ayant à traverser une épaisseur d'écorce d'autant plus grande que leur marche est plus oblique (Primevére, Auricule, etc.) et une écorce de nature di- verse : homogène (Primevére, ete.), creusée de lacunes aérifères (Me- nyanthes, Myriophyllum, etc.), ou parcourue, soit par des faisceaux libéro-ligneux (Monstera, etc.), soit par des faisceaux de sclérenchyme (Acorus, etc.); enfin bourgeons endogènes prenant naissance dans le 954 SÉANCE DU 14 war 1886. péricycle de la racine (Ophioglossum vulgatum, Anemone pensyloa- nica). Cette marche est partout la méme. Si les cellules renferment de l'amidon, cet amidon est dissous d'abord, puis le contenu albuminoïde dela cellule, enfin la membrane, qui se gélifie avant de disparaitre. L'attaque du tissu voisin et l'absorption des produits de la digestion sont quelquefois facilitées par ce fait que les cellules périphériques dela jeune racine se prolongent en papilles (Primula, Gunnera, etc.), ou même en poils qui s'insinuent dans les cellules de l'écorce, les désagrégent et les dissolvent (Monstera, etc.). Aprés la perforation du tissu, la racine soude quelquefois trés inti t ses cellules périphériques avec les cellules corticales qui la touchent et qui ne sont pas digérées (Primula, Auricula, etc.). En résumé, l'organe endogéne en voie de croissance digère toute la portion du tissu étranger située sur ses flancs et en dehors de lui, abso- lument comme dans la graine l'embryon digère l'albumen qui l'entoure. On voit combien il est inexact de refuser, comme il est de mode aujour- d'hui, aux plantes supérieures et notamment à leurs racines, la propriété de digérer les substances organiques : l'amidon, la cellulose, les corps albuminoides, etc., au milieu desquelles elles s'accroissent. Quelques observations, notamment sur lé Gui, nous portent d'ailleurs à croire que c'est par un mécanisme de digestion analogue que les plantes parasites arrivent à pénétrer et à croitre à l'intérieur des tissus de la plante nourriciére. M. Leclere du Sablon fait remarquer que chez les Rhinanthées (Rhinanthus, Melampyrum), la pénétration des racines suçoirs dans le corps de la plante nourricière n'a pas lieu par digestion; les sucoirs dissocient les cellules et les écartent pour pénétrer plus ou moins profondément, de sorte que,si l'on enlevait ces corps étrangers, on pourrait refermer la plaie qu'ils ont produite. M. Duval, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : SUR LA FLORE DES HAUTES-PYRÉNÉES, par M. J. BOURDETTE. L'ensemble des espèces végétales qui croissent spontanément dans les Hautes-Pyrénées, n'est bien connu que depuis 1867, année où M. l'abbé J. Dulac publia la première, et encore aujourd’hui unique Flore de ce département, qui ait été imprimée (1). (1) Flore du département des Hautes-Pyrénées, par M. l'abbé J. Dulac. Paris, chez Savy, 1867. J. BOURDETTE. — SUR LA FLORE DES HAUTES-PYRÉNÉES. 255 Grâce à notre savant confrère, on sait qu'à cette époque, le nombre des espéces vasculaires s'y élevait à 1776, qu'il a toutes décrites. Etce nombre, déjà considérable pour un seul département, était encore susceplible d'augmentations. Je ne suis point en mesure de dire ce que d'autres ont pu y ajouter. Mais voici trois ans que j'explore la région montagneuse, dans ses parties moyennes et inférieures; et j'ai eu la bonne chance d'y trouver une quin- zaine d'espéces reconnues nouvelles par M. l'abbé Dulac; et, en outre, quelques stations, nouvelles et remarquables, d'espéces rares dans le département, mais déjà connues. La présente note a pour objet de faire connaitre ces résultats, qui peu- vent intéresser ceux qui vont herboriser dans nos Hautes-Pyrénées ; et aussi d'appeler leur attention sur la vallée de Lavedan (ou vallée d'Ar- gelès), l'une des plus riches en plantes qu'on puisse visiter. I. — Plantes nouvelles pour le département. Je vais les indiquer dans l'ordre méme où je les ai rencontrées. Il est juste d'avertir que les cinq derniéres ont été trouvées conjointement et de moitié avec mon ami M. Desjardins, habile botaniste de Toulouse, dans un voyage en Barousse, que le mauvais temps vint interrompre avant que nous eussions exploré la moitié du pays. a. — ÉTÉ DE 1883, EN LAVEDAN (Hautes-Pyrénées). 1. Osyris alba L. — Trouvé pour la premiére fois aux rochers d'Ouzous et au Turoun de Vidalos, canton d’Argelès. Trouvé encore, en 1885, autour du vieux chàteau de Bramebaque et à Troubat, en Barousse (Hautes-Pyrénées), où je l'ai vu si grand et si abondant qu'il formait comme un véritable jeune taillis. 2. Pistacia Terebinthus L. — Rochers d'Ouzous, Vidalos et Agos, où il est abondant. Malheureusement les paysans le coupent fréquem- ment, et lon a peine à en trouver quelque pied qui ait pu grandir. Cepen- dant, en septembre 1885, j'ai pu cueillir des rameaux avec leurs fruits, pour les offrir à notre vénéré confrére le. P. Miégeville, qui n'était pas bien convaineu de l'existence de cet arbuste dans ces localités déjà visi- tées par lui. : 3. Campanula Erinus L. — Autour d'Argelés. Retrouvé en juin 1885, croissant abondamment entre les pierres d'un long mur de sou- tènement en pierres sèches, qui borde le chemin de Barèges-les-Bains à Sers. 256 SÉANCE DU 14 Mar 1880. 4. Rapistrum rugosum All. — Trouvé à Argelès, à Lourdes et à Tarbes ; mais rare. 5. Lonicera etrusca Santi. — Abondant, à l'état sauvage, entre Ouzous et Vidalos, au bas de la montagne. Il n'est point cultivé dans les jardins de la vallée, non plus que le L. Caprifolium L. On le trouve aussi dans la Haute-Garonne, à l'état sauvage. b. — ÉTÉ DE 1884, ENCORE EN LAVEDAN. 6. Trifolium glomeratum L. — À Argelès, colline du Balandràou, à 15 minutes de la ville. 1. Trifolium Isevigatum Desf. — Au même lieu. 8. Tolpis barbata Willd. — Au même lieu; puis encore au Turoun de Tilhos, à 2 kil. d'Argelés. 9. Lactuca perennis L. —- Pentes du mont Trabessé, entre Ouzous et Agos. C'est le méme que, dans sa Flore des Pyrénées, Philippe in- dique aux mêmes lieux, sous le nom de L. tenerrima Pourr., mais par erreur. c. — ÉTÉ DE 1885, VALLÉE D'AURE (Hautes-Pyrénées). 10. Nardurus Lachenalii Godr. (Festuca Poa Kunth, ou Triticum Poa DC.). — Abondant au calvaire d'Arreau, cóté sud, le seul endroit où je l'aie encore rencontré. 11. Molop i ium DC. (ou Ligusticum peloponesia- cum L.). — Val de Couplan ; cette superbe Ombellifère y atteint 2 mètres et plus, associée en pieds nombreux au Gentiana lutea. Gillet et Magne la disent fétide : je proteste vivement contre cette appréciation ; son odeur étant bien plutôt aromatique, et ainsi en harmonie parfaite avec la beauté de la plante. d. — MÊME ÉTÉ 1885 : EN Barousse (Hautes-Pyrénées). 12. Plantago Cynops L. — A Mauléon. 13. Phalangi r Lamk. — Même lieu. 14. Medicago minima Lamk. — A Troubat, prés de Mauléon-Da- rousse. 15. Coroniila minima L. — Même lieu. 16. Ononis minutissima L. — Encore à Troubat. A mesure qu'elles ont été trouvées, ces plantes ont été signalées et des J. BOURDETTE. — SUR LA FLORE DES HAUTES-PYRÉNÉES. 257 échantillons adressés à M. l'abbé Dulac, le floriste du département, qui, avec une compétence que nul ne contestera, les a déclarées nouvelles : sauf une, pourtant, Medicago minima Lamk, déjà trouvée antérieure- ment, par M. Vallot, à Cauterets (Bulletin de la Soc. bot. de Fr., année 1885, p. 50). On remarquera Osyris alba L. et Pistacia Terebinthus L., en tête de mes nouveautés, et mes deux premières trouvailles. Lapeyrouse (Hist. des Plantes des Pyrénées) ne les connaissait que sur les rochers bien exposés voisins de la Méditerranée, et encore à Saint-Béat. Aussi fus-je bien surpris de les trouver dans les Hautes-Pyrénées; et plus encore d'étre le premier à les y voir. Leur présence dans la vallée de Lavedan donne une idée nette et certaine de la douce température dont jouit ce charmant pays. Puisquil s'agit ici des plantes spontanées du département, je me demande pourquoi on refuserait ce titre au Vitis vinifera L. Je ne suis pas le premier, sans doute, à l'avoir souvent rencontré à l'état sauvage, en des points élevés du Lavedan, et fort éloignés des lieux où la culture de la Vigne est possible; mais je dis qu'elle y croit incontestablement à l'état sauvage, et que ce n'est point à elle de prouver qu'elle y est spon- tanée (dans le sens botanique). En bonne logique, la preuve incombe à ceux qui lui refusent la spontanéité ; ils pourront nous dire, s'il leur plait, quand et comment fut introduite la culture de la Vigne, mais cela ue suffira pas; il faudra démontrer que la Vigne sauvage n'existait pas auparavant dans le pays. En attendant que cette preuve soit faite, je suis d'avis qu'aux 1776 espèces de M. l'abbé Dulae, il faut ajouter Vitis vinifera L. au méme titre que les 16 espèces ci-dessus. IL. — Stations nouvelles de quelques plantes rares déjà connues. 1. Genista sagittalis L. — J'ai trouvé ce Genét dans la vallée d'Aure, au calvaire d'Arreau, à la tour de Cadéac, et surtout dans la commune d'Aragnouet, où il couvre, à lui seul, de vastes espaces : j'ai pu cótoyer la montagne d'Aragnouet à Fabian, en marchant, pendant plus de deux kilomètres, toujours sur ce Genét (1). 2. Nepeta lanceolata Lamk. — Cette plante fut trouvée à Gèdre, pour la première fois, par le P. Miégeville. J'en ai découvert une loca- (1) Les paysans, qui nomment ce Genet Cresparole, le redoutent, parce qu'il donne le pissement de sang aux vaches et moutons qui l'ont brouté. Quand cet accident se produit, ils en guérissent leurs bêtes en leur faisant boire une décoction de, ce qu ils nomment la Vigue sauvage, et qui n'est autre que le Bryonia dioica L. L'instituteur du pays m'a assuré que ce remède est infaillible, bien que les vétérinaires Vignorent. T. XXXII. (sEANCES) 17 258 SÉANCE DU 14 war 1886. lité nouvelle et de belle étendue, à l'entrée du val de Moudan, vallée d'Aure (1). * 3. Juniperus Sabina L. — Entre Gédre et Gavarnie, d'aprés la Flore de l'abbé Dulac, avec la mention R. — Je l'ai découvert assez nombreux, en compagnie du J. is L., à une heure d'Argelés, sur les pentes - orientales du mont de Gèz. 4. Symphytum officinale L. — Plante RR. d’après l'abbé Dulac. Elle existe en quantité sur le bord occidental de la route de Luchon, presque en face de la station de Saléchan; et on la retrouve encore, un peu plus haut, dans les prés humides de Cazarilh en Barousse. 5. Primula viscosa L. — On connaissait cette Primevére dans les hautes montagnes de Cauterets et de Daréges. Pour moi, je l'ai trouvée au lac d'Orédon et au val de Moudan, dans la vallée d'Aure ; et encore bien plus abondante dans les montagnes du val d'Azun, à deux heures, en amont et au midi d'Arrens, qui est à trois heures environ d'Argelés. Elle est donc commune; et si j'en parle, c'est qu'il semble qu'on l'ait quelquefois prise pour sa congénère P. Auricula L. Lapeyrouse, en effet, dans son Histoire des Plantes des Pyrénées, nous dit, d’après Lemonnier, que le P. Auricula L. se trouve près de Barèges-les-Bains, aux montagnes d'Escoubous (quil appelle des Cou- gous), et d'Aigacluse. Et bien longiemps aprés lui, sur la foi des bota- nistes Corbin et Philippe, M. l'abbé Dulac l'indique également dans ces mémes montagnes. Mais, d'une part, mon ami Bordére, de Gédre, qui connait parfaite- ment toutes les plantes de cette région, m'a écrit, en juillet 1885, qu'il l'y avait souvent cherché, et n'y a jamais trouvé que le P. viscosa L. Et d'autre part, sachant que M. Charlet, guide-naturaliste, à Barèges, récol- tait à Escoubous et Aigacluse une Primevère qu'il vendait pourle P. Au- ricula L., je lui en demandai, àla méme époque, deux échantillons, dont la vue ne me convainquit pas; et je les soumis à l'éminent botaniste de Toulouse, M. Timbal, par l'entremise de M. Desjardins : il les reconnut pour des P. viscosa L., comme d’ailleurs nous lavions déjà fait, M. Desjardins et moi ; mais nous tenions à faire juger la question par un maitre. « P. Auricula parait manquer dans les Pyrénées », disent Grenier et Godron. Jusqu'ici cette assertion réservée demeure exacte, au moins quant aux Hautes-Pyrénées. (1) Ce val est bien connu de tous les Aurois par ses abondantes sources, les plus ferrugineuses qui soient, et qui mériteraient amplement les honneurs de l'exploitation. En juillet et août, bon nombre d'Aurois, emportant avec eux des vivres pour huit à quinze jours, et couchant dans de mauvaises baraques voisines des sources, vont y boire largement, pour les maladies actuelles, et pour celles à venir aussi, à ce qu'ils disent. J. BOURDETTE. — SUR LA FLORE DES HAUTES-PYRÉNÉES. 259 A ce propos, voici un caractère qui permet de reconnaitre le P. vis- cosa L., longtemps après que les feuilles ont perdu leur viscosité, et que la plante a fleuri et fructifié : on détache les feuilles qui enveloppent la tige et l’on constate avec le doigt que celle-ci demeure encore gluante. C'est ce que M. Desjardins a vérifié, en octobre dernier, sur une touffe que je lui avais envoyée d'Azun en aoüt précédent, et que pendant ce temps il avait oubliée ou négligée dans un coin. 6. Ramondia pyrenaiea Rich. — Cette belle plante, commune de Luz à Gavarnie, dans la haute vallée du grand Gave, se retrouve abon- dante dans la vallée d'Aure, et méme beaucoup plus bas, à Troubat dans la vallée de Barousse. Je l'y ai vue sur des rochers tournés vers le nord, vers l'est, le midi; je l'ai méme vue poussant avec vigueur sur le sol, à distance de rochers qui d'ailleurs en étaient couverts. Elle semble pré- fait férer l'exposition nord, mais elle s'ac de par t des autres. Ill. — Vallée et Flore du Lavedan. Cette vallée, qui est une portion dela vallée du grand Gave, commence à Lourdes, au nord, et finit à Pierrefilte au midi, stations extrêmes du petit embranchement de Lourdes à Pierrefitte, qui dessert Cauterets et Barèges. On l'appelle aussi vallée d'Argelés, du nom de son lieu principal, qui est le chef-lieu de l'arrondissement. Elle est en pleine montagne, bien que la plaine qui en forme le fond n'ait pas plus de 415 à 420 mètres d'altitude. Bien close et abritée au couchant et au nord par des montagnes de 1500 à 1800 mètres, elle jouit d'un climat doux, et passe parmi les touristes pour la plus belle des Pyrénées. Les botanistes qui, souvent partis de fort loin, s'en vont herboriser à Cauterets, ou Baréges, ou Gavarnie, la traversent habituellement sans s'y arrêter, peu sensibles aux beautés qui captivent les touristes, et ne se doutant pas des richesses végétales qu'elle recéle. ` Mieux inspirés, ils feraient à Argelès un arrêt de trois ou de quatre jours, qui ne serait pas sans plaisir ou sans profit, comme je vais essayer de le montrer. On peut, en prenant Argelés pour centre, faire des courses botaniques trés variées ; je ne veux en indiquer que deux ou trois. 4" Course au Balandrdou, aux rochers d'Ouzous et au Turoun de Vidalos et retour à Argelès. J'estime que quatre à cinq heures suffisent, en marchant lentement, comme il convient quand on herborise, pour faire cette promenade bota- nique et pittoresque. Voici, et par ordre, une partie de ce qu'on rencon- trera ; je note le plus intéressant : 260 SÉANCE pu 14 Mai 1886. Adenocarpus complicatus Gay. Cytisus capitatus Jacq. Vaccinium Myrtillus L. Erica vulgaris L. (et autres). Luzula maxima DC. Melica uniflora Retz. Trifolium kevigatum Desf’. — glomeratum L. Fumana procumbens Gr. et Godr. Globularia vulgaris L. — nudicaulis L. Osyris alba L. Pistacia Terebinthus L. Phyllirea angustifolia L. Campanula longifolia Lap. Erinus alpinus L. — striatum L. Jasminum fruticans L. Cuscuta minor DC. Rhamnus Alaternus L. Helianthemum guttatum Mill. — catharticus L. — pulverulentum DC. . ` Cerasus Mahaleb L. Anemone Hepatica L. Helichrysum Stæchas DC. Helleborus viridis L. Genista hispanica L. — fætidus L. Ruta angustifolia Pers. Tolpis barbata Willet. Biscutella lævigata L. Allium fallax Don. Euphorbia exigua L. Buplevrum aristatum Bart. Linaria origanifolia DC. Jasione perennis Lamk. Campanula Erinus L. Sedum altissimum Poir. Lonicera etrusca Santi. Dianthus prolifer L. Heliotropium europæum L. Rumex scutatus L. Cynoglossum pictum Ait., ctc. Amelanchier vulgaris Mænch. A quinze minutes d'Argelés est la colline du Dalandràou, d'où l'herbo- riseur verra parfaitement les deux parties de la vallée; car, juste en face, la vallée fait un coude, et il sera dans l'axe des deux parties. Le coup d'œil est admirable. Qu'il se tourne au S. S. E., il verra: 1° à ses pieds et s'étendant sur environ 8 kilométres, une plaine fertile, sillonnée parle chemin de fer et par le grand Gave; 2^ à sa droite, la croupe immense verdoyante du Cabaliros, portant à son flanc l'antique abbaye de Saint-Savin; 9° à sa gauche, la belle et douce tagne de Davantaigue, cultivée de la base au sommet, avec ses nombreux villages, et les ruines pittoresques du vieux château de Beaucens ; 4° enfin, tout au fond et bien en face, le pic de Soulom surmonté du pic de Viscos, séparant la gorge de Cauterets de la gorge de Baréges, ettous les deux dominés par les hautes montagnes de Gavarnie. S'il se tourne vers le N. E., la vue est autre, mais non moins merveil- leuse ; à sa droite, la suite de Davantaigue, qui pour avoir changé de cólé n'en reste pas moins couvert de champs et pàturages; à sa gauche, le mont Trabessé, haut, raide, presque nu jusqu'à la base, et faisant ainsi le contraste le plus tranché avec Davantaigue; et à ses pieds, la suite de la plaine qui va s'étrécissant, les vieilles ruines de Géou au fond, et le Gave qui gronde et s'enfuit vers Lourdes. Et ce n'est pas tout : si l'herboriseur aime les monuments druidiques, il verra sur cette méme colline de Balandräou, à vingt pas au-dessous du chemin, deux énormes pierres de granit, savamment équilibrées l'une PORTS J. BOURDETTE. — SUR LA FLORE DES HAUTES-PYRÉNEES. 261 par l'autre. Il verra méme une touffe d'Asplenium septentrionale Sw. dans un joint de la pierre supérieure, et l'Allium fallax Don., et le Bu- plevrum aristatum Bartl., etc. poussant dans le gazon environnant. Il pourra aussi, prés des rochers d'Ouzous, visiter une trés curieuse fontaine intermittente, à sec pendant trois à huit jours, puis coulant un ou deux jours assez abondamment pour mouvoir deux ou trois moulins. 2» Course d'Argelés à Tilhos, à Bóo, Géou et Lugagnan, par la route ; et retour de Lugagnan à Argelès en chemin de fer. Pas plus longue, et peut-étre moins fatigante que la précédente, car il n'y a pas à monter. La récolte ne sera pas moins intéressante. De Tilhos à Bôo : Tolpis barbata Wild. Lathræa clandestina L. Menyanthes trifoliata L. Potamogeton natans L., etc. Lysimachia vulgaris L. A Boo, prés la voie ferrée : OEnothera biennis L. | Datura Stramonium L. De Bôo à Maou-Pas : Schænus nigricans L. Anagallis tenella L. Parnassia palustris L. Chara fætida Braun. Cirsium monspessulanum L. Pinguicula vulgaris L. Adiantum Capillus-Veneris L. Arundo Phragmites L. Saxifraga Aizoon L. Cyperus longus L. Chlora perfoliata L. ] — flavescens L. Erysimum ochroleucum DC. Typha angustifolia L. Dianthus monspessulanus L. Iris fœtidissima L. Erigeron alpinus L. Tamus communis L. Rochers de Géou : Satureia montana L. Thymus vulgaris L. Helichrysum Stæchas DC. Teucrium pyrenaicum L. Ruscus aculeatus L. Jasminum fruticans L. Rhamnus Alaternus L. Seseli montanum L. — catharticus L. Andropogon Ischæmum L. Dans le village : Cynoglossum pictum Ait. | Chenopodium ambrosioides L. 3° Enfin, en suivant les Gaves, on pourra trouver, toujours dans la vallée : Heracleum pyrenaicum Lamk. Isopyrum thalictroides L. Thalictrum aquilegifolium L. Cardamine latifolia L. Anemone ranunculoides L. — impatiens L. Aconitum Napellus L. Ononis natrix L. 962 séance DU 14 mar 1886. Linaria alpina L. Scirpus Holoschænus L. Myricaria germanica Desv. Scrofularia canina L. Gypsophila repens L. Astragalus monspessulanus L., etc. Il y aurait bien d'autres courses et bien d'autres plantes à indiquer; mais ce qui précède suffira, je pense, à justifier le conseil de faire arrêt à Argelès, que je me suis permis de donner à mes confrères. Je termine par un renseignement qui a bien son importance: on trouve à l'Hótel de France (1) d'Argelés, bon accueil, table exquise, et tout le confortable qu'on peut souhaiter, quand on rentre fatigué d'une course. Si on le demande, on y trouvera un guide pour les courses à faire. [Note ajoutée pendant l'impression. — Dans mes herborisations de juin 1886, en Lavedan, j'ai trouvé le Saxifraga rotundifolia L., au-dessus d'Ar- talens en Davantaigue, le 15 juin, et le Lavandula Spica L. sur la montagne du Ger, prés de Lourdes, le 29 juin. Ces deux plantes n'avaient pas encore été signalées dans le département.] M. Cornu présente un rameau fleuri d'un trés beau Lilas rose en pleine floraison. C'est une forme ornementale du Syringa Emodi, dont on ne connaissait jusqu'ici dans les jardins qu'une variété à fleurs blanches, plutót curieuse qu'ornementale et fleurissant en juin. Ce Lilas rose provient de graines envoyées de Chine, il y a quatre ans, par M. Bretschneider, médecin de la légation russe à Pékin, qui a fait de nombreux et importants envois de graines au Muséum d'histoire naturelle. M. Franchet fait remarquer que le Syringa spontané a les fleurs violettes et les feuilles ciliées. M. Vilmorin signale l'existence de lenticelles trés développées sur le Syringa Emodi, dont la taille peut atteindre 8 à 40 mètres de hauteur. M. Mangin fait à la Société la communication suivante : SUR LES PÉTALES OVULIFERES DU CALTHA PALUSTRIS, par M. Louis MANGIN. En examinant au mois de mars dernier des fleurs du Caltha palustris, pour en retirer le pollen, j'ai constaté que certaines de ces fleurs, plus petites et en apparence normales, présentaient un ou deux pétales sup- plémentaires. (1) On peut prendre, à l'Hôtel de France, communication d'une liste manuscrite d'environ 200 plantes, avec indication précise des localités : j'ai fait cette liste à l'in- tention de ceux de mes confrères qui voudraient visiter la vallée de Lavedan. MANGIN. — PÉTALES OVULIFÈRES DU CALTHA PALUSTRIS. 263 Ces pétales, égaux à la moitié ouau tiers des pétales normaux, portent, sur l'un de leurs bords, une ou deux rangées de petits boutons ayant la forme et la taille des ovules renfermés dans les ovaires de la fleur. Chaque pétale n'est pas exactement symétrique par rapport au plan médian, car son limbe est rétréci et échaneré du côté où se trouvent rangés les bou- tons. La forme, la disposition de ces corps montrent que ce sont des ovules accidentellement développés sur les pétales, devenus ainsi des carpelles ouverts. Il était intéressant de rechercher la structure de ces ovules anormaux. En examinant des coupes longitudinales pratiquées dans ces corps, j'ai constaté que quelques-uns sont irréguliérement contournés, de telle sorte qu'il est impossible de faire une coupe axiale; mais dans la plupart on retrouve la structure normale des ovules. Il existe un nucelle protégé par un tégument et, dans l'axe du nucelle, un sac embryonnaire, au sommet duquel, vers le voisinage du micropyle, j'ai trouvé l'oosphére et les deux synergides, à la base du sac, les cellules antipodes et au milieu, noyé dans le protoplasme aqueux, un volumineux noyau daire. J'ai examiné avec soin les fleurs qui présentaient ces pétales anormaux, elles n'offraient rien de particulier ni dans la structure et la disposition des étamines, ni dans la structure du pistil, de sorte qu’en apparence rien ne distingue ces fleurs des fleurs normales. Cet exemple d'ovules bien conformés, naissant sur des organes destinés à se flétrir au moment où la pollinisation est réalisée, est curieux à con- naitre, d'autant plus que les cas de métamorphose de pétales en feuilles carpellaires sont relativement rares. SÉANCE DU 28 MAI 1886. PRÉSIDENCE DE M. A. CHATIN. M. le Président, en prenant place au fauteuil, remerciela Société de l'adresse qu'elle lui a votée dans la derniére séance et que M. le Secrétaire général lui a transmise. Membre fondateur de la Société et toujours dévoué à l'eeuvre qu'elle poursuit, il a été trés sensible au témoignage de sympathie et d'affectueuse estime que ses con- fréres ont bien voulu lui donner. 264 SÉANCE DU 28 mar 1886. M. Mangin, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 14 mai, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : E. Cosson, Note sur la flore de la Kroumirie centrale. Dehérain et Maquenne, Recherches sur la respiration des feuilles à l'obscurité. E. Gonse, Catalogue des Muscinées de la Somme. Lloyd et Foucaud, Flore de l'ouest de la France, 4* édition. Louis Mangin, Anatomie et physiologie végétales. Saint-Lager, Histoire des herbiers. J. Ball, On the Botany of Western Soutli America. Saccardo, Sylloge Fungorum, vol. IV : Hyphomycétes. N. Terracciano, Produzione di Radici avventizie nel Cavo di un Cipresso. P. Voglino, Observationes analytice in Fungos agaricinos Italie borealis. Pal. fal — 2° série : Végétaux, terrain jurassique, uide 35 (Éphédrées, Spirangiées). M. de Seynes fait hommage à la Société d’un ouvrage intitulé : Recherches pour servir à l’histoire naturelle des végétaux infé- rieurs. — III. 1" partie. — De la formation des corps reproduc- leurs appelés acrospores. Le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique annoncant à la Société qu'il lui accorde, comme les années précédentes, une subvention de 1000 franes, en retour de 25 exemplaires de sa publication. M. le Président décide qu'une lettre de remerciments sera écrite à M. le Ministre au nom de la Société. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR LA CROISSANCE TERMINALE DE LA RACINE DANS LES NYMPHÉACÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Dans deux communications antérieures (1), j'ai fait connaitre à la So- ciété les affinités de structure des quatre tribus : Cabombées, Nupha- (1) Bulletin de la Société botanique (séances du 11 décembre 1885 et du 22 janvier 1886). VAN TIEGHEM. — CROISS. DE LA RACINE DANS LES NYMPHÉACÉEs. 265 rées, Nymphéées et Nélumbées, qui posent la famille des Nymphéa- cées, avec l'extension qui lui est donnée dans le Genera de MM. Bentham et Hooker. Comme conclusion, j'ai montré, conformément à l'opinion émise par M. Trécul dés 1854, que les Nélumbées différent beaucoup plus des trois premiéres tribus que celles-ci ne différent entre elles et qu'ainsi leur annexion à la famille des Nymphéacées ne parait pas justifiée. Ayant étudié récemment la structure du cóne terminal des racines en voie de croissance dans le Nuphar luteum, le Nymphæa alba, le Vic- toria regia etle Nelumbo nucifera, j'ai trouvé dans cet ordre de choses un nouvel argument, plus fort peut-étre que tous les autres, en faveur de cette manière de voir. Dans le Nelumbo nucifera, la coiffe et l'assise pilifère de la racine dé- rivent des mêmes initiales, qui sont indépendantes de celles de l'écorce ; en d'autres termes, la coiffe procède du cloisonnement tangentiel de l'assise pilifére. Les choses s'y passent done comme dans la grande ma- jorité des autres Dicotylédones. Dans le Nuphar luteum, le Nymphæa alba, le Victoria regia, au contraire, la coiffe dérive d'initiales propres; elle est tout à fait indé- pendante de l'assise pilifére, laquelle, de son côté, procède des initiales de l'écorce. En un mot, les choses s'y passent comme chez les Monoco- tylédones. D'où un nouveau caractère différentiel qui, ajouté à tous les autres, doit conduire à séparer définitivement les Nelumbo des Nymphéacées. Mais là ne se borne pas l'intérét de cette observation. On admettait, jusqu'ici, comme caractère général distinctif des Mono- cotylédones et des Dicotylédones, le suivant : chez toutes les Monocotylé- dones, la coiffe est indépendante du corps de la racine et dérive d'ini- tiales propres. Chez toutes les Dicotylédones, la coiffe dépend du corps de la racine ; le plus souvent elle dérive de l'assise pilifère. C'était méme actuellement le seul caractère général que l'on püt ajouter à celui que donne le nombre des cotylédons. ll y faut renoncer désormais, puisque les Nymphéacées le partagent. C'est encore, entre les Monocotylédones et les Dicotylédones, une barrière qui s'abaisse, alors que tant d'autres déjà ont disparu. A vrai dire, il ne reste plus maintenant, pour séparer ces deux classes de plantes, que le nombre des cotylédons. C'est bien peu. M. Cornu dit qu'il a recu du Canada l'hiver dernier un certain nombre de plantes, Cypripedium, Sarracenia, etc., qui, malgré le froid rigoureux supporté pendant le voyage, ont survécu et sont maintenant en pleine floraison. 268 SÉANCE DU 28 war 1886. caractères tirés du gynécée et du fruit. Je suis obligé de convenir que j'ai eu tort de ne pas considérer dés lors ce dernier groupe comme une famille parfaitement distincte des Lamiacées, puisqu'il présente trois des caractères énumérés ci-dessus comme ayant une valeur différentielle dans la constitution des familles de l'ordre. Dans les vraies Lamiacées, en effet, les gemmules solitaires ascendantes étant insérées à l'angle interne des loges, selon qu'elles sont insérées bas ou haut, elles sont anatropes, hémaniatropes ou presque atropes; l'embryon est droit, sa radicule est infère. Dans les Scutellarinées, au contraire, les gemmules sont amphi- tropes et les graines qui leur succèdent renferment un embryon replié sur lui-même, à radicule supère. La famille des Scutellariacées que je propose diffère donc des Lamiacées à aussi bon titre que d'autres familles de Corolliflores que l’on a toujours considérées comme distinctes. Les Scutellariacées renferment, outre les Scutellaria, les genres Pe- rilomia Humb. Bonpl. Kunth et Salazaria Torr., et probablemet aussi le genre Catopheria Benth. M. Malinvaud dit qu'il reconnait toute la valeur des considéra- tions sur lesquelles s'appuie M. Caruel pour créer la nouvelle famille des Scutellariacées; il pense toutefois que la plupart des botanistes, au moins en France, se décideront difficilement à res- treindre les attributions et même à changer le nom de la famille des Labiées. M. Dufour fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LES RELATIONS QUI EXISTENT ENTRE L'ORIENTATION DES FEUILLES ET LEUR STRUCTURE ANATOMIQUE, par M. Léon DUFOUR. Dans un grand nombre de plantes, les feuilles présentent une disposi- tion inverse de l'orientation normale; leur face inférieure est tournée vers le ciel et leur face supérieure vers le sol. Nous verrons par des exemples que ce résultat peut être atteint de manières fort diverses. En général, les deux faces d'une feuille sont différentes l'une de l'au- tre: la faee inférieure est plus pàle, les nervures y font saillie, elle posséde plus de stomates et des cellules épidermiques à contours plus sinueux ; c'est elle qui est la plus velue quand les deux faces le sont, et la seule qui l'est quand il n'y en a qu'une à présenter des poils. Dans les feuilles retournées, il peut se présenter deux cas : ou bien les deux faces du limbe ont échangé leurs caractéres extérieurs à un tel point qu'au premier aspect ou croirait voir une feuille normalement orientée, ou bien quelques caractères particuliers à la face inférieure DUFOUR. — INFL. DE L'ORIENTATION SUR LA STRUCT. DES FEUILLES. 269 persistent sur cette face, par exemple, la saillie des nervures, de sorte que le retournement est immédiatement appréciable. A la première catégorie appartiennent les Alstremeria, V Allium ursinum ; à la seconde, divers autres Allium, A. ciliatum, par exemple, l'Eustrephus et un grand nombre de Graminées. Passons en revue ces divers cas. Al i ittacina. — Le retournement des feuilles des espèces du genre Alstræmeria, et en particulier de PAlstræmeria pelegrina a été indiqué par Treviranus (1), Braun (2), Hentig (3). Le premier de ces auteurs a fait remarquer qu'alors c'est à la face inférieure que le méso- phylle présente son tissu plus serré; le dernier, que cette méme face possédait alors un épiderme sans stomates et dont les cellules avaient des contours rectilignes. J'ai eu à ma disposition l'Alstremeria psittacina, que je vais décrire avec quelques détails. Rien au premier aspect ne parait anormal dans l'orientation de ses feuilles, car on voit tournée vers le haut une face de feuille luisante, trés verte, concave le long des nervures. Mais, en réalité, le pétiole est tordu de 180 degrés et cette face tournée vers le haut est une face inférieure. A ce changement dans les caractères extérieurs des deux faces corres- pondent des modifications de structure. Stomates. — La première feuille consiste en un petit limbe triangu- laire et à peu prés vertical. Il possède peu de stomates, et à peu prés autant sur les deux faces. La deuxième feuille, encore presque verticale, west tordue que vers sa pointe. Elle présente quelques stomales sur les deux faces à sa base, et à sa pointe en présente beaucoup sur sa face su- périeure et point sur sa face inférieure. Les feuilles suivantes ont le pétiole tordu et sont par suite retournées. Leur pétiole présente un pelit nombre de stomates sur ses deux faces; leur limbe en possède exclusive- ment sur la face supérieure devenue inférieure. Les très jeunes feuilles ne sont pas encore retournées; elles ont leurs bords enroulés du cóté de leur face interne. On peut dire que chez elles la différenciation anatomique précéde le changement ultérieur qui se fera dans leur position; car déjà les stomates adultes ou en voie de formation existent exclusivement sur leur face interne. Cellules épidermiques. — Dans une feuille adulte, le pétiole présente à sa face supérieure un épiderme dont les cellules sont allongées et dis- posées en files paralléles; les cellules de l'épiderme inférieur sont à la (1) Physiologie der Gewächse, vol. 1, p. 445, 181 (2) Sitzungsberichte der Ges. naturf. Freunde- au | Berlin (von 21 Juni 1870). Analysé dans Bot. Zeit., 1870, p. 551 (3) Ueber die Beziehungen zwischen der Stellung der Blätter zum Licht und ihrem inneren Bau (Bot. Gentralblatt., 1882, vol. XIL, p. 415). 210 SÉANCE DU 28 mar 1886. fois plus étroites et plus allongées. Quant au limbe, les cellules épider- miques de la face inférieure tournée vers le ciel sont allongées aussi, à contours rectilignes, et disposées en bandes parallèles à la plus grande dimension du limbe; les cellules de la face supérieure tournée vers le sol sont, au contraire, moins nettement orientées, ont une forme plus irrégulière et des contours extrêmement sinueux. Mésophylle. — Dans la feuille adulte, c'est la face qui regarde le ciel, la plus éclairée, par conséquent, qui présente du tissu en palissade. Mais la différenciation de ce tissu est plus tardive que la formation des sto- mates. De jeunes feuilles, chez lesquelles les stomates sont déjà consti- tués, ne montrent encore qu'un mésophylle presque homogéne; c'est méme l'assise située immédiatement sous l'épiderme supérieur qui pos- séde des cellules allongées perpendiculairement à la surface du limbe. Il semble, en quelque sorte, que ce caractère si général des faces supé- rieures des feuilles, devenu peut-étre héréditaire, de présenter du tissu en palissade, se manifeste d'abord, et que plus tard seulement l'in- fluence de la lumière sur la face inférieure, qui devient la plus éclairée, ait pour résultat d'y développer un parenchyme palissadiforme beaucoup plus caractérisé qu'il ne le devient sur la surface qui reste à l'ombre. C'est généralement par la torsion du pétiole que les feuilles arrivent à étre retournées; mais quelquefois la feuille se penche du cóté de la tige opposée à son inserlion; alors une simple courbure du pétiole pro- duit le méme résultat que sa torsion dans le cas précédent. Les feuilles retournées par ce procédé ne diffèrent en rien des autres. Allium ursinum. — Cette plante, quand elle fleurit au mois de mai, se présente généralement munie de deux feuilles qui paraissent nor- malement orienlées (1). Cependant, en regardant le pétiole, on constate immédiatement qu'il est tordu. Si on le raméne à la position ordinaire, on constate ce qui suit : à la mince gaine qui enveloppe le bulbe et la tige fait suite un pétiole creusé en gouttière sur sa face supérieure ou ventrale, convexe du côté inférieur ou dorsal. Mais la concavité se comble peu à peu, tandis que la convexité diminue. A la base du limbe la face dorsale de la nervure médiane est presque plane, elle le devient complé- tement, puis se creuse, tandis que du cóté ventral la nervure arrive à faire saillie. Siles choses restaient dans cet état, on verrait à la face supérieure une nervure saillante; mais la forsion du pétiole produit le retourne- ment complet du limbe et fait que lon voit dirigée en haut la face inférieure possédant l'aspect d'une face supérieure. (1) Irmisch, Zur Morphologie der monokotylischen Zwiebel- und manage p. 2 (1850). DUFOUR. — INFL. DE L'ORIENTATION SUR LA STRUCT. DES FEUILLES. 271 Comme chez l'Alstremeria, il peut arriver qu'une simple courbure du pétiole produise le màme résultat qu'une torsion. C'est la base renflée de la seconde feuille qui constitue le bulbe. Il est plus difficile de reconnaitre si cette feuille, elle aussi, est retournée. Car elle est située entre la première feuille et la hampe florale, et comme la région qui touche cette tige est un peu concave, on serait tenté de croire que c'est cette partie qui est la face supérieure de la feuille. Mais une coupe longitudinale du bulbe montre que cette base de feuille est formée par une gaine charnue dont les deux bords sont réunis et soudés. Au bas de la cavité de cette gaine se trouve un bourgeon. Ce bourgeon naît sur un axe qui s'allongera à la période végétative suivante, et la feuille que nous étudierons est la premiére feuille née sur cet axe. Au mois de mai, les autres feuilles sont à peine ébauchées. Aprés la fructification, le limbe et le pétiole de cette feuille périssent ainsi que la premiére feuille et la tige, et il ne reste de vivant que le bulbe. A l'automne, l'axe dont nous avons parlé commence à s'allonger, mais ce n'est qu'au printemps suivant que se constituent de nouvelles feuilles et qu'apparait l'inflores- cence (1). Sur une coupe transversale faite vers le milieu du bulbe, la cavité de la gaine est représentée par une fente étroite, dont la convexité est tour- née du cóté de la tige; l'épiderme qui limite le cóté de cette fente tourné vers la tige est donc l'épiderme supérieur, et l'épiderme qui touche la lige elle-méme est un épiderme inférieur. La région de la gaine située entre cette fente et la tige présente des faisceaux dont le liber est du cóté de la tige, le bois vers le centre du bulbe. Les faisceaux de la région située de l'autre cóté de la fente ont également leur bois vers le centre, leur liber vers l'extérieur. C'est bien l'orientation que doivent présenter les faisceaux d'une gaine complètement close. Quant au limbe, pour déter- miner quelle est sa face supérieure ou inférieure, il suffit de faire une coupe transversale, on constate que le liber est tourné vers la partie concave de la feuille; il en est de méme pour la premiere feuille. Donc la seconde est retournée aussi. C’est sans doute par suite de la détermination fautive de la véritable face supérieure de la deuxiéme feuille qu'on a parfois mis en opposition les deux feuilles, la première étant représentée comme se tordant tou- jours, la seconde comme ne se tordant pas (2). - Les différences anatomiques que l'on constate entre les épidermes des deux faces correspondent aux différences d’aspect de ces faces. (1) Pour les détails de ce développement voy. Irmisch, loc. cil. pp. 1-7. L'auteur indique que dés le bourgeon les feuilles présentent leur nervure médiane saillante du cóté de la face supérieure. (2) M. Musset, De l'influence prétendue de la lumiére sur la structure anatomique des feuilles de l'Ail des ours (Comptes rendus, 1884, 1* semestre, p. 1997). 212 SÉANCE DU 28 war 1886. La face inférieure tournée vers le ciel est luisante, d'un vert foncé ; son épiderme est formé de cellules aux contours rectilignes et ne possède pas de stomates. La face supérieure, qui regarde le sol, est de couleur plus pále; ses cellules épidermiques offrent des contours irréguliers, et il y existe de nombreux stomates. C'est donc dans le limbe du même côté que le bois et non du méme cóté que le liber, comme c'est lecas général, que se rencontrent les stomates. A la base du pétiole de la première feuille, c'est-à-dire avant la torsion, la répartition des stomates est inverse, c'est sa face inférieure qui en présente le plus; on en trouve beaucoup moins sur sa face supérieure. Le tissu en palissade ne m'a pas paru bien caractérisé chez P Allium ursinum. Le mésophylle a la méme structure dans toute l'épaisseur du limbe, il est formé de cellules prismatiques dont les plus grandes dimen- sions sont paralléles à la surface du limbe. Nous voyons, d’après cet exposé, que l'Alstremeria psittacina et l'AI- lium wursinum présentent Ja méme série de phénomènes : les feuilles, par une torsion ou une courbure de leur pétiole, tournent vers le sol leur face supérieure, de sorle que dans le limbe c'est vers le haut que se trouve le liber. Les stomates se rencontrent sur la face du limbe devenue inférieure et n'existent pas sur l'autre. Les caractères extérieurs des deux faces sont totalement échangés, de sorte que la premiére apparence des feuilles est de présenter une orientation normale. Au contraire, dans les plantes suivantes la face inférieure, quoique tournée vers le ciel, gardera tonjours nee caractère distinctif qui permettra de reconnaitre immé- diat t que l'orientation des feuilles a été changée. Alium ciliare, fallax, nutans. — L’ Allium ciliare a des feuilles très longues et très étroites, où l'on ne peut distinguer limbe et pétiole, et qui se retournent par suite d'une torsion à la base du limbe. Ces feuilles, d'un tissu peu résistant, sont généralement couchées sur le sol et leur coupe transversale a la forme d'un V renversé, à pointe dirigée vers le ciel. Comme le limbe, les cellules épidermiques sont très étroites et allon- gées. Les stomates sont peu nombreux. On peut cependant constater qu'il y ena un peu plus dans la partie terminale de la feuille que vers sa base, el aussi plus sur la face supérieure tournée vers la terre que sur l'autre face. L'Allium fallax et 'Allium nutans tordent leur limbe non seule- ment d'une demi-circonférence, mais d'une circonférence entière, et méme davantage; et cette torsion, au lieu de se produire en un seul point, se répartit sur toute la longueur du limbe, de sorte que pav endroits l'orientation est normale et ailleurs renversée, et qu'il existe toutes les positions intermédiaires. Dans ces deux plantes le nombre des stomates DUFOUR. — INFL. DE L'ORIENTATION SUR LA STRUCT. DES FEUILLES. 213 est sensiblement le méme sur les deux faces, il augmente à mesure qu'on examine des régions plus voisines de la pointe. p — Cette plante présente aussi ses feuilles retournées, mais cela tient à une cause tout autre que celles dont nous avons jusqu'ici constaté les effets. Les jeunes rameaux, au lieu d'étre dressés plus ou moins verticalement l'extrémité en haut, ont tous leur pointe dirigée vers la terre; il en résulte que les feuilles tournent aussi vers le sol leur face supérieure. On peut dire que les nervures, quoique peu marquées, font cependant saillie sur la face inférieure. Chez les jeunes feuilles cetteface est un peu plus pàle que l'autre, mais cette différencetend à s'effacer dans les feuilles plus âgées. Ici encore c'est exclusivement la face supérieure qui porte des sto- mates, et c'est naturellement de ce cóté que se trouve le bois; le liber est tourné vers le haut. C'est sur cette plante que j'ai constaté à la face infé- rieure, ici la plus éclairée, le parenchyme en palissade le mieux carac- térisé, De plus l'on sait que les faisceaux foliaires sont fréquemment entourés d'une zone fibreuse, qui est également développée tout autour du faisceau, ou, si elle l'est inégalement, elle l'est davantage du cóté du liber, sur la face inférieure dela feuille. Ici cette inégalité se manifeste, mais c'est du cóté du bois sur la face supérieure que l'on constate le plus grand développement des fibres. Graminées. — C’est dans la famille des Graminées que l'on rencontre peut-étre le plus d'exemples du chang t d'orientation des faces du limbe. Aussi le fait a-t-il été déjà plusieurs fois signalé. De Candolle (1) cite des observations de Mayer relatives à ce sujet. Dutrochet (2) men- tionne diverses espéces qui présentent ce phénoméne, et il ajoute que ce fait est en relation avec la présence de «cavités pneumatiques super- ficielles » sur la face qui devient la moins éclairée. Braun (3) mentionne que chez certaines espéces on constate une torsion, chez d'autres une courbure. Pfitzer (4) indique une autre circonstance dans laquelle les quantités de lumiére recues par les deux faces sont l'inverse de ce qu'elles sont habituellement. C'est lorsque le limbe s'enroule de facon que la face supérieure soit concave et l'inférieure convexe. Celle-ci alors ne porte que peu ou méme point du tout de stomates, tandis que l'autre en est abondamment pourvue. Enfin Duval-Jouve (5) parle aussi de la torsion (1) Organographie végétale (1827). Vol. I, p. 276. 2) Recherch tomiques et physiologiques, p. 120 3) Loc. cit. An "i Phitzer, Beiträge zur Kenntniss der Hautgewebe der Pflanzen: (Pringsh. Jahrb. Vol. VII, 1869-1870, p. 559). ; (5) Stomates des Graminées (Bull. de la Soc. bot. de Fr., t. XVIII, 1871, p. 231); Histotazie des feuilles de Graminées (Ann. des sc. nat., 6* série, t. I, 1875, p. 314). T. XXXIII. (SÉANCES) 18 914 séance DU 98 mar 4886. des feuilles de plusieurs Graminées, et il indique la coexistence de ce fait avec la présence de stomates, sinon exclusive, du moins prépondérante sur la face supérieure tournée alors vers le sol. Le fait est particulière- ment net sur diverses espéces qui présentent de fortes nervures entre lesquelles sont de profonds sillons. C'est uniquement dans les sillons que l'on trouve des stomates. Duval-Jouve cite, entre autres espéces, le Tri- ticum junceum, le Spartina versicolor, le Gynerium argenteum. Dans les Graminées, le changement d'orientation des feuilles est général t facile à r itre, parce que les nervures font saillie sur la face inférieure. J'ai examiné un assez grand nombre d'espéces et j'ai pu constater les faits suivants : Dans une méme espéce il peut y avoir soit torsion, soit simplement courbure du imbes c'est ce que l’on voit dans le Spartina cynosuroides, le Brachypodi ilvaticum, l Elymus sabulosus. La torsion, quand elle a lieu, peut se faire dans un sens ou dans l'autre; Y Alopecurus pra- tensis, par exemple, le montre nettement. Elle se fait, suivantles espéces, dans les régions les plus diverses du limbe. Ainsi le Glyceria spectabilis se tord tout prés de la gaine; le PAleum pratense, le Briza media, vers le milieu du limbe; l'Alopecurus nigricans, près de la pointe. Quant à la répartition des stomates, il est trés exact de dire qu'en géné- ral dans ces divers cas c'est la face supérieure qui en présente le plus, car c'est le cas du plus grand nombre des espéces tordues. Mais il nefaut pas croire que le fait soit vrai pour toutes ces espèces. On trouve toute une série d'intermédiaires entre le cas où ces organes ne se présentent qu'à la face inférieure, et celui où ils existent exclusivement sur la face supérieure. Ainsi: Stomates uniquement sur la face inférieure : Spartina cynosuroides. En plus grand nombre à la face inférieure : Glyceria spectabilis. A peu près également sur les deux faces : Alopecurus pratensis. En plus grand nombre à la face supérieure : Festuca gigantea, Lo- lium italicum. Uniquement à la face supérieure : Gynerium argenteum, Melica Magnolii. Chez ces dernières plantes, on trouve à la face inférieure, entremé- lées aux cellules épidermiques ordinaires allongées, des cellules beau- coup plus courtes; ce sont vraisemblablement des cellules-méres de sto- mates arrétées dans leur développement. Certaines Graminées éprouvent, comme les Allium nutans et fallax cités plus haut, une torsion d'une circonférence complète et méme davan- lage, répartie sur le limbe entier dont les diverses parties présentent ainsi toutes les orientalions. Tel est le Triticum villosum; il posséde des stomates sur ses deux faces, un peu plus à sa face inférieure. | | DUFOUR. — INFL. DE L'ORIENTATION SUR LA STRUCT. DES FEUILLES. 215 Enfin j'ai étudié une plante dont le limbe est enroulé de facon que les deux bords de la feuille se touchent presque, limitant ainsi une fente longue et étroite que tapisse l'épiderme supérieur; l'épiderme inférieur est du cóté extérieur. Chez cette plante, le Festuca glauca, l'épiderme supérieur est alors trés mince, trés facile à détacher des couches sous- jacentes; il est formé de cellules courtes, très petites, et les sfomates y sont extrémement nombreux. L'épiderme inférieur, au contraire, adhère fortement au mésophylle qui l'avoisine, il est constitué par des files de cellules allongées et ne présente aucun stomate. De plus, à l'inverse de ce qui a lieu quand une seule des faces d'une feuille est velue, c'est ici la face supérieure concave qui est pourvue de poils, qui sont d'ailleurs assez courts et pas trés abondants. On n'en rencontre pas sur la face inférieure convexe. Nous voyons, en résumé, que c'est par les procédés les plus divers que les plantes modifient l'orientation de leurs feuilles ; mais, quel que soit le moyen employé, on peut dire que ce changement a pour résultat de placer la face inférieure de la feuille dans les conditions où se trouve habituellement la face supérieure et réciproq t. À ce chang t dans les conditions extérieures correspondent des changements dans la ` forme des cellules épidermiques, dans la répartition des stomates, dans le développement du tissu en palissade. Les faisceaux n'éprouvent aucune modification, c'est-à-dire que jamais, par exemple, le liber ne se trouve dans de semblables feuilles du côté tourné vers le sol. Il se constitue sur la face inférieure ou dorsale; et, quand cette feuille se retourne, il se trouve porté vers le haut. Cette inversion dans les caractéres des deux feuilles se présente à des degrés fort différents; je les ai indiqués chez les Graminées pour la dis- tribution des stomates. Le cas extréme est celui étudié en premier lieu de l’Alstræmeria psittacina et de l'Allium ursinum, où les deux faces ont échangé leurs caractères à un tel point que l'on croirait avoir devant les yeux des feuilles normalement orientées. M. Cornu dit que les feuilles des Bomarea présentent le phéno- mène du retournement au même degré que les Alstræmeria. M. Chatin dit qu'il a constaté cette année la présence, en bel état, du Calla palustris, naturalisé dans la « Mare ténébreuse » du bois des Molliéres aux Essarts-le-Roi. Cette plante avait été apportée de Marly et déposée dans la mare, en 1864, par M. de Scheenefeld, en présence de MM. Fournier, Paul de Bretagne, D* Jamin, Drevault et Chatin. De ces témoins les deux derniers seulement sont encore vivants. M. Chatin ajoute que l'Ozycoccos palustris, disparu à 216 SÉANCE DU 28 Mar 1886. Saint-Léger et à Rambouillet par suite des travaux de desséche- ment, est très prospère dans les mares à Sphagnum du bois Saint- Pierre des Essarts ou il l'a introduit. Ó M. Bonnet annonce la découverte de l'Anemone ranunculoides dans la forêt de Fontainebleau, prés de l'Obélisque. Il fallait na- guère aller dans l'Oise sur les limites de la flore parisienne pour rencontrer cette espèce. M. Malinvaud rappelle qu’il l’a naguère récoltée dans la basse forêt de Coucy, prés de Folembray (Aisne); elle y était extrême- ment abondante, ainsi que le Maianthemum bifolium, le Paris quadrifolia, Alium ursinum, etc. M. Cornu dit qu'il a trouvé le Luzula masima sur un terrain calcaire aux environs de Gisors. M. Malinvaud a fréquemment observé cette Luzule dans le centre de la France, notamment dans la Haute-Vienne où elle est com- mune; il l'a toujours vue croître sur un sol siliceux. M. Rouy confirme cette observation. — M. Chatin a récolté le Luzula mazima sur le calcaire à Vernon et prés d'Honfleur, puis sur la silice dans les Ardennes et ailleurs. Cette plante ne parait donc pas avoir de préférence marquée. -= M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture de la communica- ` tion suivante : OBSERVATIONS SUR LES OVULES ET LA FÉCONDATION DES CACTÉES, par M. Léon GUIGNARD. Bien que nos connaissances sur la fécondation des Phanérogames semblent aujourd'hui assez approfondies, il ne sera peut-étre pas sans intérét d'indiquer les résultats que m'a fournis, à ce point de vue, l'étude des Cactées du genre Cereus, qui ont attiré à plusieurs reprises l'atten- tión des observateurs. On a prétendu, il y a quelque temps (1), que chez les Cereus aucun tube pollinique ne pénétre dans le style. Dans le C. grandiflorus notamment, le tissu conducteur formerait un tube dont la nature et l'exiguité seraient lelles qu'« on ne peut admettre qu'il puisse. livrer passage à l'énorme quantité de tubes polliniques nécessaires pour féconder individuellement tes ovules, dont le nombre s'éléve à environ 3000 pour une fleür ». Aus- (4) J. Kruttschnitt, in The American Montly Microscop. Journal, 1882, et Bull. de la Soc. bot. de Belgique, 1883. GUIGNARD. — OVULES ET FÉCONDATION DES CACTÉES. 211 sitôt qu'ils commencent à s'allonger, les tubes déverseraient leur contenu dans le tissu conducteur qui, dés la base du style, se prolonge sur les pla- centas et sur les funicules ovulaires pour transmettre aux ovules la sub- stance fécondante. Je crois inutile de citer d'autres assertions non moins surprenantes émises par l'auteur de l'opinion qui précéde, à propos des Cactées, qui lui auraient fourni, dit-il, « des preuves mathématiques» de l'impossi- bilité d'une fécondation par le mode admis par tous les observateurs. M. Strasburger a déjà constaté, dans ses derniers travaux (1), que les tubes polliniques, én germant sur le stigmate du C. grandiflorus, pé- nétrent dans le tissu conducteur; cependant il n'a pu les suivre jusqu'à l'ovule. J'examinais en méme temps, de mon côté, à des intervalles forcément assez longs par suite de la rareté des matériaux nécessaires, un certain nombre de fleurs de diverses espèces qui m'ont permis d'aller beaucoup loin et qui, de plus, à d'autres points de vue, m'ont également présenté quelques faits dignes d'attention. Dans les Cereus, l'ovule est porté à l'extrémité d'un funicule relative- ment trés long, qui est lui-même une ramification d'un tronc principal pourvu d'un faisceau fibro-vasculaire d'autant plus gros que le nombre des branches qu'il émet est plus élevé. Ce tronc commun peut fournir dans le C. tortuosus, que je prendrai pour exemple, jusqu'à 30 branches ou funicules secondaires, se terminant chacun par un ovule, À ma connaissance, une semblable ramification n'a pas encore été signalée. La longueur et le nombre des branches du funicule principal varient néces- sairement, et de maniére que les ovules puissent occuper aussi bien la partie centrale que la périphérie de la cavité ovarienne. L'ovule campylotrope a son mieropyle ramené presque au contact du funicule qui le porte et qui se recourbe sur lui comme une boucle pour le recouvrir. Le tronc principal, sur tout son pourtour, et chacune de ses branches, sur sa face concave voisine du micropyle, portent des papilles ou des poils qui provi t de l'allong t des cellules super- ficielles et se dirigent obliquement vers l'ovule. Par le fait méme de la courbure du funicule, les poils les plus rapprochés de l'ovule arrivent au contact du micropyle. Ils représentent le tissu. conducteur à l'intérieur de l'ovaire, et l'on devine facilement que cette disposition a pour but de permettre aux tubes polliniques d'arriver plus facilement jusqu'aux ovules situés au centre de la cavité ovarienne, laquelle peut avoir, dans quelques espèces, près de 2 centimètres de diamètre au moment de la fécondation. (1) Neue Untersuch. ueber den Befruchtunsvorgang, 1884. 278 SÉANCE DU 28 mar 1886. Il en est ainsi dans les Cereus que jai pu examiner (C. tortuosus, C. Martini, C. Jamacaru, C. pentag GUB anni), et à un certain degré dans les Echinocactus, si l'on en juge par quelques espèces. Les poils contiennent de nombreux grains d'amidon, qui existent aussi dans les cellules sous-jacentes, mais l'ovule en est dépourvu. Le tégument ovulaire interne fait saillie en dehors de l'externe, et son extré - mité s'évase en recouvrant les bords de ce dernier. Dans le C. tortuosus, la vingtième partie des ovules seulement est fécondée, bien qu'il réunisse les meilleures conditions possibles pour que les tubes polliniques arrivent à leur destination. Si l'on remarque que le style a plus de 6 centimétres de longueur, on s'expliquera plus facilement qu'il s'écoule un temps assez considérable entre le moment de la pollinisation et celui dela fécondation; d'aprés mes expériences, ce n'est guère que la troisième semaine aprés la germination du pollen sur le stigmate que les tubes parviennent aux ovules. Dans nombre d'ovules, j'ai vu le tube pollinique pénétrer en se ren- flant dans le micropyle, ou plus exactement entre les bords accolés du tégument interne, qui présentent au centre une teinte légérement jaune et un commencement de gélification des membranes cellulaires destiné à la fois à retenir le tube pollinique et à faciliter sa pénétration. Les es- pèces de bouchons ou diaphragmes réfringents qui cloisonnent ordinaire- ment les tubes polliniques, en arriére de leur contenu protoplasmique, au fur et à mesure qu'ils s'allongent, sont rares chez les Cereus, ce qui augmente la difficulté qu'on a souvent de distinguer les tubes parmi les poils qui les entourent. La paroi du sac embryonnaire, au sommet, est gonflée et se confond avec la partie supérieure des synergides transformée en une calotte ré- fringente; à côté d'elles, et un peu au-dessus, est insérée l'oosphére, toujours b p plus volumi et au moins une fois plus longue que les synergides. Arrivée au contact du sac embryonnaire, l'extrémité du tube se renfle, soit en restant arrondie, soit en s'étalant contre la - paroi avec laquelle elle se confond bientôt, soit même en poussant laté- ralement un prolong t qui va s’appliq vis-à-vis de l'oosphére. Dans le protoplasma réfringent qui la remplit, j'ai vu parfois la sub- Stance chromatique du noyau encore incomplétement diffusée peu de temps avant son passage à travers la paroi. Dans tous les cas, une fois qu'elle a traversé la membrane gonflée, ramollie et brillante, on ne la retrouve plus immédiatement au contact de l'extrémité du tube; sous l'influence de la poussée qu'elle subit, elle parvient rapidement dans l'oosphére. A aucun moment je n'ai pu apercevoir ni ponctuations, ni pores, dans la membrane gonflée qui forme l'extrémité du tube. M. Strasburger croit | | | GUIGNARD. — OVULES ET FÉCONDATION DES CACTÉEs. 219 pourtant que, d'une facon générale, les tubes polliniques sont pourvus, comme toutes les membranes cellulaires, de ponctuations trés fines qui laissent facil t passer le protopl Hofmeister a signalé jadis la présence, chez les Sapins, d'un gros pore à l'extrémité du tube polli- nique, et chez les Pins, de nombreux pores. Bien qu'il soit logique de supposer que, si les ponctuations ou les pores existaient réellement dans la généralité des cas, ils devraient servir au passage, leur présence ne ' parait pas indispensable. La membrane du tube, ayant changé de nature et perdu les réactions de la cellulose normale, peut devenir perméable par simple ramollissement. Dans les nombreux tubes polliniques qui ont passé sous mes yeux, la membrane présentait, aprés le passage du con- tenu, le même aspect qu'au moment où il allait avoir lieu et paraissait continue sur toute sa surface. Parfois aussi elle s'amincit à un tel point, sous l'influence dela pression qu'elle subit, qu'elle ne semble plus dis- tincte du contenu réfringent, formé à la fois par le protoplasma et le noyau diffusé; dés lors, on peut la comparer tout entière à la membrane mince d'une ponctuation. Le tube pollinique est ordinairement rempli de granulations amylacées très fines, qu'on met facilement en évidence par le chloroiodure de zinc dans les préparations durcies avec l'aleool absolu. On les retrouve mé- langées au protop et à la subst nucléaire qui ont traversé la membrane; de sorte que, pour suivre le tube el en étudier la forme et les rapports avec l'appareil sexuel femelle, il suffit parfois d'avoir recours à la réaction de l'amidon. On a vu précédemment que le funicule ovu- laire et les poils dont il est recouvert sur sa face concave en sont abon- damment pourvus. Méme aprés la fécondation et les premiers cloison- nements de l’œuf, la substance amylacée semble affluer par le tube pollinique, qui jouerait ainsi un double rôle. Cette particularité n'est pas sans rappeler ce qui se passe chez certaines Orchidées, où le suspen- seur embryonnaire est formé de longues cellules qui sortent de l'ovule et remontent le long du funicule poür aller chercher jusque dans le pla- centa des matières nutritives utilisées par l'embryon. La présence de l'amidon dans le tube pollinique et dans le mélange de protopl et de subst nucléaire qui a traversé son extrémité permet d'entrevoir le rôle encore discutable des synergides dans l'acte de la fécondation. M. Strasburger ne l'envisage plus aujourd'hui de la méme facon que dans ses premières recherches: les synergides seraient surtout des nourrices de l'œuf. En général, le conténu de ces deux cellules change d'aspect au mo- ment de l'arrivée du tube pollinique; il devient réfringent et homogène, aprés la disparition de la vacuole qui en occupait la partie inférieure. Quelquefois pourtant, les synergides ne m'ont présenté aucun change- 280 SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. ment appréciable, alors même que la substance nucléaire, qui se ras- semble pour former le noyau mâle, était déjà dans l’oosphère. Dans ce cas, il est évident qu'elles n'ont pas reçu le contenu du tube pol- linique pour le céder à l'oosphére; car, s'il en était ainsi, on ne com- prendrait pas qu'elles eussent conservé leur aspect primitif. Mais ce qui vient surtout appuyer cette opinion, c'est que, dans plusieurs de mes préparations, les granulations amylacées formaient une traînée se diri- geant de l'extrémité du tube pollinique dans l'oosphére et rendaient ainsi b p plus ifeste le trajet suivi par le contenu protoplasmique et nucléaire, auquel elles étaient uniformément mélangées. On peut trouver aussi des grains d'amidon dans les synergides, lorsque la fécondation va se faire ou qu'elle a eu lieu. Dans les Cereus, elles en reçoivent aussi du tube pollinique, mais seulement après la pénétra- tion directe de la substance fécondante dans l'oosphére, et au moment où elles deviennent diffluentes. D'ailleurs, on ne pourrait affirmer que, d'une facon générale, elles ne concourent jamais à la fécondation ; étant donnée leur situation par rapport à l'oosphére, il serait étonnant qu'elles ne ser- vissent jamais d'intermédiaire entre le tube pollinique et la cellule fe- melle. En tout cas, la grosseur du tube pollinique à son extrémité, dans le mieropyle et au voisinage de l'appareil sexuel, et la présence à son intérieur de nombreux grains d'amidon permettent de saisir, chez les Ce- reus, mieux peut-être que partout ailleurs, ses rapports avec la cellule femelle et les synergides dans l'acte de la fécondation. M. le Président annonce que la session ordinaire est suspendue jusqu'au 9 juillet, la Société devant se réunir extraordinairement à Millau le 12 du mois prochain. SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. PRÉSIDENCE DE M. A. CHATIN. Reprise de la session ordinaire à Paris. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 28 mai, dont la rédaction est adoptée. M. le Président fait connaitre une nouvelle présentation. M. Ramond, trésorier, donne lecture du Rapport suivant : A. RAMOND. — SITUATION FINANCIÉRE. 281 NOTE SUR LA SITUATION FINANCIÈRE A LA FIN DES ANNÉES 1884 ET 1885, ET PROPOSITIONS POUR LES BUDGETS DE 1886 ET 1887. Les deux années 1884 et 1885 ont été pour notre comptabilité des années de transition, qui nous auront conduits, à partir de 1886, à une situation normale. Je présente par ce motif à la Société les comptes de ces deux années simultanément, mais distinctement d'ailleurs. Grâce aux démarches de M. le Secrétaire général, les cotisations arriérées se trou- vent soldées. Vous verrez par le compte de 1884 que le produit des coti- sations annuelles y figure pour 12,454 fr. 50, tandis que, d’après le nombre des membres de la Société, ce produit eùt été, pour l'année seule, de moins de 9,000 franes. En méme temps, l'intervention du Comptoir d'escompte .pour les recouvrements à domicile donnait les résultats qu'on en avait attendus. Aujourd'hui ces recouvrements s'effectuent avec régu- larité dés les premiers mois de l'année, et nos exigences à cet égard sont pleinement justifiées par la régularité compléte que la Société ap- porte à la publication de son Bulletin. Nos recettes et nos dépenses pour- ront ainsi à l'avenir étre comprises dans les comptes mémes des années auxquelles elles se rapportent. ANNÉE 1884. fr. c. La Société avait en caisse à la fin de l'exercice 1883........... .. 29,801 99 Elle a recu pendant l'exercice 1884.........,............. 20,374 05 test ub: OLI do: oo MP MR PS PR ane UE 50,176 04 PUR DUUM € Red NP CDI VESTE ECHO 15,345 42 Excédent des recettes... .................. RTE LE ieo 34,830 62 Il y a eu, en outre, à porter à l'actif, pour conversions de valeurs et fonds en dépôt. .. .. 13,324 70 Et au passif, pour le méme objet, une somme Wines SOPRANO ET ET 13,324 70 (Balance.) L'excédent des recettes est représenté par les valeurs ci-aprés : Rente de 1100 fr. sur l'État (4 titres nominatifs, n* 233,064, 8* série, 269,340, 275,681 et 279,131, 6* série, et 4 titres au porteur, n° 0,480,945, 0,256,073, 0,398,736, 0,419,276) :. Capital, d’après le cours de la Bourse à l'époque où la Société est devenue pris de ces titres... 2... es Dépót au Comptoir d'escompte. Numéraire. .,......s.e.cescseseree ; Total (comme ci-dessus) ....... . -34,830 62 282 SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. A4 Les recettes et les se décomposent comme suit: RECETTES. Solde en caisse à la fin de 1883..... SW Dee D nee n 414 cotisations annuelles (3 pour 1880, 20 pour 1881, 45 pour 1882, 97 pour 1883, 242 pour 1884, 7 pour 1885), à 30 francs.............. <. 12,420 » Soldes de cotisations................ 34 50 j Lg e ee 7 cotisations à vie, à 300 francs 2,100 LÀ 2 diplômes à 2 fr. et 9 diplômes à 5 fr............. 49 » "Vente. du Ballett... eue css ver de se eren 1,009 re s d pour excédents de pages et frais de Daneo Bund EM HA NOM RAT ARE ed vo60,01010 baton du Ministère de l'Agriculture et du Com- ne ne ce mn A es PEDI ,000 » Subvention du Ministère de l’Instruction publique... 1,000 » Tte Bu PEAR o od ODE TUO Le 1,065 » Intéréts du dépót au Comptoir descompte.. RT gaa Y 5 TUE D nee CUOI TI quesos ees DÉPENSES. Impression du Bulletin (4116 fr. 35 pour 1883, nte fr. 15 pour ABS SCORPIO PR MN re 7,680 Revue bibliograph. et ‘Table (rédaction) (432 fr. pour 1883, 604 fr. pour 1884). 1,036 » Frais de gravures........... doboboobe: 191 405 4 Brochage du Bulletin.................. 561 15 IR Port du Bullenz...... erre rere 444 82 Circulaires et impressions diverses... A 116 » La CHEER CIR NOSE TODAS SORTIS 1,212 50 Ab our chauffage et éclairage. 200 » Frais divers (contributions, assurances, timbres, ports de lettres, rémunéra- 3,905 55 tions diverses, etc.)........... Fe 1,246 50 Bibliothèque, herbier et mobilier....... 999 95 Dépenses extraordinaires, ............. 246 60 Honoraires du conservateur de l'herbier. 500 » Honoraires du trésorier adjoint........ 500 »1 1,350 » Gages du garçon de bureau............ 350 » Excédent de recettes (comme ci-dessus)... .. ge sie fa dU «V 6 29,801 99 20,374 05 50,176 04 15,345 42 34,830 62 Les conversions de valeurs et les opérations d’ordre ont donné les résultats ci-après : A. RAMOND. — SITUATION FINANCIÈRE. 283 š Encaisse à la fin de 1883................. 22,905 76 Rente sur l'État. | Achat de 140 fr. de rente 3 pour 10! °3,639 70 Encaisse à la fin de 1884 (comme ci-dessus). 26,545 46 Encaisse à la fin de 1883...... 3,836 85 Compt. descompte.) Versements............. + 6,170 » $ 10,063 40 Intérêts 56 55 Remboursements : 3,285 » A déduire. ) Frais de recou- 3,321 85 erement.......- En caisse à la fin de 1884 (comme ci-dessus). 6,741 55 En caisse à la fin de 1883...... RO jam ET] Fonds en dépôt. 4 Regu en dépôt .…...................... 230 » Dépôt remboursé. ................., ev 230 >» (Balance.) ANNÉE 1885. fr. c. La Société avait en caisse à la fin de l'année 1884............... 34,830 62 Elle a reçu pendant l'année 1885................,......... 15,790 60 Cest un total de224 2:030. 2355. IIO 50,621 22 Les dépenses ont été de......... a EEE EE UNES 14,484 75 Excédent des recettes......... eid.l2. DERI ANTE 36,136 47 Il y a eu, en outre, à porter à l'actif pour conversions de valeurs et fonds en dépót... 15,283 95 Et au passif, pour le méme objet, une somme égale, Qi es Uer fa per. Ni o ed 15,983 95 (Balance.) L'excédent des recettes est représenté par les valeurs ci-aprés : Rente de 1200 fr. sur l'État (5 titres nominatifs, n° 233,064, 8* série, 269,340, 275,681, 279,131, 6* série et 0,332,172, série 6, et 4 titres au porteur, n°” 0,480,945, 0,256,073, 0,398,736 et 0,419,276) : Capital d'aprés le cours de la Bourse à l'é époque où la Société est devenue propriétaire d6 cid titfes 4 AR... 2e. AA 29,238 94 Dépôt au Comptoir d'escompte..... 4,160 77 Numéraire....... ier TOMOS GEH 2.136 79 Total (comme ci-dessus)....... 36,136 47 Les recettes et les dép $e décomposent comme suit : 984 SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. RECETTES. Solde en caisse à i fin de 1885 5... à 2e a ner eren eere ves 985 cotisations annuelles (1 pour 1881, 4 pour : 1882, 7 pour 1883, 18 pour 1884, 253 pour 1885, 2 pour 4886). 4.40 franeSc. . 5. unes 8 550 » nS Soldes n cotisations. .......... T 45.» 8665 » 5 diplômes, à 5 francs........................... 95 » 7 cotisations à vie, à 300 E RIO PE à 2,100 » Vente du Bullóun;z2 5.529000. PROLES EN 03 RARES 1,693 Remboursement pour excédent de pages et frais de gravures.. «sos eene enhn entente 190 » Subvention du Ministère de l'Agriculture et du Com- sensi c PT ,000 » Subvention du Ministère de I' Instruction publique.... 1,000 » Rente sur l'État (arrérages). ................... 2:5: 40055) Intérét de notre dépót au Comptoir d'escompte...... 76 75 Recettes accidentelles 5 DÉPENSES. Impression du Bulletin (626 fr. 75 pour 1883, 2107 fr. 15 pour 1884, et 4995 fr. 30 pour 1885)..... 7,729 90 Revue bibliogr. et Table (honoraires)... 964 » Frais de gravures zo FREE, 4 an 231 25 £ Brochage du Bulletin. 45i SOli 9957 67 Port Balleün. . £e ANS Eh ee ane ee « 464 42 Circulaires et impressions diverses es Mi LEE NES DAN M CR 1,250 » Chauffage et éclairage. NEC 200 » Frais divers (contributions, assurances, timbres, ports de lettres, rémunéra- 3,77 08 tions diverses, ete.)............... 1,178 88 Bibliothéque, herbier et mobilier GE QT 381 20 Dépenses extraordinaires. .........,.. 167 » i Honoraires du conservateur de l'herbier. 500 » Honoraires du trésorier adjoint. ....... 500 »( 1,350 » Gages du garçon de bureau...... As tA 350 » Excédent des recettes (comme ci-dessus)... .... V DV E Vor 31,830 62 15,790 60 50,621 22 14,484 75 36,136 47 Quant aux conversions de valeurs eti aux opérations d'ordre, elles ont donné les résultats ci-aprés : A. RAMOND. — SITUATION FINANCIÈRE. 285 : Encaisse à la fin de 1884..............,.. 26,545 46 Rente sur l'État. | Achat d'un titre de rente de 100 francs en 3 pourd00 97725 opp encore eI ve 2,693 45 Encaisse à la fin de 1885.............. ... 29,238 91 ( Encaisse à la fin de 1884............ eese: 6,741 55 Compt. d’escompte.} Versements.................. 5,220 50 5.997 95 l Intérét de notre dépôt... 76 75 T 12,058 80 Remboursements. 7,170 » A déduire. | Frais de recou- 7,278 03 vrement...... 108 08 En caisse à la fin de 1885............... 4,760 77 Encaisse à la fin de 1884................. CRETE Fonds reçus en dépôt. | Regu en dépôt, 4 15s 200 » Remboursé.. .......... t 200 » (Balance.) Depuis la clóture des comptes de l'année 1885, j'ai payé, pour les impressions de cette méme année ou des années antérieures, une somme de. — 3,323 80 1l faut, en outre, prévoir pour l'impression des tables de 1884 et de 1885, une dépense d'environ... ......................... 700 » Nous arriverons ainsi, pour l'apurement complet de nos dépenses jusqu'au 1°" janvier 1886, à un total de...................... 4,023 80 Notre solde en caisse à la màme date étant, comme je l'ai indiqué DRE EE Te ET CURE RCA rede STI SN 36,136 47 L'avoir effectif de la Société au 1°" janvier 1886 était, par consé- quent, de..... m Beta Quer QUE CHATTE $344 MERE St tede 32,112 67 Il me reste à soumettre à l'approbation de la Société le projet de bud- get pour 1886 et 1887. Voici les prévisions pour les recettes : 290 cotisations à 30 francs..." CRUE SES HT SD (Déduction faite des membres à vie, la Société compte actuellement 500 Membres. Le produit des cotisations annuelles pourrait donc étre évalué à 9,000 fr. Mais, pour tenir compte des retards de payement et des autres incidents qui pourront se produire, on limite les prévisions i à 8,700 francs.) À cotisations à vie, à 300 fr 10 dpi. Vb fe... i eo vo ISI PEEL 286 SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. Ventéidu Bulletin.:....2....... voids] MAURA ES sde tres Remboursements pour excédent de pages et frais de gravures. Subvention du Ministère de l’Agriculture................... Subvention du Ministère de l'Instruction publique.......... Bon EN d'A TR A i EEE Intérêts du dépôt au Comptoir d’escompte Totale DEI RA ED OE Les dépenses pourraient étre évaluées comme suit : Impression du Bulletin.................... 6,500 á E d ur een 22 feuilles. < Rue 208 2 Selon et Table. 8 S È h z F 745 feuilles. 5'7 )Revue bibliographique et Table (rédaction). 1,180 a & [Frais de gravures................... ene E | Brochage du Bulletin. . 450 x | Port du Bulletin... 460 Circulaires et impressions diverses 150 l6ftrob zekisp cai daeur TANO: 1,250 Chauffage et éclairage.............. 200 Loyer et frais | Frais divers (assurances, contributions, du timbres, ports de lettres et tous autres matériel. MERS ASP TR NAS E 1,100 Bibliothèque, herbier et mobilier..... Dépenses extraordinaires. ........... Honor. du conservateur de l'herbier.. 500 Personnel. {Honoraires du trésorier-adjoint....... 500. Gages du garcon de bureau. ......... 350 Total pour les dépenses.. ............. En résumé : La rotette serait de. sm eme "PRECII PS La dépensé dé... sets dcn Vn EAD | FES L'exercice pourrait se solder par un excédent de............ Cet excédent viendrait en accroissement de notre capital. J'ai l'honneur de proposer à la Société : 13,340 8,940 » 3,050 x 1,350 » {v 14,560 13,340 » 1,220 > D'ordonner le renvoi des comptes de 1884 et 1885 à la Commission de comptabilité ; D'approuver le projet de budget ci-dessus. Les conclusions de ce rapport, mises aux voix, sont adoptées, et MALINVAUD. — LA SESSION DE MILLAU, 281 l'assemblée, sur la proposition de M. le Président, vote des remer- ciements unanimes à M. le Trésorier pour les heureux résultats de sa gestion financiére. Sur l'invitation du Président, le Secrétaire général donne quel- ques détails sur la récente excursion de la Société dans les Cé- vennes : Cette session, dit-il, a rappelé les beaux jours de celle d'Antibes et laissera aussi un ineffaçable ‘souvenir à Pour qui y ont assisté. Nous nous sommes trouvés réunis plus de cinq uns venus de fort loin, qui avons pris part à des herborisations fructueuses, et par un temps presque toujours à souhait, au sein d'une nature pittoresque et grandiose. On pourrait croire à priori quelque peu téméraire de conduire une aussi nombreuse compagnie dans la solitude des causses de cette région; une parole autorisée nous avait donné à cet égard un sage aver- tissement (1). Heureusement un génie bienfaisant, véritable providence des botanistes, nous avait précédés dans toutes nos courses. Des voitures nous transportaient à l'endroit précis où les recherches devaient commen- cer, et d'autres fois venaient à notre avance à point nommé pour nous éviter toute marche inutile. Lorsque, aprés un long trajet à travers col- lines et ravins, nous finissions par atteindre un hameau de pauvre apparence, munis d'une ample récolte en méme temps que d'un robuste appétit, un repas plantureux nous attendait et nous était servi sur une table des plus rustiques entourée de sièges non moins primitifs, soit dans la petite auberge de l'endroit, ou, à défaut de celle-ci, comme à la Cou- vertoirade, dans la salle d'une école, mise obligeamment à notre dispo- sition. Si la longueur de l'excursion ne permettait pas de rentrer le soir à Millau, l'hospitalité chez l'habitant, qui nous la donnait de la meilleure gràce, suppléait au manque d'hótels, et chacun de nous, le soir venu, recevait son billet de log t. Vous i tous le « fourrier mo- . dèle », comme nous l'appelions, qui avait su tout organiser avec une si prévoyante sollicitude; le dé depuis longtemps éprouvé de M. Flahault et les nouveaux services qu'il a rendus à notre Société dans cette circonstance sont au-dessus de tout éloge. M. Malinvaud ajoute que n'ayant pas encore classé les plantes (1) « Vous serez indul gonts, Messieurs, pour nos populations rurales si pauvres, que » l'isolement a laissées jusqu'ici dénuées de ressources, et pour cette hospitalité des » causses, — sans calembour, — à laquelle le confortable est inconnu et qui soup- » conne à peine le nécessaire....... » (Discours prononcé par M. le sous-préfet de Millau, à la séance d'ouverture de la Session.) 288 SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. qu’il a récoltées pendant la session, il a dû ajourner à la prochaine séance la présentation des espèces les plus intéressantes; il mettra en même temps à la disposition de ses collègues un assez grand nombre de doubles qu’il a préparés dans ce but. M. le Président, après avoir rappelé la part que M. Flahault avait prise en 1883 aux préparatifs de la session d'Antibes, s'asso- cie, au nom de la Société, à l'expression des sentiments si légitimes de gratitude dont M. le Secrétaire général s'est fait l'interprète. M. Colomb fait à la Société la communication suivante : ÉTUDE ANATOMIQUE DES STIPULES, par M. &. COLOMB. I 1. Il existe, chez divers végétaux, toute une série d'appendices sur la nature desquels les botanistes sont loin d'étre d'accord; tels sont, par exemple, les vrilles des Cucurbitacées, les appendices foliiformes situés de part et d'autre du pétiole chez les Ipomea, les épines des Azima, celles des Bauhinia (1). Certains auteurs veulent que ces appendices soient de nature stipulaire, d'autres leur refusent cette qualité. Il me semble que cette incertitude provient de ce qu'il n'existe actuel- lement, je crois, aucune définition bien précise de la stipule. C'est donc l'établissement de cette définition que j'ai poursuivi dans la première partie de cette étude. Or les stipules affectent tant de formes diverses, occupent, relative- ment à la feuille, des places si variées, que Ja morphologie externe me parait impuissante à fournir la caractéristique de la stipule. J'ai donc cherché cette caractéristique dans la structure anatomique de l'organe. 2. J'ai, pour cela, soumis à l'examen des stipules incontestées et par- faitement caractérisées prises dans les familles les plus diverses (Papilio- nacées, Cupuliféres, Violariées, Géraniacées, ete.), et j'ai pu me con- vaincre que, dans tous les cas, les faisceaux qui se rendent aua stipules ne sont que des dérivations plus ou moins considérables des faisceaux foliaires avant que ceux-ci soient sortis de la tige et aient pénétré dans la gaine ou le pétiole. Lestiboudois (2) avait déjà remarqué ce fait pour les Galium, qui mal- heureusement ne peuvent donner lieu à aucune généralisation; car le cas (1) Clos, Bull. Soc. bot. de Fr., 2* série, t. 1 (1879), pp- 151 et 189, (2) Lestiboudois, Études anatomiques et physiologiques. Lille, 1840. | COLOMB. — ÉTUDE ANATOMIQUE DES STIPULES. 289 des Galium est, comme nous le verrons, un cas tout spécial, impropre, par conséquent, à servir de point de départ à une théorie générale. D'autre part, M. Van Tieghem (1) soutient depuis longtemps que la sti- pule est une dépendance de la feuille, et il exprime ce fait d'une facon frappante quand il écrit que « toute feuille pourvue de stipules est une feuille composée ». M. de Bary (2) dit qu'ordinairement le système vasculaire des stipules dérive des faisceaux foliaires; mais il cite, d’après Nægeli (3) et Hans- tein (4), les Rubiacées comme s'écartant du type général et les Violariées, le Houblon et le Platane comme faisant exception à la régle. Dans les Violariées et le Houblon, ce seraient les faisceaux foliaires latéraux fout entiers qui se rendraient aux stipules en contractant, toutefois, anastomose avec le faisceau mé- dian. Dans le Platane, les faisceaux foliaires extrémes, fout entiers, et une dérivation des latéraux moyens entreraient dans les stipules. Il en résulterait que, dans certains cas, les faisceaux stipulaires pourraient venir di- rectement du cylindre central. Il deviendrait alors difficile de démontrer la nature folio- laire des stipules, et l'on serait autorisé à soutenir que les stipules sont des organes indépendants, au méme titre que la feuille elle-même. 3. Or un examen attentif des exceptions €eleml 34. signalées m'a convaincu que ces exceptions Fie. 1. — Coupe schématique dans un nœud de Houblon. n'en sont pas. Ainsi les Violariées que j'ai étudiées (V. tricolor, V. striata) rentrent de la façon la plus nette dans la règle générale, et l'observation n'est pas génée par la moindre anastomose. Le Houblon présente une complication plus grande; cependant, là encore, on constate assez facilementque le systéme vasculaire dela stipule est une dépendance des faisceaux foliaires, En effet, le Houblon a ses feuilles opposées. Chaque feuille est accompagnée de deux stipules distinctes entre elles, mais soudées deux à deux avec les stipules de l'autre feuille. Une feuille (fiz. 4) recoitdu cylindre central un vaisseau médian M et deux (1) Van Tieghem, Traité de Botanique, 1° édit., p. 218 et 827. (2) De Bary, Vergleichende anatomie. Leipsig, Ts. (3) Nægeli, Beitr. zur wissenschaft. Bot., I, p. 15, 92, (4) Hanstein, Ueber gürtelfórmige posi iae e ca (Abhandl. d. Berliner Aeudemie, 1857, p. 71). T. XXXIII, (sEANCES 19) 90 SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. latéraux L,. Au point A, c'est-à-dire trés près du point où il émerge du cylindre central, le faisceau L, envoie dans la stipule une ramification Se. Du méme point A se détache un are C d'anastomose établissant la com- munication entre les faisceaux latéraux des deux feuilles opposées. C'est de cet are C que naissent les autres faisceaux stipulaires, sauf toutefois le faisceau S, qui provient, comme Ss, directement du faisceau foliaire Li. La ceinture tomotique est complétée par les t a entre les faisceaux foliaires latéraux L, et le médian M. On voit donc que les fais- ceaux stipulaires sont ici, comme dans tous les autres cas signalés, dé- rivés des faisceaux foliaires. Dans le Platane, les feuilles sont isolées sur les cue nœuds de E tige. Les deux stipules, soudées entre elles, envelopp la tige, au-dessus du nœud, d'une “collerette évasée par le haut et ayant un bord festonné. 7 faisceaux (fig. 2) se détachent du cylindre central : 1 médian M, et 6 latéraux désignés sur la figure par la lettre L. Presque au sor- tir du eylindre central, le faisceau L; émet un rameau S; : c'est le premier stipulaire ; puis, s'incurvant, il distribue sur son trajet les autres vaisseaux stipulaires et va se jux- taposer au faisceau li; avec lequel il entre dans la gaine. Done, dans le Platane les Fie. 2. faisceaux stipulaires sont, comme partout ailleurs, des rameaux de faisceaux foliaires. 4. Or, étant donné le nombre déjà considérable des plantes observées par les divers auteurs et par moi-même; étant donné, en outre, que dans toutes ces plantes, y compris celles autrefois signalées comme ex- ceptionnelles, les choses se passent partout de la méme facon au point de vue de l'origine des faisceaux stipulaires, il semble légitime de géné- raliser. Je propose donc de nommer STIPULE fout appendice inséré sur la tige, et dont le système laire est lusi t formé de dériva- tions empruntées aux faisceaux foliaires, avant que ceux-ci ne soient sortis de Vécorce. lót Hu Cette définition une fois admise, il va nous étre possible de démontrer la nature stipulaire d'un certain nombre d'appendices. 1. Je commencerai par les Rubiacées. Il y a, dans cette famille, cer- tains genres, notamment les genres Galium et Rubia, qui possèdent des COLOMB. — ÉTUDE ANATOMIQUE DES STIPULES. 291 feuilles verticillées en nombre variable, non seulement d'une espéce à l'autre, mais méme d'un verticille à l'autre sur le méme individu. Or, parmi les appendices foliiformes d'un vertieille, il en est qui portent un bourgeon à leur aisselle; on les regarde comme de vraies feuilles; les . autres sont considérés comme des stipules. Cette détermination de la na- ture de l'appendice, basée sur la présence ou l'absence d'un bourgeon à son aisselle, peut étre avec raison regardée comme suffisamment rigou- reuse. Aussi chercherai-je moins à démontrer la nature stipulaire de quelques-uns des appendices foliacés du verticille qu'à obtenir un argu- ment de plus en faveur de la définition que j'ai posée. 2. Prenons comme type le Galium Cruciata, dans lequel le nombre des feuilles ou stipules du verticille a une fixité que ne présentent pas toujours les autres Galium. Les argu- ments d'ordre morphologique mon- trent que chaque verticille se compose de deux vraies feuilles à bourgeon axillaire et de deux stipules. Admet- tons qu'il ensoit ainsi, et voyonssi, en appliquant la définition de la stipule à ce cas particulier, nous arriverions au méme résultat. L'examen de la plante montre qu'à chaque nœud un faisceau M, (fig. 3) se détache du cylindre central pour aller dans la feuille. A peine dans l'écorce, ce faisceau émet de chaque Fic. 3. côté une ramification C, qui va re- joindre la branche C; issue du faisceau M, de l'autre feuille. Il en résulte une ceinture tomoti lète. Aux deux extrémités du diamètre de cette ceinture perpendiculaire au diamètre M, Ms prennent naissance deux faisceaux S, et S; qui se rendent aux appendices correspondants. En vertu de la définition d'une stipule, ces appendices, ne recevant comme faisceaux que des dérivations de faisceaux foliaires, sont des stipules. Dans le cas tout particulier du G. Cruciata, la théorie reçoit donc une remarquable confirmation (1). A quelques différences de détails prés, la marche est la méme dans les autres Galium, les Rubia, les Asperula, et probablement aussi dans beaucoup d'autres Rubiacées : dans tous ces eina oes faisceaux stipu- laires naissent de la ceinture d'anast cir (4) La marche des faisceaux dans le nœud des Galium, Rubia, Asperula, etc., a été vue et figurée par Hanstein en 1857, et prés de vingt ans avant lui par Lestiboudois. 292 ` SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. 3. J'ai lieu de croire qu'inversement tous les faisceaux issus de la ceinture cireumnodale, méme ceux qui se distribuent (fig. 3) aux bords marginaux des vraies feuilles, sont des faisceaux stipulaires. En étudiant, en effet, la marche des faisceaux dans les trois verti- cilles successifs d'un méme rameau de Galium Aparine, le premier ver- ticille ayant 2 feuilles et 4 slipules, le deuxième 2 feuilles et 5 stipules, le troisième 2 feuilles et 6 stipules (fig. 4), j'ai constaté que, lorsqu'un verticille a une stipule de plus qu'un autre, l'une des feuilles a un fais- ceau marginal de moins, et le faisceau marginal qui a disparu est précisé- ment celui qui se trouvait du côté où s'est développée la stipule sup- plémentaire. Pour plus de clarté, examinons la figure 4 : I, II et III représentent les trois verticilles dont il est question plus haut. Dans le verticille I, l'une des feuilles a deux faisceaux marginaux q et b, l’autre feuille n'en a qu'un, c; le verticille II présente une stipule de plus que le verticille I, et cette stipule a, en se développant, attiré, en quelque sorte, à elle le faisceau marginal a le plus voisin pour en former sa nervure. Il est naturel d'expliquer ainsi la disparition du faisceau 4; car, dans cette même figure 4, II, les deux faisceaux marginaux restant b et c, se bifurquent et envoient une ramification daus la feuille et l'autre dans la stipule la plus voisine, indiquant ainsi qu'ils peuvent se rendre indiffé- remment soit dans la stipule, soit dans la feuille. Enfin le verticille ITI nous montre la disparition des deux faisceaux a et b coincidant avant l'apparition de deux stipules nouvelles. Je conclurai de cette discussion : 4° que tous les faisceaux stipulaires naissent de la ceinture d'anastomose circumnodale; 2 que tout faisceau issu de cette méme ceinture est un faisceau stipulaire. Je propose donc de donner à la ceinture en question un nom qui rap- pelle son róle physiologique et de l'appeler ceinture stipulaire. 4. Appliquons ces résultats au Chevrefeuille. Personne n'a, je crois, signalé de ceinture stipulaire dans le Chèvre- feuille. Cela tient. probablement à ce que, dans cette plante, elle ne se développe que trés tardivement. COLOMB. — ÉTUDE ANATOMIQUE DES STIPULES. 293 On sait que les feuilles jeunes du Chèvrefeuille sont simplement oppo- sées el qu'elles ne deviennent connées qu'en vieillissant. Les coupes successives dans un nœud jeune (fig. 5) montrent que chaque feuille recoit deux faisceaux foliaires, un médian M et deux latéraux L, et Li chaque faisceau L émet latéralement une ramification récurrente de très faibles dimensions et qui semble l'amorce de ce que, chez les Galium, nous avons nommé la ceinture sltipulaire; mais, si le nœud est âgé et les feuilles connées, la ceinture stipulaire apparait compléte, distribuant un certain nombre de faisceaux au parenchyme réunissant les deux feuilles. i Or la ceinture stipulaire du Chévrefeuille est trop semblable à la cein- ture des Galium pour qu'il ne soit pas rationnel d'étendre à l'une ce qui a été démontré pour l'autre. Tous les faisceaux issus dela ceinture du Chévrefeuille sont donc des faisceaux stipulaires. Il en résulte que le pa- renchyme d'union des deux feuilles opposées du Chévrefeuille est constitué par des stipules à dé- veloppement tardif, soudées entre elles et avecles bords des deux feuilles. 5, Centranthus ruber. — Que dans la figure 5 on supprime tous les faisceaux stipulaires, sauf les quatre qui se détachent de la ceinture stipu- laire tout prés des foliaires latéraux et remon- tent dans le pétiole, on aura trés exactement la figure du Centranthus. Dans cette plante, la lame Fic. 5. stipulaire n'existe pas, ou mieux se réduit aux bords marginaux du pétiole. 6. Sambucées. — Souventles Sambucus présentent entre leurs feuilles opposées et de chaque côté du nœud deux petites stipules glandu- laires (S. nigra, S. californica, S. laciniata). Le Sambucus Ebulus méme possède huit petites stipules foliaires, quatre de chaque côté. I! est donc probable à priori qu'il existe là, comme dans le Chèvre- feuille, comme dans les Galium, comme dans les Centranthus, toutes - plantes trés voisines des Sambucus, une ceinture stipulaire. Le profil I de la figure 6 est dessiné d'aprés la figure donnée par Lestiboudois. La ceinture stipulaire qui réunit les faisceaux foliaires externes des deux feuilles opposées s'anastomose au point E avec le fais- ceau D appartenant au cylindre central. C'est inexact. Hanstein donne une autre figure (fig. 5, II) plus près de la vérité et qui est relative au S. Ebulus. Pour lui, le faisceau D ne continue pas au-dessus du point E. J'ai observé le Sambucus nigra, le S. californica et le S. Ebulus, et j'ai vu que partout le faisceau D existe en effet, mais n'appartient 994 ... SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. nullement au cylindre central; c'est un faisceau central détaché du fais- ceau foliaire extrême C de l’une des feuilles et qui se bifurque (fig. 6, TIT) de facon à donner deux anastomoses avec les faisceaux C. C'est de la ceinture produite par la bifurcatión du faisceau D que, dans tous les cas, NN , bd ^domb del ABC D ABG Fic. 6. partent les faisceaux stipulaires, même lorsque ce sont des nectaires qui occupent la place des stipules. Ces nectaires sont donc anatomiquement, par l'origine de leurs vaisseaux, de véritables stipules. 7. Ces quelques exemples suffisent pour montrer que la définition que j'ai établie en cant a un i testable caractère de généralité. Je compte d'ailleurs en faire l'application à un certain nombre de pro- blémes demeurés jusqu'à présent sans solution. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture de la communication suivante : FRUITIER A RÉFRIGÉRATION ARTIFICIELLE DE M. SALOMON A THOMERY (SEINE-ET-MARNE), CONSERVATION DES FRUITS D'UNE ANNÉE A L'AUTRE ; par M. Paul SAGOT. Le voisinage de Thomery m'invitait à visiter les cultures et le curieux fruitier à réfrigération artificielle de M. Salomon; je me fais un plaisir de communiquer à la Société botanique quelques notes prises à cette occasion, On sait que Thomery et toute la région voisine cultivent beaucoup de beaux fruits et notamment du raisin Chasselas, connu dans le commerce sous le nom de « Chasselas de Fontainebleau ». Depuis longtemps les cul- tivateurs qui savaient que le prix de leur raisin s'élevait en hiver, s'il était dans un état de fraicheur et de bonne conservation irréprochable, avaient attaché beaucoup d’attention à la bonne installation de leurs frui- tiers. La pratique générale, pour conserver longtemps le raisin frais, juteux et ferme, était, en le récoltant, de laisser la grappe adhérente à un bout de sarment et de maintenir ce sarment trempant dans l'eau contenue ios oe Weingut m . SAGOT. — FRUITIER A RÉFRIGÉRATION ARTIFICIELLE. 295 dans une petite fiole. M. Salomon a ajouté à ce procédé la réfrigération artificielle. Au rez-de-chaussée du bâtiment qui lui sert de fruitier, une première pièce contient un appareil frigorifique, dans lequel le froid est obtenu par l'évaporation, je crois, du chlorure de méthyle. L'appareil refroidit l’eau d’une grande cuve de pierre, et cette eau circule incessam- ment dans un réseau de tuyaux qui parcourt toutes les salles du fruitier. Les salles sont maintenues dans une obscurité perpétuelle et à une tem- pérature qui oscille légérement autour d'une moyenne de + 5 degrés centigrades. C'est une bougie à la main que l’on vient visiter les fruits, en enlever ou en apporter de nouveaux. Le raisin est cueilli adhérent à un bout de sarment, et le sarment trempe dans l'eau d'une petite fiole. Les autres fruits sont posés simple- ment sur des tablettes et sont visités souvent. Les fruits destinés à une longue conservation sont cueillis, non pas absolument mürs, mais à maturité l çante, lls se con- servent sans difficulté d'une année à l'année suivante. J'ai visité le fruitier de M. Salomon au mois de juin. Les fruits con- servés avaient déjà été écoulés, et l'appareil frigorifique ne fonctionnait plus. La température de l'intérieur donnait cependant une impression de froid trés sensible, et il restait quelques grappes de raisin dont le bout de sarment adhérent trempait dans une fiole pleine d'eau. J'ai examiné avec soin et goüté ce raisin. Les grains étaient parfaitement frais, fermes, gorgés de suc; les pédicelles, l'axe et les ramifications de la grappe étaient verts, imprégnés de séve, dans un état de vie végétale indubitable. Je remarquai sur plusieurs échantillons que le bout du sarment trempant dans l'eau avait développé quelques radicelles, mais je ne savais pas à quelle date elles avaient poussé (aussitôt aprés la cueillette, si la grappe trempant dans l'eau n'avait pas été immédiatement portée dans le fruitier refroidi? ou dans ce fruitier au printemps, lorsque l'appareil frigorifique avait cessé de fonctionner ?). Les grains de raisins goülés étaient fermes, juteux, sucrés, excellents. Cependant il me sembla qu'il y avaitune nuance de différence entre ce raisin conservé et du raisin cueilli sur le cep à pleine maturité. Je crois que le tissu cellulaire, qui dans la maturation naturelle est tellement résorbé et ramolli qu'on n'en perçoit plus pour ainsi dire la résistance, subsistait un peu. On comprend quelles perspectives de progrés ouvre à l'horticulture, au commerce et à l'alimentation publique, cette faculté démontrée de la conservation indéfinie des fruits par le froid. On peut étendre à l’année tout entière la jouissance de fruits frais, précédemment limitée à une seule saison; on peut porter au loin des fruits étrangers. La rapidité actuelle de la navigation permet l’arrivée en Europe de fruits d'Ananas, de cocos et, même au moins à une saison, de régimes de bananes. 296 SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. L'avenir nous réserve probablement l'arrivée possible en bon état de tous les fruits des pays chauds. Déjà quelques essais partiels ont été tentés à laide des puits à glace des grands paquebots. J'ai su vag t qu'ils avaient plusieurs fois échoué pour des bananes et des mangostans, mais je n'ai pas su dans quelles conditions précises on avait opéré, et il est pos- sible qu'une modification légère de procédés eüt obtenu le succès. Le froid est par excellence l'agent naturel, salubre de la conservation. En Chine, on creuse dansles provinces septentrionales des caves pour la con- servation des fruits et des légumes. A Saint-Pétersbourg, on recoit en été et en automne des fruits mürs; on les péle, on les coupe en quartiers, on les saupoudre de sucre et on les porte immédiatement dans des glaciéres où ils se conservent jusqu'à l'hiver, saison des grandes réceptions. Qu'il me soit permis, en terminant, de présenter quelques considéra- lions générales sur la maturation des fruits et sur la suspension léthar- gique de l'activité de la vie végétale que la fraicheur de la température peut produire. Au moment où le fruit entre en maturité, il faut encore, à mon sens, re- garder son tissu comme vivant, mais la vie (sauf dans la graine) n'y a plus qu'une activité tout à fait languissante et d'une durée très éphémère. Sous l'influence de forces physiques et chimiques et d'un dernier reste de force organique expirante, des transformations chimiques importantes s'accom- plissent; l'amidon et la gomme se transforment en sucre; des principes acides et astringents se détruisent, des composés odorants et sapides prennent naissance. En méme temps le tissu trés délicat par lui-même des parois des cellules végétales se résorbe partiellement et se ramollit ; le suc juteux devient plus abondant ou tout au moins se manifeste plus sensiblement. Le fruit charnu parfaitement mür n'a plus qu'une existence ordinairement éphémére. Quand il est passé à l'état blet, sa pulpe n'est pes vivante, et ^d ME de fermentation qui peuvent s'y produire s'ac- lissent sous l'i de germes vivants étrangers, de la catégorie des microbes. Quelques fruits charnus arrivés à maturité sont capables, par exception, d’une longue conservation. Tels sont les fruits de diverses Courges, de la Pastèque, des Melons d'hiver, des Cactus, et à un moindre degré les oranges et les citrons, les poires et les pommes, l'Ananas. Une température fraiche et la séparation attentive de tout fruit com- mencant à se gàter facililent et prolongent cette conservation, comme nous le voyons pour l'orange et les fruits divers de nos fruitiers. Quelques fruits charnus se mangent non pas seulement mürs, mais déjà arrivés à l'état blet, c'est-à-dire aprés extinction de la vie végétale ; tels sont la nèfle, les fruits de Diospyros et eux probablement de la Sapotille i qÁ — A: BATTANDIER. — QUELQUES ORCHIDÉES D'ALGÉRIE. 291 et de quelques Sapotacées. La durée de fruits arrivés à cet état est tou- jours éphémére. C'est au moment de la maturation commençante que ce refroidissement de la température, maintenue à un degré constant, peut le mieux assurer une conservation très prolongée et pour ainsi dire indéfinie. Il me semble que cette conservation d’une vie léthargique n’est pas sans analogie avec la conservation de beaucoup de plantes dans les serres froides sous nos climats. J'ai plusieurs fois remarqué que des plantes, faciles à conserver dans de telles serres, périssaient dans des appartements tenus à une température moyenne plus élevée, mais où l'air était beaucoup plus sec et où la température subissait des oscillations bien plus considérables, en méme temps que les poussières s'y accumulaient. M. Malinvaud, secrétaire général, donne lecture de la communi- cation suivante : SUR QUELQUES ORCHIDÉES D'ALGÉRIE, par M. A. BATTANDIER. I. Limod Trabuti spec. nov. — Le genre Limodorum, tel qu'on le limite d'ordinaire, ne comprend qu'une seule espèce, le L. abor- tivum. Schwartz, dont on a parfois séparé une forme à labelle plus court et plus arrondi, le L. sphærolabium Viv. J'ai été assez heureux pour rencontrer, le 7 juin dernier, une seconde espéce de ce genre formant un type entièrement différent et présentant, méme au point de vue de la morphologie de la fleur chez les Orchidées, une particularité remarquable. Son gynostème est revêtu d'un verticille assez apparent de trois stami- nodes adhérents avec lui, mais libres à son sommet, sous forme de petiles écailles Poe, Ces trois staminodes, bien distincts jusqu'au milieu du gynost? t confluents dans sa moitié inférieure. La petite écaille pétaloïde du lobule médian masque la surface du stigmate. Rien de semblable ne se voit dans le L. abortivum. Par contre, chez ce der- nier, on voit, sur le pourtour de l'orifice de l'éperon, deux pelites dents qui manquent dans le L. Trabutianum, dont l'éperon est tout à fait rudimentaire. L'anthére fertile, semblable à celle du L. abortivum, fait évidemment partie d'un cycle interne de trois autres étamines, dont les deux latérales ont entièrement avorté. Le labelle étroit, linéaire-spatulé, n'est point genouillé comme dans le L. abortivum. J'ai rencontré cette plante au Zaccar de Milianah, dans des broussailles de Chénes Ballotes, à 200 métres environ du marabout, sur le sentier qui conduit au grand pic. J'en ai récolté six échantillons sur cinq pieds différents, tandis que dans toute la journée je n'ai rencontré que deux pieds de L. abortivum. La 298 SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. présence des staminodes externes pourrait au premier abord faire croire à un cas tératologique; mais il n’en est rien, et la vue de la plante vivante ne saurait laisser aucun doute à cet égard. Le L. Trabutianum paraît être un peu plus tardif que l'abortivum. Je crois devoir donner ici une diagnose en latin de cette plante, que je dédie à mon fidéle compagnon d'herborisation, M. le docteur Trabut. . Habitu, caule tuberibusque omnino conforme L. abortivo Schwartz, sed floribus Sepala æq ga, lateralia patentia, stricta, carinata; medium amplius, apice fornicato gynostemium tegens; calcar exiguum, 1 (raro 2) millim. longum, antice ostio nh xd lineare, apice spathulato subundulatum, erecto- patulum, ud icul palis ; petala lateralia anguste linearia- acuta, gynostemium teres, ingan staminodiis tribus, sibi adhærentibus, sed apice petaloideo liberis, vestitum. Stamen, pollinia, fructus et semina ut in L. abortivo. Floret junio in fruticetis Quercus Ballotæ Desf. montis Zaccar prope Milianah. ll. Orchis Bornemanniæ Ascherson. — Herborisant en mai 1883 dans la forêt de Cèdres de Teniet-el-Haad, je fus frappé de l'aspect inso- lite de certains Orchis papilionacea. J'avais fait d'ailleurs une si riche récolte et j'avais tant d'autres plantes à étudier que je les négligeai mo- mentanément, me bornant, à mon retour, à les planter dans mon jardin. Cette année, un des survivants ayant fleuri côte à côte avec un O. papi- lionacea type, je vis que les deux plantes étaient en réalité fort diffé- rentes, Presque en méme temps, je recevais le Flore Sardoæ compen- dium de M. W. Barbey, où étaient figurés, d’après le docteur Bornemann, deux hybrides des Orchis papilionacea et longicornu, les O. Borne- manni et Bornemanniæ. Ma plante se rapportait bien à la planche de l'Orchis Bornemanniæ, sauf pour quelques points de détail. Elle avait les pétales latéraux un peu plus longs et le labelle denticulé sur le bord. Mais le type de l'O. papilionacea de cette méme planche présente les mêmes différences avec le nôtre. D’après cela, cette plante serait un O. papilionacea »« longicornu. Je n'ai point personnellement constaté son hybridité. Cette plante diffère surtout de l'Orchis papilionacea par son éperon horizontal ascendant, obtus et non appliqué contre le fruit et aigu comme dans le papilionacea, par ses trois sépales courts et conni- vents, formant un casque, et par son labelle plan bien plus court. III. Orchis Markusii Tineo. — La plante de la forêt des Cèdres de Teniet-el-Haad, que je signalais dans ce Bulletin en 1880, a été cultivée par un amateur d’Orchidées, feu M. l'ingénieur Hautcœur, avec la plante de Tineo, qu'il était allé chercher lui-méme in loco natali, et il a constaté leur parfaite identité. IV. Ophrys atlantiea Munby in Bull. Soc. bot. de France, vol. 111, 1856, p. 108. — Cette belle plante est peu et surtout trés mal connue. Elle ne pousse que sur des sommets élevés, où l'on va rarement et où elle 299 est fort peu abondante. Comme par son port et sa couleur elle rappelle l'O. fusca, passé depuis longtemps à l'époque où elle fleurit, on en fait généralement une variété de celui-ci. La figure de Reichenbach 462-1 (sub O. Durici), établie d’après cette idée avec des échantillons secs, est fort inexacte. Étant parvenu à faire fleurir simultanément les deux plantes dans mon jardin, j'ai pu constater que leurs analogies étaient plus apparentes que réelles. Je comprendrais que l'on réunit en un seul type spécifique les Ophrys fusca Link, lutea Cav. et funerea Viv., qui ne différent que par des caractères peu importants; mais l'O. atlantica DOULIOT. — NOTE SUR LA STRUCTURE DES CRASSULACÉES. ne saurait rentrer dans ce groupe. Voici les principales différences qui l'en séparent : OPHRYS FUSCA, LUTEA et FUNEREA. Hampe robuste portant de quatre à neuf fleurs. Sépales courts, larges, obtus, courbés en avant. Pétales latéraux charnus, plus courts que les sépales. Labelle naissant de la gorge large- ment béante de la fleur par une base concave. $ Profil du labelle droit et un peu con- vexe dans les O. fusca et funerea, coudé dans le lutea. Tache allongée hétérochrome divisée en deux par le sillon médian dulabelle. Lobes latéraux du labelle entiers. Anthére longue de 4 millimètres, obo- vée courbée en S, OPHRYS ATLANTICA. Hampe grêle, uni ou bi-, rarement triflore; fleurs trés grandes. Sépales plus élancés, plus longs, les latéraux trés étalés, un peu aigus. Pétales latéraux linéaires trés longs égalant les sépales, renversés en ar- riére et munis d'une bordure noirâtre élégamment ondulée. Labelle naissant de la gorge presque fermée de la fleur par une base con- vexe atteignant à peu prés les réti- nacles. Profil du labelle présentant une en- sellure élégante au niveau dela tache. Tache aussi large que longue, homo- chrome, d'un bleu métallique brillant, bilobée à sa partie inférieure. Lobes latéraux du labelle érodés dentés. Anthére longue de 8 millimètres, droite, un peu arquée au sommet, li- néaire. M. Douliot fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR LA STRUCTURE DES CRASSULACÉES, par M. H. DOULIOT. Au cours des recherches sur les tiges polystéliques, auxquelles M. Van Tieghem a bien voulu m'associer, nous avons été amenés à étudier la structure des faisceaux concentriques dans un certain nombre de plantes, guidés en cela par des observations antérieures; parmi tous les faisceaux auxquels M. de Bary donne le nom de faisceaux concentriques, les uns 300 Á SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. sont de véritables faisceaux, d'autres provenant de la ramification ou de la dichotomie d'un cylindre central d'abord unique sont des cylindres centraux ou des stèles. Une note publiée en 1819, par M. Max. Cornu (1), sur.un type nouveau de tiges anomales, nous invitait aussi à revoir la structure des Crassulacées ; nos observations, qui ont porté sur un certain nombre de Sempervivum, de Sedum, de Crassula, sur le Rochea fal- cata, ete., nous ont conduit à d'autres conclusions que les siennes. Nous avions d'ailleurs entreles mains des échantillons vivants qu'il avait libé- ralement mis à notre disposition, tandis qu'il n'avait pu lui-méme étudier, en 1879, que des échantillons desséchés. Nous regrettons d'autant plus de nous trouver en désaecord avec lui que sa description conduisait à considérer les Sempervivum comme ayant plusieurs cylindres centraux pourvus chacun de formations secondaires, c'est-à-dire comme un type nouveau de tiges polystéliques. Dans un assez grand nombre de Crassulacées, la tige conserve le méme diamètre sur une assez grande étendue et les formations secondaires sont peu abondantes, tandis que l'accroissement terminal ou l’aceroissement intercalaire sont assez rapides (Crassula portulacea, Rochea falcata, Sempervivum flagelliforme) ; on peut y observer des entre-nœuds assez étendus. Dans d'autres, au contraire, tels que : Sempervivum rutheni- cum, calcareum, violaceum, Pilosella, stenopetalum, assimile, la tige reste courte et se renfle considérablement assez près de son sommet, les formations secondaires qui accroissent le diamètre de la tige sont abon- dantes, tandis que l'accroissement intercalaire est très faible, et les feuilles restent tellement serrées les unes contre les autres qu'il n'ya pas d'entre- neuds. A ces deux modes différents de végétation se trouvent associées des modifications dans la structure secondaire. La structure primaire des Crassulacées se trouve à peu prés la méme dans toutes les espéces. On distingue dans toutes les tiges jeunes un épi- derme, une écorce et un cylindre central pourvu de moelle; l'endoderme n'est pas nettement différencié du reste de l'écorce, pas plus que le péri- cycle n'est distinct des rayons médullairess mais toutefois ces deux tissus diffèrent assez notablement l'un de l'autre pour que l'on puisse distinguer la limite de l'écorce et du cylindre central. Le liber, outre des cellules et des tubes criblés, présentedes fibres trés petites disposées par paquets, le diamètre de chaque paquet de fibres n'étant pas supérieur à celui d'une cellule du parenchyme voisin. Le cylindre central envoie dans chaque feuille un faisceau foliaire médian qut traverse l'écorce horizontalement sans se ramifier (Crassula (1) Comptes rendus, 1879, p. 548. DOULIOT. — NOTE SUR LA STRUCTURE DES CRASSULACÉES. 304 portulacea, Sedum Telephium), ou en se ramifiant avant de pénétrer dans la feuille (Sempervivum arboreum, flagelliforme, Haworthii, etc.). Structure primaire des faisceaux foliaires. — La structure primaire de ces faisceaux n'est pas la méme dans toutes les Crassulacées. Ils sont bilatéraux dans certaines espèces, concentriques dans d'autres. Lorsqu'ils sont bilatéraux (Rochea falcata, Crassula portulacea, Sempervivum arboreum, S. Haworthii), ils different fort peu ou pas du tout des fais- ceaux libéro-ligneux du cylindre central, on y observe un assez grand nombre de vaisseaux spiralés et peu de liber. ` Tout autres sont les faisceaux concentriques (Sempervivum stenopeta- lum, S. glaucum, S. calcareum, S. ruthenicum, S. viol. m, S. tec- torum, flagelliforme, S. assimile). Ces faisceaux circulaires présentent au centre de trés petits vaisseaux de bois primaire entourés de liber disposé en plusieurs groupes et d'une couche péricyclique distincte de l'écorce. Entre leur bois et leur liber on observe une couche génératrice qui donnera lieu plus tard, chez cerlains d'entre eux, à des formations li- béro-ligneuses. Structure secondaire des faisceaux foliaires. — C'est aprés la chute des feuilles que ces forma- jc 4. Faisceau aeaii tions libéro-ligneuses apparaissent. Liber centri- cortical de Sempervivum cal- n . 4 : careum.— c, écorce de la pète et bois centrifuge se forment dans ces fais- tge; L, liber primaire; is, ceaux foliaires comme dans un cylindre central c DA a te de tige (fig. 1). Il en résulte que, si l’on observe au centre. une tige âgée de Sempervivum glaucum, calca- reum, ruthenicum, violaceum, etc., on voit dans l'écorce des cordons libéro-ligneux cylindriques présentant, comme le cylindre central d'une lige, du liber externe et du bois interne. Le bois et le liber sont méme disposés en faisceaux libéro-ligneux séparés par des rayons de paren- chyme. Le liber primaire refoulé vers l'extérieur est mort, aplati contre l'écorce comprimée de la tige. Celle-ci subérifie ses cellules tout autour du faisceau accru et lui forme une sorte de séquestre. Rameaux.— Les rameaux de ces Sempervivum, trés gréles au début, s'allongent pour se dégager des feuilles qui les entourent par une crois- sance intercalaire dont le siège est au-dessous du bouquet de feuilles qui les termine. Ce rameau, grêle à sa partie inférieure, a un diamètre crois- sant lentement, mais continüment, jusqu'au point où il porte à la fois des feuilles et des racines; là il se renfle considérablement. Sa moelle, qui était trés réduite, presque nulle dans la région dépourvue de feuilles, comme on l'observe souvent dans les tiges hypocotylées, se renfle trés rápidement, et la tige désormais presque totalement dépourvue: de crois- 302 SÉANCE DU 9 JUILLET 1886. sance intercalaire, porte vers le bas des racines adventives, ettout autour d'elles des feuilles trés serrées les unes contre les autres. Dans sa région dépourvue de feuilles, le rameau présente la méme structure que la tige des Crassulacées pourvues d’entre-nœuds. Il se forme d’assez bonne heure un liège sous-épidermique dans le Sempervi- vum barbulatum, S. assimile ; de même la région dépourvue de feuilles d'un rameau de S. calcareum possède un liège sous-épidermique, de formation centripète. Ce liège s'exfolie avec l'épiderme quand la tige s'accroit en diamétre. Il faut se garder de confondre ce liége sous-épi- dermique centripéte avec le liége que l'on observe dans la portion renflée de la tige dépourvue d’entre-nœuds, celui- ci est un suber de cicatrisation dont la production accompagne toujours la chute des feuilles. Faisceaux médullaires.— Des fais- ceaux surnuméraires, autres que les faisceaux corlicaux, s'observent, ainsi que l'a signalé M. Cornu, dans un Sem- pervivum de la section Greenovia, le Greenovia terre. Ces faisceaux sont inclus dans la moelle méme. Ils ne peu- vent étre confondus avec les faisceaux corticaux de la méme plante, Fic. 2. — Coupe transversale d'un faisceau leur liber étant interne et le bois externe. nr iS; je MR Sn. Chacun d'eux a une symétrie bilatérale, maire; bs, bois secondaire; cg, couche bien que le bois entoure complètement oum liber secondaire; 2 PÉ- Je Jiber, car on n'y trouve de bois pri- maire que dans la région qui regarde le centre de la tige. Ils offrent exactement la méme structure que ceux du Phytolacca dioica (fig. 2), pourvus comme eux d'une couche généra- trice fermée en cercle qui fournit du bois secondaire tout autour d'elle. Ces faisceaux médullaires n'ont pas une valeur importante dans la clas- sification, puisqu'on ne les a rencontrés dans aucune Crassulacée autre que le Greenovia terre, ni une Phytolaccacée autre que le Phytolacca dioica. En 4880, M. Olivier (1) a signalé une anomalie dans la structure de la racine du Sedum Telephium; en effet, la racine de certains Sedum (S. Telephium, S. latifolium) se renfle en tubercules napiformes où s'accumulent des substances de réserves, dans le tissu conjonctif. Ces tu- (4) Voy. Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXVII (1880), séances, p. 155. DOULIOT. — NOTE SUR LA STRUCTURE DES CRASSULACÉES. 303 bercules, lorsqu'ils sont jeunes, ont la structure primaire normale d'une racine, avec quatre faisceaux ligneux et une moelle assez réduite. Mais, lorsqu'ils se sont accrus en prenant des formations secondaires, leur struc- ture est tellement modifiée qu'il ne reste pour ainsi dire aucune trace de la structure primaire. On y observe souvent plusieurs cercles libéro- ligneux à liber externe et bois interne, ayant à leur centre une moelle assez développée et formés aux dépens d'une assise génératrice à peu prés circulaire. On croirait étre en présence d'une tige polystélique pour- vue en général de quatre cylindres centraux égaux entre eux (fig. 3). Parmi les nombreux tubercules du Sedum Telephium ou du Sedum lati- folium, il y en a plusieurs qui présentent cette structure secondaire. On retrouve quelques trachées du bois primaire au centre de quelques- uns des cylindres. D'autres tubercules des mémes plantes présentent un aspect définitif différent. Au centre des tubercules, les trachées du bois primaire disposées en étoile, les plus grosses au centre, autour d'une cellule médullaire, les petites périphériques. Autour de ce bois primaire, du tissu conjonctif et du parenchyme ligneux secondaire se montrent en abondance, puis un cercle de faisceaux ligneux pourvus de vaisseaux, l'assise génératrice, Fic. 8. — Coupe d'un tu- le liber et l'écorce. La moelle primaire était presque porum avec quate aus. nulle, aussi ne s’est-elle point accrue et c’est dans ses stèles. le tissu conjonctif et le parenchyme ligneux secon- daire que s’accumulent les réserves. La couche génératrice du cercle libéro-ligneux secondaire se rompt souvent en quelques points, de façon à former plusieurs arcs, laissant entre eux des orifices de com- munication entre l'écorce et le tissu conjonctif central. Ailleurs les ares de la couche génératrice se recourbent de plus en plus et arrivent à se fermer complètement, de sorte qu’au lieu d’une couche généra- trice formant un seul cercle, on a plusieurs cercles fermés, souvent quatre. Ce phénomène donne lieu à une racine d'apparence polysté- lique, dont les fausses stèles sont de formation se condaire. Quant à la stèle centrale primaire, elle est souvent dissociée et les trachées pri- maires se trouvent éloignées les unes des autres : les unes au centre d'un cercle libéro-ligneux, les autres au centre d'un autre. Un autre tubercule de Sedum Telephium m'a offert une disposition différente. Autour de la moelle accrue on observe une demi-douzaine de faisceaux ligneux primaires. Autour d'eux, un cercle d'autant de faisceaux ligneux secondaires, parfaitement séparés les uns des autres (fig. 6), le tout entouré d'un cercle complet libéro-ligneux dont l’assise génératrice est continue, puis l'écorce et le suber. Une couche génératrice s'est 304 SÉANCE DU 9 JUILLET: 1886. formée autour des îlots ligneux, du bois secondaire donnant un cercle complet et continu de suber, qui les enclave complètement. C’est un F1G. 4. — Coupe d'un tu- Fic. 6. — Coupe d'un tubercule de bercule de Sedum lati- Sedum Telephium. — bp, bois pri- folium avec 4 fausses maire; bs, bois secondaire. Entre stéles dont 3 confluent en eux 7 ilot de bois entourés de suber. une seule. phénomène de séquestration de tissu lignifié déjà observé dans les Au- ricules (Auricula p , À. tata). La couche génératrice qui séquestre ainsi des îlots ligneux appartient au parenchyme du bois non lignifié qui abonde ici. Si l'on confondait, comme l'a fait M. Regnault en 1860 (1), le parenchyme ligneux non lignifié avec du liber, la racine renflée du Sedum Telephium ou du Sedum latifolium montrerait immédiatement Pano- malie des Chénopodiacées dans ses formations secon- Fic. 5 — Coupe d'un daires. £ 5 MIR © tubéreule de Sedum Les îlots du bois secondaire lignifiés, entourés d'un Het entem suber qui les séquestre, se montrent souvent moins de liège $.— 0s, bois nombreux, ils confluent. de facon à ne former que We quatre arcs ou deux arcs, ou un cercle complet(fig. 5). On observe alors dans le tubercule : au centre, une moelle morte ; tout autour d'elle, le bois primaire; puis, un cercle de su- ber centrifuge; puis, un cercle de bois secondaire lignifié, un deuxiéme cercle de suber centripéte, encore du bois secondaire, du liber et l'écorce. Au résumé, les Crassulacées sont normales dans la structure pri- maire de leur tige, aussi bien que dans la structure primaire de leurs racines. Il se produit dans la tige des formations secondaires donnant l'illusion d'une tige polystélique, quand les faisceaux foliaires concen- (1) Recherches sur les affinités de structure des tiges des plantes du groupe des Cy- clospermées (Annales, 4* série, t. XIV, 1860). | Re | 1 À PE G. CAMUS. — SUPPLÉMENT A LA FLORULE DE L'ISLE-ADAM 305 4 tiques s’accroissent, il peut aussi se produire dans une racine renflée des divisions de la couche génératrice en plusieurs arcs qui se forment ultérieurement pour donner l'illusion d'une racine polystélique, mais ces modifications ne sont que secondaires. M. Camus fait à la Société la communication suivante : SUPPLÉMENT A LA FLORULE DE L'ISLE-ADAM, par M. E. €. CAMUS. Dans une précédente séance, j'ai eu l'honneur de faire à la Société une communication sur la florule du canton de l'Isle-Adam (1). Je de- mande aujourd'hui la permission d'y ajouter quelques notes complé taires. 1* Une addition provenant du Catalogue dû à M. Boudier. Notre col- lègue a publié en 1868 une liste des plantes les moins vulgaires de Montmorency et des environs. J'ignorais l'existence de cette notice inté- ressante publiée à la suite des procès-verbaux des séances de la Société - d'horticulture de Montmorency, dont les publications sont peu connues des personnes n'appartenant pas à cette Société. Ce Catalogue m'a permis de relever sur le mien les omissions suivantes : Rubus ideus L. ; Seli- num Carvifolia L.; Inula salicina L., dans la forêt de l'Isle-Adam ; — Daphne Mezereum L. et Carex teretiuscula Good, prés de l'Abbaye-du- Val; — Parnassia palustris L. et Drosera longifolia L., RR. dans le marais de l'Abbaye-du-Val. Ces deux derniéres espéces sont signalées dans les marais d'Arronville, les autres sont nouvelles pour le canton. 2° Le résultat de mes recherches de cette année : Fumana vulgaris Spach, trés abondant à la colline de Vaux (station nouvelle); — Linum alpinum Jacq. var. Leonii Coss. et Germ., Montrognon, versant nord- ouest ; — Carez flava L., C. fulva Good. et C. Mairii Coss. et Germ.; dans le marais de Vaux; — C. tomentosa L., près de Jouy-le-Comte ; enfin le Scrofularia canina L., daus les Vallées, prés de Vaux (2). 3^ Cette dernière note a pour sujet les marais d'Arronville. Sous ce nom, M. de Saint-Avid désigne des marais situés à la limite du départe- ment de Seine-et-Oise. L'examen topographique nous apprend qu'Arron- ville, près de l'Isle-Adam et Neuville-Bose, prés de Méru, ne sont éloignés l'un de l'autre que de 6 kilomètres, et que par suite les marais situés entre les deux communes comprennent peut-être en méme temps la station signalée par MM. Daudin et Dænen, sous le nom de marais de (1) Voyez plus haut, page 28. (2) Un seul échantillon en fruits, 13 juin. T. xxxii (Séances) 20 306 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. Neuville-Bosc, et celle désignée par M. de Saint-Avid sous le nom de ` marais d'Arronville. Le doute qui règne à ce sujet et probablement l'indication d'une même localité sous deux noms différents nous montrent combien les floristes doivent attacher d'importance à préciser les stations des plantes rares. M. Malinvaud demande à M. Camus à quels caractères il distingue le Carex Mairii du C. flava. M. Camus répond : Chaque fois que j'ai eu l'occasion d'observer le Carex Mairii, je l'ai toujours facilement reconnu aux caractéres suivants qui le séparent net- tement des espéces voisines : 1^ Les utricules sont atténués en un bec bifide bordé de cils transpa- rents qu'on n'apercoit parfois que sous un certain angle à l'oeil nu, mais qui sont toujours visibles à la loupe. 2° Les écailles, de méme couleur que les utricules, sont brusquement atténuées au sommet, puis terminées en pointe par le prolongement de la nervure. M. Chatin dit qu'il n'a aucune peine à distinguer à première vue le Carex Mairii du C. flava. M. Malinvaud reconnait la valeur des caractères tirés de la forme de l'utricule et de celle des écailles, mais il accorde moins d'impor- tance aux cils qui bordent le bec de l'utricule du C. Mairii, depuis qu'il a constaté que ces cils devenaient moins visibles et pouvaient méme disparaitre sous l'influence de la culture. SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. : PRÉSIDENCE DE M. A. CHATIN. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 9 juillet, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite de la présentation faite dans Ja der- nière séance, proclame membre de Ja Société : SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. 307 M. Vinar (Gabriel), garde général des forêts, à Axat (Aude), présenté par MM. Gaston Gautier et Gay. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : Barla, Liste des Champig tement des Alpes-Maritimes. Boudier, Considérations générales et pratiques sur l'étude micros- copique des Champignons. Boulay, Le Jardin botanique des facultés catholiques de Lille. P. Brunaud, Sphéropsidées récoltées aux environs de Saintes. Daveau, Cistinées du Portugal. Cardot, Les Sphaignes d'Europe. D. Clos, Notice nécrologique sur Nicolas Joly. Duchaussoy, Compte rendu des principales herborisations faites en 1885 par les membres de la section florale de la Société historique et scientifique du Cher. Gandoger, Flora Europe, tomes IX et X. ; R. Goblet, Discours prononcé le 1* mai 1886 à la Sorbonne. Husnot, Muscologia gallica, 4* livraison. A. Le Grand, 2* fascicule des plantes nouvelles ou rares pour le dé- partement du Cher. A. Magnin, La végétation de la région lyonnaise. B. Martin, Note sur les Lupins de la flore du Gard. Richon et Roze, Atlas des Ch 3° fascicule. A. De Candolle, Nouvelles recherches sur le type sauvage de la Pomme de terre. Chr. Holm et V. Poulsen, Infection d'une levüre de Saccharomyces cerevisie par une autre levüre. F. Cohn, Jean-Jacques Rousseau als Botaniker. Max. T. Masters, Contributions to the history of certain species of Conifers. Asa Gray, Botanical contributions 1886. ` — The genus Asimina. Sereno Watson, Contributions to American Botany, XIII. G. Camus, L'Opera salernitana « circa instans » ed il testo primitivo del « grant herbier en francoys ». Caruel, Fil. Parlatore, Flora Italiana continuata, vol. VI, part. terza. U. Martelli, Florula bogosensis. t observés dans le dépar- tibl, ` et né PY , 308 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. Paléontologie francaise, 2* série : Végétaux.— Terrain jurassique, livr. 35 (Éphédrées, Spirangiées). Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 39* volume, 1885. Société d'histoire naturelle de Toulouse, 1885, 3* trimestre. Bulletin de l'académie d' Hippone, n° 21, fasc. 4. MISSION SCIENTIFIQUE AU MEXIQUE. — Graminées (texte), 1 fascicule. — Recherches zoologiques : troisième partie, 10° livraison; et septième partie, 9° livraison. Bulletin du Cercle floral d'Anvers, 1886. Annalen des KK. naturhistorischen Hofmuseums. Band I, n° 2. Schriften der physikalisch Ök ischen Gesellschaft zu Koenigs- berg, 1885 (26* année). Bulletin of the California Academy of sciences, n° 4, janvier 1886. Trois fascicules d'une publication périodique (en russe), envoyés par la Société des naturalistes de la Nouvelle-Russie, à Odessa. M. le Président signale à l'attention de la Société l'ouvrage con- sidérable de M. Magnin, Sur la végétation de la région lyonnaise, qui figure parmi les dons présentés aujourd'hui. « Ce livre, dit » M. Chatin, œuvre de longue haleine à laquelle l'auteur avait » préludé par d'importantes publications, ne saurait étre analysé » ici. Je mentionnerai seulement les chapitres qui traitent de l'in- » fluence de la composition chimique du sol sur la végétation, ainsi » que les listes trés développées des espéces calcicoles et calcifuges. » Les articles consacrés au Chátaignier, au Sarothamnus, au Pteris, » au Buis, aux Orchidées constituent d'intéressantes monographies. » Les modifications de la flore silicicole d'aprés celles des sols sili- » ceux, les circonstances dans lesquelles s'observent des espèces cal- » cicoles sur des gneiss ou des schistes, ou des plantes calcifuges » sur des terrains calcaires, la végétation dans l'humus des foréts » de Sapins, celle des tourbiéres, sont exposées avec de grands dé- » tails; l'auteur apporte des faits nouveaux sur ces divers sujets, » dont plusieurs divisent aujourd'hui encore les botanistes. » M. Genevey-Montaz, capitaine en retraite à Montélimar, a com- muniqué, pour la faire déterminer, une plante qu'il a récoltée, le 30 juin dernier, dans les environs de Vacqueyras-Montmirail (Vau- cluse), et qu'il croit étre une espéce nouvelle pour la flore fran- caise. M. le Secrétaire général reconnait dans l'exemplaire soumis LUIZET. — PLANTES RARES DES ENVIRONS DE PARIS. 309 à la Société le Card llus Monspeliensium All., depuis longtemps signalé dans le département du Vaucluse. M. Malinvaud, ainsi qu'il l'avait annoncé précédemment (1), dé- pose sur le bureau, pour étre examiné en détail par les personnes présentes à la fin de la séance, un fascicule des espèces les plus inté- ressantes récoltées aux herborisations faites par la Société, en juin dernier, dans les Cévennes. Il met aussi à la disposition de ses collégues des échantillons de plantes rares, presque toutes spé- ciales, du moins en France, à la région explorée : Adonis vernalis, Hutchinsia pauciflora, Arenaria hispida et lesurina, Saxifraga pubescens, Centranthus Lecokii, Leucanthemum palmatum, Eu- phorbia papillosa, etc: M. Malinvaud rappelle sommairement la distribution géographique de ces espèces, et il insiste à ce propos sur l'utilité de la distribution en séance d'exemplaires des plantes litigieuses ou peu répandues à l'appui des communications dont. elles sont l'objet, la vue d'un échantillon étant souvent plus efficace pour en faire saisir les caractéres que les descriptions les plus dé- veloppées. M. Luizet fait à la Société la communication suivante : PLANTES RARES DES ENVIRONS DE PARIS, par M. LUIZET. Erica scoparia L. — Celle Bruyère, commune dans certaines régions de la France, est excessivement rare aux environs de Paris. MM. Cosson et Germain, dans la première édition de leur Flore parisienne, font pré- céder d'un point d'inlerrogation l'indication donnée par Thuillier de la présence de l'Erica scoparia dans le bois de la Glandée (forét de Fon- tainebleau). M. Lefébure de Fourcy, dans sa petite Flore des environs de Paris, indique la méme station sous les mêmes réserves. J'ai l'hon- neur de présenter à Ja Société des échantillons d'Erica scoparia que j'ai récoltés, le 1° mars 1885, sur les bords du chemin conduisant du poste de la Glandée au carrefour de l'Épine-Foreuse, à quelques minutes du poste forestier. Je n'ai observé que quelques pieds de cette Bruyère, qui croît au milieu des Bruyères communes ; elle reste donc excessivement rare et peut disparaitre par suite d'un défrich t. Né ins j'ai cru intéressant de dissiper l'incertitude qui persistait depuis plus de quarante (1) Voyez plus haut, p. 288. 310 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. ans sur l'indication classique de Thuillier, d'autant plus que cette dé- couverte contribuera à confirmer l'existence de l'Erica scoparia, à l'état spontané, aux environs de Paris. Gymnadenia conopea h. Br. à fleurs munies de deux éperons. — J'ai récolté cet échantillon unique, le 4 juillet 1886, dans les marais de la Génevraye, en compagnie du type et de diverses Orchidées intéressantes : Gymnadenia odoratissima (RRR), Spiranthes wstivalis, Liparis Læ- selii, Epipactis palustris, Orchis laxiflora, ete. L'inflorescence grêle de cette Orchidée et la couleur rose påle de ses fleurs lui donnent à premiére vue le port et l'aspect du Gymnadenia odoratissima; mais il n'en a pas l'odeur suave, ni l'éperon droit et court. Tous les éperons sont longs et recourbés comme dans le Gymnadenia conopea. Chaque ovaire est surmonté de deux fleurs stériles dyssymé- triques dont les pétales sont entre-croisés de manière à former une fleur unique munie de deux éperons divergents. A l’aisselle de la deuxième bractée, à partir de la base de l’inflorescence, sont insérés deux ovaires, l’un portant une fleur simple et fertile, l’autre une fleur double et stérile. Cette disparition du gynostène dans les fleurs di-éperonnées prouve que l'échantillon porte bien de véritables fleurs doubles dont les pétales sup- plémentaires se sont produits au détriment des organes de la repro- duction. L'observation d'une transformation de cette nature dans la feuille des Orchidées est excessivement rare et nous a paru mériter d'étre signalée à l'attention de la Société botanique. Pirola umbellata L. ou €hi hil b Pursh. — Cette iagnifique Pirole, qui croît en Europe, en Asie et dans l'Amérique sep- ntrionale où elle est assez commune, a été découverte en 1885, par 1 Ed. Jeanpert, aux environs de Nemours. Sous la conduite de ce jeune it habile botaniste, j'ai récolté moi-même, le 4 juillet 4886, l'échan- tillon que j'ai l'honneur d'offrir à la Société botanique pour son herbier de la flore parisienne. Le Pirola umbellata L. croit assez abondamment, en diverses places, dans les bois montueux, sablonneux et couverts, compris entre le rocher vert et la route de Nemours à Sens, à un quart d'heure de marche envi- ron à partir des dernières habitations. Cette plante a pu échapper jusqu'ici aux investigations des bot gràce à sa station parliculiére, à l'écart de tous les chemins que l'on prend habituellement pour se diriger vers le rocher Vert, vers Poligny ou Darvault, etc., où l'on est sûr de faire une ample moisson de plantes rares. Le Pirola umbellata est excessivement rare en France et en Suisse, lót, P | LECOMTE. — DE LA TIGE ET DE LA FEUILLE DES CASUARINÉES. 311 M. Oberlin l'a signalé au ban de la Roche, dans les Vosges, où il n'a pas été retrouvé. M. Billot l'a découvert dans un bois prés de Haguenau, où il est excessivement rare. En Suisse, on ne le trouve que dans un petit bois de Sapins à Andel- pingen ou Andelfingen, dans le canton de Zurich. Sa découverte aux environs de Paris présente donc le plus grand inté- rét. Sa présence sous des Pins, à Nemours, permet de supposer que cette Pirole a été introduite avec les Coniféres, comme l'a été le Goodyera repens au mail Henry IV, à Fontainebleau; mais je me bornerai à émettre seulement cette hypothése, laissant le soin de conclure aux botanistes éminents à qui nous devons la connaissance approfondie de la belle flore des environs de Paris. M. Chatin, à propos des Gymnadenia, pense que l'odeur agréable ou désagréable des Orchidées est peut-être due à une seule huile essentielle. Au sujet du Pirola umbellata, M. Chatin croit, comme M. Luizet, que cette espèce a dù être introduite avec les graines des essences forestiéres, car il a constaté dans des conditions analogues l'appa- rition du Pirola minor au bois de la Caserne dans la forêt des Essarts. Ce bois provient de plantations faites en 1840, aprés l'extraction des meuliéres qui avaient servi à la construction des fortifications de Paris. Le Pirola minor, inconnu naguère dans la région, y a fait son apparition depuis quinze ans et s'y montre aujourd'hui en plein développement. M. le Président remercie M. Luizet de l'intéressante nouvelle qu'il est venu apporter aux botanistes parisiens. M. Lecomte fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES POINTS DE L'ANATOMIE DE LA TIGE ET DE LA FEUILLE DES CASUARINÉES, par M. H. LECOWTE. Le genre Casuarina constitue à lui seul l'intéressante famille des Casuarinées. Ces plantes ont une apparence aphylle qui leur donne une certaine ressemblance avec des Préles; mais elles peuvent acquérir une taille de 10 à 15 mètres et devenir de véritables arbres. Le genre com- prend 25 à 30 espèces vivant presque toutes en Australie ou à la Nouvelle- Calédonie. L'anatomie des Casuarinées a déjà fait l'objet d'un certain nombre de travaux dont les plus importants sont ceux de Goeppert (1), (4) In Linnea, 18M, p. 147, et Ann. sc. nat., 2° série, t. XVIII, 1842. 312 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. Sanio (1), E. Læw (2), parus à l'étranger; en France nous possédons une intéressante monographie due à M. Poisson (3). Une branche de Casuarina se compose d'une série d'articles ou entre- nœuds. Chaque article se prolonge en haut en une gaine courte qui embrasse le bas de l’entre-nœud suivant et qui comprend 4-20 dents. Chaque entre-nœud porte à sa surface des cannelures saillantes en méme nombre que les dents de la gaine; ces cannelures procèdent de ces dents etd dent parallel tles unes aux autres jusqu'à la base de l'entre- nœud. Une section transversale passant par un entre-nœud jeune de Casuarina quadrivalvis Labill., par exemple, nous montrera que les neuf cannelüres sont séparées par des sillons profonds dont la partie la plus interne produit des poils doubles; sur les faces latérales des sillons sont disposés en séries longitudi des stomates signalés depuis long- temps pour la direction remarquable de leur ouverture qui est transver- sale. La face externe des cannelures présente un épiderme sans stomates, au-dessous duquel on rencontre une ou plusieurs assises d'éléments sclé- renchymateux. Tantót l'épaisseur de cette formation de soutien ne s'exa- gére pas ou ne s'exagére que trés peu sur la ligne médiane de la cóte ; C'est ce que l'on observe chez les Casuarina microstachya Miq., angu- lata J. P., nodiflora Forst., sumatrana Jungh., torulosa Ait., decus- sata Benth., nana Sieb., thuyoides Miq., etc. ; tantôt au contraire elle développe une saillie médiane, qui s'avance souvent jusqu’au dos d'un faisceau libéro-ligneux propre à chaque côte; c’est le cas des Casuarina quadrivalvis Labill., equisetifolia Font. var. incana A. Cunn., Deplan- cheana Miq. var. intermedia J. P., l don J. P., Decai F. Muell., ozyclada Miq., chamecyparis J. P., inghamiana Miq., etc. Ce qui reste de la cóte est constitué par du parenchyme vert comprenant deux ou trois assises de cellules trés allongées dans le sens radial et trés riches en grains de chlorophylle. Ce tissu, décrit depuis longtemps comme tissu en palissade, n'a pas ses cellules aussi pressées les unes contre les autres que dans le vrai tissu en palissade des feuilles vertes; les méats, trés visibles sur des coupes fines, séparent les cellules dans toute leur longueur et sont en général d'autant plus considérables que la zone sclé- renchymateuse est moins développée sous l'épiderme. C'est ainsi que les rameaux jeunes de Casuarina sumatrana Jungh. et Rumphiana Miq. ont dans leurs cótes un tissu vert trés làche, constitué par des files de cellules circonserivant de trés grands mes plus tard ce tissu vert est comprimé par le développ e du rameau, et les méats s'at- ténuent peu à peu. Dans tous les cas, et contrairement à ce que parais- (1) Bot. Zeitung, 1863. — Jahrb. für wissenschaft. Bot., 1860, t. II, p. 103. (2) De Casuar. caul. fol. evolut. et struct. Berol., 1805. . (3) Recherches sur les Casuarina, Nouv. arch. du Muséum, t. X, p. 59, 1874. LECOMTE. — DE LA TIGE ET DE LA FEUILLE DES CASUARINÉES, 313 sent indiquer les figures de M. Poisson, ce tissu vert cesse de présenter le caractère d'un tissu en palissade de chaque côté des sillons, sous les stomates ; on trouve là un tissu lâche analogue à celui de la face inférieure des feuilles. Chacune de ces cótes de la tige présente un faisceau libéro- ligneux propre qui naît en méme temps qu'elle à un nœud pour se ter- terminer au nœud suivant avec l'extrémité de la dent qui continue la cannelure. Ces faisceaux alternes avec ceux du cylindre central du ra- meau présentent une section allongée dans le sens tangentiel ; ils sont revétus à leur bord externe d'un ilot de sclérenchyme plus ou moins développé suivant les.espéces et qui, chez un certain nombre, rejoint la saillie de sclérenchyme qui provient du milieu de la cannelure. Chaque côte ne reçoit que ce faisceau qui n'a plus dorénavant aucune relation avec le cylindre central de la tige. Ces faisceaux, dans un certain nombre d'espéces, maissurtout dans le Casuarina quadrivalvis Labill., se ramifient à droite et à gauche, et ces ramifications d'ailleurs très courtes vont se terminer de chaque côté dans le parenchyme. Les trachées viennent appuyer leur extrémité contre la cloison de cellules un peu plus grandes que les autres, à membrane un peu épaissie et munie de ponctuations simples. Il se produit par consc- quent ici une ramification analogue à celle de la nervure médiane d'une feuille ordinaire pour donner les nervures secondaires. C'est là un carac- tére qui distingue ces faisceaux de ceux d'une tige. Enfin on verra plus loin qu'au moment où apparaissent les formations secondaires la côte est exfoliée par une production de suber absolument analogue à celle qui s’élablit au point d'insertion des feuilles ordinaires. L'existence du tissu en palissade et celle d'un faisceau propre à chaque côte a depuis longtemps déterminé les observateurs cités plus haut, et M. Lew en particulier, à regarder ces cótes comme des feuilles décur- rentes le long d’unæntre-nœud et libres seulement à leur pointe pour former les dents de la gaine. Les faits signalés plus haut, surtout la ramification de ces faisceaux et l'exfoliation de la cóte viennent confirmer pleinement cette manière de voir. Par l'observation d'une coupe longitu- dinale opérée dans l'extrémité d'un rameau on arrive à la méme conclu- sion. M. Low, dans le travail déjà cité, donne le nom de phyllichnium à ces feuilles longuement décurrentes; je demande la permission de leur conserver le nom de feuilles, car il me semble inutile d'adopter un mot nouveau pour chaque disposition nouvelle que peut présenter un méme organe. La tige des Casuarinées présente un certain nombre de particularités intéressantes sur lesquelles il me semble utile d'appeler l'attention. Une section transversale faite dans un entre-nœud très jeune offre, par la soudure des feuilles avec la tige, une disposition généralement étoilée ; 314 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. car les feuilles ne se soudent pas latéralement les unes aux autres et sont séparées par des sillons. Cependant chez les espèces à quatre feuilles les sillons peuvent être à peine accusés comme chez les Casuarina chame- cyparis J. P. et Deplancheana Miq., ou bien méme manquer compléte- ment ; ce dernier cas se présente chez les Casuarina Rumphiana Miq., nodiflora Forst., angulata J. P., et leucodon J. P. Les feuilles peuvent alors étre séparées par du parenchyme sans chlorophylle (C. nodiflora et angulata), ou bien le tissu vert n'est pas interrompu (C. Rumphiana) et les feuilles sont conniventes latéralement. La section transversale d'un jeune rameau présente deux cercles con- centriques de faisceaux libéro-ligneux. Le cercle externe dont nous avons déjà parlé appartient aux feuilles. Le cercle interne appartient au cylindre central de la tige, et ses faisceaux, alternes avec ceux du cercle externe, sont plus étendus que ces derniers dans la direction radiale. Ils ont une section cunéiforme et leur bord externe est protégé par un faisceau de sclérenchyme. Si l'on cherche à svivre la marche de ces faisceaux, soit en pratiquant des coupes transversales successives, soit des coupes longitudinales tan- gentielles, on trouve qu'ils sont en même nombre que les faisceaux externes; ils courent parallélement les uns aux autres et parallélement à l'axe de la tige, sur toute la longueur d'un entre-nœud. Arrivés à un nœud, ils s’anastomosent latéralement les uns aux autres comme les fais- ceaux des Équisétacées. Chacun de ces faisceaux se divise là en deux branches latérales qui s'écartent et vont respectivement se réunir plus haut à des demi-faisceaux semblables produits de la méme façon par leurs voisins de droite et de gauche pour fournir les faisceaux de l’entre-nœud suivant. Il en résulte évidemment que les faisceaux d'un entre-nœud sont alternes avec ceux de l’entre-nœud précédent et que les faisceaux déve- loppés sur un plan donneraient, pour l'anastomose"d'un nœud, une sorte de ligne brisée dont les différents segments font l'un avec l’autre des angles aigus. Les sommets inférieurs correspondent à la partie supé- rioure des faisceaux d'un entre-nœud, tandis que les sommets supérieurs de la ligne brisée correspondent à l'origine des faisceaux de l’entre-nœud supérieur. Au moment où chaque faisceau d'un entre-nœud arrivé au sommet de sa course se divise pour donner deux branches latérales qui s’anastomosent, comme je viens de le dire, avec des branches semblables provenant des faisceaux voisins, se détache une troisième partie qui se dirige vers l'extérieur et devient le faisceau d'une feuille tout en demeu-. rant adhérent à la tige. Il y a dans cette marche des faisceaux une analogie frappante avec ce qui se passe chez les Équisétacées. Quant au bourgeon qui nait à Pais- selle de chacune des dents de la gaine, il reçoit son système vasculaire LECOMTE. — DE LA TIGE ET DE LA FEUILLE DES CASUARINÉES, 315 (C. quadrivalvis, etc.) dela région la plus inférieure de chaque faisceau de l’eñtre-nœud suivant; son faisceau s'isole donc un*entre-noud plus haut que celui de la feuille. Les ramules des Casuarinées cylindriques à verticilles composés de plus de quatre feuilles restent souvent gréles, acquièrent difficilement un accroissement secondaire et tombent en général comme des feuilles ; en méme temps ils se désarticulent aux nœuds avec une grande facilité. Chez les Casuarinées tétragones à verticilles de quatre feuilles chaque ramule semble avoir une vie plus active, il acquiert volontiers une structure se- condaire, s'épaissit et devient durable; ceux de ces ramules qui restent- ` gréles sont caducs comme ceux des Casuarinées cylindriques. Il en résulte que chez les Casuarinées tétragones, il y a un passage graduel des grosses branches aux ramules les plus ténus, tandis que chez les Casua- ` rinées cylindriques il y a souvent un passage brusque entre les branches et les ramules, ceux-ci figurant une sorte de chevelu sur les branches. La chute des ramules et leur facile désarticulation a déjà occupé les botanistes qui ont étudié les Casuarinées. Miquel, dans son Revisio critica, dit que les rameaux jouant le róle de feuilles, leur chute et leur désarticulation sont par cela méme physiologiquement expliquées. Mais il est bien évident qu'une considération physiologique est impuissante à fournir complètement la raison de cette caducité. Si l'on examine une sec- tion longitudinale passant par l'axe d'un ramule de C. equisetifolia, par exemple, il est facile de s'assurer que sous la gaine, où la feuille n'est pas encore formée, le diamètre est environ moitié moindre qu'au milieu d'un entre-nœud. De plus l'épiderme n'y est pas doublé par du sclérenchyme, tandis que plus haut chaque feuille en possède une ou plusieurs assises. Enfin, dans la région du nœud, le parenchyme de la moelle et de l'écorce est uniquement constitué par des cellules de faible dimension et pourvues d'une membrane mince. Tout concourt donc pour faire des nœuds des régions de moindre résistance, ce qui explique au moins en partie la chute des ramules et leur facile désarticulation. La structure secondaire s'établit suivantle mode général ; les éléments qui entrent dans la constitution du bois et du liber secondaire ont été l'objet d’un grand nombre d'observations consignées par M. Sanio dans les mémoires cités plus haut et publiés en 1863. Cependant il me parait utile de signaler quelques faits nouveaux. Tout d'abord en ce qui concerne les grands rayons médullaires com- prenant parfois 25 ou 30 files de cellules dans leur largeur, il faut re- marquer qu'ils correspondent aux feuilles et qu'ils sont traversés obli- quement de dedans en dehors par la partie ligneuse des faisceaux qui se rendent aux feuilles et aux rameaux, car la partie ligneuse de ces fais- ceaux naît à Ja région la plus interne du bois. Le cambium, au niveau de 316 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. ces rayons, pénètre vers l'intérieur ; une partie de ses cellules sont donc disposées obliquement sur le rayon, ce qui explique la direction oblique des cellules de ces rayons médullaires. Le liber secondaire est assez abondant; ses éléments, vus sur une sec- tion transversale, sont très sensiblement disposés en séries radiales, et ceux qui doivent donner naissance aux tubes criblés ont tout d’abord subi un cloisonnement longitudinal. Loew n'a pu voir ces tubes criblés ; ils sont cependant trés nombreux. Les cribles sont situés sur les parois termi- nales fortement obliques des tubes; chacune de ces parois présente jus- qu'à huit ou dix plages criblées, surtout bien visibles quand on a débar- rassé les tubes de leur confenu. Enfin il faut encore signaler une production de liége qui se manifeste tout d'abord par un cloisonnement tangentiel des cellules sous-épider- miques au fond des sillons; puis bientót cette production envahit le parenchyme à droite et à gauche sous les feuilles en conservant un déve- loppement centripéte. M. Sanio (1) dit que, chez le Casuarina torulosa Ait.,la formation du suber s'établit au milieu du faisceau foliaire dont elle détermine un dé- doublement longitudinal, une partie du faisceau étant rejetée au dehors, l'autre partie restant à l'intérieur du manchon de liége. M. Poisson, de son côté, a vu le liège exfoliant complètement le faisceau chez le Casua- rina Deplancheana. Des sections successives opérées sur toute la lon- gueur d'un entre-nœud montrent que, dans la région inférieure, le liège se forme en dehors du faisceau foliaire ; puis un peu plus haut il se déve- loppe à l'intérieur méme de ce faisceau, e enfin dans la région supérieure de l’entre-nœud le faisceau se trouve entièrement en dehors de la couche de suber. Des sections longitudinales convenabl | dirigées mettent en évidence les mêmes relations du faisceau et du liège. Comme on le voit, la feuille est séparée de la tige par une formation de suber qui, au lieu de couper le faisceau perpendiculairement à sa direction, le coupe très obliq t; ceci expliq pl tla divergence des observa- tions également rigoureuses de M. Sanio et de M. Poisson. De tous ces caractères anatomiques, les uns peuvent servir à la distinc- tion des espèces, les autres ne sont pas susceptibles d’être utilisés dans ce but. Dans tous les cas la section transversale d’un jeune entre-nœud fournit toujours d’utiles indications qu'il serait imprudent de négliger. Dans les Casuarinées tétragones ces indications sont presque toujours suffisantes pour arriver facilement à la distinction des espèces. Mais comme l'étude des fleurs et des fruits pourra fournir des indications complémentaires, je réserve tout ce qui concerne la classification des (1) Jahrb. f. w. Botanik, p. 103 et Taf. XIII. P. SAGOT. — BANANIER FÉHI. 311 Casuarinées pour une cominunication ultérieure dans laquelle je m'oc- cuperai spécialement des fleurs et des fruits. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture de la communica- tion suivante : BANANIER FÉHI, SA FORME ASPERME ET SA FORME SÉMINIFÈRE, par M. P. SAGOT. Il n'est pas de plante des pays chauds plus remarquable par son port magnifique et étrange, comme par sa grande utilité, que le Bananier. Les premiers botanistes qui ont écrit sur les plantes intertropicales l'ont décrit avec une attention spéciale. On le cultive aujourd'hui partout dans les sérres, et une espéce africaine, trés particuliére à divers égards, le Musa ensete, comporte la culture en pleine terre sur le littoral de la Méditerranée, en méme temps que cette culture devient possible pour tous les Musa à Alger, en Égypte, aux Canaries, aux Açores. Cependant on peut assurer que le genre Musa est trés mal connu, que la définition des espéces y est encore sur bien des points imparfaite, que la définition des races de culture y est pleine de lacunes et d'incertitudes, que l'ob- servation précise des Bananiers sauvages séminiféres n'a fourni que quelques données partielles et locales. Aucune expérience suivie et ra- tionnelle n'a été entreprise jusqu'à ce jour sur la transformation par la culture du Bananier sauvage séminifère en Bananier comestible à fruit charnu dépourvu de graines. L'article consacré au Bananier par M. A. de Candolle, dans son livre de l'Origine des plantes cultivées, article écrit avee une grande sagacité de vues philosophiques, laisse entrevoir sans détour la grave imperfection de nos connaissances sur ce genre si intéressant au triple point de vue de la botanique, de l'agriculture et de la décoration des jardins. Il y a deux ans, lorsque mon ami, M. E. Cotteau, se prépara à partir pour un voyage autour du monde où il devait s'arréter un mois à Taiti, je - lui remis quelques notes, où je lui recommandais l'observation de quel- ques plantes remarquables, d'une culture ou d'un emploi local. J'appelais particulièrement son attention sur le Bananier Féhi, qui croit sauvage dans les foréts des montagnes de Taiti, et dont le fruit charnu, gros et comestible, au moins aprés cuisson, présente quelquefois des graines bien développées. Celle espèce m'était déjà connue par la description du D* Vieillard (Plantes utiles de la Nouvelle-Calédonie), par celle de Cuzent, et sur- tout par les notes manuscrites de Pancher. D’après ces notes, le Féhi 318 séance DU 23 JUILLET 1886. présentait souvent des graines à une altitude notable dans les montagnes et n’en présentait pas dans les premières pentes, où les indigènes vont ordinairement le récolter. A Taiti, M. Cotteau demanda des graines de Féhi et on lui répondit que les fruits récoltés par les indigènes et vendus dans la ville ne conte- naient jamais de graines. Une vieille femme indigène lui assura seule qu'on en trouvait quelquefois. S'il était acquis qu'on en trouvait quelque- fois, il ne restait. pas moins trés difficile de s'en procurer, car sur de nombreux fruits on n'en rencontrait par exception que quelques-unes, et, comme les fruits étaient cuits avant d'étre mangés, on ne les trouvait alors qu'impropres à germer. M. Cotteau laissa, avant de quitter l'ile, les indications qui pouvaient faire réussir les recherches, et, plus d'une année aprés, il vient de recevoir de M. Gardey, sous-chef de bureau à la direction de l'Intérieur, des graines de Féhi expédiées par la poste. C'est de ces graines que je présente à la Société un échantillon. Elles appartiennent évid tau type incomplet t développé. Elles sont dures, de couleur noirâtre ou brune, on y voit bien le hile, qui est arrondi et d'une nuance terne. Les diamétres de la graine sont de 2, 3 et 4 mil- limétres environ. Le testa est trés inégal, fortement ridé mamelon- né. Ces rides se relient bien probablement au défaut de développement dela partie intérieure de la graine. La forme de la graine est variable depuis la forme subarrondie ré subdiscoide, jusqu'à la forme ovoide. Cette variation se lie aussi au dével plet. Dans les formes sauvages séminifères du Musa sapientum la graine est ronde, du volume d’un petit pois, et offre un diamètre égal dans tous les sens, de 4 ou 5 mil- limètres. D’après la petite quantité de graines envoyées par M. Gardey, je présume que les graines n'existaient qu'en petit nombre dans les fruits et s'y trouvaient disséminées irrégulièrement. Les fruits présen- taient sans doute toute l’apparence des fruits dépourvus de graine qui se vendent habituellement dans la ville, car ils avaient été apportés au marché et vendus, et ce n’était qu'après la vente qu'on s'était apercu de la présence des graines. Cet état répond bien à l'indication de la deserip- tion de Cuzent, qui dit qu'en mangeant les fruits de Féhi on sent parfois sous la dent une petite graine dure. Des graines plus grosses et plus nombreuses seraient apercues dés la récolte du régime, et on ne man- gerait pas alors les fruits, ou bien on en séparerait les graines avant de les manger. Les notes manuscrites que m'a communiquées feu Pancher, dans ses lettres en 1873, affirment que l'on ne trouve des graines dans les fruits de Féhi, quà une altitude assez notable dans les montagnes. « On ne » rencontre le Musa Fehi à Taiti avec des graines que sur les hauteurs. » Entre la plage et ces hauteurs, les plants plus ou moins nombreux qui P. SAGOT. — BANANIER FÉHI. 319 » sont échelonnés ne produisent pas de graines. Je n'ai jamais été à méme » de suivre les indigènes allant en chercher. Ils n'atteignent ces hauteurs » que rarement, et lorsqu'ils ont épuisé les points au-dessous. Ils recon- » naissent au moins sept variétés de cette espéce à Taiti. Le type ne se » eonserverait-il que dans une température un peu fraiche et dans un » sol plus pauvre? Ces variétés seraient-elles le produit de graines char- » riées par les eaux ou les oiseaux dans des lieux plus bas oà l'humus » s’est amoncelé et ou la température est plus douce?... L'altitude des » derniers Bananiers à Taiti est de 1000 à 1200 mètres. Les nuages y » sont fréquents et à ces hauteurs il n'y a pas de plateaux, mais des crêtes » aiguës avec quelques bréches ou excavations, où l'humus ne peut rester » en couches épaisses. » Le M. Fehiest quelquefois cultivé, mais trés rarement. Pancher l'a cul- tivé quelque temps à la Nouvelle-Calédonie, dans le sud de l'ile; puis il l'a perdu. Il pousse des rejets de la souche. Le D" Vieillard dit que le Féhi peut se multiplier de graines et de rejeton, quelquefois les graines acquièrent leur entier développement et peuvent germer. Les traits les plus saillants du Féhi, comparé aux Bananiers cultivés partout dans les pays chauds, sont : une tige élevée et robuste, impré- gnée intérieurement d'un suc violet qui teint fortement ce qu'il a mouillé ; de trés grandes feuilles, un peu plus fermes que celles du Bananier des cultures et plus fortement nerviées ; un spadice floral dressé ; la pulpe du fruit plus ferme, et son écorce plus épaisse. Le fruit, de la grosseur, je crois, d'une figue banane très forte, est oblong, anguleux, jaune à matu- rité. On le mange cuit, quoique les indigènes le fassent manger aussi cru, à maturité extrême, aux jeunes enfants. Le D' Vieillard, à qui j'ai soumis quelques graines de l'envoi de M. Gardey, les regarde, ainsi que moi, comme des graines imparfaites. Il en a vu de semblables à Taiti. Il n'a, au contraire, jamais vu les graines bien développées, ni le fruit qui les contient, ni le pied qui les porte. Ce qu'il en a dit lui a été raconté par les indigènes qui vont quelquefois, mais rarement, dans la partie élevée des montagnes. Ces graines sont noirâtres, plus grosses que les graines imparfaites, et semblent ne se rencontrer qu'en petit nombre dans le fruit, qui est charnu. Les indigènes ne cultivent pas le Féhi, parce qu'ils le trouvent sauvage en suffisante quantité dans les vallées des premiéres pentes des montagnes, à une alti- tude de 400 mètres, et parce qu'ils préfèrent cultiver le Musa paradi- siaca, dont le fruit est meilleur. Le D Vieillard a retrouvé le M. Feki sauvage dans la Nouvelle-Calé- donie septentrionale, ou il est rare. Il y croissait, à une altitude bien moindre qu'à Taiti, à Arama, Puebo, Balade. Ses fruits ne contenaient pas de graines. 320 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. Une des photographies rapportées par M. Cotteau représente un indi- gène portant aux bouts d’un bâton deux régimes de Féhi. Malheureuse- ment il semble que le porteur a coupé la partie stérile terminale du spadice, pour le porter plus commodément. Les fruits sont grands et gros, de forme oblongue, nombreux, rapprochés les uns des autres, Deux ré- gimes sont la charge d'un homme. Un régime bien développé présente de 30 à 60 fruits. Le fruit est long d'environ 18 centimétres, large de 5 cen- timètres. Il est presque droit, ou du moins insensiblement incurvé. Le régime du Féhi, d’après le D* Vieillard, est dressé, mais il présente cependant une inflexion à sa naissance. Ce n’est que dans les Musa se rapprochant des Heliconia, à fruits coriaces et secs et à fleurs peu nom- breuses à l’aisselle de la bractée, que le régime est réellement dressé dès sa naissance : M. ornata, M. sanguinea, M. coccinea, etc. - M. Cornu, à qui j'avais remis une partie des graines envoyées par M. Gardey, pour en essayer le semis, en a ouvert quelques-unes el n'y a pas trouvé d'embryon. Aprés avoir exposé ce qui a été p" sur le Musa Fehi, qu'il nous soit permis d'indiquer rapid t rapproch ts avec des faits analogues observés, dans l'Asie inéridiotale et T "archipel Malais, sur le Musa sapientum et tionnés dans Rumphius, Loureiro, Blanco. Ces botanistes ont trouvé parfois quelques graines dans certaines va- riélés de Bananier cultivé. Malheureusement ils n'ont pas décrit ces graines et surtout n’ont pas essayé de les semer. Une figure de Rumphius, Pissang bidgi, me semble tout à fait se rap- porter au type imparfaitement développé. Blanco (Flora de las Filipinas) affirme que l'on rencontre parfois, quoique très rarement, dans certaines variétés de bananes cultivées quel- ques graines bien développées ; mais il est évident qu’il entend simple- ment par là des graines de consistance dure et de volume appréciable, apparences que des graines imparfaites peuvent présenter. Il ne décrit pas ces graines, et ne dit pas qu'on en ait semé et vu germer. Il me semble encore très probable que la banane chuoy mat, cultivée en Cochinchine et ti par Loureiro, qui présente, dans une pulpe tendre, sucrée et de bon goût, quelques graines rares, est encore une race à graines imparfaites. On peut done affirmer qu'entre l'état séminifère parfait et l'état charnu asperme, on a rencontré plusieurs fois et en divers lienx un élat inter- médiaire, où le fruit charnu montre quelques graines rares et impar- faites. Dans l'état charnu asperme de la banane cultivée, on peut méme trou- ver une certaine variation. Le plus souvent on rencontre quelques par- celles scrobiformes, molles, minuscules, brunâtres, dernier vestige des P. SAGOT. — BANANIER FÉHI. 321 graines avortées ; mais quelquefois aussi on n'en rencontre pas. C'est ce que j'ai constaté récemment sur des fruits de Musa sinensis reçus des Canaries. L'observation du Musa Fehi nous a montré que certains Bananiers, à l'état sauvage, peuvent présenter des fruits charnus aspermes ; que, dans une station plus élevée et un sol plus pauvre, ils peuvent présenter accidentellement quelques graines rares et imparfaites dans un fruit charnu ; qu'à une altitude plus considérable, dans un sol plus pauvre et plus limité (excavations dans les rochers), ils peuvent, d'aprés le dire des indigénes, présenter des graines parfaites, plus grosses, et probable- ment un peu plus nombreuses, toujours cependant peu nombreuses dans cette espèce, de coloration noiràtre. Il ne faut ni trop généraliser ces faits, ni se refuser à en tirer d'utiles inductions, propres à guider de nouvelles recherches et d'intéressantes expériences. Il ne faut pas trop généraliser. En effet, en plusieurs localités de l'Asie méridionale, et notamment en Cochinchine, on a trouvé au niveau de la mér, prés de la côte, et même dans des iles du littoral, des Bananiers sauvages: à fruit tout rempli de graines et impropres à une utilisation taire quel Cependant c'est un fait avéré que, dans l'Asie méridionale, c'est surtout dans les montagnes qu'on trouve les Bananiers séminifères. Le climat, la qualité du sol, la privation de soins de culture ou l'exa- gération de ces soins, ont souvent modifié sensiblement la végétation du Bananier, et il est facile à cet égard de citer des faits. A Alger, le Musa Ensete fleurit et rapporte des graines. Cependant sa tige est moins haute qu'en Abyssinie, et l'on observe, depuis qu'on le cultive, que sa tige tend à devenir progressivement moins élevée et à présenter un plus fort dia- métre transversal. Le M. Ensete des plateaux de l'Afrique centrale et le M. superba des tagnes de la péninsule de l’Indoustan, cultivés dans les serres d'Eu- rope et parfois (le premier du moins) mis momentanément en pleine terre l'été, ont présenté des floraisons anticipées où les fleurs étaient toutes stériles. Blanco raconte que les indigènes des montagnes des Philippines rap- portent qu’un Bananier négligemment planté dans une mauvaise terre, mal entretenu, et dont on a coupé la plupart des feuilles, à mesure qu'elles se montraient, produit néanmoins un régime grêle formé d'un trés petit nombre de fruits de dimension minime, et que ces fruits pré- sentent parfois quelques graines. En Amérique, les races toujours aspermes que l'on cultive, si l'on en plante négligemment un pied en mauvais sol, donnent un régime gréle, T. XXXIII. (SÉANCES) 21 322 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. parfois subhorizontal, mais les quelques trés petits fruits qu'il présente restent aspermes. En Europe, dans la culture en serre du M. paradisiaca et du M. sa- pientum, on donne à ces plantes une terre très insuffisamment fumée, et on les laisse souvent dans des pots ou caisses d'une exiguité ridicule, en méme temps qu'on leur donne trop peu de chaleur. Dans ces condi- tions, ils poussent lentement, n’atteignent pas leur dimension normale et ne donnent au pied qu'un ou deux rejetons tardifs. Dans les pays chauds, les rejetons sont plus nombreux et plus précoces. On essaye en ce moment, dans la pratique horticole d'Europe, d'ap- - porter de climats plus chauds des tiges de Bananiers, dont on a, pour la commodité du transport, coupé les feuilles et rogné les racines. Je doute un peu qu'ils puissent reprendre immédiatement leur pousse et former de belles feuilles. Dans les pays chauds un rejeton de Dananier, à moins qu'il ne soit trés jeune et n'ait été transplanté avec grand soin, ne pousse le plus souvent que par la formation d'un nouveau rejeton latéral. J'ai parlé des nombreuses races sauvages du M. sapientum ; Blanco affirme que le Dananier sauvage à fibres textiles fortes et abondantes des Philippines, l’ Abaca, a lui-même des races multiples et bien distinctes. Une de ces races a les bractées florales vertes; une autre a le fruit très petit et répond assez au M. Troglodilarum du Jardin botanique d'Alger. Nul doute que, dans les Bananiers séminifères sauvages, la facilité à . se modifier et à présenter des fruits charnus aspermes ne soit trés inégale d'une race native à une autre; nul doute que la qualité et la saveur de la pulpe, aprés cette modification, ne garde quelque chose de la qualité na- tive. Plusieurs bananes de qualité inférieure à pulpe dure et fade, comes- tible seulement aprés cuisson, ont le fruit asperme, mais descendent probabl t d'une m ise souche native et ont été incomplètement améliorées par la culture. Quelques-unes semblent descendre d'une espéce propre de Musa, dont la souche sauvage séminifère est encore inconnue, ou méme a été dé- truite par les défrichements. Tels seraient : le Musa uranoscopus, à régime gréle, horizontal ou subdressé partiellement, à petits fruits char- nus subovoides; le M. simiarum, Pissang jacki, à très petit fruit charnu, à extrémité atténuée étranglée, à dimensions naines; le Pis. Keker Rumph., dont les petits fruits aspermes, serrés les uns contre les autres, sur un court régime, offrent l'aspect d'un fruit de Pandanus (Keker). Je crois reconnaitre ce type dans un échantillon du Muséum de Paris, con- servé dans l'aleool dans un bocal large et peu élevé. d t B s, imparfaitement améliorés par la culture Evi ces et dédaignés par elle, descendent d'une souche sauvage où l'avortement de la graine se produisait trés souvent et très facilement de lui-même. | P. SAGOT. — BANANIER FÉHI. 323 D'autres races présenteraient, à cet avortement, une résistance consi- dérable. L'intérêt des graines mal développées de B ier Féhi, que je pré- sente en ce moment à la Société botanique, est dans ce fait, qu’elles nous montrent, dans un Bananier sauvage, la transition entre l'état séminifère et l’état asperme, et qu'elles nous montrent l'influence évidente de la fertilité plus grande du sol et d'une température plus élevée pour pro- duire ce dernier état. Les Bananiers sauvages se rencontrent dans l'Asie méridionale et l'Océanie, surtout dans les montagnes couvertes de foréts. Ils y préférent le fond des ravines et des petites vallées, où s'accumule une grande quan- tité de terreau végétal. Sur ce sol, d'une extréme fertilité, frais et exempt d'inondations de quelque durée, ils croissent à l'ombre des arbres qui empêchent les Graminées d'envahir leur pied. On les trouve souvent à une altitude assez notable, mais ils descendent aussi parfois au niveau dela mer, surtout si le sol n'a pas été défriché sur une grande étendue. L'observation des Bananiers sauvages, au point de vue de la botanique, n'est ordinairement pas facile. Outre qu'ils habitent souvent des localités écartées et d'un accés difficile et périlleux, ils fructifient souvent assez peu, et leurs fruits, quand ils se dével t, sont promp t attaqués par les animaux sauvages. Le mieux pour le botaniste serait le plus sou- vent d'en enlever un jeune rejet, qui serait plus tard planté dans un jar- din et alors observé à loisir. : Ce qui ressort pour moi de plus important de la comparaison et du rapprochement des renseignements écourtés que j'ai trouvés sur ces plantes dans les flores, les récits des voyageurs et les herbiers, c'est que les Bananiers sauvages, en limitant leur étude äfceux qui se rapprochent beaucoup du Bananier cultivé et peuvent étre présumés sa souche ori- ginelle, sont de races très variées et présentant probablement autant de variétés naturelles ou d'espèces affines que nos Rubus d'Europe, nos Rosa ou nos Hieracium. On ne pourrait en aborder l'étude qu'en en constituant à grands frais une collection vivante dans un des grands et beaux jardins botaniques de l'Asie méridionale. Il faudrait conserver avec le plus grand soin l'indi- calion des lieux d'origine, et noter les modifications graduelles produites dans la végétation par la culture et le changement de climat. Ce serait . une ceuvre scientifique de longue haleine et qui ne pourrait s'accomplir que lentement au prix de beaucoup d'excursions et de voyages. Les diversités les plus saillantes que l'on peut déjà indiquer entre ces races multiples ressortent de la taille de la plante et des dimensions de ses feuilles; la tige peut varier de 1 1/2 à 4 mètres; elle est plus gréle ou plus épaisse, et présente des colorations diverses. Les feuilles sont 324 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. plus grandes où plus petites, un peu plus larges ou plus étroites, un peu plus minces et plus flexibles ou plus fermes, d’une nuance de coloration un peu variée. La plante est plus précoce ou plus tardive à fructifier ; elle fructifie abondamment ou rarement, beaucoup de rejets dans ce dernier cas se séchant sans avoir donné de régimes. Sur ces deux points le climat et la fertilité du sol peuvent exercer une grande influence. Le régime est incliné franchement vers la terre ou s'écarte dans une direc- tion horizontale plus ou moins flexueuse, ou méme dans ses flexuosités peut être partiellement dressé. Il présente, ou non, à sa base deux ou trois bractées foliaires petites ou rarement de dimensions trés notables. Il est plus long ou un peu plus court, son axe est plus gréle ou plus fort. Sur cet axe des verticilles floraux sont plus serrés, ou plus espacés. De ces verticilles les deux ou trois premiers seulement présentent des fleurs à ovaire bien constitué devant donner des fruits, ou bien un nombre bien plus notable de verticilles successifs en présehtent. Les grandes bractées, à l'aisselle desquelles sont placées les fleurs et qui forment à l'extrémité de l'épi floral une agglomération ovoide si remar- quable, sont presque toujours d'un violet pourpré trés foncé. Il paraitrait cependant qu'on les aurait vues, dans quelques races, de couleur verte. Les fleurs sont un peu plus ou un peu moins nombreuses à l'aisselle de la bractée, un peu plus grandes ou plus petites, plus pàles et d'un tissu plus mou, ou un peu plus colorées en jaune et un peu plus fermes. La comparaison des fleurs ne peut étre faite que sur le vivant et entre fleurs prises à méme distance de la base du régime; car, sans parler de la grande différence des fleurs fertiles à ovaire bien constitué et à style bien développé et des fleurs stériles, il peut y avoir de la diversité, sur- tout au point de vue des dimensions absolues ou relatives, entre les fleurs stériles du milieu du régime et celles de l'extrémité. Les fruits sont trés différents d'une variété à une autre, et c'est incon- testablement dans les fruits mürs qu'il faut chercher les caractéres dis- tinctifs les plus importants. Ils peuvent étre secs ou charnus, très petits ou grands, contenir une dizaine de graines ou en contenir 400 ou 200. Ces graines peuvent remplir tout l'intérieur du fruit, ou bien l'intérieur du fruit peut être pulpeux et ne présenter que quelques graines rares presque exceptionnelles. La pulpe peut être douce et sucrée, ou insipide, ou d’un goût acerbe et désagréable. L'écorce du fruit varie un peu d'é- paisseur et de consistance : elle peut étre molle ou demi-coriace. Elle a, à maturité, une couleur verdâtre, jaune, ou rougeâtre ; parfois elle peut devenir finalement noire par un commencement de mortification super- ficielle des tissus, qui se présente assez souvent dans diverses parties du Bananier (écorce du fruit, surface de la tige). Le style et la corolle desséchée persistent parfois à l'extrémité du fruit et bien plus souvent | | | | | P. SAGOT. — BANANIER FÉHI. 325 tombent promptement dés son premier accroissement. Dans plusieurs races l'extrémité du fruit est étranglée et brièvement acuminée. On a plusieurs fois, dans des jardins botaniques des pays chauds, cultivé quelques pieds de ces Bananiers sauvages. Roxburg en a semé de graines reçues de Chittagong et a observé qu'ils fructifiaient à l’âge de deux ans. Le Jardin botanique d'Alger en possède un pied, provenant, dit-on, des Moluques. M. Madinier, qui l'a vu et m'en a montré un régime, m'a dit qu'il était élevé de tige et porlait de grandes feuilles; qu'on avait observé qu'il était moins sensible au froid que le Bananier cultivé, ce qui semble indiquer un habitat naturel à une certaine altitude dans les montagnes. Le fruit est trés petit, long de 5 centimétres, large de 2 cent., sec, de couleur verte. Il contient huit ou dix graines rondes, brunes, de la grosseur d'un petit pois, qui remplissent l'intérieur du fruit. Ces graines, que la compression réciproque rend à quelque degré polygo- nales, portent à leur surface un peu de tissu cellulaire sec, friable, adhé- rent, qui les soude légèrement les unes aux autres, et représente, à l'état rudimentaire, la pulpe des bananes charnues ; l'axe central est un peu charnu. Si dans les pays chauds on plante un Bananier dans une terre peu fer- tile, sans qu'il ait à souffrir de la sécheresse, il forme encore de grandes feuilles quoique moins nombreuses et plus hàtives à se sécher; puis, quand il entre en fleur, le spadice est gréle et ne porte à sa base qu'un trés petit nombre de fleurs pourvues d'un ovaire bien formé. Plusieurs de ces fleurs tombent et il ne se développe que cinq ou six fruits, qui restent trés pelits, mais ils sont charnus et ne contiennent pas de graines. Un rejet de la souche met un an à se développer et à fournir un régime mür. En s'élevant à une certaine altitude dans les montagnes, lorsque la température devient plus-fraîche, l'évolution est retardée et met un an et demi ou deux ans à s’accomplir. Le développement du fruit aprés la floraison, d'abord trés rapide, se ralentit au bout de deux mois, méme dans les pays les plus chauds, et ne continue qu'avec une extréme lenteur à mürir sur pied ; aussi coupe- t-on le régime encore vert pour hàter sa maturation à la maison. Le Bananier supporte bien des sécheresses temporaires, pourvu qu'elles ne soient pas trop vives ou trop prolongées. Il supporte aussi des frai- cheurs temporaires de température, qui suspendent le progrès de sa végé- tation sans endominager ses organes. Aux Canaries, à la côte méme, celle suspension de végétation active se produit pendant quatre mois environ, par une température moyenne de 17 ou 18 degrés pendant la- quelle les minima tombent à+ 15 ou +14 degrés, et les maxima ne dépassent pas 22 ou 24 degrés. 326 SÉANCE DU 28 JUILLET 1886. Aüx Açores, il subit des fraicheurs plus marquées. A Alger, il ne réussit que sur la région du littoral, et sa végétation est très inférieure à ce qu'elle est dans les pays plus chauds. Une partie de ses fruits se dé- veloppent mal. Il lui est utile d’être abrité, et certaines variétés semblent . plus sensibles au froid que d'autres. Il semble que ce soit plutôt des figues bananes que des bananes pro- prement dites, à fruit plus grand et à pulpe plus ferme, que se rappro- chent la plupart des Bananiers séminifères sauvages, de races variées, que l’on rencontre dans toute l'Asie méridionale, particulièrement dans les ravines riches en terreau des montagnes boisées, à Ceylan, dans l'Inde, en Birmanie, dans l'Indo-Chine, dans l'archipel Indien, dans les Phi- lippines: -Cependant quelques races ou espèces, à tiges et feuilles plus dures et plus fibreuses, à fruit plus coriace, à graines plus nombreuses, plus constantes, parfois plus grosses et plus dures, semblent d’un type particulier. Il y a là encore des transitions cependant, et le M. Troglodita- rum, rapporté par Blanco aux variétés de l'Abaca, semble en être une. Pai tout lieu de croire que les variétés actuelles, trés nombreuses, des figues bananes cultivées sont des variétés natives, et gardent dans leur état amélioré la trace persistante d’une diversité originelle. Beaucoup sont encore assez locales. D’autres, les meilleures souvent, ont déjà été portées au loin d’un pays à un autre et sont aujourd’hui dispersées dans toute la zone intertropicale. Nul doute qu'un travail intelligent et persévérant d’horticulture ne püt aujourd'hui produire des races artificielles, particuliérement par les hy- bridations et les semis multiples, et l'on obtiendrait ainsi probablement des formes nouvelles trés remarquables. En attendant que ce travail d'amélioration horticole ait été commencé et qu'il ail rendu plus difficile encore l'étude des races et variétés du Bananier, on peut assurer que le nombre des races naturelles connues est déjà trés considérable. On peut l'estimer à 200 environ. M. Mangin, secrétaire, donne lecture des communications sui- vantes : DISCUSSION DE QUELQUES POINTS DE GLOSSOLOGIE BOTANIQUE (suite) (1), par M. D. CLOS. I. MéRIDISQUES, LÉPALES. — Il est un grand nombre de plantes dont le réceptacle porte, indépend t des verticilles normaux, de petits (1) Voy. le Bulletin, tomes IV, 738; VI, 187-193, pa VIII, FOE IX, 355- 36), 652-666; XII, 348; XVIII, 96-100; XX, 187-18: CLOS. — SUR QUELQUES POINTS DE GLOSSOLOGIE BOTANIQUE. 327 corps distincts ou réunis, considérés d'abord comme représentant des - verticilles avortés, mais tenus, depuis Payer, pour des boursouflements du réceptacle. Lorsqu'il n'y a dans la fleur qu'une ou deux de ces excroissances assez développées, le nom de disques, créé par Adanson, et aujourd'hui géné- ralement adopté, leur convient à merveille. Mais dans les cas oü ce sont de petits renflements distincts, isolés, au nombre de 3 à 6, quel nom leur donner? Pas un phytographe, à ma connaissance, n'a décrit 4 disques dans la plupart des Cruciféres, 5 disques chez les Géraniacées (1). On ne saurait admettre pour ces corps le mot de lépale proposé en 1829 par Dunal, mais que ce botaniste appliquait à une foule de parties écailleuses ou glanduleuses de la fleur (Consid. sur les org. flor., p. 15). Toutefois, il y aurait, je crois, opportunité à reprendre le mot lépale pour désigner tout appendice floral ne pouvant être rapporté avec certi- tude à aucun des quatre types appendiculaires de la fleur complète, no- tamment les écailles lancéolées, appliquées sur le dos des carpelles des Aquilegia et qu'on ne saurait qualifier avec certitude ni de staminodes, ni de pistillodes. De Candolle appelait glandes du torus les petits processus réceptacu- laires des Cruciféres (in Mém. du Mus., VII, 186), et ce mot de glande (assurément hypothétique ou faux dans bien des cas) a été adopté, faute d'autre sans doute, par Adr. de Jussieu (Cours élém. de Botan.), par Le Maoüt et Decaisne (Traité gén. de Bot., pp. 114 et 349), tandis que M. Van Tieghem préfère celui de nectaire, qui devrait être réservé à toute portion d'un organe sécrétant du nectar (2), objection égale- ment valable contre le mot Nectardrüsen (glandes neclariennes) admis par M. Eichler à propos des Crueiféres (Bluthendiagr., I, 200). Je me suis demandé si, en présence de ces termes peu satisfaisants, il ny sure pas avantage à en créer un qui, sans surcharger beaucoup la e botanique, rendrait les mêmes services que les mots tépales et staminodes, assez généralement adoptés, et je proposerai celui de méridisque (partie de disque), calqué sur méricarpe, les méridisques pouvant étre, comme les disques, glanduleux ou non. II. PisriLLoDE. — Le mot staminode est entré dans le langage bota- nique et convient trés bien, soit aux rudiments d'étamines qu'offrent sur- tout des Labiées et des Scrofularinées diandres ou méme tétrandres, soit à ces languettes qui, chez tant de Polypétales aux organes floraux mul- (1) M. Caruel dit à ce propos : « C'est l'usage de nos jours de décrire toutes ces protubérances thalamiques sous le nom collectif de disques : nom peu approprié en vé- rité, car il donne l'idée d'une forme qui n'est pas habituelle dans la partie qu'on désigne ainsi...... » (in Annal. sc. nat., BoT., 6* série, t. XVII, p. 325). (2) « Nectarium pars mellifera flori propria. » (Linné, Philos. or) 328 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. tipliés (Atragene, Nymphéacées, Calyeanthées), passent manifestement et par degrés du pétale à l'étamine. : Mais l'admission de ce terme me parait impliquer celle de pistillode, que je proposais en 1880, pour les rudiments de pistils que montrent aussi soit les Arum, soit les Rhus, soit de nombreuses Diclines (Euphor- biacées, Cucurbitacées (in Mém. de l'Acad. des sc., etc., de Toulouse, 8e série, t. II, pp. 197-224). III. HéwicAnPELLES, HÉMACHAINES. — J'ai proposé jadis d'appeler hé- micarpelles les portions ovariennes ou péricarpiques du pistil des Labiées et des Borraginées (voy. ce Bulletin, t. IV, p. 744, t. XX, p. 267). M. Van Tieghem qualifie, dans sa classification des fruits, de tétra- chaine celui de ces deux familles (Traité de Bot., p. 981), auxquelles M. Duchartre attribue aussi quatre achaines (Élém. de Bot., 3° éd., pp. 1188 et 1193). Mais, pour ces botanistes comme pour tous, un achaine est un fruit ; ces plantes ont deux carpelles et fruits bipartits, et chacun des quatre éléments composants ou hémicarpelle est, à maturité, la moi- tié d'un achaine ou, si l'on veut, un hémachaine. IV. MBRYONS MACROPODES ET MACROCÉPHALES. — Deux expressions proposées en 1808 par M. L.-C. Richard (Analyse du fruit) et qui, mal- gré leur utilité, n'ont guère obtenu, la dernière surtout, la sanction des botanistes. C'est que l'auteur a trop restreint la signification du mot ma- cropode, le réservant pour certains embryons endorhizes ou monocotylé- dons ; et pourtant il avait judicieusement reconnu que, chez les exorhizes ou dicotylédones « les genres Lecythis et Pekea ont un embryon dont la radieule énorme constitue, comme dans le Ruppia (1), presque toute l'amande de leur graine » (p. 74). Il ajoute à bon droit qu'on pourra peut-être y joindre le Bertholletia. Et, à côté de ces exemples, viennent se ` placer Cyclamen et Cuscuta. Dés 1850, je démontrais que ces corps des Lecythidées et des Cyclamens sont des tubercules formés par le collet ou l'hypocotyle (2), organe qui peut offrir cette hypertrophie normale aussi bien chez les Dicotylées que chez les Monocotylées. De là, la nécessité d'admettre des embryons macropodes dans les deux grands embranche- ments phanérogamiques. Mais à cóté du groupe d'embryons ou l'axe domine, il en est dont les (1) Dans le Ruppia « le gros corps nommé vitellus par Gærtner est véritablement la radicule extraordinairement grosse ». (L.-C. Richard, loc. cit., p. 64.) (2) Annal. sc. nat:, BoT., 3° série, t. XIII. — Contrairement à l'opinion de M. Van Tieghem, je ne saurais voir dans le tubercule des Cyclamen « un rhizome qui peut se renfler en tubercule » (Traité de bot., 1532), un des caractères essentiels des rhizomes étant, indépendamment du milieu où ils se développent, de porter à leur surface des écailles appendiculaires, ou des rudiments, des restes ou des traces de feuilles. CLOS. — SUR QUELQUES POINTS DE GLOSSOLOGIE BOTANIQUE. 329 cotylédons prennent relativement à lui un développement énorme : Hip- p tanées, Tropéolées, Cupulifères, Amygdalées, Légumineuses, entre autres, en offrent des exemples bien connus. Pourquoi ne pas les appeler, comme le voulait L.-C. Richard, par opposition aux premiers, embryons macrocéphales, expression que je ne vois dans aucun des traités de bota- nique moderne les plus répandus ? V. RADICULE ET TiGELLE. — Ne serait-il pas temps de faire justice de ces deux expressions surannées ? L.-C. Richard écrivait dans l'opuscule cité : « Les parties caractéris- tiques de l'embryon sont : 4° la radicule ; 2° le cotylédon simple ou mul- tiple; 3° la tigelle; 4° la gemmule. » Il voyait une radicule énorme chez les embryons macropodes, fausse radicule qui est le collet ou hypocotyle. Il ajoute : « La tigelle (cauliculus) se confond d'une part avec la radi- cule dont elle n'est qu'un prolongement, et se termine de l'autre à la base de la cavité cotylédonaire ou à la scissure qui distingue les bases des cotylédons » (loc. cit., p. 49). A sa suite, Mirbel, de Candolle, L.-C. Treviranus, Schleiden, A. Ri- chard, Aug. de Saint-Hilaire, Adr. de Jussieu, Payer, et avec eux presque tous les auteurs modernes, n'ont pas hésité à reconnaitre ces diverses parties dans l'embryon. Cependant, dés 1850, je proposais d'appeler collet « toute la partie de l'axe comprise entre les cotylédons et la base de la racine désignée elle-même par le lieu où commencent à se montrer les rangs réguliers et symétriques des radicelles » (in Annal. sc. nat., Bor., 3° série, XIII, p. 6). Les morphologistes modernes savent très bien que la radicule ne correspond pas à la racine, celle-ci naissant à la ger- mination de l'extrémité du collet ou hypocotyle. « La plus grande partie de ce corps conique (désigné en botanique sous le nom de radicule), écrit M. Sachs, est en réalité formée par la région hypocotylée de la tige de l'embryon, et c'est seulement son extrémité inférieure souvent trés courte, qui est le début de la racine principale, c'est-à-dire la vraie radi- cule » (Traité de bot., trad. fr., p. 730, passage reproduit dans la 4° édi- tion allemande, Lehrbuch der Botanik, de 1874, p. 609). Pourquoi donc dès lors ne pas rompre avec la tradition, et ne pas renoncer à ce mot de radicule, qui ne peut s'appliquer à aucune partie scientifiquement limitée ou définie de l'embryon, et qui se propageant de traité en manuel, où il désigne ordinairement l'axe hypocotylé, consacre une erreur, comme l'a fait jadis le mot spongiole? Lorsque M. Van Tieghem résume ainsi la formation de la plantule dont le « développement comprend... 4 temps: la radieule, la tigelle, les cotylédons et la gemmule, entrant successi- vement en croissance » (Traité de Bot., p. 901) ; radicule et tigelle sont l’hypocotyle, qui tantôt ne tarde pas à produire la racine après avoir pris 330 SÉANCE DU 23 JUILLET 1880. .- la direction descendante, et tantôt s’accroît dans les deux sens, élevant les cotylédons au-dessus du sol, en méme temps qu'il émet la racine de son extrémité inférieure. Pour de Candolle « la tigelle... va du collet aux cotylédons » ; pour de Mirbel, quand elle existe, des cotylédons à la gemmule, celle-ci constituant avec elle la plumule : quelle diversité d'in- terprétation ! LA MEMBRANE DES ZYGOSPORES DE MUCORINÉES, par M. P, VUILLEMIN. La littérature scientifique nous donne peu de renseignements sur l'his- tologie de la zygospore des Mucorinées. On sait qu'à l'état adulte son revétement se laisse facilement séparer en deux portions douées de pro- priétés différentes, et l'on admet que ces enveloppes sont deux mem- branes distinctes, comme celles qui revêtent œuf des Péronosporées. La ‘coque noire extérieure ne serait autre que la membrane mortifiée des cellules anastomosées ; la couche interne, dite cartilagineuse, appartien- drait en propre à l'œuf résultant de leur fusion. L'étude du développe- ment pouvait seule montrer ce qu'il y a de fondé dans cette manière de voir. Or l'histogénie nous oblige à la rejeter. Déjà M. Le Monnier nous avait fait remarquer que la coque noire parait subir un certain accroissement aprés l'union des branches anastomo- tiques et qu'elle ne peut recevoir les matériaux de cette croissance que du protopl u plaste, puisque à cette époque les cellules compo- santes ont perdu toute individualité. Nous avons suivi pas à pas la formation de cette membrane sur le Mucor heterogamus. Son accroissement est entièrement centripète, bien que la naissance tardive des protubérances externes éveille de prime- abord l'idée d'un développement centrifuge. Voici ce qui se passe. A la suite de la résorption de la membrane mitoyenne, les protopl communiquent largement sans se contracter. Bientôt la membrane du symplaste se plisse de maniére à émettre de nombreuses protubérances creuses, en forme de verre de montre, encore incolores et d'épaisseur uniforme. Des Champignons de tous les groupes présentent, sur certaines cloisons, des zones où la cellulose, moins rigide que dans les portions voisines, se bombe et s'étire en doigt de gant sous l'influence d'une ten- sion exagérée. Les spores du Pilobolus edipus offrent une large ponc- tuation de cette nature, simulant un opercule bien avant la germination et qui, en cédant à la pression du protoplasma gonflé, détermine le lieu de formation du filament-germe. Elle suit l'accroissement de ce dernier et en constitue la membrane. La première apparition des protubérances des zygospores parait étre un phénoméne de méme ordre. VUILLEMIN. — MEMBRANE DES ZYGOSPORES DE MUCORINÉES. 331 Un épaississement annulaire apparait à la base de chaque saillie et se colore en brun..Le sommet de l'éminence continue seul à eroitre ; étranglé par l'anneau basilaire rigide, il s'étire en pointe ou se renfle en bouton ; puis il noircit complètement. Le réseau cellulosique qui entoure les protubérances primitives con- serve plus longtemps son activité et continue seul à réaliser l'augmen- tation superficielle de la membrane, à l'exclusion des pointes noires désormais inextensibles. Ce réseau s'incruste à son tour de matière brune, mais inégalement dans les divers points de son étendue. Par son acerois- sement exagéré dans certaines aires, il souléve par groupes les denti- cules primaires et forme les dents définitives à base étoilée et à pointe- ments multiples. De nouvelles quantités de cellul pposées à la surface interne épais- sissent la membrane en comblant les creux des denticules, en sorte qu'à ce moment la membrane est b p moins accidentée en dedans qu'en dehors. Les portions différenciées en dernier lieu noircissent encore, ainsi que les restes de la membrane interposés aux verrucosités. On peut ainsi distinguer deux zones fortement colorées, mais parfois d'une facon différente. Dans le Mucor Mucedo, en particulier, les éminences brun jaunàtre contrastent nettement avec la couche d'un noir violacé qui les supporte et dont on parvient parfois à les séparer. Les tympans d'insertion des cellules anastomosées s'épaississent peu, mais deviennent néanmoins trés résistants. Ils se colorent beaucoup moins que le reste, si ce n'est à leur centre, qui prend généralement une teinte foncée (Mucor Mucedo, Sporodinia grandis). Quand le réseau cellulosique interposé aux verrucosités s'est coloré en brun, la croissance superficielle est terminée. Ce résultat est acquis chez le Mucor heterogamus moins de vingt-quatre heures aprés l'anastomose (cultures cellulaires); les pu phases que nous venons d'indiquer se édent donc rapid Le développ t de la subst. noire et inextensible est parfois accéléré, et la zygospore, frappée d’un arrêt de croissance, se trouve fixée définitivement dans des formes et des dimen- sions variables. On rencontre des zygospores entièrement noires au stade des saillies en verre de montre, d'autres au stade des denticules simples, d'autres au stade où les denticules groupés dans un soulèvement commun sont encore distincts. Ces différences dans la forme définitive des zygospo- res du Mucor heterogamus correspondent peut-être à des états constants dans d’autres Mucorinées. Et, de faits ces divers aspects ont été décrits comme spécifi pr l t par M. Bainier (1). Les dimensions F 4 3 E L (1) Bainier, Sur les sygospores des Mucorinées (Ann. sc. nat., BoT., 6* série, t. XV, 1883). — Nouvelles observations sur les zygospores des Mucorinées (Ann. sc. nat., BOT., 6* série, t. XIX, 1884). 332 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. définitives de la zygospore du Mucor heterogamus oscillent entre 45 y. et 150 y de diamètre; leur volume varie donc dans l'énorme proportion de 4 à 37. Ces différences s’observent dans la plupart des espèces, comme M. Bainier l’a également constaté. À la fin de ce premier stade du développ t, le protopl est exac- tement appliqué à la membrane, se moulant sur les anfractuosités aigués qui correspondent à chaque groupe de denticules. En brisant la mem- brane dans l'acide osmique, on parvient parfois à isoler le corps proto- plasmique. On voit qu'à part sa couche membraneuse périphérique, il ne possède pas à ce moment d'autre membrane que sa coque noircie et cas- sante, et que celte derniére est encore la vraie et unique membrane propre. Le protoplasma modifie ensuite lentement sa constitution, comme tous les organes de vie latente. Parmi les produits de cette élaboration, les composés ternaires occupent une place importante; ils s'aceumulent au centre sous forme de graisse, et à la périphérie ils épaississent notable- ment la membrane, de méme que, dans diverses cellules des plantes supérieures, des strates d'une nouvelle nature s'apposent à la membrane primitive au fur et à mesure que le protoplasma se différencie. La mem- brane n’acquiert sa structure définitive qu'au bout d'un mois à six semaines chez le Mucor heterogamus ; à partir de cette époque, les cou- ches internes élastiques sont faciles à isoler de la portion primordiale cassante : cette dernière ne s'est pas sensiblement modifiée, La membrane dont on a séparé la zone extérieure noire se montre composée de couches aussi nettement différenciées entre elles qu'elle peut l’être dans son ensemble à l'égard de la coque rigide. En négligeant les renseignements fournis par la genése de la zygospore, ce n'est pas deux membranes qu'on devrait y reconnaitre, mais un nombre bien plus élevé. Cet ensemble de couches que l'on appelait membrane propre ou mem- brane cartilagineuse est lisse intérieurement, hérissé extérieurement de verrues simples, peu accusées à la maturité dans le Mucor heterogamus. Généralement incolore, jaune dans le Thamnidium elegans, d'après M. Bainier, cette portion de la membrane est teintée de noir violacé dans notre Mucor. Au contact de la zone rigide il se différencie une mince cuticule facile- ment isolable par l'acide sulfurique. La cuticule se moule sur les ver- rues et en conserve l'empreinte aprés séparation (Sporodinia gran- dis, etc.). Son épaisseur uniforme est de 0^,75 à peine dans le Mucor Mucedo, un peu supérieure dans le Mucor heterogamus. Lisse le plus souvent, la cutieule est ornée, dans cette derniére espéce, de stries si- nueuses, colorées en brun, trés rapprochées, donnant à la surface un VUILLEMIN. — MEMBRANE DES ZYGOSPORES DE MUCORINÉES, 333 aspect moiré d'une grande élégance. Ces ondulations sont sans relation avec les protubérances ; c'est à elles que la spore décortiquée doit sa coloration. La face interne de la membrane est tapissée par une mince couche cellulosique, d'aspect granuleux, qui seule se colore en brun rougeûtre par l'acide sulfurique et l'iode, et en violet intense, comme les mem- branes des mors tomotiques, sous l'infl de l'hématoxyline. La masse principale, interposée à la cuticule et à la zone cellulosique, est incolore, stratifiée, mesurant 7 u-8 y. d'épaisseur dans le Mucor Mu- cedo, 34-34.,5 dans une zygospore de taille moyenne de Mucor hetero- gamus. Elle comprend deux zones principales, dont l'extérieure est la plus épaisse. Toutes deux se gonflent énormément par l'acide sulfurique. Si l'action est brusque et l'acide concentré, la membrane, débarrassée préalablement de la coque rigide, est comprimée par la cuticule et se dilate vers l'intérieur. La tension du protoplasma s'opposant à celte pro- gression, la cuticule créve en un point situé, comme pour la germina- tion, entre les deux tympans d'iusertion, et la portion gonflée fait hernie au dehors, tout en expulsant le contenu jusqu'à oblitération totale de la cavité. Finalement elle se dissout elle-même. Une action ménagée de l'acide sulfurique montre que la zone interne de la portion gonflée, sépa- rée trés nettement de la zone externe, est plus lentement soluble. Par la potasse, la zone interne se gonfle plus que l'externe. En méme emps elle s'en distingue par une coloration jaunàtre. Elle en diffère aussi par son élasticité moindre : sous la faible pression d'un couvre- objet, j'ai réussi à fragmenter cette zone interne en nombreux éclats cassure vitreuse, tandis que l'externe, restée intacte, agissant concurrem- ment avec la tension du protop! j intenait les débris en place. De plus, il était aisé de reconnaitre, dans la couche interne, deux ré- gions dont les brisures se contrariaient. La couche externe renferme une strate plus accusée que les autres et que l’on peut suivre dans tout le pourtour. La description qui précède repose essentiellement sur l'étude de Mucor Mucedo, heterogamus et Sporodinia grandis. La zygospore du Syncephalis nodosa, malgré son exiguité (18*-22°), ne parait pas s'en éloigner. Toutefois, n'ayant pu la décortiquer préalablement à l'aide d’aiguilles comme celles des autres espèces, nous n’avons pas isolé la cuticule de la cuirasse extérieure. Cette dernière est mince et blanche; ses tubercules sont arrondis, tantôt dispersés sans ordre si la zygospore est petite et s’ils restent rares, tantôt disposés en files linéaires circon- serivant les mailles d'un réseau. Comme dans les autres types, la mem- brane est réduite au début à cette coque rigide; le contenu, qui renferme un mélange de ri et albuminoïdes, se colore en rose par 334. SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. l'acide sulfurique ; et cette teinte, bien que progressivement atténuée du centre à la périphérie, ne s'arréte, à cette période, qu'à l'enveloppe ver- ruqueuse. Plus tard, les limites de la coloration rose sont refoulées par la portion cartilagineuse, différenciée en progression centripète. Gonflée par l'acide, cette portion peut expulser le contenu. Elle comprend deux couches jouissant des mêmes propriétés que dans les cas précédents. En résumé, la zygospore des Mucorinées, étudiée dans des types diver- gents, présente une structure uniforme. Sa membrane est unique, à croissance centripéte, à différenciation profonde. Les cinq zones princi- pales qu'on y distingue, formées par un seul et méme corps protoplas- mique, constituent un tout aussi indivisible que la membrane compliquée d'une téleutospore d'Urédinée ou d'un grain de pollen à développement discontinu. Cette structure de la membrane de la prétendue zygospore entraine des conséquences théoriques qu'il importe de signaler. La conception de la double membrane a eu pour origine l'assimilation bien. naturelle de la spore durable des Mucorinées et de l’œuf des Péronosporées. Si la conséquence est fausse, le principe est ébranlé par le fait. En montrant que la constitution de la membrane différe dans les deux cas, nous attei- gnons un des arguments puissants invoqués en faveur de la nature sexuelle de l'acte qui prélude à la naissance de cet organe chez les Mucorinées. Déjà, dans une précédente étude (1), nous avons établi, en nous ba- sant sur l'organisation du Mucor heterogamus, que les particularités considérées antérieurement comme un acheminement vers la diffé- renciation sexuelle indiquaient au contraire un simple retour d'une des branches anastomotiques vers l'état des rameaux végétatifs ordi- naires. Nous ne prétendons nullement, au reste, que la spore durable des Mucorinées et l’œuf des Péronosporées ou autres familles voisines, ne puissent avoir une dérivation commune; nous croyons seulement que l'analogie est lointaine, et que la limite entre l'acte sexuel et la forma- tion d'une spore ou d'un tubercule asexué, avec ou sans anastomose préa- lable, se trouve en tous cas entre ces deux organes, On pourra invoquer l'apogamie chez les Mucorinées comme chez les Ascomycétes; mais ce n'est, dans l'état actuel de la science, qu'une hypothése ingénieuse, plus difficile peut-être à démontrer dans le premier groupe que dans le second. (1) P. Vuillemin, in Bulletin Soc. des sciences de Nancy, séance du 15 avril 1886. PATOUILLARD. — HELICOBASIDIUM ET EXOBASIDIUM. 335 M. Patouillard fait à la Société la communication suivante : HELICOBASIDIUM ET EXOBASIDIUM, par M. N. PATOUILLARD. L'étude de l'Helicobasidium purpureum que nous avons publiée au mois d'avril 1885, dans le Bulletin de la Société botanique de France, avait été faite à l'aide d'exemplaires adultes, récoltés aux environs de Paris sur l'Asarum europæum, et par conséquent nous n'avions pu observer que la fructification à son état le plus parfait. Au printemps 1886, notre plante a été trouvée de nouveau aux envi- rons de Nice, par M. Barla, qui a bien voulu communiquer à M. Boudier et à moi, de nombreux échantillons à différents âgés, qui nous ont permis de suivre le développement complet du Champignon. La plante de Nice croît sur différentes espèces herbacées : Graminées, Psoralea, Hiera- cium Pilosella, Poterium, etc., qu'elle entoure de ses filaments comme le fait le Sebacina incrustans ou la forme de l'Asarum, c'est-à-dire qu'elle se sert des Phanérogames comme d'un support, mais sans étre véritablement parasite. Dans son jeune àge, vers le mois de février, le Champignon est encore entièrement stérile, il a une teinte violacé pourpre et n'est pas pruineux ; il est uniquement formé d'un feutrage épais, violacé roux à l'intérieur, constitué par des filaments colorés, gréles, à parois minces, coupés par de nombreuses cloisons transversales et ne présentant à peu près pas de boucles aux articulations. Dans les parties profondes ces filaments sont trés rameux et enchevétrés, prés de la périphérie les ramifications se re- dressent et deviennent paralléles. Vers le mois de mars, la plante continuant à se développer, se recouvre d'une abondante pruinosité blanche. Si à ce moment on étudie sa struc- ture, on voit que les filaments paralléles se terminent par une partie in- colore, séparée du restant par une cloison ayant souvent une boucle à son niveau ; cette partie incolore a d'abord la forme d'un cylindre à sommet arrondi, puis sur le sommet de ce cylindre s'étire un long stylet terminé en pointe et un peu renflé à sa partie moyenné; entre la partie basilaire et le stylet il y a un étranglement et parfois une cloison. Bientôt une conidie incolore naît à la pointe du stylet, d'abord globuleuse, puis ovoide allongée, plus ou moins renflée et de dimensions variables. I] arrive fré- quemment qu'on observe la germination de ces conidies sous le micro- scope. Dimensions de la partie basilaire du stylet : 16-30 p X 10-124; de la partie étirée : 16-33 y. X 6-10 p; de la conidie : 16-20 p X 6-8 p. Enfin enavril et mai on commence à voir paraitre, au milieu de l'hymé- nium conidifére, des éléments qui se recourbent à leur sommet; sur la partie convexe ainsi obtenue naissent bientót deux, rarement trois ou. 336 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. quatre stérigmates assez courts; la partie courbée est unicellulaire ou montre une, deux, trois ou quatre cloisons transversales. Les spores sont incolores, ovoides allongées, un peu courbées et atténuées à une extré- mité en une pointe mousse. Aprés la chute des spores, la plante se desséche et finit par disparaitre avec son support. L'Helicobasidium de M. Barla présente quelques légères différences avec la plante de l'Asarum : le tissu est plus épais, plus bosselé, les ba- sides ont les stérigmates plus courts, les spores sont également un peu différentes ; aussi nous proposons de la désigner sous le nom: Helicoba- sidium purpureum var. Barle. Signalons enfin que tout le Champignon exhale une odeur analogue à celle du gaz d'éclairage. Dans son récent ouvrage, Enchiridion Fungo- rum, etc., M. le D” Quélet place notre plante dansle genre Exobasidium Vor., sous le nom d'E. Asari Quél. et établit pour elle une section spé- ciale : Helicobasidia. Cette dé ination d'Asari Quél. n'a aucune rai- son de remplacer celle de purpureum Pat., qui est antérieure, d'autant mieux que le Champignon ne s'élend pas seulement sur l'Asarum, mais sur toutes les plantes qui se trouvent à sa portée, et aussi sur les pierres, brindilles, etc. L'examen du genre Exobasidium exclut toute idée de rapprochement avec le genre Helicobasidium. Prenons comme exemple l'Exobasidium Rhododendri, parasite du Rhododendron ferrugineum, qui est encore mal connu. Ce Champignon nous est adressé tous les ans, au mois de juin, depuis 1880, sous le nom d’Exobasidium Rhododendri Doas. par notre confrère le D" Doassans, qui le récolte dans les Pyrénées non loin des Eaux-Bonnes. Il attaque les feuilles, les bourgeons et les jeunes inflorescences, sur lesquelles il provoque une hypertrophie du tissu cellu- laire dont le volute atteint celui d’une petite noix. Cette exeroissance est d'abord verdàtre, puis jaunátre et enfin d'un rouge plus ou moins foncé ; à ce moment la surface se recouvre d'une pruine blanche qui est formée par la fructification du Champignon dont les éléments végétatifs sont con- tenus dans le tissu hypertrephié du Rhododendron. Les basides naissent isolément et font saillie entre les cellules du support; leur forme est celle d'un cylindre à sommet arrondi, portant quatre stérigmates trés courts. Les spores sont incolores, ovoides allongées, un peu courbées et présentent souvent une cloison transversale vers leur milieu. Les différences entreles deux genres sont tellement grandes et telle- ment évidentes, que M. Quélet lui-méme n'a pas maintenu sa section Helicobasidia dans Errata qui précède son ouvrage ; il indique I’ He- licobasidium purpureum comme une forme de Corticium sangui- neum Fr., Ic., t. 198, f. 2. L. MANGIN. — RECHERCHES SUR LE POLLEN. 331 Si nous admettions que les deux plantes Helicobasidium et Corticium ne soient qu'une seule et méme espéce, le fait d'établir pour elle un genre distinct de Corticium n’en subsisterait pas moins, à cause des caractères de la fructification qui ne sont pas ceux du genre Corticium. Mais les deux plantes sont absolument différentes, ainsi qu'il résulte de l'étude que nous avons pu faire du Corticium sanguineum Fr., sur des échantillons authentiques de cette plante que nous devons à l'obligeance du mycologue de Mustiala (Finlande), M. le D" Karsten. j Ce Corticium, toujours fort rare, est ordinairement stérile,et M.Karsten, qui l'a observé fructifère, n'y a rien signalé de particulier. Il a l'aspect d'une plaque d'un rouge incarnat étalée à la surface de l'écorce du bois de Pin, Sapin, etc., sous laquelle il envoie des cordelettes rhizomorphoides rougeàtres ; le pourtour est fibrilleux aranéeux peu coloré d'abord et se fonçant de plus en plus à mesure qu'on se rapproche de la partie cen- trale du Champignon. Au microscope les hyphes sont celles de tous les Corticium : des filaments peu colorés, à paroi épaisse, rarement septés el trois à quatre fois plus larges que ceux de l'Helicobasidium. * Nous avons cru devoir entrer dans ces différents détails afin de lever tous les doutes qui pouvaient subsister sur l'autonomie du curieux genre Helicobasidium. RECHERCHES SUR LE POLLEN, par Louis MANGIN. On sait que le pollen constitue des cellules en état de vie ralentie, produites par la dissociation du lissu de l'anthére et destinées, aprés un temps plus ou moins long, à germer sur le stigmate où elles sont trans- portées. M. Van Tieghem a montré (1) que la germination du pollen pouvait étre obtenue dans des milieux artificiels convenablement préparés, va- riables d'ailleurs avec les espéces. Mais jusqu'ici on n'a fourni, à ma connaissance, aucune donnée sur la durée du pouvoir germinatif du pol- len, sur les conditions de la germination et les éch gazeux qui la caractérisent. J'ai essayé de combler en partie cette lacune, et je viens présenter à la Société quelques-uns des résultats obtenus sur ce sujet. Pour étudier la germination du pollen, on peut employer deux mé- thodes. La premiére consiste à réaliser un milieu nutritif artificiel dans lequel on place le pollen. La seconde consiste à observer la germination du pollen dans les conditions naturelles, c'est-à-dire sur le. stigmate méme des fleurs. (1) Van Tieghem, Rech iologi égétation libre du pollen et de l'ovule [Ann. sc. nat., BoT., 5° ee t. XII pie 3 d i T. X3XHR ^ (SÉANCES) 22 338 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. Cette derniére méthode convient trés bien lorsqu'on se propose de suivre les diverses phases de la germination du pollen ; mais, si l'on veut chercher, comme je l'ai fait, à évaluer la durée de la propriété germi- native, elle ne convient qu'à un trés petit nombre de plantes, car dans la plupart des espèces, la durée de la période germinative du grain de pollen est supérieure à la durée de la floraison (Narcisse, Bouleau, Aulne, Jacinthe des bois, Pin, Sapin, etc.). Seules, les plantes qui fleu- rissent pendant toute l'année peuvent être employées (Rumex Aceto- sella, Mercuriale, Lamium album, etc.). Enfin, quand on veut étudier les échanges gazeux et l'influence du milieu nutritif sur la formation des tubes polliniques, il faut de toute nécessité recourir à la première méthode, Remarquons que cette méthode n’est pas non plus d’un emploi général, car la nature des substances né- cessaires à la germination du pollen varie d’une espèce à l’autre. La recherche des milieux capables de faire germer le pollen de toutes les espèces m'aurait entraîné trop loin, car elle exige de nombreux tàtonne- ments; aussi me suis-je borné à examiner les espèces dont le pollen germe facilement dans un certain nombre de milieux choisis d'avance. * ‘Procédé opératoire. — Les résultats que j'ai obtenus jusqu'ici ont été fournis par la méthode des cultures dans un milieu artificiel. J'ai choisi un substratum solide pour éviter la pénétration et l'accu- mulation des grains de pollen dans la masse; ce substratum est consti- tué par de la gélose (Agar-agar) ramollie et dissoute dans l'eau à la tem- pérature de 100 degrés. Cette substance forme une gelée transparente à laquelle on incorpore des substances nutritives variées (glucose, saccha- rose, gomme, dextrine, etc.). Lorsqu'on se borne à étudier la durée du pouvoir germinatif ou la ra- pidité de la germination, on se sert des cellules en verre déjà employées par MM. Van Tieghem et Le Monnier dans l'étude des Mucorinées. Mais, si l'on veut connaitre la nature et l'intensité des échanges gazeux pendant la période germinative, on emploie le dispositif suivant. On séme le pollen sur un verre de montre, dont la face concave est enduite d'une couche de gélose. Ce verre de montre repose sur un bain de mercure, dont la surface est recouverte d'une mince couche d'eau; le verre de montre est coiffé d'un cristallisoir renversé, dont les bords plongent dans le mercure, de telle sorte qu'on a une chambre à air bien close, dans laquelle on peut, de temps à autre, faire des prises de gaz pour étudier les modifications subies par l'atmosphére confinée. Ce dispositif trés simple a des inconvénients lorsqu'on veut prolonger la germination du pollen pendant longtemps. On est obligé en effet, à chaque prise de gaz, d'enlever le cristallisoir pour examiner une parcelle L. MANGIN. — RECHERCHES SUR LE POLLEN. 339 de la culture et vérifier si elle n'est point envahie par les levüres, les bac- téries ou les moisissüres. En ouvrant ainsi à plusieurs reprises l'atmos- phére confinée, on s'expose à laisser rentrer des germes et à rendre la culture impure. Pour obvier à cet inconvénient, on dispose l'appareil suivant. On a ‘un petit manchon de verre de 5 centimètres de diamètre et de 2 à 3 cen- timétres de largeur, sur les cótés duquel ont été soudés deux tubes étroits placés l'un en face de l'autre. Sur l'une des faces rodée du manchon on colle au vernis Golaz un disque de verre, et sur l'autre face on adapte une lame mince de verre ou de mica enduile de gélose. Le manchon ainsi fermé constitue une chambre à air dans laquelle on peut faire cir- culer un courant de gaz, et comme les tubes de verre sont garnis de coton flambé, on n'a pas à craindre, dés que l'appareil est fermé, l'intro- duction des germes sur la culture. On conduit l'expérience de la maniére suivante. L'appareil ayant été chauffé à 130 ou 140 degrés, puis refroidi, on colle au vernis Golaz la lame de mica enduite de gélose et contenant la culture du pollen qu'on se propose d'étudier. L'un des tubes à gaz communique, à l'aide d'un caoutchouc, avec un tube de Liebig contenant de l'eau, l'autre est mis en relation, aussi par un caoutchouc, avec une petite trompe à mercure destinée à extraire les gaz. Des pinces à vis permettent d'intercepter les communications et transforment la chambre en une cavité herméti- quement close. On peut facilement détacher le manchon et le porter sur la platine du microscope pour faire l'examen de la culture. Quand le pollen a séjourné pendant un temps suffisamment long pour que l'atmosphére confinée ait subi des modifications notables, on fait marcher la trompe en desserrant la pince qui la sépare du manchon et l’on extrait une certaine quantité de gaz; puis on laisse rentrer l'air et on établit un courant pendant quelques minutes, pour que l'atmosphére soit totalement renouvelée. L'appareil est alors abandonné à lui-méme pendant un certain temps ; on fait une nouvelle prise de gaz, et ainsi de suite. Durée de la propriété germinative. — En consultant la liste ci-des- sous qui donne la durée de la faculté germinative du pollen d'un certain nombre d'espéces, on verra que cette durée est trés variable. Ces résul- tats ne permettent pas encore d'établir de relation entre la conservation dela propriété germinative et la nature des fleurs (cléistogamie, dicho- gamie, ete.). C'est ainsi par exemple que le pollen de la Pervenche, fleur cléistogame, peut germer pendant soixante jours aprés avoir été cueilli; et cependant les fleurs ne persistent que pendant un mois à peine. Tout ce qu'on peut conclure de ces résultats encore incomplets, c'est, 340 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. que la durée de la période germinative est relativement courte chez les plantes qui fleurissent longtemps (Cerastium vulgatum, Lamium album, Rumex Acetosella, etc.). Durée de la faculté germinative. Oxalis Acetosella.......... » > 1 jour. Nymphea alba..... 25 juin au 928 juin...... 3 — Luzula campestris. . 2t avril — 24 avril..... 3 -- Cerastium vulgatum . 25 avril — 928 avril..... 3 — Rumex Acelosella.... 8 mai i è 5 Lamium album. ........... 23 avril 6 Carpinus Betulus......... » = 24 avril 7 Plantago lanceolata. . .. 24 avril Plantago major........ .. 95 juin Æsculus Hippocastanum.... 5 mai Lilium croceum........ .. 93 juin AE Lilium candidum . . 23 juin — 7 juillet.... 14 — Papaver Rhaas..... 17 juin — 7 juillet.... 20 — Campanula Medium.. 11 juin — 2 juillet... 21 — Alnus glutinosa...... .. 21 mars — 12 avril... 21 — Quercus pedunculata....... 3 mai — 27 mai...... 24 — Iris Pseudacorus. .. .... es. 4 juin — 2 juillet... 28 — Caltha palustris .. 90 avril — i i Polygonatum vulgare...... 10 mai — Lamium Galeobdolon........ 2 mai — Gentiana lutea..... .. 45 juin — Atropa Belladona.. 3 juin — Betula verrucosa..... . 13 avril — Saxifraga granulata. . 5 mai — Digitalis purpurea... . ne 3 juin — Fagus silvatica............ 26 avril — Antirrhinum majus. ....... 2 uin — Vinca minor ........ .. 22 avril — Agraphis nutans 27 avril — Narcissus Pseudonarcissus. . 9 avril — TAURI SRCoHd AE is cra 25 avril — 15 juillet.... 80 — (?) Parmi les espèces qui figurent dans ce tableau un certain nombre fournissent d'excellents objets d'études pour l'examen de la germination. Signalons le pollen de la Pervenche, de l'Iris Pseudacorus pour la dimension considérable des tubes polliniques dans lesquels on peut observer, à un faible grossissement et avec une grande netteté, le dépla- cement des granules amylacés ou protoplasmiques. Le pollen de Gentiane, de Campanule, d'Agraphis, de Narcisse, de Sceau-de-Salomon germent avec facilité sur la gélose additionnée de sac- charose et de glucose. Par contre le pollen du Chéne, du Hétre, de la Belladone germent irréguliérement, un grand nombre de grains cré- vent dans le milieu nutritif, de telle sorte qu'on ne saurait affirmer pour L. MANGIN. — RECHERCHES SUR LE POLLEN. 34 ces espéces si la germination est analogue dans les conditions natu- relles. pidité de la germination. — Quand le pollen a conservé la faculté de germer et qu'il est placé dans les conditions de milieu favorables à son développement, deux choses peuvent se produire. Tantôt la germi- nation commence aussitót, et elle est d'autant plus rapide que le temps qui s'écoule entre la récolte du pollen et la mise en germination est plus court. C'est ce qu'on observe avec le pollen du Plantain (PI. major et lanceolata), du Coquelicot, du Sceau-de-Salomon, de la Saxifrage, de la Pervenche, du Jucca, du Pied d'Alouette (Delphinium Consolida), etc. Tantót la germination n'est pas immédiate, elle n'a lieu que douze, vingt-quatre heures ou plusieurs jours aprés le semis, comme on le voit pour le pollen du Luzula campestris, du Populus pyramidalis, du Pinus silvestris, du Picea excelsa, etc. Dans ce dernier cas, la germina- tion présente un optimum de rapidité qui se produit un certain nombre de jours aprés la récolte; ainsi, pour le pollen d'Epicéa, l'optimum de germination parait avoir lieu quarante à quarante-cinq jours aprés la récolte. En comparant entre elles les espéces qui présentent des divergences dans la rapidité de la germination, on constate que certaines plantes cléistogames (Pervenche), ou dichogames protérogynes (Plantain) pos- sédent un pollen à germination immédiate; tandis que certaines dicho- games protérandres ou unisexuées ont un pollen à germination retardée (Epicéa, Peuplier, Chéne). Influence de la lumière sur la rapidité de la germination. — Il s'agit seulement de l'influence de la lumiére diffuse, la seule qu'on puisse établir nett t, toutes conditions égales d'ailleurs. Cette influence est trés variable. Ainsi le pollen du Vinca minor, du Nymphæa alba, du Cerastium vulgatum, etc., etc., germe plus rapi- dement à l'obscurité qu'à la lumière; tandis qu'avec le pollen du Yucca gloriosa, du Papaver Rhæas, du Campanula Medium, etc., on constate que la germination est plus rapide à la lumiére. Enfin le pollen de la Capucine parait germer aussi rapidement à la lumiére ou à l'obs- curité. Si l'on ne peut pas conclure de ces résultats, l'influence de la lumiére est néanmoins importante à mentionner, car en la négligeant on s'ex- poserait à des insuccès. Ainsi le pollen du Coquelicot mis simultané ment en germination à la lumiére diffuse et à l'obscurité le 17 juin à deux heures offre les différences suivantes : 342 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. Longueur des tubes polliniques en divisions du micromètre oculaire. EL ne Durée de la germination. à l'obscurité. à la lumière. 1 h. 30 m. 2à3 5à8 3 h. 45 3 4 30 40 Th. 10 15 90 100 Citons encore le pollen du Nymphæa alba recueilli le 25 juin, mis en germination le 26 juin à cinq heures. Longueur des tubes polliniques. en divisions du micromètre oculaire. —Má— A —— Durée de la germination. obscurité. lumière. Au bout de 5 heures Pas de germination — 18 — 15 à 20 5à8 — 30— 40 60 10 — 45 — 70 80 12 (A suivre.) M. Grès donne quelques détails sur une herborisation que l'École de pharmacie a faite récemment entre Villeparisis et Sevran. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : SUR LA FORMATION DES RACINES LATÉRALES DES MONOCOTYLÉDONES, par MM. Pb. VAN TIEGHEM et H. DOULIOT. Dans une séance précédente (14 mai 1886), nous avons communiqué à la Société un travail où se trouvaient consignées, entre autres résultats, quelques observations sur la formation des racines latérales des Monoco- tylédones. Nous trouvant, au sujet de l'origine de l'écorce de la racine, en désaccord avec les résultats publiés par M. Mangin en 1882 (1), et M. Mangin, présent à la séance, nous ayant fait à cet égard quelques objections, nous avons pensé qu'il convenait, avant de publier cette partie de notre travail, de soumettre ce sujet à une nouvelle étude. Cette nou- velle étude n'a fait, en ce qui concerne l'origine de l'écorce de la racine, que nous confirmer dans notre première opinion, à savoir que cette écorce dérive de l'écorce de la tige, et non du cylindre central comme l'a cru M. Mangin (loc. cit., p. 255 et p. 350). (1) L. Mangin, Origine et insertion des racines adventives chez les M yléd (Ann. des sc. nat., BOT., 6* série, t. XIV, p. 216, 1882). VAN TIEGHEM ET DOLT. — RACINES LATÉRALES DES MONOCOTYL. 343 Nous nous sommes appliqués cette fois à obtenir des coupes axiales dans des ébauches de racines aussi jeunes que possible, et nous avons étendu nos recherches à plus de trente espéces appartenant à vingt-neuf genres compris dans les familles les plus diverses : Graminées (Pani- cum, Pennisetum, Andropogon, Saccharum, Phalaris, Glyceria, Ely- mus); Cypéracées (Cyperus, Scirpus, Carex, Cladium, Blysmus); Naïa- dées (Potamogeton); Aroidées (Calla, Monstera, Acorus); Typhacées (Typha, Sparganium); Alismacées (Alisma, Hydrocleis); Liliacées (Po- ygonatum, Convallaria, Eucomis) ; Iridées (Iris); Scitaminées (Amo- mum); Hydrocharidées (Vallisneria, Elodea, Hydrocharis, Stratiotes). Chez toutes ces plantes, le cylindre central de la racine procède du péricycle de la tige, tandis que l'écorce et la coiffe dérivent ensemble de l'assise interne de l'écorce. Par un cloisonnement tangentiel, cette assise se divise en deux au point considéré : l'externe, par ses cloisonnements centripètes de plus en plus nombreux vers le sommet, produit la coiffe ; l'interne, par ses cloisonnements centripétes de plus en plus nombreux vers la base, donne l'écorce dela racine. Pendant ce temps, sur toute la périphérie de la tige, l'assise interne de l'écorce subit également une série de cloisonnements centripèles et produit la zone corticale interne, plus ou moins épaisse suivant les cas, zone dont les assises sont en continuité parfaite latéralement avec celles de l'écorce de la racine, leurs con- temporaines. En dernier lieu, l'endoderme prend ses caractères propres et passe sans discontinuité du cylindre central de la tige à celui de la racine. Nous nous bornons aujourd'hui, pour ne pas plus longtemps perdre date, à la bréve indication de ce résultat, nous proposant de revenir bientôt sur cette question dans un mémoire détaillé accompagné de figures. M. Chatin signale l'existence, dans les vignes de Pierrefitte, d'une maladie dont la cause est peu connue, c'est l’étiolement. Les feuilles se décolorent peu à peu, se desséchent et tombent, en commençant par celles du bas, bien avant la maturation du raisin, de sorte que la récolte est compromise. Cette maladie a été obser- vée depuis longtemps sur les plantes les plus variées en l'absence de tout parasite, et les conditions de son développement ne sont pas encore bien expliquées. Eusèbe Gris croyait jadis en avoir trouvé le traitement, qui consistait dans l'emploi du sulfate de fer, soit en addition dans l'eau d'arrosage, soit même appliqué directement en solution sur les feuilles malades. La coloration verte de la feuille malade réapparaissait sur les points où elle avait recu le contact du 344 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. sel de fer, et l'expérimentateur s'empressa d'en conclure que la chlorose était ainsi guérie. En réalité la coloration nouvelle était due à la formation d'un tannate vert de fer insoluble qui se fixait à la maniére des teintures, sur l'enveloppe cellulosique des tissus, comme on peut le vérifier par l'examen microscopique. M. Camus présente l'observation suivante : p La chlorose atteint assez souvent les plantes que je conserve à Paris, parce qu'elles sont dans de trés mavaises conditions de végétation. Je suis forcé de les garder dans un endroit où elles n'ont que de la lumière dif- fuse et une aération insuffisante. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de soi- gner ces plantes atteintes de chlorose et j'ai eu de bons résultats en arrosant la terre avec une solution contenant 20 grammes de sulfate de fer par litre d'eau. M. Bureau dit qu'à Nantes on soigne les Magnolia étiolés en plaçant des cristaux de sulfate de fer au pied de la plante malade. M. Bureau annonce à la Société le succés complet de la mission botanique de M. Balansa au Tonkin. M. le Secrétaire général analyse les communications suivantes, que l'heure avancée ne permet pas de lire in extenso. EXCURSION BOTANIQUE A PIERRE-SUR-HAUTE (LOIRE), par M. Michel GANDOGER. Ma premiére ascension de la montagne de Pierre-sur-Haute date de dix ans; c'était du 12 au 16 juillet 1875. J'en avais entrepris l'explora- tion par les vallées de Saint-Bonnet-le-Courreau et de Sauvain; une année, chaude et humide tout à la fois, avait favorisé exceptionnelle- ment la végétation, de sorte que bien des plantes intéressantes étaient venues enrichir mon herbier. Cette année, j'ai attaqué la montagne par une autre voie : celle de cette admirable vallée du Lignon, qui commence à Sail-sous-Couzan (Loire) pour se terminer à Chalmazelles, au pied méme de la chaine de Pierre-sur-Haute. Afin d'avoir un ensemble complet de la végétation de cette région, j'ai exploré la montagne du 23 au 25 août 1885; j'ai pu revoir ainsi une grande partie des plantes trouvées en 1875 et récolter celles qu'une saison plus avancée fait naitre dans la région alpestre. Pierre-sur-Haute forme, par 1640 mètres d'altitude, le point culminant GANDOGER. — EXCURSION BOTANIQUE A PIERRE-SUR-HAUTE. 345 de la chaine du Forez; la moitié de la montagne appartient au départe- ment de la Loire, et l'autre moitié à celui du Puy-de-Dôme. C'est une montagne pour ainsi dire classique, soig t explorée autrefois, pendant plus de dix ans, par M. l'abbé Peyron, qui avait communiqué toutes ses trouvailles à Cariot ; elles ont été consignées dans les éditions successives de l'Étude des fleurs (1) de ce dernier. De très rares plantes y furent découvertes (Epipogium Gmelini, Scheuchzeria palustris, Carex limosa, Lycopodium Ch yparissus, etc.), mais n'y ont pas été ou y ont à peine été récoltées dans la suite. Le 23 aoüt dernier je donnai done suite à mes projets; j'arrivai, par le chemin de fer, aux bains de Sail-sous-Couzan (Loire), dont je devais remonter la pittoresque vallée qu'arrose le Lignon. Les flancs arides et granitiques des collines voisines sont garnis par Genista purgans DC., Dianthus congestus Bor., D. deltoides L., Rubus dumetorum Whe et Nees, R. Menkei Whe et Nees, Senecio artemisiæfolius Lois., Scabiosa patens Jord., Origanum virens Hoffmsg et Link.; c'est un début en- courageant. — Une forme naine, à fleurs rouges et à feuilles petites, du Mentha rotundifolia, est assez abondante dans les lieux humides; c'est la seule Menthe que j'aie rencontrée dans toute mon excursion, les ter- rains granitiques étant généralement pauvres en espèces de ce genre. Quatorze kilomètres me séparent de Chalmazelles, village où je dois coucher, pour gravir Pierre-sur-Haute dès le lendemain. Il n'y a aucun service organisé, pas de voitures, pas de mulets ; mais la route est bonne, et le paysage qui m'entoure me fait oublier la longueur du chemin : à droite et à gauche, de superbes forêts d' Abies pectinata, de Pinus sil- vestris, de Hétres, de Chénes; tout à fait au bas, coule à grand bruit le Lignon, profondément encaissé de murailles granitiques; puis dans le fond, au sud, le mont de Pierre-sur-Haute, — the great attraction, — qui parait partagé en deux pies principaux. Dés quatre heures du matin je me dispose à l'ascension de la mon- tagne, un guide m'accompagne avec des provisions pour la journée; le temps est superbe, et au plaisir d'une riche moisson botanique viendra sans doute s'ajouter celui d'une admirable vue sur toutes les plus hautes sommités volcaniques de l'Auvergne. Je suis en pleine région montagneuse; déjà méme les premières plantes alpestres se montrent : Alchemilla alpina L., Viola sudetica Willd. Les prairies tourbeuses nourrissent : Lotus uliginosus. Wahlenbergia hederacea. Ranunculus flammula var. reptans. Parnassia palustris. Gentiana Pneumonanthe. Hypnum palustre. Juncus lamprocarpus. " (1) A. Cariot, Étude des fleurs, 3 vol, in-8° (2*'édit., 1854; 6° édite, 1879. Lyon). 346 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. La région des grandes forêts de Sapins apparaît bientôt. Avant de m'y engager, et entre 1200 et 1300 mètres d'altitude, je récolte : Acer Pseudoplatanus. Orchis viridis. Knautia silvatica. — conopea. Sorbus Aria. Succisa pratensis var. humilior, angusti- Erica vulgaris (var. à fl..d'un rouge très olia. vif). Hypochæris radicata (forma éaulibus pro- Carum verticillatum. cumbentibus). Conopodium denudatum. Í Taraxacum palustre. Voici les grands bois de Couzan : les Sapins rivalisent de majesté avec ceux que j'ai admirés dans les Alpes et dans les Pyrénées, et surtout avec les plus beaux spécimens que renferme la forét de Bovinant à la Grande- Chartreuse, l'une des plus belles que j'aie jamais vuet Ces bois de Cou- zan abritent toute une légion de plantes intéressantes ; c'est là que j'ai recueilli le plus d'espéces. Ils s'étendent sur une chaine longue de plu- sieurs lieues, entre 1100 et 1500 métres d'altitude. Généralement en pente assez douce, ils sont en grande partie gazonnés, sauf à certains endroits, où d'énormes blocs de rochers amoncelés et recouverts de Rubus, de Vaccinium, de Galium hercynicum, etc., forment des passes dangereuses qu'il faut absolument éviter, si l'on ne veut pas s'exposer à se briser les jambes. Voici mes principales récoltes dans cette superbe forét : Melampyrum silvaticum. à Nardus stricta. Senecio Cacaliaster. Asperula odorata. Pirola chlorantha. Racomitrium canescens. Epilobium collinum. Polytrichum juniperinum, Saxifraga stellaris. Usnea floridea. Vaccinium Myrtillus. Galium hercynicum. Euphrasia hirtella. Betula alba. — ericetorum. Salix aurita. — nemorosa. : — repens. Oxalis Acetosella. Carex flava. Linaria striata. — montana. Pinguicula vulgaris. — Schreberi. Prenanthes purpurea. — disticha. Hieracium silvaticum. — stellulata, Epilobium montanum. Gnaphalium silvaticum. Lychnis diurna. Rubus glandulosus. Paris quadrifolia. — Menkei. Maianthemum bifolium. — hirtus. Luzula Forsteri. — rudis. — congesta. — idæus, ete. Danthonia decumbens. Phyteuma spicatum. Aira flexuosa. Viola Riviniana. Juncus supinus. - Stellaria nemorum. — capitatus. Galeopsis leucantha. Hypericum quadrangulum. — Reichenbachii. Poa compressa. a GANDOGER. — EXCURSION BOTANIQUE A PIERRE-SUR-HAUTE. 347 Puis une série innombrable de Fougéres, toutes plus élégantes les unes que les autres; je cite au hasard : Polystichum tanacetifolium DC., P. spinulosum, P. dilatatum, P. cristatum, Polypodium Dryopte- ris, P. Phegopteris, Blechnum Spicant, Cystopteris fragilis, Aspidium Filiz-mas, A. Filix-fæmina, etc. La forét se termine par un brusque ressaut de terrain ; de là, je dé- bouche sur un plateau allongé, dont le sol tourbeux est couvert d'une herbe trés dense. On y trouve : Eriophorum vaginatum. : Salix repens var. latifolia (ayant l'aspect Carex Œderi, du S. phylicifolia). — panicea, Betula pubescens. — pallescens. Dianthus silvaticus. — limosa. Alchemilla vulgaris. — stellulata. Montia rivularis. Deschampsia flexuosa. Rumex obtusifolius. Juncus squarrosus. Ranunculus montanus. La végétation arborescente a brusquement cessé; le cóne arrondi de Pierre-sur-Haute est devant moi. En moins d'une demi-heure, il serait. facile d'en atteindre le sommet; mais je suis dans la région subalpine, et c’est là que se trouvent encore bien des plantes rares. Les derniéres broussailles abritent : Campanula linifolia, Aconitum Napellus, Convallaria verticillata, Dianthus silvaticus; puis une prai- rie toute couverte de Gentiana lutea, d Angelica pyrenca et de Vera- trum album; enfin les chalets situés au pied méme de la montagne. J'y prends des rafraichissements et un peu de repos, auxquels une marche ininterrompue de plus de six heures semble m'avoir donné quelque droit. Me voici niet sur la croupe de la montagne. Les ruisselets gar- nis aux bords d'épais gazons de Sphaignes et de Philonotis nourrissent : Pinguicula grandiflora, Drosera rotundifolia, Lycopodium Selago, Saxifraga stellaris, Salix phylicifolia, Andromeda polifolia; les pe- louses sont émaillées de : Viola sudetica, Angelica pyrenæa, Trifolium alpinum. Mais bientôt le Calluna vulgaris envahit toute la région supé- rieure de la montagne qui forme un plateau arrondi d'une monotonie désespérante. Laissant de cóté le sentier battu et ces interminables bruyéres, il faut s'aventurer, mais avec les plus grandes précautions, dans le chaos de rochers éboulés qui avoisine le sommet de la montagne; là végète tout un monde de raretés : Rosa alpina, Serratula monti- cola Bor., Cal g ostis tifl a DC., Solid ticola Jord., Festuca nigrescens Lamk, Poa sudetica Haenke, Meum athamanticum Jacq., Polystichum Filix-mas var. incisa, Hieracium cæsium Fries, H. monticola Jord., Streptopus amplexifolius Desf., Leontodon pyre- naicum Lamk, Geranium ilvati Sorbus paria, Lonicera 348 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. nigra, Acer opulifolium, Vaccini ligi , Rubus tilis, Polygonum Bistorta. — Une sommité voisine, formée par d'énormes rochers disposés en équilibre trés instable, offre les mémes plantes que ci-dessus, mais plus belles et en plus grande abondance, parce que les touristes n'y vont que rarement. Cette sommité, située à droite de la croix qui termine Pierre-sur-Haute, n'est pas inférieure à 1630 mètres; il faut un quart d'heure pour y aller; pendant le trajet, en cherchant un peu, on découvrira : Calluna vulgaris var. albiflora (C. confusa Gdgr, Fl. Lyonn., p. 151), Genista pilosa et peut-être Empetrum nigrum. Le rocher sur lequel est scellée la croix monumentale qui termine le sommet de Pierre-sur-Haute est garni par : Alchemilla alpina et Agros- tis alpina. C'est avec ces deux plantes que se termine mon herborisa- tion. Du haut de la montagne (1640 m.), vue étendue sur toute la chaine du Forez, sur les monts d'Auvergne, où domine les Monts-Dore, le Pic de Sancy, etc., puis sur les départements de la Loire, de l'Allier, du Puy- de-Dóme, du Cantal, etc. J'ai rapporté peut-étre deux cents espéces de cette ascension à Pierre- sur-Haute;et au moins autant de celle que j'exécutais en 1875; mon intention est d'y retourner au printemps de 1886, afin de connaitre ainsi l'ensemble de la végétation de cette montagne. Je sais bien que je n'ai que peu ou pas d'espoir d'y découvrir de nouvelles stations de plantes, arrivant bien aprés les explorateurs éminents qui m'ont précédé ; mais celte excursion m'est imposée par la nature méme des études que j'ai entreprises sur la botanique, peut-étre aussi sera-t-elle de quelque profit pour la science : ce serait ma plus chére ambition. NOTE SUR UNE MODIFICATION DU TISSU SÉCRÉTEUR DU FRUIT DE LA VANILLE, par M. Léon GUIGNARD. Les cellules à raphides, qui constituent une variété de tissu sécréteur trés répandue, surtout dans les tiges et les feuilles des Monocotylédones, forment parfois des files longitudinales qui se distinguent nettement du parenchyme environnant. Outre la faculté qu'elles possèdent de produire une substance gommeuse et des cristaux d'oxalate de chaux, on leur assigne, comme caractére essentiel, de conserver toujours leurs cloisons de séparation, quels que soient l’âge et la nature du tissu où elles se trouvent. Hanstein (1), qui donnait à ces cellules sécrétrices superposées en séries le nom de « vaisseaux utriculeux », admetlait que les mem- branes transversales peuvent se résorber et qu'il en résulte de longs (1) Hanstein, Ueber ein System schlauchartiger Gefüsse, etc. 1859. GUIGNARD. — TISSU ÉCRÉTEUR DU FRUIT DE LA VANILLE. 349 tubes. M. de Bary (1) repousse cette manière de voir et croit que la disparition des cloisons est le résultat d'un accident de préparation et de l'action de l'eau sur le contenu gommeux et les membranes des cellules. Il ajoute pourtant qu'il n'est pas inadmissible que, dans la plante vivante, l’afflux d'un excès d'eau puisse occasionner parfois la rupture des parois transversales. Si, d'une part, mes observations confirment l'opinion de M. de Bary sur la persistance des cloisons de séparation des cellules sécrétrices su- perposées en séries, dans les exemples connus jusqu'à ce jour, et notam- ment chez les Commélynées où ces éléments sécréleurs sont trés déve- loppés; d'autre part, les recherches que j'ai eu l'occasion de faire sur les jeunes fruits de la Vanille m'ont montré que, dans ce cas, il peut y avoir réellement, dans le cours du développement normal, fusion d'un nombre variable de cellules à raphides en un tube plus ou moins long, entiérement rempli de substance gommeuse et de cristaux d'oxalate de chaux. Dans les premiéres semaines qui suivent la pollinisation de la fleur du Vanilla aromatica Sw., l'ovaire s'accroît beaucoup en diamètre et atteint une longueur de 10 à 15 centimétres. Les files de cellules sécrétrices sont disséminées, sans ordre régulier apparent, dans le parenchyme situé en dehors de la zone interne contenant les faisceaux libéro-ligneux. Bien qu'il soit impossible de les suivre sur toute la longueur de l'ovaire, il est probable qu'elles s'étendent de la base au sommet. Dans une méme coupe longitudinale, on peut voir plusieurs séries formées d'éléments de longueur semblable dans chaque file, mais variable d'une file à l'autre. Les cloisons transversales ont d'abord la réaction cellulosique, de méme que la membrane périphérique, mince et sans ponctuations. Chaque cel- lule renferme, outre un gros noyau latéral, un paquet ou faisceau de ra- phides, autour et aux deux extrémités duquel surtout est accumulée une grande quantité de matiére gommeuse, que l'aleool contracte et sépare souvent de la membrane périphérique, plus rarement des cloisons trans- versales. i Tantót le faisceau de raphides touche presque par ses deux bouts aux cloisons transversales; tantót la cellule est beaucoup plus longue que lui, suivant que l'on examine telle ou telle file sécrétrice. Comme leurs cel- lules-méres, les faisceaux varient de dimensions d'une file à l'autre. Souvent, les cristaux accolés dans chacun d'eux atteignent une longueur de plus de 0"",5 ; ils appartiennent au système clinorhombique. Autour de chaque file longitudinale, les cellules du parenchyme grossissent ordi- nairement plus que leurs voisines, deviennent plus larges que longues et lui forment une sorte de bordure spéciale. Dans une méme prépara- (1) De Bary, Vergleichende Anatomie, 1877, p. 146-147. 350 SÉANCE DU 23 JUILLET 4886. tion, on voit des paquets de raphides qui ont atteint leurs dimensions définitives et restent séparés par les cloisons transversales de leurs cel- lules-méres plus longues qu'eux. Dans certaines files, au contraire, les cloisons ont disparu ou se montrent largement perforées par les paquets d'aiguilles; aprés avoir atteint une longueur égale à celle de leurs cellules-méres, ceux-ci, arrivant à se toucher par leurs bouts, dissocient leurs aiguilles cristallines, qui continuent encore à s'allonger et s'entre- croisent obliquement avec celles du faisceau voisin; de sorte que, le méme phénoméne se produisant en méme temps dans un nombre va- riable de cellules sécrétrices, on peut avoir de véritables tubes pleins de raphides chevauchant les unes sur les autres, mais sans perforer la membrane périphérique. On voit fréquemment de ces tubes qui ont plu- sieurs centimètres de longueur. Parfois, les faisceaux cristallins glissent simplement les uns sur les autres par leurs deux bouts, sans qu'il y ait séparation des raphides, us en poussant devant eux l'amas de substance g trés abond lée aux extrémités des cellules. La fusion ne parait pas se faire, tout au moins en méme temps, sur toute la longueur d'une file. Il est difficile de dire pour quelle raison, dans une méme région, cer- taines files sécrétrices offrent une fusion de leurs cellules demeurées assez courtes, tandis que d'autres, placées à cóté, sont formées de cellules con- servant toujours leurs parois transversales, bien qu'elles soient de méme âge que les premières. Il m'a semblé pourtant que celles-ci se rencon- trent plus souvent dans le voisinage des faisceaux libéro-ligneux. Une fois la fusion opérée, on reconnait l'origine de ces tubes sécréteurs à la présence des noyaux multiples, qui proviennent chacun d'une cellule primitive et conservent la place qu'ils occupaient latéralement sans se diviser, tout en restant les témoins de la vitalité du tissu sécréteur. Voilà done un cas, certainement peu fréquent, où des cellules sécré- trices superposées peuvent se fusionner sur tout ou partie de la longue file qu'elles constituent, et pour une raison différente de celle dont M. de Bary admet la possibilité, puisque ici le phénoméne est dû, non à l'afflux d'un excés d'eau, mais à l'allongement des raphides dans chaque cellule. NOTE SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE RARES, NOUVELLES OU PEU CONNUES, par M. A. BATTANDIER. Si je puis produire dans cette note quelques résultats nouveaux, il n'en faudrait point conclure que l'Algérie est pour le botaniste une terre pro- mise où les-nouveautés naissent partout sous ses pas. La flore de notre colonie est aujourd'hui bien connue dans ses grands traits; la moisson BATTANDIER. — PLANTES D'ALGÉRIE. 351 est faite; mais pendant longtemps encore, les chercheurs patients pour- ront glaner çà et là quelques bonnes espèces. Ce n'est pas en cinquante ans qu'un pays aussi vaste et aussi varié livre tous ses secrets. Les points extrêmes explorés cette année par M. le D" Trabut ou par moi ne sont pas séparés par moins de 1300 kilomètres de route, et nos diverses herbo- risations de l'année additionnées, tripleraient largement ce chiffre. La illette la plus fruct a été faite par M. Trabut, dans le Sud ora- nais et particulièrement au Djebel Antar, prés Méchéria, montagne peu explorée jusqu'à ce jour. Un voyage que nous avons fait en commun aux vacances de Pàques, dans le sud de la province de Constantine, a été par- ticulièrement contrarié par le temps. Des pluies diluviennes nous ont poursuivis sur tout le parcours sans trêve ni merci pendant les onze jours dont nous disposions. À peine avons-nous pu, malgré la douche glacée qui tombait sur nos épaules avec une constance désespérante, herboriser un peu à Batna, Lambése, El Kantara et Biskra. {l nous a été absolument impossible d'aborder l'Aurés, but principal de notre voyage. Ranunculus (Batrachium) saniculætolius Viv. var. — Mare des Beni-Khalfoun, prés Tizi-Renif (Kabylie). — Mai. Les divers R lus dé brés du R. aquatilis L., tels que les R. Baudotii, confusus, iculæfolius, etc., ne sont pas toujours faciles à distinguer en Algérie. M. Freyn, le célèbre monographe des Renon- cules, qui a bien voulu déterminer celles de mon herbier, m'a envoyé la note suivante au sujet de la plante sus-mentionnée : « Plante trés cu- » rieuse ayant des feuilles, des gaines et des carpelles hispides, et des » stigmates très allongés-linéaires. La plupart de ces caractères en » feraient un R. peltatus Shrank; mais les stigmates étroits conduisent » au R. saniculæfolius. Plante du reste douteuse pour moi. » 1 yearpus Fisch. et Mey.; Boissier, Fl. Or.; Hel- dreich, Exsicc. — Entre Ain-Taya et la Reghaia. — Avril 1884, n'a pas persisté. R 1 1 L. var. subglobosus Freyn. — Batna. — Avril 1886 (vidit Freyn). Le R. sceleratus L., que je posséde de France, d'Italie, de Sicile, d'Alger et de Constantine, est partout bien identique et semble indiquer un peuplement continu, à l'époque géologique, relativement peu an- cienne, où l'Algérie tenait d'un côté à la Sicile et de l'autre à l'Espagne par Gibraltar. La plante de Batna, identique avec une plante d'Orient décrite par M. Freyn (in Pichler, Plante persica) en 1882, semble au (1) Les épèces marquées d'un astérique sont nouvelles pour l'Algérie. 352 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. contraire accuser une origine orientale, qui se retrouve dans beaucoup de plantes sahariennes. Arabis Pseudoturritis Boissier et Heldreich ; Cosson, IIl. flor. Atl , planche 12. — Les deux Cèdres, montagne des Beni Salah. — Mai. * Silene dichotoma (1) Ehr. ; Reichenbach, Jcon., 5011. — Le Khrei- der. — Juin 1886 (Trabut). J'ai été bien étonné de la présence de cette plante dans le Sud oranais ; mais les descriptions des flores et la figure de Reichenbach ne sauraient laisser aucun doute sur son identité. Arenaria grandiflora L. — Lella Khadidja (Kabylie) Lallemant. Malva oxyloba Boissier, Flor. Or. — Gette Mauve a disparu de la station où M. Trabut l'avait découverte il y a six ans, mais elle s'est beaucoup multipliée aux alentours de mon jardin et semble s'y hybrider avec le M. parviflora L., dont elle est trés voisine. On trouve en effet, avec les deux types, la série compléte de leurs intermédiaires. Vicia calearata Desf., Flor. Atl., vol. IT, p. 117. — La plante que l'on regarde en général comme étant le Vicia calcarata de Desfontaines, qui est commune d'ailleurs en Algérie et que j'ai distribuée en 1884 dans les exsiccatas de la Société d'échanges de Grenoble, sous le n° 4079, ne répond guére à la E de l'auteur, qui dit de sa plante : « Flores solitarii, ped ti lus folio duplo triplove brevior, uni raro biflorus... » et “plus loin : « Legumen 2 centimetr. longum, 8 millimetr. latum. » Or tous ces caractères se retrouvent avec une pré- cision admirable dans un Vicia trés commun dans les plaines de Batna et de Lambése, et dont le pédoncule se termine par un éperon gros et court. Cette plante, quoique trés-voisine du prétendu Vicia calcarata, s'en dis- lingue nettement par ses tiges couchées sur le sol, ses gousses veinées rugueuses, etc. Vicia fulgens Nob., Bull. Soc. bot., 1885, p. 338. — Cette belle plante, qui constituerait un excellent fourrage, est nettement et toujours an- nuelle, et non annua vel biennis, comme je l'avais dit à tort. Les fleurs sont disposées sur six ou huit rangs et forment une agglomération demi- cylindrique elles; sont concolores. * Vicia hirsuta Koch ; Cracca minor Rivin, Gren. Godr., Flore de Fr., var. eriocarpon ; Ervum hirsutum L. — Zaccar de Milianah vers le sommet, broussailles. — Cette plante avait déjà été trouvée à Gharrouban par M. Pomel. Medieago truneatula Gærtner var. laciniata Nob. — Batna. — Avril 1886. — Tota villoso-hirsuta, foliis, præcipue in apice ramorum profunde laciniatis, cæterum speciei simillima. BATTANDIER. — PLANTES D'ALGÉRIE» 353 Le M. truncatula contient pour moi les M. Murex et tribuloides de Grenier et Godron, le sens de l'enroulement des spires n'ayant aucune valeur dans ce genre. La longueur et la direction des épines n'ont pas une bien plus grande importance. La plante de Batna constitue une va- riété trés tranchée, elle est à épines longues. A Biskra je fus trés étonné de récolter un Medicago à feuilles de M. la- ciniata, mais à fruits totalement différents. Ce ne fut que de retour chez moi que je m'apercus que les fruits que portait ce Medicago n'étaient point les siens, mais ceux d'une espéce à moi inconnue, déjà disparue à cette époque (avril). La plante était bien le M. laciniata All.; mais, bien que très familiarisé avec tous nos Medicago, je n'ai pu déterminer les fruits en question; j'essayerai de les faire germer. * Lathyrus ciliatus Gussone; Orobus saxatilis Ventenat. — Rocailles en sortant du défilé d'El Kantara. — Avril. * Coronilla valentina L. — Cette espèce ne figure dans aucun cafa- logue algérien; elle est pourtant très répandue dans la région d'Alger, où elle a été confondue avec le C. pentaphylla Desf., qui en est certai- nement trés voisin. Le C. pentaphylla abonde sur les coteaux autour d'Alger. Le C. valentina est assez répandu dans les gorges de l'Atlas, Arba, Rovigo, Chiffa, etc., et descend sur le bord des rivières jusqu'à la mer. Le C. glauca L. ne dépasse pas la province d'Oran. Ces trois Coro- nilles devraient, à mon avis, étre considérées comme trois variétés d'un méme type spécifique. Elles different infiniment moins entre elles que la plante dont je vais maintenant parler ne diffère du C. juncea L. Coronila juneea L. subspecies Pomeli. — Roches dolomitiques du Djebel Antar, prés de Méchéria. « À C. juncea L. planta nostra differt caule majore robustiore, tenuis- sime striato, stipulis €— (— ovoideis, umbellis in axillis brac- tearum breve ped I lis gracilibus, floribus et præcipue vexillo majoribus, fructibus 4- 8 centim. longis, marginibus acutis, arti- culis 3-8, duplo triplove longioribus, utrinque longe attenuatis, articulo basilari sæpe longissimo. » Cette plante fut d'abord trouvée en fleurs, en avril 1885, par M. Pomel; M. Trabut l'a rapportée en fruits mürs en juin dernier. Ecballium Elaterium hichard var. dioieum Nob. in Bull. Soc. bot. de Fr. 1884, p. 365. — Cette variété parait être très répandue en Algérie. M. Trabut l'a retrouvée dans toute la province d'Oran jusqu'au Khreider. Nous l'avons vue ensemble dans celle de Constantine à Batna, El Kan- tara, El Outaïa, Biskra. Nous n'avons vu la plante d'Europe qu'autour d'Alger et à Dra-el-Mizan, en Kabylie. T. XXXIII. (SÉANCES) 23 354 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. * Daucus serratus Moris, Flora Sardoa, tab. 71 bis. — Marais de la Rassauta, Fort de l'Eau. Cette plante, que j'avais déjà signalée autrefois comme variété du Dau- cus Carota, est en réalité une variété du Daucus maritimus Lamarck. Les D. grandiflorus, maximus, Carota, maritimus, parviflorus et bien d'autres encore sont bien difficiles à limiter spécifiquement. * Ptychotis trachysperma Boissier, Voy. Esp.; Pt. asper Pomel, Nouveaux matériaux. — Province d'Oran, assez commun. Galium verticillatum Danth. var. thymoides Nob. — Djebel Antar, près de Méchéria. Cette curieuse variété diffère du type par ses feuilles très larges, oppo- sées deux par deux dans l'inflorescence, et par ses pédoncules plus longs. . Elle a un port de Labiée trés remarquable. Galium parisiense L. var. Willl i ; G. Cham p ine Nob. antea (non Willk.); G. Willkommianum Nob. Exsicc. — Cette plante, déjà signalée par moi ici méme, et remarquable par ses tiges cou- chées en rosette trés fournie sur le sol, par ses cymes très contractées et par sa grande précocité, couvre parfois d'un véritable feutre les terres en jachère. M. Willkomm, m'ayant averti qu'elle ne pouvait être identifiée avec son G. Chamæaparine, je l'avais d'abord distribuée sous le nom de G. Willkommianum, mais je crois devoir la rattacher comme variété au G. parisiense L., type des plus variables, ici du moins. Crucianella hirta Pomel, Nouveaux matériaux pour la flore atlan- tique, p. 14. — Cette jolie petite espèce, dont j'ai trouvé un seul pied à El Kantara, en récoltant une centurie de Crucianella patula L., parait être très répandue dans le Sahara, mais partout très rare. Je n'en ai vu que deux pieds dans l’herbier de M. Pomel, un de Laghouat et un de Brezina. d "n P, "n F species nova. « Planta insignis, in genere distinctissima, dumum hemisphæricum, pedalem vel sesquipedalem efficiens. — Caudice crasso, perenni, lignoso, in truncos permultos, rhizomato-repentes, vel erectos, rimoso-rugosos, ni- gros, caules florigeros cum vestigiis caulium præteritorum ferentes, diviso; caulibus basi ramosis, ramis plerumque simplicibus, longis, gracilibus, rigidis, monocephalis, lanugine brevi vestitis; — foliis præter nervum medium lanuginosum glaberrimis, nitidis, parce reticulato-nervosis; in- fimis tempore florendi jam evanidis et mihi ignotis; intermediis lineari- lanceolatis, grosse dentato spinosis, in peliolum basi amplexicaulem longe attenuatis; superioribus sessilibus, recurvo-patulis, canaliculatis, margine apiceque spinosis ; — anthodii ovato-elongati, mediocris, squamis BATTANDIER. — PLANTES D'ALGÉRIE. 355 externis 5... 7, patulis, foliis similibus, squamis intermediis intimisque membranaceis, adpressis, margine integris, dorso macula ampla atro- violacea notatis, omnibus in spinam simplicem acuminatis ; floribus cæruleis, filamentis medio pilosis, stylo longe exserto stigmatibus brevi- bus, concretis ; achæniis quadrangularibus, angulis prominulis, omnibus papposis, pappo longi setis inæqualibus, extus brevioribus, basi plumosis instructo, setis omnibus in annulo valde deciduo coalitis. — Habitat in monte Djebel Antar dicto, prope Mecheria, ubi junio floret. » Cette belle espéce et la suivante ont été trouvées, le 20 juin 1886, par mon collègue et ami le D' Trabut; je la dédie à M. Pomel, qui a si bien étudié les espéces algériennes de ce genre et rendu tant de services à la flore atlantique. * ` € Malinvaldiana species nova seclionis Acrocentron. « E caudice perenni, lignoso, multicaulis ; caulibus pedalibus, angulatis, à arachnoideo-t plicibus aut basi parce ramosis, ramis mono- cephalis ; — foliis radicalibus numerosis longe petiolatis, utrinque tomen- ee basi et apice attenuatis, externis vel fere omnibus integris, latis, cæteris pinnatipartitis, lobis l , terminali multo ma- jore; petiolis basi dilatata, in lana candida, longa, mollissima i immersis ; foliis caulinis plus minusve pinnatipartitis vel integris, infimis petiolatis, aliis sessilibus, supremis linearibus, indivisis; — involucro breviter par- ceque lanato vel glabriusculo, capitulis fere Centaureæ cinereæ Lamarck; squamarum appendicibus atrofuscis, apice spinuia nigra munilis, rarius muticis, lateraliter pectinatim ciliatis, ciliis albis latitudinem appendicis æquantibus; corollis purpureis valde exsertis, radiantibus cæteras non excedentibus; tubo antherarum corollæ æquilongo, corneo, pallido; achæniis oblongis, compressis, albis, glabris excepto hilo longe barbato; pappo duplici, rufi te, fructu ilongiore coronatis ; pappi externi setis sub lente scabridulis, inæqualibus extimis abbreviatis ; pappi interni setis, cæteris quintuplo brevioribus, latis, paleaceis, cnapiventbes apice fimbriatis. — Habitat in monte Djebel Antar prope Mecheria, ubi junio florel. » Cette Centaurée, commune, ainsi que le Carduncellus Pomelianus, sur le Djebel Antar, rappelle tout à fait, sauf les achaines et la couleur des fleurs, le C. granatensis Boissier, Voy. Esp. pl. 104. Elle est d'autre part voisine du C. cinerea Lamarck de la section Lopholoma. Elle semble former un trait d'union entre les sections Lopholoma et Acrocen- tron, qui sont d'ailleurs peu distinctes. Je suis heureux de dédier celte plante à M. E. Malinvaud, mon excellent ami, dont il serait superflu de faire l’éloge dans ce Bulletin. Je signalerai encore, parmi les plantes du Djebel Antar, une petite 356 SÉANCE DU 23 JUILLET 1886. Campanule serpylliforme, à souche ligneuse, à fleurs blanchâtres, qui pousse dans les fentes des rochers. Cette plante se rapproche beaucoup du Campanula velata Pomel, mais s'en distingue par les appendices du calice recourbés en crochet, et son indumentum formé de poils très rares, raides et appliqués. Je n'ai vu ni la capsule müre, ni les graines. Les tiges de cette plante ne naissent point sous une rosette de feuilles centrales, comme dans le C. mollis L. Anchusa orientaiis L. — Perrégaux (Trabut). * Orobanche Galii Dub. var. strobiligena Reichenbach, « forma flo- ribus mediocribus ». — Sur le Galium tunetanum Desf. Sommet du Zaccar de Milianah. — Juin. — Nador de Médéa. 61 ia eriocephala Pomel. — J'ai distribué sous ce nom un Globularia des rochers d'El Kantara, prés Biskra, qui diffère de la plante décrite par M. Pomel, par son réceptacle longuement cylindro-conique, trés velu. Ce Globularia se rapporte trés bien aux descriptions que l'on donne du’Globularia arabica Jaubert et Spach, dont toutefois je n'ai pas vu d'échantillons. Le G. eriocephala de M. Pomel me semble intermé- diaire entre la plante d'El Kantara et le Globularia Alypum; il a les feuilles à bord trés entier comme celui d'El Kantara; dans tous les deux aussi les écailles du péricline sont longuement velues. Stachys Duriszei le Noé var. purpurea Nob. — « Floribus omnino purpureis, fauce maculis atrofuscis notata. » — Aomar, prés Dra-el- Mizan. — Mai 1886. Iris Fontanesi Godron, in Flore de France, vol. III, p. 245. — Zac- car de Milianah (avril). * Romulea ligustica Parl. — Bord de la mer, à Ain-Taya, prés Alger. Le Romulea Linaresii que j'ai signalé l'an dernier dans les neiges ondantes de l'Aizer n'est pas tout à fait identique avec la plante de Rolli. Elle a les anthéres plus longues que les filets. Je n'ai pas cru néanmoins devoir l'en séparer. NOTE SUR UN CHYTRIDIUM ENDOGÈNE, par M. P.-A. DANGEARD Nous avons rencontré récemment, à l'intérieur des cellules du Nitella t , une lle espèce de Chytridiwm : voici la description que l'on peut en donner. idium helioformis $p. nov. — Sporanges sphériques de 10 à 20 p, munis de six ou sept troncs radiculaires qui partent de points diffé- rents de la surface. Les zoospores sortent par un cou plus ou moins long DANGEARD. — UN CHYTRIDIUM ENDOGÈNE. 351 qui va percer la paroi dela cellule-hóte; elles sont sphériques, leur dia- mètre est de 3p; elles ont un noyau oléagineux et un second noyau difficile à distinguer. Le mouvement consiste en une série de rotations qui s'effectuent sans Iquefois « dant le mouvement de- vient saccadé par suite de fr équents arrêts ; un long cil est trainé passi- vement à l'arriére. La pénétration des zoospores à l'intérieur des Nitelles a élé observée; elle a lieu en moins d'une demi-heure; les zoospores abandonnent à l'extérieur une mince enveloppe. Les kystes étaient en grand nombre dans les cultures ; on les distingue facilement des sporanges méme au début; leur paroi est épaisse et le protoplasma se réunit en masse réfringente au centre. A maturité, la paroi est formée de deux membranes dont l'extérieure plus épaisse ; le contenu se compose de nombreux granules d’aspect oléagineux ; l'ensemble prend peu à peu une couleur jaunâtre. L'étude de cette espéce nous permet de faire les remarques suivantes. 1° Les kystes du Chytridium helioformis se développent comme les sporanges ; il n'y a aucune trace d'acte sexuel quelconque. 2» Le Rhizidium Conferve glomeratæ Cienk. (1) est un Chytridium ; il ne diffère du Chytridium helioformis que par le nombre moins grand des troncs radiculaires (2 ou 3) et leur position localisée vers la base du sporange. 3 Le Chytridium Mastigothriæ Now. (3) est par sa description voi- sin des deux espèces précédentes; il vit au milieu des filaments du Mastigothrix æruginea ; le sporange et une partie du système radicu- laire sont extérieurs à l'Algue. On ne saurait donc, étant donnée la res- semblance de ces espèces, tenir grand compte de la position endogène ou exogène du sporange. 4 Le Chytridium helioformis pourrait être confondu avec un Olpi- dium, en particulier l'Olpidium entophytum A. Br.; il est nécessaire de vérifier avec soin la présence ou l'absence des troncs radiculaires. 5 Enfin l'espéce qui vient d’être décrite n'est pas localisée sur les Nitella ; elle a été obtenue par culture sur un Vaucheria et sur le Chara polyacantha. L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président déclare close la session ordinaire de 1885-1886. La premiéreréunion de la Société, aprés les vacances, aura lieu le 12 novembre prochain. (1) Cienk Rh Confer tæ (Bot. Zeit. 1851). (3) Ernie rm here d. Chytridiaceen (Cohn's Beitr. I1, 1876). PLANTAS YUNNANENSES A cL. J. M. DELAVAY corrEcTAs ENUMERAT NOVASQUE DESCRIBIT (1) A. FRANCHET Si l'on jette un coup d'oeil sur la carte qui accompagne l’Index Flore Sinensis, que publient en ce moment MM. Fr. Blackwell Forbes et W. B. Hemsley, on remarque que presque tous les éléments de cet important travail leur ont été fournis par des collections réunies dans le nord, dans la partie orientale et dans le sud-ouest du vaste empire chinois, en y ajoutant le Kansu, que les explorations de M. Przewalski ont fait connaitre depuis peu d'années, et les iles et archipels du littoral. Au sud-ouest, la pointe du Yun-nan touchant la Birmanie, dans le centre, plusieurs parties du Kiangsi, et plus récemment quelques localités du Hu peh, ont bien donné lieu à des explorations, mais sans grands résultats botaniques, si l'on en excepte toutefois les alentours d'Ichang, l'une des grandes villes de cette derniére province. Quant aux vastes régions constituant la partie est et sud-est de l'em- pire, c'est-à-dire celles qui sont presque complètement occupées par des chaines de montagnes rivalisant parfois avec les hauts sommets des Himalaya, leur végétation est demeurée jusqu'ici à peu près inconnue. Le peu qu'on en sait a été révélé par les collections (400 espéces environ) faites par M. l'abbé David, lors de son séjour à Moupine, dans le Thibet oriental, et par un herbier moins considérable donné au Muséum par M. l'abbé Perny et formé d'espéces récoltées dans la région montagneuse du Su-tchuen et du Koui-tcheou; si à ces deux collections, composées de 700 espèces à peine, on ajoute celles qui proviennent de l'expédition du comte Béla Széchenyi, peu nombreuses d'ailleurs, on aura la presque totalité des éléments botaniques, concernant ces contrées, qui soient parvenus en Europe. (1) La Commission du Bulletin a décidé que la première partie de ce travail, parve- nue au Secrétariat dans le courant du mois d'aoüt, serait imprimée, en raison de son caractère d'urgence, à la suite des séances de juillet. A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 359 Vers la fin de l'année 1881, un prêtre des Missions étrangères, déjà cité par Hance pour des plantes récoltées en Chine, M. l'abbé Delavay sollicité par un autre explorateur célèbre, M. l'abbé David, vint offrir au Muséum de faire, dans le nord du Yun-nan, toutes les récoltes botaniques que lui permettraient ses loisirs. Ce sont les plantes envoyées par M. Delavay qui font le sujet de ce tra- vail, dont M. le professeur Bureau m'a fait l'honneur de me charger. Parvenu au Yun-nan, vers la fin d'avril de l'année 1882 (1), il commença immédiatement la récolle des plantes. Un premier fascicule parvint au Muséum en septembre 1883, et, depuis lors les envois se succédant sans interruption, le chiffre des espèces s’élève aujourd'hui à plus de 1500, et celui des échantillons dépasse certainement 10000. De nouveaux envois sont annoncés, et il est permis d'espérer que si M. Delavay peut étendre le champ de ses explorations, le nombre des espéces envoyées par lui sera ` peut-être doublé dans peu d'années. Je ne m'étendrai pas aujourd'hui sur l'intérét que présentent les im- portantes collections de M. Delavay au point de vue spécial de la géogra- phie botanique; cette étude sera le corollaire de l'énumération que j'en fais ici. Pourtant je ne puis m'empécher de faire remarquer dés mainte- nant l'apport considérable fourni à la flore de la Chine par la connais- sance des plantes de la région montagneuse du Yun-nan. L'Index Flore Sinensis, paru en mars 1886, énumère 100 Renonculacées, dont 8 ap- partenant exclusivement au Yun-nan sont citées d’après une première liste des plantes de M. Delavay. Dès maintenant on peut en ajouter 41 autres, ce qui porte le chiffre des Renonculacées de la flore chinoise, aujourd’hui connues, à 141 espèces, dont 49, c’est-à-dire plus du tiers, sont fournies par une petite portion du territoire du Yun-nan. Les Cruci- fères donnent des chiffres un peu inférieurs, mais encore remarquables ; l'Index en cite seulement 61 espèces, chiffre que les récoltes de M. De- lavay permettent de porter à 82, soit un accroissement d'un quart envi- ron. Quant aux Primulacées, aux Éricacées, aux Gentianées, on peut dire que leur nombre sera plus que doublé. Il reste maintenant à souhaiter que M. Delavay puisse continuer ses recherches dans les meilleures conditions possibles ; gràce à lui et à son savant prédécesseur dans l'exploration de la Chine, M. l'abbé David, l'herbier du Muséum peut rivaliser avec les collections les plus riches en productions de ce pays. (1) Lors de son passage à Ichang, dans le Hu-peh et dans le Su-tchuen, M. Delavay put récolter quelques plantes intéressantes, parmi lesquelles s'est trouvé le Pi sinensis, que M. Watters avait, le premier, découvert dans la méme localité en 1879. V 360 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. RANUNCULAGE/E CLEMATIS L. 1. Clematis Delavayi, sp. nov. 'nferne frutescens; caules florentes erecti, 2-3 pedales, striato-cana- liculati, tenuiter sericeo-t telli, nunc simplices, rarius breviter ramulosi, ramulis perulatis, per totam longitudinem dense foliati. Folia 6-8-juga, ambitu lanceolata, inferiora nunc basi subbipinnata, media et superiora simpliciter pinnata, foliolis e basi rotundata ovatis, breviter acutis, mucronulatis, integerrimis vel uno alterove lobulo auctis, ter- minali nunc breviter apice trilobo, supra præter nervos pilosulos glabra, intense viridia, subtus dense sericeo-argentea, eximie micantia; petio- lus fere e basi folioliferus. Panicula terminalis, subtrichotoma, pedicellis tomentellis, foliis parvis integris vel trisectis suffultis. Flores sordide albi; sepala oblonga, obtusa, mox patentia, extus dense sericea; sta- mina subbiseriata, filamentis glabris apice dilatatis anthera obtusa mu- tica paulo latioribus ; achænia dense sericea, cauda albo-barbata. Folia 10-18 cent. longa, 1-2 poll. lata, foliolis nunc fere pollicaribus et tunc sepius lobulatis, nune tantum semipollicaribus ; flores diam. vix ultra 25 mill. Yun-nan, in monte Pé-ngay-tze, supra Tapin-tze, prope Tali; flores et fruct. haud mat., 4 sept. 1883 (Delav. Clematis, n. 2). Belle espéce, remarquable par ses feuilles argentées soyeuses en dessous, avec des reflets trés brillants. Elle parait devoir prendre place à cóté du C. recta L., bien que ses rameaux présentent des écailles à leur base, ce qui l'en éloignerait dans la classification de M. O. Kuntze; mais cette classification souffre tant d'exceptions, et le C. hexapetala L. fil., de méme que le C. dioica L.,et plusieurs autres espèces offrant une grande variabilité sous ce rapport, il ne semble pas que l'absence ou la présence de ces écailles protectrices du bourgeon aient plus qu'une importance spécifique. 2. €. Meyeniana Walp. in Nov. act. nov. Cur. xix, suppl. 1, p. 297 et Rép. V, p. 3; Maxim. Mél. biol. IX, p. 597; Forbes et Hemsl. Index Flore Sinensis, in Lin. Soc. Journ. (Botany), vol. xxur, p. 5. Yun-nan, in silvis ad Tehen-fong-chan, prope Ta-kouan; fl. maj. 1882 (Delav.- Clematis, n. 4). 3. €. ranunculoides, sp. nov. Rhizoma crassum, breve, lignosum; caulis florigerus erectus, simplex, ] A. FRANCHET. — PLANTE YUNNANENSES. 361 striato-sulcatus, tenuiter pilosulus. Folia coriacea, valide nervosa, sparse pilosa, pallide virentia, infima ambitu suborbicularia, nunc integra inæ- qualiter dentata, nunc trilobata vel trifida, nunc etiam tripartita, lobis vel partitionibus brevissime petiolulatis, e basi cuneata integra obovatis, superne crenato-dentatis; folia caulina pauca vel etiam nulla. Panicula angusta, pedunculis unifloris vel trifloris bracteis minimis suffultis. Flores virginei nutantes; sepala primum erecta, mox sub anthesi paten- lia, roseo-lineta, intus et extus tomentella, oblonga, obtusa; stamina calyce paulo breviora, filamentis per totam longitudinem pilis albis pa- tentibus longe barbatis, antheris brevissime mucronulatis ; achænia seri- cea, cauda barbata. Caulis 1-2 pedalis, pennæ corvinæ crassitie; foliorum limbus (pelic- lum eirciter æquans) 1-2 poll. longus et latus; sepala 10-12 mill. longa. Yun-nan, in silvis et pascuis supra Tapin-tze, prope Tali; flor. 1 sept. 1883 (Delav. Clematis, n. 1). Espèce à port de Renoncule, ses feuilles rappelant assez bien celles de certaines formes du R. acris ou du R. repens; ses tiges florifères presque dépourvues de feuilles, sa panicule étroite et nue, ses filets staminaux trés longuement barbus, la font reconnaitre facilement parmi ses congé- néres. Ses caractères floraux la rapprochent du C. orientalis ; son facies, ses feuilles et son mode de végétation l'en éloignent beaucoup. v. 4. €. yunnanensis, sp. nov. Suffrutex alte scandens, gracilis, glaber, cortice rubro-fusco, levi; ramuli non perulati. Folia (infima desunt) trifoliata, foliolis rigide coria- ceis, glabrescentibus vel parce pilosis, petiolulatis, e basi rotundata anguste lanceolatis, longe acuminatis, parce et obsolete denticulatis, tri- plinerviis; petioli plus minus cirriformes. Paniculæ fere per totam lon- gitudinem ad axillas ramorum ortæ, 2-3-chotomæ et foliis integris parvis suffultæ, pedicellis glabris. Flores albi; sepala late lanceolata, breviter acuminata, intus et ad margines tomentella, extus tenuiter puberula, campeniformi-erecta, post anthesin vix apice recurva. Stamina calycem subæquantia, filamentis longe et patentim albo-pilosis, antheris minute mucronulatis ; achænia sericea, cauda barbata. Caulis pennæ corvinz vix crassitie ; foliola 3-6 cent. longa, 8-10 mill. lata; sepala 12-15 mill. longa; paniculæ folia haud excedentes. Yun-nan, in sepibus, solo calcareo et lapidoso, ad Mao-kon-tchang, supra Tapin-tze, prope Tali, alt. 2500 m. ; fl. 18 dec. 1884 (Delav. n. 121). Les caractères floraux placent le C. y is. dans le voi du C. nutans Royle, mais il s'en éloigne beaucoup par la consistance 362 A. FRANCHET. — PLANTA YUNNANENSES. coriace de ses feuilles, la forme étroite des folioles, les filets staminaux très longuement barbus, ete. 5. Clematis chrysocoma, sp. nov. Fruticulus humilis, nunc humillimus, e gemmà subterminali folia simul ac flores emittens. Folia longe petiolata, trifoliata, foliolis præser- tim subtus dense pilosis, subsessilibus, late obovatis, lobatis vel inciso- crenatis. Pedunculi erassiusculi, elongati, pubescentes, uniflori. Flores rosei; sepala late obovata extus lanuginosa; stamina pauca, subunise- riata, filamentis glabris, antheris obscure mucronulatis; achænia seri- cea, cauda longe plumosa pilis aureo-fulvis. Caules florigeri 5-30 cent., erecti vel d bentes; ped li usque ad 18 cent. ; sepala cireiter pollicaria. Yun-nan, in dumetis (solo calcareo) faucium montis Lan-kien-ho, prope Mo-so-yn ad Lankong; fl. 26 april., fr. 30 aug. 1884 (Delav. n. 121, 940). Voisin du C. montana Hamilt., dont on pourrait le considérer comme une forme trés diminuée et non grimpante, si le mode de végétation, l'épaisseur des pédoncules, le petit nombre et la disposition unisériée des étamines et enfin la coloration dorée des poils qui recouvrent les styles, ne permettaient de différencier assez nettement les deux plantes. Dans le C. chrysocoma les tiges adultes demeurent extrêmement raccourcies et produisent, seulement sous leur sommet, le bourgeon floral. Dans le C. montana, les tiges adultes atteignent un très grand geyelappoment et les bourgeons floraux apparaissent sur toute leur long , les péd sont toujours grêles et ne dépassent guère 6 à 10 centim., les étamines très nombreuses sont disposées en plusieurs séries; le prolongement caudiforme de l'achaine (style) est couvert de poils blanes. Néanmoins, malgré ces différences assez notables, il est permis de conserver quelques doutes sur l'aut ie du C. chry , et la culture dira si les caractères qui lui sont attribués ici sont persistants. 6. €. montana Buchan. in DC. Syst. I, p. 154. Forma à. normalis `O. Kuntze, Monogr. der Gatt. Clem. p. 1415 Franch. PI. David. (pars Il, Plante Moupin.) in Nouv. Arch. du Mus. t. NII, 2° série, p. 184. Yun-nan, in montibus caleareis ad Mao-kon-tehang, supra Tapin-tze, prope Tali, alt. 2200 m.; fl. 14 april. 1884 (Delavay, n. 891). Tiges sarmenteuses de 8 à 9 métres; fleurs blanches; étamines trés nombreuses, multisériées. | | | "Kan rs A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 363 ` ANEMONE L. Anemoclema, sect. nov. Æstivatio imbricata; staminodia nulla; achænia longe caudata. — Cau- lis inferne foliatus, foliis tribus verficillatis, nunc verticillis 2 superpositis, cum folio supremo solitario ; involucri folia parva, integra vel subintegra. A sectione Viornanema Baill., sepalis quinque, more Anemonarum, et caulibus in parte inferiore tantum foliatis, vix differt. y 1. A. glaucifolia (4 lema). Pilis rufis præsertim inferne hispida, superne glabrescens. Folia e collo orta ambitu lanceolata, breviter petiolata, profunde pinnatifida, rachi alata; lobi late ovati, vel rhomboidei, fere e basi folii orti, inferio- ribus paulo brevioribus, inæqualiter et profunde inciso-lobulati, lobulis mucronulatis, lobo terminali majore præsertim basi inciso. Caulis elatus, simplex vel bifidus, inferne foliiferus; folia caulina basilaribus subsimi- lia lobis tantum paulo angustioribus, sæpius terno-verticillata, nunc duo opposita, supremum unicum; folia involucrantia ad basin pedunculorum 2 vel 3, valde diminuta, bracteæformia, lanceolata, nunc integra, nunc breviter incisa; pedunculi 2-5, valde elongati supra medium bracteolati, bracteolis 2 oppositis, ovato-lanceolatis. Flores magii, speciosi, violacei; sepala 5, late obovata, ineunte anthesi extus sericea, mox fere glabres- centia; staminodia nulla; staminum filamenta haud dilatata, antheris brevibus ; achænia sericea longe caudata. Planta 1-2 pedalis; folia inferiora usque semi-pedalia (incluso petiolo vix pollicari), 4-5 cent. lata, lobis 1-2 cent. ; caulina vix minora; pedun- culi sæpius semipedales et ultra; flores 1-2 poll. diam.; achænia, cum stylo rostrante, jam post anthesin 10-12 mill. longa. Yun-nan, ad pedes montis Yang-in-chan, prope Lankong, altit. 2200 m.; fl. et fruct. immat. 1 aug. 1882 (Delav. n. 136 et 1854). : Fleurs de l'A. hortensis, mais trés long t péd lées; feuilles rappelant tout à fait par leur mode de dissection celles du Glaucium lu- teum. La tige florifére, mais seulement chez les individus robustes, porte un peu au-dessus de sa base, ou plus haut, un ou deux verticilles formés de trois feuilles, ou quelquefois seulement deux feuilles opposées, et plus rarement une feuille solitaire, située beaucoup plus haut. Il ne faut point confondre ces feuilles, tout à fait indépendantes de l'inflorescence avec ce qui a été très improprement nommé involucre dans les Ané ; ce soi-disant involucre, qui est bien en réalité un verticille de véritables : feuilles, accompagne toujours chez elles les rameaux floraux; cet invo- lucre existe d'ailleurs sous une autre forme dans l'A. glaucifolia et s'y 364 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. trouve constitué par trois bractées placées au point de division de la tige lorsqu'elle est bifide, ou à la naissance des pédoncules, et ceci sans préjudice de deux autres bractéoles qu'on voit presque toujours à mi- hauteur des pédoncules, comme dans certaines Clématites. Cette association d'une préfloraison imbriquée, de carpelles terminés en longue arête barbue, d'une tige pouvant être véritablement pourvue de feuilles verticillées ou opposées, constitue donc dans le genre Ane- mone une nouvelle transition vers les Clématites. D'autre part, M. Baillon a depuis longtemps fait connaitre (Bull. de la Soc. Linn. de Paris, p. 334), sous le nom de Viornanema, un petit groupe de Clématites africaines, dont le C. scabiosæfolia DC. est le type, inclinant fortement vers les Anemone par leur préfloraison imbriquée. Aussi on peut se de- mander aujourd'hui où sont les limites de ces deux genres, puisqu'il n'est pas un seul des caractéres invoqués pour les séparer qui leur ap- partienne en propre. 92..A icola Cambess. in Jacq. Voy. bot., tab. V, fig. 2; Hook. et mA FI. Ind. p. 20 et Fl. of Brit. Ind. X p. 8. Yun-nan, in pratis prope Likiang, alt. 3500 m.; fl. 9 jul. 1884 (Delav. Anemone, n. 32). í Fleurs blanches, quelquefois livides, bleuàtres à la gorge. 3. A. japonica Sieb. et Zucc. Fl. Jap., 1, p. 15, tab. 5; Forbes cet Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 11. — var. elegans.; A. elegans Dec. R. hort.,4* sér. t. 1(1852), p. 41, t. 3. Yun-nan, in umbrosis calcareis prope Mo-so-yn supra Che-ngay-teou, haud procul a Lankong ; fl. 20 oct. 1885 (Delav. n. 1664) et in faucibus montis Pee-cha-ho, alt. 2200 m.; fl. 31 aug. 1884; in silvis montis Ki-chan, prope Tali, alt. 2800 m.; fl. 10 sept. 1884 (n. 670); in fauci- bus Lan-ho ad pedes montis Yang-in-chan, prope Lankong ; fl. 7 aug. ; fr. mat., 6 nov. 1884 (n. 118). Il ne parait pas possible de considérer cette plante, si cultivée aujour- d'hui, autrement que comme une variété de PA. japonica, caractérisée seulement par des sépales moins nombreux, plus larges, largement obo- vales et quelquefois d'un blanc pur; cette belle variété ne parait pas en- core avoir été signalée jusqu'ici à l'état spontané. Decaisne lui avait assigné le Japon pour patrie ; elle y est peut-être cultivée, maisje ne crois pas qu'on l’y ait jamais rencontrée à l'état sauvage. Sa spontanéité dans les hautes montagnes du Yun-nan est indubitable. Les spéci de la montagne de Ki-chan ont les fleurs d'un blanc pur; dans ceux des autres localités citées, elles sont plus ou moins teintées de pourpre extérieure- ment; il està remarquer que dans tous les spécimens envoyés par M. De- TRIN D UT TT REM" A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 365 lavay, le nombre des sépales est de 5 à 8; ils sont un peu plus nombreux dans la plante cultivée, ce qui du reste est le résultat ordinaire de l'état de culture. Les échantillons de Che-ngay-teou sont trés rabougris, hauts de 1 à 2 décimètres seulement et portent sur une méme souche des feuilles basilaires de forme arrondie, presque entières, d'autres qui sont inéga- lement trilobées ou trifides, et seulement quelques feuilles à 3 folioles distinctes et un peu pétiolulées; cette variété des hauts sommets pré- sente une villosité formée de poils raides rougeátres. L'A. vitifolia Hamilt. se distinguera toujours facilement de PA. ele- gans par le tomentum épais et grisàtre qui recouvre Ja face inférieure de ses feuilles obscurément trilobées. Les fleurs ont d'ailleurs une grande analogie dans les deux plantes. 4. A. obtusiloba Don, Prodr. 194; Hook. et Thomps. Flor. of Brit. Ind. I, 8; Franch. Bull. Soc. bot. de Fr., XXXII, p. 4; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Chin., p. 11. Yun-nan, in monte Hee-chan-men, supra Lankong, in pascuis, alt. 3000 m. ; fl. 2 jun. 1884 (Delav. n. 100, 127 bis, 1033). Toutes les formes recueillies dans le Yun-nan sont rabougries, cou- vertes d'une épaisse villosité ; les fleurs sont plus petites que dans les spécimens de l'Himalaya et constamment blanches. 5. A. rupestris Wallich, Cat., 4696; Hook. et Thomps. Fl. Ind., p- 21, et Fl. of Brit. Ind., 9; Franch. loc. cit.; Forbes et Hemsley, Ind. Fl. Chin. p. 12. Yun-nan, in monte Hee-chan-men, supra Lankong; fl. 16 aug. 1883 (Delav. n. 2 et 199) et 27 jun. 1885 (n. 1855). 6. A. celestina Franch. in Bull. Soc. bot. de Fr., XXXII, p. 4; Forbes et Hemsl., Ind. Fl. Chin., p. 12. Yun-nan, in pascuis montis Hee-chan-men, supra Lankong, alt. 3000 m. ; fl. 2 jun. 1884 (Delav. n. 1034, 75 et Anemone, 3 et 48); in pratis montis Koua-la-po, prope Ho-kin, alt. 2000 m.; fl. 26 maj. 1884. (Delav. n. 781); prope lacum Yen-tze-hay, supra San-yn-kay (Lankong), alt. 3200 m.; fl. 17 sept. 1885 (Delav. n. 1853). La plante de la montagne de Koua-la-po et celle des bords du lac de Yen-tze-hay sont des formes remarquables parleurs feuilles, qui sont toutes trés longuement pétiolées et dont le limbe est tantôt petit, trilobé au sommet, tantôt élargi et incisé; on trouve du reste tous les passages entre les feuilles à pétiole trés allongé et celles dont le limbe se termine brusquement en une base cunéiforme sans pétiole distinct. 366 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 1. Anemone flaccida Fr. Schmidt, Reisen im Amur Lande, p. 103; Fr. et Sav. Enum. pl. Jap. I, p. 6; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 10. Yun-nan, in silvis umbrosis humidis " fauces montis Lan-kien-ho, prope Modi -yn (Lankong), alt. 2800 m.; fl. 26 apr. 1884 (Delyay; n. 846). Fleurs blanches lavées dé rose à Ve feuilles involucrales tout à faitsemblables aux basilaires et à peine plus petites. Espèce largement dispersée dans la région montagneuse de l'Asie orientale, à Sachalin et au Japon. 8. A. Delavayi, sp. nov. Rhizoma repens ; folium basilare tantum post anthesin evolutum, uni- cum, longe petiolatum, setulis e tuberculo ortis conspersum, subtus glaucescens, supra pallide virens, ternatisectum, foliolis brevissime pe- tiolulatis, inciso-crenatis, e medio ad basin late cuneatis, integris, apice obtusis, lateralibus rhomboideis, terminali lanceolato-deltoideo ; caulis erectus, rigidus, sparse pilosus. Folia involucrantia sessilia, basilari si- millima et vix minora. Flores albi, extus leviter purpureo tincti, solitarii vel bini, pedunculo apice lanuginoso, brevi, sub anthesi folia involucran- lia haud superante; sepala 5, oblongo-obovata, extus pilosula; achænia juvenilia sericea. Planta 4-2 decim. ; foliorum limbus subpollicaris; foliola parte latiore 12-20 mill. lata; flores diam. vix ultra 2 cent. Yun-nan, ad margines silvarum supra declivitates cultas ad Mao-kon- tchang, prope Tapin-tze, alt. 2200 m.; fl. 18 maj. 1885 (Delav. n. 1504). La forme des folioles rappelle assez bien celles de PA. trifolia, mais elles sont d'un vert plus pâle, blanchàtres en dessous et parsemées de pelites soies qui naissent d'un tubercule ; les crénelures ou invisions sont plus profondes ; enfin elles sont presque sessiles et non pas longuement pétiolées comme celles de PA. trifolia, à côté Pu ra. Delavayi doit prendre place. 9. A. vivularis Hamilt. in DC. Syst., I, p. 211; Hook. et Thomps. Fi. Ind. 23 et Fl. of Brit. Ind. p. 9. Yun-nan, frequens in pratis ad Mo-so-yn (Lankong), alt. 2200 m.; fl. 22 apr. 1884 (Delavay, n. 801); in monte Pi-ion-se, supra Tapin-tze, prope Tali; fl. jun. 1883; in pratis montanis, solo calcareo, ad Ou-tchay, prope Tchao- tong ; fl. 18 maj. 1883 (Delav. Anemone, n. 5). Fleurs blanches, souvent d'un bleu livide à l'extérieur; c’est bien à PA. rivularis qu'il faut rapporter la plante trouvée par M. Arm. David dans l'Oula-chan (Mongolie) et à Ta-tchio-chan ; elle ne diffère du type ES ME, A PEST ee M le MM ELMAR ^d A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 361 de l'Himalaya et dela plante du Yun-nan que par ses feuilles dont les lobes sont plus larges, l'intermédiaire peu retréci à la base, non pé- tiolulé. 10. A. demissa Hook. et Th., Fl. Ind., p. 23, et Fl.of Brit. Ind. 1, p.9. Yun-nan, in pratis ad Koua-la-po (Hokin), alt. 3000 m.; fl. 26 maj. 1884 (Delavay, n. 782). : 11. A. demissa Hook. et Thomps. Fl. Ind., 23, et FI. of Brit. Ind. I, p. 9; var. yunnanensis. — Foliorum segmenta profunde inciso-lobata, lobis obovatis iterato divisis, lobulis angustis. Yun-nan, in fruticetis et ad margines silvarum inter Bambusas, in monte Tsang-chan supra Tali, alt. 3000-3500 m. ; fl. 16 jun., fr. 5 aug. 1884 (Delav. n. 989 et 154). Fleurs blanchàtres en dedans, bleuàtres en dehors; plante à la fin presque glabre. Les feuilles sont beaucoup plus divisées et à lobes plus étroits que dans la forme type de l'Himalaya et que dans l'espéce sui- vante. 12. A. polyanthes Don, Prodr., 194; Hook. et Thomps. Fl. Ind., 24 et Fl. of Brit. Ind., p. 9. Yun-nan, in locis umbrosis calcareis montis Hee-chan-men (Lan-kong), propre Kan-hay-tze, alt. 2800 m.; fl. 25 maj., fr. 2 jun. 1884 (Delav. n. 1110, et Anemone, n. 45). THALICTRUM L. 1. T. Delavayi, sp. nov. Glabrum; caulis elatus inferne levis, superne obsolete costatus, erectus ; folia ampla, ambitu late triangularia, triternatisecta, petiolo striato, canaliculato, breviter vaginante, vagina ore auriculato-membranacea; par- titiones foliorum distantes, exstipellatæ; folia coriacea,fsupra intense viridia, subtus glauca, e basi rotundata late obovata, sæpius apice triloba. Inflorescentia late paniculata, fere aphylla, vel rami foliis minutis suf- fulti; pedicelli graciles floribus longiores. Flores majusculi, rosei; se- pala ovato-oblonga, obtusa; stamina calyce paulo breviora, filamentis apice vix dilatatis, anthera distincte mucronulata angustioribus; stylus brevis, stigmate oblongo ; achænia stipitata, oblique oblonga, valde inæ- quilatera, inferne longe att ta, apice rotundala, compressa, ad mar- gines latiuscule alata, faciebus 5-nervata, nervis crassis haud anastomo- santibus. 368- A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Caulis 2-4 pedalis, inferne fere digiti minoris crassilie ; folia inferiora et media usque pedalia; flores diam. 12-15 mill.; achænia (haud omnino matura) 8 mill. longa. Yun-nan, supra Tali, in monte Tsang-chan ; fl. et fr. immat. 4 jul. 1882 (Delav. Thalictrum, n. 14). Port des individus robustes du T. minus, mais bien caractérisé par ses achaines bordés d'une aile assez large, mince et rappelant assez bien ceux du T. aquilegifolium, si ce n'est que dans cette espèce les achaines sont trigones. Le T. thibeticum Franch., avec un port et des fleurs presque semblables, s'éloigne beaucoup par ses fruits. 2. Thalicirum dipterocarpum, sp. nov. Glaberrimum, rhizoma breve, fibris radicalibus dense fasciculatis; caulis simplex, gracilis, superne angulatus. Folia inferiora et media late triangularia, triternatisecta, petiolo angulato, brevissime vaginante, va- gina ore auriculato-membranacea ; foliorum partitiones exstipellatæ ; fo- liola subrotunda, basi nunc leviter cordata, varie inciso-lobata, supra pallide virentia, subtus glaucescentia; folia caulina superiora abrupte multo minora. Panicula anguste pyramidata, fere nuda. Flores rosei jusculi; sepala ovato-l lata, longe acuminata; stamina calyce breviora, filamentis apice vix incrassatis quam antheræ breviter mucro- nulatæ angustioribus ; stigmata crassa, brevia; achænia subsessilia, com- pressa, obovata, sensim inæquilatera, ad facies nervis tribus fuscis per- cursa, utroque latere latiuscule alato, alis membranaceis, albis. Caulis bipedalis et ultra, pennæ columbinæ crassitie ; folia inferiora et media 4-5 poll. lata ; flores diam. fere 18 mill.; foliola 19-18 mill. diam.; achænia vix 5 mill. longa, 3 mill. fere apice lata. Yun-nan, in monte Pe-ngay-ize, supra Tapin- tze, prope Tali; fl. et fr. 22 aug. 1882 (Delav. Thalictrum, n. 15); in silvà Nien-kia-ke, ad Tapin-tze; fl. 6 sept. 1885 (n. 1852). ` Trés élégante espéce qui mériterait d'étre cultivée; elle est bien carac- térisée par ses sépales 1 t inés, par ses achaines raccour- cis, bordés de chaque côté d'une aile membraneuse transparente et parcourus sur les faces par 3 nervures assez épaisses, noiràtres. Les fleurs sont assez semblables à celles du T. Chelidonii DC., dont les sé- pales sont d'ailleurs obtus ; les feuilles rappellent celles du T. rostella- tum Hook. et Thomps.; la brièveté des achaines différencie bien le T. dipterocarpum de l'espéce précédente. 3. T. virgatum Hook. et Thomps. Fl. Ind.,14, et Fl.of Brit. Ind. 1,12; Lecoyer, Mon. Thal, n° xvi, tab. II, fig. 40. SRE RON A A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 369 — var. stipitatum. — Achænia stipitata, stipite longiuseula, fusi- formia, subinæquilatera, nervis nonnullis anastomosantibus. Yun-nan, in rupibus calcareis prope Hee-gui-chao, supra Hokin- tcheou (Delav. n. 103). L’herbier du Muséum ne possède que des spécimens en fleurs de la plante de l'Himalaya, et les fruits ne me sont connus que par la figure donnée par M. Lecoyer. Autant que j'en puis juger par cette figure, ils diffèrent assez sensiblement de ceux de la plante du Yun-nan, puisqu'ils sont donnés comme trés briévement stipités et qu'il n'est point fait men- tion de l'anastomose de quelques-unes de leurs nervures. Dans les spé- cimens de Hee-gui-chao, le stipe égale le quart ou le tiers de la lon- gueur de l'achaine. Mais d'autre part, les fleurs et les feuilles, qui sont d'une forme si caractéristique, étant identiques dans les deux plantes, je ne crois pas qu'il y ait lieu de distinguer celle du Yun-nan de celle de l'Himalaya, autrement qu'au titre de variété. 4. ? T. cultratum Wallich, Cat., 3715; Hook. et Thomps. Fl. Ind., 13 et Fl. of Brit. Ind., Y, p. M. Yun-nan, in dumetis montis Tsang-chan, supra Tali, alt. 3800 m.; fl. 5 aug. 1884 (Delav. n. 1131). L'ovaire est terminé par un style droit ou un peu arqué, presque deux fois aussi long que lui, et tout à fait semblable à celui du Th. cultra- tum ; toutefois, en l'absence de fruits suffisamment développés, on peut conserver des doutes sur l'identité de la plante du Yun-nan. 5. T. alpinum L. Sp. pl., ed. I, p. 545; Hook. et Thomps. FI. of Brit. Ind., Y, 42; Franch., Bull. Soc. bot. de Fr., XXXII, p. 4; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 8. T. acaule Cambess. in Jacq. Voy. bot., lab. I, A. $ Yun-nan, in apricis siccis calcareis montis Hee-chan-men (Lankong), alt. 3000 m.; fl. 2 jun. 1884 (Delav. n. 1088.) 6. T. scabrifolium, sp. nov. Caulis gracilis, erectus, suleatus, tenuissime pubescens. Folia papy- racea, ambitu late triangularia, biternatisecta, inferiora longe petiolata, petiolo scaberulo, canalieulato, vaginante, vagina ore auriculata ; folio- rum partitiones exstipellatæ, petiolis partialibus gracilibus ; foliola rotun- data, nunc basi cordata, circumcirca inæqualiter inciso-crenala, supra pallide viridia pilis brevibus scabra, subtus albido-glaucescentia pilis crispulis hispida. Inflorescentia late paniculato-corymbiformis , ramis foliis valde diminutis trifoliolatis suffultis. Flores parvi, albi; sepala T. XXXIII. (SÉANCES) 24 310 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. ovata; stamina calyce longiora, filamentis apice dilatatis anthera ovata mutica latioribus; achænia scabro-villosula, sessilia, fusiformia, haud compressa, stylo persistente longiter rostrata, 9-12 costata. Caulis 1-2 pedalis, pennæ columbinæ crassitie; folia infima 8-10 poll. longa, foliolis majoribus usque 3-4 cent., minoribus 1-2 cent.; flores diam. 6-8 mill.; achænia vix 3 mill. Yun-nan, inter dumeta, in monte Pe-ngay-tze, supra Tapin-tze, prope Tali; fl. et fr. 22 aug. 1882 (Delav. Thalictrum, n. 16); in rupibus umbrosis supra Tapin-tze ; fl. 4 sept. 1883 (n. 222). Port et feuilles du T. punduanum Wall., mais bien différent d'ailleurs par ses filets staminaux, qui sont dilatés presque aussi largement que ceux du T. filamentosum. 1. Thalictrum trichopus, sp. nov. Glaberrimum ; caulis erectus, gracilis, sublevis vel obtuse striato-sul- catus, initio pruinosus, inferne aphyllus. Folia ambitu late triangularia ter ternatisecta, peliolo gracili vaginante, ore anguste membranaceo- auriculato; petioli partiales exstipellati, sub angulo recto divaricali, tenuissimi, petiolulis fere filiformibus; foliola tenuiter chartacea, supra pallide virentia, subtus glauca, parva, ovata, integra, terminali duplo majore, nunc apice breviter trilobo; folia superiora bis trisecta. Pedun- culi fere e medio caulis axillares, solitarii, superiores in paniculam nu- dam diffusam aggregati, omnes filiformes, pedicellis unifloris sæpius ter- nisjumbellatis, eapillaceis, elongatis. Flores parvi, albidi ; sepala obtusa; stamina calycem subæquantia, filamentis apice haud dilatatis; antheræ oblongæ muticæ; ovaria 2-3, stigmate lanceolato acuto; achenia.... - Caulis 2-3 pedalis, pennæ columbinæ basi crassitie ; folia majora cir- citer 6 poll. longa et lata ; foliola 3-5 mill. longa, nisi terminali majore, nunc usque ad 6-10 mill.; pedunculi pollicares vel paulo tantum lon- giores; pedicelli usque bipollicares et ultra; flores diam. circiter 6 mill. Yun-nan, in silva Mao-kou-tchang supra Tapin-tze, alt. 2000 m.; fl. 4 jul. 1885 (Delav. n. 1851). Espèce vraiment remarquable, parmi les Thalictrum asiatiques, par la ténuité et la longueur des pédicelles; ses feuilles rappellent assez bien celles du T. tenue, doit il a aussi le port; mais elles sont beaucoup plus grandes et plus composées, ainsi que son inflorescence. 1l en diffère d'ailleurs trés nettement par ses anthéres absolument mutiques. Les achaines n'étant pas connus, on ne peut encore assigner la place du Tha- lictrum trichopus. i 1 | v A. FRANCHET. —- PLANTÆ YUNNANENSES. 311 8. T. reticulatum, sp. nov. Glaberrimum; totum eximie (presertim folia subtus) glauco-prui- nosum. Rhizoma breve ad collum fibrillosum; caulis gracilis, erectus, sulcatus, paucifoliatus. Folia triternatisecta, ambitu late triangulata, inferiora plus minus longe petiolata, petiolo striato, canaliculato, vagi- nanti, vagina brevi vix auriculata ; partitiones exstipellatæ ; foliola crasse coriacea, nervis elevatis eximie reticulatis, e basi cordata ovata vel ro- tundata, nunc etiam latiora quam lata, sepius trilobata, lobis integris vel crenatis. Inflorescentia paniculato-corymbiformis. Flores albi, parvi, sepalis late obovatis ; stamina calycem superantia, filamentis apice dila- tatis, anthera oblonga brevissime mucronulata duplo latioribus; achænia 15-18 congesta, parva, glabra, oblique oblonga, stricte sessilia, costis 9-12 alternatim magis elevatis. Caulis pedalis vel vix bipedalis, 2-3 mill. diam.; folia majora (cum petiolo) 4-6 pollicaria, limbi latitudine nunc fere 4 poll.; flores diam. 5 mill.; achænia matura vix ultra 2 mill. longa. Yun-nan, in pratis montanis supra Ta-pin-tze, prope Tali; fl., fr. 6 aug. 1882 (Delav. n. 17). Bien caractérisé par ses feuilles coriaces, glauques-bleuàtres en des- sous, à réseau de nervures très saillant ; les achaines sont du même type que ceux du T. minus, mais beaucoup plus petits. D'autre part, les filets staminaux trés élargis au sommet classent la plante dans le groupe des claviformia, oà elle peut prendre place à cóté du T. javanicum. 9. T. Fortunei S. Moore, Journ. of Bot. (1818), p. 130; Lecoyer, Monogr. des Thalict., n° 29, tab. III, fig. 13; Forbes et Hemsley, Ind. Fl. Sin., p. 8. Se-tchuen, secus flumen dictum « Fleuve bleu », infra Tchong-kin ; fl. mart. 1882 (Delav. Thalictrum, n. 19); Che-pa-to; fl. , fr. 18 apr. 1882. Le T. pallidum Franch. Plant. David., pars II, in Arch. du Mus., VIII (2* série), p. 187, ne doit pas étre réuni au T. Fortunei, comme l'a pensé M. Lecoyer, Mon. Thal., p. 201 (note 171); ses achaines réfléchis bien plus longuement acuminés par le style, fortement arqués, ses pé- dicelles capillaires, l'en distinguent trés nettement. Les oreillettes des gaines sont plus ou moins érodées-fimbriées dans les deux plantes et c'est cette considération qui peut-être a entrainé l'appréciation de M. Lecoyer. CALLIANTHEMUM C.-A. Mey. 1. €. cachemirianum Cambess. in Jacq. Voy. bot., 5, tab. 3; 312 A. FRANCHET. — PLANTA YUNNANENSES. Hook. et Th. Fl. of Brit. Ind., p. 14; Franch., Bull.de la Soc. bot. de Fr., XXXII, p. 5; Forbes et Hemsley, Ind. Fl. Sin., 12. In cacumine montis Koua-la-po (Ho-kin), alt. 3500 m.; fl. 26 maj. 1884 (Delav. n. 38, 1050). Fleurs blanches lavées de rose à l'extérieur. Aponis L. 1. A. brevistyla, sp. nov. (Consoligo). Rhizoma crassum; caulis ima basi tantum squamis membranaceis fuscis aphyllis vestitus, mox dense foliatus. Folia glabra, preter supre- mum sessile longe petiolata, petiolo etiam in foliis superioribus inferne late dilatato, longe vaginante, vagina apice utrinque in auriculas folia- ceas dissectas producta; limbus ambitu late triangularis, segmentis primi ordinis petiolulatis ambitu ovato-deltoideis, in lacinias breves lanceolatas incisas sectis ; sepala 6-7 inæqualia, oblonga; petala alba (vel rarius sulfurea) oblongo-ovata, apice rotundata, calyce duplo longiora; ovaria ovata, glabra; stylus jam sub anthesi brevissimus, incurvus, in fructu (immaturo) erassus. Pedalis vel paulo minor; folia inferiora 10-12 cent. longa (incluso pe- tiolo 6-6 cent.); flores diam. 3-4 cent. Yun-nan in pratis humidis ad juga montium Lo-pin-chan supra Lan- kong, alt. 3200 m.; fl. 24 maj. 1886 (Delav. n. 2013). Les feuilles ressemblent tout à fait à celles de PA. chrysocyathus Hook. fil. et Thomps., mais elles ne sont pas complétement basilaires comme dans cetle espèce ; par leur mode d'insertion sur la tige, la plante se rapproche davantage de PA. amurensis Regel. L'A. brevistylis dif- fère d'ailleurs nettement de ces deux espèces par la brièveté du style, méme durant l'anthése et par son épaisseur sur l'achaine à peu prés complètement développé. RANUNCULUS L. 1. R. hydrophilus Bunge, Enum. pl. Chin., p. 2; Franch. Pl. David., p.18; R. aquatilis L. var. vel subsp. Bungei Forb. et Hemsl. Ind. FI. Sin., 13. Yun-nan, in lacu Tchao-tong; fl., fr. 23 maj. 1882; in uliginosis ad Mo-so-yn, prope Lankong; 19 mart. 1885 (Delavay, n. 1850). Carpelles assez longuement mucronés par le style subulé et droit, un peu hérissés; fleurs petites; divisions des feuilles trés courtes, raides, assez épaisses, étalées-divariquées. i A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 313 2. R. affinis R. Brown, Parrys Voy. App., ccuxv; Hook. Fl. Bor.-Amer., I, p. 12, tab. 6, fig. A.; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., p. 19; Forbes et Hemsley, Ind. FI. chin., p. 14. Yun-nan, in pratis uliginosis ad Kan-hay-tze in monte Hee-chan-men, supra Lan-kong, alt. 2800 m.; fl., fr. 31 jul. 1885 (Delav., n. 1547); inter Li-kiang et Ho-kin; fl. 23 jul. 1883 (n. 59); in pascuis editissimis AL: Tsang-chan, supra Tali, alt. 3000 mètres; fl. 4 jun. (n. 199, » 3. R. yunnanensis Franch. in Bull. Soc. bot. de Fr., XXXII, p. 4; Forbes et Hemsl.. Ind. Fl. Sin., p. 17. Yun-nan, in herbidis regionis altissimæ : in monte Koua-la-po, prope Ho-kin, alt. 3000 m. ; fl., fr. 6 aug. 1884 (Delav. n. 131); in cacumine montis Hee-chan-men, supra Lankong; fl. 11 jul. 1883 (n. 84 et Ra- nunculus, n. 4). 4. R. pulchellus C.-A. Mey. in Ledeb. Fl. Alt., II, 333; Hook. et Th. Fl. of Brit. Ind., p. 17; Franch. Bull. de la Soc. bot. de Fr., XXXII, p. 4; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 15. Yun-nan, ad collum montis Koua-la-po, prope Ho-kin, alt. 3000 m.; fl. 26 maj. 1884 (Delav. n. 60 et 731); in pratis uliginosis ad Kan-hay- tze, in monte Hee-chan-men, supra reet alt. 2800 m.; fl. 31 jul. 1885 (Delav. n. 1548). Dans la plante de Koua-la-po les feuilles sont lancéolées ou lancéolées linéaires, trés enliéres; dans les spécimens de Kan-hay-tze les feuilles sont trés longuement petole, à limbe cunéiforme profondément tri- lobé, les tiges gréles, allongées, diffuses, souvent radicantes aux nœuds. 5. R. stenorhynchus Franch. Plant. David., pars II, in Nouv. Arch. du Mus., VII, 2* série, p. 189. Yun-nan, in rupibus madidis ad cacumina montis Tsang-chan, supra Tali, alt. 4000 m.; fl. 5 aug. 1884 (Delav. n. 103); Li-kiang ad juga nivalia ; fr. 9 jul. 1884 (Delav. n. 37). Différe de la plante de Moupine seulement par ses tiges présentant des feuilles jusqu'au sommet, par ses carpelles un peu plus nombreux en capitule plus allongé. 6. R. pensylvanicus Linné fil. Suppl., p. 272; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., Y, p. 19; Forb. et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 14; R. fibrosus Wallich, "Cat. 4106; R. chinensis Bunge, Enum pl: Chin. di p- 3; R. ternatus Franch, PI. David. ., pars I, p. 19 (non Thunb.). Yun-nan, in uliginosis ad Tapin-tze, prope Tali; fl, fr. 20 april 1885 314 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. (Delav. n. 1515); Mo-so-yn, prope Lankong; fl. fr. 4 maj. 1884 (n. 1080). La plante envoyée sous le n° 1515 ressemble beaucoup au R. repens L.; ses achaines ont un bec large et trés court et forment un capitule globu- leux; mais les stolons font défaut. Dans la forme type les achaines sont disposés en capitules allongés etse terminent en bec court, mais néanmoins trés distinct; cette briéveté du bec est du reste le seul carac- tére qui permette de distinguer, d'une facon un peu précise, le R. pen- sylvanicus du R. japonicus Langsd., ex Fisch. in DC. Prodr., I, p. 38 (exel. syn.), dont les achaines sont terminés par un bec beaucoup plus long et plus fin, recourbé, ou méme enroulé (R. Vernyi Franch. et Sav.). 7T. Ranunculus flaccidus Hook. et Thomps. Fl. Ind., p. 38 et F1, of Brit. Ind., Y, p. 20. Yun-nan, in uliginosis ad collum Koua-la-po dictum, supra Hokin, alt. 3000 m.; fl. 26 maj. 1884 (Delav. n. 730). 8. R. diffusus DC. Prodr., T, 38; Hook. fil. et Thomps., Flor. of Brit. Ind., 1, 19. — forma abbreviata. — Caules 1-3 pollicares, sæpius indivisi. Yun-nan, in monte Lo-pin-chan, occidentem versus ad custodiarium, alt. 3000 m.; fl. 25 maj. 1886 (Delav. n. 2074). 9. R. sceleratus L. Sp. pl., ed. I, p. 551; Hook. et Thomps. Flor of Brit. Ind., p. 19; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 16; Franch. PI. David., pars I, p. 19 et Mém. Soc. de Cherb., XXIV, p. 197. Yun-nan, in uliginosis prope Tapin-tze; fl., fr. mars 1884 (Delav. n. 564). OxvcnaPnHis Bunge. 1. ©, polypetala Hook, fil. et Thomps. Fl. Ind., p. 27 et Fl. of Brit. Ind., Y, p. 20. Yun-nan, ad nivalia jugi Li-kiang. post nives deliquescentes florens; fl. 11 jul. 1884 (Delav. Ranunculus, n. 36). 2. ©. Delavayi, sp. nov. Glabrescens ; folia reniformia vel ovato-rotundata, basi profunde cor- data, breviter subquinqueloba, lobis rotundatis iterum erenulatis. Pedun- culus foliis paulo longior, apice pubescens, sæpius uniflorus, nunc apice subcorymbose 2-3 florus, pedicellis flore subbrevioribus folio cuneato- trifido suffultis; flores intense lutei; sepala 8-10, papyracea, fusco- A. FRANCHET. — PLANTAE YUNNANENSES. 375 lutescentia lineis nigrescentibus percursa, post anthesim persistentia ; petala 6-8 ovato-oblonga obtusa ; achænia glabra, apice sensim attenuata. Planta 5-12 cent.; flores diam. vix 15 cent. Yun-nan, in pratis humidis ad cacumen montis Tsang-chan, supra Tali; fl. 20 jun. 1884 (Delav. n. 247). Les sépales sont assez minces, papyracés comme dans VO. Shaf- toana Aitch., de l'Afghanistan, et non pas épais, herbacés, comme ceux des O. glacialis et polypetala. C'est de la forme à feuilles trilobées de cette dernière espèce qu'il se rapproche surtout; il en diffère bien nette- meut par la consistance de ses sépales, la forme élargie des pétales, ses pédoncules parfois pluriflores, particularité qui n'avait été signalée dans aucune espèces du genre. CALTHA L. 1. €. palustris L. Sp. pl., ed. 1, p. 558; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., 1, 21; Forb. et Hemsl. Cat. pl. Chin., 11. — var. sibirica Regel, Fl. Radd., p. 53; Fr., et Sav. Enum. pl. Jap., I, p. 9. Yun-nan, ad fontes prope Mo-so-yn, supra Lankong; fl. 17 maj. 1884 (Delav., n. 1084) ; in uliginosis ad Ou-tchay, prope Tchao-tong ; fl. fr. 18 maj. 1882 (Delav. Caltha, n. 11); in pratis ad nivalia jugi Li kiang; fl. 9 jul. 1884 (Delav. n. 257). 2. €. scaposa Hook. et Thomps. Fl. Ind., p. 40 et Fl. of Brit. Ind., I, p. 21. In uliginosis montis Tsan-chan, supra Tali, alt. 4000 m.; fl. 20 jun.; fr. mat. 5 aug. 1884 (Delay. n. 165 et 683). TnoLLivs L. 1. T. pumilus Don, Prodr., 195; Hook. et Thomps. Fl. Ind., 41 et Fl. of Brit. Ind., I, 22. — var. yunnanensis. Caulis usque bipedalis nunc usque triflorus; folia caulina 1 vel 2; se- pala 6-8 late obovata vel etiam suborbiculata; petala longe unguiculata staminibus breviora. Folia argute dentata, dentibus brevibus rigide mu- cronatis. Follicula stylo duplo breviore recurvo mucronata. Yun-nan, in humidis et uliginosis ad collum Koua-la-po, secus viam e Tali ad Ho-kin ducentem; fl. 24 jul. 1883 (Delav. n. 80); fr. mat. 3 sept. 1884 (n. 935). 316 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Les feuilles sont tout à fait semblables à celles du T. pumilus et pré- sentent les mémes dents aigués et rigides; mais la plantedu Yun-nan est beaucoup plus grande que celle de l'Himalaya et la tige porte toujours des feuilles. Isopyrum L. 1. I. adoxoides DC. Syst., I, p. 324; Forbes et Hemsley, Ind. Fl. Sin., p. 18. Se-tchuen, in campis ad Kéou-pa-lana; fl., fr. mat. 29 mart. 1882. (Delav. [sopyrum, n. 18). 2. 1. microphyllum Royle, Ilustr., III, 54, tab. I, fig. 4; Maxim., Mél. biol. Acad. Saint-Pétersb., XI, p. 626. Yun-nan, in fissuris rupium, solo calcareo, ad nivalia jugi Li-kiang ; fl. 9 jul. 1884 (Delav. Anemone, n. 33). 3. 1. auriculatum, sp. nov. Rhizoma crassum, fibris radicalibus tenuibus. Folium e collo unicum (an semper?), longe petiolatum, ternatisectum, foliolis glabris petiolula- tis, late ovatis, inæqualiter grosse el haud profunde crenatis, foliolo ter- minali majore, lateralibus sepius deorsum segmento ovato pedicellato ` auctis. Caulis flexuosus ad collum squamulis fuscis parvis vestitus, inferne aphyllus, cireiter e medio (vel paulo infra) ad apicem usque ramosus el foliiferus; folia caulina sepius abortu alterna petiolata, petiolo basi breviter vaginante, 2 vel 3 superiora subsessilia, omnia quoad formam folio basilari simillima et vix minora; rami floriferi ex axilla foliorum orti, uniflori, vel pauciflori, bracteis 1-3 suffulti; flores albi; sepala 5, oblongo-obovata ; petala 5, staminibus breviora, lamina rotundata cum stipite tenui continua ; folliculi 2, ima basi connati, primo tempore erecti, demum divergentes, oblongi, apice abrupte rotundati, stylo tenui mucro- nati ; semina globosa, levia, nitida. Caulis 2-3 decim.; foliolum terminale 3-6 cent. longum, 2-3 cent. latum, lateralia subduplo minora; flores 12-15 mill. diam.; follieuli 15 mill.; semina 4 mill. diam. Yun-nan, in rupibus humidis ad Tehen-fong-chan, prope Ta-kouan- tchen ; fl. fr. maj. 1882 (Delav. Isopyrum, n. 20). Espèce bien caractérisée par sa tige très feuillée; elle doit prendre place à cóté de VT. stoloniferum Maxim., dont elle se distingue trés faci- lement par le nombre des feuilles caulinaires (4-6) et par la forme des folioles beaucoup plus grandes et bordées de grosses crénelures peu pro- fondes et trés inégales. La feuille basilaire naissant du collet ne persiste pas durant l'anthése; les caulinaires sont opposées; mais elles peuvent A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 311 paraître allernes parce que leur développement est parfois très inégal et que l'une d'elles demeure presque atrophiée ; c'est du reste cette atrophie qui i le développ t assez singulier de la tige dont le méri- lhalle, entre chaque paire de feuilles est arqué, la convexité de chacun des mérithalles étant tournée du méme côté; cette disposition existe dans tous les spécimens. AQUILEGIA L. 1. A. vulgaris L. Sp. pl., ed. 1, p. 533; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., 1, 24. — var. oxypetala Franch. Pl. David., p. 21; Forb. etHemsl. Ind. Fl. Sin., p. 18. Yun-nan, ad margines silvæ haud procul a nivalibus jugis montium Li-kiang ; fl. 9 jul. 1884 (Delav.). DELPHINIUM L. 1. D. grandiflorum L. Sp. pl., ed. 1, p. 531; Franch. PI. David. p. 23; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 19. Yun-nan, in calcareis lapidosis, faucium montis Pee-cha-ho, ad Mo- so-yu prope Lankong; fl. 31 aug. 1884 (Delav. n. 717); in monte Pe- ngay-{ze supra Ta-pin-lze ; fl. 4 sept. 1882. 2. D. ceratophorum, sp. nov. Rhizoma elongatum fibrillis intricatis tunieatum; caulis pilis strigosis sparse hirtellus, paucifoliatus, simplex vel breviter ramosus; folia basi- laria et caulina inferiora longe et gracililer petiolata; limbus pallide virens, hispidulus, ambitu pentagonus, fere ad basin usque tripartitus, vel bqui partitus, partitionibus e basi integra cuneata apice trilobis vel varie incisis, lobulis ovatis, obtusis ; folia superiora inferioribus sub- similia ; bracteæ lineares simul ac siis presertim ad nervum medium pilis strigosis aureis vel albis hispidæ. Flores breviter racemosi, cærulei, pedunculo bracteam saltem duplo superante; sepala late ovata, extus sub apice longe calloso-cornuta ; calcar limbo longius, subulatum, obtusum, incurvum ; petala 4, 2 posticis glabris, lamina integra; 2 anticis longe unguiculatis, lamina securiforme apice breviter biloba, ad marginem et ad faucem ciliata ; folliculi 3, setulis luteis vestiti. - Caulis 1-2 pedalis, pennæ columbinæ vix crassitie ; sepalorum limbus 12-15 mill. ; calcar usque 12-15 mill. Yun-nan; inter dumeta in monte Hee-chan-men, prope Lankong, alt. 3200 m.; fl. 4 sept. 1884 (Delav. n. 907); in lapidosis caleareis ad 318 A. FRANCHET, — PLANTÆ YUNNANENSES. collum Loa-kouan-tsoui, supra San-yn-Kay, prope Lan-kong, alt.2500 m.; fl. fr. 20 oct. 1885 (Delav. n. 1845). Assez voisin du D. denudatum Wall., mais facilement distinct par son rhizome revétu d'une enveloppe de fibres, par la villosité formée de petites soies raides, souvent d'un jaune doré, qui recouvre la face infé- rieure des feuilles avoisinant les fleurs, les bractées, les pédicelles, les sépales et les follicules. La callosité qui se montre, dans un certain nombre de Delphinium, un peu au-dessous du sommet extérieur des sépales, prend dans le D. ceratophorum un développement anormal; elle ressemble à une petite corne qui atteint jusqu'à 3 ou 4 mill. de lon- gueur. 3. Delphinium denudatum Wallich, Cat., 4119; Hooker et Thomps. Fl. Ind., p. 49, et Fl. of Brit. Ind., I, p. 25. — var. yunnanense (sp. propria ?). Calcar tenue limbo sesquilongius; foliorum partitiones e basi cuneata obiongo-ovatæ, profunde inciso-lobate; flores intense cærulei, in race- mum si , laxum, i iti 1 T t Yun-nan, in lapidosis arenosis planitiei Mo-so-yn, prope Lankong; fl. 31 aug. 1884 (Delav. n. 967 bis). Differe assez sensiblement de la plante type de l'Himalaya par ses feuillesà divisions plus larges, son inflorescence engrappes simples allon- gées et surtout par la longueur ella gracilité de l'éperon. Les limites spécifiques sont trés diffieiles à apprécier dans un grand nombre de .Del- phinium, et le D. denudatum parait étre tout particuliérement variable. 4. D. lankongense, sp. nov. Fibre radicales incrassatæ, napuliformes. Caulis humilis, simplex, inferne hirtellus, superne glaber, fere aphyllus; folia supra scaberula, margine ciliata, subtus glaucescentia, basilaria longe pedunculata, pedun- culo parce hispido ; limbus ambitu rotundatus ad basin usque quinque- parlitus, partitionibus profunde inciso-lobatis, lobis linearibus obtusis; folia caulina (nisi inferius basilaribus simillimum) 4 vel 2, subsessi- lia, valde diminuta, palmatifida. Flores 4-7 laxe racemosi, cærulei, pedunculo hispido abbreviato ; calyx pubescens, lobis late ovatis calcare subulato recto subduplo brevioribus; petala 4, postica glabra, limbo apice breviter emarginato; petala anteriora albida, limbo oblique ovato fere ad medium usque bifido, margine longe ciliato, ad faucem pilis aureis barbato ; folliculi 3 breviter hispidi. Caulis semipedalis vel fere pedalis; sepalorum limbus 12-15 mill.; calcar usque ad 25 mill. à A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 319 Yun-nan, in aprieis montis Hee-chan-men (Lankong), alt. 3000 m. ; fl. 12 oct. 1885 (Delav. n. 1844). Très rapproché de l'espéce suivante, dont il n'est peut-être qu'une forme diminuée; il en diffère surtout par ses pétales bifides et non entiers, moins longuement barbus, et par l'éperon moins aigu. U 5. D. pyenocentrum, Sp. nov. Elatum, erectum, simplex ; caulis levis, glaber. Folia basilaria... ; cau- lina lingsem pedunculata, pedunculo hinc. inde hispido; limbus ambitu rotundatus, sparse pilosus, subtus albidoglaucus, ad basin usque quinquepartitus, partitionibus profunde incisis, lobis omnibus fere æqui- latis, linearibus, sub angulo recto divergentibus, integris vel bifidis. Inflo- rescentia nuda, rigida, anguste racemosa; pedunculi glabri, stricte erecti, bractea lanceolata brevi suffulti; flores pallide cærulescentes; sepala pubescentia oblongo-ovata ; calcar tenue, subulatum, acutissimum, limbo duplo longius; petala 4, postica glabra, apice paulo dilatata, oblique truncata, vix sensim emarginata; petala antica longiter stipitata, limbo angusto securiformi, ad marginem et ad faucem pilis longis barbato ; folliculi 3, pubescentes, erecti. Caulis subtripedalis, penn: galline. crassitie; petiolus 20-30 cent. longus, limbo diam. 6-8 cent.; sepalorum limbus 12-13 mill., calcare usque 3 cent. longo ; folliculi ad maturitatem 15-18 mill. Yun-nan, in silvis montis Yang-in-chan, prope Lankong, alt. 3000 m.; fl. fr. mat. 8 oct. 1884 (Delav. n. 993). Espéce remarquable par la longueur et la ténuité de son éperon, ainsi que parla disposition divariquée des lobules des feuilles assez sembla- bles à celles du D. cœruleum Jacqm., bien différent d'ailleurs par ses tiges ramifiées et son inflorescence. u 6. D. Delavayi, sp. nov. Elatum, erectum; caulis simplex vel e basi ramosus pube retrorsa vestitus. Folia basilaria et caulina inferiora longe petiolata, limbo ausit dens Sta utrinque pilis brevibus consperso, fere ad basin usque partito, partitionibus e basi integra cuneata obovatis, varie inciso- Jobatis. Inflorescentia multiflora, anguste. racemosa, peduneulis pubescentibus jam sub anthesi stricte erectis, axi contiguis. Flores cæ- rulei; calyx extus paheaeens (calcare magis denses sepalis late ovatis calcar sesquil , gracile, subulatum ; petala 4, 2 superiora glabra, apice oblique iuis, integra, 2 interiora longe stipitata, limbo trans- versim expanso, pilis longis ciliato; folliculi 3 erecti, parce pem pedunculis breviores. 1 380 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Caulis bipedalis et ultra; foliorum limbus 5-8 cent. lat. ; sepala 12-15 mill. ; calcar 25-28 mill. ; folliculi ad maturitatem circiter 20 mill. Yun-nan, secus rivulos ad Li-kiang-fou; fl. 21 jul. 1883 (Delavay, n. 74) et prope Lan-kong; fl. fr. 8 nov. 1883 (Delav., Ranunculaceæ, n. 22); in umbrosis humidis ad Gnen-kia-se, prope Tapin-tze ; fl. 6 sept. 1885 (n. 1847). — var. acuminatum (sp. prop.). — Foliorum lobi e basi cuneata sub medio dilatati, margine nunc sese invicem obtegentes, profunde inciso- lobati, apice attenuati, acuminati; folliculi ignoti. In pratis ad collum Yentze-hay, prope Lankong, alt. 3000 m.; fl. 20 oct. 1885 (Delav. n. 1846). Follicules du D. altissimum Wallich, mais bien différent d'ailleurs par son inflorescence en grappes raides, formées de fleurs plus nombreuses, plus petites, par l'éperon plus long et beaucoup plus gréle; feuilles du D. elatum L. La variété acuminatum est remarquable par la forme des segments de ses feuilles, trés élargis dans le milieu et se recouvrant par leurs bords, à incisions profondes et assez réguliéres. 7. Delphinium elatum L. Sp. pl., ed. 1, p. 531; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind. I, p. 26. Yun-nan, in dumetis ad montem Pe-ngay-tze supra Tapin-tze, prope Tali; fl. 4 sept. 1882 (Delavay, Delphinium, n. 9). Tiges tout à fait glabres; feuilles à divisions profondes, lancéolées- linéaires, finement scabres sur les deux faces, trés pàles en dessous; inflorescence ramifiée pyramidale; la plante du Yun-nan ressemble bien plus à celle d'Europe que tous les spécimens de l'Himalaya que j'ai pu voir et que les auteurs du Flora of Brit. India ont rapportés au D. ela- tum L., tels que D. incisum Wallich, D. pyramidale Royle, dont les tiges sont toujours plus ou moins velues, ainsi que les pédoncules. AcoNiTUM Tourn. 1. A. lycoctonum L. var. vulparium Regel in Radde Reis., I, p. 76; A. vulparia et A. Phthora, flore cæruleo, Reich. Illustr. sp. gen. Acon., tab. 56, et Icon. fl. germ., tab. 80. Yun-nan, in pascuis humidis montis Hee-chan-men prope Lankong, alt. 3000 m. ; fl. 3 sept. et 7 oct. 1884 (Delav. n. 975). Fleurs d'un violet noir en grappes trés longues (3 à 4 décim.) et tiges robustes, élevées; fibres radicales non renflées. 2. A. Kusnetzoffii Rchb, Illustr. gen. Acon., tab. 21; Reg. in A. FRANCHET. -— PLANTÆ YUNNANENSES. 381 Radd. Reis., Y, p. 93; Franch. Plant. David., p. 92; Forbes et Hemsley, Ind. Fl. Sin., p. 20. — var. latisectum Regel, loc. cit. p. 20. Yun-nan, in pascuis et dumetis ad pedem montis Tsang-chan supra Tali, alt. 2500 m.; fl. 26 sept. 1884 (Del. n. 1040). ` Peu distinct de PA. variegatum L.; le limbe des deux pétales supé- rieurs est plus dilaté. La plante du Yun-nan est d'ailleurs tout à fait semblable à celle du nord de la Chine et de la Dahurie. 3. A. Delavayi, sp. nov. Radix tuberiformis; caulis gracilis flexuosus, inferne parce pubes- cens, superne dense villosus, simplex vel e basi ramosus. Folia caulina inferiora sub anthesi emarcida, media petiolata, limbo ciliato et utraque facie pilosulo, ad basin üsque 5-parlito, partitionibus profunde incisis, lobis et lobulis Lens nci obtusis. Flores pauci (3-5 tantum) breviter r d lis brevibus villosis, cæruleo- violacei; sepala pubescentia ; cassis elevato-coniea obtusa, recta; folli- culi 5, ereclo-conniventes, dense villosi. Caulis pedalis vel paulo ultra, penu: corvinæ crassitie. Yun-nan, in pratis humidis ad collum Yen-{ze-hay, prope Lankong, alt. 3200 m.; fl., fr. mat. 20 oct. 1885 (Del. n. 1850). Très voisin de l'A. Kusnetzoffii, dont il a les fleurs; il en diffère par ses tiges plus gréles, couvertes au sommet d'une villosité épaisse formée de poils jaunâtres étalés, qui se relrouvent en méme abondance sur les follicules. 4. A. volubile Pall. Hort. Demid., et Willd. Sp. pl., II, p.' 137. — var. villosum Reg. Radd. Reis., I, p. 92. Yun-nan, in dumetis ad montem Che-tcho-tze, supra Tapin-tze, prope Tali; fl. fr. 20 oct. 1882 (Delav., Acon., n. 10); ad pedem montis Tsang- chan, supra Tali, alt. 3000 m. ; fl. 26 sept. 1884 (Delav. n. 1041). — var. tenuisectum Reg., loc. cit., p. 91. Yun-nan, in umbrosis et dumetis in monte Ki-chen, prope Tali, alt. 9500 m.; fl. 10 sept. 1884 (Delav. n. 1848). 5. A. palmatum Don, Prodr., 196; Hook. et Thomps. Fl. Ind., 56, et Fl. of Brit. Ind. 1, 28. Yun-nan, inter dumeta in monte Tsang-chan supra Tali ; fl. 26 sept. 1884 (Delav. n. 1849). 6. A. Napellus L. Sp. pl., ed. 1, p. 532; Hook. et Thomps. FI. Ind., 51 et Fl. of Brit. Ind., I, 28. 382 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Yun-nan, in quercetis ad montem Ki-chan, alt. 2800 m.; fl. 10 sept. 1884 (Delav. n. 1209). Forme gréle; tige glabre inférieurentent, puke cong vers le haut; feuilles glabres, à segments étroit t et long t cunéiformes à la base, comme pédicellés, profondément incisés, à lobes et lobules linéaires mucronés ; fleurs petites, presque sessiles, peu nombreuses, en grappes ' simples ou brièvement rameuses à la base; pétales supérieurs rentrant dans le type figuré par Regel, Radd. Reis., pl. TIL, qq; la racine tubéri- forme est appelée Tow la, et très employée dans le pays comme contre- poison, d'aprés une note de M. Delavay. Cimicirruca L. 1. €. fœtida L. Syst. nat., ed. xu, p. 059; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., 1, 30. Yun-nan, in silvis ad montem Che-tchot-ze, supra Tapin-tze; fl. 3 octob. 1882 (Delav. n. 471); in monte Hee-chan-men, prope Lankong, alt. 2800 m. ; fl. 23 aug. 1884. Folioles trés obtuses, moitié plus petites que dans la plante de l'Hima- laya, tout à fait glabres, ou tomenteuses cendrées en dessous; divisions du pétiole épaissies et flexueuses. PxoNIA L. 1. P. Delavayi, sp. nov. Caulescens, lignosa, glaberrima. Folia jternatiseeta, subtus glauces- centia, segmentis] latis vel ovato-l latis, basi cuneata decurrente confluentibus; folia caulis florentis 2-4, supremum flori contiguum sub- sessile; flores parvi, atropurpurei; petala 5-9 suborbicularia; ovaria 5, glabra; carpella 5, stellato-patentia, ovato-elliptica, oblique acuta. Arbuscula usque tripedalis, ramosa; rami floriferi semipedales ad pedales; segmenta foliorum 2-4 poll. longi, 1-2 cent. lati ; flores diam. vix bipollicares. Yun-nan, in dumetis ad juga nivalia Li-kiang, alt. 3500 m. ; fl. 9 jul. 1884 (Delav. n. 1142). Le P. Delavayi ne peut étre comparé qu'au P. Moutan, dont il différe bien nettement par ses fleurs relativement. petites et la forme des seg- ments des feuilles; ses fleurs d’un rouge foncé, presque noirâtre, le port trés élégant de la plante, lui méritent une place dans les jardins. VW 2. P. lutea Delavay in sched, . ee xe SES A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 383 Inferne breviter lignosa, glaberrima. Folia glaucescentia, coriacea, valide nervosa, ternatisecta, segmentis obovato-oblongis basi cuneata decurrente confluentibus, apice varie incisis vel trilobatis. Flores lutei, petalis 6-7 fere orbiculatis; capsula 2-4 divergentia obovato-rotundata, apice leviter incurva, stylo brevi crasso mucronata; semina ovata, an- gulata. Caulis florens circiter pedalis; flores diam. 2-3 pollicares; capsule 25-30 mill. longæ, 18-25 mill. late; semina 7-10 mill. longa, 5-7 mill. lata. Yun-nan, in monte Hee-chan-men ; 25 maj. 1883; in monte Pi-iou-se, supra Tapin-ize; 11 jun. 1883 et in calcareis montis Che-tcho-tze supra Tali; fl. 9 maj., fr. 10 oct. 1883 (Delav. Pæonia, n. 1). Espéce remarquable par ses fleurs jaunes, couleur qui se rencontre trés rarement chez les Peonia. Le P. Wittmanniana Stev., du Caucase, qui présente aussi cette particularité, a les feuilles pubescentes en des- sous, plus divisées et les fleurs d'un jaune plus pâle. Le P. oreogeton S. Moore (Journ. Linn. Soc., XVII, p. 376), de la Chine centrale, auquel son auteur attribue, avec doute, des pétales jaunes, est rapporté en sy- nonyme au P. obovata Maxim., dans l'Indez Flore Sinensis, p. 22. MAGNOLIACEÆXÆ ILLICIUM V 4. K. Griffithii Hook. et Thomps. FI. Ind., 74. — var. yunnanense (species propria?). Fruticulus 5-6 decim. altus. Folia e basi plus minus attenuata lanceo- lata, acuminata, opaca; flores breviter ped lati, albi, suaveolentes, perianthii foliolis circiter 18-20, exterioribus ovatis firmioribus gradatim in interiora tenuiora linearia mutatis; filamenta staminum æqualia apice haud inflata; carpella 19-14, ad maturitatem sepius 6-9, nonnullis abortientibus, longe acuminata, odore fere nullo, sapore leviter anisato; semina ovata, compressa levissima, nitida. Yun-nan, in collibus ad pedes montis Tsang-chan, supra Tali, alt. 2500 m.; fl. mart 1883; fruct. (haud perfecte maturi) 5 jun. 1885 (Delav.). Espèce peu distincte de l’I. anisatum L., dont elle diffère seulement par les folioles extérieures du périanthe plus larges et plus coriaces, par ses carpelles plus nombreux et plus longuement acuminés, caractères qui paraissent trés variables dans ce genre. Ses fruits n'ont ni l'odeur, ni la saveur de l'Anis étoilé ou Badiane du commerce, dont on ne connait „pas encore d’une facon certaine l'arbre producteur, en admettant qu il 384 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. ne constitue pas simplement une variété de l'Jllicium. anisatum L., dont les fruits devraient leurs qualités aromatiques à une culture spé- ciale, comme chez nous la culture développe l'arome et la saveur des fruits de table. Les auteurs de quelques ouvrages récents ont cru devoir substituer au nom Linnéen, I. anisatum, celui d'I. religiosum Sieb. et Zucc., et en méme temps attribuer à Loureiro un T. anisatum, qu'ils ont fait suivre de son nom. Cette substitulion ne peut étre admise à aucun titre, outre qu'elle est absolument en opposition avec les lois de la nomenclature ; il suffit, pour s'en convaincre, de se reporter aux sources. L’Anis étoilé, ou Badiane, est connu dans les officines depuis la fin du ième siècle seul , et Clusius dit qu'il a été rapporté des Philip- pines par un marin anglais, Thomas Candi. Ce n'est pourtant pas ce fruit problématique que Linné a nommé I. anisatum, puisque dans son Materia medica, p. 160, il l'appelle badianifera, lui attribuant comme patrie la Tartarie, la Chine et les Philippines. C'est seulement dans la deuxiéme édition (1762) du Species plantarum, p. 664, qu'on trouve e nom d. anisatum, établi pour le Somo, vulgo Skimmi de Kempfer, Aman., p. 880 et fig. p. 881. Pour bien préciser son idée, et ne laisser aucune ambiguité sur l'identité de la plante qu'il avait en vue, Linné ajoute : « Planta a me non visa, fide Kæmpferi recepla, forte Anisum stellatum officinarum. » Ce mot forte montre bien que Linné avait des doutes sur l'identité absolue de la Badiane du commerce avec le Skimmi de Kæmopfer. Et il ne pouvait en être autrement quand Kæmpfer se tait absolument sur l'arome et la saveur des fruits de son Skimmi, se con- tentant de dire que les graines ont une saveur désagréable: « saporis vapidi ». Thunberg est absolument du méme avis que Kæmpfer, et il répète après lui que l’écorce du Skimmi est odorante et que l'arbre est cultivé autour des temples parce que les prétres bouddhistes en font des bouquets et des guirlandes qu'ils assurent étre trés agréables aux dieux. Il ajoute que les fruits du Skimmi ne sont point aromatiques au méme degré que ceux qui viennent de Chine et sont vendus au Japon. L'identité de l'arbre pour lequel Linné a établi le nom d'J. anisalum ne peut donc étre le sujet d'aucun doute, et il est parfaitement connu, avec toutes les qualités qui lui sont attribuées par Kæmpfer, de tous les voyageurs qui ont visité le Japon. Aussi on peut se demander, d'une part, comment Siebold et Zuccarini (Fl. Jap., I, p. 5, tab. 4) ont imaginé de créer le nom T. religiosum pour une plante déjà nommée par Linné, et d'autre part comment des auteurs modernes ont pu rejeter à la synonymie le nom Linnéen, en lui substituant celui de Siebold et Zucca- rini, plus récent presque d'un siècle, en méme temps qu'ils maintenaient un I. anisatum Lour., de vingt-six ans postérieur à celui de Linné, et bons. A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 385 constituant, d'autre part, une plante douteuse qui n'a jamais été re- trouvée. ScuizawpnRA Michy. 1. $. axillaris Hook. et Thomps. FI. Ind., p. 86 et Fl. of Brit. Ind., 1, p. 45; Sphærostemma aæillare Bl. Fl. Jav., Schiz., tab. 3. Yun-nan, in silva Ta-long-tan, prope Tapin-tze, alt. 1800 m.; fl. 5 mart. 1886 (Delav. n. 1930). 2. S. grandiflora Hook. fil. et Thomps. Fl. Ind., p. 84 et Fl. of Brit. Ind., 1, 44. Yun-nan, ad fauces montis Koua-la-po, prope Hokin, alt. 3000 m.; fl. 26 maj. 1884 (Delav. n. 1029). BERBERIDEÆ HozpæLLia Wall. 1. H. latifolia Wall. Tent. fl. Nep., 24, tab. 16; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., 1, 108. — var. latifolia Hook. et Thomps. loc. cit.; Decaisne, Arch. du Mus., I, 184, tab. 12. Yun-nan, in regione calcarea montis Mao-kou-Tchang, supra Tapin-tze, prope Tali, alt. 2200 m.; fl. 17 april. 1884 (Delav. n. 888). BERBERIS Tourn. 1. B. nepalensis Spreng. Syst. Veget. Il, 120; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., I, p. 109; Mahonia nepalensis DC. Prodr., T, 109; Deless. Icon. sel., IT, 4. — var. 4, nepalensis Hook. et Thomps. loc. cit. Yun-nan, in lapidosis caleareis faucium montis Pee-cha-ho, prope Mo- so-yn, ad Lankong, alt. 2500 m.; fl. 25 jan. 1885 (Delav. n. 888). 9. B. sinensis Desf. Cat. hort. Par., 158; Baker et Moore, Journ. Linn. Soc., XVII, p. 317; Hance, Journ. of Bot. (1875), p. 130; Regel, Acta horti Petrop., II, p. 416; Franch. PI. David., p. 26; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 31. — var. typica Regel, loc. cit. Yun-nan, in apricis calcareis occidentem versus montis Hee-chan-men, ad Lankong, alt. 2500 m.; fl. 15 maj.; fr. 7 oct. 1884 (Delav. n. 1087); T. XXXIII. (sÉANCES) 25 386 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. in faucibus Kien-min-keou, supra Mo-so-yn; fr. 23 jan. 1885 (n. 827); ad pedes montis Yang-in-chan, prope Lankong, 30 jul. 1883 (n. 142). 3. Berberis Thunbergii DC. Syst., II, 9; Regel, Acta hort. Petrop., II, p. 419; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 32. — var. papillifera. — Folia crasse coriacea, margine revoluta; rami floriferi vix angulati, dense papilloso-puberuli, cortice griseo; baccæ ovatæ, rubra. . Yun-nan, in silvis ad montem Hee-chan-men prope Lankong, alti- tude 2800 m.; fr. 23 aug. 1884 (Delav. n. 1047). 4. B. integerrima Bunge, Reliq. Lehm., n. 44, tab., 1 in Mem. Acad. Petrop. VII, p. 189; Regel, Act. hort. Petrop. II, 418. Yun-nan, ad vicum Kiao-che-tong, in monte Hee-chan-men orientem versus, prope Ho-kin, alt. 2500 m.; fl. 2 maj.; fr. 9 oct. 1884 (Delav. n. 881 et 71). Espèce bien caractérisée par ses rameaux d'un brun rougeätre lisses et luisants, par ses feuilles coriaces, épaisses, trés entiéres ou bordées de petites dents acuminées ; le réseau des nervures est trés saillant. Arbris- seau de 3 m., à fruits rouges, et qui n'a d'affinités qu'avec PA. asia- tica. 5. ? B. heteropoda Schrenk, Enum. pl. nov., p. 102; Reg. Act. hort. Petrop. 11, 418. Yun-nan, ad fauces montis Koua-la-po, prope Ho-kin, alt. 3000 m.; fi. 26 maj. 1884 (Delav. n. 1047). Arbrisseau de 2 m., à rameaux gréles dont l'écorce est rougeâtre; les feuilles sont disposées comme celles du B. heteropoda Schr., c'est-à-dire que les grappes trés courtes sont accompagnées à la base de deux ou trois pédicelles uniflores, caractére peu précis, qui se retrouve d'ailleurs dans quelques autres Berberis. Je n'ai pas vu les fruits de la plante du Yun- nan, ce qui peut faire douter de son idenlité avec celle de Songarie, dont les feuilles sont aussi plus grandes. 6. B. levis, sp. nov. Frutex, ramis perfecte levibus, cortice pallide lutescente; spins tri- partite, graciles, superne deficientes. Folia persistentia e basi attenuata anguste lanceolita, acuta, apice spinulifera, levissima, supra pallide virentia, subtus lutescentes, preter nervum medium enervia (nervis secundariis immersis), integerrima vel parce et subtiliter dentato-spinu- losa. Flores 15-40 fasciculati, parvi sulfurei; stamina inclusa; baccæ ovatæ-nigro, cæruleæ. vem——m. TNR s, A. FRANCHET. -— PLANTÆ YUNNANENSES. 381 Spine majores usque ad 3 cent. longi ; folia majora 10-12 cent. longa, 10-18 mill. lata, petiolo 3-6 mill.; pedunculi 15-20 mill.; flores diam. 6-8 mill. Yun-nan, in silvis ad Mao-kou-chan, supra Tapin-tze; fl. 23 april. 1883 (Delav. n. 495); in calcareis ad collum Pi-iou-se supra Tapin-tze, prope Tali, alt. 2200. m.; fl. 14 april. 1884 (n. 893); in apricis montis Hee-chan-men ; fr. 12 oct. 1885 (n. 993). Espèce bien caractérisée par ses grandes feuilles lancéolées, très lisses, d'un jaune-paille en dessous, ne laissant voir aucune nervure secon- daire. La forme des montagnes caleaires de Pi-iou-se est plus trapue, ses feuilles plus courtes et relativement un peu plus larges. Plante très décorative à cause de ses feuilles brillantes et colorées en dessous. 7. B. pruinosa, sp. nov. Frutex humilis ramosissimus; rami florentes flexuosi, glabri, leves, minime angulati, cortice lutescente ; spinæ tripartilæ, haud validæ. Folia breviter petiolata e basi attenuata ovato-lanceolata, crasse coriacea, supra pallide virentia, subtus gl lia, nervis dariis parum promi- nulis, argute dentata, dentibus rigide haud longiter spinescentibus. Flores 8-25 fasciculati vel superposit bellati, parvi, pedicellis apice sensim clavato-incrassatis; petala integra ; antheræ exsertæ, loculorum valvis albidis; baccæ parve, ovatæ, ad maturitatem nigrescentes, albo-prui- nose; stigma sessile. Folia pollicaria vel vix sesquipollicaria, 1-2 cent. lata; baccæ 6-7 mill. Yun-nan, in sepibus ad Mo-so-yn prope Lankong: fl. febr.; fr. nov. 1883 (Delav. n. 493 et 1861). Trés élégante espéce, assez voisine du B. levis, mais à feuilles plus courtes et plus larges, à dents profondes, à nervures saillantes en des- sous, ressemblant à celles du B. asiatica. Ses fruits, recouverts d'une poussiére pruineuse trés glauque, les loges des anthéres blanches per- mettent de reconnaitre facilement le B. pruinosa parmi ses congénères. 8. B. acuminata, sp. nov. Rami floriferi cinerei, minime angulati, rigidi. Folia chartacea, magna, eximie I lata, longe inata, argute et minute dentato-serrata, supra virentia, subtus vix pallidiora, nervulorum rete conspicuo. Flores parvi, 8-15 fasciculati ; pedicelli elongati; petala integra ; bacez...... Folia 10-18 cent. longa, 12-25 mill. lata; pedicellis 2-3 cent. graciles. Yun-nan, in silvis ad Tchen-fong-chan ; fl. maj. 1882 (Delav. n. 494). L'une des plus belles espéces du genre, rappelant le B. insignis Wall. 388 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. par la grandeur de ses feuilles, mais dont les dents sont moins fortes et la consistance plus mince. 9. Berberis Wallichiana DC. Prodr., I, 107; Hook et Thomps. Fl. of Brit. Ind., I, 32. — forma parvifolia. — Folia vix pollicaria, 4 6 mill. lata, nervorum reticulo parum conspicuo. Rami anni preteriti cinerei, angulato-suleati ; frutex 60 cent. altus. Yun-nan, in monte Tsang-chan, supra Tali, alt. 2000 m.; fl. 28 mart. 1884 (Delav. n. 1124). — forma arguta. — Folia usque 8 cent. longa, 12-15 mill. lata, crebre dentata, dentibus spinulosis, nervulorum reticulo elevato. Yun-nan, in monte Tsang-chan. 10. B. yunnanensis, sp. nov. Rami florentes angulato-striati, cinerei ; spinæ tripartitæ, validæ, nune omnino deficientes; folia chartacea e basi longe attenuata brevissime petiolata, obovato-cuneata, apice rotundata, integerrima, subtus glauca ; flores 3-5 fasciculati; baccæ magni, ovatæ, rubescentes; stigma sub- sessile; semina levia oblonga. Frutex 2-metralis; folia 2-3 cent. longa, circiter 1 cent. apice lata ; pedunculi 2 cent.; baccæ usque ad 12 mill. longi, 7-8 mill. late ; semina 1-8 mill. longa. : Yun-nan, ad collum Yen-tze-h:y, prope Lankong, alt. 3200 m.; fr. 18 sept. 1885 (Delav. n. 1660 bis). Espéce remarquable par la grosseur de ses baies, caractére qui la rapproche u B. heteropoda Schr. et du B. diaphana Maxim.; elle dif- fère du premier par la disposition seulement fasciculée de ses fleurs, du second par ses feuilles entiéres, plus minces, à réticulation à peine saillante en dessous. 11. B. angulosa Wall. Cat., 1475 (pro parte); Hook et Thomps. Fl. of Brit. Ind., I, 411. Yun-nan, in lapidosis calcareis, ad montem Koua-la-po, prope Hokin, alt. 3500 m. ; fl. 26 maj. 1884 (Delav. n. 1046); ad collum Yen-tze-hay, supra Lankong ; fl. 20 oct. 1885. A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 389 NYMPHÆACEZÆ NymPpHÆa Tourn. 1. N. tetragona Georg. Bemerk. einer Reise in Russ. Reich., |, p. 220; Forbes et Hemsl. Ind. Flor. Sin., p. 33; N. pygmæa Ait.; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., I, p. 115. Yun-nan, in lacu Lankong; fl. 30 mart. 1885 (Delav. n. 1538). PAPAVERACE.E Meconopsis Vig. 1. M. integrifolia. — Cathcartia integrifolia Maxim. Mél. biol., IX, 743; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 34. Yun-nan, in pratis humidis ad juga nivalia Li-kiang, alt. 4000 m.; fl., fr. 11 jul. 1884 (Delav. n. 40). Souche épaisse, couverte au collet des débris des anciennes feuilles; plante toute hérissée de longs poils roux, trés abondants surtout sur les pédoncules; feuilles basilaires triplinervées, étroitement lancéolées ou lancéolées-linéaires, longuement atténuées à la base en un pétiole ailé souvent plus long que le limbe, briévement atténuées, un peu aigués au sommet, très entières sur les bords; tiges de 2-4 décimètres, portant 3-5 feuilles semblables aux basilaires, les supérieures contigués aux fleurs; deux ou trois fleurs en grappe, ordinairement longuement pédon- culées, très grandes (7-10 cent. diain.), d'un jaune-soufre ; pétales large- ment obovales, arrondis au sommet; filets staminaux glabres, peu dilatés au sommet; anthéres ovales; ovaire obiong, couvert de soies apprimées jaunàtres; style convexe-pyranidal très brièvement rétréci à la base, avec 5 sligmates radiés-décurrents; capsule obovale-oblongue, longue de 3 à 4 centimètres, s'ouvrant au sommet par 5 valves courtes. La plante du Yun-nan ressemble absolument à celle du Kansu, dont M. Maximowiez a communiqué un exemplaire à l'herbier du Muséum. Le mode de déhiscence de la capsule ne permet pas de la considérer comme une espèce du genre Cathcartia, ainsi que l'avait pensé M. Maximowicz, auquel du reste les fruits du C. integrifolia étaient demeurés inconnus. La plante ressemble singulièrement au M. simplicifolia Hook. et Thomps.; mais les tiges sont constamment pluriflores, et la portion rétrécie constituant le style est trés raccourcie. 390 A. FRANCHET, — PLANTÆ YUNNANENSES. 2. M r Maxim. Mél. biol., IX, 113; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., 34. Yun-nan, in lapidosis caleareis prope juga nivalia Li-kiang, alt. 2800 m.; fl. 9 jul. 1884 (Delav. n. 39); in monte Koua-la-po (Hokin), alt. 3400 m.; fr. 26 aug. 1884 (Delav. n. 987). Racine épaisse, fusiforme, allongée ; plante toute hérissée de soies jau- nâtres, étalées; tige dressée ou ascendante, de 2-7 décim.; feuilles glaucescentes, les basilaires linéaires-oblongues, un peu obtuses, entières ou trés obscurément sinuées ; limbe longuement atténué en pétiole plus long ou plus court que lui ; feuilles caulinaires de méme forme que les basilaires; les fleurs se produisent du milieu ou quelquefois presque de la base de la tige et forment ainsi une longue grappe feuillée en bas, nue en haut; pédoncules assez courts (1-2 cent.), s'allongeant (3-5 cent.), dressés et presque contigus à la tige vers la maturité; corolle à 6 pétales (ou plus rarement 5-7) purpurins, d'un diamétre de 3 à 4 cent.; filets staminaux peu dilatés au sommet; capsule couverte de petits aiguillons apprimés, assez courte, obovale-arrondie au sommet, terminée par un style moitié aussi long qu'elle, renflé-conique au sommet, avec 5-6 stig- mates rayonnants. CATHCARTIA Hook. 1. €athcartia Delavayi, sp. nov. - Rhizoma pénis folia glabra, glaucescentia, omnia radicalia, longe tiolata; limbus rhomboideo-l latus, obtusus, basi Breast atte- nuatus vel subcordatus, integerrimus vel subtiliter repandus ; pedunculi basilares, uniflori, pro maxima parte glabri, apicem versus lantum setulis nonnullis hispida; flos virgineus cernuus ; sepala glabra; petala 4 (vel nunc 5-8) cuneato-rhomboidea, vel obovata, vel oblonga, purpurea; stamina glabra, filamentis filiformibus; ovarium glabrum, oblongum, stylo brevi, apice ovato stigmatoso, stigmatibus breviter decurrentibus ; capsula (haud matura) fere linearis, valvis 3 (vel 5) ad basin usque (?) solutis. Petiolus usque ad 10 cent. longus, limbo vix ultra 3 cent. ; pedunculi 1-2 decim.; flores diam. subbipollicares; capsula (immatura) circiter 3 cent. longa, 3-4 mill. lata. Yun-nan, in pratis ad juga nivalia Li-kiang, alt. 3800 m. ; fl. fr. immat. 9 jul. 1884. Trés belle plante qui mériterait d’être cultivée ; les fleurs, d’un pourpre vif, ont une tendance à devenir semi-doubles; l'absence de capsules mûres ne permet pas de reconnaitre définitivement le genre. Dans tous A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 391 les cas, l'espéce est très différente par son port de tous les Meconopsis, et aussi du Cathcartia villosa Hook. 2. €. lancifolia, sp. nov. Radix fusiformis, crassa ; caulis erectus simplex pilis rufis strigosis hir- tellus. Folia anguste lanceolata, basi et apice longe attenuata vel lineari- lanceolata, integerrima vel levissime sinuata, hispidula ; folia caulina pauca, conformia. Flores laxe racemosi, virginei nulantes; pedunculi flore nunc longiores, simul ae calyx pilis strigosis hispidi; petala 4, late obovata, intense violacea; ovarium parce setulosum oblongum, stylo distincto, stigmate quadrilobo ; capsula (haud matura) lineari-oblonga. ` Caulis 1-2 decim.; folia 7-15 cent. longa (incluso petiolo), 6-10 mill. lata; pedunculi 2-6 cent., flores diam. 3-4 cent.; stylus in capsula juve- nili circiter 2 mill. longus, capsula ipsa (haud matura) 20-25 mill. longa, vix 4 mill. lata. Yun-nan, in collibus calcareis ad juga Yen-tze-hay, supra Lankong, alt. 3200 m.; fl. fr. imm. jun. 1886 (Delav. n. 2080). La plante appartient certainement au même genre que la précédente dont elle diffère bien nettement par son hispidité, la forme de ses feuilles et surtout par ses tiges portant des feuilles avec les fleurs disposées en longue grappe et non solilaires. `y HypecouĮm Tourn. 1. H. leptocarpum Hook. et Thomps. Fl. Ind., 216, et FPI. of Brit. Ind., 1, 120; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 35. Yun-nan, ad Mo-so-yn, prope Lankong, in campis; fl. 15 aug. 1883 (Delav. n. 211) et in montibus Koua-la-po (Hokin), alt. 2800 m.; fl., fr. mat. 27 aug. 1884 (Del. n. 132). Fleurs blanches avec les nervures purpurines. ConvpaLiS Dill. 1. €. scandens. — Dicentra scandens Walp. Rep., I, 118; Hook. et Thomps. Fl. Ind., 213; Fl. of Brit. Ind., 1, 121. Yun-nan, in ruderatis ad Ki-chau, prope Tali, alt. 2500 m.; fl., fr. mat. 10 sept. 1884 (Delav. n. 1222). Le genre Dicentra ne saurait étre maintenu puisqu'on rencontre des Corydalis présentant à la fois, des fleurs réguliéres à deux éperons comme celles des Dicentra et des fleurs irrégulières à un seul pétale éperonné. Le C. chinensis Franch. Plant. David., p. 28, et une autre 392 A. FRANCHET. — PLANT/E YUNNANENSES. espéce encore inédite, envoyée du Tonkin, par M. l'abbé Bon, sont tout particuliérement dans ce cas. 2. Corydalis oxypetala, sp. nov. (Capnites). Radix... ; caulis semipedalis usque pedalis, supra medium unifoliatus. Folium subsessile vel breviter petiolatum, trisectum, foliolis e basi cuneata ovatis, trilobis, lobis inæqualibus, ovatis vel lanceolatis, integris. Flores 6-15 laxe racemosi 1/2-3/4 poll. longi (incluso petiolo), cæru- 'lescentes, siccatione nunc violacei; bracteæ lanceolatæ, integerrima, . inferiores pedicello erecto paulo longiores ; sepala squamiformia, minu- tissima, fimbriata; calcar rectum obtusum limbum circiter æquans; petalum posticum alte fornicatum, ovatum, acutum, inferiore paulo brevius. Yun-nan in lapidosis ad cacumina montis Tsang-chan, supra Tali; fl. 4 aug. 1884 (Delav. cum n* 82 mixtum). R Klah pau C. cachemiriana Royle ; il s'en distingue sur- tout par ses fleurs plus nombreuses, à pédicelles plus courts et plus épais, disposées en grappes allongées et assez làches, méme durant l'an- thése. 3. €. cachemiriana Royle, Illustr., p. 69, tab. XVI, fig. 1; Hook. et Thomps. Fl. Ind., p. 263, et Fl. of Brit. Ind., 1, 123. Yun-nan, in pratis altissimis ad juga nivalia Li-kiang, alt. 4000 m.; fl. 9 jul. 1884 (Delav. n. 1863). 4. €. trifoliata, sp. nov. (Capnites). Fibre radicales fasciculatæ e basi inflata napiformi attenuato-fili- formes. Folium basilare unieum trisectum, segmentis bifidis vel trilobis, obovato-cuneatis; caulis gracilis, longe nudus, monophyllus; folium racemo fere contiguum, petiolatum, trifoliatum, foliolis ovatis sæpius integerrimis, nunc subbifidis, deflexis; bracteæ magnæ ovatæ, integrae pedicellos breves superantes. Flores 1-4 brevissime racemosi, subum- bellati, cærulei, iis C. oæypetalæ persimiles præter calcar sensim adun- cum ; sepala C. oxypetale ; capsula immatura oblongo-linearis. Yun-nan, in pratis et lapidosis ad cacumina montis Tsang-chan, supra Tali, alt. 4000 m. ; fl. 4 aug. 1884 (Delay. n. 82). Diffère du C. oæypetala par ses fleurs peu nombreuses, presque en ombelle, et dont l'éperon est aigu et recourbé; par les segments des feuilles qui sont entiers. La brièveté des pédice:les (4-5 mill.), les brac- tées toujours trés grandes et entières, la forme ovale des segments des feuilles, différencient le C. trifoliata du C. cachemiriana. A. FRANCHET. — PLANTAE YUNNANENSES. 393 5. €. Delavayi, sp. nov. (Capnites). Fibra radicales fasciculatæ e basi longe filiformi apice inflatæ, napi- formes. Caulis simplex. Folia basilaria sæpius 2, longe petiolata, ambitu rotundata, ternalisecta, segmentis petiolulatis e basi cuneata obovatis, profunde trilobis, lobis bifidis vel trifidis, lobulis linearibus; folia cau- lina 2-4, subsessilia, peclinato-pinnatifida, lobis linearibus subconti- guis, integerrimis vel nunc inferioribus bifidis ; bracteæ inferiores foliis caulinis persimiles, superiora inlegra, a hd danteüfats. Flores 10-20 laxe racemosi, racemo simplici, longep lati, lut les; sepala squamiformia, minima, denticulata; petalum postieum apice fornica- tum, vix acutum, dorso late cristatum ; ealear obtusum, ascendens, lim- bum subæquans ; petalum anticum postico multo longius. Caulis floriferus 8-15 poll.; pedunculi inferiores usque pollicares; flores 2 cent. longi, incluso calcare. Yun-nan in pratis prope juga nivalia Li-kiang, solo caleareo, alt. 3500 m.; fl. 11 jul. 1884 (Delav. n. 168). Espéce bien caractérisée par ses tiges simples portant 2 à 5 feuilles réguliérement pinnatifides, à lobes rapprochés paralléles; ses grappes simples, ses longs pédoncules, ses fleurs plus grandes la distinguent bien du C. polygalina. Les fleurs ressemblent beaucoup à celles du C. Gorts- chakovii, mais la forme des feuilles basilaires est trés différente; le C. Gortschakovii est pourvu. d'un rhizome épais et ne présente jamais de fibres napiformes. 6. €. micropoda Franch. Pl. David., p. 29; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 31. In provincià Hou-pé, circa I-tchang; fl. 7 mart. 1882 (Delav. n. 2); Su-tchuen, ad Sen-tchi ; fl. 4 april. 1882 (id.). 1. €. echinocarpa, sp. nov. (Capnites). Radix gracilis, fibris elongatis filiformibus. Caulis flaccidus, simplex inferne glaber, superne tenuiter pubescens, foliosus. Folia flaccida præ- sertim infima longe petiolata, glaucescentia; limbus ambitu triangularis, vel ovato-triangularis, pinnatim bipinnatisectus, pinnis petiolulatis, pin- nulis ovatis, obtusis, inciso-lobatis, lobis obtusis; folia caulina basila- ribus consimilia; inflorescentia composita, racemis 2 vel 3 elongatis laxifloris; bracteæ pedicellis longiores, inferiores trifidæ, lobo medio majore ovato, supreme integre ovale vel obovatæ; pedicelli breves pilosuli, arcuati. Flores violacei; sepala squamiformia, orbiculata, in- ciso-fimbriala; petalum posticum fornieatum, dorso cristatum; calcar limbo sesquilongius, subulatum, aculissimum ; petalum anticum postico sensim longius, inferne longe angustatum ; Capena linearis, stylo per- 394 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. sistente longe mucronata; semina nigra, nitidissima, echinulis cons- persa. Caulis subpedalis usque bipedalis; racemi 8-10 centim.; flores (incluso calcare, 15-18 mill. longo) fere 3 cent. longi; capsula (excluso stylo 6-1 mill. longo) 12-15 mill. longa, 2 mill. lata. Yun-nan, ad Tchen-fong-chan; fl., fr. 2 maj. 1882 (Delav. Fumar., n. 1). Plante rappelant assez bien par son inflorescence et par ses fleurs le C. longiflora Pers., mais trés différente par ses feuilles qui sont assez semblables à celles du Cherophyllum nodosum ; les graines sont trés remarquables par les petites pointes dont elles sont hérissées. 8. Corydalis longicornu, sp. nov. (Capnites). Fibrz radicales elongatæ, graciles. Caulis foliatus, flexuosus, simplex vel in ramos floriferos plures divisus; folia longe petiolata, basilaria permulta, caulina 3-5, subtriternatim secta, subtus glauca, foliolis petio- lulatis, obtusis vel subacutis; racemi 1-5 elongati, laxe floriferi; bracteæ parvæ pedicellos vix æquantes, lanceolatæ, integerrimæ ; pedicelli breves arcuati; flores lutei; petalum posticum late ovatum, dorso breviter cris- tatum; calcar tenue, cylindricum, obt , limbo subduplo longius; capsula immatura lineari-oblonga, obtusa, stylo longiter mucronata. Caulis subpedalis vel vix semipedalis ; foliola 5-15 mill. longa, 3-8 mill. lata ; flores circiter 25 mill. longi, excluso calcare fere 18 mill. longo. Yun-nan, ad Ou-tchay; fl. 18 maj. 1882 (Delav. Fumar., n. 3). Voisin du C. ochotensis var. Radd Maxim., dont il a le port, les braetées et probablement les fruits; mais la forme de l'éperon plus gréle, plus cylindrique et beaucoup plus ailongé, caractérise bien le C. longicornu. 9. €. yunnanensis, sp. nov. (Capnites). Caulis elatus, ramosus. Folia basilaria....; caulina 3-5, longe petio- lata, ambitu late triangularia, subtriternatim secta, subtus glauca, partitionibus primariis pu segmentis profunde partitis, lobis l latis vel oblong latis, acutis vel sæpius obtusis. Racemi paniculati, elongati, laxiflori, nune basi compositi; bracteæ lanceolatæ integerrimæ, pedicellos subæquantes; flores lutei; sepala squamiformia, denticulata, albida; petalum postieum ovatum, fornicatum, dorso alte cristatum ; ealear limbum subæquans, conico-cylindricum, gracile, sur- sum arcuatum; capsula pendula, elliptica vel oblongo-ovata, apice ro- tundata, stylo persistenti mucronata ; semina nigra, sublucida, concen- trice tenuissime scrobiculata. A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 395 Caulis 1-2 pedalis et ultra, pennæ gallinæ crassitie; folia majora ambitu triangularia fere 20 cent. longa et basi lata, foliolis vel lobis 1-3 cent. longis, 3-6 mill, latis; flores 12-15 mill, longi (incluso calcare 6-8 mill.); capsula 7-10 mill. longa. Yun-nan, ad collum Koua-la-po, secus viam e Tali ad Hokin ducen- tem; fl., fr. 24 jul. 1883 (Delav. n. 140); in lapidosis caleareis haud procul a jugis nivalibus Li-kiang, alt. 3500 m.; fl. 44 jul. 1884 (Delav., n. 1225); inter dumeta in monte Tsang-chan, supra Tali, alt, 3000 m. ; fl. 10 jun. 1885 (Delav. n. 1864). à Grande espèce trés voisine du C. sibirica L., dont elle diffère sur- tout par ses proportions bien plus robustes, la forme triangulaire de ses feuilles, dont les lobes sont aussi beaucoup plus larges, et surtout par l'éperon grêle et plus allongé relativement au limbe. La plante du Tsang- chan (n. 1864) a des tiges simples et ne portant qu'une seule grappe de fleurs. 10. €. gracilis, sp. nov. (Capnites). ' Annua, glabra; caulis gracilis, fragillimus, erectus vel ascendens, e basi ramosus, foliosus. Folia parva, limbo ambitu late triangulari sub- biternatisecto, segmentis primariis petiolulatis, lobis abbrevialis cu- neato-obovatis, bifidis vel trilobulatis, lobulis obtusis. Racemi longe peduneulati, demum laxiflori, bracteis minutis, inferioribus trifidis vel palmatifidis, superioribus integris pedicello fructifero sensim breviori- bus; flores parvi, aurei; sepala squamiformia, minima, denticulata; petalum posticum fere orbiculatum, vix fornicatum, dorso anguste cris- tatum; calcar gracile conicum obtusum, ascendens, limbum vix æquans; petala interiora apice atropurpurea; petalum anticum spatulatum, antice suborbiculatum, longe mucronatum; capsula horizontalis vel pendula, breviter oblongo-obovata, apice rotundata, stylo breviusculo apiculata; semina nigra levia nitidissima. Caulis 1-2 pedalis; foliorum (etiam inferiorum) limbus 1 -2 cent. lon- gus et basi latus, segmentis 3-5 mill.; flores 7-9 mill. (incluso calcare 3-4 mill.); capsula pedicellum æquans 10-12 mill. longa. Yun-nan, in silvis ad collum Koua-la-po (Hokin), alt. 3000 m.; fl. fr. 4 aug. 1885 (Delav. n. 1862) et in umbrosis montis Hee-chan-men; fl. 23 aug. 1884. Voisin du C. sibirica et du C. cornuta, mais beaucoup plus gréle; fleurs plus petites, à éperon toujours arqué et moins renflé ; graines tout à fait lisses et non fovéolées; feuilles larg t triangulaires dans leur pourtour et non pas ovales. 396 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 11. Corydalis albicaulis Franch. PI. Davidiane, in Arch. du Mus., 2° série, V, p. 182 (p. 30 du tirage à part). — var. latiloba. — Foliolorum lobuli 2-3 mill. longi et fere lati; capsula 12-15 mill. longa, 2 1/2 mill. basi lata. Planta glauco-viridis. Yun-nan, in rupibus calcareis supra Mo-so-yn prope Lankong ; fl., fr. 17 maj. 1884 (Delav. n. 1085). 3 Plus verte que la plante de Mongolie; lobes des folioles sensiblement plus larges; fruits presque moitié plus courts. 12. €. thibetica Hook. fil. et Thomps. Fl. Ind., 265, et Fl. of Brit. Ind., I, 124. Yun-nan, in fissuris rupium calearearum prope juga nivalia Li-kiang, alt. 3500 m.; fl. 9 jul. 1884 (Delav. n. 169). CRUCIFERÆ NasrunTiUM Rob. Brown. 1. N. globosum Turcz. Fl. Baic.-Dahur., 1, 109; Franch. PI. David., p. 31; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., 39. Yun-nan, in pratis humidis et uliginosis ad Mo-so-yn, prope Lankong; fi., fr. 28 jun. 1884 (Delav. n. 698). 2. N. microspermum DC. Syst., IL, p. 199; Franch. Pl. David., p. 32; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 40; N. benghalense Hance, Journ. Linn. Soc., XIII, p. 99, et Journ. of Bot. (1819), p. 8, non DC. Su-tchuen, prope Chen-tchi; fl., fr. 4 april. 1882 (Delav. Crucif., n. 1). 3. N. palustre DC. Syst., Il, p. 191; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., I, p. 133; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 41; Franch. Pl. David., p. 31, et Mém. Soc. de Cherb., XXIV, p. 199. Yun-nan, in paludibus Kan-hai-tze, in monte Hee-chan-men, prope Lankong, alt. 2600 m.; fl. fr. 3 sept. 1884 (Delav. n. 706 et 1841) ; ad littora lacus Tali, loco dicto Cha-pin ; fl., fr. 4 jun. 1885 (Delav. n. 1876). 4. N. barbareæfolium, sp. nov. Parce hispidum ; radix fusiformis ; caulis priesertim superne ramosus. Folia auriculis dilatatis caulem amplectantia, inferiora et media lyrata, lobis inferioribus 2-5 jugis, parvis, ovatis, terminali maximo e basi rotun- data ovalo, crenato vel repando-dentato ; folia superiora oblongo-lanceo- lata basi plus minus incisa, suprema nune subintegra. Flores lutei parvi ; siliquæ ad maturitatem longiuscule pedicellatæ, secus axin erectæ et fere A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 397 adpresse, glabræ, oblongo-lineares, obtusæ, stylo persistenti mueronatæ, valvis subtiliter nervatis. Caulis 1-2 pedalis et ultra; foliorum lobi inferiores cireiter 4 cent. longi, terminali 5-8 cent. longo (vel tantum 2-3 cent. in speciminibus humilioribus), 3-4 cent. lato; pedicelli fructiferi 1 cent.; capsula 15-18 mill. longa, 3-4 mill. lata; flores diam. vix 5 mill. Yun-nan, in paludibus Kan-hay-tze, in monte Hee-chan-men, prope Lankong, alt. 2600 m. ; fl., fr. 25 sept. 1884 (Delav. n. 705 et 1840). Les feuilles ressemblent beaucoup à celles du Barbarea vulgaris, dont la plante a d'ailleurs tout à fait l'aspect; elle est surtout voisine du N. montanum Wall. ; mais elle s’en distingue nettement par ses siliques presque apprimées. CARDAMINE Tourn. 1. €. Delavayi, sp. nov. Caulis flaccidus, flexuosus, erectus, glaber, ramosus. Folia tenuiter et parce pubescentia, etiam superiora longe petiolata, petiolo exauriculato, omnia trifoliolata ; foliola lateralia in foliis basilaribus et inferioribus ovata, subsessilia integerrima, foliolo terminali subrotundo, repando, vix majore; foliola in foliis supremis lineari-lanceolata. Racemi fere e medio caulis orti, axillares, pedicellis ebracteatis; flores albi ; sépala ovato-lan- ceolata, albo-marginata, petalis obovatis subtriplo breviora; stamina 6; pedicelli fructiferi graciles, elongati, erecti; siliqua linearis stylo longe acuminata. Caulis 20-30 cent. ; petioli 4-5 cent. longi, etiam in parte caulis supe- riore; foliola lateralia 6-8 mill., terminali 8-10 mill. longo; pelala 6-7 mill.; pedicelli fructiferi usque ad 2 cent.; siliquæ (immatura) 18-22 mill., adjuncto stylo 3-4 mill. longo. Yun-nan, ad fontes prope Mo-so-yn, haud procul a Lankong; fl. fr. immat. 2 april. 1885 (Delav. n. 1838). Plante très grêle, voisine du C. trifoliola Hook. et Thomps., mais différente par ses tiges rameuses, ses feuilles à folioles entiéres qui deviennent lancéolées-linéaires dans les feuilles supérieures; par ses longs pédicelles, etc. 9. €. hirsuta L. Sp. pl., ed. 1, p. 055; Hook. et Thomps. Flor. of Brit. Ind.,1, 138; Franch., Pl. David., p. 34 ; Forbes et Hemsl., Ind. Fl. Sin., p. 43. » Yun-nan, in campis humidis ad Tapin-ize; 6 febr. 1885 (Delav. n. 1216). 398 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. — var. silvatica. — C. silvatica Link et Hoffm. Phytogr. Blett., I, p. 50; Franch. Mém. Soc. hist. nat. de Cherb., XXIV, p. 199; C. hir- suta, subsp. flexuosa With. Brit. pl. (ed. 3), vol. III, p. 578; Forbes et Hemsl. Ind. FI. Sin., p. 43. Yun-nan, ad Tchen-fong-Chan; fl. maj. 1882 (Delav. Crucif., n. 9). — var. flaccida. — Klata, glabra, fere usque bipedalis ; e basi ramosa ; foliola tenerrima, magna, in foliis inferioribus 15-18 mill. longa et lata, inciso-crenata ; siliquæ laxe patentes apice attenuatæ, acutissimæ. Yun-nan in umbrosis et humidis ad Mo-so-yn, prope Lankong ; fl., fr. 14 mart. 1885 (Delav. n. 1839). Forme très remarquable par ses grandes dimensions et la largeur de ses folioles, mais qui ne se distingue du C. hirsuta par aucun caractère précis, bien que d'aspect trés différent. 3. Cardamine Griffithii Hook. et Thomps. in Linn. Soc., V, p. 146, et Fl. of Brit. Ind., I, 139. Yun-nan, in umbrosis et humidis montis Tsang-chan supra Tali; fl., fr. 25 sept. 1884, alt. 4000 m. (Delav. n. 1054). Fleurs rouges, grandes (diam. 4 cent.) ; siliques linéaires, brièvement atténuées au sommet, portées par des pédicelles ascendants 2 ou 3 fois plus courts qu'elles ; stigmate large, nettement bilobé. 4. €. impatiens L. Sp. pl., ed. 1, p. 655; Hook. et Thomps. Fi. of Brit. Ind., V, 138; Forbes et Hemsley, Ind. Fl. Sin., p. 43. Yun-nan, cirea Ou-tchay ; fl. 18 maj. 1882 (Delav. Crucif., n. 5). 5. €. yunnanensis, sp. noy. Glabra, e basi ramosa. Folia rosularum et basilaria longe petiolata, sæpius trifoliolata, foliolis lateralibus late ovatis, sinuato-repandis, impari varie inciso ; folia caulina breve petiolata, auricula minima caulem amplec- tantia, nunc etiam trifoliolata, sæpius bijuga, foliolis lateralibus longiter petiolulatis, oblique ovatis, profunde crenatis, impari multo majore sepius longe acuminato, profunde inciso, lobis basilaribus plus minus disjunctis. Flores parvi, albi; stamina 6; racemus fructifer laxus, elongatus, pedicellis brevibus; siliquæ lineares apice attenuatæ, acutæ, in pedicello recto Caulis pedalis et ultra; foliola 1-3 cent. longa, impari duplo majore ; flores diam. 4 mill. ; pedicelli fructiferi 4-6 mill. ; siliquæ 4 tent. longæ, vix ultra 4 mill. lite. Yun-nan, in silvis ad Ta-long-tan, prope Tapin-tze, alt. 1800 m.; fl., fr. 26 jul. 1885 (Delav. n. 1843). | | | | | | A. FRANCHET. — PLANT. YUNNANENSES. 399 Espèce assez voisine du C. Impatiens, à cause de ses pétioles auri- culés, mais bien distincte d'ailleurs par ses feuilles presque toujours trifoliolées ou 4-5 foliolées lorsque les lobes basilaires de la foliole ter- minale sont disjoints et pétiolulés. Cette foliole terminale est presque toujours terminée par un long acumen entier caudiforme, qui atteint 1-2 cent. La plante est raide comme le C. Impatiens, mais les feuilles sont plus molles. 6. €. multijuga, sp. nov. Glabra; caulis debilis, decumbens vel erectus, stolones epigeos gracil- limos educens, ad inflorescentiam usque æqualiter et crebre foliosus. Folia basilaria petiolata, caulina, præter infima sessilia, caulem lobis parvis porrectis arcte amplectantia, omnia ambitu oblonga, multijuga, foliolis 6-8 jugatis, inferioribus vix minoribus, [ovatis vel ellipticis, integris vel sinuato-repandis, impari suborbiculato, angulato, lateralibus latiore sed haud longiore. Flores violacei pedicello gracili breviores ; pedicelli fructiferi mox palentes ; siliquæ oligospermæ, juveniles stylo longe acu- minatæ. Caulis usque bipedalis; foliola lateralia 4-6 mill. longa, 3-5 mill. latis ; flores diam. circiter 12 mill. Yun-nan, in aquosis ad Mo-so-yn, prope Lankong; fl. 28 jun. 1884 (Delav. n. 697). Les feuilles ressemblent à celles du C. Matthioli ; elles sont trés nom- breuses sur la tige et remarquables par le peu d'inégalité de leurs folioles, celles de la base étant presque aussi grandes que la terminale. En outre, la plante parait caractérisée par des siliques pauciovulées lon- guement atténuées comme celles des Pteroneuron. 1. ?€. tenuifolia Turez. Fl. Baic.-Dahur., I, 120; Forbes et Hemsley, Ind. Fl. Sin., 44. — var. repens. — Dentaria repens Franch., Bull. Soc. bot. de Fr., vol. XXXII, p. 5. — Rhizoma longe repens, horizontale, nodulosum, fibris filiformibus non tuberculigeris; caulis usque pedalis. Yun-nan, in faucibus San-lchang-kiou, secus viam a Tali ad Hokin ducentem ; fl. 27 maj. 1884 (Delav. n. 65); in silvis Mao-kou-tchang, supra Tapin-tze, alt. 2000 m. ; fl. 5 jul. 1885. — var. granulifera. — Rhizoma repens, elongatum, filiforme, ad collum tuberculis graniformibus congestis farclum e quibus radicellæ tenuissima enaseuntur. Yun-nan, in monte Tsaug-chan, supra Tali; fl. 2 jun. 1883 (Delav. n. 281). 400 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Le C. tenuifolia, de Sibérie, a un rhizome trés court, qui donne nais- sance à de nombreuses fibres radicales, terminées par un renflement tuberculeux, ovale ou globuleux. Dans les deux variétés du Yun-nan signalées ici, et que je rapporte provisoirement à la plante de Tureza- ninow, le rhizome est toujours trés gréle et trés allongé, horizontal ; les fibres ne portent point de tubercules au sommet et naissent au contraire, dans la variété repens, de nodosités espacées sur le rhizome ; dans la variété granulifera, de. bulbilles agglomérés au collet et donnant nais- sance chacun à une libre trés menue. Les feuilles et les fleurs sont d'ailleurs semblables à celles du C. tenuifolia; les siliques müres des deux variétés présumées ne sont pas encore connues. 8. Cardamine macrophylla Willd. Sp. pl., III, 484; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., I, 439; Franch. Pl. David., p. 34; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 43. Yun-nan, secus rivulos prope juga nivalia Li-kiang, alt. 2300 m.; fl. 9 jul. 1884 (Delav. n. 700); in locis umbrosis et humidis in monte Tsang- chan, supra Tali, alt. 4000 m.; fl. 25 sept. 1884 (Delav. n. 1052). LoxosTrEMON Hooker. 1. ? L. Delavayi, sp. nov. Rhizoma breve, gracile, ad collum bulbillos parvulos coacervatos ferens; caulis simplex, tenuis, glaber. Folium basilare unicum longe petiolatum, trifoliolatum, foliolis minimis, ovatis; folia caulina pauca (2 vel 3), e medio caulis orla, pinnatisecta (jugis 4-5), foliolis rigide cilio- latis, parvis, brevissime petiolulatis, oblongis vel ovatis, impari haud majore. Flores violacei, longe pedicellati; sepala ovata, obtusa, purpu- rascentia; petala late obovata, unguiculata, calyce subtriplo longiora; stamina 6, breviorum filamentis cylindricis, 4 longiorum filamentis fere ad apicem usque latissime membranaceo-alatis ; stigma bilobum ; siliqua juvenilis linearis pedicello duplo brevior. Caulis 15-20 cent.; foliola 3-10 mill. longa, 1-3 mill. lata; petala 6-7 mill. ; pedicelli fructiferi fere 2 cent. Yun-nan ad juga nivalia Li-kiang post nives deliquescentes florens; fl. 9 jul. 1884 (Delavay). Les filets staminaux ne sont point géniculés au sommet, comme ceux du L. pulchellum, ce qui peut faire douter de l'identité générique de la plante du Yun-nan; mais tous les autres caractères s'y retrouvent : il est possible que la flexion des filets staminaux ne soit pas absolument carac- téristique du genre. Les bulbilles, qui ne sont guère plus gros qu'un grain de mil, donnent parfois naissance à une toute petite inflorescence, | | | | | $ A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 401 formée d'un axe et de 2 ou 3 fleurs, dont l'ensemble ne dépasse pas 5 à 6 mill. ARABIS L. 1. A. alpina L. Sp. pl., ed. 1, p. 664. — var. parviflora. — Petala vix 5 mill. longa, oblongo-obovata caly- cem glabrum vix superantia; siliqu patentes, contort» ; planta elata, recta. Yun-nan, in silvis ad montem Mao-kou-tchan, supra Tapin-tze ; fl., fr. 29 aug. 1883 (Delavay); in silvis ad Ta-long-tan, prope Tapin-tze, alt. 1800 m. ; fl., fr. mat. 26 jul. 1885 (Delav. n. 1843). 4 — var. rigida. — Erecia; folia caulina etiam inferiora illis rosu- larum multo minora; petala calyce subtriplo longiora ut in formis typicis. Planta, quoad adspectum et folia, A. hirsute similis; flores et fructus A. alpine. Yun-nan, in lapidosis calcareis ad Mo-so-yn, ‘prope Lankong; fl., fr. 1 jun. 1884 (Delav. n. 1062). 2. A, pendula L., Sp. pl. ed. 1, p. 665 : Franch. PI. David., p. 53. — var. glabrescens. — Pilis raris conspersa; folia anguste lanceolata, brevissime auriculata. Yun-nan, in faucibus Lan-ho, ad pedem monlis Yang-in-chan prope Lankong; fl., fr. 7 aug. 1883 (Delav. n. 117). Draga Dill. 1. D. alpina L. Sp. pi., ed. 1, p. 642; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., 1, 142. — var. leiophylla. — Folia glaberrima vel lla secus petiol parce ciliata; pedicelli pilis furcatis raris vestiti. Planta nana, depresse cespitosa. < Yun-nan, in fissuris rupium calcarearum ad juga nivalia Li-kiang, alt. 3500 m., fl. 9 jul. 1884 (Delav. Draba, n. 9). / 2. D. surculosa, sp. nov. (Chrysodraba). Rhizoma gracile multiceps, surculis elongatis apice rosulam edentibus unde caules floriferi nascuntur. Caules florentes nunc simplices, nunc ramosi, foliati, pilis furcatis et simplicibus parce vestiti. Folia glabres- centia pilis raris sæpius ciliatà, utraque facie sparse pubescentia (pilis simplicibus et furcatis mixtis), omnia acute dentata, basilaria oblonga vel oblongo-ovata, caulina e basi parum dilatata -subsemiamplexicaulia, T. XXXIII. (SÉANCES) 26 402 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 1 TNT vel obovato-l lata, plus minus obtusa; pedicelli tenuis- sime pubescentes, mox flore longiores. Flores aurei; petala calyce pilo- sulo subduplo longiora, obovata, apice leviter emarginata; racemus fructifer laxus, pedicellis arcuato-patentibus silicula subtriplo longio- ribus; silicula elliptica, glabra, stylo brevi. Surculi usque ad 15 cent. long. ; caules florentes 1-2 decim.; folia caulina majora 20-25 mill. longa, 6-8 mill. lata, rosularum paulo minora; pedicelli fructiferi 15-20 mill.; flores 7-8 mill. diam. ; silicula 6-10 mill. longa, 3-4 mill. lata. Yun-nan, in vicinitate fontium ad juga nivalia Li-kiang, alt. 4000 m. ; fl. 14 jul. 1804 (Delav. n. 48); ad cacumina montis Tsang-chan supra Tali; fr. mat. 25 sept. 1884 (Delav. n. 1052). Espèce bien caractérisée par ses longs rejets terminés par une rosette du centre de laquelle nait une tige florifére, par ses feuilles élargies, bordées de dents aigués. Elle différe beaucoup du D. elata Hook. et Th. par son mode de végétation et la forme elliptique de ses siliques jamais contournées; la plante ne présente pas de poils étoilés. 3. Draba yunnanensis, sp. nov, (Chrysodraba). Breviter multiceps, pube stellata canescens; rosule dense, foliis oblongo-obovatis integris; folia caulina oblongo-lanceolata integra vel vix conspicue denticulata, basi vix dilatata ; pedicelli flores subæquantes. Flores aurei, magni, petalis calyce subtriplo longioribus ; racemus flori- fer abbreviatus, pedicellis silicula duplo longioribus, sub angulo recto patentibus, apice tantum paulo ascendentibus; silicula glabra ovato- lanceolata, acuta, stylo brevi. Caules floriferi 8-15 cent.; folia 15-18 mill.; flores diam. 6 mill. ; pedunculi fructiferi circiter 15 mill.; siliculæ 7-8 mill. longe, vix 3 mill. medio latæ. Yun-nan, in rupibus calcareis ad montem Koua-la-po inter Hokin et Tali; fl. 26 maj. ; fr. aug. 1884 (Delav. n. 81). Assez voisin du D. surculosa, mais différent par les rejets raccourcis, les feuilles plus étroites, les siliques plus aigués portées par des pédi- celles étalés à angle droit, et surtout par la présence de nombreux poils étoilés à 6-8 branches, qui font totalement défaut sur l'espèce précédente. 4. D. yunnanensis, var.? gracilipes. — Multicaulis, virens; pedi- celli fere filiformes; silicule sæpe contortæ, angustiores; pro cæteris ut in formå typicà. — Forte species propria. Yun-nan, in rupibus calcareis prope juga nivalia Lankong, alt, 3000 m. ; fl., fr. 10 jul. 1884 (Delav. n. 704). | A A: FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 403 5. D. amplexicaulis, sp. nov. (Chrysodraba). Annua?, elata, erecta. Caulis dense foliatus, apice ramosus, pilis bre- vibus simplicibus, vel furcatis mixtis, parce vestitus. Folia rosularum sub anthesi marcida, caulina anguste l lata, basi rotundata auri- culis late amplexicaulia, callose denticulata, glabrescentia vel parce hispidula (absque pilis stellatis). Racemi mox elongati; pedicelli floribus subduplo longiores, graciles; flores lutei, majusculi, petalis obovatis apice leviter emarginatis ; pedicelli fructiferi sub angulo recto patentes ; siliquæ glabræ, ovato-lanceolatæ, contortæ, pedicellis 2-3-plo breviores. Caulis 30-50 cent.; folia caulina inferiora et media usque 7 cent. donga, basi fere 4 cent. longa ; flores diam. 8 mill.; pedicelli fructiferi 2 cent. ; siliculæ 10-12 mill. longæ, 3-4 mill. latæ. Yun-nan, in pratis humidis ad juga nivalia Li-kiang, alt. 3000 m. ; fl., fr. 10 jul. 1884 (Delav. n. 702). L'une des plus grandes espéces du genre, voisine du Draba elata Hook. et Th., et surtout du D. moupinensis Franch.; il differe de l'un et de l'autre par ses longues feuilles lancéolées, trés rapprochées sur la tige et par ses silicules courtes. SISYMBRIUM Tourn. 1. $. Thalianun: J. Gay et Monn., Ann. des sc. nat., 1" série, VII, 399; Arabis Thaliana L. (auct.). Su-tehuen, in campis circa Ou-chan; mart. 1882 (Delav. Crucif. n. 2). Bnava Sternb. 1. B. rubicunda, sp. nov. E radice simplici multiceps, cespitosa. Folia glabra, longe petiolata, integerrima, basilaria oblongo-lanceolata caulinis simillima, vix majora ; caules floriferi erecti, graciles, breviter puberuli, e medio foliati, foliis flores foventibus oblongo-linearibus, vix vel non minoribus, racemum abbreviatum superantibus; pedicelli glabrescentes fere omnes axillares, floribus subæquilongi. Flores rubentes, majuseuli; sepala late ovata, margine albo-membranacea; petala calyce plus duplo longiora, limbo orbiculato patente, in unguem angustum abrupte contracto; siliquæ con- ferte, pedicellis sublongiores, oblongo-lineares, utrinque attenuatæ, stylo brevi. Caules floriferi 3-10 cent.; folia 20-15 mill. longa, incluso petiolo limbo æquilongo, floralia paulo breviora; pedicelli 5-6 mill.; flores diam. 6-7 mill.; siliquæ circiter 8 mill., vix 2 mill. latæ. 404 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Yun-nan, in rupibus caleareis montis Tsang-chan supra Tali ; fl. 16 jun. 1884 (Delav. n. 80). Port du Braya alpina; fleurs plus grandes, naissant presque toutes à laisselle d'une feuille qui les dépasse pendant l'anthése; les feuilles caulinaires et les feuilles basilaires sont de forme et de dimension à peine sensiblement différentes. Le caractère fourni par la présence de feuilles florales dép t l'inflor , la grandeur et la coloration des fleurs, permettent de distinguer facilement le B. rubicunda de toutes les espéces himalayennes. EnvsiMuM Tourn. 1. E. cheiranthoides L. Sp. pl., ed. 1, p. 661; Franch. Plant. David., p. 31; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 4. Yun-nan, in campis ad Mo-so-yn, prope Lankong; fl. 28 maj. 1884 (Delav. n. 783); Su-tchuen, ad Ou-chan ; 20 mart. 1882 (Delav. Crucif., n. 3, forma gracillima). 2. E. yunnanense, sp. nov. Aunuum, cinereo-virescens; pubes caulis pilis adpressis naviculari- bus, foliorum pilis partim navicularibus, partim 3-4-fidis, constans ; cau- lis erectus, rigidus, simplex vel e basi ramosus, angulatus, præsertim inferne conferte foliatus. Folia anguste lanceolata, acuta, sinuato-dentata, dentibus acutis. Flores parvi, pallide lutei, petalis anguste oblongis erectis calycem tantum paulo superantibus ; racemus fructifer brevis, densus; siliculæ in pedicellis brevibus subarcuatis rigide erectæ, tetra- gonæ, pube tenuissima 3-4 fida conspersæ ; stylus diametro siliquæ maturæ multo brevior, fere nullus. Subpedalis vel minor; folia 3-4 cent. longa, 4-5 mill. lata, suprema linearia; flores 4 mill. diam. ; pedicelli 6 mill. ; siliquæ pollicares. Yun-nan, in campis ad Mo-so-yn ; fl., fr. mat. 24 april. 1884 (Delavay). Assez voisin de PE. strictum Fl. Wett. (E. hieracioides L.), il parait en différer surtout par ses feuilles étroites, plus profondément sinuées, dentées, par sa grappe fructifère courte et serrée, à siliques peu écart lées de l'axe, par ses fleurs trés petites. DiPowA, gen. nov. Sepala ovata, erecta; petala subquadrato-orbiculata, apice late cmar- ginala, in unguem angustum contracta; stamina 6, filamentis glabris exappendiculatis; ovarium obovatum, in stylum longiuseulum breviter attenuatum, loculis biovulatis ; ovula pendula; silicula a latere compressa, 1 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 405 late rhomboidea, septo latissimo, valvis parvis membranaceis, operculi- formibus, convexis, in orbem demum solutis more pyxidæ ; semen sæpius abortu solitarium; cotyledones accumbentes. — Perennis, multiceps 5 pubescentia setulosa; inflorescentia longe racemosa, peduneuli axil- lares, fructiferi deflexi, mox contorti; silicula'haud raro abortu loculi difformis. 1. D. iberideum. Rhizoma gracile, in ramos elongatos divisum; caules decumbentes subsimpliées, presertim superne setulis deflexis vestiti. Folia crassius- cula, petiolata, inferiora glabra, superiora sepius margine longe ciliata, nunc omnia spathulato-ovata, integerrima, nunc e basi longe attenuata cuneata apice tridentata. Racemus mox laxus, elongatus, pedicellis bre- vibus hispidis, sæpius pro majore parte axillaribus. Flores majusculi; sepala hispidula albida vel purpurascentia; petala alba, purpureo-lineata, limbo expanso ; stamina petalis breviora, filamentis medio vix dilatatis, antheris violaceis ; stigma depresso-capitatum, obscure bilobum; siliculæ valvæ tenuiter metlrahnese, nigricantes, pilosulæ. Caules floriferi 10-20 cent.; folia 10-25 mill. longa, 3-6 mill. apice dilatato lata; pedicelli EUGA (contorti) 8-10 mill.; flores diam. 8 mill.; silicula 5-6 mill. longa, 4 mill. medio lata. Yun-nan, in lapidosis calcareis delabentibus ad juga nivalia Li-kiang, alt. 3800 m.; fl., fr. 9 jul. 1884 (Delav. Lepidium, n. 8). Genre remarquable par le mode de déhiscence des silicules s'opérant par le détachement cireulaire des valves, qui sont d'une texture trés mince, convexes, brunes ou noiràtres, hérissées de petits poils et beau- coup plus courtes que leur cloison; la silicule affecte assez nettement la forme d'un losange un peu élargi, lorsque son développement. est régulier; mais elle est assez souvent déformée par l'avortement plus ou moins complet d'une des loges; aprés l'anthésele pédicelle se courbe sur lui-méme en c. La plante rappelle beaucoup le Dilophia salsa Hook. et Th., par ses fleurs, ses feuilles et son mode de végétation. Les ramifications du rhi- zome sont plus allongées et plus gréles dans le Dipoma iberideum, qui offre aussi dans sa partie supérieure une viflosité qui parait ne pas exister dans le D. salsa, sil'on en juge par la description et la figure ; mais les silicules sont trés différentes dans les deux plantes, celles du Dipoma ayant surtout de l'analogie avec la silicule du Psychine et la forme de celle du Myagrum. 406 A. FRANCHET. — PLANTE YUNNANENSES. MEgGACARPEA DC. 1. M. Delavayi, sp. nov. Rhizoma crassum; caulis erectus, striatus, presertim apice breviter pubescens. Folia setulis brevissimis scabrida, ambitu oblongo-lanceolata, pinnatisecta, basilaria et caulina infima longe petiolata, media et supe- riora sessilia, auriculis porrectis amplectantia; pinna subdistantes nec confluentes, inferiores paulum decrescentes, omnes ovatæ vel'ovato-lan- ceolatæ, nunc etiam lanceolatæ, sessiles, varie dentatæ vel incisæ, lobis nunc integris, acutis, nunc in foliis majoribus irregulariter dentatis. Flores violacei vel purpurascentes, ineunte anthesi dense corymbosi, pedicellis subæquilongi; sepala atro-purpuraseentia, ovata, obtusa, glabra vel parce pubentia; petala calyce plus duplo longiora, limbo obo- vato sepius apice tridentalo, in unguem attenuato vel subcontracto ; stamina 6 haud exserta, filamentis glabris inferne parum dilatatis ; silicula (haud matura) profunde biloba, sinu angusto, lobis obovatis anguste alato-marginatis. Rhizoma in speciminibus robustis digiti crassitie; caulis 1-2 pedalis; folia basilaria et caulina inferiora usque ad 6-8 poll. medio lata, seg- mentis circiter pollicem longis, 1 cent. latis; flores 8 mill. diam. Yun-nan, in pratis montis Tsang-chan, prope cacumen, alt. 4000 m.; fl. fr., immat. 4 aug. 1884 (Delav. n. 863); in umbrosis secus rivulos, ad pedem jugorum nivalium Li-kiang, alt. 3800 m.; fl. 44 jul. 1884 (Delav. n. 699). Les étamines sont au nombre de 6, comme dans le M. laciniosa DC.; mais la plante du Yun-nan diffère beaucoup de celle de la région cas- pienne par la consistance et le mode de dissection des feuilles, et surtout par la forme du calice, dont les sépales dressés forment une sorte de tube dans le M. laciniata. Les deux espèces himalayennes ont, l'une et l'autre, plus de 10 étamines; le M. polyandra Strach. et Wint., qui se rapproche le plus du M. Delavayi, s'en distingue bien par ses folioles confluentes à la base, ses pétales à limbe dressé, ses étamines assez longuement exsertes. Lepipium Tourn. 1. L. ruderale L. Sp. pl., ed. 1, p. 646; Hook. et Thomps. FI. of Brit. Ind., 1,160; Franch., Mém. Soc. des sc. nat. de Cherbourg, vol. XXIV, p. 200; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 48; L. incisum Roth.; Franch. PI. David., p. 39. | | | 1 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 401 Yun-nan, in incultis ad Tali; fl. mart. 1883 (Delav. n. 255); in pla- nitie Li-kiang; fl., fr. 8 jul. 1884 (Delav. n. 704). 2. L. chinense Franch. Plant. David., p. 39 ; Forbes et Hemsley, Ind. fl. Sin., p. 48. Yun-nan, in ruderatis ad Teou-cha-kouan, prope Ta-kouan; fl., fr. 12 mai 1882 (Delav. Crucif., n. 1). TuHrasPI Tourn. 1. T. arvense L. Sp. pl., ed. 1, p. 646; Hook. et Thomps. Flor. of Brit. Ind., 1, 162; Franch. Plant. David., p. 38; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 49. Yun-nan, in campis ad Gnou-kay ; fl., fr. 24 febr. 1883 (Delav. Cru- cif., n. 8). 2. T. yunnanense, sp. nov. Perenne, pluricaule, glabrum; caules erecti, simplices. Folia parva, rosularumlonge petiolata obovato-rotundata, caulium florentium oblonga, vel lanceolata, adpressa, auriculis acutis porrectis amplectantia. Racemus mox laxus; flores parvi, albi (in sicco pallide purpurascentes) ; sepala glabra, petalis dimidio breviora; pedicelli mox patentes silicula paulo breviores; silicula oblonga, apice tantum alata et breviter attenuata, alis obtusis parum productis leviter emarginata; stylus exsertus ; semina pendentia, numerosa, ultra 10 in quoque loculo. Caules 10-15 cent. ; folia rosularum (incluso petiolo) vix ultra 4 cent. longa, caulinis vix longioribus; siliqua 10 mill. longa, vix 3 mill. lata. Yun-nan, ad collum Yen-tze-hay circa lacum, haud procul ab urbe Lankong, alt. 3200 m.; 4 jun. 1886 (Delav. n. 4077). Espéce remarquable par ses silicules étroites, trés sensiblement atté- nuées au sommet, comme celles des Jberidella, dont elles diffèrent par la présence d'une petite aile obtuse au sommet; ce caractére rapproche le T. yunnanense du groupe des Carpoceras, dont les fruits sont éga- lement assez souvent étroits, mais terminés par une aile aigué, en forme de petite corne. MoricanpiA DC. 1. M. sonchifolia Hook. fil. Bot. Mag., tab. 6243; Orychophrag- mus sonchifolius Bunge, Enum. pl. Ghin., p. 7; Franch. PI. David., 40 ; Forbes et Hemsl. Jnd. fl. Sin. — var. homæophylla Hance, Journ. bot., 1880, p. 259. Su-tchuen, ad Koui-fou ; fl. 23 mart. 1882 (Delav. Crucif., n. 4). 408 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Eruca Tourn. 4. E. sativa Lamk, FI. fr., IT, 496; Hance, Journ. of bot. (1883), vol. XXI, p. 206; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 41. Su-tehuen, ad Koui-fou; fl. 23 mart. 1882 (Delav. Crucif. n. 4). GorpnAcurA DC. 1. €. lancifolia, sp. nov. Perenne; rhizoma crassiusculum ; caulis erectus, simplex, presertim superne breviter hirtellus, fere e basi crebre foliosus. Folia glahres- centia, inferiora utrinque attenuata, media et superiora e basi rotun- data semiamplexicaulia, angusta, lanceolata acutissima, vel acuminata, margine subtilissime denticulata, atrovirentia. Racemi paniculati, basi tantum foliati, mox laxiflori. Flores albi, pedicellis :equilongi; sepala ovato-lanceolata; petala calyce duplo longiora, obovata; pedicelli fructiferi filiformes, arcuati vel contorti, siliqua sublongiores; siliquæ (haud maturo») illis Goldbachie lævigatæ ejusdem ætatis persimiles, mo- nosperm:e, vel dispermæ. Caulis pedalis usque ultra bipedalis ; folia caulina media bipollicaria, 15-18 mill. basi lata. Yun-nan, secus rivulos et prope fontes, ad pedem jugorum nivalium Li-kiang, alt. 3800 m.; fl. 11 jul. 1884 (Delav. n. 781). Assez voisin des formes à feuilles entières du C. lævigata, mais pa- raissant bien distinct par ses feuilles très aiguës ou méme acuminées, les moyennes et les supérieures auriculées semi-embrassantes à la base, et aussi par sa souche certai t pér IsarTis Tourn. 1. L tinctoria L. Sp. pl., ed. 1, p. 670; Hook. et Thomps. Flor. of Brit. Ind., I, p. 163. Yun-nan, ad Lankong, in frumentariis; fl., fr. 27 mart. 1883 (Delavay, sub : F. campestris). Feuilles auriculées-sagittées ; plante plus grêle que les spécimens d'Eu- rope ou de Sibérie, mais n'en différant par aucun caractère, A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 409 CAPPARIDEÆ Capparis Tourn. 1. €. tenera Dalz., in Hook. Kew Journ. Bot., II, 41; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., I, 179. Yun-nan, in silvis ad Tapin-tze, prope Tali; fl. 8 apr. 1884 (Delav. n. 1131); Houa-long-tou, in silvis (n. 900) et prope Ten-tchouan (Cap- paridées, n. 1). Les feuilles des rameaux des années précédentes sont presque tou- jours elliptiques-oblong ou lancéolées, coriaces, un peu obtuses; celles des rameaux florifères sont minces, membraneuses, assez étroite- ment lancéolées, aiguës ou même acuminées. CRATÆVA L. 1. €. religiosa Forst. Fl. insul. Austr. Prodr., p. 203; Hook. et Thomps. FI. Ind., I, p. 172; Forbes et Hemsil. Ind. Fl. Sin., p. 91. ^ — var. Narvala Hook. et Thomps. loc. cit.; C. Narvala Ham., in Trans. Linn. Soc., XV, 122. Yun-nan, in sepibus ad Tapin-tze; fl. 14 april. 1884 (Delav. n. 897). ` Arbuste de 2 à 3 mètres (ou arbre ?). Les Chinois mangent les jeunes pousses comme légume et en font une grande consommation; ils lui donnent le nom de Tehouessia (pousse du printemps). VIOLARIEÆ VioLa Tourn. 1. V. Patrinii DC. Prodr., I, 293; Maxim. Mél. biol., IX, p. 7225 Franch. Pl. David., p. 41; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 53. Yun-nan, in paludosis ad Mo-so-yn, prope Lankong, alt. 2200 m.; fl., fr. 4 maj. 1884 (Delav. n. 769, 248, 804, 1094); secus campos ad 'Tchen-fong-chan ; fl. maj. 1882 (Viola n. 6, forma gracillima); in pratis humidis et in dumetis ad pedem montis Tsang-chan supra Tali, alti- tude 2000 m. (Delav. n. 1115). 2. v. japonica Langsd. in DC. Prodr., I, p. 295; Maxim. Mél. biol. IX, p. 714; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 53. Yun-nan, in campis et ruderatis ad Tapin-tze; fl. mart. 1884 (Delav. 410 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. n. 399); ad sepes ad Mo-so-yn; 2 mart. 1883 (Viola, n. 5); prov. Hu- peh, ad Y-kia-keou secus aggera riguorum; 17 febr. 1882 (Delav. Viola, n. 4). Trés voisin du V. Patrinii, auquel il se rattache par des intermé- diaires; ses feuilles sont plus larges, ovales et assez nettement cordi- formes; mais on trouve des individus qui présentent en méme temps que des feuilles de cette forme, d'autres qui se rapprochent davantage de celles du V. Patrinii. 3. Viola &meliniana Rom. et Schult. Syst., V, p. 354; Maxim. Mél. biol., IX, p. 120. Su-tchuen, prope Ou-chan ; 19 mart. 1882 (Delav. Viola, n. 8). Espèce bien caractérisée par ses feuilles exactement lancéolées, lon- guement atténuées à la base, à pétiole plus court que le limbe ; les spé- cimens du Su-tchuen sont plus grands que ceux de la Sibérie, mais n'en diffèrent pas d’ailleurs. 4. V. tuberifera, sp. nov. — V. Hookeri Franch., Bull. Soc. bot. de Fr., XXXII, p. 5; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 43 (non Thomps.). Rhizoma gracile perpendiculare, in tuber ovatum et squamis erassis ovalis imbricatis vestitum plus minus infra collum abrupte incrassatum, infra tuber sæpius longe radicosum ; caulis plus minus elongatus, nune fere nullus. Folia longe petiolata, glabra vel supra setulis conspersa; limbus petiolo alato brevior, e basi late cordata reniformis, vel ovato- rotundatus apice brevissime productus, margine crenulatus; stipulæ breviter adnatæ, lanceolatæ, acuminatæ, integerrima vel parce dentatæ; pedunculi folia non vel breviter superantes; flores parvi, albi, purpureo- striati, ealeare sepala ovato-lanceolata obtusa vix excedente; stigma marginatum, brevissime rostratum; capsula late ovata, nunc subro- tunda. Rhizoma supra tuber 5-30 mill. longum, tubere diam. 4-6 mill.; pe- tiolus 2-6 cent., limbo 10-25 mill., sæpius latiore quam longo; flores T mill.; capsula 4 mill. longa et fere lata. Yun-nan, in pascuis pinguibus et humidis montis Hee-chan-men, alt. 3000 m.; fl., fr. 2 jun. 1884 (Delav. n. 40, 249, 1095). Espèce remarquable par l'épaississement tubereuliforme qui se pro- duit sur le rhizome. Au-dessus de cet épaississement, le rhizome se prolonge plus ou moins et passe insensiblement à la tige aérienne, raide, simple, quelquefois trés raccoureie, et alors avec les feuilles trés rap- »prochées, ou bien, chez d'autres individus, assez allongées avec trois ou A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Al qualre feuilles écartées et une ou deux fleurs axillaires. Sous le nom de V. bulbosa, M. Maximowiez a fait connaitre une espéce trés voisine, du Kansu, mais un peu velue et à laquelle il attribue un bulbe bulbilli- pare, des stolons, des feuilles ovales, caractères qui ne conviennent point à la plante du Yun-nan, toujours glabre, absolument dépourvue de sto- lons et de bulbilles, et dont les feuilles sont réniformes ou ovales, arron- dies au sommet. 5. V. distans Wall. Cat., 4029 et Transact. med. phys. Soc. Calcutt.; Hook. et Thomps. Flor. of Brit. Ind., 1, 182. Yun-nan, in uliginosis ad Tali; fl. mart. 1883 (Delav. Viola, n. 1); in turfosis prope Ou-tchay; fl. 18 maj. 1882; ad pedem montis Tsang- chan, supra Tali, alt. 2000 m.; fl., fr. 28 mart. 1884. Le V. verecunda Asa Gray est évidemment très voisin du V. distans, dont il a le rhizome gréle et la végétation; son style est pourtant un peu plus distinetement canaliculé au sommet. Mais M. Maximowiez a émis à bon droit quelques doutes sur la valeur absolue de ce caractère. Dans le V. distans, comme dans le V. verecunda, les fleurs naissent toujours sur des tiges plus ou moins allongées et les feuilles basilaires ne dif- férent pas sensiblement des caulinaires, c'est-à-dire qu'elles sont cordi- formes, à sinus largement ouvert. Ces caractères de végétation séparent assez nettement ces deux espèces du V. serpens, qui présenté une pre- miére végétation sans tige distincte et dont les feuilles basilaires sont du type de celles du V. odora; ce n'est que plus tard que les rejets caules- cents se développent et portent des feuilles qui rappellent beaucoup celles des V. verecunda et serpens. Ces rejets pris isolément pour- raient méme facil t étre fondus avec le V. distans, s'ils ne présentaient des stipules fimbriées. 6. ? V. serpens Wall. in Roxb. Fl. Ind., ed. Wall., 11, 449, ex Hook. et Thomps. Fi. of Brit. Ind., I, 184. — var. macrantha. — Flores quam in forma typica duplo majores, albi, caleare 6-7 mill. longo, obtuso. Planta glabrescens, stolonibus des- tituta. Yun-nan in silvis rarior, ad cacumina faucium montis Lan-kien-ho, prope Mo-so-yn, alt. 2800 m.; fl. 26 april. 1884 (Delavay, absque numero). La plante ne paraît pas devoir être séparée du V. serpens, bien que son port soit très différent et rappelle plutôt le V. Selkirkii, avec des feuilles à sinus plus ouvert, lancéolées-cordiformes ou ovales-cordi- formes. 7. V. diffusa Ging., in DC. Prodr., I, p. 298; Hook. et Thomps. 412 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Fl. of Brit Ind. I, 183; Franch. Pl. David., p. 43; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 52. Yun-nan, in silvis ad Tchen-fong-chan; fl. maj. 1882 (Delay. absque numero). 8. Viola moupinensis.— V. palustris var. moupinensis Franch. Pl. David., pars II, Arch. du Mus., 2* série, vol. Wf, p. 202. Yun-nan, in silvis ad cacumina faucium montis Lan-kien-ho, prope Mo-so-yn, alt. 2800 m.; fl. 26 april. 1884 (Delav. n. 855); ad oras sil- varum in monte Koua-la-po, prope Hokin, alt. 3000 m.; fl. 26 mai 1884 (Delav. n. 884); in umbrosis ad fontes prope Mo-so-yn; fl. 2 april. 1885 (Delav. n. 1860). L'examen d'un grand nombre d'échantillous de ce Viola, provenant des montagnes du Yun-nan, m'engage à le considérer comme spécifique- ment distinct du V. palustris, à cause de ses longs rhizomes souterrains, presque de la grosseur d'une plume d'oie, plus ou moins ramifiés et donnant naissance à plusieurs tiges floriféres; les fleurs blanches ou d'un bleu trés pàle, striées, sont presque une fois plus petites que celles du V. palustris et ressemblent absolument à celles du V. blanda. Aprés l'anthése, les feuilles atteignent les dimensions de celles du V. mirabilis, dont elles. ont la forme; les capsules sont ovales-oblongues, un peu aigués. 9. V. Davidi Franch. Plant. David., pars FI, loc. supra cit., p. 203. Yun-nan, in silvis ad Tchen-fong-chan; fl. maj. 1882 (Delav. Viola, Tis T). 10. V. biflora L., Sp. pl. ed. II, p. 936; Hook. et Thomps. FI. of Brit. Ind., 1, 182; Franch. Pl. David., p. 44; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 52. Yun-nan, in silvis montis Tehan-chan supra Tali, alt. 3000 m.; fl. 18 jun. 1884 (Delav., n. 89, 266); ad collum Koua-la-po (Hokin), alt. 3000 m., fl. 4 aug. 1885 (Delav. n. 1859). — var. platyphylla. — Semipedalis usque ultra pedalis, apice pube- rula; caulis robustus plus minus foliatus; folia basilaria longissime pe- tiolata, limbo reniformi, fere duplo latiore quam longo (5-9 cent. lata), basi aperte cordato, antice late sed non profundo emarginato, circum- circa dentato ; capsula ovata, vel ovato-oblonga. Yun-nan, in umbrosis ad Koua-la-po, all. 2800 m.; fl. fr. 6 april. 1885 (Delav. n. 1858). Variété trés remarquable par son grand développement et par la forme A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 413 de ses feuilles basilaires qui rappellent assez bien celles du Plagio- rhegma dubium Maxim.; plusieurs des feuilles caulinaires présentent aussi cette forme, mais un peu affaiblie. Malgré son aspect trés différent, je ne erois pas qu'on doive distinguer du V. biflora cette variété singu- liére, car on trouve quelques formes intermédiaires. 11. V. Delavayi, sp. nov. (Dischidium). Rhizoma breve fibras permultas emittens, breviceps; planta glabra, sepius eximie glaucescens; caules debiles, inferne longe nudi, e medio vel supra foliiferi et sæpius florigeri, simplices vel haud raro ramosi. Folia erassiuseula, circumcirca denticulata, dentibus callosis, folio basilari solitario longe petiolato, plus minus aperte cordiformi; folia caulina petiolata, e basi late cordata ovata vel ovato-lanceolata, apice breviter attenuata, obtusa; stipulæ polymorphz nunc lanceolatæ vel lan- ceolato lineares, nunc etiam ovatæ, integræ, vel plus minus (presertim ad basin) dentatæ aut subincisæ, inferiores petiolo 1-5-plo breviores, superiores illu æquantes vel superantes. Flores aurei fusco-striati, haud raro e medio caulis prodeuntes, axillares, ped lo gracili folii longi- tudine vel illud superante: sepala linearia, acuta; petala calyce 2-3-plo longiora, inferne longe attenuata; calcar brevissimum calyce occultum; stigma distincte bilobum ; capsula late ovata vel ovato-subglobosa. Caulis 1-3 decim.; folii basilaris petiolus 10-15 cent. longus; calyx 5 mill., sepalis vix 4 mill. latis; petala 12-14 mill. longa. Yun-nan, in silvis et lacis apertis montis Tsang-chan prope Tali, fl. 18 jun. 1884 (Delav. n. 88); in monte Pi-iou-se et in silva Hoang-li- pin supra Tapin-tze, alt. 2000 m.; fl., fr. jun., aug.; in pinetis ad Hia- ma-ti, alt. 1800 m.; 14 jul. 1884; prope Hong-ngay; 29 jun. 1882 (Viola, n; 2). Belle espèce trés florifère, remarquable par ses liges souvent rameuses dés le milieu et produisant des fleurs dans toute la portion pourvue de feuilles; dans les lieux secs et découverts, la plante prend une teinte glauque trés caractéristique. V. 42. v. urophylla, sp. nov. (Dischidium). Rhizoma breve præemorsum, fibras permultas emittens ; planta intense viridis; caulis debilis, simplex vel rarius ramosus, inferne longe nudus, e medio vel supra foliifer. Folia papyracea, atrovirentia, subtus palli- diora, basilaria 4 vel 2 longissime petiolata, Le profunde cordato, acuminato, inæqualiter dentato, dentibus inc tibus, callosis; folia caulina secus nervos et marginem ciliata, inferiora longiter, superiora breve petiolata; limbus e basi late cordata aut truncata, nunc in foliis supremis brevissime cuneato-attenuala, ambitu triangularis in acumen 414 A; FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. longum desinens, præter acumen integrum grosse et inæqualiter den- tatus; stipulæ foliorum inferiorum semiovatæ, latere exteriore dentatæ, petiolo multo breviores, foliorum superiorum mulio majores, petiolum æquantes vel superantes, rhomboidec vel oblique ovato-lanceolatæ, sæ- pius uno alterove lobulo basilari auctæ. Pedunculi graciles fere in totam partem caulis foliiferam orti, mox patentes, folium æquantes vel bre- viores; flores lutei, purpureo-striati; calyx, corolla et capsula ut in Viola Delavayi. Caulis semipedalis ad pedalem usque; folia ampla; limbus in basila- ribus 5-9 cent. longus, 3-7 cent. basi latus, foliis caulinis duplo, supre- mis quadruplo minoribus; acumen foliorum 2-3 cent. longus. Yun-nan, in silvis ad Song-pin, supra Tapin-tze, alt. 1800 m.; fl., fr. 18 aug. 1885 (Delavay, n. 1857). Trés belle espèce à grandes feuilles triangulaires rappelant assez bien celles du V. hastata ; sa végétalion et ses fleurs sont les mémes que dans le V. Delavayi. PITTOSPOREÆ Pirrosporum Banks. 1. ? P. glabratum Lindl. Journ. Hort. Soc. Lond., I (1846), p- 230, Adnot.; Hook. et Thomps. FI. of Ms Ind., 1, p. 198; Forbes Pi Hemsl. Ind. "Bl. Sin., p. 98. — var. ciliicalyz (species propr.?). — Inflorescentia simplex, pauci- flora pedicellis parce pilosis nec glandulosis; calycis lobi late rotundati, ciliolati. Yun-nan, in silvis ad Tchen-fong-chan, fl., maj. 1882 (Delav. n. 183). Diffère assez sensiblement du type de Hong-kong par la forme arrondie des lobes du calice et l'absence de glandes sur les pédoncules. 2. ? P. nilghirense Wigh. et Arn. Prodr., 154; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., 1, 198. — var. laxiflora (species propr.?). — Corymbus compositus; pedicelli laxi, pubescentes, graciles, flore usque duplo longiores. Yun-nan, in silva Ta-long-tan, prope Tapin-tze, alt. 1800 m.; fl. 28 april. 1886 (Delav. n. 2034). Petit arbre de 7 à 8 m., à fleurs jaunes, odorantes ; diffère de la plante des monts Nilghiri par ses feuilles plus grandes, plus longuement acu- minées à la base; le corymbe est formé de 3 à 4 pédoncules dressés qui A: FRANCHET. — PLANT.E YUNNANENSES. 415 portent 4-7 pédicelles disposés en grappe. Les fruits des deux espéces précédentes étant inconnus, leur détermination est d / . 9. P. yunnanense, sp. nov. Glaberrimum ; folia coriacea, e basi breviter attenuata lanceolata, acu- minata, levia, punctis nigris dense adspersa, nervis secundariis utrin- secus 14-18 sub angulo recto patentibus. Corymbi axillares, simplices, umbelliformes, 5-7 flori; calyx abbreviatus, dentibus late triangularibus, acutis; corolla...; capsula glabra, ovata, bivalvis. Frutex 5-metralis, cortice cinereo; folia 10-12 cent. longa, 3-4 cent. medio lata; pedunculi fructiferi 15-20 mill. longi; capsule 7-8 mill, Yun-nan, in faucibus San-tehang-kiou, prope Ho-kin, alt. 2200 m. ; fr, 23 maj. 1884 (Delav. n. 780). Voisin du P. floribundum Wight et Arn., avec des feuilles plus épaisses et plus coriaces ; il en diffère en outre par ses corymbes simples et ses capsules ovales. v 4. P. heterophyllum, sp. nov. Frutex ramosissimus, tortuosus, ramulorum cortice cinereo. Folia chartacea, levissima, margine subtiliter undulata, glabra, anguste lan- ceolata, acuta vel in eodem ramo ovata, vel obovata, vel nunc e basi cuneata apice rotundata. Corymbi 3-5 flori, ramos et ramulos termi- nantes, intra fasciculum foliorum orti, Tahan pedunculis tenuiter puberulis, rarius divisis; llores lut t I bduplo bre- viores; calycis lobi inæqual lati vel deltoid , acuti vel acumi- nati, Bioflbine ciliolati ; corolla calyce subtriplo longior, petalis oblon- gis apice ciliolatis, extus breviter inflexis (vix revolutis); ovarium puberulum, obovatum; capsula parva, glabra, subsphæroïdea, stylo longo mucronata, bivalvis, seminibus 5-7, angulatis. Frutex 1-4 metr., ramulis glaberrimis; folia 2-8 cent. longa, 5-15 mill. lata; pedunculi fere 2 cent.; flores circiter 7 mill.; capsula 5 mill. longa et fere lata. Yun-nan, ad sepes in montibus calcareis, v. c. in faucibus montis Pee- cha-ho, prope Mo-so-yn, alt. 2200 m.; fl. 23 april., fr. 30 aug. 1884 (Delav. n. 794, 816 et 965). Bien caractérisé par son inflorescence formée de nombreux rameaux florifères disposés en sorte de grappe; le P. heterophyllum est surtout voisin du P. humile Hook. et Thomps. ; il s'en distingue facilement par ses feuilles d'une consistance moins coriace, papyracées, et variant d'ailleurs singuliérement de forme sur un méme rameau; par ses pé- doncules presque toujours simples ; par la forme des dents calicinales. 416 A. FRANCHET, — PLANTÆ YUNNANENSES. POLYGALEÆ PorvcaALA Tourn. 1. P. Mariesi Hemsl., in Forbes et Hemsl. Ind. FL. Sin., p. 61, tab. II, B, fig. 1-13. Yun-nan, in silvis montanis ad Tchen-fong-chan; fl. maj. 1882 (Delav. n. 532). 2. P. arillata Ham., in Don, Prodr. Fl. Nepal., p. 199; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., I, p. 200; Forbes et Hemsl. Ind. FI. Sin., p. 59. Yun-nan, in silvis ad fauces montis Yang-in-chan prope Lankong; fl. 20 jun.; fr. 7 aug. 1883 (Delav. n. 129 et 1979). 3. P. triphylla Ham., in Don, Prodr. Fl. Nepal., p. 200; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., 1, 201; Franch., in Bull. Soc. bot. de Fr., XXXII, p. 5; Forbes et Hemsl. /nd. Fl. Sin., p. 62. — P. Tatarinowii Reg., in Radd., Reisen, Band I, Heft II, p. 278, tab. VII, fig. 10 et 11; Franch. Pl. David., p. 45; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 62. Yun-nan in monte Yang-in-chan supra Lankoug (Delav. n. 259); in pratis montis Pee-ngay-tze ; fl. fr. aug. 1882 (Delav. Polyg., n. 1). Le P. Tatarinowii ne diffère en rien du P. triphylla ; dans les deux plantes les capsules sont étroit t bordées d'une aile membraneuse et parsemées de poils apprimés. 4. P. crotalarioides Ham., in Don, Prodr. Fl. Nepal.; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., 1, p. 201. Yun-nan, in incultis prope Tapin-tze, ad Kadze, 11 april. 1883 (Delav. n. 7, 4012 et 1508). Ailes d'un brun rougeâtre, veinées de vert; corolles purpurines. 5. P. persicarioides DC. Prodr., I, p. 326; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind., 1, p. 202. i Yun-nan, in pratis et collibus ad Mien-kia-se prope Tapin-tze; fl. 6 sept. 1885 (Delav. Polyg., n. 4 et n. 4540). 6. P. japonica Houtt. Syst., p. 8, tab. 62, fig. 45 Franch. PI. Da- vid., p. 45. Yun-nan, in pascuis supra Tali; fl. 31 mart. 1883 (Delav. Polyg., n. 2 bis) et ad Ta-kouan; fl. 16 maj. 1883 (Delav. n. 5 et 6); in colle A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. AT Teou-tsoui-Ize, supra Tapin-tze, prope Tali; fl. april. 1884 (Delav. n. 920); Houang-li-pin, ad Tapin-tze (Delav. Polyg., n. 2). 1. P. sibirica L. Sp. pl. ed. I, p. 102. Yun-nan in collibus siccis supra Tapin-tze ; fl. 12 april. 1883 (Delav. Polyg., n. 3 et 924). — var. megalopha. — Humilis, depressa; flores congesli, racemis folia vix superantibus ; crista multifida alis duplo longior. Yun-nan, in pratis siccis caleareis ad Mo-so-yn, prope Lankong, alt. 2200 m.; fl. 22 april. 1884. CARYOPHYLLE:;E CucuBALUS L. 1. Cucnbalus baccifer L. Sp. pl., ed. I, p. 414; Hook. fil. et Edgew. Fl. of Brit. Ind., 1, 222. Yun-nan, in sepibus ad Kiao-che-tong, ad montem Hee-chan-men, prope Hokin, alt. 2500 m. ; fl. fr. 10 sept. 1883 (Delav. n. 1915). SILENE L. A. Ovarium perfecte uniloculare; styli 3. (Melandryum, sect. 2. Elizanthe Fenzl. — Rohrb. Linnca, vol. 36, p. 235.) v 1. Silene rubicunda, sp. nov. Perennis, caulis elatus, erectus, fere e basi ramosus, tenuissime pu- bescens. Folia pallide virentia, e basi breviter attenuata lineari-lanceo- lata, subfaleata, superiora linearia longe acuminata, breviter asperato- puberula, basi valide triplinervia. Rami floriferi axillares et terminales, elongati, pauciflori, floribus cymoso-pauiculatis; bracteolæ minute; pedicelli glandulis minutis scaberuli, calycem ad anthesim subæquantes; calyx anguste tubulosus, inferne paulo constrictus, basi truncatus sub- umbilicatus, valide 10-nervius, nervis purpurascentibus, undique sparse glandulosus, dentibus brevibus, margine late membranaceis fimbrio- latis, rotundatis; corolla rubescens, calyce fere duplo longior, ungue glabro apice sensim dilatato, auriculis non distinctis; lamina basi lata, quadriloba, lobis lateralibus linearibus arcuato-patentibus, mediis latio- ribus obovatis, obtusis, integris; squamæ faucis obovatæ, breves; fila- menta glabra ; ovarium uniloculare ; capsula ovata sexdentata, gynophoro paulo longior; semina reniformia, dorso tuberculata, lateribus depressis levia. Caulis usque bipedalis; folia majora 5 cent. longa, 4-5 mill. lata, su- T. XXXIII. (SÉANCES) 27 418 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. periora duplo minora; calyx sub anthesi 18-20 mill. longus, 4 mill. latus ; capsula 8-10 mill., gynophoro 6-8 mill. Yun-nan, in collibus supra Tapin-tze; fl. fr. 14 jul. 1885 (Delav. n. 1913). Assez voisin du S. Tatarinowii Regel; il en differe par ses tiges raides, ses feuilles étroites, son calice à dents arrondies, à grosses ner- vures rouges, par la forme des pétales qui, dans le S. Tatarinowii, out des lobes oblongs émarginés au sommet, avec une dent à la base du cóté externe. 2. Silene trachyphylla, sp. nov. E basi ramosa, ramis erectis sepius simplicibus breviter pubescenti- bus, inferne crebre foliatis, superne longe nudis. Folia pallide virentia, asperata, e basi angustata lanceolata-linearia, acuminata vel acutissima, uninervia, nervo crasso. Rami floriferi bracteis brevibus rigidis suffulti, paniculato-corymbosi, elongati, cymis sæpius trifloris; pedicelli breviter et dense glandulosi, calycem æquantes vel superantes, rigidi, bracteolis minutis; calyx longe clavato-tubulosus, inferne parum angustatus, basi umbilicatus, undique pilis patentibus et glandulis sparsis vestitus, nervis 10 proeminentibus, purpurascentibus, dentibus ovato-deltoideis, obtusis, margine membranaceis tenuissime fimbriatis; petala rosea calyce fere duplo longiora, ungue glabro, in laminam bifidam sensim attenuato, lobis ovatis obtusis, integris, lobulis lateralibus deficientibus; auriculæ nulle; squamæ faucis lanceolatæ, acutæ; filamenta glabra; ovarium uniloculare, oblongo-ovatum, carpophoro sensim brevius; styli 3; cap- sula obovato-oblonga, sexdentata, zynophorum vix æquans. Caulis usque bipedalis; folia majora 4-5 cent. longa, 6-8 mill. lata ; calyx 20-25 mill. ; petala nunc ultra 3 cent. ; capsula 10-12 mill., carpo- phoro 12 mill. Yun-nan, supra Tapin-tze in collibus; fl. fr. 20 sept. 1882 (Delav. Caryoph., n. 5). Ressemble à l'espéce précédente par ses feuilles, qui sont néanmoins plus scabres et relativement plus larges, mais bien différent d'ailleurs par ses tiges nues dans le haut, ses longs calices et par la forme des pétales. — var. Stenophylla. — Folia conferta anguste linearia, vix ultra 2 mill. lata; calyx sensim brevior; flores cymoso-congesti. Yun-nan, in monte Che-tcho-tze; fl., fr. 18 oct. 1882 (Delav. Caryoph., n, 3). 4 A. FRANCHET. — PLANT.E YUNNANENSES. 419 3. S. cardiopetala, sp. nov. Perennis, e basi ramosissima, diffusa; rami tenuissime pubescentes. Folia breviter petiolata, e basi parum attenuata ovata vel ovato-lanceo- lata, superiora vix angustiora, mucronulata, ad nervum medium parce hirtella, vel glabra, margine ciliata. Inflorescentia terminalis, laxe cymoso-corymbosa, cymis sepius trifloris; bracteæ et bracteolæ lineares ; pedicelli dense pubescentes flore nunc longiores, nunc breviores; calyx parce pubescens, vel nunc fere glaber, clavato-tubulosus, inferne con- strictus, basi umbilicatus, dentibus ovato-lanceolatis, obtusis, late mem- branaceo-marginalis; petala rubra calyce fere duplo longiora, ungue glabro in auriculas latas rotundatas integras dilatato, ad faucem con- stricto; lamina late obcordata, apice emarginata vel haud profunde biloba, lobis latis ovato-rotundatis; squamæ faucis rotundatæ, integræ, breves; filamenta glabra; antheræ atroviolaceæ exserte; ovarium uni- loculare, carpophoro brevius ; styli 3; capsula ovato-oblonga, apice con- stricta, carpophorum æquans vel illo paulo longior ; semina reniformia, dorso parum convexa, latere plana, undique tuberculis acutis obsessa. Bipedalis et ultra; folia majora 1 cent. lata, 2-3 cent. longa ; calyx 15-18 mill. longus, 3-4 mill. latus; petala 3 cent., lamina 6-7 mill. lata. Yun-nan, in sepibus secus viam prope Gnou-kay (Hokin); fl. fr. 15 sept. 1885 (Delav. n. 1119). Port et feuilles du S. Tatarinowii, dont il se distingue facilement du reste par la forme des pétales et par les étamines à anthéres presque noires, saillantes. V 4. S. platyphylla, sp. nov. Elata, e basi ramosa, diffusa, breviter et parce pubescens. Folia sub- sessilia, membranacea, e basi late rotundata vel subcordata ovata, breviter acuta, mucronulata, 3-5 nervia, ad nervos tenuiter hispidula, margine rigide ciliata. Inflorescentia paniculata vel oligantha, bracteis foliis con- formibus, sed valde minoribus, in formis oliganthis juxta flores virgineos adpressis et quasi involucrantibus; pedicelli nunc abbreviati, nunc calyci subæquilongi, dense pubescentes; calyx tubuloso-campanulatus, inferne vix constrictus, umbilicatus, pallide virens, ad nervos setulosus, dentibus lanceolatis acutis vel etiam fere acuminatis margine membranaceo setulis ciliatis; petala rubescentia, calycem dimidio superanlia, ungue glabro in auriculas vix distinctas sensim dilatato, in laminam basi ovatam ad medium usque partilam abrupte contracto, lobis oblongis, obtusis; squamæ faucis lineares vel oblongæ, integrae; filamenta glabra; ovarium ovatum; styli 3; capsula ovato-oblonga gynophoro subtriplo longior; semina reniformia, compressa, cristis undique ornata. 420 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Usque tripedalis; folia latiora fere 6 cent. basi lata, 6-8 cent. longa ; calyx 12-15 mill.; petala 25 mill. (flores minores in forma 2). — forma 1, involucrata. — Inflorescentia oligantha; cymæ sepius trifloræ abbreviatæ, bracteis foliaceis quasi involucratæ. — forma 2, paniculifera. — Inflorescentia evoluta panieulato-corym - bosa ; flores minores; squamz obovatæ. — forma 3, congesta. — Inflorescentia contracta 5-10 flora; flores majores. Yun-nan, in collibus siccis supra Tapin-tze; 20 aug. 1882 (Delav. Caryoph. n. 6); in silva Ta-long-tou, supra Tapin-tze; 26 jul. 1885 (Delay. n. 1097) ; in umbrosis ad collum Pi-ou-se, supra Tapin-tze, alt. 2000 m. (Delav. n. 1908) ; in monte Pe-ngay-tze, supra Tapin-tze ; 4 sept. 1882 (Delav. Caryoph., n. 2). Inflorescence trés variable, comme dans beaucoup de Silene ; la forme 2 paniculifera constitue peut-être une espèce distincte, à cause de ses petites fleurs et de la forme élargie des écailles qui sont à la gorge de la corolle; mais je n'en ai vu qu'un seul spécimen. Le S. platyphylla rappelle assez bien par son port les espéces à feuilles élargies du groupe du Lychnis dioica, et mieux encore le Silene fimbriata M. Bieb., dont les pétales et le calice sont d'ailleurs d'une forme toute différente. 5. Silene Iutea, sp. nov. + Ramosa, breviter p , superne glandulosa; folia pallide virentia, firmiter chartacea, supra elevato-asperata, subtus setulis obsessa, stricte sessilia, e basi rotundata vel subcordata ovata, breviter acuta, valide 5-nervia, nervis 2 abbreviatis ; inflorescentia paniculato-corymbosa (ramorum infimorum sæpius ad florem unicum adducta), cymis 3-5 floris; bracteæ foliis consimiles, parv: ; pedicelli pilosuli et glandulosi calycem æquantes vel illo breviores; calyx aperte campanulatus, basi rotundatus, non angustatus, rubescens, præserlim ad nervos pilis et glandulis obses- sus, dentibus triangularibus, subaculis; petala lutea, ealycem circiter triente excedentia, ungue glabro in auriculas rotundatas late dilatato, limbo quadrilobo, lobis oblongis obtusis eeu; squamæ faucis oblongæ, integra; filamenta glabra; ovarium unil e ovato-glob ; styli 3; capsula ovata calycis longitudine, 6-dentata, gynophoro plus triplo lon- gior ; semina reniformia, dorso rotundato, lateribus depressis, tuberculis parvis obsessa. Subbipedalis ; folia majora vix 3 cent. longa, paulo ultra 2 cent. lata ; calyx 10-12 mill.; petala 15 mill.; capsula 10 mill., carpophoro 3 mill. A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 421 Yun-nan, in silvis inter. Hoang-li-pin et Song-pin, supra Tapin-tze ; fl. fr. 18 aug. 1885 (Delav. n. 1914). Espéce trés remarquable par ses fleurs jaunes, dont le limbe rappelle assez bien par sa forme une main qui n'aurait que quatre doigts. Les feuilles sont à peu prés du type de celles du S. chlorefolia. Y. 6, s. viscidula, sp. nov. Simplex vel parum ramosa, inferne p , superne glandulis fuscis viscida. Folia inferiora breviter petiolata, superiora sessilia, omnia basi plus minus attenuata, inferiora magis ovata, obtusa, superiora lanceolato- ovata, acuta vel breviter acuminata, utraque facie setulis asperata, mar- gine dense ciliata. Inflorescentia tola anguste paniculato-corymbosa, glutinosa; bracteæ parve, foliaceæ, oval vel lanceolatæ; pedicelli calycis longitudine vel illum excedentes ; calyx latus basi rotun- datus, nervis purpurascentibus, dentibus ovato-lanceolatis, acutis; petala rosea calycem dimidio excedentia, ungue glabro, ad faucem vix dilatato, exauriculato ; lamina angusta, bifida, lobis linearibus, obtusis; squamæ faucis oblongæ, integre; filamenta glabra; ovarium uniloculare ovatum ; styli 3; capsula ovata, sexdentata, calycem non excedens, gynophoro 4-plo longior. Caulis usque bipedalis; folia majora 3-5 cent. longa, 2-3 cent. lata ; : calyx circiter 10 cent. longus; petala 15-18 mill. Yun-nan, in umbrosis ad collum Pi-ou-se, supra Tapin-tze, alt. 2000 m.; fl. fr. 26 jul. 1883 (Delav. n. 1909). Port du Silene Olge (Melandryum Olgæ Maxim.) ou des espèces de Lychnis du groupe du L. diurna Sibth.; les pétales, d'une forme diffé- rente, le distinguent bien du S. Olge, et le nombre des styles le sépare de tous les Lychnis, au moins dans le sens des auteurs qui ne ipii er à ce genre que les espèces à 4-5 styles. 1. S. lankongensis, sp. nov. Speciei præcedenti affinis quoad aspectum et folia, sed inflorescentia non glutinosa; flores sensim majores; petala calyce fere duplo longiora, ungue exserto e basi glabra ad faucem paulo dilatato, exauriculato ; lamina quadriloba, lobis lateralibus patentibus minoribus vel ad dentem adductis, mediis linearibus; capsula gynophoro tantum duplo longior. Yun-nan ad collum Yen-{ze-hay, secus viam a Lankong ad Song-koui ducentem, alt. 3200 m.; fl. 18 sept. 1885 (Delav. n. 1912). Diffère du S. viscidula, non seul t par son inflorescenee non glutineuse, mais aussi par ses capsules portées par un gynophore plus 422 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. allongé, et surtout par ses pétales à onglet longuement exsert et dont le limbe est quadrilobé, les deux lobes latéraux variables, du reste. 8. Sil lepiad sp. nov. Perennis, ramosa, tenuiter et parce piloso-scabrida. Folia sessilia pallide virentia, glabra, levia, e basi rotundata lanceolata, longe acumi- nata, quinquenervia vel trinervia, nervis duobus abbreviatis, margine scabrida. Inflorescentia cymoso-paniculata, nunc oligantha; bracteæ inferiores foliis consimiles, vix minores, superiores parvæ; peduneuli ` calycem æquantes dense glandulosi; calyx e basi breviter constricta umbilicata campanulatus, ad nervos setulis conspersus, dentibus ovatis, mucronulatis; petala sordide alba, calycem paulo superantia, ungue glabro in auriculas latas antice erosas sensim dilatato; lamina brevis, basi lata, quadrilobata, lobis linearibus subæqualibus, 2 inferioribus patentibus, 2 mediis erectis parum divergentibus; squamæ faucis qua- dratæ, incisæ; filamenta glabra; ovarium uniloculare, late ovatum; styli 3; capsula ovata calycem :equans, 6-dentata, earpophoro duplo longior; semina reniformia, dorso plana, tuberculis obsessa. Caulis ultra pedalis; folia majora 4-7 cent. longa, incluso acumine, 15-20 mill. basi lata; calyx 12 mill. longus; petala 15 mill. Yun-nan, in silvis et pascuis montis Ki-chan prope Tali, alt. 2500 m.; fl. fr. 10 sept. 1884 (Delav. n. 712). — var. glutinosa. — Duplo minor, tota glanduloso-pilosa; folia utraque facie setulis brevibus dense hirtella. In monte Hee-chan-men, alt. 3000 m., supra Lankong; fl. 31 jul. 1885 (Delavay, n. 1910). La forme des feuilles rappelle beaucoup celles du Gentiana asele- piadea; elles sont plus étroites et plus longuement acuminées que dans les deux espèces précédentes; le S. asclepiadea en diffère en outre par ses pétales largement auriculés et par la forme du limbe; les écailles sont aussi trés caractéristiques. 9. S. phænicodonta, sp. nov. E basi ramosa, multicaulis, parce pubescens. Folia inferiora et media in petiolum latum marginatum longe attenuata, late obovata et abrupte mueronata, pallide virentia, ad nervos tantum pilis raris conspersa, margine ciliata; folia superiora ovata, subsessilia. Inflorescentia laxe cymoso-panieulata, ramis primariis sepius elongatis, bracteis parvis late ovatis abrupte cuspidalis, bracteolis minutis lanceolatis; pedunculi pilis crispatis glandulisque nonnullis obsiti, flore sepius longiores; calyx ovato-c basi rotundatus, setulis raris ad nervos conspersus, lat V A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 423 dentibus ovatis atro-violaceis; petala atropurpurea calycem triente excedentia, ungue glabro, in auriculas incisas flabellatim dilatato et in laminam basi angustam profunde bifidam abrupte contracto, lobis longe linearibus; squamæ faucis parv: oblongo-lineares ; filamenta staminum glabra ; ovarium ovatum uniloculare; styli 3; capsula late ovata, calycis longitudine, gynophoro sextuplo longior; semina reniformia, dorso lato, undique tuberculata. Caulis usque bipedalis et ultra; folia inferiora 6-12 cent. (incluso petiolo 2-5 cent.) longa, 2-3 cent. lata; calyx 6-7 mill.; corolla 10-12 mill. Yun-nan, in silva Ta-long-tan dicta, prope Tapin-tze, alt. 1800 m. ; 26 jul. 1885 (Delav. n. 1906). Bien caractérisé par ses petites fleurs à pétales noirâtres, et dont les oreillettes sont laciniées; par ses feuilles, la plante ressemble beaucoup au Silene Olga. y 10. S. scopulorum, sp. nov. Radix elongatus e collo multiceps ; caules dentes puberuli, crebre foliati. Folia erassiuscula, intense virentia, glabra, margine ciliolata, mucronulata, illa rosularum sterilium lanceolata in petiolum elongatum altenuata, caulina inferiora consimilia, media et superiora breviter petiolata et subsessilia, ovata. Ped li pilis erispis vestiti, axillares, solitarii, vel terminales 2-3 cymosi, floris circiter longitudine ; bracteze foliaceæ; flores cernui; calyx e basi rotundata campanulatus, rubro tinctus, nervis purpurascentibus dense lanuginosis, dentibus rotundatis, late albo-marginatis, ciliolatis; petala atropurpurea, calycem dimidio superantia, ungue glabro, in auriculas vix conspicuas sensim dilatato ; lamina e basi lata quadriloba, lobis lateralibus angustioribus, linearibus, subpatentibus, mediis oblongis apice nune dentatis; squamæ faucis quadrat»; filamenta glabra; ovarium ovatum, uniloculare; styli 3; capsula late ovata calycem haud superans gynophoro sextuplo longior. Folia rosularum et infima 4-7 cent. longa (limbo vix ultra 2 cent.), 5-6 mill. lata; pedunculi 2-5 cent.; calyx 12-15 mill. long., 7.8 mill. latus; petala 25-30 mill. Yun-nan, in scopulosis ad cacumina montis Tsang-chan, supra Tali, alt. 4000 m. ; fl. 4 aug. 1884 (Delav. n. 123). Belle espèce à grandes fleurs d'un rouge trés foncé, à port de Lychnis, mais à 3 styles seulement; elle végète comme le Lychnis macrorrhiza Royle, qu'elle rappelle un peu. 11. S. melanantha, sp. nov. Radix elongata rosulas et caules floriferos infrarosulares emittens, 424 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. caulibus inferne glabrescentibus, superne pube brevi et glandulis obsessis. Folia glabra, margine tantum ciliata, anguste lanceolata, acuta, rosula- rum inferne in petiolum longum attenuata, caulina media breviter petiolata, superiora sessilia. Inflorescentia oligantha, cymis sepius irifloris; ped li florem æquantes vel superantes, bracteolis mini- mis; calyx purpurascens e basi rotundata campanulatus, secus nervos crassos atroviolascentes dense glandulosus, dentibus ovatis in mucro- nem crassum desinentibus; petala intense atropurpurea, calycem triente superantia, ungue glabro, in auriculas rotundatas denticulatas late dilatato, supra in auriculas abrupte contracto; lamina basi angusta, quadrifida, lobis lateralibus patentibus linearibus, mediis duplo latio- ribus apice truncatis, nunc denticulatis; squamæ faucis quadratæ, den- ticulatæ; filamenta glabra; ovarium uniloculare, ovatum; styli 3; capsula ovata calycis longitudine, sexdentata, gynophoro sextuplo longior. Folia rosularum 8-12 cent. longa (incluso petiolo limbum æquante vel superante), 5-7 mill. lata, caulina consimilia; calyx 12-14 mill. longus, 5 cent. latus; petala 15-18 mill. Yun-nan, in pratis montis Koua-la-po, prope Hokin,alt. 3400 m. ; fl. 26 aug. 1884 (Delav. n. 168). Assez voisin du précédent, il en diffère surtout par ses feuilles d'une forme différente, ainsi que par les dents du calice, et aussi par ses pétales pourvus de larges oreillettes denticulées. 12. Silene Delavayi, sp. nov. Rhizoma gracile rosulam et caulem floriferum infrarosularem emittens; caulis ascendens, inferne glaber, superne breviter et dense glandulosus. Folia pallide virentia, crassiuscula, glabra, margine tantum ciliolata, rosularia sessilia, e basi longe attenuata anguste lanceolato-oblonga breviter acuta, caulina quadruplo minora, lineari-lanceolata , sæpius purpureo tincta. Inflorescentia cymoso-racemosa, oligantha (floribus 1-6); bracteæ foliis caulinis similes vix minores, dense glandulosæ ; pe- dicelli flore breviores glandulis purpureis obsiti; calyx coloratus, e basi truncata paulo ee tubuloso-campanulatus, præsertim ad nervos tenuiter glandul lato-triangularibus, ad apicem versus membranaceis ; petala intense purpurea, calyce fere duplo lon- giora, ungue glabro, in auriculas parum productas semi ovatas sensim dilatato; lamina quadriloba, lobis lateralibus linearibus patentibus , mediis duplo latioribus apice truncatis. laciniatis; squamæ faucis elon- gatæ, oblongæ, eroso-laciniatæ, filamenta glabra; ovarium ovatum, uni- loculare; styli 3; capsula ovato-oblonga, sexdentata, gynophoro paulo longior. Caules floriferi 1-3 decim.; folia rosularia 3-7 cent. longa, 10-15 mill. A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 425 lata; eaulina majora vix ultra 2 cent. longa, 3-4 cent. vix lala; calyx sub anthesi circiter 2 cent. long., 5-6 mill. latus; petala usque 3 cent. Yun-nan, in pratis elevatis ad rupes calcareas montis Hee-chan-men (Lankong), alt. 3000 in. ; 23 aug. 1884 (Delav. n. 124 et 767) Port du Silene Elizabethe Jan., qu'il rappelle tout à fait par ses feuilles et son mode de végétation; il en diffère surtout par son calice plus allongé, la forme des pétales et la longueur du carpophore. 12 bis.? S. Delavayi. — var. denudata. — A forma typica dilfert : caulibus floriferis magis elatis fere usque bipedalibus, apice longe nudatis; calycibus magis elon- gatis, floribus pallidioribus. Fortasse species propria. Yun-nan, in monte calcareo Pe-ngay-tze; fl. 4 sept. 1882 (Delav. iuro nsgy B. Ovarium alte triloculare vel tantum ima basi parietum vestigiis donatum ; styli 3. (Eusilene, sensu Rohrb.) 13, §. tenuis Willd. Enum., 474; Rohrb. Monogr., 186. — forma rubescens. — Calyx 15-18 mill., valde inflatus, plus minus presertim. ad nervos puberulus; petala 20-22 mill. longa, rosea; folia lineari-lanceolata, rosularum sterilium longe petiolata. Yun-nan, in pratis elevatis montium, v. c. in monte Koua-la-po, prope Hokin, alt. 3400 m.; fl. 26 aug. 1884 (Delav. n. 125). Parait différer de toutes les formes signalées jusqu'ici par ses grandes fleurs roses; le calice est sensiblement plus long que dans les variétés nombreuses que j'ai pu voir; il est renflé comme dans la variété turgida Regel (Pl. Radd., I, p. 307). Les pétales sont d'ailleurs conformes à ceux de la plante de la Sibérie ; leur onglet se dilate promptement, de sorte qu'il est en réalité presque obovale, un peu denticulé en avant dans la porlion qui constitue les oreillettes; le limbe très étroit à la base est partagé en deux lobes linéaires divariqués, tronqués au sommet; les deux écailles de la coronule sont oblongues, courtes et entières ; la cap- sule à 6 dents est portée par un gynophore à peine moitié aussi long qu'elle; les 3 loges persistent presque jusqu'au tiers de sa hauteur. 14. S. yunnanensis, sp. nov. E basi ramosa undique tenuissime pubescens, cinerascens; rami erecti, rigidi, ultra medium crebre foliati; folia e basi brevissime attenuata anguste lanceolata, acuminata, supra asperulata, infra dense puberula ; inflorescentia panieulato-corymbosa, eymis 2-3 floris, congestis; pedi- celli (nisi nune primarius) abbreviati; calyx tubuloso-clavatus, apice 426 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. parum constrictus, inferne vix angustatus, presertim ad nervos purpuras- centes pilis crispis vestitus, dentibus ovato-triangularibus, acutis; petala rosea calyce triente vel duplo longiora, ungue angusto apice vix latiore, exauriculata; lamina late obcordata lobis latis ovatis, cum dente vel lobulo laterali; squamulæ faucis oblongæ ; filamenta staminum glabra; ovarium ovato-oblongum, triloculare, vel nunc parietibus exsorptis per- fecte uniloculare ; capsula gynophoro subduplo longior, sexdentata, oblonga. Pedalis vel paulo major; folia majora 3-4 cent. longa, 5-7 mill. lata ; calyx 15-20 mill. longus, 6-8 mill. latus; petala usque ad 3 cent., sepius paulo minora. Yun-nan in pratis regionis altissimæ, v. c. in monte Koua-la-po (Hokin); 26 aug. 1884 (Delav. n. 126); in pascuis calcareis montis Hee-chan-men, prope Lankong, alt. 2800 m.; 31 jul. 1885. Port des formes à feuilles élargies du S. repens, mais bien différent par la forme des pétales; les deux pelits lobes accessoires du limbe sont ordinairement trés inégaux, l'un est linéaire, l'autre n'est constitué que par une dent obtuse, parfois méme presque complètement oblitérée. 15. Silene otodonta, sp. nov. Perennis, elata, ramosissima; caulis erectus crebre foliatus, pube- rulus. Folia breviter petiolata, e basi attenuata ovato-lanceolata mucro- nulata, subtus ad nervum nunc parce pubescentia, margine ciliolata, cielerum glabra. Inflorescentia multiflora, terminalis et axillaris, ramis elongatis panieulato-corymbosis, cymis 4-7 floris; bracteæ et bracteolæ breves, lineares, acutæ, cinereo-pubescentes, margine sæpius membra- naceæ ; pedicelli floribus subbreviores dense simul ac calyx pubescentes ; calyx e basi breviter angustat latus, umbilicatus, dentibus ovatis acutis mucronatis, margine membranaceis sæpius purpureo tinetis, ciliolatis; petala pallide rosea, calycem triente superantia, ungue glabro e basi in auriculas flabellatas antice crebre dentatis dilatato, supra in auriculas abrupte contracto; lamina angusta, inferne fere linearis apice bifida, lobis linearibus parum divergentibus; squam:e faucis lanceolato- lineares acutæ, elongate; filamenta glabra; ovarium ovato-oblongum, nisi ima basi (fortasse non semper) obscure triloculari, uniloculare; styli 3; capsula e basi rotundata apice att ta, sexdentata, gynophoro 3-4-plo longior; semina reniformia, dorso lato subplano, undique tubereulis obsessa. Usque tripedalis; folia majora 2-3 cent. longa, 6-10 cent. lata ; calyx 12-15 mill. long., 5-6 mill. lat.; caps. 10 mill. Yun-nan, in silvis ad Nien-kia-se, prope Tapin-tze; fl. fr. 6 sept. 1885 —— A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 427 (Delav. n, 4905); ad cacumina montis Pe-ngay-tze, supra Houong-kia- pin; fl. 11 sept, 1882 (Delav. n. 7). Grande espéce trés rameuse dés la base; le port est à peu prés celui d'un Silene nutans, avec des feuilles plus larges et plus nombreuses sur la tige; la forme des pétales est d'ailleurs trés différente dans les deux plantes. e 16. S. pachyrrhiza, sp. nov. Radix crassa fere digiti erassitie, e collo pluricaulis; caules debiles erecti, brevissime puberuli, ad apicem usque foliosi. Folia crassiuscula pallide virentia, minutissime pilosulo-scabra, parva, oblongo lanceolata, petiolo brevi, caulina mox decrescentia, superiora minima. Inflorescentia oligantha, floribus 3-4; pedicelli breves dense puberuli bracteis minutis acuminatis; calyx inferne parum angustatus, basi umbilicatus tubuloso- latus, pilis brevissi b , dentibus ovalis acutis; petala (rosea?) calycem triente superantia, ungue glabro in auriculas parum distinctas dilatato; lamina quadriloba, lobis lateralibus brevibus trian- gularibus, mediis linesritius vix divergentibus ; squamæ faucis oblongæ ; filamenta staminum glabra; ovarium ovatum basi tantum triloculare; styli 3; capsula... Caules 1-2 decim. alti; folia majora vix 2 cent. longa, 3-6 mill. lata, caulina media et suprema 7-3 mill. ; calyx 12-15 mill. Yun-nan in monte Che-tcho-tze, supra Tapin-tze, 18 oct. 1882 (Delav. Caryoph., n. 2). Appartient au méme groupe que le S. repens, dont il diffère trés sen- siblement d'ailleurs par sa racine épaisse et la forme de ses feuilles. V 47. S. grandiflora, sp. nov. Elata; e basi ramosa, ramis gracilibus elongatis tenuiter retrorsum pubescentibus, ultra medium foliatis. Folia subsessilia e basi brevissime attenuata vel subrotunda anguste lanceolata, longe acuminata, punctis elevatis scabrata, ad nervum parce setulosa, margine ciliata, cæterum glabra, superiora (bracteæ) paulo minora et angustiora. Inflorescentia oligantha; pedicelli, presertim in flore primario, elongati, pubescentes ; calyx clavato-tubulosus, inferne angustatus, umbilicatus sæpius rubes- cens, pube crispa vestitus, dentibus ovatis acutis; petala intense rubra calyce usque duplo longiora, nunc paulo minora, ungue glabro, in auri- culas rotundatas erosas dilatato; lamina perfecte obcordata, haud pro- funde biloba, lobis rotundatis; filamenta glabra; ovarium ovato-oblon- gum ima basi triloculare, gynophorum æquans; styli 3; capsula ovata, sex dentata. 3 Usque bipedalis; folia majora 4-6 cent. longa, 6-8 mill. lata; pedun- 428 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. culi (in flore primario) usque 8 cent.; calyx 20-25 mill. long., 4-5 mill. latus; petala usque 3 cent., lamina 12 mill. apice lata. Yun-nan, in planitie ad Ho-kin, prope Tali; 24 jul. 1883 (Delav. n. 76). C'est probablement l'espéce du genre qui présente les plus grandes fleurs; elle a tout à fait le port du Lychnis Cæli-rosa, avec des feuilles un peu plus larges; mais les fleurs n'ont que 3 styles, les nervures du calice sont moins saillantes, seulement pubescentes, et les dents beau- coup plus larges; la forme des pétales est aussi trés différente. Le genre Silene (1) est représenté dans la région alpine du Yun-nan par des formes trés variées et tout à fait spéciales, si l'on en juge par le grand nombre d'espéces rencontrées jusqu'ici dans deux ou trois loca- lités seulement de cette région. C'est ainsi que les environs immédiats de Tali et de Lankong ont seuls fourni 17 espéces, alors que les auteurs de l’Index flore Sinensis n'en signalent que 4 pour tout le reste de la Chine, et que le Flora of British India en mentionne seulement 12 pour l'Inde tout entiére. Parmi les 17 espéces connues jusqu'ici du Yun-nan, une seule, Silene tenuis Willd., se retrouve dans l'Himalaya, et encore faut-il ajouter qu'au Yun-nan la plante se présente sous une forme toute parti- culière, s'écartant assez sensiblement du type et de ses variétés, d'ailleurs nombreuses, répandues dans la Sibérie et pénétrant à l'occident jus- qu'en Russie. Les 16 autres Silene du Yun-nan constituent des types autonomes, jusqu'ici du moins, à peine comparables, dans leurs formes générales, avec les espéces himalayennes; les uns se rapprochant d'un type, S. Tatarinowii, connu seulement dans le nord de la Chine et dans la Mongolie, d'autres affectant le port de notre vulgaire Lychnis dioica, mais à trois styles seulement; plusieurs enfin singulièrement voisins d’espèces constituant un petit groupe propre à l'Europe orientale et australe, tels que S. Elizabethe Jan. et S. Zawadskii Lall. On peut aussi remarquer que le nombre des espèces à limbe quadri- fide ou quadrilobé est relativement considérable au Yun-nan, puisque sur un total de 17 espéces, 9 sont dans ce cas. C'est à peine si Rohrbach, le plus récent monographe des Silene, en signale autant pour tout le genre, si nombreux en espéces, méme en y ajoulant ses Melandryum à 3 styles. Je n'ose pourtant pas trop insister sur ce point, parce qu'il ne (1) Limité aux espèces à trois styles, quel que soit d'ailleurs le degré de persistance des eloisons de l'ovaire; toute la section Elizanthe des Melandryum, tels que les a com- pris Rohrbach, se trouve ainsi ramenée aux Silene; c'est du reste l'opinion de presque tous les phytographes, Il A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 429 semble pas que les Silene aient été étudiés sous ce rapport avec tout le soin désirable. SAGINA L. 1. Sagina Linnæi Presl, Rel. Haenk., II, p. 14; Franch. PI. David., p. 90 (var. maxuma); Forbes et Hemsl. Ind. fl. Sin. p. 10. — S. pro- cumbens L. var. pentamera Hook. fil. et Edgw. Pl. of Brit. Ind., I, p. 243 (forma petalis brevioribus). — var. micrantha Ledeb. Fl. ross., I, p. 339; S. micrantha Bunge in Ledeb. FI. ait. II, p. 182. Yun-nan, in pascuis ad montem Tsang-chan, prope Tali, alt. 2000 m. ; 28 mart. 1884 (Delav. n. 1126). Le Sagina Linnei Presl., établi pour l'une des formes pentaméres du genre, a des pétales de longueur variable; Ledebour et Bunge l'ont signalé depuis longtemps. La variété pentamera du S. procumbens, telle qu'elle est donnée dans le Flora indica, représente exactement le S. micrantha Bunge, dont l'unique caractére distinctif consiste dans la brièveté des pétales, qui ne dépassent guère la moitié du calice et font méme quelquefois complet t défaut. ARENARIA L. 1. A. serpyllifolia L. Sp. pl., ed. 1, p. 423; Hook. et Edgw. Fl. of Brit. Ind., 1, p. 239; Franch. Pl. David., p. 53; Forbes et Hemsl. Ind. fl. Sin., p. 10. Yun-nan, in alveo torrentis Tchin-teou-yn, supra Tapin-tze, prope Tali; 44 april. 1884 (Delav. n. 910). v/ 2. A. napuligera, sp. nov. (Euthalia). Monocarpica?; radix inflata fusiformis, e collo unicaulis vel mullicau- lis; caules rubescentes, ima basi squamis breviter ovatis quasi perulali, tenuissime uno latere puberuli, plus minus dichotome ramosi, ramis in- tricatis. Folia linearia, vel lineari-oblonga, punctis elevatis asperata, basi ciliolata, ezterum glabra. Inflorescentia paniculato-corymbosa; pedun- culi elongati, graciles, glandulosi, rigide erecti, inferiores solitarii, su- periores (cymis evolutis) 3-5, vix post anthesin magis (Enn dis purp glandulosus, sepalis 1 latis vel ovat obtusis, margine membranaceis; petala rosea, calyce duplo longiora, obovata, apice emarginata [vel breviter biloba; ovarium multiovulatum (ovulis 40-14); styli 3; capsula calycem non superans, ovata, valvis bifidis. 430 A. FRANCHET. — PLANT.E YUNNANENSES. Caules 1-2 decim.; folia 1-2 cent. longa, vix 2 mill. lata; pedicelli circiter pollicares, nunc paulo longiores; petala usque 1 cent. "longá Yun-nan, in fissuris rupium montis Koua-la-po, prope Hokin ; 26 april. 1884 (Delav. n. 87); in saxosis calcareis secus viam ad collum Yen-tze- hay ducentem, prope Lankong, alt. 2500 m. (Delav. n. 1665). Jolie espéce à grandes fleurs roses, bien caractérisée par sa racine napiforme, assez grosse dans certains spéci , moins développée dans d'autres; l'A. napuligera ne peut être comparé avec aucune espèce de VHimalaya ; son port est plutôt celui de certaines espèces annuelles de l'Europe, telles que A. controversa Boiss., avec des fleurs plus grandes, roses, el des liges dressées. OÜpowTosTEMXA Benth., gen. propr. (Arenariæ sectio). Petala apice erosa vel fimbriata ; staminum filamenta supra basin utro- que latere gibbosa; styli 2; ovula plura (5-12); capsula quadrivalvis ; semina 3-5, magna, compressa, levia, opaca. Plantæ swpius valde glan- dulosæ et pilosæ ; radix (saltem in pluribus speciebus) hinc inde inflato- nodosa, vel tubereula fusiformia edens. — Species nunc cognitæ 6, omnes himalaicæ vel y (Odontost Benth. in Wall. Cat., 645; Endl., Atacta, 34; lapsu quodam Adenostemma dictum in Flor. Brit. Ind., 1, 242). Le petit groupe des Odontostemma. parait bien caractérisé par l'exis- tence de pétales laciniés et par la dilatation supra-basilaire des filets staminaux qui semblent porter une grosse glande de chaque cóté. La section Lepyrodiclis Fenzl., dont les pétales sont bifides ou rétus et dans laquelle le nombre des ovules est réduit à 4, n'est formée jusqu'ici que de 2 ou 3 espèces suffisamment distinctes et présentant les carac- téres assignés par Fenzl ; les Odontostemma doivent en étre séparés. 3. Arenaria barbata, sp. nov. (Odontostemma). Radix horizontalis, tubercula fusiformia congesta producens; caulis sepius solitarius, e medio divaricato- ramosus, dense glandulosus, visci- dus. Folia pallide virentia, subtus glauca, oblonga vel oblongo-obovata, obtusa, margine pilis albis longissimis ciliata. Inflorescentia dichotomo- corymbosa, pedicellis glandulis obsessis, plus minus elongatis erectis, flore. nunc 2-plo nune T-plo longioribus; sepala lanceolata, anguste ta, glandul entia; petala calyce sæpius subduplo lon- giora, rosea, apice laciniata; stamina 10, filamentis basi utroque latere A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 431 parum dilatata; styli 2; ovula plura (6-7); capsula 4-valvis, seminibus magnis abortu 2-4. Caules 6-10 poll., fragillimi ; folia 1-2 cent. longa, 3-5 mill. lata; calyx 5 mill.; corolla usque 10 mill. longa, vel paulo breviora. Yun-nan, in lapidosis calcareis, ad pedem montis Yang-in-chan, alt. 2500 m. supra Lankong ; fl. fr. 14 sept. 1885 (Delav. n. 1901). Espèce bien caractérisée par ses feuilles ciliées de trés longs poils blanes étalés, qui font défaut aux 3 espéces suivantes. puo 4 Ay is, sp. nov, (Odontost Je Ramosa, diffusa; caules graciles inferne glabrescentes, superne pu- tes et tenui glandulosi. Folia pallide virentia, glabrescentia vel ad nervum et ad margines ciliata, utraque facie punctis elevatis asperulata, inferiora breviter sed distincte petiolata, e basi attenuata oblonga vel lanceolata, obtusa cum mucronulo, superiora sessilia, magis ovata. Inflorescentia paniculata; pedicelli graciles, glandulosi, primum erecti, demum patentes, floribus multo longiores; bracteæ foliaceæ; sepala lanceolata, acuminata, pilosa et glandulosa; petala alba calyce vix duplo longiora, oblonga vel obovata, tenuiter apice fimbriata; filamenta staminum paulo supra basin utroque latere gibbosa; ovarium multiovu- latum ; styli duo; capsula calyce brevior 4-valvis, seminibus tantum 3-4, angulatis. Caules pedales ; folia inferiora 2-3 cent. longa, 5-6 mill. lata, supe- riora duplo minora ; petala 7-8 mill. Yun-nan, in umbrosis ad fissuras rupium prope cacumina montis Pe- ngay-tze supra Houang-kia-pin ; 4 sept. 1882 (Delav. Caryoph., n. 8). Bien différent des deux espéces suivantes par ses feuilles dépourvues de h ] dn! p Vra trichophora, sp. nov. (Odontostemma). d Perennis; radix elongata, hinc inde nodosa, nodis fusiformibus; tota pilis sparsis et glandulis pedicellatis hispida; caules e basi ramosi, de- Folia cr la, subtus pallida, nervo parum prominulo, inferiora breviter petiolata, oblongo-obovata, obtusa, media et superiora sessilia, ovato-lanceolata, acuta. Inflorescentia paniculato-pyramidata, ramis dichotomis; bracteæ foliis persimiles, sed triplo minores; pedicelli dense glandulosi, mox deflexi; calyx basi rotundatus, sepalis 1 lati acutis, anguste albo-marginatis, longe piloso-glandulosis ; petala alba, calyce 2-3-plo longiora, obovata, apice inciso-fimbriata; staminum fila- menta supra basin utroque latere gibbosa, antheris mercerie oblon- ET 432 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. gis; ovarium multiovulatum; styli 2; capsula quadrivalvis. — Planta floribunda. Pedalis vel humilior; folia majora 20-25 mill. longa, 8-10 mill. lata; pedicelli subpollicares vel longiores; sepala 5-6 mill.; petala 10-12 mill. Yun-nan, in monte Hee-chan-men, supra Lankong; 11 jul. 1883 (Delav. n. 110). Trés voisin sans doute de PA: Benthami Edgw., mais plus robuste ; fleurs plus grandes et plus nombreuses; jusqu'à 12 ovules; anthéres linéaires et violacées. Dans l'A. Benthami les ovules sont au nombre de 5-6, et les anthéres ovales, jaunes ; les feuilles sont plus aiguës ; laracine de la plante de l'Himalaya ne m'est pas connue. 6. Arenaria Delavayi, sp. nov. (Odontostemma). Perennis, multicaulis; caules breves ramosi, intricati, pilis brevibus et glandulis hispidi. Folia acutiuscula, oblonga, inferiora petiolata, supe- riora subsessilia. Pedicelli glandulosi, subpollicares, inferiores axillares solitarii, superiores 3-5 cymosi, bracteis foliaceis, sub anthesi erecti, mox patentes; calyx basi rotundatus, breviter glandulosus, sepalis lan- ceolatis, margine membranaceis, acutis, apice nunc recurvis; petala alba, calyce paulo longiora, late obovata, nunc fere rotundata, apice fere ad medium laciniata; staminum filamenta paulo supra basin utroque latere gibbosa, antheris ovatis, luteis; ovarium multi-ovulatum ; styli 2; capsula.... Caules 2-6 cent. longi ; folia majora 10-12 mill. longa, 2-3 mill. lata; sepala 4-5 mill.; petala 5-7 mill. Yun-nan, in fissuris rupium ad cacumina montis Tsang-chan, supra Tali, alt. 4000 m.; 26 sept. 1884 (Delav. n. 1039). ` Différe de l'A. trichophora par ses tiges trés raccourcies et intriquées, naissant trés nombreuses d'une grosse souche, par ses feuilles étroites et ses fleurs moitié plus petites; l'A. debilis Hook. a les fleurs encore plus petites, les pétales seulement denticulés au sommet, plus étroits; sa végétation est différente, ses tiges solitaires, etc. MACROGYNE (Arenariæ sectio nova). Styli 2, subulati, longe exserti; stamina 10 inclusa, alternatim bre- viora, in annulum 10-crenatum semi-liberum dilatata, perigyna ; ovarium . quadrivalve; receptaculum sensim concavum, basi truncatum, A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 433 V 6. A. longistyla, sp. nov. (Macrogyne). Perennis?; radix gracilis, multiceps; caules tenues, diffusi, bifarie pubescentes. Folia oblongo-linearia, apice mueronulata, basi dilatata laxe eonnata, parce ciliolata. Pedunculi axillares, elongati pubes- centes et glandulosi; calyx basi indurata truncatus, sepalis inferne glan- duliferis, lanceolatis, abrupte mucronatis, margine late albido-mem- branaceis, post anthesin ad basim leviter gibbosis, mox complicatis ; petala alba ealycem vix superantia, e basi cuneata distincte un- guiculata obovato- oblonga, apice rotundata, integra; stamina petalis paulo breviora, filamentis glabris subulatis, antheris luteis subglobosis ; styli e basi liberi, perianthium longe superantes, subulati ; ovarium sub- glol , mox dehiscens, valvis (jam sub anthesi facile solutis) inte- gris; ovula.4-5. Plantula 1-2 pollicaris; folia 10-12 millim. longa; pedunculi ultra pollicares ; sepala 5-6 millim. longa; styli 7-8 mill. Yun-nan, in monte Li-kiang, alt. 4000 m.; 13 aug. 1886. Port d'un Gouffeia; trés voisine des Thylacospermum, la section E Macrogyne en différe seulement par le calice, qui n'est pas tubuleux, le réceptacle étant seulement légèrement concave, et par la longueur des styles. Eile forme assez bien le passage des Thylacospermum aux Are- naria. STELLARIA L. V 1. Stellaria yunnanensis, sp. nov. (Larbrea, sensu Benth. et Hook.). Elata; caulis gracilis, erectus, glaber. Folia sessilia, firmiter papy- racea, supra pallide virentia, subtus glaucescentia, margine críspata, glabra vel ciliata, e basi rotundata vel breviter attenuata nune anguste lanceolata, nunc fere ovato-lanceolata, acuminata, mucronata. Panicula terminalis, ampla, repetito-dichotoma, ramis divaricatis, glaberrima, bracteis et bracteolis lanceolatis acuminatis ex toto membranaceis, hya- linis, margine glabris; pedicelli graciles mox flore multoties longiores, erecti vel plus minus patentes; sepala scariosa anguste lanceolata, acu- minalissima, basi incrassata sulcata et coadunata, distincte trinervia, margine late hyalina; petala calyce paulo breviora, fere ad basin usque bipartita, lobis angustis linearibus; stamina 10, alte perigyna; ovarium mulliovulatum; styli 3; capsula oblonga, obtusa, calyce sensim brevior, 5-valvis; semina 2-4, fulva, reniformia, tenuiter àsperulata; dorso lato sulcata. Bipedalis et ultra; folia majora 4-7 cent. longa, 8-15 millim. lata ; T. XXXIII. (SÉANCES) 28 434 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. panicula nunc 30 cent. longa et fere lata; pedicelli post anthesin polli- cares (in dichotomiis usque bipollicares; sepala 6-8 millim.). Yun-nan, circa Tali; 4 jul. 1882 (Delav. Caryoph. n. 1); Tapin-tze, in collibus siccis, 1 sept. 1882 (Caryoph. n. 4), forma foliis latioribus et brevioribus. Voisin du Stellaria discolor Turez. et du S. graminifolia ; il diffère de l'un et de l'autre par la forme de ses feuilles ondulées-crispées sur les bords, par sa panicule beaucoup plus grande et la capsule plus courte que le calice. 2. Stellaria uliginosa Murr. Prodr. Goett. p. 55; Maxim. Mél. biol. IX, 49 ; Hook. et Edgw. FI. of Brit. Ind. I, 233; Forbes et Hemsley, Ind. ftor. Sin. p. 69. Yun-nan, in pascuis ad pedem Tsang-chan, supra Tali, alt. 2000 m.; 98 mart. 1884 (Delav. n. 1127). 3. S. Davidi Hemsl. in Forb. et Hems. Ind. fl. Sin. p. 61. Kras- cheninikowia Davidi Franch. Pl. David. p. 51, tab. 10. — var. himalaica. — S. bulbosa Hook. fil. et Edgw. Fl. of brit. Ind. 1, 231 (non Wulf.) ; Krascheninikowia rupestris Auct. cit. loc. cit. (non Turez.).— Humilior, gracilior quam typus jeholensis; folia tenuiora, minora, basi magis attenuata; folia superiora minus dissimilia; semina crebre tuberculosa ; styli 3; petala oblongo obovata, apice rotundata. Yun-nan, in umbrosis montis Koua-la-po, prope Hokin, alt. 3000 m.; 26 maj. 1884 (Delav. n. 1035). C'est certainement par erreur que la dénomination de S. bulbosa Wulf. a été appliquée à la plante de Himalaya; elle en a l'aspect et la végéta- tion, et sous ce rapport toutes les espéces du groupe Krascheninikowia sont intimement liées entre elles; mais elle en différe nettement par ses pétales entiers et ses graines couvertes de mamelons terminés par une cellule allongée piliforme, Dans la plante d'Europe, les pétales sont nettement bilobés et les graines lisses. C'est par erreur que de Césati (Linnea, vol. XXXII, 1863, tab. 1) les a signalées comme étant poilues, aulant du moins qu'on peut en juger d'aprés une figure peu satisfaisante et dépourvue de texte explicatif suffisant. L'examen de graines müres, prises sur des spécimens récoltés à Cilli (Styrie), par M. F. Krasan (Schultz, Herb. norm., nov. ser. cent. 16) et sur d'autres venant de Biella (Pié- mont), distribués par le D° Rostan dans Herbarium pedemontanum, montre d'une facon évidente que ces graines ne présentent ni poils, ni tubercules. Il faut ajouter, du reste, que l'erreur des auteurs de la famille des A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 435 Caryophyllées, dans le Flora of British India, est très explicable; les graines du Stellaria bulbosa Wulf. sont demeurées inconnues jusqu'ici, si l'on en excepte la mauvaise figure donnée par Césati. C'est au point que M. Maximowiez (Mél. biol. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg, t. IX, p. 38, 1873) dit expressément à ce sujet : « fructus hucusque ignoti ». L'herbier du Muséum de Paris permet heureusement de combler cette lacune (1). Quant à faire du Stellaria (Krascheninikovia) rupestris un synonyme de la plante de l'Himalaya, cela ne semble pas possible. Les soies raides et glochidiées qui couvrent les graines du S. rupestris ne se retrouvent dans aucune autre espéce aujourd'hui connue. Ces glochidies ne ressem- blent en rien aux mamelons terminés par un poil subulé qu'on voit à la surface des graines du S. Davidi et de celles du Stellaria (Kraschenini- kowia) Maximowicziana Franch., qui diffère du précédent, surtout par ses ovaires qui n'ont que deux styles au lieu de trois. L'ancien genre Krascheninikowia est aujourd'hui rapporté aux Stel- laria par presque tous les auteurs, bien qu'il ne soit pas moins nette- ment caractérisé que la plupart des autres genres de Caryophyllées, maintenus plutót par habitude qu'en raison d'une valeur réelle; il com- prend jusqu'ici huit espèces; on ne connait pas les graines de l'une d'elles, S. raphanorhiza Hemsley, dont la place demeure ainsi indécise par les espéces distylées et à pétales bilobés. On peut les disposer ainsi qu'il suit, en prenant comme base de divi- sion le nombre des styles dans les fleurs pétalées, les fleurs apétales n'ayant souvent qu'un seul style. “ petala integra; į Semina levia.......... 0 o helerantha. Styli 2.) flores 5-meri. | Semina mamillata . S. Maximowicziana petala biloba; flores 4-meri......... S. heterophylla. i . V Seminum sete glochidiatæ S. rupestris. petala integra; | Semina mamillata. S. Davidi. Styli 3. Semina levia.... S. bulbosa. petala biloba Semina mamillata. S. silvatica l Semina S. raphanorhiza. CERASTIUM L. 1. Cerastium pumilum Curt. Fl. londin. I, tab. 92; C. gluti- nosum Fries, Fl. Hall. (1811), p. 18. (1) D'aprés les échantillons cités plus haut, les capsules se développent sur des fleurs pétalées, situées à une hauteur quelconque dela tige; les capsules sont à peu prés globuleuses, de la longueur du calice, et renferment beaucoup de graines. Cesati a figuré la capsule d'une fleur apétale, dont le pédoncule serait épaissi au sommet, ce que je n'ai pas vu sur les échantillons du Muséum. 436 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Yun-nan, in cultis montis Tche- chang., prope Tong- Tchouan, 1 jun. 1882. 2. Cerastium vulgatum L. Fl. suec. ed. 2, p. 158; Hook. et Edgw. Flor. of Brit. Ind. I, 228. C. triviale Link; Forb. et Hemsl. Ind. fl. Sin., p. 67. — a. angustifolium — Pumilum ; folia anguste oblonga vel oblongo- lanceolata: petala calycem paulo superantia. Yun-nan, in pascuis, ad pedem montis Tsang-chan, supra Tali, alt. 2000 m.; 28 mart. 1884 (Delav. n. 1694). — ß. brevifolium — Subpedalis, gracilis; folia breviter ovato-lanceo- lata; petala calyce fere duplo longiora. Yun-nan, in pratis uliginosis ad Kan-hay-tze, in monte Hee-chan-men, supra Lankong, alt. 2800; 31 jul. 1885. — x. acutifolium — Elata (pedalis et ultra); folia lanceolata, acuta vel acuminata, infimis oblongis ; petala calyce plus duplo longiora. Yun-nan, in pratis ad juga nivalia Li-kiang, alt. 3500 m., 10 jul. 1884 (Delav. n. 121). Le C. vulgatum se présente au Yun-nan sous des formes multiples, sensiblement différentes de celles de la région himalayenne; elles pré- sentent un caractére commun, celui d'avoir toutes les bractées, méme les supérieures, dépourvues du bord scarieux. Drymaria Willd. 1. D. cordata Willd. ex Rem. et Sch. Syst. veget. V, p. 406; Edg. et Hook. Fl. of Brit. Ind. I, 244; Forbes et Hemsley, Ind. fl. Sin., p. 71. Yun-nan, in silvis ad Ki-chan, prope Tali, alt. 2000 m.; fl. 10 sept. 1884 (Delav. n. 1900). TAMARISCINEÆ MynicAmIA Desv. 1. M. germanica Desv., Aun. des sc. nat., série 1, vol. IV, p. 349; Thiselt. Dyer in Hook. Fl. of Brit. Ind. I, 250. Yun-nan, ad Lankong, secus torrentes; 6 nov. 1883 (Delav. Tama- risc. n. 1). A. FRANCHET. — PLANT.E YUNNANENSES. 431 HYPERICINEÆ HYPERICUM L. 1. H. Ascyron L. Sp. pl. ed. 1, p. 783; Forbes et Hemsl. Mmd. FI. Sin. p. 72. Yun-nan, ad Mo-so-yn, prope Lankong; fl., fr. 5 aug. 1883 (Delav. n. 111)? Forme à feuilles trés étroit t lancéolé inées; styles connés jusqu'aux deux tiers de leur hauteur, égalant le fruit. 2. H. patulum Thunb. Fl. Jap. p. 295, tab. 17; Hook. et Thomps. Fl. of Brit. Ind. 1, p. 254; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 72. Yun-nan, in monte Pi-iou-se, supra Tapin-tze prope Tali; fl., fr. 11 jun. 1883 (Delav. absque numero). 3. H. petiolulatum Hook. fil. et Thomps. Fl. of Brit. Ind.4, p.255. — var. orbiculatum. — Folia longiuscule petiolata, parva, crebre pellucido-punetata late ovata, suborbieulata, basi rotundata vel subcor- data, vel brevissime attenuata; flores pallide lutei, diam. vix 5 mill., petalis calycem subæquantibus ; capsula subglobosa stylis paulo longior. Yun-nan, ad juga montis Koua-la-po in humidis, alt. 3000 m. ; fl. 4 aug. 1885 (Delav. n. 1942). 4. H. yunnanense, sp. nov. (Euhypericum). Glabrum ; caulis teres, ascendens, debilis, basi radicans, simplex vel ramosus. Folia distincte petiolata e basi breviter attenuata obovato- oblonga, obtusa, subtus eximie glauca, pellucide punctata, margine glandulis nigris sessilibus notata. Cymæ evolutæ, plurifloræ; flores parvi, pedicellati, pedicellis flores subæquantibus et bractea lineari paulo lon- gioribus; sepala lanceolata subæqualia, glandulis sessilibus raris vel omnino deficientibus marginata; petala calyce subduplo longiora, anguste oblonga, lineis nigris destituta; ovarium late ovatum ; styli 3, ovario lon- giores; capsula ovato- -pyramidata. Semipedalis vel pedalis; folia 15-30 mill. longa, petiolo nunc usque 4 mill. longo ; sepala 4-5 mill.; petala 8-10 mill. Yun-nan, in pascuis et campis ad septentrionem montis Hee-chan-men; fl. 14 jul. 1883 (Delav. n. 93); in pratis humidis ad Song-pin, supra Tapin-tze; 18 aug. 1884 (n. 1943); ad oras silvarum prope juga Koua- la-po, prope Hokin, alt. 3000 m.; fl., fr. 2 aug. 1885 (Delav. n. 1981). Intermédiaire entre VH. napaulense Choisy et PH. petiolulatum, il 438 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. diffère du premier par ses fleurs plus petites, ses bractées et ses sépales dépourvus de glandes pédicellées; il se distingue de lH. petiolulatum, dont il n’est peut-être qu’une variété, par son inflorescence plus déve- loppée. 5. Hypericum elodeoïdes Choisy in DC. Prodr.1, p.552; Hook. et Thiselt. Dyer, Flor. of Brit. Ind. 1, p. 255. Yun-nan, in pascuis ad pedem montis Tsiang-chan, supra Tali, alt. 2500 m. ; 25 sept. 1884 (Delav. n. 189). 6. H. monanthemum Hook. fil. et Thomps. Flor. of Brit. Ind. 1, p. 256. Yun-nan, in locis umbrosis montis Tsang-chan supra Tali, alt. 4000 m. ; fl. 3 aug. 1884 (Delav. n. 1944). 7. H. Lalandei Choisy in DC. Prodr. 1, p. 550; Hook et Thiselt. Dyer, Fl. of Brit. Ind. 1, p. 256; H. fœtidum Hook. et Thomps. in sched. distrib. Kew. Yun-nan, in uliginosis montis Che-tcho-tze, supra Tapin-tze, alti- tude 2000 m. ; 27 jul. 1884 (Delav. n. 164). Varie à tige uniflore ou triflore; toute la plante exhale une odeur très forte de muse, d'aprés une note de M. Delavay. MM. Hooker et Th. Dyer la disent trés fétide. L'H. Lalandei est un des rares exemples d'une plante appartenant exclusivement à la flore de l'Himalaya et à celle du Cap de Bonne-Espérance. TERNSTRŒMIACEÆ SaunajA Willd. 1. S. napaulensis DC. Mém. sur les Ternstr. p. 29; Hook. fil. et Dyer, Fl. of Brit. Ind. 1, 281. Yun-nan, circa Tapin-tze; fl. 7 april. 1883 (Delav. n. 163). CAMELLIA L. 1. 7€. Sasanqua Thunb. Fl. Jap. p. 213, tab. 30; Forbes-et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 82. C. oleifera Abel, Journ. in China, p. 114, cum icone. Yun-nan, in silvis Kan-hay-tze, in monte Hee-chan-men prope Lan- kong; fl. 23 jul. 1886 (Delav. n. 1933), et in silva Nien-kia-se, prope Tapin-tze; fr. immat. 7 maj. 1885. Feuilles moins coriaces que dans le type, à bords non revolutés et A. FRANCHET. — PLANTA YUNNANENSES. 439 bordées de dents de scie plus fines; fruit mûr d'un diamètre de près de 4 centimétres. Dupinia Scop. 1. D. japonica. — Ternstræmia japonica Thunb. Transact. Linn. Soc. 2, p. 335; Sieb. et Zucc. p. 148, tab. 80; Forbes et Hemsl. Ind. fl. Sin. p. 15; Hook. et Th. Dyer, Fl. of Brit. Ind. I, 280. Yun-nan, in collibus ad pedes montis Tsang-chan, supra Tali; 19 jun. 1884 (Delav. n. 158). Le nom de Ternstroemia Mut. ex Linn. fil. Suppl. 39 (1781), em- prunté à l'iconographie inédite de Mutis (Ternstremia meridionalis Mut., Amer. vol. I, tab. 9), est postérieur de quatre années à celui de Dupinia Scopoli, Introd. p. 195 (1777). Ce dernier a été substitué par son auteur à Taonabo Aubl., qui paraissait trop barbare sans doute. Si le nom générique Taonabo ne semble pas acceptable, il est juste de reprendre celui qui le premier lui a été substitué et le Ternstroemia japonica devient le Dupinia japonica. La méme observation s'applique au Cleyera Thunb., nommé antérieurement Hoferia par Scopoli, Introd. p. 194. Beaucoup d'autres genres appartenant à diverses familles sont dans le méme cas et ont recu leur nom princeps dans l’Introductio ; M. Baillon a relevé depuis longtemps celui de Tournesolia. L'oubli dans lequel est demeuré longtemps le livre remarquable de Scopoli est inex- plicable; il y a peu d'années encore l'un des plus célèbres phytographes de notre siècle n’a-t-il pas écrit qu'il ne croyait devoir tenir aucun compte des noms imposés par Scopoli, parce que l'Introductio manquait aux bibliothéques de son pays. MALVACEÆ Sipa L. 4. S. rhombifolia L. Sp. pl. ed. 4, p. 680; Hook. fil. FL. of — Brit. Ind., 1, 32; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., 1, p. 95. « retusa. — S. retusa L. Sp. pl. p. 961. Yun-nan, circa Tapin-tze, in locis siccis; fl. 4 maj. 1885 (Delav. n. 1936). 8. rhomboidea. — S. rhomboidea Roxb. Hort. bengh., p. 50. Forma foliis glabrescentibus, e basi cuneata integra late rhomboideis, di mL SP d I R E ? Yun-nan, in collibus ad Pee-long-tan, prope Tapin-tze; 24 aug. 1885 (Delav. n. 1938). 440 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. y- microphylla. — S. microphylla Cav. Diss. I, tab. 12, fig. 2. Yun-nan, circa Tapin-Zze. à. obovata. — S. obovata Wall. Cat. 1864. Yun-nan, secus vias, ad Tapin-tze; 8 sept. 1885 (Delav. n. 1937). Hisiscus L. 1. H. Abelmoschus L. 5p. pl. ed. 1, p. 696; Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. 1, 342; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 97. Forma foliis inferioribus late cordatis, crenatis, superioribus et supre- mis hastato-sagitlatis ; bracteolæ lineares, fructu duplo breviores; capsula ovala. Yun-nan, circa Tapin-tze (Delavay). 2. ? H. cancellatus Roxb. Hort. bengal. p. 51; Hook. fil. Fl. of Brit. Ind., 1, 342. Forma foliis cordato-angulatis, superioribus ovato-lanceolatis, supre- mis tantum subhastatis; bracteole lineares capsulam ovatam supe- rantes. ) Yun-nan, in pratis ad Tapin-tze; 10 sept. 1882 (Delav. Malv. n. 5). 3. H. mutabilis L. Sp. pl. ed. 1, p. 694; Franch. Pl. David. p. 98; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 81. Forma bracteolis lanceolatis; calycis segmenta late ovalia. Yun-nan, in sepibus; fl. aug. 1883 (Delav. Malo. n. 7). 4. H. Trionum L. Sp. pl. ed. 1, p. 697; Franch. PL. David. p. 59 et Mém. Soc. nat. de Cherbourg, XXIV, p. 203; Hook. fil. FI. of Brit. Ind. I, 334; Forbes et Hemsl. Ind. F1. Sin., p. 88. Yun-nan, circa Tapin-tze; fl. 8 aug. 1882 (Malv. n. 4); in campis ad Lankong ; fl. fr. aug. 1883 (n. 99); in campis ad Mo-so-yn ; 14 sept. 1885 (n. 18606). TILIACEÆ GREWIA L. 1. €. parviflora Bunge, Enum. pl. Chin. bor. p. 9; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 93. Yun-nan, in sepibus ad Houang-kia-pin, prope Tali; 29 sept. 1884 (Delav. n. 107). A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 441 TRIUMFETTA L. 1. T. tomentosa Bojer, Ann. des sc. nat. sér. 2, vol. XX, 103; Mast. in Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. I, p. 394. — var. calvescens. — Folia majora, usque 10 cent. longa, magis te- nuia, supra glabrescentia, subtus parce stellato-tomentella. Yun-nan, in collibus siccis circa Tapin-tze; fl. aug. 1882 ; fr. 8 sept. 1885 (Delav. n. 1939). 2. T. annua L. Mantissa, 1, p. 13; Masters in Hook. Fl. of Brit. Ind. 1, 396. Yun-nan, in sepibus ad Gnou-kay, prope Hokin; 14 sept. 1885 (Delav. n. 1940). Concnonus L, 1. €. olitorius L. Sp. pl. ed. I, p. 529 (excl. var.); Masters in Hook fil. Fl. of Brit. Ind. I, 396. Yun-nan, circa Tapin-tze; 4 sept. 1882 (Malo. n.2 et n. 6). LINEÆ LINUM 1. L. perenne L. Sp. pl. ed. I, p. 277; Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. 1, 411. Yun-nan, in siccis planitiei prope Lankong, ad Mo-so-yn; fl. fr. mai. 1884 (Delavay). REINWARDTIA Dumort. 1. R. trigyna Planch. in Hook., Journ. bot. VII, p. 522; Hook. Fl. of Brit. Ind. 1, p. 412; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 96. Yun-nan, in sepibus circa Tapin-tze; fl. fr. 23 mart. 1883 (Delav. Linum,n. 1). ZYGOPHYLLEÆ TRIBULUS L. 1. T. terrestris L. Sp. pl. ed. 4, p. 387; Hook. fil. Flor. of. Brit. Ind. 1, 423; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 97. : Yun-nan, in incultis, ad Hoang-kia-pin, prope Tali ; fl. fr. 30 jul. 1885 (Delay. n. 1151). 442 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. GERANIACEÆ GERANIUM L. 1. €. Delavayi, sp. nov. Rhizoma lignosum perpendiculare, pennæ anserinæ crassitie; cauli gracilis ascendens, pube minuta reflexa obtectus. Folia infima longe pe- tiolata, petiolo setulis adpressis reflexis sub limbo densioribus vestito, suprema subsessilia; limbus ambitu pentagonus, fere ad basin usque 5-partitus, partitionibus e basi integra cuneata rhomboideis, apice pro- ducto acutis vel fere acuminatis, incisis, lobis et lobulis oblongis, acutis; stipulæ ample membranaceæ, fuscæ, e basi libera rotundata fat late 1 latæ, apice trid Pedunculi elongati, biflori, breviter et retrorsum puberuli; bracteole elongate, lineari-subulatæ ; pedicelli demum reflexi, anthesi sub plena flore subduplo longiores, pube duplici, altera brevissima, altera glandul palenti, elongata, pilis tenuibus glandula tenuissima capitatis; calycis vestimentum similiter duplex, sepalis lanceolatis longe mucronatis, latiuscule albo-marginatis ; petala nigro-purpurea calycem vix superantia, perfecte reflexa, oblongo-ovata, apice leviter biloba, basi longe albo-villosa; staminum filamenta infra medium pilis longis sparsis ciliata, antheris nigricantibus; ovaria pu- berula. Caulis 15-25 cent.; foliorum inferiorum limbus 4 cent. longus, 5 cent. circiter latus, petiolo 10-15 cent.; stipulæ inferiores usque 2 cent. longs, 5 mill. basi latæ; sepala 6-7 mill. longa, mucrone 4-5 mill.; bracteolæ 6-10 mill. longz, 4 mill. basi latæ; petala circiter 12 mill. longa. Yun-nan, in silvis ad collum Koua-la-po, supra Hokin, alt. 3000 m.; fl. 4 aug. 1885 (Delav. n. 1945). Les pétales ont à peu prés la coloration de ceux du G. phewm, et sont réfléchis comme ceux du G. reflexum d'Italie et du G. refractum de l'Himalaya; il se distingue facilement de ce dernier par ses fleurs au moins moitié plus petites et par ses filets staminaux barbus ; ses bractées linéaires-subulées, la longue pointe qui termine les sépales, les divi- sions des feuilles aigués ou méme acuminées, ne permettent pas de le confondre avec les espéces européennes, ou du nord de l'Asie, dont les pétales sont étalés, mais non réfléchis. 2. €. strigosum, sp. nov. Rhizoma lignosum, elongatum; planta tota pilis strigosis hirtella. Folia radicalia longe petiolata, suprema subsessilia; limbus ambitu pentagonus, ulraque facie setulis adpressis præsertim ad nervos con- A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 443 spersus ultra medium 5-parlitus, parlitionibus e basi integra parum atte- nuata rhomboideis, apice inciso-lobatis, lobis ovatis, mucronulatis ; stipulæ parvæ, subherbaceæ, anguste lanceolatæ, undique setulosæ ; pe- duneuli elongati, graciles, biflori ; bracteolæ lineari-subulatæ : pedicelli jam sub anthesi flore duplo longiores, pube brevissima, pilis strigosis elongatis patentibus, nonnullisque glandulosis intermixtis, vestiti; ca- lycis indumentum persimile, pilis glandulosis haud raro deficientibus ; sepala ovato-lanceolata, longe aristata ; petala purpurascentia calyce vix duplo longiora, in unguem brevem parce ciliolatum contracta ; staminum filamenta glabra, vel rarius pilis nonnullis ima basi conspersa ; stigmata elongata (2 mill.); columna brevissime pubescens calyce fructifero sub- quadruplo longior ; semina oblonga, eleganter reticulata, glabra. Caulis semipedalis vel ultra pedalis; foliorum inferiorum limbus 6-1 cent. latus, 5-6 cent. longus ; sepala 5-6 mill., arista 3-4 mill.; pe- tala 12-13 mill.; columna 3 cent. longa. Yun-nan, in dumetis Pe-ngay-tze, supra Houang-kia-pin ; fl. fr. 4 sept. (Delav. n. X Port du G. Wallichianum, mais plus grêle; fleurs presque deux fois plus petites; filaments staminaux glabres, ou à peu près. Le G. stri- gosum est bien caractérisé par les poils ou petites soies raides qui héris- sent presque toutes ses parties, par l'absence fréquente de poils glandu- leux sur le calice et l'état glabre des filets des étamines assez peu dilatés à la base. 3. 6. umbelliforme, sp. noy. Rhizoma carnosum, perpendiculare ; planta flaccida, € tou € erectus subsimplex, pilis brevibus reflexis li simul ae pilis tenuissime glandulosis vestitus. Folia etiam caulina Jon- giter petiolata, petiolo simili modo ac caulis vestito; limbus ambitu obscure pentagonus, potius reniformis, membranaceus, presertim ad nervos setulis adpressis conspersus, ad medium vel paulo ultra (in foliis inferioribus) 7-partitus, foliis mediis et superioribus 5-partitis, partitio- nibus obovato-cuneatis, apice breviter incisis, lobis trilobulatis; stipulæ libere, parvi, membranaceæ, lanceolato-lineares, acutæ, pilos; pe- dunculi graciles elongati; bracteolæ setaceæ, pedicellis 4-5 subumbellatis 2-3-plo breviores; calyx hispidus, pilis brevissimis reflexis, setulis paten- tibus pilisque glandulosis ut in caule immixtis ; sepala lanceolata brevi- ter aristata; petala purpurascentia, calyce fere triplo longiora, erecta, e basi ciliolata longe angustata, breviter obovata, apice subretusa; stamina 10 antherifera, filamentis e medio leviter dilatatis parce ciliatis; ovaria longe setosa. Caulis erectus 15-25 cent.; foliorum limbus 5-6 cent. latus, 4-5 cent. 444 A. FRANCHET. - — PLANTÆ YUNNANENSES. longus ; sepala 5-6 mill., arista vix 2 mill.; petala 12-14 mill., 4 mill. apice lata. Yun-nan, in silvis ad juga Koua-la-po, supra Hokin, alt. 3000 m.; fl. 4 aug. 1885 (Delav. n. 1944). Espéce trés remarquable par son inflorescence ombelliforme, sem- blable à celle des Erodium et des Pelargonium, mais présentant en méme temps 10 étamines fertiles; cette forme d'inflorescence ne parait pas encore avoir été signalée chez les Geranium ; l'espèce est d'ailleurs voisine du G. moupinense Franch., Nouv. Arch. du Mus., 2* sér., vol. VI, p. 208. 4. Geranium nepalense Sweel, Geran. tab. 12; Edg. et Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. I, p. 430; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 98. Yun-nan, ad Tchen-fong-chan, prope Ta-kouan; fl. maj. 1882 (Delav. Ger. n. 3). 5. €. ocellatum Camb. in Jaeqm. Voy. bot. p. 33, tab. 38; Edg. et Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. I, p. 433. Yun-nan, in campis ad Tapin-tze; 8 mart. 1883 (Delav. Geran. n. 1). Oxazis L. 1. ©. corniculata L. Sp. pl. ed. 1, p. 435; Edg. et Hook. FI. of Brit. Ind. Y, p. 436; Franch. Pl. David. p. 65; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 98. Yun-nan, in campis ad Tapin-tze ; 8 mart. 1883 (Delav.). 2. ©. Acetosella L. Sp. pl. ed. 1, p. 433; Edg. et Hook. Fl. of Brit. Ind. I, p. 436; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 99. Yun-nan, in silvis ad montem Koua-la-po, prope Hokin ; 26 aug. 1884 (Delav. Oxalis, n. 86). IMPATIENS L. 1. I, arguta Hook. fil. et Thomps., Journ. Soc. Linn. IV, 137 et Fl. of Brit. Ind. 1, 410 ; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 100. Yun-nan, circa Tali ; 4 jul. 1882 (Delav. Bals. n. 1). Tige de 40 à 50 cent., florifère surtout dans sa partie supérieure; fleurs violacées longues de 3 cent. environ, avec l'éperon cylindrique; recourbé, ne dépassant pas 1 cent. Les fleurs sont fasciculées au nombre de 2 à 3 au sommet d'un pédoncule commun trés court (3 à 5 mill.). Le calice de la plante rapportée ici à l'J. arguta est constamment formé de cinq sépales, les deux antérieurs linéaires subulés, les deux A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 445 latéraux ovales, g t acuminés, le sépale posté- rieur (labelle) en forme de sac profond, obtus, comme dans la plante de l'Himalaya, chez laquelle M. Hooker signale également la présence de deux sépales antérieurs; l'étendard est largement obovale, concave avec une créte dorsale qui se prolonge en avant en petile corne. 2. E. Delavayi, sp. nov. à Annua, glabra, flaccida ; caulis erectus, ramosus. Folia alterna, infe- riora longe petiolata, suprema subsessilia; limbus glaucescens late ovatus vel ovato-rotundatus, grosse et inæqualiter crenatus, inferne subincisus, basi (in foliis inferioribus) breviter cuneatus, in foliis mediis truncatus, in supremis late subcordatus. Pedunculi axillares folia haud æquantes, graciles, sæpius biflori, breves ; bracteola flori contigua parva, ovata, post anthesin sub fructu persistens; flores magni, speciosi, roseo- lilacini, purpureo striati ; 5 sepala (1), antica minima, ovata, lateralia lenuissime membranacea; albida, oblique ovato-subrotundata ; labellum profunde t inflat i in calcar violaceo-lividum incurvum desinens; vexillum late obcordatum; ale bipartitæ, segmentis valde inæqualibus, exteriore multo breviore subquadrato, bilobo, interiore late et oblique obovato, in acumen contracto ; capsula linearis. Caulis 30-45 cent.; petiolus in foliis inferioribus usque pollicaris, limbo 15-40 mill. longo, 10-30 mill. lato; peduneuli 2 cent.; pedicelli vix 45 mill.; flores 3-4 cent., calcare 5-6 mill.; alæ ultra 2 cent. longæ. Yun-nan, in umbrosis ad montem Hee-chan-men, alt. 3000 m.; fl. 41 sept. 1885 (Delav. n. 1946). Port de VI. Noli-tangere, mais bien différent par la coloration des fleurs, toujours moins nombreuses et en grappe plus courte; feuilles plus profondément crénelées; ailes de forme différente; trés belle espèce. 3. I. yunnanensis, sp. nov. Annua; caulis erectus, parce ramosus, praesertim apice pilis rufis ves- titus, parce ramosus. Folia alterna, longiter petiolata; limbus ovato-acu- minatus, basi integra breviter cuneatus, dentatus, strigis brevibus præ- sertim ad nervos conspersus, subtus glaucescens. Pedunculi axillares petiolo longiores, sæpius biflori, pedicellis brevibus; flores magni, sor- dide lutei; sepala 5, antica lineari-subulata, lateralia oblique ovata vel (1) Pour plus de brièveté, à l'exemple des auteurs du Flora of British India, j'ap- pellerai sépales (sepalum) les deux sépales latéraux et les deux sépales antérieurs lors- qu'ils existent; labelle (labellum) le sépale postérieur, toujours en forme de sac ou de casque renversé ; étendard (vexillum) le pétale antérieur; ailes (alæ) les deux pétales latéraux connés deux par deux. La fleur est décrite, non dans sa position normale, mais dans celle qu'elle présente, c'est-à-dire renversée. 446 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. suborbiculata; labellum profunde saccatum obtusum, calcare eylindrico convoluto duplo longius; vexillum late obcordatum, parum convexum cum appendice dorsali calcariformi ; alæ inæqualiter bipartitæ, segmento exteriore oblique triangulo, interiore obovato, basi constricto, apice leviter emarginato; capsula Iineari-oblonga. Caulis 15-40 cent.; petiolus foliorum inferiorum 12-18 mill., limbo 4-0 cent. longo, 20-25' mill. lato; flores 3-5 cent. longi, calcare 10-12 mill.; alæ fere 2 cent. longæ. Yun-nan, in monte Che-tcho-tze, supra Tapin-tze, in silvaticis fl. 23 aug. 1883. Assez voisin de l'J. porrecta, mais la-plante est plus ferme, les feuilles plus courtement pétiolées et plus fortement dentées ; les tiges sont pu- bescentes au sommet et les fleurs sensiblement plus grandes. L’1. Davidi, également assez rapproché, a les feuilles crénelées et non dentées, la plante est complétement glabre et molle, etc. 4. Impatiens dimorphophylla, sp. nov. Annua, gracilis, glaberrima ; caulis simplex vel parce ramosus erectus. Folia alterna tenuiter membranacea, flaccida crenato-dentata, basi glandulis pedicellatis ciliata, inferiora longe petiolata, ovata, inferne breviter attenuata, media et superiora (subsessilia) ovato-lanceolata acuminata, basi truncata vel leviter et late cordata. Pedunculi axillares, folio breviores, uniflori vel biflori ; bracteola sub flore ovata persistens; flores magni, lutescentes; sepala 3 (antica desunt ut videtur), lateralia late obovata vel subrotunda; labellum profunde saccatum, inflatum, apice obtusum, in calear breve recurvum, cylindricum, abrupte desi- uens; vexillum late obcordatum vel fere orbiculare, convexum cum crista dorsali secus nervum ; alæ integra, semiovate paulo infra basin constrictæ, apice breviter mucronatæ ; capsula anguste linearis. Caulis 1-2 pedalis; folia inferiora : petiolus pollicaris et ultra, limbo 5-1 cent. longo, 25-30 mill. lato; folia media et superiora : petiolus 9-10 mill., limbo 6-12 cent. longo, 15-30 cent. lato; pedunculus 1-3 cent.; flores 3 cent. longi ; sepala lateralia 5-7 mill.; calcar 4-5 mill.; capsula 3-5 cent. longa, 2-3 mill. lata. Yun-nan, in monte Che-tcho-tze, supra Tapin-tze; 3 oct. 1882 (Delav. Imp. n. 1). Assez semblable à lT. spirifer et à YT. Davidi : il diffère de l'un et de l'autre par ses feuilles moyennes et supérieures qui sont tronquées à la base ou légèrement cordiformes, les inférieures seules brièvement atté- nuées, v A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 447 5. K. procumbens, sp. nov. Procumbens, radicans, glaberrima; caulis ramosissimus longe pros- tratus ramos erectos producens. Folia alterna, petiolata, parva, inferiora ovala obtusa, superiora plus minus acuminala, subtus glaucescentia, crenulato-dentato, crenulis mucronulatis, ad basin parce glandulifera. Pedunculi axillares folio breviores, sæpius biflori, pedicellis elongatis, florem fere æquantibus; flores aurei, (neglecto calcare) paulo ultra semipollicares; bracteola sub flore nulla; sepala 3 (antica desunt ut videtur), lateralia oblique obcordata, subherbacea; labellum saccato- conieum, antice longe productum acuminatum, in calcar subulatum flore longius sensim desinens; vexillum late obcordatum, convexum; alæ inæqualiter bifidæ, lobis obovatis integris, exteriore fere triplo breviore; capsula linearis. Caulis 1-2 pedalis; petiolus circiter 1 cent., limbo 15-30 mill. longo, 6-12 mill. lato; flores circiter 15 mill., calcare 25-35 mill.; capsula 25 mill., 3 mill. lata. Yun-nan, secus rivulos in planitie Tali; 16 nov. 1885 (Delav. n. 1949). Bien caractérisé par ses tiges long t tr: tes, radicantes aux nœuds, émettant de nombreux rameaux redressés; par ses fleurs d'un jaune d'or, à long éperon subulé, presque droit. 6. E. divaricata, sp. nov. Rigida, glabra; caulis erectus, subsimplex. Folia subtus purpureo- tineta, papyracea, breviter petiolata (inferiora desunt), oblongo-lanceo- lata, basi lata leviter cordata glandulisque pedicellatis ciliata, argute serrata, dentibus mucronatis, apice longe acuminata. Pedunculi axil- lares, 2-4-flori, elongati, plus minus arcuali, pedicellis elongatis patentibus; bracteola lanceolata, sub flore persistens; flores magni, lutei (?) ; sepala 3 (antica non inveni), lateralia ovato-lanceolata; label- lum late concavum, antice producto acuminatum, apice obtusum, cal- care tenui, cylindrico, abbreviato; vexillum orbiculatum, parum con- vexum; ale semiobovatæ, lobo externo multo minore, interno apice rotundato vel vix emarginato; capsula elongata, plane linearis, semi- nibus glabris. Subbipedalis; folia 12-15 cent. longa, 25-30 mill. lata; pedunculi 4-6 cent.; pedicelli pollicares et ultra; flores 4 cent., calcare circiter 1 cent.; capsula 4-5 cent. longa, vix ultra 2 mill. lata. Yun-nan, in monte Che-tcho-tze, supra Tapin-tze; 3 oct. 1882 (Delav. Imp. n. 2). L'inflorescence diffuse, un peu divariquée, formée de pédoncules plus 448 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. ou moins arqués en dehors, divisés en 6-3 pédicelles allongés, quel- ques-uns étalés presque à angle droit, permet de distinguer facilement celte espèce ; ses feuilles sont également caractéristiques par leur forme non rétrécie à la base et légèrement en cœur, comme les feuilles moyennes et supérieures de PI. dimorphophylla ; elles sont bordées de dents de scie aigués et se terminent en long appendice caudiforme. T. Impatiens corchorifolia, sp. nov. Gracilis, glabra ; caulis erectus, simplex. Folia alterna breviter petio- - Tata, pallide virentia, anguste 1 lata, caudat inala, basi bre- viter attenuata et glandulis pedicellatis ciliata, argute et tenuiter serrata. Pedunculi axillares, abbreviati, uniflori, vel sæpius biflori; bracteola ovala, sub flore persistens; flores lutei, punctis purpureis adspersi, magni; sepala 3 (antica non inveni), lateralia late ovata vel subrotunda; labellum late conico. t apice obl , caleare brevi, reflexo, tenui; vexillum suborbiculatum; ale late semi-obovatæ, haud distincte lobatæ, paulo infra basin contracte, apice dilatatæ, latissime, truncatæ vel leviter emarginatæ ; capsula linearis. Pedalis vel paulo major; petiolus 5-11 mill., limbo 3-7 cent. longo, 8-20 mill. lato; pedunculi 5-15 mill.; flores 3 cent., calcare vix ultra 5 mill. Yun-nan, in silvis montis Ki-chan, propre Tali, alt. 2800 m.; 10 sept. 1884 (Delav. n. 1149). Voisin de Y'T. discolor Wall. (I. Hoffmeisteri Klotzsch), dont il n'est peut-être qu'une variété; il en diffère surtout par ses fleurs d'un jaune- soufre. 8. I. uliginosa, sp. nov. Succulenta, glaberrima ; caulis erectus inferne nudus. Folia anguste lata, nune | lato-linearia, in petiolum plus minus elongatum longiter vel longissime attenuata, apice sensim acuminata, excepta parte inferiore argute dentata, inferne glandulis sparsis pedicellatis ciliata, et præterea glandula crassa sessili depressa utroque latere ad basin petioli donata. Pedunculi axillares, caulis apicem versus approximati, nunc fere subumbellati, graciles, folium subæquantes vel superantes, pedicellis breviter racemosis ; flores purpurascentes (in sicco violacei); sepala 3, lateralia oblique ovata, crassa, virescentia; labellum antice porrecto acuminatum, saceato-conieum, in calcar longissimum subulatum leviter incurvum attenuatum ; vexillum alte concavum, late triangulare, dorso secus nervum incrassatum ; ale bifidæ, segmento externo duplo breviore, obovato, interno oblongo- obovato apice rotundato vel truncato; capsula lineari-oblonga. A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 419 Bipedalis et ultra; folia superiora (majora) 10-15 cent. longa, 8-15 mill. lata; pedunculi 6-12 cent.; pedicelli 15-18 mill.; sepala vix 4 mill.; flores 15 mill., calcare 25-30 mill.; capsula fere 2 cent. Yun-nan, 5 fossis semisubmersa, ad Mo-so-yn prope Lankong; fl., fr. 8 aug. 1885 (Delav. n. 1947). Belle espèce rappelant assez bien l’Hydrocera par son port et ses feuilles étroites allongées; ses fleurs sont assez semblables à celles de VI. leptoceras, mais plus grandes, moins nombreuses et en grappes plus courtes; la présence de 2 grosses glandes déprimées à la base des pé- tioles caractérise aussi trés bien I7. uliginosa parmi les espèces du groupe des Racemosæ auquel elle appartient, 9. I. angustiflora Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. I, 480. Yun-nan, in locis umbrosis. humidis ad collum Koua-la-po, alt. 2800 m.; fl. 27 aug. 1885 (Delav. sans n.). Forme à petites feuilles ovales lancéolées, longues de 3 à 6 cent. 10. I. radiata Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. I, 416; I. racemosa Hook. el Thomps. in Linn. Soc. Journ. IV, 147, non DC. nec Wall. Yun-nan, in silvis montis Ki-chan, prope Tali, alt. 2500 m. ; 10 sept. 1884 (Delav. n. 1150 et n. 1948). 11. X. stenantha Hook. fil. FI. of Brit. Ind. I, p. 418. Yun-nan, in silvis montis Koua-la-po; 20 oct. 1882 (Delav.). Les Impatiens des montagnes dominant le lac Tali présentent deux particularités intéressanles. La premiére, c'est que sur 11 espéces con- nues jusqu'ici, 3 présentent 5 sépales; on sait que l'existence des deux sépales antérieurs n'a été constatée que dans un trés petit nombre d'es- péces du genre, sans qu'on ait pu expliquer l'absence de ces deux sé- pales dans la grande majorité des Balsamines. C'est aussi seulement chez les Impatiens de cette région que j'ai constaté la présence d'une bractéole placée immédiatement sous la fleur, sans préjudice des bractées qui se trouvent normalement et d'une facon constante à la base de chacun des pédicelles, au moins avant l'anthése. Je ne trouve nulle part l'indication de l'existence de cette bractéole qui persiste jusqu'à la maturité des capsules. : RUTACEÆ BGNNINGHAUSENIA Reichb. 1. B. albiflora Reichb. Consp. regn. veget. p. 197; Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. p. 450; Franch. Pl. David. p. 66; Forbes et Hemsl. Jnd. Fl. Sin. p. 102. B T. XXXIII. (SÉANCES) 29 450 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. a. brevipes. — Ovarium subsessile, stipite 1 mill. longa, vel subnulla; freticulus ramosissimus, 50-60 cent. alt. Yun-nan, in rupibus calcareis ad fauces montis Pee-cha-ho, prope Lankong, alt. 2200 m.; fl. fr. 31 aug. 1884 (Delav. n. 128); ad rupes montis Mao-kou-tchang, supra Tapin-tze; 29 aug. 1883 (Delav. sub : Ruta alba). 8. longipes. — Ovarium longe stipitatum, stipite 5-8 mill. longa; fru- ticulus ramosus, 50-80 cent. altus. Yun-nan, in silvis ad fauces montis San-tchang-kiou, prope Hokin, alt. 9300 m.; 27 aug. 1884 (Delav. n. 127). ZANTHOXYLUM L. 1. Z. acanthopodium DC. Prodr. II, p. 727; Hook. fil. Fl. of Brit. Ind., I, p. 493; Z. hostile Wall. Cat. n. 1210. Yun-nan, in monte Mao-kou-tchang, supra Tapin-tze ; fl. 29 aug. 1883 (Delav.). Fleurs en cymes agglomérées presque sessiles. 2. Z. alatum Roxb. Fl. Ind. Ill, p. 768; Hook. fil. FI. of Brit. Ind. I, 4635 Hemsl. et Forbes, Ind. Fl. Sin. p. 105. — forma subtrifoliolata. — Folia sepius unijuga, foliolis obovatis vel oblongo-obovatis apice obtusis vel rotundatis. Yun-nan, in silva Tchin-theou-yun dicta, prope Tapin-tze ; fr. 9 maj. 1804 (Delav. n. 777); in monte Mo-che-tzin supra Tapin-tze, alt. 1500 m.; fl. 14 april. 1884 (Delav. n. 895). Arbrisseau de 2 à 3 métres; feuilles et fruits à odeur àcre quand on les froisse; fleurs rougeàtres; fruit noir; graines d'un rouge brillant. Les Chinois appellent cette plante : Hou-tsia-chou (poivre fleuri); ils en em- ploient la graine comme condiment, en guise de poivre (Delavay). 3. Z. exyphyllus Edgw., in Trans. Linn. Soc. XX, p. 42. Yun-nan, in silvis, ad fauces montis Pee-cha-ho, prope Mo-so-yn ; fl. 23 april. 1884 (Delav. n. 829). 4. Z. nitidum DC. Prodr. I, 727; Maxim. Mél. biol. VIII, p. 2; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 106. Yun-nan, in monte Mao-kou-tchang, supra Tapin-tze; fr. 29 aug. 1883 (Delav.); ad fauces montis Pee-cha-ho, ad Mo-so-yn, prope Lankong, alt. 2200 m.; fl. 23 april. 1883 (Delav. n. 792). $ Fleurs d'un brun rougeâtre; port du Rosa canina; c'est Pun des A. FRANCHET, — PLANTAE YUNNANENSES. 451 Zanthoxylum que les Chinois appellent Hou-tsiao, et dont ils utilisent les graines comme condiment. Les spécimens envoyés par M. Delavay tit probabl t une forme particulière à folioles largement quete ou même presque arrondies, assez courtes, d'abord légèrement p tes, mais d t avec l’âge tout à fait glabres et luisantes. SKkIMMIA Thunb. 1. S. Laureola Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. I, 499. Anquetilia Laureola Decne in Jacqm. Voy. p. 161, tab. 161. Yun-nan, in dumetis ad basin montis Tsang-chan supra Tali, alt. 2500 m.; fl. 20 april. 1886 (Delav.). CoRIARIA Nissol. 1. €. nepaulensis Wall. Pl. As. rar. IIl, tab. 289; Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. M, p. 44. Yun-nan, in silvis ad Houang-li-pin, supra Tapin-tze; fl. 27 april. 1883 (Delav. n. 543 bis et 156). SIMARUBEÆ Picrasma Bl. 1. P. quassioides Benn. PI. Jav. rar. p. 198 et in Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. 1, 518. Yun-nan, in silvis ad fauces San-tchan-kiou, prope Hokin, alt. 2400 m.; fl. 22 maj. 1884 (Delav. n. 1073). Ditfère de la plante de l'Himalaya seulement par ses filet staminaux qui sont plus courts que la corolle; sépales lancéolés, ciliolés, corolle un peu poilue extérieurement. MELIACEÆ MunroniA Wight. 1. M. Delavayi, sp. nov. Fruticulus humillimus, in omnibus partibus preter corollam adpresse Folia petiolata, supra glabrescentia , subtus dense pubes- centia, 2-4 juga, foliolis sülenssilibus; parvis, polymorphis, nunc fere orbiculatis, nune obovatis, inferne integris, superne incisodentatis. impari usque triplo majore nunc e basi cuneata integra parte superiore profunde dentato vel etiam subpinnatifido. Pedunculi axillares uniflori usque 452 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. > 2-5 flori; pedicelli breves, bracteolati; calyx ad basin 5-partitus, lobis minutis lineari-lanceolatis; corolla alba glabra, tubo filiformi elongato, lobis paulo inæqualibus, oblongis vel obovatis plus minus acutis vel acu- minatis; tubus stamineus integer corolla paulo brevior ; capsula depresse globosa, in pedicello areuato subcernua, pilosula. Caulis 4-5 poll.; foliola 1-2 cent., terminali usque 6 cent. longo; corollæ tubus vix 1 mill. diam., 2-4 cent. longus, lobis 10-12 mill.; ca- lyeis lobi 2 1/2 mill.; capsula 6 mill. diam. Yun-nan, in rupibus secus viam ad Ta-kouan; fl. maj. 1882 (Delav. n. 251 et 502 bis); in lapidosis secus torrentem prope Tali; fl., fr. immat. jun. 1884 (Delav. n. 200). Petite espèce bien caractérisée par le long tube filiforme de sa corolle, ainsi que par la forme et le nombre de ses folioles; elle a le port du M. pumila Wight, qui wa que 3 ou 5 folioles et dont la corolle est d'une forme différente. CEDRELA L. 1. €. Toona Roxb. Plant. corom. p. 34, tab. 238; C. de Cand. Monogr. phaner. 1, p. 144. — var. pubescens. — Folia ad rachin et foliola præsertim subtus ad nervos puberula ; capsula juvenilis late ovata, apice rotundata. Yun-nan, in silvis ad Tapin-tze, prope Tali; fl. 6 — fr. 5 maj. 1884 (Delav. n. 901). Grand arbre à beau bois rouge, excellent pour la menuiserie, connu des Chinois, sous le nom de Hong- liesse (Melia rouge). ILICINEÆ ILex L. 1. I. corallina, sp. nov. Frutex ramosus, omnibus partibus glaber, cortice lenticelloso ; gemmæ gluti Folia petiolata, mox coriacea, ovato-lanceolata, breviter acu- minata, basi subrotunda vel leviter producta, nunc subintegra, sæpius argute et subtiliter denticulata. Flores masculi et feminei in cymas axil- lares congesti, eymis subsessilibus, 8-10 floris ; pedicelli breves bracteolis late ovalibus vix duplo longiores; calycis lobi ovati, ciliolati; petala libera; stamina exserta; drupæ corallino-rubræ, parvæ, ovato-globosæ, ad maturitatem 8-sulcatæ; pyrenæ 3 vel 4, liberæ, lenticulares, dorso oblique 4-sulcatæ, cum costulis totidem acutis. Frutex 3-4 metralis ; folia 5-8 cent. longa, 15-25 mill. lata, petiolo cir- citer 1 cent.; pedicelli vix 3 mill.; drupæ 2 4/2 mill. diam. —————————— A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 453 Yun-nan, secus torrentes supra Ta-mi-tang, prope Ta-li ; fl. fr. 17 april. 1884 (Delav. n. 927). Ce Houx ressemble beaucoup à PI. cinerea Champ., dont il a les feuilles, l'inflorescence et les pétales libres ; mais il en parait trés dis- tinct par la petitesse de ses fruits. 2. I. Aquifolium L. Sp. pl. ed. 1, p. 125. Su-tchuen, ad Koui-fou, fl. 22 mart. 1882 (Delavay). Forme à feuilles ondulées bordées de grosses dents épineuses, el tout tout à fait semblable à la plante d'Europe. Loureiro a signalé, en Cochin- chine, sous le nom d’Z. Aquifolium, un Houx qui ne paraît pas avoir été retrouvé et sur l'identité duquel on ne saurait rien dire. Hance (Journ. of bot. vol. 14, p. 364) parle aussi d'un Jex qu'il aurait recu plusieurs fois des environs de Canton, et qu'il ne sait comment distinguer de l'es- péce d'Europe; mais MM. Forbes et Hemsley, qui ont vu la plante de Hance, assurent qu'elle ne peut être assimilée à l'7. Aquifolium, à cause de sa pubescence, de la présence de stipules, elc. CELASTRINEJE Evonvuus L. 1. E. ilicifolia, sp. nov. Frutex glaber, ramosissimus, ramis cylindricis. Folia persistentia, co- riacea, glauca, lucida, ovata vel ovato-lanceolata, breviter petiolata, nervorum reticulo elevato, margine leviter remote dentata, dentibus spi- nulosis. Pedunculi folio breviores, triflori, pedicellis elongatis; flores quadrimeri ; calycis lobi brevissimi, late rotundati; petala...5 stamina...; capsula immatura Pisi mole, subintegra. Frutex 2-4 metr.; petiolus 3-5 mill.; limbus 3-5 cent. longus, 15-25 mill. latus; pedunculi circiter 2 cent. longi, sepius abortu uniflori. Yun-nan, in silva Ta-long-tan, prope Tapin-tze; fruct. immat., 3 mart. 1886 (Delay. n. 1932). Port d'un Tex Aquifolium très glauque et à feuilles peu profondément dentées-spinuleuses. L'E. ilicifolia parait constituer une espéce trés distincte, du groupe de PE. japonica Thunb. 2. E. amygdalifolia, sp. nov. Frutex glaber, ramosus; rami virgati, vetusti lenticellis conspersi, juniores obscure quadrialati. Folia breve petiolata, tenuiter papyracea, e basi att la anguste ] lata, plus minus acuminata, argute denti- 454 A. FRANCHET. — PLANTJE YUNNANENSES. culata, subtus pallidiora. Cymæ paucifloræ ; pedunculi filiformes, foliis breviores, triflori vel rarius dichotomi, pedicellis divaricatis ; flores atro- purpurei, tetrameri, nunc fere 1 cent. diam., nunc sensim minores; se- pala rotundata, albo-marginata, apice retusa, vel etiam biloba; petala calyce triplo vel quadruplo longiora, late obovata. unguiculata, margi- nibus undulatis ; antheræ lutescentes, filamentis subnullis ; fruetus... Frutex 2-4 metr.; petiolus 5-10 mill.; limbus 4-8 cent. longus, 1-2 cent. latus; pedunculi 1-2 cent., pedicellis 6-8 mill. Yun-nan, in dumetis montis Tsan-chan, supra Tali, alt. 3000 m.; 10 jun. 1885 (Delav. n. 1891). Espéce bien caractérisée par ses fleurs d'un pourpre noir; par ses pé- doncules et ses pédicelles très gréles, vraiment filiformes; par ses feuilles étroitement lancéolées; elle rappelle assez bien PE. melanantha Franch. et Sav., dont les feuilles sont plus larges, arrondies à la base, mais qui présente égal t des péd les filiformes et des pédicelles divariqués, tels qu'on n'en trouve jamais chez VE. europea et PE. Ha- miltoniana. 3. Évonymus grandiflora Wall. et Roxb. Fl. Ind. ed. Carrey, II, 404; Laws. in Hook. fil. Fl. of Brith. Ind. 1, 608. Lophopetalum grandiflorum Arn. in Ann. hist. nat. III, 151. Yun-nan, secus flumen ad Tapin-tze ; fl. 43 april. 1884 (Delav. n. 892 et 1510) ; fruct. 7 jun., eodem loco "1 1015); in silvis ad Ou-tchang ; 18 maj. 1882 (n. 559). Feuilles opposées, assez coriaces, largement ovales ou obovées, plus rarement lancéolées, atténuées aux deux extrémités; fleurs normalement tétramères ; pétales fortement plissés en dedans sur toute leur surface; 10-12 ovules dans chaque loge de l'ovaire ; fruits à 4 angles comprimés arrondis, 4. E. yunnanensis, sp. nov. Fruticulus; rami angulati, glabri. Folia alterna, eximie glauca, crasse coriacea, reticulo nervorum elevato, breviter petiolata, e basi longe cu- neata obovata, apice obtusa vel rotundata, nune oblonga apice breviter attenuata et acuminata, obsolete crenulata, nervo marginali crasso. Pedun- culi sæpius foliis longiores, subtriflori, bracteolis parvis, ovatis; flores albo-virides, pent i receptaculo latissimo, subhæmispherico ; calycis lobi breves, late rotundati ; petala suborbiculata, bo 4-plo eoi levia, margine leviter undulata; discus p brevia: ovula 4-6 in quoque loculo. Fruticulus 1-1,50 metr.; folia 3-8 cent. longa (incluso petiolo 4-8 mill.), v ; A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 5 20-15 mill. lata; pedunculi 1-2 poll.; pedicellis 10-15 mill.; flores diam. 15-12 mill. Yun-nan, in pratis et dumetis ad Mo-chi-tchin, supra Tapin-tze, prope Tali; fl. 9 april. 1885 (Delav. n. 1527). Facilement distinet de l’espèce précédente par ses feuilles alternes et ses fleurs pentaméres. 5. E. linearifolia, sp. nov, Fruticulus humilis glaber, totus glaucescens, parum ramosus vel sim- plex, virgatus ; rami striato-angulati. Folia alterna, anguste linearia vel lineari-oblonga, nervo medio elevato, marginibus revolutis, subtiliter et remote calloso-denticulatis. Pedunculi elongati, striati, haud raro abortu uniflori, nunc triflori, bracteolis parvis lanceolatis, axillares, sepius ra- morum apicem versus congregati, quasi verticillati ; flores pentameri illis E. yunnanensis simillimi ; pun in quoque loculo 6-10. Fruticulus circiter 1 m. altus, pennæ anserinæ crassitie; folia 6-10 mill. longa, 2-5 mill. in parte latiore lata. Yun-nan, in pratis et dumetis ad Mo-che-tchin supra Tapin-tze, alt. 1500 m.; fl. 15 april. 1884 (Delav. n. 921 et 1527 bis). Espéce bien caractérisée par ses feuilles linéaires ; port d'un Asclepias à feuilles trés étroites. CELAsTRUS L. 1. €. emarginata (1) Roth, Nov. sp. 155; Gymnosporia emargi- nata Laws. in Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. I, 621. Yun-nan, in sepibus ad Tapin-tze; fl. fr. 4 maj. 1884 (Delav. n. 882 et 1011). 2. €. racemulosa, sp. nov. rant Alte scandens, caule crasso; rami lenticellis conspersi, glaberrimi. Folia glabra, membranacea, late viridia, petiolata anguste 1 lat utrinque attenuata, acuminata, tenuiter denticulata. Cymæ 3-5 flore, fere e basi ramulorum ortæ, axillares, breviter pedunculatæ, superiores in racemum elongatum nudum ordinate, pedicellis flore longioribus; sepala ovato-oblonga, apiee rotundata; petala calyce duplo longiora; discus cupularis, 5-lobus ; stylus trifidus; fructus ignotus. Petiolus 10-12 mill. longus ; limbus 6-8 cent., 15-20 mill. latus; pe- dicelli 6-8 mill.; flores 5 mill. diam. Yun-nan, in faucibus montis Pee-chan-men prope Mo-so-yn, alt. 2200 m.; fl. 23 april. 1884 (Delav. n. 824). (1) D’après M. Franchet, Celastrus serait un nom féminin. (Vote du Secrétariat.) Ll. peas = OQ. free ter ("G-e4.à X, eta 456 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Voisin du C. paniculata et du C. stylosa Wall., il diffère de l'un et de l'autre par ses feuilles beaucoup plus étroites et par son inflorescence. RHAMNACEÆ Zizvpuus Le 1. Z. vulgaris Lamk, Dict. III, p. 316; Hook. fil. Flor. of Brit. Ind. 1, 632; Forbes et Hemsl. Syn. Fl. Sin. p. 126. Yun-nan, in sepibus ad Tapin-tze, prope Tali, fortasse culta; fl. 5 maj. 1884 (Delav. n. 740); fr. 5 jun. 1884 (Delav. n. 1007). PALIURUS 1. P. ramosissima (1) Poir. in Lamk. Encycl. Suppl. IV, p. 262; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 126; P. Aubletia Schult.; Franch. Pl. David. p. 11; Maxim., Mém. Acad. des Sc. de St-Pétersbourg, 1° série, X, p. 2. Yun-nan, in monte Pi-iou, supra Tapin-tze; fl. 11 jun. 1883 (Delav. n. 239); in silvis montanis ad Tali; fruct. 18 aug. 1884 (Delav. n. 1050). BercuemiA Neck. 1. B. flavescens Wall. Cat. 4255; Laws. in Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. Y, p. 631. Yun-nan, in faucibus San-tehang-kiou, prope Hokin, alt. 2400 m.; fl. 27 maj. 1884 (Delav. n. 1074). 2. B. yunnanensis, sp. nov. Frutex perfecte glaber, ramosissimus, cortice fusco. Stipule membra- naceæ, fulvæ, lineari-subulatæ, petiolo vix breviores, deciduæ; folia petiolata, ovata, vel ovato-lanceolata, basi obtusa, apice rotundata vel brevissime producta, mucronulata, nervis 8-12. Racemi terminales, cylindracei, simplices, e cymis 3-5 floris subsessilibus constantes; pedi- celli floribus subæquilongi; sepala deltoidea acutissima; petala calycem æquantia, obtusa ; stamina petalis vix breviora ; fructum non vidi. Frutex 2 metr. altus; petiolus vix 4 cent.; folia 2-4 cent. longa, 20-25 mill. lata; racemi pollicares. Yun-nan, in silvis ad Hee-chan-men supra Lankong ; fl. 25 maj. 1883. Espéce assez bien caractérisée par sa grappe courte et cylindrique; les feuilles sont semblables à celles du B. polyphylla; mais dans ce dernier les grappes de cymes sont axillaires. (1) L'auteur considère Paliurus comme un nom féminin (Note du Secrétariat.) A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 451 RHamnus L. 1. R. virgata Roxb. Fl. Ind. IT, p. 551. — var. silvestris Maxim., Mém. Acad. Imp. des Sc. de St-Péters- bourg, X, p. 13. R. dahuricus Laws. in Fl. of Brit. Ind. I, p. 639, non Pallas. Yun-nan, ad Tapin-tze, in silvis; fl. 9 maj., fr. 28 oct. 1884 (Delay. n. 739). 2. R. hirsuta W. et Arn., Prodr. 165. R. dahuricus var. hir- sutus Laws. Fl. of Brit. Ind. I, 639. Yun-nan, in collibus circa Tapin-tze; 16 mart. 1883 (Delav. Rham- nus, n. À). 3. R. persica Boiss. FI. Or. III, p. 17; Laws. in Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. Y, 638. Yun-nan, in lapidosis et incultis ad Mo-so-yn, prope Lankong; fl. 22 april. 1884 (Delav. n. 885 et 817). Varie à tige et à rameaux trés raccourcis, formant un petit buisson de 10 à 15 cent., ou à tige plus élancée et à rameaux dressés, atteignant jusqu’à 80 cent.; feuilles finement pubescentes en dessous. AMPELIDEÆ (1). Viris. Tournef, Flores polygamo-dioici, pentameri. Corolla calyptrata semina piri- formia, foveolis ventralibus brevibus. 1. V. Thunbergii Sieb. etZucc. Fl. jap. Fam. nat. n° 12; Planch. in Alph. DC. Suites au Prodr. V, p. 333. Yun-nan, in silvis ad Tapin-tze, propre Tali; fl. 5 maj. 1884 (Delav. n. 119). Tiges sarmenteuses, trés longues. Fruit noir, de la grosseur d'un pois, d'un goüt fade. Forme à feuilles découpées en 5 ou 3 lobes, ceux-ci acuminés aigus. Duvet du dessous de la feuille couleur nankin. Grappes de fleurs màles dépassant parfois la longueur de la feuille opposée. — var. yunnanensis. — Foliis ovatis v. oblongo-ovatis basi leviter (1) Auctore D" J.-E. Planchon, Facult. med. monspess. bot. professor. 458 A. FRANCHET. — PLANTAE YUNNANENSES. cordatis vel subtruncatis plerisque indivisis, nune paucis supra medium inciso-subtrilobis. In eodem loco, in silvis et dumetis; fruct. 5 jun. 1884. 2. vitis flexuosa Thunb. Trans. Linn. Soc. 11,332. — var, 4. parvifolia, Planch. loc. cit., p. 348; V. parvifolia Roxb. Yun-nan, in dumetis ad Tapin-tze, prope Tali ; fr. 5 jun. 1884 (Delav. n. 1009, 710). ` Commune partout. Fleurs jaunâtres. Fruit de la grosseur d'une groseille rouge, noirs, aigrelets, bons à manger. Quelques missionnaires en font du vin. AmPELocissus Planch. (Vitis et Cissus, sp.). Flores hermaphroditi vel polygami-monoici. Petala 5 (rarius 4) stella- tim patentia. Discus 1O-striatus. Stigma indivisum. Semina plus minus navicularia, facie late bisulca. 1. A. artemisiæfolia Planch. in Alph. DC. Suit. au Prodr. V, p. 311. Scandens cirrosa tota griseo-tomentosa (novellis rufidulis), foliis breviter petiolatis alte trisectis segmentis dissectis divisuris extremis inciso-dentalis, cymis longe pedunculatis cirriferis multifloris floribus congestis sicut pedicelli glaberrimis purpureis, baccis immaturis ovoi- deis Piso subæqualibus basi disco circulari adnato 10-sulco stipatis. Yun-nan, in silvis ad Che-tong, prope Tapin-tze, 6 jul. 1884 (Delav. n. 1817). Plante des plus remarquables. On pourrait croire, d'aprés son feuillage, que c'est un Ampelopsis. Mais son inflorescence, son disque à peine adné et à dix stries, en font un Ampelocissus allié à l'Ampeloci. tomen- tosa de l'Inde. TETnAsTIGMA Miquel (sub Vite); Planch. Flores polygamo-dioici. Petala 4-5-libera. Stigma dilatatum 4-lobatum vel 4-partitum. Semina facie sæpe unisulca. Cymæ sepius false axillares. 1. ? T. obtectum Planch. (? Cissus obtecta Wall.; Vitis obtecta Laws. in Hook. et Thoms. Fl. of Brit. Ind. I, p. 0512). Planta ramis gracilibus diffusis, repentibus, pilis flaccidis simplicibus albidis v. roseis hirtellis; cirri parvi, crebri parce ramosi, ramis in tuberculum plus minus cupulatum inflatis. Folia crebra, parva, densa, 5-foliolata, foliolis cuneato-obovatis, inter se non valde inæqualibus, A. FRANCHET. — PLANTE YUNNANENSES. 459 5-8 mm. longis, petiolis foliolo terminali brevioribus, hirtellis. Stipulæ membranaceæ, scariosæ, rufæ v. roses, respectu folii amplo. Inflores- centiæ femine: : umbell simplices, 5-8 floræ pedunculo folium exce- dente, pedicellis flore longioribus. Petala viridescentia (?) extus sub apice vix obtuse-mucronata. Ovarium ovatum, in stylum brevem attenuatum. Stigma quadripartitum v. quadrifidum, laciniis patentibus. Yun-nan; Rochers in rupibus adumbratis montis Mao-kou-tchang, Tapin-tze; 22 aug. 1883 (Delav. n. 534). C'est avec quelque hésitation que je rapporte au Tetrastigma obtectum de l'Himalaya l'élégante plante de M. l'abbé Delavay. Je n'ai pas vu d'exemplaire authentique de ce type himalayen : mais un échantillon un peu moins microphylle que celui du Yun-nan a été recueilli dans le Kouy- tcheou, en Chine, par M. le vicaire général Perny. Pour la description détaillée de la plante du Yun-nan, voyez De Candoile, Suites au Prodr, V, p. 434. 2. T hypoglaucum Planch. in Alph. DC. Suites au Prodr. V, p. 433. Cirrosum scandens glaberrimum, foliis petiolatis 5-foliolatis (non pedatis), foliolis subsessilibus lanceolatis acuminatis remotis, serratis tenuiter coriaceis subtus glaucis, cymis multifloris, floribus in pseudo- umbellas congestis, petalis 4 extus apice breviter mucronulatis, baccis globosis circiter grano piperis mole, monospermis. Yun-nan, prope Tapin-tze, in silvis, 11 maj. 1885, specimen masc. (Delav. n. 1816); Tali, in regione montana, specimen fruct. (Delav.). Cette charmante espèce rappelle au premier abord le Tetrastigma serrulatum de l'Himalaya, mais ses feuilles non pédalées suffiraient seules à l'en distinguer. AuPELOPSIS Michx (pro parte); Rafinesque.; Planch. Flores polygamo-monoici. Petala 5 (rarissime 4) expansa. Discus annu- laris, ad basim fructus persistens. Stigma indivisum. 1. A. tomentosa Planch. Cirrosa, diffuse scandens, tota (pedicellis floribusque exceptis) to- mento griseo v. griseo-rufidulo (e pilis simplicibus) interdum deterso velutina, ramis ramulisque striatis, foliis e basi late triangulari v. sub- truneata rhombeo-ovatis sæpius trilobis (lobis grosse dentatis, v. sinuato- crenatis nunc obtuse incisis) crassiusculis trinerviis, cymis terminalibus - v. oppositifoliis longe pedunculatis dichotome divisis ramis in cymulos divisis extremis sepe recurvis, floribus pedicellatis lutescenti-brunneis, 460 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. baccis globosis Pisi circiter mole cæruleis bilocularibus 2-3-spermis, se- minibus late trigono-ovatis breviter rostratis facie obtuse carinatis levi- bus, foveolis ventralibus 2 brevibus, disco chalazico dorsali vix conspicuo. Yun-nan, in silvis et pratis ad Tapin-tze, prope Tali; fl. 5 maj. 1884 (Delav. n. 773). Fleurs brun-jaunàtre, fruit bleu, d'un goût fade sucré. Tiges petites, tendres, sarmenteuses, longues de 0",50 à 17,50 (Delav.). Espèce très distincte. 2. Ampelopsis Del y Planch. loc. cit., p. 458. Cirrosa, scandens, caulibus vetustis crassis peridermide extus grisea demum plus minus rupta vestitis, ramis annotinis gracilibus angulato- striatis glabris v. puberulis, foliis petiolatis tri- v. quinquefoliolatis foliolis basi cuneato-angustatis sessilibus externis valde inæquilateris rhomboideo-semi-ovatis terminali intermediisque lanceolatis omnibus crenato-serratis rigide membranaceis exsiccatione fusco-viridibus, cymis oppositifoliis v. terminalibus longe pedunculatis dichotome divisis co- rymbiformibus, floribus pedicellatis glabris virid tibus, baccis glo- bosis circiter Pisi mole cæruleis bilocularibus 2-3-spermis seminibus breviter trigono-ovatis basi acutis non rostratis levibus facie carinatis et bifoveolatis dorso tuberculo chalazico spathulato ultra dimidium longitu- dinis producto ornatis. Yun-nan, in silvis ad Tapin-tze, prope Tali; fl. 4 maj. 1884 (Delav. n. 711). Fruit bleu, de la grosseur d'un Pois, non comestible. Ibid. 4 nov. 1884, en fruit (Delav.). Espèce trés distincte. Le nombre de folioles est le plus souvent de trois seulement, mais il peut être aussi de cinq. C'est peut-être à cette espèce que se rapporte un échantillon stérile d'une plante récoltée en 1858, dans la province chinoise de Kouy-tcheou, par M. l'abbé Perny, et dont j'ai vu l'échantillon dans l'herbier du Muséum. 3. A. cardiospermoides Planch. Cirrosa, diffuse scandens glaberrima, ramis gracilibus striatis, foliis sepius breviter petiolatis pedato-septenis v. biternato-novem-foliolatis supremis 4-5-foliolatis foliolis lineari- vel subrhomboideo-oblongis acutis grosse subinciso vel crenato-serratis exsiccatione supra saturate subtus pallide viridibus, cymis axillaribus v. terminalibus longe pedunculatis, corymbiformibus ramis expansis multifloris floribus pedicellatis, baccis immaturis globosis circiter Pisi mole, 2-3-spermis. Yun-nan, in declivibus montis Pe-ngay-tze, supra Tapin-tze, 14 jul. | | ! | A. FRANCHET. — PLANTE YUNNANENSES. 461 1884 (Delav. n. 1816). Ibid. in silvis ad Nien-kie-tze, prope Tapin-tze ; 22 avril 1885 (Id. ibid.). — Flores virescentes. Trés jolie espèce remarquable par la briéveté de ses pétioles et par les dents de ses folioles qui rappellent celles des Corchorus. Sur les ra- meaux stériles les feuilles d'en bas ont parfois le pétiole assez allongé (2-3 centim.). SAPINDACEÆ Pancovia Willd. 1. P. Delavayi, sp. nov. Arbor excelsa; rami floriferi puberuli, cinerascentes, striato-sulcati. Folia alterna, abrupte pinnata, rachi tenuiter pubescente; foliola 5-7 ju- gata, subopposita, firmiter papyracea, jt enut e basi rolun- data vel parum attenuata inæquilateraliter ovat præsertim subtus ad nervos parce pilosula, cæterum glaberrima, nervis secundariis parallelis 13-15, reticulo nervulorum elevato. Inflorescentia pyramidata, ramis tenuiter pubescentibus, floribus racemoso-cymosis ; pedicelli breves, bracteolis lanceolatis, minutis; flores albi ; calyx 5-se- palus, sepalis extus glabrescentibus vel pilis raris conspersis, margine ciliolatis, inæqualibus, scilicet 2 exterioribus minoribus, ovato-rotun- datis, 2 interioribus fere duplo majoribus, altero quasi intermedio; pe- tala 4, inæqualia, calyce subduplo longiora, squamulala; squamula paulo supra basin petali orta illoque vix latior et triente brevior, oblonga, apice crebre et longe crinito-fimbriata; discus unilateralis, 10-lobatus, lobis rotundatis alternatim minoribus; stamina 8, petalis vix breviora, fila- menlis e basi latiore subulatis, pilosis, intra discum ad basin ovarii inserta, inæqualia; ovarium glabrum, sessile, obcordatum, trilobatum, triloculare, loculis uniovulatis; stylus brevis apice obscure lobatus; drupæ sphæricæ, 2 fere abortivæ; semen nigrum. Folia semipedalia vel paulo ultra pedalia, foliolis majoribus tripolli- caribus, petiolis 6-18 mill. longis; petala 4-5 mill.; drupæ lobus evolutus 15-18 mill. diam. Yun-nan, in silvis ad Tapin-tze; fl. 6 maj. 1884 (Delav. n. 134). Assez voisin du P. Rarak H. Baill. (Dittelasma Rarak Hook.), mais neltement différent par ses fleurs plus grandes, glabrescentes ou glabres et non pas couvertes d'un tomentum roux, par ses folioles moins nom- breuses, etc. Les fruits ressemblent tout à fait à ceux du Sapindus Sa- ponaria. L'arbre est appelé dans le pays Tie-ouasse-tze-chou; le fruit sert à laver le linge en guise de savon (Delav.). ji 462 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Y DELAVAYA, gen. nov. Flores hermaphroditi, 5-meri, regulares; sepala inæqualia, exteriore minore, interiore sensim majore; petala cum sepalis alternantia, infra discum inserta, intus basi squamulata; discus evolutus, cupularis, mar- gine undulatus, intus octoradiatus; stamina 8 subæqualia, hypogyna, filamentis elongatis, antheris introrsis; ovarium subglobosum, apice breviter attenuatum, triloculare, « loculis biovulatis, ovulo altero ascen- dente, altero descendente, funiculo in arillam dilatato » (H. Baillon) ; stylus subnullus; capsula lignosa, modice, inflata, compressa, profunde biloba, lobis obovatis plus minus arcuato-divergentibus ; semen in loculo solitarium, subglobosum. — Arbor, foliis alternis trifoliolatis; racemi axillares, sæpius abbreviati. À genere proximo Harpullia differt : disco evoluto cupuliformi intus radiato; pelalis squamulatis; capsula indurata, lignosa; foliis digitato- trifoliolatis. 1. D. toxocarpa, sp. nov. Frutex vel arbor mediocris, glaber, cortice fusco-rubro pruinoso. Folia longe petiolata trifoliolata ; foliola coriacea, glaberrima, lucida, lateralia subsessilia, impari longiuscule petiolulata, e basi breviter attenuata lan- ceolato, longe acuminato, dentato, dentibus incumbentibus eallose mu- cronulatis ; nervi secundarii 16-22, (ere sub angulo recto patentes, reti- culo nervulorum elevato. Inflorescentia axillaris, cymoso-racemosa , racemis laxifloris folio: brevioribus; flores albi pedicellos æquantes; sepala glabra, exteriora concava, orbiculata, interiore majore obovato; petala oblonga vel obovata (in eodem flore), calyce triplo longiora, glabra, intus ad basin squamulata, squamula petalorum vix dimidium æquante, oblonga, apice truncata, inciso-fimbriata, cristisque aucta; stamina petala subæquantia vel illis paulo longiora, filamentis glabris, inferne paulo attenuatis; stylus brevissimus; capsula lignosa, rubro-fusca, inter calycem paulo accretum stipitata, fere ad basin usque biloba, lobis æqua- libus, obovatis, apice rotundatis plus minus divergentibus, sursum ar- cuatis, stylo accreto indurato inter lobos persistente; semina magna, subsphærica, exalbuminosa, nigra, lucida, in quoque loculo solitaria. Arbor 7-8 metr.; petiolus pollicaris et ultra; foliola 2-3 poll., impari majore usque 6 poll.; flores 6-7 mill.; capsula circiter 3 cent. lata, lobis 15-20 mill. longis, fere 4 cent. apice latis; semina 10-42 mill. diam. Yun-nan, in silvis regionis calcareæ circa speluncam Che-tong dic- lam, prope Tapin-tze ; fl. 6 april.; fr. 6 jul. 1885 (Delay. n. 903). Toutes les fleurs présentent en méme temps des étamines et un ovare A. FRANCHET. -— PLANTÆ YUNNANENSES. 463 ovulifére qui semble normalement constitué ; il est néanmoins probable qu'il ne se développe qu'un trés petit nombre de fruits dans chaque pani- cule. Les folioles out la consistance de celles du Harpullia alata, mais elles sont bordées de dents plus réguliéres. K ŒLREUTERIA Laxm. 1. K. bipinnata, sp. nov. Arbor excelsa. Folia ampla, bipinnata, glahra præter rachin antice ad insertionem petiolorum partialium lanuginosam ; foliola 8-10 jugata, subcoriacea, inæqualiter | ovata, abrupte acuminata, dentata, dentibus parvis i bentibus, vix inæqualibus ; panicula amplissima, ramis diva- ricatis pedicellisque breviter fahe teithe flores lutei ; calyx ultra medium 5-partitus, lobis oblongis, obtusis, breviter et rigide ciliatis ; petala oblongo-lanceolata, acuta, calyce 5-plo longiora, parum patentia; lamina in unguem lanuginosum contracta, squamula ovata minima bifida ad basin aucta; discus unilateralis, depressus, lobatus ; sta- mina petalis subbreviora, filamentis longe pilosis; ovarium oblongum, pubescens; capsula breviter ovata, ille K. paniculatæ similis, sed paulo brevior. Arbor 20 metr.; folia 6-7 decim. longa et fere lata, foliolis 1 1/2-2 1/2 poll. longa, petiolulis 3 mill.; petala fere 1 cent.; capsula vix 3 cent. Yun-nan, in silva Ta-long-tan, supra Tapin-tze; fl. 26 jul., fr. mat. 3 mart. 1886 (Delav. n. 1810). Trés bel arbre à grandes panicules de fleurs jaunes, bien différent de la seule espèce connue du genre, par ses feuilles bipennées, à folioles coriaces finement dentées et tout à fait glabres. Doponæa L, 1. D. viscosa L. Mantissa IT, p. 228; Hook. fil, Fl. of Brit. Ind. I, 697; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin., p. 142. Yun-nan, in silvis ad Tapin-tze; fl. aug.; fr. 20 sept. 1882 (Delav. n. 240). Acer L. 1. A. Lobelii Ten. Cat. hort. neap., App. alt. p. 69; Pax, Monogr. Acer. in Engl., Bot. Jahrb. VIL, p. 236. + — var. colchicum Pax, loc. cit., p. 231. A. letum C. A. Mey. Verz. Pfl. Cauc. p. 206; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 140. Yun-nan, in montibus calcareis supra Tapin-Ize, prope Tali; fl. 14april.; fr. 22 jul. 1884 (Delav. n. 836); in faucibus Pee-cha-ho, prope Mo-so-yn. 464 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. Feuilles le plus souvent à 5 lobes, comme dans la plante du Caucase; ailes écartées sous un angle obtus, à bords internes arqués-concaves. 2. ? Acer caudatum Wall. Pl. asiat. rar. II, 4, 28, tab. 132; Hiern in Hook. fil. Fl. of Brit. Ind. I, 695. Forma foliis vix acuminatis. Yun-nan, ad cacumina montis Koua-la-po, prope Hokin, alt. 3500 m.; fruct. jun. 5 aug. 1885 (Delav. n. 1815). Un peu différent du type de l'Himalaya par ses feuilles brièvement acuminées, plus velues en dessous ; jeunes fruits pubescents. 3. A. Paxii, sp. nov. (1). Arbor sempervirens, tortuosa, e basi ramosa, ramis fuscis lenticel- losis. Folia longe et tenuiter petiolata, rigide coriacea, glabra, supra glauca, subtus glauco-argentea, triplinervia, reticulo nervulorum elevato, e. basi rotundata vel brevissime attenuata oblique late lanceolata, vel obovata, acuminata, nunc integerrima, nunc uno alterove sinu leviter notata, nunc triloba, lobis triangulatis acutissimis, medio majore. Flores lutescentes, dense racemoso-corymbosi, inflorescentiæ ramulis simul ac pedicellis pilosulis; ealyx abbreviatus, pubescens; petala glabra, oblonga calyce 4-plo longiora; stamina intra discum crassum inserta, filamentis glabris petala haud excedentibus; ovarium pilosissimum, stylis distinctis; samaræ glabræ loculi ovati, carinati, alis oblongis parum dilatatis sub angulo recto divergentibus. Petioli pollicares et ultra, limbo 2-3 poll. longo, 2-4 cent. in parte dilatata lato; petala 4-5 mill. longa; samaræ loculi 4 mill. diam., alis 18-20 mill., 8 mill. sub apice latis. Yun-nan, in faucibus San-tchang-kiou, prope Hokin; fruct. 6 aug. 1885 (Delav. n. 894); in silvis montanis ad Mao-kou-tchang; fl. april.; fr. 9 jun. 1883 (Delav. Acer. n. 1 et n. 290). Trés belle espéce, à feuilles glauques et coriaces, variant beaucoup de forme sur un méme rameau, très entières ou trilobées avec toutes les nuances intermédiaires. Elle tient à la fois de l'A. oblongum et de rA. trifidum; la consistance de ses feuilles et ses fruits la rapprochent du premier, la nervation et la forme d'une partie des feuilles sont tout à fait de l'A. trifidum. 4. A. Davidi Franch., Nouv. Arch. du Mus. VIII, 2* série, p. 212 Pax, loc. cit. p. 216. (1) Ferd. D* Pax, Acerum monographie auctor. A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES, 465 Yun-nan, in faucibus San-tchang-kiou, prope Hokin, alt. 2400 m.; fruct. jun. 27 maj. 1884 (Delav. n. 1096). Arbre de 12 métres ; jeunes fruits couverts d'un tomentum roux ; ailes étalées à angle droit. SABIACEÆ Sasra Colebr. 1. S. yunnanensis, sp. nov. Sarmentosa, ramuli glabri. Folia nunc glabra, nunc brevissime utraque facie pubescentia, breviter petiolata, membranacea, subtus glauca, e basi rotundata lanceolata, longe acuminata, Pedunculi folia haud excedentes glabri vel villosuli, omnes axillares, laxe 2-4 flori; flores pentameri, flavescentes; calycis brevis lobi rotundati; petala late obovata calyce 4-5-plo longiora, glabra ; stamina inclusa; ovarium pyramidatum, pilo- sulum, stylo corollam fere æquante. Petioli 6-10 mill.; limbus 1-2 poll. init: 15-20 mill. basi latus; . flores diam. 5 mill. pedicello æquilongi. Yun-nan, in faucibus montis Pee-cha-ho prope Mo-so-yn, alt. 2200 m., fl. 23 april. 1884 (Delav. n. 793); in silvis ad Mao-kou-tchang ; 24 april. (Delav. n. 149); ad Ta-long-tan, prope Tapin-tze (Delav. n. P Ad 1 t Port et feuilles du S. lata, mais p pluriflores; les affinités de la plante sont d'ailleurs plutôt avec les espèces à pédoncules uniflores qu'avec celles dont l'inflorescence est composée. Y MELrOoswA Blume. 1. M. yunnanensis, sp. nov. dr Arbor excelsa, cortice griseo. Folia coriacea, crassa, glabra, haud longe petiolata, e basi longe cuneata oblongo-lanceolata, longe acumi- nata marginibus integerrima ; nervi 12-16, areuati, subtus ad axillas parce vel non rufo-barbulati. Panicula late paniculata, tota preter flores rufo- tomentella; flores albidi, sul iles, bracteis | latis acutis minimis; sepala concava, orbiculata margine ciliolata, bracteolis arcte contiguis vix dissimilia; petala 3, glabra, appendice stamineo tantum paulo ma- jora; stamina 2 ; ovarium glabrum biloculare, loculis biovulatis. Petiolus 1 cent. longus; limbus 3-5 poll., acumine usque 2 cent. Yun-nan, in silvis montanis ad fauces San- se prope Hokin; fl. 22 maj. (Delav. n. 877). Assez voisin du M. rigida Sieb. et Zucc., mais feuilles Lans brièvement pétiolées, toujours très entières, glabres. T. XXXIII. à (caai) 30 466 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. ANACARDIACEÆ Raus L. 1. R. semialata Murr. in Goett. Verh. (1784), p. 27, tab. 3; Hook. Fl. of Brit. Ind. IL, p. 10; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Chin. p. 116. — forma exalata. Yun-nan, in silvis ad Houang-kia-pin, prope Tali; fl. 29 sept. 1884; fr. 20 nov. (Delav. n. 1070). 9. R. suceedanea L. Mant. II, p. 221; Hook. et Benth. FI. of Brit. Ind. IL, p. 125 Franch. Pl. David. p. 19; Forbes et Hemsl. Ind. FI. Sin. p. 141. Yun-nan, circa Tapin-tze; fr. 19 jul. 1885 (Delav. n. 1953). Forme gréle, à petites feuilles; folioles trés coriaces, longues de 3 à 6 cent., larges à peine de 1 cent. 3. ? R. succedanea L. — var. longipes. — Petioluli usque ad 15 mill. longi. Folia 3-4 juga, nunc imparipinnata, membranacea, vix coriacea, glauca, glabra, limbo e basi vix inæquilaterale late ovato, abrupte acuminato, nervis secun- dariis 12-14 parum præminentibus; fructus R. succedaneæ. — Frutex 3-5 m.; folia subpedalia, foliolis usque 8 cent. longis, 4 cent. latis. Yun-nan, in silvis ad Che-tong, prope Tapin-tze (Delav. n. 1954). 4. R. Delavayi, sp. nov. Frutex humilis, glaber; ramuli juniores glauco-pruinosi; folia graci- liter petiolata, 2-3 juga cum impari, foliolis breve petiolatis, membra- naceis, e basi vix vel non inæquilaterali ovato-lanceolatis, utrinque breviter attenualis, subtus glaucis, nervis secundariis 24-32. Racemi axillares, folio paulo breviores, longiter et graciliter pedunculati, pyra- midati, non floribundi, laxiflori; pedicelli flores parvulos lutescentes subæquantes ; calycis lobi deltoidei, obtusi ; petala calyce subduplo lon- giora, oblonga, obtusa, ad medium nervulo pinnato fusco percursa ; stamina petalis fere duplo breviora, antheris filamentum æquantibus; ovarium glabrum, obovato-subrotundum, ad quartam partem in discum cupuliformem obscure 10-lobatum immersum ; drupæ glabræ, oblique ovatæ, sordide lutescentes. 1 Frutex 5-18 decim.; folia vix semipedalia, petiolo subpollicare incluso ; foliola 1-1 1/2 pollicaria; inflorescentiz 5-7 cent. longae, 1 A. FRANCHET. — PLANTÆ YUNNANENSES. 401 Yun-nan, in silvis montis Che-tcho-tze, supra Tapin-tze; fl. fr. 27 aug. 1885 (Delav. n. 1955). Petite espéce du groupe des R. venenata et vernicifera, mais bien distincte par sa gracilité, par ses feuilles formées de 5 à 7 folioles et son inflorescence làche et peu florifère. PisTACIA L. Z 1. P. weinmannifolia, J. Pois. (observ. inéd.). t É n Frutex vel arbor mediocris ; ramuli cinere Folia abrupte pinnata, 4-9 juga, rachi anguste alata, antice canaliculata puberulo-pulverulenta ; foliola parva, glaberrima, pallide virentia, rigide coriacea brevissime petiolulata, e basi inæquilaterale oblongo-ovata, apice emarginata, nervis secundariis subtus elevatis. Inflorescentia axillaris : foliis coetana, ramis et ramulis pilosulis ; flores stricte sessiles ; masculi, Spicato-racemosi spicis crassis compactis ; bractea exterior subrotunda, concava, margine ciliolata; calyx evolutus, 5-partitus, lobis membranaceis pellucidis oblongis, apice rotundatis, erosulis; antherz vix ultra 4 mill. longæ, rubentes, filamenta subæquantes; germen rudimentarium ; flores feminei : racemi compositi foliis duplo breviores, floribus laxe spicatis ; bractea exterior et calyx ut in flore masculo; ovarium late obovatum, glabrum, stylo trifido, stigmatibus leviter emarginatis ; drupæ rubescentes, paulo latiores quam longe. Folia semipedalia, foliolis vix ultra 2 cent. longis, 8-10 mill. latis; Spica le ut in P. chi i; drupæ 6 mill. late, 4-5 mill. longæ. Yun-nan, circa Tapin-tze; fl. mart.; fr. jun. (Delav. n. 562). Assez voisin du P. Lentiscus, mais à rachis plus étroitement ailé ; . folioles trés nombreuses, et sous ce rapport la plante est seulement com- parable au P. mexicana; fleurs strictement sessiles. 2. P. chinensis Bunge, Enum. pl. Chin. bor. p. 15; Franch. Plant. David. p. 19 et in Mém. Soc. des sc. nat. de Gherbourg, XXIV, p. 208; Forbes et Hemsl. Ind. Fl. Sin. p. 148. Yun-nan, ad Sioo-mi-lan, supra Tapin-tze ; fl. masc. april. 1885 (Delav. n. 1953). (A suivre.) 468 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. PRÉSIDENCE DE M. A. CHATIN. M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1886 1887. ll rappelle que le numéro du Bulletin récemment publié renferme le compte rendu de la séance du 23 juillet, dont le procès- verbal avait été soumis au Conseil d'administration, conformément au Réglement. M. le Président fait part à la Société de trois pertes douloureuses qu'elle a faites dans ces derniers mois. M. Louis Marcilly, conser- vateur des foréts en retraite à Chálons-sur-Marne, a succombé le 15 juillet dans cette ville aux atteintes d'une longue et cruelle maladie ; il était ágé de soixante-quatre ans. M. Guillaume Sicard, pharmacien à Noisy-le-Sec, zélé mycologue, est décédé le 18 août, à l’âge de cinquante-sept ans. M. Édouard Lamy de la Chapelle, dont la santé était depuis longtemps gravement compromise, s'est éteint à Limoges, le 23 septembre, dans sa quatre- vingt- troi- sième année (1). M. le Président annonce quatre nouvelles présentations, et, par .suite de celle qui a été faite dans la séance du 93 juillet, il pro- clame membre de la Société : M. Lourr (Auguste), pharmacien à Fumel (Lot-et-Garonne), pré- senté par MM. Bois et Poisson. Dons fails à la Société : Battandier et Trabut, Atlas de la Flore d' Alger, 4% fascicule. Bædeker, Le midi de la France. Bouvier (A.), Les animaux de la France ; mammifères. Bouillé (R. de), Le pic du Midi de Pau ou d'Ossau. Girod (Paul), Manipulations de botanique. Maury (Paul), Organisation et distribution géographique des Plom- baginées. — Observations sur la pollinisation des Orchidées indigènes. Niel (E.), Compte rendu de l'excursion de Fécamp (30 mai 1886). (1) Une notice sur la vie et les travaux scientifiques d'Édouard Lamy de la Chapelle sera ultérieurement insérée au Bulletin. (Ern. M.) SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. 469 Timbal-Lagrave, Sur les espéces du genre Scorzonera. Vuillemin (Paul), Sur les homologies des Mousses. — Notice sur la flore des environs de Nancy. Zeiller (R.), Sur les empreintes végétales recueillies au Tonkin. Cogniaux (Alfr.), Melastomacem et Cucurbitaceæ Portoricenses. — Plante Leh t et Cucurbitaceæ. Errera (Leo), Pourquoi les éléments de la matière vivante ont-ils des poids atomiques peu élevés? Parker, Morphology of Ravenelia glandulæformis. Humphrey (Ellis), Anatomy and Development of Agarum Turneri. Cohn (F.), Beitrege zur Biologie der Pflanzen, 4* vol. 2* fasc. Terracciano (N.), Una nuova specie di Narcisso. Annales de l'Institut national agronomique, 8* année (1883-84). Notarisia, ium phycol. , ann, 1, n* 3 et 4. Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian institu- tion for 1884. Journal and Proceedings of the royal Society of New South Wales for 1884. Boletim da Sociedade de Geographia de Lisboa, 2 n°. Par le Ministére de l'Instruction publique : Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1885 (136* année). Société d'histoire naturelle de Toulouse, 1886, 1® trimestre. Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 40° volume (1886). Bulletin des bibliothèques et des archives, 2 n°. M. Roze fait hommage à la Société du 4° fascicule de l'Atlas des Ch ons comestibles et vénéneux, qu'il publie en collabora- tion ayo M. Richon. M. le Secrétaire général donne lecture de lettres qu'il a reçues de MM. Meunier, Arbost et Cogniaux. M. Henri Meunier envoie des Eaux-Bonnes deux spécimens d'une très petite Composée qu'il a trouvée dans la vallée de Roncal sur le versant des Pyrénées espagnoles, et il la soumet à l'examen de la Société. M. Malinvaud reconnait dans cette plante l'Aster alpinus rendu méconnaissable par un nanisme exagéré. M. Arbost, pharmacien à Thiers (Puy-de-Dóme), communique un échantillon d'un Sorbus récolté dans sa circonscription et qu'il n'a pu rapporter aux espèces communes. M. Malinvaud est d'avis 470 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. que cet exemplaire représente une des formes du Sorbus hy- brida L., arbrisseau hybride des S. Aria et aucuparia, au milieu desquels il croit. LETTRE DE M. A. COGNIAUX A M. E. MALINVAUD. Verviers, 10 novembre 1886. Mon cher Confrére, La notice de M. Clos publiée dans le numéro du Bulletin paru récem- ment contient, à la page 328, la phrase suivante : « Mais l'admission de ce terme (staminode) me parait impliquer celle » de pistillode, que je proposais en 1880, pour les rudiments de pistils » que montrent aussi, soit les Arum, soit les Rhus, soit de nombreuses » Diclines (Euphorbiacées, Cucurbitacées). . . . . » Permettez-moi de vous dire que, non seulement je partage l'avis de M. Clos sur ce point, mais méme que deux ans avant 1880, je ne me suis jamais servi que du terme pistillodi pour rempl l'expression ovarii rudimentum, qui avait été employée dans le Genera. plantarum par M. J.-D. Hooker et par d'autres auteurs antérieurs. En effet, à la page 1 du fascicule 78 du Flora Brasiliensis, publié le 4* août 1878, voici comment je m'exprime dans l'exposé des caractères de la famille des Cucurbitacées : « Pistillodium (i. e. ovarii rudimentum) glanduliforme vel setiforme, interdum nullum vel trimerum. » J'emploie ensuite le méme terme pistillodium dans la description de chacun des 29 genres brésiliens de cetle famille, et souvent dans celle des espèces. Dans le volume JT des Monographie Phanerogamarum de MM. de Candolle, on trouvera encore constamment le mot pistillodium. Il est bien vrai que ce volume IIT n'a paru qu'en 1881; mais, puisqu'à la date du 4% octobre 1879, ma monographie des Cucurbitacées avait obtenu le prix quinquennal de de Candolle, il est certain que j'avais écrit ce second travail avant que paraisse le mémoire de 1880, de M. Clos. Enfin, j'ai continué à employer le méme terme en 1884, dans la des- cription du genre Delognæa (in Bull. Soc. Linn. de Paris, n° 54, p. 425). Toutefois, si je réclame, pour l'emploi de ce terme, la priorité par rapport à M. Clos, je ne prétends pas l'avoir créé : il me semble méme avoir un vague souvenir de l'avoir vu quelque part employé avant 1878. M. Roze donne lecture de la notice suivante : ROZE. — NOTICE SUR LOUIS MARCILLY. 471 NOTICE SUR M. Louis MARCILLY, par M. E. ROZE. Messieurs, La Société botanique de France a fait une bien regrettable perte dans la personne de M. Louis Marcilly, l'un de ses membres les plus dévoués, qui en faisait partie depuis l'année méme de sa fondation. Je puis dire que vous vous représenterez aisément la profondeur de son dévouement à la Société, lorsque vous saurez qu'il devait lui en donner des preuves méme aprés sa mort. Aussi, n'est-ce pas sans une satisfaction mélée de tristesse que je viens vous faire connaître ce confrère distingué, dont l'aménité de caractère, la finesse et l'agrément de l'esprit ont laissé de si agréables souvenirs à ceux qui l'ont personnellement connu. M. Marcilly (Louis-Denis-Arnould-François-Marie) est né, le 28 avril 1823, à Guise (Aisne), où résidait alors son père, ingénieur des ponts et chaussées. C'est pendant son séjour au collége de Saint- Vincent, à Senlis, où il resta jusqu'à l’âge de seize an, que, sous la direction de M. l'abbé Poulet, M. Louis Marcilly a commencé à s'occuper avec ardeur de bota- nique. Il a toujours conservé pour ce premier maitre, devenu son ami, une vénération toute particulière. Mais sa passion pour l'étude des plantes devait être tout naturellement encouragée : M. Marcilly père, en effet, consacrait lui-même tous ses loisirs à cette étude ; il fut donc très heu- reux de trouver dans son fils un précieux collaborateur. Le charme de cette collaboration, de ce contrôle réciproque de déterminations spéci- fiques, ne cessa du reste pour eux qu'avec la vie. M. Louis Marcilly entra à l'École forestière en 1844. Nommé garde général à Saverne en 1848, il fut attaché avec le máme grade au canton- nement de Compiègne : il y resta jusqu'au 20 février 1857, pour passer sous-inspecteur à Villers-Cotterets. Pendant cette période, en 1852, il avait épousé M'* de Maintenant , cette compagne aimante et dévouée qui devait avoir le douloureux devoir de lui fermer les yeux. En 1859, notre regretté confrère changeait de résidence pour aller à Beauvais, qu'il ne quitta qu'en 1865 pour se rendre à Nice en qualité d'Inspecteur. Pendant son séjour sur les confins de la région septentrionale de la flore parisienne, M. Louis Marcilly, digne émule de Pillot, de Graves et de l'abbé Questier, avait réuni des documents fort nombreux et fort importants sur la végétation de cette région; il ne se croyait pas alors appelé à étendre plus loin le cercle de ses recherches. Mais son départ pour Nice lui ouvrit de nouveaux horizons, et ce fut à la suite de ses explorations méridionales qu'il se mit à étudier la flore française. Son pére, qui avait pris sa retraite et habitait Compiégne, quiltait de temps 412 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. en temps les bords de l'Oise pour aller le retrouver dans les Alpes-Ma- ritimes. Bien que plus porté vers l'étude des végétaux inférieurs, il trouvait néanmoins un grand attrait à partager l'émotion qu'éprouvait son fils en face des agréables surprises d'une flore nouvelle. Qu'étaient, en effet, pour notre zélé confrère, les fatigues de ses explorations de ser- vice dans la montagne, à cóté des magnifiques récoltes qu'il en rappor- tait! On comprendra d'autant mieux son intime satisfaction, qu'il y fit méme d'heureuses découvertes, comme nous l'apprend M. Burnat dans une Note insérée au Bulletin (t. XXX, p. cxxur). Enfin, parmi les autres avantages que M. Louis Marcilly retirait de sa nouvelle résidence, il aimait à citer les agréables relations qu'il avait été assez heureux d'en- tretenir avec M. Thuret : il se plaisait souvent à rappeler le profond in- térét qu'il avait trouvé dans les causeries scientifiques de son hóte et l'amabilité de son accueil. Quoi qu'il en soit, il ne devait pas quitter Nice sans avoir le regret d'étre empéché, par ses devoirs professionnels, d'ac- compagner en 1868 M. Rendu dans une exploration scientifique de la Corse. Ce fut en 1870, au moment de la guerre, qu'il fut appelé à l'inspection de Chàlons-sur-Marne : les terribles difficultés de la situation, l'éloigne- ment forcé de tous les siens, lui furent des plus pénibles. Enfin, il put réunir autour de lui toute sa famille, sa femme, ses deux enfants, ses vieux parents ; il rassembla toutes ses collections et put entreprendre de nouveau de fructueuses explorations dans sa nouvelle circonscription. En 1883, il prenait sa retraite avec le titre de Conservateur des foréts, emportant avec lui l'estime de tous et l'affection de ses subordonnés. M. Louis Marcilly n'a pas laissé d'importantes publications. Le petit nombre des communications qu'il a faites à la Société ne sont relatives qu'à des découvertes de plantes rares ou nouvelles pour la flore pari- sienne, telles que le Rubus saxatilis dans la forêt de Compiègne (Bull., t. HT, p. 612), le Lycopodium Chamæcyparissus prés de Beauvais, et le Polygonum Bistorta à Ermenonville (t. VIII, p. 430), ou pour la flore de France, l'Orehis brevicornis Viv. et 'Aristolochia pallida Willd. : (t. XVI, p. 344). Il a cru devoir aussi appeler l'attention sur l'état fru- tescent que présentait dans le midi de la France le Solanum nigrum L. Enfin, il a présenté avec moi à la Société un compte rendu d'excursions botaniques faites en 4862 dans les environs de Beauvais et au pays de Bray (t. IX, p. 366). D'un autre cóté, il a rédigé pour le Guide du Bota- niste herborisant de M. B. Verlot le chapitre consacré aux Herborisa- tions dans la forét de Compiégne. Mais il ne s'attachait pas outre me- sure à divulguer le résultat des constatations passagéres qui attiraient tané t son attention ou celle de son père; le but qu'il s'était proposé avait été d'abord de former un herbier des localités où il rési- ac tue di ROZE. — NOTICE SUR LOUIS MARCILLY. 413 dait, puis finalement de se créer un herbier de France aussi complet que possible, surtout quant aux végétaux supérieurs. Il se consacra tout entier à ce grand travail, pendant que son pére, de son cóté, s'occupait des végétaux inférieurs. Mais aprés la mort de ce dernier, qui était véri- tablement doué de toutes les qualités de l'esprit el du cœur et qu'il eut la douleur de perdre en 1875, il interrompit pendant quelque temps ses occupations scientifiques. La mort de sa digne et respectable mére, en 1880, fut encore pour lui un nouveau sujet de tristesse. Cependant, comme pressé par le temps, il reprit courage. On le vit passer les der- niéres années de sa vie à mettre complétement en ordre tous les maté- riaux qu'il avait réunis de cóté et d'autre : échantillons récoltés par lui- méme, par son père ou par ses correspondants, exsiccatas publiés par divers botanistes, spécimens de différentes provenances, de Corse, de Sardaigne, d'Espagne, d'Algérie, etc. Il classa et catalogue avec soin, d'aprés la Flore de Grenier et Godron, tous les types de son herbier ainsi rassemblés, espéces ou variétés, sauf pour certains genres qu'il disposa d’après les nouveaux travaux descriptifs, plus minutieux quant à la distinction des espéces, les Rubus d'aprés Weihe et Nees, les Rosa d’après Déséglise, les Hieracium d’après Fries, les Euphrasia d’après Grenier. Il pouvait être satisfait de son travail : une partie de cet her- bier lui avait même fait obtenir à l'Exposition d'Épernay une médaille d'or. Encore quelques soins à donner, les espéces du genre Mentha à classer d’après les nouveaux descripteurs, et l’œuvre était achevée... Mais le temps lui manqua : une maladie cruelle, d’atroces souffrances en avaient décidé autrement. M. Louis Marcilly expirait le 15 juillet 1886. Trois ans avant sa fin, et comme s’il prévoyait qu’il n 'atteindrait pas tout à fait le but qu'il poursuivait, il prit des dispositi es pour ne pas laisser perdre le fruit de ce travail auquel il avait consacré une grande partie de son existence. Il pensa que, s'il ne pouvait utiliser autrement ses collections, ses confréres de la Société botanique devaient étre appelés à en tirer profit pour l'étude de la végétation de la France. Aussi, pour leur faciliter cette étude, crut-il nécessaire de leur léguer non seulement son herbier, mais ses instruments, ses manuscrits, sa bibliothèque. C'est ce qui ressort de l'extrait suivant de son testament : « Voulant laisser à ma femme, Anne Pauline Zénaide de Maintenant, » un témoignage de ma profonde reconnaissance... par le présent tes- » tament je lui donne et lègue : 1? l'usufruit dans les limites du dispo- » nible et sans préjudice des avantages stipulés en sa faveur dans notre » contrat de mariage, etc... à l'exception de mon herbier et des manus- » crits ou ouvrages imprimés et instruments relatifs à la botanique et » aux autres branches des sciences naturelles. — Je légue lesdits her- » biers, manuscrits, ouvrages et instruments, dans le cas où je ne m'en 474 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. » serais pas dessaisi avant mon décès, à la Société botanique de France » dont je fais partie depuis 1854. — Les droits relatifs à ce legs devront » être ittés par ma » La famille de M. Louis Marcilly m'a prié d'annoncer à la Société qu'elle se faisait un pieux devoir d'exécuter les derniéres volontés de notre re- gretté confrére. En attendant, Messieurs, que notre Conseil d'adminis- tration ait statué sur l'acceptation de ce legs, permettez-moi de vous en faire apprécier l'importance. L'herbier est en parfait état de conservation : le catalogue qu'en a préparé M. Louis Marcilly permet de le consulter trés facilement, et les collections d'exsiccatas qu'il renferme en relèvent la valeur intrinsèque. Les plantes phanérogames sont réparties en 78 cartons, grand format; les Cryptogames, en 32 cartons de format plus petit. Quelques doubles occupent encore un certain nombre de cartons. Les instruments consistent en un microscope d'Harlnack (petit mo- déle), une loupe montée de Nachet, un microscope de Soleil et trois ' autres piéces moins importantes. Les manuscrits se composent : 4° d'un volume relié, présentant une Table alphabétique de tous les noms de genres et d'espéces décrits dans le Bulletin de la Société botanique de France, travail considérable dont l'impression, ajournée par notre Conseil d'administration, s'impo- sera peut-étre quelque jour; 2» d'une traduction de l'ouvrage allemand de Christ : Les Roses de la Suisse (1813-1877) ; 3° d'un petit volume, également relié, renfermant un travail de M. Marcilly père, intitulé Notes de Botanique (Études, Considérations générales, Principes, Glossologie et Table). Quant à la bibliothéque d'histoire naturelle oà se trouvent prés de 150 volumes et de nombreuses brochures, non compris les 32 volumes de la collection compléte du Bulletin de la Société, en voici le catalogue sommaire. BOTANIQUE GÉNÉRALE. Linné Systema plantarum. Gilibert, Botanique démonstrative élé- Matthiole, Commentaire sur Diosco- mentaire. ride, 1598, in-P. — Methodus Linneanæ botanica. D Commentaire, etc., 1616, | Mirbel, Éléments de botanique. in-f*. Jussieu, Idem. Fuchs, Historia plantarum, 1545 , | Duchartre, Idem (1867). in-12 (avec annotations rris beers 1 «rr d om à et A général ; coloriées). Schacht et Moreau, Les arbres. Pitton de Tournefort, Histoire des|Laségue, Musée botanique de M. De- plantes pni lessert. Linné, Phil et Fund ta | Dujardin, L'observateur au micro- botanica. scope (avec Atlas). ROZE. — NOTICE SUR LOUIS MARCILLY. Bertrand, Manuel du Naturaliste pré- parateur. Dubois, Principes de botanique. Loiseleur-Deslonchamps, Voyage dans l'empire de Flore. Ventenat, Plantes du jardin de Cels. Barla, Iconographie des Orchidées. Saporta et Marion, L'évolution dans le Règne végétal. Tableau du Régne végétal d'aprés les principes de Linné (1809). PHANÉROGAMIE. Lamarck, Flore francaise (1718) avec une Table, par M. Marcilly. Duby, Botanicon gallicum. Lestiboudois, Botanographie belgique. Grenier et Godron, Flore de France. Grenier, Flore de la chaine juras- sique. Boreau, Flore du centre de la France. Godron, Flore de la Lorraine. Bouvier, Flore des Alpes de la Suisse. Risso, Flore de Nice. Ardoino, Flore des Alpes maritimes. Watelet, Flore de l Aisne. Lloyd, Flore de l'Ouest de la France. Gillet et Magne, Nouvelle Flore pra- tique. Lamotte, Catalogue des plantes vas- culaires de l'Europe centrale. — Prodrome de la Flore du plateau central de la France. De la Fons Melicocq, Noyon et le Noyo- nais. De Vicq, Catalogue des plantes vas- | y culaires de la Somme. Verlot, Catalogue des plantes vascu- laires du Dauphiné. Mabille, Catalogue des plantes crois- sant autour de Dinan et St-Malo. Graves, Catalogue des plantes de l'Oise. Thuillier, Flore des environs de Paris (1790). y Chevalier, Flore générale des environs de Paris. Mérat, Nouvelle Flore des environs de Paris (1836). Cosson et Germain, Introduction à la Flore des environs de Paris. 415 Cosson et Germain, Flore des environs de Paris (avec Synopsis et Atlas). Déséglise, Catalogue des espèces du genre Rosier. Fries, Epicrisis Hieraciorum. Jeanbernat, Le massif du Llaurenti. Jordan, Diagnoses d'espèces nouvelles (17* partie, 1864, tome 1°). Billot, Annotations à la Flore de France et d'Allemagne. Lemaout et Decaisne, Flore élémen- taire des jardins et des champs. Mathieu, Flore forestière. Dubois, Méthode éprouvée pour con- naitre facilement les plantes de France Verlot, Guide du Botaniste herbori- sant. CRYPTOGAMIE. Pot Payer, Kickx, Flore nr s des Flan- dres (Table, par M. Louis Marcilly). Schimper, Synopsis Muscorum (1™° et 2* éditions). — Icones morphologice, etc. Boulay, Flore cryptogamique de l'Est (Muscinées). Nees von Esenbeck, Bryologia germa- nica. Rabenhorst, Flora europæa Algarum. Ekart, Synopsis Jungermanniarum. Husnot, Flore des Hépatiques de France et Belgique. De Notaris, Epilogo della Briologia italiana. guère, Cryptogamie illustrée (Lichens). Malebranche, Catalogue des Lichens de Normandie. Nylander, Lichenes Scandinavim et Synopsis methodica Lichenum. Bulliard, Histoire des Champignons de la France, 4 volumes conte- nant les planches gravées en cou- leur, numérotées jusqu'à 593. GÉOLOGIE ET PALÉONTOLOGIE. D'Archiac, Histoire de la Géologie (13 vol.). A16 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. D'Archiae, Paléontologie de la D'Omalius d'Halloy, Mémoires géolo- France. | giques. De Chambrun, Études géologiques sur | Daubuisson des Voisins, Traité de le Var et le Rhône. géognosie. Beudant, Minéralogie et Géologie. De Lapparent, Revue de Géologie (1860 De la Bèche, Manuel de Géologie. à 1880) (16 volumes). Vézian, Prodrome de Géologie. Lyell, Éléments de Géologie. — Principes de Géologie. Je pense, Messieurs. qu'en présence de ces preuves manifestes du vif intérét que lui portait M. Louis Marcilly, la Société botanique de France voudra certainement s'associer aux profonds regrets que laisse à tous les siens, à tous ses amis, cet excellent et dévoué confrére. M. le Président remercie M. Roze de sa communication ; il ajoute que le Conseil d'administration sera trés prochainement convoqué pour statuer sur l'acceptation de ce legs. Il prie, en attendant, M. Roze de vouloir bien se faire l'interpréte de la profonde grati- tude de la Société auprés de la famille Marcilly. M. le Secrétaire général donne lecture de la communication sui- vante : SUR TROIS PLANTES DE LA FLORE ATTLANTIQUE, par M. A. BATTANDIER. Diplotaxis (1) Delagei Pomel ined. in herb. Planta annua, a basi multicaulis, caulibus dentibus, flexuosis, dichotome ramosis, glabris; foliis carnosulis pube brevi dense vestitis ; radicalibus rosulatis, petiolatis, oblongis, dentatis vel lyrato-pinnatifidis, pinnatipartitisve ; cxteris ad basim caulium paucis, similibus, supremis minutulis, linearibus vel pinnatipartitis; floribus luteis, corymbosis, pedicello eis duplo longiore insidentibus; sepalis obqvatis, apice hispi- dulis, in flore erecto-patentibus, 3 millim. longis, 4 millim. latis ; petalis unguiculatis limbo CONI, Leno sums subduplo longioribus; sta- minibus 6 didynamis fi ; glanduli. hypogynis 2 linea- ribus , inter "tati iiS longioribus valde prominulis, cæteris, si adsunt, in sicco obsoletis ; racemis fere a radice nonnunquam fructi- feris, caulibus semper multoties longioribus, vix basi bracteatis; pedi- cellis fructiferis patentibus, 12-15 millim. longis; siliquis erectis vel patentibus, vix stipitatis, a dorso valde compressis, complanatis, cum rostro 10-12 millim. longis, 2 millim. latis, inferne sensim attenuatis ; (1) Brassica Delagei pour les botanistes qui n'admettent pas le genre Diplotaxis. BATTANDIER. — SUR TROIS PLANTES DE LA FLORE ATLANTIQUE. 477 valvis membranaceis, diaphaneis, nervo medio recto tenui et venulis transversis, reticulatim anastomosantibus præditis; septo lucido, ener- vio, stylo valvis equilato, 2,1/3-3 millim. longo, ovoideo, compresso, stigmate late bilobo coronato, monospermo, nervo medio elevato acuto subcarinante donato; seminibus oblongis, sub lente acriore rugulosis, compressiusculis, valvaribus biseriatis e funiculo longiusculo penden- tibus ; stylare erecto subsessili; cotyledonibus oblongis, longitudinaliter conduplicatis radiculam amplectantibus. Species insignis, proxima nulli, a cl. Pomel maio ineunte anno 1882 inventa, inter « Aumale » et « Bou-Saada » in saxosis et rupibus prope « Teniet Merkeb - Saoula » et « Ain Kermane », et ab illo, itineris suo comiti, cl. Delage, mineralogiæ professori, dicata. Erodium asplenioides Desf. var. Juliani Nob. Acaule, caudice crasso pluricipite, cortice fungoso, albescente, intus albo (cerussato), stipulis fuscis, magnis, late lanceolato-acuminatis coronato ; foliis pube crispula vestitis, longe petiolatis, petiolo basi dila- tato, limbo ambitu ovato pinnatisecto, lobis valde inæqualibus, aliis ma- joribus simpliciter pinnatipartitis, aliis minutis, simplicibus, linearibus, vel bi-trifidis, precedentibus inordinate interjectis et rachidi decurren- tibus; laciniis in utribusque anguste linearibus, acutiusculis; pedun- culis numerosis, hispidulis, erectis, spithameis, 7-9 floris folio duplo longioribus; involucri squamis 5-6 ovatis, acutis ; pedicellis puberulis fructus subæquantibus, demum erectis; sepalis muticis vel obsolete mucronatis, 5-1 nerviis, puberulis, 6 millim. longis 2,5 millim. latis margine membranaceo auctis; petalis ceruleo-violascentibus, striato- venosis, superioribus, basi maculatis, calyce duplo longioribus ; glan- dulis hypogynis 5 magnis; filamentis infra medium longe villosis sterilibus pellucidis, late linearibus subellipticis apice rotundatis, fertilibus edentulis e basi dilatata longe lineari-acuminatis; carpidiis sericeo-hispidis, sub foveola plica destitutis 5-6 millim. longis; rostro 3 cent. longo; aristis basi intus barbatis; seminibus haud striatis, lævi- bus. In monte djebel owm Settas dicto, prope Constantine a cl. « Julien » veterinario militari inventum. Planta eximia, ab. E. petræo Willd., macradeno L. Her., cheilan- thifolio Boiss. aliisque affinibus, cortice cerussato, pedunculis multi- floris, sepalis muticis vel submuticis, filamentis pilosis necnon sterilium figura, floribus minoribus cærulescentibus abunde distincta. Typus Fon- tanesianus, Flor. Atl. tab. 168, folia præbet omnino diversa. Les feuilles de cette plante conti t en abond une matière colorante d'un beau jaune d'or, soluble dans l'eau. . 418 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. Ferula tunetana Pomel in herb. ined. Planta spith vel cubitalis, collo fibrillis foliorum præteritorum dense vestito; caule firmo striato, flexuoso, nodoso, medulla farcto, fere a basi ramoso ramis longis, patule divaricatis; foliis ambitu. triangula- ribus, glabris, glaucis, quaternatim pinnatisectis, radicalibus petiolatis, caulinis successive minoribus, vagina ampla suffultis, summis ad va- ginas subaphyllas reductis; petiolis petiolulisque crassis, lullosis, striatis; petiolulis primariis, medio folio, sæpissime quaternatis, basi apiceque oppositis; foliorum parlitionibus semper divaricatis, ultimis brevissimis 3-5 fidis, lobulis 4-2 millim. longis, 4 millim. latis, acutius- culis margine subrevolutis, rachide eis simili decurrentibus; involucris e bracteola unica lineari-acuminata formatis; involucellis nullis; um- bellis plano-convexis vel subhemisphæricis, 10-15 radiatis, radiis sæpe gummiferis, ultima subsessili vel breveped lata, lateralibus inferio- ribusque longepedunculatis, sterilibus, in ramis infimis omnibus sterili- bus; umbellulis 8-12 radiatis; floribus aureis; dentibus calycinis minutis, triangularibus, stylopodio lato disciformi brevioribus; petalis ovato-acu- minatis, apice inflexis; stylis arcuato-divaricatis, stylopodium exceden- libus; fructibus cæsiis, ellipticis vel orbicularibus, apice emarginatis, 12-14 millim. latis, 12-18 millim. longis, pedicello haud incrassato sublongioribus; mericarpiis dorso convexiusculis, marginibus elevatis fere latitudine seminis; jugis dorsalibus 3 filiformibus, prominulis ; valleculis distincte trivittatis, facie commissurali 4-vittata; vittis latis, fuscis; semine 8 millim. longo, 6 millim. lato. 1n agro tunetano ad limites agrorum prope vicum « Chebba », necnon ad vestigia urbis'romanæ « Caput Vada » nunc « Ras Kapoudia » dicta, inter urbes Sfax et Mehedia a clar. Pomel, undecimo die Maii 1877 inventa; et recentius a cl. Letourneux 24 die Martii ad septentrionem lacus salsi « Chott Fedjez » dicti, florifera lecta. Species eximia, fructifera tot latitudine patens quot altitudine, in sec- tione Euferula Boiss. Flor. Or. juxta F. tingitanam L. et ejus varietatem vesceritensem Coss. et D R. ined. collocanda; a quibus valde differt foliorum figura, fructibus, notisque cæteris. M. Pomel, ayant bien voulu me confier pour la rédaction de la Flore d'Alger son richissime herbier, résultat de trente-quatre années d'as- sidues recherches sur tous les points de l'Algérie, herbier dont presque tous les échantillons ont été analysés et dessinés par lui avec une rigou- reuse exactitude, m'a en méme temps autorisé à publier quelques espèces nouvelles, reconnues telles par lui dans ces dernières années, mais dont ses travaux paléontologiques ne lui avaient pas permis de ter- miner l'étude. C'est ainsi que je puis aujourd'hui présenter aux bota- CAMUS. — SUR UN CAREX NOUVEAU. 419 nistes le Diplotaxis Delagei et le Ferula tunetana, deux beaux types de la flore atlantique. M. G. Camus fait à la Société la communication suivante : SUR UN CAREX NOUVEAU, C. PSEUDO-MAIRII, par M. 6. CAMUS. J'ai l'honneur de présenter à la Société un Carex que j'ai récolté en juin 1884, dans le marais tourbeux du Vivray, prés de l'Ile-Adam. Les recherches faites depuis pour le retrouver ayant été négatives et ne sachant si j'aurais jamais l'occasion de l'observer de nouveau vivant, j'ai eru qu'il ne serait pas sans intérét d'appeler l'attention des botanistes sur cette plante intéressante. Le marais du Vivray, dont l'étendue est trés restreinte, est situé prés du moulin de l'étang du méme nom. Le genre Carex s'y trouve repré- senté par les espèces suivantes : C. paniculata L., C. fulva Good., C. flava L., C. Mairii Coss. et Germ., C. pseudo-Cyperus L. La plante qui fait l'objet de ma communication a été recueillie au mi- lieu de ces différentes espéces. Elle répond à la diagnose suivante : Souche cespiteuse, A FIBRES RADICALES DEVENANT ROUGEATRES PAR LA DESSICCATION. Tiges de 3 à 6 décimétres environ, obscurément trigones, scabres au sommet. Feuilles linéaires, assez raides, plus courtes que la tige, SCABRES SUR LES BORDS. Bractées engainantes, A NERVURE MÉDIANE SCABRE; les supérieures petites, membraneuses sur les bords; l'inférieure foliacée, dressée, atteignant au moins le sommet de l'épi mâle. EPI MALE SOLITAIRE, oblong linéaire; écailles lancéolées, légérement cuspidées, denticulées au sommet, brunàtres scarieuses aux bords à nervure verte prononcée. ÉPIS FEMELLES DRESSÉS, ordinairement 3, OBLONGS-LINÉAIRES, Vinférieur à pédoncule dépassant un peu la gaine. UTRICULES DRESSÉS dépassant l'écaille, glabres, obscurément nerviés, ovales atténués en un bec relativement large, bifide, BORDÉ DE CILS TRANSPARENTS, RAIDES ET DRESSÉS. ACHAINES RUDIMENTAIRES. Stigmates 3. ÉCAILLES DES ÉPIS FEMELLES scarieuses aux bords, lancéolées, denticulées au sommet, légèrement cuspidées, SCABRES SUR LA NERVURE médiane, qui est verte et très prononcée. Je propose de lui donner le nom de Carex pseudo- Mairii. Le C. pseudo-Mairii se rapproche du C. Mairii par ses fibres radi- cales rougi par la dessiccation, par son épi mâle solitaire, par le nombre de ses épis femelles et enfin par les utricules munis au sommet de cils dressés. Il s'en éloigne par ses épis femelles qui sont oblongs- linéaires, par les achaines non développés et par les écailles dont la ner- vure est scabre. 480 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. La forme des épis femelles et les écailles à nervure scabre lui donnent des affinités avec le C. pseudo-Cyperus. Les raisons suivantes me font penser que cette plante est une hybride : 1° Elle n'a été trouvée qu'une fois, formant une touffe compacte, dans un marais, localité classique visitée chaque année par un assez grand nombre de botanistes. Sa présence parait donc un fait exceptionnel. 2 Les caractères morphologiques sont intermédiaires entre le C. Mairii et le C. pseudo-Cyperus. 3 Les utricules sont avortés. M. Leclerc du Sablon fait la communication suivante : SUR LES CAUSES ANATOMIQUES DE L'ENROULEMENT DES VRILLES, par M. LECLERC DU SABLON. Te me suis proposé, dans ce travail, de rechercher si la propriété que possédent les vrilles de s'enrouler sous l'influence du contact d'un corps étranger ne correspondait pas à une forme ou à une disposition spéciale des éléments anatomiques. L'anatomie comparée seule pouvait donner la solution de cette question; aussi ai-je étudié les vrilles dans le plus grand nombre de familles possible, pour trouver le caractère de la région sensible qui reste constant au milieu de toutes les variations de struc- ture. Je passerai en revue les principales familles renfermant des plantes à vrilles en insistant surtout sur les caractères anatomiques qu'on peut ' soupçonner d’être en relation avec la sensibilité. Cucurbitacées. — Prenons pour exemple la vrille dela Bryone dioique. Si l'on fait une section transversale dans la région la plus sensible, on voit que les faisceaux libéro-ligneux bicollatéraux sont rangés suivant un arc de cercle dont la convexité est tournée du cóté de la face sensible. A l'extérieur de ces faisceaux, toujours du cóté dela face sensible, le péricycle renferme une couche de fibres trés allongées et à parois trés minces avant l'enroulement. Dans la partie adjacente aux fibres du pé- ricycle, l'écorce est formée de cellules trés allongées; du côté de la face non sensible, au contraire, elle se compose de cellules beaucoup plus courtes presque semblable à celles de la moelle. En résumé, le voisi- nage de la face sensible est caractérisé par la présence de cellules trés allongées et de fibres. Les faisceaux libéro-ligneux, qui, dans une vrille de Bryone, sont presque à égale distance des deux faces, se trouvent dans d'autres genres plus prés de la face sensible. Comme la structure de la vrille est à peu près la méme dans toutes les espèces de Cucurbitacées, l'étude de cette seule famille ne peut nous apprendre si ce sont les cel- LECLERC DU SABLON. — SUR L'ANATOMIE DES VHILLES. 481 lules allongées, les fibres ou les faisceaux libéro-ligneux qui sont en rapport avec la sensibilité. Passiflorées. — Les vrilles de Passiflores jouissent de propriétés com- parables à celles des vrilles de Cucurbitacées : une seule de leurs faces est sensible. Voyons si ce parallélisme se continue dans la structure. Prenons pour exemple la vrille du Passiflora gracilis. Dans une section transversale on reconnait que la vrille est une tige modifiée, on voit en effet un cercle complet et régulier de faisceaux libéro-ligneux ; la moelle est formée de cellules courtes et larges, et l'écorce de cellules plus allon- gées; c'est seulement dans le péricycle qu'on peut trouver une différence entre les deux faces de la vrille. Dans toute la région voisine de la face sensible, le péricycle est formé d'une couche continue de fibres très allongées et à parois trés minces avant l'enroulement. Du cóté de la face opposée au contraire, c'est à peine si l'on voit deux ou trois fibres isolées à la face externe de chaque faisceau du liber. Puisque les faisceaux libéro-ligneux sont également développés tout autour du cylindre cen- tral, on a le droit de conclure que leur présence n'est pas en rapport direct avec la sensibilité d'une face; on n'en peut dire autant des fibres que jusqu'ici nous avons toujours rencontrées dans le voisinage de la face sensible et de celle-là seule. L'étude des vrilles dans les autres familles va nous montrer d'ailleurs si la relation entre ce caractère anatomique et la sensibilité d'une face peut étre considérée comme constante. Ampélidées. — La structure des vrilles des Ampélidées est parfaite- ment symétrique par rapport à un axe. Dans la vrille de la Vigne, par exemple, on trouve au centre une moelle trés développée, formée de cel- lules larges et courtes, puis un cercle de faisceaux libéro-ligneux reliés par des formations secondaires parfois abondantes ; enfin l'écorce est formée dans sa partie interne par des cellules trés allongées. On voit donc que dans ce cas toutes les faces possèdent à un égal degré, assez faible d'ail- leurs, le caractère anatomique qui, dans les deux familles précédentes, semblait accompagner la sensibilité. Or on peut vérifier qu'en effet toutes les faces sont susceptibles de se recourber sous l'influence d'un contact. En examinant un pied de Vigne on peut aussi constater que l'une quel- ` conque des faces a pu devenir concave pendant l'enroulement. Il est vrai que le plus souvent la face qui est sur le prolongement du cóté concave du crochet situé au bout de la vrille devient concave. Mais on doit attri- buer ce fait à ce que, par sa situation, cette face est de beaucoup la plus exposée à rencontrer un support. En effet, lorsqu'un support est retenu par le crochet, c'est la face concave du crochet qui est seule excitée; d'autre part, dans les mouvements de la vrille c'est toujours cette même face qui se trouve en avant et Een par conséquent, doit arriver la tien miére au contact du support. T. XXXIII. (iino) 91 482 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. Dans le genre Cissus les choses se passent à peu près comme pour la Vigne. Dans les espèces que j'ai étudiées (C. discolor et hypoleuca) la structure de la vrille est symétrique par rapport à un axe, et toules les faces jouissent des mêmes propriétés. L'étude des vrilles des Ampélidées est donc bien faite pour confirmer l’idée que la sensibilité d’une face est en rapport avec la présence de fibres ou de cellules allongées dans le voisinage de cette face. L'examen des vrilles de Smilacées, de Légumi et de Bignoniacées donnent le méme résultat que l'étude que nous venons de faire dans les trois principales familles renfermant des plantes à vrilles. La sensibilité d’une face est toujours en relation avec la quantité de fibres ou de cel- lules allongées qui se trouvent dans le voisinage de cette face. La vrille du Smilax mauritanica, par exemple, qui est sensible par toutes ses faces mais inégalement, présente du côté de la face la plus sensible un plus grand nombre de cellules allongées que du côté opposé. Il résulte donc de l'étude anatomique des vrilles, dont je ne donne ici qu'un résumé, qu'il existe une relation constante entre la sensibilité d'une région de la vrille et sa structure. Une face est d'autant plus sen- sible qu'il existe dans son voisinage un nombre plus grand de fibres ou de. cellules trés allongées. Cette corrélation de la structure d'un organe avec son róle nous donne le droit de supposer que le caractére anato- mique que nous avons constaté dans la région sensible d'une vrille est utile à l’enroulement. Quoi qu'il en soit, la structure de la vrille n'est pas la seule raison de l'enroulement; d'autres causes ont été signalées, sur lesquelles je n'insisterai pas, telles sont surtout la forme, la flexi- bilité et surtout les mouvements des vrilles. J'ajoute seulement aux causes externes déjà connues une cause interne qui n'avait pas encore été signalée. Il reste encore dans l'histoire des vrilles une question d'un grand in- térét, je veux parler du mécanisme méme de l'enroulement. Sans avoir l'intention de discuter à fond cette question, je dirai seulement que je ne partage pas les idées généralement recues sur ce sujet. Il me semble difficile d'expliquer, seulement par unedifférence de croissance des deux faces, les mouvements rapides de certaines vrilles. 11 me semble surtout " difficile d'expliquer de cette facon comment une vrille qui s'est recour- bée sous l'influence d'un contact peut se redresser lorsque le contact n'a pas été de longue durée. Depuis longtemps déjà les naturalistes avaient cherché une autre explication du mécani de l'enroul t Dutrochet pensait que l'inégalité de turg e des cellules des deux faces de la vrille était la cause immédiate de la courbure. D'autres, tels que Darwin, et tout récemment M. O. Muller, se sont contentés de con- stater l'insuffi de l'anci explication sans en proposer de nou- BELZUNG. — SUR L'AMIDON ET LES LEUCITES. 483 velle. Dans un prochain travail, j'ai l'intention de donner plus de déve- loppement à cette intéressante partie de l’histoire des vrilles, et j'essaye- rai de résoudre la question que je ne fais maintenant que poser. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture de la communica- tion suivante : SUR L'AMIDON ET LES LEUCITES, par M. E. BELZUNG. Dans mes précéd tions à la Société, j'ai indiqué les premiers résultats de mes recherches concernant l'amidon et les leu- cites. L'ensemble de mes recherches, aujourd'hui terminées, ne devant être publié que dans quelques mois, je désire indiquer brièvement dés aujourd'hui, pour prendre date, les conclusions principales qui dé- coulent de mes observations. Ces conclusions sont les suivantes : 4° L'amidon peut naître et se développer directement dans le proto- plasma de la cellule, sans l'intermédiaire de leucites. Même lorsque les grains d'amidon se déposent dans des leucites préexistants, je n'ai trouvé nulle part d’argument permettant de considérer ces derniers corps comme des formateurs d'amidon, ainsi qu'on le fait généralement aujourd'hui. 2» Un grain d'amidon, né directement dans le protoplasma, peut, avec le seul concours de radiations et de substances azotées solubles de la cellule, se transformer complètement en un grain de chlorophylle ; le protoplasma de la cellule n'entre alors pour rien dans la formation du substratum ou squelette du grain de chlorophylle. Ce squelette est un reste du grain d'amidon antérieurement existant, et par conséquent de composition ternaire. Un pareil grain de chlorophylle est donc bien différent d'un chloro- leucite, grain où le squelette est toujours de nature albuminoide et pro- vient de la différenciation du protoplasnra; il ne peut porter le même nom. On pourrait l'appeler chloroamylite pour indiquer son origine ternaire. Je distingue dés lors deux sortes de grains de chlorophylle, caracté- risés de la manière suivante : 4° les chloroleucites, à squelette albu- minoide, provenant de la différ iation du protopl ; 2° les chlo- roamylites, à squelette ternaire, provenant d'un grain d'amidon. Cette distinction a déjà été établie, dans la forme, par plusieurs au- , teurs, notamment par MM. Haberlandt et Mikosch ; mais, à ma connais” - 1 cas, ] p sance, aucun auteur n'a étudié, dans led " 484 SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 1886. du grain d'amidon; personne n'a indiqué notamment si à l'origine l'ami- donnait librement ou dans un leucite, et si le protoplasma entre dans la composition du futur grain de chlorophylle. 3 L'amidon est né ire, non seul t pour la formation du sque- lette du chloroamylite, mais encore pour le développement du pigment chlorophyllien. Généralement, lorsque l'amidon manque, les chloroamy- lites perdent leur pigment vert; leur squelette incolore devient ensuite finement granuleux et finit par se dissocier et se détruire dans la cellule. Dans tous les cas que j'ai pu étudier, j'ai observé ce caractere transitoire des chloroamylites, à l'inverse des chloroleucites, qui peuvent persister pendant toute la vie de la plante. M. Bonnier fait remarquer que, d'aprés un récent travail de M. Wiesner, on trouverait des dermatoses protoplasmiques dans la paroi des cellules. Il est peut-étre trop absolu d'affirmer que les grains d'amidon sont absolument ternaires. M. Rouy fait à la Société Ia communication suivante : NOTES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE, par MI. €. ROUY. I. — Indication de sept plantes asiatiques ou africaines nouvelles pour la flore européenne. Tous les botanistes savent qu'il existe, sur l'habitat des plantes euro- péennes, un ouvrage à juste titre estimé : le Conspectus flore europee, de M. Nyman, édition complètement modifiée et augmentée de l’ancien Sylloge du même auteur. Mais la publication du Conspectus, commencée en 1878, a été terminée en 1884; depuis lors, l'exploration incessante du territoire européen, au point de vue botanique, a encore amené des découvertes importantes pour la flore de cette partie du monde pourtant bien connue. Nous nous proposons, dans quelques Notes que nous au- rons l'honneur de lire à la Société, de signaler successivement les plus intéressantes de ces constatations. Dés aujourd'hui, nous mentionnerons la présence en Europe de trois plantes asiatiques non encore indiquées dans le Gi pectus flore eu- ropææ : les Githago gracilis Boiss., Androsace filiformis Retz, Siphonostegia syriaca Boiss., et de quatre plantes africaines : Eruca stenocarpa Boiss. et Reut., Lavatera moschata Miergues, Medicago secundiflora Dur., Scorzonera coronopifolia Desf. — Au sujet de celles-ci, rappelons que nous avons déjà signalé les trois premières dans d'autres ouvrages, soit l'Eruca stenocarpa dans nos Excursions. botaniques en Espagne en 1881 et 1882, p. 51; le Lavatera moschata ROUY. — NOTES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE. 485 dans ce Bulletin (xxxt, p. 182), et le Medicago secundiflora dans nos Suites à la Flore de France, fasc. I, p. 12. Quant au Scorzonera coro- nopifolia, il a été trouvé tout récemment en France par M. Timbal- Lagrave, qui vient de publier sa découverte dans un Essai monogra- phique sur les espèces du genre Scorzonera de la flore francaise. Les Githago gracilis et Siphonostegia syriaca ont été recueillis en Grèce par M. de Heldreich, et l'Androsace filiformis en Russie par M. Petrowsky. — Les caractères différentiels de ces trois plantes sont indiqués en détail dans le Flora Orientalis de Boissier. Terminons en précisant l'habitat européen de ces diverses espéces : Eruca sTENOCARPA Boiss. et Reut. Pugillus plant. nov. p. 8. — ESPAGNE : province d'Almeria : éboulis des grands rochers du cerro de Maimon grande au-dessus de Velez-el-Rubio (Rouy). Giraaco GRACILIS Boiss. Fl. Orient. I, p. 661; Agrostemma gracilis Boiss. Diagn. sér. II, fasc. 1, p. 80. — GnEcE: Thessalie : « in colli- bus saxosis prope Pharsalium, inter dumos Quercus coccifere » (Héldreich, Herb. grecum normale, n° 825). t LAVATERA MOSCHATA Miergues in Bull. Soc. bot. de France, V, p. 993. — PonrUGAL : Estramadure : Venda do Pinhero, prés Torres- Vedras (J. Daveau). MEDICAGO SECUNDIFLORA Dur. ap. Duchartre, Revue botanique, I, p. 365; Urban, Prodr. ein. Monogr. d. Gat. Medicago, p. 53. — FRANCE: dép. de l'Aude : sables de l'ile de Leucate (Gaston Gautier). SCORZONERA CORONOPIFOLIA Desf. Fl. atlant. II, p. 220, tab. 212; Timb.-Lagr. Essai monogr. Scorzonera fl. fr. p. 14. — France : dép. de l'Aude : fles des étangs de Bages et de Leucate; dép. des Pyrénées- . Orientales : Sournia, vallée de la Désix (sec. Timbal-Lagrave, loc. cit.). ANDROSACE FILIFORMIS Retz, Observ., IL, p. 10; Boiss. Fl. Orient. II, p. 4T. — RUSSIE CENTRALE : Jaroslaw (Petrowsky). SIPHONOSTEGIA SYRIACA Boiss. Fl. Orient. MI, p. 471; Lesquereuxia syriaca Boiss. et Reut. Diagn. sér. I, fasc. 12, p. 43; sér. II, fasc. 6, p. 132. — Grèce : Thessalie : « in M. Pelio : reg. infer. part. orient., in ericetis apricis pr. Anilios » (Heldreich, Iter thessalum, 1882, n° 30). M. Bonnier fait à la Société la communication suivante : 486 SÉANCE DU 129 NOVEMBRE 1886. ` LOCALITÉS DE PLANTES DE LA RÉGION PARISIENNE NON SIGNALÉES DANS LA FLORE DES ENVIRONS DE PARIS ET QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES POUR CETTE RÉGION, par M. Gaston BONNIER (1). Ranunculus nemorosus DC. var.; R. Delacouri Gaudefroy et Ma- bille. — Forét de Villers-Cotterets, prés de La Ferté-Milon. — var. ; R. Questieri Billot. — Plusieurs points de la forêt de Com- piègne. Arabis arenosa Scop. — Louye (Eure). Erucastrum obtusangulum Rchb. — Vézillon (Eure); environs de Gisors. E. Pollichii Spenn. — Dreux. Dentaria bulbifera — Petite forêt de Villers-Cotterets, non loin du poste de Cabaret. * Draba muralis L. — Le Mesnil-sur-l'Estrée (Eure); Dreux. Polygala vulgaris L. var. P. comosa Schrank. — Ermenonville (Oise). — var.; P. Lensei Bor. — Mortefontaine (Oise). Dianthus Caryophyllus L. — Vernon ; Gisors. D. deltoides L. — Guipereux. Lychnis silvestris Hoppe. — Environs d'Épernon (Eure- aibi Spergula pentandra L. — Houdan; Dreux. Linum Leonii Schultz. — Le Long-Rocher à Fontainebleau. Geranium lucidum L. — Louye, prés de la ferme Gastelais. * G. Robertianum L. var.; G. purpureum. Vill. — Tison (Eure). Trifolium subterraneum L. — Forét de Sénart. Vicia hybrida L. — Dreux ; Nonancourt. * Lathyrus sphæricus Retz. — Chérizy (Eure-et-Loir). Naturalisé depuis de trés nombreuses années. Geum rivale L. — Le Thuit (Eure). G. intermedium Ehrh. — Les Andelys. Rosa spinosissima L. — Forêt de Laigue (Oise). Sanguisorba officinalis L. — Sacy-le-Grand ; Mortefontaine ; La Cha- pelle-en-Serval (Oise). Myriophyllum alterniflorum DC. — Illiers-l’Évêque (Eure). Sedum boloniense Lois. — Le Thuit. Trinia vulgaris DC. — Coteaux prés de Marcilly-sur-Eure. Sison Amomum L. — Aunay, près de Muzy. à e Les espéces marquées d'un astérisque sont nouvelles pour la flore des environs e Paris. BONNIER. — LOCALITÉS DE PLANTES DE LA RÉGION PARISIENNE. 487 Bunium verticillatum G. G. — Ylliers-l'Évéque. Sium latifolium L. — Le Mesnil-sur-l'Estrée. Peucedanum Cervaria Lapeyr.— Environs d’Évreux; forêt de Laigue. Carum Bulbocastanum Koch. — Forèt de Villers-Cotterets. Petasites vulgaris Desf. — Bords de l'Avre. Sonchus palustris L. — Mortefontaine ; Neaufle, près Gisors. Erica vagans L. — Gambaiseuil. Cuscuta densiflora Soy.-Will. — Saint-Georges-Motel. Lithospermum purpureo-cæruleum L. — Forêt de Dreux. Linaria minor Desf. var.; L: praetermissa Delastre. — Dreux. L. arvensis Desf. — Milleville prés Évreux. Phelipea cerulea C. A. Mey. — Aultmont (Oise). Orobanche Picridis F. Schultz. — Pierrefonds. Salvia Verbenaca L. — Marcilly-sur-Eure. Chenopodium urbicum L. — Vernonet. Rumex scutatus L. — Petit-Andely. . R. palustris Sm. — Bords de la Seine à Port-Villez. Polygonum Bistorta L. — Beauvais. Asarum europæum L. — Forêt de Rougeaux (Seine-et-Marne). Euphorbia Esula L. — Louye. E. verrucosa L. — Environs de Pierrefonds. Alisma natans L. — Chartainvilliers. Ornithogalum nutans. — Saint-Éloy, près de Gisors. Phalangium Liliago Schreb. — Port-Villez. Herminium monorchis R. Br. — Tilly. phalanthera ensifolia Rich. — Le Thuit. Limodorum abortivum Sw. — Saint-Nicolas-de-Courson (Oise). Potamogeton rufescens Schrad. — Environs de Vert, près Chartres. Juncus capitatus Weig. — Étangs de Saint-Pierre, près de Vieux- Moulin (Oise). Eriophorum vaginatum L. — Gambaiseuil. Carex teretiuscula Good. — Mortefontaine ; Millemont (Seine-et-Oise). C. arenaria L. var.; C. Reichenbachii Edm. Bonnet. — Forêt de Laigue. C. depauperata Good. — Forêt de Rougeaux. C. strigosa Huds. — Forêt de Laigue. : Sesleria cerulea Ard. — Louye; Marcilly-sur-Eure; Pacy-sur-Eure. Glyceria plicata Fries. — Environs de Chartres. Ceterach officinarum C. Bauh. — Soisy-sous-Étiolles (Seine-et-Oise). Les plantes qui précédent ont été recueillies soit dans des excursions particulières, soit dans les excursions botaniques de l'École Normale supérieure. * 488 ` SÉANCE pu 26 NOVEMBRE 1880. M. G. Bonnier fait ensuite hommage à la Société, au nom de l'auteur, d'un ouvrage intitulé : Catalogue des plantes vasculaires du Pas-de-Calais, par M. l'abbé A. Masclef, et donne quelques détails sur cette publication. M. Chatin dit qu'il est un peu surpris, en parcourant l'intéres- sant Catalogue dà à M. Masclef, de voir mentionnés dans le Pas-de- Calais, à côté des Geranium macrorrhizum et pratense, indiqués comme paraissant quelquefois naturalisés, les G. nodosum et phœum, qu'on ne s'attendrait pas à priori à rencontrer dans cette région. M. Rouy rappelle que le Geranium phewm a été signalé dans le département de la Somme. M. Bonnier fait remarquer que le Geranium nodosum a été trouvé en Belgique. M. Malinvaud a rencontré une fois cette dernière espèce aux environs de Limoges, mais il a eu la preuve qu’elle y avait été in- troduite ; comme plante spontanée, elle ne dépasse point le Plateau central. Il est aussi trés probable que le G. phœum a été naturalisé dans le département de la Somme. M. Bonnier fait observer que le G. phæum est trés répandu en Belgique et qu'il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'il füt spontané aux bords de la Scarpe et aux marais de Guines, d’où il en a reçu de nombreux échantillons. SÉANCE DU 96 NOVEMBRE 1886. PRÉSIDENCE DE M. CHATIN. M. Costantin donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite des présentations faites dans les der- niéres séances, proclame l'admission de : MM. Demorrier (Henri), à Chatres, par la Bachellerie (Dor- dogne), présenté par MM. A. Chatin et Malinvaud. | COSTANTIN. — SUR UN RHOPALOMYCES. 489 MM. GrmmavLT (Georges), rentier, rue de Saint-Quentin, 38, à Paris, présenté par MM. Bois et Maury. Gnavis (Auguste), professeur de botanique à l'université de Liége (Belgique), présenté par MM. Duchartre et Malin- vaud. MoreLay (Paul), cours de Gourgues, 8, à Bordeaux, présenté par MM. Motelay père et Paul Sahut. WzrrER (Hubert), libraire, 59, rue Bonaparte, à Paris, présenté par MM. Cintract et Malinvaud. M. le Président prononce l'admission comme membre à vie de M. Paul Motelay, qui a rempli les conditions exigées par les Statuts pour l'obtention de ce titre. M. Malinvaud présente à la Société des échantillons de Galium vernum récoltées par M. Demortier dans 1e bois de Meudon; il ajoute que cette espèce, probablement naturalisée (comme le Scu- tellaria Columneæ, le Glyceria Michauxii, etc.), n'avait pas été rencontrée jusqu'à ce jour dans le rayon de la flore parisienne. M. Edmond Bonnet dit que ce Galiwm a été découvert à Meudon au cours d'une herborisation dirigée par M. Baillon, et qu'il a été manifestement introduit. M. Demortier, ayant laissé chez lui une note qu'il avait préparée au sujet de la découverte de cette plante, en donnera lecture au commencement de la prochaine séance. M. Costantin fait à la Société la communication suivante : 3 SUR UN RHOPALOMYCES, par M. COSTANTIN. Le genre Rhopalomyces, créé par Corda (1), comprend actuellement cinq espéces (2) qui ont été réunies ensemble, quoique organisées d'aprés deux types trés différents. A un premier type, se rattache le R. elegans (3), caractérisé par un long pied hyalin non cloisonné sup- portant une sphére dont la surface est hérissée de spores brunes. À un deuxiéme type se rapportent les espéces de MM. Berkeley et Broome, en particulier le R. candidus, caractérisées par un pied incolore cloisonné, terminé par une sphère couverte de spores hyalines. (1) Prachtflora, p. 3, pl. 11. (2) Saccardo, Sylloge Fungorum. 1, Hyphomycètes, p. 50. 3 B) Peutie aussi le R. Cucurbitarum B. et R. dont les filaments ne sont pas cloi- sonnés. 490 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. On sait quelle grande importance on attribue, avec raison, à la pré- sence ou à l'absence de cloisons chez les Champignons inférieurs (1); c'est un des caraetéres qui distinguent les Oomycétes des autres ordres de la Mycologie. C'est donc vraisemblablement à tort que l'on a rappro- ché les deux groupes précédents d'espéces dans un méme genre. Ces plantes sont assez rares; aussi, comme j'ai eu récemment l'occasion d'observer une espéce non décrite appartenant à l'un de ces deux types, je profite de cette occasion qui m'améne à la décrire pour signaler l'hété- rogénéité du genre Rhopalomyces. Le Champignon que j'ai rencontré se rapproche du R. elegans. ll présente un long pied sans cloison, cuticularisé et brunâtre, tandis que celui de l'espéce précédente est incolore. La même différence de colo- ration s’observe pour la tête qui surmonte ce pied. Les dimensions des spores, un peu arrondies du côté libre et un peu pointues vers le point d’attache sur la sphère, ne sont pas les mêmes dans les deux espèces; la longueur des conidies du R. elegans varie de 35 à 40 y. (2), la largeur est de 18 p; la longueur des spores de l'espèce actuelle varie de 25 à 34 p, la largeur de 8 à 9 y. Dans cette dernière plante, les conidies, fixées à l'extrémite des stérigmates quand elles ne sont pas müres, tom - bent dés qu'elles arrivent à maturité. Quand elles sont toutes tombées, la téte brune qui les porte apparait hérissée de piquants dont la base est enfermée dans un polygone plus ou moins régulier, mais moins nette- ment délimité que celui qu'on observe sur le R. elegans (3). Le nombre de ces piquants est assez variable et dépend de la grosseur de la téte et de celle de l'individu tout entier, mais il parait étre plus élevé dans l'espéce actuelle que dans le Rhopalomyces de Corda. La grosseur de la sphére est trés variable, elle peut osciller entre 38 et 80 p., mais, relati- vement aux spores, la téte est plus grosse ici que sur les échantillons figurés dans le Prachtflora ; jamais, en particulier, les spores ne sont aussi longues que le diamètre de la sphère. De la partie inférieure du pédicelle brun qui porte la sphére, partent un certain nombre de fila- ments radiciformes incolores extrêmement déliés.(1 # de large, tandis que le pied atteint 17 p) non cloisonnés qui servent à fixer et à nourrir la plante. C'est sur le Peziza arenaria Tul. que j'ai rencontré le précédent Champignon. Ayant rapporté au laboratoire un certain nombre d'échan- (1) Van Tieghem, Traité de Botanique, p. 1001. L'idée de rapprocher les Rhopalo- pet des Mucorinées a été indiquée par Berkeley et Ravenel à propos du R. Cucurbi- arum. (2) Saccardo, loc. cit. (3) Il wy a là évid ueun cloi dans cette tête comme Corda l'in- dique; elle est simplement aréolée très légèrement. Sur certains individus, ces aréoles ne s'observent même pas dans l'espèce que je décris. | | | COSTANTIN. — SUR UN RHOPALOMYCES. 491 tillons de cette Pezize qui vit enfoncée dans le sable, je constatai, au bout de quelques jours, que son hyménium s'était couvert d'une forét de petits filaments noirs terminés par des tétes de méme couleur. Cet Hyphomycète se propagea bientôt sur le sable qui entourait les Discomy- cétes, ainsi que sur la coupelle de terre où ils étaient contenus. Cette plante nouvelle se développe donc à la façon des Rhizopus, seulement ici les stolons sont d'une ténuité et d'une délicatesse extréme. Au point de vue de la classification de M. Saccardo, la découverte de cette espèce offre un intérêt particulier; elle met nettement en évidence tout ce qu'il y a d'insuffisant dans la méthode suivie par ce botaniste pour classer les Cryptogames inférieures. En effet, la plante nouvelle précé- dente est une Dématiée, puisqu'elle a les spores brunes et les filaments noirs, et je rappellerai ce fait en la t Rhopalomyces nigripes; aucune Dématiée ne s'en rapproche; il n'y a pas lieu cependant de créer un genre nouveau, car les affinités des Rhopalomyces nigripes et elegans sont incontestables. Or M. Saccardo range tous les Rhopalomyces dans les Mucédinées, c'est-à-dire dans les Hyphomycétes à filaments incolores et à spores peu ou pas colorés. Si le R. candidus et les espéces voisines peuvent prendre place dans ce groupe, le R. elegans y rentre diffici- lement et le R. nigripes ne peut pas du tout y être rangé. C'est done nettement à part que ces deux dernières espèces doivent être classées. En somme, la classification empirique de M. Saccardo et la classi- fication plus rationnelle qui tient compte de la présence ou de l'absence de cloisons conduisent à la méme conclusion : que le genre Rhopalo- myces est un genre hétérogène et doit être: scindé en deux. Si l'on ne peut pas dire actuellement où les Rhopalomyces doivent être placés, car leur histoire est trop imparfaitement connue, on peut cependant affirmer que le genre actuel doit être restreint à trois espèces. Le nom de Rhopalomyces doit étre conservé pour les R. elegans, nigripes, ainsi que le R. Cucurbitarum, puisque le nom de genre a été créé par Corda en étudiant cette premiére espéce. Que deviendront les autres Rhopalomyces? Ils pourront prendre place dans le genre OEdoce- phalum de Preuss, car ce genre a été créé pour des-espèces cloisonnées qui ne different des précédentes que par la présence d'un réseau sur la sphére qui porte les spores; ce caractére n'a qu'une valeur secondaire, car il ne se manifeste qu'assez tard et pas toujours trés nettement. : J'ai tenté de cultiver le Rhopalomyces qui vient d'étre décrit, je l'ai semé dans différents milieux : décoction de crottin, eau de levüre gluco- sée, jus d'orange, jus de pruneaux, décoction du Peziza arenaria, etc.; dans quelques-uns de ces milieux, j'ai pu obtenir, en culture cellulaire, le début de la germination des spores de ce Champignon. La germina- tion se manifeste avec une trés grande rapidité dans la décoction de 492 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. crottin, dans l'eau de levüre glucosée, dans le liquide Raulin, etc.; au bout de deux jours, on voit sortir de l'extrémité arrondie de la spore opposée au point d'attache un filament extrêmement délié, de 1 p environ, qui se ramifie le plus souvent presque au sortir de la spore en deux autres filaments qui ne tardent pas à se diviser et à se subdiviser un cer- tain nombre de fois. Ce mycélium est tellement fin qu'il doit étre observé avec l'objectif à immersion pour permettre de constater qu'il n'est pas cloisonné. Dans toutes ces cultures cellulaires, ce mycélium n'a pas pro- duit de rameaux fructiféres; en certains points seulement, il s'enroule sur lui-même, de facon à former comme des sortes de pelotes peuserrées. Voyant l'insuecés de ces cultures et redoutant de voir disparaitre la plante que je cultivais en grand dans des coupelles poreuses, je suis retourné à Herblay chercher de nouveaux échantillons du Peziza are- naria, qui se trouvait cette année en trés grande abondance dans cette localité. Quelques-unes de ces Pezizes qui étaient indemnes d'Hyphomy- cètes furent placées au milieu des anciennes cultures qui furent ainsi rajeunies par l'apparition d'un grand nombre de têtes noires met qui formaient une nouvelle forêt de Rhopal Non t ces Pezizes furent trés rapidement infestées, mais k Pezizes nouvelles, pla- cées dans des assiettes séparées, redéveloppérent spontanément la même Cryptogame. On peut donc maintenant se procurer ce Rhopalomyces, si Von connait un gite de Peziza arenaria ; ce west pas accidentellement que ce parasite s’est développé. Dans les vieilles cultures en coupelles dont je viens de parler, j'ai pu observer quelques modifications intéressantes de l'espéce nouvelle. Quand l'atmosphère dans laquelle elle se développe est très humide, quand les Pezizes et le sable apparaissent comme fortement imprégnés d'eau, au lieu de tétes noires, on voit apparaitre des tétes blanches. Ces formes n'apparaissent d'ailleurs jamais au début des cultures, mais à la fin. Sous le microscope, elles se montrent composées, comme dans les individus décrits plus haut, d'une téte couverte de spores qui ici restent fixées à leur support; l'ensemble de l'individu est incolore : le pied, la tête, les spores. Ces spores ne sont évidemment pas mûres, puisqu'elles sont encore fixées à l'ampoule à laquelle elles tiennent très fortement, tandis que sur les individus noirs décrits plus haut, les spores tombent avec la plus grande facilité. Les d des individus de cette forme sont d'ailleurs nota- blement différentes de celles des individus à pieds noirs. Voici les mesures faites en prenant pour unité une division du micromètre oculaire : Individu blanc : pieds un ue 9 spores fixées à la téte et blanches. 1* individu noir 5,5 ë 2 — — 16 — 4,9 ( spores noires tombées 3° — — 42 — 8,5 a m——ÁÁ COSTANTIN. — SUR UN RHOPALOMYCES. 493 Ges nombres indiquent donc bien qu'on a affaire à une variété qui se développe dans des conditions particuliéres. En effet, quoique beaucoup plus élevée, elle n'est pas müre puisque les spores ne sont pas tombées. Les chiffres précédents relatés pour les individus de coloration brune montrent, en outre, que la différenciation est déjà complète, méme chez les plus petits pieds. Voici les valeurs absolues des différents éléments qui constituent ces individus incolores : spore incolore, 254 de long sur 11,5 v de large ; tête supportant les spores, mais dépourvue de spores, 91 » ; filament sup- portant la téte, largeur à la partie supérieure, 11,2 y, largeur à la base, 24 u, longueur du filament, 420 p. Le contenu plasmique de ce filament est disposé en un réseau formé d'hexagones à angles trés fortement accusés. Tout semble donc indiquer dans cette forme un développement exagéré en rapport avec une grande humidité de l'atmosphére, cette élongation s'opére sans que pour cela la différenciation du filament ou des spores soit aussi avancée que sur des échantillons trés petits de la forme normale noire. Les cultures précédentes faites en grand ne permettent pas de bien préciser le mode de propagation par stolons de l'espéce actuelle; une culture cellulaire faite dans des conditions spéciales m'a permis de déter- miner d'une manière exacte comment cette multiplication s'opérait. N'ayant obtenu dans les cultures cellulaires avec des liquides variés que le mycélium de la plante, j'ai introduit un fragment de Pezize dans la décoction de crottin, ét j'ai ainsi obtenu dans la cellulele développement de quelques pieds fructifères du Rhopalomyces. Les filaments mycéliens forment à la base de ces pieds des réseaux trés déliés. Voici la diag du Rhopalomyces nouveau décrit dans cette note. Rhopalomyces nigripes, sp. n. Pied et tête bruns; tête variant de 28 à 80 p, hérissée de stérigmates portant les spores brunes allongées pointues à un bout, arrondies à l’autre, longueur 34 à 25 x, largeur 9 à 8 p. M. Van Tieghem a étudié autrefoisle Rhopalomyces elegans, que l'on trouve quelquefois sur le crottin de cheval. Le thalle ram- pant qui s'étend sur le bord des coupes poreuses ressemble à celui des Piptocephalis et des Syncephalis. Cette espèce n'est point pa- rasite, comme celle dont s'est occupé M. Costantin; aussi se cul- tive-t-elle plus facilement dans la décoction de crottin. Dans ces cultures, on observe des boules enveloppées d'une membrane qui rappellent les chlamydospores des Mucorinées. Cette circonstance jointe à la structure non cloisonnée du thalle pourrait peut-être 494 ‘séance DU 26 NOVEMBRE 1886. amener à ranger les Rhopalomyces, sinon dans les Mucorinées, du moins au voisinage de cette famille. Il n'y a aucun rapport, ainsi que vient de le montrer M. Costantin, entre le R. elegans et les autres espéces placées à tort dans ce genre. M. Cornu signale, à ce propos, les affinités obscures d'un certain nombre de Dématiées, groupe hétérogéne et riche en formes va- riées, en particulier dans l'élégant genre Camplowm, dont les espéces croissent sur les Cypéracées. Ce genre présente des articles couronnés de spores et donne en germant un thalle unicellulaire. M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante : ORIGINE DES RADICELLES ET DES RACINES LATÉRALES CHEZ LES LÉGUMI- NEUSES ET LES [CUCURBITACÉES, par Ph. VAN TIEGHEM et H. DOULIOT. En poursuivant, sur l'origine, la croissance interne et la sortie des membres endogènes, le travail dont nous avons déjà communiqué quel- ques résultats à la Société (1), nous avons été conduits à étudier à notre tour le mode de formation des radicelles et des racines latérales chez les Légumineuses et les Cucurbitacées, plantes qui offrent, corame on sait, sous ce rapport un intérêt tout particulier. En effet, d’après M. Janc- zewski (2), les radicelles des Légumineuses et des Cucurbitacées se formeraient tout autrement que celles des autres Dicotylédones, tirant leur cylindre central seul du péricycle de la racine, leur écorce et leur coiffe de l'endoderme et des assises corticales internes de la racine. D'autre part, d'aprés M. Lemaire (3), les racines latérales des Légumi- neuses offriraient la méme exception, leur cylindre central seul se for- mant aux dépens du péricycle de la tige, leur écorce et leur coiffe dérivant ensemble de l'endoderme de la tige ; ce botaniste n'a pas étudié la question chez les Cucurbitacées. Nos recherches nous ont montré que cette double exception n'est qu'apparente, que les Légumineuses et les Cucurbitacées forment en réalité leurs radicelles et leurs racines latérales comme les autres Dico- tylédones, c'est-à-dire tout entières aux dépens du péricycle de la racine (1) Ph. Van Tieghem et H. Douliot, Observations sur la sortie des racines latérales et en général des organes endogènes (Bull. Soc. bot., séance du 44 mai 1886). Sur la formation des racines latérales des Monocotylédones (Ibid., séance du 23 juillet 1886). 2) J ki, Ri he sur le développ des radicelles dans les Phanéro- games (Annales des sciences naturelles, 5° série, xx, 1874). à) (3) Lemaire, Recherches sur l'origine et le développement des racines latérales chez les Dicotylédones (Ann. des sciences nat., T° série, 111, 1886). VAN TIEGHEM ET DOULIOT. — ORIGINE DES RADICELLES, ETC. 495 ou de la tige mère. Ce qui est vrai, c'est que ces plantes sont le siège d'un phénomène secondaire, qui est loin de leur apparlenir en propre, qui se retrouve, au contraire, trés fréquemment ailleurs, mais qui se manifeste chez elles avec une intensité plus grande, de maniére à mas- quer davantage le véritable état des choses. Aussi est-il nécessaire, avant d'entrer dans l'étude du gujet, de définir exact t ce phé secondaire. Dans une Note précédente (1), nous avons montré qu'à peine ébauchée la jeune racine latérale ou la jeune radicelle se nourrit par toute sa sur- face externe. A cet effet, elle attaque et dissout de proche en proche toutes les cellules qu'elle vient à toucher, d'abord leurs contenus, puis leurs membranes; elle en absorbe à mesure toute la substance liquéfiée et croît en méme temps, de manière à remplir toujours exactement l'es- pace devenu libre. En un mot, elle digére toute la portion de tissu située en dehors d'elle et s'y substitue, absolument comme dans la graine l'em- bryon digère l'alb qui l'enveloppe et dont. il prend la place. C'est donc par le fait méme de sa nutrition et de sa croissance interne que la racine ou la radicelle se fraye un chemin vers l'extérieur. Ceci rappelé, si l'on observe comparativement ce phénomène de digestion chez un grand nombre de plantes, on voit qu'il se mauifeste, suivant les cas, de trois maniéres différentes. Quelquefois c'est l'épiderme méme de la racine latérale ou de la radi- celle, progressivement cloisonné vers le sommet pour former les calottes successives de la coiffe, qui attaque directement et sans aucun intermé- diaire tous les tissus externes du membre générateur, les digère et en absorbe la substance liquéfiée. La jeune racine ou radicelle est alors nue; sa digestion est directe et totale (Fougéres, Cycadées, Coniféres, Cruciféres, Caryophyllées, diverses Monocotylédones, etc.). Le plus souvent la racine latérale ou la radicelle, à mesure qu'elle grandit, pousse devant elle une couche plus ou moins épaisse du tissu du membre générateur, couche qui demeure vivante, pleine de proto- plasme, et qui s'étend. progressivement en cloisonnant ses cellules, de manière à recouvrir toujours complètement le jeune organe à la surface duquel elle est intimement unie. C’est alors cette couche qui digère tout le tissu extérieur à elle, en absorbe les produits solubles et les transmet à la racine sous-jacente, ne gardant pour elle que ce qui est nécessaire à sa propre croissance. Elle mérite un nom spécial : nous l'appellerons désormais la poche digestive ou simpl tla poche. Dans ce cas, la racine latérale ou la radicelle est enveloppée; sa digestion est indirecte et partielle. (1) Voy. le Bulletin, séance du 14 mai 1886. ' 496 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. Ailleurs, enfin, la racine latérale ou la radicelle est tout d’abord com- plètement entourée d'une poche, comme dans ie second cas; mais, bientót, en s'élargissant brusquement à la base, elle digére la partie latérale de cette poche et n'en laisse subsister que la région terminale. A partir de ce moment, elle est nue sur les flancs, où sa digestion est directe et totale, enveloppée au sommet, où sa digestion est indirecte et partielle. Ce troisième cas, caractérisé par une poche digestive incom- pléte, est évidemment intermédiaire aux deux autres; il est d'ailleurs relié au second par de nombreuses transitions (diverses Rubiacées et Ombelliféres, Primevères, Auricule, diverses Monocotylédones, etc.). La fréquente production de ce que nous appelons ici une poche diges- tive, compléte ou incompléte, n'a pas échappé aux auteurs qui ont étudié l'oigine des radicelles et des racines latérales. Dès 1868, en effet, MM. Nägeli et Leitgeb ont décrit la formation de cette fausse coiffe (unüchte Wurzelhaube), comme ils l'appellent, dans les radicelles de plu- sieurs Monocotylédones (Pontederia crassipes, Oryza sativa) et Dico- E ei bunga, Ly hia thyrsiflora, Nasturtium officinale, L themum geminatum); les radicelles du Pontederia crassipes ne produisent même pas de vraie coiffe et wont leur sommet protégé que par cette poche, de bonne heure détachée circulairement à sa base (1). Plus tard, en 1874, M. Janczewski a observé le même phénomène dans les radicelles de quelques autres M tylédones (Alisma Plan- tago, Sagittaria sagittifolia, Zea Mays) et Dicotylédones (Fagopyrum esculentum, Helianthus annuus); mais, à l'exemple de MM. Nägeli et Leitgeb, il a considéré la couche ainsi produite comme faisant partie intégrante de la coiffe, dont elle constitue la zone externe (2). Enfin, tout récemment, M. Lemaire a observé cette poche dans les racines latérales d'un gri nombre de Dicotylédones (Veronica, Valeriana, Hippuris, Primula, Pol Epilobium, Circæa, etc.) et l'a nettement dis- tinguée de la vraie coiffe en la désignant sous le nom de calotte (3); malheureusement cette dénomination ne peut être conservée, puisqu'elle sert déjà couramment à désigner chacune des assises cellulaires qui com- posent la vraie coiffe. On continuera done à appeler coiffe la couche de tissu ei bnweipppo et protège l'extrémité d'une racine ou d'une radicell yj de l'origine de cette couche; mais, toutes les fois que l'on voudra étudier et préciser cette origine, il sera nécessaire d'avoir à sa disposition deux expressions distinctes de la précédente, l'une pour désigner ce qui, dans (1) Nägeli, Beiträge zur wiss. Botanik, 1v, p. 138, 1808. (2) Janczewski, loc. cit., p. 47 et suiv., 1874, (3) Lemaire, loc. cit., 1886, | | 2 VAN TIEGHEM ET DOULIOT. — ORIGINE DES RADICELLES ETC. 491 la coiffe, est étranger à la racine ou à la radicelle, ce sera la poche, l'autre pour désigner ce qui, dans la coiffe, appartient en propre à laracine ou à la radicelle, ce sera la calyptre. La coiffe peut être formée à tout âge seulement d'une calyptre (Fougères, Cycadées, Coniféres, Crucifères, Caryophyllées, etc.), ou seulement d'une poche (radicelles de Pontede- ria et diverses autres Monocotylédones, etc.). Mais le plus souvent elle est composée, au moins dans la jeunesse, d'une poche et d'une calyptre; c'est alors la poche qui commence, puis la calyptre vient s'y joindre, enfin plus tard, aprés l'exfoliation de la poche, la calyptre reste seule. Coiffe est donc un terme de morphologie et de physiologie externes, tandis que poche et calyptre sont des termes de morphologie et de physio- logie internes. C'est dans ce sens que nous emploierons désormais ces trois expressions. Remarquons encore qu'il n'est permis de comparer la coiffe d'une plante à celle d'une autre plante que s'il est démontré au préalable que la coiffe posséde dans les deux cas la méme origine et la méme valeur morphologique. Comparer, par exemple, une coiffe qui est une poche à une coiffe qui est une calyptre, c'est-à-dire deux choses non compa- rables, serait une faute grave en Morphologie. Nous pouvons maintenant entrer dans l'étude du sujet spécial qui nous occupe aujourd'hui, et nous commencerons par les Légumi- neuses. LécuwiNEUSES. — Le type particulier aux Légumineuses ayant été établi tout d'abord par M. Janczewski pour les radicelles de ces plantes et n'ayant été que plus tard retrouvé par M. Lemaire pour leurs racines latérales, nous devons considérer en premier lieu les radicelles. 4° Radicelles. — Prenons pour exemple le Pois cultivé (Pisum sativum). Le péricycle de la racine y compte, comme on sait, trois assises en face des faisceaux ligneux, une seule en face du milieu des faisceaux libériens (1). Pour former une radicelle, les cellules de ces trois assises s'agrandissent simultanément dans le sens du rayon, puis se cloisonnent : d’où une protubérance conique. Les cellules médianes de l'assise moyenne produisent le cylindre central de la radicelle et en détachent bientôt les initiales à leur bord extérieur. Les cellules de l'assise interne, situées au-dessous des précédentes, entrent également dans la compo- sition du cylindre central, dont elles forment la région basilaire. Les cellules de l'assise externe, situées au-dessus de celles qui donnent le (1) Ph. Van Tieghem, Recherches sur la symétrie de structure des plantes vascu- laires (Ann. des sc. nat., 5° série, xim, p. 217, 1871). a T. XXXIII. $ (SÉANCES) 32 498 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. cylindre central, se divisent d’abord en deux par une cloison tangentielle médiane ; les cellules externes ainsi formées se segmentent ensuite par une série de cloisons tangentielles centripètes et produisent plus tard V'assise pilifère et la calyptre; les cellules internes, jointes aux cellules latérales du rang moyen, composent l'écorce, dont elles occupent le sommet et dont elles sont les initiales. En résumé, la radicelle du Pois procède tout entière du péricycle de la racine; elle dérive essentiellement de son assise moyenne et de son assise externe ; l'assise interne joue, dans le phénomène, un rôle relati- vement accessoire. En outre, le sommet de la radicelle offre trois sortes d'initiales propres superposées; les internes, pour le cylindre central, dérivent de l'assise péricyclique moyenne, tandis que les moyennes, desti- nées à l'écoree, et que les externes, communes àl'assise pilifére et à la calyptre, dérivent ensemble de l’assise péricyclique externe. Pendant que la radicelle se constitue de la sorte, l'endoderme et les deux assises corticales suivantes s'accroissent au-dessus d'elle pour Ia recouvrir, cloisonnant en méme temps leurs cellules, d'abord radia- lement, puis tangentiellement. En un mot, ces trois assises forment ensemble une poche, qui digère tout le reste de l’écorce et qui enveloppe la radicelle jusqu'aprés sa sortie. A ce moment, la coiffe dela radicelle se montre done composée de deux parties d'origine différente: en dehors une poche formée tout d'abord, en dedans une calyptre développée plus tard. Dans le Chiche (Cicer arietinum), les choses se passent comme dans le Pois, avec cette différence qu'ici le péricycle ne compte assez souvent en face des faisceaux ligneux que deux assises, qui se comportent comme les deux assises péricycliques externes dans le cas précédent. Dans le Lupin (Lupinus sulfureus), dans le Lotier (Lotus corniculatus), le péricycle se réduit ordinairement à une assise en dehors des faisceaux ligneux; cette assise se dédouble d'abord par un premier cloisonneinent tangentiel, et les deux rangs ainsi formés se comportent ensuite comme dans le Chiche. Dans le Haricot (Phaseolus multiflorus), la radicelle se forme aussi comme dans le Pois ; seulement la poche digestive y est plus épaisse ; ear, au lieu de trois assises de cellules corticales, elle en pego "e ou six. Elle est plus mince, au contraire, dans le: Févier fh tri ) où elle ne es que deux rangs de cellules. Ce qui varie, dans ces divers exersplit et dans plusieurs slaties Légu- mineuses que nous avons étudiées sous ce rapport, c'est donc simplement l'épaisseur de la poche digestive d'origine corticale qui-enveloppe la radicelle; celle-ci est toujours tout entière d'origine péricyclique et pourvue de trois sortes d'initiales plus ou moins faciles à Aliplingusc en un mot, elle se rattache au type général des Dicotylédones: š | | |- f VAN TIEGHEM ET DOULIOT. — ORIGINE DES RADICELLES, ETC. 499 Ce qui est pour nous la poche digestive a été regardé par M. Janc- zewski comme une partie intégrante de la radicelle, dont elle consti- tuerait à la fois l'écorce et la coiffe, tandis que ce qui est pour nous la radicelle tout entiére n'en formerait que le cylindre central. C'est sans doute ce qui explique que ce botaniste n'ait pas aperçu les initiales propres du cylindre central, de l'écorce et de la calyptre, et qu'il ait attribué des initiales communes à ces trois régions de la radicelle des Légumineuses. 2° Racines latérales. — Nous avons suivi la formation des racines latérales au-dessous des nœuds de la tige dans le Lotier (Lotus cornicu- latus et Lotus uliginosus) et le long de l'entre-neud hypocotylé dans le Pois et le Haricot. Dans le Lotier, la racine nait de chaque cóté du faisceau médian de la feuille supérieure, en face du rayon médullaire voisin. Là le péricycle, si l'on entend par ce mot toute la couche de tissu comprise entre l'endo- derme et l'assise génératrice libéro-ligneuse, comprend ordinairement trois rangs de cellules. Ces cellules s'allongent suivant le rayon et se eloi- sonnent de maniére à former une protubérance conique. Les cellules médianes du rang moyen composent le cylindre central de la racine et en détachent bientót les initiales à leur bord externe. Les cellules du rang interne, sous-jacentes aux premiéres, entrent également dans la compo- sition du cylindre central, dont elles forment la partie basilaire. Les cel- lules du rang externe superposées au cylindre central se divisent par une cloison tangentielle; les cellules internes ainsi formées, jointes aux cellules latérales du rang moyen, composent l'écorce de la racine dont elles sont les initiales, tandis que les cellules externes se cloisonnent tangentiellement en direction centripéte pour former l'assise pilifére et la calyptre. En un mot, la racine procéde tout entiére du péricycle, et elle en dérive de la méme manière que la radicelle du Pois ou du Haricot. En méme temps l'endoderme dilate ses cellules et les divise par des cloisons d'abord radiales, puis tangentielles, de manière à envelopper la racine d'une poche qui digére bientót tout le reste de l'écorce. Cette poche digestive d'origine endodermique a été regardée par M. Lemaire comme faisant partie intégrante de la racine dont elle consti- tuerait à la fois la coiffe et l'écorce, tandis que la partie interne, qui est pour nous toute la racine, n'en serait que le cylindre central. En méme temps, l'existence d'initiales propres pour le cylindre central, pour l'écorce, pour l'assise pilifère et la calyptre, a échappé à ce botaniste, qui attribue des initiales communes aux trois régions de la racine. Quant aux racines latérales qui se forment à la base de l’entre-nœud hypocotylé dans le Pois, dans le Haricot, etc., et qui continuent, comme on sait, les séries de radicelles du pivot, elles se forment également tout 500 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. entières dans le péricycle et sont enveloppées d'une poche digestive de méme épaisseur que dans les radicelles de la plante consi- dérée. En résumé, les racines latérales des Légumineuses prennent naissance dans la tige comme les radicelles dans la racine, c'est-à-dire tout entiéres aux dépens du péricycle, avec trois sortes d'initiales distinctes, et en s'enveloppant d'une poche digestive plus ou moins épaisse suivant les plantes. CucunprmrACÉES. — C’est en étudiant l'origine des radicelles de la Courge que M. Janczewski a été conduit à rattacher les Cucurbitacées au méme type que les Légumineuses ; nous devons donc d'abord considérer les radicelles de ces plantes. 4° Radicelles. — Chez la Courge (Cucurbita Pepo , Cucurbita maxima), la radicelle dérive tout entière du péricycle, qui comprend ordinairement deux assises en face des faisceaux ligneux ; l'assise interne donne le cylindre central, l'externe en se dédoublant produit par son rang interne l'écorce, par son rang externe l'assise pilifère et la calyptre. En méme temps, les cinq ou six assises internes de l'écorce se dilatent, se loi t et enveloppent la radicelle d'une poche épaisse, qui digère bientót le reste de l'écorce. Les choses se passent donc, pour la radicelle proprement dite comme dans le Chiche, pour la poche digestive comme dans le Haricot. Il en est de méme chez le Concombre (Cucumis sativus) et la Calebasse (Lagenaria vulgaris), avec cette différence que la poche digestive ne comprend que les trois assises internes de l'écorce ; ilen est de méme aussi chez le Trichosanthe (Trichosanthes anguina), mais la poche digestive y est encore plus mince et se réduit à. deux assises corticales. Ici donc, comme chez les Légumineuses, ce qui varie d'un genre à l'autre, c’est seulement l'épaisseur de la poche digestive; partout la radicelle dérive tout entière du péricycle, avec trois sortes d'initiales propres, en un mot se rattache au type normal des Dicotylé- dones. 2° Racines latérales. — L'origine des racines latérales n'avait pas été étudiée chez les Cucurbitacées, jusqu'au moment où, dans la séance du 14 mai 1886, nous avons montré sommairement à la. Société com- ment elles se forment tout entiéres aux dépens des cellules du péri- cycle et des rayons médullaires, sur le flanc des faisceaux libéro- ligneux. Depuis lors, nous avons poursuivi et étendu nos recherches sur ce point, en examinant aussi bien les racines qui naissent aux nœuds de la tige adulte que celles qui se forment sur l’entre-nœud hypocotylé après la germination. Au nœud de la tige adulte du Trichosanthe (Trichosanthes anguina ET ROUY. — NOTES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE. 501 var. cucumerina), par exemple, où le péricycle forme des arcs sclé- reux en dehors des faisceaux libéro-ligneux et demeure parenchymateux dans les intervalles, on voit les cellules du parenchyme qui bordent le flanc d'un faisceau, depuis l'endoderme jusqu'au liber interne, gran- dir et se cloisonner, de manière à former une protubérance conique qui s'appuie par sa base sur le faisceau et qui se dirige obliquement vers l'extérieur en refoulant l'endoderme : c'est la jeune racine, qui pro- cède ainsi tout entière du péricycle et du rayon médullaire. En même temps, l'endoderme refoulé demeure vivant, dilate ses cellules et les divise par de nombreuses cloisons radiales et quelques cloisons tan- gentielles, de maniére à former une poche qui digére tout le reste de l'écorce, poche plus mince que dans la radicelle de la méme plante. Les racines qui naissent à la base de l’entre-nœud hypocotylé de la Courge (Cucurbita maxima, Cucurbita Pepo), de la Calebasse (Lage- naria vulgaris), etc., naissent de méme sur les flancs des faisceaux libéro-ligneux, et tout entières aux dépens des cellules du péricycle et du rayon médullaire ; elles sont de méme enveloppées d'une poche digestive formée par l'endoderme seul, beaucoup plus mince par conséquent que celle qui loppe lés radicelles de la méme plante. Cette différence d'épaisseur entre la poche digestive de la racine et celle de la radicelle dela méme plante s'accuse déjà dans le méme sens chez les Légumi- neuses, comme on l'a vu plus haut dans le Lotier. A part cette différence, qui est de médiocre valeur, les racines laté- rales des Cucurbitacées prennent donc naissance dans la tige comme les radicelles dans la racine, c'est-à-dire tout entières aux dépens du con- jonctif du cylindre central et en s'enveloppant d'une poche digestive d'origine corticale. En résumé, le type particulier de formation assigné aux racines laté- rales et aux radicelles des Lég et des Cucurbitacées n'existe réellement pas. Les racines latérales et les radicelles de ces plantes ont la méme origine que celles des autres Dicotylédones. M. Rouy fait à la Société la communication suivante : NOTES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE, par M. @. ROUY (1). II : ^ Dans cette seconde communication, nousallons l'é tion des espèces européennes dont l'aire géographique s'est trouvée sen- siblement accrue par suite de leur découverte à des localités nouvelles. (1) Voy. plus haut, p. 484. 502 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. Pour abrèger et éviter des répétitions inutiles, nous donnerons d’abord, pour chaque espèce, l'habitat mentionné dans le Conspectus flore euro- pec, de M. Nyman, puis ensuite l'indication des localités récemment signalées : Ranunculus Purshii Hook. Conspectus, p. 13. — Monts Ourals ? Loc. nouv. — RUSSIE CENTRALE : marais des environs d'Jaroslaw (Petrowsky). Ranunculus Aleæ Willk. (1). Assez abondant en Espagne, dans les Castilles, Aragon, Andalousie, Estramadure, Léon, Asturies, Cantabre, Catalogne et dans l'ile Ma- jorque. Loc. nouv. — France : Collioure, département des Pyrénées-Orien- tales (Rouy); monts Corbiéres, département de l'Aude (Gautier). — PonTUGAL : cà et là dans les montagnes des provinces de Tras-os-Montes et de Beira (2). R 1 iatieus L. var. sangui DC. Conspectus, p. 8. — Crète. Loc. nouv. — IraLie : environs d'Otrante (Groves). Clypeola microcarpa Moris. Conspectus, p. 58.— Grèce : Attique, Péloponnèse, île de Chio; France méridionale : Bouches-du-Rhône, Basses-Pyrénées, Tarn; Corse- Loc. now. — EsPAGNE : prov. d'Alicante : sierra Mariola (Rouy). Helianthemum Caput-felis Boiss. Conspectus, p. 13. — Espagne : roy. de Valencia. Loc. now. — Tle Majorque : plage de las salinas de Campos (Marès). t Rhamnus balearicus Willk. Conspectus, p. 145. — Iles Baléares : Majorque. Loc. now. — EsPAGNE : prov. d'Alicante : cap de la Nao (Rouy). Vicia elegantissima Shuttl. (cf. Rouy, Excursions botaniques en Espagne en 1881 et 1882, p. 65). Habitat connu. — France : ile de Porquerolles. Loc. nouv. — ESPAGNE : prov. d'Albacete : sierra de las Cabras prés Hellin (Rouy). (1) Non tionné dans le C. flore europee. (2) Voy. (in Boletim de la Sociedade Broteriana) Mariz, Subsidio para o estudo da flora portugueza, Ranunculaceæ, p. 97. ROUY. — NOTES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE. 503 Vicia Barbazitze Ten. et Guss. Conspectus, p. 210. — Italie méridionale, Sicile; Gràce : Béotie, Thessalie, Laconie. : Loc. nouv. — Corse : montjFelce prés Corté (Burnouf). Potentilla petiolulata heut. Conspectus, p. 227. — Suisse isétidlotiate-oelidenidla Savoie, Dau- phiné, ete. Loc. nouv. — IraLie : Piémont, Apennins (Cesati, Passerini et Gibelli). — AUTRICHE : Tyrol méridional : val di Ledro (Porta). Umbilicus gaditanus Boiss. et Reut. Conspectus, p. 258. — Espagne : Bétique, Murcie. Loc. nouv. — EsPAGNE: prov. d'Alicante, à Denia, au Mongo, au roc d'Hifac, sur la sierra de Segarria (Rouy). Umbilicus sedoides DC. Conspectus, p. 258. — Pyrénées; Aragon ; sierra Nevada. Loc. nowv. — PonTUGAL : sierra d'Estrella, lagoa de Salgadaira (Henriquez et Daveau). El li Asclepium Bert. Conspectus, p. 216. — Italie méridionale, Sicile; Grèce : Péloponnése; Paros, Rhodes; Constantinople. Loc. nouv. — EsPAGNE : prov. de Valencia : à Játiva et à Valldigna (Rouy). Nardosmia frigida Hook. Conspectus, p. 396. — Norvège; Suède bor.; Laponie; Finmark; Russie arctique; Nouvelle-Zemble ; Spitzberg. Loc. nouv. — RUSSIE CENTRALE : marais du gouvernement d'Jaroslaw (Petrowsky). Evax €: illesit Rouy, d'espàces nouvelles pour la flore de la péninsule Ibérique (re Naturaliste, ann. 1884, p. 557) ; Filago pygmaa Cav. non L.; Evax exigua auct. hisp. Habitat connu. — Espagne : env. de Madrid (var. castellana Rouy, loc. cit.). Loc. nouv. — Var. carpetana Rouy, loc. cit. (Evax carpetana Lange!). PonrUcAL, prov. d'Alemtejo : à Barretos près Portalegre (E. Schmitz); Espacne : Alar del Rey (Levier). — Var. gallica Rouy, loc. cit. (E. carpetana Lloyd et Foucaud, non Lange). FRANCE, dépar- tement de la Charente-Inférieure : chaumes de Sèche-Bec près Bord (Foucand) (1). (1) Voici les caractères différentiels des trois variétés de l'Evaz Cavanillesii : pa var. castellana. — Feuilles florales oblongues, obtusiuscules-mucronées ou aiguës, 504 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. Calendula malaeitana Boiss. et Reut. Conspectus, p. 398. — Espagne : Bétique; Portugal (?). Loc. nouv. — EsPAGNE, prov. de Valencia : à Játiva, sur la sierra de Vernissia (Rouy). — Ponrucar, prov. d'Estramadure : répandu dans les champs des environs de Lisbonne, sierra de Monsanto, sierra de S. Luiz, vallée d'Alcantara ; Cezimbra; prov. d'Alemtejo : Evora, Serpa (J. Daveau). Ch Casab DC. Conspectus, p. 404. — France : île d'Hyéres, Toulon, Corse; Italie : ile d'Elbe, Sardaigne. Loc. nouv. — PorrucaL : Queluz prés Lisbonne (J. Daveau). Oss. — M. J. Daveau nous a envoyé cette rare plante sous le nom de Chamepeuce hi ica, mais c’est le C. Casabonæ trés bien caracté- E^ risé. Cette intéressante découverte vient encore s’ajouter à l’actif de notre ami M. Daveau, dont les intéressantes recherches botaniques sont si sou- vent couronnées de succés. Pinguicula grandiflora Lamk! Conspectus, p. 598. — Irlande; Espagne septentrionale et orientale; Pyrénées ; Alpes de France et de Suisse; Jura. Loc. nouv. — HERZÉGOVINE : mont Prenj (Deck). Chlora grandiflora Viv. Conspectus, p. 501. — Corse; Sardaigne; Sicile ? Loc. nouv. — EsPacNE : Denia, vers Ondarra (Rouy). — ILES Bazéares : Minorque, barranco de San Juan prés Mahon (Pourret, Marés, Rodriguez); Majorque : montée de Pradoncellas en allant à Ariant (Marés). Digitalis nevadensis Kunze. Conspectus, p. 535. — Espagne : sierra Nevada. Loc. now. — PonrucaL : sierra d'Estrella, Cantagro magro (Hen- riquez et Daveau). — Cf. Rouy, Matériaux pour la révision de la flore portugaise, IL, p. 66. molles ; calathides à écailles velues extérieurement, à acumen blane jaunátre.— Filago pygmæa Cav. non L, — Castille. z var. carpetana. — Feuilles florales lancéolées, aiguës, molles; calathide à écailles glabres extérieurement, si ce mest au sommet légèrement pubescent, à acumen jaune. Plante „plus robuste que la var. castellana, à port tirant souvent sur celui de Evas astericiflora Pers. — Evax carpetana Lange! — Espagne centrale, Portugal central. yar. gallica. — Feuilles florales lancéolées, aiguës, plus étroites, plus fermes; cala- thides à écailles glabres extérieurement, si ce n’est au sommet légèrement pubescent, à acumen argenté ou blanchâtre. Plante très courte à tiges dressées, plus grêle que la var. castellana. — France occi le : Ch te-Inféri à | | | 1 | | | ROUY. — NOTES SUR LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE DE L'EUROPE. 905 Pedicularis lanata Wahlenbg. Conspectus, p. 555. — Nouvelle-Zemble. Loc. nouv. — SPITZBERG : cap Thorndsen (Thorén). Orobanche Spartii Guss. Conspectus, p. 558. — Sicile; Italie : Gênes. — (France méridionale- occidentale ?). Loc. nouv. — EsPAGNE : sierra de las Cabras près Hellin (Rouy). Lamium corsicum Gr. et Godr.; L. longiflorum minus Moris. Conspectus, p. 915. — Corse (1). Loc. nouv. — SARDAIGNE : mont Oliena (Forsyth Major). Teucrium Haenseleri Boiss. Conspectus, p. 556. — Espagne : prov. de Granada et de Mage: Loc. nouv. — PorTucaL : prov. d'Algarve: près de Villanova de Por- timao (pionen 1845) (2) ; environs de Lagos (J. Daveau, 1883). s i h is Guss. (S. colchiciflora W. et K. var.). Conspectus, p. 743. — Sicile : monts Madonie, Etna; Italie cen- trale. Loc. nouv. — ESPAGNE : prov. de Malaga : sierra d'Antequera, sierra de la Nieve (Boissier et Leresche); prov. de Cuenca : env. d'Uclés (Lacassin, Pantel); prov. de Madrid : vers Ontigola prés Aranjuez (de Coincy). L ium H: dezii Camb. Conspectus, p. 113. — Iles Baléares; Sardaigne. Loc. nouv. — FRANCE : départ. du Var : Hyéres (de Coincy) ; Corse : Bastia (Huon). A propos de l'Orobanche Spartii, cité avec doute par M. Rouy dans le sud-ouest de la France, M. Bonnet croit se rappeler que cette espéce a été retrouvée dans cette région par un botaniste dont le nom lui échappe. M. Malinvaud dit que l'auteur de cette découverte est M. l'abbé Dulac, qui, dans une publication récente (Mélanges botaniques), signale une localité rencontrée par lui en 1872, aux environs de Sauveterre (canton de Mautbourguet, Hautes-Pyrénées), du véri- table Orobanche Spartii, dont la détermination lui fut confirmée par Charles Grenier. - (1) Plante rare, cherchée de nouveau, mais sans succès, en juillet 4881 par M. Levier, sur le sommet du mont Cinto, seule localité indiquée par Grenier et Godron. Gette espèce devient donc douteuse pour la flore française. (2) Cf. Rouy, Matériaux pour la révision de la flore portugaise, 1, p. 8. 506 SÉANCE DU.96 NOVEMBRE 1886. M. Costantin, vice-secrétaire, donne lecture de la communica- tion suivante : NOTE SUR L'OCHREA DES POLYGONÉES, par M. COLOMB. Quand on suit la marche des faisceaux dans un nœud de Polygonum, on constaté que le cylindre central donne naissance sur tout son pour- tour à un certain nombre de faisceaux qui se rendent directement dans une gaine nettement caractérisée. Cette gaine ne tarde pas à s'épaissir sur l'une de.ses faces. L'épaississement reçoit du reste de la gaine des faisceaux qui s’y disposent en un cercle continu. À ce moment, le pétiole de la feuille est donc déjà différencié et se prolonge à droite et à gauche en une gaine complétement fermée. Une lame verticale se détache de la face supérieure du pétiole; elle renferme des faisceaux normalement orientés, détachés des faisceaux ventraux du pétiole qui devient alors plèt t indépendant de la gaine, l'espace laissé vide dans la gaine par l'isolement du pétiole étant rempli par la lame qui s’en est détachée. Donc l’ochrea des Polygonées est un organe complexe formé de deux parties : l'une, opposée à la feuille, qui est la gaine de cette feuille, l'autre, placée à l'aisselle de la feuille et détachée du pétiole, c'est une ligule. Les choses se passent, en effet, chez les Graminées, exactement comme chez les Polygonées, avec cette différence cependant que dans les Gra- minées la gaine proprement dite est très développée et se prolonge peu au delà du point d'insertion du limbe, tandis que chez les Polygonées, a gaine proprement dite reste très courte et se prolonge beaucoup au- dessus du pétiole où, réunie à la ligule, elle forme l'ochrea. Il existe cependant une objection à l'assimilation que je fais de là partie axillaire de l'ochrea des Polygonées à la ligule des Graminées. C'est que chez les Graminées, selon divers auteurs, l'orientation des faisceaux de la ligule est inverse, tandis qu'elle est normale chez les Polygonées. Or j'ai pu constater que chez nombre de Graminées (Bam- bou, Riz, etc.) la ligule a des faisceaux normalement orientés. Je n'ai méme jamais observé de ligules chez lesquelles l'orientation des faisceaux soit inverse, ce qui ne veut pas dire qu'il n'en existe pas. ; Considéré comme une ligule soudée à une gaine, l'ochrea n'est pas spécial aux Polygonées. On le retrouve dans les Ficus, dans les Magno- lia. Ces plantes établissent la transition entre l'ochrea et les stipules proprement dites. C'est ce. que je compte faire voir dans un travail plus BRUNAUD. — HYMÉNOMYCÉTES.DES ENVIRONS DE SAINTES. 507 étendu, cette courte note n'ayant. pour but que de faire connaitre à la Société quelques-uns de mes résultats. M. Malinvaud, secrétaire général, donne lecture de la commu- nication suivante adressée à la Société : HYMÉNOMYCÈTES A AJOUTER A LA FLORE MYCOLOGIQUE,DES ENVIRONS DE SAINTES, par M. Paul BRUNAUD. Agari ibulb Lasch. — Sur les troncs pourris, les bois travaillés, notamment de Peupliers. Pessines, Saintes. A. tenuiculus Quél. — Dans les bruyéres, les forêts. La Rochelle, Puilboreau, Saintes. A. speculum Fr. — Subcespiteux, dans les bois. Saint-Christophe, Puilboreau. A. chalybæus Pers. — Dans les bois, sur les pelouses. Pessines, Saint- Christophe, Saint-Agnant. A. fastigiatus Schæff, — Dans les bois, les champs. CC. — forma minor. — Saintes, Pessines. A. eutheles Berk. et Br. — Au bord des chemins. Saintes, Pessines, Fontcouverte, les Gonds. — form. minor. — Saintes, Pessines. A. esesariatus Fr. — Dans les bois. Rétaud, Varzay, Mortagne-sur- Gironde, Saintes, Angouléme, ile d'Oleron, Pessines. AC. — form. minor. — Pessines. A. fastibilis Fr. — Dans les bois. Saintes, Pessines, Fontcouverte. AC. A. testaceus Datsch. — Dans les bois, les friches. Rochefort. A. mesophzeus Fr. — Sous les Conifères. Saintes, Fontcouverte, La Rochelle. AC. A. sinapizans Fr. — Dans les bois, les prés. Pessines, Saintes, Var- zay. AC. A. escharoides Fr. — Aux bords des chemins. Saintes. A. limbatus Bull. — A terre. Saintes. A. sarcocephalus Fr. — A terre, au pied des arbres. Pessines, Saintes. 508 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. Coprinus albus Quél. — Sur les tiges pourries du Zea Majs, les branches mortes du Prunus spinosa, du Lycium barbarum. Saintes. €. radians (Desm.) Fr. — En touffes sur les.murs humides, les cloi- sons. Saintes, Pessines. €. Friesii Quél. — Sur les chaumes pourris du Zea Mays et des grandes Graminées. Saintes. Paxillus atro-tomentosus (Batsch) Fr. — AC. dans les bois de Pins. Montendre, La Tremblade, Angoulins, ile d'Oleron. (Lasch) Fr. — Dans les bois. Saintes Echillais, le Breuil-Magné. H. niveus (Scop.) Fr. — CC. — form. major. (Diam. du chapeau, 5 cent.). — Saintes. — form. eanthareHa. (Lamelles plus d que dans le type.) — Mortagne-sur-Gironde. H. miniatus Fr. — Dans les bois, les prés humides. Fontcouverte, Saintes. Lactarius flexuosus Fr. — Dans les endroits herbeux. Pessines. ` — form. eavipes. (Pied creux ou subcreux.) — Pessines. — form. violaeeo-zonata. (Chapeau zoné, d'un violacé jaunâtre.) — Pessines. L. pyrogalus (Bull.) Fr. — Dans les bois, les prés. Saintes, Pessines, le Pin. — form. zonata. (Chapeau à zones trés marquées.) — Pessines. L. vietus Fr. — Dans les bois humides. AC. Saintes, Pessines. L. subduleis (Bull.) Fr. — Dans les bois. CC. — form. major. (Diam. du chapeau, 7-9 cent.) — Saintes. L. subumbonatus Lindgr. — Dans les bois. CC. — form. zonata. (Chapeau à zones assez bien indiquées.) — AC. — form. major. (Diam. du chapeau, 6-8 cent.) — Saintes. Russula adusta (Pers. ) Fr. — Dans les bois: AC. — form. robusta. (Pied trés épais, larg. 2-3 cent.) — Saintes. "x albo-nigra (Krombh.) Fr.— Dans les bois. Saintes, Fontcouverte . R. sardonia Fr. — AC. R. maculata Quél. — Saint-Georges-des-Coteaux, Taillebourg. B. amena Quél: — Saintes, le Breuil-Magné, Rochefort. R. palumbina Paul. — Saintes. — I MN BRUNAUD. — HYMÉNOMYCÈTES DES ENVIRONS DE SAINTES. 509 R. serotina Quél. — R. Saintes. R. olivacea (Schæff.) Fr. — Pessines, Saintes, Saint-Georges-des- Coteaux. R. cyanoxantha (Schæff.) Fr. — AC. R. æruginæa Fr. — Le Breuil-Magné, Saintes, niis. Varzay, Saint-Georges-des-Coteaux. R. violacea Quél. — Préguillac. R. Barlæ Quél. — Saintes. R. badia Quél. — Pessines. R. chamæleontina Fr. — AC. Cantharellus cibarius Fr. — CC. — Var. luteo-nigra. (Chapeau jaune noirâtre, couvert de petites squames pileuses brunes.) — Saint-Sever. €. cinereus (Pers.) Fr. — Pessines. €. muscigenus (Bull.) Fr. — Sur les grandes. Mousses. Le Pin, Angoulins, Périgny, Saintes. Nyctalis asterophora Fr. — Sur des Russula nigricans et quel quefois sur des Agarics en décomposition. Le Guà, Saint-Symphorien, Saintes, Pessines, etc. Marasmius porreus (Pers.) Fr. — Dans les bois. Préguillac. M. limosus Quél. — Sur les feuilles mortes du Brachypodium pin- natum. Saintes. Boletus bovinus L. — Dans les bois de Pins. La Tremblade, ile d'Oleron, Saintes, Pessines. : B. sanguineus With. — Dans les bois. Saintes. Polyporus arcularius (Datsch) Fr. — Sur les vieilles souches. Pessines. P. rarius (Pers.) Fr. — Sur les vieilles souches, les vieux Cerisiers. Echillais, Fontcouverte, Saintes. P. confluens (Alb. et Schw.) Fr. — Sur les vieux Noyers, les vieux Chénes. Echillais, Saintes, Pessines, La Clisse, Rochefort, Loire. P. giganteus (Pers.) Fr. — En touffe au pied des vieux arbres, des “vieux Frênes et des vieux Châtaigniers surtout. Saintes, Pessines, Varzay. P. nidulans Fr. — Sur les branches pourries du Chêne. Pessines, Saintes. P. rutilans (Pers.). — Sur les branches tombées du Chêne. Varzay. 510 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. Polyporus cinnabarinus (Jacq.) Fr. — Sur les vieux troncs, les Ce- risiers. Saintes, Pessines. P. fumosus (Pers.) Fr. — Sur les branches tombées. Pessines. P. spumeus (Sow.) Fr. — Sur les vieux arbres, les vieux Pommiers. Rochefort, Pessines, Rioux. — form. roseiporus. (Pores rosés.) — Sur un Pommier. Pessines. P. floccosus Fr. — Sur les branches pourries du Chêne. Pessines. P. mucidus (Pers.) Fr. — Sur les bois pourris. Pessines. Trametes hispida Dagl. — Sur les vieux bois. AC. T. Trogii Berk. — Sur les vieux troncs des Peupliers. Bussac, Saintes, Marennes, Tonnay-Charente, Saint-Agnant, Saint-Hippolyte-de-Biard, Pessines, Floirac. T. serpens Fr. — Sur le bois pourri, les vieilles barrières. Rochefort. Dædalea unicolor (Bull.) Fr. — Sur les vieux arbres. La-Chapelle- des- Pots, Pessines, Saintes, le Pin, Fontcouverte, Saint-Christophe. — form. violascens., (Pores violacés ou d'un brun violacé.) — Saintes, Rochefort. Hydnum ferrugineum Fr. — Dans les bois, sous les Pins. Villars- en-Pons, Saintes, Dompierre-sur-Charente. H. auriscalpium L. — Sur les cônes du Pinus silvestris. Pessines, Saintes. H. squalinum Fr. — Sur les branches tombées du Chéne. Pessines, Puilboreau. Odontia denticulata (Pers.) Quél. — Sur les bois pourris, les branches tombées. Saintes, Bussac, Fontcouverte. AC. 9. farinacea (Pers.) Quél. — Sur le bois pourri. Saintes. 9. stipata (Fr.) Quél. — Sur les vieux bois. Saintes, Croix-Chapeau, Puilboreau. — form. oehrol ; Hyd ochrol Pers. — Sur une branche tombée. Pessines. Irpex deformis Fr. — Sur les branches mortes du Cerisier. Saintes, Pessines. Radulum Iætum Fr. — Sur les branches tombées du Carpinus Betu- lus. Pessines. Grandinia granulosa Pers. — Sur du bois pourri. Pessines. €. papillosa Fr. — Sur les cônes tombés du Pinus silvestris. Saintes. ; BRUNAUD. — HYMÉNOMYCÈTES DES. ENVIRONS DE SAINTES. 511 G. crustacea (Pers.) Fr. — Sur du bois pourri. Pessines. Craterellus sinuosus Fr. — Dans les bois de Chénes. Saintes, Font- couverte, Pessines. Thelephora pannosa (Sow.) Quél. — Cespiteux. Au bord des bois, dans les friches. Pessines. Stereum hirsutum (Wild.) Pers. — CC. — var. eristulatum Fr. — Sur les branches mortes. Saintes, Pes- sines. Phlebia contorta Fr. — Sur les vieux troncs pourris. Préguillac. Corticium lacteum Fr. — Sur le bois pourri. Pessines. Coniophora laxa (Fr.) Quél. — Sur les Mousses, les herbes. Saintes. €. byssoidea (Fr.) Quél. — Sur l'écorce des vieux Ormeaux. Pessines. Hypoch ferrugi (Pers.) Fr. — Sur le bois pourri, les branches tombées de l Ulex europeus. Pessines. Solenia spadicea Fuck.— Sur les branches mortes du Rosa, semper- virens. Saintes. Cyphella galeata Fr. — Sur les grandes Mousses. Préguillac. €. Izeta Fr. — Sur les tiges desséchées des grandes herbes, du Lyco- pus europæus. Saintes. C. sulphurea Fr. — Sur les tiges mortes de l'Eryngium campestre Saintes. Clavaria: inæqualis Mull. — Dans les gazons. Pessines. — var. subauriantiaca, — Pessines. €. argillacea Pers. — A terre. Genouillé. €. vermicularis Scop. — Dans les friches, les gazons, les prés secs. Saujon, Médis, Saintes, La Rochelle, Pessines. €. fragilis Holmsk. — A terre, dans les prés moussus. AC. €. canaliculata Fr. — Dans les bois, les prés. Saintes, Fontcouverte, Pessines, La Rochelle. €. Brunaudii Quél.; Typhula Brunaudii Quél. — Sur les feuilles pourries du Zea Mays. Saintes. Typhula sclerotioides (Pers.) Fr. — Sur les tiges mortes du Pteris aquilina. Pessines. T. erythropus (Pers.) Fr. — Sur les sarments pourris du Vitis vini- fera. Pessines. T. Grevillei Fr. — Sur les sarments pourris du Vitis: tinipra, les feuilles mortes de Juglans regia. Pessines, Saintes. $43 .. SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. Pistillnria Melenæ Pat. — Sur les tiges pourries du Polygonum hydropiper. Saintes. M. G. Bonnier présente à la Société un mémoire de M. de Planta, écrit en allemand, Sur la composition chimique de quelques nectars, et il donne un aperçu des analyses faites par l'auteur (1). RECHERCHES SUR LE POLLEN, par M. Louis MANGAEN (suite) (2). . Étude des échanges gazeux pendant la période germinative. — Le grain de pollen renferme à l'état de réserves des matériaux trés divers : cellulose, amidon, sucres, graines, qui servent à l'entretien de la vie pendant l’émission des tubes polliniques. Pendant la consommation de ces réserves le pollen absorbe de l'oxy- géne et dégage de l'acide carbonique, ainsi que M. Van Tieghem l'a montré.(3). Mais on ne connait pas les variations que en échanges peuvent subir dans le cours de la période germi et l'i que la nature des matériaux nutritifs peut exercer sur eux. : En faisant germer le pollen d'espéces trés variées sur de la gomme ou de la gélose, de maniére qu'il ne puisse utiliser que les réserves renfermées dans le protoplasme, eten analysant de temps en temps l'atnosphére confinée dans laquelle le pollen séjourne, j'ai obtenu des résultats qui me permettent d'énoncer les conclusions suivantes : 4° Le rapport des gaz échangés s'abaisse graduell t depuis le début de la germination; 2% La quantité des gaz absorbé ou dégagé décroit aussi graduelle- ment jusqu'à la mort de la cellule. Citons à titre d'exemples les nombres suivants : Narcisse (Narcissus Pseudonarcissus). Pollen du 3 avril, mis en germination le 9 avril. 9 avit. ..| : h. 15 mat. | Pa — 0,99 L. + e: = 4,63 h. 30 soir. | 7777707 = 4,65 i1...) POS n + eo = 1,70 9 avril... E V 30 s. FACER Ed oss f E 0 — 19 (1) Voyez plus loin dans la Revue bibliographique, p. 25 le compte rendu du tra- vail de M. de Planta. (2) Voy. plus haut, p. 337. (3) Van Tieghem, loc. cit. L. MANGIN. — RECHERCHES SUR LE POLLEN. 513 9 avril... 5 h. 30 s. co: + C0? — 1,97 10 avril... 9h. — m. l- ew casita 2,28 10 Dm co: Co: = 2,23 10 avril. id 153 biasa W = owd 0 = 291 Aulne (Alnus glutinosa). Pollen recueilli le 21 mars, mis en germination le 24 mars. 14 mars... 4 h. 30 soir. + CO! = 4,24 | CO igi 25 mars... 9 h. 15 mat. — 0 = 3,23 B7 9 h. 15 m. CO" = ) 4,27 | 00 Vu = mars. ..| 5h: 30 s. I$ -lmw-w 25 mars... 6 h. SN a Y E 2,90") 00! : : 1,07 26 mars... 8h. .m.-) — 0 = (2,69 | 0 7? Bh. «m. + CO = } 1,38 } CO! _ 26 mars [6h x Mie TE T Agraphis nutans. Pollen du 26 avril, mis en germination le 5 mai. 5 mai.... 6 h. 30 soir. + C0! = 4,28 CO L 083 6 mai... 8 h. 30 mat. zin BAT TITO 2 : 8 h. 30 m. . + CO! = 1,53 | CO’ Du CHER Lo eom — 068 6 mai... 6h. s. UT NE 7 mai.... Lh,. 30 s. Di: 200 E 5? En consultant les tableaux qui précèdent, on voit que la proportion d’acide carbonique dégagé en centièmes par heure décroit graduel- lement. CO* dégagé par heure depuis le début de la germination. n pour 100. e pour 100. ^ 0,30 pour 100. . ae O Nancisse À Ò Hm Des m 0,20 0,42: + NUTANS 0.066 ok 0,13 ak 007. =- 2 Variation des gaz échangés avec la nature des milieux nutritifs. — Lorsqu'on sème du pollen sur un milieu artificiel (gélose ou. géla- line) additionné de substances nutritives telles que du glucose, du saccharose, de la dextrine, une décoction de malt, de l'amidon, ete., le pollen consomme en germant, non seulement les matériaux nutritifs qu'il contient à l'état de réserves, mais encore les subst avec lesquell il est mis en contact. Dans ces conditions on sait que la germination peut étre prolongée davantage et qu'on peut obtenir des tubes polliniques beaucoup plus développés que dans un milieu stérile. Cependant l'expé- rience révéle à cet. égard de nombreuses différences entre les espèces T. XXXIII. (SÉANCES) 33 514 SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. étudiées, et ces différences sont dues à la nature des réserves nutritives contenues dans le pollen. Prenons comme exemple le Bouleau et le Narcisse. Le pollen du Bou- leau constitue des grains sphériques à trois pores avec des épaississe- ments de cellulose en face des pores; lorsqu'on traite ces grains par l'iodure de potassium iodé, additionné de chloral, le contenu bleuit for- tement et révéle ainsi la présence d'une grande proportion d'amidon de réserves. Le pollen du Narcisse forme des grains ovoides pourvus d'un pli; lorsqu'on l'examine dans du chloral additionné d’iodure de potas- sium iodé, on ne voit apparaitre aucune coloration bleue : il n'y a donc pas d'amidon de réserve; l'acide osmique n'y dévoile pas non plus la présence de graisses ou de résines. Les réserves nutritives sont formées par des sucres. Le pollen de ces deux espèces est donc très différent au point de vue physiologique. La germination donne aussi pour ces deux espèces des résultats différents, comme on peut en juger par les chiffres suivants : Bouleau (Betula verrucosa). Pollen du 13 avril, semé le 14 avril sur de la gélose additionnée de saccharose. 4%,25 dans 31% d'air. 14 avril.. $e | En te ou PLI nr. qr o dei ROME E h ES E D — os ioc Eur DUM EU E 2d id Pollen du 13 avril, semé le 14 avril sur de la gélose et de la dextrine. 45,5 dans 33° d'air. AA seik. S o PIRE | 2 h. 45 vieles 6h. soir. dic OL os pre dro Edo cas AS FR e pn ES Cr LOTS femi: EE NT dia à Cre aa Narcisse (Narcissus Pseudonarcissus). Pollen du 6 avril, mis en germination le 7 avril sur de la gélose et du glucose. 7 avril. | aa } 25. +0 = bi j co: — 0! ='3,80. p = 1,08 f L. MANGIN. — RECHERCHES SUR LE POLLEN. 515 5h. So gj Ee R LE ups 7 avril.. 8h. zu s: L3 imb iv bi pain. 0 EO TIED LOT = 1381 B avit... HE | YR iulii FH Lars AQU Er AI y a dd tios m qm ot tnit! at Na y Pollen du 3 avril, mis en germination sur de la gélose pure le 9 avril. 2,5 dans 17°°,5 d'air. e 3 9 amid ar | $i ds in E CO _ own 9 ani. E x re Dee C ogg dmbsik? unm À CO = LU} GO os Hanoaks fan fW in] = or Pollen du 5 avril, mis en germination le 11 avril, sur de la gélose et du saccharose. 2% dans 135,5 d'air. e Q Wn T a [e FO) S Eo aur n } 11n.45 + OT EE} e = 140 12 avit... "i s } 5h. ne e d e — 4,0 13 avril 10 h Bm o cH er aa hi laca pub. A cile MM E 45 LI 45 i win cid En examinant ces tableaux, on constate que le pollen du Bouleau germe de la méme maniere, quels que soient le substratum et les maté- riaux nutritifs en présence desquels il se trouve. Le rapport des gaz échangés est en effet le méme avec le saccharose ou la dextrine et la quantité absolue d'acide carbonique exhalé est la méme, puisque sur le saccharose 4%,95 de pollen ont dégagé 7"",52 d'acide, c’est-à-dire 1/566 de leur poids, et que sur la dextrine, pendant le méme temps, 4? de pollen ont dégagé 9"»,92 d'acide, soit 1/500 de leur poids. Au contraire, la germination du pollen de Narcisse est sous la dépen- dance du substratum nutritif, car, tandis que le rapport des gaz échangés 516 ` SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886. reste inférieur à l'unité et décroit graduellement sur de la gélose pure, ce rapport grandit et devient notablement supérieur à l'unité lorsque le pollen est cultivé dans un milieu renfermant du glucose ou du saccha- rose. D'autre part, la proportion d'acide carbonique exhalé, faible avec le pollen germant sur la gélose pure, devient considérable avec le pollen germant sur de la. gélose additionnée de saccharose. Ainsi 25. milli- grammes de pollen ont dégagé sur la gélose, pendant. quatre jours, 3775,86 d'acide carbonique, c'est-à-dire 1/6 de leur poids, tandis que sur le saccharose 20 milligrammes de pollen ont dégagé 107"9,51 d'acide, c’est-à-dire la moitié de leur poids. Des résultats analogues ont été obtenus avec les espéces suivantes : Lilium candidum, Papaver Rheas, Campanula Medium, Gentiana lutea, Iris Pseudacorus, Digitalis purpurea, Polygonatum vulgare, Plantago major, Quercus pedunculata, Agraphis mutans, Plantago lanceolata, Fagus silvatica, Caltha palustris, etc. Citons encore les résultats suivants : Papaver Rhæas. Pollen du 19 juin, mis en germination le 19 juin, sur de la gélose et du saccharose. 17,3 dans 27% d'air. si | &a m t | DO — 0,66 DM + CO = 1,03 } Co* mue LS = 1,56 LD = 05 Papaver Rhœas. Pollen du 19 juin, semé le 19 juin, sur de la gélose pure. 1°%,3 dans 26° d'air. TS 2 h. soir. + 0 = 19 juin... -f 8 h. g | 6 h. a Deus 19 juin... 8h 8. p hai d qu 20 juin.... 8 h. 45 mat. = 0,06 13 milligrammes de pollen ont dégagé dans les deux cas 1772,24 d'acide carbonique, dans le méme temps, c'est-à-dire le 1/10 de leur poids. On remarque, en examinant le pollen du Coquelicot dans le chloral iodé, qu'il renferme beaucoup d'amidon associé à des gouttelettes. de graisse. - Gentiana lutea. (Pollen dépourvu d'amidon). Pollen du 4 juin, semé le 5 juin, sur de la gélose et du saccharose. 2% dans 24° d'air. 1 3,34 } co? 3,814.70: 2:207 | | | | L. MANGIN.:— RECHERCHES SUR LE POLLEN. 517 5 juin... 10 h. m. jet h. 30 * D. —17,433 00 — 1,46 Üjun... 7. 30m. Emo 6 juin. 7 h. 30 m. + C0: = 4,94 } CO? 7 jun... M h.m, ls Br edo oes pages LS 7 juni MCI ls + C0* = 2,19 } CO: 8 juin. 40.5.) 80 106 le up mri des THUS On peut tirer de ces résultats les conclusions suivantes : 1° La germination de grains de pollen riches en amidon (Bouleau, Iris Pseudacorus, Charme, Noisetier, Pavot, Coquelicot, Plan- tain, etc.) est indépendante du substratum nutritif; au moment de l'émission des tubes polliniques, ces grains consomment leurs réserves amylacées sans emprunter d'aliments à l'extérieur, et la production d'acide carbonique reste constante. 2 Le pollen dépourvu d'amidon, tel que celui des espèces suivantes : Agraphis nutans, Narcisse faux-Narcisse, Gentiane jaune, Digitale, Pervenche, etc., ne germe bien que dans des milieux renfermant du saccharose ow du glucose, il emprunte ces substances, et aprés les avoir utilisées, les dissocie en dégageant une proportion considérable d'acide carbonique. La germination s' plit mal dans des milieux dépourvus de sucre (gélose pure, amidon, dextrine, etc.), et la pro- portion des gaz échangés dans ces milieux inactifs est quatre à cinq fois moins considérable que dans les liquides sucrés. Il reste à vérifier si, dans les conditions naturelles, les différences pré- cédentes existent encore. í Entre ces deux catégories de pollen, physiologiquement distinctes, le pollen de certaines Conifères (Epicea, Pin silvestre) et du Nymphæa.alba, riche en grains d'amidon, conslitue une troisiéme catégorie. En effet, lors- qu'on fait germer du pollen d'Epicea sur de la gélose et du saccharose, on constate bien que le rapport des gaz échangés reste constant, mais l'amidon de réserve ne disparait pas; il se forme dans la cavité du grain et dans le tube pollinique de nouveaux grains d'amidon; cette substance est en telle abondance que le pollen et les tubes polliniques en sont bourrés comme de véritables sacs. La formation d'amidon a lieu aux dépens du saccharose ou du glucose; car le phénomène ne s'observe pas lorsqu'on. fait germer des grains de pollen d'Epicea sur la dextrine ou de l'amidon.. Cette formation d'amidon, déjà connue d’ailleurs chez un certain nombre d' espèces, a lieu aussi avec le pollen du Pin silvestre et du Né- nuphar, 518 SÉANCE DU 40 DÉCEMBRE 1886. SÉANCE DU 40 DÉCEMBRE 1886. PRÉSIDENCE DE M. A. CHATIN. En l'absence des secrétaires et des vice-secrétaires au commen- cement de la séance, M. le Président invite M. G. Camus à prendre place au bureau. r M. le. Secrétaire général présente les excuses de M. J. Costantin, empêché de venir à la réunion et donne lecture du procès-verbal de la précédente séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président a le regret d'annoncer à la Société qu'elle a encore perdu deux de ses membres. M. Paul Cabasse, pharmacien à Raon-I'Étape (Vosges) et dont l'admission remontait au 1* janvier 1866, est décédé le 1* mai 1885; cette regrettable nouvelle n'est parvenue que ces jours derniers au Secrétaire général. M. Pierre Brin, docteur en médecine à Saint-Macaire (Maine-et-Loire), est décédé, dans sa trente-quatriéme année, le 22 novembre dernier. Il avait été le dernier éléve de Boreau et l'un des plus aimés de ce maitre, auprés duquel il avait rempli pendant trois ans les fonc- tions de secrétaire; plus tard, P. Brin s'était particulièrement adonné à l'étude des Mousses et des Lichens. Il était entré dans notre Société le 23 mars 1877. M. le Président annonce ensuite une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : F. Debray, Sur le thalle des Chylocladia, Champia et Lomentaria. M. Gandoger, Flora Europe, Xl L'abbé Hue, Addenda ad Lichenographiam europeam. Ernest Olivier, Flore populaire de l'Allier. J.-B. Jack, Monographie der Leber gattung Physioti ` K. Kuegler, Ueber das Suberin. 1 Wille et Rosenwinge, Alger fra Novada-Zemlia og Kara-Havet. N. Wille, Entwickelungsgeschichte der Pollenkoerner der Angio- spermen. Zohlenhofer, Die Kolanuss. Paléontologie frangaise.— Végétaux du terrain jurassique, livre 31. Annales du Bureau central météorologique de France, 1883, t. Il; — 1884, tomes I, III et IV. ——S l | DEMORTIER. — UNE PLANTE NOUV. POUR LA FLORE PARISIENNE. 519 Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure. Annales de 1885. Seripta botanica Horti universitatis Imperialis Petropolitani. Boletim da Sociedade de geographia de Lisboa, numéros 3-6. M. Demortier donne lecture à la Société de la note suivante : UNE PLANTE NOUVELLE POUR LA FLORE PARISIENNE, par M. H. DEMORTIER. Je viens soumettre à la Société quelques remarques sur le nouveau Galium trouvé l'été dernier dans le bois de Meudon et que notre Secré- taire général a présenté dans la derniére séance. Le 16 mai 1886, M. le professeur Baillon dirigeait une herborisation de l'École de médecine, à laquelle je m'étais joint comme amateur, dans le bois de Meudon. Nous descendions une grande pelouse appelée Allée du Tronchet, lorsque j'apercus à droite, dans une broussaille, parmi des Graminées qu'elle protégeait, un Galium à pelites fleurs jaunes, qui commençait à fleurir. Je m'empressai d'en recueillir et, ne reconnaissant pas cette espèce, je la montrai à M. Baillon, qui la rapporta avec doute au G. Cru- ciata. J'en donnai des exemplaires à plusieurs élèves, et, rentré chez moi, j'en mis quelques pieds dans l'eau, afin de lui permettre d'achever sa floraison et d'en mieux étudier les caractères. Au bout de huit jours, les verticilles supérieurs étaient en pleine floraison, et sur les inférieurs on remarquait quelques fruits. La plante, en cet état, était suffisamment caractérisée pour lever tous les doutes sur son identité. C'était le Galium vernum. Scop., qu'on n'avait point signalé jusqu'ici dans le rayon de la flore parisienne. Je suis revenu le 30 novembre dans la localité où je l'avais découvert, et je l'ai retrouvé encore vert et muni de ses fruits, assez abondant en plusieurs endroits dans des broussailles de Genéts et de Ronces qui lui assurent une proteclion efficace. Cette espèce n'existe à l'élat spontané ni dans le nord ni même dans le centre de la France. Elle n'est pas mentionnée dans la Flore du Centre de Boreau, ni dans le Prodrome de Lamotte, ni dans les Cata- logues des plantes de la Corrèze ou de la Dordogne; elle croît en Suisse, aux environs de Lyon, dans la Gironde et dans la plupart des départe- ments du Midi. Quoi qu'il en soit, sa végétation est prospère au bois de Meudon, quoique s'y trouvant dans une des parties les plus incultes et les plus sauvages. Ses tiges, dont les dimensions normales seraient 520 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1886. de 10 à 30 centimètres d’après les auteurs, atteignent de 40 à 50 centi- mètres. Voici la description de ce Galium d’après les exemplaires récoltés à Meudon : GALIUM VERNUM Scop. — Plante vivace, ne noircissant pas par la dessicca- tion. Tige glabre de la base au sommet, grêle, dressée ou ascendante, de 20 à 40 centimètres, simple, rarement un peu ramifiée, peu ou point renflée aux nœuds ; feuilles de 10 à 15 millimètres de long, ovales-oblongues, obtuses, non mucronées, une fois plus longues que les pédoncules, verticillées par 4, à trois nervures peu ramifiées (très visibles à l'oeil nu ou par transparence), glabres, seulement ciliées sur les bords, les poils courbés vers le sommet de la feuille; les deux nervures latérales peu saillantes en dessous, la médiane plus saillante et garnie de quelques poils; verticilles peu distants; fleurs jaunes disposées en cymes axillaires; pédoncules glabres, recourbés sous les feuilles, moitié plus courts qu'elles et sans bractées. Fruits piriformes, trés pour glabres, longs de 1 millimétre. Cette plante n'a d'affinités véritables qu'avec le Galium Cruciata, dont toutefois elle se distingue nettement, ainsi que le montre le tableau com- paratif suivant : GALIUM CRUCIATA Scop. GALIUM VERNUM Scop. Tige velue. Tige glabre. Feuilles pubescentes sur les deux Feuilles glabres, seulement ciliées à faces, ciliées, à poils étalés. poils recourbés vers le sommet. Nervures des feuilles très ramifiées. Nervures peu ramiliées. Pédoneules hérissés et munis de Pédoncules glabres et sans brac- bractées. tées. L’espèce qui nous occupe n’est sans doute que subspontanée dans le bois de Meudon, mais elle y parait aussi solidement établie et accli- matée que le Scutellaria Columna et le Glyceria Michauaii qu'on y récolte depuis plus d'un demi-siècle. Aussi j'ai cru que les détails qui précédent pourraient offrir quelque intérét. M. Demortier ajoute qu'il saisit volontiers l'occasion, puisqu'on a bien voulu lui accorder la parole, de remercier la Société de l'avoir admis parmi ses membres et particuliérement MM. Chatin et Malinvaud d'avoir bien voulu lui servir de parrains. M. G. Camus, remplissant les fonctions de secrétaire, donne lecture de la communication suivante : HÉRAIL ET BLOTTIÈRE. — AFFINITÉS DES LARDIZABALÉES. 521 NOTE SUR LES AFFINITÉS DES LARDIZABALÉES, par MM. HÉRAIL ct BLOTTIÈRE. Les botanistes descripteurs ne sont pas d'accord sur la place qu'il convient d'assigner au groupe des Lardizabalées. Pendant longtemps on l'a placé, avec de Candolle (1), dans la famille des Ménispermées : la diclinie des fleurs, la delphie, la déhi longitudinale des étamines, la pluralité des carpelles, la volubilité de la tige justifiaient cette maniére de voir. Plus récemment, certains auteurs, MM. Bentham el Hooker (2), Baillon (3), etc., en ont fait une tribu des Berbéridées; les Lardizabalées se rapprochent en effet de cette famille par la pluralité des ovules et la nature du fruit qui est une baie. D'autres enfin, notam- ment Decaisne (4) et M. Eichler (5), ne partagent aucune des idées précé- dentes : ils considèrent les Lardizabalées comme une famille autonome qu'ils placent entre les Ménispermées et les Berbéridées. A laquelle de ces trois opinions convient-il de s'arréter? Si l'on s'en tient exclusivement à l'organographie, il est impossible de répondre d'une facon satisfaisante à la question que nous avons posée, chacune de ces opinions ayant en quelque sorte sa raison d'étre. Et ceci démontre bien encore une fois l'insuffisance de la morphologie externe toutes les fois qu'il se présente un probléme difficile à résoudre. Aussi avons-nous décidé de demander la solution de celui-ci à l'anatomie comparée des familles dont nous venons de parler. Pour chacune d'elles nous exami- nerons successivement la structure anatomique de la tige, de la feuille et de la racine. 1. TiGE. — Dans la famille des Ménispermées, dont l'un de nous a fait l'étude anatomique d'une façon toute spéciale (6), la tige présente les éléments anatomiques suivants. A l'extérieur, il y a un épiderme, le plus souvent renforcé par un hypoderme formé de 4 à 2 rangs de cel- lules sans chlorophylle. Quand il se forme du liége, c'est aux dépens de cet hypoderme qu'il prend naissance : il est toujours sous-épider- mique. Le parenchyme cortical chlorophyllien est peu développé; il est terminé par un endoderme à petites cellules gorgées d'amidon. Le (1) De Candolle, Syst., vol. 1, p. 511, 1818. (2) Bentham et Hooker, Genera plantarum. (3) Baillon, Histoire des plantes, vol. rit, 1852. (4) Decaisne, Mémoire sur la famille des Lardizabalées, 1833. (5) Eichler, Die Bluthendiagramme, t. 1, 1875. (6) R, Blottière, Étude anatomique de la famille des Ménispermées. Paris, 1886. 522 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1886. péricyele est hétérogène, divisé en deux parties : la portion externe est fibreuse, b p plus développée en face des faisceaux que vis-à-vis des rayons médullaires, formant ainsi autant d'ares et de croissants dont la coneavité est remplie par la portion interne, exclusivement parenchymateuse. Les faisceaux libéro-ligneux disposés en un cercle, sont séparés les uns des autres par de larges rayons médullaires, et cette disposition persiste indéfiniment. Les cellules de la moelle se selérifient à la pointe de chacun des faisceaux libéro-ligneux, consti- tuant ainsi une gaine interne. Au centre, les cellules sont simplement parenchymateuses. La structure typique que nous venons d’étudier, se retrouve identique- ment dans toutes les espèces que nous avons étudiées appartenant aux genres les plus divers (Cocculus, Menispermum, Abuta, Anamirta, Burasaia, Chasmanthera, Tinospora, Chondodendron, Ci los) : les variations d'ordre secondaire ne sauraient en rien l'altérer. Aussi la considérons-nous comme tout à fait spéciale à cette famille ; par l'isole- ment des faisceaux, par la]sclérose de la périphérie de la moelle, et surtout par la constitution tout à fait caractéristique du péricycle, on pourra toujours reconnaitre la tige d'une Ménispermée sur une simple €oupe transversale. Les Berbéridées ont aussi de leur côté une structure bien spéciale, mais s'éloignant par bien des points de celle que nous venons de consi- dérer. Sous l'endoderme, formé de m très gell se ere une zone de grandes cellules hexagonal radial , fortement sclérifiées et à cavité très grande. Ce périeycle fibreux entoure un anneau de cellules à chlorophylle, présentant dans certaines espèces des lacunes aérifères arrondies ; dans cette portion parenchymateuse du péricycle, vers l'extérieur, prend naissance un manchon de liège. Les faisceaux libéro-ligneux, disposés sur un ou plusieurs cercles, demeurent indéfi- niment isolés comme dans les Ménispermées; la moelle est toujours parenchymateuse. Toutes les Lardizabalées que nous avons examinées (Akebia quinata, Holbællia latifolia, Lardizabala. sp.) ont une tige dont la structure anatomique est en tous points semblable à celle des Ménispermées. On y retrouve en effet la sclérose de la moelle, l'isol des fai et surtout la disposition tout à fait caractéristique du péricycle que nous avons déjà décrite chez les Ménispermées. Aucun trait de ressemblance avec les Berbéridées. 2. FevtLLE. — La structure du pétiole n'offre rien de particulier. Le parenchyme du limbe ne présente pas non plus des caractéres différen- tiels bien importants; dans les trois familles, il est constitué par un TERNOS HÉRAIL ET BLOTTIERE. — AFFINITÉS DES LARDIZAPALÉES, 523 tissu chlorophyllien, palissadique à la face supérieure, lacuneux à la face inférieure, soutenu (Anamirta Cocculus, Burasaia madagasca- riensis) ou non par un lacis de cellules fibreuses. L'épiderme inférieur porte seul des stomates. Dans les Ménispermées, ceux-ci ont quatre cel- lules de bordure et deux cellules parallèles à l'ostiole. Dans l'Akebia quinata, les stomates ont aussi deux cellules parallèles à l'ostiole; « l'épiderme inférieur ressemble à s'y méprendre à celui du Menisper- mum canadense (1) ». Chez les Berbéridées, les stomates sont entourés de plusieurs cellules irréguliérement disposées; très rarement ils sont accompagnés des deux cellules latérales paralléles à l'ostiole que l'on rencontre toujours chez les Ménispermées et les Lardizabalées. 3. Racine. — Dans les trois groupes que nous étudions, la racine présente des formations secondaires, identiques dans leur ensemble, diffé- rentes par certains points de détail. Chez les Ménispermées et les Lardizabalées, il se forme à l'extérieur un liége prenant naissance aux dépens de l'assise subéreuse. Dans le paren- chyme cortical apparait une sorte de cercle scléreux, continu ou non, et dont les éléments constitutifs sont des cellules ovales, épaisses et ponc- tuées. Dans les racines très âgées, on rencontre un deuxième cercle situé en dehors du premier. Ces éléments se forment à des niveaux diffé- rents suivant les espéces; tantót immédiatement sous le liége (Chas- manthera palmata), tantót contre le liber secondaire (Cocculus caro- linus), tantót dans une région intermédiaire. Enfin le liber secondaire est exclusivement parenchymateux. Dans les Berbéridées que nous avons étudiées (Berberis vuigaris; Mahonia fasciculata, Nandina domestica, Leontice leont ) leliége a une origine péricyclique; on n'y observe jamais les cercles scléreux des Ménispermées et le liber secondaire est en grande partie, fibreux. En résumé, il résulte de l'étude que nous venons de faire, que les Lar- dizabalées ne sauraient être placées dans les Berbéridées; la structure anatomique de la racine, de la feuille et surtout de la tige les éloigne de cette famille tout en les rapprochant d'une facon remarquable des Méni- spermées. Et la structure de celles-ci est tell t spéciale, tell t caraeléristique, que l'on ne doit pas hésiter à leur adjoindre les plantes qui la présentent, surtout lorsque la plupart des caractères organogra- phiques justifient ce rapprochement. A la grande rigueur on peut faire des Lardizabalées une famille intermédiaire aux Ménispermées et aux - Berbéridées, mais beaucoup plus rapprochée de celles-là que de celles- (1) L'anatomie des tissus appliquée à la classification des plantes (Nouv. Are. du Muséum, 1881). 524 SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1886. ci. Nous estimons qu'il vaut mieux revenir à l'idée ancienne de de Can- dolle et les réunir définitivement aux Ménispermées. On aura donc dans cette famille une nouvelle tribu, celle des Lardizabalées, caractérisée par la pluralité des ovules dans chacun des carpelles, et par un fruit baccien. M. Rouy fait à la Société la communication suivante : EXCURSIONS BOTANIQUES EN ESPAGNE (MAI-JUIN 1883), par MI. &. ROUX (1). DENIA. — MADRID. I| Observati r et diag «q ERUCASTRUM nRACHYCARPUM Rouy (Corynolobus brachycarpus Nob. olim). — Plante vivace; tige de 6-10 décimétres, élancée, glabre, glauque, arrondie, dure, rameuse, presque dénudée supérieurement, ainsi que les rameaux. Feuilles glabres, épaisses, glaucescentes, les inférieures oblongues, spatulées, plus ou moins profondément cré- nelées-dentées ow lobées à la base, à dents obtuses ou arrondies, les presse puberulis, a medio non cuneatis, ete. » Le ZX. subdola Déségl. en serait aussi trés rapproché. Les caractères sur lesquels s'appuie l'au- teur pour distinguer ce nouveau type nous semblent à peine suffisants pour en faire une variété. Ern. M. Flora der Nebroden (Flore des monts Nébrodes de la Sicile); par M. P. Gabriel Strobl (Flora, 1885, pages 365, 382, 430, 450, 467, 633). M. G. Strobl poursuit son travail sur la flore des monts Nébrodes (1). Il a terminé, dans ses articles de 1885, l'énumération des Labiées, et donné celle des Verbénacées, Globulariées, Verbascées, Scrofulariacées et Orobanchées. Ern. M Cours élémentaire de botanique, rédigé conformément aux programmes officiels du 22 janvier 1885, pour la classe de cinquième; par M. L. Mangin. Paris, Hachette et C*, 1885. A programmes nouveaux, livres nouveaux. Ce Cours élémentaire est écrit par un professeur expérimenté, sachant unir à la parfaite possession des matières enseignées l’art, plus difficile qu'on ne pense, d'en appro- prier l'exposé aux jeunes intelligences auxquelles il est destiné. La pre- miére partie comprend une étude sommaire de l'organographie végétale réduite à ce qu'il est indispensable de connaitre pour faire saisir les caractères des familles ; l'auteur n'a emprunté au vocabulaire technique que les termes absolument nécessaires. Dans la seconde partie, les prin- cipales familles sont passées en revue ; les caractères de celles qui sont homogènes sont étudiés sur une plante choisie comme type, de laquelle (1) Voyez le Bulletin de 1885, Revue, page 86 46 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sont ensuite rapprochées les espéces du méme groupe les plus communes, indigènes ou cultivées ; plusieurs types sont décrits dans les familles hétérogènes (R lacées, Composées, etc.). Des tableaux synthétiques offrent un résumé des rapports et de la classification des divers groupes végétaux. Le livre, illustré de 446 gravures, de 3 cartes et de 2 planches en couleur, se termine par un apercu de géographie botanique ; des vues d'ensemble représentent l'aspect de la végétation dans les diverses parties du globe. Ajoutons que les figures sont claires et d'une remarquable exécution. Ern. MALINVAUD. P des boítaniq de tous les mois; par MM. E.-D. Labesse et H. Pierret. Un vol. gr. in-8°, avec 100 dessins. Paris, P. Ducrocq, 1886. s Voici encore une ceuvre pédagogique, mais d'un genre trés différent de la précédente. C'est un volume luxueusement imprimé et illustré, où les premiéres notions de botanique sont enseignées, sous une forme récréa- tive, dans une suite de causeries familières, mélangées de récits moraux et enfantins. On ne peut que féliciter les auteurs d'avoir su tirer un si bon parti de l'invention littéraire dans unlivre de vulgarisation scientifique. Env. M. NOUVELLES. (15 mai 1886.) — John William Draper, l'auteur estimé de divers ouvrages relatifs à la physiologie végétale (Organisation of Plants, 1844 ; Vegetable Phy- siology, 1844; Chemistry of Plants, 1845), est mort en Amérique, le 25 décembre 1885, à l’âge de soixante et onze ans. — Le retard qu'éprouve régulièrement la Revue au commencement de l'année ne nous a pas permis d'annoncer plus tôt la mort regrettable et prématurée de M. Édouard Morren, professeur à l'Université de Liége. M. Éd. Morren était né à Gand le 2 décembre 1833; il est mort le 28 février 1886, âgé seulement de cinquante-trois ans. Éditeur de la Bel- gique horticole, de la Correspond botanique et de quelques autres publications périodiques, il a en outre publié des recherches sur la diges- tion des plantes, sur les plantes carnivores; un Catalogue des Bromé- liacées du Jardin botanique de Liége, où il avait rassemblé la plus belle collection connue de ces magnifiques plantes. — M. Léon Éloy de Vicq, ancien membre de notre Société et auteur d'une Flore du département de la Somme, publiée en 1883, est décédé à Abbeville, le 16 avril dernier, à l'âge de soixante-seize ans. T———H " $ REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 41 — Nous souhaitons la bienvenue à une nouvelle Société botanique qui vient de se fonder à Tours, sous le nom de Société botanique d'Indre- el-Loire. Le bureau a pour Président M. Tourlet, pharmacien à Chinon, et pour l'un de ses Vice-Présidents M. Chastaingt, tous deux membres de notre Société. — L'Académie des sciences a, dans sa séance du 10 mai dernier, nommé M. Édouard Bornet membre de l'Académie, dans la section de botanique, en remplacement de M. Tulasne. M. Bornet a obtenu 36 suf- frages contre 10 donnés à M. Éd. Bureau, 6 à M. Prillieux, 2 à M. Max. Cornu et 1 à M. de Seynes. La section avait présenté en première ligne M. Bornet; en deuxième ligne, M. Prillieux ; en troisième ligne, ex æquo et par ordre alphabétique, MM. Bureau, Cornu et de Seynes. Il n'y avait pas eu d'élection depuis plus de neuf ans dans la section de botanique de l'Académie des sciences; la précédente était celle de M. Van Tieghem, appelé le 8 janvier 1877 à remplacer Ad. Brongniart. — En 1868, M. le baron Ernouf a publié chez M. Rothschild, l'éditeur bien connu de tant de beaux livres, deux pelits volumes intitulés : l'Art des jardins. Ces petits volumes, écrits par un homme de goût et remplis d’observalions judicieuses, sont devenus un superbe ouvrage de 364 pages, orné de 510 illustrations. Un chapitre est consacré à l’histoire des jardins depuis les temps les plus anciens et chez les divers peuples. Un autre fait connaitre la théorie générale de l'art des jardins et son application au tracé des jardins réguliers ou irréguliers, des parcs, pro- menades et squares. Dessins, plans, vues d'ensemble et de détails, prodi- gués à chaque page, montrent à l'œil ce que le texte expose. Les auteurs ont voulu donner à leur livre « un caractére à la fois attrayant et utile ». Ils ont réussi. — Parmi les questions qui ont attiré l'attention des membres du Con- grés international de Botanique et d'Hortieulture d'Anvers, celle qui concerne la flore etles cultures du Congo figure au premier rang. Le Cercle floral d'Anvers se propose de publier un Bulletin qui exposera l'état actuel des issances sur cette question et tiendra les lecteurs au courant des faits nouveaux. Le Bulletin sera un recueil complet de tout ce que la région du Congo offre d'intéressant au point de vue du régne végétal; il paraitra à des époques indéterminées et sera envoyé gratuitement à tous les membres du Cercle floral d'Anvers. On devient membre du Cercle moyennant une cotisation annuelle de 5 francs. — Adresser les demandes d'admission à M. H. de Bosschére, secrétaire du Gercle floral d' Anvers, 321, Longue rue d'Argile, Anvers (Belgique). — Le Journal, d'histoire naturelle de Bordeaux et du Sud-Ouest, 48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. publié par M, Guillaud, mentionne, dans sa Chronique régionale des numéros de février, mars et avril 1886, divers faits intéressants de natu- ralisation végétale. Une Ombellifére ligneuse méridionale, sans aucun doute échappée de jardins, le Bupleurum fruticosum L.,a été rencontrée croissant vigoureusement et en nombreuses touffes, sur un escarpement de rochers où le hasard seul a pu la semer, pârmi les Chénes-verts, les Lauriers et les Nerpruns Alaternes qui ornent les coteaux dela rive droite de la Garonne, à Floirac et à Bouliac (Gironde). — Sur la méme rive de ce fleuve, le Coronilla glauca, plante méditerranéenne, est aujourd'hui abondamment naturalisé en face de Bordeaux. — Enfin le Solanum bona- riense L., plante ligneuse de la Plata, signalée depuis longtemps à l'état subspontané en Espagne et en Portugal, croit, fleurit et fructifie en dehors de toute culture aux environs de la Sauve (Gironde), à l'abri d'un mur. — A la page 235 de la Revue du Bulletin de 1885, nous avons an- noncé que M. T. de Heldreich reprenait la publication de son Herbarium grecum normale. Notre confrère M. Joseph Hervier, Grande rue de la Bourse, 31, à Saint-Étienne (Loire), a bien voulu accepter d’être le cor- respondant de M. de Heldreich pour la France. Il se charge de recevoir les demandes et de distribuer les paquets, qui lui seront envoyés cachetés et préts à étre réexpédiés. — Notre confrére M. Hervé de Maupassant (Chalet des Alpes, à Antibes), nous prie d'annoncer qu'il désire recevoir des Carew d'Europe en échange de plantes des Alpes-Maritimes. — Feu M. Rodin, pharmacien, ancien membre de la Société, a laissé un herbier et une bibliothéque botanique qui seront vendus à Beauvaisà une époque assez rapprochée. L'herbier renferme environ 4000 espèces. — S'adresser, pour les renseignements à M"* veuve Rodin, rue du Four, à Beaumont (Seine-et-Oise). Le Directeur de la Revue, D EET Dr Ep. BORNET. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. BOURLOTON, — luprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1886) Die Biologie der Wasserg hse (Biologie des ét aquatiques); par M. H. Schenck. 4 volume de 162 pages avec 2 1n: ches. Bonn, 1886). L'étude trés étendue de M. Schenck comprend sept chapitres dans lesquels il passe successivement en revue tous les faits dignes de re- marque observés par lui ou avant lui sur les végétaux aquatiques. Chap. I. Mode devie et variation. — La premiére partie du travail de l'auteur est consacrée à l'examen des différents éléments de l'appareil végétatif et des variations qu'ils présentent dans les plantes submergées el nageantes. Dans les plantes submergées, qu'il étudie d'abord, M. Schenck distingue plusieurs types. Les végétaux aquatiques peuvent étre libres dans l'eau et sans racine (Hottonia, Utricularia, Aldro- vandia, elc.), ou bien fixés au fond de l'eau par leur base, en laissant leur tige et leurs feuilles onduler dans l'eau (Myriophyllum, Calli- triche, etc.); trés souvent leur axe se raccourcit considérablement et leurs feuilles linéaires seules s'allongent dans le liquide (Isoetes, Sagit- taria, Alisma, ete.). Aprés avoir étudié ces cas généraux, l'auteur passe successivement en revue un certain nombre de cas particuliers dignes de fixer l'attention, le Stratiotes aloides, l'OEnanthe Phellandrium et les Podostémacées. M. Schenck s'occupe ensuite des feuilles nageantes, et dont le limbe n'est plus divisé comme dans les feuilles submergées, dont la consistance est plus ferme, le parenchyme en palissade bien développé, l'épiderme sans chlorophylle, mais ayant ses Stomates à la face supérieure. Il divise ces plantes nageantes en plusieurs groupes, suivant qu'elles flottent en liberté à la surface de l'eau ou qu'elles sont fixées au fond de l'eau par un rhizome. Chap. II. Mode d'hibernation. — Chap. III. Aceroissement végétatif et reproduction. — Le séjour des plantes dans l'eau les préserve de grandes variations de température, aussi ces végétaux sont-ils presque toujours vivaces. En outre, dans ce milieu aqueux, la reproduction sexuée se faisant avec difficulté, la multipli végétative se produit très fré- ` T. XXXIIL. (REVUE) 4 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quemment. Les végétaux vivaces aquatiques sont partagés en plusieurs catégories par le botaniste allemand. Les uns ont une souche qui persiste d'une année à l'autre (Ruppia, Zostera, etc.), d'autres produisent un rhizome. Dans quelques espéces on observe des sortes de bulbes de feuilles ou hibernacles; plusieurs ont des sortes de tubercules entourés d'écailles (Sagittaire, etc.). Ces modes différents de conservation sont quelquefois en relation avec le pays où se développe la plante : ainsi l’A/- drovandia, qui présente des hibernacles dans nos pays, n'en offre plus pendant l'hiver dans les régionschaudes de l'Inde, où cette plante se ren- contre fréquemment. Nous ferons remarquer enñn que les modes de multiplication végéta- live sont bien plus nombreux dans les plantes aquatiques que dans les plantes terrestres. Chap. IV. Mode de fécondation. — Le résultat de l'action du milieu étant de réduire l'appareil d'attraction des fleurs, les insectes inter- viennent assez rarement pour en opérer la fécondation. Dans quelq cas cependant (Nymphéacées, Limnanthemum, etc.), les parties colo- rées des fleurs sont assez grandes pour attirer les insectes aériens; mais souvent le vent et les insectes qui courent à la surface de l'eau peuvent seuls étre les agents de la fécondation. L'auteur rappelle égale- ment le mode de fécondation des Vallisnériées, qui se retrouve avec quelques modifications dans les Ruppia et les Zannichellia. Selon M. Schenck, le pollen des plantes — est adapté aux condi- tions spéciales dans lesquelles se développent ces végétaux ; il manque d'exine et prend souvent une forme de filament tout à fait particulière (Zostera, etc.). Chap. V. Fructification et dispersion des graines. — Chap. VI. Ger- mination. — Si la plupart des fleurs sont pollinisées à l'air, un petit nombre y forment leurs fruits. La maturation des fruits s'opérantdansl'eau, la dispersion des graines devrait être restreinte aux eaux qui communi- quent entre elles. Il n'en est rien, grâce aux oiseaux, qui transportent un certain nombre d'espéces dans les eaux d'étangs entiérement isolés, — La germination des plantes aqualiques se distingue par la réduction caractéristique des racines, le faible aspect et la molle consistance des feuilles. On retrouve ces caractères dans les nombreux exemples de ger- minations cités par l'auteur. Chap. VII. Répartition géographique. — Enfin, le dernier chapitre est consacré à la répartition géographique. M. Sthének y étudie, à ce point de vue, douze espèces submergées et vingt nageantes. I] ressort de cet examen que ces plantes présentent une aire géographique considé- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 rable. Plusieurs causes peuvent expliquer ce fait; en premier lieu, la constance des conditions offertes par le milieu aquatique, et ensuite la facile dispersion par ce liquide. J. CosraNTIN. Mycologische Untersuchungen (Recherches mycologiques) ; par M. Hugo Zukal (Denkschriften der mathematisch-naturwissenschaftli- chen Classe der Akademie der Wissenschaften, Vienne, 1885, 16 pages et 3 planches). L'étude de M. Zukal comprend deux parties. Dans la première, il s'occupe de la morphologie du Thelebolus stercoreus ; dans la seconde, du développement du fruit de plusieurs Ascomycètes. I. Morphologie du Thelebolus stercoreus Tode. — Bien que le genre Thelebolus ait été créé par Tode à la fin du siècle dernier, on ignorait encore, avant l'étude actuelle de M. Zukal, si cette plante était un Asco- mycéte ou un Gastéromycéte : elle doit étre rangée dans le premier groupe. L'espéce actuelle a été trouvée sur des crottes de lièvre, où elle se distingue par la coloration jaune des périthèces. Ces périthéces étant mis dans l'eau, l'enveloppe se créve et l'asque unique est projeté en l'air. Le mécanisme de l'expulsion de cet asque est le suivant: à la base du sac sporifère se trouvent accumulées des matières capables d'absorber une grande quantité d'eau, et par conséquent d'en gonfler la membrane ; le périthéce étant plongé dans l'eau, ce liquide entre en grande abondance par la partie supérieure de la membrane de l'asque, qui est trés per- méable ; cet asque s'aceroit considérablement en volume, déchire le péri- théce et est projeté au dehors. Ce sac reproducteur est en outre remar- quable par le trés grand nombre de spores qu'il contient (probablement 8 fois 64). - L'auteur cherche ensuite à quel groupe d'Ascomycétes il faut rattacher le genre Thelebolus. Il.le place parmi les Erysiphées, à côté des Podo- sphæra ; il est vrai que les appendices manquent ici, mais ces appendices - sont probablement en rapport avec le parasilisme des espèces du groupe précédent. II. Contributions à l'étude du développement du fruit de quelques Ascomycètes. — Dans la seconde partie de son mémoire, M. Zukal expose le développement du fruit d'un Peziza indéterminé, de l'Ascodesmis signicens Van Tieghem, de l'Hyphomyces rosellus Alb. et Schw., du Ch crispat Il termine par l'examen d'une fructification anomale de l'Eurotium herbariorum Link. L'étude de tous ces exemples le conduit à cette conséquence importante, déjà bien souvent exposée par M. Van Tieghem, qu'il n'y a pas de sexualité chez les Ascomycétes pré- cédents. 52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le dernier cas est particulièrement démonstratif à cet égard. On sait que l'étude de l'Eurotium herbariorum avait révélé à M., de. Bary lexis- tence, au début de la formation du fruit, de deux appareils prétendus sexués, l'archicarpe (ou branche femelle) et le pollinode (ou branche màle). Si la production des asques dépendait de la fécondation de Par- chicarpe par le pollinode, les sacs sporifères ne devraient pas se former sans ces organes. Or M. Zukal, dans les fruits anomaux du méme Euro- tium, a vu quatre asques naître directement du thalle. L'Ascodesmis nigricans, découvert autrefois par M. Van Tieghem (1) sur les excréments de chien, y a été retrouvé pour la première fois par M. Zukal. Cette plante, qui est une forme de passage intéressante entre les Gymnoascées et les Discomycètes, fournit une preuve trés nette de l'absence de phénoméne sexuel dans le développement du fruit. Ce fait, trés clair déjà quand la plante végèle normalement, se manifeste avec plus d'évidence encore quand la liqueur nutritive s'épuise; il se forme alors des groupes de cinq ou six asques nés directement sur les hyphes. L'exposé des arguments précédents, trés décisifs contre la sexualité chez les Ascomycétes, n'est pas la seule partie intéressante de ce travail ; on trouve encore dans le mémoire de M. Zukall'indication d'une méthode de culture de ces êtres inférieurs qu'il est important de signaler. L'auteur a appliqué cette méthode à l'Ascodesmis nigricans et au Chætomium crispatum. Pour la premiére espéce, il fait germer les spores réticulées dans une décoction de pruneaux, mais dans ce milieu nutritif le déve- loppement s'arréte bientót; il introduit alors un trés petit fragment de matiére fécale de chien dans la chambre humide, et il peut obtenir ainsi la formation des asques. Tous les essais de culture du Chætomium crispatum dans un liquide nutritif échouent de méme; l'addition de tranches minces de pomme de terre permet au contraire de réussir à coup sür. Les deux espèces précédentes jettent en outre quelque lumière sur la valeur morphologique des appareils reproducteurs. Nous signalerons en particulier les faits suivants : 1° M. Zukal a découvert l'existence de conidies à la périphérie des groupes d'asques de l'Ascodesmis nigricans: or, dans certains. cas, l'auteur a vu les conidies remplacer les asques ; il a donc été amené à penser que les conidies sont des asques avortés. 2° Dans le Chætomium crispatum, M. Zukal a constaté que les périthéces et les sclérotes ont la méme origine. En effet, si l'on plonge dans l'eau les jeunes ébauches de fruit avec leur substratum (c’est-à-dire la coupe mince de pomme de terre), on a un sclérote au lieu d'un périthéce. co J. CosraNTIN. (i) Bull. de la Soc. bot. de France, 1876, XXII, p. 2j. PET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 Ueber einige neue Pilze, Myxomyceten und Bakterien (Sur quelques espéces lles de Ch i , de My yceti et de Bactéries); par x Hugo Zukal (Verhandlungen der kaiserlich.- keniglich.-zool tanischen Gesellschaft in Wien, 1885, p. 333 à 342, avec 1 planche). Dans cette note, M. Zukal expose les caractères de huit espèces nou- velles trouvées aux environs de Vienne. Parmi ces espéces, il y a deux Myxomycétes, le Trichia nana et V Amaurochæte speciosa, une Bactérie, le Bacterium tortuosum, et cinq Ascomycétes : l'Erythrocarpon micro- stomum, le Sporormia immersa, le Microascus longirostris, les Me- lanospora ornata et Solani. En terminant, l'auteur rectifie une erreur faite par Fries dans sa description d'une espéce découverte et bien étudiée par Corda, le Sphæronema vitreum. D’après Corda, ce Champignon ne présente pas d'asques; il en posséderait selon Fries, ainsi que selon MM. Saccardo et Winter, qui décrivent cette plante dans leurs ouvrages sous le nom de Melanospora vitrea. Suivant M. Zukal, cette Cryptogame, transparente comme du verre, et qu'on trouve à l'automne sur les grands Agarics en décomposition, n'a que des conidies. - Le Trichia nana est un nouveau Myxomycéte intéressant à signaler, car il appartient à un groupe de Trichiées qui jusqu'ici n'avait qu'un représentant, le Trichia fallax, si bien étudié par M. Strasburger (1). Dans ce groupe, la cavité du sporange est en continuité avec celle du pied, qui se trouve rempli de spores. Cette espéce nouvelle se distingue du Trichia fallax par son plasmode ; il est blanc au lieu d’être couleur de corail, comme dans cette dernière espèce. Le Myxomycéte nouveau est également remarquable par la petitesse de sa taille, qui n'atteint qu'un demi-millimétre, tandis que l'espéce déjà connue varie de 2 à 5 milli- métres. : Parmi les Ascomycètes, le Microascus longirostris et l'Erythrocarpon microstomum sont surtout remarquables. Le Microascus est formé de périthéces à col enfoncés en grande partie dans les excréments de chien ou dans le bois pourri voisin des excréments qui en sont garnis. Les asques sphériques gélifient leur paroi, de sorte qu'il est d'abord assez difficile de ri itre si le Champignon est un Ascomycète. Les spores ont une forme de croissant trés curieuse ; elles sont de plus entourées d'une gaine gélatineuse. Quant à-la position systématique de cet être nouveau, M. Zukal ne se prononce pas d'une manière catégorique ; il croit pourtant pouvoir le rapprocher des Gnomonia ou des Geratiniown La position de l'Erythrocarpon microst est ég t indécise. (1) Voyez le Bulletin, 1884, xxxr, Revue, pg 98. 54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parla forme de ses spores il est voisin des Chetomium, mais par la coloration de ses périthéces et de ses conidies il se rapproche des Hypo- créacées. Les périthèces sont en effet charnus, brun rougeátre, à orifice ponetiforme. Les asques, cylindriques, trés fugaces, contiennent huit spores d'un jaune-citron disposées en une seule file. Cette méme plante présente, en outre, des conidies de trois formes; les unes en fuseau, cloisonnées, les autres en chapelet, etles troisièmes sphériques, hérissées de tubercules. Le Sporormia immersa est un Champignon coprophile que l'on ren- contre à l'automne sur les crottes de lapin. Ses spores, brunes, divisées en une file de treize à quinze cellules, sont entourées de gélatine. Des deux Melanospora, Yun, le M. ornata, présente des spores dont la membrane externe est ornée de réticulations (on le rencontre sur le Polyporus zonatus) ; autre, le M. Solani, qui pousse sur des tranches de pomme de terre, a des spores cubiques. J. CosraxTIN. New British Micro-Fungi (Nouveaux Champignons microsco- piques de l'Angleterre) ; par G. Massee (Journal of the Royal micros- copical Society, 1885, V, p. 151-100, avec 1 planche). On trouve dans la note de M. Massee l'exposé très court des caractères de cinq espèces nouvelles. Le Didy hypnophilum, Myxomycète nouveau, diffère du D. confluens par son sporange non confluent et sa columelle blanche; il s'en rapproche au contraire par ses La gra- nuleuses et son capillitium fasciculé. Le Stilbum flexuosum se distingue du S. rigidum par son pied flexueux et sa tète noire. L'Helminthosporium pumilum se développe sur l'espéce précédente en parasite, et diffère de l'A. obovatum par son habitat et sa spore non cloisonnée. L'Arthrobotrys rosea présente des tiges dressées offrant de trois à cinq capitules de conidies divisées en deux cellules inégales, dont la plus grande est l'externe. L'inégalité de ces deux cellules et la couleur des touffes, qui est rose, rendent cette espèce trés distincte de PA. superba de Corda. Enfin le Corepthoris epimyces est blanc, tandis que le C. paradoxa est jaune. La tige est conique os le premier, cylindrique dans le deuxième ; Phabitat est égal t blable, car l'espéce nouvelle de M. Massee croit sur le Mycena pura. Je Ueber eine auf Excr von Fr k fand Entomophthoree (Sur une Entomophthorée trouvée sur les excré- ments de Grenouille); par M. Eidam (Schlesischen Gesellschaft fuer Vaterlendische Cultur zu Breslau, séance du 5 novembre 1885). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9 ot Le développement de la plante nouvelle que M. Eidam appelle Basi- diobolus ranarum a été suivi sur son substratum normal, les excréments de Grenouille, ainsi qu'en cultures pures. Cette espèce possède des conidies, des kystes et des zygospores. Les conidies sont lancées dans l'air avec la baside qui les porte, et ne s'en séparent qu'au milieu de leur course, de sorte qu'on trouve les basides d'un côté et les spores de l'autre, La copulation a été observée dans ce Basidiobolus : elle s'opére à l'aide de deux gamétes inégalement différenciés, ce qui indique une tendance vers l'hétérogamie. Deux cellules voisines d'un même filament bourgeon- nent en formant un bec; l'une d'elles grossit et s'arrondit, tandis que l'autre reste petite; la cloison primitive de séparation se résorbe et les deux plasmas se fusionnent dans la cellule arrondie. L'ceuf est formé; il s’entoure d'une membrane qui se cutinise et brunit, en conservant le bec signalé précéd t, qui s'est cloi 6 à la base. Remarks on the reproduction of the Heterocious Ure- dines (Remarques sur la reproduction des Urédinées hétéroiques) ; par M. Plowright (Journal of the Linnean Society, XXI, 1885, p. 368-370). L'auteur a remarqué que, lorsque les Urédinées hétéroiques se repro- duisent sans passer par l'état d'OEcidium, les urédospores sont plus abondantes que lorsqu'elles proviennent de la germination des écidio- spores. Ceci est vrai pour le Puccinia Graminis, le P. Rubigo vera et le P. obscura. J. C. Aspergillus Oryzæ; par M. Buegsen (Berichte der deutschen bota- nischen Gesellschaft, 1885, Congrès de Strasbourg, p. LXVI). On se sert depuis la plus haute antiquité, au Japon, pour fabriquer la boisson alcoolique nationale, le sake, d'un Champignon qui n'est connu que depuis peu de temps. Ahlburg en a donné en 1878 une description inexacte, de sorte qu'on trouve cette plante désignée sous le nom d'Euro- tium Oryzæ dans les Flores. Or les périthéces de cette Cryptogame n'ont pas encore été signalés, la forme Aspergillus est seule connue. Pour le port, cet Aspergillus rappelle assez PA. flavescens Lichtheim; il diffère cependant de cette espèce par la forme des spores et l'intensité de leur coloration. A Le procédé de fabrication du sake employé par les Japonais est trés intéressant à signaler, car il s'explique trés simplement à l'aide des théories de la fermentation. Les grains de riz sont mélangés à ce que l'on désigne au Japon sous le nom de koji, qui n’est autre qu'une agglo- mération de grains de riz imprégnés du mycélium du Champignon précé- dent- Ce koji est obtenu en saupoudrant sur les grains de riz une matière 56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. jaune appelée tane-koji, qui est entièrement constituée par les conidies de l'Aspergillus Oryzæ. Le koji mélangé au riz produit une diastase qui transforme l'amidon du grain en dextrose, dextrine, et enfin en alcool. La plante se cultive trés bien sur une solution de sucre de raisin et d'extrait de viande ; elle y forme une sorte de peau d'ou M. Buegsen a pu extraire la diastase qui agit sur l'amidon. Il est intéressant de remarquer que le mycélium de PA. Oryzæ, en végétant dans la liqueur précédente, est susceptible de bourgeonner absolument comme le Mucor racemosus, lequel, comme l'a démontré M. Gayon, produit une sorte de levure quand on l'oblige à se développer dans le liquide nourrieier. J. CosrANTIN. Ueber die Knollchen an den Wurzeln von Alnus und den Elægnaceen (Sur les nodosités des racines de l'Aune et des Eléagnées); par M. Brunchorst (Versammlung deutscher Natur- forscher und Aerzte in Strassburg, 19 septembre 1885). Les nodosités des racines de l'Aune ont déjà été étudiées par MM. Wo- ronin, Franck et Moeller (1). D’après les deux premiers botanistes, elles sont dues à un Champignon dont le mycélium remplit les cellules et porte des spores. D’après le troisième observateur, elles seraient produites par une sorte de Plasmodiophora dont le plasmode envahirait la racine. M. Brunchorst se rallie à la première opinion. En étudiant de trés jeunes renflements, il a vu les cellules remplies de pelotons de fila- ments trés déliés. Quant aux spores, l'auteur n'a pu les faire germer; elles paraissent d'ailleurs étre désorganisées avec la plante attaquée. Les Eléagnées présentent une organisation tout à fait semblable dans les tubercules de leurs racines. Tw Ueber das Verhalten der Zellkerne in fusionirenden Pilzzellen (Sur le róle du noyau dans les cellules des Champi- gnons qui se fusionnent) ; par |M. Fisch (Versammlung deutscher Naturforscher und Aerzte in Strassburg, 19 septembre 1885). M. Fisch a étudié le rôle des noyaux de deux cellules qui viennent à méler leurs protoplasmes. Deux cas trés différents sont à distinguer, suivant qu'il y a simple anastomose ou fécondation d'une cellule par l'autre. S'il y a simple anastomose, les noyaux ne se mêlent pas : c'est ce que l'auteur a vérifié dans le cas de fausse copulation des sporidies des Ustilaginées (Tilletia, Urocystis, Ustilago) ; c'est également ce qui a lieu dans les Basidiomycétes quand une anastomose en boucle vient à réunir deux cellules du mycélium (Merulius lacrymans). S'il y a fécondation (1) Voyez le Bulletin, 1885, t. xxxir, Revue, p. 196. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 57 au eontraire, le noyau màle se mélange au noyau femelle et disparait (Pythium, Cystopus). Il y aurait donc, d’après l'auteur, un critérium pour distinguer une anastomose d'un acte sexuel. J. C: Etudes sur la turgescence chez le Phycomyces; par M. E. Laurent (Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 3° série, 1885, t. X, n° 7). M. Errera a étudié récemment les différents stades du développement des filaments fructifères du Phycomyces (1). Il résulte de cet examen que quatre stades doivent y être distingués, au deuxième stade : la erois- sance s'arrête et le sporange se forme; au troisième, tout développe- ment extérieur cesse et au quatrième le filament s'accroît de nouveau avec une grande rapidité. M. Laurent a repris cette question en étudiant les variations de la turgescence et de l'extensibilité de la membrane pen- . dant le développement de l'appareil reproducteur de cette Mucorinée. Dans ses recherches sur la turgescence, l'auteur a appliqué une mé- thode indiquée par M. de Vries (2). Les filaments à étudier sont plongés dans des liqueurs salines plus ou moins concentrées (azotate de potasse, chlorure de sodium), et leur longueur est mesurée au microscope. Si la solution saline a un pouvoir osmotique plus grand que le suc cellulaire, le filament s'allonge ; si ce pouvoir est moindre, il se raccourcit. La force de turgescence est calculée d'aprés la solution minimum qui détermine une diminution de la taille appréciable au microscope. Il résulte, de l'en- semble des mesures prises par l'auteur, que la pression du suc cellu- laire, qui égale 7 atmosphéres aux trois premiers stades, s'éléve à 8 atmosphéres au quatriéme. La constance qui vient d'étre signalée aux trois premiers stades dans la turgescence ne permet pas d'expliquer les variations observées dans le développement durant ces premiéres phases. Les changements dans l'extensibilité de la membrane permettent d'analyser de plus prés le phé- noméne et de l'expliquer. M. Laurent démontre en effet qu'au troisiéme stade, la membrane devient moins extensible, ce qui explique l'arrêt qui caractérise cette période de développement. JC; Lichenes novi e freto Behringii. — Continuationes 11 et 11. — Exponit W. Nylander (Flora 1885, n'* 24 et 34). M. le professeur Nylander continue à décrire les Lichens nouveaux recueillis par M. Almqvist. dans l'expédition de la Vega, que le célèbre (1) Bot. Zeit., 1884, p. 497. Article analysé dans la Revue, t. xxxit (1885), p. 14. (2) Eine wa zur Analyse der Turgorkraft (Pringsheim's Jahrb. f. wiss. Bot. xiv, p. 537) : ueber die hen Ursachen der Zellstreckung. 58 : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nordenskjöld a dirigée à travers l'océan Glacial pendant les années 1878-19. Les Lichens qui font l'objet de ces deux articles proviennent de irois points différents : I. Des iles de Behring et de Lawrence. Le terrain de la première de ces iles est trachytique ; la seconde est couverte de roches granitiques. Ces deux iles ont donné 18 Lichens nouveaux, dont 12 sont saxicoles, à savoir, 5 Lecanora : L. etesie, Behringii, peritropa, perspera et sub- seducta ; — 4 Lecidea : L. Làurentiana, infernula, paraphanella et detinens; — 1 Pertusaria : P. subplicans; — 1 Verrucaria : V. su- blectissima, et enfin Siphula dactyliza ; — 6 végétant sur la terre, les Mousses et les rameaux des arbres: Lecanora cæsiorufella; Pertusa- ria glomerata var. corniculata, et Lecidea hyaliniza, suballinita, apochræiza et pallidella. II. Sur la côte du golfe de Lawrence-bay, située sur le rivage asiatique du détroit de Behring, M. Almqvist a ramassé en quelques heures 14 Li- chens, dont 41 sur des roches granitiques et 3 sur la terre. Les premiers se décomposent en 3 Lecanora : L. deergnata; stygioplaca et sutra diascens, et 8 Lecidea : L. cir fl ta, subtri lugubrior, ochrodela, decinerascens, probadia et apopetræa. Quant aux Lichens terrestres, ce sont : Evernia deversa, Pannularia are et Lecidea sublimosa. IIT. Enfin à Port-Clarence, sur la côte américaine de ce même détroit de Behring, 14 Lichens ont été récoltés, — 7 sur des schistes: Leptogium parculum, Lecanora ochromicra et quadruplans, Gyalecta convarians, Verrucaria discedens, obtenta et exalbida. Les 7 autres végétaient sur Ja terre ou inerustaient les Mousses : Lecanora inæquatula et gyalectina, Pertusaria subdactylina, Lecidea internectens, insperabilis, denotata et Verrucaria pernigrata. Ces 14 derniers Lichens se rapportent presque tous à des types déjà connus dans la flore de l'Europe arctique. En résumé, cette célébre expédition a augmenté la flore de 81 Lichens, dont 1 appartient à un genre nouveau, Leptogiopsis; les autres sont 3 Collema, 1 Leptogium, 1 Evernia, 1 Solorina, 4 Pannularia, 18 Le- canora, 4 Pertusaria, 39 Lecidea, 44 Verrucaria, et enfin le dernier, Siphula dactyliza, est d'un genre incertain. Abbé Hur. Addenda nova ad Lichenographiam europ:eam. — Conti- nuationes quadragesima tertia et quarta. — Exponit W. Nylander. (Flora 1885, n° 3 et 15). . Ces deux Addenda renferment la description de 24 Lichens nouveaux, parmi lesquels 18 appartiennent aux Pyrénées frangaises. Sur ces 18; REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 16 ont été recueillis par M. Nylander lui-méme à Amélie-les-Bains. Ils comprennent : 3 Collemopsis, C. lygoplara, obtenebrans et suffugiens ; 1 Omphalaria, O. frustillata ; À Parmelia, P. perrugata ; 3 Leca- nora, L. concinerascens, ameliensis et intuta : 5 Lecidea, L.vagula, subtumidula, cavatula, æthaleoïides, scotochroa ; 4 Pertusaria, P. qu cludens, et 2 Verrucaria, V. interfugiens et internata. Les 6 autres sont: 4 Lecanora d' Heidelberg, L. infuscescens ; 2 Lecidea, 1 du Tyrol, L. modicula, l'autre de Hongrie, L. flavella ; 4 Verrucaria de Hongrie, V. previridula ; et 2 Thelocarpon aussi de Hongrie, Th. intermiætu- lum et vicinellum. Dans les « Observationes » qui suivent la description de ces Lichens, M..Nylander dit qu'il existe en ce moment 11 Thelocarpon connus; le second de ceux que nous venons de citer porte le nombre à 12. Ces obser- vations contiennent plusieurs remarques importantes, créent un genre nouveau (le genre Dendriscocaulon, pour le Leptogium bolacinum Schær., petit Lichen parasite, commun sur le Ricasolia glomulifera DN.), distinguent les formes que peut revêtir l'hypothalle, et enfin donnent ou complètent la description de plusieurs Lichens. Abbé H. Arthoniæ novæ Americæ borealis. — Exponit W. Nylander, (Flora 1885, n** 16 et 24). Avant de commencer la description de ces Lichens, qui lui ont sky envoyés par M.-H. Willey, le savant lichénologue fait judici remarquer que l'excellence de la description d'un Lichen nouveau con- siste non dans la longueur des détails qui sont donnés, mais dans le soin que l’on apporte à rattacher la plante nouvelle à des Lichens déjà connus. Pour atteindre ce but, il est nécessaire que celui qui décrit soit au cou- rant des connaissances générales concernant les Lichens et qu'il use d'une méthode süre et uniforme. Mettant en pratique cette remarque capitale, M. Nylander décrit 12 Ar- thonia nouveaux, dont 4 se rattache à l'A. distendens Nyl. (de Cuba), 4 à l'A. astroidea, 1 à l'A. dispersa de Schrad., 1 à PA. fissurinella, 1 aux À. pyrrhula et A. Cascarilla Fée (l'auteur complète en méme temps la description de ces deux Arthonia), 4 à PA. cinereo-pruinosa Schær. et à PA. minutissima Ach. ; et enfin le dernier prend une place à part, et ne peut être comparé à aucun autre Arthonia connu. Le premier de ces articles contient la description d'un trés curieux Gyalecta, G. lamprospora, de méme provenance. Le second article est suivi de plusieurs observations, dont l'une indique que 3 des Arthonia d'Amérique se rencontrent aussi en Irlande, A. tædiosa Nyl., A. paralia Nyl. et A. hibernica Nyl., et l'autre que les Cora sont de vrais Lichens et non des Champignons Théléphorés. Abbé H. 60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parmeliæ exotice novae Exponit W. Nylander (Flora 1885), n° 34. Depuis la publication de son Synopsis, M. Nylander a eu l'occasion d'examiner un grand nombre de Lichens exotiques, parmi lesquels il s'est trouvé plusieurs espéces nouvelles de Parmelia. Certaines de ces espéces ont été, il est vrai, décrites par plusieurs lichénologues, mais ces descriptions ne donnent pas un des caractères les plus importants pour la détermination des espèces, la longueur et la forme des spermaties. M. Nylander décrit iei 50 espèces nouvelles de Parmelia et en indique les spermaties et les réactions. Ces espèces appartiennent à 5 des Stirps du Synopsis : P. caperatæ, P. sulphurate, P. perlate, P. tiliaceæ et P. relicinæ. Ce sont les P. perlatæ et P. tiliaceæ qui en emportent le plus grand nombre, 38 à elles deux. Abbé Hue. Die Lichenen des frænkischen Jura, von D' A. Arnold (Flora de 1885, et tirage à part, Regensburg, 1885). M. Arnold a terminé l'énumération des Lichens du Jura franconien, dont la première partie a été analysée dans le Bulletin de 1885 (Revue, page 63). La flore de cette contrée comprend 630 espéces de Lichens, en comptant quelques Champignons parasites des apothécies de certains Lichens. Cette derniere partie renferme principalement les Calicium, Verrucaria, Collema et Leptogiwm. Le savant lichénologue de Munich termine son travail par un appendice de 7 espéces, par des remarques qui ajoutent l'indication d' las à quelques espèces, et enfin par une table de tous les exsiccatas connus. Ces exsiccatas sont au nombre de 94, mais plusieurs d'entre eux n'ont pas été vus par M. Arnold, ou n'ont été examinés qu'en partie par lui. Abbé H. Bidrag till svampfloran i Norges sydligare fjelltevakter (Contribution de la Flore mycologique de la région montagneuse de la Norvége); par M. Ernst Henning (brochure de 27 pages, contenant 1 planche en chromolithogr.). Ce mémoire renferme une liste assez considérable de Champignons supérieurs qui n'étaient pas encore signalés par les diverses Flores locales. L'auteur étudie également la distribution géographique des Agaricinées, en tenant compte de la température et de l'altitude. La planche qui termine la brochure représente 2 espéces nouvelles, dont voici les diagnoses : Geoglossum multiforme, fig. 1-5. — Gregarium. Ascomata fusco- brunnea, glabra, lævia vel rugulosa, firma et colore distincta (stipite non continua), vulgo clavata, compressa, cava; raro capitata, subrotunda, cava, vel pileata, campanulata, subtus sterilia, plana, albida, farcta. | j | | | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 Stipes albidus, levis, æqualis vel deorsum leviter incrassatus, fistu- losus, 1,5 millim, crassus. Asci cylindrici-subelavati 8-spori. Sporidia con- tinua, hyalina fusoidea, raro subglobosa. Paraphyses filiformes, septatze? Forma clavata: Ascomata altit. 5-18 millim., latit. 3-6 millim. Stipes altit. 1-2 cent. Asci apicem versus 6-8u crassi, basi 3-£ p. Sporidia longit. 9-13 p, crassit. 3,6-4 .; paraphyses crass. 1,54. Forma capitata : altit. circiter 4 cent. Asci crassit. 7 y apicem versus, 3u basi, vel cylindrici crassit. 5y. Sporidia longit. 11-124, crassit. 3-4. paraphyses crassit 1,5 p. Forma pileata : Altit. circiter 4 cent. Asci apice 6-7 p basi 2,5-4 p. crassi, vel cylindrici 4 . crassi. Sporidia longit. 7-9 p, crassit. 2,5-3,5 p, vel subglobosa, 3-5 p. diam. Paraphyses 4,3 p, crasse. In loco uliginoso ; forma capitata et clavata ad Hypnum fluitans Lin., forma pileata ad ramulos foliaque dejecta Betulæ. — Norvegia, Hum- melfjeld, circa 700 m. supra mare. Mitrula muscicola, fig. 6-8. — Gregaria. Ascomata ovoideo-subglobosa, basin versus rugulosa, ferruginea, farcta, altit. 8-15 millim. Stipes flavus, flexuosus, æqualis, obsolete fistulosus, altit. 5-12 millim., crassit. 0,5 millim. Asci cylindrici vel clavati, apice 54 crassit., 4-6 spori. Spo- ridia continua, hyalina, lanceolata, longit. 9-10 p., crassit. 2-3 p. Para- physes filiformes, 1,3 p crassæ. Ad Paludellam squarrosam Ehrh. et Racomitrium fasciculare Brid. — Norvegia, Hummelfjeld, 1270 m. supra mare. N. PATOUILLARD. Liste des Champig nouveli & observés dans le département des Alpes-Maritimes ; par M. J.-B. Barla (extrait du Bulletin n° 2 de la Société mycologique de France, août 1885, avec 1 planche). Ce mémoire, qui est une addition à l'ouvrage de M. Barla: Les Cham- pignons de la province de Nice, 1859, ne comprend que le sous-genre Amanita. 23 espéces y sont indiquées, dont une nouvelle, l'Amanita lepiotoides Barla, récoltée sur le Mondaour, dans la région alpine et montagneuse, en juin 1881 et 1882. Cette plante est, dans son premier âge, entièrement recouverte d'une volve lisse, brunâtre ; son chapeau est strié aux bords et porte sur le mamelon des écailles disposées comme chez le Lepiota rachodes ; les lames se tachent de rougeàtre ou de brun parle toucher; le stipe, squamuleux, brun-fauve, porte un anneau trés fugace, qui laisse d'ordinaire des débris à la marge du chapeau et sur là tranche des lames, Nme* Nonnulli Fungi Paragayenses a Balansa lecti; par M. G. Winter (extrait de la Revue mycologique, octobre 1885). 62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 11 espéces de Pyrénomycétes sont décrites par l'auteur ; presque toutes sontnouvelles. Ce sont: Meliola tomentosa Wint., M. ampullifera Wint., M. ganglifera Kalch., Dimerosporiwm entrichum Sace. et Berl., D. tro- picale Speg., Sphærella exarida Wint., Herpotrichia calospora Wint., Phyllachora gibbosa Wint., Calonectria inconspicua Wint., Nectria vagabunda Speg. et Ravenula setosa Wint. N. PATOUILLARD: Notes sur un nouveau genre et quelques mouvelles pé de Pyré ètes ; par M. E. Boudier (extrait de la Revue mycologique, octübre 1885, : avec 1 planche). Ce mémoire est consacré par l'auteur à la description d'un genre hypogé de Périsporiacées, voisin du Zopfia, que M. Boudier désigne sous le nom de Richonia et dont: voici les caractères : « Richonia, gen. nov. » — Perithecia semper repleta, firma, sparsa, superficialia, carbonacea, astoma, supra rotundata, subtus depressa, intus grumosa. Thecæ clavatæ, crassæ, 2-6 spore, mox resolutæ, Spore majores, didymæ, loculis Le 2 a obtusæ, ad septam constrietze, primo læves > hyalinæ, gultulatæ dein fi t mar tes oli tes, denique maxi- mæ, aterrimæ rugulosæ et difformes. Paraphyses numerose, tenues, ramosissimæ et intricatæ, thecas et sporas cireumdentes. » Une seule espèce connue : R. variospora Boud., parasite sur les racines Y Asperges. Dans le même travail M. Boudier décrit les nouveautés suivantes : Nectria Mercurialis, du groupe des Lasionectria, qui eroit sur les tiges sèches de Mercurialis perennis ; Ophionectria Briardi, sur le bois pourri, les vieilles Sphéries, etc., et le Torrubiella (Cordicipitis sectio) aranicida, sur les araignées mortes. N. Par. vow ov x xy : Champignons mouveaux de PAube; par M. le major Briard (Revue mycologique, octobre 1885). 1. Spherella nebulosa (Pers.) var. Hieracii Sace. et Briard, var. Scrofulariæ Sacc. et Br. et var. Euphorbiæ Sacc. et Br. — 2. Gno- monia euphorbiacea Sacc. et Br. — 3. G. tithymalina Sacc. et Br. — 4. Leptosphæria Galiorum Sacc., var. Lapsane Sacc. et Br. — 9. L. pratensis — 6. Pleospora Spegazziniana var. betulina Sacc. et Br. — 7. Ophiobolus vulgaris var. Gnaphalii Sacc. et Br. — 8. O. in- flatus Sacc. et Br. — 9. Habrostictis callorioides Sace. et Br. — 10. Phacidium mollisioides Sace. et Dr. — 11. Mollisia Graminis var. hysterina Saec. — 12. Phoma endorhodioides Sacc. et Br. — 13. Vermicularia affinis Sace. et Br. — 14. Diplodia pusilla Sace. et Br. — 15. Diplodina Acerum Saec. et Br. — 16. Stagonospora valsoidea Sacc: et Br. — 17. Rhabdospora Betonicæ Sace. et Br. — md REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 18. Cylindrium elongatum var. microsporum Saec. et Br. — 19. Tri- choleconium fuscum var. fulvescens Sacc. et Br. — 20. Dendrodo- chium epistomum Sacc. et Br., — 21. Fusarium tenellum Sace. et Br. N- PAT, Champignons nouveaux ou rares de PAube; par M. le ` major Briard (extrait de la Revue mycologique, janvier 1886). L'auteur signale les espèces qui suivent: Doassansia Sagittariæ (West.) Saec. ; Physalospora Callunæ (de Not.) var. Rubi Sace. et Br. ; Coccomyces Pini (Alb. et Sch.) var. affinis Sace. et Br.; Chalara Rubi Saec. et Br.; Heterosporium Ornithogali (Kl.) var. Allii Porri Saec. et Br.; TN ODE Graminis Funckl ; Phoma quercicola Sacc. et Br.; Diplodina Grossularie Sacc. et Br., et Pestalozzia monochætoidea Sacc. var. affinis Sace. et Br., sur les sarments morts et coupés du Vitis vinifera. N. Par. Les Champignons supérieurs ; par M. L. Forquignon, profes- seur à la Faculté des sciences de Dijon. 4 volume in-18 de 231 pages et 105 figures dans le texte. Ce petit ouvrage élémentaire est destiné à faire connaitre aux débu- tants les premières données indispensables pour étudier avec fruit les groupes supérieurs des Champignons. Le premier chapitre est consaeré aux généralités, à la physiologie et aux détails pratiques destinés à faci- liter les recherches. Le deuxième chapitre comprend des notions très simples d'organographie. Puis vient l'exposé de la classification Friesienne des Basidiomycètes, légèrement modifiée de façon à la rendre plus sai- sissable par les commencants. Des tableaux dichotomi conduisent aisément à la détermination des ordres, des familles et. des genres; des figures schématiques, dessinées par M. le docteur Quélet, reproduisent les caractères génériques et complètent les descriptions. Un chapitre spécial est consaeré à la description des genres exotiques. Enfin l'ouvrage se termine par un index bibliographique trés étendu et $t par un ire étymologique faisant l'office de table des matières. N. PAT. nombreux De l'influence de la gravitation sur les mouvements de quelque organes floraux; par M. Jean Dufour (Archives des sciences physiques et naturelles de Genève, 1885, t. XIV, p. 413). L'auteur s'est proposé de montrer par quelques exemples que le géotropisme est trés marqué dans beaucoup de fleurs, et qu'il détermine souvent la position et la forme des étamines et du pistil. Les mouvements 64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. développés sont trés lents et se manifestent par des courbures que l'au- teur distingue en deux catégories principales : 1° les courbures géotro- piques, déterminées par la gravitation ; 2° les courbures indépendantes de l'action de la terre. Tous ces mouvements lents des étamines sont en général favorables au transport du pollen sur le stigmate. M. J. Dufour a employé pour ses recherches deux méthodes principales. La premiére consiste à faire subir aux plantes étudiées une rotation lente autour d'un axe horizontal, en se servant d'un clinostat mù par un mou- vement d'horlogerie. L'autre méthode consiste simplement à recourber l'inflorescence de telle sorte que son sommet se trouve situé vers le sol, en ayant soin de fixer chaque fleur à étudier, sans quoi le pédoncule se redresserait pour replacer sa fleur dans la position primitive. j M. J. Dufour cile en particulier, comme trés sensibles à l'action de la pesanteur, les fleurs de la Fraxinelle (Dictamnus Fraxinella), dont les étamines et le style sont souvent mentionnés comme présentant des mouvements spontanés. Ces mouvements des étamines et du style sont au contraire, comme le démontre l'auteur, dus à l'influence de la pesan- teur. On constate en effet que, quelle que soit la position de la fleur dans l'espace, les étamines cherchent toujours, à un certain moment, la direc- tion verticale de bas en haut ; toujours les courbures se produisent dans un plan vertical, et non dans un plan lié à la construction morphologique la fleur. De plus, comme vérification, si l'on fixe une fleur dés le début de l'anthése, de facon que son réceptacle soit tourné en haut, les étamines ne présentent aucune courbure pendant leur développement. D’autres plantes sont ensuite étudiées dans ce travail au méme point de vue. Citons les suivantes : Æsculus Hippocastanum, Lythrum tomentosum, Funkia ovata, Agapanthus umbellatus, Phalangium Liliago, Asphodelus luteus. L'auteur termine en énumérant quelques exemples de mouvements spontanés el lents des organes floraux. G. BONNIER. Ueber die Einwirkung von Æther und Chloroform auf die Pflanzen; par M. Frédr. Elfving (Ofversigt af Finska Vetensk.-Soc. Förhandlingar, t. xxvi, 1886). M. Elfving s'est proposé d'étudier l'infl des thésiques sur un certain nombre de phénomènes : respiration, fermentation alcoolique, croissance, irritabilité des spores en germination, migration des grains de chlorophylle, etc. à Pour la respiration, les recherches ont été faites avec le Salix vimi- nalis, le Pisum sativum, le Cannabis saliva etle Saccharom yces cere- visiæ. En opérant avec chacune de ces espèces successivement, M. Elf- ving a comparé, toutes les autres conditions étant égales d'ailleurs, la E $ REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 quantité d'acide carbonique produite pendant le méme temps par l'atmos- phére pure et l'atmosphère contenant une proportion déterminée d'anes- thésique. M. Elfving a ainsi trouvé que l'infl des thésiques sur la respiration varie suivant la dose. Pour l’éther, comme pour le chloro- forme, une certaine dose d'anesthésique favorise, dans une certaine mesure, la respiration ; une dose trop forte est naturellement nuisible, et pour certaines doses déterminées l'infl est ibl t nulle. Ainsi, avec les graines de Pois en germination, une proportion de 3 pour 100 d'éther et de 2 pour 100 de chloroforme est saus action nui- sible sur la respiration. La quantité d'acide carbonique produite pendant le méme temps augmente au contraire un peu, avec 5 pour 100 de chloro- forme ou 15 pour 100 d'éther. Au delà de 6 pour 100 de chloroforme et avec une proportion plus forte d'éther, la respiration se trouve alors notablement diminuée. Les graines de Chanvre en germination n'ont pas présenté à l'auteur de différences sensibles, au point de vue de la respiration, dans l'air pur ou dans l'air mélangé d'anesthésique en faible proportion; mais déjà, à partir de 2 pour 100 de chloroforme, le phénoméne se trouve ralenti. Les expériences sur la respiration du Saccharomyces cerevisi faites par M. Elfving montrent aussi que, pour des proportions d'éther variant de 1 à 8 pour 100, l'anesthésique est sans influence sensible sur l'inten- sité du phénomène respiratoire. Les recherches de M. Elfving relatives à l'influence qu'exerce l'éther sur la fermentation aleoolique donnent à penser qu'en général, méme pour des doses très faibles, les anesthésiques exercent une action nuisible sur ce phénoméne. On en jugera par les résultats suivants : Poids de sucre décomposó Proportion d'éther. (dans les mémes conditions). 0 0,71 grammes. 0 0,08 1 pour 100 à 0,58 9*7 10 0,39 3 Id. 0,22 D'autres expériences de M. Elfving sont relativesà l'influence des anes- thésiques sur la croissance. Les recherches faites sur le Phycomyces nitens (sporange et pied du sporange) font voir, par exemple, que l'éther dans la proportion de 1 pour 100 est sans influence sur la crois- sance; avec 4 pour 100 d'éther, la croissance est ralentie pendant un certain temps; avec 5 pour 400 d'éther, elle est annulée pendant un temps trés court. i i i inp Les autres recherches de l’auteur démontrent que, pour une certaine T. XXXIII. k (REVUE) 5 66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE. FRANCE. dose, l'éther rend plus grande la sensibilité à la lumière des spores qui germent (Chlamydomonas pulvisculus). M. Elfving termine ce mémoire par des expériences sur la comparaison des mouvements des corps chlorophylliens chez les plantes anesthésiées et chez les plantes placées dans l'air ou dans l'eau ordinaire. Ces recher- ches ont été faites avec les Mnium, Mesocarpus et Acacia. Les expé- riences parallèles ont été faites avec des plantes anesthésiées et non anesthésiées, comparables, placées les unes à la lumière, les autres à l'ombre. M. Elfving conclut de ses observations que les corps chloro- phylliens des tissus anesthésiés ne prennent pas la position nocturne, mais demeurent sans ordre là où ils se trouvaient au début de l'anes- thésie. G. BONNIER. p t . Recherches sur E parée de la tige des Dicotylédones ; par M. J. Hérail (Annales des sciences naturelles, Bor. 7° série, 1882, II, p. 203, avec 6 planches). L'auteur de ce mémoire s'est proposé d'étudier les diverses anomalies que la tige peut présenter dans ses diverses parties, et de voir si la structure de ces tiges anomales peut étre ramenée au type général de la structure de latige. Dans une seconde partie du travail, M. Hérail cherche à établir les causes de chaque anomalie, leur raison d'étre physiologique, etles rap- ports que chacune d'elles peut présenter avec le mode de vie de la tige. Le travail de M. Hérail débute par une étude historique de la question, depuis les travaux de Mirbel jusqu'aux recherches récentes de MM. Wes- termaier et Ambronn, de M. Haberlandt et de M. Weiss. Dans la premiére partie, qui traite del'étude anatomique des tiges anomales, l’auteur examine successivement les anomalies de l'écorce primaire et secondaire, celles du péricycle, puis de l'assise génératrice libéro-ligneuses et enfin de la moelle. Au sujet del'écorce primaire, les observations de M. Hérail ont porté sur les Buxacées, les Légumineuses (Viciées) et les Mélastomacées. On trouve dans l'écoree primaire des Buxacées des faisceaux libéro-ligneux isolés, qui s'anastomosent aux nœuds avec ceux du cylindre central, et il en est à peu prés de méme chez les Viciées ; mais tous ces faisceaux sont, en somme, des faisceaux foliaires ou réparateurs, tandis que, chez quei- ques Mélast ées (Melast rosea, Centradenia grandiflora et floribunda, ete.), l'écorce renferme des faisceaux libéro-ligneux qui paraissent sans relation avec les feuilles. M. Hérail place dans un second groupe les plantes qui ont des faisceaux libéro-ligneux dans l'écorce secondaire, toujours en trés grand nombre et qui forment un ou plusieurs cylindres autour du cylindre central : ce sont les Ménispermées qui présentent au début la structure typique [ms REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 07. des Dicotylédones, les Schizandrées, les Lardizabalées, quelques Légu- mineuses et Aristolochiées. Le péricycle, c'est-à-dire la région du cylindre central qui est placée eutre les tubes criblés et l'endoderme, peut aussi présenter des anomalies. Sur ce point, M. Hérail expose quelques observations personnelles, et vérifie celles qui ont été faites récemment par M. Morot. C'est ainsi que l'auteur constate la production anomale de faisceaux libéro-ligneux dans le péricycle chez les Calycanthées, Chénopodiacées, Phytol ées, Nyc- taginées et Aizoacées. Au sujet des faisceaux corticaux du Calycasthde; M. Hérail, d'après ses recherches sur leur développement, « considère » les faisceaux que l'on observe dans ces plantes, en dehors du cylindre » central, comme prenant naissance dans le péricycle ». Les anomalies de la couche génératrice libéro-ligneuse ne proviennent pas de formations irréguliéres qui s'y produisent; elles sont dues au fonctionnement irrégulier de la couche génératrice. D'aprés M. Hérail, la structure des Aristolochiées rentre dans le type normal, sauf une certaine irrégularité dans le fonctionnement de la zone pénttateiós. Parmi les Légumi le Bauhi peciosa est remarquable par sa couche génératrice libéro-ligneuse, d’abord irrégulière, puis fonctionnant normalement, tandis que c'est l'inverse qui se produit chez d'autres plantes de cette famille (Caulotretus heterophyllus (Escalier de Singe), Cassia quinquangulata, ete.). En somme, les faisceaux libéro-ligneux ont parfois un développement irrégulier. Tantót ce sont des arréts locaux de développement du bois et du liber, tantót c'est un inégal déve- loppement relatif du bois et du liber. M. Hérail remarque ici, comme pour les lies déjà signalées plus haut, que ces diverses altérations du type sont indépendantes du port de la plante. La moelle, que l'auteur examine ensuite, présente un certain nombre d'anomalies qui consistent surtout dans la présence de faisceaux dissé- minés au milieu du parenchyme. Ces faisceaux sont libériens ou libéro- ligneux. Dans les Cucurbitacées, les fai sont bicollatéraux et les tissus qui les composent ont tous une origine primaire; mais partout ailleurs, d'aprés M. Hérail, le liber interne n'a pas la méme origine que le liber externe. Lors méme que le liber interne se différencie en même temps que le liber externe, comme chez certaines (Enothérées, il prend toujours naissance en dehors du méristéme, aux dépens duquel se diffé- rencient les faisceaux. Enfin, chez les Mél čes et chez b p de Liguliflores, il y a aussi beaucoup de bois dans la moelle. Dans la seconde partie de ce mémoire, M. Hérail examine un certain nombre de questions. L'auteur se demande s'il est possible de déterminer la cause physiolog des lies qu'il vient d'étudier, ou encore si les variations de structure observées chez les plantes peuvent jusqu'à un 68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. certain point indiquer leur filiation systématique. Sans prétendre donner la solution de ces problèmes, M. Hérail fait remarquer: 1^ Que la com- position des éléments du bois ne dépend pas du mode de vie de la plante (sans entendre par là le changement de milieu), mais que, d'une facon générale, le diamètre des vaisseaux est beaucoup plus considérable dans les plantes volubiles et gri que dans les plantes. ordinaires. 2» Qu'une méme relation ne peut étre établie, d'une maniére générale, pour le liber, non plus que pour le parenchyme ligneux et les rayons médullaires. 3° Que l'appareil tégumentaire est celui qui varie le moins sous l'influence des conditions de la végétation, pourvu que celle-ci soit considérée dans le méme milieu. Ce travail est accompagné de prés de 50 figures, dessinées avec grand soin, qui font mieux comprendre les descriptions anatomiques, souvent complexes, que l'auteur a dù donner dans le cours de son travail. G. BONNIER: Observations sur les Santalacées; par M. Léon Guignard (Annales des sciences naturelles, Bor., T° série, 1885, t. 11, p. 181). Les Santalacées présentent, comme les Loranthacées, une réducti remarquable de l'appareil femelle. Les recherches sur cette question sont surtout dues à Griffith, à Hofmeister et à Schacht. Dans un travail récent, M. Strasburger a décrit chez le Santalum deux oosphères au lieu d'une seule. Cette plante était la seule connue qui présentàt cette singu- liére exception. : M. Guignard a repris l'étude des Santalacées, au point de vue du déve- loppement et de la structure des organes femelles, ainsi qu'au. point de vue embryogénique. Après une étude détaillée du Thesium humifusum, l'auteur compare à cette plante l'Osyris alba. Le placenta produit dans cette dernière plante, comme dans le Thesium, trois mamelons ovulaires. Le sac embryonnaire de l’Osyris tire son origine d'une cellule sous- épidermique ; cette cellule se partage en deux ; l'inférieure se divise en trois, et c’est la plus inférieure de ces trois cellules qui forme le sac embryonnaire. La fécondation peut avoir lieu dans chacun des trois sacs embryonnaires, mais un seul œuf se développe en embryon. L'embryon del’ Osyris est dépourvu de suspenseur, comme celui du Thesium. L'ovule de ces plantes n'ayant pas de téguments, la graine n'en présente pas non plus, mais la paroi de l’ovaire remplace le tégument absent. Au sujet du Santalum, étudié ensuite, M. Guignard fait remarquer qu'il n'y a bien qu'une seule oosphére, qui descend plus bas que les synergides, suivant la disposition ordinaire. Si M. Strasburger a cru trouver deux oosphères chez cette plante, c'est que l'une des synergides, s'entourant d'une mem- brane de cellulose, peut persister à côté de l'œuf. | | | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 En somme, l'appareil reproducteur possède, dans les trois genres, une structure semblable à celle des autres plantes Angiospermes. Les cellules antipodes disparaissent promptement chez le Thesium, moins vite chez l'syris; dans le Santalum, elles existent encore au moment de la fé- condation. Aprés la fécondation, l'eeuf ne se segmente pas au début; il accumule une réserve d'amidon avant de se diviser. On peut conclure des observations de M. Guignard que les Saŭtulágsş ont une organisation supérieure à celle des Loranthacées, étudiées par MM. Van Tieghem et Treub, où la dégradation atteint les dernières limites possibles chez les Phanérogames. G. B. Étude sur les Lycopodiacées : II. Le prothalle du Lycopodium Phlegmaria L. ; par M. Treub (Annales de Buitenzorg, t. v, p. 81 à 139, avec 21 planches). M. Treub, poursuivant ses intéressantes études sur le développement des Lycopodiaeées, a réussi à obtenir et à trouver à l'état naturel des prothalles de Lycopodium Phlegmaria, qui, de même que la plupart des Lycopodes tropicaux, eroit habituellement sur les arbres. Les prothalles se rencontrent dans l'humus. Dans les conditions nor- males, ils ne viennent pas à la surface et croissent dans les couches mortes de l'écorce; aussi sont-ils en général dépourvus de chlorophylle, comme le prothalle du Lycopodi timum. Lorsqu'on trouve des prothalles intacts dans le substratum, ils se présentent comme. des agglomérations de filaments blanes, réunis cà et là, et rattachés à de petits corps en forme de tubercules. Ces prothalles s’accroissent, en général, par deux cellules initiales contigués, de facon que chaque initiale sert, pour ainsi dire, de cellule terminale à une moitié de la branche prothallique. On trouve toujours, dans cet appareil végétatif, de l'huile et de l'amidon, ce dernier surtout localisé dans les points végétatifs des ramifications; à l'inverse de ce qu'on observe ordinairement. M. Treub a étudié avec soin les procédés de multiplication de ces prothalles. Sue ra le prothalle peut se diviser par ses branches, ui d dantes les unes des autres, mais en outre il se multiplie abondamment à l'aide de deux sortes de propagules. Les pro- pagules de la première sorte ont la forme de petits corps ovoides pédi- cellés qui peuvent prendre naissance sur tout le pourtour d'une branche, et parfois en si grand nombre, qu'ils en couvrent toute la surface ; ces propagules donnent naissance à des prothalles normaux. Les propagules de la seconde sorte ont la paroi trés épaisse ; ils se trouvent sur les prothalles vigoureux. On les voit surtout se développer sur les branch sexuées, qui ne donnent Jamais les propagules de la première sorte; ils sont formés ordinairement de 2 à 4 cellules entourées par une 70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. enveloppe commune trés forte, Bien que M. Treub n'ait pas vu germer ces propagules, il ne lui parait pas douteux qu'ils aient pour fonction de permettre aux prothalles de passer d'une saison à une autre; c’est grâce à ces propagules que le prothalle est vivace. M. Treub étudie ensuite les organes sexués du Lycopodium Phlegma- ria. Ces organes sont situés à la face supérieure du prothalle et sont tou- jours accompagnés de paraphyses; or, jusqu'à présent, on ne connaissait pas de paraphyses aux prothalles des Cryptogames vasculaires. Les an- théridies se trouvent rarement éparses sur les branches ; elles sont le pius souvent réunies en groupes ou en longues bandes. Le développement de ces organes est analogue à celui que M. Treub a décrit chez le Lycopo- dium cernuum. Les anthérozoides sont analogues à ceux des Sélaginelles. Les archégones se montrent aprés les anthéridies, et leur développement est analogue à celui des archégones de l'espéce qui vient d'étre citée. L'auteur a découvert que le prothalle du L. PAlegmaria est constam- ment habité par un Champignon endophyte, qui fait probablement partie du groupe des Péronosporées. M. Treub ne considère pas ce Champignon comme un parasite, car il n'empéche ou ne retarde d'aucune façon visible la croissance du prothalle, et n'entrave le fonctionnement, ni des points végétatifs, ni des branches sexuées, ni des poils absorbants. D’après M. Treub, «le Champignon aurait, dans son association avec le prothalle, le rang de commensal, dans la véritable acception du mot » Le mémoire de M. Treub se termine par l'étude de l'embryon de ce Lycopode. La branche sexuée du L. Phleymaria forme une coiffe au-dessus de l'embryon, comme chez les Hépatiques, et le développement de cet embryon diffère d'ailleurs beaucoup de celui du L. cernuum. L'embryon est muni d’un suspenseur comme chez les Sélaginelles, rapproch t nouveau entre ces deux sortes de plantes. G; BONNIER. Recherches sur le développement du sporogone des Hépatiques ; par M. Leclerc du Sablon (Annales des sciences naturelles, Bor., T° série, 1885, t. 11, p. 126 à 181, avec 5 planches) (1). Le dével des Hépatiques n'a été suivi qu'imparfaitement pendant la période qui s "étend i depuis les premiers cloisonnements succé- dant à la formation de l'oeuf jusqu'à la constitution définitive du sporo- gone. Depuis le travail de Mirbel sur le Marchantia, on admet que certaines cellules du sporogone produisent des élatères et certaines autres des spores; mais la manière dont se différencient ces cellules, semblables (1) Cest ce mémoire de M. Leclerc du Sablon qui a tu le prix Desmazières de l'Académie des sciences pour 1885. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 à l'origine, et le mode de formation des élatères, n’ont jamais été exposés avec nelteté par aucun auteur. M. Leclerc du Sablon s'est proposé de rechercher cette origine et de suivre complétement la phase asexuée du développement chez les Hépa- liques. Aprés avoir rappelé les travaux de Hofmeister, de Kienitz-Kerloff et de M. Leitgeb, l'auteur traite successivement du développement du sporo- gone, puis de la structure et dela déhiscence. M. Leclerc du Sablon décrit, en premier lieu, le développement du Frullania dilatata, l'une des espèces qui se prêtent le mieux aux études anatomiques. Dans le très jeune sporogone de cette Hépatique, il se différencie au sommet 64 cel- lules; celles du milieu sont un peu plus allongées verticalement que les autres, et forment une sorte de calotte au sommet, au-dessous de l'assise épidermique du sporogone. Ces cellules ont un protoplasme beau- coup plus dense et un noyau plus volumineux que les autres cellules du sporogone ; c'est de ces cellules, et d'elles seulement, que proviennent les spores et les élatères. Plus tard chacune de ces cellules spéciales se divise en quatre autres par deux cloisons verticales, parallèles aux parois déjà formées. Une seule assise de cellules compose encore cette calotte, mais en nombre quatre fois plus grand ; on a donc 256 cellules formant une sorte de damier en seclion transversale. À partir de ce moment, dans les cellules à protoplasma dense, il ne se produit plus de division dans le sens transversal; tout le développement ultérieur se fait en lon- gueur. On voit les cellules formées s'allonger dans le sens de l'axe du sporogone, puis se différencier alors en cellules de deux sortes : les premières divisent leur noyau successivement en plusieurs, qui seront l'origine des cellules méres des spores; les autres ont un noyau qui ne se divise pas, et leur protoplasma forme en dedans des parois des granu- lations spirales; ces dernières, plus étroites, deviendront les élatères. Ainsi donc la moitié des 256 cellules de la calotte formera 128 files de cellules mères des spores, l'autre moitié formera 128 élatères, et dans quelque plan qu'on fasse une coupe longitudinale passant par ces deux sortes de tissus, on verra les files de cellules mères des spores alterner régulièrement avec les élatères. Les autres types d' Hépatiques étudiés de même avec détail par l'auteur au point de vue du développ t sont les Si Pellia epiphylla, Aneura pinguis, Targiona hypophylla, Reboulia hemi- sphærica, Sphærocarpus terrestris. Dans la seconde partie de ce travail, M. Leclerc du Sablon étudie la structure du sporogone et sa déhi On peut diviser les Hépatiques en deux grands groupes, au point de vue de la structure de leur sporo- gone. Ce sont : 1° les Jungermanniées, où les parois des sporogones sont 72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. composées de deux assises de cellules munies d'ornements, et s'ouvrent par quatre fentes ; 2 les Marchantiées, Targioniées et Ricciées, dont les sporozones ont des parois à une seule assise de cellules dépourvues d'or- nements ou à peu prés, et qui se brisent irréguliérement à la maturité. M. Leclerc du Sablon insiste sur la structure des sporogones des Jun- germanniées, et surtout sur le mécanisme de la. déhi qui n'avait pas encore été l'objet de recherches spéciales. L'auteur fait voir que ce mécanisme est semblable à celui qui détermine la déhiscence des anthères, déjà étudié par lui (4). Cependant, tandis que, dans les anthéres, l'épiderme est dépourvu d'ornements et ne joue aucun róle sensible dans la déhiscence, il faut remarquer que, dans les sporogones, l'épiderme en possède quelquefois comme l'assise sous-jacente. Quant aux élatères, l'auteur prouve par des expériences directes qu'elles se raccourcissent un peu par la dessiccation, mais il fait voir que cette propriété n'a qu'une part trés faible dans la déhiscence ; il n'y a donc pas lieu de parler des « propriétés hygroscopiques » des élatéres à propos de la déhiscence des Hépatiques. M. Leclere du Sablon montre que les élatéres ne peuvent jouer qu'un róle mécanique. Par suite de leur adhérence aux valves, elles agissent comme une sorte de balai qui rejelte les spores au dehors lorsque les valves se recourbent. La structure du $porogone et sa déhiscence sont ensuite décrites avec délail dans les espèces suivantes : Jungermannia bicuspidata, Junger- marnia alicularia, Calypogeia Trichomanis, Aneura pinguis, Pellia epiphylla, Frullania dilatata, Fossombronia cæspitiformis et Tar- gionia hypophylla. Dans la troisième et dernière partie de ce mémoire, M. Leclerc du Sablon compare entre eux les différents types d'Hépatiques, en faisant ressortir leurs caractères communs et leurs caractères différentiels. Ces derniers caractéres sont relatifs aux spores, aux élatéres et à la structure du sporogone. L'étude des spores des Ricciées, et surtout leur mode de formation, fait voir que les plantes de ce groupe peuvent étre considérées, ainsi qu'aux autres points de vue, comme les moins différenciées des Hépa- tiques. Chez les Ricciées, la masse du sporogone reste longtemps. formée par un parenchyme homogène, et c'est seulement assez tard que les spores des cellules mères sont mises en liberté. Chez le Riccia, les élatères font complètement défaut; chez les autres Riceiées, elles sont représentées par des cellules stériles dépourvues d’ornements. Enfin, les parois du sporogone, composées d’une seule assise de cellules sans (1) Leclerc du Sablon, Recherches sur la structure et la déhiscence des anthères (Ann. sc. nat. BOT., 7* série, t. 1). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 78 ornements, n’ont pas de déhiscence proprement dite, mais se déchirent irrégulièrement à la maturité. Chez les Targioniées et les Marchantices, le tissu sporifère reste aussi assez longtemps à l'état de parenchyme; mais, dés que les parois moyennes se sont résorbées, on voit les cellules mères se différencier nettement des élatéres. Chez les Targioniées, les élatéres sont entremélées aux spores et ne semblent jouer dans la déhiscence qu'un rôle négligeable ; il en est de méme chez la plupart des Marchantiées. On observe, dans ces deux groupes, des ornements sur les parois des cellules du sporogone, mais il n'y a pas encore de déhiscence bien régulière. Chez les Jungermanniées, la différenciation en spores et en élatères est plus précoce encore que dans les deux groupes précédents. Au point de vue des élatères, on peut distinguer plusieurs cas chez les Junger- manniées. Les genres formant un thalle, comme les Pellia etles Aneura, sont sous ce rapport moins perfectionnés que les genres pourvus d'une lige feuillée, tels que les Jungermannia et les Frullania. Dans ces derniers genres, une élatère correspond à une file de cellules mères de spores. C'est aussi chez les Jungermanniées qu'on trouve la plus grande complication de structure dans les parois du sporogone. Ces parois sont formées par deux assises de cellules munies d'ornements tellement disposés que, sauf chez le Fossombronia, le sporogone est réguliérement déhiscent par quatre valves; c'est encore chez les Jungermanniées que le pied du sporogone présente le plus grand développement. Il résulte de cet examen comparé, exposé dans la troisième partie du mémoire de M. Leclerc du Sablon, que tous les caractères observés ten- dent à confirmer le group des Hépatiques tel qu'il a été établi par la seule considération de l'appareil végétatif de la forme sexuée. G. BONNIER. La Vegetazione terrestre ċonsiderata nei suoi rapporti col clima (La végétation terrestre considérée dans ses rapports avec les climats) ; par M. Ardissone (Biblioteca scientifica interna- zionale, vol. xir, Milan, Dumolard frères, éditeurs, 1885; 1 vol. in-8 de xx1v-190 pages). La Bibliothèque scientifique de Milan est destinée au grand publie, comme la collection publiée en France sous le méme titre. Il ne s'agissait donc pas pour M. Ardissone de résoudre les délicats problémes de l'in- fluence des conditions climatériques sur la vie végétale, mais seulement de donner un tableau d'ensemble et comparatif de la végétation des diverses régions botaniques ; aussi s'est-il dispensé de publier des renseignements bibliographiques qui seraient nécessaires dans d'autres circonstances. Après avoir, dans un premier chapitre, présenté un aperçu de la va- 74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. riété des flores et de ses causes, l'auteur établit l'existence de centres de végétation ; il s'attache à faire connaitre les diverses stations des plantes, les lois de leur distribution, et il en déduit la notion des flores naturelles. Il adopte, dans ses traits généraux, la division admise par Grisebach, en la simplifiant pourtant d'une manière fort heureuse, ce nous semble. On lira surtout avec intérét les pages qu'il consacre à la comparaison de la flore méditerranéenne avec la flore californienne, comparaison justifiée non seul t par le paralléli remarquable des deux flores, mais encore par le succès qui couronne les essais d’acclimatation des espèces californiennes autour de notre grand bassin intérieur. C'est avec raison encore qu'il considère comme étroit t liées aux précédentes les flores de la Chine et du Japon. Les iles océaniques présentent des caractères assez particuliers, suivant M. Ardissone, pour qu'on me les rattache à aucune grande région continentale. Tels sont la Nouvelle-Zélande, Mada- gascar, les Açores avec les iles du Cap Vert, et le groupe des iles antar- cliques. On trouvera donc des vues originales dans le livre que nous analysons. Ajoutons que l'auteur a tenu compte des recherches géographiques les plus récentes, soit dans les terres polaires, soit dans les régions "pe cales, en méme temps que des données physiologiques tout nouvell acquises à la science au sujet de l'influence des milieux sur la structure des plantes. Cu. FLaHauLr. Catalogue des Algues marines du nord de la France ; par M. F. Debray (Mémoires de la Société Linnéenne du nord de la France); tirage à part en brochure de 49 pages in-8. Amiens, Delattre- Lenoel, éditeur, 1885. Ce catalogue est une seconde édition, augmentée de 58 espéces, d'un travail dont nous avons rendu comple dans la Revue bibliographique du tome xxx, p. 187. Cu. F Fresh water Algæ (including Chlorophyllaceous Proto- phyta) of the English lake District; with descriptions of twelve new Species (Algues d'eau douce et Protophytes à chlorophylle de la région des lacs d'Angleterre, avec la description de douze espèces nouvelles) ; par M. A. W. Bennett (Journal of the Royal Microscopical Society, sér. 2*, vol. vr; tirage à part en bro- chure in-8^ de 15 pages, avec 2 planches). Cette note est l'énumération, sans doute fort incompléte encore, d'aprés l'auteur, des Algues d'eau douce recueillies dans une série de localités similaires. Les espéces nouvelles décrites et figurées par M. Bennett sont: Merismopædia (?) paludosa, Nostoc hyalinum, Pedia- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 sirum compactum, Micrasterias cornuta, Euastrum ornithocephalum, E. Lundellii, Cosmarium oblongum, Xanthidium spinulosum, Staur- astrum bullosum, S. tuberculatum, Tetmemorus penioides et Meso- carpus (?) neaumensis. Cu. F Flora algologica della Venezia (Flore algologique de la Vénétie) ; par MM. G. Batta de Toni et D. Levi: 1" partie, Floridées (Atti del R. Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, sér. 6°, t. 11); tirage à part en brochure in-8° de 182 pages. : Le livre que publient MM. de Toni et Levi a été visiblement inspiré par l’œuvre de M. Ardissone. Il s’agit ici d'une flore locale d'un coin de la Méditerranée, remarquable par ses conditions climatériques et géo- graphiques. Les auteurs, trouvant que la notion des différences profondes qui existent entre la flore de la Baltique et celle de l'Adriatique ne se dégage pas suffisamment de la Flore de M. Hauck, se sont proposé d'étudier à part la région naturelle qui comprend les côtes vénitiennes ; malgré son titre, leur travail s'applique en réalité à l'ensemble de l'Adria- lique. Les noms que les auteurs attribuent aux plantes qu'ils citent ne sont peut-être pas suffisamment justifiés par des renvois aux sources. On voudrait trouver, au moins sur les plantes qui ne sont pas signalées dans le récent travail du professeur de Milan, des renseignements bibliogra- phiques précis. Le travail n'eüt pas été bien long, car nous n'avons trouvé que sept espèces, en y comprenant les Algues d'eau douce, qui ne figurent pas dans le livre de M. Ardissone. MM. de Toni et Levi séparent les Batrachospermes et les Lemanea des Floridées, et inter- posent entre elles les Dictyotées, innovalion qui ne semble pas facile à justifier. Cn. F. Om X Laminariaceer (Sur les Laminariées du Japon); par MM. Kjellman et Petersen (Vega Expeditionens vetenskapliga Jakttagelser, vol. rv; Stockholm, 1885) ; tirage à part en brochure in-8 de 22 pages, avec 2 planches. La flore algologique des mers du Japon est fort riche; M. Kjellman annonce une série d'études sur les Algues de cette région. Les Lamina- riées, pour l'examen desquelles il s'est associé à M. Petersen, semblent particulièrement intéressantes. L'auteur y a recueilli 4 espéces de Lami- naria, dont 3 nouvelles. Le L. radicosa Kjellman est intermédiaire entre les deux sections des Saccharine et des Apodæ : plus développé que le L. sessilis, type des Apode, le L. radicosa a une tige courte, munie de vraies rhizines à la base, tandis que plus haut la tige et la partie inférieure de la fronde présentent des prolongements de méme forme, mais qui ne se mettent 16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pas en contact avec le substratum ; la place de cette espèce est donc marquée entre le Laminaria sessilis et les Saccharine. Le L. Petersiana est intermédiaire aux Saccorhiza et aux Eulami- naria ; la tige en est ailée comme dans les premières, toutefois les ailes ne portent pas de sporanges ; ceux-ci sont localisés sur la fronde comme chez les secondes. C'est parmi les Eulaminaria que se place le L. angustata, mais avec une localisation des sporanges plus grande qu'on ne l'observe chez toutes les espéces voisines. C'est d'ailleurs une plante trés remarquable par ses dimensions ; sa fronde atteint 7,50 de longueur, sans dépasser 10 centi- mètres de largeur. Les observations de M. Kjellman sur les Laminariées du Japon confir- ment l'opinion déjà émise par lui, au sujet des affinités qui unissent la flore du nord de l'Atlantique avec celle du nord du Pacifique. Il y a tout lieu de croire que les Laminariées ont dans le nord du Pacifique leur centre de développement: un seul genre, en effet, le Saccorhiza, parait propre au nord de l'Atlantique; tous les autres, représentés dans nos mers d'Europe, le sont aussi plus ou moins dans le Pacifique, où se trouvent en outre 15 genres propres à cet Océan. , Les auteurs décrivent ensuite comparativement les Ecklonia bicyclis, latifolia et cava, V Alaria crassifolia. Ms constituent le genre nouveau Ulopteryx pour Y Alaria pinnatifida Harvey. Cette plante participe à la fois des caractères des trois genres Alaria, Ecklonia et Saccorhiza, et se relie étroitement à ces trois types. Le Costaria Turneri Greville var. pertusa et l'Hafgygia Bongardiana Kuetzing n'ont pas été observés par l'expédition de la Vega dans les mers du Japon. Cu. FLAHAULT. Zeitschrift fuer wissenschaftliche Mikroskopie und fuer mikroskopische Technik (Revue de microscopie scien- tifique et de technique microscopique), publié sous la direction de M. W. J. Behrens; vol. 1 et 11, 1884 et 1885, in-8. Brunswick, Harald Bruhn, éditeur. IL n'existait en Allemagne aucune Revue du genre de celle qui vient d'accomplir sa deuxième année; elle ne s'adresse pas aux amateurs, mais à tous ceux qui se servent du microgeope dans un but purement scien- tifique : médecins, zoologistes, b , physici ou minéralogist Les mémoires originaux relatifs à la microscopie y peuvent être imprimés en allemand, en français et en anglais; chaque fascicule trimestriel est accompagné de notes et d'analyses assez étendues pour disp de la lecture des ouvrages qu'elles résument ; on y trouve aussi la mention de tous les travaux qui ont récemment paru sur la matière. Chacun des deux volumes publiés comprend plus de 600 pages. On ne saurait mécon- —— EN REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 naître l'opportunité d'une pareille publication; aussi le succès a-t-il cou- ronné les efforts de M. Behrens, et son œuvre n'a-t-elle plus à redouter les périls qui menacent un nouveau-né. Toutes les pages n'en ont pourtant pas le méme intérét pour le bota- niste ; si utile qu'il puisse étre de connaitre les méthodes de ses voisins pour en profiter, il y a pourtant des questi éciales qui uniquement le zoologiste, le minéralogiste ou le. médecin; mais i en est beaucoup d'autres d'un intérêt général. Nous signalerons surtout de précieux renseignements sur la théorie de la chambre claire, sur la discussion des formules appliquées à l'optique microscopique, sur la correction des objectifs à immersion homogène, sur l'application de la lumiére électrique aux recherches microscopiques, etc. Quant aux travaux particulièrement botaniques, il suffira d'en citer quelques-uns pour préciser le caractère de la Revue dirigée par M. Behrens. M. Ludwig a consacré à l'étude spectroscopique des Cham- piguons photogénes un travail que les physiologistes liront avec profit. M. J. Schaarschmidt et M. Lindt s'occupent de la recherche des alca- loides: le premier indique les réactions microchimiques de la solanine ; M. Lindt s’attache à révéler l'existence des alcaloides végétaux, de la brucine et dela strychnine notamment, dans les tissus mêmes de la plante. M. Baumgarten décrit les procédés qui lui permettent de reconnaitre sürement la présence et les caractères de la Bactérie de la tuberculose. M. Hausen expose les procédés employés au laboratoire de Carlsberg pour compter les ferments, les Bactéries ou tout autre élément micros- copique dans une préparation ou dans l'air. M. Hans Gierke y a publié aussi un travail considérable sur les pro- cédés de coloration employés dans les recherches microscopiques. C'est une étude critique et historique de tous les réactifs colorants et de leur pplication à la technique du microscope. Ce mémoire sera nécessaire- ment consulté par tous ceux qui voudront s'éparguer les tàtonnements, inévitables jusqu'ici, dans les recherches de cette nature. Citons encore, pour terminer, le mémoire de M. A. Brass sur l'observation des cellules animales; tous les biologistes y trouveront à glaner. On comprend qu'il nous soit impossible d'entrer dans le détail de l'analyse de ces travaux ; la plupart d'entre eux ne sauraient étre résumés, et le titre en indique suffisamment le caractère particulier. Cu. F. Ueber Pflanzenathmung. I. Das Verhalten der Pflanzen zu Stick- oxydul (Sur la respiration des plantes. — I. Comment les plantes se comportent avec le protoxyde d'azote); par M. H. Moeller (Berichte der deutschen bot. Gesellschaft, 1884, 11, p. 35). De nombreux observateurs se sont préoccupés de vérifier si les plantes 78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peuvent utiliser le protoxyde d'azote dans la respiration, aprés l'avoir décomposé. Les derniéres recherches publiées à ce sujet par M. Detmer avaient montré que les graines de Blé et de Pois ne germent pas dans le protoxyde d'azote, que la eroissance n'a pas lieu, et que le verdissement des plantes étiolées ne se produit pas dans une atmosphére remplie de ce gaz. L'auteur, en rapportant les conclusions de M. Detmer, fait remarquer que l'intensité de la respiration étant trés faible dans les conditions où M. Detmer s'est placé, les erreurs de mesure inhérentes au- procédé employé ne permettaient pas d'apprécier l'absorption de protoxyde d'azote; par suite, les conclusions formulées prétent à la critique. M. Moeller a repris cette question par une méthode trés précise, dans laquelle il substitue l'alcool à l'eau pour absorber le protoxyde d'azote. En opérant avec des graines de Vicia Faba dépouillées de leur enve- loppe, l'auteur a constaté que le protoxyde d'azote n'est pas décomposé par ces plantes, méme aprés un séjour de quarante-huit heures. Il a constaté aussi que la croissance et les courbures géotropiques de la ra- cine des plantules de Féve et de Cresson sont supprimées par le séjour dans le protoxyde d'azote. La croissance et les courbures héliotropiques n'ont pas lieu chez le Phycomyces nitens dans les mêmes conditions. Enfin les mouvements du protoplasme dans les feuilles de l' Helodea canadensis sont aussi abolis. M. Moeller confirme donc les conclusions de M. Detmer sur l'influence du protoxyde d'azote chez les plantes, mais il n'accepte pas l'opinion émise par cet auteur que ce gaz est nuisible à la végétation. M. Moeller a constaté, en effet, que l'aecroissement n'est pas supprimé dans les graines de Vicia Faba lorsqu'elles sont restées pendant deux jours dans le protoxyde d'azote; des graines de Cresson ont germé aprés avoir été emprisonnées pendant trois jours dans le méme gaz. Il semble, d’après les résultats de M. Moeller, que l'action du protoxyde d'azote pourrait étre rapprochée de celle des anesthésiques, tels que l'éther, le chloroforme. L. MANGIN. Ueber Pflanzenathmung. Il. Die intramolekulare Athmung (Sur la respiration des plantes. — II. Respiration intramoléculaire) ; par M. Hermann Moeller (Berichte der deutschen bot. Gesellschaft, 1884, it, p. 306). L'auteur remarque que pendant longtemps les nombreux travaux pu- bliés sur la respiration ont eu pour objet l'étude des échanges qui s'ac- complissent entre l'air et les plantes. C'est seulement depuis 1875 que la découverte, par M. Pflueger, de la respiration intramoléculaire, c'est-à- dire du dégagement d'acide carbonique par les plantes dans un milieu privé d'air, a ouvert une voie nouvelle aux recherches. Pendant que REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 M. Pfeffer considére la respiration intramoléculaire comme un phéno- mène analogue à la fermentation et comme la condition de la respiration normale, M. Nægeli la considère comme un phénomène pathologique. Les expériences de M. Wortmann sur le Vicia Faba et le Phaseolus multiflorus le conduisirent à reconnaître que l'acide carbonique produit dans la respiration normale est entièrement le résultat de la respiration intramoléculaire, et que le dégagement d'acide carbonique est le même „dans l'air ou dans un milieu privé de ce gaz. M. Wilson, étudiant la méme question, vérifia sur le Vicia Faba l'exactitude des recherches de M. Wortmann, mais il obtint des résultats différents avec le Lupinus luteus et le Cantharellus cibarius. En présence de ces divergences, lauteur a eru nécessaire d'entreprendre de nouvelles recherches sur cette importante question des rapports de la fermentation et de la res- piration. P M. Moeller a employé deux méthodes. La premiére consiste à placer les plantes en expérience dans la chambre d'un barométre à cóté d'un vase € t une dissolution de potasse. On remplit le tube d'un gaz inerte, tel que le protoxyde d'azote, et au bout d'un certain temps on extrait la dissolution de potasse et l'on dose l'acide carbonique qu'elle a absorbé, en Ja décomposant par un acide. Un autre tube semblable au précédent contient de l'air, et le dosage de l'acide carboniquea lieu de la méme facon. Connaissant le volume de l'espace dans lequel sont placées les graiues et le poids d'acide dégagé, il est facile de déterminer la pro- portion d'acide en centièmes. La seconde méthode employée par M. Moeller consiste à placer les plantes choisies comme objets d'expérience dans une éprouvette à pied, dans laquelle on détermine, au moyen d’un aspirateur, un courant ga- zeux continu; le gaz qui a passé sur les plantes traverse une dissolution titrée de baryte destinée à retenir l'acide carbonique, que l'on dose par les procédés ordinaires. Deux appareils fonctionnaient cóte à cóte, l'un traversé par un courant d'air, l'autre par un courant d’hydrogène obtenu par la réaction d'une dissolution de potasse sur l'aluminium. Dans cette série de recherches, l'auteur s'est arrangé pour maintenir la température et l'état hygrométrique constants, et les plantes étaient soustraites à l'action de la lumiére, qui exerce, comme on sait, une influence retar- datrice notable sur la respiration. D'ailleurs les plantes soumises à l'ex- périence étaient partagées en deux lots qu'on laissait d'abord respirer nor- malement; puis, tandis que l'un deux restait dans l'air en continuant à présenter la respiration normale, l'autre était placé dans un milieu privé d'air et offrait la respiration intramoléculaire. En opérant avec un certain nombre d'espéces, M. Moeller a constaté que les graines en germination d'Helianthus annuus, de Polygonum Fagopyrum, de Lepidium sati- 80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. vum et de Carthamus tinctorius vérifient la théorie de M. Pfeffer sur la respiration, c'est-à-dire qu'elles dégagent, dans une atmosphére privée d'air, le tiers de l'acide carbonique produit dans la respiration normale, comme le montrent les formules théoriques suivantes : (22812042 — 2 41602 + 4602, 2 (C41503) + 24 0 = 12 HO + 8 C02, tandis que le Mais, le Lupin, le Pois, contredisent la théorie de M. Pfeffer. De nouvelles recherches sont donc nécessaires pour établir la cause des variations observées dans les produits de la respiration intramolécu- laire, et pour établir si les phénoménes respiratoires sont aussi simples que le suppose M. Pfeffer. L. MANGIN. Intramoleculare Athmung und Gæhrthætigkeit der Schimmelpilze (Respiration intramoléculaire et activité fermen- tative des Moisissures) ; par M. N. W. Diakonow (Vorlæufige Mitthei- lung) (Berichte der deutschen bot. Gesellschaft, 4886, 1v, p. 2). Dans cette communication, l'auteur fait connaitre, en attendant un mémoire plus détaillé, les résultats de ses recherches sur la respiration intramoléculaire. Il s'est proposé d'abord d'étudier la respiration intra- moléculaire des organismes inférieurs, qui, jusqu'à présent, avait été négligée, puis de rechercher l'influence qu'exercent, sur la production de. l'acide carbonique dans un milieu privé d'air, la nature des matériaux de nutrition, et enfin d'établir les rapports qui existent entre la respira- lion intramoléculaire et la fermentation. Pour l'étude de ces diverses questions, les Champig des moisis- sures conviennent trés bien, à cause de la facilité avec laquelle on les cultive, à l'état de pureté, dans divers milieux nutritifs. M. Diakonow a employé les espèces suivantes: Mucor stolonifer, Aspergillus niger, Penicillium glaucum, cultivés dans les milieux contenant du glucose, des peptones, de l'acide quinique, acétique, mélangés ou séparés. Deux méthodes ont été employées : 1° la méthode de MM. Wilson et Moeller, qui consiste à placer les plantes alternativement dans un courant d'air ou d'hydrogène, et à recueillir l'acide carbonique formé au moyen d'une liqueur titrée de baryte; 2° la méthode employée par M. Godlewski dans ses recherches sur la respiration. Les espèces étudiées ont fourni pendant leur séjour dans l'hydrogène des quantités variables d'acide carbonique, suivant la nature des maté- riaux nutritifs. Citons seulement les résultats suivants obtenus avec le Penicillium glaucum : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 81 Acide quinique Glucose et peptone. et peptone sans glucose. E Dans l'air. 24 1^ 2477, 8 CO? I: Dans Tarte 1^ 30m, 2 C0? IL: Dans l'hydrogène. 1^ 675,460? IL. Dans l'hydrogène. 1" 0",8C02 III. Dans l'aire 1^ 2325,2 C02 III. Dans l'air........ 1^ 2,0 C0 L'auteur formule de la manière suivante les conclusions de ses recherches : 1° La formation de l'acide carbonique dans un milieu privé d'air n'est pas une propriété générale des cellules vivantes; elle dépend essentiellement des matériaux nutritifs. 2° Les Champignons des moisis- sures ne présentent celte production que dans un milieu renfermant du glucose. 3° La production d’acide carbonique cesse presque aussitôt dans un milieu privé d'air, quand les moisissures sont nourries avec des substances incapables de fermenter. 4^ Le dégagement cesse aussitôt dans un milieu privé d’air quand on enlève le glucose, quoique le milieu nutritif contienne les substances capables de provoquer un développement considérable dans l'air normal. 5° L’acide carbonique ne dérive donc pas, en l'absence de l'oxygéne libre, de la décomposition des subst albuminoides. 6° Le glucose est destiné à fournir l'oxygéne nécessaire aux transformations chimiques du protopl des Moisissures. 7° L'em- ploi des peptones augmente, aussi bien dans l'air que dans un milieu privé de ce gaz, l'intensité des transformations de la substance vivante, mesurée par la production d'acide carbonique. 8° La fermentation (ou la respiration intramoléculaire) entretient la vie dans un milieu privé d'air. Par là méme s'explique la mort rapide des Champignons dans un espace privé d'air, quand le dégagement d'acide carbonique cesse, ainsi que suivant le pouvoir fermentatif des espéces étudiées, la persistance plus ou moins longue de la vie. 9° L'absence de substances nutritives diminue aussi dans l'air la fonction respiratoire normale, jusqu'à une intensité trés faible, sans cependant que la mort des Champignons survienne nécessairement. 10° L'intensité de la production d'acide carbonique dans la respiration intramoléculaire s'affaiblit aussi à mesure que l'acidité des solutions nutritives augmente, tandis que la respiration normale est presque indépendante de cette condition. L'auteur se trouve donc amené, par ses recherches, à assimiler la respiration intramoléculaire à la fermentation, et, comme le glucose favorise la végétation dans un espace privé d'air, il en conclut que ce corps fournit, en l'absence d’oxygène, la proportion de ce gaz indispensable à l'entretien de la vie. L. M. Ueber intramolekulare Athmung (Sur la respiration intra- moléculaire); par MM. W. Pfeffer et Wilson (Untersuchungen aus dem bot. Institut in Tuebingen, t. I, p. 030). d T. XXXIII. (REVUE) 6 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. Pfeffer rend compte dans ce mémoire des recherches entreprises dans son laboratoire, par M. Wilson, sur la respiration intramoléculaire. La méthode employée est celle qui a servi à M. Pettenkofer pour me- surer l'acide carbonique expiré par les animaux, ainsi qu'à M. Rischavi pour l'étude de la respiration des plantes. Les plantes sont placées dans une éprouvelle à pied que traverse tantót un courant d'air, tantót un courant d'hydrogéne; à la sortie du récipient renfermant les plantes, le gaz traverse une dissolution titrée de baryte destinée à absorber l'acide carbonique. Les mêmes plantes servaient pour une série d'expériences. Elles respiraient d'abord dans l'air normal, puis dans une atmosphère d'hydrogène, et l'on terminait la série d'expériences en replacant les vé- gélaux dans l'air ordinaire ; on réalisait ainsi un contrôle très exact des résultats. Aprés avoir dosé les quantités d'acide carbonique exhalé, on prenait le rapport à entre les quantités d'acide carbonique produit pen- dant la respiration intramoléculaire et la respiration normale. Les 24 séries d'expériences, qui ne représentent qu'une faible partie des recherches entreprises par M. Wilson, portent sur des graines en germination, des fruits, des rameaux et sur quelques Champignons. La Fève seule a donné les mêmes proportions d'acide carbonique exhalé par la respiration normale ou intramoléculaire, et le rapport Lest voisin de l'unité. Pour toutes les autres espèces étudiées (Triticum vulgare, Brassica Napus, Cannabis sativa, Lupinus luteus, Lacta- rius piperatus, etc.), le rapport à est plus petit que l'unité, c'est-à-dire que les plantes exhalent, dans un milieu privé d'air, moins d'acide car- bonique que dans l'air normal. La proportion varie d'ailleurs beaucoup : elle est le 1/6 environ pour le Sinapis alba, le 1/4 avec le Lupin, les 2/3 avec le Cantharellus cibarius, etc. Ces recherches sont donc, d’après M. Pfeffer, et sauf pour le Vicia Faba, et peut-être aussi pour le Ricin, d’après M. Moeller, en contradiction avec l'hypothése de M. Wort- mann ; elles confirment les résultats trouvés par M. Moeller. En outre le rapport entre la respiration intramoléculaire et la respiration normale change aux différents stades du développement de la méme plante, comme le montrent à la fois les recherches de M. Moeller et celles de M. Wilson. On ne sait pas encore si ce rapport reste constant aux diverses tempéra- tures, comme cela parait exister pour la Fève entre 6 et 32 degrés. Dans les considérations qui suivent le compte rendu des expériences de M. Wilson, M. Pfeffer examine successivement et discute les résultats obtenus relativement à la respiration intramoléculaire et à la respiration normale. Il remarque d'abord que le dégagement d'acide carbonique demeure constant pendant les premiers temps qui suivent la suppression d'oxygène, puis le dégagement s’affaiblit peu à peu, et la plante meurt si REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 83 l'on prolonge trop longtemps son séjour dans un milieu privé d'air. Bien avant la mort de la plante, on reconnait qu'elle souffre, en la replacant dans l'air ordinaire, où elle dégage un volume d'acide carbonique plus faible qu'au début de l'expérience. M. Pfeffer fait remarquer que cet affaibli t dans la production d'acide carbonique, dü à l'état de souffrance de la plante, n'est pas la cause des divergences que présentent les divers résultats de M. Wilson, car ce dernier opérait toujours immé- diatement aprés la suppression de l'air et dans un temps trop court pour que le dépérissement de la plante püt fausser les résultats. Le dégage- ment d'acide carbonique par les plantes placées dans un milieu privé d'air n'est donc pas un phénomène pathologique, comme le veut M. Nægeli, mais un phénomène normal, qui apparait dans les cellules privées d'air, par suite de la conservation de l'énergie vitale. M. Pfeffer, examinant ensuite les résultats du travail de M. Diakonow (voyez plus haut), constate que la respiration intramoléculaire dépend, chez les Moisissures (Penicillium, Aspergillus, ete.), de la présence du sucre dans le milieu nutritif, et peut être considérée comme un phénomène ‘analogue à la fermentation alcoolique. Il ne parait pas en être ainsi dans les Phanérogames, car le glucose n'existe jamais dans les tissus en quan- ` tité assez grande ; d'autre part, le rapport à entre les quantités d’acide carbonique exhalé par la respiration intramoléculaire et la respiration normale est indépendant de la nature des réserves amassées dans les tissus, car le quotient $ égale l'unité avec les graines de Vicia Faba et de Ricin; il ala méme valeur avec les graines de Sarrasin, renfermant de l'amidon, et celles du Tournesol, qui contiennent de l'huile. Enfin la respiration intramoléculaire ne se règle pas non plus d’après la pré- sence ou l'absence de glucose; cette substance existe en effet dans le Vicia Faba, le Triticum vulgare, VHelianthus annuus, le Lupinus luteus, tandis qu'elle manque dans le Cannabis sativa, qui posséde une respiration intramoléculaire aussi importante que celle du Lupin. On doit donc considérer la respiration intramoléculaire comme une propriété spécifique des diverses plantes. A la suite de ces observations, M. Pfeffer entre dans des considérations sur les relations qui existent entre la respiration intramoléculaire et la respiration normale. Dans ces considérations, qu'il nous est impossible de résumer ici, l'auteur discute les résultats publiés jusqu'ici sur la respiration et la fermentation, et essaye d'expliquer par les réactions chimiques internes la cause des échanges gazeux et les différences que présentent ces échanges, quand les plantes sont placées daus l'air ou à l'abri de ce gaz. L. Mann. 84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Recherches sur Pamidon soluble et son rôle physio- logique chez les végétaux; par M. Jean Dufour (extrait du Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, vol. XXI, n° 93, Lausanne, 1886, 33 pages). Dans ce travail, l'auteur s'est proposé d'étudier la matière amorphe, soluble dans l'eau, colorable en bleu par liode, qui existe dans les cellules épidermiques de la feuille e de la tige de certaines plantes. Cette substance, entrevue par MM. Sanio, Schenck, Nægeli, et sur la nature de laquelle on n'avait que des renseignements contradictoires, à été isolée par M. Dufour. Elle existe à l'état de dissolution dans les cellules épidermiques d'un trés petit nombre de plantes (20 ou a espéces sur 1300 étudiées), notamment dans les Caryophyllées : ia officinalis L., Gypsophila perfoliata ré G. paniculata L., els; (b. ele- gans, etc. ; itsucifores: Alliaria officinalis Andr.; Papili ées: Orobus vernus bi ; Liliacées : Ornithogalum umbellatum L.; Orchidées : Anacamptis pyramidalis Rich., Cypripedium Calceolus L.; Graminées : Hordeum vulgare L., H. distichum L., etc. L'auteur désigne provisoirement cette substance sous le nom d'amidon soluble, parce qu'un certain nombre de faits militent en faveur de l'hy- pothése qui consiste à la considérer comme un hydrate de carbone. Les caractères de l'umidon soluble sont les suivants : substance incolore, soluble dans l'eau et dans l'alcool, cristallisable en ‘aigrettes groupées de manière à former des sphéro-cristaux microscopiques : elle forme avec l'iode une combinaison stable, cristallisable, présentant l'aspect de petites aigrettes dont la couleur varie du rouge au bleu, suivant les proportions relatives d'iode et d'eau renfermées dans les cristaux. Le composé iodé est soluble dans les acides, notamment dans l'acide acétique, l'acide chlorhy- drique, et les solutions laissent déposer sans altération des cristaux bleus ; ce composé est peu altérable à l'air ou à la lumiére, mais en présence de l'amidon en grain, il est probablement dissocié; l'iode se porte sur les grains, qu'il colore en bleu, et l'amidon soluble se décolore. On ne peut confondre l'amidon soluble avec les matiéres protéiques, les graisses, le tannin, à cause de ses réactions spéciales; il semble que ce soit une matière trés voisine des hydrates de carbone. Comme l'analyse élémen- taire de cette substance n'a pas encore été faite, à cause de la difficulté de s'en procurer beaucoup à l'état de pureté, l'auteur n'a pu se pro- noncer à cet égard. Quoi qu'il en soit de sa composition, l'amidon soluble est trés rare chez les végétaux. Là où on le rencontre, il est localisé dans les cellules épi- dermiques, principalement dans les organes floraux; cependant on lé trouve aussi dans les jeunes feuilles et chez les plantules observées REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. - 85 pendant la germination. La rareté de l'amidon soluble, sa localisation dans les cellules épidermiques, ont fait supposer à M. Dufour que cette substance est un produit d'exerétion inutile à la plante. En effet, en lais- sant des pieds de Saponaire ou d’Orge commune séjourner à l'obscurité de maniére à produire un étiolement complet, l'auteur a constaté que la proportion d'amidon soluble ne varie pas sensiblement, tandis que l'amidon en grains disparait, car il est toujours consommé par la plante en voie d'étiolement. L'amidon soluble doit donc étre considéré comme un produit de sécrétion physiologiquement analogue aux résines, aux huiles essentielles. L. Manan. Les Hybrides-Bouschet, Essai d'une monographie des Vignes à jus rouge ; par M. P. Viala (Bibliothèque du progrès agricole et viticole). Un vol. broch. gr. in-8° de 142 pages avec 5 pl. en chromolithographie. Montpellier, C. Coulet, éditeur, 1886. Il est, dans le domaine des sciences biologiq certaines q dont la solution exige de si longues recherches, qu'aucune vie humaine ne saurait suffire à les résoudre. Aussi faut-il compter sur l'intérêt que des générations successives ont à poursuivre sans interruption leurs efforts dans une méme direction, pour fournir à la science de précieuses données dont elle Madres tirer un jour " plus grum profit. La formation des races et l'i des eroi pent sans contredit l'un des premiers rangs parmi ces questions délicates, tant en raison de leur im- portanee philosophique que du long temps qu'exige l'expérimentation. L'ouvrage que nous analysons a sa place marquéeà cóté des recherches poursuivies avec une remarquable constance par les Vilmorin sur les Blés et sur les Pommes de terre. Il s'agit ici de croisements de Vignes continués depuis 1828. On cultivait autrefois dans la plaine méditerra- néenne des variétés de Vignes qui donnaient des vins trés alcooliques, abondants, mais peu colorés. L. Bouschet entreprit de modifier les qua- lités des Vignes méridionales à grande production par le Teinturier du Cher, qui a l'avantage de fournir un jus trés coloré. Il fallut attendre jusqu'en 1836 le résultat des premiers essais, E furent couronnés de succès. De toutes les variétés méthodi bt par les croise- ments dans les années qui suivirent, deux seulement résultent de la fé- condation directe du Teinturier du Cher et de l'Aramon du Midi; l'un de ces deux métis a servi pone pp dans la suite pour féconder les cépages méridi des produits obtenus ont dà être reje- tés; quelques-uns seulement demenrént dans la viticulture francaise, mais ils y occupent une place importante sous le nom d’Hybrides- Bouschet. M. Viala a cru que l'histoire compléte des expériences de L. Bouschet et de son fils, expériences malheureusement interrompues 86 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aujourd'hui, serait utile à la science et à l'agriculture; nous devons lui étre reconnaissants d'avoir recueilli des documents positifs sur cette question avant que la multiplieité des recherches ultérieures ait jeté la confusion dans les résultats acquis et leur ait enlevé leur plus grand inté- rét scientifique. Il semblerait plus exact d'appliquer le nom de métis que celui d'hy- brides aux Vignes dont il s'agit; mais l'usage a prévalu en agriculture de désigner vulgairement sous le nom d'hybrides les produits du croise- ment entre variétés, et l'on ne peut songer à le modifier aujourd'hui. Du reste, plus encore que partout ailleurs, il est impossible d'établir la limite entre hybrides et métis dans le genre Vitis. Le critérium le plus certain pour la délimitation des espéces réside, suivant l'opinion la plus généralement admise, dans l'infécondité des produits qui résultent de l'hybridation des véritables espèces. Ce critérium fait complétement défaut dans les Vignes cultivées. Les produits de leur croisement sont toujours féconds, quelque grandes que paraissent les différences spéci- fiques des générateurs. Il s'ensuit que la délimitation entre les espèces de Vitis (Euvitis Planchon) est toute relative. Ces espèces répondraient plutôt à la notion de sous-espèces ou de races, puisqu'elles donnent, par croisement, des produits indéfiniment féconds. Cette étude scientifique et historique est suivie d'un Catalogue rai- sonné des « Hybrides-Bouschet » qui ont passé dans la viticulture. Ils y sont rangés d'aprés leur origine ancestrale et groupés d'aprés la nature du cépage méridional en cinq séries. Si nous y ajoutons cinq métis obtenus par l'action de cépages divers, nous aurons une étude méthodique de 63 formes; einq d'entre elles, choisies parmi les plus pr , sont représentées en chromolithographie. Cm. FLAHAULT. Till Algernes Systematik nya Bidrag (Nouvelles Contribu- tions à la connaissance systématique des Algues), 4° fascicule, vit, Fcormées; par M. J. G. Agardh (Lunds Universitets Arsskrift, t. Xx1); tirage à part en brochure in-4° de 120 pages, avec une planche en lithographie. La publication dont nous avons entre les mains le quatrième fascicule peut étre considérée comme un complément du Species Algarum du savant professeur de Lund. Ajouter à ce que l'on savait à l'époque où fut publié cet ouvrage tout ce que les recherches morphologiques et l'explo- ration de la flore marine fournissent d'utiles documents, est le but que poursuit l'auteur. C'est de Floridées qu'il traite cette fois. Nous ne le suivrons pas dans Jes développements qu'il consacre à plus de cent espèces Îles ou i tconnues; chacune d'elles a sa place marquée entre les espèces antérieurement déerites dans le Species ou dans l'Epi- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87 crisis qui l'a suivi. Signalons seulement un genre nouveau de la famille des Rhodyméniacées, établi pour une espèce de la Nouvelle-Hollande. Le Glaphyrymenia pustulosa jeune ressemble beaucoup au Kallymenia reniformis; sa structure le rapproche davantage des Gigartina et des Grateloupia, mais sa belle couleur d’un beau rouge l’en distingue, La consistance de sa fronde rappelle celle du Polycælia ; son fruit le range au contraire à côté des Rhodophyllis et des Euthora, entre lesquels M. Agardh le place. Cu. Fr. Flore de Loir-et-Cher, comprenant la Description, les tableaux synoptiques et la distribution géographique des plantes vasculaires qui croissent spontanément ou qui sont généralement cultivées dans le Perche, la Beauce et la Sologne, avec un vocabulaire des termes de botanique; par M. A. Franchet, — Blois, E. Contant, libraire, 1885, L'Avant-propos est subdivisé en trois parties: 1° la Botanique en Loir-et-Cher (pp. v-xxvn; 2* Distribution des plantes (xx1ix-Lvi) ; 3° Vocabulaire (vvu-rxxvir). L'auteur présente, dans le premier cha- pitre, une série de notices assez détaillées sur les botanistes connus de son département : Noel CAPERON, apothicaire à Orléans et l'une des vic- times de la Saint-Barthélemy (1). — RENEAULME (1560-1624), médecin à Blois, auteur d'un Specimen historie plantarum, où l'on remarque une conception assez nette du genre et de l'espéce. — GASTON D'ORLÉANS (1608-1660), créateur du eélébre jardin de Blois, dont le Catalogue fut publié par Abel BnuxvER (Hortus regius blesensis). — L'Écossais Monisox, adjoint à Brunyer dans la direction du jardin de Blois, et qui le premier signala avec une grande précision un certain nombre de plantes rares des environs de cette ville et dans les localités mêmes où elles se retrouvent encore aujourd'hui (2). — Aucner-Éror (1793-1838), célèbre naturaliste voyageur, né à Blois. — Julien LErnov (1771-1840), curé de Cour-Cheverny, auteur d'un Catalogue estimé des plantes de Loir-et- Cher (3). — Marcellin BrAxcugT (1799-1858), médecin à Blois et colla- borateur de l'abbé Lefrou. — Le docteur Monin, mort à Blois en 1860, — Émile Desvaux, né à Vendôme en 1830, auteur d'un travail sur les Cypéracées et les Graminées du Chili. Ete. M. Franchet termine cet his- torique en remerciant les botanistes encore vivants qui lui ont prêté leur (1) Aug. de Saint-Hilaire a donné le nom de Caperonia à un genre d'Euphorbiacées de l'Amérique du Sud. (2) Morison indique ces plantes, à la fin d'une troisième édition, publiée par lui en 1669, de l'Hortus blesensis, dans un- appendice intitulé : Plantarum im horto regio Blesensi aucto contentarum, nemini hucusque scriptarum, brevis et succincta delineatio. (3) Catalogue des plantes qui croissent spontanément dans le département de Loir-et- Cher, et qui y ont été recueillies jusqu'à ce jour (inséré dans les Comptes rendus du Congrès scientifique de France, quatrième session, tenue à Blois en septembre 1836). " 88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. concours : MM. Émile Martin, de Romorantin; Ernest Nouel, professeur au lycée de Vendôme ; Léon Legué, de Mondoubleau; l'abbé Séjourné ; Ém. Boudier, le savant mycologue; Peltereau, notaire à Vendôme; etc. Distribution des plantes. — « Le département de Loir-et-Cher, dit » l'auteur dans cet important chapitre, est constitué presque dans sa tota- » lité par trois régions naturelles, le Perche, la Beauce et la Sologne, » que la diversité du sol et des productions distingue assez nettement. » Le Perche occupe au N. O. tout le quadrilatére nettement circonserit, » d'une part et sur trois côtés, par les limites du département; d'autre » part, au S. O., par la vallée du Loir, qu'il ne franchit qu'aux deux extré- » mités opposées et sur une faible étendue. La Sologne s'étend sur la » presque totalité du territoire situé entre la Loire et le Cher, la Beauce » se trouvant ainsi intercalée, entre les deux, dans toute la partie com- » prise entre la vallée du Loir et celle de la Loire. Il faut cependant tenir » en dehors de ces trois divisions principales, outre les vallées des grands » cours d'eau, une portion notable du territoire qui forme au S. O., et » au sud sur larive gauche du Cher, une bande assez étroite, se rattachant » d'ailleurs plus particulièrement au Perche par le relief et la constitu- » tion géologique du terrain..... Trois grands cours d'eau limitent ces » régions : le Loir, qui sépare le Perche d'avec la Beauce; la Loire, » coulant entre la. Beauce et la Sologne; le Cher, bornant au sud cette » dernière sur la limite du Berry. » Le point culminant du département, situé aux Buttes du Cormont, n'atteint que 254 métres; aprés les col- lines du Perche, séparées seulement par d'étroites vallées qui prennent parfois l'aspect de ravins profonds, la Sologne est la région dont le relief est le plus accentué, surtout à l'E. etau N. E., sans dépasser toutefois 250 métres. La Beauce n'est qu'une vaste plaine dont le sol, à l'exception de quelques lambeaux de terrain argilo-siliceux, est exclusivement formé d'un calcaire d'origine lacustre, datant du milieu de la période miocène, et connu des géologues sous le nom de calcaire de Beauce; Vatmos- phère y est trés sèche. Sauf quelques affleurements crétacés, la silice, plus ou moins pure ou mélangée d'orthose et d'albite, est l'élément constitutif du sol de la Sologne. Dans le Perche, des argiles recouvrent presque partout le calcaire (sénonien) qui constitue la charpente du. pays et se montre à nu prés des cours d'eau et sur les pentes abruptes. L'atmosphére est sensiblement plus humide dans la Sologne que dans le Perche. Les associations végétales particulières à ces diverses régions offrent une série assez nombreuse d'espéces intéressantes : PERCHE. — Campanula rotundifolia, aux bords des chemins ; Sta- chys alpina, dans les bois montueux ; Chrysanthemum segetum, dans les champs graveleux. — Dans la vallée de la Braye : Androsæmum offi- cinale, Asperula odorata, les 2 Chrysosplenium, Lysimachia nemo- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89 rum, Carex strigosa et teretiuscula, etc. — Coteaux et val du Loir : Fumaria capreolata, densiflora et Bastardi; Cardamine amara; Draba muralis, Carduus bulbosus, Crepis pulchra, Gentiana cruciata, Digitalis lutea, Cyperus longus, Scirpus pauciflorus, Carex fulva, etc. Beauce. — Champs calcaires cultivés : les 3 Adonis, Neslia panicu- lata, Myagrum perfoliatum, Bupleurum rotundifolium, Asperula arvensis, Specularia hybrida, etc. — Sur les coteaux qui bordent la Cisse : Ononis Columneæ, Trigonella monspeliaca, Medicago orbicula- ris, Carduncellus mitissimus, Micropus erectus, Podospermum laci- niatum, Orchis militaris, Epipactis atrorubens, etc. — Dans les taillis, près de Suèvres et Mer: Orobus niger, Cytisus supinus, Peuceda- num Cervaria, Ophrys muscifera, Cephalanthera grandiflora. — Dans les marais tourbeux de la Gisse : Pinguicula vulgaris, Liparis Læselii, Carex paradoxa, etc. : VaL ET COTEAUX DE LA LOIRE. — Sur les sables du fleuve : Bupleu- rum affine, Grucianella angustifolia, Linaria arvensis, Veronica precoz, Blitum rubrum, Scirpus Michelianus, Carex ligerina et Schreberi, Poa pilosa, Equisetum hy le et ramosissi — Dans les flaques d'eau : Heliosciadium inundatum, Naias minor et major, Potamogeton compressus et trichoides, Marsilia quadrifolia, Chara obtusa. — Sur les berges : Andropogon Ischemum, Artemisia cam- pestris, Sium latifolium. — Dans les cultures du val : Silene conica, Ornithopus ebracteatus et compressus, Peucedanum carvifolium, Va- lerianella coronata, Scutellaria hastæfolia, Fritillaria Meleagris. — Sur les coteaux calcaires : Helianthemum salicifolium et procum- bens, Bupleurum aristatum, Valerianella eriocarpa, etc. Dans le lit actuel du fleuve, on remarque cà et là une végétation ad- ventice, empruntée, soit à des régions lointaines (Xanthium macrocar- pum, Solidago glabra, Aster Novi-Belgii, lysanthes gratioloides), soit aux régions supérieures du cours de la Loire (Thalictrum pubescens, Centaurea maculosa, Anthemis montana, Scrofularia canina). SoroaNE. — Ce nom, ainsi que le fait remarquer l'auteur (page XLV de l'Avant-propos), est involontairement associé dans l'esprit de tous à de vastes marais, à des étangs sans fin, soit encore à des plaines de sables arides, dont la monotonie n'est interrompue que par de chétifs bois de Pins ou de Chénes rabougris. C'était bien là en effet le désolant aspect du pays il y a moins d'un demi-siécle, mais depuis le tableau a changé. Les marais ont été en partie desséchés, de nombreux élangs transformés en prairie, les landes séches ou les mauvais bois en vignobles; d'excel- lentes routes sillonnent le pays, et ce n'est plus que dans la portion la plus reculée du département, vers l'E. ou le N. E., que la Sologne d'au- trefois se retrouve aujourd'hui. — Quoique le nouvel état de choses ait 90 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. inévitablement influé sur la composition du tapis végétal, le champ à explorer est encore vaste, et nombre de coins en Sologne ont conservé le caractère de leur végétation primitive. Dans les eaux dormantes des mares et des étangs, partout où l'élément calcaire fait défaut dans le sol, on rencontre presque t tiok lus tripartitus et olo- leucos, Myriophyllum alterniflorum, Littorella lacustris, Alisma. na- tans, Potamogeton polygonifolius et gramineus, Juncus heterophyllus, Scirpus fluitans, etc. — Sur les vases limoneuses des étangs desséchés : Potentilla supina, Elatine hexandra, Bidens radiata, Scirpus ovatus et supinus, Carex cyperoides. — Aux bords des étangs : Limosella aquatica, Isnardia palustris, Alisma ranunculoides, Deschampsia Thuillieri, Antinoria agrostidea. — Dans les grands marais siliceux : Ranunculus hederaceus, Hypericum Helodes, Comarum palustre, Peu- cedanum palustre, Pinguicula lusitanica, Drosera rotundifolia et intermedia, Salix repens, Myrica Gale, Scirpus cespitosus et uni- glumis; Carex stellulata, elongata, lævigata ; Rhynchospora alba et fusca, etc., ete. — Dans les landes humides : Anagailis tenella, Micro- cala filiformis, Polygala depressa, Juncus squarrosus, Viola canina. — Dans les landes sèches : Viola lancifolia, Arenaria montana, Arnica montana, Ajuga pyramidalis. Dans les terrains secs et sablon- neux : Helianthemum guttatum, Lotus hispidus et angustissimus, Or- nithopus. compressus et ebracteatus, Arnoseris pusilla, Tillea mus- cosa, Anarrhinum bellidifolium, Plantago carinata, etc. VAL ET COTEAUX DU CHER. — On ne rencontre guère que dans le val du Cher: Sisymbrium asperum, Viola stricta et pumila, Spiræa Filipendula, OEnanthe pimpinelloides, Galium | constrictum, Carex paradoxa. Le tableau de la végétation, que nous venons de résumer, est suivi d'un Vocabulaire des termes les plus usités, dont la définition est em- pruntée au Cours élémentaire de Botanique de M. H. Baillon. La partie descriptive de l'ouvrage, forte de prés de 800 pages, est pré- cédée d'une première clef dichotomique qui permet d'arriver au nom de la famille; un Tableau des genres placé en tête de chaque famille faci- lite la détermination générique, et chaque genre est suivi d’un Conspectus des espèces, qui rend le même service pour le nom spécifique. Les espèces décrites sont au nombre de 1289, dont 50 Acotylédones vasculaires, et il est peu probable que ce nombre soit notablement aceru parles recherches ultérieures. Peut-étre s'augmentera-t-il de quelques espèces non trouvées encore en Loir-et-Cher, mais existant dans les dé- partements voisins, par exemple : Hutchinsia petrea, Viola palustris, Dianthus superbus, Silene Otites, VImpatiens, Sorbus Aria, Rosa | | | | | | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 91 spinosissima, Trinia vulgaris, Carum Carvi, Lonicera Xylostewm, Polygonum Bistorta, ele. A la suite de la description de chaque espèce et de l'énumération de ses localités pour Loir-et-Cher, est indiquée d'une facon sommaire sa dis- tribution géographique. Ce sont des renseignements d'une haute impor- tance et qu'on ne saurait trop louer M. Franchet d'avoir introduits dans sa Flore. Les tendances synthétiques de l'auteur le conduisent à n'admettre qu'en trés petit nombre les espéces nouvelles et à user de la méme réserve à l'égard des genres. Ainsi les Heliosciadium sont réunis au genre Apium, les Rubia aux Galium, les Knautia aux Scabiosa, les Cirsium (1) aux Carduus, les Odontites aux Euphrasia, le Clandestina au Lathræa, le Clinopodium aux Calamintha, le Galeobdolon aux Lamium, etc. Les principales nouveautés de cette Flore sont quelques variétés, telles que Hypericum var. pecadeniaik Franch., et diverses productions hybrides, décrites et : t, mais précédées du signe X : Cen- taurea ligerina (maculosa X jacea), C. Nouelii (Calcitrapa X pra- tensis); plusieurs Verbascum (V. Nouelianum, dimorphum, auritum, pterocaulon, Martini, macilentum, furcipilum, Euryale, Nisus, Wirtgeni); Orchis angusticruris (Simia X purpurea), etc. On re- marque aussi l'Isoetes adspersa Al. Braun, nouveau pour la flore francaise. L'auteur s'est écarté quelquefois de la lature généralement usitée. Parmi les dénominations qu il préfère, nous citerons les sui- vantes, en regard des anci R lus Breyninus Crantz (R. nemorosus auct.) R. flabellatus Desf. (R. cherophyllos L.); Medi- cago hispida Gærtn. (M. apiculata Willd.), M. rigidula Desr. (M. Ge- rardi Kit.); Potentilla Gomarum Scop. (Comarum palustre L.); Sedum pruinatum Link (S. elegans Lej.); Ammania Portula Baill. (Peplis Portula L.); Ludwigia nitida Spreng. (Isnardia palustris L.); Vale- rianella rimosa Bast. (V. auriculata DC.) ; Limnanthemum peltatum Gmel. (L. nymphoides Link); Lappula Myosotis Mœnch (Echinosper- mum Lappula Lehm.); Linaria carnosa Mœnch (L. arvensis Desf.), L. decumbens Mœnch (L. striata DC.), L. filiformis Mœnch (L. supina Desf.), L. viscida Mœnch (L. minor Desf.) ; Vandellia erecta Benth. (Lindernia Pyaidaria All.) ; Globularia Willkommii Nym. (G. vulga- ris L.); Ophrys fuciflora Reichenb. (0. arachnites Reichart); Carew diandra Roth (C. teretiuscula Good.), C. rostrata With. (C. ampul- lacea Good.), C. acutiformis Ehrh. (C. paludosa Good.). Les partisans de la stabilité de la lature ne queront pas de remarquer que (1) C'est. probablement par suite d'une faute d'impression que ce mot est écrit plu- sieurs fois Circium dans la Flore de Loir-et-Cher. 99 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le principe de la priorité n’est pas toujours rigoureusement applicable à ces changements (1). La Flore que nous venons d'analyser offrira aux botanistes de Loir-et- Cher un guide sûr et un ouvrage complet pour l'étude des plantes de leur région. EnN. MALINVAUD. Flore de l'ouest de la France, ou Description des plantes qui croissent spontanément dans les départements de Charente-Inférieure, Deux-Sèvres, Vendée, Loire-Inférieure, Morbihan, Finistère, Cótes-du- Nord, Ille-et-Vilaine, par M. James Lloyd. 4* édition augmentée des Plantes de la Gironde, des Landes et du littoral des Basses- Pyrénées ; par M. J. Foucaud, jardinier-botaniste en chef de la marine, chargé de conférences de botanique médicale à l'École de médecine navale de Rochefort, 1886. — Nantes, M"* Veloppé ; Paris, J.-B. Bailliére et fils ; Rochefort, chez M. J. Foucaud, au Jardin botanique de la marine. — 1 vol. in-12. Prix : 6 fr. 50 cent. (par la poste 7 fr.). Nos lecteurs connaissent depuis longtemps l'excellente Flore de l'Ouest de M. James Lloyd, qui a su faire tenir en un volume portatif, sans omettre aucun caractère essentiel, la description des plantes indigènes de huit départements. La présente édition est augmentée des plantes de la Gironde, des Landes, du littoral des Basses-Pyrénées, et M. Lloyd re- connaît, dans sa préface, que cette addition, qui complète la Flore du littoral de l'Ouest en la continuant jusqu'à la frontière espagnole, est tiè t due à la collaboration de M. Foucaud. Les précédentes édi- tions de cet ouvrage ayant été analysées dans le Bulletin (2) etsa disposi- - tion générale restant là méme, nous nous bornerons ici à rendre compte de l'eeuvre personnelle de M. Foucaud. Les trois départements méridio- naux qu'il a explorés fournissent plus de cent espèces qui ne figuraient pas auparavant dans la Flore de l'Ouest, et c'est celui de la Gironde, le plus étendu de France, qui apporte aussi le plus riche contingent d'aequi- sitions nouvelles. Il se compose d'une série de coteaux calcaires et mar- neux dominant la Garonne, avec des vallées dont le sol est formé d'une alluvion trés fertile, et de plaines ou landes où s'étendent le long de (1) Par exemple, les Linaria carnosa, filiformis et viscida de Meench étaient les Antirrhinum arvense, supinum. et minus de Linné, et ces trois derniéres épithàtes spé- cifiques sont de beaucoup aux 1 L'usage de conserver l'ancien nom spécifique lorsqu'on fait passer une espèce d'un genre “dafis un autre a géné- ralement prévalu et même a été consacré par l’article 57 du code des Lois de la Nomen- clature botanique adopté au Congrès international de 1867: Comme l'a fort bien dit M. A. de Candolle, « il y a évidemment de l'avantage à conserver l'ancienne épithète de » l'espèce pour servir en quelque sorte de fil conducteur de l'un des genres à l'autre ». (Nouv. R page 35.) (2) ue Tolilysa ide la 3* édition dans le Bulletin, t. XXIII (1876), page 72 de la Revu REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 93 l'Océan des dunes de largeur variable et fixées par des Pins maritimes. Le sol de ces landes n'offre presque partout qu'un sable trés aride, en partie couvert de bois de Pins, de Druyéres et d'Ajones. « Le sous- sol, nommé alios, est compacte et laisse difficilement pénétrer l'eau, de là l'origine de ces étangs, vastes réservoirs échelonnés sur le littoral. » ` Les espèces girondines suivantes n'ont été rencontrées jusqu'à ce jour dans aucun des dix autres départements. de: la Flore de l'Ouest: Sisymbrium. polyceratium, Arabis Turrita, Helianthemum Fumana, ‘Aldrovanda vesiculosa, Lychnis leta, Arenaria pentandra, Coronilla Emerus, Vicia Orobus, Gratægus pyracantha, Doronicum Pardalian- ches, Senecio lividus, Carduus acanthoides, Urospermum picroides, Erica mediterranea, Dabæcia polifolia, Teucrium Polium, Plantago Cynops, Amarantus albus, Liparis Læselii, Leucoium œstivum, Tulipa Oculus-solis. Le département des Landes est le plus étendu de France après celui de la Gironde ; une vaste plaine, située sur la rive gauche de la Garonne et limitée au sud par l'Adour, en occupe les trois quarts et se subdivise elle-même en trois parties : la lande proprement dite, trés peu habitée, d'un sol aride « en parlie couvert de foréts de Pins maritimes et de plaines de Bruyères et d'Ajones où le botaniste ne peut recueillir qu'un nombre très restreint d'espéces intéressantes »; la région des étangs, qu'on désigne sous le nom de Maransin au nord et de Maremne au midi, généralement humide et comprenant des étangs, ou plutôt des lacs dont un n'a pas moins de 12 kilomètres de longueur. Enfin les dunes forment plusieurs chaines le long du littoral sur une largeur de plus de 6 kilo- mètres en certains endroits; elles sont aujourd'hui fixées par des Pins maritimes, et leur végétation est à peu près la méme partout. Entre ces dunes et celles dela Gironde existent des endroits frais et herbeux que le botaniste peut explorer avec fruit. — La région de collines, premiers chainons des Pyrénées, se trouve au sud de l'Adour et s'appelle Chalosse. Elle est formée de collines nombreuses séparées par des plaines, quelques landes, et par des ravins profonds au fond desquels coulent des ruis- seaux. La couche superficielle est généralement argileuse. « On trouve sur plusieurs points de la marne et de grands amas de sable ; les couches inférieures sont souvent des faluns reposant sur un banc de pierre co- quilliàre. » Parmi les espéces en petit nombre signalées seulement dans les Landes par les auteurs de la Flore de l'Ouest, nous éiterons : Arabis alpina, Galium silvaticum, Erinus alpinus, Teucrium pyrenaicum, Ophrys lutea, Narcissus niveus. M. Foucaud a limité ses recherches dans les Basses-Pyrénées à la partie littorale formant une bande assez étroite comprise entre l'Océan et les montagnes. Cette région renferme des dunes, des falaises, des landes et 94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des alluvions. On y récolte quelques espéces qui ne paraissent pas exister plus au nord sur le littoral : Alyssum arenarium, Clypeola Gaudini, Trifolium tomentosum, Galega officinalis, Seseli bayonnensis, Gladio- lus communis, Festuca hemipoa, etc. Nous félicitons M. Lloyd d'avoir associé à son œuvre un digne colla- borateur, et M. Foucaud de publier le résultat de ses recherches dans un livre aussi estimé que la Flore de l'Ouest. Ern. MALINVAUD. €sterreichische botanische Zeitschrift, (Esterreichische bo- tanisches Wochenblatt (Revue autrichi de botanique), sous la direction de M. Alex. Skofitz, 35° année (1885). Vienne, 1885. Verlag von C. Gerold's Sohn. Les articles de géographie botanique et les travaux descriptifs tien- nent toujours une grande place dans ce Recueil; les plantes vasculaires d'Europe, principalement celles de l'Autriche-Hongrie, y sont l'objet des suivants : AscuERsoN (D' P.), pp. 308, 350. — Sur la flore de la Sardaigne et du littoral de l'Adriatique (observ. sur diverses plantes de ces contrées : - Alchemilla microcarpa Boiss. et R., Cerastium Soleirolii Duby, Crepis scariosa Willd., Gagea foliosa R. et Sch., Triglochin laxi- florum Guss., Viola insularis Gren. et Godr., Galium constrictum Chaub., Carex acuminata Willd. et cuspidata Host, etc.). à Brocki (Bronislaw), p. 348. — Notices botaniques (Artemisia inodora M. B., Veronica multifida L., V. incana L., etc.). : Borsas (D* Vinc. v.), pp. 85, 122. — Flore de Buccari. (Analyse d'un travail écrit en langue slave de M. D. Hire, botaniste connu par ses études sur la flore de Croatie et qui a beaucoup herborisé dans ces dernières années aux environs de la petite ville de Buccari, située sur le littoral de l'Adriatique, à 11 kilom. E. de Fiume.) — P. 346. — Le Polygala Chamæbuæus en Hongrie. Braun (Heinrich), p. 303. — Rosa Wettsteinii n. sp. et diverses formes du groupe du Rosa canina L. CeLAKOVSKY (D' Ladisl.), p. 189. — Dianthus dalmaticus n. sp. D'aprés l'auteur, D. ciliatus Guss., D. racemosus Vis., D. ciliatus a. racemosus Vis. et D. littoralis Host sont synonymes, tandis que le D. ciliatus B. cymosus Vis. (excl. syn. D. littoralis Host) en est distinct et doit recevoir un nouveau nom: D. dalmaticus. — Pp. 377, 444. — Alisma arcuatum Michalet, espèce nouvelle pour la Bohéme et en général pour l'Autriche-Hongrie. (Longue REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95 discussion sur la synonymie de ce groupe : A. lanceolatum, A. graminifolium, etc.) Fier (E.), pp. 57, 94, 130, 167, 207, 241, 357, 396. — Excursions bota- niques en Russie. ForuAnex (D' Ed.), p. 119. — Roses de Moravie. — Pp. 154, 202, 235, 265, 316, 355, 386, 424. — Contribution à la flore des monts de Bohème et Moravie et des monts de Glatz. Harme (J.), p. 388. — Flore de Stockerau (Basse-Autriche). Hinc (Dragutin), p. 233. — Sur la flore de Croatie. Janga (Victor v.), p. 313. — Le Syringa Josikæa et autres plantes nou- velles du comitat de Marmaros. ` KonwHUBER (A.) et Hemmert (A.), p. 297. — Erechthites hieracifolia Rat. (Senecio hieracifolius L.) dans la flore européenne. (Plante adventice rencontrée aux environs d'Agram et originaire de l'Amé- rique septentrionale. ) Preissmann (E.), p. 14. — Contribution à la flore de Carinthie. — P. 160. — Plantes nouvelles pour la Carinthie et la Styrie. — P. 261. — Flore des terrains de serpentine en Styrie. Ricurer (D' Karl), p. 419. — Viola spectabilis K. Richt., nouvelle Violette de la Basse-Autriche. (Forme voisine des V. austriaca Kern., odorata et hirta L., ambigua W.K.; elle serait surtout carac- térisée, d’après l'auteur, par ses feuilles estivales longuement pé- ' liolées; ses fleurs grandes et inadores, d'un violet foncé, longuement éd lées; ses capsul les portées sur des pédoncules dressés et courbés au olamk D SARDAGNA (Mich.), p. 393. — Sur la flore de Sardaigne. (Réponse à un passage de l'article de M. Ascherson, inséré dans le méme volume et indiqué plus haut.) STEININGER (Hans), p. 270. — Une excursion dans la haute Styrie. SrrogL (Gabriel), pp. 24, 61, 97, etc. — Flore de l'Etna. UrrEPISCH (Jos.), p. 307. — Alyssum Heinzi. (Plante des Alpes de la Carniole que l'auteur avait d'abord rapportée à l'A. Rochelianum. Reichenb. ; ayant renoncé à cette détermination sur un avis de M. Kerner, il la considère aujourd’hui comme une espèce nouvelle et la dédie à Francois Heinz, ancien professeur de botanique.) WisspAUER (J. B.), p. 337. — Supplément à la « Flore rhodologique de Travnik en Bosnie ». 96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. C'est un supplément à une série d'articles publiés dans le méme recueil en 1883 et 1884. L'auteur s’oceupe ici.des Rosa austriaca Cr., spinosissima L., gentilis Stern., Brandisii Keller, tomentosa Sm., ca- nina L., urbica Gren. (non Lem.), et présente des observations sur quelques-unes de leurs variétés. Ern. MALINVAUD. NOUVELLES. (15 juillet 1886.) — M. Bois, préparateur de botanique au Muséum dans le service de M. le professeur Bureau, a été nommé aide-naturaliste de la chaire de culture. — À l'occasion de la fête nationale du 14 Juillet, M. Louis Mangin, notre confrère, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur. — Le premier fascicule du Phycotheca universalis, publié par MM. Hauck et Richter, a été mis en distribution il y a quelques semaines. Nous avons annoncé antérieurement cette publication lorsqu'elle était encore à l'état de projet, aujourd'hui nous pouvons ajouter qu'elle com- mence bien. Les échantillons sont bons, les étiquettes bjen faites. Les 50 espèces cont dans ce fascicul d tà presque tous les groupes d'Algues. i — Herbarium Houflerianum.— On nous prie v.d'hotlortdue la mise eu vente de l’herbier cryptogamique de feu le baron Louis de Hohenbühel, plus connu des botanistes sous le nom de L. de Heufler. On sait que le baron L. de Hohenbühel-Heufler a particulièrement exploré le Tyrol et l'Italie du nord. En 1871, il a publié un travail intitulé : Enumeratio Cryptogamarum Italie Venetae. Son herbier contient 1431 genres, 8014 espèces représentées par environ 34,400 exemplaires. — S'adresser pour les renseignements à M. le baron Paul Hohenbühel, 3, Universitätstrasse, Innsbrück, Tirol, Autriche-Hongrie. — L'herbier d'un de nos confrères bien connu, Personnat, décédé il y a quelques années, est à vendre. Il se compose de 35 forts paquets, et comprend notamment une belle série de plantes alpines, ainsi que les exsiecatas Billot. Toutes les plantes ont été passées au sublimé corrosif, et l'état de cette collection ne laisse rien à désirer. — S'adresser à Me Lafont, rue Royale, 13, à Versailles. Le Directeur de la Revue, pu quo Dr Ep. BoRNET. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. 3340. — BoURLOTON. — lmprimeries réunies, A, rue Miguon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1886) Sur le Mastigocoleus, nouveau genre d'Alzues Phyco- chromacées: par M. G. Lagerheim (Notarisia, 1, n° 2, avril 1886, p. 65 à 69 et pl. 1). Le Mastigocoleus testarum est la premiére Algue de la tribu des Sirosiphonées qu'on ait rencontrée dans les eaux de la mer; elle a été découverte par M. Lagerheim sur la cóte méridionale de la Suéde. Elle est intéressante à beaucoup d'égards; c'est, en effet, la plante la plus dif- férenciée de cette tribu, et l'une des plus élevées de toutes les Phycochro- macées. Le Mastigocoleus creuse dans les vieilles coquilles des canaux cylindriques. Isolé de ce substratum, il apparait sous forme de filaments irréguliérement ramifiés à la manière des Sirosiphon ; les rameaux sont purement végétatifs ou hormogonifères, ou bien se prolongent en poils hyalins flagelliformes, semblables à ceux des Calothrix; les hétéro- cystes, ordinairement solitaires, sont produits par la cellule terminale d'un rameau court comme dans le Nostochopsis. L'auteur n'a pas trouvé de spores, mais il croit voir des éléments reproducteurs dans les cellules terminales de certains filaments qui se divisent suivant diverses direc- tions et sont mises ensuite en liberté par la dissolution de la gaine. C'est à cóté du genre Mastigocladus et au-dessus de lui que M. Lagerheim place son nouveau genre. Cu. FLAHAULT. Saggio di Studi intorno alla distribuzione geografica delle Algue d'acqua dolce e terrestri (Essai d'une étude sur la distribution géographique des Algues d'eau douce et ter- restres); par M. A. Piccone (Giornale della Societa di Letture e Conversazioni scientifiche, fasc. v, 1886); tirage à part en brochure in-8° de 49 pages. La plupart des travaux publiés sur les Algues fournissent incidemment des renseignements sur leur distribution géographique; mais on a fait jusqu'ici peu d’efforts pour donner un corps à ces notes éparses. Sans vouloir encore entreprendre sur ce sujet un travail complet, M. Piccone a pensé qu'il serait bon de tracer un programme pour les recherches T. XXXIII. ' (REVUE) 7 DS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ultérieures. C'est ce plan d'études qu'il développe en quelques pages oü Yon trouve réunies beaucoup d'indications sur l'extension de l'aire de végétation des Algues, sur les stations où on les rencontre et les condi- tions nécessaires à leur vie, sur la nature chimique et physique des milieux qui leur conviennent. L'auteur insiste particulièrement sur la nature des spores, sur leurs moyens de dissémination et sur leurs facultés germinatives. Cu. FLAHAULT. Cours élémentaire de Botanique; Anatomie et Physio- logie végétales; ouvrage rédigé conformément aux programmes officiels pour la classe de philosophie; par M. L. Mangin. Un vol. car- tonné de 403 pages in-12 avec 422 figures et 6 planches en couleur. Paris, Hachette éditeur, 1886. Depuis qu'on a donné aux sciences naturelles une partie de l'impor- tance qu'elles devraient avoir dans notre enseignement secondaire, en leur accordant une place aux examens du baccalauréat és lettres, il n'avait pas été publié de livre qui répondit d'une facon satisfaisante aux exi- gences du programme de Botanique pour la classe de Philosophie. Cette lacune vient d’être comblée par M. Mangin. Dans le cours élémentaire pour la classe de cinquième, les élèves ont appris à connaitre la morpho- logie externe des végétaux; en philosophie, on leur expose la struc- ture interne et le développement des plantes, on leur décrit comment elles se reproduisent. Si nous réfléchi aux progrès qu'ont faits de- puis quelques années l’anatomie et la physiologie végétales, nous com- prendrons les difficultés que présente la rédaction d un pareil ouvrage ; il faut, en effet, fournir aux éléves des données précises, des fails bien connus, et se garder des di i et des hypothéses qui ne sont point à leur place dans un ouvrage élémentaire. Le livre de M. Mangin répond parfaitement à ces diverses conditions ; il est conforme à l'état actuel de la science; les lois et les faits y sont résumés avec une - grande netteté el dégagés de tous les détails qui pourraient en atténuer la clarté. Les descriptions anatomiques ont été réduites à ce qu'il faut ` connaitre pour faire comprendre et mettre en relief l'importance des fonctions accomplies par les diverses parties de la plante. En décrivant toujours la fonction en même temps que la structure, en choisissant ses exemples parmi les plantes qu'il est facile de se procurer, l'auteur à imprimé à son ouvrage une forme concréte qui lui donne un grand charme. L'extréme abondance des figures augmente encore l'intérét du livre. Signalons, d'une manière toute punish les pages que l'auteur consacre aux fonctions de la feuille; la respiration, la fonction chloro- phyllienne et la transpiration y sont distinguées expérimentalement ; on REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 constate les phénomènes, on en saisit le mécanisme, on en analyse les résultats; il ne nous parait pas possible de rendre les choses plus évi- dentes. Le chapitre relatif à la reproduction et au développ t des Cryptogames mérite aussi d'étre noté à part; il était deis de garder à cette partie du livre le caractére concret et pratiq ibl que l'auteur lui a donné ailleurs. Par leur petitesse, ces plantes échap- pent souvent à la simple vue; dans tous les cas, il n'est pas possible d'avoir une idée des phénomènes qui s'y passent sans le secours du mi- croscope. De nombreux dessins chromolithographiés les mettent sous les yeux du lecteur et atté t cette difficulté Le cours élémentaire de M. Mangin nous parait destiné à servir d'in- troduction à toutes les études d'un ordre plus élevé dans le domaine de la Botanique, et nous ne doutons pas que bien des personnes auxquelles son titre modeste ne semble pas le destiner, n'y trouvent, en le lisant, plaisir et profit. Cn. Fr. Sur quel défor ti des Phanérogames causées par les ‘Champignons parasites ; par M. E. Rostrup (Bota- nisk Tidsskrift ud givet af den botaniske Forening i Kjobenhaven, t. xiv, pp. 21-26, 1885). Les Champignons parasites sont en rapport de deux manières diffé- rentes avec les plantes nourriciéres : dans certains cas la partie envahie de la plante périt ; dans d'autres cas le parasite agit d'une manière sti- mulante sur le tissu cellulaire, il en résulte: « ou une pullulation anormale de cellules ou un agrandissement considérable de certaines cellules, ce qui produit jj transformations celeres ou métamor- phoses mycétogè en ». Les Myxomycètes (Plasmodiophora, Schinzia) donnent naissance à des bourrelets sur les tiges et les racines des Brassica, Alnus, Hippo- phae, etc. Les Péronosporées courbent les parties caulinaires et bossellent les feuilles. Dans ce mémoire sont indiquées quelques espéces nouvelles : Le Physoderma deformans Rostr. qui un développ t considérable (jusqu'à 8 em de diamètre) des fleurs de l'Anemone nemo- rosa ; les fleurs attaquées restent non altérées longtemps après que les autres sont flétries. — Le Taphrina Tormentille Rostr. développe sur le Tormentilla erecta des asques (34-35 X 9-10 p) à 8 spores ellipsoides, bisériées (7-8 X 4 y). — Le T. Umbelliferarum Rostr. produit des taches d'un gris pàle sur les feuilles de l'Heracleum Sphondylium et du Peuce- danum palustre. — Le Fusarium amenti Rostr. croit sur l'axe des chatons femelles des Salix cinerea et aurita; il a des spores unilocu- 100 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. laires, fusiformes ellipsoides de 15-17 X 6-7 pe — L Exobasidium Oxy- cocci Rostr. donne naissance, sur l'Oxycoccus palustris, à des pousses dressées, longues, gonflées, pâles, i ont l'air de plantes den On N. PATOUILLARD. Bommerella, nouveau genre de Fyrénomycètes ; par M. El. Marchal (Revue mycologique, 1866, p. 101). « Fungus conidiophorus oosporam exhibens. Perithecia superficialia, » sparsa, ostiolata, contextu parenchymatico fuligineo, setis vestita. Asci » octospori, pedicellati, aporaphysati. Sporæ eximie triangulares, de- » pressi, — Partibus externis sat similis est Chætomio a quo x » forma mox dignoscitur. » Une seule espéce : B. trigonospora À March., sur les crottes de nd dans les bruyères aux environs d'Aerschot (Belgique); novembre. N. Par. Schulzeria, novum Hymenomycetum genus; par M. G. Bresadola. Brochure in-8° avec une planche coloriée. Trente, 1886. « Agaricini leucospori, volva et annulo destituti. Hymenophorum a » stipite discretum. Lamellæ postice rotundatæ, libere, remotæ. Spore » obovatæ, hyalinæ. e eoe exanulatæ, vel Plutei aut Pilosace sporis » albis.) » Deux espéces: Sch. rimulosa Sch. et Bres.: Champignon de 8-10 cent, de largeur, à chapeau crevassé, à chair blanche et dont l'odeur et la saveur font penser au Psalliota campestris; Sch. squamigera Sch. et Bres. : petite plante de 2 cent. de largeur à chapeau couvert de squames rousses. Ces deux plantes ont été trouvées parle capitaine St. Schulzer de Mueggenburg à Vinkovce (Slavonie). N. Par. New or Noteworthy Fungi; par M. Grove (Journal of Botany, mai 1885, p. 129). Dans cette liste de Champignons de la Grande-Bretagne se trouvent les nouveautés suivantes : Melanospora sphærodermoides : M. peritheciis liberis, sparsis, fere levibus, pallide luteo-fuscis, dein fuscis, semipellucidis, rotundatis vel ovatis, in rostrum breve, pilis longis subhyalinis continuis apice fimbria- tum productis ; ascis clavatis, slipitatis, maxime diffluentibus, 8-sporis, 80-90, X 304; sporidiis superne visis late fusoideis, a laverd oblique ovoideo-oblongis, curvatis, gutta magna instructis, hyalinis; dein oliva- ceis, subopacis, 20-34 p X 15-17 u. jq REVUE. BIBLIOGRAPHIQUE. 101 Sur les tiges d'Heracleum. Hypocrea placentula : Euhypocrea, stromatibus sparsis, tenuibus, dis- coideis, suborbicularibus, applanatis, matrice facillime separandis, albis, primo obtuitu polyporoideis ; margine byssaceo, dein nudo; peritheciis stipatis, minutis, hyalino-pallidis (melleis), rotundatis, fere totis immersis; ostiolis impressis punetiformibus ; ascis eylindricis, 80-90 X 3-4 y; spo- ridiorum monostiehorum articulis globosis, hyalinis, 2 1/2-3 y. A la base des chaumes de Juncus effusus. — Septembre. Le mémoire est accompagné d'une planche noire, où sont figurées les espèces suivantes : Mortierella Gandelabrum var. minor, Melanconis Aceris, Diaporthe Tessella, Melanospora spherodermoides, Hypocrea placentula, Hyalopus ater, Acrothecium tenebrosum, Spicaria elegans, Gliocladium penicillioides et Pachnocybe clavulata. N. Par. Sylloge Fungorum h itorum ; par M. P. A. Saccardo. Vol. 1v. Hy iin isis Padoue, avril 1886. Cette quatrième partie de l'œuvre de M. Saccardo forme un volume de 800 pages environ et renferme les diagnoses de 3583 espèces apparte- nant toutes au groupe des pere pan cette section "na a réuni les Champignons fi t idifé de thèques et de périthéces ; elle T aux | mee Trichoder- Aceh Gy yceles et Haplomycetes de Fries, aux Coniomycetes, tes basidiophori et Hyphomyceles de Corda, aux Coniomy- celes, Hyphom ycetes et Mycetini de Bonorden, aux Torulaceæ, Coremia- cete, Botrytideæ et Exosporiec de Payer, aux Byssoideæ et Uredineæ de Kickx et aux Torulaceæ, Isariaceæ, Stilbaceæ, Dematieæ, Mucedineæ, Sepedoniaceæ et Trichodermaceæ de Berkeley. Les Hyphomycètes ainsi délimités sont divisés en quatre familles : les Mucedineæ, les Dematieæ, les Stilbeæ et les Tuberculariacee. Les Mucédinées renferment 1120 espèces réparties en un grand nombre de genres formant cinq sections établies d’après la forme ou la coloration des spores : les Amérosporées (Fusidium, Monilia, Oidium, Coronella, Hyalopus, ete.), les Didymosporées (Trichothecium, Mycogone, Didy- . maria, Hormiactis, etc.), les Phragmosporées (Dactylium, Ramularia, Fusoma, Milowia, Septocylindrium, etc.), les Staurosporées (Trina- crium, Tridentaria, etc.) et les Hélicosporées renfermant le seul genre Helicomyces. Les Dématiées renferment 1544 espèces réparties en six sections : les Amérosporées (Torula, Echinobotryum, Periconia, Dematium, Cha- lara, etc.), les Didymosporées (Biopora, Epochnium, Beltrania, etc.), les Phragmosporées (Urosporium, Helminthosporium, Acrothecium, Sporochisma, ete.), les Dictyosporées (Sporodesmium, Speira, Sirodes- 409 — SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mium, etc.), les Staurosporées (Cheiromyces, Triposporium, ete.) et les Hélicosporées comprenant le seul genre Helicosporium. Les Stilbées, caractérisées par des hyphes réunies en un stroma slipi- tiforme à sommet conidifére, sont divisées en deux série paralléles, l'une répondant aux Mucédinées (Hyalostilbées) et l'autre aux Dématiées (Phæostilhées). Les Hyalostilbées forment deux sections : les Amérospo- rées (Stilbum, Atractiella, Pilacre, Isaria, Ceratium, etc.) et les Phragmosporées (Atractium, Symphosira, etc.). Les Phæostilbées forment les Amérosporées (Sporocybe, Stysa- nus, ete.), les Didymosporées (Didymobotryum), les Staurosporées (Riessia), les Phragmosporées (Arthrobotryum) et les Dictyosporées (Sclerographium). Les Tuberculariées comprennent de même deux séries : les Tubercu- lariées mucédinées et les Tuberculariées dématiées, divisées toutes deux en sections correspondantes à celles des familles précédentes. Comme genres principaux de cette famille, citons dans la première série, les genres Tubercularia, Illosporium, Sphæridium, Thecaspora; Volu- tella, Bactridium, Fusarium, etc., et dans la deuxième : Epicoccum, Epidochium, Exosporium, Spegazzinia, etc. Chaque famille est précédée d’une clef analytique conduisant à la dé- termination du genre et est terminée par un répertoire indiquant les substratums. Enfin le volume se complète par un Index alphabétique des genres et des sections de genres et par un index alphabétique des espèces. N. PATOUILLARD. Sopra una specie di Lophiostoma mal conosciuta (Sur une espèce de Lophiostoma mal connue); par M. A. N. Berlese (extrait - du Nuovo Giornale Botanico Italiano, vol. xvu, n? 4, 1886 ; bro- chure in-8° de 10 pages et une planche). Dans ce travail l'auteur discute les différents caractéres du Lophio- stoma Balsamianum et du Loph. excipuliforme, deux espèces dont la synonymie est trés embrouillée, et arrive aux conclusions suivantes. Ces deux espèces doivent être considérées comme distinctes. Le Lophiost Bal. de De Notaris n'est pas différent du Lophiosti ipuliforme de Fries. Le Lophiost 1 ipuliforme de MM. Berkeley, Cooke, Rehm et des autres mycologues est l'espéce décrite par M. Saccardo (Fungi Italici, tab. 242 et Syll. Pyren. , II, p. 701, n° 5492) sous le nom de Lophiostoma Bal um, dé tion que T auteur croit devoir lui conserver. N. Par, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103 Fungi Moricolæ ; par M. A. N. Berlese. Fascicule 3. Padoue, avril 1886. La publication de ce troisième fascicule porte à trente le nombre des espèces de Champignons parasites du Mürier analysés et figurés par l'au- teur. Voici la liste de ceux étudiés dans le présent travail : Speira toru- loides Corda, Monotospora sphærocephala Berk. et Br., OEdocephalum glomerulosum Sace. (Mucor Bull., Haplotrichum roseum Corda), Tri- chothecium roseum Lk., Isaria micromegala Berl., voisin de I. albida Fries, Graphium eumorphum Sace., Arthrobotryum stilboideum Cesati, Graphium fissum Preuss., Gircinotrichum inops Berl., espèce voisine du C. maculiforme Nees, Circinotrichum maculiforme Nees, Badhamia hyalina (Pers.) Berk. et var. subsessilis, Physarum compressum Alb. et Schw., Exidia Auricula Jude (Lin.) Berk., Auricularia mesenterica (Dickson) Pers., Mycena lasiosperma Bres., | Mycena hyemalis-(Osbeck) Quél., Armillaria mellea (Vahl) Quél., Polyporus hispidus (Bull.) Fr. N. Par. Vier Tage auf Smólen und Aedô. Ein Beitrag zur Kenntniss der Laubmoosflora dieser Inseln (Quatre jours à Smülen et Aedó ; contribution à la connaissance des Mousses de ces iles); par M. Adel- bert Geheeb (in Flora, 1886, p. 65). Sous ce titre, M. Ad. Geheeb publie une notice de 16 pages dans laquelle on trouve, indépendamment d'un apercu géographique, géogno- stique et surtout botanique sur les iles Smólen et Aedó (ou Edo), une liste de 124 Mousses récoltées dans la première de ces iles et de 71 es- ` pèces recueillies dans la deuxième. És. BESCHERELLE. Dentechi A L. Rabenhorsts Krypt Flora von j Œsterreich und der Schweiz. Vierter Band : Dig LAUBMOOSE, von K. Gustave Limpricht (Flore eryptogamique d'Allemagne, d'Au- triche et de Suisse du D' L. Rabenhorst). — Les Mousses; par M. G. Limpricht. Leipzig, Ed. Kummer, 1885-1886, in-8°. La partie bryologique de la Flore cryptogamique de Rabenhorst a com- mencé à paraitre l'année derniére. Elle se publie par cahiers de quatre feuilles, au prix de 2 m. 40 pf. (3 fr.) le fascicule. L'ouvrage complet aura de 10 ‘à 12 livraisons; trois fascicules ont déjà paru. Comme l'indique son titre, la Flore s'applique à l'Allemagne, à l'Autriche et à la Suisse. L'auteur, dans le premier fascicule et dans une partie du deuxième, traite d'une manière trés détaillée de la partie organographique des Mousses, et donne à l'appui de nombreux dessins représentant notam- 404 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ment des coupes transversales très bien exécutées des tiges, des feuilles, des capsules, ete. Des renseignements sur la distribution des espèces, la récolte et la préparation des échantillons plétent cette introducti qui occupe 85 pages. La classification adoptée par M. Limpricht est la suivante : 1% ordre : SPHAGNAGÉES ; 2* ordre : ANDRÉÆACÉES ; 3° ordre : ARCHI- DIACÉES ; 4° ordre : BRYINÉES. Ce dernier ordre se subdivise en deux tribus : les Cléistocarpes et les Stégocarpes. Les Stégocarpes sont à leur tou subdivisés en deux sous-tribus : Acro- carpes et Pleurocarpes. Le genre Sphagnum, dont l’auteur décrit 23 espèces, occupe 42 pages du 2° fascicule. En tête se trouve une étude trés détaillée du réseau cel- lulaire de ces curieuses plantes ; puis vient une elé méthodique permet- tant d'arriver, sans trop de perte de temps, à la détermination des espèces, lesquelles sont l'objet d'une synonymie trés sobre, mais suffisante, et d'une diagnose assez étendue. Les espèces considérées sont groupées ainsi qu'il suil : Sect.. I. Sphagna cymbifolia : 4. Sp. cymbifolium et var. p. squar- pan vd — 2. Sp. medium et var. congestum; — 3. Sp. raporum Sp. imbricatum. Sect. IT. Sphagna acutifolia : 5. Sp. fimbriatum et var. 8. squaro- sulum; — 6. Sp. Girgensohnii et var. 6. strictum, y. squarrosum, ò. speciosum, «. roseum; — 1. Sp. acutifolium et var. 8. robustum, y- leptocladum, ò. purpureum, c. alpinum; — 8. Sp. rubellum; — 9. Sp. fuscum; — 10. Sp. molle (Sull.). Sect. IL. Sphagna rigida : 11. Sp. compactum et var. p. squarrosu- lum ; — 12. Sp. Wulfianum. Sect. IV. Sphagna subsecunda : 43. Sp. subsecundum ; — 14. Sp. contortum et var. B. obesum ; — 15. Sp. Mri. Sp. platy- phyllum. Sect. V. Sphagna squarrosa : 47. Sp. squarrosum et var. 8. imbrica- tum ; — 18. Sp. teres el var. 8. squarrosulum. Sect. VI. Sphagna euspidata : 19. Sp. Lindbergii ; — 90. Sp. mol- luscum ; — 21. Sp. cuspidatum et var. 8. falcatum, y. plumosum, ò. mollissimum; — 22. S. recurvum. et var. obtusum ; — 23... ripa- rium. Indépendamment de ces 23 espèces, M. Limpricht en décrit deux autres sans numéros, le Sp, Angstrümi Hartm. appartenant à la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 105 deuxième section et le Sp. fallax. Kling. à la dernière. Le Sp. Pylaiei Brid. est aussi l'objet d'üne notice spéciale à la fin du genre. ^ Dans le troisième fascicule on trouve à la suite des Sphagnacées la description des genres Andreæa (9 espèces) Archidium (1 esp.) Les Cléistocarpes ont subi quelques remaniements. Nous n'en parlerons que lorsque tout le groupe aura été publié, le troisième fascicule n'en renfermant qu'une partie. D’après ce qui précède on doit reconnaitre que la flore de M. Limpricht est un travail trés bien concu, et qui est destiné à rendre d'importants services méme aux botanistes qui ne sont pas familiarisés avec la langue allemande. Éu. BESCHERELLE. Revue bryologique, publiée par M. Husnot ; année 1885, n° 5 et 6. Le n° 6 contient, sous le titre de Nouveautés bryologiques, la descrip- tion par M. Venturi, de deux Mousses nouvelles, l'une le Barbula chio- nostoma, autre le Barbula Fiorii. La première correspond par son aspect extérieur au B. marginata ou à la var. estiva du B. muralis, mais elle en différe par son inflorescence synoique, la membrane capsu- laire plus ténue, l'opercule plus court, les feuilles non arrondies au sommet et plus làchement rétieulées. Elle a été trouvée par M. l'abbé Carestiá, dans la région alpine du Mont-Rosa, sur les rochers de l'Ebel- ctona. La seconde a un port tout spécial et elle n'offre que de légères affi- nités avec le Barbula revolvens Sch. et le B. revoluta ; elle se distingue t t de. ses congénères par la présence de rosettes superposées l'une à l'autre, comme cela se voit dans le Bryum provinciale. Elle a été récoltée sur les grès des collines de Modéne par M. Adrien Fiori. M. Venturi signale en outre un fait trés remarquable qui vient à l'appui de l'opinion des bryologues qui, considérant les Cléistocarpes comme des Stégocarpes à développ t moins parfait, les rangent dans les familles de ces derniers, en supprimant complètement le groupe des Mousses cléistocarpes. Le fait en question se rapporte à la présence, sur une capsule de Phascum bryoides, d'un opereule persistant, mais nette- ment défini et d'un. péristome suffisamment bien développé, et com- posé de 32 dents filiformes analogues à celles de l'Anacalypta lanceo- lata. Le n°5 dela Revue bryologique renferme en outre un 4* article de M. Philibert sur le péristome des Bryacées et principalement des espèces du genre Bryum qui se rattachent au Bryum pendulum, et dans les- quelles l'auteur constate que le péristome externe et le péristome interne représentent, Pun par ses plaques ventrales, l'autre par ses plaques dor- sales, les cloisons d'une méme couche de cellules analogue à celle qui compose les dents des Splachnum. 106 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Le n° 6 contient une note de M. Ch. Demeter sur les caractères spéci- fiques des Entodon (Cylindrothecium) transylvànicus Dem. et des Cylin- drothecium Schleicheri Sch. d'Europe et cladorrhizans Hedw. de l'Amérique du Nord; une note de M. Philibert sur la fructification du Didymodon ruber Jur. et dans laquelle l'auteur se trouve amené à com- parer les péristomes des Dier ées, des Grimmiacées et des Barbula- cées; une note de M. Venturi sur le Grimmia sessitana de Not., et le G. anceps Boulay, qui ne formeraient qu'une seule et méme espéce. Ém. BESCHERELLE. Revue bryologique ; publiée par M. Husnot; année 1886, n^ 4 et 2. Le n° 4 (janvier) renferme une liste des Mousses des environs de Saint- James (Manche), par M. A. Besnard. Le n°2 (mars) contient de nouvelles observations de M. Philibert sur le péristome du genre Bryum dans les groupes Br. pendulum. et Br. arcticum. Dans cet article, l'auteur décrit les espèces suivantes : 1° Bryum Kaurini, trouvé en Norvège par M. Kaurin, sur les bords de la riviére Olma, et qui se place prés du Br. pendulum, dont il se distingue par la capsule régulièrement ovale, à col trés court, les spores beaucoup plus petites et surtout par les bractées des périgones qui sont longuement cuspidées ; 2° Bryum purpureum (sp. nov.), récolté à Opdal par le même collecteur et qui est intermédiaire entre le Br. eneum et le Br. arcticum. Il a l'aspect et l'inflorescence du Br. pallens et du Br. eneum avec le péristome du Br. arcticum; 3 Bryum viride (sp. nov.), recueilli à Kongsvold, nettement caractérisé par la couleur verte de toutes ses parties qui ne passe jamais au rouge, puis par la forme de sa capsule obovée et fortement renflée, avec un col allongé. Ces deux dernières espèces se placent entre le groupe du Bryum pendulum et celui du Br. arcticum. Dans le même numéro, M. Cardot a publié la diagnose d’une nouvellé espèce, le Bryum naviculare Card., qui a été récoltée stérile par MM. Bernet et Payot, au sommet de l'Aiguille de la Glière prés de Cha- monix, et celle d'une variété de l'Homalothecium sericeum qui a été trouvée par M. Bernet à la base de troncs de Méléze prés de Finhaut (Suisse). M. Cardot expose ensuite les motifs qui le portent à penser que le Bryum catenulatum Schr. de Ben Lomond n'est qu'une forme du Webera commutata. Éw. Brscm. Florule bryologique de Mayotte; par M. Émile Bescherelle (in Ann. des sc. natur., T° série, Bot., t. 11). Dans son travail sur les Mousses de la Réunion, Maurice et autres iles REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 107 de la région (1), l'auteur n'avait constaté à Mayotte que six espèces pro- venant des récoltes de Boivin. Le séjour qu'y a fait M. Marie, en qualité de commissaire ordonnateur, a permis de reconnaitre d'une maniére plus compléte la végétation muscinale de cette ile. La florule de Mayotte mentionne 53 espéces et renferme la description de 21 espéces nouvelles. Éw. Brscn. Guide du bryologue dans la chaine des Pyrénées et le sud-ouest de la France; par MM. Jeanbernat et F. Renauld. 1* partie : Bryo-géographie des Pyrénées (in Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg, t. xxv, 194 pages) ; 2° partie : Pyrénées. — Exploration. — Dépar- tement des Hautes-Pyrénées (in Revue de botanique, 1885, 33 pages). Sous ce titre modeste de Guide du bryologue, MM. Jeanbernat et Renauld ont entrepris une étude compléte de la distribution des Mousses sur le versant francais des Pyrénées, versant qui ne représente guére que le quart de tout le système, mais qui rachète ce qui lui manque en étendue par la richesse et la variété de sa flore et sa situation topogra- phique. Appliquant aux Pyrénées les principes énoncés par M. l'abbé Boulay, dans ses Études sur la distribution des Mousses en France et ses Muscinées de France, les auteurs passent en revue les Mousses qui eroissent sur le versant méditerranéen et sur le versant océanique qui n’ont pas le même climat, et ils étudient chaque terrain en partageant les stations en région méditerranéenne, région silvatique et région alpine. Puis vient une comparaison des régions bryologiques des Pyré- nées avec celles d’autres chaînes, notamment les Vosges, le Jura, les Apennins et le Caucase ; enfin, la première partie se termine par un cha- pitre intitulé : Recherches des Mousses, lequel renferme de précieux renseignements, de nature, comme le disent les auteurs, à éviter des mécomptes aux amateurs et aux débutants ou aux personnes peu fami- liarisées avec les herborisations en montagne. La deuxième partie, publiée dans le même format, mais dans un recueil - différent, comprend les explorations du département des Hautes-Pyrénées dans les trois bassins du gave de Pau, de l'Adour et de la Noste. Ém. BESCH. (1) Ann. sc, nat., BOT., 6° série, t? X et XI. 108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Présentation d'une brochure de M. Kidston sur les Ulo- dendron, et observations sur les genres Ulodentron et Bothrodendron; pi M. R. Zeiller (Bulletin de la Société géologique de France, 3* série, t. xiv, p. 168-182, pl. vii et 1x, séance du 21 décembre 1885, publiée en mars 1886). M. Zeiller présente à la Société géologique dix brochures de M. Kidston et appelle l'attention sur celle intitulée : On the relationship of Uloden- dron Lindl., and Hutt. to Lepidodendron Sterb., Bothrodendron Lindl. and Hutt., Sigillaria Brongnt and Rhytidodendron Boulay, Londres, 1885. M. Kidston répartit les tiges ulodendroïdes, c'est-à-dire portant de grandes cicatrices discoïdes, en trois groupes distincts, dont le premier rentre dans le genre Lepidodendron (L. Veltheimi. Sternb.). Dans la seconde, il. place les Ul. majus et Ul. minus Lindl. et Hutt. (qu'il réunit l'un à l'autre et au Lepidodendron discophorum Konig) et l Uio- dendron Taylori Car., et il rapporte ce groupe au genre Sigillaria (sec- tion Clathraria). Le troisième groupe est constitué par les trones décrits par M. Zeiller sous le nom générique de Bothrodendron, troncs aux- quels M. Kidston applique le nom de Rhytidodendron Boulay, consi- déraat les Bothrodendron de Lindley et Huttón comme étant simplement les tiges décortiquées des Ul. majus et Ul. minus des mêmes auteurs. M. Zeiller est d'accord avec M. Kidston sur la division en trois groupes génériques distinels des tiges ulodendroides. Il reconnait que les unes appartiennent au Lepidodendron Veltheimi et répartit les autres entre les genres Ulodendron et Bothrodendron. Genre Ulodendron. — Pour M. Zeiller, ce genre ne peut se rattacher, comme le pense M. Kidston, à la section Clathraria du genre Sigillaria. Dans les Sigillaria, les ‘cicatrices sont en séries verticales, non conti- guës, portées sur un mamelon, pourvues de trois cicatricules dont les deux latérales sont allongées en ligne droite ou em arc ; sur les troncs dépourvus de leur écorce (Syringodendron) les cicatricules sont tou- jours au nombre de 3, la centrale à peine visible, les latérales extréme- ment marquées ; les feuilles étaient rapidement caduques. Dans les Ulo- dendron, les cicatrices foliaires sont contigués, disposées en séries obliques; marquées d'une seule cicatricule ou de trois cicatricules à peu prés ponctiformes, dont les deux latérales ne sont pas beaucoup plus grosses que la médiane ; les cicatrices des feuilles sont du reste rarement visibles, car ces feuilles étaient long persistantes, et, lorsqu'elles sont tombées, elles ont laissé le plus souvent leur partie basilaire sur la tige ; les cicatrices sous-corticales sont toujours simples et linéaires. L'auteur admet la réunion du Lepidodendron discophorum Konig et de l'Ulodendron majus Lindl. et Hutt. , sous le nom d'Ul. discophorum LÉ ONSE né gg nr "s ^ i REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 109 Koenig (sp.) ; mais il hésite à yrattacher PUL. minus, m parait avoir des feuilles bien plus courtes. Genre Bothrodendron. — Ce genre a. été créé par Lindley et Hutton pour des troncs présentant de grands disques à'ombilic nettement excentré vers le bas. L'un des échantillons, indiqué comme pourvu de son écoree, présentait à la surface un grand nombre de petites ponctuations disposées en quinconce, qui ont été considérées par les auteurs comme des cica- trices foliaires. Plus tard, Presl et d'autres paléontologistes ont considéré ce tronc comme décortiqué, et l'ont fait rentrer dans le genre Uloden- dron: M. Zeiller a reçu des mines de Meurchin (Pas-de-Calais) un tronc pourvu de son écorce et. présentant, par ses petites cicatrices foliaires et par ses grands disques à ombilie excentré, tous les caractéres du Bothro- dendron punctatum des auteurs anglais. Il a identifié ce tronc avec des échantillons de Bothrodendron punctatum envoyés par Hutton et con- servés daus la collection du Muséum. Aux mines de Carvin (Pas-de- Calais), M. Zeiller a trouvé des rameaux feuillés de la méme espéce. Il rapporte au méme genre, sous le nom de Bothrodendron minuti- folium, le Rhytidodendron minutifolium de M. l'abbé Boulay. “ : Ep. BUREAU. Les Hosa du Yun-nam; par M. Fr. Crépin (Soc. roy. de bot. de Belgique ; Bulletins, xxv, 2* partie, séance du 9 janv. 1886); tirage à part, 10 pages. M. Crépin passe en revue les Rosa récoltés dans le Yun-nan par M. l'abbé Delavay et constate tout d'abord que s'il n'a pas trouvé de nou- veaulés parmi les espèces étudiées, il a eu la vive satisfaction d'y ren- contrer ce qu'il croit être le type spontané du Rosa Banksiæ et, en outre, quelques variétés intéressantes d'autres espèces. Ce sont: Rosa mos- chata Mill., var. yunnanensis, que l’auteur se réserve de caractériser dans sa monographie générale du genre; R. sericea Lind., sous plusieurs formes, dont l'une est particulièrement remarquable par ses aiguillons caulinaires démesurément dilatés à la base, où ils mesurent en largeur de 1 à 4 centimètres; sur cerlaines portions d'axes, ils s'étendent ainsi sur toute la longueur des entre-nœuds qu'ils rendent ailés; Rosa ma- crophylla Lindl., variété dont les axes sont presque complètement iner- mes; R. microphylla Roxb., déja signalé en Chine à l'état spontané dans la province de Kweichan et à New-Kiang, dans le nord de la Chine. : . A propos du R. microphylla, M. Crépin fait. quelques observations qui lui ont été suggérées par l'étude d'échantillons bien complets et spontanés (à fleurs simples) de celte curieuse espèce. D'abord, les pédi- celles ne sont pas dépourvus de bractées, comme l'auteur l'avait cru, 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. mais elles sont trés caduques. L'examen de l'insertion des ovaires et des akènes montre que, chez le R. microphylla, les ovaires ne naissent que du fond méme du réceptacle et que, dans le réceptacle fructifère, les akènes sont uniquement attachés à un mamelon occupant le fond de la coupe. Dans toutes les autres Roses connues (à l'exception du R. berberi- difolia), les ovaires et les akénes naissent non seulement du fond de la coupe réceplaculaire, mais encore des parois latérales, parfois méme jusque prés de l'orifice. M. Crépin pense que si M. Baillon, signalant la disposition particulière des ovaires dans le réceptacle du R. microphylla, a cru pouvoir en conclure que, dans cette espèce, l'épigynie était moins accentuée que chez les autres espèces du genre, il a été trompé par le développement anormal de ce réceptacle béant au sommet. Ce dévelop- pement résulte en effet de la duplicature de la corolle; dans la fleur simple, normale, la coupe réceptaculaire n'est pas plus ouverte que dans les autres types de Rosa. M. Crépin termine par l’exposé des espèces de Rosa, au nombre de 18, connues jusqu'ici dans la flore de la Chine. C'est done, dés maintenant, l'une des régions de l'ancien monde qui possède le plus de types de pre- mier ordre dans ce genre; cinq lui sont propres, ce sont : R. micro- carpa Lindl., R. anemonæflora Fort., R. Banksie R. Br., R. Davidi Crép., R. bracteata Wendl. A. FRANCHET. Illustrationes floræ insularum maris Pacifici; auctore E. Drake del Castillo. Fasciculus 1, pp. 1-32; tab. 1-x. 4°. Parisiis, apud G. Masson, 1886. Dans cette publication, qui sera formée de cinq fascicules au moins, l'au- teur se propose de faire connaître les plus remarquables types, nouveaux ou tout au moins peu connus, de la flore du Pacifique. Dans une inté- ressante introduction, il définit d'abord les « Iles du Pacifique », vaste réunion d'archipels, renfermée d'une part entre le 130* degré de longitude est et le 130* degré de longitude ouest (méridien de Paris) et, d'autre part, entre le 30° degré de latitude nord et le 30° de latitude sud. La Nou- velle-Zélande se trouve ainsi en dehors des groupes étudiés par M. Drake, ainsi que les iles de la Sonde, les Moluques et les Philippines, qui se rattachent géographiquement à l'Asie. Les iles du Pacifique ainsi circonscrites et divisées, comme on le sait, en trois groupes, la Mélanésie, la Micronésie et la Polynésie, sont d'abord étudiées par l'auteur au point de vue géologique. Toutes appartiennent à deux catégories de terrains; les terrains voleaniques et les terrains madréporiques, les premiers composant la charpente des iles hautes, les seconds constituant exclusivement les récifs. A la distinction de ces deux natures de terrains correspondent deux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. au sortes de végétations bien tranchées : celle des hautes vallées et des montagnes, dans les iles hautes, et celle des plages et des iles basses. La premiére est la seule qui soit véritablement indigéne, tout en rappelant dans ses traits généraux la flore de l'Asie tropicale; c'est celle qui recouvre certaines iles du Pacifique de leur riche parure, « etce vigou- - reux développ t vient précisément de la configuration de ces iles qui sont d'une grande élévation relativement à leur étendue, les points cul- minants dépassant 2000 mètres à Tahiti et 3000 m. aux Sandwich. Les nuages viennent se condenser autour des sommets des montagnes et s'y résoudre en pluies beaucoup plus abondantes sur les hauteurs que prés du rivage. Les eaux se précipitent en mille cascades, souvent d'une ver- - ligineuse hardiesse, dans les vallées étroites et profondes où règne une - humidité tante. Aussi la s'y développe-t-elle avec une rare vigueur ». Á Cette intéressante végétation a été l'objet de nombreux travaux qui permettent, dés maintenant, de se faire une idée assez compléte de ses caractères et du nombre des espèces qui la composent. Ainsi, d’après les travaux de Seemann, le chiffre total de la flore des iles Viti dépasse 1000 espèces, dont 333 environ sont particulières à ce groupe d'iles ; 16 genres, comprenant 18 espéces, lui appartiennent en propre. On a signalé jusqu'ici 139-espéces aux iles Sandwich; 377 sont endé- miques et 39 genres n'ont pas été trouvés autre part. On connait environ 700 espéces de la Polynésie francaise; 4 genres y sont endémiques, mais il n'est pas encore possible d'y préciser le chiffre des espéces qui rentrent dans cette catégorie. Mais, parmi les archipels du Pacifique, celui de la Nouvelle-Calédonie est de beaucoup le plus riche, puisqu'on y connait jusqu'à présent plus de 3000 espéces. Toutefois, le nombre des plantes endémiques est encore assez problématique et l'on ne peut citer que 20 genres qui soient spéciaux à cette région, trés inférieure sous ce rapport, comme on le voit, aux Sandwich et aux iles Viti. La végétation des plages et des iles basses est tout à fait différente et n'est formée, presque dans sa totalité, que par des plantes introduites, empruntées à toutes les régions chaudes du globe, surtout à l'Archipel malais et à l'Inde; un trés petit nombre est d'origine australienne ou néo-calédonienne. i M. Drake a trouvé les matériaux nécessaires à son travail, surtout dans les collections du Muséum, très riches en plantes de Tahiti et des Sand- wich; il a eu aussi à sa disposition l'herbier complet de Lépine et celui du D' Nadeaud, formé à Tahiti vers 1856, et qu'aucun botaniste n'avait pu, avant lui, consulter dans son entier. ; Les planches, fort bien exécutées, sont dues à l'habile crayon de o 113 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. M. d'Apreval; on y trouve les figures des espéces suivantes : Berrya vescoana H. Bailn; Evodia sericea (Melicope tahitensis H. Bailn, non Nad.); Evodia nodulosa, sp. nov., E. auriculata (Melicope auriculata Nad.); E. emarginata, sp. nov. ; E. Lepinei H. Bailn; Sclerotheca arborea A. DC. ; Sclerotheca Forsteri, sp. nov. ; Apetahia Raiatensis H. Bailn ; Alstonia costata H. Bailn. A. FRRANCHET. Liste de plantes de Mad ; par M. H. Baillon (Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Paris, n 65-73, pp. 513-584), Cette liste donne la suite des Hibiscus, genre très largement repré- senté à Madagascar, puisque les collections du Muséum en possèdent - plus de 40 espèces de cette région ; l'auteur en fait connaitre (pp. 915 à 519) quinze nouvelles. Il décrit également un nouveau Kosteletzkya, sous le nom de K. Thouarsiana. Les familles étudiées, après les Malvacées, sont les suivantes : TiLIACÉES (pp. 542-563) ; le genre Grewia s'y montre surtout riche en espèces, et surles 43 qui sont signalées, 31 sont données comme nouvelles. M. Baillon fait également connaitre dans cette famille un Christiania nouveau : C.? madagascariensis; un Corchorus : C. Greveanus et cinq Elwo- carpus : E. rhodanthoides (Hildebrand, n° 3808); E. Hildebrandi (Hild., n°3614); E. Humblotii (Humblot, no 433); E.? Richardi; E. Thouarsii. TERNSTROEMIACÉES (pp. 5635-66), avec les Chlénacées rapportées comme tribu; les espèces nouvelles sont : Leplolæna Bernieri; Sarco- læna Grandidieri et S. diospyroidea. BixacÉES (pp. 566-582). Deux nouveaux genres de cette famille sont décrits : le Tisonia et le Prockiopsis, l'un et l'autre de la tribu des Fla- courtiées; le Tisonia, qui doit prendre place dans le voisinage des Aphloia, en diffère surtout par son enveloppe florale trimère, ses éla- mines hypogynes, ses styles libres, au nombre de trois, ses fruits ren- fermés dans le calice accrescent pourvu de 3 ailes; M. Baillon décrit 3 espèces de Tisonia. Le Prockiopsis a des fleurs hermaphrodites, un calice gamosépale valvaire, 5 pétales imbriqués; les étamines sont nombreuses, l'ovaire libre uniloculaire ; le fruit est une baie (?) terminée par la base persistante du style. Ses caractères le rapprochent beaucoup des Tiliacées, mais les pl las sont nett pariétaux. Une seule espèce de Nossibé : P. Hildebrandii (Hildebrand, n° 3294). La famille des Violariées n’est représentée à Madagascar que par les genres Rinorea, Viola, Hybanthus et Sauvagesia ; M. Baillon fait con naitre 2 Rinorea nouveaux : R. Goudotiana et R. Greveana. A. Fh. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 113 Les nouveaux Caféiers des Comores; par M. H. Baillon (Bull. mens. de la Soc. Linn. de Paris, 1886, p. 513. M. Baillon fait connaitre deux nouveaux Caféiers découverts à l'état sauvage dans la Grande Comore, par M. Humblot. Le premier, qui rap- pelle le C. mauritiana par ses organes de végétation, en diffère surtout par ses fleurs qui atteignent 2 cent. 1/2 de long et de large; il recoitle nom provisoire de C. Humblotiana. L'aütre espèce, C. rachiformis, a des fleurs beaucoup plus petites (1 centimètre environ) ; il est surtout remarquable par ses axes grisâtres qui « sont tout fendus en travers et comme articulés en rachis ». D’après M. Humblot, ces deux Coffea ont toutes les qualités des bons cafés, et les graines du C. rachiformis ren- trent dans la catégorie de celles que le commerce appelle Mokas. A. Fn. Diagnoses plantarum novarum asiati um.VI.— i t stirpes quzdam nuper in Japoniá detectæ ; scripsit C.-J. Maximowiez (Mélanges biolog. tirés du Bulletin de l Acad. dá des sc. de Saint-Pétersbourg, t. xit, p. 415-572). Dans ce nouveau fascicule, M. Maximowiez suit le méme plan que dans ceux qui l'ont précédé, c'est-à-dire qu'il ne se contente pas de dé- crire les espèces nouvelles de l'Asie orientale; il y revise certains geurés appartenant à la flore sinico-japonaise, parmi ceux qui sont parti- culiérement riches en espéces. Chaque revision est presque toujours pré- cédée d'un pectus dichotomique qui permet d'arriver promiptement au nom de l'espèce, Les genres ainsi revisés sont les suivants : Acti- ` nidia, D di Gleditschia, Hydrocotyle, Osmorhiza, Abelia, Diervilla, Callicarpa, Premna; Vitex, Clerodendron, Caryopteris, Piper, Machilus, Wikstremia. Les nouvelles espéces sont au tombe "de 72, parmi lesquelles on peut plus particuliérement citer : Podoph poni Itó Keiske, ex Maxim., du Japon; — Acer Tschonoskii Max., du Nippon; — Galactia Tashiroi Max., de Liukiu ; — Spiræa nipponica Max., du Nippon, déjà introduit dans. les —— d'Europe sous le nom de S. media var. rotundifolia ; — Saxifraga lycoctonifolia, belle espèce des Alpes du Nippon, ayant toutes ses affinités avec les types américains de la section Isomeria ; — Hydrangea sikokiana Max., du Nippon austral, rappelant beaucoup PH. quercifolia Bartr.; — Rhododendron Tashiroi Max., du Nippon austral et de Liukiu; RA. pentaphyllum Max., de Kiusiu, espéce paraissant trés voisine du Rh. quinquefolium Biss. ; — Premna glabra Asa Gray, ex Mas., du Japon austral ; Pr. formosana Max., de Formose T. XXXIII. (REVUE) 8 44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. (Oldham, n° 385); Pr. staminea Max., de Liukiu; — Clerodendron formosanum Max., de Formose (Oldham, n° 396) ; — Asarum Forbesii, de la Chine ; — Allium monanthum Max., trés curieuse espèce de la Mandchourie et du nord de l'ile d'Yéso, pour laquelle M. Maximowiez établit la nouvelle section Microscordum, caractérisée par un périgone placé sur un pédicelle dilaté au sommet, disciforme ; par des étamines au nombre de 6, comme dans les autres espèces du genre, mais dont 3 sont privées d’anthères et font même assez souvent complètement défaut. M. Maximowicz établit un nouveau genre d'Orobanchées, le Platy- pholis, voisin du Conopholis Wallr., mais en différant par un calice fendu en avant et en arrière, à segments bilobés, dépourvu de bractéoles, par sa corolle brièvement et largement tubuleuse, par ses élamines exsertes, didynames, dont les postérieures sont les plus longues, par ses anthères mutiques, à loges parallèles. Une seule espèce : Pl. boninsimæ, de Bonin-Sima, où elle a été découverte par le professeur japonais Yatabe. A. FRANCHET. On a new ies of € (Sur une nouvelle espéce de Gussonea) ; par M. H.-N. Ridley (Journ. of Botany, xxu, p. 310). Cette espèce, qu'il y a tout lieu de considérer comme nouvelle, s'est trouvée dans les collections faites aux iles Comores par M. Humblot. Par ses longues tiges gréles et ses fleurs vraiment pelites, elle se rapproche du G. aphylla Rich.; mais son éperon cylindrique, atténué en pointe, ses pétales linéaires, la séparent nettement de toutes les autres espèces du genre. M. Ridley la nomme G. cornuta (L. Humblot, PI. des Comores, n° 238). A. Fn. Spicilegia floræ si is: Diagnoses of new, and Habitats of rare or hitherto unrecorded chinese Plants (Spici- legia flore sinensis : Diagnoses de plantes nouvelles de la Chine et indication de localités non citées jusqu'ici pour les plantes rares de cette région); par M. H.-Fl. Hance (Journ. of Botany, xxi, p. 321-330). Fase. 1x. M. Hance mentionne 59 espéces de plantes chinoises, dont il décrit 14 comme nouvelles; les autres ne sont citées que pour faire connaitre les localités où elles ont été observées. Parmi ces dernières, il faut noter l'Ammania senegalensis, qu'on ne pouvait guére s'attendre à trouver dans le sud de la Chine; l’Acanthopanax ricinifolia, connu seulement du Japon et récemment découvert autour de Chéfou ; le Morinda villosa Hook., des montagnes de Khasia, trouvé dans la province de Canton; le Godonopsis lanceolata Benth. et l'Adenophora verticillata ; le Gam- ii Aa tni aia REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 415 panula fulgens Wall., de l'Inde; le Paulownia imperialis Sieb. et Zucc.; le Daphne odora Thunb. La découverte de ces espéces, presque toutes observées dans la province de Canton, est trés intéressante en ce qu'elle étend singulièrement leur aire de dispersion. Les espéces nouvelles signalées sont les suivantes : Actinidia fulvi- coma, remarquable par l'indument fauve et laineux de ses feuilles et de ses jeunes rameaux ; Eleocarpus (Dicera) Henryi; Chailletia haina- nensis, curieuse espèce à fleurs bisexuelles ; Celastrus cantonensis : Casearia (Iroucana) subrhombea ; Hedyotis (Diplophragma) bracteosa ; H. æanthochroa ; Lasianthus Fordii; Eupatorium melanadenium ; Plectrauthus veronicifolius; Anisochilus sinensis, genre nouveau pour la flore de la Chine; Machilus salicina ; Pilea Wattersii; Peliosunthes macrostegia. A. Fn. A new Chi Salvia (Une velle Sauge chinoise); par M. H.-Fl. Hance (Journ. of Botany, xxi, p. 368). Salvia (Notiosphace) scapiformis, sp. nov. ; de l'ile de Formose, où il a été découvert par M. Ford. C'est une espèce bien caractérisée, dont toutes les affinités sont avec le S. saxicola Wall., du Népaul ; ses fleurs . violacées sont trés petites, mais la plante en produit à profusion et leur nuance délicate présente un contraste marqué avec la couleur vert-olive des feuilles ; elle pourrait être avec avantage cultivée comme plante d’or- nement. A. Fn. Liste des Fougères des Comores, rapportées par M. Hum- blot; par M. Baker (Bull. mens. de la Soc. Linn. de Paris, 1886, p. 532). Ces Fougéres sont au nombre de 73, et il faut y joindre 6 Lycopo- diacées. Deux espèces seulement sont décrites comme nouvelles : Ne- phrodium (Lastrea) Humblotii et le Polypodium polyxiphion. A. Fn. Types nouveaux de la Flore malgache; par M. H. Baillon (Bull; mens. de la Soc. Linn. de Paris, 1886, p. 554). Ces types nouveaux présentent un grand intérêt au point de vue de la géographie botanique. C'est d'abord un Gyrocarpus, genre américain, qui se retrouve dans l'Inde et qui vient d'étre observé à Mouroundava dans le sud-ouest de Madagascar, sans qu'on ait jusqu'ici mentionné de station intermédiaire entre cette ileet la péninsule indienne. Ce sont ensuite deux genres de Phytocrénées : Todes et Adelanthus ; on avait bien signalé un Phytocrene à Madagascar, mais sans produire aucun échantillon à l'appui de cette indication. Enfin, on a eru jusqu'ici que la flore de cette ile ne comprenait aucune 116 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Ternstræmiacée, bien qu'on y trouve des Chlénacées, qui doivent être considérées seulement comme une tribu de cette famille; on ne peut cependant guére douter de la présence d'une Ternstroémiacée propre- ment dite; c'est une plante de Bernier qui porte à Sainte-Marie le nom de Asoutenachora. Les spécimens existant dans l'Herbier du Muséum sont malheureusement trop incomplets pour permettre une détermination rigoureuse; il est néanmoins très probable que la plante doit prendre place dans la série des Gordonia ; M. Baillon lui donne le nom de Neso- gordonia Bernieri. A. FRANCHET. Sur lOmphalocarpum Radikofcri ; par M. L. Pierre (Bull. mens. de la Soc. Linn. de Paris, 1886, p. 571-582). M. Mann a recueilli sur la riviére Bagroo et dans les montagnes Came- roons (n° 719 et 815) un Omphalocarpum que M. Oliver a rapporté à l'O: procerum. Après avoir étudié dans l'herbier du Muséum les fleurs de l'O. procerum Pal. Beauv., provenant de Palisot lui-méme, ainsi que les fruits qui sont conservés dans cet établissement, M. Pierre pense que la plante de Mann doit être distingué écifi t. Dans le véritable O. procerum, on peut distinguer à la base de chaque fleur 3 bractées demeurant attachées à l'écorce, au point où naît la fleur, et 7 bractéoles ou écailles recouvrant le pédoncule; dans l'échantillon de Mann, envoyé ` à l'Herbier du Muséum, les fleurs naissent également à l'aisselle de 3 brac- tées sessiles sur l'écorce, mais le pédoncule est d’ailleurs complètement dépourvu de bractéoles ; les anthères sont aussi très différentes dans les plantes : elliptiques, oblongues, légèrement émarginées aux deux bouts, avec le sommet mucroné par un très court prolong t du tif, daus la plante de Palisot ; cordées à la base, oblongues, lancéolées, avec la pointe subulée, dans celle de Mann. L'ovaire fournit d'autres diffé- rences : il présente 25 loges dans la plante de Palisot et seulement 17 dans celle de Mann, que M. Pierre nomme O. Radlkoferi. Cet O. Radlkoferi donne un caoutchouc glutineux, que l'auteur est porté à considérer comme une gutta ne quant pas d'analogie avec celle qu'on retire du fruit des Labourdonnaisia et du Vitellaria para- doxa Gaertn., appartenant à la méme famille des Sapotacées. M. Pierre ne veut pas revenir sur une question bien jugée par M. Radl- kofer, ni méconnaitre les raisons qui ont décidé MM. Bentham et Hooker à placer le genre Omphalocarpum parmi les Ternstræmiacées, près du genre Pyrenaria ; il pense que, d’après ce qui a été vu depuis longtemps, «les Sapotacées pourront être placées sans inconvénient prés des Tern- stroémiacées, mieux encore prés des Guttifères. Quand les caractères anatomiques seront mieux connus dans les genres de ces deux dernières familles, leur rapprochement deviendra une nécessité ». REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 117 Quant à la place qu'il convient d’affecter aux Omphalocarpum parmi les Sapotacées, M. Pierre ne doute pas que ce soit à cóté des Bassia. Le genre Omphalocarpum devra « faire partie d'une section appelée de son nom, intermédiaire entre les Bassiées et les Mimusopées. On aura donc : 1° Bassiées, 2 Omphalocarpées, 3° Mimusopées, 4 Sidéroxylonées, 5° Lucumées, 6° Chrysophyllées ». A. FR. Plantes à Gutta-percha ; par M. L. Pierre (Bull. mens. de la Soc. Linn. de Paris, p. 949-520; 523-531). Suite (1). Avant d'étudier les espéces de Payena produisant la bonne gutta- percha, l'auteur s'éléve contre l'opinion de M. Vidal y Soler qui fait du Payena un synonyme de l'Azaola Blanco. La figure que donne M. Vidal de l'A. Betis, non plus que l'analyse des fleurs qu'il a bien voulu envoyer ne permettent pas ce rapprochement. Dans l’A. Betis, les lobes de la corolle ne constituent point deux séries distinctes, comme on le voit constamment chez les Payena, et les étamines formant la rangée la plus extérieure sont placées le plus en haut et alternes avec les lobes de la corolle, contrairement à ce qui existe dans les Palaquium comme dans les Payena. ` Chez ces derniers, les laticifères sont abondants, et si leur lait ne se concrète pas aussi vite que celui des bonnes espèces de gutta du genre Palaquium, la gulta qui en provient n'en mérite pas moins, d'aprés maintes autorités, d’être classée immédiatement aprés les meilleures sortes. Les espéces de Payena produisant cette gutta sont les suivantes : P. Leeri Benth. et Hook. ; P. Croixiana, sp. nov., de Malacca ; P. Ben- jamina (Isonandra? Benjamina de Vriese), de Bornéo (Motley, n* 1364) ; P. Beccarii, sp. nov., de Bornéo (Beccari, n° 1818); P. lucida A. DC. ; P. Lowiana, sp. nov., Perak (Saint-Pollias, n° 272) ; P. Griffithii, sp. nov., Malacca; P. paralleloneura Kurz, de Malacca; P. polyandra (P. lucida, var. Wightii Clarke), de Malaeca ; P. Lamponga (Isonandra Lamponga Miq.), de Sumatra; P. Maingayi, Clarke, de Malácca?; P. dasyphylla (Isonandra dasyphylla Miq.), de Sumatra; P. suma- trana (Payena? sumatrana Miq.), de Sumatra; P. Teysmanniana (P. sumatrana Pierre in herb. Lugd. Bat.), de Sumatra ou de Palam- bang; P. acuminata (Mimusops acuminata Blume), de Java et de Sumatra ; P. glutinosa, sp. nov., de Bornéo (Beccari, n° 1991) ; P. pu- berula (Isonandra puberula Miq.), de Sumatra ; P. sp. (Bassia Jung- huhniana? Miq.), de Sumatra; P. sericea (Bassia sericea Bl.), de Java; P. Balem (Bassia? Balem Miq.), de Sumatra; P. Junghuhniana (Bas- (4) Voyez la Revue bibliogr., t. xxxit, p. 152. 118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ‘sia? Junghuhniana), de Vriese, de Java; P. microphylla, de Vriese, de Bornéo (Motley, n* 203). Toutes les espéces citées ici sont décrites avec, beaucoup de soin par M. Pierre et leurs noms vulgaires donnés quand il y a lieu. A. FRANCHET. Ueber die Regeneration der Marchantien (Sur la régéné- ration des Marchantiées) ; par M. Hermann Wæchting (Jarhbuecher fuer wissenschaftliche Botanik, t. xvi, p. 366-412, avec 3 planches). L'auteur rend compte dans ce mémoire d'un certain nombre d'expé- riences : faites sur les Marchantiées et notamment sur le Lunularia vulgaris et le Marchantia polymorpha. Le résultat général de ces expé- riences est qu'une partie quelconque du thalle ou du chapeau, séparée du reste de la plante, peut donner naissance à des bourgeons qui repro- duisent une plante semblable à la première. Dans un premier chapitre, M. Wechting expose la partie expérimentale de son travail. Si l'on dé- tache par deux sections transversales un morceau du thalle, et. qu'on le mette sur du sable humide, on voit bientót apparaitre un bourgeon à l'extrémité la plus rapprochée du sommet végétatif de la partie du thalle considérée. Lorsque le fragment de thalle a été fendu parallélement à la nervure médiane, chaeune des moitiés porte un bourgeon. Enfin, si l'on divise un morceau de thalle en deux parties, parallèlement à la surface, et qu'on mette les fragments ainsi obtenus sur le sable humide, en ayant soin de tourner la section du cóté du sable, on voit se produire le méme phénoméne de bourg t. Il est à remarquer que dans ce cas les bourgeons prennent toujours naissance sur la face inférieure du frag- ment. - Les chapeaux qui portent les appareils reproducteurs, ou seul t le pied de ces chapeaux, donnent les mémes résultats qus le thalle. Une quelconque de ces parties, dans des conditions convenables, peut régé- nérer la plante tout entiére. L'orientation des bourgeons ainsi produits a. été aussi l'objet de nom- breuses observations de la part de l'auteur. On sait que le thalle des Marchantiées a une organisation. dorsiventrale comparable à celle des feuilles des arbres, la face supérieure étant généralement tournée du côté de la lumière et la face inférieure vers l'obscurité. M. Woeehting ne croit pas que dans les bourgeons qu’il a observés la posilion relative des deux faces soit déterminée par l'action de la lumière. Il croit plutôt que la position de la face supérieure du bourgeon est morphologiquement déterminée par rapport à la plante qui lui a donné naissance, comme cela a lieu pour les feuilles de Phanérogames. La face supérieure d'une CR REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 119 jeune portion du thalle est toujours tournée du côté du sommet végétatif de l'organe qui lui a donné naissance. L'auteur termine son mémoire par l'étude que des productions qu'il a observées. Les bourgeons se prodüisent aux dépens d'une cellule végétative, sans présenter de particularités remarquables. LECLERC DU SABLON. The multinucleated Condition of the vegetable. Cell with some special Researches relating to Cell Morphology (Sur l'état poly- nucléaire des cellules végétales, avec quelques recherches spéciales sur la morphologie de la cellule) pat MM. Allan E. Grant (Tran- sactions and Pr dings of the botanical Society ; vol. xvi, part. I, p. 38). Édimbourg, 1885. Après avoir fait l'historique de la question, l'auteur expose les recher- ches qu'il a entreprises sur les cellules polynucléaires. Ses observations ont porté sur le Polygonum Sieboldii, 'Acanthus mollis, le Podo- phyllum peltatum, Y Eschscholtzia californica, VImpatiens Noli-tan- gere, le Di Fraxinella, le Lilium pyrenaicum et le Polygo- natum multiflorum. En faisant des coupes longitudinales dans les tiges ou les pétioles de ces végétaux, on voit beaucoup de cellules et de fibres du bois qui possédent plusieurs noyaux; dans certains cas, le nombre des noyaux contenus dans la méme cellule peut s'élever jusqu'à dix. D'une facon générale, ces différents noyaux proviennent de la division d'un noyau d'abord unique. L. pu S. Note on proliferous first fronds of Seedling British Ferns (Note sur les premières frondes prolifères de Fougères anglaises) ; par M. Charles Druery (Tr tions and Proceedings of the bota- nical Society, vol. xvi, part. I, p. 17). Édimbourg, 1885. M. Druery a observé sur un próthalle de Fougére femelle (Athyrium Filiz-femina) une jeune fronde qui présentait des caractères tout spé- ciaux. À la base de certaines pinnules, cette fronde offrait un bourgeon qui s'est rapidement développé en donnant d'autres feuilles et des racines qui ont atteint le sol et s'y sont enfoncées. Les autres jeunes Fougères poussées sur le méme prothalle ne montraient aucun caractère anormal. Sur un autre prothalle, l'auteur a fait des observations analogues; il croit que les Fougères anormales qu'il a observées étaient le produit d'une hybridation, : L. pv S, 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, A contribution to the Study of the Relative Effects of different parts of the Solar Spectrum on the Transpi- ration of Plants (Contribution à l'étude de l'influence relative des différentes parties du spectre solaire sur la transpiration des plantes); par M. George Henslow (Journal of the Linnean Society, vol. xxir, p. 81-96, 1885). Depuis longtemps on sait que la lumière active beaucoup la transpi- ration des plantes; depuis quelques années les physiologistes se sont proposé de déterminer à quelle partie de la lumière blanche on devait attribuer celte influence. M. Dehérain a conclu de ses expériences que c'est la partie la plus vivement colorée du spectre, c’est-à-dire la lumière jaune, qui favorise le plus la transpiration. D'aprés M. Wiesner, au con- traire, les parties du spectre les plus actives sont celles qui correspondent aux bandes d'absorption de la chlorophylle; il y aurait donc deux maxima, l'un, le plus important, dans la partie rouge du spectre et l'autre dans la partie violette. M. Wiesner est arrivé à ce résultat par deux méthodes diffé- rentes : 4° en exposant des plantes successivement aux différentes parties de la lumière séparées par un prisme; 2 en mettant les plantes en expé- rience derriére des écrans formés par des liquides diversement colorés. M. Henslow s'est proposé de vérifier les résultats de M. Wiesner en suivant la seconde méthode, seulement les liquides colorés ont été rem- placés par des plaques de verre. Il s'est servi pour cela de verres rouges, jaunes, verts, bleus, violets et incolores. Avant de commencer les expé- riences, il était nécessaire de se rendre compte de la nature des radiations que laissait passer chacun de ces verres. C'est ce qu'a fait M. Henslow ; c’est ainsi qu'il a reconnu que son verre rouge ne laissait passer que de la lumiére rouge, le jaune, non seulement la lumiére jaune, mais encore tous les rayons rouges et verts et une grande partie des bleus, etc. Quand on connaitra l'intensité de la transpiration correspondant au verre rouge, on pourra done l'attribuer tout entière aux rayons rouges ; dans le cas du verre jaune, au contraire, il faudra faire la part des rayons jaunes, celle des rayons rouges, elc. On comprend l'importance de cette remarque. Les expériences de l'auteur ont porté sur des feuilles, des rameaux d'arbres coupés ou méme sur des plantes entières cultivées dans des pots. ' Les espéces employées appartiennent aux familles les plus différentes : le Fusain du Japon, P Aucuba, la Laitue, un Pelargonium, une Euphorbe, différentes espèces de Palmiers et de Fougères. -Dans tous les cas, les résultats obtenus concordent absolument avec ceux de M. Wiesner. Les rayons absorbés par une dissolution de chlorophylle, c'est-à dire les violels et surtout les rouges, exercent, d’après l'auteur, sur la transpi- ration, une influence prépondérante, peut-être méme exclusive. Les To aAa REVUÉ BIBLIOGRAPHIQUE. 191 rayons jaunes auraient plutôt une influence retardatrice sur le phénomène transpiratoire, qu'il faut distinguer de l'évaporation toute physique qui se produit à la surface des végétaux comme partout ailleurs. C'est en se fon- dant sur celte distinetion que M. Henslow avance que la chaleur obscure est sans action sur la transpiration elle-même et qu'elle active seulement l'évaporalion. LECLERC DU SABLON. Une expérience sur l'ascension de la sève chez les plantes ; par M. L. Errera (Bulletin de la Société botanique de Belgique, séance du 9 janvier 1886). Les physiologistes ne sont pas d'accord sur la façon dont la sève s'élève dans la tige des arbres. Les uns croient qu'elle chemine par l'intérieur des vaisseaux, les autres au contraire pensent qu'elle s'éléve en impré- gnant les parois cellulaires. Pour réfuter cette dernière opinion, Unger avait imaginé l'expérience suivanle : il injectait une branche avec du beurre de Cacao et constatait que la branche était ainsi rendue imper- méable à l'eau ; on objectait à cela que le beurre de Cacao pouvait aussi imprégner les parois cellulaires et les rendre ainsi impropres au trans- port de l'eau. Pour lever cette objection et d'autres encore, M. Errera a opéré de la façon suivante. Il a préparé un mélange d'eau et de gélatine liquide vers 30 degrés et coloré avec de l'encre de Chine, substance ab- solument inoffensive. Il coupe ensuite dans ce mélange une branche munie de feuilles; les vaisseaux s'injectent ainsi sur une longueur de près d'un décimétre et la coloration. de la gélatine permet de constater que la cavité seule des vaisseaux a été injectée. La section est ensuite rafraichie pour enlever la gélatine qui pourrait recouvrir les parois cel- lulaires. Si l'on plonge ensuite la partie inférieure de la branche dans l'eau, on voit que les feuilles ne tardent pas à se faner. L'eau perdue par la transpiration n'a done pas pu étre remplacée. On ne peut s'expli- quer ce résultat si l'on admet que le courant d'eau provoqué parla trans- piration s'établit normal t dans l'épai des parois qui ont été laissées intactes pendant toute l'expérience. M. Errera en conclut que c'est par l'intérieur des vaisseaux que l'eau s'éléve vers les feuilles. C'est sur des branches de Vilis vulpina que l'expérience a élé faite; il va sans dire qu'à côté des branches injectées de gélatine étaient des branches non injectées qui servaient de témoins et ne se fanaient que beaucoup plus tard que les premiéres. L. pu S. Sur la structure du test de quelques sortes de Colzas indiens ; par M. Hjolmar Kiærskou (Journal de Botanique publié par la Société de Botanique de Copenhague, t. xiv, 4° livr., 1885). Dans ce travail l'auteur décrit le test de trois espèces de Colzas indiens: 199 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. le Brassica glauca Roxburgh, le B. dichotoma Roxb. et le B. ra- mosa Roxb. Le test de ces espécesa la même structure, à part quel- ques détails, que celui du Colza ordinaire (B. Napus), Cest- à-dire qu'il ‘est formé essentiellement d'une couche de cellules en palissade surmontée de l'assise sous-épidermique et de l'épiderme. LECLERC DU SABLON. Quelques nouvelles observations et expériences rela- tives à l'accroissement du corps ligneux et à la théo- rie de la sève descendante ; par M. E. Guinier. Une brochure de huit pages avec une planche. M. Guinier cite un certain nombre d’expériences, où l’on voit se former un bourrelet autour du corps ligneux après la décortication annulaire de la tige, et il insiste sur ce point que le bourrelet ne se forme pas tou- jours seulement à la partie supérieure de la plaie comme cela serait conforme à la théorie de la sève descendante. L. Du S. Sur le tube pollinique, son rôle physiologique, réaction nouvelle des dépôts improprement appelés bouchons de cellulose ; par . M. Ch. Degagny (Comptes rendus, séance du 25 janvier 1886). Dans le tube pollinique, on voit se former de distance en distance des dépôts qui obstruent la cavité, quelquefois sur une grande longueur. Ges dépôts se colorent en bleu exactement de la méme façon que les parois cellulaires, on en avait conclu qu'ils étaient formés de cellulose ; en les traitant par le bleu de méthyléne déjà employé pour colorer le cal des tubes cribleux, M. Degagny a constaté qu'ils se coloraient en bleu de la méme facon que les matières protoplasmiques. On a donc affaire à une matière qui participe à la fois des propriétés de la cellulose et de celles du protoplasma ; M. Degagny 9k conclut que les dépôts des tubes polli- niques, au lieu d'étre p t de cellulose comme on le pensait, sont formés de matières hydrocarbonées comparables à la cellu- lose et imprégnées de matières azotées ; on a donc une substance in- termédiaire entre la cellulose et le protopl à peu près comme le cal des tubes cribleux, mais qui se rapproche plus de la cellulose que cette dernière production. Lo»vS L'action chlorophyllienne dans l'obscurité ultra-vio- lette; par MM. G. Bonnier et L. Mangin (Comptes rendus, séance du 11 janvier 1886). On a constaté depuis longtemps que la lumière du soleil provoquait chez les plantes vertes un échange de gaz qui consiste en une émission REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ' 498 d'oxygéne et une absorption d'acide carbonique, c'est ce qu'on a appelé l'action chlorophyllienne. On attribue cette action à la partie du spectre visible à l’œil et spécialement aux bandes absorbées par la chlorophylle. Or une de ces bandes d'absorption étant coupée par la limite violette du spectre, il y avait lieude se demander si les radiations situées au delà de cette limite pouvaient provoquer l'action chlorophyllienne. Pour résoudre cette question, MM. Bonnier et Mangin ont exposé des plantes au soleil derrière un verre violet obscur ou argenté qui ne laissait passer que les radiations ultra-violettes. Comme ils savaient que le rapport des gaz échangés par la respiration est indépendant de la nature des radiations reçues par la plante, ils devaient, si l'action chlorophyllienne n'avait pas lieu, trouver le méme rapport avec l'obscurité absolue et avec les radia- lions ultra-violettes. Mais ce rapport a été modifié par les radiations ultra-violettes, et la modification a été telle qu'on ne pouvait l'expliquer que par une action chlorophyllienne faible. [l y avait done eu action chlorophyllienne; mais assez faible pour que les résultats de l'action chlorophyllienne et de la respiration fussent encore à l'avantage de la respiration et que l’on constatàt en somme une absorption d'oxygène et . un dégag t d'acide carboniq L. pu S. i o De l'action de la chlorophylle sur l'acide carbonique en dehors de la cellule végétale; par M. P. Regnard (Comptes rendus, séance du 15 décembre 1885). On sait que la couleur verte des végétaux est produite par une quan- tité de petits grains de protoplasma en tout blables au pr ordinaire, mais imprégnés d'une matière verte, la chlorophylle. On sait aussi qu'à la lumiére du soleil ces grains de chlorophylle ont la propriété d'absorber de l'acide carbonique et de dégager de l'oxygéne. La chloro- phylle isolée du protoplasma conserve-t-elle la même propriété ? On croit généralement que non. Les expériences de M. Regnard tendent à démon- trer que oui. Voici la facon d'opérer de ce physiologiste. Le réactif de l'oxygéne employé est le bleu Coupier ; ce liquide décoloré par l'hydrosulfite de soude revient au bleu en présence d'une trés petite quantité d'oxygéne. Ceci posé, on broie des cellules végétales, on en fait une bouillie avec de l'eau et l'on filtre ; on obtient ainsi un liquide ver- dâtre contenant de trés fines parcelles de corps chlorophyllieus, Ge liquide exposé au soleil colore en bleu intense le réactif de Coupier préalable- ment décoloré, tandis qu'à l'obscurité il n'a aucune action colorante. C'est donc que des fragments de corps chlorophylliens peuvent encore, en dehors des cellules, dégager de l'oxygéne. Dans une seconde expérience, M. Regnard prépare une dissolution de chlorophylle dans l'alcool ou dans l'éther; il imprégne de cette solution 124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. une feuille de papier incolore qu'il dessèche ensuite. Il a ainsi une feuille artificielle où la chlorophylle existe sans protopl Une blabl feuille placée au soleil dans le bleu décoloré dégage assez d'oxygéne pour recolorer ce bleu en deux ou trois heures. M. Regnard conclut de ces expériences : 4° que les corps chlorophylliens séparés de la cellule con- tinuent de décomposer l'acide carbonique ; 2° que la chlorophylle sépa- rée du protoplasma agit aussi, mais avec une intensité trés faible. LECLERC DU SABLON. Sur les quantités de chaleur dégagées et absorbées par Pl végétaux; par M. Gaston Bonnier (Comptes rendus, séance du 2 février 1885). Dans les expériences dont il rend compte, M. Bonniera mesuré les quantités de chaleur dégagées par les végétaux aux différentes époques de leur développement et non pas seulement, comme on l'avait fait avant lui, les différences de température qui peuvent exister entre un végétal et le milieu ambiant. Les méthodes employées sont au nombre de deux. Dans la première on mesure les quantités de chaleur avec le calorimétre Berthelot dont on se sert en cette circonstance comme pour l'étude des réactions chimiques lentes. Dans la seconde méthode, on se sert du ther- mocalorimètre de Regnault. Les graines en germination sont placées dans la double enceinte formée par le réservoir du thermocalorimètre. La température indiquée par le thermocalorimètre s'éléve alors progres- sivement jusqu'à une certaine limite qu'elle ne dépasse pas. Connaissant l'excés de cette température sur celle du milieu extérieur, on peut caleuler la quantité de chaleur dégagée par les végétaux en expérience. Les résultats fournis par ces deux méthodes sont concordants et per- mettent à M. Bonnier de formuler les conclusions suivantes : 4° les quan- tités de chaleur dégagées dans le méme temps par le méme poids de tissus vivants sont très différentes suivant l'état du développement ; 2 le nombre des calories produites passe en général par des maxima et des minima successifs; 3° les maxima les plus importants sont ceux que l'on constate au début de la germination et au moment de la floraison. M. Bonnier fait remarquer en terminant que la quantité de chaleur dégagée pendant un certain temps par un végétal n'a aucun rapport avec celle qui serait produite par la formation de l'acide carbonique dégagé pendant le méme temps. Pour les graines en germination, la premiére quantité de chaleur est plus grande que la seconde; dans les fleurs écloses ou les fruits en voie de maturation, elle est au contraire plus petite. On s'explique ce résultat en remarquant que les réactions dont le REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 végélal est le siège sont nombreuses et que la quantité de chaleur mesu- rée est la résultante des quantités de chaleur absorbées ou dégagées par toutes ces réactions et non pas seulement par la formation d'acide car- bonique. L. pu S. Études sur les feuilles des plantes aquatiques; par M. J. Costantin (Annales des sciences naturelles, T° série, BoT., 1886, t. ur, p. 94-151, avec 5 planches). Dans ce mémoire qui termine la série de ses recherches relatives à l'influence du milieu sur la structure des plantes, M. Costantin se livre à une étude circonstanciée des modifications qu'éprouvent les feuilles des plantes aquatiques en passant du milieu aérien dans le milieu aqua- tique et réciproquement. Ses expériences et ses observations ont porté sur un grand nombre d’espèces telles que le Ranunculus aquatilis, V'Hippuris vulgaris, les Myriophyllum verticillatum, alternifolium et spicatum, l'OEnanthe Phellandrium, le Nuphar luteum, le Nym- phea alba, le Sagittaria vallisneriifolia, les Callitriche, Alisma Plantago, le Stratiotes aloides, etc. Toutes ces espéces présentent deux sortes de feuilles, les unes se trouvent généralement dans l'eau et les autres dans l'air ; M. Costantin a recherché dans quelle mesure les chan- gements de forme et de structure de ces feuilles étaient liés aux condi- tions de milieu. D'une facon générale, les dificati sous l'infl du milieu observées par M. Costantin sont de deux sortes : les unes im- médiates se manifestent tout de suite après le changement de milieu ; les autres au contraire, non immédiates, n'apparaissent que quelque temps aprés ce changement et sont en quelque sorte comme le résultat de l'a- daptation de la plante à ses nouvelles conditions d'existence. Dans un: premier chapitre, M. Costantin passe en revue les modilica- tions de la forme de la feuille. Une feuille adulte qui passe du milieu aquatique au milieu aérien, et inversement, ne supporte pas en général ce changement; mais une feuille en voie de développement peut s'y adapter facilement. Dans ce dernier cas, le milieu intervient immédiate- ment pour modifier la consistance, la coloration et les dimensions des feuilles; les traits généraux de la forme ne sont cependant pas sensible- ment altérés. Le changement de milieu a aussi une action non immé- diate ; les nouvelles feuilles quise produisent dans le bourgeon changent de forme suivant la nature du milieu. Dans l'étude de la morphologie interne, M. Costantin distingue trois parties : 4° influence du milieu sur les stomates ; 2 influence du milieu sur les autres éléments de l'épiderme ; 3° influence du milieu sur le mé- sophylle. Pour ce qui concerne les stomates, l'action immédiate du milieu se 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. manifeste : 4° dans les feuilles submergées, par la disparition totale ou présque totale des stomates; 2° dans les feuilles nageantes, par la sup- pression compléte ou presque compléte des stomates à la face inférieure ; 3° dans les feuilles rendues aquatiques des plantesordinairement aériennes, ` par la diminution du nombre des stomates de la face supérieure comparé à celui de la face inférieure. Lorsque les eaux ne sont pas trop pro- fondes, les stomates peuvent se différencier dans le bourgeon et, par conséquent, exister sur des plantes submergées; de là des anomalies observées par plusieurs auteurs; mais dans les eaux trés profondes, la production des stomates est d'abord retardée, puis supprimée. Dans les éléments de l'épiderme autres que les stomates, les modifications intro- duites par le milieu sont aussi considérables. En général, les parois des cellules épidermiques deviennent rectilignes et diminuent d'épaisseur, la paroi externe se subérifie moins, les poils disparaissent et la chloro- phylle apparait dans l'intérieur des cellules. L'influence du milieu aquatique se manifeste dans les tissus autres que l'épiderme par la réduction ou méme la disparition compléte du tissu en palissade, par l'accroissement des lacunes, surtout dans le limbe, et par la réduction des éléments fibreux et vasculaires. Les feuilles submergées renferment aussi moins de chlorophylle et d'amidon que les feuilles aériennes. Les canaux sécréteurs persistent dans le milieu aquatique, comme on peut le eonstater en examinant les feuilles de Sagittaria et d'Alisma. On voit donc qu'en somme les modifications apportées par les change- ments de milieu sont considérables autant dans la structure intime que dans laforme extérieure. Pour se rendre un compte exact de ces modifications et de leurs causes, il faut suivre une méme plante pendant longtemps, quel- quefois pendant plusieurs années; car, lorsque le changement de milieu se produit, les caractères de l'état précédent peuvent subsister encore - pendant une période assez longue et n'étre remplacés que plus tard par les caractères spéciaux au nouvel état. De là les exceptions et les anomalies signalées par de nombreux auteurs, et que l'étude approfondie de M. Cos- tantin a fait entrer dans une régle générale. eene DU SABLON. Sur les des Hymé ètes; par M. H. Kolderup Rosenvinge (Annales des Sciences naturelles, 1° série, Bot., 1886, t. ri, p. 75, avec une planche). Depuis quelques années, plusieurs observateurs avaient signalé la pré- sence de noyaux dans les cellules de certains Champignons ; M. Rosen- vinge a repris celle étude pour ce qui concerne les Hyménomycétes et a montré chez ces végétaux la généralité de l'existence du noyau. Les obser- vations de ce botaniste ont porté sur un grand nombre d'espéces, parmi REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 lesquelles le Clavaria vermicularis, le Tricholoma virgatum, Y' Ama - nita vaginata et le Craterellus cornucopioides. Les principaux résul- tats du travail de M. Rosenvinge sont les suivants. Toutes les cellules des Hyménomycétes contiennent des noyaux; dans les cellules adultes des hyphes, on trouve généralement plusieurs noyaux. Dans les basides jeunes, il ny a qu'un seul noyau qui se divise ensuite de facon à former 4 ou 8 noyaux. Cette division s'opére par le mode direct ; ce n'est que chez le Tricholoma virgatum qu'il a été observé une indication de division indi- recte. Quoi qu'il en soit, les noyaux se trouvent alors dans la baside en nombre égal à celui des spores qui doivent se former ou en nombre double. Les noyaux et le protoplasma de la baside traversent ensuite le stérigmate et arrivent dans les spores qui se trouvent ainsi renfermer un ou deux noyaux. Quelquefois le noyau a un diamètre plus grand que celui du stérigmate; il doit donc s'étirer pour passer dans la spore, comme les globules du sang qui traversent un réseau capillaire. La ba- side est alors absolument vide, tout son protoplasma a été employé à la formation des spores. On peut quelquefois, surtout dans les noyaux de basides, observer un nucléole, mais ce fait est loin d'étre général. Pour voir distinctement les noyaux, M. Rosenvinge a opéré sur des matérianx durcis dans l'alcool et a traité ses coupes par une solution aqueuse trés étendue d'hématoxyline. Avec une solution étendue qui agit pendant longtemps (2 ou 3 heures), le noyau se colore seul, et le protoplasma resle incolore. L. pus. Ueber einige Wurzel h IL b ders dieje- nigen von Alnus und Eleagnaceen (Sur quelques tubé- - rosités des racines, particulièrement sur celles des Aunes et des Éléagnacées) ; par M. le D" J. Brunchorst (Untersuchungen aus dem botanischen Institut zu Tuebingen, t. 11, 1° fascicule, p. 151, avec une planche. — Leipzig, 1886). Dans un travail antérieur (Berichte d. deutsch. botan. Gesellschaft, 1885, p. 241), l'auteur a annoncé que les tubérosités des racines des Légumineuses sont, non pas comme on l'admettait communément, des sortes de galles produites par un Champignon parasite, mais bien des organes normaux servant à la nutrition des plantes qui les portent. Il n'en est pas de même des tubérosités des Aunes et des Éléagnacées; on y trouve toujours des organismes qui ont été considérés comme des Champignons parasites et rapportés, soit au genre Schinzia de Nægeli (Woronin, Ann. d. sc. nat.), soit au genre Plasmodiophora de Woronin (Moeller, Ueber Plasmodiophora Alni, in Ber. der deutsch. bot. Ges., 4885, p. 102). L'auteur fait une description détaillée des tubérosités des Aunes Tom 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. glutinosa et undulata) comparées à celles des Hippophae et Eleagnus. Il y distingue toujours, dans le sens de leur longueur, trois portions : dans celle qui est prés de l'extrémité et qui est la plus jeune, on trouve dans les cellules, autour de noyaux bien visibles, une masse qui semble formée d'un plasma dense. A l'aide de divers réactifs, M. Brunchorst a pu s'assurer qu'elle a une structure fibreuse, qu'elle est formée par des filaments pelotonnés d'une excessive ténuité et qu'elle ne doit pas étre considérée comme un plasmodium: Au delà se trouve une deuxième portion danis laquelle les cellules de la tubérosité sont remplies de petites vésicules pressées lesunes contre les autres ; M. Moeller les a considérées comme analogues aux spores du Plasmadiophora Brassicæ. En réalité, il n'y a que la surface de la masse formée, comme on l'a vu, de filaments trés fins, qui se couvre des vésicules que l'on regarde comme des spores, et M. Brunchorst s'est assuré qu'elles sont produites par le gonflement de l'extrémité des ramifications des tubes pelotonnés qui se trouvent à la surface de la petite masse. Isolées, les vésicules portent encore sur le cóté un tronçon du tube qui les a formées. Dans la derniére parlie, la plus àgée, des tubérosités, les vésicules ont disparu, ou du moins on n'en apercoit que les débris dans des masses ämorphes qui se trouvent encore dans les cellules. Ces cellules elles- mémes se gélifient et se confondent en des amas de matières que l'on pourrait croire formées dans des espaces intercellulaires. Les débris des vésicules se montrent sous forme de cercles non complètement fermés ou méme de demi-cercles; M. Brunchorst pense qu'elles se sont ouvertes et vidées. A l'aide de réactifs colorants, il a reconnu que les vésicules se divisent à plusieurs reprises et qu'elles contiennent des corpuscules réfringents au nombre de 10 à 20, qu'il considére comme des spores. Les vésicules seraient des sporanges. Que deviennent ces corpuscules qui ne paraissent pas pouvoir germer dans les conditions où les sporanges les laissent libres? La question n'est pas tranchée et l'on ne sait comment se fait l'infection des racines nou- velles non envahies encore par le Champignon. M. Brunchorst pense que le parasite des tubérosités des racines des Aunes et des Éléagnées ne peut plus étre rapporté au genre Schinzia et il propose de eréer pour lui le vedi Frankia et de le nommer Frankia subtilis. En. PRILLIEUX. La cancrena del Cavolo Fiore (La gangrène humide du Chou- fleur); par M. le prof. O. Comes (Atti del R. Instituto del incorag- giamento alle Scienzie naturali. — Estratta dal vol. 1v, 3 serie degli Atti Academici, 1885). Une maladie a ravagé les cultures de Choux-fleurs des environs de onem REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 129 Resina et de Torre del Greco, prés de Naples. Les racines des plantes ma- lades restaient saines, ou du moins paraissaient telles, mais les parties souterraines de la tige étaient plus ou moins gravement altérées; l'é- corce en était désorganisée, le bois situé au-dessous plus ou moins décom- posé et la moelle détruite sur une longueur variable. A l'examen micros- copique, on trouvait les vaisseaux remplis de gomme. M. Comes reconnut dans cette maladie tous les symptómes de l'affection qui a été désignée sous le nom de gangrène humide; il pense qu'elle est la méme que celle que les auteurs allemands ontattribuée au parasitisme du Pleospora Napi Fuckel ou à sa forme conidifère, le Sporidesmium exitiosum Kuehn; mais il considère la présence de ces Champignons comme un phénomène accessoire, aussi bien que celle des Cladosporium et Macrosporium Brassice. A son avis, la véritable cause de l'altération des Choux-fleurs est la gangrène humide, c'est-à-dire la dégénérescence gommeuse et la fermentation putride des tissus, causées par l'abondance de fumier dans le sol et l'excés d'eau dans la plante au moment où il se produit de brusques variations de température. Cette maladie n'est pas spéciale aux Choux-fleurs; elle est commune à toutes les plantes potagéres et est de méme nature que celle des Tomates, que l'auteur a décrite en 1884 dans le méme recueil. (Malattia della Pellagra del Pomodoro. — Atti Academici, n° 16.) Ep. Pn. Mémoire sur une nouvelle maladie de la Vigne, le « Black Rot »; par MM. P. Viala et L. Ravaz, avec 4 planches. Montpellier, 1886. La maladie de la Vigne décrite par MM. Viala et Ravaz a été observée pour la première fois en France en juillet-août 1885, dans le domaine de Val-Marie, prés de Ganges (Hérault), et jusqu'ici n'a pas été retrouvée ailleurs. Elle est identique à celle que l'on a désignée en Amérique sous le nom de Black Rot et produite de méme par le Phoma uvicola Berk. et Curt. qui attaque les grains de raisin. : Les auteurs décrivent avec soin les caraetéres des raisins malades qui sont représentés dans deux planches coloriées d'une exactitude parfaite. Les grains attaqués se dessèchent en devenant d'abord d'un rouge brun livide, puis d'un noir bleuàtre, leur peau est comme chagrinée par le développement de myriades de petites pustules qui sont les conceptacles du Phoma. Parfois, MM. Viala et Ravaz ont vu la maladie envahir non seulement les grappes, mais aussi les feuilles, et ils ont figuré les taches: qu’elle y produit alors. Les conceptacles qui se forment sur les organes atteints du Black Hot sont de deux sortes, ainsi que cela avait été déjà reconnu sur des échan- tillons provenant d'Amérique: les plus gros sont des pycnides contenant T. XXXIIL (REVUE) 9 130 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. des stylospores, les plus petits des spermogonies renfermant des sper- maties en forme de bàtonnets fort ténus. La premiére apparition à Val-Marie du Black Rot a été signalée le 45 juillet; le mal a fait de grands progrès jusqu'à la fin du mois d'aoüt, surtout lorsque la température a été chaude et orageuse. Les vignes les plus atteintes sont celles qui sont situées sur les bords de l'Hérault, au voisinage des prairies irriguées. La perte y est évaluée à plus de la moitié de la récolte. a Les auteurs résument les travaux publiés sur le Black Rot, en Amé- rique, et discutent la question de savoir ce que les Américains ont désigné sous le nom: mal défini de Rot. Ils reconnaissent que les Grey Rot, Common Rot et Soft Rot sont produits par le Peronospora viticola, attaquant non les feuilles, mais les fruits de la Vigne. Il en est de même du Brown Rot, mais le Black Rot est d'une autre nature et il est dü exclusivement au Phoma uvicola. MM. Viala et Ravaz admettent que le Black Rot n'a rien de commun avec l’Anthracnose, et que c'est par erreur que l'on a considéré le Phoma uvicola comme la forme à conceptacle du Glæosporium ampelinum Sacc. (Sphacel peli de By). MM. Viala et Ravaz terminent leur Mémoire en décrivant et figurant trois autres parasites des grains de Vigne qui ont beaucoup d'analogie avec le Phoma uvicola, mais qui en différent et ne produisent pas de dommages importants; ce sont deux Phoma qu'ils nomment Ph. flaccida et Ph. reniformis et le Coniothyrium diplodella Speg. Ep. PRILLIEUX. Inzengæa, ein neuer Askomycet (Inzengæa, nouvel Ascomy- cète); par M. Borzi (Pringsheim's Jahrbuecher fuer wissenschaftliche Botanik, t. xv1, p. 450 à 463, avec deux planches) (1). La plante nouvelle décrite par M. Borzi, l'Inzengea erythrosperma (2), a été trouvée par lui sur des fruits d'Olivier en voie de décomposition. Ce parasite présente de grandes affinités avec les Périsporiacées et avec les Tubéracées. La structure de son fruit adulte se rapproche à certains égards de celle des Elaphomy Les di ions du fruit,la division de sa paroi en deux couches, la constitution de la gleba et méme la forme des spores sont. semblables chez ces deux Champignons. Le mode de vie non souterrain, l'existence d'un appareil conidial, les premières phases de la formation du fruit rapprochent au contraire l'Inzengea des Périsporiacées. L'examen de l'état conidial et de la forme périthé- ciale permet de se rendre compte de ces analogies. (1) Voyez également l'Agricoltore Messinese, 8° série, n° 1. (2) Le genre est dédié à M. Inzenga, professeur à Palerme. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 131 4° État conidial.— L'appareil conidial rappelle celui des Penicillium par la disposition en pinceau de ses chapelets de conidies ; il en diffère par la constitution de son pied formé de plusieurs filaments mycéliens rapprochés et surmontés directement par la chaine des spores. Ces coni- dies tombent et germent quand elles rencontrent un milieu nutritif ap- proprié. 2° Périthéce. — Une section faite à travers la petite masse cylindrique qui constitue le périthéce montre qu'il est formé d'une enveloppe (com- posée de deux parties) et. d'un tissu central reproducteur ou gleba. Parmi ces différents tissus deux éléments méritent une mention spéciale par leur forme particuliére, ce sont les asques et les vésicules qui s'ob- servent à la périphérie de l'enveloppe extérieure. Les asques à l'état adulte offrent cette singularité de présenter un certain nombre d'aspé- rités qu'on n'observe pas d'ordinaire sur ces organes. L'étude de leur développement apprend que ces aspérités n'existent pas à l'état jeune et qu'elles n'apparaissent que lorsque des saillies correspondantes se pro- duisent sur la membrane extérieure des spores. Les spores sont, en effet, comme étoilées par suite de l'existence de pointes saillantes. Les vési- cules périphériques sont également caractéristiques; elles sont formées parles cellules terminales des hyphes qui se renflent et deviennent transparentes ; les cellules du support, pendant que la cellule terminale se modifie ainsi, continuent à s'accroitre en longueur et, en venant faire saillie à l'intérieur de la vésicule, y produisent comme une columelle. Les premiers stades du développement du fruit de la plante décrite par M. Borzi sont également dignes de remarque. L'apparition d'un pol- linode renflé en massue et entouré d'un carpogone en spirale indique la premiére ébauche du périthéce. Bien que l'auteur ait pu faire cette derniére observation, les matériaux qu'il a pu se procurer pour l'étude de la fécondation ont été trop peu nombreux pour lui permettre de se pro- noncer sur cette question; il affirme seulement que le carpogone joue le priucipal rôle dans la formation du tissu fertile du périthéce. J. CosTANTIN. Ueber das angebliche Vorkommen eines Zellkerns in den Hefezellen (Sur la présence supposée d'un noyau dans les cellules de levüre); par M. Kraser (OEsterreichische botanische Zeitschrift, 1885, n° 11). L'auteur n'a jamais pu réussir à mettre en évidence le noyau des cel- lules de levüre de bière ; les différents essais qu’ "il a faits pour les colo- rer par Fhématoxyline, par l'hématéi le, par la safranine ne l'ont conduit qu'à un résultat. négatif. M. Kraser croit done qu'il n'y 132 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. a pasde noyau dans les Saccharomyces; il pense, comme M. de Bary, que la nucléine est diffusée dans la cellule entière. J. COSTANTIN. Ueber Conidienbild þei Hy yceten (Sur la for- mation des conidies chez les Hyménomycètes) ; par M. Eichelbaum (Gesellschaft fuer Botanik zu Hamburg, séance du 26 février 1885). On à déjà souvent observé la présence de conidies chez les Hyméno- mycétes. M. Brefeld en signale sur le mycélium jeune des Coprins (1); d'après M. de Seynes il s'en forme sur le chapeau des Fistulines ; M. Fuckel pour le Polyporus metamorphosus (2), M. Ludwig pour le Polyporus Ptychogaster, ont fait des constatations semblables (3), etc. Dans les cas précédents les basides et les conidies sont sur des parties distinetes. M. Eichelb a réuni dans la présente note un certain nombre d'exemples dans lesquels les basides et les conidies se trouvent surle méme liyménium. Chez les Trémellinées (Dracrymyces, Tremella), cette organisation est réguliére ; le méme fait peut s'observer aprés quel- ques jours de pluie chez quelques Polyporées (Polyporus zonatus) et - Agaricinées (Agaricus tenerrimus Berk., etc.). Dans ces cas, on voit sou- vent se former sur l'hyménium des appendices floconneux constitués par des hyphes portant des conidies qui se développent fréq t aux dépens des cystides. On peut trouver quelquefois toutes les transitions entre les basides nettement caractérisées et les conidies bien reconnaissables. C'est ce que M. Eichelbaum a observé pour l'Agaricus rugosus Fr.; on voit, dans cette espèce, les stérigmales des basides s'allonger, leur nombre s'abaisser jusqu'à l'unité et enfinla baside se rétrécir et se confondre avec le sté- rigmate. Il résulte done de ces observations qu'un appareil reproducteur peut se transformer en un autre € certaines conditions extérieures se modifient. J. C. Ueber e Bedingung fuer die Entwicklung des Hutes von T squamosus (Sur les conditions extérieures néce. es au dével t du chap du Polyporus squamosus); par M. Sadebeck (Gesellschaft fur Botanik zu Ham- burg, séance du 29 janvier 1885). M. Sadebeck, ayant trouvé dans une cave des touffes de Champignons sans chapeaux, réduits à leur pied, pensa que le manque de lumière était Cohi (1) Untersuch ueber Ip e) Symbole m ycologicæ, i; pnis du p. 87. (3) Die Conidienfruction von Polyporus Ptychogaster n. TS Ges. Nebüruia mni 4800 pi A90 gi sp. (extr. du Zeitschrift REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 133 la cause de l'absence d'appareil reproducteur, Afin de justifier cette opinion et de savoir quelle espéce avait poussé sur le trone d'Orme qui se trouvait dans la cave, il transporta cette poutre à la lumière ; au bout de six jours, le chapeau commença à apparaitre et il put reconnaitre le Polyporus squamosus, dont le pied reste beaucoup plus court d'ordinaire quand il se développe dans des conditions normales. La lumiére est bien l'agent du changement préeédent, car un autre lot de Champignons également sortis de la cave, mais mis à l'obscurité, sont restés stationnaires et le chapeau ne s'est pas développé dans ces conditions. JC Veber proliferirende Sprossungen bei Hyphomyceten (Sur les pousses prolifères des Hyphomycétes) ; par M. Eichelbaum (Botanisches Centralblatt, 1886, t. xxv, p. 193, avec une planche). Une variété ée 7 du Sty St is de Corda a été observée par M. Eichelbaum, dans un ipte, sur du crottin de chèvre. Au lieu d’être constituée, comme dans le type normal, par un pied simple terminé par une téte allongée, cette variété présente un pédoncule qui se ramifie en cinq ou six pédicelles secondaires terminés chacun par une tête fructifère. Un autre individu du méme Hyphomycéte présente une autre modification ; ce n'est pas le pied qui se ramifie, mais la téte qui prolifère ; on voit, en effet, se dresser au sommet de la région conidiale un autre individu avec un pied et une téle. Ce dernier mode de prolifération se rencontre également chez le Stil- bum vulgare. J. C. Sporendonema terrestre; pur M. Oudemans ( Verslagen en Mede- delingen der kon. Akademie van Wetenschapen te Amsterdam, 1885, p. 115 à 122, avec une planche). Le genre Sporendonema, créé en 1826 par Desmaziéres, avait été supprimé par Corda, qui l'avait cru établi sur une description inexacte. M. Oudemans, ayant rencontré un Hyphomycéte dont les caractères se rapprochaient beaucoup de ceux que D ières avait indiqués, a cru pouvoir le rattacher à ce genre et lui a donné le nom de Sporendonema terrestre. Ce qui caractérise surtout cette plante, c’est que les spores sont endogénes. Dans chaque filament dressé il se forme plusieurs spores; mais la séparation des spores a lieu par une fente circulaire de la paroi, de telle sorte que le filament se trouve divisé en autant d'articles ouverts aux deux bouts qu'il y a de spores. La longueur des spores est de 7 p, la largeur de 2u 1/3, J^ 134 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Basidiobolus, eine neue Gattung der Ent phth rmaceem (Basidiobolus, nouveau genre d'Entomophthorées) ; par M. Eidam (Cohws Beitrege zur Biologie der Pflanzen, t. v, 1886, p. 181 à 251, avec quatre planches) (1). La plante nouvelle décrite par M. Eidam se développe sur les excré- ments de Grenouille. Pour se procurer ce substratum en assez grande quantité, il faut l'extraire du tube digestif de ces animaux. Ces excré- ments placés dans une chambre de culture humide et arrosés avec de l'urine se couvrent au bout de peu de temps d'une végétation abon- dante d'un Champignon auquel l'auteur a donné le nom de Basidiobolus ranarum. Si l'on veut avoir une culture pure, il suffit d'isoler un frag- ment de la plante ou mieux quelques conidies et de les transporter dans - une cellule humide préalablement brülée et dans une goutte stérilisée d'urine ou de décoction de crottin. Dans les deux modes de culture, la forme reproductrice sexuée s'ob- serve en méme temps que la forme asexuée. A ce point de vue, la plante actuelle, qui appartient au groupe des Entomophthorées, diffère de Y'Entomophthora radicans et du Conidiobolus utriculosus qui, d'après M. Brefeld, produisent surtout des conidies en été et des œufs en hiver. Mais c'est principalement dans la structure des conidies et des œufs qu'on trouve les caractères du genre nouveau. 4° Conidies. — Les conidies sont des cellules arrondies qui présentent une papille; leur taille varie beaucoup suivant qu'elles sont primaires ou secondaires; elles sont uées si elles séjournent pendant dix minutes dans un airsec; la germination s'opére trés bien au contraire quand cette dessiccation n'a pas eu lieu; la conidie émet un, deux et trois tubes germinatifs, qui se cloi t avec la plus grande rapidité. Suivant les Hu : : : li dans lesquelles elle se trouve, on voitse produire plus ou moins H + fil f x à Hn *44 rap des dressés qui se renflent à leur extrémité en une ampoule que M. Eidam appe" baside. C'est plus tard seulement qu'on voit apparaitre au sommet de ce renflement la conidie elle-même. Le filament ainsi dressé subit fortement l'action de la lumière ; aussi, quand la culture est faite devant une fenêtre, voit-on tous les petits pieds de la plante, qui ressemblent à des Pilobolus, tournés vers elle. Cependant l'obscurité complète n'empéche ni la formation des conidies, ni celle des œufs. : Le mode de projection de la conidie est très singulier; il se fait en deux temps. Le support fructifère se déchire d'abord à la partie inférieure (1) La caractéristique du genre a d éjà été donnée : ; V bliographique de 1886, p. 54. ] née par l'auteur; voyez la Revue bi | | | REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 135 de la baside quand la turgescence devient trop grande, parce que la paroi est plus mince en ce point que sur tout le reste de la baside. La baside et la conidie se trouvent donc lancées en l'air pendant que le filament fructifère s'affaisse et se vide; mais la baside. qui n'est plus tendue se contracte et, par suite de l'organisation de sa paroi, prend une forme compliquée résullant de la superposition d'une partie cylindrique et d'une partie conique ; cette contraction et ce changement de forme dé- terminent la séparation de la baside et de la conidie pendant leur course, de sorte que ces éléments isolés jonchent bientôt le sol à distance les uns des autres. 2° Œuf. — Le mode de formation de l'eeuf n'est pas moins parti- culier que le mode de projection de la conidie. Sur un filament, on voit deux cellules contigués bourgeonner d'un méme cóté et prés de la mem- brane qui les sépare; ces deux saillies, en général accolées, formeront le bec de l’œuf. Une des cellules se renfle, la membrane qui les sépare se résorbe partiell t et le protopl de la cellule non renflée passe dans l'autre. Il est curieux de remarquer que ce n'est pas dans la région du bec que la membrane se résorbe; le róle de cet organe reste done problématique ; il se cloi à sa base ávant la fusion complète du protoplasma des deux cellules. L'œuf formé se cutinise à sa partie extérieure; l'épispore ainsi con- stitué est jaunâtre, coloré par une matière soluble dans la glycérine, mais insoluble dans l'alcool et dans l'eau. Grâce à cette carapace, la zygospore peut se dessécher sans périr. Quand elle se trouve dans un milieu favorable, elle germe et peut donner, immédiatement ou aprés la formation d'une cloison, une baside et une conidie. Inversement, il peut àrriver, dans certains cas, qu'une conidie donne directement un cuf ou méme deux. La conidie est alors divisée par une cloison qui pénétre dans le tube germinatif; celui-ci s'arréte dans son développe- ment et forme le bec de l'œuf qui résulte de la fusion des plasmas des deux cellules de la conidie. Un autre résultat intéressant relatif à la présence et au mode de divi- sion des noyaux du Basidiobolus se trouve consigné dans le mémoire de M. Eidam. 3° Noyaux. — Les recherches qui ont été faites sur les noyaux des Champignons sont encore peu nombreuses (1), on sait seulement que, dans un certain nombre d'espéces de ce groupe, il y a plusieurs noyaux dans une cellule. Il n'en est pas ainsi dans les Basidiobolus; il n'y a qu'un noyau. La coloration des. noyaux a été obtenue par l'auteur en dur- (1) Schmitz (Sitzungsb. der niederrhein. Gesellsch. f. Natur und Heilkunde zu Bonn, 1879 et 1880); Rosenvinge, Noyaux des Hyménomycètes ns des sc. nat., BoT., 7° sér,, 1886, t. 111, p. 75). 136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cissant les tissus par la liqueur chromo-osmo-acétique et en les teignant ` pàr la safranine. Dans les filaments végétatifs ordinaires, il n'a pas été possible à M. Eidam d'observer la division du noyau; il a été plus heureux en étudiant les débuts de la formation de l'ceuf, et a pu observer dans la formation du bec plusieurs stades de la division trouvée par M. Stras- burger. Les noyaux des deux cellules qui vont se conjuguer passent dans le bec et s'y divisent ; le noyau supérieur devient le noyau de la cellule du bec, l'inférieur disparait dans l'œuf. Cet exemple vient done s’ajouter à ceux signalés par MM. Strasburger (1) (Trichia), Sadebeck (2) et Fisch (3) (Exoascus et Ascomyces), montrant l'uniformité complète qu'on retrouve dans tout le règne végétal relativement à la division du noyau. Quant au rôle du noyau dans la fécondation, il reste indéterminé. On sait que d'aprés M. Fisch (4) il n'y aurait véritablement fécondation que lorsqu'il y a fusion des noyaux. M. Eidam n’a pas observé cette fusion des noyaux des cellules qui se conjuguent, il a seulement constalé que dans le tube 'germinatif de l'œuf, il y a toujours deux noyaux accolés. Ces deux derniers noyaux sont-ils ceux des deux cellules primitives ou résultent-ils d'un dédoublement du noyau de l’œuf, ces deux questions restent sans solulion. On trouve enfin dans le mémoire de M. Eidam, un résumé de nos con- naissances sur la famille des Entomophthorées. 4 Classification des Entomophthorées. — Cette famille a pris dans ces derniéres années un certain développement; le nombre des genres s’est accru. Aux genres Empusa (caractérisé par un mycélium rudimen- taire et l'absence. d'organes de fixation) et Entomophthora (caractérisé par un mycélium développé et divisé, par des organes de fixation et des basides ramifiées), on a ajouté d'abord le genre Lamia. (caractérisé par des basides non divisées et par des organes de fixation), puis les genres Tarichium, Completoria et Conidiobolus. Voici le tableau des espéces aujourd'hui décrites : 1° Empusa muscæ Cohn (5); E. conglomerata, qui est l'Entomo- phthora conglomerata de Sorokine (6), sur le Culex; E. grylli Nowa- kowski, sur les Sauterelles, le Culex, etc.; E. Freseniana Now., sur les Aphides ; E. colorata Sorokine, sur l'Acridium biguttatum (0). (1) Bot. Zeitung, 1884. (2) Ueber die Pilsgattung Exoaseus (Jahresber. d. wiss. Anstalten zu Hamburg, 1885) (3) Bot. Zeitung, 1885 (voyez la Revue bibliographique, 1885, p. 58). (4) Bot. Centralblatt, 1885 (voyez la Revue bibliographique, 1886, p. 56). (5) Empusa musce (N. Acl. Ac. Leop.-Car., vol. 95, 1855). (6) Ueber zwei neue Entomophthora Arten (Cohn's Beitrege, 11, p. 387). (7) Bot. Zeitung, 1882 et Acad. des sc. de Krakovie, 4883 (polonais). REVUE. BIBLIOGRAPHIQUE. 137 2» Lamia culicis, qui est 'Empusa culicis A. Br. (1) et l'Entomo- phthora rimosa Sorok. 3 Entomophthora radicans Fresenius (2); E. ovispora Now.; E. cur- vispora Now.; E. conica Now.; E. aphidis Hoffm. (3). 4 Tarichium megaspermum Cohn (4) sur les chenilles de P Agrostis segetum, à zygospores brunes. 5° Completoria complens Lohde 65), parasite sur les prothalles de Fougères. 6° Conidiobolus utriculosus et minor Brefeld (6), sur les Trémel- linées, 7° Basidiobolus ranarum et lacerta. J. CosrANTIN. Société d hinoise pour Péch des plantes, 15° Bul- letin, 1886. Grenoble, 41 pages in-8° (pp. 519 à 563). La liste des 370 plantes distribuées cette année (n° 4809 à 5178) est suivie des notes suivantes : Arbenz, Thlaspi calaminare Lej., Viola lutea var. multicaulis Koch; — Arvet-Touvet, sur divers Hieracium ; — Battandier, Fumaria rupestris Boiss. et Reut., Buffonia Duval- jouvii Battand., Galium Willkommii Battand., Pyrethrum Clausonis Pomel; — Boullu, divers Rosa, Lecanora Villarsii Ach.; — Duterte, Polystichum «mulum Duterte (Aspidium æmulum Sw.) ; — Gadeceau, Mentha Mauponii Gadec.; — Gillot, Barbarea arcuata Reichenb., Galium montanum Vill.; — Giraudias, Æluropus littoralis Parl., Viola Foucaudi Savat.; — Guillon, Stratiotes aloides; — J. Hervier et - abbé Faure, Kæleria brevifolia Reut.; — Loret, Bellis hybrida Ten., Orobanche albiflora Gren. Godr.; — Moutin, Rosa Bernardi Mout.; — R. Neyra et Beaudouin, Petasites riparia Jord.; — Timbal-Lagrave, Bifora radians ; — enfin une note du Comité directeur sur le Carex depressa Link. Grâce au concours persévérant de ses membres, au zèle de son Comité directeur et en particulier au dévouement de M. l'abbé Faure, la Société dauphinoise a pu, depuis 1874, distribuer plus de cinq mille espèces, dont un grand nombre ont été données plusieurs fois, provenant de localités différentes. En raison même de l'importance de ce résultat, il devient de plus en plus difficile à beaucoup de sociétaires de réunir chaque année le nombre d'espéces intéressantes et non précédemment (1) Algar. unicell., Lips., 1845, p. 105. (2) Ueber die Fuite Entomophthora (Abh. d. Senkenb. naturf. Ges., 11, 1858). (3) Fresénius, loc. cit. (4) Cohn's Beitrage, 1, 1870, p. 58. (5) Insekten Epidemieen (Berl. entom. Zeilsch., xvi, 1872, p. 38). (6) Unters. aus dem Gesammtgebiete der Mykologie, Leipzig, 4884 (analysé dans la Revue bibliographique, 1885, p. 52). 138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. distribuées exigé par les Statuts, et le comité, considérant sa mission comme terminée, était d'abord disposé à arrêter la publication ; heureu- sement de sympathiques et vives inst , venues de divers cótés, l'ont fait revenir sur cette décision. L'œuvre si utile, poursuivie par la Société dauphinoise, sera done continuée; mais, dans l'intérét de ous, quel- ques modifications sont apportées au réglement suivi jusqu'à ce jour : la distribution annuelle est limitée à 200 espèces, et tout membre y con- tribuera eu fournissant quatre espéces (ni plus ni moins), en ayant soin d'écarter les plantes vulgaires ou cultivées et celles qui ont été déjà reçues, à moins qu'elles ne soient redemandées par le comité. — . Env. MatiNVAUD. Note sur les Lupins de la flore du Gard, par M. le D' B. Martin (Bull. Soc. d'études des sciences naturelles de Nimes, 1886). M. B. Martin, aprés avoir rappelé que le Lupinus angustifolius est la seule espéce spontanée de ce genre mentionnée par de Pouzols dans sa Flore du Gard, fait connaitre deux localités nouvelles pour cette plante et annonce la découverte, par M. Barrandon, du Lupinus reticulatus, dans les bois qui avoisinent le Pont-du-Gard. Ern. M. Compte rendu des principales herborisations faites en 1885 aux environs de Bourges par les membres de la section florale, sous la direction de M. Le Grand (lu en séance de la Société historique du Cher, le 6 novembre 1885); par M. Du- chaussoy, professeur de physique au lycée de Bourges. Tirage à partde 20 pages in-8° (1). Bourges, 1886. 3 « Reviser ou compléter la flore locale, dit le rapporteur dans l'Intro- » duction, développer le goût de la botanique et.servir de guide pour les » débutants, tel est le but que nous poursuivons en publiant le Compte » rendu de nos principales herborisations. » L'auteur indique, à la suite d'un résumé d'observations météorolo- giques, la date comparée de la floraison de plusieurs arbres en 1884 et 1885. Le mois de mars de cette dernière année avait été marqué par un abaissement trés sensible et assez continu de la température (le thermo- métre, placé sous abri, était descendu quinze fois au-dessous de zéro) ; de là un retard moyen de huit jours dans la floraison de quelques arbres. Les Amandiers avaient fleuri du 4°% au 5 mars; les Abricotiers, 5-10 mars; les Pruniers, 5-10 avril ; les Poiriers, 10-15 avril ; les Cerisiers, (1) Voyez dans le Bulletin de 1885, page 182 de la Revue, l'analyse du Compte rendu des herborisations faites en 1884 par les mémes botanistes. D suras CAE M RD roe acce REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 139 3-10 avril; les Pommiers, 15-22 avril; les Marronniers, 1*"-5 mai, Suit le compte rendu de six herborisations : 3 mai 1885, de la Chapelle Saint-Ursin à Morthomiers. — Spirea obovata, Anthyllis montana, Linum Leonii, Ranunculus gramineus, Cytisus supinus, Sesleria caerulea, etc. 10 mai, de Saint-Florent à Villeneuve. — Lithospermum purpureo- eeruleum, Euphorbia Gerardiana, Helianthemum canum, Cytisus prostratus, Avena pubescens, Polygonatum vulgare, Orchis purpurea et Simia; Ophrys aranifera, Pseudospeculum et arachnites ; Carex humilis, montana, Halleriana ; Ranunculus nemorosus, ete. 24 mai, dans le bois de Soye. — Linaria supina, Myagrum perfo- liatum, Adonis estivalis, Epipactis ensifolia, Orobus niger, Euphor- bia verrucosa, etc. 31 mai, marais de Sainte-Solange et Turly. — Scirpus uniglumis et pauciflorus ; Carew disticha, fulva et lepidocarpa. ; Ophioglossum vulgatum, Pinguicula vulgaris, Potamogeton Hornemanni, Orobus albus, Narcissus poeticus, Ophrys anthropophora, etc. 14 juin, dans la forét d'Allogny, d'une superficie de 2200 hectares, plantée en partie sur l'argile à silex de Sologne,:en partie sur les marnes à ostracées du terrain crétacé. — Pinguicula lusitanica, Anagallis te- nella, Simethis bicolor, Carex pulicaris et levigata, Arnoseris pu- silla, Carex Pairei, Erica vagans (non fleuri), Stellaria uliginosa, Lobelia urens, Salix repens, Arnica montana, etc. 12 juillet, dans la forêt de Saint-Palais. — Melampyrum pratense, Scirpus cæspitosus, Carum verticillatum, Alisma RER Linum gallicum, Elodes palustris, Andi officinale, Lysimachia nemorum, Veronica montana: vestiges de Luzula maaima ; Isnardia palustris, Sambucus racemosa en fr., etc. Ern. M. Deuxième fascicule des pl nouvelles ou rares pour le département du Cher (1). Sur la végétation du Loir-et-Cher comparée à celle du Cher; par M. A. Le Grand (Mémoires de la Société historique du Cher). Tirage à part de 24 pages in-8*. Bourges, 1886. M. Le Grand énumère des localités, s'ajoutant à celles déjà connues, pour 27 espéces rares de la flore du Cher et 13 plantes entiérement nou- velles pour ce département : Corydalis lutea, Farsetia incana, Helian- themum vulgare flore e Cytisus prostratus, Sambucus racemosa, Galium tile, Mi is stricta, Polyg Bistorta, Ghenopo- (1) Voyez l'analyse du précédent fascicule dans le Bulletin, t. xxxt (1884), page 18 de la Revue, 140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dium ambrosioides, Potamogeton densus var. gracillimus, Carex Schreberi, Aira parviflora, Lycopodium clavatum. Dans la seconde partie de son mémoire, l'auteur, à propos d'une pu- blication récente sur les plantes de Loir-et-Cher (1), compare la végéta- tion de ce département avec celle du Cher et donne à l'appui une liste de 96 espéces de Loir-et-Cher manquant au Cher, en regard d'une seconde liste contenant 100 espéces du Cher manquant au Loir-et-Cher. Il est très probable qu'un assez grand nombre de ces plantes, dont on n'a encore constaté l'existence que dans l'un des deux départements voisins, seront tòt ou tard retrouvées dans l'autre et que la flore du Cher notam- ment sera redevable de plusieurs de ces acquisitions présumées aux actives explorations de notre zélé collègue M. Le Grand. EnN. MALINVAUD. Nouveau Catalogue des Carex d'Europe, par M. le D' H. Christ (Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique,t. xxiv, 2* fascicule, pages 10 et suiv.). M. H. Christ, de Bâle, pour se reposer de ses travaux bien connus sur le genre Rosa, se livre aujourd'hui à l'étude des Carex, et il ap- porte dans l’accomplissement de sa nouvelle tâche les qualités de son esprit ingénieux et sagace. Il se propose de rédiger un catalogue général du genre Carex classé suivant les affinités naturelles de ses nombreuses espèces. « Vu, dit-il, les difficultés qui retardent l’achèvement de ce » travail, je crois étre utile à quelques botanistes en donnant, pour le » moment, l'énumération des espéces d'Europe (y compris les iles atlan- » tiques) dans leur groupement naturel tel que je l'entends. » Nous pen- sons, à notre tour, être agréable à beaucoup de lecteurs de ce Bulletin en extrayant de l'énumération donnée par M. Christ, et disposant dans les quatre divisions principales et les trente-six sections du système qu'il adopte, les espèces appartenant à la flore francaise. I. HErEROsTACHY.E. — Sect. 1 (Pseudocyperus). Carex Pseudocype- rus. — 2 (Vesicariæ). C. vesicaria, ampullacea. — 3 (Paludosæ). C. paludosa. — 4 (Aristatæ). C. riparia.— 5 (Lasiocarpæ). C. filiformis, mutans, hirta. — 6 missio C. hordeistichos, brevicollis, binervis, distans, punctata, Hornschuchi — 1 (Flavæ). C. flava, OEderi, extensa, Mairii. — 8 (Phyllostaehyz). C. olbiensis, depauperata. — 9 (Tllegitimw). C. Linkii. — 10 (Strigosæ). C. capillaris, strigosa, sil- vatica, levigata, microcarpa, maxi — 41 (Pall tes). C. pal- lescens. — 12 (Panicew). C. pilosa, vaginata, panicea. — 13 (Digitatæ). (1) Voyez plus haut, page 87. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 141 C. digitata, ornithopoda, alba, humilis. — 14 (Montanæ). C. Halle- riana, œdipostyla, pilulifera, obesa, ericetorum, montana. — 15 (Præcoces). C. præcox, polyrrhiza, basilaris. — 16 (Tomentosæ). C. tomentosa. — 17 (Frigidæ). C. frigida, ferruginea, tenuis, semper- virens, firma, mucronata. — 18 (Limosæ). C. limosa, ustulata. — 19 (Atratæ). C. atrata, nigra, Buxbaumii.— 20 (Bicolores). C. bicolor. — 21 (Glaucæ). C. hispida, glauca. — 22 (Acute). C. stricta, cespi- tosa, acuta, trinervis, vulgaris, rigida, intricata. IL. Homosracuyæ. — 23 (Paniculatæ). C. paniculata , paradoxa, te- retiuscula. — 24 (Ovales). C. elongata, leporina. — 25 (Siccatæ). C. Schreberi, brizoides. — 26 (Distichæ). C. arenaria, disticha. — 27 (Divisæ). C. divisa, chordorrhiza. — 28 (Canescentes). C. remota, c s. — 29 (Stellulatæ). C. echinata. — 30 (Vulpinæ). C. vulpina, muricata, Paire, divulsa. — 31 (Lagopinæ). C. Hel tes. — 32 (Glomeratæ). C. fetida, microstyla, curvula. III. CEPHALOPHORÆ. — 34 (Schellhammeria). C. cyperoides. IV. Moxostacuyæ. — 35 (Psyllophoræ). C. rupestris, pyrenaica, pauciflora, pulicaris, macrostyla, dioica, Davalliana. Les sections 33 (Physodes) et 36 (Capitatæ) ne sont pas représentées dans notre flore. La classification du genre Carex que nous venons d'esquisser d'après M. Christ est, à notre avis, la meilleure qu'on ait encore proposée. Enx. M. Cistinées du Portugal, par M. J. Daveau (extrait du Boletim da Sociedade Broteriana, 1v). Tirage à part de 69 pages et une carte. Coimbre, 1886. ; s L'ouvrage est divisé en deux parties et se termine par un Appendice consacré aux hybrides. PREMIÈRE PARTIE, — Í. Historique. — L'auteur énumère chronolo- L les botanistes, depuis Charles de PÉcluse (ou Clusius) jusqu'à MM. Willkomm et Lange, dont les écrits ont contribué à faire connaître les Cistinées du Poringa: de 34 espèces mentionnées dans les ouvrages les plus récents, M. Dasan en porte le nombre à 44, sans compter une douzaine d'hybrides. II. Classification. — Aprés un exposé des opinions de divers auteurs sur cette matière, les Cistinées européennes sont rapportées à cinq genres, d’après M. Willkomm : Cistus, Halimium, Tuberaria, Helian- themum, et Fumana. : 142 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. HI. Quelques mots sur une division orographico-régionale du Por- tugal. — M. B. Gomes, dont le système (1) est résumé dans ce chapitre, divise le Portugal en deux régions principales, l'une au nord du Tage où domine le facies montagneux, l'autre au sud de ce fleuve constituée parles plaines qu'arrosent le Tage, le Sado et la Guadiana. Suit une description sommaire de ces deux régions, accompagnée d'une carte oro- graphique. IV. Distribution géographique. — « C'est à l'ancien continent, dit » l'auteur (page 17), principalement à l'Europe austro-occidentale et à » l'Afrique boréale qu'appartiennent les types et le plus grand nombre » d'espéces de cette belle famille. Ces végétaux, et en particulier les » genres Cistus et Halimium, par les i ffétendues de terrain » qu'ils couvrent, contribuent pour une bonne part au facies distinctif » de cette région, tandis que par leurs magnifiq et abondantes fleurs » blanches, rouges ou jaunes, ils concourent à la beauté tant vantée de » la flore méditerranéenne. » Ici l'auteur trace à grands traits les limites de la région occupée par chaque espéce en Portugal et résume cette dis- tribution dans un tableau synoptique. L'indication des terrains préférés par quelques espéces n'est pas toujours absolument d'accord, comme on peut s'y attendre, avec les observations faites en d'autres pays (2). On sait en effet que les rapports entre la végétation et la nature chimique du sol se modifient, pour certaines espéces, d'une contrée à l'autre. DEUXIÈME PARTIE. — Catalogue des Cistinées. — La détermination des espèces est facilitée par des tableaux analytiques, dont le premier conduit au nom du genre, les suivants à la section et au nom spécifique. Sont énumérés : 11 Cistus, 9 Halimium, 6 Tuberaria, 14 Helianthe- mum et 4 Fumana. Les plus répandus sont: Cistus albidus; salvifolius et ladaniferus ; Halimium umbellatum et ocymoides; Tuberaria vul- garis et T. variabilis (Helianthemum guttatum); Fumaria glutinosa. Nous remarquons une variété nouvelle, Cistus hirsutus y. pumilus, plante trapue, buissonnante, ne dépassant pas 20 centimètres, à facies de C. monspeliensis, etc.; le Cistus ladaniferus est subdivisé en variétés latifolia (3) et angustifolia. Quatre espèces, Cistus Bourgæanus, Halimium ocymoides et erioce- (1) Condigôes pru de Portugal, par M. Bern. Barros Gomes, inspecteur des forêts. Lisbonne, 187i (3) Lelionthomun. vulgare, par exemple, qui habite en Portugal les terrains sili- ceux et g roit en France sur le calcaire. (3) L'auteur fait remarquer, dans une Note ajoutée pendant l'impression, que la forme à port trapu et à feuilles larges, lauriformes, du C. ladaniferus existe seule au cap Saint-Vincent, et qu'elle a dà y étre prise par Tournefort (Topographia bot.) pour le C. laurifolius, qui ne s'étend pas jusque-là en Portugal. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. : 143 phalum, Tuberaria globulariefolia, sont particuliéres à la péninsule Ibérique. L'Halimium formosum Willk. n'existe qu'en Portugal et dans une seule localité, la serra de Monchique (1). Dans l'appendice, l'auteur, aprés avoir rappelé les travaux de MM. Bornet, Timbal-Lagrave, etc., sur les Cistinées hybrides, décrit quatorze de ces hybrides observées en Portugal. Une quinzième, Hali- mium formoso-ocymoides, est l'objet d'une note additionnelle. Les Cistinées du Portugal de M. Daveau font dignement suite aux Euphorbiacées (2) du méme auteur. EnN. MALINVAUD. NOUVELLES. (15 septembre 1886.) — Nous avons le regret d'annoncer la mort de deux de nos confrères : M. Louis-Denis-Arnould-François-Marie Marcilly, aneien conservateur des Forêts, qui est décédé à Chàlons-sur-Marne, le 15 juillet 1886, dans sa soixante-quatrième année, et M. Guillaume Sicard, auteur de divers travaux mycologiques, qui a été prématurément enlevé le 18 août dernier, à l’âge de cinquante-six ans. — Un botaniste américain qui doit à ses publications lichénologiques une réputation méritée, M. Edward Tuckermann, est mort le 15 mars, à Amherst, Mass. 1l était né à Boston le 7 décembre 1817. — Un botaniste bien connu par ses travaux sur la Flore chinoise, M. H. F. Hance, qui était vice-consul anglais à Whampoa, prés de Canton, est mort dans cette derniére ville, le 22 juin. — M. Auguste Gravis vient d’être uommé professeur de botanique et directeur de l'Institut botanique de l'université de Liége. — Le Journal d'histoire naturelle de Bordeaux et du Sud-Ouest signale un nouveau fait de naturalisation végétale. Une plante des Ber- mudes et de l'Amérique du Nord, le Sisyrinchium anceps Cav., qu'on retrouve aussi en Irlande où toutefois son indigénat n'est pas certain, a été rencontrée trés abondante dans une prairie formée de terrains d'allu- vions et loin de toute habitation, à Mazéres, prés de Pau. — On lit dans les Petites Affiches que la propriété dite l'Enclos-des- Capucins, sise près de la ville de Roscoff (Finistère), sera mise en vente prochainement. Elle renferme le fameux Figuier de Roscoff, planté en 1631, à la fondation du couvent des Capucins. Cet arbre peut abriter de (1) M. Daveau nous écrit que le Cislus formosus sur les logues de divers jardins botaniques n'est autre que le Cistus egens Willkomm. (2) Voyez le Bulletin de cogn page 45 de la Revue. F 144 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. son ombre deux cents personnes, il couvre une superficie de 424 mètres de terrain. -- MM. Wittrock et Nordstedt viennent de mettre en. distribution les fascicules 45, 16 et 17 (n* 701 à 850) de leurs Alge aque dulcis Scan- dinaviw. On sait que cette collection est une des meilleures et des plus soignées qui aient été publiées. (25 septembre.) — Une douloureuse nouvelle nous parvient au dernier moment. M. Édouard Lamy de la Chapelle, dont l'état de santé donnait depuis longtemps de graves inquiétudes, est décédé à Limoges, le 23 septembre, dans sa quatre-vingt-troisième année. Nous ne pouvons apprécier ici ni même énumérer les œuvres scientifiques de notre éminent confrère, une simple et brève indication en fera saisir l'importance : il y a moins d'un demi-siècle, le département de la Haute-Vienne était l’un des plus arriérés au point de vue de l'étude de sa flore locale, à cet égard tout était à faire; aujourd'hui on peut dire que presque tout est fait, non seule- ment l'inventaire des Phanérogames, mais aussi en cryptogamie. Il n'est peut-étre pas un autre département en France qui soit arrivé à une con- naissance aussi parfaite de ses richesses végétales dans un laps de temps relativement aussi court, et par les publications, ou à fort peu prés, d'un seul botaniste. Le nom d'Edouard Lamy de la Chapelle rappellera tou- jours un de ceux qui ont le mieux mérité de la flore francaise. Pour ses compatriotes et ses anciens amis, ce nom vénéré éveillera aussi le souve- nir d'un homme juste et bon par excellence. La longue vie si bien remplie de notre regretté collégue peut se résumer en trois mots: Devoir, travail et bienfaisance, et nul n'a mieux mérité le bel éloge que renferment ces paroles. « Il a passé ici-bas en cherchant le vrai et en faisant le bien. » Ern. M. Le Directeur de la Revue, Sophie ELE rs Dr Ep. BoRNET. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, 5 EnN. MALINVAUD. E 6780. — BOURLOTON. — lmprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1886) Recherches pour servir à l'histoire naturelle des végé- taux inférieurs; par M. de Seynes (troisième mémoire, première partie: De la production des corps reproducteurs appelés acro- spores). Paris, 1886, 51 pages et 3 planches, in-4°). M. de Seynes s’est proposé d'établir dans le présent travail qu'un grand nombre de spores regardées comme exogènes, et appelées pour cette raison acrospores, sont en réalité endogènes. Afin d'établir cette thèse, l'auteur étudie d'abord les variations que la thèque peut présenter chez les Ascomycètes. On sait qu'en général les spores des Champignons de ce groupe sont endogénes et naissent par formation libre. Il n'en est pas toujours ainsi; dans le Peziza cupres- sina (1), par exemple, les spores en grandissant viennent au contact de la paroi de l'asque, la distendent de manière à simuler un chapelet dont les différents articles sont séparés par des portions pour ainsi dire sans protopl L'organisation spéciale de cette théque est en relation avec $ sa déhiscence, qui s'opére irréguliérement par déchirement des différents articles. Le contact intime qui vient d’être signalé entre la paroi de la spore et celle de la cellule-mére se retrouve dans les chlamydospores des Mucorinées et chezle Mycoderma vini, auquel M. de Seynes a consacré un examen spécial. Dans ces différents cas, les spores sont bien endo- génes encore, mais elles ne demeurent plus libres dans le protoplasma. Les deux types, libre et soudé, se rencontrent quelquefois sur un méme individu. C'est ce qui arrive pour le Sporochisma paradoæum ; dans la partie supérieure des filaments les spores sont soudées, dans la partie inférieure elles sont libres. Dans l'exemple précédent, les spores terminales pourraient être re- gardées comme exogènes si la situation des spores inférieures n'expli- quait leur origine. Un examen un peu inattentif des conidies du Pty- chogaster albus conduirait également à une pareille confusion; mais (1) Espèce abondante en Norvège d’après Karsten, et observée à Montpellier en dé- cembre par M. de Seynes. T. XXXIII. i (Revue) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. .Yétude de l'extrémité des filaments fructifères montre, au-dessous de la première spore en apparence exogène, une ou deux spores en voie de for- mation et qui sont endogènes comme celles des Ascomycétes. M. de Seynes a trouvé également chez le Polyporus sulfureus Bull. des conidies qui sont en réalité endogénes, malgré leur situation termi- nale. Ces conidies se rencontrent dans le réceptacle hyménophore ou à l'intérieur de réceptacles sans tubes faisant fonction de pycnides. En suivant le développement, en examinant les différents aspects des conidies traitées par l'acide sulfurique, on arrive à se convaincre que la spore est enfermée dans une cellule terminale et qu'il y a soudure plus ou moins complète de la membrane de la spore à celle de la cellule-mère. Les spores des sporangioles des Chætocladium, Piptocephalis, sont nettement endogènes, comme l'a montré M. Van Tieghem, contraire- ment à l'opinion de M. de Bary, car cessporangioles, en tombant, empor- tent avec eux une petite partie du pédicelle. L'étude du développement des spores du Bispora pumila Sacc. conduit à la méme conclusion. On voit chez cette espéce, dans une spore biloculaire à moitié développée, que la loge inférieure arrivée à sa dimension normale touche la paroi de la cellule-mére et que la loge supérieure, n'ayant pas terminé sa crois- sance, présente une enveloppe libre de toute adhérence avec la paroi de la cellule primitive. Une observation faite sur l Aspergillus candidus Lk. de la formation des conidies à l'intérieur de la cellule-mère est également décisive. On voit, dans les figures données par l'auteur, le protopl s’ ler en plusieurs points du filament et chaque spore se revêtir d'une membrane propre soudée intimement à celle de la cellule-mére. Finalement l'aspect des spores en chapelet rappelle exactement celui qui a été décrit dans le Peziza cupressina. Le Penicillium glaucum Lk présente les mêmes phénomènes. La naissance endogène des spores du Psilonia cuneiformis expli- que la structure de cette curieuse plante découverte par M. Richon. La „spore se forme dans une cellule terminale qu'elle déchire; la spore tombe, mais son enveloppe reste sous forme de gaine que l'on observe à chaque nœud, car le filament continue à croître après la chute de la spore. En résumé, un certain nombre de spores regardées comme exogénes, se séparant par scissiparité, sont des corps complexes résultant de la soudure de la paroi de la spore avec la membrane de la cellule-mére. Quant aux Basidiomycétes, sans donner des arguments qu'il regarde comme décisifs, l'auteur pense que le mode de naissance de leurs spores se rattache peut-étre au cas précédent. : ~ En outre des idées fondamentales qui viennent d’être exposées et qui REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147 forment comme la trame du mémoire, on trouve un grand nombre de détails intéressants sur les plantes étudiées dans le cours du travail de M. de Seynes. Une espèce nouvelle, en particulier, y est décrite, le Spo- rochisma paradoxum, qui se développe dans le parenchyme des fruits d’Ananas. Quand on coupe le fruit attaqué, on y observe une tache noire avec un point de départ à la périphérie, car l'introduction du Champi- gnon a lieu par l'extérieur; la portion récemment envahie est, au con- traire, blanche. Les spores jeunes sont incolores, elles deviennent d'un brun verdâtre en vieillissant; c'est ce qui explique le changement de nuance de la tache. J. CosraxrIN. Notes sur «quelques Champignons parasites nouveaux ou peu connus; par M. Fayod (Annales des sciences naturelles, Bor., 7° série, 1885, t. 11, p. 28). Ce mémoire contient la description de trois espéces nouvelles. ' 4° Endomyces parasiti — L'Endomyces decipiens a été découvert la première fois par M. de Bary sur l'Armillaria mellea, mais la véri- table nature de cette plante fut reconnue seulement par Rees, qui créa le genre Endomyces. Le parasite trouvé par M. Fayod vit sur le Tricho- loma rutilans; il présente deux sortes de filaments, les uns portent des conidies, les autres des asques. Les asques de l'espéce actuelle sont plus petites que celles de PE. decipiens; la forme des spores n'est pas la méme dans les deux cas : chez l'E. parasiticus elles ont l'aspect d'un quartier d'orange, tandis que chez l'E. decipiens elles sont sphériques. 2» Peziza mycetophila. — L'auteur a donné ce nomà une Pezize qu'il n'a malheureusement pas pu observer à l’état adulte. Cette Pezize a poussé sur un sclérote qui provenait du Monilia albo-lutea de Secretan. Ce sclérote jaune, qui n'est autre que le Sclerotium Fungorum du méme auteur, est bien en relation avec le Monilia, car ayant été placé sur du sable il redonna cette plante. Le Peziza mycetophila, comme le Peziza Fuckeliana, peut donc présenter un état conidial et un état de sclérote. Ces deux Pezizes différent, quant à leur origine sur le sclérote : le P. Fuc- keliana nait à l'intérieur, le P. mycetophila à l'extérieur du sclérote. Le Monilia albo-lutea a été trouvé pour la première fois par Secretan sur le Lactarius piperatus; c'est sur le Lactarius vellereus que M. Fayod l'a retrouvé. Cet Hyphomycéte est formé par un petit arbus- cule dont le tronc est composé d'un gros filament, qui se ramifie à son extrémité en un grand nombre de branches se terminant par des conidies blanches quand elles sont jeunes, ocre-orange quand elles sont plus âgées. Les conidies, qui peuvent être intercalaires, germent facilement sur d’autres Agarics, tels que le Lactarius turbidus, L. volemus, le Psal- i 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. liota arvensis, le Polyporus squamosus, sur différents milieux, tels que pain sucré, etc. 3 Hypomyces Leotiarum. — La coloration verte souvent observée sur le Leotia lubrica et sur le L. atrovirens est due, d’après M. Fayod, àun Hypomyces. Cette plante n'est pas d'ailleurs définie par son état parfait, les asques mont pas été observées. Les conidies et les chlamydospores ont seules été rencontrées par l'auteur ; les conidies sont monocellulaires et fusiformes; les chlamydospores sont unicellulaires, lisses, à deux mem- branes et d'un vert-bouteille. J. CosrAwTIN. Contribution à l'étude des formes conidiales des Hy- ménomycétes: Piychogaster aurantiacus Pat. sp. nov.; par M. Patouillard (Revue mycologique, 1885, p. 28, avec trois figures). Un coupe faite dans le Ptychogaster aurantiacus, espéce nouvelle trouvée par M. Patouillard, montre un tissu jaune, fibreux, rayonnant du point d'attache et posé de zones triques. La partie intérieure est formée d'hyphes mélangées à des spores volumineuses (12 à 14 y. sur 6 à 5x) détachées; la partie moyenne possède, au contraire, des spores à l’extrémité des filaments. Les spores se forment de la manière suivante : le filament se renfle à l'extrémité, le protoplasma s'y accumule et s'isole par une cloison; une deuxième spore peut se former au-dessous de la première par un semblable procédé. Ce Champignon est probablement un état conidial d’une Polyporée voisine des Trametes. Beitrag zur Kenníniss der Befruchtung gænge bei Fucus vesiculosus (Contribution à l'étude du mode de fécon- dation chez le Fucus vesiculosus) ; par M. J. Behrens (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, t. 1v, 1886, p. 92 à 103). Dans ce travail, M. Behrens décrit en détail la constitution de l'anthé- rozoide et de l'oogone du Fucus ainsi que les phénomènes qui accom- pagnent leur fusion. Les anthérozoides se forment autour de soixante-quatre noyaux dans l'anthéridie; chacun de ces éléments reproducteurs contient un noyau riche en chromatine, pauvre en nucléine, entouré d'un protoplasma peu coloré ; ils portent deux cils provenant du manteau de plasma de la cel- lule nue; ces anthérozoides s'échappent de l'anthéridie par le déchire- ment de la partie intérieure de la paroi et la dissolution de la partie extérieure. Les oosphéres possédent un noyau avec une grosse membrane de chro- matine et un nticléole qui ne manque jamais; ces deux éléments sont TUUS PBPEEEEEREPmpT REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 seuls riches en matiéres albuminoides, ainsi qu'on peut s'en assurer par le procédé de Zacharias. La pénétration de l'anthérozoide dans l'oosphére ne peut être suivie directement; aussi l'auteur a-t-il eu recours à une méthode indirecte pour déterminer les phénoménes qui se passent pendant la fécondation. M. Behrens mélange des oogones et des oosphéres avec les anthérozoides ; puis, aprés une durée variable, il traite les œufs par une solution d'iode. On trouve dans cet ceuf soit deux noyaux, soil un seul noyau avec deux nucléoles. Or ces deux noyaux ou deux nucléoles n'apparaissent que s’il y a mélange des organes mâles avec les organes femelles; leur présence, en effet, correspond toujours aux phénomènes qui suivent la fécondation (apparition de la membrane, etc.). L'auteur en conclut que cette appa- rence est due à la pénétration d'un anthérozoide dans l’oosphère et à la fusion des deux noyaux. lte E zur Enítwicklungsgeschicl der physiologisch b t bei eini Algeng gen (Contribution à l'étude du développement des appar reils p eq genres @ Algues); par M. Wille (Botaniska M i Stockholm, . séance du 23 septembre 1885). C'est à la station zoologique de Kristineberg que M. Wille a eu locca- sion d'étudier le développement d'un certain nombre de Floridées qu'il rattache à deux groupes. Le premier groupe est caractérisé par la pré- sence d'une cellule initiale, quatre types s'y rattachent : 4° le type Deles- seria; 2* le type Rhodophyllis ; 3° le type Ceramium, et 4 le type Lo- mentaria. Le second groupe est caractérisé par la présence de plusieurs cellules initiales; deux types seulement s'y trouvent compris : 4° Je type Chondrus; 9? le type Sarcophyllis. L'auteur indique dans chaque cas les diverses formes et les modes de division de la cellule ou des cellules terminales, la constitution de l'appareil assimilateur, de l'appareil con- ducteur et de l'appareil mécanique. Le rôle conducteur change quelque- fois de position; ainsi chez les Hydrolapathum, Delesseria sinuosa et Odonthalia, le transport se fait par de grosses cellules, tandis que les matières nutritives s'emmagasinent dans les hyphes ; le contraire a lieu . pour le Delesseria alata. L'auteur cherche à préciser dans chaque cas quelles sont les cellules analogues auxquelles il donne le nom de cellules d'emmagasinage. J. C. Études morphologiques sur les Polysiphonia; par M. Kolderup Rosenvinge (Botanisk Tidsskrift udgivet af den bota- niske Forening i Kjübenhavn, t. xiv, m° livraison, avec un résumé francais). 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les espèces de Polysiphonia étudiées par M. Rosenvinge sont les sui- vantes : P. fastigata Grev., P. nigrescens (Eng. Bot.) Harv., P. urceo- lata (Lightf.) Grev., P. elongata (Huds.) Harv., P. byssoides (Good. et Woodw.) Grev., P. violacea (Roth) Grev. Une courte note est également consacrée dans le méinoire au Rhodomela subfusca (Woodw.) Ag. Le mode de ramification, la divergence des feuilles sur la tige, la dis- position des rameaux sont successivement l'objet des remarques de l'auteur. Parmi les faits curieux indiqués pour le P. fastigiata, on peut citer les formations annulaires qui occupent les espaces intercellulaires placés entre la cellule centrale et les cellules péricentrales; ces forma- tions granuleuses et creuses se comportent comme la cuticule sous lac- tion des réactifs. On trouve enfin dans le mémoire de M. Rosenvinge des renseignements sur le mode de formation des tétraspores, des anthé- ridies et des cystocarpes. D'aprés l'auteur, ces deux derniers organes sont des feuilles ou parties de feuilles transformées. J. CosrANTIN. Considérations générales et pratiques sur l'étude mi- croscopique des Champignons; par M. Boudier (Bulletin de la Société Mycologique, t. ut, p. 135 à 192). Les services rendus par le microscope dans l'étude des Champignons inférieurs ne sont pas à démontrer, aussi est-ce principalement des grands Champignons que M. Boudier s'est occupé dans l'étude actuelle. Donner l'idée et le goût des recherches délicates que l’on peut faire avec cet instrument, tel est le but que l'auteur s'est proposé d'atteindre. Il exa- mine successivement tout le parti qu'on a pu ou qu'on pourra tirer de l'examen des différents éléments de ces plantes (spores, hyménium, tissus stériles, mycélium) pour les mieux connaitre et les mieux classer. Les exemples cités par l'auteur pour justifier la méthode qu'il préconise sont nombreux et probants, et les conseils qu'il donne à ceux qui veulent aborder l'étude de chaque élément résument d'une manière concise une expérience acquise par une longue pratique des Cryptogames. Les spores doivent toujours étre étudiées müres, c'est-à-dire sorties de la thèque ou tombées de la baside. Sans cette précaution, on S'expose à de graves erreurs ; la coloration, les ornements, la continuité ou la dis- continuité de ces corps reproducteurs, qui fournissent des caractères très importants pour fixer l’espèce, peuvent n'apparaitre que très tardivement: L'étude de l'hyménium n'est pas moins importante; dans les Basidiomy- cètes, le nombre des stérigmates des basides (4 ordinairement, 6-8 chez les Cantharellus, 10-12 chez les Phallus), la présence, la forme et le contenu des cystides (chez les Pluteus leur forme est caractéristique) fournissent des caractères de haule valeur; dans les Ascomycètes la structure des paraphyses, celle des asques doivent également être notées RE iei ciii REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 avec le plus grand soin. La partie stérile des organes reproducteurs mérite également de fixer l'attention des observateurs, les caractères tirés des laticifères, de l'organisation des verrues, des squames, des poils, des furfurations correspondent souvent à des caractères extérieurs qui se trouvent ainsi expliqués par l'anatomie des tissus. L'examen du mycé- lium lui-méme peut fournir d'utiles renseignements. La lecture du mémoire de M. Boudier ne saurait donc étre trop recom- mandée, non seulement aux personnes qui commencent l'étude de la Mycologie, mais à celles qui, sans parti pris, ont négligé jusqu'ici l'étude anatomique des Champignons; l'expérience d'un praticien habile les convaincra certainement qu'il ne faut pas dédaigner cette méthode. VC Enchiridion Fungorum in Europa media et præsertim in Gallia vigentium ; par M. L. Quélet ; un volume de 352 pages. . Paris, Doin, 1886. Cet ouvrage renferme des diagnoses courtes et précises de toutes les espèces d'Hyménomycétes, Lycoperdacées, Hypogées et Pezizées de la France et des pays voisins. Les grandes lignes de la classification adoptée par l'auteur sont celles de la méthode Friesienne, avec des changements dans les dénominations des groupes et des transpositions d'espéces ou de sections d'un groupe dans un autre. Voici un apercu rapide de cette disposition. Les Fungi Brongn. forment deux ordres : les BAsiprosponr Quél., à hyménium basidifère et les AscosPonr Quél., à hyménium ascigère. Les BasrptosPont comprennent deux sous-ordres : les Gymnobasidii Quél., qui sont les Hyménomycétes de Fries, et les Angiobasidii Quél. ou. Gastéromycètes des auteurs. 2 Les Gymnobasidii sont divisés en 6 familles : les Polyphyllei Quél. (Agaricini Fries), les Polyporei Fr., les Erinacei (Hydnei Fries), les Auricularii Fr., les Clavariei Fr. et les Tremellinei Fr. Dans les Polyphyllei, l'auteur établit 3 tribus : 1^ Fungidi Quél., à chapeau charnu, comprenant 6 séries : les Leu- cospori Fr. avec 9 genres [Amanita Pers., Lepiota Fr., Gyrophila Quél., (Armillaria Fr. pr. p., Tricholoma Fr. et Clitocybe Fr. pr. p.), Om- phalia Quél. (Armillaria Fr. pr. p. et Clitocybe Fr. pr. p.), Collybia Fr. (Armillaria Fr. pr. p. et Collybia Fr.), Mycena Fr., Omphalina Quél. (Omphalia Fr.), Calathinus Quél. (Pleurotus Fr. pr. p. espèces résupinées à stipe nul), Hygrophorus Fr.]; — les Rhodospori avec 5 genres [Volvaria Fr., Annularia Schulz., Pluteus Fr., Rhodophyllus Quél. (Entoloma Fr., Leptonia Fi., Eccilia Fr. et Nolanea Fr.) et 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Clawdopus Smith (seulement les espèces à spores anguleuses)]; — les Phæospori Quél., avec 9 genres [Dryophila Quél. (Pholiota Fr., Flam- mula Fr.), Cortinarius Fr., Gomphidius Fr., Paxillus (Clitopilus Fr. et Paxillus Fr.), Inocybe Fr., Hylophila Quél. (Hebeloma Fr., Nau- coria Fr.), Pluteolus Quél. (Pluteolus et Bolbitius Fr.), Galera Fr. et Crepidotus Fr. (y compris les Claudopus Sm. à spores lisses)]; les lIanthinospori Quél., avec 4 genres [Chitonia Fr., Pratella Quél. (Psa- liota Fr. et Pilosace Fr.), Geophila Quél. (Stropharia Fr., Hypholoma Fr. pr. p. et Psilocybe Fr.) et Drosophila Quél. (Hypholoma Fr., Psa- thyra Fr.) ; — les Melanospori Quél. avec 3 genres [Coprinarius Quél. (Panœolus Fr., Psathyrella Fr.), Montagnites Fr. et Coprinus Pers.]; — enfin les Asterospori Quél. avec les 2 genres Lactarius Fr. et Russula Pers.; — 2° Lenti Quél., à chapeau charnu-coriace, compre- nant les Plicati [Cantharellus Vr., Xerotus Fr., Dictyolus Quél. (Can- tharellus bryophiles et lignatiles Fr.), Arrhenia Fr. et Nyctalis Fr.] et les Lamellati [Marasmius Fr., Pleurotus Quél. (Pleurotus Fr. pr. p-), Lentinus Fr. et Panus Fr.]; — 3 Suberei Quél., à chapeau coriace- subéreux, avec les deux seuls genres Lenzites Fr. et Schizophyllum Fr. Dans les Polyporei nous trouvons 3 tribus : 1° Boleti avec les genres Viscipellis Fr. (Peplopus Quél. et Gymnopus Quél.), Versipellis Quél., Dictyopus Quél., Gyroporus Quél., Uloporus Quél. (Gyrodon Opat.), Euryporus Quél. (Boletinus Kalch.), Eriocorys Quél. (Strobilomyces Berk.) et Fistulina Bull.; — 2^ Polypori, avec les genres Caloporus Quél., Leucoporus Quél., Pelloporus Quél., Gerioporus Quél., Cla- domeris Quél., Placodes Quél., Phellinus Quél., Inodermus Quél., Coriolus Quél., Leptoporus Quél., Poria Pers. et Porotheliwm Fr. ; — 3° Jædalei Quél., formant les genres Trametes Fr., Dedalea Pers., Hexagona Poll., Favolus Fr. et Merulius Fr. : Dans les Erinacei, sont les genres Sarcodon Quél., Calodon Quél., Leptodon Quél., Dryodon Quél., Odontia Pers., Kneiffia Fr., Hericium Pers., Tremellodon Pers., Mucronella Fr., Sistotrema Pers., Irpex Fr., Radulum Fr. et Grandinia Fr. Dans les Auricularii nous trouvons les genres Craterellus Fr., Phlo- giotis Quél. (pour le seul Guepinia helvelloides Fr.), Cladoderris Pers., Sparassis Fr., ‘Thelephora Ehr., Stereum Pers., Auricularia Bull. (avec Cyphella ampla Lév.), Phlebia Fr., Corticium Fr., Coniophora Pers., Hypochnus Fr., Exobasidium Wor. (I, genuina, basides ovales, espèces parasites; IT, Aelicobasidia Quél., basides circinées, espèces incrustantes), Solenia Hoffm., Cyphella Fr. et Calyptella Quel. (Cyphella stipticoles et muscicoles). i Les Clavariei forment les genres Clavaria Fr., Calocera Fr., Pte- rula Fr., Typhula Pers., Pistillaria Fr. et Pistillina Quél. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 153 Enfin, les Tremellinei Fr. avec Guepinia Fr. (excl. helvelloides), Ditiola Fr., Tremella Dill., Exidia Fr., Ombrophila Quél., Nematelia Fr ; Sebacina Tul. et Baerymgbés Nees. Le sous-ordre des Angiobasidii Quél. renferme 5 familles : 4° Nidu- lariei Fr. avec Cyathus Hall., Nidularia Fr., Polyangium Lk, Sphæ- robolus Tod., Thelebolus Tod.. et Dacryobolus Fr. ; — 2° Phalloidei Fr., avec Phallus L., Clathrus Mich. et Colus Cav. et Séch.; — 3° Lycoper- dinei Fr. avec Battarrea Pers., Tylostoma Pers., Queletia Fr., Geaster Mich., Globaria Quél., Utraria Quél., Polysaccum DC. et Scleroderma P.; — 4° Podaxynei Fr. avec Gyrophragmium Mont. et Secotium Kze ; — 5° Hypogei Berk., renfermant Melanogaster Corda, Hysterangium Vitt., Rhizopogon Tul., Hydnangium Quél. (Hydnangium Wallr. et Octavinia Vitt.), Hymenogaster Vitt. et Gautiera Vitt. Le deuxième ordre, Ascosporr Quél., se divise en deux sous-ordres : Angiascii Q., à théques internes et Gymnascii Q., à théques externes. Les Angiascii forment deux séries : Hypogei Quél. et Parasiti. La première renferme trois familles : les Elaphomycei Tul. (Elaph Nees et Cenococcum Fr.); — les Tuberei Quél. (Tuber Mich. , Pachy- phleus T. et Stephensia T., Picoa Vitt., Leucangium Quél., Chæro- " myces Vitt., Delastria T. et IEndogone Lk) —et les Hymenangii Quél. (Balsamia Vitt., Hydnobolites T., Genabea T., Hydnotria T., Genea Vitt. , Hydnocystis Es Spheroomü Klzs.). La 2: série ne comprend que le genre Onygena Pers. Les Gymnascii Quél. comprennent 5 familles : 4° Helvellei Quél., avec les genres Geoglossum Pers., Leotia Hill., Cudonia Fr., Vibrissea Fr., Pilacre Fr., Ecchyna Fr., Mitrula Fr., Verpa Swrz, Morilla Quél. (Morchella Auct. pr. p.), Gyromitra Fr., Rhizina Fr. et Helvella L. ; — 2° Pezizei Quél., avec les genres Otidea Q., Peziza Quél., Lachnea Fr., Humaria Fr., Ascobolus Pers., Orbilia Fr., Phialea Fr., Caly- cella Quél., Helotium P., Lachnella Quél., Mollisia Fr., Cistella Quél. et Urceola Quél.; — 3° Bulgariei Fr. avec Bulgaria Fr. et Calloria Fr.; — 4 Patellariei Quél. avec Patellaria Hedw., Encælia Fr., Cenangium Fr., Sphinctrina Fr., Triblidium Reh., Clithris Fr. et Tympanis Tod. ; — 5° enfin Stictei Quél., comprenant Schmitzomia Fr., Schizoæylon P., Stictis P., Propolis Fr., Cryptomyces Grev., Phacidium Fr., Coc- comyces de Not., Heterosphæria Grev., Lagueria Fr., Stegia Fr. et Trochila Fr. Comme on le voit par cet exposé, M. Quélet a supprimé un bon nombre de genres établis par différents auteurs, genres peu naturels qui compli- quaient inutilement l'étude des Champignons supérieurs; des groupe- ments nouveaux ont été institués MP les fois que les progrés de la science indiquaient des rappr bles. Si nous pénétrions ^ 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans l'étude des espéces, nous verrions que l'auteur a su faire justice d'un fatras de formes infimes qui sont au plus des variétés de types bien établis, et enfin que, toutes les fois que la chose a été possible, il a con- servé les plus anci dénominations; laissant à chacun la propriété de ses œuvres et justifiant ainsi le mot de la préface : cuique suum. N. PATOUILLARD. Histoire des Herbiers ; par M. le D" Saint-Lager ; in-8° broché de 120 pages ; Paris, J.-B. Baillère, 1885. La coutume de recueillir les plantes et de soustraire à une destruction immédiate l'objet d'une étude botanique ne date pas d'une époque bien ancienne, malgré ce qu'on en pourrait croire. Les herbiers les plus anciens qui nous soient parvenus sont ceux d'Al- drovandi et de Gésalpin (1553-1563); il est peu probable que leur maitre Ghini ait jamais formé une collection de plantes séches. La mention positive la plus ancienne que nous ayons au sujet des herbiers, nous est fournie par le portugais Amatus Lusitanus, qui cite la collection d'un de ses compagnons d'herborisation, John Falconer ; c'est en 1606 seulement qu'il est pour la première fois question d'un herbier dans un ouvrage imprimé; il y recoit les noms d'Hortus hiemalis, Hortus siccus. Il ne parait pas, d'ailleurs, que Falconer ait eu un mérite particulier à réaliser cette invention. Il y a tout lieu de croire qu'il a simplement appliqué en grand ce que tout le monde connaissait ; le Muséum de Paris possède, en effet, l'herbier de l'étudiant en chirurgie Girault, fait à Lyon en 1558. Les contemporains ne ti t nulle partles herbiers, comme une découverte récente. On parait donc autorisé à croire que l'utilité des col- lections de plantes séches s'est manifestée peu à peu, dans le courant du seiziéme siècle. Quant aux motifs qui expliquent qu'on n'en ait pas reconnu plus tót l'intérét, il faut les chercher dans le lien qui existe nécessairement entre la confection des herbiers, tels que nous les concevons aujourd'hui, et l'invention du papier ; la conservation des plantes sur rouleaux était im- possible et les matiéres alors comparables au papier n'avaient pas la rigidité voulue pour supporter utilement des plantes desséchées. L'ensemble de l'herbier d’Aldrovandi est conservé au Musée de Bologne; l'herbier qui vient immédiatement aprés, dans l'ordre chronologique, est celui de Girault, éléve de Daléchamps ; il contient 313 plantes. L'herbier de Césalpin (1563) est au Musée de Florence; l'Université de Leyde pos- séde celui de Rauwolf (1560-1575), précieux entre tous. On conserve à Ferrare une collection d'origine inconnue, mais que tout parait devoir faire attribuer à la fin du seizième siècle. C'est à l'université de Bâle REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 455 qu'est l'herbier de G. Bauhin; il contient environ 2000 espéces ou variétés; la moitié de l'herbier environ parait avoir depuis longtemps disparu. Les collections se sont ensuite multipliées au point qu'il devient bien moins intéressant de chercher à en suivre l'histoire. Là aussi s'arréte l'intéressante étude de M. Saint-Lager. ` Cu. FLAHAULT. Bidrag til Algernes physiologiske Anatomi (Contributions à la connaissance de l'anatomie ph DPpio ue des L3 ie cB par M. N. Wille (Kongl. Svenska Vetenskaps-Ak H XXI, n° 12, Stockholm, 1885, en danois); tirage à part en Keme in-4° de 104 pages, avec 8 planches. M. Wille a entrepris ces recherches sous l'inspiration des travaux de M. Schwendener et de son école; on sait que le savant allemand admet qu'il existe une adaptation rigoureuse entre tous les détails de la structure des plantes phanérogames et les conditions physiologiques au milieu desquelles elles vivent. Il a paru à M. Wille qu'il était intéressant d'ap- pliquer aux Algues les mémes procédés d'étude, et il est arrivé au méme résultat général, à savoir que tout, dans l'organisation de ces plantes, est disposé de maniére à leur permettre de résister, le mieux possible, aux efforts incessants de l'eau qui tendent à les détruire. Les plantes marines ont besoin d'une force considérable pour résister aux mouvements de l'eau sur les cótes ouvertes, qu'ils soient dus aux courants ou aux marées. Les courants ne sont pas assez violents, suivant M. Wille, pour exercer une action puissante sur le fond de la mer; il en est autrement des marées; sous leur action, l'eau décrit des ellipses d'autant plus allongées qu'on considére des régions plus profondes; ces ellipses tendent de plus en plus à prendre la forme circulaire vers la surface libre de leau; il en résulte que l’action des vagues est plus forte | à la surface qu'au fond. L'auteur admet, d'autre part, que les mouvements de l'eau agissent de deux manières bien différentes, suivant que les Algues sont plus ou moins flexibles: si elles s'infléchissent difficil t, l'eau agit sur elles, pour les courber, de la méme facon que le vent agit sur un arbre; si elles sont flexibles, le courant les étend plus ou moins sur le fond. La force avec laquelle l'eau étend les Algues ne dépend pas seulement de la rapidité du courant, mais aussi du frottement de l'eau et de la surface que la plante oppose au courant, la force exercée par l'eau se multipliant en raison directe de la surface de l'Algue. M. Wille en conclut que la partie infé- rieure sera sollicitée à se courber plus que les parties supérieures moins étendues en surface, et qu "elle doit étre plus solide et plus forte. Le déterminisme physiol tomique des Algues peut étre précisé d'une facon rigoureuse, suivant l'auteur. Les Algues pho. avoir une 456 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. certaine ténacité pour résister à la force de traction des vagues ; on peut la déterminer par la méthode dy étrique appliquée par M. Schwen- dener, car les filaments des Algues peuvent étre surchargés jusqu'à rup- ture, et on en peut déduire, paraît-il, la mesure de la force de résistance de l'unité de surface pour les différents tissus de chaque espéce : une surface d'un millimètre carré, prise dans la fronde des Laminaires, sup- porte un poids qui varie entre 390 et 600 grammes, suivant l’âge et la région de la fronde. Cette ténacité est pourtant d'un faible secours dans le cas d'un choc subit, car pour lui résister il faut une certaine élasticité ; M. Wille a reconnu que les tissus des Algues possèdent cette propriété, et l'a sou- mise à une étude détaillée : les tissus du Laminaria saccharina peuvent s'allonger de 28,2; ceux du L. digitata de 48,2; ceux du Sarcophyllis edulis de 33 pour 100, mais l'allongement définitif qui en résulte est ordinairement de plus de moitié inférieur à ces chiffres. Une force don- née, qui a produit un certain allongement, serait, du reste, incapable de déterminer un nouvel allongement; mais un effort de flexion, constant dans une même direction, exercerait une action persistante, dans laquelle M. Wille croit trouver l'explication des formes habituellement spiralées. Comme on peut en juger par le court résumé des principes qui dirigent M. Wille, rien n'empécherait, selon lui, de ramener les Algues aux con- ditions mécaniques d'un fil métallique homogène, malgré la complexité de leur structure. On peut distinguer, chez les Algues, comme chez les Phanérogames, plusi tissus physiologiques différents : les tissus mé- caniques, assimilateurs, conducteurs et peut-être les tissus de réserve. M. Wille insiste particulièrement sur les premiers, qui lui paraissent d'une importance capitale, et où il trouve des preuves du déterminisme dont il s'attache à établir la réalité. : Le développement des tissus mécaniques est trés différent, nous dit l'auteur, suivant que les Algues sont destinées à résister à la flexion ou à la traction. Si la structure est adaptée à la résistance à la flexion, les éléments mécaniques doivent étre éloignés de l'axe neutre et voisins de la périphérie (il. n'est peut-être pas inutile de rappeler que M. Schwen- dener a ingénieusement imaginé de comparer la tige cylindrique de nos arbres à une colonne creuse ; on sait que la région axiale d’une colonne cylindrique peut être évidée sans diminuer la force de résistance de la colonne, parce que les forces qui agissent sur la surface sont neutralisées suivant laxe; d’où le nom d'axe neutre qui lui a été donné); s'il s'agit de résister aux coups et aux tractions, les éléments mécaniques doivent être voisins de l'axe neutre, et par conséquent rapprochés du centre. Les Algues seraient, d'après M. Wille, rarement disposées de manière à résister à la flexion; presque toujours, au contraire, elles sont très REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 flexibles, et cette flexibilité diminue pour elles la nécessité des moyens de résistance à la traction, car la traction exercée par les vagues est d'autant plus faible qu'elles peuvent. plus facilement s'infléchir dans le sens où la traction les sollicite. M. Wille considère, au contraire, les dispositions favorisant la résis- tance à la traction, comme trés fréquentes chez les Algues ; la force de résistance des parois cellulaires diminuant en raison directe de leur degré d'hydratation, les cellules les plus pauvres en eau ont nécessairement l'action mécanique la plus utile; comme c'est vers la base que s'exercent le plus activement les efforts de traction, c'est là qu'il faut s'attendre à trouver les plus nombreux exemples d'épaississement des cellules. M. Wille cite un grand nombre de ces adaptations, qu'il ramène à huit types différents. Par contre, ces dispositions ne s'observeraient pas chez les plantes pour lesquelles la résistance à l'action des vagues n’a pas de raison d'étre. Les tissus assimilateurs sont ramenés par M. Wille à trois types, sui- vant que les cellules assimilatrices agissent en méme temps comme tissu conducteur, qu'elles sont associées à un tissu conducteur spécial ou qu'à ce tissu conducteur vient s'ajouter encore un tissu de réserve ou d'em- magasinement. Quant aux tissus conducteurs, kautau ne parait pas songer à les relier encore par une théorie mécani logique; il se contente de déve- lopper les faits intéressants qu'il a | signalés depuis quelques aunées, au sujet de la présence de cellules grillagées chez les Laminaires, les Fucus et les Floridées, oü elles sont rares; c'est là un appoint important et positif à la connaissance anatomique des Algues. Cu. FLAHAULT, Ueber das Palmell Genus A th (Sur le genre Acanth des Palmellacées) ; par M. P.-F. Reinsch (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, IN, p. 231-243, avec 2 pl., 1886). On a dû confondre souvent avec des zygospores de Desmidiées les Pal- icellulaires, pour lesquelles M. Lagerheim établissait en 1883 le genre Acanthococcus, oubliant sans doute que ce nom avait élé appliqué dès 1845 à une Floridée par Harvey et M. J.-D. Hooker (1). Le geure étudié par M. Reinsch ne peut donc pas conserver ce nom. Le type de ces plantes est le Pleurococcus vestitus Reinsch (Acanthococcus acicu- liferus Lagerheim). Leur évolution ressemble fort à celle des Palmella : une cellule-mére se divise en 8-16 cellules-filles; la dissolution de la membrane primitive les met en liberté; elles demeurent groupées d'abord, (1) Cryptogamic Botany of the antarctic Voyage, 1845, p. 191 et tab. cLxxxi, 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. puis s’isolent ; leur membrane est lisse au début; plus tard, ces plantes se couvrent de proéminences, de pointes, de verrues qui, jointes aux caractéres fournis par les dimensions définitives de chaque forme, per- meltent d'y distinguer 14 espéces différentes, dont M. Reinsch fait Ia monographie. Cn. FLAHAULT. Codiolum polyrhizum, ett bidrag till Kænnedomen om slegtet Codiol (Contribution à la connaissance du genre Codiolum) ; par M. G. Lagerheim (OEfrersigt af Kongl. Vetens- kaps Akademiens Fürhandlingar, Stockholm, 1885, n° 8, p. 21-31); tirage à part en brochure in-8° de 11 pages, avec une planche. Le principal intérét de la communication de M. Lagerheim consiste dans la confirmation d'un fait observé déjà par M Farlow sur une autre espéce marine du méme genre. Tous les Codi ne se reprod t pas par zoospores, comme le croyait A. Braun. Le C. polyrhizum se reproduit par spores immobiles (aplanospores), arrondies, entourées d'une fine membrane. Elles germent plus tard, ou plutôt s'accroissent en prenant une forme plus ou moins régulière ; le pied en E parfois simple, mais plus souvent il développe des prol losiques secon- daires à cóté du premier. La cellule ped alteint une hauteur de 90 à 110p. Le C. polyrhizum vit sur les coquilles marines abandonnées qui servent de support au Mastigocoleus (1) testarum sur les cótes méridio- nales de la Suéde. Cn. FL. Algologiska bidrag (Contributions algologiques) ; par M. G. La- gerheim (Botaniska Notiser, 1886, p. 44-50). Les cryplogamistes scandinaves ont recueilli depuis longtemps de pré- cieux matériaux pour la connaissance de la distribution des thallophytes - sur leur territoire; nous pouvons espérer qu'avant quelques années, quelqu'un d'entre eux coordonnera tous ces documents épars et nous donnera une flore des Thallophytes de la Suéde et de la Norvége; la situation topographique de la péninsule ajouterait beaucoup à l'intérét de ce travail. M. Lagerheim fournit quelques contributions au travail d'ensemble en publiant le catalogue de prés de 70 espéces ou variétés d'Algues, récoltées par lui en Suède, et remarquables à divers points de vue. Nous y trouvons 18 plantes inconnues jusque-là dans ce pays ; ce sont surtout des Desmidiées et quelques Cyanophycées. L'auteur décrit et figure une espèce nouvelle, Qocystis submarina ; il signale une nouvelle variété (caldariorum) du Mesotenium Endlicherianum Nægeli, et nomme (1) Voyez la Revue bibliographique, t. xxxi, p. 97. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159 Euastrum Delpontei YE. intermedium Delponte, ce nom spécifique ayant été attribué antérieurement par M. Cleve à une autre espéce. Cu. Fr. Notes on arctie Algæ; based principally on collections made at Ungava Bay by M. L. M. Turner (Notes sur les Algues arctiques, basées en grande partie sur les collections faites à la baie d'Ungava, par M. L. M. Turner); par M. W. G. Farlow (Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, 12 mai 1886, p. 469-477; tirage à part en brochure in-8°. L'ouvrage de M. Kjellman, (que nous avons résumé précédemment (1), doit nécessairement servir de base à toutes les recherches sur les Algues des régions polaires. M. Farlow le compléte en publiant le catalogue d'un certain nombre d’espèces rapportées depuis peu des mers arcliques amé- ricaines. La collection qui a fourni les plus importants des matériaux mis en œuvre par M. Farlow est celle qui a été formée à la baie d'Ungava; elle renferme bon nombre d'espéces de Floridées, qu'on rencontre rare- ment dans les herbiers, et beaucoup d'entre elles sont représentées par des exemplaires assez nombreux pour jeter quelque lumiére sur la limite des varialions spécifiques; c'est un point important, car jusque-là la plupart des collections d'Algues polaires sont remarquables par le petit nombre des échantillons de Floridées. L'auteur a profité de la circonstance pour examiner les matériaux recueillis dans les mémes mers par M. L. Kumlien en 1877-78; il a pu les comparer, à l’ ion, aux d ts recueillis à Alaska par M. Mur- doch, et à l'ile Saint-Paul (détroit de Behring), par M. Eaton. La note que M. Farlow consacre à ces plantes renferme de précieuses observations critiques et géographiques sur 22 Floridées, 13 Phéosporées et 5 Chlo- rosporées. Cu. Fr. Bidrag till Amerikas Desmidié-flora (Contribution à la flore des Eod aiti par M. G. Lagerheim (Œfversigt af Kongl. V Ak Förhandlingar. Stockholm, 1885, n° 7, p. 395-955); lirage à part en brochure in- de 25 pages avec une planche. Les Desmidié lionnées dans ce mémoire, permettent de fixer à environ 600 le nombre des espèces de cette famille qui sont aujourd'hui connues dans le Nouveau-Monde. L'auteur fait remarquer la grande pro- portion des Pleurotenium et des Arthrodesmus de cette flore; l'Amé- (1) Voyez le Bulletin, 1885; t. xxxit, Revue, p. 106. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. . rique possède en outre un genre Phymatodocis Nordstedt, qui n'a jamais été observé ailleurs. B p de Desmidiées américaines appartenant surtout aux genres Cosmarium, Arthrodesmus et Xanthidium, ont leurs membranes remarquabl té ies, plus ou moins jaunes et creusées de pelites cavités dans le sillon médian. Les 121 espèces étudiées par M. Lagerheim proviennent de Cuba, de la Géorgie et du Massachusetts; signalons comme nouvelles les Cosma- rium subcruciforme, voisin des C. ornatum Focke, et subreniforme Nordstedt; le C. trichondrum, rattaché comme sous-espèce au C. pseudo- taxichondrum Nordstedt; les C. oculiferum, C. pileigerum, america- mum; les Arthrodesmus incrassatus, notochondrus, triangularis, pachycerus ; le Xanthidium heteracanthum ; le Staurastrum luteolum ; les Pleurotenium georgicum, Metula. 30 figures sont consacrées à la représentation des formes les plus remarquables. Cu. FLAHAULT. Hepaticarum species nove vel minus cognitæ; par M. F. Stephani (Hedwigia, XXIV, 1885, p. 166). Sous le titre ci-dessus, M. F. Stephani(de Leipzig) publie depuis quelque temps dans l Hedwigia une série de diagnoses d'Hépatiques nouvelles ou critiques. Le numéro IV renferme celles des Lepidozia bicruris et verru- cosa, recueillis à San Francisco (Brésil), par M. Ule; — le numéro V celles des Mastigobryum acutifolium, de l'ile Banca; M. assamicum, d'Assam; M. borbonicum, de la Réunion et de Madagascar ; M. consan- guineum var. brachyphyllum, de la Guadeloupe; — le numéro VI celles des Mastigobryum bogotense, de la Nouvelle-Grenade; M. callidum Lac., de Ceylan ; M. chilense, de l'Amérique centrale (Pérou, Chili, Nou- velle-Grenade, Schlim. n° 861); M. connatum Lac., de Sumatra ; M. cu- bense Gotts., de Cuba et M. didoricianum Gotts., d'Hawai. Les descriptions sont faites en latin et les notes en allemand. Chaque espéce est l'objet d'une figure qui donne, avec le port grossi au 1/20 d’une partie de la tige, une représentation à à plus grande échelle des cel- lules du sommet de la base des feuilles. Em. BESCHERELLE. Eryologia insule S. Thom:e Afric: occid, tropic, auctore Ch. Mueller (Flora, 1886, n° 18). M. Adolphe Moller (de Coimbre) a récolté pendant les années 1884- 1885 un certain nombre de Mousses à l'ile Saint-Thomas, située sous l'équateur à la hauteur du Gabon. L'étude spéciale qu'en a faite le savant bryologue de Halle et qui est consignée dans le Flora, a permis de con- stater dans cette ile 28 espèces, dont 25 sont entierement nouvelles, savoir : Calymperes Th , Philonotula. trichodonta et nanothecia, Catharinella Molleri et rubenti-viridis, Macromitrium undatifolium, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 164 Trematodon flexifolius, Leucobryum 1 h id L h Molleri, Funaria acicularis, Bryum erythrostegum, squarripilum et areoblastum, Brachymenium Molleri, Lepidopilum niveum, Gallicos- tella chionophylla, Pilotrichella inflatifolia et leptoclada, Papillaria DUMGHEMIGE: Trachypus Molleri; Hypnum trichocoleoides, nanoglo- beum, brevifalcatum et amblystegiocarpum, et Th ium Molleri. Ex. B. Repertorio della Epaticologia italica del Dott. C. Massalongo (Annal. del Istituto bot. di Roma, vol. II, fasc. 2, 1886). Depuis la publication des Primitiæ Hepaticologiæ italice, c’est-à-dire ‘depuis 1839, aucun travail d'ensemble n'avait été entrepris sur les Hépatiques de l'Italie, et cependant, si l'on s'en rapporte à un tableau statistique dressé l'année dernière par M. Kjær, de Christiania, cette région serait la plus riche de l'Europe. On ne peut donc que féliciter M. Massalongo, qui s'est déjà fait connaitre des savants par d'intéressants travaux sur l'hépaticologie, d'avoir rajeuni l'énumération de de Notaris en la complétant et en la mettant au courant de la science et de la nomencla- ture adoptée par la généralité des bolanistes modernes. Le Repertorio comprend 210 espéces (sans compter les variétés) répar- ties en 53 genres. Pour chaque espéce, on trouve la synonymie indiquée trés scrupuleusement, et les nombreuses localités de l'Italie où la plante a été rencontrée. L'ouvrage se termine par une note renfermant, soit une étude de quelques espèces critiques, telles que Southbya stillicidiorum (Raddi) Lindbg, Jungermannia nigrella de Not., J. pumila With., J. sphærocarpoidea de Not., Cephalozia biclispidata (L.) var. 6. rigi- dula (Hübn.), Nees., C. dentata (Raddi) Lindbg, Porella Notarisii Trev.; soit la Qelchiptidi des espèces nouvelles ci-après : Southbya ali- cularia et Grimaldia carnica. Trois planches se rapportant à ces espèces accompagnent la dernière parlie. Ex. B. Muscologia gallica, description et figures des Mousses de France et de quelques espèces des contrées voisines; par M. T. Husnot, 4° livrai- son, 1886. La 4 livraison de cet ouvrage comprend la Description des espèces appartenant aux genres Barbula, Cinclidotus, et en partie aux Grimmia. Dix planches représentant 62 espèces sont jointes à cette livraison. Ex. B Revue bryologique, dirigée par M. Husnot, 1886, n^ 3 Ce numéro contient : 4° la diagnose des espèces nouvelles ci-après : T. XXXIII. (REVUE) 11 162 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Bryum oblongum Lindbg, Riella Battandieri Trab. avec 4 planche, Barbula Buyssoni Phil. 2 Une note sur les récoltes bryologiques du frère Gasilien dans le Puy-de-Dôme et le Cantal, par M. J. Gardot. 3° Une note de M. N. C. Kindberg sur diverses espèces du genre Bryum, qui sont caractérisées par un opercule très épais et par l'absence d'un col capsulaire distinct. Ces caractères paraissent suffisants à l'auteur, sinon pour constituer dès à présent un genre indépendant, du moins pour séparer une section spéciale qui comprendrait, sous le nom d'Argyro- bryum, les espèces suivantes trouvées en Suède et en Norvège, savoir : Bryum argenteum L., B. virescens Kindb., B. Blindii Br. et Sch., B. Kierii Lindb., B. bicolor Dicks., B. versicolor Al. Br., B. calophyl- lum R. Br. et B. Marattii Wils. On ne s'explique pas bien quelle est la pensée de l'auteur, car la sec- tion Argyrobrywm a été créée depuis longtemps par M. Ch. Mueller, pré- cisément pour le Bryum argenteum comme type. Aujourd'hui, par suite des découvertes des voyageurs, le nombre des espéces de cette section, fondée sur des caractères tirés de la feuille, comprend prés de 30 espèces exoliques. Ew. BESCHERELLE. Étude sur les caractères du geure Amblystegium et des- cription des espèces; par M. Robert du Buysson, 1885. M. R. du Buysson, qui avait déjà publié dans les Mémoires de la Société nationale d'agriculture, des sciences et arts d Angers(t. xxv), un Essai analytique du genre Amblystegium, a entrepris la révision de sa mono- graphie, d’après des échantillons typiques et de nouveaux documents. Dans sa nouvelle étude il s'attache à démontrer, d'une part, la convenance de maintenir les espèces d Amblystegium dans le genre créé par Schimper, et d'autre part les différences qui séparent ce genre des Eurhynchium Brachythecium, Plagiothecium et des différentes sections du genre Hyp- num, notamment de Hypnum polygamum, qui se rapproche le plus des Amblystegium. L'auteur décrit ensuite 13 espéces d'Europe, au nombre . desquelles se trouve lA. Cashii, espèce nouvelle rencontrée pour la pre- miére fois stérile à Southport (Lancashire) en 1859, et découverte depuis en parfait état de fructification par M. J. Cash (de Manchester). Il dis- cute certaines espéces critiques ou controversées et arrive aux conclu- sionssuivantes : 1* PA. porphyrrhizum Sch. (Syn. 2 édit.) n'est autre, comme l'avaient établi MM. Venturi et Bottini, que PA. radicale (Pal. Beain in Prodr. p- 68).; X PA. irriguum Sch. forme la var. irriguum de LÀ T RE 3» PA. radicale Sch. (Syn., 2 édit.) et des auteurs français est 14. varium (Hedw., Leskea varia, Stirpes IV); 4 PA. Juratzkanum Sch. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 163 constitue la var. Juratzkanum de PA. serpens; 5° l'A, Kochii Sch. doit être rattaché comme variété à l'A. riparium. Ew. B. Florule bryologique ou guide du botaniste au Mont-Blanc, 2* partie des Cryptogames ou Muscinées des Alpes Pennines; par M. V. Payot, chez H. Tremblay, éditeur à Genève. Cette florule présente le catalogue des Moussesrecueillies, pour la plus grande partie par l'auteur, pendant vingt-cinq années, dans la chaine du Mont-Blanc et des Alpes Pennines, ainsi que dans les montagnes cir- convoisines, entre les bassins de l'Arve, du Gyffre, de la Dranse, de la Doireet du Bormant. Elle n'a d'autre prétention, comme le dit la préface, que d’être utile aux botanistes en leur faisant connaitre par avance la végétation bryologique qu'ils se proposent d'explorer. Ce catalogue com- prend 425 espèces de Mousses proprement dites, 8 espèces d’Andreæa et 10 espèces de Sphagnum. Ex. B. Journal of the Botany british and foreign, vol. xxi, 1885. Dans le numéro d'aoüt de ce recueil figurent : 4° Une énumération de 170 espèces de Mousses récoltées par M. le rév: E. N. Bloomfield et par d'autres botanistes anglais dans le comté de Suffolk ; 2 Un catalogue de 35 espèces de Mousses et 5 variétés trouvées dans le Northamptonshire, par M. H. M. Dixon, et parmi lesquelles on remarque Didymodon sinuosus Wils., Ceratodon conicus Lindb., Catharinea Dixoni Braithw. mscr. Les Barbula recurvifolia Sch., B. latifolia B. et Sch., Ceratodon conicus Lindb., Zygodon viridissimus, sont signalés comme ayant été rencontrés en fructification. Ex. B. Tr ti and pr dings of the Botanical Societ vol. xvr, part. 11, 1886. Ce recueil renferme un discours de remerciements de M. William B. Boyd, président de la Société, qui est consacré à quelques remarques sur l'étude organographique des Mousses. Ex. B. Contribuzione alla flora briologica dei intorni di Cuneo; par M. L. Macchiati (Nuovo Giornale botanico italiano, vol. xvi, p. 320). Énumération de 72 espéces de Mousses et de 15 Hépatiques trouvées par l'auteur aux environs de Coni. On remarque dans celle liste le Fontinalis squamosa, Y Heterocladium. dimorphum, le Crossidium griseum Jur. (Tortula squamigera var. grisea Vent.). Ex. B. 164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Catalogue des Muscinées de la Somme; par M. E. Gonse (Extrait des Mémoires de la Société linnéenne du nord de la France, .t. vi, 1884-1885). Le département de la Somme, dépourvu de rochers calcaires ou sili- ceux, ne présente pas une flore bryologique trés variée. Toutes les Musci- nées, sauf 4 ou 5, sont communes aux environs de. Paris. On y trouve cependant le Phascum rectum, le Didymodon flexifolius etle Leptodon Smithii qui sont plus spéciaux à la région méditerranéenne ou à l'ouest de la France, le Meesia uliginosa, qui est un accident dans la flore pi- carde, et le Seligeria subcernua, qui parait plus particulier à la région. La flore bryologique de la Somme avait déjà fait l'objet de travaux spéciaux de la part de MM. Boucher de Crévecceur, Tillette de Clermont- Tonnerre, E. de Vieq et Ch. Vignier, mais ces botanistes n'avaien guère exploré que la partie maritime du département, en dehors de l'ar- rondissement d'Abbeville. On ne possédait aucune notion sur la richesse des autres arrondissements. Notre collégue, M. E. Gonse, a consacré six années à combler cette lacune, et le Catalogue qu'il vient de publier embrasse tout le département de la Somme. Les Mousses qui y sont indi- quées sont au nombre de 177, etles Hépatiques y figurent pour 35 espèces. Ex. BESCHERELLE. Bidrag till kännedomen om de nordiska arterna af de båda Lófmoss-Slágtena Orthotrichum och Ulota (Contribution à la connaissance des espéces boréales de Mousses ap- partenant aux genres Orthotrichum et Ulota) ; par M. A. L. Grónvall. Malmö, 1885, 24 pages avec 4 planche. Dans ce Mémoire, écrit eomplétement en suédois, sauf quelques dia- gnoses en latin, l'auteur reprend la question déjà examinée par M. Ven- turi, relativement à l'importance, au point de vue systématique, de la forme des stomates existant sur la paroi des capsules dans les genres Orthotri- chum et Ulota. M. Venturi, dans un travail antérieur, avait indiqué deux formes différenies de stomates, les stomata nuda et les stomata peri- phrasta. M. Groenvall, aprés une étude trés attentive des capsules dans les genres considérés, fait remarquer qu'il existe d'autres formes de stomates que celles qui ont été signalées par M. Venturi, qu'il appelle stomata pseudo-nuda, stomata hemi-periphrasta et stomata holo- periphrasta. Il nè se dissimule pas d'ailleurs que l'on trouve souvent sur la méme paroi plusieurs types, et qu'il est impossible d'établir pour telle espéce quel est celui qui prédomine. Le tableau suivant dont je dois la traduction à mon savant collégue et REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165 ami M. Nylander, fait connaitre le classement adopté par M. Groenvall, pour les espéces boréales du genre Orthotrichum : A. Feuilles ovales, oblongues ou allongées-lancéolé s sans pp piliforme au sommet, plus ou moins réfléchies ou révolutées au bord. a. Dents externes du péristome 8-16, dressées ou étalées à l'état sec, striées ou munies de grosses papilles un peu espacées, ordinairement claires et transparentes. I. Stomata nuda. — Orthotricha rupestria. 1. Orthotrichum rupestre Schi. et var. a. typicum, B. elongatum Vent., y. acutum Groenv. (0. Sturmii, 5. Vent.), 9. Sturmii (0. Sturmii auct., c. arboreum Groenv.); — 2. O. lwvigatum Zett.; — 3. 0. Blyttii Sch. II. Stomata epiphrasta. — Orthotricha cupulata. 4. 0. anomalum Hedw. et var. B. saxatilis (0. saxatile Wood; — 5. 0. cupulatum Hoffm. et var. 6. riparium Sch., y. Rudolphianum Sch.; — 6. O. abbreviatum n. sp.; —71. O. urnigerum Myr. b. Dents externes 8-16, réfléchies ou révoluétes à l'état sec, quel- quefois striées, ordinairement à papilles serrées et fines plus ou moins foncées. a. Stomata precipue holo- vel hemiphrasta (interdum intermixtis stomatibus nudis) : 1) Dents externes 8, réfléchies, à ponctuations fines | et serrées. — 8, 0. Schimperi Hammar. (0. fallax Sch. Syn.) et var. B. major Groenv.; — 9. O. pumilum Sw. (0. fallax Bruch); — 10. O. tenellum Bruch; — 41. O. stramineum Hornsch.; — 12. O. alpestre Hornsch.; — 13. 0. obscurum n. sp.;— 14. O. scanicum n. sp.;— 15. O. latifolium n. sp. 2) Dents externes (l'opercule tombé) 16, libres jusqu’à la base, réflé- chies, péristome double. 16. 0. pulchellum Sm. B. Stomata (pro maxima parte vel omnia) pseudo-nuda : 41. O. Arnelli n. sp.; — 18. O. pallens Bruch var. f. pusillum Groenv. (0. pallens var. y. parva Vent.; — 19. O. pallidum n. sp.; — 90. 0. aurantiacum n. sp. y. Stomata nuda : 1) Dents externes 8. — ae affinia. 91. Q. affine Schw. et var. Q. p tum Vent. (0. fastigiatum auct.); — 22. 0. speciosum N. et var. 5 striata Groenv.; — 23. 0. Killiasii C. Muell. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Dents externes 16. — Orthotricha Lyellia. 24. O. lejocarpum Br. et Sch.; — 25. O. Lyellii Hook. Comme groupe particulier formant passage entre les Orthotricha. ru: pestria, straminea et affinia, les Orthotricha ar ctica suivants : 96. 0. arcticum Sch.; — 27. 0. microblephare Sch.; — 28. 0. Som- merfeltii Sch.; — 29. O. brevinerve Lindb. B. Feuilles oblongues-lancéolées, réfléchies à la marge, à pointe formée de cellules allongées. 30. O. diaphanum Schrad.; — 91. 0. obtusifolium Schrad.; — 32. 0. gymnostomum Bruch. Ew. BESCHERELLE. Les Sphaignes d'Europe, revision critique des espéces et étude de leurs variations; par M. Jules Cardot. Gaud, 1886, 120 pages et 9 planches (Extrait du Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, XXV, 1™ partie). Depuis l'époque où Schimper- a publié son remarquable travail sur l'anatomie des Sphaignes, ces Mousses ont fait l'objet de nombreuses études en Europe, mais c'est surtout depuis une dizaine d'années qu'elles ont attiré l'attention des bryologues. Nous citerons notamment les impor- tants mémoires de MM. R. Braithwaite, Warnstorf, Limpricht, S. O. Lind- berg, Husnot, Schliephacke, Róll, dans lesquels chaque auteur, envisa- geant l'espéce à son point de vue, a augmenté ou réduit le nombre des . espèces, des variétés, ou des formes du genre Sphagnum, qui est l'un des mieux délimités, méme malgré son polymorphisme. `M. J. Cardot vient à son tour donner sa note. Il considère comme espèce toute plante ou tout groupe de plantes se distinguant de ses con- génères par des caractères morphologiques d'une certaine importance et ne se rattachant pas à un autre groupe par une chaîne continue de tran- sitions. Il admet des espèces de second ordre ou sous-espèces qui consti- tuent des groupes doués de caractéres relativement importants, mais d'une constance moins absolue, et présentant, quoique rarement, des transitions vers d'autres groupes supérieurs auxquels ils sont subordon- nés. Les caractères spécifiques lui sont fournis en général par la forme et la structure des feuilles caulinaires, et ensuite par l'épiderme de la tige, la section transversale des feuilles raméales, et les cellules lagéni- formes. L'auteur rejette comme sans valeur l'inflorescence et la présence ou l'absence de fibres dans les feuilles caulinaires, et comme ne fournis- sant pas des caractères importants, les organes de la fructification (cap- sule et feuilles périchétiales). Au-dessous des espèces et des sous-espèces viennent des variations d'ordre inférieur dont les caractères n'ont qu'une REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 167 valeur trés secondaire et sont souvent peu constants; ce sont les variétés ou les formes qui semblentle plus souvent produites par des causes exté- rieures dépendant de l'habitat, telles us le plus ou le moins d'humidité et d'ombre, — ` Cela exposé, M. J. Cardot n'admet que 13 espèces véritables qui sont les suivantes, qu'il décrit d'une maniére sommaire, savoir : Groupe I. SPHAGNA CYMBIFOLIA : 1. S. cymbifolium, sous-espèces : S. medium, S. papillosum, S. Austini. Groupe II. SPHAGNA TRUNCATA : 2. S. Angstræmii, — 3. S. rigidum, —. 4.8. molle. Groupe III. SPHAGNA SUBSECUNDA :5. S. tenellum (S. molluscum Bruch), — 6. S. subsecundum, sous-espèce : S. larici- mum, — 1. S. Pylaiei. Groupe IV. SPHAGNA ACUTIFOLIA : 8. S. teres, sous-espèce : S. squar- rosum,— 9. S. fimbriatum, — 10. S. acutifolium, sous- espèce: S. Girgensohnii, — 11. S. Wulfianum. Groupe V. SPHAGNA UNDULATA : 12. S. Lindbergii, — 13. S. recurvum (S. Mougeotii Sch.), sous-espèce : S. cuspidatum. L'ouvrage se termine par une clef dichotomique des espèces et des sous-espèces, un tableau synoptique des variétés et des formes de l'Eu- rope occidentale et la distribution géographique de ces derniéres. Les deux planches qui l’ pagnent représentent : l'une, des coupes trans- versales des feuilles raméales ; l'autre, les cellules de ces feuilles vues en plan. Ex. BrscH. Note sur les Bilobites et autres fossiles des quartzites de la basé du système silurique du Portugal; par M. J. F. N. Delgado. Un volume in-4 avec 43 pl. phototyp. Lisbonne, 1886. Dans une premiére partie, intitulée : Considérations préliminaires, l'auteur indique d'abord la situation géographique, et précise la position géologique des quartzites qui renferment les fossiles en question (ils oecupent le méme niveau que le grés armoricain en Bretagne et en Nor- mandie); puis il expose lés opinions des principaux naturalistes qui se sont occupés de rechercher la véritable nature des Bilobites, il discute les raisons données par ceux qui voient dans ces fossiles des pistes d'ani- maux et par ceux qui les regardent comme des empreintes Agnete et il décláre partager cette seconde manière de voir. La deuxième partie a pour titre : Description des MEE L'histoire de chaque genre et de chaque espéce est donnée en détail. Les formes 168 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. successivement examinées sont les suivantes : Cruziana furcifera d'Orb., C. cfr. furcifera d'Orb., C. sp. aff. furcifera d'Orb., C. Bronni Rou., C. monspeliensis Sap., C. Ximenesi Prado, C. Nathorsti Delgado, C.rugosa d'Orb., C. Prevosti Rou., C. cfr. Vilanove Sap., C. bei- rensis Delgado, C. cfr. beirensis Delgado, C. aff. beirensis Delgado, C. Goldfussi Rou., C. efr. Goldfussi (Rou.), C. sp. aff. Goldfussi Rou., C. Cordieri Rou., C. sp. aff. Torrubiæ Prado, C. bagnolensis Moriére; — Frena cfr. Rouaulti Lebesc., F. Lyelli Rou.; — Rhyso- phycus Saportai Delgado, R. cfr. Rouaulti Lebesc., R.? Barrandei Trom. et Lebesc.; — Arthrophycus cfr. Harlani Hall. ; — Scolithus Dufresnoyi Rou., S. linearis Hall.; — Vexillum Desglandi Rou., V. Halli Rou., V. cfr. Morierei Sap.; — Foralites dubius Delgado, F. gracilis Delgado, F. Pomeli Róu. ; — Paleochorda marina Emmons, P. tenuis Emmons. Toutes ces formes sont figurées en phototypie et, sauf de rares excep- tions, en grandeur naturelle. Les clichés n'ont pas été retouchés. Ces planches peuvent cependant étre citées parmi les plus belles qui aient été obtenues à l'aide dela photographie pour des ouvrages d'histoire naturelle. Ep. BUREAU. On the flora of the Cromer Forest-bed (Sur la flore du « Forest-bed » de Cromer) ; par M. Clément Reid. Extrait des Tran- sactions of the Norfolk and Norwich Naturalists’? Society, vol. 1v, p. 189-200. In-8, 1886. Cette flore appartient à l'étage pliocéne supérieur. Elle est presque en totalité composée d'espéces actuellement vivantes dans cette partie de l'Angleterre; tandis que les mammiféres, et méme beaucoup des mollusques que l'on trouve dans le méme dépôt appartiennent à des espèces éteintes, Il semble que les espèces de plantes chassées par le froid de l'époque glaciaire, du sud de la Grande-Bretagne, ne s'en sont pas écartées à une grande distance et ont pu s'y établir de nouveau aprés la fin de cette période. Les débris végétaux recueillis et étudiés par les auteurs sont surtout des fruits et des graines. Ils sont conservés dans une argile dont on a pu les séparer parle lavage. La majorité des spécimens provient d'un lit désigné par les géologues sous le nom de « Upper Fresh-Water Bed » ; mais il y en a aussi un nombre considérable dans celui qu'on appelle « Lower Fresh-Water Bed». L'argile de formation estuarienne qui les sépare est beaucoup plus pauvre, Les localités qui ont fourni les fossiles végétaux formant l'objet de ce mémoire Sont : Beeston, Runton, Cromer, Sidestrand, Trimingham, Mundesley, Bacton, Happisburgh et Pakefield. Suit la liste des espèces. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. . 169 Elle comprend 43 Dicotylédones, 18 Monocotylédones, 5 Gymnospermes et 3 Cryptogames vaseulaires. Les Mousses, dont la conservation est par- fois trés belle, n'ont pas encore été déterminées. Ep. B. Monographie der Gattung Acer (Monographie du genre Acer); par M. Ferd. Pax (Botanische Jahrbuecher, 11 Band, 4 Heft [1885] p. 287-374, 1 tab. et vir Band, 2 Heft [1886], p. 117-263). Ce travail, trés complet et trés méthodique, constitue une véritable monographie du genre dans toute l'acception du mot. Dans un premier chapitre, l'auteur expose la morphologie des Acer, enles suivant dans toutes les phases de leur développement; il étudie successivement l'em- bryon, les cotylédons, les feuilles, les bourgeons, l'inflorescence et les diverses parties qui constituent la fleur et le fruit, cherchant en méme temps quel degré de fixité présentent ces divers organes dans leurs formes, et comment il sera possible de les faire concourir à un grou- pement naturel des espéces du genre. Ce groupement fournit à M. Pax la matière d'un deuxième chapitre, où il entre complètement dans la partie systématique de son sujet. Aprés avoir brièvement exposé les divers sectionnements employés par les auteurs qui ont eu à s'occuper du genre, il en propose un nouveau, basé surtout sur la position du disque dans la fleur et l'insertion des“ étamines. Il est ainsi amené à établir quatre divisions : a I. Extrastaminalia : i hypogynes; disque extrastaminal. A cette division appartiennent les groupes Rubra, Spicata , Palmata, Trifoliata, Integrifolia. i IL. Adiscantha : disque non apparent; étamines hypogynes. Un seul, groupe rentre dans cette division, celui des Negundo. II. Jntrastaminalia : étamines hypogynes ou rarement plrigyneet disque trés développé, intrastaminal. Un seul groupe, celui des Indivisa: IV. Perigyna: étamines nettement pérygynes; disque plus ou moins apparent, extrastaminal ou intrastaminal. Aux Perigyna se rapportent les groupes : Glabra, Campestria, Platanoidea, Saccharina, Macran- tha, Lithocarpa. Un dernier groupe, celui des Cælocarpa, dont l'auteur n’a pas vu les fleurs, mais qui présente comme les Trifoliolata la particularité d'avoir les feuilles formées de 3 folioles, est surtout caractérisé par ses fruits réticulés-nerviés. La répartition géographique de ces différents groupes ne manque pas d'intérêt; ainsi les Rubra appartiennent tous à l'Amérique du Nord; les Spicata se rencontrent dans toute la région tempérée de l'Europe, de. A0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Asie et de l'Amérique septentrionale, mais ils manquent à l'Afrique méditerranéenne et au Mexique; les Palmata n'ont été observés qu'en Chine etau Japon, à l'exception d'une espéce signalée dans l'Amérique du Nord (région du Pacifique); les Trifoliolata sont Japonais; les Integrifolia sont répandus dans tout l'Himalaya jusqu'en Chine, et se retrouvent d'autre part au Pégu et à Java; les Negundo sont américains; les Indivisa existent simultanément dans l'Himalaya et au Japon; les Glubra n’ont été signalés qu'en Amérique ; les Campestria sont surtout répandus dans l'Europe moyenne et méditerranéenne; deux espèces croissent pourtant dans la. région du Pacifique ; les Platanoidea s'éten- dent depuis l'Europe jusqu'au Japon ; les Saccharina n'ont été observés que dans la région atlantique de l'Amérique du Nord; les Macrantha sont de l'Asie centrale et orientale, avec une espéce dans le nord de l'Amérique ; les Lithocarpa sont propres à l'Asie centrale et orientale; les Cælocarpa sont de la Mandchourie austro-orientale. On doit remar- quer que tous les Acer appartiennent à l'hémisphére boréal, moins une espéce de Java. M. Pax a rendu très facile l'étude des Acer à l'aide d'une clef artifi- cielle des sections et d'une clef dichotomique des espéces placée en téte de chaque section. Une part trés large a été faite àla synonymie; les des- criptions rédigées en latin et dans une sage mesure, ne donnent que ce qu'il est utile de connaître-pour bien comprendre l'espéce; enfin à la suite de chaque espèce l'auteur signale les variétés connues, botaniques ou horticoles. Le nombre des Acer décrits dans cette monographie est de 81; les quatre derniers, A. discolor Maxim., A. isolobum Kurz, A. pentapo- micum Stew., A. pycnanthum Koch, sont trop incomplètement connus pour rentrer dans les séries établies par l'auteur. Les espéces nouvelles sont au nombre de quatre : A. microphyllum Pax (A. rubrum, var. B Torr. et Gray); A. semiorbiculatum Pax, de l'Amérique septentrionale ; A. divergens C. Koch et Pax, du Caucase; A. fallax Pax, de la Dalmatie ; A. Rugelii, de l'Amérique ‘boréale. A. FRANCHET. Revision de plant lares Filipi (Revision des plantes laires des Philippines); par D. Sebast. Vidal y Soler. — Publié sous la direction du corps des Ingénieurs de montagne par la Commission de la Flore forestière des Philippines). Manille, 1886. 8°, 454 p. Append., 2 pl. Dans un premier travail publié sous le titre de Phanerogame Cumin- gianæ Philippinarum (Manille, 1885, 8°, 247 p., 4 pl.), M. Vidal avait donné la liste, avec les numéros et noms correspondants, des importants exsiccatas réunis aux Philippines par Cuming et qui atteignaient le chiffre REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 471 : de 2242, en y comprenant les Cryptogames vasculaires. Ce nouveau livre du savant ingénieur espagnol est beaucoup plus important que le premier, puisqu'on y trouve énumérées toutes les phanérogames el toutes les cryptogames vasculaires signalées jusqu'ici dans ces iles, au nombre d'environ 2200 espéces (dont 700 n'ont pas encore recu de nom spéci- fique), réparties en 136 familles et 811 genres. Pour entourer son travail de toutes les garanties nécessaires, M. Vidal a étudié les plus importants herbiers d'Europe; l'herbier de Kew lui a fourni de nombreuses déterminations de plantes et surtout d'Orchidées ; le Musée britannique, les plantes du P. Camelli et la plus compléte série des exsiceatas de Cuming; il a trouvé dans l'herbier du Muséum de Paris, les plantes de Commerson, de Callery et de Barthe, qui n'existent dans aucune autre collection. Les herbiers espagnols lui ont également procuré de trés importants documents. Les espéces nouvelles signalées dans le catalogue de M. Vidal appar- tiennent aux genres : Wormia, Artabotrys, Saccopetalum, Pyenar- rhena, Berberis, Gordonia, Dipterocarpus, Pterospermum, Diplo- phractum, Beddomea, Karrimia, Caryospermum, Berchemia, Gledits- chia, Eriobothrya, Deutzia, Wei ia, Rhod ia, Astronia, Homalium, Gardenia, Centratherum, Lactuca, Vaccinium, Rhodo- dendron, Symplocos, Crawfurdia, Cryptocarya, Litsea, Buxus, Cleistanthus, Phyllanthus, Agrostistachys, Taxotrophis, Boehmeria, Quercus. Dans un Appendice (p. 449-451), M. Vidal fait connaitre une très intéressante plante, sur laquelle il a été beaucoup discuté, le Strychnos Ignatii Berg. (S. philippinensis Blanco), qui produit le fruit dont les graines portent le nom de Féves de saint Ignace. On ne possédait que des données trés vagues sur les organes de végétation et de floraison de ce Strychnos ; M. Vidal le décrit longuement et lui consacre deux plan- ches. C'est une liane s'élevant trés haut, dont le tronc a 10 centimètres environ de diamètre; l'écorce est lisse avec quelques petites verrues éparses, roussâtres ; le bois, d'un jaune pâle, est poreux et sécrète un liquide aqueux; les rameaux sont glabrescents, ou recouverts. d'une pubescence ochracée, formée de petits poils étoilés; les feuilles longues de 10-25 cent. sur 5-13 cent. de large, sont ovales-elliptiques, aiguës ou un peu émarginées à la base, assez coriaces, glabres, luisantes, tripli- nervées ou sub-5-nervées avec le réseau de nervilles saillant, Les cymes sont axillaires, en corymbe, beaucoup plus courtes que les feuilles, trichotomes et pourvues de bractées ; les fleurs sont trés petites (2-4 mill.), brièvement pédicellées ; le calice a 5 divisions ciliées fimbriées, d’abord plus ou moins imbriquées; la corolle est épaisse, verdàtre, livide à la gorge, à lube un peu plus long que le calice ou l’égalant, à lobes valvaires 172 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. couverts en dedans de poils blanchàtres; 5 étamines libres, insérées au ` sommet du tube, à anthéres un peu exsertes; ovaire pubérulent, bilo- culaire, pluriovulé ; style filiforme égalant l'ovaire ; stigmate obscurément bilobé. — Le fruit est connu. D'aprés M. Vidal, le Strychnos Ignatii se rencontre dans les foréts ombragées des iles Samar, Masbate, etc., d'oü l'adjudant D. Regino Garcia en a rapporté trés récemment des rameaux portant des fleurs et des fruits. La plante a comme supports les Ficus, les Dipterocarpus, les Litsæa, etaffectionne tout particulièrement les lieux frais et ombragés; son attribution générique mérite d'ailleurs encore d'étre étudiée. A. FRANCHET. A new Hongkong Tephrosia (Un nouveau Tephrosia de Hong- kong); par M. H. F. Hance (Journ. of Botany, volume xxiv, 1886, p. 17-18. Tephrosia (Brissonia) oraria. — Petit sous-arbrisseau à rameaux couverts dans leur jeunesse d'un indument laineux jaunâtre ; les feuilles, à rachis hérissé de poils ferrugineux, sont formées de 7-8 paires de folioles oblongues, tomenteuses surtout en dessous; les fleurs, disposées en grappes fasciculées, ont un calice tomenteux à dents courtes, trian- gulaires, les postérieures connées presque jusqu'au sommet; les ailes et la carène sont glabres et d'égale longueur, l'élendard orbiculaire un peu soyeux. Cette intéressante espèce a été découverte au cap d'Aguilar par M. Ford; elle est le seul représentant de la section Brissonia dans toutes les possessions anglaises de l'Inde. A. Fn. Hookera v. Brodiæa with some Remarks on Nomenclature (Hookera et Brodiæa, avec quelques remarques sur leur nomen- clature); par M. J. Britten (Journal of Botany, volume xxiv [1886], p. 49-53). M. J. Britten établit que l’Hookerg coronaria Salisb. Paradis, t. 98 (1808) a l'antériorité sur le genre Brodiæa Sm., in Lin. Trans., x, 2 (1811), qui a été créé pour la méme plante. Le nom imposé par Smith doit donc passer à la synonymie. Il existe bien un genre de Mousses portant le nom d'Hookeria, mais il ne saurait être un obstacle à l'adoption du genre Hookera Salisb., puisqu'il a aussi été établi postérieurement; c'est un acte de justice tardive à rendre à l'auteur du Paradisus. Les trois espèces anciennement connues sont : H. coronaria Salisb., H. pulchella Salisb. et H. multiflora (Brodiea multiflora Benth.) ; leur REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173 nombre est aujourd'hui porté à 30, si l'on comprend le genre comme Bentham et Hooker, Gen. pl., III, 800 (sub : Brodiæa). A. FR. Index Flor: sinensis. An Enumeration of all the Plants known from China proper, Formosa, Hainan, Corea, the Luchu Archipelago and the Island of Hongkong, together with their Distribution and Syno- nymy (Catalogue de la flore chinoise ou énumération de toutes les plantes connues dans la Chine proprement dite, Formose, Hainan, la Corée, l'archipel Liu-Kiu et l'ile de Hongkong, avec leur distri- bution géographique et leur synonymie); par MM. Francis Blackwell . Forbes, et W. Botting Hemsley (Journal of the Linnean Society, Botan., vol. xxm, p. 1-80). Londres, mai 1886, in-8, 80 p., 4 pl., 1 carte géogr. Cet intéressant catalogue est rédigé d'aprés les importantes collections de plantes chinoises réunies, soit dans l'herbier de Kew, soit dans celui du British Museum, soit aussi d'aprés quelques collections particuliéres que les auteurs ont pu consulter (1). Ainsi que l'indique le titre, c'est une simple énumération, mais qui emprunte beaucoup d'intérét au soin avec lequel la synonymie est établie et les localités indiquées. Un certain nombre d'espéces nouvelles y sont décrites; les espéces critiques y don- nent lieu à des observations qui témoignent de beaucoup de recherches de la part des auteurs, dont l'un a d'ailleurs résidé longtemps en Chine. Les familles sont disposées dans l’ordre du Genera plantarum de Bentham et Hooker, et dans ce premier fascicule vont des Renoncula- cées aux Ternstræmiacées. Parmi les Renonculacées, le Clematis tubulosa Turez. est rapporté en Synonyme au C. heracleæfolia DC., plante jusqu'ici trés obscure, mais que les recherches de M. Forbes (Journ. of Bot., 1884, p. 263), ont élucidée complètement; le C. Davidiana Dene en est rapproché comme variété. Une seule est donnée comme nouvelle dans la famille, le Ranunculus Polii Franch. mscr., du Kiangsu. Les espèces nouvelles ou présentant un intérêt particulier, dans les autres familles, sont : — Anonacées : Melodorum Oldhami Hemsl., de Formose (Oldham, 5/1 1) ; — Magnoliacées : Liriodendron tulipifera L., var.? chinense Hemsl. « Arbor pulchra patula ; foliis variabilibus, adultis alte lobatis lobis obtusissimis, novis breviter lobatis lobis acutissimis; flo- ribus viridibus, sepalis petalisque vix 9 lineas longis » Hemsl., ex schedu- (1) Il est peut-être regrettable que la publication de l'Indez Flore Sinensis n'ait pu être retardée de quelques mois, ce qui eût permis aux auteurs de profiter des collec- tions faites aux Yun-nan par M. Delavay ; l'/ndex eût été ainsi enrichi de plus de 1000 espèces nouvelles pour la flore de Chine. i 174 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lis collectorum Shearer et Maries. — Liriodendron sp. nov. ? S. Moore in Journ.'Bot., 1815, p. 225.— Cet arbre habite les montagnes de Lushan, prés de Kiukiang, dans la province de Kiangsi. Le peu qu'on en sait ne suffit pas pour établir qu'il constitue une espèce distincte du type améri- cain. Les fleurs de la plante chinoise sont plus petites, mais les feuilles ne fournissent aucun caractére précis. Violariées : V. Rossii Hemsl., de la Chine centrale et de la Corée, très voisin du V. Bisseti Maxim.; V. Websteri Hemsl., espéce caulescente, à feuilles trés étroites accompagnées de grandes stipules fimbriées, de la ‘Corée. Les Polygalées fournissent quelques espèces nouvelles : Polygala fallax Hemsl., du Fokien; c'est un petit arbrisseau (?) qui ressemble au P. venenosa; ses fleurs ont une créte stipitée, multifide ; P. hongkongensis Hemsl. (P. Loureirii Gard. et Champ., P. elegans Benth. pro parte); P. Mariesii Hemsl., de la province de Hupeh, arbrisseau presque com- plétement glabre, à feuilles lancéolées, à fleurs jaunes, dont les crétes carénales sont en forme d'appendices arrondis, concaves. Caryophyllées : les Stellaria, dont le chiffre est de 16 en Chine, en y comprenant comme section les Krascheninikowia, fournissent un type nouveau: S. rhaphanorrhiza Hemsl. (Krascheninikowia), du nord de la Chine et de la Corée. t Parmi les Ternstræmiacées, deux espèces nouvelles sont signalées : Eurya distichophylla Hemsl., du Fokien et Sauraja Oldhami Hemsley, de Formose (Oldham, n° 34). A. FRANCHET. AMustrationes floræ insularum maris pacifici, auctore E. Drake del Castillo. Fasc. secundus. Tabulæ xr-xx. Parisiis apud G. Masson, 1886 (Augusto), in-4, p. 33-48, 10 tab. Les espèces suivantes sont figurées dans ce fascicule: tab. xr, Buett- neria tahitensis Nad. (forif.); tab. xu, Buettneria tahitensis (fruc- tif.); tab. xu, Weinmannia Vescoi, sp. nov.; tab. xiv, Nauclea — Forsteri Seem. ; tab. xv, Uragoga speciosa (Psychotria speciosa Nad.); tab. xvi, Uragoga trichocalya (P. speciosa, var. cymosa Nad.); tab. xvm, Uragoga tahitensis (P. asiatica Nad.); tab. xviu, Uragog& Franchetiana, sp. nov.; tab. xix, Uragoga Lepiniana (P. cernua Nad.); tab. xx, Phyllostegia linearifolia, Sp. nov. A. FR. Die Methoden der Bakterien-Forschung (Les méthodes de recherches sur les Bactéries) ; par M. Ferd. Hueppe. Volume de 1-244 pages avec 40 figures dans le texte et 2 planches coloriées. Wies- baden, 1886. 3* édition allemande. (1) Gonf. supra, p. 110. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 175 Cet ouvrage, trés estimé en Allemagne, où il a pu atteindre en peu de temps une troisième, édition, est un manuel fort bien fait des différents procédés employés dans les laboratoires où l'on s'occupe de l'étude des Bactéries. En premier lieu, l’auteur décrit les procédés de stérilisation des vases et des liquides de culture : la stérilisation devant se faire, en général, à une température qui dépasse 100 degrés, on peut employer soit des bains d'huile, de paraffine et de chlorure de calcium (M. Miquel), soit, b p plus dément, de la vapeur d'eau surchauffée. A cet effet, on se sert d'appareils spéciaux assez analogues, en principe, à la mar- mite de Papin employée dans les cours de physique. Dans les cas où l'emploi de la chaleur altére les liquides de culture, comme cela arrive par exemple pour une solution de saccharose, on a recours avec succès à la stérilisation par filtration à froid. On peut filtrer sur du plâtre ou sur de la porcelaine. M. Chamberland a, dans ces derniers temps, donné une forme très pratique et très simple aux filtres de porcelaine poreuse. Les milieux solides, tels que la gélatine, l'agar agar sont en géné- ral stérilisés de la même manière, quoique à une température inférieure. A de rares exceptions prés, on est en général obligé de colorer les Bactéries pour en pouvoir faire une étude complète : c'est surtout le cas des Bactéries pathogènes qui se trouvent disséminées le plus souvent dans un substratum vivant fort complexe. Les couleurs employées dans les préparations sont les couleurs d'aniline, telles que la fuchsine, le violet de méthyle, le bleu de méthyle, le violet de gentiane, la vésuvine, la sa- franine, etc. Nous citerons à ce propos l'exemple trés intéressant du Bacille de la tuberculose, pour lequel on emploie le procédé de double coloration. On colore la préparation sèche au violet de méthyle et on la plonge, pendant quelques secondes, dans une solution faible d'acide azo- tique. A l'encontre de toutes les autres Bactéries, les Bacilles de la tuber- culose ne sont pas décolorés par cette action d'un acide minéral. On traite ensuite par l'alcool, puis par une dissolution de vésuvine; le Bacille de Ja tuberculose reste bleu, tandis que les noyaux des cellules ou les autres Bactéries deviennent bruns, ce qui permet de distinguer. facilement les premiers organismes. Ces différentes recherches s'accompagnent naturel- lement de la plupart des procédés employés en histologie pour l'examen ` et la préparation des coupes. Les spores se distinguent le plus souvent par l'aspect tout spécial qu'elles donnent à la cellule-mére où elles ont pris naissance. Il est par- fois intéressant de les mettre en évidence avec plus de certitude et l'emploi des réactifs colorés peut servir à cet usage. Dans ce cas c'est en général le protoplasma de la cellule-mère qui se colore seul, la mem- brane de la spore protégeant celle-ci contre l'action du réactif. 176 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les milieux de culture des Bactéries sont le plus souvent des liquides : "ce sont alors des solutions à composition purement minérale, employées tout d'abord par M. Pasteur, ou bien des bouillons de viande, neutralisés ou rendus légèrement alcalins, car les milieux acides conviennent mieux aux Champignons et aux Moisissures qu'aux Bactéries proprement dites. On a souvent recours à des liquides sucrés, à du lait stérilisé, à du sérum du sang, ete. Enfin on fait usage de milieux solides, tels que l'empois d'amidon, la gélatine, l'agar-agar ou gélose, etc. Tl està remarquer que M. Hueppe, comme la plupart des auteurs alle- mands, ne parle pas des procédés de culture dans le vide, si constam- ment en usage dans les laboratoires francais. « Les Bactéries anaérobies, dit-il, croissent trés facilement au fond des tubes de gélatine et pour les cultiver dans les liquides, il suffit de chauffer le vase contenant le liquide de culture au. bain-marie, de 38 à 40 degrés pendant une demi-heure, ce qui permet d'obtenir des vases complétement vides d'air (?). » Aprés ces descriptions de pure technique, l'auteur termine son livre par quelques considérations générales sur les propriétés biologiques des Bactéries, sur leur dissémination dans le sol, dans l'air et dans l'eau, et enfin il indique briévement quelques procédés qui ont été employés pour étudier avec soin leur propagation. Pour M. Hueppe, les Bactéries, considérées au point de vue physiolo- gique, peuvent se diviser en deux grands groupes: les Saprophytes et les Parasites. Les Saprophytes se divisent en Bactéries chromogènes (Pigment-Bactérien) et en Bactéries-ferments, celles-ci pouvant être aéro- bies et donner lieu à des oxydations, ou anaérobies et alors être anaéro- bies facultatives ou obligatoires. Les Parasites seront de méme parasites facultatifs, saprophytes facultatifs ou forcément parasites. E. WassERZUG. Bacteriologische Diagnostik (Moyens de reconnaitre les Bacté- ries); par M. Eisenberg (James). Leipzig, 1886. s L'auteur, qui travaille au laboratoire de M. Koch, a eu l'idée de ras- - sembler dans une série de tableaux, le résumé des principales notions que l'on possède actuellement sur les Bactéries. Chaque tableau contient l'indication du nom de la Bactérie, de son lieu d'origine, de sa forme, de ses principales propriétés sous l’action de la chaleur, de l'oxygène, ete., de la manière dont elle pousse dans les différents milieux solides et des formes diverses qu'elle y affecte. Ce résumé aussi bien que celte mise en tableaux systématique semblent un peu prématurés, car la plupart des Bactéries sont très peu étudiées, surtout les Bactéries pathogènes que l'auteur a particulièrement l'intention de décrire. Quelques tableaux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 177 sont consacrés à des indications très vagues sur un certain nombre de Champignons, d’ailleurs bien connus, tels que les Penicillium, les Mu- cor, etc. Le travail de M. Eisenberg donne toutefois quelques renseigne- ments utiles. E. W. Bacterien-Ætiologie der Infecti Krankheiten (Étiologie des Bactéries dans les maladies infectieuses); par M. Hugo Mitten- zweig. Brochure de 136 pages. Berlin, 1886. Cet abrégé est tout entier consacré aux travaux de l’école allemande et comprend en grande partie un résumé succinct des travaux faits sur les Bactéries pathogènes. A côté de cela il contient quelques indications sur leur classification et leurs diverses propriétés. L'auteur, partageant les idées de M. Koch et de M. Hueppe, ses maitres, adopte la classification des Bactéries fondée sur leur forme, classification qui s'écarte cependant assez de celle qu'avait donnée M. Ferdinand Cohn. Aprés avoir décrit les divers procédés qui servent à étudier les Bactéries, l'auteur s'étend longuement sur quelques Bactéries pathogènes, telles que les Bactéries du choléra, de la fièvre typhoide, de la gonorrhée, de la syphilis; etc., il se borne à répéter les travaux que l'on a faits en Allemagne sans tenir compte des travaux étrangers, tels que ceux de MM. Alvarez et Tavel, qui ont démontré de la manière la plus certaine, en décembre 1885, que la Bacille de la syphilis, que Lustgarten avait cru trouver, ne caractérisait nullement cette maladie. ll n'est pas jusqu'à l'étude de la génération spontanée qui ne soit attribuée à l'école allemande, les procédés de M. Koch, dit l'auteur, ayant enfin démontré d'une maniére certaine que les divers micro-organismes tirent leur origine d'étres semblables à eux. h seche R 4. Narh s; Mikr zum eis der red renden Zuckerarten (Sur une réaction de quelques espèces de sucres réduits employée en microchimie) ; par M. A. Meyer (Berichte der deutsch. Bot. Gesellschaft, t. 111, 1885, p. 332). Pour reconnaitre la présence du sucre dans les cellules végétales, l'auteur conseille le procédé suivant qui lui a fort bien réussi. On prend des coupes un peu épaisses, à deux ou cinq assises de cellules, que l'on met pendant quelque temps dans une solution saturée de sulfate de cuivre. On les passe ensuite rapidement dans de l'eau distillée et on les met dans une solution bouillante de potasse, de sel de Seignette et d'eau, en proportions égales en poids. Au bout de quelques secondes, les cel- - lules contenant du sucre capable de se réduire sont colorées par le pré- cipité d'oxydule de cuivre, les autres cellules restent incolores. Ce pro- T. XXXIII. (REVUE) 12 178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cédé donne de meilleurs résultats que celui de M. Sachi avec la liqueur de Fehling employée ordinairement. ~ E. WASSERZUG. Sur la formation des spores dans la levüre de bière; par M. A. Zalewski, note en polonais publiée dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Cracovie, t. xi, 1885. D'aprés M. Zalewski, il est facile d'apercevoir un noyau dans les cel- lules de la levüre de biére. Il suffit pour cela de les laisser pendant quelques heures dans de l'eau pure et de les traiter ensuite par l'héma- toxyline et une solution d'alun. Ce noyau est aussi visible dans les spores mûres. Dans les cellules végétatives qui sont en voie de former des spores, le noyau n'est pas visible, mais c'est probablement parce que, dans ce eas, il se trouve en train de se diviser. E..W. Ueber die Sauerstoffsabgabe der Pflanzen im Mikros- pectrum (Sur l'émission de l'oxygène par les plantes dans le spectre) ; par M. Pringsheim (Sitzber. der Kænig. Preuss. Acad. der Wissenchaften zu Berlin, t. vu, 1886, pp. 137-176 et 2 planches). On sait que l'on doit à M. Engelmann un procédé trés ingénieux con- sistant à étudier l'émission de l'oxygéne par les plantes vertes dans le spectre, au moyen de Bactéries aérobies qui se rassemblent aux points où l'oxygène est le plus abondant. Pour M. Engelmann ces points coïncident avec les raies du spectre de la chlorophylle, les maxima d'émission d'oxygène concordant avec les maxima de groupement des Bactéries. M. Pringsheim a repris ces expériences qui le conduisent à montrer qu'il n’y a pas proportionnalité entre l'absorption de la lumière et l'émission d'oxygène dans le spectre, à cause des phénomènes d'oxyda- tion et de réduction qui se passent simultanément dans les tissus de la plante qui sert à ces expériences. Dans une premiére série d'expériences, M. Engelmann se propose de reconnaitre la position relative des maxima d'absorption d'acide car- bonique et d'émission d'oxygéne. Pour cela, il place, dans de l'eau, per- pendiculairement aux raies du spectre, un filament de Conferve, par exemple, avec des Bactéries aérobies. Celles-ci se rassemblenten plus ou moins grande quantité aux différents points. C'est l'expérience classique. M. Pringsheim, qui l'a reprise, a montré que le maximum d'absorption se. trouve, non pas dans le voisinage de la raie C, mais tout près dela raie B. Avec les Algues verles ((Edogoniées, Cladophora, Ulothriæ, Spiro- gyra, etc.), l'auteur est arrivé aux conclusions suivantes : 4° Les maxima d'absorption d'aeide carbonique et d'émission de l'oxy- gène ne coïncident pas constamment entre eux dans le bleu ni dans le REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179 rouge ; ils changent aussi suivant que l’on emploie la lumière artificielle, la lumiére diffuse ou la lumiére solaire. 2° Bien que le mouvement des Bactéries s'effectue avec une grande énergie dans le voisinage de C, il atteint son maximum, non point à l'en- droit de l'absorption maximum entre B et C, mais au delà de C, entre C et D, etce maximum ne varie pas sensiblementavec les différents échan- tillons d'une màme espéce. 3° Dans toute la portion violette du spectre, ce mouvement est toujours dans un rapport très peu étroit avec l’absorption en ces points. Ce rapport direct existe encore bien moins pour les Algues rouges ou brunes. On sait que dans ce cas, au spectre de la chlorophylle se surajoute une bande obscure dans le vert et le rouge, plus marquée avec les Algues rouges qu'avec les Algues brunes. Le maximum d'émission de l'oxygéne est alors situé assez loin dans le jaune et le vert. Dans une deuxième série d'expériences, M. Engelmann a essayé de donner d'une manière trés exacte les proporlions d'oxygéne émis dans les différentes régions du spectre. Pour cela le filament de l'Algue est placé, non plus perpendiculairement, mais parallélement aux raies de Frauenhofer, dans les diverses portions du spectre. On mesure alors l'é- mission oxygène en chaque point en déterminant l'ouverture minimum qu'il faut donner à la fente par laquelle on fait arriver la lumiére, pour attirer les Bactéries au point considéré. L'émission d'oxygéne est alors en rapport inverse avec la grandeur de la fente. M. Pringsheim soutient que cette méthode ne peut donner que des mesures illusoires. En effet, le mouvement des Bactéries n'est nullement en rapport avec l'existence d'une quantité donnée d'oxygène et il n'est pas permis de considérer le moment où commence ce mouvement comme idant avec le cement de l'émission d'oxygène. En résumé, l'auteur conclut à la non proportionnalité entre l'absorption de la lumiére dans les plantes et l'émis- sion de l'oxygéne. i E. W. Ueber die Austrock fæhigkeit der Pfl (Sur la résistance des plantes à la dessiccation); par M. Georg Schreder. Thèse inaugurale de 51 pages. Leipzig, 1886. Il s'agit non pas d'une dessiccation absolue qui; privant — les plantes de l'eau que leurs cellules ó t, améne irement leur mort au bout d'un temps plus ou moins long, mais d'une dessicca- tion relative qu'on obtient en placant les plantes dans une étuve à 15 ou 20 degrés seulement pendant plusieurs jours ou bien dans un espace clos dont l'air est desséché à l'aide de l'acide sulfurique. Les expériences de l'auteur ont porté, soit sur des plantes entiéres, soit sur les différents organes d'une méme plante. 180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Chez les Phanérogames et les Cryptogames vasculaires, la dessiccation méme partielle amène rapidement la mort de la plante. Il faut en excepter quelques espèces d'Isoetes qui se trouvent en Algérie : Isoetes Hystrix, 1. Durici, 1. velata; etc., qui ont conservé leur vitalité aprés un séjour de deux ans dans un herbier, d'aprés Alex. Braun. Cette longue vitalité serait peut étre due à la présence de nombreuses réserves oléagineuses contenues dans leurs cellules. Les Crassulacées, les Opuntia offrent une résistance trés grande à la dessiccation : la grande épaisseur de leur cuticule doit y contribuer. Un échantillon de Sedum elegans perdit jus- qu'à 75 pour 100 de son poids par la dessiccation sans périr. Avec un autre on put aller jusqu'à 90 pour 100. Il convient de prendre des plantes jeunes et vivaces pour ces sortes d'expériences. Un Echeveria secunda ne périt qu'aprés avoir perdu 78,9 pour 100 de son poids. Remarquons que de Candolle a cité depuis longtemps des plaires de Sempervivum cœæspitosum qui ont résisté à une dessiccation de dix- huit mois dans un herbier, et de Cactus Opuntia qui se montra vivace aprés quatorze mois (de Saussure). Mais en général une perte d'eau de 60 pour 100 suffit pour amener la mort d'une plante ordinaire. En prenant des parties isolées d'une méme plante, on arrive à des résultats plus précis. Une branche d'Asperula odorata supporte une perte de 61,5 pour 100 pendant douze à quinze heures. Des feuilles de Fuchsia qui contenaient en tout 88,8 pour 100 d'eau ne périrent com- plètement qu'aprés une perte de 77,5 pour 100, et des racines de Mais aprés une perte de 74,9 pour 100. On connait depuis longtemps la résistance des graines à une dessicca- tion prolongée. Les — viennent en première ligne parmi toni les plantes. Cependant une dessiccation même i lète tue rapid les graines d' Oxalis rubella et Oxalis lancifolia. De même les graines des Peupliers et des Ormes perdent rapidement à l'air sec leur pouvoir de germination. Il en est de méme de toutesles plantes en général dont la graine germe dés qu'elle se sépare de la plante-mére. Chez les plantes puse etd comme le Caltha palustris, la graine résiste facilement à une dessiccation de onze i D'anciennes expériences de de Saussure (voy. les Annales des sc. nat., t. x, 1821) ont montré que cette résist était b p moindre quand on prenait les graines à un état de germination plus ou moins avancé. Chez les Cryptogames vasculaires, les spores ont en général une résis- tance considérable qui peut se conserver pendant plus de cinquante ans chez les spores des Fougères ordinaires, des Marsilia, etc. Les spores vertes des Osmunda et des Hymenophyllum, celles des Équisétacées ont au contraire une résistance trés faible. Celles du Lycopodium inun- datum se rangent dans cette dernière catégorie (De Bary). Les prothalles REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 181 sont tous très ibles à la dessiccation : il faut en excepter le prothalle femelle du Gymnogramme leptophylla. Chez les Hépatiques, le thalle est en général très peu résistant. Les Riccia glauca et fluitans ne dép tpas quelques jours. Cependant un Corsinia marchantioides put repousser après être resté neuf mois dans un herbier. Chez les Mousses, à l'exception des Sphaignes et des plantes aquatiques, on peut trouver une résistance beaucoup plus considérable. Des exemplaires de Funaria se montrèrent vivants après avoir été des- séchés pendant six semaines en présence de l’acide sulfurique ; un échan- tillon de Barbula muralis résista après dix-huit semaines. Chez beau- coup de Mousses, cette longue dessiccation ne fait même pas périr les feuilles : il en est ainsi chez le Grimmia pulvinata, et VOrthotrichum obtusifolium. De Candolle a cité des Mousses qui donnaient une pousse nouvelle après un séjour de plusieurs années dans un herbier. M. Schreeder refit l’expérience sans succès sur des exemplaires de Mousses, telles que des Barbula, des Grimmia, des Bryum, etc., qui avaient de trois‘ à cinquante ans de date. Un seul échantillon de Bryum cæspiticium de 1866, se montra vivace : il renfermait d'ailleurs un petit protonéma. l réussit beaucoup mieux avec des Mousses qui étaient depuis deux ans seulement dans l'herbier. Quant aux spores, il est certain que leur résist peut dép cinquante ans. Le protonéma lui-méme est trés résistant. Les Algues présentent une variabilité trés grande dans la résistance qu'elles peuvent offrir contre la dessiccation. On sait que, dans ce cas, les cellules végétatives d'un grand nombre d'entre elles peuvent passer à l'état de vie latente et se conserver trés longtemps vivantes malgré des changements considérables de température. On trouvera dans le mé- moire de M. Schreeder de nombreux exemples à l'appui de ce que nous venons d'avancer. Il nous suffira de citer les Nostocacées qui se trouvent facilement protégées contre la dessiccation par la présence d'une puis- sante enveloppe gélatineuse; on peut en réduire à l'état de poussière sèche sans leur enlever leur vitalité. C'est ainsi qu'un filament d'Oscil- laria antliaria long de 195% put être desséché sans inconvénient et amené à n'avoir plus que 39 g de long. Il s'en faut de beaucoup que les cellules végétatives de la plupart des Champignons possédent autant que les Algues cette propriété de résis- tance. Mais les sclérotes et les spores se rapprochent davantage des Algues sous ce rapport. C'est ainsi que l'on put voir germer des spores de Phy- comyces nitens qui étaient restées depuis le2 août 1881 au 11 août 1884, dans un tube fermé contenant du chlorure de calcium. M. Brefeld cite des spores d'Aspergillus flavus germant au bout de six ans dans ces mémes conditions. Par contre certaines conidies ne résistent pas au delà 182 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. - de vingt-quatre heures à une dessiccation énergique. Les spores des Usti- laginées se distinguent entre Loutes par leur résistance qui peut dépas- ser huit ans. Les Champignons parasites de certains insectes ont une vitalité moindre : les spores de l'Empusa muscæ et de l'Empusa radi- cans ne germent plus au bout de quinze jours, celles du Botrytis Bas- siana qui vit sur les vers à soie, se conserve environ dix mois et celles du Cordiceps militaris, que l'on trouve sur la chenille du Sphinx Eu- phorbiæ, pendant prés d'un an. Remarquons d'ailleurs que chez les Urédinées en particulier, la vitalité des différentes générations de spores varie considérablement et dépend des fonctions physiologiques de chacune d'elles. Les sclérotes des Myxomycétes permettent à ces plantes de subir une dessiccation prolongée. C'est ainsi que Léveillé cite un selérote resté vivant aprés plus de vingt ans (voy. Annales des sc. nat., 2° série, t. xx). L'auteur a fait des expériences sur la vitalité de la levûre de bière. On sait que M. Pasteur a montré que la levûre de bière mélangée à du plâtre pouvait se conserver vivante et provoquer la fermentation alcoo- lique aprés deux mois et demi et méme sept mois et demi, la fermenta- tion commençant à se produire au bout de quatre à huit jours. D'autres auteurs, en particulier Claude Bernard, accordent à la levüre une résistance plus considérable qu'ils portent à deux ans et davantage. M. Pasteur n'a jamais pu atteindre plus de huit mois, dans les conditions oùil s'estplacé. Le plâtre, qui avait été chauffé à plus de 200 degrés pour amener sa stérilisation, avait eu sans doute une influence nuisible, car M. Schrœder, reprenant ces expériences et employant l'acide sulfurique comme moyen de dessiccation, a pu atteindre une période de huit mois sans voir périr la levüre. M. Sehreder a fait sur la dessiccation des Bactéries quelques expé- riences qui ne sont pas, nous semble-t-il, à l'abri de toute erreur. Il prend un liquide où vivent « des Bactéries de putréfaction » (c'est le seul nom qu'il leur donne), et il le stérilise en le plongeant pendant plusieurs heures dans de l'eau bouillante. Or on sait que la température de 100 degrés ést insuffisante pour tuer les spores des Bactéries en général. Il s'assure de la stérilisation de son liquide de culture par une méthode aussi peu certaine : le liquide à vérifier est mis dans des tubes capillaires que l'on placé dans une éprouvetie à analyse, fermée elle-même par un bouchon de coton. On stérilise le tout en versant sur le coton quelques grammes de chloroforme qui, d'aprés l'auteur, suffit pour tuer les germes placés à la surface des tubes capillaires. Cela fait, on brise ces derniers et l'on sé borne à examiner au microscope le liquide qu'ils contiennent. On voit combien toutes ces diverses manipulations mettent peu l'expéri- mentateur à l'abri des erreurs. Ce qu'on peut dire de certain sur la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 183 résistance des Bactéries, c'est qu'on a des exemples de sang charbonneux desséché, donnant la maladie aprés plusieurs années. La dessiecalion a un effet remarquable sur l'aspect de la cellule. La membrane est plissée, le protoplasma devient trouble et la cellule con- tient dans son intérieur un grand nombre de bulles d'air. Enfin, il n'est pas indifférent d'activer ou de ralentir la dessiccation suivant les plantes, et l'auteur cite, à la fin de son mémoire, quelques cas où une dessicca- lion rapide était trés nuisible, tandis qu'une dessiccation lente n'amenait aucun résultat fàcheux. Cette remarque permet de se demander si M. Schreder a toujours pu réaliser les meilleures conditions pour faire l'étude qu'il s'était proposée. Malgré cela, son mémoire est rempli de fails intéressants dont beaucoup sont originaux: en particulier, toute la partie qui traite des Algues est étudiée avec un trés grand soin. E. WASSERZUG. * Notice sur la flore des environs de Nancy; par M. Paul Vuillemin. 33 pages in-18. Nancy, 1886. FLORE JURASSIQUE. — Elle est essentiell t calcicole et caracté- risée dans les environs de Nancy, notamment sur le plateau de Malzéville, par les espéces suivantes : Anemone ranunculoides et silvestris, Tha- lictrum silvaticum, Corydalis cava, Dentaria pinnata, Viola alba et mirabilis, Trifolium alpestre, Cytisus Laburnum, Orlaya grandiflora, Laserpitium latifolium, Tordylium maximum, Peucedanum Cervaria, Veronica persica, Sideritis montana, Rumex scutatus, Epipactis atro- rubens, Cephalanthera pallens, Carex ornithopoda, Alopecurus utri- culatus, etc.; — dans les vallons encaissés connus dans le pays sous le nom de « Fonds », Asarum europeum, Allium ursinum, Gagea lutea, Arabis brassicæformis et arenosa, Melica nebrodensis, rarement Cypri- pedium Calceolus ; — dans les forêts : Geranium. pratense, Siler tri- lobum, Gentiana cruciata et ciliata, Carex montana et digitata, Veronica montana, etc.; — au bord des eaux et des étangs, Orchis incarnata, Eleocharis uniglumis, Senecio salicetorum, Aster bruma- ` lis, ete. FLORE VOSGIENNE. — Son foyer principal est au massif du Hohneck, qui atteint 1366 mètres d'altitude; elle se divise en flore vosgienne pro- prement dite, essentiellement granitique, et flore vosgienne inférieure, dont le grés vosgien est le substratum habituel. Le sol des hautes Vosges est surtout forestier; le Hétre et des Sapins séculaires y couvrent d'im- menses espaces entrecoupés de prairies et de tourbières. On recueille : sous les Sapins, Lunaria rediviva, Potentilla micrantha, Pirola uni- flora et secunda, Rumex montanus, Luzula albida, Malaxis paludosa, 184 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Epipogium Gmelini, Corallorrhiza Halleri, Lycopodium Selago, de nombreuses Fougères, etc.; — au bord des ruisseauxet torrents, Ranun- culus aconitifolius, Saxifraga stellaris, Lonicera nigra, Mulgedium alpinum, Adenostyles albifrons, Convallaria verticillata, etc.;:— dans les lacs, Nuphar pumilum, Isoetes echinospora, etc. — Les sommets, dómes gazonnés ou rochers abrupts émergeant au-dessus de la zone forestière, sont connus sous le nom de chaumes, et leur végétation est composée surtout de plantes basses et rampantes : Anemone alpina, Trollius europeus, Viola lutea, Silene rupestris, Meum athamanti- cum, Gnaphalium norvegicum, Picris pyrenaica, Thlaspi alpestre, divers Lycopodium, Botrychium rutaceum, B. matricarioides, etc. La neige couvre longtemps ces pâturages, où règne presque toujours un vent violent avec de brusques alternatives de brouillards et de soleil torride. « Plusieurs espèces de la plaine, dit l'auteur, ne résistent à ces » inf qu'à la condition de s'y adapter. au point de devenir mécon- » naissables. Ainsi, le Ranunculus silvaticus a pour représentant le » R. aureus, le Serratula alpina n'est qu'une variété macrocéphale » du S. tinctoria, des relations du méme ordre unissent le Carlina lon- » gifolia au C. vulgaris ; VHieracium Pelleterianum est un H. Pilo- » sella velu et à grandes fleurs; le Campanula linifolia, le Phyteumt » Halleri, le Betonica montana, sont des formes alpestres du Campa- - » nula rotundifolia, du Phyteuma orbiculare, du Betonica officinalis. » Le Hêtre, qui d'ailleurs se tient à quelque distance des points culmi- » nants, affecte l'aspect de buissons trapus et serrés, qui rappellent assez » les Ifs taillés... » Des espéces vivaces (Angelica pyrenaica, Jasione perennis, etc.) se substituent ici, comme dans les Alpes, aux plantes annuelles des régions basses ou abritées (Ang. silvestris, Jas. mon- tana, etc.). — Le point culminant des Vosges, le ballon de Guebwiller (1426 mètres), possède quelques plantes quant au reste de la chaine: Androsace carnea, Poa alpina var. longifolia, Potentilla sabauda DC. (forme du P. salisburgensis du Hohneck), etc. ÉrunE CRITIQUE DE LA FLORE VOSGIENNE. — L'auteur compare la flore vosgienne successivement avec celles du Schwarzwald, du Jura, de l'Aveyron, des Ardennes et de l'Oberland bernois. « La flore alpine » actuelle des Vosges est un vestige d'une végétation bien mieux repré- » sentée autrefois et dont la régression se continue encore. » M. Vuillemin passe en revue dans les chapitres suivants : la FLORE DES VOSGES INFÉRIEURES, qu'on peut étudier aux environs Épinal; la FLORE LIASIQUE, d'un caractère mixte, telle qu'on l'observe à Montaigu, aux portes de Nancy; la FLORE LITTORALE ou marine des étangs salés de la vallée de la Seille, avec Ranunculus Baudotii, Ruppia rostellata, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 185 Triglochin maritimum, Spergula marina, ete. I| fait remarqueryen terminant par des considérations sur les coLowtEs, c’est-à-dire « l'exis- tence de divers représentants des flores vosgienne ou jurassique en dehors des.limites de ces flores », qu'on ne saurait ici invoquer l'entrainement par les eaux. « On est forcé d'admettre que les graines des espèces les » plus diverses, dispersées par des procédés multiples, sont répandues à » profusion bien loin de leurs localités classiques; en sorte que, dés » qu'un terrain est nettement. propice à une espéce donnée et lui assure » sur ses rivales un avantage sérieux, le germe fait rarement défaut. » Ces diverses citations donnent un aperçu des tendances critiques de l'auteur, qui, ne se contentant pas de rapporter soigneusement les faits, essaie d'en pénétrer les causes et l'enchainement. ERN. MALINVAUD. Compte rendu de l’excursion de Fécamp (30 mai 1886), partie botanique, par M. E. Niel (Bulletin de la Société des Amis des sciences naturelles de Rouen, année 1886, premier semestre); tirage à part, 10 pages in-8°. Fécamp était le lieu choisi, cette année, pour l'excursion de la « So- ciété des Amis des sciences de Rouen ». Environ quarante membres ont pris part aux herborisations et se sont divisés en deux groupes : tandis que les uns allaient explorer les bois et les marais de l'Épinay, qui leur offraient de nombreux spécimens de la flore maritime, Lepigonum me- dium, Aster Tripolium, Chrysanthemum maritimum, Plantago mari- tima, Atriplex crassifolia, Beta maritima, Triglochin maritimum, etc. , d'autres inspectaient les plages rocheuses du littoral et y récoltaient un grand nombre d'Algues marines et de Diatomées, dont la liste a été com- " muniquée par M. Bernard. Ern. M. Atlas de la Flore d'Alger; iconographie avec diagnoses d'espéces nouvelles, inédites ou critiques de la flore atlantique (Phanérogames et Cryptogames acrogénes) ; par MM. Battandier et Trabut, professeurs à l’école de médecine et de pharmacie d'Alger. Premier fascicule, 16 pages in-8° et 11 planches. Alger, Adolphe Jourdan; et à Paris, chez F. Savy, 1886. « Au temps de Bauhin, dit M. A. de Candolle (Phytographie, p. 312), presque toutes les plantes connues étaient figurées ; aujourd'hui la majo- rité des espèces décrites ne l’est pas. » C'est que, ainsi que le font juste- ment remarquer les auteurs du nouvel Atlas, si les naives figures du temps de Bauhin étaient trop souvent insuffisantes, « on en est venu aujourd'hui à faire des iconographies botaniques de véritables œuvres d'art, entraînant de telles dépenses qu'elles demeurent forcément le mo- nopole de quelques privilégiés de la fortune. Il serait d'ailleurs facile de 186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. démontrer, par d'illustres exemples, que cette perfection artistique n'est même pas toujours un gage d’exactitude. » « Nous offrons aujourd'hui au publie, continuent les auteurs, un pre- mier fascicule d'espéces nouvelles ou non encore figurées, dessinées et lithographiées par nous. Entièrement inexpérimentés dans l'art du litho- graphe, nous ne nous dissimulons nullement l’imperfection de ces essais au point de vue artistique ; mais nous nous appliquerons toujours à don- ner des dessins consciencieux et exacts... Cette tentative, à la portée de tous les botanistes, est hardie ; mais elle permettra, si elle réussit, de faire connaître un grand nombre d'espéces, qui sans cela resteraient longtemps énigmatiques. C'est là notre seul but ; aussi nous abstiendrons- nous de publier les espèces que nous croirons devoir être figurées, soit dans les belles Illustrations de M. le D" Cosson, soit ailleurs. Les espèces étant dessinées à mesure que les circonstances nous le permettent, nous ne suivrons aucun ordre dans leur publication. » Cinq Muscinées sont déerites et figurées dans ce premier fascicule : Riella Cossoniana Trabut et Fossombronia corbulæformis Trabut, pl. I; — Entosthodon Mustapha Trabut et Pottia chottica Trabut, pl. VIT; — Riella Clausonis Letourneux, pl. VIII. Les autres espèces sont: Ophrys atlantica Munby, pl. 1; — Cardun- cellus Pomelianus Battand., pl. IIT; — Buffonia Duvaljouvii Battand. et Trabut, pl. IV; — Ononis avellana Pomel, pl. V; — Campanula serpylliformis Battand., pl. VI; — Vicia fulgens Battand., pl. IX; — Limod butianum Battand., pl. X;— Centaurea Malinvaldiana wm Tr Battand., pl. XI. Les figures, habilement dessinées par l'un des auteurs, qui les a lithographiées lui-même et en a colorié certaines parties, permettent de saisir au premier coup d'ail les caractères distinctifs des espèces repré- sentées. ERN. MALINVAUD. Note sur Fexistence du Mentha Lloydii Bor. dans l'est de la France; par M. Th. Durand (Bulletin Soc. roy. de botanique de Belgique, t. xxiv, 1885, 2* fascicule, pp. 98-101). M. Durand, aprés avoir rappelé le désaecord des auteurs (MM. Lloyd, Cosson et Germain, Grenier et Godron, Boreau et Nyman) (1) au sujet de ce curieux Mentha et les vicissitudes de sa nomenclature, en signale une nouvelle localité francaise découverte dans le département de l'Ain, en 1879, par Alfred Déséglise: « Gréves du Rhóne au Molard, prés de » Culoz ». ; M Voyez nos observations sur le Mentha Lloydii, t. xxvii (1881) du Bulletin, p. 373 et suiv. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187 Nous lisons, à la fin de l'article, que « le M. Lloydii Bor. est une Spi- catæ ». Nous regrettons que le dernier mot de la Note ne soit pas celui de ce débat. Ern. M. Quelques réflexions sur les travaux de statistique vé- gétale ; par M. Francois Crépin (Bulletin Soc. roy. de bot. de Belg., t. xxiv, 2° fase., pp. 16-19). « Les diverses régions botaniques du pays, dit l'auteur s'adressant à ses compatriotes, sont aujourd'hui connues d'une facon trés détaillée. Avec les documents publiés, nous pouvons prévoir quelle est à peu prés la composition de la florule d'une localité quelconque restée inexplorée. La seule chose imprévue consistera dans la présence ou dans l'absence de quelques types plus ou moins rares. » Il suffira donc de les énumérer sans dresser la liste complète des espèces. Les indications stationnelles, telles que « champs cultivés, prairies, fossés, bois, etc. », qui se trouvent dans toutes les Flores, sont tout à fait inutiles et constituent un encombrement onéreux dans les commu- nications destinées aux Sociétés scientifiques. Au lieu de noyer dans un flot de banalités les renseignements vrai- ment profitables à la science, les jeunes amateurs de botanique rurale doivent s'attacher de préférence aux faits qui intéressent la distribution générale des plantes indigènes, et rechercher, par exemple, « quelles sont les différences que peuvent présenter les diverses zones de l’ouest à l'est de leur aire, du midi au nord, ou celles qui caractérisent les divers terrains demand ou géologiques dans la méme région, etc...... » Ces judici dations ne sont pas seulement applicables aux travaux de statistique végétale publiés par nos voisins. En France et ailleurs, les botanistes herborisants feront sagement de s'y conformer et de réserver aux faits de géographie botanique comparée, dans leurs com- munications, la place trop souvent occupée par la stérile énumération de plantes ubiquistes. Ery. M. Sur la valeur que l’on peut accorder au mode d'évolu- tion des sépales après l'anthese dans le genre Rosa, par M. François Grépin (Bull. Soc. roy. de botan. de Belgique, t. xxiv, 2° fasc., pp. 128 à 136). Les écrits de M: Crépin relatifs au genre Rosa sont avidement re- cherchés par quiconque fait une étude sérieuse de ces plantes critiques, et toutes les notes de cet auteur sur un sujet qu'il connait si bien méri- tent d'étre précieusement recueillies. Dans celle que nous signalons ici, l'éminent monographe appelle l'attention des observateurs sur le parti 188 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que l'on peut tirer de l’évolution des sépales pour la distinction des espéces et pour la constitution des sections dans le genre Rosa. « L'évolution des sépales aprés l'anthése présente trois modes. bien distincts: 4° Les sépales se réfléchissent sur le réceptacle ou bien ils restent étalés, puis ils se dessèchent et se désarticulent avant la com- pléte maturation du réceptacle. Ils sont plus ou moins promptement caducs. — 2 Les sépales se redressent plus ou moins promptement sur le réceptacle, deviennent légèrement accrescents à la base, puis ils se dessèchent suivant une ligne régulière passant au niveau de leur point d'insertion, où il se produit, plus ou moins tardivement, une étroite fis- sure qui entraine la désarticulation. Celle-ei s'opére naturellement ou par une légère traction. Ces sépales sont demi-persistants. — 3° Les sépales se redressent plus ou moins promptement, deviennent accres- cents à la base où ils conservent leur vitalité aussi longtemps que le sommet du réceptacle. Ils ne se séparent jamais de celui-ci par désarti- culation ; ils sont persistants. » La valeur de ces modes d'évolution des sépales, que l'auteur de cette note avait indiqués dés 1869, a été depuis assez souvent méconnue par suite d'observations incomplétes ou erronées. Ainsi l'on confond parfois les sépales demi-persistants avec les sépales persistants, et l'on tire des conclusions fautives de prémisses inexactes. M. Crépin rectifie ces fausses appréciations et montre par des exemples que les caractères fournis par la caducité, la demi-persistance ou la persistance des sépales concordent avec d’autres caractères de sections, de sous-sections ou de groupes ter- tiaires parfaitement naturels. EnN. MariNVAUD. - Bulletin de la Société royale de Belgique, t. xxiv, année 1885. — Bruxelles : premier fascicule, 4 aoüt 1885; deuxiéme et der- nier fascicule, 14 janvier 1886. Nos confrères de Belgique s’occupent avec beaucoup de zèle de recueil- lir.les matériaux destinés à combler les moindres lacunes dans l'inven- taire, aujourd'hui à peu prés complet pour les Phanérogames, des richesses végétales de leur pays. Les plantes vasculaires de la flore belge sont l'objet des communications suivantes dans le volume que nous ana- lysons. A Première partie. GuyseBRECHTS (L.), pp. 351-362. — Additions à la florule des environs de Diest (zone pini "A lus hederaceus et hololeucos, Monotropa Hypopitys, Pirola minor, Viola palustris, Vicia la- thyroides, Cicuta virosa, Peucedanum palustre, Lysimachia thyr- siflora ; Utricularia neglecta, intermedia et minor ; Wahlenbergia REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 189 hederacea, Lobelia Dortmanna ; Potamogeton alpinus, acutifolius, obtusifolius; Juncus tenuis, Carew limosa, Calamagrostis lanceo- lata, etc. Deuxième partie. Duran (Th.), pp. 25-38. — Découvertes botaniques faites en Belgique en 1884 : Anemone apennina, naturalisé dans le Hainaut; Androsæ- mum officinale, dont l'existence était douteuse en Belgique, décou- vert dans les vallées de la Meuse et du Hoyoux: Myrrhis odorata, prés de Marche; Amsinckia lycopsoides, cà et là adventice, comme aux environs de Paris ; Caulinia minor, dans le Hainaut, etc. GuysEPRECHTS (L.) pp. 38-55. — Nouveaux renseignements sur la florule des environs de Diest : Geranium phœum, Lii Aie mon- tanum, Carex elongata et filiformis, Lycopodi p tum var. Chamecyparissus, etc. AIGRET et François, pp. 90-70. — Herborisations dans la vallée du Viroin. De Vos (André), pp. 103-109. — La végétation du ravin de Bourneville, sur la rive droite de la Meuse: Androsæmum officinale, Ompha- lodes verna, Centaurea montana; Geranium pratense, nodosum et Endressi (ces derniers subspontanés) ; Carez strigosa, Daphne Lau- reola, etc. Duranp (Th.), pp. 109-115. — Note sur deux espèces nouvelles pour la flore belge : Polygala austriaca, Silene Armeria. — pp. 142-146. — Note sur les récentes découvertes botaniques dans le bassin de la Vesdre. Celte florule est remarquable par la présence d'un grand nombre de plantes adventices, dont les semences provien- nent des lavoirs de laine des environs de Verviers: Lepidium virgi- nicum, Paronychia argentea, Sedum hybridum et stoloniferum, Scutellaria Columnae, Roubieva multifida, Cyperus vegetus, Oplis- menus colonus, etc. — pp. 183-199. — Les acquisitions de la flore belge en 1885. L'auteur signale des localités nouvelles de Trollius europeus, Erucastrum Pollichii, Alyssum incanum, Spiræa salicifolia, Potentilla recta, Ammi majus et Visnaga, Trientalis europea, Helichrysum are- narium, Leucoium vernum, Liparis Loselii, Cladium Mariscus, Agrostis nigra With. (variété d'A. alba), etc. The journal of Botany british and foreign edited by James Britten, vol. xxi (1885). London, West, Newmann and C°. "n Les travaux de géographie botanique locale pent une large place 190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. dans cet excellent Recueil, qui est le Moniteur offieieux des décou- vertes dont s'enrichit chaque année la flore des iles Britanniques. Nous nous bornerons à mentionner les articles suivants : — p.1. Le Juncus tenuis DANS LES ÎLES DRITANNIQUES, par M. Ridley (avec une planche représentant cette espèce). — Ce Jonc, découvert en Écosse par George Don vers la fin du siècle dernier, n'y avait plus été observé depuis cette époque et son indigénat dans les iles Britan- niques paraissait douteux, lorsqu'il fut retrouvé, mais une seule touffe, en 1883, dans le comté de Hereford. Le Juncus tenuis, commun dans toute l'Amérique du Nord, est rare en France (1) et assez répandu en Allemagne; son habitat en Écosse parait marquer pour l'Europe la limite septentrionale de son aire géographique. Cette espèce serait, comme l'Eriocaulon septangulare, un des derniers représentants d'une trés ancienne flore, qui était probablement commune aux deux continents lorsqu'ils étaient réunis. — p. 8. Sun LE Senecio spathulefolius DC., par M. J.-G. Baker. — L'auteur considère ce Senecio comme une simple variété du S. cam- pestris Retz. Ayant observé tous les passages de l'un à l'autre, il pense que la diversité des formes n'est ici que le résultat de l'adaptation d'une seule espèce à des milieux différents. — p. 26. Un nouveau Sparganium, par M. H. Beeby.— Cette nouvelle espèce, S. neglectum, rencontrée dans le comté de Surrey, se dis- tingue, par son fruit plus ou moins obovale acuminé et se terminant par un long bee, du S. ramosum, dont le fruit est obconique, à sommet tronqué ou arrondi, brusquement terminé par un bec très court. — p. 289. DEUX PLANTES NOUVELLES POUR LA GRANDE-BRETAGNE, par M. N. Ridley (avec deux planches). — Ce sont le Schænus ferrugi- neus L., découvert dans le comté de Perth, et le Carex salina . Wahlenb. var. kattegatensis Fries, dans le comté de Caithness. Chaque numéro mensuel renferme, sous la rubrique Short Notes (courtes Notes), des communications succinetes annonçant les découvertes et observations nouvelles les plus intéressantes pour les florules des divers comtés. Voici les principales : p. 49-51 (février), Lysimachia ciliata dans le nord du pays de Galles; Carex aquatilis en Irlande; Carex ligerica dans le comté de Norfolk; — p. 89 (mars), Hemerocallis flava naturalisé dans le pays de Galles; Erica tetralix aux iles Færoé; — p. 157 (mai), Saussurea alpina dansle comté de Wicklow (Irlande);— p. 220-221 (juillet), Crepis tarazacifolia dans le Middlesex, et Cares (1) Voyez Bulletin Soc. bot. de Fr., t. xxix (1882), séances, pp. 325-326. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (5.191 paradoxa dans le comté de Cambridge; — p. 253-254 (aoüt), Tulipa silvestris dans le comté de Northampton; Carex elongata en Écosse ; Calamagrostis strigosa en Grande-Bretagne; — p. 310-313 (octobre), Astragalus alpinus dans le comté de Perth; Pinguicula alpina dans le comté de Sutherland ; Polygonum maritimum au sud du Devon ; — p- 349 (novembre), Epilobium Lamyi dans le comté de Worcester; As- tragalus alpinus dans le comté de Forfar. EnN. MALINVAUD. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, publié sous la direction du D' Renard, t. Lx1 (année (1885), en deux parties. Moscou, 1885-86. La premiére partie de ce tome ne nous présente à signaler ici que la suite d'un mémoire non terminé (n° 2, pp. 235-261), qui a pour titre : Énumération des espèces de plantes vasculaires du Caucase, par M. Smirnow de Tiflis (continuation). Nous remarquons dans la seconde partie (pp. 1-49) le commencement (R lacées à Rhamnées) d'un travail intitulé : Spicilegium flore tambowiensis, presque entiérement écrit en russe, méme le nom de l'auteur. Ern. M. Scrinia floræ selects, fascicule v (pp. 88 à 104); directeur M. Charles Magnier (1). Saint-Quentin, 4886 ; chez M. Ch. Magnier. — Prix : 2 franes. Le Flora selecta exsiccata publié par le directeur des Scrinia s'est augmenté cette année d'environ trois cents espèces (n° 1061 à 1355), Ja plupart fi , dont quelques-unes de Corse (Burnouf) et d'Algérie (Debeaux). Mentionnons aussi une belle série de plantes portugaises envoyée par M. Daveau, et parmi les autres correspondants à l'étranger, MM. Bernoulli (Suisse), de Halacsy (Autriche), Wagner (Hongrie), doc- teur Petrovic (Serbie), Elmqvist (Suède), etc. Nous relevons sur la nou- velle liste une indication intéressante pour la flore française : le rare Genista horrida signalé pour la premiére fois, à notre connaissance, dans le département de l'Aveyron (2). : . Le fascicule se termine, comme les précédents, par des Notes sur quelques-unes des espéces distribuées : de M. J. Freyn, Ranunculus Hollianus Reichb. (R. suborbiculatus Freyn); — D' Petrovie, Hype- coum pseudo-grandiflorum Petrov.; — abbé Boullu, Rosa complicata (1) Voyez l'analyse du fasc. 1v des Scrinia, dans la Revue bibliographique du tome xxxii du Bulletin (1885), p. 95. (2) Notre confrère M. l'abbé Coste nous écrit que « le Genista horrida L. est très aoon- » dant dans le canton de Campagnac, sur une montagne située prés de la station de » Tarnesque (ligne de Sévérac à Marvéjols) ». (Note ajoutée pendant l'impression.) 192 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Gren. et Centaurea intermedia Cariot; — F. Gérard, Rosa Didieri F. Gérard, robusta F. Gér. et venosa Swartz; — Genty, Heracleum jura- num et Poa jurana Genty; — D" Gillot, Amarantus albus, Chenopo- dium Botrys, Atriplex rosea ; — Daveau, Euphorbia Broteri Dav. Ern. MALINVAUD. NOUVELLES. (15 novembre 1886.) Les rapports annuels de MM. les professeurs du Muséum d'histoire naturelle pour 1885 contiennent des détails intéressants sur les services relatifs à la botanique. 29351 objets divers sont entrés dans les collec- tions rattachées à la chaire de classifications et de familles naturelles ; 215 personnes sont venues consulter ces collections. L'herbier crypto- gamique, qui dépend de la chaire d'organographie et de physiologie, s'est augmenté de 3560 échantillons. Le cl t des Diatomées est à peu prés terminé, celui des Champignons est trés avancé. Tout l'herbier de France a été remis en état. Vingt-quatre personnes ont exécuté des tra- vaux scientifiques personnels au laboratoire. — Au mois de juin 1887, M. le baron F. von Mueller quittera la direc- tion du Jardin botanique de Melbourne. — L'herbier de M. Caruel, à Florence, est mis en vente. Il comprend: 1° un lot de 200 plantes cultivées; 2 31 collections de Phanérogames exotiques formant un total d'environ 6800 plantes; 3° des Phanérogames européennes ; 4^ des Cryptogames, — Nous apprenons la mort de M. Orphanidés, le botaniste le plus en yue de la Gréce contemporaine. — Plantes rares de France et d'Europe, 25 et 30 francs la centurie, au choix, — S’adresser à M. Charles Magnier, à Saint-Quentin (Aisne). Le Directeur de la Revue, L Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, D" Ep. BORNET* ERN. MALINVAUD. 1525, — BOURLOTON, — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (1886) Mossfloran i trakterna mellan Aavasaksa och Pallastun- turit; en studie öfver mossornas vandringssätt och dess inflytande po frágan om reliktfloror (Flore bryologique du domaine (1) compris entre À ksa et Pallastunturit; étude sur les migrations des Mousses et sur leur interprétation au point de vue de l'histoire des flores antérieures); par M. R. Hult (Acta Societatis pro fauna et flora fennica, t. II, n°1 ; Helsingfors, 1886) ; tirage à part en brochure petit in-8° de 110 pages. La région dont M. Hult étudie la végétation bryologique est la Lapo- nie finlandaise, le territoire qui s'étend vers le nord des cótes orientales du golfe de Botnie aux frontiéres de Russie et de Norvége. Il a pris pour règle de suivre en tout la nomenclature adoptée en 1879, par son maitre M. Lindberg. C'est une étude fort attentive qu'a poursuivie M. Hult, et nous regret- tons dene pouvoir nous étendre plus longüement que nous ne le faisons sur un ensemble d'observations particuliérement délicates. Nous essayerons du moins d'en donner aux bryologues, et à tous ceux qui s'intéressent à la distribution des plantes, une idée suffi pour suppléer à la lecture du texte suédois. On a volontiers appliqué aux Mousses une hypothése de plus en plus adoptée relativement à la dispersion des Cryptogames; il semble trés simple d'admettre que les vents emportent les spores, et beaucoup d'excellents esprits considèrent que les mouvements de l’atmosphère suffisent à expliquer la distribution de toutes ces plantes; les spores des Mousses sont en effet trés légères et rien ne s'oppose matériellement à leur transport par les vents. Les propagules et les appareils végétatifs (1) Nous entendons ici le mot domaine dans le sens où il a été appliqué par M. Drude dans un ouvrage important dont la Revue a rendu compte (Die Florenreiche der Erde; voy. le Bulletin, 1884, t. xxxr, Revue bibliogr., p. 71). Le domaine est une subdivision de la région; tous les domaines d'une région sont reliés entre eux par des caracteres naturels. T. XXXIII. (REVUE) 13 194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. peuvent aussi, en raison de leur petitesse, être portés par les eaux cou- rantes, avec plus de-facilité que les appareils de reproduction de toutes les plantes plus élevées en organisation. D'ailleurs les exemples de loca- lisation de quelques espéces de Mousses dans des stations fort éloignées les unes des autres, ont été bien des fois cités à l'appui de l'hypothése généralement ptée; ces ples n'échappent pas à M. Hult; il en signale méme de nouveaux, trés remarquables, empruntés à la flore bryo- logique de la Laponie. Cependant l'explication ordinaire ne satisfait pas M. Hult. L'étude rigoureuse qu'il a faite dela distribution de toutes les espèces du domaine qu'il étudie lui fait penser que, sur 79 espéces de Mousses, l'origine de 5 seulement pourrait être due à un transport à grande distance, encore plusieurs d'entre elles sont-elles si voisines d'autres espéces communes qu'on pourrait aussi légiti t les idérer comme issues des pre- mières. Ajoutons que les stations des Mousses les plus vulgaires sont si rigou- reusement déterminées dans les pays mêmes où elles abondent que jamais on n’en trouve la moindre trace dans les stations les plus voisines; si les courants d’air entraînaient une quantité de spores aussi grande qu’on s’est plu à le croire, et les fixaient en des points très éloignés de leur lieu d’origine, il est incontestable qu’on en pourrait signaler bien plus d’exemples pour les stations immédiatement en contact avec les points où elles prospèrent et se reproduisent, ce qui n’a pas lieu. En somme et sans vouloir être trop absolu, la distribution des Mousses par la dissémi- nation des spores à grande distance est inadmissible dans la généralité des cas. Cette hypothèse ne suffisant pas à expliquer la dispersion des Mousses, il faut chercher ailleurs la solution du probléme. Pour y arriver, l'auteur étudie en détail la flore bryologique des stations les plus diverses, prairies sèches, humides, tourbeuses, marais, taillis de différente composition, bois de Bouleaux, de Sapins, etc. Pour chaque station il énumère les espèces qui lui sont spéciales, celles qui y sont définitivement établies et celles qui paraissent en train de s’y fixer. Cette étude le conduit à cette conclusion que, moins une espèce est ee aux variations diverses, plus elle s’oppose aux introd L'introduction d'espèces nouvelles ne représente donc qu'une des faces de la question; il faut considérer en même temps les difficultés qui résultent, pour les espèces introduites, de la lutte avec les conditions extérieures et avec les espèces préexistantes, lutte d'autant plus difficile à soutenir que ces espèces sont plus solidement établies. On peut formuler l'ensemble des données acquises par M. Hult sur ce point de la manière suivante : 1" une espèce qui apparaît dans un pays REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 s'y développe dans la station qui présente le maximum des conditions favorables à cette espéce et invariablement dans des stations fixes (rochers, forêts, bois, etc.); 2° lorsqu'une espèce s'est introduite dans la région, elle tend à s’y maintenir et à occuper une placé de plus en plus grande en s'étendant des stations les plus fixes aux moins fixes (terres cultivées, sables, grèves, etc.). La distribution actuelle des Mousses dans le nord de la Finlande four- nit à M. Hult des preuves de changements climatériques dans le nord des pays scandinaves; la flore bryologique confirme le témoignage des phéno- mènes géologiques récents, observés par les savants suédois. On rappro- chera aussi avec intérêt les conclusions de cette partie du travail que nous analysons des résultats développés il y a dix ans par M. A. Blytt au sujet de la flore phanérogamique de Norvège (1). Il cite de nombreux exemples de la pénétration d'une flore ancienne à travers la flore actuelle; ils lui paraissent d’autant plus nombreux que les espèces qui succombent dans la lutte pour la vie ne disparaissent pas toutes à la fois; il reste de la flore antérieure des débris qui se survivent (reliktformationer, suivant l'expression originale de l'auteur). Réciproquement l'établissement des espéces nouvelles ne se fait pas tout à coup, nous le savons. Les espéces qui demeurent comme des témoins d'une période antérieure sont de nature trés diverse, si l'on se place au point de vue de leur distribution actuelle en dehors du territoire de la Finlande laponne. On peut les distribuer en trois groupes principaux: 1^ Mousses propres aux climats plus froids; 2 Mousses propres aux climats plus chauds; 3° Mousses qui appartiennent aux climats aussi chauds que celui de la région étudiée, mais différents à d’autres égards (humidité, ete.). Au premier groupe. appartiennent les témoins de flores RP ou arctiques, qu'on rencontre actuellement en plusieurs points beaucoup plus chauds que les stations habituelles de ces espéces; telles sont: Sphærocephalus turgidus, Philonotis seriata, Pohlia albicans glacia- lis, Lesquereuxia saxicola; PUyrMemum hyperboreum, Oligotrichum incurvum, Pohlia crassid P3 jp. llata, Dicranum fulvellum, Hypnum glaciale, etc., etc. Les éléments relativement méridionaux sont plus abondants dans le domaine en question que les espèces alpines ou arctiques; il est à remar- quer que les roches dolomitiques donnent: particulièrement asile aux formes méridionales. Parmi les plus intéressantes, citons: Astrophylium hornum, Barbula convoluta, Amblystegium chrysophyllum, A. flu- (1) Essay on the immigration of the norwegian flora, etc. Christiana, 1876. 196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE. DE. FRANCE. viatile, Hypnum rusciforme, Isothecium, viviparum, Plagiothecium silvati , Entodon palatinus et Fissidens sciuroides. D'autres espéces, rares d'ailleurs au point de vue du nombre des indi- vidus, témoignent que le climat de la Laponie finlandaise a été, pendant une certaine période, plus maritime qu'aujourd'hui; ce sont des espéces considérées comme littorales depuis l'Europe moyenne jusqu'à l'Océan arctique: Discelium nudum, Tortula ruralis, Barbula rubella, Grim- mia hypnoides, G. fascicularis, G. microcarpa et Amblystegium polygamum. : 3 - Un certain nombre de plantes, sporadiques çà et là en Europe et en Amérique, existent en Laponie sans qu'on en puisse, à ce qu'il semble, rien conclure au point de vue qui nous occupe; telles sont : Polytrichum Swartzii, P. capillare, Cinclidium subrotundum, Dorcadion elegans, Amblystegium badium, Helicodontium pulvinatum, Heterocladium papillosum et Plagiothecum piliferum. Quant à déterminer chronologiquement les diverses migrations de la flore bryologique de Finlande et les voies par lesquelles elles ont eu lieu, il serait imprudent de l'essayer tant que la flore des Mousses de la Russie du Nord sera complèt ti Quant à la nature des changements survenus dans cette flore, ils paraissent concorder d'une facon remarquable avec ceux dont M. Blytt trouve le témoignage dans Ja flore phanérogamique de Norvège. La dernière partie du Mémoire de M. Hult comprend le catalogue des 285 espéces et des 23 variétés de Muscinées que l'auteur a recueillies dans la Laponie finlandaise ; c'est un nombre considérable si l'on com- pare la région que nous considérons à l^ ble de la Laponie. Cette flore comprend 15 Sphaignes avec 3 variétés, 138 Mousses acro- carpes avec 11 variétés; 78 Mousses pleurocarpes avec 6 variétés, et 54 Hépatiques avec 3 variétés. Nous n'y trouvons qu'une espèce nouvelle, Amblystegium simplicinerve Lindberg, dont on m'a pas du reste observé le sporogone. Cu. FLAHAULT. Zur Technik und Kritik der Bacterien-Methode (Techni- que et critique de la méthode par les Bactéries); par M. Engelmann (Botanische Zeitung, 1886, n™ 3 et 4). C'est une réponse aux critiques de M. Pringsheim que nous avons exposées dans un article précédent. D'aprés M. Engelmann, les expériences de M. Pringsheim, qui ont été faites en grande partie d'aprés la première éthode qu'il a indiquée, sont entachées de quelques erreurs, inévitabl d’ailleurs, mais dont il est juste de tenir compte. Ces expériences, en effet, ne peuvent que donner une image approchée de ce qui se passe en réalité dans les différentes régions du spectre. À considérer les choses REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 197 de plus prés, il est évident qu'en un point donné du spectre, l'oxygéne qui s'y trouve provient non seulement de la région considérée, mais, par déplacement, des régions voisines, c'est ce que M. Engelniann appelle une « superposition latérale de la tension d'oxygéne ». Quant au point précis où se trouve le maximum d’absorption, il faut remarquer que la courbe s'infléchit b p plus brusq t du côté de l'ultra-rouge "que dans la portion du spectre située entre Ie rouge et le jaune, de sorte ‘que ce maximum n'est pas placé entre les raies B et €, mais doit être transporté beaucoup plus du côté de C. D'ailleurs l'émission de l'oxygéne en un point donné dépend dé l'épaisseur du filament en ce point (« super- position verticale de la tension »), dunombre et de la position des grains de chlorophylle dans le filament, de l'épaisseur de la membrane cellu- laire, etc., ce qui explique surabondamment que, dans certain cas, le maximum est situé plus ou moins loin de la raie C et même au delà de cette raie, comme l'a observé M. Pringsheim. L'auteur ajoute que les expé- riences de ce dernier sont en contradiction avec les siennes, pour ce qui regarde la portion verte du spectre aussi bien chez les Algues vertes que chez les Algues rouges ou brunes. M. Engelmann fait remarquer en outre qu’il existe dans le bleu un second maximum d'absorption qui semble avoir échappé à M. Pringsheim. Pour l'observer à la lumière solaire, il suffit, après avoir laissé agir la lumiére sur toute l'étendue du spectre, de l'éteindre graduellement jus- ‘qu’à annuler le mouvement des Bactéries dans le vert. On voit alors ce mouvement continuer vers la raie F; c'est là qu'il apparait aussi tout d'abord, ce qui indique l'existence d'un maximum relatif. Quant à la seconde série d'expériences, elle n'a pas été faite, dit M. Engelmann, avec toutes les précautions nécessaires. La goutte d'eau qui est placée sur le porte-objet doit être stérilisée par avance, puis ense- mencée d'une seule espèce de Bactérie. On choisira à cet effet le Bacte- rium Termo ou des Bacilles aérobies de 2 à 3p. de long sur 1 y. de large. Il faut enduire les bords de la lamelle de verre de paraffine ou de vase- line afin d'éviterla dessiccation, on aura soin de se mettre à l'abri de l'introduction de spores vertes, d'infusoires, etc. Le filament d'Algue, choisi pour ces expériences, doit être trés étroit et ne pas dépasser la largeur qui sépare les raies B et C du spectre. La lumière employée ne doit pas étre trop vive et elle sera atténuée à l'aide de diaphragmes con- venablement choisis. Il est assez difficile d'observer le moment exact où cesse le mouvement des Bactéries; la simple interposition d'un verre ‘enfumé semble le ralentir, mais les mesures ne sont pas sensiblement 'altérées quand on regarde le irele avec des verres de différentes cou- leurs. Pour effectuer les mesures, on place d'abord le filament d'Algue vers 198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. la raie D, etl'on éclaire assez fortement pour y grouper les Bactéries en grande quantité. Au bout de quelques minutes, on diminue la quantité de lumière reçue, jusqu'à ce.que, vers les bords du filament, le mouve- ment des-Bactéries. ait cessé de se produire. A l'instant précis où ce mouvement n'a plus lieu, on lit la division de la vis micrométrique qui sert à fermer, la fente.par laquelle pénètre la lumière. On recommence l'expérience en transportant le filament d'Algue dans les diverses por- tions du spectre. Il faut avoir bien soin de rétablir la lumière, en quan- „tité maximum, entre deux expériences. Dans ces-conditions, on constate qu'il y a un rapport direct entre la largeur minimum. de la fente et la quantité d'oxygéne émis. Cette mé- thode d'ailleurs ne peut donner que la mesure relative de l'absorption à un point donné. Elle permet de constater, par exemple, que le maximum de l'action assimilatrice se trouve dans le rouge, près de la première bande d'absorption du spectre dela chlorophylleet non pas dans l'orangé. L'autenr conclut de ces expériences qu'il y a proportionnalité entre l'ab- sorption et l'action assimilatrice. dans toutes ces régions du spectre vi- sible (1). E. WASSERZUG. Ueber eine Aufbew: thode von Algenpræpara- ten (Sur un mode de conservation des Algues); par M. Migula (Zeitschr. fuer wissenschaftliche Microskopie, m, 1, p. 47). Tl est assez difficile de conserver intactes des préparations d'Algues un peu délicates telles que les Desmidiacées. M. Migula emploie avec succés le procédé suivant : pendant que l'Algue est encore dans l'eau, on y ajoute une goutte d'une solution à 4 pour 100 d'acide osmique. La forme et la structure des cellules est ainsi admirablement conservée, On peut, quinze ou vingt minutes après, employer la solution d’acétate de potasse. E. W. und B handlung lebender Diatomaceen (Récolte et préparation des Diatomées vivantes); par M. Debes (Zeitschrift fuer wissenschaftliche Mikroscopie, t. nr, 1, p. 27-40, 1886). Les Diatomées, on le sait, se trouvent partout : dans toutes les eaux, à toutes les latitudes, à toutes les températures et dans toutes les saisons. Cependant on les rencontre surtout au printemps et à l'automne. Dans nos eaux douces, on trouve aux premiers jours du printemps les types (1) M. Engelmann a repris ces arg dans un deuxième article: publié sous le méme titre que celui que nous avons analysé, dans les Archiv fuer die ges. Physiologie, t. xxxvur pp. 386-400. Dans ce deuxième article, M. Engelmann reconnaît que M. Pringsheim a vu « par hasard et quel » le i relatif qui existe dans le bleu et que M. Engelmann avait signalé. ý REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199 fixés, tels que les Gomphonema, Melosira, Fragilaria, etc., qui font place bientôt aux espèces libres, non fixées. Elles arrivent parfois à former de véritables traînées brunes dans l’eau; quelques-unes, les Coc- coneis, Arachnodiscus, se trouvent constamment sur lés tiges de cer- taines plantes. Les espèces non fixées, les Nitzschia, Cymbella, ete., qui ont besoin d'un fond légérement vaseux, ne se trouvent pas sur le sable ni dans les eaux courantes. Il faut les chercher au fond de l'eau, où on les voit souvent former de larges taches sombres. C'est un spectacle très curieux de voir, par un beau soleil, de fines bulles de gaz s'élever en nombre innombrable de dessous ces amas de Diatomées et disparaître à la moindre ondulation de la surface de l'eau. Dans les endroits tran- quilles, les Diatomées forment de véritables masses qui peuvent atteindre un mètre d'épaisseur, comme les Achnanthes salina Kütz., que M. Debes a trouvés dans les eaux minérales d'Artern, en Thuringe. On en trouve des masses plus considérables encore sur les côtes de la mer du Nord. Le bagage. du « pécheur de Diatomées » est trés simple : il se com- pose de quelques tubes de verre, d'un pelit microscope de poche et d'une cuiller à vis emmanchée au bout d'un long bàton. [l faut choisir de préférence les jours de soleil pour aller à la recherche des Diatomées. Les eaux à fond vaseux donneront à coup sûr une récolte abondante. Pour séparer les Diatomées, on verse le contenu des tubes de verre qui les contiennent dans de petites assiettes plates que l’on place dans un endroit frais et faiblement éclairé. Au bout de quelques heures, l'eau est devenue claire et les Diatomées vivantes sont toutes à la surface de l’eau, où l’on peut les examiner à volonté. Pour recueillir les espèces qui ne montent pas à la surface de l'eau, on fait bouillir la vase dans une grande masse d’eau : les Diatomées viennent flotter à la surface et l’on n'a plus qu'à les décanter. Il vaut mieux encore laisser l'eau s'écouler autant que possible, et la vase se dessécher un peu et devenir assez ferme. Les Diatomées viennent former des taches à sa surface, et l'on peut les enlever avec un fin pinceau. Les différentes manipulations que nous venons d'indiquer peuvent servir, lorsque, au lieu de se borner à récolter des Diatomées et à en faire des préparations microscopiques, on veut les observer pendant un long espace de temps et les cultiver en quelque sorte. Il suffit pour cela de les maintenir dans une eau lentement renouvelée, reposant sur la vase où vivent les Diatomées, Dans ces conditions, il n'est pas rare de voir les différentes espéces prospérer inégal tetser successivement, D F donnant ainsi un exemple trés net de la lutte pour la vie. E. W. 900 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Das Reinigen und Præpariren von Di Material (Purification. et préparation des Diatomées); par M. Debes (Hed- wigia, xxiv, 1885, p. 49 à 66). Une fois la récolte faite, il faut arriver à obtenir des préparations mieroscopiques convenables. Pour cela, quatre conditions sont néces- saires : 1° destruction des matières organiques contenues dans lenve- loppe sili des Diatomées; 2 destruction des matières étrangères; 3° séparation des deux valves, autrement dit de là boîte et de son cou- vercle, dont une Diatomée est formée ; 4° séparation et triage des diffé- rentes espèces. On se débarrasse des matières étrangères en tamisant la récolte dans de tins tamis, et on détruit la substance vivante de la cellule par l'ébullition dans de l'eau aiguisée d'acide azotique ou sulfurique. Quand la récolte est relativement pure et faite très récemment, il suffit d’une ébullition de vingtà quarante minutes pour détruire toutes les matières érganiques étrangères, et ne conserver que les frustules qui, en général, se séparent d'eux-mêmes pendant cette manipulation. Dans les cas où les Diatomées forment des colonies rassemblées sur une feuille, sur un morceau de bois, etc., il faut autant que possible les conserver en partie sous cette forme, et l'ébullition doit alors être très peu prolongée. Dans tous les cas, elle ne doit pas dépasser quarante minutes. Il faut tou- jours avoir soin d'employer des quantités de Diatomées relativement considérables, pour être sûr d'obtenir un certain nombre de prépara- tions parfaites. Si le traitement par l'eau acidulée à chaud, puis à froid, n’a pas complètement réussi, il faut, en dernier ressort, avoir recours à une solution de potasse à 1/10 ou méme 1/2 pour 100. On porte à l'ébul- lition pendant trés peu de temps, on laisse refroidir, on neutralise et on lave à grande eau. Quand on a affaire à des Diatomées mélées à beaucoup de vase et de boue, on met cette vase dans une grande quantité d'eau bien pure, les Diatomées montent bientôt à la surface, et il est facile de les recueillir; sinon, on porte le tout à l'ébullition, on décante à plusieurs reprises, on filtre etl'on traite comme précédemment. Quand les Diatomées sont mélan- gées à des Algues, on commence par les faire bouillir dans de l'eau avec 20 ou 30 pour 100 d'acide chlorhydrique. Mais la préparation la plus difficile est celle des Diatomées marines mélangées à la boue vaseuse des rivages de la mer. Il faut d'abord faire bouillir à la potasse, puis tamiser à travers des tamis de plus en plus fins avant de passer au traitement ordinaire. Cela ne suffit pas encore : les Diatomées restent mélangées à des substances étrangères. On les traite par la solution de Thoulet, com- posée d'un mélange d'iodure de mercure en excés dans une solution d'iodure de potassium. On y ajoute del'eau jusqu'à ce que la solution ait REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 301 une densité moyenne de 2,3. Les Diatomées surnagent seules à la sur- face. Pour préparer les Diatomées fossiles, on agit différemment, suivant qu'elles sont simpl t mélangées à des subst étrangères et rela- tivementisolées, ou bien qu "elles forment des masses poreuses, argileuses ou solides. Dans le premier cas, c'est le traitement habituel. Dans les autres, on plonge la roche à Diatomées dans une solution trés concentrée de sulfate de soude chauffée à 40 degrés. On laisse refroidir. Le sulfate de soude cristallise, et la roche, qui en est pénétrée, se brise aisément. On recommence cette opération aussi souvent que cela est nécessaire pour amener la roche à l'état de trés petits fragments que l'on traite ensuite comme dans le cas des Diatomées marines. Lorsque la roche est calcaire, il suffit parfois de la décalcifier à l'aide d'un acide. Pour séparer les frustules entre eux, il suffit le plus souvent de l'ébul- lition dans l'eau acidulée et d'un long séjour dans l’éau. La séparation des espéces se fait quelquefois assez facil t : les formes assez grosses se sépareront à l'aide de fins tamis; il en est d'autres que l'on voit sur- nager, à l'exclusion des espèces différentes, à la surface de l'eau. Enfin, il faut parfois recourir au microscope pour faire cette séparation. Cette derniére opération, toujours longue et délicate, ne doit étre employée que pour les espèces qui ont résisté aux divers procédés que nous avons som- mairement indiqués. Mais les espéces les plus communes sont ordinai- rement séparées aprés le tamisage et l'ébullition. E. WASSERZUG. Herstellung von Di D præparaten (Montage des préparations de Diatomées); par M. Debes (Hedwigia, t.-xxiv, 1885, p. 151-166). Une fois que les Diatomées ont été traitées comme il a été dit précé- . demment, que les diverses espéces sont triées, il faut monter les prépa- rations afin de les conserver indéfiniment. On sait que le baume du Canada est employé généralement pour la conservation des préparations microscopiques. Son emploi n'est pas à récommander ici, car son indice de réfraction, qui est de 1,54, est trop voisin de l'indice de réfraction moyen des Diatomées, qui est 1,43 environ. On se servira avec avantage du styrax et du liquidambar (1). Pour faire une préparation, on mettra (1) L'emploi de ces deux substances a été indiqué par M. Van Heurck (Bull. Soc. belge de Microscopie, t. x, 1884, p. 178). Il faut avoir soin de dissoudre le styrax dans du chloroforme pour en séparer la styracine à laquelle il est mélangé et dont on se débarrasse par la filtration. Il faut dissoudre également le liquidambar dans une solu- tion à parties égales de benzine pure et d'alcool absolu, à chaud. M. Débes préfère dissoudre le styrax dans la benzine ou plutót dans du xylol ou dans du toluol. Pour Vavoir très pur, on peut le distiller lentement pendant vingt-quatre heures, afin de séparer les huiles lourdes qu'il peut contenir. 909 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sur une lame de verre bien propre une goutte d'eau distillée contenant les Diatomées que l'on veut monter. On laisse évaporer lentement, sous une cloche de verre, et on laisse tomber sur la préparation ainsi dessé- chée, une goutte de styrax qu'on recouvre d'une lamelle de verre. Pour les formes très délicates, il est préférable d'employer, au lieu d'eau dis- tillée, de laglycérine trés pure et exempte d'acide. On trouvera d'ailleurs, dans la note de M. Debes, d'autres détails trés précis sur la manière de séparer rapidement sous le microscope différentes espèces de Diatomées, ainsi que des descriptions exactes du montage des préparations dans les divers cas qui peuvent se présenter. M. Debes ne trouve pas avantageux l'emploi du baume de Tolu, indiqué par plusieurs auteurs, en particulier par M. Kain (Journal of the Royal Micr. Soc., ser. 11, t. 1v, 1884, p. 985). Cependant, une note ultérieure de M. Amann (Sur l'emploi du baume de Tolu pour les préparations de Diatomées, in Bull. de la Soc. belge de Microsc., t. xr, 1885, n° 4, p. 127), indique que le baume de Tolu est au moins aussi bon que le styrax, à cause de son indice de réfraction plus considérable. On le dissout dans deux à trois parties de chloroforme. Il finit par perdre à la longue, dans les préparations, sa coloration un peu trop foncée à l'origine. E. WassERZUG. Beitrag zur Kenntniss der Orchid Ipilze (Con- tributions à la i du Champig des racines d'Orchi- dées) ; par M. Wahrlich NANI Zeitung, n* 28 et 29, avec une planche). Les raeines d'Orchidées sontattaquées par des parasites dont l'existence est signalée depuis longtemps déjà (1), mais dont la structure a été méconnue jusqu'ici, et dont les appareils reproducteurs sont restés indé- terminés. Grâce aux recherches de M. Wahrlich, quatre modes de repro- duction sont maintenant connus pour ces Champignons, et les difficultés. que présentait l'étude de leur appareil végétatif sont désormais levées. L'auteur montre que ces agglomérations jaunes, signalées par Schleiden dans l'écorce des racines d'Orchidées, sont de nature fongique, et qu'elles sont constituées par un peloton de filaments mycéliens enroulés autour d'un sac protoplasmique volumineux. L'étude du développement apprend que ces masses jaunes sont à l'origine formées par un renflement du filament qui pénètre dans une cellule non attaquée de l’hôte ; ce renflement grossit et émet bientôt des hyphes qui s'enroulent et s'enchevétrent autour de lui, puis se soudent entre eux d'une maniére si intime, en se gélifiant, que la masse totale a été regardée longtemps comme mucila- gineuse et absol t indépendante du parasite. (1) La première mention se trouve dans les ouvrages de Schleiden. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203 La premiére partie du travail de M. Wahrlich ayant établi que les cor- puscules jaunes appartiennent à un Champignon, la seconde partie com- plète son histoire en indiquant à quel groupe ce parasite doit se rapporter. Plusieurs appareils reproducteurs ont été dé ts par l'auteur, car les indications vagues données par les botanistes qui s'étaient occupés aupara- vant de la question n'avaient aucune valeur démonstrative. Les périthéces sont de petits corpuscules rouges, avec un col ou sans col, présentant des ascospores divisées en deux cellules. Un autre mode de reproduction est désigné par M. Wahrlich sous le nom d'état de Fusisporium (1); les spores qui le: caractérisent sont allongées, cylindriques, avec deux ou trois cloisons; elles naissent suivant deux procédés distincts qui corres- pondent à deux espèces différentes. Un troisième système de spores a recu de M. Wahrlich le nom de mégaloconidies ; ce sont plutôt des sortes de kystes brunâtres à une ou deux cloisons et contenant des globules réfringents. Le parasite des racines d'Orchidées est donc déterminé maintenant par ses périthéces, par ses conidies et par ses kystes. L'organisation des appareils reproducteurs a conduit M. Wahrlich à créer deux espèces de Nectria : le N. Vandee et le N: Goroshankiniana, dont voici la diagnose : Nectria Vandæ sp. nov.— Périthéce rouge, bend: à paroi épaisse, écailleux extérieurement, avec ostiole à paroi blanche ; ascopores ellipti- ques, incolores, bicellulaires, de 8-10 p de longet de 4,4 y. de large. État de Fusisporium : spores cylindriques bi-triseptées, à extrémité arron- die, longues de 20-30 y, larges de 3,3 à 4,4 u, disposées en tête sur de longs supports et fixées latéralement. Sur le Vanda suavis. Nectria Goroshankiniana sp. nov. — Périthéce d'un rouge intense, ovoïde, à paroi mince, faiblement écailleux, sans ostiole à paroi blanche; ascopores faiblement brunâtres de 12-15 y. de long sur 4-5 p de large. Spores de Fusisporium fixées par leur partie basilaire. J. CosraNTIN. Leunis's Synopsis der drei Naturreiche. Boraxik (Synopsis des trois règnes de la nature. BorANIQUE) ; par M. Frank. Hanovre, 3° et 4° volumes, 18806. Les deux premiers volumes de l'ouvrage de M. Frank, qui ont paru en 1882 et 1883, traitaient de la Botanique générale. Les deux nouveaux volumes contiennent la Botanique spéciale. Le troisiéme volume, qui nous occupera seul, a pour objet la Botanique spéciale des Cryptogames. Ce volume, de prés de sept cents pages, contient plusieurs centaines de FA En souvenir du nom de Fusiporium endorhisum donné par Reissek à ces spores der lle. Vienne, 1846). 904 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. figures. Il renferme la description de fous les genres de Cryptogames depuis les Fougères jusqu'aux Champignons. En téte de chaque famille se trouve un tableau dichotomique condui- sant à la détermination des différents genres qui la composent. Dans un assez grand nombre de cas, pour les genres qui ont peu d'espéces, un tableau dichotomique des espéces s'ajoute au précédent. Au commencement de chaque famille, l'auteur donne une courte notice sur les particularités qui la caractérisent au point de vue de l'organisation végétative ainsi qu'au point de vue de la reproduction. : Ce livresera donc utile aux personnes qui voudront acquérir rapidement une notion assez exacte sur la composition des différentes classes de "Cryptogames. J. GosrANTIN. C€ohn's Kryptog Flora von Schlesien. Piuze (Flore Cryp- togamique de Silésie. CHawP1GNoNs); par M. Schroter. Breslau, . 2 livraison, 1886. La nouvelle livraison dela Flore cryptogamique de Silésie contient la fin des Myxomycétes, les Schizomycétes et le commencement des Eumycètes. L'ordre des Phytomyxinées dans les Myxomycétes comprend trois genres (dont un nouveau) : Plasmodiophora, Phytomyæa et Sorosphæra. Le Sorosphera Veronicæ a été trouvé par M. Schroter en 1877. Les Schizomycètes sont formés de trois ordres, les Coccobactériées (9 genres), les Eubactériées (9 genres), les Desmobactériées (6 genres). Les Eumycètes sont traités avec le même soin que le reste de l'ouvrage. Les travaux les plus récents sur l'ordre des Chytridiées y sont résumés aussi complétement que possible; cet ordre est divisé en trois familles: les Olpidiacées(formées des Olpidiées et des Synchytriées), les Rhizidiacées (formées des Rhizidiées et Cladochytriées) et les Zygochytriacées ; quatre espèces nouvelles sont décrites dans cet ordre par l'auteur, Phlyctidium minimum, Physoderma Gerhardti et speciosum , Diplophysa elliptica; "un genre nouveau y est créé, le genre Urophlyctis. L'ordre des Zygomycètes Sumprpnd deux sous-ordres, les Mucorinées i et les Ent ées, Les M inées $ont divisées en Mucorinées (formées des Mucorées, Pilobolées et Mortiérellées), Chætocladiacées et Piptocéphalidées. Un genre nouveau de Mortiérellées est décrit par lau- teur, le genre Herpocladium, qui n’est représenté jusqu'ici que par une espèce, l'H. circinans ; le nouveau genre Syncephalastrum vient éga- lement accroître les Pithocéphalidées (une seule espèce S. racemosum Cohn). Le sous-ordre des Entomophthorées contient cinq genres (Em- pusa Cohn, 1855, Entomophthora Fresenius, 1856, Tarichium Cohn, 1870, Conidiobolus Brefeld, 1884, Basidiobolus Eidam, 1885). L'En- REVUE. BIBLIOGRAPHIQUE; 905 tomophthora muscivora, espèce nouvelle, est peut-être identique avec VE. Calliphoræ décrit par M. Giard (1). . L'ordredes Oomycétes contient, dans le volume actuel, les Ancylistacées e genres), les Péronosporacées et une partie des Saprolégnacées. Dans les Péronosporacées, M. Schræter distingue sept genres (Pythium Pring- sheim, 1857, Cystopus Lév., 1807, Phytophthora De Bary, 1876, Scle- rospora Schræter, 1879, Plasmopára Schreter, Bremia Regel, 1843, et Peronospora Corda, 1837); le Plasmopara est formé aux dépens d'un certain nombre de Peronospora anciens. Enfin les Saprolégnacées con- tiennent quatre genres (Leptomitus, Agardh, 1824, Saprolegnia Nees von Esenb., 1823, Achlya, Nees v. Esenb., 1823, Aphanomyces, de Bary, 1859). D'aprés le plan général de l'ouvrage, en téte de chaque famille, se trouve, aprés un paragraphe consacré à la morphologie et à la biologie, une clé des genres, L'auteur a pris la louable habitude de mettre, aprés le nom d'auteur créateur du genre, la date dela création. Jamais jusqu'ici un travail d'ensemble aussi complet et aussi sérieux n'avait été entrepris sur ces familles qui comprennent les Champignons les plus dégradés. La partie bibliographique est faite avec beaucoup de soin, et l'on trouvera dans l'ouvrage de M. Schreeter la liste des mémoires, presque tous récents, où toulés ces plantes, autrefois inconnues ou mal connues, ont été étudiées. Ly lopsis Solmsii, ein neuer Gastromycet (Le Lo galopsis Solmsii, nouveau Gastéromycète) ; par M. Fischer (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, 4880, p. 192, avec une planche). La plante nouvelle décrite par M. Fischer a été rapportée de Java par M. le comte de Solms-Laubach, qui l'a trouvée au jardin botanique de Buitenzorg sur les fruits du Parinarium scabrum. Ce Gastéromycète de trés petite taille (5 à 6"") rappelle par son aspect le Lycogala epiden- drum; de là vient le nom qui lui a été attribué. La section des trés jeunes fruits présente d'abord une série de couches concentriques qui sont peut-étre en rapport avec les variations atmospliériques qui survien- nent pendant le cours de leur développement. Bientôt la gleba se diffé- fencie et l'on voit P edd un tissu en pallissade au-dessus des zones triques précédentes ; puis les chambres fructifères ‘se forment et les basides y naissent ss rapidement; ces basides portent six spores brunes, de 3 à 4 p, qui sont couvertes de grandes verrues. Les chambres fructifères se résorbent, le périderme gris se perce d'un orifice par lequel (i) Bull. scient. du département du Nord, 2° série, Ann. II, n° 11. 906 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. s’échappent les spores avec l'aide du mécanisme d'un capillitium rudi- mentaire. Les traits généraux de son organisation rapprochent le Lycogalopsis Solmsii des Lycoperdacées, mais la simplicité de sa structure montre ses affinités avec les Hyménogastrées. J. CosrAwTIN. The develop t of the € y gia of the United States (Dével t des Gy porangium des États-Unis) ; par M. Farlow (Botanical Gazette, vol. xt, p. 234). Les emer d'(Ersted ont établi, par des cultures longtemps pour- suivies, que les Gy porangium et les Restelia étaient les stades fructifères des mêmes espèces. Les types de ces deux sortes de formes sont nombreux en Amérique, les dégâts qu'ils produisent sont quelquef importants. Plusieurs botanistes de ce pays, MM. Farlow, Thaxter, ete., ontentrepris de rattacher à chaque forme de Gymnosporangium la forme Raæstelia correspondante. M. Farlow avait déjà obtenu le début du développement en semant les spores de Gymnosporangium sur différents hôtes, malheureusement ses cultures s'arrétérent au stade des spermogonies. M. Thaxter a été plus heureux, il a obtenu, au laboratoire cryptogamique d'Harvard, un certain nombre de formes ræstéliennes. Il a établi le lien qui existe entre le Gymnosporangium clavipes Cooke et Peck (sur le ket dg Mie niana) et le Restelia aurantiaca Peck (sur l'Amel, i entre le G. clavarieforme DC. (sur le J. communis) et le R. lacerata Fries (sur le Crategus tomentosa), entre le G. conicum DC. et le R. cornuta Fries, le G. biseptatum Ellis et le R. botryapithes Schweinitz. Le premier de ces résultats a surpris ceux qui l'observaient ; ; en effet, le R. aurantiaca a une aire géographique considérable aux États- Unis, tandis que le G. clavipes n'est connu que dans l'Est. Cependant des observations récentes de MM. Humphrey et Thaxter expliquent cette anomalie, car ces auteurs ont établi que ce dernier Gymnosporangium se rencontrait également sur le Juniperus communis, de sorte que, vraisemblablement, cette Urédinée est heaucoup plus commune qu'on ne l'a eru jusqu'ici. En somme, gràce aux recherches des botanistes américains, l'histoire des Gymnosporangium est maintenant bien mieux connue; cependant un certain nombre de questions sont encore à résoudre. Il reste à prouver rigoureusement, en particulier, que, comme le suppose M. Farlow, le G. Ellisii est en relation avec le R. transformans et que le G. macropus se transforme en R. penicillata. Aanias: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 207 On the morphology of R. lia glandulæf: is (Sur la Morphologie du Ravenelia glandulæformis) ; par M. G. H. Parker (Extr. des Proceedings of the American Acad. of Arts and Sciences, vol. xxix, p. 205 à 218, avec une planche. Travaux du laboratoire cryp- togamique du Muséum de l'Université d'Harvard). Les Ravenelia sont des Urédinées constituées, selon l'hypothése de M. Parker, par une série de filaments mycéliens réunis entre eux et ter- minés par des téleutospores soudées de facon à former une sorte de grosse tête, composée de cellules à parois brunes et épaissies. L'étude du déve- loppement justifie cette manière d'expliquer la structure de ces singulières productions, dont l'aspect est celui de glandes (ce dernier caractére est principalement marqué chez le R. glandulæformis Berk. et Curt., qui se développe sur les feuilles du. Tephrosia virginiana Pers.). En effet, on voit se dresser, à l'origine, à l'intérieur de la cavité creusée dans les feuilles par le parasite, un faisceau de filaments divisés en trois cellules ; les cellules de la rangée inférieure forment le pédicelle de l'appareil fructifère ; les cellules moyennes restent incolores et forment ce que M. Parker appelle les cystes ; enfin les cellules supérieuresse changent en spores en prenant une coloration brune. Ces spores sont de deux catégories, les périphériques qui restent indivises et les centrales qui se cloisonnent une fois. Tous les R lia ne présentent pas cette structure ; ils se rattachent à trois types différents. Les premiers, comme le R. sessilis Berk. et le R. glabra Kalehbrenner et Cooke, se rapprochent du R. glandulæformis, car les cellules de la masse brune terminale se divisent en cellules périphé- riques simples et en cellules centrales divisées en deux. Les secondes, comme le R. indica Berk. et le R. aculeifera Cooke, sont différentes, par- ce que toutes les cellules brunes restent simples et forment une seule rangée, Enfin le R. stictica Berk. et Broome, qui a des spores échinu- lées, se rapproche des espèces du premier groupe par la structure du pied et de celles du second par l'organisation des spores. J. C. Das Pflanzenleben des Meeres (La vie des plantes de la mer); par M. E. Voges. Leipzig, 1886, un vol. de 83 p. avec 25 gravures. Dans cet ouvrage de vulgarisation, M. Voges s'est proposé de décrire toutes les formes végétales quise rencontrent dans la mer, ainsi que leur mode de vie. Les Algues occupent par conséquent l'auteur pendant la plus grande partie de l'ouvrage ; un court chapitre est seulement réservé aux Phanérogames qui vivent dans les eaux salées. Les Algues sont succes- ` sivement étudiées au point de vue de leur structure, de leur reproduction, 208 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. de leur distribution dans la mer et de leur classification générale. L'étude morphologique de ces végétaux l'améne à décrire les plus remarquables d'entre eux; un certain nombre de figures soigneusement faites donnent l'aspect de ces belles plantes dont quelques-unes ont été appelées les « fleurs de la mer ». Aprés avoir décrit les différents modes de reproduc- tion, M. Voges expose la répartition de ces végétaux dans l'eau. Il rap- pelle l'observation de M. Falkenberg à la grotte del Tuono, oü l'on ren- contre la méme succession d'Algues à la surface de l'eau en s'avangant de la partie lumineuse de la grotte à la partie sombre qu'en plongeant dans: Peau en dehors de la grotte. Cette observation, entre autres, l'amène à dis- linguer, en un pays donné, trois régions contenant des Algues spéciales. La première est la région d'affleurement des eaux, riche surtout en Algues- vertes ; la deuxième s'étend jusqu'à cinq mètres de profondeur et contient la plus grande partie des Algues (256 espéces sur 300, par exemple) rouges et brunes; la troisiéme enfin va de cinq à quarante mètres de profondeur, elle contient principalement des Algues rouges, quelques Algues brunes et quelques Algues vertes. La répartition des Algues en un pays conduit M. Voges à étudier leur répartition géographique. Il arrive, à ce point de vue, à distinguer trois groupes de flores : 4° les flores boréales (côtes arctiques, côtes du nord de l'Atlantique et du Pacifique), 2^ les flores tropicales (cótes des Andes moyennes, des tropiques dans l'Océan Atlantique et le Pacifique, cótes indiennes), 3° les flores australes (côtes australiennes et antarctiques): J. CosrawTIN. Ueber die organisation der Gallerte einigen Algen und - Flagellaten (Sur l'organisation de la gaine gélatineuse de quel- ques Algues et des Flagellés) ; par M. G. Klebs (Tuebinger Untersu- - chungen, t. 11, p. 393 à 417, avec deux planches). Si l'on observe un Zygnema, on trouve à sa périphérie une gaine gélatineuse dont M. Klebs s'est proposé de déterminer la constitution et l'origine. Les résultats obtenus sur ces Algues ont été étendus par lui aux C Diatomées, Volvocinées, aux Péridinées et aux Flagellés. Sous l'influence de différents réactifs tels que l'alcool absolu, les subs- tances colorantes (violet et bleu de méthyle, vésuvine, etc.), l'auteur est parvenu à constater que la gaine gélatineuse qui entoure ces différents êtres est formée d'une partie homogène et de bàtonnets dirigés perpendi- culairement à la paroi des cellules ; ces bâtonnets peuvent être isolés ou en réseau. Celtegaine peut être modiliée, d’après M. Klebs, d'une manière assez singuliére sous l'action de certains précipités tels que le bleu de- Prusse, etc. ; elle se gonfle, dans ce cas, devient irrégulière et se désor- ganise. Ce n'est pas à une action chimique qu'il faut attribuer ces trans- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 209 formations, mais à une action purement mécanique. Si le précipité se dépose à l'état cristallin, la gaine reste intacte; si le filament est tué préalablement, les changements dus aux précipités ne se manifestent plus. En somme, l'enveloppe gélatineuse n'est pas aussi facilement modi- fiable que les matières albuminoides, mais tout ce qui tue ces dernières dans la cellule détermine un état passif pour la gaine. Guidé par ces premiéres observations, M. Klebs s'est demandé si cette grande variabilité dans la structure de la masse périphérique gélatineuse n'était pas en relation avec la présence d'une matière azotée qui formerait un de ses principes constituants. La gélatine des Zygnema ne se comporte pas comme les mucilages végétaux sous l'action des réactifs; elle ne se dissout pas dans les alcalis ; quand on la chauffe dans l'eau ou quand on la traite par le chloroiodure de zinc, elle est modifiée de manière à ne plus étre teintée par les matiéres colorantes. De cette derniére observation, il résulte que, sous l'action de ces deux agents, un principe de la gaine a disparu et qu'à ce principe est liée la puissance d'attraction de la gaine pour les matières colorantes. Si l'on cultive les Zygnema dans certaines dissolutions salines, on peut arriver à enlever le principe colorable. Il est d'ailleurs à remarquer que la disparition ne s'opére que si les. cellules sont vivantes et qu'il existe par conséquent une certaine relation entre l'état vivant du Zygnema et la constitution de la gaine gélatineuse. Ayant ainsi obtenu des filaments dont la gélatine ne se colore plus sous l'action des composés de mé- thyle, ete., M. Klebs a recherché si l'on ne pourrait régénérer la substance colorable en cultivant l'Algue dans d'autres milieux. Pensant que le prin- cipe disparu de la gaine était albuminoide, il a tenté de cultiverles Zy- gnema dans un liquide formé de glucose et de peptone ; dans ces con- ditions nouvelles la gaine redevient capable de se teindre sous l'influence des matières colorantes et les bàtonnefs sont de nouveau visibles. La gaine de ces Algues possède donc la propriété d'engendrer une substance azotée en présence du glucose et de la peptone ; M. Klebs compare cette faculté à l'activité que posséde le plasma des cellules. De ce qui précéde, il résulte que la gaine gélatineuse n'est pas un produit de dégénérescence de la paroi analogue aux mucilages des graines. Les observations morphologiques confirment ces faits. D'abord il y a toujours séparation nette entre la paroi et la gaine, puis le développement de ces deux parties s'opére suivant deux modes différents. Malgré le récent travail de M. Wiesner, la théorie de l'intussusception n'est pas applicable aux Zygnema ; l'intercalation de précipités dans la membrane, le déchirement des couches externes cellulosiques démontrent, selon M. Klebs, que l'accroissement de la membrane doit s'opérer par appo- T. XXXIIL i " (REVUE) 14 9210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sition. La formation de la gaine s'opérerait, au contraire, par sécrétion du cytoplasme à travers la paroi de la cellule. Cette premiére partie du mémoire contient en outre la description de deux espèces nouvelles de Zygnema, le Z. vaginalis et le Z. luteo- virens. F La seconde partie du travail de M. Klebs est consacrée à l'examen des propriétés de la gaine gélatineuse chez les autres végétaux et chez les animaux où elle se rencontre. J. COSTANTIN. On the Anatomy and development of Agarum Turneri Post. et Rupr. (Sur l'anatomie et le développ t de l'Agarum Turneri); par M. Ellis Humphrey (Travaux du Laboratoire crypto- gamique de l'Université d Harvard, p. 195 à 204 avec une planche). L'anatomie des Laminariées, décrite par plusieurs botanistes (1), montre qu'il existe une assez grande uniformité dans la structure de ces plantes ; le travail de M. Humphrey vient ajouter une preuve nouvelle à cette opinion. L'Agarum Turneri, étudié par l'auteur, est une Algue des mers arctiques qui descend sur les cótes d'Amérique jusqu'à Boston et jusqu'à la Californie. Il est constitué, comme les Laminaires, par une lame, un pied et un crampon, seulement dans ce genre la lame est perforée chez l'individu adulte. L'étude du pied de cette plante montre qu'il est formé d'une moelle, d'une écorce interne, d'une écorce externe et d'un épiderme qui contient surlout le pigment coloré. Le limbe présente une Structure un peu moins complexe, car la distinction entre l'écorce interne et l'écorce externe ne se manifeste plus. Sur les échantillons jeunes, la moelle du stipe n'est pas différenciée ; la différenciation ne se produit qu'assez tardivement. L'étude du développement permet encore de déterminer comment le pied grossit et comment le limbe se perfore. M. Reinke avait déjà décrit chez les Laminariées une zone d’accroissement ; cette zone existe dans l'Agarum, mais accompagnée d'un deuxième cambium sous-épidermique. Quant aux perforations, M. Humphrey montre t elles se produisent ; la lame se couvre de papilles coniques creuses, le tissu diminue à la pointe des cônes, puis s'y déchire et l'ouverture s'agrandit à mesure que la fronde s'accroit. J. C. Ueber das Pflanzenleben w:ehrend des Winters im Meere an der Westkueste von Schweden (Sur la végétation marine pendant Vhiver sur la côte ouest de la Suède); par M. Kjellman (Botanisches Centralblatt, t. xxvi, p. 126). NH Reinke in Pringsheim's Jahrbuecher fuer wiss. Botanik, 1876, p. 371; — Will in Bot. Zeitung, 1884, p, 601 ; — Grabendoerfer in Bot. Zeitung, 1885, p. 641. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 9211 Ayant visitéles côtes dela Suède en été et pendant l'hiver, M. Kjellmann: d observé entre la végétation de ces deux époques des différences intéres- santes à constater. Pendant l'hiver, l’auteur a trouvé en très grande abon- dance deux plantes qui disparaissent complètement pendant l'été, le Monostroma Grevillei et un Porphyra nouveau. Inversement, des espéces trés abondantes pendant. Uo Ruben l'hiver ; nous ‘citerons en particulier le Polysiph , le Nemalion: multifidum, etc. On trouve enfin dans le travail de M. Kjellmann des renseignements sur Fépoque de la maturité des organes reproducteurs ; les uns:sont en état de fécondation toute. l'année, d'autres pendant l'élé seulement (Polysiphonia: longata, etc.), quelques-uns enfin pendant l'hiver (Phyllephora membranifolia, etc.). JL. Untersuchuugen ueber die Organisation der vegetabi- . lischen Zellhaut (HeCHEr CAGE sur l'organisation de la mem- brane cellulaire des végétaux) ; par M. Julius Wiesner (Extrait des ~ Comptes rendus de l'Académie impériale des sciences de Vienne, * t. xc, 1886). R ere ne ont émis plusieurs opinions au sujet de la constitution et de l'accroissement de la:membrane cellulaire. Les deux; théories qui ont trouvé le plus grand nombre de partisans sont, comme l'on sait, celle de l'apposition et celle de l'intussusception. Dans la théorie de l'apposi- tion, l'on. suppose que les différentes couches qui constituent la mem- brane se. forment successivement, de facon que les plus intérieures, qui sont.les plus jeunes, viennent se déposer comme des couches sédimen- taires sur les parties déjà existantes. Depuis quelques années, et surtout grâce aux recherches de MM. Schmitz et Strasburger, cette théorie sem- blait prévaloir sur celle de M. Nægeli. D'après ce dernier auteur, les matériaux destinés à accroître la membrane, au lieu de se déposer sur ceux déjà formés, pénétreraient - à l'intérieur de la paroi oi ils seraient incorporés. C'est cette manière de considérer l'accroissement de la cellule, -que M. :Wiesner défend dans. son important mémoire; -oü il met en évidence de nouveaux faits à l'appui de la théorie de l'intussusception. On peut remarquer, tout d'abord, que l'accroissement en surface di la membrane cellulaire dans les parties déjà anciennement formées, est trés difficile à comprendre par la théorie de l'apposition, oü il faut admettre que la membrane morte jouit d’une élasticité extrémement considérable; Pour M. Wiesner, la membrane. est vivante, au moins ¡penz dant tout le temps de son accroissement, Au début de la formation de la membrane dans la. plaque cellulaire, ou encore lorsque des ornements vont se dessiner dans la. membrane, 919 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les auteurs qui avaient récemment adopté la théorie de l'apposition ont décrit de petits granules de cellulose, formés par le protoplasma, qui viennent se grouper d'une maniére définie. M. Wiesner, vérifiant avec détail toutes ces observations de MM. Schmitz et Strasburger, consi- dére la membrane tout entière comme formée par ces petits corps auxquels il donne le nom de dermat . Ces dermat , abso- lument dépourvus de matières albuminoides, sont reliés les uns aux autres par de petits filets protoplasmiques, qui souvent empêchent de les voir; ces fil ts de protopl existent toujours dans la mem- brane, au moins pendant qu'elle s'accroit. Le protoplasma, qui pénétre toute la membrane, forme et nourrit les dermatosomes ; ainsi seraient réalisées, d'aprés les observations du savant professeur de Vienne, les hypothèses de M. Nægeli. Pour apercevoir nettement les dermatosomes, il est souvent nécessaire de faire subir à la membrane un traitement spécial. L'eau de chlore, qui attaque plus facilement les fil ts protoplasmiques que les dermato- somes, peut servir à isoler et à mettre en évidence ces derniers. De plus, l'existence réelle de ces petits corps permet de mieux se représenter les conceptions de certains botanistes au sujet de la structure intime de la membrane. Les petits cubes que M. Nægeli supposait rangés suivant trois directions, pour expliquer les différents aspects que prend la mem- brane sous le microscope, ne seraient pas une pure vue de l'esprit ser- vantà expliquer les propriétés moléculaires de la membrane, analogues à celle des cristaux ; ce seraient, en réalité, les dermatosomes que décrit M. Wiesner. Suivant que ces petits corps ternaires sont rangés en couches, en files ou d'une facon quelconque, la membrane a une struc- ture lamellaire, fibreuse ou homogéne. G. BONNIER. Ueber die Z t g einiger Necktar-Arten «Sur. la composition chimique de quelques nectars) ; par M. de Planta (Zeitschrift für physiologische Chemie von Hoppe Seyler, t. X p. 3): M. de Planta a fait l'analyse chimique complète d'un certain nombre de nectars, et entre autres de celui du Protea mellifera, dont il a pu faire venir de grandes quantités du Cap de Bonne-Espérance. Aprés une introduction, où sont résumés les travaux récents faits sur les nectaires et les nectars, l'auteur décrit les procédés d'analyse qu'il a employés pour déterminer la composition de ces liquides. En faisant l'analyse du nectar évaporé jusqu'à consistance de sirop, M. de Planta dose les sucres et détermine les cendres. Il constate, en outre, fait par- ticuliérement intéressant, que le nectar est dépourvu d'acide M tandis que le miel en contient. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. -> 913 ' Voici le résumé des analyses faites : Bignonia radicans. Substance : Sucre sèche. dans le nectar frais. dans le nectar sec. 15,90 pour 100. 14,84 p. 100 de glucose. 97,00 p. 100 de glucose. — 0,43 — de sucre de canne. 2,85 — de sucre de canne. 1527 — 99,85 — Protea mellifera. Substance Sucre Sucre sèche. dans le nectare frais. dans le nectar sec. 17,66 pour 100. 17,06 p. 100 de glucose. 96,60 p. 100 de glucose. Eo — 0,00 -— de sucre de canne. 0,00 — de sucre de canne, 47,06 — 96,60 — Hoya carnosa. Substance Sucre Sucre sèche. i dans le nectar frais. dans le neetar sec. 40,77 pour 100. — 4,99 p. 100 de glucose. :42,24 p. 100 de glucose. i o. 2,5 95,00 — de sucre de canne, 87,44 — desucre de canne. 40,64. — ~- -99,68 .— On voit que le nectar peut ne pas contenir de sucre de canne ou. en renfermer jusqu'à 87 pour 100. M. de Planta fait remarquer que ces résultats, d'accord avec les analyses de M. Bonnier, font comprendre t la composition du nectar varie avec l’âge du tissu nectarifére, ainsi que ce dernier auteur l'a démontré. Le nectar émis par un nec- taire jeune contient touj b p plus de sacch . Il est facile de s’expliquer comment le nectar envoyé du Cap ne puliauta plus:de saccharose ; c’est que le sucre de canne a dû être interverti lors- qu'on l'a fait bouillir pour le mettre en boite ou méme pendant la traver- sée, comme il s'intervertit dans un nectar que l'on conserve pendant un 'certain temps. ki Dans un autre chapitre de ce: mémoire, M. de Planta détermine le sucre dans des liquides obtenus par Ja matération rapide des fleurs dans de l'eau. L'auteur conclut de ses analyses qu'au moment où les fleurs de Rho- dodendron hirsutum. ont été recueillies par lui, il faut qu'une abeille visite 2129 fleurs de celte plante pour récolter 4 gramme de sucre. Une abeille, devrait visiter 5530 grappes de ci tbe Maro gea sativa) pour récolter 1 gramme de sucre. Ga SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. En terminant, M. de Planta compare l'analyse des nectars à celle-des miels. Il en résulte que, tandis que les nectars contiennent 59 à 93 pour 100 d'eau, les miels n'en contiennent que 20 à 21 pour 100. G. BONNIER. Études sur l'organisation et la distribution géogra- .phique des Plombaginacées; par M. Paul Maury (Ann. des sc. natur., BoT., T° série, t. 1v, p. 1, 128 pages, avec 6 planches). Dans ce mémoire, qui a été présenté comme thése de doctorat, soute- nue avec succés devant la Faculté des sciences de Paris, l'auteur s'est proposé de faire l'étude anatomique, de décrire la morphologie externe et d'examiner la distribution à la surface du globe du groupe des Plom- baginées. * Aprés un historique trés détaillé, surtout au point de vue de la bota- nique systématique et de l'organographie des plantes de cette famille, M. Maury entreprend, dans une premiére partie du travail intitulée: Par- tie analytique, la description de la forme et de la structure des organes des Plombaginées. Commençant par l'étude des Plumbago, l’auteur décrit ainsi la struc- ture primaire de la partie interne de la racine: « À l'intézeur de l'endoderme, une ou plusieurs assises de cellules « constituen assise rhizogène, enveloppant le cylindre central formé « de quatre 1sceaux ligneux en croix et de quatre faisceaux libériens '« alternes. » Passant à l'étude de la tige des Plumbago, M. Maury reconnait dans la jeune tige: i . « 1* L'épiderme; 2 une zone corticale de huit à dix assises de cel- « lules; 3° l'endoderme; 4° la zone libérienne; 5° le cylindre central « formé de huit faisceaux libéro-ligneux, séparés par de larges rayons « médullaires et laissant une moelle volumineuse au centre. » M. Maury dit (p. 14, note 4) que le tissu qu'il nomme zone libérienne -dans la structure primaire est le péricycle, c'est-à-dire la couche qui est 'extérieure au liber. i L'auteur, après avoir donné le caractère générique des Plumbago, tiré de l'étude anatomique de la tige, examine ensuite la structure de la feuille. Après une description analogue pour les genres Ceratostigma et Vogelia, les Statice sont étudiés avec de grands détails ; plus de dix espèces sont passées’en revue. Citons surtout l'intéressante étude de la tige ‘du Statice Limonium, où l'auteur décrit une anomalie de structure ana- logue à celle des Phytolacca, à celle d'un certain nombre de Pipéracées et de Primulacées, etc. Les faisceaux centraux de la tige du Statice Limo- nium sont des faisceaux foliaires qui montent sur la longueur de plusieurs REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 915 entre-nœuds dans la moelle et pénètrent dans les feuilles presque hori- zontalement à travers l'écorce. M. Maury retrouve ainsi, en la précisant, l'anomalie de structure signalée par M. Russow pour les Statice et que M. de Bary n'avait pu. vérifier, s'étant adressé à d'autres espéces qu'au Statice Limonium. Les genres ZEgialitis, Limoniastrum, Armeria, Acantholimon, sont ensuite décrits au même point de vue. Dans le paragraphe suivant, l'auteur examine l'épiderme d'une manière plus spéciale. Les stomates, les poils et surtout les curieux organes de Licopoli sont étudiés successivement avec soin. On remarque sur les tiges et les feuilles des Plombaginées de nom- breux petits amas de calcaire, souvent réunis en une sorte de croûte, et c’est à Gaetano Licopoli qu'on doit les premières recherches sur ces organes producteurs de carbonate de chaux: M. Maury, étudiant le déve- loppement de ces organes, se range à la maniére de voir de Licopoli, contrairement à l'opinion de MM. de Bary, Volkens et Woronine, et il expose ainsi la structure de ces organes: « La cellule-mére se divise tout ain don en quatre, et chacune de « ces cellules est sécrétrice : leur produit s'amasse entre elles dans l'es- « pace intercellulaire, et il est rejeté au dehors par suite de la tension « des cellules qui restent toujours unies à leur partie inférieure. » Un second chapitre de ce travail est consacré aux organes floraux. L'auteur, examinant les divers types d'inflorescence sur lesquels des opinions différentes ont été émises, conclut de ses recherches que l'inflo- rescence de toutes les PPlombaginées est construite, en réalité, sur le méme plan. C'est une inflorescence mixte formée de cymes bipares deve- nant unipares par avortement et groupées en épis, panieules ou capitules. Dans l'étude du développement de la fleur, M. Maury admet la nature axile de l'ovule des Plombaginées, sans vouloir qu'on attribue à ses con- clusions une portée plus générale. Les structures du pédicelle, du calice, de la corolle, de l'androcée, du gynécée et de la graine sont ensuite décrites à la fin de ce chapitre. La seconde partie du mémoire est intitulée Etude synthétique. M. Maury cherche à établir, d’après les résultats acquis dans la pre- mière partie, les caractères généraux de la famille, ceux des tribus et des genres. Pour les caractères de la famille, l'auteur en donne d’ abord un cer- tain nombre tirés de la morphologie externe et qu'il désigne sous le nom de caractères essentiels ; d'autressont déduits à la fois de la morphologie externe et de la structure anatomique: ce sont les caractères secon- daires. Pour se résumer, M. Maury dresse le tableau suivant : 916 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. omnino liberi ; / Stigmata spathulata, .... i... t.. ZEgialitis. petala ima basi ; Ls inflorescentia connata et cum E ramosa s s.es.. oo Statice. staminibus co- -n ] pilosa; inflorescentia STATICEZ. hærentia. drica capituliformis . .. . « Armeria. Styli 5 Petala imà basi connata et cum staminibus cohærentia ; stig- ad medium coa- mata capitatai......s....s.. Acantholimon. liti. Corolla tubulosa; stamina usque ad faucem sn ARE ae mata cylindrica..... Limoniastrum. PLUMBAGEZ, / Calix herbaceus, 10-nervis ; stylus glaber........... Plümbago. stylus 1 apice quin- ) Calix membranaceus, 5-nervis ; stylus basi pube- à quefidus. MAIS o oio eer veste ete ew aii AERES IR S Vogelia: Dans le chapitre consacré aux affinités de la famille des Plombaginées, M. Maury, après avoir passé en revue les rapprochements qui ont été indiqués entre cette famille et plusieurs autres, conclut que les Plomba- ginées n'offrent affinité réellement étroite avec aucune autre famille. Leur parenté la plus proche serait avec les Primulacées et les Polygoné La troisiéme partie du mémoire est consacrée à l'étude de la distribu- tion géographique des plantes de cette famille. M. Maury a pu recueillir, dans les herbiers, des renseignements sur 267 espèces de Plombaginées et, grâce à l'indication des localités, l'auteur a pu dresser une intéres- sante carte de la distribution des genres à la surface du globe. Cette carte est jointe au travail. La plupart des représentants spécifiques de cette famille, et même toutes lés espéces de ces quelques genres, sont étroitement localisés. C'est ainsi que, si l’on prend un des genres à aire très étendue, comme le genre Armeria, on y compte 44 espèces sur 60 qui se trouvent en Europe, dont 27 en Espagne et en Portugal. Les nombres des espéces propres sont de : 52 à l'Europe. 123 à l'Asie. 39 à l'Afrique. 11. à l'Amérique. 2 à l'Océanie. Soit en tout... 227 Les nombres des espèces communes sont de : 10 à l’Europe et à l'Asie. 18 à l'Europe et à l'Afrique. 4 à l'Asie et à l'Afrique. 6 à l'Europe, l'Asie et l'Afrique. 1. à l'Asie et à l'Océanie. 1 à l'Asie, l'Afrique et l'Océanie. Soit en tout... 40 DES TREE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ` 917 M. Maury termine par des considérations générales sur l'ancienneté relative probable des genres et de la famille tout entiére. Gaston BONNIER. Ueber einige Sclerotinien und Sclerotinienkrankheiten (Sur quelques Sclerotinia et sur les maladies qu'ils produisent); par M. A. de Bary (Botanische Zeitung, 1886, n^ 22-27). Dans ce travail d'une importance considérable pour la pathologie végétale et l’histoire du parasitisme, M. de Bary a étudié d'une façon très approfondie les conditions biologiques et physiologiques des Pézizes à sclérote qui attaquent diverses plantes, et tout particulièrement du Peziza (Sclerotinia) Sclerotiorum. Cette Pézize vit en parasite dans diverses plantes et aussi en sapro- phyte dans des liquides nutritifs tels que jus de fruils, moüt de vin et débris végétaux de toute nature. Elle produit également dans les deux cas des sclérotes. Quand elle se développe dans un liquide nutritif, elle forme à la sur- face une sorte de peau composée de filaments de mycélium, qui s'allon- gent et s'entre-eroisent en restant dans une direction horizontale. Au- dessous se trouvent des ramifications qui descendent comme de fines racines dans le liquide ; au-dessus les filaments s'entre-croisent daus l'air; c'est au milieu d'eux que se forment les sclérotes, Quand le Champignon vit en parasite, il peut pénétrer, ou dans les tubercules de Betterave, de Carotte, etc., qu'il détruit souvent en quan- tité considérable, ou dans lestiges de diverses plantes qu'il tue. Sur une Betterave, il forme un lacis assez semblable à la peau qui se produit à la surface d’un liquide nutritif et de nombreuses ramifications pénètrent dans le tissu du tubercule en s'allongeant entre les cellules qui perdent leur turgescence et se séparent les unes des autres jusqu'à une certaine distance autour des filaments du mycélium. Quand il attaque une tige de Haricot, de Zinnia, etc., il ne se déve- loppe pas en général à la surface, mais pénétre dans le parenchyme cor- tical et la moelle, dont les cellules laissent écouler leur contenu; la tige se dessèche et meurt; les sclérotes se forment ordinairement dans la moelle. Dans les milieux trés humides, le Champignon couvre la sur- face des tiges, comme cela a lieu pour les Betteraves, d'un épais revéte- ment, où se forment aussi des sclérotes. ; Les plantes vivantes sont facilement infectées par le Champignon et cependant les spores en germant ne produisent pas de filament capable d'y pénétrer directement. Le tube de germination ne prend un dévelop- pement considérable que quand il peut d'abord vivre en saprophyte dans 918 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. un liquide nutritif ou au milieu de débris de plantes mortes; ce n'est qu'a- prés qu'il a pris de la force dans ces conditions, qu'il est devenu capable d'envahir les tissus vivants et de s'y développer en parasite. Si l'on séme des spores sur deux branches de Betterave dont l'une a été cuite, le Champignon se développe seulement sur cette derniére; sur l'autre l'in- fection n'a pas lieu. j Si l'on place dans l'air humide un mycélium végétant activement, de telle facon qu'en croissant ses hyphes atteignent la surface dela tige d'une plante vivante, d'un jeune pied de Féve, par exemple; au bout de vingt- quatre heures on les voit bientót butter contre l'épiderme et y former, comme cela a lieu, du reste, à la surface de tout corps résistant, une touffe de petits rameaux courts, que M. de Bary désigne sous le nom de crampons (Haftorgane, Haftbüschel). Puis, autour des points oü ces crampons sont au contact de la plante, les cellules de l'épiderme s'al- tèrent, le plasma s'y contracte et brunit; cette désorganisation se pro- page en rayonnant à partir du point d'attaque, tant à la surface que dans ' la profondeur du tissu hypodermique: les cellules y perdent leur turgescence, s'amollissent et brunissent. Ce n'est que quand cette alté- ration s'est produite que le bouquet de courts rameaux formant le crampon, croit rapidement dans tous les sens, Quelques-unes des rami- fieations se dirigent vers l'épiderme et y pénétrent à travers la cuticule déchirée. La formation des crampons est due à une irritation mécanique compa- rable à celle qui produit sur la vrille des Ampelopsis des réactions ana- logues; la nature méme du corps résistant paraît à peu prés indifférente: Les rameaux courts qui les constituent ne prennent de développement que quand ils reçoivent de la nourriture des tissus morts de la plante à la surface de laquelle ils se sont formés. Toujours la mort des cellules de la plante nourricière au contact des crampons précède la pénétration des filaments du Champignon à travers l’épiderme ou le périderme. La Pézize exerce donc son influence mortelle sur le contenu des cellules à travers leurs parois; ce ne pent être qu’en produisant un liquide toxique qui se diffuse dans les tissus sains et les tue. Des cellules tuées s'écoule un liquide qui sert d'aliment aux rameaux du crampon. Quand les fila- ments pénètrent dans la plante, ils glissent entre les cellules, qui s'af- faissent, perdent leur contenu liquide et se séparent les unes des autres jusqu'à une certaine distance. Le poison sécrété par le Champignon, non l t tue le protopl , mais il dissout ou désorganise la lamelle intermédiaire des parois des cellules contiguës. — Le jus filtré extrait des tubercules envahis par le Champignon contient le poison, il produit rapidement les mémes altérations que le Champignon dJui-même sur des tranches de Carotte, des entre-nœuds de Féve, etc. On REYUE BIBLIOGRAPHIQUE. 219 y constate généralement d'abord la plasmolyse, puis le gonflement des parois des cellules, et bientót enfin leur dissociation. La cuisson enléve rapidement à cé jus ses propriétés toxiques. On en peut conclure que la substance vénéneuse qu'il contient doit appartenir à la catégorie des ferments solubles ou enzymes. Toutes les réactions con- firment cette opinion: l'alcool produit dans le jus toxique un précipité floconneux incolore qui, recueilli, débarrassé de l'alcool et dissous de nouveau dans l'eau, fournit un liquide qui a sur les tissus la méme action, bien qu'à un plus faible degré que le jus frais, à condition d'étre acide. ? Le jus frais et actif contient une proportion considérable d'acides et, particulièrement, d'acide oxalique; si on le neutralise par le carbonate de chaux, il perd toutes ses propriétés toxiques et ne les regagne que ‘quand on rétablit son. acidité: primitive. L'extrait aqueux du mycélium qui forme une couche à la surface des liquides nutritifs présente les propriétés spécifiques de l'enzyme, quand il est suffisamment acidifié. Il en est de méme du liquide qui s'écoule du sclérote en voie de formation. Le Peziza Sclerotiorum attaque des plantes fort diverses. M. de Bary l'a observé spontané sur : Ph lus vulgaris, Petunia nyctaginiflora et violacea, Zinnia elegans, diverses Composées (Helianthus annuus, Anacyclus officinarum, Cynara Scolymus, Daucus (racines), Solanum tuberosum). L'infection peut atteindre encore : Vicia Faba, Datura Stramonium, Lycopersicum. esculentum, Trifolium spec., Viola tricolor, Helian- thus annuus, Senecio vulgaris, Brassica Rapa, B. Napus, Lepidiufn sativum, Phaseolus multiflorus. L'infection n'est souvent possible que sur les parties jeunes : on doit admettre que les membranes des jeunes cellules, qui sont plus tendres, plus imprégnées d'eau, sont plus aisément attaquées par l'enzyme, de méme que l'action de la diastase sur la fécule est plus rapide quand celle-ci est gonflée en empois. M. de Bary termine son important. travail par une étude comparative de diverses Pézizes à sclérotes qui ont une grande analogie avec le Peziza Sclerotiorum, mais dont l'identité avec cette espéce est douteuse ou contestée. Ep. PRILLIEUX. Ueber die Wückenblattgalle von Vitis vinifera und ihre Unterscheidung von der Reblausgalle (Sur la galle de la feuille de la Vigne et les caractères qui la distinguent de la galle de Phylloxéra); par M. Thomas de Ohrdruf rey diri Nachrich- ten herausgegeben von D" F. Karsch., 1886, va: > p. 129-135, Peelin, :Friedlænder und Sohn). :990 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. On connaît sur les feuilles des Vignes cultivées en Europe trois sortes de galles: 4° l'Erineum du Phytontus Vitis; 2^ la galle du Phylloxéra; 3 la galle du Cecidomyia ænophila. On ne peut. confondre l'Erineum -avec les deux autres, mais il y a intérêt à distinguer celle de la Cécidomye de celle que le Phylloxéra produit sur les feuilles, car celle-ci est l'indice du danger qu'il y a de voir les nodosités si redoutables se produire sur les racines. Les galles de la Cécidomye font saillie sur les deux faces de la feuille, leur contour est circulaire, leur couleur varie du jaune verdâtre au rouge foncé. Elles sont répandues sans ordre et en nombre variable sur les feuilles. Chacune en peut porter de 30 à 60. Celles du Phylloxéra sont de méme taille, elles sont réparties de méme sur les feuilles de Vigne; la différence bien nette qu'il y a entre elles et celles de la Cécidomye con- siste en ce que la galle du Phylloxéra a, sur la face supérieure de la feuille, une ouverture arrondie ou en fente, bordée de poils et de saillies charnues; en outre, elle produit sur le côté inférieur de la feuille une forte saillie, qui présente un rétrécissement à sa base, tandis que la galle de Cécidomye n'a pas d'ouverture à sa partie supérieure, est lisse, et a la forme d'une lentille. t 25 Ces caractéres permettront aux vignerons de ne pas s'inquiéter inutile- ment en prenant des galles de Gécidomye pour des galles de Phylloxéra. Ep. PRILLIEUX. Une nouvelle maladie du Froment; par M. G. Passerini (Bul- letin du comice agricole de Parme, n* 1, 1886), Revue mycologique, 8"* année, n° 32. Toulouse, 1886. š -+ Au móis de juin 4883, M. le professeur Rignoni remarqua, à Vigatto, que les chaumes de Blé étaient couverts par une végétation eryptoga- mique; les pieds attaqués présentaient un aspect languissant. Le parasite se montrait au premier nœud du chaume et couvrait la gaine de la feuille et la feuille elle-même de taches byssoïdes grisàtres, parsemées de points noirs, disposés en série longitudinale dans le par La feuille attaquée se desséchait, ét l'épi porté par. ces chaumes malades était arrêté dans son développement et ne pouvait parvenir à maturité. : Une nouvelle invasion de la même maladie fut constatée au mois de - juin 4886, à Torchiara, prés de Parme, par M. Passerini, qui l'a étudiée et a constaté que le parasite qui la cause est une Sphériacée nouvelle, pour laquelle il a fondé un genre particulier qu'il a nommé Gibellia, en l'honneur du professeur Gibelli de Turin. M. Roumeguére fait remarquer que ce nom, ayant été déjà donné par M. Saccardo à unautre Champignon, devrait être modifié en celui de Gibellina. L'espèce qui attaque les 1 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 991 pailles du Froment porterait alors la dénomination de Gibellina cerealis Passerini. "Ep. Pr, Ueber €. ie erythrost die Ursache einer jetzt herrsebenden Blattkrankheit der Suesskirchen im Altlande, nebst Bemerkungen ueber Infection bei blattbewoh- -nenden Ascomyceten der Baum ueberaupt (Sur le Gnomonia erythro- stoma cause d'une maladie des feuilles des Gerisiers qui règne dans l'Altenlande, avec des. observations sur l'infection des arbres par les Ascomycétes parasites sur les feuilles); par M. B. Frank (Berichte . der deutschen botanischen Gesellschaft, 1886, t. 1v, p. 200 et ss.). - Dansl'Altenlande, sur l'Elbe inférieur, entre Harbourg et Stade, où une population d'environ 20 000 âmes vit presque exclusivement de la culture des arbres fruitiers, il s'est développé depuis sept à huit ans sur les Ce- risiers une épidémie qui détruit toute la récolte. La maladie est caracté- risée par l'apparition, au mois de juin, sur les feuilles; de grandes taches jaunes qui s’étendent, se multiplient, puis se dessèchent et br Les feuilles malades meurent en été, mais ne tombent pas à l'automne comme les feuilles saines; elles restent sur l'arbre pendant tout l'hiver et le printemps, jusqu'en été, jusqu'au moment où la maladie se déve- loppe sur les nouvelles feuilles. Les fruits des arbres malades tombent prématurément ou se déforment de facon à étre sans valeur et inven- dables. Les arbres attaqués depuis plusieurs années s'affaiblissent et finissent par mourir. En hiver on trouve, sur toutes les feuilles qui restent desséchées sur les arbres, les périthèces d'un Pyrénomycète, le Gnomonia erythrostoma Fuckel (Spheria erythrostoma Pers.), qui apparaissent commie de petits points noirs, disposés par groupes; ils sont enfoncés dans le mésophylle et allongent au dehors, sur la face inférieure de la feuille; leur col rouge brun. On les voit déjà en automne, mais ils ne sont mürs que vers le printemps, au moment où les nouvelles feuilles apparaissent. L'étude du développ t du G ia démontre qu'il est bien la cause de la maladie de la feuille sur laquelle il-est parasite. Les spores müres au printemps sont lancées au dehors, par éjaculation, de l'orifice extérieur du col où les asques viennent les unes aprés les autres pour se vider. Les décharges se suivent plus ou moins rapidement, parfois toutes . les deux ou trois secondes, d'autres fois aprés un intervalle de trente secondes et plus. Pour que la projection des: spores ait lieu, il faut qu'après avoir été bien humectée, la feuille qui porte les périthéces se desséche progressivement à l'air. La spore germe immédiatement à la place où elle a^ été déposée sur épiderme: son tube de germination perce Ja paroi cuticularisée de l'épiderme, pénétre dans la cavité. de la , 994 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lesquelles sont tombés, d'aprés lui, ses prédécesseurs. Plusieurs de ces Lichens n'ont de nouveau que le nom générique que M. Mueller leur impose, mais certaines espéces étaient encore inconnues et sont décrites par lui pour la première fois. Ces dernières sont : Pyrenastrum depres- sum, de l'ile de Ceylan; P. Knightii, de la Nouvelle-Zélande; Parmen- taria Zenkeri ; Heufleria defossa, H: pretervisa, tous deux de la Guyane française; Trypethelium insigne, Bathelium benguelense, du Brésil; Tomasellia leucostoma et T. Cinchonarum ; Porina pungens, du Brésil et P. phea, de l'Inde occidentale; Arthopyrenia nidulans, de l'ile de. Ceylan; et À. corticata, Pseudopyrenula neglecta, de la Guyane francaise (Montagne a omis ce Lichen dans la Flore de cette con- trée); Microthelia Willeyana, M. oblongata, de l'Amérique septentrio- nale; M. confluens, du Cap de Bonne-Espérance; Pyrenula exigua, P. pulchella, de l'ile de Ceylan ; P. caracasana, de Caracas ; P. Mon- — tagnei, de la Guyane francaise ; Anthracothecium Cascarille, A. Breu- telii, de l'ile Saint-Thomas; A. hians ; Strigula pachyneura, S. puncti- culata, S. concentrica, S. gibberosa , toutes quatre de Caracas; S. deplanata et S. prasina, du Brésil; S. elegans, de Madagascar; S. tenuis, de la Nouvelle-Calédonie; enfin Stereochlamys horridula, du Brésil. Ce dernier Lichen appartient à un genre créé par M. Mueller. Un autre genre, Parmentaria, a été rétabli par lui; ce genre, établi par Fée et fondé seulement sur la forme des thèques, n'avait pas été admis par les autres lichénographes. Mais M. Mueller fait erreur en disant que M. Nylander a rapporté ce genre de Fée au Verrucaria aggregata ou Pyrenula aggregata du méme auteur. Le Parmentaria astroidea, le type du genre, est pour M. Nylander une variété du Verrucaria aspistea Fée (Nyl., Expos. syn. Pyren., p. 44). Enfin, M. Mueller donne un sens plus étendu au genre Tomasellia de Massalongo, dont il avait fait autre- fois une section des Arthopyrenia. Ces descriptions sont suivies d'obser- vations sur les stylospores, les spermaties et les microgonidies. Il faut remarquer que tous les Lichens dont il est question dans cette notice croissent sur les écorces ou sur les feuilles des arbres. Parmi les différents Lichens que M. Mueller énumére ensuite, on remarque comme espèces nouvelles ou du moins n'ayant pas encore été décrites, Physcia picta var. coccinea, de l'Afrique; Pannaria melano- tricha et Parmeliella Vieillardi, dela N lle-Calédonie ; A ochraceo-fulvum, de l'Afrique; Lecanora callopismoides, de Mada- gascar; Rinodina tincta et elegans, le premier de ces deux Lichens de l'Afrique orientale; Pertusaria gonolobina, P. cinctul , P. aspera, P. antinoriana, de l'Afrique orientale ; P. candida, du Brésil; Lecidea endochrysea, de l'Afrique orientale; Patellaria bistorta, P. abyssinica, P. subspadicea, P. maurula, de la même contrée; P. pacifica, de Taïti; hiloma. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE: 995 Arthonia somaliensis, de l'Afrique orientale et A. faginéa, du Mont- Saléve; Graphis ocyclada, de l'Afrique orientale ; Graphina Reuschiana, de Madagascar; Platygrammopsis æthiopica, de l'Afrique orientale ; Phæographis madagascariensis et glauca, tous deux de Madagascar ; Glyphis mendax, dela méme ile; Porina subtilior, des iles Philippines; Pyrenula mastophorizans, de l'Afrique orientale; P. virescens, de Ma- dagascar. En décrivant ces Lichens, M. Mueller remarque que le genre Gyrosto- mium, placé par M. Nylander (Prodr. Nov.-Granat.; p. 51) parmi les Lecanora, appartient aux Graphidés, que les Platygrammopsis sont une section du genre Graphina, dont ils se distinguent principalement par leur périthécium dimidié ; il crée un genre nouveau, Mycoporopsis, ‘qui enlève au genre Mycoporum les espèces à spores brunes et munies de plusieurs cloisons, et, enfin, il décrit un genre qui lui est propre; le genre Pseudoleptogium, séparé des Leptogium par la structure de son thalle. Puis il énumère les Lichens recueillis par Hildebrandt en Abys- sinie, au nombre de 26 espèces, dans le pays des Somalis au nombre de 17 ; ceux que celui-ci a rapportés de Zanzibar, 35 espèces, des iles Co- mores, 23 espéces, et enfin il donne un supplément de 29 espéces aux Lichens de Madagascar du méme botaniste, p dans le Flora de l'année précédente. . Abbé Hur: Sur les homologies des Mousses; par M. Paul Vuillemin. Une brochure in-8° de 59 pages. Nancy, 1886. Aprés avoir résumé les comparaisons elassiques entre les Mousses et les Phanérogames, M. Vuillemin passe à l'exposition de ses idées per- sonnelles; pour lui, c'est dans l'anatomie comparée et l'étude du déve- loppement qu’il faut chercher les vraies homologies avec les végétaux supérieurs. Dans l'évolution d'une Mousse on doit, d'aprés l'auteur, dis- tinguer trois phases : 4° la phase thallophytique, réduite à. ce qu'on appelle ordinairement le protonéma; 2° la phase bryophytique, dont on ne retrouve pas l'équivalent en dehors de ce groupe, si ce n'est chez les Hépatiques (cette phase étant caractéristique des Mousses, elle ne jouera pas un grand rôle dans l'étude des homologies); 3° la phase, phanéro- gamique, à laquelle on donne ordinairement le nom de: génération asexuée. Mais l'auteur n'adopte pas cette terminologie; pour lui il n'y pas alternance de génération, mais métamorphose. C'est sur l'homologie de la phase phanérogamique avec les Pheiis- games que l'auteur s'étend le plus longuement. En premier lieu l'œuf des Mousses, comme celui des Phanérog donne nai àun embryon, ‘c'est-à-dire à un corps provisoire destiné à produire les organes défi- nitifs. Ceci n'a pas lieu pour les Cryptogames vasculaires, chez lesquelles T. XXXIII. (REVUE) 15 996 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les organes définitifs (tige, racine, feuille) se développent direct t aux dépens de l’œuf. Si l'on passe ensuite à l'étude de la phase phanéro- gamique développée, on voit qu'elle présente tous les caractéres de la tigelle. Toutefois c'est une tigelle modifiée par l'apparition des spores et des organes annexes, de méme que la tigelle des Phanérogames est transformée par les faisceaux conducteurs. On considérera donc le spo- rogone comme un dérivé de la tigelle, au méme titre que la tige des plantes supérieures. M. Vuillemin retrouve dans le pied et le sporogone des Mousses toutes les régions anatomiques de la tigelle : épiderme, écorce, endoderme, péricycle et moelle; c'est au péricycle qu'il attribue la formation des spores. D’après ces considérations, les Mousses se- raient donc des végétaux bien moins différenciés des Phanérogames que les Cryptogames vasculaires, ce qui tendrait à confirmer leur apparition tardive à la surface du globe. LECLERC DU SABLON. Untersuchungen ueber die Ranhen der Cucurbitaceen (Recherches sur les vrilles des Gucurbitacées); par M. Otto Mueller (Beitrege zur Biologie der. Pflanzen, vol. 1v, p. 97-145, avec 3 planches, Breslau, 1886). L'auteur aborde dans ce mémoire les principales questions relatives aux vrilles des Cucurbitacées: leur croissance, leurs mouvements, leur Structure et leur nature morphologique. Le premier chapitre est con- sacré à une étude spéciale du Cyclanthera pedata; la vitesse de Pac- croissement, la cireumnutation et l'enroulement y sont étudiés avec beaucoup de détails au point de vue de la morphologie externe ; viennent ensuite quelques observations sur d'autres espéces de Cucurbitacées. La partie la plus intéressante du mémoire est celle'qui est consacrée à l'étude des causes des mouvements des vrilles. La plupart des auteurs qui ont étudié cette question ont reardé oomme la seule cause de ces mou- _vemenis l'inégalité de croissance qui se manifeste entre les deux faces de la vrille. M. Otto Mueller ne pense pas que cette cause soit suffisante pour expliquer les faits ; sans attribuer aux mouvements des vrilles des causes physiologiques particuliéres, il remarque que leur structure est bilatérale surtout dans la région qui se recourbe le plus facilement. C'est dans cette symétrie bilatérale qu'il faut chercher, d’après l'auteur, lori- gine des mouvements. La question de la nature morphologique des vrilles des Cucurbitacées est ensuite longuement discutée. M. Otto Mueller pense, comme la plupart des auteurs, que les filaments sensibles sont de nature foliacée; mais il croit que, contrairement à ce qui est généralement enseigné, la partie basilaire des vrilles composées est de REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 927 nature axile. Une vrille de Cucurbita, par exemple, serait compa- rable à une tige qui porterait à son summet un bouquet de feuilles. L. pu S. Sur les raci ipares de l’Ani i seram- porense ; par M. P. Lachmann (Extrait du Bulletin de la Société botanique de Lyon, séance du 25 mai 1886). M. Lachmann a observé sur un pied d'Anisogonium certaines racines dont la nature radiculaire avait été bien constatée et qui, à leur extré- mité, donnaient naissance à un bourgeon. A l'extérieur, le passage de la racine au bourgeon était marqué par un bourrelet très apparent; à Pin- térieur on pouvait constater un passage rapide de la structure radicu- laire à la structure caulinaire d'une façon qui rappelle sans le produire le passage de la tige à la racine dans le voisinage du collet. Ces bour- geons peuvent se développer et donner des tiges feuillées verticales. L. pu S. Ferns collected in Madagascar by Mr. Humblot (Fougères récoltées à Madagascar, par M. Humblot); par M. J.G. Baker (Jour- nal of Botany, 1884, vol. xxu, p. 139). Les Fougères que M. Humblot a récoltées dans le nord-est de Mada- gascar et qui ont été déterminées par M. J. G. Baker, présentent ur. ensemble de types plus tropicaux que les espéces déjà connues de la méme contrée et recueillies par Miss Helen Gilpin et MM. Pool et Kitching. Sur 74 espéces, 15 sont nouvelles, ce sont: Cyathea serratifolia, C. ligulata, C. hirsuta, £: Humblotii, Davallia odontolabia (sect. Stenoloma), D. d. posita (sect. Odontoloma), Lindsaya leptophylla, Lomaria simillima, L. stenophylla, L. eiphophylla, phren yuv ochrorachis et N. magnum (sect. Lastrea), Polyp picuum (sect. Phymatodes), Acrostich bsessile (sect. Elaphogl ) A. Humblotii (sect. Chrysodium). P. Maury. Ferns collected in Costa Rica by Mr. P. G. Harrison (Fougères récoltées à Costa Rica, par M. P. G. Harrison); par M. J. G. Baker (Journal of Botany, 1884, vol. xxi, p. 362). M. Harrison a fait une intéressante exploration des montagnes de Pin- térieur de Costa Rica à environ 1000 à 5000 pieds d'altitude. Parmi les - plantes récoltées par lui dans cette localité se trouvent 19 Fougères don 6 espèces nouvelles. M. Baker en donne la description. Ce sont : Asple- nium Harrisoni et macrotis (sect. Diplazium), Nephrodium stenophyl- 938 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lum (sect. Eunephrodium), N. athyrioides (sect. Sagenia), Polypodium heterophlebium (sect. Goniopteris), P. rheosorum (sect. Dictyopteris). P. Maunx. Ferns collected in North Formosa by Mr. William Ham- cock (Fougères récollées dans la partie nord de Formose, par M. W. Hancock); par M. J. G. Baker (Journal. of Botany, 1885, vol. xxii, p. 102). M. William Hancock a récolté dans les environs de Tamsui, à l'extré- mité nord de l'ile de Formose, une série de Fougères intéressantes qui vient compléter les récoltes antérieures de M. Oldham et du professeur Steere, dans la méme région. Parmi ces 92 Fougères, un certain nombre sont recueillies pour la première fois dans l'ile de Formose et 11 consti- tuent des espéces nouvelles. : Alsophila? probablement une espéce nouvelle de Fougére arbores- cente; — Alsophila denticulata, n. sp.; Dicksonia scabra Wall., espèce japonaise nouvelle pour la Chine ; Pteris formosana, n. sp. (sect. Eupte- ris); Lomaria concinna, n. sp. (sect. Plagiogyra); L. apodophylla, n. sp. (sect. Eulomaria); Asplenium Hancockii, n. sp. (sect. Euas- plenium) ; A. chlorophyllum, n. sp. (Diplazium); A. Wichuræ Mett., espèce nouvelle pour Formose, mais déjà récoltée à Kiu-Kiang; Aspi- dium reductum, n. sp. (sect. Polystichum); Nephrodium leucostipes, n. sp. (sect. Lastrea); Polypodium distans Don, nouveau pour la Chine; P. formosanum, n. sp. (sect. Goniophlebium) ; P. macrosorum et Hancockii, n. sp. (sect. Phymatodes); Gymnogramme Maingayi Baker, nouveau pour la Chine. PAN New Ferns from Brazil collected by D' Glaziou (Fougères nouvelles du Brésil récoltées par M. Glaziou); par M. J. G. Baker (Journal of Botany, 1885, xxu, p. 211). Ces Fougères font partie d'un envoi de M. Glaziou qui les a récoltées dans les environs de Rio-Janeiro et dans le centre du Brésil, vers Caracas et Ouro Preto. ll s'y trouve 16 espèces dont trois nouvelles : Adiantum sene Glaziou, 151231 — Nephrodium devolvens, 15100 ! — Polypodium myriotrichium, 15134! P. M. Commentaire sur le genre Zéeracium; par M. C. Arvel- Touvet (Association francaise pour l'avancement des sciences, con- grès de Grenoble, 1885, p. 426 et suiv.). Ce mémoire renferme un exposé historique, suivi d'un « Aperçu systé- matique du genre Hieracium ». REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 999 Nous remarquons dans la premiére partie un passage relatif aux hy- brides : « Il me reste à appeler l'attention des naturalistes, dit l'auteur, » sur une queslion encore controversée, mais qu'il importe de ne pas » passer sous silence, sur le fait, presque entièrement méconnu par les » botanistes qui nous ont précédés, et spécialement par ceux de l'école » Linnéenne, et qui me parait indéniable, de l'existence dans le régne » végétal, et spécialement dans le genre Hieracium, de nombreux hy- » brides, dont beaucoup conservent, quoique d'une manière affaiblie, la » faculté de se reproduire... Ce fait, à mesure qu'il sera démontré, » résoudra bon nombre de difficultés regardées jusqu'à nos jours comme » insurmontables. » Nous nous rangeons entièrement à cette manière de voir, regardée naguère comme une hérésie, longtemps combattue par certains botanistes avec plus d'àpreté que de bonnes raisons, et qui, à linstar de toutes les vérités méconnues, finit par triompher des préven- tions aveugles dont elle était l'objet. . Dans la seconde partie, ou « Aperçu systématique du genre Hieracium avec énumération des espèces et formes les plus remarquables du Dau- phiné et de la Savoie », l'auteur divise les Hieracium en quatre sous- genres : SrENoTIECA Fries, MANpoNIA Arv.-T., PILOSELLA Fries et ARCHIE- RAC:UM Fries; les deux premiers sont étrangers à l'Europe. ..Le sous-genre PiLosELLA est subdivisé en cinq groupes : Pilosellina, Rosellina, Auriculina, Cymellina, Prealtina. Enfin, le sous-genre ARGHIERACIUM, qui est le plus vaste, ne comprend pas moins de onze sections : Aurella, Alpina, Heterodonta, Pseudoce- rinthoidea , Cerinthoidea, Andryaloidea, Pulmonaroidea, Prenan- thoidea, Picroidea, Australia, Accipitrina, dont chacune renferme un ou plusieurs groupes. Env. MaLINvauD. Spicilegium rariorinm vel novorum Hieraciorum (D, Sup- ` plément 2; par M. C. Arvet-Touvet, broch. de 8 pages in-8". Paris, Jacques Lechevalier, 1886. : L'auteur décrit les espèces nouvelles suivantes : — (sect. PsEUpock- niNTHOIDEA) Hieracium hilaricum, H. pedemontanum , H. hetero- phyllum, H. delphinale, H. Vayredanum, H. Benitzianum ; — (sect. CERINTHODEA) H. Gouani, H. regale, H. dipsacifolium; — (sect. Pur- MONARIOIDEA) H. trachyticum, H. Guilloni i — (sect. AUSTRALIA) H. etolicum. $ ron 4 «Il ressort de toutes mes études et publications sur les Hieracium, » dit en terminant le savant monographe, que ce genre critique renferme » un grand nombre d'espèces de deuxième et troisième ordres, dont une (1) Voy. le Supplément 1, analysé plus haut, p. 41. 930 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. » partie, au moins, parait provenir d'hybridité, et, relativement, un » nombre trés restreint d'espéces de premier ordre. La grande difficulté » est d'établir une subordination exacte entre toules ces espèces de pro- » venance et de valeur diverses, difficulté dont on ne pourra triompher » qu'à la longue, par des observations réitérées et prolongées dans les » stations les plus multiples et les plus variées. » — ERN. MALINVAUD. Essai monographique sur les espéces du genre Scor- zonera L. de la flore francaise; par M. Ed. Timbal-Lagrave. Toulouse, s. d. (1), 16 pages in- 8. A la suite d'une clef analytique des espèces placée en tête du mé- moire, l’auteur décrit les types suivants : Scorzonera hirsuta L., S. austriaca Willd., S. bupleurifolia de Pouz., S. humilis L., S. parvi- flora Jaeq., S. aristata Ram., S. hispanica L. (avec la sous-espèce glastifolia Willd.), S. crispatula Boiss., S. coronopifolia Desf., S. purpurea L. De plus, il fait connaitre deux variétés nouvelles : 4 S. bupleurifolia var. rotundifolia Jeanb. et Timb. (S. crispa Dè- lort), découvert prés de Narbonne par Delort et M. Maugeret et se dis- tinguant de la forme typique par ses feuilles arrondies, trés larges, brus- quement atténuées au sommet; 2 S. crispatula var. corbariensis Timb., différencié du type par ses feuilles ovales, à pétiole court, peu ailé, etc. Les S. bupleurifolia de Pouz. (du Gard et de l'Aude), S. crispatula Boiss. (Pyrénées-Orientales, Corbières), S. coronopifolia Desf. (Aude et Pyr.-Or.) ne sont pas mentionnés dans la Flore de France de Grenier et Godron. Ery. M. Sur les causes de la présence de plantes réputées cal- cifuges dans la région calcaire du Jura; par M. Ant. Magnin (Comptes rendus, décembre 1886). Sur les plateaux situés entre Salins et Arbois, constitués presque en entier par l'oolithe inférieure et dont la végétation est nett t calci- cole, l'auteur a rencontré, cà et là, dans les parties boisées, des ilots de plantes habituellement caleifuges : Malva moschata, Luzula albida, L. masima, Nardus stricta, Pteris aquilina, etc.; on les observe sur des correspondant précisément aux assises plus ou moins Siliceuses du bajocien; ainsi est justifiée leur présence au milieu de la végétation normale des sols calcaires du jurassique inférieur. Ern. M. (1) La brochure n'est point datée, mais Y i second semestre de l'année 1886. (Ern. Ny eu dor REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 231 Excursions botaniques dans la Charente - Inférieure (Annales de la Société des sciences naturelles de la Charente-Infé- rieure, n° 22, t. 1, 1885). La Rochelle, 1886. Excursion du 19 avril 1885 à Saint-Laurent-de-la-Prée et Fouras. — Espèces intéressantes récoltées: Fumaria micrantha, Viola permixta, V. canina, V. lancifolia, Trifolium suffocatum, Astragalus hamosus, Ecballium Elaterium, Ornithogalum divergens, Equisetum Tel- mateya. Excursion du 19 mai à Taillebourg et Saint-Jean-d'Angély (terrain calcaire). — Fumaria Vaillantii, Coronopus didyma, Biscutella lævi- gata, Artemisia camphorata (non fleuri), Pterotheca nemausensis, Stachys alpina, Ophrys anthropophora, Carex gynobasis, Ophio- glossum vulgatum. Excursion du 2 juin à la pointe de Loix (ile de Ré). — Ranunculus muricatus, Lepidium ruderale, Silene conica, Lavatera cretica, Me- dicago tribuloides, M. littoralis, Melilotus parviflora, Trifolium stellatum , Echium plantagineum (nouveau pour le département), Statice lychnidifolia, Kochia scoparia, Allium magicum, Kæleria phleoides. Excursion du 14 juin entre le Marouillet et la pointe de Chatel-Aillon. — Viola nana, Linum corymbulosum, Medicago striata, Melilotus sulcata, Trigonella gladiata, T. monspeliaca, Trifolium lappaceum, Chlora imperfoliata , Erythrea tenuiflora, Cy hum. acutum, Echium pyramidale, Linaria arenaria, Eufragia viscosa, Orobanche amethystea, Glaux maritima, Rumex palustris, Orchis fragrans, 0. pyramidalis, Agrostis interrupta, Kæleria albescens, etc. Les rapports sont rédigés par M. Termonia. Enx. M. Florules d'indre-et-Loire : la vallée de l'Indre; par M. D. Barnsby, professeur d'histoire naturelle à l'École de médecine et de pharmacie de Tours, etc. Fascicule 1 (extr. du Bulletin de la Société de Pharmacie d Indre-et-Loire), tirage à part de 10 pages in-8°. Tours, 1886. « Il y a bien des années, dit l'auteur, que j'ai formé le projet de pu- » blier, pour nos étudiants de l'École de médecine et de pharmacie de » Tours et sous le nom de Florules d'Indre-et-Loire, les séries d'es- » pèces que le botaniste herborisant peut récolter dans chacune des » principales régions de notre département... J'ai pensé que le récit » d'uné exeursion botanique dans l'un des plus beaux sites de la Tou- » raine offrirait quelque intérét, et je me suis décidé à donner à mon » projet un commencement d'exécution. » y 932 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Nous souhaitons que les Florules annoncées dans ce début soient pro- chainement complétées par une bonne Flore d'Indre-et-Loire. A ce point de vue, le département privilégié que la fertilité du sol et la douceur du climat ont fait surnommer le Jardin de la France est en retard sur ses voisins, notamment ceux d'Eure-et-Loir et de Maine-et-Loire. En atten- dant la réalisation de ce vœu, nous saurons gré à notre collègue de con- tinuer à nous faire part des résultats de ses recherches. Voici quelques-unes des espèces récoltées sur les terrains calcaires de Ja vallée de l'Indre aux environs de Tours : Ranunculus divaricatus, Isopyrum thalictroides, Myagrum perfo- liatum, Helianthemum pulverulentum, Viola lancifolia, Polygala amarella, Linum gallicum, L. angustifolium, Ruta graveolens, Ononis natrix, O. Columne, Medicago orbicularis, Ornithopus com- pressus, Arthrolobium scorpioides, Lathyrus angulatus, Apium gra- veolens, Sium latifolium, Petroselinum segetum, Bupleurum tenuis- simum, B. aristatum, Trinia vulgaris, Peucedanum parisiense, Valerianella coronata, Micropus erectus, Doronicum plantagineum, Card ll itissi , Centaura maculosa, Anchusa italica, Oro- banche Hederæ, O. amethystina, Lathrea squamaria, Melampyrum cristatum, M. pratense, Lavandula vera, Salvia Sclarea, Primula grandiflora, P. variabilis, Samolus Valerandi, Euphorbia verrucosa, E. Gerardiana, E. falcata, Potamogeton rufescens, Orchis conopea, 0. latifolia, O. Simia, Ophrys aranifera, O. apifera, O. arachnites, Jris fætidissima, Polygonat vulgare, Allium sphærocephalum, Leersia oryzoides, Equisetum limosum, etc., etc. C'est là assurément un riche bilan, et nous ne pensons pas que beau- coup de localités dans le centre de la France puissent offrir autant de rariores en une seule journée d'herborisation. ERN. MALINVAUD. Novaia-Zemlia's Vegetation, særligt dens Phaneroga- mer (Végétation de la Nouvelle-Zemble, surtout ses Phanérogames) ; par M. Th. Holm (Djimphna-togtets zoologisk-botaniske Udbytte); ùr. à part. de 71 pages et 12 planches. Copenhague, 1885. La Nouvelle-Zemble, située toute entière dans le cercle polaire, par 68-76° lat. N. et 50-68" long. E., parait être le prolongement des monts Paéchoi, qui sont une branche nord-ouest des monts Ourals ; le pays est montagneux, surtout dans sa partie septentrionale, où quelques sommets s'élèvent à 4000 pieds. La roche principale est un schiste argileux som- bre. Dans les parties basses, on trouve la « Tundra », d'un sol uniforme brun foncé et dont la surface est morcelée en un nombre infini de poly- gones, séparés les uns des autres par de petits cours d'eau qui prennent - REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 933 leur source dans les montagnes couvertes de neige; on y voit và et là des marécages et quelques petits lacs. D’après les recherches les plus récentes, on connaît à la Nouvelle- Zemble 193 Phanérogames et 4 Cryptogames vasculaires (Equisetum arvense, E. scirpoides, Cystopteris fragilis, Lycopodium Selago), et sur ces 197 espèces, elle en possède 145 en commun avec la Russie arctique, 140 avec la Scandinavie et l'Amérique boréale, 136 avec la Sibérie, 133 avec le Groenland, 113 avec la côte du détroit de Behring, 103 avec le Spitzberg et 89 avec l'Islande. Les opinions sont partagées sur l'origine de cette flore. Doit-on la faire remonter à la période glaciaire ou penser, avec de Baer, qu'elle est le résultat d'atterrissements provenant des cótes voisines et que l'immigra- tion a dû se faire avec les glaces flottantes? L'auteur, partageant les faits entre ces deux hypothèses, admet que, si la plupart des plantes pouvant aujourd'hui mürir leurs fruits sur le sol de la Nouvelle-Zemble y existaient dans la période glaciaire, une partie de celles qui ne s'y multiplient que végétativement ont dü étre apportées postérieurement des terres voisines, soit par des glaces flottantes venant échouer sur la cóte, soit par des oiseaux dont un grand nombre visitent annuellement la Nouvelle-Zemble, soit enfin par le vent. Les familles comptant le plus d'espéces dans cette florule boréale sont : Graminées, 31; Cruciféres, 20; Cypéracées, 20; Composées, 14; Caryophyllées, 14; Salicinées, 13; Saxifragées, 11; Renonculacées, 10; Rosacées, 7; Polygonées, 7; Joncées, 6; Primulacées, 6; chacune des ‘autres familles, au nombre de 23, est représentée par 1 à 4 espèces. Contrairement à ce que l'on voit, en général, dans des contrées moins septentrionales, ce sont les Dicotylédonées qui fleurissent les premieres. Un de leurs genres trés riches en espèces est celui des Saxifraga, habi- tant tous la Tundra, sauf le S. stellaris; l’auteur signale particulière- ment le S. flagellaris, dont les stolons aériens filiformes se terminent en une rosette de feuilles presque sphérique, qui vers l'automne se dé- tache de la plante mére, de maniére à constituer un individu indépen- dant, lequel donne naissance, le plus souvent dés l'année suivante, à des stolons, fleurit et se fane immédiatement aprés. . Les seuls végétaux ligneux de la Tundra sont les Sa/icinées etle Dryas octopetala, formant de petits buissons rabougris. Le Saliw polaris est le plus commun; il croît enfoncé dans la mousse, et l'on n'apercoit que l'extrémité des rameaux, qui ne portent ordinairement que deux feuilles ovales et luisantes et un trés petit chaton. Muni de stolons à longs entre- nœuds, avec des feuilles en forme d'écaille, le tronc nain de cette plante, atteignant au plus deux pouces, peut avoir plns de trente ans; son épaississement annuel se réduit à une couche de cinq à six cellules. 934 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Parmi les Phanérogames les plus caractéristiques de la Tundra, sont encore mentionnés : Ranunculus nivalis, sulphureus et pygmaus ; Papaver nudicaule ; divers Draba et Cardamine; Silene acaulis, Are- naria ciliata, Stellaria humifusa, Cerastium alpinum, Phaca frigida, Cineraria frigida, Artemisia borealis, Valeriana capitata, Pedicu- laris sudetica, Juncus biglumis, Eriophorum Scheuchzeri, Cares fri- gida, Festuca ovina, Aira pitosa, Poa fl , Hierochloa alpina, etc. Les Mousses et les Hépatiques dominent dans les marécages. M. Jo- hanson s'est chargé d'étudier les Agarics. Enfin, près de la côte, où l'eau a 2 à 10 métres de profondeur, on trouve d'immenses forêts de Lami- naria et d'Alaria gigantesques, ainsi que plusieurs espéces de Fucus et de Desmarestia. Les Delesseria et Ptilota sont assez abondants ; les Confervacées sont plns rares. Le mémoire de M. Holm est accompagné de douze planches oü sont représentés de grandeur naturelle : Colpodium humile Lge, Calama- grostis Holmii Lge, Glyceria tenella f. pumila Lge, Salix arctico- polaris Lundstr., S. arctica Pallas, Androsace Chamajasme Koch, Phaca frigida L., Saæifraga flagellaris Willd., Pachypleurum alpi- num Ledeb., Oxyria digyna. L'auteur a aussi recherché les caractères anatomiques et dessiné un assez grand nombre de coupes. ` Ern. MALINVAUD. NOUVELLES. (15 janvier 1887.) — M. P.-A. Dangeard, préparateur de botanique à la Faculté des Sciences de Caen, a soutenu avec succés sa thése de doctorat pour les Sciences naturelles à la Faculté des sciences de Paris. Cette thése a pour titre : Recherches sur les Organismes inférieurs. — Dans la séance publique annuelle de l'Académie des sciences qui a eu lieu le 27 décembre dernier, plusieurs botanistes frangais et étran- gers ont obtenu des récompenses. Le prix Barbier a été décerné à M. Eu- gène Collin pour un travail intitulé : Structure anatomique comparée des subst édicales. Anatomie comparée des feuilles officinales. — MM. H. Van Heurck et A. Grunow se sont partagé le prix Desmazières pour le Synopsis des Diatomées de Belgique. — Le prix de La Fons REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 235 Mélicocq a été divisé entre M. E. G. Camus, auteur d’une Flore du Nord de la France, et MM. G. Bonnier et G. de Layens, qui ont envoyé au concours une Flore portant précisément le même titre. — Enfin l'Aca- démie a donné le prix Montagne à M. Quélet pour l’ensemble de ses tra- vaux sur les Champignons. — Demande des collections Bourgeau (plantes des îles Canaries) et Mandon (Madére).— M. le D" Christ [rue Saint-Jacques, (5, à Bâle (Suisse)] désire se procurer, par achat ou échange, ces deux collections et prie les confrères qui pourraient les céder de vouloir bien s’adresser à lui. — M. Élisée Reverchon partira prochainement pour explorer le sud du Portugal ainsi que les régions voisines de Gibraltar. Les plantes criti- ques récoltées pendant ce voyage seront soumises à l'examen de M. G. Rouy, vice-président de la Société botanique de France, dont on connait les travaux sur la flore de la péninsule ibérique. M. Reverchon compte recueillir de 500 à 600 plantes. Le prix de la centurie est fixé, pour la totalité des récoltes, à 25 francs, et à 30 francs au choix sur le catalogue qui sera publié, après la distribution, aux sous- cripteurs. La moitié du montant des souscriptions doit être adressée, avant le 15 février, à M. Reverchon, à Bollène (Vaucluse). Le Directeur de la Revue, Dr Ep. BoRNRT. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, ERN. MALINVAUD. TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE DU TOME XXXIII. ANATOMIE PHANÉROGAMES. Cours élémentaire de Botanique; M. Maugm; 35.59 406a HO Cours élémentaire de Botanique ; Anatomie et physiologie végétales ; M. L. Mangin. Synopsis des trois régnes de la nature ; M. Frank (3° et 4* vol.)............... Recherches sur l'organisation de la mem- brane cellulaire des végétaux; M. J. Wiesner. Sur l'état polynucléaire des cellules végé- . tales; M Allan E. Grant............. Sur le revêtement des espaces intercellu- laires; M. H.'Schenck...............- Sur le point végétatif des Phanérogames ; Mi Percy Groom... 2:14 5 9 ASS - Sur la cicatrisation après la chute des feuilles ; M. L. Staby.. Recherches sur l'anatomie comparée ‘de la tige des Dicotylédones ; M. J. Hérail. Caractères des principales familles gamo- pétales tirés de l'anatomie de la feuille ; WE nana Sur la structure du test de quelques Col- zas indiens ; M. H. Kiærskou cées; M. 0. M Mee sur les Santalacées ; ,, Guignard M.L. dorsi d les racines des Orchidées; M. E. de J: ve CRYPTOGAMES. Recherches sur la hol et l'ana- g tomie des Fougères ; M. Lachmann.. Sur la formation des bourgeons sur les prothalles des Fougères .apogames ; M. H. Leitgeb...........,..,........ Sur les racines gemmipares de -l'Anisogo- nium seramporense; M. P ET X MORPHOLOGIE. Étude sur les Lycopodiacées, 11 (Lycopo- dium Phlegmaria L.); M. Treub Sur les homologies des Mousses; M. Vuillemin is ss Uo Spa decer Sur la régénéra ation des Marchantiées ; QM Hi Wothtipng... 8 Becr ete PT herches sur le t du spo- roong des Hépatiques; M. Leclerc du SADIOR Le ee eee pale Rene de ie de US EMO considérations générales x prâtiques sur l'étude mier e pi Recherches pour servir à à l'hist. naturelle des végétaux inférieurs; M. gë Seynes. Conditions né au ment du chapeau du Polyporus; M. Sade- 1 ; M. Eichelbaum......... Contribution à ‘l'étude des formes coni- diales des Hyménomycètes : Ptychogas- ler aurantiacus Pat. ; M. Patouillard... Sur les noyaux des Hyménomycètes; M. H. K; Rosenvinge; sis ina epe een Remarques sur la reproduction des Urédi- nées hétéroiques; M. Plowright....... Sur la présence supposée d'un noyau dans les cellules de levüre ; M. Kraser.....- Sur la formation des spores dans la levüre de bière; M. A. Zalewski..........--- Sur les pousses proliferes des Hyphomy- cètes; M. Eichelbaum 1 La vie des plantes de la mer; M. E. Voges. Contributions à l'anatomie physiologique des Algues; M. N. Wille............. Contribution à l'étude du développement des appareils physiologiques de quel- ques genres d’Algues; M. N. Ville....- Études morphologiques sur les Polysipho- nia; M. K. Rosenvinge Sur l'anatomie et le développement de l'Agarum Turneri ; M. rà hee. S Note sur les premières frondes iride de Fougères anglaises; M. C. Druery.. 119 ur I de la gai de quelques Algues, ete.; M. G. Klebs. + Leçons sur les Bactéries ; M. A. de Bary.. TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS. z PHYSIOLOGIE. PHANÉROGAMES. De l'influence de la gravitation sur les mouvements i queues organes flo- Dufou. raux; M. J. Dufour. ........... 63 Action de l'éther ER du chloroforme s sur les végétaux; M. Fr. Elving........ 64 Séparation des sels par les Filles à ; M. Ad. Andréen 12s eus 29 Sur la transformation en chlorophylle. des leucites bruns du Neottia; M. O. Lindt. 30 Influence. relative des différentes parties .. du spectre solaire sur la transpiration ; NUGCHensluw: 2o: eise ST 120 Sur la formation et la ES A hydrates de carbone dans les feuilles ; M. W. Schimper ........ 29 De l’action de la chlorophylle su sur “Vacide carbonique en dehors de la cellule vé- gétale; M. P. Regnard............... 123 L'action chlorophyllienne dans l'obscurité ultra-violette; MM. G. Bonnier et L. MANEESI S n t Eo Het 122 Sur la respiration des plante M. H. Moeller....... orp dedi < 11-18 Rethefcliót sur les variations ai d respi- ration avec le développement des plantes; MM. Bonnier et Mangin.............. 31 La fonction respiratoire chez les végétaux; MM. Bonnier et Mangin ..... pannun 32 Sur l'émission de l'oxygène par les plantes dans le « microspectre »; M. Prin liem... 178 Technique et Are de hode par SR , Bactéries ; M. Engelmann. sect vai A00 1 des moisis- sures : M. N. W. Diakonow. . 80 Sur pirati i ; MM. Pfeffer et Wilson. .…....5........ 81 Sur les quantités de chaleur dégagées et ab- sorbées parles végétaux ; M. G. Bonnier. Sur l'ascension de la séve chez les plantes; M. Error eee L’accroissemt du corps | igneux m la théorie de la sève descendante; M. E. GOME. ati Recherches sur l'amidon. soluble iat son róle Piao peius chez les végétaux; M. J. Dufou e.. Sur une CHE de uelques sucres duits employée en microchimie; M. A. Me Cer i... eios + Sur la résistance ‘des plantes à la dessic- cation; M. Georg Schroder..... ie Sur le tube epp ah, son rôle physiolo- Sur la composition Chine dé; quelques nectars; M. de Planta........ Biologie - des. végétaux M ; M. Schenck....,. Études sur les feuilles des plantes. siqua: tiques; M. J. Costantin......... CRYPTOGAMES. Influence de l'orientation des rayons lumi- neux sur la june des spores d'Equi- setum; M. E. Stahl., Sur le Ius di noyau dans les. cellules des qui se fi $ Études sur la turgescence chez le Phyco-- myces ; M. E. Laurent. Contribution à l'étude du mode de fécon- dation. chez le Fucus vesiculosus; M. J. DOES eese Vel evi exo D SU BOTANIQUE DESCRIPTIVE. PHANÉROGAMES, Bulletin de la Société royale de Belgique, 18i Bulletin de la Société imp. des natura- listes de Moscou, 1885-86. . The Journal of Botany bristish and fo- reign, 1885. : Revue autrichienne ide bofakigde: pu iée par: M.. Skog, si 2 Ld ellus Diagnoses plantarum novarum asiatica- rum. VI; M. C. J. Maximowicz........ | Scrinia flore seleclæ, fasc. V; M. Ch. Magnier......... Icones plantarum, figures de plantes rares et nouvelles choisies dans l'herbier de Kew; M. J. D: Hooker.....,:.:...,... Monographie du genre eere M.J. C. Lecoyer. n E EL Les Hybrides-Bouschet; essai d'une mono- graphie des Vignes à jus rouge ; M. P. TER TOCVAB E rores vider ita 7? Sur la distribution: des fleurs "miles et femelles chez l'Acer platanoides et quel- ques autres espèces d'Acer; M. W. Wittrock . «Saususs <: e Monographie du genre Acer; "M. F. Pax: Sur la valeur que l'on peut accorder au mode d'évolution des sépales après l'an- thèse dans le genre Rosa; M. F. Cré- dise - io ses ises One sur quelques Roses de Italie ; $ . MM. Emile Burnat et A. Gremli....... Rosa Borbasiana ; M. H. Braun. ......... dévestoteuéo 237 24 69 - 938 Catalogue des Ronces du sud-ouest de la Suisse; M. A. F Hookera et Brodiæa; M. Britten.. Un nouveau Tephrosia de Hong-Kong; M. H. F. Hance. Sur une nouvelle espèce de Gussonea ; M. H. N. Ridle; Commentaire sur le genre Hieracium; M. C. Arvet-Touvet................... Spicilegium rariorum vel novorum Hiera- ciorum ; M. Arvet-Touvet..:::... 4 Essai monographique sur les espèces du te Scorzonera; M. E. Timbal-La- 1-929 TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS. de la région méditerranéenne; M. J. Freyn Catalogue raisonné des végétaux observés dans l'ile de Sardaigne; M. W. Barbey. — 41 Flore des monts Nébrodes de la Sicile; M. Gabriel Strobl......... seen 45 Cistinées du Portugal; M. J. Daveau...» 141 Résultats botaniques de l'expédition du comte Béla Széchenyi dans l'Asie cen- Spicilegia flore sinensis ; RÉUNIE SE SR ESC 230 | Les Rosa du Yun-nan ; M. F. Crépin..... 09 Le: nds Caféiers des Comores ; M. H. Atlas de la Flore d'Alger; MM. Battan- Baillon 413] dier et Trabut......... e IM 185 Observations sur les Syringa du nord de Excursions botaniques dans les Beni Salah, la Chine; M. A. Franchet..... TRS aux environs de Blida; M. H. Gay. 3 ze YOmphalocarpum Radikoferi: M. L Liste des plantes récoltées par M. Thompson 11 sur les montagnes situées dans l’est de Use haie Sauge chinoise; M. H. F. T'Afrique équatoriale ; M. D. Oliver. 17 ANCO.......sessrssteresssersseste 115 | Liste des dr de? Madagascar; M. H Baillon....... s eer oeoeceere 112 pur Souvent de la flore malgache ; Baillon.............s..s.es. 115 ; Tama des plantes vasculaires des Phi- ms " Maxwell Mástits. 5. ei eiue eel. 19| lippines; M. Vidal y Soler............ 170 Les Orchidées de Madagascar ; M. H. N. Illustrationes flore insularum maris Pa- Ridley. 16] cifici; E. Drake del Castillo... ~.. - 110-174 Nouveau Catalogue ‘des Cares d'Europe ; : M. „H. Christ oI S an I IN Lee GBXPTOGAMES- terrestre dérée dan: Flore cryptogamique d'Allemagne, d'Au- ago ds ev vue o ERU VERI RUE EE rers Cryptogames vasculaires; M. Luerssen. Dela végétation polair ix R. oec 6 | Fougères nouvelles du Brésil récoltées par ion de la Nouvell bl M. Glaziou; M. J. Baker............. 998 — ses Phanérogamés ; M. T" Boim.. TUON 232 | Fougères récoltées à Costa-Rica parM. 0: Flore.de l'ouest de la France, 4* édition ; Harrison ; M. J. G. Baker............. 9221 MM. Lloyd et Foucaud............... 92 | Fougères récoltées dans la partie nord de Herborisations dans la Charente-Inférieure Formose par M. Hancock ; M. J. G. Baker. 228 (1881-85) ; M. L. Giraudias............ 8 | Fougères récoltées à Madagascar par Compte rendu de l'excursion de Fécamp; M. Humblot; M. J. G. Baker.......... 221 M. E. Niel... .. 185 | Liste des Fougères des Comores; M. Baker. 115 Excursion spéciale et “herborisation à Revue bryologique, année 1885; M. Husnot. 105 Prémol et à Chanrousse; M. Maur: 38 Ps a année 1886 ; M. Husnot.. 106-161 Herborisations faites en 1885 aux environs Tr and I di gs of the bota- de Bourges ; M. Duchaussoy.......... 138 Lee Society, 1886 (Mousses)... ...--.- 2 fasc. des plantes nouvelles ou rares The Journal of Botany british and foreign, ut PE le Masa du Cher; M. Le Grand ........-.. 39 Flore EA Loir-et-Cher: N. E Franchet... 87 Sur l'existence du Mentha Lloydii Bor. dans l'est de la France; M. Durand... Notice sur la flore des environs de Nancy; M. P. Yuillemin.......... eee Sur les causes de la Ditsonéé de plantes réputées calcifuges dans la région cal- caire du Jura; M. A. Magnin......... Note sur le Lapins de la flore du Gard; . B..Martin.......:../........0 Flore de Mois seconde édition ; M. Hedbotet: su, ice tes need ease Notices sur Dub plantes, notamment 186 — oo č - go œ triche et de Suisse, de Rabenhorst : les 5 > 1885 tasein PAREEN Ge al $ pèces A p* Mousses appartenant aux genres Orthotrichum et Ulola; M e Étude sur les caractères du genre Am- blystegium, etc.; M. R. du Buysson.. + i 4. Muscologia gallica ; M. T. Husnot. ....:. Catalogue des Muscinées de la Somme; ., M. E. Gonse ...... sedinte peiin gt a Guide du bryologue dans la "chaine des Pyrénées et le S.-Q. de la France ; MM. Jeanbernat et F. Renault......- Florule bryologique, ou guide du botaniste . au Mont-Blanc, 2 partie; M. V. Payot. 107 r 163 TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS. Mousses; M. G. Limpricht............ Contribution à la flore bryologique des environs de Coni; M. L. Macchiati.... Contribution à la connaissance des Mousses des iles Smülen et Aedô; M. A. Geheeb. Flore bryologique d'Aavasaka et Pallas- Müninrit;- M. Hull sion eoe oun Flore cryptogamique d'Allemagne, etc. Les h Florule bryologique de Mayotte ; M. E. Boschbrelle- it EE Recherches mycologiques ; M. Hugo Zukal. Les Champignons supérieurs; M. L. For- quignon nouveaux ou peu connus; M. Fayod.... Sur le Gnomonia erythrostoma des Ceri- Mers M: Ba Frank fric ce uui F1 BE E jiuk Notes sur un nouveau genre et quelques espéces nouvelles de Pyrénomycétes ; M. E. Boudie Pp es p États-Unis; M. Farlow.............-- Sur la morphologie du Ravenelia glandu- lefe . Parker. rendonema terrestre; M. Oudemans. . Sur une Entomophthorée trouvée sur les excréments de Grenouille; M. Eidam... Basidiobolus, nouv. genre d'Entomophtho- rées? M. Kidam........... Pda tfr pignons, de Myxomycétes et de Bacté- ries; M. Hugo Zukal. fans Enchiridion Fungorum in Europa media et prasertim in Gallia vigentium; M. L. Liste des Champignons nouvellement ob- servés dans le département des Alpes- Maritimes ; M. J.-B. Barla........... Champignons nouveaux de M^BEBEI: ess ere inf} "VISAS DS Champignons nouveaux ou rares de l'Aube; M- BHBrd i9 92e EOE E De Flore eryptogamique de Silésie, Champi- gnon; M. Schræter.......,,..:..... Nouveaux Champig piq l'Angleterre; M. G. Massee............ Contribution à la flore mycologique de la région montagneuse de la Norvége ; ME HEnnIngi. ioo E Lorie RUE mier Nylander..... dee va DSL CUS Parmelie exotice nove ; M. W. Nylander. Les Lichens du Jura franconien ; M. A. Arnold. ferres PISTE Posts Lichen de Hogland ; M. Brenner... x Nouvelles contributions à la connaissance Sur la distribution géog hiq d'eau douce et terrestres; M. A. Piccone. Sur la végétation hivernale marine de la côte occidentale de la Suède; M. Kjell- MAD Seam es debate oy Algues d'eau douce et protophytes à chlo- rophylle de la région des lacs d'Angle- terre, ete. ; M. A. W. Bennett iques (de la baie d'Ungava) ; M. W. Farlow ..... Vel eee à Contribution à la flore des Desmidiées d'Amérique; M. G. Lagerheim........ Sur les Laminariées du Japon; MM. Kjell- man et Petersen. .....,,,,,,.,, eses Les méthodes de recherches sur les Bac- téries; M. F. Hueppe...... è Moyens de reconnaitre les M. Eisenberg............ MR ets ou Étiologie des Bactéries dans les maladies infectieuses; M. Hugo................ 239 240 causées par les Charpigitons parasites; M. E. Rostrup. . nm tes La gangrène humide du douleur; M. jo. Comes...... : re Vois des arbres fruitiers ; M. E. Pril- « Black Rot »; MM. Viala et Eoee Pe Sur le traitement du Mildew et du Rot; TABLE DES ARTICLES ANALYSÉS. Sur l'emploi du sulfate de cuivre pour la destruction du Mildew ; M. A. Perrey.. 99 | pe l'action du mélange de sulfate de cuivre 128 et de chaux sur le Mildew; MM. Mil- lardet et Gayon Action de la chaux sur les MS Hort du Mildew ; M"* de Fitz-James. ....- .. Sur les gales des feuilles de la Vigne, etc.; M. T. de Ohrdruf............... Tcp Communication sommaire sur jas maladies `M. Millardet.. 4 des Jacinthes ; M. J. H. Wakker....... Sur la destruetion du Mildew par le sul ate Une nouvelle maladie du Froment; M. G. de cuivre; M. A. Perrey..... een 4| Passerini........... .. A. PALÉONTOLOGIE. Sur les Ulodendron et Bothrodendron; M. R. Zeiller...... VULVE ee Note sur les Bilobites, ete, de la base du sys- tème silurique du Portugal; M. Delgado. 108 | Sur la flore du « Forest-bed» de Cromer ; M. €. Reid........o...esooneoseset MÉLANGES. Histoire des herbiers; M. Saint-Lager. ... Quelques réflexions sur les travaux de sta- tistique végétale; M. F. Crépin........ Revue de. microscopie soient ing et de technique miroscopigue SM. W: tds Behrens......... Cds tree mie à Etude microscopique des matières alimen- taires tirées du règne végétal; M. J. Moeller... mnt Recherches et analyses des matières ali- mentaires ; M. A. Hilger.. ` Sur un procédé de conservation des Al- gues; M. Migula........:............ NÉCROLOGIE : M. Édouard Lamy de la Chapelle....... esee nn 46, 96, 144, 192, 234 NOUVELLES... «eese eren nnn 7974. = BOURLOTON.— lmprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. 154 187 198 Récolte et préparation des Diatomées vi- vantes ; M. Debes.. Purification et FER ‘des M. Debes. E Montage et préparation Fa "Diatomées ; ; M. Debes ua ers Na Société dauphinoise RouE l'échange des plantes, 13° Bulletin.........-.+--- MM. Labesse et Pierret..........-. Plantes à gutta-percha; M. L. Pierre. ..- Jean Prevost, médecin de la ville de Pau, et son Catalogue de plantes ; M. B. de Nabias. Promenades botaniques de tous les mois; - 220. 467. 168 198 TABLE ALPHABÉTIQUE DES . MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME TRENTE-TROISIEME. (Deuxième série. — TOME VIIL) N. B. — Les noms de genre ou d'espèce rangés par ordre alphabétique sont le plus souvent les noms latins des plantes. Ainsi, pour trouver Peuplier, cherchez Populus, etc. Les chiffres arabes se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société; les chiffres ro- mains, à la Session extraordinaire; les chiffres arabes entre crochets [], à la Revue bibliogra- phique. A Académie"des sciences. Prix de bota- nique [234]. Acanthococcus (Sur le genre) des Palmellacées [157]. Acer (Monographie du genre) [169]. — Paxii Franch. sp. nov., 464. — platanoides (Fleurs mâles et fe- melles de P) [24]. Aconitum Delavayi Franch. sp. nov., 381. — Napellus L. form., 382. Adonis brevistyla Franch. sp. nov., 372 Afrique (Plantes d’), 70 [17] [100]. — 297. — Trois plantes de la flore atlantique, 476. — Phelipæa lutea Desf., 536. — Voy. Battandier, H. Gay, Trabut. Algologiques (Contributions), 158. Algues, L1 [86] [97] [148] [149] [155- 159] [208] [210]. — arctiques [74] [75] [199]. — (Conservation des) [198]. — récoltées aux environs de. Millau (Aveyron), cxix. ALLARD (G.) (L'Arboretum de), 291. Allemagne (Flore cryptogami d') [33] [103]. : Allium siculum (Anomalie de l), XXXIV. 1 Voyez Algérie, , Tuni- sie, etc. í 1 AGARDH (J.-G.). Nouvelles contribu- tions à la connaissance systématique des Algues [86]. Agaricus melleus, 36, 37. ; Agarum Turneri (Anatomie de l’) [210]. Algérie (Flore d"). Sur quelques Or- chidées d'Algérie, 297. — Sur quel- ques plantes d'Algérie rares, nou- . velles ou peu connues, 351. — Carduncellus Pomelianus Batt. sp. nov., 354. — Centaurea Malinval- diana Batt. sp. nov., 355. — Limo- dorum Trabutianum Batt. sp. nov., T. XXXIII. Alpes-Maritimes (Champignons nou- veaux des) [61]. Amblystegium (Sur le genre) [162]. Amérique (Desmidiées d’) [159]. — (Flore d") [59]. Amidon (Sur F), 483. — (Formation de l') pendant la germination des sclérotes des Champignons, 199. — soluble chez les végétaux [84]. Ampelocissus artemisiefolia Planch., 458. Ampelopsis cardiospermoides, Dela- vayana et tomentosa Planch. sp. nov., 459-460. Anatomie végétale, 25, 288, 311, 480 . [25] [35] [66] [98] [155] [210]. 16 242 ANDRÉE (Ad.). Séparation des sels par les feuilles [29]. Anemone Delavayi Franch. sp. nov., 366. — glaucifolia, 363. Angleterre (Algues d") [74]. — (Flore d") [54]. -— (Flore fossile d") [168]. Voyez Britanniques (Iles). Anisogonium seramporense (Racines gemmiparés de l) [227]. A vov. Nouvel Anomalies, voy. Monstruosités. Appareils physiologiques de quelq Algues [149]. — sécréteurs des Nymphéacées [72]. Aquilegia viscosa Gouan, Lx. ARBAUMONT (J. d’). Note sur le péri- cycle, 141. — Voy. Morot. Arboretum de M. G. Allard à Angers, 221. AnBosT. Lettre (Sorbus hybrida), 469. ARDISSONE. La végétation terrestre considérée dans ses rapports avec les climats [73]. Arenaria barbata, Delavayi, longi- styla, napuligera, trichophora et yunnanensis Franch. sp. nov., 429- 433. ARNOLD (A.). Les Lichens du Jura franconien [60]. Arthoniæ novæ Americe : borealis 59 1 À ARVET-TOUVET (C.). Spicilegium ra- riorum vel novorum Hieraciorum [41] [229]. — Commentaire sur le genre Hieracium [228]. Asie (Plantes d') [21] [113] [227] 228]. Aspergillus Oryzæ [55]. : Aube (Champignons de I’) [62] [63]. Aude (Centaurea silvatica Pourr. dans I), XLIX. m (Flore eryptogamique d") [33] 103]. Aveyron (Plantes calcicoles et calci- fuges de l’), xxxv. — (Plantes nou- velles de l’), 20. — Herborisations dans le bassin du Rance, vin. — Voyez les herborisations de la ses- sion de Millau, LXXI à CXXVII. — Lichens, cxv. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. B Bactéries (Étiologie des) [177]. — (Études sur les) [174] [176] [196]. — (Leçons sur les) [12]. — nou- velles [53]. : Badiane ou Anis étoilé, 384. BAILLON (H.). Liste de plantes de Ma- dagascar [112]. — Les nouveaux Caféiers des Comores [113]. — Types de la flore malgache [115]. BAKER (J.-G.). Liste des Fougères des Comores rapportées par M. Humblot [115]. — Fougères récoliées à Ma- dagascar par M. Humblot [227]. — Fougères récoltées à Costa Rica par M. Harrison [227]. — Fougères récoltées dans la partie nord de Formose par M. W. Hancock [228]. — Fougères nouv. du Brésil réc. par M. Gleziou [228]. DALANSA (B). Voy. Wiater. Dananier Féhi, ses formes asperme et séminifére, 317. BarBEY (W.). Fiore Sardoe Compen- dium [41]. Barbula chionostoma et B. Fiorii Ventuii sp. n. [105]. Barra (J.-8.). Liste des Champignons nouvellement observés dans le dé- partemeat des Alpes-Maritimes [61]. BanNsBY (D.). l'lorules d’Indre-et- Loire : Ja vallée de l'Indre [231]. BARRANDON (A.). Voy. Flahault et Lo- ret et. Bary (A. de). Leçons sur les Bactéries [12]. — Sur quelques Sclerotinia et les maladies qu'ils produisent [217]. Basidiobolus (E ph h ) Ei- dam nov. gen. [134]. — ranarum Eid. [55]. BATTANDIER (A.) Sur quelques Or- chidées d'Algérie, 997. — Note sur quelques plantes d'Algérie rares, nouvelles ou peu connues, 350. — Trois plantes de la flore atlantique, 416.— Obs., LAVIL. — et TnaBUT (L.)- Atlas de la flore d'Algérie [185]. gre à inflorescences épiphylles, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. 243 BEHRENS (W.-J.). Revue de micro- scopie scientifique et de techni tions de la respiration avec le dé- 1 microscopique [76]. — Contribution à l'étude du mode de fécondation chez le Fucus vesiculosus [148]. Behring (Lichens nouveaux des iles et rivages du détroit de) [57]. Belgique (Flore de) [188-189]. BELZUNG (E.). Sur la formation d'ami- don pendant la germination des sclérotes des Champignons, 199. — Sur l'amidon et les leucites, 483. BENNETT (A.-W.). Algues d'eau douce et Protophytes à chlorophylle de la région des lacs d'Angleterre [74]. Berberis acuminata, levis, pruinosa et yunnanensis Franch. sp. nov., 386-388. Berchemia yunnanensis Franch. sp. nov., 456. BERLESE (A.-N.). Sur une espèce de Lophiostoma mal connue [102]. — Fungi Moricolæ [103]. BESCHERELLE. Florule bryologique de Mayotte [106]. Bilobites (foss.) [167]. Biographies : Louis Marcilly, 471. — Jean Prevost [40]. Biscutella montana Cav., 525. — laxa var. stricta Rouy, 526. Black Rot [129]. Branc (Ed.). Lettre sur quelques plantes de Tunisie, 245. BLOTTIÈRE (R.). Voy. Hérail. Bommerella (Pyrénomycètes) Marchal nov. gen. [100]. Bonheur, à l'Aigoual, etc. (Herborisa- tions de la Société dans la vallée du), cm. Bonnert (Edm.). Obs., 276, 489, 505. Bonnien (G.). Localités de plantes de la région parisienne non signalées dans la Flore des environs de Paris et quelques espéces Jles pour cette région, 486. — Culture des Lichens à l'air libre et dans de l'air privé de germes, 546. — Obs., 484, 488, 512, 546. — Sur les quantités de chaleur dégagées et absorhées ` par les végétaux [124]. — et MAN- cın (L.). Recherches sur les varia- p des plantes [21]. — La fonction respiratoire chez les végé- taux [32]. — L'action chlorophyl- lienne dans l'obscurité ultra-violette 122]. BonNET (Ed., nommé membre de l'Académie des sciences, 252 [47]. Bonzr. J: gea, nouvel A ycé [130]. Bat H que (Cours élé ire de) [45] [98]. — (Géographie) de l'Europe, 484, 501. — (Glossologie), 326. — (Journal britannique de) [189]. — (Promenades) de tous les mois [46]. — (Revue autrichienne de) [94]. — (Voyage) en Tunisie, 541. Bothrodendron (foss.) [108]. Boupier (Edm.). Notes sur un nou- veau genre et quelques nouvelles espéces de Pyrénomycétes [62]. — Considérations générales et prati- ques sur l'étude microscopique des Champignons [150]. BOURDETTE (J.). Sur l'odeur de l'Or- chis coriophora L. et le suc du Meconopsis cambrica Vig., 239. — Sur la flore des Hautes-Pyrénées, Bourgeons (Sur les), 185. — (Forma- tion des) sur les prothalles des Fou- gères apogames [34]. Branches (Chute des) du Peuplier blanc, 25. Braun (H.). Rosa Borbasiana sp. nov. 45 [45]. Braya rubicunda Franch. sp. nov., 403 BRENNER. Lichens de Hogland (Fin- lande) [223]. BRESADOLA (G.). Schulzeria, novum Hymenomycetum genus [100]. Brésil (Fougères du) [228]. . Bretagne (Champignons nouveaux de la Grande-) [100].—Voy. Angleterre et Britannique. $ BriarD. Champignons nouveaux ou rares de l'Aube [62] [63]. Brin (P.). Sa mort, 518. E. aue (Plantes des Iles) [190- 191]. 944 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. BRITTEN (J.). Hookera et Brodiæa, avec quelques remarques sur leur nomenclature [172]. — Journal de botanique [189]. Brodiæa (Nomenclature du genre) [172]. BRUNAUD (P.). Hyménomycétes à ajou- ter à la flore mycologique des envi- rons de Saintes (Charente-Infé- rieure), 507. BRUNCHORST (J.). Sur les és des 4 Caltha palustris (Pétales ovulifères du), 262. Camus (G.). Florule du canton de l'Isle-Adam (Seine-et-Oise), 28. — Herborisation à Marines (Seine-et- Oise), 76. — Supplément à la florule de l'Isle-Adam, 305. — Sur un Carex nouveau, C. Pseudo-Mairii, 419.— Obs., 306, 344. Cardamine Delavayi, multijuga et is Franch. sp. nov., 397- racines de l'Aune et des Éléagnées [56]. — Sur quelques tubérosités des racines, particulièrement sur 399. — tenuifolia Turcz., 399. Canpor (Jules). Les Sphaignes d'Eu- rope [166]. p, i, E celles des Aunes et des Éléagnacé [127]. Bryologia insule S. Thome Africe occid. tropicæ [160]. Bryologique (Florule) du Mont-Blanc [163]. — (Flore) des environs de Coni (Italie) [163]. — (Florule) de Mayotte [106]. — (Revue) [105] [106] [161]. Bryologue (Guide du) dans les Pyré- nées [107 Bryum nouveaux [106]. BUEGSEN. Aspergillus Oryze [55]. Bulletin de la Société royale de bota- nique de Belgique [188]. — de la Société impériale des naturalistes de Moscou [191]. Bureau (Ed.). Description d'un Dor- stenia nouveau de l'Afrique équa- toriale, 70. — Obs., 344. Bureau et Conseil d'administration de la Société pour 1887, 556. BunNaT (Em.) et GREMLI (Aug.). Ob- Servations sur quelques Roses de l'Italie [42]. Buysson (R. du). Étude sur les carac- tères du genre Amblystegium et description des espéces [162]. C CABASSE (P.). Sa mort, 518. Fe (Ovules et fécondation des), 76. Caféiers nouveaux des Comores [113]. Calcicoles et calcifuges (Plantes), xxxv [230]. sp. nov., 354. Carex d'Europe [140]. — Pseudo- Mairii Camus sp. nov., 479. CARUEL (T.). Lettre sur un cas de térat. végétale, 58. — Classification des fruits, 117. — Sur la nouvelle famille des Scutellariacées, 266. CasriLLo (del). Voyez Drake. Casuarinées (Anatomie de la tige et de la feuille des), 311. Cathcartia Delavayi et lancifolia Franch. sp. nov., 390-391. Causses, voyez Cévennes. Celastrus racemulosa Franch. sp. nov., Cellules des Champignons [56]. — Morphologie de la cellule [119]. Centaurea Malinvaldiana Battand. Sp. nov., 359. — silvatica de Pour- ret, XLIX. Cerisiers (Maladie des) [221]. : Cévennes (Les causses des), LXXII Chaleur dégagée et absorbée par les végétaux [124]. Champignons, 36, 78, 155, 199, 236, 240, 330, 335, 336, 489, 507, LXI [1-4] [33] [51-57] [80] [99-103] [126- 134] [145-148] [150] [151] [202] Battand. [204-207] [217]. — nouveaux [53] [54] [61-63]. — parasites [99] [147]. — supérieurs [63] [217-991]. Chapeau (Développement du) du Po- . lyporus squamosus [132]. CHAPELLE (Lamy de la), voyez Lamy. Charente (Allium siculum de la), XXXIV. * HE TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. . Charente-Inférieure (Hyménomycétes de la), 507. — (Herborisations dans la) [231]. CHATIN (Ad.). Annonce la mort d'Ed. Morren, 134. — Quelques mots sur un ouvrage de M. Magnin, 308. — Sur l'étiolement dela Vigne, 343. — Obs., 219, 240, 249, 275, 276, 288, 306, 311, 343, 488. Cher (Plantes nouvelles ou rares du) [139]. — Herborisations aux envi- rons de Bourges [138]. CHEVALLIER (abbé L.) Note sur le Centaura silvatica de Pourret, XLIX. Chine (Plantes de), 61, 206, 223, 358 pal [109] [114] [115] [172] [173] alienta: (Influence du) sur les plantes [64]. Chlorophylle (L'action de la) dans l'obscurité ultra-violette [122]. — sur l'acide carbonique en dehors de la cellule végétale [123]. Chlorosporées (Formation des kystes chez les Algues), Lt. Chlorovaporisation (Sur la), 152. Chou-fleur (Gangréne humide du) [128]. CumrsT (H.). Nouveau catalogue des Carex d'Europe [140]. Chromoleucites des fruits et des fleurs, 178. Chytridinées parasites (Un nouveau genre de), Chytridium RUNE Dangeard sp. nov. Cistinées du Psia [141]. Cistus laurifolio-salvifolius Coste (hybride nouveau), 20. Classification des fruits, 117. Clematis | chirysocoma; Delavayi, ra- Fran- el chet sp. nov., 360-362. CLOS (D. ). Examen critique de la durée assignée à quelques espèces de plantes, 46. — Discussion de quel- 245 CocNIAUX (A.). Lettre sur le terme staminode, 410. CoLowB (G.). Étude anatomique des stipules, 288. — Note sur l'ochrea des Polygonées, 506. Colzas (Test de quelques) [121]. Comes (0.). La gangrène humide du Chou-fleur [128]. Commissions annuelles, 61 Comores (Caféiers iüavesix des) [113]. — (Fougères des) [115]. Conidies des Hyménomycétes [132]. CopiNEAU (Ch.). Dessiccation des plan- tes en voyage, 132. — Rapport sur les herborisations de la Société dansla vallée du Bonheur, à l'Ai- goual, etc., CIIL. Cornu (M.). Obs., 90, 131, 156, 184, 197, 202, 208, 211, 212, 219, 250, 251, 262, 265, 275, 216, 494. Coronilla valentina L.,353. — jun- cea subp. Pomeli Battand., 353. Corydalis Delavayi, echinocarpa, gracilis, longicornu, oxypetala, trifoliata et yunnanensis Franch. sp. nov., 392-395. Cosson (E.). Dons, 86. — Obs., Costa-Rica (Fougères de) [227]. CosTANTIN (J.). Observations sur la note de M. Mer, 192, 195. — Sur un Rhopalomyces, 489. — Études sur les feuilles des plantes aqua- tiques [125]. CosrE (abbé H.). Un Ciste hybride nouveau pour la science et environ quarante plantes nouvelles pour la flore de l'Aveyron, 20. — Mes her- borisations dans le bassin du Rance, vir. — Plantes intéressantes ob- servées à Roquefort (Aveyron) et dans les environs, LXXXVI.— Plantes observées dans la matinée du 16 juin sur le revers septentrional du Larzac (Aveyron), etc., LXXXVII. — Obs., xv, XVI. CouRcHET (L.). Sur les chromoleu- cites des fruits et des fleurs, 178. C lacées (Structure des), 299. 538. ques points de gl gie bota- ni 1 e, 326. i Codiolun (Sur le genre) [158]. Creissels (Aveyron) (Herborisation à), XCVII. Crépin (F.). Les Roses du Yun-nan 246 [109]. — Quelques réflexions sur les travaux de statistique végétale [187]. — Sur la valeur que l’on peut accorder au mode d'évolution des sépales aprés l'anthése dans le genre Rosa [187]. Cryptogames vasculaires [33]. Cucurbitacées (Sur les vrilles des), 10, 157 [226]. — (Radicelles et racines latérales des), 494. Cylindrina (Pyrénomycétes) Pat. nov. 'gen., C. Delavayi Pat. sp. nov., 155. Cypripedium arietinum R. Br. dans le Yun-nan, 206. D DANGEARD (P.-A.). Sur un nouveau genre de Chytridinées parasites des Rhizopodes et des Flagellates, 240. — Note sur un Chytridium endo- géne, 356. Daveau (J.). Cistinées du Portugal [141]. Deses. Récolte et préparation des Jiatomées vivantes [198]. — Purifi- cation des Diatomées [200]. — Mon- tage des Diatomées [201]. Desray (F.). Catalogue des Algues marines du nord de la France [74]. DEGAGNY (Ch.). Sur le tube pollinique et son róle physiologique [129]. DELAVAY (abbé). Voy. Franchet. Delavaya (Sapindacées) Franch. nov. gen., 462. — torocarpa, 462. DELGADO (J.-F.). Note sur les Bilo- bites et autres fossiles du Portugal 161]. + Delphinium ceratophorum, Dela- vayi, lankong et py trum Franch. sp. nov., 377-379. — denudatum var. yun Fr., 378. — elatum L., 380. Dematophora necatrix, 36. DemoRTIER (H.). Une plante nouvelle pour la flore parisienne, 489, 519. — Obs., 590. Desmidiées d'Amérique [159]. Déssiecation des plantes en voyage, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 132. — (Résistance des plantes à la) [179]. Diagnoses plantarum novarum asia- ticarum [113]. DrakoNow (N.-W.). Respiration intra- moléculaire et activité fermentative des Moisissures [80]. Diatomées (Montage des) [201]. — (Purification des) [200]. — (Récolte des) [198]. Dicotylédones (Tige des) [66]. Diplotaxis Delagei Pomel, 476. — brassicoides var. maritima Rouy, 525 Dipoma (Crucifères) Franch. nov. gen., 404. — iberideum, 405. Discours de MM. Pouydebat, v; — Timbal-Lagrave, vi; — Malinvaud, LXX. Dons, 9, 85, 86, 136, 220, 964, 307, 468, 469, 518. Dorstenia Massoni Bureau sp. nov. de l'Afrique équatoriale, 70. Douior (H.). Observ. sur des feüilles anomales de Begonia Amelia, 91. — Note sur la structure des Cras- sulacées, 299. — Obs., 916. — Voy. Van Tieghem. à Dourbie (Aveyron) (Herborisation de . la Société dans les gorges de la), LXXIII. Dovea Bolusi, paniculata et race- mosa Mast. sp. nov. [19]. Draba amplexicaulis, surculosa. et yunnanensis Franch. sp. nov., 401- 403. Drake DEL CasriLLO (E.). Illustra- tiones flore insularum maris Pa- cifici [140] [174]. DnaPzR (J.-W.). Sa mort [46]. DnuERY (Ch.). Note sur les premiéres frondes proliféres de Fougères an- glaises [119]. s DuciaRTRE (P.). Observ. sur les vrilles des Cucurbitacées, 40, 457. — Note sur un Bégonia qui produit des in- florescences épiphylles, 86. — Mon- Struosité de la Primevére des jar- dins, 197. — Obs., 19, 97, 90, 135, 169, 212, 913, 916. Ducxaussoy. Compte rendu des prin- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 247 cipales herborisations faites en 1885 j aux environs de Bourges, sous la direction de M. Le Grand [138]. DurronT (L.). Anomalie de l'Allium siculum découvert dans la Charente, XXXIV. — Obs., XXI. Endoderme du Senecio Cineraria, 538. Endomyces parasiticus Fay. sp. n. 141]. ENGELMANN. Technique et critique de la méthode par les Bactéries [196]. E hthorées lles [54] [134]. Durour (J.). De l'influence de la gra- vitation sur les ts de quelques organes floraux. [62]. — Recherches sur l'amidon soluble et son róle physiologique chez les végétaux [84]. Duroun (L.). Influence de la lumière sur la structure des feuilles, 92. — Note sur les relations qui existent entre l'orientation des feuilles et leur structure anatomique, 268. — Obs., 126. — Voy. Mer. Dupinia japonica Franch., 439. DunAND (Eug.) et FLAHAULT (Ch.). Les limites de la région méditerranéenne en France, XXIV. Duran» (Th.). Note sur l'existence du Mentha Lloydii Bor. dans l'est de la France [186]. — Plantes de Bel- gique [189]. Durée de quelques espèces de plantes, Duvar (C.). Obs., 240. E EicugtBAUM. Sur la formation des conidies chez les Hyménomycétes [132]. — Sur les pousses proliféres des Hyphomycétes [133]. Emam. Sur une Entomophthorée trou- vée sur les excréments de Grenouille [5 — Basidiobolus, nouveau genre d'Entomophthorées [134]. Epimedium (Les espéces du genre), 38, 103. — acuminatum Franch. sp. nov., alpinum L., concinnum Vatke, Davidi Franchet, diphyllum Lodd., elatum Morr. et Dec., he- zandrum Hook., lilacinum Donc- kel; macranthum Morr. et Dec., Musschianum Morr. et Dec., Per- ralderianum Coss., pinnatum Fisch., Pteroceras Morren, pubes- cens Maxim., sinense Sieb., versi- color Morren, Youngianum Fisch., 103-116. Equisetum (Influence des rayons lu- mineux sur les spores d’) [28]. Erodium asplenioides Desf. var. Ju- liani Batt., 471. Errera (L.). Une expérience sur l'as- cension de la sève chez les plantes [121]. Erucastrum brachycarpum Rouy sp. nov., 524. Erysimum yunnanense Franch. sp. nov., 404. Espaces intercellulaires (Revêtement des) [23]. Espagne (Excursions botaniques en), 524. Éther (Influence de P) sur les plantes 4 [64]. Euphorbia Characias X amygda- loides, XLY. 5 Europe (Carex d’) [140]. — (Cham- pignons d’), 151. — (Géographie botanique de l’), 484, 501.— (Sphai- EisENBERG (J.). Moyens de e les Bactéries [176]. 7 Éléagnacées (Tubérosités des racines des) [56] [127]. Élections de la Société pour 1887, gnes d') [166]. Evonymus amygdalifolia, ilicifolia, linearifolia et yunnanensis Fran- chet sp. nov., D Excursions, voy. Herborisations. 556. - Exrryine (Fr.). Sur l'infl de Pé- ther et du chloroforme sur les . plantes [64]. ÉLox De Vico (L.). Sa mort, 219 [46]. Exoderme (L^), 80. } 948 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cléistogames et souterraines des F Orobanchées, 536. — mâles et fe- melles de quelques Acer [24]. FARLOW. Notes sur les Algues arcti- | Floræ(Illustrationes) insularum ma- ques, récoltées surtout par M. Tur- ris Pacifici [110] [172]. — Sardoæ ner [159]. — Développement des Compendium [4]. — selectæ (Scri- Gymnosporangium des États-Unis nia) [191].— sinensis (Index)[173]. 206]. — sinensis (Spicilegia) [114]. FavnaT (A.). Catalogue des Ronces du | Flore d'Algérie, voy. Battandier, Tra- sud-ouest de la Suisse [43]. but. — cryptogamique d'Allemag Favop. Note sur quelques Champi- d'Autriche et de Suisse, voy. Lim- gnons parasites nouveaux ou peu pricht, Luerssen. — d'Amérique, connus [147]. voy. Lagerheim. — fossile d'Angle- Fécondation du Fucus vesiculosus terre, voy. Reid. — Atlantique [148]. (Trois plantes de la), 476. — de Ferula glauca, xx. — tunetana Po- l'Aveyron (Plantes nouvelles pour mel, 478. la, 20. — du Mont-Blanc, NOy. 5 À Feuille. (Anatomie de la) [25]. — Payot. — de Chine, voy. Chine, E (Anatomie de la) des Casuarinées, Blackwell, Hance. — d'Indre-et- de 311. — (Cicatrisation aprés la chute Loire, voy. Barnsby. — francaise .des) [24]. — (Hydrates de carbone (Plantes critiques de la), 548. — dans les) [29]. — (Influence de la de France, voy. France. — de l'ouest lumiére sur la structure des), 92. de la France, voy. Lloyd. — du — (Orientation des) et structure Gard (Les Pulmonaires de la), xvit. anatomique, 268. — des plantes — du canton de l'Isle-Adam (Seine- A aquatiques [125]. — (Séparation et-Oise), 28, 305. — bryologique E des sels par les) [29]. — (Structure de Laponie, voy. Hult. — du Loir- Eo d'une) de Lierre âgée de sept ans, et-Cher, 249; voy. Franchet.— de Fe 136. à s Madagascar, voy. Baillon.— bryolo- Finlande (Lichens des iles du golfe de), gique de l'ile Mayotte, voy. Besche- . — (Mousses de) [193]. relle. — monspeliaco-cébennique Fiscu. Sur le rôle du noyau dans les (Deux plantes critiques de la), Lx. cellules des Champignons qui se — de Montpellier, voy. Loret. — fusionnent [56]. des environs de Naney, voy. Vuil- FiscHER. Le Lycogalopsis Solmsii, lemin. — mycologique de Norvége, nouveau Gastéromycète [205]. voy. Henning. — des iles de l'océan Firz-JAMES (M7* la duchesse de). Ac- Pacifique, voy. Drake del Castillo. tion de la chaux sur les Vignes — de Paris (Localités et espéces atteintes du Mildew [2]. nouvelles pour la), 486. — pari- FranaULT (Ch.). Rapport sur l'herbo- sienne (Une plante nouvelle pour risation faite par la Société sur le la), 519. — des Hautes-Pyrénées, causse Méjean et dans les gorges du 254. — illustrée des Pyrénées (Cinq — Tarn, cvi. — Liste des Algues ré- planches inédites de Ja), xxi. — coltées aux environs de Millau pen- mycologique des environs de Saintes dant la session, CXIX. — et BARRAN- (Charente-Inférieure), 507. — de DON. Liste méthodique des plantes Sardaigne, voy. Barbey. — de Si- phanérogames et cryptogames vas- cile, voy. Strobl.— cryptogamique culaires récoltées pendant la session de Silésie, voy. Schræter. de Millau, cxx. —: Obs., 219, | FORBES (F.-B.) et HEMSLEY (W.-B.). XXXIV.— Voy. Durand (Eug.). Index Flore sinensis [173]. Fleurs (Chromoleucites des), 178. — | Formose (Fougères de l’ile de) [228]. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 949 FonQuiGNON (L.) Les Champignons supérieurs [63]. Fossiles, voy. Delgado, Reid, Zeiller. Foucaup (J.). Voy. Lloyd. Fougéres apogames (Prothalles des) [34]. — (Morphologie et anatomie des) [35]. — nouvelles [115] [119] [227] [298]. France (Flore de). Quarante plantes nouvelles pour la flore de l'Aveyron, 20. — Florule du canton de l'Isle- Adam (Seine-et-Oise), 28. — Herbo- risation à Marines (Seine-et-Oise), 76. — Quelques détails sur la ré- gion des Cévennes, 190. — Observ. sur la flore de Loir-et-Cher, 249.— Sur la flore des Hautes-Pyrénées, 254. — Supplément à la florule de l'Isle-Adam, 305. — Plantes rares des environs de Paris, 209. — Ex- cursion botanique. à Pierre-sur- Haute (Loire), 344. — Sur un Cares nouveau (C. Pseudo-Mairii), 419. — Localités de plantes rares et de quelques espéces nouvelles des en- virons de Paris, 486. — Orobanche Spartii, 505. — Hyménomycétes à ajouter à la flore mycologique des environs de Saintes, 507. — Une plante nouvelle pour la flore pari- sienne, 519. — Observ. sur quelques plantes critiques de la flore fran- çaise (Geum hybrides, Hieracium prealtum et fallax, Polamogeton alpinus), 548. — Session extraordi- naire à Millau (Aveyron), I-LXXI. — Herborisations dans le bassin du Rance, viii. — Observ. sur la flore du Haut-Limousin, xiv, xv. — Sur les Pulmonaires de la flore du Gard, xvi. — Cinq planches inédites de la Flore des Pyrénées de Lapeyrouse, xxi. — Les limites de la région méditerranéenne en France (avec une carte), xxiv. — Anomalie de l’Allium siculum découvert dans la Charente, xxxiv. — Les plantes calcicoles et calcifuges de l'Aveyron, xxxv. — Sur un hybride du genre Euphorbia, xv. — Sur le Centau- rea silvatica de Pourret, XLIX. — Surl'Aquilegia viscosa etle Ferula glauca, Lx. — Herborisations de la Société pendant la session de Millau, LxxiI-Xcvitr. — Plantes intéressantes observées à Roquefort et dans les environs, LXXXVI. — Plantes obser- vées sur le revers de Larzac pendant l'herborisation du 16 juin, LXXXVII. — Lichens, Algues, plantes pha- nérogames et cryptogames vascu- laires récoltés pendant la session aux environs de Millau, cxv, CXIX, CXXI. — Voy. Barla, Barnsby, Briard, Camus, Coste, Debray, Durand, Franchet, Giraudias, Gonse, Husnot, lvolas, Jeanbernat, Le Grand, Lloyd, Loret, Luizet, Malinvaud, B. Martin, Maury, Niel, Payot, Planchon, Qué- let, Rouy, Termonia, Timbal-La- grave, Vuillemin. FnANCHET (A.). Sur les espéces du genre Epimedium, 38, 103. — Obs. sur deux Primula monocar- piques de la Chine et descriptions d'espéces nouvelles de la Chine et du Thibet oriental, 61. — Sur la présence du Cypripedium arieti- num R. Br. dans le Yun-nan, 206. — Rhododendron du Thibet orien- tal et du Yun-nan, 223. — Quelques mots sur la flore de Loir-et-Cher, 249. — Plante yunnanenses a cl. J. M. Delavay collecte, 358. — Obs., 250, 251, 262. — Observ. sur les Syringa du nord de la Chine [22]. — Flore de Loir-et-Cher [87]. Frank (B.). Synopsis des trois régnes de la nature; Botanique [203]. — Sur le Gnomonia erythrostoma, cause d'üne maladie des feuilles de Gerisier [221]. Frey. Notices sur diverses plantes, principalement de la région médi- terranéenne [44]. Froment (Maladie du) [220]. Frondes proliféres des Fougéres [119]. Fruitier à réfrigération artificielle, 4. Fruits (Chromoleucites des), 178. — (Classification des), 117. — de la Vanille, 348. 250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Fucus vesiculosus (Fécondation chez le) [148]. Fungi Moricolæ [103]. Fungorum (Enchiridion) in Europa media et presertim in Gallia vi- gentium [151]. — (Sylloge) [103]. G Gaine gélatineuse des Algues et des Flagellés |208]. Galium verticillatum var. tkymoides Battand. et Galium parisiense var. Willkommianum Battand., 354. — vernum Scop. à Meudoa, 519. Galle de la Vigne [219]. GANDOGER (M.)*? Plantes de la Judée, 243. — Excursion botanique à Pierre-sur-Haute (Loire), 344. Gangréne humide du Chou-fleur 128 Gard (Pulmonaires de la flore du), XVII — (Lupins de la flore du) [138]. GAUTIER (G.). Sur un projet de ses- Sion dans les Corbiéres en 1888, LXVIII. Gay (F.). Sur la formation des kystes chez les Chlorosporées, LI. Gay (H.). Excursions botaniques dans les Beni Salah, aux environs de Blida (Algérie) [39]. Gayon (U.). Voy. Millardet. GEHEEB (A.). Quatre jours à Smólen et Aedó ; contribution à la connais- sance des Mousses de ces iles [103]. Geoglossum multiforme Henning sp. nov. [60]. Géographique (Distribution) des Al- gues d'eau douce et terrestres [97]. Geranium | Delavayi, sirigosum et umbelliforme Franch. sp.nov., 442, 443. : Génanp (R.). Obs., 202, 206, 212. Gewm montano-rivale, etc., 548. GnystBRECHTS. Plantes de Belgique [188-189]. : GiLLOT (H.). Observations sur quel- ques plantes critiques de la flore francaise, 548. GinAUDIAS (L.). Herborisations dans la Charente-Inférieure [38]. GLAZIOU (A.). Voy. Baker. Glossologie botanique, 326. Gnomonia erythrostoma, cause d’une maladie des Cerisiers [221]. GODFRIN. À propos d’une récente com- munieation de M. Belzung, 220. Goldbachia lancifolia Franch. sp. nov., 408. Gonse (E.). Catalogue des Muscinées de la Somme [164]. GnAND (LE). Voy. Le Grand. GRANT (A.-E.). Sur l'état polynucléaire des cellules végétales, avec quel- ques recherches spéciales sur la morphologie de la cellule [119]. Greffe (Sur la) [27]. GREMLI (Aug.). Voy. Burnat. GRÖNVALL (A.-L.). Contribution à la connaissance des espéces boréales de Mousses appartenant aux genres Orthotrichum et Ulota [164]. Groom (Percy). Sur le point végétatif des Phanérogames [22]. GROVE. Champignons nouveaux ou in- téressants [100]. GUIGNARD (L.). Observ. sur les ovules et la fécondation des Cactées, 276. — Note sur une modification du tissu sécréteur du fruit de la Vanille, 348. — Observations sur les Santa- lacées [68]. GuiNIER (E.). Quelques nouvelles ob- servations et expériences relatives à l'aceroissement du corps ligneux et à la théorie dela séve descen- dante [122]. Gussonea :cornula Ridley sp. nov. [na]. Gutta Percha (Plantes à) [116-117]. Gymnadenia conopea à fleurs munies de deux éperons, 310. Gymnosporangium | (Développement des) [206]. ; H HaNcE (H.-Fl.). Spicilegia floræ si- nensis [114]. — Une nouvelle Sauge chinoise [115]. — Un nouveau Te- DO MO II o or ———————————————M — TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 951 ' phrosia de Hong-kong [172]. — Sa mort [143]. Hancock (W.). Voy. Baker. HannisoN (P.-G.). Voy. Baker. HECKEL (Ed.). Nouvelles observations de tératologie phanérogamique, 41. Helianthemum salicifolium Pers., variétés, 527. Helicobasidium, 335. Hémachaine, hémicarpelle, 328. HENSLEY (W.-B.). Voy. Blackwell. HENNING (E.). Contribution à la flore mycologique de la région monta- gneuse de la Norvège [60]. HENSLOw (G.). Contribution à l'étude de l'influence relative des différentes parties du spectre solaire sur la transpiration des plantes [120]. Hepaticarum species nove vel minus cognita [160]. Hépatiques (Sporogone des) [70]. — d'Italie [161]. HÉraiz (J.). Recherches sur Y'anato- mie comparée de la tige des Dico- tylédones [66]. — et BLOTTIÈRE (R.). Note sur les affinités des Lardiza- balées, 521. Herbiers (Histoire des) [154]. Herborisations aux Alpes de Dauphiné 38]. — aux environs de Blida (Al- gérie) [39]. — aux env. de Bourges [138].— dans la Charente-Inférieure [38] [221]. — en Espagne, 524. — à Fécamp [185]. — à Marines (Seine- et-Oise), 76. — à Pierre-sur-Haute (Loire), 344. — (Mes) dans le bas- sin du Rance (Aveyron), vin. — de la Société aux gorges de la Dourbie (Aveyron), LXXII. — dans la vallée de la Jonte, LXXVI. — à Tournc- mire, LXXIX. — au Moulin Bondon, LXXXVIII. — au bois de Salbouz, xci. — au Puy de France et à Cresseils, xcv.. — à Montpellier-le-Vieux , xcvi. — dans la vallée du Bon- heur, etc., CII. — sur le causse Mé- jean et aux gorges du Tarn, Pi Hieracium nouveaux [41]. — (Sur genre) [228] [229]. j HircER (A.). Recherches et "fru . des matières alimentaires, etc. [11]. Horm (Th.). Végétation de la Nou- ' velle-Zemble, surtout ses Phanéro- games [232]. Homologies des Mousses [225]. HOOKER (J.-D.). Icones plantarum [15]. Hookera (Nomenclature du genre) 172]. Hurre (F.). Les méthodes de recher- ches sur les Bactéries [174]. HuLT (R.). Flore bryologique de la Laponie finlandaise [193]. Humgcor. Voy. Baker. Humpurey (E.). Sur l'anatomie et le développement de l'Agarum Tur- neri [210]. Husnor (Th.). Revue bryologique [105] [106] [161]. — Muscologia gallica [161]. Hv (abbé). Sur quelques végétaux rares cultivés dans l'Arboretum de M. G. Allard à Angers, 221. — Note sur les Lichens recueillis à la ses- sion de Millau (Aveyron), cxv. — Obs., 250, 251, xxt. Hybrides, 20, 548, xLv, XLIX. — Bous- chet (Vignes à jus rouge) [85]. Hyménomycètes (Conidies des) [132] [148]. — (Noyaux des) [126]. — des environs de Saintes, 507. — (Nou- veau genre d") [100]. Hypericum yunnanense Franch. sp. nov., Hyphomycétes (Pousses proliféres des) [133]. Hypocrea placentula Grov. (Mycol.) sp. nov. [101]. Hypomyces Leotiarum Fayod sp. nov. [148]. I Icones plantarum [15]. Ilex corallina Franch. sp. nov., 452. Illicium Griffithii var. yunnanense, 383, — anisatum L., 333. Impatiens corchorifolia, Delavayi, dimorphophylia, divaricata, pro- cumbens, uliginosa et yunnanen- ' sis Franch. sp. nov., 444-448. — ar- guta Hook., 444. 959 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Indez flore sinensis [173]. Indre-et-Loire (Florules d"); la vallée de l'Indre [231]. Inflorescences épiphylles d'un Bégo- nia, Influence du milieu sur les plantes amphibies, 169. Inzengæa (Ascomycétes) Borzi nov. gen. [130]. Isle-Adam (Seine-et-Oise) (Florule de I), 28, 305. Isopyrum auriculatum Franch. sp. nov., 376. Italie (Flore d") [41] [42] [45] [75] [161] [163]. Ivoras (J.). Les plantes calcicoles et calcifuges de l'Aveyron, xxxv. — Rapport sur l'herborisation de la Société dans les gorges de la Dour- bie (Aveyron), LXXII. — dans la vallée dela Jonte, LXXVI. — à Tour- nemire, LXXIX. — au puy de France et à Creissels, xcv. — à Montpellier- le-Vieux, XCVIII. Jacinthes (Maladies des) [4]. Janczewski (Ed. de). Organisation dorsiventrale dans les racines des Orchidées [26]. Japon (Plantes:du) [75] [113]. JEANBERNAT et RENAULD (F.). Guide du bryologue dans la chaine des Pyrénées et le sud-ouest de la France Jonte (Aveyron) (Herborisation de Ja Société dans Ja vallée de la), Lxxvr. Journal of Botany british and foreign [163] [189]. Judée (Plantes de la), 243. Jura (Plantes calcifuges du) [230]. — franconien (Lichens du) [60]. K Kawrrz (Aug.). Résultats botaniques de l'expédition du comte Béla Szé- chenyi dans l'Asie centrale [21]. Kiærskou (H.). Sur la structure du test de quelques sortes de Colzas indiens [121]. KipsToN. Voy. Zeiller. KJELLMAN (T.-R.). De la végétation polaire [6]. — Sur la végétation marine pendant l'hiver sur la cóte ouest de la Suède [210]. — et Pe- TERSEN. Sur les Laminariées du Japon [75]. Krees (G.). Sur l'organisation de la gaine gélatineuse de quelques Al- gues et des Flagellés [208]. Kolreuteria bipinnata Franch. sp. nov., 463. KnasEn. Sur la présence supposée d'un noyau dans les cellules de le- vûre [131]. Kystes chez les Chlorosporées, LI. L LabESSE (E.-D.) et PIERRET (H.). Pro menades botaniques de tous les mois [46]. La CHAPELLE (de). Voy. Lamy. LACHMANN (P.). Recherches sur la mor- phologie et l'anatomie des Fougères [35]. — Sur les racines gemmipares de l'Anisogonium seramporense [227]. Lactuca chondrillæflora, ramosis- sima et viminea, xv. LAGERHEIN (G.). Sur le Mastigocoleus, nouveau genre d’Algùes phycochro- macées [97]. — Contribution à la connaissance du genre Codiolum [158]. — Contributions algologiques [158]. — Contribution à la flore des Desmidiées d'Amérique [159]. Laminariées du Japon [75]. LAMY DE LA CHAPELLE (Ed.). Sa mort, 468. — (Notice nécrologique sur) [144]. : LAPEYROUSE. Voy. Marcais. Laponie (Flore bryologique de) [193]. Lardizabalées (Affinités des), 521. Larzac (Aveyron) (Plantes observées sur le revers du), LXXXVII. — LaunENT (E). Études sur la turges- cence chez le Phycomyces [57]. LECLERC DU SABLON (A.). Observations IM QNA Y | E TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 253 anatomiques sur la chute de cer- taines branches du Peuplier blanc, 25. — Observ. sur un point de priorité, 131. — De l'influence des gelées sur les mouvements de la séve, 208. — Sur les causes anato- miques de l'enroulement des vrilles, 480. — Obs., 19, 27, 98, 169, 211, 212. — Recherches sur le dévelop- pement du sporogone des Hépa- tiques [70]. Lecomte (H.). Sur quelques points de l'anatomie de la tige et de la feuille des Casuarinées, 311. — Voy. Van Tieghem. LEcovER (J.-C.). Monographie du genre Thalictrum [20]. LE GnaND (A.). Deuxième fascicule des plantes nouvelles ou rares pour le département du Cher [139]. — Voy. Duchaussoy. égumi Radicelles et racines latérales des), 494. Lerrce (H.). Sur la formation des bourgeons sur les prothalles des Fougères apogames [34]. Leitneria (Structure et affinités du), 181. Lepidium ambiguum Lange, 526. LrrOURNEUX (A.). Voyage botanique en Tunisie dans le sud du Nefzaoua, 541. Lettres de MM. Arbost, Blanc, Caruel, Cogniaux, Meunier; voy. ces noms. L th t pallens et subglaucum, XVI. Leucites (Sur les), 483 [30]. Levi (D.). Voy. de Toni. Levüre (Noyau supposé dans les cel- lules de) [131]. — (Spores dans la) [178]. NAA Lichenes novi e freto Behringii [57]. Lichenographiam europæam (Ad- denda nova ad) [98]. Lichénologiques (Contributions) [223]. Lichens de Hogland [223]. — (Culture des), 546. — nouveaux [57-60]. — recueillis pendant la Session de Millau (Aveyron), CXV. Limodorum Trabutianum Battand. sp. nov., 297. LiwPnicuT (G.). Flore cryptogamique d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse du D” L. Rabenhorst; les Mousses [103]. Lixpr (0.). Sur la transformation en chlorophylle des leucites bruns du Neottia Nidus-avis [30]. Lithospermum incrassatum Guss., 58. Lrovo (J.). Flore de l'ouest de la France; 4* édition augmentée des plantes de la Gironde, des Landes et des Basses-Pyrénées, par M. J. Foucaud [92]. Loir-et-Cher (Flore de), 219 [87]. Loire (Flore du département de la). Excurs. botan. à Pierre-sur-Haute, 344. LowBARD-Duwas (A.). Obs., LXVII. Lophiostoma (Espèce mal connue de) 102 LonET (H.) et BarRANDON (A.). Flore de Montpellier; 2° édition revue et corrigée par M. H. Loret [36]. Loxostemon Delavayi Franch. sp. nov., LuknssEN. Flore cryptogamique d'Al- magne, d'Autriche et de Suisse du D L. Rabenhorst; les Cryptog vasculaires [33]. Luizer. Plantes rares des environs de Paris, 309. Lumière (Influence de la) sur la struc- ture des feuilles, 92. Lupins de la flore du Gard [138]. Lycogalopsis Solmsii, Gastéromycéte nouveau [205]. Lycopodiacées (Sur les) [69]. Lycopodium Phlegmaria L. (Pro- thalle du) [69]. M MaccniATI (L.). Contribution à la flore bryologique des environs de Coni (Italie) [163]. Macropodes (embryons) et macrocé- phales, 328. Madagascar (Flore de)[16] [112] [115]. — (Fougères de) [227]. - MAGNEN (abbé). Obs., L, LXVII. 254 MAGNIER (Ch.). Scrinia flore selectae 191]. MacNIN;(A.). Sur les causes de la pré- sence des plantes réputées calci- fuges dans la région calcaire du Jura [230]. Maladies des arbres fruitiers [5]. — — des Aunes [56] [127]. — des Ceri- siers [221]. — du Chou-fleur [128]. — du Froment [220]. — des Jacin- thes [4]. — de la Vigne, 343, LXI [1] [2] [199] [219]. MariNvAuD (E.) donne quelques dé tails sur la région des Cévennes, 190; — sur un projet de modifica- tion de l'article 13 des Statuts, 196 ; — sur la session extraordinaire de Millau, 287. — Discours de clóture de la session exiraord., Lxx. — Observ. sur quelques plantes du haut Limousin et de l'Aveyron, xiv, Xv. — Notice nécrologique sur Éd. Lamy de la Chapelle [144]. — Obs., 25, 134, 239, 268, 276, 306, 308, 309, 488, 489, 505, xxiv, XXXII, ` XXXIV, XLIV, XLV, L, LI, LXVII. Mangin (L.) nommé chevalier de la Légion d'honneur [96]. — Recher- ches sur les bourgeons, 185. — Sur les pétales ovuliféres du Caltha pa- lustris, 262. — Recherches sur le pollen, 337, 512. — Cours élémen- taire de botanique [45] [98]. — Voy. Bonnier. Mancais (abbé). Note sur cinq plan- ches inédites de la Flore illustrée des Pyrénées de Lapeyrouse, XXII. MarCHaL (E.). Bommerella, nouveau genre de Pyrénomycétes [100]. Marchantiées (Régénération des) [118]. MaRciLLY (L.). Sa mort, 468 [143]. — (Notice nécrologique sur), 471. — Legs fait à la Société botanique, 413. Marines (Seine-et-Oise) (Herborisation à), 76. Marin (B.). Note sur les Pulmonaires de la flore du Gard, xvit. — Note sur un hybride du genre Euphorbia, XLV. — Rapport sur l'herborisation SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. faite par la Société au Moulin-Bon- don (Aveyron), LXXXVIII. — au bois de Salbouz, xct.— Note sur les Lu- pins de la flore du Gard [138]. MassALONGO (C.). Répertoire des Hé- patiques d'Italie [161]. Massee (G.). Nouveaux Champignons mieroscopiques del'Angleterre[54]. — Masters (Maxwell-T.). Notes supplé- mentaires sur les Restiacées [19]. Mastigocoleus (Algues) Lagerheim nov. gen. [97]. Matières alimentaires (Analyses des) [10] [11]. Maury (P.). Observ. sur la pollinisa- tion et la fécondation des Verbas- cum, 529. — Obs., 536. — Excur- sion spéciale et herborisation à Pré- mol et Chanrousse (Isère) [38]. — Étude sur l'organisation et la distri- bution géographique des Plomba- ginacées [214]. i Maximowicz(C.-J.). Diagnoses plantar. nov. asiatic.; stirpes nuper in Japo- nia detectæ [113]. Mayotte (Florule bryologique de l'ile) 106]. Meconopsis cambrica Vig.(Le suc du), 239. — integrifolia Franch. et racemosa Maxim., 389-390. tail 1 var, Battand., 352. Méditerranéenne (Limites de la région) en France, xxiv. — (Plantes de la région) [44]. Megacarpæa Delavayi Franch. sp. tov., 4 Méjean et dans les gorges du Tarn (Lozère) (Herborisations de la So- ciété sur le causse), Cvit. Melanospora spherodermoides Grove Sp. nov. [100]. Meliosma suntanensis Franch. sp. nov., 465. : Membrane cellulaire (Organisation de la) des végétaux [211]. Mentha Lloydii Bor. dans l'est de la France [186]. MER (E.). Observ. sur la répartition des stomates, à propos de l'article de M. Dufour, 122, — Des modifica: TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 955 tions de structure subies par une feuille de Lierre, âgée de sept. ans, détachée du rameau et enracinée, 136. — De la manière dont doit être interprétée l'influence du milieu sur la structure des plantes amphibies, 169. — Obs., 126, 169, 195, 213, 252. — Voy. Costantin. Méridisques, 326. Nim. Lettre (Aster. alpinus), 69. Meurthe-et-Moselle. Flore des envi- rons de Nancy [183]. Meyer (A.). Sur une réaction de quel- ques espéces de sucres réduits employée en microchimie [177]. Microscopie scientifique [76]. Microscopique (Étude) des Champi- gnons [150]. MiGULA. Sur un mode de conservation des Algues [198]. Mildew de la Vigne [1] [2]. MiLLARDET. Sur le traitement du Mil- dew et du Rot [1]. — et GAYON (U.). De l'action du mélange de sul- fate de cuivre et de chaux sur le Mildew [2]. Millau (Aveyron) (Session extraordi- naire de la Société en 1886 à), 1- LXXI. — (Séances à), n, V, XXI, XLVII. — (Lichens, Algues et plantes phanérogames et cryptogames re- cueillis à la session de), CXV, CXIX, CXXI. Ministre de PInstruction publique. Don, 469. — Lettre et subvention de 1000 francs, 264. Mitrula muscicola Henn. sp. n. [61]. MirrENZWEIG (H.). Étiologie des Bac- téries dans les maladies infectieuses [177]. f MOELLER (Herm.). Sur la respiration des plantes [77] [78]. MOELLER (J.). Étude microscopique des matières alimentaires tirées du . règne végétal [10]. des) [; | Aer m os latérales .. des), 342. ; ités et A IH 58, 86, - 90, 91, 197, 262, xxxiv. Montpellier (Flore de) [36]. Montpellier-le-Vieux (Aveyron) (Her- borisation de la Société à), xcvi. Morot (L.). Réponse à la note de M. d'Arbaumont sur le péricycle, 203. — Obs., 184, 206. Morphologie végétale [95] [119] [149] 207]. Morren (Éd.). Sa mort, 134 [46]. Moulin-Bondon (Aveyron) (Herborisa- tion de la Société au), LXXXVIII. Mousses [103-107] [160-166] [193]. — (Homologies des) [225]. Mucorinées (Conjugaison des), 236.— (Zygospores des), 330. MueLLer (Ch.). Bryologia insule S. Thome Africe occid. tropicæ [160]. MUELLER (J.). Contributions lichéno- logiques [223]. MuELLER (0.), Recherches sur les vrilles des Cucurbitacées [226]. Munronia Delavayi Franch. sp. nov., 451. Musa, voy. Bananier. Muscinées de la Somme [164]. Muscologia gallica [161 ]. Mycenastrum (Un nouveau), 78. Mycologie, voy. Champignons. Mycologiques (Recherches) [51]. Myxomycètes nouveaux [53]. N Napias (B. de). Jean Prevost, méde- cin de la ville de|Pau, et son Cata- logue de plantes (1600-1660) [40]. Nancy (Flore deg environs de) [182]. Nasturtium barbareæfolium Fran- chet sp. nov., 396. Nécrologie, 134, 135, 219, 468, 518 [46] [143] [144] [192]. . Nectars (Sur quelques) [212]. Nectria Goroshankiniana et Vandd Wahrl. sp. nov. [203]. Neottia Nidus-avis (Leucites bruns - du) [30]. Nier (E.). Compte rendu de l'excur- sion de Fécamp (Calvados) [185]. Northea Hook. fil. nov. gen. [15]. 256 Norvège (Flore mycologique de la) 60]. Nouvelles [46] [96] [143] [192] [234]. Noyaux des Hyménomycètes [126]. — supposé dans les cellules de levûre 131]. NYLANDER (W.). Lichenes novi e freto Behringii [51]. — Addenda nova ad Lichenographiam | europeam [98]. — Arthonie nove Americe borealis [59]. — Parmelie exoticæ novo [60]. Nymphéacées (Appareil sécréteur et affinités de structure des), 72. — (Croissance de la racine des), 264. 0 Ochrea des Polygonées, 506. schrift, 35° année [94]. Ounpnur (Th. de). Sur la galle de la feuille de la Vigne et les caractéres qui la distinguent de la galle du Phylioxéra [219]. OuiveR (D.). Liste des plantes récol- tées par M. Thompson sur les mon- tagnes situées dans l'est de l'Afrique équatoriale [17]. Omphalocarpum Radikoferi (Sur Y) [116] Zeit- Ophrys atlantica Munby, 298. Orchidées (Champignon des racines 4") [202]. — (Organisation dorsiven- trale dans les racines des) [26]. — d'Algérie, 297. — de Madagascar [16]. Orchis coriophora L. (L'odeur de P), 299. — Bornemanniæ Asch., 298. Organes floraux (Mouvements des) Orobanche Spartii Guss. en France, 505. Orobanchées (Fleurs cléistogames et souterraines des), 536. ORPHANIDÈS. Sa mort [192]. . Orthotrichum (Contribution au gen- re) [164]. OupEmans. Sporendonema terrestre Ovules des Cactées, 276. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Oxygène (Émission de l) dans les plantes [178]. Oxygraphis Delavayi Franch. sp. nov., 374 P Pacifique (Flore des îles de l’océan) [110] [174]. Pœonia Delavayi Franch. et lutea Delav. sp. nov., 382. Pancovia Delavayi Franch. sp. nov., 461. Paraguay (Champignons nouveaux du), [61]. Paris (Flore des environs de). Plantes rares des environs de Paris, 309.— Localités et espéces nouvelles pour la flore parisienne, 486. — Une plante nouvelle pour la flore pari- sienne, 519. — Carez Pseudo-Mai- rii G. Cam., 479. — Galium vernum Scop., 489, 520. — Erica scoparia L., 309. — Gymnadenia conopea R. Br., 310. — Pirola umbellata L., 310 PARKER (G.-H.). Sur la morphologie du R lia glanduleformis [207]. Parmelie exoticæ nove [60]. PASSERINI (G.). Une nouvelle maladie du Froment [220]. PATOUILLARD (N.). Note sur deux. genres nouveaux de Pyrénomycétes, 155.— Helicobasidium et Exoba- sidium, 335. — Obs., 156. — Con- tribution à l'étude des formes coni- diales des Hyménomycétes [148]. Pax (F.). Monographie du genre Acer [169]. - Pavor(V.). Florule bryologique, ou Guide du botaniste au Mont-Blanc Périeycle (Sur le), 141, 203. PERREY (Ad.). Sur l'emploi du sulfate de cuivre pour la destruction du Mildew [1]. — Sur la destruction a Mildew par le sulfate de cuivre Eos ovuliféres du Caltha palustris, - PETERSEN. Voy. Kjellman. — e TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 257 Peziza mycetophila Fay. sp. n. [147]. PFEFFER (W.) et WiLsoN. Sur la res- piration intra-moléculaire [81]. Phanérogames (Déformations des) par les Champignons parasites [99]. — (Végétation des) [22]. — de la Nouvelle-Zemble [232]. Phelipæa lutea à fleurs cléistogames en Algérie, 536. PHILIBERT. Sur le péristome des Brya- cées [105]. Philippines (Plantes vasculaires des) Phoma (Nouvelles espèces de), LXI.— diplodiella, flaccida, reniformis et uvicola, LXII-LXVI. Phycomyces (Turg des), 57. Physiologie végétale [98] [122]. Prccone (A.). Essai d'une étude sur la distribution géographique des Al- gues d’eau douce et terrestres [97]. PIERRE (L.). Sur l'Omphalocarpum Radikoferi [116]. — Plantes à gutta- percha [117]. Pierre-sur-Haute (Loire) (Excursion botanique à), 344. PrEnnET (H.). Voy. Labesse. Pirola umbellata, trouvé à Nemours, 310. Pistacia weinmannifolia J. Poiss. sp. nov., 467. Pistillode, 327. Pittosporum heterophyllum et yun- nanense Franch. sp. nov., 415. PrANCHON (J.-E.). Note sur deux plan- tes critiques de la flore monspeliaco- cébennique, LX. PLANTA (de). Sur la composition chi- mique de quelques nectars [212]. Plantes amphibies (Structure des), 469. — calcicoles et calcifuges de VAveyron, XXXV. — calcifuges [230].— à gutta-percha [117]. — hané vas- g et cryptog culaires récoltées pendant lasession de Millau (Aveyron), CXXI. Dot An Orah hé, à" Maxim. “nov. gen. [144]. Plomb (Le) des arbres fruitiers [5]. — DI. L s £ (0: * 2043. et dis- = tribution géographique des) [214]. T. XXXIII. PLowRIGHT. Remarques sur la repro- duction des Urédinées hétéroiques [55]. Polaire (De la végétation) [6]. Pollen (Inversion du sucre de Canne par le), 216. — (Sur le), 337, 512. Pollinisation et fécondation des Ver- bascum, 529. Polygonées (L'ochrea des), 506. Polyporus squamosus (Développe- ment du chapeau du) [132]. Polysiphonia (Etude morphologique sur les) [149]. Populus. — Chute des branches du Peuplier blane, 25. Portugal (Cistinées du) [141]. — (Plan- tes fossiles du) [167]. PouRRET. Voy. abbé Chevallier. Pousses proliféres des Hyphomycétes [133]. PovypEBAT (sous-préfet de Millau). Discours de bienvenue, v. Prevost (Jean), médecin de la ville de Pau et son Catalogue de plantes [40]. Priczieux (Ed.). Les Champignons des racines de Vigne atteintes de Pourridié, 36. — Obs., 28, 37. — Le Plomb des arbres fruitiers [5]. Primula (Deux) monocarpiques de Chine, 61. — (Groupement des Pri- mevéres), 126. — (Tige des) du Yun-nan, 95. — Davidi, Forbesii, heucheræfolia, incisa, malacoides , l , membranifolia, moupi- nensis, oreodoza, ovalifolia et Poissoni Franch. sp. nov., 64-69. — nutans Delav., 69. — Monstruosité de la Primevére des jardins, 198. PRINGSHEIM. Sur l'émission de l'oxy- gène par les plantes dans le spectre 78 [178]. Prockiopsis Baill. nov. gen. [112]. B Prothalle du Lycopodium Phlegma- _ ria L, [69]. b tych t at. sp. nov. [148]. Pulmonaires de la flore du Gard, xvir. Puy-de-France (Aveyron) (Herborisa- tion de la Société au), Xcv. Pyrénées (Flore des) de Lapeyrouse, 11 258 xxir. — (Flore des Hautes-), 254.— (Orobanche Spartii Guss. dans les Hautes-), 505. — (Guide du bryo- logue dans les) [107]. Pyrénomycétes nouveaux, 155 [62] - [100]. Pyrenotheca (Pyrénomycètes) Pat. nov. gen., P. yunnanensis Pat. sp. nov., 155. Q Qu£LET (L.). Enchiridion Fungorum in Europa media et presertim in Gallia vigentium [151]. R RABENHORST (D'). Voy. Luerssen. Racines (Champignons des) d'Orchi- dées [202]. AER rrt de la) des Limpricht, es de reri: ser amporense [227]. — latérales (Sortie des), 252. — latérales des Légumineuses et des Cucurbitacées, 494. — latérales des Monocotylédones, 342. — (No- dosités des) des Éléagnées Eok P des Orchidées [26]. — (Tubérosités des) des Éléagnacées [127]. — de la Vigne atteintes de Pourridié, 36. Radicelles des Lé et des Cucurbitacées, 494. RAMOND (A.). Rapport sur la situation financiére de la Société à la fin des années 1884 et 1885, 981. Rance (Aveyron) (Herborisation dans se bassin du), virt. wani ., 913. Rapports sur les excursions es la So- ciété pendant la session de Millau (Aveyron), LxxiI-XCVII. — sur la situation. financiére de la Société, l. Ravaz (L). Voy.. Viala. læfor mis (Morpho- logie du) [207]. ReGNaRD (P.). De l’action de la chlo- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rophylle sur l’acide carbonique en dehors de la cellule végétale [123]. Régnes (Synopsis des trois) de la na- ture [203] Rein (CL.). Sur la flore du « Forest- bed » de Cromer [168]. } —— (P.-F.). Sur le genre Acan- des Palmellacées [157]. Som meet d à M..Chatin, 557. — à M. Ramond, 287. — à M. Roze, 416. RENARD (D. Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Mos- cou, t. LXI [191] RENAULD (F.). Voy. Jeanbernat. Reseda lutea L. var. brevipes Rouy, 527. — ramosissima Pourr., 527. Respiration des plantes [31] [32] [77] [78] [80] [81]. Restiacées (Étude sur les) [19]. Revue autrichienne de botanique [94]. Revue bryologique, voy. Husnot. Rhododendron du Thibet et du Yun- nan, 223. — argyrophyllum, atro- virens, brachyanthum, calophy- tum, cilicalyz, Davidi, decorum, Delavayi, Dendrocharis, fastigia- tum, floribundum, glanduliferum, hæmatodes, lacteum, lutescens, mi- crophyton, moupinense, neriiflo- rum, oleifolium, Oreodoxa, pachy- trichum, . polycladum, polylepis, racemosum, rigidum, scabrifolium, . ill , taliense, trichoclad Fran- chet sp. nov., 330 936. Rhopalomyces (Sur un), 489. Rhus Delavayi Franch. sp. nov., 466. — Succedanea L. var. longipes Franch., 466. Richonia {Pyrénomyeètes) Boud. nov. gen. [62]. RipLex (H.-N.). Les Orchidées de Ma- dagascar [16]. — Sur une nouvelle espéce de Gussonea [114]. Resleria hypogea, 36. Ronces de la Suissse [43]. Roquefort (Aveyron) (Plantes intéres- santes observées à), rrok Rosa (Évolution des sépales aprés l'anthése dans les) [187]. — "ultalie TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. [42]. — du Yun-nan [109]. — Bor- basiana H. Braun sp. nov. [45]. RosENvINGE (Koldrup). Sur les noyaux des Hyménomycétes [126].— Études morphologiques sur les Polysipho- nia [149]. RosrRuP (E.). Sur quelques déforma- tions des Phanérogames causées par les Champignons parasites [99]. Rouy (G.). Notes sur la géographie botanique de l'Europe, 484, 501. — Excursion botanique en Espagne, 524. — Obs., 276, 488. Roze (E.). Dons, 86, 469. — Notice nécrologique sur L. Marcilly, 471. Rubus, voy. Ronces. S Sabia yunnanensis Franch. sp. nov., Saccanpo (P.-A.). Sylloge Fungo- rum, etc., vol. 1v [101]. SapEBECK. Sur les conditions exté- rieures nécessaires au développe- ment du chapeau du Polyporus squamosus [132]. Sacor (P.). Fruitier à réfrigération artificielle de M. Salomon à Thomery (Seine-et-Marne), 294. — Bananier Féhi, sa forme asperme et sa forme séminifère, 317. SanT-Lacer (D'). Histoire des Her- biers [154]. Saintes (Charente-Inférieure) (Hymé- nomycètes des environs de), 507. Salbouz (Herborisation de la Société au bois de), XCI. SALOMON. Voy. Sagot. Salvia scapiformis Hance sp. nov. 115]. Santalacées (Appareil reproducteur des) [68]. Sardaigne (Flore de) [41]. ScHENCK (H.). Sur le revétement des espaces intercellulaires [23]. — Bio- logie des végétaux aquatiques [49]. ScuiMPER (W.). Sur la formation et la destruction des hydrates de carbone dans les feuilles [29]. 259 SCHRŒDER (G.). Sur la résistance des plantes à la dessiccation [179]. Scarœrer. Flore cryptogamique de Silésie; Champignons [204]. Schulzeria (Hyménomycétes) Bresa- dola nov. gen. [100]. Sclérotes des Champignons (Germi- nation des), 199. Sclerotinia (Sur quelques) [217]. Scorzonera L. (Monographie du genre) [230]. Scrinia flore selectæ [191]. Scutellariacées (Nouvelle famille des), 266 Seine (Plantes de la), voy. Paris. Seine-et-Oise. — Florule du canton de l'Isle-Adam, 28, 305. — Herbor. à Marines, 76. Sels Par des) par les feuilles ges Cineraria (Endoderme du), 538. Sépales (Évolution des) aprés l'an- thése dans les Rosa [187]. Session extraordinaire de la Société en 1886 à Millau (Aveyron), I-CXXVIII. — (Fixation de la), 190. — (Mem- bres qui ont assisté à la), 11. — (Autres personnes qui ont pris part à la), 11. — (Réunion préparatoire de la), m — (Bureau de la), 111. — (Programme de la), 111. — (Séances de la), v, xxt, xLvirt. — (Herborisa- tions dela), voy. Herborisations. — (Lichens, Algues, plantes phanéro- games et cryptogames récoltés pen- dant la), CXV, CXIX, CXXI. Sève (Ascension de la) chez les plantes |121]. — (Influence des gelées sur les mouvements de la), 208. — (Théorie de la) descendante [122]. SEYNES (J. de) élu Président de la Société pour 1887, 556. — Une nou- velle espèce de Mycenastrum, 78. — Don, 264. — Obs., 37, 156, 203, 536.— Dela reproduction des corps reproducteurs appelés acrospores 1 mier (G.). Sa mort, 468 [143]. Sicile (Flore de) [45]. Silene asclepiadea, cardiopetala, De- 260 lavayi, grandiflora, lankongensis, lutea, melanantha, otodonta, pa- chyrrhiza, phenicodonta, platy- phylla, rubicunda, scopulorum, trachyphylla, viscidula et yunna- mensis Franch. sp. nov., 417-427. — tenuis Willd. form. rubescens, 425. — hifacensis vain 528. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, Statistique végétale (Sur les travaux de) [487]. Stellaria yunnanensis Franch. sp. nov., 433. — Davidi var. himalaica Erich 434. STEPHANI (F.). Hepaticarum species nove vel minus cognitæ [160]. Stipules (Anatomie des), 288. (Répartition des), 122. Silésie (Flore cryptog de); (Champignons de) [204]. Sisyrinchium anceps Cav. naturalisé prés dé Pau [143]. SKkoriTz (A.). Revue aütrichienne de botanique [94]. Smólen et Aedó (Mousses des îles) [103]. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Mem- bres nouveaux, 5. — Membres à vie, 6. — Membres décédés, 7. — Membres rayés, 8. — Modification de l'article 13 des Statuts, 196. — Rap- port du Trésorier, 281. — Legs fait par Louis Marcilly, 473. — Bureau et Conseil pour 1887, 556. Société botanique d'Indre-et-Loire (Fondation de 1a) [47]. — dauphi- ~ noise pour l'échange des plantes; ^ 19* bulletin 1886 [137]. — impé- 'riale dés naturalistes de Moscou, t. LXI, 1885 [191]. = royale de botanique de Belgique, t. xx1v, 1885 [188]. à t SoLer. Voy. Vidal. Somme (Muscinées de la) [164]. Soromayor (de). Sa mort, 135. Sphærita endogena Dang. gen. et sp. nov., 241. Sphaignes d'Europe [166]. Spicilegium rariorum vel novorum Hieraciorum [41] [229]. Sporendonema terrestre [133]. Spores (Division des) d'Equisetum — (Formation des) dans la dette: i de bière [178]. Sporogone des Hépatiques [70]. SraBY (L.). Sur la cicatrisation après la chute des feuilles [24]. STAHL (E.). Influence de l'orientation des rayons lumineux sur la division des spores d'Equisetum [28]. STRASBURGER (E.). Sur la greffe et ses conséquences [27]. SrRoBL (G.). Flore des monts Nébrodes de la Sicile [45]. Sucres (Réaction de quelques) réduits [177]. — (Inversion du) de Canne par le pollen, 216. Suéde (Végétation marine sur la cóte ouest de la) [210]. Suisse (Ronces de la) [43]. — (Flore eryptogamique de la) [33] [103]. Sylloge Fungorum, etc. [101]. Syringa de la Chine [22]. SZÉCHENY1 (Béla). Voy. Kanitz. T Table des articles énumérés dans la Revue bibliographique [236]. Tephrosia oraria Hance sp. nov. de Hong-kong [172]. Tératologie, 41,58, 86, 198, 262, 310, XXXIV. TERMONIA. Rapport sur des excursions botaniques dans la Charente-Infé- rieure [231]. l; Test (Structure du) de quelques Col- zas [121]. yj Tetrastigma obtectum et hypoglau- cum Planch., 458-459. Thalictrum (Monographie des) [20]. .— Delavayi, dipterocarpum, reti- culatum, scabrifolium et tricho- pus Franch. sp. nov., 367-371. Thibet (Rhododendron du), 223. en i yunnanense Franch. sp.nov., Tuowpsow. Voy. Oliver. Tige (Anatomie de la) des Casuari- nées, 311. — rm ge de la) des Dicotylédones [66]. — à plusieurs cylindres centraux, 243. — de Pri- — . TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES. 261 mevéres du Yun-nan, 95. — (Grou- pement des Primevéres d'aprés la structure de leur), 125. TimBAL-LAGRAVE (Ed.) nommé Prési- dent de la session extraordinaire, III. — Discours d'ouverture à la session extraordinaire, vi. — Obs., XVI, XXI, XXIV, XXXIII, XLV, XLVIII, LXI, LXXI. — Essai monographique sur les espéces du genre Scorzonera L. de la flore francaise [230]. Tisonia Baillon, nov. gen. [112]. Toni (Barra de) et Levi (D.). Flore algologique de la Vénétie [75]. Tournemire (Aveyron) (Herborisation de la Société à), LXXIX. TnaBuT (L.). Fleurs cléistogames et 264. — Obs., 191, 151, 184, 202, 203, 212, 493. — et DouLior (H.). — Groupement des Primevéres d'a- prés la structure de leur tige, 126. — Sur les tiges à plusieurs cylindres centraux, 213. — Observ. sur la sortie des racines latérales et en général des organes endogénes, 252. — Sur la formation des racines laté- rales des Monocotylédones, 342. — Origine des radicelles et des racines latérales chez les Légumineuses et les Cueurbitacées, 494. — et LE- COMTE (H.). Structure et affinités du Leilneria, 181. Vanille (Tissu sécréteur du fruit de la), 348. Végétation comparée du Cher et du souterraines chez les O 536. — Voy. Battandier. Transpiration des plantes, 152 [120]. Trésorier (Rapport du), 281. TnEUB. Étude sur les l;ycopodiacées : le prothalle du Lycopodium Phieg- maria L. [69]. Trollius pumilus var. yunnanensis Franch., 375. TuckERMANN (Ed.). Sa mort [143]. Tunisie (Voyages botaniques en), 245, 541. TURNER (L.-M.). Voy. Farlow. U Ulodendron et Bothrodendron (fos- siles) [108]. Ulota (Contributions au genre) [164]. Urédinées hétéroiques [95]. Y VALLOT (J.). Obs., 134. Van TreGREM (Ph.). Sur l'appareil sé- créteur et les affinités de structure des Nymphéacées, 72. — Structure de la tige des Primevéres nouvelles du Yun-nan, 95. — Transpiration et -chlorovaporisation, 152. — Inver- sion du sucre de Canne par le pollen, 316. — Sur la croissance terminale de la racine dans les Nymphéacées, Loir-et-Cher [139]. — marine des côtes de Suède [210]. — polaire [6]. Végétaux aquatiques (Biologie des) [49]. — (Histoire des) inférieurs [145]. Vénétie (Flore algologique de) [75]. VENTURL N tés bryologi [105]. Verbascum (Pollinisation et féconda- tion des), 529. Vesoue (J.). Caractères des princi- pales familles gamopétales tirés de l'anatomie de la feuille [25]. ViarA (P.). Les maladies de la Vigne [2]. — Les hybrides-Bouschet, Vi- gnes à jus rouge [85]. — et Ravaz (L.). Sur de nouvelles espèces du genre Phoma se développant sur les fruits de la Vigne, LXI. — Mé- moire sur une nouvelle maladie de la Vigne, le « Black Rot » [129]. Vicia calcarea Desf., 352. Vico (de). Voy. Éloy. VipaL v SoLeR (S.). Révision des plantes vasculaires des Philippines 511 170]. Vie des plantes de la mer [207]. Vigne (Maladies de la), 36, 343, LXI [4] [2] [129] [219]. VirMoniN (H. de). Obs., 262. Viola Delavayi, tuberifera et uro- phylla Franch. sp. nov., 410-413. — distans Wall., 411. — moupi- 262 nensis Franch., 412. — spectabilis K. Richt. sp. nov. [95]. Vitis Thunbergii var. yunnanensis Planch., 457. Voces (E.). La vie des plantes de la mer [207]. Vos (de). Plantes belges [189]. Vrilles des Cucurbitacées, 10, 157 [226]. — (Enroulement des), 480. VuILLEMIN (P.). L'exoderme, 80. — Sur un cas particulier de la conju- gaison des Mucorinées, 236. — La membrane des zygospores des Mu- corinées, 330. — L'endoderme du Senecio Cineraria, 538. — Notice „sur la flore des environs de Nancy [183]. — Sur les homologies des Mousses [225]. W WanruicH. Contributions à la connais- sance du Champignon des racines d'Orchidées [202], WAKKER (J.-H.). Communication som- maire sur les maladies des Jacinthes 4 WIESNER (J.). Recherches sur l'orga- nisation de la membrane cellulaire des végétaux [211]. Wirte (N.). Contribution à l'étude du développement des appareils phy- siologiques de quelques genres d’Al- gues [149]. — Contributions à la i T ie physio- e logique des Algues [155]. WiLsON. Voy. Pfeffer. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. WinTER (G.). Nonnulli: Fungi Para- gayenses a. Balansa lecti [61]. WrrrRock (V.-B.). Sur la distribution des fleurs máles et femelles. chez lAcer platanoides et q autres espèces d’ Acer [24]. W@æcarinc (H.). Sur la régénération des Marchantiées [118]. Y Yun-nan (Le Cypripedium arietinum R. Br. dans le), 206. — Plante yunnanenses a cl. Delavay collec- tæ, 358. — (Primula du), 95. — (Rhododendron du), 223. — (Rosa du) [109]. Z ZALEWSKI (A.). Sur. la formation des Spores dans la levüre de biére [178]. ZEILLER (R.). Présentation d'une bro- chure de M. Kidston sur les Ulo- dendron, et observ. sur les genres Ulodendron et Bothrodendron Zemble (Phanérogames de la Nou- velle-) [232]. ZuxaL (H.). Recherches mycologiques [51]. — Sur quelques espèces nou- velles de Champignons, de Myxo- mycétes et de Bactéries [53]. Zygospores des Mucorinées, 330. . FIN DU TOME TRENTE-TROISIÈME. AVIS AU RELIEUR. Planches. — La planche I de ce volume doit prendre place en regard de la page 72 des Séances, et la carte en regard de la page xxxi de la Session extraordinaire. Classement du texte. — Comptes rendus des séances, 557 pages. — Session extraordinaire, 128 pages. — Revue bibliographique et Table, 264 pages. ERRATA COMPTES RENDUS DES SÉANCES, page 68, lignes 12 et 14, au lieu de: calibre, lisez : calice. — page 110, ligne 1, au lieu de : longiores, lisez : longiora. — page 299, ligne 10, au lieu de : Calleryi Plan- chon, lisez : Simsii Maxim. = page 435, ligne 22, au lieu de : par, lisez : parmi. — page 450, ligne 9 (en remontant), au lieu de oxyphyllus, lisez : oxyphyllum. — page 507, ligne 13 (en remontant), au lieu de: Angouléme, lisez : Angouli — page 509, ligne 9 (en remontant), atu lieu de : rarius, lisez : varius. - page 511, ligne 4, au lieu de: crustacea, lisez : crustosa. — page 511, ligne 4, au lieu de : Quél., lisez : Fries: page 511, ligne 7, au lieu de: Fr., lisez : Quél. Le Secrétariat, tout en apportant le plus grand soin à la correction des épreuves, ne saurait étre responsable des fautes échappées aux auteurs, et il ne se charge pas d'en faire le relevé; mais celles qui lui sont signalées en temps utile peuvent étre l'objet de notes rectificatives ou d'errata insérés à la . fin du volume. : 12431. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. Bull.de la Soc.bot.de France Tome XXXIII , Pl. I. : 1 i Cuisin del. Imp Becquet lv. Paris. B.Truchon lith. Dorstenia Massoni sp.nov. k Bulletin? Soe POR We Pate S. Flour? Aurillac e M” NOIRE nouze 5 Castres bus > o “ — gorand jon 7I Privass Les Limites de la RÉGION MÉDITERRANÉENNE en France Durand et Flahauit del. L.CombesLith.